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Full text of "Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie"

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JODRHil 

DE   MÉDECINE 

OB  CHIRURGIE  BT  OB  PHAR1AC0L06IB 

PUBLIÉ 

Par  la  Société  Royale  des  Sciences  médicales  el  naturelles 

de  Bruxelles 

sous  LA  DIRECTION  D'UN  COMITÉ 

COMPOSA    DE 

MM.  VAN  l>KW  COUPUT,  D.-M.,  Rédacteur  principal,  Secrétaire  de  la  Sttciété, 
Professeur  de  thérapeutique  à  ^Université,  Médecin  honoraire  et  ancien  pro- 
fesseur de  clinique  médicale  «les  hôpitaux  de  Bruxelles,  Secrétaire  de  la  Com- 
mission médicale  du  Brabant^  Membre  de  plusieurs  Académies  et  Sociétés 
savantes,  etc. 

CRQCQv,  D.-M.,  Professeur  à  l'Université, 'Médecin  et  Professeur  de  clinique 
médicale  à  Thôpital  Saint-Jean  de  Bruxelles,  Membre  titulaire  de  TAcadémie 
royale  de  médecine  de  Belgique,  Président  de  la  Fédération  médicale  belge,  etc. 

4ANS8EN8,  D.-M. ,  Inspecteur  du  service  d'hygiène  de  la  ville  de  Bruxelles, 
Membre  du  Conseil  supérieur  d'hygiène  publique,  delà  Commission  médicale 
locale^  Secrétaire  de  la  Commission  de  Statistique  du  Brabant,  etc. 

L.  MARTIN,  D.-M.,  Président  de  la  Société,  Présideni  de  la  Commission  médi- 
cale locale.  Président  de  la  Commission  centrale  des  Comités  de  salubrité 
publique  de  Tagglomération  bruxelloise,  etc. 

LEDEGANCK,  D.-.M.,  Secrétaire-adjoint  de  la  Société,  Médecin  de  TAdministra- 
'     tion  communale  de  Bruxelles,  etc. 


33""'  ANNÉE.  —  61""^  VOllME. 


BRUXELLES 

LIBRAIRIE  MÉDICALE  DE  HENRI  MANCEAUX 

Imprimeur  de  l'Académie  royale  de  médeeiae,  Libraire  de  la  Paeullé  de  médeeloe,  etc., 

Rue  de>  Troii-Tëtet,  8  (Montagne  de  la  Cour). 

1875  -     , 


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-  j  f;  1897 

-A^  H.  13^ 


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JOURMAL 

DE  »1IÈ^1.INE. 


I.  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 


De  la  rétroversion  de  l*otérus  pendant  la  grossesse,  par  M,  le  docteur 
N.  Charles,  de  Liégcy  lavréat  de  l'Académie  de  médecine  de  Parts,  Secré- 
taire du  Cercle  médical  liégeois,  etc.  {Suite.  —  Voir  noire  cahier  de  juin^ 
page  495). 

Obs.  vil  —  Rétroversion  irréductible;  ponction  de  la  vessie  refusée;  rup- 
ture de  ce  réservoir;  avortement,  mort,  par  W-  Hunter.  —  Une  pauvre  femme, 
âgée  de  40  ans,  et  grosse  de  trois  mois  et  demi,  eut  une  rétroversion  de  la  ma- 
trice en  glanant  du  blé.  Bientôt  après,  i^Ile  ne  put  rendre  son  urine  ni  ses 
excréments;  elle  avait  du  ténesme,  des  nausées,  beaucoup  de  douleurs. 

Différents  remèdes  n*eurent  aucun  bon  effet.  La  sonde  put  bien  être  introduite 
à  un  ou  deux  pouces  dans  TurètrCjmais  ne  donna  issue  à  aucune  goutte  d*urine. 
Assuré  de  Pexistence  de  la  rétroversion  et  ne  pouvant  la  réduire,  on  fit  de 
nouvelles  tentatives  de  cathétérisme  et  Ton  obtint  une  ou  deux  cuillerées 
d*urine  très-colorée  en  mettant  la  malade  en  différentes  positions.  La  ponction 
de  la  vessie  fut  jugée  nécessaire  mais  refusée  par  la  malade.  Cette  dernière 
devint  plus  faible,  eut  des  nausées. et  le  hoquet  ;  le  même  jour,  elle  sentit  quel- 
que chose  se  crever  dans  son  ventre;  elle  éprouva  sur-le-champ  une  diminution 
de  douleur,  et  annonça  qu'elle  allait  faire  une  fausse  couche.  Elle  la  fil,  en 
effet,  promptrment  et  presque  sans  douleurs  ;  mais  elle  n'urina  point.  On  la 
sonda  alors  avec  la  plus  grande  facilité;  mais  il  ne  sortit  point  d'urine,  quoi- 
que la  sonde  fût  dans  la  vessie,  ce  qui  confirma  l'opinion  qu'on  avait  de  la 
rupture  de  ce  viscère.  Cette  femme  mourut  le  lendemain,  quatrième  jour  de  la 
rétroversion. 

On  trouva  neuf  à  dix  pintes  d'urine  épanchée  dans  lé  ventre,  la  vessie  flas- 
que, vide  et  rompue  près  de  son  fond,  de  manière  qu'on  pouvait  passer  le  doigt 
par  cette  crevasse,  dont  les  bords  étaient  gangrenés.  Tout  le  corps  de  la  matrice 
était  encore  tellement  porté  en  arrière  qu'on  vit  aisément  que  son  fond  s'était 
placé  entre  le  vagin  et  le  rectum,  et  que  son  col  appuyait  sur  les  pubis. 

Chopart,  dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Londres,  se  lia  avec  Hunter  et  prit  con- 
naissance de  son  travail;  en  i775,  à  son  retour  à  Paris,  il  en  fil  l'objet  d'une 
communication  à  l'Académie  de  chirurgie.  Cette  assemblée  reçut  également  un 
mémoire  de  Deleurye,  qui  observa  raccidenl  en  1760,  1767  et  1781. 


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4  MEMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Waulers,  de  Werieren  (en  Flandre),  publia  en  <781  dans  le  tome  LV  de 
Vancien  Journal  de  médecine,  etc.  (p.  323j,  une  observation  intitulée  :  Sup- 
pression d'urine  causée  par  le  renversement  de  la  matrice  et  que  voici  transcrite 
avec  la  suscription  qui  lui  convient. 

Obs.  VIII.  —  Deux  avortements  causés  probablement  par  des  rétroversions 
méconnues;  nouveau  déplacement  au  troisième  mois  d'une  grossesse  suivante; 
réduction  par  le  procédé  mixte;  guérison,  par  Wauters,  médecin  à  Wetleren 
(Flandre).  --  L'épouse  Bogaert,  âgée  de  35  ans,  d'un  tempérament  sanguin, 
sujette  à  une  descente  de  matrice,  était  enceinte  de  trois  mois  environ  lors- 
qu'elle fut  atteinte  d*une  suppression  complète  d*urine,  de  fréquentes  envies 
d'uriner,  de  douleurs  intermittentes  très- vives,  d'impossibilité  d'aller  à  la  selle 
et  de  mal  au  dos.  Ces  accidents  s'étaient  déjà  présentés  aux  deux  grossesses 
précédentes  et  s'étaient  terminés  par  l'avortement.  Celte  fois  dès  le  second  jour, 
le  6  mai  1780,  M.  le  docteur  Waulers  fut  appelé,  mais  il  méconnut  ô  ce  mo- 
ment la  cause  et  se  contenta  de  faire  une  saignée. 

Le  lendemain,  tout  étant  dans  le  même  état,  ce  praticien  voulut  sonder,  mais 
rencontrant  un  obstacle,  il  introduisit  son  doigt  dans  le  vagin  et  trouva  que  le 
col  de  la  matrice  étant  fort  descendu,  comprimait  fortement  l'urèlhre  contre  la 
symphyse  pubienne  et  que  Vosculum  utéri  regardait  obliquement  Texlrémilé 
inférieure  de  la  même  symphyse  ;  il  s'aperçut  d'une  grande  obliquité  de  la  ma- 
trice, qu'il  tâcha  de  redresser  en  la  poussant  par  ta  partie  postérieure  du  vagin  ; 
n'y  pouvant  ainsi  parvenir,  il  mit  son  index  dans  l'anus  où  il  put  constater  que 
le  rectum  était  comprimé  et  aplati  contre  le  sacrum  et  le  coccyx  par  le  fond 
de  la  matrice  :  il  poussa  donc  ce  fond  obliquement  en  haut  vers  le  nombril  ; 
lorsque  le  fond  fut  un  peu  avancé,  en  continuant  à  pousser,  il  tourna  en  même 
temps  l'orifice  de  la  matrice  doucement  en  arrière;  de  cette  façon  la  matrice 
fut  redressée.  Pendant  cette  manœuvre,  l'urine  s'écoula  spontanément,  et  la 
sonde  en  retira  encore  quatre  pintes.  La  vessie  avait  perdu  son  ressort  et  il 
l'allut  continuer  à  sonder  jusqu'au  26,  époque  a  laquelle  la  femme  Bogaert  a 
commencé  à  uriner  seule.  Pendant  ce  temps,  elle  resta  au  lit,  le  plus  possible 
sur  le  dos  ;  on  entretint  la  liberté  du  ventre  et  on  donna  des  toniques  ;  la  matrice 
descendait  encore  plus  ou  moins  quand  la  femme  faisait  des  mouvements  ou 
des  efforts,  mais  ne  se  courbait  plus  en  arrière  :  M.  Wauters  alors  la  repous- 
sait à  sa  place. 

Le  12  novembre,  la  malade  a  accouché  heureusement  d'une  fille  très-bien 
portante. 

Celte  observation  donna  lieu  aux  Réflexions  de  Segrétain,  de  Laval,  qui  paru- 
rent dans  le  même  journal,  tome  LVIII,  1782.  Cet  auteur  critiquait  non-seule- 
ment les  mots  de  renversement  ôe  la  matrice  et  de  suppression  d'urine,  qu'il 
remplaçait  par  cei)x  plus  exacts  de  déviation  et  rétention,  mais  aussi  le  mode 
de  traitement;  il  insistait  spécialement  sur  la  position  sur  les  genoux  et  les 
coudes  qu'on  aurait  dii  donner  à  la  femme  Bogaert. 

L'année  suivante,  en  4783,  tomeLIX.  Desgranges,  de  Lyon,  répondit  à  Se- 
grëlain,  prit  la  défense  de  Wauters  et  publia  une  observation  nouvelle  qui  est 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  5 

un  bel  exemple  de  rétroversion  subite  par  cause  directe  ;  en  voici  un  résumé 
exact. 

Obs.  IX.  —  Rétroversion  d  trois  mois  et  demi  de  grossesse;  réduction  par 
le  vagin;  emploi  d'un  pessaire  après  la  réduction  ;  guérison,  par  Desgranges, 
de  Lyon.  -  Une  blanchisseuse  d*un  tempérament  robuste  et  sanguin,  enceinte 
pour  la  première  fois  de  trois  mois  et  demi,  porta  sous  son  bras,  un  chaudron 
très-lourd  rempli  de  linges  mouillés  et  Tappuya  fortement  sur  son  ventre  en 
voulant  le  passer  sous  l'autre  bras.  Elle  s*aperçut  dès  ce  moment  d'un  dérange- 
ment dans  son  corps,  ses  mouvements  en  devinrent  gênés  et  elle  commença  à 
éprouver  quelques  difficultés  pour  uriner  ;  au  bout  de  huit  jours,  ta  rétention 
d'urine  fut  complète;  Turine  alors  s'écoutait  quelque  peu  par  regorgement  et  la 
vessie  formait  fî  l'hypogastre  une  tumeur  volumineuse  et  sensible;  ta  malade 
souffrait  dans  toutes  les  positions,  mais  surtout  couchée;  douleurs  aux  lombes, 
aux  hanches,  aux  atnes,  constipation  opiniâtre.  Le  museau  de  tanche  appuyait 
contre  l'urètre  à  sa  naissance  et  ne  permettait  l'issue  d'un  peu  d'urine  qu'en 
se  déplaçant  par  les  variations  d'attitude  de  ^a  malade;  le  fond  utérin  était  en 
arrière  arc-bonté  contre  le  rectum. 

La  sonde  retira  deux  pintes  d'urine  ;  la  réduction  fut  fait  ensuite,  mais  non 
sans  peine,  en  soulevant  doucement  le  fond  utérin  en  haut  par  une  pression 
exercée  sur  la  paroi  postérieure  du  vagin. 

Desgranges  fit  alors  mettre  la  malade  sur  le  côté,  les  genoux  plies  et  le  tronc 
pour  ainsi  dire  infléchi  sur  les  cuisses;  il  plaça  un  pessaire  qui  ne  tarda  pas  a 
devenir  inutile.  La  grossesse  arriva  heureusement  à  ferme. 

Avec  celte  observation,  Desgranges  donna  un  résumé  excessivement  exact 
des  symptômes  propres  à  Pantéversion  et  à  la  rétroversion,  de  leurs  causes  et 
du  traitement  qui  leur  convient.  Il  proposa  d'appeler  ces  déviations  :  position 
horizontale  de  la  matrice  d'avant  en  arrière  ou  rétroversion  et  position  hori- 
zontale d'arrière  en  avant  ou  antéversion;  couchée  (cubalio)  serait  le  terme 
générique  et  redressement  le  rétablissement  dans  la  position  normale. 

En  1784,  le  tome  LXI  du  même  journal  contint  de  nouvelles  réflexions  de 
Segrétain,  tendant  de  nouveau  à  mettre  en  doute  le  renversement  en  arrière  de 
l'utérus  gravide.  Il  y  avait  de  plus  une  observation  nouvelle  de  rétroversion  due 
à  Vandorpe,  de  Courtrai^  dans  laquelle  on  voit  que  les  réflexions  de  Segrétain 
et  le  travail  de  Desgranges  avaient  porté  leurs  fruits.  Voici  ce  cas  observé  par 
notre  compatriote  et  intéressant  à  plus  d'un  titre. 

Obs.  X.  —  Rétroversion  subite  à  trois  mois  et  demi  de  grossesse  ;  réduction 
difficile  par  le  rectum,  aidée  par  la  position  sur  les  genoux  et  les  coudes; 
guérison^  par  Vandorpe,  de  Courtrai  (Flandre).  —  Le  9  mai  i783,  M.  Van- 
dorpe fut  appelé  à  Dotigny,  village  éloigné  de  deux  lieues  de  Courtrai,  pour  une 
femme  qui  était  au  quatrième  mois  de  sa  grossesse  et  avait  depuis  dix-huit  à 
vingt  jours,  une  rétention  incomplète  d'urine,  survenue  à  la  suite  de  quelques 
travaux  forcés.  En  tirant  de  IVau  d'un  puits,  elle  sentit  un  changement  dans  la 
manière  de  rendre  ses  urines,  une  pesanteur  sur  lé  rectum,  des  douleurs 


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6  MÉMOlttES  ET  OBSERVATIONS. 

sourdes  au  bas-ventre,  aux  lombes,  dans  la  région  des  lies  ;  au  bout  de  trois 
jours^  la  malade  ne  rendit  plus  d*urine,  les  douleurs  devinrent  très-fortes;  les 
envies  d'uriner  et  d^aller  à  la  selle  furent  Irès-pressanles  sans  pouvoir  y  satis- 
faire; la  région  de  la  vessie  se  gonfla  prodigieusement,  alors  un  simple  change- 
ment d^atlitude,  le  plus  léger  mouvement,  et  surtout  le  moindre  effort  qui  ten- 
dait à  comprimer  la  vessie  faisaient  couler  les  urines  par  regorgement. 

Le  chirurgien  constata  que  la  région  de  la  vessie  formait  une  espèce  de  ballon 
assez  dur  qui  s'élevait  de  deux  travers  de  doigt  au-dessus  de  l'ombilic;  la  réten- 
tion d'urine  était  évidente;  mais  n'ayant  pas  de  sonde,  il  porta  un  doigt  dans 
le  vagin,  trouva  une  espèce  de  vide  du  côté  du  pubis  et  sentit  un  corps  dur  qui 
remplissait  la  cavité  du  vagin  :  en  le  comprimant,  les  urines  coulèrent  en  assez 
grande  quantité.  Vos  tincœ  était  placé  très-haut  derrière  les  pubis. 

Le  lendemain,  l'état  était  le  même  et  la  vessie  encore  très-tendue,  M.  Van- 
dorpe  fit  rendre  de  nouveau  beaucoup  d'urine,  puis  essaya  de  repousser  le  fond 
de  la  matrice.  N'ayant  pu  réussir,  il  fit  mettre  la  malade  sur  les  genoux  et  les 
coudes  (attitude  recommandée  par  M.  Segrétain),  la  tète  beaucoup  plus  basse 
que  le  bassin.  Il  porta  son  doigt  dans  Tanus  et  s'en  servit  pour  essayer  de 
refouler  le  fond  utérin  logé  et  comprimé  dans  la  courbure  sacrée  :  il  l'éleva 
sensiblement  et  constata  par  le  vagin  que  le  col  était  abaissé,  mais  la  résistance 
étant  très-grande,  il  passa  une  serviette  pliée  en  triangle  sous  le  bassin  de  la 
patiente  (placée  toujours  dans  la  même  attitude);  le  mari  prit  les  deux  chefs  de 
cette  bande  pour  élever  le  bassin  afin  de  refouler  les  viscères  abdominaux  vers 
la  poitrine.  Le  chirurgien  reporta  un  doigt  dans  la  même  direction  et  parvint 
enfin  à  faire  franchir  a  la  matrice  h  résistance  que  lui  opposait  la  saillie  du 
promontoire.  Aussitôt  la  femme  sentit  un  mouvement,  comme  quelque  chose  se 
retourner  dans  son  bas- ventre.  Dès  lors  la  matrice  fut  trouvée  en  place,  et  un 
pessaireen  cuvetle  fut  placé  dans  le  vagin  pour  la  maintenir.  Des  fomentations 
toniques  et  résolutives  furent  faites  sur  la  région  hypogaslrique  et  la  vessie 
reprit  très  bien  son  ressort. 

Trois  jours  après  la  femme  eut  quelques  accidents  nerveux  qui  furent  conjurés 
par  la  liqueur  d'Hoffman  et  le  laudanum  continués  pendant  deux  à  trois  jours. 

Dans  la  ntéme  année  1784,  le  frère  de  Baudelocque  prit  pour  thèse  De  la 
rétroversion  de  rutérus  pendant  la  grossesse  L'Académie  de  Paris  mit  alors  la 
question  au  concours  et  couronna  en  178!i,  le  mémoire  de  Desgranges,  de  Lyon, 
qui  n'a  pas  été  publié  mais  dont  la  grande  valeur  peut  être  pressentie  par 
Texcellence  du  travail  qu'il  avait  déjà  fait  paraître  deux  ans  auparavant. 

On  voit  par  tout  ce  qui  précède  que,  si  la  nature  de  l'accident  paraît  avoir 
été  bien  déterminée  en  Allemagne  d'abord,  c'est  au  cours  do  Grégoire  qu'on 
doit  en  rapporter  la  prerûière  description  dogmatique  et  que  le  mérite  de  la 
vulgarisation  revient  non-seulement  à  Hunier  mais  encore  à  plusieurs  chirur- 
giens français  et  belges  et  à  la  sollicitude  éclairée  de  l'Académie  de  médecine 
de  Paris. 

C^eslle  praticien  anglais  qui  donna  le  premier  le  nom  de  rétroversion  au  dé- 
placement en  arrière  du  fond  de  l'utérus. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  7 

Différents  Ira  vaux  siir  le  même  sujol  pariirenl  vers  celle  époque  : 

1.  Saxlroph.  Sur  larétroflexion  utérvie  {societatis  medicœ  Hawniensis  col- 
Itetanea^  tome  II,  1775). 

2.  Cuypers.  Diss,  de  retroversione  uteri  firavidL  Lugduni  Batavorum,  1777. 
5.  Ignalins  Wllczek.  Dissertatio  de  utero  retroflexo  morbo  gravidis  perni- 

ciosissimo,  Prague^  1777. 

4.  Wall.  Dissertatio  de  uteri  gravidi  retroversione,  Haloe,  1782. 

5.  Baumgartner.  Dissertatio  de  utero  retroverso.  Argentorati,  1785. 
<>.  Coekwell  (W.).  Essai  sur  la  rétroversion  de  l'utérus.  Londres,  1785. 

7.  Gruner.  De  utero  retroverso.  léna,  1787. 

8.  Gill.  Dissertatio  de  ista  hernia  uterinœ  specie^  quœ  retroversio  uteri  vulgo 
dicitur.  Edimburgi,  1787. 

^  9.  Frédéric  Jahn.  De  utero  retroverso.  léna,  1787. 

j  10.  Melitich.  Dissertation  sur  la  rétroversion  de  la  matrice.  Prague,  1790. 

!  11.  Murray.  Dissertatio  {in  uteri  retroversionem  animadversiones),  Upsaloe, 

1797. 

1â.  Lindblad.  Animadversiones-in  uteri  retroversionem.  Upsaloe,  1797. 

18.  Herscheek.  Dissertatio  de  utero  retroverso.  Halse,  1799. 

14.  Verlmann.  Dissertatio  de  uteri  gravidi  retroversione.  Gœttiogœ,  1799. 
y  Moeller  {De  Pronatione  uteri  post  partum,  Marb,  1803),  dit  encore  recli- 

natio  uteri  opposé  à  pronatio  qui  désigne  Tantéversion. 

Outre  celles  que  nous  avons  rapportées  plus  haut,  plusieurs  observations 
furent  publiées  en  Angleterre,  par  Johnson  (1769/;  Hooper,  Bird,  Gartshoreet 
Wilmer  (1779);  en  Ecosse,  par  Evans,  Swan  et  Purcell;  en  Allemagne,  par 
Plencke  (1775);  Kalzenberger  (1779);  Rogert  (1779);  Willich  (1779);  et 
Schoeffer  (1784);  dans  les  Pays-Bas,  par  Waller  Van  Doeveren,  de  Gronîngue 
(1765);  en  France,  dans  l'ancien  Journal  de  médecine,  par  Desgranges, 
tome  LXVI,  p.  65  ;  par  Dussaussois,  tome  LXVIII,  p.  55  ;  par  Vermandois, 
tome  LXXXVIIÏ,  p.  285  ;  par  Crofl,  tome  LXXXVIÏI,  p.  54. 

Depuis  le  commencement  de  ce  siècle,  une  série  de  thèses  ont  été  écrites  sur 
la  rétroversion  de  Tutérus  gravide  et  quelques  mémoires  ont  été  publiés  sur  le 
même  sujet;  la  plupart  des  traités  d'accouchements  et  des  ouvrages  qui  s'occu- 
pent des  maladies  des  femmes  enceintes,  lui  consacrent  une  place  importante; 
enfin  les  recueils  périodiques  ont  rapporté  d'assez  nombreuses  observations  de 
ce  déplacement,  dont  quelques-unes  sont  consignées  dans  ce  travail. 

En  1844,  Lacroix  eut,  comme  sujet  de  thèse  pour  le  concours  d'agrégation  : 
De  tantéversion  et  de  la  rétroversion  de  l'utérus^  et  en  1j865,  M.  Salmon,  dans 
les  mêmes  circonstances,  traita  exclusivement  de  la  rétroversion  de  l'utérus 
pendant  la  grossesse.  En  1859,  l'Académie  de  médecine  de  Paris  donna  la  rétro- 
version de  Tutérus  pendant  la  grossesse  pour  sujet  du  prix  Capuron,et  couronna 
le  mémoire  d*l£lleaume.  On  doit  s'étonner  grandement  de  voir  combien  ce  der- 


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8  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

nier  ouvrage,  publié  en  1860  et  assez  complet,  a  eu  peu  de  retentisscmenl.  En 
effet,  M.  I^almon,  trois  ans  après,  parlant  dans  son  travail  du  concours  établi 
en  1859  par  TAcadémie,  prétend  à  tort  que  des  mentions  honorables  ont  seule- 
ment éiè  données  à  des  travaux  qu*il  n'a  pas  trouvés  publiés.  De  plus  de  toutes 
les  Ihèses  qui  ont  paru  depuis  cette  époque,  aucune  ne  cite  le  livre  d'Elleaume, 
pas  même  celle  de  M.  Curie  (1869)  qui  donne  cependant  un  index  bibliogra- 
phique des  plus  complets. 

J'ai  fait  une  mention  séparée  pour  les  mémoires  de  Lacroix,  d'Elleaurae  et  de 
Salmon,  parce  qu*ils  sont  les  plus  importants,  on  pourrait  même  dire  les  seir 
importants  :  celui  de  M.  Salmon  est  de  beaucoup  le  plus  remarquable.  Je  dots 
cependant  ajouter  qu'au  point  de  vue  clinique,  le  mémoire  de  Martin  Jeune,  de 
Lyon,  présente  le  plus  grand  intérêt,  car  il  ne  contient  pas  moins  de  vingt-d  jx 
cas  de  rétroversion,  la  plupart  observés  par  lui-même  :  douze  cas  pendant  la 
grossesse;  deux,  après  un  avortement  ou  un  accouchement;  huit,  avec  une  ma- 
ladie de  la  matrice  ou  d'une  annexe. 

Voici  maintenant  la  liste  chronologique  des  travaux  principaux,  qui  ont  étt 
publiés,  depuis  le  commencement  de  ce  siècle,  sur  la  rétroversion  de  Tutérus 
pendant  la  grossesse  : 

I.  Antéversion  et  rétroversion  de  la  matrice^  par  Destrées;  thèse  de  docto- 
rat. Paris,  1806  (11  floréal  an  XI),  n«  252. 

*  â.  Baysselance,  Dissertation  sur  le  renversement  de  la  matrice,  Paris^  1806 
(12  floréal  an  XI).  n»  253. 

3.  Corlamberl  (R.).  Déplacements  de  l'utérus  et  de  ses  dépendances,  Paris, 
1806  (16  messidor  an  XI),  n»  308. 

4.  Rétroversion  de  la  matrice^  par  France;  thèse  de  doctorat.  Paris,  1806, 
n«76. 

5.  A  dissertation  on  the  rétroversion  ofthewomb,  by  Merriinan,  S.  Lon- 
dres, 1810. 

6.  De  relroversione  uteri,  auctor  Buezinski.  Vilnae,  1811 . 

7.  Déplacement  de  la  matrice  pendant  la  grossesse  et  la  suite  de  l'accouche- 
menty  par  Vidal;  thèse  de  doctorat.  Paris,  1815,  n*»  246. 

8.  Rétroversion  de  Vutérus^  par  Gougis  ;  thèse  de  doctorat.  Paris,  1817, 
n»  26. 

9.  Mémoire  sur  la  rétroversion  de  l'utérus^  par  JBellanger,  in  Revue  médi- 
cale de  PariSi  1824. 

10.  Dreier,  Soach,  Lund.  De  retroversione  utéri,  Haoniae,  1826. 

II.  De  la  rétroversion,  par  Bazin;  in  Annales  de  physiologie  et  d'anato- 
mie,  1827. 

12.  Rétroversion  de  V utérus,  par  Quélier  ;  thèse  de  doctorat.  Paris,  1828. 
15.  Mémoire  sur  la  rétroversion  de  l'utérus^  par  Parent  (de  Beaune);  in 
Gazette  médicale  de  Paris.  1852. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  9 

14.  Mémoire  de  médecine  et  de  chirurgie  pratiqueSy  par  Martin  jeune 
(de  Lyon).  Paris,  1835. 

ib.  Mémoire  sur  la  rétroversion  de  Ciitérus  dans  l^ état  de  grossesse,  par 
Amussat;  in  Journal  de  chirurgie  de  Malgaigne.  1845,  t.  I. 

16.  De  Caniéversion  et  de  la  rétroversion  de  rulérus,  par  Edouard  Lacroix. 
Paris,  1844. 

17.  Des  déplacements  de  Vutérus  et  spécialement  de  tantéversion  et  de  la 
rétroversion,  par  Quioc  ;  thèse  de  doctoral.  Paris,  1848,  ii«  150. 

^Iii18.  De  la  rétroversion  de  la  matrice  pendant  la  grossesse  ;  observation  et 
réflexions,  par  M.  Garin,  médecin  de  l'hôtel-Dieu  de  Lyon  ;  in  Gazette  médicale 
di  Lyon.  I8âl. 

<4d.  De  quelques  déviations  utérines j  principalement  de  l*antéversion  et  de 
lavétrùvetsion,  par  Eslèbes;  thèse  de  doctorat.  Paris,  1833,  n*»  âiiO. 

20.  Raiïisbolham.  Rétroversion  de  la  matrice  chez  les  femmes  enceintes. 
Med,  timesand  Gaz.  1853. 

*  21.  Observations  sur  [a  rétroversion  de  l'utérus,  par  M.  le  docteur  Priou 
(de  Nantes).  Acad.  demèd.  de  Paris,  30  août  1853. 

22*  Ruchènmeister.  Sur.  la  rétroversion  de  la  matrice  dans  l'état  de  gros-^ 
sesse  avec  inflexion  du  col.  Wiener,  i/^rf.  Wochenschr.,  1854. 

23.  Busch.  Rétroversion  M^m/ie;  Geschlechls  Leben  des  Weibs,  t.  lïL 

24.  De  la  rétroversion  de  la  matrice  dans  l'état  de  grossesscy  par  l.e  doc- 
leur  Martin  (dé  Tonneins).  Gaz.  des  hôpit.,  1857. 

25.  De  la  rétroversion  de  l'utérus,  par  Eug.  Godfroy;  thèse  de  doctoral. 
Paris,  1858,  n«  86. 

26.  De  la  rétrot)ersion  de  l'utérus  dans  Cétat  de  grossesse,  par  Négrier 
(d'Angers);  in  Gazette  médicale  de  Paris,  1859. 

27.  Graves.  Rétroversion  de  l'utérus  pendant  le  travail.  Britisch  med.  jour- 
nal,  1859. 

28.  De  la  rétroversion  utérine  dans  l'état  de  grossesse,  par  Etleaume. 
Paris,  1860. 

29.  Tyler  Smith.  Recherches  sur  l'exactitude  de  la  doctrine  de  Hunter  sur 
la  rétroversion  de  Vutérus  gravide.  Transact.  of  the  obstetr.  sociéty  of  Lon- 
don,  1861. 

30.  De  la  rétroversion  de  l'utérus  du  troisième  au  cinquième  mois  de  la 
grossesse,  par  le  docteur  Godefroy,  professeur  d*accouchèments  à  Rennes;  in 
Revue  de  thérapeutique  m édico -chirurgicale,  1861. 

51.  De  la  rétroversion  utérine  pendant  la  grossesse,  par  Cottigny;  thèse 
de  doctorat.  Paris  1862,  n«  174. 

^2,  Rétroversion  de  Vutérus  pendant  la  grossesse,    par   Alpti.   Salmon 
(de Chartres);  thèse  d'agrégation.  Paris,  1863. 
'  33.  Dickie.  Cas  de  rétroversion  de  Vutérus  gravide.  Edimb.  med.  J  ,18(13. 


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iO  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

54.  Hardy.  Trois  cas  de  rétroversion  de  l'utérus.  Trans.  of  obslet.  sociély 
of  London,  t.  V. 

35.  Des  inclinaisons  en  arrière  de  l'utérus  en  état  de  gestation ^  par  Villiers- 
Herluison  ;  ihèse  de  doclorat.  Paris,  1867,  n»  1 14. 

36.  De  la  rétroversion  de  f  utérus  pendant  la  grossesse ^  par  Quod  ;  thèse  de 
docloraL  Strasbourg,  1868,  n»  98. 

37.  De  la  rétroversion  de  l'utérus  pendant  la  grossesse^  par  Gailletet.  Paris, 
1868,  n»  134. 

38.  De  la  rétroversion  de  l'utérus  pendant  la  grossesse^  par  Curie  ;  thèse 
de  doctoral.  Paris,  1869,  n«  5. 

39.  De  la  rétroversion  de  l'utérus  gravide,  par  Herbet^  thèse  de  doctorat. 
Paris,  1872,  n»  98. 

40.  On  retroflexion  of  ihe  utérus  as  a  fréquent  cause  of  abortion^  by 
J.  J.  Philipps,  assistant  ohstelric  physician  to  Guy\s  Hospital  and  physician  of 
the  royal  Malernity  Gharity.  London,  1872. 

4t.  Cause  de  la  rétroversion  de  l'utérus  au  moment  de  l'accouchemen t y  pnr 
E.  Porro  ;  in  Gaz.  med.  ItaL  Lombardia,  n»»  9  et  10,  1874. 

42.  Rétention  d'urine  produite  par  la  retroflexion  de  Cutérus  gravide,  par 
M.  Barnes;  in  TheLancet  du  1"  août  1874,  II,  p.  159. 

45.  De  la  retroflexion  de  l'utérus  gravide^  par  M.  Puech;  in  Gaz.  obslét,  de 
Pam  du  20  août  1874. 

44.  Seize  cas  de  rétroversion  et  retroflexion  de  l^utérus  gravide,  par 
E.  Martin,  à  la  Société  Gynécol.  de  Berlin,  17  février  1874.  {Berlin  Klin.  Wo- 
chens,  1874,  n»  22,  p.  264). 

45.  De  la  rétroversion  utérine  pendant  la  grossesse,  au  point  de  vue  du 
traitement,  par  De  France;  thèse  de  doctorat.  Paris,  1874,  n»  237. 

46.  Noie  sur  un  cas  de  rétroversion  utérine  puerpérale,  par  le  docteur 
Bailly,  in  Arch.  de  Tocologie  de  décembre  1874. 

47.  Rétroversion  de  l'utérus  gravide;  observation  remarquable  suivie  de 
réflexions,  par  le  docteur  Bernutz  ;  in  Arch.  de  Tocologie  de  janvier  1875. 

48.  Sur  le  prolapsus  et  la  rétroversion  de  l'utérus,  envisagés  comme  dépla- 
.  céments  alternatifs   dans  le  cours  de  la  grossesse,  par  Imiach.  (Èdimburg 

méd.  /owrw.  Avril,  1875,  p.  894.) 

49.  Rétroversion  de  l'utérus  gravide,  par  Ghambers.  (Trans.  of  the  Obsté- 
trical Soc.  of  London,  vol.  XVI,  p.  181 ,  1875.) 

50.  Cas  de  rétroversion  de  l'utérus  gravide^  par  Simon  et  par  Gervis. 
{Trans.  of  the  Obstétrical  Soc,  of  London,  vol.  XVI,  pp.  232,  25i  et  suiv.) 

51.  Trois  cas  de  rétention  d'urine  en  rapport  avec  la  rétroversion  de 
l'utérus  gravide,  par  Hamon.  (Revue  de  thérapeutique,  du  15  juillet  1875.) 

Les  traités  d'accouchement  qui  consacrent  un  chapitre  plus  ou  moins  impor- 
tant à  la  rétroversion  de  Tutérus  gravide  sont  ceux  de  Deuman  (1802),  May- 


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MÉMOIRES  £T  OBSERVATIONS.  M 

grier(l8i4),  Bau(lelocque(i8i5), Gardien  (1816),  Bomn(i8t7),Dugés  (1827), 
Moreau  (1838),  Burns  (1839),  Chailiy  (184'2),  Jacqueinier  (1846),  Vaust 
(1846),  Nœgcle  (1857),  Cazcaux  (1858),  Scanzoni  (1859),  Joutin  (1866),  Hyer- 
riaux  (1866),  Hubert  (1869),  Saboia  (1873),  Pénard  (1874),  Schrôder  (1875). 

On  pourra  lire.aiissi  des  articles  de  plus  ou  moins  grande  valeur  dans  le  Dic- 
tionnaire en  60  volumes  (t.  48,  art.  Rétroversion^  1820);  dans  Tabrégé  de  ce 
dictionnaire  (t.  9,  art.  Hystéroloxie,  1825)  ;  dans  le  Dictionnaire  de  médecine^ 
en  21  volumes  (t.  21,  art.  Utérus^  1828);  dans  le  Dictionnaire  de  médecine 
et  de  chirurgie  pratiques  d'Andral,  Begin,  etc.  (art.  Rétroversion)  ;  dans  celui 
qui  porte  le  même  titre  de  M.  Jaccoud  (t.  17,  art.  Grossesse^  1873):  dans  les 
traités  des  maladies  des  femmes  de  Capuron  (1817),  Boivin  et  Dugès  (1833), 
Cburchill  (1865),  Gourty  (1866),  etc.;  dans  les  manuels  de  médecine  opéra- 
toire de  Sabatier  (1824),  de  Velpeau  (1840),  de  Malgaigne  (1842),  etc.  (1). 

Enfin  tout  récemment  M.  Barnes,  dans  ses  Leçons  sur  les  opérations  obsté-- 
tricales{\Slù),  et  M.  Depaul,  dans  ses  Leçons  de  clinique  obstétricale  (1872-74), 
sont  venus  apporter  à  Tétude  de  ce  sujet  le  large  tribut  de  leur  longue  et 
sa.vante  expérience.  (La  suite  au  prochain  no.) 


ËTUDE   CLINIQUE   ET  EXPÉRIMENTALE    SUR   l'ÉTRANGLEMENT  HERNIAIRE   ET   EN   PAR- 
TICULIER SUR  l'action  des  gaz  DANS  LA  PRODUCTION  DE  CET   ACCIDENT  ;  par  le 

docteur  Motte,  de  Dinant  {Belgique),  —  Mémoire  auquel  la  Société  de  Chi- 
rurgie de  Paris  a  accordé  une  récompense  de  300  /r.  au  concours  du  prix 
Laborie  (1873).  (Suite.  —  Voir  notre  cahier  de  juin,  page  522.) 

DEUXIÈME    PARTIE. 

Ces  expériences  comportent  plusieurs  enseignements  que  nous  essayerons  de 
dégager  des  nombreux  détails  qu'elles  renferment.  Au  préalable,  nous  groupe- 
rons ces  détails  en  faisceaux  séparés  afin  d*'en  faire  mieux  saisir  la  significa- 
tion. Nos  conclusions  pratiques  viendront  après. 

Dans  un  premier  chapitre^  nous  nous  occuperons  des  modifications  fonc- 
tioi>nelles  multiples  qu'auront  subies  les  anses  intestinales  soumises  à  Texpé- 
rimentation  ;  dans  un  second^  nous  passerons  en  revue  les  lésions  anatomiques 
qui  surviennent  par  le  fait  de  la  constriction. 

Des  conclusions  générales  termineront  le  travail. 

CHAPITRE  PREMIER. 

Etant  donnée  une  ouverture  plus  ou  moins  large  pratiquée  aux  parois  abdo- 
minales d'un  chien,  quellf  est  la  série  des  phénomènes  physiologiques  qu'il 
nous  sera  donné  d'observer  et  quelles  sont  les  déductions  que  nous  pourrons 
légitimement  en  tirer? 

(1)  Les  dates  sont  celles  des  éditions  consultées. 


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42  MÊAIOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Sortie  de  Tîntettiii  à  travers  U  plaie.  Il  est  aplati  ou  distendu.  Répartitîou  des  giis 
dans  la  cavité  abdominale. 

A.  —  Constatons  d*abord  que,  malgré  les  cris  de  Tanimai  et  ses  efforts  de 
résistance  ;  malgré  la  liberté  plus  ou  moins  complète  et  la  largeur  relative- 
ment considérable  de  Tanneau^  il  pourra  arriver,  en  certains  cas,  que  .les 
anses  intestinales  restent  emprisonnées  dans  Tintérieur  'de  la  cavité  de  Tab- 
domen.  Sur  les  trente  et  une  expériences  que  nous  analysons,  nous  devrons 
en  écarter  sept,  (les  19%  20%  21%  22«,  23%  38«  et  2p«)  dans  lesquelles  nous 
h*avons  pas  étudié  le  jeu  des  anses  vis-à-vis  des  anneaux  ouverts  devant  elles; 
il  nous  en  restera  donc  vingt-quatre  où  cet  examen  a  eu  lieu.  Sur  ce  nombre, 
il  y  en  a  quinze  où  rinleslin  n*a  fait  aucune  irruption  au  dehors;  mais  sur 
ces  quinze  cas,  nous  en  trouvons  encore  trois,  (les  1*'  4«  et  6«),dans  lesquelles 
les  animaux  ne  réagissent  nullement  et  où  le  défaut  de  contraction  expli- 
que rimmobilité  de  la  masse  viscérale.  Nous  n*auroBS  donc  plus  que 
douze  cas  dans  lesquels  les  contractions  des  parois  n*ont  eu  aucune  influence 
sur  les  mouvements  des  anses,  que  nous  retrouverons  constamment  en  arrière 
de  Torifice,  malgré  des  efforts  parfois  considérables.  Toutefois  ce  défaut  de 
propulsion  n'est  pas  absolument  [invariable;  ainsi,  dans  la  treizième  expé- 
rience, à  chaque  inspiration,  une  tumeur  arrondie  fait  saillie  entre  les  lèvres 
delà  plaie:  c'est  Tépiploon;  les  viscères  sont  refoulés  profondément;  une 
anse,  dilatée  par  des  gaz,  est  amenée  contre  Panneau;  une  compression  sou- 
tenue des  parois  fait  avancer  celte  portion  d'intestin  à  travers  l'oriGce  que 
l'introduction  du  doigt  tend  encore  à  rétrécir.  Dans  la  onzième,  l'épiploon 
fait  issue;  mais  malgré  d'énergiques  efforts,  je  ne  vois  pas  saillir  l'intestin. 
J*écarle  romentum  et  tout  aussitôt  une  anse  distendue  par  des  gaz  et  des 
matières  solides  fait  irruption  au  dehors.  Dans  la  septième,  le  péritoine  se 
développe  en  ampoule  sous  les  efforts  de  j'animai;  mais  tes  anses  restent  en 
dedans  de  la  cavité.  La  séreuse  n'est'pas  sitôt  ouverte  qu'une  anse  épanouie 
se  précipite  à  travers  l'anneau.  Dans  la  dix-septième,  il  se  produit  encore  un 
phénomène  analogue;  l'intestin  apparaît  à  Touv^Tture  sans  pouvoir  la  franchir 
et  combler  le  sac.  Celui-ci  une  fois  ouvert,  Tanneau  donne  accès  à  une  anse 
légèrement  tombée  par  les  gaz  intestinaux.  Enfin  dans  la  quatorzième,  Tépi- 
ploon  se  présente  ;  je  le  refoule  et   une  anse    aplatie  prend  sa  place. 

Il  serait  assez  difficile  de  donner  une  explication  quelque  peu  plausible 
de  ce  curieux  phénomène  qui  consiste  à  permettre  au  péritoine  de  venir  former 
sac  en  dehors  de  l'anneau,  sans  être  eu  même  temps  comblé  à  cet  endroit  par 
l'une  ou  l'autre  portion  de  l'épiploon  ou  de  l'intestin  ;  à  moins  de  supposer  que 
la  cavité  péritonéale  contint  une  certaine  quantité  de  gaz  qui  se  serait  inter- 
posée entre  le  feuillet  sacculaire  et  la  masse  des  viscères  abdominaux. 

Au  point  de  vue  de  la  composition  de  la  hernie,  voici  ce  que  nous  avons 
trouvé  dans  les  neuf-expériences  qui  nous  restent  à  examiner,  et  où  l'anneau 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  15 

a  été  franchi  iinisédiatemer)t  après  Touverlure  de  TabdomeD.  Tantôt  l'intestin 
est  seul  (3«,  9«,  15%  16%  30*el5l«),  tantôt  il  est  accompagné  de  Tépiploon 
(10%  12%  26«);  lanlôt  il  est  vide,  aplati  (M«,  15%  16%  24^),  ou  distendu»  par 
les  gaz  (3%  9%  10%  30«,  3i«). 

Il  serait  peut-être  permis  de  considérer  la  présence  de  Tépiploon  à  Touver- 
ture  comme  Tobstacle  essentiel  à  la  sortie  de  l^intestin,  en  certains  cas,  puis- 
qu'il a  suffi  de  refouler  cette  toile  graisseuse  pour  voir  à  Tinslant  l'anneau 
franchi  par  l'une  des  anses  du  voisinage.  D^autres  fois  pourtant  cette  cause'n'a 
pu  être  invoquée,  par  exemple,  dans  les  expériences  13'  et  18*. 

Nous  avons  vu  dans  la  7«  et  17«,  l'ampoule  péritonéale  foniier  elle-même  la 
hernie  et  empêcher  la  sortie  de  l'iniestin  ;  nous  répéterons  qu'il  serait  difficile 
d'interpréter  cette  particularité. —  Six  fois  l'épiploon  s'est  présenté  seul; 
trois  fois  il  était  accompagné  d'une  anse  intestinale. 

La  présence  ou  l'absence  des  gaz  dans  les  anses  du  voisinage  de  l'orifice,  ont- 
elles  de  l'influence  sur  l'issue  du  viscère?  Nous  avons  vu,  à  ce  point  de  vue,  se 
répartir,  comme  suit,  un  premier  groupe  de  douze  expériences,  comprenant 
celles  où  rintestin  est  resté  réfraclaire  aux  contractions  des  parois  abdotiii- 
oales  :  six  cas  où  l'intestin  était  vide  de  gaz;  quatre  autres,  dans  lesquels  il 
suffit  d'écarter  l'épiploon,  obstruant  l'anneau,  ou  de  déchirer  le  sac  péritonéal, 
pour  voir  aussitôt  saillir  le. viscère  distendu  par  les  gaz  (trois  fois),  ou  aplati 
(une  fois).  Restent  enfin  deux  expériences  :  la  première,  dans  laquelle  une 
anse  est  amenée  au  dehors,  vide,  il  est  vrai,  mais  dont  l'épanouissement  se 
fait  si  promptement  qu'il  faut  bien  supposer  que  les  gaz  occupaient  l'un  de  ses 
deu3^  bouts;  la  deuxième  qui  offre  cette  particularité  qu'une  anse  dilatée,  ayant 
été  attirée  hors  de  Tabdomen,  une  autre  anse  se  remarque  bientôt  au  niveau 
du  pédicule.  Néanmoins,  malgré  de  violents  efforts,  ces  portions  du  tube  Intes- 
tinal ne  changent  ni  de  volume  ni  de  rapports.  Si  nous  analysons  ensuite  les 
neuf  expériences  qui  nous  ont  montré  le  viscère  s'échapper  aussitôt  que  l'ab- 
domen a  été  ouvert,  nous  en  trouvons  quatre  où  l'anse  est  vide  et  cinq  ou  elle 
est  distendue  par  des  gaz. 

Le  tableau  synoptique  suivant  nous  fera  mieux  saisir  l'ensemble  de  ces  don- 
nées et  leurs  rapports. 

Nombre  d'expériences  dans  lesquelles  le  rôle  des  gaz  a  été  étudié  relativement  è  la  sortie  plus  ou 

moins  facile  des  anses  intestinales. 

21 

Anses  restées  dans  la  cavité  abdominale.  Anses  sorties  de  la  cavité  abdominale. 

12  9 

Anses  dont  la  sortie  est  empêchée  par  l*iépiploon  ou  le  sac  : 
Distendues.        Vide.       Anses  vides.        Anses  vides.        Anses  distendues. 
3  16  4  5 

Anses  mixtes  attirées  au  dehors  : 

Distendue  et  accompagnée  d*une  autre  anse,  au 
Vide,  mais  épanoui  aussitôt  sa  sortie.  niveau  de  son  pédicule,  ne  cédant  ni  Pane  ni 

Tautre  aux  efforts. 

1  1 


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1 4  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

B.  — G'esi  au  milieu  des  manœuvres,  nécessitées  par  la  huitième  expérience, 
que  nous  avons  eu  la  pensée  d'étudier  le  mode  de  répartition  des  gaz  dans  la 
cavité  de  Tabdomen.  Nous  avions  remarqué  précédemment  que,  malgré  les 
contractions  violentes  et  la  compression  des  parois  du  ventre,  il  arrivait  par- 
fois que  les  anses  herniées  restaient  aplaties;  nous  savons  déjà  que  le  même 
fait  s'est  présenté,  plus  d'une  fois,  dans  les  expériences  suivantes.  Or,  si 
l'intestin  ne  contient  pas  de  gaj:  au  moment  où  on  le  met  à  nu  ou  tout  au  moins, 
s'if  n'en  contient  qu'une  minime  quantité  et  à  une  grande  distance  de  la  région 
explorée,  évidemment  l'anse  soumise  à  l'examen  restera  vide,  quoiqu'on  fasse. 
Ce  sont  ces  conditions  de  quantité  et  de  répartition  que  nous  avons  vérifiées 
directement  en  étalant  successivement  toute  la  masse  de  l'intestin  grêle. 

Dans  la  huitième  <'xpérience,  l'anse  reste  aplatie  et  les  gaz  font  défaut 
partout,  sauf  à-  l'extrémité  inférieure  du  canal,  dans  une  longueur  de  trente 
centimètres.  Ici,  comme  dans  les  autres  cas,  le  gros  intestin  n'a  guère  pu  être 
examiné  à  cause  de  sa  mobilité  moins  grande  et  parce  que  le  petit  intestin, 
sortant  presque  toujours  assez  rapidement  après  l'ouverture  de  Tabdomen,  il 
devenait  par  là  même  de  plus  en  plus  difficile  d'attirer  l'une  ou  l'autre  partie 
du  colon.  Au  surplus,  comme  c'est  presque  toujours  l'intestin  grêle  qui  entre 
dans  la  composition  des  hernies,  il  était  sans  doute  plus  intéressant  de  fixer 
son  attention  spécialement  sur  ce  viscère. 

Nous  avons  déjà  dit  que  ces  gaz,  rassemblés  au  voisinage  du  cœcum,  ne 
pouvaient  y  avoir  été  refoulés  par  la  manœuvre  qui  consiste  à  attirer  l'intestin 
à  travers  une  ouverture  trop  étroite,  puisqu'au-delà  du  point  dilaté,  nous 
trouvions  une  autre  portion  du  canal  complètement  vide,  comme  était  d'ailleurs 
l'extrémité  supérieure.  Cette  remarque  peut  s'appliquer  à  la  plupart  des  expé- 
riences que  nous  sommes  actuellement  occupé  à  analyser. 

Dans  la  neuvième,  une  anse,  trèsdistendue  par  des  gaz,  fait  issue  au  dehors  ; 
tout  le  reste  de  Tinstestin  ne  contient  que  des  matières  liquides,  en  petite 
quantité;  et  de  même  que  dans  l'expérience  précédente,  ce  n'est  qu'au  bout  du 
caoal  que  nous  constatons  l'existence  d'une  dilatation  gazeuse  (50  centimètres 
d'intestin  environ). 

Même  résultat  pour  la  dixème  (anse  herniée  dilatée,  gaz  accumulés  à  la  fin 
de  l'intestin  grêle). 

Dans  la  onzième,  l'anse  ainsi  que  quelques  centimètres  de  la  portion  dé 
l'intestin  qui  la  touche,  sont  les  seuls  points  ou  je  constate  la  présence 
des  gaz. 

Dans  la  douzième,  le  cœcum  seul  en  contient  ;  il  n'en  existe  pas  dans  le  petit 
intestin. 

Dans  la  treizième,  25  centimètres  de  l'extrémité  inférieure  de  l'intestin  grêle 
en  sont  seuls  pourvus. 

Dans  la  quatorzième,  à  peu  près  même  quantité  et  même  distribution. 


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MÉMOIRES  EX  OBSERVATIONS.  15 

Dans  la  quinzième,  rien  à  noter  à  cet  égard,  pour  une  masse  considérable 
d'anses  précipitées  au  dehors. 

Dans  la  seizième,  il  n*y  a  de  gaz,  en  quantité  appréciable  dans  aucune  por- 
tion de  l'intestin  grêle. 

Dans  la  dix-septième,  Tanse  sortie,  dénoie  seule  la  présence  des  gaz. 

Enfin  dans  la  vingt-cinquième,  le  doigt^  introduit  au  fond  de  la  cavité  abdo- 
minale, sent  partout  les  anses  aplaties;  toutefois,  comme  je  n'ai  pas  déployé 
rintestin,  je  ne  puis  affirmer  qu'elles  ne  renfermaient  que  des  matières 
liquides. 

A  première  vue,  il  semblerait  qu'il  n'y  a  qu'à  agir  par  compression  sur  les 
anses  intestinales  pour  les  forcer  à  s'échapper  à  travers  les  ouvertures  artifi- 
cielles pratiquées  aux  parois  de  Tabdomên.  Nous  venons  de  voir  que  cette 
sortie  n'est  pas  aussi  facile  qu'on  serait  tenté  de  le  supposer.  Il  y  a  plus  : 
Quand  l'intestin  fait  hernie,  il  est  loin  d*étre  toujours  disiendu  par  de»  gaz  et 
il  sort  aplati  quatre  fois  sur  neuf.  Cette  absence  plus  ou  moins  absolue  des  gaz 
pourra  paraître  singulière  et,  pour  notre  compte,  nous  avouons  que  ce  résultat 
nous  a  quelque  peu  surpris,  en  présence  des  données  que  nous  fournissent  les 
auteurs  sur  ce  point  de  physiologie.  Ils  nous  indiquent  d'une  manière  assez 
précise  la  composition  générale  de  ces  gaz,  selon  les  différentes  portions  du 
canal  :  l'oxygène  prédominant  dans  l'estonlac,  l'acide  carbonique  dans  l'intes- 
tin grêle,  l'hydrogène  sulfuré  ou  carboné,  dans  le  gros  intestin  (1).  En  outre, 
au  dire. de  quelques-uns,  «  Tintestin  contient  toujours  des  gaz,  même  à  l'état 
de  santé  »  (2).  c  II  est  probable  que  ces  gaz,  que  l'on  rencontre  constamment 
dans  les  intestins.,  sont  le  résultat  de  la  décomposition  de  certaines  parties  du 
bol  alimentaire,  et  même  qu'à  mesure  que  le  bol  alimentaire  a  éprouvé  une 
plus  grande  altération,  il  se  rencontre  aussi  plus  de  gaz  »  (5).  Ces  propositions 
sont  loin  de  concorder  avec  les  résultats  de  nos  expériences.  Nous  avons  trouvé, 
en  effet  une  quantité  relativement  minime,  et  parfois  complètement  nulle  de  gaz 
chez  onze  des  chiens  que  nous  avons  examinés,  à  ce  sujet.  Et  pourtant,  on  ne 
pourrait  guère  arguer  drs  différences  ànatomiques  des  espèces,  car  le  chien 
doit  se  trouver,  au  point  de  vue  de  la  composition  du  contenu  intestinal,  à  peu 
près  dans  1rs  mêmes  conditions  que;  l'homme  lui-même  dont  il  est  le  compagnon 
assidu  et  dont  il  partage  chaque  jour  la  nourriture. 

Nous  avons  tenu  à  contrôler,  par  l'observation  clinique,  les  résultats  consta- 
tés directement  sur  l'intestin  de  ces  animaux.  A  cette  fin,  nous  avons  (examiné 
l'abdomen  d'un  grand  nombre  de  personnes  bien  portantes  ou  atteintes  de 
légères  indispositions  et  nous  avons  pu,  ainsi,  faire  de  curieux  rapprochements. 

(i)  Chevrcul,  cité  par  les  auteurs  du  Compend.  de  méd.prat. ,  art.  Pneumalose,  p.  86. 

(2)  Sprîng,  Symptomatologie  on  traité  dés  accid.  morbid,,  t.  I,  p.  428.  Bruxelles^ 
1866. 

(3)  Joberl  de  Lambalie,  Traité  4es  mal.  du  canal  intest, ,  1. 1,  p.  29.  Paris,  1820. 


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16  MÉMOIRJBS  ET  ORSERVATIONS. 

Presque  toujours  la  percussion  nous  a  prouvé  que  les  gaz  son^  surtout  accu- 
mulés dans  le  colon  ascendant  et  transverse  et  sont  très-rares  dans  la  masse 
de  l'intestîn  grêle.  Il  est  probable  que  lorsqu*ils  sont  descendus  dans  TS  iliaque, 
ils  ne  tardent  pas  à  en  être  expulsés,  ce  qui  fait  que  cette  région  ne  donne 
généralement  que  de  la  matité.  C'est  surtout  du  côté  des  aines^  là  où  se  pro* 
duisent  habituellement  les  hernies  que  la  sonorité  fait  le  plus  souvent  défaut. 

Nous  ne  pourrions  pas  affirmer  qu'il  y  eût  des  gaz  dans  les  dernières  por- 
tions du  petit  intestin;  ce  que  nous  pouvons  dire,  c'est  que  la  percussion  n*a 
pu  nous  renseigner  d'une  manière  précise  à  cet  égard.  Si  le  viscère  est  habi- 
tuellement distendu  par  des  gaz»  à  sa  limite  inférieure,  Tanatomie  nous 
apprend  qu'il  serait  assez  difficile  de  le  constater  ;en  effet,  avant  de  déboucher 
dans  lecoécum,-  l'intestin  grêle  abandonne  le  pelotonnement  qu'il  avait  affecté 
préfïédemment  pour  prendre,  en  se  détachant  de  la  masse,  une  direction  trans- 
versale de  gauche  à  droite.  Or,  la  profondeur  de  sa  situation  à  ce  niveau  et  la 
petitesse  relative  de  son  calibre,  comparées  à  celles  du  colon,  empêchent  d'ar- 
river à  des  données  exactes  au  point  de  vue  de  son  contenu. 

Depuis  que  nous  nous  occupons  activement  de  cette  importante  question  des 
hernies,  nous  avons  été  à  niême  de  vérifier,  en  plus  d'une  circonstance,. com- 
bien est  insuffisant  le  précepte  donné  par  les  auteurs  de  faire  tousser  le  malade 
pour  nous  assurer  de  l'existence  d'Une  hernie;  trop  souvent  il  nous  est  arrivé, 
comme  dans  nos  expériences^  de  ne  sentir  bomber  aucune  tumeur,  malgré 
d'énergiques  efforts  de  la  part  du  sujet  ;  et  pourtant  un  examen  ultérieur  nous 
édifiait  pleinement  sur  la  réalité  de  l'infirmité  que  nous  cherchions.  Gela  a  lieu 
surtout  quand  la  hernie  est  petite  et  qu'elle  a  à  franchir  un  anneau  étroit  ou 
un  trajet  contourné.  D'autres  fois,  au  contraire,  la  moindre  contraction  fait 
sortir  le  viscère  ;  une  simple  inspiration  l'amène  au  dehors,  comme  nous  le 
verrons  plus  loin.  Eu  outre,  dans  un  certain  nombre  de  hernies,  plus  ou  moins 
volumineuses,  Il  nous  est  arrivé  de  constater  de  la  matité,  là  où  il  semblerait 
que  les  gaz  eussent  dû  être  accumulés.  La  rentrée,  sans  gargouillement,  delà 
tumeur,  nous  confirmait  dans  dans  notre  première  appréciation.  Ce  dernier 
fait  est  encore  bien  en  rapport  avec  les  résultats  de  nos  expériences  et  des 
recherches  cliniques  relatées  plus  haut. 

Nous  croyons  donc  avoir  mis  en  lumière,  jusqu'ici,  ces  deux  faits  impor- 
tants, dont  l'un  est  en  quelque  sorte  le  corollaire  de  Taulre,  à  .savoir  : 

i<>  Que  Tintesiin  grêle,  c'est-à-dire  cette  portion  du  canal  qui  entre  ordi- 
iMiirement  dans  la  composition  des  hernies  contient  moins  de  gaz  qu'on  ne  le 
croit  généralement; 

2"  Que  l'intestin  peut  assez  fréquemment  être  poussé  complètement  vide^ 
à  travers  une  ouverture  étroite  des  parois  abdominales. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  17 

Une  fois  sorties  de  la  cavité  abdominale,  les  anses  vont  nous  présenter  divers 
phénomènes  que  nous  étudierons  séparément. 

II. 

Sensibilité  de  l'intestin.  —  Turgescence  des  vaisseaux  au  contact  de  l'air. 

La  sensibilité  dont  est  doué  le  canal  intestinal  nous  a  paru  se  manifester  de 
plusieurs  façons  différentes,  dans  quelques-unes  de  ces  expériences.  Tantôt 
Peffel  est  marqué  par  une  contraction  c\ts  fibres  de  la  musculeuse;  tantôt,  au 
contraire,  les  nerfs  vaso-moteurs  du  viscère  semblent  frappés  de  paralysie,  au 
seul  contact  de  l'air  ambiant. 

Premier  cas.  Dans  la  dix-huitième  expérience,  après  que  nous  eûmes  attiré 
au  dehors  la  plus  volumineuse  des  deux  anses  distendues  en  arrière  de  Pan- 
neau, celte  portion  d'intestin  présenta,  au  niveau  de  ses  deux  bouts,  un  sillon 
manifeste  dont  il  nous  fut  facile  de  saisir  la  nature.  Ce  sillon  était  dû  à  la 
contraction  spasmodique  des  fibres  circulaires  de  Tintestin.  Il  n'y  avait  là 
aucun  amincissement  des  tuniques,  et  cette  dépression  disparut  bientôt  en  ren- 
dant au  canal  son  calibre  normal. 

Dans  la  même  expérience,  en  pratiquant  le  taxis,  sur  une  anse  pleine  de  gaz 
et  après  avoir  rétréci  l'anneau  en  y  introduisant  l'extrémité  du  doigt,  nous 
constatons  que  ce  n'est  plus  une  zone  étroite  de  fibres  qui  se  contracte,  mais 
bien  la  moitié  de  la  longueur  de  cette  anse^  qui  se  réduit  ainsi  en  une  corde 
d'un  volume  deux  fois  moindre  que  le  volume  primitif,  et  cela  par  la  simple 
irritation  produite  par  le  contact  des  doigts. 

Dans  l'expérience  27«,  en  forçant  Tintestin  à  passer  à  travers  une  ouverture 
assez  étroite,  nous  déterminons  une  contraction  telle  que  le  canal  n'atteint 
plus  que  les  dimensions  d'une  plume  d'oie^  pour  ne  reprendre  que  quelques 
instants  après  son  calibre  ordinaire.  L'intestin  gagnait  en  dureté  ce  qu'il  per- 
dait en  volume. 

Les  mêmes  effets  ont  été  signalés  dans  les  28®  et  29«  expériences. 

Ces  contractions  nous  ont  paru  siéger  exclusivement  dans  les  fibres  circu- 
laires, car  la  portion  d'anse,  ainsi  modifiée,  n'avait,  apparemment  du  moins, 
rien  perdu  de  sa  longueur. 

Dans  quelques  autres  expériences,  il  nous  est  arrivé  de  pincer  les  anses  pour 
juger  de  leur  degré  de  contractilité  et  nous  provoquions,  par  là,  des  contractions 
circulaires,  à  ce  niveau  (expérience  17*  par  exemple).  Toutefois,  nous  devons 
ajouter  que,  dans  la  plupart  des  manipulations  auxquelles  nous  soumettions 
l'intestin,  des  phénomènes  analogues  à  ceux  que  nous  venons  de  signaler  ont 
presque  toujours  fait  défaut  et  nous  ne  remarquions  rien  desaillant  à  noter  à 
cet  égard. 

Deuxième  cas.  Dans  quelques-unes  de  nos  expériences,  nous  avons  vu  qu'à 
peine  une  portion  plus  ou  moins  considérable  du  tube  digestif  avait  été  étalée 


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18  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

au  dehors,  sa  couleur,  d'un  blanc  sale  à  la  sortie,  prenait  bientôt  une 
teinte  hleuâlre^  en  même  temps  que  le  volume  des  circonvolutions  augmentait 
notablement  par  l'engorgement  de  leurs  vaisseaux.  Généralement,  pourtant, 
Touverture  qui  leur  avait  donné  issue  était  assez  large  pour  permettre  le  jeu 
facile  des  bouts  des  anses  amenées  au  jour;  et  s*il  y  avait  le  moindre  doute  . 
à  cet  égard,  il  ne  resterait  pas  debout  en  présence  des  conditions  exception- 
nelles réunies  dans  la  29«  expérience.  On  dirait  donc  qu*en  pareille  occurrence, 
le  seul  contact  de  Tair  joue  un  rôle  pernicieux  en  paralysant  les  tuniques  vas- 
culaires  et  en  enrayant  les  contractions  des  plans,  musculaires  de  Tinlestin. 
Par  contre,  il  est  arrivé  que  malgré  Pétroiiesse  de  l'anneau,  Panse  et  ses  vais- 
seaux n*ont  pas  changé  de  volume  (expérience  6^)  ;  résultat  qui  viendrait  à 
Tappui  de  la  proposition  précédente,  puisqu'un  certain  degré  de  constriction 
n\i  pas  suffi  pour  amener  un  afflux  de  sang  plus  considérable,  tandis  qu*en 
d'autres  circonstances,  un  anneau  relativement  large  a  été  accompagné  d'une 
turgescence  notable  des  mêmes  parties. 

Cette  influence  nocive  de  l'air  atmosphérique  est  donc  bien  établie,  et, 
à  preinière  vue,  les  conséquences  qui  résultent  d*un  fait  de  cette  nature, 
acquerraient  un  haut  degré  de  gravité.  En  effet,  si  l'intestin  ne  peut  impuné- 
ment être  découvert,  on  en  arrivera  à  proscrire  l'ouverture  du  sac  dans  la 
kélotomie;  dès  lors  aussi^  la  méthode  du  taxis  progressif  s'armera  de  nouvelles 
ressources  et  ses  partisans  resteront  plus  que  jamais  convaincus  des  dangers 
de  la  kélotomie  classique.  Mais  qu'on  veuille  bien  le  remarquer,  cette  déduc- 
tion est  moins  logique  qu'elle  ne  parait,  car  les  modifications  subies  par  les 
vaisseaux  des  tuniques  intestinales,  toutes  réelles  et  persistantes  qu'elles  soient, 
n'entraînent  par  elles-mêmes  aucun  trouble  sérieux  et  n'amènent  pas  forcé- 
ment la  péritonite.  C'est  ce  qui  résulte  à  l'évidence  des  curieux  détails  observés 
dans  ta  51*>  expérience.  Il  est  du  reste  remarquable  que  ces  animaux  ont  pres- 
que toujours  survécu  plus  ou  moins  longtemps  lorsqu'on  n'avait  pas  lié  les 
anses;  la  constriction  par  le  fil  ou  tout  autre  lien  paraissant  agir  d'une  ma- 
nière plus  nuisible  que  les  anneaux  pratiqués  aux  parois.  Si  nous  rapprochons 
ce  défaut  de  réaction  de  ce  qu'on  remarque  dans  certains  cas  d'éventration, 
sans  lésions  intestinales^  ainsi  que  de  l'innocuité  relative  de  l'ovariolomie^dans 
laquelles  des  circonvolutions  plus  ou  moins  longues,  sont  mises  à  nu,  on  sera 
bien  forcé  de  conclure  que  l'ouverture  du  péritoine  ne  présente  pas  le  danger 
qu'on  lui  attribue,  pourvu  que  cette  séreuse  n'ait  pas  au  préalable  subi  d'al- 
tération trop  considérable.  Ce  serait  donc,  à  vrai  dire,  les  défenseurs  de  l'opé- 
ration hâtive  qui  auraient  à  bénéficier  des  résultats  de  l'expérimentation, 
puisqu'on  ne  pourrait  plus  désormais  leur  opposer  l'objection  qui  forme  la 
base  de  l'argumentation  de  leurs  adversaires. 

{La  tuite  au  prochain  nwnéro.) 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  lî* 


De  quelques  accidents  graves,  souvent  mortels,  consécutifs  aux  grandes 
BRULURES;  par  le  docteur  Alphonse  Bertherand,  membre  correspondant  de 
la  Société^  à  Paris  (I). 

Dupuylren,  dont  les  leçons  cliniques  ont  imprimé  à  l'étude  chirurgicale  des 
brûlures,  le  cachet  de  son  génie  investigateur  et  méthodique,  rapporte  à  quatre 
chefs  princ[paux  :  Virritalion^  Vinflamfnation,  la  suppuration,  Vépuisement, 
les  complication^  redoutables  qui,  à  quatre  périodes  de  plus  en  plus  éloignées 
des  ustions  —  trop  étendues  ou  trop  profondes  pour  ne  déterminer  que  des 
accidents  locâux  —  peuvent  menacer  la  vie  des  malades. 

Si  Ton  réfléchit  au  nombre  et  à  la  nature  des  éléments  anatomiques  de  la 
peau,  organe  merveilleux  de  fonctions  aussi  délicates  qu'importantes  —  sensi- 
bilité, tact,  exhalation,  absorption,  —  on  doit  pressentir  quel  retentissement 
périlleux  la  compromission,  sur  une  grande  surface,  de  cet  appareil  éminem- 
ment nerveux  et  vasculaire,  est  susceptible  d'apporter  dans  Tintégrité  des  phé- 
nomènes vitaux. 

Disons-le  pourtant  :  au  début  de  la  pratique^  le  jeune  médecin,  que  n'ont 
point  encore  averti  de  douloureuses  catastrophes,  se  laissera  volontiers  imposer 
par  les  apparences  d'innocuité  d'une  large  brûlure,  dans  ses  phases  initiales. 
En  effet,  des  topiques  appropriés,  un  pansement  judicieux,  réussissent  d'ordi- 
naire à  calmer  la  douleur,  à  modérer,  à  conjurer  même  les  premières  réactions 
et  les  inquiétudes  qu'elles  suscitent.  J'ai  cédé,  comme  beaucoup  d'autres,  en 
pareille  occurrence,  à  l'espoir  de  mener  A  bonne  fin  des  brûlures  qui,  respec- 
tant le  péricrâne,  les  yeux,  les  parois  splanchniques,  les  grandes  articulations, 
(es  parties  principales  du  squelette,  les  gros  vaisseaux,  les  nerfs  volumineux, 
me  paraissaient  se  soustraire  à  de  fâcheux  pronostics.  Mais  les  accidents  de 
toute  sorte  et  les  moins  prévus  se  sont  bientôt  présentés  à  mon  observation, 
si  communs  et  si  gravesL,  que  j'en  suis  venu  à  ne  plus  me  prononcer  en 
l'espèce. 

Je  me  bornerai  à  rapporter  un  seul  fait  à  l'appui  de  cette  réserve. 

Obs.  I.  —  Un  ouvrier-raffineur,  d'ulie  ville  du  Nord  de  la  France,  monte  sur 
UD  escabeau,  mal  assujetti,  contre  une  vaste  chaudière  destinée  à  la  fusion  du 
sucre,  qu'on  y  déverse  en  pains,  par  un  mouvement  de  flexion  du  corps  en 
avant,  de  l'intérieur  d'une  hotte  attachée  au  dos  du  porteur.  Il  perd  l'équilibre 
et  tombe,  le  tronc  emportant  les  jambes,  les  mains  projetées  instinctivement 
devant  lui,  dans  un  récipient  de  sirop  en  ébullition.  L'homme,  qui  le  suivait 
dans  le  travail,  essaie  de  le  saisir  et  de  le  tirer  par  les  pieds  qui  dépassent  le 
rebord  de  la  chaudière.  Mais  il  s'y  prend  mal,  ne  peut  y  réussir  seul,  et  les 

(I)  Voir  Rapport  de  31.  Sacré,  cahier  de  mai,  p.  470. 


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20  MEMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

secours  n'arrivant  pas  assez  vile,  il  abandonne  son  malheureux  camarade. 
Celui-ci  culbute  en  arrière  dans  le  liquide  bouillant,  d'où  on  le  sort  enfin,  les 
bras,  le  dos,  les  fesses  el  le  bassin  horriblement  brûlés.  Les  mains  et  les  avant- 
bras  particulièrement,  qui  avaient  subi  l'immersion  la  plus  longue,  offraient 
des  ustions  au  troisième  degré.  Venaient  ensuite,  dans  Tordre  de  gravité  : 
les  plaies  du  dos,  au  deuxième  degré;  celles  des  reins  et  du  bassin,  au 
premier. 

Des  médecins,  accourus  de  toutes,  parts,  s'empressèrent  de  recouvrir  le 
blessé  de  larges  pièces  de  ouate  enduites  d'un  finiment  oléo-calcaire.  Au  bout 
d'une  heure,  les  douleurs  affreuses  du  premier  moment  étaient  sensiblement 
amoindries.  Mais  le  patient,  en  proie  à  une  horripilalion  générale,  accusait  une 
indescriptible  sensation  de  froid  par  tout  le  corps,  les  mains  exceptées,  où 
l'ustion  avait  été  le  plus  prononcée.  On  accumula  sur  lui  force  couvertures  : 
quatre  ou  cinq  heures  après,  les  tremblements  nerveux  avaient  cessé.  Le  mal- 
heureux, calmé,  se  disait  assez  bien.  Son  pouls  de  précipité,  irrégulier  et  inter- 
mittent, était  redevenu  égal,  à  cent  vingt  pulsations.  L'intelligence  parfaitement 
intacte,  il  put  causer,  avec  l'assistance,  de  l'accident  et  des  conséquences  qu'il 
en  appréhendait  quant  à  la  conservation  de  son  emploi.  Après  l'avoir  rassuré, 
on  renouvela  quelques  parties  du  pansement,  avec  le  même  Uniment oléo-caU 
caire,  additionné  de  Laudanum.  La  situation  parut  ne  pas  réclamer  d'autre 
traitement  externe.  Prescription  faite,  d'une  potion  anodine,  on  remit  la  visite 
au  lendemain.  L'opportunité  de  pratiquer  une  saignée  préventive  fut  bien 
agitée;  mais  le  moyen  d'atteindre  une  veine  du  bras,  au  milieu  des  tissus 
désorganisés  de  cette  région?  On  songea  aux  veines  saphcnes  du  pied. 
Toutefois,  vu  l'absence  de  toute  manifestation  cérébrale,  l'idée  n'eut  pas  de 
suite. 

Jusque  vers  deux  heures  de  la  nuit,  tout  se  passa  bien.  Puis,  incontinent, 
l'agitation  se  déclare.  Le  malade  essaie  vainement  d'uriner;  il  parvient  à  grand 
peine  à  expulser  quelques  gouttes.  Il  entre  en  délire,,  se  démène  et  se  débat 
dans  un  désordre  horrible,  tombe  ensuite  dans  l'immobilité  et  expire  vers  six 
heures  du  matin. 

L'intervention  d'une  femme  éplorée  ne  permit  pas  de  demander  l'autopsie, 
et  des  raisons  de  même  ordre  ne  m'ont  pas,  dans  ma  pratique  privée,  laissé  la 
latitude  d'opérer  des  recherches  nécroscopiques,  en  pareilles  eirconstances. 
J'en  suis  donc  réduit  à  des  réflexions  conjecturales  sur  ce  qui  a  pu,  ici  comme 
ailleurs,  déterminer  aussi  rapidement  un  dénouement  fatal. 

J'ai  vu  périr,  dans  les  mêmes  termes,  ou  à  peu  près,  la  plupart  des  petits 
enfants  fortement  brûlés.  Si  quelques  adultes  ont  mieux  résisté,  ou  du  moins 
ont  lutté  plus  longtemps,  les  uns  et  les  autres  ont  exhibé  des  troubles  extrêmes 
de  toute  l'économie.  Plusieurs  fois,  chez  des  sujets  que  la  combustion  avait 
atteints  aux  extrémités,  et  qui  n'avaient  pas   succombé   dans  les  premières 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  21 

heures  à  la  douleur  et  aux  réactions  cl*.une  désorganisation  profonde,  le  tétanos 
s*est  déclaré  quelques  jours  après,  et  les  a  emportés. 

La  nalure  et  la  marche  des  phénomènes  observés,  dans  le  fait  détaillé  plus 
haut  et  qui  constitue,  d'après  mon  expérience,  un  type  assez  fréquent,  ne  me 
paraissent  pas  justifier  l'idée  d*une  mort  par  congestion  pulmonaire.  L'as- 
phyxie, qui  apparaît  ici  aux  dernières  périodes  de  la  vie,  succédant  toujours  à 
une  phase  d'exaltation  suraiguë,  me  semble  procéder  beaucoup  plus  vraisem- 
blablement d'une  atteinte  brusquement  infligée  à  l'innervation.  Ce  qui  domine, 
en  efl'et,  la  scène  agitée  et  confuse  des  symptômes,  c'est  la  souduineté,  Tinten- 
site  des  désordres  fonctionnels,  prompts,  violents  comme  la  nalure  même  du 
traumatisme  qui  les  a  produits.  Quelques  heures  suffisent  à  l'anéantissement 
de  réire.  Après  les  spasmes,  les  convulsions  de  la  douleur,  portés  à  leur 
paroxysme,  soit  dans  une  accalmie —  apparence  trompeuse  d€  l'épuisement, 
soit  après  une  exacerbation  que  rintermiltence  ne  ramène  que  trop  souvent, 
la  respiration  devient  tout  à  coup  précipitée,  bruyante  :  on  dirait  qu>llc  se 
raccourcit  à  vue  d'œil.  Telle  je  l'ai  observée  chez  des  sujets  dont  les  bnîlures 
n'avaient  point  endommagé  gravement  les  muscles  pectoraux  et  dont  les  mou- 
vements d'amplialion  thoracique  ne  se  trouvaient  donc  point  traumatiquement 
empêchés. 

La  difficulté,  sinon  l'arrêt  complet  de  la  miction,  alors  qu'on  n'a  nullement 
à  vaincre  une  rétention  de  l'urine,  frappe,  dans  la  part  à  (aire  aux  manifesta- 
tions morbides,  et  ce  ne  sont  pas  toujours  les  contractions  abdominales  qui 
font  défaut  à  l'accomplissement  de  la  fonction  ;  car  j'ai  noté  la  dysurie  chez 
de»  sujets  dont  le  ventre  avait  été  intégralement  épargné  par  le  feu.  On  serait 
autorisé  à  croire  que  l'urine  n'est  plus  sécrétée?... 

Dans  cette  longue  série  de  désordres,  aussi  violemment  accusés,  douleurs 
extrêmes  au  début,  puis,  successivement,  frissons,  paralysie  de  la  respiration, 
abolition  de  la  sensibilité,  arrêt  d'une  sécrétion  iuiporlante,  paroxysmes  irré- 
guliers, etc.,  évolués  parfois  en  moins  de  temps  que  je  n'en  mets  à  les  exposer, 
ne  faut-il  pas  reconnaître  une  atteinte  d'abord  locale,  généralisée  bientôt,  de 
l'influx  nerveux? 

Je  prévois  d'ici  l'objection,  et  peut-être  moi-même  semblerai-je  l'avoir  sous- 
lignée,  en  relatant,  plus  haut,  cette  particularité  :  le  calme  général,  la  suspen- 
sion de  la  douleur,  après  les  premiers  pansements  opérés.  Qu'on  ne  s'y  mé- 
prenne pas  cependant!  Cette  sédation  je  la  croirais  volontiers  spécieuse.  Elle 
pourrait  fort  bien,  j'imagine,  n'avoir  d'autre  raison  de  soir  apparence  que  la 
participation  ultime  de  l'encéphale  à  la  perturbation  déterminée  par  l'accident, 
dans  un  grand  nombre  des  ramifîcations  périphériques  du  système  sensitif  et 
innervaleur  :  d'où,  non  plus  l'apaisement  de  l'irritabilité,  mais  Tabolition  de 
la  perception  de  celle-ci,  comme  celle  de  l'influx  nerveux.  Et  quand  je  consixière 
les  troubles  de  la  vie  de  nutrition,  que  j'ai  vus  compliquer  presque  constam- 


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22  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

ment,  à  des  degrés  divers,  ia  scène  de  ces  désordres  inéluctables,  je  me  de- 
mande si  le  trisplanchniqfie  tout  entier  ne  sabit  pas,*à  son  heure,  Tinfluence 
progressive  du  coup  qui  a  comme  sidéré  le  principe  de  la  vie?  —  Quoiqu^il  en 
soit  de  cette  interprétation  et  quelle  qu'ait  été  la  cause  efficiente  de  la  termi- 
naison funeste,  dans  le  cas  essentiellement  grave  que  je  viens  de  rapporter, 
d'autres  faits,  non  tous  marqués  par  une  issue  fatale,*  ont  plusieurs  fois  ramené 
mon  attention  et  mes  investigations,  sur  le  retentissement  profond  des  grandes 
brûlures,  dans  Tensemble  fonctionnel  de  Téconomie  :  Je  résumerai  brièvement 
ces  observations. 

OfiS.'ll.  —  Je  fus  appelé,  en  toute  hâte,  étant  à  Sétif  (Algérie)  en  1859, 
près  d*un  jeune  enfant  de  huit  ans,  qui  ayant  plongé,  imprudemment,  les  extré- 
mités inférieures  dans  un  pédiluve  presque  bouillant^  pendant  que  sa  mère 
allait  chercher  de  Teau  froide  pour  l'attiédir,  s'était  affreusement,  brûlé  les  deux 
pieds,  jusqu'au-dessus  des  chev-illes.  L'immersion  immédiate  des  parties,  dans 
un  liquide  réfrigérant,  n'empêcha  pas  la  formation  d'énormes  phlyctènes,  qu'il 
fallut  ouvrir  et  dont  les  plaies  furent  longues  à  se  cicatriser,  par  suite  de  Téli- 
mination  fort  lente  de  portions  de  tissu  cellulaire  mortifiées.  Les  phénomènes 
de  réaction  générale  éveillèrent  une  fièvre  ardente,,  déclarée  le  second  jour 
seulement,  accompagnée  de  douleurs  violentes  dans  l'hypogastre,  sécheresse  du 
gosier,  toux  succussive  et  sans  expectoration,  ténesme  rectal  et  vésical  :  urines 
très  rares  et  d'un  rouge-brun  foncé. 

Tous  ces  symptômes,  combattus  par  les  moyens  appropriés,  s'étaient  suc- 
cessivement amendés  et  les  plaies  des  pieds  se  trouvaient  en  belle  voie  de  cica- 
trisation, lorsque,  vers  le  vingtième  jour  de  l'acciiient^  l'enfant  accusa  de  ia 
douleur  aux  parties  génitales.  Nous  les  reconnûmes  en  effet  Irès-tu méfiées  et 
œdématiées.  L'extrémité  du  fourreau  de  la  verge  était  épanoui  et  infiltré, 
comme  on  l'observe  d'ordinaire  dans  le  phymosis  vénérien.  Les  deux  côtés  du 
scrotum,  volumineux,  rénltents,  contenaient  de  la  sérosité^  ainsi  qu'il  nous  fut 
facile  de  nous  en  assurer,  par  l'épreuve  de  la  lumière.  L'hydropisie  des  bour- 
ses augmenta  pendant  deux  jours  encore,  en  même  temps  que  le  ventre,  bal- 
lonné et  météorisé,  devenait  le  siège  de  coliques  incessantes.  Les  fosses  iliaques, 
soumises  à  la  pression,  accusaient  un  bruit  de  gargouillement  prononcé,  parais- 
sant du  au  déplacement  d'une  certaine  quantité  de  liquide.  Le  malade  éprouvait 
du  malaise  et  de  fréquentes  envies  de  vomir. 

Un  traitement,  aussi  énergique  que  possible,  par  les  purgatifs,  les  diuréti- 
ques, à  haute  dose,  et  les  diaphorétiques,  triompha  heureusement  de  cette 
situation.  L'œdème  du  scrotum  avait  cédé  complètement  au  bout  de  douze  jours. 
L'abdomen  demeura  empâté,  jusqu'au  moment  où  se  manifesta  une  véritable 
polyurie  critique  et  tout  rentra  dans  Tordre  normal. 

L'âge  du  sujet,  l'absence  de  toute  cause  traumatique  locale,  ne  justifient-ils 
pas  ici  l'idée  d'une  hydrocèle  réellement  mélastatique? 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  !23 

Ofis.  III.  —  En  1851,  à  Thôpital  militaire  de  Strasbourg,  on  apporta,  dans 
mes  salies,  un  jeune  soldat  qui,  de  service  aux  cuisines  du  quartier,  avait,  en 
se  retournant  brusquement,  mis  le  pied  droit  dans  une  marmite  de  soupe 
bouillante.  Il  fajtut  un  certain  temps  pour  le  relever  de  la  chute  qui  suivit 
Taccident,  et  le  contact  du  liquide  brûlant  se  trouva  prolongé  ainsi,  sur  le 
membre  immergé.  Après  les  premiers  soins  donnés  assez  imparfaitement,  le 
blessé  fut  installé,  sous  ma  direction  et  je  constatai  que  le  pied  tout  entier^ 
des  orteils  jusqu'au  delà  des  malléoles,  était  couvert  de  nombreuses  phlyc- 
tènes.  Je  calmai  les  douleurs  aiguës,  à  l'aide  d*embrocations  oléo-calcaires 
laudanisées,  recouvertes  d'une  épaisse  carapace  d'ouate,  sur  laquelle  on  entre- 
tint, huit  heures  durant,  des  morceaux  de  glace.  Le  lendemain  matin,  le 
patient^  ne  souffrait  plus  et  je  pus  vider  partiellement  la  sérosité  sous-épider- 
miquc,  en  pratiquant,  sur  les  phlyctènes,  des  mouchetures  multipliées.  La 
fièvre  s'apaisa  promptement  et  tout  sembla  devoir  se  passer  régulièrement. 

Au  cinquième  jour,  un  commencement  de  toux  avec  point  douloureux  sous 
le  téton  droit,  anxiété,  dyspnée,  frissons,  me  conduisit  à  examiner  la  poitrine. 
Je  trouvai  de  la  matité  dans  la  moitié  inférieure  de  la  cavité  thoracique  cor- 
respondant au  point  indiqué,  bruit  vésiculaire  étouffé,  bourdonnement  lointain 
en  bas,  œgophonie  en  haut  et  en  arrière. 

Le  décubitus  gauche  était  impossible,  la  peau  sèche  et  brûlante,  la  langue 
rugueuse,  les  urines  chargées,  très-rares,  enfin,  malaise  général,  chaleur  acre 
à  la  surface  du  corps  et,  de  temps  à  autre,  quelques  hori*ipila lions  très-pé- 
nibles. 

L'hydro-pleurésie  était  évidente,  et  la  brusquerie  même  de  son  évolution 
dictait  une  thérapeutique  énergique.  Nous  ne  ménageâmes  ni  les  vésicatoires 
ni  les  diurétiques,  dont  la  dose  fut  portée  jusqu'à  effet  purgatif.  Il  nous  fut 
impossible  de  provoquer,  par  les  voies  urinaires,  une  de  ces  hypercrinies  cri- 
tiques qui  sont  la  porte  de  salut  des  épanchemenis  des  grandes  cavités.  Le  côté 
gauche  de  la  poitrine  se  prit  bientôt  et  Tépi^nchement  l'envahit  avec  une  vio- 
lence inouïe.  La  pneumonie  intervint  à  son  tour  et  le  malade  succomba  comme 
asphyxié,  trente  sept  jours  après  Taccident. 

L'autopsie  fit  reconnaître  un  épanchement  double,  plus  considérable  à  gauche 
qu*à  droite,  où  le  travail,  antérieur  mais  incomplet,  de  résorption,  avait 
abouti  à  de  fausses  membranes  et  à  des  adhérences.  Les  reins  étaient  visiblement 
mous  et  décolorés  ;  la  vessie  contractée,  comme  revenue  sur  elle-même  et  très- 
réduite  dans  son  volume;  un  peu  d'irritation  du  col. 

OfiS.  IV.  —  Une  jeune  fille  de  dix- huit  ans,  bien  constituée  et  normalement 
réglée,  jouissant  d*habitude  d'une  santé  parfaite,  répand  sur  elle,  en  voulant 
Tenlever  du  fourneau,  une  casserole  remplie  d'eau  bouillante,  et  le  liquide 
brûlant  inonde  toute  la  partie  antéro-supérieure  du  corps,  depuis  l'épigaslre 
jusqu^au  pubis.  Accourue  à  ses  cris,  une  voisine  la  dépouilla  de  ses  vêtements, 


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24  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS 

mais  pas  assez  vite,  queiqu*empresséc  qu'elle  fût,  pour  que  le  liquide  n*ait  eu 
le  temps  de  désorganiser  profondément  les  légumenls  aspergés.  Appelé  à  don- 
ner mes  soins  à  la  blessée,  je  constate  trois  larges  ampoules  disposées  en  forme 
de  trèfle  de  carte  à  jouer,  entre  la  pointe  du  sternum  et  Tombilic  et  quantité 
de  vésicules  plus  petites,  sur  les  flancs,  Thypogastre  et  les  plis  inguinaux,  par- 
ties vers  lesquelles  l'eau  bouillante  est  parvenue  moins  directement  et  plus 
divisée. 

J*agis,  comme  dans  les  cas  précédents,  pour  combattre  d'abord  les  douleurs 
vives  et,  les  jours  suivants,  j^évacuai  la  sérosité  des  phlyctènes  de  second 
ordre.  Quant  à  celles  de  première  grandeur,  elles  s'ouvrirent  d'elles-mêmes, 
laissant  à  nu  des  portions  de  derme  et  de  tissu  cellulaire  mortifiées,  vouées  à 
une  élimination  naturellement  lente,  d'où  devaient  résulter  des  plaies  non 
moins  longues  à  se  cicatriser. 

J'étais  arrivé  au  trente-deuxième  jour  du  traitement,  parfaitement  maître 
des  phénomènes  de  réaction,  fièvre,  nervosité  extrême,  état  saburral  des  voies 
digeslives,  et  les  choses  marchaient  à  souhait,  quand,  sans  cause  incidente 
appréciable,  des  douleurs  Irès-aiguës  se  déclarèrent  tout  à  coup,  dans  les  prin- 
cipales jointures,  accompagnées  d'un  sentiment  marqué  de  pesanteur  aux 
lombes  et  dans  les  fosses  iliaques.  Nous  étions  arrivés  a  l'échéance  menstruelle 
et  autorisés  à  croire,  jusqu'à  un  certain  point,  à  un  retard  des  règles,  par 
cause  traumatique.  Le  sang  manquait,  en  effet,  et  ta  malade  percevait,  dans 
la  région  ano-vaginale,  une  ^ène  notable,  avec  ténesme,  envies  fréquentes 
d'excrétion,  mais  sans  résultats  satisfaisants. 

Sous  l'influence  des  purgatifs,  du  nitrate  de  potasse  et  de  ta  digitale,  de 
frictions  mercurieltes  belladonnées,  l'éréthisme  général  s'amenda  ;  le  pouls 
décrut  sensiblement  :  nous  obtînmes  des  selles  assez  copieuses,  mais  point  de 
menstrues  et  peu  ou  pas  d'urines.  J'eus  recours  alors  aux  emménagogues 
usités,  à  la  stimulation  cutanée  topique,  qui  déterminèrent  l'apparition 
d'un  écoulement  blanc-rosé,  assez  abondant  pour  produire  un  soulagement 
marqué. 

La  convalescence  nous  réservait  d'autres  péripéties  :  le  genou  gauche  qui 
était  resté  particulièrement  sensible,  se  tuméfiait  à  vue  d'œil  et,  vers  le  qua- 
rantième jour,  exhibait  un  épanchement  synovial  considérable,  sans  avoir 
présenté  les  phénomènes  précurseurs  de  l'arihrite  inflammatoire.  Celte  hydar- 
throse  métastatique^  dont  l'évolution  coïncida  avec  la  disparition  de  toutes  les 
autres  arthrodynies,  fut  très  rebelle  et  ne  céda  qu'au  bout  de  plusieurs  mois, 
à  un  traitement  des  plus  énergiques^  vésicatoires  répétés,  moxas,  compression, 
pointes  de  feu,  etc.,  etc.  Nous  redoutâmes  plusieurs  fois  la  transformation  en 
tumeur  blanche,  et  la  malade  dût  s^estimer  heureuse  de  se  tirer  d'afl^aire  avec 
une  fausse  ankylose,  dont  les  bains,  la  gymnastique^  le  massage,  le  temps 
surtout,  ont  fini  par  avoir  raison. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  25 

Obs.  V.  —  En  1869,. dans  un  atelier  de  Paris,  un  ouvrier  reçoit,  en  plein 
dos,  la  vapeur  d'un  tuyau  de  dégagement,  maladroitement  ouvert  derrière  lui 
par  un  de  ses  camarades.  Déshabillé  incontinent  et  plongé  dans  une  cuve 
d'eau  froide,  il  n'en  présente  pas  lîïoins,  à  mon  arrivée,  une  vaste- et  horrible 
plaie,  de  58  centimètres  de  hauteur,  large  de  15  à  22,  dont  la  superficie 
ressemble  à  une  bouillie  marbrée  de  gris  et  de  noir.  La  douleur  s'exaspère  à 
la  sortie  du  bain  et  je  ne  parviens  à  la  calmer  qu'avec  des  applications  d'ouate 
glacée.  L'insomnie  et  Tagitaiion  de  la  nuit  avaient  développé,  dès  le  lendemain^ 
un  éréthysme  fébrile,  nerveux  et  congestif,  tel,  qu'il  fallut  pratiquer  une  large 
saignée,  pour  conjurer  l'encéphalite.  Une  rémission  marquée  s'en  suivit' et, 
huit  jours  après,  l'état  du  malade  était  relativement  bon.  La  plaie,  générale- 
ment dctergée,  au  fond  de  laquelle  se  montraient  les  reliefs  dénudés  de  plusieurs 
apophyses  épineuses  et  d'arcs  costaux,  auxquels  adhéraient  -des  lambeaux 
d'aponévroses,  offrait  un  aspect  vermeil  de  bon  augure.  Des  ilôts  cicatriciels 
apparurent  peu  à  peu  sur  cette  immense  perte  de  substance  et,  sous  Tinfluence 
de  pansements  méthodiqties^  aidés  d*un  bon  régime,  toutes  les  fonctions  s'opé- 
raht  bien,  Tespoir  d'une  issue  heureuse  se  consolida  dans  nos  prévisions^  Subite- 
ment, et  pour  ainsi  dire  sans  prodromes,  le  ventre  sVndolorit,  se  tuméfie  et  se 
lympanise,  la  fièvre  se  rallume^  l'intestin  et  la  vessie  deviennent  inertes,  des 
frissons,  des  iypothymies  se  déclarent.  Le  malade  dit  qu'il  a  «  l'abdomen  et 
les  reins  serrés  ».  Ni  les  ventouses,  ni  les  embrocations  anodines,  mercu- 
rielles-belladonnées,  le  nitrate  de  potasse,  la  scille,  le  calomel,  le  bain  de 
vapeur  sous  le  drap,  ne  parviennent  à  ramener  la  tranquillité  et  les  excré- 
-tions.  Sur  la  demande  du  patient,  le  cathétérisme  de  la  vessie  est  pratiqué, 
mais  presque  sans  résultat.  L'ascite  intervient  bientôt  et  progresse  avec  une 
intensité  extrême:  elle  envahit  le  scrotum,  puis  les  meml)rei  inférieurs  et, 
malgré  tous  nos  efforts,  la  mort,  par  une  sorte  d'asphyxie,  termine,  au  onzième 
jour,  ce  douloureux  épisode. 

Dne  autopsie  imparfaite  opérée  à  domicile  révéla  l'existence  d'épanchements 
multiples  dans  Vabdomen,  la  plèvre^  le  péricarde  et  le  crâne.  Les  articulations 
étaient  intactes. 

Les  observations  qui  précèdent,  auxquelles  j'aurais  pu  en  ajouter  quelques 
autres,  n'eût  été  ma  crainte  d'allonger  démesurément  ce  mémoire,  suffiront,  je 
pense,  au  but  que  je  me  suis  proposé  :  appeler  l'attention  des  praticiens  sur 
les  accidents  qui  peuvent  compliquer  les  grandes  brûlures  et  leur  conférer  une 
gravité  inattendue. 

La  mort,  dans  cet  ordre  de  lésions  nV.st  pas  à  redouter  seulement  de  la  vio- 
lence des  troubles  primordiaux  de  l'innervation  et  de  la  circulation,  de 
rhyperesthésie  ou  de  la  congestion  des  grands  viscères.  D'autres  perturba- 
tions, non  moins  redoutables  se  produisent  aussi,  à  n'en  pas  douter,  dans  le 
système  sécrétoire  :  soit  par  U  compromission  sur  une  grande  étendue  desfonc- 


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!2G  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

lions  de  Tappareil  exhalant  culané;  soit  que  Tatlemle  profonde  imprimée  à 
Taxe  cérébro  spinal,  retentisse,-  en  se  propageant  aux  plexus  ganglions  du 
trisplanx^hnique,  sur  Téquilibre  fonctionnel  des  organes  de  sécrétion  et  d'excré- 
tion. 

LMUustre  clinicien  Delpech  avait  déjà  entrevu,  sans  la  définir,  Timporlance 
de  ces  èpiphénomènes^  dont  Téclosion  tardive,  souvent  inaperçue  dans  son 
mécanisme  préliminaire,  avait  plu3  d'une  fois,  à  sa  connaissance,  emporté  le^ 
malades,  aussi  bien  aux  premiers  jours  de  l^accident  que  diins  les  dernières 
phases  d'une  guérison  presqu*accomplie.  L*usage  des  diaphorétiques  é;iergiqûes 
lui  paraissait  avoir  conservé  un  grand  nombre  de  patients  qui,  selon  les  appa- 
rences, encouraient  les  mêmes  périls. 

Pour  me  résumer  en  termes  plus  précis,  je  dirai  qu1l  convient,  dans  Tespèce . 
'    1®  De  bien  surveiller  les  fonctions  perspiratoire  et  urinaire; 

â°  De  s'efforcer,  par  tous. les  moyens  connQs,  de  ramener  Iti  dernière  à  ^on 
mode  normal  si  elle  tend  à  s'en  écarter  négativement. 

5.0  De  parer  avec  non  moins  de  sollicitude  à  la  formation  et  au  développe- 
ment des  suffusions  séreuses  des  cavités  splanchniqucs  et  articulaires. 


Causerie  médicale.  —  Dermatose  gangreneuse  scorbutique  survenue  aux  mains 
dans  de  singulières  circonstances.  —  réflexions  et  citations  diverses  au 
SUJET  DE  CE  CAS  ;  par  le  docteur  Liégey,  membre  honoraire  de  la  Société^  à 
Choisy-le-Roi  (Seine). 

Le  5  octobre  4874,  dans  l'après-midi,  on  vint  me  prier  d'aller  voir,  à  Thiais- 
Choisy,  le  nommé  D...,  jardinier,  qui^  me  disait-on^  souffrait  beaucoup  aux 
mains  pour  y  avoir  été  griffé  par  des  lapins. 

Je  le  trouve  au  lit  et  je  remarque,  dès  l'abord,  ses  mains  étant  à  Jécouvert, 
qu'il  existe,  sur  le  dos  de  chacune  d'elles,  une  phlyctène  du  diamètre  d'une 
pièce  de  dix  centimes,  phlyctène  blanchâtre  sur  la  main  droite,  violacée  sur  la 
gajjche,  et,  aux  deux  mains,  entourée  d'une  auréole  érylhémateuse  prononcée, 
mais  avec  peu  de  gonflement. 

Cet  homme,  âgé  de  53  ans,  de  taille  élevée,  de  constitution  sèche  et  de  tem- 
pérament bilieux,  me  donne,  comme  premiers  renseignements,  ce  qui  suit  : 
Jamais  il  n'a  été  malade;  jamais  il  n'a  eu  d'affection  cutanée,  si  ce  n'est,  par- 
fois, au  printemps,  et  sous  l'influence  de  l'insolation,  du  prurit  et  de  la  rou- 
geur aux  oreilles,  et  du  prurit  aussi  sur  diverses  parties  du  corps.  Quand  il  lui 
arrivait  de  se  faire  une  blessure  aux  mains,  en  travaillant,  il  guérissait  promp- 
temenf.  Comme  beaucoup  d'autres  habitants  des  environs  de  Paris,  il  élève  des 
lapins.  Ses  lapins  sont  de  grosse  espèce  et  trés-vivaces.  Le  50  septembre,  en 
voulant  séparer  les  mâles  des  femelles,  il  fut  griffé. au  dos  des  deux  mains  symé- 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  27 

triquement  et  superficiellement.  N^éproiivant  ni  douleur  ni  inquiétude,  il 
reprit,  immédiatement,  dans  le  jardin  attenant  à  la  maison,  le  travail,  d'ail- 
leurs peu  fatigant,  qu'il  venait  de  commencer.  Le  jeudi  f  oetorbre,  se  luonlra 
de  la  rougeur  avec  un  senlimenl  de  chaleur  a  l'endroit  des  excoriations,  ce  qui 
n'empêcha  pas  hou  plusD....  de  travailler  également  au  jardin, où  il  eut,  alors^ 
les  mains  exposées  à  un  soleil  assez  chaud.  Le  2,  les  ampoules  commencèrent  à 
se  former.  Le  samedi  3,  elles  étaient  un  peu  accrues,  et,  néanmoins,  cet 
homme,  qui,  avec  sa  profession  de  jardinier,  cumule  celle  de  musicien  dans 
les  bals  publics,  partit  en  chemin  de  fer  pour  Etampes,  petite  ville  située  à  dix 
lieues  de  Choisy,  où  il  n'était  pas  encore  allé  et  où  il  passa  entièrement  la  nuit 
du  samedi  au  dimanche  et  celle  du  dimanche  au  lundi  5,  à  jouer  du  trombone, 
instrument  a  coulisses,  qui,  comme  on  le  sait,  exige  qu'une  main  soit  constam* 
ment  en  mouvement  tandis  que  l'autre  reste  immobile  et  élevée.  Dans  la  nuit 
du  samedi  au  dimanche,  sor^i,  un  moment,  pour  satisfaire  un-  besoin,  de  la 
chaude  tente  servant  de  salle  de  bal,  il  éprouva  un  vif  sentiment  de  froid. 
Dans  la  matinée  suivante,  après  s'être  quelque  peu  reposé  sur  un  lit,  il  alla, 
par  un  temps  froid,  pluvieux  et  venteux,  sur  une  hauteur  pour  jouir  d'un  beau 
coup  d'œil,  et,  non  seulement  se  sentit  de  nouveau  refroidi,  mais  éprouva  une 
augmentation  de  la  lassitude  générale  que,  même  avant  d'être  griffé,  il  avait 
commencé  à  ressentir  par  suite  du  travail  pénible  de  la  récolte  des  pommes  de 
terre.  La  seconde  nuit,  il  souffrit  beaucoup  aux  mains;  les  ampoules  et  la  rou- 
geur s'étaient  accrues,  et,  tout  en  jouant  de  son  instrument,  il  se  sentait  de  la 
fièvre,  notamment  une  soif  anormale.  Il  assure  ne  pas  être  adonné  aux  excès 
alcooliques,  ni  à  d'autres  excès,  et  suivre  habituellement  un  fégime  convenable 
quand  il  est  chez  lui  ;  mais  il  ajoute  que,  dans  les  bals,  altéré  par  le  jeu  de  son 
instrument,  la  chaleur  du  local,  la  poussière,  etc.,  il  est  obligé  de  boire  assez 
souvent,  soit  du  vin,  soit  de  la.  bière,  ce  que,  comme  à  l'ordinaire,  il  fit,  à  petits 
traits,  d»ns  les  deux  nuits  passées  à  Elampes,  où,  en  outre,  dans  la  soirée  du 
dimanche,  malgré  la  situation  dans  laquelle  il  se  trouvait,  il  bu(  un  peu  d'eau- 
de-vie  après  une  tasse  de  café  noir.  Lq  lundi  5,  dans  la  matinée,  à  $on  arrivée 
chez  lui,  il  a  été  forcé  de  se  coucher  immédiatement,  tant  étaient  grandes  sa 
faiblesse  et  ses  douleurs,  douleurs  accompagnées  de  chaleur  sèche  et  qui 
n^'avaienl  pas  lieu  seulement  aux  mains,  mais  aussi  sur  certains  points  des  mem- 
bres inférieurs,  où,  cependant  alors  on  ne  voyait  absolument  rien. 

A  ma  visite,  c'est-à-dire  quelques  heures  après  son  arrivée,  il  a  une  telle 
hypéresthésie  du  dos  dés  majns  à  l'endroit  des  rougeurs  eczémateuses,  que  le 
moindre  contact  de  rpes  doigts  sur  ces  points,  augmente  U  souffrance,  laquelle 
.consiste  surtout  en  un  sentiment  de  brûlure  qui  varie,  spontanément,  beaucoup, 
d'intensité  et  fait  place  parfois  à  une  chaleur  très-supportahie;  toutefois,  le 
malade,  jusqu'alors,  n'a  rien  remarqué  de  régulier  dans  ces  variations,  non 
plus  que  dans  le  type  du  mouvement  fébrile  et  des  douleurs  des  nâembres.  En 


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28  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

ce  moment,  il  a  le  pouls  accéléré,  la  peau^èche,  la  langue  blanchâtre.  Il  existe 
un  peu  de  constipation  depuis  quelques  jours.  Je  prescris  le  repos  absolu,  une 
nourriture  légère,  le  vin  coupé  d*eau  aux  repas^,  de  la  limonade  de  citron,  faite 
à  chaud,  entre  les  repas;  l'immersion,*  pendant  une  heure,  des  mains  dans  de 
Feau  de  sureau  additionnée  d*eau-de-vie,  après  quoi  on  saupoudrera  les  rou- 
geurs avec  de  la  fécule  de  pomme  de  terre  et  Ton  entretiendra^  sur  les  phlyc- 
tènes  légèrement  ouvertes,  de  la  charpie  imbibée  d'eau-de-vie. 

Sorti  de  la  chambre  du  malade,  je  manifeste  à  sa  femme  le  désir  de  voir  les 
lapins,  pensant  que,  peut-être,  la  nocuité  des  griffures  pourrait  trouver,  en 
partie  du  moins,  son  explication  dans  un  état  de  malpropreté  des  griffes  de  ces 
animaux.  Mais  je  vois  ceux  ci  dans  un  local  spacieux,  sec  et  dont  le  sol  est  cou- 
vert d*une  bonne  litière,  et,  ayant  fait  choisir  parmi  ces  rongeurs  les  deux  cou- 
pables, je  constate  qu*ils  ont  les  griffes  parfaitement  nettes. 

bu  reste,  j*avais  Tidéeque  la  production  de  ce  double  eczéma  ou  érythème 
phlycténoïde  à  mauvaise  tendance,  devait  surtout  être  attribué  à  une  disposition 
de  la  personne.  Je  songeai,  tout  d'abord,  à  la  glycosurie;  aussi,  j'emportai  chez 
moi  de  t'urine  pour  l'analyser.  Mais  ni  la  liqueur  cupro-potassique,  ni  la  po- 
tasse caustique  ne  me  révélèrent  la  moindre  trace  de  sucre,  ei  l'acide  nitrique, 
pas  plus  que  la  chaleur,  ne  me  montra  d'albumine.  J'ignorais  donc  la  cause  ou 
les  causes  principales  de  celte  mauvaise  tendance. 

Sous  l'influence  du  repos  absolu,  d'une  purgation  avec  l'huile  de  ricin  et  des 
moyens  locaux  que  je  viens  d'indiquer,  l'état  fébrile,  les  douleurs  et  la  double 
dermatose  phlycténoïde  diminuèrent  si  rapidement  et  à  tel  point  que,  le  8,  le 
malade,  que  je  tr'ouvai,  au  milieu  du  jour,  dans  la  cour  de  la  maison,  médit 
qu'il  était  parfaitement  inutile  de  continuer  mes  visites,  en  ajoutant  que,  si 
ultérieurement,  cela  allait  moins  bien;  on  me  le  ferait  dire  bientôt.  Après  avoir 
constaté  que  les  rougeurs  sont  dissipées  et  queles  phlyctènes,  affaissées,  sont 
à  peu  près  complètement  desséchées,  je  recommande  néanmoins  au  malade  de 
(le  ne  passe  pi'esser  de  travailler,  et 'lui  recommande  aussi  d  éviter  également 
l'insolation  et  lé  froid  sur  les  mains  quelques  jours  encore. 

Le  15,  dans  la  matinée,  une  personne  qui  vient  de  rencontrer  D...  dans  la 
nie,  me  dit  :  <  Comme  il  est  pâle!  Il  boite!  ».  Quelques  instants  après,  je  suis 
redemandé  pour  cet  homme,  que,  de  nouveau,  je  trouve  au  lit  et  plus  souffrant 
encore  que  la  première  fois.  Il  avoue  quMl  ne  m'a  pas  écouté;  que,  vivement 
sollicité,  il  est  vrai,  par  une  de  ses  pratiques,  il  a  travaillé,  le  11,  quatre  heures 
consécutives,  dans  un  jardin  du  voisinage*,  où  il  luaniait  le  râteau  et  la  brouette 
et  avait  les  mains  exposées  au  soleil,  assez  chaud  aussi,  ce  jour  là,  bien  qu'il 
fît  très  fraisa  l'ombre.  Les  deux  phlyctènes,  alors  de  l'étendue  d'une  pièce  de 
cinq  francs  en  argent,  et  également  entourées  d'une  auréole  inflammatoire  mais 
œdémateuse,  ont  tout  à  fait  Taspect  gangreneux,  et  une  légère  ponction  en  fait 
écouler  du  sang  violacé  désajjréablemeat  odorant. 


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MEMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  2î> 

Je  mets  le  malade  à  l'usage  du  quinquina  par  la  bouche,  et  je  fais  badigeon- 
ner le  dos  des  mains  avec  la  teinture  d'iode  mêlée  à  la  glycérine. 

Le  16,  malgré  l'emploi  de  ces  moyens  et  la  siricte  exécution  des  précautions 
hygiéniques,  les  phlyetènes  continuent  à  s'éténd're,  ce  que  je  constate  le  17, 
ao  matin.  Alors  le  malade,  interrogé  de  nouveau  sur  la  marche  des  accidents 
et  aussi  au  point  de  vue  des  accès  de  fièvre  ayant  de  la  régularité,  tne  raconte 
ce  qui  suit  :  Chacun  des  trois  jours  précédents,  vers  la  même  heure  de  l'après- 
midi  et  jusqu'à  une  heure  variable  de  la  nuit,  il  a  éprouvé,  avec  une  grande 
chaleur  générale  sèche,  précédée  d'un  Trisson,  non-seulement  l'augmentation  du 
seulimenl  de  brûlure  et  des  douleurs  lancinantes  du  dos  des  mains,  mais  aussi 
des  sensations  analogues  sur  des  points  variables  de  la  partie  antérieure  des 
jambes,  où,  alors,  comme.au  bas  des  cuisses,  je  constate  de  nombreuses  taches, 
les  unes  violacées,  les  autres  jaunâtres,  les  unes  len(iculaire$et  les  autres  plus 
ou  moins  étendues  et  resseniblanl  tout  à  fait  à  des  taches  résultant  de  contu- 
sions, taches  enfin,  entremêlées  d'une  éruption  miliaire-prurigineuse  peu 
abondante.  Le  malade  me  dit  qu'après  chacun  de  ces  paroxysmes  ou  accès,  la 
rougeur  et  les  phlyetènes  s'étendent.  L'existence  des  taches  ecchymoliques  me 
donnent  l'idée  d'examiner  les  gencives  et  les  dents.  Celles-ci,  rares  et  noi- 
râtres, sont  déchaussées  et  celles-là  sont  bleuâtres,  boursouflées,  en  suppu- 
ration et  donnent  à  l'haleine  une  odeur  insupportable.  Le  malade  explique  cet 
étal  des  dents  et  des  gencives  par  l'efl^etde  la  pression  de  l'embouchure  de  cuivre 
de  son  instrument  et  dit  que  tous  les  musiciens  un  peu  âgés  qu'il  connaît,  sont 
tous  dans  le  même  cas.  Pour  moi,  sans  nier  absolument  l'influence  nocive  de 
cet  instrument  à  vent  qui,  outre  son  dur  contact  et  son  action  localement  un 
peu  toxique,  agit  sur  les  organes  de  la  bouche  à  la  manière  d'une  ventouse, 
j'y  vois  surtout  quelque  chose  d'analogue  au  cachet  scorbutique,  et  c'est  même 
par  la  diathèse  scorbutique  que  j'explique  alors  l'état  gangreneux  de  la  derma- 
tose des  mains.  Ma  voie  se  trouve  doublement  tracée  au  point  de  vue  thérapeu- 
tique :  c'est  à  un  traitement  interne  à  la  fois  anti-scorbutique  et  tonique  que 
je  dois  avoir  recours.  Le  quinquina  en  substance  réunissant  cette  double  pro- 
priété, je  pourrais  peut-être  me  borner,  en  élevant  les  doses,  à  l'administration 
de  ce  médicament;  mais  je  juge  plus  à  propos  d'y  joindre  le  sulfate  de  qui- 
nine (70  centigrammes)  que  le  malade  prendra  dans  le  café  noir  avec  le  quin- 
quina en  poudre.  On  s'abstiendra  de  tout  traitement  local  autre  que  les  lotions 
avec  l'eau-de-vie. 

Bientôt  après  ma  visite,  malgré  son  état  de  faiblesse  qui  fait  que  sa  marche 
ressemble  à  celle  d'un  homme  ivre,  D...  se  trouve  obligé  de  se  transporter  à  la 
mairie,  puis  à  l'église,  pour  le  mariage  de  son  fils,  et  la  même  circonstance  le 
force  à  rester  levé  une  grande  partie  de  raprès-midi  et  l'empêche  de  prendre 
ses  remèdes  ce  jour-IA. 

Le  18,  au  matin,  il  me  dit  qu'il  a  plus  souffert  et  plus  longtemps  encore  que 


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30  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

précédemment  aux  mains  vi  aux  membres  inférieurs.  Je  constate  un  nouveau 
progrès  des  plilyclènes;  mais,  en  ce  moment,  il  ne  souffre  à  peu  près  plus  et  se 
trouve  sans  lièvre.  Même  prescription. 

Visite  du  19,  au  malin.  Il  a  peu  souffert  aux  mains,  et  aux  miembres,  la  sen* 
satioD  moins  douloureuse  également,  a  lieu  exclusivement  au-dessous  des 
genoux  dans  des  points  Irès-limilés  mais  hyperesthésiés;  la  moiteur  qu'a  déter- 
miné le  mouvement  fébrile  a  été  prononcée.  Les  phlyctènes  n^ont  pas  fait  de 
progrès  sensible;  mais  il  est  arrivé  dans  la  nuit  un  accident,  bien  peu  impor- 
tant par  lui-même,  mais  dont  l'effet,  s'il  en  était  besoin  encore,  contribuerait 
à  montrer  Texislence  d'un  étal  morbide  général,  d'un  étal  diatbésique.lln  jeune 
chat,  comme  cet  animal  avait  coutume  de  le  faire,  s'est  introduit  la  nuit  dans  le 
lit,  et  D...,  en  le  chassant,  a  été  griffé  au  bas  de  la  jambe  droite,  où  je  remar- 
que déjà  une  plaque  érylhémateuse  assez  étendue,  laquelle^  je  me  hâte  de  te 
dire,  n'a  pas  tardé  à  se  dissiper.  Même  traitement.  Comme  antérieurement,  vin 
coupé. d'eau  ou  de  limonade  pour  boisson  et  nourriture  déjà  substantielle  favo- 
risée par  la  conservation  de  Tappétil. 

Visite  du  âO.  Dans  la  soirée  de  la  veille  et  jusqu'au  point  du  jour,  douleurs 
assez  vives  aux  mains  et  douleurs  supportables,  tantôt  à  l'un,  tantôt  à  l'autre 
des  membres  inférieurs,  principalement  au  dessous  du  genou.  Comme  je 
m'étonne  de  cette  nouvelle  aggravation  qu'a  suivie  un  peu  d'élargissement  des 
phlyctènes,  le  malade  me  dit  que,  vers  le  milieu  du  jour,  se  trouvant. plus  fort 
et  ne  souffrant  nullement,  il  s'était  permis  de  faire,  au  soleil,  une  promenade 
dans  le  jardin  de  la  maison,  promenade  au  retour  de  laquelle,  immédiatement, 
sont  revenues  toutes  les  douleurs  et  la  fièvre,  lesquelles  n'existent  plus  djj  tout 
actuellement.  Même  traitement  médical  et  hygiénique;  garder  jusqu^à  nouvel 
ordre  la  chambre,  dans  laquelle  même  on  entretiendra  une  température  aussi 
égale  que  possible. 

Visite  du  21,  il  n'y  a  eu  presque  ni  fièvre  ni  douleur,  mais  une  bonne  tran^-  • 
piration,  et  les  phlyctènes  semblent  de  nouveau  s'être  arrêtées.  Le  quinc|uina 
sera  pris  seul  ;  régime  ut  suprà. 

Visite  du  2!2,  toujours  le  matin.  11  y  a  eu  la  veille  quelques  douleurs  dans  la 
soirée  et  dans  la  nuit,  à  la  région  tibialc  gauche  et  aux  mains;  l'escharre  de  la 
maiu  gauche  s'est  un  peu  accrue.  Nouvelle  adjonction  du  sulfate  de  quinine  au 
quinquina. 

Le  25.  Il  ne  s'est  produit  ni  douleur  nulle  part,  ni  chaleur  fébrile,  mais 
seulement  une  sueur  très^prononcée:  Les  escharres,  noires  et  dures  comme  du 
cuir  brûlé,  ne  se  sont  nullement  étendues,  mais  il  s'est  produit  de  petites 
vésicules  sanguines  au  pourtour. 

Le  24.  <  Je  me  trouve  bien  actuellement,  dit  le  malade,  mais  hier  et  jusqu'à 
une  heure  avancée  de  la  nuit,  j'ai  souffert  aux  mains.  •  Questionné  sur  la 
nature  de  ses  douleurs,   il   m'apprend  qu'elles  n'étaient  pas  tout  à  fait  les 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  31 

mêmes  que  précédemment;  que  moins  accompagnées  de  la  sensation  de  chaleur 
brûlante,  elles  s'accompagnaient  parfois  d'une  sensation  de  battements  comme 
celle  qui  se  produit  dans  un  mal  qui  veut  percer.  Ayant  légèrement  incisé  quel- 
ques points  saillants  du  bord  des  escharres,  je  vois  s'écouler,  non  plus  de  la 
sérosité  sanguinolente  ou  du  sang  décomposé,  mais  un  liquide  commençant  à 
ressembler  à  une  bonne  suppuration.  Dès  lors  je  regarde  le  mal  comme  conjuré, 
ce  qui  ne  m'empêche  pas  de  faire  continuer  encore  le  traitement  sus-îndiqué, 
auquel  je  joins  Tusage  de  la  limonade  suifurique  pour  gargarisme  et  pour 
boisson,  sans  supprimer  le  vin.  ' 

Les  ^5,  26  et  i7,  le  mieux  continue,  cVst-à-dire  que,  pendant  ce  laps  de 
temps  il  n'y  a  que  de  bien  légères  et  fugitives  douleurs  et'  la  continuation  de  la 
transpiration  critique.  Ce  dernier  jour,  je  coupe  avec  mes  ciseaux  des  portions 
d'escharres  soulevées  et  sous  lequelles  se  voient  des  bourgeons  chàrnusde  bonne 
nature.  Même  traitement,  mais  diminution  des  doses  quiniques. 

Le  29,  j'enlève  dé  la  même  manière  de  nouvelles  portions  d'escharres,  sous 
lesquelles  le  tissu  cutané  s'offre  également  sous  un  bon  aspect. 

Le  50,  le  malade  me  dit  que,  la  nuit  dernière,  pour  la  première  fors,  il 
a  pu  tenir  sous  les  couvertures  du  lit,  sans  en  souffrir,  ses  mains,  sur  le  dos 
desquelles  antérieurement,  il  ne  pouvait  même  supporter  le  linge  le  plus 
léger.  , 

Le  reste  des  escharres  se  fendille  et  se  soulève,  et  l'on  voit  ça  et  là  un  nouvel 
épiderme.  Les  forces  sont  en  grande  partie  revenues.  Dans  cette  visite,  la 
femme  du  malade  me  fait  remarquer  que  depuis  quelques  jours  les  taches 
ecchymotiques  non-seulement  se  sont  encore  accrues  aux  membres  inférieurs, 
mais  se  manifestent  aussi,  moins  nombreuses,  il  est  vrai,  aux  membres  supé- 
rieurs. Tout  en  constatant  ce  fait  et  la  dessication  des  petites  vésicules  béma- 
leuses,  je  remarque  aussi  que  ces  taches,  dont  quelques-unes  sont  fort  éten- 
dues, n*ont  plus  une  teinte  aussi  violacée  que  lorsque  les  mains  se  trouvaient 
dans  un  fâcheux  état. 

Ces  taches,  qui  passaient  de  la  couleur  violacée  ou  rouge,  ou  rose  à  une 
teinte  jaunâtre,  se  reproduisirent,  pendant  quelque  temps,  par  poussées  suc- 
cessives, ainsi  que  l'éruption  miliaire  prurigineuse,  qui  persista  après  elle  et 
se  montra  surtout  aux  mains  et  que  je  considérai  comme  critique,  ainsi  que  la 
sueur  à  laquelle,  pendant  quelque  temps  aussi,  le  malade  fut  sujet.  Celui-ci 
n'offrit  plus  guère  à  remarquer  autre  chose,  si  ce  n'est  la  continuation,  mais 
à  un  degré  moindre,  de  l'état  morbide  des  gencives,  quelques  douleurs  articu- 
laires dans  les  doigtsiel  le  retour  d'une  migraine  de  courte  durée,  mais  assez 
fréquente,  qu'il  n'avait  pas  éprouvée  depuis  le  début  de  l'affection  des  mains. 
Toutefois,  ce  ne  fut  que  vers  le  milieu  de  décembre  qu'il  put  se  livrer  à  quel- 
que travail  et  en  prenant  la  précaution  de  conserver  des  gants  à  cause  de  la 
sensibilité  du  dos  des  mains. 


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32  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Réflexions  et  citations  diverses  au  sujet  de  ce  cas  :  On  peut  Tenvisager 
sous  les  points  de  vue  suivants  : 

i"*  De  la  qualification  de  la  dermatose  des  mains.  Je  crois  qu*on  peut 
donner  à  cette  dermatose  le  noti)  d*érythème  ou  d*éezéma  phlycténoïde  gan- 
greneux, car  on  voit,  sur  ces  parties,  d'abord  se  produire  une  rougeur  érythé- 
matheuse  ou  eczémateuse,  puis  des  pblyctènes,  et  ces  pblyctènes,  à  marche 
envahissante,  offrir  le  caractère  gangreneux. 

2»  De  rétiologie^  qui  se  décompose  ainsi  qu'il  suit,  à  mon  avis  du  moins  : 

A.  La  petite  Cause  traumatique,  c'est-â-dire  les  égratignurcs  faites  par  les 
lapins.  Cette  cause  n'a,  bien  évidemment^  été  que  Toccasiôn  du  double  éry- 
Ihèmç,  comme  eussent  pu  l'être  des  égratignures^  des  piqûres  pa^r  des 
rosiers,  etc.  Bien  souvent,  de  nos  jours,  de  petites  causes  matérielles  ont  été 
suivies  de  grands  effets  :  pour  ma  part,  tant  dans  le  journal  de  la  Société  des 
sciences  médicales  de  Bruxelles  qu'ailleurs,  j'ai  cité  un  grand  nombre  d'exem- 
ples de  ce  genre,  observés  en  Lorraine,  et  parmi  lesquels  il  s^en  trouve  de  rela- 
tifs à  des  affections  charbonneuses,  gangreneuses. 

Bi»  La  constitution  médicale  alors  régnante.  Dans  le  cahier  de  novembre 
1874  du  journal  précité,  se  trouve  un  article  intitulé  :  Plusieurs  constitutions 
médicales  pyogéniques  et  dermatosiques,  La  maladies  aphtheuse  ou  cocotte 
dansVespèce  humaine.  Entre  autres  choses,  il  y  est.parlé  d'un  érythème  phlyc- 
ténoïde épidémique,  que  j'observais  depuis  quelque  temps  à  Choisy-le-Roi, 
après  l^avoir  observé  longtemps  auparavant  dans  la  Meurthe  et  les  Vosges,  éry- 
thème affectant  principalement  les  extrémités,  se  produisant  souvent  à  l'occa- 
sion de  causes  minimes,  et  parfois  sans  cause  déterminante  connue,  et  offrant 
parfois  aussi  un  mauvais  aspect.  Depuis  l'envoi,  à  M.  le  Rédacteur  principal, 
de  mon  article,  il  s'est  produit,  encore,  à  ma  connaissance,  divers  cas  de  cet 
érythème  à  Choisy.  En  voici  un  dont  D...  m'a  parlé  lui-même  : 

Obs.  I.  —  Une  femme,  jeune  encore  et  de  bonne  santé  habituelle,  qui, 
chaque  jour,  lui  apporte  son  pain,  lui  montra,  \\\\  jour  qu'il  était  encore'au 
lit,  les  traces  récentes  qu'avaient  laissées  A  ^'une  de  ses  jambes  de  larges 
ampoules  entourées  d'une  auréole  inflammatoire,  venues  sans  cause  détermi- 
nante connue,  qui  avaient  été  de  longue  durée  et  avaient  causé  beaucoup  d'in- 
quiétude à  cause  de  leur  couleur  violacée. 

Obs.  II.  —  Récemment  aussi,  c'est-à-dire  à  la  fln  d'août,  succomba  à  la  gan- 
grène d'une  des  extrémités  supérieures,  un  homme  d'une  cinquantaine  d'an- 
nées, de  constitution  robuste,  mais  obèse,  qui  habitait  la  même  rue  que  D..., 
mais  à  une  certaine  distance.  Voici  ce  que  j'ai  appris  sur  le  compte  de  cet 
bouime.  Adonné  aux  excès  alcooliques,  il  était  diabétique.  L'été  dernier,  il  se 
trouvait,  depuis  quelque  temps  déjà,  atteint  d'une  ulcération  sous  la  plante  de 
Tun  des  pieds,  quand,  selon  son  habitude,  il  se  mit  les  jambes  dans  la  Seine 
pour  pêcher  à  l'épervier.  L^ulcération  ne  tarda  pas  à  se  dissiper  presque 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  35 

enlièremenl.  Dans  les  premiers  jours  d*oclafore,  il  vit  se  produire  à  l'un  de 
ses  indicateurs  une  inflamoialion  s'offrant  d'abord  sous  Taspecl  du  mal  d'aven- 
ture et  qu'il  pensait  devoir  être  .attribuée  à  la  présence  de  quelque  petit  corps 
étranger,  mais  où  un  voisin,  examinant  attentivement  avec  une  loupe,  ne  vit 
absolument  rien,  même  après  avoir  fait  une  petite  ouverture  dans  une  sorte 
d'ampoule.  L'enflure  faisant  des  progrès,  le  malade  consulta  un  médecin  d'une 
petite  localité  voisine,  lequel  fut  tout  étonné  qu'au  lieu  de  pus  qu'il  pensait 
trouver,  il  ne  sortit,  par  l'effet  d'une  incision  assez  profonde,  que  du  sang  et 
de  la  sérosité.  Effrayé  de  la  nature  de  ce  panaris,  il  engagea  cet  homme  à  aller 
immédiatement  se  faire  traiter  à  Paris,  où  le  malade  entra  bientôt  dans  une 
maison  de  santé.  Malgré  tout  ce  que  Ton  y  fil,  la  gangrène  devint  évidente, 
envahit  rapidement  la  main  et  une  partie  de  Tavant-bras,  et  le  malheureux  suc- 
comba après  avoir  éprouvé  les  plus  horribles  souffrances. 

Une  personne  exempte  de  fâcheuse  diathèse  en  aurait  sans  doute  été  quitte 
pour  un  simple  panaris  ou  éryihèmè  pblycténoïde  simple.  En  Lorraine, 
chez  plusieurs  |)crsonnes  de  ma  clientèle^  atteintes  de  glycosurie  ou  de 
scorbut,  la  gangrène  plus  ou  moins  étendue,  avait  eu  un  érylhème  pblycténoïde 
ou  un  érysipèle  pblycténoïde,  d'apparence  bénigne  d'abord,  pour  point  de 
départ.  Chez  D...,aussi,J'érytbème,  produit  à  la  suite  de  légères  égratignures, 
parut  d'abord  simple,  et  il  serait  sans  doute  resté  tel  sans,  surtout,  l'état  dia- 
thésique  antérieur,  élément  étiologique  que  je  vais  également  envisager. 

Ç.  Vétat  diaîhéêique.  Ayant  vu,  il  y  a  une  douzaine  d'années,  en  Lorraine, 
deux  giycosuriqûes  succomber  à  la  gangrène  ;  ayant  vu,  postérieurement,  dans 
les  écrits  de  mon  savant  ami  Marchai,  de  Galvi,  le  regretté  fondateur  et  rédac- 
teur en  chef  de  la  Tribune  médicale,  qu'il  est  une  diathèse  glycosurique  et  que 
la  gangrène  en  est  souvent  une  conséquence,  je  pensais,  à  l'aspect  de  ces  phlyc- 
tènes  de  mauvaise  nature,  rencontrer  du  sucre  dans  l'urine  de  D...  ;  mais,  non- 
seulement  je  n'en  ai  point  trouvé  par  l'analyse  dont  il  a  été  parlé  tout  à  l'heure, 
mais  cette  substance,  de  même  que  l'albumine,  a  également  fait  défaut  dans 
plusieurs  autres  analyses  faites  ensuite  et  à  diverses  dates;  voyant  bientôt  les 
maculatures  sanguines,  les  ecchymoses  variées  et  spontanées  des  membres  infé- 
rieurs se  joindre  à  l'état  morbide,  déjà  ancien,  des  gencives  et  des  dents,  l'idée 
me  vint  que  j'avais  affaire  à  une  diathèse  scorbutique  en  acte,  pour  me  servir 
d'une  expression  favorite  de  Marchai,  de  Caivi,  ou  à  quelque  chose  de  très- 
analogue  dans  le  genre  péliose.  • 

Alibert  reste,  à  mes  yeux  et  aux  yeux  de  bien  d'autres,  je  crois,  un  grand 
maître  dans  la  pathologie  dermatosique,  malgré  les  changements  qu'elle  a  subis 
depuis  la  mort.du  savant  clinicien  de  l'hàpitai  Saint-Louis.  Je  consulte  souvent 
sa  Monographie,  et,  par  exemple,  je  l'ai  consultée  dans  ce  cas  particulier.  Au 
mot  Scorbut,  dans  la  table  des  matières,  il  est  mis  :  Scorbut  rouge,  voyez 
Pélîose.  Alibert  divise  la  Pèliose,  premier  grnre  de  son  groupe  de  dermatoses 


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34  MÉMOIRES  £T  OBSERVATIONS. 

Iiémaleuses,  en  trois  espèces,  qui  sont  :  «  1<>  la  péliose  vulgaire,  dermatose 
que  Wi|lan  désigne  sous  le  nom  de  purpura  simplex  que  l*on  a  encore  appelé 
scorbut  rouge  ;  '2^  la  péliose  hémorrhagique,  dans  laquelle  les  taches  nom- 
breuses et  de  dimensions  variables  offrent  les  couleurs  livide,  brune  ou  noirâtre, 
dont  quelques-unes  sont  semblables  à  des  ecchymoses  spontanées  et  qui  peu- 
vent aussi  se  manifester  sur  le  système  muqueux  :  ainsi,  il  arrive  de  voir  les 
gencives  bleuâtres,  boursoufflées,  en  suppuration;  5<*  la  péliose contuse...  »  . 

La  péliose  de  D...  est  évidemment  de  la  seconde  espèce.  La  peau  des  mem- 
bres de  cet  homme  a  présenté,  au  moins  en  partie,  identiquement  ce  qui  est 
décrit  dans  le  passage  suivant  de  l'ouvrage  précité  :  <  Après  des  prodromes 
variables  (malaise  général,  paroxysmes  fébriles,  etc.),  la  peau  commence  par 
présenter  des  taches  pourprées  ou  livides.  Ces  taches  ressemblent  à  des  macu- 
latures  qui  proviendraient  d'une  contusion  :  elles  simulent  des  vergetures  com- 
parables à  celles  qui  paraîtraient  sur  une  peau  qu*on  aurait  percutée.  Au  milieu 
de  ces  sortes  de  meurtrissures,  se  trouvent  des  tadies  de  [fetite  dimension.  Ce 
sont  d'abord  les  jambes  qui  sont  affectées;  ensuite  les  cuisses,  les  bras,  le  dos, 
la  poitrine  et  le  ventre;  rarement  les  mains  éprouvent  les  atteintes  de  l'érup- 
tion ;  plus  rarement  encore  la  face  est  attaquée... 

>  D'abord  ces  taches  se  montrent  d'un  rouge  assez  clair;  ensuite  elles 
bleuissent  et  finissent  par  jaunir  ;  puis,  enfln,  elles  disparaissent;  mais,  comme 
elles  se  montrent  en  divers  temps  et  qu'elles  ont,  par  conséquent,  divers  degrés 
d'accroissement  et  de  maturation,  il  en  résulte  que  le  corps  du  malade  est 
comme  bariolé  de  diverses  couleurs... 

»  Souvent  la  pellicule  qui  couvre  les  taches  se  trouve  soulevée  par  du  sang 
épanché,  et  l'on  trouve  çà  et  là  des  vésicules  noirâtres...  > 

En  parlanldes  phénomènes  qui  se  produisent  parfois  vers  les  muqueuses 
(hémorrhagies,  gangrène,  etc.),  Alibert  raconte  Thistoire  d'une  femme  pâle, 
valétudinaire,  qui  entre  autres  choses,  avait  «des  phlyctènes  noirâtres  sur  4a 
langue  et  de  la  gangrène  à  ta  partie  interne  de  la  lèvre  inférieure  ».Ce  savant 
praticien  ajoute  qu'il  a  fréquemment  o1)servé  de  pareils  symplôodes  à  l'hôpital 
Saint-Louis. 

Chez  D...,  les  taches  bémaliques,  qui  ne  se  montrèrent  guère  qu'aux  mem- 
bres, et  les  petites  vésicules  qui,  aux  mains,  étaient  comme  les  satellites  deâ 
larges  phlyctènes  gangreneuses,  se  trouvèrent  entremêlées,  surtout  à  leur 
déclin,  d'une  éruption  semblable  à  la  dartre  miliaire,  ce  qui  me  donne  à  pen- 
ser que  cet  homme,  qui  avait  eu  antérieurement,  comme  je  l'ai  dit,  des  érup- 
tions eczémateuses  ôux  oreilles,  se  trouvait  aussi  sous  l'influenoe  de  la  dialhése 
herpétique. 

En  Lorraine,  j^ai  vu,  un  eertain  nombre  de  fois,  des  maculatures  sanguines 
même  tout  à  fait  en  dehors  des  causes  traumatiques  et  dans  des  circonstances 
variées.  Entre  autres  faits  publiés  dans  mon  Mémoire  sur  la  constitution  médi- 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS,  55 

eate  d'aoe  cpiUrée  de  la  Meorthe  et  des  Vosges  {Journal  de  la  Société  des 
êdences  médiûales  et  naturelles  de  Bruxelles^  i85li,  1855),  se  Irouveat  les  sui* 
vanis  : 

Obs.  III.  --  Chez  un  homme  de  la  campagne,  âgé  de  45  ans,  j*ai  vu,  à  la 
soîle  d*un«  trop  abondante  saignée,  pratiquée  par  une  sage-femme  dans  une 
grippe  bénigne,  se  produire  <  successivement  Tépistaxis,  Thémoptysie,  rhéma- 
témèse,  Tentérorrhagie,  la  suffusion  sanguine  sous-cutanée,  qui,  brusquement, 
ont  fait  place  à  un  coma  mortel.  > 

Obs.  IV.  —  c  Une  damé  de  42  ans,  fortement  constituée,  d'un  tempérament 
sanguin-lymphatique,  s*étant  également  fait  saigner  trop  abondamment  pour 
une  céphalalgie  à  laquelle  elle  était  sujette,  éprouva  ce  qui  suit  :  <  Là  céphalal- 
gie» au  lieu  de  diminuer,  augmenta  ;  il  survint  de  vives  douleurs  spinales  et 
des  douleurs  également  vives  le  long  des  membres;  puis  apparurent,  sur  toute 
la  surface  du  corps,  de  larges  plaques  ecchymotiques  de  toutes  les  nuances 
qu'offrent  les  lésions  cutanées  qui  suivent  les  contusions.  La  fièvre  avait  alors 
diminué,  ainsi  que  les  doukurs,  qui  se  dissipèrent  bientôt  presque  entière-* 
meni,  pour  quelque  temps  du  moins;  mais  les  taches  persistèrent  plusieurs 
mois,  avec  de  grandes  différences,  il  est  vrai^  dans  leur  développement.  Chaque 
fois  que  les  rougeurs  diminuaient,  il  survenait  d'autres  accidents.  Tantôt  les 
gencives,  boursouflées^  devenaient  saignantes,  et  toute  la  muqueuse  buccale  se 
tapissait  d'aphtes  donnant  lieu  à  un  suintement  sanguinolent;  tantôt  il  se  pro- 
duisait des  troubles  dans  les  organes  digestifs,  principalement  une  diarrhée 
dont  la  matière  était  mêlée  de  sang  noirâtre,  diarrhée  s'accompagnant  de 
coliques,  d'épreintes,  d'ulcérations  aphtheuses  à  l'orifice  de  l'anus  et  probable- 
ment aussi  dans  l'intestin  lui-même  ;  tantôt,  enfin,  c'étaient  de  vives  douleur^ 
articulaires  avec  un  gonflement  semblable  à  celui  du  rhumatisme  articulaire 
aigu  (névralgie  rhumatismale  articulaire),  ou  de  vives  douleurs  pectorales  avec 
oppression  (névralgie  thoracique).  Sous  l'influence  des  irritants,  des  stimu- 
lants cutanés  e«nployés  en  frictions,  des  toniques,  des  amers  et  du  fer  à  l'inté- 
rieur, les  phénomènes  internes  se  dissipèrent  et  à  l'éruption  ecchymotique 
succéda  une  éruption  miliaîre  et  ortiée,  sorte  de  crise  dont  cette  dame,  même 
après  avoir  recouvré  sa  santé  habituelle,  a,  quelque  temps  encore,  offert  des 
vestiges.  »  Cette  observation  est  suivie  de  la  réflexion  suivante  :  <(  J'ai  vu  fré- 
quemment des  tâches  hématiques  disséminées  et  plus  ou  mokis  étendues,  qui, 
si  elles  se  fussent  présentées  dans  un  cas  de  médecine  légale,  auraient  pu  faire 
commettre  une  erreur.  ». 

Obs.  V.  —  A  la  fin  de  1849,  peu  de  temps  après  que  l'ouragan  cholérique 
eut  décimé-  plusieurs  villages  des  Vosges,  je  fus  requis  par  la  justice,  avec  un 
confrère,  à  l'effet  d'examiner;  dans  un  de  ces  villages,  le  cadavre  d'une  femme 
dont  la  mort  était  suspecte.  De  larges  ecchymoses  symétriques,  répondant  à  des 
injections  sanguines  dans  le   tissu  cellulaire  sous-cutané  et  les  muscles  se 


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56  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

remarquBienl  à  la  faee  el  as  cou,  et  montraient  de  la  manière  la  plus  positive 
que  Ton  avait  exercé  une  pression  avec  les  doigts  sur  ces  parties.  La  plupart 
des  organes,  les  organes  abdominaux  surtout,  étaient  infiltrés  d'un  sang  noir^ 
poisseux;  Testomac  et  les  intestins  contenaient  une  matière  riziforme  abon- 
dante; il  y  avait  cyanose  des  extrémités.  Nos  conclusions  furent  :  que  cette 
femme  avait  été  atteinte  d'une  affection  cholérique  qui,  à  elle  seule,  aurait  pu 
déterminer  la  mort,  mais  que  celle-ci  semblait  au  moins  avoir  été  hâtée  par 
des  violences.  En  relatant  ce  fait  j'ai  dit  que  «  si  jamais  je  devais  avoir  à  faire 
un  rapport  dans  un  cas  du  même  genre,  f^  ces  conclusions  j'ajouterais  :  que  la 
production  de  ces  ecchymoses  a  dû  être  singulièrement  facilitée  par  l'-état  mor- 
bide du  sang.  » 

Chez  D...,  une  violence  bien  légère  eût  certainement  suffi  pour  déterminer 
des  ecchymoses;  car,  un  jour,  il  s'en  produisit  de  très-étendues  aux  deux 
coudes,  parce  que  le  malade  avait  appuyé  pendant  quelque  temps  c^s  parties 
sur  le  lit  pour  avoir  les  mains  dans  une  position  élevée,  qui  le  soulageait  quel- 
que peu  et  que  je  lui  conseillais. 

J'ai  cité  le  fait  de  cette  malheureuse  femme  parce  qu'il  offre  un  point  inté- 
ressant de  médecine  légale. 

Obs.  VI.  —  Dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  mrédecine  de  Besançon,  se 
trouve  (année  1853)  la  relation  d'un  cas  que  j'ai  intitulé  :  Fièvre  érythémateuse 
ou  èryihème  scorbutique,  que  j'aurais  du  peut-être  plutôt  qualifier  de  fièvre 
pourprée  ou  de  purpura  fébrile  hémorrhagique.  c  Le  sujet  était  une  femme  de 
46  ans,  vivant  dans  de  misérables  conditions  hygiéniques,  asthmatique,  qui 
n'était  plus  menstruée  depuis  longtemps  et  qui,  depuis  la  cessation  de  sa 
menstruation  avait  été,  comme  il  arrive  souvent,  sujette  aux  sueurs.  Sans  cause 
connue,  ces  sueurs  s'étaient  supprimées  depuis  deux  jours,  lorsque,  le  i;2  avril 
18f^2,  dans  la  soirée,  la  malade  fut  prise  tout  à  coup  d'un  violent  frisson  avec 
tremblement  général.  S'étant  mise  ru  lit,  elle  y  éprouva  bientôt  une  chaleur 
brûlante,  qui  resta  sèche,  de  la  céphalalgie  sus-orbilaire,  de  Iti  rachialgie,  une 
oppression  plus  grande  qu'antérieurement,  une  toux  sèche,  un  mal  de  gorge, 
une  lassitude  générale,  dés  douleurs  crampeuses  dans  les  membres,  les  infé- 
rieurs surtout,  et  de  la  soif.  L'angine  ne  dura  que  deux  jours,  mais  les  autres 
phénomènes  contintfèrent  avec,  il  est  vrai,  des  variations  dans  leurs  degrés.  Au 
troisième  jour,  des  luméfaclions  rouges,  brûlantes,  très-dures  et  comme  nouçuses 
(érytbéme  noueux)  apparurent  sur  les  membres  supérieurs.  Le  lendemain,  des 
tuméfactions  du  même  genre  se  produisirent  aux  membres  inférieurs.  €es 
tuméfactions  s'accrurent  pendant  quelques  jours,  puis  elles  changèrent  de 
caractère,  et,  lorsque  je  vis  la  malade,  je  constatai  ce  qui  suit  :  Grand  abatte- 
ment, position  demi-assise  sur  le  lit,  amaigrissement  très-prononcé,  teint  jau- 
nâtre, lèvres  couvertes  de  pellicules  noirâtres,  dents  déchaussées,  gencives 
violacées  et  en  suppuration;  langue  couverte  d'un  enduit  blanc-sale;  haleine 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  57 

fétide,  soif  assez  vive,  nausées,  consUpation  depuis  plusieurs  jours;  urines 
rouges,  briquelées,  rendues  à  de  longs  inlervalles  (à  cette  époque  je  n'analysais 
point  encore  les  urines)  ;  légère  céphalalgie  sus  orbitaire,  toux  avec  expecto- 
ration muqueuse  difficile,  grande  oppression,  douleurs  rachidiennes  dorsales, 
augmentant  par  la  pression  de  l'extréniité  des  doigts,  mais  non  par  la  pres- 
sion de  la  main  posée  à  plat  ;  aucune  matité  anormale,  et,  au  contraire,  grande 
sonorité  dans  toute  l'étendue  de  la  poitrine,  râles  bronchiques,  battements 
fréquents  et  à  Tunisson  du  pouls,  peau  chaude  et  sèche.  Les  membres  supé- 
rieurs et  inférieurs  sont  presque  entièrement  marbrés  de  teintes  ecchymotiques; 
çà  et  là  se  voient,  surtout  à  la  partie  antérieure  des  jambes,  et  à  la  partie 
postérieure  des  bras^  des  tuméfactions  bleuâtres  encore  dures  et  sensibles  à  la 
pression.  La  pression  excite  aussi  de  la  douleur  le  long  du  trajet  des  princi- 
paux nerfs  des  membres  et  aux  articulations  tibio-fémorales,huméro-cubitales, 
où,  cependant,  ne  se  remarquant  ni  gonflement  ni  rougeur.  La  malade  peut 
mouvoir  ces  parties  sans  éprouver  de  vives  souffrances.  Le  tartre  slibié  donné 
à  dose  éméto-catbarlique  amena  d'abord  des  évacuations  par  haut  et  par  bas, 
puis  des  suem*s  abondantes,  critiques.  A  cette  crise,  s'en  joignit  bientôt  une 
autre,  une  hématurie.  Ce  qui  montrait  son  rôle  critique,  c'est  qu'elle  coïnci- 
dait avec  un  notablie  amendement  général.  Le  9,  surlendeiuain  de  Thématurie^ 
cette  femme  commence  à  se  lever.  Je  constate  la  continuation  des  sueurs  et  la 
diminution  des  autres  manifestations  externes  :  tuméfactions  et  taches.  La 
menstruation  s'est  reproduite.  J'augmente  la  nourriture  et  permets  du  vin. 
Le  25,  celte  femme,  sauf  un  reste  de  faiblesse,  est  à  peu  près  dans  le  même 
état  qu'avant  sa  ipaladie.  On  ne  remarque  plus  aucun  gonflement,  mais 
seulement  de  légères  taches  citrinées,  derniers  vestiges  de  l'érythème.  Cette 
femme  n'a  plus  eu,  et  la  nuit  seulement,  que  des  sueurs  médiocres,  rappelant 
le  commencement  des  sueurs  avant  la  maladie.  Son  appétit  et  son  sommeil  ont 
continué  a  être  bons,  mais  ses  gencives  offrent  encore  le  cachet  scorbutique. 
En  quittant  la*  convalescente,  je  lui  conseille  l'usage  des  amers,  des  ferrugi- 
neux et  des  gargarismes  acidulés.  > 

Obs.  VII.  —  Dans  le  journal  de  Bruxelles,  mais  je  ne  sais  dans  quel  article 
parce  que  ma  collection  de  ce  journal,  comme  bien  d'autres  ouvrages  de  ma 
bibliothèque,  a  été  mutilée  pendant  notre  affreuse  guerre,  se  trouve  l'his- 
toire d*une  fille,  âgée  d'une  quarantaine  d'années,  atteinte  d'une  fièvre 
rémittente  grave,  dans  laquelle  se  montrèrent  des  poussées  de  taches  ecchy- 
motiques nombreuses,  des  épistaxis  et  des  enterorrhagies ,  hëmorrhagies 
externes  et  internes  étant  évidemment  sous  la  dépendance  des  paroxysmes 
fébriles,  et  qui  se  dissipèrent,  ainsi  que  d'autres  accidents,  principalement  sous 
Tinfluence  des  préparations  de  qninqnina  employées  comme  toniques  et  comme 
antipériodiques,  et  d'un  régime  aussi  tonique  que  possible. 

Obs.  Vill.  Dans  ce  journal,  se  trouve  aussi^  je  crois,  rapporté  le  cas  d'un 


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38  REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 

ancien  instituteur,  âgé  de  45  ou  50  ans,  qui,  atteint  de  larges  et  nombreuses 
taches  bémateases  et  d'une  bémoptysie  se  répétant  fréquemment,  sans  que, 
cependant,  elle  émanât  de  tubercules  pulmonaires,  offrit  ceci  de  remarquable 
que,  après  avoir  vaguement  fait  usage,  d'après  mon  conseil,  de  divers  anti- 
scorbutîques  et  d'autres  moyens^  il  se  guérit  de  ses  bémoptysies  en  très-peu 
de  temps,  par  Tusage  de  vin  accidentellement  vinaigré  dans  sa  cave. 

{La  fin  au  prochain  numéro,) 


II.  REVUE  AKALYTiQUE  ET  CRITIQUE. 


Médecine    et    Chlrargle. 


Arrêt  du  oœur  par  rezoîtatîon  des 
pneumo-gattriquei.  —  M.  Tarchaooff  com- 
munique, en  son  nom  et  au  nom  de 
M.  Prielma,  les  résultats  d'expériences 
qu'ils  ont  faites  sur  l'arrêt  du  cœur  pro- 
voqué chez  les  animaux  par  l'excitation  des 
pneumo-gastriques. 

Voulant  obtenir  un^irrét  aussi  prolongé 
que  possible^  au  moyen  de  cette  excitation, 
ils  ont  observé  le  fait  suivant,  qui  jusqu'ici 
paraît  avoir  échappé  aux  physiologistes  : 

Ils  voulaient  exciter  alternativement 
chacun  des  deux  pneumo-gastriques;  maib, 
une  fois  que  l'un  des  deux  cesse  d'être 
excitable  et,  par  conséquent,  n'exerce  plus 
aucune  action»  l'autre,  celui  qui  n'a  en- 
core été  soumis  à  aucune  excitation,  ne 
l'est  pas  davantage  et  ne  produit  non  plus 
aucune  action,  bien. qu'il  n'ait  pas  encore 
été  touché.  L'excitation  d'un  seul  nerf 
pneumo-gastrique  suffit  donc  pour  épuiser 
l'appareil  modérateur  du  cœur.  Il  ressort 
de  ce  fait  que  cet  appareil  modérateur  est 
commun  aux  deux  pneumo-gastriques. 
C'est  un  fait  important  au  point  de  vue  de 
l'action  des  pneumo-gastriques  sur  le  cœur. 
(Abeille  médicale,) 


Maladie  de  Ménîère.  —  M.  Raynaud 
informe  la  Société  que,  dans  le  service  de 
M.  Charcot^  se  trou>ve  actuellement  une 
femme  atteinte  de  tous  les  phénomènes  qui 
ont  été  décrits  sous  le  nom  de  maladie  de 
Ménière.  Il  suffit  du  moindre  mouvement 
dans  la  salle  pour  qu'aussitôt  celte  malade 
soit  prise  de  nausées,  de  vomissements, 
pour  qu'elle  éprouve  une  sensation  de 
sifflement  dans  les  oreilles  et  présente  ce 


vertige  particulier  dans  lequel  il  lui  semble 
qu'elle  tourne  sur  elle-même. 

M.  Gharcot  a  soumis  cette  malade  à 
l'usage  du  sulfate  de  quinine  (1  gramme 
par  jour).  Sous  l'influence  de  cet  agent,  les 
phénomènes  se  9ont  considérablement 
amendés,  et  aux  sifflements  de  chemin  de 
fer  dont  elle  se  pliiij^nait  &ans  cesse,  a  suc- 
cédé le  sifflement  bien  moins  fort  et'  plus 
supportable  que  procur-e  habituellement  le 
sulfate  de  quinine.  {Ihid.) 


De  l'aotîon.du  fer  sur  la  nutrîiîon, 
par  M.  HABUTEAU..—  M.  Rabuteau  con- 
clut de  ses  recherches  :  «  !•*  Les  urines  ont 
été  éliminées  à  peu  près  en  égale  quantité 
pendant  les  trois  périodes,  d'oiî  il  résulte 
que  le  sel  en  question  a'agit  guère  sur 
l'excrétion  urinaire,  du  moins  lorsqu'il  est 
pris  aux  doses  précitées;  cependant  la 
quantité  des  urines  a  été  un  peu  moindre 
pendant  la  seconde  période. 

•  «  2®  L'acidité  des  urines  a  notablement  . 
augmenté.  Ce  fait,  qui  n'avait  pas  encore 
été  signalé,  me  parait  présenter  quelque 
intérêt  :  il  vient  expliquer  et  justifier  l'em- 
ploi des  ferrugineux  dans  la  gravelle  phos- 
phatique  et  dans  l'oxalurie,  où  l'on  savait 
déjà  que  ces  agents  produisaient  de  bons 
résultats.  La  dissolution  de  l'oxalate  de 
chaux  peut  avoir  lieu  en  faible  quantité 
dans  son  urine  normalement  très  acide, 
ainsi  que  je  m'en  suis  assuré. 

a  5"  Le  poids  des  matériaux  solides  a  été 
un  peu  plus  considérable. 

c  4«  L'urée  a  augmenté  d'un  peu  pins 
de  10  pour  100.  Le  protochlorure  de  fer 
active  par   conséquent  la  nutrition,   lors 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRlTiQUE. 


59 


I  qu'il  est  pris  à  des  doses  tr«>s-modé- 
rées.  h  (Ibid.) 


Sur  le  bromoforme.  —  M.  Rabuteau  a 
fait  une  série  d'expériences  sur  le  bromo- 
forme qui  lui  ont  permis  de  constater  que 
ce  corps  présente  tous  les  avantages  du 
chloroforme  sans  avoir,  comme  lui,  Tin- 
convénient  d*étre  un  irritant  local  assez 
fort  pour  dé.tcrminer  sur  la  peau  une  dou- 
leur vive  et  même  pour  amener  une 
escharre  s*il  y  est  appliqué  pendant  un  cer- 
tain temps.  Chez  un  malade  souffrant 
beaucoup  de  douleurs  d'oreille,  il  appliqua 
d'abord  du  chloroforme,  qui  détermina  une 
sensation  de  brûlure  assez  intense  ;  il  le 
remplaça  alors  par  le  bromoforme,  qui 
calma  les  douleurs  sans  déterminer  aucune 
irritation.  Si  Ton  tient  dans  une  main  un 
morceau  de  ouate  imbibée  de  chloroforme, 
et,  dans  Tautre,  un  morceau  de  ouate  im- 
bibée de  bromoforme,  on  juge  aisément  de 
la  différence  d'action  des  deux  agents;  lé 
premie,r  détermine  promptement  une  dou- 
leur assez  vive  ;  le  second  n'en  amène  au- 
cune. On  sait  que  le  chloroforme  introduit 
dans  Testomac  peut  donner  lieu  à  des  acci- 
dents fort  graves;  on  peut  injecter  plus  de 
dO  grammes  de  bromoforme  dans  l'estomac 
d'un  animal  sans  déterminer  aucun  acci- 
dent. {Ibid.) 


La  piorolozine  :  propriété!  ohîmi  - 
que»,  action  physiologique.  — L^picro- 
toxine  qui,  dans  ces  derniers  temps,  a 
fourni  matière  à  quelques  travaux  inipor- 
tants,  était  déjà  connue  ;  elle  a  été  extraite 
de  la  coque  du.  Levant  par  Boullay,  en 
I81'2;  mais  comme  tant  d'autres  substan- 
ces qui  ont  rendu  ou  rendront  des  services 
à  la  thérapeutique,  elle  était  restée  jus- 
qu'ici comme  échantillon,  à  l'état  de  curio- 
sité, dans  les  laboratoires.  Ses  propriétés 
toxiques  avaient  cependant,  peu  de  temps 
après  sa  découverte,  été  assez  bien  étudiées 
par  Lecanu,  Peltier  (Académie  de  méde- 
cine, 4827),  Orfîla  (Traité  de  toxicologie); 
pais,  plus  récemment,  par  Glovrer  {Monthly 
Journal  of  med,  science^  1851),  Bonnefin 
(thèse  inaugurale,  Paris,  4851),  et  Cay- 
rade  (Paris,  1866).  A  ces  quelques  rensei- 
gnements se  borne  la  littérature  de  l'étude 
toxique  de  la  picrotoxine. 

Ses  propriétés  chimiques  avaient  été 
mieux  analysées... 

La  picrotoxine  ne  possède  pas  les  pro- 


priétés des  alcaloïdes,  et  les  auteurs  qui  se 
sont  occupés  de  cette  substance  pensent 
qu'il  serait  plus  scientifique  de  la  ranger 
parmi  les  acides.  Elle  forme,  en  effet,  avec 
les  bases  et  les  alcaloïdes,  quinine,  strych- 
nine, morphine,  etc.,  des  sels  chimique- 
ment définis.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  nature 
intime  de  cette  substance  est  d'une  impor- 
tance secondaire  en  physiologie  et  en  thé- 
rapeutique, et  nous  serons  très-bref  sur 
Texposé  de  ses  propriétés  physiques  et 
chimiques.  Elle  se  présente  sous  la  forme 
de  petits  prismes  quadrilatères,  blancs  et 
transparents,  ou  bien  en  aiguilles,  grou- 
pées alors  en  étoiles.  Elle  est  inaltérable  à 
l'air,  sans  odeur  et  douée  d'une  grande 
amertume.  Très-soluble  dans  l'alcool  bouil* 
lanl  et  Téther,  la  picrotoxine  l'est  au  con- 
traire fort  peu  dans  l'eau  froide,  qui  n'en 
dissout  que  le  iSO*'  de  son  poids.  Nous 
n'entrerons  pas  dans  l'étude  des  diverses 
réactions  chimiques  qui  la  caractérisent  et 
qu'on  trouvera  très- bien  exposées  dans  le 
Dictionnaire  de  chimie  de  M.  Wurtz  (IT® 
fascicule,  p.  102i)... 

La  picrotoxine  est  avant  tout  un  poison 
convuisivant;  c'est  la  première  propriété 
découverte  par  Boullay  ;  c'est  encore  siir 
les  variations  de  cette  puissance  convulsi* 
vante  que  se  basent  toutes  les  recherches 
de  Planât,  de  B^ov^-n  (British,  mèd. 
Jour».,  mars;  avril  i875)  et  d'autres; 
mais  c'est  un  poison  convuisivant  qui  pré- 
sente, surtout  cette  particularité  que,  au 
lieu  de  convulsions  tétaniques,  elle  produit 
des  crises  de  tous  points  semblables  aux 
attaques  d'épilepsie. 

Si  l'on  ne  considère  que  l'effet  le  plus 
saillant  de  Taction  de  la  picrotoxine,  c'est, 
comme  nous  l'avons  dit,  un  poison  con- 
vuisivant, et  des  plus  énergiques  ;  mais  si 
à  l'exemple  de  M.  Planât,  au  travail  de 
qui  nous  ferons  de. nombreux  emprunts, 
nous  analysons  les  effets  de  ce  poison  sur 
les  différents  organes,  nous  verrons  que 
son  action  est  beaucoup  plus  complexe. 
Nous  ne  chercherons  pas  à  savoir  si  la 
puissance  toxique  varie  suivant  les  classes 
d'animaux  sur  lesquels  on  expérimente. 
Quelle  est  son  action  ehez  les  mammifères? 
que  pouvons-nous  craindre  ou  espérer 
chez  l'homme?  Voilà  ce  qui  nous  importe 
le  plus. 

Le  système  musculaire  strié  est  rapide- 
ment atteint,  même  par  de  faibles  doses  du 
poison  ;  il  en  résulte  Une  prostration  pro- 
fonde, et  comme  conséquence  les  mouve* 
roents  volontaires  ou  provoqués  présentent 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


toujours  UQ  caractère  de  gêne  ou  d^erabar- 
ras;  tel  est  le  premier  effet  produit. 

A  ce  naoment  survient  la  période  convul- 
sive  :  «  Ce  qui  caractérise  les  convulsions 
produites  par  la  picrotoxine,  c*est  leur 
variabilité  extrême  qui  ne  rappelle  en  rien 
Textension  tétanique  de  la  strychnine.  » 
Après  un  temps  qui  varie  suivant  la  dose 
donnée,  suivant  la  voie  par  laquelle  elle  a 
été  administrée,  h  la  faiblesse,  à  la  prostra- 
tion, que  nous  notions  au  début,  succède 
une  grande  agitation.  L*animal  se  dresse  sur 
ses  pieds  en  proie  à  une  sorte  de  spasme 
tonique  général.  Après  quelques  instants  il 
cherche  à  avancer,  il  tombe  sur  le  côté;  cette 
chute  est  le  signal  d'une  crise  de  convulsions 
cloniques  dans  laquelle  tous  les  membres 
sont  agités  de  violents  mouvements  alter- 
natifs ;  la  léte  est  renversée  en  arrière,  le 
cou  est  roide,  ToBil  vitreux,  la  bouche  rem- 
plie d*écume  souvent  sanguinolente;  il  y 
a  excrétion  d*urine  involontaire.  Toute 
cette  scène  a  duré  sept  à  dix  minutes;  il  y 
a  alors  une  rémission  pendant  laquelle 
ranimai,  très- affaissé,  est  pris  d'une  res- 
piration anxieuse  et  peut  exécuter  quel- 
ques mouvements  volontaires.  Mais  cette 
rémission  est  courte;  bientôt,  soit  sponta- 
nément, soit  sous  rinfluence  d'une  excita- 
tion extérieure,  une  crise  recommence, 
suivie  d'une  nouvelle  rémission.  Après  un 
nombre  d'accès  variables  suivant  la  dose 
et  la  force  de  ranimai,  celui-ci  reste  dans 
la  torpeur,  interrompue  seulement  par 
quelques  mouvements  saccadés,  et  suc- 
combe après  un  temps  assez  court.  En6n, 
quand  la  dose  est  iaible,  on  note  à  la  fin 
des  accès,  comme  Tavit  déjà  faitOrfila,  des 
phénomènes  d'incoordination  motrice,  des 
mouvements  de  rotation  et  de  recul. 

11  est  facile  de  saisir  la  différence  qui 
existe  à  première  vue  entre  les  convulsions 
produites  par  la  picrotoxine  et  l'accès  si 
franchement  tétanique  du  strychnisme. 

Que  si  nous  entrons  maintenant  dans 
dés  détails  plus  circonstanciés  sur  les  effets 
produits  sur  les  différents  organes,  voici 
ce  que  nous  constatons  :  Les  contractions 
cardiaques  se  ralentissent  en  même  temps 
qu'elles  deviennent  plus  faibles,  et  il  n'est 
f>as  besoin  pour  cela  que  les  doses  soient 
fortes.  Cet  effet  sur  le  cœur  se  produit 
avant  la  production  des  convulsions.  Pen- 
dant la  crise  convulsive,  le  cœur  s'arrête  ; 
puis,  quand  celle-ci  cesse  peu  à  peu,  le 
cœur  recommence  à  battre,  faiblement 
toujours,  et  d'autant  plus  que  les  crises, 
coDVuUives  se  sont  plus  souvent  répé- 


tées. Comme  coftséqiience  de  cette  action 
sur  le  cœur,  la  circulation  périphérique 
est  profondément  troublée  ;  dès  la  pre- 
mière convulsion,  la  circulation  s'arrête 
dans  les  capillaires,  et  quoique,  après  la 
crise,  le  cœur  continue  à  battre,  cet  arrêt 
est  définitif,  les  pulsations  étant  trop  fai- 
Lles  pour  rétablir  le  courant.  Cet  arrêt  de 
la  circulation  capillaire  est  facile  à  constat 
ter  de  visu  sur  les  parties  transparentes  de 
la  grenouille  (membrane  in  ter  digitale, 
poumon,  mésentère). 

Dans  la  première  période  de  Teropoi- 
sonnement,  alors  qu'il  existe  un  affaisse- 
ment général,  Texcitabilité  est  singulière- 
ment diminuée  ;  mais  dès  que  commence 
la  période  convulsive  on  lui  voit  prendre 
ce  degré  particulier  qui  est  un  caractère 
du  strychnisme.  On  constate  ce  phéno- 
mène pendant  toute  la  durée  de  la  période 
convulsive  ;  mais  dans  le  coma  final  toute 
excitabilité  disparait. 

Plusieurs  auteurs,  entre  autres  M.  Pla- 
nât, ont  jusqu'ici  toujours  observé  que  les 
muscles  lisses,  ainsi  que  les  nerfs  prove- 
nant du  système  sympathique,  ne  sont 
point  touchés. 

Telle  est,  d'après  les  expérimentateurs, 
l'action  de  la  picrotoxine.  Tous  les  effets 
que  nous  avons  mentionnés,  et  surtout 
ceux  qui  se  produisent  sur  le  cœur»  sem- 
blent indiquer  que  cette  puissante  sub- 
stance concentre  ses  effets  sur -les  centres 
gris  moteurs;  que  c'est  surtout  vers  la 
partie  supérieure  de  Taxe  médullaire,  vers 
l'isthme  de  Tencéphale,  qu'elle  produit  les 
perturbations  qui  amènent  l'arrêt  du  cœur 
et  les  convulsions  épilepliformes.  £n  effet, 
si,  chez  une  grenouille,  on  coupe  la  moelle 
au-dessous  du  collet  du  bulbe,  il  ne  se  pro- 
duit plus  de  convulsions.  Il  ne  faut  pas 
cependant  être  encore  trop  af&rmâtif  ;  car 
on  sait  combien  ces  problèmes  sont  com- 
plexes, et  nous  croyons  qu'il  faudra 
encore  bien  des  recherches  pour  savoir 
d'une  manière  certaine  sur  quels  éléments 
agit  la  picrotoxine,  et  surtout  comment 
elle  les  impressionne. 

Cependant  les  recherches  faites  jus- 
qu'ici, si  elles  ne  permettent  pas  de  pré- 
ciser d'une  manière  certaine  quels  avan-> 
tages  la  thérapeutique  pourra  retirer  de 
l'emploi  de  cet  agent,  nous,  autorisent 
cependant  a  croire  qu'une  substance  aussi 
active  doit  pouvoir  être  utilisée.  Mais 
peut-on  formuler  des  indications?  11  sem- 
blerait de  prime  abord  qu'elle  peut  être 
administrée  dans  tous  les  cas  où  il  y  a 


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REVDB  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


41 


atonie  des  centres  cncéphalo-rachidiens. 
M.  Planât  nous  annonce  qu'il  a  employé 
la  picrotoxine  dans  plusieurs  affections^  et 
entre  autres  dans  répiiepsie,  c^t  que  les 
résultats  ont  été  satisfaisants.  Nous  atten- 
drons pourcmellFe  un  avis  que  les  obser- 
vations aient  paru  in  extenso;  nous  remar- 
querons cependant  de  prime  abord  que 
peu  de  substances  produisent  des  effets 
plus  semblables  à  répilepsie  convulsivc 
que  la  picrotoxine^  et  qu'il  est  difficile  à 
priori  de  comprendre  le  mode  d'aclion 
dans  ces  cas.  Mais  la  thérapeutique  est 
féconde  en  surprises,  et  si  les  résultats  sont 
bons  nous  serons  des  premiers  à  nous  en 
féliciter.  La  paralysie  agitante  fournira 
peut-être  aussi  des  indications.  Mais  nous 
voilà  en  plein  dans  le  domaine  de  Thypo- 
thèse  là  où  il  faut  attendre  des  faits. 

La  picrotoxine  pouvait  encore  servira 
un  autre  ordre  de  recherches,  et  déter- 
miner Faction  réciproque  de  cetle  sub- 
stance sur  quelques  autres  pouvait  éclairer 
la  physiologie  et  la  thérapeutique  ;  cette 
mine  a  été  explorée.  Un  premier  article 
sur  Taction  simultanée  de  la  picrotoxinc 
et  de  la  ciguë  vireuse  n*a  rien  donné 
(Arch,  fur  experim,  Patholog.,  1875). 
Plus  importantes  sont  les  recherches  de 
J.  Crichlon  Brownc  sur  Tantagonisme  de 
la  picrotoxinc  et  de  Thydrate  de  chloral 
(British,  med.  Journ,,  n«  747,  24  avril 
1875).  Cet  auteur  est  parvenu  à  établir 
qu'il  y  a  antagonisme  entre  la  picro- 
toxinc etrhydratc  de  chloral  dans  plusieurs 
conditions.  Mais  cet  antagonisme  rappelle 
ce  qu'on  a  maintes  et  maintes  fois  répété 
pour  la  strychnine,  c'est-à-dire  que  les 
effets  se  masquent  mais  qu'ils  ne  sont  point 
détruits. 

Nous  nous  arrêterons  aujourd'hui  à  ce 
point  de  l'élude  de  la  picrotoxinc.  Il  nous 
suffira  d'avoir  reproduit  les  principaux 
résultats  obtenus.  Les  applications  sont 
encore  à  peine  ébauchées;  nous  atten- 
drons que  de  nouvelles  recherches  aient 
permis  d'établir  ce  qui  sera  utile  et  pourra 
sortir  des  conceptions  théoriques,  si  expo- 
sées à  être  démenties  par  les  faits. 

(Ibid.) 


nisroe  et  agirait  topiquemcnt  sur  les  tissus. 
Rappelant  rexpérience  de  Schœnbein,  qui 
démontre  que  la  solution  d'iodurc  de  po- 
tassium acidifiée  est  décomposée  par  des 
cellules  végétales,  contenant  un  .prolo- 
plasma,  il  indique  qu'on  obtient  un  sem- 
blable résultat  en  remplaçant  les  acides 
minéraux  dans  rexpérience  de  Schœnbein 
par  un  courant  d'acide  carbonique.  Ce  pre- 
mier fait  établi,  il  ajoute  qu'on  doit  ad- 
mettre, avec  Kuhne  et  Schnelze  l'identité 
absolue  entre  le  protoplasma  de  la  cellule 
végétale  et  celui  de  la  cellule  animale.  En 
conséquence^  la  solution  d'iodurc  de  po- 
tassium qui  traverse  l'organisme,  rencon- 
trant un  courant  d'acide  carbonique  (celui 
qui  est  dans  le  sang)  et  le  protoplasma  des 
cellules  organiques,  trouve  là  les  condi- 
tions expérimentales  réalisées  par  Schœn- 
bein et  par  Biuz  et  doit  se  décomposer.  Si 
certaines  tumeurs  spécifiques  sont  plus 
accessibles  à  Taclion  de  l'iodure  de  potas- 
sium, cela  tient  à  ce  que  leurs  cellules 
mettent  facilement  l'iode  en  liberté  et  se 
trouvent  par  cela  même  modifiées  par  l'ac- 
tion topique  du  métalloïde.  (ibid.) 


Décomposition  de  l'iodure  de  potai- 
fiuin  dans  l'organisma.  —  Le  professeur 
Binz  attribue  à  l'iode  les  effets  thérapeu- 
tiques ou  physiologiques  produits  par 
riodurc  de  potassium.  Suivant  lui,  le  mé- 
talloïde serait  mis  en  liberté  dans  Torga- 


Noire  fur  l'emploi  thérapeutique  du 
bromhydrate  de  quinine;  par  M.  A.  GU- 
BLËR.  —  Le  bromhydrate  de  quinine, 
connu  des  chimistes  depuis  quelque  années 
seulement,  n'a  encore  été,  de  la  part  des 
médecins,  l'objet  d'aucune  application  pra- 
tique. Je  dois  à  la  libéralité  d'un  pharma- 
cien très-honorable  de  Paris.  M.  Boille, 
auteur  d'un  excellent  procédé  de  prépara- 
tion de  ce  nouvel  agent,  d'avoir  pu  faire 
de  nombreux  essais  thérapeutiques  dont 
quelques-uns  ont  donné  des  résultats  inté- 
ressants et  dignes  d'être  signalés. 

C'est  M.  Latour,  pharmacien  principal 
de  l'armée,  qui^  le  premier,  a  réalisé  la 
combinaison  de  Tacide  bromhydrique  avec 
les  deux  alcaloïdes  organiques  :  la  quinine 
et  la  ciuchonine.  Son  procédé  consistait 
à  faire  agir,  par  double  décomposition, 
du  bromure  de  potassium  sur  du  sulfate 
acide  de  quinine,  et  le  savant  chimiste 
ajoutait  ^1)  : 

f  Ainsi  obtenu,  ce  sel  est  suffisamment 
pur  pour  l'usage  médical;  il  contient  en- 
core quelques  traces  d'acide  sulfurique.  » 
Mais  on  voit  plus  loin  qu'il  s'agit  de  sul- 

(1)  Note  sur  les  brorohydpalps  basiques  ei 
neutres  de  quinioe  et  de  cinchooine,  in  Journal 
de  pharmacie  et  de  chimie^  1870,  p.  93. 

6 


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fate  de  potasse  et  non  cracide  sulfuriquc 
libre. 

La  difficulté  d'obtenir,  par  le  procédé 
de  M.  Latour,  un  produit  pur  et  exempt 
de  sulfate  de  potasse  engagea  M.  Boille  à 
substituer  au  bromure  alcalin  le  bromure 
de  baryum,  que  sa  grande  solubilité  dans 
Talcool  rend  facile  à  séparer  complètement 
du  chlorure  de  baryum,  tout  à  fait  inso- 
luble, quMl  renferme  ordinairement  en 
proportion  plus  ou  moins  notable. 

Il  obtient  de  la  sorte  un  produit  d*une 
grande  pureté,  qu'il  forma  encore  directe- 
ment en  dissolvant  la  quinine  hydratée 
dans  Tacide  bromhydrique  faible. 

Dès  1872,  M.  Poggiale  présentait  à 
TAcadémic  de  médecine  le  bromhydrate 
acide  de  quinine  obtenu  par  M.  Boille,  et 
deux  ans  plus  tard  (juillet  i87i),  M.  Wurtz 
communiquait  à  la  même  compagnie  sa- 
vante le  dernier  travail  de  Fauteur  sur  la 
préparation,  la  composition  et  les  propriétés 
chimiques  d'un  bromhydrate  neutre  ou 
basique,  correspondant  au  sulfate  de  qui- 
nine officinal;  ainsi  que  sur  ta  composition 
du  bromhydrate  acide  obtenu  d'abord,  mais 
non  exactement  analysé. 

Les  analyses  de  M.  Boille,  confirmées 
par  celles  d'un  chimiste  habile  et  auto- 
risé, M.  Ernest  Baudrimont,  assignent 
au  bromhydrate   neutre    de    quinine    la 

1  Partie  de  bromhvdrate  de  quinine  (neutre  ou 
basique)  est  soiubledaos  5 parties  d^eau  bouil- 
lante et  60  parties  d'eau  froide  ; 

—  Dans  5  parties  d'alcool  h  16  degrés  ou  18  de- 
grés; 

—  Dans  environ  2  parties  et  demie  d*aIcool  à 
21  degrés  : 

—  Dan»  une  parlie.d'alcool  à  40  degrés  ; 

—  Dans  un  tiers  de  partie  d'alcool  à  85  degrés  ; 

—  En  toutes  proportions  dans  alcool  absolu  ; 

—  Dans  10  parties  de  glycérine; 

—  Dans  10  parties  d'un  mélange  à  parties  égales 
de  glycérine  et  d'eau. 

Chose  remarquable,  il  suffirait,  d'après 
M.  Boille,  d'ajouter  10  parties  d'eau  froide 
à  la  solution  saturée  de  bromhydrate  de 
quinine  obtenue  par  Peau  bouillante  (i  par- 
tie pour  5)  pour  l'empêcher  de  précipiter 
par  le  refroidissement  :  ce  qui  revient  à 
dire  qu'au  moyen  d'un  léger  artifice,  il 
serait  possible  de  rendre  stable  la  solution 
de  1  partie  de  bromhydrate  de  quinine 
dans  i  5  parties  seulement  d'eau  froide*  au 
lieu  de  60  parties  reconnues  nécessaires 
lorsqu'on  procède  autrement. 

Ainsi,  le  bromhydrate  de  quinine  est 
plus  riche  en  alcaloïde  et  plussoluble  dans 
les  différents  menstrues  que  le  sulfate  de 
(|uinine.  Ces  deux  qualités  lui  constituent 


formule  C*^»H"A2«0SHBr,2H0,  celle  du 
bromhydrate  acide  de  quinine  étant 
C^^H"Az'0*,2(HBr),6HO.  M.  Latour,  au 
contraire,  admet  cette  dernière  composi- 
tion pour  son  bromhydrate  neutre,  qui 
possède  d'ailleurs  une  réaction  acide. 
D'après  ces  formules  et  les  résultats  ex- 
périmentaux (Boille,  E.  Baudrimont),  le 
bromhydrate  neutre  de  quinine  ne  ren- 
ferme pas  moins  de  75  à  76  p.  c.  d'alca- 
loïde avec  plus  de  i  8  parties  de  brome  et 
5  d'eau,  tandis  que  le  bromhydrate  acide 
ne  représente  que  60  p.  c.  de  quinine 
avec  25  p.  c.  environ  de  brome.  La  pro- 
portion de  la  quinine  dans  le  bromhydrate 
neutre  est  donc  beaucoup  plus  considérable 
que  dans  son  analogue,  le  sulfate  de  qui- 
nine officinal  (1). 

Les  bromhydrates  de  quinine  qui  m'ont 
été  remis  par  M.  Boilfc  étaient  parfaite- 
ment cristallisés  en  longs  cristaux  nacrés, 
blancs  ou  nuancés  jaunâtre,  à  facettes  rec- 
tangulaires. Leur  odeur  était  nulle,  leur 
saveur  fraîche,  salée  et  amère  sans  âcreté. 

La  solubilité  des  combinaisons  de  la 
quinine  avec  l'acide  bromhydrique  est 
beaucoup  plus  grande  que  celle  des  sulfates 
correspondants.  Voici  à  cet  égard  des  ren- 
seignements inédits  que  je  dois  à  l'obli- 
geance de  M.  Boille  : 


1  partie  de  sulfate  de  quinine  officinal  exige  pour 
se  dissoudre  30  parties  d'caa  bouillante  et  788 
parties  d'eau  froide  ; 


—  Dans  115  parties  d'alcool  ft  85  degrés  ; 

—  Dans  60  parties  d'alcool  absolu  ; 

—  Dans  56  parties  de  glycérine. 


en  tout  cas  une  supériorité  réelle,  mais 
surtout  elles  le  désignent  de  préférence, 
toutes  choses  égales ,  pour  l'emploi  en 
injections  hypodermiques. 

D'un  autre  côté,  il  est  permis  d'espérer 
que  le  npuveau  composé  offrira  la  réunion 
précieuse  des  propriétés^  en  partie  syner- 
giques, de  la  quinine  et  des  préparations 
bromurées.  Les  études  cliniques  que  j'ai 
entreprises  ont  eu  pour  point  de  départ  ces 

(1)  C'est  là  une  erreur  :  le  sulfate  de  quinine 
neutre  du  Codex  renferme  74,3  p.  c.  de  qai- 
nine,  et  le  sulfate  acide  du  Codex,  56,1  p.  c. 
de  la  même  base.  Cette  erreur  tient  à  une  simple 
confusion  :  quand  on  a  doublé  la  formule  de  la 
quinine,  le  sel  basique  est  devenu  sel  neutre,  et 
le  sd  neutre  devenu  sel  acide.  [Red), 


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vues  inductives,  qui  avaient  en  partie 
guidé  les  chimistes  eux-mêmes  dans  la 
recherche  de  la  combinaison  du  brome  avec 
le  principe  actif  des  quinquinas. 

i\les  premiers  essais  remontent  au  mois 
d'octobre  4874.  Depuis  lors,  j*ai  eu  bien 
des  fois  Toccasion  de  prescrire  le  brom- 
hydrate  de  quinine  soit  en  ville,  soit  à 
rhôpital  Beaujon.Dans  ma  clientèle  privée, 
je  conseille  Tusage  de  pilules  de  iO  centi- 
grammes; dans  mon  service  hospitalier, 
j*administre  simplement  le  sel  emprisonné 
dans  du  pain  azyme. 

Les  doses  quotidiennes,  administrées  par 
.  la  bouche,  sont  ordinairement  de  iO  cen- 
tigrammes en  deux  prises  ;  quelquefois  de 
60  à  80  centigrammes.  Jen*ai  presque  jamais 
eu  besoin  d*atteindre  le  chiffre  de  i  gramme 
pour  obtenir  les  effets  physiologiques  et 
thérapeutiques. 

Généralement  ces  doses  de  bromhydrate 
de  quinine  sont  très-bien  tolérées  par  Tes- 
tomac  et  causent  à  peine,  au  premier  mo- 
ment une  sensation  de  chaleur,  légère  et 
fugace. 

L'action  diffuse,  consécutive  à  Tabsorp- 
tion^  se  traduit  par  une  double  série  de 
symptômes  dont  les  plus  apparents  sont 
des  traits  détachés  de  Thistoire  du  qui- 
nisme  :  je  veux  parler  du  mal  de  téte^  des 
bourdonnements  d'oreilles  et  de  la  surdité. 
Ces  phénomènes  se  sont  montrés  à  un  faible 
degré  sous  l'influence  de  deux  doses  de 
20  centigrammes  seulement^  dans  la  jour- 
née. Ils  étaient  plus  caractérisés  chez  un 
malade  qui  prenait  75  centigrammes  de 
bromhydrate  par  jour. 

Néanmoins^  une  certaine  langueur  mus- 
culaire accompagnée  d'une  tendance  pro- 
noncée au  sommeil;  sans  bruissement 
d*oreilles,  rappelait  parfois  le  syndrome  du 
bromisme,  et  semblait  indiquer  de  la  part 
du  sujet  une  impressionnabilité  plus  grande 
que  de  coutuine  vis-à-vis  de  l'action  spé- 
ciale de  Tacide  bromhydrique  ou  du  métal- 
loïde. Mais,  je  le  répèle,  ces  symptômes 
bromiques  ont  toujours  été  relativement 
peu  accentués. 

Dans  quelques  circonstances  j*ai  aussi 
introduit,  par  voie  sous-cutanée,  la  solu- 
tion de  bromhydrate  (neutre  ou  basique) 
de  quinine  au  dixième,  dans  de  Teau  légè- 
rement aiguisée  d*alcool.  Comme  i  gramme 
de  cette  solution  contient  i  décigramme  de 
substance  active,  on  voit  qu'il  suffit  d'in- 
jecter sous  la  peau  deux  fois  le  contenu  de 
la  seringue  de  Pravaz,  dont  nous  nous 
servons  habituellement ,  pour  introduire 


dans  Torganisme  l'équivalent  de  50  centi- 
grammes de  sulfate  de  quinine,  c'est- à  dire 
une  dose  d'alcaloïde  considérable,  et  plus 
que  suffisante,  dans  beaucoup  de  cas,  pour 
donner  lieu  à  des  effets  physiologiques  et 
curatifs. 

Je  me  hâte  d'ajouter  que,  maigre  la 
présence  d'une  petite  proportion  d'alcool, 
celte  solution  de  bromhydrate  de  quinine 
s'est  montrée  inoffensive  pour  les  tissus, 
et  que  l'injection  n'a  laissé  à  sa  suite  ni 
tubercules  indurés  et  douloureux;  ni  à 
plus  forte  raison^  aucune  de  ces  lésions 
inflammatoires  plus  avancées  (abcès  furon- 
culeux,  eschares),  qui  succèdent  trop  sou- 
vent encore  aux  injections  hypodermiques 
de  sulfate  acide  de  quinine. 

(Répertoire  de  pharmacie.) 


Propriétés  tœnîoîdes    da    kamala^  — 

M.  Blondeau  a  expérimenté  avec  succès, 
dans  deux  cas,  les  propriétés  tœnifuges  de 
la  teinture  de  kamala.  Dans  un  cas,  il  l'a 
prescrite  à  la  dose  de  25  grammes  ;  dans  le 
second,  à  la  dose  de  20  grammes.  Il  s'agis- 
sait ici  d'une  jeune  fîlle  de  16  ans,  qui  ne 
tolère  pas  l'alcool  et  qui  a  rendu  la  plus 
grande  par  lie  du  médicament.  L'expulsion 
du  taenia  n'en  a  pas  moins  eu  lieu  ;  il  me- 
surait 5",  50  de  longueur.  M.  Blondeau 
pense  qu'une  dose  de  4  à  16  grammes  de 
teinture  ou  de  poudre  de  kamala  est  suffi- 
sante pour  produire  un  bon  résultat.  Ce 
médicament,  outre  son  efficacité,  a  l'avan- 
tage de  n'être  pas  désagréable  au  goût  et 
de  ne  pas  produire  de  coliques.  11  est  très- 
connu  dans  rinde,  où  les  médecins  anglais 
le  considèrent  comme  plus  énergique  que 
le  kousso.  Le  docteur  Anderson  n'aurait  eu 
que  2  insuccès  sur  95  cas. 

(Gazette  médicale  de  Paris,) 


Du  délire  et  du  ooma  digitaliques.  — 

M.  Durozier  résume  d'abord 'seize  observa- 
tions où  la  digitaline  paraît  avoir  été  la 
cause  d'accidents  comateux  ou  délirants, 
puis  il  ajoute  : 

«  D'après  ces  faits,  si  notre  interpré- 
tation est  juste,  ce  que  nous  n'affirmons 
pas,  des 'doses  modérées  onl  pu  donner  la 
mort.  Sans  doute  et  heureusement^  les 
accidents  ne  se  montreront  pas  toujours^ 
mais  il  suffit  qu'ils  soient  possibles  pour 
qu'on  surveille  le  médicament  pas  à  pas 
comme  le  conseille  Hirtz. 

»  Toutes  les  fois  qu'il  y  a  anémie,  il 


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H 


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faut  redouter  la  digitale  (qu*il  faudrait 
appeler  la  pâle  plutôt  que  la  pourprée)  ; 
rinsuffisance  aortiquc,  la  cirrhose,  la  ma- 
ladie de  Bright,  le  rfiurnatisme  articulaire 
aigu,  la  stéatose  du  cœur,  la  supportent 
mal.  Les  cerveaux  congestionnés  par  le 
deliriuvi  Iremens,  par  le  rétrécissement 
mitral,  la  fièvre  typhoïde,  s*en  trouvent 
bien. 

»  Les  gens  âgés,  par- dessus  tout,  ont  à 
la  craindre,  et  probablement  les  femmes  et 
les  enfants. 

»  J'aurais  voulu  pouvoir  donner  les 
caractères  du  délire  digitalique  :  notre 
œuvre  d'interprétation  eut  alors  été  bien 
facile  ;  mais  c'est  une  élude  qui,  je  crois^ 
est  tout  entière  à  faire  et  ne  mènera  pas 
à  des  résultats  bien  précis.  Le  délire  doit 
varier  avec  les  habitudes,  le  degré  d'in- 
telligence^  la  maladie  de  chacun.  Les 
autres  états  du  corps  pourront-ils  nous 
mettre  sur  la  voie  ?  La  pâleur  nous  aver- 
tira mieux  que  le  pouls,  qui  est  presque 
constamment  fréquent  lorsqu'il  y  a  délire. 
Hutchinson  notait  l!20,  lliO  battements, 
tandis  qu'il  était  dans  un  état  voisin  du 
délire  ;  dans  une  seconde  expérience  plus 
modérée,  le  pouls  était  à  80.  Dans  les 
observations  que  nous  avons  citées,  le 
pouls  ne  se  ralentit  que  dans  un  ou  deux 
cas  ;  il  est  en  général  à  80,  quelquefois 
beaucoup  plus  élevé. 

»  Sans  doutc^  le  délire  n'est  pas  tou- 
jours mortel,  mais  c'est  un  symptôme 
grave  qui  mérite  qu'on  en  recherche  la 
cause,  afin  de  la  supprimer  s'il  est  pos- 
sible. 

»  La  digitale  parait  dangereuse  dans  la 
cirrhose,  dans  l'albuminurie,  dans  Tinsuf- 
aance  aortique,  en  un  mot  dans  l'anémie  ; 
elle  provoque  le  délire  et  peut  amener  la 
mort  à  sa  suite. 

{Bulletin  général  de  thérapeutique») 


préciable  de  la  face,  cinq  où  il  y  avait 
aussi  paralysie  plus  ou  moins  complète  du 
facial;  mais  Tune  et  l'autre  sous  la  dépen- 
dance très-probable  d'une  lésion  centrale. 
{Lyon  médical.) 


Paralysie  udîlatérale  du  voile  du  pa- 
lais, d'origine  centrale;  par  M.  DU- 
MENIL.  —  La  luette  étant  quelquefois 
normalement  déviée,  il  faut  pour  affirmer 
la  paralysie,  provoquer  des  contractions 
pendant  l'examen,  et  constater  que  le  côté 
paralysé  reste  béant,  l'arcade  du  ooté  sain 
s'effaçant,  que  le  pilier  postérieur  paralysé 
reste  accolé  à  la  paroi  pharyngienne,  le 
pilier  postérieur  du  côté  sain  s'en  déta- 
chant au  contraire.  L'auteur  donne  d'abord 
sept  observations  de  paralysies  unilaté- 
rales du  voile  du  palais  sans  paralysie  ap- 


Sur  l'angine  tuberouleutCi  par  M. 
ISAMBERT.  — -  L'aspect  des  tubercules  de 
la  gorge  est  absolument  le  même  que  celui 
des  tubercules  de  la  langue  qui  ont  pris 
droit  de  cité  dans  la  pathologie  depuis  une 
dizaine  d'années,  à  la  suite  des  observa- 
tions de  MM.  Juliard,  Trélat^  etc.  Les  ulcé- 
rations sont  précédées  par  la  formation  de 
granulations  tuberculeuses  superficielles, 
saillantes^  de  couleur  grise  ou  jaunâtre^ 
situées  sous  la  muqueuse,  généralement 
confluentes  et  groupées  en  plaques  à  con- 
tours sinueux.  Si  les  granulations  sout 
superficielles,  la  muqueuse  qui  les  recou- 
vre est  bientôt  érodée  et  ulcérée  à  leur  ni- 
veau. Ces  plaques  tuberculeuses  ditfèreot 
des  plaques  muqueuses  syphilitiques, 
parce  qu'elles  sont  d'un  gris  sale,  blafard, 
et  n'ont  pas  un  pourtour  rouge  comme  les 
lésions  syphilitiques.  Leur  surface  est,  de 
plus,  couverte  de  saillies  et  d'éminenccs 
mamelonnées  de  couleur  jaunâtre.  Ces 
noduk's,  incisés,  ne  laissent  presque  rien 
échapper.  Ils  paraissent  formés  par  des 
tubercules  à  l'état  caséeux. 

Le  siège  d'élection  de  ces  tubercules  ou 
plutôt  de  ces  plaques  tuberculeuses  est  le 
pilier  antérieur  du  voile  du  palais,  Tamyg- 
daie,  le  pilier  postérieur,  la  luette  cl  enfin 
la  paroi  postérieure  du  pharynx.  Sur  la 
luette  et  le  pharynx,  les  tubercules  sont 
généralement  isolés. 

L'ulcération  des  plaques  ne  se  fait  pas 
simultanément  et  régulièrement  sur  toute 
la  plaque  à  la  fois.;  elle  envahit,  au  con- 
traire, successivement  les  tubercules  qui  la 
constituent  et  qui  sont  éliminés  par 
une  suppuration  destructive  du  produit 
caséeux. 

D'après  les  observations  de  M.  Isam- 
bert,  celles  de  MM.  Bucquoy  et  Murtineau. 
les  altérations  qui  débutent  sur  le  voih?  du 
palais  ne  se  propagent  qu'ensuite  à  l'épi - 
glotte  et  au  larynx. 

La  marche  de  la  phthisie  pulmonaire  a 
été  très-rapide  dans  plusieurs  cas  ;  elle 
s'est  comportée  comme  une  phthisie  assez 
aiguë  ;  elle  a  été  plus  lente  dans  un  des  cas 
de  M.  Bucquoy. 

Les  accidents  locaux  du  côté  du  pharynx 
consistaient  dans  les  ulcérations  accompa- 


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gnées  de  douleor  assez  vive  et  «de  dys- 
pbagie. 

J'ai  eu  moi  méine  roccasion  de  soigner 
au  mois  de  juillet  1874,  un  malade  employé 
dans  une  maison  de  commerce,  et  qui  pré- 
sentait le  type  très-net  de  la  description 
donnée  par  AI.  Isambert.  Ce  garçon,  qui 
souffrait  depuis  une  année  environ  ie 
signes  très-manifestes  de  phthisie  pulmo- 
naire, n'avait  cependant  pas  interrompu 
son  travail.  Depuis  un  mois  environ  il 
souffrait  beaucoup  de  la  gorge,  et  il  avait 
maigri  en  raison  de  la  difficulté  qu'il  avait 
à  manger.  L'examen  de  la  gorge  fit  voir 
une  ulcération  à  bords  irréguliers,  feston- 
nés, grise,  avec  des  points  jaunâtres  sail- 
lants sur  la  partie  ulcérée,  d'aspect  blafard 
et  sur  les  bords  de  laquelle  il  y  avait  des 
granulations.  L'une  d'elles^  plus  saillante, 
était  bien  isolée  et  en  voie  d'ulcération  à 
son  sommet.  Cette  plaque,  ulcérée,  allon- 
gée de  bas  en  haut^  siégeait  sur  le  pilier 
antérieur  du  voile  du  palais  du  coté  droit. 
Il  y  avait  une  ulcération  de  même  nature 
mais  moins  avancée  sur  l'amygdale  du 
même  côté.  Je  n'hésitai  pas  à  porter  le 
diagnostic  d'ulcération  tuberculeuse,  car  la 
perte  de  substance  et  les  granulations  péri- 
phériques ressemblaient  exactement  à  la 
forme  d'ulcération  bien  connue  aujour- 
d'hui de  la  langue. 

L'examen  de  la  poitrine  montra  des  lé- 
sions très-avancées  des  deux  sommets  : 
dans  l'un  il  y  avait  des  cavernes  anciennes 
avec  leurs  signes  caractéristiques  ;  dans 
l'autre  des  cavernules  en  voie  de  formation. 

Je  prescrivis  un  traitement  général  et  je 
touchai  au  nitrate  d'argent  l'ulcération  du 
pharynx.  Le  malade  revint  à  ma  consulta- 
tion. Comme  je  partais  en  vacances,  je  l'a- 
dressai à  M.  Brouardel,  qui  voyait  pour  la 
première  fois  une  lésion  de  cette  nature, 
et  qui  fit  immédiatement  le  même  diagnos- 
tic d'ulcère  tuberculeux.  Le  malade  mourut 
pendant  le  mois  de  septembre. 

Le  diagnostic  de  cette  lésion  est  très- 
facile  avec  l'angine  diphtéritique  caracté- 
risée par  les  fausses  membranes  et  avec 
Tanginc  pultacée  caractérisée  par  la  mol- 
lesse et  la  friabilité  de  Texsudation  ;  dans 
Tangine  tuberculeuse,  en  effet,  les  granu- 
lations jaunâtres  saillantes  du  fond  de 
l'ulcère  tiennent  solidement  au  chorion 
uiuqueux  et  ne  peuvent  en  être  détachées 
quand  on  racle  la  surface  ulcérée.  Le  dia- 
gnostic n'est  pas  aussi  facile,  avec  les  ulcé- 
rations syphilitiques  de  l'époque  tertiaire. 
Celles-ci,  cependant,  sont  plus  profondes, 


leurs  bords  festonnés  sont  taillés  plus  régu- 
lièrement a  pic,  la  muqueuse,  conservée 
saine  autour  de  la  perte  de  substance,  est 
plus  rouge.  Elle  se  distingue  de  l'angine 
scrofuleuse  ulcéra tive  en  ce  que  celle-ci  a 
pour  siège  d'élection  le  fond  du  pharynx^ 
en  ce  qu'elle  s'avance  de  la  partie  posté- 
rieure à  l'antérieure,  en  ce  qu'elle  produit 
de  grandes  déformations,  des  adhéren- 
ces, etc.,  et  qu'elle  est  indolente.  Les 
ulcérations  tuberculeuses  sont,  au  con- 
traire, douloureuses,  et  enfin  elles  coexis- 
tent avec  la  phthisie  aiguë  ou  chronique. 

Quant  à  ce  qui  concerne  l'anatomie  pa- 
thologique de  ces  ulcérations  tubercu- 
leuses, elle  permet  d'affirmer  bien  nette- 
ment leur  nature.  Ou  y  trouve,  en  effet, 
d'après  l'examen  de  MM.  Troisier  et  Ha- 
not,  des  granulations  tuberculeuses  très- 
caractéristiques  qui  siègent  profondément 
dans  le  tissu  conjonctif  sous-muqueux.  Le 
chorion  muqueux,  au  niveau  de  l'ulcéra- 
tion, manque  ou  bien  il  est  infiltré  d'élé- 
ments cellulaires  en  dégénérescence  ca- 
séeuse.  La  lésion  peut  être  assimilée  en 
tout  point  aux  ulcères  tuberculeux  de  la 
langue  dans  lesquels  les  granulations  tu- 
berculeuses les  mieux  définies  «iégent  pro- 
fondément dans  le  tissu  conjonctif  inter- 
posé aux  fibres  musculaires  de  la  langue. 

J'ai  eu  l'occasion  d'examiner  au  micros- 
cope, au  commencement  de  l'année  4874-, 
le  voile  du  palais  d'un  malade  du  service  de 
M.  Bernutz,  à  la  Charité.  Le  voile  du  pa- 
lais était  très  épais  et  ulcéré.  M.  Bernutss 
avait  porté  le  diagnostic  d'ulcère  tubercu- 
leux. Le  malade  étant  mort  par  suite  des 
progrès  de  son  affection  pulmonaire,  nous 
fîmes,  M.  J.  Renaut  et  moi,  l'examen  ana* 
tomique  du  voile  du  palais  altéré.  L'épais- 
sissement  était  dû  surtout  à  la  formation 
de  tissu  embryonnaire  au  fond  et  aux  bords 
de  l'ulcération  et  à  une  hypertrophie  des 
glandes  acineuses  de  la  région.  Les  cellules 
épithéliales  de  certaines  de  ces  glandes 
étaient  Infiltrées  de  granulations  grais- 
seuses. Nous  trouvâmes  aussi,  sur  le  bord 
de  Tulcération,  des  amas  de  cellules  rondes 
ayant  la  forme  et  les  caractères  des  granu  - 
■  lations  tuberculeuses. 

D'après  l'ensemble  de  ces  faits,  on  doit 
nécessairement  admiettre  l'existence  bien 
prouvée  d'une  angine  tuberculeuse. 

La  forme  aiguë  décrite  par  M.  Isambert 
et  qui  est  très -bien  définie  en  raison  de  la 
présence  de  tubercules  récents,  n'est  pro- 
bablement pas  la  seule  qui  puisse  se  pré- 
senter à  l'observation. 


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Relativement  au  traitement,  M .  f sambert 
eroit  que  les  caustiques  énergiques  qu'il 
faudrait  employer  pour  détruire  les  parties 
profondément  atteintes  ne  seraient  pas  sup- 
portés par  les  malades,  et  que  les  caustiques 
superficiels  ne  peuvent  que  hâter  les  pro- 
grès de  Tulccration  ;  les  lésions,  d'ailleurs, 
sont  trop  générales,  celles  du  poumon  no- 
tamment, et  elles  marchent  trop  vite  pour 
qu'on  puisse  espérer  une  amélioration  ou 
une  guérison.  Aussi  se  borne- t-il  à  recom- 
mander des  palliatifs  pour  diminuer  la 
dysphagie,  les  narcotiques,  la  glycérine 
fortement  morphinée,  la- glace  avalée  en 
petits  morceaux,  et  une  alimentation  pure- 
ment liquide  (bouillons,  gelées  de  viandes, 
lait.  (Journal  des  conn,  méd.  prat,) 


De  la  soiatique  et  de  l'atrophie  mus- 
culaire qui  peut  la  ocoopliquer  ;  par 
M.  le  docteur  LANDOUZY.  —  La  cause 
-de  cette  atrophie^  plus  fréquente  qu'on  ne 
le  croit,  est  une  lésion  matérielle  nerveuse 
(névrite)  que  peuvent  produire  le  froid,  le 
rhumatisme,  une.  compression,  une  inflam- 
mation du  voisinage.  L'auteur  admet  deux 
espèces  de  sciatique,  l'une  est  une  névral- 
gie et  ne  s'accompagne  pas  d'atrophie 
musculaire,  l'autre  est  une  névrite  et 
s'accompagne  nécessairement  de  dystro- 
pliie,  curable  d'ailleurs.  Appartiennent  à 
la  sciatique- néyrite  les  caractères  des 
névrites  :  douleurs  rémittentes  ou  con- 
tinues, gravatives,  accompagnées  ou  non 
d'accès  de  souffrances  aiguës^  troubles 
trophiques  (épaississement  de  la  peau, 
atrophie  musculaire,  œdème,  zona).  Le 
traitement  antiphlogistique  est  ici  plus 
indiqué.  Les  courants  continus  doivent 
être  préférés  aux  courants  d'induction 
contre  l'atrophie.  {Lyon  médical.) 


qui  porte  sur  ii09,825  cas  d'anesthésie. 
Ils  sont,  on  le  voit,  de  nature  à  établir  une 
fois  de  plus  la  supériorité  de  l'éther 
sur  le  chloroforme.  Ils  tendraient  aussi  à 
faire  regarder  le  protoxydo  d'azote  comme 
moins  dangereux  encore  que  Téther. 
Malheureusement  il  y  a  une  objection  à 
faire  au  travail  du  professeur  américain. 
Il  faudrait,  pour  juger  en  parfaite  con- 
naissance de  cause  les  faits  dont  il  donne 
le  résumé,  connaître  la  durée  et  l'impor- 
tance des  opérations  pratiquées  pendant 
Tanesthésie.  Le  protoxyde  d'azote  est 
employé  plutôt  par  les  dentistes  que  par 
les  chirurgiens.  C'est  dire  qu'on  ne  lui 
demande  ordinairement  qu'une  anesthésie 
de  très-peu  de  durée,  et  il  n'y  a  pas  de 
comparaison  à  faire  au  point  de  vue  de 
l'innocuité  entre  le  fait  d'endormir  un 
malade  pour  le  temps  seulement  néces- 
saire à  l'extraction  d'une  dent  et  celui  de 
recourir  à  l'anesthésie  pendant  toute  la 
durée  d'une  opération  chirurgicale,  par- 
fois longue  et  parfois  aussi  pratiquée  sur 
un  sujet  gravement  affaibli  par  les  circon- 
stances antérieures.  {Ibid.) 


Des  dangers  comparés  de  l'anesthésie 
produite  par  l'éther,  le  chloroforme,  le 
biohioride  de  méthylène  et  le  protoxyde 
d'azote.  —  t>'après  le  professeur  Andrews, 
du  collège  médical  de  Chicago,  les  divers 
agents  anesthésiques  auraient  donné  jus- 
qu'à présent  la  mortalité  suivante  : 

Ether  :  1  mort  sur  25,204  opérations. 

Chloroforme  :  1  mort  sur  2,723. 

Chloroforme  et  éther  mélangés  :  1  sur 
r>,588. 

Bichloride  de  méthylène  :  1  sur  7,000. 

Protoxyde  d'azote  :  I  sur  73,000. 

Ces  résultats  viennent  d'une  statistique 


Hémiopie,  par  Ch.  ABADIE.  —  Pour 
la  reconnaître  le  malade  est  placé  devant 
lin  tableau  noir  sur  le  centre  duquel  est 
dessinée  un  croix  blanche  qui  sert  de  point 
de  fixation.  Un  œil  étant  fermé,  un  objet, 
un  morceau  de  craie  tenue  à  la  main  est 
promené  sur  la  surface  du  tableau.  Si 
l'objet  n'est  pas  distingué  lorqu'il  est  à  la 
droite  du  malade,  il  y  a  hémiopie  droite; 
s*il  n'est  pas  vu  lorsqu'il  est  à  gauche,  il  y 
a  hémiopie  gauche...  Pour  la  lecture  et 
récriture,  l'hémiopie  latérale  droite  est 
beaucoup  plus  gênante  que  l'hémiopie 
gauche,  puisqu'on  lit  et  écrit  de  gauche  h 
droite. 

Outre  l'hémiopie  latérale ,  droite  ou 
gauche,  la  même  pour  les  deux  yeux,  ce 
qui  est  le  cas  le  plus  fréquent,  l'on  distin- 
gue une  hémiopie  nasale,  dans  laquelle  ce 
sont  les  deux  moitiés  externes  de  chaque 
rétine  qui  sont  paralysées,  et  une  hémiopie 
temporale,  dans  laquelle  la  paralysie  a 
atteint  les  deux  moitiés  internes  de  chaque 
rétine. 

Ij'auteur  conclut  en  admettant  : 

i»  La  semi-décussatiôn  des  nerfs  op- 
tiques ; 

2"  Que  l'hémiopie  latérale  suppose  une 
lésion  cérébrale  ou  une  lésion  intéressant 
la  bandelette  optique  opposée  ; 


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5<*  Que  rhémiopic  temporale  est  pro- 
duite par  une  lésion  intéressant  Tangle  an- 
térieur du  chiasma  ; 

4f<*  Que  rbémiopie  nasale  a  toujours  été 
de  cause  inlra -oculaire.  (tbid.) 


Des  cboroidîtes  et  de  leur  influence 
sur  la  faculté  visuelle  ;  par  P.  BERG- 
MEÏSTER.  —  L*auteur  commence  par 
passer  en  revue  les  altérations  si  diverses 
décrites  dans  les  publications  anatomo- 
pathologiqucs,  comme  constituant  Palté- 
ration  propre  à  Tune  ou  Tautre  choroïdite. 
Ces  altérations  consistent  en  une  hyper- 
plasie,  une  atrophie  ou  unedégénérescence, 
circonscrites  ou  plus  ou  moins  généralisées, 
et  s'attaquant  de  préférence, soit  austroma 
choroïdien,  soit  au  pigment  épithélial.  La 
rétine  peut  être  intéressée  ou  rester  plus 
ou  moins  intacte.  L'imago  ophthalmosco- 
pique,  quelque  variée  qu'elle  puisse  être, 
ne  se  fonde  pas  cependant  sur  la  diversité 
des  processus  anatomiques  ;  elle  emprunta 
ses  éléments,  dans  la  grande  majorité  des 
cas.  à  rétat  du  pigment  choroîdien  et  épi- 
thélial (atrophie  circonscrite  ou  diffuse). 

Le  vague  et  Tincertitude  dans  la  con- 
naissance des  choroïditcs  sont  augmentés 
encore  parce  fait  que  Timage  ophthalmos- 
copiquc;  au  dire  des  auteurs  récents,  ne 
fournit  pas  les  éléments  nécessaires  pour 
juger  de  la  gravité  de  Taffection  au  point 
de  vue  de  la  vision,  et  ne  saurait  suffire 
pour  fixer  un  pronostic  un  tant  soit  peu 
certain. 

Les  conditions  suivantes  ont ,  suivant 
Bergmeisler,  une  importance  capitale  au 
point  de  vue  de  Tacuité  visuelle. 

1**  Quand  les  processus  morbides  se 
localisent  dans  une  zone  moyenne,  située 
entre  Téquateur  et  le  pôle  postérieur  de 
rœil,  ils  influencent  très- peu  la  faculté 
.visuelle. 

Le  processus  morbide  s*approchanl  de 
la  papille  du  nerf  optique,  il  survient  des 
troubles  visuels  par  deux  causes  : 

a)  Par  suite  de  la  présence  du  cercle 
artériel  de  Zinn  en  cet  endroit,  la  circu- 
lation dans  la  papille  est  intéressée.  Hypé- 
rémie  de  cette  dernière,  gonflement  plus 
ou  moins  considérable,  et  par  suite  tor- 
peur rétinienne.  Si  rhypércmie  persiste 
longtemps,  on  voit  se  développer  Timage 
d'une  atrophie  plus  ou  moins  prononcée 
du  nerf  ; 

h)  Des  troubles  du  corps  vitré  survien- 
nent à  son  pôle  postérieur,  sous  forme  de 


filaments,  de  flocons,,  de  membranes, 
quelquefois  adhérents  à  la  papille.  —  Le 
processus  morbide  s*approchant  du  corps 
ciliaire,  le  corps  vitre  se  trouble  dans  son 
segment  antérieur,  et  tout  le  fond  de  Tœil 
est  comme  voilé.  Avec  un  réflecteur  faible, 
on  reconnaît  que  le  trouble  est  dû  à  un 
pointillé  très-Ân,  jamais  à  de  gros  flocons. 
Le  corps  ciliaire,  Piris  peuvent  s'enflam- 
mer, un  exsudât  peut  se  déposera  la  face 
postérieure  de  la  cornée. 

^°  Desimpies  plaques atrophiques, sans 
exsudation  préalable,  influencent  !a  vision 
beaucoup  moins  que  les  exsudats  circon- 
scrite, qui  plus  tard  s'atrophient  également. 
Les  troubles  causés  sont  locaux  (scotomes, 
photopsies,  métamorphopsie^  etc.)  et  rè- 
glent leur  intensité  sur  leur  siège  ;  par 
exemple  localisation  dans  la  macula  lutea. 

3"  Les  troubles  visuels  sont  très -intenses 
quand  en  même  temps  la  rétine  s'engage 
(choroïdite  syphilitique). 

L'auteur  donne  ensuite  une  division 
très^acceptable  des  choroïdites,  et  applique 
aux  différentes  espèces  les  données  précé- 
dentes. (An nales  d'oculistique. ) 


Méthode  d'Esmaroh  jugée  par  les 
Anglais.  —  La  méthode  d*Ësmarch,sibien 
accueillie  par  nos  voisins  d'Outre  Manche, 
commence  aujourd'hui  à  trouver  des  dé- 
tracteurs. Dans  un  mémoire  lu  devant  la 
Société  médicale  d'Edimbourg,  le  docteur 
Chiene  discute  les  avantages  et  les  incon- 
vénients de  la  compression  élastique  et 
termine  par  un  violent  réquisitoire  contre 
la  méthode.  Ce  procédé  serait  inapplicable 
et  même  dangereux  dans  beaucoup  de  cas. 
Parmi  les  nombreux  reproches  que  lui 
adresse  le  chirurgien  d'Edimbourg^  nous 
citons  les  suivants  :  i°  il  renvoie  dans  le 
courant  circulatoire  des  produits  de  nature 
suspecte,  cancéreux,  putrides,  etc.  ;  2<*  il 
produit  une  compression  trop  complète  et 
fait  le  vide  jusque  dans  les  capillaires, 
empêchant  ainsi  la  formation  d'un  coagu- 
Itim  convenable  dans  les  vaisseaux  d'un 
plus  gros  calibre.  La  méthode  de  Lister, 
employée  pendant  de  longues  années  à 
V Edinhnrgh  infirmary^  et  qui  consiste  à 
élever  le  membre  à  amputer  au  moyen  de 
bandages,  est  bien  préférable.  Le  simple 
tourniquet  lui-même,  qu'on  semble  aban- 
donner aujourd'hui,  est  plus  avantageux 
que  la  compression  élastique  ;  celle-ci,  en 
effet,  cesse  brusquement  et  expose  ainsi  à 
une  abondante    hémorrbagie  pendant   la 


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ligatare  des  gros  vaisseaux.  Avec  le  tour- 
niquet on  peut  diminuer  graduellement  la 
compression  et  éviter  en  partie  cet  incon- 
vénient. 

Ces  objections  faites  à  la  méthode  d*Es- 
march  ont  trouvé  un  écho  dans  la  Société 
médico-chirurgicale,  dont  la  plupart  des 
membres,  nous  dit  le  reporter,  partagent 
la  même  manière  de  voir  que  le  docteur 
Chiene.  Y  a-t-il  un  parti  pris,  une  cabale 
contre  le  chirurgien  allemand?  Nous  ne  le 
pensons  pas.  La  nouvelle  méthode  a  néces- 
sairement à  lutter  contre  les  habitudes 
prises,  et  Ton  ne  saurait  s'étonner  de  lui 
voir  des  ennemis.  Elle  n'a  peut-être  pas 
donné;  du  reste,  tout  ce  qu'on  avait  promis 
en  son  nom,  et  son  usage  est  loin  de  s'être 
généralisé  même  à  Londres,  où  elle  avait 
été  très- bien  accueillie  et  patronnée  par 
plusieurs  chirurgiens  autorisés. 

[L'A  beille  médica fe . ) 


Emploi  du  forceps  pour  extraife  la 
tète  du  fœtus  après  la  sortie  du  trono. 
—  Dans  la  grande  majorité  des  cas,  lors- 
que le  tronc  est  sorti,  une  manœuvre 
adroite  exécutée  avec  les  mains  seules  sullît 
pour  amener  au  dehors  la  tête  du  fœtus. 
Cependant,  il  est  des  cas  où  l'emploi  du 
forceps  est  non-seulement  utile,  mais  de- 
vient indispensable.  De  quelle  façon  de- 
vrait-on appliquer  cet  instrument;  devra- 
t-on  se  conformer  au  précepte  qui  veut 
qu'on  l'applique  toujours  au-dessotts  de 
l'enfant  qu'on  relève  ;  ou  toujours  en  le 
mettant  en  rapport  avec  sa  partie  anté- 
rieure, avec  le  plan  sternal  du  fœtus? 
Emploiera-t-on  ce  qu'on  a  appelé  la  mé- 
thode allemande  ou  la  méthode  française? 
M.  Grynfeit  montre  qu'aucune  de  ces  lois 
ne  doit  être  appliquée  à  l'exclusion  de 
l'autre,  et  il  étudie  chacun  des  cas  que 
l'accoucheur  peut  rencontrer.  La  tête,  res- 
tant la  dernière,  peut  siéger  au  niveau  du 
détroit  inférieur,  de  l'excavation  ou  du 
détroit  supérieur.  Pour  le  dire  de  suite, 
l'arrêt  de  la  lêle  au  détroit  supérieur  est 
excessivement  rare  et  il  serait  très  difficile 
d'appliquer  sur  elle  les  branches  de  Tinslru- 
nient.  Lorsque,  au  contraire,  la  tête  est 
arrivée  dans  l'excavation  au  niveau  du 
détroit  inférieur,  le  procédé  variera  sui- 
vant la  position  :  l**  s\  la  tête  est  en  occi- 
pilo-pubienne,  on  appliquera  le  forceps  en 
rapport  avec  le  plan  sternal  du  fœtus, 
c'est-à-dire  en  le  plaçant  au-dessous  de  lui  ; 
2°  si  la  tête  est  en  occipito-sacrée  et  qu'elle 


soit  fléchie,  c'est  encore  sur  le  plan  slemal 
qu'on  glissera  les  branches  de  l'instroment  ; 
3°  si,  au  contraire/  la  tête  est  défléchie, 
c'est  au  dessous  du  fœtns  qu'on  appliquera 
le  forceps;  i;"  enfin,  si  la  position  est 
oblique  ou  transversale,  on  la  transformera 
d'abord  en  position  directe,  en  occipito- 
pnbîenne  et  en  occipito-sacrée,  et  on  met- 
tra ensuite  en  usage  l'un  des  procédés 
ci -dessus  indiqués. 

(bulletin  général  de  thérapeutique,) 


De  la  compression  dans  l'hydarthrose 
du  genou.  —  La  compression  d'un  genou 
atteint  d'hydarthrosesefait  habituellement 
au  moyen  d'une  épaisse  couche  d'ouate 
enveloppant  l'articulation  et  vigoureuse- 
ment serrée  dans  les  tours  d'une  bande  de 
toile  ou  de  flanelle.  C'est  là  en  somme  un 
procédé  assez  défectueux/  à  cause  de  la 
facilité  avec  laquelle  les  tours  de  bande  se 
desserrent.  Avec  une  bande  de  caoutchouc 
on  n'a  pas  à  craindre  un  tel  résultat,  mais 
on  tombe  dans  un  autre  inconvénient, 
celui  d'imposer  au  malade  une  compression 
circulaire  qui  devient  rapidement  très-dou- 
loureuse, en  raison  de  l'élasticité  du  caout- 
chouc. Frappé  de  ces  difficnltés,M.Guyon 
a  eu  l'idée  de  substituer  à  la  compression 
circulaire  du  genou  l'application  d'un  ap- 
pareil ouaté  compressif  sur  une  gouttière 
qui  ne  laisse  à  découvert  que  la  partie 
antérieure  de  l'articulation.  Voici  comment 
il  procède.  Le  membre  étant  placé  dans  la 
gouttière,  des  feuilles  d'ouate  rectangu- 
laires sont  appliquées  sur  le  genou  et  for- 
ment, en  se  superposant,  une  couche  d'une 
grande  épaisseur.  C'.est  sur  la  gouttière 
qu'est  enroulée  la  bande  circulaire,  et  on 
voit  par  là  que  la  compression  ne  porte 
que  sur  la  partie  antérieure  du  genou,  les 
faces  postérieures  et  latérales  du  membre 
étant  protégées  par  la  gouttière.  On  évite 
ainsi  au  malade  la  gène  et  la  douleur  qui 
accompagnent  si  souvent  une  constriction 
circulaire  énergique,  et  on  peut  pousser  la 
compression  beaucoup  plus  loin.M.Guyon 
a  déjà  obtenu  par  ce  procédé  de  compres- 
sion un  assez  grand  nombre  de  succès, 
parmi  lesquels  nous  nous  contenterons  de 
citer  comme  exemples  deux  observations 
dans  lesquelles  les  malades  se  trouvaient 
dans  deux  caractères  absolument  diffé- 
rents. 

Dans  la  première,  il  s'agit  d'un  jeune 
homme  de  dix-huit  ans,  chez  lequel  l'hy- 
darthrose  ne  datait  que  de  huit  jours.  Dans 


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la  seconde,  au  contraire^  le  malade  était  âgé 
de  cinquante- deux  ans,  et  répanchemcnt, 
de  nature  rhumatismale;  remontait  déjà  à 
cinquante  jours.  Dans  les  deux  cas,  Tap- 
piication  de  Tapparei!  ouaté  compressif  a 
été  supportée  sans  difficulté  par  les  ma- 
lades;  et  la  guérison  a  été  obtenue  en  dix 
jours  chez  Tun  et  en  vingt  trois  chez  l'au- 


tre. Ces  deux  exemples,  pris  entre  beau- 
coup d*autres,  sont  tout  à  Téloge  d*un  pro- 
cédé qui,  aux  avantages  d'une  application 
facile,  jamais  douloureuse,  et  d'une  guéri- 
son  relativement  rapide,  joint  celui  de 
convenir  aussi  bien  aux  épanchcments  ré- 
cents qu*aux  hydarthroses  déjà  anciennes. 

{Ibid,) 


Cbimle  médleiile  et  pbarmaeeatlqae. 


Sur  les  substances  qui  oontribuent  à  la 
réaction  acîde  de  Turîne;  par  M.  DO- 
NATH. —  On  attribue  généralement  avec 
Liebig  la  réaction  acide  de  Turine  à  la 
présence  de  phosphates  diacides  (mono- 
métalliques)  formés  par  l'action  de  Pacidc 
hippurique  et  de  l'acide  urique  sur  les 
phosphates  (dimétalliques).  On  sait  en  effet 
que  le  phosphate  disodiquc  dissout  les 
acides  hippurrque  et -urique  en  proportion 
beaucoup  plus  grande  que  l'eau  pure,  et 
que  ces  dissolutions  offrent  une  réaction 
acide  trcs-prononcée.  L'auteur  a  trouvé 
de  plus  que  la  quantité  dVide  qui.  se  dis- 
sout en  excès  est  équivalente  de  la  quantité 
de  phosphate  disodique  contenu  dans  la 
liqueur;  pour  chaque  molécule  du  der- 
nier, il  se  dissout  une  molécule  d*acide 
hippurique.  Enfin,  le  phosphate  trisodique 
en  solution  aqueuse  dissout,  par  molé- 
cule, deux  molécules  d'acide  hippurique 
en  plus  que  l'eau  pure.  L'acide  urique  et 
Tacide  benzolque  se  comportent  de  même. 
Ces  résultats  justifient  Thypothèse  de  Lie- 
big, en  montrant  que  les  trois  acides  enlè- 
vent un  atome  de  sodium  au  phosphate 
disodique,  et  même  deux  atomes  de  sodium 
au  sel  trisodique  pour  former  de  l'hippu- 
rate,  de  l'urate  acide,  ou  du  benzoatc  de 
sodium,  et  que  le  phosphate  se  convertit 
en  phosphate  acide  qui  communique  à 
Turine  la  réaction  acide. 

.Mais  les  deux  sels  en  pr/'sence,  phos- 
phate diacide  et  hippurate,  par  exemple, 
se  trouvent  dans  un  état  d*équilibre  insta- 
ble et  subissent  très-  facilement  la  décompo- 
sition inverse.  Ainsi  vient-on  à  soumettre  la 
dissolution  à  une  évaporation  lente,  elle 
donne  d'abord  des  cristaux  diacide  hippu- 
rique, ensuite  un  mélange  de  cet  acide  et 
de  phosphate  disodique  ou  trisodique.  sui- 
vant qu*on  a  employé  primitivement  l'un 
ou  l'autre  sel,  et  finalement  ces  phosphates 
seals,  sans,  qu'à  uo  moment  quelconque, 


on  puisse  reconnaître  la  formation  d'un 
cristal  d'hippurate  de  sodium.  Il  suffit 
même  d'agiter  la  solution  primitive  avec 
de  l'éther  f)our  dissoudre  une  not.able  pro- 
portion d'acide  hippurique. 

Dans  le  cas  de  l'acide  benzoïquc  on 
observe  des  phénomènes  analogues,  seule- 
ment, pendant  l'évaporation,  on  constate 
la  formation  d'une  faible  quantité  de  ben- 
zoate  sodique  ;  pour  l'acide  urique  ce  der- 
nier phénomène  est  plus  marque  et  l'on 
obtient  par  concentration  une  certaim^ 
proportion  d'urale  acide  de  sodium. 

Au  lieu  de  dissoudre  un  acide  dans  du 
phosphate  disodique,  on  peut  aussi  mé- 
langer des  molécules  égales  de  phosphate 
monosodique  et  de  bcnzoàte  ou  d'hippu- 
rate de  sodium  ;  la  solution  qu'on  obtient 
laisse  déposer  l'acide  benzoîque  ou  hippu- 
rique par  concentration,  et  cètle  ces  acides 
lorsqu'on  agite  simplement  la  solution  pri- 
mitive avec  de  l'éther. 

{Journal  de  pharmacie  d'Anvers.) 


Observations  sur  des  urines  réduisant 
la  liqueur  de  Feblins;;  sans  dévier  au 
polarimètre;  par  M.  DAVID.  —  Mon  ex- 
cellent maître  M.  P.  Thenard  a  bien  voulu, 
à  la  dernière  séance  de  la  Société  chimi- 
que, énoncer  le  résultat  d'un  travail  que 
j'ai  commencé  sur  les  urines,  et  qui  est 
resté  inachevé  faute  de  sujet  d'expérience. 
Pensant  que  ce  travail  peut  intéresser  les 
médecins,  et  que  le  cas  que  j'ai  examiné 
peut  se  présenter  en  maintes  circonstances, 
je  viens  dans  cette  note  donner  quelques 
détails  plus  précis,  et  ratifier  d'une  manière 
complète  les  paroles  que  M.  Thenard  a  ' 
prononcées  à  la  Société, 

A  la  suite  d'un  anthrax  d'une  violence 
inouïe,  qui  faillit  lui  ôter  la  vie,  mon  père 
après  s'être  très-bien  porté  pendant  8  à 
iO  mois  tomba  dans  un  état  d'affaiblisse- 


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KO 


KËVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


ment  qui  prit  bientôt  des  proportions  ef 
frayantes;  le  médecin  examina  ses  urines: 
elles  réduisaient  la  liqueur  de  Fehling,  et 
brunissaient  légèrement  lorsqu*on  les  chauf- 
fait avec  un  morceau  de  potasse  caustique. 
Jl  déclara  qu'il  était  diabétique  et  lui  or- 
donna le  traitement  du  diabète.  En  qualité 
de  chimiste  je  voulus  suivre  les  mouve- 
ments de  la  maladie,  et  pris  chaque  jour 
l'urine  de  la  nuit  pour  Texaminer. 

Un  premier  fait  me  frappa.  L'urine  ne 
réduisait  pas  franchement  la  liqueur  âe 
Fehling,  comme  lorsqu'elle  contient  du. 
glucose.  Il  fallait  une  ébullition  prolongée 
pour  produire  le  phénomène  d'une  manière 
bien  nette.  Néanmoins  en  attribuant  le 
dépôt  rouge  de  protoxyde  au  glucose,  l'ana- 
lyse en  décelait  10  à  12  gramnres  par  litre 
d'urine. 

Dixs  doutes  me  vinrent  alors,  doutes 
d'autant  plus  fondés  que  le  malade 
aucune  soif,  et  ne  rendait  pas  b^^^cWiù^ 
.litre  d'urine  par  jour.  J'exai»(;n)ai  donc^ 
l'urine  au  saccharimètre,  aprèkl^avoir  dé- 
fequée  soigneusement  avec  llflO  de  lèjr^ 
acétate  de  plomb.  Je  n'obtins  aucune  trace 
de  déviation.  L'observation  a  (ue  faite  par 
moi  et  contrôlée  par  M.  ThcnanL  4^9^  T?^ 
saccharimètre  perfectionné  de  M.  ùr  ^ 
qui  permet  d'apprécier  1/2  degré  avec  une 
grande  netteté. 

Je  cherchai  alors  un  moyen  de  séparer 
ce  produit,  qui,  à  la  manière  du  glucose^ 
réduit  le  tartrate  cupro- potassique  sans 
toutefois  dévier  au  polarimèlre.  Voici  la 
méthode  que  j'ai  suivie  : 

J'ai  traité  JJOO^^c  d'urine  fraîche,  rédui- 
sant bien  la  liqueur  de  Fehling,  par  100<^*' 
de  sous-acétate  de  plomb  concentré.  Il 
s'est  fait  un  gros  précipité  A  (urates, 
chlorures,  phosphates). 

J'ai  filtré  et  ajouté  dans  la  liqueur  claire 
de  l'ammoniaque  en  défaut,  c'est-à-dire  en 
quantité  insulBsante  pour  précipiter  tout 
Toxyde  de  plomb  de  l'acétate  en  excès  con- 
tenu dans  la  liqueur.  Il  s'est  fait  un  nou- 
veau précipité  B,  qui  devait  contenir  tout 
le  glucose,  s'il  y  en  avait.  Il  n'en  contenait 
pas. 

On  a  filtré  de  nouveau  pour  séparer  ce 
précipité  et  abandonner  la  liqueur  claire 
au  repos  pendant  une  journée.  Elle  a  laissé 
'  déposer  au  bout  de  ce  temps  un  précipité 
rougeclair  C.  Celui-ci  était  le  corps  inté- 
ressant. 

Ce  précipité  rouge-chair  a  été  recueilli, 
lavé«  et  remis  en  digestion  avec  de  l'eau 
distillée.   On  a  saturé  le  plomb   avec  de 


l'acide  sùlfurique  étendu  et  filtré,  pour 
séparer  le  sulfate  de  plomb  ;  puis,  dans  la 
liqueur  claire^  on  a  ajouté  de  l'eau  de  ba- 
ryte en  quantité  strictement  nécessaire 
pour  saturer  l'acide  sùlfurique  en  excès. 
On  a  filtré  et  examiné  la  liqueur.  Elle 
réduisait  la  liqueur  de  Fehling  abondam- 
ment, sans  donner  trace  de  déviation  au 
polarimètrc. 

La  mort  de  mon  pauvre  père  est  venue 
suspendre  le  travail.  La  matière  que  j'ai 
obtenue  serait,  d'après  ces  données,  facile 
à  isoler,  mais  il  faudrait  des  quantités 
d|urine  dans  ces  conditions  ;  les  médecins 
seiiis  peuvent  s'en  procurer. 

^^  fait.  —  Les  urines  fraîches  de  cha- 
que jour  ont  été  évaporées  dans  le  vide  à 
consistance  sirupeuse,  pour  être  soumises 
ensuite  à  l'analyse  immédiate. 

Pour  cela,  le  résidu  sirupeux  a  été  traité 
^^rl^dko^ concentré,  qui  a  dissous  l'urée 
etles^fiMiîè^  extractives  solubles,  laissant 
1îe  coté  l'^jàc  urique  et  une  partie  des 
sels.  v\ 

12l.€d9^i^io"  alcoolique  a  été  distillée  et 
le  résidu  de Ja /cornue  traité  par  l'étlier, 
ui  a  laissé  l^ée  dissoute,  et  s^est  charge 
un^iû^tipiT  excessivement  acide  au  pa- 
Jpi^j^-4tJurnesol.  Quel  acide  soluble  dans 
i'éther  pouvait  donc  se  trouver  dans  cette 
urine?  La  solution  éthérée,  évaporée  au 
bain-marie,  a  laissé  un  résidu  peu  soluble 
dans  Teau  froide,  plus  soluble  dans  l'eau 
I^ouillante  et  cristallisant  parie  refroidisse- 
ment. Cette  matière  acide,  purifiée  par  ce 
mode  facile  de. cristallisation,  a  été  exami- 
née plus  attentivement  et  j'ai  reconnu 
qu'elle  fondait  h  120%  qu'elle  était  soluble 
dans  200  p.  d'eau  froide  et  25  d'eau 
bouillante,  qu'elle  était  inflammable  et 
qu'elle  formait  des  sels  de  baryte  et  de 
plomb  insolubles.  En  un  mot,  l'acide  était 
de  l'acide  benzoïque^  fait  singulièrement 
anoripal,  et  contredit  jusqu'ici  par  bien  des 
médecins.  (Ihid.) 


Dosage  de  l'albumine  par  le  taBnîn. 

—  Le  dosage  de  l'albumine  par  une  solu- 
tion titrée  de  tannin  donne  des  résultats 
inexacts,  car  toutes  les  albumines  ne  fixent 
pas  la  même  quantité  de  ce  réactif.  Ainsi 
la  matière  albumineuse  contenue  dans 
l'urine  brightique  retient  57'  p.  100  de 
tannin  ;  celles  que  l'on  trouve  dans  les  cas 
d'albuminurie  accidentelle  n'en  retient  que 
28  p.  100,  —  Pour  doser  l'albumine  à 
l'aide  du  tannin,  il  faut  ajouter  au  liquide 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


M 


albamiiieux  la  moitié  de  son  volume  d*unc 
solution  à  20  p.  iOO  de  sel  marin;  on  y 
verse  une  quantité  suffisante  de  solution 
tanniquc  pour  que  toute  Palbumine  soit 
précipitée  ;  on  filtre,  on  lave  le  précipité 
jusqirà  complète  élimination  du  sel  marin  ; 
on  enlève  le  tannin  par  Taicool  bouillant, 
on  sèche  et  on  pèse.  (Ibid.) 


Sur  le  phosphate  ammoniaoc-magiié* 
sien;  par  MM.A.MILLOT  et  MAQUENNE. 
—  Le  phosphate  ammoniaco-magnésien 
précipité  en  liqueur  ammoniacale  se  pré- 
sente sous  la  forme  d*étoiIes  caractéristi- 
ques,- dont  il  est  impossible  de  déterminer 
la  forme  cristalline.  Pour  obtenir  ce  pro- 
duit cristallisé,  il  faut  que  la  précipitation 
ait  lieu  dans  une  liqueur  neutre  ou  légère- 
ment acide.  C'est  ce  qui  a  lieu  quand  on 
abandonne  l'urine  à  elle-même  (Neubauer) 
ou  quand  on  neutralise  par  Tacide  acétique 
une  liqueur  renfermant  en  suspension  le 
phosphate  en  étoiles. 

Dans  ces  conditions,  les  cristaux  sont  du 
système  rhomboidal  droit  ;  ils  ont  été  dé- 
terminés directement  à  Faide  de  cristaux 
trouvés  dans  le  guano  ou  nu  microscope  ; 
les  angles  à  la  base  sont  de  63<*  4'S  et 
HG"*  18';  ces  prismes  portent  générale- 
ment des  troncatures  sur  les  arêtes  et  Tas- 
pect  du  prisme  semble  un  trapèze  isocèle 
ou  même  un  triangle. 

Les  mêmes  cristaux  s*obtiennent  en  li- 
queur ammoniacale  en  présence  de  citrate 
d'ammoniaque  ;  il  est  à  remarquer  que  le 
tartrate  d'ammoniaque  ne  produit  aucun 
effet  semblable. 

Avec  une  faible  quantité  de  citrate  on 
obtient  de  gros  prismes  ;  à  mesure  que  la 
proportion  de  réactif  s'élève,  les  tronca- 
tures s'accentuent,  on  obtient  des  trapèzes, 
et  enfin,  avec  un  très-grand  excès,  des 
octaèdres  appartenant  toujours  au  même 
système. 

Dans  tous  les  cas,  ces  cristaux  ont, 
après  dessiccation  sur  Tacide  sulfuriquc, 
la  composition  connue 

PO\2MgO,AzH*0,12HO; 

à  i  00^  ils  abandonnent  toute  leur  eau  de 
cristallisation  en  perdant  leur  forme  cris- 
talline. 

D'après  Berzelius,  si  Ton  fait  bouillir 
une  liqueur  renfermant  un  équivalent  de 
sulfate  de  magnésie  et  un  équivalent  de 
phosphate  neutre  d'ammoniaque,  on  ob- 
tient  un  composé  cristallisé  ayant  pour 


formule  P0*MgO,AzH*O,4HO;  il  ajoute  au 
reste  que  cette  matière  aurait  besoin  d'être 
étudiée  de  nouveau. 

Dan»  ces  conditions,  on  obtient  d'abord 
du  phosphate  trimagncsique  qui,  en  pré- 
sence du  phosphate  d'ammoniaque,  se 
transforme  à  l'ébullition  en  phosphate 
ammoniaco-magnésien  cristallisé  en  gros 
cubes  très-nets  ou  en  tables  carrées. 

Sa  composition  est  toujours 

POS2MgO,AzH*0,2HO 
il  s'est  formé  d'après  l'équation 

PO»,2AzH^O,HO+2SO«,MgO=PO«. 
2MgO,AzH*0+2(SO»,AzH*0). 
séché  à  iOO*',  ee  produit  ne  change  ni  de 
composition  ni  de  forme. 

Ces  cristaux  n'offrent  aucune  coloration 
dans  la  lumière  polarisée,  ce  qui  a  lieu  au 
contraire  pour  les  prismes  rhomboldaux  ; 
ils  sont  complètement  insolubles  dans  l'eau 
pure,  tandis  que  ce  liquide  dissout  par 
litre  ^0  milligrammes  du  phosphate  en 
étoiles  ;  enfin,  je  citrate  d'ammoniaque,  qui 
dissout  ce  dernier  en  proportion  très-nota- 
ble, n'exerce  aucune  action  sensible  sur  le 
phosphate  cubique. 

D'ailleurs  cette  variété  ne  s'obtient  ja- 
mais dans  les  dosages  d'acide  phospho- 
rique. 

Lorsque  l'on  ajoute  un  excès  d'un  sel 
de  magnésie  h  une  dissolution  de  phosphate 
ammoniaco-magnési^  dans  le  citrate 
d'ammoniaque,  on  le  précipite  en  totalité  ; 
cette  propriété  justifie  complètement  le 
procédé  de  dosage  de  l'acide  phosphorique 
proposé  par  M.  Joulic  {Monitevr  scienti- 
figue),  mais  aussi  elle  montre  qu'il  est 
impossible  de  faire  le  dosage  de  la  magnésie 
à  l'état  de  phosphate  ammoniaco-magné- 
sien dans  des  liqueurs  renfermant  de 
l'acide  citrique.  (Ibid.) 


Reoherohes  sur  le  lait;  par  M.  N.  6ER- 
BER.  —  1.  Dosage  de  l'eau.  —  Pour  doser 
Peau,  on  prend,  d'après  Haidlen,  de  1  à 
3  grammes  de -sulfate  de  chaux  et  15  à 
20  centimètres  cubes  de  lait.  On  chauffe  ce 
mélange  sur  une  petite  flamme,  puis  dans 
rétuve  de  105  à  ilO  degrés.  Mais  il  vaut 
mieux  prendre  autant  de  sable  lavé  que  de 
lait  (10  à  20  grammes),  chauffer  ce  mé- 
lange au  bain- marie  et  après  dans  l'étuve  à 
110  degrés,  jusqu'à  ce  que  le  poids  ne  di- 
minue plus.  De  cette  manière,  le  lait  ne 
s'oxyde  pas  ot  on  obtient  des  résultats  très- 
exacts.  Pour  doser  l'eau  dans  du  lait  con- 


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52  REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 

dense,  il  faut  de  même  bien  mêler  ce  lail  plus  grands  et  plus  éloignés  les  uns  des 

avec  le  sable.  autres  que  dans  le  lail  ordinaire.  Aussi  ce 

2.  Dosage  du  beurre,  —  Le  dosage  du  lail  reste -t- il  beaucoup  plus  longtemps  sans 

beurre  par  le  procédé  de  M.  Hoppe-Seyler,  s*allércr,    comme   le  lail    qui   avait    été 

consistant  à  traiter  le  lait  dans  un  tube  chauffé,  ce  qui  semble  montrer  que  les 

gradué  par  i'élber  et  un  peu  de  potasse,  spores  sont  détruits   par  le  grand  froid 

laisse  toujours  de  la  potasse  dans  le  résidu  comme  par  la  chaleur, 

sec  ;  en   outre,  cette  méthode  n*est  pas  7.  La    pellicule  que  donne   le  lait  en 

commode  comme  manipulation.  bouillant  ne  contient  pas  seulement  de  la 

Le  lait  qui  a  servi  pour  doser  Teau  ne  caséine  coagulée  et  des  graisses,  mais  aussi 

peut  donner  un  résidu  apte  à  rcxtraction  de  Talbumine  coagulée, 

du  beurre  par  Téthcr.  8.  •Pour  doser  le  beurre,  j*ai  fait  con- 

Aussilôt  qu*on  a  coagulé  le  lait  d'après  slruire  un  appareil  consistant  en  un  léger 

la  méthode  ordinaire,  il  faut  Bllrer,  laver  flacon,  dans  la   tubulure  duquel  est  un 

d'abord  avec  de  feau  froide,  puis  avec  de  entonnoir  fermant  à  rémeri,  où  Ton  place 

Talcool  fort  et  tout  de  suite  après  avec  de  le  filtre  chargé  de  coagulum.   L'embou- 

rélher,  jujqu'à  ce  que  le  coagulum  soit  chure  de  rcntonnoir  est  jointe  à  un  réfri- 

épuisé.  Si  ou  laissait  celui-ci  devenir  com-  gérant  qui  condense  les  vapeurs  d'éther. 

pacte,  il  serait  impossible  plus  tard  d'en  On  place  dans  lu  flacon  trois  quarts  de  son 

extraire  le  beurre  par  Téther,  parce  que  la  volume    d'éther,    et   on    met    l'appareil 

caséine  enveloppe  toujours  des  parties  de  monté  sur  un  bain-marie.  On  chauffe  le 

graisse,  si  bien  qu'il  est  impossible  d'épui-  bain  jusqu'à    une    légère  ébullition  ;    de 

ser  le  résidu.  celte  manière,  Téther  dégraisse  le  coagu- 

5.  Dopage  de  l'albumine,  —  Pour  obte-  lum  de  bas  en  haut.  L'éther  qui  monte  au- 

nir  des  résultais  exacts,  il  ne  suffit  pas  de  dessus  du  filtre  se  condense  dans  le  réfri- 

chauffer  le  liquide  filtré  du   lait   caillé,  gérant  et  tombe  de  nouveau  sur  le  Gltre, 

traité  d'après  la  méthode  ordinaire   par  de  sorte  que  le  dégraissage  se  fait  de  lui- 

Tacidc  acétique  et  l'acide  carbonique,  mais  même  très-complétem^nt.    Cette  manière 

il  faut  révaporer  au  quart  de  son  volume,  de    dégraisser  présente  différents    avan- 

et  ce  n'est  que  de  cette  manière  qu'on  par-  tages  : 

vient  à  coaguler  dans  la  liqueur  à  peu  près  !«  On  ne  perd  point  d*éther  ;  2<>  la  ma- 
tous les  albuminates  exempts  de   lacto-  nipulation,  qui,  par  la  méthode  ordinaire^ 
protéine.                     ^  est  très-fastidieuse,   se    fait   d'elle-même; 
i.  Le  lait  coagulé  par  Pacidc  acétique  3**  après  avoir  dégraissé,  on  n'a  qu'à  dé- 
laisse séparer  la   caséine   beaucoup  plus  monter  l'entonnoir  et  le  réfrigérant,  dis- 
vite  que  le  lail  coagulé  spontanément.  liller  Téthcr^   chauffer  le  résidu  au  bain- 
b.  Du  lait  chauffé  dans  un  tube  de  verre  marie,  puis  à   Tétuve  à   iiO  degrés,   et 
au  bain-marie,  puis  scellé  à  chaud,  reste  peser  ;  on  obtient  le  beurre  par  «'ifférence. 
plus  de  trois  mois  incoagulé.  D'autre  part.  Celte  méthode  donne,  avec  peu  de  peiiie^ 
le    même    liit,    enfermé  sans   avoir   été  des  résultats  beaucoup  plus  exacts  que  les 
chauffé,    s'est  coagulé   après   quatre  se-  autres  procédés.  Ce  dégraisseur  offre  par 
maines.  sa  simplicité  beaucoup    plus  d'avantages 
6.  Dans  le  lait  exposé  à  un  grand  froid,  que  celui  de  M.  de  Bibra.  L'appareil  est 
on  trouve  les  globules  sous  le  microscope  construit  à  Paris  chez  les  frères  Alvergniat. 

Analyses  da  lait  de  ?ache. 

I.  11.            III.          IV.      Moyenne. 

Poids  spécifique.     .    .      f,023i  1.0256      1,029      1,0278      1,0262 

H20 84,55  86,84        88,79      84,67        86,21 

Beurre 4,56  3,95         i  50       3,73         4,18 

ÏÏb*JmL.  !    •    •    •      «'^^  <'"         5"       M«         4.« 

Sucre 5.36  2,38         2,70       5,65         4,28 

Sels 0,73  1,01         0.80        0,91         0,«« 

99,96  99,97        99,92      99,98        99,96 
Réaction  toujours  un  peu  acide. 


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REVUE  AiNALYTIQUb  ET  CRITIQUE. 


bù 


I. 

Puids  spéciGque  .  1,0i7 

Age  de  la  femme  .     :     .    33  ans. 
Age  da  lait 50  jours. 

H20 88,020  °/o 

Beurre 2,90    » 

Caséine.      )  .  ^^ 

Albumine.!     '    •     •    •  ^'^^    " 

Sacre 7,03    « 

Sels 0,31    »> 

99,86  »/o 
Réaction Neutre. 


Nouvelle  propriété  de  la  glycérine.  — 
R.  Godeffroy,  en  observant  une  glycérine 
chimiquement  pure,  trouva  que,  chauffée 
à  502  degrés  Fahrenheit  (150  degrés  cen- 
tigrades), elle  prend  feu,  et  brûle  avec 
une  flamme  bleue,  constante  et  non  lumi- 
neuse, sans  répandre  aucune  odeur  et  sans 
laisser  de  résidu.  Celte  glycérine  avait  une 
pesanteur  spécifique  de  4^60,9.  Celte 
propriété  permet  à  la  glycérine  d*une  fai- 
ble densité  de  brûler  h  Taide  d'une  «impie 
lampe  à  mèche.  (ibid,) 


_ 

tll. 

Lait  de  fei 
IV. 

nme. 

_ 

•i —  ' — ^ 

11. 

V. 

VK 

Moyenne. 

1,031 

32. 

74. 

1,029 

23. 

77. 

84.86 
5.25 

1,028 

27. 

48. 

8is62 
4,64 

1,031 

25. 
60. 

1,0215 
2n 
170. 

86,22 
4,54 

87.57 
3,4f 

Î'3J7 
2,15 

89.05  o/« 
3.30     • 

2.81 

2,74 

2.03 

2,03 

1,06 

1,79    « 

5,96 
0.41 

6,40 
0,75 

6,46 
0,22 

6,27 
0,67 

99,98 

3,^6 
0.14 

5,59  >. 
0,42     * 

9jf.94 

99,98 

99,97 

99,98 

99,95  r/c 

Neutie. 

Alcal. 

Neutre. 

Neutre. 

Neutre. 

{Répertoire  de  pharmacie.) 

Hédérîne  ;  nouvel  élément  du  lierre 
commun  (Hedera  hélix)  ;  par  le  docteur 
HARSTEN.  —  L'hédérine  est  un  principe 
amer  ;  quelques  chimistes  la  considèrent 
comme  un  alcoloîde;  il  n'en  est  rien  d'après 
Fauteur.  Pour  préparer  ce  produit,  le 
D'  Harsten  divise  finement  les  feuilles  de 
lierre  et  fait  une  bouillie  avec  de  Talcool 
à  85**,90°.  Après  deux  heures,  il  presse  et 
distille  Talcool.  Par  le  refroidissement,  un 
précipité  se  sépare  ;  on  lave  avec  de  Feau 
et  on  filtre.  Le  liquide  filtré  contient  de 
Tacide  hédérotannique,  le  rési  !u  est  dé 
rhédérinc  avec  des  matières  grasses  et  de 
la  chlorophylle.  On  dessèche  le  résidu, 
on  le  di:»sout  dans  Talcool  bouillant,  et, 
par  révaporalion  spontanée,  riiédérine  se 
sépare  en  petits  grains.  On  dessèche 
de  nouveau  et  on  lave  avec  la  ben- 
zine. Enfin,  on  le  lave  avec  de  Teau  et  on 
le  fait  cristalliser  dans  Talcool,  après  avoir 
décoloré  par  le  charbon  animal.  On  peut 
encore  le  dissoudre  dans  un  alcali,  et  préci- 
piter par  Tacide  chlorhydrique.  C'est  une 
poudre  légère,  qui  .<e  présente  en  écailles  au 
microscope.  A  peine  sduble  dans  Peau 
froide,  Téther^  la  benzine  ;  facilement  so- 
luble  dans  Talcool  bouillant.  Elle  donne  à 


Teau  la  propriété  de  mousser.  Elle  se  rap- 
proche ainsi  de  la  saponine,  mais  elle  n*est 
pas  aussi  soluble  qu'elle  dans  Tean  ;  elle 
ne  parait  pas  vénéneuse,  car  les  feuilles  de 
lierre  sont  pour  les  chèvres  une  nourriture 
recherchée.  Cet  élément  existe  en  grande 
quantité  dans  les  feuilles  de  lierre,  surtout 
dans  les  vieilles  feuilles,  qui  sont  exposées 
à  la  lumière  directe  du  soleil.  Le  docteur 
Kœnig  a  analysé  la  substance  ;  elle  eoii- 
lient  :  C=63,i4  0/0  H==i0,40.  Par  Tébul- 
lition  avec  Tacidc  sulfuriquc  elle  donne 
35  à  38  0/0  de  sucre. 

{Journal  des  connaissances  médicales.) 


Recherches  sur  Taoîde  salicylîque.  — 

M.  Julius  Alûller,  pharmacien  à  Breslau,  a 
essaye  comparativement  Taclion  antifcr- 
mentique  de  Tacide  salicylîque  et  de  Tacide 
phcniquc.  Il  a  vu  que  Tacide  salicylîque 
empêche  la  fermentation  du  sucre  de  raisin 
plus  facilement  que  Tacide  phénîque.  Au 
contraire,  une  moindre  quantité  d'acide 
phéniquc  que  d'acide  salicylique  suffit  pour 
empêcher  ou  retarder  la  fermentation 
putride  de  l'urine,  ou  d'une  infusion 
aqueuse  de  morceaux  de  foie  finement 
décoirpés.  L'auteur  explique  cette  diffé- 
rence d'action  par  la  volatilité  plus  grande 
de  l'acide  phénique  qui  en  ferait  un  meil- 
leur désinfectant. 

Poursuivant  cette  élude  sur  les  fermen- 
tations à  ferments  non  organisés^  M.  MûUer 
a  vu  que  dans  la  proportion  de  un  à  deux 
dixièmes  p.  cent  de  la  solution,  l'acide 
salicylique  peut  arrêter  ou  empêcher  la 
décomposition  de  Tamygdaline  par  l'émul- 
sine,  ou  la  transformation  de  l'amidon  par 
la  ptyaline,  ou  celle  du  glycogène  en  sucre, 
tandis  qu'il  faut  10  p.  cent  de  la  solution  d'a- 
cide phénique  pour  obtenir  les  mêmes  effets. 


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54 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Ces  expériences  entreprises  sur  le  pou- 
voir digestif  de  la  pepsine  en  présence  de 
ces  deux  acides  ont  donne  des  résultats 
analogues  avec  dos  écarts  moins  marqués 
cependant  entre  les  deux  acides.  Ingéré 
dans  Testomac  de  Thomme  ou  des  animaux 
vivants,  Tacide  salicylique  n'arrête  pas  la 
digestion  aussi  facilement  qu*on  aurait  pu 
le  croire,  ce  que  Tauteur  attribue  à  la 
prompte  et  facile  élimination  de  cette 
substance  par  les  émonctoircs  naturels. 

Suivant  M.  Mûller,  Tacide  salicylique 
doit  en  grande  partie  ses  propriétés  anti- 
septiques et  antifermontalives  à  sa  qualité 
acide.  Il  a  sur  Tacide  phénique  Tavantage 
de  n*étre  ni  irritant  ni  aussi  désagréable- 
ment odorant  ;  mais  Tacide  phénique  a  sur 
Tacide  salicylique  l'avantage  d'être  plus 
antiseptique,  grâce  à  sa  volatilité,  et  de 
pouvoir  facilement  se  combiner  avec  Thuile 
et  la  glycérine,  ce  qui  le  rend  d'un  emploi 
plus  commode. 

M.  Mûller  prépare  une  solution  aqueuse 
diacide  salicylique  en  dissolvant  une  partie 
de  cet  acide  dans  20  de  glycérine  chaude, 
et  en  ajoutant  80  parties  d*eau  à  cette 
solution. 

Sachant  que  l'acide  salicylique  est  éli- 
miné en  nature  par  les  urines,  et  que 
d'autre  part  de  petites  quantités  de  cet 
acide  suffisent  pour  empêcher  la  fermen- 
tation alcaline  de  l'urine  et  y  arrêter  la 
production  des  bacléri*'s,  M.  le  docteur 
Fûrbringer  (de  Heidelberg)  a  eu  l'idée 
d'administrer  à  riulérieur  cette  substance 
dans  des  cas  de  cystite,  de  pyélite  ou  de 
rétention  d'urine,  afin  d'empéchcr  dans 
ces  cas  la  fermentation  intra  vésicale  du 
liquide  urinaire.  Le  succès  a  pleinement 
couronné  ces  tentatives.  L'auteur  rapporte 
quatre  cas  à  l'appui  de  cette  pratique  ;  en 
voici  le  résumé  : 

l»  Phthisie  avancée  avec  paralysie  spi- 
nale. Urines  fétides  et  alcalines  ;  dépôt 
contenant  des  cristaux,  des  corpuscules 
purulents  et  des  bactéries.  L'urine  perd 
son  odeur  après  l'ingestion  de  4  grammes 
environ  d'acide  salicylique  par  doses  frac- 
tionnées. 

2"  Maladie  de  Brîght  chronique  avec 
catarrhe  des  voies  urinaires.  Urines  albu- 
mineuses,  très-alcalines,  fétides  et  conte- 
nant des  bactéries  et  des  corpuscules 
purulents.  Acide  salicylique  à  la  dose  de 
0,75  par  jour.  Le  neuvième  jour  l'urine  a 
perdu  ses  caractères  anormaux,  elle  con- 
serve .seulement  de  l'albumine  et  quelques 
corpuscules  purulents. 


5<>  Cystite  datant  de  plusieurs  années, 
exigeant  l'emploi  de  la  sonde.  Urines 
offrant  les  mêmes  caractères  que  plus 
haut.  Acide  salicylique  donné  à  la  dose 
quotidienne  de  0,75  centigrammes  à  1,50. 
Au  bout  de  douze  jours,  aucun  résultat 
sensible  ne  s^étant  produit,  on  lave  la 
vessie  à  grande  eau  pour  débarrasser  ses 
parois  de  la  couche  muco-purulente  que 
l'on  .suppose  devoir  agir  comme  ferment. 
Le  remède,  continué  à  l'intérieur,  ne 
tarde  ^pas  à  ramener  l'urine  à  son  état 
normal. 

i"  Cystite  aiguë.  Urines  alcalines,  pyru- 
lenlcs  et  fétides,  ayant  rapidement  repris 
leur  aspect  normal  après  l'usage  interne 
de  l'acide  salicylique. 

M.  Fûrbringer  fait  remarquer  que  dans 
tous  ces  cas  le  médicament  a  arrêté  les 
phénomènes  de  fermentation  urinaires 
sans  cependant  arrêter  la  formation  des 
cellules  de  pus  sur  la  muqueuse  vésicale 
et  sans  empêcher  l'état  purulent  de  l'urine. 
(Lyon  médicaL) 


Sur  l'acîde  salîoylîque  et  ses  proprié- 
tés antiseptiques.  —  L*altention  a  été 
appelée  dernièement  sur  les  qualités  anti- 
septiques de  ce  produit^  que  l'on  peut  obte- 
nir aujourd'hui  par  les  voies  synthétiques. 

L'acide  salicylique  est  cploré  en  jaune 
clair  ;  il  se  présente  sous  forme  de  cris- 
taux très  fins,  aisément  solubles  dans 
l'alcool,  l'éther  et  l'eau  bouillante,  mais 
non  dans  l'eau  froide.  Il  fond  à  51 8. degrés 
Fahrenheit  (160  degrés  centigrades).  Si 
on  le  chauffe  brusquement,  il  se  décom- 
pose en  acides  carbonique  et  phénique  ; 
chauffé  modérément,  il  sublime  sans  dé- 
composition. 

.  Le  professeur  Colbe  confirme  les  obser- 
vations de  Knapp,  Neugebauer,  Thiersch 
et  autres  ;  il  conclut  que  l'acide  salicyli- 
que possède  des  qualités  sérieuses  comme 
antiseptique  et  comme  moyen  préventif 
contre  la  fermentation  ou  la  putréfaction. 
Dans  bien  des  cas,  l'acide  salicylique  est 
préférable  à  l'acide  phénique,  il  n'a  pas 
d'odeur,  pas  de  saveur  désagréable;  il  peut 
être  employé  à  r.intérieur  comme  pour 
l'usage  externe  sans  entraîner  aucun  incon- 
vénient ;  et  il  a  été  employé  avec  succès  à 
des  usages  chirurgicaux. 

Les  expériences  du  professeur  Neuge- 
bauer prouvent  qu'une  petite  quantité 
d'acide  salicylique  suffit  pour  prévenir 
non-seulement    la  seconde    fermentation 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE 


5î> 


du  vin  et  par  eonséquent  le  trouble  quVlle 
produit,  mais  aussi  la  formai ioa  de  cham- 
pignons dans  les  tonneaux.  Les  expérien- 
ces du  professeur  Kolbe  montrent  que 
50  centigrammes  de  cet  acide  suffisent  à 
empêcher  la  fermentation  produite  par 
5  grammes  de  levure  de  bière  dans  une 
solution  de  120  grammes  de  sucre  dans 
1  lilrc  d*eau.  On  peut  conclure  de  ces 
expériences  que  Tacide  salicylique  serait 
utilement  employé  dans  la  conservation 
des  champagneSf  bières  et  sirops  destinés 
à  Texportation.  Une  autre  .  application 
importante  que  le  professeur  Kolbe  tire  de 
ses  expériences,  cVst  son  emploi  pour  la 
conservation  de  Teau  à  bord  des  navires 
soit  en  rajoutant  à  IVau  dans  la  propor- 
tion d*un  deux-cent  millième,  soit  en  cou- 
vrant la  bonde  des  tonneaux  de  coton 
trempé  dans  Tacide  salicylique,  ce  qui  prér 
serverait  Teau  par  la  fîltration  de  Pair.  On 
pourrait  de  même  préserver  les  provisions 
de  bouche  en  les  couvrant  diacide  salicy- 
lique. On  a  trouvé  que  la  coagulation  du 
lait  était  retardée  de  trente-six  heures  par 
Taddition  de  0,04  pour  100  d'acide  salicy- 
lique. Ces  différents  résultats  ont  été 
obtenus  avec  Tacide  salicylique  libre,  et 
non  avec  ses  sels.  Le  professeur  Kolbe 
pense  aussi  que  cet  acide  serait  particuliè- 
rement propre  aux  usages  de  toilette, 
comme  dentifrice  et  contre  Todeur  désa- 
gréable causée  par  la  transpiration. 

Quant  à  Tusagc  plus  important  de  cet 
acide  dans  les  pansements,  chirurgicaux. 
Je  professeur  Thiersch  et  le  docteur  Feh- 
ling,  qui  font  employé  d*une  façon  assez 
générale,  rapportent  quMl  annihile  Todeur 
de  la  putréfaction  sans  produire  aucune 
inflammation  apréciable,  et  qu'un  mélange 
de  1  partie  d'acide  salicylique,  3  parties 
de  phosphate  dé  soude  et  50  parties  d*eau 
active  la  cicatrisation. 

On  a  employé,  dans  les  opérations  chi- 
rurgicales, un  mélange  d'acide  et  d'eau 
dans  la  proportion  d'un  trois-centième,  on 
couvrait  la  plaie  de  ouate  trempée  dans 
cette  solution. 

A  l'hôpital  d*accouchements  de  Leipzig 
Facide  salicylique  a  été  employé  à  la  place 
de  l'acide  phcnique  dans  les  maladies  de 
la  matrice  et  pour  couvrir  les  ulcères 
puerpéraux.  Comme  cet  acide  est  soluble 
dans  les  huiles  grasses,  il  peut  être  em- 
ployé, comme  l'acide  phénique,  pour  les 
bandages  Lister. 

A  l'intérieur,  il  a  été  employé  contre 
les  maladies  contractées  par  contagion.  Le 


profesjseur  Kolbe,  après  expérience  per- 
sonnelle, a  trouvé  qu'il  pouvait  être  pris 
de  I  gramme  à  1  g.,  25  de  cet  acide  par 
jour,  sans  le  moindre  inconvénient  ni  trou- 
ble de  l'économie  générale. 

Les  premières  expériences  sur  l'acide 
salicylique  ont  été  faites  en  Allemagne.  . 
(Répertoire  de  pharmacie.) 


Reoberohe  des  matières  goudronneu- 
ses dans  rammoniaque  du  commerce  ; 
par  M,  KUPFFERSCHLAEGER,  de  Liégé. 
—  L'action  de  l'acide  nitrique  sur  le  sul- 
fate d'aniline  ayant  été  décrite  à  diverses 
reprises,  peut  être  considérée  comme  con- 
nue; mais  ce  qui  ne  l'est  guère,  c'est  l'ap- 
plication qu'on  peut  faire  de  cette  réaction 
très-sensible  à  la  constatation  de  la  pureté 
de  l'ammoniaque  caustique. 

Plusieurs  traités  de  chimie  analytique 
rapportent  que  l'épreuve  la  plus  certaine 
à  faire  subir  à  une  ammoniaque  douteuse, 
dans  le  but  d'y  constater  la  présence  de 
matières  organiques  incolores  de  nature 
goudronneuse,  consiste  à  en  verser  un 
excès  dans  une  dissolution  ferrique  et  à 
abandonner  le  vase  couvert  au  repos,  jus- 
qu'à éclaircissement  de  la  liqueur  surna- 
geante: de  la  filtrer  ensuite,  puis  d'y  ver- 
ser du  sulfhydrate  d'ammoniaque,  qui  ne 
produira  rien,  si  l'ammoniaque  est  pure 
(parce  qu'elle  aura  précipité  tout  l'oxyde 
ferrique),  mais  qui,  dans  le  cas  contraire, 
y  produira  un  précipité  noir  de  sulfure  de 
fer,  ou  une  coloration  brune,  selon  la 
quantité  de  métal  restée  dans  la  liqueur. 

Ce  procédé  long  et  compliqué  n'indique 
nullement  l'origine  de  l'ammoniaque,  ni  la 
nature  de  ses  impuretés.  C'est  pourquoi 
nous  lui  préférons  la  coloration  que  l'acide 
nitrique  produit  avec  l'aniline  et  la  tolui- 
dine  existant  presque  toujours  dans  l'am- 
moniaque retirée  des  eaux  vannes  et  des 
eaux  goudronneuses  du  gaz  d'éclairage  ;  la 
moindre  trace  de  ces  matières  produit, 
dans  ce  cas,  une  coloration  rouge-groseille, 
surtout  si  l'on  opère  comme  il  suit  : 

On  verse  peu  à  peu  l'ammoniaque  que 
l'on  veut  essayer  dans  un  tube  d'essai  con- 
tenant quelques  centimètres  cubes  d'acide 
nitrique  incolore  et  étendu  du  quart  de 
son  volume  d'eau  :  si  elle  est  goudron- 
neuse, une  coloration  rouge -groseille  appa- 
raît immédiatement  et  devient  brune  à 
mesure  que  l'on  ajoute  de  l'ammoniaque 
impure;  en  outre,  le  mélange  s'échauffe 
considérablement  et  exhale  manifestement 


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Î5G 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Todeur  de  goudron,  surtout  si  Ton  n'ajoute 
pas  Tammoniaque  en  exeès,  cVst  à-dire  si 
Ton  cesse  lorsqu'elle  n'agit  plus  énergi- 
qucment  sur  Tacide  nitrique,  autrement 
son  odeur  dominerait.  La  couleur  brune 
persiste  indéfiniment. 

L'acide  chiorhydrique  employé  de  la 
même  façon  donne  aussi  lieu  à  une  colo- 
ration rouge  et  à  un  dépôt  de  chlorure 
ammonique  ;  l'acide  sulfurique  colore 
l'ammoniaque  essayée  en  brun  plus  ou 
moins  foncé,  et  la  réaction  est  tumul- 
tueuse; c'est  l'acide  nitrique  qu'il  est 
préférable  d'employer,  parce  qu'il  forme 
une  zone  bien  isolée  et  très-distincte. 

L'ammoniaque  goudronneuse  ne  peut 
servir  ni  à  la  précipitation  complète  des 
oxydes»  ni  à  la  préparation  de  certains 
réactifs,  notamment  du  molybdate  nitrico- 
ammoniquc,  qui  dans  ce  cas  est  brun, 
alors  qu'il  doit  être  incolore,  pour  recher- 
cher les  acides  phosphorique  et  arsénique. 

(Ibid.) 


Extraction  de  l'or  des  liquides  pau- 
vres ;  par  M.  BOTTGER.  —  On  ajoute  à 
la  liqueur  bouillante,  contenant  l'or  du 
stannate  de  soude  et  on  laisse  bouillir  jus- 
qu'à précipitation  complète.  On  recueille 
le  précipité  d'or  et  d'étain,  on  le  lave  et  on 
le  dissout  dans  Teau  régale.  On  a  ainsi  une 
solution  contenant  du  chlorure  d'or  et  du 
chlorure  d'étain.  La  liqueur  évaporée  avec 
soin  est  étendue  d'eau  distillée,  puis  addi- 
tionnée de  tartrate  double  de  sodium  et 
potassium;  par  l'ébullition  tout  l'or  se 
dépose  à  l'état  pulvérulent  tandis  que 
l'étain  reste  en  solution. 

{Journal  de  pharmacie  d'Anvers.) 


WLlmt.  liât,  médieale  et  pharm. 

Sur  la  production  de  la  gomme  adra- 
gante.  —  La  production  de  la  gomme  par 
les  végétaux  semble  dépendre  d'un  état  ma- 
ladif particulier,  dont  les  phases  princi- 
pales ont  été  étudiées  et  décrites  par 
M.  Trécul.en  <860.  Ce  savant  s'est  occupé 
seulement  de  la  formation  de  la  gomme 
dans  les  rosacées,  mais  on  admet  en  général 
que  celle  qui  est  produite  par  les  Acacia j 
et  qui  occupe  dans  le  commerce  une  place 
des  plus  importa nte.'i,  résulte  de  phéno- 
mènes analogues. 

La  maladie  de  la  gomme  nait  d'une  sorte 
de  pléthore  des  jeunes  tissus.  Les  sucs, 


arrivant  en  trop  grande  abondance  au  con- 
tact des  cellules  nouvelles,  les  ramollissent, 
les  entament  et  finalement  les  désorgani- 
sent. 11  se  forme  alors  des  lacunes  remplies 
de  liquide,  où  nagent  les  débris  des  tissus 
détruits.  Peu  à  peu  ces  lacunes  prennent 
des  dimensions  plus  grandes,  par  suite  de 
de  la  désagrégation  des  cellules  environ* 
nantcs,  et  si  elles  se  trouvent  dans  le  voi- 
sinage immédiat  des  couches  épidermi- 
ques,  elles  peuvent  se  faire  jour  à  la  sur- 
face du  végétal  et  produire  une  eschare 
.  plus  ou  moins  étendue  ;  si,  au  contraire, 
elles  restent  closes  de  toutes  parts,  elles 
deviennent  à  la  longue  des  réservoirs  de 
gomme.  Celle-ci  apparaît  au  pourtour  de 
iii  cavité  sous  forme  de  mamelons  gélati- 
neux qui  croissent,  se  colorent  en  jaune  ou 
en  brun  et  finissent  par  combler  le  vide. 
Dans  le  voisinage  des  fibres,  elle  parait 
exsuder  d*abord  de  leurs  parois,  puis  peu 
à  peu  les  transformer  elles-mêmes  avec 
leur  contenu.  Quand  les  lacunes  se  sont 
formées  près  de  l'écorce  ou  dans  des  cou- 
ches ligneuses  peu  résistantes,  leur  con- 
tenu arrive  à  se  faire  jour  au  dehors  et 
apparaît  alors  sous  la  forme  de  larmes 
transparentes  que  tout  le  monde  connaît. 

Tel  est  le  mode  de  formation  admis  pour 
les  gommes,  qui,  comme  celles  des  rosacées 
et  des  acacias,  sont  essentiellement  com- 
posées d'acide  gummique  ou  métagum- 
mique. 

La  gomme  adragante,  par  ses  caractères, 
son  origine,  diffère  essentiellement  de 
celles-ci.  D'après  M.  Hugo  !\lohl,elle  serait 
aussi  un  produit  pathologique  ayant  quel- 
que analogie  avec  les  précédents  :  elle 
est,  dit  cet  auteur,  le  résultat  d'une  trans- 
formation plus  ou  moins  complète  des  cel- 
lules de  la  moelle  et  des  rayons  médul- 
laires en  une  substance  gélatineuse  qui  se 
gonfle  par  l'action  de  l'eau  de  plusieurs 
centaines  de  fois  la  grosseur  primitive  des 
cellules.  Quand  on  examine  la  structure 
anatomique  des  astragales  qui  fournissent 
cette  gomme,  on  trouve  la  moelle  et  les 
rayons  médullaires  plus  ou  moins  modi- 
fiés, et  dans  tous  les  états  intermédiaires 
qui  permettent  de  suivre  les  différentes 
phases  de  la  transformation.  Les  cellules 
qui,  au  début,  ont  pris  une  consistance 
dure,  cornée,  sans  modifier  leur  forme, 
finissent  par  se  condenser  en  une  matière 
homogène,  où  leurs  parois  ne  sont  plus  re- 
connaissableS;  où  il  est  impossible  de  dis- 
tinguer les  minces  couches  qui  les  consti- 
tuaient. 


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REVUE  ANALYlIQtîE  ET  CRITIQUE. 


r)7 


Cette  origine  semblerait  devoir,  après 
coup,  confirmer  Popinion  de  Guibourt, 
d'après  laquelle  la  partie  soluble  étant  for- 
mée d'arabine,  la  partie  insoluble  de  la 
gomme  adragante  serait  constituée  par  un 
mélange  de  cellulose  et  d'amidon  en  partie 
altérés;  cependant  cette  opinion  n*est  pas 
exacte,  pas  plus  que  cetle  qui  est  admise 
généralement  par  les  auteurs  et  qui  se 
formule  ainsi  :  la  matière  soluble  diffère 
de  Tarabine  en  ce  qu'elle  n'est  pas  coagulée 
par  les  sels  ferriqucs  et  en  ce  que,  préci- 
pitée parTalcooI,  elle  offre  une  consistance 
dé  mucus  toute  spéciale;  quant  à  la  partie 
insoluble  dans  Teau  bouillante^  ce  serait 
une  substance  qu'on  a  désignée  sous  le 
nom  de  bassorine,  offrant  la  composition 
générale  des  amyloscs,  mais  très- différente 
dé  la  cellulose,  cl  caractérisée  par  sa  pro- 
priété  remarquable  de  se  gonfler  énormé- 
ment au  contact  de  l'eau. 

Guibourt  admettait  dans  la  gomme  adra- 
gante la  présence  de  Tamidon  ;  ce  fait, 
contesté  par  d'autres,  doit  se  rencontrer 
cependant  assez  souvent;  puisque  quelques 
auteurs  l'ont  confirmé.  Il  est  certain  que 
la  gomme  vermiculée  en  contient  une  plus 
grande  quantité  que  la  gomme  en  plaques, 
et  la  manière,  dont  se  forme  ce  produit, 
d'après  Hugo  Mohl,  expliquerait  très-aisé- 
ment la  présence  de  l'amidon.  Mais  on 
conçoit,  si  Ton  a  tant  de  peine  à  s'entendre 
à  propos  d'un  corps  aussi  facile  à  recon- 
naître, combien  il  est  plus  malaisé  de 
tomber  d'accord  sur  la  nature  qu'il  con- 
vient d'attribuer  à  la  substance  si  remar- 
quable qui  constitue  la  masse  de  la  gomme 
adragante  et  lui  donne  ses  propriétés  géné- 
rales. Aussi  régnait-il  sur  ce  point  une 
grande  confusion  et  avons-nous  été  heu- 
reux de  trouver  dans  les  comptes-rendus 
de  l'Académie  des  sciences  une  note  de 
M.  Giraud  qui  jette  sur  la  question  un 
jour  très  inattendu. 

Quand  on  fait .  digérer^  dix  l'auteur, 
jusqu'à  dissolution^  une  partie  de  gomme 
adragante  avec  50  parties  d'eau  acidifiée  à 
i/lOO  d'acide  chlorhydrique,  et  si,  après 
filtration;  on  ajoute  à  la  liqueur  un  excès 
d'eau  de  baryte,  le  précipité  qui  se  forme 
peu  à  peu  est  du  pectate  de  baryte. 

Quand  le  précipite  s'est  réuni  et  a  pris 
une  consistance  convenable,  on  peut  le 
laver,  le  suspendre  dans  Peau  et  le  traiter 
par  un  excès  d'acide  chlorhydrique  on 
acétique,  qui  dissolvent  la  base  et  laissent 
l'acide  pectique  à  l'état  de  précipité  pur. 
—  On  peut,  par  ce  moyen,  retirer  do  la 


gomme   adragante  environ   60  pour  i 00 
d'acide  pectique. 

..  La  manière  même  dont  on  obtient  l'acide 
pectique,  dans  cette  opération,  prouve  qu'il 
ne  préexistait  pas  dans  la  substance  et 
qu'il  a  pris  naissance  sous  Tinfluence  des 
réactifs;  il  s'agit  de  savoir  quelle  est  la 
matière  première  dont  il  procède  ;  M.  Gi- 
raud établit  sa  nature  d'après  les  observa- 
tions suivantes  : 

c  i*  La  gomme  adragante  est  très-peu 
soluble  dans  l'eau  froide  ;  elle  est  loin  de 
donner,  comme  on  l'avait  dit,  30  à  .50 
p.  iOO  de  gomme  soluble  ;  le  produit  filtré 
est  un  mélange  de  différents  corps  et  n'est 
pas  un  principe  défini  semblable  à  Tara- 
bine, 

»  2°  Lorsqu'on  met  la  gomme  adragante 
en  digestion  au  bain- marie  avec  50  fois 
son  poids  d^eau,  au  bout  de  vingt-quatre  • 
heures  environ,  toute  la  substance  gom- 
meuse  est  transformée  en  gomme  soluble, 
ayant  perdu  la  propriété  de  se  gonfler 
après  dessiccation  ;  celte  matière  nouvelle 
est  différente  de  l'arabine,  quoi  qu'on  en 
ait  dit  :  c'est  la  pectine. 

»  3<*  Soumise  à  l'action  de  l'eau  acidulée 
{acide  4,  eau  iOO),  cette  gomme  se  modifie, 
au  bain- marie  au  bout  de  deux  à  trois 
heures  ;  elle  devient  entièrement  soluble  ; 
le  nouveau  corps  qui  se  produit  est  prin- 
cipalement de  la  pectine,  précipitable  par 
Talcool,  mais  non  de  l'arabine,  comme  on 
l'avait  avancé.  La  quantité  de  glucose 
formé  pendant  celte  action  correspondant  à 
peine  au  dixième  de  la  matière  employée.  » 

Ainâî,  sQus^ccs  diverses  influences,  la 
gomme  adragante  se  transfoniie  en  pec- 
tine, soluble  dans  l'eau,  précipitable  par 
l'alcool,  et  susceptible,  par  l'action  des 
alcalis,  de  donner  des  pectalcs  et  des 
métapectates.  Et  cette  pectine  clicméme^ 
dérive  d'un  produit  pectique  insoluble, 
qui  forme  à  lui  seul  plus  de  la  moitié  du 
poids  de  ta  gomme,  et.  qui  parait  identique 
avec  la  peçtose,  décrite  par  i\l .  Frémy. 

On  sait  que  la  pectose  se  rencontre 
abondamment  dans  le  tissu  utriculaire  de 
beaucoup  de  fruits  et  de  racines;  elle 
accompagne  presque  constamment  là  cel- 
lulose qui  constitue  les  enveloppes,  mais 
ne  peut  être  confondue  avec  elle;  ainsi, 
sous  l'influence  des  acides,  la  cellulose  se 
transforme  en  dextrine,  puis  en  glucose, 
mais  ne  donne  jamais  de  pectine,  comme 
le  fait  la  pectose.  Le  .note  de  M.  Giraud 
semble  donc  infirmer  les  observations  de 
Hugo  Mohl,  qui  teudent  à  établir  que  la 

8 


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58  REVUK  ANALYTfQlIIÎ  RT  CRITIQUE. 

cellulose    des    astragales    se    change    en  saveur   franchement  aigrelette;  il  a  une 

gomnDe  adragante.  C'est  une  étude  à   re-  densité  égale  à  2o,3;  en  un   mot,  il  offre 

ifaire  en  entier;  il  serait  toutefois  curieux  les  caractères  apparents  des  bons  vinai- 

que  l'un  et  l'autre  savant  eussent  raison  et  grès  blancs. 

que  la  nature,  à  Taide  des  seules  forces  Mais  il  en  diffère  pourtant  sous  le  rap- 

physiologiques,   opérât   une   modification  port  de  ses  propriétés  chimiques.  En  effet, 

que    les   chimistes   sont   jusqu'à   présent  vient-on  à  le  traiter  par  l'acide  sulfhydri- 

impuissants  à  produire.  que,  il   fournit  un   précipite  blanc  qu'on 

M.  Giraud  a  complété  son  travail  par  n'obtient  pas  avec  les  vinaigres  purs,  et 

l'analyse   de  la    gomme  adragante;  d'un  qui  nous  a   fait  •soupçonnbr  qu'il  devait 

grand  nombre  de  dosages^  il  a  tiré  la  com-  contenir  un  sel  de  zinc, 

position  moyenne  suivante  :  Pour  nous  en  assurer,  nous  avons  éva- 

Ejh, .    20  pour  100.  P*^**®  -^  centimètres  cubes  de  ce  condi- 

Composé  pectique.    .    .    60        .—  ment;    nous   avons    incinéré   la    matière 

•^o">™e5olublc.    .    .    .8à^l0    —  extraclive  qu'il  nous  a  laissée,  puis  nous 

Amilîon'*!    !            .    .  2  à  3      —  avons  repris  les  cendres  provenant  de  Tin- 

Matières  minérales    .    .      3        —  cinération    par  l'eau    bouillante  acidulée 

Corps  azotés     .    .    .    .  traces.  avec    l'acide    nitrique.    Celles-ci    s'étant 

99        —  complètement  dissoutes,   nous  en   avons 

•    (Journal  de  pharmacie  d'Anvers.)  traité  le  solutum   par  l'ammoniaque,  des- 

•  linéc  à  précipiter  le  fer  et  les  phosphates 
de  chaux  et  de  magnésie,  et  à  dissoudre  le 

Falsiflcatioiis,   etc.  .  zinc  de  manière  à  le  séparer  de  eos  élé- 

—  ments    inorganiques.   Le  tout  ayant    été 

Falsification  du  séné.    —    On  trouve  jeté  sur  un  filtre,  noi^s  avons  obtenu  une 

sur  lo  marche  de  Londres  une   nouvelle  liqueur  claire  qui,  additionnée  d'acide  sul- 

rspèce  de  séné   nommée  fine  senna.    Ce  fhydrique,  donna  un  précipité  blanc,  in- 
nouveau séné  a   un  aspect  différent  du  '  soluble  dans  les  alcalis  et  les  sulfures  alca- 

véritable;  il  ressemble,  pour  la  couleur  et  lins,  mais  solubles  dans  les  acides  forts, 

la  grandeur,  aux  feuilles  de  séné  Tinne-  précipité  évidemment  formé  de  sulfure  de 

vclly.  11  est  formé  par»  le  Cassia  brevipes,  zinc,  qui  nous  permit  d'apprécier  la  quan- 

D.  C.;il  vient  deÇosta-Rica  et  de  Panama,  tité  de  ce  métal  et  de  déterminer  qu'elle 

Il   est  si   peu  actif,    qu'une   infusion  de  s'élevait  a  3  gr,  S  pour  100  de  vinaigre. 

15  grammes  est  sans  effet.  Ce  premier  point  établi,  nous  recher- 

{Répertoire  de  pfiarmacio)  châmes  à  quelle  cause  il  fallait  attribuer  la 

.._^_^,.,^_^  .  présence  de  cet  agent  toxique,  et,  d'après 

les  explications  fournies  par  le  dantinier. 

Vinaigre  zinoifére;  par  M.  JÂILLARD.  il  résulta    clairement    pour    nous    qu'on 

—  Dans  une  cantine  de  la  ville  d'Alger  se  devait  l'attribuer  au  séjour  plus  ou  moin^ 

manifeslcrent  dernièrement  des  accidents  prolongé  de  ce  vinaigre  dans  un  vase  de 

chez    les    consommateurs     qui    faisaient  zinc,  séjour  pendant  lequel  l'acide  acétî- 

usage    d'aliments    vinaigrés.    Notre    ami  que  avait  attaqué  le  récipient  de  manière 

M.  A...,  appelé  à  lour  prodiguer  ses  soins,  à  lui  enlever  une  partie  de  sa  substance  et 

constata  chez  la  plupart  des  syraptônoes  à  la  transformer  en  acétate  zincique. 

sensiblement    identiques,   à  savoir   :   des  En    admettant  cette,  explication   et  en 

vomiluritions,     des     vomissements,     des  supposant  que   le  ^inc  trouvé  fût  à  l'état 

selles  abondantes,  de  la  céphalalgie  et  de  d'acétate,  on  arrive  par  le  calcul  à  établir 

l'abriltement,    qui  cédèrent   facilement   à  que  ce  vinaigre  renfermait  D,66  de  ce  sel 

quelques  jours  de  repos,  et  qu'il  attribua  ponr  iOOO,  ce  qui  explique  aisément  les 

à  la  mauvaise  qualité  de  la  nourriture  qui  accidents  observés.                       (Ibld,) 
leur  avait  été  servie.  Sous  cette  inspira- 
lion,  M.  H...  préleva,  sur  la  provision  de 

vinaigre  qui  existait  dans  l'établissement  Pharmacie 

en   question,  un  échantillon  qu'il  voulut  ~ 

bien  confier  à  notre  examen.  Du  meilleur  procédé  pour  préparer  la 

Ce    vinaigre,   au  .premier    abord,    ne  décoction  de  racine  de  grenadier  ;  par 

semble  présenter  aucune  altération.  Il  a  M.   YVON.  —Depuis    l'introduction    du 

une    couleur    blanche    ro^^ce;    il   a    une  kousso  dans  la  thérapeutique,  l'emploi  de 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


59 


l'écoroe  de  racine  de  grenadier  contre  le 
(«nia  est  un  peu  abandonné.  Cependant 
nous  possédons  dans  cette  plante  un  spé- 
cifique presque  aussi  certain  que  le  kousso 
et  d'un  emploi  plus  facile.  C^  dernier,  on 
le  sait»  doit  être  infusé  dans  Peau  et  le  pa- 
tient absorbe  tout,  poudre  et  liquide. 
L'ingestion  de  cette  bouillie  épaisse  et  ' 
désagréable  cause  presque  toujours  des 
naurèes,  qui  déterminent  le  rejet  d*une 
partie  du  médicament,  et  souvent  la  por- 
tion conservée  n*est  pas  suffisante  pour 
déterminer  fentiére  expulsion  du  ver.  Ce 
fait  mérite  d'éfre  pris  sérieusement  en  con- 
sidération parle  praticien, surtout  &*ilveut 
bien  se  souvenir  que,  si  la  première  dose 
u*a  pu  être  tolérée,  la  seconde  Test  bien 
rarement,  à  cause  de  la  répugnance  in- 
stinctive excitée  par  le  précédent  échec. 

L'écorce  de  racine  de  grenadier  peut 
être  employée  fraîche  ou  &ècbe.  Aujour- 
d'hui ou  a  presque  généralement  renoncé 
à  ta  racine  fraîche,  dont  remploi  ne  pré- 
sente peut-être  pas  grand  avantage  et  que 
d*ailleurs  il  est  souvent  difficile  de  se  pro- 
curer. 

L'écorce  sèche  s'emploie  à  la  dose  de 
60  à  80  grammes  ;  le  Codex  prescrit  le 
modus  faciendi  suivant  : 

Écorcc  sèche  de  racine  de  grenadier     60  gr.  . 

Eau 730  » 

On  coutuse  l'écorce  et  on  la  fait  macérer 
pendant  douze  heures  dans  Teau;  on  fait 
bouillir  eusuite  jusqu'à  réduction  d'un 
tiers  et  l'on  passe. 

Le  Codex .  n'indique  point  si  Ton  doit 
laisser  refroidir  cette  décoction  avant  de 
la  passer. 

Si  Ton  prend  cette  précaution,  on  con- 
state qu'il  se  forme  un  dépôt  abondant, 
qui  finit  par  tapisser  d'uue  couche  grenue 
le  fond  du  vase  ;  le  liquide  surnageant  est 
toujours  louche  et  jie  peut  s'éclaircir 
même  par  des  fillrations  réitérées.  Cepen- 
dant le  décocté  chaud  est  assez  limpide.  Il 
se  précipite  donc  par  refroidissement  une 
certaine  quantité  de  principes  solubles  à 
chaud.  Pour  me  rendre  compte  de  ces 
faits,  j'ai  entrepris  les  quelques  essais  qui 
vont  suivre. 

10  grammes  d'écorce  de  racine  con- 
cassée ont  été  mis  en  macération  pendant 
douze  heures  avec  de  l'eau  commune  : 
au  bout  de  ce  temps  j'ai  porté  à  IVbulti* 
tion  et  fait  réduire  de  façon  à  obtenir  uu 
volume  égal  à  85  centimètres  cubes. 

J'ai  laissé  refroidir  kntement  après 
iiltration  du  décocté  bouillant.  Il  s'est  peu 


à  peu  troublé  et  a  déposé  une  couche 
grenue  comme  du  sable  fin.  J'ai  jeté  sur 
un  petit  filtre  Berzélius  taré;  le  liquide  ne 
s'est  point  écoulé  clair  et  il  est  resté  sur  le 
filtre  un  précipité  dont  le  poids,  après  des- 
siccation, fut  trouvé  de  0  gr.  205,  soit 
3  gr.  06  pour  iOO  de  racine. 

Ce  précipité  renfermait  une  assez-  forte 
proportion  de  principes  rnihcraù^L;  car  par 
incinération  il  a  laissé  un  résidu  de  0  gr. 
026,  ce  qui  porte  la  quantité  pour  100  a 
Ogr.  260. 

D'autre  part,  j'ai  mesuré  avec  soin 
iO  centimètres  cubes  du  décocté.  que  j'ai 
évaporé  dans  une  petite  capsule  tarée,  en 
consistance  d'extrait  sec.  Pour  ces  40  cen- 
timètres cubes  j'ai  obtenu  0  gr.  260  de  cet 
extrait,  soit  2  gr.  278  pour  les  85  centi- 
mètres cubes  et  22  gr.  780  pour  100. 

La  première  quantité  m'a  donné  0  gr. 
010  de  eendres  blanches,  ce  qui  porte  à 
Ogr.  850  pour  100. 

Ainsi  100  grammes  vrécorce  de  racine 
de  grenadier,  traités  comme  le  conseille 
le  Codex,  abandonnent  à  l'eau  24  gr,  84 
de  substances,  dont  2  gr.  06  se  précipitent 
par  refroidissement.  " 

La  racine  est-elle  entièrement  épuisée, 
en  suivanjt.le  procédé  que  je  viens  d'indi- 
quer? Pour  élucider  ce  point,  j'ai  pris  de 
nouveau  10  grammes  d'écorce  concassée, 
je  l'ai  laissée  macérer  douze  heures  avec 
de  Veau  distillée^  j'ai  traité  par  déplace- 
vient  et  conservé  à  part  ce  liquide.  Puis 
j'ai  soumis  le  résidu  à  des  décoctions  suc- 
cessives avec  Teau  distillée  \  j'ai  répété  dix 
fois  ce  traitement,  jusqu'à  ce  que  le  dé- 
cocté ne  fût  plus  sensiblement  coloré.  Les 
liquides  résultant  de  ces  décodions  succes- 
sives furent  réunis  et  réduits  par  évapora- 
lion  à  un  volume  tel,  qu'en  y  ajoutant  le 
premier  produit  de  lixiviation  mis  à  part, 
on  obtienne  un  volume  dé  105  centimètres 
cubes. 

Après  un  repos  de  deux  jours,  le  liquide 
ne  s'était  point  éclairci  et  il  s'était  formé 
un  dépôt  pesant  Ogr.  108^  soit  1  gr.  08 
pour  100,  et  contenant  sels  minéraux  0,19 
pour  100. 

Après  trois  autres  jours  de  repos,  le 
décocté  était  toujours  trouble  et  m'a  fourni 
par  évaporation  un  résidu  d'extrait  sec 
égal  à  32  gr.  80  pour  100,  soit  2  grammes 
de  sels  minéraux. 

11  est  certain  qu'en  opérant  ainsi,  on 
épuise  bien  plus  complètement  la  racine 
qu'en  suivant  le  procédé  du  Codex  ;  mais 
dans  les  deux  cas  le  produit  est  toujours 


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JREVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


très-trouble,  un  peu  pâteux,  et  par  suite 
répugnant.  Si  le  traitement  de  la  racine 
par  Teau  froide  ou  tout  au  plus  par  de  Tenu 
portée  à  une  température  insuffisante  pour 
altérer  les  principes  albuminoïdes,  donne 
une  solution  à  peu  près  aussi  riche  en 
principes  cxtractifj,  il  est  certain  que  ce 
second  mode  d'opérer  sera  préférable. 
L'écorce  qui  nous  est  fournie  par  la  dro- 
guerie a  été  séohée  à^air  libre  et  par  suite 
aucun  de  ses  éléments  n'a  pu  être  altéré 
par  la  chaleur  :  dans  un  bon  état  de  con- 
servation elle  doit  représenter  la  racine 
fraîche,  moins  Peau  ;  et  s'il  est  vrai  que 
cette  racine  fraîche  soit  plus  active  que. la 
sèche,  nous  aurons  donc  tout  avantage  à 
éviter  toute  altération  provenant  de  rem- 
ploi de  la  ch&leur. 

J'ai  pris  40  grammes  d'écorce  de  racine, 
et  après  l'avoir  concassée  assez  finement, 
je  l'ai  introduite  dans  un  appareil  à  dépla- 
cement et  laissée  en  contact  douze  heures 
avec  une  fois  et  demie  son  poids  d'eau 
distillée  froide.  An  bout  de  ce  temps,  j'ai 
ouvert  le  robinet  de  l'appareil  et  laissé 
s'écouler  le  liquide,  que  j'ai  déplacé  avec 
d'autre  eau  de  façon  à  obtenir  un  volume 
de  50  centimètres  cubes  que  j'ai  mis  à 
part.  J'ai  alor!$  contjnué  la  lixiviation  par 
de  l'eau  à  50  degrés  et  j'ai  ainsi  recueilli 
et  conserve  à  part  i25  grammes  d'un  nou- 
veau liquide. 

Finalement  j'ai  laissé  digérer  pendant 
une  demi  heure,  avec  une  nouvelle  quan- 
tité d'i^au  distillée  à  50  degrés.  Le  liquide 
résultant  de  cette  digestion  a  éié  réuni  aux 
125  grammes  provenant  de  l'opération 
précédente,  et  le  tout  évaporé  à  la  tempé- 
rature !a  plus  basse  possible  (elle  n'a  pas 
dépassé  55  degrés). 

Après    refroidissement,   j'ai    ajouté    le 
liquide  provenant  de  la  lixiviation  à  froid, 
.  j'ai  obtenu  un  voluii^  total  de  80  centi- 
mètres cubes. 

J'ai  laissé  en  repos  pendant  vingt-quatre 
heures.  Au  bout  de  ce  temps  le  liquide 
était  d'une  transparence  parfaite  et  pré- 
sentait une  belle  couleur  brune  foncée.  Il 
s'était  fait,  au  fond  du  vas'',  un  dépôt  bien 
net  dont  le  poids  était  0  gr.  458,  soit  i  gr. 
145  pour  iOO,  lequel  a  laissé  par. inciné- 
ration un  résidu  pesant  0  gr.  55,  soit  0  gr. 
087  pour  iOO.  10  centimèlres  cubes  de  la 
solution  ont  donné,  par  évaporation,  un 
joids  d'extrait  sec  égal  à  0  gr.  555,  soit 
pour  les  40  grammes  7  gr,  46  ;  pour  100, 
18  gr.  06  —  renfermant  en' sels  minéraux 
1  gr.  52. 


Comparons     maintenant .  les 
fournis    par   ces    trois    essais, 
tableau  comparatif   indiquant  la 
tion    pour    iOO  dans    les^  trois 
suivis  : 

Procédé  Décoctions 
do       successives. 
Codex. 


Poids  total  du  dépôt    2  gr.06 
Résidu  minéral.*    .    0     ,26 


1  gr.08 
0     ,19 


Substance  vég.diss.  21 
Partie  minérale.     .    0 


,93   50     ,80 
,85     2  ■  ,00 


Total     .  22gr.78  52gr.80 
Total  des  matières 
enlevées  par  Peau  24     ,84  35     ,88 


résultats 

Voici    le 

propor- 

procédés 

LixivIaUon 

et 
digesUon. 
1  gr.l45 

0  ,087 
17     .14 

1  ,52 

18gr.6(i 

19     ,805 

En  jetant  les  yeux  sur  ce  tableau,  il  est 
facile  de  voir  que,  suivant  le  procédé  indi- 
qué par  te  Codex,  on  n'épuise  pas  entière- 
ment la  racine. 

D'autre  part  comparons-le  avec  la  lixi- 
viation et  digestion  à  basse  température. 
Le  procédé  du  Codex  permet  d'enlever  à  la 
racine  24  gr.  84  pour  100  et  la  lixiviation 
rapide  19  gr.  80;  il  n'y  a  que  5  pour  100 
de  différence.  Je  ferai  ensuite  observer  que 
ledécocté^  étant  trouble,  contient  des  ma<- 
tières  insolubles  ;  ces  24  gr.  84  renferment 
donc  une  partie  inactiv&et  en  plus  les  sels 
existant  dans  l'eau,  puisque  le  Codex  ne 
fait  pas  prendre  l'eau  distillée;  tandis  que 
le  liquide  provenant  de  la  lixiviation  ne 
contient'  que  des  substances  solubles,  et 
d'une  limpidité  parfaite  ;  ce  poids  de  19,80 
n'est  pas  augmenté  par  les  matières  salines 
étrangères^  puisque  Ton  a  employé  l'eau 
distillée. 

Au  point  de  vue  de  Tépuisement  de  la 
racine,  il  y  a  donc  peu  de  différence  entru 
les  deux  derniers  procédés^  et  le  dernier 
offre  au  moins  l'avantage  de  n'altérer  en 
rien  les  principes  actifs  de  la  racine  de 
grenadier,  et  on  outre  de  donner  un  pro- 
duit d'un  aspect  plus  flatteur  à  Tœil  et  d'un 
goût  moins  désagréable. 

V  {Répertoire  de  pharmacie.) 


Du   sucre-tiiane  ;   par  M.  LIMOUSIN, 

avec  la  collaboration  de  M.  DELPECH.  — 
Les  tisanes  sont  de  véritables  médicaments 
mogitttraux,  qui  méritent  à  bien  des  titres 
de  fixer  l'attention  des  pharmacologistes  cl 
des  médecins. 

Sous  l'apparence  de  préparations  phar- 
maceutiques des  plus  simples,  elles  com- 
port»  ut  au  contraire  une  série  d'opérations 
auusi  diverses  que  compliquées. 

Sans  insister  sur  le  choix  et  la  qualité 
des  nombreuses  substances  qui  servent  à 


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61 


leur  confection^  il  nous  suffira  de  rappeler 
que  les  tisanes  se  préparent  avec  les  feuil- 
les, les  fleurs,  les.  fruits,  les  éeorces,  les 
bois,  les  racines  et  les  semences.  Toute 
substance  ou  partie  de  substance  qui  doit 
servir  à  faire  une  tisane  a  besoin  d'être 
inondée  ou  lavée,  et  privée  des  corps 
étrangers  qui  peuvent  lui  être  mélangés. 

Elle  doit  être  divisée  à  l'aide  dju  couteau, 
des  ciseaux,  et  même  du  mortier. 

L'eau  destinée  à  l'usage  d'une  tisane  a 
besoin  d'être  bien  choisie  ;  car,  si  elle  est 
trop  sélcniteuse,  elle  durcira  les  substances 
par  les  sels  calcaires  qu'elle  contiendra,  et 
par  suite  ne  les  pénétrera  pas;  inutile 
d'ajouter  que  le  médicament  prendra  une 
saveur  désagréable.  Enfin  il  faut  également 
déterminer  si  la  tisane  doit  être  préparée 
par  solution,  macération,  digestion  ou  dé- 
coction. 

Comme  on  le  voit,  ces  médicaments,  qui 
seipblent  d'une  préparation  si  facile,  exi- 
gent une  connaissance  exa'cte  de  la  matière 
médicale,  des  manipulations  pharmaceu- 
tiques et  des  modifications  que  l'eau  peut 
faire  subir  aux  substances  suivant  sa  qua- 
lité, le  degré  de  son  calorique,  et  le  temps 
du  contact. 

Si,  dans  l'antiquité,  Hippocrate  a  com- 
posé un  livre  sous  le  titre  n«pi  UrKrkvnç, 
De  la  Ptisane,  c'est  qu'il  attachait  une  vé- 
ritable importance  à  cette  boisson  des 
malades,  à  ce  remède  contre  la  soif  dans 
toutes  les  maladies  fébriles;  remède  et 
boisson  qui  constituent  quelquefois  un 
véritable  aliment  et  vienaent  ainsi  reven- 
diquer une  part  sérieuse  dans  le  traitement 
des  maladies. 

L'usage  et  la  variété  des  tisanes  se  sont 
beaucoup  augmentés  de  nos  jours;  mais,  il 
faut  le  dire,  leur  préparation  est  souvent 
défectueuse,  à  cause  des  nombreuses  diffi- 
cultés qu'elle  présente. 

Nous  citerons  les  suivantes  : 

1"  Les  ojaticres  premières  sont  de  con- 
servation difficile  :  les  fleurs,  les  feuilles, 
les  bois,  les  écorces,  les  racines  perdent 
rapidement  couleur,  odeur,  saveur,  et  de- 
viennent souvent  la*  proie  des  insectes. 
Pour  ces  causes,  on  n'en  peut  faire  provi- 
sion à  l'avance,  ou,  du  moins,  faut-il  les 
renouveler  fréquemment; 

2<»  Les  proportions  relatives  de  substance 
et  d'eau  à  employer  ne  se  trouvent  jamais 
suffîsamnieut  indiquées,  et  lorsqu'elles  le 
sont,  c'est  par  verrées,  pincées,  poi- 
gnées, etc.,  tous  modes  de  dosage  irrégu- 
liers et  incertains  ;  • 


5°  Les  conditions  de  température  et  de 
temps  dans  lesquelles  doit  se  préparer  une 
tisane  sont  variables.  Elle  peut  se  faire  à 
froid,  à  chaud,  par  infusion,  par  digestion, 
par  décoction,  par  macération,  ce  qui  con- 
stitue autant  de  causes  d'hésitation  ou 
d'erreur  ; 

4f*»  Ajoutons  enfin  l'obligation  où  l'on  se 
trouve  généralement  de  préparer  une 
quantité  de  tisane  plus  grande  que  celle 
qui  est  nécessaire  9  la  consommation  immé- 
diate, ce  qui  force  à  perdre  une  partie  du 
produit  ou  à  consommer  une  préparation 
en  partie  altérée. 

Pour  toutes  ces  raisons,  on  peut  dire  que 
les  tisanes  préparées  par  tos  procédés  ordi- 
naires renferment  presque  toujours  des 
proportions  variables  de  principe  actif,  et 
souvent  des  substances  inutiles  ou  désa- 
gréables. 

Dans  le  but  de  remédier  à  cet  état  de 
choses,  nous  avons  cherché  à  simplifier  et 
à  régulariser  une  préparation  dont  l'usage 
est  si  universellement  répandu. 

Le  produit  sur  lequel  nous  appelons  au- 
jourd'hui Tattention  remédie  complètement 
aux  nombreux  inconvénients  que  nous  ve- 
nons d'énuniérer;  nous  le  désignons  sous 
le  nom  de  sucrc^tisane. 

Voici  succinctement  notre  mode  opéra- 
toire : 

Avec  les  diverses  substances,  bien  choi- 
sies, disposées  et  dosées  suivant  les  indica- 
tions du  Codex,  nous  préparons  des 
liqueurs  concentrées  dans  le  vide  ou  ji 
basse  température,  afin  de  conserver  inté- 
gralement la  couleur,  le  parfum  et  les  prin- 
cipes actifs  des  plantes. 

Ces  liqueurs,  représentant  exactement, 
sous  un  petit  volume,  toutes  les  propriétés 
des  substances  employées,  sont  incorpo- 
rées dans  du  sucre  blanc  raffiné,  où  elles 
se  trouvent  pour  ainéi  dire  emprisonnées. 

Pour  les  substances  qui  contiennent  des 
principes  volatils,  nous  avons  recours  à  la 
distillation. 

Par  ce  moyen,  nous  obtenons  sous  un 
petit  volume  la  partie  aromatique,  qui  est 
ensuiter  mêlée  à  la  liqueur  extractive  et 
fixée  dans  un  poids  déterminé  de  sucre. 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  de  tenter 
une  chose  sans  précédent  et  d'une  inven- 
tion tout  à  fait  originale.  C'est,  au  con- 
traire, à  des  préparations  analogues  que 
nous  nous  sommes  reportés;  et  nous  rap- 
pellerons entre  autres  : 

1°  Les  sirops  secs  qui  figuraient  à  l'expo- 
sition universelle  de  1807,  sirops  destinés 


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à  rexportatioii  pour  remédier  aux  difficul- 
tés que  présente  Pcxpédition  des  sirops 
ordinaires,  à  cause  dfi  la  fermentation  ; 

2"  Les  différents  saccharolés  et  saccha- 
rures  indiqués  dans  les  formulaires; 

5^  Les  tisanes  sèches  préparées  avec  du 
sucre  en  poudre  et  des  extraits,  prépara- 
tions peu  répandues  et  d*un  dosage  sou- 
vent mal  déterminé  ; 

i<*  Certains  bonbons  préparés  par  les 
confiseurs. 

Mais  tous  ces  produits  divers  ne  peuvent 
répondre  qu'à  quelques  besoins  particuliers. 

Le  sucre-tisane,  au  contraire,  est  la  re- 
présentation exacte^  simple  et  pratique  de 
toute  une  série  de  préparations  magistrales. 
Sous  la  forme  et  le  volume  d'un  morceau 
de  sucre  ordinaire^  il  contient  la  proportion 
de  substance  active  exactement  calculée 
d'après  le  Codex  pour  une  tasse  à  tbé  d'eau 
simple.  Par  suite,  chaque  tasse  de  tisane 
est  composée  et  sucrée  d'une  manière  tou- 
jours identique  et  convenable. 

Ainsi  que.ie  sucre  lui-même,  qui  en  est 
la  base,  celte  préparation  n'est  susceptible 
d*aucuhc  altération.  Sous  cette  forme,  les 
substances  conservent  non-seulement  leur 
couleur)  leur  odeur,  leur  saveur,  mais 
surtout  leurs  vertus  médicinales. 

On  peut  donc  ainsi  préparer  instantané- 
m^^nt  {illico)  une  seule  tasse  de  tisane  lim- 
pide, sans  dépôt,  renouvelée  au  fur  et  à 
mesure  du  besoin,  et  l'on  fournit  aux  per- 
sonnes les  plus  inexpérimiintées  le  moyen 
«te  faire  avec  facilité  une  tasse  de  tisaHe 
toujours  identique  dans  sa  composition. 

On  supprime  ainsi  l'attirail  encombrant 
de  pots,  passoires,  éta mines,  etc.,  néces- 
saires à  la  préparation  d'uuetisunc  qu!ou 
obtient  souvent  trouble  malgré  toutes  ces 
précautions. 

Pour  l'usage,  il  suffit  de^verser  simple- 
ment sur  une  dose  une  tasse  à  thé  d'eau 
froide  ou  bouillante,  suivant  l'indication, 
puis  de  remuer  avec  une  cuiller  pour 
amener  la  dissolution  du  sucre-tisane. 
{Réperloire  de  pharmacie.  ) 


Huile  de  foîe  de  morue  à  la  quinine  ; . 
parM.STlLES^de  Huit).  -  On  saitqu'il 
y  a  douze  ans,  M.  Atlfield  montra  que  les 
alcaloïdes  naturels  se  combinent  à  l'acide 
oléique  et  peuvent  ainsi  former  des  oléates 
qui  sont  solubles  dans  l'huile.  M.  Sliles 
(de  Huile)  a  pensé  que  l'on  pourrait  uti- 
liser ce  fait  pour  obtenir  une  huile  de  foie 
de  morue  contenant  de  la  quinine.  Un  pre- 


mier essai)  dans  lequel  il  chercha  à  com- 
biner la  quinine  directement  avec  l'huile 
de  foie  de  morue,  ne  lui  donna  que  des 
résultats  peu  satisfaisants  ;  il  eut  alors 
ridée  de  combiner  l'alcaloïde  à  l'acide 
oléique  et  de  faire  dissoudre  ensuite  l'oléate  * 
ainsi  obtenu  dans  une  quantité  connue 
d'huile  de  foie  de  morue,  et  le  produit 
auquel  il  est  arrivé  est  tout  à  fait  sérieux  : 
sou  goût  participe  de  celui  de  la  quinine 
et  de  celui  de  l'huile  de  foie  de  morue  ; 
Tacide  oléique  passe  inaperçu  en  raison 
de  la  faible  quantité  qui  entre  dans  la  pré- 
paration. 

Voici  quelle  est  la  formule  et  la  mimière 
de  préparer  le  produit  : 

Sulfate  de  qoiniue-     ...        3  gramines. 

Acide  suifunque  dilué.    .     .        i     '    — 

Solution  irammoniaque  .     .        q.  s. 

Eau  distillée q.  s. 

Acide  oléique  purifié  .    .    -      3U  grammes. 

Huile  de  foie  de  morue   .    .    900        — 

Dissolvez  la  sulfate  de  quinine  dans 
l'acide  sulfufiqire  dilué  et  daus  120  gr. 
d'eau,  ajoutez  un  léger  excès  d'ammonia- 
que, et  agitez  bien,  versez  ensuite  le  tout 
sur  un  filtre  <le  calicot,  lavez  le  précipité 
et  séchez-le  eti  le  pressant  entre  plusieurs 
doubles  de  papier  buvant  .à  la  douce  cha- 
leur de  l'étuve.  Dissolvez  alors  la  quinine 
ainsi  obtenue  dans  de  l'acide  oléique  à 
l'aide  d'une  douce  chaleur,  et  mélangez 
cette  solution  à  chaud  avec  l'huile  de  foie 
de  morue,  de  manière  qu'une  cuillerée  à 
bouche  d'huile  représente  la  valeur  de 
5  centigraiiimes  de  sulfate  de  quinine. 
{Lyon  médical.) 


Toxicologie* 


Mort  subite  causée  par  une  injeotién 
de  per chlorure-  de  fçr.  —  Le  BritisU 
médical  journal,  du  26  juin,  rapporte 
qu'un  nœvus  de  la  paupière  supérieure 
traité  par  une  injection  de  quelques  gout- 
tes de  perchiorure  de  fer,  détermina  la 
mort  instantanée  du  patient  qui  tomba 
comme  frappé  de  la  foudre.  Ces  malheurs 
là  ne  sont  pas  exceptionnels  ;  ils  sont  dus 
à  la  communication  rapide  entre  les  vais- 
seaux injectés  et  les  branches  collatérales, 
surtout  dans  le  voisinages  d'un  organe 
essentiel.  Il  faut  donc,  quand  on  fait  usage 
d'un  pareil  procédé  opératoire,  être  bien 
assuré  de  pouvoir  limiter  la  iparche  et  la 
propagation  de  l'injection,  soil  en  agissant 
sur  des  régions  éloignées  du  centre  circu- 
latoire :  tels  sont  les  membres  ;  soit  lurs- 


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63 


qu'on    a   la   certitude    d'arrêter  par   une 
compression  les  efFels  du  liquide  injecté. 
-{Journal  des  conn.  médicales.) 


Action  physiologique  de  l'aoide  prus- 
Mque;  par'  M\l.    BOEHM   et    KNIE.   — 

Conchtsions  :  1°  l/acide  prussique  aigit 
directement  sur  le  système  nerveux  cen- 
tral, il  (fétruit  à  fortes  doses  ses  fonctions 
après  les  avoir  excitées  passagèrement  ; 
2<>  Les  altérations  observées  du  côté  de  la 
respiration  et  de  la.  circulation  résultent 
d'impressions  sur  les  centres  nerveux  de 
ces  fonctions  placées  dans  la  moelle  allon- 
gée ;  5*»  Le  nerf  vagire  ne  joue  aucun  rôle 
dans  la.  production  des  troubles  respira- 
toires et  circulatoires  produits  par  Tacide 
prussique  ;  i«  L'atropine  n'est  pas  l'anti- 
dote de  l'acide  prussique,  et  dans  un  cas 
d'empoisonnement,  le  traitement  le  plus 
sàr  consiste  à  pratiY]qer  la  respiration 
artificielle.  .    ^  {Ibfd.) 


Byg ièiie  pabltqne. 

Etude  «ur  la  margarine  au  point  de  vue 
de  rhygiène  alimentaire  ;  Par  A.  LAII-.- 
LER,  pharmacien  de  l'asile  départemental 
des  aliénés  de  Quatre  Mares- Saint^^Yon.  — 
«  Dans  les  régions  septentrionales  et  même 
dans  nos  contrées  tempérées,  les  corps  gras, 
dit  M.  le  professseur  Rouchardat,  doivent 
former  un  des  éléments  constants  de  l'ali- 
ment complet.  Ddus  les  pays  intertropicaux^ 
les  corps  gras  ne  sont  pas  aussi  néeessaires. 
à"  l'alimentation  de  l'homme,  et  ils  s'y  pro- 
duisent en  plus  grande  abondance;  aussi 
devons-nous  regarder  comme  un  progrès 
hygiéniqne  d'une  grande  importance,  ces 
importations,  chaque  jour  croissantes,  de 
graisses  végétales,  produites  par  les  coco- 
tiers, les  autres  palniiers,  les  illipés,  les 
huiles  de  Sésame,  d'Arachide,  etc.  Dans 
ces  contrées  chaudes,  ces  aliments  de  la 
chaleur^  de  la  vie  se  produisent  en  grande 
abondance  au  profit  des  pays  froids  qui  les 
utiliseront  (1). 

En  matière  d'hygiène,  on  peut  dire,  sans 
eraintc  d'être  contredit,  que  la  parole  de 
M.  Bouchardat  fait  autorité;  aussi  doit-on 
regarder  comme  un  progrès,  même  comme 
un  bienfait,  toute  innovation,  toute  décou- 
Terte  qui  dote  l'alimentation  publique  d'un 
produit  appartenant  à  là  classe  des  corps 

(l)  BoucharJai,  Nos  ressources  alimentnires 
pendant  le  siège  de  \S70. 


gras,  réunissant  les  conditions  de  qualité  et 
de  bon  marché.  Quelle  que  soit  son  origine, 
ce  produit  est  sûr  d'être  favorablement 
accueilli,  surtout  par  les  classes  peu  aisées 
de  la  société,  qui,  en  raison  de  la  cherté 
de  tous  les  objets  de  consommation  jour- 
lière,  sont  souvent  obligées  de  se  restreindre 
dans  les  dépensés  qu'impose  la  nourriture. 
D  ailleurs,  sans  recourir  aux  explications 
que  la  science  donne  sur  le  rôle  des  corps 
gras  dans  l'organisme^  tout  le  monde  com< 
prend,  ou  pour  mieux  dire  ressent  l'utilité 
de  ces  aliments  :  les  huiles,  les  graisses, 
lo  beurre,  entrent  sous  une  forme  ou  sous 
une  autrô,  dans  la  ration  du  riche  comme 
du  pauvre  ;  personne  ne  peut  s'en  passer, 
et,  par  cela  même,  il  est  à  souhaiter  que 
ces  produits  soient  d'un  prix  accessible 
à  toutes  les  bourses.  Un  principe  gras 
resté  jusqu'à  ces  derniers  temps  à  l'état 
isolé,  sans  emploi  dans  l'alimentation, 
vient  d'y  prendre  place.  C'»;st  aux  études  et 
aux  persévérantes  recherches  de  M.  Mège- 
Mouriès  que  nous  devons  cette  découverte, 
et,  en  raison  même  de  sa  nature,  ce  nouvel 
aliment  a  été  désigné  sous  le  nom  de  Mar- 
gnrine. 

Lorsque,  dans  le  courant  de  l'année  der- 
nière j'entendis  parler  pour  la.  première 
fois  de  l'usage  culinaire  de  cette  substance, 
je  n'en  augurai,  je  l'avoue,  rien  de  bon.  Je 
voyais  dans  la  Margarine  un  corps-  que  la 
chimie  nous  représente  comme  tout  à  fait 
impropre  à  l'alimentation.  Elle  existe  bien 
dans  les  graisses,  les  huiles,  le  beurre, 
dans  la  composition  duquel  elle  entre,  sui> 
vont  M.Nprori\éis,  pour  68  p.  c.  ;.mais  elle 
y  est  associée  à  d'autres  principes  immé- 
ditits.  dont  l'histoire  a  été  faite  en  grande 
partie  par  M.  ChevreuL  et  ses  propriétés 
individuelles  ne  peuvent  être  comparées  à 
celles  des  corps  gras  dont  elle  fait  partie 
intégrante.  J'en  qi  préparé  dans  mon  labo- 
ratoire à  une  époque  où  je  m'occupais  deis 
moyens  de  reconnaître  les  falsifications  des 
huiles,  deThuile  d'olive  en  particulier  (^), 
et,  certes,  son  aspect,  ses  caractères  orga-r 
noiepliques,  ne  pouvaient  pas  me  faire 
supposer  qu'elle  pût  entrer  dans  les  pré- 
parations culinaires  ;  du  reste  «  les  recher- 
ches bibliographiques  que  j'ai  faites  dans 
les  livres  anciens  ou  récents,  ne  m'ont'  pas 
permis  de  découvrir  que  la  Margarine  ait 
été  employée  comme  aliment. 

Plus  tard,  j'appris  que  la  substance  ven- 
due sous   le   nom   de   Margarine  Mouriès 

(2)  Lailler,  Comptes  rendus  de  l'Académie 
des  sciences,  1865. 


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Oi 


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était  obtenue  par  des  procédés  spéciaux  ; 
qu'elle  avait  été  Tobjet  d'un  rapport  favo- 
rable au  conseil  de  salubrité  de  la  Seine 
par  M.  Félix  Boudet,  membre  de  T Acadé- 
mie de  médecine,  dont  le  savoir  et  l'hono- 
rabilité me  sont  personnellement  connus  ; 
et,  enfin,  que  déjà  dans  certains  établisse- 
ments hospitaliers  on  se  louait  de  son  usage: 
C'est  alors  aussi,  que.  Ton  s'.en  procura  à 
TAsile  de  Quâtre-Mares  une  certaine  quan- 
tité pour  en  faire  l'essai  dans  l'alimentation 
dés  malades  de  TAsile,  en  place  de  beurre 
commun  de  cuisine. 

J'ai  examiné  chitniquement  cette  marga- 
rine, ainsi  que  celle  qui  a  été  achetée  de- 
puis ;  j'ai  suivi  avec  attention  et  intérêt  son 
emploi  comme  aliment  ;  c'est  le  résultat  de 
cet  examen  chimique  et  pratique  que  je 
vais  présenter.  Je  crois  devoir  le  faire 
précéder  de  l'extrait  suivant  du  rapport  de 
M.  Félix  Boudct. 

«  II  y  a  plusieurs  années,  à  l'époque  où 
M.  Mèg«-Mouriès,  chargé  par  le  gouverne- 
ment d'étudier  quelques  questloos  d'écono- 
mie domestiqué,  s'occupait  de  la  fabrication 
normale  du  pain,  il  fut  invité  à  faire  des 
recherches  dans  le  but  d'obtenir  pour 
l'usage  de  la  marine  et  des  classes  peu 
aisées,  un  produit  propre  à  remplacer  le 
beurre  ordinaire,  à  un  prtx  moins  élevé, 
eX  capable  de  se  conserver  sans  contracter 
le  goût- acre  et  l'odeur  forte  que  le  beurre 
prend  en  peu  de  temps. 

»  M.  Mège  entreprit  dans  ce  but  les 
expériences  suivantes  à  la  ferme  impériale 
de  Vincennes. 

.  »  11  mit  plusieurs  vaches  laitières  à  une 
diète  complète;  ces  vaches  éprouvèrent 
bientôt  une  diminution  de  poids  et  four- 
nirent une  proportion  décroissante  de  lait  ; 
mais  ce  lait  coutenait  toujours  du  beurre. 

»  D'où  pouvait  provenir  ce  beurre? 
M.  Mège  n'hésita  pas  à  penser  qu'il  était 
produit  par  la  graisse  de  l'animal,  qui  étant 
résorbée  et  entraînée  dans  la  circulation  se 
dépouillait  de  sa  stéarine  par  la  Combustion 
respiratoire,  et  fournissait  son  oléo-marga- 
rinc  aux  mamelles  où,  sous  l'influence  de 
la  pepsine  mammaire,  elle  était  transformée 
en  oiéo-margarine  butyreuse,  c'est-à-dire 
en  beurre. . 

»  Guidé  par  cette  observation,  M.  Mège 
s'appliqua  immédiatement  à  copier  l'opé- 
ration naturelle  en  employant  de  la  graisse 
de  vache  d'abord,  puis  de  la  graisse  de 
bœuf,  et  il  ne  tarda  pas  à  obtenir,  par  un 
procédé  aussi  simple  qu'ingénieux,  une 
graisse  fusible  à  peu  près  à  la  même  tem- 


pérature que  le  beurre,  d'une  saveur  douce 
et  agréable  puis  à  transformer  cette  même 
graisse  en  beurre  par  un  procédé  semblable 
à  celui  de  la  nature. 

»  Partant  de  ce  principe  que  les  graisses 
s'altèrent  en  présence  des  matières  ani- 
males, et  avec  une  rapidité  d'autant  plus 
grande  qu'elles  se  trouvent  en  contact  plus 
prolongé  avec  elles,  et  que  la  température 
est  plus  élevée,  il  s'est  attaché  d'abord  à 
réaliser  la  fonte  de  la  graisse  de  bœuf  brute 
a  la  température  de  45  à  50  degrés  seule- 
mcnt«  et  il  s'est  procuré  ainsi  un  produit 
sans  saveur  et  sans  odeur  étrangères,  qui 
lui  a  offert  une  base  excellente  pour  la 
préparation  du  beurre.  Voici  comment  il 
opère  : 

»  De  la  graisse  de  bœufs  abattus  le  jour 
même,  et  de  la  meilleure  qualité,  est 
broyée  entre  deux  cylindres  à  dents  coni- 
ques qui  l'écrasent  et  déchirent  les  mem- 
branes dont  elle  est  enveloppée.  Après 
avoir  subi  ce  broyage,  elle  tombe  dans 
une  cuve  profonde,  chauffée  à  la  vapeur, 
et  dans  laquelle  on  .'t  versé  pour  iOOO 
kilogrammes  de  graisse  brute,  eau,  300 
l^iiogrammes,  carbonate  de  potasse,  1  ki- 
logramme, plus  deux  estomacs  de  mouton 
ou  de  porc  coupés  en  fragments.  La  tempé- 
rature du  mélange  e>t  alors  portée  à  45  de- 
grés centigrades,  et  la  masse  est  remuée 
exactement.  Au  bout  de  deux  heures,  la 
graisse  dégagée,  sous  l'influence  de  la  pep- 
sine des  deux  estomacs,  des  metnbranes 
qui  l'enveloppaient,  se  trouve  entièrement 
fondue  et  réunie  à  la  partie  supérieure  de 
la  cuve  ;  elle  est  alors  au  moyen  d'un  tube 
mobile  surmonté  d'une  pomme  d'arrosoii^, 
décantée  dans  une  seconde  cuve  chauffée 
au  bain- marie  à  50  ou  40  degrés,  eu  elle 
est  additionnée  de  2  p.  c.  de  sel  marin 
pour  en  favoriser  la  dépuration.  Deux 
heures  suffisent  pour  que  celte  graisse  dé- 
gagée des  fragments  de  matière  animale 
qui  ont  échappé  à  l'action  dissolvante  de 
la  pepsine,  et  de  Teau  qu'elle  retenait  en- 
core, et  devenue  claire,  offre  une  belle 
couleur  jaune,  une  odeur  franche  analogue 
à  celle  du  beurre  récemment  baratté,  et 
puisse  être  écoulée  dans  des  cristallisoirs 
en  fer-blanc  d'une  capacité  de  25  ou  50 
litres. 

»  Dès  qu'ils  sont  remplis,  ces  cristalli- 
soirs sont  déposés  dans  une  pièce  entrete- 
nue à  20  ou  25  degrés,  où  ils  se  refroidis- 
sent lentement.  Le  lendemain,  la  graisse 
ayant  acquis  une  consistance  demi-solide, 
présente  un  aspect  grenu  et  comme  cris- 


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65 


tallisé  qui  la  rend  très-propre  à  subir 
Taction  de  la  presse  ;  elle  est  alors  coupée 
en  gâteaux,  empaquetée  dans,  des  toiles  et 
mise  à  la  presse  hydraulique. 

»  Sous  rinfluence  d'une  pression  ména- 
gée, dans  un  atelier  maintenu  à  la  tempé- 
rature de  25  degrés  environ,  cotte  graisse 
se  partage  en  deux  parties  à  peu  près 
égales  :  Tune  qui  représente  48  à  50  p.  c. 
de  la  matière,  est  de  la  stéarine  fusible 
entre  40  à  50  degrés,  qui  reste  dans  les 
toiles  ;  Tautrc  est  de  Toléomargarine 
liquide  en  proportion  équivalente  aux  5  ou 
^  dixièmes  de  la  graisse  sur  laquelle  on  a 
opéré. 

B  'La  stéarine  trouve  son  emploi  dans  les 
fabriques  de  bougies  où  elle  peut  servir  à 
faire  des  bougies  de  stéarine,  ou  des  bougies 
d*acide  stéarique. 

h  Quant  à  Toléomargarine,  lorsqu'elle 
s'est  figée  par  le  refroidissement»  elle  pré? 
seute  un  aspect  grenu,  une  couleur  légè- 
rement jaune  et  une  saveur  agréable  qui 
ne  rappelle  ni  celle  du  suif  ni  celle  de  la 
graisse  ;  elle  fond  d'ailleurs  parfaitement 
dans  la  bouche  comme  le  beurre^  tandis 
que  la  graisse  de  bœuf  s'y  partage  en 
oléomargarine  qui  fond,  et  en  stéarine  qui 
s'attache  plus  ou  moins  au  palais. 

*  L'oléomargarine  ainsi  obtenue,  passée 
aux  cylindres  sous  une  pluie  d'eau,  pour 
étrer  lavée  et  recevoir  une  consistance 
homogène,  constitue  la  graisse  de  ménage 
ou  graisse  de  conserve,  destinée  à  rempla- 
cer avec  avantage  el  économie  les  graisses 
'  diverses  et  même  le  beurre  dans  la  cuisine 
ordinaire,  v 

Voici  les  résultats  de  l'examen  chimique 
auquel  j'ai  soumis  la  margarine  ou  plutôt 
l'oléomargarine. 

I<>  Douze  morceaux  de  la  grosseur  d'un 
pois,  pris  à  différents  endroits  sur  une 
quantité  de  plusieurs  kilogrammes^  proje- 
tés ensemble  dans  une  terrine  contenant 
de  l'eau  à  50  degrés,  se  sont  liquéfiés  au 
même  moment  ;  conséquemment  homogé- 
néité et  fusion  à  moins  do  30  degrés;  j'ai 
constaté  en  plongeant  un  thermomètre  daus 
cette  margarine  qu'elle  entrait  en  fusion 
a  25  degrés  ; 

â**  Un  flacon  contenant  25  grammes  de 
margacine  et  500  grammes  d'eau  distillée. 
entièrement  plein,  est  resté  plongé  dans 
Teau  bouillante  pendant  30' minutes,  puis» 
après  avoir  été  bouché  et  fortement  agité, 
il  a  été  abandonné  au  refroidissement  ; 
34  heures  plus  tard,  le  liquide  offrait  une 
teinte  très-légèrement  blanchâtre^  il   ne 


s'y  était  formé  aucun  dépôt;  jeté  sur  un 
filtre,  il  en  est  sorti  parfaitement  limpide. 

Il  était  sans  action  sur  la  teinture  de 
tournesol  et  sur  la  même  teinture  rougie 
par  les  acides. 

Il  n'a  pas  été  précipité  ni  troublé  par 
les  acides  sulfurique,  azotique,  chlorhy- 
driquc  et  picrique. 

'  L'iodure  et  le  ferrocyanure  de  potassium, 
l'iodure  double  de.mercure  et  de  potassium, 
la  teinture  d'iode,  ne  lui  ont  imprimé  au- 
cune modification. 

L'azotate  d'argent  a  produit  un  léger 
trouble. 

Une  goutte  examinée  au  microscope  n'a 
pas  décelé  l'existence  d'un  produit  quel- 
conque organique  ou  minéral. 

10  grammes  mis  à  évaporer  à  siccilé  au 
bâin-marie,  ont  laissé  quelques  millièmes 
d'un  résidu  gras. 

5°  J'ai  placé  sur  une  planche  de  mon 
laboratoire  où  la  température  varie  conti- 
nuellement, condition  propre  à  faire  rancir 
plus  rapidementics  corps  gras,  40  grammes 
de  margarine  ;  trois  mois  après,  celle-ci 
n'avait  pas  les  caractères  extérieurs  d'un 
corps  rance  ;  cependant,  de  Teau  distillée 
avec  laquelle  elle  avait  été  mise  en  contact 
à  chaud,  a  rougi  légèrement  le  papier  bleu 
de  tournesol.  La  margarine  n'est  donc  pas 
susceptible  de  rancir  plus  vite  que  les 
autres  substances  grasses  alimentaires,  ci 
certaines  de  ces  substances  rancissent  beau- 
coup plus  vite  qu'elle. 

4<*  J'ai  fait  complètement  liquéfier  à  la 
chaleur  du  bain-niarie,  dans  un  tube,  de 
la  margarine  ;  après  le  refroidissement 
complet,  il  ne  s'est  pas  séparé  d'eau.  Cette 
substance  mise  dans  une  capsule  et  placée 
dans  une  étuve  chauffée  de  40  à  50  degrés, 
n*a  perdu  au  bout  de  7  heures  que  i  ,2  p.  c. 
de  son  poids. 

5**  Sachant  que  les  corps  gras,  pour  être 
absorbés,  doivent  d'abord  être  émulsionnés, 
j'ai  procédé  aux  essais  suivants  :  i°  Dans 
400  grammes  de  mucilage  de  guimauve, 
j'ai  fait  fondre  Ogr,50  de  margarine  ;  dans 
une  égale  quantité  du  même  mucilage  j'ai 
fait  fondre  Ogr, 50  de  beurre  frais.  Les  deux 
opérations  ont  été  effectués  au  mém«^  mo- 
ment et  à  la  même  température.  Les  mé- 
langes ont  été  agités  en  même  temps  pen- 
dant cinq  minutes  dans  des  fioles  d'égale 
capacité,  puis  ils  ont  été  abandonnés  au 
repos  pendant  24  heures.  Après  ce  temps, 
les  émulsions  étaient  incomplètement  ac- 
complies ;  mats  celle  qui  renfermait  le 
beurre  l'était  sensiblement  plus  que  l'émul- 

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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CUITIQUE. 


sion  de  margarine.  Exaininés  au  micros- 
cope, les  globules  de  la  première  étaient 
plus  petits  et  conséquemment  plus  nom- 
breux que  ceux  de  la  seconde;  2*>  dans 
20  grammes  d'une  solution  concentrée  de 
gomme;  j*ai  fait  fondre  à  la  chaleur  Ogr.10 
de  beurre  frais;  dans  une  solution  sem- 
blable, j'ai  fait  fondre  Ogr,10  de  marga- 
rine. Ces  deux  opérations  ont  été  conduites 
comme  les  précédentes.  Les  corps  gras  ont 
été  Tun  et  l'autre  émulsionnés;  mais  vus 
au  microscope,  les  globules  da  beurre 
■étaient  plus  petits  et  plus  nombreux  que 
les  globules  de  margarine  ;  3^  du  beurre 
frais  et  de  la  margarine  mis  à  poids  égaux 
dans  des  quantités  égales  de  bile  de  porc, 
se  sont  émulsionnés  ;  mais  les  deux  émul- 
siohs  ont  présenté  la  même  différence  q^ue 
dans  les  essais  précédents;  i»  j'ai  traité 
comparativement  du  beurre  frais  et  de  la 
margarine,  par  la  soude  caustique;  j'ai 
obtenu  des  savons  identiques;  mais  la 
liqueur  au-dessus  de  laquelle  surnageait  le 
savon  de  beurre  était  laiteuse,  tandis  que 
celle  qui  était  au-dessous  du  savon  de  mar- 
garine était  limpide  ;  ces  essais  prouvent 
que  sans  avoir  une  facilité  émulsive  égale 
à  celle  du  beurre^  la  margarine  Mège- 
Mouriès  est  susceptible  d'émulsion ,  de 
saponification  et  conséquemment  d'absorp- 
tion (1). 

6**  J'ai  rais  dans  un  tube  bouché  de  la 
'margarine  et  de  Téther  sulturique  rectifié. 
La  solution  a  été  complète,  à  part  un  très- 
faible  résidu  de  débris  de  membranes.  La 
même  expérience  a  été  répétée  en  rempla- 
çant l'étber  sulfuriqùe  par  le  sulfure  de 
carbone  ;  le  résultat  a  été  identique  avec 
le  premier. 

De  tout  ce  qui  précède,  je  conclus  que 
la  margarine  JMègc-Mouriès  ne  contenait  ' 
aucune  substance  étrangère,  n'importe  de 
quelle  nature,  et  remplissait  les  conditions 
voulues  pour  constituer  un  aliment. 

Quant  aux  résultats  des  essais  pratiques 
qui  ont  été  faits  sous  mes  yeux  ou  à  ma 
connaissance,  voici  ce  que  je  peux  avan- 
cer : 

Une  soupe  aux  choux  fut  préparée  à  la 
cuisine  de  l'Asile  avec  de  la  margarine^  et 
donnée  à  goûter  à  plusieurs  fonctionnaires 
et  employés  de  la  maison;  les  uns  la  trou- 
vèrent bonne  et  ne  présentant  pas  de  diffé- 

(1)  Les  seules  allérations  connues  des  matières 
gra.«scs  dans  Torganisme,  sont  la  saponiûcation 
et  réniulsiuu  :  ce  sont  les  seules,  au  moins, 
qn*cllp.s  paraissent  subir  dans  le  tube  digestif. 
(Claude  Bernard.) 


renée  avec  les  soupes  faites  au  beurre  t 
d'autres  la  trouvèrent  également  bonne, 
mais  cependant  inférieure  aux  soupes  mai- 
gres ordinaires  ;  j'étais  au  nombre  des 
dégustateurs;  pour  moi^  cette,  soupe  en 
valait  une  autre;  je  n'y  trouvais  rien  qui 
pût  lui  donner  un  caractère. d'infériorité*. 
Le  cuisinier  de  la  maison  était  parmi  les 
opposants.  M.  le  directeur-médecin  de 
l'Asile  fit  préparer,  dans  son  ménage,  des 
soupes,  des  légumes  secs,  des  pommes  de 
terre  au  beurre  et  à  la  margarine  ;  celle-ci 
était  en  quantité^  par  rapport  au  beurre 
comme  2  :  5  ;  ces  mets  nous  furent  pré- 
sentés en  nous  laissant  ignorer  la  nature 
du  corps  gras  qui  entrait  dans  leur  prépa- 
tion,  on  ne  put  les  distinguer;  cependant, 
les  personnes  qui  avaient  trouvé,  lors  du 
premier  examen,  que  la  margarine  ne  pou- 
vait valoir  le  beurre,  trouvaient  encore  que 
les  mets  qu'on  leur  avait  désignés  comme 
étant  arrangés  avec  le  premier  de  ces  deux 
corps  gras,  étaient-  moins  agréables  que 
ceux  dans  la  préparation  desquels  entrait 
le  second.  Pour  ma  part,  je  n*ai  constaté 
qu'une  légère  différence  extérieure  ;  la 
couche  graisseuse  qui  surnageait  la  soupe 
à  la  margarine,  était  plus  apparente  et 
moins  divisée  que  celle  qui  surnageait  la 
soupe  au  beurre.  Enfin,  nous  fîmes  appor- 
ter des  pommes  de  terre,  arrangées  a  la 
inaitre-d'hotel,  dans  deux  assiettes  ;  nous 
les  trouvâmes  toutes  bonnes  et  n'offrant 
pas  de  différenctt  sous  le  rapport  du  goût  ; 
mais  l'un  des  dégustateurs,  qui  conservait 
des  préventions  à  l'endroit  de  la  niargarine, 
et  qui  affirmait  pouvoir  la  reconnaître  dans 
un  mets  quelconque,  désigna,  avec  assu- 
rance Tune  des  deux  assiettes  comme 
contenant  des  pommes  de  terre  apprêtées 
avec  ce  produit,  tandis  que  l'autre  en 
contenait  qui  avaient  été  apprêtées  au 
beurre.  La  réalité  était  que  la  totalité  du 
mets  avait  été  préparée  avec  la  margarine, 
et  qu'elle  avait  été  partagée  dans  les  deux 
assiettes. 

Après  les  expériences  que  nous  avions 
faites,  nous  étions  suffisamment  édifiés  sur 
la  pureté,  sur  la  saveur  et  sur  l'usage 
culinaire  de  la  margarine  ;  il  restait  un 
autre  côté  de  la  question  non  moins  im- 
portant à  étudier,  c'est  le  coté  hygiénique. 

400  kilogrammes  de  margarine  ont  été 
employés  à  l'Asile  pour  la  confection  des 
soupes  maigres  du  mâtin  et  pour  la  prépa- 
ration de  quelques  légumes;  l'usage  n'en 
a  pas  été  continu,  on  l'alternait  avec  du 
beurre;  c'était  un  moyen  de  voir  si  les 


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malades  s*apercevraient  de  ces  change- 
ments. Jamais  nous  n'avons  entendu  dire 
qu'ils  s>n  fussent  aperçus,  jamais  nous  ne 
les  ayons  entendu  formuler  de  plaintes 
sur  la  qualité  de  Taliment,  et  jamais,  non 
plus^  médecin  en  chef^  médecin  adjoint, 
médecins  internes,  pharmacien,  nous 
n'avons  constaté  de  dérangement  des 
voies  digest.ives  qui  puissent  lui  être  im- 
putés. 
-*  La  margarine  a  toujours  été  employée  h 
TAsile  de  Quatre-Mares  à  moindre  dose 
que  le  beufre,  ce  qui  est  rationnel.  On  a 

.  avancé  qu'en  mettant  dans  les  aliments 
moitié  moins  de  margarine  que  de  beurre, 
on  obtenait,  au  point  de  vue  de  la  saveur, 
un  résultat  satisfaisant.  Sans  vouloir  con- 
tredire le  fait  d'une  façon  absolue,  je 
n'admel^s  pas  que  dans  un  régime  alimen- 
taire peu  abondant,  strictement  substan- 
tiel;  on  puisse,  sans  inconvénient,  dimi- 
nuer, dans  une  forte  proportion,  la  dose 
des  «principes  gras;  si 'c'était  là  le  seul 
côté  économique  de  la  margarine,  le  pro- 
duit ne  serait  pas  à  recommander.  Mais  il 
est  rationnel  pourtant,  ai  je  dit,  d'em- 
ployer la  margarine  à  une  dose  moindre 
que  lé  beurre  ;  en  etfet^  tandis  qu'elle  ne 
retient  qu'une  très-minime  quantité  d'eau, 
les  beurres  bien  préparés,  bien  lavés, 
bien    essuyés^    contiennent,    d'après   les 

•  expériences  de  M.  Boussingault,  45  à  25 
pour  i 00  d'eau;  celte  proportion  s'élève 
jusqu'à  48  et  même  jusqu'à  20  et  24  pour 
100  dans  les  beurres  des  marchés  de  qua- 
lités «ordinaires  et  inférieures.  De  plus, 
pour  la  cuisine^  c'est  le  plus  souvent  du 
beurre  salé  que  l'on  emploie  ;  or,  le  moins 
qu'il  puisse  eontenir  de  sel,  c'est  5  p.  100. 
Dans  les  qualités  inférieures,  on  y  on 
introduit  sensiblement  plus,  puisque  le 
docteur  Grâce  Calvcrt  dit  y  en  avoir  cen- 
slalc  jusqu'à  14  centièmes.  En  additionnant 
les  quantités  d'eau  et  de  sel  contenues 
dans  les  beurres  de  qualité  ordinaire,  on 
arrive  à  une  moyenne  de  30  pour  100 
environ,  (lomme  ce  sont  ces  beurres  qui 
ont  servi  pour  les  expériences  comparatives 
à  l'Asile  de  Quatre-Mares  avec  la  marga- 
rine, on  a  employé  ce  produit  dans  la  pro- 
portion de  2  parties  contre  5  parties  de 
beurre,  soit  un  tiers  en  moins  du  poids  de 
celui  ci.  De  la  sorte,  tout  en  réalisant  une 
économie,  oh  ne  diminuait  pas  la  quan- 
tité de  principes  gras  allouée  aux  malades, 
puisque  ce  tiers  en  moins  correspond  au 

^  poids  de  l'eau  et  du  sel  qui  existent  dans 
les  beurres  salés,  et  que  Ton  ne  rencontre 


pas  dans  la  margarine.  C'est  aussi  cette  pro- 
portion qui  a  été  observée  dans  le  ménage 
de  M.  le  docteur  Fovillc,  dans  le  mien  et  < 
dans  ceux  de  plusieurs  personnes  de  ma 
connaissance  qui  ont  fait, usage  de  ce  prin- 
cipe gras. 

En  présence  de  ces  résultats  chirpiqucs 
et  pratiques,  du  rapport  si  concluant  de 
M.  Félix  Boudet,  il  me  semble  qu'il  n'y  a 
plus  de  place  au  doute  sur  la  valeur  ali- 
mentaire de  l'oléomargarine  préparée  par 
les  procédés  de  M.  Mège-Mo'urièsj  et  que 
son  emploi  dans  l'alimentation  publique 
est  assuré,  autant,  toutefois,  qu'aux  con- 
ditions de  bon  marché  elle  continuera  à 
réunir  les  conditions  plus  indispensables 
encore  dé  qualité  et  de  pureté. 

Je  me  suis  procuré  plusieurs  échantil- 
lons de  margarine  provenant  de  fabriques 
différentes;  je  les  ai  soumis  au  même 
examen  que  la  margarine  que  l'Asile  avait 
fait  venir;  je  les  ai  trouvés  purs  et  de 
bonne  qualité-;  l'un  d'eux,  cependant, 
traité  à  froid  par  l'éther,  a  abandonné  un 
peu  plus  dé  débris  organiques  que  les 
autres.  Est-ce  à  dire  que  la  margarine, 
plus  heureuse  que  les  autres  subst»nces 
qui  servent  à  la  nourriture  de  l'homme, 
est  à  l'abri  de  sophistications  ou  d'imper- 
fections dans  son  mode  de  fabrication? 
Non  certes.  Quand  nous  voyons  le  beurre, 
produit  essentiellement  naturel,  falsifié  de 
tant  de  façons,  altéré  dans  sa  nature,  on 
ne  peut  se  hasarder  à  espérer  que  la  mar- 
garine, produit  essentiellement  industriel, 
ne  sera  pas  ou  sophistiquée  ou  fabriquée 
au  moyen  de  procédés  qui  auront  plus  en 
vue  l'abaissement  du  prix  de  revient,  que 
la  qualité  du  produit.  De  nos  jours,  les 
falsifications  ne  sont  plus  rudimentaires 
comme  elles  Tétaient  jadis  ;  les  falsifica- 
teurs, pour  arriver  à  leur  but,  se  servent 
de  la  même  science  que  l'expert  qui  est 
appelé  à  constater  la  fraude;  c'est  souvent 
la  chimie  qui  leur  vient  en  aide,  mais  c'est 
toujours  elle  aussi  qui  dévoile  leurs  coupa- 
bles manœuvres.  Aussi,  grâce  aux  Conseils 
d'hygiène  et  de  salubrité,  doril  Tattention 
est  déjà  appelée  sur  la  substance  qui  fait 
fobjet  fie  cette  note,  le  public  a  lieu  de 
.  penser  que  la  fraude,  si  elle  se  produit, 
sera  décelée.  Tout. dernièrement,  j'ai  été 
charge  d'examiner  de  la  margarine,  pure 
d'ailleurs,  mais  qui  retenait  de  9  à  10 
pour  100  d'eau. 

J'ai  entendu  exprimer  la  crainte  que  la 
margarine  livrée  à  la  consommation,  ne 
soit  extraite  de  suifs  ou  d'autres  corps  gras 


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68 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


ayant  déjà  subi  un  commencement  d*alté- 
ration,  ou  bien  provenant  d'animaux  abat- 
tus en  état  de  maladie.  Cette  crainte  me 
parait  exagérée  ;  si  les  corps  gras  sont  plus 
ou  moins  altérés,  il  est  évident  que  la  mar- 
garine participera  à  cet  état  de  décompo-^ 
sition^  et  que  sa  qualité  s*en  ressentira  ; 
or^  si  W  consommateur  ne  peut  toujours 
constater  les  falsifications,  il  est  générale- 
ment bon  juge  pour  reconnaître  si  une  sub- 
stance alimentaire  a  bon  ou  mauvais  goût. 
Le  fabricant  qui  mettrait  en  vente  de  la 
margarine  de  mauvaise  qualité  verrait 
bientôt  son  produit  délaissé. 

J'ai  vu,  dans  la  vitrine  d'un  marchand 
de  comestibles,  de  la  margarine  qui  avait 
une  couleur  jaune-safran.  Cette  coloration 
lui  avait  été  probablement  communiquée  à 
l'aide  de  substances  que  Ton  emploie  pour 
colorer  le  beurre  ;  ces  substances  sont, 
comme  on  le  sait,  le  safran,  le  jus  de  ca- 
rottes, le  rocou,  et  mieux  encore,  les  fleurs 
de  souci,  cultivées  spécialement  pour  cet 
usage  dans  les  environs  de  Gournny 
(M.  Bidard,  Société  d'Agriculture  de  la 
Seine-Inférieure,  i865). 

Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  si  la 
margarine  peut  rempJacer  le  beurre  de  cui- 
sine, elle  peut  remplacer  également,  et 
avec  avantage,  les  graisses  diverses.  Mais 
M.  Mège  n'a  pas  voulu  s'en  tenir  là  :  avec 
la  margarine  il  a  obtenu,  au  moyen  d'in- 
génieuses et  savantes  combinaisons,  un 
produit  se  rapprochant  davantage  encore 
du  beurre  naturel. 

I  M.  Mège  ayant  observé,  dit  M.  Félix 
Boudet.  que  les  glandes  mammaires  de  la 
vache  qui  sécrètent  le  lait,  contiennent  une 
substance  particulière,  une  espèce  de  pep- 
sine douée  de  la  propriété  d'émulsionner 
les  graisses  avec  l'eau,  a  mis  à  profit  cette 
observation,  pour  transformer  l'oléomar- 
garine  en  crème,  et  ensuite  cette  crème  en 
beurre. 

»  Il  introduit  dans  une  baratte  50*  kilo- 
grammes d'oléomargarine  fondue,  2K  li- 
tres environ  de  lait  de  vache  qui  représen- 
tent moins  d'un  kilogramme  de  beurre,  et 
25  kilogrammes  d'eau  contenant  les  parties 
soinbles  de  400  grammes  de  niameHcs  de 
vache  trèsdi  visées,  et  maintenues  pendant 
quelque  tt'mps  en  macération  ;  il  ajoute  une 
petite  quantité  de  rocou  pour  donner  de  la 
couleur.  La  baratte  est  alors  mise  en  mou- 
vement, et  au  bout  d'un  quart  d'heure, 
Teàu  et  la  graisse  se  trouvent  émnision- 
nées  et  transformées  en  une  crème  épaisse, 
analogue  à  celle  du  lait;  en  continuant  le 


mouvement  de  la  baratte,  on  voit  la  crème 
se  transformer  à  son  tour  en  beurre,  au 
bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long,  sui- 
vant les  conditions  de  l'opération  :  deux 
heures  suffisent  en  général. 

»  Le  barattage  terminé,  on  verse  de  Teau 
froide  dans  la  baratte,  et  le  beurre  se  sé- 
pare retenant,  comme  le  beurre  ordinaire, 
du  lait  de  beurre  qu'il  faut  en  dégager.  Le 
produit  est  porté  alors  dans  un  appareil 
composé  d'un  malaxeur  et  de  deux  cylin- 
dres broyeurs  placés  sous  une  chute  d*eau 
en  pluie,  et  là,  il  est  travaillé  dfe  manière  à 
se  transformer  en  beurre  bien  lavé^  d'une 
pâte  fine  et  homogène. 

»  Ce  beurre  lavé  avec  de  l'eau,  à  la  tem- 
pérature ordinaire,  contient,  d'après  nos 
expériences  exécutées  avec  M.  Lhôte,  au 
laboratoire  de  M.  Péligot,  42,56  pour  iOO 
d'eau,  et  dissous  dans  Féther,  laisse  un 
résidu  du  poids  de  1  gr.,  20  pour  100 
grammes  à  l'état  sec  ;  sur  deux  échantil- 
lons, Tun  s'est  solidifié  à  22<»,  l'autre  à 
i7<»,  taudis  que  la  graisse  de  bœuf  se  soli- 
difiait entre  52  et  55». 

t  Pour  du  beurre  fin  du  commerce  de 
Paris,  j'ai  trouvé  19  degrés  comme  point 
de  solidification  ;  d'autre  part,  j'ai  trouvé 
22«,2,  pour  du  beurre  d'Isigny,  première 
qualité,  et  22»  pour  du  beurre  ordinaire 
du  Calvados.  Diaprés  les  expériences  de 
M.  Boussingault,  dans  les  beurres  bien 
préparés,  bien  lavé»  et  bien  essuyés,  la 
proportion  d'eau  est  de  15  à  li  pour  100  ; 
elle  s'élève  jusqu'à  18  et  même  jusqu'à  20 
et  24  pour  100  dans  les  beurres  des  mar- 
chés, de  qualités  ordinaires  et  inférieures. 
J'ai  trouvé  li  pour  100  dans  le  beurre 
d'Isigny,  et  15-28  dans  le  beurre  ordinaire 
du  Calvados. 

»  Quant  aux  niatières  caséeuses  insolu- 
bles dans  l'élher,  le  beurre  d'Isigny,  pre- 
•mière  qualité,  m'a  fourni  5  gr.,  15  pour 
100  de  substance  sèche,  tandis  que  je  n'ai 
obtenu  que  1  gr.,-20  pour  100  de  résidu 
sec  avec  le  beurre  de  M.  Mège. 

»  Ce  beurre  artificiel  présente  donc  cet 
avantage,  qu'il  contient  beaucoup  moins 
d'eau  et  de  matières  animales  propres  à  le 
faire  rancir,  que  les  beurres  ordinaires  du 
commerce,  et  qu'ainsi,  sous  un  même 
poids,  il  fournit  plus  de  beurre  réel.  Ces 
deux  circonstances  contribuent  sans  doute 
à  sa  conser^tion,  qui  est  plus  longue  que 
celle  du  beurre  ordinaire,  et  à  l'empéchcr 
de  prendre  l'odeur  et  l'ôcrctc  qui  se  déve- 
loppent bientôt  dans  celui-ci. 

I  Pendant  les  grandes  chaleurs,  alors 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


69 


que  Ton  peut  a  peine  conserver  le  beurre 
sans  qu'il  fonde,  il  est  faeile  de  donner  au 
beurre  artificiel  une  consistance  plus  ou 
moins  solide  en  préparant  une  oléoniarga- 
rinc  plus  ou  moins  exempte 'de  stéarine. 

»  D'autre  part,  M.  Mège  a  observé  qu'en 
lavant  son  beurre  avec  de  Teau  à  5  ou 
6  degrés  de  température  seulement,  il 
pouvait  y  laisser  moins  d'eau,  et  obtenir  un 
produit'capable  de  se  conserver  très-long- 
temps. Un  échantillon  de  beurre  ainsi  pré- 
paré, et  que  M.  Mège  désigne  sous  le  nom 
de  beurre  sans  eau,  emporté  de  Paris  à 
Vienne,  en  Aurriche^  le  iiO  octobre  1871, 
vient  d'être  renvoyé  à  la  date  du  8  avril 
courant,  et  se  trouve  encore,  après  cinq 
mois,  en  assez  bon  état  de  conservation.  » 

M.  Mège  a  donc  fourni  à  la  consomma- 
lion  des  produits  nouveaux  d'une  valeur 
incontestable,  appelés  à  remplacer^  dans 
une  certaine  mesure,  les  graisses  de  mé- 
nage, surtout  le  beurre  de  cuisine^  et  con- 
séquemment  à  leur  faire  concurrence. 
Cette  concurrence  lèsera-t-ellc  les  intérêts 
de  l'agriculture?  Fera-t-elle  diminuer  le 
prix  des  beurres?  Je. crois  que  les  beurres 
fins,  les  beurres  de  première  qualité^  n'ont 
pas  à  redouter  l'apparition  de  la  marga- 
rine; en  admettant  même  que  des  perfec- 
tionnements soient  apportés  dans  sa  prépa- 
ration, jamais  elle  n'aura  ce  goût  fin, 
suave  et  aromatique  des  beurres  de  Nor- 
mandie, si  recherchés,  à  juste  titre,  pour 
être  manges  sur  le  pain  ou  employés  pour 
la  confection  de  mets  délicats.  Quant  aux 
beurres  de  seconde  qualité,  il  pourra  en 
être  autrement,  si  la  margarine  reste  au 
prix  où  elle  est  aujourd'hui,  et  si  les  fa- 
bricants continuent  à  la  bien  préparer. 
Toutefois,  en  admettant  qu'elle  se  main- 
tienne dans  ces  conditions,  on  ne  peut  en- 
core rien  préjuger.  Que  de  craintes  chimé- 
riques n'a-t-on  pas  fait  entendre  sur 
l'abaissement  des  prix  que  devaient  éprou- 
ver bon  nombre  de  produits  agricoles,  par 
suite  des  découvertes  industrielles,  des 
importations,  etc.?  Si  le  prix  des  beurres 
diminue,  les  éleveurs  sauront  tirer  •  un 
autre  emploi  de  leur  lait. 

(Annales  d'hygiène  publique.) 


Médecine  légale. 

De  la  vue  distinote  ;  applications  à  la 
médecine  légale;  par  M.  D'HERBËLOT 
avocat   général.   Analyse    d'un    mémoire 


adressé  à  la  Société  de  médecine  légale; 
par  M.  le  docteur  Vincent. 

Un  crime  ou  un  délit  étant  commis, 
jusqu'à  quelle  distance  un  témoin  peut-il^ 
en  reconnaître  l'auteur  et  affirmer  son 
identité  devant  les  tribunaux?  Jusqu*à 
quelle  distance  ce  même  témoin  peut-il 
apercevoir  distinctement  cette  action  cri- 
minelle et  ses  divers  incidents?  Telles  sont 
les  questions  que  M.  le  docteur  Vincent 
(de  Guéret)  s'est  posées  et  qu'il  s'est  appli- 
qué à  résoudre  dans  un  mémoire  coui'onné 
par  l'Académie  de  médecine,  et  dont  la 
Société  de  médecine  légale  m'a  chargé  de 
lui  présenter  le  compte-rendu. 

Il  n'est  pas  besoin  de  faire  ressortir  la 
gravité  de  ces  questions,  dont  la  solution 
peut  avoir  pour  effet,  ainsi  que  le  dit  notre 
honoré  collègue,  non-seulement  de  mettre 
en  garde  contre  •  l'illusion  honnête  qui 
engendre  la  conviction  erronée  v ,  mais 
aussi  <  de  démasquer  la  mauvaise  foi  » 
(p.  2.).  Si  l'on  songe  que  l'issue  d'un  pro- 
cès criminel  dépend  souvent  d'un  témoi- 
gnage^ on  comprend  quelle  serait  la 
reconnaissance  due  par  les  magistrats  aux 
experts  qu'ils  consultent  si  ceux-ci  les 
mettaient  en  mesure  d'apprécier  exacte- 
ment, à  côté  de  la  valeur  morale  du 
témoiU;  la  valeur  physique  et  en  quelque 
sorte  scientifique  de  sa  déclaration. 

Le  docteur  Vincent  a  incontestablement 
l'honneur  d'avoir  abordé  le  premier  l'étude 
de  cet  intéressant  problème,  et  si  sa  modes- 
tie se  plait  à  répéter  presque  à'  chaque 
page  qu'il  n'a  pas  la  .prétention  d'avoir 
conduit  son  œuvre  «  à  la  perfection  dont 
elle  est  .«usceptible  »,  il  faut  du  moins 
reconnaître  qu'il  a  bien  largenrent  ouvert 
une  voie  dans  laquelle  il  sera  le  guide  le 
plus  sûr  de  tous  ceux  qui  voudront  s'y 
engager  après  lui. 

Le  mémoire,  qui. ne  comprétid  pas 
moins  de  neuf  chapitres,  peut  se  diviser 
en  deux  parties,  distinctes  en  réalité,  bien 
que  parfois  confondues  dans  l'exposition  : 
•  les  observations  et  les  expériences  pci  - 
sonnelles  de  l'auteur  d'un  côté,  et  de  l'au- 
tre côté  la  détermination  des  règles  géné- 
rales qui  s'imposent  à  quiconque  veut 
chercher  la  solution  des  questions  relatives 
à  la  vue  distincte  considérée  dans  ses  rap- 
ports (ivec  la  médecine  légale.   . 

Ces  deux  parties,  remarquables  toutes 
les  deux,  ont  cependant  à  nos  yeux  une 
importance  inégale,  et  il  nous  semble  que 
si  l'auteur  a  posé  des  principes  généraux 
qui  peuvent  être  jugés  définitifs,  ses  obser- 


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RKVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Tations,  au  contraire,  comportent  un  con- 
trôle, qu'il  provot|Oc  du  reste  lui-même 
avec  insistance,  et  qui,  les  confirmant 
^  sans  doute  pour  la  plupart,  aura  du  moins 
cet  avantage  de  les  rendre  plus  indiscuta- 
bles. 

Après  avoir  établi  quelques  propositions 
Sur  les  conditions  physiques  et  physiolo- 
giques de  la  vision,  le  dodteur  Vincent  en 
déduit  les  conséquences  avec  un  sens 
scientifique  et  un  sens  pratique  très-exacts, 
soit  qu'il  s'agisse  de  la  reconnaissance  des 
choses,  soit  qu'il  s'agisse  de  celle  des  hom- 
mes. S'il  s''agit,  par  exemple,  de  la  recon- 
naissance d'un  individu,  il  indique  les 
caractères  que  l'œil  humain  peut  perce- 
voir de  plus  loin  et  auxquels  il  est  permis 
d'attribuer  une  certaine  valeur  dîslinctive. 
Ce  sont  d'abord  les  caractères  qu'il  appelle 
caractères  de  totalité j  tels  que  la  stature, 
l'habillement  et  les  allures,  caractères  dont 
la  valeur  le  plus  souvent  sera  médiocre, 
parce  que,  pouvant  appartenir  à  la  fois  à 
plusieurs  personnes,  ils  ne  sont  pas,  à 
proprement  parler,  des  caractères  indivi- 
•duels.  Ils  peuvent  conduire  à  reconnaître 
un  homme,  uncf  femme,  un  soldat,  un 
prêtre,  etc.,  mais  ils  ne  peuvent  désigner 
en  particulier  tel  homme,  telle  femme,  tel 
soldat,  tel  prêtre.  Viennent  ensuite  les 
caractères  propres  à  la  tête,  son  volume, 
sa  forme,  la  coiffure,  la  barbe,  etc.  Ce 
sont  là  des  signes  distinctifs  plus  précis, 
plus  individuels,  mais  qui  ne  peuvent  être 
appréciés  qu'à  une  moindre  distance  et  qui 
souvent,  encore  ne  pourront  pas  permettre 
d'affirmer  l'identité  sans  hésitation.  H 
n'en  sera  plus  de  même  des  particularités 
de  la  faoî,  des  traits,  de  la  forme,  de 
la  saillie,  de  la  couleur  des  yeux  et  des 
sourcils^  de  la   forme  du  nez  et  du  men- 

•  •ton,  de  l'ondulation  des  lèvres,  de  la  phy- 
sionomie. Tout  cela  constitue  l'individu 
d'une  façon  très-déterminée,  mais  tout 
cela  échappe  nécessairement  au  regard  de 
celui  qui  n'est  pas  à  une  dislance  plus  ou 
moins  rapprochée  de  la  personne  dont  il 
veut  fixer  le  visage  dans  son  souvenir. 

Dans  ces  diverses  opérations  de  la  vue, 
notre  sens  ne  peut-il  pas  et  ne  doit-il  pas 
s'appuyer  sur  certaines  facultés  de  notre 

■  intelligence,  et  la  mémoire,  par  exemple, 
ne  sera  telle  pas  fréquemment  un  puis- 
.sant  auxiliaire  de  l'œil?  Notre  savant  col- 
lègue' ne  nie  pas  cette  vérité,,  et  il  pose, 
au  contraire,  la  règle  suivante,  qui'  a 
toute  la  valeur  de  l'évidence  :  «  Pour 
reconnaître  une   personne,  il  faut  la  con- 


naître déjà,  et  on  la  reconnaît  à  une  dis- 
tance d'autant  plus  grande  qu'on  la  con- 
naît micux^p.  iS).  »  Ce  qui. est  vrai  des 
personnes  est  également  vrai  des  choses. 
Choses  ou  personnes  peuvent  donc  être  à 
ce  point  de  vue  rangées  en  diverses  caté- 
gories, et  \\  est  aisé  de  mettre  cette  classi- 
fication .d'accord  avec  la  classification 
précédente. 

La  première  catégorie,  par  e'xemple, 
comprendra  les  choses  ou  les  personnes 
que  nous  connaissons  parfaitement,  et  que 
nous  pourrons  dès  lors  reconnaître  à  leurs 
seuls  caractères  de  totalité  et  à  la  distance 
éloignée  d'où  ces  caractères  de  totalité  se 
peuvent  apercevoir.  La  deuxième  catégo- 
rie comprend  «  les  personnes  ou  les  chflfses 
que  nous  connaissons  moins,  que  nous 
voyOàis  peu  souvent  et  dont  les  caractères 
de  totalité  ne  nous  sont  pas  familiers  » 
(p.  21).  Nous  ne  pourrons  aJfirmer  l'iden- 
tité de  ces  personnes  ou  de  ces  choses  que 
s'il  nous  a  été  donué  de  les  apercevoir  à 
une  distance  médiocre,  car  nous  ne  pou- 
vons les  reconnaître  qu'à  certains  carac- 
tères généraux  de  la  tète  et  de  la  face  par 
exemple,  s'il  s'agit  de  personnes. 

Enfin,  il  est  une  troisième  catégoHc 
comprenant  des  choses  ou  des  personnes 
«  que  nous  voyons  pour  la  première  fois 
et  qui,  par  conséquent,  nous  sont  complè- 
tement inconnues  »{p.  2-2).  Celles-là,  nous 
ne  pourrons  les  reconnaître  avec  certitude 
ni  à  leurs  caractères  de  totalité,  ni  à  leurs 
caractères  généraux,  et  nous  ne  pour- 
rons nous  prononcer  consciencieusement 
sur  leur  identité  qu'après  avoir  pu  in- 
terroger Iciir  caractères  dislinctifs,  ce 
que  nous  ne  pouvons  faire  que  de  très- 
près. 

Rien  ne  paraît  plus  exact  que  ces  dis 
tinctions.  «  On  me  demandera  sans  doute, 
dit  le  docteur  Vincent,  comment'  ilse  fait 
qu'il  soit  possible  de  reconnaître  une 
figure  déjà  connue  à  30  mètres,  tandis  que 
Ton  ne  peut  réellement  distinguer- une 
figure  inconnue  à  plus  de  15  mètres?  Les 
personnes  qui  seraient  tentées  de  me 
poser  cette  question,  se  rendront  facile- 
ment compte  de  cette  contradiction  plus 
apparente  que  réelle,  si  elles  veulent  bien 
faire  attention  que,  dans  Pacte  de  recon- 
naître à  distance,  la  sensibilité  physiologi- 
que n'est  pas  seule  en  jeu  et  que  la  mémoire 
et  l'association  des  idées,  deux  facultés 
toutes  psychologiques,  jouent  aussi  un 
grand  rôle  ».  Et  comme  il  le  dit  plus  loin, 
c  la  représentation    mentale  vient  ici  en 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


71 


aide  à  la  représentation  sensorielle.  » 
Cette  observation  est  de  nature  à  fixer 
notre  attention  et  mérite  que  Ton  s'y 
arrête  même  un  peu  plus  longtempj 
peut-être  que  ne  Ta  fait  Tauteur  du  mé- 
moire. La  solution  du  problème  de  la  vue 
distincte  conduit  à  ce  terme.  Ne  va  telle 
pas  souvent  échapper  aux  recherches  du 
physicien  pour  dépendre  davantage  des 
appréciations  du  psychologue,  et  le  pro- 
blème lui-même  ne  sera  t-il  pas  fréquem- 
ment un  problème  au  moins  autant  psyr 
chologique  que  scientifique?  Il  ne  parait 
pas  possible  de  le  nier.  C'est  qu'en  effet, 
ainsi  que  Ta  dit  Buffon,  »  Tœil  appartient 
à  rame  plus  qu'aiicun  autre  organe,  ».et 
que  certaines  dispositions  de  l'esprit  sem- 
blent bien  susceptibles  d'accroître  la  forée 
de  perception  dont  il  est  doué.  Ce  n'est  pas 
seulement  la  mémoire  et  l'association  des 
idéesj  la  réflexion  qui  est  al'œil  de  l'àme;  » 
suivant  l'expression  de  Bossuet,  qui  pour- 
ront poduire  ce  résultat  et  rendront  en 
quelque  sorte  le  regard  plus  clairvoyant. 
L'application,  la  tension  de  l'intelligence 
sur  une  chose  déterminée  auront  le  même 
effet.  Qui  de  nous  n'a  parfois  réussi  à  aper- 
cevoir un  objet  éloigné  et  que  l'œil  pen- 
dant plusieurs  minutes  avait  été  impuis- 
sant à  atteindre  ? 

Dans  cette  expression  populaire  é*:ar' 
quiller  les  yeux  n'y  a-t-il  rien  qui  corres- 
ponde à  une  vérité  de  fait  et  même  à  une 
vérité  scientifique^  et  ne  rend-elle  pas  un 
compte  suffisamment  exact  du  perfection- 
nement de  la  vision  obtenue  par  Tinleu- 
site  «le  certains  efforts  intelfectuels?  Un 
homme  raisonnable  et  réfléchi  ne  verra- 
t-il  pas  d'ordinaire,  je  ne  dis  pas  plus 
loin,  mais  mieux  qu'un  enfant  étourdi? 
La  curiosité,  surexcitée  par  un  spectacle 
insolite,  n'aidera- 1  elle  pas  les  yeux  à  en 
percevoir  certains  détails  qui  leur  auront 
d'abord  échappé  et  qu'ils  n'auraient  même 
peut  être  jamais  perçus  sans  le  concours 
que  l'esprit  vient  leur  prêter?  La  crainte 
d'un  danger,  le  soin  de  la  conservation, 
une  émotion  vive,  le  désir  de  la  ven- 
geance, l'application  à  bien  distinguer, 
pour  le  bien  reconnaître,  celui  qui  a  en- 
couru cette  vengeance,  toutes  ces  circon- 
stances et  d'autres  encore  ne  peuvent- 
elles  pas  accroître  l'énergie  de  la  représen- 
tation sensorielle?  Ne  pourront- elles  pas 
lui  permettre  de  se  produire  dans  des  con- 
ditions que  la  science  ne  saurait  essayer 
sans  témérité  de  délimiter  d'une  façon 
trop  rigoureuse?  Toutefois    il  faut    dire 


hautement  de  ces  circonstances  ce  que 
l'auteur  du  mémoire  dit  de  la  représenta- 
tion mentale  :  si  elles  peuvent. être  parfois 
des  causes  de  clairvf»yauce  plus  grande, 
elles  peuvent  devenir  aussi  des  causes 
d'erreurs  fatales,  et  il  faut  se  mettre  en 
garde  contre  les  <i  illusions  qu^elles  enfan- 
tent et  contre  les  méprises  auxquelles  elles 
peuvent  conduire.  »  Les  règles  posées  par 
le  savant  docteur  doivent  donc  être  rete- 
nues comme  le  meilleur  préservatif  contre 
ces  erreurs. 

Ces  règles  sonl-clies  sujettes  à  varia- 
tions, et  quelles  sont  les  modiGcations  que 
peuvent  apporter  à  la  vue  distincte  les 
divers  degrés  de  lumière  et  certaines  con- 
ditions de  lumière  spéciales?  Le3  obser- 
vations du  mémoire  présentent  ici  un 
intérêt  tout  particulier,  et  nous  voudrions 
pouvoir  insister  sur  chacune  d'elles. 
Signalons  du  moins  le  très-remarquable 
chapitre  consacré  à  la  vue  distincte  au 
clair  de  la  lune. 

Etant  admise  cette  donnée  scientifique, 
que  la  lumière  de  la  pleine  lune  est  mille 
fois  plus  faible  que  celle  du  soleil,  on 
pourrait  être  tenté  de  conclure  que  la  vue 
distincte  sera  mille  fois  plus  difficile  à  la 
clarté  de  la  iùne  qu'à  ta  lumière  du  soleil. 

Notre  collègue  a  montré  par.  des.  consi- 
dérations générales  et  scientifiques,  ap- 
puyées sur  des  expériences  nombreuses^ 
combien  cette  conclusion  serait  erronée. 
Après  une  étude  et  une  discussion  appro- 
fondies, dans  lesquelles  notre  incompétence 
personnelle  ne  nous  autorise  pas  à  le  suivre, 
le  mémoire^  faisant  appel  à  la  science  du 
physicien  et  à  celle  de  l'astronome,  pose 
Jes. règles  suivantes  que  nous  nous  bornons 
à  énumérer  : 

L  L'intensité  de  la  lumière  lunaire  varie 
avec  les  phases  de  la  lune. 

IL  L'intensité  de  la  lumière,  pour  une 
même  phase,  est  d'autant  plus  grande  que 
l'astre  est  plus  élevé  au-dessus  de  l'horizon. 

III.  Une  surface  ou  un  objet  est  d'autant 
moins  éclairé  que  l'incidence  des  rayons 
lumineux  est  plus -oblique. 

IV.  L'intensité  do  la  lumière  lunaire 
doit  aussi  varier  avec  le  point  de  son  or- 
bite qu'occupe  la  lune  à  une  phase  donnée. 

V<  Les  objets  se  distinguent  à  une  dis^ 
tance  d'autant  plus  grande  que  leur  cou- 
leur tranche  davaotagc  sur  celle  du  fond 
sur  lequel  ils  reposent. 

VI.  Il  existe  une  grande  différence  d'in- 
tensité entre  la  lumière  directe  et  la  lu- 
mière diffuse  de  la  lune. 


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7î2 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Vn.  Les  couleurs  s'altèrent  très  proaip- 
tement,  et  à  une  faible  dîs(anc»,  9u  clair 
de  la  lune. 

On  nous  pardonnera  la  sécheresse  de  ce 
sommaire,  qui  montre  du  moins  tout  Tin- 
térét  des  questions  traitées. 

Il  est  possible  de  déterminer,  à  titre  de 
conséquences  des  principes  ainsi  .  posés , 
quelles  sont  les  distances  auxquelles  il  est 
permis  de  reconnaître  une  personne  au 
clair  de  la  lune. 

M.  Vincent  Ta  fait  en  tenant  compte  des 
diverses  périodes  de  la  lune;  pendant  la 
période  de  la  nouvelle  lune,  il  estime  qu'il 
est  impossible  de  distinguer  assez  nettement 
pour  les  reconnaître  les  personnes  que  Ton 
n'a  jamais  vues,  ni  même  celles  avec  lesquel- 
les ronn*a  eu  que  des  relations  fugitives; 
quant  aux  personnes  que  Ton  connaît  par- 
faitement et  qui  se  peuvent  distinguer  par 
leurs  carctctèreii  de  totalité,  c'est  à  la  dis- 
tance maximum  de  5  ou  6  mètres  que  Ton 
peut  espérer  les  reconnaître.  —  Pendant 
la  période  du  premier  quartier,  les  personnes 
parfaitement  connues  peuvent  être  recon- 
nues à  la  distance  de  6  à  7  mètres,  celles 
qui  ne  sont  qu'imparfaitement  connues  et 
qui  ne  peuvent  s'individualiser  que  par  les 
caractères  généraux  de  la  tête  ou  de  la  face, 
échapperont  aux  regards  de  l'observateur 
qui  ne  passera  pas  immédiatement  à  côté 
d'elles.  —  Enfin,  c'est  seulement  pendant 
la  période  de  la  pleine  lune  que  l'œil  peut 
distinguer  toute  personne  de  façon  à  pou< 
voir  la  reconnaître,  et  cela  à  la  distance  de 
8  à  10  mètres  environ  s'il  s'agit  d'une  per- 
sonne parfaitement  connue,  à  la  distance 
de  2  à  5  mètres  s'il  s'agit  d'une  personne 
imparfaitement  connue,  et  à  condition 
d'avoir  été  placé  tout  à  côté  d'elle  s'il  s'agit 
d'une  personne  que  l'observateur  voit  pour 
la  première  fois. 

S'il  fallait  indiquer  la  puissance  compa- 
rative de  la  lumière  réfléchie  par  la  lu  ne*  et 
de  celle  fournie  par  le  soleil,  on  pourrait 
rappeler  que  suivant  les  observations  de 
notre  collègue,  une  personne  parfaitement 
connue  peut  être,  en  plein  jour,  signalée 
à  une  distance  de  100  à  200  mètres  par 
ses  caractères  de  totalité;  qu'une  personne 
qui  n'a  été  vue  que  rarement,  et  que  les 
caractères  généraux  delà  tête  ou  de  la  face 
suffisent  cependant  à  distinguer,  peut  l'être 
à  une  distance  de  25  à  50  mètres  ;  et  enfin 
qu'une  personne  que  l'on  voit  pour  la  pre- 
mière fois  et  que  l'on  ne  peut  reconnaître 
qu*à.la  condition  d'interroger  les  particula- 
rités de  ses  traits  et  de  sa  face,  ne  doit  pas 


être  placée  à  une  distance  supérieure  à  1 5 
ou  20  mètres. 

Nous  nous  sommes  attardé  à  dessein  sur 
ce  chapitre  du  raén^oire  qui  forme  assuré- 
ment la  partie  la  plus  intéressante  de  Tœu- 
vre,  et  nous  éprouvons  le  regret  de  n'avoir 
pas  mieux  réussi  à  la  faire  connaître. 

Le  chapitre  suivant  traite  de  la  mœ  dis- 
tincte à  la  lumière  des  étoiles ,  et  l'auteur 
conclut  que  c'est  seulenuent  aux  caractères 
de  totalité  du  corps  et  de  la  tête  avec  les- 
quels il  faut  même  être  très-familier,  qu'il 
est  possible  de  reconnaître  une  personne 
dans  ces  conditions,  et  encore  faut-il  sup- 
poser que  l'observateur  ne  sera  pas  séparé 
de  .cette  personne  par  une  distance  de  plus 
de  5  à  4  mètres. 

Le  docteur  Vincent  examine  ensuite  la 
possibilité  et  les  conditions  de  la  vue  dis- 
tincte dans  l'obscurité,  à  l'aurore  et  au 
crépuscule. 

'  Les  couleurs,  c'est-à-dire  les  sensations 
que  produisent  sur  Torgane  de  la  vue  la 
lumière  directement  réfléchie  par  les  corps^ 
ont  aussi  fourni  à  notre  éniinent  collègue 
la  matière  d'un  chapitre  considérable,  et  il 
s'est  appliqué  à  déterminer  jusqu'à  quelles 
distances  il  est  possible  de  reconnaître  la 
couleur  d'un  objet  quelconque.  Cette,  dis- 
tance est  certainement  variable  suivant  la 
quantité  de  lumière  projetée  par  le  foyer 
sur  Tobjety  suivant  la  puissance  de  réflexion 
qui  appartient  à  cet  objet  et  sa  nature  plus 
ou  moins  absorbante,  et  même  suivant  son 
étendue,  car  plus  grande  sera  l'étendue  do 
l'objet  et  plus  grande  aussi  sera  la  quantité 
de  lumière  qu'il  recevra.  La  loi  des  con- 
trastes se  li«  intimement  à  celle  des  cou- 
leurs, et  l'auteur  se  garde  de  l'oubUer.  Il 
la  formule  au  contraire  de  la  façon  la  plus 
saisissante  en  disant  :  les  objets  se  distin* 
guent  à  une  distance  d'autant  plus  grande 
que  leur  couleur  tranche  davantage  sur 
celle  du  fond  sur  lequel  ils  reposent.  L'es- 
prit scientifique  le  plus  sur,  l'abondance 
des  observations,  la  critique  rigoureuse  et 
préalable  de  tous  les  principes  qu'il  admet 
et  la  logique  des  déductions,  telles  sont  les 
qualités  qui  caractérisent  ici  comme  par- 
tout, ce  que  l'on  pourrait  appeler  la  partie 
didactique  du  mémoire. 

Nous  venons  de  parler  de  l'abondance 
des  observations  faites  par  le  docteur  Vin- 
cent, il  a  demandé  en  effet  à  de  nombreuses 
expériences  personnelles  le  contrôle  et  la 
vérification  des  principales  règles  qu'il  a 
posées.  C'est  la  seconde  partie  de  son  tra- 
vail.  Si  nous  avons  fait  en  commençant 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


quelques  réserves  sur  Fimportance  de  celte 
partie  du  mémoire,  n«»us  y  étions  autorisé 
par  le  langage  même  de  Tauleur  :  «  Il  est 
probable,  dit-il^  que  si  plusieurs  personnes, 
dont  la  vue  est  bonne,  répétaient  mes  expé- 
riences dans  les  mêmes  conditions  de  lu- 
mière que  je  les  ai  faîtes,  un  certain  nom- 
bre d'entre  elles  arriveraient  à  des  résultats 
différents  de  ceux  que  j*ai  obtenus.  Une 
commission  nombreuse  composée  de  mem- 
bres d'âge  différent,  expérimentant  sur  un 
grand  nombre  de  personnes  d'âge  et  même 
de  sexe  différents,  serait,  en  quelque  sorte, 
nécessaire  pour  arriver  h  une  moyenne 
qui  servirait  de  base  pour  apprécier  les 
écarts,  lesquels  pourraient  être  eux-mêmes, 
dans  chaque  cas  particulier^  Pobjet  de 
Texamen  et  de  r-apprcciation  du  médecin 
.  légiste.  »  Notre  collègue  a  donc  cru  pou- 
voir indiquer,  après  expérience,  certains 
chiffres  comme  représentant  les  distances 
auxquelles^  dans  des  conditions  de  lumière 
déterminées,  et  suivant  qu'il  s'agissait  de 
personnes  et  de  choses  connues  ou  incon- 
nues, sa  vue  a  été  suffisamment  distincte, 
mais  il  estime  que  ses  chiffres  n'ont  aucun 
caractère  définitif  et  que  de  nouvelles  ob- 
servations pourront  les  modifier  :  «  la  vue 
distincte  varie,  on  effet,  et  avec  les  qualités 
très- variables  de  l'organe  visuel  et  avec  les 
diverses  condititions  de  lumière  où  se 
trouve  l*objet  vu.  v  Rien  ne  prouve  mieux 
Tincertitude  inséparable  de  ces  sortes  d'ex- 
pérlenceS;  que  l'élasticité  et  le  défaut  de 
précision  des  chiffres  cités  dans  le  mémoire. 
C'est. ainsi,  par  exemple,  que  nous  y  voyons 
que  l'on  peut  reconnaître  une.  personne 
parfaitement  connue  à  une  distance  qui 
variera  entre  cent  et  deux  cents  mètres. 

Notre  consciencieux  collègue  a  tenu  à 
publier  lui  même,  par  un  scrupule  infini- 
ment honorable,  un  tableau  dressé, par  les 
soins  de  l'autorité  militaire  à  l'usage  dos 
écoles  de  tir,  et  indiquant  Tordre  dans 
lequel  disparaissent  successivement  et  sui- 
vant la  distance  pour  les  bonnes  vues,  les 
différentes  parties  du  corps  des  soldats, 
des  effets  d'habillement,  d'équipement  et 
d'armement,  et  les  divers  mouvements 
dans  la  marche  » .  Il  relève  dans  ce  tableau 
un  assez  grand  nombre  d'erreurs  graves 
et  qui  semblent  en  rendre  la  révision  in- 
dispensable ;  mais  il  avoue  en  même  temps 
que  «  la  plupart  des  distances  qui  y  sont 
indiquées  dépassent  tellement  la  portée  de 
sa  vue,  qu'il  serait  tente  de  les  révoquer 
en  doute,  si  elles  n'étaient  le  résultat  de 
mesures  très -précises  prises  sur  le  terrain 


par  (ks  hommes  compétents  » .  Toutes  ces 
différences  s'expliquent  aisément  par  des 
qualités  visuelles  inégales  ou  par  des  con- 
ditions de  lumière  non  identiques,  et  il 
semble  permis  de  dire  qu'elles  sont  inévi- 
tables, et  que,  deux  personnes,  le  même 
jour,  à  la  même  heure,  au  même  lieu, 
dirigeant  leurs  regards  sur  le  même  objet, 
ne  le  verront  pas  de  la  même  manière  ; 
que  de  même  une  personne  recommençant 
deux  jours  de  suite  la  même  observation, 
pourra  arriver  et,  malgré  les  précautions 
prises,  arrivera  probablement  à  des  résul- 
tats sensiblement  différents. 

Il  ne  parait  donc  pas  possible,  en  cette 
matière,  d'accorder  une  importance  déci- 
sive aux  observations  et  aux  expériences 
faites.  Il  serait  téméraire  de  chercher  à 
déterminer  d'une  façon  mathématique,  et 
absolue  les  conditions  de  la  vue  distincte; 
cette  détermination  serait  peut-être  plus 
téméraire  encore  si  elle  ne  devait  être  que 
le  résultat  d'observations,  si  scrupuleuses 
et  si  nombreuses  d'ailleurs  qu'elles  puis- 
sent être.  Les  véritables  guides  du  savant 
consulté  sur  ces  questions  par  les  magis- 
trats ne  devront  être  ni  les  expériences 
d'autrui,  ni  ses  expériences  personnelles, 
mais  bien  les  principes  généraux  si  savam- 
ment exposés,  et  les  règles  si  logiquement 
déduites  de*  ces  principes  par  le  docteur 
Vincent. 

Tel  est  ce  mémoire,  véritablement  con- 
sidérable et  neuf,  dont  il  eût  été  désirable 
qu'une  voix  autorisée  fût  appelée  à  faire 
le  compte-rendu. 

Nous  aurons  atteint  cependant  le  but  le 
meilleur  que  nous  puissions  nous  propo- 
ser, si  nous  avons  réussi  à  donner  le  désir 
d'en  prendre  une  connaissance  complète. 

DISCUSSION. 

M. -Trélat  fait  remarquer  que  le  rap- 
part  conclut  en  disant  que.  le  travail  de 
Al.  le  docteur  Vincent  ne  permet  pas 
d'affirmer  en  matière  de  vue  distincte. 
Mais  m!  Trélat  pense  qu'on  peut,  quand 
il  s'agit  de  savoir  si  un  individu  a  vu  dis- 
tinctement, être  plus  affirmatif  que  M.  le 
docteur  Vincent.  La  question  de  savoir  si 
tel  individu  a  vu,  dépend  en  effet  de  trois 
circonstances  qu'il  est  toujours  facile  de 
déterminer  :  1°  le  sujet  est- il  amétrope  ou 
hypermétrope?  ^°  Le  sujet  a-l-il  une 
acuité  de  vue  normale  ou  anormale? 
3°  Quelle  était,  au  moment  oii  le  fait  s'est 
passé,  la  transparence  des  milieux  à  tra- 
vers lesquels  la    vue    devait    s'exercer? 

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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Voilà  les  trois  circonstances  importantes 
qu'il  convient  d^examiner  et  que  Ton  peut 
toujours  déterminer  dans  chaque  cas  et 
pour  chaque  sujet.  Le  jour  et  l'heure  aux- 
quels révénement  a  eu  lieu,  voilà  un  ren- 
seignement précis  que  Ton  peut  toujours 
se  procurer  et  qui  doit  servir  à  fixer  quelle 
était  la  transparence  des  milieux.  Quant 
aux  deux  autres  points,  à  savoir  le  degré 
d'acuité  de  la  vue  du  sujet,  ou  s*il  est  amé* 
trope  ou  hypermétrope,  1-çtat  de  la  science 
permet  de  les  préciser  exactement.  11  est 
vrai  qu*on  ne  peut  affirmer  si  un  individu 
a  pu  reconnaître^  car  cela  dépend  de  cir- 
constances et  de  caractères  tout  différents 
de  ceux  qui  servent  quand  il  s*agit  de 
savoir  si  Ton  a  vu.  Mais  on  peut  établir 
d'une  façon  absolue  que  Ici  individu 
déterminé  a  pu  et  dû  voir. 

IVl.  Mouton  croit  qu'en  dehors  des  points 
signalés  par  M.  Trélat  il  faut^  dans  la  ques- 
tion qui  est  examinée  par  M.  le  docteur 
Vincent  dans  le  travail  qui  a  fait  Tobjet  du 
rapport  de  >M.  d'Herbelot,  tenir  compte 
aussi  des  contrastes  des  couleurs  et  des  con- 
trastes des  lignes.  Ces  contrastes,  qu'on  re- 
marque quand  il  s'agit  de  questions  d'art, 
existent  aussi  quand  les  choses  se  passent 
pour  de  grandes  distances.  Tout  le  monde, 
en  etfet,  peut  se  rendre  compte  que  telle 
couleur  change  pour  l'œil  selon  la  direc- 
tion et  l'intensité  de  la  lumière,  de  même 
qu'elle  se  modifie  suivant  les  couleurs  à 
côté  desquelles  elle  se  trouve  placée, 
m!  Mouton  fait  remarquer  qu'il  en  est  de 
même  pour  les  lignes,  et  c'est  ainsi  qu'on 
peut  être  exposé  continuellement  à  com- 
mettre, quand  on  voyage,  des  erreurs  sur 
l'inclinaison  d'une  route  ou  sur  la  pente 
d'une  montagne.  Ces  points  sont  forts 
importants,  et  c'est  surtout  quand  on  con- 
naît l'importance  des  débats  judiciaires  et 
qu'on  sait  à  quels  détails  Qn  est  obligé  de 
s'arrêter,  que  l'on  comprend  combien  il  est 
utile  d'y  insister.  Chacun,  du  reste,  a  une 
aptitude  de  la  vue  dont  il  est  utile  de  se 
préoccuper.  C'est  ainsi  qu'un  marin  recon- 
naîtra à  une  distance  considérable  un  na- 
vire en  mer  qu'un  chasseur,  par  exemple, 
n'apercevra  même  pas;  tandis  que  ce 
même  chasseur  distinguera  parfaitement 
un  lièvre  ou  une  pièce  de  gibier  quelcon- 
que, dont  le  marin  ne  soupçonnera  même 
pas  là  présence.  Enfin,  il  faut  tenir  compte 
de  ce  qu'on  appelle  les  illusions  d'optique. 

M.  o'Herbelot  regrette  que  M.  le  doc- 
teur Trélat  n'ait  pas  entendu  le  commen- 
cenicnl    de   son    rapport.    Le   travail    de 


M.  Vincent  contient  en  effet  deux  parties 
absolument  distinctes  :  la  partie  scienti- 
fique et  la  partie  expérimentale.  Or,  M.  Vin- 
cent établit  fort  bien  dans  la  parlie  scien- 
tifique de  son  travail  que  l'on  doit  exami- 
ner pour  chaque  cas  la  valeur  visuelle  de 
l'individu.  11  donne  donc,  sous  ce  rapport, 
entière  satisfaction  aux  observations  de 
M.  Trélat.  Quant  à  la  seconde  partie,  4ans 
laquelle  M.  Vincent  rend  compte  de  ses 
expériences^  il  convient  lui-même  qu'elle 
n'est  pas  assez  sérieuse.  Du  reste,  M.  Vin- 
cent reconnaît  l'imperfection  des  résultats 
acquis.  Il  exprime  même  l'idée  que  la  So- 
ciété constitue  une  Commission  chargée  de 
recommencer  ses  expériences;  mais  une 
telle  Commission  est  impossible.  La  seconde 
partie  du  travail  de  M.  Vincent  conduit 
donc  h  un  seul  résultat  :  démontrer  l'in- 
certitude de  l'expérimentation  en  pareille 
matière,  car  il  faudrait  être  certain  de  se 
replacer  exactement  chaque  fois  dans  une 
situation  identique. 

M.  Trélat  fait  observer  que  l'expéri- 
mentation en  pareille  matière  produit  de 
telles  différences  et  est  sujette  à  de  si  nom- 
breuses difficultés,  qu'on  peut  dire  que  ce 
n'est  plus  de  la  vue  distincte.  Il  reconnaît 
qu'il  a,  en  énumérant  les  trois  conditions  à 
examiner,  en  cette  matière,  commis  un 
oubli  que  lui  a  rappelé  M.  Mouton  :  c'est 
qu'il  faut  observer  les  objets  et  les  espèces 
au  point  de  vue  de  la  fausse  appréciatioîi 
des  couleurs.  Il  faut  donc,  au  lieu  de  trois 
conditions  à  examiner^  en  examiner  quatre. 
Quant  aux  autres  points  signalés  par 
M.  Mouton,  M.  Trélat  croit  qu'ils  n'ont 
aucun  rapport  avec  la  vue  distincte.  L'illu- 
sion optique,  il  ne  l'admet  pas,  parce  que, 
pour  lui,  l'illusion  est  une  raélité  pour 
l'œil.  Quant  à  l'habitude  visuelle,  c'est  de 
la  vue  distincte  et  réelle  ;  et  ce  qui  expli- 
que que  tel  individu  reconnaîtra  un  objet 
qu'il  a  l'habitude  de  voir,  tandis  qu'il  ne 
reconnaîtra  pas  tel  autre  qu'il  né  voit  pas 
habituellement  quoique  plus  rapproché, 
c'est  non  pas  parce  qu'il  ne  le  voit  pas, 
mais  bien  parce  que,  n'ayant  pas  l'habi- 
tude d'analyser  les  différents  côtés  qui  con- 
stituent la  forme  de  cet  objet,  il  ne  le  re- 
connaît pas.  M.  Trélat  n'admet  pas  non 
plus  comme  un  des  éléments  de  la  vue  dis- 
tincte le  contraste  des  lignes,  dont  a  parlé 
M.  Mouton  :  pour  lui,  ce  contraste  des 
lignes  n'est  pas  une  illusion,  mais  bien 
une  réalité.  Donc,  en  examinant  avec  soin 
les  trois  conditions  dont  il  a  parlé,  l'amé- 
tropie  ou  l'hypcrmétrapic,  l'acuité  visuelle 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


75 


et  la  chroiDâtopsie,  on  a  les  trois  conditions 
dont  la  constatation  est  indispensable  ponr 
déterminer  les  conditions  de  la  vue  dis- 
tincte. 

M.  Manuel  et  M.  Mouton  insistent  sur 
la  question  de  Thabitude  de  rœil. 

M.  Gâllard  rappelle  un  point  du  travail 
de  M.  Vincent  sur  lequel  on  n*a  peut-être 
pas  assez  insisté,  c'est  celui  où  M.  Vincent 
examine  les  aspects  différents  que  telle  ou 
telle  couleur  présente  selon  qu'on  hi  voit 
au  grand  jour  ou  au  clair  de  la  lune. 

M.Trélât,  répondant  d'abord  à  MM.  .^la 
nuel  et  Mouton,  fait  observer  que  la  ques- 
tion de  savoir  pourquoi  un  individu  aura 
reconnu  tandis  que  l'autre  aura  à  peine 
vu,  est  une  affaire  non  pas  de  vue,  mais 
d'éducation  de  la  vue.  Mais  la  question  de 
la  vue  distincte  est  tout  autre  et  ne  doit 
être  examinée  qu'au  point  de  vue  théo- 
rique. La  question,  à  ce  point  de  vue  pure- 
ment théorique,  se  réduit  à  savoir,  non  pas 
si  un  individu  a  pu  reconnaître,  mais  s'il 


a  pu  voir.  Quant  au  point  traité  par 
M.  Gallard^  M.  Trélat  fait  observer  que 
l'on  comprend  parfaitement  que  la  couleur 
change  absolument  suivant  les  conditions 
de  lumière  et  qu'au  clair  de  la  lune,  par 
exemple,  telle  ou  telle  nuance  se  trouve 
absolument  modifiée. 

M.  Démange  demande  si  dans-  l'état  de 
la  science  un  expert^  une  fois  les  condi- 
tions d'heure  et  de  lumière  déterminées, 
pourra  répondre  et  affirmer  que  tel  indi- 
vidu a  pu  voir. 

M.  Trélat  répond  affirmativement,  une 
fois  qu'on  aura  déterminé  en  outre  les 
qualités  de  vue  de  l'individu. 

Sur  une  observation  de  M.  Gallard, 
M.  Trélat  conclut  en  disant  que  voir  et 
reconnaître  sont  deux  choses  différentes. 
La  première  opération  est  purement  phy- 
sique, la  seconde  est  en  outre  intellectuelle. 
Mais  ce  que  l'on  peut  dire,  c'est  que  pour 
reconnaître  il  faut  d'abord  avoir  vu. 

[Annales  d'hygiène  publique,) 


m.  AGADBHIES  ET  SOCIÉTÉS  SAViNTES. 


Société  Royale  des  Soienoes  médioalet  et 
naturelles  de  Bruxelles. 

Bulletin  de  la  séance  du  ^juillet  1875. 

Président  :  M.    Janssens,   bibliothécaire. 
Secrétaire  :  M.  van  den  Corput. 

Sont  présents  :  MM.  Sacré,  Rommclaere, 
Tirifahy,  Spaak,  Gharon,  Vande  Vyvere, 
Carpentier,  Delslanche ,  Wehenkel,  Schuer- 
mans,  Ledeganck,  van  den  Corput. 
.  La  correspondance  comprend  :  1°  Une 
lettre  de  M.  le  ministre  de  l'Intérieur 
informant  la  compagnie  qu'un  subside  de 
mille  francs  lui  est  accordé  ;  2°  une  lettre 
de  M.  Pigeolet  informant  la  Société  du  re- 
gret qu'il  éprouve  de  ne  pouvoir  assister 
à  la  séance  de  ce  jour  ;  3"  une  lettre 
de  M.  L.  Martin  informant  la  compagnie 
que,  frappé  dans  ses  plus  chères  affections 
par  la  mort  de  sa  femme,  il  lui  sera  impos- 
sible d'assister  à  la  séance.  L*assemblée 
décide  que  le  Bureau  se  rendra,  au  sortir 
de  la  séance,  chez  l'honorable  M.  L.  Mar- 
tin pour  lui  exprimer  la  part  que  prend  à 
la  perte  qu'il  vient  d'éprouver,  la  Société 
royale  des  sciences  médicales  et  naturelles 
de  Bruxelles  ;  4<*  lettre  de  la  Municipalité 
de  la  ville  de  Forlî  remerciant  la  Société 


de  la  sympathie  qu*elle  a  témoignée  pour  la 
fête  de  Morgagnij  à  cette  lettre  est  jointe 
une  magnifique  médaille  à  l'effigie  de  ce 
savant.  Des  remerclments  sont  votés  à  la 
ville  de  Forli,  et  la  médaille  commémora- 
(ive  sera  conservée  dans  les  archives  de  la 
compagnie  ;  5<*  lettre  de  M.  le  directeur  de 
la  Gazette  médicale  de  Bordeaux  demandant 
l'échange  de  cette  publication  avec  le  Jour- 
nal de  médecine  de  Bruxelles.  Adopté  ; 
6<*  M.  le. docteur  Pataud  fait  hommage  de 
deux  brochures  sur  les  Propriétés  physio- 
logiques du  bromure  de  camphre.  Renvoi 
pour  examen  à  M.  Ledeganck  ;  7*>  M.  le 
docteur  Deneffe  fait  hommage  de  son  nou- 
veau travail  en  collaboration  avec  M.  Van 
Welter  :  L'anesthésie  produite  par  injection 
intra  veineuse  de  chloral.  Renvoi,  pour 
analyse  à  M.  Charon  ;  8»  M.  4e  docteur  Ber- 
tillon  fait  parvenir  à  la  compagnie  ses 
Bccliçrches  sur  les  combinaisons  de  sexe 
dans  les  grossesses  gémellaires^  de  leurs 
causes  et  de  leurs  caractères  ethniques.  Ren- 
voi pour  analyse  h  M,  Ledeganck  ; 
9°  M.  Janssens  fait  hommage  de  son  Bel^rvé 
trimestriel  du  bulletin  de  statistique  démo- 
graphique de  la  ville  de  Bruxelles. 

Des  remerclments  sont  votés  aux  auteurs 
de  ces  différents  envois. 


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76 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


Ouvrages  présentés  : 

1.  ])«s   propriétés   physiologiques   du   . 
bromure  de  camphre,  par  le  docteur  L.  Pa- 
taud. Paris,  A.  Delahaye,  187S. 

2.  Précis  clinique  et  pratique  de  patho- 
logie chirurgicale  spéciale,  par  le  docteur 
BoHée.  7°  fascicule.  Bruxelles,  Manccaux, 
J878- 

3.  De  Tanesthésie  produite  par  injection 
intra-veineuse  de  chloral,  par  les  docteurs 
Deneffe  et  Van  Welter.  Bruxelles,  Man- 
ceaux,  J875. 

4.  Etude  clinique  sur  la  fistule  à  Tanus, 
par  le  docteur  Félix.  Bruxelles^  Manceaux, 
1875. 

5.  Des  indications  et  contre-indications 
de  rhydrothérapie,  par  le  docteur  Leroy- 
Dupré.  Paris,  J.  B.  Baillière,  1875. 

6.  Symptomatologie  ou  traité  des  acci- 
dents morbides,  par  A.  Spring.  Tome  ÏI, 
5l''fasc.,  suite.  Bruxelles^ Manceaux,  4875. 

7.  Bulletin  de  T Académie  royale  de  mé- 
decine de  Belgique.  3«  série,  t.  IX,  n°  3. 
Bruxelles,  Manceaux,  1875. 

8.  Relevé  trimestriel  du  bulletin  de  sta- 
tistique démographique  de  la  ville  de 
Bruxelles,  par  le  docteur  E.  Janssens. 
Bruxelles,  Manceaux,  1875. 

9.  Recherches  sur  les  combinaisons  des 
sexes  dans  les  grossesses  gémellaires,  de 
leurs  causes  et  de  leurs  caractères  ethni- 
ques, par  le  docteur  Bertillon. 

10  à  86.  Divers  journaux  et  recueils 
scientifiques  et  périodiques.   - 

Avant  d^aborder  Tordre  du  jour,  M.  Jans- 
sens informe  rassemblée  que,  grâce  à  la 
bienveillance  de  M.  le  bourgmestre,  un 
nouveau  local  sera  mis  dans  quelques  jours 
à  la  disposition  de  la  Société  pour  TinstaN 
iation  de  sa  bibliolhéquo  et  pour  la  tenue 
de  SCS  séances  dans  les  bâtiments  récem- 
ment acquis  par  la  ville  de  Bruxelles.  Des 
remerciments  à  M.  le  bourgmestre  seront 
actes  au  procès-verbal  de  la  séance. 

L*ordre  du  jour  étant  abordé,  il  est  pro- 
cédé par  scrutin  secret  au  renouvellement 
complet  du  Bureau. 

Les  résultats  du  scrutin  désignent  : 
comme  Président  honoraire,  en  remplace- 
ment de  M.  Rieken,  décédé,  M.  le  docteur 
Pigeolet;  comme  Président,  M.  L.  Martin  ; 
comme  Vice -président ,  M.  Crocq.  Sont 
réélus  :  comme  Secrétaire,  M.  van  den  Cor- 
put;  Secrétaire- adjoint ,  3f.  Ledeganck  ; 
Trésorier  y  M.  Sacré;  Bibliothécaire, 
)1.  Janssens. 

En  outre,   M.    Ledeganck  est   désigné 


comme  membre  du  Comité  de  rédaction, 
eo  remplacement  de  feu  M.  Rieken. 

La  parole  est  ensuite  à  M.  van  den  Cor- 
put  pour  faire  Texposé  de  la  situation  mo- 
rale de  la  compagnie  et  la  proposition  de 
différentes  nominations. 

M.  VAN  DEN  CoRPUT.  Mcssiours,  je  de- 
vrais, suivant  la  coutume  que  je  me  suis 
imposée  depuis  plus  de  vingt  ans,  vous 
exposer  aujourd'hui  le  bilan  moral  de  notre 
compagnie  et  vous  retracer  le  tableau  de 
sa  situation  scientifique  ou  de  son  crédit 
parmi  les  sociétés  savantes. 

Mais,  devant  la  situation  de  plus  en  plus 
prospère  de  la  Société  royale  des  sciences 
médicales  et  naturelles  de  Bruxelles,  vous 
comprendrez  mon  hésitation  à  vous  répé- 
ter encore  des  phrases  tant  de  fois  répé- 
tées, pour  vous  entretenir  de  ses  succès 
croissants. 

Il  suffit,  d'ailleurs,  d*un  simple  coup- 
d'œil  jeté  sur  nos  annales,  pour  se  con- 
vaincre de  rimportance  de  .plus  en  plus 
marquée  et  de  Tintérét  soutenu  des  mé- 
moires, ainsi  que  des  travaux  qui  y  abon- 
dent. Il  suffit  de  constater  le  succès  de 
bon  alôi  dont  jouit  le  Journal  de  médecine 
de  Bruaielles  dans  notre  pays  et  Feslime  de 
plus  en  plus  grande  dont  il  est  entouré  à 
rétranger,  pourapprécier  le  mérite reconnu 
de  nos  publications. 

Est-il  nécessaire,  à  vous  qui  en  êtes  . 
témoins,  de  signaler  Témulation  avec  la- 
quelle les  travailleurs  sérieux  briguent 
rhonneur  de  faire  partie  de  notre  pha- 
lange? Faut-il  vous  rappeler  reniprcsse- 
mcnt  que  mettent  tous  les  journaux  de 
médecine  ^  solliciter  rechange  avec  le 
nôtre? 

Tout  ce  que  j'aurais  à  dire  de  notre  com  - 
pagniu  se  résume,  d'ailleurs,  en  ces  trois 
mots  d'une  célèbre  devise  dont  la  préten- 
tieuse flatterie  devient  pour  nous  une  vé- 
rité réelle  :  Vires  €u;quirit  eundo.  Nos 
forces  augmentent,  en  effet,  en  avançant. 
Car  pour  les  sociétés,  —  heureux  privi- 
lège, — -  la  force  est  en  raison  de  l'âge  et 
de  l'ancienneté;  plus  elles  comptent  d'an- 
nées —  et  la  nôtre  entre  aujourd'hui  dans 
sa  cinquante -quatrième  —  plus  elles 
témoignent  de  vigueur  ! 

D'autre  part,  le  legs  Seutin,  joifit  au  pro- 
duit de  nos  journaux,  et  au  subside  que 
l'Etat,  reconnaissant  nos  efforts  soutenus, 
nous  accorde  chaque  année  avec  empres- 
sement, assurent  désormais  l'avenir  maté- 
riel de  notre  compagnie. 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


77 


Pour  d^autres  que  pour  ceux  qui  dédai- 
gnenl  Téioge  et  méprisent  l'envie,  ces  suc- 
cès seraient  peut-être  une  source  d'enivre- 
ments dangereux  qui  les  conduiraient  à  la 
torpeur,  ipaiâ  en  noire  pays,  sobre  d'en- 
thousiasmes factices  et  de  démonstrations 
vaines,  pareil  mécompte  n'est  certes  pas 
à  craindre. 

Un  seul  fait  nous  permet  d'être  fiers  et 
de  revendiquer  avec  orgueil  une  large  part 
à  cette  œuvre  salutaire.  Nous  constatons 
avec  satisfaction  l'émulation  féconde  qui 
s'est  emparée  de  nos  médecins  belges  et  le 
réveil  énergique  de  Tesprit  d'investigation 
parmi  nos  jeunes  praticiens.  Aussi  est-ca 
avec  une  joie  légitime  que  nous  voyons, 
depuis  quelque  *  temps  surtout,  veiiir  à 
nous  un  nombre  considérable  de  travaux 
importants,  dont  plusieurs  même  ont  été 
couronnés  dansdes  concours  publics,  parles 
corps  savants  les  plus  illustres  de  rEuropt^ 
En  présence  de  résultats  aussi  évidem- 
ment prospères  et  de  preuves  de  confiance 
aussi  positives,  notre  Société  a  le  droit  de 
s'enorgueillir  et  peut,  à  juste  titre,  se  mon- 
trer satisfaite  ;  elle  a  le  droit  de  mériter 
Testime  universolie,  car  elle  a,  en  effet, 
atteint  le  but  le  plus  élevé  que  puisse  se 
proposer  Thomme  intelligent  et  libre  : 
celui  de  stimuler  le  progrès  par  excellence, 
le  complet  développement  de  la.  science, 
dépouillée  de  toute  entrave  et  réalisé  la 
plus  noble  dès  aspirations  humaines  :  celle 
d'être  utile  à  Thumanité  ! 

Mais  à  côté  de  tous  rayons  viennent  se 
placer  des  ombres  :  ce  sont  celles  de  nos 
collègues  qui  ont  payé  leur  tribut  mortel 
à  la  nature  et  qui  s'en  sont  ailés  avec  la 
virile  satisfaction  d'avoir  accompli,  dans  la 
limite  de  leurs  forces,  le  plus  d'œuvres 
utiles  et  d'efforts  scientifiques.  Puissent  les 
bons  grains  qu'ils  ont  semésT  produire  des 
fruits  profitables  !  A  ces  titres  accordons  la 
reconnaissance  du  souvenir  aux  mânes  de 
Rieken,  notre  vénéré  président  honoraire; 
Seghers,  membre  correspondant,  à  Saint- 
Nicolas;  Groshans,  à  Rotterdam;  Righini, 
à  Novare,  et  Fabbrî^  membre  honoraire, 
à  Bologne. 

Sans  nous  arrêter  à  des  regrets  stériles 
nous  avons  cherché  à  réparer,  autant  que 
faire  se  pouvait,  les  vides  que  la  mort  a 
faits  parmi  nous,  en  appelant  à  concourir  à 
nos  travaux  des  travailleurs  nouveaux 
pleins  de  zèle  :  M.  le  docteur  Charon  et 
M.  Lorge^  vétérinaire,  comme  membres 
effectifs,  MM.  Leyder  et  Bertheràud, 
comme  correspondants. 


Il  est  d'usage,  en  outre,  de  décerner  à 
cette  date  annuelle  quelques  récompenses 
scientifiques  à  des  praticiens  qui  ont  bien 
mérité  de  la  science  par  leurs  travaux  ou 
leurs  Teçons. 

C'est  pourquoi  le  Bureau  vous  propose 
d  accorder  le  titre  de  membre  honoraii*e  à 
MM.  le  docteur  Verardini,  professeur  à 
l'Université  de  Bologne,  Bamberger,  pro- 
fesseur de  clinique  médicale,  à  Vienne, 
Bouillaud,  Larrey  et  Verneuil,  à  Paris,  et 
celui  de  membre  correspondant,  parmi  les 
régnicoles,  à  MM.  le  docteur  Putzeys,  de 
Waremme,  le  docteur  Charles,  à  Liège  et 
le  docteurMotte^  à  Dinant.  Parmi  les  méde- 
cins étrange/s  il  vous  propose  la  même 
distinction  à  MM.  les  docteurs  Michel  Peter, 
à  Paris.,  Luschka,  professeur,  à  Pesth, 
Constantin  Paul,  agrégé  à  l'Université  de 
Paris,  VVilks,  à  Londres,  Hitzig,  profes- 
seur, à  Berlin,  et  Buhl,  à  Munich. 

—  Des  remerciments  ayant  été  votés  à 
M.  le  Secrétaire,  ces  différentes  nomina- 
tions sont  successivement  mises  aux  voix 
avec  considérants  à  l'appui,  et  adoptées. 
En  conséquence  sont  proclamés  membres 
honoraires  de  la  Société  royale  des  sciences 
médicales  et  naturelles  de  Bruxelles  : 
MTW.  Bamberger,  professeur  à  l'Université 
de  Vienne  j  Verardini,  idem,  à  Bologne  ; 
Bouillaud^  Verneuil  et  Larrey,  à  Paris. 
Sont  proclamés  membres  correspondants 
régnicoles  :  MW.  les  docteurs  Putzeys,  à 
Waremme  (Liège);  Charles,  à  Liège,  et 
Motte,  à  Dinant;  correspondants  étran- 
gers :  MM.  les  docteurs  Michel  Peter  et 
Constantin  Paul,  à  Paris;  Luschka,  à  Pesth  ; 
VVilks,  à  Londres  ;  Hitzig,  à  Berlin,  et 
Buhl,  à  Munich. 

[/Ordre  du  jour  amène  le  rapport  de 
M.  Carpentier,  rapporteur  de  la  Commis- 
sion chargée  d'examiner  les  mémoires 
pour  le  concours  de  l'année  -dernière  en 
réponse  à  la  question  de  médecine  (ques- 
tion laissée  au  choix  de  l'auteur). 

M.  Carpentier.  Messieurs,  nous  avons 
reçu  trois  mémoires  en  réponse  h  la  qua- 
trième question,  laissée  au  choix  des  con- 
eurrents  et  devant  embrasser  un  sujet 
quelconque  du  domaine  de  la  médecine, 
de  la  chirurgie  ou  de  la  toxicologie. 

Votre  Commission  composée  de  MM. 
Crocq,  Pigeolet,  Martin  et  du  rapporteur, 
a  pris  connaissance  alleniive  de  ces  divers 
mémoires  et  a  formulé  son  jugement  comme 
suit  : 

Le  premier  travail,   intitulé  :  Nouvelle 


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78 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


étude  sur  la  variole  et  la  vaccine,  ne  contient 
rien  de  remarquable.  L*auteur,  après  avoir 
refait  l'histoire  de  la  vaccine  et  des  épidé- 
mies de  variole  qui  se  sont  succédé  depuis 
le  commencement  du  siècle,  arrive  a  cette 
conclusion  qu*il  faut  vacciner  et  revacciner 
en  temps  ordinaire,  mais  qu'en  temps  d'é- 
pidémie, c'est  par  l'inoculation  variolique 
qu'il  faudra  compléter  et  corroborer  la 
vaccine.  Nous  pouvons  dire  en  substance 
que  l'auteur  n'apporte  à  l'appui  de  sa  thèse 
aucun  fait  nouveau  qui  puisse  éclairer  la 
science,  et  c'est  ce  qui  a  motivé  l'avis  de 
la  Commission. 

Le  second  travail  est  intitulé  :  Découverte 
de. l'agent  spécifique  de  la  variole  confirmée. 
A  l'appui  d'une  assertion  aussi  importante, 
l'auteur  se  contente  de  rapporter  une  obser- 
vation de  variole  confluente  survenue  chez 
un  enfant  de  six  mois  non  vacciné.  Sous 
l'influence  du  médicament  administré,  la 
marche  de  la  maladie  était  enrayée  au  bout 
de  vingt-quatre  heures;  les  pustules,  dit 
l'auteur,  étaient  affaissées,  flétries,  rétrac- 
tées, à  l'état  de  dessiccation  progressive  ; 
l'extinction  du  travail  inflammatoire  de  la 
peau  était  évidente,  et  au  bout  de  six  jours, 
la  guérison  était  complète.  Or^  à  quel  agent 
thérapeutique  l'auteur  avait-il  eu  recours 
pour  décapiter,  ainsi  qu'il  le  dit,  la  variole 
dans  sa  période  d'éruption?  C'est  au  sili- 
cate de  soude,  aussi  n'hésite  t  il  pas  à 
affirmer  que  celui-ci  est  dorénavant  l'agent 
spécifique  du  traitement  curatif  de  la  va- 
riole, comme  le  vaccin  en  est  l'agent  spé- 
cifique préventif.  Maintenant,  dit  il,  la 
médecine  est  toute  puissante,  et  l'on,  peiit 
même  désigner  approximativement  Tépo- 
que  où  la  variole  aura  disparu  de  la  face 
de  l'Europe. 

Pourquoi  de  l'Europe  seulement,  c'est 
ce  que  l'auteur  ne  dit  pas,  mais  peu  im- 
porte, car  malgré  l'enthousiasme  où  son 
succès  l'avait  plongé^  votre  Commission 
ne  pouvait  voir  dans  celui  ci  qu'un  fait 
isolé,  incapable  de  donner  sa  consécration 
à  une  découverte  capitale.  Or,  les  circon- 
stances aidant,  nous  avons  pu  trancher  la 
question  et  donner  à  l'auteur'  qui  en  appe- 
lait à  l'expérimentation  de  ses  juges,  une 
réponse  sérieuse  et  définitive.  Charge  du 
service  des  varioleux  à  l'hôpital  Saint-Jean, 
j'ai  institué  quelques  expériences  qui  ont 
été  suivies  par  M.  Crocq,  et  dont  les  élèves 
fréquentant  la  clinique,  ont  aussi  été  les 
témoins.  Je  ne  m'étendrai  pas  à  vous  nar- 
rer les  observations  d'une  dizaine  de  ma- 
lades qui  ont:  été  traités  par  le  silicate  de 


soud'e  dès  leur  entrée  à  l'hôpital,  c'est-à- 
dire  le  plus  souvent  au  début  de  la  période 
éruptive  comme  le  demande  l'auteur.  Qu'il 
vous  suffise  d'en  connaître  les  résultats 
négatifs  :  non-seulement  le  silicate  de 
soude  n'a  exercé  la  plus  mince  action  sur 
l'évolution  de  la  variole,  mais  nos  expé- 
riences se  sont  clôturées  par  un  bilan  de 
trois  décès.  Le  silicate  de  soude  en  était 
évidemment  innocent,  le  coupable  était  la 
variole  qu'il  devait  guérir  et  qui  s'en  est 
influencée  comme  des  différents  spécifiques 
que  l'on  a  dirigés  contre  elle  jusqu'à  ce  jour. 
Sans  plus  de  commentaires^-nous  pou- 
vons donc  passer  au  troisième  et  dernier 
mémoire  intitulé  :  La  virulence  et  la  spé- 
cificité de  la  phthisie  pulmonaire  devant 
l'expérimentation  et  devant  la  clinique.  De 
l'avis  unanime  de  la  Commission,  ce  tra- 
vail est  de  beaucoup  le  plus  important. 
L'auteur  a  divisé  son  sujet  en  trois  par- 
ties. Dans  la  première,  il  étudie  les  carac- 
tères généraux  des  maladies  virulentes. 
Dans  la  seconde,  il  recherche  si  ces  carac- 
tères existent  dans  la  tuberculose  expéri- 
mentale, c'est-à-dire  dans  la  tuberculose 
provoquée  par  les  différents  procédés  mis 
en  usage  pour  opérer  sa  transmission, 
l'inoculation  cutanée,  l'inoculation  du  tissu 
Gonjonctif,  l'introduction  dans  les  cavités 
séreuses,  l'injection  dans  les  vaisseaux,  la 
transfusion  du  sang,  Tinsufflalion  dans  les 
voies  respiratoires;  l'ingestion  parles  voies 
digestives.  Dans  la  troisième  partie,  il  re- 
cherche si  ces  caractères  existent  dans  la 
tuberculose  clinique. 

Ce  mémoire  constitue,  en  somme,  un 
excellent  exposé  de  la  question  de  la  viru- 
lence de  la  phthisie  pulmonaire  :  c'est  un 
travail  bien  fait,  bien  écrit  ;  il  dénote  un 
esprit  érudit  ami  du  progrès  et  qui  y  arri- 
vera certainement  s'il  persiste  dans  la  voie 
où  l'auteur  est  entré.  Un  seul  reproche  est 
à  lui  faire,  et  il  est  important  :  c'est  que  l'au- 
teur n'a  pas  suffisamment  étendu  le  champ 
de  la  question  sous  le  rapport  des  faits 
nouveaux. 

Partant  de  ces  considérations,  la  Com- 
mission estime  qqe  si  ce  mémoire  ne  mérite 
pas  la  totalité  du  prix  attribué  à  la  qua- 
trième question.  Il  y  aurait  d'autre  part 
injustice  à  le  laisser  dans  l'oubli,  et  elle 
vous  propose.  Messieurs,  d'accorder  à  l'au- 
teur un  prix  d'encouragement  sous  forme- 
de  mention  honorable  et  de  publier  le  tra- 
vail dans  le  journal  de  la  Société. 

Les  conclusions  du  rapport  de  M.  Car- 
pentier  sont  mises  aux  voix  et  adoptées. 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


79 


En  coaséquence,  Tauteurdu  travail  n°  5 
relatif  à  la  virulence  et  à  la  spécificité  de 
la  phthisie  pulmonaire  est  invité  à  faire 
connaître  sMl  accepte  les  conditions  de  la 
publicité. 

~  La  paroleest  à  M.  Ledeganck»  rappor- 
teur de  la  Commission  chargée  d'examiner 
le  mémoire  envoyé  en  réponse  à  la  ques- 
tion de  pharmacie  et  d*histoire  naturelle. 

M.  Ledeganck.  Messieurs,  un  seul  mé- 
moire, relatif  aux  sciences  naturelles,  nous 
est  parvenu  pour  le  concours  de  i87t). 
L'auteur  a  traité  une  question  laissée  à  son 
choix  :  Etude  anatomique  des  racines  offici- 
nales. 

Posée  en  ces  termes,  c'était  une  étude 
extrêmement  vaste  que  celle  que  Tauteurse 
proposait  d^aborder.  Toutefois  son  travail 
ne  comprend,  à  vrai  dire,  qu'une  partie  de 
cette  étude;  l'auteur,  s'il  eût  voulu  donner 
une  idée  plus  exacte  de  son  travail  eût  dû 
l'intituler  :  Exposé  des  caractères  histolo- 
giques  des  racines  officinales  étudiées  au 
microscope.  En  eiîet.  les  descriptions  qu'il 
nous  donne,  quoique  d'une  scrupuleuse 
exactitude,  ne  sont  en  général  que  Ténu- 
mération  pure  et  simple  des  caractères 
histologiques  que  l'on  constate  sur  une 
coupe  soit  transversale  soit  longitudinale 
d'une  racine  donnée.  L'auteur,  s'étant 
borné  à  l'étude  des  racines  seulement;  s'est 
efforcé  d'être  complet  pour  le  cadre  dans 
lequel  il  s'était  renfermé.  On  peut  dire  qu'il 
a  été  complet  par  le  nombre  des  échan- 
tillons décrits  :  il  étudie,  non>seulement 
les  racines  d'un  usage  très-répandu,  ou 
d'une  importance  capitale  en  thérapeu- 
tique—  ces  dernières  étant  généralement 
étudiées  dans  tous  leurs  détails  —  mais  on 
voit  figurer  au  nombre  des  racines  dé- 
crites, plus  d'une  espèce  végétale  d'nn 
usage  trèsrestreint,  ou  d'une  importance 
thérapeutique  à  peu  près  nulle.  Je  vous 
citerai  par  e;(emple  les  racines  de  Dic- 
tamnusalbus;  Paeonia  officinalis ;  Asarum 
europœum;  Aristolochia  longa;  Polygona- 
tum  multiflorum;  Arundo  donax;  Carex 
arenaria;  Cypcrus  longus  ;  Cyperus  ro- 
tundus,  etc.,  etc.,  dont  il  donne  la  des- 
cription hislologique  complète  malgré  la 
minime  importance  de  leurs  propriétés 
pharmacodynamiques. 

L'auteur  est  tout  aussi  complet  en  ce 
qui  concerne  la  description  de.  chaque 
échantillon  en  particulier.  Ces  descrip- 
tions sont  données  avec  tous  les  détails 
possibles  :  on  peut  dire,  sans  exagérer,  qu'il 


n'y  manque  pas  une  fibre,  pas  une  cellule. 
Nous  avons  contrôlé  un  grand  nombre  de 
ces  descriptions,  sur  quelques  échantillons 
frais  que  nous  nous  sommes  procurés,  ainsi 
que  sur  des  préparations  sèches  de  la  col- 
lection Mœller,  de  Webel  (Holstein),  et 
nous  avons  dû  reconnaître  qu'il  n'y  avait 
rien  à  ajouter.  Sous  ce  rapport,  on  pour- 
rait citer  la  description  des  différentes 
sortes  de  Rhubarbe  comme  un  modèle  du 
genre.  . 

Mais  un  desideratum  qui  saute  aux  yeux 
dès  qu'on  examine  quelques  chapitres  du 
présent  mémoire,  c'est  l'absence  de  tout 
esprit  philosophique  dans  la  manière  dont 
l'auteur  a  traite  la  question.  Les  travaux 
de  ses  devanciers,  qu'il  a  pris  pour  modèles, 
les  traités  de  Schleiden  et  Berg,  en  Alle- 
magne :  de  Planchon  et  Cauvet,  en  France; 
mais  surtout  de  Howard,  en  Angleterre  — 
travaux  dont  il  a  certainement  égalé  l'exac- 
titude et  la  clarté  descriptive  —  lui 
offraient,  sous  ce  rapport,,  un  excellent 
exemple  à  suivre.  Il  ne  suffisait  pas,  en 
effet,  de  donner  une  série  de  descriptions 
exactes  et  minutieuses  d'un  même  organe 
dans  différentes  espèces  végétales,  il  fallait 
faire  ressortir  \vs  caractères  d'ensemble 
propres  à  cliaque  espèce  et  pouvant  la  dif- 
férencier des  espèces  voisines;  il  fallait  dé- 
terminer, toutes  les  fois  que  la  chose  était 
possible,  le  siège  anatomique  du  principe 
actif;  il  fallait  rechercher  quels  sont  les  ca- 
ractères variables  et  quels  sont  les  carac- 
tères constants,  pour  un  groupe  donné 
d'espèces  ccmgénères,  de  manière  à  retrou- 
ver dans  la  structure  histologique  de  la  ra- 
cine les  mêmes  analogies  que  celles  qui 
existent  dans  la  structure  des  organes  d'un 
ordre  plus  élevé,  fleur  ou  fruit  ;  faire  en  un 
mot  de  rhistologie  comparée  ;  enfin  il  fallait 
signaler  les  analogies  apparentes  qui  peu- 
vent exister  entre  deux  espèces  éloignées, 
—  surtout  lorsqu'il  y  a  danger  à  les  con- 
fondre, —  et  rechercher  un  caractère  dis- 
tinctif  suffisant  pour  rendre  toute  confu- 
sion impossible. 

Si  l'auteur  se  fût  pénétré  de  ces  idées, 
il  eût^  sans  aucun  dolite,  fourni  un  travail 
parfait.  Le  soin  qu'il  a  mis  à  traiter  la 
partie  descriptive,  nous  est  garant  de  ee* 
qu'il  eût  pu  faire  dans  un  autre  ordre 
d'idées.  Nous  le  regrettons  d'autant  plus, 
que  l'auteur  lui-même  déclare,  dans  sa 
préface,  «  vouloir  un  peu  réagir  contre  la 
»  tendance  que  l'on  a  généralenaent  à 
»  négliger  le  côté  théorique  et  pratique  des 
»  sciences  naturelles  dont  la  connaissance 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


I  peut  être  si  utile  à  tous  ceux  qui  s'oc- 
I  cupent  de  matière  médicale.  •  L*étude  si 
complète  qu'il  a  faite  des  racines  officinales 
eût  produit  des  documents  précieux,  à 
ajouter  à  ceux  que  nous  ont  fournis  Meyen 
et  Scbacht,  en  Allemagne  ;Duyal-Jouye, 
en  France;  Morren  et  Ghalon^  en  Bel- 
gique; matériaux  épars  qui  serviront  un 
jour  à  édifier  VHisloldffie  végétale  corn- 
parée  et  auxquels  le  travail  qui  a  été  soumis 
à  notre  examen  foucnira  néanmoins  une 
contribution  importante. 

Tel  qu'il  est,  le  mémoire  sera  toujours 
consulté  avec  fruit  pour  les  descriptions 
détaillées  qu'il  reitferme,  mais  Tensemble 
est  d'une  monotonie  et  d'une  aridité 
propre  à  rebuter  tout  lecteur  qui  n'a  pas 
fait  de  l'anatomie  végétale  une  étude  spé- 
ciale. Cette  considération  a  été  produite  au 
sein  de  la  Commission  comme  un  obstticl« 
sérieux  à  l'impression  du  mémoire  dans  son 
entier.  D'autre  part,  ce  défaut  est  en 
quelque  sorte  compensé  par  les  nombreuses 
et  fort  belles  planches  intercalées  dans  le. 
texte  et  qui  en  facilitent  singulièrement 
l'intelligence,  surtout  pour  les  personnes 
habituées  au  travail  du  microscope  et 
familiarisées  avec  les  dessins  d'histologie. 

C'est  en  se  basant  sur  ces  considéra- 
tions diverses  que  votre  Commission  a 
formulé  ses  conclusions.  Elle  vous  pro- 
pose, Messieurs. 

1°  D'accorder  à  l'auteur  du  mémoire  : 
Etude  anatomique  des  racines  officinales, 
une  médaille  de  400  fr. 

'2»  De  décerner  à  l'auteur  le  titre  de 
membre  correspondant. 

S*»  D'insérer  sou  travail  dans  nos  bulle- 
tins mensuels,  avec  les  planches  qui  l'ac- 
compagnent, en  tout  ou  en  partie. 

—  Les  propositions  qui  précèdent  sont 
mises  aux  voix  et  adoptées.  En  consé- 
quence, le  billet  cacheté  qui  contient  le 
nom  de  l'auteur  du  mémoire  portant  pour 
devise  :  Nil  a^tum  reputans  dum  quid  su- 
peresset  agcndum  est  ouvert,  et  l'auteur 
M.  Ë.  Collin,  pharmacien  de  i^°  classe,  à 
Verdun,  est  proclamé  lauréat.  Vu  les  dé- 
pensés considérables  qu'entraînerait  pour 
la  compagnie  l'impression  du  volumineux 
travail  de  M.  Collin,  ainsi  que  la  longueur 
d'une  publication  dont  la  monotonie  a  été 
signalée  par  la  Commission,  l'auteur,  qui  a 
bien  voulu  mettre  à  notre  disposition  les 
magnifiques  planches  sur  cuivre  gravées 
par  lui-même  pour  l'intelligence  du  texte, 
sera  invité  à  élaguer  les  moins  importantes 


d'entre  les  descriptions  et  à  condenser  le 
plus  possible  son  consciencieux  travail. 

L'ordre  du  jour  amène  les  communica- 
tions sur  les  affections  régnantes. 

M.  Charon.  Nous  avons  eu  cinq  cas  de 
croup  à  l'hôpital.  La  plupart  venaient  de  la 
crèche  de  Saint-Gilles.  Deux  ont  été  sauvés 
par  la  trachéotomfe  ;  les  trois  autres  ont 
succombé.  Ce  sont  les  plus  âgés  qui  ont 
guéri. 

Ces  cas  ne  suffisent  pas  pour  en  conclure 
à  une  épidémie,  mais  toujours  est-il  qu'en 
cette  saison  cinq  cas  de  croup  coup  sur 
coupc'est  chose  assez  rare. 

M.  VAN  DEN  CoRPUT.  Daus  la  commune 
de  Droogenbosch,  aux  environs  de  Bruxel- 
les, il  s'est  déclaré  une  épidémie  typhoïde 
circonscrite. 

M.  Charon.  On  m'a  dit  qu'une  épidémie 
de  rougeole  trè.<i-meurtrière  règne  dans  les 
environs  dlUccle. 

M.  Janssens.  Nous  avons  toujours  quel- 
ques cas  de  variole.  Chose  rare,  il  a  été 
constaté  à  l'hôpital  cinq  cas  d'infection  à 
rintérieur  de  l'établissement.  Les  deux 
premiers  chez  des  élèves  pharmaciens.  Un 
apprenti  droguiste  a  ensuite  été  atteint. 
Puis  une  jeune  fille,  qui  se  trouvait  par 
hasard  dans  la  maison  du  directeur.  Il  y  a 
encore  un  individu  qui  était  entré  à  Thô- 
pital  pour  une  afl^ection  catarrhale  et  qui  y 
a  contracté  la  variole. 
.  Un  membre.  Les  malades  ne  sont-ils  pas 
isolés? 

M.  Janssens.  Je  crois  que  l'isolement 
n'est  pas  suffisant.  La  Commission  médi- 
cale s'occupe  des  mesures  à  prendre  pour 
rendre  l'isolement  plus  efficace.  Il  convien- 
drait d'insister  auprès  de  toutes  les  per- 
sonnes attachées  à  l'hôpital  Saint-Jean 
pour  qu'elles  se  soumettent  à  la  revacci- 
nation. C'est  une  mesure  très^importante 
et  que  l'on  néglige  trop. 

Nous  avons  vu  à  Paris  des  élèves  de 
l'hôpital  succomber  faute  de  revaccination. 

Il  est  regrettable  que  certains  journaux 
politiques  aient  cru  devoir  faire  de  la  pro- 
pagande contre  la  revaccination  et  cela 
dans  l'intérêt  de  certaines  personnes.  Beau- 
coup de  gens  ont  été  influencés  par  cet 
article. 

Nous  avenus  eu  aussi  des  cas  de  cholé- 
rine  dans  la  ville  de  Gand.  Il  est  plus  que 
probable  que  ce  sont  des  entérites  choléri- 
formes.  La  ville  de  Gand  a  un  état  sanitaire 
très-peu  favorable. 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


81 


Il  u'y  a  à  Bruxelles  que  quelques  cas  de 
variole  et  de  varioloïde. 

Dans  tous  les  cas  de  variole,  nous  avons 
pu  constater  que  Pindividu  avait  été  en 
contact  avec  une  personne  qui  avait  con- 
tracté la  maladie.  Ainsi  la  dame  qui  est 
morte  à  Thôtel  Mengelle  était  allée  voir  à 
Ixellcs  une  personne  atteinte  de  variole. 
Huit  jours  après,  en  rentrant  chez  elle,  elle 
est  tombée  malade  à  son  tour. 

M.  ScHUERMANS.  Ce  sont  surtout  les  con- 
valescents qui  propagent  la  variole. 

M.  Janssens.Lcs  premiers  cas  à  ThôpitaJ 
ont  été  observés  chez  des  jeunes  filles, 
sœurs  d*un  militaire  qui  avait  contracté  la 
maladie,  et  était  revenu  chez  lui  couva-* 
lescent.  Mais  les  précautions  nécessaires 
n'ayant  pas  été  prises,  il  avait  immédiate- 
ment propagé  la  maladie. 

M.  ScHUERMANS.  Ne  dcvraitou  pas  sou- 
mettre les  convalescents  à  une  visite,  avant 
de  les  laisser  sortir  de  Thôpital  ? 

M.  Janssens.  On  ne  devrait  laisser  sortir 
de  rhôpital  que  les  individus  pour  lesquels 
les  précautions  ont  été  prises. 

M.  VAN  DBN  CoRPUT.  La  pfécautiou  pré- 
ventive Id  plus  utile  dans  ces  cas^  de  même 
que  pour  prévenir  la  propagation  de  toute 
fièvre  éruplive,  ce  sont  les  bains  répétés  pen- 
dant la  convalescence.  Cette  mesure  efficace 
d*hygiène  générale  a,  de  plus,  Tàvantage 
d*étrc  utile  au  malade  lui-même,  chez  qui 
elle  contribue  à  ramener  Téquilibre  phy- 
siologique en  rétablissant  dans  leur  inté- 
grité les  fonctions  si  importantes  de  la 
peau. 

La  parole  est  à  M.  le  .  Trésorier  pour 
Texposé  de  Télat  de  la  caisse  dont  les 
comptes  son  t'approuves. 

La  séance  est  levée  à  9  heures. 


Aq^démîe  royale  de  médeoifie  de 
Belgique. 

Séance  du  iO  juillet  i875'. 

Président  :  M.  Vleminckx. 
^       Secrétaire  :  M.  Sovet. 

La  séance  est  ouverte  ail  heures  et 
demie. 

Sont  présents  :  MM.  Belle  froid  ^  Borlée, 
Boulvin»  Bribosia,  Burggraeve,  Cousot, 
Crocq,  Delwart  ;  Depaire ,  De  Roubaix  , 
Foelen,  Fossion^  Galloz,  Gaudy ,  Gille, 
Gouzée,  Hairion,  Hubert,  Kuborn,  Le- 
quime,  Mascart^  Michaux,  Pigeolet;  Rom- 


raelaere,  Soupart,  Sovet,  Thiernessc,Thiry, 
Van  Kempen,  Vleminckx  et  Warlomont, 
membres  titulaires  ;  MM.  Laussedat,  Pétry 
et  Somcrs,  membres  honoraires. 

Se  sont  excusés  :  MM.  Chandelon,  Cra- 
ninx,  Gluge  et  Lefcbvre. 

MM.  Barella,  Boddaert»  Desguin^  Ham* 
bursin^  Hicguet,  Hyernaux,  Janssens»  Ma- 
soin  et  WilIièmC;  correspondants,  assistent 
à  la  séance. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion 
est  adopté. 

M.  le  ministre  de  l'intérieur  fait  par- 
venir, pour  la  bibliothèque^  un  exemplaire 
do  la  seconde  édition  de  Touvragc  de  M.  le 
docteur  Laussedat,  intitulé .:  La  Suisse.  — 
Etudes  médicales  et  sociales  —  stations  sa- 
nitaires. 

Donnant  suite  aux  décisions  de  TAca- 
démie,  le  Bureau  a  renvoyé  à  Texamen  de 
M.  Rômmelaere  la  note  de  M.  Verhaegen 
sur  le  sang  des  malades  atteints  de  la  va- 
riole et  a  chargé  MM.  Cousot,  Mascart  ot 
Soupart  d*examincr  les  mémoires  manus- 
crits présentés  à  la  Compagnie  par  des  pra- 
ticiens belges  pendant  Tannée  1875,  et*  de 
.  les  apprécier  au  point  de  vue  des  prix  d'en- 
couragement de  500  francs  à  accorder. 

M.  le  docteur  Déclat,  à  Paris,  qui,  en 
1872,  a  soumis  à  TAcadémie  une  note  re- 
lative aux  afi'ectibns  charbonneuses  de 
i'homme«  sur  laquelle  M.  Gouzée  a  fait  un 
rapport,  transmet  un  nouveau  travail  ma- 
nuscrit intitulé  :  charbon  de  Thomme  ou 
pustule  maligne,  a  Les  faits  nouveaux  et 
nombreux,  dit  l'auteur,  ont  enfin  rais  hors 
de  doute  la  vérité  de  mes  assertions,  et  je 
me  permets  de  soumettre  k  nouveau  ces 
faits  importants  à  la  sanction  et  à  la  véri- 
fication de  rAcadémie,  en  la  priant  de  m*in- 
scrire  comme  membre  correspondant.  »  * 
—  Renvçi  à  l'avis  de  l'honorable  membre 
qui  a  examiné  la  première  communica- 
tion. 

M.  Masoin  soumet,  de  la  part  de  l'au- 
teur, M.  Lacompte,  médecin  à  Tamise,  un 
travail  manuscrit  intitulé  :  Observation 
d'une  fistule  pancréatique  chez  l'homme. 
-  Renvoi  à  une  Commission  à  nommer 
parle  Bureau. 

M.  Gallez  offre  la  traduction  d'un  mé- 
moire de  M.  le  professeur  Rizzoli^  de  Bo- 
logne, traitant  des  excroissances  et  tumeurs 
qui  se  développent  à  l'intérieur  et  à  l'orifice 
de  Vurèthre  de  la  femme  et  de  leur  trai- 
tement . 

M.  le  professeur  Moriggia,  à  Romej  pré- 
sente quatre  opuscules  qu'il  a  publics  en 

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82 


AGADËMIES  ET  SOGIËTËS  SAVANTES. 


italien,  et  relatant  des  expériences  physio- 
logiques. 

M.  le  docteur  Jules  Félix,  à  Bruxelles, 
adresse  une  brochure  intitulée  :  Ettide 
clinique  sur  la  fistule  à  Vanus  ;  son  traite- 
ment au  moyen  de  la  section  linéaire, 

M.  le  docteur  Wehcnkel,  professeur  à 
récole  de  médecine  vétérinaire  de  Cure- 
ghem,  oifre  deux  opuscules,  Tun  est  inti- 
tulé :  Panzoottcs  parmi  les  animaux  domes- 
tiques de  Vile  de  MaUcy  de  la  Hongrie ,  etc; 
l'autre  :  De  V infection  diptérique,  par  le 
docteur  Weiser  ;  traduit  de  l'allemand. 

Il  est  encore  fait  hommage  de  quelques 
autres  publications  dont  les  titres  seront 
insércsau  bulletin.  -^  Remerciments  pour 
les  travaux  présentés. 

Les  membres  du  bureau  de  l'Associa- 
tion française  pour  l'avancement  des 
sciences  informent  par  circulaire  que  la 
quatrième  session  de  cette  association  aura 
lieu  à  Nantes,  du  jeudi  19  au  jeudi  i26  du 
mois  d'août  prochain,  et  invitent  la  Com- 
pagnie à  se  faire  représenter  dans  ce 
congrès. 

M.  le  président  fait  remarquer  que  l'Aca- 
démie ne  s*est  jamais  fait  représenter  à  ' 
des  congres  et  que  si  parfois  des  membres 
ont  pris  part  à  ces  assises  scientifiques, 
c*est  par  suite  d'une  délégation  du  gouver- 
nement belge. 

L'Académie  entend  ensuite  les  lectures, 
suivantes  : 

i .  Rapport  de  la  sixième  section  sur  un 
travail  de  M.  Degive,  intitulé  :  De  la  cas- 
tration des  animaux  cryptorchides.  — 
M.  Foelen,  rapporteur. 

La  section  propose  d'adresser  des  rc- 
merciments  à  l'auteur,  de  publier  son  tra- 
vail dans  le  Bulletin  et  de  recommander  sa 
candidature  au  titre  de  correspondant  à  la 
Commission  de  présentations.  « 

Après  quelques  explications  données 
par  ÂIM.  Foelen  et  Thiernesse,  en  réponse 
à  une  question  adressée  par  M .  le  prési- 
dent au  rapporteur,  ces  conclusions  sont 
adoptées. 

â.  Rapport  de  la  sixième  section  sur  un 
mémoire  du  même  auteur,  intitulé  :  Un 
cas  de  castration  (ovariotomie), .  suivi  de 
succèe  chez  une  jument  nymphomane.  — 
M.  Foelen,  rapporteur. 

Conclusions  du  rapport  :  Remerciments 
à  l'auteur  et  insertion  de  son  travail  dans, 
le  Bulletin.  —  Adopté. 

Jî.  Rapport  de  M.  Depairc  sur  une  com- 
munication de  MM.  Stoefs,  frères  et  sœurs^ 


relative  à  un  savon  à  base  d'acide  phénique 
et  de  glycérine. 

MM.  Stoefs  demandaient  que  l'Académie 
veuille  bien  leur  indiquer  les  circonstances 
dans  lesquelles  Ton  pourrait  employer  avec 
succès  ce  savon. 

'  *  M .  Depaire  propose  de  remercier 
MM.  Stoefs  de  leur  envoi  et  de  leur  faire 
connaître  que  la  Compagnie,  aux  termes 
de  l'article  !2  de  ses  statuts,  n'est  instituée 
que  pour  s'occuper  des  études  et  des  re- 
cherches qui  peuvent  contribuer  aux  pro- 
grès des  différentes  branches  de  l'art  de 
guérir  et  non  pour  fournir  des  rcuseigne- 
menls  aux  industriels  qui  cherchent  à 
expfoiter  un  agent  médicamenteux.  — 
Adopté. 

4.  Suite  de  la  discussion  des  travaux 
Suivants  :  La  stigmatisée  d'Anvers,  par 
M.  Desguin.  —  Maladies  des  mystiques; 
Louise  Lateau,  par  M.  Charbonnier.  — 
Rapport  de  la  Commission  qui  a  été  char- 
gée d'examiner  le  mémoire  de.  M.  le  doc- 
teur Charbonnier,  intitulé  :  Maladies  et 
facultés  diverses  des  mystiques. —  M.  War- 
lomont,  rapporteur. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Crocq  pour 
terminer  le  discours  qu'il  a  commencé  dans 
la  réunion  précédente. 

Personne  ne  réclamant  la  parole,  M.  War- 
lomont  demande,  en  qualité  de  rapporteur, 
à  résumer  le  débat.  La  parole  lui  est  ac- 
cordée. 

M.  Kuborn  propose  Tordre  du  jour  qui 
suit  ; 

I  L'Académie  considérant  ; 

»  Que  les  phénomènes  réellement  con- 
statés chez  la  jeune  fille  de  Bois-d'Haine 
ne  sont  point  nouveaux  et  sont  explicables 
par  les  lois  de  la  physiologie  pathologique; 

>  Que  l'abstinence  dont  il  a  été  argué 
n'a  pu  être  observée  par  la  Commission  ; 

>  Qu'aucun  contrôle  n'ayant  donc  pu 
être  établi,  il  y  a  lieu  de  ne  pas  s'arrêter  à 
ce  fait,  mais  de  le  considérer  comme  non 
avenu  ;  ' 

B  Pojarsuit  son  ordre  du  jour  en  ce  qui 
concerne  la  stigmatisation. 

M.  le  président  fait  observer  que  M.  Lc- 
febvre  étant  absent,  la  clôture  de  la  discus- 
sion doit  être  ajournée,  afin  qu'il  puisse 
répondre,  s'il  le  juge  à  propos,  aux  discours 
de  MM.  Crocq  ^t  Warlomont. 

M.  Laussedat  émet  lo  même  avis  et  se 
rallin  à  la  proposition  de  M.  Warlomont  : 
de  ne  pas  se  départir,  en  clôturant  le  dé- 
bat sur  Louise  Lateau,  de  la  discussion  sur 
les  questions  de  la  stigmatisation  et  de  t'ex- 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


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tase,  introduites  à  T Académie  par  le  mé- 
moire de  M.  Charbonnier,  mémoire  dont 
la  Compagnie  a  volé  Tiropression,  afin 
qu*il  puisse  servira  la  discussion. 

£n  présence  des  raisons  qui  viennent 
d*étrc  données,  M.  Crocq  émet  aussi  l'avis 
que  la  clôture  ne  peut  pas  être  prononcée. 
Néanmoins,  il  fait  connaître  Tordre  du 
jour  qu'il  se  proposait  de  déposer.  Il  est 
conçu  en  ces  termes  : 

L*Académie  considérant  : 

c  Que  les  phénomènes  constatés  chez 
Louise  Lateau  n'échappent  pas  à  l'expli- 
cation physiologique  ; 

»  Que  ceux  qui  ne  sont  pas  constatés 
ne  doivent  pas  l'occuper  davantage  ; 

»  Déclare  la  discussion  close  et  passe  à 
Tordre  du  jour.  » 

M.  Thiernesse  fait  observer  que  ces  pro- 
positions d'ordre  du  jour  sont  contraires 
aux  précédents  de  la  Compagnie  et  de  tous 
les  corps  savants.  A  son  avis,  ces'  ordres 
du  jour  sont  de  véritables  conclusions  doc- 
trinales sur  lesquelles,  par  conséquent, 
TAcadémic  ne  peut  être  appelée  à  voter. 

M.  le  président  demande  :  TAcadémie 
est-elle  d'avis  de  discuter  en  ce  moment 
les  propositions  d'ordre  du  jour? 

M.  Kuborn  croit  qu'il  est  inutile  de  les 
discuter  maintenant;  qu'il  faut  attendre  la 
présence  de  M.  Lefebvre. 

M.  Thiernesse  propose  la  question  préa- 
lable. 

Après  avoir  entendu  MM.  Thiry,  Laus- 
sedat,  Crocq,  Sovet  et  Warlomont,  et  à  la 
suite  de  quelques  observations  présentées 
par  M.  le  président,  TAcadémie  décide  que 
la  discussion  sera  continuée  dans  la  pro- 
chaine séance. 

L'Académie  se  forme  en  eoraité  secret  a 
â  heures. 

1 .  Discussion  du  rapport  de  la  Commis- 
sion chargée  dé  Texamen  du  mémoire  en- 
voyé au  concours  sur  les  antiseptiques  et 
les  désinfectants. —  M.  Sovet,  rapporteur. 

La  Commission  termine  son  rapport 
comme  il  suit  : 

I  La  Commission,  tout  en  rendant  jus- 
tice aux  connaissances  étendues  dont  Tau-' 
tecir  a  fait  preuve,  mais  regrettant  Tab- 
sence  d'appréciation  et  les  lacunes  que 
nous  venons  de  signaler,  croit  qu'il  n'y  a 
pas  lieu  de  décerner  le  prix  du  concours.i 

—  Ces  conclusions  sont  adoptées. 

2.  M.  le  président  donne  communication 
des  questions  proposées  par  les  ^^  et  i» 
sections,  pour  être  mises  au  concours^  et 
propose  de  les  renvoyer  à  une  Commission 


qui  sera  chargée  de  la  rédaction  définitive 
et  qui  fixera  le  montant  des  prix  ainsi  que 
la  clôture  du  concours.  —  Adopté. 

5.  Après  un  appel  des  travaux  arriérés, 
M.  le  président  demande  que  le  Bureau 
soit  autorisé  à  retrancher  de  la  liste  de  ces 
travaux  ceux  qu'il  jugera  convenable  de 
rayer.  —  Celte  proposition  est  adoptée. 

La  séance  est  levée  à  2  heures  et  demie. 


Académie  de  Médecine  de  Paris. 

•    Séance  du  6  juillet  4875.- 
Présidence   de   M.    Gosselin. 

Correspondance.  —  4®  Un  plî  cacheté 
de  M.  le  docteur  Martin  Damourette  (ac- 
cepté). 

2<>  Une  lettre  de  M.  le  docteur  Frantz 
Glénard,  chef  de  clinique  obstétricale  de 
TEcolé  de  médecine  de  Lyon ,  accom- 
pagnant Tenvoi  d'un  pli  cacheté  sur  le  foyer 
réel  d'origine  du  souffle  maternel  de  la 
grossesse  {souffle  utérin  y  placentaire  des  au- 
teurs) (accepté). 

Z"*  Une  lettre  de  remerclments  de  M.  le 
docteur  Lecard,  médecin -major  à  Thôpi- 
tal  militaire  de  la  Rochelle,  lauréat  de 
TAcadémie. 

i**  Un  mémoire  de  M.  le  docteur  Burq 
sur  V Immunité  des  ouvriers  en  cuivre  par 
rapport  cm  choléra. 

5**  Un  travail  manuscrit  de  M.  le  doc- 
teur Pigeon,  intitulé  :  Théorie  du  réveil 
naturel. 

•  M .  Leroy  de  Mjêricourt  ofl^re  en  hom- 
mage, delà  part  de  M.  le  professeur  Fonssa- 
grives  (de  Montpellier),  le  premier  fascicule 
d'un  Dictionnaire  de  la  santé. 

M.  Tarnier  présente,  de  la  part  de  M.  le 
docteur  Siredey,  médecin  des  hôpitaux, 
une  brochure  intitulée  :  La  fièvre  puerpé- 
rale n'existe  pas,  , 

M.  HiRTZ  présente,  au  nom  de  M.  le 
docteur  Junod,  un  Traité  théorique  et  pra- 
tique  de  l'hémostasie.  « 

M.  ViLLEMiN  dépose  sur  le  bureau  un 
travail  manuscrit  He  M.  Lanza,  major  de 
deuxième  classe  à  l'hôpital  de  Vincennes, 
sur  une  épidémie  de  fièvre  typhoïde  qui  a 
sévi  sur  le  fort  et  la  ville  de  Vincennes  de 
4874  à  1875.  (Renvoyé  à  la  commission  des 
épidémies. 

M.  Gosselin  présente  de  la  part  de  M.  le 
docteur  Ritot  (de  Bordeaux),  un  petit  cro- 
chet mousse  dynamow étriqué  accompagné 
d'un   travail   manuscrit  sur  V Intervention 


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ACADÉMIES  ET  SOCIËTËS  SAVANTES. 


chirurgicale  dans  certains  cas  d'accouche- 
ment, (Commiss.  MAI.  Depaul  et  Blot.) 

M.  LE  Président  rend  compte,  en  peu  de 
niots^  du  service  funèbre  que  rAcadémic 
a  fait  célébrer  pour  le  repos  de  Tânie  de 
Demarquay. 

Choléra  (suite  de  la  .discussion).  — 
M.  Kriquet  continue  à  rappeler  des  faits 
qui  démontrent  la  contagiosité  du  choléra 
et  son  extension  par  importation.  Les  causes 
générales,  dit-il,  sont  suffisantes  pour  pro- 
duire le  choléra  indien  ;  la  preuve  en  est 
qu'elles  suffisent  pour  entretenir  Tendémie 
du  choléra  sporadique  en  Inde  et  produire, 
annuellement;,  environ  cinq  mille  décès  à 
Calcutta. 

A  quatre  heures,  TAcadémie  «e  forme 
en  comité  secret  pour  entendre  un  rapport 
de  M.  Roussel  sur  les  titres  des  candidats 
à  la  place  vacante  dans  la  section  d*hygiènc 
et  de  médecine  légale. 

Séance  du  i^  juillet 
Présidence  de  M.  Gosselin. 

Correspondance.  —  M.  Bouillauo  pré- 
sente, de  la  part  de  M.  le  docteur  Descieux, 
un  ouvrage  intitulé  :  Leçons  élémentaires 
d*hygime  faites  au  collège  de  Falaise,  rédi- 
gées et  publiées  par  M.  Duchemin,  prin- 
cipal. 

M.  Dechambre  présente^  au  nom  de 
M.  Emile  de  Ruelle,  une  brochure  intitu- 
lée :  Elude  sur  V ancienne  musique  grecque. 

iM.  le  Secrétaire  perpétuel  offre  en 
hommage  son  Eloge  de  M,  Cruveilhier, 

Choléra  (suite  de  la  discussion).  -^ 
M.  BoNNAFONT  lit  un  discours  dont  voici  le 
résumé  : 

«  Les  conclusions  qui  se  déduisent  des 
obscj'valions  qui  précodent  peuvent  être 
exprimées  de  la  manière  suivante  ; 

1"  Le  choléra,  natif  et  originaire  de 
rinde,  ne  saurai^  se  produire  en  d'autres 
contrées,  sans  que  des  germes  de  cette 
maladie  y  aient  été  apportés  par  les  cou- 
rants ^atmosphériques  ou  tout  autre  véhi- 
cule. V 

2°  Si  l'on  organise  des  moyens  hygiéni-* 
ques  pour  combattre  ce  fléau,  il  faut 
nécessairement  les  diriger  vers  le  pays  d*où 
il  vient  et  les  appliquer  à  la  source  même 
où  il  se  développe. 

Partout  ailleurs,  ces  mesures,  si  com- 
plètes et  si  intelligentes  qu'elles  soient,  ne 
sauraient  avoir  qu'un  résultatpresque  nul. 

5°  Ce  ne  sont  pas  les  cadavres  des  ani- 
maux abandonnés  sur  le  sol  par  les  cara- 


vanes des  pèlerins,  non  plus  que  Phabitude 
qu'ont  les  Indiens  de  jeter  la  plupart  de 
leurs  cadavres  dans  le  Gange,  qui  peuvent 
ou  qui  ont  dû  provoquer  les  irruptions  de 
cette  épidémie,  puisque  ces  habitudes 
existent  de  temps  immémorial  chez  ces 
peuples,  et  que  le  choléra  asiatique  et  épi- 
démique  n'a  fait  son  apparition  en  Europe, 
en  Afrique,  en  Amérique,  que  depuis  le 
commencement  du  siècle. 

4"  La  cause  de  ces  irruptions  devenues 
si  fréquentes  et  si  meurtrières  est  donc 
ailleurs.  C'est  en  la  cherchant  que  je  crois 
être  parvenu  à  trouver  celles,  ou  du  moins 
une  de  celles  qui  a  pu  contribuer  le  plus  à 
provoquer  ce  triste  et 'lugubre  résultat. 

5°  Des  épidémies  secondaires  peuvent 
bien  se  produire  sur  de&  points  déjà  infec- 
tés ;  mais,  sauf  de  rares  exceptions,  elles 
ne  révèlent  jamais  le  même  caractère  que 
le  choléra  algide,  et  ces  épidémies  vont 
toujours  en  diminuant  d'intensité  pour 
s'éteindre  complètement  si  l'élément  toxi- 
que n'est  renforcé  par  une  nouvelle  irrup- 
tion venue  du  point  d'origine. 

6*  Le  problèaie  le  plus  important,  sui- 
vant moi,  qui  attend  la  solution  et  que  le 
congrès  de  Vienne  et  celui  de  Constanti- 
noplc  n'ont  pas  résolu,  <>st  le  suivant  : 
Pourquoi  le  choléra  est-il  resté  pendant 
des  siècles  à  Pétat  endémique  et  station- 
nairc  dans  l'Inde,  et  pourquoi  en  est-il 
sorti,  les  conditions  atmosphériques  étant 
d'ailleurs  les  mênies,  ainsi  que  les  mœurs 
et  les  habitudes  des  Indiens  et  des  pèle- 
rins? 

Question  dominante,  de  laquelle  décou- 
leront toutes  les  mesures  prophylactiques 
qui  devront  être  discutées  et  définitive- 
ment adoptées. 

Espérons  que  les  travaux  d'assainissc 
ment  entrepris  enfin  par  les  Anglais  dans 
l'Inde,  auront  bientôt  pour  résultat  final 
de  concentrer  le  choléra,  comme  il  l'était 
jadis,  dans  ses  foyers  primitifs,  et  d'exo  - 
ncrer  les  conlrcei  éloignées  de  ses  irrup-. 
lions  si  meurtrières.  L'Angleterre,  assez 
riche  pour  mener  à  bonne  fin  ces  travaux, 
aura  ainsi  mérité  la  reconnaissance  de 
l'humanité  entière,  i 

A  quatre  heures  et  demie,  l'Académie 
se  forme  en  comité  secret. 

Séjance  du  20  juillet. 

Présidence  de  M.  Gosselin.    * 

Choléra  (Suite  de  la  discussion).  — 
M.  Jules  Guérin,  reprenant  la  question  au 


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point  où  elle  en  était  restée  Tannée  der- 
nière, s*attache  à  démontrer  que  M.  Woil- 
fez,  dans  son  rapport  sur  les  épidémies  de 
4875,  a  présenté  les  faits  tout  autrement 
qu*ils  ne  s'étaient- passés.  Avant  J^épidémie 
du  Havre  il  y  avait  eu  non-seulement  des 
diarrhées  nombreuses,  mais  de  véritables 
choléras  dans  un  certain  nombre  -de  dépar- 
lements :  M.  Woillez  n'en  a  pas  parié  ; 
voulant  se  conformer  aux  croyances  régnan- 
tes sur  le  choléra,  il  a  tenu  à  faire  arriver 
par  importation  cette  maladie  dans  la  ville 
du  Havre,  et  de  là  dans  toutes  les  localités 
où  elle  a  paru. 

«  Je  ne  suivrai  pas,  dit  M.  Guérin,  dans 
tous  leurs  détails,  les  diverses  manifesta- 
tions du  choléra  autour  du  Havre  et  dans 
toutes  les  localités  avec  lesquelles  cette 
ville  est  en  rapport.  Je  me  bornerai  à  dire 
que  partout  où  il  s>st  montré,  au  complet, 
il  avait  été  précédé  par  les  manifestations 
ébauchées  de  la  maladie;  comme  dans  les 
autres  parties  de  la  zone  cholérique  où  il 
D*a  pas  fait  explosion  ;  ces  ébauches  conti- 
nuant à  témoigner  de  Tinflueiice  épidé- 
mique  à  son  premier  degré. 

Mais  il  est  une  contrée  plus  intéressante 
à  examiner,  au  double  point  de  vue  de  la 
manière  dont  la  commission  a  fait  pénétrer 
le  choléra  du  Havre  dans  le. Calvados,  et  de 
rimmunité  constante  et  exceptionnelle  de 
la  localité  qui  aurait  dû  être  la  première  à 
le  recevoir.  » 

Arrivant  au  choléra  de  Paris,  M.  Jules 
Guérin  reproche  particulièrement  à  M. 
Woillez  d'avoir  pdssé  presque  complète- 
ment sous  silence  les  faits  nombreux  rela- 
tés par  M.  Besnier  dans  ses  rapports  men- 
suels à  la  Société  médicale  des  hôpitaux. 
Ces  faits  prouvent  que  le  choléra  a  apparu 
il  peu  près  simulianément  dans  la  plupart 
des  arrondissements  et  dans  la  plupart  des 
hôpitaux.  Les  douze  premiers  cas  en  ont 
élé  observés  à  l'hôpital  Saint-Louis  et  se 
sont  (Téveloppcs  dans  les  salies.  Ils  n'étaient 
donc  pas  le  résultat  d'une  importation. 

M.  Jules  Guérin  conclut  en  ces  termes  : 

t  De  l'examen  auquel  je  me  suis  livré 
du  rapport  de  Ifi  commission  des  épidémies 
sur  le  choléra  de  4873,  mis  en  présence 
des  faits  observés  pendant  cette  épidémie, 
il  résulte  : 

1»  Que,  contrairement  à  la  doctrine  de 
l'importation,  les  différentes  contrées  de 
la  France  sont  restées,  pendant  plusieurs 
mois,  si  ce  n'est  plus  d'une  année,  en  rap- 
port quotidien  avec  différentes  contrées  du 


nord  de  TEurope,  occupées  par  le  cholpra, 
sans  avoir  contracté  la  maladie. 

2°  Que,  d'accord  avec  la  doctrine  de  la 
spontanéité,  pendant  le  cours  de  1875,  un 
grand  nombre  de  départements  ont  pré- 
senté, antérieurement  à  l'explosion  de 
l'épidémie,  des  affections  diarrhéiques 
cholériformes,  tantôt  chez  les  enfants  seuls, 
tantôt  chez  les  enfants,  les  adultes  et  les 
vieilljards,  affections  identiques  de  nature 
et  ne  différant  qu'accessoirement  et  gra- 
duellement entre  elles  par  le  chiflfrè  de  la 
mortalité. 

3»  Que,  comme  témoignage  de  l'évolu- 
tion graduée  de  la  maladie,  ces  affections 
cholériformes  ont  été  accompaj;nées  dans 
beaucoup  d^endroits  de  cas  particuliers  de 
choléra  à  différents  degrés,  depuis  l'ébau- 
che la  plus  imparfaite  jusqu'à  sa  forme  la 
plus  complète,  et  depuis  l'état  le  plus  bénin 
jusqu'à  sa  gravité  la  plus  extrême. 

4°  Comme  continuation  et  conséquences 
des  mêmes  faits,  quelques-unes  de  ces  loca- 
lités envahies  plus  tard  par  le  choléra  com- 
•  plet  avait  offert,  avant  l'explosion  épidé- 
mique,.  outre  la  diarrhée  cholériforiiie 
généralisée,  des  cas  de  choléra  confirmé, 
absolument  identiques  aux  cas  de  l'épidé- 
mie, et  n'ayant  présenté  d'autre  différence 
avec  ces  derniers  que  de  les  avoir  devancés 
et  d'être  restés  quelque  temps  isolés. 

5**  Que,  dans  aucune  de  ce's  localités  ré- 
putées centres  d'invasion  cholérique,  il  n'a 
été  possible  de  constater  un  seul  fait  d'im- 
portation et  les  faits  d'importation  allégués 
ont  toujours  été  précédés  de  cas  isolés  de 
choléra  parfaitement  caractérisés. 

6"  Qucj  lors  de  l'explosion  épidémique 
dans  ces  localités,  les  premières  attaques 
individuelles  ont  eu  lieu  simultanément  et 
d'emblée  dans  plusieurs  quartiers,  souvent 
très  éloignés  les  uns  des  autres,  et  que 
cette  simultanéité  d'attaques,  à  de  grandes 
distances,  exclut  toute  idée  et  toute  possi- 
bilité d'importation  ou  de  transmission 
infectieuse. 

7°  Que  bon  nombre  de  focalités  placées 
entre  plusieurs  centres  épidémiques  avec 
lesquels  elles  se  trouvaient  en  rapport 
constant  et  quotidien,  n'ont  subi  aucune 
atteinte  de  choléra  confirmé. 

Ainsi  ramenée  à  ses  résultats  positifs, 
l'épidéjnie  de  choléra  de  4873  peut  être 
considérée  comme  un  cas  particulier  d'uu 
grand  système  opposé  au  système  d'impor- 
tation ;  système  dans  lequel  les  diverses  épi- 
démies de  choléra  qui  ont  régné  en  Europe 
depuis  1830  répètent  d'une  manière  gêné- 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


raie  et  absolue  les  faits  particuliers  que 
nous  venons  de  signaler  dans  celle  de 
1.875,  et  témoignent  d'une  manière  una- 
nime en  faveur  de  la  doctrine  de  la  spon- 
tanéité contre  la  doctrine  de  Timportation. 

.Dans  la  pi*ochaine  séance,  si  TAcadémié 
nje  le  permet,  je  passerai  donc  en  revue  les 
diverses  épidémies  qui  ont  ravagé  PEurope, 
depuis  et  y  compris  celles  de  1851,  et 
j*espère  montrer  que  chacune  d'elles  ap- 
porte son  contingent  à  la  démonstration  de 
la  genèse  multiple  et  spontanée  du  choléra 
en  Europe.  » 

A  quatre  heures  et  demie,  TAcadémie 
se  forme  en  comité  secret. 

Séance  du  27  juillet. 
Présidence  de  M.  Gosselin. 

M.  LE  SECRéTAIRE  PERPÉTUEL  aunOUCC  qUC 

la  souscription  ouverte  dans  les  bureaux  de 
TAcadémie  a  produit  la  somme  de  2,845 
francs. 

Plus  pénétrante  de  lâ  poitrine.  — 
M.  Hervibux  communique  une  observation 
de  plaie  pénétrante  de  la  poitrine,  résultat 
d'une  tentative  de  suicide,  et  place  sous  les 
yeux  de  l'Académie  ic  couteau  qui  a  servi 
à  cette  tsntative. 

Le  sujet  de  Tobservation  est  un  homme 
jeune,  marié,  père  de  famille^  lequel,  à  la 
suite  d'4in  désastre  financier  qui  lui  avait 
fait  perdre  toute  sa  fortune,  a  essayé  de  se 
donner  la  mort.  Cette  tentative  a  été  ac- 
complie avec  un  sangfroid  qui  dénote  chez 
son  auteur  une  résolution  peu  ordinaire. 
Après  s'être  assuré  de  l'endroit  où  battait 
la  pointe  du  cœur,  il  s'est  enfoncé,  au- 
devant  du  mamelon  gauche,  perpendicu- 
lairement au  plan  de  la  poitrine,  la  lame 
d'un  couteau,  dont  il  a  eu  soin  détourner 
le  tranchant  en  dehors  et  le  dos  en  dedans, 
espérant  ainsi  arriver  plus  sûrement  à. ses 
fins.  La  lame  pénétra  à  une  profondeur  de 
9  centimètres.  Il  s'en  est  suivi  une  hémor- 
rhagie  extrêmement  abondante^  queM.  Her- 
vieux,  appelé'auprèsdu  blessé,  est  parvenu, 
non  sans  peine,  à  arrêter.  Il  a  pratiqué 
ensuite  la  suture  de  la  plaie,  sur  laquelle 
des  compresses  froides  ont  été  appliquées. 
La  réunion  a  eu  lieu  par  première  inten- 
tion, et  le  malade  a  guéri  au  bout  de  quel- 
ques jours^  sans  avoir  présenté  aucune 
complication  sérieuse  du  côté  du  cœur  ou 
du  poumon. 

•  Choléra  (suite  de  la  discussion).  — 
M.  Jules  Guérin«  continuant  son  discours, 
passe  en  revue  les  dernières  épidémies  qui 


ont  ravagé  l'Europe,  depuis  et  y  compris 
celle  de  485i  ;  chacune  d'elles  apporte, 
comme  celle  de  4873,  son  contingent  à  la 
démonstration  de  la  genèse  multiple  et 
spontanée  du  choléra  en  Europe.  L'orateur 
expose  d'abord  les  divers  systèmes  d'évo- 
lution du  choléra,  mettant  hors  de  cause 
la  doctrine  de  l'épidémicité  absolue,  qui 
admet  l'origine  spontanée  du  choléra  à 
chaque  épidémie^  mais  qui  repousse  abso- 
lument toute  idée  de  contagion  et  d'exten- 
sion de  la  maladie  par  transmission  indivi- 
duelle, ce  en  quoi  seulement  cette  doctrine 
diffère  de  celle  de  M.  Guérin.  Tontes  les 
autres  doctrines  antagonistes  partant  de 
cette  opinion  que  Tliide  seule  offre,  par  la 
spécialité  de  son  milieu  et  les  diverses 
particularités  sociales  qui  lui  appartiennent, 
la  faculté  d'engendrer  le  choléra,  et  elles 
ne  diffèrent  entre  elles  que  par  les  explica- 
tions qu'elles  donnent  des  réapparitions  de 
la  maladie  et  de  ses  modes  de  propagation. 
L'orateur  distingue  à  ce  point  de  vue  la 
doctrine  de  l'importation  absolue,  la  doc- 
trine de  la  révivification  des  germes  laissés 
par  '  des  épidémies  précédentes^  enfin  la 
doctrine  de  la  révivification  combinée  avec 
le  principe  de  l'épidémicité.  Passant  en- 
suite en  revue  les  épidémies  de  choléra  qui 
ont  éclaté  en  Europe  depuis  celle  de  4851 
jusqu'à  celle  de  4873,  M.  J.  Guérin  cher- 
che à  établir  par  les  faits  que  ces  épidémies 
n'ont  pas  eu-  un  point  de  départ  spécial, 
mais  qu'elles  se  sont  manifestées  chaque 
fois  presque  simultanément  sur  divers 
points  de  l'Europe,  qu'elles  ont  été  précé- 
dées chaque  fois  par  des  constitutions  mé- 
dicales propres  a  chacune  de  ces  contrées, 
se  révélant  par  divers  troubles  intestinaux 
et  particulièrement  par  des  diarrhées,  par 
des  accidents  ch'olériformes,  par  des  cas  de 
choléra  sporadiques,  d^abord  peu  nombreux 
et  peu  intenses,  puis  se  multipliant  de  plus 
en  pins  graves  jusqu'à  ce  qu'enfin  la  ma- 
ladie prit  franchement  le  caractère  épidé- 
miqiie. 

M.  .1.  Guérin  combat  la  théorie  de  la 
révivification  des  germes  ;  suivant  lui,  il 
existe  entre  deux  épidémies  déclarées  un 
grand  nombre  de  cas  de  choléra  qui  ne  sont 
ni  des  réveils  de  germes  endormis,  ni  des 
cas  de  choléra  nostras  ou  sporadique,  mais 
des  manifestations  passagères  de  r^ffection 
cholérique  au  même  titre  qu'il  y  a,  peur 
toutes  les  maladies  infectieuses  :  variole, 
rougeole,  scarlatine,  fièvre  typhoïde,  fièvre 
puerpérale,  des  cas  isolés  qui  ne  sont  pas. 
pour  cela  d'une  nature  différente  que  les 


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VARIETES. 


87 


cas  plus  nombreux,  et  plus  intenses  de  l'épi- 
démie. 

L*ëpi.démie  de  1849  offre  à  M.  Jules 
Guérin  la  répétition  des  faits  observés  pen- 
dant répidémie  de  183:2. 

La  constitution  cholérique  précède  et 
accompagne  toutes  les  explosions  épidc- 
miques.  aussi  bien  dans  l'Inde  qu'en  Eu- 
rope, Pour  démon Irer  cette  proposition, 
M.  (iuérin  invoque  TautorHé  de  M.  Cuning- 
bam,  qui,  dans  son  rapport  officiel  sur  le 
choléra  de  187:2  dans  les  possessions  an- 
glaises de  rindc,  établit  que  la  maladie, 
précédée  partout  de  diarrhée,  a  éclaté  d'une 
façon  presque  simultanée  sur  une  centaine 
de  points  très  éloignés  les  uns  des  autres, 


s'est  apaisée  à  peu  près  en  même  temps 
dans  ses  divers  foyers,  et  ne  s'est  pas  ré- 
pandue en  marchant  le  long  des  grandes 
voies  de  communication,  mais,  au  contraire, 
dans  des  directions  où  il  n'existe  pas  de 
chemin  de  fer,  ni  de  grandes  routes. 

Ainsi;  duns  l'Inde/  les  disséminations 
n'altôjtent  aucune  influence  d'infection 
personnelle.  Les  phases  épidémiques  n'y 
obéissent  pas  plus  qu*en  Europe  aux  ha- 
sards de  la  contagion. 

Enfin  les  explosions  épidémiques,  réglées 
dans  leurs  débuts,  croissance  et  disparition 
parles  lois  de  répidémiolôgie,  n'y  sont  pas 
plus  qu'en  Europe  contredites  par  des  faits 
réels  d'importation. 


IV.  VARIÉTÉS. 


Cécité  chez  les  fumeurs.  —  L'un  des 
plus  grands  dangers  attribués  à  Thabitude 
invé'éréc  de  fuiuor,  surtout  la  pipe,  c'est 
de  perdre  la  vue.  L'absorption  de  la  nico- 
tine, principe  toxique  et  extrêmement  vé- 
néneux du  tabac,  qui  tue  conime  Tacidc 
prussique  en  portant  son  action  sur  le  sys- 
tème nerveux,  serait  la  cause  de  ce  redou- 
table accident.  Certains  fumeurs  dont  le 
nerf  optique  est  sans  doute  spécialement 
impressionnable  selon  une  disposition,  une 
idiosyncrasie  particulière,  seraient  ainsi 
frappés  d'amaurose  symétrique  des  deux 
yeuxv  c'est-à-dire  de  la  diminution  gra- 
duelle, puis  de  la  perte  absolue  de  la  vision, 
par  la  paralysie  ou  la  dégénérescence  de  la 
rétine. 

Un  célèbre  oculiste  anglais,  M.  Jona- 
than Hutchinson,  en  continuant  ses  recher- 
ches à  cet  égard,  met  ce  triste  fait  en  évi- 
dence. En  1864,  il  publiait  ainsi  un  tableau 
de  iO  amauroh'ques,  dont  25  étaient  des 
fumeurs  avérés.  Un  autre  tableau,  publié 
en  1868,  en  contenait  4<2,  et  le  dernier, 
tout  récent,  29.  Sur  ce  total  de  111  amau- 
rotiques,  il  n'y  a  que  12  femmes.  Le  sexe 
masculin  est  donc  presque  exclusivement 
la  victime  de  cette  forme  de  cécité,  et, 
comme  la  plupart  sont  des  fumeurs,  il  est 
naturel  d'en  attribuer  la  cause  à  cette  dé- 
plorable habitude  et  d'accuser  le  tabac  de 
ces  tristes  effets. 

On  le  nie  en  invoquant  l'exonération  du 
plus  grand  nombre  de  fumeurs  et  le  défaut 
de  signes,  de  caractères  distinctifs  de 
l'amaurose  nicolinique.  Mais  la  raison  n'est 


pas  péremptoire.  Des  sujets  qui  s'exposeut 
tous  lo«  jours  à  contracter  la  fièvre  inter- 
mittente ou  typhoïde,  la  rougeole,  la  co- 
queluche ou  toute  autre  maladie,  qnême 
contagieuse,  un  certain  nombre  y  échap- 
pent sans  que  Ton  pense  seulement  à  nier 
la  cause  spécifique  qui  a  agi  sur  les  autres. 
Chacun  aune  réceptivité,  une  susceptibi- 
lité individuelle  selon  sa  vitalité,  son  tem- 
pérament, aussi  bien  pour  les  maladies 
générales  que  pour  celles  dhin  organe, 
d'un  tissu  pj«rticiilier.  Pourquoi  certains 
individus  sont-ils  frappés  spontanément  de 
cataracte,  quand  le  plus  grand  nombre  y 
échappent?  Assurément,  il  y  a  une  cause 
individuelle  qui  agit  en  dehors  de  l'âge, 
des  professions,  des  climats,  puisque, 
malgré  l'observation  alternative  de  ces 
causes  communes,  *  on  n'est  pas  encore 
parvenu  à  la  distinguer  dans  tous  les  cas. 
Le  tabac  peut  donc  bien  agir  sur  certains 
fumeurs  prédisposés  pour  déterminer 
l'amaurose  ou  tel  autre .  trouble  de  la 
vision. 

L'un  des  fils  et  un  neveu  de  la  femme 
amaurotique  figurant  dans  le  dernier  ta- 
bleau, tous  deux  adonnés  à  la  pipe,  furent 
ainsi  frappés  d'amaurose,  jeunes  encore, 
en  raison  de  la  prédisposition  héréditaire 
qui  régnait  dans  leur  famille;  Un  état  par- 
ticulier du  système  nerveux  prédispose 
ces  fumeurs  ;  mais  il  est  difficile  de  les 
distinguer/et  jusqu'ici  deux  seules  parti- 
cularités indiquent  cette  prédisposition  : 
ce  sont  ceux  qui  ont  eu  beaucoup  de  peine 
à  apprendre  à  fumer,  à  s'y  habituer,  qui 


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88 


VARIÉTÉS. 


en  ont  été  souvent  malades,  et  qui  souf* 
frent  beaucoup  du  mal  de  mer.  Cette  der- 
nière observation  a  surtout  été  faite  parmi 
les  mateioth. 

Dans  d'autres  cas,  tandis  que  Tusage 
excessif  du  tabac  avait  été  san.s  nociiité 
pendant  la  période  d'activité  de  la  vie  et 
des  organes,  la  vue  commence  à  s'affaiblir, 
à  se  troubler  dès  que  le  repos  commence. 
Il  semble  que  Téiimination  des  principes 
toxiques,  activée  par  le  travail  corporel, 
soit  insuffisante  par  le  repos  prolongé. 

L'indication  du  remède  est  facile  dans 
les  deux  cas:  Dans' le  premier,  il  faut  abso- 
lument cesser  aussitôt  do  fumer,  dès  que 
le  trouble  de  la  vue  se  manifeste  ;  dans  le 
second,  il  faut  reprendre  ses  occupations 
actives, M;ar  souvent  la  cessation  de  fumer 
ne  suffirait  même  pas. 

D'ailleurs,  il  n'est  souvent  pas  sans  dan- 
ger de  cesser  tout  à  coup  une  habitude  de 
tous  les  instants,  qui  s'identifie  avec  la  vie 
comme  celle  de  fumer.  Un  navigateur  de 
23  ans  qui,'  depuis  Page  de  7  ans,  n'avait 
cessé  d'avoir  la  pipe  ou  le  cigare  â  la 
bouche,  entre  au  couvent  de  la  grande 
Chartreuse  en  1 864<,  pour  embrasser  la  vie 
claustrale.  Il  dut  donc  cesser  brusquement 
et  radicalement  son  habitude  favorite. 

Grâce*  à  quelques  prises  de  tabac,  il  sup- 
porta cette  pirivalion  les  premiers  jours, 
mais  bientôt  il  éprouva  de  la  constipation, 
de  l'embarras  gastrique  et  des  accès  inter^ 
mittents  épilepliformes  suivis  de  crises 
spasmodiques. 

En  augmentant,  ces  accidents  jetèrent 
le  malade  '  dans  une  grande  faiblesse.  II 
était  pris  subitement  d'immobilité  avec  ré- 
solution musculaire,  pâleur  avec  pouls  lent 
et  petit,  faiblesse  des  battements  du  cœur 
et  de  la  respiration.  C'était  comme  une 
syncope  incomplète  avec  conservation  de 
l'intelligence,  durant  une  heure  environ, 
malgré  les  frictions  stimulantes  au  creux 
.  de  Testomac,  et  qui  se  répétait  plusieurs 
fois  par  jour. 

On  employa  vainement  le  sulfate  de 
quinine  et  l'on  parlait  d'un  séton  à  la 
.  nuque,  lorsque  M.  Pascal,  sachant  que  des 
accidents  semblables  s'étaient  déclarés 
chez  un  fumeur  qui  avait  voulu  se  corriger 
trop  radicalebient  d'une  habitude  invété- 
rée, vint  en  aide  nu  jeune  religieux.  Il  lui 
donna  du  bon  tabac  et  une  pipe,  et  cela 
suffit  au  commencement  d'une  crise  pour 


enrayer  aussitôt  les  Bccidents.  Ilssedissi-. 
paient  au  fur  et  à  mesure  qu'il  aspirait  la 
fumée.  Avec  la  continuation  de  ce  traite- 
ment, les  vomissements  et  les  crises  ont 
disparu  et  la  santé  s'est  rétablie. 

Les  fumeurs  admettront  sans  doute  plus 
volontiers  cet  effet  morbide  du  défa;it  de 
fumer,  que  les  résultats  de  son  excès.  Mais 
qu'ils  y  prennent  garde,  se  laisser  aller 
sans  mesure  à  une  telle  habitude  est  tou- 
jours funeste  et  suivi  de  conséquences  fâ- 
cheuses pour  la  santéf  car  elle  est  essen- 
tiellement antagoniste  des  règles  de 
l'hygiène. 

(Journ,  de  phar m,  d'Anvers.) 


Éphémérîdes  médicales. 

Année  I5<.>1. 

Cette  année  voit  florir  :  en  Fr.'jnce, 
J.  Riolan,  médecin  et  anatomiste  célèbre, 
né  à  Amiens;  en  Italie,  V.  Aldrovandi,  de 
Bologne;  philosophe  et  médecin,  auteur  de 
travaux  remarquables  sur  l'histoire  natu- 
relle^ en  Belgique,  Juste -Lii)se^  né  à  Isque 
(Overysiche)  près  Bruxelles,  philosophe, 
historien  et  philologue  célèbre,  qui  attire 
à  ses  savantes  leçons  dos  auditeurs  de 
toutes  les  nations  et  même  des  têtes  cou- 
ronnées. La  maison  qu'habita  Juste- M psc 
subsiste  encore  dans  son  village  natal. 


A  la  suite  d'une  disette,  conséquence 
d'un  hiver  très-rigoureux,  une  épidémie 
d'ërgotisme  sévit  en  Silésie.  La  fièvre 
typboîde  se  déclare  à  Trente;  la  peste  que 
Haller  mentionna  filus  tard  comme  une 
épidémie  seorbutique  {Collect.  disputât,) 
règne  à  Londres. 

19  juillet  1687. 

Eugène  Maniet,  de  Bruxelles,  obtient  à 
Rome  W  bonnet  de  docteur  et  fut  plus  tard 
immatriculé  sans  examen  parmi  les  prati- 
ciens bruxellois.  Le  syndic  du  Collège 
médical  fit  remarquer,'  à  cette  occasion, 
que  d'après  les  édits  de  Charles -Quint, 
ainsi  que  de  ceux  d'Albert  et  d'Isabelle, 
les  règlements  en  -vîgueoi*  s'opposaieqt 
formellement  à  ce  que  des  médecins  gra- 
dués, à  Rome,  puissent  venir  pratiquer  h 
Bruxelles  sans  subir  d'examen. 

D'  V.  D.  CoapUT. 


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iToumâl  de  Médecine  de  Bruxelles. 


HJÏâjiceajixc  ^  édxJbexjr. 

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JOURNAL 

DE  MÉDECINE 


(AOUT  1875.) 


I.  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Adénite  CANCÉREUSE   de  nature  encéphaloïde  développée  chez  une  enfant 
DE  CINQ  ans;  par  MM.  E.  Chakon,  membre  effectif  de  la  Société,  médecin- 
.adjoint  au  service  des   enfants,   à   l'Hôpital  Saint-Pierre,  et.LEDEGANCK) 
secrélaire-adjoint  de  la  Société. 

La  nommée  V ,  Julie,  âgée  de  cinq  ans,  fui  présentée  à  la  consullalion 

des  enfants  au  commencement  du  mois  de  mai  ;  la  jambe  gauche  présentait  de 
Tempâlement,  M.  Henrirlte  crut  à  la  possibilité  d'un  abcès  froid,  et  pratiqua 
à  divers  intervalles,  dans  la  partie  la  plus  saiMante  du  mollet,  trois  ponc- 
tions exploratrices  qui  n'amenèrent  chaque  fois  qu'un  peu  de  sérosité 
sanguinolente. 

L'enfant  entra  à  rhôprtat  Saint  Pierre  le  10  mai  1875;  on  s'aperçut,  quelques 
jours  après,  que  les  glandes  lymphatiques  du  pli  de  l'aine  du  côté  gauche  pre- 
naient un  volume  considérable.;  la  malade  était  faible,  anémique,  ne  se  plai- 
gnait d'aucune  douleur,  mais  demeurait  toujours  comme  affaissée  dans  son  lit. 
En  même  temps  que  la  masse  des  ganglions  du  pli  de  l'aine  augmentait  toujours 
de  volume,  ceux  de  la  région  cervicale  du  côté  gauche  s*hyperlrophiaient  égale- 
ment, venaient  faire  saillie  depuis  la  clavicule  jusqu'au  trapèze,  sous  le  slerno- 
masloïdien  et  s'étendaient  en  dedans  jusque  sur  Id  ligne  médiane  de  la  région 
sous-hyoïdienne. 

Le  traitement  consista  principalement  en  Une  alimentation  tonique,  recon- 
stituante, en  Tadministration  du  sirop  d'iodure  de  fer;  des  frictions  furent 
pratiquées  sur  le  membre  gauche  et  sur  les  ganglions  engorgés  avec  une  pom- 
.  made  à  l'iodure  de  potassium;  des  bains  salés  complétèrent  cette  médication 
établie  en  vue  de  combattre  la  diathèse  strumeuse  dont  on  croyait  avoir  sous 
les  yeux  diverses  manifestations  caractéristiques* 

y.ers  la  fin  de  sa  vie,  la  patiente  présenta  par  moments  des  accès  de  suffoca- 
tion, une  touxcroupale,une  expiration  bruyante  et  prolongée;  ces  phénomènes 
ne  persistaient  pas  longtemps  et  nous  les  rapportions  à  |a  compression  du  larynx 
par  les  tumeurs  ganglionaires,  compression. qui  s'exagérait  dans  certaines  posi- 
tions que  prenait  Tenfant  pendant  son  sommeil. 

12 


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90  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Nous  redoutions  toujours  de  voir  ces  phénomènes  asphyxiques  s'accroître,  • 
devenir  permanents  et  déterminer  la  mort,  car  les  ganglions  du  cou  prenaient 
plus  de  développement,  malgré  Tadministratlon  infùs  et  extra  des  préparations 
iodées, 

La  mort  survint  chez  cette  malade,  après  deux  mois  de  séjour  à  l'hôpital , 
comme  conséquence  du  marasme  profond  où  Tavait. plongée  son  affection,  et 
non  comme  résultat  d'une  asphyxie  par  compression  dont  nous  Tavions  vue 
souvent  menacée. 

L'autopsie  nous  surprit  beaucoup);  nous  nous  attendions  à  constater  l'hyper- 
trophie simple  des  glandes  lymphatiques  du  cou,  de  l'aîne,  de  l'abdomen  et 
des  bronches,  en  un  mot  les  altérations  d'un  état  de  pseudo-leucémie  que  l'on 
rencontre  encore  dans  le  jeune  âge,  lié  à  la  dialhèse  strumeuse  et  qui  conduit 
inévitablement  le  malade  à  la  mort;  au  lieu  de  cela  nous  avions  affaire  à  de 
vastes  foyers  de  matière  encéphaloïde.  L'altération  avait  pris  son  point  de 
départ  à  la  partie  inférieure  de  la  jambe  gauche;  il  existait  en  cet  endroit  une 
tumeur  aplatie,  ovoïde,  placée  entre  le  muscle  jumeau  et  les  muscles  de  la 
couche  profonde  du  membre;  là  dégénéresce.nce  cancéreuse  avait  atteint  primi* 
tivement,  à  ce  niveau,  un  ganglion  situé  sur  le  trajet  des  vaisseaux  lymphatiques 
qui  accompagnent  l'artère  tibiale  postérieure.  Cette  tumeur  s'étendait  depuis  la 
naissance  du  tendon  d'Achille  jusqu'au  niveau  du  bord  inférieur  du  muscle 
poplité,  avait  déterminé  par  compression  l'atrophie  des  fibres  charnues  du 
jumeau  et  du  soléaire  et  offrait  à  la  coupe  un  tissu  mou,  rougeâtre,  semblable  à 
du  tissu  cérébral  eo  voie  de  ramollissement. 

Au  niveau  du  creux  poplité,on  découvrait  plusieurs  ganglions  de  la  grosseur 
d'une  petite  noix,  constitués  par  un  tissu  de  même  nature.  On  retrouvait  au 
niveau  du  pli  de  l'aine  une  masse  plus  volumineuse  de  ganglions  dégénérés  (j^ui 
s'enfonçaitdans  le  bassin,  en  suivant  le  trajet  de  l'artère  iliaque  du  côté  gauche, 
se  tenait  à  cheval  sur  la  partie  inférieure  de  l'aorte  abdominale,  et  donl«)e 
volume  total  atteignait  au  moins  celui  de  la  tète  d'un  enfant  nouveau-né;  les 
masses  globuleuses  de  tissu  cancéreux  suivaient  ensuite  le  trajçt  de  l'aorte 
abdominale,  de  l'aorte  thoracique,  puis  de. la  ca^otidedu  côté  gauche  et  venaient 
envahir  toute  la  région  latéraledu  cou  ;  chose  remarquable,  Taorte  descendante 
demeurait  perméable  au  milieu  de  ce  tissu  cancéreux,  on  pouvait  la  disséquer, 
fisoleretconstaterque  son  calibre  n'avait  pas  diminué  au  contact  de  ces  tumeurs  . 
qui  la  couvraient  et  l'entouraient  de- toute  part. 

Nous  détachâmes  quelques  ganglions  de  la  masse  siégeant  au  niveau  du  pli 
de  l'aine  pour  les  étudier  en  détail  et  en  fairel'examen  microscopique;  toutefois 
on  ne  pouvait,  nous  semble  t-il,  se  méprendre  même  à  une  simple  observation 
macroscopique,  sur  la  nature  encéphaloïde  de  ces  tumeurs  :  \^  si  l'on  pratiquait 
diverses  coupes  sur  ces  volumineuses  masses  ganglionnaires  dégénérées,  on 
voyait  sourdre  une  pulpe  mollasse,  bien  inférieure  en  consistance  â  la  palpe 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  9! 

cérébrale  ;  on  découvrait  des  surfaces  où  le  tissu  variait  de  consistance,  mais 
qui  n'avait  pas  la  fermeté  du  tissu  glandulaire  lymphatique  simplement 
hyperplasié;  2^  ces  différentes  coupes  présentaient  les  colorations  les  plus 
variées,  ce  qui  était  dû  à  ce  que  du  sang  s'était  épancfié  parmi  la  matière 
encéphaloïde;  les  nuances  variaient  du  noir  foncé  au  rouge  sombre  suivant  que 
Tépanchement  était  ancien  ou  récent. 

Par  un  hasard  singulier,  les  ganglions  du  pli  de  Taine,  destinés  à  Texamen, 
se  trouvaient  précisément  dans  le  stade  d'envahissement.  Un  ganglion  de  la 
dimension  d'une  grosse  noix  nous  servit  à  faire  deux  coupes,  qui,  à  l'examen 
microscopique,  ne  montrèrent  qu'une  hyperplasie  simple,  tout  au  plus  un 
infarctus  leucémique,  sans  la  moindre  altération  carcinomateuse»  Nous  allions 
nous  prononcer  pour  une  erreur  de  diagnostic,  lorsqu'une  troisième  coupe  • 
menée  à  travers  le  bile  du  ganglion,  nous  fit  voir  un  petit  foyer  de  maltère 
plutôt  ca^éeuse  que  crémeuse,  et  qu'un  examen  rapide  au  microscope  nous  fît 
reconnaître  immédiatement  pour  du  détritus  cancéreux.  L'un  de  nous  fit, 
séance  tenante,  plusieurs  préparations  qui  démontraient  à  l'évidence  l'existence 
de  la  tumeur  carcinomateuse  médvUaire  et  en  prit  les  dt^ssins^  avec  toute 
Texactitude  possible. 

Nous  reproduisons,  ci'contre,  une  coupe  du  tissu  simplement  hyperplasie,  et 
une  autre,  du  tissu  carcinomateux. 

La  fig.  i  représente  une  coupe  dans  la  partie  atteinte  d'hyperplasie  leueé- 
mique.  C'est  un  fragment  de  la  zone  médullaire  du  ganglion  ;  on  y  voit  les  mailles 
du  réticulum  glandulaire,  énormément  distendues  par  l'accumulation  des  leuco- 
cytes. Les  trabécules  du  réticulum  éllesmémes  n'ont  subi  aucune  hyperplasie. 
Tout  semble  se  borner  à  une  augmentation  numérique  des  leucocytes,  qui,  par 
leur  abondance  ne  laissent  pas  de  rendre  un  peu  obscure  la  structuredu  gan- 
glion. Le  lavage  prolongé  an  pinceau  finit  par  vider  quelques  mailles  du  réticulum 
et  dès  lors  la  structure  du  ganglion  apparaît  dans  toute  sa  netteté.  Que  les 
cellules  accumulées  dans  les  mailles  soient  bien  réellement  des  leucocytes, 
cela  ne  peut  faire  l'objet  d'aucun  doute  :  leur  forme  presque  sphérique,  leur 
contour  finement  granuleux,  leurs  noyaux  multiples,  souvent  étranglés  parle 
milieu,  mais  surtout  les  dimensions  uniformes  de  toutes  les  cellules,  tous  ces 
caractères  réunis  suffisent  pour  spécifier  les  leucocytes.  La  fig.  2  les  montre 
sons  un  grossissement  plus  fort,  tels  qu'ils  apparaissent,  après  leur  sortie  des 
mailles  du  réticulum.  Le  contact  de  l'alcool  en  a  légèrement  altéré  les  contours. 

La  fig.  5  représente,  sous  un  fort  grossissement,  une  parcelle  de  la  matière 
caséiforme  réunie  en  foyer,  dans  la  partie  atteinte  de  dégénérescence  cancé- 
reuse. Cette  parcelle  a  dû  être  préalablement  délayée  dans  une  goutte  d'eau. 
Ce  qui  frappe  tout  d'abord  dans  cette  préparation  microscopique,  c'est  Texi- 
guité  des  éléments  cellulaires  eu  égard  au  fort  grossissement  sous  lequel  ils 
sont  vus  ('^).  On  remarque  en  4  les  éléments  agglomérés,  tels  qu'ils  se  trouvent 


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92  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

tassés  Sans  les  mailles  du  stroma.  En  y,  se  trouve  représenté  un  débris  de  ce 
stroma  sous  forme  d'une  trabécule  isolée. 

La  fi^.  5  représente  les  éléments  4u  carcinome  sous  un  grossissement  de 
600  diiiamèlres  et  permet  d'en  saisir  les  caraclères  dans  tous  leurs  détails. 

La  6g.  4  est  un  fragment  du  stroma  de  la  partie  altérée.  Ce  stroma,  comme 
on  le  voit^  n*a  rien  d'analogue  avec  le  réticùlum  du  ganglion.  Les  trabécules  qui 
le  composent  sont  d'un  volume  beaucoup  plus  considérable,  d'une  texture 
cellulaire  évidente,  et  les  alvéoles  qu'elles  laissent  entre  elles  sont  de  dimen- 
sions très-inégales,  mais  beaucoup  plus  grandes  que  les  lacunes  du  ganglion 
lymphatique.  Un  brossage  au  pinceau  prolongé  a  éloigné  le  plus  grand  nombre' 
^%  des  cellules,  quelques  alvéoles  paraissent  complètement  vides;  d'autres  sont  à 
moitié  évacuées  (*),  d'autres  enfin  sont  encore  distendues  par  les  cellules  {^^)m 
Il  Iftde  soi  que  les  trabécules  ont  eu  naguère  leurs  vaisseaux  nourriciers  :  mais 
le  processus  cancéreux  les  a  entamés  :  de  petites  extravasations  se  sont  pro- 
duites,  et  de  petits  dépôts  d'hématine  {yy)  sous  forme  de  granules  bruns  demi 
^ran^arents,  sont  les  seuls  vestiges  des  capillaires  qui  alimentaient  la  tumeur 
^dans  m  premier  stade  de  son  développement. 

Ëfes  poumons  étaient  sains  mais  d'une  coloration  très  pâle,  presque  exsangues, 
'f^       Le  tissu  du  cœur  était  pâle,  anémié:  il  en  était  de  même  du  foie.  La  rate  ne 
présentait  rien  d^anormal.  Le  rein  droit  plus  volumineux  que  le  gauche  parais- 
^f*^        sailsain  ;  le  gauche,  d'une  coloration  rouge  foncé  offrait  un  état  de  stase  san- 
guine ainsi  que  des  dilatations  des  calices  que  par  un  examen  superficiel,  on 
aurait  pris  pour  différents  kystes  développés  dans  la  substance  médullaire. 
V,,  Ces  lésions  étaient  la  conséquence  de  la  pression  exercée  sur  cet  organe  par  les 

ganglions  cancéreux  qui  proéminaienl  davantage  du  côté  gauche. 

Réflexions.  —  Nous  avons  exposé  brièvement  ce  cas  et  les  désordres  constatés 
à  l'autopsie,  à  l'invitation  de  M.  Henriette  à  qui  il  n'est  pas  arrivé  jusqu'à  ce 
jour  d'observer  de  semblables  altérations  chez  un  enfant  de  cet  âge.  Lebert  dans 
son  traité  des  maladies  cancéreuses,  dit  avoir  observé  le  cancer  primitif  plus 
fréquent  dans  les  glandes  lymphatiques  superficielles  du  corps  que  dans  celles 
de  l'abdomen  et  de  la  poitrine.  L^âge  a  été  noté  chez  onze  malades.  Il  a  varié 
entre  50  et  70  ans.  Il  ne  dit  pas  que  cette  affection  ait  jamais  été  observée  dans 
l'enfance. 

Si  l'on  veut  rapprocher  cette  observation  de  celle  que  nous  avons  publiée 
naguère,  à  propos  d'un  cancer  encéphaloïdedurein  chez  un  enfant  de  cinq  mois, 
on  peut  se  convaincre  que  la  diathèse  cancéreuse  n'est  pas  tellement  rare  dans 
le  jeune  âge,  qu'on  le  pense  généralement;  bien  que  très-excèptionnels,  ces  cas 
ne  doivent  pas  être  totalement  perdus  de  vue;  leur  possibiliié  démontre  qu'on 
n'est  pas  autorisé  à  exclure  d'une  façon  absolue  les  affections  cancéreuses  du 
cadre  des  altérations  qui  peuvent  atteindre  là  première  et  la  seconde  enfance. 
Au  point  d«  vue  du  pronostic,  la  forme  encéphaloïdc  que  l'on  est  exposé  à  ren- 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  95 

contrer  chez  de  si  jeunes  sujets,  a  pris  dans  les  deux  cas  en  peu  de  temps,  un 
accroissement  énorme  et  plongé  r3pidement  les  d'eux  malades  dans  un  marasme 
profond.  \ 

Ce  qu*il  y  a  de  particulier  dans  cette  observation,  c'est  le  siège  primitif  du 
cancer  :  enavant  du  muscle  jumeau,  dans  l'épaisseur  du  mollet;  toute la'jambe 
présentait  de  Tempâtément,  et^  vers  la  On  de  la  vie,  un  peu  d*œdème;  on  per* 
cevait  en  arrière  et  vers  la  partie  moyenne  du  membre,  la  sensation  de  cette 
fausse  fluctuation  que  Ton  est  si  souvent  exposé  à  prendre  pour  un  abcès 
profond. 

«  Nous  avons  observé,  dit  Leberl,  un  cas  de  cancer  encéphaloïde  du  creux 
axillaire  qui  s'était  développé  si  rapidement,  et  offrait  une  telle  apparence  de 
fluctuation  que  des  chirurgiens  de  premier  mérite  croyaient  avoir  affaire  à  un 
phlegmon  sdppuré.  >  m 

Les  vaisseaux  lymphatiques  qui,  à  partir  de  la  libiale  postérieure,  fccom- 
pagnent  les  gros  vaisseaux,  semblent  dans  ce  cas  avoir  transmis raltératiofi  can- 
céreuse, et  l'avoir  communiquée  à  toutes  les  glandes  lymphatiques  qu'ik  rer^ 
contraient  sur  leur  trajet  :  au  creux  poplilé,  au  pli  de  l'aine  —  en  cet  ^droit, 
où  il  existe  de  si  nombreux  ganglions,  lesiumeurs  étaient  énormes  —  Ulonf 
de  l'aorte,  puis  enGn,  en  suivant  la  carotide  du  côté  gauche  à  la  région  cervicale,  ip^ 
où  la  dégénérescence  atteignait  les  ganglions  du  cou. 

En  somme,  nous  avons  relaté  cette  observation  comme  intéressante  au*4)oint 
de  vue  de  l'anatomie  pathologique,  mais  on  comprend  combien  sont  illusoires 
nos  faibles  ressources  thérapeuliques,  en  présence  d'altérations  si  étendues  et 
qu'on  devait  peu  s'attendre  à  rencontrer  chez  une  enfant  de  cinq  ans. 


De  la  rétroversion  de  l'utérus  pendant  la  grossesse,  far  M.  le  docteur 
N.* Charles,  de  Liége^lavrèat  deV Académie  de  médecine  de  Paris^  Membre 
correspondant  de  la  Sociétfi^  etc.  (Suite.  —  Voir  notre  cahier  de  juillet, 
page  3). 

CHAPITRE  DEUXIÈME. 

Fréquence. 

.  La  rétroversion  de  l'utérus  pendant  la  grossesse  ne  semble  pas  très-fréquente. 
En  considérant  cependant  les  faibles  moyens  d'attache  du  corps  utérin,  l'aug- 
mentation de  son  volume^  intéressant  spécialement  le  fond  et  le  segment  pos- 
térieur pendant  la  première  période  de  la  gestation,  le  ramollissement  des 
ligaments  après  la  conception,  les  travaux  pénibles  et  fatigants  auxquels  se 
livrent  beaucoup  de  femmes  enceintes,  on  devrait  s'attendre  à  voir  souvent 
chez  elles  des  déplacements  plus  ou  moins  sérieux  se  produire,  surtout  en 
arrière.  Il  ne  parait  pourtant  pas  en  être  ainsi  et  l'on  est  surpris  d'apprendre 


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94  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

que  des  accoucheurs  très  en  renom  n*onl  observé,  pendant  une  pratique  forl 
longue,  et  très-élendue,  qu*un  nombre  forl  restreint  de  rétroversions  pendant  la 
grossesse^  et  cela  est  tellement  vrai  que  M,  Depaul  a  pu  dire,  à  une  séance  de 
TÂcadémie  de  médecine  en  I853^que  tous  les  accoucheurs  présents  en  avaient 
à  peine  vu  une  demi-douzaine  d'exemples.  En  lisant  du  reste  tous  les  ouvrages 
spéciaux,  ainsi  que  les  traités  d'accouchejnenls  qui  s'occupent  de  la  rétrover- 
sion, on  s'aperçoit  qu'ils  ne  renferment  guère  de  cas  nouveaux  et  que  les 
auteurs  invoquent  peu  leur  observation  personnelle.  Doit-on  croire  que  la 
rétroversion  pendant  la  grossesse  est  aussi  rare  que  ces  faits  tendraient  à  le 
démontrer?  Ce  serait,  selon  moi,  une  grave  erreur,  et  je  suis  persuadé  que 
l'accident  est  bien  plus  fréquent  qjie  beaucoup  ne  se  l'imaginent.  Cette  idée, 
qui  m'était  d'abord  venue  par  induction  et  par  des  raisons  plus  ou  moins'théo- 
riqu^  que  je  vais  reproduire,  s'appuie  aujourd'hui  sur  des  faits  rapportés  par 
plusieurs  praticiens  éminents. 

D'abord  la  rétroversion  pendant  la  grossesse  peut  passer  inaperçue.  Il  en  a 
été  ainsi  pendant  des  siècles,  puisqu'elle  n'a  été  bien  connue  et  bien  décrite 
que  depuis  le  siècle  dernier;  les  symptômes  du  reste  n'en  sont  pas  bien  carac- 
téristiques, et,  sans  un  examen  Igcai  bien  fait,  ils  peuvent  être  rapportés  à 
d'autres  affections. 

La  rétention  d'urine,  par  son  importance,  attire  souvent  seule  l'attention  des 
malades.  La  rareté  des  selles  peut  en  imposer  pour  une  constipation  opiniâtre. 
Les  douleurs,  les  contractions  utérines,  l'écoulement  de  sang,  peuvent  faire 
croire  à  un  avoVtement;  quelques  symptômes  généraux  mêmes  peuvent  être 
mis  sur  le  compte  d'une  fausse  couche  difficile  ou  d'un  éM  nerveux  particulier. 
Dans  lous  ces  cas,  au  moyen  d'un  traitement  symptomatique  convenable,  la 
réduction  pourra  se  faire  spontanément,  plus  souvent  le  produit  de  conception 
sera  expulsé,  et  alors  tout  rentrera  dans  l'ordre  :  dans  ces  deux  hypothèses, 
l'accident  primitif  restera  méconnu. 

On  remarquera,  du  reste,  que  les  fausses  couches  sont  relativement  fré" 
q4ientesà  la  campagne  et  dans  les  faubourgs  des  grandes  villes  ;  que  ces  fausses 
couches  reconnaissent  souvent  pour  causes  des  efforts  ou  des  fatigues  exagérées; 
que  les  femmes  qui  en  sont  atteintes  ont  cependant  une  santé  plus  florissante 
que  celles  des  classes  plus  élevées,  où  les  fausses  couches  ne  sont  pas  plus 
fréquentes  et  sont  peut-être  plus  rares;  qu'elles  sont  souvent  atteintes  de  des- 
centes de  matrice  ou  de  versions,  suites  du  peu  de  soin  qu'elles  prennent  après 
leurs  couches  ;  qu'entin  elles  attendent  souvent  forl  longtemps  avant  d'appeler 
même  une  sage-femme,  et  que  cette  dernière,  trop  souvent  ignorante,  mécon- 
naîtra le  déplacement,  s'il  existe  :  l'avorlement  a  donc  lieu  et  termine  la  scène. 

Remarquons  aussi  que  ces  femmes  n'iront  à  l'hôpital  que  si  les  accidents 
prennent  des  proportions  importantes  ;  ce  qui  n'est  pas  l'ordinaire,  puisque  la 
fausse  couche  survient  le  plus  souvent. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  9.^ 

De  plus,  certains  médecins  non  spécialistes  n'accordent  pas  toujours  à  Tavor- 
temenl  l'importance  qu'il  comporte  :  s'ils  touchent,  et  ce  n'est  pas  toujours  le 
cas,  ils  s'imaginent  souvent  qu'ils  n'ont  plus  rien  à  rechercher  dès  qu'ils  ont 
reconnu  l'état  du  col;  beaucoup  enfin  ne  connaissent  guère  la  rétroversion  que 
de  nom. 

Je  vais  citer  différents  exemples  à  l'appui  de  ces  allégations,  qui  paraîtront 
peut-être  hasardées  au  premier  abord. 

Obs.  XI.  —  Rétroversion  à  trois  mois  et  demi  de  grossesse;  succès  du  trai- 
tement de  Denman;  par  M.  le  professeur  Depaul  (1).  —  Le  12  décembre  1872, 
la  femme  D...  entre  à  la  clinique  étant  enceinte  de  trois  mois  et  demi  environ. 
Elle  avait  été  prise,  il  y  avait  près  d'un  mois,  de  rétention  d'urine  et  pendant 
six  jours  elle  n'avait  pu  en  évacuer  une  seule  goutte.  Un  médecin  lui  avait  pres- 
crit inutilement  (on  le  compretid  sans  peine)  deux  grands  bains  et  du  chien- 
dent avec  du  nitrate  de  potasse.  Après  le  sixièipe  jour/ elle  commença  à  perdre 
de  Turine  involontairement  au  moindre  mouvement;  cependant  malgré  ses 
ses  efforts,  quand  elle  se  mettait  sur  le  vaso,  elle  ne  parvenait  à  expulser  qu'une 
très-petite  quantité  de  liquide.  Pendant  ce  temps  le  ventre  avait  pris  un  déve- 
loppement considérable  qui  frappa  tout  le  monde  quand  elle  vint  à  l'hôpital. 
On  trouvait  en  effet  dans  l'abdonfien  une  tumeur  qui  remontait  à  deux  travers 
de  doigt  environ  au-dessus  de  l'ombilic.  Cette  tumeur  avait  la  forme  d'un  ovoïde 
dont  l'extrémité,  supérieure  était  saillante  en  avant.  On  y  percevait  très-nètte- 
ment  la  fluctuation,  et  il  ne  fut  pa$  douteux  un  instant  qu'on  n'eût  affaire  à 
une  vessie  considérableînent  distendue. 

Par  le  toucher  vaginal  on  trouvait  le  fond  de  la  matrice  renversé  en  arrière 
et  occu|)ant  toute  la  concavité  du  sacrum  ;  le  col,  qui  avait  les  caractères  d'un 
col  de  multipare,  étail  repoussé  en  haut  et  appuyait  contre  la  face  postérieure 
de  la  symphyse  pubienne. 

Le  cathétérisme  Ot  immédiatement  drsparailre  la  tumeur  abdominale  et  fut 
pratiqué  plusieurs  fois  par  jour  jusqu'au  17  ;  ce  jour  on  put  constater  que  le 
col  utérin  était  plus  facilement  accessible  tandis  que  le  fond  était  manifeste- 
ment remonté.  Le  soir  même  la  malade  put  vider  seule  sa  vessie,  et  le  lende- 
main M.  Depaul  constata  que  la  matrice  avait  repris  sa  positron  normale.. 

Cette  femme  quitta  l'hôpital  quelques  jours  après,  complètement  guérie.  On 
sentait  très-bien  derrière  la  paroi  abdominale  le  fond  de  la  matrice,  et  Ton 
pat  même  percevoir  les  battements  du  cœur  fœtal. 

DaDS  cette  observation  le  praticien  appelé  d'abord  n'avait  trouvé  d'autre 
indication  que  celle  des  diurétiques;  la  cause  de  la  rétention  d'urine  lui  avait 
échappé;  dans  le  cas  suivant *une  sage-femme  et  deux  médecins,  après  un 
examen  approfondi,  déclarent  la  patiente  atteinte  de  grossesse  extra  utérine. 

Obs.  XII. — Rétroversion  de  l'utérus  à  quatre  mois  et  demi  de  grossesse; 
redressement  spontané  du  fond  sans  que  le  col  puisse  être  déplacé;  péritonite  , 

(!)  Leçons  de  clinique  obstétricale.  Paris,  1874-.  —  Obs  5«  de  M.  DcpouL 


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96  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

avortement^  mort  ;  par  M,  le  professeur  Depaul  (1).  —  La  femme  T...,  âgée 
de  52  ans,  mère  de  cinq  enfants  eut  ses  dernières  règles  le  i5  juin  1872.  La 
première  partie  de  cette  sixième  grossesse  se  passa  assez  régulièrement,  à  part 
une  certaine  difficulté  dans  rémission  de  l'urine  et  une  constipation  opiniâtre. 
Dans  les  premiers  jours  d'octobre  eJ!e  prit  unr  purgatif;  dès  lors  la  mictioi> 
devint  très-difficile  sinon  impossible;  le  ventre  prit  un  développement  rapide; 
la  femme  fut  obligée  de.  garder  le  lit;  une  soif  ardente  lui  faisait  absorber 
plusieurs  litres  de  tisane  par  jour,  et  à  cette  époque  déjà  elle  se  sentait 
constamment  mouillée  par  un  liquide  qui  s'écoulait  des  parties  génitales.  Une 
sage-femme  et  deux  médecins  successivement  consultés  diagnostiquèrent,  après 
un  examen  approfondi^  une  grossesse  extra  ulérine.  , 

La  femme  T...  fut  alors  transportée  à  la  clinique  et  examinée  par  M.  Depaul. 
Une .  tumeur  Volumineuse  soulevait  les  parois  abdominales  et  s'élevait  à 
troi^  travers  de  doigt  au-dessus  de  rotnbilic;.elie  était  fluctuante,  surtout  en 
haut;  sa  partie  inférieure  et  moyenne  était  moins  facilement  appréciable  à 
cause  d*un  œdème  considérable  de  la  région  suspubienne;  ses  parois  étaient 
très-minces;  l'auscultation  ne  fit  entendre  aucun  battement  fœtal^  mais  bien 
un  bruit  analogue  au  souille  utérin.  En  comprimant  cetle  poche,  on  déterminait 
l'évacuation  plus  abondante  du  liquide  qui  depuis  un  mois  baignait  constamment 
les  organes  génitaux.  Le  doigt  introduit  dans  le  vagin  ne  pouvait  alleindre  le 
col  mais  rencontrait  dans  la  concavité  sacrée  une  tumeur  a rrondie^  mollasse, 
profondément  engagée  dans  Texcavation;  ces  rechercjies  déterminaient  l'écou- 
lement d'une  plus  grande  quantité  jde  liquide,  qu'il  était  facile  de  recon- 
naître pour  de  Purine.  Par  le  catéihérisme  on  en  retira  trois  litres  et  en  même 
temps  on  vit  la  tumeur  diminuer  progressivement  et  disparaître.  C'était  donc 
bien  la  vessie  qui  avait  soulevé  les  parois  abdominales.  De  plus  le  déplacement 
du  col  utérin  en  avant  et  la  présence  en  arrière  de  la  tumeur  décrite  parlaient 
suffisamment  en  faveur  d'une  rétroversion  de  la  matrice  distendue  par  une 
grossesse  de  quatre  mois  et  demi  à  cinq  mois.  On  pouyaiX  remarquer  de 
plus  que  la  paroi  antérieure  du  vagin  était  tiraillée  et  avait  entraîné  le  méat 
urinaire  profondément  derrière  la  symphyse  pubienne.     • 

L'introduction  de  la  sonde  répétée  deux  fois  par  jour  améliora  considérablement 
l'état  de  la  malade;  mais  la  rétention  d'Urine  persistait:  les  plus  grands  efforts 
pour  uriner  librement  n'avaient  aucun  résultat,  car  le  col  utérin  continuait  à 
comprimer  fortement  le  canal  de  Turéthre  en  haut.  C'est  pourquoi,  au  bout  de 
six  jours  d'expectation,M.  Dê'paul  nésolut  de  réduire.  Il  fil  respirer  à  la  femme 
du  chloroforme,  pratiqua  le  caihétérisme,  puis  glissa  les  doigts  de  la  main 
droite  dans  le  vagin  poijr  repousser  le  fond  de  la  matrice  au-dessus  du  détroit 
supérieur;  mais  il  reconnut  alors,  à  sa  grande  surprise,  que  ce  redressement 
s'était  exécuté  spontanément.  Seulement  le  col  utérin  était  resté  appliqué  et 
fixé  contre  la  partie  supérieure  de  la  symphyse  pubienne  au  point  que  les 
doigts  ne  parvinrent  pas  â  changer  sa  situation.  En  déprimant  la  paroi  abdo- 
minale, on  sentait  profondément  le  fond  de  l'utérus  qui  s'élevait  au  dessus  du 
détroit  supérieur. 

(1)  Leçons  de  clinique  obstétricale.  Paris,  1874.  —  Obs.  4^  de  M.  Depaul. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  97 

Pour  éviter  les  sondages,  une  sonde  de  gomme  élastique  fut  placée  à  demeure, 
mais  la  nuit  suivante,  la  femme  eut  de3  frissons,  de  la  fièvre,  des  douleurs 
abdominales  et  la  sonde  dut  être  retirée  le  lendemain.  Des  vomissement  sur- 
vinrent, Tabdomen  se  ballonna  et  48  heures  après  J'intervenlion^  le  col  fut 
trouvé  en  place,  niais  eulr'ouvert  et  effacé.  Le  lendemain  >les  symptômes 
périlonitiques  s'accrurent;  Tavortement  se.  termina  et  deux  jouVs  après,  la 
maladie  ayant  suivi  une  marche  ascendante,  la  femme  succomba. 

A  l'autopsie,  un  litre  de  pus  dans  la  cavité  périlonéalç  ;  l'utérus,  qui  avait 
été  trouvé  réduit  avant  Tavortement,  était  de  nouveau  en  rétroversion.  Le  fond 
de  la  matrice  était  placé  sous  l'angle  sacrovertébral^  qui  présentait  une  crête 
assez  prononcée;  la  courbure  sacrée  parut  exagérée.  Parois  vésicales  très- 
épaisses;  réservoir  quadruplé  d'étendue;  col  de  la  vessie  rouge^  légèrement 
œdématié;  parenchyme  utérin  normal. 

Voici  une  observation  très-remarquable  de  M.  Hubert,  dans  laquelle  un 
médecin  et  un  chirurgien-accoucheur  très-occupés  ont  méconnu  longtemps  le 
déplacement  de  Tulérus. 

Ces  Xni.  —  Rétroversion  à  trois  mois  et  demi  de  grossesse,  longtemps 
méconnue;  distension  considérable  de  la  vessie;  moUessd  extraordinaire  de 
l'utérus  déplacé,  vaines  tentatives  de  réduction  ;  succès  d'un  nouveau  procédé  bi- 
polaire; continuation  de  la  grossesse;  menaces  d'une  nouvelle  rétroversion  dans 
la  grossesse  suivante;  par  M,  le  professeur  L.  J.  Hubert,  de  £oui7ai/<(l).  —  La 
femme  J...,  de  Basse-Wavre,  mère  de  cinq  enfants,  grande  et  bien  propor- 
tionnée, eut  ses  dernières  règles  du  20  au  !25  mai  1870.  Vers  deux  mois  et 
demi  à  trois  mois,  elle  perdit  un  peu  de  sang  et  vers  la  fin  d'août,  des  maux  de 
reins,  de  la  constipation,  des  difficultés  pour  uriner,  auxquelles  succéda  une 
iocoatinence  d'urine,  la  forcèrent  de  consulter  un  médecin.  Celui-ci  réclama 
l'assistance  d'un  chirurgien  .qui  depuis  plus  de  40  ans  fait  presque  tous  les 
accouchements  à  deux  lieues  â  la  ronde.  Leur  traitement  puremeiit  médical 
n'empêcha  pas  les  accidents  d'aller  en  augmentant,  et  l'on  s'adressa  à  un 
jeune  praticien,  qui  reconnut  la  nature  du  mal  et,  malgré  la  distance  (trois 
lieues  et  demie)  et  la  difficulté  du  déplacement,  crut  devoir  m'envoyer  la 
.  malade.  Elle  m'arriva  le  5  octobre  et  eut  beaucoup  de  peine  à  descendre  de 
la  voiture  qui  l'amenait  du  chemin  de  fer  chez  moi.  Elle  répandait  une  odeur 
d'urine  et  sa  chemise  était  toute  mouillée. 

A  l'examen  du  ventre  je  trouvai  une  tumeur  qui  s'élevait  à  deux  travers 
de  doigt  au-dessus  du  nombril.  Elle  était  manifestement  fluctuante  et  trop 
molie  pour  être  constituée  par  un  utérus  gravide  ou  par  un  kyste  ovâ- 
rique.  Je  soupçonnai  à  Tinstant  qu'elle  était  formée  par  la  vessie  et  que 
l'incontinence  d'urine  n'avait  lieu  que  par  trop  plein.  Je  commençai  donc 
par  introduire  une  sonde  et  j'amenai  deux  pots  de  nuit  de  liquide.  Il  en 
résulta  un  soulagement  considérable  et  immédiat.  Restait  à  constater  l'ort^gro 
malorum, 

L'hypogaslre  vidé,  me  permit  de  palper,  assez  profondément  en  arrière,  et 

(i)  Obs.  6«  de  M.  Hubert. 

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«8  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

dépassant  un  peu  le  niveau  du  détroit  supérieur,  une  tumeur  assez  ferme  et  un 
peu  moins  régulièrement  arrondie  que  Tuléfus  gravide.  (Peut-être  Torgane  un 
peu  tordu  sur  son  axe,  offrait-il  son  bord  et,  avec  lui,  Tun  des  ligamenfs 
ronds  ramenés  en  avant.) 

Au  toucher,  je  trouvai  le  col  de  la  matrice  tout-à  fait  en  avant  et  au  niveau 
de  la  partie  la  plus  élevée  de  la  symphyse  pubienne  contre  laquelle  il  se  trou- 
vail  comprimé  et  infléchi.  Dans  le  bassin  elle  remplissant  tout-à-fait  d'avant  en 
arrière^  mais  descendant  un  peu  moins  basque  d'ordinaire  dans  une  rétrover- 
sion portée  â  ce  point,  se  trouvait  une  tumeur  tellement  molle  qu'on  eut  dit 
une  poche  de  caoutchouc  remplie  de  liquide  et  se  laissant  déprimer  plutôt  que 
déplacer  sous  la  pression  des  doigts.  Celle  souplesse  me  Gt  penser  au  cas  que 
j'avait  rencontré  avec  M.  G...  (V.  infra  obs.  1'"  de  M.  Hubert),  mais  elle  était 
plus  grande  encore  dans  celui-ci  et  contrastait  singulièrement  avec  la  fehnelé 
de  la  paroi  utérine  antérieure  devenue  supérieure. 

D'après  ce  que  je  viens  de  dire,  l'enclavement  existait  ici  plus  haut  que  d'or- 
dinaire, presque  au  niveau  du  promontoire  ou  du  moins  de  la  première  pièce 
du  sacrum. 

Je  ne  tentai  pas  une  réduction  qui  paraissait  devoir  être  difficile  et  qui  eut 
réclamé  des  soins  consécutifs  qui  ne  pouvaient  être  donnés  chez  moi.  J'écrivis 
au  médecin  d'y  procéder  sans  retard,  ajoutant  que  s'il  ne  réussissait  pas, je  me 
tenais  à  sa  disposition.  Je  l'engageais  à  veiller  entretemps  aux  fonctions  de  la 
vessie  et  du  rectum.  Les  tentative  n'ayant  pas  abouti,  je  fus  appelé  le  9  octobre. 

A  mon  arrivéç,  je  trouvai  la  femme  J...  levée  et  beaucoup  moins  souffrante 
que  lors  de  sa  visite  chez  moi.  Dans  certaines  positions  elle  perdait  encore  des 
urines,  mais  dans  d'autres  elle  la  retenait  et  comme  elle  paraissait  en  émettre 
suffisamment,  on  ne  l'avait  plus  sondée  depuis  deux  jours.  Cependant  la  vessie 
se  trouvait  aussi  distendue  qu'à  mon  premier  examen,  et  le  cathétérisme  n'amena 
pas  moins  de  liquide.  L'exploration  hypogastriqoe  et  vaginale  me  fournit  exac- 
tement tous  les  renseignements  indiqués  plus  haut. 

La  femme  étant  placée  sur  son  flanc  droit  tout  au  bord  de  son  lit,  les  cuisses 
fléchies,  la  gauche  soulevée  et  soutenue  par  un  aide,  mon  jeune  confrère  intro- 
duisit quatre  doigts  de  la  main  droite  et  chercha  à  refouler  le  fond  de  la  ma- 
trice. Il  parvint  à  Tébranier  un  peu  mais  non  à  lui  faire  franchir  l'obstacle,  et 
craignant  de  dépasser  la  limite  de  la  prudence^  il  me  pria  de  le  remplacer.  Je 
n'obtins  d'abord  guère  plus  de  résultai,  car  la  tumeur  se  laissait  déprimer  sous 
l'effort  plutôt  que  déplacer  en  masse.  J'étais  même  sur  le  point  de  borner  là 
cette  tentative,  quand  l'idée  me -vint  d'enfoncer  les  doigts  de  la  main  gauche 
au-dessus  du  pubis,  et  de  presser  fortement  sUr  le  segment  inférieur  de  la 
matrice  en  même  temps  que  de  l'autre  main  j'agissais  en  sens  opposé  sur  son 
fond.  Je  sentis  bientôt  la  résistance  cesser  des  deux  côtés,  et  dès  lors  le  col  se 
trouva  reporté  en  arrière  contre  mes  doigts,  tandis  que  le  fond  venait  former 
à  l'hypogastre  une  saillie  nianifesle  et  grosse  comme  les  deux  poings.  Dès  lors 
aussi  toute  douleur  et  tout  malaise  avaient  cessé. 

La  force  que  j'avais  dû  déployer  aurait  suffi  chez  certaines  femmes  pour  déter- 
miner l'avorlement,  mais  il  est  des  matrices  qui  résistent  à  tout,  qui  ne  lâchent 
rien  qu'à  leur  heure.  Après  un  jour  de  repos,  la  femme  J...,si  nécessaire  à  son 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  99 

* 

ménage,  regril  ses  occupations  el  ne  cessa  d'y  vaquer  jusqu'à  son  accouche- 
ment qui  eut  lieu  le  2o  février  1871.  Or,  du  9  octobre  au  25  février  il  y  a 
quatre  mois  et  demi;  la  grossesse  était  donc  très-exactement  à  mi-terme, 
quand  j*opérai  la  réduction  dont  je  viens  de  parler.  En  m'annonçant  l'heureuse 
délivrance  de  sa  femme,  M'J...  ajoute  :  Penfant  qui  nous  est  7iéest  un  garçon 
fort  robuste  et  bien  bâti. 

Presque  deux  ans  plus  tard,  le  5  février  1873,  M™«  J...  accouchait  de  nou- 
veau; cette  foisd'une  fille.  En  me  faisant  part  de  révénement,  le  mari  m'appre- 
nait qu'à  trois  mois  de  cette  dernière  grossesse,  sa  femme  avait  de  nouveau 
éprouvé  des  troubles  dans  l'émission  des  urines,  et  que  s'il  ne  lavait  pas 
sondée  pendant  quelques  jours  elle  aurait  pu  avoir  besoin  de  moi  comme  en 
1871.  C'est  là  une  pensée  qu'on  lui  a  probablement  suggérée,  mais  qui  est  en 
tout  cas  fort  juste,  car  la  rétention  d'urine,  effet  d'un  premier  degré  de  dépla- 
cement, peut  faire  passer  celui-ci  au  second  degré. 

Dans  une  autre  observation  que  nous  verrons  plus  loin,  et  que  je  dois  au 
même  éminent  praticien,  un  accoucheur  très-occupé  et  ayant  au  moins  25  ans 
de  pratique,  malgré  les  symptômes  rationnels  les  plus  évidents,  méconnut  le 
déplacement  de  l'utérus  et  prix  la  tumeur  formée  par  le  fond  de  cet  organe 
pour  une  accumulation  de  niatières  fécales. 

Dans-  l'observation  suivante,  comme  dans  l'obs.  VI,  un  médecin  prescrivit 
des  boissons  diurétiques. 

Obs.  XïV.  —  LaUrorétroversion  à  trois  mois  et  demi  de  grossesse,  guéri- 
son;  par  Martin,  jeune^  de  Lyon  (1).  — ;  La  femme  P...,  enceinte  de  trois  mois 
et  demi,  en  se  baissajit  pour  ramasser  quelque  chose,  éprouva  dans  le  bassin 
une  douleur  suivie  d'un  besoin  d'uriner  qu'elle  ne  put  satisfaire.  Elle  consulta 
Martin,  le  9  décembre  1808,  et,  depuis  un  accident  qui  datait  de  plusieurs 
jours,  elle  ne  rendait  que  quelques  gouttes  d'urine  par  regorgement  et  n*allait 
pas  à  la  selle;  le  ventre  était  fort  douloureux,  et  la  vessie  formait  une  tumeur 
molle  et  fluctuante  qui  s'élevait  jusqu'au-dessus  de  l'ombilic.  Les  boissons 
diurétiques  et  mucilagineuses  ordonnées  par  un  autre  médecin  ne  faisaient 
qu'aifgmenter  ses  douleurs  et  accroître  le  volume  du  ventre. 

La  tumeur  qui  occupait  la  partie  supérieure  du  vagin  était  plus  volumineuse 
en  arrière;  le  col  dévié  un  peu  à  gauche  était  difficilement  accessible  derrière 
le  pubis. 

La  sonde  de  femme  retira  quatre  pintes  d'urine;  la  réduction  fut  facilement 
exécutée  avec  deux  doigts  introduits  dans  le  vagin.  Des  fomentations  froides 
sur  le  ventre  rendirent  à  la  vessie  son  ressort  et,  après  dix  jours  de  repos  au 
lit,  la  femme  se  leva.  Ltaccouchenient  eut  lieu  cinq  mois  et  demi  après. 

Une  autre  patiente,  traitée  par  le  même  praticien,  était  demeurée  soumise 
pendant  vingt-huit  jours  aux  mêmes  prescriptions  banales. 

.Obs.  XV.  —  Latérorétroversion  à  trois  mois  de  grossesse,  reconnue  seule- 
ment après  un  mois  ;  évacuation  incomplète  de  l'urine,  insuccès  du  procédé 

(i)  Loc,  cit»,  obs.  8". 


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100  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

dé  Grégoire;  réduction  difficile  au  moyen  de  la  main  entière  introduite  dans 
le  vagin;  récidive^  réduction  facile  après  avoir  vidé  complètement  la  vessiey 
guérison;  par  Martin,  jeune,  de  Lyon  (1).  —  La  femme  A...,  âgée  de  32  ans, 
pluripare,  bien  portante,  enceinte  de  trois  mois,  se  livrait  aux  travaux  de  son 
ménage,  lorsqu'elle  éprouva  tout  à  coup  un  besoin  pressant  d'uriner  qu'elle  ne 
put  satisfaire;  dès  lors  le.ventre  grossit,  l'urine  couln  goutte  à  goutte  et  les  selles 
furent  supprimées.  Les  diurétiques  et  apéritifs  que  lui  cotiseillèreut  aussi  bien 
des  gens  de  Part  que  des  commères  et  des  charlatans  ne  ûrent  qu'empirer 
son  mal. 

Vingt-huit  jours  après,  le  5  mai  1800,  Martin  fut  consulté.  La  vessie  remon- 
tait jusqu'au-dessus  de  TomblHc  et  les  urines  ne  s'évacuaient  que  par  regorge- 
ment. Une  sonde  de  femme  ne  retira  qu'une  pinte  d'urine;  deux  doigts  intro- 
duits dans  le  vagin  reconnurent  le  fond  de  Tutérus  en  arrière  et  ne  purent 
atteindre  que  la  lèvre  postérieure,  devenue  inférieure,  du  col  qui  était  placé 
très-haut  derrière  le  pubis  et  un  peu  à  droite. 

Deux  doigts  portés  alternativement  dans  le  vagin  et  dans  le  rectum  ne 
purent  soulever,  le  fond  de  l'utérus.  Gomme  le  vagin  était  très-large,  Martin  y 
introduisit  la  main  entière  et  alors,  agissant  avec  plus  de  force,  il  parvint  par 
degré  à  remettre  l'organe  en  place;  le  col  de  l'utérus  fut  retrouvé  dans  l'axe  du 
vagin  et  un  peu  en  arrière.  La  sonde  de  nouveau  introduite  fît  couler  au  moins 
cinq  pintes  d'urine  à  l'aide  de  pressions  exercées  sur  le  ventre,  car  la  vessie 
avait  perdu  sa  contractilité.  Quelques  fomentations  avec  l'oxycrat  froid  lui  ren- 
dirent du  reste  rapidement  soq  ressort. 

Mais  quinze  jours  après,  le  repos  n'ayant  pas  été  gardé,  il  survint  une  nou- 
velle rétroversion^  que  Martin  réduisit  facilement,  après  avoir  vidé  complète- 
ment  la  vessie  avec  une  sonde  d'homme. 

Daps  l'observation  suivante  le  médecin  ordinaire  de  la  malade  méconnait 
pendant  vingt  jours  la  cause  des  accidents  et  il  faut  qu'un  consultant  vienne 
la  découvrir. 

Obs.  XVI.  —  Rétroversion  au  quatrième  mois  de  la  grossesse,  méconnue 
pendant  vingt  jours;  distension  énorme  àe  la  vessie;  vaines  tentatives  de 
réduction  avant  de  vider  complètement  ce  réservoir;  emploi  du  poing  pour 
réduire,  guérison;  \)fkr  Gébard  (â).  —  Une  femme  de  3(}  ans,  de  (aille 
moyenne,  de  bonne  constitution,  ayant  déjà  eu  sept  accouchements  faciles, 
éprouve  au' quatrième  mois  de  sa  huitième  grossesse  des  douleurs  plus  ou 
moins  fixes  à  Thypogastre,  dans  le  bassin,  vers  les  lombes^  le  sacrum  et  le 
trajet  du  nerf  sciatique  droit;  pui?,  difficull(^  pour  uriner,  aller  à  la  selle, 
rester  de  bout  ;  enfin- anxiété,  fréquence  du  pouls,  inappétence^  insomnie.  Les 
symptômes,  dont  la  cause  reste  Ignorée,  s'aggravent  pendant  vingt  jours. 
Gérard,  appelé  en  consultation,  trouve  l'abdomen  distendu  comme  à  huit  mois 
de  grossesse,  mat  à  la  percussion;  parties  génitales,  hypogastre,  cuisses  infil- 
trées; un  peu  d'urine  s'écoule  dans  certaines  positions,  mais  depuis  trois  jours 

(1)  Loc.  cit.  y  ohs.  9». 

(2)  Annales  de  chirurgie^  t.  V,   1842. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  lOi 

la  femme  n'urine  plus  et  ne  va  plus  à  la  selle;  beaucoup  d'anxiété,  d'agitation  ; 
nausées  sans  vomissements.  La  muqueuse  vaginale  refoulée  forme  une  tumeur 
grosse  comme  un  œuf  de  poule  à  la  partie  postérieure  et  inférieure  du  vagin. 
Au  toucher,  Gérard  constate  que  l'excavation  est  occupée  par  un  corps  mou, 
élastique,  compressible,  où  Ton  sent  distinctement  les  mouvements  du  fœtus; 
c*est  le  fond  utérin  .qui  semble  menacer  de  s'échapper  par  la  vulve,  le  périnée 
ou  Tanus.  La  lèvre  actuellement  inférieure  du  col  est  difficile  à  atteindre  à  la 
partie  supérieure,  interne  et  médiane  du  pubis.  Le  méat  urinaire,  caché  der* 
rière  le  bord  inférieur  du  pubis,  où  il  est  comprimé  par  Tutérus,  se  découvre 
difficilement.  La  sonde  donne  issue  à  quatre  litres  d*urine  ammoniacale; 
quelcfues  heures  après  à  deux  autres  litres,  et  le  lendemain,  à  six,  mais  par 
des  pressions  abdominales  aidant  le  cathétérisme,  car  plusieurs  fois  Turine 
cessé  de  couler,  soit  à  cause  de  la  quantité  de  ce  liquide  contenue  dans  les 
uretères,  soit  par  suite  de  la  compression  de  la  vessie  dans  certains  points  par 
Tutérusou  par  Tintestin.  Dès  lors,  la  réduction,  essayée  plusieurs  fois,  réussit: 
la  femme  est  placée  sur  jes  genoux  et  les  coudes,  Gérard  introduit  la  main  dans 
le  vagin  et  repousse  avec  le  poing,  et  en  peu  d'instants,  Tutérus  dans  sa 
position  normale. 

Les  Archives  générales  de  médecine  ont  publié  en  1851  un  cas  où  la  femme 
et  un  officier  de  santé  attendaient  depuis  dix-sept  jours  un  avortement,  qu'un 
habile  praticien  évita  en  reconoAissant  la  rétroversion  et  en  y  portant  nemède; 
'  en  voici  les  points  principaux. 

Obs.  XVII.  —  Rétroversion  à  quatre  mois  de  grossesse,  méconnue  pendjant 
dix^sept  jours  ;  sortie  de  Turine  en  déplaçant  la  matrice  \  réduction  par  le 
rectum;  guérison;  par  Rolland.  —  Une  femme  de  29  ans,  à  quatre  mois  de  sa 
troisième  grossesse  éprouvait  quelque  difficulté  d'uriner;  un  jour,  à  son  réveil, 
elle  $e  plaint  de  coliques  violentes,  d'une  pesanteur  douloureuse  vers  l'épigastrc 
et  d'un  besoin  pressant  d'uriner  qu'elle  ne  peut  satisfaire.  Cette  rétention 
d'urine  continue  sept  jours  avec  fièvre,  augmentation  du  volume  du  ventre  et 
apparition  à  la  vulve  d'une  tumeur  grosse  comme  la  lélc  d'un  enfant.  Les 
grandes  lèvres,  s'œdématient,  le  périnée  est  repoussé  en  dehors.  La  femme  et 
un  officier  de  santé  croient  à  un  avortement.  Cet  étal  se  prolonge  dix-sept 
jours;.  M.  Rolland,  alors  appelé,  reconnaît  la  (jimeur  formée  par  la  vessie  à 
l'hyppgastre  et  la  rétroversion  utérine. 

Les  essais  de  réduction  tentés  dans  la  position  horizontale  ne  réussissent  qu'à 
faire  sortir  un  peu  d'urine;  la  femme  est  alors  placée  sur  les  genoux  et  les 
coudes  ;  Rolland  introduit  deux  doigts  de  la  main  gauche  dans  le  rectum,  soutient 
avec  la  main  droite,  placée  au  devant  de  la  vuke,  la  tumeur  qu'occupe  cette 
partie  et  essaie  la  réduction.  L'urine  sort  à  flots  par  un  jet  de  la  grosseur  du  • 
petit  doigt,  et  qui  continue  sept  à  huit  minutes,  et  Rolland  parvient  à  réduire 
l'utérus.  La  sond£  retire*  encore  cinq  demi-setiers  d'une  urine  sanguinolente. 
Le  séjour  au  lit,  des  applications  et  injections  astringentes  permettent,  dès  le 
vingtième  jour,  à  la  femme  de  rendre  et  de  retenir  l'urine  à  volonté.  La  gros- 
sesse continue  heureusement  son   cours. 


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102  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Le  cas  suivant  nous  montre  un  praticien  croyant  à  une  affection  nerveuse. 

Obs.  XVIII.  ^  Bétroversion  prise  pour  une  affectiotmerveuse ;  col  dilaté; 
saillie  du  promontoire;  réduction  au  moyen  de  deux  doigts  introduits  dans  le 
rectum  ;  guéfison  ;  par  M.  GodëfroYj,  professeur  d'accouchements  à  Rennes  (1). 
—  M"»«  G...,  primipare  au  quatrième  mois  de  .sa  grossesse,  ressentait  depuis 
quelques  jours  des  coliques  et  des  difficultés  pour  uriner,  lorsque  le  25  février 
1846,  il  lui  fut  tout  à  fait  impossible  d'y  parvenir.  Un  médecin  crut  à  une 
affection  nerveuse. 

M.  Godefroy,  appelé  deux  jouré  après,  trouva  la  malade  sur  son  lit,  roulée 
sur  elle-même,  le  pouls  petit,  le  ventre  sensible,  la  peau  chaude,  la  langue 
sèche;  à  peine  la  touchait-on  qu'elle  jetait  des  cris.  M.  Godefroy  constata  la 
rétroversion  de  l'utérus,  dont  le  col  était  assez  dilaté  pour  permettre  l'intro- 
duction d'un  doigt.  La  sonde  évacua  deux  litres  d'urine. 

La  femme  fut,  dans  ce  cas,  placée  à  genoux  et  la  poitrine  appuyée  sur  le  lit, 
pour  élever  aussi  le  siège.  Deux  doigts  furent  introduits  immédiatement  dans 
le  rectum  et,  après  quelques  minutes  d'efforts,  refoulèrent  l'organe. 

Pendant  cette  manœuvre,  M.  Godefroy  pu  constater  une  éhorme  faillie  de 
l'angle  sacro-vertébral  et  une  concavité  exagérée  du  sacrum. 

Soins  consécutifs  ordinaires;  le  lendemain  douze  sangsues  sur  le  ventre,  qui 
est  un  peu  sensible,  cataplasme  émollient,  bain  entier  tiède.  Le  col  se  referme 
et  trois  jours  après  tout  rentre  dans  l'ordre. 

Dans  une  autre  observation,  rapportée  par  le  même  habile  accoucheur,  un  . 
médecin  sonde  et  méconnaît  le  déplacement;  un  autre  ordonne  du  nitrate  de 
'potasse.  La  voici  également  résumée. 

Obs.  XIX.  —  Rétroversion  chez  une  primipare  enceinte  de  quatre  mois^ 
méconnue  par  deux  médecins;  réduction  par  le  procédé  particulier  à  t auteur  ; 
guérison ;  par  M,  Godbfroy,  de  Rennes  (2).  —  M"«  B...,  2î2  ans,  primipare, 
enceinte  de  quatre  mois,  se  livrant  aux  r^des  travaux  des  champs,  fut  pVise, 
le  16  avril  1859,  après  un  effort,  de  difficultés  pour  uriner  et  aller  à  la  selle. 
Quatre  jours  après,  la  rétention  d'urine  est  complète;  un  médecin  est 
appelé,  sonde,  méconnaît  le  déplacement  et  prescrit  des  remèdes  insigniûants; 
un  autre  ordonne  du  nitrate  de  potasse. 

Enflq  le  2  mai  le  mari,  croyant  à  un  avortement,  appelle  M».  Godefroy; 
celui  ci  trouve  la  malade  à  genoux  sur  son  lit,  se  livrant  incessamment  à  des 
efforts  d'expulsion  qui  amènent  une  très  petite  quantité  d'urine.  Depuis  huit 
jours  la  malade  n'a  plus  uriné  dans  son  vase  de  nuit  ;  la  vessie  remonte  jusqu'à 
l'ombilic,  la  vulve  est  tuméfiée,  la  muqueuse  violacée  ;  le  méat  urinaire  retiré 
profondément  au-dessous  du  pubis.  La  face  est  vultueuse  et  exprime  l'anxiété 
la  plus  vive,  cette  femme  se  croyant  sur  le  point  de  mourir. 

Le  corps  de  l'utérus  remplit  toute  l'excavation  ;  le  fond  appuie  fortement  sur 
le  coccyx  et  le  col  correspond  à  la  partie  supérieure  du  pubis;  c'est  à  peine  si 
on  peut  légèrement  en  atteindre  la  lèvre  postérieure. 

(4)  Thèse  de  M.  Godefroy  fils.  Obs.  4"  de  BJ.  Godefroy. 
(2)  Mémoire.  Obs.  5«  de  M.  Godefroy. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  103 

Le'cathétérisme  donne  issue  à  six  litres  d'urine  et  la  femme  est  soulagée 
aassitôt  au  point  de  se  croire  guérie.  Après  quelques  instants  de  repos, 
M.  Godefroy  fit  placer  la  malade  sur  le  bord  de  son  lit,  la  tète  et  les  mains 
appuyées  sur  le  sol,  les  cuisses  et  les  jambes  reposant  seules  sur  le  lit.  Après 
quinze  minutes  de  celte  position  pour  donner  aux  intestins  le  temps  de  se 
masser  au  diaphragme^  l'opérateur  se  plaça  sur  le  bord  du  lit,  à  la  gauche  de  la 
patiente  et  iniroduisit  dans  le  rectum  quatre  doigts  graissés  de  la  main  droite; 
pressant  alors  avec  la  pulpe  des  doigts  sur  le  fond  de  Tulérus,  il  lui  fit  progres- 
sivement parcourir  toute  la  face  antérieure  du  sacrum;  arrivé  à  l'angle  sacro- 
▼eriébral,  il  y  eut  un  petit  temps  d'arrêt  dans  le  mouvement  ascensionnel  du, 
viscère,  mais,  en  employant  un  peu  plus  de  force,  cet  obstacle,  le  seul  véritable 
dans  cette  position  de  la  malade,  fut  promplement  franchi.  La  manœuvre  dura 
cinq  minutes  environ  ;  le  col  était  bien  au  centre  du  bassin. 

Après  trois  jours  de  soins  ordinaires  la  femme  reprit  ses  occupations  ;  elle 
accoucha  au  terme  normal  de  la  grossesse. 

(La  suite  au  prochain  numéro.) 


Etcde  clinique  et  expérimentake  sur  l'étranglement  herniaire  et  en  par- 
ticulier SUR  c'action  des  gaz  dans  la  production  de  cet  accident  ;  par  le 
docteur  Motte,  de  Dînant  (Belgique),  --  Mémoire  auquel  la  Société  de  Chi' 
rurgie  de  Paris  a  accordé  une  récompense  de  300  fr,  au  concours  du  prix 
Laborie  (1875).  (Suite.  —  Voir  notre  cahier  de  juillet,  pageH.) 

IIÎ.* 
Inflttenoe  des  mouvements  respiratoires. 

Pendant  l'inspiration,  Panse  peut^se  développer  et  se  distendre  par.  les 
gaz  (exp.  i  et  4);  il  s'opère  là  un  commencement  d'étranglement  par  l'appli- 
cation plus  exacte  de  l'intesiin  contre  les  bords  de  l'ouverture  artiûeielle.  En 
ce  cas,  ni  les  cris  ni  les  efforts  ne  peuvent  être  invoqués,  car  l'animal  n'oppo- 
sait pas  la  moindre  résistance. 

Une  autre  fois,  ce  n'est  plus  l'intestin  qui  est  en  jeu,  mais  bien  Tépiploon, 
qui  fait  saillie. 

Dans  les  autres  expériences  où  ce  phénomène  a  été  cherché,  il  a  fait  complé- 
ment défaiit  (exp.  3,  5,  7,  16;  17). 

Chez  deux  jeunes  enfants,  la  sortie  et  l'épanouissement  d'une  anse  intesti- 
nale, pendant  la  seule  inspiration,  ont  eu  lieu  sous  nos. yeux. 

La  rareté  du  fait,  la  propulsion  de  J'épiploon  dans  un  cas,  nous  permettent 
de  supposer  que  les  gaz  ont  ici  peu  d'action  par  eux-mêmes.  Mais  ce  qu'il  faut 
noter  c'est  l'influence  des  contractions  isolées  du  diaphragme  dans  la  produc- 
tion des  hernies  signalées  dans  les  trois  expériences  précédentes.  Ce  résultat 
pourra  peut-être  nous  donner  la  clef  de  certaines  particularités  pathologiques 
mal  expliquées  jusqu'aujourd'hui.  On  sait  en  effet  qu'il  arrive,  assez  fréquem- 


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104  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

ment,  que  des  étraDgIements  herniaires  surviennent,  sans  cause  appré- 
ciable {c'esl  Texpression  presque  toujours  adoptée  dans  la  rédaction  des  obser- 
vations). On  est  naturellement  tenté  d*objecter  que  IVffort  qui  a  causé  Vaccident 
a  agi  à  Tinsu  du  malade,  pendant  son  sommeil,  par  exemple;  mais  il  y  a  des 
étranglements  qui  arrivent  pendant  la  veille,  et  dans  un  calme  parfait,  au  dire 
des  patients,  qui  sont  souvent  très-affirmatifs  à  cet  égard.  Il  faut  bien  s*en 
référer  à  leurs  déclarations,  sous  peine  d*enlever  à  la  pratique  médicale  une 
de  ses  principales  assises,  Tinlerrogatoire  des  malades.  En  effet,  si  le  côté 
objectif  joue  un  rôle  important  pour  dresser  le  tableau  symptomatologique  des 
divers  cas  morbides  et  par  suite  pour  arriver  à  un  traitement  rationnel  et  effi- 
cace, il  n'est  pas  douteux,  non  plus,  que  les  impressions  éprouvées  par  celui 
qui  souffre  ne  contribuent  à  donner  au  diagnostic  la  précision  que  Ton  doit 
toujours  avoir  en  vue.  Nous  avons  eu,  pour  notre  compte,  plus  d'une  fois, 
à  enregistrer  des  faits  de  cette  nature,  et  nous  ne  doutons  nullement  que  le 
diaphragme  n*ait  joué  un  rôle  prépondérant,  en  pareil  cas.  Dans  quelques 
conditions  particulières,  une  puissante  inspiration  pousse  la  hernie  au  dehors 
ou  en  augmente  le  volume;  le  mouvement  commencé  s'accentue  davantage  par 
\b  répétition  de  la  cau.se;  les  vaisseaux  s'engorgent  et  Tétranglement  sVffec- 
tue.  (Y.  comme  complément,  à  la  un  du  travail,  ce  qui  est  dit  relativement  à 
l'influence  des  variations  atmosphériques.  V.  aussi  notre  mémoire  sur  l'action 
des  muscles  dans  rétranglement,^a^/.  de  l'Académie.  1874,  5«  série,  t.  VIII.  * 
n«C.). 

iV. 

Torsion  de  Tanse  au  moment  de  sa  sortie  ou  par  Tinjeetion  des  gax  let  des  liquides. 

Pigfay  et  Scarpa  avaient  déjà  attribué  une  certaine  influence  à  la  torsion 
qui  se  produit  parfois  au  niveau  du  pédicule  de  l'anse  herniée.  Il  est  incon-  * 
testable  que  celte  torsion  Bst  possible  et  qu'elle  a  été  notée  ou  à  l'autopsie 
de  sujets  morts  d'étranglement,  ou  pendant  l'opération  nécessitée  par  cet  acci- 
dent  ;  nous  même  avons  eu  l'occasion  de  nous  assurer  personnellement  de  la 
réalité  de  ce  genre  de  disposition  pathologique.  Mais  ce  n'est  pas  précisément 
de  la  torsion  en  elle-même  qu'il  s'agit  ici,  mais  bien  de  l'action  du  courant 
gazeux  intestinal  pour  sa  production. 

Voyons  ce  que  nos  expériences  nous  ont  appris  à  cet  égard. 

Nos  recherches  ont  porté  sur  douze  d'entre  elles. 

Dans  la  septième,  l'anneau  n'a  que  la  largeur  nécessaire  pour  admettre 
l'extrémité  de  l'index.  Une  anse  très-dilatée  se  précipite  à  travers  cette  ouver- 
ture  ;  mais  aucune  torsion  ne  se  produit,  que  la  hernie  se  développe  d'ailleurs 
par  les  cris  et  les  efforts  de  l'aniitial,  ou  qu'elle  soit  le  résultat  de  la  compres- 
sion artiGcielJe  exercée  sur  l'abdomen.  Ce  n'est  pas  une  fois  que  cet  effet  néga- 
tif a  lieu,  mais  ou  l'obtient  à  cinq  ou  six  reprises  différentes. 

Dans  la  huitième,  l'expérience  est  faite  sur  une  anse  choisie,  distendue  par 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  105 

des  gaz  et  ramenée  au  niveau  de  l'anneau  comme  une  pointe  de  hernie.  L'an- 
neau mesure  deux  centimètres  et  demi  de  longueur,  sur  un  centimètre  de 
largeur  (de  même  que  dans  ces  expériences,  un  anneau  parfaitement  circulaire 
doit  rarement  se  présenter,  malgré  des  conditions  différentes).  Sous  l'influence 
de  pressions  énergiques,  l'anse  s'échappe  brusquement.  Plusieurs  fois  la  tor- 
sion se  produit;  l'un  des  bouts  de  l'anse  était  situé  à  gauche,  l'autre  à  droite. 
La  sortie  subite  du  viscère  porte  celui-ci  en  haut,  l'autre  en  bas.  D'autres  fois 
pourtant  et  en  nombre  à  peu  près  égal,  rien  de  pareil  ne  se  produit  et  les  deux 
bouts  conservent  leurs  rapports  antérieurs. 

Dans  la  neuvième,  une  anse  dilatée  est  poussée  au  dehors  par  les  cris  et  les 
efforts.  L'anneau  a  deux  centimètres  dans  son  plus  grand  diamètre;  malgré 
eette  étroitesse,  le  pédicule  y  joue  facilement.  La'  torsion  est  nulle.  Par  la 
compression  des  parois  abdominales,  agissant  sur  une  anse  dilatée  laissée  à 
Tanneau  comme  dans  l'expérience  précédente,  il  s'opère  une  légère  déviation 
dans  les  axes  des  bouts,  mais  sans  torsion  véritable,  quoique  le  doigt  se  soit 
interposé  pour  rétrécir  l'orifice  dont  la  largeur  relative  pouvait  mettre  obstacle 
à  la  production  de  la  torsion. 

Dixième  expérience.  —  J'expérimente,  de  nouveau^  sur  une  anse  distendue, 
maintenue  en  arrière  de  l'anneau^  dont  le  diamètre  longitudinal  ne  mesure  que 
deux  centimètres.  La  compression  de  Tabdomen  a  plus  d'une  fois  déterminé 
une  torsion  réelle,  surtout  au  niveau  de  l'anse  elle-même,  à  cause  de  la  plus 
grande  liberté  dont  elle  jouit  relativement  au.  pédicule  ou  l'effet  est  moins 
tranché. 

Onzième  expérience,  —  Mêmes  conditions  que  dans  la  dixième.  Anneau  de 
deux  centimètres  et  demi.  Ici,  nulle  torsion  quelle  que  soit  du  reste  la  position 
respective  que  je  donne  aux  deux  bouts  de  l'anse.  Parfois  même,  ils  offraient 
eette  particularité  qu'ils  étaient  plus  ou  moins  contournés  dans  l'abdomen^  et 
malgré  celte  circonstance  favorable  la  torsion  ne  s'exagérait  pas. 

Dans  la  treizième,  résultats  analogues  et  répétés.  Deux  centimètres  e(  demi 
à  l'anneau.  Aucune  torsion  malgré  le  rétrécissement* de  l'oriOce  par  le  doigt. 

Dans  la  quatorzième,  anneau  de  deux  centimètres.  Torsion  nulle,  sous  l'in- 
fluence de  la  compression  et  des  efforts.  Même  insuccès  sous  l'anneau  du 
constricteur. 

Quinzième  expérience,  —  Une  anse  vide  est  emprisonnée  entre  les  lames 
du  constricteur,  maintenues  au  n^  7.  Le  bec  d'une  poire  en  caoutchouc  est 
introduit  dans  l'un  des  bouts  restés  libres  en  dessous  de  l'instrument.  A  plusieurs 
reprises,  l'insufflation  produit  la  dilatation  de  Panse,  mais  la  torsion  fait 
chaque  fois  défaut,  alors  même  que  je  donne  à  cette  ouverture  fort  étroite  un 
plus  grand  diamètre.  Chose  réellement  remarquable,  il  est  arrivé  que  la  torsion 
a  favorisé  la  marche  du  courant,  loin  de  l'enrayer. 

Dans  la  dix-septième,  l'anneau  reçoit  Textrémité  de  l'index  ;  une  anse  est 

14 


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lOf,  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

chassée  à  travers  Torifice  sous  l'impulsion  des  efforts  de  l'animal;  elle  est  légè- 
rement bombée,  mais  n*est  nullement  tordue. 

Vingt-quatrième  expérience.  —  Les  deux  anneaux  n'admettent  que  Textré* 
mité  du  doigt.  Les  efforts  font  franchir  les  ouvertures  de  chaque  côté  à  des  anses 
vides^  accompagnées  de  Fépiploon.  Ces  anses  se  gonflent  aussitôt  et  paraissent 
contenir  des  gaz^  sans  présenter  toutefois  un  degré  de  tension  bien  marquée. 
La  torsion  n'a  lieu  ni  à  droite  ni  à  gauche. 

.  Vingt-septième  expérience.  —  Anse  intestinale  amenée  à  travers  un  anneau 
fort  étroit  (un  demi*centimètre)  ;  insufflation  de  dedans  en  dehors  de  l'abdomen 
par  une  ouverture  pratiquée  à  l'un  des  bouts,  mis  à  découvert  par  une  autre 
incision  des  parois.  Torsion  nulle. 

Enfin  dans  la  vingt-huiliéme  expérience,  mêmes  manœuvres  que  dansia  vingt- 
septième.  L'anse  était  contournée  sur  elle-même.  Ouverture  au  bout  inférieur 
(correspondant  au  bout  supérieur  de  l'nnse)  ;  l'insufflation  douce  ou  brusqué 
produit  une  torsion  manifeste.  Pour  obtenir  ce  résultat,  il  faut  fixer  le  bout 
ouvert;  en  négligeant  cette  précaution,  l'anse  se  déploie  aux  dépens  de  ce  bout 
et  s'entortille  irrégulièrement  sur  elle  même.  En  insufflant  par  le  bout  opposé 
en  rapport  avec  le  bout  inférieur  de  l'anse^  nous  n'obtenons,  par  contre  aucune 
torsion. 

Je  répète  la  même  manœuvre  sur  une  autre  anse  attirée  à  travers  une  ouver- 
ture pratiquée  dans  le  voisinage  de  la  précédente.  J'opère  sur  les  deux  bouts 
successivement.  La  distension  et  la  torsion  se  produisent  parfaitement  comme 
au  début  de  l'expérience. 

La  torsion  produite  sous  l'influence  du  courant  gazeux  intestinal  a  été  consi- 
dérée par  M.  De  Roubaix,  professeur  à  l'Université  de  Bruxelles,  conime  la  cause 
réelle  de  l'étranglement  (1).  O'Beirne  n'avait  vu  que  l'ampliation  de  l'anse  par 
les  gaz;  M.  De  Roubaix  y  ajoute  un  nouvel  élément.  Il  a  répété  l'expérience  du 
médecin  irlandais  avec  le  carton  troué,  et  après  plusieurs  tentatives  qui  lais- 
saient circuler  l'air  à  travers  le  pédicule  lié,  il  est  arrivé  non-seulement  à 
dilater  l'anse,  mais  encore  à  la  tordre.  Il  conclut  des  résultats  obtenus  que  le 
mécanisme  de  l'étranglement  repose  sur  ce  mouvement  de  torsion  qui  permet 
au  viscère  de  subir  une  énorme  distension,  et  par  suite  de  s'appliquer  intimement 
contre  les  bords  de  l'anneau. 

Remarquons  tout  d'abord  que  M.  De  Roubaix  est  arrivé  à  des  données  qui  se 
détruisent  mutuellement,  si  l'on  met  en  présence  le  début  et  la  fin  de  Texpé- 
rience.  Ces  résultats  contradictoires  ne  nous  étonnent  pas  et  peuvent  figurer  à 
côté  de  ceux  que  nous  avons  plus  d'une  fois  obtenus  sur  la  même  anse  et  dans 
la  même  séance. 

Nous  croyons  que  pour  jeter  les  bases  d'une  doctrine  médicale,  il  faudrait 

(1)  Bulletin  de  l'Académie  royale  de  médedne  de  Belgique,  année  1869.  Troisième 
série,  t.  m,  n' 3. 


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MEMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  107 

réunir  un  très-grand  nombre  de  faits  puisés  soit  dans  Tobservalion  clinique, 
soit  cherché»  dans  le  champ  de  Texpérimentation.  Quelque  peu  nombreuses 
que  soient  les  expériences  qui  nous  ont  servi  à  étudier  le  phénomène  de  la  tor- 
sion, ils- suffisent  déjà  à  eux  seuls  pour  démontrer  que  le  mécanisme  proposé 
par  M.  De  Roubaix  est  loin  de  se  réaliser  dans  tous  les  cas  et  que  s'il  existait, 
ce  ne  serait  encore  qu*à  titre  de  rare  exception.  L'article  suivant  complétera 
notre  pensée  sur  ce  point. 

V  .-'     . 

Gireulatîon  des  gaz  dans  l'anse  étranglée. 

L'élude  que  nous  venons  de  faire  de  la  torsion  avait  bien  en  vue,  l'action  des 
gaz  affluant  dans  l'intestin  hernie;  mais  la  circulation  de  ces  mêmes  gaza 
travers  le  pédicule  de  la  hernie  demandait  à  être  envisagée  d'une  manière  plus 
complète;  aussiavons-nous  consacré  un  article  spécial  aux  curieux  phénomènes 
qu'il  nous  a  été  donné  de  constater  et  dont  nous  formerons  un  groupe  à  part. 

i\^  Expérience,  —  Ligature  d'une  anse  vide,  assez  énergique  pour  que  le 
jeu  du  pédicule  soit  rendu  impossible.  Les  gaz  du  voisinage  sont  rassemblés 
vers  les  deux  bouts  ;  la  compression  alternative  de  ceux-ci  parvient  chaque  fois, 
non-seulement  à  dilater  l'anse  mais  encore  à  dégager  les  gaz  par  le  bout  opposé^ 
en  formant  de  la  sorte  un  double  courant  à  travers  cet  étroit  pertuis.  La  même 
épreuve  est  répétée  avec  le  même  résultat  au  moyen  de  notre  constricteur,  dont 
l'anneau  n'admettait  que  l'extrémité  de  l'index.  Les  efforts  que  nous  sommes 
obligé  de  déployer  sont  loin  d'être  aussi  considérables  qu'on  serait  tenté  de  le 
supposer.  Les  matières  mollasses,  mélangés  aux  gaz,  ne  parviennent  pas,  de 
leur  côté,  à  franchir  le  pédicule. 

^^*  Expérience,  —Je  pose  une  ligature  serrée  sur  une  anse  de  dix  centi- 
mètres remplie  de  gaz;  je  l'aplatis^  sans  grande  difficulté  en  concentrant  mes 
efforts  sur  les  bouts  séparément.  En  comprimant  l'ensemble  de  l'anse,  par 
la  convexité,  Taffaisseinent  est  moins  facile,  mais  s'obtient  encore  cependant. 
Je  répète  la  manœuvre  de  l'expérience  précédente;  les  gaz  dilatent  l'anse,  mais 
il  m'est  impossible  d'établir  le  double  courant.  Je  parviens  à  vider  cette  anse, 
ainsi  dilatée,  en  comprimant  le  bout  opposé  à  celui  qui  avaii  livré  passage  adx 
gaz.  L'épreuve  est  répétée  plusieurs  fois  avec  le  même  résultat. 

14*  Expérience.  —  Anse  emprisonnée  dans  Tanneau  du  constricteur,  ne  mesu- 
rant guère  qu'un  centimètre  de  diamètre.  Insufflation  par  l'un  des  bouts  restés 
libres  en  dessous  deTinslrument  ;  distension  facile  de  l'anse  et  dégagement  de 
l'air  par  le  bout  opposé  qui  se  distend  lui  même  sous  cette  influence.  La  com- 
pression de  l'anse  dilatée,  affaisse  aussitôt  celle-ci.  Le  segment  de  l'intestin, 
ouvert  pour  donner  entrée  au  bec  de  la  poire  en  caoutchouc,  est  lié  solidement 
pour  empêcher  l'écoulement  des  matières  dans  l'abdomen;  malgré  cette  pré- 
caution  les  liquides^  et  les  gaz  surtout,  s'échappent  bientôt,  ce  qui  prouve  de 


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108  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

nouveau  la  facilité  qu*ont  les  gaz  à  passer  à  travers  un  étranglement  étroit. 
J'introduis  ensuite  le  bec  de  la  poire  dans  un  pertuis  pratiqué  à  la  partie  la 
plus  saillante  de  la  convexité;  la  distension  s'opère,  mais  rien  ne  passe  à  tra- 
vers le  pédicule.  Si  je  relâche  un  peu  la  ligature  Pair  parvient  à  s'échapper. 
Une  injection  d'eau  arrive  au  même  résultat. 

15**  Expérience,  —  Anse  étranglée  par  le  constricteur  amené  au  ri"*  9'(tout 
au  plus  un  centimètre  et  demi  dans  le  plus  grand  diamètre);  insufflation  par 
l'un  des  bouts  flottants  ;  dilatation  de  l'anse,  sans  passage  de  l'air  par  le  bout 
opposé.  Au  n»  8,  m'éme  rés«iltat.  Au  n^  7,  le  double  courant  s'établit  facile- 
ment. La  compression  de  l'anse  dilatée  ne  l'affaisse  pas,  si  je  maintiens  fermé 
le  bout  d'insufflation,  l'autre  restant  libre;  si  au  contraire,  je  laisse  libre  les 
deux  bouts,  l'air  s'échappe  sous  la  moindre  pression. 

Nous  avons  déjà  noté  précédemment  qu'une  anse  dilatée  dans  laquelle  on 
n'était  pas  parvenu  à  établir  le  double  courant,  avait  enfin  présenté  ce  phéno- 
mène par  le  mouvement  de  torsion  qu'on  lui  avait  imprimé. 

Sur  d'autres  portions  d'intestin,  les  résultats  se  sont  présentés  sous  un  autre 
aspect  que  celui  signalé  au  début  de  l'expérience.  Aux  n<>>  8  et  9  du  constric- 
teur, double  courant;  aux  n°>  10  et  10  1/'2,  dilatation  assez  rapide,  double 
courant  impossible  d'abord  ;  au  bout  d'une  minute,  le  dégagement  se  fait  sans 
trop  de  difficulté.  La  même  épreuve  se  répète  avec  le  même  succès  sur  plusieurs 
points  du  tube  digestif.  En  maintenant  comprimé  le  bout  d'insufflation,  il  est  en 
général  plus  difficile  d'affaisser  l'anse  que  de  la  distendre  par  l'insufflation  même, 
ce  qui  veut  dire  que  l'air  entre  plus  facilement  qu'il  ne  sort  par  le  bout  opposé. 

M}'^  Expérience.  —  Ligature  très  serrée  sur  une  anse  vide,  de  dix  centi- 
mètres; injection  d'air  par  l'un  des  bouts  restés  libres  :  impossible  de  franchir 
le  pédicule  et  par  conséquent  de  dilater  l'anse.  Au  bout  de  cinq  minutes,  la 
dilatation  s'opère,  mais  le  bout  opposé  reste  imperméable;  le  double  courant 
ne  se  fait  pas.  Quelques  minutes  après  cet  obstacle  lui-même  est  levé  et  l'air 
circule  par  les  deux  bouts. 

^7«  Expérience.  —  Une  ouverture  excessivement  étroite,  faite  aux  parois 
abdominales  elles-mêmes  remplace  la  ligature  et  le  constricteur.  Il  faut  une 
insufflation  énergique  pour  faire  pénétrer  l'air  dans  le  corps  de  l'anse  :  le 
double  courant  est  impossible.  La  poire  retirée,  l'anse  reste  dilatée  au  même 
degré  ;  cependant  la  simple  compression  l'affaisse  bientôt.  L'épreuve  est  reprise 
plusieurs  fois  avec  le  même  résultat.  Injectée  par  l'autre  bout,  l'anse  reste  égale- 
ment dilatée;  mais  en  reprenant  l'insufflation,  quelques  instants  après,  l'air 
qui,  auparavant,  n'avait  pu  franchir  le  pédicule  en  un  double  courant,  atteint 
bientôt  cet  effet  sans  trop  de  difficulté.  Au  moyen  de  la  poire  introduite  par 
chaque  bout  séparément  sur  la  convexité  de  l'anse,  l'insufflation  ne  parvient  en 
aucun  cas,  malgré  la  répétition  de  la  manœuvre,  à  faire  passer  l'air  à  travers  le 
pédicule. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  !09 

28«  Expérience.  —  L'anse,  ici  encore,  est  étranglée  par  un  anneau  étroit 
pratiqué  aux  parois  de  ràbdomen.  Distension  par  Tinsufllation  d'un  des  bouts 
flottants,  mais  double  courant  impossible.  L*anse  abandonnée  à  elle  même, 
reste  distendue  comme  tantôt;  la  compression  ne  raffaisse|>as.  toutefois,  au 
bout  de  quelques  minutes^  en  agissant  sur  le  bout  inférieur,  Tair  finit  par 
disparaître*  Linsufflalion  par  Tautre  bout  (bout  supérieur  de  l'intestin)  pro- 
duit presqu*immédiàtement  le  double  courant.  Cette  circonstance  pourrait  être 
attribuée  au  temps  écoulé  entre  cette  dernière  manœuvre  et  la  première, 
puisque  nous  avons  vu  qu'un  pédicule  d'abord  imperméable,  le  devient  au  bout 
de  très>peu  de  temps.  L'expérience  est  répétée  sur  une  nouvelle  anse  passée  à 
travers  une  autre  ouverture  des  parois:  distension;  anse  abandonnée  à  elle- 
même  restant  dilatée  :  double  courant  encore  iiupossible;  par  la  compression 
Taffaissement  ne  s'obtient  pas,  quel  que  soit  le  bout  que  l'on  comprime. 

Go  peut  aisément  juger,  d'après  ces  expériences,  de  la  facilité  avec  laquelle 
l'air  et  les  gaz  intestinaux  circulent  dans  les  anses  étranglées  et  leurs  pédicules. 
Nous  pourrons  dire  qu'il  sera  très-exceptionnel  de  rencontrer  dans  la  pratique 
des  étranglements  aussi  serrés  que  ceux  sur  lesquels  nous  avons  expérimenté;  et 
nous  sommes  autorisé,  dés  maintenant,  à  n'attribuer  aux  gaz  qu'un  rôle  insi- 
gnifiant dans  les  accidents  provoqués  par  l'étranglement  herniaire.  Nous 
reviendrons  sur  ce  point  important  un  peu  plus  loin. 

.   VI 
Giroulatîon  des  liquides  dans  l'anse  hernîéo. 

Nous  avons  déjà  vu  dans  la  quatorzième  expérience,  que  les  liquides  avaient 
trouvé  issue,  à  travers  le  pédicule,  Qussi  facilement  que  l'air  lui-même.  La 
vingt-neuvième  et  la  trentième  expériences  vont  nous  donner  de  nouveaux  ren- 
seignements sur  ce  point. 

Dans  la  vingt-neuvième,  injection  d'un  liquide  contenant  de  la  farine  en 
suspension.  Anneau  étroit.  Distension  de  l'anse;  impossibilité  du  passage  en 
double  courant,  torsion.  Si  je  tiens  fermé  le  bout  d'injection,  la  compression 
de  l'anse  fait  passer  le  liquide  dans  l'abdomen  par  l'autre  bout. 

Après  la  mort,  même  résultat  pour  l'injection  faite  par  le  bout  inférieur; 
par  l'autre  bout^  le  double  courant  s'établit  d'emblée. 

Dans  la  trentième,  résultats  analogues  :  double  courant,  torsion. 

Ces  quelques  faits  suffisent^  donc  aussi  pour  nous  montrer  la  facilité  avec 
laquelle  des  liquides  plus  ou  moins  épais  peuvent  traverser  le  pédicule  d'une 
anse  intestinale  fortement  étranglée. 

Le  mouvement  de  torsion,  dans  ce  cas,  semble  s'opérer  plus  aisément  que 
sous  l'influence  des  gaz. 


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no  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

VII 

Taxîs  direct  appliqué  sur  Taiite  herniée. 

Quelques  uns  des  détails  qui  vont  suivre  ont  déjà  été  indiqués  dans  les 
articles  précédents  ;  nous  les  remettrons  spécialement  en  vue  à  propos  du  taxis. 

7«  Expérience.  —  Anneau  du  diamètre  de  l'index  ;  anse  très-tendue  par  les 
cris  de  Tanimal  et  la  compression  des  parois  abdominales  :  réduction  fort 
facile. 

80  Expérience.  —  Anneau  de  deux  centimètres  et  demi  de  long  sur  un  centi- 
mètre de  large;  anse  dilatée  avec  torsion  :  réduction  facile. 

9«  Expérience.  —  Anneau  de  deux  centimètres  dans  son  plus  grand  dia- 
mètre; anse  dilatée  et  légèrement  tordue.  L'anneau  est  rétréci  par  le  doigt  :  la 
réduction  se  fait  sans  difficulté.  Avec  un  rétrécissement  plus  considérable,  la 
réduction  a  encore  lieu  et  il  faut  une  compression  énergique  du  pédicule  pour 
rempéchcr. 

10«  Expérience.  —  L'anneau  a  deux  centimètres,  l'anse  est  fortement  dilatée 
par  les  cris  :  néanmoins  la  réduction  s'obtient  sans  résistance. 

M*  Expérience.  —  L'anneau  admet  l'index;  l'anse  est  distendue  dans  les 
efforts  :  réduction  facile. 

13«  Expérience.  —  Anneau  de  deux  centimètres  et  demi,  encore  rétréci  par 
le  doigt;  l'anse  se  dilate  sous  la  compression  des  parois  :  réduction  sans  trop 
d'effort. 

H«  Expérience.  —  Orifice  de  deux  centimètres,  rétréci  par  l'extrémité  de 
Pindex.  Anse  distendue  par  la  compression  énergique  de  l'abdomen  opérée 
par  deux  aides,  pendant  que  mon  doigt  s'interpose  entre  le  pédicule  et  l'an- 
neau. De  l'autre  main,  j'essaie  du  taxis,  mais  je  ne  parviens  pas  à  refouler  les 
gaz.  Je  fais  suspendre  la  compression,  tout  en  maintenant  le  doigt  à  l'ouver- 
ture :  même  résultat  négatif.  Je  diminue  un  peu  l'étranglement,  et  un  léger 
taxis  suffit  pour  produire  l'affaissement  de  la  hernie.  D'autres,  fois,  avec  les 
mêmes  manœuvres,  j'arrive  à  des  résultats  tout  différents,  c'est-à  dire  que 
malgré  une  puissante  compressiorf  des  parois  du  ventre  et  le  rétrécissement 
de  l'anneau  par  le  doigt,  je  fais  assez  facilement  refluer  les  gaz.  Si  j'inter- 
romps alors  le  taxis,  les  gaz  reprennent  bientôt  leur  place.  Quanta  l'anse  elle- 
même^  il  m'était  constamment  impossible  de  la  réintégrer  dans  la  cavité  abdo- 
minale; les  gaz  seuls  disparaissaient. 

lb«  Expérience.  —  Circonvolution  fortement  serrée  par  le  constricteur 
(degrén<>7);  affaissement  facile,  mais  réduction  impossible. 

17^  Expérience.  -Orifice  du  diamètre  de  l'index;  pédicule  d'une  anse, 
dilatée  par  des  gaz,  comprimé  par  le  doigt.  Aplatissement  énergique  de  l'ab- 
domen :  affaissement  facile  de  l'anse  sous  les  doigts;  réduction  impossible. 

18«  Expérience.  —  Mêmes  résultats  que  dans  la  précédente.  Dans  un  cas,  il 


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MEMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  1H 

semblerait  que  la  rentrée  du  viscère  eût  pu  être  favorisée  par  le  rétrécisse- 
ment spasmodique  d'une  partie  du  cylindre  intestinal  :  il  n'en  a  pourtant 
rien  été. 

24*  Expérience.  —  A  gauche,  ouverture  très-étroite  n'acceptant  que  la 
pulpe  du  doigt;  de  l'autre  côté  anneau  un  peu  plus  large,  recevant  Textrémité 
de  l'index.  Des  doux  côtés,  les  anses,  qui  ont  été  attirées  au  dehors^  sont  un  peu 
tendues  et  paraissent  coutenir  des  gaz  Je  les  recouvrede  la  peau  dont  j'affronte 
les  lèvres  par  une  suture  en  surjet.  Examen  quarante-huit  heures  après.  A 
gauche,  réduction  impossible,  sans  dilatation.  A  droite  cette  dilatation  est 
impossible  pour  la  rentrée  de  l'intestin,  ces  deux  hernies  avaient  conservé  le 
volume  et  la  tension  qu'elles  présentaient  au  début  de  l'expérience.  Lorsqu'elles 
avaient  été  amenées,  il  y  avait  eu,  immédiatement  après  leur  sortie,  une  diffé- 
rence considérable  entre  leurs  dimensions  et  celles  qu'elles  avaient  dû  affecter 
en  traversant  cette  sorte  de  fliière  d'un  diamètre  aussi  réduit. 

^C}""  Expérience.  —  Les  anneaux  n'ont  que  la  largeur  du  doigt.  Deux  anses 
sont  maintenues  sous  la  peau  comme  précédemment;  l'une  est  coiffée  d'une 
enveloppe  épiploïque,  l'autre  est  une  entéro-épiplocèle  ordinaire.  Dans  celle- 
ci,  l'anse  est  augmentée  de  volume;  la  réduction  est  impossible,  mais  après 
dilatation  dn  l'anneau  elle  s'opère,  quoiqu'encore  difficilement.  Quant  à  l'autre, 
malgré  son  enveloppe,  la  rentrée  du  viscère,  s'y  fait  avec  moins  d'effort,  tou- 
jours après  dilatation. 

27*  Expérience.  —  Les  orifices  sont  un  peu  plus  larges  que  ceux  de  la  précé- 
dente expérience,  quoiqu'ils  soient  encore  bien  étroits.  A  droite  entérocèle;  à 
gauche  enléro-épiplocèle. 

Examen  deux  jours  et  demi  après  l'ouverture  de  l'abdomen.  A  gauche,  l'anse 
est  rentrée  spontanément.  Une  anse,  pas.sée  à  travers  une  ouverture  étroite 
des  parois  et  distendue  par  insufflation,  s'affaisse  sous  mes  doigts,  mais  ne  se 
réduit  pas. 

â8«  Expérience,  —  Une  circonvolution  amenée  à  travers  un  anneau  d'une 
étroitesse  extrême  est  dilatée  par  insufflation;  abandonnée  à  elle-même,  elle 
conserve  sa  distension.  Malgré  l'exiguilé  de  l'orifice,  elle  se  vide  encore, 
quoique  difficilement,  sous  la  pression  des  doigts  ;  la  réduction  en  est 
impossible. 

29«  Expérience.  —  Même  manœuvre  que  dans  la  vingt-huitième,  seulement, 
au  lieu  d'air,  jinjecte  de  l'eau  tenant  de  la  farine  en  suspension.  Anneau  très- 
étroit  n'admettant  que  la  pulpe  de  l'index  :  affaissement  de  l'anse  sous  les 
doigts  et  réduction  assez  facile. 

ôi}^  Expérience,  —  Même  procédé  que  dans  la  précédente.  Anneau  de  même 
diamètre  :  réduction. 

Concluons,  de  l'ensemble  de  tous  ces  faits  qu'une  dilatation  considérable  par 
des  gaz  ou  des  liquides,  d'une  anse  intestinale  étranglée  n'apporte  pas  un 


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112  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

obstacle  sérieux  à  la  réduclion  de  la  hernie  et  qa*il  faut  bien  chercher  aillears 
la  cause  réelle  de  l'irréductibilité. 

VIII 

Des  vomiftements  déterminés  par  la  ooiistrîotîon. 

Nous  pouvons  dire  qu'en  généra]  des  vomissements  ont  eu  lieu  pendant  les 
manœuvres  auxquelles  ces  animaux  étaient  soumis;  mais  nous  n'avons  tenu 
note  du  phénomène  que  dans  dix  de  nos  expériences. 

Dans  la  onzième,  malgré  la  conslriclion  énergique  et  répétée  de  Tanse  intes- 
tinale, ce  n*est  qu'à  la  fin  de  l'expérience  que  les  vomissements  survinrent. 

Dans  la  seizième,  ils  ont  lieu,  au  début,  lors  de  la  ligature  également  très- 
serrée  de  la  première  anse. 

Dans  la  dix-septième,  vomissement  au  moment  de  la  compression  du  pédi- 
cule contre  l'anneau,  avant  toute  ligature. 

Dans  la  dix-huitième,  la  seule  introduction  du  doigt  dans  la  cavité  abdominale 
pour  dégager  les  anses  suffit  pour  les  produire. 

Dans  la  vingt-troisième,  vomissements  déterminés  par  la  manœuvre  consis- 
tant à  attirer  Tintestin  et  à  former  hernie;  même  effet  lors  de  l'examen  des 
tumeurs  trois  jours  après. 

Dans  la  vingt-cinquième,  hernie  passant  à  travers  une  ouverture  très-étroite 
des  parois  abdominales;  vomissements  continuels  à  partir  de  ce  moment. 

Dans  l'a  vingt-neuvième,  vomissements  au  moment  des  injections  de  liquide 
et  non  lors  du  passage  de  l'intestin  à  travers  l'étroite  filière  qu'il  doit  franchir. 

Enfin,  dans  la  trentième.,  ils  se  produisent  au  contraire  à  cet  instant  même 
et  l'injection  ne  les  provoque  pas. 

Jobert(deLambalie)(l)  qui  avaitéludié  expérimentalement  Tinfluence  d'une 
ligature  sur  une  anse  intestinale  pour  la  production  plus  ou  moins  rapide  des 
'  vomissements,  avait  formulé  comme  suit  les  résultats  des  neuf  expériences, 
faites  dans  ce  but  :  t  l'intestin  peu  serré  détermine  des  vomissements  plus 
fréquents  et  plus  répétés  que  lorsqu'il  l'est  beaucoup,  parce  que  le  lien  est  un 
excitant  pour  les  contractions  de  la  musculeuse.  »  Précédemment,  il  avait  dit, 
«  que  dans  un  étranglement  violent,  les  vomissements  ne  surviennent  pas 
aussi  promptement  que  dans  l'étranglement  qui  n'occupe  qu'une  portion  de 
circonvolution  ou  qui  ne  serre  que  faiblement  »,  p.  39. 

Ce  principe  est  confirmé  par  cinq  de  nos  expériences  (i1«,  17%  18«,  23«  et 
29«)  et  combattu  par  les  autres.  11  n'y  aurait  donc  rien  de  positif  ni  de  régulier 
dans  ce  fait  et  les  vomissements  en  eux-mêmes,  quelle  que  soit  d'ailleurs  leur 
violence  et  leur  fréquence  ne  peuvent  rien  nous  apprendre  .relativement  au 
degré  de  l'étranglement.  Il  n'y  a  pas  bien   longtemps  que  j'ai  été  appelé  à 

(1)  Jobert  (de  Lamballe).  Traité  théor,  et  prat.  des  mal.  chit,  du  canal  intest*  Paris, 
4829,  t.  Il,  p.  47. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  415 

donner  mes  soins  à  une  femme  chez  qui  une  hernie  crurale  venait  de  s'étran* 
gler  subitement.  Cet  accident  avait  produit  une  vive  douleur  et  déterminé  tout 
aussitôt  de  fréquents  vomissements^  le  ^taxis  avait  été  impuissant  et  on  venait 
de  porter  la  patiente  sur  une  table  pour  l'opérer,  quand  ce  seul  changement 
de  position  suffit  pour  faire  rentrer  la  hernie.  Très  certainement,  s'il  y  avait 
eu  là  uneconstriction  bien  énergique,  cette  simple  circonstance  n'eût  pas  amené 
la  réduction.  Par  contre,  chez  une  femme  à  qui  je  pratiquai  la  kélotomie  l'an 
dernier,  l'étranglement  était  des  plus  serrés  au  niveau  de  l'anneau  crural 
naturel  et  pourtant  les  vomissements  ne  s'étaient  produits  que  le  lendemain 
du  début  des  accidents.  L'anneau  était  trop  étroit  pour  qu'on  pût  supposer  que 
la  cooslriction,  légère  d'abord,  eût  pu  acquérir  toute  sa  puissance  par  le  gon- 
fleaient  inflammatoire  ou  autre  de  la  hernie.  Voilà  sans  doute  deux  observa- 
tions qui  semblent  donner  droit  à  Jobert,  mais  en  voici  une  troisième  où  sa 
proposition  tombe  à  faux.  Chez  une  autre  de  nos  opérées  fanneau  crural  était 
très  énergiquement  appliqué  sur  le  pédicule  de  la  hernie  et  ne  présentait  qu'un 
diamètre  fort  réduit;  néanmoins  des  vomissements  répétés  avaient  marqué  le 
début  de  la  crise.  L'expérimentation  et  la  clinique  sont  donc  d'accord  pour 
nous  engager  à  user  de  la  plus  grande  circonspection,  quand  il  s'agit  d'appré- 
cier la  valeur  du  symptôme  vomissement  dans  la  hernie  étranglée. 

(La  suite  au  prochain  numéro.) 


Causerie  médicale.  —  Dermatose  gangreneuse  scorbutique  survenue  aux  mains 

DANS  DE  singulières  CIRCONSTANCES.    —  RÉFLEXIONS  ET  CITATIONS  DIVERSES  AU 

SUJET  DE  CE  cas;  par  le  docteur  Liégey,  membre  honoraire  de  la  Société,  à 
Chotsy-leRoi  {Seine),  {Suite  et  fin.  —  Voir  notre  cahier  de  juillet,  page  26.) 

Obs.  IX.  —  En  plusieurs  endroits  du  même  journal,  notamment  dans  le 
«  Mémoire  sur  la  constitution  médicale  »,  comme  aussi  dans  d'autres  recueils 
périodiques,  particulièrement  la  Gazette  médicale  de  Strasbourg  (Cas  remar- 
quable de  névropathie-^amaurose  et  ophthalmorrhagie  par  cause  névralgique 
scorbutique,  1858),  il  est  parlé  d'une  jeune  fille  hystérique,  qui  offrit  succes- 
sivement/ à  plusieurs  reprises  et  pend.ant  des  années,  au  milieu  d'accidents 
nerveux  bizarres,  des  hémorrhagies  par  presque  toutes  les  voies;  qui  offrit 
même,  comme  l'indique  ce  titre,  un  écoulement  de  sang  par  les  paupières, 
écoulement  de  sang  toujours  précédé  d'un  accès  de  névralgie  de  la  région 
oculaire.  Eh  bien,  cette  jeune  fille,  devenue  maintenant  et  depuis  longtemps 
déjà,  femme  bien  portante  et  mère  de  famille,  offrit  aussi,  à  une  certaine 
période  de  sa  maladie,  de  nombreuses  et  larges  taches  ecchymotiques  sur 
diverses  parties  du  corps. 

Obs.  X.  —  De  semblables  mais  moins  nombreuses  taches  me  furent  pré- 
sentées également,  vers  la  même  époque,  par  une  autre  jeune  fille  hystérique, 

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114  WÉMOIHES  ET  OBSERVATIONS. 

chioro-anèmique,  voisine  de  la  précédente  et  dont  Tohâervation  se  trouve  aussi 
dans  le  journal  de  la  Société  belge.  Cest  cette  étrange  créature  qui,  dans  ses 
attaques  hystero-épileptiques,  faisait  ^entendre  un  bruit  semblable  au  grogne- 
ment du  porc. 

OfiS.  XI.  —  Chez  deux  des  malades  dont  j'ai  parlé  tout  à  l'heure,  c'est-à-dire 
chez  ceux  qui  ont  succombé  après  avoir  offert  du  sucre  dans  Vufine,  il  y  avait 
aussi  des  taches  ecchymoliques,  el  Texislence  de  ces  taches  jointes  au  mauvais 
état  des  gencives,  m'avait  fait  regarder  ces  malades  comme  scorbutiques. 

La  crainte  d'être  trop  long  m'empêche  de  citer  encore  d'autres  faits  de  ce 
genre.  Ceux  que  je  viens  de  donner  suffisent,  d'ailleurs,  pour  montrer  que, 
en  effet,  j'ai  rencontré  les  maculatures  sanguines  dans  des  circonstances  va- 
riées. 

Je  crois  que  chez  D...,  outre  la  diathèse  scorbutique,  il  existait  et  il  existe 
encore  une  diathèse  herpétique.  La  mère  était  herpétique,  et,  comme  je  Tai 
dit  au  commencement  de  ce  travail,  il  était  devenu  sujet  à  éprouver  au  prin- 
temps, de  Teczéma  aux  oreilles  et  du  prurit  sur  diverses  parties  du  corps. 

Je  crois  aussi  que  l'élément  herpétique  a  précédé  Télémcnl  scorbutique  ou 
purpurique,  qui  semble  remonter  au  siège  de  Paris  par-  les  Prussiens. 
D...,  qui  a  fait  le  service  des  remparts  et  qui,  comme  tant  d'autres,  outre  des 
fatigues  excessives,  a  souffert  du  froid^  des  veilles,  de  la  faim  et  a  mangé  les 
aliments  les  plus  malsains,  eut  aussi  de  pénibles  émotions  morales,  parmi 
lesquelles  la  crainte  d'être  tué  par  les  bombes  et  les  obus  qui,  maintes>  fois, 
éclatèrent  à  ses  côtés.  Son  système  nerveux  en  a  tellement  été  ébranlé,  telle- 
ment modiOé,  que  cet  homme,  peu  impressionnable  auparavant,  ne  peut  plus, 
dit-il,  depuis  lors,  entendre  un  bruit  un  peu  fort  sans  tressaillir  ou  éprouver 
une  sorte  de  tremblement.  Avant  ce  siège,  il  n'avait  déjà  plus  la  denture  saine  ; 
mais,  depuis,  elle  est  devenue  beaucoup  plus  malade.  Ses  forces  aussi  ont  décru 
sensiblement,  bien  qu'il  eût  conservé  l'appétit  jusque  dans  sa  maladie  et  que 
ses  fonctions  digestives  continuassent  à  s'exercer  d'une  manière  à  peu  près 
normale. 

Tant  avant  qu'après  les  petites  lésions  traumatiques  faites  par  les  lapins, 
diverses  autres  circonstances  ont  agi  dans  le  sen^  de  la  double  diathèse.  Quand 
ces  lésions  eurent  lieu^  D...  était  encore  sous  l'influence  d'une  très  grande 
fatigue  résultant  de  la  récolte  des  pommes  de  terre;  et,  après  ces  lésions,  non- 
seulement  il  se  remit  à  travailler,  mais,  bientôt,  à  Etampes,  il  subit  une  réunion 
d'influences  nocives  pour  l'état  général  et  l'état  local  :  jeu  d'un  instrument 
fatigant,  deux  nuits  consécutives  dans  l'atmosphère  brûlante  et  malsaine  d'un 
bal  public;  refroidissement  au  sortir  de  ce  bal  ;  refroidissement  aussi  dans  la 
journée,  pluie  froide  sur  les  mains,  etc. 

En  feuilletant  les  Ephémérides  des  Curieux  de  la  nature,  dont  il  me  reste 
deux  volumes,  je  lis  :  qu'un  jeune  homme,  pour  avoir  immergé  ses  mains 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  115 

dans  de  l'eau  froide,  étant  en  sueur,  avait  été  frappé  promplemenl  de  gangrène 
à  ces  extrémités. 

Le  refroidissement  local  était  donc  déjà  suffisant  pour  nuire  aux  mains  de 
D...,  atteintes  d*érylhème  phlycténoïde,  mais  encore  à  Tétai  simple.  Mais  de 
plus,  si  on  envisage  le  froid  comme  s'exerçant  sur  toute  la  personne  dans  la 
situation  où  se  trouvait  cet  homme,  on  s'explique  aisément  que  la  dia^hése 
scorbutique  n'ait  pas  tardé  à  faire  explosion. 

Récemment,  à  TAcadémie  de  médecine  de  Paris,  de  savantes  discussions 
ont  eu  lieu  sur  Tétiologie  du  scorbut.  S'il  est  permis,  à  moi  chétif,  d'exprimer 
une  opinion  en  celte  matière,  je  dirai  que  celte  maladie  ou  le  purpura  derma- 
tosique  hémorrhagique,  peut  résulter  de  tout  ce  qui  trouble  le  système  nerveux 
et  appauvrit  le  sang,  quand,  surtout  existe  déjà  une  constitution  médicale 
atonique  et  nervosique,  comme  celle  qui,  depuis  longtemps,  domine  à  peu  près 
partout,  je  crois.  Je  n'ai  nullement  le  mérite  de  la  priorité  pour  cette  opinion. 
A  l'article  Etiologie  de  la  péliose,  Alibert  s'exprime  aiiUi  :  c  Les  causes 
^évidentes  et  extérieures  sont  tout  ce  qui  affaiblit  le  corps  et  le  système  général 
des  forces  :  la  paresse  ou  des  occupations  sédentaires  dans  les  lieux  bas  et 
humides,  peuvent  contribuer  à  la  faire  naître.  L'habitation  prolongée  dans 
l'intérieur  des  prisons,  des  hôpitaux,  des  vaisseaux,  où  l'air  n'est  pas  renouvelé, 
les  travaux  pénibles  et  opiniâtres,  les  veilles,  les  sollicitudes,  la  tristesse,  la 
pauvreté,  toutes  tes  impressions  débilitantes,  telles  sont  les  sources  funestes  de 
cette  singulière  maladie,  qui  mérite  nos  méditations  et  nos  recherches.  » 

5°  De  la  marche  des  phlyctènes  gangreneuses.  Ce  que  je  crois  le  plus  inté- 
ressant, surtout  au  point  de  vue  thérapeutique,  dans  ce  cas  particulier,  c'est  la 
marche^  l'extension  intermittente,  à  une  certaine  période,  de  ces  phlyctènes. 
Celte  marche,  évidemment,  comme  je  l'ai  dit,  était  sous  la  dépendance  d'accès 
nerveux  fébriles  périodiques.  En  effet,  le  malade,  homme  intelligent,  observa 
lui-même  ce  qui  suit  ;  Quelques  jours  de  suite,  à  partir  de  la  même  heure 
à  peu  près  de  l'après-midi,  il  se  produisait,  bien  qu'il  fût  resté  au  lit  et  dans 
une  pièce  plutôt  chaude  que  froide,  d'abord  un  sentiment  de  froid  général, 
puis  une  chaleur  générale  avec  agitation  fébrile,  douleur,  sentiment  de  brûlure 
et  hypéresthésie,  non-seulement  au  dos  des  mains,  mais  même  aussi  sur  des 
points  variables  des  jambes,  avant  même  qu'il  s'y  montrât  aucune  tache.  C'était 
surtout  alors  que  le  malade  était  obligé  d'avoir  les  mains  hors  du  lit^  parce 
qu*il  ne  pouvait  supporter  ni  la  moindre  couverture  ni  la  chaleur.  Le  paroxysme 
fébrile  et  les  douleurs  faisaient  véritablement  sur  l'érytlième  phlycténoïde  Teffet 
d'un  coup  de  soufflet;  car,  bientôt,  D...  remarquait  une  nouvelle  extension 
de  la  rougeur  el  des  ampoules,  qui  restaient  ensuite  slationnaires  jusqu'à  un 
nouvel  accès.  Ce  qui,  au  besoin,  prouverait  que  cette  marche  progressive  était 
réellement  sous  la  dépendance  des  accès  nerveux  fébriles,  c'est  que  ce  ne  fut 
qu'à  partir  de  la  médication  quinique,  employée  comme  tonique  et  antipério- 


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110  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

dique,  que  cette  marche  se  suspendît,  pour  faire  bientôt  place  à  la  tendance 
progressive  et  rapide  vers  la  guérison  :  une  légère  suppuration  de  bonne  nature, 
et  la  dessiccation  des  phlyctènes,  après  lesquelles  persistèrent  encore  pendant 
quelque  temps,  les  taches  hématiques,  même  passagèrement  accrues  et  accom- 
pagnées d*une  éruption  her|)étique  devenue  crise. 

En- recherchant  dans  les  restes  de  ma  bibliothèque  ce  qui  pouvait  s'y  trouver 
de  relatif  à  la  gangrène,  je  lis  ceci  dans  \e  Dictionnaire  de  médecine^  en  21  vo- 
lumes :  t  Nous  avons  vu^  sur  un  homme  adulte,  très  robuste,  la  gangrène  des 
téguments  d'une  jambe,  précédée  d*une  inflammation  très-faible,  se  manifester 
pendant  un  accès  de  fièvre  intermittente;  cette  grangrène  fit  des  progrès  très- 
rapides  pendant  Taccès  suivant,  et  ce  fut  seulement  alors  que  sa  véritable  cause 
fut  connue.  L'administration  du  quinquina  à  haute  dose  à  Tintérieur  et  à 
Textérieur,  rendit  le  troisième  accès  beaucoup  plus  faible;  son  emploi  conti- 
nué arrêta  complètement  la  gangrène  et  fit  cesser  la  fièvre  pernicieuse,  dont 
elle  était  un  des  symptômes  les  plus  graves.  »  (Tome  X,  page  52,  1824,  Mar- 
jolin.) 

Je  ne  sais  pas  si  des  faits  du  genre  de  celui  que  je  viens  de  citer  étaient 
rares  autrefois;  mais  je  me  crois  fondé  à  penser  qu'ils  ne  sont  peut-être  pas 
rares  de  nos  jours,  où  la  périodicité  et  la  perniciosité  ne  se  rencontrent  pas 
seulement  dans  les  pays  marécageux,  mais  se  voient,  comme  expressions  des 
fièvres  larvées,  à  masques  divers,  partout,  pour  ainsi  dire,  avec  une  fréquence 
beaucoup  plus  grande  qu'on  ne  le  pense  généralement.  Par  un  grand  nombre 
de  cas,  dont  la  plupart  ont  été  publiés  dans  le  journal  de  Bruxelles,  j*ai  montré 
la  ptiissante  intervention  de  ces  fièvres  qui,  non-seulement^  peuvent  rendre 
promptement  mortelles  ou  plus  rapidement  mortelles  des  affections  déjà  d'une 
haute  gravité  par  elles-mêmes,  mais  donner  aussi  une  gravité  plus  ou  moins 
grande  à  des  affections  essentiellement  bénignes.  Si  je  les  ai  vues  souvent,  par 
exemple,  imprimer  la  marche  galopante  à  la  phthisie  pulmonaire,  au  cancer; 
si  je  les  ai  vues  aussi  imprimer  leur  cachet  accélérant  à  la  gangrène  chez  plus 
d'un  malade,  je  les  ai  vues  encore  activer,  accroître,  faire  dégénérer  des  engor- 
gements, des  dermatoses,  etc.,  de  nature  bénigne. 

Obs.  XIL  —  Voici  un  cas  observé  à  Ghoisy  en  1870^  où  se  montra,  d'une 
manière  manifeste^  cette  intervention  dans  une  affection  eczémateuse. 

Un  jour  de  janvier,  un  monsieur  de  58  ans,  habituellement  bien  portant, 
nouvellement  habitant  de  Ghoisy,  se  fit,  en  se  grattant  le  cou-de-pied  gauche^ 
où  il  éprouvait  des  démangeaisons  par  l'effet  de  bas  de  laine  neufs  et  rudes, 
une  petite  excoriation,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  remettre  ces  bas  et  de  faire, 
le  lendemain,  comme  les  jours  précédents,  une  assez  longue  course  à  pied.  Le 
jour  suivant,  sentant  un  peu  de  chaleur  et  voyant  une  légère  rougeur  à  l'endroit 
de  l'excoriation,  il  mit  des  bas  plus  doux,  mais  ne  se  priva  point  de  sortir,  et 
il  fit  de  même  le  lendemain.  Mais,  dans  ta  soirée  de  ce  dernier  jour,  en  ren- 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  iI7 

Iraiit  chez  lui^  force  lui  fut  de  quitter  promptement  son  soulier  pour  mettre 
uoe  large  pantoufle,  parce  qu'il  éprouvait,  avec  une  sensation  de  chaleur  pro- 
noncée, une  véritable  douleur  au  cou-de-pied  ;  en    même   temps,  il  éprouvait 
aussi  uu  malaise  général,  une  sensation  de  froid,  bien  que  l'appartement  fût 
chaud,  et  de  la  céphalalgie.  En  se  déchaussant  pour  se  coucher,  il  s'aperçut 
que  le  bas  adhérait  à  la  peau  et,  après  avoir  ôté  ce  bas,  il  vit  qu'une  petite 
phlyctène,'  entourée  d'un  cercle  rouge  prononcé»  s'était  déchirée.   Il  eut,  la 
nuit,  des  douleurs  assez  vives,  qu'exaspérait  le  poids  des  couverture.  Le  len- 
demain, nouvelle  phlyctène  concentrique  à   la  première,  extension  du  cercle 
rouge  et  tuméfaction  sensible  du  cou-de-pied,  dont  Thypéresthésie  s'étend  bien 
ao  delà  de  la  rougeur  et  permet  à   peine  de  supporter  une  légère  compresse. 
H  serait  beaucoup  trop  long  de  décrire  jour  par  jour,  de  montrer  avec  détails 
cette  affection  qui  a  été  de  longue  durée,  et  pour  ne  pas  trop  fatiguer  le  lec- 
teur^ je  n'en  esquisserai  que  tes  principaux  traits  :  Le  malade  ne  tarda  pas  à 
être  obligé  de  garder  le  lit  ou  de  se  tenir  dans  un  fauteuil,  le  membre  placé 
horizontalement  ou  même  élevé  sur  un  coussin,  parce  que,  dès  qu'il  posait  le 
pied  par  terre,  l'enflure  augmentait  sensiblement.  De  jour,  les  douleurs  étaient 
supportables,  le  malade  n'avait  même  parfois  qu'un  sentiment  modéré  de  cha- 
leur et  un  peu  de  prurit  ;  mais  la  nuit,  à  partir  de  cinq  ou  six  heures,  et  sans 
cause  déterminante  connue,  la  chaleur  et  le  prurit  augmentaient  graduellement 
en  même  temps  que  le  malade  devenait  brûlant,  après  avoir  éprouvé  quelque- 
fois an  peu  de  frisson  ou  seulement  un  sentiment  de  froid  loralisé  au  pied  et 
à  la  jambe;  puis,  bientôt  à  ces  phénomènes  se  joignaient  de  vifs  élancements 
seulement  dermatosiques,'mais  avec,  de  temps  en  temps,  une  sorte  de  crampe 
du  pied  et  de  sourdes  douleurs  dans  l'articulation  (douleurs  rhumatoïdes).  Cet 
état  durait  jusque  vers  onze  heures  ou  minuit  ;  puis  les  douh'urs^  le  prurit, 
la  chaleur  locale  et  l'agitation  générale  allant  en  diminuant  jusqu'au  jour,  le 
malade  finissait  par  goûter  un  sommeil   intermittent.  Chose   bien  digne  de 
remarque,  mais  qui  n'avait  pas  lieu  de  m'étonner  puisque  je  l'avais  observée 
chez  bien  d'autres  malades^  à  la  suite  des  crises  névralgiques,  non-seulement 
le  cercle  rouge  et  l'enflure  étaient  plus  prononcés,  mais  la  phlyctène  était 
plus  étendue,  plus  soulevée  après  qu'avant  les  accès.  Au  centre  de  la  lésion 
existait  une  escharre  arrondie,  sèche,   d'un   gris  brunâtre,  qui,   d'ubord   de 
l'étendue  d'une  pièce  de  cinquante  centimes  seulement,  arriva  graduellement 
au  diamètre  d'une  pièce  de  cinq  francs  en  argent.  Cette  escharre,  très-adhérente, 
à  laquelle  je  ne  crus  pas  devoir  toucher,  existait  encore  lorsque  Tépiderme  du 
pourtour,  qui  s'était  desquammé,  fut  entièrement  renouvelé,  et  elle  se  souleva 
graduellement,  lentement,  pour  laisser  à  sa  place  une  peau  longtemps  rouge 
et  hypéresthésiée,  mais  ferme.  Il  s'écoula,  à  partir  dû  début  de  l'affection,  au 
moins  deux  mois  avant  que  le  malade  pût  se  chausser  convenablement;  mais 
de  cette  affection  qui,  comme  je  Tai  constaté,  ne  s^  rattachait  ni  à  la  glyco- 


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H 8  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

surie,  ni  à  Talbuininurie,  il  n*e$t  absolument  rien  resté  que  le  souvenir  au 
malade,  peut-être  un  peu  herpétique,  qui  a  repris  une  vie  très-active  pour  son 
âge.  Deux  choses  contribuèrent  sensiblement  à  retarder  la  guérison.  Un  jour 
qu'un  mieux  prononcé  et  prolongé  existait,  le  malade  s'assit  à  table  avec  sa 
famille  pour  prendre  son  repas;  mais,  en  voulant  poser  sa  jambe  sur  une 
chaise,  il  heurta  la  partie  douloureuse  contre  un  des  pieds  anguleux  de  cette 
table,  ce  qui  lui  causa  une  atroce  douleur  et  lui  fit  perdre  en  grande  partie  le 
terrain  qu'il  avait  gagné.  Un  autre  jour,  se  croyant  plus  avancé  encore,  il  pro- 
fita d'une  belle  journée  de  février  pour  aller  au  jardin,  qui  n'est  qu'à  un  pas 
de  la  pièce  du  rez-dechaussée  qu'il  occupait.  Il  s'y  assit  et  posa,  sur  un  banc 
au  soleil,  chaussé  seulement  d'une  large  pantoufle,  le  pied  malade,  dont  la  partie 
dorsale  n'était  couverte  que  d'une  simple  compresse  de  linge  fin.  Presque  à 
l'instant,  sentiment  de  tension,  de  formication.  de  brûlure,  vifs  élancements, 
retour  du  gonflement  prononcé  de  la  partie  où  le  cercle  érythémateux  est  de- 
venu rouge  pourpre,  phénomènes  qui  forcèrent  ce  monsieur  à  regagner  le  lit, 
ce  qu'il  fit  très-péniblement.  En  songeant  à  cette  action  d'un  soleil  qui  n'était 
certes  pas  encore  bien  chaud,  je  me  disais  qu'elle  avait  été^  sans  doute,  singu- 
lièrement accrue,  par  la  réceptivité  exagérée,  l'extrême  impressionnabilité  de 
la  partie,  et  je  comprenais  mieux  que  jamais  l'influence  du  soleil  de  printemps 
dans  la  production  de  certaines  dermatoses  qui  ont  lieu  si  facilement  à  cette 
époque  chez  certaines  personnes.  Une  troisième  cause  qui  eut  aus^i  une 
influence  nocive,  mais  moins  prononcée  et  plus  passagère,  ce  fut  un  orage, 
lequel  eut  lieu  un  jour  de  ce  mois  de  février,  dans  l'après  raidi.  On  sait  que  les 
orages  ont  une  action  marquée  sur  les  maladies  nerveuses  et,  pour  ma  part, 
j'ai  parlé  de  névralgies,  de  pyroxies  dans  lesquelles  des  accès  graves  avaient  été 
déterminés  par  cette  cause;  j'ai  même  parlé  d'une  femme  atteinte  d'une  fièvre 
pernicieuse  à  forme  pleuro-pneumonîque,  dont  un  orage  avait  évidemment  hâté 
la  mort.  Pour  en  revenir  à  notre  malale,  je  dirai  ce  qui  suit  :  Je  ne  l'ai  point 
mis  à  la  diète;  parfois  seulement  J'ai  été  obligé  de  diminuer  sa  nourriture 
à  cause  de  la  diminution  de  Tappétit,  lequel  ne  lui  a  jamais  fait  antérieure- 
ment défaut.  Celui  des  moyens  locaux  qui  a  paru  le  mieux  convenir,  a  été  une 
substance  alcoolique  (le  kirsch).  D'après  ce  que  j'avais  remarqué  antérieure- 
ment, chez  d'autres  malades  atteints  d'érythème  ou  d'eczéma  phlycténoïde, 
je  me  suis  bien  gardé  de  conseiller  aucun  corps  gras.  En  tête  du  petit  nombre 
de  médicaments  internes  j'ai  dû  mettre  les  préparations  de  quinquina  (quin- 
quina et  sulfate  de  quinine).  Ce  sont  elles,  vraiment,  qui  ont  arrêté  la  marche 
envahissante  de  l'affection  eczémateuse,  en  mettant  fin  aux  accès  de  fièvre 
névralgique  qui  agissaient  sur  la  dermatose  comme  un  soufflet  sur  le  feu. 
(Extrait  d'un  long  article  intitulé  :  Note  relative  à  diverses  formes  d'érythème 
et  principalement  à  Véry  thème  phlycténoïde  névralgique  ou  érytème  phlycté- 
noïde à  quinquina;  Courrier  médical  de  Paris,  1870). 


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MEMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  H9 

On  le  voit,  à  part  une  gravité  plus  grande  chez  D...,  le  cas  que  je  viens  de 
citer  a  beaucoup  de  rapports  avec  celui  de  cet  homme. 

Chez  l'un  et  l'autre  malades,  Térythème  phlycténoïde  s'est  produit  à  l'occa- 
sion d'une  très-petite  cause  traumatique,  sous  l'influence,  en  partie  du  moins, 
d'une  constitution  médicale  dermatosique  régnante.  Ainsi  que  je  l'ai  dit  eh 
terminant  l'article  sus-indiqué,  les  dermatoses  eczémateuses  exanthémateuses 
(érythème,  érysipèle,  variole,  etc.),  régnaient  cii  effet  à  cette  époque,  à  Ghoisy^ 
comme,  du  reste,  dans  plusieurs  hôpitaux  de  Paris,  ainsi  que  j'ai  pu  en  juger  . 
de  visu,  La  vaccination»  par  exemple,  était  souvent  l'occasion  de  véritables 
érysipèles  des  bras. 

Chez  l'un  comme  chez  l'autre,  l'action  du  soleil  sur  la  partie  malade  eut 
une  influence  nuisible.  C^était  surtout  le  souvenir  de  celte  influence  chez  le 
malade  de  1870  qui  m'avait  fait  recommander  à  celui  de  1874  d'éviter  cette 
action  du  soleil. 

Chez  l'un  comme  chez  l'autre,  les  accès  nerveux  fébriles  avaient  une  action 
marquée  sur  la  marche  intermittente  et  envahissante  de  la  dermatose.  Nul 
doute,  pour  moi,  que  si  le  premier  eût  été  dans  les  mêmes  conditions  hygié- 
niques et  diathésiques  que  le  second,  il  eût  pu,  comme  celui  ci,  voir  sa  derma- 
tose prendre  aussi  le  caractère  gangreneux. 

Chez  Tun  comme  chez  l'autre,  la  cessation  des  accès  de  lièvre  et  des  effets 
matériels  qui  en  résultaient  furent  dus  principalement,  sinon  entièrement,  à  la 
médication  quinique. 

Que  l'on  veuille  bien  me  permettre  d'ajouter  sommairement  deux  cas  iné- 
dits, dont  l'un,  ancien,  observé  en  Lorraine,  et  l'autre^  assez  récent,  recueilli 
àClioisy-le-Roi. 

Obs.  XIII.  —En  1865,  dans  un  village  des  Vosges,  tous  les  membres  d'une 
famille  composée  du  père,  de  la  mère  et  de  trois  enfants,  furent  atteints  en 
même  temps  de  ce  prurigo  général,  souvent  épidémique  dans  cette  contrée  et 
dont  il  m'est  arrivé  de  parler  dans  le  Journal  de  Bruxelles,  la  Gazette  médicale 
de  Strasbourg  et  ailieiM*s  encore.  Ce  prurigo,  pris  pour  la  gale  et  traité  au 
moyen  de  je  ne  sais  quelle  pommade  de  bonne-femme,  se  dissipa  plus  ou  moins 
complètement  et  assez  rapidement  chez  tons;  mais,  bientôt,  tous  aussi  eurent 
d'autres  accidents.  Je  ne  veux  parler  ici  que  de  ce  qu'a  offert  le  père,  homme 
d'une  quarantaine  d'années,  assez  fortement  constitué  et  habituellement  bien 
portant,  chez  qui  s'était  dissipé  le  plus  complètement  l'éruption  prurigineuse. 
Il  ne  tarda  pas  à  avoir,  dans  les  mâchoires,  des  douleurs  névralgiques  reve- 
nant par  accès  ;  puis,  se  montra  à  la  nuque  un  bouton  que  Ton  regarda  comme 
un  furoncle.  Il  s'accrut  rapidement,  tout  en  devenant  de  plus  en  plus  doulou- 
reux, en  même  temps  que  des  douleurs  semblables  à  celles  qui  -s'étaient  pro- 
duites aux  mâchoires  étaient  venues  siéger  à  la  région  occipito-cervicale.  Quand 
je  fus  demandé  auprès  de  cet  homme,  je  constatai  l'existence  d'un  anthrax 


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120  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

très-volumineux,  bosselé,  bleuâtre  et  dur  partout,  si  ce  n*est  en  un  point, 
où  je  sentis  un  peu  de  fluctuation.  Je  fis  en  ce  point  une  incision  qui 
ne  donna  issue  qu*à  un  peu  de  pus  séreux  mêlé  de  sang.  Aucun  soulagement 
ne  s'en  suivit  et^  le  lendemain  même,  je  me  proposais  d*agir  plus  énergique- 
ment,  quand,  interrogé  sur  le  type  de  ses  douleurs  et  du  mouvement  fébrile 
qui  les  accompagnait,  le  malade  me  dit  que,  supportables  pendant  une  grande 
partie  de  la  journée,  c'était  vers  la  même  heure  de  la  soirée  qu'elles  redeve- 
naient atroces  et  qu'en  même  temps  il  avait  beaucoup  de  fièvre.  Je  n'employai 
alors  aucun  moyen  local  et  me  bornai  à  faire  prendre  \e  sulfate  de  quinine  uni 
au  quinquina  dans  le  café  noir.  Dès  le  premier  jour  qui  suivit  le  commence- 
ment de  ce  traitement,  les  douleurs  occipjto-cervicales,  et,  notamment,  celles 
de  la  tumeur,  furent  moins  vives.  Au  bout  d'un  petit  nombre  de  jours  elles 
n'existaient  plus  guère  que  dans  celte  tumeur  même,  où  elles  ne  tardèrent 
même  pas  à  être  remplacées  par  des  douleurs  semblables  à  celles  d'un  abcès 
en  voie  de  formation.  La  tumeur  suppura  en  effet  tout  en  prenant  un  aspect 
meilleur,  et  le  malade,  dont  la  fièvre  aussi  avait  changé  de  nature,  ne  fut  pas 
longtemps  sans  être  guéri.  Je  crois  pouvoir  qualifier  d'anthrax  névralgique  ce 
cas,  que  je  viens  de  raconter  de  souvenir^  parce  que  son  histoire  détaillée  a 
disparu  dans  le  cataclysme  de  la  guerre. 

Obs.  XIV.  —  Au  commencement  de  janvier  1875,  à  Ghoisy-le-Roi^  un 
monsieur  de  60  ans,  non  diabétique,  habituellement  bien  portant,  mais  très- 
nerveux  et  qui  avait  eu  des  manifestations  herpétiques,  s'était  fait  venir, 
autour  du  cou,  une  éruption  au  moyen  de  l'emplâtre  thapsia  pour  remédier  à 
un  commencement  d'angine  catarrhate  bénigne,  bientôt,  en  effet,  dissipée, 
quand,  étant  sorti  au  milieu  de  la  nuit  par  un  temps  froid  et  pluvieux,  il  eut  le 
cou  mouillé,  la  nuque  particulièrement.  Rentré  bientôt  chez  lui,  il  fut  quelque 
temps  sans  pouvoir  se  réchauffer  dans  son  lit.  L'angine  ne  revint  pas  ;  mais, 
le  lendemain,  l'éruption  était  dissipée,  excepté  à  la  nuque  où  deux  ou  trois 
petits  boutons  causaient  un  prurit  plus  vif  qu'antérieurement,  ce  qui  fit  que 
ce  monsieur  ne  put  s'empêcher  de  se  gratter.  Un  de. ces  boutons  prit  bientôt 
les  proportions  d'un  furoncle,  et  comme  il  ne  tarda  pas  à  être  le  siège  d'élan- 
cements, de  sentiment  de  battements,  on  crut  qu'il  mûrissait.  Mais  il  n'en  était 
rien  :  la  petite  tumeur  conique,  surmontée  d'une  petite  vésicule  jaunâtre  s'ou- 
vrant  et  se  reformant  après  avoir  donné  issue  à  unpeu  de  sérosité  trouble,  cette 
petite  tumeur,  tantôt  très-saillante,  tantôt  déprimée  à  son  centre,  reposait  sur 
une  base  d'une  grande  dureté  et  qui  prenait  un  accroissement  progressif  et 
rapide,  tout  en  étant  intermittent.  Les  douleurs  subissaient  les  mêmes  fluctua- 
tions :  tantôt,  en  effet,  elles  étaient  faibles  et  semblables  à  celles  que  causent 
un  furoncle  bénin  ;  tantôt,  au  contraire,  elles  devenaient  insupportables. 

Au  bout  de  quelques  jours  de  cet  état  variablei  et  après  avoir  employé  divers 
moyens  locaux,  j'eus  l'idée,  un  matin,  au  déclin  d'un  paroxysme,  ayant  com- 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  i'2i 

mencédans  la  nuit,  de  badigeonner  la  nuque  avec  le  collodion  riciné,  enduit 
imperméable  souvent  appliqué,  depuis  quelques  années,  comme  Ton  sait,  sur 
diverses  inflammations,  divers  engorgements,  et  dont  Tapplication  sur  l'abdo- 
men dans  plusieurs  circonstances  différentes  m*a  rendu  de  grands  services. 
Chez  le  malade  en  question,  il  fit  merveille,  pour  un  certain  nombres  d'heures 
toutefois. 

Après  le  sentiment  de  froid  local  résultant  de  Tévaporation  de  Téther, 
vint  un  sentiment  de  compression  supportable,  bientôt  accompagné  de  la  dis- 
parition complète  des  douleurs,  en  même  temps  que  Tengorgement  dur  qui 
servait  de  base  au  furoncle  diminuait  à  tel  point  que,  au  bout  de  peu  d'heures, 
il  avait  perdu  plus  de  la  moitié  de. son  volume.  La  partie  habituellement  plus 
ou  moins  hypéresthésiée,  supportait  alors  une  forte  pression  des  doigts  et  le 
malade  pouvait  relever  la  léte,  que,  auparavant,  il  était  obligé  de  tenir  plus  ou 
moins  baissée.  N*ayant  pas  encore  été  aussi  bien,  il  se  coucha  en  souriant  à 
ridée  d'une  toute  prochaine  et  complète  guérison  et  s'endormit.  Mais,  vers  le 
milieu  de  la  nuit,  il  fut  brusquement  réveillé  par  des  douleurs  au  côté  gauche 
du  cou,  douleurs  qu'il  n'avait  pas  encore  éprouvées,  qui  s'étendaient  jusqu'à  la 
clavicule  et  s'accompagnaient  d'une  sorte  de  crampe,  de  tétanie,  entraînant 
l'ioclinaison  de  la  télé  de  ce  côté.  En  même  temps  eut  lieu,  à  Tendroil 
de  la  tumeur,  un  sentiment  de  conslriction  tellement  insupportable,  que,  dès 
le  matin,  il  fallut  lever  cette  espèce  d'étranglement  en  enlevant  le  plus  possible 
cet  enduit  Assuré  en  certains  points  par  la  nouvelle  augmentation  de  volume  de 
la  tumeur,  redevenue  excessivement  sensible  au  loucher  et  qui  offrait  une  nou- 
velle vésicule  à  côté  du  point  qu!avait  occupé  la  première.  Il  était,  alors,  bien 
évident  qu'il  fallait  renoncer  aussi  a  ce  moyen  local  et  recourir  à  la  médica- 
tion anti-périodique.  Au  milieu  de  la  journée  le  malade,  considérablement  sou- 
lagé, mais  qui  était  moins  bien^  cependant  que  la  veille  à  pareille  heure,  prit, 
dans  le  café  noir,  un  mélange  de  sulfate  de  quinine  (dO  centigrammes)  et  de 
quinquina  (4  grammes).  La  nuil suivante  fut  moins  mauvaise  que  la  précédente; 
les  douleurs  s'étaient  reportées  et  conGnées  de  nouveau  dans  la  tumeur  un  peu 
diminuée.  La  continuation  du  même  et  unique  traitement  pendant  six  jours, 
amena  la  continuation  de  la  décroissance  des  paroxysmes  ou  accès,  qui  cepen- 
dant n'avaient  pas  toujours  lieu  la  nuit,  et  de  la  tumeur  laquelle,  au  bout  de 
huit  jours,  avait  de  nouveau  l'aspect  d'un  simple  fuconcle^  mais  à  sa  période 
de  guérison.  Alors,  au  lieu  d'une  chaleur  nocturne  sèche,  le  malade  avait,  la 
nuit,  une  bonne  moiteur,  une  moiteur  critique. 

Outre  la  périodicité  du  trouble  nerveux  fébrile  entraînant,  comme  dans  les 
cas  précédents,  et  comme  particulièrement  dans  celui  de  D...,  l'augmentation 
de  la  lésion  matérielle,  avec  tendance  à  la  dégénérescence  de  celle-ci,  il  y  a 
dans  ce  dernier  cas,  comme  point  saillant,  la  manière  dont  a  agi  le  collodion 
rteiné.  Après  avoir  paru  trèS'Utile,  il  a  été  manifestement  nuisible  :  il  a  pro- 

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i  -n  M  ÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

duit  une  sorte  de  métastase  nerveuse  en  empêchant  en  partie  la  manifestation 
morbide  périodique  sur  le  point  habituel.  Je  me  crois  en  droit  de  penser  que, 
si  j*en  eusse  continué  exclusivement  l'usage,  les  accidents  névralgiques  tétani- 
formes,  relativement  légers,  il  est  vrai,  auraient,  non-seulement  continué,  mais 
pu  aussi  devenir  graves,  comme  je  me  crois  également  en  droit  de  penser  que, 
sans  la  médication  anti  périodique,  le  furoncle  aurait  pu  aboutira  un  anthrax 
malin. 

Je  voudrais  encore  envisager  le  cas  de  D...  sous  d'autres  points  de  vue;  mais 
mon  article  a  déjà  pris  des  proportions  que  y,  ne  voulais  pas  lui  donner 
d'abord. 

Un  mot  encore,  cependant,  pour  finir  cet  article  : 

C'est  l'extrait  d'une  note  que,  en  i875,  dans  la  séance  du  3  avril,  sous  le 
titre  :  De  la  perniciosilé  à  Paris^  j'ai  lue  à  la'  Société  de  médecine  pratique,  et 
quia  été  publiée  la  même  année  dans  le  Bulletin  de  cette  Société  et  dans  le 
Courrier  médical  : 

«  Plusieurs  de  nos  confrères  de  Paris  semblent  étonnés  que  j'observe  la  per- 
niciosité  à  Ghoisy-le  Roi,  qui  n'est  qu'à  10  kilomètres  de  la  capitale.  A  mon 
tour,  je  suis  étonné  aussi  que  ces  honorables  et  savants  praticiens  ne  rencon- 
trent pas,  dans  cette  grande  ville,  cet  élément  qui,  pourtant,  n'y  est  pas  rare, 
chose  que  suffirait  à  montrer  une  lettre,  en  date  du  29  octobre  1871,  dont  m'a 
honoré  un  des  plus  vénérables  et  des  plus  savants  médecins  de  Paris.  Voici  un 
extrait  de  cette  lettre  (elle  est  de  Guérard,  membrede  l'Académie  de  médecine, 
mort  en  1874),  et  qui  était  aussi  président  de  la  Société  de  médecine  légale,  à 
laquelle  j'ai  également  l'honneur  d'appartenir  comme  correspondant  : 

c  C'est  dans  l'automne  de  1832,  que  j'ai  eu,  pour  la  première  fois,  occasion 
d'observer,  à  Paris,  la  fièvre  intermittente.  Je  venais  de  m*installer  dansun  nou- 
veau logement,  et  là,  je  fus  atteint  de  cette  fièvre.  Les  accès  se  reproduisirent 
fréquemment  pendant  tout  le  temps  que  j'occupai  ce  logement,  c'est-à-dire  six 
ans.  Je  constatai,  dans  la  même  maison,  à  différents  étages,  le  développement 
d'âccès  périodiques  plus  ou  moins  tranchés,  et,  dans  un  cas,  une  fièvre  perni- 
cieuse qui  enleva  le  malade  en  trois  jours  environ.  Mon  attention  étant  fixée 
sur  cette  fréquence  des  fièvres  d'accès  à  Paris,  je  me  trouvai  d'autant  plus  sou- 
vent à  même  de  les  reconnaître,  qu'elles  se  montrent  le  plus  ordinairement 
sous  forme  larvée,  et  que  je  les  redoute  toujours. 

Le  sulfate  de  quinine  en  a  fait  toujours  justice.  Dès  lors,  je  professai  celte 
doctrine  de  la  fréquence  des  fièvres  intermittentes  à  Paris,  tant  à  ma  clinique 
d'hôpital  que  dans  diverses  discussions  privées.  En  1847,  à  la  fin  de  mai,  je 
fu&subitement  atteint  d'une  fièvre  pernicieuse  pneumonique  qui  mit  mes  jours 
en  danger.  Mais,  comme  j'avalai  de  suite  un  gramme  de  sulfate  de  quinine,  la 
maladie  fut  enrayée  dans  sa  marche  et  j'en  fus  quitte  pour  un  état  typhoïde 
des  plus  gravfs. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  123 

Ost  à  pHrlir  de  cette  maladie^  que  j'en  vins  A  reconnoilre  et  à  poser  en 
principe  que  la  forme  dite  grave  d'une  foule  de  maladies  locales  ou  générales 
est  due  à  une  complication  de  ces  mêmes  maladies  avec  une  Oèvreà  quinquina^ 
qui,  d'ailleurs,  peut  se  manifester  sans  lésion  locale  ^t  amener  promptemenl 
une  terminaison  funeste. 

J'ai  lu,  à  l'Académie  de  médecine  en  186î>,  sur  ce  sujet,  une  note  détaillée. 
Dix-huit  ans  auparavant,  des  notes  recueillies  à  mon  service  par  Rognetla,  et 
relatives  au  même  sujet,  avaient  paru  dans  \es  Annales  de  thérapeutique  médi- 
cale^  chirurgicale  et  de  toxicologie.  J'ajouterai  que  Mongellaz,  bien  avant  moi, 
dans  sa  monographie  des  irritations  intermittentes,  avait  parlé  de  faits  de  cet 
ordre  à  Paris.  » 

J'ai  fait  suivre  cet  extrait,  cette  lettre  de  mon  savant  et  regretté  maître,  je 
l'ai  fait  suivre  de  ceci  : 

«  A  ma  connaissance^  d'autres  médecins  de  Paris,  parmi  lesquels  j'indiquerai 
le  regretté  Marcha)  (de  Gaivi),  MM.  de  Robert  de  Lalour,  Carrière,  Briquet  et 
Arsène  Drouet  (l'auteur  de  la  doctrine  de  l'emploi  du  collodion  riciné  sur  l'ab- 
domen comme  agent  de  recalorification  et  de  sudation  générales)  ont  aussi  ren- 
contré la  perniciosité.  Ce  dernier,  en  i871,  en  me  faisant  voir,  dans  son  quar- 
tier (rue  Monsieur-le-Prince),un  homme  qui  venait  d'avoir  des  accès  pernicieux 
à  forme  dyspnéique,  parfaitement  périodiques  et  promptement  réprimés  par  le 
sulfate  de  quinine^  me  raconta  que,  peu  d'années  auparavant,  alors  qu'il  était 
médecin  au  Grand  Montrouge,  qui  est  tout  près  de  Paris,  il  y  avait  vu  et  traité 
avec  le  même  succès,  des  cas  de  flèvres  pernicieuses. 

Si,  en  temps  ordinaire,  la  perniciosité  n'a  point  été  rare  à  Paris,  on  peut, 
je  crois,  raisonnablement  penser  que  le  chiffre  a  dû  en  être  accru  dans  ces  der- 
nières années,  où  se  sont  produites  d'exceptionnelles  et  puissantes  circon- 
stances étiologiques  :  les  deux  guerres  (celle  des  Prussiens  et  celle  de  la  Com- 
mune) les  deux  sièges  de  4870-74,  et  les  trois  débordements,  presque  coup  sur 
coup,  de  la  Seine  dans  l'hiver  1872-1873,  débordements  qui,  par  des  pluies 
interrompues  seulement  par  de  rares,  courtes,  mais  brusques  et  assez  fortes 
gelées,  et  des  coups  de  soleil  presque  printanier,  ont  laissé  de  véritables  marais 
dans  la  banlieue 

Le  sujet  étant  d'une  importance  capitale  au  point  de  vue  de  la  pratique,  je 
me  permettrai  de  demander  à  mes  savants  collègues  de  la  Société  de  médecine 
pratique  ce  qu'ils  ont  observé  en  ce  sens;  je  leur  demanderai,  notamment,  s'ils 
ont  rencontré,  de  temps  en  temps  : 

1°  Chose  qui  me  semble  être  assez  commune  à  Choisy  le-Roi  et  que  j'ai  si 
longtemps  observé  avec  une  grande  fréquence  en  Lorraine,  l'alternanc^  par- 
fois parfaitement  périodique,  de  perturbations  pyrcliques  névralgiques  ou 
rumatismales  superficielles,  avec  des  perturbations  profondes  compromettant 
rapidement  Texislence  ; 


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124 


REVUfc:  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


2^  Chose  que  j*ai  également  vue  très-souvent  dans  la  Meurlhe  et  les  Vosges, 
et  qu'il  n'est  pis  très-rare,  non  plus,  de  rencontrer  à  Choisy,  des  fièvres 
typhoïdes  entrecoupées  de  violents  paroxysmes  ou  d*accès,  qui,  parfois  aussi 
parfHilemenl  périodique^,  leur  impriment  une  marche  galopante  et  font  que 
le  malade  est  brusquement  emporlé  alors  que  Ton  n'avait  encore  conçu  aucune 
inquiétude  ou  qu'on  le  croyait  sauvé. 

C'est  parce  que  j'ai  eu  de  ces  cruelles  déceptions  que,  depuis  longtemps,  je 
ne  vois  plus  un  malade  sans  le  questionner  ou  sans  questionner  son  entourage 
minutieusement  au  point  de  vue  des  paroxysmes  oudes.accës,au  point  de  vuede 
leur  type,  des  changements  de  la  localisation  nerveuse,  laquelle,  tout  récem- 
ment encore,  chez  un  petit  garçon  très  gravement  malade  et  qui  a  été  sauvé  par 
les  préparations  de  quinquina  et  le  vin,  j'ai  vue  affecter  successivement,  pour 
ainsi  dire  toutes  les  couches  de  l'organisme. 

Plus  j'avance  dans  cet  immense  champ  d'observation,  plus  j'y  trouve  d'in- 
térêt, lequel  vient,  surtout,  de  cette  circonstance,  que  je  retrouve  ici  absolu- 
ment ce  que  j'ai  constaté  dans  mon  ancienne  clientèle  et  dans  un  climat 
cependant  différent  de  celui  des  environs  de  Paris.  » 

Plusieurs  membres  de  la  Société  disent  qu'ils  avaient  vu,  en  effet,  assez  sou* 
vent  ri n terra ittence  à  Paris. 


M.  RKVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


niédecloe    et    Chirurgie. 


Physiologie  animale.  —  Des  oauses 
de  la  coagulation  spontanée  du  sang  à 
son  issue  de  Torganisme.  Note  de  M.  F. 
GLENÂRD.  —  Lorsque  sur  un  animal  vi- 
vant (solipèdes,  ruminants,  etc.)  on  enlève 
un  segment  artériel  ou  veineux  plein  de 
sang  et  qu'on  le  conserve  à  Pair,  W.  sang  ne 
s*y  coagule  pas,  quelle  que  soit  la  capacité 
du  segment.  Après  un  temps  variable^  en 
relation  avec  le  volume  du  vaisseau  et  la 
masse  du  sang  conservé,  le  segment  sèche 
au  point  d'offrir  la  consistance  de  la  corne. 
Si,  a  cet  état^  on  reprend  le  sang  ainsi 
transformé  par  la  dessiccation  en  une  masse 
cireuse  ou  même  pulvérulente^  et  qu*on 
le  désagrège  dans  Teau,  il  s*y  dissout,  et 
cette  solution  est  susceptible  de  se  coagu- 
ler SDontanément  en  tuasse,  même  après 
filtralion. 

Le  retard  delà  coagulation  spontanée  est 
en  raison  directe  de  la  concentration  du 
sang  ;  dans  Texpérience  précédente,  si  Ton 


s'oppose  à  révapomtion,  le  sang  se  coagule 
spontanément  dans  son  segment,  mais  ce 
n*est  qu'au  bout  de  douze  n  quinze  heures 
après  son  issue  de  Tanimal^  et  non  après 
cinq  à  dix  minutes,  comme  lorsqu'on  le 
reçoit  dans  la  palette. 

La  coagulation  du  sang  de  la  saignée 
dans  la  palette  est  causée  par  le  contact  du 
corps  étranger.  ^ 

La  seule  expérience,  en  effet,  dans  la- 
quelle on  voit  constamment  le  sang  issu 
de  l'organisme  se  maintenir  fluide  pendant 
douze  heures  au  moins,  sans  l'intervention 
d'agents  physiques  ou  chimiques  artificiels 
(comme  le  froid  ou  les  solutions  alcalines), 
est  celle  qui  consiste  à  le  garantir  du  con- 
tact des  corps  étrangers. 

L'influence  coagulatrice  du  contact  des 
corps  étrangers  est  d'autant  moins  grande 
que,  par  leur  sir ucture  physique ^  ces  corps 
étrangers  se  rapprochent  davantage  de  lit 
structure  physique  des  vaisseaux. 


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KBVDh  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUR. 


425 


A  part  le  contact  des  corps  étrangers, 
aucune  des  conditions  nouvelles  au  milieu 
desquelles  se  trouve  le  sang  à  son  issue  de 
Forganismc  n*est  capable;  par  clle-mênie 
ou  par  sa  combinaison  avec  les  autres^  de 
déterminer  la  coagulalion.  La  coagulation, 
pas  plus  que  la  fluidité  du  sang,  ne  sont 
dues  normalement  k  une  intervention  ga- 
zeuse de  nature  chimique  par  défaut  ou 
par  excès. 

Le  sang  renfermé  dans  son  segriïent  et 
isolé  de  Tanimal  pcul-étre  imprégné  jl'acide 
carbonique,  d*oxygène.  môme  diacide  sulf- 
hydriquc,  sans  se  coaguler,  sans  perdre 
sa  coagulabilité  qu*il  manifestera  Iorsqu*on 
videra  le  sang  dans  la  palette  (contact 
étranger). 

Le  sang  conservé  dans  son  segment  est 
revivifiant  tant  qu'il  est  fluide,  et  du  sang 
de  bœuf  peut;  sept  heures  après  son  issue 
de  Torganisme,  être  appliqué  avec  succès 
à  une  transfusion  chez  un  chien  saigné  à 
blanc. 

Le  sang  est  vivant  tant  qu'il' est  coagu> 
lable  spontanément.  La  coagulation  est  la 
mort  du  sang.  La  coagulabilité  csl  enrayée, 
mais  non  détruite,  par  la  concentration 
du  sang,  de  même  que  les  manifestations 
de  la  vie  sont  suspendues  par  la  dessicca- 
tion, chez  les  tardigrades  et  les  rotifères  ; 
dans  les  deux  cas,  Taddilion  d'eau  resti- 
tuera les  conditions  physico- chimiques 
nécessaires  aux  uns  pour  faire  acte  de  vie, 
à  Tautre  pour  se  coaguler  spontanément. 
(Gazette  médicale  de  Paris.) 


Un  oas  mortel  d*aoétonémie  chez  une 
femme  diabétique  ;  observation  du  pro- 
fesseur BERTI.  —  (î.  R...,  de  Venise, 
âgée  de  trente-un  ans,  a  toujours  eu  une 
bonne  santé.  Réglée  à  dix-sept  ans,  elle  a 
eu  quatre  enfants,  toujours  bien  portants, 
excepté  le  dernier,  âgé  de  trois  ans^  qui  a 
souffert  pendant  deux  mois  d*une  fièvre 
tierce.  La  menstruation,  qui  avait  toujours 
été  régulière,  a  disparu  depuis  le  mois 
d'août  i873.  Le  début  de  la  maladie  re- 
monte au  mois  de  juin.  Soif  vive  et  polyu- 
rie;  plus  tard,  une  faim  vorace,  avec 
amaigrissement  progressif  marqué.  La  ma- 
lade entra  à  Thôpital  le  27  novembre 
1873. 

A  ce  moment,  elle  était  amaigrie  et  ané- 
miée. Les  régions  sous-claviculaire  vt  sus- 
épineuse  droites  présentaient  une  moindre 
élasticité  et  une  moindre  sonorité.  A  Taus- 
cultatioui  une  inspiration  rude  avec  râles 


sous-crépitants,  Texpiration  prolongée 
avec  résonnance  vocale.  Ailleurs,  des 
râles  sonores,  secs  et  rien  de  pliis.  L'exa- 
men des  autres  organes  donna  des  résul- 
tats absolument  négatifs.  Les  dents  étaient 
cariées,  Thaleine  fétide.  Les  urines  abon- 
dantes, limpides,  du  poids  spécifique  de 
1,060,  contenant  50  grammes  de  sucre 
par  litre.  La  peau  était  sèchC;  aride.  Ja- 
mais aucune  transpiration.  Prurit  des 
organes  génitaux.  Troubles  de  la  vision. 
Les  fonctions  inlcllectuelles  sont  absolu- 
ment conservées. 

Cet  état  se  maintint  pendant  quatre 
jours.  La' température  oscillait  entre  37^,5 
et  58'»,i  ;  les  urines,  entre  quatre  et  cinq 
litres  par  vingt-quatre  heures.  Aucune 
trace  d'albumine.  La  sucre  dans  la  même 
proportion  que  le  premier  jour. 

Dans  la  nuit  qui  suivit  ce  quatrième 
jour,  la  malade  fut  brusquement  atteinte 
de  dyspnée  grave,  avec  langue  sèche, 
éructations  et  douleurs  abdominales  j  le 
médecin  de  garde  prescrivit  un  mélange 
calmant  avec  lavement  purgatif.  Le  len- 
demain matin,  je  trouvai  cette  femme 
dans  un  coma  profond  dont  rien  ne  pouvait 
la  tirer  ;  de  temps  en  temps  elle  poussait 
un  cri  aigu,  en  portant  la  main  à  la  tête. 
Les  yeux  étaient  fermes,  les  pupilles  dila- 
tées et  insensibles  à  la  lumière  ;  la  sensibi- 
lité et  la  motililé  abolies,  de  même  que  les 
mouvements  réflexes.  La  respiration  fré- 
quente, ronflante.  Toute  miction  suppri- 
mée. La  sonde  introduite  dans  la  vessie 
n'amène  rien.  Plus  tardl  elle  fournit  100 
grammes  environ  de  liquide.  Cette  urine 
contenait  beaucoup  de  sucre,  mais  aucune 
trace  d'albumine.  Au  microscope  on  y 
trouvait  quelques  cellules  .  épithéliales, 
quelques  globules  sanguins  et  rien  d'autre. 
A  ces  symptômes  s'en  joignait  un  autre 
très-éloquent  :  c'était  une  odeur  élhérée, 
presque  de  chloroforme,  qu'exhalait  la 
malade. 

D'où  provenait  cet  ensemble  de  symptô 
mes  si  menaçants,  et  que  rien,  dans  les 
antécédents  de  la  malade,  ne  parai.«sail 
expliquer?  L^anuric  provient-elle  d'une 
urémie?  —  Non,  car  il  n'y  avait  pas  de  lé- 
sion des  reins,  et  l'urémie  ne  saurait 
exister  si  les  reins  sécrètent  normalement, 
ou  si  l'urine  n'est  pas  retenue  et  résorbée 
dans  la  vessie.  Rien  de  semblable  n'existait 
ici.  De  plus,  on  voit  dans  l'urémie  sur- 
venir des  convulsions  épileptiformes  entre 
les  périodes  de  coma.  Ici,  pas  de  convul- 
sions. 


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426 


KEVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Le  symptôme  caractéristique  qui  nous  a 
mis  sur  la  voie  est  cette  odeur  éthérée, 
spéciale,  laquelle  devait  certainement  être 
produite  par  la  présence  de  Tacétone  dans 
le  sang,  accident  assez  fréquent,  mais  à  un 
moindre  degré  chez  les  diabétiques.  Ce  fait 
reconnu,  nous  employâmes  les  révulsifs  et 
les  purgatifs  drastiques,  le  tout  en  vain. 
La  malade  mourut  vingt-quatre  heures 
après. 

L'autopsie  a  conOrmé  le  diagnostic. 
Voici  ses  résultats  :  Congestion  sanguine 
des  sinus  de  la  dure-mère  cl  des  veines  des 
méninges.  Accumulation  de  sérum  dans 
l'arachnoïde  et  les  ventricules.  Substance 
cérébrale  un  peu  ramollie.  Poumons  con- 
gestionnés, œdématiés;  le  sommet  droit 
est  induré  et  peu  perméable  à  Tair.  Le 
cœur  est  petit,  contracté.  Le  foie  est  con- 
gestionné, la  raie  saine,  les  reins  sont  ané- 
miques mais  non  altérés  dans  leur  struc- 
ture anatomique;  la  vessie  est  vide,  et 
l'on  trouve  sur  ses  parois  des  ecchymoses 
de  dimension  variée  jusqu'à  3  centimètres 
de  diamètre.  La  muqueuse  de  l'estomac 
est  presque  noire.  Les  autres  organes  sont 
sains.  L'odeur  d'acétone  s'échappe  de 
toutes  les  cavités  ouvertes,  y  compris  celles 
de  la  tête. 

Pour  constater  avec  plus  de  certitude  la 
présence  de  Pacétone  et  du  sucre  dans  le 
cadavre,  nous  primes  un  peu  de  sang  dans 
le  ventricule  droit  du  cœur,  un  morceau 
du  cerveau,  un  autre  du  foie,  un  autre  des 
reins,  et  nous  donnâmes  le  tout  au  profes- 
seur G.  Bizio,  avec  prière  d'examiner  chi- 
miquement ces  différentes  parties.  Voici  les 
résultats  obtenus  :  «  Une  portion  de  cha- 
cun de  ces  fragments^  mise  dans  l'eau,  fut 
isolément  soumise  à  la  distillation  et  le 
produit  recueilli  dans  un  flacon  entouré  de 
glace.  L'odeur  d'acétone  était  évidente 
dans  chacun  des  quatre  flacons.  J'ajoutai 
au  liquide  ainsi  obtenu  du  chlorure  de 
calcium  jusqu'à  saturation.  Je  repris  avec 
du  papier  mou  la  mince  couche  liquide  qui 
surnageait,  et  la  distillai  de  nouveau  après 
l'avoir  additionnée  d'un  peu  d'eau.  Je  fis 
passer  un  courant  de  gaz  ammoniacal  à 
travers  le  liquide  obtenu,  j'y  ajoutai  du 
sulfure  de  carbone,  et  abandonnai  le  tout 
dans  des  verres  de  montre  couverts.  Cha- 
cun des  essais,  examiné  deux  jours  après 
avec  une  lentille^  contenait  des  cristaux 
très  nets,  qui  précipitaient  en  jaune  par  le 
chlorure  de  platine.  Cette  expérience  con- 
firmait la  présence  de  l'acétone  dans  cha- 
cune  des   parties   examinées.   Quant   au 


sucre,  la  liqueur  de  Schling  démontra  sa 
présence  dans  chaque  fragment  soumis  à 
l'analyse.  »  Il  s'agissait  donc  bien  ici  d'un 
empoisonnement  aigu  par  l'acétone,  et  ce 
cas  peut  être  rapproché  de  celui  de  Peters. 
L'appareil  symptomatologique  avait  été 
exactement  celui  que  décrit  Cantani  dans 
sa  belle  monographie;  comme  quatrième 
et  extrême  degré  de  l'empoisonnement  ace- 
tonique.  «  A  ce  degré,  les  malades  gisent 
sans  conscience  d'eux-mêmes,  et  présentent 
tout  à  fait  l'aspect  d'un  chloroformisé. 
L'odeur  d'acétone  est  ordinairement  très- 
sensible  dans  le  lit  et  dans  les  urines.  La 
faiblesse  musculaire  est  absolue,  les  pupil- 
les n'ont  aucune  réaction.  Le  ventre  est 
météorisé  par  paralysie  des  intestins.  La 
sécrétion  rénale  est  supprimée,  les  mu- 
queuses se  dessèchent  ;  la  peau  ne  répond 
pas  aux  révulsifs  ou  le  fait  tardivement  ;  le 
pouls  devient  faible  et  débile  ;  enfin  la  vie 
s^éleint.  On  peut  dire  que,  dans  ces  cas,  il 
y  a  une  véritable  paralysie  générale  du  sys- 
tème animal  et  végétatif  due  à  la  vertu 
narcotisante  de  l'acétone  produite  en  excès 
dans  Torganisme  lui-même. 

(Lyon  médical,) 


La  théorie  tellurique  de  la  dissémina  • 
tien  du  choléra,  par  Max  de  PETTEN- 
KOFER.  —  Déjà  en  1849,  Fourcaut  avait 
entrevu  un  rapport  possible  entre  la  com- 
position géologique  et  le  choléra.  Mais 
Pettenkofer,  par  l'importance  de  ses 
recherches,  a  fait  sienne  cette  question. 
Ce  sont  les  conditions  physiques  seules  qui 
sont  à  considérer  ici  ;  c'est  l'état  de  pof(h- 
site  plus  ou  moins  grand  d'un  terrain  qui 
le  rend  plus  ou  moins  apte  à  recevoir  et  n 
développer  le  choléra.  Mais  le  rôle^des 
eaux  souterraines  n*est  pas  d'une  moindre 
importance.  Le  sol  cholérique  est  d'une 
humidité  moyenne,  et  le  moment  où  la 
nappe  d'eau  souterraine  accidentellement 
élevée  se  relire  est  le  plus  favorable  à  la 
culture  du  miasme  cholérique.  Les  belles 
recherches  du  docteur  Cunningham  (1872) 
aux  Indes  sont  favorables  aux  idées  de 
Pettenkofer.  Pour  l'un  et  l'autre  les  per- 
turbations atmosphériques  sont  un  élé- 
ment à  négliger;  la  contagion  est  d'ordre 
secondaire;  ce  que  l'on  peut  dire,  c'est 
seulement  que  du  contact  des  hommes 
avec  les  localités  affectées,  il  se  dégage  un 
élément  inconnu  qui,  transporté  dans  des 
lieux  où  il  rencontre  les  conditions  locales 
et   temporaires  favorables,    peut  amener 


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RKVUli  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


127 


l'explosion  des  épidémies.  Tel  est  le  rôle 
delà  contagion;  ainsi  le  germe  cholérique 
peut  voyager  avec  Thomme  et  être  dissé- 
miné pour  se  fixer  là  où  il  trouve  les  qua- 
lités telluriques  et  climatériques  voulues. 
Cunuingbam  et  Pettenkofcr  ne  reconnais- 
sent aucune  importance,  au  point  de  vue 
de  révolution  endémique,  à  la  contamina- 
tion des  eaux  potables  par  les  déjections 
cholériquf's.  {Ibid.) 


Des  bains  chauds,  par  M.  LÂSÈGUE. 
—  L*auteur  les  a  employés  surtout  dans  le 
rhumatisme  articulaire  chronique.  Deux 
seules  formes  de  bain  chaud  sont  utiles,  le 
bain  à  température  constante  35"  ou  56**, 
et  le  bain  à  température  progressivement 
croissante,  la  température  initiale  étant  SS*" 
ou  36®,  la  température  terminale  de  40«  à 
46**  ;  réiévation  doit  se  faire  environ  toutes 
les  cinq  minutes,  être  de  deux  degrés  à 
peu  près  ;  la  durée  du  bain  sera  de  vingt 
minutes.  Le  thermomètre  ne  doit  pas  ces- 
ser d'être  consulté  un  seul  moment,  parce 
qu'il  n'y  a  pas  de  contre-indication  pos- 
sible dans  les  sensations  éprouvées  par  le 
malade. 

Si  Ton  en  croit  M.  Lasègue,  il  est  impos- 
sible de  dire  Teffet  physiologique  du  bain  ; 
aussi  au  point  de  vue  thérapeutique  se  con- 
tente-t-il  de  dire  qu'il  guérit. 

Le  bain  à  température  constante  est 
essentiellement  calmant;  M.  Lasègue  re- 
pousse énergiquement  le  bain  à  tempéra- 
ture décroissante,  qui  ne  laisse  après  lui 
que  de  la  fatigue  et  du  malaise.  Mais  le 
bain  à  température  croissante  n'est  pas 
moins  calmant  si  la  température  initiale 
étant  35°  à  36°,  la  chaleur  de  Tcau  est 
élevée  avec  lenteur;  il  Test  surtout  pour 
les  organes  du  i>as-ventre.  Lorsqu'il  y  a 
angoisse  dyspnéique,  celle-ci  est  unique- 
ment le  résultat  de  l'atmosphère  de  vapeur 
qui  entoure  le  malade,  de  l'impression 
désagréable  qu'en  éprouve  le  visage, 
impression  désagréable  qu'il  faut  combat- 
tre, soit  en  élevant  la  température  de  la 
pièce,  soit  en  épongeant  le  visage  du  ma- 
lade, soit  en  couvrant  la  baignoire.  L'effet 
sudoral  du  bain  à  température  croissante 
est  souvent  nul,  et  n'est  pas  recherché  par 
M.  Lasègue,  qui  parait  se  plaire  à  rejeter 
tout«  explication  physiologique  de  l'action 
utile  du  bain  chaud,  et  même  oublier  pres- 
quesa  vertu  calman'tc.Pourluile  bain  chaud 
soulage  le  rhumatisme  chronique,  parce 
qu'il  a  la  propriété  de  soulager,  sinon  de 


guérir  le  rhumatisme  chronique.  On  ne 
peut  même  dire  ici  action  spécifique,  puis- 
que la  spécificité* d'un  médicament  suppose 
une  propriété  curative  absolue  possible, 
sinon  certaine. 

M.  Lasègue  rapporte  en  passant  un  fait 
bien  intéressant  au  point  de  vue  de  cette 
action  physiologique  du  bain  chaud  dont  il 
ne  veut  pas  entendre  parler.  Il  s'agit  d'une 
hystérique  atteinte  de  contracture  perma- 
nente rebelle  à  tout  traitement,  complète- 
ment anesthésique,  et  atteinte  de  palpita- 
tions. Il  voulut  essayer  des  bains  chauds. 
Lu  température  initiale  du  bain  fut  de  38<>; 
elle  fut  élevée  successivement  jusqu'à  48**. 
Eh  bien,  il  ne  se  produisit  nul  effet  physio- 
logique apparent  ;  le  pouls  ne  fut  pas  accé- 
léré, le  cœur  ne  battit  pas  plus  violemment. 
La  conclusion  est  facile  à  tirer;  il  est  évident 
qu'il  parait  prouver  l'intervention  du  sys- 
tème nerveux  cutané  dans  les  effets  pro- 
duits par  les  bains.  M.  Lasègue  oublie  de 
nous  dire  ce  qu'est  devenue  la  contracture 
de  sa  malade. 

Arrivons  aux  essais  thérapeutiques  de 
l'auteur,  bien  convaincu  aujourd'hui  que 
réiément  chaleur  est  l'élément  capital  d'un 
bain  minéral  ou  non.  Il  y  a,  dit-il,  après 
le  bain  surchauffé,  production  d'un  véri- 
table bien-être  local  et  général,  la  raideur 
articulaire  s'atténue,  les  jointures  sont 
moins  empâtées,  les  mouvements  moins 
pénibles.  Durée  du  bain,  vingt  minutes, 
un  tous  les  deux  jours.  Le  bain  est  toléré 
même  pendant  la  fluxion  douloureuse,  mais 
il  n'a  son  effet  véritablement  utile  qu3  pen- 
dant la  rémission*.  Il  s'adresse  surtout  aux 
cas  où  les  articulations  prises  sont  peu 
nombreuses  et  simplement  douloureuses 
^u  rigides,  alors  que  les  fluxions  ne  se 
produisent  plus. 

Les  bains  surchauffés,  car  ce  sont  eux 
que  M.  Lasègue  a  surtout  employés,  sont 
encore  indiqués  dans  les  affections  abdo- 
minales, principalement  les  diarrhées 
chroniques;  ils  lui  ont  même  semblé  amé- 
liorer des  bronchites  chroniques  rebelles. 
Un  de  ses  élèves  a  déjà  publié  un  travail 
sur  les  bains  tièdes  chez  les  phlhisiques. 
Enfin,  son  chef  de  clinique.  M.  Landrieux, 
a  arrêté  des  métrorrhagies  tenaces  sans  lé- 
sions organiques  avec  des  bains  surchauf- 
fés. Malgaigne  a  insisté  d'ailleurs  sur  ce 
moyen  antimétrorrbagique.  {Ibid.) 


Recherches  physiologiques    et  théra- 
peutiques sur  la  piorotoxine^  —  Le  doc- 


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V2S 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


leur  Planât  (de  Vollore- Ville)  ,  dans  un 
mémoire  fort  remarquable  couronné  par 
TAcadémie  de  médecine,  a  étudié  Faction 
de  rai«:aloïde  extrait  de  la  coque  du  Levant, 
qui  eât  le  fruit  d'une  ménispenuéc  de 
rinde  [Cocculus  suberosus).  Voici  les  prin- 
cipaux  phénomènes  que  détermine  Tadmi- 
nistration  de  la  picrotoxine  : 

De  nombreuses  expériences  ont  été  faites 
sur  plusieurs  variétés  animales  ;  la  picro- 
toxine  a  été  absorbée  par  le  tube  digestif  et 
les  tissus  sous- cutanés.  Les  résultats  pro- 
duits par  ces  deux  modes  ont  été  identiques, 
à  rintensité  près.  Les  mollusques  se  sont 
montrés  relativement  réfraotaires  ;  néan- 
moins certaines  variétés  ont  succombé  à  la 
suite  de  Tabsorption  sous- cutanée.  Les 
représentants  des  autres  embranchements 
ont  toujours  été  vivement  impressionnés 
par  ces  agents.  On  peut  résumer  ainsi  Tac- 
tion  de  la  picrotoxine  sur  les  fonctions 
musculaires,  cardiaques,  vasculaires^sur  la 
sensibilité  et  le  pouvoir  réflexe  médullaire  : 

Le  système  musculaire  de  la  vie  de  rela- 
tion est  rapidement  atteint  par  de  faibles 
doses  :  fortes  ou  faibles,  elles  amènent  in- 
variablement, comme  phénomène  primor- 
dial, une  torpeur  générale;  seconde  phase  : 
convulsions  toniques  spécialement  dans 
les  extenseurs,  parésie  progressive,  inco- 
ordination motrice. 

Système  circulatoire,  —  Ralentissement 
des  pulsations  cardiaques  par  de  faibles 
doses  avant  la  première  convulsion. Aussitôt 
celle-ci  produite,  le  cœurcesse  de  battre,  ou 
tout  au  plus  ne  bat  qu'avec  peine  tout  le 
temps  de  sa  durée,  pour  reprendre  ensuite 
son  rhythme,  qui  décroît  en  nombre  et  en 
force  en  raison  directe  des  convulsions. 

Capillaires  sanguins .  —  L'arrct  du  sang 
a  lieu  plus  ou  moins  complètement  dès  la 
première  convulsion  pour,  devenir  bientôt 
définitif,  bien  que  le  cœur  continue  à  battre, 
mais  avec  une  intensité  sans  cesse  décrois- 
sante. 

Sensibilité  et  mouvements  réflexes,  — 
Corrélatifs  des  manifestations  musculaires. 
Ainsi,  d'obtus  à  la  première  période,  ils 
deviennent  d'une  excessive  exaltation  dans 
la  phase  convulsive,  pour  s'anéantir  com- 
plètement lors  du  collapsus  final. 

Lymphatiques.  —  Les  muscles  et  nerfs 
de  la  vie  organique  n'ont  point  paru  atteints, 
témoin  l'activité  persistante  des  lympha- 
tiques e|  des  mouvements  intestinaux. 

Cerveau.  —  N'a  point  paru  affecté. 

Conclusions,  -—  1°  La  picrotoxine  agit 
tout  spécialement  sur  le  myélencéphale  ; 


2«  cette  action  épargne  le  cerveau  et  les 
cellules  idéo-motrices  et  porte  principale- 
ment sur  le  bulbe,  le  cervelet  et  la  moelle; 
3*  elle  est  caractérisée  par  la  surexcitation  ^ 
de  leurs  éléments,  d*ou  une  exagération  et 
une  déviation  fonctionnelle  suivies  elles- 
mêmes  de  paralysie  par  dépense  excessive 
d'influx  nerveux  ;  i^' la  conséquence  la  plus 
remarquable  de  cette  suractivité  fonction- 
nelle est  l'arrêt  plus  ou  moins  complet 
survenant  dans  le  système  circulatoire  (ac- 
tion de  la  picrotoxine  sur  le  pneumogas- 
trique et  le  dépresseur  de  Cyon);  d  où  il 
suit  que  la  picrotoxine  est  avant  tout  un 
agent  cardio-vasculaire. 

Thérapeutique.  —  La  teinture  de  coque 
du  l^evant  (i  partie  pour  4  d'alcool  à  90 
degrés)  a  été  employée  concurremment 
avec  la  picrotoxine  (granules  d'un  dixième 
de  milligramme).  La  dose  maximum  de 
picrotoxine  n'a  jamais  excédé  3  milli- 
grammes. Quant  à  la  teinture,  on  a  tou- 
jours débuté  par  i  goutte  matin  et  soii* 
dans  une  cuillerée  d*eau,  en  augmentant 
tous  les  jours  de  â  gouttes  la  dose  de  la 
veille  jusqu'à  concurrence  de  60  à  70 
gouttes  par  jour  pour  les  adultes  ;  la  quan- 
tité de  véhicule  doit  ,étre  accrue  au  fur  et 
à  mesure  du  nombre  des  gouttes,  mais  ne  . 
doit  pas  dépasser  un  tiers  de  verre  à  un 
demi  pour  les  hautes  doses.  Les  affections 
traitées  par  ce  médicament  avec  un  succès 
incontestable  sont  :  l'épilepsie sympathique 
et  essentielle,  la  chorée,  Téclampsie  infan- 
tile et  la  contracture  douloureuse  des  extré- 
mités.        (  l^ulletin  gén,  de  thérapeutique .  ) 


La  teinture  d' arnica  oondamnée.    — 

Le  docteur  James  C.  White,  dans  une 
communication  du  21  janvier  1875,  au 
Journal  de  médecine  et  de  chirurgie  de 
Boston^  fait  une  charge  à  fond  contre  l'ar- 
nica. 

Il  prétend  que  cette  teinture  est  un  vé- 
ritable poison  pour  la  peau.  Le  docteur 
relate  trois  cas  où  l'application  de  l'arnica 
en  lotion  sur  des  écorchures  a  t)ccasionné- 
de  sévères  attaques  d'ecihyma,  !a  malé- 
volence  de  l'arnica  serait  beaucoup  plus 
fréquente  qu'elle  ne  parait,  et  si  ses  effets 
délétères  et  toxiques  sont  rarement  con- 
statésy  c'est  parce  que  l'on  met  sur  le  compte 
de  la  blessure  toutes  les  perturbations  qui 
sont  dues  au  soi-disant  remède.  Le  docteur 
J.  White  n'hésite  pas  à  déclarer,  et  il  le  fait 
avec  une  conviction  assise  sur  Texpé- 
rience,  quele  seul  agent  pouvant  produire 


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REVUE  ANALYTIQUE.  ET  CRITIQUE. 


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un  effet  saiutairejdans  Tarnica  c'est  Talcool 
qo'il  eoatient.  Le  reste  n'est  qu'une  dro- 
gue sans  valeur,  bien  plus,  nuisible. 

Sans  mettre  à  cette  affirmation  l'absolu 
du  savant  docteur,  nous  devons  dire  que, 
dans  noire  pratique,  nous  avons  plusieurs 
fois  été  surpris  de  la  manière  dont  se  corn* 
portait  rarnica_  et  c'est  avec  une  extrême 
réserve  que  nous  en  faisions  usage.  Hebra  - 
avait,  depuis  longtemps,  sonné  le  glas  fu- 
nèbre de  ce  quinquina  des  pauvres  dont 
il  niait  les  propriétés  médicales.  Dans  la 
teinture  arx)matique  des  fleurs  d'arnica,  les 
propriétés  stimulantes  sont  étvangçrt^s  à 
l'arnica  proprement  dit  et  résn lient  de  la 
cannelle  et  de  l'anis  qui  entrent  dans  sa 
composition  ;  si,  d'autre  part,  la  teinture 
d'arnica  doit,  d'après  l'autorité  du  docteur 
Wbite,  de  Hebra,  de  Tilbury  Fox,  ses 
minimes  propriétés  thérapeutiques  à  la 
seule  présence  de  l'alcool  étranger  à  la 
plante^  le  dernier  jour  de  ce  médicament 
factice  a  lui.  Dangereux  en  maintes  cir- 
co4Jstances,  n'ayant  d'autre  mérite  que 
celui  qu*il  lire  de  l'alcool  auquel  il  sert  de 
véhicule^  ministère  q\ie  VaqiMsimplex  rem- 
plirait mieux,  l'arnica  ne  tardera  pas  à 
disparaître  de  la  pharmacopée.  C'est  un 
mérite  an  docteur  James  C.  White  d'avoir 
mis  cet  agent  suspect  à  l'index  de  la  méde- 
cine pratique  et  d'avoir  attiré  sur  ses  mé- 
faits l'œil  investigateur  de  la  science. 
(Revue  de  thérap,  médico-chirurg,) 


Guérîson  de  la  migraine  à  l'aide  de 
l'aoîde  carbonique,  —  11  y  a  deux  ans, 
j'ai  trouve,  avec  mon  éminent  maître 
M.  BrowU'Spquard;  la  possibilité  d'arrêter 
immédiatement  une  attaque  d'épilepsie 
chez  les  cobayes,  en  faisant  arriver,  sous 
forme  de  douche  assez  fortement  lancée, 
sur  la  muqueuse  du  larynx  de  ces  ani> 
maux,  un  jet  de  gaz  acide  carbonique.  Ce 
fait  se  trouvait  naturellement  indiqué  par 
le  résultat  d'une  expérience  de  M.  Brown- 
Séquard  entref>risc  dans  le  but  de  recher- 
cher l'expUcalion  vraie  de  ce  phénomène 
découvert  par  Roaenihal,  que  chez  les 
lapins  empoisonnés  par  la  strychnine, 
rinsuiEation  d'oxygène  par  la  trachée 
arrête  les  convulsions,  expérience  qui  a 
montré  que  cette  explication  doit  être 
recherchée  dans  riiifluence  qu'exerce  sur 
les  nerfs  du  larynx  un  gaz  non  inerte,  par 
le  simple  fait  de  son  passage  sur  cet  organe 
et  de  son  contact  avec  lui.  En  effet,  si  sur 
tto    lapin    empoisonné    .par    la    stryeh- 


nine,  on  met  la  trachée  à  nu  et  qu'on  y 
adapte  un  tube  dont  une  extrémité  est 
dirigée  vers  les  poumons  et  dont  l'autre 
extrémité  reste  libre  de  façon  à  permettre 
l'entrée  de  l'air  atmosphérique  ou  même  de 
l'oxygèiic- non  poussé  par  la  pression,  on 
voit  survenir  les  convulsions  habituelles  ; 
mais  si;  ayant  adapté  à  la  trachée  un  autre 
tube  dont  une  extrémité  est  dirigée  vers 
le  larynx,  tandis  que  l'autre  permet  de 
lancer  sur  la  muqueuse  laryngienne  un  jet 
d'oxygène,  mais  surtout  d'acide  carboni- 
que, on  voit  aussitôt  s'arrêter  les  convul- 
sions strychniques. 

Ce  résultat  démontre  l'influence  irrita- 
tricc  qu'exerce  l'acide  carbonique  sur  le 
système  nerveux  (influence  qui  a  déjà  été 
indiquée  depuis  un  grand  nombre  d'années 
par  le  docteur  BrownSéquard)  et  qui  est 
capable,  par  influence  réflexe,. d'enrayer 
une  attaqut'  convulsive^ 

Or,  ce  gaz,  comme  chacun  sait,  a  été 
rangé  parmi  les  aneslhésiques  par  un 
grand  nombre  de  praticiens  et,  chaque  fois 
que  Ton  a  réussi  à  faire  disparaître  la  dou- 
leur, à  l'aide  de  cet  agent;  on  a  attribué- 
ce  bon  résultat  à  son  action  anesihésique 
ou  bien  à  t'asphyxie  qu'il  cause  toujours 
lorsqu'il  est  introduit  dans  le  sang;  mais 
jamais  à  son  action  irritalrice,  malgré  les 
applications  que  Scanzoni  en  a  faites  à 
l'obstétrique,  et  celles  de  Lefuge.  Aujour- 
d'hui; je  désire  faire  connaître  le  parti 
avantarreux  qu'on  en  peut  tirer  pour  la 
guérison  d'une  névrose  aussi  douloureuse 
que  désagréable;  comme  de  fâcheuses 
expériences  personnelles  me  l'ont  appris  : 
je  veux  parler  de  la  migraine. 

Si,  pendant  un  accès  de  migraine,  on 
lance  sur  la  muqueuse  nasale»  à  Taîdc  d'un 
petit  appareil  spécial,  i^n  jet  d'acide  carbo- 
nique assez  fort*  il  arrive,  quatre^  fois  sur 
cinq  de  voir  disparaître  la  douleur  en 
moins  de  deux  minutes.  Dès  le  premier 
contact  du  gaz  avec  la  muqueuse,  le  ma- 
lade accuse  une  douleur  un  peu  vive  à 
l'insertion  occipitale  des  muscles  de  la 
nuque.  Cette  douleur  précède  de  très-peu 
de  temps  la  cessation  de  la  migraine. 

J'ai  essayé  de  faire  passer  par  ce  moyen 
des  névralgies  dépendant  d'une  carie  den- 
taire, et  des  céphalalgies  dépendant  de  la 
sclérose  déterminée,  et  même  d'autres 
lésions  organiques,  avec  assez  de  succès. 
Le  mal  de  tête  dépendant  d'un  état-fcbrile 
quelconque  est  absolument  réfractairc.  — 
Je  n'ai  jamais  réussi  à  le  faire  cesser  à  l'aid 
de  ce  moyen.  (Gazette  médicale  de  Paris,) 

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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Patbotog^îe.  —  Des  algues  ophthat- 
vnosoopiques  dîfféreatiels  de  la  oomino- 
tîon  et  de  la  contusion  du  cerveau.  Mé- 
moire de  M.  BOUCHUT.  —  Toutes  les  fois 
qu'un  sujet  tombé  sur  la  tête  a  perdu  cou- 
naissance  et  semble  paralysé,  i4  y  a  tou- 
jours à  se  demander  si  ce  n'est  là  qu'un 
étourdissement  passager,  tiù  a  la  commo- 
tion du  cerveau,  ou  bien,  au  contraire^  s'il 
y  a  contusion  de  la  substance  nerveuse 
ou  compression  de  cette  substance  par  un 
épanchement  sanguin  ou  séreux. 

L'opbthalpioscope,  quo  j'ai  employé 
pour  la  première  fois  en  1865,  pour  éclai- 
rer ce  diagnostic,  donne  les  résultats  les 
plus  importants. 

S'il  n'y  a  que  commotion  au  cerveau, 
le  nerf  optique  conserve  sa  forme,'  sa  net- 
teté et  ses  couleurs  habituelles,  el  les  vei- 
nes rétiniennes,  ainsi  que  la  rétine,  ne 
présentcfit  aucune  modification. 
.  S'il  y  a  contusion  du  cerveau,  avec  ou 
sans  inflammation  consécutive,  ou  bien  s'il 
y  a  épanchement  séreux  ou  sanguin,  avec 
ou  sans  fracture  du  crâne,  le  nerf  optique 
et  la  rétine  sont  malades  ;  le  nerf  optique 
est  gonflé,  parait  aplati,  d'un  rose  uni- 
forme, parfois  plus  vâsculaire;  ses  con- 
tours sont  moins  nets,  et  il  est  le  siège 
d'une  suffusion  séreuse,  partielle  ou  géné- 
rale, qui  s'étend  à  la  ?-étine  voisine  sous 
forme  de  teinte  opaline  transparente,  qui 
voile  plus  ou  moins  le  bord  pupillaire. 

Les  artères  diminuent  quelquefois  de 
volume,  si  la  suffusion  a  gagné  la  gaine  du 
nerf  optique,  et  les  veines  rétiniennes  plus 
ou  moins  dilatées  indiquent  par  la  gcne  de 
leur  circulation  une  gcne  semblable  dans 
la  circulation  dii  érâne. 

(Ibid,) 


Les  connexions  héréditaires  entre  cer- 
taines affections  nerveuses,  par  le  docteur 
F.-E.  ANSTIE.  —  Dans  une  conférence 
scientifique  à  l'asile  de  WestRiding,  Wake- 
field,  le  docteur  £.  Anstie  a  traité  le  sujet 
important  t  des  relations  héréditaires  entre 
certaines  maladies  nerveuses.  »  Après  avoir 
rappelé  que  Morel  dans  son  ouvrage  des 
dégénérescences  t  est  l'initiateur  de  ces  re- 
cherches,  scientifiquement  parlant ,  re- 
cherches confirmées  et  poursuivies  ensuite 
par  d'autres  physiologistes,  notamment 
par  le  docteur  Maudsley,  il  trace  en  quel- 
ques lignds  les  dangers  que  fait  courir  aux 
individus  le  tempérament  nerveux  et  ses 
Iransformaiions  successives  dans  les  géné- 


rations d'une  même  famille  ;  il  note  que  le 
point  de  départ  est  souvent,  par  exemple, 
un  ancêtre  adonné  à  l'ivrognerie  qui  a 
donne  naissance  h  un  aliéné,  qui  à  son 
tour  procréera  des  enfants  sujets  à  des 
affections  nerveuses  d'un  autre  ordre.  Quel- 
ques qualités  brillantes  chez  certains  de  ces 
rejetons,  des  aptitudes  remarquables,  des 
•  talents  originaux,  dus  souvent  à  ce  tempé- 
rament nerveux,  ne  compensent  pas  les 
maux  qui  en  découlent. 

Ces  études  avaient  ûxé  l'attention  se-, 
sieuse  du  docteur  Anstie  avant  qu'il  eût  lu 
les  travaux  de  Morel  et  de  Moreau,  de 
Tours,' et  avant  la  publication  du  livre  du 
docteur  Maudsley  ;  sa  longue  expérience 
dans  les  dispensaires,  les  hôpitaux,  la  clien- 
tèle civile,  lui  a  permis  de  réunir  des  faits 
importants  puisés  à  des  sources  certaines. 
Ces  faits  concernent  surtout  Talcoolisme, 
l'épilepsie,  les  diverses  névralgies  (y  com- 
pris l'angine  de  poitrine  et  l'asthme  spas- 
modique);  les  cas  de  folie^y  tiennent  aussi 
une  assez  large  place,  mais  ceux  qui  sont 
liés  à  d'autres  formes  des  maladies  ner- 
veuses sont  moins  nombreux. 

Le  point  original  du  mémoire  de  l'auteur 
consiste  en  ce  que,  suivant  lui,  l'hérédité 
du  nervosisnie  se  piréscnte  sous  deux  va- 
riétés, ou  deux  formes  :  l'une  qu'il  pro- 
pose d'appeler  nervosisme  héréditaire  actif; 
l'autre,  nervosisme  héréditaire  sommeillant 
(dormant). 

1°  En  ce  qui  a  trait  à  la  première  variété, 
il  s'étonne,  tant  elle  est  remarquable  et 
frappante  dans  mille  circonstances,  qu'on 
ne  lui  ait  pas  appliqué  plus  tôt  quelque 
classification  scientifique.  Et,  tout  en  re- 
connaissant qu'il  y  a  peut  être  une  cer- 
taine exagération  dans  l'observation  type 
citée  par  Morel,  il  connaît  également  des 
familles  qui  ont  été  décimées  al  même 
anéanties  par  les  effets  fatals  et  progressifs 
des  névroses  dont  l'origine  était  duc  sim- 
plement à  l'usage  funeste  du  vin  d'Oporto, 
usage  qui  s'est  introduit  en  Angleterre, 
depuis  deux  à  trois  générations,  après  que 
les  hommes  d'Etat  de  ce  pays  curent  pra- 
tiquement exclu  du  marché  anglais  les  vins 
légers  de  France. 

Ici  l'auteur  cite  plusieurs  cas  de  cette 
espèce  parmi  ceux  qu'il  a  insérés  daîis  sou 
ouvrage  sur  la  névralgie^  et  il  assigne  aux 
quatre  points  de  départ  suivants  le  nervo- 
sisme héréditaire  actif  qui  peut  atteindre 
les  familles. 

i^  L'abus  des  boissons;  â*>  les  excès  vé- 
nériens, ou  plutôt  la  masturbation  ;  3<>  une 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


151 


nourriture  iosuffisante  ;  une  éducation  in- 
complète. 

Quatorze  années  d'observation,  tant  dans 
les  hôpitaux  qu<^  dans  la  pratique  privée, 
lui  ont  permis  en  outre  de  fournir  les 
chiffre^»  suivants  qui  donnent  une  idée  de 
rétendue  d'action  du  nervosisme  hérédi- 
taire. Des  quatre-vingt-trois  malades  ob- 
servés, les  familles  ont  présenté  les  affec- 
tions diverses:  cpilepsie,  14- cas;  hémi- 
plégie ou  paralysie,  9  cas;  folie,  12  cas; 
habitudes  d'ivrognerie,  14-  cas;  consomp- 
tion, 18  cas-:  danse  de  St-Guy,  A  cas. 
Il  a  remarqué  souvent  cette  vulgaire  in- 
commodité qu'on  appelle  migraine,  sur- 
tout dans  les  familles  où  il  a  noté  Tépî- 
lepsie. 

Le  fait  suivant  ebt  un  exemple  curieux 
de  l'explosion  soudaine  du  nervosisme  hé- 
réditaire chez  une  jeune  personne,  in- 
demne jusqu'alors  de  toute  affection  ner- 
veuse, mais  appartenant  a  une  famille  où 
les  névralgies  ^^  les  dispositions  ncvropa- 
thiques  étaient  notoires.  Elle  tombe,  et  se 
démet  la  cheville  ;  sa  blessure,  bien  soignée^ 
ne  présente  aucune  gravité,  et  tout  fait 
espérer  une  guérison  rapide.  Elle  est  mal- 
heureusement prise  du  tétanos,  et  enlevée 
en  six  heures.  La  violence  du  tétanos  et 
les  conditions  dans  lesquelles  il  a  éclaté 
doivent  être  attribuées,  de  l'avis  de  l'au- 
teur, à  l'action  funeste  de  Télémcnt  nervo- 
sique  transmis  par  sa  famille  à  la  jeune 
malade. 

Ce  fait  peut  servir  de  transition  pour 
pour  arriver  au .  nervosisme  héréditaire 
sommeillant.  Q'entend  le  docteur  Anstie 
par  nervosisme  sommeillant?  Le  nervosisme 
actif  a  pesé  sur  une  famille  pendant  nombre 
d'années.  Grâce  à  de  bonnes  alliances  et  à 
certaines  sages  mesures,  il  est  devenu  la- 
tent, mais  il  n'en  continua  pas  moins  à 
menacer  la  race  et  peut  reparaître  sous 
certaines  influences  fâcheuses  ou  par 
un    concours  d'événements  malheureux. 

L'auteur  avoue  que  cette  espèce  est  plus 
difficile  à  mettre  en  évidence  que  la  pre- 
mière. On  y  arrive  néanmoins  grâce  aux 
probabilités  fournies  par  Tanalogie. 

La  science  biologique  nous  apprend  que 
les  caractères  physiques  d'un  individu,  un 
trait  de  la  physionomie,  un  simple  tic  mus- 
culaire, alors  même  qu'ils  ont  été  acciden- 
tellement détruits,  se  reproduisent  chez 
ses  petits-enfants.  De  même  l'épilepsie,  ou, 
comme  elle,  quelqu'une  des  formes  les  plus 
intraitables  des  névroses  paraissant  avoir 
disparu  pendant  plusieurs  générations,  ont 


laissé  des  traces  impérissables  qui  se  révè- 
lent plus  tard.  C'est  à  cette  donnée  qu'il 
faut  demander  le  pourquoi  d'une  multitude 
de  faits  vitaux  et  cliniques.  L'exemple  le 
plus  digne  qu'on  y  insiste  se  voit  dans  les 
phénomènes  de  la  vraie  dipsomanié.  Elle 
atteste  d'une  façon  indubitable  «  la  mémoire 
organique  impérissable  du  corps,  »  pour 
nous  servir  de  Texpression  énergique  du 
docteur  Maudsiey.  La  dipsomanie  se  dis- 
tingue de  l'ivrognerie  simple  par  des  impul- 
sions subites  et  périodiques  irrésistibles, 
contrastant  d'une  manière  absolue  et  hi- 
deuse avec  les  habitudes  ordinaires  de  Tin- 
dividu.  Le  docteur  Anstie  a  vu  un  nombre 
considérable  de  ces  cas^  et  cependant  ja- 
mais il  n'a  manqué  de  trouver  parmi  les 
ascendants  du  malade,  l'ivrognerie  avec 
quelque  excentricité  mentale  et  même  une 
folie  véritable.  Une  investigation  bien  faite 
aura  infailliblement,  dit-il,  ce  résultat. 

Le  docteur  Anstie  recherche  ensuite  à 
quels  caractères  on  peut  reconnaître  le  ner- 
vosisme héréditaire  sommeillant,  et  les  cir- 
constances qui  ont  le  privilège  de  le  fah*e 
saillir.  Le  premier  caractère  du  nervosisme 
héréditaire  sommeillant  est  une  puberté 
prématurée.  Le  développement  des  org»nes 
génitaux  et  surtout  l'explosion  des  désirs 
sexuels  se  montrent  hâtivement  chez  les 
jeunes  individus.  On  peut  quelquefois,  il 
est  vrai,  mettre  cette  précocité  sur  le  compte 
des  mauvaises  fréquentations  et  de  mau- 
vaises habitudes  contractées  à  l'école,  mais 
dans  la  plupart  des  cas,  comme  le  fait  re- 
marquer le  docteur  Herman  Weber,  la 
masturbation  provient  chez  les  enfants 
d'.une  impulsion  intime  et  non  du  mauvais 
exemple.  Un  enfant  s'est  montré  jusqu'à 
ce  jour  extraordinairement  innocent  et 
calme  ;  tout  à  coup  les  passions  sexuelles 
font  explosion  avec  une  violence  diabolique. 
Voilà  le  nervosisme  héréditaire  dormant., 
désormais  actif,  triste  reliquat  d'un  aïeul 
ivrogne  et  intempérant. 

Un  autre  caractère,  est  le  développement 
inattendu  et  intense  du  sens  artistique  chez 
un  enfant  dont  les  parents  ne  présentent 
que  des  dispositions  prosaïques  et  com- 
munes. 

Il  faut  mentionner  enfin  les  convulsions, 
pendant  la  dentition,  alors  que  les  autres 
enfants,  frères  et  sœurs,  n'ont  éprouvé  rien 
de  semblable. 

Notons  encore  le  soudain  développe- 
ment de  propensions  au  mensonge  et  au  vol 
chez  un  enfant  bien  élevé. 

Parmi  les  causes  susceptibles  de  trans- 


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13-2 


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former  le  nervosisme  dormant  en  nervo- 
sisme  actif,  on  peut  citer  les  suivantes  : 

i**  L*alimenlation  insuffisante  pendant 
Tenfance;  2*  un  surcroît  de  travail  intel- 
lectuel dans  le  vie  cérébrale  d'un  individu; 
5**  la  phthisie,  ou  toute  autre  maladie  qui, 
faisant  subir  au  sujet  une  suppuration  pro- 
longée, est  pour  lui  une  cause  non  inter- 
rompue de  dénutrition;  i"  les  mariages 
eonsanguins. 

Nous  regrettons  que  le  défaut  d'espace 
nous  empêche  de  suivre  le  docteur  .Anstic 
dans  des  considcratiens  auxquelles  son  sa- 
voir et  son  expérience  dnnnent  le  plus  vif 
intérêt,  mais  il  est  aisé  de  voir  par  renonce 
de  ces  causes  qu'elles  sont  susceptibles  de 
fournir  des  données  importantes  au  point 
de  vue  de  la  prophylaxie. 

L'auteur  termine  en  s'élevant  contre 
ceux  qui,  considérant  le  nervosisme  héré- 
ditaire comme  «  la  tyrannie  de  notre  orga- 
nisation, veulent  que  notre  nature  pJiy- 
siquc  et  morale  soit  le  jouet  d'un  inexo- 
rable destin.  11  espère  que  l'analyse  qu'il 
vient  de  présenter  inspirera  la  vraie  mé- 
thode par  laquelle,  en  agissant  avec  con- 
stance sur  la  génération  qui  naît,  on  pourra 
conjurer  dos  dangers  connus.  La  nouvelle 
thérapeutique  aura  des  armes  plus  efficaces 
contre  la  maladie,  et  sera  le  gage  de  l'af- 
franchissement de  la  race  humaine,  en 
atténuant  la  plupart  des  douloureuses  con- 
séquences du  a  nervosisme  héréditaire.  » 

{Annales  médico-psychologiques.) 


De  la  tuberculose  inîliaire  aiguë  pha- 
ryngo- laryngée,  par  ISAMBERT.  —  Au 
début,  semis  très-abondant  de  granulations 
rappelant  des  grains  de  semoule  ou  des 
œufs  de  poisson,  ou  bien  encore  les  dépôts 
de  fibrine  grumeleus(^  de  la  surface  des 
intestins  dans  les  péritonites  récentes. 
Dans  l'angine  pultacée  l'on  aperçoit  aussi 
des  dépôts  fibrineux  semblables,  msis  fa- 
ciles à  enlever,  et  recouvrant  une  mu- 
queuse simplement  enflammée,  tandis  que 
les  granulations  miliaires  adhèrent  forte- 
ment et  saignent  facilement.  Si  les  granu- 
lations sont  très- superficielles,  il  se  forme 
bientôt  des  ulcérations  régulières,  ovales, 
en  coup  d'ongle  (Martineau).  Les  granula- 
tions très-confluentes  peuvent  former  des 
plaques  mamelonnées,  saillantes,  ressem- 
blant beaucoup  à  des  plaques  muqueuses, 
en  différant  cependant  par  l'absence  d'au- 
réole carminée,  de  nuance  opaline  gris- 
bleuâtre  et  une  surface  plus  granuleuse. 


La  luette  peut  revêtir  l'aspect  d'une  boule 
garnie  de  têtes  de  clous  saillantes  ou  de  sta- 
lactites calcaires  ;  quelquefois  même  aspect 
stalactiforme  des  piliers  postérieurs.  Sur  la 
paroi  postérieure  du  pharynx  l'on  voit  par- 
fois comme  des  furoncles  murs. 

L'envahissement  du  larynx  ne  se  fait 
qu'a  une  période  avancée. 

Symptômes  subjectifs  :  douleurs  locali- 
sées, cuisson  de  la  gorge^  dysphagie  attei- 
gnant le  degré  le  plus  élevé. 

Les  signes  pulmonaires  sont  quelquefois 
tardifs,  peuvent  rester  longtemps  peu  pro- 
noncés, puis  prendre  tout  à  coup  la  marche 
d'une  phthisie  galopante. 

L'auteur  sépare  la  tuberculose  roiliaire 
aiguë  pharyngo-laryngée  de  la  phthisie 
laryngée  vulgaire,  soit  parce  que  dans 
celle-là  l'affection  pharyngo-laryngée  do- 
mine complètement  la  scène,  soit  à  cause 
de  l'affreuse  dysphagie  qui  l'accompagne  ; 
car  l'élément  pharyngé  remporte  sur  l'élé- 
ment laryngé.  L'inflammation  prend  une 
moins  grande  part  au  développement  de  la 
pharyngite  granùlo-tuberculeusequ'à  celui 
de  la  laryngite  tuberculeuse. 

Traitement  :  éviter  les  mercuriaux, 
caustiques  même;  les  topiques  simplement 
modifi'cateur^  ne  dont  pas  supportés  ;  la 
glycérine  morphiiiée  au<25<'  est  le  seul 
agent  local  conseillé  par  l'auteur.  La  glace 
avalée  en  menus  morceaux  et  les  injections 
hypodermiques  à  la  région  jcervicale  sont 
les  seuls  calmants  efficaces.  Alimentation 
liquide,  lait,  bouillons,  gel«es  de  viande, 
lavements  nutritifs.        {Lyot^  médical.) 


Traitement  de  la  diphthérîe,  par  le 
docteur  Giovani  FËRRINI.  —  L'auteur 
rejette  la  cautérisation,  et,  considérant  la 
diphthérîe  comme  une  maladie  infectieuse 
peut-être  parasitaire,  il  pense  que  c'est 
surtout  aux  antiseptiques  et  aux  antipara- 
siticides  qu'il  faut  avoir  recours,  tout  en 
ayant  soin  de  soutenir  les  forces  du  malade 
en  le  soumettant  à  Tusagedes  toniques  di- 
vers. Dans  les  cas  légers,  un  traitement 
antiseptique  externe  peut  su(fire>  mais 
dans  les  cas  graves  il  faut  administrer  les 
antiseptiques  intuset  extra. 

Guidé  par  ces  principes,  M.  Giovani 
Ferrini  a .  essayé  localement  l'alcool  phé- 
niqué,  l'eau  de  chaux,  le  sulfite  de  soude, 
à  l'intérieur  il  a  administré  les  mêmes  mé- 
dicaments en  solution  dans  du  sirop  ou 
dans  de  la  décoction  de  quinquina,  eu  mcoïc 
temps  qu'il  donnait  tiussi  largement  que 


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REVllK  ANALY'IIQI-E   KT  CRITKJUE. 


135 


possible  du  lait,  des  bouillons  el  d'autres 
analeptiques.  Ces  moyens  fournirent  de 
bons  résultats,  mais  Thydrate  de  chloral  a 
paru  avoir  de  bien  meilleurs  effets  encore. 

Les  propriétés  antiseptiques,  désinfec- 
tantes et  antîfermehtescibles  de  ce  corps 
sont  bien  connues  depuis  les  travaux  de 
C.  Pavesi,  Morini,  Personne,  Dujardin, 
Byasson^  Follet,  Beaumetz,  Veri^euii,  Hirn, 
Richardson,etc.  On  Fa  employé  avec  avan- 
tage dans>le  pansement  des  plaies  de  mau- 
vaise nature.  M.  Luidgi  Amiei,  de  Rome  a 
constaté  qu*en  solution  étendue  il  détruit 
Tacarusde  la  gale.  Ce  remède  parait  donc 
indiqué  pour  neutraliser  le  poison  diphlhé- 
ritique,  en  empêcher  la  résorption  et  par 
conséquent  prévenir  Tinfection  générale, 
ou  encore  pour  détruire  le  poison  résorbé 
et  guérir  Tinfection  quand  elle  est  pro- 
duite. Telles  sont  les  considérations  qui 
ont  poussé  M.  Fcrrini  à  essayer  T hydrate 
de  chloral.  (1  a  cru  devoy*  Tassocier  à  la 
glycérine,  dont  Theureuse  action  sur  les 
plaies  de  mauvaise  nature  est  bien  connue 
et  qui  par  sa  densité  pouvait  assurer  un 
contact  plus  facile  et  plus  prolongé  du  mé 
dicament  avec  les  parties  malades. 

Localement  fauteur  fait  faire  toutes  les 
deux  heures  des  badigeonnages  au  pinceau 
avec  le  mélange  suivant  : 

Hydrate  de  chloral    .    .     .     3  à  3  gr. 
Glycérine  pnrifiée  .     .    .     .  16  à  20  gr. 

A  rintérieur  il  donne  de  la  décoction  de 
quinquina  avec  du  sulfite  de  soude  ;  ou  bien 
encore  il  administre  Thydrate  de  chloral^ 
mais  à  doses  fractionnées,  afin  de  ne  pas 
avoir  les  eflfets^  hypnotiques  du  médica- 
ment, mais  seulement  les  effets  antisepiti- 
ques.  Il  le  donne  par  exemple  à  la  dose  de 
50  centigrammes  dans  60 grammes  de  sirop 
de  quinquina,  à  prendre  une  cuillerée 
toutes  les  heures. 

Le  dootyr  Colton,  sur  les  conseils  de 
M.  FerriiUr^a  employé  l'hydrate  de  chloral 
d*après  la  méthode  sus-mentionnée  ; 
56  diphthéritiques  soumis  à  cette  médica- 
tion ont  donné  les  résultats  suivants  : 

24  cas  légers  ont  tous  guéri  au  bout 
d*un  temps  plus  ou  moins  long.  i!2  cas 
graves  ont  donné  6  guérisons  au  bout  de 
dix  à  quinze  jours.  Des  six  morts  trois 
moururent  de  croup. 

M.  Çotton  conclut  de  ces  faits  que, 
comme  topique,  l'hydrate  de  chloral  l'em- 
porte sur  les  autres  médicaments.  Il  parait 
plus  efficace  et  il  est  mieux  supporté  par 
les  malades.  Comme  médicament  interne, 
sa  valeur  n'est  pas  aussi  sensible. 


Le  docteur  Bensason  et  le  docteur  Âce* 
tclla,  qui  ont  aussi  employé  la  glycérine 
chloraiêe  à  Texlérieur,  en  font  de  grands 
éloges;  mais  leur  expérience  sur  l'usage 
interne  de  ce  remède  comme  antiseptique 
ne  parait  pas  encore  suffisante  pour  asseoir 
un  jugement.  {Ibid.) 


De  l'aoîde  salyoilique  dans  la  dîphthé- 
rie,  par  le  docteur  WAGNER,  de  Fri> 
bourg.  —  Aux  enfants  qui  ne  savent  pas 
encore  se  gargariser  Tauteur  donne  Tacide 
salycilique  en  poudre  dans  de  l'eau  ou 
dans  du  vin  à  la  dose  de  10  à  50  centigr. 
toutes  les  deux  heures.  Aux  enfants  plus 
âgés  il  le  prescrit  en  gargarismes  d'après 
la  formule  suivante  : 

Acide  salycilique    .     ...      1,50  gr. 
Alcool  (pour  dissoudre]   .    .     15 
Eau  distillée 150 

Si  cette  solution  laissait  déposer  quel- 
ques cristaux,  on  les  ferait  dissoudre  en 
chauffant.  A  employer  en  gargarismes 
toutes  les  deux  heures. 

M.  Wagner  dit  avoir  guéri  par  ce  moyen 
45  cas  de  diphthérie  très-grave,   {ibid.) 


Des  pansements  à  l'acide  salioy tique. 

—  La  mortalitd considérable  qui  a  toujours 
décimé  les  blessés  dans  les  grands  hôpitaux 
ou  les  ambulances  de  guerre  a  fait  recher- 
cher de  tout  temps  aussi  la  cause  des 
insuccès  de  la  chirurgie  et  les  moyens  d'y 
remédier.  Ces  études  se  rattachent  d'une 
façon  intime  à  l'histologie  et  à  la  chimie, 
et  comme  cqs  deux  sciences  sont  aujour- 
d'hui en  pleine  évolution,  il  n'est  pas 
étonnant  de  voir  surgir  des  remèdes  nou- 
veaux contre  rinfection  purulente  ou 
putride. 

Nous  avons  eu  successivement  l'alcool, 
la  glycérine,  l'iodoforjne,  l'acide  phénique, 
les  pansements  de  Lister  et  de  Guérin  ; 
voici  venir  l'acide  salicylique,  étudié  par 
Kolbe,  Neubauer,  Knop,  Mulier  à  Breslau, 
Thicrsch  à  Leipzig,  Butl  et  Feurbringer  à 
Heidelberg. 

C'est  en  1859.  que  M.  Peria  découvrit 
cet  acide  en  fondant  de  l'hydrurë  de  sali- 
cyle  ou  huile  essentielle  de  Spirax  ultnaria 
avec  de  la  potasse  caustique. 

Kolbe  réussit  à  le  fabriquer  de  toutes 
pièces  avec  Thydrate  de  phényle  et  Tacide 
carbonique.  Il  obtint  ainsi  un  composé 
fondant  à  159**,  se  solidifiant  à  157",  colo- 
rant les  sels  de  fer  en  violet,  et  se  conver- 


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134 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


tissant  dans  réconomicen  une  sorte  d'acide 
hippurique,  Tacide  salicyhirique.  Tel  est 
le  corps  sur  lequel  Thiersch,  de  Leipzig, 
vient  d'écrire  une  longue  monographie  où 
sont  minutieusement  fournis  les  détails  de 
ce  pansement  nouveau. 

L'eau  ne  dissolvant  qu'un  gramme  pour 
500  d'acide  salîcylique  à  la  température 
ordinaire,  on  a  de  cette  façon  une  prépa- 
ration officinale  titrée  facile  à  se  procurer. 
Mélangée  à  l'urine,  elle  arrête  sa  décom- 
position comme  celle  du  pus  et  du  sang  : 
celui-ci  se  colore  en  violet,  à  cause  du  fer 
qu'il  contient.  Le  pus  se  prend  en  coagu- 
lum  albumineuxet  seséléments  conservent 
leur  forme  comme  .celles  des  globules 
reuges,  légèrement  éclaircis  cependant.  Si 
on  compare  Tacide  salicylique  à  l'acide  pho- 
nique^ on  voit  que  l'acide  salicylique  n'est 
pas  irritant,  comme  celui-ci,  qu'étant  dé- 
pourvu de  cette  odeur  si  persistante  et 
désagréable,  il  a  toutes  les  qualités  du 
phénol,  sans  parler  encore  de  l'action  dans 
l'usage  interne.  Le  prix  de  revient  serait 
aussi  sensiblement  moindre. 

Pour  les  pansements  on  so  sert  soit  de 
la  solution  officinale,  soit  de  ouate  impré- 
gnée. Blaser  donne  pour  cette  fabrication 
la  formule  suivante  : 

Ouate  à  3  0/0. 

Acide  saiicyl.  750  gr.  dissous  dans  Palcool 
7  kilogr.  5  (à  85-). 
.  Eau  150  litres  à  70»  centig. 

Cette  solution  peut  servir  pour  ^5  kiiog. 
de  coton. 

■    .  Ooate  à  10  0/0- 
Acide  1  kilogr. 

Alcool  10  k.  pour  10  kilogr.  de  coton. 
Eau  60  litres. 

Ces  préparations  ne  demandent  pas  plus 
de  3  ou  i  h.  pour  être  complètement  exé- 
cutées. La  répartition  de  Tacide,  sans  être 
parfaitement  égale,  donne  néanmoins  une 
moyenne  suffisante.  La  glycérine  fournit 
un  bon  excipient  à  l'acide  : 

Acide  salicylique  733. 

(Jlycérine  .^00. 

Eau  4.500  à  70°  cent. 

En  applications  directes  sur  les  plaies  et 
concentré,  Tacide  .salicylique  cause  une 
douleur  assez  vive  pendant  2  ou  5  heures; 
puis,  la-  plaie  se  déterge,  et  les  bourgeons 
apparaissent  rapidement,  comme  avec  les 
caustiques.  A.  1/300,  il  n'est  plus  irritant; 
du  reste  son  action  toxique  n'est  jamais  à 
craindre,  quelle  que  âoit  la  dose. 

Thiersch  a  examiné  très  attentivement 
l'action  de  cet  agent  sur  le  pus,  son  in- 


fluence sur  la  genèse  des  bactéries  et  des 
vibrions  dans  les  pansements.  L'auteur 
affirme  que  les  pansements  fermés  à  la 
ouate  imprégnée  peuvent  rester  1 4  jours 
sans  présenter  trace  de  champignon  ;  nous 
trouvons  néanmoins  quelques  observations 
où  le  microscope  a  révélé  des  vibrions  et 
des  baguettes  articulées  mobiles.  Le  liquide 
des  blessures  traitées  à  ciel  ouvert  ne  con- 
tiendrait jamais  de  chaînettes.  La  chirur- 
gie allemande  attribue  depuis  quelque 
temps  la  plus  grande  importance  à  l'étude 
des  spores  dans  les  plaies;  elle  n'hésite  pas 
à  leur  faire  jouer  un  rôle  au  moins  impor- 
tant dans  les  accidents  putrides  et  septi- 
ques,  et  c'est  pour  arriver  à  détruire  ces 
germes  de  fermentation  que  nous  voyons 
renouveler  avec  l'acide  salicylique  les 
essais  tentés  déjà  par  Lister  avec  Talcool 
et  l'acide  phénique. 

Les  soins  les  plus  minutieux  sont  exigés 
dans  ces  pansements.  Le  malade  est  net- 
toyé ;  le  membre,  rasé  ;  les  instruments, 
passés  à  Palcool  (l'acide  salicylique  atta- 
quant l'acier);— les  éponges  ont  été  puri- 
fiées aux  alcalis  et  à  l'acide  salicylique;  —  les 
assistants,  l'opérateur  font  de  fréquentes 
ablutions  avec  la  solution  officinale  ;  —  les 
ligatures,  composées  de  tissus  imputresci- 
bles, sont  appliquées  en  grand  nombre 
pour  éviter  la  décomposition  du  sang  qui 
pourrait  .s'écouler.  Enfin  le  pansement 
réel  est  fait  avec  la  ouate  salicyliquée. 

Lès  bandages  permanents  peuvent  être 
conservés  soit  en  surajoutant  des  feuilles 
de  ouate,  soit  en  versant  une  nouvelle 
quantité  de  solution  alcoolique  sur  l'ancien 
coton.  Dès  le  4™*  ou  5™«  jour,  la  suppu- 
ration donne  une  odeur  rance  ou  caséeuse, 
et  dans  tous  les  cas  l'acide  chlorhydrique 
décèle  la  formation  d'ammoniaque,  comme 
dans  les  pansements  de  Lister  avec  l'acide 
phénique.  C'est  assurément  plutôt  à  cette 
méthode  générale  qu'au  nouvel  agent  lui- 
même,  que  nous  devons,  attribuer  les  suc- 
cès obtenus  par  Thiersch  à  Leipzig  avec 
Tacide  salicylique. 

.  Dans  une  première  série  de  grandes 
amputations  :  cuiss**,  jambe,  nous  trouvons 
43  guérisons  sur  18,  et,  pour  les  résections 
et  les  fractures  compliquées,  23  guérisons 
sur  23  cas.  Dans  une  seconde  série,  ^^î 
grandes  amputations  n'ont  fourni  que 
7  morts.  Soit  en  tout  64  guérisons  sur  89 
amputations,  ou  28  0/0  de  mortalité,  chif- 
fre que  nous  croyons  se  rapprocher  beau- 
coup de  celui  obtenu  par  les  chirurgiens 
américains  dans  les  hôpitaux  civils.  Notons 


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REVUK  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE 


i55 


toutefois,  dans  la  statistique  de  Thici'scb, 
trois  cas  d*érysipcle  dont  un  mortel,  et  trois 
cas  de  pyohémie  fatalement  termines. 

LMnfluencc  de  Pacide  salicy.'ique  à  Tin- 
térieur  a  été  étudiée  en  décembre  J874 
par  Furbringer,  aide  clinique  de  Heidel- 
berg.  A  la  dose  de  i  centi£(.  chez  le  lapin 
et  de  5  à  ^5  cen'lig.  chez  Thonime,  la  tem- 
pérature ne  dépasse  pas  le  maximum  ou  le 
minimum  habituel.  Après  avoir  développé 
la  fièvre  putride  chez  des  lapins  par  des 
injections  sous  cutanées  de  liquide  putride, 
il  a  suffi  d*une  dose  de  0,05  c.  à  0,^0  c. 
pour  amener  dans  ce  cas  un  abaissement 
considérable  de  la  température.  Chez 
rhomme,  dans  Tinfection  purulente,  les 
résultats  ont  été  également  manifestes. 

Butt,  aide  clinique  à  Thôpital  de  Saint- 
Gall,  a  pu  reconnaître  aussi  dans  facidc 
salicyiique  un  agent  antiseptique  et  anti- 
pyrétique puissant;  supérieur  même  au 
sulfate  de  quinine,  puisque,  à  haute  dose, 
il  ne  serait  pas  toxique  et  ne  produirait 
aucun  des  effets  de  la  saturation  quinique. 

En  relevant,  à  -i  et  8  grammes  en  une 
seule  foisy  il  en  a  retiré  les  meilleurs  effets 
dans  la  fièvre  typhoïde,  l'érysipèle  et  le 
rhumatisme  aigu.  Nous  savons  cependant 
qu'une  dose  de  i  sur  20  en  lavement  a 
développé  une  péritonite  mortelle  en 
!24  heures  chez  un  lapin.  —  Kolbe  a  pu  en 
prendre  impunément  1,50  pendant  plu- 
sieurs jours. 

En  résumé,  Tacide  salicyiique  parait 
être,  chimiquement  parlant^  un  anti-fer- 
mentcscible  ou  mcme  titre  que  Tacide 
phénique.  Il  arrête  la  décomposition  des 
liquides  organiques,  efinpcche  les  bactéries 
de  se  former  et  n'est  pas  toxique  parce 
qu'il  est  rapidement  éliminé  de  Técono- 
mie  par  les  urines.  —  Tels  sont  les  faits 
certains  qui  ont  conduit  à  remployer  dans 
les  pansements  chirurgicaux.  S'il  est  en 
outre  meilleur  marché  que  Tacide  phéni- 
que sans  avoir  celte  odeur  aussi  pénible, 
après  un  ceftain  temps,  que  Todeur  du 
pus  lui  même,  s'il  abaisse  réellement  la 
température  dans  la  fièvre,  nous  devons 
reconnaître  à  ce  nouvel  agent  des  qualités 
utilisables,  malgré  toute  la  défiance  qu*in- 
spirent  à  juste  titre  les  médicaments  nou- 
veaux. (Abeille  médicale) 


d'ulcères  herpétiques  amenant  des  adhé- 
rences entre  le  prépuce  et  le  gland,  etT  c'est 
le  diabète  lui-même  qui  est  la  cause  et  de 
la  facilité  avec  laquelle  les  vésicules  herpé- 
tiques dégénèrent  en  ulcères,  et  de  la  diffi- 
culté" que  ces  derniers  ont  à  se  cicatriser.  - 
En  présence  de  certains  phimosis,  il  faut 
donc  penser  au  diabète,  et  celui-ci  reconnu, 
rejeter  Topération  par  crainte  de  phlegmon 
plus  ou  moins  grave,  ou  tout  au  moins  ne 
la  faire  qu'après  avoir  fait  disparaître  le 
sucre  dans  les  urines.  L'herpès  diabétique,  . 
décrit  par  Gublcr,  ne  présenterait  pas  de 
vésicules,  mais  de  petites  ulcérations  rap- 
pelant le  chancre  parcheminé,  sans  décol- 
lement et  sécrétant  un  liquide  blanc  mat, 
contenant  de  petits  corps  flottants  comme 
chez  les  néphropathiqucs.  La  cicatrice  est 
épaisse  et  rétraclile.  M.  Keliquet  a  remar- 
qué que  cet  herpès  est  encore  caractérisé 
par  des  sporules  particuliers  de  fermenta- 
tion. 

Le  docteur  de  Beauvais  n'admet  pas  ici 
d*herpès,  mais  une  balano-posthite  spé- 
ciale de  nature  parasitaire,  analogue  au* 
muguet  buccal,  produite  par  l'accumula- 
tion et  la  rétention  dans  le  sac  préputial 
des  urines  sucrées  qui  subissent  là.  une  fer- 
mentation lactique  ou  acétique.  Cette  ba- 
lano-posthite est  suivie  de  fissures,  d'exco- 
riations plus  ou  moins  profondes,  d'érup- 
tions diverses,  anlracoîdes  qui  s'ulci^rent 
et  se  couvrent  de  mucédiiiées  ;  puis  sur- 
viennent les  infiltrations  plastiques  com- 
munes dans  le  diabète.    {Lyon  médical.) 


Du  phimosis  oonséoulif  à  Tberpés  du 
prépuce  chez  les  diabétiques,  par  M.  DU- 
BUC.  —  Le  fait  avait  déjà  été  signalé  par 
M.  Aimé  Martin,  le  phimosis  est  le  résultat 


Bicarbonate  de  soude  contre  le  mal  de 
dent,  par  M.  le  docteur  DUCKWORTH, 
de  Sainl-Bartholomew*s  hospital).  —  L'au- 
teur pense  que  souvent  la  doulcUr  dentaire 
est  produite  par  le  contact  d'une  salive 
acide  sur  une  dent  cariée,  et  qu'il  serait 
important  d'essayer  dans  les  cas  d'odon- 
talgie  la  réaction  de  la  salive  afin  de  guider 
plus  sûrement  sa  thérapeutique  ;  lorsque' 
en  effet  la  salive  est  acide,  souvent  on 
pourrait  obtenir  d*uu  simple  pansement 
alcalin  des  effets  que  ne  donnent  pas  d'au- 
tres moyens  en  apparence  plus  puissants. 
Le  fait  suivant  vient  à  l'appui  de  ces  idées  : 

Un  jeune  garçon  souffrait  de  vives  dou- 
leurs provenant  d'une  molaire  cariée  :  des 
onctions  de  chloroforme  sur  la  joue  du  côté 
malade  étaient  restées  sans  succès,  ainsi 
que  des  instillations  de  chloroforme  dans 
l'oreille  ;  on  avait  aussi  en  vain  essayé  des 
pansements  avec  des  bourdonnets  (k  coton 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


trempés  dans  du  chloroforme  et  introduits 
dans  Te  trou  de  la  carie  ;  des  pansements 
semblables  avec  Tacide  phénique  s'étaient 
aussi  montrés  impuissants  :  c*est  dans  ces 
conditions  que  Ton  employa  les  pansements 
avec  le  bicarbonate  de  soude.  Les  bour- 
donnets  de  coton,  avant  leur  introduction 
dans  la  dent  cariée,  furent  trempés  dans 
une  solution  aqueuse  do  sel  de  soude 
(2  gr.  de  bicarbonate  pour  50  d'eau)  et  la 
douleur  se  calma  très-rapidement,    (fbid,) 


Du  traitement  de  l'èmpoiftonnement 
par  le  phosphore  au  moyen  des  injeo* 
tiens  in tr a- veineuses  d'oxygène  ;  par 
MM.  THÏKRNESSE  et  CAS^li.  —  Dans 
une  communication  à  l'Académie,  M.  Rom* 
melaere  avait  soutenu  l'opinion  d'après 
laquelle  l'huile  essentielle  de  térébenthine 
n'est  un  contre-poison  du  pbospRore  qu'à 
la  condition  de  n'être  pas  rectiGée,  c'est-à- 
dire  d'être  oxygénée.  On  sait,  en  effet,  que 
Messence  de  térébenthine  est  très-avide 
d'oxygène,  et  peut  en  fixer  un  grand 
nombre  de  fois  son  yolumc.  Au  milieu  de 
la  discussion  soulevée  par  le  travail 'de 
M.  Rommelaere,  M.  Thicrnesse  avait  émis 
l'idée  que  l'essence  de  térébenthine  n'était 
pas  par  elle -même  l'antidote  du  phosphore, 
mais  que  c'était  l'oxygène  seul  qui  avait  le 
pouvoir  d'enrayer  l'action  du  toxique. 
MM.  Thicrnesse  et  Casse  commencèrent 
aloi-s  des  expériences,  et  injectèrent  dans 
les  veines  d'animaux  empoisonnés  par  1« 
phosphore  du  sang  défîbriné;  parlant  oxy- 
géné. Mais,  grâce  au  peu  d'oxygène  con- 
tenu dans  le  sang,  plus  d'un  animal  suc- 
comba. Les  auteurs  eurent  alors  recours 
à  l'introduction  dans  le  système  veineux 
d'oxygène  pur.  Le  poison  était  quel- 
quefois ingéré,  mais  le  plus  souvent  on  le 
dissolvait  dans  Thuile  et  on  Tinjectait  dans 
une  veine.  Aussitôt  que  les  phénomènes 
toxiques  se  manifestaient,  on  faisait  péné- 
trer dans  le  système  veineux  de  l'oxygène 
pur.  Il  est  nécessaire  d'injecler  lentement 
ce  gaz  dans  le  torrent  circulatoire.  La 
quantité  de  gaz  à  injceter  est  variable; 
elle  peut  même  être  considérable.  En  thèse 
générale,  MM.  Thicrnesse  et  Casse  pensent 
que  la  quantité  d'oxygène  qu'il  convient 
d'opposer  au  phosphore  ne  saurait  être 
moindre  que  150  ou  900  cent,  cubes,  pour 
un  animal  du  poids  de  5  à  8  kil.,  et  qu'il 
est  nécessaire  d'en  introduire  300  à  500  c. 
cubes  chez  des  sujets  d'un  poids  plus  con- 
sidérable. Nous  rappelons  à  ce  propos  que 


ce  sont  les  belles  expériences  du  regretté 
docteur  Muron  et  «elles  du  docteur  La- 
borde  qui  ont  démontré  que  l'on  pouvait 
impunément  injecter  dans  le  torrent  cir- 
culatoire^ en  prenant  certaines  précau- 
tions, des  quantités  de  gaz  très-considéra- 
.bles.  Il  résulte  des  expériences  de  MM. 
Thicrnesse  et  Casse  que  ce  n'est  pas  l'es- 
sence de  térébenthine  qui  est  l'antidote  du 
phosphore,  mais  bien  Toxygène.  D'après 
la  théorie  de*  ces  expérimentateurs ,  le 
phosphore^  au  lieu  de  s'oxyder  aux  dépens 
de  l'oxygène  des  globules,  s'oxyderait  aux 
dépens  de  l'oxygène  injecté,  ou,  ce  qui 
reviendrait  au  même,  l'oxygène  injecté 
restituerait  aux  globules  l'oxygène  qui 
leur  aurait  été  enlevé  par  le  phosphore. 
Dans  tous  les  cas,  il  y  a  formation  d'un 
composé  oxygéné  de  phosphore.  Ce  der- 
nier, d'après  le  travail  que  nous  venons  de 
résumer,  et  les  expériences  anciennes  de 
M.  Personne,  serait  dépourvu  de  tout  pou- 
voir toxiqu  e .  (  L'A  fteille  médicale .  ) 


Prooëdé  du  docteur  Daniel  Leasure 
pour  faciliter  la  réussite  du  taxis  au 
moyen  delà  position  donnée  au  nkalade. 

' —  V American  journal  of  the  médical 
sciences  a  publié,  il  y  a  un  peu  plus  d'un 
an,  au  mois  d'avril  1874,  un  procédé  très- 
ingénieux  qui  permet  de  venir  à  bout  des 
hernies' qu'on  aurait  crues  d'abord  irré- 
ductibles. Le  docteur  Leasure  (de  Pitts- 
burg)  fait  placer  les  jambes  du  malade  sur 
les  épaules  d'un  infirmier,  et  fait  soulever 
le  patient  de  telle  façon  qu'il  ne  repose  sur 
le  lit  que  par  la  tète  et  les  épaules.  11 
arrive  ainsi  que  la  colonne  vertébrale  se 
trouve  subir  une  inclinaison  assez  forte 
dont  la  concavité  est  en  avant  ;  et  de  celte 
position  donnée  au  malade  résulte  le  relâ- 
chement aussi  complet  que  possible  de  la 
paroi  abdominale.  Le  procédé  n'est  pas 
tout  à  fait  nouveau,  il  semble  avoir  déjà 
été  conseillé  et  employé.  Malheureusement 
cette  méthode  est  tombée  daiis  l'oubli  peut* 
être  parce  qu'elle  a  été  pendant  longtemps 
mal  comprise.  On  n'a  voulu  y  voir  qu'ua 
moyen  de  faciliter  par  l'application  des  lois 
de  la  pesanteur  la  réintégration  des  organes 
déplacés  dans  l'intérieur  de  la  cavité  abdo- 
minale ;  et  par  suite  de  cette  idée  fausse 
on  est  arrivé  à  exagérer  la  méthode,  on  en 
a  faussé  complètement  l'application  en 
ajant  recours  tout  simplement  à  la  sus- 
pension du  malade  par  les  pieds,  la  tête 
abandonnée  à  la  pesanteur.    Dans  cette 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


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position  les  parois  abdominales  sont  pour 
le  moins  anssi  tendues  que  dans  le  décu- 
bitus, et  la  réduction  de  la  hernie  n'est 
nullement  facilitée.  Ccst  par  suite  d'une 
pareille  erreur  que  Lawrence  arrive  dans 
son  Traité  des  hernies  à  condamner  celte 
méthode  d*ube  façon  absolue.  En  l'expli- 
quant d'une  manière  plus  rationnelle  et  en 
prescrivant  de  toujours  reposer  sur  le  lit 
les  épaules  et  la  tête  du  malade,  le  doc- 
teur Leasure  a  rendu  un  grand  service  à 
la  pratique  chirurgicale. 

Cette  méthode  a  tout  dernièrement  donné 
au  docteur  Périer'un  succès  d'autant  plus 
remarqunble  que  le  malade  sur  lequel  elle 
a  été  employée  avait. déjà  subi  des  tenta- 
tives  de  taxis  restées  infructueuses  entre 
les  mains  de  chirurgiens  justement  célè-^ 
bres.  Il  s'agissait  d'une  énorme  hernie 
inguino-scrotale.  M.  Dupré,  M.  Capron, 
M.  Gosselin  avaient  successivement  échoué; 
le  taxis  avait  été  fait  d'abord  sans  chloro- 
forme, et  ensuite  par  Gosselin  après  chlo- 
roformisation  ;  et  en  désespoir  de  cause 
on  avait  adressé  le  malade  à  l'hôpital  pour 
le  faire,  opérer.  En  le  plaçant  dans  la  situa- 
tion déclive,  le  docteur  Périer  vit  le  taxis 
arriver  rapidement  à  réduire  de  moitié  lé 
volume  de  la  hernie  ;  il  fallut  deux  minutes 
pour  obtenir  ce  résultat,  et  il  s'agissait 
d''une  hernie  ayant  le  volume  d'un  œuf 
d'autruche.  Après  cette  demi  réduction  on 
replaça  le  malade  dans  la  position  horizon- 
tale, et  l'on  n'eut  plus  aucune  peine  pour 
achever,  de  faire  rentrer  la  hernie. 
{Lyon  médicaL) 


Ponction  du  péricarde  ;  par  Ic  docteur 
VILLENEUVE  fils.  —  Le  17  mai  1873,  je 
fus  appelé  par  notre  confrère,  M.  Giraud, 
d'Arenc,  auprès  d'un  enfant  de  cinq  ans 
et  demi,  atteint  de  péricardite.  A  mon 
arrivée,  je  trouvai  le  petit  malade  dans 
l'état  le  plus  grave  :  la  face  bouffie  et  mar- 
brée, les  paupières  œdémateuses,  leslèvres 
violettes  et  froides  ;  le  pouls  très-faible  ne 
pouvait  se  compter.  Les  extrémités  infé- 
rieures, froides,  étaient  œdématiées  jus- 
qu'aux cuisses;  le  scrotum  était  infiltré. 
À  la  région  précordiale,  on  remarqqail 
une  voussure  très  marquée  et  de  la  gran- 
deur de  la  main.  Cette  voussure  était  net- 
tement fluctuante  et  offrait  un  mouvement 
d'ondulation  en  rapport  avec  la  respira- 
tion. Celle  ci  était  courle  et  fortement  sif- 
flante; il  y  avait  un  tirage  très-accentué 
avec  gonflement  des  jugulaires.  L'auscul- 


tation de  la  partie  antérieure  de  la  poi- 
trine ne  me  laissa  rien  percevoir  :  ni 
njurmure  respiratoire,  ni  bruit  du  cœur.  A 
la  partie  postérieure  du  thorax,  on  n'en- 
tendait que  le  retentissement  de  la  respira- 
tion sifflante  et  quelques  râles  sibilants. 

S'il  faut  en  croire  les  parents,  cet  état 
aurait  été  la  suite  d'une  chute  survenue 
deux  mois  auparavant,  et  a  la  suite  de 
laquelle  il  aurait  commencé  à  être  suffoqué 
et  à  avoir  les  jambes  enflées.  Le  traitement 
employé  consistait  en  boissons  diurétiques, 
application  de  sept  sangsues  sur  la  région 
précordiale,  suivies  de  sept  vésicatoires 
placés  coup  sur  coup  sur  le  même  point. 
A  la  suite  de  ce  traitement  très-rationnel, 
aucune  amélioration  n'étant  survenue,  et 
l'état  du  malade  empirant  toujours^  M.  Gi- 
raud  me  fit  appeler  en  consultation. 

A  mon  avis,  le  petit  malade  était  mont- 
rant, il  n'en  avait  que  pour  quelques  heu- 
res. Ne  sachant  quel  traitement  médical 
employer,  je  résolus  d'intervenir  chirur- 
gicalement.  Je  fis  part  de  ma  résolution 
aux  parents,  en  les  prévenant  que  je  . 
regardais  cette  intervention  comme  déses- 
pérée, et  qu'il  pourrait  même  se  faire 
qu'une  syncope  emportât  le  malade  pen- 
dant l'opération.  Néanmoins,  ils  consen- 
tirent à  me  laisser  agir.  J'envoyai  donc 
chercher  la  seringue  aspiratoir.e  de  M.  Dieu- 
lafoy,  et,  avec  Taide  de  M.  Giraud  fils,  je 
pratiquai  la  ponction  au  point  où  la 
tumeur  était  le  plus  saillante  et  fluctuante. 
J'enlevai  ainsi,  au  moyen  d'un  vide  préa- 
lable, deux  seringuées  d'un  liquide  parfai- 
tement transparent,  mais  d'une  couleur 
citrine  prononcée. 

Lorsque  j'eus  enlevé  la  canule,  la  petite 
plaie  resta  béante,  et  il  sortit  même  un  jet 
assez  fort  de  liquide  par  l'ouverture.  Cela 
tenait  à  ce  que  la  paroi  antérieure  de  la 
cavité  avait  été  très-amincie  par  les  appli- 
cations réitérées  de  vésicatoires.  Très- 
contrarié  de  cet  accident,  je  me  hâtai 
d'appliquer  le  doigt  sur  l'ouverture,  et 
j'eus  assez,  de  peine  à  l'oblitérer  avec  un 
morceau  de  diachylum  taillé  en  croix  de 
Malte,  parce  que  l'enfant,  qui  commençait 
à  revenir  de  sa  stupeur  asphyxique,  criait 
et  s'agitait  beaucoup,  et  faisait  à  chaque 
mouvement,  sortir  Un  peu  de  sérosité  par 
la  piqûre. 

Je  complétai  le  pansement  par  une  com- 
presse soutenue  avec  un  plumasseau  de 
charpie  et  un  petit  bandage  de  corps. 

Je  pus  alors,  en  appliquant  l'oreille  sur 
la  poitrine,  entendre  les  battements  du 

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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


cœur,  qui  étaient  encore  confus  et  tumul- 
tueux. Le  pouls  me  permit  de  compter 
160  pulsations  à  la  minute  ;  les  symptô- 
m(/s  d*asphyxie  s'amendèrent  et  je  pus 
quitter  mon  petit  malade  opéré,  dans  un 
état  assez  satisfaisant. 

A  partir  de  ce  moment,  Tamétioration 
continua,  Toedème  céda  peu  à  peu,  Tap- 
petit  revint  et  le  pouls  se  régularisa.  Mais, 
ce  qui  est  important  à  noter,  c'est  que  la 
piqûre  faite  par  le  trois- quarts  ne  se  ferma 
pas,  et  que  la  sérosité  péricardique  conti- 
nua à  couler  avec  abondance  et  même  par 
jet,  à  chaque  pansement,  qui  était  fait 
deux  fois  par  vingt- quatre  heures.  Au 
bout  de  quelques  jours  la  sérosité  devint 
plus  louche,  plus  épaisse  et  enfin  entière- 
ment purulente;  elle  continua  de  couler 
avec  abondance  pendant  cinq  mois.  Cepen- 
dant le  malade  se  levait,  marchait;  avait 
repris  de  Tappétit.  Vers  cette  époque,  un 
abcès  se  forma  au  niveau  de  la  cinquième 
côte  et  fut  ouvert  par  M.  Giraud.  Il  ne 
laissa  s*écouler  que  du  pus  de  bonne 
nature.  Cet  abcès  se  cicatrisa  et  peu-à-peu 
la  fistule  péricardique  ne  laissa  échapper 
qu'un  pus  de  moins  en  moins  abondant^ 
jusqu'au  sixième  mois  après  l'opération, 
époque  a  laquelle  elle  se  ferma  définitive- 
ment. 

Depuis  cette  époque^  l'enfant  n'a  cessé 
de  se  bien  porter,  et  il  est  maintenant, 
ainsi  que  l'on  peut  le  voir,  dans  un  état 
florissant.de  santé. 

J'attire  l'attention  de  mes  confrères  sur 
la  rareté  des  faits  de  cette  nature,  et  sur- 
tout  sur  Texistence  de  la  fistule  persistant 
près  de  six  mois  après  l'opération . 

Enfin  je  prie  mes  collègues  de  vouloir 
bien  constater  l'état  actuel  du  cœur,  qui 
me  parait  absolument  sain  et  ne  laisse  rien 
percevoir  à  l'auscultation. 

(Archives  médicales  belges.) 


fatigues  que  lui  occasionnait  son  métier 
jointes  aux  privations  l'avaient  épuisé.  Le 
malade  se  plaignait  d'un  catarrhe  bron- 
chique chronique  et  d'une  tumeur  de  la 
région  lombaire  gauche. 

Cette  tumeur  remontait  à  plusieurs  an- 
nées, elle  présentait  une  forme  hémisphé- 
rique, son  diamètre  mesurait  environ 
éO  centimètres.  Au  toucher  elle  était  molle 
et  élastique  et  donnait  à  la  percussion  un 
son  tympanique.  Dans  les  edPorts  de  toux, 
elle  augmentait  beaucoup  de  volume  et  on 
pouvait  la  faire  disparaître  complètement 
en  exerçant  une  compres&ion  convenable 
avec  les  doigts  ;  on  constatait  alors  l'exis- 
tence d'un  orifice  de  la  grandeur  d'une 
pièce  de  10  centimes  ;  quand  on  cessait  la 
.compression,  la  tumeur  reparaissait.  La 
réduction  donnait  naissance  à  un  bruit  ca- 
ractéristique de  gargouillement.  Une  her- 
nie de  l'intestin  grêle  fut  diagnostiquée. 

On  opéra  la  réduction  qu'on  maintint  à 
l'aide  d'un  bandage.  Celui  dont  il  fut  fait 
usage  consistait  en  un  petit  coussin  dont  Iç 
centre  se  relevait  en  forme  de  mamelon  et 
s'adaptait  parfaitement  à  l'orifice. 

(Gazette  médicale  de  Paris,) 


Un  cas  de  hernie  lombaire  ;  par  le  doc- 
teur Angelo  CIANCIOSI.  —  sous  le  nom 
de  hernie  lombaire^  J.  L.  Petit  a,  le  pre- 
mier, décrit;  en  1785,  la  hernie  qui  peut 
se  produire  dans  le  petit  espace  triangulaire 
qui  existe  quelquefois  en  arrière  du  grand 
oblique,  entre  ce  muscle  et  le  grand  dor- 
sal. Comme  il  est  très-rare  de  l'observer, 
le  cas  publié  par  le  docteur  Angelo  Cian- 
ciosi  est  dignp  de  remarque. 

En  mars  1874,  ce  médecin  fut  consulté 
par  un  vieillard  de  70  anS;  dont  l'état  gé- 
néral était  peu  satisfaisant;  les  grandes 


k>e  la  laparotomie  ou  section  abdomi- 
nale comme  moyen  de  traitement  de  l'in- 
tussusoeption.  —  Le  docteur  John  Ashurst 
donne  le  nom  de  laparotomie  à  Topération 
qui  consiste  à  faire,  dans  les  cas  d'intus- 
susceptioU;  une  incision  à  la  paroi  abdo- 
minale et  à  chercher  par  cette  voie  à 
réduire  Tintussusception  intestinale.  Après 
avoir  réuni  treize  cas  traités  ainsi  par  la 
section  abdominale,  le  docteur  Ashurst 
arrive  aux  conclusions  suivantes  : 

«  L'expérience  du  passé  ne  doit  pas 
encourager  le  chirurgien  à  intervenir  dans 
les  cas  d'intussusception  chez  des  enfants 
âgés  de  moins  d'un  an. 

»  Lorque  les  symptômes  observés,  et 
particulièrement  Thémorrhagie,  font  sup- 
poser que  la  portion  invaginée  est  frappée 
de  gangrène,  l'opération  est  contre^indi- 
quée  ;  on  comprend  aisément  que,  dans  ce 
cas,  la  laparotomie  ne  pourrait  être  d'au- 
cune utilité;  du  reste,  cette  terminaison 
par  gangrène  laisse  encore  quelque  espoir 
de  guérison  spontanée. 

»  11  ne  reste  donc  plus  que  quelques  cas 
exceptionnels  dans  lesquels  la  question  de 
^intervention  chirurgicale  pourra  être  agi- 
tée ;  ce  sont  ceux  où  la  terminaison  par 
gangrène  ne  saurait  être  espérée^  oi!i  tous 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


139 


les  remèdes  ordinaires  ont  cchou**,  où  le 
malade  est  menacé  de  succomber  à  Tépui- 
sèment  et  où  enfin  le  sujet  se  trouve  dans 
des  conditions  générales  relativement  sa- 
tisfaisantes. 

»  Lorsque  Topération  est  décidée,  la 
laparotomie  doit  toujours  être  préférée  à 
Tentérotomie  et  à  la  côlotomie.  Ces  deux 
dernières  opérations,  qui  trouvent  leur 
application  dans  les  occlusions  cons^éni- 
taies  et  dans  les  obstructions  chroniques^ 
ne  sauraient  être  employées  lorsquMl  s*8git 
d*nne  intussusception  ou  d*une  autre  va- 
riété d'obstruction  intestinale  aiguë. 

»  Dans  les  occlusions  intestinales  aiguës 
reconnaissant  d'autres  causes  que  Tinvagi- 
nation  et  lorsque  le  traitement  médical 
n*anra  pas  produit  d'amélioration  au  bout 
de  trois  ou  quatre  jours,  la  laparotomie 
pourra  être  pratiquée  avec  quelques  chances 
de  succès.  Cette  étude  ayant  spécialement 
trait  à  Tintussusception,  je  n'insiste  pas 
sar  cette  dernière  conclusion.  » 

{BuUeltin  général  de  thérapeutique,) 


Do  traitement  de  rocolusion  îotestî- 
nale  interne  par  l'éleotrîoité.  —  Se  fon- 
dant sur  un  certain  nombre  d'observations 
et  en  particulier  sur  un  fait  qu'il  a  été  à 
même  d'observer  à  l'hôpital  de  Brest,  le 
docteur  Fie uriot  conseille  remploi  de  Télcc- 
incité  pour  combattre  les  étranglements 
internes  ;  il  s'est  servi  de  l'appareil  de 
Gaifife,  et  plaçait  l'un  des  rhéopbores  à 
l'anus  ou  dans  le  rectum  et  l'autre  sur 
l'abdomen.  {Ihid.) 


Nouveau  cas  de  spîna  bifida  guéri  par 
de*  injections.  —  James  Morton,  profes- 
seur de  clinique  chirurgicale  à  l'hôpital 
royal  de  Glascow,  après  avoir  cité  quatre 
cas  de  guérison  de  spina  bifida  traités  par 
l'injection  avec  la  glycérine  iodée,  deux 
par  lui,  deux  par  le  docteur  Watt,  raconte 
le  fait  suivant  : 

Le  22  juin,  le  docteur  Thomas  Smith 
me  fit  appeler  auprès  d'une  petite  fille 
âgée  de  sept  semiiines,  Christine  M...,  en- 
fant délicate  et  portant  une  tumeur,  qui 
datait  de  la  naissance, elle  était  globuleuse, 
élastique,  transparente  et  non  pédonculée  ; 
elle  présentait  la  grosseur  d'une  pêche  ; 
son  siège,  sur  la  septième  vertèbre  cervi- 
cale et  la  première  dorsale,  réclamait  la 
plus  grande  attention.  On  me  dit  que  déjà^ 


par  une  déchirure, s'était  écoulé  un  liquide 
clair.  L'ouverture  semblait  s'être  fermée 
depuis,  et  le  liquide  s'accumulant  dans  la 
poche,  le  gonflement  était  devenu  plus 
considérable  que  jamais. 

A  un  hôpital  où  on  avait  conduit  l'en- 
fant, le'chirurgien  consulté  n'avait  voulu 
rien  entreprendre. 

Le  23  juin,  la  tumeur  est  ponctionnée 
au  moyen  d'un  fin  trocart  et  par  la  canule 
s'échappe  une  grande  quantité  de  liquide  ; 
puis  on  injecte  dans  la  poche  une  solution 
faible  de  glycérine  iodée,  on  ferme  ensuite 
l'ouverture  avec  du  coUodion.  A  l'excep- 
tion d'un  peu  de  fièvre,  il  ne  se  manifeste 
aucun  malaise  chez  l'enfant,  qui  s'empresse 
de  reprendre  le  sein  après  l'opération.  Le 
soir  elle  est  un  peu  agitée,  elle  ne  dort,  pas 
de  la  nuit;  le  matin,  elle  devient  plus 
calme  et  s'endort  d'un  sommeil  répara- 
teur. 

Bientôt  le  liquide  s'accumule  une  se- 
conde fois  et  montre  que  l'injection  n'a  pas 
répondu  à  mon  attente. 

Le  5  juillet,  nouvelle  ponction  et  injec- 
tion nouvelle.  Cette  fois,  l'enfant  n'en 
éprouve  aucun  effet  fâcheux,  elle  prend  le 
sein  et  dort  selon  son  habitude.  Après  l'in- 
jection, beaucoup  de  sérum  et  de  sang 
étaient  sortis  par  l'ouverture  et  j'avais  eu 
la  plus  grande  peine  à  la  fermer. 

Le  25  juillet,  l'état  général  de  l'enfant 
s'est  beaucoup  amélioré,  depuis  la  dernière 
opération,  elle  n'a  ressenti  aucun  malaise 
et  aujourd'hui  qu'elle  est  complètement 
maîtresse  de  ses  mouvements,  elle  parait 
en  user  avec  le  plus  grand  plaisir. 

La  mère  ne  l'a  jamais  vue  en  si  bonne 
sauté. 

La  tumeur  a  diminué  graduellement, 
elle  est  environ  du  volume  d'une  grosse 
fraise,  et  d'une  couleur  légèrement  pour- 
prée. Elle  est  entièrement  solide  ;  sa  sur- 
face est  irrégulière,  plissée  comme  un  gros 
raisin  sec. 

Le  15  août,  la  guérison  persiste. 

Ce  cas  et  les  quatre  cités  en  commençant 
sont  les  seuls  où  l'on  ait  employé  ce  mode 
de  traitement,  et  chez  tous,  il  a  été  heu- 
reux. Bien  qu'en  petit  nombre,  ces  succès 
ont  une  uniformité  très-encourageante  et 
doivent  exciter  les  médecins  à  augmenter 
le  nombre  de  ces  cures.  S'attendre  à  des 
succès  constants  serait,  je  crois,  une  utopie; 
mais  si  le  succès  devient  règle  et  l'échec 
exception  ce  mode  de  procéder  pourra 
être  tenu  pour  le  meilleur  que  l'on  con- 
naisse jusqu'à  ce  jour  dans  le  traitement  de 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


ce  dangereux  vice  de  conformation  congé- 
nital. 

(Remiede  thérapeut,  médico  chtrurg.) 


Cinq  cas  de  résection  du  sternum  et 
des  côtes.  —  Le  çujet  de  la  première  ob- 
servation est  un  paysan  âgé  de  55  ans,  qui 
était  atteint  depuis  un  an  d*une  tumeur 
dure,  pas  douloureuse,  et  siégeant  à  la 
partie  moyenne  du  sternum,  et  qui  avait 
tellement  augmenté  en  volume  dans  Tes- 
pacedecinq  mois,  qu'elle  atteif^nait  40 cen- 
timètres de  drconférence  et!23  de  hauteur. 
La  peau  qui  couvrait  la  tumeur  était  nor- 
male; la  tumeur,  fixe  et  adhérente  aux  os, 
présentait  de  la  fluctuation  sdr  quelques 
points.  Le  professeur  Costanzo  Mazzoni  en 
filTablation  réséquant  le  sternum  depuis  le 
manubrium  jusqu'à  Tappendice  xipholde^ 
et  une  partie  des  deuxième,  troisième  et 
quatrième  cartilages  costaux,  de  façon  à  ce 
qu'il  mit  à  nu  la  plèvre  du  médiastin  et  le 
péricarde.  On  voyait  ainsi  le  cœur  battre. 
Le  pansement  consista  dans  Tapplication 
de  charpie  trempée  dans  Thuile  phéniquce 
et  dans  le  permanganate  de  potasse.  Sur- 
vint un  peu  de  diarrhée  qui  fut  facilement 
vaincue  ;  la  plaie  avait  bon  aspect  et  était 
recouverte  de  granulations  ;  mais  quinze 
jours  après  ropcralion  une  pneumonie  hy- 
postatique  emporta  le  malade.  L'autopsie 
démontra  que  la  plaie  était  recouverte  de 
bourgeons  charnus. 

Les  autres  cas  de  résection  eurent  un 
meilleur  résultat^  et  tous  les  malades  gué- 
rirent. Il  s'agissait  de  la  carie  d'une  partie 
du  sternum  et  de  quelques  côtes  sur  des 
individus  scrofuleux.  L'ablation  de  Tos 
carié  sauva  les  malades. 

[Bulletin  général  de  thérapeutique,) 


Sur    la    résection    de    l'omoplate.  — 

M.  le  docteur  Bœckel,  dans  une  communi- 
cation faite  le  â  juillet  1874  à  l'assemblée 
générale  des  médecins  du  Bas-Rhin,  a  cité 
deux  observations  de  résection  de  l'omo- 
plate ;  dans  Tune,  il  s'agit  de  la  résection 
de  l'acroinion  et  du  tiers  externe  de  l'épine 
de  l'omoplate.  La  guérison  était  complète 
deux  mois  après  et  les  mouvements  du 
bras  étaient  parfaitement  rétablis  au  bout 
de  six  mois.  Dans  le  second  fait,  il  s'agit 
d'une  carie  de  l'omoplate  ;  on  fait  une 
résection  sous-périostée  du  scapulum, 
moins  la  partie  articulaire  et  l'angle  infé- 


rieur ;  la  guérison  se  fait  en  deux  mois  et 
demi.  Au  bout  de  trois  mois  et  demi,  il  y 
avait  une  régénération  osseuse  complète, 
et  au  bout  de  six,  les  usages  du  membre 
étaient  revenus.  Voici  comment-le  docteur 
Bœckel  s'exprime  sur  le  procédé  (opératoire 
employé  ; 

I.  incisions  tégumentaires .  —  Une  pre- 
mière, incision  transversale  fut  pratiquée  à 
partir  de  l'extrémité  de  l'acromion  jusqu'au 
niveau  des  fistules,  c'est-à-dire  jusque  vers 
le  tiers  externe  de  l'épine;  puis,,  au  lieu 
de  suivre  l'épine  dans  toute  sa  longueur, 
comme  la  plupart  des  chirurgiens,  nous 
nous  rapprochâmes  du  bord  supérieur  de 
l'os;  nous  espérions  de  cette  façon  mettre 
bien  à  nu  la  partie  supérieure  du  scapulum 
et  nous  mettre  à  l'abri  de  l'objejction  faite 
à  l'incision  transversale  de  Langenbeck, 
Syme,  etc.,  qui  découvre  mal  la  fosse  sus- 
épineuse.  Nous  ne  nous  doutions  pas  à  ce 
moment  que  la  carie  pouvait  être  aussi 
étendue,  et  nous  nous  mimes  à  ruginer 
l'acromion  et  le  commencement  de  l'épine 
en  décollant  le  muscle  sus-scapulaire  et  le 
périoste  de  leurs  attaches  à  l'os.  Cette  ma- 
nœuvre s'exécuta  très-facilemeut,  grâce  aux 
faibles  adhérences  du  périoste.  Arrivé  près 
du  bord  spinal,  je  trouvai  cette  partie  ma- 
lade. Une  incision  perpendiculaire  à  la 
première,  longeant  le  bord  spinal  et  allant 
jusqu'à  l'os,  fut  pratiquée  sur  une  étendue 
de  quelques  centimètres  ;  mais  bientôt  il 
fallut  la  prolonger  à  cause  de  la  carie  qui 
s'étendait  plus  loin  qu'on  ne  l'avait  sup- 
posé au  premier  abord  ;  de  sorte  qu'en  dé- 
finitive on  eut  une  incision  verticale  de 
9  centimètres. 

II.  La  dénudation  de  Vos  fut  alors  pour- 
suivie activement  :  du  côté  de  la  fosse 
sus-épincusQ  je  séparai  le  muscle  jusqu'au 
delà  de  l'échancrure  coracoïdienne,  c'est- 
à-dire  jusque  près  de  la  base  de  l'apophyse 
coracoïde,  sans  apercevoir  le  nerf  sus- 
scapulaire  ;  du  côté  de  la  fosse  sous-épi- 
neuse les  muscles  furent  détachés  jusqu'à 
deux  travers  de  doigt  de  l'angle  inférieur, 
qui  était  sain  ;  les  fibres  inférieures  du 
sous-épineux  furent  sectionnées;  les  in- 
sertions du  grand  rond  furent  entièrement 
respectées.  J'essayai  ensuite  de  soulever 
l'omoplate  et  de  ruginer  une  partie  de  la 
fosse  sous-scapulaire  pour  passer  une  scie 
à  chaîne  et  laisser  fan^le  inférieur  de  l'os 
dans  la  plaie.  Un  certain  nombre  de  fibres 
du  sous-scapulâirc  furent  entamées,  puis 
la  section  de  l'os  pratiquée.  Je  pus  alors 
saisir  l'omoplate,  l'attirer  hors  de  la  plaie 


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REVUE  ANALYTIQUE  Ë^  CRITIQUE. 


141 


et  achever  de  la  dénuder;  cette  manœuvre 
se  fit  aisément  et  fut  poursuivie  sur  les 
deux  laces  jusque  près  de  la  cavité  glé- 
noîd«i. 

IIL  Extirpation  de  Vos.  —  Les  abords 
de  la  cavité  paraissant  relativement  sains, 
on  passa  la  scie  à  chaîne  à  travers  Téchan- 


crure  coracoîdienne  et  on  fit  la  section  du 
col.  A  ce  moment,  Partère  sus-scapulaire 
donna  un  fort  jet,  et  on  eut  quelque  peine 
à  la  saisir;  mais  au  bout  d'un  certain  temps 
ou  parvint  néanmoins  à  la  lier.'  On  termina 
l'amputation  par  la  section  des  ligaments 
acromio-claviculaires.   .  {Ibid») 


Chimie  médicale  et  pharmaceutique. 


Transformation  de   la   matière  colo- 
rante jaune  de  Turine  en  uroérythrine. 
—  Dans  une  des  dernières  séances  de  la 
Société  de  biologie,  M.  Rabuteau  a  t;om- 
muniqué  les  résultats  suivants  sur  la  ma- 
tière  colorante  de  Turinc  normale.  D'a- 
près  Thudicum,   celte  matière  colorante 
serait   constituée    par  Turochrome.   Sous 
rînfluence    des    oxydants,     elle   devient 
rouge  de  jaune  qu'elle  était  et  se  tràns* 
forme   en   uroérythrine.   iM.   Rabuteau  a 
constaté    également    cette   transformation 
sous   rinfluence   des  oxydants.   Le  point 
spécial  sur  lequel  Tauteur  a  insisté,  c'est, 
en  premier  lieu,   Textraction  de  ruroéry- 
thrine,  et  en  second  lieu  la  métamorphose 
de  cette  matière  en  urochrouie,  sous  Pin- 
flucnce   des  agents  réducteurs.  Pour  ex- 
traire   Turoérythrine,    il   ajoute   d'abord 
un  acide,  comme  s'il  voulait  doser  Tacide 
nrique,  des  uratcs.  L'urine  devient  rouge 
peu  à  peu  au  contact  de  Pair.  Au  bout  de 
un  à  deux  jours^  l'urine -est  complètement 
rouge,  il  l'agite  alors  avec  de  l'alcool  amy- 
lique,  qui  s'empare  de  l'uroérythrine,  et 
vient  à  la  surface  de  l'urine.  En  agitant 
ainsi  deux  à  trois  fois  l'urine  avec  de  l'al- 
cool amylique,  on  finit  par  séparer  com- 
plètement  Turoérythrine.    En   évaporant 
:ia  bain-marie  la  solution  d'érythrinc  dans 
Kalcool  amylique,  on    obtient  une    sub- 
stance rouge  qui,  sous  l'influence  des  ré- 
ducteurs, se  comporte  de  la   manière  sui- 
vante :  lorsqu'on  la  traite  par  l'hydrogène 
naissant,  par   exemple   lorsqu'on   la   met 
dans  l'eau  avec  du  zinc  et  de  l'acide  chlo- 
rhydrique,  ou  avec  de  l'amalgame  .de  so- 
dium, elle  devient  peu  à  peu  jaune,  puis 
tout  à  fait  incolore.  Les  alcalis,  les  carbo- 
nates alcalins  et  notamment  le  carbonate 
d'ammoniaque^  la  ramènent  à  la  couleur 
jaune  plus  ou  moins  normale   de  l'urine. 
Réclproquemejit,   lorsqu'on  la    traite  par 
des  oxydants,  la  matière  colorante  ainsi 
modifiée,  ou  simplement  si  on  l'abandonne 


à  l'air,  elle  redevient  rouge  et  l'acide 
plombique  au  contact  de  l'acide  chlorhy- 
drique  produit  cet  effet.  Le  chlore  em- 
ployé  en  très-faible  quantité  produit  le 
même  résultat,  mais,  employé  en  excès  il 
détermine  une  décoloration  complète.  Ces 
données  nous  expliquent  différents  chan- 
gements de  couleur  qu'éprouve  l'urine 
normale  abandonnée  à  elle-même.  Elle 
rougit  d'abord  peu  à  peu  au  contact  de 
l'air  (transformation  de  l'urochrome  ea 
uroérythrine)  puis  au  bout  de  quelques 
jours,  lorsqu'elle  se  putréfie,  elle  devient 
jaunâtre,  pâle  (modification  éprouvée  par 
l'uroérythrine  sous  l'influence  du  carbo- 
nate d'ammoniaque  qui  provient  de  la  dé- 
composition de  l'urée.) 

(Journal  des  connaiss.  médic,  pratiq,) 


Sur  la  présence  de  la  deztrine  dans 
l'urine;  par  M.  E.  REICHARDT.  —  Sous 
l'influence  des  eaux  alcalines  (Vichy,  Vais, 
Carlsbad),  le  sucre  disparait  totalement  de 
de  l'urine  des  diabétiques,  mais  ce  liquide 
n'en  persiste  pas  moins  à  agir  comme  agent 
réducteur,  très  lent  et  très  faible  à  la 
vérité,  sur  la  liqueur  de  Fehling.  M.  Rei- 
chardt,  d'Iéna,  s'est  assuré,  dans  ce  cas, 
de  la  présence  d'une  petite  quantité  de 
dextrine  ;  voici  le  procédé  qu'il  a  suivi 
pour  eu  donner  la  prouve.  L'urine  est 
évaporée  au  bain-marie  en  consistance 
sirupeuse;  W  résidu  est  additionné  d'alcool 
et  de  potasse  caustique,  comme  dans  le 
cas  de  la  recherche  du  sucre  ;  il  se  fait  uu 
dépôt  dout  on  sépare  facilement  le  liquide 
qui  surnage.  Ce  dépôt  est  lavé  à  plusieurs 
reprises  avec  de  Talcool  absolu,  puis  traité 
par  de  l'acide  acétique  étendu  qui  le  dis- 
sout. 

Un  second  traitement  par  l'alcool  absolu 
précipite  de  nouveau  la  dextrine  ;  l'acétate 
alcalin  et  le  sucre  (s'il  en  existait  quelques 
traces)  restent  en   solution.  Bien  lavé  à 


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Talcool,  puis  desséché,  le  précipité  devient 
une  poudre  blanche,  insipide,  soluble  dans 
Teau  ;  sa  solution  aqueuse  n^agit  qu'avec 
une  extrême  lenteur  sur  le  réactif  Trora- 
mer;  Tacide  sulfurique  très-étendu  la 
transforme  en  glycose  dont  l'action  sur  le 
réactif  de  Trommer  est  immédiate.  Cette 
poudre  prend  au  contact  de  Tiode  une 
coloration  rouge  brune.  L'analyse  élémen- 
taire a  donné  des  résultats  qui  ne  diffèrent 
pas  sensiblement  de  ceux  de  la  dextrinc 
C**H*«0"  ou  d^i  glycogène. 

[L'auteur  ne  dit  rien  de  l'action  de  cette 
matière  sur  la  lumière  polarisée.] 

(Journal  de  pharmacie  et  de  chimie,) 


Production  spontanée  de  cristaux 
dans  les  œufs  sans  développement  d'or- 
ganismes ;  par  M.  GAYON.  —  J'ai  exa- 
miné des  œufs  qui  n'avaient  éprouvé 
aucune  des  altérations  qu'on  observe  ordi- 
nairement (moisissures,  fermentation  pu- 
tride et  fermentation  acide)  et  qui  cepen- 
dant n'étaient  point  restés  sains.  Une  mo- 
dification spéciale  s'était  produite,  sans  que 
j'aie  pu  en  saisir  la  cause,  sur  quelques- 
uns  seulement  des  œufs,  brouillés  ou  non, 
mis  en  expérience  à  la  température  de  ^^°. 
La  masse  décomposée  a  une  teinte  jaune 
sale,  une  odeur  de  matières  animales 
sèches,  une  grande  fluidité,  malgré  les 
aiguilles  cristallines  qu'elle  renferme  en 
grand  nombre  et  malgré  les  particules 
solides  qui  proviennent  de  la  désagrégation 
du  vitellus. 

Je  n'ai  pu  découvrir  trace  d'organismes 
microscopiques,  ni  dans  l'intérieur^  ni  à  la 
surface,  ni  dans  l'épaisseur  des  membra- 
nes. 

Ce  qui  est  surtout  caractéristique,  c'est 
la  formation  de  gros  mamelons  blancs, 
pouvant  atteindre  2  et  3  millimètres  de 
diamètre,  et  constitués  par  des  faisceaux 
de  fines  aiguilles  cristallines.  Ces  mame- 
lons sont  nombreux  sur  toute  la  surface 
interne  ou  externe  de  la  membrane  de  la 
coque  ;  ils  adhèrent  fortement  aux  points 
où  ils  se  sont  formés  ;  les  plus  gros  sont 
sur  les  parois  de  la  chambre  à  air,  et,  en 
général,  partout  où  l'air  extérieur  parait 
avoir  le  plus  facile  accès. 

A  Paspect  microscopique  et  aux  réactions 
qu'ils  donnent,  ou  reconnaît  qu'ils  sont  en 
grande  partie  formés  de  tyrosine,  mêlée  à 
un  peu  d'albumine. 

Si  l'on  écrase  l'un  d'eux  sur  une  lame  de 
verre,  il  se  décompose  en  faisceaux  rayon- 


nés  de  fines  aiguilles,  ayant  chacun  la 
forme  de  petits  secteurs  dentelés  sur  les 
bords,  opposés  le  plus  souvent  deux  à  deux 
par  leurs  sommets,  et  quelquefois  groupés 
en  étoiles.  A  côté  d'eux,  on  voit  des  débris 
amorphes  d'albumine  solidifiée. 

Ces  cristaux  sont  très-peu  solubles  dans 
Peau  froide,  solubles  dans  l'eau  bouillante, 
où  ils  se  séparent  des  matières  albumineu- 
ses,  insolubles  dans  l'alcool  et  dans  l'éther, 
mais  solubles  aisément  dans  les  acides  et 
les  alcalis. 

Les  réactions  suivantes,  qui  sont  carac- 
téristiques de  la  tyrosine,  ont  parfaitement 
réussi  : 

i^  La  dissolution  jaune  orange, obtenue 
avec  l'acide  azotique,  donne,  par  une  éva- 
poration  ménagée,  un  résidu  qui  se  colore 
en  brun  rouge  foncé  par  les  alcalis 
(Schérer). 

2°  Une  dissolution  bouillante  dans  l'eau 
donne  avec  l'azotate  neutre  de  mercure  un 
précipité  blanc  jaunâtre,  qui  se  transforme 
en  rouge  foncé  par  l'addition  goutte  à 
goutte  d'aciJe  azotique  fumant;  il  faut 
faire  bouillir  de  nouveau  après  chaque 
goutte  (Meyer). 

5<*  Une  dissolution  dans  l'acide  sulfuri- 
que concentré,  produite  à  une  douce  cha- 
leur, prend  une  couleur  rouge  passagère  ; 
le  liquide,  étendu  d'eau,  neutralisé  par  la 
craie  ou  le  carbonate  de  baryte,  filtré  et 
concentré,  donne  avec  le  perchlorurc  de 
fer  une  coloration  violette  (Piria). 

Dans  le  dédoublement  des  matières  albu- 
minoîdes,  la  tyrosine  étant  généralement 
accompagnée  de  leucine,  j'ai  cherché  si 
ces  deux  produits  existaient  à  la  fois  dans 
la  masse  décomposée.  Pour  cela,  j'ai  opéré 
de  la  manière  suivante. 

Le  contenu  de  l'œuf  a  été  épuisé  par 
l'alcool  bouillant,  qui  devait  dissoudre 
toute  la  leucine,  puis  par  l'éther,  pour  sé- 
parer ce  qui  restait  de  matières  grasses,  et 
enfin  par  une  dissolution  aqueuse  d'ammo- 
niaque, qui  a  dissous  la  tyrosine.  Et  en 
effet,  par  l'évaporation  lente  de  cette  der- 
nière liqueur  après  filtration,  j'ai  obtenu 
des  cristaux  blancs  de  tyrosine. 

L'extrait  alcoolique  filtré,  de  couleur 
rouge,  a  été  évaporé  ;  le  résidu  traité  par 
l'éther  a  été  repris  par  l'alcool  bouillant. 
Après  filtration  nouvelle  et  évaporation 
lente,  il  s'est  déposé  des  cristaux  blancs 
jaunâtres,  dont  la  forme  est  celle  des  cris- 
taux  de  leucine  :  ce  sont  de- petites  masses 
granuleuses,  sphéroïdes,  qui  au  microscope 
ressemblent  à  des  cellules  adipeuses  ;  sur 


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leurs  bords  seulement  on  voit  leur  consti- 
tulion  crislalline. 

J*ai  obtenu,  d'ailleurs,  avec  elles  les 
principales  réactions  de  la  leucine  : 

4*»"En  chauffant  avec  précaution  ces  cris- 
taux dans  un  tube  de  verre  ouvert  aux 
deux  bouts,  ils  se  volatilisent  sans  fondre, 
en  donnant  des  flocons  blancs  très-légers, 
dont  les  uns  se  déposent  sur  les  parois 
froides  du  tube,  et  les  autres,  entraînés 
par  le  courant  d'air,  vojtigent  dans  Pat- 
niosphère. 

2<>  Evaporés  avec  soin  sur  une  lame  de 
platine  avec  de  Tacide  azotique^  ils  laissent 
un  résidu  incolore  qui,  traité  par  une 
goutte  de  lessive  de  soude,  se  dissout  faci- 
lement; en  concentrant  doucement  la  li- 
queur, il  se  forme  une  goutte  oléagineuse, 
très-mobile  et  ne  mouillant  pas  la  lame  de 
platine  (Schérer). 

Les  quantités  de  lyrosine  et  de  leucine 
obtenues  dans  ces  circonstances  sont  beau- 
coup plus  grandes  que  dans  la  putréfac- 
tion. Il  y  a  donc  là  une  curieuse  transfor- 
mation de  Talbumine  de  Tœuf^  qui  rappelle 
celle  que  M.  Schûtzenbergcr  a  constatée 
pour  les  matières  protéiques  insolubles  de 
la  levure  de  bière,  lorsque  celle-ci  con- 
tinue sa  vie  à  ses  propres  dépens,  sans 
putréfaction. 

Le  poids  des  matières  grasses  extraites 
par  Péther  est  inférieur  à  celui  que  donne 
un  œuf  sain  ou  un  œuf  pourri.  Au  lieu  de 
4t  grammes,  poids  minimum  que  ces  der- 
niers œufs  m'ont  donné,  j'ai  trouvé  dans 
deux  cas  les  nombres  2gr.,59  etOgr.,85. 
Le  traitement  présente  une  particularité 
que  je  n'ai  pas  remarquée  avec  les  autres 
œufs.  En  agitant  la  matière  avec  l'éther, 
tout  se  prend  en  une  masse  gélatineuse 
jaunâtre,  et  parle  repos  l'éther  ne  se  sépare 
qu'avec  une  extrême  lenteur  ;  au  contraire, 
avec  les  œufs  sains,  par  exemple,  il  se 
forme  en  peu  de  temps  une  couche  trans- 
parente au-dessus  de  la  masse  insoluble 
qui  se  réunit  au  fond  du  vase. 

Ou  pourrait  croire,  en  voyant  les  ma- 
melons qui  grossissent  sur  les  membranes, 
en  présence  de  l'air,  que  l'altération  pré- 
cédente doit  ses  principales  modifications 
à  l'action  de  l'oxygène  atmosphérique. 
Toutefois  ce  dernier  agent  pourrait  n'être 
point  du  tout  nécessaire,  car  j'ai  obtenu 
des  cristaux  de  tyrosine  dans  un  tube  où 
j^avais  enferme  un  œuf  avec  une  quantité 
très  limitée  d'air.  La  cristallisation  de  la 
tyrosine  sur  les  membranes  s'expliquerait 
alors  par  sa  faible  solubilité.         (Ihid,) 


Sur  les  oaraotéres  du  glyooooUe  ;  par 
M.  ENGEL.  —  Le  glycocolle  se  reconnaît 
à  trois  caractères  : 

l*'  Bouilli  avec  une  solution  concentrée 
de  potasse  ou  de  baryte,  le  glycocolle  don- 
nerait une  coloration  rouge  de  sang. 

Cette  réaction  ne  permettrait  pas,  d'a- 
près certains  auteurs,  de  confondre  le  gly- 
cocolle avec  beaucoup  d'autres  substances  ; 
néanmoins  je  n'ai  jamais  pu  la  reproduire. 

Les  deux  autres  réactions,  citées  dans 
les  traités  de  chimie,  ne  suffisent  pas  pour 
caractériser  le  glycocolle.  Ces  réactions 
sont  les  suivantes  : 

2»  Le  glycocolle,  traité  par  du  sulfate 
de  cuivre,  puis  par  de  la  potasse,  empêche 
la  précipitation  de  l'oxyde  de  cuivre.  On 
obtient;  dans  ce  cas,  une  belle  coloration 
bleue.  Ce  fait  est  attribué  à  Horsford  ; 
liiais  i\l.  Boussingault  avait  antérieurement 
constaté  que  le  glycocolle  dissout  Toxyde 
de  cuivre  et  avait  donné  la  formule  du 
glycocollate  de  cuivre. 

3»  Le  glycocolle  réduit  à  froid  et  mieux 
à  chaud  Tazotate  mercureux. 

A  ces  deux  dernières  réactions,  j'ajou- 
terai les  deux  suivantes.  Isolée,  chacune 
de  ces  réactions  ne  prouve  pas  que  le 
corps  qui  la  donne  est  du  glycocolle,  mais 
l'ensemble  des  quatre  me  parait  tout  à  fait 
caractéristique  de  cette  substance. 

i'»  Le  glycocolle  donne,  avec  le  per- 
chlorure  de  fer,  une  coloration  rouge  in- 
tense. L'acide  acétamique  se  comporte 
donc  avec  le  perchlorure  de  fer,  comme 
les  acides  alcalins.  Cette  coloration  dispa- 
raît sous  l'influence  des  acides  ;  elle  re- 
paraît lorsqu'on  neutralise  avec  précau- 
tion, par  de  l'ammoniaque,  Tacide  ajouté. 

t'*  On  sait  que,  lorsqu'on  traite  l'aniline 
par  un  peu  de  phénol,  puis  par  un  excès 
îl'hypochlorite  de  sodium,  on  obtient  une 
belle  coloration  bleue.  M.  Jacquemin  a 
constaté  que  l'ammoniaque  se  comporte 
en  présence  du  phénol  et  d'un  excès  d'hy- 
pochloritc  comme  l'aniline.  Ce  fait  avait 
déjà  été  signalé  par  Al.  Berthelot  {Réper- 
toire de  chimie  appliquée,  p.  28 1,  1859). 
La  coloration  obtenue  avec  Taniline  est  in- 
finiment plus  intense.  D'une  façon  géné- 
rale, l'ammoniaque,  la  méthylamine,  Té- 
thylamine  (Jacquemin),  la  phénylamine 
donnent,  lorsqu'on  les  traite  par  du  phénol 
et  un  excès  d'hypochlorite.  une  coloration 
verte  ou  bleue.  Or  les  glycocolies  sont  à 
la  fois  des  aminés  et  des  acides:  aussi 
suffit-il  de  traiter  un  peu  de  glycocolle  en 
.solution  par  une  goutte  de  phénol,  et  d'à- 


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jouter  au  mélange  de  rhypochlorite  de  so- 
dium pour  obtenir,  après  quelques  ins- 
tantS;  une  belle  coloration  bleue. 

Ces  quatre  réactions  sont  du  reste  très- 
sensibles.  Il  m'a  suffi  de  dissoudre  25  mil- 
ligrammes de  glycocolle  dans  8  centimè- 
tres cubes  d*eau,  et  de  diviser  cette  solu- 
tion en  quatre  parties  égales,  pour  obtenir 
les  quatre  réactions  dont  j*ai  parlé.  Les 
phénomènes  de  coloration  étaient  très- 
intensçs  et  la  réduction  de  Tazotate  nier- 
curcux  très- nette  ;  on  pourrait  donc  carac- 
tériser une  quantité  beaucoup  moindre  de 
glycocolle  en  opérant  sur  quelques  gouttes 
seulement,  au  lieu  d'employer  pour  chaque 
réaction  2  centimètres  cubes  de  la  solution, 
comme  je  Tai  fait.  (Ibid.) 


Sur  «lael^ues  réactions  peu   oonnues 
des   matières    sucrées;   par  M.    VIDAU, 

pharmacien-major.  — -  Le  réactif  que  j'ai 
employé  est  un  mélange  à  parties  égales 
d'acide  chlorhydrique  du  commerce  et 
d'une  huile  grasse  (sésamc, ricin,  œillettes, 
arachides^  olives,  colza,  amandes  douces, 
foie  de  morue,  et.).'  Voici  de  quelle  façon 
j*ai  été  conduit  à  me  servir  de  ces  mélan- 
ges. J'avais  à  examiner  une  série  d'échan- 
tillons d'huiles  de  diverses  provenances 
vendues  à  Batna,  sous  le  nom  d*huile  de 
table,  et  même  fournies  à  Thôpital.  On 
appliqua  à  ces  produits  les  moyens  de  re- 
connaissance indiqués  par  M.  Massie,  phar- 
macien principal  de  l'armée,  et  insérés  au 
Journal  de  pharmacie  et  de  chimie;  la  plu- 
part des  huiles  donnaient  avec  l'acide  azo- 
tique une  coloration  jaune  orange,  l'acide 
lui-même  était  coloré  d'abord  en  vert,  puis 
eu  jaune  ;  par  addition  de  mercure  métal  - 
Hque  la  coloration  jaune  orange  persistait, 
et  la  solidification  se  produisait  après  deux 
heures  environ.  Ces  caractères  appartien- 
nent à  rhuile  de  sésame. 

Pour  plus  de  certitude,  on  tenta  l'essai 
d'une  réaction  due  à  M.  Camoin,  et  que 
M.  Choulette  a  rapportée  dans  ses  Observa- 
tions pratiques  de  chimie  et  de  pharmacie 
(1"  fascicule,  p.  130,  G.' Baillière,  1860). 

«...  Ce  procédé  repose  sur  l'action  ca- 
ractéristique que  l'acide  chlorhydrique 
mélangé  d'une  petite  quantité  de  sucre 
exerce  sur  Thuile  de  sésame.  Voici  en  quoi 
il  consiste  ':  on  fait  dissoudre  à  froid  2  par- 
lies  de  sucre  de  canne  dans  100  parties 
d'acide  chlorhydrique  à  23  ou  ^4o,  et  l'on 
verse  dans  un  tube  fermé  de  0™, 01 5  de 
diamètre  parties  égales  de  cet  acide  sucré 


et  de  l'huile  à  essayer.  On  agite  en  fermant 
l'orifice  du  tube  avec  le  pouce  ;  au  bout 
d'un  temps  très-court  (une  ou  deux  mi- 
nutes), l'huile  de  sésame  est  dévoilée 
par  la  couleur  rose  que  le  mélange  ac- 
quiert..., etc.   » 

L'opération  effectuée  dans  les  conditions 
ci-dessus  relatées  réussit  parfaitement,  et 
l'on  demeura  convaincu  que  les  huiles 
commerciales  examinées  étaient  pour  la 
plupart  extraites  des  semences  du  sésame. 
Cette  action  de  l'acide  chlorhydrique 
sucré  sur  une  huile,  grasse  fit  penser  que 
réciproquement  une  matière  sucrée,  même 
en  faible  quantité,  pourrait  être  décelée 
par  un  mélange  d'acide  chlorhydrique  et 
d'une  huile  déterminée.  On  fit  alors  les  ex- 
périences suivantes;  toutefois,  avant  de 
les  décrire,  il  convient  d'expliquer  exacte- 
ment, dans  quelles  conditions  on  s'est  tou- 
jours placé. 

\^  Une  huile  quelconque,  mélangée  à 
un  volume  égal  d'acide  chlorhydrique  du 
commerce,  a  été  introduite  dans  un  petit 
tube  fermé  (tube  ordinaire  à  expériences). 
On  a  agité  fortement  pendant  quelques 
instants,  on  a  chauffé  jusqu'à  ébullition 
de  la  liqueur  acide,  puis  après  repos  et  sé- 
paration des  deux  couches  liquides,  on  a 
noté  la  couleur  de  l'acide  se  déposant  à  la 
partie  inférieure  du  tube. 

2"  Les  conditions  de  l'expérience  restant 
les  mêmes,  on  a  ajouté  au  mélange  précé- 
dent une  quantité  déterminée  de  sucr^,  de 
canne  ou  de  sucre  interverti  (i  centimètre 
cube  de  solutions  à  divers  titres),  et  de 
même  quç  précédemment,  on  a  noté  les 
colorations  obtenues. 

3<*  Les  solutions  de  sucre  de  canne  ont 
été  préparées  avec  du  sucre  candi  blanc 
et  bien  cristallisé;  i  centimètre  cube  de 
chacune  d'ellf's  représente  1  centigramme, 
i  demi  centigramme,  1  milligramme  ou 
1  dix-milligramme  de  matière  active.  Les 
solutions  de  sucre  interverti  ont  été  pré- 
parées avec  le  même  sucre  candi  que  l'on 
a  traité  par  son  poids  d'acide  chlorhy- 
drique additionné  de  iOO  parties  d'eau  en- 
viron, et  que  l'on  a  fait  bouillir  pendant 
-  un  quart  d'heure.  Elles  contiennent  i/lOO, 
1/1,000,  1/4,000  1/10,000  de  leur  poids 
de  sucre  de  canne  (interverti). 

Voici  quels  ont 'été  les  résultats  ob- 
tenus : 

I.  Expériences  préliininaires.  —  A  = 
HCL-|- sucre  interverti  Ogr.,01  (1  centi- 
mètre cube  de  solution  au  1/100).  Pas  de 
changement  de  coloration  h  froid.  —  B  = 


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HCL-Hsucre  interverti  Oiir.  «01 .  Coloration 
jaune  à  cliaiui.  —  C==HCL -f- sucre  inler- 
vcrli  Ogr.,001 .  Pas  de  cliangeinent  de  co- 
loration à  chaud. 

H.  Expériences  avec  l'Imile  de  sésame. 
—  I»  A=HCL-Hhuile  de  sésame  à  chaud. 
Légère  leinle  jaune  chamois  du  h'quide 
acide  qui  occupe  la  partie  inférieure  du 
tube.  —  2»  Les  mêmes  réactifs +  Ogr., 01 
de  sucre  interverti  (i  centimètre  cube  de 
solution  au  1/100).  Coloration  rosé  se  pro- 
duisant rapidement,  même  à  froid,  cl  de- 
veoant  rouge  cerise  au  bout  d*un  certain 
temps. 

3**  Les  mêmes  réactifs  additionnés  de 
Ogr.,001  et  même  de  Ogr.,005  de  sucfe 
interverti.  ColoruUon  rose  caractéristique. 
Avec  Ogr.,0001  de  sucre  interverti,  colo- 
ration rose  encore  visible. 

4*»  Les  mêmes  réactifs  -4-  Ogr,Oi  ou 
même  Ogr.,0  li  de  sucre  de  canne.  La  co- 
loration Tfise  ne  tarde  pas  à  se  manifester. 
5*»  Les  mêmes  réactifs -t- Ogr.,001  de 
sucre,  interverti  dissous  dans  1°°  d*urine 
normale.  La  coloration  rose  violacée  se 
produit  rapidement. 

liL  Expériences  avec  les  huiles  de  ricin, 
d'œillettes,  d'arachides ,  d'olive,  de  colza, 
d'amandes  douces  et  de  foie  de  morue,  — 
Les  mêmes  réactifs  additionnés  de  Ogr.,Oi 
de  sucre  interverti  donnent  les  résultats 
suivants  :  1®  très-belle  coloration  jaune 
orange  avec  V huile  de  ricin;  2"  coloration 
jaune  britn  avec  V huile  d'œilletUs;  3°  colo- 
ration yat«n«  très  intensi'  s\ec  V huile  d'a- 
rachides; 4**  coloration  yaune  orange  avec 
ïUiiilf  d'olive;  5"  coloration  brune  très- 
foncée  avec  V huile  de  colza;  6**  coloration 
jaune  orange  avec  Vhuile  d'amandes  dou- 
ces; 7f  coloration  brtme  avec  Vhuile  de  foie 
de  tnorue. 

11  résulte  de  ces  faits  qu*un  mélange  à 
parties  égales  diacide  chlorhydrique  et 
d^une  huile  grasse  et  spécialement  d'huile 
de  sésame^  peut  être  considéré  comme  un 
réactif  des  *  matières  sucrées  (sucré  de 
canne,  glucose,  lévulose^  miel^  etc.).  L'ac- 
tion est  plus  sensible  avec  le  sucre  inter- 
verti qu*avec  le  sucre  de  canne;  celui-ci, 
du  reste,  chauiTc  avec  Tacide  chlorhy- 
drique dans  les  conditions  de  Texpérience, 
doit  se  transformer  au  uiQins  partiellement 
en  sucre  interverti. 

Les  colorations  jaune,  orange,  marron, 
etc.,  que  l'on  obtient  avec  les  huiles  au- 
tres que  rhuile  de  sésame,  paraissent  d'a- 
bord ducs  à  faction  de  Tacidc  sur  la  solu- 
tion sucrée  chaude,  mais  elles  sont  ren- 


dues beaucoup  plus  sensibles  par  la  pré- 
sence de  la  matière  grasse  qui  déleriiiine 
dans  les  nuances  de  notables  et  avanta- 
geuses modifications. 

Enfin,  on  a  cru  utile  de  fixer  approxi- 
mativement la  limite  de  sensibilité  du  ré- 
actif aci'ie  chlorhydrique  et  huile  de  sé- 
same. La  teinte  rose  du  liquide  acide  est 
très  rapidement  visible  lorsque  Ton  se  sert 
d'une  solution  (i^*'  contenant  2  déci- 
grammes  de  sucre  interverti  par  litre  ; 
elle  peut  encore  être  constatée  avec  des 
solutions  extrêmement  étendues  au 
4/10,000  et  même  au  1/20,000  (l»"  d'une 
liqueur  contenant  un  décigramme  et 
5  centigrammes  de  sucre  interverti  pour 
4,0(iO««).  On  ne  saurait  trop  recommander 
d'opérer  comparativement  en  se  servant 
de  mélanges  d'huile  de  sésame  et  d'acide 
chlorhydrique  pur,  puis  additionné  d'une 
dose  de  sucre  de  plus  en  plus  minime. 

i/6/rf.) 


Sur  la  glycérine  oristallîsée  ;  par 
M.  HENiNLNGER.  ~  La  glycérine  pure, 
d'après  M.  Henninger,  peut  être  refroidie 
pendant  quelques  heures  à  —  20<>  sans  se 
solidih'er  ;  à  cette  température,  elle  est  tel- 
lement visqueuse  qu'on- peut  retourner  le 
vase  sans  qu'elle  s'en  écoule.  Si,  dans  la 
glycérine  ainsi  refroidie,  on  introduit  une 
petite  parcelle  de  glycérine  cristallisée,  la 
solidification  commence  aussitôt,  mais  elle 
a  lieu  si  lentement  qu'elle  n'est  pas  com- 
plète au  bout  de  plusieurs  heures,  même 
si  l'on  n'opère  que  sur  une  dizaine  de 
grammes  de  luatière.  La  cristallisation  se 
fait  plus  vite  si  Ton  refroidit  simplement 
avec  de  Teau  glacée,  mais  elle  exige  en- 
core des  heures  entières  pour  s'achever. 
Ce  phénomène  est  dû  à  la  viscosité  de  la. 
glycérine.  Pendant  la  solidification  de  la 
glycérine  dans  l'eau  glacée,  on  observe  la 
formation  de  petits  cristaux  magnifiques, 
transparents  et  très  brillants,  qui  restent 
suspendus  longtemps  dans  la  masse  li- 
quide. Ces  cristaux,  qui  sont  tous  hémiè- 
dres,  appartiennent  probablement  au  type 
orthorhumbique;  ce  sont  des  combinaisons 
du  prisme  m  avec  le  tétraèdre  .1 /là  6  1/2. 
Les  cristaux  plus  grands  sont  presque  tou- 
jours maclés  et  offrent  des  combinaisons 
plus  complexes;  on  y  trouve  rarement  des 
formes  hémièdres.  Le  point  de  fusion  de  la 
glycérine  solide  est  situé  entre -h  17  et  18", 
et  son  point  d'ébullition  à  179-180°  sous 
une  pression  de  20  millimètres. 

19 


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]4(i 


REVUE  ANALYTIQDE  ET  CRITIQUE. 


La  glycérine  qui  a  servi  aux  expé- 
riences de  M.  Hennin^cr  avait  été  purifiée* 
par  deux  dislillations  dans  le  vide*  {Ihid.) 


Sur  la  solubilité  du  nitrate  de  soude 
et  sa  oombinaison  avec  l'eau  ;  par 
M.  DITTE.  —  Une  dissolution  saturée  à 
zéro  renferme  66,7  parties  de  nitrate  de 
soude  pour  100  d'eau;  comme  elle  ne  dé- 
pose rien  entre  zéro  et  —  45",  elle  con- 
serve dans  cet  intervalle  une  composition 
constante.  Refroidie  à  —  l^",  et  mise  eu 
coniact  avec  un  excès  de  nitrate  cristal- 
lisé, elle  n'en  dissout  ni  n'en  dépose,  et  la 
liqueur,  séparée  des  cristaux,  se  comporte 
exactement  comme  la  dissolution  saturée 
à  zéro. 

Ainsi,  une  dissolution  de  nitrate  de 
soude,  saturée  à  zéro,  ne  se  comporte  pas 
comme  une  dissolution  quand  on  la  refroi- 
dit; elle  ne  change  pas  de  composition 
quand  la  température  s'abaisse  et  ne  con- 
tient cependant  pas  de  nitrate  en  sursa- 
turation ni  d'eau  en  surfusion  Qnand  elle 
se  solidifh),  les  cristaux  qu'elle  donne  sont 
bien  diiTiirents  de  ceux  du  nitrate  de  soude 
ordinaire;  enfin  ceux-ci  présentent  un 
point  de  fusion  constant,  caractère  qui 
n'appartient  qu'aux  combinaisons  définies. 
Au  contact  d'un  excès  de  nitrate  de  soude, 
l'eau  à  zéro  s'y  est  entièrement  combinée, 
et  Ton  est  alors  en  présence,  non  plus 
d'une  dissolution,  mais  d'un  hydrate  de 
nitrate  de  soude,  liquide  entre  zéro  et  — 
4 5", 7,  solide  au-dessous  de  cette  dernière 
limite.  Cet  hydrate  contient,  dans  100  par- 
ties^ 40,01  de  nitrate  et  59,99  d'eau  ;  sa 
composition  répond  à  la  formule  AzO\ 
NaO,14HO.  La  densité  de  cet  hydrate  a 
l'état  liquide  est  4,557 à  zéro. 

Au-dessus  de  zéro  la  solubilité  du.nitrate 
de  soude  varie  régulièrement,  sans  rien 
olFrîr  de  remarquable.  100  parties  d'eau 
dissolvent  66^)9  parties  de  nitrate  de 
soude  à  0»  —  75,65  à  8°  —  80,60  à  45*> 
—  83,62  à  18o  -^  90,53  à  26»  -  99,39  à 
36»  -  413,63  à  54*>et  125,07  à  68". 

Ainsi  donc  le  nitrate  de  soude  peut, 
commO  celui  de  lithine  (celui-ci  au-dessous 
de  4-  jO"),  se  combiner  avec  l'eau  à  basse 
température.  Le  nitrate  de  potasse  ne  pré- 
sente rien  de  semblable  j  sa  dissolution, 
saturée  à  zéro,  ne  contient,  pour  100 
d'eau,  que  13,3  de  sel  (Gay-Lussac). 
Quand  on  la  refroidit,  elle  se  remplit  d'ai- 
guilles qui  présentent  la  forme  ordinaire 
des  cristaux  de  nitrate  de  potasse. 


Si  l'on  plonge  dans  un  même  mélange 
réfrigérant  à  —  13  ou  14«,  deux  tubes 
contenant  des  solutions  saturées  à  zéro, 
Tune  de  nitrate  de  soude,*  l'autre  de  nitrate 
de  potasse^  celte  dernière  est  devenue  au 
bout  de  quelques  instants,  une  masse  so- 
lide, dure  et  compacte,  tandis  que  l'autre 
reste  liquide,  malgré  l'agitation  cl  la  pré- 
sence de  cristaux  de  nitrate  de  soiide  dans 
le  tube  qui  la  contient.  Le  point  de  fusion 
de  l'hydrate  AzO^NaO,UHO  étant  infé- 
rieur à  la  température  du  mélange  réfri- 
gérant employé,  il  reste  liquide  dans  ces 
circonstances.  {Ibid.) 


Sur  le  bromhydrate  neutre  d'ésérine  ; 
par  M.  DUQUESîNEL.  —  L'ésérine,  prin- 
cipe actif  de  la  fève  de  Calabar.  découvert 
par  M.  A.  Vée.  constitue  un  alcaloïde  qui 
se  combine  facilement  avec  les  acides.  Les 
sels  qu'elle  forme  sont  généralement  in- 
cristallisables  et  de  plus  très-hygrométri- 
ques ;  un  seul,  jusqu'à  présent,  fait,  ex- 
ception :  c'est  le  bromhydrate  d'ésérine. 

Le  sulfate  neutre  d'ésf  rine,  qui  est  le 
seul  sel  employé  aujourd'hui  par  les  ocu- 
listes, se  présente  sous  la  forme  de  masses 
jaunâtres,  quelquefois  ronges,  mais  que 
l'on  potirrait  obtenir  incolores  si  l'on  par- 
venait à  éviter  complètement  l'action  oxy- 
dante «le  l'air  qui  transforme  l'ésérineen  une 
matière  rouge  cristallisable,   ntais   inerte. 

Après  avoir  employé  plusieurs  acides, 
tels  que  l'acide  chlorhydriquje',  l'acide  oxa- 
lique, qui  ne  donnent  pas  de  meilleurs  ré- 
sultats que  l'acide  sulfurique,  AL  Duques- 
nel  a  essayé  l'acide  bromhydrique,  qui 
fournit  lentement,  il  est  vrai,  mais  régu- 
lièrement des  cristaux  groupés  en  étoiles 
et  des  croates  cristallines  fibreuses.  Ce  sel 
est  encore  un  peu  coloré,  mais  il  donne 
cependant  des  solutions  presque  incolores, 
surtout  si  Ton  emploie  de  reaii  distillée 
bouillie,  légèrement  additionnée  de  glycé- 
rine'qui  assure  sa  conservation. 

Les  avantages  du  nouveau  sel  sont  de 
pouvoir  cristalliser,  d'être  parfaitement  so- 
lubie  dans  l'eau  en  donnant  une  solution 
neutre,  de  se  conserver  parfaitement  à 
l'air  même  humide. 

Il  jouit,  du  reste,  comme  tous  les  sels 
d'ésérine,  de  la  propriété  de  contracter  la 
pupille.  {Ibid.) 


Action  de  l'aoîde  iodhydrîque  sur  l'a- 
oide     saatonîque  :    Métasantonîne  ;    par 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE.  147 

MM.  CANNIZZARO  et  AMATO.  ~  Lors-  Hist..  nat.  médicale  et  pharm. 

qu*aa  sonihnet  Tacidc  santonique  à  racliun  — 

(ie  Tacide  ioribydriqiie  bouillant  dans  un  Sur  l'yaupon  ou  thé  de  la  Caroline  ; 

appareil  muni  d'un  rcfrij^éraut  ascimdant,  par  M.  SMITH.  —  L'yaupon  est  le  nom 

on  obtient  une  matière  builcuse  qui  est  un  indien  des  fculiles  de  VIlex  cassina.  L'yati- 

mélange  d'un  hydrocarbure  et  d'un  iodure  pon    mélangé    avec   les   feuilles   d'autres 

et  dont  la  séparation  présente  de  grandes  espèces  de  la  même  fsmWU  ilfex  vomiUn'ia, 

difficultés.  En  distillant  celte  matière  Jiui-  ^«  acton  et  /.  dahoon^,  formait  la  base  de  la 

leuse,  rbydrocarbure  passe  entre  HO  et  fameuse  liqueur   noire    des   Indiens,    qui 

Ui^el  l'iodure  en|re  143  et  145»,  sous  la  l'employaient  comme  médicament  et  dans 

pression  de  5™°».   L'hydrocarbure  est  re-  ci'rlaints  cérémonies  religieuses  pour  puri- 

présenté  par  la  formule  C^*H"  ;  il  paraît  fier  leur  corps.  Elle  agissait  comme  émé- 

étre  mélangé  avec  une  petite  quantité  de  tique.,  qon  à  cause  dt;  la  présence  d'un 

C*"H".  L'iodure  contient  C^^H"!.  Ce  ré-  principe  actif  particulier,  mais  par  suite 

sultat  présente  un  intérêt  réel;  il  est  eu-  de  l'ingestion  fréquemment  répétée  pen- 

rieux  de  voir  l'acide  santonique  se  trans-  ^'&nt  deux  ou  trois  jours  de  grandes  quan- 

former   en   un    hydrocarbure    et   en  un  li*ês  de  ce  liquide.  On  sait  que  l'infusion 

iodure  contenant  le  même  nombre  d'équi-  concentrée  de  thé  noir  produit  quelquefois 

Talents  de  carbone.  Les  auteurs  se  propo-  ^^  même  ciTet,  dans  des  circonstances  sem- 

sent  du  reste  de  poursuivre  ces  recherches,  blables.   Vltex  cassina  croît  le  long   des 

Quand   on  fait  bouillir  pendant  deux  côtes  du  sud  des  Etals- Unis,  depuis  la  Flo- 

jours  dans  un  ballon  surmoulé  d'un  ap-  ride  jusqu'à  la  Caroline  du  Nord  ;  il  ne  se 

pareil   réfrigérant    3i5  grammes   d'acide  renconlre  pas  dans  l'intérieur  des  terres, 

santonique,    755    grammes    de    solulion  D'après  les  analyse^  de  M.  Smith,   les 

aqueuse  d'acide  iodhydrique  (bouillant  à  feuilles  de  V/lex  cassina  contiennent  :. 

127®)  avec  du  phosphore  rouge  il  se  forme     Huile  volatile ,    .    .    .    .      o,OH 

un  nouveau  composé,   la  métasantonine,      ^'''*!  ^^  graisse 0,466 

Pour  la  séparer,  on  filtre  le  liquide  acide  ciX'ophyUe'.    '.'.'.['.'.'.'.[     ilîSÎ 

contenu  dans  le  ballon,  on  le  distille  au     Caféine  (iheine)  • ^  .      oJ2i 

quart  de  son   volume  et   on  le  neuiralise     Acide  launique 2.409 

par  1.   ca.bona.c   de  ,oude.   On  obtient  ""e'ÔMr."LrLf?t''„^''''"' ''"':     4,«« 

amsi  une  substance  d  apparence  cristalline  Maiièreexiiaciive  insoluble  dans  l'alcool 

qui  était  évidemujent  dissoute  dans  la  so-         (gomme  pectine,  eic  ) 8/24f 

luliou  acide.   La  métasantonine  cristallise  ^l^/'ère  exiraclive  soluble  dans  l'eau  et 

,         „  ,       ,     r      1  '    ./.^    «  dans  l  alcool 10,149 

en  prismes  dans  1  alcool,   fond  a  160», 5,  Amidon,  péciose.  etc.    ...    .    .    .    1o;277 

distille    entre  258:240"^  est  peu    soluble  Muiiéi-e  azotée  insoluble  dans  l'eau  (pro* 

dans  l'eau  froide,  assez  soluble  dans  l'eau  b«^blem.ni   léguraine  combinée   avec 

bouillante,   très-soluble  dans    l'alcool    et  Malîèie^l^euT^".^    .'    !    !    !    .'    *    .'    .14*854 

l'élher.  Sa  formule,  C'*'H'*0%  est  la  même     Eau. 7,5d5 

que  celle  de  la  santonine,  mais'  ces  deux     Ceudres •      3,935 

composés   diffèrent    l'un    de    l'autre  par  101.989 

leurs  caractères  physiques  et  chimiques.  L'huile,  volatile  possède  une  odeur  très- 

(Ibid.)  agréable,  légèrement  tabacée,  tenant  aussi 

—— — —  de  celle  du  thé  ;  elle  est  soluble  dans  l'eau. 

Action   de    l'aloool    méihylique    sur  Une  quantité  infinitésimale  d'essence  suffit 

le    chlorhydrate    d'ammoniaque;     par  P^"*"  donner  un   parfum  agréable   à   une 

M.  WEITH.  -    L'alcool  méihylique,   en  Proportion  d'eau  considérable.  La  quantité 

réagissait  sur  le  chlorhydrate  d'aniline,  ^^  caféine  n^est  pas  considérable  ;  elle  est 

produit  la  dimélbylâniline,    et    M.   Ber-  »  P^"  P'ès  égale   à  .  celle   qui  se  trouve 

thelot  a  observé  la  formation  de  la  mélhy-  ^*"s    le   thé    du    Paraguay    (Ikx  para- 

lamine   en    chauflfanl   cet   alcool    avec  le  ^"«y^***)  qui  en  contient,  suivant  Sten- 

chlorhydrate   d'ammoniaque.   L'auteur  a  house,  43  centigrammes  pour  i 00,  tandis 

traité  ce  sel  par  un  excès  d'alcool  mélhy-  q"®  '«  ^^^  ordinaire  en  renferme  2,5  à  6 

lique  pendant  dix  heures,  à  la  température  P*^"*'   *^^-   ^^  quantité  d'acide  tanniquc 

de  280-â85«>,  et  il  a  obtenu  de  la  trimé-  q"*  ^8"^®  ci-dessus  est  celle  qui  se  trouve 

tbylamine  et  du  chlorure  de  télraméthy-  dissoute   par  l'éllier;   une   portion   reste 

laœmoniura.                                  {Ibid.i  ^^^^   *®  résidu    insoluble,    probablement 

_^^.^_^  combiné  avec  la  légumine. 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


L'yanpon  est  employé  par  certains  ha- 
bitants du  sud  des  Etats  Unis,  comme  sti- 
mulant pour  remplacer  les  boissons  éni- 
vranles;  on  dit  même  qu'il  est  recherché 
des  buveurs  désireux  de  se  corriger  de 
leur  passion  pour  les  liqueurs  fortes. 
(Journal  de  pharmacie  et  de  chimie.) 


raliiiil«ationi»9  etc. 

Une  falsifioation  de.  Tessenoe  de  gi- 
rofle ;  par  M.  ,E  JACQUEMIN,  professeur 
de  chimie  à  1  École  de  pharmacie  de  Nancy. 
—  Aux  falsifications  ordinaires  des  huiles 
essentielles,  Tessence  de  girofle  en  joint 
une  particulière  que  Ton  a  quelquefois  re- 
marquée dans  le  commerce  de  droguerie 
d'Allemagne  :  on  la  mélange  de  phénol 
dont  Todeur,  lorsqu'il  est  suffisamment 
pur,  est  fort  bien  dissimulée  par  celle  de 
girofle. 

y\,  Flûckiger  a  indiqué  le  procédé  sui- 
vant pour  reconnaître  cette  fraude.  On 
agite  â  à  10  grammes  de  Tessence  à  exa- 
miner avec  cinquante  ou  cent  fois  son  vo- 
lume d'eau  chaude  ;  on  décante  après  re- 
froidissement, et  Ton  concentre  ce  liquide 
à  une  douce  chaleur  pour  le  traiter,  lors- 
qu'il est  réduit  à  quelques  centimètres 
cubes,  par  une.  goutte  d'ammoniaque  et 
une  pincée  de  chlorure  de  chaux  .qu'on 
laisse  tomber  à  la  surface.  Si  l'essence  con- 
tient du  phénol,  la  liqueur  agitée  prendra 
une  couleur  verte,  puis  bl^u  fixe,  stable 
pendant  plusieurs  jours,  tandis  que  pure 
elle  ne  donne  pas  de  coloration. 

Le  procédé  de  M.  Flûckiger  repose  sur 
la  découverte,  faite  par  M.  Berthrlol,  de 
la  propriété  que  possède  le  phénol  ammo- 
niacal d'être  coloré  en  bleu  par  l'hypo- 
chlorite  de  chaux  :  il  conduit  avec  certi- 
tude au  but.  Mais  j'ai  fait  remarquer^  dans 
mes  considérations  sur  la  recherche  ana- 
lytique de  l'anilinC;  combien  ma  réaction 
était  plus  sensible  :  or  ce  que  réclame  le 
pharmacien,  qui  examine  ses  produits  à  la 
réception,  ce  sont  de  telles  réactions,  qui 
le  dispensent  de  sacrifier  des.  quanités  no- 
tables d'une  substance  souvent  coûteuse  ; 
et  ce  qu'il  veut,  c'est  un  mode  d'opérer 
réduit  à  sa  plus  simple  expression. 

Mon  procédé  remplit  ces  conditions.  En 
effet,  il  me  suffit  d'une  seule  goutte  d'es- 
îicnce  de  girofle  pour  y  démontrer  l'ab- 
sence ou  la  présence  du  phénol.  On  l'ad- 
ditionne d'une  fraction  de  goutte  d'aniline 
à  Taide  d'une  baguette  de  verre,  on  agite 


le  mélange  avec  5  oii  6<»o  d'eau  distillée,  et 
l'on  y  verse  quelques  goûtes  d'hypochlorite 
de  soude.  Si.  l'essence  ne  renferme  pas  de 
phénol,  on  obtiendra  la  coloration  que 
fojiirnit  l'aniline  seule,  c'est-à-dire  une 
teinte  violet  pourpre  qui  se  dégrade  promp- 
tement,  tandis  que  pour  peu  qu'il  y  ail  de 
phénol,  la  belle  .coloration  bleue  qui  per- 
siste se  manifestera  en  quelques  minutes. 
Il  importe,  après  raddiCion  de  Thypochlo- 
rite,  de  ne  pas  agiter,  de  laisser  la  réaction 
aller  d'elle-même. 

Mes  expériences  démontrent  qu'une 
goutt.e  d'une  essence  de  girofle  falsifiée 
avec  5  p.  e.  de  phénol  produit  une  colora- 
tion foncée,  et  n>ém'e  qu*une  goutte  d'une 
essence  qui  ne  renferme  que  1  p.  c. 
(^'acide  phonique  développe  encore  du  bleu 
d'une  façon  très-nette.  Ainsî  au  point  de 
vue  pratique  mon  procédé  ne  laisse  rien  à 
désirer  sous  le  rapport  de  la  sensibilité  et 
de  la  facilité  d'exécution. 

{Journal  de  pharmacie  et  de  chimie^) 


Pharmacie. 

A,  M.  LB  DOCTEUR  VAN  DBN  CORPUT,  RÉDAC- 
TEUR PRINCIPAL,  ETC. 

Arlon.  le  18  août  1875. 
Monsieur  et  honoré  collègye. 
J'ai  eu  l'occasion  récemment  de  consta- 
ter que  le  mode  de  préparation  des  pilules 
à  l'iodure  de  fer^  tel  qu'il  a  été  indiqué  par 
Perrens,  présente  l'inconvénient  de  don- 
ner lieu  à  la  volatilisation  d'une  grande 
partie  de  l'iode  (1).  Pour  éviter  cette  perte, 
qui  rend  les  pilules  presque  inertes^  il  suf-. 
fit  d'adopter  le  mode  de  préparation  ci  des- 
sous : 

Pr.  iode. 
Sirop  slmplp,  àâ  4  grammes. 
Mélangez  exactement  dans  un  mortier 
de  fer,  puis  ajoutez  graduellement  : 

Limaille  de  fer  porphyrisé,  6  grammes. 
Poudre  de  guimauve  et  de  réglisse,  quantités 
suffisantes  pour  lOO  pilules. 
Trois  à  douze  par  jour. 

(1)  Formule  de  Perrens. 

Pr  Iode. 

Limaille  de  fer  porphyrisé. 
Sirop  simple. 

Poudre  de  réglisse,  âà  4  grammes. 
Broyez  Tiode  et  le  métal  dans  gn  mortier  ilfe 
fer  jusqu'à  ce  que  le  mélange  .soil  exact. 

Aj  tuiez  le  sirop  de  sucre  (c'est  pendant  cette 
opération  que  se  fait  U  volatilisation  de  Tiode)  ei 
broyez  une  demi-minute.  Ajoutez  la  pondre  d« 
réglisse  et  divisez  rapidemenl  en  100  pilules  à  la 
manière  ordinaire. 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


149 


On  peut,  envelopper  ces  pilules  d*unc 
feuille  d'argent  ou  bien  les  recouvrir  d'une 
sol|itiou  édicrce  de  baume  de  Tidu. 

Dans  les  cas  de  complication  scrttfuleusey. 
j'ajoute  1  à  4  grammes  de  semenci'S  de 
ciguë  à  la  masse  pilulaire  ci-dessus. 

Comme  l'iodure  de  fer  est  un  médica- 
ment très-important,  j'ai  cru  devoir  vous 
indiquer  ce  nouveau  mode  de  préparation 
avec  prière,  si  vous  le  jugez  à  propos,  de 
l'insérer  dans  votre  esliiué  journal. 

Veuillez*  agréer.  Monsieur  et  honoré 
collègue,  i^expression  de  mes  sentiments 
distingués. 

Ed.  Valbrius, 
médecin  à   Arlon. 


Note  ftur  un  nouveau  mode  de  prépa- 
ration de  l'eau  de  goudron  ;  par  M .  DKE- 
GER.  —  parmi  toutes  les  préparations  a 
base  de  goudron  qui  ont  été  introduites 
dans  la  thérapeutique^  il  n'en  est  pas  qui 
ait  détrôné  Teau  de  goudron.  Aussi,  nous 
ne  pouvons  qu'applaudir  à  la  tentative  que 
viejit  de  faire  M.  Dreger,  pour  rendre  plus 
pratique  la  préparation  de  ce  médicament 
dont  l'usage  est  si  répandu.  La  faveur  avec 
laquelle  le  public  a  accueilli  l'usage  des 
copeaux  de  quassia-amara,  a  suggéré  à 
M.  Dreger  l'idée  d'adopter  ce  moyen  à  la 
préparation  de  l'eau  de  goudron.  L'auteur 
se  procure  des  copeaux  de  bois  blanc,  h'wn 
souples  et  réguliers,  et  d'une  dimension 
convenable.  Il  les  prive^  par  des  lavages  à 
l'eau  et  à  l'alcool,  de  tous  leurs  principes 
solubles  et  les  recouvre  au  moyen  d  un 
pinceau  d'un  mélange  à  parties  égales  de 
goudron  demi  liquide,  d'alcool  à  90'*.  et 
de  sirop  de  sucre  longtemps  agités  ensemble 
dans  une  bouteille.  Dans  cette  mixture,  le 
sirop  de  sucre  est  émulsionné  dans  le  reste 
du  mélange  et  non  le  goudron  ;  il  y  rem- 
plit la  triple  indication  :  i**  de  préserver  le 
goudron  de  toute  altération  ;  2<*  de  diviser 
les  molécules  de  la  solution  alcoolique  <le 
goudron,  dans  lesquels  il  est  emprisonné 
comme  dans  une  gangue;  d"rnfîn,  de  per- 
mettre la  dessiccation  complète  du  copeou 
de  manière  à  en  rendre'lc  maniement  aussi 
propre  que  commode.  Ainsi  imbibés,  ces 
copeaux  sèchent  facilement  à  l'air  libre  en 
quelques  heures,  et  gardent  une  souplesse 
qui  en  permet  reuroulement  s.ur  eux- 
mêmes.*  Pour  Tusagti!,  on  déroule  un  copeau 
de  la  longueur  nécessaire  pour  la  quaiitilé 
d'eau  voulue,  on  le  plonge  dans  la  bou- 
teille, en  ayant  soin  d'en  laisser  l'extrémité 


dépasser  le  goulot  de  quelqnes  centimètres 
de  largeur.'  L'eau  de  goudron  se  fait  ainsi 
sans  qu'on  ait  besoin  d'agiter;  un  copeau 
de  0«n7S  de  longueur  sur  O^OS  de  largeur 
donne,  après  une  macération  de  24  heures 
dans  l'eau  froide,  une  eau  jégèrement 
anibrpe  et  parfaitement  claire,  dans  la- 
quelle on  constate  la  présence  des  prin- 
cipes sapides  et  actifs  du  goudron.  Un  litre 
laisse, .en  moyenne,  un  gramme  de  prin- 
cipes fixes  comme  résidu^  déduction  faite 
du  poids  du  sucre, 

LVmploi  des  copeaux^  eomnie  moyen  de 
répartition  de  certains  médicaments  sur 
une  lafge  superficie,- ne  parait  pas  devoir 
s'arrêter  à  c*  tte  seule  application.  Il  est 
possible,  en  effet,  en  remplaçant  le  gou- 
dron par  le  baume  de  tolu,  ou  la  térében- 
thine de  Venise,  de  préparer  le  sirop  de 
ses  deux  substances. 

{Journal  de  pharmacie  d'Anvers,) 


Sur  la  préparation  des  suppositoirea  ;. 
par  M.  BARNOUVIN..—  La  préparation 
des  suppositoires  qui  doivent  renfermer 
une  certaine  quantité  d'extrait,  constitue 
Uflo  manipulation  assez  longue  et  parfois 
diflicile.  Pour  rendre  cette  opération  plus 
facile,  voici  le  moyen  que  propose  M.  Bar- 
nouvin.  On  divise  l'extrait  à  incorporer 
dans  une  petite  quantité  d*axonge,  après 
l'avoir  délayé  dans  très-peu  d'eau,  si  cela 
est  nécessaire,  absolument  comme  s'il 
s'agissait  de  préparer  une  pommade  ;  puis 
comme  l'axonge  aurait  pour  inconvénient 
de  diiiiinuer  la  consistance  du  produit,  on 
fait  entrer  dans  la  préparation  une  quantité 
de  cire  blanche  double  de  la  quantité 
d'axonge  employée. 

Le  beurre  de  cacao  et  la  cire  sont  fondus 
ensemble  dans  une  capsule  de  porcelaine, 
après  quoi  on  y  incorpore  on  agitant,  et 
maintenant  sur  le  feu.  qui  doit  être  très- 
doux,  Texirait  bien  divisé  au  moyen  de 
l'axonge.  Quand  le  mélange  est  opéré,  on 
coule  le  produit  à  la  manière  ordinaire. 

En.  suivant  ce  procédé,  on  arrive,  sui- 
vant l'auteur,  à  préparer  très-rapidement 
des  suppositoires  contenant!  gramme  d*ex- 
Irait  de  ratanhia.  Voici  la  formule  : 

gr. 

Exlrnit  de  rataohia 1,00 

Eau  chaude  (le  moins  possible).     . 

Axonge    .     .- 1.00 

Cirei  liianctae i2,00 

heurre  de  cacao 1v*^0 

Pour  un  suppositoire. 

Pour  les  suppositoires  belladonnés,  dans 


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tSO  REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 

lesquels  la  proporlion  trcxtniit  est  beau-  prendre  d'aliments  dès  le  malin,  conserva 

coup  moindre,  voici  la  formule  qui  peut  son  bon  étal  de  santé  accoutumé.  Rien  ne 

être  adoptée  :  faisait  comprendre  l'état  de  malaise  {^éné- 

Extr«Udeb.U.,lo..e o!oV  ralement  éprouve   on   ne  modifia  pas  le 

Axon^e   ., 0.50  régime  ordinaire:   la  dernière   nuit  avait 

Cire  binocho 1,00  été  mauvaise,  agitée,  troublée  par  des  rêves 

Beurre  de  cttCBo 3,00  désagréables,   mais  on  était  loin  daccuscr 

Pour  un  suppositoire.  ralimentation  dos  accidents' qui  s'étaient 

{Journal  de  pharmacie  et  de  chi mit',)  produits,  quand  le   quatrième  jour,  deux 

—^^„,^^^—^---  heures  environ    après  le   premier  repas, 

survinrent  des  vertiges^  de    la   lassitude, 

Oxyde  nitr eux  (gaz  hilariant).    —  Une  une  faiblesse   pénible;    le    toucher   était 

circulaire  du   bureau   royal   de  santé  de  devenu  très- imparfait  et  il   fallait  serrer 

Danemark  juin  1873  ordonne  que  :  1"  le  fortement  les    objets  pour   être    sûr  de 

gaz  oxyde  nitreux  ne  doit  être  délivré  que  ne  pas  les  laisser  échapper  des  mains ^  les 

par  les  pharmaciens,  et  suri»  prescription  travaux  à  Taiguillc  étaieni  devenus  irapos- 

d*un  médecin  ou  d'un  dentiste  diplômé;  sibles;  la  vision,  incertaine  au  point  d'em- 

2®  le  réservoir  doit  être  scellé  et  étiqueté  pêcher  complètement  la  lecture, 

c  gaz  oxyde  nitreux.  ».  Cette  ordonnance  Etonne  de  ces  symptômes  qui  devenaient 

n'aura  probablement  pas  pour  effet  d'obliV  inquiétants,  le  maître  de  la  niaison,  com- 

ger  tous  les  pharmaciens  à  préparer. eux-  pètent  en  semblable  matière  se  mit  à'ana- 

mémes  ce  gaz;   mais  elle   imposera  aux  lyser  tous  les  phénomènes  observés.  La 

fabricants   plusieurs   obligations  :   i<*   de  dilatation    considérable  de  la  pupille,  qui 

s'assurerque  le  nitrate  d'ammoniaque  qu*ils  amenait  les  troubles  de  la  vue,  lui  fit  im- 

emploient  ne  contient  pas  d'acide  chlorhy-  médiatemcnt  penser  à   l'atropine,  cl,  de 

drique  ou  sulfurique,  ni  d'azotate  de  po-  déduciions  en  déductions,  il  fut  conduis  à 

tasse  ;  2"  d*»  faire  passer  le  courant  «le  gaz  considérer,  comme  seule  probable,  Tintro- 

oxyde  nitreux  à  travers  l'eau,  une  solution  duction  dans  l'organisme,  de  la  belladone, 

de   protosulfate  de  fer  et  une  solution  de  donnée  en  lieu  et  place  de  chicorée. 'Tous 

potasse  ou  de  soude  ;  3<»  de  ne  pas  délivrer  les  symptômes   constatés  rentraient  bien 

ce  gaz  sans  qu'il  soit  resté  en  contact  avec  d'ailleurs  dans  ceux  que  l'on  observe  lors 

l'eau    pendant    vingt-quatre    heures    au  d'un  empoisonnement,   provoqué   par  les 

moins.           {Répertoire  de  pharmacie.)  plantes  du   la   famille  des  solanées  et  des 

^_^^_^_^^^__^_^__^^_^  stupéfiants  en  général. 

Ce  fut  alors  que  je  reçus  la  chicorée  dont 

Toxicologie.  il   vient  d*étre  question,   avec    prière  de 

—  Texaminer  et  de  rechercher   à  quor  l'oii 

Empoisonnement  de  qaatrè  personnes  pouvait  attribuer  les  acci<lenls.  Cette  chi- 

par  le  café^ohioorée  ;    par  M.  CLOUET,  corée  provient  delà  maison  H***,  de  Lille, cl 

professeur  à    l'école  de   médecine  et  de  est  en  paquets  formésavec  du  papier  jaune, 

pharmacie  de  Rouen.  —  Le  2^  novembre  Voici  comment  nous  avons  opéré  dans 

dernier,  une   famille  de  Couches  (Eure),  nos  recherches  :  Après  avoir  finement  pul- 

composée  du  mari,  de  la  femme,  de  leurs  vérisé  le  café-chicorée  dans  un  mortier  de 

père  et  mère  et  d'une  bonne,  vit  se  pro-  fer«  nous  en  avons  mis  une  certaine  quan- 

duire  après  un  \éae?  repas  du  matin,  uni-  tité  à  macérer  pendant  vingt-quatre  heures 

quement  constitué  par  du  café  au  lait,  des  dans  un  ballon  contenant  de  Teau  aiguisée 

symptômes    auxquels   on    n'accorda    pas  par  un  léger  excès  d'acide  oxalique.  Cet 

d'abord  ifue   grande  importance;  tout  le  acide  a  été  choisi  de  préférence,  afin  de  se 

.  monde,  sauf  le  pèn*  éprouva  de  la  céphalai-  débarrasser,  par  la  suite,  de  la  chaux  que 

gie,  de  la  constriction  à  la  gorge,  de  i'inap-  renferment  normalement  les  racines  des 

pélence;    tous   les    aliments   pris  dans  le  végétaux.  Âpres  ce  temps  de  contact,  en 

cours  de  la  journée  parurent  avoir  un  goût  ayant  soin  de  remuer  fré<|uemmént  le  vase, 

terreux.  Les  deux  jours  suivants,  le  malaise  on  fit  chauffer  **\.  l'on  maintint  à  rébullitiofi 

augmenta,   les    mêmes  symptômes  furent  pendant  trente  minutes;  puis  on  filtra.  Le 

observés,    mais   avec   plus  dlntensité  ;  le  liquide,  assez  fortement  coloré  fut  évaporé 

déjeuner  du   matin    fut  composé  comme  en  consistance  sirupeuse,  puis  après   re- 

d'ordinaire  de  café  au  lait  ;  une  seule  pcr-  froidissement,   repris  par  l'alcool  absolu, 

sonne,  le  père,  qui  n*a  pas  l'habitude  de  On  filtra  de  nouveau  cette  liqueur  acide. 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


151 


el  on  Paddilionna  de  soas-acétate  de  plomb 
dans  le  but  de  la  décolorer.  Le  précipité 
d'uxalate  de  plomb  fut  séparé  par  le  filtre 
et  Ton  traita  la  liqueur  claire  par  un  excès 
de  mai^nésie  en  portant  à  rébullilînn  pen- 
dant dix  minutes.  On  jeta  la  masse  sur  un 
nouveau  filtre,  on  lava  le  précipité  avec  de 
Teau  distillée  froide,  on  le  fit  dessécher  el 
enfin  on  le  reprit  par  l'alcool  à  95».  La 
liqueur  claire  obtenue  par  ce  dissolvant  fut 
concentrée  dans  le  vide,  puis  étendue  d*un 
peu  d*eau  distillée;  elle  avait  une  réaction 
franchement  alcaline  au  tournesol  et  don- 
nait un  notable  précipité  avec  Tiodurc 
double  de  mercure  et  de  potassium^  preuve 
de  Pexistence  d*un  alcaloïde.  Soumise  à 
l'action  des  réaclifS;  on  constata  qu'il  se 
formait  : 

Avec  le  chlorure  d*or,  un  précipité  blanc 
jaunàiro  ;      .       . 

Avec  la  teinture  d'iode,  un  précipité 
couleur  kermès  ; 

Avec  la  teinture  de  noix  de  galles,  un 
précipité  blanc  jaunâtre; 

Avec  le  bichlorure  de  platine,  absence 
de  précipité. 

Toutes  ces  réactions  indiquent  la  pré- 
sence dans  la  liqueur  de  Vhyoscyamine, 
alcaloïde  que  l'on  trouve  dans  la  ju^quiame 
et  dont  les  efi^ets  sur  l'organisme  sont  com- 
parables en  tous  points  à  ceux  produits 
par  l'atropine,  avec  celle  différence,  toute- 
fois, qu'ils  persistent  tieaucoup  plus  long- 
temps et  sont  plus  énergiques,  puisque 
avec  1/130,000  on  peut  obtenir  une  dila- 
tation manifeste  de  la  pupille,  pendant  un 
temps  encore  assez  long. 

Ces  résultats  obtenus,  nous  nous  sommes 
livré  à  l'examen  microscopique,  et  cette 
analyse  nous  a  révélé  rapidement  des  dif- 
férences notables  entre  la  chicorée  .pure  et 
celle  incriminée.  Les  observations  ont  été 
comparativement  faites  avec  de  la  racine  de 
chicorée  sèche  qu»,  nous  avons  torréfiée 
spécialement  pour  l'examen  :  le  microscope 
y  fit  voir,  en  employant  un  grossis^sement 
de  250  diamètres,  de  gros  vaisseaux  rayés 
très- reconnaissables,  et  des  cellules  à  dou- 
ble enveloppe  au  milieu  desquelles  se  mon- 
trent quelques  gr.inulations  arrondies. 
Dans  la  chicorée  suspecte,  au  contraire,  à 
coté  des  vaisseaux  et  cellules  que  nous 
venons  de  signaler,  se  trouvaient  des  vais- 
seaux égnlement  rayés,  mais  de  dimensions 
bien  moindres  et  plus  régulières,  des  cel- 
lules simples  avec  noyau  plus  apparent  et 
de  fines  granulations,  puis  des  frugtnents 
d'un  tissu  très -réticulé  offrant  par  places 


de  larges  cellules  arrondies.  Restait  main- 
tenant à  contrôler  cette  observation  par 
Texainen  direct  de  la  racine  de  jusquiame, 
c'est  ce  que  nous  avons  fait  en  préparant 
delà  poudre  de  cette  racine  et  l'examinant 
avec  un  même  grossissement  ;  l'aspect  de 
la  préparation  n'a  pas  laissé  le  moindre 
doute  sur  l'analogie  absolue  dés  frag- 
ments suspects  observés  dans  le  café- 
chicorée,  et  des  types  que  nous  avions 
préparés;  ce  sont  bien  les  mêmes  vais- 
seaux, les  mêmes  cellules,  les  mêmes  irré- 
gularités dans  le  tissu  réticulé. 

Le  doute  n'est  donc  pas  f>ossible  ;  les 
accidents  qui  se  sont  produits  à  Couches 
ont  été  occasionnés  par  la  présence  dans 
le  produit  alimentaire  de,  racine  de  jus- 
quiame. 

{Journal  de  pharmacie  et  de  chimie.) 


Notice  sur  les  couleurs  d' aniline  ;  par 
M.  liRUN.  —  Le  conseil  de  salubrité  de  la 
ville  de  Genève  a  chargé  M.  Brun  d'exami- 
ner, sous  le  rapport  chimique,  des  couleurs 
d'aniline  venant  de  Paris  et>  désignées  sous 
des  noms  très  divers,  tels  qiie  rose  et  car- 
min coratline^  jaune  d*or^  nakarOy  verte 
émeraude^  roiige  groseille  et  bien  d'azur. 

Deux  personnes  ayant  mangé  une  crème 
colorée  par  le  vert  d'aniline,  et  s'en  étant 
trouvées  gravement  malatles,  avaient  porté 
plainte.  Il  s'agissait  donc  de  savoir  si  ces 
couleurs  renferuiaient  quelque  substance 
vénéneuse.  L'analyse  ayant  démontré  que 
ces  couleurs  contenaient  fréquemment  des 
sels  de  mercure,  de  plomb,  d'étain  et 
surtout  des  arséniates,  etc.,  elles  viennent 
d'être  prohibées  dans  celte  ville  pour  la 
coloration  At^s  bonbons,  dragées,  sirops  et 
autres  articles  de  confi.^eurs  ou  de  liquo- 
ristes.  L'emploi  des  papiers  peints  de  la 
même  manière  est  aussi  défendu  pour  en- 
velopper les  substances  alimentaires. 

Pour  constater  la  présence  des  métaux 
signalés,  il  faut  détruire  d'abord  toute  la 
partie  organique,  pour  f^ela,  on  peut  chauf- 
fer 2  grammes  de  la  couleur  avec  une  pe* 
tire  quantité  d'acide  nitrique,  auquel  on 
ajoute  ensuite  20  grammes  d'acide  clilor- 
bydrique.  Il  faut  entretenir  l'ébullilion  en 
ajoutant  de  temps  en  temps  quelques  cris- 
taux «le  chlorate  de  potasse  et  évaporer 
jusqu'à  ce  que  tout  le  chlore  et  tout  l'acide 
nitrique  soient  chassés.  La  matière  colo- 
rante organique  se  détruit  difficilement, 
et  il  faut  arriver  à  avoir  un  liquide  con- 
centré et  très -peu  coloré  (il  est  ordinaire - 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


ment  jaunâtre).  Ce  liquide  est  alors»  addi- 
tionne d'eau,  filtré,  puis  ad«liiionné  de 
Ogr.,50  de  sulfite  acide  de  soude  pour 
ramener  l'acide  arsciilque  à  Tctat  d*acidc 
arsénieux.  On  fait  alors  passer  un  courant 
d'hydrogène  sulfuré  jusqu'à  saturation,  et 
après  douze  heures  de  repos,  après  avoir 
gratté  l'«xtrém!té  du  tube  conducteur,  le 
soufre  et  les  sulfures  sont  recueillis  sur  un 
petit  filtre  et  lavés. 

Pour  séparer  Tarsenic  dçs  autres  lé- 
taux, M.  Brun  conseille  de  dissoudre  son 
sulfure  sur  le  filtre  même,  avec  un  peu 
d*ammoniaque  caustique,  qu'on  fait  passer 
deux  ou  trois  fois.  Le  liquide  qui  s'écoule 
est  ensuite  sursaturé  d'acide  sulfurique 
très^puret  évaporé  à  consistance  sirupeuse  ^ 
pour  décomposer  tout  le  reste  de  la  ma- 
tière organique.  Ce  résidu  dissous  dans 
une  petite  quantité  d*eau,  peut  être  versé 
dans  l'appareil  de  Marsh  et  donner  un  an- 
neau ou  des  taches  arsenicales  très -nettes. 
Les  sulfures  d'étain,  de  mercure,  de 
plomb,  restent  sur  le  filtre.  La  séparation 
de  ces  trois  métaux  se  fait  par  la  méthode 
ordinaire. 

Si  l'on  veut  constater  dans  les  couleurs 
d'aniline  seulement  la  présence  de  l'arse- 
nic, on  broie  2  grammes  de  liquide  avec 
autant  de  nitre  et  de  carbonolç  de 
soude  et  2  grammes  de  nitrate  d'ammo- 
niaque. On  fait  défiagrer  ce  mélange  sec, 
par  petites  doses,  dans  un  creuset  en  por- 
celaine chauffé  au  rouge  sombre  à  la  lampe 
a  esprit  de  vin.  Le  résidu  alcalin  est  dis- 
sous dansM'eau  et  porté  à  rôbullilioa  avec 
un  léger  excès  d'acide  sulfurique  et  de 
l'eau  jusqu'à  ce  que  tous  les  acides  nitrique 
et  nitreux  soient  entièrement  chassés.  Le 
liquide  est  alors  prêt  pour  l'appareil  de 
Marsh. 

Des  faits  nombreux  ont  déjà  établi  l'ac- 
tion vénéneuse  des  couleurs  d'aniline  sur 
l'économie.  On  savait  depuis  longtemps 
que. les  étoffes  (bas,  flanelles)  colorées  en 
rouge  par  la  rosaniline  et  la  fuchsine 
avaient  souvent  ulcéré  la  peau,  mais  leur 
action  à  Tinléricur  n'a  guère  été  établie 
que  par  des  observations  récentes.  Suivant 
que  ces  couleurs  ont  été  plus  ou  moins 
purifiées,  elles  contiennent  des  doses  très- 
variables  des  métaux  précipités,  dont  il  est 
fort  difficile  de  les  débarrasser  coiApléte- 
nient.  Ce  sont  ces  variations  qui  rendent 
précisément. ces  couleurs  dangereuses,  car 
la  môme  couleur,  ayant  exactement  la 
même  teinte,  pourra  une  fois  contenir  fort 
peu  d'arsenic  et  une  autre  fois  beaucoup 


plus,. sans  que  le  fabricant  s'en  aperçoive. 
Ces  impuretés  métalliques  ne  nuisent  en 
rien  à  leur  grande  beauté. 

Comme  il  est  possible  d'obtenir  des  cou- 
leurs d'aniline  tout  à  fait  exemptes  d'arse- 
nic, ces  couleurs  devraient  seules  être  em- 
ployées pour  la  coloration  des  substances 
alimentaires.  {Jbid,) 


Analyse  de  l'aîr  dan»  le*  apparteoBepts 
tendus  de  papier  peint  ^«enioal;  par 
N.  P.  HAMBERG.  —  tes  expériences  de 
M.  Hamberg  ont  été  faites  dans  une  cham- 
bre dont  le  papier  était  peint  avec  du  vert 
de  Scbsveinfurt.  Son  appareil  comprenait: 
i°  un  tube  en  V  pour  la  réception  de  la 
poussière;  â'>  trois  tubes  en  V  munis  de 
eoton  pour  retenir  toutes  le&  particules 
solides  arsenicales  que  l'air  pouvait  ren- 
fermer ;  5°  deux  appareils  à  boule  conte- 
nant une  solution  d'azotate  d'argent,  pour 
recueillir  l'arsenic  de  l'air;  4»  deux  gazo- 
mètres de  14  'litres,  tour  à  tour  remplis 
d'eau,  pour  établir  un  courant  d'air.    . 

L'air  de  la  chambre  fut  mis  en  circula- 
tion à  travers  ce  système  de  tubes  pen- 
dant un  mois.  La  quantité  ainsi  examinée 
s'éleva  à  2,1  GO  litres.  La  solution  de  ni- 
trute  d'argent  déposa  peu  à  peu  un  précipité 
noir.  En  traitant  cette  solution  par  l'am- 
moniaque, on  obtint  un  précipité  jaune 
clair  ressemblant  à  l'arsénite  d'argent,  et, 
après  s'être  débarrassé  de  Targent  et  de 
l'acide  azotique.on  fit  apparaître  dans  l'ap- 
pareil de  i>larsh  l'anneau  arsenical  caracté- 
ristique. L'auteur  en  conclut  que,  dans  ces 
conditions,  il  existe  dans  l'air  de  Tarsenic 
en  dissolution,  ou^sous  forme  d'un  gaz,  et 
il  croit  que  ce  dernier  n'est  autre  que 
l'hydrogène  arsénié.  (ïhid.) 


Hygiène*  publique. 

Les  différents  prrooédés  de  conserva-  ■ 
tion  des  viandes,*  leurs  avantages  et 
leurs  inconvénients;  par  M.  le  docteur 
0.  DU  MESNIL,  médecin  de  l'Asile  des 
convalescents  de  Vincennes. 

Mélier,  après  avoir  insisté  sur  l'influence 
qu'exerce  la  consommation  de  la  viande 
sur  la  force  de  la  population,  sur  la  vigueur 
et  le  degré  de  résisiance  aux  fatigues  du 
travail,  a  écrit,  en  1843,  ces  paroles  : 
<  C'est  surtout  aux  méilecîns  de  dire  qu'il 
«  faut  que  la  viande  devienne  accessible 
«  à  un  plus  grand  nombre  de  pcrsonues 


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REVUE  ANALYTIQCJE  ET  CRITIQUÉ. 


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i  et  entre  d^anc  manière  générale  dans 
«  ralimentation  des  claies  laborieuses.  » 
A  (^augmentation  de  la  consommation  de 
la  viande  se  rattachent  en  effet  deux  ques^ 
tions  de  Tordre  le  plus  élevé  et  qui  doivent 
exeiter  au  plus  haut  degré  la  sollicitude 
de  tous»  à  savoir  :  une  élévation  dans  le 
chiffi-e  de  la  population  et  dans  la  quantité 
de  travail  qu*elle  fournit.  Nous  rappelle- 
rons à  ce  sujet  ce  qui  s*est  passé  dans  une. 
usine  du  Tarn  dirigée  par  M.  T^labot,  où 
la  substitution  de  ralimentation  par  la 
viande  de  bouoherie^à  ralimentation  végé- 
tale fit  gagner  douze  journées  de  travail  par 
homme  et  par  an.  A  la  compagnie  de  chemin 
de  fer  de  Paris  à  Rouen,  quand  on  remplaça 
par  du  bœuf  rôti  les  soupes  et  leéjégumes 
qui  constituai/en t  ralimentation  ordinaire 
des  ouvriers  de  la  compagnie,  on  augmen- 
ta en  même  temps  d'un  tiers  la  quantité  du 
travail  produit  pareux.  Enfin,  en  étudiantla 
consommation  de  la  viande  dans  les  deux 
villes  industrielles  de  Lille  et  de  Rouen, 
MM.  Loiset  et  ficrgasse  on  démontré  qu'il 
existe  une  corrélation  intime  entre  les  va- 
riations dans  la  consommation  de  la  viande 
et  les  mouvements  de  la  population; 
qu'une  diminution  du  régime  animal  déter- 
mine constamment  un  accroissement  dans 
la  mortalité,  tandis  qu'inversement  la 
richesse  du  même  régime  entraîne  toujours 
à  sa  suite  Paugmenlalion  des  nouveau-nés 
et  la  diminution  des  décès- 

En  France,  avant  4840,  la  consomma* 
tion  de  la  viande  était  évaluée  à  ât  kilogr. 
en  moyenne  par  tête  et  par  an  ;  aujour- 
d'hui elle  est  de  ^8  kilogramoies.  soit 
76  gram.,  7t  par  jour,  quantité  insuffi- 
sante en  elle-même  pour  satisfaire  à  une 
bonne  alimenlation  et  qui  néaumoins  n'est 
assurée  qu'à  un  très-petit  nombre  d'indi- 
vidus, attendu  que  la  quantité  de  viande 
consommée  dans  les  grands  centres  de 
population  est  beaucoup  plus  élevée  que 
la  moyenne.  A  Paris,  en  effet,  la  moyenne 
annuelle  pour  chaque  habitant  est  de  9i  k., 
4U,  à  Lille  de  42  k.,  251,  à  Rouen  de 
45  kiJog.,  d'où  il  suit  que,  eomme  le  dit 
Payen,  la  eo^oaimation  d'un  habitant  àti$ 
campagnes  n'est  pas  même  le  cinquième 
de  ce  qu'un  habitant  de  Paris  consomme^ 
cl  de  ce  qitl  conviendrait  pour  tiac  bonne 
alimentation.  Nous  ajouterons  que,  bien 
que  le  chiffre  de  la  consommation  de. la 
viande  ne  soit  pas  élevé  en  France^  la  pro* 
duction  à  l'heure  présente  est  insuffisante 
pour  assurer  l'approvisionnement  de  nos 
marchés,  car  la  statistiqtie  démontre  que 


pendant  les  seules  ^nées  de  1866,  1867, 
1868,  1869  et  1872,  noire  pays  a  tiré  de 
l'extérieur  pour  les  besoins  de  sa  consom- 
mation : 

Bétes  bovines    .    .    .     .    1 026  070 

—  ovines 6  673  053 

—  porcines   ....      006  846    . 

Qu'il  survienne  un  incident  quelconque 
qiii  arrête  ou  seulement  entrave  l'impor- 
tation, tel  qu'une  guerre  générale  ou  une 
épizoQtic  meurtrière,  immédiatement  la 
santé  des  populations  qui  constituent  la  fonce 
et  la  richesse  de  la  nation  est  mise  en  péril. 

Ce  n'est/ pas  ici  le  lieu  de  rechercher 
par  quelles  améliorations  à  introduire  dans 
nos  cultures,  dans  nos  procédés  d'élevage, 
on  pourrait  augmenter  la  production  du 
bétail;  nous  devons  prendre  les  choses  en 
l'état  où  elles  sont  et  nous  demander  par 
quels  moyens  nous  pouvons  parer  à  ces 
éventualités  et  augmenter  dès  aujourd'hui 
la  ration  de  substances  animales  attribuée 
à  chacun.  Réduite  à  ces  proportions,  la 
question  est  encore  suffisao^ment  vaste  et 
digne  d'intérêt,  elle  a  préoccupe  dès  long- 
temps des  esprits  distingués  et  parait  au- 
jourd'hui toucher  à  une  solution. 

Elle  consiste  a  demander  soit  aux  step« 
pes  de  l'Europe  méridionale,  soit  aux  plai- 
nes inhabitées  de  l'Asie,  soit  aux  zones  à 
pâturages  constants  de  l* Amérique  du  Sud, 
le  contingent  eomplémentaire  d'une  ali- 
mentation plus  riche  en  substances  assimi- 
lables et  réparatrices  et  à  le  livrer  à  bas 
prix  à  la  consommation  dans  un  bon  état 
de  conservation. 

Les  connaissances  récemment  acquises 
sur  les  phénomènes  de  la  fermentation  et 
de  la  putréfaction  ont  prête  une  aide  con* 
sidérable  aux  recherches  entreprises  dans 
cette  direction,  et  ont  permis  de  ramener 
à  deux  grandes  divisions  les  nombreux 
procédés  employés  pour  conserver  les 
viandes  :  les  uns  ayant  pour  effet  de 
priver  la  viande  de  son  germe  capable 
de  lui  faire  subir  une  fermentation,  les 
autres  consistant  à  placer  cette  substance 
alimentaire  dans. des  conditions  telles  que 
les  ferments  qu'elle  peut  Contenir  ne  puiS'* 
sent  s'y  .développer.  A  la*  première» série 
se  rapportent  les  procédés  par  caléfaction 
et  exclusion  d'air,  enrobement,  fumage, 
eonservation  par  les  antiseptiques;  à  la 
seconde,  les  procédés  de  dessiccation^  de 
salaison,  de  réfrigération,  etc   (4). 

(1)  Dans  uo  certain  nombri  de  traités  d'byn 
gièoe,  on  fait  fi|;urer  le  Bouillon  Liebig^  te 
Mtat'BiscuU^  les  TabletUi  de  6out7/on,  parmi 

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Digit^ed  by  VjOO'^ IC 


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,  Caié faction  et  exclusion  d'air,  —  *Tel  est 
le  principe  du  procédé  appert,  qui  con- 
siste à  e^iferiner  la  viande,  à  la  conserver 
dans  un  vase  clos,  à  la  souutetlrc  pendant 
un  certain  temps  dans  un  bain-naarie  à 
une  température  de  100  degrés.  Mais, 
comme  il  est  acquis  aujourd'hui  que  cer- 
tains ferments  résistent  à  une  tempéra- 
ture de  iOO  degrés,  M.  Pastier  a  remplacé 
le  baia-marie  avec  de  Teau  pure  dont  se 
servait  Appert»  par  un  bain-marie  avet 
une  solution  saline  ou  une  solution 
de.sei  et  de  sucre,  ce  qui  permet  d'élever 
le  point  d'ébullition  aux  environs  de  410 
degrés.  Les  boites  qui  renferment  ia  viande 
sont  peréées  d'un  orifice  par  lequel 
s'échappe  la  vapeur,  et  que  Ton  soude 
immédiatement  pour  empêcher  le  retour 
de  Pair  atmosphérique. 'Le  docteur  Fons- 
sagrives  qui,  à  bord  de  l'Eldorado,  a  fait 
un  usage  prolongé  des  conserves  Fastier, 
les  trouve  de  beaucoup  supérieures  aux 
conserves  d' Appert,  qui,  suivant  lui,  allè- 
rent ^ensiblemi^nt  à  la  longue  la  saveur 
propre  à  chaque  viande  et  lui  enlèvent  une 
partie  de  son  arôme.  Dans  les  fabriques 
australiennes,  ce  p-rocédé  est  modifié  de  la 
façon  suivante  :  les  morceaux  de  viande 
crue  et  désossée  sont  empilés  dans  des 
boites  en  tôle  par  Quantité  de  2  à  8  livres, 
auxquelles  on  ajoule  un  peu  d'eau.  Oh 
soude  ensuite  ces  boites  en  ayant  soin  de. 
laisser  un  petit  orifice  dans  le  couvercle, 
ou  les  place  dans  une  solution  de  chlorure 
de  calcium  dont  le  poifât  d'ébullition  est 
au-dessus  de  125  degrés.  Pendant  quatre 
heures,  ces  boites  sont  soumises  à  une 
température  qui  varie  entre  100  et  110 
degrésy  Teau  qui  y  est  contenue  s'éva- 
pore et  en.  même  temps  l'air  atmosphéri- 
que est  expulsé,  on  bouche  rapidement 
L'orifice  ôxi  couvercle,  après  quoi  on  laisse 
encore  les  récipients  une  l^eure  dans  ce 
bain,  chaud.  On  les  retire,  et  dès  qu'ils 
sont  refroidis  on  les  peint  à  l'huile.  Enfin, 
si  pendant  une  observation  prolongée  à 
laquelle  on  les  soumet  dans  une  chambre 
d'épreuve  chauffée,-  ces  boites  ne  se. dila- 
tent pas,  on  leslivre  à  la  consommation.' 
Ën*£cosse,  suivant  le  proeédé  dit  d'Aberw 
deen,  on  opère  ainsi  qu'il  suit  :  aussitôt 
les  boites  remplies,  on  les  ferme  herméli^ 
quement,  puis  on  les  place  dans  une  solu- 

Ips  procédés  de  couservalion  des.  viandes,  nous 
i)*en  |»arl«roDS  pas  ici.  considérant  que  ces  pré  - 
paiatioDs,  dont  la  vuinde  en  effet  est  la  base,  ne 
fie u vent  être  regftrdéed,  à  pr^remeiit  parler, 
comme  des  procédés  de  conservatioA  des  viandes. 


tlon  saline  que  Ton  porte  à  rébutlition,  on 
les  y  laisse  pendant  deux  ou  trois  heures. 
On  les  extrait  alors  du  bain-marie,  on  pra^ 
tique  dans  la  soudure  un  petit  orifice  qui 
laisse  éeliapper  à  la  fois  l'air  atmosphéri^ 
que  et  la  vapeur  d'eau,  puis  on  le  bouche 
aussitôt.  Cette  opération  est  renouvelée 
trois  fois,  après  quoi  on  les  laisse  refroidir, 
on  les  peint  et  on  leur  fait  subir,  comme 
dans  la  méthode  australienne,  une  der- 
nière épreuve  dans  une  chambre  à  haute 
température. 

Sans  insister  sur  le  prix  de  revient  élevé 
que  donnent  à  ces  consefves  les  nombreu- 
ses manipulations  qu'entraînent  les  procé- 
dés que  nous  venons  de  décrire,  prix  qui 
est  un  obstacle  infranchissable  à  la  vulga- 
risation de  leur  emploi,  nous  signalerons 
le  reproche  qui  leur  est  adressé  par  ceux 
qui  en  ont  fait  usage  :  c'est  que  par  suite 
de  la  haute  température  à  laquelle  la 
viande  a  été  exposée  pendant  un  temps 
assez  long,  elle  se  trouve  dans  un  état 
d'hypercoction  qui  la  rend  filandreuse,  Uti 
fait  perdre  une  partie  de  5a  saveur,  de  telle 
sorte  que  son  usage  prolongé  exeîte  le 
dégoût. 

Voulant  femédier  à  ces  inconvénients, 
Nasmyth  a  proposé  d'additionner  Teau 
d'un  peu  d'alcool  afin  d'abaisser  le  point 
d'ébullitfon  ;  Mac  Call  a  conseillé  de  placer 
dans  l«s  boites  une  petite  quantité  de  sul- 
fate de  soude»  Enfin,  Richard  Jones,  pour 
conserver  à  la  viande  plus  de  saveur  en 
évitant  Phyperooctiôn,  a  essayé  d'expulser; 
l'air  k  la  fois  par  la  coction  et  l'aspiration  ; 
à  cet  effet,  il  a  conseillé  de  faire  le  vide 
dans  les  boites  par  un  tube  introduit  dans 
leur  couvercle,  puis  de  les  soumettre  à 
une  ébullitlan  peu  prolongée. 

Enrobement,  —  Dans  ce  procédé,  on 
enveloppe  la  viande  à  conserver  d^u ne  sub- 
stance qui  om pêche  qu'elle  soit  pénétrée 
par  les  ferments.  Le  premier  procédé  bre- 
veté, en  Angleterre,  a  été  employé  par 
Francis  filowden  ;  il  consistait  à  versersup 
la  viande  contenue  dans  un  tonneau  de 
bois  du  jus  de  visinde  liquide  et  chaud^ 
dans  lequel  elle  se  tro^ivait  enrobée  pftr  le 
refroidissement.  Au  lieu  du  jus  dcTîande, 
Grranhoim,  ainsi  que  éela  se  pratique  dans 
le  midi  de  la  France,  se  servait'dte  graisse 
fondue,  Wolhly  d'huile,  A  Melboaroe, 
Tallermann  a  cherché  depuis  quelques 
années  à  appliquer  en  grand  le  procédé  de 
Granholni  pour  le  transport  des  viandes 
d'Australie.  A  cet  effet,  îl  conseille,  de 
plonger  les  morc^ux  de  viande  fraiehe 


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dans  du  suif  fondu  pendanl  quelques  minu- 
tes, puis  de  les  em(»iler  dans  des  tonneaux 
secs*et  de  iesirccôuvrjr  de  graisse  fondue. 

M.  Armand  Gauthier  indique  comme 
un  bon  procédé  d'enrobement  celui  qui 
consiste  à  cbauffcr  d'abord  ta  viande  à 
100  degrés  dans  de  Teau  contenant  un  peu 
de  sol  et  une  trace  de  nitrate  de  soude  des- 
tine à  lui  conserver  sa  couleur.;  la  graisse 
ayant  été  séparée  et  fondue  d*âvanee^  on 
la  coule  suf  la  viande  >  encore  chaude  et 
placée  dans  des  boîtes  ou  des  pots  de  terre. 

On  a  fait  de  nombreuses  tentatives  pour 
introduire  dans  la  (Pratique  des  procédés 
d*enrobement  qui  présentassent,  avec  Ta 
vantage  d'être  d'une  exécution  facile, 
celui  d'être  moins  dispendieux  en  raison 
des  substances  qu'on  employait  pour  faire 
le  revéteuieat  de  la  viande.  On  a  essayé 
successivement  la  gélatine,  la  paraffine^  Ja 
glycérine,  la  méiasso^  la  glycose,  la  poudre 
de  charbon^  la  farine  de  maïs,  -  mais  on 
a  renoncé  successivement  à  employer 
c^s  diverses  substances,  les  unes,  parce- 
qu'elles  obligeaient  ^  soumettre  la  viande 
à  des  lavages  fréquents  qui  lui  enlevaient 
sa  saveur  avant  d'être  livrée  à  la  consom- 
ruation  ;  les  autres,  parce  qu'elles  étaient 
déliquescentes  et  que,  dès  que  l'enveloppe 
cessait  d'être  continue,  la  putréfaction 
s'emparait  de  la  viande  qu'elle  devait  pré- 
server; toutes,  parce  qu'elles  ne  détrui- 
sent pas  les  germes  que  renferme  la 
viapde  et  qu'elles,  n'ont  pas  par  elles- 
mêmes  une  action  préservatrice. 

Fumage.  —  Par  Je  procédé  du  fumage^ 
au  contraire,  |a  pénétration  des  fibres  de 
la  viande  à  conserver,  par  une  certaine 
quantité  de  fumée  renfermant  de  la  créo- 
sote et  du  phénol,  détruit  les  ferments  et 
empêche  plus  tard  le  développement  des 
germes  apportés  par  i'air  ambiant.  On  doit 
toujours,  pour  cette  opération,  préférer 
les  bois  feuillus  aux  bois  résineux  qui 
communiquent  à  la  viande  un  goût  désa- 
gréable,  et  diriger  l'opération  avec  len- 
teur; car,  si  l'on  produit  beaucoup  de 
fumée  à  la  fois,  dès  le  début  l'extérieur  ^e 
fume  avant  que  les  coucbes^  sous-jacentes 
de  la  viande  ne  soient  sensiblement  at- 
teintes. A  Hambourg,  on  combine  souvent 
la  salaison  avec  le  fumage,  et  par  ee  moyen 
on  obtient  des  produits  très- recherchés. 

A  ce  procédé  Jes  médecins  de  la  ma- 
rine française  reprochent  de  rendre  les 
fibres  de  la  viande  très- sèches,  et  surtout 
de  lui  communiquer  un  gôùt  spécial  assez 
prononcé  pour  être  un  inconvénient  dans 


l'alimentation  habituelle.  En  Allemagne  et 
en  Hollande,  van  den  Corput  et  Husemann 
ont  signalé  des  empoisonnements  d'ane 
extrême  gravité  résultant  de  l'alimentation 
par  des  boudins  fumés  (Botulisme  et  quel- 
quefois aussi,  bien  <|ue  rarement,  ^de  l'u- 
sage du  jambon  et  des  poissons  fumés.  Ces 
accidents  ont  été  observés  surtout  dans  le 
sud- ouest  de  l'Allemagne,  en  Wurtem- 
berg, à  Bade.  Diverses  hypothèses  ont  été 
faites  sur  la  nature  de  la  substance  toxique 
renfermée  dans  ces  boudins  fumés:  les 
uns  attribuent  las  empoisonnepients  si* 
gnalés  à  la  présence  de  poisons  minéraux 
ou  végétaux,  les  autres  è  l'action  des  pro- 
duits empyreumaUques  et  notamment  à  la 
créosote.  Van  den  Corput  prétend  avoir 
découvert  dans  ces  boudins  toxiques  une 
espèce  particulière  de  mucédinée,.  la  Sar- 
tina  hotuUna,  .qui  n'a  été  fefrouvée  depuis 
par  aucun  autre  observateur.  Mais  queife 
que  soit  la  nature  réelle  de  la  Substance 
toxique  que  l'on  rencontre  dans  les  bou- 
dins fumés,  quelles  que  soient  les  causes 
qui  favorisent  son  développement,  il  est 
aujourd'hui  un  fait  acquis  pour  tous  les 
observateurs;  c'est  qu'un  fumage  incom- 
plet prédispose  le  boudin  fumé  à  ce  genre 
d'altération  dont  les  effets  se  font  sentir 
quelquefois^ même  lorsqu'il  a  été  porté. par 
la  cuisson  h  une  température  de  iOO  de- 
grés. 

Antiseptiques»  —  Cett<.fl>éthode  a -donné 
lieu  à  un  grand  nombre  de  procédés  dont 
beaucoup  n'ont  guère  franchi  le  seuil  des 
laboratoires  de  chtoûe  oii  ils  ont  été  expé- 
rimentés. A.  Vogel  a  proposé  d'entourer 
la  viande  fraîche  d'un  mélange  de  sel  de 
cuisine,  de  charbon^  de  sUif,  d'acide :phé- 
nique  et  de  la  placer  ensuite  dans  des  ton- 
neaux pour  la  livrer  au  commerce;  peut- 
être  par  ce  moyen  a-t-on  pu  conserver^la 
viande,  mais  il- est  certain  t  que  par  le  fait 
de  cette  préparation  elle'  aura  acquis  une 
odeur  et  une  saveur  qui  doivent  la  rendre 
impropre  à  l'alimentation.  Eckstein  aardit 
obtenu  d'exeeliei^ts  résultats  en  enveiop» 
pant  la  viande  fumée  dans  une  feuille  de 
parchemin  plongée  pendant  une  heure 
dans  du  vinaigre  de  bois  chaud.  11  affirme 
qu'un  simple  lavage  dans  l'eâu  suffit  pour 
enlever  à  la  viande  tout  mauvais- goût  dom- 
muniqué  par  le  vinaigre  de  bois.  Busch 
(de  Rio-Janeîro)|  pour  conserver  la  viande 
durant  de  lorigues  traversées,  la  fait  d'a- 
bord cuire,  puis  la  dessèche;  il  l'expose 
ensuite  à  dos  vapeurs  d'acide  sulfureux,  Ja 
revêt  de  gélatine  et  la  plonge  finalement 


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dans  de  la  gî^aisse  de  bœuf  fondue.  Soumis 
À  Texanien  d*une  commission  à  Pdrto- 
Aliegre,  les  viandes  ainsi  conservées  ont 
été  trouvées  bonnes  après  trois  mois  de 
préparation. 

En  Angleterre,  Gamgee,  professeur  à 
rÉcole  vétérinaire  de  Londres,  a  imaginé 
un  procédé  qui  mérite  une  mention  parti- 
culière. Avant  d*abat(re  i*animal^  il  le 
place  pendant  quelques  instants  dans  une 
atmosphère  d*oxyde  de  carbone  ^our  Ta* 
ncsthésîer,  puis  on  Pabat  immédiatement, 
on  récorche  et  on  le  dépouille.  Enfin  on 
porte  les  morceaux  de  viande  dans  des 
boites  hermétiquement  fermées,  on  les 
soumet  à  Taction  combinée  de^Poiyde  de 
carbone  et  de  l'acide  sulfureux  pendant  un 
temps  plus  ou  moins  long,  suivant  le  vo- 
lume des  morceaux  de  viande  (une  se- 
maine pour  les  moutons  entiers,  dix  à 
douze  jours  pour  les  quartiers  de  bœuf), 
et  après  cette  préparation  on  peut  livrer  à 
la  consommation.  Le  gaz  oxyde  de  car- 
bone qu*on  a  fait  respirer  à  fanimal  con- 
serve à  la  viande  sa  belle  coloration  rouge, 
qui  se  perd  habituellement  Sous  Tin- 
fluenoe  de  Taeide  sulfureux.  Des  morceaux 
de  viande  préparés  parle  procédé  Gamgee, 
et  transportés  de  Londres  à  New- York, 
étaient  encore  en  parfaite  conservation  au 
bout  de  quatre  à  cinq  mois.  L*expérience 
ayant  démontré  que  pendant  la  cuisson 
Toxyde  de  ctirbone  était  complètement  ex- 
pulsé, oh  n'a  auoun  inconvénient  è  re<^ 
douter  par  remploi  de  ce  gaz. 

On  a  conseillé  également,  pour  cou*- 
server  la  viande,  de  l'immerger  dans  de 
Teau  additionnée  de  créosote  ou  d'acide 
phénique^  ou  de  la  placer  dans  une  at- 
mosphère de  bioxyde  d'azote.  Medlock  et 
Batiey  ont  préconisé  l'emploi  du  bisulfate 
de  chaux,  J.  Young  d*un  mélange  de  sul- 
fure de  caleium  et  de  chaux  éteinte.  D'au- 
tres expérimentateurs  ont  eu  recours  aux 
hyposulfitcSy  aux  borales  et  aux  silicates 
mélangés  ou  non  de  charbon  ^  on  n*a  obtenu 
que  des  résultats  Imparfaits,  des  succès 
contestés.  Tantôt  les  substances  antisep- 
tiques ont  communiqué  a  la  viande  une 
saveur  qui  Ta  rendue  impropre  à  la  con- 
sommation^ tantôt  les  couibinaisons  qui  se 
sont  produites  entre  les  agents  antifer- 
mentescibles  et  la  substance  animale  ont 
donné  naissance  à  des  produits  alimen- 
taires nuisibles,  tantôt  enfîn  les  parties 
nutritives  de  la  viande  se  sont  dissoutes 
dans  le  liquide  extérieur  qui  n^était  pas 
utilisable  pour  l'alimentation.  Nous  ne  les 


signalons  donc  que  pour  donner  un  aperçu 
complet  de  la  question  et  surtout  prémunir 
ceux*  qui,  séduits,  par  la  théorie,  pour- 
raient être  tentés  de  recourir  h  leur  em- 
plt»i. 

La  solution  pratique  du  problème  de  la 
conservation  des  viandes  se  trouvera 
plutôt  dan;^  un  des  procédés  de  h  mé- 
thode qu'il  nous  reste  .à  examiner,  et  qui 
consiste  à  placer  la  substance  animale  dans 
des  conditions  telles  que  les  ferments 
qu'elle  peut  contenir  ne  puissent  s'y  dé- 
velopper. Ces  procédés  sont  au  nombre  de 
trois,  la  dessiccation,  la  salaison,  la  réfri- 
gération. 

Dessiccation,  —  La  dessiccation  est  le 
procédé  primitif  de  conservation  de  la 
viande.  Les  indigènes  remploient  depuis 
l'époque  la  plus  reculée  en  Afrique  où  les  '^ 
Arabes  du  Sahara  et  les  Cafres  désignent 
sous  le  nom  de  keleah  la  viande  qu'ils  con- 
somment ;  dans  l'Amérique  du  Sud  où, 
sous  les  noms  de  Tatajo,  Charqui  ou 
Char  que,  Came  seeq,  on  dulce  on  prépare 
et  Tou  exporte  une  quantité  considérable 
de  viandes  conservées  par  dessiccation. 
C'est  à  la  Plata,  dit  le  docteur  Sehnepp 
dans  le  récit  de  sa  mission  scientifique 
dans  l'Amérique  du  Sud,  que  s'est  créée 
et  que  se  développe  cette  industrie  qui, 
en  1864,  livrait  sur  les  marchés  du 
Brésil  et  de  la  Havane  S6  millions  de  kilo- 
grammes de  viande  à  raison  de  0,^0  cen- 
times le  kilogramme. 

Dans  les  usines  de  la  Plata  appelées 
saladeros  ou  galaderes,  on  prépare  à  la  fois 
les  peaux,  la  graisse  et  la  viande  des  ani- 
maux. La  viande  est  dépecée,  chaque  tète 
de  bétail  fournit  huit  lames  de  viande 
représentant  environ  150  à  Î50  kilo- 
grammes de  substance  animale.  Ces  longs 
morceaux  de  chair  palpitants  sont  plongés 
dans  un  bassin  qui  renferme  de  la  sau- 
mure; après  quelques  secondes  d'immer- 
sion, ils  sont  étalés  par  couches  superpo- 
sées^ séparés  les  uns  des  autTes  par  une 
couche  de  sel  blanc.  Par  le  fait  du  poids 
qu'elles  supportent^  les  couches  inférieures 
laissent  échapper  une  partie  des  liquides 
qu'elles  renferment^  au  bout  de  vingt- 
quatre  heures  la  pile  est  retournée,  salée 
de  nouveau,  et  le. même  fait  se  reproduite 
Le  lendemain,  la  viande  est  retirée  de  la 
salaison,  secouée,  empilée  au  grand  air  et 
recouverte  jde  poids,  elle  reste  plusieurs 
jours  sous  cette  pression  et  laisse  s'écouler 
une  certaine  proportion  d'eau  salée.  Les 
piles  de  viande  sont  conservées  en  cet  état 


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ihl 


pendant  trois  ou  quatre  jours  et  alors  on 
étend  les  lames  sur  des  charpentes  dispo- 
sées à  cet  effL^t^  on  l«s  laisse  du  matin  au 
soir  exposées  h  Tair,  en  ayant  soin  de  les 
rentrer  la  nuit  et  dan.^  le  cas  où  le  temps 
devient  humide.  On  les  étend  ainsi  jusqu'à 
ce  qa*ciles  soient  complélement  sèches, 
c*e$t-à-dire  pendant  trois  ou  quatre  jours 
en  été  par  un  temps  favorable  et  dans  un 
établissement  bien  situé. 

Quand  le  tasajo  chatqui  a  été  bien  pré- 
paré par  ce  procédé,  il  présente  les  ca- 
ractères suivants:  sa  couleur  est  rouge 
sombre,  la  fibfe  charnue  est  dure  comme 
du  bois  et  résonne  sous  le  doigt  qui  la 
frappa  ;  une  lame  mince  de  tasajo  re- 
gardée par  transparence  doit  présenter  une 
belle  teinte  vineuse  ;  pressée  entre  les 
doigts,  elle  ne  doit  ni  laisser  suinter  de 
liquide^  ni  dégager  une  odeur  autre  que 
celle  qui  se  rapproche  beaucoup  du  jam- 
bon fumé  dont  elle  avait  la  saveur  avant 
d'être  cuite.  Dans  cette  préparation,  la 
viande  fraîche  perd  les  deux  tiers  de  son 
poids. 

Les  légumes  cuits  avec  le  tasajo  acquiè- 
rent une  saveur  très -agréable;  mais  cette 
viande  bouillie  est  impropre  à  la  consom- 
mation, sa  fibre  n*a  plus  aucun  parfum  et 
ressemble  à  de  Tétoupe.  Si  Ton  veut  la 
faire  rôtir,  on  a  un  produit  plus  sapide, 
mais  dur  à  mastiquer  et  d'une  digestion 
difficile.  De  plus,  si  la  préparation  n*a  pas 
été  faite  par  un  temps  très-^sec,  te  tasajo  se 
moisit  et  s'altère  très-facilement,  ce  qui 
est  on  obstacle  sérieux  à  son  exportation 
loin  des  lieux  de  production. 

Le  docteur  Schnepp,  mettant  à  profit  les 
indications  fournies  par  M.  Bousiiingault, 
a  préparé  à  Montevideo  et  à  Buenos-Ayres 
du  tasajo  par  le  procédé  suivant  :  après 
avoir  fait  couper  la  chair  musculaire  en 
lames  minces  et  les  avoir  salées  très^Iégè- 
rement,  il  les  fil  saupoudit^'r  de  farine  de 
mais  en  les  exposant  au  soleil  pendant  le 
jour  et  en  les  pressant  légèrement  pendant 
la  nuit.  Après  huit  jours  Topération  était 
terminée^  la  viande  présentait  un  très -bel 
aspect  et  une  saveur  agréable  à  son  arri> 
vée  en  France,  qu'elle  ait  été  consommée 
après  avoir  été  bouillie  ou  rôtie.  Toutefois 
elle  avait  contracté  un  léger  goût  de  moisi 
que  M.  Schnepp  attribue  à  la  saison 
humide  dans  laquelle  la  préparation  avait 
été  faite. 

La  dernièri*  expérience  et  la  plus  déci- 
sive tentée  par  M.  Schnepp  est  la^ulvante  : 
U  fit  eouper  en  lames  minces  1600  kilog. 


de  viande  dans  un  saladero  de  Montevideo  ; 
elles  furent  légèrement  salées  et  empilées 
dans  uiie  caisse.  Après  avoir  recouvert  la 
pile  d'une  épaisse  couche  de  sel,  la  caisse 
fut  expédiée  au  Havre  et  de  là  à  Mulhouse, 
où  elle  fut  livrée  à  la  consommation,  au 
prix  de'  60  centimes  le  kilogramme.  La 
viande  était  en  très-bon  état  et,  rôtie,  fut 
jugée  excellente.  Nous  mentionnerons  en- 
core, dans  le  même  ordre  d'idée,  deux 
procédés  de  conservation  des  viandes  dus, 
i'nn  à  M.  Martin  de  Lignac  qui  dessèche 
les  viandes  dans  des  étuves  à  une  tempé- 
rature n'excédant  jamais  35  degrés  afin  de 
n'altérer  aucune  des  albumines  du  plasma 
musculaire,  l'autre  à  deux  industriels  de 
Buenos  Ayres,  MM.  Vin  et  Senorans,  qui 
ont  essayé  de  sécher  les  viandes  par  la  ven- 
tilation afin  de  ne  faire  intervenir  le  sel 
qu'en  très- petites  proportions.  Après  avoir 
soumis  les  lames  dô  viàiade  à  une  pression 
assez  forte  le  prenrier  jour  pour  faire 
éconler  une  portion  de  l'eau, qu'elles  ren- 
ferment, ils  les  étendaient  sur  des  châssis 
disposés  horizontalement  dans  une  grande 
pièce  où  arrive  de  l'air  chaud  mis  en  mou- 
vement par  des  roues  h  larges  ailes. 

Ce  procédé  ne  donne  que  des  produits 
de  qualité  inférieure  au  tasajo. 

M.  A.  Gautier  signale  le  procédé  imaginé 
par  un  ingénieur  anglais  et  consistant  à 
soumettre  la  viande  à  une  forte  pression 
hydraulique  qui  la  prive  d'une  grande  par- 
tie de  son  suc  et  l'amènerait  à  un  état  de 
siccité  suffisant  pour  que  toute  putréfac- 
tion soit  évitée.  Le  sérum  qui  s'écoule  est 
lui  même  desséché  et  fournit  un  aliment 
nutritif. 

La  valeur  nutritive  de  la  viande  salée 
et  desséchée  est  incontestablement  très- 
considérable  ;  mais  si  l'on  en  excepte  celle 
qui  est  préparée  par  la  méthode  de 
MM.  Boussingault  et  Schnepp  (sur  laquelle 
l'expcriencc  n'a  pas  encore  prononcé), 
c'est  un  pro(ioit  insipide,  coriace,  très- 
difficile  à  digérer^  et  les  habitudes  atimen  • 
taires  de  nos  populations  les  rendront  pro- 
bablement pendant  longtemps  encore 
réfractaires  à  leur  consommation  journa- 
lière. 

A  diverses  époques,  on  a  préconisé  des 
poudres  alimentaires,  dont  la  plus  connue 
est  le  Pemmhan  des  voyageurs  au  pôle 
Nord,  mélange  de.  viande  de  bœuf  dessé- 
chée et  pulvérisée  à  laquelle  on  ajoute  du 
sel,  du  poivre,  des  épiées  et  du  jiucre. 
Pour  confectionner  cette  poudre  de  viande» 
Arthur  Hassall  Hill  a  indiqué  un  procède 


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158 


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qui  consiste  à  séparer  ia  viande  de  la 
graisse,  des  os  et  drs  tendons,  à  la  décou- 
per en  cubes  d*un  pouce  d*épaisseur^  à  la 
hacher  finement,  à  retendre  sur  des  châssis 
de  ferzingué  à  claire- voie,  el  à  la  /aire  se* 
cher  à  Tair  chaud  .sans  atteindre  le  point 
de  coagulation  die  ralbumine.  On  termine 
Popération  en  broyant  la  masse  et  en  sou- 
mettant de  nouveau  la  poudre  à  la  dessic- 
cation, après  l'avoir  tamisée.  C*est  là^ 
comme  le  dit  très-justement  M.  Fonssa- 
grives^  un  aliment  de  nécessité  et  dont 
Tusage  ne  répond  à  aucun  besoin  dans  les 
régions  que  nous  habitpns.  A  ceux  qui 
auraient  la  pensée  d'y  recourir,  nous  ren- 
voyons aux  travaux  de  M.  A.  Lefèvre,  di- 
recteur du  service  de  santé  de  la  marine. 
(La  fin  au  prochain  numéro.) 
(  A  nnales  d'hygiène  publique . ) 


^    lll€^decia«  légale. 

De  l'hymen  et  de  son  importanoe  en 
mëdeoine  légale,  par  M.  le  docteur  E.  GA- 
RIMOND,  professeur  agrégé  à  la  Faculté 
de  médecine  de  Montpellier... 

Tout  langage  scientifique  a  besoin  de 
précision  et  de  rigueur,  et  la  médecine  lé- 
gale doit  incontestablement,  moins  que 
toute  autre  science,  échapper  à  ces  légi- 
times exigences.  11  n'est  malheureusement 
pas  très-simple  de  satisfaire  avec  exacti- 
tude à  ce  programme.  Les  faits  qui  appar- 
tiennent au  dotHalne  médical  ne  sont  pas 
toujours  caractérisés  pai*  des  définitions 
précises  et  complètes;  plusieurs  d'entre 
eux  reçoivent  même  du  texte  de  la  loi  une 
signification  quelque  peu  arbitraire  à  la- 
quelle Texpert  doit  savoir  se  plier,  sous 
peine  de  n'être  point  compris,  de  ne  pou- 
voir remplir  son  mandat  et  de  compro- 
mettre ainsi  la  liberté,  la  vie,  Thonnear 
d\in  accusé,  en  même  temps  que  Tauto- 
rité  de  la  science  qu'il  représente.  Ces  ré- 
flexions sont  surtout  applicables  aux  faits 
d'une  criminalité  spéciale.  J'ai  cherché,  à 
propos  de  l'avortement,  à  établir  dans  un 
autre  travail  (I)  que,  faute  d'une  donnée 
absolument  vraie,  on  arrivait  à  une  doc- 
trine erronée,  d'une  sévérité  ooiréc  dans 
quelques  cas,  d'une  indulgence  sans  bornes 
dans  d'autres.  Il  en  est  de  même  pour  le 
viol  et  les  attentats  à  la  pudeur,  que  cher- 
Ci)  Garimond,  Traité  théorique  et  pratique 
fie  ravortement  considéré  au  point  de  vue  mé- 
dical, chirurgical  et  médico-légal.  Montpellier* 
1875. 


chent  à  réprimer  les  «rt.  330,  531 ,  332  du 
Code  pénaK  Mais  ici  la  confusion  tient  sur- 
tout à  ce  que  ces  mots  n  ont  point  leurs 
analogues  dans  le  langage  purement  médi- 
cal, et  qu*ils  n'existent  qu'au  point  de  vue 
de  leur  criminalité.  Leur  valeur  est  en 
partie  déterminée  par  la  rédaction  des  arti- 
cles du  Code,  et  ils  présentent  par  cela 
même  une  confusion  peu  facile  à  éviter. 
C'est  en  voulant  distinguer  entre  eux  ces 
crimes,  d'une  pénalité  si  varia|j>le,  que  les 
légistes  modernes  ont  été  amenés  à  recher- 
cher pour  l'un  d'eux  un  signe  caractéris- 
tique et  à  faire  jouer  un  rôle  excessif  à  la 
membrane  hymen. 

Quelques  observations  «urieuses,  que 
les  hasards  de  la  pratique  ou  que'  des  re- 
cherches spéciales  ont  mises  entre  mes 
mains,  m*ont  conduit  à  examiner  un  côté 
de  ces  questions,  et  à  étudier  quelle  pou- 
vait être  en  réalité  Timportance  de  l'hymen. 
C'est  ce  travail,  en  apparence  restreint, 
mais  dont  les  conséquences  ne  itont  pas 
sans  étendue,  que  j'aborde  ici. 

L'hymen  n'a  qu'une  existence  transi- 
toire. Il  disparait  d'habitude  au  moment 
où  les  organes  de  la  génération  accomplis^ 
sent  le  but  définitif  pour  lequel  ils  ont  été 
formés.  Cette  membrane  est  alors  habi- 
tuellement divisée,  déchirée  ou  détruite 
en  entier.  Mais,  si  par  quelques  circon- 
stances exceptionnelles  elle  persiste  dans 
son  intégrité,  elle  devient  alors,  un  obata- 
cle  à  l'accomplissement  régulier  de;s  fonc- 
tions ;  elle  est  donc  d'une  utilité  plus^que 
contestable  et  quelquefois  même  un  véri- 
table embarras.  Aussi  les  physiologistes 
ont-ils  attaché  à  sa  présence  une  très- mi- 
nime importance,  ignorant  le  rôle  qu'elle 
est  appelée  à  jouer  pendant  l'enfance  et  ia 
puberté. 

Il  n*en  est  plus  ainsi  lorsqu'on  l'envi- 
sage au  point  de  vue  de  la  médecine  lé- 
gale. Sa  présence,  son  absence,  sa  rupture 
ou  son  intégrité  peuvent^  suivant  l'occa- 
sion^ devenir  des  signes  d'une  certaine 
valeur.  Quelques  auteurs  lui  attribuent 
même  une  signification  absolue.  Ils  sem- 
blent regarder  l'hymen  comme  une  bar- 
rière naturelle  et  constante  placée  entre 
les  organes  génitaux  externes  et  ceux  de 
la  sphère  moyenne,  de  sorte  quMl  établi- 
rait entre  eux  une  différence  de  nature  et 
de  fonction.  Un  attentat  commis  avec  vior 
lence,  mais  arrêté  par  ce  tissu,  n'aurait 
plus  la  même  signification,  ne  devrait  plus 
être  désigné  par  le  même  mot,  n'entraîne- 
rait plus  la  méme^  pénalité  que  celui  qui\- 


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REVUB  ANALYTIQUE  ET  CHITIQUE. 


159 


s*cxerçant  qa«iqae$  in illi mètres  plus  loin, 
deviendrait  un  crime  d'une  tout  autre 
porl^e,  etceltrici  aurait  toujours  pour  ca- 
ractère essentiel  la  violence  et  la  rupture 
de  la  membrane  oi^turatricc.  Pour  tout 
dire,  suivant  TEcole  française  la  plus  mo- 
derne et  la  plus  autorisée,  le  viol  ne  serait 
autre  chose  que  la  violence  exercée  sur  les 
organes  génitaux  de  la  fem^e,  suivie  né- 
cessairement de  la  défloration  complète  ou 
ineompiètc.  La  déchirure  de  la  membrane 
est  tout  ;  en  dehors  d'elle,  le  crime  n'a  plus 
le  même  caraelère,  il  n'y  a  qu*un  attentat 
à  la  pudeur. 

On  est  actuellement  mal  venu  de  s'arré- 
t|;r  à  de  simples  discussions  théoriques. 
Les  faits  sont  plus  recherchés  que  les 
aperçus  les  plus  ingénieux.  Cependant 
Tattenlion  doit  nécessairement  se  reporter 
à  l'origine  dés  questions.  Les  théories, 
pour  ne  faire  qu'une  mince  apparition, 
n'en  existent  pas  moins,  et  les  auteurs  les 
plus  sobres  à  cet  égard  ne  sauraient  se 
soustraire  à  leur  nécessité.  Ils  formulent 
leurs  opinions  en  quelques  mots,  ils  ne  les 
diseatent  pas  mais  ils  les  présentent 
comme  des  axiomes^  point  de  départ  obligé 
de  toute  leur  œuvre  que  nul  n'est  admis  h 
repousser.  Ce  sont  les  tendances  de  TEcole 
moderne  de  médecine  légale.  Dans  chaque 
sujet,  elle  recherehe  autant  que  possible 
un  signe  très< apparent,  saisissable,  dont 
elle  fait  non-seulement  un  moyen  de  dia^ 
gnostic,  mais  qu'eue  établie  comme  l'élé- 
ment essentiel  de  sa  définition.  Ce  procédé 
offre  un  véritable  avantage  :  il  donne  aux 
questions  une  netteté  et  une  précision 
incomparables.  Le,  légiste,  avec  ce  mode 
d'appréciation,  est  rarement  embarrassé.  11 
résout  ainsi  les  difficultés  qui  peuvent  se 
rencontrer  et  qui  pour  tout  autre  seraient 
au  moins  douteuses.  Mai^,  si  l'on  discute  ht 
fond  ces  théories  à  peine  ébauchées  et  si 
hardiment  formulées,  elles  ne  soutiennent 
pas  toujours  l'examen,  et  l'on  s'aperçoit 
bientôt,  quelles  que  soient  l'habileté  do 
Tœuvre  entière,  l'abondance  des  détails, 
la  hardiesse  des  conclusions,  que  l'ensem- 
ble n'est  point  assis  sur  une  base  inébran- 
lable. 

L'expert  n'a  pas,  il  est  vrai,  à  discoter 
la  loi  ou  à  rinterj)réter;  seulement  lors- 
qu'on délit,  un  crime,  sont  désignés  par 
un  simple  mot^  il  faut  bien  qu'il  se  rende 
compte  de  sa  valeur  au  point  de  vue  >dc 
l'expertise  médicale,  et  qu'il  sache  si  la 
définition  proposée  est  la  seule  vraie.  On 
ne  sera  donc  pas  étonné  que  je  recherche 


quelle  est  ia  signification  h  donner  aux 
crimes  prévus  par  l'article  532  du-  code 
pénal,  et  caractérisés,  suirant  plusieurs 
auteurs  modernes,  par  la  rupture  de 
l'hymen.  La  plupart  des  écrivains  anté- 
rieurs à  notre  époque  n'ont  pas  envisagé 
cette  question  au  même  point  de  vue.  iU 
sont  au  contraire  unanimes  à  reconnaître 
que  le  viol  n'est  autre  chose  que  l'union 
sexuelle  illicite  accomplie  avec  violence, 
quels  que  soient  d'ailleurs  '  les  désordres 
anatomiques  qui  en  résultent,  et  qui  ne 
peuvent  que  dans  un  nombre  de  cas  très- 
limité  avoir  une  importance  absolue.  Cette 
définition,  ou  son  idée  principale,  a  été 
acceptée  par  le  plus  grand  nombre  d'entre 
eux  :  Fodéré;  Marc,  Orfila,  Devergie, 
Casper  ;  c'est  celle  que  Briand  et  Chaude (1) 
reproduisent  dans  des  termes  à  peu  près 
identiques.  11  faut  le  reconnaître,  elle  est 
bien  un  peu  vague  :  le  signe  essentiel, 
1  élément  matériel  du  crime,  n'est  point 
désigné  ;  c'est  pour  cela  que  quelques  au- 
teurs  ont  voulu  lui  donner  un  sens  plus 
pratique.  Tbulmouchc  (â>  déclare  qu« 
«  pour  l^  médecin  légiste,  le  caractère  de 
la  virginité  est  l'existence  de  la  membrane 
hymen,  et  il  n'y  a  de  défloration  ou  viol 
que  si  l'on  y  remarque  des  déchirures.  » 
M.  A.  Tardieu  (3),  s'emparant  de  cette 
idée,  la  formule  encore  avec  plus  de  pré- 
cision. «  Le  viol  peut  être  défini,  au  point 
*  de  vue  de  la  médecine  légale  :  toute  vio- 
lence exercée  sur  les  organes  sexuels  de  ta 
femme,  et  caractérisée  par  la  défloration, 
e-'est-è-dire  par  Id  déchirure  complète  de 
la  membrane  hymen.  »  On  arrive  ainsi  à 
un  signe  invariable,  caractéristique  du 
viol,  en  même  temps  qu'on  détourne  le 
mot  du  sens  primitif.  Les  rapports  sexuels 
ne  sont  plus  nécessaires';  mais  toute  vio- 
lence, de  quelque  nature  qu'elle  soit,  peut 
être  classée  dans  la  même  catégorie, 
pourvu  qu'il  y  ait  rupture  de  l'hymen. 
C'est  donc  une  véritable  révolution  accom- 
plie dans  l'idée  que  l'on  s'est  faite  jusqu'à 
présent  de  ce  crime. 

Avec  cette  doctrine,  le  viol  est  restreint 
à  un  petit  nombre  de  faits,  et  tout  ce  qui 
ne  reconnaît  pas  la  défloration  à  son  origine 
est  rejeté  dans  le  cadre  élargi  des  attentats 
à  la  pudeur.  Mais  Ton  se  demande  si  l'on 

(1)  Briand  et  Chaude,  Manuel  complet  de  mé- 
decine légale^  9«  édition.  Paris,  1874. 

(2)  Toulmouche.  Mémoire  sur  les  attentats  à 
la  pudeur  et  le  viol,  t^nn.  d'hyg.,  2"  série, 
t.  VI,  p.  100,  1856,  el  t.  XXIÏ.  p.  313. 1864.) 

(3)  Tardieu,  Étude  médico-légale  sur  les  at^ 
tentais  aux  mœurs^  6«  édit.  Paris,  1873. 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


peut  ainsi  'arbitrairement  séparer  des  aetes 
qui,  ayant  les  mêmes  conséquences  et 
poursuivant  un  but  identique,  «ont  de 
même  nature,  et  cela  parce  qu*un  tissu  de 
peu  d'importance  a  été  respecté  dans  un 
eas,  déchiré  dans  un  autre,  alors  surtout 
que  ia  membrane  peut  ne  pas  exister,  soit 
par  une  destruction  accidentelle  anté- 
rieure, soit  par  suite  d*u ne  organisation 
anormale.  Cette  question  a  déjà  été  en 
partie  tranchée  par  les  interprétations  don- 
nées au  sens  de  la  loi  par  la  Cour  de  cassa- 
tion. Pour  nous,  c'est  exclusivement  par 
des  faits  d'ordre  médical  que  nous  devons 
)a  juger,  et  puisque  l'hymen  joue  un  si 
grand  rôle,  c'est  par  son  étude,  par  son 
anatomie  et  par  ses  anomalies,  par  les  mo- 
difications que  les  circonstances  acciden- 
telles lui  fout  subir,  et  par  les  conséquences 
qui  en  découlent,  que  nous  arriverons  à 
nous  faire  une  idée  nette  de  ce  que  l'on 
doit  classer  sous  le  nom  d'attentat  à  la  pu- 
deur, ou  BOUS  celui  de  viol. 

Pendant  longtemps,  des  anatomistes 
ordinairement  exacts  n'avaient  qu'une  no- 
tion tellement  confuse  de  l'existence  de 
l'hymen,  que  leurs  opinions  à  cet  égard 
étaient  tout  à  fait  contradictoires,  i  Fal- 
lope,  Vésale,  Dieraerbroêk,  Riolan,  Bar- 
tholin,  Heister,  Ruyscb  et  quelques  autres 
prétendent,  écrit  Buffon  (1),  que  la  mem- 
brane hymen  est  une  partie  réellement 
existaute  qui  doit  être  inise  au  nombre  des 
organes  de  la  génération  des  femmes.  Ils 
disent  que  cette  membrane  est  cl>arnue, 
qu'elle  est  fort  mince  dans  les  en/ants, 
plus  épivisse  dans  les  filles  adultes  ;  qu'elle 
est  située  au-dessous  defurèthre,  ete.^  etc. 
L*hymen,  selon  M»  Winslow,  est  un  repli 
membraneux  plus  ou  moins  circulaire,  plus 
ou  moins  large,  plus  ou  moins  égal,  quel- 
quefois semi-lunaire,  qui  laisse  une  ouver- 
ture très-petite  dans  les  unes,  plus  grande 
dans  les  autres,  etc.  Âmbroise  Paré,  Du- 
laurens,  Graaf,  Pinœus,  Dionis,  Mauriceau, 
Palfyn,  soutiennent  au  contraire  que  la 
membrane  hymen  n'est  qu'une  chi- 
mère, etc.  Ils  rapportent  les  observations 
qu'ils  ont  faites  sur  un  grand  nombre  d& 
filles  de  di£férents  âges,  qu'ils  ont  dissé- 
quées, et  dans  lesquelles  ils  n'ont  pu 
trouver  cette  membrane.  Ils  avouent  seu- 
lement qu'ils  ont  vu  quelquefois,  mais  bien 
rarement,  une  membrane  qui  unissait  les 
protubérances  charnues,  qu'ils  ont  appe- 
lées caroncules  myrtiformes.  Mais  ils  son* 

(t)  Bti£fon,  OEuvret complètes:  De  rkomme, 
i,  VI,  p.  44. 


tiennent  que  celte  membrane  était  contré 
l'état  naturel.  » 

Nous  savons  ce  qu'il  faut  penser  aetueU 
lement  de  ces  divergences  d'opinion.  Cette 
membrane,  dont  rcxistence  est  niée  par  les 
uns,  admise  par  les  autres,  est  tellement 
constante  que  son  absence  congénitale  est 
une  exception  rare  et  même  contestée. 

L'hymen  est  transversalement  placé  à  la 
partie  inférieure  du  vagin,  qu'il  obture 
complètement  en  arrière,  échancré  en 
avant  au  niveau  du  méat  urinaire.  Il  a  la 
forme  d'un  croissant;  son  bord  convexe 
est  soudé  avec  les  parois  infériourt  et  la* 
térale  du  vagin.  Son  bord  antérieur  est 
concave  ;  il  regarde  l'ouverture  de  Turè- 
thre,  et  laisse  une  ouverture  libre  à  la 
partie  inférieure  (Je  l'orifice  vaginal.  C'est 
surtout  aux  aspects  multiples  qu'offre  cet 
orifice  que  se  rapportent  ses.  formes  diver- 
ses, depuis  le  cloisonnement  entier  jusqu'à 
la  disparition  complète  de  la  membrane 
obturatrice. 

Ces  variétés  infinies  ont  été  signalées  par 
beaucoup  d'auteurs  (2),  et  Ton  en  retrouve 
tous  les  spécimens  dans  le  Musée  anato- 
mique  de  Heidelberg.  Je  les  classerai  dans 
les  divisions  suivantes  : 

1*  Hymen  avec  ouverture  centrale. 
Celle-ci  peut  être  simplement  circulaire,  et 
l'ouverture  située  tout  à  fait  au  milieu  ou 
sur  les  côtés' de  la  ligne  médiane.  Souvent 
elle  est  de  forme  allongée.  A\  en  est  même 
qui  représentent  parfaitement  Un  carré 
long  dont  les  bords,  légèrement  convexes 
en  dedans,  ressemblent  à  de  petites  val- 
vules. Dans  un  cas  de  ce  {;enre,  ehez  une 
jeune  fille  de  deux  ans,  la  membrane  sur 
laquelle  s'inséraient  ces  quatre  replis  était 
réduite  à  un  simple  limbe  étroit  bordant  le 
vagin;  pendant  lés  mouvements  d'expira- 
tion ou  d'effort  auxquels  se  livrait  l'enfant, 
l'anneau  vulvatre  se  resserrait,  de  sorte 
que  rhymen  se  rapprochait  par  les  bords 
libres  et  obturait  complètement  le  vagin  ; 
puis,  pendant  l'inspiration,  la  dilatation 
s'opérait,  et  alors  la  Communication  avec 
rintérieur  devenait  assez  large  pour  qu'oo 
put  comprendre  qu'à  Fége  adulte  nulle 
fonction  n'en  serait  gênée. 

â<^  L'hymen  est  eA  forme  de  croissant, 
avec  ouverture  antérieure.  C'est  celui  qui 
est  généralement  décrit,  et  dont  les  dimen- 
sions dans  Torifiee  peuvent  varier  depuis 
le  volume  d'une  simple  plume  d'oie  jus- 
qu'à permettre  le  passage  d'un  corps  vo- 

(2)  Rose.  De  l'hymen,  thèse  de  Strasboorg, 
iH87i/2*  série,  181)5. 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


161 


lumineux.  L*échffncnire  en  croissant  est 
placée  tout  à  fait  h  la  partie  antérieure  et 
quelquefois  subdivisée  en  deux  fentes  se- 
,  condaires  par  une  membrane  perpendicu- 
laire dont  Textrémité  va  s'insérer  au-dessus 
du  méat  urinaîre. 

Z^  Je  signalerai  encore  Thymen  imper- 
foré  ou  criblé  de  petits  pertuis^  ce  qui,  au 
point  de  vue  fonctionne),  revient  tout  à  fait 
au  même.  11  existe  enfin  des  hymens  divi- 
sés dans  toute  leur  longueur  d'avant  en 
arrière  par  une  fente  irréguiière,  d'autres 
à  ouverture^  doubles  ou  circulaires,  soit 
que  celles-ci  dépendent  d*un  vagin  double 
ou  qu'elles  correspondent  à  un  seul  vagin. 
L'étude  du  développement  permet  de 
comprendre  facilement  les  nombreuses 
variétés  que  présente  cette  menjbrane. 
D'après  Coste,  du  trente-troisième  au  qua- 
rantième jour  après  la  fécondation,  on  voit 
se  former  près  de  l'extrémité  caudale  du 
fœtus,  sur  le  tégument  externe,  une  accu- 
mulation de  blastème.  .11  en  résuite  une 
éminence  médiane  d'où  partiront  des  bour- 
geons secondaires  destinés  à  former  une 
série  d^appendiees.  Au  centre  de  celte  émi- 
nence se  creuse  bientôt  une  dépression 
longitudinale  qui  ne  tarde  pas  à  devenir, 
par  la  corrosion  du  feuillet  tégumen taire, 
une  ouverture  linéaire  plus  profonde,  finis- 
sant, lorsque  l'évolution  marche  régulière- 
ment, par  communiquer  avec  le  cloaque 
formé  par  les  cavités  rectale,  vésicale,  va- 
ginale, dont  le  cloisonnement  se  fait  en 
même  temps  et  s'unit  ainsi  aux  parties 
externes. 

L'hymen  n'est  donc  en  réalité  qu'un 
débris  de  membrane  persistant  dans  une 
proportion  variable,  perce  d'une  ou  de 
plusieurs  ouvertures  ou  n'ayant  subi  qu'un 
trayait  de  dépression  '  ou  de  perforation. 
C'est  en  ^effet  par  la  disparition  du  tissu 
placé  entre  le  cul  de  sac  rectal,  le  vagin  et 
la  vessie  d'une  part  et  le  tégument  externe 
de  l'autre,  que  les  trois  cavités  intestinale, 
génitale  et  urinaire  s'ouvrent  à  l'extérieur. 
Que  ce  travail  ne  s'accomplisse  point  régu- 
lièrement nu  niveau  du  cul-de-sac  vaginal, 
il  en  résulte  une  oblitération  de  la  partie 
du  vagin  aboutissant  à  Tanneau  vulvaire, 
oblitération  complète  ou  incomplète  sui- 
vant les  cas.  L'organisation  est  considérée 
comme  régulière  toutes  les  fois  que  la 
membrane  oblitérante  est  percée  d'une 
ouverture  suffisante  pour  Texercice  des 
fonctions  qui  doivent  s'établir  à  la  puberté; 
mais  on  comprend  déjà  combien  il  doit  se 
présenter  de  variétés.  II  semble  qu'au. dé- 


veloppement parfait  devrait  correspondre 
la  disparition  entière  de  la  membrane 
obturatrice,  qui  n'est  jamais  qu'un  obstacle 
incommode.  Cependant  elle  persiste  habi- 
tuellement et  ne  peut  nuire  à  la  régularité 
des  fonctions  qu'à  une  époque  éloignée  de 
la  naissance.  Il  n'en  est  point  ainsi  pour 
l'urèthre  et  l'anus,  dont  les  orifices,  se 
formant  par  le  même  mécanisme,  ont  be- 
soin d'être  complets  dès  la  naissance.  Les 
parties  extérieures  ont  donc  un  développe- 
ment distinct  de  celui  du  vagin.  Il  en  est 
de  même  pour  l'utérus  et  les  ovaires. 
«  L'observation  directe,  dit  le  professeur 
Courty  (1),  démontre  que  l'appareil  géni- 
tal est  divisible  en  trois  zones  qu'il  faut 
considérer  comme  trois  champs  distincts 
d'évolution  organique,  se  développant  in- 
dépendamment les  uns  des  autres  et  ten- 
dant à  produire  un  appareil  unique  destiné 
à  l'accomplissement  d'une  seule  fonction. 
De  ces  trois  zones,  les  deux  extrêmes  sont 
principales  ;  la  moyenne  ou  intermédiaire 
est  secondaire.  Les  premières  sont  les 
organes  génitaux  internes  et  externes,  la 
seconde  est  le  moyen  d'union  des  uns  et 
des  autres.  » 

Ces  données  anatomiques  et  physiolo- 
giques me  permettent  d'aborder  les  diverses 
questions  qu'entraîne  avec  lui  le  rôle  ac- 
cordé à  l'hymen. 

l**  En  admettant  que  cette  membrane 
soit  une  barrière  qui  doit  être  franchie  et 
rompue  pour  que  le  viol  existe,  les  légistes  . 
méconnaissent  la  valeur  relative  des  or- 
ganes génitaux  de  la  zone  externe,  et  vont 
à  rencontre  c)es  idées  physiologiques  que 
je  viens  d'exposer.  Non-seulement  les  or- 
ganes externes  ont  une  importance  réelle, 
mais  la  persistance  de  la  membrane  hymen 
ne  change  rien  à  la  nature  de  l'acte  et  à 
ses  conséquences.  «  Médicalement  parlant, 
écrit  le  professeur  Taylor  (2),  une  certaine 
intromission  peut  exister  sans  destruction 
inévitable  de  l'hymen ,  et,  moralement 
parlant,  le  crime  sera  le  même,  que  la 
membrane  hymen  soit  ou  ne  soit  pas  rom- 
pue; car,  comment  serait-il  possible  de 
réprimer  ce  que  la  société  s'accorde  à  con- 
sidérer comme  un  crime  odieux,  si  l'on 
admet  les  experts  à  discuter  les  degrés 
d'intromission  pour  la  constitution  du 
crime?  » 

Les  désordres  que  l'on  constate  chez  de 

(1)  Courty,  Traité  pratique  des  maladies  de 
l'utf^rns  et  de  ses  annexes^  page  35. 

(2)  A.  Ttiy\ov''8  Médical  jurisprndenr,e,TU\ri\ 
edllj  p.  807. 

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iGâ 


U£VUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


jeunes  enfafits,  alors  qu«  des  rapports 
réitérés  ont  lieu,  prouvent  en  eflfet  que 
très-souveut  la  membrane  hymen  a  été 
respectée,  quoique  l'acte  ait  eu  tes  rarac- 
tèresde  la, conjonction  sexuelle.  Il  faudrait 
donc  rejeter  dans  la  catégorie  des  simples 
attentais,  des  crimes  dont  !e  signe  spéci- 
fique ne  se  retrouve  point  le  plus  souvent, 
à  cause  de  Torganisaiiou  même  de  ecs 
jeunes  filles. 

Devergie  a  constaté  que  chez  les  enfants 
le  diamètre  du  vagin  est  si  petit,  quMI  peut 
à  peine  recevoir  le  petit  doigt*  «  Si  cette 
observation,  dit  M.  Toulmouche  (J),  est 
vraie  pour  le  plus  grand  nombre,  elle  est 
peut-être  trop  absolue^  car  j'ai  eu  l'occa- 
sion de  rencontrer,  dans  une  certaine  pro- 
portioR;  de  très  jeunes  filles  chez  lesquelles 
je  pouvais  facilement  introduire  la  moitié 
du  petit  doigt,  sans  qu'elles  manifestassent 
de  la  douleur.  »  Il  en  résulte  cependant 
que  l'intromission  n'est  presque  jamais 
complète,  et  souvent,  sous  l'influence  de 
rapports  répétés,  une  dilatation  infnndi- 
buliforme  se  produit,  et  l'hymen  refoulé 
finit  ainsi  par  céder,  en  se  déplaçant,  sons 
se  déchirer.  Tel  est  le  cas  si  remarquable 
rapporté  par  Marc.  «  Une  fille  de  douze 
ans,  chez  laquelle  les  signes  de  la  puberté 
s*étaient  à  peine  uiqnifesiés,  contracta  une 
liaison  avec  un  garçon  un  peu  plus  âgé 
qu'elle.  Ces  deux  enfants  avaient  vécu  en- 
semixle  plusieurs  mois^  lorsque  le  père  du 
garçon  partagea  les  faveurs  de  la  maîtresse 
de  son  fils.  Ce  libertinage  dura  jusqu'à  ce 
que  d'affreuses  végétations  vénériennes  eus- 
sent conduit  la  jeune  fille  à  l'hôpital  de  la 
Pitié.  Examinée  par  le  docteur  Serres  et 
par  d'autres  médecins,  on  trouva  chez  la 
malade  une  dilatation  extrême  du  vagin, 
une  flétrissure  des  parties  génitales  externes 
et  une  absence  totale  de  l'hymen.  Après  le 
traitement  de  la  maladie  vénérienne,  on  fut 
fort  étonné  de  trouver  chez  elle  Tensemble 
des  caractères  qui  constituent  la  virginité, 
et  notamment  une  membrane  virginale 
semi- lunaire  très-prononcée,  ftl.  le  docteur 
Fournier-Pescay   et   moi  fûmes   nommés 

(1)  Toulniouche,  Annales  éThygiène  publique 
et  de  médecine  legaley  â"  série,  t.  VI,  p.  104, 
1856. 

(2)  Marc,  Dictionnaire  de  médecine.  Paris, 
1816,  i.  XXX.  p.  807. 

(3)  Joulin,  Traité  des  accouchements.  Paris, 
1868. 


commissaires  par  la  Société  médicale 
d*éraulation  pour  constater  ce  fait.  Ici,  la 
membrane  hymen  s'était  évidemment  flé- 
trie, affaissée  à  la  suite  d'une  débauche  en 
quelque  sorte  graduée,  mais  n'avait  pas  été 
détruite  (2).  » 

Des  faits  pareils  nie  sont  pas  très -com- 
muns, .  mais  ils  se  produisent  cependant 
assez  souvent  pour  permettre  d'affirmer 
que  rhymen  peut  être  momentanément 
déplacé  sans  déchirure  et  sans. faire  obstacle 
aux  rapports  sexuels;  et  lorsque  ceux-ci 
sont  accomplis  avec  violence,  on  n'est  pas 
en  droit  de  les  classer  autre  part  que  dans 
la  catégorie  des  viols.  —  En  effet,  du  côté 
du  coupable  l'acCe  est  le  méme«  que  l'hymen 
soit  conservé  ou  non;  et  la  victime,  si 
elle  est  adulte^  est  exposée  aux  consé- 
quences habituelles  des  rapports  j^ex^els. 

Les  auteurs  d'obstétrique  rapportent 
tous  des  faits  de  grossesse  survenues  dans 
des  circonstances  analogues.  Joulin  (3) 
cite  deux' observations  parfaitement  cir- 
constanciées. Cazeaux  signale  des  faits  ana- 
logues. Le  plus  récent  a  été  raconté  à  la 
Société  médicale  du  IX'  arrondissement  de 
Paris  par  M.  Dufour.  Ce  médecin  vit  un 
jour  arriver  dans  son  cabinet  deux  dames.. 
L*une  d'elles  se  plaignaird'un  balfonnement 
de  ventre  fort  désagréable,  qu'elle  ne  sa- 
vait à  quoi  attribuer.  L'hypothèse  d'une 
grossesse  amena  une  grande  exclamation, 
et  le  fait  fut  déclaré  impossible.  Un  examen 
complet  permit  cependant  de  constater  le 
bruit  du  cœur  fœtal,  le  développement  de 
l'utérus,  en  même  temps  que  la  persistance 
de  rhymen,  dont  l'ouverture  suffisait  à 
peine  à  l'introduction  de  la  phalange  un- 
guéaie.  La  fécondation  avait  donc  pu  se 
faire  malgré  cette  disposition  peu  favorable 
et  malgré  l'intégrité  de  la  membrane  obtu- 
ratrice. Des  renseignements  précis  obtenus 
plus  tard  confirmèrent  le  diagnostic,  et 
permirent  de  conclure  que  des  rapports 
complètement  externes  avaient  amené  la 
grossesse  (4). 

{La  fin  au  prochnin  numéro,) 
(A  nnales  d'hygiène  publique^) 

[i)  Voyez  Guérard:  Sur  fa  valeur  de  l'exis- 
tence de  fa  membrane  hymen  comme  signe  de 
virginité,  [J nnales  d'hygiène,  1872,  2"  térie, 
t.  XXXVII|.p.i09.;—  Beigeret,  Des  fraudes 
dans  raecomplissement  des  fonctions  géné- 
ratrices, 4«  édition.  Paris;  1873. 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


U,5 


III.  AGADÉMIBS  ET  SOfJËTÉS  SAVANTES. 


Société  Royale  de«  Soienoes  médiealet  et 
aofturelles  de  Bruxelles . 

BuUetin  de  la  séance  du  â  CMÛt  1878. 

Président  :  M.  Pigeolet,  présid.  hoqor. 
Secrétaire  :  M.   Lbdegahck  secrélairc  adj. 

Sont  présents  :  MM.  Charon,  Pigeolet, 
Wehenkel,  Sacré,  Thiry,  Spaak,  Scbaer- 
maiis,  Vanda  Vyyerci,  Tirifahy,  Lede- 
ganek. 

La  cwrospondanoe  comprend  :  1«  Une 
lettre  de  M.  Martin,  s'exeusant  de  ne  pou- 
voir assister  à  la  séance  de  ce  jour  ;  "À^  Une 
lettre  de  tf.  van  den  Corpirt,  ayant  le  même 
objet  ;  5°  Une  lettre  de  M.  le  docfeuf  Motte, 
de  Dînant,  remerciant  la  Société  de  sa 
nomination  comme  membre  correspondant. 

Ouvrages  présentés  : 

4.  MittbeiJungen  des  Wiener  medici- 
niscbcn  DoctorciL-Coliegium.  N"'  19-20. 

3.  Jornal  da  Socicdade  das  scioncias  mc- 
dicasde  Lisboa.  Anne  1875,  n"  5. 

5.  Annales  de  TObservatoire  royal  de 
Bruxelles.  Juin  1875. 

i.  Reale  Istituto  Lombardo  di  scienze; 
Rcndiconli.  2®  série,  vol.  VI. 

5  à  83.  Divers  journaux  ri  recueils 
scienlifiques  et  périodiques. 

M.  Pigeolet.  Avant  d'aborder  Tordre 
du  jour,  je  dois  vous  exprimer  toute  ma 
gratitude.  Messieurs,  pour  la  preuve  d'es- 
time que  vous  m*avcz  accordée  dans  la  pré- 
cédente séance,  en  me  conférant  le  titre 
de  Président  bonorairc.de  la  Société.  11  y 
a  plus  de  trente  ans  qu'admis  à  participer 
anx  travaux  de  In  Société,  j*ai  rempli  suc- 
cessivement les  fonctions  de  Bibliotbécaire, 
de  membre  du  Comité  de  rédaction  de  son 
journal,  de  Vice- Président  et  de  Président, 
fonctions  que  votre  bienveillance  m'a  tou- 
jours rendues  faciles  cl  agréables. 

La  Société  des  sciences  médicales  de 
Bruxelles,  qu^on  peut  considérer  comme  le 
berceau  de  toutes  les  institutions  du  pays 
qui  ont  eu  pour  objet  le  développement  et 
rétude  des  sciences  médicales,  jouit  d'une 
réputation  trop  bien  méritée,  pour  que  je 
ne  considère  point  comme  le  plus  grand 
honneur  qui  me  soit  échu,  celui  de  lui  ap- 
partcnil'  pendant  toute  ma  carrière. 

Mcrci^  encore  une  fois,  Messieurs,   du 


nouveau  témoigna^  de  bienveillance  dont 
vous  m'avez  gratifié;  tous  mes  efforts  ten- 
dront h  le  justifier  en  continuant  pendant 
le  reste  de  ma  vie  médicale  d'unir  mon  tra- 
vail an  vôtre,  dans  le  but  de  développer 
tous  les  jours  davantage  la  prospérité  cl  la 
splendeur  de  la  Société. 

—  Pas.sant  ensuite  à  Tordre  du  jour, 
M.  le  Président  accorde  la  parole  à  M.  We- 
henkel,  pour  la  lecture  de  son  analyse  de 
la  brochure  de  M.  le  docteur  Van  den 
Schriek,  de  Hal ,  Sur  la  spécificité  du 
miastne  typhique, 

M.  WfiflENKBL.  Messieurs,  l'auteur  de  ta 
brochure  dont  j'ai  à  vous- entretenir,  ayant 
envoyé  on  exemplaire  de  son  travail  à  cha- 
cun des  membres  de  notre  Société,  vous 
avez  tous  eu  ToccasÂon  de  lire  cette  inté- 
ressante brochure  ;  j'aurais  donc  voulu  être 
fort  bref,  mais  Timportance  des  qu testions 
soulevées  par  M.  Vîyi  den  Sehriek,  m'a 
entraîné  un  peil  au-delà  des  limites  que  je 
croyais  d'abord  pouvoir  assigner  à  la  pré- 
sente analyse. 

Après  avoir,  dans  cette  brochure  inti- 
tulée :  Du  virm  typhoïde  et  de  son  rôle  dans 
Us  épidémies,  fait  ressortir  la  différence  qui 
existe  entre  la  fièvre  typhoïde  et  le  typhus 
exanthématique,  M. Van  den  Schriek  s'ap- 
plique à  prouver  que  le  virus  typhoîiJe  est 
la  seule  et  unique  cause  de  la  fièvre  ty- 
phoïde; convaincu,  et  à' juste  titre,  qu'en 
médecine  surtout,  bien  des  discussions 
stériles  sont  nées  du*  peu  de  précision 
dans  les  termes  employés,  notre  estimable 
collègue  s'applique  d'abord  à,  déterminer 
exactement  ce  qu'il  entend  par  infection 
et  par  contagion.  L'infection  esty  povtv  lui, 
un  état  spécial  de  débilité  vitale  qui  pré- 
dispose V homme  qui  en  eut-  atteint,  à  con- 
tracter n'importe  quelle  maladie  contagieuse 
dont  le  germe  agirait  sur  lui.  Quoiqu'il  ne 
soit  nullement  dans  notre  intention  d'in- 
sister sur  ce  fait,  nous  dirons  cependant, 
qu  à  notre  avis,  il  aurait  été  préférable  de 
conserver  au  mot  infection  la  valeur  assez 
précise  qui  lui  est  généralement  attribuée. 
On  désigne,  en  effet,  par  cette  expression, 
soit  raclion  de  produire  une  odeur  corrom- 
pue et  malfaisante,  soit  la  corruption  pro- 
(|uite  dans  un  corps  par  les  substances  ou 
miasmes  délétères  qui  s'y  introduisent,  soit 


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164 


ilGADËMlES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTE. 


enfin  Taction  exercée  sur  Téconomie  par 
des  miasmes  putrides  ou  par  des  liquides 
virulents  (Dictionn.  de  Littré).  L*intection 
dans  le  sens  admis  par  Littré  implique  donc 
l'intervention  de  certains  principes  spé- 
ciaux ;  telle  qQ*on  Tentend  généralement 
en  médecine»  cette  expression  désigne»  nous 
semble-t  il,  rinfluence  qu*exercent  sur 
réconomic  certains  principes  spéciaux 
d'origine  végétale  ou  animale  qpi  normale- 
ment n'agissent  pas  sur  l'organisme  et  qui^ 
par  leur  intervention,  détermine  des  pré- 
dispositions ou  même  des  trouble^  patents  ; 
elle  n'indique  pas  simplement  un  état  spé- 
cial de  débilité  vitale  qui  prédispose 
l'homme  qui  en  est  atteint,  à  contracter 
n'importe  quelle  maladie  dont  le  germe 
agirait  surHui. 

La  phrase  du  travail  de  M.  Van  den 
Scbriek  qui  suit  cette  définition  ,  nous 
prouve  que  l'auteur  lui-même  n'entend  pas 
appliquer  le  mot  infection  à  tout  état  spécial 
de  débilité  vitale  qui  prédispose j  etc.,  et  que, 
soit  dit  entre  parenthèses,  nous  préférons 
continuer  à  qualifier  Je  prédisposition  ;  il 
dit,  en  effet,  que  la  cachexie  urbaine  est  un 
état  particulier  de  l'économie  qfji  a  beau- 
coup d'analogie  avec  l'infection;  cette 
cachexie  qui  pourtant  facilite  singulière- 
ment le  développement  des  épidénjîes, 
n'est,  par  conséquent,  pas  une  infection, 
pas  même  pour  M.  Van  den  Schriek;ce 
n'est  qu'un  état  analogue.  Nous  pensons 
que  pourtant  notre  estimable  collègue  étend 
un  peu  trop  la  valeur  de  ce  mot  infection, 
en  comprenant  par  cette  expression  cet  état 
particulier  qui  peut  être  produit  par  la 
respiration  de  gaz  irritants,  le  défaut  d'air 
et  de  lumière  (p.  81). 

Avant  d'entamer  le  sujet  essentiel  de  son 
travail,  M  .Van  den  Schriek^  rappelle  d'après 
Guipon,  que  «  la  première  cause  d'er- 
reurs dans  Tappréciation  de  l'origine  de  la 
fièvre  typhoïde  épidémique,  est  que  les 
causes  éloignées  qui  peuvent  varier  [plus 
ou  moins  suivant  la  contrée^  sont  jugées 
tour  à  tour  aptes  ou  inaptes  à  produire  la 
maladie,  au  lieu  d'être  considérées  simple- 
ment pour  ce  qu'elles  sont,  e'està-dtre 
comme  étant  propres  à  favoriser  son  inva- 
sion et  son  extension.  La  seconde  source 
d'erreurs*  provient  de  ce  que  tantôt  l'une 
ou  tantôt  l'autre  de  <es  causes  éloignées 
est  regardée,  suivant  l'observation  qu'on 
en  a  faiU  comme  nécessaire  a  la  production 
du  même  résultat  (Gaz.  méd.  de  Paris),  )> 

Nous  partageons  parfaitement  cette  ma- 
nière de  voir  quant  à  TinAuencc  exercée 


par  une  étude  mal  entendue  des  causes  sur 
les  progrès  de  nos  connaissances,  non- 
seulement  de  la  fièvre  typhoïde,  mais 
encore  des  maladies  générales. 

Ayant  terminé  l'exposé  de  quelques 
considérations  qu'il  a  cru  devoir  rappeler 
afin  de  donner  plus  de  précision  à  son 
étude  sur  le  virus  typhoïde,  notre  esti- 
mable confrère  de  Hal  rappelle  les  termes 
dans  lesquels  M.  €ousot,  dans  un  remar- 
quable mémoire  couronné  par  l'Académie 
de  médecine  de  Bruxelles,  a  résumé  sous 
quatre  chefs,  les  conditions  du  développe- 
ment de  la  fièvre  typhoïde  (1).  Quelque 
réduit  que  soit  le  nombre  des  causes 
admises  par  M.  Cousot,  M. Van  den  Schrick 
ne  peut  les  accepter  toutes  j  il  n'en  accepte 
qu'une  seule,  le  contage  typhoïde  de  source 
humaine-  Les  cause<;  assortissant  aux  trois  ' 
autres  chefs  admis  par  M.  Cousot,  doivent 
pour  M.  Van  den  Scbriek,  être  rangées 
«  parmi  les  causes  éloignées  qui  comme 
l'ivrognerie,  les  excès,  etc.,  peuvent  pré- 
disposer un  individu  à  contracter  une  ma- 
ladie contagieuse,  mais  ne  peuvent  jamais 
la  faire  noitre  quand  celui  qui  subit  leur 
influence  ne  s*est  pas  exposé  à  l'action  d'un 
virus  spécifique.  » 

L'auteur  du  mémoire  qui  nous  occupe 
établit  ensuite,  eu  citant  quelques  exem- 
ples, la  réalité  de  la  contagiosité  de  la 
fièvre  typhoïde  ;  il  j*appelle  les  trois  prin- 
cipales théories  émises  sur  la  nature  des 
^contages  et  déclare  se  rallier  à  celle  de  ces» 
théories  qui  considère  les  contages  comme 
des  être::  organisés  ;  il  s'abstient  d'indiquer 
les  raisons  qui  lui  font  accepter  cette  théo- 
rie et  renvoie  ceux  qui  voudront  s'édifier 
à  cet  égard  à  l'ouvrage  de  M.  COusot.  Certes 
nous  n'entreprendrons  pas  d'établir  ici  la 
supériorité  de  l'une  de  ces  théories  sur 
l'autre,  mais  nous  ne  pouvons  nous  em- 
pêcher de  dire  que  M.  Vanden  Scbriek, 
nous  semble  se  hâter  un  peu  trop,  en 
acceptant  sans  réserve  l'opinion  que  les 
contagi^ssont  des.étr^s  organisés  alors  qu'il 
avoue  que  «  les  microscopes  ne  sont  pas 
encore  assez  perfectionnes  »  et  que  c  nous» 
n'avons  pas  encore  assez  l'habitude  d'étu- 
dier cette  quantité  énorme  de  eocps  étran- 
gers qui  voltigent  dans  l'air,  ni  ces  my- 
riades d'animalcules  qui  pénètrent  dans  le 
corps  de  l'homme,  souvent  pour  s'y  déve- 
lopper à  son  détriment,  y  C'est  parce  que 
nous  ne  cor^naisso/is  que  trop  es  lacunes 

(1)  F.  132  de  VKtndu  sur  la  fièvre  typhoide. 

Car  M.  Cousot.  Mémoire  des  concours,' etc.,  pu- 
liés  par  l'Académie  de  niédcciiie.  1874.   « 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


jr»5 


qui  SQiit,  an  moins  en  partie,  la  consé-' 
quence  de  rinsufBsance  .de  nos  moyens 
d*investigation  que  nous  préférons  nous 
abstenir  plutôt  que  d'affirmer  l'existence 
d'êtres  organisés  là  où  nous  ne  pouvons 
qu^n  supposer  la  présence.  Poui'quoi,  en 
effct^  n^aurions  nous  pa«  peut-être  à  faire, 
dans  certaines  transmissions  par  contage^  à 
un  processus  analogue  à  celui  bien  mieux 
connu  de  ta  transplantation  d'une  partie 
d'un  individu  à  un  autre,  transplanta- 
tion que  nous  pratiquons,  par  exemple, 
dans  la  greffe  épidermique^  dans  Tauto* 
plastie,  ou  même  dans  les  transfusions 
sanguines,  etc.  Dans  ces  greffes,  les  parties 
transplantées  conservent  partiellement  ou 
totalement  leurs  attributs  anatomiques  et 
physiologiques.  Lès  tissus  pathologiques 
jouissant,  de  même  que  les  tissus  normaux, 
d^une  certaine  autonomie  yitaie  qui  rend 
leur  transplantation  parfois  possible,  nous 
pensons  n'être  nullentent  en  dehors  do  la 
logique  des  faits,  en  admettant  que  lors  de 
la  greffe  de  ces  tissus  pathologiques  (solides 
ou  liquides)^  ceux-ci  peuvent  également 
conserver  partie  ou  totalité  de  leurs  attri- 
buts antérieurs.  De  même  qu'une  greffe 
épidcrmique  favorise  ou  détermine  la  for« 
mation  d'éléments  épidermiqucs  dans  son 
voisinage,  et  cela  aux  dépens  d'éléments 
qui,  sans  l'intervention  de  cette  greffe,  ne 
seraient  jamais  devenus  de  Tépidermc,  de 
même  aussi  la  greffe  ou  inoculali«m  d'élé- 
ments pathologiques  transplantâmes  ou 
inoculables  peut  favoriser  ou  déterminer, 
chez  l'individu  inoculé,  la  formation  d'élé- 
ments analogies  sinon  identiques  à  ceux 
qui  ont  été  transmis  ;  elle  peut  ainsi  deve- 
nir la  condition  occasionnelle  ou  détermi- 
nante de  manifestations  et  de  lésions  ana- 
logues à  celles  qui  ont  existé  chez  l'individu 
primitivement  attiMnt.  Quoique  dans  cer- 
tains cas  tes  contages  soitint  représentés 
par  des  protorganismes,  des  spores,  des 
ovules,  des  protozoaires  ou  des  proto- 
phytes,  que  nous  sommes  parvenus  à  saisir, 
nous  ne  pouvons  pourtant  pas,  vu  l'insuf- 
fisance de  nos  connaissances  actuelles,  affir- 
mer que  ces  contages  sont  toujours  des  êtres 
organisés.  Sans  vouloir  prétendre,  que  ceux 
qui  soutiennent  que  les  contages  sont 
constitués  par  de  ces  êtres,  défendent, 
comme  le  dit  notre  savant  confrère  et  col- 
lègue M.  Crocq  (1),  une  hypothèse  que 
rion  ne  justifie,  nous  dirons  au  moins  qu'ils 

(1)  Y.  £tude  sur  la  fièvre  typhoïde ^  pw 
M.  CouKot.  P.  161.  Mémoires  des  concours,  ele,^ 
publiés  par  l'Académie  de  médec.  de  Belgique. 


soutiennent  une  hypothèse  qui  ne  nous 
semble  pas  encore  suffisamment  justifiée 
pour  être  émise  sous  une  forme  aussi 
absolue. 

Notre' confrère  de  Hal,  après  avoir  re- 
connu que  l'état  de  la  science  ne  nons  per- 
met pas  encore  de  préciser  et  d'iuf^quer 
d'une  mauièrn  exaeie,  les  caractères\  mi- 
croscopiques constants  de  l'agent  nvorbi- 
gène  de  l'iléo-typhos,  dit  qu'à  son  avis,  cet 
agent  nait  dans  le  sang^  qu'il  est  rejeté 
par  toutes  Us  sécrétions ,  mais  spécialement 
par  l'intestin,  et  que  sa  propagation  est 
singulièrement  favorisée  par  la  dccompo*' 
sition  des dëjeet ions.  îl  ajoute  que^  d'après 
lui;  le  virus  peut  s'introduire  dans  le  sang 
^  par  les  pou  mons  et  par  les  organes  digestifs, 
mais  que  ^absorption  de  ce  principe  par 
voie-  cutanée,  ne  lui  semble  pas  suffisam- 
ment établie. 

Al. Van  den  Schriektend  ensuite  à  pjrou- 
ver  que  les  eaux  polluées  par  les  matières 
azotées  en  décomposition,  peuvent  pro- 
duire des  accidents  graves,  très-graves 
mêmes,  mais  non  la  fièifre  typh(/tde  et  cfue 
c'est  en  servant  de  véhicule  au  virus  que 
l'eau  peut  produire  oette  dernicro  maladie  ; 
il  lôfute  certains  faits  invoqués  à  l'appui 
de  l'opinion  de  M.Gousot,  qui  soutient  que 
ces  eaux  polluées  sont  une  des  causes  de 
la  fièvre  typhoïde,  et  il  rapporte  certains 
exemples  qui  font  ressortir  que  la  conta> 
gion  s'opère  parfois  d'une  manière,  fort 
singulière. 

Nous  admettons  la  sage  réserve  de 
M. Van  den  Schriek  dans  Tappréciation  de 
''ces  faits  qui  ne  lui  semblent  pas  être  éta- 
blis d'une  manière  suffisamment  complète, 
pour  permettre  lie  conclure  au  développe- 
ment de  la  fièvre  typhoïde,  par  suite  de 
l'emploi  d'eau  polluée  par  fies  matières 
animales,  mais  il  est  évident  que  certains 
faits  allégués  par  notre  confrère  de  Hal, 
en  faveur  de  la  cohtagion,  n'échappent  pas 
davantage  a  Tobjection  d'insuffisance^  au 
moins  pour  le  lecteur  qui  ne  connaît  ces 
faits  que  par  la  brochure  de  M.  Vanden 
Schriek  ;  témoin,  ce  cas  de  la  contamina- 
tion d'une  personne  qui  a  voyagé  de 
Bruxelles  à  liai  dans  un  compartiment  de 
chemin  de  fer  ou  se  trouvait  une  dame 
eonvalescente  de  la  fièvre  typhoïde  cl 
cet  autre  de  la  contamination  de  M.  X., 
qui  avait  le  malheur  de  se  trouver  a  la 
messe,  derrière  un  jeune  homme  conva- 
lescent de  fièvre  typhoïde  ;  ce  jeune  homme 
ne  tenant  pas  compte  de  la  sainteté  des 
lieux,  avait  cru  pouvoir  soulager  son  corps 


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166 


A€ADÊfilI£8  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


d*ane  certaine  quantité  de  gaz  qui  sont 
venus  chatouiller  peu  agréablement  lea 
nei;fs  olfactifs  de  M#  X.,  et  aurait  aitwi 
transmis  riléo* typhus  à  ce  dernier  (p.  3â 
,  et  53  do  mémoire  de  M.  Van  den  Scbriek). 

Passant  à  la  troi^èmc  condition  que 
M.  Gpjisot  accuse  de  produire  Tiléo  typhus, 
M.  Van  den  Schriek  cotnmencc  par  déclarer 
que  la-  pollution  organique  ne  peut  ni  tou* 
jours  ni  i»artout  posséder  la  funeste  pro^ 
priété  de  produire  Tiléo  typhus  ;  c'est  Ja 
une  déclaration  que  nous  admettons  volon- 
tiers^ mais  on  ne  peut  en  induite  que  la 
pollution  de  Tatr  par  des  matières  azotées 
n^est  susceptible  de  déterminer  Tiléo- 
typhus,  que  dansée  seul  cas  où  ces  matières 
azotées  proviennent  d'un  individu  atteint 
de  cette  maladie  ;  pafs  pins  qu'on  'inférera 
que  telle  eu  telle  maladie  n'est  pas  conta •> 
gieuse  parce  que  toute  personne  exposée 
à  l'actton  du  contage,  ne  contracte  pas 
nccessairement  ralTection. 

L'auteur  du  travail  qui  nous  occupe, 
cherche  à  infirmer  certains  arguments 
invoqués-  par  M,  Cousot,  en  considérant 
conimie  probable  la  présence  de  déjections 
typhoïdes  dansées  masses  infectes,  ou  dans 
le  contenu  des  latrines,  que  Tauleur  du 
mémoire  académique  considère  comme 
cause  de  certains  cas  d'ilco  typhus;  ce  se- 
rait, d'après  lui,  le  contage^e  ces  déjec- 
tions typhoïdes  renfermées  probablement 
dans  ces  masses  infectes  et  dans  ces  conte* 
nus  de  latrines  qui  se  trouverait  entraîner 
en  certain  moment  par  les  gaz  dégagés  lors 
de  la  lermi>ntatioB  de  ces  masses  et  qui 
deviendrait  ainsi  la  cause  des  cas  de  fièvre* 
typhoïde. 

M. Van  den  Schriek  nous  parait  tin  peu 
trop  complaisant  en  faveur  de  l'idée  qu'il 
défend,  lorsqu'il  invoque,  à  l'appui  de  son 
opinion,  la  réapparition  de  la  fièvre  ty- 
phoïde dans  cette  maison  de  garde  où  huit 
mois  auparavant,  une  seule  personne  avait 
été, atteinte  de  la  même  maladie,  aussi  bien 
que  l'apparition  de  cette  même  affection, 
plusieurs  mois  plus  tard,  sur  un  grand 
nombre  d'habitants  du  voisihage  de.  cette 
maison. 

Nous  ne  prétendons  pas  que  la  manière 
de  voir  de  M. Van  den  Schriek  soit  ab* 
solumen*  erronée,  mais  nous  soutenons 
que  ces  deux  faits  ne  peuvent  pourtant  pas, 
dans  rétat  actuel  de  nos  connaissanoes, 
être  invoqués  contre  la  manière  de  voir  de 
M.  Cousot.  La  pollution  organique  de  l'air 
existait  dans  ces  deux  cas  ;  cette  odear  plu? 
forte  exhalée  par  les  latrines  en  dénotait 


l'existence  ;  quant  à  la  présence  dans  ces 
exhalaisons  d'un  contage  typhoïde  particu- 
lier, elle  ne  peut  être  aifirmée  aussi-positi- 
vement ;  elle  est  hypothétique  ;  à  notre 
avis»  il  ne  "nous  reste  donc  k  mettre,  on  ce 
cas,  cette  oppavillon  de  l'iléo-typhuS' en 
rapport  avec  un  fait  -établi  —  rexisteope 
des  cmauHtions  organiques  fétides.,  t-  ou 
bien  avec  on  fait  hypothétique  —  la  pré- 
sence d«  contago.  ^  Nous,  avouons  incli- 
ner vers  la  manière  de  voir  de  SI.-  Cousot 
plutôt  qoe  vers  celle  de  M.  Va»  den  Schriek, 
et  nous  prcfépons  admettre  que  parlai  ces 
matières  exhalée:».,  il  se  trouve  probable-- 
ment  l'une  oÀ  l'autre  qui,  par  son  aotion 
sur  des  organismes  plus  ou  moins  prédis- 
poses, peut  détermiiMsr  un  trouble  dont  le 
développement  est  accompagné  de  la  pro- 
duction du  oontafpe  typhoïde,  plutôt  que 
d'invoquer  l'interyentiou  de  ce  contage 
conservé  pendant  trois  quarts  d'années  au 
milieu  de  déjections,  en  décomposition  plus 
ou  moins  active.-  La  première  manière  djc 
voir  a  encore  pour  nous  l'attrait  de  ne  pas 
nous  forcer  a  avoir  rectiturs  à  la  création 
primitive  d'un  coatage  typhoïde,  alors  que 
l'admission  du  eon^tage  typhoïde  de  source 
humaine,  comme  seule  cause  de  Vilcit- 
typhus^  ne  nous  permet  guère  d*entrevoir 
le  moment  de  la  fornialiou  première  de  ce 
contage;  celte  considération*  pourtant  ne 
serait  pas  un  motif  suffisant  pqur  nous 
faire  admettre,  quand  même,  coUe  manière 
de  voir;  mais  notus  sommes  d'&utant  plus 
enclins  à  l'admettre,  qu'elle  ne  nous  parait  . 
pari  en  désaccord  ayec  les  faits  et  qu'elle 
s'accorde  avec  les  convictions  philosophi- 
ques nées  de  l'enseiuble  de  nos  connais- 
sances scienlifiques.       * 

Ce  n'est  pais  parce  que  beaAicoup  des 
membres  du  conseil  provincial  du  Brabaui 
ont  pu  parcourir  tes  nouveaux  collecteurs 
delà  ville  de  Bruxelles  sans  compromettre 
leur  état  de  santé  que  nous  considérerons 
les  émanations  des  égouts  conimc  dépour- 
vues de  toute  inât|cnce  sur  la  santé  des 
habitants,  pas  plus  que  nous  ne  voudrions 
aocuser  ces .  émanations  de  tous  les  maux 
que  certains  ont  voulu  leur  attribuer  parce 
que,  dans  quelques  cas.  tels  que  ceux  rap- 
portés par  Handpeld-JoneSy  ces  émana- 
tions ont  eu  une  funeste  influence  sur  la 
santé  des  personnes  qui  s'y  sont  exposées. 
Les  conditions  individuelles  de  ceux  qui 
s'exposent  à  ces  éoianalions,  les  circon- 
stances qui  peuvent  modifier  la  nature  ci 
la  quantité  des  émanations,  la  durée  de 
l'action  de  celles-ci,  etc.,  etc.  constituent 


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4«7 


un  complexe  tf«î  conditions,  en  partie 
coDBocs,  en  partie  inconnues^  qui  <)0i vent 
exercer  un  influence  considérable  Sur  la 
nalurc  et ,  Tintensité  dcsr  conséquenccii 
dues  à  ractton  des  pollutions  <ie  ratn|os-' 
phère  par  des  foyers  pins  ou  moins  In- 
fecls. 

W.Vah  don  Schrieck  pensé  que  la  ^qoa- 
trième  cause  de  la  fièvre  lyphoMe  invo- 
quée par  Cousot^  F  usage  d*aliii]«nls  azotés 
en  décomposition,  peut  bien  efribarrasscif 
les  preoiières  voies,  dioSinuer  les  forces 
vitales,  prédisposer  à  Taction  d*un  prin- 
cipe morbifère,  mais  en  aucun  cas,  provo- 
quer \à  genAse  du  virus  typhoïde.  Il  ter- 
mine ses  considérations  sur  les  causes  de 
rilco-typhus  en  disant  «  qu'il  ne  nous  est 
donc  plus  possible  d'admettre  d*atitre  cause 
à  tontes  les  cpidéniies  qtii  ont  ravagé 
Bruxelles  que  ta  négligence  qu'on  a  mise  a 
désinfecter  les  maisons  et  les  déjections  die 
'ceux  qui  étaient  primitivement  attaqués  et 
qui  avaient  reçu  le  germe  de  la  maladie 
du  dehors.  » 

Les  mesures  destinées  à  prévenir  de 
Douy^'Ueft  invasions  de  fièvre  typhoïde,  dit 
M. Van  den  Schrieck  doivent  : 

1)  Viser  la  destruction  do  contage  de 
source  humaine  au  momcfil  où  il  se  ^é%h%ii 
da  corps  malade,  bat  facile  à  atteindre  dit- 
il,  à  cause  du  peu  de  stabilité  de  ce  contage; 

%  Chercher  à  empêcher  Taction  des 
causes  qualifiées  par  Hcnrard  d-adjuvantes 
qui  ont  une  grande  influence  sur  <  la  pro* 
daction  du  virus, sur  la  propag|tion  conime 
durée  et  étendue,  sur  rintensité  de  ses 
effets  et  par  suite  sur  son  arrivée  ou  sa 
disparition,  sûr  son  développement  isolé 
00  épidémique,  sur  sa  bénignité  ou  isa  gra-' 
vite,  t  (Rapport  du  16  janvier  1875.) 

Notre  estimable  confrère  de  Hal  exprime 
le  désir  ardent  de  voir  bientol  les  peuples 
chercher  non  seulement  à  opposer  une 
barrière  aux  fléaux  qui  viennent  nous 
affliger  d'une  manière  périodique,  mais 
encore  à  empêcher  les  maladies  introduites 
chez  eux,  de  prendre  les  développements 
qu'elle»  prennent  si  facilement  mainte- 
nant. Les  mestîres  nécessaires ^dans  ce  but 
sont  nombreuses  ;  M. Van  den  Schrieck  se 
propose  d'en  faire  l'objet  d'uh  travail  spé- 
cial et  se  borne  pour  le  momerd  à  donner 
son  entière  approbation  aux  grands  travaux 
d'hygiène  qui  s'exécutent , dans  plusieurs 
grandes  villes  du  pays  et  à  appeler  l'atten- 
tion de  ceux  qui  doivent  veiller  à  la  santé 
publique  sur  deux  observations  qui  parais- 
sent bien   prouver  la    grandie    influenee 


d'une  boime  hygiène  sur  i«  développement 
et  la  propagation  do  cette  maladie. 

L'auteur  termine  sa  brochure  par  quel- 
ques conclusions  dont  voici  les  plus  essen- 
tielles:  la  cause  unique  de  l'ilcotypho»  est 
un  principe  miasmatique  ou  contage 
homme  :  viras  typhoïde;  ce  contage  est 
aaimé,  naît  exclusivement  dans  le  corps 
d'un  homme  atteint  de  cette  maladie^  se 
n^ultipkic  dans  le  sang  et  s'élimine  par 
toutes  les  '  sécrétions,  sf>ëcialement  par 
celles  de  l'intestin  ;  il  éteint  dans  ('homme 
l'aptiludo  \  cette  maladie;  l'air  et  i>a« 
sont  les  véhicules  haèituelfr  de  son  intro« 
doction  dana  le  sang  ;  il  se  répand  dans 
l'air  spécialement  par  la  feriaentation  deâ 
selles  typhique^,'  l'eau  ne  4e  détruit  pas 
mais  souvent  le  trtfns^iorte  à  de  grandes 
distances  ;  sa  force  contagieuse  se  conserve 
rarement  au-delà  d'une  année  et  les  désin- 
fectants babFtuel&,  le  perehiorure  de  i^^  le 
sulfate  de  fer,  le  perchlorure  de  chaux,  le 
chiure,  l'acide  pbéniqùe,  <?tc.  le  dctrni- 
sent  facélement. 

Messieurs,  quoique  nous  ne  pacagions 
pas  complètement,  sur  plusieurs  points,  la 
manière  de  voir  de  l' honorable  M. Van  den 
Sehrieck,oornmeil  résulte  d'ailleurs  de  notre, 
analyse  et  qu'il  nous  semble  que  les  opi- 
nions qu'il  exprime  sont  parfois  vpius  ab- 
solues que  ne  l'autorisent  les  faits  sur  les- 
quels il  les  baie,  nous  considérons  poar- 
tant  la  brochure  du  confrère  de  Hal  comme 
un  travail  digne  de  tonte  votre  att en tio«v 
En  appuyant,  comme  il  le  fait,  sur  la  na- 
ture contagieuse  de  Tiléo  typhus  et  sur 
l'importance  des  travaux  d'hygiène  et  de 
désinfection  comme  moyens  de  traitement 
de  cette  affection,JI  fait  œuvre  d'autant 
plus  utile  qu'il  atteint  en  même  temps, 
par  là  une  grande  partfe  des  circonstaneeis 
qui,  pour  les  non  partisans  de  la  contagion 
comme  cause  unique  de  cette  maladie, 
sont  les  causes  de  cette  grave  maladie. 

Cette  brochure  nous  semble  suffisam- 
ment importante  pour  que  je  vienne  vous 
proposer  non-seulement  de  voter  des'  re- 
niereiments  à  M. Van  den  Schrieck  qui  a 
bien  voulu  en  envoyer  un  exemplaire  à 
chacun  d'entre  nous,  mais  encore  tHns- 
crire  le  nom  de  notre  estimable  eonfrèré 
sur  la  liste  des  candidats  au  titre  de  cor- 
respondant. 

'—  Ces  conclusions  sont  mises  aax  voix 
et  adoptées. 

La  parole  eàt  donnée  à  M.  Thiry  pour 
son  analyse  de  la  brochure  de  M.  Caselli, 
intitulée  :  Sut/a  trasfiisione  det  gangue.  . 


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HB 


ACADÉMIES  ET  SOaÉTÉS  SAVANTES. 


.M .  Tfliav.  Conêidératiott*  sur  Mrans fu- 
sion du  sang  et  nouvelle  cmule  pour  faire 
cette  opération j  tel  est  le  titre  d^un  travail 
publié  par  lé  docteur  CaseHi  de  Reggio. 

Dansée  travail,  lu  par  Tauteur  dans  la 
séance  du  26  juillet  1874,  à  la  Société 
médico- chirurgicale  de  Bologne,  Tauleur 
reprend  rbi.stoire  de  la  transfusion  du  sang 
et  revendique  pour  l'Italie  Tbonneur  de 
cette  découverte.  Il  explique  le  bruit  qui 
se  £t  autour  des  premiers  succès  de  la 
transfusion,  par  celte  idée  à  laquelle  s'at- 
tachaient tous  les  auteurs,^  que  le  sang  était 
la  cause  de  tout  dans  Forgaaisoie;  de  la 
santé  comme  de  la  maladie.  Ce  fut  d'après 
lui,  outre  Tignorance  des  lois  physiologi- 
ques, cetcngettementbématophiie  qui  per- 
dit Topération  dont  on  aurait  voulu  faire 
une  panacée. 

On  peut  d*après  Fauteur  divîser  la 
transfusion  en  deux  classes  :  la  transfusion 
directe  et  la  transfusion  indirecte. 

La  première  se  divise  en  : 
,  l'^  Directe  de  Tartère  d'un  adimal  à  une 
veine  de  Tbomme; 

S"  Directe  de  Tartère  de  Thomme  à  une 
veine  de  Tbomme  ; 

5*  Directe  d'une  veine  de  Thomme  à  une 
veine  de  l'homme; 

4<*  Directe  d*une  veine  d*agneau  à  une 
veine  de  l'homme. 

La  seconde  ou  indirecte,  se  divise  : 

l»  £n  transfusion  faite  avec  le  sang  dé- 
fibrinédans  les  artères; 

3**  En  transfusion  faite  avec  le  sang  dé- 
fibrine  dans  les  veines  ; 

50  En  transfusion  faite  avec  le  sang  non 
défibrioé  dans  les  veines. 

Ces  différentes  méthodes  n'ont  été  insti- 
tuées que  par  la  suite  des  nombreux  acci- 
dents, et  peut-être  môme  que  ce  furent 
les  faibles  succès  obtenus  jusqu'à  une 
époque  voisine  de  la  noire  qui  en  furent 
la  cause. 

Sa  division  faite^  fauteur  se  base  sur 
deux  statistiques,  celle  de  Bclina  et  de 
Gesellius,  pour  rejeter  Temploi  du  sang 
défibriné.  Mais  tout  d'abord.  Ton  nous 
permettra  de  r^'cter  à  notre  tour,  la  sta- 
tistique du  médecin  de  Saint  Pétersbourg. 
Il  dit  bien^  en  effet,  dans  son  travail  {Die 
Transfusion  des  Blutes;  Historische,  kri- 
tische  und  physiologische  Sludie  von  Franz 
Gesellius,  S^  Petersburg,  Hoppe,  4875) 
quel  est  le  nombre  et  la  date  des  opérations 
exécutées  par  les  divers  opérateurs^  mais 
il  oublie  un  point  capital  c'est  de  dire  quel 
est  le  cas  dans  lequel  l'opération  a  été  faite. 


Peut- on  dire  de  l'ablation  d'une  tumeur 
cancéreuse  que  cette  ablation  est  mauvaise 
parce  que  l'on  a  vu  des  récidives  de  can- 
cer? de  même  peut  on  dire  que  la  trans- 
fusion au  moyen  du  sang  défibriné  est  une 
opération  mauvaise  parce  qu'elle  a  été 
faite  in  extremis^  voire  même  après  la 
mort;  comme  le  cas  s'est  présenté?  Peut-on 
dire  qu'elle  soit  mauvaise  dans  les  cas  do 
cancer  à  la  dernière  période?  etc.,  etc. 
Non,  car  dans  ces  cas  la  transfusion  avec 
le  sang  non  défibriné  ne  donne  pas  de 
meilleur  résultat; 

.  Prenons  de  bons  exemples  quand  nous 
faisons  de  la  statistique,  arme  à  deux  tran- 
chants,  avec  laquelle  on   fait  le  bien  et 
le  mal.  En  effet,  on  ne  trouvera  jamais 
quelle  que  soit  la  maladie,  deux  cas  iden- 
tiques ;  d'ailleurs  le  moment  n'est  pas  en- 
core venu  pour  la  transfusion,  qui  a  été 
appliquée  tantôt  bien,  tantôt  mal.  Dans 
quelques  années  l'on  fera  la  statistique  de 
cette  opération  dans  l'anéinie,  la  tubercu- 
lose, le  cancer,  etc.,  etc.,  et  en  comparant 
les  divers  cas,   l'on  arrivera  peut  être  à 
l'adopter  ou  à  la  rejeter  pour  une  même 
maladie.  Mais  en  ce  moment  d'essai,  où  le 
meilleur  procédé  opératoire  se  cberche 
encore,  ou  l'on  n'est  pas  encore  d'accord, 
sur  l'utilité  ou  la  non  utilité  de  la  défibrj- 
natioU;  ne  nous  occupons  que  des  tenta- 
tives diverses  qui  sont  faites  et  qui,  restent 
à  faire;  favenir  décidera  de  la  question. 
Quant  à  la    statistique  de   Belina,   elle 
est  mieux  faite,  et  l'on  peut  dire  que  le 
ré.sumé  de  l'opération  s'il  n'est  pas  toujours 
complet,  a  pour  cause  le  peu  de  détails  et 
le  manque  de  soins  que  malheureusement 
beaucoup  de  médecins  apportent  à  la  con- 
fection de  leurs  observations.  Ce  n'est  certes 
pas  après  iie  sembabies  statistiques  et  en 
ce  moment  que  nous  pouvons  accepter  ce 
jugement  de  l'auteur.  L'éloquence  des  faitm 
rejette  les  transfusions  faites  avec  le  sang 
défibriné  et  il  est  réellement  étonnant  de  voir 
combien  d'hommes  de  mérite  se  soient  lais' 
ses  fasciner  par  un  fantôme  qui  leur  faisait 
croire  qu'un  peu  de  sérum  de  sang  mort  et 
maltraité,  peu  remplacer  un  liquide  riche 
en  matériaux  comme  le  sang  normaL  fts 
n'ont  pas  pensé  que  dans  le  sang  battu  et 
filtré  il  se  trouve  une  quantité  de  filaments 
fibrineux  *et  des  corpuscules  sanguins  faci^' 
lement  appréciables  au  microscope,  qui  eu 
s'agglomérant  peuvent  donner  lieu  à  des 
embolies  mortelles. 

Franchement  cela   nous   étonne.   Bien . 
souvent  nous  avons  pensé  à  ce  que  nous  dit 


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ACADÊMWS  BT  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


m 


}>Utear,  et  c'est  juste  à  cause  de  cel?  que 
nous  sofpnnes  partisans  du  sang  tiéfihTmè» 
Tou^  d^abonl  quç  l'on  nous  montre  ççj} 
{{lobules  déchires,  rqeurtriS)  contus,  mémo 
broyés  !  Nous  avons^  ^îxaoïiné  plusieurs  fuis 
le  S9ng  défibriné  au  nn'eroscope  et  qous 
n*avons  pas  trouvé  que  ces  corps,  dont  le 
dUn^è^re  varie  de  69  k  0^0046  de  /nilli- 
'mètre,  aient  été  blessés  par  des  verges  ou 
par  uri  )>àton  de  bois  deut  le  volume  était  de 
plusieurs  mllMops  dç  foisrpUis  gros  qu'eue, 

Ceei  est  tout  simplement  de  la  fantasma- 
gorie et  ce  n*est  cert^  pas  à  un  examen 
plus  ou  oiM^Ins  fiériewx,  que  de  p»rei|^ 
arguqfieoU  résistent,  ^t  maintenapt  quant 
aux  (ilaments  de  fibrine,  si  Ton  a  battu  le 
sang  assfz  longtemps,  la  coagulation  c^t 
eo(|tplètfi,  et  si  le  jljltre  qMe  Ton  emploie 
est  conyenable,'ron  peut.étre  sans  crainte; 
les  innombrables  coagulums  de  fibrine  Ac 
produiront  pas  d*cmboli  :s,  qui  d'ailleurs 
n*existenjt  qne  d^ns  Timaginatlon  de  cçux 
qui  veulent  la  voir. 

j^ais  il  est  un  autre  argument  à  em- 
pU^yer»  c'est  celui-ci  ;  U  Qoa^^lalM)n  coRi- 
jnence  très-rapidement^  une  minute  après 
Tissue  du  sang  de  la  veine  on  voU  dan^ 
celui-ci  se  /ormpr  de^  cpagulun^f  Dans  ce« 
cas  rîQJeelion  est  dangereuse,  mais  elle  ne 
Test  pa9  avee  le  sang  ^/>n  défibriné;  q4|« 
Ton  vpMS  montre  d'ailleurs  des  acci(j|eM.i^ 
«mbolique^  survenu^  à  la  ^uite  d<î  Tinjec' 
tion  du  sang  défi|>riné,  et  en  toute  1^4^: 
,  cbi^e,  nous  nous  rendrons  h  TévidepePr 
Mais  d*i<?i  lî,  nous  serpns  partisan  de  Jg 
«léfibrination. 

Dans  le  même  paragraphe,  pfigc  8, 
Mf  Caselli  npus  4U  que  ce  n'est  pfis  «ux 
glojbules  sanguins,  mais  à  Toxygène  que 
Ton  devrait  refUcacité  de  rinjeçtian  m 
s^UM  du  sangf  Nous  ne  savons  quel  est 
celui  qui  a  pu  fïire  ujne  sembJabJo  énormité 
et  on  comprendra , que  nous  ne.  nou^  y 
^rrêtipns  pas,  et  quaind  fauteur  nous  de- 
P)ande  plus  loin  pourquoi  GLpusjet  »  pbleuu 
de  boDs  4*ésultat$  par  la  tran$fu9i9U  vei- 
neuse d'agneauv  d^n^  lequel  je  ^^pg  est 
carboné  par  excellence  e^  To^ygèue  n'exisjbç 
quasi  pas  ;  uous  M  réfont|r<^n^  que,  pp.u 
importe  que  T/on  injepte  telle  ou  telle  rmr 
ticre,  pourvu  que  les  globules  soient  dans 
rinjectiou,  ^ar  eux  >euJs  sent  susceptiblef 
d*absorber  de  graudes  quantités  d'oxygène 
et  de  le  transporter  par  tout  Torganisme» 
et  ^,  dtiu^  la  transfusion  par  le  sang  défir 
brinéy  les  globules  n'existaient  pas,  Ton  ne 
pourrait  remarquer  Içs  effets  avauUgeux 
produits, 


Ici,  à  notre  tour»  nqu^  po^ron^  uaq 
queçtipn  à  l'auteur.  A4'i)  assisté  k  d^s 
transfusions  faites .avee  le  sang  défibmué? 
4'ai  lieu  de  croire  que  non,  car  p'il  en  était 
ainsi,  il  aurait  vu  des  effets  pbyaiol9gi(iues 
se  produire  avee  ce  fameux  isérum^xydé» 
et  s*il  n'h  jamais  assisté  à  une  opérAtM^i 
de  ce  genre,  qu'il  se  dérange  quelque  peu 
et  pousse  jusque  Afilan  ^ulfinu^l,  et  |è 
Polli  et  De  Crisjtoforia  lui  «ontrvreAit  ^03 
résultats  dont  nous  eroy«>Q$  qu'il  aur«  im 
d'être  satisfait,  et  qui  le  ^jifferuijrMit  d«r 
vantage  d^ns  l'idée  qu'il  éu»At  pju»  baiU, 
quand  ij  dit  \  g  4ichiqrf>p0r  çUtpç  c4'i>  w<w 
amu^elto  yescltifimm^  -^  fenipre  prçntQ 
ad  acrettave  e  porre  in  0/^/1  l'in4irfitli$  if 
i»  direU»  qwmdo  un  q^q  urg^nfp.  4i  'm 
emorrogia  richitde^w  un  ,socc9P9a  mm^- 
dialQ,  » 

L'auteur  du  travail  aborde  ensuite  l'ap^ 
pareil  instrumenlal»  et  fait  l'examen  or'h 
tique  des  appaveils  d'Albini,  dePotempsJû, 
de  MoBcoq,  de  Mathieu,  de  Liuûani,  de 
Huggi.  Aucun  de  ees  diver3  înstrujuents 
ne  lui  semble  parfait  attendu  qu'ils  ne  réu- 
nissent pas  les  condirions  voulues  pour  la 
transfusion  directe  qu'il  préfère  «t  qui  aunt  : 

1°  Une  extfème  sipplieité  M  manière 
k  ee  que  le  plu3  inexpérimenté  puisse  s^eip 
«ervir  ; 

â«  Une  faible  longueur  ; 

5°  Un  même  calibre  ; 

4"  L'absence  de  robinets  ou  de  valvules  ; 

^'^  Unui extrémité  perforante  de  laneçtte 
pu  d*/ojguilleeaouLe  trè^^-pelîte ; 

f}^  L'émou^ement  de  la  pai-lie  de  canule 
après  intro(|uctiou  dans  I9  veino; 

7**  Ab«enee  de  yiijes  ; 

8«  La  possibilité  de  qonsti^ler  rexiatence 
dn  eourput  ; 

9»  L'impps^ibiiité  d'eutfpe  de  Tw  ; 

iO"*  L'union  9  la  xsioiptiçité  4'^  prix 
très-faible. 

L'auteur  crqit  remplir  ç^  diverpejs  ^Adl- 
jcations  dans  la  eQUfitruetlon  d'une  ennuie 
dAUI»ie*  dont  rex;teroe  taillée  en  bis^nu 
i'introduit.danpl^  veine,  et  nnierne  û^é^ 
è  une  «MUle  de  wéaie  nuture  pv  i'inter- 
médiaire  d'un  tube  de  q^ulphouc  qui  serjt 
nu  pWnge  du  M»g  de  i^rtèrc  de  l'aniinal 
dfins  la  veine  *lu  patipuil. 

)1  ii^us  j$einble  qu^  malgré  l^xplieaAion 
qu'en  donne  l'Auleur,  cet  instrument  est 
assez  mua^pliqué  df^ns  son  maniement  et 
neup  cr<>yous  que  la  canule  dont  se  sert 
l'un  dç  nos  confrères,  M,  Casse»  peujt.  être 
f*,mployée  avec  au  moins  autant  d'avan- 
lAgfis.ejtdeia^ili^é.  Quoiqu'il  ^n  a^it,  nous 

23 


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ilO 


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croyons  sur  parole  Taoteor  qui  nous  dit 
que  lui  et  d'autres  s'en  sont  servi  avec 
avantage.  Cependant  nous  dirons  que , 
malgré  tout,  la  difficulté .  de  mesurer  la 
quantité  introduite  doit  être  très  grande 
sinon  impossible.  Dans  dix -sept  cas  dont 
PaUteur  donne  ta  relatfbn  sommaire  et  qui 
comprennent  des  cas  de  pellagre  et  de 
typémanie,  les  résultats  obtenus  furent  en 
général  très-favorables,  mais  nous  répé- 
terons ce  que  nous  avons  déjà  dit  antérieu- 
rement que,  dans  ces  cas,  Ton  devait  faire 
des  statistiques.  Les  succès  ne  seraient 
pas  pins  nombreux  par  le  sang  non  ^éû- 
briné  et  la  transfusion  directe,  que^iar  le 
sang  lion  défibWné. 

L'auteur  termine  en  disant  que  si  la 
transfusion  est  formellement  indiquée  dans 
Tanémie  aiguë  il  n'attend  pas  d'elle  des 
miracles,  dans  une  branche  des  sciences 
médicales  qu'il  s'efforcera  de  faire  pr«>gres- 
ser  lie  toutes  ses  forces.  Quant  à  nous  ce 
n'est  pas  seulement  dans  l'anémie  aiguë, 
mais  dans  l'anémie  chronique  et  les  dia- 
thèses  dans  lesquelles  nous  avons  vu  des 
succès  réels. 

Terminons  ce  rapport,  déjà  trop  long, 
en  souhaitant  à  la  transfusion  une  ère  de 
prospérité  réelle  dans  laquelle  dégagée 
des  obscurités  d'autrefois,  elle  prenne 
dans  la  science  médicale,  une  place  qui  lui 
est  justement  due. 

Nouveau  procédé  pour  l'amputation  de  la 
langue,  par  Azziu  Gaselii,  de  Reggio  Emilie. 

Le  professeur  Azzio  Gaselii,  dans  une 
deuxième  brochure  intitulée  :  Nouveau  pro- 
cédé pour  l'amputation  de  la  langue,  nous 
donne  la  relation  d'un  cas  de  cancer  cpi- 
,  thélial  de  cet  organe  dans  lequel  l'auteur, 
en  présence  de  la  difficulté  que  présentaient 
les  différents  procédés  opératoires,  résolut 
d'entrer  latéralement  dans  la  bouche,  après 
avoir  au  préalable  extirpé  la  glande  sous- 
maxillaire,  dans  le  cas  où  celle-ci  serait  ma- 
lade, d^attirer  la  langue  au  dehors  par  cette 
ouverture  et  d'enlever  celle-ci,  partielle- 
ment, parla  ligature  galvano  caustique  ou 
l'écrasement  linéaire. 

Il  procéda  de  cette  manière  dans  le  cas 
qui  fait  le  sujet  de  cette  observation  en  fai- 
sant one  incision  seml  lunaire  à  convexité 
inférieure,  d'une  longueur  de  6  centi- 
mètres, et  en  partant  de  quelques,  milli- 
mètres au-devant  de  Tangle  inférieur  de 
ta  çiàcboire,  pour  arriver  prèd  du  bord 
antérieur  du  massetcr,  débrida  les  tissus 
adhérents  au  maxillaire  ;  après  avoir  intro- 


duit la  pince  de  Museux  il  tira  doucement 
sur  la  langue  et  l'amena  au  dehors.  Au 
moyen  du  galvano  «caustique,  il  enleva  la 
partie  malade  sans  qu'une  goutte  de  sang 
vint  troubler  l'opérateur. 

Le  patient  guérit  au  bout  de  â2  jours. 

Le  procédé  galvano-caustique  dont  Tau- 
teur  dit  tant  de  bien  a  été  expérimenté 
souvent  chez  nous,  mais  nous  avouerons 
qu'il  n'a  pas  toujours  donné  les  résultats 
que  l'on  en  attendait,  et  que  l'hémorrhagie 
contre  laquelle  il  était  dirigé  se  produisait 
malgré  l'application  de  ce  moyen.  Il  est  à 
espérer  que  des  essais  plus  nombreux  vien* 
dront  bientôt  proclamer  la  nécessité  de 
faire  entrer  ce  moyen  dans  la  thérapeu- 
tique ou  le  feront  rejeter  complètement  et 
donneront  ainsi  au  chirurgien  un  moyeu 
sur  et  des  garanties  sérieuses  dans  son  em- 
ploi. 

Den  fistules  recto^vaginales  et  vulvaires. 
Rlzzoli. 

L'application  impnipre  d'un  procédé  opé- 
ratoire à  un  cas  spécial,  fut  cause  que  les 
espérances  conçues  par  les  chirurigens 
pour  la  guérison  des  fistules  vésico-vagi- 
naies,  furent  déçues  dans  une  foule  de  cas. 
Celte  idée  générale  doit  d'après  M.  Rizzolî» 
être  appliquée  aux  ouvertures  ano-vul- 
vaires  et  aux  fistules  rectO'-vaginales,  qui 
d'après  lui  offrent  plus  de  difficultés  que 
les  premières  à  leur  occlusion  non-seule- 
ment par  leur  siège  unatomique,  leurs  di- 
verses complications,  mais  par  l'influence 
exercée  sur  elles,  par  les  urines,  les  matières 
qui  s'accumulent  dans  le  rectum,  etc.,  etc. 

Dans  le  travail  qui  nous  a  été  soumis 
après  avoir  décrit  embryogéniquement  et 
anatomiqueiiient  les  organes  qui  font  le 
sujet  de  son  mémoire,  l'auteur  exprime  ses 
idées  à  ce  sujet  et  ajoute  à  ses  observa- 
tions, des  preuves  nouvelles. 

11  réfute  ensuite  les  objections  faites  a 
son  procédé  opératoire  pour  ta  guérison 
des  ouvertures  de  l'anus  dans  le  vagin  et 
au  niveau  de  la  vulve  et  rapporte  deux  cas 
de  guérison  par  son  procédé.  H  donne  en- 
suite la  relation  de  douze  observations  de 
fistules  recto-vaginales  suite  de  causes  di'* 
verses  et  guéries  par  les  cautérisations  au 
nitrate  d'argent,  Tincision  du  trajet  fistu- 
leux,  etc.  ;  il  termine  en  émettant  Pespoir 
d'avoir  convaincu  le  lecteur  que  pour 
mieux  arriver  à  la  guérison  d'une  affection 
si  incommode  et  si  pénible,  il  ne  suffit  pas 
d'imaginer  de  beaux  procédés  opératoires 
mais  qu'il  faut  les  ackpter  aux  différents 


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«71 


cas  et  les  modifier  suivant  les  circonstances. 
Personne  ne  demandant  la  parole,  des 
remerciments  sont  volés  à  M.  Thiry,  pour 
les  analyses  dont  il yient de  donner  lec- 
ture. 

M.  Ledcganck  obtient  ensuite  la  parole 
pour  donner  lecture  de  son  analyse  de  la 
brochure  de  M.  Bertillon,  sur  les  combinai- 
sons de  sexe  dans  les  grossesses  gétnel^ 
lairetf  etc. 

M.  Lbdbganck.  Messieurs,  Des  combinai^ 
sons  de  sexe  dans  les  grossesses  gémellaires 
{doubles  ou  triples)  dt  leur  cause  et  de  leur 
caractère  ethnique^  par  M.,  Bertillon;  tel 
est  le  titre  d*une  brochure  dont  M.  BertiU 
Ion,  réminent  démographe  français,  vient 
de  faire  hommage  a  la  Société,  et  dont  je 
vais  essayer  de  vous  résumer  les  faits  les 
plus  saillants. 

Là  statistique  a  prouvé  que,  pour  la 
France,  le  nombre  des  naissances  d*enfants 
mâles  est  à' celui  des  enfants  femelles,  dans 
le  rapport  de  i06,6  à  100.  Dans  les  gros- 
sesses multiples,  les  nombres  fournis  par 
Tobservation,  sont  loin  de  cette  simplicité 
de  rapports.  Mais  si  Ton  vient  à  considérer 
séparément  les  trois  cas  qui  peuvent  se 
présenter  dans  les  grossesses  gémellaires, 
— deux  garçons,  —  un  garçon  et  une  fille, — 
deux  filles  —  on  constate  un  écart  considé- 
rable et  constant,  entre  les  nombres  four- 
nis par  Tobservation,  et  ceux  prévus  par 
le  calcul  des  probabilités.  Ainsi^  pour  la 
France ,  on  trouve ,  en  nombre  rond, 
fis  couples  onisexués  et  55  couples  à  sexes 
croisés  sur  100  grossesses  gémellaires.  Il 
faut  donc  nécessairement  admettre  une  ou 
plusieurs  causes  nouvelles  qui,  dans  les 
grossesses  gémellaires  viennent  modifier  la 
probabilité  de  production  d'une  ou  plu- 
sieurs combinaisons,  et  si,  au  lieu  de 
50  couples  unisexués,  la  France  en  pré- 
sente 65  par  iOO,  c*est,qu*une  ou  plusieurs 
causes  favorisent  la  production  des  couples 
unisexués. 

M.  Bertillon  prouve  d*abord  par  un  ta- 
bleau statistique  très-intéressant,  que 
cblique  pays  formant  un  groupe  ethnique 
présente  dans  ses  grossesses  gémellaires, 
des  rapports  spéciaux  soit  dans  leur  fré- 
quence, mais  aussi  et  surtout  dans  les  com- 
))inaisons  de  leurs  jumeaux.  Ainsi  c'est  en 
France  que  k'S  grossesses  gémellaires  sont 
les  plus  rares  :  i  sur  100  accouchements  ; 
mais,  par  contre,  c'est  la  France  qui,  toutes 
choses  égales  d*ailieurs,  présente  le  plus 
djB  couples  unisexu^,  et  qui,  par  là  s'éloi- 


gne le  plus  des  inductions  de  la  théorie, 
puisqu'au  lieu  des  50  couples  unisexués 
de  cette  théorie,  elle  en  a  65.  C'est  au 
contraire  la  Hongrie  où  les  grossesses  JU' 
melles  sont  les  plus  fréquentes,  qu'il  se 
trouve  le  moins  de  couples  unisexués. 
D'après  le  tableau,  reproduit  par  M.  hev* 
tillon,  il  semblerait  que  ces  deux  mouve- 
ments sont  liés,  mais  en  sens  inverse. 

Ce  qui  est  plus  remarquable  encore  que 
la  différence  de  ces  rapports,  c'est  leur 
constance,  constance  telle,^  qu'un  chiffre 
moyen  donné  suffît  en  quelque  sorte  pour 
caractériser  un  groupe  ethnique  entre  les 
groupes  voisins.  C'est  ce  que  prouve  un 
second  tableau  reproduit  par  M.  Bertillon 
et  qui  indique  les  faibles  oscillations  du 
chififre  des.groupes.  uoisexués«  en  France 
et  en  Parusse  pendant  une  période  de  dix 
années*  L'auteur  en  tire  la  conclusion  que 
bien  qu'il  s'agisse  d'un  pliénomène  phy- 
siologique assez  rare,  ce  caractère  devrait 
être  compté  comme  un  trait  ethnique  im- 
portant. 

Parmi  les  causes  qui  favorisent  la  pro- 
duction des  couples  unisexués,  il  cite 
d'abord  l'existence,  assez  peu  fréquente,. il 
est  vrai,  d'ovules  à  deux  germes,  dans  les- 
quels Vunisexualité  est  constante.  Quelque 
rare  que  soit  l'apparition  de  deux  j.umeaux 
renfermés  dans  le  même  chorion  et  à  pla- 
centa commun,  elle  doit  nécessairement 
modifier  la  probabilité  de  la  venue  des 
couples  unisexués,  et  accroître  celle-ci 
proportionnellement  à  leur  nombre.  L'au- 
teur établit,  comme  suite  à  cette  proposi- 
tion, que  les  ovules  à  deux  germes  n'ont 
pas  seulement  poW  résultat  d'augmenter 
la  part  des  grossesses  unisexuées  mais  aussi 
d'accroître  le  nombre  relatif  des  fille», 
puisque,  dans  les  monstres  doubles,  le 
nombre  des  doubles  filles  a  paru  jusqu'ici 
de  beaucoup  supérieur  à  celui  des  doubles 
garçons. 

Toutefois,  il  faudrait  admettre  beaucoup 
d'ovules  doubles  pour  expliquer  l'exciçs  très- 
notable  des  couples  unisexués.  L'auteur 
signale,  comme  une  autre 'cause  favorisant 
aussi  la  production  de  couples  unisexués, 
rage  respectif,  des  époux,  c  Chez  les  ju- 
meaux ordinaires,  la  similitude  des  traits, 
encore  moins  que  celle  du  sexe  n'est  néces- 
saire; on  en  trouve  même  de  très-dispa- 
rates ;  enfin  le  plus  souvent  leur  ressem- 
blance  ne  dépasse  pas  celle  des  frères 
ordinaires;  mais  il  en  est  quelques-uns 
chez  lesqueU  cette  ressemblance  devient 
extrême,  embrasse  le  moral  comme  le  phy- 


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]n 


ACADËMtÉ«  et  SôeiÉTÈâ  SAVAMTEâ; 


it{<)tie  et  pSiMt  tétidre  vers  TideAfiié.  i 
M.  MëéHél  ^st  â*âvis  que  les  jumcatix  dd 
Même  stxe  qoi  préiifntetlt  ce  haul  degré 
die  ressembl&nce  ont  été  d'ordinaire  enfer- 
tncM  dans  16  même  ehorion.  On  a  fcmarqué 
efl  tout  tempe  qu'ils  sont  phu  souvent 
filles  que  garçons. 

Quant  àut  grossesses  triples^  M.  Bertil- 
lon  sij^ale  les  mêmes  'fdils  généraux  que 
dtaÉis  le*  eombinaisons  binaires  : 

4<>  Eean  constant  des  ari^angefmënts  in- 
d^irès  (jàr  le  eal<^i;  du  profit  des  gros- 
ëèS^s  ufiisexoééî^; 

^  Notable  différence  ()Ui  sépare  les 
Vtûti^é  des  Allemands  t  cëok-di  stint 
encore,  comme  déns  le  cas  des  grossesses 
doublas,  moiVis  loin  de  rit4*rangertiertt 
théorique,  qUé  lés  Français  ; 

S**  Enfin  h  constance  daftSces  différentes 
de  ptt^pn^tiôns,  qUi  len  fdUt  Uh  véritable 
cd^itctèi'ti  ûti  l>acëi 

Tel  est,  eh  k-ésiimé,  le  contenu  de  la 
b^dchill*è  dé  M.  Bertlllon,  résumé  qui  se- 
rait à  coup  sur  plus  intéressant  et  plus 
f^appdi^t  dan^  ses  données  statistiques,  si 
hoUs  avions  pu  Vbus  metli*e  sous  les  yeux 
lestAbl^taux  qui  ]^  flguriiint  ;  ées  tableaux 
déStfHés  à  l'examen  éh  iiisu,  se  prêtent  mal 
à  ta  iéeturë  et  Sdni  pfèsqii'infntellfgiblés  à 
ràudîtion  la  plus  attentive.  GVst  pou^quoi 
nousn^avbns  pu  lés  i*eprrKlttit*e  dakis  cette 
analysé. 

Je  vous  propose,  Messieurs,  de  voter  dès 
reniërdmènts  à  l'anteut'  et  d'uMonner  le 
dé)pôt  honorable  dé  son  travail,  ddbs  nôti*é 
bibliothèque. 

—  Adopté. 

M.  PtGEOLBt.  La  communication  (|ue 
vient  de  nôns  faire  notre  savant  coîlègiié 
M.  Ledeganck  me  fuut^it  PoccàMôn  de 
vous  parler  d^nhé  mt^nstrtiosîlc  qiiej'àî  étt 
réc*hime«t  ToccaSiôn  de  rencontrer  cHl'z 
un  éonfrêredéMblenbeék-SaInt-'Jè&n,  M.  te 
D^  Leclércq  habitant  la  chaussée  dé  6ând, 

€ëite  hiôti  Jtl'Ub^itê  eXéès^îvemébl  i*éWiar- 
qûàblé  appartiétit  h  là  diplogéhè^e.  - 

Les  d^ux  ftelUÀ  sont  unis' pai'lei)^  plan 
antérieur  -à  partit*  du  nombril  d't)ù  part 
uh  cordôh  ombilical  Unique;  les  bras  et 
lé^  jambes  sont  parfAîtemmi  conformés  et 
d'un  '  égftl  dévHoppement  ;  deux  colonnes 
véi'tébhiléjt  soutiennent  deux  bcbiputs  mais 
un  a'éul  t6\  supporte  une  tête  unique  volu- 
ntinéuse.  Cette  tête  'présente  deux  faces 
Irès-i'essenibfantes,  dont  toutes  les  parties 
sont  pai^raitemeht  fortnées,  yéiix,  neî, 
bouches,  oreilles;  ces  faces  regëtidlent  direc- 
tement de  ch&qtiè  cêtêllîs  épâiiles,  ce  t]u1 


provient  de  ce  qUe  la  mnitié  droite  de  cfad- 
(|ue  tête  s'est  unie  è  la  moitié  gauche  de 
Faôtre  ;  la  ligne  médfane  ne  présente  au- 
cune trace  irrégulière  de  l'union  qui  s'est 
ainsi  formulée. 

La  vie ,  existait  au  moment  de  la  nais- 
sance les  deux  cœurs  liattaient  et  les  qua- 
tre carotides  présentaient  des  pulsations. 

C'est  un  exemplaire  parfait  du  janiceps 
décrit  par  Geoffroy  Saint-Hilaire;  cet  auteur 
avance  dans  son  Traité  de  tératologie  t.  lit, 
p.  87  une  circonstance  très-remarquàble 
de  l'histoire  des  janiééps,  c'est  que  sur 
douze  Cas  déjà  connus  soit  chez  PhomMe, 
soit  chez  lés  animaux,  il  n'en  puisse  eiter 
que  quatre  dans  l'espèce  humaine,  un  dans 
la  ^ace  bovine  qui  se  soient  présentés 
èteUipts  de  complications  graves. 

Ce  ^ont  Cèé  Mdtif^  qbf  m*ont  engagé  k 
vous  faire  cette  communication. 

M.  Charon  dépose  sur  le  tlureau  un  tra  • 
vail  intitulé  :  Adénite  cancéreuse  de  nature 
encéphalmde  déiyeloppée  chea  un  enfant  dé 
cinq  ant^  par  MM.  Charon  et  Ledegdnck, 
avec  une  planche  dessinée  d'après  les  pré- 
parations microscopiques.  —  Remerclmenls 
aux  auteurs  doht  le  travail  sera  inséré  dans 
un  prochain  cahier  du  JoumaL 

—  La  séance  est  levée  à  8  heures  i/2. 


Àoadémie  Ae  Méèeoibe  de  Paris. 

Séance  du  5  août  1 875. 
Présidence   de  M.  Gosselin. 

BAUlt  D6    FLOt   ttTDIlO-AÉllIQtJB  DÀIIS    UNE 

Tttuiim  sitis  côHiAuniCAttOfr  avec  L'txté- 
ittÈo*.  ^  Mi  LAttotaAâNE  tômtnunl^ue  lits 
suites  dé  Tubservation  qu^il  é  présentée 
dans  I»  séance  du  26  Janvier  dernier,  U'unc 
tumtii^  abdoinihale  off\hant,  piAf"  la  suemi- 
sîtfH  hippW^U^nè,  lé  linUmènt  métmi^ike 
bu  bruit  dtf  flot  hi^dtO'àêtiqtt^. 

n  ^'agif  d'une  femnié  d'uhé  dnqnan^ 
tainc  d'années,  jouissant  ^'une  très  bonm* 
santé  hubitucllt*,  et  éh^^t  laquelle  s'était 
manifestée  Une  tutnéfactioh  dbn^  le  edtê 
galiche  du  ventre.  Cette  fénimè^  entrée  k 
l'hôpital  Necker,  dans  le  service  de  M.  La- 
boulbèhc,  présenta,  il  la  suite  d'acèidettls 
infiaminatoires  développés  du  éôté  gaucbii 
de  la  tumenf,  le  phénomène  de  fluctuatfnii 
hippocratlque  attribué  par  M.  Labonlbène 
à  là  production  spontanée  de  pîi  dans  le 
iiquide  iJil  kj^sté  ovarique;  ^ 

Peu  de  tt$mi^s  apfè^  la  première  codi- 
municàtion  faite  pat*  M.  Lâboulbène  à  t'A- 


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ArAt)É\fiEs  er  sociétés  savantes. 


«75 


cadémie,  sur  ce  sujet,  la  tumenr  s*ouvrit 
spoDtanément  et  donna  Lssue  à  du  pus  f4- 
Ude  et  à  des  gaz.  Des  compressas  imbibées 
de  chlorofornie,  Une  compression  modérée, 
pais  des  lav«')g[es  iodtfs  quotidiens,  amené- 
reDt  une  guërison  qui  était  complète  vers 
la  fin  d*avrU. 

M.  Laboulbènc  a  revu  la  màldde  il  y  a 
bttit  jourd,  et  a  constaté  qua  la  gqérison 
ne  s*ctatt  pas  démenti». 

Recherchant  quel  a  été  le  siège  précis 
de  cette  tumeur  abcédée  ayant  fourni  lè 
bruit  remarquable  de  sfuccussion  hippocra  , 
tique,  M.  Laboulbène  pense  qu1l  n*y  a  pas 
eu,  chez  la  malade,  un  kyste  ovarique  sup- 
puré, tnais  une  collection  purulente,  un 
ëhtès  ^sitac  entre  la  paroi  abdominale  pos- 
térieure et  tes  âuses  intestk^ales,  et  avoi- 
sinant  Tovaire  gauche*  La  production  des 
gaz  ne  s*esl  pas  faite  par  une  fistule  for- 
mant cofnmunicatîon  entre  Tair  enfermé 
dans  les  anses  intestinales  et  Tlntérieur  de 
la  cavité. 

M.  Laboulbène  rappelle  les  faits  publiés 
par  MM.  Hérard,  Barth  et  Roger,  Deniar- 
quay  et  Gosselin,  et  qui,  avec  l'observa- 
tion qui  lui  est  propre.'lui  semblent  dé^ 
montrer  que  le  bruit  de  succussion  hippo- 
cratique  peut  être  perçu  dans  plusieurs 
sortes  de  tumeurs  abdominales,  et  parfois 
sans  que  celles-ci  soient  en  communication 
avec  I  air  extérieur. 

Cboléua  (discussion).  —-  M.  Woillbz  re- 
proché à  M.  iules  Guérin  d*avoir  confondu 
ated  le  choléra  épidémique  une  autre  ma^^ 
ladie  distinète  et  très  nettement  caracté^ 
risée  :  le  choléra  infantile. 

Dans  un  grand  nombre  de  localités,  le 
choléra  infantile  existait  avant  Tépidémie 
de  4875-,  et  n'y  fut  pas  suivi  du  choléra 
vrai.  D'ailleurs,  lé  choléra  iiifatiiile  règne 
k  peu  près  toujours  pendant  la  «saison 
chaude,  surtout  datis  le  midi  de  la  France, 
et  le  choléra  éptdémique  n'en  résulte  pas. 

Dans  ses  critiques  au  sujet  du  rapport 
de  la  commission  des  épidémies  pour  Tan- 
née 1875,  M.  Guérin  &  surtout  insisté 
sut  les  faits  du  Havre  et  de  Bretteviilc. 
If.  Woillet  rccoiiUalt  que,  en  efFt^t,  Brctte- 
ville  n*est  pas  un  port  dé  mer,  mais  il  y . 
e\iste  des  tanneries  qui  reçoivent,  par  le 
H&ytt  et  Caen,  des  cuirs  de  Hambourg, 
ville  dans  laquelle  le  choléra  régnait  déjà 
depuis  plusieurs  mois  lorsqu'il  parut  dans 
la  Scitte  Ittférfeurc. 

L^épidémie  régnait  k  Rretl^ville  dès  le 
milieu  de  juillet,  et  M.  Guérin,  po»ir  âé* 
motitrer  ()ti'^t«  h'éiâit  pas  importée  du 


Havre,  a  insisté  sur  ce  point  que,  au 
Havre,  elle  n'a  pas  été  signalée  avant  le 
ér  août.  Mais  le, Havre  est  une  grande  t^lle, 
et  le  choléra  peut  y  passer  quelque  temps 
inaperçu. 

^  L'importation  du  Havre  à  Rouen  parait 
improbable  à  M.  Guérin,  parce  qu*il  ne  se 
serait  écoulé  qu'un  intervalle  très^court 
entre  les  dates  d'apparition  du  choléra 
dans  ces  deux  villes  ;  mais  c*cst  le  un  argu- 
ment inacceptable,  et  d'ailleurs  ce  n'est 
pas  dans  les  grandes  villes  qu1l  faut  étu- 
dier celte  question.  M.  Woillez  insiste  sur 
le  choléra  de  Cherbourg,  importé  de 
quelque  port  de  la  Manche,  et  qui  dispa- 
rait après  avoir  atteint  20  personnes  et 
causé  i  1  décès.  Il  n'avait  été  précédé  d'au- 
cune affection  cholériforroe  ébauchée  ;  ,cé 
qui  est  eu  opposition  aved  la  théorie  sé^ 
rifiire  de  M.  Guérin. 

Pour  démontrer  la  réalité  deTiaiporta- 
'tion  par  voie  de  terre,  M.  Woillez  appelle 
principalement  l'attention  de  l'Académie 
sur  les  faits  suivants  : 

L'apparition,  signalée  à  partir  du^7  août 
seulement,  de  cas  de  choléra  environnant  le 
Havre,  et  qui  sont  d'autant  plus  nom- 
breux qu'on  les  examine  plus^  près  du 
Havre.  Il  y  a  eu  474  décès  en  plus  de  ceux 
constatés  dans  cette  ville  |)endant  cette  ex^ 
tension  de  l'épidémie.  ^-  La  diminution 
du  nombre  de  localités  atteintes  à  mesure 
qu'on  s'éloigne  des  arrondissements^  du 
Havre  et  de  Rouen  ;  dans  l'arrondissement 
d'Yvetot,  le  plus  voisin,  on  ne  compte  plus 
que  n  cas  de  choléra  et  29  morts.  -^ 
Dans  celui  de  Dieppe,  plus  éloigné,  une 
seule  localité  ulteinte,  et  seulement  5  ma- 
lades et  S  morts.  -^  Absence  complète 
de  choléra  dans  l'arrondissement  de 
Ni^ufehàtel,  •  voisin  du  département  dn 
l'Oise,  etc.,  etc. 

M.  i.  Gi}£aiN  répon<1  qu'il  se  bornera  à 
rectiHer  les  faits  avancés  par  M.  Woil- 
let. 

La  scission  que  M.  Woitiez  prétend 
mnintenir  entre  le  choléra  épidémique.  le 
choléra  nustras,  le  choléra  infantile,  ù  oho 
lérine,  n'a  pas  de  raison  d'être.  On  n'a 
pas  plus  le  droit  d'é«arter  arbitrairemept 
un  cas  de  choléra  en  l'appelant  choléra 
nostros,  parce  qu'il  précède  une  importa- 
tion supposée^  qu'on  n'a  le  droit  de  passer 
sous  silence  tous  les  fait*i  contraires  à  sa 
théorie. 

M.  Woillez  a  eu  le  tort  d'arranger  les 
choses  a  sa  guise;  il  n'a  pas  dit  un  mot  des 
9  cas  de  choléra,  dont  4  suivis  de  mort, 


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174 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


qaî  se  sont  présentés  dans  le  département 
de  la  Vienne. 

En  ce  qui  touche  le  Havre  et  Rrette- 
ville,  M.  Woîllez  a  soutenu  d'abord,  dans 
son  rapport  officiel,  que  Bretteville  tenait 
son  choléra  du  Havre.  Or,  le  choléra  a 
paru  à  Bretteville  le  17  juillet  et  s*y  est 
terminé  le  5  août.  Il  n*a  éclaté  que  le 
5  août  dans  la  ville  du  Havre. 

M.  Woillcz,  pour  faire  admettre  que  le 
choléra  a  pu  passer  du  Havre  h  Aouen^  a 
reculé  la  date  d'apparition  du  choléra  dans 
cette  dernière  ville.  Voilà  comment  on  ar- 
range les  faits  arlificiellcment  dans  Tin- 
térét  des  doctrines  contagion i;iisles.  On  se 
garde  bien  de  mentionner  comme  il  ie  fau- 
drait les  manifestations  simultanées  deTin- 
flnencc  épidémique.  à  des  distances  piqs 
ou  moins  grandes,  dans  cent  localités  dis-> 
persées  sur  toute  retendue  de  Tlnde,  par 
exemple,  ou  dans  la  plupart  des  arrondis- 
senncnts  de  Paris. 

M.  Woillcz  ne  parle  pas  du  choléra  de 
Paris;  qui  débute  à  Saint-Louis  par  des 
cas  intérieurs  de  malades  traités  depuis 
longtemps  déjà  dans  cet  hôpital. 

M.  Woillez  n*a  pas  dit  un  mot  non  plus 
d*un  cas  de  choléra  antérieur  de  huit  jours 
à  rimportatlon  qu'il  adtnet  dans  le  dépar- 
tement de  Meurthe-et-Moselle. 

Enfin,  M.  WolUez  a  beaucoup  insisté  sur 
Tabsence  de  toute  diarrhée  dans  le  dépar- 
tement de  Aleurthe  et  Moselle  ;  or,  il  se 
trouve  que  des  ^diarrhées  attribuées,  il  est 
vrai,  au  curage  d*un  égout^'sont  signalées 
comme  ayant  régné  en  mai^  juin,  juillet, 
août,  dans  les  diverses  communes  de  ce 
département. 

M.  Woillez  fait  observer  que  les  cas  de 
choléra  dont  il  n*a  pas  parlé  étaient  quali- 
fiés de  sporadiques  par  les  médecins  des 
épidémies. 

M.  J.  GuÉRiN  répond  que  ces  cas  n'en 
étaient  pas  moins  du  choléra. 

M.  PiORRT  ne  reconnaît  pas  un  choléra 
unique,  mais  des  choléras.  Il  pense  que 
l'on  confond  sous  ce  nom  divers  états  or- 
ganopathiques  dépendant  soit  de  Vindiose, 
soit  de  la  septiose,  etc.  Il  est  possible  que 
ce  soit  la  septiose  qui,  dans  son  gnion  avec 
Vindiose,  produit  les  choléras  graves, 
tandis  que  Vindiose  isolée  n'amènerait  que 
le  choléra.  M.  Piorry  pense  que  la  discus- 
sion claire  des  questions  médicales  ne  peut 
se  passer  d*une  bonne  momenclature. 


Séance  du  10  août. 
Présidence  de  M.  Gosselin. 

CoRRESPONDANCB.  —  M.  DoLBGAU  préseotc  : 
1"  Dfie  brochure  de  M.  le  docteur  l-*roy- 
Dupré,  intitulée  :  Des  indications  et  des 
contre-indication*  de  l'hydrothérapie, 

M.  BouLBT  offre,  de  la  part  de  M^  le 
docteur  Burggraeve  (de  Gîand)  ie  cinquième 
volume  de  ses  OEuvres  médico-chirur- 
gicales. 

M.  Broca  présente,  au  nom  de  l'Asso- 
ciation française  pour  Tavancement  des 
sciences  le  Compte-rendu  de'  la  troisièmo 
session  à  Lille  en  i  874. 

Sous  le  titre  suivant  :  De  Vaption  des 
sels  solubles  de  cuivre  sur  les  animaux, 
MM.  les  docteurs  Dupom  et  Burq  adressent 
à  l'Académie  la  deuxième  partie  de  leurs 
recherches. 

M.  LE  Président  a  le  regret  d'annoncer 
à  rAcadémie  la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
en  la  personnelle  M.  Desportes,  membre 
titulaire  dans  la  section  d'histoire  naturelle 
et  de  thérapeutique.  Les  obsèques  de 
M.Despprtesont  eu  lieu  ce  matin,  lOaoût; 
lô'bureanet  une  dcputation  dé  l'Académie 
y  assistaient.  M.  Chatin,  vice-président,  a 
prononcé  quelques  paroles  improvisées  sur 
la  tombe  de  M,  Desportes, 

Choléra.  —  L'ordre  du  jour  appelle  la 
suite  de  la  discussion  sur  le  choléra. 

M.  Woillez  a  demandé  la  parole  pour 
répondre  à  M.  Jules  Guérin.  Il  s'attache  à  * 
prouver  que,  dan«  son  rapport,  il  a  bij&ii 
présenté  les  faits  tels>  qu'ils  étaient  et  leur 
a  donné  leur  intenprétation  naturelle.  S'il 
a  commis  quelques  erreurs  involontaires 
ou  fait  quelques  omissions,  on  en  aurait 
tout  autant  à  reprocher  à  M.  hi\e$  Guérifi. 
Les  conséquences  de  la  théorie  de  ce  der- 
nier seraient  singulières.  Elle  obligerait  à 
considérer  toutes  les  affections  gastro-intes- 
tinales annuelles  sans  ezrceplion,  en  France, 
comme  dues  a  la  cause  cholérique  quand 
le  choléra  épidémique  y  règne  quelque 
part,  et  à  regarder  ces  mêmes  affections 
comme  de  simples  maladies  saisonnières 
pendant  les  années  où  l'épidémie  cbolérique 
est  absente  ;  à  faire  englober  dans  les  cho- 
léras ébauchés  le  prétendu  choléra  des 
poules,  etc.  Enfin,  elle  aurait  la  plus  lamen* 
table  des  conséquences,  celle  de  faire  re- 
noncer à  toute  mesure  prophylactique  na- 
tionale et  internationale  contre  le  choléra. 
A  l'opposé  est  la  théorie  du  choléra  qui  se 
base  sur  des  faits  précis  et  positifs. 

M.  Jules  Guérin,  ré|H>ndaqtàM.  Woillez, 


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AGADËMiES  ET  SCk:i£TÉS  SAVANTES. 


175 


dit  qu'il  ne  vcot  pas  faire  dégénérer  une 
aussi  haute  et  aussi  importanle  question 
que  celle  de  la  "genèse  du  choléra  en  une 
sorte  de  duel  entre  M.  le  rapporteur  et  lui. 
M.  Goérin  s*est  étudié^  dans  I«;s  précédents 
discours  qu'il  a  prononcés,  à  montrer  que 
leeboléra  procède  par  développements  suc- 
cessifs, par  phases  progressives,  depuis  la 
diarrhée  prémonitoire  jusqu'à  Tattaque  de 
choléra  complet. 

Selon  loi,  au  Havre,-  à  Rouen,  à  Paris, 
qui  ont  été  les  trois  grands  centres  du  cho- 
iera de  lH7Sf,  il  a  été  impossible  aux  par^ 
tisaus  de  Ti  m  portai  ion  de  montrer  un  seul 
fait  authentique  qui  témoignât  en  faveur 
de  cette  doctrine,  tandis  qu'il  résulte  des 
rapports  des  médecins  des  épidémies  de  ces 
localités,  qu'il  existait,  antérieurement  aux 
cas  de  choléra  reconnus  ofBciellemont 
comme  des  exemples  de  choléra-  épidé^ 
raique,  une  conMitution  médicale  cbolé^ 
rique  existant  dans  chacun  de  ces  centres 
et  se  révélant  par  des  faits  de  choléra  in- 
fantile, de  cholérine,  de  choléra  nostras 
développés  spontanément  dans  ces  localités, 
sans  qu'il  fût  possible  de  suivre  sérieuse- 
ment le  fil  d'une  importation  quelcon- 
que. 

M.^ouiLLAUp  déclare  qu'il  s'est  toujours 
tenu  sur  la  réserve  en  ce  qui  concerne  la 
question  de  la  contagion*  ou  de  la  non- con- 
tagion du  choléra,  il  a  invariablement 
i;ardé,  à  cet  égard,  une  neutralité  philoso- 
phique, et  désire  rester  dans  cet  état,  esti- 
mant qu'il  n'y  a  eu  jusqu'ici,  de  part  et 
d*autre,  que  dès  aflirmationa  et  des  néga- 
tions sans  preuve  palpable  pour  ou  contre. 
Ce  ne  sera  que  lorsque  l'on  sera  parvenu 
à  mettre  le  doigt  ou  l'œil  sur  le  corps  du 
délit,  sur  une  preuve  matérielle,  sur  le' 
eontaginm  cholérique,  que  toute  discussion 
sera  supprimée  à  ce  sujet  comme  pour  les 
questions  de  contagion  de  la  petit^  vérole, 
de  la  morve,  de  la  syphilis,  etc.  M.  Bouil- 
laud  s'étonne  que  des  expériences  sérieuses 
n'aient  pas  été  entreprises  sur  ce  point 
important. 

Quanta  la  question  de  la  genèse  du  cho- 
léra et  aux  doctrines  antagonistes  de  l'im- 
portation et  de  la  spontanéité,  M.  Bouil- 
laud  se  borne  à  constater  que  la' majorité 
des  médecins  et  du  public  en  est  encore  à 
la  doctrine  de  l'importation,  et  n'a  pas  été 
convaincue  par  les  habiles  démonstrations 
de  M.  J.  Guérin,  en  dépit  de  toute  l'ardeur 
et  de  toute  la  foi  qu'il  nfet  à  défendre  sa 
doctrine  de  la  spontanéité. 

Malgré  l'opinion  généralement  reçue  de 


Torigine  du  choléra  par  l'importation. 
M.  Bouillaud  dit  qu'il  n*est  pas  possible  de 
ne  pas  être  frappé  par  l'observation  de 
certain?  cas  de  choléra  ditssporadiques,  et 
qui  se  sont  montrés  à  diverses  reprises 
avec  tous  les  caractères  du  choléra  épidé- 
mique,  si  bien  qu'en  temps  d'épidémie  il 
n'eût  pas  été  émis  un  doute  sur  la  nature 
épidémjque  de  ces  cas. 

Enfin,  M.  Bouillaud  se  déclare  très- 
frappé  des  faits  recueillis  par  M.  Tholozan. 
et  desquels  il  résulte  que  des  épidémies 
cholériques  dont  l'origine  première  a  été 
due  à  rhnportation  peuvent,  après  leur 
disparition,  reparaître,  au  bout  d'un  cer- 
tain temps,  sans  importation  nouvelle.  Ces 
faits  lui  semblent  être  en  contradiction 
avec  là  théorie  absolue  de  l'importa- 
tion. 

M.  Briquet  cherche  à  montrer  qu'il  n'y 
a  pas  contradiction  entre  ces  faits  et  la 
doctrine  de  Timportation.  Suivant  lui,  la 
réapparition  d'une  épidémie,  après  une 
cessation  momentanée,  n'est  que  la  conti- 
nuation de  l'importation  se  faisant  par  la 
revivificalion  des  germes  déposés  une  pre- 
mière fois  et  se  réveillant  après  une  liiber- 
nation  plus  ou  moins  longue. 

Séance  du  il  août. 
Présidence  de  M.  Gossblin. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  président, 
xM.  Chatin  donne  lecture  dii  discours  qu'il 
a  prononcé  sur  la, tombe  de  M.  Desportes. 

Choléra  (fin  de  la  discussion).  —  M.  Ju- 
les Guérin:  On  sait  aujourd'hui  que  les 
épidémies  du  Havre  et  de  Rouen  ont  éclaté 
simultanément  dès  le  commencement 
d'août.  L^ex plosion.de  l'épidémie  de  Paria 
était  considérée,  jusqu'à  ce  moment, 
comme  postérieure  à  celle  de  ces  deux  cen- 
tres. 

(Suit  l'exposé  de  documents  qui  ont  été 
communiqués  à  M.  Guérin  par  M.  Cazalas, 
inspecteur  général  et  président  du  conseil 
de  santé,^et  qui,  par  leur  caractère  précis, 
lui  paraissent  jeter  un  nouveau  jour  sur 
celte  origine./ 

H  n'y  a  eu,  selon  M.  Cazalas,  ni  impor- 
tation ni  exportation;  mais  les  115"  et 
117''  de  ligne  et  le  2iS«  bataillon  de  chas- 
seurs à  pied  qui  ont  fourni  plus  particu- 
lièrement les  malades  étaient  placés  direc- 
tement sous  le  vent  d'un  dépotoir:  ce  sont 
eux  aussi  qui  ont  fourni  avant  les  cas  de 
choléra  des  diarrhées  et  dysenteries  avec 
tendance  au  refroidissement. 


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in 


ACAUÊMIES  El   SOCiETF^  SAVAIN  l'ES. 


Ces  içiiu»  qui  réuQi$$ent  dans  ua  fiadrç 
étroH  et  daDs  un  espace  de  temps  1res- 
court  loates  les  bornes  et  tous  les  degrés 
de  révolution  cholérique  antérieurs  de 
quatre  à  cinq  jours  ^ux  cas  de  cbolcra  au^ 
Iheotiques  du  Havre  et  de  Boucn,  anté- 
rieurs de  plus  d*un  mois  à  Texplosion  ca- 
ractérisée de  Paris,  aux  portes  duquel  ils 
se  sont  manifestés,  ne  sont- ils  ^as  tout  à  la 
fois  la  preuve  incontestable  de  Texistence 
de  la  même  constitution  ebolérique  dans 
ces  trois  centres,  de  leur  action  simultanée 
sur  cbacun  d'euX;  et  la  preuve  désormais 
indiscutable  que  les  épidémies  du  Havre, 
de  Houen  et  de  Paris  se  ^ont  développées 
indépendamment  l^]ne'dc  Tautre  et  sans 
le  secours  d'aucune  importation  ? 

Quels  que  puissent  être  ]'impi*évu  et  la 
gravité  des  conclusions  auxquelles  ces 
faits  conduisent  fatdleotent^  je  o*ai  aucune 
raison  de  les  dissimuler:  je  les  exprime, 
au  contraire,  sans  la  moindre  rQ.ticen€e. 

Scientifiquement,  ils  ouvrent  a  la  patho- 
logie une  série  de.  points  de  vue  nouveaux 
sur  le  travail  évolutionnairc  du  choléra  ; 
sur  les  formes  div(*rses  et  les  degrés  divers 
liés  à  cette  évolution,  sur  la  nature  spé- 
ciale des  diarrhées  dites  saisonnières  con* 
sidérées  comme  travail  initial  et  prépara- 
toire de  la  constitution  cholérique  ;  s*ar- 
rctant  dans  certaines  années  à  ses  pre- 
mières ébauches;  dans  d'autres  évoluant 
graduellement  soqs  la  forme  de  diarrhée 
cbolériformc;  de  choléra  infantile,  de  cho- 
léra sporadique  ou  nostras,  et  arrivant, 
sous  Tempire  de  circonstances  étiologiques 
plus  arrêtées,  à  sa  forme  la  plus  grave  ei 
la  plus  caractérisée,  au  choléra  épidé- 
mique*  ie'Iai  dit  k  Porigine  de  celte  dis.- 
cussion,  cest  Tembryogénie  du  choléra 
substituée  au  choléra  iout  fait. 

^Pratiquement,  c'Q&t  la  réforme  générale 
de  toutes  les  mesures  sanitaires,  la  sup^ 
pression  de  toutes  les  entraves  a^  com- 
merce, à  l'industrie»  aux  relations  inter- 
nationales; entraves  reconnues  par  Tex- 
périencc  comme  tout  à  fait  stçHIcs,  et 
rendues  illusoires»  3i  ce  n*csl  entièrement 
impossibles,  par  les  communications  cons^ 
tantes  des  cbemias  de  fer. 

C'est  en  outre  ^institution  à  formuler 
d'un  système  nouveau  de  prophylaxie  basp 
tout  a  la  fois  sur  les  phéotomènes  précur- 
seurs des  épidémies  et  sur  Les  averlisser 
mcnts  plus  directs  de  la  maladie  indivi* 
duellc  :  propliyJaxie  protectrioe  tuais  non 
vexatoire  de  la  liberté. 

M.  Briqiibt  adopte  la  doctrine  de  la  con- 


tagion du  choléra  originaire  de  Tlude  et 
du  Bengale  et  rapplique  à  la  série  des  épi- 
démies qui  se  sont  succédé  en  t8i7, 18:^8, 
1844, 1854  et  i$6!^.  te  choléra  ordinaire 
est  une  maladie  méléorologique  ayant  (»our 
cause  principale  le  refroidissement  de  la 
température,  et  pour  cause  secondaire  unç 
nourritup^e  de  mauvaise  qualité.  Le  choléra 
épidéniique  est  une  maladie  d'importation 
indienne;  celte  doctrine  de  l'importa  lion» 
suivant  M.  Briquet,  n*a  été  combattue  par 
aucun  argument  sérieux,  ni  au  point  de 
vue  de  réiiologie,  ni  au  point  de  vue  de  U 
marche  de  la  maladie. 

M.  ÇHAVrPAEO  demande  à  expliquer 
pourquoi  il  s'est  abstenu  de  prendre  part 
a  la  discussion.  Suivant  lui>  les  bases  scien* 
Mfiques  de  la  question  Hu  choléra  n'ont  paa 
été  touchées.  M.Jules  Guérip,  en  partie 
euller,  a  complètement  méconnu  les  diffé* 
renées  fondamentales  qui  existent  entre  \» 
choléra  sporadique  et  le  choléra  épid^ 
roique.  M.  Chauffard  ne  croit  pas  devoif 
prendre  la  peine  de  réfuter  encore  une  fois 
des  erreurs  depuis  longtemps  mises  k 
néant  et  que  leurs  auteurs  reproduisent 
toujours  avec  la  même  opiniâtreté. 

.  M.  Barth  demande  la  clôture  de  la  dis- 
icussfon,  parce  que,  suivant  luît  ees  débats 
ne  peuvent  pas  aboutir,  certaines  per- 
sonnes ne  voulant  pus  être  convaincues  «et 
fermant  volontairement  les  yeux  à  U  lu- 
mière. L'histoire  des  épidémies  de  choléra  ^ 
établit  jusqu'à  Tévidcnce  la  vérité  de  la 
doctrine  de  l'imporlation,  ainsi  que  M.  Bri- 
quet et  M.  Barth,  lui-miàme,  dans  leurs 
rapports,  en  ont  fait  la  démonstration,  ap- 
puyée sur  d'innombrables  documents  dont 
le  dépouillement  a  coûté  d«s  années,  de 
travail  aux  rapporteurs  de  T Académie. 
M.  Jules  Guérin  se  met  à  la  remorque  de 
Cazalas,  dont  les  doctrines  paraissent^  à 
M-  Barth,  absolument  erronées.  £lle3  con- 
duisent M.  4ules  Guérin  à  considérer 
comme  vexalotrcs  les  mesures  sanitaires 
prises  contre  la  propagation  du  choléra* 
comme  si  la  liberté  du  commerc<$  pouvait 
être  mise  en  parallèle  avec  la  santé  et  la 
vie  des  peuples  ;  Salus  populi  supr^mm  l^ix, 
M.  LE  PaésiosflT  métaux  voix  la^ clôture 
de  la  discussions  qui  est  prononcée. 

Séance  du  24  août. 

Présidence  de  M.  Gosssi«in. 

GQftaBSiH)NDANC£.  —  Lettre  de  M.  le 
docteur  Stanski,  relative  à  la  discussion 
sur  le  choléra. 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


177 


Une  lettre  de  M.  le  docteur  Marchai» 
médecin -major  en  retraite,  sur  le  traite- 
ment du  choléra  épidémiquo  par  les  bains 
de  vapeur. 

M.  Alphonse  Gdérin,  à  propos  de  la  pré- 
sentation faite  dans  la  dernière  séance, 
par  M.  Bouley,  de  Touvrage  de  M.  le  doc- 
teur Burg^raeve  (de  Gand)  sur  les  Panse- 
ments ouatés,  dit  qu'il  a  recherché  avec 
>  soin  si  une  part  d*invention  pouvait  reve- 
nir è  ce  médecin. 

Il  pense  que  M.  Burggraeve,  qui  se 
donne  oommerinventeur  de  cette  méthode, 
n'a  aucun  droit  à  la  priorité.  Jamais  le 
médecin  de  Gand  n*a  pensé  à  .se  servir  de 
Touate  pour  filtrer  Teau.  Il  a  eu  pour 
unique  idée,  en  se  servant  de  cette  sub- 
stanccy  de  constituer,  pour  les  membres, 
des  moules  destinés  à  protéger  les  tissus 
contre  la  pression  des  boucles  et  des  attel* 
les,  à  favoriser  rimmobilisatlon  des  arti- 
culations malades,  ou,  en  cas  de  fracture, 
celle  des  fragments  osseux. 

M.  BouLBY  déclare  qu'il  regrette  infini- 
ment d*avoir  accepté  le  parrainage  du 
livre  de  M.  le  docteur  Burggraeve,  surtout 
depuis  qu'il  a  vu  certaine  dédicacée  de 
Touvrage  intitulé  :  Monument  à  Jenner, 
où  Fauteur  de  la  dosimétrie  no  craint  pas 
de  placer  cette  prétendue  découverte  au- 
dessus  de  celle  de  Timmortel  auteur  de  la 
vaccination. 

L' ASPHYXIE  PAR  l'ÉCUMB  BRONCHIQUB  OU 
Alf«UIRAPHROSIE«     —    Suivaut    M.    PlORRT, 

r^ngiairaphrosie  ou  asphyxie  par  Técume 
bronchique  n'est  le  plus  souvent  qu*un 
épiphénomène  d'une  multitude  de  lésions, 
mais  il  constitue  par  lui-même  un  état 
organopathique  spécial.  Cette  maladie  se 
diagnostique  par  Tauscaltation  à  distance, 
qui  consiste  à  approcher  Toreille  de  la 
bouche  et  de  la  narine  du  malade,  afin  de 
constater  si  dans  Tangiaire  il  ne  /se  mani- 
feste pas  un  ronchus  plus  ou  moins  pro- 
fond. On  emploie  aussi,  pour  la  diagnose^ 
Tauscultation  médiate  et  le  plessimétrisme, 
qui  permettent  de  constater,  soit  par  les 
diverses  qualités  des  bruits  perçus  par 
rauscullalion,  soit  par  les  différences  de 
sonorité  de  la  poitrine,  rexistence  de  mu- 
cosités, plus  ou  moins  épaisses  ou  visqueu- 
ses, obstruant  les  bronches. 

A  mesure  que  les  mucosités  s'accumu- 
lent, la  coloration  des  traits  du  malade 
s'altère  de  plus  en  plus  ;  elle  devient  sur- 
tout plus  foncée  aux  lèvres  ;  plus  tard  les 
forces  diminuent  ;  le  i^ouls,  faible^  devient 
irrégulier,  le  refroidissement  survient,  et 


Vhypoxémie^  de  plus  en  plus  marquée,  se 
déclare;   l'expectoration  est  de  plus  en 
plus  diflicile,  et  il  arrive  enfin,  plus  ou  • 
moins    promptement,  que    Vanoxémie  a 
lieu  et  termine  Texistence  du  malade. 

Le  thérapisme  consiste  avant  tout  à 
chercher  à  remédier  aux  états  organopa- 
thiques  qui  ont  amené  la  complication  dont 
il  s'agit  ;  ensuite,  pour  traiter  cette  com- 
plication elle-même,  il  convient  de  recom. 
mander  au  malade  de  faire  de  très-grandes 
inspirations,  suivies  immédiatement  d'une 
toux  rendue  plus  énergique  et  dirigée  de 
manière  à  provoquer  l'expectoration  ; 
l'abaissement  de  la  tête,  penchée  sur  la 
poitrine,  favorise  singulièrement  la  sortie 
des  crachats.  C'est  surtout  lorsque  le  ma- 
lade sent  qup  les  crachats  provoquent  le 
besoin  'de  les  rendre  et  qu'il  réussit  mal  à 
les  rejeter  au  dehors  qu'il  convient  d'agir 
ainsi,  pour  obtenir  la  sortie  de  ce»  liquides. 
Le  médecin  doit  imposer  son  autorité  lors- 
que les  forces  et  la  volonté  des  malades 
sont  défaillantes,  et  il  parvient  ainsi  quel- 
quefois a  reculer  de  plusieurs  jours  la 
terminaison  funeste. 

Pour  prévenir  l'accumulation  des  liqui- 
des dans  une  partie  des  voies  de  l'air,  il 
est  urgent  de  faire  coucher  le  malade  sur 
le  côté  opposé  de  la  poitrine;  si  les  cra- 
cbats  sont  très -visqueux  et  très -épais  ou 
desséchés,  il  faut  faire  des  inhalations  de 
vapeurs  aqueuses  ou  faire  fumer  des  ciga- 
rettes de  Datura  stramonium^  ou  autre 
narcotique  ;  lorsque  les  crachats  sont  très- 
liquides,  rien  n'est  plus  utile  que  de  faire 
respirer  un  air  sec  et  chaud. 

Dans  les  premiers  temps,  les  émétiques 
et  les  purgatifs  peuvent  êtrei  employés 
avec  avantage,  en  vidant  le  tube  digestif 
des  matières  gazeuses,  liquides  ou  solides 
qu'il  contient. 

Il  faut  aussi  recourir  aux  inhalations  de 
gaz  oxygène,  à  la  titillation  du  pharynx  et 
du  haut  de  Tœsophage,  ou  même  à  Tintro» 
doclion  d'une  sonde  dans  ce  conduit  ;  res- 
tent (^nfin  les  moyens  demi  chirurgicaux 
dins  -les  cas  extrêmes  :  aspiration  des 
liquides  à  l'aide  d'une  pompe  introduite 
dans  la  trachée,  trachpotomie,  etc.  On 
emploijB  ces  moyens  à  l'imitation  des  vété- 
rinaires qui  combattent  chirurgicaicment 
par  la  ponction  abdominale  le  météorisme 
chez  les  animaux,  ce  que  la  médecine 
humaine  ne  peut  guère  se  permettre  dans 
des  cas  analogues. 

M.  Boulet  dit  que  Ih  ponction  abdomi- 
nale peut  parfaitement  être  employée  chez 

23 


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il» 


VARIÉTÉS. 


fhomme  dan»  les  cas  demétëorisme.  Il  ne 
TOit  pas  pourquoi  on  n^essayerafk  pas 
ainsi  de  sauver  la  .vie  h  des  malades  qui 
asphyxient,  et  pourq^ioi  on  ne  ferait  pas 
bénéficier  la  niédedine  humaine  des  avan- 
tages que  la  médecine  vétérinaire  relire 
tous  les  joursL  de  cette  opération. 

M.  Hardt  fait  observer  qu'il  existe  une 
différence  entre  le  météorisme  essimtiel 
des  animaux  et  le  météorisme  chez 
l'homme.  Ce  dernier  est  le  plus  souvent 


consécutif  à  an  arrêt  des  matières  fécales, 
invagination,  nœud  de  rinlestin,  etc.  La 
ponction  pe  réuseit  que  dans  le  cas  de 
météorisme  essentiel  ;  elle  échouo  fatate-- 
ment  lorsque  ta  cause  est  une  occlusion 
iotestinàle. 

M.  BouLBY  répond  que  la  ponction, 
même  dans  le'  cas  de  météorisme  dû  à 
Toccluslon,  permet  de  gagner  do  temps  et 
de  remplir  les  antres  indications. 


IV.  VARIÉTÉS. 


A  M .  LB  DOCTEUR  VAN  DBN  COBPDT,  RÉDAC- 
TEUR FRiNCiPAi.  MJ  Journal  de  méde- 
cine, etc.  de  Bruxelles. 

Lîé^e,  30  août  1875. 

Monsieur  et  honoré  Confrère, 

Vous  avez  reproduit  dans  le  dernier  nu- 
méro du  Journal  de  médecine^  de  chirurgie 
et  de  pharmacologie^  un  travail  de  M.  le 
professeur  Hyernaox.  dans  lequel  il  est 
question  de  mon  crochet  mousse  articulé. 

Je  viens  vous  prier,  Monsieur  le  Rédac- 
teur,  de  bien  vouloir  publier  dans  votre 
prochaine  livraison,  la  lettre  ci-incluse 
adressée  dans  la  seconde  quinzaine  de  juil- 
let à  MM.  les  Président  et  Membres  de 
PAcadémie  royale  de  médecine. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  et  honoré 
Confrère,  l'assurance  de  ma  considération 
distinguée.  '  Wassbigb. 

Messieurs  les  Président  et  Membres  de  VA  car 
demie  royale  de  médecine  de  Belgique. 

Messieurs, 

Dans  une  des  dernières  séances  de  T Aca- 
démie royale  de  médecine  de  Belgique, 
M.  le  professeur  Hyernauz  a  décrit  un  cro- 
chet mousse  articulé  de  son  invention.  Il 
a  mentionné  mon  crochet  mousse  articulé 
inventé  en  1864^  d*une  manière  élogieuse; 
mais  immédiatement,  il  en  a  détruit  la 
valeur  en  l'appréciant  comme  un  instru- 
ment peu  pratique  et  coûteux^  ce  qui  le 
rangerait  dans  la  catégorie  de  ces  instru- 
ments de  collections  obstétricales. 

Je  ne  puis.  Messieurs,  accepter  celte 
appréciation,  et  je  me  permets  do  soumettre 
les  faits  à  TAcadémie  royale  de  médecine 
de  Belgique. 

En  1864,  le  premier,  j'ai  eu  Tidée  de 


modifier  profondément  le  crochet  mousse 
ordinaire,  après  avoir  constaté  les  difficul* 
tés  d'application  de  cet  instrument. 

Le  crochet  mousse  doit  servir  è  rempla- 
cer le  doigt  quand  ce  dernier  est  insufiisant. 
Construire  pour  y  suppléer  un  doigt  mé- 
tallique assez  long,  assez  fort  et  d'un  em- 
ploi facile,  était  dans  mon  esprit  le  pro- 
blème à  réaliser. 

Je  suis  arrivé  à  la  solution,  en  faisant 
construire  des  phalanges  métalliques  arti- 
culées entre  elles  et  en  y  adaptant  un  flé- 
chisseur et  un  extenseur.  Puis,  pour  prati- 
quer la  décollation  au  moyen  d'une  ficelle 
ou  d'an  écraseur  linéaire,  j'ai  placé  à  son 
extrémité  une  petite  pièce  contenant  un  fil 
que  Ton  entraîne  facilement  au  moyen 
d'un  petit  crochet. 

Toys  nos  élèves  de  l'Université  parvien- 
nent d'emblée  à  saisir  l'ttillet  les  yeux 
fermés. 

Si  M.  le  professeur  Hyernaux,  au  talent 
duquel  je  rends  hommage,  doute  de  la 
facilité  de  la  saisie,  c'est  que  bien  certaine- 
ment il  ne  l'a  pas  essayée. 

Notre  excellent  collègue  M.  le  professeur 
Hubert/ a  dit,  en  4869,  que  l'instrument 
est  facilement  détraqué  par  Tusage;  cela 
pouvait  être  vrai  à  cette  époque,  mais  de- 
puis lors,  l'instrument' a  été  modifié,  et,  à 
moins  de  le  manœuvrer  sans  connaissance 
du  mécanisme,  il  est  impossible  de  le  briser. 

Les  modifications  .consistent  dans  la 
substitution  d'uncschaine  métallique  au  fil 
de  fer,  dans  le  renforcement  des  phalanges 
et  dans  la  diminution  du  nombre  de  tours 
à  donner  au  volant. 

Quant  au  prix,  l'instrument  coûte  non 
pas  80  francs  mais  50  francs. 

Depuis  lors  l'instrument  a  été  utilisé  par 
M.  le  docteur  Stanesco»  de  Paris»  en  4866, 


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VARIÉTÉS. 


17» 


daD9  4e  b«t  précisément  de  pratiquer  La 
décolUuioa.  A  cet  eifet,  il  a  augmenté  la 
noini)ro  ç}e  phalanges  et  employé  la  cbaioe 
destinée  a  la  flexion,  pour  couper  direcle- 
ment  le  cou. 

M.  le  professeur  Hyernaux  a  appliqué 
cette  dernière  modification  h  son  crochet, 
et  il  n'y  a  de  différence  entre  son  instru- 
ment et  celui  de  M.  Stanesco,  que  la  substi- 
tution d'une  ficelle  à  la  chaîne. 

Le  43  novembre  4873,  M.  Verardini, 
professeur  à  Bologne,  fait  connaître  le 
levier  décollateur,  véritable  crqohet  mousse 
articulé  porteur  d'un  ressort  de  sonde  de 
Beiloc.  On  ne  reprochera  certes  pas  à 
celui-ci  son  peu  de  solidité. 

Enfin,  en  4875,  M.  le  professeur  Hyer- 
naux construit  son  crochet  ou  plutôt  mo- 
difia le  mien  en  le  rendant  plus  solide.  " 

Malheureusement  Tinstrument  de  M. 
Hyernaux  ne  peut  rendre  service  dans  la 
pratique  obstétricale,  la  moindre  résistance 
è  son  extrémité  empêchant  la  flexion.  Pour 
le  prouver  nous  n'avons  qu'à  eiler  le  fait 
tvivant  :  si  on  prend  entre  l'index  et  le 
pouce  le  manche  du  crochet,  si  on  retire 
l'extenseur  pour  rendre  plus  complète  la 
démonstration,  si  on  laisse  appuyer  le  bro- 
chet par  sa  pointe  sur  une  table  sous  un 
angle  de  50*>  dans  le  sens  de  la  flexion,  il 
est  impossible  do  le  fléchir. 

Or  une  résistance  semblable  est  bien 
'  légère  comparativement  i  celle  qu'on  peut 
éprouver  dans  un  engagement  prononcé 
de  l'épaule  où  l'extrémité  de  l'instrument 
doit  butter  nécessairement  sur  l'une  ou 
l'autre  partie. 

Si  Ton  veut,  dans  une  autre  circonstance, 
s'en  servir  en  guise  de  crochet,  on  peut 
s'assurer  qu'il  est  impossible  de  maintenir 
la  flexion  de  l'instrument. 

Par  ce  court  exposé,  j'ai  voulu.  Mes- 
sieurs, établir  les  faits  et  réclamer,  ce  qui 
cet  de  toute  justice,  la  v>aie  paternité  du 
crochet  mousse  articulé. 

Je  erois  faire  chose  utile  en  déposant  i 
li^  prochaine  exposition  du  Congrès  médical 
de  Bruxelles  le  crochet  mousse  articulé  et 
ses  modifications. 

Veuillez  agréer,  Messieurs,  l'assurance 
de  ma  iMOte  considération.     Wassbigb. 

A.  M.  LB  nOCTEUB  VAN  OBN  CoRPUT,  RéOAC- 

TBUR  PRINCIPAL  DV  Joumol  d*i  médecine, 
Bruxelles,  6  septembre  1875. 
Mou  cher  Confrère, 
Ma  réponse  à  la  lettre  de  M.  le  profes- 
seur Wasseige  se  trouve  tonte  entière  dans 


mon  travail  qui  proteste,  par  son  texte  et 
par  son  esprit,  contre  les  allégations  ima* 
ginaîres  de  notice  honorable  confrère.  En 
effet,  il  est  si  peu  dans  mes  intentions  de 
vouloir  lui  rayir  la  paternité  de  Vidée  de 
construire  un  crochet  articulé,  que  moi- 
même,  je  le  déclare  dans  ma  communica- 
tion à  l'Académie.  J'ai  publié  la  description 
de  son  ingénieux  instrument  dès  1866  (voir 
mon  Traité  d'accouchements,  2«  édit.),  et 
c'est  peut-être  moi  qui  l'ai  fait  connaître 
le  premier  en  Italie  (voir  votre  Journal^ 
septembre  4874,  p.  203,  §  3«).  Tout  cela 
se  trouve  dans  mon  dernier  travail.  Donc, 
je  n'enlève  rien  à  M.  Wasseige  j  je  lui  laisse 
et  lui  reconnais  la  paternité,  toute  légitime, 
de  son  enfant.  Seulement,  j'ai  cru  lui  trou* 
ver  des  défauts  que  d'autres  ont  également 
'signalés  et  connus  avant  moi  (MM.  Hu- 
bert, dans  son  Traité  d'aceoiuchemenU^ei 
Verardini,  dans  votre  Journal,  même  nu- 
méro que  ci-dessus,  p.  303).  Ce  sont  ces 
défauts  que  j'ai  voulu  éviter;  mon  crime 
est  peut-être  4'y  être  arrivé,  car,  quoi- 
qu'en  dise  notre  habile  et  savant  confrère, 
j'affinme  avoir  appliqué  mon  crochet,  «pe- 
cialement  affecté  à  la  décoUation  fœtale^  et 
cela  en  présence  de  deux  médecins,  M.  Lam- 
mens,  de  Saint- Josse-len-Noode,  et  un 
autre  dont  je  n'ai  pas  retenu  le  nom,  mais 
que  je  pourrai  vous  désigner  à  l'occasion. 
Cette  application  se  fit  dans  une  circon- 
stance comme  jamais,  sans  doute,  je  n'en 
rencontrerai  plus  d'aussi  difficile.  J'ai 
réussi  facilement  et  promptement  à  la 
grande  admiration  de  ces  deux  confrères 
qui  m'avaient  prié  de  les  aider  dans  ce  cas 
si  extraordinaire. 

Quant  à  l'instrument  de  M.  Stanesco,  je 
n'ai  pas  l'avantage  de  le  connaître.  Cet 
aveu  pn)uve  sans  doute  mon  ignorance  en 
littérature  obstétricale,  mais  je  déclare  for* 
mellement  que  personne  à  l'Académie, 
lorsque  j'ai  présenté  mon  Instrument,  ne 
me  Ta  davantage  fait  connaître.  Est-ce  ou- 
bli, ou  ignorance  aussi  de  la  part  de  mes  ho- 
norables collègue»?  En  tous  cas,  pourquoi 
M.  le  professeur  Wasseige  nefailil  pas  le 
même  reproche  à  M.  Stanesco  puisque  lui 
aussi;  comme  moi,  parait-il,  a  reproduit 
sous  une  autre  forme  l'idée  qu'il  a  matériel- 
lement traduite  par  son  crochet  dès  1864. 

En  résumé,  je  ne  comprends  pas  la  sus- 
ceptibilité de  M.  Wasseige.  A  des  condi- 
tions comme  celles'Iè,  toute  science  doit 
marquer  le  pas  ;  nul  progrès  n'est  plus  pos- 
sible. Il  a  fait  un  crochet  je  l'ai  dit  et  redit  ; 
je  crois  l'avoir  simplifié,  je  n'ai  pas  dit 


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180 


VARIÉTÉS. 


autre  chose.  Quel  est  des  denx  le  plus 
pratique  ?  Le  public  médical  en  jugera 
comme  il  jugera,  en  se  rappelant  les  ter- 
mes de  mon  dernier  travail  et  en  les  con- 
frontant avec  la  réclamation  de  Thonorable 
M.  Wasseige,  si  oui  ou  non  cette  réclama- 
tion a  bien  sa  raison  d*élre. 

Agréez,  mon  cher  Confrère,  Tassurance 
de  tous  mes  meilleurs  sentiments. 

D'  Htbrnâux. 


La  base  de  la  médecine  future  ;  extrait 
d'une  leçon  de  M.  Cl.  BERNARD.  —  «,Ce 
problème,  chose  toute  naturelle,  a  varié 
avec  les  temps  :  il  a  subi  Tinfluence  des 
idées  régnantes  à  chaque  époque.  Il  a  pré- 
senté le  reflet  des  hypothèses  émises  sur  la 
nature  des  phénomènes  vitaux. 

»  On  supposait  autrefois  Tcxistence  d'un 
principe  vital  qui  distribuait  les  fonctions 
aux  diverses  parties  de  Torganisme.  Galien 
le  désignait  sous  le  nom  «  d'esprits  ani- 
maux, B  Stahl  sous  celui  d'âme  (anima), 
l'Ecole  de  Montpellier  sous  le  nom  de  c  force 
vitale,  »  etc.  Stahl  a  été  le  principal  chef 
des  animistes,  et  quoiqu'on  cite  souvent  à 
côté  d«  lui  le  grand  Descartes,  nous  évite- 
rons ici  ce  rapprochement.  C'est  qu'en 
effet,  quoique  Descartes  admette  encore 
les  esprits  animaux,  il  ne  s*occupe  eii  réa- 
lité que  du  mécanisme  de-  l'organisme  ;  il 
construit  ce  mécailisme  sans  s'inquiéter 
toujours  de  la  réalité  anatomîque,  mais 
aussi  sans  s'arrêter  davantage  à  rechercher 
le  mode  d'union  de  la  matière  et  du  prin- 
cipe immatériel  (l'âme). 

>  Ces  théories  animistes  ont  eu,  sur  les 
recherches  physiologiques,  une  influence 
plus  considérable  et  plus  longue  qu'on  ne 
serait  tenté  de  le  croire  a  priori.  Lorsque 
Legallois  et  Fiourens  lui-même  faisaient 
leurs  célèbres  expériences  sur  le  bulbe, 
ils,  crurent  avoir  trouvé,  et  cherchèrent 
à  préciser  là  le  siège  du  principe  de  la  vie. 
Nous  savons  aujourd'hui  le  Véritable  sens 
qu'il  faut  accorder  à  l'expression  de  nœud 
vital  employée  par  Fiourens  pour  désigner 
la  substance  grise  située  au  sommet  du 
quatrième  ventricule. 

»  Cette  théorie  d'un  principe  unique 
animant  les  divers  organe^  impuissants  et 
dénués  par  eux-mêmes  de  toute  énergie, 
n'a  plus  cours  aujourd'hui,  et  c'est  à  Bichat 
que  revient  l'honneur  d'avoir  substitué  à 
ces  idées  animistes  la  doctrine  des  proprié- 
tés organiques.  Bichat,  le  premier,  a  con- 
sidéré les  phénomènes  de  la  vie  comme  le 


résultat  des  propriétés  mêmes  des  organes 
qui  en  sont  le  siège.  Si  le  muscle  se  con- 
tracte, c'est  qu'il  possède  en  lui-jiiéme  la 
propriété  de  changer  de  forme  ;  si  la  glande 
sécrète,  c'est  qu'elle  jouit  du  pouvoir  de 
sécréter,  c'est-à-dire  d'emprunter  au  sang 
certaines  substances,  de  les  modifier  et  de 
les  transformer  en  un-  produit  nouveau. 
Ces  propriétés  du  muscle  et  de  la  glande, 
leur  appartiennent  comme  les  propriétés 
que  le  chimiste  étudie  dans  le  cuivre  ou 
tout  autre  métal  appartiennent  à  ce  métal. 
Aussi  Biehat  a-t-1I  mis  en  parallèle  les  pro- 
priétés physiques  ou  chimiques  des  corps 
inorganiques  avec  les  propriétés  vitales  ou 
organiques  des  tissus  vivants. 

>  La  notion  des  propriétés  des  tissus 
étant  établie,  le  but  des  recherches  phy- 
siologiques semblait  nettement  défini.  H  ne 
s'agissait  plus  d'aller  saisir  un  principe 
vital  quelconque,  mais  il  y  avait  à  recher- 
cher le  rôle  de  chaque  organe,  à  constater 
dans  l'un  la  propriété  de  se  contracter, 
dans  l'autre  celle  de  sécréter,  dans  tel  autre 
celle  d'absorber^  etc.,  etc.  Une  fois  les 
phénomènes  bien  localisés  en  un  organe, 
en  un  tissu,  il  semblait  que  la  physiologie 
avait  accompli  les  mêmes  progrès  que  la 
physique,  ou  que  la  chimie  qui  détermine 
les  propriétés  de  chaque  corps. 

>  Mais,  de  même  que  la  chimie  ne  s'ar- 
rête pas  à  préciser  les  propriétés  d'un  corps 
plus  ou  moins  complexe^  qu'elle  décompose 
ce  corps  en  ses  éléments  ou  corps  simples, 
de  même  la  physiologie  ne  s'arrête  pas  aux 
propriétés  des  organes  ou  des  tissus,  elle 
pousse  plus  loin  l'analyse  physiologique  et 
descend  dans  la  profondeur  des  tissus  jus- 
qu'à l'élément  anatomique.  De  pljus,  chose 
très-importante,  elle  étudie  cet  élément, 
non-seulement  à  l'état  achevé,  parfait, 
adulte,  si  nous  pouvons  ainsi  nous  expri- 
mer, mais  elle  veut  encore  en  connaître 
l'évolution.  Pour  ne  citer  qu'un  exemple 
de  l'importance  de  ce  dernier  point  d€ 
vue,  je  vous  rappellerai  que  la  connais- 
sance plus  précise  de  l'évolution  des  élé- 
ments anatomîqnes  a  permis  d'abandonner, 
en  pathologie,  la  théorie  de  rhét«^romor- 
phisme,  en  montrant  que  les  tissus  nor- 
maux et  anormaut  ne  sont  que  des  moda- 
lités d'une  même  loi.  ^ 

»  Le  problème  de  la  physiologie  et  de 
la  pathologie  générales  est  ainsi  posé  :  il  a 
pour  objet  les  parties  les  plus  intimes  et  les 
plus  essentielles  des  organes,  les  éléments 
des  tissus.  Ce  problême,  ainsi  conçu, 
pourr/i-t-il,  une  fois  résolu  dans  tous  ses 


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VARléTÉS. 


48i 


détails,  s'étendre  à  toutes  les  sciences  me- 
.dicales  et  devenir  leur  base?  Cest  ce  dont 
je  suis  pour  ma  part  profondément  con- 
vaincu, et  il  me  suffira  de  vous  rappeler 
que  depuis  vingt-cinq  ans  je  développe  ces 
idées  nouvelles  dans  cette  chaire  du  Collège 
de  France. 

•  Le  jour  où  tous  les  éléments  anato-; 
miques  seront  parfaitement  connus,  et 
dans  leur  évolution,  et  dans  leurs  formes, 
et  dans  leurs  propriétés  physiologiques, 
et  enfin  dans  les  actions  que  peuvent  avoir 
sur  eux  les  différents  agents  physiques, 
toxiques,  médicamenteux,  etc*,  ce  jour-là, 
et  ce  jour-là  seulement,  la  médecine  scien- 
tifique sera  fondée. 

•  £n  effet,  dans  tout  état  pathologique, 
c*est  toujours  spécialement  Tun  des  élé- 
ments anatomiques  du  corps  qui  est  atteint  : 
c'est  le  trouble  de  cet  élément  particulier 
qui  amène  consécutivement  le  trouble  gé- 
néral de  Torganismei 

•  Dans  tout  empoisonnement,  par  exem- 
ple, et  j*ai  rendu  la  chose  évidente,  sur- 
tout par  rétude  de  faction  du  curare  et  de 
Toxyde  de  carbone,  ce  n'est  pas  Torga- 
nisoie  entier,  ce  n'est  pas  lé  sujet,  l'indi- 
vidu, qui  est  empoisonné,  c'est  tel  élément 
anatomique,  ici  le  globule  rouge  du  sang, 
là  le  nerf  moteur,  qui  est  primitivement 
atteint,  et'  la  suppression  de  la  fon^ïtion 
spéciale  dévolue  en  propre  à  cet  élément 
amène  le  trouble  ou  Tarrét  de  la  vie  de 
fcnsemble.  Il  en  est  de  même  pour  les 
actions  théi*apeu tiques  ;  car  les  agents  thé- 
rapeutiques ne  sont«n  définitive  que  des 
agents  toxiques  employés  h  des  doses  dif- 
férentes. 

i  Vous  le  voyez,  la  physiologie,  pour 
devenir  la  base  des  sciences  médicales,  doit 
s'efforcer  d3  devenir  la  science  de  la  vie  des 
éléments  anatomiques.  En  réalité,  l'orga- 
nisme humain  comme  les  autres  n'est  qu'un 
être  collectif. 

>  L*importance  de  l'étendue  des  éléments 
anatomiques  a  été,  du  reste,  généralement 
comprise  aujourd'hui,  et  depuis  quelques 
années  des  efforts  ont  été  dirigés  dans  ce 
sens  :  de  tous  côtés,  nous  avens  vu  qu'on 
s'attachait  à  l'élude  de  la  cellule,  qu'on 
s  applfqualt  à  ce  qu'on  a  appelé  la  physio- 
logie cellulaire,  à  la  pathologie  cellulaire. 

t  L'histologie  est  donc  devenue  la  com- 
pagne obligée  de  la  physiologie  expéri- 
mentale, ^ 

»  En  résumé^  il  faut  aujourd'hui  réunir 
tous  les  moyens  propres  à  nous  faire  des- 
cendre dans  l'analyse  des  tissus  et  dans  l'é- 


tude de  leurs  propriétés,  jusqu'aux  élé- 
ments fondamentaux,  jusqu'aux  éléments 
histologiques. 

»  Certes,  nous  sommes  encore  loin  d'at- 
teindre ce  but,  mais  nous  pouvons  du 
moins  nous  convaincre  que  cette  associa- 
tion intime  de  la  physiologie  et  de  Thisto- 
logie  devient  de  plus  en  plus  indispensable  : 
les  résultats  déjà  obtenus  ne  sont  qu'un 
faible  aperçu  des  progrès  immenses  à  ac- 
complir dans  cette  voie.  Je  le  répète,  le 
laboratoire  d'études  microscopiques  nous 
présente  désor^mais  l'un  de  nos  plus  puis- 
sants moyens  d'investigation;  mais,  ainsi 
que, nous  avons  déjà  dit,  il  ne  suffit  pas  de 
connaître  anatomiquement  les  éléments  or- 
ganiques, il  faut  étudier  leurs  propriétés, 
leurs  fonctions  à  l'aide  de  l'expérimentation 
la  plus  délicate;  il  faut  faire,  en  un  mot, 
l'histologie  expérimentale,  ou,  autrement 
dit,  la  physiologie  histologiqoe.  Tel  est  le 
but  suprême  de  nos  recherches  :  elle  est 
la  base  de  la  médecine  future. 

»  Voilà  le  point  de  vue  auquel  se  place 
aujourd'hui  la  physiologie.  » 

(L'Abeille  médicale.) 


Injection  intr a- veineuse  de  ohloral  ; 
mort;  par  MM.  DENEFFE  et  VAiX  WET- 
,TER.  —  Un  homme  atteint  de  cataracte 
lenticulaire  double  a  été  opéré  le  50  dé- 
cembre 1874.  A  huit  heures  quarante-huit 
minutes  on  pratiqua  la  ponction  de  la 
médiane  basilique  gauche,  et  dans  l'espace 
de  six  minutes  on  fit  pénétrer  peu  à  peu 
6  grammes  de  chloral. 

On  procéda  à  l'opération  de  l'œil  droit 
à  huit  heures  cinquante-sept  minutes.  Vo- 
pération  terminée,  le  pouls  battait  à  40,  et 
la  respiration  ne  présentait  rien  de  parti- 
culier. Au  moment  où  le  chirurgien  allait 
faire  l'opération  de  l'œil  gauche,  MM.  Bouc- 
qué  et  Leboucq,  qui  surveillaient  attenti- 
vement la  respiration  et  la  circulation, 
nous  disent  (huit  heures  cinquanle-hùit 
minutes)  que  l'une  et  l'autre  viennent  de 
s'arrêter.  Immédiatement  nous  appliquons 
l'appareil  électrique  de  l'hôpital,  l'un  des 
rhéophores  à  l'épigastre,  l'autre  sur  le 
trajet  des  nerfs  pneumogastrique  et  phi'é- 
nique.  Aussitôt  le  pouls  reparait,  le  malade 
respire,  la  figure  se  colore  ;  malheureuse- 
ment le  courant  électrique  de  la  machine, 
mal  entretenue,  faiblit  tout  à  coup  et  de- 
vient à  peu  près  nul  ;  dès  lors  la  syncope 
reparait,  le  pouls  et  la  respiration  s'étei- 
gnent, la  pâleur  envahit  de  nouveau   le 


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i83 


VAKléTi» 


visage  4e  Topéré.  Li  machine  électrique 
ne  fonclioQoaDt  plus,  nous  nous  sentons  - 
désarmés  et  nous  comprenons  que  tout  est 
pertJu.  Cependant  TinsuiSation  d'air  de 
l)OuclAe  à  bouche  est  praliquée,  les  parties- 
génitales  sont  flagellées  avec  une  com- 
presse trempée  dans  Teau  froide,  le  fer 
rougi  à  blane  est  vappliqué  en  différents 
points  de  la  base  de  la  poitrine,  la  langue 
est  attirée  en  avant,  de  Tammoniaque  est 
introduite  dans  les  narines,  etc.,  tous  les 
efforts  sont  inutiles  ;  Thomme  avait  cessé 
de  vivre. 

La  mort  s'est  produite  au  milieu  des 
phénomènes  ordinaires  de  la  syncope,  de 
même  que  cela  se  passe  dans  Tanesthésie 
par  inhalations.  L'apparition  brusque  et  la 
marche  foudroyante  de  Taccident  ont  été 
en  tout  comparables  à  celles  décrites  par 
les  chirurgiens  qui  ont  vu  périr  dans  leurs 
mains  les  malades  auxquels  ils  faisaient 
respirer  des  anesthésiques. 

Quoi  qu'il  en  soit,  disent  les  auteurs,  le 
malheureux  accident  qui  nous  rst  arrivé, 
et  qui  ne  saurait  nous  empêcher  de  pour- 
suivre nos  études  sur  les  injections  intra- 
veineuses de  chlorai,  renferme  une  leçon 
qui  ne  doit  pas  être  perdue  : 

1°  A  l'avenir,  nous  serons  pourvus  d'une 
machine  électrique  qui  fonctionnera  puis- 
samment, ou  même  d'une  machine  de  re- 
change, et  nous  aurons  vérifié  nous- 
mêmes^  avant  l'opération,  l'intensité  de 
ses  courants. 

2°  Jusqu'à  la  production  du  sommeil, 
nous  injecterons  1  gramme  de  chlorai  par 
minute  ;  ce  sera  notre  première  étape,  nous 
nous  arrêterons  alors  quelques  instants, 
laissant  au  chlorai  injecté  le  temps  de  dé- 
velopper tous  ses  effets.  Nous  continuerons 
alors  l'injection,  mais. avec  plus  de  lenteur; 
nous  ferons  pénétrer  50  centigrammes  par 
minute,  nous  arrêtant  encore  de  temps  en 
temps  pour  examiner  la  sensibilité  de  la 
peau  et  celle  des  cornées.  En  injectant  avec 
plus  de  lenteur,  laissant  au  chlorai  injecté 
le  temps  de  produire  des  effets  avant  d'en 
faire  pénétrer  une  nouvelle  quatité,  nous 
nous  mettrons  à  l'abri  de  toute  surprise. 
En  un  mot,  nous  lâcherons  de  mieux  doser 
l'anesthésie. 

{Journ.  de  pharm,  et  de  chimie.) 


formes  du  mal  de  mer  une  expérience  com- 
plète. II  pense  que,  de  tous  les  traitements, 
employés^  celui  par  le  chlorai  est  le  jneil- 
leur.  L'opium  a*  de  graves  inconvénients» 
et  le  bron»ure  de  potassium  serait  de 
quelque  avantage  s'il  nécessitait  l'ingestion 
d'une  quantité  de  liquide  considérable.  Le 
chlorai,  au  contraire,  pris  sous  forme  de 
sirop  à  la  dosé  de  I  gramme,  1  gr..50  à 
2  gr.,  procure  au  malade  un  sommeil 
calme  et  tranquille  au  sortir  duquel  il  se 
trouve  sinon  complètement  guéri,  du 
moins  dans  un  état  relativement  meilleur. 
Il  faut  prescrire,  dès  le  premier  jour, 

I  gramme, en  une  seule  fois,  de  façon  à 
donner  d'abord  au  malade  un  sommeil  ré- 
parateur. Les  jours  suivants,  de  1  à  S  gr. 
dans  du  sirop  pour  la  journée.  On  donne 
une  cuillerée  toutes  les  heures.  Sous  cette 
influence,  au  bout  de  deux  on  trois  jours, 
raccoutumance  à  la  mer  se  fait. 

Chez  les  femmes  enceintes,  on  évite 
ainsi  tout  danger  d'avortement. 

Le  chlorai  doit  être  sec  et  bien  conservé. 

II  faut  combattre  la  constipation,  engager 
le  malade  à  prendre  l'air  et  à  marcher  s'il 
lui  est  possible. 

Pour  éteindre  leur  soif  ardente,  les  ma- 
lades absorbent  de  la  glace,  de  la  limonade 
ou  même  de  l'eau -de-vie. 

Ce  qui  est  préférable  à  tous  ces  liquides, 
c'est  le  Champagne,  qu'il  ne  faut  pas' boire 
à  longs  traits  jusqu'à  ce  qu'il  détermine 
l'ivresse,  mais  qu'on  doit  prendre  glacé, 
par  cuillerée  à  bouche  prise  tous  les  quarts . 
d'heur&ou  même  toutes  les  demi-heures. 
Il  calme  tous  les  vomissements  et  constitue 
un  aliment  tonique. 

Le  passager  atteint  du  mai  de  mer  ne  doit 
pas  avoir,  pour  ainsi  dire,  d'heures  fixes 
pour  les  repas.  Tous  les  quarts  d'heure 
ou  toutes  les  demi  heures  il  doit  ingérer 
une  ou  deux  bouchés  de  pain  et  de  viande 
ou  autres  aliments  avec  un  peu  de  Cham- 
pagne glacé  pour  boisson,  de  préférence 
au  vin  rouge.  L'estomac  se  fait  peu  à  peu, 
de  façon  à  ce  qu'on  puisse  revenir  à  une 
nourriture  normale.  -    {L'Abeil.  médic.) 


TrAÎtement  du  miàl  de  mer  par  le 
ohloral.  —  M.  Obet,  donnant  depuis 
quatre  ans  des  soins  aux  passagers  des  pa- 
quebots transatlantiques,  a  sur  toutes  les 


Le  eholéra  en  Syrie.  —  Le  Petit  Mar- 
êetllttiê  qui  avait  fait  connaître  l'existence 
d'une  épidémie  en  Syrie,  vient  de  publier 
à  ce  sijjet  la  note  suivante  : 

I  D'après  des  renseignements  puisés  à 
bonne  source,  il  résulte  que  les  bruits  au 
sujet  de  choléra  en  Syrie  se  résument  à 
très-peu  de  chose.  Les  lettres  d'Âlep,  à  la 


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VARIÉTÉS. 


185 


date  dtt  7  jain,  mentionnent  seulement 
quelques  légers  cas  de  cholérîne,  produits 
par  les  fruits  plus  hâtifs  que  dans  nos  eon- 
trées  «rabricot). 

»  Ensuite,  à  la  date  du.  10  juin,  de  Bey- 
routh une  lettre  signale  dans  le  nord  de  la 
Syrie,  à  Homs  et  à  Hama,  sur  la  Jbîèrc  de 
TÂrabie  (ces  deux  vifles  ont  unie  popula- 
tion de  10,000  âmes),  quelques  cas  de 
choléra  (5  ou  4) ,  qui  ont  fait  apparition 
dans  ces  deux  villes  par  le  déplacement  des 
troupes  turques  venant  de  TArabié  (Hodei- 
dah  et  Djeddab),  lesquelles  ont  importé 
cette  épidémie  ;  mais  elle  est  circonscrite 
par  queltfues  cas  isolés  qui  ne  présentent 
pas  au  caractère  sérieux  et  alarmant. 

>  Hodeidab  et  Djeddah  sont  distantes  de 
25  i^SO  jours  d*étape  de  Homs  à  Hama.  > 
(L* Abeille  médicale,) 


La  fièvre  puerpérale  à  Londres.  — 
Les  cas  de  mort  dus  à  cette  maladie  enre- 
gistrés à  Londres  en  1871  n*étaient  que  de 
182.  Durant  les  trois  dernières  années  ils 
se  sont  accrus  de  façon  h  s'élever  à  291  en 
1872,  à  506  en  1873  et  à  486  en  1874. 
Pendant  les  treize  premières  semaines  de 
cette  année,  82  décès  ont  été  attribués  à 
cette  cause,  et  bien  que  ce  nombre  sur- 
paie de  14  la  moyenne  des  cas  observés 
pendant  la  période  correspondante  des  dix 
dernières  années,  il  est  cependant  inférieur 
de  41  i  celui  du  premier  quart  de  Tannée 
1874.  La  maladie  existe  maintenant  à  l'état 
épidémique  dans  beaucoup  de  quartiers  de 
la  TÎHe.  ^  {Le  SeedpeL) 


SUUitt  de  la  Fédération  dea  •ooiétéa 
MMentîfiquea  de  Belgique,  adoptés  provi- 
soirement par  les  délégués  des  sociétés,  en 
assemblée  du  10  janvier  1875  (I). 

Articlb  prbmikr.  —  La  Fédération  a 
pour  bot  de  resserrer  les  liens  entre  les 
sociétés  scientifiques  de  Belgique,  d*exa~ 
miner  les  questions  d'intérêt  général,  con- 
cernant les  progrès  des  sciences  et  de 
rechercher  et  appliquer  les  moyens  les  plus 

(1^  Les  soeiëfés  représentées  &  cette  assemblée 
étaient  :  Fédération  des  sociétés  d'horticulture 
de  Belgique,  Ligne  de  renseignement,  Société 
belge  de  micro!>cnpie.  Société  chorale  cl  littéraire 
des  méiopbiles  de  Ha^seit.  Soriété  des  scient^es, 
des  lettrt'8  et  des  arts  du  Hainatit,  Société  itéolo- 
giqoe  de  Belgique,  Société  libre  d^émulatton  de 
Liège,  Société  mnlacolojfique  de  Belgique,  Société 
royale  des  sciences  de  Liège. 

La  réunioq  ayant  décidé  d*élargir  le  cercle  de 


propres  h  répandre  les  connaissances  scien- 
tifiques dans  le  pays. 

Art.  2.  —  La  Fédération  se  compose  des 
sociétés  belges  s*occupan^  des  sciences, 
libres  et  régulièrement  organisées,  qui 
adhèrent  aux  présents  statuts. 

Art.  5.  —  La  Fédération  n*a  pas  de 
siège  ûxe  :  les  sociétés  qui  en  font  partie 
se  réunissent  dans  Tune  des  villes  renfer- 
mant une  société  fédérée  et  désignée  par 
la  Fédération  elle-même  ponr  chacune  de 
*»es  sessions. 

Art.  4.  —  Chaque  année  la  Fédération 
se  réunit  en  session  dans  la  ville  et  i  Tépo- 
que-choisie  par  Tavant-dernière  sessioh, 
et  sous  les  auspices  de  la  société  de  cette 
ville  chargée  de  son  organisation. 

Le  bureau  pour  la  session  est  composé 
des  membres  suivants  : 

Président,  Secrétaire  général  et  Tréso- 
rier :  le  Président,  le  Secrétaire  et  le  Tré- 
sorier de  la  société  chargée  de  Torganisation 
de  la  session. 

Vices- Présidents  et  Secrétaires  :  les 
Présidents  et  Secrétaires  de  la  société  ayant 
organisé  la  session  précédente  et  de  la  so- 
ciété appelée  à  diriger  la  session  suivante. 

Art.  B.  —  L*ordre  du  jour  des  sessions 
est  réglé  comme  suit  : 

Ouverture  de  la  session  par  le  Prési- 
dent. 

Gorrespondieince. 

Rapport  du  Président  de  la  session  pré- 
cédente. 

Rapport  die  chaque  société  fédérée  sur 
ses  travaux  depuis  la  dernière  session. 

Formation  des  sections. 

Discussion  des  questions  portées  à  Tor- 
dre du  jour  de  la  session. 

Propositions  et  communications  du  bu- 
reau, d^s  sociétés  fédérées,  des  sections  et 
des  membres. 

Détermination  des  questions  qui  seront 
portées  à  Tordre  du  jour  de  la  session  sui- 
vante. 

Désignation  de  la  ville  et  de  Pépoque  où 
se  tiendra  la  seconde  session  après  la  ses- 
sion présente  et  de  la  société  qui  Torgaai- 
sera. 

la  Fédération  en  y  admettant  toutes  les  sociétés' 
scientifiques,  qu^elt<'8  s^occupent  des  sciences 
naturelles. physco  chimiques i»u roatliénialiques, 
médicales  ou  phariiiuceut  qurs.  historiques  ou, 
littéraires,  pures  ou  appliquées,  etc.,  uue  nou- 
velle réunion  composée  des  délégués  de  ces  di- 
verses sociétés  doit  avoir  lieu  pour  la. discussion 
et  Padoption  définitive  des  statuts;  le  2  mai  pro- 
chain, ù  11  heures,  au  Jardin  zoologique  de 
Bruxelles. 


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184 


VARIÉTÉS. 


Résumé  des  travaux^  de  la  session  par 
le  Président  qui  déclare  la  session  close  et 
remet  les  pouvoirs  au  Président  de  la  ses- 
sion suivante. 

Art.  6.  —  Les  décisions  de  la  fédéra- 
tion sont  prises  en  assemblées  générales 
des  sessions,  à  la  majorité  absolue  des  So- 
ciétés présentes  votant  par  leurs  délégués, 
chacune  disposant  d'une  voix. 

Les  membres  des  Sociétés  fédérées  ont 
voix  consultative. 

Les  décisions  ne  peuvent  engager  les- 
Sociétés  que  pour  ce  qui  concerne  leur  po- 
sition dans  la  Fédération  :  elles  ne  peuvent 
en  aucune  façon  porter  atteinte  à  leur  li- 
berté individuelle. 

Chacune  des  Sociétés  est  chargée  de 
Texécution  des  décisions  prises  par  la  ses- 
sion qu'elle  a  présidée.  Les  archives  ayant 
particulièrement  rapport  i  celte  session 
restent  déposées  chez  elle.  Elle  remet  à  la 
Société  qui  lui  succède  les  archives  géné- 
rales de  la  Fédération  ainsi  que  celles  qui 
peuvent  être  nécessaires  à  la  session  sui- 
vante. 

Les  décisions  des  sections  sont  prises  à 
la  majorité  absolue  de  leurs  membres  pré- 
sents. 

Abt.  7.  —  Les  frais  de  la  Fédération 
sont  couverts  par  une  cotisation  annuelle 
des  sociétés  dont  le  maximum  ne  peut 
dépasser  40  francs,  par  une  cotisation  de 
leurs  membres  et  des  étrangers  assistant 
aux  sessions,  par  la  vente  des  publications 
.  et  par  les  dons  volontaires. 

Les  sociétés  fédérées,  ainsi  que  les  per- 
sonnes assistant  aux  sessions,  reçoivent  les 
publications  de  la  Fédération. 

Art.  8.  ^  Chaque  Société  est  maîtresse 
de  se  retirer  de  la  Fédération,  par  lettre^ 
mais  seulement  à  Touverturc  de  la  pre- 
mière séance  d'une  session  ;  passé  ce  mo- 
ment, elle  reste  engagée  jusqu'à  la  session 
suivante.  ' 

Elle  est  obligée  de  remettre  au  bureau, 
en  même  temps  que  sa  lettre  de  retrait, 
toutes  les  archives,  etc.,  qu'elle  pourrait 
tenir  de  la  Fédération. 

ART.  9.  —  La  Fédération  ne  peut  être 
dissoute  que  du  consentement  unanime  des 
sociétés  qui  la  composent. 

En  cas  de  dissolution,  chacune  conserve 
les  archives,  etc.  de  la  Fédération  déposées 
chez  elle. 

Art.  40.  —  Les  présents  statuts  peu- 
vent être  modifiés  en  session,  pourvu  que 


la  proposition  eii  ait  été  faite  par  une  So- 
ciété fédérée  à  la  session  précédente,  que 
la  modification  proposée  soit  portée  à 
Tordre  du  jour  et  réunisse  l'adhésion  des 
des  trois  quarts  des  sociétés  fédérées. 
Disposition  transitoire. 
Art.  h.  —  Les  présents  statuts ''seront 
soumis  à  révision  à  la  troisième  session  de 
la  Fédération. 


Ephéméride*  médieale*. 

Année  1592. 

Jérôme  Mercurialis,  de  Forli,  médecin 
à  Bologne,  publie  son  traité  :  De  re  gym- 
nasticâ. 

*  *t 

Fondation  de  l'Université  de  Dublin, 
par  la  reine  Elisabeth. 

♦  » 

Une  épidémie  de  fièvre  typhoïde  se  dé- 
clare à  Florence,  h  la  suite  d'un  été  chaud 
et  humide.  Elle  fut  décrite  par  Roboretas 
{De  febre  petechiali), 

2aoûtl746.     . 

Une  épizootie  éclata  dans  les  environs 
de  Tongres  et  enleva  un  grand  nombre  de 
bétes  à  cornes,  ce  que  consacra  le  chrono- 
gramme suivant  : 
Mi^hVs  pestIferVs  InDIqVe  VaCCh 
eXItIo  fVIt. 

D'  V.  D.  Corfut. 


NÉCROLOGIE. 


C'est  avec  un  profond  regret  que  nous 
annonçons  la  mort  de  notre  savant  ami  et 
condisciple,  M.  Edward  Kir'kpatrick,  doc- 
teur en  sciences  naturelles  de  l'Université 
de  Bruxelles,  consul  de  S  M.  Britannique 
dans  le  Honduras,  décédé  à  Kingston  (Ja- 
maïque). 

L'obi luaire  médical  s'est  encore  chargé 
des  noms  suivants  :  En  France,  MM.  les 
docteurs  J.  L.  Armand,  à  Romignière; 
Dssportbs,  Braugrând,  Vstne,  Tavbrnibr, 
à  Paris;  Gros, à  Montmorency;  Prévost,  à 
Hazebroek  ;  A.  Warnier,  à  Versailles  ; 
DE  LéoTARD.  à  Villeneuve- sur- Li>t  ;  V.  Mil- 
let, à  Creuset;  Joussannb-Latour,  à  Châ- 
teau-Thierry ;  GoDEFROiD,  à  Rennes  et  Wa- 
low-Lewis,  à  Boston. 


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JOURNAL 

DE  MÉDECINE. 


(SEPTEMBRE  1875.) 


1.  HËIHOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

La  virulence  et  la  spécificité  de  la  phthisie  pulmonaire  devant  l'expéhimen- 
TATiON  ET  DEVANT  LA  CLINIQUE;  par  M.  le  docleur  Emile  Dutreux,  de  Namur. 
Mémoire  auquel  la  Société  royale  des  siences  médicales  et  naturelles  de 
Bruxelles  a  décerné  une  mention  honorable  au  concours  de  iS7i  (i). 

tt  Félix  qui  pptoil  rerum  cogooscere  causas.  » 
I  Virgile. 

En  1865,  M.  Vilîemin  par  rinoculalion  féconde  du  tubercule  a  jeté  sur  la 
scène  médicale  là  question  de  la  virulence  et  de  la  spécificité  de  la  phthisie 
pulmonaire.  Ses  expériences  ont  été  répétées  sous  toutes  les  formes  et  avec 
une  infinité  de  matières  ;  !es  interprétations  sur  les  résultats  se  sont  multi- 
pliées en  même  temps  que  les  expériences  ;  les  virus,  eux  aussi,  ont  été  Tobjet 
de  nouvelles  études,  parmi  lesquelles  nous  devons  citer  d'une  manière  parti- 
culière celles  de  M.  Ghauveau. 

Aujourd'hui  devant  tant  de  faits  accumulés,  devant  tant  d^interprétations 
émises,  nous  croyons  utile  d'étudier  cette  question,  ne  serait-ce  que  pour  les 
besoins  de  nôtre  pensée,  ne  serait-ce  que  pour  nous  former  une  opinion. 

Notre  éludé  se  divisera  naturellement  en  trois  chapitres. 

Dans  un  premier,  nous  étudierons  les  caractères  généraux  des  maladies 
virulentes  et  spécifiques  puisqu'il  s'agit  de  savoir  si  c'est  parmi  elles  qu'on 
doit  classer  la  phthisie  pulmonaire. 

Dans  un  second,  nous  rechercherons  si  ces  caractères  existent  dans  la  tuber- 
culose expérimentale,  tuberculose  provoquée  le  plus  souvent  par  la  plus  directe 
des  agressions  virulentes  et  dans  laquelle  il  est  possible'  de  nous  éclairer  par 
dea  utopsies  faites  à  volante  à  un  moment  quelconque  de  son  évolution. 

Dans  un  troisième,  nous  rechercherons  si  ces  caractères  existent  dans  lai 
tuberculose  clinique,  tuberculose  dans  laquelle  l'agression  virulente  est  plus 
obscure,  si  elle  doit  être  admise,  dans  laquelle  aussi  l'autopsie  soumise  à. une 
mort  préalable  ne  peut  nous  fournir  le  même  faisceau  dé  lumières  et  ne  nous 
est  en  outre  pas  toujours  permise. 

(4)  Voir  rapport  sur  ce  travail,  cahier  do  juillet,  t.  LXI,  p.  78. 

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186  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  , 

Chacnndes  deux  derniers  chiipUres  se  subdivisera,  par  le  fait  même,  en  deux 
paragraphes  ;  dans  le  premier  nous  étudierons  respectivement  la  transmission 
expérimentale  et  clinique  de  l9  tuberculose  ;  dan^  le  second,  prenant  cette 
transmission  pour  base,  nous  discuterons  la  virulence  et  la  spécifieilé  de  cette 
affection,  et  cela  respectivement  aussi  au  point  de  vue  expérimental  et  clini- 
que. 

Nous  venons,  et  à  dessein,  d'employer  indistinctement  les  mots  tuberculose 
et  phtbisie  pulmonaire;  nous  continuerons,  d'accord  avec  MM.  Hérard  et  Cor* 
nil  de  les  confondre  dans  le  courant  de  ce  travail. 

Chapitre  !•'.   ' 

Garaotëres  des  maladies  virulentes  et  spécifiques. 

Ces  caractères  sont  exprimés  synlhétiquement  par  les  mots  virulentes  et 
spécIGques.  Recherchons  dans  Tétiologie  de  ces  affections,  dans  leur  sympto* 
matologie  et  dans  leur  thérapeutique  le  sens  et  la  justification  de  celte  syn- 
thèse. 

Et  déjà,  dans  Tétiologie  un  premier  fait  nous  frappe  immédiatement,  c'est 
de  trouver  comme  cause  un  produit  résultant  d'une  maladie  analogue  à  celle 
qui  doit  se  former,  c'est  de  rencontrer  un  agent  causal  qui  deviendra  en  même 
temps  le  produit  ultime  de  Taffeciion  qu'il  a  fait  naître,  c'est  de  yoir  une  mala- 
die qui  commence  et  finit  pour  ainsi  dire  par  son  étiologie. 

Ce  caractère  est- il  fixe  et  invariable,  et  les  maladies  spécifiques  né  se  pro- 
duisent-elles jamais  sans  cette  cause  spécifique  ? 

De  prime  abord  l'origine  de  cette  cause  semble  devoir  nous  CQuduire  par 
elle-même  à  une  solution  négative;  dire  que  ce  virus  provient  d'une  maladie 
analogue  à  celle  qu'il  doit  produire  n'impliqu-t-il  pas  en  effet  que  la  maladie 
doit  avoir  été,  dans  un  moment  donné  au  moins,  antérieure  à  son  virus,  et  que 
même  pour  les  maladies  spécifiques  qui,  comnae  la  syphilis,  semblent 
aujourd'hui  ne  plus  provenir  que  de  leur  propre  produit,,  il  faut  admettre  leur 
production  indépendamment  de  celui  ci  à  une  certaine  époque  de  leur  histoire. 

Cet  argument  n'est  pas  le  seul.  Si  des  maladies  spécifiques  où,  comme  dans 
la  syphilis,  la  nécessité  occasionnelle  du  virus  est  actuellement  palpable,  nous 
passons  aux  naaladies  spécifiques,  les  fièvres  éruptives  par  exemple,  jjue  nous 
voyons,  il  est  vrai,  se  transmettre  fréquemment  par  infection  contagieuse, 
combien  de  faits  n'y  trouve-t-on  pas  où  cette  infection  ne  peut  être  mise  en 
évidence,  combien  de  faits  où  l'on  a  autant  et  plus  de  droits  de  la  nier  que  de 
Paffîi'mer? 

Et  comme  pour  achever  le  doute,  n'a-t-on  pas  observé  la  rage  sans  aucune 
agression  virulente  préalable,  et  produit  la  morve  uniquement  par  des  condi- 
tions hygiéniques  mauvaises?. 

Quelle  conclusion  devons-nous  donc  tirer  de  ce  qui  précède  ? 


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MftMOâRES  ET  OBSERVATIONS».  187 

FautMl  par  esfirtt  de  conciliation,  toiti  en  ma4nten»a(  la  thèse,  admettre  que, 
dans  eertains  eas,  la  cause  spécifique  sait  souâ  l'influence  de  causes  occasion^ 
nelles  diverses  et,  qu'ainsi  créée,  elle  devient  cause  déterminante  de  la  maladie 
spécifique?  Mais  alors  comment  comprendre  que  l'organisme  capable  de  pro- 
duire le  virus  s'arrèie  dans  sa  création  dès  que  celui-ci  est  formé,  et  que  c'est 
le  virus  lui  seul  qui  continue  son  action  .pathogénétique  ?  Pourquoi  accorder 
dans  certains  cas  une  origine  hétérogène  aux  ytrus  qu'on  doue'en  même  temps 
d'un  pouvoir  reproductenr».  et  la  refuser  à  la  maladie  spécifique  qui  n'est  pas 
un  être,  mais  un  simple  mode  de  Pexistence? 

Faut*jl,  avec  M.  Ghauveau,  considérer  l'intervention  des  germes  spécifiques 
comme  nécessaire  dans  le  développement  des  maladies  virulentes,  et,  pour 
écarter  l'objection  de  la  maladie  spécifique  originelle,  rejeter  la  cause  de  celle- 
ci  dans  les  mystères  de  la  création  avec  Toriginci  première  des  espèces  animales 
ou  végétales? 

f}'est-ce  pas  assimiler  implicitement  les  virus  à  ces  espèces  et  accepter  pour 
les  maladies  virulentes  la  théorie  parasitaire  qui  cependant,  et  malgré  de  falla- 
cieaseâ  comparaisons»  est  encore  loin  d'avoir  conquis  ses  droits  à  être  placée 
parmi  les  vérités  de  la  science?  Pourquoi  ne  pas  tenir  compte  de  la  sponta- 
néilé  morbide  surtout  chez  l'homme,  où  la  vie  est  portée  à  son  maximum 
d'indépendance? 

Pourquoi  vouloir  la  faire  fléchir  dans  sa  plus  haute  manifestation  sons  le 
joug  d'inflexibles  lois,  lois  auxquelles  ne  peut  guère  se  soumettre  que  la  matière? 

Noua  inclinant  devant  les  faits,  nous  préférons  admettre  pour  les  maladies 
spécifiques  une  double  étiologie,  une  étiotogie  homogène  représentée  par  le 
produit  spécifique.  Iui*méme  et  une  étiologie  hétérogène  représentée  par  des 
causes  autres  que  ce  produit.  Nous  ne  comprendrons  donc  pas  le  mot  de  mala- 
dies spécifiques  dans  le  sens  restreint  auquel  on  à  voulu  le  soumettre,  c'est-à< 
dire  de  maladies  ne  pouvant  être  produites  que  par  leur  virus,  mais  bien  dans 
le  sens  plus  large  et  étymologique  d'espèce  morbide  faite,  d'espèce  morbide 
accomplie;  et  cette  dernière  signification  sera  largement  justifiée  par  la  suite 
de  cette  étude. 

Mais  si  les  maladies  spécifiques  peuvent  avoir  d'autres  causes  quç  le  produit 
ultime  d'une  maladie  analogue,  ces  autres  causes  sont-elles  quelconques?  Evi- 
demment non  ;  la  cause  doi,t  être  dans  une  certaine  corrélation  avec  l'eff'et;  or 
l'effet,  c'est-è-dire  la  maladie  spécifique,  est  une  maladie  générale,  un  mode 
momentané  de  Tètre;  la  cause  doit  donc  aussi  avoir  pour  caractère  d'attaquer 
la  vie  dans  son  ensemble,  et-  l'observation  vient  justifier  ce  raisonnement  en 
nous  présentant  comme  étiologie,  d'un  côté  les  causes  qui  attaquent  profondé- 
ment la  vie  nutritive»  d'un  autre,  certaines  conditions  plus  ou  moins  connues 
de  l'atmosphère  qui  nous  entoure  de  toute  part,  certains  états  du  glolm  qui 
nous  supporte.  Et  comme  si  la  cause  devait  être  en  corrélation  complète  avec 


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188  MÉMOIRES  ET  OBSEftVATIOUB. 

la  maladie  qu'elle  fnt^voque^  ceib-et  éonnanl  lieu  à  de»  produits  désiinéfc  à 
quiller  un  être  pour  se  reporter  sur  un  autre,  nous  trouvons  enfin  dans  cei^ë 
étiologie  l'encombrement  qui  accumule  dans  l*air  les  matières  que  l'organistni^ 
rejette  hors  de  lui,  matières  déjà  nuisibles  par  eUes^mémes  puisque  l'orga- 
nisme ne  peut  les  conserver,  et  qui  deviennent  plus  nuisibles  encore  par  les 
transformations  qu'elles  subissetil  dans  Patmospbère  où  elles]  s'accumuleht. 
Tontes  ces  causes  non  spécifiques  peuvent,  nous  le  savons,  provoquer  des 
maladies  communes  ;  le  plus  souvent  toutefois  elles  provoquant  la  spécificité 
srous  l'une  de  ses  formes,  et  cette  forme  elle-même  sera  identique  lorsque  les 
causes  deviennent  quasi  spéciales  par  leur  intensité  et  leur  fixité.  île  qu'on 
appelle  le  génid  atmosphérique  nous  donne  une  pireuve  à  Tapp&i. 

Mais  dans  cette  chaîne  continue  de  la  nature^  dans  cette  circulation  de  la 
force  et  delà  matière,  Tenchalnement,  les  transitions  existent  partout.  Aussi 
ne  passerons-nous  pas  brusquement  des  causes  non  spécifique^  ai>x  causes 
spécifiques;  le  choléra  d'un  côté,  l'hérédité  de  rantre,  nous  serviro»nt  de  t\en 
entre  les  premières  et  les  secondes  ;  le  choléra  eh  noud  présentant  uite  alftanee 
\e  plus  'Souvent  nécessaire  entre  tes  causes  eomniunes  et  les  causes  spécifiques, 
alliance  signalée  par  Griesinger;  rhêrédité  en  tran^nteltant  au  germe,  dans  la 
syphilis  par  exemple,  noki  le  virus  lui-même,  mars  en  lui  transmettant  seule- 
ment en  puissance  la  maladie  qui  doit  surgir  à  un  moment  de  son  évolullèn. 

Toutefois  cette  syphilis  q^ue  nous^suppos'ons  tr^ansmise  hèrcéiiair^eftvent  h'est 
pour  M.  Pidoux  qu'un  fait  de  contagion  du  père  a  renfantj  soit  directement, 
soit  par  sa  mère  contaminée.  Écoutons  l'auteur  que  nous  nous^  proposons  d'ar- 
gumenter, c  Ce  qui  proUve,  dit-il>  (études  généra l<^s  et  pratiqués  sur  la  phthiste 
page  238)  que  l'enfant  qui  naît  syphilitique  d'un  père  qui,  en  le  procréant, 
était  atteint  d'accidents  encore  inoculables,  n'a  pas  la  vérole  par  voie  d'hé- 
rédité mais  par  voie  de  contaigîon,  c'est  qUe  ces  accidents  paternels  Inoculables 
le  sont  encore  plus  ou  moins  chez  l'enfant,  et  qu'ils  se  manifestent  presqu'im- 
médiatemenl  après  la  naîssaricej  bleti  que  la. mère  fût  exempte  de  tout  symp- 
tôme de  ce  genre  qu'elle  aurait  pu  tratismeflre  à  Tenfaili  dans  son  plassage  à 
travers  le  canal  utéro-vulvaire.  » 

Singulière  contagion  qui  respecterait  quelquefois  la  mèrê^  (car  ces  cas  ont 
été  observés),  «fors  qu'elle  a,  pendaïit  une  longue  période  de  neuf  mèisv  la  vie 
la  plus  intime^  la  vie  la  ^ylus  commune  avec  le  germe  contagionné,  alors  qu'elle 
Va  en  outre,  pendant  toute  cette  période,  être  de  houveau  et  souvent  en  ôoniacl 
avec  l'individu  infectant.  L'enfant  conçu  dans  ces  conditiems  présente,. il  est 
vrai,  souvent  les  signes  de  4a  syphiti»  à  s»  nafssanbè>  ou  quelques  semaiites 
après;  mais  dans  des  cas  rares,  quoique  non  mètns  certains,  1»  syphilis  passe 
inaperçue  dans  les  premiers  temps  de  la  vie,  pour  apparattrei  iseijrferinënt  vers 
l'époque  de  la  puberté.  Est  il  du  reste  étonnant  que  ia  syphilis^  tiransmise  en 
puissance  au  germe,  le  tue  déjft  souvent  da-ns  le  sein  de  lu  mère^ei  apparaisse 


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.\rei»01liES  ET  OBSERVATÎONS.  189 

sitdt  après  la  naissance?  La  syphilis  lî'est^eKe  pas  «n  effet  acquise  dans  l'acte 
delà  proeréation 'OU  <lanis  les  actes  auxquels  pousse  son  înstiuct,  et  le  germe, 
fruit  de  cet  acte,  ne  doit  il  pas  en  ressentir  les  atleifites  d'une  tiianière  plus 
profonde  que  les  atteintes-  d'aocufie  autre  espèce  morbifique,  et  cela  d*autaqt 
plus  que  le  père  côiitimie  souvent  soit  infection  au-delà  de  la  procréation? 

Passons  aux  tinis^jproddits  eux-mêmes  d'une  maladie  analogue  à  celle  qu'ils 
vont  provoquer. 

Incorporés  dans  le» 'humeurs  normales  ou  anormales  de  l'organisme,  dans  le 
sang,  ele.  payant  i|ttelquëfdts  pour  support  des- cellules  ou  de  fausses  mem- 
branes, ces  virus  vont-ils  nous  dévoiler  leur  nature  par  leurs  caractères  physi- 
ques ou  chimiques  ?  Non,  nous  avons  à  interroger  de  la  matière  et  de  la  fofce  ; 
la  matière  reste  muette  et  c'est  la  force  seule  qui  sera  notre  critérium  par  le 
pouvoir  du  virus  de  créer  une  maladie  de  même  eapébe  i|ue  celle  qui  l'a  fournie. 
Toatefois  lorsque  eetie  force  est  assez  énergique  pour  attaquer  la  vie  jusque 
dans  ses  l*acifies,  elle  semble  imprimer  son  cachet  sur  la  matière,  tén[K)ins  les 
gommes  produil^es  par  la  syphilis  qui  a  pénétré  dans  les  profondeurs  de  l'éco- 
«omle,  témoin  encore  le  tubercule  tle  la- morve,  tédaoin  enfln  (si  bien  entendu 
elle  est  virulente)  lé  tubercule  de  la  phthisie  pahnpqeire  ou  la  pauvreté  de  la 
maladie  semble  empreinte  sur  cette  cellule  pauvre  et  misérable  dès  le  début. 

Gbmment  ces  virus  pénètrënt'^ils  dans  l'économie?  Naturellement  ou  artifi- 
ciellement. 

Naturellement,,  parles  voles  toujours  ouvertes  de  la  respiration,  en  admettant 
même  avêe  M.  Chauveau  qu'il  n'y  ait  pa^  de  virus  volatiis,  car  ces  virus  peu- 
vent être  suspendias  dans  l'atmosphère  cdmme  tant  d'autres  substances  iixes  ; 
naturellement  ehcore  )>ar  les  voies  dtgestives  d'un  rapport  si  fréquent  aveé  les 
agent»  extérieurs,  voies d'introduption  à  l'appui  desqueites  M.  Chanveau  a  ins- 
titué tant  d'expériences;  peut-être  enfin  par  la  grande  surfa^  externe  de  rap- 
port :  par  la  surface  ci^anée. 

Artificiellement,  par  les  inoculations,  par  la  vaccine,  par  la  transfusion  du 
sang^  eicl,  oamnie  nous  le  verrons  du  reste  (iius  au  long  dam  la  transmiéàion 
eXpérimentaleet  eiiniqaedela  phthisie  piilmonairie. 

Quoiqu'il  en  sbtt,  et  cJômme  si  dans  les  virus  tout  <i^vait  se  dérober  aux  lois 
pb!ysfiqoes,  leur  action  ne  dépend  nullement  de  leur  quantité  ;  Ie9  doses  néces- 
saires sont  quasi  impondiirables.  N'exagérons  toutefois  pas  les  faits  et  tenons 
compte  des  noanoes;  car,  de  même  que  nous  voyoa»  augmenter  la  difficulté  de 
l'af^ssion  avec  la  gravité  de  l'espèce  spécifique  et  sa  profondeur  dans  Torga- 
niame^  de  oiême  les  J^ses  doivent  augmenter  dan^  le  même  sens^  et  notre 
raison  s'oppose  à  mettre  sous  ce  rapport  les  fièvres  éruptives,  par  exemple,  sur 
umt  mêèHl  iigwe  avèe  la  ayphilis  et  la  phthisie  pulmonaire. 

Mais  les.vaîli  inlrodnils  dans  l'organisme;  les  virus  agirontilis  d'une  manière 
rare  et  certaine?  Nbn;  la  spontanéité  de  l'être  s'affirme  t^ji  lorsqu'il  s^ubit  leur 


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190  MÉMOIRES  ET  OKERVATICMS. 

atteftite  en  ne  laissant  enire  eux  el  là  maladie  d'autre  rapf^ort  qae  celui  de 
Teapèce,  car  une  scarlatine  légère  peut  engendrer  une  scarlatine  grave  et  réci- 
proquement; n)ai$(elle  s*affirme  encore  de  temps  en  temps  avec  plus  dn  viva- 
cité^ même  en  présence  de  Tagression  virulente  la  plus  directe;  car  celle-ci 
échoue  parfois,  soit  par  manque  de  réceptivité,  soit  encore  ^par  stiite;d'ufi« 
atteinte  antérieure.  Et  ce  dernier  ^caractère  viendra  clôturer  i'éliokigié  des 
maladies  spécifiques  qui  pourra  se  résumer  en  deux  points: 

1"*  Agent  causal  provenant  le  plu^  souvent,  mais  pas  toujours^  d'une  maladie 
analogue  à  celle  qu'il  doit  produire,  agent  causal  dont  nous  avons  donné  les 
caractères  ; 

2*"  A  l'inverse  des  autres  maladies,  immunité  fréquemment*  acquise  grâce 
d  une  atteinte  antérieure. 

Cette  immunité  ne  doit  du  peste  pas  nous  étonner  ;  elle  n'est  qu'une  extension 
à  la  pathologie  de  ce  que  nous  observons  dans  l'état  physiologique.  N'y  volt*6n 
pas  des  impressions  plus  ou  moins  répétées,  celle  du  froid  par  exemple,  enlever 
à  l'organisme  son  impressionnabilité  sous  ce  rapport,  et  ce  qui  se  produit  par 
des  impressions  répétées,  il  est  vrai,  mais  séparées  souvent  par  des  intervalles 
plus  ou  moins  grands,  ne  se  prodnira-t-il  pas,  et  à  plus  forte  raison,  par  des 
impressions  qui,  comme  celle  des  virus,  sont  continues  et  font  partie  de  liotne 
existence  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long?  Toutefois  rimpreasionnobilité 
physiologique  est  variable  et  individuelle,  l'impressionnabilité 'pour  les  virus 
doit  donc  l'être  aussi;  c'est  ce  qui  nous  explique  comment  l'immunité  n'est  pas 
constante,  comment  même  certains  individus  exceptionnels  son  t.  prédis  posés  A 
subir,  et  à  plusieurs  reprises,  les  atteintes  d'une  maladie  spécifique détermiaée. 

Le  virus  a  pénétré  dans  l'organisme  ;  voyons  les  caractères  de  TaffecCion  qu'il 
va  produire.  Faitsingulicrvle  travail  qui  la  prépare  s^  fait  en  sileece  ;  les  pro- 
dromes que  nous  sommes  habitués  à  constater  ailleurs  sont  remplacés  ici  par 
une  incubation.  Pourquoi  ce  début  silencieux,  ce  début  qui  se  dérobe  à  nos 
sens? 

Pour  nous,  nous  en  trouvons  la  raison  dans  ce  que  la  maladie  qui  doit  éclare 
est  de  toutes  les  maladies  la  plus  générale  et  représenle  quasi  une  vie  nouvelle 
à  laquelle  va  être  momentanément  soumis  le  sujet  tombé  soiis  Temptre  du  virus. 

Nous  n'avons  pas,  comme  dans  les  maladies  locales,  trouble  immédiat  dans 
l'harmonie  de  la  santé  par  suite  du  manque  d'équilibre  entre  Tétat  d'un  organe 
et  celui  des  autres,  par  suite  de  la  vie  à  la  fois  propre  et  commune  des  organes, 
mais  cette  harmonie  de  la  santé  passe  insensiblement  h  l'harmonie  n^irbide, 
et  ce  n'est  que  lorsque  ceUe«ci  s'est  franchement  substituée  h  la  première^ine 
nos  sens  peuvent  l'apercevoir. 

Xes  maladies  spécifiques  sont,  il  est  vrai,  multiples  ;  et,  pour  étaMir  leurs 
espèces,  dans  chacune  d'elles  certains  organes  éprouvent  plus  particulièranent 
des  troubles  dans  leur  nuti'ition;  cette  localisation  dans. des  organes  partioii- 


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MÈMOIRBS  ET  OBSERVATIONS.  491 

\krSi  en  rappdri  avec  l'espèce  du  virasi  aVec  sa  voie  habhueiie  d'iotrodiielion 
el  d'éliminafioii,  ne  résûMe^t-elle  peut-être  pas  aussi  de  ce  que  daiis  chaque 
maMdIe  spécifique  à  tel  organe  ou  à  tel  appareil  est  dévolu  plus  spécialement  le 
rdie  de  réintégrer  cette  vie  pathologique  momentanée  dans  la  vie  physiolo- 
gique ou  normale.  ' 

Nous  comprenons  le  silence  de  ce  travail,  mais  pourquoi  ce  travail  iui-mémé, 
pourquoi  cette  préparation? 

Examinons  ce  qui  se  prépare,  ce  qui  va  écloré,  et  nou&  trouvons  des  raaia* 
dies  qui  de  toutes  ont  le  plus  de  régularité  dans  la  succession  de  leurs  symptô* 
mes,  des  maladies  qui  fious  montrent  une  vie  nouvelle  soumise  quasi  aux  lois 
du  développement  de  ^a  vie  ordinaire,  des  maladies  enfin  qui  parmi  les  créa- 
tions pathologiques  occupent  le  rang  te  plus  élevé;  et,  comme  poiir  nous  mon* 
trer  plus  nettement  encore  sa  réalité^  cette  vie  pathologique  nous  donne  de^ 
produits  capables  de  la  multiplier  au  dehors.  Une  telle  marché,  un  tel  résultat 
ne  iH)us  expliquent-ils  pas  la  nécessité  d*un  travail  préparateur,  travail  qui 
sera  souvent  d'autant  plus  long  que  raffeetioQ  doit  être  plus  grave,  plus  pro- 
fonde. / 

L^itlcubatioti,  la  marche  de  nos  maladies,  le  produit  qu'elles  engendrent, 
voHâ  pour  la  symptômatologie  des  caractères  et  des  caractères  bien  distiricliis  ; 
les  produits  spéeifiqtJes  vont  nous  en  fournir  un  autre  à  la  fois  pour  le  passé  et 
pour  l'avenir.  Ils  doivent,  en  effet,  dans  leur  migration  à  travers  les  individus  et 
les  générations,  subir  dès  modifications  piuspu  mollis  importante^;  aussi  voyons, 
nous  les  maladies  âpécifiq^ies,  au  lieu  de  rester  semblables  à  ^iles-mémes  comme- 
tes  affeetîotis  communes,  présenter,  dans  leur  histoire,  des  transformations  dont 
la  syphîiis  nous  offre  un  exemple  si  remarquable.  ' 

Abordons  maintenant  la  thérapeutique,  ce  but  suprême  de  toutes  nos  études; 
y  trouverons-nous  ta  spécificfté?  Rencontrerons-nous  pour  chaque  maladie  spé- 
cifique un  traitement  Spécial,  des  médicaments  spéciaux? 

La  réponse  sera  facile  :  nulle  part,  si  ce  n*est  dans  la  syphilis  où  nous  voyons 
trôner  le  mercure  et  Tioduré  de  potassium.  Cette  exception  encore  nous  parait 
,plus  apparente  que  rée|le,  car  il  ost  aujourd'hui  prouvé  que  la  syphilis  peut 
guérir  sans  mercure;  les  expériences  suscitées  en  18ââ  par  le  conseil  dliygiéne 
«n  Suéde,  en  f&55  par  le  conseil  d'hygiène  en  Jrance,  les  expériences  faites 
en  1898  par  le  docteur  Frike  à  Hambourg,  et  depuis  lors,  par  beaucoup  de  pra- 
ticiens anglais  et  autres,  ont  mis  ce  fait  en  évidence.  Altérants  profonds,  le  mer- 
cure et  l'iodure  de  potassium  peuvent  empêcher  la  syphilis  de  devenir  diathé- 
sique,  mais  leur  action  ne  va  pas  au-delà. 

Et  d'alIléUrs  la  notion  du  remède  spéciGque  est-elle  conforme  à  la  raison? 
Est-elle  confok*fne  à  rirîdication  qu'il  devrait  remplir?  Le  germe  spécifique 
existe-t-il  avec  la  signification  nécessaire  pour  qu'un. agent  thérapeutique  puisse 
venir  l'annihiler  en  le  combattant,  quasi  corps  à  corps?  En  supposant  même 


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192  BfiMOIlUSS  £¥  OBSERVATiOllS. 

oelte  eondiliMi  rampliè,  le^inis-existe-t-il, comme  les  {larasiCfi^idaqs  une  partie 
déterminée  de  rorgaiii»iie  ;  4e  théâtre  de  la  lutte  peutril  être  déterminé? 

Non,  ce  théâtre  occupe  Téconomie  totte  entière;  le  maiadè  représentât  pour 
ainsi  dire,  un  nouvel  être  dont  révolution,  si  ell^  tst  bien  guidée,  doiit  aboutir 
à  Tétre  primitif  en  même  temps  qu*à  des  produits  ca'pables  de  transmettre  au 
dehors  cette  existence  éphéoiére.. 

Aussi,  à  part  quelques  médicaments  adressés  aux  symptômes,  la  tbéifapeur 
tiqu«  ne  s'adresse-t^^lle  pas  de  préférence  aux  agents  capables  de  ramener 
eetle  vie  temporaire  à  son  existence  normale,  aux  agents  géi^ra^ix  de  ThygiéB^i 
trcKp  souvent  oubliés  dams  notre  siècle  si  fécond  «n  môdicfjoeiitS}  eli  parmi  ces 
derniers,  aux  médicaments  destinés  à  ipodiêer  la  Yie  dans  son  ensemble?  ,La 
thérapeutique  n^est^die  pas  autorisée  â  adopter  cetta,  médication  lorsqu'ellie  a 
devant  elle  des  maladies  spécifiques,  la  morvepar  exemple^  q^eTon  peu^t  pro* 
duire  par  la  seule  influence  ëe  mauvaises  conditioas  hygiéniques? 

Il  y  a  plus;  ces  produits  spécifiques  qu'on  voudrait  détruire  par  des  spécifiii- 
cides,  qu'on  nous  pardonne. i'expreasion,  06  font-ils  pas  partie  intégiiaote  de 
révolution  normale  de  la  maladie,  ne  jouent-ils  pas,  par  rapport  â  celle-ci,  le 
rôle  de  crise?  La  sollicitude  avec  laquelle  on  resp^cteJ'iérMptian  dans  ïçs  fièvres 
éryptives,  les  dangers  qui  suivent  sa  disparition  prématurée,  la  promptitude 
avec  laquelle  tous  les  praticiens  font  tous  leurs  efforts  pour  la  rappeler  lors- 
qu'elle a  trop  vite  disparu,  ou  pour  la  solliciter  pleine  et  enUèr/e  lorsqu'elle 
apparettincoinplère^  nous  donnent  le  droit  d'émettre  cette  opinion  au  moiqspovr 
tes  fièvres  éroptives  ;  et  cetl«  vérité,  sensible,  pour  fi^  derrières  maladies,  à 
cause  de  la  rapidité  et  de  l'acuité  de  leur  évolution,  du  ;siéfe  suiKerfidel  de  jours 
symptômes,  n*existe-t-elle  probablement. pas  aossi quoique  fDoiussensib)«,  plus 
cachée,  pour  les  autres  maladies  spécifiques? 

Dans  la  tuberculose,  par  exemple^  (si  nous  devons  la  déclarer  maladie  spéci- 
fique) est-ce  cette  cellule  panvre  et  misérebie  dès  le  débnt  el  daintrorgaois^^e 
se  débarrasse  comme  pour  se  débarrasser  de  sa  pauvreté,  e^t-ce  cette  celiule  que 
nous  devons  annihiler,  que  nous  devons  tuer?  Nc^U  c;*^^  cettç  pauvreté  de  la 
vie  que  nous  devons  attaquer,  c'est  «cette  irritabilité»  $i  féconde  en  production^ 
cellulaires,  quenovs  devons  faire  disparatife.  Au3si,  loi*sque|a  guérison  s'éta- 
blit, voyons-nous  la  nature.  Isoler  ces  produi^tioi^  par  4fs  tissus  cicatJ^jciels/ 
tout  en  les  maintenant  souvent  dans  les  granulations  (|e  guéridon  signalée^  par 
M.  Cruveithier. 

Les  maladies  spécifiques  n'ont  donc  pas  et  ne  peuvent  avoir  Uur  spécificité 
en  thérapeutique;  les  arguments  qui  |e  prouvent  sura^qdf9»t;  et,  ppur  clôturer 
ceux-ci,  nous  signalerons  encore  les  transformAJlions  néciqssiiiires  qn^  subissant 
ces  maladies,  translormatlans  sur  lesquelles  nous  .avo^s  ipsisté  plw^  bau4  fît  qui 
ne  s'allient  guère  avec  la  notion  du  ronrièdie  spécifique. 


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MÉMOIRES  rr  OBSERVATIONS.  193 

Chapitre  II. 

Irfi  m«ileB«e  et  la  fpé«Sfioiié  de  la  pbthMÎe  poloM^naîre  devant  rexpériinesiailros. 

$  L  —  Transmission  expérimentale  de  la  tuberculose.  —  Les  principaux 
procédés  essayés  pour  opérer  cetle  transmission  sont .'  l'inoculation  cutanée, 
rinpculation  du  tissu  conjonctif,  rinirodnction  duns  les  cavités  séreuses,  Tinjec- 
tîon  dans  les  vaisseaux,  la  transfusion  du  sang,  rinsufflation  dans  les  voies  res« 
piratoires,  Tingestion  digestive.  Examinons  ces  procédés,  mais  seulement  au 
point  de  vue  de  ce  qui  intéresse  notre  sujet. 

Inoculations  cutanées.  —  Nous  ne  ferons  que  les  citer  pour  signaler  les  cinq 
insuccès  de  M.  Chauveau,  insuccès  qu'il  attribue  à  ce  que  la  surfa  *e  du  derme 
ne  se  prête  pas  beaucoup  à  l'absorption  et  au  développement  de  la  matière 
tuberculeuse. 

Inoc^lation  du  tissu  conjonctif,  —Elles  eurent  pour  promoteur  M.  Villemin 
et  servirent  de  prélude  à  la  discussion  sur  la  virulence  et  la  spécificité  de  la 
phthisie.  ' 

Si  Ton  parcourt  Timmense  série  d'expérienceif  qui  ont  été  faites  depuis  cette 
époque,  on  est  réellement  frappé  de  la  variété  des  animaux  employés,  de  la 
bigarrure  des  substances  qu'on  a  substituées  au  tubercule  pour  cberclier  à  pro- 
duire ia  tuberculose,  des  altérations  enfin  qu*on  a  fait  subir  à  ce  pauvre  tuber* 
eule  lui-même  qu'on  a  martyrisé  d'une  infinité  de  manières  avant  de  l'inoculer. 
Et,  après  avoir  fait  cette  revue  historique  et  expérimentale,  on  se  demande  si 
l'ardente  imagination  do  poète  ne  s'est  pes  exercée  aux  dépens  des  froides  réa- 
lités de  la  pathelogie. 

Les  animaux  qui  ont  servi  aux  expériences  sont  variés  :  lapirfs,  cochons 
d'Inde,  chiens,  chats,  chevaux,  bœufs,  Teaux,  moutons,  chèvres,  porcs,  singes, 
coqs, corneilles,  etc., etc.  Qu'importe,  dira-t-on?  Il  importe  beaucoup  au  point 
de  vue  du  sujet  qui  nous  occupe;  car  un  des  caractères  des  maladies  virulentes 
et  spécifiques,  c'est  leur  préférence  récipro^fue  pour  certaines  espèces  animales* 
Pour  la  tuberouluse  en  particulier,  l'espèce  humaine  en  partage  le  triste  privi- 
lège avec  l'espèce  bovine,  et  nous  nous  rangeons  tout  à  fait  à  l'avis  de  M.  Chau* 
veau  lorsque,  dans  sa  lettrée  M.  Villemin,  il  dit  :  c  Employer  des  animaux 
d'une  réceptivité  faible  ou  nulle,  c'est  aller  jk  rencontre  d*un  des  principes  fon- 
damentaux de  la  méthode  expérimentale  à  savoir  que,  si  l'on  veut  faire  naître 
expérimeutalement  un  phénomène  pour  étudier  son  mode  de  production,  il  faut 
réaliser  des  conditions  de  milieu  identiques  avec  celles  qui  s'observent  dans  la 
IMToduction  naturelle  ou  apontanée  du  phénomène.  » 

Les  expériences  faites  sur  des  animaux  qui  n'ont  pas  le  levain  tuberculeux, 
peuvent  prouver  la  poesibilité  de  Textension  forcée  de  la  tuberculose  à  des 
espèces  qui  en  sont  spontanément  indemnes,  mais  ne  peuyent  guère  servir 
d'arguments  décisifs  dens  la  discussion  de  l'inoculabilité  de  cette  affection. 

25 


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«94  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Au  tubercule  on  a  substitué  les  matières  les  plus  difërses  pour  chercher  à 
produire  la  tuberculose  :  matière  caséeose;  crachats  de  tuberculeux,  sang  de 
tuberculeux,  pus,  matière  pneumonique,  cancer,  vaccin,  tumeurs  vermineoses, 
matière  ulcéreuse  des  plaques  de  Peyer  dans  la  fièvre  typhoïde,  et<*. 

Entraînés  par  celte  variété  de  substances  organiques,  on  passa  aux  substan- 
ces inorganiques  :  caoutchouc,  gutta-percha,  papier.  Gis  d'argent,  morceaux  de 
liège,  fragments  de  cinabre,  chlorure  de  chaux,  glycérine,  etc. 
^  Ne  voyant  enfin  que  le  traumatisme  comme  lien  entre  ces  inoculations  si 
diverses,  on  a  prétendu  déterminer  la  tuberculose  par  un  simple  selon,  un 
simple  cautère. 

Nous  com;)renons  la  tuberculose  expérimentale  avec  la  matière  caséeuse,  les 
crachats  et  le  sang  de  tuberculeux  ;  mais  nous  avons  de  la  peine  à  la  comprendre 
au  fur  et  à  mesure  que  nous  descendons  la  série  des  matières  employées.  H 
nous  répugne  entr*aiitres  d'admettre  qu'une  maladie  générale  et  profonde 
comme  la  tuberculose  puisse  se  produire  à  volonté  par  une  étiologie  aussi  insi« 
gnifiante  qu'un  séton,  un  cautère;  et  s'il  suffisait  d'un  simple  traumatisme, 
d'un  simple  noyau  d'inflammation  pour  produire  cette,  tuberculose,  nos  chirur- 
giens devraient  être  des  fournisseurs  continuels  de  cetteterrible  affection,  et  la 
chirurgie  sanglante  devrait  être  bannie  de  la  pratique.  Il  doit  7  avoir  dans  ces 
faits  cause  de  confusion,  soit  que  les  ^irconsiances  hygiéniques  dans  lesquelles 
on  maintient  pendant  un  certain  temps  les  animaux  expénmentés>  produisent 
piir  elles-mêmes  la  tuberculose,  soit  que  c  les  agents  phlogogènes  non  viru- 
lents puissent,  comme  le  soutient  M.  Chauveau,  provoquer  dans  certaines  con- 
ditions et  sur  certains  animaux  la  naissance  de  processus  inflammatoires  dissé- 
minés et  généralisés,  ayant  par  leurs  caractères  anatomiques  la  plus  grande 
analogie  avec  les  processus  multiples  de  la  tuberculose.  » 

Quoi  qu'il  en  sôit,  et  ce  fait  est  important,  Tinoculation  de  la  granulation 
tuberculeuse  a  toujours  été  parmi  toutes  les  inoculations  le  plus  sûr  moyen  de 
reproduire  la  tuberculose  expérimentale;  la  statistique  des  réus^itea  obtenues 
est  là  pour  l'attester  énergiquement.  M.  Chauveau,  et  nous  ne  pouvons  qu'ad- 
mirer la  précision  qu'il  a  mise  dans  ses  expériences,  dans  le  but  d'introduire  la 
matière  tuberculeuse  sous  une  forme  et  un  volume  convenables  et  dégagée  d'au- 
tres substances,  la  prépare  en  faisant  une  pAte  avec  la  matière,  la  délayant  dans 
une  grande  quantité  d'eau  et  laissant  déposer  trente-six  à  quarante«huit  heures, 
après  avoir  filtré  à  travers  un  linge  fin.  Le  liquide  qui  surnage  ne  contient  que 
des  granulations  excessivement  tenues. 

Soumettre  au  préalable  le  tubercule  à  l'action  des  désinfectants,  à  l'exempie 
de  Bernhardt;  le  faire  macérer  d'abord  dans  l'alcool,  le  permanganate  de 
potasse,  l'acide  chromique,  l'acide  nitrique,  etc.,  ou  bien  le  faire  cuire  A 
l'exemple  de  Waldenburg,  est-ce  encore  inoculer  du  tubercule?  Nous  n'oserions 
pas  l'affirmer;  nous  serions  plutôt  disposés  A  croire  le  contraire. 


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MËMOIRBS  ET  OBSERVATIONS.  19»^ 

Intrcduciion  dam  les  cavités  séreuses.  —  Introduire  les  produits  tubercu- 
leux.et  les  diverses  autres  matières  dans  les  cavités  séreuses,  les  mettre  en  con* 
taetavec  une  séreuse  aussi  sensible  que  le  péritoine  à  l'exemple  de  Waldèn- 
borg,  Verga  etBiffi,  etc.,  nous  semble  compliquer  à  volonté  le  phénomène  de 
rinoeulation  d'autres  phénomènes  qui  ne  peuvent  que  Tobscurcir. 

Nous  ne  ferons  que  rappeler  les  modes  de  transmission  de  la  tuberculose  par 
lesinjeclions^dans  les  vaisseaux,  par  la  transfusion  du  sang,  par  les  insufflations 
dans  les  voies  respiratoires  et  par  les  ingestions  digestlves  ;  car  nous  avons  hâte 
d*en  arriver  à  la  discussion  de  la  virulence  et  de  la  spéciGcité  àt  laquelle  ces 
expériences  ont  servi  de  base. 

§  II.  —  Discussion  de  la  virulence  et  de  la  spécificité  de  la  tuberculose  expé- 
rimentale. —  Lorsque  nous  voyous  la  tuberculose  se  reproduire  expérimenta- 
lement  comme  les  autres  maladies  ^rulentes  et  spécifiques  et  se  reproduire 
par  tant  de  procédés  différents,  nous  sommes  disposés  à  admettre  sa  virulence 
et  sa  spécificité.  , 

Mais  nous  avons  devant  nous  un  grand  adversaire,  M.  Pidoux,dont  les  éludes 
générales  et  pratique^  sur  la  phthisie,  études  couronnées  du  prix  Lacaze,  sont 
an  éloquent  et  savant  réquisitoire  contre  notre  opinion.  Ses  objections  s'adres- 
sent surtout  aux  inoculations  du  tissu  conjonctif,  procédé  du  reste  le  plus  sou- 
vent employé;  nous  les  reproduisons  textuellement  pour  pouvoir  les  discuter 
plus  franchement  : 

l*>  u  Les  matières  compactes  comme  la  granulation*  paraissent  incapables  de 
jotferle  rôle  de  porte-virus.  >  {Loc,  etf.,  p.  193.) 

Si  la  granulation  est  compacte,  elle  est  par  contre  composée  de  cellules  très- 
petites  pour  les<|uelles  cet  argument  ne  peut  guère  intervenir,  et  cela  d'autant 
moins,  que,  d'après  les  expériences  de  €hauveau,  les  élément  figurés  des  virus, 
l^urs  gmnulations  libres  et  les  cellules  plus  ou  moins  infiltrées  de  ces  mêmes 
granulations  sont  seules  virulentes  à  l'exclusion  deleurvéhicuie;  d'autant  moins 
encore  que,  dans  la  diphthérie,  des  fausses  membranes  sont  admises  comme 
capables  déjouer  le  rôle  de  porte-virus,  et  cependant  elles  sont  bien  compactes^ 

2«'  «  Une  certaine  quantité  massive  de  la  matière  inoculée  est  nécessaire  pour 
obtenir  dés  produits  d'inoculation,  fait  contradictoire  avec  tout  ce  qu'on  sait 
des  maladies  virulentes  et  contagieuses.  »  {Loc.  cit.,  p.  179.) 

Le  fait  invoqué  n'est  pas  rigoureusement  exact,  car  M.  Chauveau  et  nous- 
mêmes  nous  avons  obtenu  des  inoculations  parfaitement  réusries  avec  dix 
gouttes  seulement  du  liquide  préparé  d'après  la  méthode  de  cet  habile  expé- 
rimentateur. , 

Le  fait  serait  même  plus  ou  moins'  exact  qu'il  serait  encore  parfaitement 
compréhensible.  La  raison  lie  nous  indique-t^elle  pas  qu'il  doit  y  avoir  dans 
les  virus  une  échelle  de  diffusibililé  en  rapport  avec  l'affection  dont  il  est  le 
produit  et  dont  il  doit  être  en  même  temps  l'agent  provocateur? 


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196  MÉMOIRES  BT  OBSERVATKVNS. 

Le  peu  de  vitalité  da  tobercule^  conséquence  de  la  faible  fiialîté  du  tubercu- 
leux lui*méine,  peut-elle  être  mise  en  parallèle  avec  la  vitalité  du  vaccin,  par 
exemple,  pris  constamment  sur  un  sujet  dans  la  plénitude  de  l'existence  et  sor 
un  sujet  vivant,  tandis  que  le  tubercule,  enfoui  au  fond  de  l'organisme  est 
emprunté  à  un  phtbisique  qui  a  succombé  à  la  consomption  tuberculeuse  et  lui 
est  en  outre  emprunté  nécessairement  quelques  temps  apré^  la  mort  elle-même, 
ou,  s'il  est  recherché  dans  le  sein  d'un  ani^nal,  ne  lui  est.  en  tout  cas,  enlevé 
qu'après  le  sacrifice  nécessaire  et  préalable  de  sa  vie? 

Après  de  pareils  arguments,  est*il  nécessaire  d'invoquer  la  diversité  des 
animaux  employés,  animaux  chez  lesquels  on  n'observe  la  tuberculose  qu'à 
l'état  expérimental  ;  et  lés  inoculations  du  vaccin,  du  virus  syphilitique,  etc., 
OBt-elles,  dans  de  pareilles  circonatanccs,  donné  de  meilleurs  résultats? 

5^  «  Dans  quelques  cas  la  matière  It/bereuleuse  insérée  en  quantité  suffi* 
santé  dans  le  tissu  conjohciîf  sous-cutané  s'y  comporte  comme  un  corps  étran* 
ger;  elle  s'y  enkyste,  preuve  qu'elle  nVst  certainement  pas  virulente.  »  {Loe, 
cit.,  p.  179.) 

Ceci  ne  nous  étonne  pas  encore.  A  la  rareté  du  tubercule  sur  la  surface  exté- 
rieurede  l'organisme,  au  processus  inflammatoire  provoqué  par  le  trauniatisme 
de  l'inoculation  et  par  les  matières  hétérogènes  inoculées  souvent  en  même 
temps  que  le  tubercule,  aux  circonstances  particulières  dans  lesquelles  on  a 
recueilli  celui-ci,  est  venu  s'ajouter  dans  beaucoup  de  cas  la  solidité  ëe  la  ma* 
tière  tuberculeuse  employée. 

Reste  à  savoir  si,  dons  les  cas  où  l^on  a  observé  cet  enkystement,  la  tuber- 
culose générale  ne  s'est  pas  déclarée,  car  alors  ce  ne  serait  que  l'observation 
expérimentale  d'un  fait  clinique  ;  et,  quand  même  l'inoculation  se  serait  bornée 
à  ce  simple  fait,  l'argument  ne  serait  encore  guère  décisif,  vu  les  sujets  qui  out 
servi  à  l'expérimentation. 

i<»  c  II  n*y  a  aucun  rapport  entre  les  traînées  et  le  cheminement  visibles  de 
la  matière  tuberculeuse  a  travers  les  voies  lymtphatiques,  son  dépôt  en  divers 
points  de  l'organisme,  sa  prolifération  même  sur  tous  ces  points  et  Timprégna- 
tion  simultanée  de  notre  économie  par  un  virus,  puis  l'explosion  soudaine  et 
générale  des  effets  de  ce  poison  morbide.  »  (Làe.  ciL,  p«  178.) 

Mais,  comme  nous  l'avons  déjà  observé,  les  conditions  dans  lesquelles  on 
fait  l'inoculation  des  produits  spécifiques  ordinaires,  le  Vaccin,  le  virus  syphi- 
litique  par  exemple,  sont  loin  d'être  les  mêmes  que  pour  le  tubercule.  Les  pre- 
miers, en  effet,  se  trouvant  à  l'extérieur,  sont  recueillis  sur  le  vivant;  le  tubercule 
au  contraire,  caché  dans  la  profondeur  de  Torganisme,  ne  peut  être  prjsquesur 
U  cadavre  d'un  phthisique  ou  sur  le  corps  d'un  animal  préalablement  sacrifié. 
Ne  complique-t-on  pas  ainsi  la  question  d'une  altération  du  produit  inoculé, 
surtout  lorsqu'on  le  recueille  sur  le  cadavre  d'un  phymàtique,  où,  aux  consé- 
quences de  la  mort,  s'ajoutent  celles  d'une  mialadie  qui  a  du  terminer  son  évo- 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  i'J7 

liitioB  pour  conduire  à  celte  fin  fatale?  Les  produits  ainsi  modifiés"  ne  doivent- 
ils  pas  être  plus  irritants  que  les  produits  spécifiques  ordinaires,  réagir  par 
conséquent  davantage  sur  les  lymphatiques;  et  ne  voit-on  pas  aussi  d/ins  la 
morve,  lorsque  le  virus  a  agi  sur  une  plaie,  se  développer  d'abord  des  phéno- 
mènes locaux. 

En  outre,  le  tubercule  est  plus  solide  que  tous  les  autres  produits  spécifiques, 
nouvelle  cause  d*irritation  lymphatique. 

Enfin  les  voies  lymphatiques  qui  servent  àTabsôrption  de  tous  les  agents 
morbides  sont  le  terrain  d'élection  du  tubercule;  rien  d'étonnant  donc  que,  sur 
son  terrain,  le  (tubercule  laisse  des  traces  plus  visibles  que  les  autres  virus. 

Il  ne  faut  pas  exagérer  cette  loi  de  l'imprégnation  simultanée  de  l'économie 
saivie  de  l'explosion  soudaine  et  générale  des  eff'ets  dès  virus  ;  en  tout  cas,  si 
cette  loi  peut  être  appliquée  aux  maladies  virulentes  aiguës,  eHe  ne  peut  l'être 
qu'avec  beaucoup  moins  de  rigueur  aux  maladies  virulentes  chroniques;  la 
syphilis  et  la  morve  nous  en  fournissent  des  preuves  surabondantes. 

Du  reste,  l'incubation,  dans  la  phthisie  expérimentale,\esl  latente,  quoi  qu'en 
dise  M.  Ptdoux,  lorsqu'on  a  soin  de  ne  pas  provoquer  par  le  procédé  opératoire 
des  symptômes  étrangers.  En  effet,  en  inoculant  la  matière  préparée  d'après  io 
procédé  Chauveau,  douée  exclusivement  de  ses  propriétés  spécifiques,  et  l'irio- 
culaBt>  avec  les  précautions  indiquées  par  cet  expérimentateur,  l'inoculation 
resie,  comme  il  l'a  constaté,  absolun^ent  sans  effet  pendant  8, 10,  45  ou  même 
22  jours,  et  ce  n'est  qu'après  cette  période  de  temps  que  la  tumeur  apparaît 
au  lieu  de  l'inoculation. 

l)*"  c  L'inflammation  vaccinale,  syphilitique,  morbilleuse,  etc.,  a  de  certains 
aspects  pathognomoniques  ;  l'inflammation  tuberculeuse  n'a  pas  de  cachet.  > 
(Loe.  crt.,  p.  492.) 

Disons  plutôt  que  son  cachet  n'est  pas  encore  connu  ;  car,  lorsque  nous  voyons 
une  inflammation,  comme  l'inflammation  tuberculeuse,  avoir  quelque  chose 
de  spécial  dàn>  son  développement,  sa  marche  et  sa  fin,  nous  sommes  portés  à 
croire  que,  si  les  moyens  explorateurs  de  l'anatomie  pathologique  étaient  assez 
puissants,  le  cachet  de  cette  inflammation  pourrait  être  trouvé. 

Pidoux,  lui-même,  notre  contradicteur,  est  de  cet  avis.  Ne  dit-il  pas,  page  2 
de  son  mémoire  :  t  On  devrait  pouvoir  reconnaître  la  tuberculose  à  un  de  ses 
symptômes  quelconques  aussi  bien  qu'en  voyant  les  tubercules  eux-mêmes;  et, 
si  l'anatomie  pathologique  était  parfaite,  l'aspect  du  sang,  d'un  vaisseau  lym- 
phatique ou  sanguin,  d'un  élément  organique  quelconque  du  phthisique,  révé- 
lerait la  nature  de  la  maladie  aussi  spécialement  que  la  production  morbide 
8ui  generis  qui  en  est  la  manifestation  fixe  et  plastique.  » 

Le  tubercule  de  la  morve  peut-il  être  si  facilement  distingué  du  tubercule  de 
la  phthisie?  L'œil  le  plus  exercé  au  microscope  saura-t*il  reçQnnaUre  le  pu^ 
syphilitique  du  pus  ordinaire  ? 


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198  MÉMOIRES  ET  OBSfiRVATfONS. 

Edt-il  même  joste  de  demander  à  l'inflammation  tuberculeuse  un  aspect 
aussi  pathognomonique  qu'à  Tinflammation  vaccinale,  morbi lieuse,  etc.? 

La  Vaccine,  la  rougeole,  etc.,  les  maladies  virulentes  aiguës  en  tout  cas  con^ 
stituent  un  mode  temporaire  et  superficiel  de  Tètre;  la  tuberculose,  au  con« 
traire^  en  constitue  un  mode  trop  souvent  fixe  et  en  tout  cas  profond;  aussi 
l'inflammation  des  premières  doit  trancher  davantage  sur  les  parties  avoisi- 
nantes  et  avoir  un  cachet  plus  manifeste  que  l'inflammation  de  la  seconde. 

ii""  «  L'espèce  d'organisme  pathologique  ou  de  maladie  générale  qui  résulte 
des  inoculationsn'a  ni  solidarité,  ni  unité.  C'est  un  assemblage  ^e  lésions  ou 
de  groupes  tuberculeux  disséminés  sur  divers  points  sans  tuberculose  et  surtout 
sans  phthisie.  »  (Loc.  cit.^  p.  185.) 

Le  fait,  encore  une  fois,  n'est  pas  exact;  nous  en  prenons  comme  témoin 
M.  Pidoux  lui-même  :  c  Si,  dit-il  page  180  de  son  ouvrage,  on  laisse  vivre 
ranimai,  la  constitution  peut  s'affecter  et  le  dépérissement  ou  La  phthisie  pro- 
prement dite  survenir,  t  II  ajoute,  il  est  vrai  :  «  cela  est  rare.  » 

Qu'après  cela  la  phthisie  ne  se  déclare  pas  lorsqu'on  ne  lui  laisse  pas  le 
temps  de  se  déclarer;  qu'elle  se  déclare  rarement  lorsqu'on  opère  sur  des  ani* 
maux  auxquels  on  veut  imposer  une  maladie  qui  ne  leur  appartient  paf,  cela 
ne  doit  pas  nous  étonner;  on  ferait  même  bien  de  le  passer  sous  silence. 

Nous  avons  épuisé  les  arguments  de  M.  Pidoux;  et,  après  les  avoir^discutés, 
nous  croyons  inutile  d'ajouter  que  nous  maintenons  notre  opinion,  c'est  à-dtre 
la  virulence  et  la  spécificité  de  la  tuberculose  au  pbint  de  vue  expérimental. 

(La  fin  au  prochain  numéro,) 


Db  la  rétroversion  de  l'utérus  pendant  la  grossesse,  par  M,  le  docteur 
N.  Charles,  de  Liége^  lauréat  de  l'Académie  de  médecine  de  Paris^  Membre 
correspondant  de  la  Société ^  etc.  {Suite.  —  Voir  notre  cahier  d*Àeût, 
'page  95). 

Dans  un  cas  que  nous  verrons  plus  loin  M.  Martin  (de  Tonneins)  fut  appelé 
par  un  médecin  qui  croyait  à  une  grossesse  pénible;  dans  le  suivant,  rapporté 
par  Schmitt,  de  Vienne,  en  18â0,  l'erreur  fut  plus  grossière  :  une  accoucheuse 
prit  le  fond  utérin  pour  la  tête  d'un  enfant  et  chercha  à  l'extraire; 
l'accoucheur  de  ta  maison  méconnut  aussi  le  déplacement  et  crut  à  un  avorte- 
ment  pur  et  simple. 

Obs.  XX.  —  Utérus  rétroversé  pris  pour  la  tête  d*un  fœtus;  avortement, 
réduction  spontanée  ;  par  G.  Schmitt,  de  Vienne.  —  Une  bourgeoise,  forte, 
bien  portante,  qui  avait  déjà  eu  onze  couches  heureuses,  était  au  troisième  mois 
d'une  nouvelle  grossesse;  après  une  promenade  an  peu  longue,  elle  fut  prise  de 
fortes  douleurs^  d'hèmorrhagie  et  d'autres  signes  d'avorlement.  Une  sage  femme 
fut  appelée^  qui,  ayant  rencontré  un  corps  arrondi  dans  le  vagin,  eut  la  nnala^ 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.       .  199 

dresse  de  le  prendre  pour  la  tête  d'un  enfant,  le  saisit  et  tira  dessus  sans  pou- 
voir ramener  au  dehors. 

"  Le  médecin  a(;coucheur  de  la  maison  méconnut  aussi  Ja  nature  de  la  tumeur 
et  laissa  à  la  nature  le  temps  de  compléter  Tavortement.  Ce  dernier  eut  lieu, 
mais  quand  la  femme  voulut  se  lever,  elle  éprouva  de  la  pesanteur  dans  le 
bassin  avec  tiraillement  comme  si  quelque  chose  eût  descendu,  et  n'alla  k  la 
selle  qu'avec  la  plus  grande  difficul^té.  Le  docteur  Schmitt,  appelé  dix  jourâ 
après  la  fausse  couche,  trouva-  Tutérus  recourbé  comme  une  relorte  :  l'orifice 
était  situé  contre  Tarcade  pubienne,  tandis  que  le  corps  se  trouvait  enfoncé 
dans  la  cavité  pelvienne  contre  le  rectum.  Comme  Pémissiqn  deâ  urines  était 
libre  et  l'utérus  très-sensible,  le  docteur  Schmitt  ne  tenta  point  de  réduire,  et 
se  contenta  de  recommander  le  coucher  latéral  et  même  le  plus  souvent-  pos- 
sible, la  position  sur  le  ventre.  Le  médecin  ordinaire,  aussitôt  la  disparition  de 
la  sensibilité  de  la  matrice,  devait  introduire  deux  doigts  dans  le  vagin  et  faire 
tous  les  jours  quelques  légères  tentatives  de  réduction. 

Ce  ne  fut  que  quarante-deux  jours  après  l'emploi  de  ces  moyens  que  la 
réduction  fut  complète.  On  voulut  faire  porter  alors  un  pessarre,  mais  la 
malade  ne  le  supporta  que  deux  jours.  On  prescrivit  ensuite  des  irijections 
av^c  une  décoction  d'écorces  de  chéné,  qui  produisirent  un  bon  effet.  Les  règles 
reparurent  bientôt,  et  depuis  lors  cette  femme  a  eu  deux  couches  heureuses. 

Le  cas  qu'on  va  lire  est  plus  incroyable  encore  :  un  médecin  prend  Tutérus 
rétroversé  pour  une  môle  et  opère  diverses  tractions  pour  l'extraire  ! 

Obs.  XXL  —  Utérus  rétroversé  pris  pour  une  môle;  rupture  du  vagin; 
mort,  autopsie;  par  M.  GnsusER,  de  Dresde  (1).  -  Une  sage*femme  fut  appelée 
le  soir,  auprès  d'une  femme  logée  dans  une  misérable  cabane,  et  couchée  sur 
la  paille.  Cette  malheureuse  se  plaignait  d'un  sentiment  de  forte  pression,  de 
ténesmes  dans  le  bas-ventre,  de  douleurs  au  sacrum  et  de.  constipation.  Un 
médecin  arniva  à  huit  heures.  Le  visage  de  la  malade  était  décotnposé,  pâle; 
le  pouls  très- petit;  elle  se  plaignait  de  violentes  douleurs  et  perdait  du  sang 
par  la  vulve.  Présumant  que  la  tumeur* était  une  môle,  le  médecin  se  mit  à  la 
Jirer  en  divers  sens  :  pendant  ces  tractions,  il  s'écoula  environ  deux  litres 
d'eau»  les  douleurs  et  l'hémorrhagie  s'accrurent.  Un  docteur  en  médecine  fut 
requis,  et  reconnut  une  rétroversion  de  la  matrice;  à  minuit,  la  patiente 
mourut. 

On  trouva  à  Tautopsie  une  tumeur  grosse  comme  la  tête  d'un  enfant,  faisant 
issue  hors  de  la  vulve.  Oette  tumeur  était  formée  par  lesovaires  et  tout  le  corps 
de  l'utérus  qui  faisaient  hernie  à  travers  une  déchirure  de' la  paroi  postérieure 
du  vagin.  La  matrice  était  renversée  en  arrière  de  telle  sorte  que  son  col  était 
encore  contenu  dans  le  bassin^  elle  contenait  un  embryon  de  la  grosseur  d'un 
œuf  de  poule.  Le  rectum  était  d'un  rouge  intense  ;  la  vessie,  vide,  était  injectée 
à  sa  partie  inférieure. 

Dans  le  cas  suivant  l'erreur  de  diagnostic  était  inévitable  au  moment  de 
l'entrée  de  la  malade  à  rhôpital;  si  l'autopsie  u'avait  pa$  été  convenablement 

(4)  M (mai$chri fl  fiirg^mr8tkundii,etc,  Berlin 9  iSÏÏI, 


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SOO  MÉMOIRES  £T  OBSERVATIONS. 

pratiquée,  personne  n'aurait  même  probablement  soupçonné  la  cause  de  tous 
ces  maux  :  les  symptômes  de  la  péritonite,  suite  du  déplacement  utérin  aban- 
donné à  lui-même,  masquaient  complètement  les  autres  et  empêchaient,  pen- 
dant la  vie,  tout  examen  local. 

Ôfis.  XXII.  —  Rétroversion  prke  pour  une  péritonite;  mort^  autopsie;  par 
6oi}Gis(l).  —  Une  femme,  de!26  ans,  très-forte,  mariée  depuis  quelques  mois, 
occupée  à  des  travaux  pénibles,  éprouvait  depuis  quelque  temps  des  douleur 
dans  les  lombes  et  à  l'hypogaslre,  quelque  fois  de  la  constipation  et  de  la  don* 
leur  en  urinant,  lorsque  le  i4  mars  1815,  enceinte  de  trois  mois  environ,  ayant 
sur  le  dos  un  sac  trè8*pesant,  elle  fit  une  chute.  Dans  le  même  moment,  dou- 
leur vive  à  rhypogastre  avec  un  sentiment  de  déchirement  dans  les  lombes  ; 
elle  fut  conduite  chez  elle.  Depuis  ce  temps  jusqu'au  47  du  même  mois  qu'on 
l'amena  à  l'hôpital,  elle  avait  beaucoup  souffert  :  cohsiipation  opiniâtre,  impos- 
sibilité d'uriner,  sentiment  d'un  poids  insupportable  au  fondement,  fièvre 
continue.  Gougis  constata  :  ventre  généralement  douloureux,  surtout  en  bas, 
tendu,  rénitient;  douleur  atroce  au  fondement  et  vers  le  pubis  ;  impossibilité 
d'uriner  et  d'aller  i  la  selle;  sentiment  de  chaleur  interne  et  cuissons  doulou- 
reuses dans  l'intérieur  des  parties  génitales,  avec  gonflement  considérable  des 
grandes  lèvres  et  des  environs  ûe  la  vulve*,  pouls  vif,  fréquent,  très-serré; 
chaleur  de  la  peau  très-intense;  respiration  fréquente,  pénible;  nausées,  etc. 
On  crut  à  une  péritonite  aiguë,  sans  comprendre  l'état  des  parties  génitales 
(bains,  sangsues,  fomentations  émollientes).  Le  tpucher  est  impossible  à 
cause  des  douleurs  atroces  qu'il  occasionne.  Le  méat  urinaire  est  difficile  à 
trouver  dans  les  parties  engorgées,  et  la  sonde  ne  peut  être  introduite,  quelque 
direction  qu'on  lui  donne. 

Le  18,  hoquet,  continuation  des  rétentions  d*urine  et  de  matière  fécale.  En 
voulant  de  nouveau  sonder^  on  trouve  ^n  corps  dur  dans  le  vagin  et  l'on  croit 
à  une  chute  de  matrice. 

Le  19,  l'état  général  est  aggravé;  on  sent  de  la  fluctuation  dans  le  ventre, 
on  soupçonne  une  rupture  de  la  vessie.  La  femme  expire  à  5  heures  du  soir  (cinq 
jours  après  l'accident). 

On  trouva,  à  Tautôpsie,  le  péritoine  rouge  et  enflammé  dans  tous  ses  points, 
surtout  en  bas;  vers  la  vessie  et  le  rectum,  épanchement  de  deux  pintes  d'un 
liquidé  sèrosanguinolent;  la  vessie  dépassait  le  pubis  et  ne  contenait  pas  plus 
d'une  pinte  d'urine.  L'utérus  remplissait  en  entier  toute  l'excavation,  de  telle 
sorte  que  son  fond  répondait  à  la  concavité  du  sacrum  et  son  col  pressait  for- 
tement contre  la  partie  moyenne  du  pubis  le  col  de  la  vessie,  qui  parut 
enflammé.  L'utérus  était  enclavé  au  point  qu'il  fallut,  pour  en  opérer  le  dépla- 
cement, introduire  la  main  dans  le  vagin  pour  soulever  le  fond,  tandis  qu'on 
pressait  en  haut  sur  le  col.  La  partie  supérieure  du  rectum  et  l'S  du  colon 
étaient  remplies  de  matières  fécales  très-dures.  La  matrice;  contenait  un  fœtus, 
dont  le  volume  parut  coïncider  avec  ce  qu'avait  dit  la  mère. 

Dé  même  que  dans  cette  observation  et  dans  celle  de  Reynick  rapportée 

(1)  Oougîs,  Thèse  de  Parti,  1817.  Obs.  I". 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  201 

précédemment  (Obs.  II),  il  fallut  aussi  un  examen  minatieux  post  mortem  pour 
découvrir  le  déplacement  dç  l'utérus  dans  le  cas  suivant. 

Ofts.  XXIII.  — Rétroflexion  méconnue;  mort^  autopsie;  par  Wtlczek  (1). 
—  Une  femme  de  27  ans  éprouva,  au  milieu  du  troisième  mois  de  sa  grossesse, 
une  difficulté  d'uriner  et  d'aller  à^  la  selle,  qui  augmenta  progressivement.  Au 
commencement  du  quatrième  mois,  elle  ressentit  par  intervalle  des  douleurs 
dans  les  lombes,  les  hanches  et  le  bassin.  La  sage-femme  trouva  Torifice  utérin 
très-élevé,  et,  à  la  partie  postérieure  du  vagin,  une  tumeur  dure,  qu'elle  prit 
pour  un  amas  de  matières  stercorales.  La  malade  ne  pouvait  aller  à  la  selle 
sans  lavements,  et  ceux-ci  pénétraient  très-difficilement. 

L*urine  coulait  goutte  à  goutte  ;  le  ventre  était  très-dur.  et  développé  comme 
à  sept  mois  de  grossesse.  A  la  fin  du  quatrième  mois,  les  souffrances  furent  si 
aiguës,  qu'on  crut  à  un  avortement  prochain  ;  on  se'livra  à  des  manœuvres  de 
dilatation  sur  les  parties  génitales;  la  fièvre  ne  tarda  pas  h  se  développer,  et 
Ja  malade  succomba.  ^ 

Voici  ce  que  Ton  constata  à  Tautopsie  :  vagin  presque  entièrement  fermé  par 
une  tumeur  située  en  arrière;  orifice  utérin  très-élevé,  à  peine  acessibic  au 
toucher;  vessie  énormément  développée,  remontant  jusqu'à  Tombilic,  enflam- 
mée^ ulcérée  ainsi  que  les  intestins.  Le  corps  de  l'utérus  était' infléchi  au  voisi- 
nage de  son  col,  courbé  en  arrière  et  en  bas,  entre  le  rectum  et  le  vagin,  et 
abaissé  presque  jusqu'au  périnée;  le  col,  courbé  sous  un  angle  très-aigu 
d'avant  en  arrière,  était  très-allongé  ;  la  tète  du  fœtus  était  tournée  vers  le 
périnée;  le  placenta  s'implantait  au  fond  de  l'organe. 

Bien  peu  de  praticiens  auraient  pensé  à  un  déplacement,  possible  de  l'utérus 
dans  le  cas  suivant  rapporté  par  le  savant  professeur  de  Nancy. 

Obs.  XXIV.  —  Rétrovenion  à  quatre  mois  de  grossesse  annonc^èe  seulement 
par  des^  vomissements  incoercibles;  réduction ^  guérison;  par  M.  le  professeur 
Stoltz  (2).  —  M.  Stollz  fut  appelé  près  d'une  jeune  dame,  mariée  deptiis  trois 
ans,  dont  les  règles  n'avaient  point  paru  depuis  quatre  mois.  On  la  croyait 
enceinte  et  elle  l'était  en  effet.  Cependant  son  mari  assura  qu'il  n'avait  janiais 
pu  faire  pénétrer  sa  verge  dans  l'intérieur  du  vagin.  Cette  dame  avait  chaque 
matin  des  vomissements  incoercibles  qui  l'affectaient  de  la  manière  la^plus 
pénible.  M.  Stoltz  la  toucha,  et  remarqua  que,  malgré  son  état,  l'hymen  était 
à  peu  près  intact.  Il  le  fendit  avec  des  ciseaux,  reconnut  une  rétroversion  de 
l'utérus  qu'il  remit  en  place,  et  l'accouchement  se  fit  parfaitement* 

Combien  facilement,  et  d'une  toute  autre  façon  que  la  vraie,  n'aurait-on  pas 
expliqué  les  avortements  répétés  des  femmes  observées  par  MM.  Barnes  et 
Phillips,  dont  nous  parlerons  plus  loinl  N'est-il  pas  aussi  évident  que  si  Martin 
n'avait  pas  examiné  par  le  toucher  l'épouse. D...  (dont  l'observation  est  relatée 
plus  bas),  tout  ce  qui  s'est  passé  aurait  eu  lieu  exaciementde  la  même  manière, 
attendu  que  dès  qu'on  est  consulté  pour  une  fausse  couche  la  première  recom- 

(4)  Cuseo,  Thèse  dP agrégation.  Paris,  1853. 
{*2)  Gazette  des  hôpitaux,  iS^7 ,^ 

26 


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302  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

mandation  est  le  déeubitBS  dorsal,  et  persenite  n*aUrait  soupçonné  la  rétfo^- 
version. 

J*ai  dit  que  beaucoup  de  praticiens  ne  connaissent  la  rétroversion  que  de 
nom  et  encore...  Que  penser  par  exemple  du  fait  suivant. 

Obs.  XiV.  —  Anasarque  par  rétention  mécanique  de  Vurine^  par  M.  Balp(1)- 
—  Fenime  do  %5  ans,  bien  constituée,  enceinte  de  trois  mois,  qui  depuis  dix 
jours  enflait  graduellement.  Anasarque  énorme,  phlyciènes  à  llntérleur  des 
grandes  lèvres,  iirine  par  regorf^erhlE'nt,  anxiété  et  agitation  excessive. 

M.  Balp  <it*ôyant  à  une  paralysie  de  la  vessie,  pratique  le  c^thélérisme,  qui 
présente  comme  particulâi*ilè  un  obstacle  assez  «résistant  du  col  de  ta  vessie  } 
i^dbO  grammes  d*ùrine  fétide  et  trouble.  Tout  s^apaise;  mais  bientôt  tous  les 
symptômes  se  ^Reproduisent  :  second  cathétérismè  ;  ainsi  de  suite  pendant  plu- 
sieurs jours,  jusqu'à  fce  qu'un  avorierttent  arrive,  qui  permet  à  Tutéruâ  HtYo- 
versé  de  reprendre  sa  (^Oâitibn  naturelle  et  à  l^irihe  de  s'éliminer  normalement. 

L'auteur  ne  me  parait  pas  s'être  douté  qu'il  y  avait  un  moyen  de  faire  diipa- 
raifre  «  l'obstacle  mécanique  à  l'excrétion  de  l'urine,  »  et  d'éviter  i'avorte- 
merit.  Le  mot  rétroversion  ne  6e  trouve  mén^e  pas  dans  l'observation  suivànttâ  ; 
la  chose  est  cependant  assez  claire,  et  sî  le  résultat  a  été  plus  heureux  ()ue 
dans  le  cas  précédent,  c'est  que  la  nature  est  une  très-bonne  mère. 

Obs.  XXVI.  —  Observation  dé  rétention  d'urine  tiu  quatrième  mois  de  la 
grossesse,  durant  trois  semaines  et  ocastsionnant  des  symptômes  assez  rares  de 
compression  des  organes  voisins,  par  M.  le  docteur  Garnier  (2)«  —  Le  21  no- 
vembre 1874,  M.  Garnier  fuf  appelé  dans  la  banlieue  de  la  ville  du  iMans  pour 
une  femme  de  5)  ans,  enceinte  jpour  la  première  fois  de  quatre  mois  et  demi 
et  enflée  depuis  trois  semaines. 

Elle  était  étendue  sur  le  dos>  ^ceu^it  des  dotileurs  (rès-viVes  dans  l'abdôM^ti 
surtoui  au  niveau  des  fosses  iiiaqu^es.  La  vessie  formtoi<  utié  tumeur  glb^bli^ilse 
remontant  à  trois  travers  de  doigt  eu-d)^ssus  de  Tombilic;  îi  y  lavait  œdème  des 
membres  inférieurs,  des  grandes  lèvres,  de  la  peau  du  ventre;  ta  vulve  était 
«M  pttr(<e  oblitérée  par  une  saillie  tùnèidérûbh  de  la  patoi  postérieure  Vagi- 
nale. (L'aiitetir  n'a  pus  reehierchc  la  Cause  de  c^ttle  sailH^e  ou  do  moins  ne  fe 
dit  pQs). 

Trois  semaines  auparavant,  la  patiente  avait  été  réveillée  une  ï^uil  par  \t 
besoin  d'uriner  et  n^avait  pu  satisfaire  ce  besoin  :  [l^endant  deux  jours,  elle  se 
livra  à  de  vains  efforts  puis  commença  à.  uriner  i^utte  à  goutte.  Elle  souffrait 
dans  le  ventre  et  n'allait  pas  ou  presque  pas  à  la  selle;  cependant  elle  conti- 
nuait à  travailler  et  apportait  tous  les  jours  le  lait  en  ville  (2  kilomètres)  ;  après 
quelques  jours,  les  pieds  enflèrent,  puis  les  autires  parties  ^suivirent. 

Depuis  deux  joorà,  les  uHnes  lavaient  comptételù^ent 'cessé  de  tO^Xet  et  la  ma- 
lade gardait  le  lit.  M.  Garnier  diàgii(ystiK)ûà  Une  rétention  d'ùriHé  (éôknmétAi 

(h)  Abeille  médicale^  i%l%  n»  II. 

(2)  Bulletin  de  la  Société  de  médecine  ie  ta  Sarthe,  ^)liéei  4%7S  A  1^73,  p.  35. 
(Résumé). 


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MfilfOia£S  ET  OfiSfiRVATlONS.  203 

djigno8tique  uoe  toux  ou  un  peint  de  côté..*)  ;  ii  sonda  et  retira  ^eux  litres 
d'urine  normale,  sans  albumine;  mais,  au  bout  de  quelques  heures,  de  nou- 
villes  douleurs  abdominales  se  firent  sentir  et  la  nuit  fut  très-mauvaise.  Qua- 
torze heures  après  (e  premier  cathétérisme,  il  retira  la  même  quantité  d'urine 
et  constata  une  diroinulion  notable  dans  l'œdème,  au  bout  de  quelques  heures, 
Il  vessie  était  de  nouveau  pleine. 

Le  lendemain,  quarante-huit  heures  après  la  première  visite,  les  urines 
élaieol  sanguinolentes^  elle  furent  sanglantes  même  et  cela  dura  deux  jours, 
pois  elles  redevinrent  normales. . 

Alt  bout  de  six  jours,  la  fièvre  persistait  toujours  malgré  le  sulfate  de  quinine 
et  les  toniques  de  toute  nature;  l'es  évacuations,  très-djflSciles  les  premiers 
joars,  finirent  cependant  par  se  rétablir;  l'œdème  avait  disparu  et  les  douleurs 
abdominales  avaient  cessé.  Au  bout  de  dix  jours,  les  urines  commençaient  à 
reprendre  leur  cours  normal  ;  depuis  quelques  jours  du  reste  la  malade  urinait 
iovolontairement,puj6  le  sphincter  vésical  et  le  réservoir  reprirent  leur  ressort 
peu  à  peu. 

En  parcourant  les  journaux,  j'ai  déjà  vu  bien  des  cas  ressemblant  à  ceux  de 
m.  Balp  et  de  M.  Garnier,  mais  je  les  passe  sous  silence  parce  qu'ils  sont  moins- 
bien  caractérisés.  H.  le  docteur  Ronvaux,  de  Namur,  a  rattaché  à  l'anasarque 
saite  de  rétention  d'urine  plusieurs  faits  de  rétroversion  de  l'utérus  gravide;  ce 
qni  me  parait  inexplicable  de  la  part  d'un  confrère  aussi  distingué,  c'est  d'ap- 
peler anasarque  un  œdème  des  membres  inférieurs  et  de  faire  dépendre  cette 
infiltration  de  la  rétention  d'urine  alors  qu'elle  s'explique  si  aisément  par  la 
compression  des  vaisseaux  hypogastriques  par  le  fond  de  l'utérus  rétroversé; 
voici,  du  reste,  un  extrait  de  l'intéressante  communication  qu'il  a  faite  à  la 
Société  médico-chirurgicale  de  Liège.  ' 

.  Obs.  XXVII.  —  Rétroversion  à  troiê  mois  de  grosstêse;  réduction  au  moyen 
de  la  main  entière  introduite  dans  le  vagin;  guérison^  par  M.  Ronvaux,  de 
Namur  (1).  —  Je  fus  affpelé  en  consultation  par  mon  confrère,  le  docteur  Mon- 
noyer,  de  Spy,  auprès  d'une  femme  âgée  d'environ  40  ans  qui  était  atteinte 
d'anasarque  et  paraissait  aussi  atteinte  d'une  ascite  considérable.  Les  membres 
inférieurs  étaient  fortement  œdématiés,  et  le  ventre  avait  atteint  le  développe- 
ment qu'il  a  ordinaireme^it  chez  les  femmes  enceintes  de  neuf  mois  :  le  ventre 
présentait  une  matité  complète  dans  toute  sa  partie  antérieure  et  bien  au-dessus 
de  rombilic.  La  fluctuation  y  était  aussi  très-manifeste  à  la  percussion  ;  bref 
toiîs  les  symptômes  d'une  ascite  intense,  moin^  cependant  la  forme  du  ventre 
qui  n'était  pas  batracienne  comme  dans  Tascite^  mais  plutôt  ovoïde  comme  dans 
là  grossesse.  Cependant  les  r^les  n'avaient  cessé  chez  cette  femme  que  depuis 
trois  mois,  et  aucun  mouvement  fœtal  n'avait  jamais  été  perçu. 

Les  accidents  dataient  de  six  semaines  environ;  la  femme  avait  commencé 
par  souffrir  du  bas  ventre,  et  présenter  des  difficultés  dans  la  mfction  et  la  défé- 
cation. Elle  avait  été  sondée  plusieurs  fois,  et  depuis  quelque  temps  elle  per- 

(I)  4tma^9  dfi  la  Société  médico-chirur^icale  de,Lié^fi,  juillet  1874. 


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20i  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

dail  constamment  de  Turine  tout  en  pouvant  de  temps  en  temps  en  émettre  de 
petites  quantités  par  jet. 

Mon  confrère  me  dit  quMI  avait  cherché  à  constater,  par  le  toucher,  l'état  de 
la  matrice  chez  cette  femme,  mais  qu'il  n'avait  jamais  pu  atteindre  le  col,  que  le 
toucher  était  d'ailleurs  rendu  difficile  par  la  présence  de  tumeur  ou  gonflement 
en  avant  et  en  arrière.  L'idée  me  vint  aussitôt,  que  nous  avions  affaire  à  un 
déplacement  de  la  matrice,  qui  ayait  produit  une  rétention  d'urine  et  tous  les 
accidents  qui  s'en  étaient  suivis.  J'introduisis  une  sonde  d'homme  dans  la  vessie 
et  il  s'en  écoda  une  quantité  vraiment  énorme  d'urine,  il  y  en  avait  plein 
un  seau.  , 

Le  cathétérisme  que  l'on  avait  pratiqué  plusieurs  fois  auparavant  avec  une 
sonde  de  femme  n'avait  amené  que  des  quantités  d'urine  beaucoup  plus  faibles 
et  n'avait  jamais  produit  la  disparition  de  la  tuméfaction  du  ventre. 

Par  suite  du  cathétérisme  que  je  pratiquai,  le  ventre  se  vida  complètement 
et  toute  espèce  de  tumeur  disparut.  Il  nous  fut  même  im|)0S8ible  de  constater 
la  présence  de  la  matrice  par  le  palper  abdominal. 

J'introduisis  alors  le  doigt  dans  le  vagin  et,  comme  l'avait  constaté  mon  con- 
frère, il  me  fut  impossible  de  toucher  le  col  de  là  matrice;  mais  je  constatai  la 
présence  dans  la  partie  postérieure  du  petit  bassin  d'une  tumeur  bien  unie  et 
peu  sensible,  que  je  reconnus  pour  la  matrice  complètement  renversée. 

Je  cherchai  à  la  réduire  avec  les  doigts,  mais  cela  me  fut  impossible. 

Cependant,  m'étaht  de  nouveau  bien  assuré  de  mon.diagnostic,  je  résolus  d'in- 
troduire violemment  toute  la  main  dans  le  vagin.  La  pression  que  j'obtins  par  ce 
moyen  fut  assez  forte  pour  déplacer  la  matrice,  et  la  réduire  complètement. 

La  femme  a,  malgré  sa  grande  faiblesse,  assez  bien  supporté  cette  manœuvre 
fort  violente,  et  dep.uis  lors  tous  les  accidents  ont  cesse  comme  par  enchante- 
ment. L'anasarque  disparut  avec  la  libre  sortie  des  urines,  et  la  grossesse 
poursuivit  régulièrement  son  cours. 

J'ai  constaté  également  cette  anasarqu'e,  suite  de  rétention  d'urine,  dans  les 
premiers  mois  de  deux  grossesses  successives,  chez  une  femme  qui  n'était 
atteinte  que  d'une  simple  rétroversion  de  la  matrice,  et  chaque  fois  il  a  suffi  de 
sonder  la  femme  deux  ou  trois  fois  par  jour  pour  la  faire  disparaître. 

Je  ne  me  rappelle  aucun  cas  d'anasarque  survenue  dans  les  mêmes  conditions 
chez  l'homme,  probablement  parce  que  nous  sommes  beaucoup  moins  habitués 
à  supporter  les  rétentions  d'urine,  que  les  femmes  t|ui  la  plupart  ont  appris  à 
retarder  très-longtemps  et  presqu'à  volorUé  l'acte  de  la  mixtion. 

Supportant  plus  difficilement  la  détention,  les  hommes  appellent  plus  rapide- 
ment les  secours  de  l'art  et  ne  donnent  pas  à  l'anasarque  le  temps  de  s'établir. 

Cette  espèce  jJ'anasarque  provient,  ainsi  que  je  l'ai  dit  dans  mon  mémoire, 
de  ce  que  la  sécrétion  des  rognons  s'arrête,  dès  qtie4'urine  a  atteint  dans  les 
uretères,  une  pression  de  7  à  8  millimètres  de  mercure. 

On  pourra  constater  en  parcourant  les  nombreuses  observations  contenues 
dans  ce  travail  que  le  diagnostic  de  la  rétroversion  a  souvent  été  réservé  et  que 
des  erreurs  ont  été  commises  par  des  praticiens  comme  Dupuytren,  Capuron, 
Lisfranc,  Boivin,  A.  Dubois,  Maygrier,  Depaul,  etc.  ;  on  pourra  voir  également 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  Î205 

qae  souvent  on  croit  à  une  fausse  couche  ordinaire  et  que  la  femme  n'appelle 
une  accoucheuse  ou  un  médecîn.et  n'entre  à  l'hôpital  quepoui^  s'y  faire  soigner 
de  cet  accident. 

Il  est  donc  prouvé  que  souvent  des  sages-femmes  et  des  médecins»  des  accou- 
cheurs mêmes,  ont  méconnu  la  rétroversion,  alors  cependant  que  les  accidents 
étaient  graves  et  caractéristiques  ;  des  praticiens  plus  expérimentés  ou  plus 
habiles  sont  venus  après  éta1)lir  le  diagnostic.  Or,  il  a  dû  arriver  souvent  que 
des  erreurs  n'ont  pas  été  relevées  :  les  femmes  ont  avorté^  ou  même  ont  suc- 
combé et  le  tout  a  été  expliqué  par  une  prédisposition,  un  choc,  un  effort,  un 
coupj'^une  péritonite,  une  rétention  d'urine,  une  affection  nerveuse  peut-être  ? 

La  rétroversion^  qui  parait  au  premier  abord  si  facile  à  constater,  n'est-clle 
pas  du  reste  restée  dans  l'ombre  pendant  des  siècles  ?  N'a-telle  pas  échappé  à 
l'attentive  observation  des  Guillemeau,  Mauriceau,  De  la  Motte,  Smellîe, 
A.  Petit,  Stein,  etc.?  ^ 

M.  Salmon  fait  remarquer  que  les  faits  de  rétroversion  ont  surtout  été  rap- 
portés par  des  médecins  exerçant  en  province,  dans  les  campagnes  et  les  petits 
centres  de  population  et  que  plusieurs  femmes,  observées  par  des  médecins  de 
villes  importantes,  venaient  de  la  campagne. 

Il  explique  cette  particularité  en  observant  que  dans  les  grandes  villes  ce 
sont  surtout  les  hommes  qui  sont  employés  aux  travaux  les  plus  rudes  et  les 
plus  forts,  tandis  qu'à  la  campagne  les  femmes,  mêmes  enceintes,  portent  des 
fardeaux  pesants,  conduisent  de  lourdes  chareltes  et  ont  des  occupations  exces- 
sivement pénibles. 

Or  donc,  en  tenant  compte  de  ce  que  j'ai  dit  plus  haut,  on  voit  que  ce  sont 
précisément  les  femmes  qui  s'ont  les  plus  exposées  à  la  rétroversion  et  qui  en 
sont  en  effet  atteintes  le  plus  souvent,  qui  risquent  le  plus  de  voir  leur  accident 
méconnu. 

Peu  d'auteurs  au  surplus  donnent  leur  avis  sur  la  fréquence  de  la  rétrover- 
sion pendant  la  grossesse.  Elleau^ne  ne  la  croit  pas  très-rare;  |^.  Salmon  pense 
qu'elle  est  peu  fréquente;  il  nous  dit  cependant  qu'il  en  a  observé  déjà  trois 
cas,  quoiqu'il  ne  pratique  pas  depuis  longtemps. 

Moreau  et  Lacroix  la  regardent  comme  assez  fréquente  ;  mais  ces  auteurs 
ayant  confondu  dans  une  même  description  la  rétroversion  pendant  la  grossesse 
et  à  l'état  de  vacuité,  ne  peuvent  apporter  qu'un  faible  »ppui  à  ma  thèse. 
Cependant  Moreau  ajoute  qu'il  regarde  comme  assez  fréquente  celle  cause 
d'avortement,  et  cite  à  l'appui  l'exemple  d'une  jeune  dame  qui  dans  l'inter- 
valle d'un  an  fit,  un  peu  avant  trois  mois  de  grossesse,  deux  fausses  couches 
qu'il  attribue  à  la  rétroversion. 

Ce  qui  prouve  également  que  la  rétroversion  n'est  pas  tellement  rare  pendant 
la  grossess'è,  ce  sont  les  cas  relativement  nombreux  observés  par  différents 
médecins.  Nous  avons  déjà  vu  que  le  mémoire  de  Martin,  jeune,  de  Lyon,  con- 


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^6  MÉMOIRES  £T  OBSERVATIONS. 

tiepl  MO  grand  nombre  d'observations  personnelles  (voir  p.  S2)recueilties  dans 
Tespace  de  25  ans.  L'puleur  oroil  même  devoir  avertir  qp*il  s'es(  livré  â  une 
pratique  très-êlendue  des  accouchements  dans  la  seconde  ville  de  France. 

M.Depaul  nous  apprend  qu'il  a  déjà  observé  une  dizaine  de  cas  et  que 
P.  Dubois  en  avait  vu  à  peu  près  autant,  et  il  est  lout  à  f^it  incompréhensible 
que  le  père  de  ce  dernier  n'ait  jamais  eu  l'occasion  de  rencontrer  cet  accideqt. 

Ce  travail  ne  contient  pas  moins  de  onze  observations  tirées  de  la  seule  pra- 
tique de  M.  le  professeur  Hubert,  de  Louvain,  et  plusieurs  d'entre  elles  pré- 
sentent différentes  récidives  à  des  grossesses  suivantes. 

M.  Godefroy,  de  Rennes,  a  déjà  rapporté  six  observations  personnelles,  et 
une  de  son  collègue  M.  Guyot. 

Plusieurs  praticiens.  Négrier,  d'Angers;  Parent,  de  Beaane;  Bleynie,  de 
Limoges;  Champion, de  Bar-lcrDuc;  Salmon,  de  Chartres;  etc.,  en  ont  observé 
chacun  une  série  de  pas.  Ce  qui  prouve  que,  dès  que  le  médecin  a  eu  son  atten- 
tion attirée  sur  cet  accident.  Il  le  retrouve  différentes  fois  dans  sa  carrière 
parce  qu'il  examine  attentivement  et  ne  le  laisse  pas  passer  inaperçu. 

li'auteur  de  l'article  hystéroloxie  du  Dictionnaire  abrégé  des  sciences  médi- 
cales disait  déjà  en  1825  :  «  Quoique  la  rétroversion  soit  encore  considérée 
comme  une  affection  rare,  si  l'on  possédait  une  liste  exacte  de  tous  les  sujets 
chez  lesquels  elle  a  été  MÉcoNifUE  ou  qu'elle  a  fait  périr,  on  la  placerait  peut» 
être  avec  raison  PARMI  LES  MALADIES  LES  PLUS  COMMUNES.  > 

M.  E.  Martin  a  rapporté  à  la  Société  gynécologique  de  Berlin  seize  cas  de 
rétroversion  et  rétroflexion  de  l'utérus  gravide  (Berlin.  Klin.  Wochens,  1874, 
n«  22,  p.  264).  ^ 

V^pho  médical  Suisse  (anniée  1857,  p.  324)  rapporte  que  la  clinique  du 
professeur  Busch  a  reçu  «  soixante-quinze  femmes  atteintes  de  rétroversion 
utérine  pendant  la  grossesse.  Chez  soixanle-neur  d'entr'elles,  la  matrice  i:feprit 
sa  position  normale  en  vingt-quatre  heures;  quatre  cependant,  chez  lesquf'lles 
la  rétention  d'urine  et  la  rétroversion  dataieïit  de  huit  jours,  avortèrent.  Cinq 
fois,  il  fallut  réduire  et  la  fausse  couche  s'ensuivit  » . 

Enfin  le  Médical  Times  and  Gazette,  du  2  mars  1872,  rend  compte  d'une 
discussion  qui  a  eu  lieu  à  la  Société  obstétricale  de  Londres,  et  dans  laquelle 
la  plupart  des  orateurs  ont  déclaré  que  la  rétroversion  était  une  des  causes  les 
pli|s  fréquentes  d'avortement  :  telle  était  d'abord  la  conclusion  du  travail  de 
M.  Phillipps  et  elle  a  été  appuyée  par  MM.  Barnes  et  Braxton  Hickx  :  ce  der- 
nier a  même  avancé  que,  d'après  ce  qu'il  a  vu,  sur  dix  cas  d'avortement,  il  y 
a  huit  fois  rétroflexion. 

;Selon  ces  savants  praticiens,  la  fausse  coUche  peut  survenir  même  avant  qu'il 
y  ait  véritable  enclavement;  nous  aurons  l'occasiofi  de  revenir  sur  çeite  opinion. 

De  c^  qui  précède,  je  crois  donc  pouvoir  et  devoir  conclure  que  la  rétrover- 
sion de  l'utérus  est  assez  fréquente  pendant  U  grpssesse,  surtout  c|ieaf  le§ 


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MÊMdIRfô  Et  OBdEftVAnONS.  i07 

femmes  qui  se  livrent  à  des  trâtàti^t  péMblés;  que  trop  souvent,  au  grand 
détriment  du  produit  de  la  conception,  elle  rêsle  méisonnue  et  que  c*ei^l  grâce 
à  cette  dernière  circonstance  qu*elle  a  été  considérée  jusqu'à  présent  t^ottittie 
relativement  rare.  ^  {La  »uite  au  proehûin  numéro.) 


ËTUDE  CLINIQUE   ET   EXPÉRIMENULE    SUR    l'ÉTRANGLEMENT   HERNIAIRE   ET  EN   PAR- 
TICULIER SUR. l'action  DES  GAZ  DANS   LA  PRODUCTION  DE  CET  ACCIDENT  ;  par  le 

docteur  Motte,  de  Dînant  {Belgique).  —  Mémoire  au^ntlla  Société  de  Gbi* 
rurgie  de  Paris  a  accordé  une  récompense  de  500  fi',  ûu  coficours  du  ptinc 
Lahorie  (1875).  {Suite.  —  Voirnotre  cahier  d'août  y  page  ÏOS.) 

CHAPITRE  n. 

LÉSIONS   ANATOMIQUBS    PRODUITES    PAB   lA   QOUSttaekWSé 

Ces  léâibtië  iserbnt  ëttdiée^  ^ut"  l'dïise  ellè-Mëiiiè  et  sur  soh  pédicul<^. 

Danii  une  prènfiièMe  catégorie,  lei  anses  ont  été,  pt^esque  chaque  fois,  liées 
livèc  urte  ficelle  de  moyen  calibre  ;  dans  une  seconde,  j*ài  amené  le  viscère  à 
travers  des  anneaux  percés  dans  led  parois  mêmes  de  la  cavité  abdominale. 

I. 

I«ésîon«  observées  dans  le  oorps  de  l'anse  et  l'épiploon. 

a.  —  Inflammation,  —  Le  premier  groupe  se  composait  de  sept  expériences, 
le  second  en  présentait  onze  Pour  ces  dernières,  nous  négligeons  les  traces 
d'inflammation  dues  au  Iraiimalisme,  pour  ne  considérer  que  les  désordres 
causés  par  Tétranglement  lui  même;  et  nous  ni)us  croyons  autorisé  à  établir 
celte  distinction.  Nous  avons  prouvé  précédemment,  en  ^effet»  que  desitireon- 
volutions  intestinales  qui  ont  élé  amenées  au  contact  de  l'air  ne  s'enflamment 
pas  pourvu  qu'on  les  réintégre  dans  leur  cavité  naturelle.  Or„  la  suture  que  nous 
pratiquions  avec  le  plus  grand  soin  après  la  formation  de  chacune  des  hernies, 
mettait  celles-ci  dans  les  mêmes  conditions  que  si  elles  avaient  été  refoulées 
dans  Tabdomen.  Si  donc  nous  avons  trouvé  de  l'inflammation  intéressant  le 
parenchyme  de  l'anse,  elle  ne  pouvait  évidemment  dépendre  que  de  la  constric- 
tion  elle  même. 


,  GROUPJB. 

Anses  modérément  serrées  : 

3*>  expér.  —  Trè6-enflaromée. 
B"  expér.  —  » 

Anses  fortement  serrées  : 

4«  <exi>ér<  -^  InflamUiatiofo  proïioncée. 
9°<expér.  -^  »  légère. 

iO«  expér.  —  •  • 

Anses  dont  le  degré  de  constriction  n'a  pas  'été  indiquée  : 

150  et  li'exp.  ~  Inflammation  notable. 


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208  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

iDEUXliàME  CaOUPK. 

L'examen  dans  ces  onze  expériences  a  porté  sur  six  enlèrocèlcs,  huit  entéro- 
épiplocèles  el  deux  épiplocèles. 
Pour  les  anneaux  étroits,  nous  avons  trouvé  ; 

Trois  en térocèles  peu  enflammées  ; 

Une  entér^cèle  enflammée  ; 

Une  entéro-épiplocèle  peu  enflammée  ; 

Deux  entëro-épiplocèles  dont  les  anses  sont  peu  enflammées,  tandis  que  les  épiploons 

le  sont  manifestement  ; 
Deux  entéro-épiplocèles  enflammées  ; 
Une  épiplocèle  très-peu  enflammée  ; 
Une  épiplocèle  enflammée  ; 

Pour  des  anneaux  d'une  certaine  largeur  : 
Deux  entérocèles  enflammées  ; 
Deux  entéro-épiplocèles  enflammées  ; 
Une  entéro-épiplocèle  dont  Tépiploon  est  enflammé,  tandis  que  Tanse  ne  Test  pas. 

D'après  la  comparaison  des  divers  éléments  de  ce  tableau,  il  semblerait 
donc  que  le  processus  inflammatoire  n'a  guère  été  influencé  par  le  degré  de 
constriction  et  la  composition  de  ces  hernies. 

Au  surplus,  voici  pour  chaque  expérience,  ce  qu'il  y  a  de  plus  saillant  au 
point  de  vue  de  l'inflammation.  Nous  aurons  soin  de  rappeler  le  nombre  d'heu* 
res  écoulées  depuis  le  début  de  l'expérience  et  le  plus  ou  moins  d'énergie  "de 
l'étranglement,. 

5^  Expériencei  — Ligature  modérée  permettant  encore  le  cours  du  sang. 
Chien  sacrifié  après  trois  jours  et  demi.  L'anse  est  très-adhérénte,  enveloppée 
d'une  couche  épaisse  de  fibrine. 

Ji^  Expérience.  — Ligature  serrée.  Le  chien  est  abattu  trois  jours  et  demi 
après.  Anse  dure,  rouge^  adhérente  partout  au  moyen  de  fausses  membranes 
molles.  Liquide  purulent  dans  la  cavité  abdominale.  Couche  musculeuse,  sur- 
tout les  fibres  longitudinales,  fortement  épaissies.  Ce  dernier  phénomène  est 
fort  digne  d'être  noté. 

8«  Expérience.  —  Ligature  modérée.  Chien  sacrifié  après  soi;cante-douze 
heures.  L'anse  est  épaissie,  dure,  brun-rouge,  recouverte  d'uhe  couche  consi- 
dérable d'exsudat.  > 

9«  Expérience,  —  Anse  assez  serrée.  Le  chien  meurt  vingt-deux  heures 
après.  Inflammation  légère.  /     i 

iO«  Expérience.  —  Conslricllon  assez  forte.  Inflammation  peu  prononcée. 
Le  chien  est  trouvé  sans  vie  vingt-sept  heures  après  l'expérience. 

i5«  Expérience.  -—  Degré  de  constriction  non  indiqué,  l/animal  est  sacrifié 
vingt  heures  après  l'expérience.  L'anse,  qui  avait  été  liée,  distendue  par  des  gaz, 
est  enflammée. 

14'  Expérience.  —  Le  degré,  de  constriction  n'a,  pas  non  plus  été  noté; 
adhérences  assez  solides  après  huit  heures. 


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.\séSfQnfi6*'BT?OBSSRVUlTfONS(  909 

..:l9t  Eoèpérimf.  >-^  Bniéro>»épiplocèle  et  épiplocèll?/  Esiamèfi  ^prè^  dl^-^huit 
heures  anneaux  larges.  Légère  intlammalion.        <     ••  1 

d0«.<lladpér»<mee.  ^^.An9és  laissées  an 'dehors  ;âaneeMix  Irès^étroils.  Inftam- 
maiîMivda'bAlé.gatteheu  Ekaamii  sur :te  vif,s^en:viron^ix-h«rt  iieures  après.  * 
.  :li8^  iFflqieiv'efMei/j — >Dèux  ^irtévAcèf^  assez  serrées. 'Inflammatibn  légère. 
Examen  sur  le  vif,  vingt  quatre  bîetire»  dpDès  Topératt^n;        < 

25*  Expérience*  ^^'lÈnikroté\e  eienter^épiplocèie  exâttilnées  sttr  le -vif 
T-â^lwiiriesapiIôsireipèrleAcé.  Aiiliieaiii  largesj'Ihftaimi^tron  prattontée.   "•  ' 
\  :.â4«  iffofiéfwipiérv^Deaxentéro^piplocé^es distendre»  pa^  deîs  gaz;  ÎBiniieaUx 
^iioitepqtiafiét£<buîllieiire8  nprè^J'anhsialvit'eftieore.Les'ét^ipioons  seuls  sont 
enAamméStf-ii' '.  '    •:i';i.''"'  •  .i,  '.v.. 

2'J»  Expirienee.  —  Double  ehléro-é^^plocèles  Un  afnneau  largf,  un  annèail 
étroit  1  Le -clilen  ^9écc<^i»l)e  après  soixante  heures.  Inflammation  prohoneée.* 

^6^  Expérience. — Entéro-épiplocèle  enflammée*  Anneau  trés*-étrolt,  éxa- 
roen  sur  lé  tff, /après  quarantei  hiéure»^.- 

UaeM«»térd-'épip{«eèle' (ooiffe  épipMque);'  anneau  peu  serré.  Bpiploon 
eoflammé.'L^ahse' dégagée  ne  préaertte  fias  Iraee  d^inflammiitlon.  ' 

97«  j&xpel<tén(se.-^^Et)iplocèle*  Annûau  asaex  élroit.  Inflammation  quaraitte*- 
huil'heureS'aprè^,  sur  le  tif^' 

•  'Sotètooèle.iiAnneaO'laTge^'Pblogose. 

•  'W9i^  BÉpirience,^^  Anse'it^shievTée.  Le  cHîen  succortibè  dix-huit  heures 
aprè»!;  ioflfrmwationpetr  prononcée. 

'  Ih  Cônge6(4ùn  t^êphyiique]  ramotUsÈenienti  efc«  ^  Là  où  rinfiammation 
eâtpet]  pponoicée  oi>  Ait  dèfiful»  <|U0ls  srtnt'  les  auti^és  désordres  ,anatomo- 
l^tbologlques  que •  nous «aurofts  à  signaler? 

Dansais  5«  expéi'îeiDée^  t'ainâe  est  naïf &;  les  bouts  efnsont  légèrement  agglu^ 
titt^'iSUl*  lès  points- voisins  du  méseiitére.  L'animal  était  mort  environ  éà^te 
heures  après  ropéraliou.  Le  degré  de  conslHuiioa^ff^avârît  pas  été  indiqué.- 

Dafl$  l8f'7««xpérfenoe,  une  afrsededbuze  cenCimètr^es  voisine  du  e(Beum,  fort 
modérément  serrée,  est  doublée  de'volume,  notre,'flu<itUffnte,  sans  épanehement 
de  sang  dans  Tépaisséur  de  ses  tuiliques,  lesquelles  sont  amincies,  mais  sans 
ramollissemM.  Impossible  de  diatînguer  les  différentes  eooehes  les-  unes  .des 
autres.  Cette  anse  eoniiént  un  liquide  rouge  bmn  et  h  muqueuse  est  impré- 
gnée d'ufie  putl>e  épaisse'  dé  mènra  oouteuri  Le  ehien  avai^t  été  (rouvé  san^  vie 
<q«arafit«<^it  heufësap^  les'manâsuvttfs.. 

Il  y  avait  très-peu  de  traces  d'inflammation  dans  la  cavité  de  Tabdoman. 

ti^fl  Ë^irienee\  -^  Anse  >de  trcfnte-oinq-  eentftfviètrtss/  fort'  serrée.  L'ani- 
mât- meurt  <^vlngt*deu)^' heures  après.  Lé  viscère  a  acquis  le  douMe  de  son 
vohimé^ii  est*  noir*,*  trè^-flasque^- fluctuant;  à  surface  1u!sant<0/  Bouillie  noi^ 
nfttréà  riniéri«ur)  miiqyeuke  de  mèine  aa|>eot,  ramollie,  ainsi  que  les  autre? 
tuniques.  .  .    .,= 

27 


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910  irtMomBSDKriOBSBiMmiiocfe; 

*  Lp /masse  ifileMinale^  est  plaquée  de  irertsi'i(ggi«llaâe  ça  ct>iâf;  4^iA  ftttige 
clair  aux  environs  de  Fanse  liée.    !.        i '- -î      'ï^u.!    -v.-'n      ...^mi:.. 

.  \^  Expérimf»*. —  Ansade  douiîel  centiraélrei^.lfgaàufe  serrées  qiiièn  '«lort 
aprèîi  vingUsaplbeiidriSf^*  tensîoni.du  viscdrcdsses.fipôlioaèf*;  paa)d'atog«cfilaH 
lion  d4  Ypiqme  )  tointe  4ie;  de  vto^  ful^é  JantAIre^  iéfteisse,  asm»  a^dâlitte, 
quoique  Tanse  eûl  été fYi4éei)»irAntloi|te^orttst(fioli»fiu.  :.:  <.'•  )!  '..^.  d  tr.i  .' 
i:  Le païq^el  inieAitoai  est  d^uâ  roogeelair»  s^ns adhâ'eiices;  v.  A  ^r  1 

11«  Eçcpéxi^tm,*  r^^DÎKi.efnliQi^fea  d'îalesliii  i  <è"raô  |d»  pyJorc.^  Ligaitiire 

|p liendemain*  t'Aiiseest  fli^c(ue^ittil.peu;àUgàwn(àede«piiiiàe,'<Nr«fie{^è4ti^ 
verdâlres,  légèrement  distendue.  Elle  contient  une  bouillie  brun-tidlel^  ^^ÉMi^ 
qM^u^^  rouge  oarnr)iD,,sH)sajiitr0Siié^0f$.<      »    'ii  0  mVu,    '  w 

\a  t^Me  généraie<de  U-  iiiassefintestinahl  «s^v<d*pn  R<Mige«lMMiO'aal«^).suprpor^^ 
t»ut  des  plaques  vfirdâir^s»     :  ..  ;         !  .      .i.  .  u    v,  w'A     : 

Dans  la  douzième,  la  ligature  est  assea.ét«0i4f}  ranac''|ii4îx.Mnlimétrcs*et 
QççilfitJa  partie  moyenne! dfi  la  lopg^eN^dif  ca4ai'hlteaUiiftt«|L^:»chidiiâucooabe 
le  lendemain  nnatiii  de  Texpérienoe*  lU  i9asaed#$.;viscè^es  dll  veiiiceie.^(pe«i#iit 
flammée^  L'anse  .eâtbeauc(Mjp  aJUgfl»entéed««<»Juiiktç6UiBt^lfla$quevit^eelRMre. 
Une  bouillie  verdâtrc  imbibe  la  muqueuse,  la  cdluWnseieirla^fibqasmoullilicai 

Dans  la  cinquième,  une  anse  a  été  liéeà(yx(d^ttttètt*Q$iluiGl)BCtfiÉii<.|«;Qffieu 
sucicofiihe  trois  heur^.après^P^s.d'jBuginc^li^tVQW  dQ^pjl.ume;  t^(e\iM[tlll- toncé  ; 
pulpe  jaunâtre  à  Tinlérieur;  muqueuse  épai.âsi^jffi^Mgfiy^l^oéi;  iWMMftlVi^i  ^i^P'* 
lieras»  tf'9n$versdl«3»  ()lanc-)9iun|ilre,irsisanMéraul«9fi«^^ 

i6^  J^iKpérwKe.  >-  Dj)(  centimètres  modéréan^t  $&rris  aQ-  p«jd»ii(fnili«p'de 
la  longueur  de  Tinteslin  grêle.  Lecbiea  a^Ci<^mb«'eJ«q  hmire$if^prèS).|)L^ati84esl 
ilfisque  cit  «Mgm^té?  dejongmsir,  T^iiirl,e^roij^eryii«let^  Vj«itfft|ifb  voisili^n'«|)as 
changé  de.^lonaMon.  Une  piiljHt»  lirtHiAiini»  reiooutre^ la. muqueuse  e(  l-ioipr^e 
ainsi  qu^  ka  autres  timiqdes^i  quiJCMilfes  g<MH #ai»oliieSi.         ^     ''■  '^ 

Lea^i^périenceSiqui  m^mi  onl^^.feitps.svir  de^  i^Q^.é(c^uig|i^  par  ;des 

ftDQfiaM^.pliUS  m  mfl|tMi^rôï^Sj,J^•ftliq^|4fti»x  pB^m^%Wtf\ml^^s  '.  , .  =  ;  ^; . 

.  Dans  le  dijt-fiftptièfner  M  aiwwfla;!  .sonfc:ifrè«ré4roiA8;-  diewiraiW^         al* 

emprisonnées  al' exAwinfea  attr  le  vif^.  vlngl-quatire  h«|iAn9ftp)4}sj0fd.  iEiles.âQfiii 

d'ufi  brun-clair^noA.aOgmeiii^e^  dp  v#lume,|  i|on.ent(hi9«P9é^^  ;:    ;       .;.} 

Dans  ladi^-buitiènvt^  mètiaes  di9pQ$iii4ons,.fi.,ji  pevpfVft^  li^mi^s.irâsuKata.; 
seulement,  une  masse  épiploïque  qiûayoiA  traMVéiis^Q  é  tiv9»f)rsijViapiinaAii;J9Pit 
fort  épai8$i0,adhére|Uee^  presque  îiMwnnaJsaaible.  ;.:>'..,./: 

Dans  la  dûi^-QKtiivième,  f^mme  nona  l-a^^ns  déjà  m^^  propos  dii^r^kAaiB^ia- 
tioo, il  s*a|ili d^nue enterioépiplocèle et^d'une épiploc^e; ,1^  mm^imir^oiyfiiH 
facilemefii  reMréinité du  4iMgU  Bnyjrf^n tdijftliuit, b^^ncça  tapri^»  U  .chi^i)  yM.tmi» 
jours*  A  gauche  UépipJoon  est  no»&ire^  plus  altéra ,qufiriiHe«tiQ.4tMquet  il,  mr^ 
vait  de  doublure  du  côté  de  Tanneau. 


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MiMOUtl»  8T  OBSeBT^TlSBB.  âll 

lîépipiAeèteae*  f  rtMRl&qn'qm  rotgeur ëOD^éstî'Yé. 

Examen  sur  le  vif  après  dix-hiiil  heuresr  L'atu^  présenicuoé  couleurloiiciée', 
(aehetéfliile  iMPun  ;.Qlle  eiC  npialie*.  l/èp^»looii  ne  p^é^etiie  tien  à  riioler. 

L*épiplocèleesCbi^ttiiiDiésoiiu»et  nèir^  ulcéPéè.  *       *  .:\     ; 

âl/*i7ar}»^tiM»e0.^^  Deux  enréro^^pipldèôlé^,  tpa;rcrsiint  des  antteaax  éf ^dits. 
Examen  sur  le  chîeti)  toujours  vivant,  quarante -huit  heures  après.  Le»  ainses 
présentent  le  même  ASp^oti-quèi'torsidtf  lèytsorik.  f;er*éplptoôii9\seuls  sont 
eaiaiiiiiléé  G^BèkèteniB  au'»aev  M  n^  parait  pësidans  ee  o6«  que  la  disposition 
de  Tépiploon  par  rapport  à  Tintestin  suffise  pour  expliqoiereesdtftérenees.    • 

Dans  la  vingt-sixième,  ui>  annidau  étroit-  éfriin^  Ufi«  Anse  coiffée  dVnc 
calotte  épiploïque.  Quarante  heure»  «près^  b  et^iei<i»  qui  a^urv(éeu,  est  Soumis 
à  l'examen.  L'anse  dégagée  n'^tiullenieilt  ttkahgé  de  <io«leur  ni  di^  volomé;  la 
calotte  qni  la  garauti^Mit;  uHiAl,  elle;  fris  «lie  tëiMe  fôheéé.  * 

DafNSi'l«  tîngtuiifeii?îè«he/v(eofih,  «Ile  aiise  d«^dlx  cefttimètr^^^  voisluexlù  duo- 
dénum, est  emprisonnée  par  un  anneau  étroit.  L'animal  meurt  dix-hUit  heures 
emitèto  a|)rè&t'opér$lioni.  L'anse>i!6taii|fAi«iilée(de  vôteitie,  fks^è,  iMHiti-foncé, 
de  même  qu'une  portion  de  Fi/itestin  qui  lai  fait  suitet.'  •  >  > 
-  On^^^diiistilèitquWli  gl$fiéhil>>  ies  léslOtts>«i>llt)MB  graves  datti»  tes  if^ï^périences 
où  l'inté^ftvb'dtiiliéftqUieda'iisntelkes'ôi  il'  a  été  isimplém^nt  étranglé  par  des 
annruuN  pei^césoraix  parois  abr(lomirialds;îEiiioatré,daiiss  le  prenliér  groupe^  on 
voit  des  désordres  considérables  survenir  à  la  suite  de  ligatures  modérément 
serrées^  Dans  ^le '«ecwndv  dem  ««péneiicesi>  nous  offr^wt  des  anoeiaux  aèsez 
larges,  néanmoins  les  lésions  sont  encore  «^seto  sièriidUses,  slirtènl  d»  téiè  des 
épipioonisi-'-  -  "'i-     .'i^;  ^    ;•  '    ■"•*';"••         ••  '  ••  ■    ' 

Mrs eioq  entres,: lies «nvertufes  80int  povr  lu  pfup«rt  fort  étroites.  Maljgré  cela, 
il  ne  p»nlt.p«s^qtte  le^  lésions  soient  en  fdppéri  «veé  cette  étroîtesse,  sauf  toute- 
fois dans  la>  vtngt*n6il«ième  expériérieé. 

Ces» réstiUtil5 surpriénonts^  ainsi  quelle  défaut  d'inflammttion  ou  sa  produc- 
tif enf.dehôfér'de^fdttfte  réglé  prérïfte,  nous  prouvent  à  ^évidence  combien  on 
Mt  «^porter  de  prudente  et  de  ctrcdnspeeiidtf  dahs  ifappréciatioir  de&  dttet*s 
éléments  symptomatologiques  de  la  hernie  étranglée.  ^ 

0*  CofiteMdeN'méliée^oUi  éitàn^lée.  ^'Vtnùfi  avousf  déjà' indiqué  la  nature 
dedli«ftiideà>renfdrnftéS'dtfrtB  la  cdVH'é  dés  oMseâf  que  nbu'ff  aVbnS  offertes  ;  nous 
^i^ofi^àéitifift(PiHB&Pëtnti'èHk)tà  part  tfnx  gât  que  nousy  hvan^'rencont^és. 

Ji^Eispérienfiéi  ^-^  Là  teomphes^OU'  de  Vansâfait  passl<^  d<!sgrtzi  trav«èrk  la 
sK^talio'ii  de  cMiliAUi«è<da  pédibule; 

4«<£^/i(IH«iM0i -^  Ti'èspéu  de  g&B  par  la  CttrtiprêBStilh  > soii^  Teau  d'Une 
anse  de  cinq  centimètres. 

7*  Expwrifirm^.  ryr  ta  quanUl^  est  înAigpifiaMjç.  (anse.dç  ,d,ou3ie  Qe^iimèlres 
comprimée  sous  r€Bu)i.      -        ,   ,     »  ^  ^    ,      / 


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Séi  HÉHDISIS  «F  OBSCRTilBiaHg. 

S*^  Expérience,  —  quel(ful9a«:ipllesilatri<finc6i  iipe>'sorl«4a«i:eiii9ié,.iqial|gré 
><t  tongUeur'de  V^n^-  qui'  amt  vUi(^ilroi»'eeDiiniètpeAei  qtM>Mi?avf(îCV^«à'^été 
y^déc  de,  son  continu  •  vaut, d'êtBôlIée*.     ».        ;  ,.'    .,.  ,>     :iiu  '  ? 

Dana  la.9«,.il  D*y  a  pa^  tnaoe  ile.gfa^.  Dimerxsidps  de  ranseinon:  riidiquéd:»>  ■ 
iO«  Expérience,  •—  Pas  de  gas  (anse:  de  de«Aze  ceaUmèlres).  .., 

ii^  ExpériencM'^  -t.  Gnee  drconvolnUon  dcdix  cenliniètres .pareil  cn.eonlenir 
Hu  peu.    .  .  *        1  -  .   *''' 

lâVf'^pérteJU^ev^^Dix  ^enUméUres,  q^i^iliUôiminii^^        ?;    l        ,.    • 
Daj»s  la  13%  deu;)i^i anses  dilatée»  par  le^gaZ|.avaieQtéiié.iiéi(;S{.  AJ'exaiMo 
elles  en  contiennent  m<»in8.        :  •     i  *       r-  :   .    ;.  .  :  . 

.  Dans  la  14%  dix  ciçnliaiètries.  Très-peu. <de  gaz.  ',.,.„>  r.    -     s 

»0an3  la  18%  à  peine  jde»  (riSice^  de-gfiï;.         '   ,,     ,  ^  i-j/-:  i»  ; 

Dans  la  16%  dix  ce^tiniijtres  ;  <|ua>Hilp  iaaigwlfian^p;,:    .   ^    »/ ,  .i; ,  a 
Dalis  la  17%  18%  I9«}et20%  mm^  npten ^  cfr  pov'lj*'^; :yue: .  (  I  j«ij  jM!     , 
93;«£'a;;)erte^cd.;^  f/ii^  cerHaine:4|uanlité,dâ:ga^ /J««»  rM»!^  àcr«iiglé<ldu 
jcoté  drojU;  .  .     .         '•;  ,  j;  .j    .•;     .■-..••.  :.     •.  -f    .'.■•■•»{.. /»in.;  ,b 

21>'>  Expert^,.'-:'  Disiension «a0eui$e  da«s.4in^jQae:ipii)  aviUr^itf^.alAiimi 
travers  un  anneau  fort  étroit*   :        ;  ,  ;;  ,i.      ;.  .;  ij»);   .     . 

.    â6<'£'a;peri>no^^  --«^  Dtlatatipogazeuae^ii'COtd «droite  j€it<aAisii«4Wiise>âtait 
arrivée  au  dehors,  tout-^àffoitvtdaj  à  UwverâunoiMlvertur^forC^étuoiiAeà} ..    u  . 
.    La  plupart  de  ees  beniies^à  paritir:de<lfl  diKtaeipliéme»  n^eauffaienli  e^  moyenne 
dix  ceAtinaètrea. .  .  :<      ;      i  ,;  .  ...,.,;,       .;       ,    ;, 

Enfin  dans.la  39^  n/me  anse>  de  même  .dii«e«isiati.esi:,.o<^inme>  beaucoup  c&*aur 
ires,  «Qmplètem^lit  dépQMi!vu«  de- gaz»  •'      :..:;-*     ,<*.,...;.„  ,    , 

Il  est  donc  péremptoirement  prouve  que  les  lésions  de  l'étrangleiâfmii  quelle 
que  ^qii  d'ailleurs  I^ujt  fiaturie^/rles^ravoc^uonti  nulkar^enl..  Uidéjreloipptaient 
des  g£^sp  dans  Ja,  cavité  d^  l'aj>$e.étr|Eii>gl?e  ;:et  si  V^nr  en  renmf^U^fiéHmf  4ai|a 
la  pratique,  comuie  nous  en  avons  rencoi^tré  da^.(|^f4qAle^uoa$.d.e!  iipaiei&piv 
rienp^îs,  ils^ne,  pe^y^^ptavoir  fttéî c^meoé^  i  iee:niyep>i|j  qp^p,  &'fiflhî4i|)ai><Ki<s 
parliez  XQisiiKS  dp.  Ijttb^  ^g^^Jif.  Ce,p^ss#ge  i\  est  pl^s  .^Uff  rmiai^iddepNis  ;<i|iiiip 
no^isavQnSj.piiiftMvé  ia.permjâ^bilijé  4Ui.po4icM|^,.  ip^^^:  d#^s,Ae9^eaji(|4«  u^r 
striction  violente.  .....;■    ;  ,.     ..  .j.  .    i.i    ■   ■  ,.  ,  [;:..•<.  ::;  ',.i..^i.v,  rijrt.i'»' . 

M.  Biwa  (.0  aUribua.  la  production  de.iiC<$.g^«, à, la,pîérit0|it«t'q«i  Agirait 
d^ns  rétpanglieoient  cQOimernlIe  agi^  iond'auffe^icir^fiMftooe^s^c  li^infAlc^^u 
canal.  Gpt|eof  jpioa.ne  pQ»*t  jvjya  a«  sftUfQuir  eftprè$eiiQ«,d*a^3ij^ritii«^a,piiè- 
qédeoies,  paspluf  qqe  pelk  de  A>.  Angeç.(l)  «jwi^voudcBii  r8(t*ac^«*Pt^a;.4lî$ten- 
sidn  gazeuse,  et  par  suite  rétranglement^  à  une  •exhalailkwdAnftil'Â4tiéri6(H'rf«^lii«^ 
d0  l^nse  «  sous  rinfluenee  d-una  exeitf  tio»)  ou  d*tti^»  irritation  itMéi^rt/iné^.  * 

•  •  •  •■■ .  «       '       •   j);-.;)    «.'  •«,    f;. 

(1) "Brôca.  De  VitrànyïeiHùnt  dans  lèkHtérnieB  abdctminkies,*  Paris,  1855,*^ jy!^.  ' 
(2)  Benj.  Ângcr,  De  l'étranglement  inteitincU.  Paris,  1865,  pi  SSTJ  ^!  ; .  ;  'Uu  i  ;  .it' 


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Mm  1*81^(1)  qiiî:)a;l»é>«i#.{<0yl»in'Pfiinbr0»>d*AQse3  intealjiMiles  tWPtileS'Dnv 
maux  vivants,  est  arrivé  à  des  ré8^llat^aqa1agufs  aux  .ni^tr^a'^re^,  peint inté* 
re^sant  :.itn*$^;ife9^i^t^^;upthceir;tatoe;quiin^îté,<^  que df^x  fais»  (lai^s|ses 
faipéfmG09  Ufî^iW^  i.  •-       '.'■•.         ..•'.    .  •••.•., 

rf.  Lésiom  dv  mésentère.  —  On  peut  dire  qa'en  général,  le  •HAésentôre  ja  efi 
beag^oup; maupMS ^ . êWiSmidi^ la  eonstiietion.qiK.  rai|S£  elle-mém^.'      \ 

Voici  ce  que  nous  aviénl'i^RSlBlé  :  ^       •    ;^  ;      ,     .  . 

'(^£â6p{rMn(e*(i--h:UMlHrn»ém<mt«9fla^     ca«me  l'anse  eilef^o^ev  -i 

l^fiop^rteime^  ît*-  A  cbiràerfféefin  épato8eiir;.sa  teroftenlest  >qu*lin'pen'^f4u^ 

foncée.  ••  -'  ■•    .  •  ,   .'   •'>,•    !-   '-•>      .'-j  'I 

'  SP.fEajiéneàeêèi  r^r^tfhm^tM^mmés  i|uQk(ue' Funse Je  Aoil  beaucoup.  \ 

9*  Expérience.  —  Les  deux  feuillets *sonl. soulevés  par  dear^gezi 

1<^i&a)>Mefipe>-^.' Liquide rspàraei^'entire  las  deuil ^  fueilhcAs.  Paa  Jl*autres 
dllér«titaM';<afa>lfai€iiii^'  tas»  aidî^x  qui  If  infiltra  eomihence  à  se  aéctîofl- 
aer;  dleètle  lésioài listeaux  d«lux-bo»|s: 

fti^  i^y:t^yAii^ E»péniemg99^  «^  Rien  a  nol€r,'de  nfènils  que  daiis  lo;plu<- 
|»an-der«xpérieiiKle&«uJ9a9ileë.'c>'  -'■.:■'-  ■  *;::  :*  '. .  .    .•...'': 

.•?',!(•■.«>■  -^  -'    .••-•'  •  '  •   ■  ■.  :!    *    ••■[•••|<<   \       .'  ;i     -,  ; 

•    .^'-  'Jr  "    •   :i:.'    "p   •-■  >fo«ii»«iv;ilvi.péd{«vle^  ' '.    «•.•■rj 

Cette  éibtle  a  ki'pôur  nous  plfeinè  d^fniérêt  elnoUs  »  orfèrt  Une  Snipte  tadis- 
son  de  faits  curieux  à  analyser.  '  .'      -  s-       .>,;, 

o.  Diminution  de  volume,  indépendante  île  téuîeùlcératî^)%:^^7^  'Expé- 
rience.'—-Aw^é  Hisqtie^  ér'noiré'  Ci)  :  Hgalure  thottéréc.  Après  quai'affie-huit 
heures,  le  pédicule  a  diminué  de  volume.  .  •  r    < 

'^•Ëacpériehhel  —  le  p^dlcùie  est  ass^z'foi'lémént  lié.  Après' vingt-deux  bfeiites, 
il  est  réduit  dans  son  diamëtre:'t*ati$c  étaH  légèrement  enflàrifiVnéè'.     '  : 
'  {{*'  SxpéHénce.  '-'fjànsMtiion''  t^iset  fàtieJ  l>ix-huil  heures  après,  le  pédi- 
cule est  fort  rédult^ïi'ériée  êlàïl  riolk'bléihenf  alièrèè.  '•    '•  '-.     ' 
"'ïâ'^'î^x)>^JeHHe.''~'i3ui*'une  aHàe^  lîéfe  pendant  quelques  mlnùlès,   un  sillon 
se  forme  et  I^ViV^'^lé  yeVîèn<'[)l\lsMi'brè'e^jbue  s^^       lien.'         '     •  ■       "'' 
'fi'âkà' la  W*;  '  te  W     ff^'écihstrîeïîcln  ti^tf  pas  été'hôté  d*Uhtf  iSaitière 
précisé  stt"r  rwrte  des'deiik'aifs'èk'qUi  ô«vaiéht  été  ihcarcsênée^.  Sur  irtfe'scéoride 
aiise  Va  ligatuVe 'ëtïiif 'fdh  i^ttée.  Toutes  deux  êlaiérït  'eMaàfimées  àprt^  huit 
hieluifey'éit^rs'p'Slïcailcs  avaient  péi'du  uiié  partie  d'è'lenr'côlrb^e.  L*rtrt  d^s 

(4)  iMbl^'i?i«)»4^â«tee9(VnlMite  Nfeaise.  Bê»  ié8imt,de'\lHmt^n:4ans 

ln*ernkiÀ^rUi^My:fhifi!!.ii      /,  •:.»  .,.-■     .!  .....     ;./.  .   j, 

j(9)«JJ^^s>crpyoQ^f)f{Ypjrjr£\(^elqr.Ie9.  Iç^ipusqui jintére^sei|)^  \e$  anses  elles-méines, 
ponr  foire  mieux  saisi^  leurs^  rapports  avec  les  modifications  de  volume  subies'  au  niveau 
du  pédicule.  Il  était  égafement'  important  (findiqucr  le^(te'gré  de  constriction  ;'  c]estée 
que  nous  avons  fa'tt. 


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'W ExpétieHce-.  -^JlLè'éegré  d«  h'.»ll|f*«tfi^^ri'ff"pWïtttW5^piès"Aé'  iî^él 
Après  trois  heures,  l'anse  est  d*an  bran-violacé,  non  ^b^fmf^t^é  tfd>()^1à«|i^. 

\7^  Expérieme:  ^  Aimefatit^!lrê$^étrôH9.  Aflkél^  bràHM^feif4,'ilNM^«tfBfll«tllèttfc 
de  volume.  Après  vingt-quatre  heures.  Pôdléol«8  rédo(iMPi  <»"•?'  '  '-'\>  j    itioV 

18«  .fi^i^if^^if^.  '^  itnnéâwr^asseK  laHgtes.  Auprès  dr^Hliiiiie(irar;'le|»^He^ifiies 
pHè$ent«tit^db8  altérations  âsses^  fffarqifé6s;:Pé4imlff  de  i'épflpkioHe^fqi<w\Béjrré; 
Tenléro  épiplocéle  n*est  que  modérément  serrée.  /n-wj^. 

23«  Expérimce:  -^(Anrieraiérgei[Apr^  aeih«nlèëeix^e«r«9iiKrorfKélifltlm- 
mée.  Pédicule piusftopré;(fQ'a«ipara(vnntr'  M'!!)!  /n  ,j;  -  •  .puni  \x'\  nî 

^6*  Eafpérieneéy^î  Iferriie>pëu»élrangléeii'ipn<dèléi)  Aprèa  )qfi«ràiidte'Jif9il*es, 
l«  pédicule  est^étroitemrnt  iscài^rimépLa/c»^élle  épîf  toi^jtle  Miilctf8t;««8àimd4e. 

Dans  ces  dernières  expériences,  (à^partir/ dé  laiidixUêptièarUe^J  41  tfaat»  tenir 
oolmple^deè  mqdifioétionÉiSubles'  par)ilJâs-anaea«x,\Mqttl\é(àl«fft  |;éilé^ajclttent 
enflammés  et. épaissis.  Cette  circonstance  renéiiooniplCy^)îiifii|fi^ii|^ilil')tkeiitip 
point,  de  la  persistance  de  la  compression  du  pédicule. 

^T*  Expérience,  —  Une  anse  comprimée  énergiquément  par  un  anneau  des 
parois  devient  plus  libre  dans{eetf>*«ndiV'a(r4>dit  de  quelques  Instants,  à  tel 
poipl  «Ji^^iip  xjouraqi  gazçux  .qui  ,éiait,i;»pçi$pj}^le;,.p^^l,J?/^e^i)^^^  ^'éi\f^\f][t,f^k 
celle  réduction  de  volume  du  pédicule.  .-..v-lni     ,  ^rninfî  i'Ufii    I»  j»  • 

Dah^.  1^,29%  anse  trè^^^rrée.î,graves.^li^r^^9as^apf;fp,j[^  |jçji;|[es.J>5i(||<5jj|e 

réduit.  ,.p.î;    ^  j;    ;,;.(.'i.i|,  i-,  ^]\\*:)i'.'}ii'ù  ,<','"?■  rî 

.^nflp  4ans  la  f;p•,,^n/a^^lc^|u  ^e.rç^f^Vj^olt  flueî.Jq  ^R^Ç^j.l!".  ^9Â8^/^ï^^^(Une 
anse  que  roja  Irp^v^  plus.libre.i8  jbeu;-es.apnès..  :.    , .,,      .  .   /   )■  ;.  :  ;.     . 

:  Nous  reviendrons  sur  qe^  laits  impQrtont^.lqr3ftifÇi,^€^s  tirçf;pf5S[  ^c^^cpppiu- 
sions  générales  relativemeo^au  m^nisniet.d^  Vélfa/)||^jMipeiff.^^  ,       .  j^    , 
.     ii..-:-:  UlciratmKÇlang^^enr^'^^,  E^f^pém^ce.-.^G^j^rènej^j^xfif  P9ij|jt,fjfnité 
du  sillon,  après  trojsij^urs.^t  ^^(^i,.^n^'efi^t^fpi^^f^.,p}^^^  .^^ 

..A*  Expirience.^,  Gojuchi^.musjciijeii^  ^t^^^çeufjç  (^jfjjPj^jes.foiqjiy  ^.fe/jjpjyte- 
pièçe,.sajuf,au,  niyçaudft. mésentère, .açrè^.^lçpis  Jo^r$|; et  den^^  'i'ÎP^"??.  .^'^!* 
enflamiip^e..  W^ueus^e  ùlqçr^e  «n  pjtifiç.^rs  pj^jjnts  pj^;jlijjCet|luj^ji^(ç -a  .frésisle. 
Lft  pçrsiislanflc:  Jjud/egré!  de.  la.  ç|on^trieHçn.  guj  ,ét?ijlj  ép.cffgii^tie,  djçj^^çnfjiaif  ,9.i)i)ji- 
remment  de  Tépaississement  de  la  celluleuse. 

Expéfien)ce  8.  ^  SiU(Ml  MaeÉ4)Polofidrui«éral)iMuiv/>dMqaMict>oMtf.iM^ 
libre,  intéressant  la  séreuse  et  les  deux  couches  tiAH»eu9#Mesii4ll  rifitéràHr» 
mëiiie  aspécf:  La  ceiluleusb  seâié  e§riiônsei-Vée;  'rtIWi  'MiAtW: -^'X'Mtf^tAkre 
âvftit  élé.,|ppdqrQe,  rçxa.rneîi  avfiil  été  fai)l  septajité-dcu>f' 1^^^^^^      aprés^^'âlhàte 
était  enflammée.  i,,,.  .„../,;  ^j-on  ••  i  , 


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42*  Expér%ene^\, ^^^fm^ff  mr\  ijPU^,la,pfiiflpttr.d^  la  WiW^P,  Un^njcéra-f 
lion  a  entamé  la  séreuse  el  la  covm:J^  de&  fibr£i$  m^uteM.UÀros  JpDgiUidii^ikl^s. 

j;-  <3*)iP^ért>fMî<i  rr  .Sj|J|Wiiipq|ppMfcA/l>IM«.dfl*,,a«Wii  Mkéçftlio»^ 

(il^n  4|iff ,fes^c|(^}qiH!)la;(9liMIV#)il^*  Ift^bi^    f^YAJd^ié^afrilid  vingt  H^m^^  l^pfiè$  U 
^f(titrf^4ont-ii^4«gré.  di?  c^nPi^rkUon  ii>$4t(Mi^  Miq^if?.  U*^^  ëlaii  «nflaoniséir. 
U*  Eacp^rtençfh'TiWWiSiiliQfi  4J>»»  tl»«  ltOttJ$»  Sèi?e*l*e!  infaule^  4«iiiliç,gril- 
jaune,  tranchant  sur  la  coloration  foncftf)d^,(.ai^ei;  àl'9utF0t|9M4|9éreii^  enlevée 
au  niveau  de  la  convexité  ;  coloration  kk^My§^^  A>V\nMi\Uh,\^.  MilUfîu^  a 
disparu,  vis-à-vis  de  Térosion  de  la  sfipffis^;  Jo^: fibres' OliisaMlfltr^  elt^s- 
mêmes  ont  été  atteintes.  j    ;,...  :  ..  .    ,   ..1,.; 

A  Tautre  bout,  rien  à  lyQf^çf ^,j^,.      , .  .     ......:,;.,    ,i     ,  i     i  ;. .      , 

Constriction  non  signalée.  Anse  enflammée  après  huit  hçurei* 
Hi^flfcpi^Kiffifie^r^^Au,^^ flp^épf m^ptsprrçe ;  aas^z  J^ltérée  -^ipjj^s  pinqif^cMrçs  ; 
sillon  assez  marqué  8U^,Ijqigér4?M^e..c|p  Vqr^.de^bgulSi;.  ji  nqlôri^Mr,:ulcéi;9Mpn 
de  la  u(»Mqi|^u$^;.4^pta  yiûj^eiw'nfiiier  /celte  de  Taw*  ;  à  Tautre^boMl»  >iUon 
pç«  mrn^èf  /^^t^wlft»^  pi:4:  Ift  fér^uç^^ni.^.lft.m^qjaffusie,  fc^  ç^lPrpUpft  est 
ii|iPMi^:{loii|(^e.qwq;ie^jift,^«cQrps.4fî^^i^^^^^  , .,.   .        .  ... 

du  double  anneau  aponévrotiqueet  musculaire.  L'anneau  primitif  reç^.ajt  |'e|(* 
^fjpipitf  .du  4fHtà^  Vap^e  p«U  f^ltéféCyeat.  fixai^înp^4ix*huit  he^ures,  apria^ 

"lù^  Expérience.  —  A  gauche,|>8.de.wHqn  j  p/Qt^e.iilcérali^Q.'SiMpetiftciQlte,  à 
\^  po»viç](|^Ç4  4;,](jlr<\i|ie,$ijltl^q  i^a^  pnopopc^^  iilç^paiion?,  ^urtaut.au  niveaM»du 
^gWP.ï^MMPWWî  d*Ain  çi^pect  gris-rosé.    :  , 

.  U^  ^onç^ux;  éfai^At  éAr^U^Jn^aniflïa^ian.derrARSQ  ^.fiaiicbe,  juu|te  jl  drQjte^ 

ft^$i)aen,4|R-MiJitîbf"rifi^Pr*#*  :     > 

..3la«^>i?;ifï^fir^f^,rr!.Verfa  ai^n:  ui^^  die9:^ivB98.  Sur 

1'*^«*ÏWjt  u3^:i?^*MP^<Pl>^fn«0^•^4>^iW^«^  i  I'W  «^^^  biout^,  Bi^aiïiçn  apr^s  quatre 
jpqcs,:{>i^gr4  4e  AOiMtrifiUoiv.Rop  îpdiqtli   • 

aât  ^acf?4rtfnw,  TTH  Aupe^p  laJ'g^f^.Aprè^f^pl^pt^ndaus^  hcprpsg  il  ewsfç  qpe 
p^iit^,pln#ni«iop,wp«i!Û«ieiiliîSi|r.|emlJk)»;il'WçdfiSr^^d^  = 

seuls  sont  enflammés  ;  les  anses  n*ont  pas  changé  d*aspect.  Sillons  profonds, 
ulcérations  entamant  presque  toute  Tépaisseur  de^  IttiMqu^s.     ^      .  . 


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216  ArtAlOIRfifi^ifit'OfiStliy^irtWf^/ 

Aprèê^ soixante  heures,  légère  ItifliimmatiWJiltttoettfué^àM^iifl^è  i  aûltdtttiWpê- 

rienr,'  la  séreuse  ^t  <k  muscûlkuse  sbperfieMtesont'etfiattléèi.  À^Htiéftè  s^ttt  i 

même  lésion  à  peu  préis*  Les  bôfds  de  dés  al6â^timld^(mtVMfi«^tè1«Ut<'éfps{l9^ 

seuPy  contrairement  à  ce  que  nous  avions  constaté  pour  les  autres  atfék^àftMdsr 

dé  te'geiyris^,  enpôoTre,  la  feinte  est  resiée  à  [ièta  pfès'lièrmalé;  '  '^   •  -^^  ' 

Du  eété  de  la  moqueuse,  absolument  rl^Hi.  '     *   '*   '"  '  '  >•       *  •    •• 

9*^E90périttiiiêé'^  Ahoeau  très^troic.  Apifès  quarante  Métt^if,  iiîRoris'  avec 

ulcération  entamant  la  musculeuseeila  séfetisiè.  Là^lierriiê'êttiîtien'flammée.''^ 

QnetqUe6<<«iifS'dé8  rèsulMS  que* nous  vénitMië^leSt^alérson^W  cbiiltr«fdict!on 

a'vèc  les  principes  peséS'piér  M.  Nieaièéîliiihs^  son*  èxceftehte^thlfie,  et  basés  sur 

des  redicrehes  (eut  à  là  fois  etihiqQe<s  et  éitpé^fmétll^res;  €èl  elilrirri^reh'dft;  eti 

effiM>^ne<dart9  Tétranglenient  herniaire,  mi  les  membranes  ^ii'aisisetil^edétrilfif^ 


..A 


généralement 'dans  l'ordre  suivant,  au  nîteaâ  de  la  cloiistrictioh"^' 
^•''Couche  superficielle  de  la  muqueuse;  '  .    .    •.      n   ;  -.. .    r  -i 

î»  Fibres  ciroulaires  de  la  musculeuse  ;-  •   '  ''       •'    '' '  * 

3^ 'Enveloppé de  la  couche  musciitéusev   •  »    "         '    ' 

40  Fibres  musculaires  longitudinale»;  ^  t .  .  ;.    •. ...  r. 

5»  Couche  fibreuse  (celluleuse  et  chorion  muqàéux)}  '     ' 

6»  Séreuse  (I).  »  .........   .■•■  >.         i:-»  '-..-•.• 

Or,  riains  la  dixième  de  tios  expériences;  Ta  ^él'euse  et'ta  muscufleuse  sont 
ulcérées  ;  la  muqueuse  est  seulement  érbdée,  sans'siltott.      •  "^  '  •'    '"'  ' 

Dansia  douzième,  séreuse  et  museuleijiseenlaméies;  muqueuse  itltàde. 
-   Dans  la  treizième,  ulcération  intéressant  le^  deùii  tliniques  sàperfidléllés  (sléi- 
reuse  et  musculeuse),  sur  une  anse;  sur  l'autre,  lé  mi^qoeusèlseuleest  respectée; 
Dans'  hi  vingi-qu»trième,  presque  toute  l'épaisseur  (^t -entamée,  é^'pèrWi*  de 
la  sérètisé:  "    '      •..-•"''.'••"  ••!»'')■  "- 

Enfin  dans  la  vingt-dnqtiiéme,  séreuse  el  mufSculeoiie  entamée  sur'detit 
anses';  absolument  rien  ^u  côté  de  la  muqueuse.'         •'        .  -   ^    ;•  A  <  • 

Ces  expériences,  prouvent  en  outre  qu'il  n'est  pas  toujours  nécessaire  (f*avo1r 
affaire  à  une  constriction  bien  énergique,  ou  qu'il  se  soft  écoulé  i un  nombre 
d*libures  très-considérable,  pour  qiie  l'on  constate  des  lésiotis  déjà  Tort  sérieuses. 
Ainsi  après  dix-huit  heures,  pour  une  ligature  serrée  (t2«' expérience)  ;  «près 
huit  et  vingt  heures  sur  des  anses  dont  le  degré  de  constriction  n'a  pas  été  men- 
tionné (tS""  el  14<>  expériences);  après  cinq  heures  pour  une  li^^tut^e  noiodéfé*- 
ment  serrée  (i6«  expérience).  Dans  la  dik- neuvième;  une  ^nféro-épiploeéle était 
étranglée  par  deux  anneaux  superposés,* mufscolaire  et  aponétroCîque.  le  pre- 
mier, qui  comprimait  moins  énergiquement  lé^  pédicule  avait  déterminé  deà 
lésions  Imssi  graves  que  le  stcolnid»  dont-  le  dicrâiètre  était  très^rèdult.'.  '  ^^  • 

(1)  Nleaise.  Iroc.  ctf.yp.  143:        '      ' 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  217 

Un  dernier  point  i  mettre  en  évidente,  c'est  la  possibilité  de  eelte  forme 
d'étranglement  que  M.  Chassaignac  a  désignée  sous  le  nom  à'éirangkmeritpar 
vive  arête  et  qui  consiste  dans  TappUcation  d*un  des  segments  de  TaBneau  con- 
stricteur contre  le  pédicule  de  la  hernie.  En  ce  cas,  le  côté  opposé  permet  encore 
Tinlroduction  d'une  tige  plus  ou  moins  volumineuse,  la  pulpe  du  doigt  elle- 
même,  de  manière  à  laisser  supposer  qn*il  n'y  avait  là  aucun  étranglement 
réel  (1)  (I9«  et  20»  expériences). 

c.  Valvules  intra- intestinales.  ~  M.  Roser,  professeur  à  Tuniversité  de 
Marbourg,  rattache  la  vraie  cause  de  l'étrangleipent  herniaire  à  la  production 
de  replis  valvulaires,  agissant  comme  des  soupapes,  dans  Tintérieur  même  de 
Tanse,  au  niveau  du  pédicule,  c  On  peut,  dit-il,  reconnaître  facilement  sur  le 
cadavre  le  mécanisme  de  celte  obstruction  intestinale  par  formation  de  replis 
valvulaires,  si  Ton  met  d'abord  l'intestin  dans  un  état  turgide,  se  rapprochant 
de  l'état  d'un  intestin  vivant,  par  une  injection  d'eau  dans  une  artère  mésenté- 
rique.  Si  l'on  fait  passer  l'anse,  intestinale  ainsi  préparée  par  un  anneau  de 
l'épaisseur  d'un  petit  doigt,  après  l'avoir  remplie  d'air  ou  d'eau,  elle  ne  peut 
être  vidée  par  une  compression  cxerccre  sur  sa  convexité;  il  se  forme  au  con- 
traire au  niveau  de  l'anneau  des  plis  qui  proéminent  dans  l'intérieur  du  canal 
intestinal,  plisq^ii  ressemblent  en  tout  point  à  un  système  de  soupape,  isolant 
d'autant  plus  complètement  le  contenu  intestinal  qu'on  exerce^ur  lui  une  com- 
pression plus  forte/ ce  resserrement  entrave  la  circulation  veineuse  et  les  mou- 
vements péristalliques  (2).  > 

Voici  ce  que  nos  expériences  nous  apprennent  sur  l'exrstence  de  ces  valvu- 
les. Plusieurs  de  nos  observations  ont  été  recueillies  sur  des  anses  vivantes, 
par  conséquent  dans  les  meilleures  conditions  possibles. 

7^  Expérience,  —  Une  anse  a  doublé  de  volume  par  l'éiranglement  ;  elle 
contient  du  liquide.  Avant  de  l'ouvrir,  je  la  comprime  sous  l'eaO  :  soli  contenu 
reste  incarcéré  quoique  le  pédicule  eût  acquis  une  certaine  liberté  sous  la  liga- 
ture. S'est- il  formé,  en  ce  cas  des  valvules  obturatrices?  la  chose  n'est  pas 
impossible. 

h*  Expérience,  —  Nulle  trace  après  trois  jours  d'étranglement.  J'en  constate 
rextsience  sur  des  portions  d'intestin  séparées  et  liées.  Ici  ce  ne  sont  pas  des 
anses;  par  conséquent  les  conditions  ne  sont  plus  les  mêmes. 

9*  Expérience,  —  N'existent  pas  sur  deux  anses  séparées  dont  l'une  est  liée, 
distendue  par  des  gaz.  Je  dois  dire  que  ces  anses  étaient  un  peu  ramollies  et  se 
prêtaient,  par  là  même,  moins  bien  à  la  production  du  phénomène,  contraire- 
ment à  ce  qui  avait  eu  lieu  dans  la  7«  expérience;  une  partie  du  contenu 


(1)  Gazette  médicale  de  Paris,  20  et  27  février  et  20  mars  4864. 

(2)  W.  Roser.   Traité  de  chirurgie.  Traduit  de  Tallemand  sur  la  cinquième  édition 
par  les  docteurs  Culmann  et  Sengel,  Parb,  4870,  p.  544. 

sa 


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as  '  MÉMOIRBS  ET  OBSERVATIONS. 

gaz)  s'échappent  à  travers  le  pédicule  encore  lié.  La  même  chose  a  lieu  dans 
la  troisième  expérience  ainsi  que  dons  la  quatrième. 

Dans  ta  10«  expérience,  une  pulpe  jaunAtre  passe  également  i  travers  le  péiii^ 
cale  encore  compris  sous  la  ligature. 

\i:Eâcpérience,  — «Rien  sur  deux  anses  détachées  de  la  masse  et  que  je 
laisse  incarcérées  sous  une  ligature  pendant  cinq  minutes.- 

i^'^ Expérience,  —  Font  défaut  à  l'autopsie  sur  1*anse  étranglée,  ainsi  que 
sur  une  anse  séparée  et  liée.  Existent  sur  une  seconde  anse  après  un  q^arl 
d'heure. 

i^^ Eapérienee^  —  Ligature  d'une  anse  distendue  par  des  gaz,  la  compres^ 
sion  parvient, à  affaisser  le  viscère;  dans  ce  cas,  il  semble  que  les  valvules 
auraient  retenu  tes  gaz,  si  elles  avaient  existé. 

H*  Expérience,  —  Epreuve  analogue  et  plus  précise  encore.  Résultats  néga- 
tifs au  point  de  vue  des  valvules. 

îb^Expérience.  —  Des  anses  étranglées  sous  le  constricteur,  d'une  manière 
assez  énergique,  résistent  d*abord  à  la  compression,,  puis  elles  cèdent  assez 
facilement.  Ouvertes,  elles  ne  laissent  rien  voir  qui  ressemble  à  des  valvules. 

\ 6*  Expérience.  —  Le  double  courant  qui  s'établit  dans  une  anse  liée,  que 
rinjection  soit  énergique  ou  légère,  plaide  contre  l'existence  d'un  repli  valvu- 
laire. "L'ouverture  de  cette  anse  confirme  mes  prévisions. 

27*  Expérience.  —  J'arrive  à  des  résultats  presqu'identiqUes  en  expérimen- 
tant sur  des  anses  étranglées  par  un  anneau  fort  étroit  des  parois  abdominales. 

Il  est  remarquable  que  les  quelques  expériences  où  des  apparences  de  val- 
vules ont  été  constatées  ont  trait  à  des  anses  ou  des  portions  du  cylindre  intes- 
tinal séparées  de  la  masse  des  viscères;  et  encore,  ces  replis  ontils  plusieurs 
fois  manquédansces  conditions.  Chaque  fois,  au  contraire,  que  j'ai  expérimenté 
sur  l'intestin  vivant,  je  suis  ai^rivé  à  des  résultais  complètement  négatifs,  soit 
anatomiques  soit  physiologiques. 

M.  Roser  n'avait  expérimenté  que  sur  le  cadavre. 

Une  considération  qui  tend  encore  à  infirmer  la  théorie  valvulaire,  se  puise 
dans  le  fait  anat<nno-pathologique  sur  lequel  nous  avons  insisté  et  qui  consiste 
dans  la  réduction  de  volume  du  pédicule  sous  l'influence  de  la  constriction. 
Comment  concevoir,  en  effet,  la  possibilité  de  la  production  de  ces, valvules, 
en  présence  de  la  liberté  parfois  considéralile  de  la  hernie  qui  permet  à  son 
contenu  de  circuler  plus  ou  moins  facilement  par  les  deux  bouts. 

Les  seules  valvules  qUe  nous  puissions  admettre,  jusqu'à  ce  que  de  nouveaux 
faits  ou  de  nouvelles  recherches  aient  modifié  notre  opinion»  ce  sont  celles  qui 
résultent  de  l'accollement  des  deux  bouts  de  l'anse  herniée  et  qui  forment  ùnè 
sorte  d'éperon  à  l^ntérieur  de  la  cavité,  La  circulation  des  matières  devient 
p»r  là  difficile  ou  impossible  et  l'on  a  vu  les  symptômes  de  l'étranglement 
interne  et  la  mort  être  la  conséquence  d'une  pareille  disposition.  M.  Nicatse 


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RBVUE*  «I^AiYTlQUE  ET  G|UT)QUB;  319 

emprunU  à  M.  I^lljfP  dmiuk  faits  de  ce  genr^  rà  l*étp«ron  esl,^mp»pé  à  i«  «làe 
valvtilve  conniveiite  Irès-dèveloppée,  »  «  à  mie  large  valvule  »  (1). 

(Lff  stiile  au  prochain  mméro  )    , 

(i)  Nicaiâe.  Loc.  cit.  p.  30. 

11.  REVUE  ANALYTIQUE  ET  CHITiaUE. 


Médeeltte   el    Cfelrungle. 


Action  physiologique   de   l'air  oom- 
primé   sur  la  tension  artérielle,  —  Les 

docteur^  Drosdoff  el  BqUchetsc^^kazoff,  ont 
fait  récemment  quelques  expériences  sqr 
Taction  physiologique  de  Tair  comprimé 
sur  la  tension  sanguine.  Les  animaux 
étaient  nai'cotisés  par  Topiurn,  et  dans  leur 
tracbée  était  ûxé  un  tube  au  moyei^  d\^- 
quet  ils  respiraient  à  la  voiopté  de  Topéra- 
leur,  soit  de  Tair  atmosphérique^  soit  de 
Tair  comprime  au  moyen  de  Tappareil  de 
Waldenburgh.  l^es  observateurs  ont  trouvé 
que  la  tension  artérielle  tombait  aussitôt 
que  les  animau.x  Respiraient  de  Tair  corn- 
priuu'*,  et  s'élevait  dès  que  Ton  faisait  ar- 
river de  l'air  à  la  pression  ordinaire.  Coïn-. 
cidemment  avec  la  chute  de  la  tension 
artérielle  les  oscillations  de  cette  tension  due 
k  l'inspiration  ^t  à  l'expiration  devinrent 
beaucoup  plus  marquées.  Elles  furent  en 
réalité  «leuxou  trois  lois  plus  élçvéeset  plus 
longues  que  dans  la  respiration  ordinaire. 
Après  la  seption  des  deux  nerfs  vagues,  au 
lieu  de  Taugmcntation  de  la  tension  qui  se 
montre  dans  les  circonstances  ordinaires, 
c'est  une  diminution  de  la  tension  qu'on 
observa  lorsqu'on  fit  respirer  à'  Tanimal  de 
Tair  comprimé.  Quand  le  tube  fut  enlevé 
de  façon  que  l'animpl  respirât  de  Pair  orn  " 
dinairc,  la  tension  s'éleva  rapidement  et 
Ton  vit  apparaître  Us  courbes  décrites  par  * 
Traubc.  Le  nombre  des  batteoients  cardia- 
ques après  la  section  des  ^ncrfs  vagues  et 
la  respiration  de  Tair  comprimé,  n'éprouva 
que  p^u  de  changement.  Les  effets  phy- 
siologiques de  l'excitation  de  l'extrémité 
périphérique  du  nerf  vague  pendant  la 
respiration  de  l'air  comprimé  étaient 
môme  moins  marqués  que  lorsquç  l'animal 
respirait  de  l'air  ordinaire.  L'irritation  du 
bout  central  du  nerf  sciatique  pendant  la 
respiration  île  l'air  comprimé  n'a  été  ac- 
compagnée   d'aucun   phénomène  remar- 


quable, i^enclant  la  respiration  de  Tair  com- 
primé» en   saignant  l'pnimal    jusqu'à  la 
rajort,  il  ne  survint  pas  de  conyulsiofis. 
{Journal  de9  çonnamance»  médicaleg,) 


Pe  Vb^p^tifine  et  de  l'arthritisq^a 
^é  la  gorge  et  4e*  premières  voies, 
par  ISAMBliHT.  -^  La  coïncidence  entre 
les  dermatoses  dites  artbriliqucs  ou  her- 
pétiques et  certaines  manifestations  in- 
flamma^ires  de  |a  gprge  et  des  piremières 
voies  est  incontestable;  que  les  unes  et  les 
autres  soient  probablement  sous  la  dépeur 
dance  de  là  même  cause,  fait  important  iiu 
point  de  vue  thérapeutique,  cela  est  inûni- 
ment  probable  ;  que  l'on  puisse  par  l<es  ca- 
ractères objectifs  seuls  de  la  lésion  pha- 
ryoLgo-laryngéa  dire  si  elle  est  aribritique 
ou  herpétique,  non,  cela  est  toui  à  fait  im- 
possible ;  mais  que  l'on  puisse  reconnaître 
qu'elle  ^t  probablement  ou  Tun^  ou 
l.'aMtrQ,  oyi,  cela  est  possible  jusqu'à  un 
certain  points  Or  voîici,  d'après  Isambert, 
le^. caractères  objectifs  des  manifestations 
herpéto-arthritiquea  de  la  gorge  :  rougeur 
catarrbMç.  du  larynx^  aspeèt  strié  et  éraillé 
des  cordes  vocales,  aspect  velvétique  de  la 
commissure  inter^ary  thénoîdienne  ;  d'autre 
part;  angine  glanduleuse,  finement  vascuT 
lârisée.dans  les  cas  simples,  hyperlro- 
phique  dans  les  cas  compliqués,  mais  se 
détachant  sur  un  fond  de  nuance  roseopa^ 
Une;  enfin,  leiS  trois  états  de  la  langue  sui- 
vants :  1°  Le  pityrimia  lingual  caraelérisé 
par  une  eoloratiun  jaune  ocreuse  ou  café 
au  luit  de  la  face  dcMrsaie  de  la  langue,  qui 
présente  un  aspect  villoux  ou  gazonné,  qui 
la  fait  ressembler  à  un  gazon  assez  toulfu 
dont  les  brins  au raû^nt  été  souillée  par  une 
eau  trouble  ;  de  plus,  cette  stirface  est  légè- 
rement fendillée,  principalement  sur  les 
bords.  La  cbronioité  «t  ranasHmèse  empé* 


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8» 


RBVtB  ANALYTIQUE  KT  CRITIQUE. 


diront  d'attribuer  cet  état  à  un  embarras 
gastrique,  à  Tusage  du  tabac.  —  3°  Vee- 
zéma  lingual  est  caractcrisé~par*un  aspect 
gazonneux  plus  prononcé,  plu<i  touffu,  une 
couleur  plus  foncée,  des  houppes  épîthé- 
lîales  plus  longues  ;  ce  n^est  plus  une  eau 
trouble  et  savonneuse  qui  a  passé  sur  ce 
gazon,  mais  un  liquide  bourbeux  et  épais 
qui  Ta  imprégné  d'un  vrai  limon.  La  colo- 
ration peut  aller  jusqu'au  noir  ;  la  langue 
est  creusée  de  sillons  profonds  comme  une 
couche  sablonneuse  ravinée  par  une  pluie 
abondante.  Tel  est  Teczéma  lingual  déerit 
dans  récole  de  M.  Bazin.  —  S®  Le  p<o- 
riasis  lingual,  dont  il  existe  deux  formes, 
la  forme  ptate  et  sèche  ;  la  langue  semble 
dépouillée  de  son  épithélium,  luisante  et 
blanche  comme  si  elle  avait  été  touchée 
avec  un  crayon  de  nitrate  d'argent  ;  cela 
rappelle  ta  plaque  laiteuse  des  fumeurs, 
les  plaques  irisées  de  la  syphilis  ;  la  forme 
mamelonnée  ou  nummulaire  :  ce  sbnt  sur  le 
dos  de  la  langue  de  grosses  saillies  rouges 
au  sommet  et  d'un  rose  opalin  sur  leur  cir- 
conférence, tantôt  isolées,  tantôt  formant 
des  plaques  irrégulières  ;  elles  rappellent 
les  papilles  calicîformes,  mais  sont  beau- 
cmip  plus  grosses.  La  langue  est  encore 
ici  ravinée,  creusée  par  des  sillons  pro- 
fonds. 

{U Abeille  médicale,) 


De  rendoeardîte  tàgué  daat  la  granu- 
lie.  —  L'endocardite  aiguë  a  été  signalée 
dans  la  plupart  des  maladies  virulentes  ou 
infectieuses,  en  parliculièr  dans  la  variole, 
la  scarlatine  et  la  rougeoie,  dans  l'intoxica- 
tion paludéenne,  la  ûèvre  puerpérale,  la 
diphthérie,la  septicémie.  M.  le  docteur  Per- 
raud  (de  Lyon)  a  eu  l'oecasion  de  constater 
également  dans  ta  granulie  et  a  fait  sur  ce 
sujet  de  nombreuses  observations,  tant  au 
lit  du  malade  qu'à  l'amphithéâtre.  Voici 
les  conclusions  de  son  intéressant  travail  : 

!•  La  tuberculose  granuleuse  aiguë  doit 
compter  an  nombre  des  maladies  infec- 
tieuses dans  le  cours  desquelles  peut  se 
manifester  l'endocardite  aiguë  ; 

â**  Cette  endocardite,  le  plus  souvent, 
n'a  pas  le  temps  d'évoluer,  la  granulie  em- 
portant les  malades  avant  que  la  lésion  val- 
vulaire  ait  atteint  un  degré  avancé.  On  ne 
trouve  le  plus  souvent  à  l'autopsie  que  de 
petites  nodosités  plus  ou  moins  pronon- 
cées, déjà  décrites  par  les  auteurs  dans  un 
certain  nombre  de  maladies  infectieuses  et 
bien  différentes  des  granulations  tubercu  - 


lenses  dont  on  trouve  quelques  très-rares 
exemples  dans  la  science  ; 

3^  Quand  la  tuberculose  granuleuse  a 
une  durée  suffisante,  l'endocardite  peut 
atteindre  un  développement  plus  avancé  et 
gêner  assez  le  jeu  des  valvules  pour  donner 
lieu  à  des  signes  cardiaques  physiques  ou 
fonctionnels  ; 

4"*  Habituellement  c'est  la  forme  végé- 
tante de  Tendoeardite  aiguë  que  l'on  re- 
marque alors,  ^ous  n'avons  pas  encore 
rencontré  dans  ces  cas  l'endocardite  ulcé- 
reuse. Quant  Ji  la  sclérose  des  valvules,  si 
fréquente  chez  Tadulte^à  la  suite  du  rhu- 
matisme aigu,  et  dont  l'évolution  est  plus 
lente,  nous  ne  l'avons  jamais  vue  dans  la 
tuberculose  granuleuse  et  elle  doit  être 
très-rare  dans  cette  affection  ;  c'est  du 
moins  ce  que  permet  de  supposer  la 
march,c  rapide  de  celle-ci  et  la  rareté  de 
sa  guérison  dans  les  cas  sui^igus  et  con- 
fluents, c'est-à-dire  précisément  dans  ceux 
où  l'endocardite  survient  de  préférence. 
' .    (/6W.) 


Ell^t  thérapeutique!  du  nitrîte  d*a- 
myle  dant  l'épileptie  et  l'hyttéro- 
épîlepiîe,    par    M.    BOURNEVILLE.  ~ 

M.  Bourne ville  fait  part  à  la  Société  de 
biologie  de  ses  recherches  sur  Vaction  phy- 
siologique du  nitriie  d'amyle  et  -sur  l'em- 
ploi de  ce  médicament  dans  Vépilcpsie  et 
Vhystéro-épilepfie,  De  la  première  partie 
de  sa  communication  nous  relèverons  les 
points  suivants  :  Le  nitrite  d'amyle  di- 
minue le  nombre  des  pulsations,  puis  les 
augmente  ;  les  oreilles,  dont  les  vaisseaux 
se  dilate^it,  deviennent  très-chaudes;  les 
vaisseaux  des  méninges,  comme  ceux  de  la 
face  et  dn  cou,  sont  dilatés  (Bride,  Kem- 
ster),  ce  qui  incline  à  penser  que  l'action 
^de  cet  agent  est  circonscrite  à  une  région 
spéciale  des  centres  nerveux  ;  la  tempéra- 
ture tombe  chez  les  chats  de  8  ou  9  degrés 
au-dessous  du  chiffre  normal,  l'abaissement 
continue  après  la  cessation  du  nitrite  d*a- 
myle  et  il  est  remplacé  par  une  élévation 
thermométrique  qui  dépasse  de  1  ou  3  de- 
grés le  chiffre  primitif;  les  chats  se  remet- 
tent très-bien  de  cette  diminution  de  la 
chaleur  centrale  ;  les  urines  des  malades, 
recueillies  pendant  vingt -quatre  heures 
après  les  inhalations,  examinées  une  ving- 
taine de  fois  à  l'aide  de  la  liqueur  de  Bar- 
reswill  et  du  réactif  de  Muller,  par  M.  Bour- 
neville  et  par  M,  P.  Begnard«  n'ont  jamais 
offert  de  sucre,  excepté  une  fois  :  c'est  la 


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REtffK  ATlAtYTIQUE  KT  CRITlQUlt. 


m 


an  récital  oppoté  il  eelni  qa*ont  obtenu 
quelques  observa  le  ors. 

Nombre  de  médecins  ont  employé  le  ni- 
trite  d*amyté  'dans  Vépilepsie  (Crichton 
Brown,  S.-W.  Mitcheit,  Phitip,  Bride,  Sol- 
ger,  Sander,  etc.).  L*auteur  résume  leurs 
travaux.  Il  reconnaît  avec  eux  que  le  ni- 
trile  d^amyle  arrête  les  accès  qui  ont  com- 
mencé ou  sont  annoncés  par  une  aura,  et 
signale  la  divergence  qui  existe  entre  eux 
au  point  de  vue  de  rinflucnce  de  cet  agent 
sur  la  marche  même  de  la  maladie,  les  uns 
prétendent  qu*il  diminue'  ou  fait  dispa- 
raître les  accès,  les  autres  soutenant  que 
leur  fréquence  n*est  pas  modifiée.  Dans 
Vétëi  de  mal  épif optique,  dont  M.  Bourne* 
ville  a  donné  la  première  description  com- 
plète  le  nitrite  d*amyle  rendrait  des  ser- 
vices incontestables,  ainsi  qu*en  témoi- 
gnent un  fait  observé  par  lui  et  plusieurs 
casdeCi.  Browne. 

Des  attaques  d'hy$téro^épilepsie,  qui  du- 
rent souvent  plusieurs  heuri^s,  sont  arré* 
tées  par  le  nitrite  d*amyle  ;  c*est  là  un  fait 
qui  ressort  de  son  administration  répétée 
on  grand  nombre  de  fois  chez  sept  hysté- 
riques ou  épileptiques  du  service  de 
H.  Charcot.  LMnbalatioo  donne  lieu  chez 
les  malades  aux  phénomènes  suivants: 
rougeur  d*«bord  vermillon,  puis  de  plus> 
ea  plus  violacée  de  la  face,  des  lèvres,  de 
la  bouche,  de  la  langue,  du  cou,  des 
oreilles.  Si,  rinbalation  étant  momentané- 
ment suspendue,  tt  survient  une  attaque, 
la  face  des  malades  a  un  aspect  effrayant, 
la  conge$tioii  dépendant  de  Tattaque  ve- 
nant s'ajouter  è  celle  qu*i  produite  le  ni- 
trite d*âmyle.  Lorsque  les  malades  repren- 
nent connaissance,  le  visage  a  une  pi  leur 
plombée.  Quelques- unes  ont  des  nausées  ; 
la  plupart  ont  des  modiâcations  <ie  ta  vue: 
elles  voient  une  i  neige  jaune  i^  des  étin- 
eellea,  des  ronds  jaunes  et  verts,  ainsi  que 
Pick  Ta  observé  lui-même  ;  d'autres  disent 
que  la  figure  ides  personnes  qui  les  entou- 
rent est  jaune  et  noire.  Elles  conservent 
une  céphalalgie  différente  de  cella  qu'elles 
éprouvent  ordinairement  après  leurs  cri- 
ses, etc.  La  marche  de  la  maladie  n'est  pas 
influencée.  C'est  donc  seulement  un  moyen 
eonire  Tattaque,  de  même  que  la  glace  6u 
la  compression  ovarienne. 

M.  Bourne ville,  en  terminant,  insiste  sur 
les  do$e»  Elles  varient  de  iO  à  30  gouttes, 
selon  les  malades,  qui  s'y  a*ccouiument 
promptement,  ce  qui  oblige  à  augmenter 
le  nombre  des  gouttes.  Les  Âi^glais,  les  Al< 
leniands,  fès  Américains  surtout,  emploient 


souvent  le  nitrite  d'amyle  contre  un  gr*nd 
nombre  de  maladies  (angine  de  poitrine, 
asthme,  éclampsic,  etc.)  ;  les  derniers  le 
mettent  même  à  la  disposition  des  malades, 
M.  Bourneville  estime  que  ce  médicament 
ne  doit  être  employé  que  par  lé  médecin 
et  avec  prudence.   {Arehh,  médic.  beiges,) 


Du  traitemeot  de  Tépileptie  et  4e 
l'èelsmptie  chronique»  obes  les  enfanitt. 
—  Dans  un  certain  nombre  de  cas  d'épi- 
lepsie  et  d'éclampsie,  le  point  de  départ  de 
l'attaque  ècmble  résider  dans  une  contrac- 
tion vascutaire  instantanée  q^i  se  produit 
de  la  périphérie  vers  le  centre.  Partant  de 
cette  idée,  le  doe tenr  Deti^me  fait  une  in- 
jection de  1  k  â  milligrammes  d'atropine 
sous  les  téguments.  Particulièrement  dans 
un  cas  d'éclaiApsie  chez  un  enfant  de  six 
mois,  il  a  obtenu  une  amélioration  très- 
notbble  en  injectant  dans  la  conjonctive 
une  solution  contenant  5  milligrammes 
d'atropine  pour  100  grammes  d'eau. 
D'après  le  docteur  Demme,  l'effet  produit 
dépend  de  Taction  paralysante  qu- exerce 
l'atropine  sur  les  branches  terminales  in- 
tracardiaques  du  nerf  vagtie  et  les  nerfs 
des  vaisseaux  périphériques. 

{Bulf.  général  de  thérapeutique.) 


Reoherehet  phytiologîquet  et  théra- 
peutiques sur  la  picrotoxîne.  Applioa- 
tioDt  au  traitement  de  répîleptie  ;  par 
PLANAT.  —  La  piçrotoxine  est  le  prin- 
cipe actif  de  la  coqne  du  Levant  ;  elle  pa- 
rait avoir  plutôt  les  propriétés  d'un  acide 
que  d*une  base,  et  pouvoir  former  des  pi- 
crotoxates,  de  quinine  par  exemple.  C'est  n- 
un  poison  convulsivant,  les  convulsions 
sont  toniques,  cataleptiformes.  La  picro- 
toxine  est  sans  action  sur  les  cellules  céré- 
brales idéomotrices  ;  elle  agit  sur  le  cer- 
velet, le  bulbe,  la  moelle,  en  les  excitant; 
mats  à  l'exagération  ou  déviation  fonction- 
nelle succède  la  paralysie  par  dépense  ex- 
cessive d'influx  nerveux.  La  conséquence 
la  plus  remarquable  de  l'action  sur  le  bulbe 
est,  pendant  la  convulsion,  l'arrêt  plus  ou 
moins  complet  du  cœur  entre  les  convul- 
sions, son  ralentissement,  raffaiblissemeht 
de  ses  pulsations,  la  stase  du  sang  dans  les 
capillaires.  Cette  stase  du  sang  dans  les 
capillaires,  l'auteur  la  rattache  à  l'excita- 
tion des  origines  du  pneu mo- gastrique  par 
l'intermédiaire  du  nerf  de  Cyon,  nerf  cen- 
tripète, dont  Paetion  se  traduit  par  une 


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aaâ 


REVDE  ANALYTIQUE  ET  CBITIQUE. 


detesîe  vaseiil9Âr9  péFîphépîque,  La.picr^rr 
toxifue»  un  ÎDiportanl  au  patntdc  vue  phy- 
siptogiquc»  est  sans  action  sur  Tappareil 
lymphatÂcpiCy  sur  le  grand  sympa  («bique, 
ta  plcfoioj^ino  n^Qgit  pas  sur  le$  mpllus- 
qnes  (escargoi,  limace),  empoisonne  k-s 
annelés  (éorevisse);  elle  est  denc  comme 
un  réactif  du  système  nerveux  prouvant 
que  le  système  nerveux  des  mollusques  est 
r;«pah»gue  du  grand  sympathique,  le  sys- 
tème ganglionnaire  des  annelés  pouvant 
étTo  assimila  au  niyéleneépMe  des  verté- 
brés. 

Le  nodus  épileptieus  est  dans  le  bulbe  ; 
la  eause  immédiate  de  Tépilepsie  parait 
être  une  suspension  partielle  ou  totale  de 
Taetioo  bulbaire,  la>  chute  en  est  la  cônsé^ 
quenee.  La  période  tonique  qui  arrive  im- 
médiatement correspond  déjà  à  une  réap* 
parition  de  ia-  circulation,  A  priori  il  était 
permis  d^iaduîre  de  Taelion  balbaire  phy- 
siologique de  la  picrotoxine  h  la  possibilité 
d*une  action  modiiieatrka  heureuse  de. 
l!éiat  moléculaire  épiteptogène  du  bulbe. 
L^expérieiice  a  confirmé  les  prévisions. 

L^autcur  oomroenee  par  deux  gouttes 
malinettsoir,  dans  uxieeuilierée  d'eau,  delà 
teinture  alcoolique  préparée  comme  il  suit: 

Coque  de  bonne  qualité  pulvérisée  ^00  gr. 
Alcpol  recliûé    .    . 1,000   - 

Faire  mariner  pendant  trois  semaines, 
en  agitant  le  mélange  de  temps  à  autre; 
filtrer.' 

Augmenter  de  deux  gouttes  par  jour 
jusqu'à  concurrence  de  trente  gouttes,     . 

Or,  M.  Planât  a  obtenu  drs  succès,  re- 
marquables dans  répilepsie  non  trop  chro- 
nique, réelampSie  puerpérale  et  infantile, 
la  contractura  (^es  extrémités,  la  chorée  et 
une  de  Ses  variétés,  le  spasme  diaplirag- 
matique. 

Dans  les  observations  rapportées  par 
fauteur,  Ton  n'observe  pas  de  phéno-* 
H^ncs  physiologiques  altrifouables  à  Tae^ 
tion  de  la  picrotoxine,  et  riappelaiit  ce  qui 
arrive  lorsqu'on  traite  une  affection  con- 
vulsive,  la  chorée  par  exemple,  par  la  stry- 
chnine^ suivant  la  méthode  4<k  Trousseau. 
L*on  ne  peut  donc  invoquer  la  théorie  de 
répuisemeni  nerveux  pour  expliquer  Ta^ 
mélioration  ou  la  guérison  do  Tépilepsie 
par  la  pierotoxihc.  11  faudrait  donc  ad* 
mettre  plutôt  une  simple  action  modifiea- 
trice  locale.  Tout  au  moins  est-ce  là  notre 
manière  de  voir,  Taotcur  ne  s'étant  pas 
suffisamment  expliqué  sur  ce  point. 

{Lyon  médical,) 


ÉlMidM 'f«rlie  UaîteèaMAl.du  d««l(éte 
0uoré,  par  MM.  les  docteurs  Éaicv  HAHT-* 
NACK.  BALFOUa,  KUSSMAUL,  r^  Ges 
trois  études,  presque  .contemporaines»  nous 
ont  paru  intéressantes  &  réunir  et  à  cpm- 
parer.  Sans  vouloir,  ea. effet,  nous  pro- 
noncer tout  d'abord  sur  la  valeur  des  opi* 
nions  émises  par  leurs  auteurs,  nous  peu  - 
sons  qu'il  es^  toujourst  utile  de  faire  con- 
nûtre  les  tenlatives  thérapeutiques  se. 
rieuses  entreprises  dans  le  but,  sinon  de 
guérir,  au  moÎQs  d'améliorer  une  maladie 
dont  jusqu'ici  nous  ne  coanaissons  pas  le 
traitement  positif. 

Si  fes  divers  agents  mis  jusqu'à  ee  jour 
en. usage  pour  conibaUro .  le  diabète  sucré 
ont  tous,  dans  certains  cas«  donné  des. 
succès,  cela  tient,  à  ce  que  cette  affection 
n'en  est  pas  une.  L'étude  pathologique  du 
diabète  sucré  laisse  coeore  beaucoup  à  dé- 
sirer, et  il  est  évident  que  la  séparatioQ  des 
di#érentQs  formes -de  la  ronladie  devra  être 
plus  complète  .quand  on  voudra  indiquer 
une  thérofjeulique  régulière.  A  ce  point  de 
vue,  les  travaux  que  nous  aUens  sonfiimai-r 
rement  passer  en  revue  soat  unr  véffitable 
progrèsw  - 

Erioh  Hartnaok  croit  avoir  déivontrë  que 
^  In  quantité  de  suore  eonteou  dans  l'urine 
d'un  diabéli^iue  est  direoteaient  propor- 
tionnelle aux  hydrocarbures  ingérés.  ;  Ce 
premier  point  bien  établi  tendrait  à  enn- 
firmer  la  théorie  qui  veut  que  le^  diabète 
dépende  d'un  arrêt  dans  les  transformu- 
tions  des  hydrocarbures. 

Cette  première  proposition  une  fois  ad- 
mise, rien  ne  lui  parait  plus  rationnel, qne 
le  traitement  qu'il  met  en  usage  ;  à 
l'exemple  de  Schultae,  Il  administre  la  gly- 
cérine. Mais  ce  dernier  auteur  pensait  que 
la  glycérine  setransforoiait  rapidement  en 
sucre  'dans  l'organisme  et  empêchait  ainsi 
une  quantité  considerable.de  matières  amy- 
lacées d'être  éliminées  à  Tétat  de^uere» 

Hartnack  n'admet  pas  cette  interpréta p 
tion*  Voici  son  traitement  :Jldonqe  100  gr. 
do  glycérine  sous  forme  de  limonade,  et» 
dans  ces  :  conditions,  il  n'.a  jamais  vu  se 
produire  d'accideuts.  Ik.est  facile^  diaprés 
lui^  de  c6mpre&dre  l'action  de  ce  médioa" 
ment  :  il  faut  parer  à  deux  vices  de  nutri- 
tion qui  constituent  le  plus  grand  danger 
do  la  maladie:  A**  k  la  perte  de  matériaux 
d'oxydation  ;  ^  à  la  perte  d'eau.  La  gly- 
cérine qui  s'oxyde  dpns  l'organisme  rem- 
plit la  première  indication  ;  la  seconde'  ré- 
clame surtout  l'abstinenee  d'aliments  amy- 
laeés.  Hartnack  hésite  d'autant  moins  à- 


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RBVUe  ANALYTIQUE  fiT  CRITIQUE. 


^K 


«uppriner  les  hyidrocarbures  qoo,  fM>iir  le 
dialbétlqiK»  Ils  ne  sont  plus  uh  aliment. 
La  |;tyicérine,  elle»  jeue  cbe«  le  diabétique 
le  Me  écs  siibslance»  amylacées  chez 
rhomme  sain  :  entre  autres  avantages,  elle 
possède  celui  de  diminuer  le  désir  des  ma- 
tiiVree  amylacées,  si  grand  cboz  lui^ 

Ces  deux  parties  du  traHement  sont  »b- 
soèisment  indispensables.  Supposons,  «n 
eff^,  qu«  rën'fMrescrive  au  diabétique  Iq 
éiàte  animale  sans  lui  administrer  la  gly- 
cérine^ 4a  quantité  de  sucre  excrété  di- 
mi»ae  iMtabienient^  il  eat  vrai,  ainsi  que 
ccile  d^  l*uWne,  mais  on  ne  supplée  pas 
aux  peintes  produites  par  la  cçmbustivn.; 
la  faiblesse  persiste  et  le  malade  succombe 
à  une  consomption  progressive.  Ce'  n-eat 
quiaprès  Tadministratiob  de  la  ^glycérine 
que  la  santé  se  rétablit,  en  même  temps 
que  l'embonpoint  renaît. 

Donne  ton,  au  contniire,  la  glycériàe 
sans  supprimer  Falimeuiation  amylacée? 
La  quantité  d-arine  reste  la  même  et  .par 
conséquent  répuisemenl  continue  à  faire 
des  progrès*. 

Kuasinafil,  comme  Harnack,  a  traité  des 
diabétiques  par  la  glycérine,  mais  il  n'a 
pas  obtenu  les  mêmes  résiAtais  favorables  j 
cepcttdaaft  il  avait  pris  la  précaution  d'aa- 
socler  la  glycérine  à  la  dic|6  azotée.  Il 
pense  que  >la  viande  seule  a  die  meilleurs 
effets  Y|ue  lorsqu'eUe  est  alliée  4k  la  glyeé- 
-rine. 

li  a  dé  plus  employé  les  ibjectioiis  de 
dlastase  dans  le  tissu  ceihila«re  sous  cutané 
et  dans  les  veines.'  Ge  trailemeiit  lui  a 
donné  les  résultats  suivants:  i!<t  10  à 
30  centigrammes  de  diastase  dissoute  dans 
IVaro,  infectés  à  plusieurs «repriecsdans ilc 
tissu  cellulaire  d'iun  rdiabétique,  n'e4ir«nt 
aucun  effet  sur  la  quantMé  ide  «kutrc  rendre 
par  le  «malade;  â**  iO  centigrammies  de 
diaâtasc  injectés  dans  les  grosses  veines  di- 
minvièrenl  les  pertes  'en  sacre.  {Deuttafi 
Arcftiv,  fur  KHmsche  Medwin,  juin  et 
juillet  4  87>i.) 

Bélfaur  a  traite  des  diabétiques  par  di- 
vers moyens.  Chez  les  diabétiques  gras,  il 
associe  la  diète  azotée  avec  le  koumys  et 
tin^  forte  dofio  diacide  laètiquc.  flTapporte 
sept -ces 'graves  traités  pat  ceUte. métbefle 
et  dans  lesquels  il<aiobtenu  de  véritables 
sweoèav  tantamélioitationoonaiAéràblc  que 
goérîMin  au  «moins  aainnefitanée.  Chez  les 
diaiïéliques  avec  oonsom^tion;  ce  traite- 
ment ne  vaut-  rien^,  et,  dans  ces  derniers 
cas,  il  ne  i;^rait  j)as  éloigné  d'employer 
Tacide  phcniqqe.    {L'Abeille  médicale:] 


•  Obt^iration  d'aj^oiile  ^MÉétPëus^  g»ué«- 
rie  par  de»  inlialatitttti  da  «hfdï^ôfâiniie  ; 

par  M.  le  doetenr  de  RIDD^R  (de  Waére^ 
ghem).  -—  Julie  R...,  non  marfiée,  às^4e 
38  ans,  d^une  Ibrte  constitution,'  d*un 
tempérament  mixte  ncrr^so^sanguin,  abori- 
danrtnent  réglée,  à  tel  point  que  Kécoule- 
ment  menstruel  simule  une  vi^ritable  méiror- 
rhagfe,  se  trouva,  à  la  suite  d*un  rbftmé, 
dans  Tiin possibilité  de  parler  h  haute  voix. 
Apres  avoir  patienté  pendant  trois  semai^ 
nés,  elle  vint  me  cons^tlter  aussujet-dc  Cfe 
malaise  et  me  raconta  qu'elle  avait  dëfà 
épuisé  toute  la  série  des  moyens  vulgaires 
usités  en  pareil  <^s  :  tels  que  boissons 
émoUientes,  cataplasmes  émollieiits,'etc. 

Uft  examen  convenable  de  la  poitrine, 
de  la  gorge  et  du  cou  ne  me  fit  déconvi*fr 
aucnn^symptotne  de  pbtbisie  pulmonalt'e 
ou  laryngée,  nulle  trace  d'inflanimatiota 
ou  de  rougeur  <dans  Tarrière-boucbe,  au- 
cune douleur  au  niveau «dn  larynx.  Pas  de 
cachexie  syphilitique,  pas  de  gonâemerri, 
pas  de  tumeur.  Âu^  reste,  la  déglutition  et 
la  respiration  s'exécutaient  sans  diifficàtté 
et  elle  jouissait  de  toute  la  plénitude  de 
ses  facuhés  intelleclueltesv 

Comme  l'aphonie  avàitéfé  précédée 4e 
toux,  je  m'arrêtai  à  'l'idée  qa'elte  pouvait 
être  le  résultat  d'un  peu  d'irritation,  qui 
avait  persisté  au  niveau  des  ëordei  v^iaJes 
et  j'ordonnai  sans  succès >âesfr»cfi&sns  avec 
l'huile  de  croton  tiglium  à  la  région  laryngée. 

Je  l'avais  déjà  traitée  plusieurs  fois, 
pour  dés  attaques  d'hystérie  et^it-mevint 
alors  à  l'esprit  de  recourir  à  un  autre  e«- 
dre'de  niditicamen4s,  pendant  que  raphonie 
était  nerveuse  et  qu'elle  pounsiit  frès'^biéti 
être mie^ manifestation  de'la  névrosée  la- 
quelle Julie  R.  étiait  sujette.  Je  Ifri  donnai, 
sans  succès,  des  piiukâ  d*'jsii'<fa$ti4a,  puis 
ufté    mixture    narcotroo^ntis|)«smodiqiie. 

Je  me  rappelai  alors  un  cas  d'aphonie 
nerveuse  k»  la  suHe  d'un  saisissement  nù 
les  inhalations  de  chloroforme  poussées 
jusqu'à  la  syncope  avaient  rendu  de-grânâs. 
services.  Mais,  je  favooe,  j'avais  peur 
d'adtfiînfstner'ainsi  lechlorofonne,  pour  «m 
pareil  cas.  Je  confiai  donc  k  ma  malade, 
un  petit  flbcon  de  ce  liquide  et  je  '  lui  en 
fis  respîret  les  vapèîurs,  pendaétiine  à  deiix 
minutées,  toutes 'les  heures,  de  manière  à 
ne  pas  produire  l'anesthésie,  niais  .neute- 
ment  jusqu'à  déterminer  un  peu  de  ver- 
tige •  ou  d'élfourdissement..  Au  bout  de  S 
jours,  Taphonie  cédant  peu  à  peu,  avait 
complètement  disparu. 

Cinq  mois  après,  Julie  revint  avec  Ja 
même  aflectiou,  >et  réclama  de  nouveau  un 


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%u 


RBVUE  ANALYTIQUE  RT  CRITIQUE. 


peu  de  ohloroforme,  qu*eile  employa  de  la 
fuéine  façon  que  la  première  fois  et  le  mal 
céda  rapidement  sous  Tinfluence  de  la 
même  médication . 

Un  an  après  cette  guérison,  la  même 
aphonie  accompagnée  d*un  lioquet  spas* 
modique  et  de  vomissements  glaireux  in- 
cessants^ se  montra  à  la  suite  d*une  forte 
attaque  d'hystérie  et  d'un  écoulement 
menstruel  plus  abondant  que  de  coutume. 
Julie  avait  encore  en  sa  possession  le  fla- 
con de  chloroforme.  Elle  s*en  servit  a  mon 
insu  comme  les  autres  fois.  Pendant  IK 
jours»  elle  en  respira  les  vapeurs  sans  suc- 
cès. Je  lui  prescrivis  alors  dii  chlproforme 
récent,  et  la  disparition  de  Taphonie  ne  se 
fit  pas  attendre.  Le  hoquet  et  les  vomisse- 
ments glaireux  cédèrent  à  T usage  des  per- 
les d^éther,  et  contre  récoulement  mens- 
truel trop  abondant  je  donnai  avec  succès 
une  seule  goutte  de  teinture  d*iode  dans 
une  potion  gommeuse,  à  prendre  tous  les 
.  jours  pendant  la  durée  des  règles. 

Tel  est  le  fait  que  j*ai  rhonueur  de  por- 
ter à  la  connaissance  de  mes  confrères.  Je 
n*ai  pas  la  prétention  de  leur  offrir  du 
neuf^  ni  de  m'approprier  une  expérience 
que  d*autres  ont  déjà  tentée  avant  moi.  Je 
suis  heureux  seulement  de  pouvoir  insister 
sur  une  manière  de  se  servir  du  chloro- 
forme qui  est  exempte  de  danger. 

(Revue  de  thérap,  médicochirurg,) 


comme  traitement  curatif,  Tapplioation  de 
ia  glace  à  rextérietir(Béhier,  Rey,  de  Bor- 
deaux) est  surtout  conseillée  par  M.  Triaire. 
(BtUl,  général  de  thérapeuttque.) 


Du  traitement  préventif  de  la  fièvre 
puerpérale  —  Sous  ce  titre,  le  docteur 
Triaire  expose  un  certain  nombre  d^idées 
surTétat  puerpéral  et  les  phénomènes  phy- 
siologiques qui  accompaj^nent  ot  suivent 
raccouchemeht.  Si  quelques-unes  des  con- 
clusions pratiquer»  auxquelle  il  arrive  sont 
acceptables,  il  en  est  d^autres  au  contraire 
qui  sont  dangereuses  M.  Triaire  pense 
que  raccouchement  est  beaueoup  moins 
dangereux  chez  les  femmes  de  la  campa - 
gne  que  chez  les  citadines,  parce  que  Tuté- 
rus,  chez  les  premières,  revient  facilement 
et  rapidement  sur  lui-même  après  raccou- 
chement. Il  faut  donc  obtenir  la  rétraction 
rapide  de  Tutérus;  pour  cela,  Tauteur 
propose  un  moyen  qu'il  croit  nouveau, 
mais  qui  se  rapproche  beaucoup  de  celui 
connu  ioas  le  nom  d'expreaion  utérine;  il 
insiste  sur  Tutllité  du  seigle  ergoté  admi- 
nistré après    raccouchement  (1).  Enfin, 

(1)  Ce  moyen  a  été  employé,^  il  y  a  nombre 
d*ann6e8,  par  M.  le  professear  Van  fîuevel,  à  la 
maternité  de  BroxHIiw  et  mis  en  pratique  comme 
ruades  éléments  du  traitement  rationnel  dans  un 


Du  lavement  froid  ;  ton  aotion  phyeio- 
lo^que  et  ton  enpioi  thérapeutique  dan» 
la  fièvre  typhoïde.  —M.  le  docteur  Foltz 
vient  de  faire  paraître  dans  Lyon  médical 
une  étude  intéressante  sur  le  lavement 
froid.  Il  montre  que  des  lavements  froids 
à  8  degrés  à  Tétat  physiologique  font  abais- 
ser et  le  pouls  et  la  température  ;  la  quan- 
tité d*eau  à  administrer  doit  être  de  1  litre 
pour  un  adulte,  d'un  demi-litre  pour  un 
jeune  sujet  et  d*un  quart  de  litre  pour  un 
enfant.  Quant  à  la  température  dt^  lave- 
ment, M.  Foltz  a  remarqué  que  le  laVement 
de  10  à  âO  degrés  fait  baisser  le  pouls  de 
6  pulsations,  que  de  30  à  50  degrés  il  se 
ralentit  de  5  pulsations  ;  enfin  de  50  à  58 
degrés  il  peut  encore  ralentir  la  circulation 
de  1  ou  3  pulsations.  Voici  d'ailleurs  les 
conclusions  de  M.  Foltz  :  l""  Lo^  lavement 
froid  a  une  action  physiologique  locale  et 
générale  ;  —  â«  L'action  locale  consiste  en 
une  ^ensatioh  de  fraîcheur  suivie  de  con- 
traction intestinale;  ^  5»  L'action  générale 
produit  le  ralentissement  du  pouls,  la  dimi- 
nution de  la  température  animale  et  la  séda- 
tion  du  système  nerveux.  Elle  apaise  la 
soif,  stimule  l'appétit  et  augmente  les  sécré- 
tions. -—  4®  Cette  aetion  rafraîchissante, 
sédative  et  tonique,  reste  la  même,  qiiant  à 
sa  nature,  pour  tout  lavement  dont  la  tem- 
pérature est  au-dessous  de  58  degrés  ;  mais 
elle  est  d'autant  plus  intense  et  durable, 
qu'il  est  plus  froid  et  plus  abondant  on  re- 
nouvelé; ^  S<*  Les  indications  thérapeuti- 
ques du  lavement  froid  sont  extrêmement 
nombreuses.  :  il  convient  par  son  action  lo- 
cale dans  les  maladies  de  l'abdomen  et  par 
son  action  générale   dans   les    maladies 
fébriles.  A  ce  double  titre,  il  est  indiqué  et 
il  réussit,  comme  remède  principal,  dans 
la  fièvre  typhoïde.  (ibid,) 


Traitement  de  la  tranepiratioa  pro- 
fote  par  la  belladone.  —Suivant  les  erre- 
.  ments  du  docteur  Ringer  et  du^  docleur 
AUan,  le  docteur  Butler  (de  Glasgow)  em- 
ploie depuis  plusieurs  mois  la  belladone 
contre  les  transpiratioAs  profuses,  princi- 
palement eontro  celles  qui    épuisent  si 

nombre  considérable  de  cas.  par  H.  le  professeur 
van  den  Corput,  dans  ses  cliniques  de  Phépital 
Saint-Pierre  de  la  même  ville. 


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REVUE  ANALYTIQUE  fiT  CRITIQUE. 


ââs 


erueltement  les  phthisiqnes.  Il  la  éwmt  le 
soir  en  pilules  de  5  milligrammes,  baas 
plus  de  la  moitié  des  cas  la  transpiration 
avait  cédé  après  trois  ou  quatre  pilules, 
d'autres  fols  Tefifet  n'était  sensible  (Qu'après 
liuit  ou  dix  jours  ;  dans  un  tiers  des  cas; 
Teffel  fut  nul  et  le  médicament  dut  être 
abandonné.  LVflet  a  été  le  plus  souvent 
durable  et  les  transpirations  ne  reparais- 
saient pas  ioRBcpi'on  cessait  remploi  de  lo 
belladone  ;  quelquefois  il  fallait^  y  revenir 
au  bout  de  quelques  jours.  La  plupart  des 
malades  réclamaient  eux-mêmes  leur  pi* 
Iule,  (lisant  en  obtenir  un  grand  soulage- 
ment. '  {/Md.) 


I>e  la  suralealîtation  du  «ang  et  des 
urinet  sont  riofluenoe  de- la  ohauz  et  de 
la  magnéteîe,  parCAULET.  —  Si  les  eaux 
calciques  sont  dissolvantes  et  lithontripti-' 
ques,  ce  n*est  pas  que  la  chaux  comme  ta 
magnésie  puissent  prendre  une  part  directe 
h  la  réaction  alcaline  produite  ;  c'est  la 
soude  qui  toujours  alcalinise  l'urine.  Ncu- 
baner  a  d'ailleurs  établi  que  la  chaux  et  la 
magnésie  ingérées  ne  passaient  pas  dans 
Purine  ;  M.  Gaulet  arrive  mémo  à  établir 
qu'elles  ne  peuvent  être  absorbées.  Com« 
ment  augmentent -elles  donc  raloaiinisation 
du  sang?  Indireetemcnt,  en  provoquant  les 
sécrétions  aeides  de  l'estomac.  Les  nrines 
deviennent  alors  alcalines  comme  dans  les 
cas  ou  la  sécrétion  aride  de  restomac  est 
excessive  :  affeetions  organiques  de  ce  vis- 
cère, vomiflaernent  dironique,  certaines 
dyspepsies,  scrofule,  affections  vem»i- 
neuses,  maladies  cérébrales,  accès  de  co- 
lique hépatique,  néphrétîqtie,  etc. 

L'byperalcalisation  indirecte  por  lama* 
gnéaie  et  la  chaux,  étant  subordonnée  à 
l'intégrité  de  la  fonction-  stomacale,  sera 
contre-indiquée  lorsque  l'estonaac  aura 
perdii  la  foculté  de  sécréter  on  aelde  (gas- 
trite- chronique  parenchymatctise).  VùU 
cassation  par  les  terres  est  moins  prompte, 
mais  plus  durable  que  ralcalisation  carbo- 
nato-sodique  directe;  elle  parait  «urtout 
avoir  sur  cette  dernière  Tavantago  de  dé- 
terminer un  mouvement  de  rénovation 
moléculaire,  de  désintégration  moIéonlaTre 
beaucoup  plus  énergique,  par  suite,  pro- 
bablement, de  l'état  naissant  des  molécules 
alcalines*  de  soude  formées»  L'on  a  alors 
les  effets  de  la  médication  par  les  alcalis 
caustiques  riiqueur^le  potasse,  solution  de 
Brandish,  solution  d'ammomaq«e«  Aihsi 
est  expliquée  la  sufériorité  des  alcalis  ter- 


reux contre  la  goutte,  la  gravelle.  Il  semble 
enûn  que  la  magnééie  et  la  chaux  proviO* 
quent  une  véritable  spoticitloo  minérale  de 
l'organisme,  de  soude  par  les  reins,  d'a>« 
etdes  par  la  muqueuse  intestinale. 

(Lyon  médicêU.) 


De  la  forme  bémoptolque  des  mala- 
die» du  oœur  ou  de  l'hémoptysie  oar- 
dtaqwie,  par  6.  SÉE.  ^-Quelquefois  une 
affection  cardiaque  peut  ne  pas  se  mani- 
fester autrement,  et  sur  tel  malade  soumis 
h  votre  examen  vous  croyez  reconnaître 
des  tubercnles  pulmonaires,  c^est  une  affec- 
tion cardiaque  que  vous  découvrez.  Osé 
bémoptyéles  cardiaques  peuvent  être  dé- 
terminées par  une  stase  du  sang  dans  les 
vaisseaux  de  la  petite  circulation,  suivie 
d'un  accroissement  de  la  tension  veineuse 
et  d'une  rupture  des  capillaires.  Une  opi- 
nfon  opposée  a  été  soutenue^  surtout  dans 
ces  derniers  temps,  ainsi  par  M.  Duguet  ; 
elle  consiste  à  rattacher  rhëmoptysie  car- 
diaque h  des  embolies,  dont  l'origine  serait 
le  ventricule  droit  et  surtout  l'oreillette 
droite,  dans  lesquels  se  formeraient  des 
dépôts  fibrineux.  L'élément  altération  de 
la  paroi  vasculaire  a  aussi  une  grande  im- 
portance. L'augmentation  de  la  tension 
dans  l'artère  pulmonaire  peut  encore  avoir 
un  rôle  ici  (Corvisart,  Porgét),  ^t  M.  Sée 
rappelle  ii  ce  sujet  un  passage  de  la  thèse 
du  docteur  Barthélémy  qui  remarque  que 
l'hémoptysie  cardiaque  est  fréquente  sur- 
tout dans  le  rétrécissement  mitrsl  com- 
pliqué d'hypertrophie  du  ventricule  droit. 
L'on  sait  que  ce  sont  les  lésions  mitrales, 
très-rarétnent  la  lésion  aortique^  qui  se 
compliquent  d'hémoptysie. 

M.  Sée  suppose  une  lésion  cardiaque 
fruste,  latente,  sans  signes  stéthoscopi- 
quès  ;  à  quels  caractères  reconnaître  alors 
une  hémoptysie  cardiaque  ?  D'abord,  dans 
la  majorité  des  cas,  il  y  a  une  cause  occa- 
sionnelle palpable  ;  effort  violent,  fatigue, 
exercice  musculaire  plus  ou  moins  pro- 
longé, excès  alcooliques,  variation  brusque 
de  température,  grossesse.  L'hémoptysie 
est  en  général  peu  abondante,  et  le  plus 
ordinairement  \t  sang  est  rouge  foncé, 
quelquefois  noirâtre  ;  Texpectoration  peut 
devenir  pneumoniqoe,  surfont  si  un  peu  de 
pneumonie  se  produit  aatour  de  rinfarc'- 
tus  ;  elle  a  quelquefois  une  odeur  d'ail,  de 
sirop  antiscorbutique  (Guéneau  de  Mussy). 
L'hémoptysie  cànliaque  est  csscnlieMcmcnt 
continue  (Grisolle).  Enfin  les  crachats  3imt 

29 


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RBVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


souvent  épais,  peu  aérés,  visqueux,  adhé- 
rents au  vase. 

Si  rhémoptysîe  peut  être  cardiaque  sans 
^que  rcxameo  du  cœur  ne  révèle  rien,  en 
dehors  de  i*liémoptysie  par  tuberculisation 
pulmonaire,  il  y  a  encore  à  penser  a  Thé- 
moptysie  supplémentaire  des  règles,  à  une 
hématémèse  hystérique.  {Ibid.) 


snilopbénate.  de  quinine  dans  les  cas  de 
pneumonie  auppurée.  {JMd.) 


Traitement  de  U  dipbthéne  par  l'a- 
oide  oxalique  et  par  le  •ulfophéiiate  de 
quinine,  par  les  docteurs  NasToas  PROTA- 
GlURLEO.et  FRANCESCO.  -^  Le  docteur 
Noé  Cinni  de  Montefolcino,  a  proposé, 
dans  le  n<*  34  de  Vlndipendente,  contre 
Tangine  diphtbéritique,  des  badigeonnages 
au  pinceau  avec  Tacide  oxalique  dissous 
dans  de  Teau*  distillée  ;  c*est  ce  médica- 
ment que  AIM.  Prota-Giurleo  et  Francesco 
ont  essayé  et  qu*ils  viennent  recommander 
à*  leur  tour  en  lui  adjoignant  l'administra-* 
tioo  du  sulfophénatc  de  quinine  à  rinté- 
rieur.  Voici  en  résumé  leur  manière  de 
procéder  dans  les  cas  d'angine  diphtbéri- 
tique : 

i°  S'abstenir  de  toute  cautérisation, 
toujours  beaucoup  plus  dangereuse  qu'u- 
tile. 

2°  Dès  le  début  de  la  maladie,  garga- 
rismes  fréquents  et  badigeonnages  des  par- 
ties malades  avec  une  solution  d'acide  oxa- 
lique. M.  Francesco  se  sert  de  la  formule 
suivante: 

Acide  oxalique 1  partie. 

EaudisUllée 20      — 

M.  Prota-Giurleo  préfère  dissoudre  Fa- 
cide  dans  de  la  glycérine  : 

Acide  oxalique 15  parties. 

Glycérine 100.     — 

A  la  température  ordinaire  Tacide  n'agit 
pas  sur  la  glycérine  et  ne  donne  pas  lieu  à 
la  formation  d'acide  formique,  etc.^  comme 
on.  aurait  pu  le  craipdre.  " 

5°  En  même  temps  que  l'on  emploie  ces 
moyens  externes,  il  convient  de  donner  à 
l'intérieur  le  sulfophénate  de  quinine  à  la 
dose  de  5  à  âO  centigrammes  en  prise, 
quatre  fois  par  jour. 

ii°  Nourriture  tonique,  bouillon,  vin  gé- 
néreux. 

5<>  Aération  bien  ordonuiée  do  la  chambre 
des  malades,  et  autres  mesures  hygiéni- 
ques réclamées  par  toute  maladie  infec- 
tieuse. 

Le  docteur  Francesco  termine  en  van- 
tant les  bons  effets  de  l'usage  interne  du 


De»  aoiclea  tnlfareux  et  aiitfiiriqoe 
dana  le  traitement  4e  Ja  dipkthdrie.  -— 

Le  journal  TfieHamilton  êpecitUar,  del'Au- 
stralie  méridionale,  préconise  contre  cette 
affection  la  limonade  aulfurique  dans  le 
but  de  détruire  les  microorganismes  qu'il 
suppose  élre  les  agents  principaux  de  la 
maladie,  il  wffîrait  de  quatre  gouttes  d'a- 
cide sulfurique  étendu  dans  les  trois 
quarts  d'une  bouteille  d'eau  pour  détruire 
le  parasite  et  déterminer  très-rapidement 
la  chute  des  fausses  membranes. 

Ce  moyen  est  si  simple  qu'il  est  en  train 
de  faire  le  tour  des  journaux  de  médecine  ; 
nous  devons  donc  l'enregistrer,  tout  en 
partageant  cependant  les  doutes  de  PoUi, 
qui  pense  qu^  si  faibles  doses  l'acide  sul- 
furique doit  être  tout  à  fait  impuissant,  et 
qu'à  doses  suffisantes  comme  parasiticide 
il  deviendrait  dangereux  au  moins  pour  les 
dents. 

L'acide  sulfureux  parait  pins  heureuse-» 
ment  choisi.  Le  docteur  de  Sabbata  le  pré- 
conise comme  prophylactique,  à  l'effet  de 
purifier  les  chambres,  les  maisons  et  les 
localitéii  imprégnées  du  contage  diphthé- 
rique.  Il  fait  remarquer  qiic  partout  où  l'on 
constate  des  émanations  sulfureuses  on 
peut  constater  aussi  une  immunité  marquée 
à  la  diphthérie  (fabriques  d'allumettes,  sul- 
fates, etc.).  En  faisant  brûler  du  soufre 
dans  la  chambre  contaminée,  après ^n  avoir 
fermé  soigneusement  les  issues,  non-seule- 
ment  on  désinfecte  tous  les  objets  qu'elle 
contient^  mais  encore  on  provoque  sur  lo 
revêtement  calcaire-  des  murs  une  couche 
de  sulfite  de  chaux  qui  est  elle-même,,  pen- 
dant un  certain  temps,  une  source  perma- 
nente de  désinfection. 

.  Les  émanations  sulfureuses  répandues  à 
doses  modérées  dans  la  chambre  des  ma- 
lades pourraient  aussi  contribuer  à  la  gué- 
riaon  conjoiutement  avec  les  attouche- 
ments phéniqués  ou  créosotes,  les  boissons 
toniques  et  les  autres  moyens  qui  sont  de 
mise  dans  le  traitement  curatil  de  la  diph- 
thérie. (/6iU) 


Du  traitement  de  la  ooqueluelie«   — 

Le  docieur  Ortille,  de  Lille,  adresse  sur 
cette  maladie,  à  VÀbeiUe  médicale,  les  ré- 
flexions auivantes  : 

L'étiologie  et  le  traitement  de  la  coque- 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


2:27 


loebe  viennent  de  liire  un  grand  pas, 
grâce  à  la  découverle  du  docteur  Letréricb. 
Le  microooceus  végétal  qui,  selon  notre 
savant  confrère,  est  la  cause  première  de 
ra£fection,  peut  être  atteint  directement 
par  des  inhalations  anti-sepliques.  Le  r61e 
des  anti-spasmodiques  de  toute  nature, 
que  depuis  des  siècles  les  hommes  de  Tart 
ont  opposés  à  Télément  nerveux  qu'ils 
voyaient  dominer  dans  cette  affection,  et 
qui,  le  plus  souvent,  ne  réussissent  qu*à  la 
longue,  est  éclairé  d*«tn  jour  nouveau  et 
leur  action  incertaine  s*explique  par  ce 
fait,  qu'ils  s'attaquaient  à  Texcitation  ner- 
veuse, aux  effets  produits  par  le  champi^ 
gnon  parasite,  et  Qu'ils  étaient  sans  action 
sur  la  cause  première  de  la  maladie.  Or: 
Sublata  cama^  tollilur  effeetus. 

Le  champignon  (mioroeoccus)  qui  s-in« 
filtre  dans  les  muqueuses  des  voies  aé- 
riennes, et  dont  la  présence  détermine  la 
production  de  globules  plasmatiques  et 
consécutivement  de  bactéries,  est  la  cause 
première  de  ces  quintes  ;  efforts  répétés  de 
la  nature  pour  sfe  débarrasser  du  parasite, 
qui,  du  reste,  se  reproduit  très-rapidement. 

C'est  donc  directement  par  des  inhala- 
tions qu'il  faut  chercher  à  attaquer  la  cause 
première  du  mal.  C'est  à  ce  genre  de  mé- 
dication que  l'expérience  avait  conduit  bon 
nombre  de  nos  devanciers,  et  dont  la  pra- 
tique vulgaire  qui  consiste  à  conduire  les 
enfants  dans  les  salles.de  dépuration  du 
gaz  d'éclairage  y  respirer  la  benzine  qui  se 
développe  pendant  la  distillation  de  la 
houille,  s'est  conservée  parce  qu'elle  anie* 
nait  réellement  du  soulagement  là  où  nos 
médications,  s'attaquant  à  l'effet,  n'avaient 
encore  rien  obtenu. 

l'emploie  de  préférence  l'acide  phé- 
jiique,  et  c'est  pendant  la  quinte,  au  mo- 
ment où  l'inspiration  sifflante,  qui  suit  les 
inspirations  répétées,  se  produit,  que  je 
fats  approcher  de  la  bouche  de  mes  petits 
malades  le  flacon  à  large: tubulure  que  je 
conseille  à  mes  clients. 

L'inspiration  est  alors  très-énergique,  et 
les  vapeurs  sont  portées  profondément 
dans  l'arbre  aérien.  C'est  également  pen- 
dant quelques  minutes,  après  Texpulsion 
des  mucosités,  qui  suit  en  général  la  toux 
spasmodique,  que  je  fais  maîn tenir  le 
flacon  dans  le  courant  de  la  colonne  d'air 
aspiré.  Les  voies  sont  alors  débarrassées  du 
DMictts  qui  tapisse  les  muqueuses  bronchi- 
ques, et  les  inhalations  peuvent  atteindre 
le  champignon,  cause  première  de  l'affec- 
tion •        • 


•Pendant  la  Quif,  je  fais  placer  dans  la 
chambre  une  assiette  remplie  de  pétrole, 
de  benzine  ou  d'acide  phénique. 

Tout  en  attaquant  la  eau^e  première  de 
la  maladie,  je  ne  néglige  pas, les  antispas- 
modiques comme  calmant  l'éréthisme  du 
système  nerveux.  J'ai  recours:  soit  à 
l'hyoscyaminc,  soit  à  la  belladone,  dont  Je. 
varie  les  doses  suivant  l'Age  de  mes  petits 
malades. 

Les  promenades  en  plein  air,  nourri- 
ture fortifiante^  café  après  les  repas  pour 
remédier  aux  vombse mente,  tous  moyens 
que  l'expérience  nous  avait  indiqués  depuis 
longtemps. 

J'emploie  également  la  poudre  d'ipéca 
pour  amener  et  faciliter,  par  des  vomisse- 
ments et  la  sécrétion  bronchique  abondante 
qui  suit  en  général  son  administration, 
l'expulsion  des  mucosités  ;  et  alors,  immé- 
diatement après  les  vomissement^  je  fais 
aspirer  de  l'acide  pbéniqoé. 

fin  résumé,  je  cherche  à  satisfaire  aux 
trois  indioations  qui,  selon  moi,  sont  à  rem- 
plir dans  le  traitement  de  la  coqueluche 
non  compliquée. 

l"  Attaquer  directement  la  cause  du  mal 
par  des  inhalations. 

^  Combattre  l'excitation  nerveuse  de 
l'appareil  respiratoire  par  des  anti- 
spasmodiques, en  tête  desquels^  se  placent 
les  solanées  vireuses,  belladone,  jus- 
quiame,  etc. 

'  5*^  Soutenir  les  forces  du  malade  par  un 
régime  tonique  approprie  à  son  âge  et  le 
mettre  dans  les  meilleures  conditions  hy- 
giéniques possibles. 

Presque  toujours,  par  ces  moyens,  j'a- 
brège considérableinelit  la  durée  de  l'affec- 
tion, qui  ne  dépasse  pas  trois  ou  quatre 
sept^naffes  et  se  passe  le  plus  souvent 
sans  eomplieations. 

{Arehwe$  médicales  bdge»,) 


Traitement  de  diverses  affaetîon»  ga«- 
triquet  au  moyen  de  la  pompe  stoma- 
oale,  par  le  docteur  Paul  SCHLIEP.  —  Ce 
mode  de  traitement,  préconisé  surtout  en 
Allemagne  contre  la  dilatation  de  l'estomac, 
a  été  efliployé  par  l'auteur  dans  74  cas  de 
maladies  de  l'estomac,  savoir  : 

i^  Pour    iine   indication   momentanée 
(intoxication)  dans      .     ..      ''2  cas. 
â*"    Pour  le  catarrhe  simple  de 

l'estomac i5    » 

3*^   Pour  le  calarr.  compliqué  : 

.  A.  de  chlorose  .     .     .     .      4    » 


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228 


R£VOï  iJNALYTlQlIE  BT  URITIQOB. 


B.  de  mauK  de  netveux    .      5  cas. 

C.  d^affeetions  pulmonaires     '4  » 

D.  d^ictère   .....       2   p 

E.  de  néoplasmes  d'autres 
organes    ......       2   • 

40  Pour  l'ulcère  de  FestoBiae.     40   » 

5°  Puurladilatat.de  Tcstooiae.     14   » 

6"  Pour  le  careinome  de  f  es- 
tomac  6  eas. 

L'emploi  de  Ja  pompe  stomacale  dans 
les  empoisonnements  est  ancien  et  fort 
usité  en  Angleterre,  où  les  autres  traite- 
ments sont  pour  ainsi  dire  inconni».  Outre 
les  â  cas  cités  plus  haut,  Fauteur  y  soumit 
deux  autres  malades  à  Thôpital  allemand 
de  Londres. 

L.e6  catarrhes  anciens  de  Testomae  sont 
assez  fréquents  et  difficiles  à  guérir  ;  tou's 
les  eas  de  cette  catégorie  traités  par  Tau* 
teur  duraient  depuis  longtemps  et  avaient 
déjà  été  traites  par  bien  des  médications. 
1^  nombre  d'applications  de  la  pompe  con* 
tre  cette  maladie  est  généralement  peu 
considérable  :  sur  âlS  cas^  i\  fui  en  moyenne 
de  9;  mais  souvent  il  suffit  de  2  ou  5  ap- 
plications. Les  malades  s'accoutument 
facilemeni  à  Tintroduction  de  la  sonde.  11 
importe  de  toujours  leur  parler  de  la  pre- 
mière application  tout  en  promettant  au 
malade  qu'^u  bo4it  de  3,  il  éprouvera  déjà 
une  amélioration. 

Dans  les  catarrhes  compliqués  d'autres 
affections)  les  17  cas  réclamèrent  en 
moyenne  10,12  applications  chacun,  c'est- 
à-dire  un  peu  plus  que  les  catarrhes^  sim- 
ples de  l'estomac.  Les  résultats  furent  irès^ 
heureux,  niénre  avec  une  complication 
aussi  défavorable  que  la  phtkisie. 

L'ulcère  do  Teslomac  ci  Tectasifi  qui  en 
dépend  sont  des  cas  dans  lesquels  oe  mode 
de  Iraitement  a  beaucoup  réussi' en  Alle- 
magne ;  bien  que  généralement  les-uloères 
récents  constiiuent  unnoU  me  tangere^  la 
nature  devant  faire  les  frais  de  la  guérison, 
il  en  est  où  les  vomissements  sont  si  vio- 
lents et  si  danc^reox  que  la  pompe  ne 
peut  diminuer  le  danger.  TrMS  des  eas  de 
PauVeur  appartenaient  à  cette  rubrique  et 
eurent  de  très- bons  résultats  de  ce  traite- 
mi*nt. 

Quant  à  l'ulcère  chronique,  tosquMl  est 
cicatrisé  ou  que  du  moins  les  ^symptômes 
violents  sont  passés^  rien  de  plus  rationnel 
que  de  débarrasser  l'estomac  de  son  con- 
tenu ;  réaction  généralement  acide.  La 
pompe  fut  employée  en  uMiyenne  14  fols 
chez  les  malades  do  cette  série. 

Knssmaul  a  écrit  en  1869  un  travail  si 


remarquable  snr  remploi  de  la  pompe  sto- 
macale dans  la  dilatation  de  i'eslomac,  qu« 
l'auteur  ne  pourrait  que  répéter  ce  qui  s'y 
trouve  consigné.  II  a  trouvé  qu'une  désin- 
fection quelconque  d'un  contenu  déjà 
décomposé  ne  sert  de  rien,  mais  qtfc  si 
l'on  veut  guérir  à  fond  une  dilatation,  on 
doit  commencer  de  bonne  heure  à  vider 
l'estomac  régulièrement,  à  fond  et  jour- 
nellement ;  car  si  la  paroi  musculaire  peut 
reprendre  sa  contractiltté  et  sr  Tatrophie 
et  la  dégénérescence  des  glandes  de  Pes« 
tomac  n'ont  pas  encore  pris  trop  de  déve- 
loppement, au  bout  d'un  temps  peu  consi- 
dérable, la  décomposition  du  .contenu 
cessera  et  la  chimie  de  la  digestion  stoma- 
cale se  produira  de  nouveau  ^dans  ses 
limites  normales.  Si  ce  résultat  n*a  pas 
lieu,  tout  en  reconnaissant  l'Ineurabilité 
du  mal,  on  continuera  l'usage  de  la  pompe 
ou  son  indication  symptomatiqfie,  qui  lui 
rendra  son  mal  plus  supportable.  Sur  14 
cas  de  dilatations,  dont  h  furent  guéris  et 
9  améliorés,  l'application  de  la  pompe  fut 
en  moyenne  de  âl  fois;  plusieurs  malades 
en  achetèrent  une  et  en  continuèrent  eux- 
mêmes  l'usage* 

Dans  le  cancer  de  Testomac^  on  doit 
être  content  d'une  amélioration.  Le  nom- 
bre des  applications  varie  suivant  Tancien- 
neté  du  mal.  £n  remettant  au  malade  le 
soin  de  déterminer  ta  fréquence  des  appli-  • 
cations  de  la  pompe,  l'auteur  vit  la  plu- 
part en  désirer  une  par  jour. 

r^s  74  cas  traités  exigèrent  en  tout  9S9 
applications  de  la  pompe  stomacale.  - 

Quant  à  rexéeution  de  cette  opération, 
il  faut  avertir  -les  malades  de  trois  points  : 
le  premier  d'être  attentifs  0  inspirer  de 
l'air  pendant  toute  l'opération  ;  le  second 
de  ne  pas  mordre  la  sonde  ;  le  troisiènie 
de  tenir  la  tête  d*abord  renversée  pour 
faciliter  Tintroduetio^n  de  la  sonde  qui, 
^ sans  cela,  va  se  buttera  la  paroi  posté- 
rieure de  l'œsophage,  puis*  plus  tard  au 
commandement  de  la  pencher  en  avant, 
afin  de  faire  disparaître  la  saillie  do  la  ù° 
et  de  la  4»  vertèbres  cervicales  :  on  éprouve 
aussi  an  cardia  une  légère  résistance.  En 
général,  l'auteur  s'est  bien  trouvé,  quand 
Il  arrivait  à  une  place  difficile;  de  laisser 
les  malades  diriger  la  sonde,  dont  on  peut 
alors  faciliter  l»  pénétration  en  y  versant 
avec  précaution  de  l'eau  tiède  :  si  les 
malades  sont  déjà  exercés,,  ils  peavent 
faciliter  la  chose  par  un  mouvement  do 
déglutition.  Le  cas  le  plus  difficile  qui 
puisse  se  présenter  est  celui  d'une  dilata - 


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RIVOB  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


229 


lion  de  rœsbpthage  prëeédant  une  strietore 
considérable  du  cardia. 

Quaud  la  soade  esl  en  place,  Tauteur 
coQifQence  par  iojeoier  une  certaine  quan- 
lité  d*eaQ,  et  quand  le  malade  se  met  à 
vomir^  ou  annonce  qu'il  sent  son  estomac  ' 
rempli^  il  commence  à  pomper  avec  pré- 
caution. La  température  de  l'eau  dgit  être 
au  début  de  50»  R.,  et  peut  être  élevée 
d'après  le  désir  des  malades  auxquels  Teau 
froide  produit  du  mal  de  cœur  et  de  la 
douleur.  Afin  de  se  rendre  immédiatement 
compte  de  tout  obstacle  à  Taspiration  du 
liquide,  il  place  entre  la  sonde  et  sa  mon- 
ture, un  tuyau  en  caoutchouc,  dont  les 
parois  se  rapprochent  dès  que  la  sonde  ne 
fonctionne  plus. 

Il  préfère  beaucoup  les  sondes  à  plu- 
sieurs ouvertures  à  ceUes  qui  n'en  ont 
qu'une,  celles-ci  exposant  au  danger  d'en- 
lever un  fragment  de  muqueuse.  Q«jant 
aux  bémurrhagies,  il  n'en  a  jamais  vu  que 
de  minimes,  dues  sott  à  la  nature  'de 
la  maladie,  soit  à  de  violents  efforts  de 
vomissement,  soit  à  l'emploi  de  solutions 
alcalines  :  la  coloration  rougeâtre  du  liquide 
évacué,  bien  que  rare,  n'est  qu'un  phéno- 
mène sans  gravité»  (^and  la  pompe  ne 
ramène  plus  rien,  on  fait  bien  de  refouler 
encore  le  piston  contre  l'estomac  pour  ne 
pas  risquer  d'aspirer  de  la  muqueuse^ 
puis  on  retire  un  peu  la  sonde^  on  essaie 
de  nouveau  d'aspirer,  et  ainsi  de  suite, 
afin  de  vider  complétc'ment  l'estomac. 
Quand  on  pense  avoir  terminé,  on  fait 
bien  d'injecter  un  peu  d'eau,  puis  de  l'aK- 
pirer^  afin  de  voir  si  elle  revient  en  même 
quantité  parfaitement  limpide.  En  y  injec- 
tant jusqu'à  ce  que  le  malade  accuse  le 
sentiment  d'un  estomac  plein,  on  peut 
apprécier  le  volume  de  l'estomac,  expé- 
rience a  ne  pas  négliger,  pour  continuer 
ou  corriger  le  diagnostic.  Pour  bien  éva« 
cuer  les  mucosités  qui  adhèrent  aux  parois 
stomacales,  l'auteur  fait  faire  à  ses  malades 
quelques  eilorts  de  vomissement  <poorvu 
que  rien  ne  le  contre -indiquât),  puis  aspire 
aussitôt;  dans  bien  des  cas  on  doit,  au 
contraire,  éviter  avec  le  plus  grand  soin 
les  voniissements,  La  sonde  doit  être  reti* 
rée  avec  précaution.    . 

Le  contenu  de  l'estomac  doit  être  soi- 
gneusement examiné  en  le  remuant  plu- 
sieurs fois  avec  une  baguette  ;  celle  ci 
retirée  de  la  mnoosité,  on  examine  la  réac- 
tion avce  du  papier  de  tournesol,  et  on 
soumet  quelque  peu  à  l'examen  mterosco- 
pique.  Quelque  Intérêt  qu'il  y  ait  à  déter- 


miner la  proportion  de  pepsine,  la  chimie 
ne  donne  pas  encore  de  méthode  rapide  et 
pratique  qui  permette  au  médecin  de  le 
faire.  On  examine  la  réaction  du  contenu 
de  l'estomac  et  l'on  soumet  quelques  gouttes 
à  l'examen  microscopique.  Au  point  de  vue 
clinique,  on  pourrait  peut -êlre  distinguer 
les  formes  suivantes  do  ce  contenu  : 
1®  contenu  clair  et  moquenx,  peu  abon- 
dant, à  réaction  neutre  :  cette  for^  se 
trouve  dans  le  catarrhe  chronique -simple; 
2*  contenu  coloré  par  la  bile,  ordinaire- 
ment peu  abondant,,  réaction  neutre  :  se 
trouve  dans  l'inflammation  catarrhale  do 
la  muqueuse  stomacale  et  duodénale,  ainsi 
que  dans  l'ictère  ;  3<^  contenu  composé 
d'aliments  non  digérés  et  de  mucosités, 
ordinairement  peu  abondant  et  neutre, 
parfois  faiblement  acide,  ce  qui  est  plus 
normal.  L'auteur  et  son  confrère  Nieden 
y  ont  trouvé,  à  Londres,  de  longs  filaments 
terminés  en  pointés  ;  il  a  fini  par  recon- 
naître des  petits  poils  de  froment  tels  que 
l'on  en  trouve  à  Textrémité  de  chaque 
grain,  ce  qui  n'est  nullement  indifférent, 
puisque  ces  particules  contenues  dans  le 
pain  anglais  peuvent  s'implanter  dans  la 
muqueuse,  qui,  en  effet,  sécrète  une  mu- 
cosité plus  épaisse  sur  les  points  où  ces 
petite^  lancettes  sont  implantées  ;  i^  con- 
tenu à  fermentation  acide,  composé  essen- 
tiellement de  matières  ingérées  et  le  plus 
souvent  assez  abondant  ;  il  se  trouve  dans 
des  états  inflammatoires  récents  et  dans 
l'ulcère  de  l'estomac.  Pronostic  ordinaire- 
ment favorable, .parce  qu'en  enlevant  le 
contenu  on  ôte  la  principale  cause  d'irrita- 
tion et  l'on  procure  immédiatement  un 
effet  agréable  au  malade  ;  5*  la  pompe  agit, 
encore  davantage  lorsque  le  contenu  est 
riche  en  champignons  ;  il  a  alors  une  réac- 
tion acide,  sa  quantité  est  souvent  éton- 
nante et  même  énorme  malgré  qu'on  le 
soutire  journellement  avec  la  pompe.  Par 
le  moyen  de  eelle-ci,  on  parvient  générale» 
ment  à  améliorer  la  dilatation  qui  existe, 
et. les  diempignons  disparaissent  égale- 
ment. Peu  ou  point  d'utilité  des  désinfec- 
tants ;  6*  le  ^contenu  putride  se  montre  gé- 
néralement sous  la  forme  du  marc  de  café 
lorsqu'il  y  a  une  forte  dilatation,  spéciale- 
ment dans  fa  stegnose  cancéreuse  du 
pylore,  et  contient  toutes  sortes  de  parties 
organiques  en  décomposition.  Quantité  en 
générai  très-considérable,  réaction  acide  ; 
>  quantité  anormale  de  gaz,  existant  dans 
les  ciatarrlies,  toujours  accompagné  de 
symptômes  nerveux  marqués  d'hypéres* 


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230 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


thésie  de  divers  organes,  d*inquiétude, 
d^angoisse.  Ce  gaz  peut  être  de  l'air  avalé, 
ou  se  former  dans  Testomac  dans  des  con- 
ditions cliniques  anormales  de  remploi  de 
la  sonde  ;  il  a  d'excellents  résultats,  bien 
qu*il  s'accompagne  d'éructations  violentes  ' 
et  souvent  d*un  œsophagisme  marqué. 

L*auteur  préfère  la  pompe  au  siphon 
préconisé  par  F«iergensen,  bien  que  celui- 
ci  paisse  rendre  de  bons  services  ;  et  parmi 
les  diverses  pompes,  il  préfère  celle  de 
Kussmaul  à  l'instrument  primitif  fabriqué 
en  Angleterre,  ainsi  qu'un  petit  modèle 
fabriqué  dès  lors  dans  le  même  pays. 

Les  médicaments  que  Tauteur  a  intro- 
duits looalement  par  cette  méthode  de  trai- 
tement pour  les  extraire  ensuite  avec^la 
pompe  sont  i  i^  \e  bicarbonate  de  soude ^ 
deux  cuillerées  à  bouche  pour  une  cuvette 
pleine  d*eau,  sert  à  neutraliser  par  son 
emploi  répété  jusqu'à  cet  effet,  quand  la 
réaction  est  très-acide  ;  â<>  V hypermanga- 
naie  de  potasse  ;  on  prend  de  2  à  4  oniies 
(60  à  120  grammes)  d'une  solution  an  4/100 
pQur  une  cuvette  d*eau  ;  trés-ntije  lors  de 
la  décomposition  anormale  du  contenu  de. 
Testom^e;  3°  Y  acide  carbonique  (ou  phé-- 
nique)  à  la  dose  de  4  à  5  onces  (50  à  4  50 
grammes)  d'une  solution  au  1/40  pour  une 
cuvette  d'eau  ;  recommandable  lors  .de  la 
formation  de  champignons,  il  requiert 
pourtant  d'être  employé  avec  précantion, 
car  tous  les  malades  ne  supportent  pas 
l'acide  pbénique  ;  en  tout  cas,  on  ne  peut 
le  laisser  longtemps  en  contact  avec  les 
parois  de  l'estomac,  puisque  sans  cela  il  y 
a  résorption  avec  vertige  et  sentiment  do 
défaillance;  4*»  le  chlorure  d'aluminium 
dissous,  préparation  désinfectante  anglaise 
connue  dans  le  commerce  sous  le  nom  de 
cMorahim,  qui  est  bien  supportée  et  n'exige 
pas  les  mêmes  pécautions  que  l'^oide  phé- 
nique;  5  onces  pour  une  cuvette;  effet 
astringent  ;  5^  V acide  borique ^  k  la  dose  de 
5  à  6  onces  (480  à  560  grammes  d'une 
solution  au  l/:24  pour  une  cuvette,  a  un 
effet  désinfectant  et  n'irrite  nullement; 
6*»  la  teinture  de  myrrhe,  de  l/S  à  1  once 
(15  à  30  gramme*))  pour  une  cuvette^  indi- 
quée lorsqn'il  y  a  une  forte  formation  de 
mucosités. 

Pour  les  prescriptions  diététiques,  l'au- 
teur S'en  est  tenu  à  celles  qui  sont  en 
usage  dans  les  diverses  affections  de  l'es- 
tomac, suivant  en  général  les  indications 
individuelles  de  l'appétit  des  malades,  sauf 
à  s'opposer  aux  aliments  qui  ne  conviennent 
pas.  Dans  les  eas  où  des  indications  spé- 


ciales étaient  nécessaires,  il-  les  donnait 
très-exaetement  et  par  écrit,  spécifiant  le 
moment,  la  quantité  et  la  qualité  des  repas, 
sui^'ant  le  principe  :  souvent,  mars  chaque 
fois  peu  et  nutritif,  mais  non  irritant  et 
réparti  eu  fragments  très  petits. 

Le  contrôle  du  traitement  nécessite  des 
pesées  régulières. 

L'auteur  fait  suivre  son  travail  de  Tbis- 
toire  assez  dëiaiUée  des  7i  cas  qui  lui  ont 
servi  de  base,  travail  dans  lequel  on  trouve 
nécessairement  des  répétitions,  mais  qui 
n'en  constituent  pas  moins  une  base  sé- 
rieuse et  nécessaire  du  moment  qu'il  s*agit 
d'un  mode  de  traitement  peu  connu. 

(L'Abeille  médicale.)    - 


Aotîon  dttohloral  «ttr  laJmaqaeiMede 
l'eftomAo.  —  A  prèpos  d'un  cas  de  téta- 
nos spontané  qui  s'est  terminé  par  la  mort 
malgré  l'administration  du  cbioral  è  haute 
dose^  le  docteur  Laude  montre  les  déisor- 
dres  que  détermine  le  cbloral  sur  la  ma- 
queiise  de  Teslomac. 

c  De  l'observation  préeédenie,  dit 
M.  Laude,  il  résulte  que  ce  n^est  pas  sans 
danger  que  l'on^peut  administrer  ainsi  -de 
hautes  doses  de  chloral.  L'examen  de  Tes* 
tomac  du  sujet  démontre  que  le  chloral 
exerce  sur  la  muqueuse  de  cet  organe  une 
action  caustique,  vésioante,  amenant  des  ' 
lésions  étendues  et  pouvant  constituer  une 
complication  de  la  plus  haute  gravité.  Je 
me  demande,  non  sans  quelque  anxiété, 
dans  quel  état  doit  se  trouver  la  muqueuse 
gastrique  des  sujets  qui  ont  absorbé  jus- 
qu'à 200  et  500  grammes  de  chloraL  II  est 
vrai  que  mon  malade  nn  a  pris  prés  de 
^7  grammes  en  trent-deux  heures,  isats  il 
ne  faut  pas  oublier  que  le  médicament  lui  a 
toujours  été  administré  dans  un  état  de  très* 
grande  dilution,  puisque  chaque  emUerée  de 
potion  était  donnée  dans  une  grande  tasse  de 
tisane.  Quant  aux  5  grammes  du  début,'  ce 
n'est  pas  une  dose  insolite,  puisque  cer- 
tains chirurgiens  italiens  en  ont  donné,  à 
nn  quart  d'heure  d'intervalle^  deux  doses 
de  5  grammes  chacune  dans  le  but  de  pro- 
duire l'anesthésie  chirurgicale. 

c  Le  chloral  exerce  donc  une  action  topi- 
que incontestable  sur  la  muqueuse  de  Ves- 
tomac.  Quelle  est  la  cause  prochaine  de 
cette  action,  comment  variet-elle  avec  la 
dose,  le  degré  de  concentration,  la  dorée 
d'absorption  de  cette  substance?  Autant  de 
questions  de  pathologie  expérimentale  à 
ré.«oiidre.  Et  elles  seront  bientôt  résolues  : 


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REYOË  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


2Si 


je  crois  pouvoir  aononcer  à  nos  lecteurs 
que  M.  le  docteur  Oréaeotreprissur  ce  sujet 
une  longue  série  d*expérieoees  et  que  sous 
peu  nous  pourrons  leur  faire  connaître  les 
résultats  intéressants  de  ^es  nouveaux 
travaux.!        (BtUL  général  de  titérap.) 


Du  nhrate  d«  soud»  contre  l«  d;p«»éii> 
terie,  par  CASPARI.  --  G-est  surtout  Ra- 
dexuajcber  qui' a  préconisée  te  salpêtre  de 
Chili  dans  le  traitement  de  la  dy.«senterie. 
Radcmaehcr  insistait  sur  la  nécessité  thé* 
rapeutique  de  disting'Uer  deux  formes  de 
dyssenterie.  Tune  ex  affectixtne  inteslini  te- 
nnis dans  laquelle  les  prodromes  sont  plus 
longs,  les  selles  boueuses,  féculentes,  grisâ- 
tres, plus  ou  moins  colorées  par  la  hile,  le 
ténesmc  est  peu  considérable;  dans  cette 
forme,  que  Ton  peut  appeler  diarrhée  dys- 
sentérique,,  le  nitrate  de  soude  ne  doit  être 
donné  qu*à  la  dose  de  6  à  8  grammes  dans 
une  émulston  buileuser  Au  contraire,  dans 
la  dyssenterie  rectale,  ^x  affectione  inles" 
tint  crassivei  recti,  le  nitrate  de  soude  peut 
être  porté  à  la  dose  de  â5  i  30  grammes. 
Radt* mâcher  est  ailé  jusqu*ii  60  grammes. 
Si  l'élément  inflammatoire  est  trop  pro- 
noncée la  dose  doit  être  abaissée  ;  Taction 
du  nitrate  de  soude  consisterait  à  faire 
diminuer  rapidement  les  douleurs  abdomi- 
nales et  le  nombre  des  garde- robes  « 

La  potion  doit  être  donnée  chaude  ;  les 
breuvages  froids  sont  contraires  à  lu  dys- 
senterie. '       {Lyon  médical.) 


Sivnple  note  sur  on  ou  :deaz  points 
éoiftîneininent  pratique»  de  l'opération  de 
Uk  herQie;.  par  M.  RIGAUD.  —  Laissant 
de  côté  les  nombreux  et  très  «minutieux 
pi'éceptes  que  Ton  a  donnés  sur  la  marche 
a  suivre  pour. mettre  a  découvert  un  vis-» 
^  cère  liernié,  une  seule  indication  opéra* 
toirc  doit  être  formulée,  dit  AI.  Rigaud,  un 
seul  but  doit  être  proposé,  c'est  d'arriver 
sûrement  sur  Torgane  déplacé  saus  Tatta- 
quer,  sans  le  blesser  en  aucune  manière. 

Voici  le  procéaé  que  M.  Rigaud  emploie 
dans  sa  pratique  journalière  :  1^  pour 
pénétrer  sûrement  dans  le  sac;  2"  pour 
reconnaitre  rintestin.: 

Après.avoir  divisé  un  certain  nombre  de 
couches^  et  aussitôt.que  Ton  juge  que  Ton 
ne  doii  plus  procéder  avec  la.  mémo  con- 
fiance et  en  toute  sécurité,  il  faut  déposer 
la  pince  ;  le  doigt  indicateur  et  le  pouce  de 
la  main  gauche  devront  dé^rmais  en  tenir 


lîeu«  Avec  ces  deux  doigts  bien  essuyés, 
bien  séchés  et  au  besoin  recouverts  d'une 
mince  couche  d'une  poudre  tout  à  fait 
sèche,  on  essaie,  en  frottant  sur  la  surface 
découverte  et  en  exécutant  le  mouvement 
de  rapprocher  les  deux  doigts  l'un  de 
Tautre,  de  faire  un  léger  pli  à  la  lame 
'  membraneuse  que  Ton  touche  ;  on  y  réus- 
sit à  peu  près  toujours;  si  ce  n'est  du  pre- 
mier coup,  ce  sera  à  la  seconde  ou  à  la 
troisième  fois.  Si  alors  on  sent  au-dessous 
de  ce  petit  pli  et  'des  doigts  une  tumeur 
globuleuse,  sur  laquelle  il  sera  toujours 
possible  de  faire  glisser  le  p*tit  pli  que 
Ton  a  formé^  il  ne  faut  pas  hésiter,  on  est 
en  dehors  de  la  cavité  du  sac  ;  on  fait  une 
ouverture  sur  un  point  de  ce  pll^  tout 
contre,  et  en  quelque  sorte  entre  la  pulpe 
des  deux  doigts,  soit  avec  des  ciseaux 
mousses,  sbit  avec  un  bistouri  mousse 
aussi  et  dirigé  presque  à  plat  sur  la  petite 
surface  que  Ton  veut  attaquer,  et  Ton  y 
glisse  la  sonde  cannelée,  sur  laquelle  le 
bistouri  pourra  largement  diviser  le  minre 
tissu  ;  on  recommence  ainsi«  aussi  souvent 
que  Ton  peut  réussir  à  le  faire,  et  l'on  ne 
doit  s'arrêter  que  lorsque,  après  avoir 
formé  une  dernière  fois  le  petit  pli  dont  il 
est  question,  l'on  ne  sent  plus  au-dessous 
des  doigts  le  globe  intestinal,  et  qu'au  lieu 
de  lui  ou  reconnaît  une  sorte  de  vide,  une 
sorte  de  gouttière  formée  paria  lame  même 
que  Ton  a  pincée,  et  qui,  cette  fois,  est 
continuée  par  la  paroi  intestinale.  Il  faut 
alors  examiner  avec  une  attention  minu- 
tieuse les  parties  sur  lesquelles  on  est 
arrivé^  voir  si  le  réseau  vasculaire  arborisé 
dénote  la  présence  de  Tintestin,  rechercher 
celui  ci  avec  le  plus  grand  soin  au  dessous 
ou  au  milieu  des  autres  parties  qui  peuvent 
se  rencontrer  avec  lui  dans  la  masse  her- 
niaire, reconnaître  s*il  existe  ou  non  des 
Hdhérences« 

il  faut  ensuite  aller  à  la  recherche  de 
l'anneau  à  travers  lequel  les  parties  se  sont 
échappées,  et,  si  Ton  en  seqt  distinctement  ^ 
le  contour,  y  glis.ser  avec  précaution,  soit 
un  stylet  boulonné,  soit  le  bout  d*une 
sonde  cannelée  h  cul-de>sac,  soit  immédia- 
tement le  bouton  du  bistouri  de  Cooper, 
et  débridei^. 

Ceci  fait,  il  faut  revenir  encore  une  fois 
à  la  tumeur  viscérale,  et  essayer  de  nou- 
veau de  faire  le  pli  de  la  membrane  que 
Ton  a  sous  les  doigts  ;  si  l'on  peut  te  for- 
mer facilement  et  le  faire  glisser  sur  la 
tumeur  globuleuse  sous-jacente,  c'est  que 
le  débridcment  de  Tanneau  en  dehors  du 


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U2 


R£VU£  ANALYTIQUE  ET  CRlTIi^Ol. 


sac  a  produit  un  rçlàebcment  qui  permet 
de  reproduire  le  pli  ;  on  divise  alors  cette 
nouvelle  couche  qui  peut  n'être  pas  la 
dernière,  et  Ton  parvient  enfin  dans  la 
poche  péritonçale.  Celle-ci  sera  fendue 
jusqu'à  son  collet  ^ue  Ton  divisera,  sans 
quoi,  pour  peu  que  la  hernie  ne  soit  pas 
récente,  on  ne  réussit  pas  souvent  à  réduire 
rintestin  et  moins  encore  Pépiploon.  Le 
sac  devra  toujours  être  retenu  en  dehors 
pendant  la  réduction  des  viscères. 

Au  reste,  M.  ftigaud  ne  prétend  pas 
s*atlrihuer  le  mérite  de  la  priorité  de  cette 
pratique  epératoire,  déjà  conseillée  par 
JLedran  et  Lawrence. 

Lorsqu'on  est  arrivé,  avec  tentes  les 
précautions  indiquées^  sur  oe  que  Ton 
croit  être  la  masse  viscérale  et  Tintestin,  il 
faut  encore  redoubler  d'attention' et  de 
circonspection.  Si  l'aspect  lisse  et  luisant 
de  la  surface  viscérale,  si  l'injection  arbo- 
risée  ouiasuffusion  sanguine  sous  séreuse 
de  rintestin  font  défaut,  on  peut  encore 
reconnaître  Tanse  intestinale  à  cette  cir- 
constance que,,  si  l'on  a  touché  involon-*- 
tairement,  ou  si  l'on  a  intentionnellement 
excorié/  par  un  léger  grattage  avec  l'extré* 
mité  du  bistouri  mousse  ou  avec  le  mors 
de  la  pince,  la  lame  séreuse  infiniment 
mince  qui  eulre  dans  la  te&ture  de  fin* 
testin,  de  cette  écorcbure  presque  imper- 
ceptible il  suinte  une  nappe  de  sang  d*une 
ai)ondance  relativement  considérable,  qui 
a  'sa  source  dans  la  couche  musculaire 
propre  de  l'organe.  Cette  suffusion  san- 
guine est  d'ailleurs  sans  danger  et  ne 
contrc-indique  nullement  la  réduction. 
(Archives  médicales  belges.) 


des  moi£  rebelles  à  tous  les  traitements 
internes  ou  externes.  Ordinairement, 
l'amélioration  commence  h  paraître  au  bout 
de  huit  jours  de  la  médication. 

Il  est  rarement  nécessaire  d*employer 
coneurremment  avec  Tean  de  chaux  des 
moyens  externes,  ils  ne  sont  indiqués  que 
dans  les  cas  où  la  sécrétion  est  très-irrir 
tante,  et  alors  le  docteur  Caspari  recom- 
mande de  poudrer  les  parties  avee  le  car- 
bonale  de  magnésie..  Aux  gens  pauvres,  il 
conseille  simplement  de^yer  une  ou  deux 
fois  par  jour  les  surfaces  malades  avec  une 
légère  décoction  de  cendre  de  bois» 

(Bulletin  général  de  Ikirap,) 


Du  UMtement  4*  l'eozéma  chez  les 
enfants.  •—  Le  docteur  Caspari,  médecin 
aux  eaux  minérales  de  Meinberg,  préco- 
nise l'eau  de  chaux  contre  leczéma  de  la 
télé  et  l'impétigo  de  la  face  chez  les  eufents. 
Il  prétend  avoir  retiré  de  celle  médica- 
tion, qu'il  prescrit  à  l'intérieur,  les  plus 
grands  avantages.  La  dose  du  médicament 
varie  de  iliO  à  500  grammes  et  est  en 
rapport  avec  Tâge  de  Tenfant.  Chez  ceux 
qui  sont  plus  âgés,  et  surtout  dans  les  cas 
où  la.  confluence  du  mal  provoque  delà 
douleur  et  de  l'agitation,  Teau  de  chaux 
doit  être  administrée  soit  mélangée  au  lait, 
soit  pure,  niaj$  en  solution  convenable- 
ment étendue.  Le  docteur  Caspari  vante 
surtout  ce  m«yen  dans  les  cas  d'eczéma 
chronique,  qui  s'étaient  montrés  pendant 


Paradoxes  médicaux,  par  A.  LOR- 
RAIN. —  A.  Rapports  intimes  de  la  fththi' 
sic  avec  VinfarUUisme  et  le  féminisfjw. 
Exemple  :  un  vieillard  de  soixante-huit 
ans,  porteur  d*une  fistule  a  l'anus  et  pré- 
sentant des  signes  de  tuberculose  aux  deux 
sommets.  Quoiqu'il  ait  été  très-robuste, 
néanmoins  il  a  toujours  offt^rt  les  earac- 
tères  du  féminisme,  ayant  toujours  paru 
avoir  dix  ans  de  moins  que  son  âge,  fort 
peu  de  barbo,  bras  et  jambes  glabres  ;  il  a 
encore*  la  peau  d'un  jeune  homme  ou  d*une 
femme,  cheveux  fins,  d'un  blond  châtain. 
Quoique  la  tuberculose  né  paraisse  renon- 
ter  qu'à  quelques  mois,  et  que  la  fistule  à 
l'anus  soit  récente,  M.  Lorrain  ne  le  consi- 
dère pas  moins  comme  un  phtbisiqoe  in 
potentiu  depuis  sa  naissance,  en  attendant 
qu'il  le  fût  in  actu.  Les  phthisiques  peu- 
vent tout  aussi  bien  que  les  antres  devenir 
centenaires  ;  ï infantilisme ^  le  féminisme 
(finesse  des  cheveux,  de  la  peau,  longueur 
des  eils,  délicatesse  des  formes,  graeilitë 
des  membres,  effacement  des  masses  mus- 
culaires au  milieu  du  tissu  eeilulaire) 
caractérisent  la  phthisieen  puissanef»  Les 
phthisiques  en  puissance  sont  les  derniers 
atteints  par  la  décrépitude,  la  vieillesse 
leur  anive  plus  tard.  Le  Français  phthi- 
sique  voit  la  mort  prochaine,  l'Attglais 
phthisique  se  dirige,  non  désespéré,  vers 
l'hôpital  spécial  où  il  sera  tra^é  pour  con- 
somption; c'est  ce  dernier  qui  est  plus 
près  de  la  vérité.  M.  Lorrain  ne  doute  pas 
que  le  phthisique,  même  avec  un  dévelop- 
pement manifeste  de  tubereules,  ne  puisse 
guérir;  il  doute  eqcore  moins  que  le 
phthisique  en  puissance  oe  puisse  atteindre 
un  âge  avancé,  si  une  hygiène  mauvaise, 
des  fatigues,  des  imprudences  ne  font  pas 
éckler  la  manifestation  tubereuleose* 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


253 


B.  Il  y  a  aussi  des  rhumatisants  in 
potentid;  les  caractérisent  :  un  poil  roux, 
une  peau  facilement  sudorale^  une  sueur 
odorante. 

C.  Sécrétion  urinaire  et  hydropisie.  Cha- 
cun doit  rendre  quotidiennement  une 
quantité  d*urinc  représentant  la  normale 
de  la  santé.  Si  ce  poids  d*urine  augmente, 
Ton  maigrit  d*autant  ;  si  ce  poids  diminue, 
Ton  devient  hydropique;  et  si  devenu 
faydropiqtie,  un  diurétique  fait  remonter 


le  chiffre  des  urines  au-dessus  du  chiffre 
normal,  le  poids  du  corps  diminue  juste 
de  l'excédant.  Tel  est  le  résumé  de  nom- 
breuses pesées  faftes  par  Tauleur.  Le  diu- 
rétique, la  digitale,  par  exemple,  va  donc, 
pour  ainsi  dire,  puiser  directement  les 
liquides  épanches  dans  les  tissus.  Le 
symptôme  hydropisie  indique  toujours  une 
diminution  de  la  quantité  des  urines.  La 
réciproque  n*est  pas  aussi  vraie  ;  ainsi  dans 
les  maladies  aiguës.         (Lyon  médical,) 


Chimie  médicale  et  pharinaeeatlqae. 


Sur  le  do»age  des  matières  grasses 
dans  le  lait;  par  M.  £.  L.  «CLEAVER.  — 
L'auteur  conclut  de  ses  expériences  :  1°  Té- 
the'r  froid  ne  dissout  pas  entièrement  la 
matière  grasse  du  lait  desséché  ;  â°  Télhcr. 
bouillant  n'enlève  pas  non  plus  toute  la 
matière  grasse  du  lait  desséché  en  masse  ; 
S**  pour  obtenir  un  épuisement  complet,  il 
faut  réduire  le  résidu  sec  en  une  poudre 
fine  et  le  faire  bouillir  à  trois  ou  quatre 
reprises  avec  du  nouvel  éther,  filtrer  le 
liquide  et  Tévaporer  en  évitant  soigneuse- 
mi^nt  de  le  faire  entrer  en  ébuUition.  10  gr. 
de  lait  suffisent  pour  le  dosage  de  la  ma- 
tière grasse:  Tépuisement  du  résidu  sec 
finement  pulvérisé  par  Téther  bouillant 
donne  0,5  à  I  p.  1Ô0  de  plus  de  beurre 
que  lés  autres  méthodes. 

(Joum»  de  pharm.^  et  de  chimie.) 


lafluenoe  de  l'air  comprimé  sur  les 
fermenUtions  ;  par  M.  BERT.  —  L*auteur 
a  étudié  les  effets  de  l'air  comprimé  sur 
les  fermentations.  Suivant  la  pression  à 
laquelle  on  remploie,  il  ralentit  ou  arrête 
la  putréfaction  et  les  oxydations  qui  Rac- 
compagnent. M.  Bert  cite  les  deux  expé- 
riences suivantes  à  Tappui  de  cette  propo  • 
sitjon. 

Un  morceau  <}e  muscle  (95  grammes) 
est  soumis,  du  29  juillet  au  3  août,  à  une 
tension  d*oxygène  correspondant  à  25  at- 
mosphères d'air;  au  bout  de  ce  temps,  il 
ne  présente  aucune  odeur,  et  il  n*a  con- 
consommé  que  580  centimètres  cubes 
d*oxygènc.  Un  morceau  semblable,  sus- 
pendu au  sommet  d'une  cloche  pleine  d*dir 
à  la  pression  normale,  répand  une  odeur 
infecte  et  est  couvert  de  moisissures  ;  il  a 
consommé    tout  Toxygcnc  de  la  cloche. 


c'est-à-dire  1,185  centimètres  cubes.  En 
portant  la  pression  plus  haut,  les  oxyda- 
tions s'arrêtent  complètement. 

La  viande  ainsi  soumise  à  Tair  comprimé 
garde  son  aspect,  sa  fermeté,  sa  structure 
bistologiquc  ;  la  couleur  seule  est  devenue 
d'un  jaune  ambré.  On  a  pu  manger  des 
côtelettes  de  mouton  conservées  ainsi  de- 
puis un  mois. 

M.  Bert  conclut  de  ces  faits  que  l'oxy- 
gène, sous  une  tension  suffisante,  tue  les. 
vibrions  capables  d'engendrer  la  putréfac- 
tion, sans  faire  perdre  à  la  viande  sa  pu- 
trescibilité. 

Les  altérations  des  œufs,  de  Turine,  du 
lait,  du  vin,  du  pain  mouillé,  de  l'amidon 
cuit,  des  fraises,  des  cerises,  etc.,  sont  ar- 
rêtées par  l'air  comprimé.  Ces  substances 
restent  parfaitement  saines.  La  viande  et 
les  œufs  prennent  une  réaction  nettement 
acide  qui  parait  due  à  l'acide  lactique. 

La  salive,  le  suc  pancréatique,  la  dias- 
tase  végétale,'  la  pepsine,  la  myrosiuc, 
l'émulsine,  le  ferment  inversif  de  la  levure 
de  bière  continuent  à  agir  pendant  la  com- 
pression. Au  sortir  de  l'air  comprimé,  qbs 
substances  ont  conservé  tout  leur  pouvoir. 
Bien  mieux,  si  Ton  ferme  alors  les  flacons 
qui  les  contiennent,  elles  y  restent  sans 
s*allérer  pendant  un  «temps  illimité.  Évi- 
demment l'air  comprimé  tue  les  moisis- 
sures et  protège  ainsi  le  ferment  soluble.  • 

•  (fbid,) 


Sur  l'état  de  la  oantharidine  dans  les 
insectes  Vivants  par  M.  BEGUIN.  M.  Bé- 
guin ayant  remarque  que  les  dissolvants 
agissent  d'une  manière  bien  différente  sur 
la  cantharidine  et  les  cantharidates,  s'est 
demandé    si   le  principe   actif    dans  ces 


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â54 


REVUE  ANALYTIQOE  ET  CRITIQUE. 


idsectes,  se  trouvait  h  Tétat  de  liberté  ou 
au  moins -en  partie  è  Tétat  de  cantbaridate. 

Après  avoir  mouillé  uniformément 
300  grammes  de  cantharides  grossièrement 
pulvérisées  avec  10  grammes  d*acide  acé- 
tique étendu  d*un  peu  d'éther,  le  mélange 
a  été  introduit  dans  Pappareil  à  déplace- 
ment et  traité  pair  Téther.-  M;  Béguin  a 
recueilli  de  celte  manière  1.30  de  cantha- 
ridihe  impure,  qui,  purifiée  s*est  réduite  h. 
i.â5.  Le  rendement  de  cette  opération  était 
donc  d'environ  i5.55  par  1,000  d*inscctes, 
c'est-à-dire  supérieur  au  rendement  ordi- 
naire des  canibarides. 

Si  la  canlharidine  existait  dans  les  in- 
sectes à  rétat  de  cantharidate,  il  est  évi- 
dent, qu^en  traitant  les  coléoptères  par  le 
chloroforme,  la  cautharidine  libre  serait 
seule  dissoute;  on  obtiendrait  ensuite  la 
portion  supposée  à  Tétat  de  cantbaridate 
par  remploi  de  Téther  et  de  Tacide  acé- 
tique comme  il  a  été 'dit  ci-dessus;- mais 
M.  Béguin  n*a  jamais  pu  obtenir  le  prin- 
cipe actif  aprAs  le  traitement  par  le  chloro- 
forme. La  cantharidine  ne  serait  donc  pas 
à  rétat  de  canthandate  comme  on  Ta  déjà 
avancé. 

On  peut  donc  employer  indifféremment 
pour  Pobtention  de  la  cantharidine  soit  le 
chloroforme,  soit  Téther  acétique. 

{Gazette  médicale  de  Bordeaux.) 


Sur  rarîoîne  ;  par  M.  DavÎD  HOWARD. 
—  M.  Hesse,  dans  ses  études  sur  les  alco- 
loîdes  des  quinquinas,  a  mis  en  doute  Texis- 
tence  de  Taricine  comme  alcaloïdedélini. 

L'écorce  étudiée  par  Pelletier,  Manzini, 
Wihkler,a  été  très-abondante  dans  le  com- 
merce, mais  les  importateurs,  n*en  trou- 
vant plus  le  placement  depuis  longtemps, 
ont  cessé  dé  l'apporter  en  Europe,  aussi 
a-t-il  été  impossible  à  M.  D.  Howard  de 
s'en  procurer  sur  la  place  de  Londres.  Mais 
une  certaine  quantité  d'écorcedu  Cinchona 
pelleterana  (Wedd)  avait  été  conservée  dans 
>  la  collection  de  son  oncle^M.  J.E.Howard; 
il  en  a  extrait  une  quantité  d'alcaloïde  suffi- 
sante pour  s'assurer  que  Taricine  est  bien 
une  espèce  chimique  distincte.  Il  a  reconnu 
que  cet  alcaloïde  isolé  est  altérable  à  Pair 
■  et  solubledans  Téther  ;  ses  solutions  salines 
ne  sont  pas  précipitables  par  le  tartrate  de 
soude  et  de  potasse.  i.'iod hydrate  est  assez 
soluble  dans  Peau,  mais  il  n'est  pas  cris- 
talli^able  dans  ce  liquide,  pas  plus  que  dans 
l'alcool.  Le  sulfocyanure  est  peu  soluble 
dan»  Peau.  La  solution  de  sulfate  saturée  h 


chaud  devient  gélatinoïde  par  refroidis- 
sement, conformément  à  ce  qu'a«dit  Pelle- 
tier. La  solution  de  Paricinedans  Palcoolà 
90  p  J  00  a  un  pouvoir  rotatoire  de  63  '  pour 
le  rayon  jaune. 

L'eau  à  I05T.  (40, K  C.)  dissont  i, 65 
p.  100  de  son  poids  de  chlorure  double  de 
platine  et  d'aricine  ;  ce  sel  laisse  à  Pinciné- 
ration  13*>,d8  de  platine  p.  400.  Une  autre 
expérience  a  donné  13,93  p.  100.  Ces 
chiffres  sont  bien  différents  de  celui  de 
16  gr.  31  indiqué  par  M.*Manzini  pour  le 
chlorure  double  de  platine  et  de  cinchova- 
tine.       (Journal  de  depharm .  et  de  chimie,) 


Régianîne;  par  M.  PHIPSON.  —  En 
épuisant  par  la  benzine  le  brou  vert  et 
récemment  détaché  des  noix  du  Juglans 
regia,  M.  Phipson  a  obtenu  la  régianine.cn 
cristaux  octaédriqucs  et  en  prismes  accolés 
à  la  façon  des  barbes  de  plumes.  La  régia- 
nine  donne  avec  l'ammoniaque  et  les  alcalis 
fixes  des  combinaisons  d'un  rouge  pourpre, 
dont  l'acide  chlorhydriqûe  sépare  une 
poudre  amorphe,  noire,  qui  a  reçu  le  nom 
d'acide  régianique.  (Ibid.) 


Sur  l'acide  va&îllique  ;  par  M.  F.  TIE- 

MANN.  —  Il  y  a  quelque  temps  MM.  Tie- 
mann  et  Haarmann  ont  montré  que  la 
coniférine^  principe  cristallisable  existant 
dans  le  cambium  de*  diverses  conifères, 
peut  sous  l'influence  de  certains  agents, 
notamment  de  Pémulsine,  se  dédoubler  en 
glucose  et  en  un  composé  C"H'*0*.  qui 
oxydé  donne  de  l'aldéhyde  et  de  la  vanil- 
line  C"H'0*,  c'est  à-dire  un  composé 
identîqde  au  givre  de  vanille.  D*après  ces 
recherches,  la  vanilline  est  Péther  mono-, 
méthylique  de  PàMéhyde  prolocatcchiriue , 
quant  au  produit  qui  lui  donne  naissance 
par  oxydation,  c'est  Péther  étbylmétby- 
lique  du  même  aldéhyde. 

En  sa  qualité  de  composé  aldéhydique, 
fa  vanilline  est  un  corps  altérable  M.  Tie- 
mann  a  cherché  à  fixer  Sur  elle  O*  pour 
la  transformer  en  Tacidc  correspondant, 
mais  il  n'a  pu  réussir  :  ou  la  vanilline  reste 
inattaquce^  ou  sa  molécule  est  détruite.  Il 
est  arrivé  à  un  meilleur  résultat  en  par- 
tant de  la  conilérine. 

Cette  substance  étant,  comme  tous  les 
gluco.sides,  dédoublée  par  les  acides.  Il  est 
indispensable  de  Poxyder  en  liqueur  alca- 
line ou  neutre  :  l'auteur  emploie  le  per- 
manganate de  potasse.  A  une  solution  un 


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235 


peu  chaude  d'une  partie  de  coniférine  dans 
30.  ou  40  parties  d*eau,  il  ajoute  2  à  3  par- 
ties de  permanganate  dissous  dans  30  fois 
son  poids  d'eau,  lise  précipite  imnaédiate- 
ment  du  scsquioxyde  de  manganèse  hy- 
draté. La  liqueur  séparée  par  filtraiion  et 
expression  du  précipité,  puis  évaporée  au 
cinquiémedu  volume  initial,  est  additionnée 
d'acide  solfurique  jusqu'à  ré^iction  acide 
,  marquée,  puis  maifitenuc  quelque  temps  à 
la  température  de  70**  environ.  Après 
refroidissement,  on  agite  la  liqueur  avec 
de  réther  qui  enlève  à  Tcau  Tacide  produit 
par  Toxydation  ;  on  obtient  ce  dernier  sous 
forme  de  cristaux  lamellaires  presque  inco- 
lores par  simple  évaporation  dn  véhicule. 

L'acide  vanillique  est  soluble  dans  l'al- 
cool et  réther,  peu  soljuble  dans  l'eau 
froide.  L'eau  chaude  le  dissout  facilement 
et  le  laisse  cristalliser  par  le  refroidisse - 
mefit.  Il  possède  une  faible  odeur  de 
vanille  qui  se  développe  quand  on  le 
chauffe,  les  cristaux  fondent  à  211-212\ 
Sa  composition  est  représentée  parla  for- 
mule C*®H'0'  ;  il  diffère  donc  bien  de  la 
vanilline  par  0*. 

Yanillme.         Ac.  vauillique. 

C'est  d'ailleurs  ce  que  montrent  bien 
les  dédotibleroents  .fu'il  éprouve  sous  l'in- 
fluence de  divers  agents. 

Chauffé  en  vase  clos  vers  160®  avec  de 
l'acide  cblorhylrique,  il  donne  du  ehlo- 
rure  de  méthy^le  et  de  Tacide  protocaté- 
chique.  La  potasse  fondante  le  détruit 
également  en  donnant  de  l'acide  protocaté- 
chique.  It  constitue  l'acide  mélhylprotoca- 
técbique  ûe  même  que  la  vanilline  est 
l'aldéhyde  méthylprotocatéchique. 

C"H«0»,      C^H^CC^H^O'^C^^H'O», 

Acide  Ac.  vauillique. 

protoca  técbique. 

C"H«0%      C"H^C*H»)0'=C»WO«. 

Aldéhyde  Yaoilline. 

prolocaléchique. 

Les  sels  de  l'acide  vanillique  sont  très- 
solubles,  sauf  ceux  de  plomb  et  d'argent; 
ce.  dernier  est  cristallin.  Les  vanillates  de 
potasse,  de  soude  et  d'ammoniaque  sont 
cristallisés. 

L'auteur  cherche  actuellement  à  pré- 
parer l'alcool  correspondant  à  l'aldéhyde 
et  à  l'acide  vanillique. 

Les  faits  qui  précèdent  permettent  d'en- 
treprendre la*  synthèse  de  l'acide  vanil- 
lique. Si  l'on  part  de  l'acide  protocaté- 
chique  en  essayant  de  le  méthyliser  en  le 
chauffant  en  vase  clos  vers  150°  avec  de  la 


potasse  et  de  l'iodure  de  métbyle,  on  ob- 
tient un  composé  dç  même  formule  que 
l'acide  vanillique  mais  en  différant  par  ses 
propriétés,  un  isomère  en  un  mot.  Pre-' 
nant  au  co/itraire  l'acide  diméthyl-protoca- 
téchique,  obtenu  par  MM.  Kœlle  et  Malin 
en  méthylisant  complètement  l'acide  pro- 
tocatéchique,  le  chauffant  en  vase  clos  à 
150"  avec  de  l'acide  chlorhydrique  très- 
étendu,  une  partie  du  méthyle  est  enlevée 
à  l'état  d'éther  méthyl  chlorhydrique  et  il 
se  formé  deux  acides,  l'un  très  peu  soluble, 
l'autre  facilement  soluble  dans  l'eau  chaude; 
ces  deux  acides  peuvent  être  aisément  sé- 
parés par  cristallisation.  Le  premier,  le 
jnbins  soluble  est  l'isomère  obtepu  en  mé- 
thylisant l'acide  protocatéchiquc  ;  le  second 
est  l'acide  vanillique.  (Ibid.) 


Sur  les  acides  contenus  dans  les  pé- 
troles bruts  ;  par  MM.  C.  HELD  et  ME- 
LINGER.  —  Les  pétroles  bruts  agités  avec 
des  lessives  alcalines  cèdent  à  celles-ci  des 
matières  acides.  Les  auteurs  ont  étudié 
ces  matières  obtenues  avec  du  pétrole  de 
Valachie. 

La  lessive  de  soude  ayant  servi  au  trai- 
tement du  pétrole  laisse  déposer  des  flocons 
bruns,  gélatineux.  Rendue  acide  par  l'acide 
sùlfurique  et  distillée  elle  donne  une  huile 
brune  tenant  en  dissolution  une  assez  forte 
proportion  de  matières'  neutres.  Par  trai- 
tement avec  une  solution  de  carbonate  de 
soude  on  obtien.t  une  combinaison  sodique 
qui^  purifiée  par  plusieurs  précipitations 
au  chlorure  de  sodium  puis  dédoublée  par 
par  l'acide  sùlfurique,  donne  un  mélange 
de  plusieurs  acides. 

Ce  mélange  se  combine  à  la  soude  en 
donnant  des  produits  mous  analogues  aux 
savons.  Les  auteurs  n'ont  pu  réussir  à 
séparer  les  sels  par  précipitation  frac- 
tionnée. La  distillation  fractionnée  des 
acides  mélangés  n'a  pas  donné  de  meil- 
leurs résultats.  *Eu  traitant  les  acides  en 
solution  alcoolique  par  le  gaz  chlorhy- 
drique, on  a  obtenu  un  mélange  d'étber 
eomoiençant  à  bouillir  vers  ââO"  et  don- 
nant encore  beaucoup  de  produit  au-dessus 
de  500**.  Avec  beaucoup  de  peine,  un  pro- 
duit bouillant  d'une  manière  constante 
entre  336»  et  â40«  a  été  isolé. 

L'éther  ainsi  obtenu  (densité  0,9 19  à 
^27")  est  facilement  saponifié  par  la  potasse 
en  solution  alcoolique.  L'aeide  régénéré 
dans  cette  saponification  bout  à  â50<>â61<> 
sans  s'altérer;  c'est  un   liquide  huileux. 


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très-réfringent^  a  odeur  de  pétrole,  et  dont 
la  composition  doit  être  voisine  de  celle 
que  représente  la  formule  C"H"0*.  li  est 
monobasique.  Les  sels  alcalins  ont  Tappa- 
rence  des  savons,  les  sels  des  métaux  pro- 
prement dits  ressemblent  à  des  emplâtres. 
La  formule  précédente  correspond  à  un 
acide  non  saturé  d'bydrogène,  à  un  homo- 
logue de  Tacidc  acrylique,  cependant  les 
réactions  indiquées  par  les  auteurs  corres- 
pondent beaucoup  mieux  à  un  acide  homo- 
logue de  Tacide  acétique.  [Ibid,) 


Sur  une  distînotîon  entre  les  produits 
organiques  naturels  et  les  produits  orga<* 
niques  artificiels  ;  par  M.    L.  PASTEUR. 

—  «  Tous  les  produits  artificiels  des  labo- 
ratoires sont  à  image  superposable.  Au 
contraire,  la  plupart  des  produits  organi- 
ques naturels,  je  pourrais  dire  tous  ces 
produits^  si  je  n'avais  à  nommer  que  ceux 
qui  jouent  un  rôle  essentiel  dans  les  phé- 
nomènes de  la  vie  végétale  et  animale, 
sont  dissymétriques,  de  cette  dissymétrie 
qui  fait  que  leur  image  ne  peut  leur  être 
superposée.  » 

Ce  passage  est  extrait  d'une  leçon  sur 
la  dissymctrie  moléculaire  que  j'ai  profes- 
sée, en  1860,  devant  la  Société  chimique 
de  Paris.  J'ajoutais  : 

«  On  n'a  pas  encore  réalisé  la  produc- 
tion d'un  corps  dissymétrique  à  Taidc  de 
composes  qui  n'ont  pas  ce  caractère  (1).  » 

Dans  l'introduction  de  l'ouvrage  que 
M.  Schûtzenberger  vient  de  publier  sur 
les  fermentations,  l'auteur,  après  avoir 
rappelé  les  passages  qui  précèdent,  leur 
oppose  le  fait  de  la  production  de  l'acide 
paratartrique  au  moyen  de  Pacidc  succini- 
que  inactif  du  succin  ou  de  l'acide  succini- 
que  de  synthèse  directe,  et  il  conclût  en 
ces  termes  : 

«  Ainsi  tombe  la  barrière  que  M.  Pas- 
teur avait  posée  entre  les  produits  natu- 
rels et  artificiels.  Cet  exemple  nous  mon- 

(1)  Nous  mettons  sous  les  yeux  de  nos  lectears 
|e  passage  suivant  extrait  de  Pouvrage  de  Mon- 
sieur  Schûtzenberger  : 

«Presque au  moment  où  ces  paroles  étaient 
prononcées  devnnl  la  Société  chimiqqe  de  Paris, 
deux  savants  anglais  MM.  Perkio  et  Duppa,  par- 
venaient à  transformer  Tacide  succiuique  en  acide 
lartrique.  M.  Pasteur  reconnaissail  lui-même  que 
le  proiluit  artificiel  de  MM.  Perkin  et  Duppa 
était  un  mélange  diacide  paratartrique  et  d*aciUe 
larlriqne  inictif.  Or,  racide  paratartrique  se 
dédouble  facilement,  d*après  les  belles  recher- 
ches de  M.  Pasteur,  en  acide  tartrique  droit  et 
enacîde  tartrique  gauche,  et  AI.  Jungfleiseti  nous 


tre  combien  il  faut  être  réservé  dans  les 
distinctions'  que  Ton  croit  pouvoir  établir 
entre  les  réactions  chimiques  de  l'orga- 
nisme vivant  et  celles  du  laboratoire.  » 

Contrairement  à  ce  que  pense  M.  Schût- 
zenberger, cette  barrière  existe  toujours. 
Les  propositions  que  je  viens  de  rappeler 
sont  aussi  vraies  aujourd'hui  qu'en  1860. 
Non,  il  n'existe  pas  dans  la  science  un  seul 
exemple  d'un  corps  inactif  qui  ait  pu  être, 
jusqu'à  présent,  transformé  en  un  corps 
actif  par  les  réactions  de  nos  laboratoires. 

Transformer  îi»  corps  inactif  en  un  au- 
tre corps  inaetift  qui  a  la  faculté  de  se 
résoudre  simultanément  en  un  corps  droit 
et  en  son  symétrique,  n'est  en  rien  com- 
parable à  la  possibilité  de  transformation 
d'un  corps  inactif  en  un  corps  actif  sim- 
ple. Cestlà  ce  qu'on  n'a  jamais  fait;  c'est 
là,  au  contraire,  ce  que  la  nature  vivante 
fait  sans  cesse  sous  nos  yeux^  et  telle  est 
la  proposition  formulée  dans  les.  citations 
précédentes. 

On  peut  ramener  à  des  formes  octaé- 
driques  la  plupart  des  substances  minéra- 
les ou  organiques.  Je  comprendrais  aisé- 
ment que  le  sulfate  de  posasse  lui-même 
et  beaucoup  des  corps  minéraux  ou  orga- 
niques artificiels  pussent  se  dédoubler  en 
des  symétriques  inverses,  parce  que  tout 
octaèdre  contient  en  puissance  deux  tétraè- 
dres symétriques,  dont  il  peut  être  consi- 
déré comme  l'assemblage.  Ce  que  je  ne 
crois  pas  possible,  par  le  jeii  des  forces 
non  dissymétriques  auxquelles  sont  sou- 
mises nos  réactions  artificielles,  c'est  la 
transformation  d'un  corps,  ou  d'éléments 
non  dissymétriques  en  des  corps  dissymé^ 
triques. 

Toutefois,  c'est  une  distinction  de  fait 
et  non  de  principe  absolu  que  j'ai  établie 
en  1860.  Non-seulement  je  ne  crois  pas 
que  cette  barrière  entre  les  deux  règnes 
minéraux  et  organiques  soit  infranchissa- 
ble, mais  j'ai  assigné,  le  premier,  des  con- 
ditions expérimentales  qui  seraient  pro- 

^  montré  que  l'acide  tartrique  inactif  chauffé 
avec  de  Peau  à  ITâ»  se  convertit  partiellement  en 
acide  paratartrique. 

u  L'acide  succmique  employé  par  les  chimis- 
tes anglais  provenait  de  Poxydation  du  siiccin. 
Ce  n*était  pas  un  produit  synthétique;  on  pou- 
vait  croire  que,  bien  qu'inaclif,  il  résultait, 
commt;  l'acide  raccmiquu,  de  Punion  de  deux 
molécules  actives  et  inverses.  .M.  Jungfleisch  a 
levé  en  dernier  doile.  Il  u  préparé,  d'après  une 
méthode  connue,  Cacide  succinique  synthéti- 
que, au  moyen  du  cyanure  d'ethylêne  et  de 
ta  potasse.  Cet  acide  a  fourni  de  l'acide  pa- 
ratartrique, comme  celui  du  succin*  » 


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REVUiî  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


^57 


près,  selon  moi,  à  la  faire  disparaître. 
Tant  que  ces  conditions  n'auront  pas  été 
réalisées,  avec  succès,  il  est  sage  de  croire 
à  la  distinction  dont  il  s'agit  et  de  ia  pren- 
dre pour  guide. 

C'est  en  effet,  en  partant  de  la  convic- 
tion que  les. réactions  ordinaires  de  nos 
laboratoires  sont  impuissantes  à  créer  la 
dissymélrie  moléculaire,  que  j'ai  osé  pré- 
dire successivement  :  1®  que  M.  Dessai- 
gnes n'avait  pu  découvrir  les  acides 
maliquc.  et  asparlique,  mais  seulement 
leurs  isomères  inactifs;  2°  que  MM.  Per- 
kin  et  Duppa  n'avaient  pu  produire  l'acide 
tarlrique  ordinaire,  au  moment  où  ces 
habiles  chimistes  venaient  d'annoncer 
qu'ils  y  étaient  parvenus  ;  3°  enfin  que, 
récemment,  j'ai  soutenu  que  la  mannite 
n'était  qu'apparemment  inactive  ;  que  son 
pouvoir  rotatoire  devait  exister,  mais  trop 
faible  pour  être  mis  en  évidence  par  les 
moyens  habituels,  et  cela,  au  moment 
même  où  deux  chimistes  étaient  portés  à 
conclure  que  la  mannite  était  un  corps 
inactif  pouvant  donner  des  dérives  actifs. 
Depuis  lors,  ma  prévision  a  été  confirmée 
par    M.    Bichat    et    par   M.  Bouchdrdat. 

(Ibid.) 


1/â  centimètre  cube  environ  de  cette  solu- 
tion dans  50  centimètres  cubes  d'eau. 
Cette  èau  renferme-t-elle  de  l'acide  carbo- 
nique libre,  le  mélange  est  incolore  ou 
faiblement  coloré  en  jaune;  mais  si  l'eau 
essayée  ne  renferme  pas  d'acide  carbonique 
libre  et  seulement  des  bicarbonates,  elle 
devient  rouge  ;  vient-on  à  verser  dans  ce 
liquide  rouge  de  l'eau  chargée  d'acide 
carbonique, on  le  décolore  immédiatement. 
Il  suffit  d'ailleurs  de  faire  passer,  aumpyen 
d'un  tube  de  verre,  les  gaz  de  l'expiration 
pulmonaire  à  travers  le  liquide  déjà  rougi  • 
pour  qu'il  se  décolore. 

Les  eaux  de  sources  et  des  fontaines  de 
Munich,  de  Wurzbourg  et  les  eaux  de  l'Isa)* 
se  soilt  comportées  comme  des  solutions  de 
bicarbonates  terreux  sans  acide  carbonique 
libre.  Les  eaux  de  Setters,  d'Apollinaire, 
de  WildUngeU;  Kissingen  (source  llagoczy), 
de  Pyrmont,  de  Iklarienbad  (Kreuzbrun- 
nen),  ont  agi  comme  une  dissolution 
d'acide  carbonique  libre  ;  quelques  sources 
de  Karlsbad  (Sprudel  et  Mûhlbfunnen), 
d'Ems  (Kranchen)  laissent  le  réactif  à  peu 
près  incolore  ou  faiblement  rosé. 

(Ibid.) 


Réaotif  de  l'aoide  carbonique  libre 
des  eaux  potables  ;  par  M.  VON  PETTEN- 
K.OFER.  —  L'acide  carbonique  des  eaux 
potables  est,  d'ordinaire,  tofôlement  com- 
biné aux  bases  et  le  plus  souvent  avec  la 
chaux  et  la  magnésie  ;  on  n'y  rencontre 
que  très-rarement  cegazà  1  état  de  liberté. 
*  M.  Pettenkofer  avait  déjà  fait  la  re- 
marque que  les  solutions  de  bicarbonate 
de  chaux  et  de  bicarbonate  de  magnésie 
sont  sans  action  sur  le  papier  de  curcuma, 
et  que  l'addition  de  Teau  de  chaux,  dans 
une  petite  proportion,  9  une  solution  de 
bicarbonate  calcaire  lui  communique  immé- 
diatement une  réaction  alcaline  appréciable 
par  le  papier  de  curcuma. 

Plus  récemment,  le  même  chimiste  a 
observé  que  l'acide  rosolique  se  colore  en 
rouge  au  eontact  dès  carbonates  et  des 
bicarbonates  alcalins  et  terreux,  et  qu'au 
contraire  l'acide  carbonique  libre  le 
décolore. 

Pour  faire  usage  de  ce  réactif,  on  dis- 
sout une  partie  d'acide  rosolique  pur  dans 
500  parties  d'alcool  à  80  p.  iOO;  on  neu- 
tralise la  solution  avec  une  petite  quantité 
de  baryte  caustique  de  façon  à  rendra  la 
liqueur  légèrement   rosée,  et   l'on   verse 


Action   du. phosphore  dissous  sur    le 
ohlorate  de  potasse  ;  par  M .  R.  BOTTGER. 

—  Une  solution  de  phosphore  dans  le  sul- 
fure de  carbone^  dont  on  laisse  tomber 
quelques  gouttes  sur  du  papier  à^fittrer,  en 
détermine  bientôt  Tinflammation,  mais  sans 
produire  aucun  bruit.  Si  l'on  fait  tomber 
quelques  gouttes  de  cette  solution  phos- 
phorée  sur  du  chlorate  de  potasse,  dès  que 
le  sulfure  de  carbone  est  volatilisé,  il  se 
produit  une  vive  explosion.  (Ibid,) 


Sur  rorig;ine  des  sulfures  des  eaux 
sulfureuses;  par  M.  POLLACCI.  —  On 
avait  pensé  jusqu'à  ce  jour  que  les  sulfures 
que  renfermcnt^les  eaux  sulfureuses  pro- 
viennent de  la  réduction  des  sulfates,  et 
que  cette  décomposition  a  lieu  au  travers 
des  terraifis  chargés  de  matières  organi- 
ques. M.  Pollacci  estime  que  cette  réduction 
ne  s'opère  que  dans  des  conditions  données 
qui  se  présentent  bien  rarement  et  que  la 
majeure  partie  de&  sulfures  de  calcium  ou 
de  sodium  qui  se  produit  dans  la  nature 
serait  due  à  l'action  de  l'acide  sulfhydrique 
sur  le  carbunate  de  chaux.  Si  l'on  fait 
passer,  en  effet,  un  courant  d'acide  sulfhy- 
drique à  travers  une  solution  de  bi-carbo- 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


nate  de  chaux  dans  Teau,  il  se  dégage  de 
Tacide  carbonique  et  il  se  forme  du  sulfure 
de  calcium.  Avec  le  carbonate  neutre^  la 
réaction  quoique  lente,  est  identique.  Les 
carbonates,  tout«.'fois^  fie  sont  pas  les  seuls 
sels  alcalins^  qui  permettent  la  production 
des  sulfures  par  faction  prolongée  de  T hy- 
drogène sulfuré;  les  silicates  sous  Tin- 
iluence  du  même  agent  subiraient  une 
décomposition  analogue,  ce  qui  explique- 
rait la  présence  du  sulfure  de  sodium  dans 
certaines  eaux  des  Pyrénées  exemptes  de 
carbonates,  mais  où  Ton  rencontre  des 
silicates  alcalins. 

{Gazette  médicale  de  Bordeaux.) 


-Recherches  des  composés  arsenicaux 
dans  les  sels  alcalins  et  alcalino-terreux 
employés  en  pharmacie  ;  par  JM.  Gh.  PA- 
TROUILLARD,  de  Gisors.  —  Ce  doit  être 
pour  le  pharmacien  une  préoccupation 
constante  que  de  constater  la  pureté  des 
produits  chimiques  qu'il  tire  du  commerce 
pour  les  faire  servir  à  la  préparation  des 
médicaments,  et  surtout  de  s'assurer  de 
Tabsence  des  composés  arsenicaux  dans  les 
sels  alcalins  et  alcalino-terreux.  Les  essais 
quMl  doit  pratiquer  dans  ce  but , devant  se 
répéter  fréquemment,  la  possession  d'une 
méthode  prompte  et  exacte,  et  d'un  réactif 
toujours  facile  à  se  procurer^  et  dans  un 
bon  état  de  conservation,  sera  d  un  grand 
avantage,  je  le  pense,  pour  l'opérateur. 

L'une  des  réations  caractéristiques  de 
l'arsenic,  c'est  celle  que  donne  l'acide  arsé- 
nieùx  en  dissolution  acide,  en  présence  de 
l'hydrogène  sulfuré  ou  d'un  sulfure  soluble; 
il  se  produit  alors  un  précipité  jaune  flo- 
conneux de  trisulfure  d'arsenic,  soluble 
dans  l'ammoniaque  et  les  liqueurs  alca- 
lines. Mais  si  le  composé  arsenical  que 
recherche  l'analyse  est  l'acide  arsénique, 
remploi  de  Thydrogène  sulfuré  pour  le 
découvrir,  est  alors  un  moyen  beaucoup 
phis  lent  et  moins  sûr  que  pour  l'acide 
arséfiieux. 

Le  précipité  rouge  brique  donné  par 
l'acide  arsénique  en  présence  de  l'azotate 
d'argent  neutre,  est  très  caractéristique; 
mais  dans  un  grand  nombre  de  cas,  cette 
réaction  pourra  être  masquée  par  la  forma- 
tion simultanée  du  chlorure  d'argent, 
puisque  les  sels  alcalins  et  alcalino-terreux 
du  commerce  renferment  toujours  des 
chlorures  en  proportion3  variables.  Aussi 
est-il  préférable  de  transformer  l'acide 
arsénique  en  acide  arsénieux  par  voie  de 


réduction»;  jusqu'alors  on  s'est  servi,.,  pour 
arriver  à  ce  but  principalement,  soit  -de 
J'acid*;  sulfureux^  suivant  la  méthode  de 
Wœhler.  soit  de  l'hyposulAte'  de  soude. 
L'acide  sulfureux^  à  l'état  de  dissolution 
dans  l'eau,  est  un  réactif,  fort  altérable,  et 
dont  la  préparation,  dans  beaucoup  de 
laboratoires  de  pharmacie,  peut  entraîner 
avec  elle  certains  inconvénients. 

L'hyposulfite  de  soude  convient  pour 
doser  Tarsenic  plutôt  qu'à  le  faire' décou- 
vrir nettement;  carie  précipité  dç  sulfure 
qu'il  détermine  est  toujours  accompagné 
par  du  soufre  laiteux  qui  en  masque  la 
couleur  et  peut  même  faire  méconnaître  sa 
présence. 

J'ai  pensé  à.  me  servir  d'un  corps  réduc* 
leur  par  excellence,  employé  déjà  dans 
plusieurs  réactions,  capable  de  se  conserver 
sans  subir  d'altération,  et  n'entraînant 
dans  son  emploi  aucun  inconvénient  qui 
puisse  entraver  laréactiou  que  l'on  cherche 
à  produire  ;  ce  corps,  c'est  l'acide  oxalique 
cristallisé.  J'ai  multiplié  les  expériences 
en  opérant  sur  différents  genres  de  sels, 
sulfates,  azotates,  carbonates,  bicarbo- 
nates, etc.,  en  variant  les  proportions 
d'acide  oxalique  et  la  durée  du  temps  de 
rébullition. 

De  ces  expériences,  j'ai  résumé  le  mode 
opératoire  suivant  :  iO  à  15  grammes  du 
sel  à  essayer  sont  dissous  dans  l'eau  dis- 
tillée, 50  grammes  environ;  on  y  ajoute 
0  gr.  50  d'acide  oxalique  cristallisé  et  l'on 
entretient  la  dissolution  pendant  à  peu  près 
cinq  minutes  à  la  température  de  l'ébulli- 
tion  ;  on  filtre  si  cela  est  nécessaire,  et 
lorsque  la  liqueur  est  un  peu  refroidie.  On 
l'acidifie  assez  fortement  par  Tacide  sulfu- 
rique  pur  (de  préférence  à  l'acide  chlorhy- 
drique,  parce  que  bien  souvent  les  acides 
chlorhydrjques  du  commerce,  vendus 
comme  purs,  son^  néanmoins  arsenicaux). 
Dans  cette  liqueur  acidulée,  on  fait  passer 
un  courant  de  gaz  hydrogène  sulfuré,  ou 
bien  on  verse  avec  précaution  quelques 
gouttes  de  solution  de  .sulfhydrate  d'am- 
moniaque dans  la  glycérine;  si  le  sel 
essayé  contient  au  moins  2  p.  400  d*arsé- 
niate  de  potasse,  par  exemple,  le  précipité 
jaune  floconneux  de  trisulfpf'e  d'arsenic  se 
formera  immédiatement.  S*il  en  renferme 
moins  de  i  p.  100,  le  précipité  pourra  ne 
pas  apparaître  aussitôt;  alors  on  laissera  de 
côté  le  vase  contenant  l'essai,  après  l'avoir 
recouvert,  et  au  bout  d'une  ou  deux 
heures,  le  précipité  se  sera  formé.  Dans 
quelques   cas,  on  devra   même  attendre 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


239 


encore  plus    longtemps,  trois    et   même 
quatre  heures. 

Lorsque  Ton  doit  ^essayer  uït  carbonate 
ou  un  bicarl)onate,  il  faut  préalablement  le 
saturer  par  l'acide  sulfurique  pur.  Enfin, 
au  lieu  de  Tacide  oxalique,  on  peut,  pour 
opérer  la  réduction  de  Facide  arsénique, 
se  servir  de  Toxalate  neutre  d'ammoniaque, 
employé  dans  la  même  proportion  :  les 
résultats  sont  exactement  les  mêmes. 

D'ans  cette  réaction,  comme  dans  toutes 
celles  où  Tacide  oxalique  agit  comme 
réducteur,  Tacide  arsénique,  pour  passer 
à  Tétat  d'acide  arsénie.ux.  perd  â  équiva- 
lents d'oxygène  qui  se  portent  sur  l'acide 
oxalique  et  le  transforment  en. acide  car- 
bonique. 

(J&umal  de  pharmacie  et  de  chimie.  ) 


,  Sur  le  partage  d'un  aoide  entre  plu- 
sieurs bases  dans  les  dissolutions  ;  par 
M.  BERTHELOT.  —  1.  C'est  une  question 
souvent  agitée  que  celle  du  partage  des 
acides  et  des  b<ises  dans  les  dissolutions. 
Berthollet,  qui  posa  le  premier  la  question 
d'une  manière  générale,  admettait  que 
chaque  acide  (et  chaque  base)  avait  dans 
L'action  c  une  part  déterminée  '  par  sa 
capacité  de  saturation  et  2>a  quantité  », 
c'est-à-dire  par  sa  masse  chimique.  A 
poids  égaux,  nous  dirions  aujourd'hui  que 
chaque  corps  agit  en  raison  inverse  de 
son  équivalent;  tandis  que,  si  les  deux 
bases  sont  employées  sous  des  poids  équi- 
valents, elles  prendront  chacune  la  moitié 
de  l'aciJe  antagoniste.  Telle  est,  je  crois, 
la  traduction  exacte  du  langage  de  Ber- 
thollet, lequel  exclut  formellement  touie 
idée  d'une  affinité  élective  ou  (l'un  coeffi- 
cient spécifique. 

Mais  le  partage  ne  peut  subsister  qui  si 
les  <leux  bases  et  les  deux  sels  qu'elles 
forment  demeurent  dissous  :  si  quelqu'un 
de  ces  corps  est  éliminé,  par  volatilité  ou 
insolubilité,  un  nouveau  partage  se  repro- 
duit au  sein  des  liqueurs  ;  par  suite,  une 
nouvelle  élimination,  et  ainsi  de  suite, 
jusqu'à  ce  que  la  totalité  du  corn  posé 
éliminable  soit  sorti  du  champ  de  l'action 
chimique.  Tels  sont  les  principes  dé  la 
statistique  chimique  de  Berthollet. 

•GayLussac  invoquait  le  même  méca- 
nisme, en  se  plaçant  à  un  point  de  vue 
difltérent.  H  admettait  dans  les  dissolutions 
une  sorte  de  pèle  mêle^  A'équipoVence  des 
bases  et  des  acides  uniformément  répartis, 
'  les  composés  qui  se  manifestent  ne  pre- 


tSùnt  naissance  qii*au  moment  oii  ils  sont 
séparés  par  insolubilité,  cristallisation  ou 
volatilité. 

2.  Ce  sont  ces  opinions  que  j'ai  entrepris 
de  soumettre  au  contrôle  des  méthodes 
thermiques,  en  ce  qui  touche  les  bases, 
comme  je  Tai  déjà  fait  pour  les  acides  et 
pour  les  oxydes  métalliques. 

J'ai  ehoisi  deux  bases  solobles,  qui 
dégagent  des  quantités  de  chaleur  inégales 
en  s'unissant  avec  un  même  acide,  telles 
que  la  soude  et  l'ammoniaque  en  présence 
de  l'acide  chlorhydrique  ;  la  différence 
entre  ces  quantités  de  chaleur,  mesurées 
directement  à  25°, 5,  dans  des  conditions 
données  de  concentration,  a  été  trouvée 
égale  à  +  l«»»,12. 

Cela  posé,  mélangeons  à  équivalonts 
égaux  une  solution  de  chlorhydrate  d'am- 
moniaque et  une  solution  de  soude,  prises 
à  la  concentration  et  à  la  température 
définies 

Azn',HCI(léq=:-iiit^+NaO(l**<ï=2">)à23%5 
A  priori,  plusieurs  cas  peuvent  se  pré- 
senter, correspondant  auxdiverses  théories: 
1°  S'il  y  a  partage  en  proportion  égale 
(théorie  de  Berthollet),  on  devra  observçr 
un  dégagement  de  chaleur  égal 

■  1  42 

à  -f--Y-=-+-0<'«»,56; 

2o  Si  la  loi  du  partage  est  différente,  on 
observera  une  quauiilé  différente,  mais 
toujours  moindre  que  -+-  4,42; 

3*  S'il  y  a  équipollence,  on  ne  devra,  ces 
semble,  observer  aucun  phénomène  ther- 
mique, ou  du  moins  aucun  phénomène  qui 
soit  en  relation  avec  un  déplacement  pur 
et  simple  ; 

•  4"  Enfin,  si  la  soude  s'empare  de  la 
totalité  de  l'acide  chlorhydrique,  en  met- 
tant en  liberté  la  totalité  de  l'ammoniaque, 
on  devra  observer  un  dégagement  de 
-+-  4'^a»,42. 

3.  Or  l'expérience  m'a  donné  pour  cette 
réaction,  à  2Z°^^  :  +  4«*^07.  La  limite 
d'crrepr  des  essais  étant  ±:  0,04,  ce  chiffre 
se  confond  avec  +  4,42.  La  faible  diffé- 
rence observée  —  0,05  pourrait  s'expli- 
quer d'ailleurs  par  l'influence  purement 
physique  qu'exerce  l'ammoniaque  sur  une 
solution  de  chlorure  de  sodium.  En  fait,  à 
23°5,  j'ai  trouvé 

•AzH'(l*<i=2"*)+NaCI(l«^<i=^2"») 
absorbe  —  0,05, 
Sans  nous  arrêter  à  cette  faible  influence 
secondaire,    nous  pouvons  donc  conclure 


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240 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


qae,  la  soude  et  l'ammoniaque  étant  miises 
à  équivalents  égaux  en  présence  de  Tacide 
chlorhydrique,  la  soude  prend  tout  l'acide 
(ou  sensifolement  tout). 

On  peut  achever  de  démontrer  Inexac- 
titude de  cette  interprétation  en  faisant 
varier  les  proportions  relatives  des  corps 
réagissants  :  i,  â,  5  équivalents  (I*ammo- 
niaque  en  excès  n'empêchent  pas  la  décom- 
position  totale  (ou  sensiblemeni)  du  chlor- 
hydrate  d'ammoniaque  par  la  soude^, 
comme  le  prouvent  les  mesures  thermiques. 
Tandis  que,  d'après  la  théorie  de  Ber- 
thoUet,  la  présence  de  i  équivalents  d'am- 
moniaque, par  exemple,  aurait  dû  réduire 
le  déplacement  au  cinquième,  et  la  chaleur 

1  42 
dégagée  à +  -g-==0,22. 

Est-il  besoin  de  dire  que  la  présence 
d'un  excès  de  soude  ne  change  rien  non 
plus  au  résultat?  Enfin  le  déplacement 
total  peut  être  également  vérifié  en  pré- 
sence d'un  excès  de  chlorhydrate  d'ammo- 
niaque^ comme  d'un  excès  de  chlorure  de 
sodium. 

i.  Cet  ensemble  d'observations  prouve 
qu'il  s'agit  d'une  réaction  chimique,  limi- 
tée  à  un  terme  définfpar  le  rapport  équiva- 
lent de  la  soude  qui  produit  l'action,  c'est- 
à-dire  qu'il  s'agit  du  déplacement  pur  et 
simple  d'une  base  par  l'autre.  Les  sels 
doubles  n'y  jouent  aucun  rôle,  non  plus 
que  le  changement  de  dissolvant,  comme 
le  démontrent,  d'une  part,  l'absence  d'in- 
fluence exercée  par  un  excès  quelconque 
de  l'un  des  quatre  corps  réagissants,  et 
d'autre  part  la  mesure  des  quantités  de 
chaleur  dégagées. 

5.  J'ai  reproduit  les  mêmes  expériences 
avec  plusieurs  autres  sels  ammoniacaux 
(sulfate,  azotate);  j'ai  également  opéré 
av^c  une  base  alcaline  dilférente,  la 
potasse.  Les  résultats  s'accordant  exacte- 

|o  CaCl(l^=2"t).+  NaO(l«<i=2»») 
2»  L'addition  de  A2HSHCI(lé<i=2»t) 

Analysons  ces  résultats.  » 

t<>  La  première  opération  (précipitation 
de  l'hydrate  de  chaux  par  la  soude)  est 
conforme  à  la  théorie  de  BerChoUet.  Elle 
absorberait  fort  peu  de  chaleur  (—0,1  à 
»  0,2  au  plus)  si  toute  la  chaux  demeu- 
rait dissoute,  l^lais  la  précipitation  de  l'hy: 
drate  de  chaux  donne  lieu  à  une  absorp- 
tion très-notable  (—1,18);  ce  qui  s'expli- 
que, parce  que  l'hydrate  de  chaux  est  un 
corps  qui  se  dissoudrait  dans  l'eau  en  dé- 


ment avec  ceux  que  fournit  la  soude,  je 
crois  superflu  de  les«transcrire  ici. 

6.  Non-seulement  l'ammoniaque  est  dé- 
placée dans  ses  sels  dissous  par  la  potasse 
et  la  soude,  bases  selubles,  mais  on  peut 
également  opposer  l'ammoniaque  à  une 
base  Insoluble,  telle  que  l'hydrate  de 
chaux,  déjà  combiné  avec  l'acide  chlorhy- 
drique. Que  doit-il  arriver  dans  cette  cir- 
constance ?  D'après  la  théorie  de  Berlhol- 
let,  il  y  aura  partage  au  premier  moment; 
puis  la  chaux,  étant  insoluble,  devra  se 
précipiter,  et,  par  suite,  la  formation  s^en 
reproduira  jusqu'à  séparation  totale. 

Or  ces  prévisions  sont  contredites 
par  l'expérience.  En  effet,  l'ammoniaque 
ne  précipite  pas  le  chlorure  de  calcium, 
tandis  que  la  chaux  se  dissout  en  fait  dans 
le  chlorhydrate  d'ammoniaque. 

S'agit-il  donc  ici  de  la  formation  d'un 
sel  double,  ou  de  l'influence  exercée  par 
un  changement  de  dissolvant? 

7.  Pour  établir  la  nature  réelle  de  la 
réaction,  j'ai  fait  les  expériences  suivan- 
tes :  Je  précipite  la  chaux  dans  le  chlorure 
de  calcium,  au  moyen  de  la  soude,  opéra- 
lion  qui  a  pour  but  d'obtenir  de  l'hydrate 

.de  chaux  exempt  de  toute  impureté,  ce 
qu'il  n'est  pas  facile  de  réaliser  autrement; 
puis  je  redissous  l'hydrate  de  chaux  au 
moyen  du  chlorhydrate  d'ammoniaque, 
employé  par  fractions  successives,  afin  de 
trouver  la  limite  exacte  du  phénomène. 
J'opère  d'ailleurs  en  faisant  varier  les  pro- 
portions relatives  des  composants  du  sys- 
tème. Enfin  je  mesure  chaque  fois  les 
quantités  de  chaleur  mises  en  jeu. 
•  J'ai  reconnu  d'abord  que  la  redissolu- 
tion totale  de  i  équivalent  d'hydrate  de 
chaux  s'opère  exa'ctement  au  moyen  de 
1  équivalent  de  chlorhydrate  d'ammonia- 
que, et  cela,  quels  que  soient  les  excès 
relatifs  des  quatre  composants.  En  oiUre, 

absorbe  —  1,18    (    «  •   j  a<î 

dégage  +  2.24   1   Somme +  1,06 

gageant  de  la  chaleur.  (^1*®*,  5  environ, 
d'après  mes  expériences,  pour  1  équiva^ 
lent  dissous  dans  ^0  litres  d'eau).  En  tpnant 
compte  de  la  proportion  de  chaux  demeu- 
rée dissoute  dans  Teau  employée,  on  peut 
vérifier  que  la  chaleur  absorbée  concorde 
sensiblement  avec  la  donnée  précédente. 
â*>  La  seconde  opération  (redissolution 
de  l'hydrate  de  chaux  dans  le  chlorhy- 
drate d'ammoniaque  équivalent)  dégage 
exactement  la  quantité  de  chaleur  catcu- 


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HISTOIRE  NATURELLE  MÉDICALE.  241 

lée   dans  Thypothèse  d'une  substitution  chaleur  dégagée  dans  la  réaction  directe 

pure  et  simple  de  l'hydrate  de  chaux,  base  de  la  soude  sur  le  chlorhydrate  d'ammo- 

presque  insoluble,   h  l'ammoniaque,  base  niaque,  soit  4*  1,05.   Les  mêmes  chiffres, 

soluble,  dans  le  chlorhydrate  d'ammonia-  ou  sensiblement,  ont  été  observés  en  pré- 

que.  avec  formation  équivalente  dé  chlo-  sence  de  divers  excès  des  composants  du 

rure  de  calcium  dissous.   En  effet,  cette  système. 

substitution,  opérée  entre  IMiydrate  de  8.  Ces  faits  et  ces  mesures  thermiques 
chaux  dissous  et  Tammoniaque  à  25°,5,  prouvent  que  les  sels  doubles  et  les  chan- 
dégagerait  environ  -f-  l'^'SlO,  chiffre  au-  gements  de  dissolvant  ne  sont  pas  la  cause 
quel  il  convient  d'ajouter  -|-  i,iO  pour  la  des  phénomènes  observés  ;  tandis  que  tout 
redissolution  de  la  proportion  d'hydrate  s'explique  par  la  substitution  chimique  et 
de  chaux  précipité  dans  les  conditions  de  totale  de  la  chaux,  base  presque  insolu- 
Texpérience  précédente;  ce  qui  fait  en  ble,  h  l'ammoniaque,  base  soluble,  dans 
tout  4-  2«20,  d'après  ma  théorie.  L'obser-  le  chlorhydrate  d'ammotiiaqne. 
vation  a  donné  -{•  2,SS4  ce  qui  concorde  On  voit  par  là  qu'une  base  soluble  peut 
aussi  exactement  que  possible.  être  déplacée  dans  ses  sels  solublcs  par  une 
En  outre^ces  chiffres  comportent  une  base  insoluble,  qui  entre  ainsi  en  dissolu- 
vérification  : .  la  somme  algébrique  des  tion,  contrairement  aux  lois  de  BertKollet. 
deux  nombres- 1,1 8+2,24=+  1,06  doit  (Ibid.) 
concorder  et  concorde  en  effet  avec   la  ~ 


Histoire  naturelle  médicale  et  pharmacentiqne. 

Etude  anatomique  des  racines  officinales;  par  M.  Collin,  pharmacien  de 
1"  classe,  membre  correspondant  d  Verdun.  {Mémoire  couronné  par  la 
Société  royale' des  sciences  médicales  et  naturelles  de  Bruxelles,  au  concours 
de  1875)  (1). 

'  Conformément  aux  décisions  de  la  Société,  nous  extrayons  de  cet  important 
et  voliimineux  mémoire,  la  description  des  principales  racines  officinales  qui 
intéressent  plus  particulièrement  la  pratique.  L'auteur  se  réserve  de  publier 
par  la  suite  en  un  volume  spécial  l'ensemble  de  ses  patientes  et  laborieuses 
études.  {Note  de  la  Rédaction.)  • 

LES   RHUBARBES. 

Dans  le  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  du  mois  d'avril  1872,  M.  le 
docteur  Cauvet  a  publié,  sur  les  caractères  distinctifs  des  rhubarbes,  une  noie 
renfermant  plusieurs  erreurs  qui  doivent  être  réfutées. 

D'après  M.  Cauvet,  toutes  les  rhubarbes  indigènes^  q-uelle  que  soit  l'espèce 
cultivée  et  quels  que  soient  les  soins  apportés  à  leur  culture,  présentent  la 
structure  du  rhaponlic.  Celte  assertion  est  loin  d'élrè  exacte,  car  la  rhubarbe 
anglaise  qui^  d'après  la  définition  donnée  par  la  plupart  des  auteurs,  rentre 
dans  la  catégorie  des  rhubarbes  dites  indigènes,  possède  des  caractères  tout-à- 
fail  différents  des  rhaponljcs,  et  qui  s&  rapprochent  même,  jusqu'à  un  certain 
point,  de  ceux  qu'on  observe  dans  les  rhubarbes  chinoises. 

La  falsification  de  la  rhubarbe  de  Chine  au  moyen  (ju  rhapontic  se  faisait 
autrefois  sur  une  très-grande  échelle,  mais  elle  a  considérablement  diminué 

(\)  Voir  Rapport  sur  ce  travail,  cahier  de  juillet,  p.  79. 

81 


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24i  HISTOiftE  rîATURELtÉ  MÉDICALE. 

depuis  que  JUM.  Olto  Berg,  Planchon  et  Caovet  ont  appelé  Tâttention  des  phar- 
maciens sur  les  caractères  distinctifs  de  ces  deux  sortes  commerciales.  Ceùç 
fraude,  qui  ne  se  constatait  plus  guère  que  pour  les  poudres  de  rhubarbe,  a 
repris  un  très  grand  développement  depuis  rintro()uciion  dans  le  commerce 
d'une  nouvelle  espèce  de  rhubarbe  cultivée  en  Angleterre  et  désignée  sbus  le 
nom  de  rhubarbe  atiglaine,  et  quelquefois  même  sous  le  nom  de  rhubarbe  du 
Japon.' 

Pour  bien  apprécier  la  structure  intimé  d'une  rhubarbe  commerciaté,  il  Suffit 
de  scier  transversalement  la  racine,  puis  de  gratter  avec  un  morceau  dé  verre 
la  surface  misée  nu.  Ce  pracédè  très-simple;  permet  de  distinguer  dané  toute 
sa  netteté  la  disposition  intime  des  éléments  constituants  delà  rhubarbe. 

Les  principales  rhubarbes  qu'on  rencontre  ôrdinairemient  dans  le  commerce 
sont  les  rhubarbes  chinoises,  les  rhubarbes  françaises  et  la  rhubarbe  anglaise. 

Rhubarbes  ohînbises. 

Les  rhubarbes  chinoises  prennent  différents  noms  suivant  les  pays  d'oii  on 
les  tire  et  suivant  la  vote  par  laquelle  elles  arrivent  en  Europe.  C'est  ainsi 
qu'en  Russie  on  connaît  deux  sortes  dé  ce^  racines  désignées  sous  les  noms  de 
rhubarbe  du  nord  de  la  Chine,  et  rhubarbe  du  sud  de  la  Chine.  En  Angleterre, 
elles  sont  appelles  rhubarbes  Est-indiennes,  et  rhubarbes  hollandaises  ;  en 
France,  elles  constituent  plusieurs  sortes  connues  sdus  les  noms  de  rhubarbe 
deMoscovie,  rhubarbe  de  Chine  et  rhubarbe  de  Perse.  Maintenant  toutes  ces 
différentes  sortes  sont  confondues  sous  le  nom  de  rhul)arbes  chinoises,  ou  rhu- 
barbes de  Canton.  i 

Rhubarbe  de  Mosoovie  (PI.  I). 

Cette  sorte  ne  se  rencontre  plus  guère  que  dans  les  collections.  Depuis  qu'en 
48CO  le  gouvernement  russe  fit  brûler  6,000  livres  de  cette  sorte  commerciale, 
les  marchands  buchares,  las  des  tracasseries  des  commissaires  du  Czar,  ont 
cherché  un  débouché  plus  facile  pour  leurs  produits,  et  à  partir  decejte  époque 
il  n'y  ^  plus  eu  dç. rhubarbe  livrée  à  Kiaclila. 

La  rhubarbedeMoscovie(PLI,  fig^l)  se  présentait  générsfiement  en  morceaux 
plats  et  arrondis  dont  la  plupart  étaient  percés  de  trous  assez  larges,  forés  au 
couteau  par  les  commissaires  russes,  dans  le  but  d'examiner  l'état  intérieur  des 
racines.  Tous  les  morceaux  avaient  été  pelés,  mondes  de  leur  écorce  et  de  leur 
cambium,etcomme  celte  opération  se  faisait  au  couteau,  il  en  résultait  que  cette 
sorte  avait  un  aspect  angulaire  bien. prononcé.  Quand  on  enlevait  la  poussière 
jaune  qui  recouvre  la  rhubarbe  de  Moscovie,  on  observait  sur  les  morceaux 
arrondis  et  sur  la  face  convexe  des  morceaux  piano-convexes,  un  fin  réseau  à 
mailles  blanches  caractéristiq.ue  des  rhubarbes  chinoises.  Mais  sur  certains 
morceaux  mondés  trop  profondément,  ce  réseau  n'était  pas  visible  et  on  aper- 
cevait sur  la  face  convexe  de  petiAs  aystèmeâ  étoiles. 


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HISTOIRE  NATUI^ELL^  MÉDICALE.  245 

Sur  une  coupe  transversale  (PI.,  I^  fig.  5  et  4),  quelques  morceaux  de  cette 
rhubarbe  laissaient  voir  très  oettement  les  rayons  médullaires  juxtaposés  en 
nombre  variable  et  s'entrecroisant  daps  toutes  les  directions  pour  aller  se 
perdre  (ians  W  tissu  <;ellulaire  blanchâtre  environnant,  «^t  tantôt  pour  rejoindre 
les  petits  systèmes  étoiles  qui  paraissent  dispersés  irré^t/Z/ér^me/tf  sur  la  surface 
mise  à  nu.  T(\ntôt  les  rayons  médullaires  sont  réunis  en  très-grand  nombre  et 
semblent  former  une  masse  pulvérulente  jaune;  il  devient  alors  Très^difScile  de 
suivre  leur  direction. 

Certains  auteurs  ont  prétendu  que  la  rhubarbe  de  Moscovie  ne  se  distin- 
guait de  la  rhubarbe  de  Chine  proprement  dite  que.  par  son  nom  emprunté  à 
Tilinéraire  qu'on  lui  faisait  suivre  avant  de  la  livrer  au.  commerce,  et  en  ce 
qu*ellç  ^tait  mieux  apprêtée  et  mondée  plus  profondément  que  cette  dernière. 
Sans  être  aussi  exclusif  sur  ce  point,  je  ne  puis  admettre  l'opinion  de  M.  Qtto 
Berg  qui  prétend  que  la  rhubarbe  de  Moscovie  et  la  rhubarbe  de  Canton  ont 
une  constitution  différente  et  par  suite  une  origine  différente.  Je  reconnais,  avec 
le  professeur  berlinois,  que  les  cercles  étoiles  sont  moins  nombreux  et  beaucoup 
plus  régulièrement  disposés  dans  la  rhubarbe  de  Canton  que  dans  la  rhubarbe 
de  iMoscovie.  La  forme  des  cellules  qui  est  ovoïde  dans  la  rhubarbe  de  Moscovie 
et  rectangulaire  dans  la  sorte  chinoise,  selon  M.  Otto  Berg,  ne  suffit  pas,  selon 
inoi,  pour  expliquer  Torigine  différente  de  ces  deux  sortes  commerciales.  Le 
caractère  tiré  de 'la  forme  des  cristaux  d'oxalaté  de  chaux,  ressemblant  à  des 
massiers  hérissés  de  pointes  aiguës  dans  la  rhubarbe  de  Kiachta  et  à  des 
étoiles  plates  dans  la  rhubarbe  de  Canton,  ne  me  semble  pas^plus  sérieux. 

La  rhubarbe  de  Moscovie,  comme  ie  montre  la  coupe  microscopique 
(PI.  I,  fig.  5),  est  très-riche  en  cristaux  d'oxalate  de  chaux  et  ne  renferme 
que  très-pou  d'amidon.  Du  reste,  je  noterai  ceci  dès  à  présent,  c'est  que  plus 
ui}e  rhubarbe  est  riche  en  corpuscules  amylacés,  moins  elle  renferme  de 
cristaux  d'pxQlate  de  chaux. 

Rhubarbe  de  Canton  ou  rhubarbe  de  Chine- proprei|ient  dite  (PL  II,  IV  et  V). 

La  rhubarbe  de  Canton  (PI.  II,  fig.  6  et  7)présente  sur  son  contour,  dans  les 
morceaux  ronds,  et  sur  la  face  convexe,  dans  {es  morceaux  plats,  un  fin  réseau 
à  mailles  ovales  ou  rhombiques  dont  la  couleur  blanche  apparaît  très-netfement 
sur  un  fond  jaune  orangé.  Quelquefois  ce  réseau  n*est  pas  très-visible  quand  les 
morceaux  ont  été  imparfaitement  décortiqués,  tantôt  il  est  interrompu  par  la 
présence  de  nodosités  qui  marquent  lu  trace  des  radicules,;  tantôt  il  cesse  d*étre 
visible  dans  les  morceaux  qui  ont  été  mondés  trop  profondément,  comme  dans 
un  grand  nombre  de^morceaux  de  la  sorte  moscovite. 

La  face  plane  d^$^  rhubarbes  chinoises  plates  diffère  nettement  de  la  face 
convextï.  Elle  est  généralement  moins  foncée  en  couleur  et  n'est  pas  réticulée; 
de  plu$,  elle  présente  deux  grandes  bandes  noirâtres  disposées  longitudinale- 


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244  HISTOIRE  NATURELLE  MÉDICALE. 

ment  de  chaque  côté  des  bords  de  la  racine.  Lefs  extrémités  des  rhubarbes  chi- 
noises présentent  généralement  une  forme  concave  d'un  côté,  et  convexe  de 
Taulre,  et  offrent  des  caractères  très-remarquables  qui  deviennent  bien  plus 
apparents  quand  on  scie  transversalement  les  racines  èl  qu'on  gratte  soigneuse- 
ment, avec  un  morceau  de  verre,  la  surface  mise  â  nu. 

Dans  les  morceaux  qui  ont  été  imparfaitement  décortiqués  (PI.  l],  fig.  8),  on 
aperçoit  sur  la  coupe  transversale,  vers  la  périphérie,  une  ligne  ondulée  qui  est  la^ 
trace  du  cambium.  Les  bords  de  la  circonférence  sont  marqués  de  lignes  jaunes 
disposées  à  peu  près  parallèlement  et  se  dirigeant  vers  la  partie  extérieure  des 
racines  où  elles  dépassent  d'un  millimètre  environ  la  ligne  ondulée.  Ces  lignes 
jaunes  représentant  les  rayons  médullaires  se  confondent  bientôt  en  se  rappro- 
chant de  la  partie  centrale  de  la  racine,  et  forment  une  zone  qui  a  reçu  de 
^I^Olto  Berg  le  nom  de  zone  pulvérulente  ou  cercle  pulvérulent,  A  Pintérieur  de 
celle  zone  se  montre,  très-régulièrement  disposé,  un  cercle  assez  bien  défini 
formé  par  la  réunion  d*un  gr^nd  nombre  d'étoiles  plus  ou  moins  développées 
et  à  branches  plus  ou  moins  nombreuses  (PI.  II.  fig.  8  et 9).  Ces  étoiles  sont  géné- 
ralement formées  d*un  certain  nombre  de  rayons,  de  longueur  variable,  qui  sont 
coupées  dans  leur  direction  par  une  ligne  circulaire  ou  elliptique.  En  comparant 
les  coupes  tranversales  avec  celles  de  la  rhubarbe  de  ^toscovie,  on  voit  que 
les  systèmes  étoiles   irrégulièrement   disséminés  sur   la  surface  plane  delà 
rhubarbe  de  Moscovie,  sont  disposés  dans  les  rhubarbes  de  Canton  ou  de  Chine 
proprement  dites,  avec  une  certaine  régularité,  de  façon  à  former  un  cercle  con- 
centrique à  la  zone  pulvérulente.  Ce  cercle  d'étoiles  n*offre  pas  la  même  disposi- 
tion selon  qu'on  Tobserve  à  Texlrémilé  ou  à  rinléricur  d'une  racine  de  rhubarbe. 
Dans  les  morceaux  cylindriques^  il  a  une  structure  à  peu   près  identique  dans 
toute  la  longueur  de  la  racine,  mais  il  n'en  est  plus  de  même  si  on  examine, 
dans  ses  différentes  parties,  une  racine  de  rhubarbe  ovale.  Très-condensées'à 
rextrémité  de  la  racine,  les  étoiles  semblent  pour  ainsi  dire  liées  entre  elles; 
elles  confondent  leurs  branches  et  forment,  à  rintérieur  de  la  zone  pulvéru- 
lente, un  cercle  brun-noirâlre  et  non  interrompu  ;  mais  il  n'en  est  plus  de  même 
si  on  examine  une  coupe  transversale  faite  à  5  ou  i  centimètres  de  l'extrémité  ; 
alors  ces  éloiles  deviennent  plus  éparses,  sont  plus  rares,  se  montrent  très- 
distinctes  les  unes  des  autres,  et  apparaissent  avec  des  contours  bien  définis. 
Ce  système  d'étoiles  n'est  pas  disposé  avec  autant  de  régularité  dans  toutes  les 
rhubarbes  de  Chine  proprement  dites. 

Dans  la  portion  qui  est  concentrique  à  ce  cercle  étoile,  les  rayons  médul- 
laires s'entrecroisent  dans  toutes  les  directions,  et  il  est  quelquefois  difficile  de 
suivre  leur  parcours.  Quelquefois  ils  sont,  très-courts,  apparaissent  à  l'œil  nu 
sous  forme  de  ponctuations  jaunes  irrégulièrement  dispersées  au  mîlicudu  tissu 
environnant  qui  est  d'une  couleur  blanche.  La  portion  blanche  parait  dominer 
dans  la  partie  centrale  des  rhubarbes  de  Chine. 


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HISTOIRE  NATURELLE  HËDIGALE.  245 

En  examinant  au  microscope  la  rhubarbe  de  Canton,  nous  pouvons  nous  faire 
une  idée  très*netle  de  ta  texture  anatoaiique  des  différentes  zones  que  nous 
venons  de  décrire. 

M.  le  professeur  Schroff,  de  Vienne,  parait  être  le  premier  pbarmacologiste 
qui  ait  appliqué  le  microscope  à  l'étude  dps  rhubarbes.  Après  lui,  MM.  Ftucki- 
ger  et  Otto  Berg  essayèrent  de  trouver  des  caractères  qui  permissent  de  distin- 
guer les  différentes  espèces  de  rhubarbe  :  mais  ces  savants  ne  s'appliquèrent 
pas  d'une  façon  spéciale  à  Tétudc  de  ce^  racines  qui  demandent  un  examen 
très-sérieux.  Celle  lacune  restait  à  combler  et  je  crois  avoir  épuisé  la  question 
en  examinant  la  structure  intime  des  différentes  racines  de  rhubarbe. 

Si  on  examine  au  microscope  une  coupe  transversale  de  la  partie  centrale  de 
la  rbubarbe  chinoise  proprement  dite,  on  voit  très-distinctement  les  rayoïrs 
médullaires  disposés  irrégulièrement  au  milieu  d'une  masse  de  cellules  rem- 
plies d'amidon  ou  d'oxalale  de  chaux  (PI.  IV,  fig.  19).  Ces  rayons  médullaires 
composés  d'fin  nombre  variable  de  rangées  de  cellules  remplies  d'une  matière 
colorante  jaune,  n'ont'pas  une  direction  bien  déterminée;  ils  s'enirecroisent  dans 
fous  les  sens  pour  aller  se  confondre  avec  les  rayons  médullaires  qui  forment 
les  branches  des  étoiles.  Disposés  avec  une  certaine  régularité  pour  former  les 
systèmes  étoiles,  les  rayons  médullaires  viennent  de  nouveau  s'entrecroiser 
dans  tous  les  sens  pour  former  la  zone  pulvérulente  dont  la  constitution  est  la 
même  que  celle  de  la  zone  centrale  ;  puis  ils  pénètrent  dans  la  zone  périphérique 
ensuivant  une  direclion  sensiblement  parallèle;  ils  traversent  ensuite  la  ligne 
ondulée  brun*noirâtre,  pour$e  perdre  dansle  tissu  cellulaire  placé  immédiate* 
ment  au-dessous  de  Tépidei^mc  de  In  racine.  Le  tissu  blanc,  compris  entre  les 
rayons  médullaires  de  l'anneau  périphérique  est  formé,  comme  la  zone  centrale, 
dp  cellules  renfermant  de  l'amidon  et  des  cristaux  d'oxalate  de  chaux. 
*  En  examinant  la  ligne  ondulée,  soit  à  Tœil  nu,  soit  >^  la  loupe,  soit  au 
microsèope,  on  voit  que  cette  ligne  est  formée  par  la  réunion  des  cellules  qui 
constituent  la  z6ne  cambiale  (PI.  IV,  fig.  ^0).  Ces  cellules,  examinées  sur  une 
coupe  transversale,  paraissent  assez  régulièrement  qiiadrilatérales  ;  elles 
sont  dirigées  tangenticllemenl  et  superposées  assez  régulièrement  sur  4  ^ou 
3  rangées.  Leur  assemblage  forme  un  anneau  ondulé  qui  entoure  la  racine  et 
qui  est  traversé  par  les  rayons  médullaires. 

Si  on  examine  au  microscope  une  des  étoiles  biendévcloppées,  doQt  j'ai  signalé 
l'existence  dans  les  rhubarbes  ohinoises,  on  voit  immédiatement  que  la  stucture 
de  ces  étoiles  rappelle,  dans  leur  ensemble,  l«i  sthicture  de  la  plupart  des  racines 
des  plantes  dicotylédones  (PI.V,  fig.  21).  En  effet,  les  branches  de  ces  étoiles  ne 
sont  autres  que  les  rayons  médullaires  qui^partent  d'un  centre  commun  pour  se 
diriger  dans  tous  les  sens.  La  ligne  ronde  ou  elliptique  qui  est  traversée  par 
les  rayons  médullaires,  représente  la  portion  ligneuse.  Le  tissu  compris  entre 
les  bronches  de  ces  étoiles,  est  formé  vers  ié  centre  d'utricules  rectangulaires 


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2i6  HISTOIRE  NATURELLE  HÉDIISALB: 

ou  hexagonales  renfermant  généralement  de  Tamidon  et  quelquefois  de  Toxalate 
de  ebaux  ;  puis,  en  se  rapprochant  de  la  ligne  circulaire,  ce  tissu  utriculaire; 
perforé  souvent  de  lacunes  assez  larges,  se  fond  insensiblement  avec  une  couche 
de  tissu  fibreux  renfermant  encore  quelques  corpuscules  amylacés.  L*anneau 
fibreux  représentant  la  ligne  qui  limite  le  contour  de  Téloile  ou  le  cambium, 
est  entouré  d'un  tissu  cellulaire  renfermant  des  grains  d'amidon  et  des  cristaux 
d*oxalatc  de  chaux.  Un  fait  important  est  à  signaler  :  c'est  qu'on  n'observe  aucun 
vaisseau  à  Tintérieur  de  ia  zone  cambiale.  Les  vaisseaux  se  4rouvént  disposés 
àTeximeur  de  cette  zone,  entre  les  rayons  m^édullaires;  ils  sont  réunis  par 
groupes  de  trois  ou  quatre,  de  difierentes  grandeurs  et  dans  leur  ensemble,  ils 
paraissent  former  un  cercle  extérieur  au  cambium.  Les  rayons  médullaires  qui 
forment  les  branches  ^des  étoiles  sont  composés  d'un  nombre  variable  de  cel- 
lules alk)ngées.  A  peu  près  constant  pour  toutes  les  étoiles  qui  forment  le  cercle 
étoile  dans  une  rhubarbe,  le  nombre  des  rangées  de  cellules  des  rayons  médul- 
laires varie  suivant  les  échantillons  et  souvent  même  il  peut  varier  pour  lés 
étoiles  qu'on  observe  dans  les  différentes  parties  d'une  même  racine.  Le  contenu 
des  cellules  qui  forment  les  rayons  médullaires,  estconsrilué  par  de  la  chryso- 
phane  et  de  l'acide  chrysophànique.  D'après  M.  Gauvet  les  étoiles  de  la  rhu- 
barbe de  Canton  Font  moins  distinctes,  plus  petites  et  >iépourvues  du  cercle 
brun  ou  ncûrâtre  qui  caractérise  les  étoiles  de  la  sorte  moscovite.  L'examen 
attentif  des  figurés  et  la  comparaison  de  ces  coupes  avec  la  section 
transversale  de  la  rhubarbe  de  Moscovie,  nous  révèle  immédiatement 
tout  ce  qu'a  d'erroné  l'assertion  de  M.  Cauvet.  Les  étoiles  qui  sillonnent  les 
rhubarbes  chinoises  étant  la  trace  des  radicules  de  la  souche  principale  ont 
toutes,  quand  elles  sont  bien  développées,  les  mêmes  ^éléments  anatomiques,  et 
on  n'y  constate  que  très-rarement  l'absence  de  la  ligne  brune  ou  du  cambium 
qui  limite  leur  contour.  L'examen  approfondi  d'un  très-grand  nombre  d'échan- 
tillons m'a  de  plus  prouvé  que  les  systèmes  étoiles  sont  bteir  plus  nombreux 
dans  la  l'hubarbe  de  Canton  que  dans  la  rhubarbe  de  Moscovie.  Ces  erreurs  ne 
sont  d'ailleurs  pas  les  seules  que  M.  Gauvet  a  émises  dans  sa  note  sur  les  carac- 
tères distinctifs  des  rhubarbes  commerciales.  La  figurent,  pi. V,  nous  donne  une 
Idée  de  la  structure  anatomique  d'une  étoile  de  la  rhubarbe  chinoise  propre- 
ment dite. 

Rhubarbe  de  Perse. 

La  rhubarbe  de  Perse,  décrite  par  M.  Guibourt,  n'est  qu'une  rhubarbe  de 
Chine  de  belle  qualité,  dans  laquelle  on  retrouve  les  éléments  anatomiques 
exactement  disposés  comme  ceux  que  je  viens  de  décrire  en  parlant  des  rhu- 
barbes chinoises. 

Rhubarbe  de  Canton  en  bâtons. 

La  rhubarbe  de  Canton  en  bâtons,  décrite  par  M.  Pereira  sous  le  nom  de 


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mSTOlIUS  NATIHIELLIS  MÉDICALE.  247 

Canton  stick  Rè^barb,  n*offre  aucon  descaractières  qui  dîsiiaguenl  la  rhubarbe 
deChine;  elle  présente  la  slruelure  anatomique  dti  rhapootk  français  dont 
Dous  allons  bientàt  exanoiner  les  principaux  caractères. 

Les' rhubarbes  de  Tashkend,  de  Sibérie  et  de  rHimalaya  ayant  complète- 
ment disparu  du  commerce,  je  n'insisterai  pas  sur  les  caractères  anatomiques 
de  ces  espèces.  Je  ne  parlerai  pas  davantage  de  la  prétendue  rhubarbe.de 
Bucharîe  dterite  par  M.  Fevo  dans  un  travail  qui  a  eu  un  certain  succès  efi 
Russie  et  en  Allemagne.  Il  est  aujourd'hui  bien  prouvé  que  M.  Fevo  a  été 
mystifié  par  quelques  colporteurs  qui  lui  ont  vendu,  sous  le  nom.  de  rhubarbe 
de  Bueharie,  une  rhubarbe  qu'ils  avaient  apprêtée  a  leur  manière. 

Rhubarbes   indigènes  —  Rhubarbe   de  France  (PI.  VI  et  VU). 

La  rhubarbe  de  France  est  très-souvent  désignée  dans  le  commerce  sous  le 
no^mde  rhaponlic;  mais  celte  dénomioalion  est  vicieuse,  car  notre  rhubarbe 
ne  provient  pas  seulement  du  Rheùm  Rhaponticum;  ceile  qui  nous  vient  du 
Morbihan  est  fournie  encore  par  les  Eh.  undtUalum  et  compadum;  celle 
qui  provient  du  département  du  Doubs  tst  fournie  par  le  Rh.  Rhaponticum^ 
et  celle  qui  nous  arrive  de  la  Provence  est  la  racine  du  kh.  undulatum. 

Les  rhubarbes  de  France  (Pl.VII,fig.  25  et  30)  présentent  entre  elles  des  carac- 
tères communs  qui  sont  bien  plus  constants  que  ceux  qui  existent  dans  les  rhu- 
barbes chinoises.  Elles  offrent  entre  elles  une  telle  analogie  de  structure  qu'il  est 
impossible  dediré  précisément  par  quelle  espèce  de  rheum  elles  ont  été  fournies. 

Si  on  compare  entre  elles  les  sections  transversales  des  rhubarbes  françaises 
.  et  chinoises,  on  observe  des  caractères  tout  à  fait  différents  qui  permettent  de 
distinguer  au  premier  coup  d*œi1  ces  diverses  espèces. 

La  coupe  transversale  d'une  rhubarbe  française  (Pl.VII,  fig.  28)  présente  un 
aspect  rayonné  caractéristique^  formé  de  lignesalteruativement  blanches  et  jaune- 
rougeàtres,  presque  droites^  et  qui  se  dirigent  du  centre  vers  la  circonféi^nce.  Les 
llgne<s  blanches  âont  plus  larges  que  les  lignes  jaunes.  Celles-ci  sont  quelquefois 
interrompues  dans  leur  direciion;  elles  semblent  se  multipKer  et  se  confondre 
à  quelque  dislance  du  centre,  pour  former  autour  de  celui-ci  un  ou  deux  cercles 
bien  défînis.  Un  peu  avant  d'arriver  à  la  circonférence^  iies  lignes  rayonnantes 
sont  coupées  par  une  zone  brun-noirâlre,  rarement  ondulée  et  formant,  le  plus 
généralement,  un  cercle  parfantement  défini  ;  ce  cercle  n*est  autre  que  le  cam- 
bium  du  rhaponlic  (Pl.VII,  fif;.  31).  Les  lignes  jaunes  représentent  les  rayons 
médullaires  qui  dans  la  rhubarbe  française  ne  sont. généralement  composés 
que  d'une  seule  rangée  de  cellules  allongées. 

Les  lignes  blanches  sont  formées  de  cellules  polygonales  renfermant  une 
très-grtnde  qua'ntité  cl'amido.n  et  de  peelîne,  et  une  faible  proportion  de  cris- 
taux dbxalate  de  tbàux;  aussi  les  rhubarbes  Irançaisea  eroquent-eltes  trèsipeu 
sous  la  dent. 


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â48  HISTOIRE  NATURELLE  MÉDICALE. 

En  examinant  au  microscope  la  coupe  trunsversale  d'une  rhubarbe  française 
très- jeune  (PL VI),  on  aperçoit  une  très-grande  quantité  de  vaisseaux  rassemblés 
vers  la  partie  centrale;  quelquefois  même  celte  partie  est  purement  vasculaire. 
Ces  élémentssontdisposés  en  grand  nombre  auprès  de  la  zone  cambiale^  et  dans 
leur  ensemble  ils  paraissent  former  un  cercle  concentri^ie  à  cette  zone.  Ils 
sont  réunis  en  faisceaux  composés  de  cinq  ou  six  vaisseaux,  qui  vont  générale- 
ment en  s'agrandissant  à  mesure  qu'on  s'approche  de  la  zone,  cambiale.  La 
section  de  ces  vaisseaux  est  gènérafement  plus  large  que  celle  des  cellules  au 
milieu  desquelles  ils  sont  répandus.  La  ligne  brun-noirâtre^ si  apparente  dans 
les  rhubarbes  françaises,  est  formée  de  sept  à  huit  rangées  de  cellules  étroites, 
rectangulaires,  dirigées  tangentieilement^  et  disposées  assez  régulièrement  les 
unes  au-dessus  des  autres.  Sur  une  jeune  racine  encore  fraîche,  la  structure 
duatomique  de  cette  zone  se  révèle  assez  clairement.  Les  cellules  qui  la  com- 
posent renferment  des  corpuscules  amylacés.  Cette  portion  représentant  le 
cambiuin  parait  élre  la  réunion,  des  couches  ligneuses  proprement  dites  et  du 
liber.  Comme  je  viens  de  le  dire,  les  vaisseaux  paraissent  condensés  à  la  partie 
intérieure  de  celte  zone;  la  partie  extérieure  est  composée  de  cellules  polygo- 
nales remplies  d'amidon  et  entrecoupées  par  des  rayons  médullaires  qui  vont 
se  perdre  un  peu  en  dessous  de  la  partie  épidermique. 

La  couche  épidermique  est  composée  de  quatre  à 'cinq  rangées  de  cellules 
tubulaires  et  allongées  tangentiellement.  Cette  partie  ne  se  rencontre  pas  dans 
les  rhubarbes  du  comiherce  à  cause  de  lopération  du  mondage  qu'on  leur  a 
fait  subir. 

Ainsi  donc,  l'absence  des  systèmes  étoiles  et  la  disposition  trés-régulière- 
ment  radiée  du  tissu  médtillaire  sur  la  coupe  transversale  des  rhubarbes  fran- 
çaises, établissent  une  grande  di^érence  entre  cette  coupe  et  celle  des  rhubarbes 
chinoises. 

Lesi  rhubarbes  françaises  ne  diffèrent  pas  seulement  des  rhubarbes  chinoises 
par  leur  coupe  transversale  ;  elles  présentent  encore,  sur  leur  surface  latérale^ 
des  caractères  qui  permettent  de  les  distinguer  très  facilement. 

En  effet,  si  on  observe  à  l'œil  nu  la  surface  extérieure  des  rhuba.rbes  fran- 
çaises bien  décortiquées,  on  remarque  que  la  partie  blanche  prédomine  géné- 
ralement sur  lesvparties  jaunes.  Les  rayons  médullaires  ne  sont  pas  réunis 
régulièrement  et  avec  ordre  sous  forme  de  losanges  jaunes,  encadrés  par  le 
tissu  blanc  qui  forme  ainsi  un  réseau  très-élégant  et  caractéristique  des 
rhubarbes'chinoises,  mais  ils  sont,  au  contraire,  disposés  toiità  fait  irrégulière- 
ment et  ils  apparaissent  sur  la  surface  latérale  des  morceaux  comme  des  points 
jaunes  dissiminés  su  hasard  sur  un  fond  blanc. 

Cette  différence  dans  la  structure  anatomiqueapparait  bien  plus  clairement  en- 
core quand  on  examine  au  microscope  une  coupe  langentielle  de  cette  partie  péri* 
phérique(Pl.yiI,  flg.  26).  D'abord, on  n'aperçoit  pas  la  trace  du  réseau  lo&angique 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE.  249 

qui  apparaît  quelquefois  si  nettement  sur  la  surface  de  certaines  rhubarbes 
«chinoises,  et  de  plus,  on  peut  étudier  facilement  la  disposilion  des  rayons  médul- 
laires. Ceux-ci,  au  lieu  d'élreformés  de  deux  ou  trois,  et  même  de  cinq  rangées 
de  cellules  dans  le  sens  horizontal,  ne  comptent  qu'une  seule  rangée  de  cellules. 
Dans  le  sens  de  la  hauteur,  les  rayons  médullaires  de  la  rhubarbe  de  France 
sont  formés  à  peu  près  du  même  nombre  de  rangées  de  cellules  que  les  rhu- 
barbes chinoises;  c'est  ce  qui  apparail  nettement  sur  la  coupe  que  nous  avons 
sous  les  yeux;  nous  y  apercevons,  en  effet,  sept  ou  huit  cellules  superposées, 
se  détachant  clairement  au  milieu  des  amas  d'amidon  qui  les  entourent. 

Les  cristaux  d'oxalate  de  chaux  sont  très-rares  ^ur  la  surface  latérale  des 
rhubs^rbes  dv  France. 

/  '  {La  fin  au  prochain  n«.) 


FalsUlcaÉioii»,  eie. 

Recherche  de  l'alcool  amylîque  dans 
Taicool  ordinaire.  —  Pour  le  découvrir, 
BeUelli  conseille  d^étendre  5  centimètres 
cubes  de  Talcool  suspect  avec  6  à  7  vola* 
rocs  d'eau,  et  d'agiter  convenablement  le 
.mélange  avec  45  à  20  gouttes  de  chloro- 
forme. Le  chloroforme,  séparé,  laisse  par 
évaporation  Talcool  amylique  qui  pouvait 
exister.  Ce  dernier  peut  alors  être  caracté- 
rise par  son  odeur  et  par  l'éthérificalion,' 
au  moyen  d*un  mélange  d*acidc  sulfurique 
avec  un  acétate  alcalin.  Par  ce  moyen,  on 
peut  déceler  0,05  pour  100  d'alcool  amy- 
lique dans  l'alcool  ordinaire; 

{Répertoire  de  pharmacie,) 


tion  de  la  crème  en  beurre,  alors  que  cette 
opération  ne  réussit  pas  bien. 

{Répertoire  de  phafrmaciç,) 


Pharmacie. 


L'acide  salioylique  pour  conserver  les 
jus  de  limons.  —  La  grande  difficulté  de 
conserver  le  jus  de  limons  récemment  ex- 
primé étant  bien  connue  des  pharmaciens, 
Niemer,  pharmacien  à  Munster,  adresse,  à 
ce  propos,  la  communication  suivante  au 
Pharmacien  Zeitung :  D'après  deux  expé- 
riences, 25  centigrammes  d'acide  salicy- 
lique  préviennent  le  développement  des 
champigtions  dans  3  livres  de  jus  de  limons 
frais,  le  $ccond  essai  ayant  été  opéré  dans 
une  bouteille  à  demi  pleine.  Dans  un  essai 
comparatif  opéré  dans  les  mêmes  condi- 
tions, nais  sans  acide  salicylique,  il  se 
forpia  d^s  moisissures  en  dix  jours.  Niemer 
a  trouvd  aussi  que  l'addition  d'une  trace 
d'acide  $aiicylique  facilite  la  transforma- 


Conservation  des  sangsues  par  l'acide 
salicylique.  —  Une  solution  concentrée 
d'acide  salicylique  détermine  promptement 
la  mort  des  sangsues.  Mais  quand  la  solu- 
tion est  très-pauvre  en  acide  salicylique, 
les  sangsues  y  conservent  *oute  leur  vi- 
gueur; dans  ce  milieu,  comme  dans  l'eau 
ordinaire,  elles  se  dépouillent  de  leur  épi- 
derme  sans  que  l'eau  se  putréfie  ni  prenne  ' 
une  saveur  désagréable.  Pour  chaque 
100  grammes  d'eau,  l'auteur  de  ces  obser- 
vations ajoutait  quatre  gouttes  d'une  solu- 
tion de  1  gramme  d'acide  salicylique  dans 
^00  grammes  d'eau  ;  avec  cette  faible 
dose  d'acide  salicylique;  il  a  maintenu  ses 
sangsues  en  un  parfait  état  de  santé  pen* 
dant  de  longs  mois.  En  prévenant  la 
putréfaction  des  débris  organiques  azotés 
et,  par  conséquent,  l'absorption  totale  de 
l'oxygène  disscms  dans  l'eau,  l'acide  sali- 
cylique conserve  aux  sangsues  l'élément 
nécessaire  à  leur  respiration  ;  son  emploi 
dans  lofv  pharmacies  va  donc  rendre  de 
grands  services.  Dans  la  plupart  de  ses 
expériences  le  pharmacien  allemand,  que 
je  regrette  de  ne  pouvoir  nommer,  n'ajou- 
tait à  chaque  litre  d'eau  que  vingt  gouttes 
de  la  solution  salicylique  à  1/500. 

{Journal  de  pharmacie  et  de  chimie,  ) 


Dilution  de  l'alcool  à  un  degré  déter- 
miné; par  M.  BËRQUiER.  —  Le  tableau 


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250 


R£VUB  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


ci-dessious  donne  les  quantités  d>au  dis-  horizontale  jusqu'à  la  colonne  au-defl^us  de 

tillée  nécessaires  pour  amener  à  un  degré  laquelle  est  indiqué  le  degré  80  et  Ton 

déterminé  un  alcool  plus  riche.  Pourob(e-  trouve  qu'il  faut  ajouter  i9â  p.  d'eau  en 

nir  par  e:|[emple  de  Talcooi  à  80*>  avec  de  poids  à  808  p.  d'alcool  à  9i^  pour  obtenir 

Talcool  à  Oi*"  on  cherche  dans  la  preniicrc  1,000  p.  d'alcool  à  80<> 
colonne  le  nombre  9i  et  on  suit  la  ligne 


h 

•o  s 

DCRSITÉ 

DEGRÉ  CHERCHÉ. 

9( 

l« 

83» 

80. 

60"     1 

56« 

r 

Alcool. 

Eau. 

Alcool. 

Eau. 

Alcool. 

Eau. 

Alcool. 

Eau. 

Alcool. 

Eau. 

100- 

0,7938 

857 

143 

795 

205 

7.^5 

265 

522 

478 

482 

518 

99 

0,7969 

871 

129 

807 

193 

747 

253 

530 

470 

490 

510 

98 

0.8001 

885 

115 

820 

180 

759 

241 

559 

461 

498 

502 

97 

0.8031 

899 

lOf 

833 

1()7 

771 

229 

547 

455 

506 

494 

96 

0,80bl 

913 

87 

846. 

154 

783 

217 

555 

415 

514 

486 

95 

0,8(189 

927 

73 

859 

141 

796 

204 

564 

436 

522 

478 

94 

0,8118 

942 

68 

873 

127 

808 

192 

573 

427 

53» 

470 

95 

0,8145 

956 

44 

886 

114 

820  ' 

180' 

582 

418 

538 

462 

n 

0.8172 

970 

30 

899 

101 

852 

168 

590 

410 

546 

454 

91 

0.8199 

985 

15 

913 

87 

845 

155 

599 

401 

554 

446 

90 

0.8228 

0 

A 

927 

73 

858 

142 

609 

391 

561 

457 

89 

0,8254 

t) 

J» 

941 

59 

871 

129 

M  8 

382 

571 

429 

88 

0.8279 

a 

» 

955 

45 

884 

116 

627 

373 

580 

4^0 

87 

0,8305 

n 

A 

970 

30 

898 

1(J2 

6»7 

563 

559 

411 

16 

0,8331 

» 

A 

985 

15 

912 

88 

646 

*  354 

598 

402 

85 

0,8357 

» 

A 

A 

A 

926 

74 

656 

544 

607 

393 

84 

0,838!2 

» 

» 

U 

» 

910 

60 

667 

353 

616 

384 

83 

08408 

» 

» 

A 

A 

955 

45 

677 

323 

626 

594 

8£ 

.0,8434 

» 

ta 

» 

a' 

969 

31 

687 

315 

636 

564 

81 

0,8459 

» 

» 

A 

M 

994 

6 

698 

302 

646 

354 

80 

0.8483 

n 

» 

A 

A 

» 

A 

709 

291 

656 

344 

79 

0;8508 

» 

« 

A 

A 

A 

A 

720 

280 

666 

534 

78 

0,8533 

)' 

A 

k> 

A 

D 

782 

268 

677 

323 

77 

0,8557 

» 

A 

A 

A 

» 

744 

256 

688 

.312 

76 

0.8581 

» 

» 

M 

A 

A 

756 

244 

699 

501 

75 

0,860?( 

1» 

0 

A 

A 

A 

768 

232 

710 

290 

74 

0,8625 

» 

n 

» 

A 

'» 

781 

219 

722 

2"8 

73 

0.8u49 

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A 

A 

794 

20tî 

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266 

72 

0,8672 

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A 

807 

193- 

747 

253 

71 

0,86b6 

» 

A 

» 

A 

A 

821 

179 

759 

241 

70 

0.8721 

» 

A 

A 

» 

» 

835. 

165 

772 

228 

69 

0,8745 

A 

A 

A 

A 

A 

849 

151 

785 

215 

68 

0,8769 

A 

A 

J» 

A 

■  A 

864 

136 

799 

201 

67 

0.8793 

A 

A 

A 

A  1 

» 

880 

120 

813 

187 

66 

0.8816 

» 

V 

» 

A 

A 

896 

104 

828 

172 

65 

0,8840 

n 

A 

» 

A 

» 

-911 

89 

813 

157 

64 

0,H863 

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r      » 

A 

»  » 

» 

828 

72 

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142 

6^ 

0,8886 

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A 

A 

A 

946 

54 

874 

126 

62 

0.«908 

» 

M 

A 

A 

A 

'  \   » 

963 

37 

891 

109 

61 

0,8952 

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A 

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A 

981 

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0,8056 

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A 

A 

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A 

925 

75 

59 

0,8979 

M 

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57 

58 

0.9001 

1) 

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A 

A 

A 

A 

961 

39 

67 

0,9025 

A 

A 

n 

M 

A 

SSSS^ 

» 

A 

980 

20 

{Gazette  médicale  de  Bordeaux  ) 


T03Ucolot|;le.  rouge  vif  ou  de  couleur  de  feu,  qui  doi- 

—  vent  leurs  belles  nuances  à  des  matières 

Tapît  rouget   artemoauz;  par  M.  E.  colorantes  désignées  sous  les  noms  de  laque 

REICHARDT.  -—  Le  commerce  allemand  de  Vienne,  de  laque  rouge,  etc.  L'analyse 

livre  à  la  consommation  des  tapis  d'un  chimique  de  ces  laques  y  a  fait  reconnaître 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


251 


la  présence  de  Tacide  arsénîeux  dans  une  impropre  à  Taltmentation,  il  en  résulte  qoe 
assez   forte    proportion  :  un    échantillon  tout  ce  qu*elle  renferme  de  matières  nutri- 
contenait  i^96p.  100  de  son  poids  d'acide  tives  est  complètement  perdu.  Cet  incon- 
arsénieux,  et  un  second  échantillon  !2,49  vénient  se  manifeste  moins  pour  la  viande 
p.  100.  de  pprc  que  pour  la  viande  de  bœuf  ;  aussi 
{Journal  4e pharmacie  et  de  chimie,)  le  porc  salé  offre  aux  marins  un  aliment 
'  supportable,  tandis  que  le  bœuf  est  rapi- 
dement pour  eux  un  objet  de  répugnance 
HygièDe  pabllqae.  et  de  dégoût.  Cette  viande^  en  effet,  pré- 
—                        ^  parée  ainsi  que  "hous  Ta  vous  indiqué  plus 
Les  différents  procédés  de  conserva-  haut,  est  dorc^  insipide  et  détermine  les 
tion    des    viandes,    leurs    avantagées    et  .  troubles  gastriques  les  plus  variés. 
leurs  inconvénients;    par  M,  le  docteur  Différents    procédés  ont    été  proposés 
0.  DU  iMESNlL,  médecin  de  TAsile  des  pour  améliorei^  les  procédés  de  salaison, 
convalescents  de  Vincennes.  {Suite  et  fin,  J.  de  Liebig  recommande  remploi  d*un 
—  Voir  notre  cahier  d'août,  p,  m^,)  liquide   contenant    toutes   les   substances 
Salaison,    —    Pendant    longtemps    la  nutritives  importantes  qui,  dans  le  pro- 
salaison a  été  le  procédé    exclusivement  cédé  habituel  de  saumure,  passent  dans  le 
employé  pour  conserver  les  viandes  à  Tu-  liquide  et  sont  enlevées  à  la  viande,  ç  Cette 
sa^e  de  la  flotte.  Dans  cette  préparation,  b  saumure  dit-il,  doit  contenir  pour  100  li- 
on place  dans  des  tonneaux  les  morceaux  »  vres  d'eau,  56  livres  de  sel  de  cuisine  et 
de  viande  par  piles  séparées  les  unes  des  '»  une  demi  livre  de  phosphate  de  soude, 
autres  par  une  couche  de  sel  de  cuisine,  »  A  chaque   i  I   livres  et  demie  de  cette 
puis  on  ferme  herméticluement  le  récipient,  t  eau  saline  on  ajoute  6  livres  d*extrait 
Pour  conserver  à  la   viande' sa    couleur  t  de  viande,  une  livre  et  demie  de  chlo- 
l'ouge,  on  est  dans  Tusage  d'ajouter  au  sel  »  rure  de  potassium  et  dix  onces  d*azotate 
marin  une  certaine  quantité  de  nitre  qui,  b  de  soude.  »   Par  ce  procédé,  Liebig  dé- 
cn  outre,  ^  l'avantage  de  fournir  à  Tali-  clare  que  la  viande  n*est  pas  diluée  par 
mentation  des  matelots  les  sels  de  potasse  Teau. 

qui  lui  manquent.^  Witheland  emploie  un  autre   procédé 

La  dissolution  saturée  de  sel  marin  qui  tendant,  d'une  part  à  utiliser  pour  Tali- 

sc  forme  par  ce  procédé  constitue  ce  qu'on  mentation  les  matières  nutritives  conte- 

appelle  la  saumure,  et  Ton  s'en  sert  surtout  nues  dans  la  saumure^  et  d*autfe  part  à 

pour  conserver  les  viandes  de  porc  et  de  rendre  la  viande  savoureuse.  Dans  ce  but, 

bœuf  ;  d'après  Payen  la  viande  de  cheval  se  il  place  la  viande  salée  avec  la  saumure 

conserverait  également  bien  par  ce  procédé,  dans  un  dialyseur  composé  d*un  vase  dont 

L'un  des  reproches  les  plus  sérieux  faits  le  fond  est  formé  par  un  parchemin  et  qui 

à  Tusage  de  la  saumure  pour  la  conserva-  est  contenu  dans  un  autre  vase  plus  grand, 

tion  des  viandes,  sans  parler  des  accidents  D'après  les  lois  de  la  diffusion,  les  sels  de 

toxiques  qu'elle  détermine  et  qui  ont  été  la  saumure  et  de  la  viande  marchent  vers 

signalés  par  Raynal,  e^t  qu'elle  soustrait  à  Teau  du  récipient  extérieur,  tandis  que 

la  substance  animale  une  partie  notable  des  les  substances  albuminoîdes  de  la  saumure 

principes  nutritifs  qu'elle  renferme.  Gi-  restent.  Au  bout  de  trois  à  quatre  jours, 

rardin  a  trouvé  dans  la  saumure  colorée  en  on,  interrompt  la  dialyse  et  Ion  trouve  la 

brun  des  viandes  américaines  :  viande  assez  bien  dessalée  et  ayant  le  goût 

Eau  . :    .    62,23  **®  *®  viande  fraîche.  En  évaporant  la  sau- 

Albumine ù'iS  mure,   Witheland  obtient  un  extrait   de 

Anim  substances  organiques  .    .     3,40  viande  utilisable  dans  la  proportion  d'une 

Chll''re"dS'3m   i    !   :   ;    !    ^M  »-••«  e""™"  pour  20  livres  de  saumon,. 

Autres  sels    . 3,65  M.  Martin  de  Lignac  qui  a  étudié  avec 

Contenu  total  en  azote.    ....    0,267  beaucoup  de  soin  la  question  de  la  conser- 

D'aptès  Kûhnf,  la  saumure  soustrait  à  vation  des  viandes,  a  apporté  aux  procédés 

la  viande  non-seulement  la  plus  grande  de  salaison  une  modification  importante, 

quantité  de  l'acide  phosphorique  et.  de  la  d*abord  parce   qu'elle  assure  d'une  façon 

potasse  qu'elle  renferme,  mais  aussi  près-  certaine  la  pénétration  (Je  la  viande  dans 

que  toiles  les  matières  extractives,  lalLu-  toute  son  épaisseur  et  au  degré  que  désire 

mine'soluble,  et  aussi  une  grande  quantité  l'opérateur,  puis  parce  qu'elle  permet  de 

de  my4sine.  Or,  comme  cette  saumure  est  joindre  k  l'action  de  la  saumure  celle  de 


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252 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


condiments  qui  peuvent  améliorer  la  sa- 
veur de  la  substance  alimentaire.  M.  Martin 
de  Lignac  opère  ainsi  quMl  suit:  il  prend 
une  solution  saturée  de  sel  marin,  la  place 
dans  un  réservoir 'élevé  à  plusieurs  mètres 
au-dessus  du  sol  de  façon  à  opérer  sous 
une  pression  effective  d'une  atmosphère  ; 
à  ce  réservoir  est  adapté  un  tube  très- 
flexible  que  Ton  peut  manier  facilement  en 
tous  sens  et  qui  est  muni  d'une  canule  que 
Ton  introduit  dans  le  morceau  à  injecter  ; 
on  laisse  récouicment  se  faire  jusqu^à  ce 
que  la  pièce  ait  reçu  de  160  à  âOO  grammes 
de  saumure  par  kilogramme  de  viande. 
Puis  on  rimmerge  dans  un  bain  dç  sau- 
mure, on  la  place  dans  un  courant  d*air  et 
Ton  termine  Topération  en  soumettant  la 
viande  ainsi  préparée  à  l'action  de  la 
fumée. 

Le  fumage  est  fait  avec  soin,  de  façon 
que  la  fumée  n'arrive  sur  les  quartiers  de 
viande  qu'à  la  température  voulue  et  les 
enveloppe  tous  uniformément.  Préparée 
par  ce  procédé,  la  viande  fumée  est 
agréable  au  goût,  mais  elle  est  très-exci- 
tante, et  pour  être  bien  tolérée  par  l'es- 
tomac^ elle  doit  être  accompagnée  de  lé- 
gumes frais  et  de  boissons  siimulanles. 

Parkes  préconise  le  procédé  de  Morgan 
qui  emploie  un  liquide  consistant  en  5  ki- 
logrammes de  saumure^  250  grammes  de 
salpêtre^  1  kilogramme  de  sucre,  15  gr. 
d'acide  phospliorique  et  quelques  épices. 
Aussitôt  que  l'animal  est  sacrifié,  on  in- 
jecte ce  liquide  dans  le  ventricule  gauche 
apfès  avoir  ouvert  l'oreillette 'droite  pour 
en  faire  écouler  le  sang.  Après  cette  mani- 
pulation, la  viande  est  desséchée  et  enrobée 
dans  du  charbon  de  bois.  Parkes  dit  que 
la  viande  ainsi  préparée  reste  savoureuse 
et  conserve  toutes  ses  parties  nutritives. 

M.  Gorges  a  imaginé  une  méthode  qui 
relève  à  la  fois  des  procédés  de  conserva- 
tion par  la  salaison  et  par  les  antiseptiques  : 
il  plonge  la  viande  qu'il  veut  protéger  dans 
un  bain  d'acide  chlorhydrique  (à  2  ou  5 
pour  iOO)  et  ensuite  dans  une  solution  de 
bisulfite  de  soude  ;  il  se  forme  conséquem- 
ment  du  chlorure  de  sodium  et  de  l'acide 
sulfurique.  La  viande  tout  à  la  fois  soufrée 
et  salée  est  ensuite  placée  dans  des  boites 
hermétiquement  closes  ;  la  viande  parait 
se  bien  conserver  par  la  méthode  de 
M.  Gorges. 

La  viande  de  veau  est  absolument  ré- 
fractaire  aux  procédés  de  salaison,  parce 
que  son  tissu  mou  et  lâche  réclame  une 
quantité  considérable  de  sel|  qui  enlève, 


pour  les  faire  passer  dans  la  saumure, 
toutes  les  parties  Nutritives  de  la  viande 
en  ne  laissant  qu'un  trame  insipide,  filan- 
dreuse et  excessivement  salée. 

Les  différents  procédés  de  conservation 
dont  la  saumure  est  la  base  se  reeomman- 
dent  par  le  bon  marché  auquel  ils  permet- 
tent de  livrer  la  viande  à  la  consommation  ; 
mais  quels  que  soient  les  perfectionne^ 
nients  qu'ils  aient  reçus  dans  ces  derniers 
temps,  il  est  impossible  de  faire  de  la 
viande  salée  l'unique  forme  de  l'alimenta- 
tion  par  la  viande.  Ce  qu'il  y  ff  de  bien  ac- 
quis aujourd'hui;  c'est  que  le  bœuf  éalé  est 
une  mauvaise  conserve,  sèche,  fibreuse, 
sans  saveur,  d'une  digestion  difficile  et 
dont  on  se  dégoûte  rapidement. 

Réfrigération.  —  On  sait  depuis  long- 
temps qu'une  basse-température  arrête  le 
travail  de  la  fermentation,  mais  c'est  tout 
récemment  seulement  que  Ton  a  pensé  à 
utiliser  l'action  antifermentescible  du  froid 
pour  la  conservation  proloUgée  des  sub- 
stances animales  ou  végétales  sur  une 
grande  échelle.  Aux  États-Unis,  on  se  sert 
depuis  quelque  temps  d'un  wagon  réfrigé- 
rateur pour  transporter  des  fruits  frais  de 
Californie  à  New- York;  en  Australie,  une 
compagnie  a  installé  à  bord  de  certains 
navires  des  appareils  pour  fabriquer  de  la 
glace  avec  l'ammoniaque  et  qui  suffisent 
à  conserver  cent  tonnes  de  viande  fraîche. 
Mais  en  France,  le  problème  a  été  étudié 
sous  toutes  ses  faces  et,  en  faisant  toute- 
fois nos  réserves  sur  le  côté  économique 
de  la  question  que  nous  n'avons  pas  qua- 
lité pour  juger,  nous  croyons  pouvoir  dire 
qu'il  a  été  résolu  par  M.  Tellier  à  l'usine 
frigorifique  d'Auteuil.  Le  procédé  de 
M.  Tellier  repose  sur  l'évaporation  et  la 
condensation  de  l'éiher  méthylique;  les 
appareils  qu'il  emploie  se  compo!>ent  : 

i^  D'un  frigorifèrc  dans  lequel  a  lieu 
l'évaporation  de  l'éther  méthylique,  et 
par  conséquent  la  production  du  froid, 
pu^quc  la  vaporisation  de  l'éther  ne  peut 
se  produire  sans  absorption  de  calorique; 

i»^  D'un  condenseur  destiné  à  condenser, 
sous  l'influence  d'un  courant^  d'eau  ordi- 
naire, les  vapeurs  d'éther  produites  par  le 
frigorifèrc  ; 

5"  D'une  pompe  de  compression  rece- 
vant les  vapeurs  d'éther  venant  du  frigo- 
rifèrc et  les  comprimant  dans  le  conden- 
seur. 

La  pompe  de  compression  sert  adonner 
aux  vapeurs  qui  sortent  du  frigorifère  à 
basse  pression,  la  tension  nécessaire  pour 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


S55 


se  condenser  ;  les  recevant  a  un  ou  deux 
atmosphères,  elle  les  introduite  6,  7  et  8 
atmosphères  dans  le  conderiseur,  d'où  li- 
quéfaction et,  par  suite,  retour  à  l'étal  li- 
quide dans  le  frigorifère  de  Téther  em- 
ployé. La  circulation  continue  de  cet  ëther 
maintient  Taction  frigorifique  indispen- 
sable au  succès  de  l'opération. 

Pour  utiliser  le  froid  produit,  M.  Tellier 
a  adopté  les  dispositions  suivantes  :  Le  fri- 
gorifère est  installé  comme  une  chaudière 
tubulaire,  c'est-à-dire  qu'il  est  formé  d'une 
capacité  absolument  étanche^  traversée  par 
un  grand,  nombre  de  tubes;  dans  la  capa- 
cité on  verse  l'éther  mcthyliqoe  qui  joue 
le  rôle  de  Teàu  dans  un  générateur  ordi- 
naire ;  dans  les  tubes  on  fait  passer  le  cou- 
rant fluide  qu'on  veut  refroidir  ;  il  joue  le 
.  rôle  de  l'air  brûlé  dans  le  même  généra- 
teur, c'est-à-dir:  qu'il  abandonne  son  ca- 
lorique aux  vapeurs'  qui  se  forment  et  par 
conséquent  fie  refroidit.  A  Auteuil,  c'est  un 
vaste  réservoir  de  chlorure  de  calcium  qui 
distribue  le  froid  suivant  les  besoins.  A  cet 
effet,  des  pompes  chassent  ce  liquide  à  tra- 
vers les  tubes  du  frigorifère,  puis  de  là 
dans  les  diverses  installations  où  il  doit 
exercer  son  action  frigorifique,  pour  enfin 
venir  encore  se  refroidir  aux  frigorifères, 
circulation  continue  qui  permet  d'agir  loin 
des  machines  et  en  telle  mesure  que  l'on 
peut  désirer.  La  conservation  de  la'  viande 
s'obtient,  à  l'usine  d'Auteuil,  par  la  simple 
tcxposition  à  des  températures  variant 
entre  —  i  -+-  2.  Pour  obtenir  ce  résultat, 
une  chambre  à  parois  isotantes  est  établie 
de  façon  qu'elle  ne  subisse  jamais  les  va- 
riations de  la  température  extérieure; 
M.  Tellier  isole  la  chambre  froide  avec  du 
coke  en  pojidre. 

Dans  cette  chambre  est  disposé  un  con- 
duit en  bois  dans  lequel  sont  placés,  par 
étages  superposés,  des  bassins  en  tôle  ; 
c'est  dans  le  bassin  supérieur  qu'on  fait 
arriver  un  des  courants  de  chlorure  de  cal- 
cium froid  ;  le  courant  circule  de  bassin  en 
bassin,  pour  retourner  finalement  se  re- 
froidir au  frigorifère.  L'action  frigorifique 
se  trouve  donc  ainsi  continuellement  ap- 
portée dans  rinléfieur  de  la  chambre.  Mais 
ce  n'est  [jas  suffisant,  il  faut  de  plus  la  dis- 
tribuer uniformément;  à  cet  effet,  un  ven- 
tilateur est  placé  sur  le  côté  de  la  chambre 
il  prend  iconstamment  l'air  à  une  de  ses 
extrémités,  le  force  à  passer  dans  la  cavité 
contenant  les  bassins  froids  et  finalement 
le  fait  sdFi'ir  à  Textrémilé  opposée  de  la 
chambre  I  L'avantage  de  cette  disposition 


est  que  l'air,  pour  revenir  Iroiiver  le  ven- 
tilateur, est  forcé  de  se  propager  de  proche 
en  proche  en  traversant  toute  la  chambre, 
et  que  par  conséquent  l'atmosphère  de 
celle-ci  est  incessamment  renouvelée, 
quoique  ce  soit  toujours  le  même  air  qui 
çoit  mis  en  mouvement. 

Ihy  a  un  avantage  notable  à  opérer  ainsi, 
puisqu'^on  n'a  qu'à  prendre  de  l'air  à  -i-  1 
par  exemple  pour  le  ramènera  —  i  degré, 
tandis  que  sj  l'on  prenait  de  Fair  du  de- 
hors, il  faudrait  de +25  et  mémo  parfois 
d'une  température  plus  élevée  le  ramener 
à~l  degré. 

De  .cet  ensemble  de  dispositions  il  ré- 
sulte :  i"  que  la  température  est  maintenue 
entre  —  1  degré  et  -+-  i  degré  ;  2*  que 
l'air  est  desséché  et  abandonne  l'eau  en 
suspension  sous  forme  de  givre  ;  5<*  que 
l'air  est  épuré  mécaniquement  par  le  fait 
de  la  condensation,  qur  entraine  tous  les 
germes,  spores,  etc.,  qu'il  pourrait  con- 
tenir. 

Ces  conditions  de  succès  sont  complé- 
tées par  l'emploi,  à  titre  de  desséchant,  du 
chlorure  de  calcium  dans  la  conduite,  de 
sorte  que  Pair  entre  dans  la  chambre  assez 
peu  saturé  d'humidité  pour  avoir  toujours 
la  facilité  d'absOrber  celle  qui  s'échappe 
des  corps  à  conserver. 

La  viande  soumise  à  la  méthode  Tellier 
peut  se  conserver  très  longtemps,  et  parce 
qu'à  zéro  et  au  dessous  la  fermentation  est 
arrêtée,  et  parce  que  dans  le  cas  où  les 
spores  contenus  dans  l'air,  échappant  à 
l'épuration  mécanique  dont  nous  avons 
parlé,  viendrait  à  tomber  sur  la  surface 
desséchée  de  la  viande,  ils  ne  trouveraient 
pas  l'humidité  nécessaire  à  leur  dévelop- 
pement. 

Froid  et  dessiccation  lente.  Celles  sont  les 
bases  de  ce  procédé  qui,  ne  modifiant  en 
rien  la  constitution  du  produit  à  conserver, 
-n'apporte,  ce  qui  nous  parait  essentiel, 
aucun  changement  dans  les  habitudes  da 
consommateur.  Dans  un  rapport  fait  il  y  a 
qucfiques  mois  au  Conseil  de  salubrité  de  la 
Seine,  M.  Poggiale  rend  compte  en  ces  . 
termes  des  expériences  auxquelles  il  a  as- 
sisté à  l'usine  frigorifique  de  M.  Tellier  : 
«  J'ai  trouvé,  dit  il,  dans  la  chambre  fri- 
gorifique établie  dans  l'usine  d'Auteuil 
diverses  pièces  de  viande,  des  moutons, 
des  lièvres, des  perdreaux,  des  faisans,  etc., 
parfaitement  conservés;  j'ai  constaté  en 
outre  que  deux  perdreaux,  pesant  804  gr., 
qui  avaient  été  déposés  dans  cette  chambre 
le  4«'  février  4874  et  qui  en  ont  été  retirés 


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25i 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


le  5  mars»  étaient  dans  un  très-bon  état  de 
conservation;  on  les  a  trouvés  savoureux. 
A  la  sortie  de  la  chambre,  le  poids  de  ces 
deux  perdreaux  n'était  plus  que  de  7H6  gr. 
Le  perdreau  que  je  mets  sous  les  yeux  du 
Conseil  a  été  conservé  pendant  cinquantcr 
cinq  jours. 

»  J*ai  reconnu  également,  ajoute  M.  Pog- 
giale,  qu*un  demi-mouton  maintenu^  à 
zéro  pendant  trente- sept  jours,  présentait 
les  caractères  de  la  viande  fraîche  ;  on  Fa 
rôti,  et  plusieurs  personnes  qui  en  ont 
mangé  ont  déclaré  qu'il  était  excellent. 
Le  poids,  qui  était  de  8  k.^SOO  s'est 
abaissé  à  7  k.,550.  La  perte  en.  poids, 
due  à  la  dessiccation,  a  donc  été  d'environ 
12  pour  100  en  trente-sept  jours.  L'épaule 
de  ce  même  mouton  était  de  bonne  qualité 
après  cinquante  neuf  jours  de  conserva- 
tion. Dans  une  réunion  de  membres  de 
l'Académie  des  sciences,  à  laquelle  assis- 
taient MM.  Chastes,  Frémy,  de  Quatre- 
fages,  Jamin,  Becquerel  fils,  Larrey, 
Bouley,   Cahours,  Decaisne,  Phillips,  on 


a  goûté  et  trouvé  bonne  de  la  viande  de 
mouton  conservée  depuis  six  semaines.  i 

Il  résulte  das  expériences  faites  à  Tusine 
frigorifique  d*Auteuil,  ^t  auxquelles  ont 
assisté  MM.  Bouley  et  Peligot,  commis- 
saires de  TAcadémie  des  sciences^  que  les 
viandes  se  conservent  parfaitement  par  le 
froid. 

Maintenant,  M.  Tellier  pourra-t-îl  réa- 
liser le  but  qu'il  se  propose,  de  transporter 
de  l'Uruguay  en  France  des  quantités  con- 
sidérables de  viande  fraîche  sur  une  bou- 
cherie flottante  munie  d'un  appareil  frigo- 
rifique et  de  la  livrer  sur  le  marché  de 
Paris  à  raison  de  iO  centimes  le  kilo- 
gramme? c'est  un  projet  réalisable  et  dont 
nous  souhaitons  vivement  la  mise  à  exécu- 
tion. En  attendant,  et  quoiqu'il  arrive,  ses 
travaux  ont  un  gi^and  intérêt  pour  l'hy- 
giène publique,  et  par  lui  nous  sommes 
aujourd'hui  en  possession  de  la  solution  du 
problème  depuis  si  longtemps  discuté, 
la  conservation  de  la  viande  à  l'état  frais, 
{Â  nnales  d'hygiène  publique .  ) 


Médecine  léi^ale. 

De  Thyaien  et  de  ion  importance  en 
médecine  légale,  par  M.  le  docteur  E.  GA- 
RIMOND,  professeur  agrégé  à  la  Faculté 
de  médecine  de  Montpellier.  {Suite  et  fin. 
—   Voir  notre  cahier  d'(wiltt,ip.  mS,) 

Si  donc,  d'habitude^  l'hymen  n*est  point 
conservé  pendant  les  rapports  sexuels, 
exceptionnellement  il  se  prête  sans  rupture 
aux  actes  les  plus  complets  dans  l^urs  con- 
séquences, à  ceux  auxquels  on  ne  peut 
refuser  le  nom  de  viol,  lorsqu'ils  sont 
accomplis  avec  violence. 

0n  peut  sans  doute  objecter  que  ce  sont 
des  faits  rares  qui  ne  peuvent  se  retrouver 
chez  de  jeunes  enfants,  victimes  le  plus 
souvent  de  ces  crimes  odieux.  Le  déve- 
loppement de  leurs  organes  n'en  permet 
jamais  la  consommation  complète;  il  ne 
peut  y  avoir  chez  eux  d'intromission,  et 
par  conséquent  de  défloration.  Il  faut  des 

Aa-des8ons  de  11  ans  29  déflorations, 

De        tl  à  15    —   45        t- 

—       15  à  «0    —  39        - 

An  dessus  de  20    —     .'>       — 

Non  indiqué  —     2        — 

a  Ce  tableau,  ajoute  ce  légiste,  met  en 
lumière  d'une  manière  très  frappante  l'in- 
fluence de  l'âge  sur  TefTet  de  la  déflora- 
tion. On  voit,  en  effet,  que  si  elle  est 
possible  chez  les  petites  filles,  elles  est  le 


.circonstances  particulières  qui  enlèvent  au 
crime  le  caractère  du  viol,  pour  que  des 
faits  semblables  à  l'observation  de  Marc 
viennent  à  se  reproduire;  on  les  classe 
donc  forcément  dans  la  catégorie  des  atten- 
tats à  la  pudeur.  Mais  même  en  se  plaçant  à 
ce  point  ^de  vue,  la  statistique  prouve  que 
l'acte  coupable  s'exerce  sur  une  propor- 
tion considérable  d'adultes,  et  les  condi- 
tions constituantes  du  viol  peuvent  se 
retrouver,  quoique  le  signe  matériel  carac- 
téristique manque  quelquefois,  k  Ce  n'est 
guère,  dit  M.  Toulmouche,  que  depuis 
treize  et  quatorze  ans  jusqu'à  dix-huit  ou 
vingt  que  le  viol  est  consommé.  »  Les 
observations  de  M.  Amb.  Tardieu  confir- 
ment en  partie  cette  manière  de  voir; 
seulement,  la  limite  inférieure  ne  serait 
pas  la  même. 

Sur    118    observations    on    retrouve, 
d'après  cet  auteur  : 


—  Complètes  il  Incomplètes  18 
--         51  --  14 

—  36         -  3 

—  3 

—  2 


plus  souvent  incomplète,  et  qu'à  mesure 
qu'on  s'élève  dans  Tâge  nubile  elle  devient 
à  la  fois  plus  facile  et  plus  fréquente.  » 

Par  conséquent,  dès  l'âge  de  onze  ans, 
malgré  la  conformation  des  jeunes  filles. 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


255 


Tacte  peut  se  consommer,  et  la  proportion 
d*adultes  exposée  à  des  violences  de  ce 
genre  est  même  considérable. 

Si  donc  le  crime  s'accomplit  et  que  les 
exceptions  que  je  signale  se  présentent» 
peut-on  modifier  ces  appréciations  par  cela 
seul  que  la  membrane  n'a  pas  été  déchirée, 
mais  parce  qu'elle  a  été  refoulée  ou  parce 
qu'elle  n*a  jamais  existé  ? 

Dans  les  relations  sexuelles  illicites  et 
yiolentes;  la  persistance  de  l'hymen  prouvé 
simplement  qu'une  circonstance  particu- 
lière n'a  pas  permis  sa  rupture,  et  ce'  der- 
nier fait  n'enlève  rien  au  caractère  de 
Tacte,  qui  physiologiquement  est  le  même 
et  peut  être  suivi  de  toutes  ses  consé- 
quences. 

2**  L'absence  fréquente  et  quelquefois 
congénitale  de  l'hymen  ne  permet  pas  que 
Ton  fasse  servir  cette  membrane  h  une 
ligne*  de  démarcation  entre  les  deux  zones  n 
génitales,  et  entre  les  actes  qui  s'accomr 
plissent  régulièrement  à  des  hauteurs 
diverses,  mais  indéterminées. 

L'hymen  peut,  en  eflFet,  manquer  com- 
plètement, et  dès  lors  il  n'y  a  plus  de  ligne 
de  séparation  entre  les  organes  sexuels 
externes  et  le  vagin.  Cette  absence  tient  à, 
des  causes  variées  :  à  une  chute,  à-  un 
mouvement  d'adduction  forcé,  à  une  intro- 
duction volontaire  ou  accidentelle  de^  corps 
étrangers.  Toutes  les  fois  que  l'on  examine 
une  jeune  fille  adulte,  on  peut  invoquer 
une  action  de'ce  genre,  lorsque  la  mem- 
brane obturatrice  n'existe  pas  ;  mais  il  n'en 
est  plus  de  même  si  l'on  porte  l'attention 
sur  de  très  jeunes  enfants  chez  lesquels 
l'absence  congénitale  de  l'hymen  est 
incontestable. 

M.  Amb.  Tardieu,  dans  sa  grande  pra- 
tique, n'a  point  rencontré  de  semblables 
exceptions.  Cependant,  Capuron  et  M. 
Toulmouche  en  ont  constaté  chacun  une 
chez  des  adultes.  En  examinant  toutes  les 
jeunes  filles  que  j'ai  reçues  par  deç  accou- 
chements, celles  que  j'.ai  eu  occasion  de 
soigner,  j'ai  pu  arriver  à  retrouver  detix 
faits  dans  lesquels  la  membrane  hymen 
manquait  en  entier.  La  première  observa- 
tion portait  sur  une  petite  fille  à  peine  née 
depuis  quelque  heures  à  la  suite  d'un  tra* 
vaîl  régiiier.  D'habitude  je  m'assure  si 
l'enfant  est  normalement  conformé  ;  c'est 
en  faisant  cet  te  recherche  que  je  m'aperçus 
de  cette  anomalie.  Les  cuisses  fortement 
éoavtées  et  les  grandes  lèvres  repoussées 
en  dehok*s,  je  vis  l'ouverture  du  vagio 
communiquant   à  l'extérieur,  et  je    fus 


même  surpris  de  son  amplitude  tout  h  fait 
insolite.  En  ce  moment^  peu  au  courant  de 
la  question,  je  négligeai  de  noter  l'étal  des 
caroncules  myrliformes,  leur  absence  ou 
leur  présence.  Dans  une  seconde  explo- 
ration, plus  avisé,  je  constatai  encore, 
chez  une  enfant  de  cinq  mois,  l'absence 
de  la  membrane  en  même  temps  que  celle 
des  cai^oncules  myrtiformes. 

Ces  observations  se  rapportent  à  des  cas 
de  vagin  simple,  mfiis  il  parait  que  lorsque  - 
cet  organe  est  double,  l'hymen  manque 
assez  souvent;  c'est  du  moins  ce  qu'affir- 
ment certains  auteurs  d'anatomie.  c  Lors- 
qu'il y  a  duplicité  du  vagin^  dit  Joseph 
Hyrtl,  il  est  important  de  savoir  que  l'hy- 
men manque  sans  exception.  »  Rien,  dans 
l'étude  du  développement,  ne  justifie  une 
assertion  aus^i  absolue;  cependant  il  est 
probable  que  cet  auteur  doit  avoir  ren- 
contré plusif^irs  cas  confirmant  son  opi- 
nion, mais  il  a  certainement  oublié  de 
noter  celui  si  classique  d'Eisenman,  dont 
la  fréquente  reproduction  par  le  dessin 
permet  à  chacun  de  s'assurer  qu'il  existe 
au  moins  une  exception  à  cette  règle  sur 
l'abset^ce  de  l'hymen. 

Donc,  la  membrane  obturatrice  du  vagin, 
non-seulement  peut  disparaître  artificiel- 
lement, mais  elle  n'a  pas  même  une  exis- 
tence nécessaire  :  elle  ne  peut  servir  à 
établir  une  ligne  de  démarcation  entre  des 
organes  liés  au  même  système,  qui 
ont  une  importance  au  moins  égale  et 
qui  concourent  tous  au  même  but.  Dès  lors, 
la  défloration  peut  bien  être  le  viol,  mais 
tout  viol  n'est  pas  une  défloration. 

5**  Enfln  la  forme  des  ouvertures  de 
l'hymen  permet  quelquefois  les  rapports 
sexuels  les  plus  complets;  et,  quoique  la 
membrane  ne  soit  pas  rompue,  on  peut 
affirmer  cependant  que  la  conjonction 
sexuelle  a  eu  lieu. 

J'ai  déjà  signalé  les  variétés  de  la  mem- 
brane obturatrice.  Il  résulte  de  cette  étude 
que  le  plus  souvent  la  forme  et  l'étendue 
des  ouvertures  ne  se  prêtent  pas  aux  rap- 
ports sexuels  avec  intégrité  de  l'hymen. 
Cependant,  dans  quelques  cas  exception- 
nels, ceux-ci  ont  pu  être  complets  sans 
déchirure  ni  éraillure.  Le  grand  nombre 
d'exemples  déjà  cités  prouve  seulement 
que  la  fécondation  peut  avoir  lieu  sans 
contact  immédiat,  dans  des  rapproche- 
ments sifnpiement  externes.  Le  fait  sui^ 
vaut,  que  j'ai  recueilli  il  y  a  peu  de  temps, 
a  une  tout  autre  signification. 

Il   s'agit  d'une   jeune   femme   mariée 


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2S>6 


REVOE  ANALYTIQUE  ET  CRlTlOUE. 


depuis  plus  d*an  an  et  arrivée  aa  lermé  de 
la  grossesse.  Appelé  auprès  d'elle  ^au  mo- 
ment du  travail,  je  voulus  me  rendre 
compte  de  Tétat  des  parties  et  de  la  pré- 
sentation de  Tenfant;  Tindex,  une  fois 
introduit  avec  peine  dans  le  vagin,,  se 
trouva  retenu  par  une  bride  demi  circu- 
laire, et  je  ne  pus  pénétreï^  jusqu*au  col  de 
Tutérus.  L'hymen  n'avait  point  été  dé- 
chiré, et  c'était  son  boi4l  antérieur  en 
forme  de  croissant  qui  offrait  cette  résis- 
tance insolite.  Au  moment  de  Taccouche- 
mei^,  il  fallut  débrider  à  droite  et  à  gau- 
che la  membrane  tout  à  fait  .intacte,  et 
cependant  les  rapports  sexuels  avaient  été 
réguliers,  réitérés,  et  le  mari,  dont  les 
organes  avaient  un  très-petit  volume, 
s'était  h  peine  aperçu  de  cet  obstacle  per- 
manent. 

La  présence  de  l'hymen  non-seulement 
n'est  pas  toujours  une  barrière  infranchis- 
sable, mais  Paccouchement  lui-même  peut, 
dit-on,  s'accomplir  sans  que  la  membrahe 
dont  l'ouverture  se  trouve  dilatable  su- 
bisse de  déchirure.  C'est  ainsi  que  l'on 
retrouve  dans  le  musée  de  Meckel  à  Halle 
une  pièce  anatomique  de  l'appareil  génital 
d'une  femme  ayant  accouché  au  septième 
mois  de  sa  grossesse  avec  intégrité  com- 
plète de  l'appareil  génital. 

En  résumé,  la  persistance  de  l'hymen 
■ne  modifie  en  rjen  la. portée  de  l'acte  et  de 
ses  conséquonces.  Physiologiquement,  les 
organes  de  la  sphère  externe  constituent 
avec  ceux  de  la  sphère  interne  et  moyenne 
un  appareir  unique.  Leur  importance  est 
supérieure  à  celle  du  vagip,  qui  les  séparç 
de  l'utérus.  On  ne  peut  donc  diviser  les 
rapports  sexuels  illicites  suivant  qu'ils  se 
limitent  à  telle  partie  des  organes.  Leurs 
conséquences  chez  les  adultes  sont  d'ail- 
leurs les  mêmes.  La  grossesse  peut  en  être 
le  résultat.  Si  l'on  accepte  l'idée  contraire, 
il  faudrait  admettre  que  les  déflorations 
incomplètes  si  nombreuses,  30  sur  il 6, 
ne  sont  pas  des  viols,  puisque  !a  scène 
s'est  passée  à  l'entrée  du  vagin.  Or,  si  le 
crime  présente  la  condition  formelle  exigée 
par  le  législateur,  la  violence,  on  ne  voit 
pas  de  quel  droit  on  le  séparerait  alors  de 
ceux  dans  lesquels  l'hymen  a  été  un  peu 
plus  déchiré. 

L'absence^congénitale  ou  acquise  de  celte 
membrane,  chez  de  jeunes  personnes,  ne 
permet  point  d'attacher  aux  lésions  de  1  hy- 
men une  importance  exclusive  dans  l'ap- 
préciation du  viol. 

L'ouverture  naturelle  de  l'hymen,  très- 


variable  en  étendue,  sa  laxité,  l'exiguïté 
des  organes  sexuels  de  l'homme,  peuvent 
permettre  sans  déchirure  les  rapports  plus 
complets,  et  dès  lors  -  son  intégrité  ne 
peut  point  prouver  d'une  manière  absolllic 
que  le  viol  n'a  pas  été  consommé. 

Telles  sont .  les  raisons  exclusivement 
médicales  qui  s'opposent  à  ce  que  la  déflo-, 
ration  soit  assimilée  au  viol.  Ces  deux 
mots  ne  peuvent  point  être  considérés 
comme  synonymes.  Les  jurisconsultes  ont 
du  reste  depuis  longtemps  jugé  cette  ques- 
tion :  un  arrêt  de  la  Cour  de  cassation  du 
i 4  juin  181  i  a  eu  effet  décidé  qu'abuser 
d'une  femme  avec  violence,  c'est  com- 
mettre le  crime  de  viol,  alors  même  que 
cette  femme  aurait  eu  déjà  des  enfants. 
Alais  si,  à  aucun  point  de  vue,  le  viol  ne 
peut  être  toujours'  la  défloration,  celle-ci 
n'en  a  pas  moins  une  très-grande  impor- 
tance, et  seule  elle  permet  dans  quelques 
cas  une  appréciation  exacte  et  presque  ab- 
solue. Malheureusement  elle  est  elle-même 
assez  diflicile  à  constater.  Les  signes  de  la 
rupture  n^ont  qu'une  durée  -  éphémère  : 
généralement,  après  huit  ou  dix  jours  les 
parties  sont  cicatrisées,  et,  si  des  rapports 
réguliers  ont  continué  à  s^exercer,  les  ca- 
roncules myrtiformes  se  sont  formées  et 
l'on  ne  peut  rien  affirmer  de  positif  relati- 
vement à^sl'époque  où  la  déchirure  a  eu 
lieu.  Je  n*ai  poipt  à  m'arrêter  sur  Texposé 
des  désordres  matériels  résultant  de  la  dé- 
floration. Ces  altérations  ont  été  parfaite- 
ment étudiées  par  MM.  Amb.  Tardieu  et 
Toulmouche,  et  je  me  borne  aux  conclu- 
sions pratiques  que  j'ai  déjà  présentées. 

L^'importance  de  l'hymen  au  point  de 
vue  légal  est  donc  bien  restreinte.  Sa  per- 
sistance, comme  sa  déchirure,  ne  devient 
une  source  de  renseignements  précis  que 
dans  des  circonstances  assez  rares,  et  le 
légiste  est  oblige  de  recourir  à  d'autres  in- 
vestigations pour  éclairer  la  justice.  Sou- 
vent il  n'arrivera  à  aucun  résultat,  et  il  ne 
devra  point  craindre  alors  d'avouer  les  dif- 
ficultés de  l'expertise.  C'est  une  preuve 
qui  manque  à  l'instruction  à  laquelle  il 
s'efforce  de  prêter  son  concours;  mieux 
vaut  déclarer  son  impuissance  que  de  for- 
muler des  affirmations  non  justifiées  que  la 
conscience  réprouve  et  auxquelles  on  voit 
souvent  les  f!aits  donner  plus  fard  un  dé- 
menti éclatant. 

»  Pour  satisfaire  au  mandat  dont  on 
honore  à  bon  droit  le  médecin,  il  y  a  ur- 
gence de  savoir  ce  qiTe  la  science  easeigne  ; 
mais  quand  la  science  hésite  parca  qu'elle 


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REVUE  AfiAIrYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


â87 


douiBi.^'iS  m  9flis  pas  e$i  le  rapt  q^'jl,  fout 
ppoaonQech^^iteoieDi  et  nobleoijent,,  à  coQ' 
dili^Q  toutefois  que  l!expcrt  puisse  prouver 
qiie  nul  autre  ne  saurait  mieux  faine  à  sa 
plactt  (1).  4  M  ne  faut  point  cF>ercbef  à  aug- 
menter outre  mesure  rinvportance  ^e  l'ex- 
pertise .médicale,  et  Tavcu  simple  de  son 
impAiissav^ee..  dans I  quelques  cas  donnera 
plus  de  veleur  aux  assertions  du  médecin 
dans  d'autpesi.  C*e$|  ee  qui  doit  trè»  sou^ 
-v»nt  arriver^  si  I'od  veut  examiner  le  viol 
;30us  ses  a»pecla  si  divers  et  les  seuls  vrais. 
Ilçst  en  effet  bien  diflleile  de  reconnaître. 
touj^Mirs  s'il  y  a  eu  des  rapports  sexuels 
dai^js.les  oondil?^ns  déterminées  par  la  lT>i. 
Au  contraire^  si  Von  ne  s'occupe  que  de  la 
défloi^atiop   comme    élément  essentiel   et 
matériel  du  erime,  il.in'y  a  plus  d'hésita- 
tion ;  mais  .nous  avons  vu  quelle  diver- 
gence existe  entre  les  auteurs  de  médecine 
légale  jet  .ks»rai&ûas,  qui.  devaient,  faire  ad- 
mettre rinterprétation   la  plus  large.  Ce 
manque,  d'accord^  regrettable  sans  doute, 
n*est  pas  dû  çk  entier  aux'médeôîns' Ié> 
gistcs;  il  résulte  bien  plutôt  de  leurs  efforts 
pour  conformer  leurs  définitions  aux  li- 
mites qiie  lès  législateurs  leur  ont  impo-' 
sées  par  la  rédaction  des  articles  53);  55^  x 
du  Code  pénal.  ^ 

331.  Tout  attentat  à  la  pndeur  con- 
sommé ou  tenté'  sans  violence  sur  la  per- 
sonne d^ttn  enfant  de  Vùn  ou  de  Tautre 
sexe  âgé  dé  moins  de  treize  ans,  sera  puni- 
de  la  réclusion.  —  Sera  puni  de  la  même 
peine  Tattentat  à  la  pudeur  commis  par 
tout  ascendant  sur  la  personne,  d'mi  mi- 
,  neur  même  âgé  de  plus  de  treize  ans» 
mais  non  émancipé  par  le  mitriage. 

3.3^«  Qufcooqiie  aura  commis  le  crime 
de  viol  sera  punt  des  -travaux  -  A>rcés  » 
t^mps.  Si  Je  crime  a  étécommis  s,ur  ta  per- 
sonne d'un  enfant  au-dessous  de  l'âge  de 
quiflze  ans,  le  coupable  subira  le  maxi- 
mum d€|s  travaux  n>rcés  à  temps.  —  Qui- 
eopque  aura  commis  <in  attentat  à  la  pu- 
deur consommé  o\\  tenté  avec  violence 
contre  des  individus  de  l'un.  Ou  de  l'autre 
sexe,,  sera  pirni  de  la  réclusion.  Si  le  crime 
a  été  commis  sur  la  personne  dNin  enfant 
a^Hl*^^^^^  ^  rage  de  quinze  ans  accom- 
plis,' le. coupable  subira  la  peine  des  tra-' 
vaux  forcés  à  temps. 

.  XeJ^isltteur  ia  classé  sous  un  x^m  gé-  , 
nériquei,    c  attentat  à  la  pudeur,  »    des 

.  (1)  Peiard,  De  VintervetUion  du  médecin  M- 
giiie  dans  tes  qiéestions  éC attentat  aux  mœurs 
{Ann.àhyg.et'éeméd,  lég  ,i,  XIV,  2»  série, 
.P.131).| 


actes;  trèsrvariés  ;  Tun  d*eux  reçoit  dans 
quelques  circonstances  particulières  un 
nom  différent,  et  il  est  frappé  d'une  péna- 
lité plus  élevée.. C'est  Ik  viol»  ou,  comme 
dit  Jousse,  la  conjonction  sexuelle  illicite  ;• 
mais  cette  conjonction  n'a  droit  à  être  ainsi 
désignée  qu'à  la  condition  d'avoir  été  exer- 
cée avec  violeace,  et  par  ce  mot  la  loi 
entend  non-seulement  l'abus  de  la  force 
physique,  mais  encore  l'emploi  des  moyens 
qui  auraient  momentanément  privé  la  vic- 
time de  l'usage  de  ses  facultés,  et  l'auraient 
mise  dans  l'impossibilité  de,. résister.  La 
plupart  des  crimes  commis  sur  de  très- 
jeunes  filles  ne  doivent  point  être  consi- 
dérés comme  des  viols,  puisqu'il  n'y  a  pas 
habituellement  de  lutte,  et  qu'aucMQ  moyen 
n'a  été  employé  pour  leur  enlever  l'usage 
de.  leurs  facultés.  Il  en  est  de  même  des 
personnes  en  démence. 
,.  Il  y  a  donc  dans  la  caractéristique  de  ce 
crime  deux  conditions  essentielles  :  l'une 
appréciable  par  le  médecin,  l'autre  qui  ap- 
partient è  l'instruction  judicbire,  de  sorte 
que  ce  même  acte  est  tantôt  un  viol,  tantôt 
un  simple  attentat  a  la  pudeur.  De  là  une 
confusion  à  laquelle  l'expert  n'échappe 
point  toujours. 

Il  se  trouve,  eu  égard  à  l'accusé,  dans 
une  position  e^i^trémement  délicate,  et  il  ne 
peut  répondre  à  la  question  qu'on  lui  pose 
sans  assumer  sur  lui  une  responsabilité  qui 
ne  doit  point  lui  incomber.  Si  on  lui  de- 
mande :  Y  a-t-il  viol?  celui-ci  ne  dépen- 
dant pas  seulement  de  l'acte  consommé, 
mais  des  circonstances  dans  lesquelles  il 
s'est  accompli,  il  ne  peut  résoudre  cette 
diffîeultc  sans  usurper  les  foflcti«>ns  du  juge. 
(C'est  ce  qu'a  trcs-btën  senti  M.  Amb. 
Tardieu,  et  l'habile  légiste,  ne  voulant  point 
sertir  du  domaine  médical,  a  cherché  un* 
moyen  d'échapper  à  cet  enibarras.  Il  ré- 
pond à  la  question  posée  :  Non  pas  il  y  a 
viol,  mais  il  y  a  eu  défloration  complète, 
incomplète,  ou  nulle  ;  il  y  a  ou  il  n'y  a  pas 
^de  traces  de  violence.  Au  juge,  après  cela^ 
deiaire  de  ces  appréciations  ce  qu'il  vou- 
dra (4)- 

Cet  exemple  serait  bon  à  imiter,  isi  le 
signe  invoqué  avait  toute  la  valeur  que  lui 
attribue  l'éminent  légiste  ;  je  n^ai  pas  à  re- 
venir sur  ce  point,  qui  a  été  longc^ment 

(1)  M.  Penard  raconte  |{ae  dans  une  occasion 
oû  il  avait  reçu  la  Mission  dt  décider  si  deux 
alteolats  à  lu  'pudeur  avaient  été  commis,  il  se 
laissa  aller  à  traiter  dans  son  rapport  la  question 
de  viol  :  en  cour  d'assises,  il  fut  rudeaient  ramené 
par  le  président  aux  attentats  à  la  pudeur,  qui 
étaieiH  en  iitige. 

33 


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238 


ACADÊHÎIBS  ËT  SÔClâTËS  SAVANlrl^. 


dtsèuté.  WaH  puisctu'oti  ne  peut  s'en  tenir  à 
ce  carftetè^e  exclusif,  le  v^t*ai  moyen  dié 
faire  disparaître  le  désaccord  serait  peut- 
^ire  de  'modifier  la  rëdaetiori  des  artiéleé 
531  et  55S,  et  d^  donner  i^ne  autre  portée 
aux  mots  viol  ^t  attentats  à  îa  pudeur.  Ces 
derniers  pourraient  correspondre  h  tous  les 
actes  coupables  sur  l*nn  ou  rautresexé, 
commis  en  dehors  de  la  sphère  ^nitale  de 
la  femme.  Le  mot  viol  serait  réservé  è  tous 
ceux,  de  quelque  nature  quMls  fussent,, 
ayant  leur  aetion  sur  les  organes  génitaux, 
et,  une 'fois 'la  culpabilité  établie,  le  nom' 
de  viol  lui  serait  légiliniemcnt  appliqué. 
Dans  rim possibilité  de  reconnaître/  même 
par  le  témoignage,  si  e*est  Forgane  sexuel 
de^rhomme  ou  un  corps  étranger  qui  a 
produit  le*  désordres  qne  Ton  constate, 
considérant  d'ailleurs  qu'une  atteinte  de 


cette  nature  est  toujours  pltis  odfeftie  que 
poUr  les  autres  attcniatsl,  je  Mrtiis  pofté  è 
désigne^  ainsi,  avec  M.  Tardîeu,  to<ite  vio- 
lence, de  quelque  nature  qu'eWfe' =sôil,  exer* 
cée  sur  les  organes  sexuels  de  la  femme.  SI 
cette  manière  de  voir  était  Bdopté<^,  la  pé- 
nalité devrait  être  graduée  suivant  les  dr* 
constances t{ui  douneniBucrfmeon  aspeet 
vané;  on  éviterai)  par  \h  une  eonfusion. 
regrettable.  Le  mot  iiiol  ne  serait  point  dé^  ' 
tourné  de.  son  acception  prihiUivè,  puisqUUt 
>  a  toHJonrâ  violence  sur  Tes  organes 
sexuels,  mith  VcUtentàt  à  la  ;>«t!êtir  serait 
séparé  complètement  dé  ce  dlemier  errmé, 
et Texpert  pourrait  plus  facilement  répon<* 
dre  à  toutes  les  question^'  po^iées>  sans 
crainte  de  sortir  d«  son  rèle  et  xl*Usin^per 
les  attributroiis  de  la  magistrature. 

(  Anuàles  d'hygièh»  ^t^lixiiue, ) 


III.  âGADÉMIE^  et  SOClËTéS  SAViiKTBS. 


Société, Royale  de»  Seîenoes  médi«alet  et, 
oaturelles  de  Bruxelles. 

Bulletin  de  la  séance  du  6  ttptefnbre  187^^ 

Pre*/rfwr;  M.  L.  Martin.       ,   , 
Se,crétair:e  :  AI.  van  den  Corput* 

Sont  présents  :  MM.  Tiriffrfay,  Martin/* 
Rommclaere,  Lorge,  Vande  Vyvere,  Cha- 
ron,  Ledeganok,  Wehenkel,  Schuormans,' 
van  den  Corptit. 

Le  procès -"ver bal  de  la  séance  pré«é«' 
dente  est  lu  et  adopté. 

La  Correspondanee  comprend  :  i*>  Une 
Lettre  de  M.  le  do^^teur  Degliilag<  r9pp;cla«t 
la  demande  d'échange  par  loi  précédem*^ 
menC  faite  ées  Archivas  belges  de  thérapeu- 
tique avec  le  Journal  demédediie  de  Bruxel- 
les. Renvoi  à  M.  van  den  Corput;  i«M.  le 
dœtenr  |)ourn« ville  fait  hommage  de  la 
brochiiro  qu^ii  vient  de  publier  eut  le  cas 
de  Louise  Lateau,  Renvoi,  pour  analyse 'il 
M.  J.  De  Smeth,  en  même  temps  c(ae  le 
livre  de  M.  le  docteur  Boëns  sur  le  même 
sujet  ;  5<*  M.  Haaxman  fait  hommage  de 
J'étttde  qu'il  a  publiée  sur  Lceuwenhoek. 
Renvoi  pour  compte- rendu  à  M.  Lede-  , 
ganck;  4»  M.  le  docteur  Ncpveu,  de  Paris 
fait  hommage  de  différents  opuscules  de 
chirurgie  dont  il  est  Tàuteur  et  qui  sont 
renvoyées  pour  analyse  à  M.  Tirifabyj 
5"  La  Société  reçoit  encore  avec  demande 


d'échange  un  journal  italiAQ  intitulé  :  /?tf . 
vista  sperimenipUe  di  FrerUatria,  Renvoi  à 
MM,  Janssens  et  De  Smeth  ;  Ô*"  Lettre  de 
M.  le  directeur  du  Journal  de  médecine  de 
Bordeaux  demandant  rechange  de  celui-ci 
avec  le;  Journal,  de  >  médecine  de  Bruxelles, 
Renvoi  à  M^  Rommelaere  pour  nippprt. 

Ouvrages  présentés  : 

1.  Science  et  miraele.  '^  Louise  Latetti- 
on  la  stigmatisée  belge.  '  par  le  docteur 
Bourne ville i  Paris^  1875.  ' 

2.  De  Textirpationdu  rein,  par  le  doc- 
leur  Nepveu.  fai^is,  '1878. 

^.  Rupture  dos  kj^stés^  4e  Tovaire,  par 
le  docteur  Nepvepu. 

4.  Des  lésions  vaséulaîres  dans  les  f rao- 
tares  de  jambe,  par  le  docteur  I^epveu.    > 

>  5.  Contribution  À  l^étude  des  tumeiir» 
dli  testicule,  â«  éd.,  par  ie  docteui*  Nep*- 
veu.  Parfe,  iSl^. 

6.  Bulletin  médical  du  nord,  juin  1^75.'^ 
Lille,  1875. 

7.  Archivées  belges  de  thérapetr{{<|iie, 
par  le  docteur  Deghilage,  ae^t.  Mons, 
1875. 

.  "8.  1)iv4sta  s|>crimei»tale  di  PrettihtHîi  e 
di  medioifta  légal».  Abno  primo.  Reggio- 
Emilia,  1875, 

9.  Sur  la  direction  de  Paiguille  aimantée 
a  Bruxelles,  en  1875;  note  par  M.  Em. 
Quctelet. 


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AQ4PÊVIES  Et  S^tClÉTfe  SAVANTES. 


2b9 


Anno  U,  n*»  9.  Napoli,  1875, 

11.  Gaz^Uc  médicale .  de  Hprdaaux. 
Rectteil  écifiuUfique  du  SMd-Quc«t.  N<»'  11 
eMi^*  Bordei^uJ!^,  iH75. 

12.  Antony  V3n  Leeuwenlioek,  door 
P.  J.  Haaxroan.  LeiJcn,  1875. 

15.  Exposition  internationale  et  Con- 
grès d'hygiène  et  de  sauvetage  de  187(5. 
Règlements  généraux   Bruxelles,  i875. 

14.  Congrès  périodique'  international 
des  sciences  médicales,  4«  session,  Bruxel- 
les, 19  septembre  1875.  Programme  et 
règlement.  Bruxelles,  1875. 

15.  Bulletin  de  TAcadémie  royale  des 
sciences  des  lettres  et  des  beaux  arts  de 
Belgique.  N»*  5,  6  et  7.  Bruxelles,  1875. 

16  è  95.  Divers  journaux  et  recueils 
scientifiques  et  périodiques. 

Avant  de  passer  à  Tordre  du  jour,  M.  le 
Président  s'exprime  de  la  manière  sui- 
vante : 

Messieurs  et  chers  collègues.  En  pre- 
nant possession  du  fauteuil  de  la  prési- 
dence auquel  vous  m'avez  fait  Thonneur 
de  m'appelcr  pour  la  seconde  fois,  per- 
mettez-moi do  vous  exprimer  ma  .pro- 
fonde gratitude  pour  le  témoignage  d'es- 
time et  de  sympathie  que  vous  avez  bien 
voulu  me  donner  dans  une  circonstance 
récente  bien  cruelle  pour  moi....  Il  n'ap- 
partient qu'à  des  bommes  de  cœur  de  com- 
prendre combien  une  semblable  démarche 
peut  amoindrir  la  souffrance  de  celui  qui 
en  est  l'objet.  A  ce  point  de  vue  seul,  je 
serais  heureux  et  fier  d'appartenir  à  la 
Société  royale  des  sciences  niédicales  et 
naturelles  dont  les  membres  savent  alliera 
l'austérité  de  la  science  qui  est  appelée  à 
éclairer  l'humanité,  les  sentiments  du  cœur 
qui  en  font  le  plus  bel  ornement. 

Je  vous  remercie  encore  de  la  haute 
marque  de  confiance  que  vous  venez  de 
me  donner  en  me  plaçant  de  nouveau  à  la 
léle  de  la  Société.  Aidé  de  votre  bienveil- 
lant concours,  j'accomplirai  ayec  zélé  et 
dévouement  les  devoirs  que  m'imposent 
mes  noQvelles  fonctions.  J'apporterai  dans 
la  direction  de  vos  savantes  discussions 
toute  It  modération  et  toute  l'impartialilé 
dont  j<  suis  capable.  J'aurai  soin  d'en 
écarter  toiit  ce  qui  ne  ressortirait  pas  à  la 
science  pure  el  surtout  ces  questions  hy- 
brides que,  depuis  quelque  temps,  on 
semble  prendre  à  tâche  de  produire  au  sein 
des  so<iétés  savantes  qu'elles  ne  peuvent 
q^ue  cmipromeUre  sans  profit  pour  cette 


science  qui  n'en, ^f»  que  (airç.  Je  veillerai 
autant  qu'il  me  sera  possible  aux  iptéréts 
de  notre  chère  Société  dpnl  la  situation 
prospère  doit  lui  faire  envisager  l'avenir 
avec  sécurité  et  lui  permotlix*  la,^pcrpc- 
tuation  de  ses  utiles  travaux.  JBnlin,  je 
m'entendrai  avec  notre  Secrétaire  et  Ré- 
dacteur en  chef,  qui  a  rendu  tant  et  de 
si  précieux  services  à  la  Société  et  dont  le 
talent  est  justement  apprécié,  pour  ^uc 
notre  journal  paraisse  avec  toute  la  régu- 
larité possible. 

Encore  une  fois,  Messieurs  et  ciiers  col- 
lègues, je  vous  remercie.  (Applaudisse- 
menU,) 

Aucun  des  rapports  portés  à  l'ordre  du 
jour  n'étant  prêt,  la  parole  est  à  M.  Schucr- 
mans  pour  une  communication. 

M.  ScHUERMANS.  Mcssicurs,  c'est  avec 
appréhension  que  je  viens  Vous  soumettre 
un  perforo-tracteur  pour  les  cas  d'angustie 
du  bassin. 

Le  forceps-scie  de  M.  Vanhuevel,  le 
transforafeur  de  M.  Hubert  ont  effacé  les 
céphalotribcs  des  docteurs  Baudeloque,  de 
Cazeaux,  de  Dubois,  deBlot,  de  Chailly,  de 
Depaul,  de  Scanzoni,  etc.  Ces  instruments 
de  nos  compatriotes  ^  si  remarquables, 
doivent  rendre  bien  circonspects  les  prati- 
ciens qui  voudraient  encore  présenter 
d'autres  appareils  de  céphalotripsie.  Ce- 
pendant comme  il  n^'y  a  de  colonnes 
d'hercule  pour  aucune  science,  il  est  permis 
à  un  chacun,  quand  il  croit  avoir  réalise 
un  progrès,  d'exposer  cette  découverte  qui 
en  recule  peut-être  ^cs  bornes.  Agir  ainsi 
est  un  devoir,  auquel  j'obéis. 

J'appelle  donc^  Messieurs^  votre  atten- 
tion sur  un  perforateur  pouvant  s'adapter 
à  l'une  et  l'autre  branche  du  forceps  de 
M.  Vanhuevel.  Il  est  composé  d'un  manche, 
d'un  pas  de  vis  terminé  par  une  gouge, 
dont  la  pointe  est  une  double  vis,  d'un 
point  d'arrêt  et  d'unécrou  mobile  que  l'on 
attache  à  la  branche  du  forceps. 

Comme  perforateur  simple  du  crâne  il 
est  certain  qu'il  a  des  avantages  consi- 
dérables sur  les  ciseaux  de  Smellie,  de 
Blot  et  les  perce-crânes  à  trépan.  La  mobi- 
lité de  la  tête  la  fait  fuir  au  devant  de  ces 
instruments  qui  peuvent  glisser  dans  un 
faux  mouvement,  et  compromettre  l'inté- 
grité du  vagin  et  do  la  matrice»  Quand  il 
s'agit  d'aune  présentation  de  Is^  face,  on 
doit  encore  craindre  d'engager  le  perfora- 
teur dans  les  os  de  la  face,  où  il  pourrait  se 
perdre  sans  atteindre  la  cavité  crânienuie. 


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260 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


Avec  le  perforateur  que  nous  présentons, 
aucun  danger  n*est  à  redouter,  ni  auenn 
inconvénient  de  Tespèce  n*est  à  encourir.. 
Disons,  tout  d*abord^  que  c*est  une  erreur 
de  croire  que  le  pelit  forceps  de  iM.  Van- 


buevel,  ne  puisse  point  s'appliquer  au 
détroit  supérieur,  et  à  plus  forte  raison 
qu'une  seule  branche  ne  puisse  y  être  con- 
duite. On  doit  aVoir  la  précaution  éffi  rin-* 
sinuer   profondémept  d'api^ès  les  circoa- 


D 


U^Cenâ. 


i 


K 


stances.  Il  est  plus  facile  à  manier  que  le 
forceps  de  Hatin  parce  qu*il  est  plus  court, 
qu'ainsi  la  main  est  plus  maîtresse  des 
directions  imprimées^  qu'elle  e^t  plus  sûre 
de  ses  mouvements,  comme  elle  Test  plus 


de  ses  incisions  quand  elle  manie  on  scal- 
pel qu'un  long  bistouri.  Lorsque  Ton  a 
introduit  la  branche  armée  dé  fécrou, 
ce  qui  est  toujours  facile  même  au  détroit 
supérieur,  la  branche  étant  unique,,  on 


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ACA1>ËM1ES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


261 


charge  un  aide  de  déprimer  fortement  la 
région  bypofj^astrîque  pour  fixer .  la  tète  du 
fœtus  sur  le  détroii  supérieur,  et  par  cod< 
séqdent  contre  la  braocbe-  introduite. 
Llside  se  placera  du  côté  de  cette  dernière^ 
et  avcfe  .tes  deux  mains,  il  appuiera  cette 
'  tête  contre  la  cu>î)Ière.  On  place  alors  la 
tige  du  perforateor  dans  Técrou,  on  pousse 
doucement  le  manche  là  gouge  est  couverte 
d'un  dé  en  caoutchouc  et  ensuite  on  tourne 
le  manche  du  perforateur.  Une  fois  le 
crâne  saisi,  la  perforation  se  fait  sans 
danger,  les  parois  utérines  garanties  par 
le  crâne  et  la  branche  du  forceps  se  trou- 
vent dans  rimpossibîlité  d'être  atteintes  et 
la  craniotomie  s*opère  jusqu'à  rextrémité 
de  là  branche  introduite^  sans  Tombre  d*une 
lésion.  L*aide  dès  lors  cesse  la  dépression. 
Arrivé'  X  ce  temps  de  Topératibn  on  doit 
avoir  exaniiné  comment  il  faut  procéder 
ensuite.  Le  bassin  ti*est  point  rétréci,  ou  il 
Test  peu,  il  présente  encore  8  4/2  centi- 
mètres à  H  centimètres'  dans  son  diamètre 
sacro^pelvieta,  une  seule  pi^rforation  est 
peut-être  suffisante  et  Ton  peut  immédia- 
téknent  tenter  des  tractions;  Touverture 
d*enti<ée  faite  an  crâne  étant  plus  grande 
qtic  la  tfgC;  la  substance  cérébrale  s'écou- 
lera ft^iiement  lé  long  de  celle-ci  et  la 
voûte  s'aihincit' d'autan  t.  Mais,  si  le  bassin 
ne 'mefsuré  que  7  centimètres,  et  à  plus 
forte  raison,  s'il  n'eri  a  qlie  6  à  5,  il  faut 
de  toute*  nécessité  pratiquer  plusieurs  per- 
forations à  la  base  du  crâne  (sphénoïde) 
dont  ia  solidité,  d'après  la  croyance  com- 
mune, est  le  seul  obstacle  à  la  sortie  de  ta 
tête.  L*exti^cnrïté  de  la  cuiller  du  foreps^ 
alteiâf  le  plus  souvent  cptte  base.  On  intro- 
duit'donc  la  branche  femeKe  aussd  haut  que 
possible,  et  après,  avoir  fait  une  première 
perforation^ on  dévisse  un  peu  la  tige  et  l'on 
abaisse  de  deux  centimètres  la  partie  supé- 
rieure de'  la  branche,  et  Ton  dbnne  de 
nouveau  quelques  tours  de  vis  jusqu'à  ce 
que  le  perforateur  ait  rencontré  le  forceps. 
L.'on  retire  peu  à  peu  la  baanche  et  à  chaque 
distance  de  ^  centimètres  Ton  pratique 
une^erforation  jusqu'à  la  sortie  du  crâne. 
Branche  et  tige  sont  ensuite  retirées  en 
protégeant  les  parties  materiftlies  avec  les 
doigts.  Ion  applique  ensuite  la  branche 
mftie  et  l'on  recommence  les  mêmes  ma- 
noeuvres j     ' 

Léktrkï'e  binsi  criblé  de' perforations,  les 
os  ch'éVanchent  aiséirient  et  passent  par 
la  fifièrd  du  bassin  à'  la  suite  des  trac- 
tiohsexiculétes  par  la  branche  du  for- 
ceps ^t 'lia  tige  rémpiissàt>t  le  rôle  de  se- 


conde b*'anche,  mais  intra-cfânienne  ;  elle 
n'ocQupe  pas  plus  de  place  que  si  la  bran- 
che introduite  était  seule^  Les  tractions 
présentent  moins  de  danger  que  celles 
opérées  par  le  forceps,  car,  quoique  le 
-crâne  soit  perforé  dans  plusieurs  endi^oits 
il  reste  couvert  du  cuir  chevelu  et  n'offre 
aucun  éclat  d'os;  donc  la  matrice  et  le 
vagin,  garantis  par  la  peau  du  crâne,  ne 
peuvent  être  lésés;  l'on  peut  au  préalable 
îubréiîer  ia  tête  du  fœtus  par  une  injec- 
.  tion  d'huild  pour  en  faciliter  le  glissement. 
Cependant  on  peut  encore  opérer  l'extrac- 
tion de  la  tête  d'une  autre  manière.  L'-on 
glisse  te  long  de  la  tige  une  planchette  en 
chêne  d'une  largeur  de  2  centimètres  et 
d'une  longueur  de  4  centimètres.  Une 
ouvertui^e  pratiquée  en  biseau  permet 
d'incliner  le  bois  sur  la  tige  et  de  l'intro- 
duire  dans  l'ouverture  du  crâne.  Là,  à 
l'aide  d'une  ficelle  attachée  au  bout  intro- 
duit le  premier^  on  conche  la  planchette  en 
travers  de  l'ouverture.  Oii  dévisse  la  tige. 

Le  revers  de  la  gouge  rencontrant  la  plan- 
chette ne  peut  sortir  du  crâne  et  entraî- 
nera par  conséquent  la  tête.  Dans  l'instru- 
ment présenté  la  tige  n'a  pas  assez  de  pas 
de  vis  pour  remplir  ce  but.  Le  mouvement 
de  la  vis  a  une  force  l'xtraordinaire.  Si  les 
os,  les  téguments  de  la  tête  venaient  à 
céder,  ce  que  l'on  sent  à  l'abse/ice  de  la 
résistanc€f  vaincue  et  an  toucher  fréquem- 
ment répété,  aucune  lésion  n'est  à  redou- 
ter. Jamais  dans  ce  cas  cette  résistance 
ne  cesse  brusquement,  puisque  la  traction 
se  fait  avec  la  plus  grande  lenteur  et^ 
cependant  avec  une  extrême  énergie,  natu- 
rellement dans  cette  manoeuvre,  à  mesure 
que  le  crâne  s'allonge  et  descend,  on  retire 
peu  à  peu  la  branche  du  forceps  contre  le 
périnée,  autrement  elle  remonterait;  la 
puissai^ce  doit  se  trouver  dans  le  manche 
du  forceps.  Si  Ton  ne  réussit  pas,  on 
tire  la  ficelle  et  l'on  introduit  le  doigt  ou 
une  sonde  dans  l'otiverlure  du  crâne,  on 
fait  basculer  la  planchette  que  Ton  enlève 
par  le  cordon  qui  y  est  attaché. 

Avant  d'opérer,  on  doit  avoir  soin  de 
constater  le  côté  te  plus  léiréci  du  bassin, 
s*il  y  a  asymétrie.  Supposons  que  ce  soit 
la  ligne  sacro-cotyloïdienhe  droite,  eh  bien, 
on  appliquera  la  branche  femelle  et  c'est 
par  la  ligne  la  moins  rélrécie  c'est-à  dire 
par  la  ligne  sacro  eotyloïdiennc  gaucho 
que  l'on  fait  les  tractions. 

Lorsque  le  rétrécissement  porte,  c'çst  le 

cas  le  plus  ordinaire,  sur  le  diamètre  sa- 

'  cro  p.ubien  l'on  attire  la  partie  de  là  tête 


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â((â 


ACADÉMIES  BT  $<M:1ÉTËS  SAVANTES. 


saisie  vers  le  colé  clroit^  la'  ligna  3aoro- 
cotyloîdienne  droite  et  Ton  s*eiïprce  de 
faire  glisser,  pour  ainsi  dire,  sur  Fau^^le 
sacro  vertébral  faisant  obstacle,  la  tétc 
dont  les  os  perforés  de  la  base  au  sommet 
chevaueberont  et  suivront  diagonalement 
la  branche  du  forceps,  à  moins  qu*on  n>it 
recours  à  la  traction  centrale. 

Si  je  voulais  exposer  Içs  avantages  de 
ce  perforotracteur,  je  dirais  d^abord  que 
la  branche  du  forceps  est  un  instrument 
familier  que  Ton  emploie  asî^z  souvent. 
Ce  n*cst  donc  pas  un  instrument  extraor- 
dinaire que  l'on  n'est  appelé  à  appliquer 
que  dans  les  circonstances  exceptionnel- 
les, etheurcusement  rares.  Tel  est  surtout 
le  terebellum  de  M.  Hubert,  instrument 
nouveau  dont  on  doit  apprendre  le  manie- 
ment; dans  son  application  on  rencontre 
de  grandes  difficultés  et  de  graves  incon- 
vénients exposés  déjà  par  M.  Hyernaux 
dans  son  traité  d'accouchements  ',  d'abord 
le  crâne  peut  fuir  devant  le  perforateur 
qui  peut  alors  glisser  et  blesser  les  parties 
génitales^  ensuite,  malgré  la  présence  du 
terebellum  dans  le  vagin,  il  faut  introduire 
la  branche  protectrice  très-concave  ;  certes 
cette  manœuvre  ne  peut  être  facile.  C'est 
d'ailleurs  un  instrument  lourd,  pouvant 
dès  lors  contusionner  le  conduit  utero- 
vaginal.  La  conformation  Tempéchc  de 
suivre  la  filière  du  bassin  et  de  contourner 
le  crâne  comme  les  branches  du  forceps 
quoiqu'il  soit  fait  pour  atteindre  la  base 
du  crâne,  le  sphénoïde.  Il  ne  peut,  étant 
d'une  largeur  de  7  ceniimètres  téréborer 
le  crâne  dans  la  ligne  sacro -pubien  ne  §1 
elie  n'a  que  6  centimètre,  ce  que  nous  pou- 
vons faire. 

Quant  au  forceps  scie  de  M.  Vanhuevel. 
M.  Hubert,  de  son  côté,  en  a  exposé  les 
inconvénients.  Dans  l'asymétrie  du  bassin, 
son  application  est  difficile,  sinon  impos- 
sible. L'élévation  de  la  tête  qui  ne  s'engage 
pas;  sa  déviation,  sa  mobilité,  r(nclinaison 
exagérée  du  détroit  supérieur  empêchant 
les  cuillers  d'être  ramenées  assez  en  avant, 
entravent  souvent  l'articulation  des  bran- 
ches. Comme  la  tête  ne  pèse  pas  ou  mal 
sur  le  col,  la  dilatation  se  fait  très-lente- 
ment, il  faut  attendre  longtemps  avant  de 
pouvoir  opérer;  de  là,  parfois  des  perfora- 
tions vêsico- utero -vaginales  et  fistules 
consécutives  ;  et  puis  le  sciage  donne  lieu 
à  un  agacement  de  l'utérus  qui  n'est  pas 
sans  influence  sur  la  phlogose  de  cet  or- 
gane. L'extraction  des  os  sciés  offre  aussi 
du  danger,  ils  peuvent  déchirer  Itis  parties 


mAteriielles  et.  souvent  il  faut  recourir  à 
à  des  pinces  spéciales  .inventée^  égaiemaal 
par  M.  VanhueveL  Des  praticiens  même 
préfèrent  la  version  a  ra{»plJoatioa,  péril- 
leuse du  forceps  au  détroit  sup^rieiM*.  Les 
maîtres  dans  l'art  s'eq  fbnt  seuls  un  jeu. 

Cependant,  messieurs,  si  Ton  cr^t 
devoir  employer  la  section  du  crâne,  le 
procédé  suivant  empéol^era  pei^têtre  doré- 
navant d  être  obligé  de  se  procurer  l'ap- 
pareil si   dispendieux  de  M.    Vanhuevel. 

L'on  fait  forer  deux  trous  dans  les 
extrémité  des  branches  du  forceps  j  et  l'on 
passe  une  ficelle,  La  plus  solide,  double 
même,  que  Ton  puisse  rencontrer^  «  elle 
doit  remplacer  la  scie  à  chaînette,  »  par  ees 
ouvertures  en  laissant  des  extrémités 
très -longues,  et  Ton  applique  alternative- 
ment les  branches  du  forceps,  Au  n^ilieu 
de  celles-ci  se  trouve  donc  une  ans^  qui  se 
tend  Sur  la  téta  comprise  et  ÛJié^  dans  les 
cuillères,  quand  on  tire  les  extrémités  de 
la  ficelle;  ces  deux  bouts  sont  ensuite  pas- 
sés dans  un  spéculum  et  Ton  exécute  des 
mouvements  de  va  et  vient  rapideS'  e(  l'on 
déplace  la  ficelle  de  n'importe  quelle  na- 
ture, quand  on  craint  qu'elle  ne  se  ca^se. 
Oh' peut  encore  forer  dans  les  records  an- 
térieurs des  fenêtres  du  forceps,  deux  aqtrcs 
ouvertures  à  distance  conveua|)le  et  l'on  y 
passe  des  ficelles  séparées^  chaquq  liranohc 
sera  donc  munie  de  trois  lieils sécateurs  et 
la  tête  sera  saisie  alternativexueut  par  une 
des  trois -anses  que  Ton  fera  agir  par  le 
sciage  ou  par  la  puissance  de  l' écrase ur  de  < 
Chassaignac.  . 

Pour  empêcher  que  les  parois  de  l'utérus 
ne  soient  lésées,  l'on  c<>uvre  les  branches 
du  forceps  d'une  enveloppe  en  caoutphouc 
percée  de  trous  pour  le  passage  des  ficelles. 

Les  avantages  du  nouveau  p^rforo- 
tracteur  semblent  incontestables..  Il  peut 
s'appliquer  dans  les  cqs  de  rétrécissement 
les  plus  extrêmes.  N'introduisant  qu'une 
seule  ibranche,  on  no  doit  se  soucier  d'au- 
cune articulation,  on  l'applique  comme  on 
veut  et  comme  on  peut  d'après  les  indica- 
tions. L'on  ne  doit  pas  attendre  la  parfaite 
dilatation  du  col  qui  s'élargit,,  du  reste, 
sous  l'Hifluence  des  manœuvres  employée;*  ; 
celles-ci  se  font  pour  ainsi  direfi  l'insu  de 
la  femmC;  sans  douleur  que  jors  des  trac- 
tions. La  perforation  ne  donne  lieu  à 
aucun  agacement  ni  ébranlement  du  sys- 
tème utérin,  comme  le  sciage  et  la  térébo- 
ration  du  crâne.  Les  os  de  celui-ci  restant 
toujours  couverts  par  le  cuir  chevelu  ne 
peuvent  blesser  les.  parties  maternelles  au 


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AGAtyfiMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


265 


momtffit  de  Textrâètion  *  les  os  selés  peu  • 
vent  te  fiBiirc.  Après  décollation,  Textraction 
de  ta  tété  serb  désopmtrb  rendue  facile. 

Lecorps  de  fenfant  étant  sorti,  on  peut 
fon  aisément  perfbrer  la  base  du  crâne, 
après  avoir  introduit  une  branehe  du  for- 
ceps naturellement  armée  de  son  perfora- 
leer,  ti  certes  pour  cettt*  application  les 
diiffiêiilcésismit  loin  d*élre  au.Hsi  {«randesque 
celles  que  Ton  rencontre  dans  l'emploi  du 
forcepss  seie  et  le  perfoi:ateur  de  M.  Hubert. 
On  peut  encore  utiliser  le  perfbro  tracteur 
dans  la  décolhitfon  de  la  tète.  Dernièrement 
M.  flyemanx  a  perfectionné  un  instrument 
fort  Ingénieux  ressemblant  a  un  doif^t  pour 
porter  une  ficelle  sécatrice  par  dessus  le 
cou  du  fœtus  se  présentant  par  le  tronc 
lorsqnMI  s'agit  de  faire  Pembri'olomie, 
Timpossibilité  <de  la  version' étant  reconnue 
impossible. 

D'abord,  e^est  un  nouvel  instrument  et 
déjà  Tarscna!  obstétrical  est  assez  encom- 
bré* et  qui  nous  dît  que  dans  saHexidn,  N» 
doigt  artificiel  ne  pourra  accrocher  les^ 
parois  de  ia  matrice,  et  par  conséquent  les 
blesserj^t  pnis  pour  attefndre  le  bout  du 
dbîgt  introduit,  on  doit  souvent  se  livrer  à 
des  e#arts  qui  ne  sont  pas  sans  danger  eu 
égard  à  la  minceur  du  cuMe-sac  postérieur. 
Au  contraire,  en  insinuant  derrière  le 
dos  de  l'enfant  une  brancèc  de  forceps 
armée  du  perforateur,  sans  pérrl  aucun 
on  coupera  peut-être  aisément  les  vertèbres 
du  «ou  et  les  tégutu«nts,  et  Tbn  opérera 
la  détroneation  et  rembryotomk*. 

Néanmoins  il  est  encore  un  antre  procédé 
pour  introduire  un  fil  sécateur  et  qui  sera 
préférable  dans  toutes  les  circonstances  où 
laèeetion  du  trono  fœtal  est  indiquée.  Ce' 
proeédé  fort  shnpie  n'a  pas  encore  été  indi* 
que,  que  je  sache,  dans  aucun  auteur. 
Vo»s  passes  nn  lien  dans  Textrémité  d'une 
sond'*  en  gomme  élastique,  h  Taide  d'un 
mandrin  droit  vous  l'introiluisez  derrière 
le  pubis,  l'ayant  pénétrée  à  la  profondeur 
voulue,  on  glisse  dans  la  botigie  un  mandrin 
courbe,  la  concavité  inclinée  vers  la  cuisse 
opposée  a  la  tête  du  foôtus.  Puis  Ton  fait  le 
lotir  de  maître  en  bas,  l'on  tourne  la  con- 
cavité vers  le  péHnre  et  on  pousse  la  «onrie 
derrière  h  fœtus,  à  la  Recherche  du  doigt 
ijui  accroche 4é  lien  que  l'on  râfnène  double. 
Dans  M  présentation  du  siège  l'oninfro- 
duît  de  cette  manière,  au-dessus  des  aines 
tin  ruban  oour  faire  ensuife  des  tractions 
ooiiven»b4s.  La  bouille  peut  aussi' être  in< 
stnuée  io  jong  in  sacrum  et  le  doigi  der^ 
fièrelè p^b4s.  ' 


Maintenant,  Messieurs,  laissons  à  l'expé- 
rience le  soiîi  de  décider  ^t  de  l'avenir  et 
de  la  supériorité  du  perfore -tracteur  et 
des  deux  procédés  que  j'ai  eu  l'honneur  de 
vous  présenter. 

Avant  dé  clore  ce  travail  je  tiens  à  vous 
exposer  une  nouvelle  théorie  du  méca- 
nl^me  des  mouvements  de  la  tête  pour 
sortir  du  bassin.  Je  fais  connaître  ce  mé- 
canisme parce  que  cette  connaissance  est 
nécessaire  (|ans  certaines  manœuvres 
manueil(*6  mais  surti)ut  dans  l'application 
du  forceps  et  du  pcrforo-tracteur. 

La  nature,  pour  mouvoir  les  animaux,  et 
particulièrement  nous-mêmes,  .se  sert  du' 
levier  du  troisième  genre.  Elle  l'emploie 
égalenient  pour  opérer  les  aceoucbements. 
Elle  dérogerait  à  «es  lois  par  une  conduite 
contraire,  de  qui  n'est  pas  dans  ses  habi- 
tudes. Si  l'une  ou'  l'autre  cause  l'en  fait 
dévier,  aussitôt  l'accouchement  devient 
vicieux. 

Le  diamètre  longitudinal,  le  mento  occi- 
pital est  le  plus  considérable  (13  à  14  cen- 
timètres). La  puissance  transmise  par  la 
colonne  vertébrale  est  au  trou  occipital,  la 
résistance  à  l'occiput  ou  auN  menton  et  le 
point  d''appul  au  rpenton  ou  à  l'occiput.  La 
nature  ne  pouvait  agir  autrement  puisque 
la  tête,  pour  franchir  les  détroitsf  supérieur 
et  Inférieur,  doit  présenter  successivement 
ses  plus  petits  diamètres  qui  sont  le  bi- 
pariétal  (9  centimètres  1/2)  le  bi-temporal 
(7-8  cent1mèlres,)Ie  vertical,  le  sous  occi- 
l»ito-bregmatfque  (9  centimètres  1/2)  le 
trachclo-brcgmatique  l9  centimètres)  le 
fronlo-mentônnier  (8  centimètres). 

Au  lieu  des  quatre  temps  des  auteurs  l'on 
est  en  droit  de  n'en  admettre  que  deux. 

Le  premier  temps,  le  plus  long,  dure 
aussi  longtemps  que  la  pnissance  trans- 
mise par  la  colonne  vertébrale  ou  cervi- 
cale s'exerce,  soit  sur  le  bras  de  levier 
occipito-atloïdien,  soit  sur  le  bras  mento- 
atloïdien.  L'occiput,  dans  le  premier  cas, 
animé  par  la  force  intermittente  produite 
par  l^s  contractions  des  parois  utérines, 
abdominales  et  diaphragmatiques,  descend 
et  sort  du  bassin  par  les  points  les  moins 
résistants  ;  se  heurtant  aux  surfaces  os- 
seuses du  fond  de  la  cavité  cotyloîde,  aux 
branches  qui  forment  le  trou  sous  pubien, 
aux  ligaments  saero-seiatiques,  aux  tube- 
rosités  de  l'ischion^  h  la  brariche  ascendante 
de  l'ischion,  il  glisse  enfin  sousTarcade  pu- 
bienne, où"  la  résistance  étant  moindre, 
s'évanouit  bientôt  complètement.  Pendant 
ce  temps  le  mentnn  est  maintenu  contre  la 


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264 


ACAi>ÉMlBS  ET  SOCIÉTÉS  SAVAOTÉS, 


poitrine  où  il  a  9on  point  d'appui,  par  le 
col  qui  comprime  le  front,  le  menton.  En- 
suite commence  le  second  temps.  L'occiput 
prend  son  point  d'appui  sous  Tarcade  pu- 
bienne, et  la  puissance  rachidienne  peu  à 
peu  se  déplace  sur  le  bras  mento  atloïdien 
qui  fait  apparaître  le  vertex,  le  fronts  le^ 
nez,  le  menton.  On  a  prétendu  que  le 
dégagement  se  fait  par  la  combinaison  de 
plusieurs  forces  dont  la  tangento  est  très- 
difficile  à  saisir.  La  plupart  de  ces  forces 
n'existent  pas.  Ainsi  la  contraction  da. 
vagin  est  très  faible,  on  peut  s'en  con- 
vaincre par  l'application  du  spéculum. 
Elle  doit  être  complètement  nulle  quand  il 
est  distendu  par  un  corps  aussi. volumi- 
neux que  la  (été  du  fœtus,  l.e  périnée  est 
certes  un  obstacle  au  dégagement  de  la  tête.. 
11  maintient  le  plus  longtemps  la  flexion 
de  celle-ci  en  jouant  le  rôle  d'un  second  col 
qui,  comme  Tutérus  n'est  guère  propulseur^ 

Mais  quel  est  l'accoucheur  qui  a  senti 
le  bras  comprimé  par  le  périnée  de  telle 
sorte  qu'il  l'expulse  du  vagin  et  de  la 
vulve?  Quand  le  périnée  a  été  entamé,  le 
inouvemtint  de  déflexion  se  fait  également, 
peut-être  avec  moins  d'énergie  parce  qu'il 
n'y  a  pas  eu  grand  obstacle  à  enlever,  et 
qu'en  conséquence,  le  bras  alloïdo  menton- 
nier  n'a  pas  du  être  animé  d'une  grande 
force  produite  par  les  contractions  uté- 
rines et  musculaires  abdomina<es,  pour  le. 
surmonter.  Il  est  certain  que  si  l'occiput 
peut  être  poussé  assez  loin  de  la  vulve 
pour  que  la  puissance  utérine  ne  doiv.e 
agir  sur  le  brasatloido-menlonnier,  la  dé- 
flexion n'aura  pas  lieu  puisque  cette  puis- 
sance n'a  pas  du  donner,  soit  que  le  périné 
fût  effacé  et  que  les  épaules  se  fussent  sur- 
le-champ  engagées.  Dans  ce  cas,  la  force 
transmise  par.  le  cou  continue  son  action, 
sans  devoir  se  déplacer  et»  par  conséquent, 
elle  contraint  l'occiput  de  s'avancer  au  delà 
de  l'arcade  pubienne,  et  d'entraîner  à  sa 
suite  le  bras  atlo'Mo-mentonnier.  Le  second 
temps  est  inutile.  Quand  la  télé  est  sortie, 
bien  souvent  on  a  de  la  peine  à  atteindre  les 
çpaules,  preuve  évidente  que  ce  ne  sont  pas 
elles  qui  expulsent  la  tête,  et  comme  nous 
avons  vu  que  le  conduit  vagino-vulvaire  est 
inerte,  il  n'y  a  donc  que  le  racbis  qui  trans- 
mette la  puissance  au  bras  ocoi pi to-roep tou- 
rner pour  le  mouvoir.  C'est  surtout  la  pré- 
sentation de  la  face  qui  démontre  encore 
plus  clairoment  cette  vérité. 

L'occiput  se  couche  sur  le  dos  et  est 
maintenu  dans  cette  situation  par  le  coL 
Le  diamètre  mentofrontal    n'ayant  que 


8  centimètres,  ,peut  donc  iranpbir  tous  les 
diamètres  .d'un  bassin  normal^  Ifals  la 
brièveté  du  cou  s'y  vppose  ;  doAC  la  puisr' 
sance  utérine  et  abdominale  «agit  sur  le 
bras  mento-atloïdien  ;  et;  aas^  longtemfis 
que  le  menton,  qui  s'abaisse  fortement^  ne 
peut  s'engager  dada  un  point  nqn  résistant 
qui  se  trouve,  être  seuteinenC  à  ('arcade 
SOUS' pubienne,  In  puissance  s'iexeree  iauti- 
lement,  elle  n'a  aucune  prise  sur  le  bras 
oceipilo-atloïdien  et  les  dian^èti^es  qui  ae . 
présentent  ne  sont  guère  favorajbles,  le 
mentobregmatique  et  le  mento-occipital. 
Donc  impossibilité  de  sortir  si  le  aienlion 
ne  se  place  dahs  un  :Vide  et  que  la  puis- 
sance ne  vienne  à  ^  manifester  sur  l'autre 
bras.  Mais  le  menton  descendu  dans  Kexoa- 
vation  après  plusi($urs  mouvements  de  va 
et  vient,  vient-il. à  atten^dre  l'arcade  sous^ 
pubienne,  aussitôt  Teffort  se  porte  sur  le 
bras  atloîdoooocjpital^  et  Je  dégagement  se 
fait  avec  plu$  de  lenteur  il  est  vrai,\  que 
dans  la  présentation  de  l^ccipul,  puisque 
le  pubis  ralentit  la  transmission  de  la  puis- 
sance cervicale,  de  telle  sorte  que  le  dos 
de  l'enfant  a  souvent  le  temps  de  descendre 
dans  rexcavation  et.  d'aider  la  puissapoe 
rachidienne  en  appuyant  sur  l'ooeipitl  nii 
le  bras  atloïdo-occipital. 

Dans  la  présentation  du  siège,  îl.^st 
incontestable  que  cr'est  bien,  par  le  système 
du  levier  di|  tr<>isième  genre  que  -la  puis*, 
sance  utérine  dégage  les  hanches*  D'abord 
action  sur  la  hanche  gauche^  qui,  glissant 
sur  la  face  interne  du,  trou  sous-pubien  et 
du  muscle  obturateur  interne  se  porle  dér-  * 
rière  la  branche  isQbio-puJ[»ienne  droite 
pour  se  montrer  bientôt  à  travers  la  vulve, 
tous  obstacles  insurmontables  jusqu'à  cette 
ouverture  ;  ensuite  action  sur  la  hanehe 
droite,  la.  colonne  vertébrale  lui  transmet 
l'impulsion  pendant  que  la  banchergauebe 
prend  son  point  d^appni  sous  Tarcade  pu** 
bienne  où  elle  resite  immobile.  Celle  là  par- 
court toute  la  face- antéi;ieure  du  sacrum 
et  du  périnée  ,au  devant  duquel  elle  se  . 
contourne. 

.  DanS'la  deuKième  position,  la  coioane 
vertébrale  anime  d'abord  la  hanche  droite, 
puis  communique  sa  force  à  la  hanche 
gauche.  C'est,  donc  par  un  vérkable  im>a- 
vcment  de  balance  ou  de  bascule  (levier 
de  troisième  ordro)  que  l'effort  utéro-abdo* 
minai  4>père  la  sortie  du  crâne,  de  la  face 
et  du  »iége.  Dans  la  présentation  pelvienne 
n'oublions  pas  un  fait  consid«i)rable  qui 
prouve  encore  que  c^est  la  cplonne  verlé- 
brale  qui  donne  à  la  tête  l'énergie  néeéssalre 


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^65 


pour  franchir  la  fliièro  du  bassin.  Quaml 
le  tronc  est  sorti,  la  tête  s*attarde  dans 
Texcavation,  parce  que  les  parois  vaginales 
sont  inertes,  que  1  utérus  ne  peut  plus 
agir  sur  elle  et  que  le  périnée,  surtout  chez 
les  primipares,  s'oppose  à  sa  sortie.  Dans 
ces  cas  Pon  doit  maintenir  le  menton  sur 
la  poitrine  de  Tenfant,  et  relever  le  tronc 
vers  Tabdomen,.  pour  fléchir  davantage  le 
diamètre  occipito-mentonnier  et  extraire 
ainsi  la  télc  présentant  alternativement  le 
nez,  le  front,  le  bregma  et  Tocciput,  par 
le  mouvement  du  levier  du  troisième  genre, 
la  puissance  étant  au  trou  occipital,  Pappui 
à  Tocciput,  et  la  résistance  au  front. 

Ici  certes  Textcnsibilité  du  périnée  et 
non  son  élasticité  ne  détermine  la  flexion 
de  la  têtC;  au  contraire,  et  dès  lors  com- 
ment est-il  possible  qu'elle  force  la  tétc  à 
s'étendre  quand  celle-ci  se  présente  en 
position  occipitale  ? 

Lorsqu'une  femme  est  douce  d'un  bas- 
sin niasculin  par  sa  hauteur  et  féminin  par 
ses  diamètres,  il  se  fait  qur  le  deuxième 
temps  (lex tension)  ne  s'exécute  pas.  La 
force  transmise  parlerachfs,  vu  la  hauteur 
du  pubis^  ne  peut  atteindre  le  bras  atloïdo- 
œento.nnier  d'une  manière  convenable,  et 
le  mouvement  de  bascule  ne  s'opère  pas. 
Nous  avons  observé  que  les  mêmes- phéno- 
mènes se  produisent  dans  la  présentation 
de  la  face.  Il  est  donc  bien  évident  que  les 
accouchements  ont  lieu  par  le  système  du 
levier  du  troisième  genre. 


Premier  temps.  Puissance  en  0  A,  qui 
oblige  ce  bras  à  descendre,  flexion,  des- 
cente; puis  le  pousse  à  chercher  le  vide, rota- 
tion, de  là  sortie  par  Tarcade  sous  pubienne. 

Deuxième  temps.  Puissance  en  A  M,  qui 
oblige,  à  son  tour,  ce  bras  à  descendre, 
pxtensivu,  et  dirige  le  menton  dams  l'axe  du 
rachis,  où  elle  émane.  Remplacez  pour 
la  prés<|ntation  de  la  face  0  par  M  et  M 
par  Q;  pour  la  présentation  du  siège^  0 
par  H  Ô,  M  par  H  D  et  A  par  S,  et  vous 
avezrcfolu  le  problème  de  l'accouchement 
de  toutes  les  régions  qui  se  présentent 
normafement.  L'on  est  loin,  comme  on 
voit,  (je  la  recherche  du  parallélogramme 
et  des  jésultantes  des  forces  se  combattant 


l'nn^  l'autre  dans  l'accomplissemeiit  d*une 
fonction  fort  physiologique  et  parlant  fort 
simple. 

Appliquons  maintenant  ces  données  à  la 
pratique. 

Lorsque  le  bras  occipito  atloîdien  ne 
peut  évoluer  normalement,  Ton  doit  s'en 
prendre  au  col.  M.  Naegele  a  donné  la 
position  oblique  de  la  tête  comme  la  posi- 
tion physiologique.  Elle  retarde  l'accou- 
chement et  certes  elle  n'est  pas  aussi  favo- 
rable  que  la  position  occipitale,  à  cause  des 
diamètres  que  présent^  la  tête  et  qui  sont 
le  bipariétal  et  le  fronto  occipital.  Le  pre- 
mier est  trop  court  pour  atteindre,  par  la 
bosse  pariétale  la  vulve,  et  permettre  à  la 
puissance  rachidienne  de  se  transmettre  à 
l'autre  bras  occipito- pariétal,  car  c'est  éga- 
lement par  le  levier  du  troisième  genre 
que  la  bosse  pariétale  gauche  peut  rouler 
dan^  la  cavité  sacrée  ;  en  outre  le  diamètre 
occipitO'frontale  à  i  1  cent,  i/2^  et  le  détroit 
inférieur  en  a  également  lia  H  1/2.  Dès 
lors  l'on  conçoit  la  diflicullé  de  l'accouche- 
ment. Dans  ce  cas,  l'ouverture  du  col  em- 
brasse la  bosse  pariétale  droite,  elle  la 
coiffe  ;  ne  rencontrant  point  de  résistance 
elle  est  sollicitée  à  descendre,  l'occiput 
arrêté  par  le  rebord  du  col  ne  peut  faire 
son  mouvement  de  descente,  le  bras  occi- 
pito-atloîdien  est  retenu  derrière  le  fond 
de  la  cavité  cotyloîdienue.  Après  avoir  con- 
staté la  présence  de  la  petite  fontanelle  pos- 
térieure reconnaissable  a  sa  triangulai^ité 
terminée  par  les  sutures  bipariétale  et 
temporo-pariétales,  l'on  doit  élargir  le  col 
en  avant  et  à  gauche  ou  à  droite,  et  l'atti- 
rer de  ce  côté  en  allant,  pour  ainsi  dire^au 
devant  de  l'occiput.  Alors  la  posse  pariétale 
sera  repoussée  à  son  tour  par  le  rebord  du 
col  et  la  puissance  du  rachis  se  déplacera  à 
l'occiput;  lequel  s'y  fixera  en  rencontrant 
le  vide  de  son  ouverture  ;  la  lèvre  antérieure 
sera  portée,  par  de  légères  attractions  de 
l'index,  derrière  et  peu  à  peu  au  dessus  du 
pubis.  Par  cette  manœuvre  le  diamètre 
occipito-bregmasique  aura  plus  de  jeu  dans 
le  diamètre  sacro-pubien^  et  le  rebord  pos- 
térieur du  col  maintiendra  le  front  et^  par 
conséquent,  le  menton  contre  la  poitrine. 
Cette  flexion  force  la  tête  à  conserver  ses 
diamètres  les  plus  favorables.  Certainement 
on  peut  de  temps  en  temps  dilater  le  col 
par  Tintroduction  du  doigt;  la  crainte  de 
déterminer  ainsi  son  spasme,  sa  rigidité^  est 
vaine.  La  dilatation  artificielle  faite  avec 
prudence  active  l'accouchement. 

Lorsqu'il  est  nécessaire  d'appliquer  le 

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forceps  an  détroit  supérieur,  il  faut  recon- 
naître si  Tocciput  regarde  la  partie  anté- 
rieure du  bassin  ou  la  partie  postcricurél 
Dans  le  premier  cas,  le  forceps  appliqué, 
on  porte  les  extrémités  fortement  en  avant 
vers  les  parois  abdominales;  par  ce  mou- 
vement On  fléchit  le  menton  sur  la  poi- 
trine et  les  tractions  se  font,  les  manches 
dépHmant  le  périnée,  dans  Taxe  d'une 
ligne  partant  de  la  face  interne  et  supé- 
rieure du  pubis  à  Tos  coccyx. 

En  agissant  ainsi,  on  fait  les  mêmes 
efforts  que  la  puissance  rachidienne,  c'est- 
à-dire  que  Ton  abaisse  le  bras  occipital 
atloîdien  dans  Texcavation. 

Si  Toccipût  regarde  la  région  postérieure 
du  bassin,  presque  toujours  à  droite,  on 
relève  de  suite  le  forceps  vers  le  pubis, 
ce  qui  se  fait  en  le  faisant  basculer  sur  la 
main  glissée  sous  Parcade  pubienne,  de 
cette  manière  on  fléchit  le  ntenton  sur  la 
poitrine  du  fœtuis  et  l'en  abaisse  l'occiput, 
c'est-à-dire  l'on  agit  dans  le  sens  du  bras 
occipilo«-atloIdien  en  frôlant  la  concavité 
du  sacrum. 

Pour  la  présentation  de  la  face,  le  men- 
ton remplaçant  l'occiput,  la  conduite  est  la 
même.  Les  tractions  doivent  être  faites 
longuement;  doucement  et  concurremment 
avec  les  douleurs^  de  cette  manière  la  tête 
s'allonge.  Si  l'on  employait  la  violence^  elle 
s'aplatirait  entre  les  cuillères,  et  ses  dia- 
mètres verticaux  seraient  augmentés. 

L'étroltesse  du  bassin  est  reconnue,  la 
craniotomie  inévitable  et  Ton  se  décide  à 
appliquer  le  perfore -tracteur^  soit  une  posi- 
tion occipital  antérieirre.  L'on  introduit  la 
branche  mâle  dont  l'extrémité  est  portée 
fortement  en  avant  et  le  manche  en  arrière, 
l'on  perfore  Tocciput,  on  pénètre  jusqu'à 
Textrémité  où  Ton  atteint  le  coronal.  A 
chaque  mouvement  d'avant  et  d'arrière  et 
de  descente  jusqu'à  la  sortie  de  la  tige  du 
crâne,  Ton  fait  des  perforations  détruisant 
ainsi  l'apophyze  zygomatique  une  partie  du 
temporal,  du  pariétal,  tout  le  côté  gauche 
du  crâne  sur  une  hauteur  de  5  à  4  centi- 
mètres. Ensuite,  l'on  applique  la  branche 
femelle  et  l'on  commence  de  même  les 
perforations  de  l'occiput  en  devisant  et  vi- 
sant lé  manche  de  la  tige  jusqu'au  point  où 
Ton  peut  porter  l'extrémité  de  cette  bran- 
ché le  plus  vers  les  parois  abdominales. 
Puis  l'on  e\écute  les  tractions  dans  la 
direction  du  périnée.  La  tige  tenant  l'occi* 
put  retend  en  fléchissant  le  menton  contre 
la  poitrine,  force  le  crâne  à  ouvrir  ses  dia- 
mètres les  moins  longs.  Le  vertex  s'aplatit 


contre  le  $acrum.  Le  diamètre  bipariétai 
trouvant  un  espace  suffisant  dans  le 
diamètre  transverse  du  bassin,  ordinaire- 
ment normal  ou  peu  atteint  (les  diamètres 
nntéro-postérieurs  sont  le  plus  souvent 
viciés.  Pinard),  s'allonge  dans  ce  sens  avec 
la  plus  grande  facilité,  immense  avantage 
sur  le  céphalotribe  qui,  en  écrasant,' 
augmente  le  diamètre  occipito-bregmati- 
que  obligé  de  franchir,  le  diamètre  sacro- 
pubien  déjà  rétréci. 

Dans  les  positions  transverses  occipito- 
frontales,  fréquentes  en  cas  d'angustie 
pelvienne,  la  première  branche  est  placée 
du  côté  de  l'occiput  que  l'on  perfore.  On 
le  dirige  sur  le  diamètre  oblique  sacro 
cotyloîdien,  on  fait  quelques  tractions  pour 
donner  à  la  tête  une  position  occipitale 
antérieure  pu  postérieure  (droite)  et  l'on 
exécute  les  mêmes  manœuvres  que  plus 
haut. 

Maintenant  détruisons  une  erreur  ayant 
cours  depuis  longtemps  dans  la  science. 

Le  diamètre  promonto-pubien  a  5  cen- 
timètres 4/â;  Ton  recourt  au  forceps  scie^ 
la  section  du  crâne  part  de  la  petite  fonta- 
nelle, rase  le  bord  supérieur  du  temporal 
et  aboutit  aux  arcades  sourcillières.  L'on  ^ 
n'a  pas  touché  ni  aux  temporaux  ni  surtout 
au  fameux  sphénoïde^  et  cependant  l'ac- 
couchement est  possible. 'La  voûte  du  crâne 
s'enlève  facilement  ;  fléchissez  le  menton, 
saisissez  l'occiput  par  la  pince  ou  par  les 
doigts,  agissez  dans  le  sens  du  bras  occipito- 
atloîdien  et  comme  la  hauteur  des  tempo- 
raux n'est  que  de  4  centimètres  et  que  le 
diamètre  est  de  15  1/2,  la  délivrance  se 
fera,  à  moins  ,que  la  aescente  de  l'occiput 
et  la  flexion  du  menton  ne  soient  point 
vraies  depuis^l'apparition  de  la  dame  Eve. 

tlne  sangle  douce  introduite  au-dessus 
du  tronc,  de  la  manière  déjà  décrite,  peut 
.  également  concourir  à  l'évolution  du  foetus^ 
le  bras  faisant  procidence.  Pendant  qu'une 
main  tirant  le  lacs  attire  le  pelvis  vers 
l'excavation  du  bassin  et  le  périnée,  l'autre 
main  refoule  le  dos  et  la  nuque.  Le  seul 
auteurqui  fasse  mention  d'un  lacs  employé^ 
dans  la  présentation  du  tronc,  est  un 
accoucheur  du  xvii°  siècle,  du  nom  de 
Peu.  II  se  servait  du  crochet  mousse  fenê- 
tre pour  faire  avancer  un  lacs  au  dessus  de 
la  poitrine  sur  laquelle  il  le  faisait  agir, 
pendant  qu'il  tirait  ensuite  le  foetus  par 
les  fesses.  Nous  nous  proposons  d'appliquer 
la  sangle  aussi  près  que  possible  des  han- 
ches et  même  au  dessus  de  celles-ci  ;  aussi 
longtemps  que  les  efforts  de  la  puissance 


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utérine  .«'exercent  sur  le  pofnt  ombilical 
racconcbement  ne  progresse  guère,  il  est 
donc  inutile  d'agir  dans  ce  sens.  Riais  aus- 
sitôt que  la  puissance  peut  se  faire  sentir 
sur  le  bras  ombilico-coccygien,  la  scène 
change  ut  révolution  se  fait.  IV  est  donc 
logiquo  d'ap;ïr  sur  ce  bras,  et  c'est  ce  que 
nous  faisons.  Avant  de  faire  de  traction  on 
doit  bien  s'assurer  que  le  cordon  ombiircal 
ne  se  trouve  sous  le  lacs,  autrement  on 
pourrait  déterminer  le  décollement  préma- 
turé du  placenta  et  une  bémorrhagie  grave 
consécutive.  Si  ces  tractions  n'aboutissent 
pas,  l'enfant  étant  mort^  on  tire  le  lacs  à 
l'extrémité  duquel  la  ficelle  est  restée 
attachée  et  l'on  fait  l'embryotomie. 

L'évolution  artificielle  ou  plutôt  la  ver- 
sion pelvienne  est  peut-être  ainsi  appelée 
a  remplacer  dans  certains  cas  la  version 
podalique  souvent  dangereuse. 

Je  vous  remercie,  Messieurs,  de  la  bien- 
veillance avec  laquelle  vous  avez  bien 
voulu  m*écouter,  pénétrés  sans  doute  de 
cette  pensée  que  :  la  simplicité  des  moyens 
constitue  un  véritable  progrès. 

L'assemblée  décide  que  le  travail  de 
M.  Schuermans  sera  publié  dans  le  Bulletin 
de  la  séance  et  la  discussion  à  ce  sujet  por- 
tée à  l'ordre  du  jour  d'une  séance  prochaine. 

La  parole  est  ensuite  à  M.  Charon  pour 
une  communication  relative  à  une  observa- 
tion de  calcur  moral  chez  un  enfant  opéré 
avec  succès.  (Voir  notre  cahier  de  mai, 
p.  478). 

—  Des  rcmerclments  sont  adressés  aux 
auteurs  de  ces  communications. 

L'ordre  du  jour  amène  ensuite  les 
communications  relatives  aux  maladies 
régnantes. 

,iM.  LG  Présidbnt.  L'état  sanitaire  con- 
tinue h  être  satisraisant.  Le  dernier  bulletin 
hebdomadaire  de  statistique  du  bureau 
d*hygiènc  n'accuse  aucun  cas  de  décès  du 
à  la  variole,  à  la  scarlatine  et  à  la  rougeole  ; 
un  seul  cas  de  cholérine,  un  cas  de  fièvre 
typhoîde'et  deux  cas  de  croup;  seules,  les 
diarrhées  infantiles  continuent  à  provoquer 
un  certain  nombre  de  décès  parmi  les  indi- 
gents ;  les  intempéries  saisonnières  et  l'abus 
des  fruité  doivent  revendiquer  la  principale 
part  de  ^es  causes  de  léthalité.  En  somme, 
je  le  répète,  l'état  sanitaire  est  plutôt  favo- 
rable.   [     ^ 

La  sein  ce  est  levée  à  8  i/2  heures. 


Académie  de  Médecine  de  Paris. 

Séance  du  51  aotl/1875. 

Présidence  de  M.  Gosselin. 

'Correspondance.  —  M.  Jules  Guérin  lit 
une  note  dans  laquelle  il  relève  les  termes 
dont  s'est  servi  M.  Briquet  à  son  adresse". 
Il  n'a  nulle  envie  de  prouver  à  M.  Briquet 
q'j'il  est  médecin,  pas  plus  que  de  se  défen- 
dre «  de  !a  grossière  méprise  y  qu'il  a  com- 
mise à  l'endroit  de  ses  idées.  Il  se  borne  à 
faire  remarquer  que,  lorsque  les  partisans 
de  la  doctrine  de  M.  Briquet,  doctrine  qu'il 
a  combattue,  l'ont  obligé,  pour  se  défen- 
dre, de  recourir  à  de  pareils  expédients, 
il  est  permis  de  croire  qu'ils  sont  tout  à 
fait  à  bout  de  bonnes  raisons,  et  que  c'est  ' 
une  dernière  façon  de  se  soustraire  à  l'évi- 
dence de  la  vérité,  et  cette  évidence  est^ 
telle  qu'ils  s'approprient  cette  vérité  au 
détriment  de  ceux  qui  la  leur  ont  apprise? 

Myopie.  —  M.  Jules  Guérin,  à  propos 
de  la  communication  de  M.  Girapd-Teulon 
sur  la  myopie,  pense  que  son  collègue  a 
tort  de  considérer  la  myopie  comme  une 
maladie  toujours  acquise  et  jamais  congé- 
nitale. Pour  sa  part^  il  a  eu  l'occasion 
d'observer  un  myope^  qui  devait  ce  trouble 
de  la  vision  à  une  rétraction  musculaire 
d'origine  congénitale,  et  qui  guérit  com- 
plètement par  la  section  des  muscles  ré- 
tractés. 

M.  Giraud-Teulon  fait  observer  à  M.  Ju- 
les Guérin  que  les  mots  myopie  et  pres- 
bytie n'ont  plus  aujourd'hui,  d'après  les 
progrès  accomplis  en  ophthalmoscôpie,  la 
signification  qu'ils  avaient  autrefois.  La 
myopie  ne  dépend  pas  de  la  rétraction 
musculaire,  mais  d'un  trouble  dans  l'équi- 
libre de  l'action  deé  mu.scles  de  l'œil. 

M,  Jules  Guérin  répond  qu'il  faut  dis- 
tinguer la  myopie  mécanique  de  la  myopie 
optique,  La  première^  ainsi  qu'il  croit 
l'avoir  déniontrc  dans  diverses  communica- 
tions faites  à  l'Académie  des  sciences  et 
contrôlées  par  los  physiciens  les  plus 
éminents,  a  toujours  pour  cause  la  rétrac- 
tion des  muscles  de  l'œil.  Témoin  le  ma- 
lade, myope  au  point  de  ne  pas  voir  à 
â  mètres,  qu'il  a  opéré  et  qui^  après  la 
section  des  muscles  droits  rétractés,  pou- 
vait voir  à  80  mètres. 

M.  Giraud  Tbulon  déclare  que  le  fait 
auquel  M  J.  Guôrin  vient  de  faire  allusion 
est  un  cas  absolument  exceptionnel  et  ne 
doit  pas  être  transformé  en  loi  générale. 
Sans  doute,  il  existe  des  cas  de  myopie 


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208 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


dus  h  rétat  de  spasme  de  raccommodât  ion, 
ou,  pour  mÛMix  dire,  au  spasme  du  mus- 
cle ciliaire,  découvert  par  Donders;  mais, 
encore  une  fois,  c*est  là  tin  fait  excep- 
tionnel. 

M.  J.  GuÉRiN  pense  que,  dans  cette 
question,  c'est  par  rexamén  de  Têtu  de  de 
la  fopction  que  Ton  peut  arriver  à  des 
résultats  précis  plutôt  que  par  les  mensu- 
rations mathématiques. 

Suivant  lui,  Tintroduction  des  mathc* 
marqués  en  ophthalmologie  par  Técole 
de  Donders  a  plutôt  nui  à  la  science  qu*elle 
ne  lui  a  été  utile. 

Il  maintient  que  la  myopie  mécanique 
est  le  résultat  de  la  rétraction  musculaire, 
sans  vouloir  prétendre  pour  cela  que  toute 
myopie  soit  due  à  cette  cause.  Reste  en 
dehors  de  ce  fait  la  myopie  optique,  qui 
reconnaît  une  tout  autre  origine. 

Pansement  ouaté.  —  M.  Gosselin  vient 
présenter  à  TAcadémie,  comme  il  le  lui 
avait  annoncé,  quelques  observation^  sur 
le  pansement  ouaté,  qui  a  été  Tobjet  d'une 
revendication  de  M.  Alphonse  Guéria  con- 
tre les  prétentions  fort  mal  justifiées  de 
ftl.  Burggraeve.  Le  désir  de  M.  Gosselin  est 
d'ajouter  quelque  chose  à  la  communica- 
tion de  M.  Alphonse  Guérin  1  de  formuler 
pourquoi  et  comment  son  appareil  est  bon. 

Cet  appareil  est  bon,  suivant  lui  : 
{o  parce  qu'il  met  à  l'abri  de  Tinflamnia- 
tion  suppiirative  trop  intense;  2°  parce 
qu'il  satisfait  à  cette  indication  par  la 
grande  qualité  d'être  un  pansement  rare, 
qui  maintient  sans  interruption  Tocclu- 
sion,  la  protection,  Tim mobilisation,  Tuni- 
formilé  do  température,  sans  compter  le 
peu  de  sensibilité  des  parties  et  la  satisfac- 
tion morale  du  malade,  toutes  conditions 
qui,  si  la  santé  antérieure  n'est  pas  trop 
mauvaise  et  si  l'hygiène  atmosphérique 
n*esi  pas  trop  défectueuse,  conduisent  à 
ce  résultat  très  simple  et  cependant  bien 
grand  :  la  formation,  rapide  et  sans  entra- 
ves, d^une  membrane  pyogéniquc  ou  gra- 
nuleuse essentiellement  et  rapidement 
réparative. 

Voilà  quels  sont,  d'après  M.  Guérin, 
les  grands  mérites  de  ce  mode  de  panse- 
ment. Quant  à  empêcher  la  production  de 
vibrions,  de  bactéries,  de  corpuscules 
organisés,  s'il  a  parfois  ce  résultat,  souvent 
aussi,  comine  l'ont  démontré  de  très  nom- 
breux examens  microscopiques  du  pus 
qui  y  était  contenu,  il  est  inefficace  à  ce 
point  de  vue,  et  cependant,  en  pareil  cas, 
il  n'a  pas  été  moins  utile  pour  le  malade. 


Il  faut  donc  croire  qu'en  dehors  de  '  ces 
éléments  organisés,  il  existe  également  . 
dans  l'air  certains  principes  nuisibles  qui 
sont  écartés  par  l'occlusion  plus  ou  moins 
complète  résultant  de  l'application  du 
pansement  ouaté. 

Ce  n'est  donc  points  exclusivement 
comme  protégeant  contre  les  germes  atmos- 
phériques, ce  n'est  point  non  plus  exclu- 
sivement comme  agent  de  compression  ou 
d'immobilisation  ou  de  protection  contre 
le  froid,  que  le  pansement  ouaté  mérite 
des  éloges.  Pour  que  les  progrès  très- réels 
dus  à  M.  Alphonse  Guérin  restent  évidents 
et  résistent  à  la  critique,  il  faut  tenir 
compte  de  tous  les  éléments  de  la  ques- 
tion.. Autrement  ce  serait  laisser  les  esprits 
dans  le  doute. 

Déjà  dans  le  mois  de  juin  dernier, 
chargé  de  faire  un  rapport  sur  ce  mode  4e  , 
pansement  au  nom  d'une  commission  com- 
posée de  lui,  de  M.  Larrey  et  de  M.  ^édil- 
lot,  M.  Gosselin  s'est  efTorcé  de  bien  moi}- 
trer  chacun  de  ses  avantages,  sur  lesquels 
il  revient  aujourd'hui. 

M.  Jules  Guérin  dit  qu'il  est  heureux 
de  voir  la  question  du  pansement  ouaté 
porté  devant  l'Académie  par  la  communi- 
cation si  loyale  et  si  importante  de  M.  Gos- 
selin. 

11  résulte  dç  cette  communication, 
d'abord  que  le  mérite  fondamental  attri- 
bué au  pansement  ouaté  par  son  auteur, 
M.  Alphonse  Guérin,  doit  être  abandonné. 
On  sait  que  ce  mérite  consiste,  par  une 
application  des  doctrines  de  M.  Pasteur, 
dans  la  propriété  que  posséderait  le  panse- 
ment ouaté  de  filtrer  Tair  et  d'eitipécher 
les  germes^  bactéries,  vibrions,  en  suspen- 
sion dans  l'air,  d'arriver  &u  contact  de^s 
liquides  sécrétés  par  les  surfaces  trauma- 
tiques.  D'après  le  rapport  de  M.  Gosselin, 
il  faudrait  surtout  rattacher  les  bons  effets 
du  pansement  ouaté  à  la  soustraction  du 
contact  de  l'air.  Le  pansement  ouaté  n'est 
qu'un  pansement  par  occlusion,  un  pn>- 
cédé  de  la  méthode  d'occlusion,  découverte 
et  exposée,  il  y  a  quarante  ans,  par  M.  Ju- 
les Guérin. 

Suivant  M.  Jutes  Guérin,  qui  a  étudié 
et  employé,  sous  tous  ses  modes,  le  pan- 
sement ouaté,  Tocclusiop  produite  par  ce 
pansement  ouaté,  résulte  du  tassement  des 
couches  d'ouate  et  de  la  solidification  de 
la  couche  de  liquide  sécrété  par  U  plaie  et 
en  contact  avec  les  couches  d'ouate  les 
plus  profondes.  Il  résulte  de  cet  ensemble 
une  sorte  de  pla^stron  ou  de  coque  imper- 


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ACADÉMJKS  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


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méable  qui  empêche  les  principes  nuisibles 
coQtenus  dans  Tair  de  pénétrer  jusqu^à  la 
surface  de  la  plaie  et  d'altérer  les  liquides 
sécrétés  par  clic. 

M.  Jules  Guérin,  tout  en  reconnaissant 
les  avantages  du  pansement  oi^até  de 
M,  Alphonse  Guérin,  rappelle  qu'il  a  ega- 
ployé,  pendant  le  siège  de  Paris,  particu- 
lièrement dans  Tambulance  de  la  rue  de^ 
Saints-Pères,  et  qu'il  a  montré  à  l'Acadé- 
mie des  appareils  à  l'aide  desquels  il  a  pra- 
tiqué l'occlusion  pneumatique,  bien  supé- 
rieure,  suivant  lui,  au  pansement  ouaté. 

Ces  appareils  ont  été  laissés,  sans  in- 
convéntenls,. appliqués  pendant  dix,  quinze, 
vingt  et  même  trente  jours,  sans  être 
renouvelés.  Lprs.qu'il  y  avait  indication  de 
laver  la  plaie,  on  pouvait  le  faire  sans 
exposer  celle-ci  au  contact  de  l'air,  ce  que 
le  pansement  ouaté  ne  permet  pas  de  faire. 
M.  Jules  Guérin  déclare  avoir  traité  ainsi 
un  grand  nombre  de  blessés  atteints  de 
j>laies  très  graves  par  armées  à  feu  et  même 
de  fractures  comminutiycs  des  extrémités 
articulaires,  et  n'avoir  pas  perdu  un  seul 
de  ces  blessés. 

JI  croit  savoir  que,  dans  certains  cas  de 
plaies  par  armes  à  feu,  le  pansement  ouaté 
a  été  impuissante  prévenir  les  fusées  pu- 
rulentes. M.  Gossclin,  dans  ses  communi- 
cations, a  dit  que.  sur  neuf  opérés  aux- 
quels il  avait  appliqué  le  pansement  ouaté, 
il  en  avait  perdu  deux. 

En  résumé,  M.  Guérin  ne  nie  pas  le 
mérite  du  pansement  ouaté,  il  est  d'autant 
plus  aise  de  le  reconnaître  que  ce  panse- 
ment n'est  pas  autre  chose  qu'un  fils  de 
ses  œuvres,  un  procédé  de  sa  méthode 
par  occlusion,  dopt  l'origini^  remonte  à 
l'année  1859. 

M.  Alphonse  Gubrin  répond  que  le  pan- 
sement oua^té  n'est  pis,  à  vrai  dire,  un 
pansement  par  occlusion.  Les  expériences 
faites  xlans  le  laboratoire  de  M.  Pasteur  ont 
montçé  que  l'ouaie  tassée  dans  un  tube 
aussi  fortement  qu'il  soit  possible  de  le 
faire,  n'empêche  nullement  Tair  de  le  tra- 
verser; ^air  passe  donc  à  travers  les  cou- 
ches de  ['ouate,  dans  le  pansement  de  ce 
nom,  et  arrive  nébessairement  au  contact 
des  liqujides  sécrétés  à  la  surface  de  lu 
plaie.  Lq  pansement  ouaté  ne  produit  donc 
pas  rocislusion  complète.  M.  Alphonse 
Guérin  le  regrette,  car  l'idéal  pour  lui 
serait  dt  soustraire  complètement  la  sur- 
face des  plaies  au  contact  de  l'air. 

D'ailburs,  M.  Alphonse  Guérin  accepte 
complet  im en t  le  jugement  que,  dans  sa 


modération  et  son  impartialité,  M.  Gosse^ 
lin  vient  de  porter  sur  ce  mode  de  panse- 
ment. Il  ne  pousse  pas  plus  haut  ses  pré- 
tentions. Ai.  Alphonse  Guérin  se  réserve, 
d'ailleurs,  de  revenir  dans  la  procbaine 
séance  sur  ce  sujet,  et  de  répondre  plus 
complètement  aux  objections  qui  lui  ont 
été  faites. 

Séance  du  7  septembre. 
Présidence  de  M.  Gosselin. 

Myopie.  -^  M.  Jules  Guérin,  revenant 
sur  les  travaux  dont  il  a  parlé  dans  la  der- 
nière séance  et  qui  datent  de  plus  de  trente 
ans,  donné  lecture  à  l'Académie  du  texte 
de  la  communication  qu'il  a  faite  à  l'ins- 
titut sur  ce  sujet  en  l8il  et  dont  voici 
l'idée  fondamentale  : 

Il  existe  deux  espèces  de  myopie,  comme 
il  existe  deux  espèces  de  strabisme,  la 
myopie  mécanique  ou  musculaire,  et  la 
myopie  optique  ou  oculaire.  La  myopie  mé- 
canique résulte,  comme  le  strabisme  de 
la  même  espèce,  de  la  brièveté  primitive 
ou  de  la  rétraction  active  des  muscles  de 
l'œil. 

Dans  la  myopie  mécanique,  les  muscles 
trop  courts  sont  les  quatre  muscles  droits 
simultanément,  ou  deux  ou  trois^seulement 
d'entre  eux,  mais  de  manière  que  le  rac- 
courcissement soit  proportionnellement 
égal  dans  les  muscles  affectés.... 

Le  traitement  actif  dans  la  myopie  mé- 
canique doit  consister  dans  la  section  sous- 
conjonclivale  des  muscles  trop  courts  ou 
rétractés. 

Le  cristallin  ne  change  pas  de  forme 
pour  s'adapter  à  la  vue  à  différentes  dis- 
tances, ainsi  qu'avaient  chetché  à  rétablir 
plusieurs  aruteurs,  mais  il  change  seule- 
ment de  rapports  avec  la  rétine  et  la  cornée 
transparente,  dont  il  s'éloigne  et  se  rap^ 
proche  alternativement. 

M.  GiRAUo  TfiULON  s'inscrit  pour  discuter 
dans  la  prochaine  séance  la  communication 
de  M.  Jules  Guérin. 

M.  GiRALoÈs  proteste  contre  les  affirma- 
tions de  M.  Jules  Guérin,  affirmations  qui, 
suivant  lui,  ne  s'appuient  sur  aucun  fait 
anatomique,  ne  reposent  sur  aucune  ,de 
ces  preuves  rigoureuses  qu'est  en  droit 
d'exiger  la  science  moderne. 

Pansement  ouaté  (discussion).  —  M.  Al- 
phonse GuKRiN.  Théoriquemeut,  l'ouate 
filtre  l'air  et  le  débarrasse  de  toutes  les 
poussières,  de  tous  les  corpuscules  qui  y 
sont  suspendus.  Je  puis  dire  que  le  plus  or- 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


dinairemejit  ob  ne  trouve  ni  vibrions,  ni 
autres  corpuscules  animés  dans  le  pus  des 
i)lessps  que  J*ai  pansés  (à  Texcéption  du 
«as  qui  a  été  signalé  dans  le  rapport  de 
Jll.  Gosseiln).       ' 

Je  ne  veux  pas  revenir,  poursuit  M .  Al- 
phonse Guérin,  sur  Topinion  de  M.  Jules 
Guérin,  qui  prétend  que  mon  pansement 
li*est  qu'une  émanation  de  la  méthode  dite 
par  occlusion.  Après  Taveu  qu*il  nous  a 
fait  au  sujet  de  ses  trois  amputés,  qui  sont 
morls  à  Tambulance  du  Grand-Hôtel,  je 
pourrais  lui  dire  que  le  procédé  qui  guérit 
vaut  mieux  que  la  méthode  qui  laisse 
mourir.  Ses  malades  ont  succombé,  a-t-il 
dit,  parce  que  le  milieu  était  infecté.  C*est 
4lans  un  milieu  semblable  que  j'ai  guéri, 
dans  le  même  moment,  dix-neuf  amputés 
sur  trente  quatre. 

Je  suis  tellement  convaincu  de  Tefiica- 
cité  du  filtrage  de  Pair  et  du  danger  qu*il 
y  a  pour  les  malades  qui  n*ont  que  des 
blessures  en  apparence  légères  à  ce  que 
leurs  plaies  soient  exposées  à  Tair  empoi- 
ssonné, que  je  n'hésiterais  pas  à  traiter  tous 
les  blessés  de  la  même  manière. 

Il  y  a,  dans  sa  méthode  de  pansement, 
d'autres  conditions  que  M.  Gosselin  a  re- 
produites dans  son  rapport.  Je  regrette 
qu'il  y  ait  entre  nous  une  petite  diver- 
gence d'opinions.  M.  Gosselin  attache  aux 
«onditioniï  de  la  plaie  une  importance  un 
peu  plus  grande  que  celle  que  je  leur  ac- 
corde. Il  trouve  dans  l'inflammation  des 
veines  osseuses  l'explication  de  la  produc- 
tion de  rinfection  purulente. 

Les  miasmes  pestilentiels  qui  existent 
dans  les  salles  de  chirurgie  agissent  avec 
d*autant  plus  de  facilité  qu'ils  trouvent  un 
grand  nombre  de  vaisseaux  ouverts.  Or,  / 
quand  un  os  est  fracturé  ou  scié,  ses  veines 
restent  béantes  bien  plus  longtemps  que  / 
celles  des  parties  molles.  Voilà  pourquoi 
le  poison  de  l'infection  purulente  exerce 
plus  fréquemment  son  action  lorsque  les 
os  qui  ont  su>bi  une  solution  de  continuité 
restent  exposés  à  l'air  chargé  de  principes 
malfaisants.  Si,  dans  ce  ca^,  l'on  trouve 
du  pus  dans  le  canal  médullaire  des  os, 
c'est  qu'il  existe  dans  la  membrane  mé- 
dullaire un  nombre  considérable  de  vais- 
seaux absorbants,  qui  s'enflamment  et  sup- 
purent sous  l'influence  des  corpuscules 
contenuS|dans  l'air  des  salles  de  chirurgie. 
Ce  qui  est  une  ostéo- myélite  simple  pour 
M.  Gosselin  et  pour  moi  une  ostéo-myéiite 
septique. 

M.  A.   GaérÎQ   déclare^   en  terminant, 


qu'il  ne  reviendra  pas  sur  la  théorie^  de 
l'occlusion.  Il  a  déjà  reconnu  les  avantages 
virtuels  de  cette  .méthode;  et  il  est  heu- 
reux d'avoir  trouvé  le  moyen  de  la  rendre 
pratique;- mais  ce  n^est  pas  ce  quMl  a  ima- 
giné. 

>  M.  JuLBS  GuÉRiN  présentera  prochaine- 
ment un  travail  complet  sur  les  blessés 
qu'il  a  soignés  dans  les  ambulances  pen- 
dant la  guerre  de  4870-1871.  Les  trois 
amputés  doiit  a  parlé  M.  Alphonse  Guérin, 
et  qui  ont  succoqibé  malgré  la  méthode 
de  M.  Jules  Guérin,  se  trouvaient  dans  des 
conditions  exceptionclles. 

M.  Jules  Guérin  avait  déjà  ampiité  une 
série  de  malades,  sur  lesquels  il  n'a  eu  à 
déplorer  qu'un  seul  décès. 

Quant  à  la  statistique  présentée  par 
M.  Alphonse  Guérin,  19  guérisons  sur 
54  amputations,  M.  Jules  Guérin  fait  ob- 
server que  ce  n'est  pas  là  une  proportion 
de  guérisons  tellement  exceptionnelle;  on 
n'avait  pas  toujours  perdu  tous  les  ampu- 
tés avant  la  méthode  de  M.  Alphonse 
Guérin. 

M.  Jules  Guérin  ne  croit  pas  au  filtrage 
de  l'air,  tel  que  l'explique  M.  Alphonse 
Guérin;  si,  dit-il, on  mettait  une  substance 
agglutinativc  ou  occlusive  à  la  surface  du 
pansement  ouaté,  on  obtiendrait  évidem- 
ment les  mêmes  résultats. 

M.  Alphonse  Guérin  dit  que  ces  expé- 
riences ont  été  faites,  qu'on  a  .appliqué  sur 
le  pansement  ouaté  des  bandes  silicatées 
ou  dextrinées-;  dans  ces  cas,  l'air  ne  passe 
pas'directement  sur  la  plaie,  mais  il  passe 
sur  les  confins  du  pansement.  C'est  pour- 
quoi, dans  le  pansement  ouaté,  il  faut  in- 
tervenir plusieurs  fois  et  serrer  à  plusieurs 
reprises  les  pièces  de  pansement.  En  ré- 
sumé, M.  Alphonse  Guérin  considère  la 
méthode  de  M.  Jules  Guérin  comme  très- 
ratiohnelle,  mais  comme  très-difBcilement 
applicable.  Il  ajoute  qu'avec  le  pansement 
ouaté,  il  ne  craint  nullement  les  plaies  ar- 
ticulaires, et  il  rapporte  plusieurs  exem- 
ples de  guérisons  obtenues  par  ce  moyen. 

M.  BoNNAFONT  rcproclip  au  pansement 
ouaté  de  laisser  le  pus  se  former  entre  la 
la  ouate  et  la  plaie,  de  comprimer  le  moi- 
gnon et  les  lambeaux  au  point  d'en  amener 
le  sphacèle. 

M.  Gosselin  n'a  pas  seulement  parlé  de 
la  phlébite  osseuse  comme  point  de  départ 
de  l'infection  putride,  mais  a  surtout  in- 
sisté sur  l'ostéo- myélite,  qu'il  appelle  pu- 
tride, que  M.  Alphonse  Guérin.  nomme 
septique,  et  dans  laquelle   le   pas -n'est 


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VARIÉTÉS. 


271 


SQulcmeat  pas   absorbé   par    les    veines 
osseuses. 

On  peut  trouver  des  vibrions  dans  le 
pus  des  plaies  pansées  par  la  méthode  de 


M.  Alphonse  Gucrin^  mais  ces  plaies  n*en 
marchent  pas  moins  bien  vers  la  guérison.. 
La  méthode  de  M.  Alphonse  Guérin  n*en 
n^est  donc  pas  moins  recommandable. 


iv.  VARIÉTÉS. 


CONGRÈS  PÉRIODIQUE  INTERNATIONAL 
DES  SCIENCES  MÉDICALES. 

Session  de  1875  à  Bruxelles. 

Nous  croyons  ne  pouvoir  mieux  faire, 
pour  donner  des  actes  du  congrès  de 
Bruxelles  une  appréciation  exacte  et  com> 
pjète,  que  d'extraire  du  programme  et  des 
procès-verbaux  officiels  ainsi  que  de  quel- 
ques uns  de  nos  journaux  belges  de  méde- 
cine, tels  que  l'Art  médical  et  la  Presse^ 
les  passages  relatifs  à  cette  session^  qui 
présentent  le  plus  d'intérêt  au  point  de 
vue  de  Tutilité  scientifique. 

Première  section.  —  Première  question  : 
Prophylaxie  du  choléra,  —  Rapporteur, 
M.  Lefebvre,  professeur  à  l'Université  de 
Louvain.        ^ 

CONCLUSIONS    PROVISOIRES. 

,  I.  La  prophylaxie  du  choléra  asiatique 
doit  avoir  pour  base  une  notion  étîolo- 
gique  aussi  complète  que  possible  de  la 
maladie. 

IL  Le  dmléra  est  une  maladie  spécifique, 
c'est-à-dire  qu'elle  est  produite  par  un 
principe  morbide  toujours  le  même  et 
qu'elle  ne  peut  être  produite  par  d'autres 
causes  (1). 

IIL  Le  principe  cholérigène  nous  est 
inconnu  dans  son  essence,  comme  du  reste 
le  principe  génJrateur  de  la  variole,  de  la 
scarlatine,  de  la  petite  vérole,  etc.,  mais 
nous  possédons  des  connaissances  très- 
importantes,  au  point  de  vue  de  la  pro- 
phylaxie, sur  son  origine,  ses  attributs,  les 
lois  de  sa  propagation  et  de  son  évolution. 

IV.  Origine,  Le  miasme  cholérigène  se 
développe,  spontanément  dans  certaines 
contrées  ie  l'Inde,  spécialement  le  delta 
du  Gange pt -les  contrées  basses  qui  envi-' 

(1)  L'altélation  de  Pair,  las  vices  du  régime, 
les  excès  d|  loule  espèce,  en  uii  mol  les  condi- 
tions hygiéniques  mauyaîs^s  peuvent  favoriser 
J'évoluliun  au  miasme  cholérigène,  mais  elles  ne 
le  créent  pè. 


ronnent  Madras  et  Bombay  (2).  En  partant 
de  ces  foyers  originels,  il  s'est  transporté 
à  différentes  reprises  en  Europe,  en  Afri- 
que, en  Amérique,  en  constituant  ces 
grandes  épidémies  qui  sont  présentes  à 
tous  les  souvenirs? 

.  Toutefois,  on  à  vu  se  produire  en  Eu- 
rope des  explosions  plus  limitées  de  cho- 
léra asiatique  après  la  disparition  des 
grandes  épidémies  dont  il  vient  d'être 
question.  Ces  explosions  sont-elles  dues  à 
la  production  spontanée,  sur  le  sol  euro- 
péen, du  miasme  cholérigène,  ou  bien 
faut-il  les  attribuer  au  développement 
tardif  de  miasmes  laissés  en  quelque  sorte 
en  provision  par  l'épidémie  asiatique  pré- 
cédente ?  Le  rapporteur  adopte  cette  der- 
nière opinion. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  n'en  reste  pas 
moins  vrai  que  le  .choléra  indien  peut  s'ac- 
climater en  Europe,  soit  par  la  production 
spontanée,  sur  notre  sol,  de  son  principe 
générateur,  soit  par  la  conservation  et  la 
régénération  indéfinie  du  miasme  arrivé 
primitivement  de  l'Inde. 

V.,  Attributs  du  miasme  cholérigène: 
i**  Ce  miasme  se  régénore  dans  le  sujet  qui 
est  atteint  du  choléra  et  transporté  de  là 
sur  des  individus  sains  ;  il  provoque  chez 
eux  le  développement  de  la  maladie  ;  en 
d'autres  ternies,  le  choléra  est  essentielle- 
ment contagieux  ; 

2o  Le  miasme  cholérigène  se  conduit  à 
la  manière  des  corps  solubles  et  volatils: 
ainsi  il  se  dissout  dans  l'eau,  il  se  répand 
dans  l'atmosphère  où  il  se  maintient  à  l'élat 
de  diffusion  homogène,  c'est-à-dire  sans 
s'accumuler  dans  les  points  déclives  ; 

3"  Le  pouvoir  morbifique  du  miasme 
cholérigène  est  moins  énergique,  moins 
fatal  dans  son  action  que  celui  d'autres 
miasmes  et  d'autres  virus  connus; 

(2)  Il  est  bien  eniendu  que  je  donne  à  celle 
expression  son  scds  médical  ordinaire,  cVst-à- 
dire  que,  dans  le^  contrées  de  l'Inde,  le  choléra 
naît  de  toutes  pièces  sou»  Pinfloënee  des  condi- 
tions lejluriques  et  atmosphériques  qui  leur  sont 
propres.  ' 


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272 


VARIÉTÉS. 


4**  Il  est  peu  stable  :  il  parait  se  Hétraire 
très  promptenient,  surtout  quand  Pair  est 
fortement  ozonisé.  Toutefois,  dans  cer- 
taines conditions  de  confinement,  à  Tabri 
de  Tair,  il  peut  se  conserver  très-long- 
temps ; 

5°  Ce  miasme  est  détruit  par  une  tempé- 
rature élevée  (cent  degrés  et  au  dessus)  et 
par  un  certain  nombre  d'agents  chimiques 
à  affinités  énergiques.  Cette  question  ré-' 
clame  encore  des  études  pour  arriver  à 
une  précision  et  à  une  netteté  véritable- 
ment pratique  ; 

G*' Les  individus  exposés  à  Faction  du 
miasme  cholérigène  acquièrent  au  bout  de 
quelque  temps  une  sorte  d'accoutumance 
qui  les  met  à  Tabri  de  la  maladie. 

VI.  Lois  de  propagation  du  choléra  asia- 
4ique.  l*»  Le  contage  cholérique  réside  prin- 
cipalement, sinon  exclusivement,  dans  les 
déjections  du  malade  (matières  vomies  et 
surtout  évacuations  intestinales)  ; 

2"*  Il  peut  se  transporter  du  sujet  malade 
aux  individus  sains  par  différents  véhi- 
cules, parmi  lesquels  il  faut  noter,  après 
les  déjections  elles  mêmes: 

Le  malade  ; 

Le  cadavre  ; 

Les  linges  et  les  vêtements  qui  leur  ont 
servi  ;  v  » 

Les  appartements,  les  navires  cl  les  voi- 
tures où  des  cholériq,ues  ont  séjourné  ; 

Les  latrines; 

L*eau,  qui  a  pu  être  contaminée  par  les 
déjections  cholériques  ; 

L*air,  mais  à  faible  distance,  c'est  à - 
dire  à'  quelques  centaines  de  mètres  ; 

Les  animaux,  les  marchandises  qui  ont 
pu  être  chargés  de  miasmes  choléri- 
gènes,  etc., 

VII.  Imprégnation  cholérique  et  évolu- 
tion, 1«  Le  miasme  cnolérigène  pénètre 
dans  réconomie  par  deux  routes  :  il  est  le 
plus  souvent  absorbé  par  la  muqueuse  pul- 
monaire ;  il  peut  pénétrer  par  les  voies 
digestivcs  à  Tétat  de  solution  dans  les  bois- 
sons et  peut-être  dans  les  aliments  ; 

2®  La  durée  de  l'incubation  est  très- 
courte,  c'est  à-dire  de  quelques  heures  à 
quelques  jours  au  maximum  : 

Z**  Les  conditions  morales  et  hygiéniques 
de  nature  dépressive  favorisent  l'évolution 
de  l'empoisonnement  cholérique. 

VIL  La  prophylaxie  du  choléra  dérive 
de  ces  notions  étiologiques. 

La  première  indication  est  de  détruire 
par  des  travaux  d'assainissement  les  foyers 
originels  du  choléra  dans   l'Inde,  et  ses 


foyers  secondaires  en  Europe.  Longtemps 
encore,  malgré  les  efforts  des  gouverne- 
ments, ces  sources  d'épidémie  subsisteront. 
Le  second  précepte  estd'empêch<^r  le  trans- 
port du  principe  morbide  dans  les  pays 
sainS;  par  toutes  les  mesures  de  quaran- 
taines compatibles  avec  les  exigences  de 
de  la  civilisation  moderne.  Nonobstant  ces 
mesures  de  préservation,  le  miasme  cholé- 
rigène se  diffusera  encore  en  certaine  pro- 
portion :  la  troisième  règle  prophylactique, 
c'est  de  le  neutraliser  par  des  moyens  dé- 
sinfectants qu'il  reste  à  déterminer. 

Enfin,  dans  une  foule  de  circonstances, 
le  miasme  cholérigène  échappera  h  la  dé- 
sinfection et  il  faudra  s'attacher  —  c'est  le 
quatrième  et  dernier  précepte  —  à  dimi- 
nuer ses  ravages  par  des  mesures  hygié- 
niques bien  entendues. 

Deuxième  question  :  De  l'alcool  en  thé- 
rapeutique. ~  Rapporteur  :  M.  le  docteur 
Desguin,  à  Anvers. 

CONCLUSIONS  PROVISOIRES. 

1)  Deux  phases  doivent  être  distinguées 
dans  l'action  physiologique  de  l'alcool  et 
des  boissons  alcooliques;  la  première  est 
caractérisée  par  l'excitation  de  toutes  les 
parties  du  système  nerveux,  tant  gan- 
glionnaire que  cérébro-spinal  ;  la  seconde, 
par  la  dépression  de  tous  les  actes  de  la 
vie  organique  et  de  la  vie  animale  ; 

â)  Ces  deux  modes  d'action  ne  sont  pas 
contradictoires  ;  la  physiologie  montre  que 
le  second  n'est  que  la  conséquence  du  pre- 
mier; l'alcoool  est  donc  primitivement  et 
essentiellement,  un  excitant  général  ; 

5>  Dans  la  première  période  de  son  ad- 
ministration, l'alcool  active  les  fonctions 
organiques  et  augmente  les  combustions  ; 
plus  tard,  quand  il  est  donné  à  doses  éle- 
vées ou  souvent  répétées,  il  paralyse  les 
fonctions,  diminue  les  combustions  et  pac 
là  devient  agent  antidéperditeur,  anti- 
dénutritif,  aliment  d^épargne,  etc.  Il  n'ac- 
quiert ces  propriétés  que  quand  il  a  mis 
l'organisme  dans  l'impossibilité  de  produire 
les  phénomènes  de  changement  de  ma- 
tière; il  laisse  alors  s'accumuler  dans  l'or- 
ganisme les  matériaux  qui  devaient  en  être 
expulsés  et  qui  sont  devenus  impropres  à 
la  nutrition. 

A)  En  saine  thérapeutique,  .ce  dernier 
mode  d'action  doit  être  rejeté  d'une  ma- 
nière absolue  :  il  n'est  que  la  conséquence 
d'une  intoxioation  alcoolique  produite  dans 
un  but  thérapeutique,  et  que  l'on  peut 
nommer  l'alcoolisme  thérapeutique. 


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VAhlÊTÊS. 


275 


5.  L*ao1iorï  excUonte  de  Taicool  est  la 
seule  h  laquelle  la  thérapeutique  puisse  et 
doive  recourir  ;  cette  action  excitante  trouve 
en  riiéd^cihe  de  nombreuses  ap^plîcations, 
dans  les  cas  où  se  inanifeslè'  une  profonde 
dépression  du  système  nerveux  ;  elle  s'a- 
dresse notamment  aux  différents  étals  oii 
il  est  nécessaire  de  combattre  instantané- 
nieiît  eC  énergiquement  radynamîsrae,  la 
déperdition  (îes  fofces  menaçant  la  vie  du 
mala(fe  ;  aid.9t  :  certaines  fièvres  typhoïdes, 
certaines;  pneumonies  malignes,  celles  sur- 
tout qui  atteignent  les  buveurs  ou  les 
vieillards,  certaines  hcmorrhagies,^  etc. 

6.  L'alcool  est  contre- indiqué  djans  les 
maladies  fébriles  franches^  car^  s'il  fait 
tomber  Je  pouls  ol  la  température,  et  s'il 
diminue  Tcxcrétron  de  l'urée,  ces  résultats 
sont  dus  à  l'enraiement  des  fonctions;  ils 
masquent  la  lésion  organique,  peuvent  en 
contrecarrer  révolution  naturelle,  et  em- 
pêcher la  résolution  des  exsudais.  En  un 
mot,  ils  mettent  l'organisme  dans  un  état 
anormal,  qui  rendra  plus  longue  et  plus 
difficile  la  guérison  des  affections  inflam- 
matoires. 

Troisième  question.  Z)e  Vinoculahilité du 
tubercule,  ~  Rapporteur  :  M.  Croçqv  pro- 
fe^^eur  à  TUt^ivertiité  de  Bruxelles. 

CONCLUSIONSi*P1tOVI$OIRES . 

1*  La  tuberculose  est  le  résultat  d'un 
'  processus  inflammatoire  évoluant  selon  un 
mode  particulier  ; 

2°  Elle  est  transmis$îl>le  par  l'inocula- 
tion de  ses  produits  ; 

5*  Elle  peut  être  déterminée  également 
par  l'introduclion  dans  réconomie  de  sub- 
stances diverses  dépourvues  de  toute  acti- 
vité spécifique  ; 

i^  Ses  produits  ne  paraissent  pas  agir 
autrement  que  ces  dernières  substances  ; 

5°  Leur  action  est  ie  résultat  de  leur  état 
moléculaire  et  de  l'irritation  que  leur  pré- 
sence amène  dans  tes  tissus. 

Dbuxgbhb  section.  —  Première  ques- 
tion :  De  ^aneitkésiechh'urgicaffi.  —  Rap- 
porteur :\^At  dooleor  Willième,  à  Mous. 

COKCLUSIONS  PROVISOIRES  (1 }. 

On  a  lecours^  dans  la  pratique  de  la 
clrirurgic,!  à  i'anesthésic  générale  où  à 
raoesthésje  locale. 

I 
(U  Ces  0)Dc1u8ian8  doivent  être  consiiiérées 
comme  essfaiielk meut  |irovisoires,  M"  Willième 
n*ayant  éif  chargé  da  rapport  qu*&  la  date  (iii 
10  Juillet.  I 


I.  A  nés  thésie  générale. 

\°  La  plupart  des  agents  dont  on  se 
sert  pour  provoquer  Tanesthéi^ie  générale, 
chlorofonue,  élhcr  sulfuriquc,  bichlorure 
de  méthylène,  chloral,  etc.,  etc..  exercent 
une  action  anaIo«i;ue  sinon  identique  sur 
le  sang  et  le  sysième  nerveux; 

2"  De  ces  divers  agents,  le  chjoroforme, 
le  plus  ordinairement  employé,  mérite 
aussi  la  préférence  dans  la  généralité  des 
cas.  Cependant  il  en  est,  parmi  lesaulres^, 
qui  peuvent  avoir  l'avantage  sur  lui  dans 
certains  cas  particuliers; 

3"  Les  anesthésiques  s'*administrent  en 
inhalation,  soit  à  Taide  d^un  appareil,  soit 
au  moyen  d'une  compresse  de  linge.  Le 
procédé  par  la  compresse  est  le  plus  sim- 
ple el  le  meilleur.  Le  chloral  seul  s'admi- 
nistre en  ingestion  dans  l'esiomac,  en 
injection  dans  le  rectum  ou  dans  les 
veinei'  ;  ^ 

A"  Tout  anesthésique  peut  donner  lieu 
à  des  accidents  mortels; 

5"  La  mort  arrive  le  plus  souvent  par 
asphyxie,  quelquefois  par  syncope  ; 

C**  L'impureté  du  médicament,  son 
mode  d'administration,  des  secours  insuffi- 
sants ou  trop  tardifs,  paraissent  avoir  été 
les  causes  de  la  mort  dans  beaucoup  de 
cas.  Il  en  est  toutefois  où  l'on  ne  peut 
accuser  aucune  d'elles. 

7<*  L'aneslhésic  générale  est  indiquée  : 
a)  dans  les  opérations  longues  et  doulou- 
reuses et  daa^  toutes  celles-  qui  exigent 
une  grande  tranquillité  de  la  part  du  nia- 
lade  et  une  grande  précision  dans  himanœu- 
vre  opératoire;  b)  dans  les  cas  d'explora- 
tion très-douloureuse  ;  c)  pour  obtenir  un 
relâchement  musculai>e  complet;  d)  enfin, 
dans  certains  accidents,^  suites  de  plaies, 
comme  le  tétanos  ; 

8«  Elle  est  contrc-indiquéc  :  a)  dans 
les  opérations  qui  peuvent  amener  un 
écoulement  de  sang  plus  ou  moins  con- 
sidérable dans  l'arrière  gorge;  b)  dans  les 
lésions  avancées, -aiguës  ou  chroniques,' 
des  voies  respiratoires  ou  du  cœur;  c)  dans 
le  cas  de  grand  aflaibllssement  du  sujet. 
La  faiblesse  n'est  pas  cependant  une  con- 
tre-indication absolue;  on  peut  encore 
anesthésier  en  prenant  les  précautions 
nécessaires. 

II.  Aneslhésie  locale, 

|o  L'anesthésieloeale  s'obtient  «a  moyen 
de  mélanges  réfrigérants  appliqués  sur  la 
partie  que  Ton  veut  rendre  insensible,  oit 
au  moyen  de  liquides  trcs-volutils,  pulvé- 

55 


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274 


VARIÉTÉS 


visés ^  dirigés  sur  cette  partie.  Dans  un 
cas  comme  dans  Tautre,  c*est  le  refroidis- 
sement qui  produit  l'insensibilité;  tes 
liquides  doues  de  propriétés  narcotiques 
n'agissent  pas  sensiblement  par  ces  pro- 
priétés. On  obtient  aussi  un  certain  degré 
d^anesthésie  locale  par  les  injections  sous- 
cutanées  de  substances  narcotiques;  mais 
ce  procédé  est  insuffisant  pour  les  opéra- 
tions chirurgicales  ;     '  - 

2**  L^anesthésie  locale  est  indiquée  dans 
les  opérations  qui  peuvent  se  borner  à  des 
incisions  superficielles,  ouverture  d*abcès, 
incisions  de  furoncles  etpanari<$;etc.,  etc., 
et  dans  les  opérations  qui  se  pratiquent 
sur  les  doigts  et  les  ortieils  ; 

S*'  Elle  est  contre  indiquée  dans  Ics^opé- 
rations,  mêmes  superficielles,  mais  qui 
réclament  une  dissection  délicate;  la  con- 
densation qu'elle  fait  subir  aux  tissus  ren- 
dent cette  .dissection  beaucoup  plus  diffi' 
cile.  Elle  est  également  contre- indiquée 
dans  les  opérations  autoplastiques  et  dans 
celles  qui  donnent  lieu  à  des  lambeaux 
minces  et  peu  nourris. 

Deuxième  question.  —  Du  pansement 
des  plaies  après  les  opérations,  —  Rappor- 
teur: M.  le  professeur  Debaisieux. 

SOMMAIRE. 

On  peut  ranger  en  trois  classes  les  divers 
modes  de  pansement  des  '  plaies  après  les 
opérations  : 
^  1.  Pansement  classique. 

II.  Pansements  modificateurs. 

m.  Pansements  spéciaux. 

I.  Pansement  classique. 

Les  règles  du  pansement  classique  se 
résument  comme  suit: 

iV  II  faut  tenter  la  réunion  par  première 
intention  chaque  fois  qu*elle  est  possible, 
a  Taide  de  la  suture,  des  sparadraps,  des 
agglutinatifs^  etc. 

"1°  Lorsque  la  plaie  n*est  pas  susceptible 
d'être  réunie  par  première  intention,  on 
pratique  le  pansement  désigné  sous  le  nom 
de  pansement  à  plat, 

5°  La  levée  du  premier  appareil  se  fait 
du  troisième  au  cinquième  jour  ;  les  pan- 
sements ultérieurs  sont  renouvelés  eii 
moyenne  toutes  les  vingt-quatre  heures. 
Ces  termes  cependant  n'ont  rien  d'absolu 
et  doivent  être  modifiés  d'après  les  circon- 
stances. 

4<^  Quand  la  réunion  par  première  in- 
tention a  échoué,  il  est  souvent  utile  de 
faire  plus  tard  la  réunion  immédiate  secon-* 
daire. 


Appréciation.  —  Le  pansement  clas- 
sique bien  exécute  met  la  plaie  dans  des 
conditions  de  repos,  de  température,  d'oe- 
clusion  qui,  sans  être  parfaites,  sont  néan- 
moins favorables  à  la  cicatrisation.  Son 
exécution  est  facile  et  ses  réspllats  pratr-< 
ques  sont  aWz' salisfaisanla.  Mais  il  est 
impuissant  à  prévenir  les  complications  des 
plaies,  en  particulier  l'infection  purulente, 
la  plus  fréquente  et  la  plus  redoutable.  Il 
importe  de  combler  cette  lacune  dans  le 
traitement  des  plaies,  soit  eu  perfection- 
nant le  pansement  classique^  soit  eu  le  rem- 
plaçant par  d'autres  plus  avantageux. 

IL  Pansements  modificateurs. 

Ils  s'exécutent  à  l'aide  de  nombreux 
topiques  fournis  par  la  matière  médicale. 
Les  topiques  permettent  de  modifier  la 
surface  des  plaies,  d'activer  ou  de  réprimer 
le  bourgeonnement,  de  hâter  ou  de  ra-^ 
lentir  la  cicatrisation,  mais  leur  action  pré- 
ventive de  l'infection  purulente,  de  Téry- 
sipièle,  etc.,  n'est  rien  moins  que  démon- 
trée. 

m.  Pansements  spéciaux. 

Ceux  qui  méritent  de  fixer  spécialement 
l'attention  sont  les  suivants: 

I  *  Pansement  à  l'air  libre  ; 

2*»        I  à  l'abri  de  l'air  ou  par  oc - 

elusion  ; 

5<*         i  par  la  chaleur  ; 

4®         »  par  le  froid  ; 

5<»        Y  ouate  de  M.  Âlph.  Guérin; 

6**         i  Sbntfseptique  de  Lister. 

Les  quatre  premières  variétés  n'ont  joui 
que  d'une  vogue  passagère,  soit  à  cause 
de  l'inconstance  des  résultats,  soit  par 
suite  des  difficultés  de  leur  exécution  dans 
la  pratique. 

Le  pansement  ouaté  de  iU.  Alph.  Guérin 
a  donné,  dans  les  grands  hôpitaux^  des 
résultats  très- heureux,  surtout  en  ce  qui 
concerne  l'infection  purulente. 

II  n'agit  ni  par  occlusion  ni  comme  anti- 
septique, mais  plutôt  en  maintenant  les 
surfaces  lésées  dans  des  conditions  de 
repos,  d'humidité  et  de  température  fort 
analogues  aux  conditions  normales  des 
tissus  vivants. 

Le  pansement  ouaté  a  l'inconvénient  de 
soustraire  la  plafe  pendant  plusieurs  se- 
maines aux  regards  du  chirurgien;  d'ex^ 
poser  aux  fusées  purulentes  et  de  retarder 
souvent  la  guérison.  Cependant  on  y  aura 
recours  avec  avantage  dans  la  pratique 
hospitalière^  dans  les  ambulances  et  pen- 
dant les  épidémies  d'infection  parulente. 


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VARIÉTÉS. 


375 


Le  panâ0meiit  de  Lister  est  le  meilleur 
pansement  antiseptique  que  ncfus  connais- 
sions. 11  donne;  quand  il  est  bien  fait,  des 
succès  remarquables.  Mais  les  détails  Irop 
minutieux  de  son  exécution,  la  complica- 
tion de  Tappareil  instrumentai,  le  grand 
nombre  des  pièces  de  pansement,  son  prix 
clevè  et  le  temps  qu'il  exige,  sont  autant 
d*obstacIes  a  sa  généralisation. 

La  substitution  de  Tacido  salicylique  à 
Tacfde  |5hénique  parait  devoir  être  avanta- 
geuse, mais  de  nouveaux  faits  sont  néces- 
saires pour  trancher  définitivement  cette 
question. 

Troisièmb  section.  —  Question  :  Les 
maternités.  —  Rapporteur  :  M.  Eujs.  Hu- 
bert;  professeur  à  T Université  de  Louvain. 

GONCLCJSIONS    PROVISOIRES. 

La  Société  remplit  ses  devoirs  de  bien- 
faisance envers  les  femmes  enceintes  pau- 
vres de  deux  manières  :  en  leur  portant 
des  secours  à  domicile;  en  les  accueillant 
dans  des  services  hospitaliers. 

Les  couches  des  femmes  assistées  à  do- 
micile sont  heufeusi's  ;  la  mortalité  daos 
les  maternités  est  effrayante. 

La  suppression  des  maternités,  conclu- 
sion logique  de  ces  faits  établis^  est-elle 
possible?  NoU;  parce  que  la  charité  doit 
laisser  un  asile  ouvert  à  la  femme  aban- 
donnée et  à  la  femme  sans  domicile. 

Dans  rintérét'  des  malheureuses  qui  ont 
besoin  d*é(re  secourues,  accroître  le  nombre 
de  celles  qui  accouchent  chez  elles,  res- 
treindre le  nombre  de  celles  qui  viennent 
accoucher  dans  les  hôpitaux,  tel  est  le  but 
humanitaire  à  poursuivre. 

Au  point  de  vue'de  renseignement,  les 
polycliniques  pourront  rendre,  en  partie 
du  moins,  les  services  que  les  maternités 
font  payer  trop  cher  à  Thumanité. 

Ces  conclusions  n'atteignent  pas  les  pe- 
tites maternités  de  petites  villes,  que  leur 
innocuité  sauve  de  la  condamnation  géné- 
rale. 

QoATRiàKB  sECtiOM.  —  Première  ques- 
tion ;  Ùes  nerfs  vnso-moleurs  et  de  leur 
mode  d'action,  —  Rapporteurs  :  MM.  Ma- 
sius  et  Vanlair,  professeurs  à  T Université 
de  Liège. 

CONCLUSIONS    PROVISOIRES. 

i"  L^s  nerfs  vaso-motçurs  font  partie  du 
système  nerveux  végétatif;  ils  ont  leurs 
origine  principales  dans  la  moelle  épi- 
nière  it  le  bulbe  rachidien  ;  ils  naissent 
accessoirement  de  là  portion  sus-bulbaire 


de  Tencéphale,  des  ganglions/ du  sympa- 
tbique  situés  sur  les  cordons  et  répartis  à 
la  périphérie  sur  le  trajet  des  fibres  ner- 
veuses ; 

2°  Pour  aller  de  Taxe  médullaire  aux 
cordons  latéraux,  les  nerfs  vaso-moteurs 
passent  partes  racines  antérieures;  ils  se 
rendent  aux  vaisseaux,  soit  en  s'unissant 
aux  nerfs^  rachidiens  et  crâniens,  soit  en 
accompagnant  les  artères  ; 

3°  Les  filets  vaso-moteurs  sont  destinés 
à  la  couche  musculaire  des  vaisseaux,  et 
ils  forment  à  leur  terminaison  plusieurs 
réseaux  pourvus  de  ganglions  microsco- 
piques. 

Il  n*est  pas  certain  que  lès  fibres  ner- 
veuses pénètrent  dans  rintérieur  des  cel- 
lules qui  constituent  la  tunique  muscu- 
laire ; 

4®  L'influence  exercée  par  les  nerfs 
vaso-moteurs  sur  le  calibre  des  vaisseaux 
est  incontestable  ;  parmi  ces  nerfs,  les^  uns 
déterminent,  lorsqu'ils  sont  irrités,  la 
constriction  des  vaiisscaux  auxquels  ils 
arrivent;  d'autres,  au  contraire,  produi- 
sent par  leur  excitation  un  cff^et  dilatateur  ; 

15^  Des  fibres  vaso-constrictrices  et  des 
fibres  vaso-dilatatrices  sont  vraisemblable- 
ment réunies  dans  un  même  nerf,  de  telle 
façon  que  l'action  provoquée  par  un  exci- 
tant peut  différer  selon  la  prédominance 
de  l'une  ou  de  l'autre  espèce  de  fibres  ; 

6^  ,Les  nerfs  vaso-moteurs  sont  placés 
sous  la  dépendance  de  centres  dont  ils 
tirent  leur  origine  et  «dont  l'activité  se  ma- 
nifeste par  leur  intermédiaire. 

L'activité  des  centres  peut  être  directe 
ou  réflexe  et  donner  lieu  à  des  efl^ets  vaso- 
constricteurs  ou  vaso-dilatateurs;       ' 

7°  11  faut  admettre  l'existence  d*appa- 
reils  nerveux  terminaux  placés  dans  jies 
-parois  vasculaires  ;  ils^sont  constitués  par 
les  ganglions  microscopiques  répandus 
dans  les  réseaux  auxquels  aboutissent  les 
nerfs  yaso-moteurs. 

Ces  ganglions  sont  de  petits  centres 
vaso  -moteurs  toniques  ; 

8*»  Les  nerfs  vaso-dilatateurs  ont  pour 
fonction  de  modérer  le  pouvoir  constric- 
teur de  ces  derniers  centres  et  d'augmen- 
ter par  là  le  calibre  des  vaisseaux  ; 

9®  Les  nerfs  vaso-moteurs  dans  leur 
trajet  à  travers  la  moelle  restent  dans  la 
moitié  d'où  ils  naissent. 
.  L'influence  des.  parties  de  l'encéphale 
au  contraire  situées  en  avant  des  tubercules 
quadrijumeaux  est  croisée  ; 
^  10°  Les  nerf  vaso-moteurs,  par  suite  de 


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276 


VARf^TÉS. 


Taclion  qu'ils  exercent  sur  le  calibre  dus 
vaisseaux,  n'ont  pas  seulement  le  pouvoir 
de  modifier  la  vitesse  du  couranl  sanguin, 
mais  ils  agissent  aussi  sur  la  tension  vascu- 
laire»  ainsi  que  sur  la  température»  la 
coloration  et  la  composition  du  sang. 

Ils  interviennent  également  dans  les 
phénomènes  d'absorption^  de  nutrition  et 
de  sécrétion. 

Deuxième  question.  —  De  la  valeur  des 
expériences  fondées  sur  les  circulationi  arti- 
ficielles, —  Rapporteur  :  M.  Heger,  pro- 
fesseur à  rUnivcrsitc  de  Bruxelles. 

BOBIMAIRE. 

I.  Procédés  employés  pour  soumettre 
différents  organes  à  la  circulation  artifi- 
cielle. 

Cette  première  partie  comprend  :  a)  la 
description  des  appareils  usités  pour  la 
circulation  dans  les  poumons,  dans  le  foie, 
dans  les  reins,  dans  le  cœur,  etc.  ;  b)  Pcx 
posé  des  précautions  à  prendre  pour  con- 
server au  sang  circulant  ses  propriétés 
vitales  ou  pour  les  modifier,  notaSntnent 
par  l'addition  de  gaz;  c)  le  compte-rendu 
des  moyens  employés  pour  conserver  aux 
organes  isoles  leur  vitalité  et  des  expé- 
riences qui  prouvent  dans  quelles  limites 
cette  vitalité  persiste  après  Tisolement. 

II.  Aperçu  des  résultats  obtenus  par  la 
méthode  des  circulations  artificielles. 

Cette  deuxième  partie  comprend  le  ré- 
sumé d'un  graad  nombre  de  travaux  et 
notamment  ceux  de  C.  Ludwig,  A.  Schmidl, 
H,  Kroneeker  sur  la  vie  des  muscles  ;  ceux 
de  J.  J.  Mûller  sur  la  respiration  dans  les 
poumons;  de  Scheremetyewski  et  Mosso 
sur  la  circulation  dans  les  reins  ;  de  Schmu- 
lowilch,  Mosso  et  Asp  sur  ta  circulation 
dans,  le  foie  ;  enfin  ceux  de  Lucîani  sur  la 
circulation  dans  le  cœur. 

L'ensemble  de  ces  expériences  démontre 
que  l'application  de  la  méthode  des  circula- 
tions artificielles  a  fourni  à  la  science  des 
données  précieuses  que  n'eijl  pas  révélées 
la  circulation  naturelle. 

III.  Applications  nouvelles  de  la  mé- 
thode. '     ^ 

Cette  troisième  partie  comprend  Texposé 
de  recherches  récentes  ayant  trait  à  Taction 
des  médicaments  (alcaloïdes,  chloral,  etc.) 
sur  des  organes  isolés  ;  les  résultats  obte- 
nus nous  amènent  à  discuter  le  mode  d''ac- 
tion  physiologique  de  certaines  substances 
sur  les  parois  d((s  vaisseaux. 

Cinquième  section.  —  Première  ques- 
lioM  :  Des  moycus  d* assainissement  des  ate- 


liers pu  se  manipule  ie  phosphore.  —  Rap- 
porteur :  M.  le  professeur  Croeq. 

CONCLUSIONS    provisoires. 

1°  L'intoxication  phosphoriquc  est  le 
résultat  de  l'introduction  du  phosphore  en 
nature  daps  l'économie; 

"1°  L'oxydation  anéantit  les  propriétés 
toxiques  propres  du  phosphore  ; 

5°  La  p»rcsence  de  l'air  ozonisé  qui  brûle 
immédiatement  le  phosphore  constitue 
donc  un  moyen  rationnel  préservatif  de 
l'action  délétère  de  ses  vapeurs; 

A°  Indépendamment  d'une  bonne  ven- 
tilation qui  entraîne  au  dehors  les  vapeurs, 
îl  faut  placer,  dans  les  ateliers  où  se  ma- 
nipule le  phosphore,. des  substances  capa- 
bles de  transformer  foxygèhe  en  ozone.' 
Parmi  ces  substaaoes,  ^'«sseiiree  de  téré- 
benthine figure  en  première  ligne  et  son 
usage  est  dans  ce  cas  parfaitement  ra- 
tionnel. 

Deuxième  question.  —  De  t'or^anisaiion 
du  service  de  V hygiène  publique.  —  Rap- 
porteur :  M.  fiel  val,  membre  de  la  corn- 
mission  médicale  provinciale ,  etc. ,  ii 
Bruxelles. 

CONCLUSIONS    provisoires. 

Le  service  public  de  Thygiènc  demaode 
une  double  organisation  : 

1.  L'organisation  nationale  ; 

II.  L'organisation  internationale. 

-  '  L  '  - 

'  ■  y 

i.  L^organisation  nationale  contpren- 
drait  rétabiissemcni,  dans  chaque  p^ys  et 
à  tous  les  degrés  de  k  hiérarchie  adminis- 
trative, de  conseils  d'hygiène  ou  de  salu- 
brité ; 

2.  Ceux-ci  consisteraient,  autant  que 
possible,  en  : 

A.  Un  conseil  supérieur  près  de  l'anto- 
rité  gouvernementale  au  ministère  de  l'in- 
térieur; 

B.  Une  commission  provinciale  dans 
chacun  des  départements,  provinces,  pré-^ 
fectures,  cercles  ou  districts  ; 

C.  Un  comité  communal  ou  municipal 
dans  chaque  commune  urbaine  ou  rurale  ; 

Dans  les  communes  dont  le  peu  de  déve- 
loppement ne  comporterait  pas  t'inslilu- 
tion  d'un  Comité,  ies  fonctions  de  celui-ci 
pourraient  être  remplies  par  un  seul  hygié- 
niste, placé  également  sous  Taulorité  de  la 
Commission  provinciale  à  litre  de  corres- 
pondant; 

3.  Des  rapports  seraient  publiés annuel- 


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VAMËTiÉS. 


277 


loment  par  chacune  des  branches  de  ce 
service  ;  _         ' 

4.  La  survciUanee  (et  au  besoin  Texccn- 
iion)  des  mesures  d'hygiène  reconnues 
d^uUUté  publique,  incomberaient  :  i^  d'une 
manière  générale,  au  secrétaire  du  Conseil 
supérieur;  â*>  dans  l'étendue  de  chaque 
province,  au  secrétaire  respectif  de  la  corn- 
raission  provinciale  et  5"  dans  chaque  com- 
mune, au  secrétaire  du  Comité  local  ou  au 
correspondant,  à  titre,  respectivement 
d'inspecteur'  provincial  et  d'inspecteur 
communal  du  service  de  santé. 

Ils  pourraient  être  au  besoin  aidés  ou 
suppléés  dans  ce  travail  par  Tun  ou  Tautre 
membre  du  Conseil  ou  des  Commissions 
dans  la  compétence  duquel  la  mesure  ren- 
trerait d'une  manière  spéciale  ; 

5.  Indépendamment  des  rapports  q-ue 
les  services  hygiéniques  aux  trois  degrés 
entretiendraient  avec  leuxs  administra- 
tions respectives,  ces  services  .pourraient 
avoir  entre  eux  des  relations  suivies  au 
point  de  vue  de  toutes  les  questions  qui 
sont  de  leur  compétence  : 

6.  Plus  les  services  sanitaires  auront 
d'indépendance  dans  leur  rphère  d'action  ; 
plus  il  en  résultera  d'avantages  pour  riiy- 
giènc  des  populations  ; 

7.  Le  budget  de  chacun  de  ces  services 
ferait  partie  de  celui  des  administrations 
respectives  auxquels  ils  sont  attachés,  au  , 
même  titre  que  celui  de  Tinstruction  et 
celui  de  la  bienfaisanee  publique. 

II. 

L'organisat^ion  internationale  compren- 
drait : 

-  1.  L'échange  fréquent  el,  régulier  de 
communications  entre  les  Conseils  supé- 
rieurs d'hygiène  des  différents  pays.  Ces 
communications  porteraient  .principale - 
ment  : 

a.  Sur  les  moyens  employés  pour  amé- 
liorer .les  conditions  sanitaires  des  localités 
(ft  desrpcipulalioos; 

6.  Sur  les  mesures  hygiéniques  prises 
dan^  le  but  de  diminuer  les  effets  des  ma- 
ladieji  endémiques  ; 

e.  Sur;  les  précautions  oMses  en  œuvre 
pour  empêcher  Timporlation  des  maladies 
épidénii<iues  ou  contagieuses  et  notamment 
sur  l'jorglinisation  des  quarantaines,  laza- 
rets, etc] 

d.  Suijrapparition  des  foyers  ou  des  ma - 
mala^^ie^épidémiqucs  ; 

e.  Sui^  tes  mesures  adoptées  ïpour  com- 
battre les  épisooties; 


B.  Sar  les  résulti^ts  obtenus -dans  chacun 
de  ces  cas  ; 

C.  Sur  les  données  statistique^  rec«eil- 
itcs  ou  à  recueillir'  dans  le  but  d'é[iioider 
les  problèmes  de  l'hygiçne  publique  ; 

:2.  La  réunion  périodique  de  conférences 
sanitaires  internationales  délibérant  sur 
certaines  questions  déterminées  et  dont  la 
solution  paraîtrait  enfin  possible. 

Troisième  qucs^tion.  —  De  la  fabrica- 
tion de  la  bière,  —■  Rapporteur  :  M.  De- 
pafre,  professeur  à  l'Dniversîléde  liruxellcs. 

CONCLUSIONS  PROVISOIIIBS. 

{*'  La  qualifîcaiion  de  t  bière  »  ne  peut 
s'appliquer  qu'aux  boissons  fermentées 
préparéos  à  l'aide  des  céréales  et  du  hou- 
blon ; 

^^  Aucune  substance  autre  que  ces  ma- 
tières premières  ne  peut  être  introduite 
dans  la  bière,  dans  le  but  de  les  remplacer 
en  tout  ou  en  partie  ; 

5"  Les  substitutions  de  ce  genre  doivent 
être  considérées  comme  des  falsifications 
constituant  une  tromperie  sur  la  nature  de 
la  chose  vendue,  même  lorsqu'elles  ne  sont 
pas  nuisibles  à  la  santé,  et  tombant,  dans 
tous  les  cas,  sous  l'application  de  la  loi  sur 
les  falsifications  des  denrées  alimentaires. 

Sixième  section.  —  Question  :  Des  dé- 
fectuosités de  la  vision  ttu  point  de  vite  du 
fervice  militaire.  —  Rapporteur.:  M.  le 
docteur  Duwez,  h  Bruxdles. 

[Leis  conclusions  «de  M.  le  rapporteur, 
empêché  par  un  deuil  de  famille,  n'étaient 
pas  parvenues.  Elles  seronteommuriiquées 
en  section.] 

Septième  section.  —  Première  question. 
—  Des  moyens  de  mesurer  l* ouïe  et  d'en  en- 
registrer le  degré  de  façon  uniforme  pour 
tous  lU  pays.  —  Rapporteur  :  M.  le  doc- 
teur Delstanche,  père. 

CONCLUSIONS  1>R0VIS0H(ES. 

io  Dans  rétat    normal,   un  acoumètre 
simple,  quel  qu'ii  soit,  peut  servir  de  me-^ 
sure  commune  pour  tous  les  pays; 

S°  En  cas  d(^  lésiotn  de  Touîe,  la  surdité 
pouvant  n'être  que  .partielle  et  relative  à 
certains  bruits,  ce  mi^yen  est  insuffisant: 

o**  Dans  ce  cas,  un  acoumètre  composé, 
réunissant  les  deux  éléments  aoonméiiri* 
ques,  c'est-à-dire  le  bruit  et  le  son,  ipour- 
rait,  dans  certaine  mesure,  remplir  cette 
indication  ; 

4"   Quant  au  moyen  d'enregistrer   la 


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278 


VARIÉTÉS. 


portée  de  Touïe  à  distance,  la  mesure  mé- 
trique doit  être  préférée. 

Deuxième  question.  —  De.i  défectuosités 
de  l'organe  auditif  au  point  de  vue  du  ser- 
vice piilitaire,  —  Rapporteur:  M.  le  doc- 
leur  Cil.  D«3lstanche. 

CONCLUSIONS    PROVISOIRES. 

i^  Les  instructions  officielles  des  diffé- 
rents étals  sur  les  défectuosité^  de  l'organe 
auditif  qui  rendent  imprdpres  au  service 
militaire,  laissent  toutes  à  désirer  sous  plu- 
sieurs  rapports; 

'  â**  Il  importe  que  le  médecin  appelé  à  se 
prononcer  au  sujet  d*une  infirmité  ou 
d'une  maladie  de  Tureilie,  puisse  pratiquer 
Texamcn  de  Torganê  dans  un  local  couve- 
.  nable  et  avec  le  secours  de  tous  les  instru- 

ments nécessaires  à  cet  effet  ; 

5**  A  peu  d'exceptions  près^  cet  examen 
ne  peut  se  faire  d'une  manière  salisfaisante 
dans  le  temps  nécessairement  restreint  qui 
peut  y  élre  consacré  devant  les  conseils  de 
milice  et  de  révision  ♦; 

4**  En  conséquence,  il  nous  parait  oppor- 
tun d'élendre  le  système  des  enquêtes, 
pour  les  cas  difficiles,  et  de  renvoyer  les 
intéressés  devant  un  ou  plusieurs  spécia- 
listes compétents; 

5<»  En  vue  d'obvier  à  l'incorporation  de 
sujets  impropres  au  service,  4ous  les  mili- 
ciens indislinctement,  réclamants  ou  non, 
devraient  subir  un  examen  sommaire  de 
l'oreille  externe  et  du  tympan;        ^ 

6^  Enfin,  il  est  à  souhaiter  que  la  loi  fixe, 
à  Tinstar  de  ce  qui  existe  tJéjà  pour  la  vue, 
la  limite  minima  de  la  portée  de  louîe 
compatible  encore  avec  le  service  militaire. 
L'adoption  de  celte  limite  fournirait  tout 
au  moins  une  base  d'appréciation  certaine 
pour  Tadmission  des  volontaires. 

HuiTièHB  SECTION.  >~  Qucstion/  De  la 
situation  morale  et  légale  et  du  placement 
des  aliénés  criminels  et  dangereux,  —  Rap- 
porteur: M.  le  docteur  Semai,  directeur 
de  rhospice  d'aliénés  de  Mons. 

,  SOMMAIRE. 

Une  tendance  contemporaine,  nettement 
accentuée  et  certes  bien  louable,  cherche  à 
dégager  certains  problèmes  sociaux  des  en- 
traves métaphysiques,  pour  les  reporter 
dans  le  domaine  des  sciences  positives. 
Tout  en  reconnaissant  qu'il  est  juste  d'en- 
courager des  efforts  destinés  à  rétablir  sur 
leurs  assises  naturelles  les  lois  appelées  à 
régir  les  sociétés,  il  faut  cependant  désirer 
que  do  prudentes  et  sages  réserves  prési- 


dent à  ces  encouragements,  en  vue  de  per- 
mettre et  de  préparer  les  moyens  de  tran- 
sition. On  n'ignore  pas  en  effet  que  de 
longues  périodes  d'indécision  et  de  tâton- 
nements séparent  ta  reconnaissance  des 
principes  de  leurs  applications  pratiques, 
et  que  chercher  à  les  imposer  prématuré- 
ment, c'est  pousser  à  des  luttes  et  à  des 
exagérations  ennemies  du  véritable  pro- 
grès.   ' 

Aussi  parmi  ces  questions  qui  ont  jus- 
qu'ici préoccupé  isolément  certains  esprits, 
il  en  est  qui  subiront  encore  une  désirable 
incubation  avant  d'acquérir  droit  de  cité 
dans  la  science,  mais  celle  sur  laquelle  nous 
appelons  aujourd'hui  rattention  des  alié- 
nistes,  semble  opportune  et  mûre  pour  la 
discussion. 

Depuis  longtemps  déjà  des  penseurs  pa- 
rurent convaincus  de  l'inanité  du  critérium 
métaphysique  en  matière  de  responsabilité 
morale  et  légale,  mais  cette  conviction 
était  plus  instinctive  que  rationnelle,  et  le 
débat  restant  confiné  sur  le  terrain  philo- 
sophique ne  franchit  guère  le  senil  des  as- 
semblées scientifiques.  La  situation  s'est 
totalement  modifiée  du  jour  où  des  cher- 
cheurs hardis  fouillèrent  l'organisme  pour 
y  trouver  les  antécédents  physiologiques 
des  manifestations  actuelles  et  psychiques. 
(1  devient  dès  lors  légitime  de  traduire  les 
idées  nouvelles  à  la  barre  d*un  aréopage 
compétent,  dont  le  jugement  motivé  en- 
traînerait la  sanction  ou  infligerait  le  dé- 
saveu. 

En  vue  d'éviter  de  stériles  spéculations 
théoriques  et  pour  provoquer  de  fruc- 
tueuses conclusions,  nous  croyons  devoir 
formuler  brièvement  les  propositions  sur 
lesquelles  la  discussion  pourrait  s'établir: 

1<*  Faut  il  admettre  l'existence  d*unc 
activité  nerveuse  spontanée  et  chercher 
dans  celle-ci  le  germe  instinctif  de  la 
volonté,  ou  bien,  résulte-t>il  des  recher- 
'  ches  physiologiques  et  des  données  cli- 
niques que  les  pénomènes  antagonistes 
qui  se  produiVnt  dans  l'organisme  et 
concourent  à  limiter  l'orbite  dans  lequel 
se  meuvent  les  déterminations  humaines, 
relèvent  uniquement  des  conditions  héré- 
ditaires et  expérimentales? 

*2»  Est-ce  exclusivement  par  suite  d'im- 
pulsions sorties  d'un  groupe  d^états  psy- 
chiques actuels  que  s'accomplissent  les 
actions,  ou  bien  les  états  antérieurs  parti- 
cipent ils  aussi  à  leur  détermination,  et 
dans  quelle  mesure  ? 

5^  Si  la  nature  de  ces  reviviscences  et 


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VARIÉTÉS. 


579 


les  conditions  où  elles  naissent  constituent 
les  éléments  d*où  sort  la  responsabilité 
dite  niora](%  peut-on  affirmer  absolument 
sonexisicnce?  Et  si  celle  ci  n'existe  qu'à  un 
degré  relatif,  faut-il  admettre  que  les  aliénés 
criminels  écliappenl  à  toute  imputabitité? 

4^  Le  degré  de  responsabilité  légale  des 
aliénés  criminels  se  luesure-t-il  seulement 
à  la, nature  et  à  l'étendue  (^xi  dan^r  qu'oc- 
casionne ou  peut  occasionner  leur  présence? 

5°  Quelles  sont  les  conséquences  légales 
et  aiiuiinistrulivcs  qui  découlent  des  pro- 
positions précédentes,  suivant  la  solution 
qui  leur  est  donnée? 

Neuvième  section.  —  Première  question. 
—  Fautait  étendre  l'empfoi  médical  des 
principes  immédiats  chimiquement  définis 
et  en  multiplier  les  préparations  dans  les 
pharmacopées?  —  Rapporteur  :  M.  Van 
Bastelaer,  membre  de  la  Commission  mé- 
dicale du  Hainaut. 

CONCLUSIONS    PROVISOIRES. 

i**  Il  est  éminemment  désirable  que  Ton 
encourage  et  que  l'on  étende  en  médecine 
remploi  des  principes  immédiats  chimi- 
quement définis,  de  façon  que  progressi- 
nient  s*établisse  Pusage  de  substituer  à 
remploi  des  matières  végétales  brutes, 
remploi  de  leurs  principes  actifs  isolés; 

^^  Il  est  utile,  dans  ce  but,  de  muiti- 
.plier  dans  les  pharoiaco))ées  les  formules 
convenables  pour  aider  à  ce  mouvement  ; 

3<»  Les  formes  de  médicaments  qui  se 
prêtent  le  mieux  à  l'emploi  des  principes 
immédiats  et  à  la  facilité  de  leur  adminis- 
tration sont  :  pourPnsage  interne  le<7r«tw 
et  le  granule  au  milligramme  de  matière 
active;  et  poui*  l'usage  externe  Valcoolé  au 
1/KO,  ce  qui  correspond  sensiblement  à  un 
milligramme  par  goutte,  au  compte  gouttes. 

Deuxième  question.  —  De  V établissement 
à*une pharmacopée  universelle.  Rapporteur  : 
M.  Gîlle,  profcbseur  à  TEcolc  vétérinaire 
de  l'Etat. 

CONCLUSIONS    PROVISOIRES. 

Nous  avons  l'honneur  de  proposer  au 
Congrès  : 

i°  De  |)roclamer  l'utilité  d'une  pharma- 
copée universelle  officielle; 

2*  D'é(nettre  le  vœu  que  ce  dispensaire 
soit  limita,  pour  le  moment,  aux  médica- 
ments énfTgiques,  en  laissant  n  chaque 
pays  la  lit)erté  de  le  compléter  d'après  ses 
besoins  pjirticuliers  ; 

5*^  D'associer  ses  etTorts,  pour  l'obtenir, 
i  eeux  d|i  Congrès  pharmaceutique  inter- 


.  national,  tenu  au  mois  d'Août  4874,  à  St^ 
Pétcrsbourg  ; 

4"  D'engagiT  le  Gouvernement  russe  à 
prendre  Tliiitiative,  conformément  à  la 
demande  dudit  Congrès,  afin  d'amener  les 
autres  puissances  à  faine  ce  qui  dépend 
d'elles  pour  obtenir  la  pharmacopée  inter- 
nationale; 

5"  D'exprimer  le  désir  qu'un  certain 
nombre  de  médcTcins  et  même  de  vétéri- 
naires fassent  partie,  avec  les  pharmaciens, 
de  la  Comiiiission  internationale  qui  sera 
chargée  d'arrêter  le  travail  définitif  de  cette 
œuvre  importante  ; 

6<^  De  joindre  ses  vœux  à  ceux  exprimés 
à  peu  près  dans  les  termes  sufvants  par  le 
Congrès  de  Si-Pélersbourg  : 

A .  Le  texte  de  la  pharmacopée  Interna- 
tionale devra  être  en  latin. 

B.  Le  systième  décimal  des  poids  et 
mesures  sera  de  rigueur. 

C.  Toutes  les  températures  seront  prises 
à  l'échelle  centij^rade. 

Z>.  La  nomenclature  chimique  sera  éta- 
blie suivant  un  plan  uniforme  (celle  de 
Berzélius  a  paru  rallier  la  majorité  des 
membres  du  Congres). 

'  E.  Les  noms  pour  la  désignation  des 
drogues  devront  être  bien  exacts  et  aussi 
simples  que  possible. 

F  Les  drogues  imporlantes  seront  l'objet 
d'une  description  concise  et  la  quantité  mi- 
nima  du  principe  actif  qu'elles  devront  con- 
tenir sera  rigoureusement  établie»  chaque 
fois  que  la  chose  sera  possible. 

6r.  Les  préparations  galéniqoes  seront 
aussi  simples  que  possible  et  décrites  sui- 
vait un  même  plan. 

/y.  On  indiquera  le  maximum  des  impu- 
retés que  pourront  renfermer  les  produits 
chimiques. 

Procès-verbaux  des  Séances. 

La  séanee  d'ouverture  à  laquelle  a  voulu 
assister  le  roi  Léopold,  réunis<<ait  les 
savants  qui  avaient  répondu  à  l'appel  des 
orgiinisateurs  du  Congrès. 

M.  VIeminckx,  président,  avait  à  sa 
droite  M.  Deleour,  ministre  de  Tintérieur; 
9  sa  gauche,  M.  Anspach,  bourgmestre  de 
Bruxelles. 

Siégeaient  aussi  au  bureau  :  H.M.  De 
Roubaix  et  Crocq,  vice-présidents  ; 
M.  Warlomont,  secrétaire  général;  MM. 
Duweset  Verriest,  secrétaires  des  séances. 

Nous  voudrions  pouvoir  reproduire  en 
entier  le  discours  ferme  et  élevé  pro- 
noncé   par    l'honorable    président    Vie- 


I 


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S80 


VARIÉTÉS. 


mÎBckx,  discours  qui  a  produit  ta  plus 
vive  y  ia  plus  profonde  impression.  A  notre 
grand  regret,  noire  format  nous  permet 
à  peine  d*en  citer  quelques  fragments. 

Souhaitaot  la  bienvenue  aux  confrères 
étrangers,  le  président  leur  a  dit  : 

1  Sur  cette  terre  hospitalière  (Ite  B^lgi- 
i  que,  vous  ne  rencontrerez,  soyez  en 
»  bien  assurés,  que  des  vidages  syrirpathi- 
»  ques  et  amis.  A  cetle  tribuno^ui  vous, 
»  est  ouverte,  vous  discuterez  en  toute 
»  liberté  et  sans  préoccupation  aucune  les 
»  problèmes  scienti^ques  dont  vous  juge- 
»  rcz  convenable  et  utile  ^<e  saisir  Tassem- 
»  blée.  En  Belgique,  h  manifosta'tion  de  la  * 
t  pensée,  en  quelque  matière  que  ce  soit, 
»  est  affranchie  de  toute  entrave.  » 

Définissant  la  mission  qui  incombe  au 
Congrès^  M.  Vlcminckx  dit  : 

€  à  nous,  mes-  chers  et  honorés  con- 
»  frères,  au  .corps  médic»!,  la  tâche  ini- 
»  tiale,  en  vue  de  rendre  les  populations 
»  plus  fortes,  plus  résistantes*,  plus  viriles; 
»  là  est  le  premier  terme*  du  problème  de 
»  la  grande  œuvre  réformatrice  de  Thoma- 
»  nité. 

»  A  nous  de  mettre*  en  évidence  avec 
»  Tautortlé  que  donnent  des  études  et  des 
.  »  connaissances  «péciales  jointes  à  Nne 
»  expérience  éclairée,  les  causes  physi- 
i  ques  et  moraks  qui  font  diégénércr  Tes- 
»  pèee  humaine,  en  Ta^envant  de  misé- 
»  res  et  de  souffrances;  à  nous  de  signaler 
»  les  mesure»  les  plus  p-ropres  pour  tarir 
»  les  sources  de  ces  affections  calamiteuses 
»  et  terribles  qui  déciment  les  populations 
»  et  portent  dans  teur  sein  la  ruine  et  ie- 
»  désespoir;  à  nous,  enfin,  d'éckiirer  les 
»  peuples  et    les  goiyvernements  sur   les^ 

>  devoirs  quMU  onl  à  remplir,   les    uns 

>  comme  les  autres,  pour  assurer  le  succès 
»  des  moyens  de  préservation  dont  la 
»  science  et  Tobservation  ont  démontré  la 
»  puissance  et  Tindéniablc  verto.  » 

Parlant  du  caractère  international  du 
Congrèsy  M.  le  président  en  fait  ressortir 
Timportance  toute  spéciale.  Il  rappelle 
qioVii  matière  d'hygiène  les  peuples  sont 
solidaires,  et  qu'en  un  grand  nombre  de 
cas  les  fautes  ou  les  erreurs  de  Tun  retom- 
bent inévitablement  sur.  les  autres;  d'où 
la  nécessité,  en  même  temps  qu'on  pour- 
suit avec  raison  la  réalisation  de  conven- 
tions pour  imposer  aux  belligérants  des 
limites  propres  à  atténuer  lés  horreurs  de 
la  guerre,  de  faire  jussi  des  conventions 
internationales  hygiéniques  ou  sanitaires. 

Eu   terminant   son    diseours,   M*    Vie- 


mfnekx  a  adressé  de  chaude  remerctments 
à  M.  le  ministre  de  rintéricur,  qui  a  mis 
à  la  disposition  du  comité,  avec  autant  de 
libéralité  i|ue  d'cmpVessement,  tous  les 
moyens  matériels  et  moraux  de  mener  à 
bonite  fin  Tentreprise.  Il  a  proposé,  comme 
témoignage  de  gratitude,  de  rappeler  à  la 
présidence  d^honneur. 

L*assetftl)lée  a  unanimement  acclamé 
cette  proposition.  ^ 

^  M.  Delcour,  mfnîstre  de  l'intérîeur,  a 
répondu  en  termes  pleins  de  courtoisie  à 
la  haute  distinction  qui  lui  était  conférée  ; 
il  a  exprimé  la  satisfaction  avec  laquelfe 
la  Belgique  et  son  gouvernement  voyaient 
la  réunion  du  Congrès  à  Bruxelles;  il  a. 
fait  ressortir  tout^le  profit  que  la  science 
et  ceux  qui  en  attendaient  les-  lumières 
avaieni  à  retirer  de  ces  assises  internatio^ 
nales;  il  a  ajouté  que  dans  ces  fraternelles 
réunions  les  savants  s*éclairent  les  uns- les 
autres  sur  la  situation  du  corps  médical 
dans  les  dFverses  contrées  et  apprennent 
ainsi  à  connaître  les  institutions  les  plus  pro- 
pres à  concilier  la  dignité  de  la  profession 
médicale  avec   les  intérêts  de  riiumanité. 

Le  bureau  provisoire  ayant  été  déclaré 
définitif  par  un  vote  unaniiue  de  rassem- 
blée, les  présidents  d'honneur  ont  été  suc- 
cessivement nommés  parmi  les  membres 
appartenant  à  diverses  nations  :  M,  Von 
Langenbeck  pour  rAlIcmagne;  MM.  Crit- 
chett  et  Bowmano  pour  TAn^leterre  ;  MM. 
Grôsz,  Hebra  et  Signiund  pour  TAutriofae- 
Hongrie  :  MM.  Bonillauid,  Verncuil,  Larrey 
et  Jaccoud  pour  ia  {«"rancc.  Les  acclama- 
tions qui  accueillirent  les. diverses  nomina- 
tions sont  devenues  plus  ardentes  encore  à 
rappel  du  nom  de  U.  Bouillaud  ;  Tillustre 
et  vénéré  savant,  salué  par  une  triple, 
salve  d  applaudissements,  a  prononcé 
quelques  paroles  émues  qui  ont  fait  tres- 
saillir Tauditoire. 

Les  nominations  pour  les  autres  Étals 
ont  continué  :  pour  Tltalie,  M!Vf.  Scmmola 
et  Palasciano;  pour  le  Luxembourg, 
M.  Aschman  ;  la  Roumanie,  M.  Marcowitz: 
la  Turquie,  M.  le  général  docteur  Ahmed; 
pour  les  Pays-Bas,  MM.  Donders  et  Ege- 
lin^.  Plusieurs  autres  membres  ont  encore 
été  appelés  à  la  présidence  d'hooneur  dans 
les  séances  suivanCes. 

M.  Warlomont,  sccréCaîrc  général,  a 
pn's  alors  la  parole.  Son  diseours  compre> 
nant  Thistoriquc  des  congrès  médicaux  de 
diverses  sortes,  antérieurs  à  celui  qui  réu- 
nit tant  d'illustrations  h  Bru](ellcsoujour- 
'd'hui,  a  esquisse  8  grâads  traits  les  sujets 


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VXRlfiTfiS. 


â81 


qQiyiavisilefilété  traités,*  et  dont  plusieurs 
figurent  encore  au*  programme  actuel: 
rhonar»ble  secrétaire  générai  expose  que 
parmi  un  grand  nombre  de  graves  ques- 
tions letomité  a  cru  répondre  aux  besoins 
des  temps,  au  cou  lis  des  idées  en  eon  fes- 
sant «t>en<m  entrant  ses  prédilections  «pour 
les  sujets  se  rattachant  à  Thygiiène  publia 
que,  pins  propres,  a  t-il  dit,  que  les 
autres','  à  recevoir  des  solutions  pratiqu<î$. 
C«{  discours  a  été  écouté  avec  une  attention 
sobtentie  et  unanimement  approuvé;  il 
5*est  terminé  par  «les  remerdments  envers 
ceux  qui  avaient  donné  leur  concours  si 
utile  â  la  reQSSite  du  Cohgrès,  et  particu- 
lièrement M.  le  ministre  de  l'intérieur  et 
le  bourgmestre  rfe  Brnxelles^  M.  Anspach, 
qui,  à  son  tour  a  pris  la  parole  pour  invi- 
ter les  membres  du  Congrès  et  leiirs  dames 
au  raout  q»!  leur  a  été  offert  le  soir  à 
rhôtel  de  ville.  M.  le  Bourgmestre  en  con- 
viant en  .outre  les  assistants  à  un  voyage 
d'expioiration  dans  Bruxelles  souterrain,  a 
appelé  rattenlion  tiu  Congrès  sur  la  créa- 
tion récente  d^'un  bureau  d'b^'giène  spé- 
cialement, consacré  à  combattre  tout  ce 
qui,  dans  Tagglomération  bruitelloise  pour- 
rait revêtir  un  caractère  épidémique  ;  sin* 
le  système  actuellement  fonctionnant  de 
âlstrtbAlian  d*eau;  et  enfin  sur  Tassainis- 
semènt  de  k  Senne  et  la  création  d'an 
vaste  réseau  de  collecteurs  et  d*égoôts 
publics  qui  con*^itue  l'œuvre  la  plus  im- 
pointante  que  la  vilie  de  BrUxeliès  ait 
jtroals^etitreprise^ 

M.  le  président  V4eminokxiin vite  ensuite 
les  mèflofbreps  du  Congi^èa  à  se  rendis  dans 
lents  sections  respeetiveSf  ce  qui  s^est  fait 
immééialemeRii}  chacune  dès  sections  rén* 
f#es  a  constitué  son'>rireaù  définttir 

Dès  \t  lendemain  ont«u  lieu»  conformé* 
ment  au  programme,  \es  séadces  ^Hs  see- 
ttons  fonctionnant^  dans  '  lein-s  locauit 
séparés,  'i  iO  heures  du  maffn^  et  conti' 
nuant  leurs  discussions  et  délibérfltion9) 
tons  les  jours  à' 1^  même  heure,  —  puis  à 
deux  heures  de  relevée  rassemblée  gêné*' 
raie  siégeait^  discutant  les  rappo^rts,  ibr- 
mulant  et  votant  les  conclusions  définitives 
prisés  alors  au  norii  et  sous  la  responsabilité 
du  Congfès  4oot  entier.  • 

La  sétnaine  entière  b  été  consacrée  à 
ces  travaux,  le  samedi  a  eu  lieu^  la  séan«« 
.deelôtiife/  »     :  ' 

Dans  iette  «séanëe  îia  élé-déeidé  sbr  4a 
proposition  da  docteur  Lau&sedat,  que  la 
prncbalile  session  du>Gong()èsdes  solenoes 
médicale  aurait  lieu  -en  4B77  ah  Soisse; 


Séance ,  générale  du    $11   septembre  i875. 

La  séance  est  ouverte  à  ^  heures. 

Le  faoïeuil  de  la  présidence  est  occupé 
par  M.  VIemInckX;  président. 

Présents  au  bureau  :  MM.  De  Boubaix, 
Croeq,  Warlomont,  Duwez  et  Verriest. 

M.  le  secrétaire  des  séances  Verriest 
donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
séance  du  i9  septembre  1875.  —  Adopté. 

M.  ie  président  appelle  rattentîoh  de 
Tassen^bléc  sur  les  excûr^Ons  prdjbtéeaf  S 
la  colonie  de  Ghcel  et  h  la  frrison  cellulaire 
de  Louvain. 

^M.  le  président  propose -à  l*assembléc  de 
nommer  comme  houveaux  présidents 
d'honnenr: 

MM.  Manayra  (de  Naples),  Pasqualî  (de 
Rome)^  Nicolaïew  (de  Cronstadt),  Van  Cap - 
peilen  et  Egeling  (de  La  Haye),  Schmitder 
(de  Vienne),  Gross  {de  Budapesth),  Gus- 
tave Bergmann  (de  Stockholm). 

M.  le  président  Vlcminckx  désirant 
prendre  part  aux  débats,  cède  la  présidence 
à  M.  DeHoubaix,  vice-président,  qui  donne 
la  parole  à  M.  Fcigneaux  pour  faire  le  rap- 
port sur  la  qnestion  des  maternités. 

Après  une  vive  discussion, à  laquelle  pren- 
nent part  un  grand  nombre  de  membres, 
les  eonclusiens  du  rapport  sont  adoptées 
avec  quelques  modifications. 

4 •Urgence  d'une  réforme  radicale  dans 
le  système  d*al<iisiance  dés  famines  en 
ceuches ;  .       ^       .     .   . 

'  â«  Abandon  complet  des  gi^atidës  nàatier- 
nités; 

5<>  Remplacement  des  grfetndes  mater- 
nités, avec  école  d'accouchements  pour 
renseignement,  par  de  petites  maisons 
d^âccnnchements  et  chambres  réparées  ; 
'"  i^  Création  d'une  «maison  'de  rechange 
placée  dans  le  voisinage  de^la  maternité 
avec  mobilier  distinct  et  séparation  com- 
plète d^avec  la  direction  médicale  ; 

S*  Extension,  aussi  grande  que  possible, 
de  l'assistance  à  domicile,  en  fournissant 
'  aux  femmes  enceintes  et  atfx  accouchées 
des  secours  de  tonte  nature. 

M.  Lefort,  de  PaHs,  proposé  d'ajouter 
ta  conclusion  suivante  :    ' 

€  Tontes  les  fois  tjue  les  ressourcés  de 
la  ville  le  permettront,  et  surtout  dans  les 
cas  d'épidémie  dans  uh-  établissement,  il 
est  désirable  que  les  femmes  sans  doonicite 
soient 'bcedncbées  au  domicile  des  sa^es- 
femmes  de  la  ville,  i 

Cette  propésïtion  est  renvoyée  ^  Texa- 
men  préalable  de  la  3*  section. 

0« 


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282 


VARIÉTÉS. 


jy.  JaQSseRS  doQne  ensuite  lecture  des 
travaux  de  la  9«  section  :  rapport  de 
M .  Crocq  :  i  Des  moyens  d'assainissenienl 
des  ateliers  où  se  manipule  le  phosphore*  » 
Les  conclusions  suivantes  sont  adoptées  : 

1°  La  section  de  médecine  publique  émet 
le  vœu  que  l'emploi  du  phosphore  rouge 
amorphe  soit  substitué  à  celui  du  phos- 
phore ordinaire  dans  toutes  les  fabriques 
d*allumeltes  ; 

S»  En  attendant  Tadoption  universelle  de 
cette  niesure  radicale,  elle  recommande, 
d^ns  les  conditions  actuelles  de  fabrication, 
les  mesures  suivantes,  qui  s(Tnt  destinées  à 
prévenir  les  accidents  toxiques  généraux, 
et  plus  spécialement  la  nécrose  du  maxiU 
laire  :  installation  de  la  fabrication  dans  des 
locaux  suOisamment  spacieux;  ventilation 
puissante  au  moy^a  des  tuyaux  d*appel^ 
établis  dans  le  sol  et  aboutissant  à  une  che- 
minée d'aspiration.  Soins  constants  de  pro- 
preté. 

  côté  de  cej  moyens  physiques  de  pré- 
servation, vient  se  rauger  remploi,  oomme 
antidote  chimique,  de  ressencc  de  térében- 
thine dans  les  ateliers  ; 

3<^  Les  accidents  locaux  pourront  être 
conjurés  par  des  gargarismes  astringents 
et  surtout  par  Tphligation  imposée  aux 
fabricants  de  ne  pas  admettre  daus  leurs 
ateliers  des  ouvriers  chez  lesquels  un  exa- 
men préalable  de  la  bouche  a  permis  .de 
constater  que  Tappareil  dentaire  est  affecté 
de  carie  pénétrante  ou  de  tout  autre  affec- 
tion de. nature  à  favoriser  Taction  noelve 
des  vapeurs  phosphorées. 

4»  Les  enfants  ne  peuvent  être  eiQpIoyés 
dans  les  ateliers  où  Ton  mabipule  le  phos- 
phore ; 

^^  Lorsque  les  autorités  permettent 
rétablissement  de  fabriques  où  Ton  tra- 
vaille celte  substance,  elles  doivent  imposer 
ces  conditions  et  tenir  la  main  à  ieurexéeu- 
tiou;  aussi  bien  dans  Tiotérêt  des  ouvriers 
que  dans  celui  des  fabricants,  qui  sont  civi- 
lement responsables  des  accident^  dus  à 
leur  incurie  ou  à  leur  néglige oce. 

M.  le  président  accorde  ensuite  la  parole 
k  M.  Ledeganck  pour  donner  lecture  des 
travaux  de  la  7«  section  :  Des  moyens.de 
mesurer  racui té  de  Touïe  et  dVn  enregistrer 
le  degré  de  façon  uniforme  dans  tous  les 
pays  (discussion  du  rapport  de  M.  Deistao- 
che,  père). 

L*as&cniblée  adopte  les  conclusioDs  de  la 
section^  qui  sont  les  mêmes  que  celles  im- 
primées au  programme,  à  titre  provisoire 
(voy.  page  ^77). 


GcMume  corollaire  de  ces  eooelusioDs, 
la  section  a  adopté  également  une  motion 
de  M.  Bonnafont,  formulée  comme  suit  : 

Tout  exafnen  complet  du  degré  de  Touîe 
chez  les  malades  nécessite  TempU»  des 
trois  moyens  suivants  :  , 

i**  Le  ton;  c'est  ainsi  que  M.  Bonnafoni 
appelle  le  bruft  produit  parle  choc  de  deux 
corps  durs,  et  que  peuvent  percevoir  des 
personnes  atteintes  d'altérations  graves  dé 
Touïe  ; 

2®  Le  diapason,  plus  difficile  à  percevoir, 
mais  entendu  par  beaucoup  de  peraonnes 
qui  n'entendent  pas  la  voix  humaine; 

3?  La  voix,  qui  se  perçoit  plus  difficile- 
ment encore.  ^ 

M.  De  Smeth  donne  lecture  des  travaux 
de  la  8«  seclion,  sur  la  situation  morale  et 
légafe  et  sur  le  placement  des  aliénés  cri'* 
minels  et  dangereux.  Les  conclusions  sui» 
vantes  ont  été  adoptées  : 

i<^  La  section  déclare  que  dans  les  pays 
où  le  nombre  des  condamnés  aliénés  e^ 
suffisant  pour  créer  un  service  hospitalier 
complet,  il  y  a  lieu  de  séparer  complète- 
ment, cette  catégorie  de  malades  ; 

^'^  Adoptant  la  conclusion  du  rapport  de 
M.  Semai,  la  section  émet  le  vmu  que, 
dans  tous  les  autres  cas,  ces  nialades  restent 
confondus  avec  les  autres  aliénés  et  soient 
soumis  au  régi<ne  de  Nsurveii lance  et  d'iso- 
lement que  nécessitent  leur  état  mental  et 
la  sécurité  de  leur  entourage. 

EnlSn,  M*  Bel  val  donne  lecture  ^es  tra- 
vaux de  la  9*  section  :  De  rétablissement 
d'une  pharmacopée  uniiverselle. 

Les  conclusions  adoptées  sont  f  ne  la  sec<> 
lion,  se  ralliant  aux  vœux  émis  antérieure* 
ment  sur  l'utilité  4*unp  pharmacopée  uni- 
verselle officielle,  propose  au  eongrès  d*at* 
tendre  communication  du  projet  rédigé  à 
Saint*Pétersbourg>  pour  s'ooeuper  de  cptle 
question.  Cette  section  admet  aussi  l'amen  t 
dément  de  fil.  Gille,  par  lequel  elle  charge 
les  organisateurs  du  congrès  de  Bruxelles 
de  prendre  les  mesifhes  qti^ils  croiront  aé" 
cessaires  pour  aboutir. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

Séance  générale  du ^"2  septembre  1875. 

La  séance  est  ouverte  À  3  heures.    . 

f^  fauteuil  de  la  présideaoe  est  oociipé 
par  M.  Vleminckx.  Sont,  en  outre,  prêt 
sents  au  bureau  MM..  Crocq,  De  ^ubaix, 
WarlomoBty  Duwez  et  Verriest.   * . 

M.  le  sesrétaire  des  séances  Duwez  donne 
leeture^u  procès-verb*l  de  laséanœ  gér 
néraie  du  31  septembre. 


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VARI6TÉS. 


283 


•   Le  pfoeès^v^erbât  est  approavé. 

M*  ïe  Sedrétalre  général  communique  a 
rassemblée  qut*  la  Société  royale  Linnééirne 
offre  à  MM.  les  membres  dn  congrès  et  à 
lebrs  dames  1-entréc  gratuite  è  Texposition 
agricole  et  horticole  organisée  au  palais  de 
joâtjce. 

Il  met  h  la  disposition  du  congrès  des 
brocbirres  relatives  h  4*cxpositîon  interna- 
tfonaleet  congrès  d*hygiène  et  de  sauvetage", 
qui   s'organisent  pour  Tannée  prochaine. 

M.  le  président  propose  de  nommer  pré- 
sidents d^honneur  MM.  Harwood  et  Adrian. 
délégués  de  fa^sociation  médicale  améri- 
-caine  de  New-Yôrk,  ainsi  que  M.  Madjen, 
•vice-pré»»denl  de  la  socfété  pharmaeeu^ 
liquo  de  Copenhague.  . 

M.  Vlëminekx  cède  le  fauteuil  de  la  prési- 
^nce  a  M.  BouilFaud/présidentd*honneur. 

M.  Delecosse,  questeur  du  congrès,  ap- 
pelle ralteiitfon  de  rassemblée  sur  les 
visites  qui  se  font  journeRement  aux 
égoutsde  la  ville  de  Rruxelles  et  engage 
MM.  lé»  membres  du  congrès  à  profiter  de 
Poffre  que  leur  a  faite  radmintstration  com- 
munale. 

MM.  Mahà^t  et  Carpentier  donnent  lec- 
ture du  procès-verbal  des  travaux  de  Iti 
première  section  sur  le  rapport  de  M.  Le- 
febvre  :  la  prophylaxie  du  choléra,  f/as- 
Mmblée  adopte^  avec  de  légères  niodiflca- 
tions,  les  conclusions  de  h  section  : 

I.  La  prophylaxie  du  choléra  asiatique 
doit  avoir  pour  base  une  notion  étiologique 
aussi  complète  que  possible  de  la  maladie. 

II.  Le  choléra  est  une  maladie  spéèifique, 
c'est-à-dire-  qu'elle  est  produite  par  un 
principe  morbide,  toujours  le  même,  et 
«qu'elle  ne  peut  être  produite  par  d'autres 
causes.  • 

III.  Le  principe  choférigène  nous  est 
inconnu  dans  son  essence,  comme  du  resle 
le  principe  générateur  de  la  variole,  de  là 
scarlatine,  de  la  petite  vérole,  etc  ,  mais 
non^  possédons  des  connaissances  très- 
importantes  au  point  de  vue  de  la  prophy- 
laxie^ sar  son  origine,  ses  attributs,  les 
lois  de  m  propagalltm  et  de  son  évolution. 

IV.  Origine.  Le  miasme  cholérigène  se 
développe  spontanément  dans  certaines 
corttrée^de  l'Inde,  spécialement  le  delta  du 
Gange  cjt  les  contrées  basses  qui  environ- 
neïit  Maflras  et  Bombay.  En  partant  de  ces 
foyers  GÉ*iginels,  il  s'est  transporté  à  diffé- 
rentes ir]H*ises  en  Europe,  en  Afrique,  en 
Amériqle,  en  constituant  ces  grandes  épi- 
démies |f]ui  sont  présentes  à  tous  les  sou- 
venirs, i 


Touléfoîs,  on  a  vti  se  produire  en  Eu- 
rope des  explosioOs  plus  fîmitées  de  cho- 
léra asiatique  après  la  disparition  des 
grandes  épidémies  dont  il  vient  d*étre 
question.  Ces  explosions  sont-elles  dues  à 
la  production  spontanée,  sur  le  sol  euro- 
péen, du  miasme  cholérigène,  ou  bien 
ftint-ir  les  attribuer  au  développe  ment  tardif 
de  miasmes  laissés,  en  quelque  sorfe,  en 
provision  par  l'épidémie  asiatique  précé- 
dente? Le  rapporteur  adopte  cette  dernière 
opinion. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  n'en  reste  pas  nroins 
vratque  le  choléra  indien  peut  s'acclimater 
eo  Europe,  soît  par  la  production  spon- 
tanée, sur  notre  sol,  de  son  principe  géné- 
rateur, soit  par  la  conservation  et  la  régé- 
nération indéfinie  do  miasme  arrivé  pVimi- 
tivement  de  l'indc.  ' 

V.  Âttfributs  du  miOMme  cholérigène  : 
i*'  Ce  miasmp  se  régénère  dans  le  sujet  qui 
est  atteint  du  choléra  et  transporté  de  là 
sur  des  individus  saitis  ;  il  provoque  chez 
,eux  le  développement  c!e  la  maladie;  en 
d'autres  termes,  le  choléra  est  essentiellç- 
ment  contagieux  ; 

S*  Le  miasme  cholérigène  se  conduit  h 
la  manière  des  corps  solubles  et  volatils  : 
ainsi  il  se  dissout  dans  l'eau,  I!  se  répand 
dans  l'atmosphère  où  il  se  maintient  h  l'état 
de  diffusion  homogène,  c'estrà-dire  sans 
s'accumuler  dans  les  points  déclives  ; 

3<»  Le  pouvoir  morbifique  du  miasme 
cholérigène  est  moins  énergique,  moins 
fatal  dans  son  action  que  celui  d'autres 
miasmes  et  d'autres  virus  connus  ; 

4»  Il  est  peu  stable  :  il  parait  se  détruire 
trèspromptement,  surtout  quand  l'air  est 
fortement  ozonisé.  Toutefois,  dans  certaines 
conditions  de  confinement,  à  l'abri  de  l'air, 
il  peut  se  conserver  très-long^mps  ; 

5"  Ce  miasme  est  détruit  par  une  tem- 
pérature élevée  (cent  degrés  et  au-dessus) 
et  par  un  certain  nombre  d'agents  chimi- 
ques à  affinités  énergiques.  Cette  question 
réclame  encore  des  études  pour  arriver  à 
une  précision  et  à  une  netteté  véritable- 
ment pratiques  ; 

6<*  Les  individus  exposés  h  l'action  du 
miasme  cholérigène  acquièrent,  au  bout  de 
quelque  temps,  une' sorte  d''accoutumance 
qui  les  met  à  l'abri  de  la  maladie. 

VI.  Loti  de  propagation  du  choléra  atia- 
tique,  {^  Le  contage  cholérique  réside 
principalement,  sinon  exclusivement,  dans 
les  déjections  du  malade  (matières  vomies 
et  surtout  évacuations  intestinales)  ; 

â<*  Il  peut  se  transporter  du  sujet  ma- 


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^4 


vAftiànés. 


véi^icuJcç,  pai^i.  le^qijeJs  il  faut  noUP> 
aprèj^Jek».,(jlftificlioj^s  elles-aiême*.:    .      . 

to  raaMe;      i,  . 

Le  cadavre;. 

Le  IJDge  et  les  vçterocQtf  qw  leur  otit 
&çj?Fi  ; 

Les  appartc;mentâ^  lesnaviiies  et  les  voir 
lurea  où  des.  cholériques  ont  séjourné.j    . 
.  Les  latrines; 

)U*éau,  qui  a  pu  être  oonlia?pjn(Ç|j  p«c  les 
déjections  cholériques  ; 

L'air,  .mais  à  faible^  distanee^  c*est-àtdire 
à  qiielquies  oenlaines  de  mètres  ; 
,   Les  animaux,  les  marchandisçs  qui  ont 
pu  être  chargjés    de  miasmes   Ciholérigè- 
nes,  etc,  i 

yj(l.  Jmprégnf^ion  cholérique  et  évolu- 
tion, V  Le  miasme  choi^igèoe  ppnèli^ 
'dans  réconomie  parjamuq«)eu««. pulmo- 
naire et  par  les  yoles  digestives. 

.^<>  La  durée  de  Pincubation  est  do  plu,- 
sieurs.heures  à  quelques  joufs  au  ipaj^immn. 

5?  L(Cs  copdilioi>s  morale?  et  hygiéivi- 
que$de  oatiirje  dépressive  favorisent.Viv^^' 
lution  de  Tempoisonncment  cholérique* 
.  .,yjll,  L^  prpphylaKÎQ  du  eholéra ■dérive 
de  ces. potions, qtîologJMiues,  ' 

La  preipière  indicatiQo  est  de  détruûre 
par  des  travaux  d'assainissement  les  foyers . 
originels  du  choléra  daas  riad6|  et  ses 
foyers  scoondajfes  en  Europe»  I^q  second 
précepte  est  d*cmpé<;her  le  transport  du 
principe  morbide  dans  les  pays  sains,  par 
toutes  les  mesures .  y  rai  m  çnt  efficaces  et 
compatibles  a.yec  les  exigenpes  et  la  civilir 
sation  moderne*  La  trpisjème  règle  pro- 
phylactique, c'est  de  neutraliser  le  miasme 
par  des  moyens  désiinfectants  qu'il  re^te 
à  déterminer. 

Enfin,  il  faqdra  Sj'altaçher  -r  o'esti  le 
quatrième  cl  dprnieir  précepte  —  à  dimi- 
nuer les  ravages  du  choléra  par  des  me.- 
&urqs.  hygiéniques. bien  entendues. 

Le  congrès  espère  que  les  tr^fraux  d'as- 
sainissement entrepris  dans  Tlndc  par  l'Anr 
gletcrre  seroi^t  mçnés  à  bonne  fin,  et 
parviendront  à  éteindre  le  foyer  original 
du  chpléif»  asiatique.. 

M,,Lefebvre  attire  spécialement  Tattep- 
tion  de  l'assiembléc;  $ur  Taction  de  la  cha- 
leur comme  agent  désinfectant.  11  rappelle 
son.  effîcacUé  pour  la  désinfection,  d*«près 
le  procédé  de  Vleminck^,  des  vêtements 
de  sujets  atteints  de  la  gale»  et  con&eillie 
l'établissement  id'étnvçs  sèches  dans  tous 
les  hôpitaux  et  même  da,n$  Içs  mai^çns  psi- 
vées,  ....  ..  .      i 


Après  qu()lqii^|iof)9erv4lifM»4kliMk  Ah- 
med,. Semmola:  jQtSigmuod|  •  le  ^ébat.  est 
clos, 

M>  Has^in  donne  leeAurede^  travaux  de 
la4<°«  se^oii^  sur  le  rapport  de  MM.  Mai- 
sius  Qt  Van  Lair  :  Oe&  netffs  v&ao-oiiotetirs 
et  de  leur  mode  d*action.  LesxohclAsiodw 
dje  ce  rapp4^r^  sont  : 

Les  nerfs  va39  moitenrA  foot  partie  du 
système  jiejrveux  végétatil;  il»  oni  leurs 
oi^igifpes  principales  dans  la  mc»eUe  épînièdre 
et  le.  bulbe  rachidien;  ils  naissent  acces- 
soirement de  la  porti9n..sttS;b4ilbaire  de 
Pençéphale,.  iies  ganglions  d|i  synipalbi^fue 
situés  sfur  les  cordons  eirépaiPtis  à  la  péri*- 
phérle  sur  le  trajet  des  fibres  nerveuM». 

Pour  aller  de  Taxe  iné4ullaire  aux  ooir* 
don^  latéraux»  les  nerh  vaso-mqteurs  pas- 
sent p^r  les  racines,  ai^frienres  ;  i^  se 
rendent  au4^  vaisseaux»  soit  en  s'uiii^sant 
aux  nerfs  i^achidiens  et  qr^niepsi,  soitieo 
acconipai;!naint  Jes^  artères. - 
..-.  Les  nerfs  vasomoteur^idan^  leur  (raie^ 
à  travers,  la  jnocUe  vesteçt  dai^  La  maillé 
d'où  ilâ.naiss<3n(. 

L'influence  des  parties  de  l'encépibalfi, 
au  contraire;  situéeS)  çpi.  avant*  4<?s  l44^r- 
qules  quadriJMweaupi  est  croisée. 
.  Au  pjp<inl  de  vUfC  de.  sa  comp<>sitiont  phyr 
siologlq^Ci  an.peut  considérer  l'appaDoil 
vaso-moteur  comopic  constitué  paf  dea.eea^ 
très  principaux  et. par  les  ûbras  nerveuse» 
dont  la.  plupart  rcMnis#ent  entre  eux  les 
divers  centres*.  Les  centres  sont  li'aiite 
cérébro -spinal  d'une  part  et  de  l'autre 
l'çnsembl*''  des  cellules  nerveuses  distri- 
buées à  la  périphérie  du,  système  vascu- 
laire  (centres  toniques).  Les  £[bres  uai^* 
jfantes  s^nt  de  dcMX  ordres  :  ce  sot|it  des 
fibres  vaso-cons(rictives  et  des  fibres  vaso 
dilatatrices,  en  partie  eeqtripètfjs,.  en  partie 
centrifuges.  I^es  deux  espèces,  de  Âbres 
sont  sans  dou.te  le  plus  souvepl.  réunies 
dans  un  mémç  nerf;  tou^qfois,  les  filets 
vaso-dilatateur^.  s;ont  en  général  en  plus 
grand  nombre  et  plus  acjtifs,;  iisir^^làcû^nt 
les  parois  vasculaires  en  diminuant  Taeti- 
vité  des  centres  toniques. 

En  outre»  des  fibres  vaso'-con^lwictîves 
et  vaso-dilatatrices  partant  de  la  périphérie 
se  reindent  a^x  centres  toniqu(^»  eteeux-oi 
émettent  à  leur  tour  des  fibres  cxclusÂve- 
ment  constrictives  qui  se  répAnd(»nt  dans 
les  parois  des  vaissea.ux.. 

M.  Bouillaud  prend  la  parole  pour  si^ 
gnaler  Ta/ialogiç  ^i  j[^naade  q^i  exi^e  eodiu 
Içâ  uM^iuv^m^i^t^  rliytbmiqu^s  d^s  anè^os 
pt  ceux  du  cœur  lui-même.  Il  fait  remar* 


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VAiaftrts. 


^s 


fo^r  Ie$  eonm^uonee^  pathologiques  qae 
toute  a^Uéralton  de»  parois  artérielles  deit^ 
k  Vé%9\  des  altérations  de  la  paroi  ear- 
iliaque,  i^eessairement.  amener  dans  le 
mécanisme  des  TonetHms  circulatoires. 

M*  Bouchut  lit  un  md moire  sar  la  cëré  - 
Mt|$cop|e  et  les  résuUals  auxquels  a  eoD" 
4uit  Tapplication  de  i'epiithalnioscope  à  la 
diagnosa  des' mftlàdies  cérébrales.  H  fait 
4>a6ser  dans  rasseaaUée  diverses  pièces  pa- 
thologiques k  Tappui  de  ses  obsenatfons* 

M.  Testclin  remerete  h)  bureau  d^aToir 
«organisé  la  visite  à  Ja  maison  pénitentiaire 
de  Lrouvain  et.  au  nom  des  visiteurs,  ex'^ 
prime  sa  reoonnaissanee  à  M.  Berden,  ad^ 
jiHPJ4»tra(cur  géoéral  de  la  sûreté  publique. 

M.  Leudct  développe  le  résultat  de  ses 
études  sur  Tétat  mental  des  alcoolisés  dans 
les  différentes  olasses  de  la  Société. 

M»  Palascianoiit  un  mémoire  sur  Thy^ 
gi^ne  des  tombebux  et  exprime  le  vœo  de 
voir  entrer  dans  ies  moBurs  la  crémation 
des  cadavres. 

La  séance  «st  levée  è  ^  heures. 

Séance  générale  du  53  septembre  1878. 

.  La  séance  est  ouverte,  à  2  heures,  sous 
Ja  présidence  de  M.  Vlcminokx.  Sont  pré- 
sents au  bureau  :  MM.  De  Roubaix,  Warlo- 
n^ont,.Verriest  et  Duwez« 

M.  le  secrétaire  des  séances,  Verriest, 
donne  lecture  du  prooès-\rerbal  de  la  séance 
précédente.  Ce  procès* verbal  est  adopté. 

Sur  la  proposition  de  Mi  Warlomont, 
M.  le  docteur  Pelersen,  vioe-président  de 
la  Fédération  médicale  danoise,  est  nommé 
président  d'honneur. 

Diverses  communications  sont  faites 
ensuite  par  M.  Delecosse^  que$(teur. 

M.  Bou que  donne  lecture  des  travaux  de 
la  %°  section  : 

.  De  VanesihéiU  chirurgicale.  Rappor*- 
teur  :  Mw  le  docteur  Wiiltnme  à  Alons. 

L'ancsthésie  chirurgicale  étant  une  ques- 
tion essentiellement  seientilîqae^  la  fteotion 
propose  de  réserver  son  opinion  sur  une 
question  im»»  encore  susceptible  de  solu- 
tion. 

M.  Bouillaud. réclame,  pour  la  méthode 
de  AI.  Orfl,  le  bénéfice  de  Tacoueil  bien- 
veillant q(ie  mérite  toute  idée  nouvelle» 
appuyée  tfalUeurs  sur  des  expériences  et 
des  obsei^ations  conscienoieuses.  Après 
quelques  jobservations  de  M. M.  Borlée, 
Le/ort  et  r  orget,  la  di.<cussion  est  close^ 

M.  le  (président  cède  le  fauteuil  à 
M.  Bouilhud^  président  d'honneur. 

M»  Fei^eaux  lit  le  rapport  sar  U  pro- 


position •  a  ddition<ielle   de  M.,  Leforl^'de 
Paris,  dont  voici  la  rédaption  définitive. 

'  <  l/acoouchcment  au  domicile  des  sages* 
femmes,  aux  frais  et  sous  la  surveillance 
de  l'administration^  donne  les  moyens  <d« 
restreindre  le  nombre  des  accouchements 
dans  les  maternités  et  les  hôpitaux  et  de 
diminuer  la  mortalité.  Cette  mesure,  dési- 
rable en  temps  noroaiai,  s'impose  comme 
une  nécessité  en  temps  d'épidémie. 

Une  discussion  s'engage. 

M.  Testelin  ne  voit  pas  la  nécessité  db 
recourir  aux  sages  femmes.  Au  point  de 
vue  scientifique,  dit-il,  le  recours  ne  remé- 
die à  aucun  des  inconvénients  qU43  présen- 
tent les  maternités.  Au  point  de  vue  mo- 
ral, il  est  déplorable. 

Pour  M.  Lefort,  le  chiffre  possède  ici 
une  éloquence  trop  grande  pour  laissée 
prévaloir  des  arguments  d'un  autre  ordre. 
La  Statistique  dn  monde  entier,  dit- il, 
prouve  que  là  mortalité  des  maternités  e$t 
décuple  de  celle  des  villes.  Cette  itatisli- 
que  porte  sur  â  millions  de  cas.  Il  eroit 
que  Taçcotteheur  et  la  sage  femme  sont 
.souvent  vecteurs  du  principe  contagieux. 
Le  principe  c'est  Pisoleœent  des  femmes, 
l'idéal  c'est  raccouchement  à  domicile.  A 
défaut  de  celui-ci,  il  faut  rechercher  les 
petits  centres  qui  existent  tout  formés 
chex  les  sages  femmes. 

Dts^  villes  comme  Paris  ne  peuvent  s*y 
soustraire,  surtout  dans  le  cas  d'épidémie 
hospitalière.  Les  sages'fcmmes  ne  sont 
d'ailleurs  pas  admises  sans  Un  contrôle  sur 
les  conditions  matérielles  et  morales  de 
leur  maison.  Le  résultat  de  dix  années  de 
prittique  oonfirme  absolument  cette  insti- 
tution. 

M.  Mssoin  rend  eompte  des  travaux  de 
la  4fi  section  sur  la  valeur  des  ea^périences 
fondées  sur  les  circulations  artificielles. 
Rapporteur  :  M.  Héger. 

I.  Sous  l'influence  de  Tatropine  (5  een-- 
tigr.  pour  400  ce),  Técoulement  du  8an|( 
à  travers  les  poumons  se  ralentit  d'abord, 
puis  s'accélère  et  acquiert  enfin  une  rapi- 
dité supérieure  a  celle  qui  existait  avant 
.  rinjeotion  de  Tatropine.  Les  reins  sont  plus 
sensibles  que  les  poumons  :  une  dose  d'un 
cent-millième  produit  une  diminution  pas« 
sagère  de  l'écoulement;  une  dose  d'un 
dix-millième  amène,  h  la  suite  de  cette 
diminotion,  une  augmentation  notable 
(Mosso). 

Dans  les  poumons,  les  muscles,  le  foie» 
la  nicotine  à  petite  dose,  diminue  passa- 
gèrement* le  oodrant^  elle  l'augiiïente  im- 


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28f) 


VARtËTËS. 


médiatement  et  d^iine  façon  durable  ai  la 
dose  atteint  ou  dépasse  un  centième. 

Un  ou   deux    centièmes   d*hydrate  de 
chloral  mélangés  au  sang  qui  traverse  les 
rein^  isolés,   donnent   une  augmentation 
progressive  et  continue  des  quantités  écou 
Jécs. 

On  voit  donc  que  les  agents  toxiques 
agissent  sur  les  organes  isolés  comme,  ils 
le  font  sur  les  animaux  eux-mêmes.  C'est 
donc  à  la  périphérie  du  système  vascu- 
laire  que  nous  devons  rapporter  les  lésions 
produites  par  un  grand  nombre  de  sub- 
stances toxiques  dont  on  a  jusqu'ici  loca- 
lisé l'action  dans  les  centres  nerveux» 

Aux  faits  énoncés  plus  haut,  nous  ajou- 
terons le  suivant  : 

La  nicotine  qui  est  mêlée  au  sang  avant 
son  passage  dans  le  foie,  disparait  complè- 
tement dans  les  veines-caves  et  peut  se 
retrouver  dans  le  suc  extrait  des  cellules 
du  parenchyme  hépatique. 

Ces  faits  démontrent  Timportance  de  la 
méthode  des  circulations  artificielles  dans 
la  recherche  des  effets  toxiques  des  poi- 
sons. 

il.  Les  phénomènes  ne  peuvent  être 
regardés  comme  purement  pasHÎfs  pour  la 
paroi  vasculairc,  et  analogues  à  ceux  qui 
se  produiraient  au  passage  d*«n  sang  im- 
pur à  travers  des  tubes  inertes  :  d'abordv 
il  serait  singulier  que  des  doses  si  minimes 
de  quelques  milligrammes  de  nicotine  ou 
d'atropine  méjées  »  plusieurs  ce.  de  sang 
pussent  sensiblement  modifier  la  résistance 
au  passage  du  sang;  ensuite,  Texpérience 
même  a  démontré  que  les  doses  les  plus 
fortes  n'avaient  pas  un  effet  semblable  dans 
les  tubes  inertes. 

D'autre  part,  les  effets  sont  les  mêmes, 
qu'on  fasse  passer  dii  sérum  ou  du  sang 
défibriné;  il  ne  s'agit  done  pas  d'une  alté- 
ration des  hématies.  Il  faut  que  l'empoi- 
sonnement porte  sur  la  paroi  vascuiaire. 
,De  plus,  il  s'agit  là  d'un  empoisonnement 
véritable^  analogue  à  celui  qu'on  peut  pro- 
duire sur  l'animal .  Il  résulte  d'une  vi^ritable 
survie  dans  les  organes  isolés;  la  persistance 
des  effets  du  poison  aussi  longtemps  que . 
les  organes  sont  excitables  le  prouve  suffi- 
samment. 

ni.  Les  circulations  artificielles  sont 
aptes  à  nous  faire  entrevoir  des*  propriétés 
nouvelles  de  la  paroi  vascuiaire.  Mosso  a 
démontré  que  les  phénomènes  observés  tie 
peuvent  être  rapportés  à  la  contractilité 
musculaire  ;  ils  ne  sont  pas  dûs  non  plus 
à  la  réplétion  des  parois  des  tissus  péri- 


vasculaires,  il   est    plus   probable   t\m*iàs 
résultent  de  modifications  dans  réiastieitè. 

M.  iMasoin  lit  ensuite  le- rapport  sur  le 
travail  de  M.  Franck,'  de  Paris  :  Des  nerfs  - 
vaso-moteurs  de  la  tète.  # 

4'**  Partie.  -^  Les  vaisseaox  des  mem- 
bres reçoivent  leurs  nerfs  ;  i**<  des  filets 
sympathiques  libres  provenant  diresetement 
des  ganglions  de  la  chaîne;  ^  des  filets 
du  même  ordre,  contenus  dans  *  les  nerfs 
mixtes  rachidierts  et  empruntés  par  oeux-ci 
à  la  moelle  et  aux  ganglions. 

3<>  Partie, ^{^  Les  vaisseaux  des  régions 
superficielles  et  profondes  de  la  face  sont 
conservés  par  les  filets  sympathiques  libres 
provenant  du  ganglion  cervjcal  supérieur 
et  du  cordon  pré  vertébral. 

3"  Les  vaisseaux  de  l'oreille  externe  et 
du  cuir  chevelu  reçoivent  lenrs  nerfs  :  du 
sympathique  libre,  du  faeiat,  du  trijo- 
roeauy-du  plexus  cervical. 

3<*  Les  vaisseaux  encéphaliques  sont 
innervés  : 

Par  le  plexus  carotîdien  (en  tenant 
compte  pour  la  signification  physiologique 
des  anastomoses  de  ces  filets  sympathiques 
avec  les  nerfs  crâniens  ;  par  le  nerf  ou 
plutôt  le  plexus  vertébral  (en  tenant 
compte,  an  même  point  de  vue,  des  anas- 
tomoses des  nerfs  cervicaux  avec  le  nerf 
cérébral.  ' 

M.  VIeminckx,  Victor,  a  la  parole  pour 
la  lecture  des  travaux  de  là  U«  section  : 

De  rorganiàalUm  du  «prvtce  de  f  hygiène 
publique.  Rapporteur  :  M.  fielval. 

Ije  service  public  de  l'hygiène  demande 
une  double  organisation  : 

f.  —  L'organisation  nationale  } 

II.  —  L'organisation  internationale.  ' 

I.  -~  4.  L'organisation  nationale  com- 
prendrait l'établissement  par  H  \o\,  dans 
chaque  pays  et  à  tous  les  degrés  de  la  hié- 
rarchie administrative,  de  obnseils  d'hy- 
giène ou  de  salubrité  : 

A .  Un  conseil  Supérieur  près  de  Tauto- 
rité  gouvernementale; 

è.  Une  commission  provinciale  dans 
chacun  des  départements,  provinces,  pré- 
fectures, cercles  ou  districts; 

C.  Un  comité  local,  dans  chaque  com- 
mune 011  cette  organisation  serait  possible. 

â.  Pour  les  communes  dont  le  peu  de 
développement  ne  comprendrait  pas  l'insli- 
tion  d'un  comité,  il  sera  établi  des  eireon* 
scriptions  sanitaires,  comprenant.plusieurs 
communes  ou  seetidns  de  con>niones  rén  • 
nies. 

3.  La  surveillance  (et  au  besoi»  l'exéeu* 


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VARIÉTÉS. 


287 


tion)  des    mesures  d^bygiène    reconnues 
d'utilité  publique,  incomberait  : 

a.  O'une  manière  générale,  au  secré- 
taire du  conseil  supérieur  ; 

b.  Dans  retendue  de  chaque  province, 
au  secrétaire  de  la  commission  provinciale; 

c.  Dans  cbaque  coramuiie  ou  groupe  de 
de  eommuucs,  au  secrétaire^  du  comité 
local  à  titre,  respectivement  d'inspecteur 
provincial,  d'inspecteur  communal  ou  rurM 
du  service  de  santé. 

Ils  pourraient  être  au  besoin  aidés  ou 
suppléés  dans  ce  travail  par  l'un  ou  Tuntre 
membre  du  conseil  6u  des  commissions. 

4.  Des  rapports  seraient  publiés,  au 
moins  annuellement  par  chacune  des  bran- 
ches de  ce  service. 

5.  Indépendamment  des  rapports  que  les 
services  hygiéniques  aux  trois  degrés  entre- 
tiendraient avec  leurs  administrations  res- 
pecliycs,  ces  services  pourraient  avoir 
entre  eux  des  relations  suivies  au  point  de 
Tue  de  tontes  les  questions  qui  sont  de 
leur  compétence  ; 

6.  Plus  les  services  sanitaires  auront 
d'indépendance  et  d'autorité  dans  leur 
sphère  d'action,  plus  il  en  résultera  d'avan* 
tages  pour  l'hygiène  des  pppulations  ; 

7.  Le  budget  de  chacun  fie  ces  services 
ferait  partie  de  celui  des  administrations 
respectives  auxquelles  iN  soiit  altaché.s  au 
même  titre  que  celui  de  rinstruclion  et 
celiii  de  la  bienfaisance  publique. 

..,  L'ôi'ganisation  intcinatiouale  compren- 
drait  : 

i.  L'échange  fréquent  et  régulier  de 
cpmnuinicdtions  entre  Jes  conseils  supé- 
rieurs d'hygiène  des  différents  pays.  Ces 
^mmunications  porteraient  principale- 
ment ; 

A.  a.  Sur  Jes  moyens  employés  pour 
améliorer  les  conditions  sanitaires  des  loca- 
lités et  des  populations  ; 

b.  Sur  Jes  ujcsures  hygiéniques  prises 
dans  le  but  de  diminuer  les  effets  des  ma- 
ladies endémiques  ; 

c.  Sur  les  précautions  mises  en  œuvre 
pour  empêcher  l'importalioii  des  maladies 
épidémiques  ou  contagieuses; 

d.  Sur  rapparitïou  des  foyers  ou  des  ma- 
ladies épidéiniqi^es  ; 

e.  Sur  Jes  mesures,  adpptées  pour  conir 
ba^tre  les  fpizooties; 

B.  Sur  les  résultats  ol^lenus  dans  cliacun 
des cafi ;  J. 

C.  Sur  les  données  statis,tiques  recueil- 
lies ou  à  irccueillir  dans  le  but  d'élucider 
les  ppoblè|nesde  Thygiène  publique; 


"2,  La  réunion  périodique  de  conférences 
sanitaires  internationales. 

M.  Noël  a  la  parole  pour  donner  son  rap- 
port sur  les  travaux  de  la  6"  section. 

Des  défectuoiités  de  la  vition  au  point  de 
vue  du  service  militaire.  Rapporteur  :  AL  le 
docteur  Duwo^,  à  Bruxelles. 
'  La  section  a  adopté  les  conclusions  sui- 
vantes : 

i.  Affections amblyopiques  : 

La  section  est  d*avis  quMl  est  nécessaire 
de  déterminer  exactement  le  degré  mini- 
mum d'acuité  visuelle  compatible  avec  le 
service  militaire.  Aussi,  bien  qu'il  ressorte 
des  débats  que  ce  degré  minimum  est  pro- 
bablement compris  entre  un  quart  et  deux 
cinquièmes  de  l'acuité  visuelle  normale 
pour  l'œil  droit,  l'acuité  parait  être  mpin.- 
dre  à  gauche;  il  e.<t  désirable  que  ce  point 
soit  exactement  déterminé  par  des  recher- 
ches nouvelles  qui  seraient  basées  sur  une 
connaissance  parfaite  des  exigences  du 
service. 

2.  On  ne  peut  [>as  accepter  dans  l'armée 
les  suji'ts  atteints,  d'une  diminution  consi- 
dérable du  champ  visuel. 

3.  Dans  le  service  des  chemins  de  fer  et 
dans  la  marine,  où  Tusage  des  signaux  co- 
lorés est  général,  on  n'acceptera  pas  les 
sujets  atteints  de  pseudo-chromatopsie. 

II.  Strabisme  : 

Le  strabisme  convergent  de  l'œil  gauche 
n'est  un  motif  d*exemptiorï  que  dans  les 
cas  cxirémes,  quand  il  en  résulte  une  dimi- 
nution notable  du  ehamp  visuel  du  côté 
gauche. 

11  en  est  île  même  du  strabisme  alternant 
quand  il  est  porté  assez  loin  pour  diminuer 
notablement  le  champ  visuel  de  Tua  ou  de 
l'autre  côté. 

III.  Taies  dé  la  corjiée.  —  Synéchies 
postérieures.  —  Cataracte  pyramidale.  — 
Flocons  du  corps  vitré. 

i .  Les  taies  de  la  cornée  entraînent 
l'exemption,,  quand,  à  la  grande  lumière 
du  jour,  venant  d^en  face,  l'acuité  visuelle 
tombe  en  dessous  de  1/4  de  l'acuité  nor- 
male. 

2.  Les  synéchies  postérieures  et  les  cata- 
ractes pyramidales  antérieures  sont  assimi- 
lées aux  taies  de  1^  cornée. 

5.  Pour  toutes  les  autres  formes  de  cata- 
racte^, on  accordera  rexeajption  définitive. 

4.  Les  flocons  du  corps  vitré,  même 
limités  à  un  œil,  doivent  entraîner  Texemp- 
tion  définitive,  à  cause  des  dangers  auxquels 
cette  maladie  expose  dans  le  système  mili- 
taire.. 


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â88 


\rÀAifeTÉs. 


'    fV.  Amétiropie. 

Avant  de  s'occuper  dès  formes  particu- 
lières d*ainétropîe,   la  section,  après  des 
-  débats  prolongés,  a  voté  h  Tunanimité  cette 
pro()os!tion  préalable. 

«I  La  section  ophthalmologiqoe  du  con- 
grès médical  international,  considérant  que 
rinterdîctidn  des  lunettes  dans  le  rang  peut 
nuire  considérablement  au  recrutement  des 
oadres,  en  faisant  reléguer  bien  des  hommes 
mtelligenls  dans  les  services  auxiliaires  ; 

«  Est  d'avis  qu'il  y  a  lieu  d'admettre 
Tiisagè  dcs'lunettcs  dans  les  armées.  » 
'  En  ilipposant  tH)ncédé  i'uâage  des  verres 
«Correcteurs,  la  section  prëtid  les  décisions 
suivantes  : 

1"  Le  plus  haut  degré  de  myopie  com- 
patible avec  le  service  militaire  doit  être 
corrigé  complètement  par  le  n*  5  de  la 
nouvehé  nomenclature  métrique.  Ce  degré 
correspond  à  une  myopie  un  septième  ou 
un  huitième  de  l'ancienne  nomenclature 
basée  sur  la  distance  focale  des  lentilles  eh 
pouces; 

^  L'hypermétropie  totale  exigeant  pour 
être  corrigée  un  verre  supérieur  au  n*  6  de 
la  tfonlenelature  métrique,  ou,  en  d'autres 
termes,  l'hypermétropie  totale  correspon- 
dant à  peu  près  h  un  sixième  de  l'ancienne 
nomcnelature,  est  une  oause  d'exemption 
définitivje: 

3^  L^a&tigdQatisme  entraîne  l'exemption 
dëfiflfltive  quand,  par  Tinterposition  des 
verres  sphériques  les  plus  convenables,  oïl 
ne  parvient  pas  h  établir  une  acuité  visuelle 
supérieure  à  celle  qu'on  exige  des  amblyo- 
pes. La  section  a  jugé  que  ta  correction 
par  les  verres  cylindriques  conduirait  h 
des  difficultés  pratiques  trop  grandes.  Il 
serait  souvent  aussi  difficile  de  remplacer 
ces  terres  que  de  les  déterminer  convena- 
blement nne  première  fois. 

En  bupposant  rejeté  l'usage  des  verres 
correcteurs  dans  les  armées,  quels  sont  les 
degrés  d*amétropie  auxquels  on  doit  accor- 
der l'exemption? 

1°  Myopie  non  corrigée:  La  section  a 
fixé  à  un  douzième  (ancienne  nomencla- 
ture) le  maximum  de  myopie  compatible 
avec  le  service  militaire  ; 

2<»  Hypermétropie  non  corrigée  :  L'hy- 
permétropie totale  qui  atteint  ou  dépasse 
un  sixième  est  une  cause  d'exemption  dé- 
finitive ; 

5**  Astigmatisme  non  corrigé  par  des 
verres  sphériques. 

Quand  le  trouble  visuel  est  tel,  que 
l'acuité  ne  dépasse  pas  1/8  l'acuité  normale, 


Il  y  a  Heu  d'exempter.  (On  a  pris  pour  ba^e 
d'acuité  celle  t[tâ  correspond  à  Tacuité 
trouvée  dans  la  myopie  dé  i/12  sous  des 
conditions  favorables:) 

M.  Belvâl  donne  lecture  des  travaux  de 
la  9*  section  : 

Faut  il  étendre  V emploi  médical  des 
principes  immédiats  chimiquement  définis 
et  en  multipUef'  les  préparations  dani  les 
pharmacopées?  Rapporteur  :  M.  Van  Bâs- 
telaer,  membre  de  la  commission  médicale 
du  Hainaut 

Les  conclusions  définitives  sont  adop- 
tées : 

1"  n  est  désirable  qu'on  étende  en  mé- 
decine l'emploi  deô  principes  immédiats 
dont  l'action  thérapeutique  serait  parfaite- 
ment connue. 

â<*  Il  est  utile,  dans  ce  but,  d'iiiscrîre 
les  principes  immédiats  dans  les  pharma- 
copées et  d'y  joindre  les  formulés  les  plus 
convenables.  Les  propriétés  de  ces  prin- 
cipes seraient  bien  définies  et  lus  moyens 
d'en  constater  la  pureté  bien  déterminés. 

M.  €hapmnn  lit  un  mémoire  sûr  la  pros- 
titution en  Angleterre  et  les  effets  des 
mesures  décrétées  pour  l'extirpation  des 
maladies  vénériennes  dans  l'armée  anglaise. 
Ses  conclusions  tendent  à  rejeter  la  régle- 
mentation de  la  pro;jl{tution. 

M.  Sigmund  constate'  les  résûîtats  heu- 
reux des  mesures  réglementaires  prises 
récemment  à  Vienne  et  qui  ont  amené 
une  diminution  dans  Ib^nombre,  la  gt^vité 
et  la  durée  des  maladies  vénériennes.  '  ' 

M.  VIeminekx  s'étonrie  que  rutiltté  de 
ces  mesures  puisse  être  mise  en  doute,  et 
donne  un  aperçu  sur  les  visites  réglemen- 
taires et  le  mode  d'admission  des  femmes 
dans  les  hôpitaux  civils,  et  des  sujets  véné- 
riens dans  les  hôpitaux  militaires. 

M.  Pini,  de  Milan,  déplore  que  la  pro- 
pagande ^antiréglementaire  des  médeeîns 
anglais  ne  se  borne  pas  à  rAnJ^Icterre, 
mais  s'étende  sur  le  continent.  Il  croit  les 
lois  policières^  notamment  telles  qu'elles 
existent  en  Italie,  injustes  et  insuffisantes 
et  demande  une  réglementation  édictée 
parles  gouvernements. 

M.  Vérité  signale  des  cas  de  contagion 
non  sexuelle  et  insiste  pour  qoe,  à  l'aide 
de  publications  autorisées,  le  public  soit 
mis  en  garde  contre  ce  mode  d'infection. 

M,  VIeminekx  croit  que  la  Irberfè  de  la 
prostitution  en  Angleterre  constltuefiiit 
un  danger  pouk*  le  continent.  L'hygiène 
doit  être  internationale,  et  fl  invoque  une 
action   eônràitfrie   de   toutes   lès    autres 


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VÀRIJ&TÉS. 


£89 


natiofts.  H  ne  peut  eoAcef«^r  oommefit  un 
peuple  qui  a  décrété  la  vaceilie  obligaloira 
né  prenne  aucune  niesurc'  contre  lé  virus 
syphilitique. 

M.  Chapman  s*appuyant  sur  ses  tra¥a:ux 
statistfqnes  est  d'opinion  que  la  règlement 
tation  développe  la  prostitution  clandes* 
tine  et  comme  telle,  marche  à  rencontre 
de  son  propre  but. 

M.  Sîgmund  dotrne  un  aperça  sur  la 
réglementation  qui  préside  à  Tadmission 
des  sujeté  rénériens  daiis  les  hôpitaux  de 
Vienne. 

M.  Drysdafle  ne  droit  pas  à  Telficacité 
ùes  niesures  prises  par  radministratibh 
bifuiieiloise^  et  oiie.  à  oe  propos»  des  don- 
nées dont  Texactitude  est  contestée  par 
M.  Vlaminckx. 
.  :La  séance  est  levée  h  5  heures. 

Séance  du,^i  septembre  487.^- 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures,  sous 
la  présidence  M.  Verneuii,  président 
d'hoonenr. 

Sont  préseirts  atr  bureau  :  MM.  VlC'- 
minckxy  Crecq^  De  Houbaîx,  Warlomont, 
Dttwes  et  Verricst. 

'M.  k'  secrétaire  des  séances  Duwez 
donne  lecture  du  proeès^verbal  de  là  séance 
du  25.  —  Le  procès -verbal  est  adopte. 

M.  Garpentier lit  un  rapport  sur  J^  tra- 
vaux de  la  1'*  section  : 
-  I>4'  VéUùol  en   tfiérûpentique.   Rappor- 
teur :  M.  k  doefeur  Desguin,  d*  An  vers. 

La  section  eut  d*avis  que  le  nombre  des 
ioéications  de  Talcool,  Soit  dans  les  mala- 
dies  aiguës,  sott  dans  les  malaidies  chro- 
niques; est  infini mrrnt  plus  restreint'  que 
ne  Tont  prétendu  les  partisans  trop  enthou- 
siastes de  cette  méthode  thérapeutique. 
Elle  va  plus  loin.  Dans  un  certain  nombre 
^de  circonstanees  o&  elle  a  reconnu  à  ralcool 
sa  valeur  thérapeulique  réelle,  Tindication 
peut  être  rem|»lie  également  par  d*antres 
agents  appartenant  à  la  matière  médicale  :. 
dans  ces  cas,  elle  n'hésite  pi^  à  recom- 
mander ces  derniers  et  à  proscrire  Talcool, 
craignant  ^oe  son  introduoliun  trop  fré- 
quente  en  Éiédecine  ne  constitue,  aux  yeux 
du  vulgaire»  un  encouragehaent  qui' tirerait 
Une  valeur^ considérable  de  Fauforité  scien- 
tifique surilaqueUé  cille  s'appuierait« 

La  se^il^  circonstance  qui  établit  sans 
conteste  la|  nécessité  de  Tadministration  de 
TalcooU  et; où  eet  agent  ne  peut  être  rem- 
placé par  iucun  autre,  est  la  constatation 
d*babitadeb  alcooliques  antérieures;  Daîns 
oea  cas,  ^leèôl  déviant  indispenaable^  il 


oon&ltitue  le  seul  moy^n  qui  permette  en- 
suite ■  d*appliquer  les  méthodes  thérapeu*^ 
tiques  adaptées  à  chaque  affection. particu-» 
lièrc  ;  irreniet  le  malade  dans  les  conditions 
où  les  fonctions  peuvent  encore  s'accom- 
plir avec  phis  ou  moins  do  régularité. 

M.  Dc'baisieux  a  la  parole  sur  les  travaux 
de  la  2«  section. 

£hà  pamemeni  des  plawn^ès  les  opéra- 
tiims  :  rapporteur,  M.  Debaisieux. 

La  section  de  chirurgie,  considérant  que 
la  question  n'est  pas  suffisamment  élucidée  ; 
que  la  voie  reste  ouverte  à  bien  des  per*. 
fuctionnements  et  qu*il  serait  impossible 
d'attribuer  à  un  pansement  exclusif  une 
supériorité  inrontestable  sur  tèus  les  antr* 
très,  a  jugé  opportun  de  ne  prendre  aucune 
conclusion  et  laisse  à  son  rapporteur  toute 
la  responsabilité  de  celles  qu'ilaformulées. 

M.  Boddaert  lit  le  rapport  des  travaux  de 
la  i**  section  sur  une  communication  de 
M.  Boddaert  relative  à  rexophthalmîe  pro- 
voquée par  la  ligatdré  des  qi^trc  veines 
jugulaires  et  la  double  section  du  grand 
sympathique  au  bas  du  cou. 

2o  Sur  un  cas  de  fistule  paocpéatique 
che2  rhomme,  prés<rnté  à  la  section  par  le 
docteur  Lecompte. 

M.  Jansscns  donne  lecture  des  travaux 

-  de  la  î^o  section  sur  la  question  de  lafakri^ 

cqttion  de  la  bière,  rapporteur  :  M.  Oepairc, 

professeur  à  rUniveraité  de  Bruxelles. 

.  Les  conclusions  de  la  5^  section  sont 

formulées  comme  suit  ;  . 

1°  La  qualification  de  bière  ne  peut 
s'appliquer  qu'aux  boissons  fermcmtées 
préparées  à  Taide  des  céréales  et  du  hou- 
blon ; 

â<>  Aucune  substance  étrangère  à  ces 
matières  premières  ne  peut  être  introduite 
dans  la  bière  dans  le  but  de  les  remplacer 
en  tout  ou  en  partie  ; 

3^  Les  substitution^  de  ce  genre  doivent 
être  considérées  comme  des  falsifications 
constituant  une  tromperie  sur  la  nature  de 
la  chose  vendue,  môme  lorsqu'elles  ne  sont 
pas,  nuisibles  à  la  santé. 
.  P*  Cependant^  toutes  les  matières  pro- 
pres n  donner  à  la  bière  soit  une  saveur 
sucrée,  soit  une  plus  grande  limpidité,  sait 
une  plus  longue  conservation,  soit  une 
couleur  convenable,  pourront  être  eth- 
ployées  si  elles  n'eadroent  aucune  action 
nuisible  a  k  santé. 

Sur  une  interpellation  de  M.   Knborn, 
relative  à  la  question  des  vins  et  des  éï-^ 
cools,  débattue  en  sous^œuvre  par  la  5« 
section  et  après  quelques  observations  de 

37 


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Â90 


VARIËTËS. 


MM.  Jansssens  et  Warlomont,  rassemblée, 
décide  qu'elle  ne  peut  émettre  de  vote  que 
sur  les  questions  portées  au  programme 
du  congrès. 

Lei  conclusions  de  la  5»  section,  rela- 
tives à  la  fabrication  de  la  bière,  sont 
adoptées. 

M.  Gàetano  Pini  donne  un  aperçu  sur 
récole  pour  enfants  rachitiques  qu'il  a  éta- 
blie à  Milan  et  sur  les  résultats  obtenus  par 
sa  méthode  de  traitement. 

M.  le  président  Verneuil  remercie  l'au- 
teur de  sa  communication  et  l'engage  à 
^  continuer  ses  travaux. 

Aprè^  quelques  observations  échangées 
entre  MM.  Bouiilaud  et  Pini»  la  discussion 
est  close. 

M.  Deiecosse,  questeur,  prend  la  parole 
3ur  quelques  questions  d*ordre  intérieiir. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

Séance  générale  4u  25  septembre  i  875. 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures. 

Siègent  au  bureau  :  M.  Vleminckx,  pré- 
sident; MM.  Crocq  et  De  Roubaix,  vice- 
présidents;  M.  Warlomont,  secrétaire  gé- 
néral ;  MM.  Duwez  et  Verriest,  secrétaires 
des  séances. 

M.  Verriest  donne  leeture  du  procès- 
verbal  de  la  séance  du  24.  —  Adopté. 

M.  Thiernessc  demande  la  parole  pour 
faire  remarquer  qu'un  établissement  ana- 
logue à  celui  que  vient  de  fonder  à  Milan 
^     M.  le  docteur  Pini,  existe  depuis  long- 
temps à  Ixelles. 

M.  Debaisieux  lit  le  rapport  des  travaux 
de  la  2«  section.  Ces  travaux  comportent  : 

Une  communication  de  M.  Verneujl,  au 
sujet  de  rinflnence  qu'exercent  sur  la 
marche  des  lésions  traumatiques  les  affec- 
tions du  foie.     . 

De  M.  Guillery,  sur  un  nouveau  genre 
de  déligation  chirurgicale  applicable  aux 
blessés  de  guerre,  aux  victimes  des  acci- 
dents de  chemins  de  fer  et  aux  fractures 
.  des  membres  en  général. 

De  M.  Mallez,  sur  le  pansement  qu'il  met 
en  usage  après  les  opérations  de  taille 
sous- pubien  ne. 

De  M.  Vérité,  sur  le  psoriasis  et  l'eczéma 
des  ongles. 

De  M.  Debout,  sur  la  fragmentation^ 
spontanée  de  calculs  dans  la  vessie. 

De  M .  Chéron,  sur  les  applications  thé- 
rapeutiques de  l'acide  picriquc. 

De  M.  Bouiand,  sur  les  lésiotis  initiales 
dé  la  scoliose  spontanée  chez  de  jeunes 
sujets  de  9  è  43  ans»  indemnes  de  toute 


trace  de  raehitisflie  et  présentant  des  cour- 
bures très  faibles. 

De  M.  Casse,  sur  les  accidents  de  la 
transfusion  et  sur  les  insuccès  de  cette 
opération. 

De  M.  Oré,  sur  un  nouvel  appareil  pour 
la  transfusion  du  sang. 

De  M .  Drysdale,  sur  le  traitement  de  la 
syphilis. 

M.  fngels  fait  la  lecture  du  rapport  de 
la  8^*  section  sur  l'appréciation  de  la  res- 
ponsabilité "des  aliénés.  £n  voici  les  con- 
clusions : 

i"*  Dans  l'appréciation  de  la  responsa- 
bilité, on  évaluera  l'influence  de  chacun 
des  facteurs  qui  déterminent  les  actions 
humaines. 

2**  Toutes  les  fois  qu'un  acte  criminel 
ou  délictueux  aura  été  commis  par  un 
individu  reconnu  irresponsable  pour  cause 
d'aliénation  mentale,  le  juge,  apécs  avoir 
constaté  et  déclaré  sa  îfion-eulpabilité,  de- 
vra ordonner  son  internement  dans  un 
asile  déterminé,  d'où  il  ne  pourra  sortir 
qu'en  vertu  d'un  autre  jugement  contra- 
dictoire comme  le  premier. 

3**  L'alimentation  tonique  étant  un  des 
modificateurs  principaux  dans  le  trailement 
de  la  folie,  la  section  de  psychiatrie  esiime 
que  tout  contrat  administratif  qui  ne  sau- 
vegarderait pas  suifisamment  cette  néces- 
sité thérapeutique,  doit  être  considéré 
comme  attentatoire  aux  intérêts  bien  enten- 
dus des  malades  et  à  la  mission  du  médecin 
d'asile. 

M.  Boddaert  lit  le  rapport  des  travaux 
de  la  i"  section  se  rapportant  à  : 

40  Une  communication  de  M.  Franek, 
sur  les  nerfs  sécréteurs  des  glandes  sali- 
vaires.  M.  Franck  conclut  a  l'antériorité  de 
l'acte  circulatoire  à  l'acte  séerétoire  (M  à  la 
subordination  du  second  au  premier. 

2^  Plusieurs  appareils' de  physiologie 
expérimentale  présentés  à  la  section  par 
M.  Franck  et  on  procédé  nouveau  pour  le 
transport  sur  bois  des  tracés  graphiques. 

3<*  Une  note,  avec  préparations  microseo- 
piques  à  l'appui,  sur  l'ap^pareil  terminai  du 
nerf  acoustique,  par  le  docteur  Nuêl. 

M.  Delstanche  lit  le  rapport  snr  les  tra- 
vaux de  la  7«  section  : 

Des  défectuosités  de  i'organe  auditif  au. 
point  de  ime  du  service  militaire.  Rappor- 
teur :  M.  le  docteur  Ch.  Delstanehe^ 

Les  conclusions  de  la  section  sont  for- 
mulées ainsi  qu'il  suit  : 

4<iLes  instructions  officielles  des  diffé- 
rents Etats  sur  les  défectuosités  de  l'organe 


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VARIÉTÉS. 


291 


ffii«Ktif  qui  rendent  impropre  au  service 
militaire,  laissent  tontes  plus  ou  moins  à 
désirer,  tant  sous  le  rapport  des  disposi- 
tions relatives  à  l*examen  de  Toreille  qu'au 
point  de  vue  de  la  manière  dont  ils  établis- 
sent les  droits,  résultant  de  ce  chef,  à 
Texemption  temporaire  ou  définitive. 

S**  Il  importe  que  le  médecin  appelé  à  se. 
prononcer  au  sujet  d*one  maladie  ou  d'une 
infirmité  de  4'oreille,  ~soit  mis  à  ménjie  de 
pratiquer  l'examen  de  Torgane  dans  un 
local  convenable  et  avec  le  secours  de  tons 
les  instruments  nécessaires  à  cet  effet. 

5<*  L'examen  des  cas  difficiles  ne  pou- 
vant se  faire  d'une  manière,  satisfaisante 
dans  le  temps  nécessairement  restreint  qui 
peut  y  être  consacré  devant  les  Conseils  de 
milice  et  de  révision,  il  nous  parait  oppor- 
tun, en  ce  qui  les  concerne,  d'étendre  le 
système  des  enquêtes  et  de  renvoyer  les 
intéressés  devant  un  spécialiste  compétent, 
ou  bien,  ce  qui  serait  préférable,  devant 
une  commission  de  spécialistes;  celle-ci 
pourrait  faire  l'office  de  Conseil  de  révision 
et  serait  munie  de  tous  les  moyens  dont 
dispose  la  science  pour  assurer  le  diagnostic 
et  déjouer  les  tentatives  de  simulation  et 
de  dissimulation. 

5**  En  vue  d*obvier  à  l'incorporation  de 
sujets  im propries  an  service,  tous  les  mili- 
ciens —  réclamants  ou  non  —  devraient  su- 
bir un  examen  sommaire  de  l'oi^eille  externe 
et  du  tympan  devant  le  Conseil  de  milice.' 
5°  Il  est  à  souhaiter  que  la  loi 'fixe,  à 
l'instar  de  ce  qui  existe  déjà  pour  la  vue, 
la  limite  tiiinima  de  la  portée  de  l'oule 
compatible  avec  le  service  actif  ou  séden- 
taire. L'adoption  de  cette  limite  fournirait 
tout  au  moins  une  basé  d'appréciation  cer- 
taine pour  l'admission  des  volontaires.^ 

6**  Il  est  utile  de  distinguer  entre  une 
aptitude  absolue  et  partielle,  entre  le  ser- 
vice actif  et  sédentaire,  entre  une  exemp- 
tion temporaire  et  définitive,  et  de  formu- 
ler nettement  les  conditions  qui  caractéri- 
sent ces  différentes  catégories.  Comme  base 
de  ces  distinctions,  la  section  adopte  le  ta- 
blean  dressé  par  le  rapporteur  et  qui,  con- 
jointement avec  le  rapport,  a  servi  de 
-   base  à  lai  discussion. 

M.  Mihaux  lit  le~  compte- rendu  des  tra- 
vaux de  la  l'«  section,  sur  le  rapport  de 
M.  Croqq  :  DeVinocutabilité  du  tubercule, 
M.  Ljefebvre  lit  un  discours  sur  faction 
de  la  clAieur  comme  agent  désinfectant  et 
sur  l'eiîiploi  qu'il  y  aurait  lieu  d'en  faire 
pour  coinbaitre  les  maladies  contagieuses. 
M.   Tleminckx  se  rallie  aux  idées  de 


M.  Lefebvre  et  donne  nn  aperçu  historique 
^ur  les  différentes  applications  qui  ont 
déjà  été  faites  dans  ce  sens. 

M.  Frappaz  demande  que,  lors  du  pro- 
chain congrès,  les  travaux  dès  rapporteurs 
soient  livrés  à  k  publicité  deux  mois  avant 
l'ouverture  de  la  session. 

M.  Warlomont  rappelle  que  les  conclu- 
sions des  différents  rapports  ont  été  publiées 
depui.o  longtemps  déjà,  et  insiste  sur  les 
difficultés  pratiques  qu'offre  la  proposition 
de  M.  Frappaz. 

M.  Sapolini  propose  de  mettre  à  Tor- 
dre du  jour  du  prochain  congrès  la  ques- 
tion des  sourds-muets. 

M.  Lefebvre  propose  de  rattacher  à  cette 
question  celle  des  unions  consanguines. 

M.  Borlée  propose  la  question  du  bara- 
quement 

M.  Ctocq  combat  la  tendance  à  fixer  le 
programme  du  futur  congrès. 

Après  une  discussion  prolongée,  l'assem- 
blée décide  que  la  prochaine  et  cinquième 
session  du  congrès  international  des  scien- 
ces médicales  se  tiendra  en  Suisse,  en 
4877, 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  M.  le  pré- 
sident se  lève  et  prononce  le  discours  sui- 
vant : 

c  Messieurs,  l'ordre  du  jour  est  épuisé. 
Vos  tfavaux  sont  terminés.  J'ai  la  ferme 
espérance  qu'ils  ne  seront  pas  frappas  de 
stérilité.  De  vives  litmières  ont  été  jetées 
sur  les  questions  de  l'ordre  scientifique,  et 
peuples  et  gouvernements  puiseront  d'uti- 
les enseignements  dans  vos  résolutions 
relatives  à  l'hygiène  publique.  Votre  auto- 
rité est  si  grandtY,  qu'il  me  parait  impossi- 
qii'ils  n'y  aient  pas  les  plus  grands  égards. 

c  Je  constate  ici  qu'aucune  résolution 
n'a  été  prise  en  matière  d'hygiène  publique 
qui  n'ait  été  précédée  d'une  discussion 
approfondie  au  sein  des  sections,  et  je  sai- 
sis avec  bonheur  cette  occasion  pour  adres- 
ser mes  remercimepts  les  plus  vifs  à  MM. 
U*%  présidents,  secrétaires  et  rapporteurs 
des  sections  pour  le  zèle  et  le  dévouement 
qu'ils  ont  apportés  dans  l'exercice  de  leurs 
importantes  fonctions. 

«  Â  vous  tous,  messieurs,  nos  remcrci- 
ments  les  ph»  chaleureux  pour  le  con- 
cours bienveillant  que  vou^  avez  bi^sn 
voulu  nous  prêter. 

«  Et  maintenant,  messieurs,  arrive  le 
pénible  moment  de  la  séparation,  après 
huit  jours  de  bonnes  et  d'aimables  rela- 
tions. J'espère  que  cette  séparation  ne  sera 
pas  éternelle  et  que  l'occasion  nous  sera 


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292 


VAItlËTÊS. 


foornîn  de  qous  revoir  et  de  nous  serrer 
de  nouveau  h  main.  Je  ne  pais  donc  me 
résoudre  à  vous  dire  adieu  !  Je  vous  dis  au 
revoir,  et  au  revoir  dans  un  bri^f  délai!  » 
La  séanec  est  levée  à  4  heures. 

Les  secrélaites  des  séancaSf 
D'»  DuwBZ  et  Veerîbst. 


De  la  oonférenoe  sur  le  foroeps  toîe,  faite 
par  M.  Hyernaux,  au  Gongrét  înter- 
national  (les  soienoes  médioalet^  à 
Bruxelles.  \ 

Medicus  aequitatis  fidissi- 
mussiteustosy  sunrncuique 
tribuenw. 

(WBINHART.  MBOiciis 

OFFICIOSUS,  C    1,  vu) 

Pourquoi  cette  conférence  en  dehors  de 
la  seolion  des  accouchemoQts  ?  Pour  quels 
motifs  interrompre  les  travaux  de  neuf  sec- 
tions —  entre  autres  ceux  des  sections 
ii'hygiène,  deehirurgie^  de  médecine  «'tde 
thérapeutique,  si  nombreux  et  si  impor- 
tants? 

La  fin  de  la  séance,  spécialement,  a*  fait 
comprendre  à  l'auditoire,  la  réelle  i^tenT 
'  lion  du  professeur,  et  ce  modeste  travail 
la  fera  saisir  par  ses  lecteurs. 

Disons,  tout  d*abord,  que  le  ton  de 
:\1:  Hyernaux  n*a  peut-être  pas  tout  ce  qui 
convient  pour  capter  un  auditoire,  com- 
posé d'hommes  sérieux  et  instruits,  parmi 
lesquels  figurent  les  professeurs  l'igeolct 
(de  Bruxelles),  Wasseigo  (dô  Liège),  Hu- 
bert (de  Louvain),  Pasquali  (de  Rome), 
Amabile  (de  Naplcs),  le  directeur  do  la  mn- 
ternité  de,  Saint- P-étersbourg,  etc.  On  a 
besoin^  pour  écouter  avec  faveur  M.  Hyor- 
>nâux«  de  se  rappeler,  à  tout  instant,  mal- 
gré les  précautions  de  son  exorde,  la  clarté 
■  de  son  style  et  de  ses  descriptions,  qu'il 
est  un  accoucheur  habile,  savant  et  par- 
faitement loyal. 

Le  principal  obyecUf  de  M.  Hyernapx  a 
été  de  prouver  que  lo  forceps- soie  du  pro- 
fesseur Van  Huevel  est  supérieur,  en  tout, 
à  nUmporle  quel  autre  instrument  de  cé- 
phalotripsie  et,  surtout,  au  forceps-scie, 
modifié  par  M.  Tarnier. 

L'orateur  a*t  il  réus6i  complètement  ? 
Non. 

Il  ne  pouvait  en  être  autrement,  parce 
que  rien  n*est  capable  d'effacer  révidcncfî, 
résultat  de  T^xpériencc  ;  et  parce  que  cer- 
'  tains  auditeurs  n'aiment  pas  de  voir  Fora- 
teur,  dans  une  discussion  qui»  toujours, 
•  doit  rester  purement  scientifique^  suivre. 


même  involontairement,  une  voie  évidem- 
ment tracée  par  la  passion. 

Pour  essayer  d'atteindre  son  but,  du 
moins  tel  a  été  l'avis  des  assistants  que  j.'ai 
interrogés,  M.  Hyernaux  a  jugé  convenable 
de  chanter  haut  les>  louanges  du  forceps- 
scie,  son  enfant  adoptif,  et  d'cnumércr, 
avec  une  extrême  satisfaction,  toutes  les 
imperfections,  même  celles  qui  iVexisteot 
plus,  comme  nous  le  dirons  bientôt,  du 
céphalotribe. 

Mais  il  a  oublié  les  services  qu'à  rendus 
et  que,  chaque  jour,  rend  le  céphalotribe  ! 

Mais  des  inconvénients  et  insuccès  du 
forceps- scie,  à  peine  un  mot  ! 
'  Cet  engin,  au  moins  aussi,  massif  que  le 
forceps  flamand,  aujourd'hui  abandonné 
avec  toute  justice,  est.  d'une  introduction 
et  d'un  placement,  conveni^blc,  beaucoup 
plus  difficile  que  ceux  du  céphalotribe^  mo- 
difié, dans  les  cas  du  bassin  bien  oblique 
do,  Nœgele  et  lorsque  le  diamètre  aacro- 
pubien  n'a  que  six  à  cinq  centimètres. 

Cela  se  comprend  à  merveille,  ripn  qu'en 
comparant  la  largeur  des  .cuillera  du  cé- 
phalotribe à  celle  des  cuillers  du  forceps- 
scie  de  Van  Huevel. 

Mais,  est  -ce  que  la  manœuvre  et  le  mou- 
vement de  la  scic-chaine  sont  faciles?  Est- 
ce  que  celle-ci  ne  peut  être  arrêtée  et 
même  brisée?  Est-ce  que  les  deux  opéra- 
tions qu'exige  la  manœuvre,  ne  doivent 
pas,  chose  difficile,  marcher  à  l'unisson? 
Est-ce  que,  enfin,  le  forceps  scie,  à  l'exem- 
ple du  céphalotribe  y  dont  la  face  interne 
des  cuillers  est  munie  de  petites  dents, 
.  peut  suffire  à  Textraction  de  la  tête,  mémo 
partagée  en  deux?  .    , 

Aussi  mon  lecteur  ne  scra-t-il  pas  sur- 
pris de  m'ei\tendi;e  dire  que,  d'après'l'iui- 
pression  géuérate  de  ses  auditeurs,  M.  Hyer- 
naux, malgré  ses  phrases  bien  étudiées, 
son  ton  affirmatif  et  sa  belle  et  juste  répu- 
tation, n'a  convaincu  que  ses  disciples. 
Aussi  son  auditoire,  dès  lors  mal  préparé, 
a-t-il  supporté  avec  peine  l.i  .dernière 
partie  de  la  conférence,  contenant  de  vio- 
lentes et  partiales  attaques,  dirigées  contre 
M.  Tarnier  absent  et  malade. 

Avant  d*aller  plus  loin,  je  ferai  reiuar 
quér  que  M.  Hyernaux  n'a  entendu  parler 
que  du  forçeps-seie  de  Van  Huevel  ;  puis- 
qu'il a  conilamné  les  modifications  qu'on  a 
fait  subir  à  cet  instrument,  entre  iHitres 
celles  indiquées  par  M.  Tarnier.  De  plus, 
il  n'a  eu  en  vue  que  le  céphalotribe  pri- 
mitif, ou  tel  4u'il  fut  invciUé  pjir  Baude- 
li^ue  neveu.  Toutes  les  modifi^eations  et 


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VARIÉTÉS. 


295 


tous  les  perfection nements  iinpriwé^  è  eeH 
instrument  sont,  pour  M.  Hyernaux  lettre 
€iose.  11  n*en  a  pas  souillé  mot.  Il  s*en  est 
bien  gardé,  désireux  qu'il  était  àe  sacrifier 
cet  engin  sur  Tautel  qu*it  voulait  dresser 
au  forceps^scie,  instrument  belge. 
'  Pour  Toratcur  donc,  en  faec  de  nom- 
breux auditeurs,  point  satisfaits  de  ce  si- 
lence prémédité,  les  modifîeations,  même 
très'-heu reuses ^  faites  à  rinslrumcut  de 
Baudelocque,  par  Chailly,  Biot,  Locatelli, 
Soanzonif  Braun,  Depaul^  cte,,  n*exisleat 
pas. 

S*il  a  dit  quelques  mots  du  procédé  de 

céphalotripsic^  proposé  et  employé  par  le 

professeur  Pajot,  ce  fut  pour  le  condamner. 

Gela  se  comprend,  ce  procédé   vient  de 

.  Paris  1  . 

M.  lïyernaux  o*a  point  daigné  noainHsr 
le  iransfopatcur;  instrument  qui  donne  de 
bons  pcsuUats,  comme  me  Ta  affirmé,  de 
vive  voix,  son  inventeur,  M.  le  professeur 
Hubert,  assis  modestement,  «a  nombre  des 
auditeurs  de  la  conférence.  . 

On  le  Yoit,  M.  Hyernaux,  trop  désireux 
de  faire  ajouter  entière  foi  à  la  préférence 
qtt*il  accorde  à  Tinstrument  belge  (comme 
il  rappelle),  a  sp  se  créer  une  voie  facile, 
mais  pas  heureuse.  . 

'  Parmi  les  nombreux  méfaits  que  M.  Hyer- 
naux attribue,  avec  joie,  au  céphalotribe, 
Âl  indique  les  deux  suivants  : 

Lecteurs  !  écoutez  et  réfléchissez. 

{0  Le  céphalotribe,  pendant  son  action, 
a  une  telle  puissance  que  son  pivot  peut  se 
briser  et  être  lancé  jusqu*au  plafond. 

J^ftdmets  cet  accident,  puisque  M.  Hyer- 
0aux  dit  ravoir  vu,  de  ses  propres  yeux. 
Mais  .où  est  la  preuve  que  ce  pivot  n'avait 
pas  de  défaut  ?  L'instrument,  même  sorti 
de9  mains  d'un  bon  coutelier,  avait-il  été 
essayé,  comme  cela  se  pratique  pour  tout 
(oroepà ?  Non,  certainement.  Ce  céphalo- 
tribe était  donc  de  pacotille,  comme  on  le 
dit  vulgairement. 

Bien  certainement,  lorsque  le  pivot  a  été 
cassé,  l'opérateur,^ quoique  agissant  sous 
les  yeux  de  M.  Hyernaux,  avait  oublié  la 
préalabia  perforation  du  crâne,  faite  soit 
avec  les  ciseaux  de  Smcllie,  soit  avec  un 
simple  couteau  de  cuisine,  comme  trois 
fois,  cela  m'est  arrivé,  de  nuit,  dans  des 
villages  éloignés  d.e  tout  secours. 

l^oorquoi  donc  alors  attribuer  seulement 
au  céphalotribe  uq  accident  qni  fut  la  con- 
séquence de  Toubii  de  l'accouchour  ;  tan- 
dis que  la  brisure  de  la  scie  à  chaîne  du 
forceps-icie  (accident  assez  facile,  inhérent 


'k  l'instrument,)  f»e  doit  être  attrièiiée  qu'à 
celui-ci? 

Voiifl  ce  que  j'ai  pensé,  torsque,  en 
réponse  è  une  mienne  objection,  M.  Hyer- 
naux a  parlé  de  la  brisure  du  pivot  d'un 
céphalotribe,  et  si  je  ne  le  lui  ai  pas  dit, 
c'est  que,  avec  beaucoup  d'auditeurs,  j'ai 
dû  reconnaître  qu'il  n'aime  pas  la  contra- 
diction, quand  il  s'agit  de  son  opinion, 
bien  arrêtée,  sur  le  forceps -scie. 

â<^  Le  second  méfait,  attribué  au  cépha- 
lotribe, par  M.  Hyernaux,  est  capital; 
mais  plus  spécieux  que  redoutable. 

Je  vais  m'y  arrêter  quelques  instants  et 
rappeler  les  arguments,  que,  pris  à  l'im- 
proviste,  j^i  exposé,  de  vive  voix,  en  pleine 
séance,  au  professeur  belge,  et  qui  ont 
re^u  ^'approbation  de  nombreux  assis- 
tants.   - 

Voici  ce  grand  méfait  : 

La  tête  fœtale,  pendant  son  écrasement 
entre  la  cuiller  du  céphalotribe  et  avant 
d'éclater  ou  que  la  cervelle  s'échappe  à 
travers  le  cuir  chevelu,  les  orbites,  peut  f^e 
dilater  tellement  et  avec  une  telle  puis- 
sance, dans  le  sens  du  diamètre  saoro- 
pubien  (l'instrument  agissant  transversa- 
lement au  bassin  de  la  mère),  qu'une  sym- 
physe pelvienne,  voir  une  saoro- iliaque, 
peut  se  diastaser  et  subir  un  écartemcnt 
toujours  dangereux. 

M.  Hyernaux  et  un  autre  accoucheur 
belge  présent,  m'ont  affirmé  que  cet  acei* 
dent  est  arrivé. 

Mais,  pourquoi,  chose  vraiment  incom- 
préhensible, les  accoucheurs  avaient-ils 
omis  de  pratiquer  une  opération,  préalable 
a  l'écrasement,  indispensable,  conseillée 
par  le  docteur  Hersent  et  recommandée 
par  l'accoucheur  français  Tamier  ? 

Dans  ces  cas,  quel  a  été  le  coupable? 
Est-ce  le  céphalotribe?  Non.  Est-ce  l'ac- 
coucheur? Oui. 

Alors,  dans  quel  but,  M.  Hyernaux,  mal- 
gré l'évidence,  a-t-il  mis  a  la  charge  du 
céphalotribe,  la  diastasie  sacro-iliaque, 
causée  bien  certainement  par  l'omission 
d'une  opération,  préalable  à  l'écrasement, 
reconnue  toujours  indispensable,  lacranio- 
tomie?  serait-ce  donc  parce  que  celle-ci 
e&t  fortement  recommandée  par  des  accou- 
cheurs fran^is? 

Voilà,  du  moins,  ce  qu'une  grande  par- 
tie de  l'auditoire  a  compris. 

Allons  plus.  loin,  dans  cette  question  de 
latdiastasie  d'une  symphyse  sacro  iliaque  ; 
de  cet  accident  attribué,  bien  à  tort,  seu  - 
lemenl  an  cépbïilotrite,  quafid  il  est  eni- 


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294 


VARIÉTÉS 


ployé  sans  la  craniotomie  préalable,  oubli 
et  négligence  impardonnables. 

Tout  accoucheur,  un  peu  praticien  et 
qui  a  lu  quelques  traités  irobstétrique, 
n'ignore  pas  que  le  forceps  ordinaire  peut 
amener  cette  diduction;  mais  dans  cer- 
taines circonstances  que,  avec  grand  soin, 
j'ai  énumérées  ailleurs  (if  et  que,  de  vive 
voix,  j'ai  rappelées  h  M.  Hyernaux,  qui 
avait  omis  d'en  parler,  au  détriment  du 
céphalotribe  et  au  profit  du  forceps-scie. 

Certainement  le  forceps  habituel  peut 
diastaser  et  même  rupturer  tes  symphyses 
pelviennes,  comme  le  prouvent  les  observa- 
tions dues  à  MM.  Flamant,  Morcau,  Hubert, 
Lefèvre,  Sloltz,  etc.,  et  comme  M.  Chassa- 
gny  a  cherché  à  le  démontrer,  par  des 
expériences,  lorsque  le  forceps,  pendant 
ses  tractions,  est  fortement  dirigé  de  haut 
en  bas  et  d'avant  en  arrière  ;  mais,  dans  ce 
cas,  il  existo-une  prédisposition  antérieure. 

Tel  est,  d'ailleurs,  l'avis  de  Burns, 
Moreau,  Nœgele,  Velpeau,-i^lalgaigne,  etc. 
Alors,  disent  Ulsamer  et  Greuser,  la  sépa- 
ration des  os  du  bassin  peut  se  produire 
pendant  l'emploi  le  plus  modéré  et  le  plus 
habile  4a  forceps. 

Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  M.  Hyer- 
naux ait  vu,  une  fois,  une  diastas€l  sacro- 
iliaque,  pendant  l'action  du  céphalotribe: 
celui-ci  étant  employé  sans  la  préalable 
perforation  du  crâne,  dans  un  cas  où  il  y 
avait  nécessairement  ostéomalacie^  avec 
étroitesse  du  bassin. 

Le  bassin,  habituellement  est  doué  d'une 
force  de  résistance  telle  que,  en  l'absence 
de  maladie,  il  est  excessivement  difficile 
de  produire,  pendant  une  opération  toco- 
logique,  la  diastase  de  la  symphyse  pu- 
bienne, à  plus  forte  raison,  la  rupture 
d'nne  synfiphyse  sacro-illaque. 

Ne  sait  on  pas  que  M.  Delorc,  sirr  des 
femmes  de  vingt  à  trente  ans.  mortes  six 
jours  après  l'accouchement,  n'a  pu  causer^ 
avec  une  force  de  250  à  270  kilogrammes, 
la  rupture^ d'une  symphyse  pelvienne?  Ne 
sait-on  pas  que,  dans  ce  cas,  la  tête  fœtale 
aétérupturée;  puisqu'il  est  admis  qu'une 
force  de  traction  de  140  kilogrammes, 
menés  sur  le  forceps,  a  toujours  brisé  le 
crâne,  quelle  que  fut  la  régularité  du  bas- 
sin (2);  et  puisqu'une  force  de  traction 
au-dessus  de  80  kilogrammes,  lorsque  la 
tête  bute  contre  l'angle  sacro-vertébral  et 
la  face  postérieure  du  pubis,  suffit  pour 

(1;  Quelques  faits  d'obstétricie  ;  l  vol.  in-8», 
pp   104  et  233. 
(%)  Expériences  obstétricales,  pp.  6  à  9. 


fracturer  le   crâne   et,   par   cousé<{uent, 
diminuer  son  volume?  (3). 

Nous  ajouterons  que,  nous  servant  des 
données  fournies  par  MM.  Delore,  Joulin, 
Bally,  une  fois,  une  seule  fois,  nous  avons 
eu  recours,  mais  bien  malgré  nods,  à  une 
force  de  traction,  exercée  sur  le  forceps, 
équivalente  à  environ  300  kilogrammes, 
sans,  produire  de  lésion  an  pelvis  osseux. 
Nous  ajouterons  même  que  depuis  la 
femme  â  eu  deux  accouchements  très-labo- 
rieux, terminés  heureusement  pour  elle, 
par  le  forceps,  en  présence  de  deux  doc- 
teurs (4).' 

On  eomprend,'maintenant,  quels  furent 
les  motifs  qui  empêchèrent,  avec  raison,  la 
conférencc*de  M.  Hyernaux  d'obtenir  tout 
le  succès  qu*en  attendait  son  auteur,  quoi- 
que très-aflfirmatif,  connu  comme  bon  prati- 
cien, savant  loyal,  mais  aussi  un  peu  trop 
passionné  pour  Tinstrument  belge  ou  for- 
ce ps-scie. 

.  Je  ne  parlerai  pas  de  la  dernière  partie 
de  cette  longue  eonférenee  ;  elle  a  été  en- 
tendue avec  peine  par  la  grande  majorité 
des  assistants,  dirigée  qu'elle  a  été  avec 
passion  et  uniquement  contre  M.'Tarnier. 
Je  me  contenterai,  comme  critic|ue  impar- 
tial et  juste,  de  renvoyer  te  professeur  de 
Bruxelles  au  traité  d'accouchements  de 
Lènoir,  Sée  et  Tarnier  et  aux  pages  4081  à 
1084  de  la  septième  édition  (année  1867) 
du  Traité  théorique  et  pratique  des  accoU'- 
chements  de  Cazeaux,  revue  et  annotée  par 
M.  Tarnier,  qu'il  semble,  je  ne  dirai  pas 
ignorer,  mais  avoir  trop  oubliée. 

J*aime  à  penser  que  M.  Hyernaux  qui, 
plusieurs  fois,  m'a  fait  l'honneur  de  me 
serrer  la  main,  qui  m'a  dit  faire  grand  cas 
de  moi,  petit  pratiden,  prendra  en  bonne 
part  ou  en  vrai  et  loyal  savant  ces  quel- 
ques observations. 

Il  connaît,  aussi  bien  que  moi,  la  sen- 
tence de  Weinhart  qui  sert  d'épigraphe  à 
ce  modeste  travail,  et,  que  plus  que  moi,  il 
a  oublié  ce  viel  adage  :  Ex  veritate  quid 
aliud  sperare  nisi  veritas  ? 

Lunévllle,  oelobre  1875. 

PUTBONAT. 

d.  m.  e.  p. ,  membre  honoraire 
de  rÂcadémle  royale  de  mé- 
decine et  de  la  Sociëté  royale 
des  scienoes  médicales  de 
Bruxelles  ;  correspondant 
des  Académies  de  médecine 
de  Paris,  Tatin,  de  la  Société 
d4  chirurgie  de  Paris,  etc. 

(5|  Expériences  obstétricales,  p.  12  à  14. 
(4)  Quelques  faits  dlobslétriciH,  p.  165. 


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VARIETES. 


295 


Un  mot  de  réponse  aux  réflexions  de 
M.  Putegnat  relptivement  à  ma  oonfé- 
renoe  sur.  le  foroeps*sole,  par  M.  le 
docteur  HYERNAUX.  —  Ma  première 
idée,  en  lisant  les  réflexions  de  rhonorable 
M.  Putegnat  sur  mon  diseuurs  du  20  sep- 
tembre dernier,  au  Congrès  international 
des  sciences  médicales,  fut  de  ne  pas  m'y 
arrêter.  Non  pas  qu'elles  n'aient  une  cer- 
taine valeur  pour  quiconque  est  étranger 
à  notre  procédé  erobryotomique,  mais  uni- 
quement parce  que  j'y  vois  des  objectjons 
qui  n'ont  absolument  rien  de  neuf  et  qui, 
toutes,  sont  réfutées  dans  mon  travail. 
Cependant,  après  ^y  avoir  réfléchi  un 
instant,  j'ai  pensé  que  je  ferais  bien  de 
répondre  un  mot  à  notre  savant  confrère, 
à  seule  fin  de  lui  faire  voir,  chose  dont  il 
ne  s'aperçoit  pas,  qu'il  s'est  complètement 
écarté  de  la  véritable  question  ;  qu'il  a  fait 
choix  d'un  tout  autre  terrain  que  moi. 

Commençons  par  rectifier  et  expliquer 
bien  simplement  un  point  que  M.  Putegnat 
cherche  à  interpréter  d'une  manière  que 
rien  ne  justifie. 

J'eus  l'honneur  de  faire  ma  communica- 
tion, non  pas  devant  neuf  sections  réunies 
comme  il  plaît  à  mon  Aav/ant  confrère  de  le 
dire,  mais  bien  devant  trois  :  médecine  1'°, 
chirurgie  â**  et  accouchements  5*.  Je  la  fis 
le  lundi,  20  septembre,  à  2  heures,  c'est- 
à-dire,  le  premier  jour  des  ti'avaiix  du  con- 
grès et  à  l'heure  afi^eetée  aux  séances 
générales.  Pourquoi  cette  motion  d'ordre? 
mais  c'est  bien  simple  :  d'abord,  c'est  parce 
qu'elle  n'entravait  en  rien  les  travaux  de 
ces  trois  sections  qui  avaient  largement 
employé  toute  la  matinée  ;  ensuite,  parce 
qu'une  séance  générale,  le  premier  jour, 
était  chose  impossibjti.  En  effet,  aucun 
rapport  de  section  n'élait  et  ne  pouvait  être 
prêt  pour  la  séance  générale  de  ce  jour; 
de  par  ce  fait,  celle*ci  était  donc  impossible^ 
et  j'ai  naturellement  été  autorisé  à  profiter 
d'un  temps  qui,  faute  de  matière,  était 
disponible. 

Ceci  dit,  j'aborde  le  côté  scientifique  des 
réflexions  de  l'honorable  M.  Putegnat. 

Le  forceps-scie j  son  erigine  et  ses  faits, 
tel  est  le  titre  sous  lequel  ma  conférence 
était  annoncée  et  sous  lequel  elle  sera  pu- 
bliée. Eu  égard  à  ces  termes  dont  la  res- 
triction ^st  bien  définie,  avais-je  à  faire 
autre,  chose  que  l'historique  complet  du 
forceps-sçie?  Evidemment  non  et,  dès  mes 
premiers; mots,  je  le  déclarais  à  mon  audi- 
toire. Afiji  d'être  mieux  compris,  j'ajoutais 
même  eli  l'ai  répété  plus  d'une  fois,  qu'il 


n'entrait  nullement  dans  mes  intentions  de 
faire  l'étude  de  Vembryotomie  en  général, 
Conséquemment,  je  n'avais  pas  à  m'oc-/ 
cuper  des  mille  modifications  du  céphalo- 
tribc  (qui  ne  me  sont  pas  toul-à-fait  incon- 
nues), pas  plus  que  je  n'uivais  à  parler  des 
autres  cépbalotômes  :  perforateurs  de  tou- 
tes variétés,  cranioclasles  divers,  diatrip- 
Icur,  crâniotome  de  Barnes,  .sphénotrip- 
teur  de  M.  Hubert.  Ce  que  j'ai  voulu^  c'est 
montrer  d'où  notre  force ps-scie  est  parti  et 
ce  qu'il  a  fait. 

Il  est  donc  bien  établi  que  je  n'avais  pas 
à  apprécier  le  céphalotribe  sous  quelque 
forme  que  ce  fut,  et  si  j'ai  signalé  le  fait  de 
rupture  d'une  articulation  pelvienne,  c'est 
uniquement  pour  rappeler  en  quelle  cir- 
constahee  M.  Van  Huevel  a  été  amené  à 
rechercher  un  céphalolôme  qui  diminue 
le  crâne  d'avant  en  arrière  car,  quoiqu'en 
dise  M.  Putegnat,  cette  rupture  avait  eu 
lieu  malgré  Voaverture  préalable  de  la  sul- 
fure occiptlo-frontale  et  l'éva^cuation  de  la 
,  masse  cérébrale.  Ce  n'est  qu'incidemment, 
et  sur  une  interpellation  de  mon  excellent 
confrère  que  je  lui  ai  dit  avoir  vu,  lors  des 
expériences  que  je  faisais  avec  le  docteur 
Eug.  Janssens,  de  Bruxelles,  sur  des  crd/t£?« 
perforés,  le  céphalotribe  de  Rizzoli  se 
fausser  et  le  clou  de  celui  de  Baudelocque 
(cela  est  arrivé  à  Van  Huevel  sur  la  femme 
vivante)  se  briser  et  être  lancé  au  plafond. 
Peut-être,  n'avious-nous  que  des  instru- 
ments de  pacotille  ;  aussi  je  ne  les  incri- 
mine pas  de  ce  chef;  mais,  ce  que  j'en 
infère,  c'est  que,  pour  se  fausser  ou  pour 
se  rompre,  si  mal  confectionnés  qu'ils  fus- 
sent,  ils  devaient  rencontrer  une  résistance 
dont  les  cfifets  ne  me  paraissent  pas  indiffé- 
rents pour  le  bassin  et  surtout  pour  les 
parties  molles  qui  garnissent  sa  cavité. 

Après  cela,  qu'un  état  morbide,  parti- 
culier, des  articulations  pelviennes  prédis- 
pose à  la  diastasie,  nous  le  voulons  bien. 
Mais  il  suffit  que  la  diastaâie  soit  possible, 
avec  ou  sans  prédisposition;  il  suffit  que 
le  bassin  ait  à  souffrir  des  pressions  de  la 
tête  fœtale,  pour  que  L'accoucheur  se  fasse 
un  devoir  d'accepter,  de  tous  les  instru- 
ments, celui  qui  agit  le  moins  dans  le  sens 
de  cette  prédisposition,  si  elle  existe,  et 
qui  exerce  le  ujoins  de  pression  sur  le  con- 
duit vulvo-utérin. 

Quan,t  aux  autres  objections  de  M.  Pu- 
tegnat, je  ne  crois  pas  devoir  les  relever 
puisqu'il  en  trouvera  la  réfutation  théori- 
que et  pratique  dans  mon  travail.  Je  me 
bornerai  seulement  à  lui  faire  remarquer 


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^m 


VARIETES. 


qae,  conljraircment  à  ce  qu*il  avancef  notre 
céphaloième  suffit  assez  souvent  à  rextrae- 
tion  du  fœtus,  tàndi>  que  ce  temps  de 
Topération  est  considéré  comme  si  difficile 
et  si  dangereux  avec  tout  écraseur,  quel 
qu'il  ^oit,  que  la  cépkalotripsie  répétée, 
iana  tractions,  tend  aujourd'hui,  en  France 
surtout,  h' s'ériger  en  méthode  classique. 
L'honorabie  M.  Putègnat  mè  reproche 
amèrement  la  seconde  partie  de  mon  dis- 
cours, celle  relatfve  à  M.  Tarnier  contre 
lequel,  oubliant  qu'à  plusieurs  reprises  il 
a  vanté  ma  parfaite  loyauté,  il  prétend  que 
j'ai  dirigé  de  violentes  et  partiales  atta- 
ques. 

Mais  où  done  est  mon  crime  ?  Et  depuis 
quand  le  droit  de  défense  est-il  une  illo- 
aion  ?  N'est^oil  pas  vrai  qu'en  1 974,  dans  la 
neuvième  et  dernière  édition  du  livre  de 
Cazeaux,  M.  Tarnier  reproduit  un  long 
réquisitoire  contre  notre  foreeps-scie, 
tandis  que  déjà  en  1875,  on  vantait  bien 
haut  la  modification  qu'il  y  avait  apportée  ? 
J'ai  défendu  le  premier,  sans  passion,  en 
mettant  en  évidence,  sans  aigreur,  les  dé* 
fauts  du  second  ;  j'ai  suivi  M.  Tarnier  pas 
à  paS)  reprenant  et  discutant  un  à  un  les 
arguments  sqr  lesquels  il  condamne  notre 
embryotôme  au  profit  du  sien  qui  reste 
entaché  dus  griefs  nombreux  qu'il  nous 
attribue  et  que  j'ai  cherché  à  faire  appré- 
cier. Tout  cela  c'était  mon  devoir,  comme 
c'était  mon  droit  j  j'en^ai  usé  en  m'autori- 
sitnt  des  #  publications  d'écrivains  fort  re- 
commandables  et  de  celles  de  M.  Tarnier 
lui-même. 

Je  la'arréle,  persuadé  que  ces  quelques 
mots  suffiront  pour  faire  comprendre  à 
mon  estimable  et  honoré  confrère  de  Lu- 
néviUe,  que  la  simple  audition  de  mon  dis- 
cours ne  lui  a  pas  permis  de  saisir  ou  de 
retenir  -  les-  limites  restreintes  de  mon 
sujet  ;  il  comprendra  que,  dans  son  appré- 
ciation, il  est  parti  d'un  point  de  vue, 
Vembryotomie  en  général,  où  j'avais  déclaré 
ne  pas  prétendre  me  placer.  Une  lecture 
attentive  de  mon  travail  lai  donnera  oUé-^ 
.  rieurement,  je  n'en  ai  aucun  doute,  toute 
satisfaction  h  cet  égard;  il  verra  que  la 
cause  que  j'ai  défendue  était  bien  juste,  et 
il  me  rendra,  j'espère,  une  faible  partie  de 
-  la  habite  «stioie  que  je  professe  pour  Un. 


de  docteur  en*  médecine,  sous  la  prési- 
dence de  Pierre  Pierus,à  Sn^enga;  profes* 
seur  royal  à  l'Université  de  Louvain  :  i 
Thomas  Fienus,  fils  de  Jean  Pienus,  d*Ân- 
vers  ;  Gérard  de  Villers,  de  Louvain  ;  Jean 
Stnrmius,  de  Malines  ;  Philippe  Gemma, 
fils  du  fameux  Corneille  Gemma,  de  Lou- 
vain ;  Pierfe  Winandus  d'Eersel  et  Fran- 
çois Sasscnus,  de  Lçuvain,  lesquels  tous 
se  rendirent  par  la  suite  célèbres  par  leurs 
doctes  écrits  ou  par  leur  enseignement. 


Une  épidémie  de  ûèvre  calarrhale  se 
déclare  à  Rome,  à^la  suite  d'une  inonda- 
tion du  Tibre  {Cagnato.  Dé  THteritinun 
datione.)    . 

L'ergotisme  règne  en  Siléâie. 

f        i 7  septembre! 702. 

Un  nommé  Jean -Baptiste  Lcgrand,  soi- 
disant  possesseur  d'un  spécifique  souve- 
rain contre  la  goutte,  la  surdité  et  autres 
maladies^  ayant  été  autorisé  par  l'amman 
de  Bruxelles  à  exercer  ses  cures  sur  les 
habitants  de  cette  bonne  ville,  le  collège 
médical  lui  fait  signifier  par  son  bedeau, 
Pariwel  Moonens,  qu'il  eût  à  cesser  de 
vendre  ses  remèdes  et  de  se  mêler  de  tout 
exercice  quelconque  de  la  médecine. 

Sur  quoi  Legrand  quitta  Bruxelles  non 
sans  toutefois  y  avoir  laissé  bon  nombre 
de  du-pes.  '       D»"  v.  d.  Corput. 


NEGUOLOGlIi:. 


Ephéméride»  médioalet. 

Année  1595. 
En  cette  aimée  furent  promus  au  grade 


La  Société  royale  des  sciences  médicales 
de  Bruxelles  et  l'Ralie  scientifique  viennent 
d'éprouver  une  perte  considérable  par  la 
mort  du  vénérable  docteur  Laigi  Porta, 
professeur  à  T Université  de  Pavie. 
■  Le  professeur  Porta  avait  été  élu  membre 
correspondant  de  la  Société  le  42  avrît 
J858. 

Nous  avons,  en  outre,  à  enregistrer  (a 
mort  de  M.  le  docteur  Fr.  Jos.  Simon,  pra-' 
ticien  instruit,  membre  honoraire  de  la 
Commisîiion  médicale  provinciale,  décédé 
à  Verviers  à  l'âge  de  79  ans. 

En  Angleterre,  le  corps  médical  a  perdu  : 
le  docteur  D.  Hvnes,  en  Irlande;  John 
Churchill,  à  Tunbridge-Wells,  et  le  doc- 
teur Hbadland,  médecin  de  Charing-Cross 
Hospital,  à  Londres. 


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JOURNAL 

DE  MÉDECINE 


(OCTOBRE  1875.) 


I.  HÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 


La  virulence  et  la  spécificité  de  la  phthisie  pulmonaire  devant  l^expérimen- 

TAîiON  et  devant  LA  CLINIQUE;  par  M.  le  docteur  Emile  Dutreux,  deNamur. 

Mémoire  auquel  la  Société  royatç  des  siences  médicales  et  naturelles  de 

,  Bruxelles  a  décerné  une  mention  honorable  au  concours  de  1874  (Suite  et 

fin,  —  Voir  notre  cahier  de  septembre,  p.  i85.) 

Chapitre  III. 

La  virulence  et  la  spécificité  de  la  phthisie  pulmonaire  devant  la  clinique. 

§1.  —  Transmission  clinique  ou  contagion  de  la  phthisie,  —  Point  le  plus 
important  de  celte  étude  ;  car  si  la  phthisie  est  contagieuse  n'est-il  pas  de  notre 
devoir  d'empêcher  par  tous  les  moyens  possibles  la  transmission  d'une  maladie 
que  nous  avons  tant  de  peine  à  guérir  ;  si,  au  contraire,  elle  ne  Test  pas,  n'est- 
il  pas  cruel  d'éloigner  de  ce  pauvre  patient  de^  personnes  qui  lui  sont  souvent 
si  chères  ou  de  ne  l'entourer  dans  une  salle  d'hôpital  que  du  spectacle  vivant, 
extérieur  et  souvent  trop  sensible  de  ses  propres  souffrances. 

Tâchons  donc  de  nous  former  une  opinion,  en  mettant  dans  la  balance,  d'un 
côté  les  arguments  favorables  à  la  contagion,  de  l'autre  ceux  qui  lui  sont  con- 
traires, et  discutant  à  chaque  pas  le  poids  de  Targument,  afin  de  pouvoir  juger 
de  quel  côté  doit  pencher  la  balance,  de  quel  côté  doit  se  trouver  la. vérité,* 

Nous  ne  citerons  pas  dans  ce  débat  les  défenseurs  de  Tune  et  de  l'autre  opi- 
nion^ car  des  deux  côtés  se  trouvent  des  noms  justement  célèbres,  et  dans 
notre  siècle  de  libre  examen  où  la  parole  du  maître  ne  nous  entraîne  plus  que 
par  les  faits  qu'il  présente  à  l'appui  dé  sa  thèse,  dans  notre  science  surtout  où 
l'on  nous  jette  sans  cesse  à  la  face  :  Hippocrale  dit  oui,  Galien  dit  non,  de 
pareilles  citations  ne  nous  offrent  plus  guère  d'intérêt. 

Citerons-nous  cette  croyance  populaire  dans  la  contagion  de  la  phthisie, 
cette  habitude  répandue  dans  le  midi  de  l'Europe  de  détruire  par  le  feu  les 
objets  contaminés  par  les  phthisiques,  ces  hôpitaux  de  Londres  et  de  Naples 
qui  leur  sont  spécialement  affectés? Certes,  ce  sont  là  des  présomptions,  des 
ombres  qui  achèvent  le  tableau, ^  mais  les  véritables  arguments,  les  véritables 
caractères  doivent  être  fournis  par  les  faits. 

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298  -        MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Or,  ces  faits  réunis  au  nombre  de  98  dans^  la  thèse  de  M.  Compin  {De  la 
contagion  de  la  phthisie  pulmonaire,  Paris,  1870),  et  auxquels  d'autres  sont 
venus  s'ajouter  depuis,  n*ont  pas,  malgré  cela,  atteint  le  fameux  chiffre  de  400 
désiré  par  M.  Hardy. 

Les  faits  relatés  sont  donc  rares,  mais  rares  aussi  sont  les  observateurs 
sérieux  en  phlhisiologie,  et  nombreuses  sont  les  circonstances  qui  peuvent 
rendre  difficile  soit  la  production,  soit  la  constatation  de  ces  cas  de  contagion. 
La  tuberculose  est  une  affection  profonde  par  le  siège  de  son  tubercule, 
grave  par  les  atteintes  qu'elle  porte  à  l'économie;  pour  produire  le  mode  trop 
durable  et  profond  de  Tétre  attaqué  de  tuberculose,  il  faut  évidemment  plus 
que  pour  produire  le  mode  temporaire  et  superficiel  de  l'être  attaqué  de  scar- 
latine^par  exemple.  La  syphilis  nous  offre  une  preuve  de  ce  que  nous  avançons 
par  la  difficulté  de  sa  contagion  comparée  à  celle  des  Sèvres  éruptives. 

La  contagion  de  la  phthisie  doit  donc  être  plus  ou  moins  difficile;  mais  en 
outre,  le  public  l'évite  à  cause  de  sa  croyance  et  les  médecins  consciencieux  la 
préviennent,  même  ceux  qui  ne  sont  pas  partisans  de  la  contagion.  H' nous 
suffira  de  citef  Pidoux,  Pidoux  qui  déclare  n'avoir  constaté  que  quatre  cas  de 
contagion  sur  4000  cas  observés  :  «  Il  ne  faut  jamais, -dit-il  (page  227, /oc.  cit,)^ 
qu'une  pesonne  saine,  un  parent  surtout,  partage  le  lit  d'un  phlhisique  qui  a 
dépassé  le  premier  degré  de  la  maladie.  Non-seulement  il  convient  de  ne  pas 
partager  le  lit;  mais  il  n'est  pBs  toujours  prudent  de  coucher  longtemps  dans 
la  même  chambre,  surtout  à  la  fin  de  la  maladie.  \ 

Enfin,  puisqu'on  compare  la  phthisie  aux  maladies  virulentes  et  spécifiques, 
ne  faut-il  pas  tenir  compte  de  l'immunité  acquise  par  une  première  atteinte, 
tenir  compte  aussi  de  ces  tuberculoses  passées  inaperçues  sous  le  diagnostic 
d'une  bronchite,  etc.,  tuberculoses  dont  les  autopsies  faites  à  la  Salpétrière,  à 
Bicètre,  etc.,  fournissent  des  preuves  surabondantes. 
Voilà  pour  la  production  ;  passons  à  la  constatation. 

Nous  avons  *n  première  ligne  la  durée  de  l'incubation  qui,  d'après  la  thèse  de 
M.  Compin,  varierait  de  quelques  mois  à  deux  ans,  durée  qui  pourrait  même 
faire  douter  de  la  contagion  si  Ton  n'avait  dans  la  rage  des  exemples  analogues, 
durée  qui  est  en  outre  difficile  à  fixer.  On  a,  en  effet,  de  la  difficulté  à  préciser 
son  commencement  et  sa  fin;  son  commencement,  car  la  contamination  de  la 
phthisie  ne  s'établit  que  par  un  contact  assez  long;  sa  fin,  car  le  tubercule  est 
caché  dans  la  profondeur  de  l'organisme,  parfois  il  passe  inaperçu,  souvent  il 
ne  se  manifeste  que  par  un  symptôme  vulgaire,  la  toux;  et  méme^  à  une 
période  plus  avancée  de  la  maladie,  les  symptômes  sont  loin  d'avoir  cette  évi- 
dence des  autres  maladies  virulentes  et  spécifiques. 

La  marche  elle-même  de  la  tuberculose  est  une  nouvelle  cause  de  difficulté; 
car  la  tuberculose  procède  souvent  par  poussées  successives,  et  dans  les  recher- 
ches étiologiques  la  première  poussée  risque  fréquemment  d'être  perdue  de  vue. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  399 

De  plus,  on  admet  tant  de  causes  plus  ou  moios  justifiées  pour  la  phthîsie, 
que  le  praticien  peu  encouragé,  d'ailleurs,  par  la  difficulté  d'appliquer  Padage  : 
aublatâ  causâj  tollitur  affectvs,  se  contente  trop  vile  et  trop  facilement  d'une 
première  cause  que. lui  fournit  le  malade,  et,  par  contre,  n'ose  souvent  pas 
demaqder  à  celui-ci  s*il  a  été  en  contact  avec  un  phlhisique,  par  crainte 
d'éveiller  son  attention  sur  le  véritable  diagnostic  de  sa  maladie. 

La  rareté  des  faits  pourrait  donc  bien  n'être  qu'apparente,  et  si  l'on  argu- 
mentait M.  Pidoux  avec  les  mêmes  raisonnements  qui  lui  servent  à  établir 
que  rjiémoplysie  est  due  95  fois  sur  100  h  des  tubercules,  oh  en  arriverait  à 
prouver  que  celte  rareté  a'est  pas  réelle. 

Quoiqu'il  en  soit,  les  faits  de  contagion  sont  rares,  a-t-on  dit,  et  cependant 
la  durée  de  la  maladie  est  bien  longue. 

La  durée  de  la  maladie  est  généralement  longue,  on  ne  saurait  le  nier; 
mais,  à  côté  de  celte  circonstance,  s'en  trouvent  d'autres  qui  viennent  la 
contrebalancer,  et  dans  l'appréciation  judicieuse  des  faits,  il  ne  faut  pas  se 
contenter  d'un  point  de  vue  unique,  il  faut  envisager  l'ensemble,  si  l'on  ne 
veut  se  risquer  à  formuler  un  jugement  erroné. 

Si  la  durée  est  longue,  le  tubercule  est  aussi  situé  bien  profondément  dans 
l'organisme,  et  ce  n'est  qu'à  une  période  assez  avancée  de  la  maladie  que  se 
produisent  au  dehors  les  sueurs,  la  diarrhée  et  même  l'expectoration,  symp- 
tômes qui  non-seulement  se  balaucent  entr'eux,  mais  encore  repoussent 
fréqui^mment  la  cohabitation.  La  phthi)sie  repousse  donc  souvent  et  prévient 
par  plusieurs  de  ses  symptômes  :  mais  il  y  a  plus  ;  le  phlhisique,  quoique 
portant  ses  tubercules  dans  l'intimité  de  son  économie,  prévient  bien  des  fois 
par  son  habitus  extérieur. 

La  syphilis,  au  contraire,  ne  prévient  pas  :  ses  produits  se  trouvent  la  plupart 
du  temps  cachés  vers  les  organes  génitaux,  organes  vers  lesquels  pousse  l'in- 
stinct de  la  procréation  ;  et  si  la  syphilis  reaiplissait  les  conditions  de  la 
phthisie,  les  faits  de  contagion  seraient  peut-être  beaucoup  plus  rares. 

Une  remarque  encore,  si  l'air  expiré  d'un  poumon  tuberculeux  est,  comme 
le  dit  M.  Pidoux,  inspiré  par  un  organe  similaire,  le  besoin  d'air  augmentant 
sans  cesse  avec  Taltération  et  la  destruction  de  la  surface  respiratoire  imposée, 
par  contre,  au  malade  le  renouvellement  fréquent  de  l'atmosphère  t}ui 
l'entoure.  .      ^^      ^ 

Ces  faits,  a-t-on  dit  encore,  ne  sont  pas  seulement  rares,  mais  encore 
complexes ,  c'est-à-dire  susceptibles  d'être  rapportés  à  d'autres  causes  : 
t'hécédité,  l'analogie  dans  les  conditions  hygiéniques  et  autres,  etc.,  aussi  bien 
et  peut-être  mieux  qu'à  la  contagion. 

L'hérédité,  nous  l'avouons,  reste  souvent  muette  à  nos  interrogations,  soit 
parce  qu'une  tuberculose  antérieure  aura  passé  inaperçue  faute  d'un  diagnostic, 
précisi,  soit  parce  que  les  familles  ne  tiennent  pas  à  s'en  vanter  comme  des 


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300  MÉMOIRES  ET  OBSERVATlOJîS. 

fortunes  et  des  titres  de  ce  monde,  soit  enfin^  à  cause  des  sauts  que  l'hérédité 
fait  au-dessus  d*une  génération,  de  Tatavisme  en  d'autres  mots. 

Pour  nous  éclairer,  classons,  au  point  de  vue  dés  relations  entre  les  sujets, 
les  98  faits  recueillis  par  M.  Gompin.  Nous  en  trouvons  52  où  la  phthisie  a 
été  communiquée  du  mari  à  la  femme,  S4  de  la  femme  au  mari,  28  où  elle  a 
été  communiquée  entre  frères,  soeurs  et  parents,  14  entr'étrangers.  ' 

Ce  tableau  au  moins  semble  reléguer  Thérédité  au  second  plan,  car  sur 
98  cas,  56  se  rapportent  à  des  époux,  28  seulement  à  des  parents.  Devons- 
nous,<  pour  ces  phChisies,  remonter  à  l'analogie  dans  les  conditions  hygiéniques 
et  autres?  Mais  des  faits  ont  été  fournis  à  rencontre  de  cette  hypothèse,  entre 
autres  le  fait  cité  par  M.  Hardy,  d'un  mari  qui,  devenu  phthisique  à  l'étranger, , 
vint  rejoindre  sa  femme  en  France  et  y  mourut,  laissant  sa  veuve  qui  dévint 
tuberculeuse  quelque  temps  après.  L'analogie,  dans  les  conditions  hygiéniques 
et  autres,  peut-elle  être  invoquée  dans  de  pareilles  circonstances? 

C'est  donc  la  cohabitation,  et  la  cohabitation  intime  qui  joue  le  plus  grand 
rôle  comme  agent  de  la  contagion.  Dirons-nous  avec  M.'Pidoux  :  c  Faut-il  tout 
cela  à  la  morve  et  à  la  syphilis  pour  se  reproduire?  Le  typhus,  la  variole,  la 
scarlatine,  le  choléra,  la  peste  bovine,  la  coqueluche,  la  dyssenterie,  la  diph- 
thérie,  exigent-elles  toutes  ces  conditions?  >  (Loc.  ctï.,  page  220).  Non„  nous 
ne  le  dirons  pas;  nous  sommes  même  étonnés  qu'il  le  dise,  car  la  raison  nous  ' 
indique  qu'il  doit  y  avoir  rapport  entre  la  cause  et  l'effet,  rapport  entre  le 
plus  ou  moins  de  facilité  de  la  contagion  et  l'affection  qu'elle  doit  provoquer; 
nous  nous  sommes  assez  expliqués  sur  ce  point  pour  ne  plus  avoir  à  y  revenir. 

Reste  à  savoir  si  la  contagion,  difficile  pour  la  phthisie  chronique  (car  ce 
sont  surtout  ces  cas  qui  ont  été  observés)  l'est  autant  pour  la  phthisie  aiguë. 
Stokes,  du  moins,  qui  considère  cette  dernière  comme  une  sorte  de  fièvre 
essentielle,  lui  attribue  un  caractère  contagieux  et  base  son  opinion  sur  l'ob- 
servation qu'ils  faite  de  phthisies  aiguës  typhoïdes  sur  4  ou  5  enfants  de  la 
même  famille.  Leudet  et  Colin,  de  leur  côté,  semblent  disposés  à  reconnaître 
à  la  phthisie  granuleuse  généralisée  un  caractère  épidémique. 

La  contagion,  d'après  la  thèse  de  M.  Compin,  a  donc  été  surtout  observée 
entr'époux,  mais  plus  souvent  du  mari  à  la  femme  que  réciproquement.  Hérard 
et  Cornil  inclinent  à  admettre  qu'un  phthisique  atteint  dé  tuberculose  des 
organes  génitaux  peut  inoculer  directement  à  la  femme,  avec  h  semence  sémi- 
nale, le  principe  virulent.  Dans  les  circonstances  ordinaires,  ce  triste  privilège 
de  la  femme  peut  se  comprendre  disément  lorsqu'on  songe  que  le  germe  fécondé 
par  un  père  tuberculeux,  va  se  développer  dans  lesein  ile  la  mère  par  une^om- 
munauté  d'existence  de  neuf  mois,  c  Ces  faits,  dit  toutefois  Pidoux,  de  préten- 
due contagion  du  mari  à  la  femme  par  un  fœtus  non-actuellement  tuberculeux, 
quoiqu'engendré  par  lin  père  qui  l'était  au  moment  de  la  conception,  ces  faits 
se  rapprochent  plus  de  l'hérédité  que  de  la  contagion  ;  car  en  pareils  cas  on 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  501 

pourrait  vraiment  dire  que  la  femme  a  reçu  la  phthisie  hérédilairement^de  son 
mari,  en  vertu  de  la  solidarité  intime  qui  Tunit  à  Tenfant.  >  {Loc.  cit.y 
page  2â8.)  Nous  croyons  que  c^est  étendre,  pour  ne  pas  dire  plus,  le  sens  dy 
mot  hérédité  pour  les  besoins  de  la  cause. 

Nous  terminons  les  faits  de  la  pathologie  humaine  :  citgns  aussi  les  faits  de 
la  pathologie  animale,  car  on  en  a  produit,  témoin  M.  Gruzel  qui  (ainsi  qu'est 
venu  ra£Brmer  M.  Bouley  à  la  séance  du  17  mars  1868,  de  TAcadémie  de  méde- 
cine de  Paris),  a  observé  fréquemment  la  contagion  chez  les  bêtes  à  cornes. 
On  a  observé  qu€  certaines  conditions  anti-hygiéniques  pouvaient  produire  par 
elles  seules  la^morve  chez  les  chevaux^  la  tuberculose  chez  les  chiens,  et  que 
ces  cas  de  contagion  ne  seraient  par  conséquent  que  des  successions  de  tuber- 
culoses produites  par  Tidentité  dans  ces  conditions,  mais  il  faudrait  prouver 
d'abord,  nous  semble-t-'il,  que  ces  conditions  anti-hygiéniques  existent  dans  les 
eas  observés. 

Voilà  pour  les  faits.  Dans  Tétude  des  maladies  virulentes  et  spécifiques, 
nous  voyons  intervenir  pour  chacune  d'elles  l'histoire  de  leur  distribution 
géographique  dans  les  temps  ordinaires  et.  dans  les  temps  épidémiques.  Budd 
de  Glifton  a  tiré  de  ce  point  un  nouvel  argument  en  faveur  de  la  contagion  de 
la  phthisie.-  ^ 

La  phthisie  n'aurait  pas  existé  dans  les  îles  de  la  mer  du  Sud  avant  l'arrivée 
des  Européens,  diaprés  Budd;  en  Amérique  également,  d'après  Rush;  incon- 
nue chez  les  nègres  du  centre  de  l'Afrique^  eile  serait  fréquente,  d'après 
Livingstone,  chez  ceux  des  côtes  qui  sont  en  rapport  avec  les  blancs.  Les  Eu- 
ropéens auraient  donc  introduit  avec  eux  un  germe  spécifique. 

Sans  nier  la  contagion,  dans  une  histoire  médicale  aussi  lointaine  et  aussi 
obscure,  la  phthisie^  peut-être  rare;  n'a-t-elle  pas  pu  passer  inaperçue?  Le 
changement  de  vie,  l'esclavage  auquel  ont  été  soumis  ces  peuples,  cette  vie 
resserrée^  cet  encombrement  auquel  n'étaient  pas  habitués  ces  hommes^  habi- 
tués au  contraire  à  vivre  en  pleine  nature,  n'ont-ils  pas  eu  leur  part  dans  la 
production  de  ces  phthisies  exotiques? 

Nous  venons  de  parier  de  l'encombrement;  celui-ci  nous  conduit  à  un  nou- 
vel argument  invoqué  par  les  contagionistes.  Les  conditions,  disent-ils,  qui 
favorisent  le  développement  des  maladies  contagieuses,  favorisent  aussi  celui 
de  la  phthisie;  celle-ci,  comme  les  premières,  est  d'autant  plus  fréquente, 
toutes  proportions  gardées,  que  le  commerce  des  individus  entr'«ux  est  plus 
fréquent  et  plus  étroit;  plus  fréquente  dans  les  villes  et  surtout  les  grandes 
villes,  qu'à  la  campagne;  plus  fréquente  chez  les  ouvriers  confinés  dans  cer- 
tains ateliers,  etc. 

On  objectera  que  dans  ces  cas  les  conditions  se  trouvent- réunies  pour  pro- 
duire la  phthisie  acquise,  que  les  faits  sont  très-complexes;  mais  on  peut, 
à  un  certain  point  de  vue^  faire  la  même  objection  pour  les  maladies  vrai- 


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302  MEMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

ment   eontagieuses  qui  pourraient  alors  aussi  se  produire   spontanément. 

L'hérédité  de  la  phthisie  pulmonaire  est,  dit  M.  Schuermans  {Journal  de  la 
Société  royale,  des  sciences  médicales  et  naturelles  de  Bruxelles,  juin  1868, 
page  594);  une  preuve  certaine  de  sa  contagion;  car  il  n*jr  a  pas  d'affection 
héréditaire  qui  ne  soit  contagieuse. 

Nous  ne  croyons  pas  la  proposition  fondamentale  suffisamment  démontrée 
pour  pouvoir  permetti;e  cette  conclusion.  L'iiéréditév  morbide  a,  il  est  vrai,  un 
rapport  intime  avec  la  contagion  ;  dans  Tune  comme  dans  l'autre,  il  s'agit  de 
la  transmission  d'un  état  morbide  d'un  être  à  son  semblable.  Mais  dans  l'héré- 
dité celte  transmission  se  fait,  pour  le  père,  par  la  partie  la  plus  vivante  de 
son  organisme,  par  l'acte  le  plus  vital  des  actes  vitaux;  pour  la^mère,  par  ifne 
vie  commune  de  neuf  mois  ;  dans  la  contagion,  si  nous  enlevons  la  transmission 
du  mari  à  la  femme,  cette  transmission  ne  peut  généralement  se  faire  que  par 
des  circonstances  moins  intimes;  or  nous  croyons  qu'on  ne  peut  pas  conclure 
de  ce  qu'un  fait  se  produit  avec  plus,  il  doit  aussi  se  produire  avec  moins.  On 
en  arrive  du  reste  ainsi  à  cette  conclusion  à  laquelle  est  arrivé  M.  Schuermans,^ 
que,  dans  la  phthisie,  par  exemple,  Ihérédité  et  ia  contagion  constituent  toute 
Téliologie.;  il  dit  eti  effet  (journal  cité,  page  305,  septembre  1867)  :  «  Celte 
cause  (l'hérédité)  est  très-fréquente,  comme  chacun  le  sait;  la  contagion  fait 
très-» probablement  le  reste.  » 

Pour  nous,  qui  admettons  la  spontanéité  dans  les  maladies  virulentes,  nous 
ne  pouvons  admettre  cette  conclusion;  nous  ne  pouvons  pas  non  plus,  pour  la 
soutenir,  remonter  ou  plutôt  redescendre  à  la  bestialité,  car  c'est  déplacer  la 
difficulté  de  l'homme  sur  ia  béte  et  accorder  à  celle-ci  une  spontanéité  qu'on 
refuse  au  roi  de  la  création. 

Il  y  a  plus,  rhérédité  suppose  le  principe  morbide  inhérent  à  la  constitution, 
les  affections  héréditaires  ne  stsmblent  donc  pas  fort  éliminatrices  par  leur 
nature;  pour  les  affections  contagieuses,  un  de  leurs  caractères  fondamentaux 
parait  résider  dans  le  contraire.  - 

Nous  ne  prélendons  pas  toutefois  que  l'hérédité  exclue  la  contagion,  mais 
nous  croyons  qu'elle  entraîne  pour  celle*ci  une  certaine  difficulté,  qu'elle 
entraine  la  nécessité  d'une  attaque  virulente,  soit  plus  agr^sive,  soit  plus  pro- 
longée, - 

ïerminons'par  deux  arguments  :  l'expérimentation,  et  la  spécificité. 

L'inoculation  féconde  du  tubercule  chez  les  animaux  ne  nous  permet  pas 
de  conclure  à  la  contagion  médiate  chez  Thomme,  la  syphilis,  en  effet,  est 
inoculable  sans  être  médiatement  contagieuse;  cependant  on  ne  peut  nier 
qu^elle  fournit  un  fait  à  l'appui  de  la  contagion  en  général. 

La  spécificité'enfin  nous  semble  une  nouvelle  preuve,  car  elle  entraîne  l'idée 
de  produits  spécifiques,  et  que  sont  ceux-ci  sans  la  transmissibilité?  Celte  spé- 
cificité,  nous  l'avons  disculée  devant  l'expérimentation,  il  nous  reste  à  la  dis- 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  305 

culer  devant  la  clinique;  toutefois,  avant  d*aborder  cetle  dernière  partie  de 
notre  travail,  noas  tenons  à  dire  quelques  mots  du  contagium  et  des  voies  par 
lesquelles  il  pénètre  dans  Torganisme. 

Quel  est  le  contagium?  Est-ce  la  matièi^e  tuberculeuse  elle-même,  comme  le 
soutient  6udd?  Son t-ce  les  sueurs,  malgré  les  deux  expériences  négatives  de 
M.  Villemin?  Est-ce  l'air  expiré  comme  le  soutiennent  MM.  Bergeret  d*Arbois, 
Compin,  etc.?  Sont-ce  les  crachats  comme  nous  donneraient  le  droit  de  le  sup^ 
poser  non-seulement  la  production  de  la  tuberculose  expérimentale  par  Tinocu- 
lation  de  crachats,  même  desséchés,  de  phthisiques,  mais  encore  Finoculabi- 
lité  et  la  contagiosité  de  la  morve  parle  jetage?  Autant  de  questions  à  nous 
poser,  mais  que  les  données  encore  trop  incomplètes  de  la  science  ne  nous 
permettent  pas  de  résoudre. 

Par  quelles  voies  le  contagium  pénètre-t-il  dans  Torganisme?  Elles  sont  natu- 
relles ou  artificielles. 

Parmi  les  premières,  nous  citerons  les  voies  respiratoires  qui  peuvent  intro* 
doire,  outre  Tair  expiré  par  les  tuberculeux,  leurs  crachats  desséchés  et  sus- 
pendus dans  l'atmosphère  ainsi  que  les  sueurs  vaporisées  dans  ce  dernier; 

Les  voies  digestives,  d'un  rapport  fréquent  chez  l'homme  avec  les  produits 
alimentaires  fournis  par  l'espèce  bovine,  si  souvent  tuberculeuse  elle-même  : 

Enfin^  chez  la  femme,  les  voies  génitales,  qui  tantôt  livrent  passage  à  un 
germe  ayant  reçu  du  père  la  tuberculose  en  puissance  et  dont  le  développement 
peut  contaminer  la  mère  par  une  lente  inoculation,  selon  l'expression  de 
Gubler,  tantôt  livrent  passage  avec  le  sperme  an  virus  lui-même  dans  le  cas 
de  tuberculose  des  organes  génitaux  de  l'homme,  comme  le  sont  disposés  à 
admettre  MM.  Hérard  et  Gornil. 

Parmi  les  voies  artifieielles,  nous  signalerons  les  inoculations  accidentelles 
par  piqûre  anatomique^  la  transfusion  du  sang,  la  vaccination,  et  à  l'appui  de 
la  première  les  trois  cas  malheureusement  réussis,  cités  par  M.  Schuermans 
(journal  cité,  septembre  1867,  page  305),  à  l'appui  de  la  seconde,  la  transmis- 
sion expérimentale  de  la  tuberculose  par  la  transfusion  du  sang  (Lyon  médical^ 
journal  du  1«'  mars  1874,  page  277),  enfin,  à  l'appui  de  la  troisième,  à  côté  de 
l'autorité  de  M.  van  den  Corput  qui,  dans  la  séance  du  1"  octobre  1866  de  la 
Société  des  sciences  médicales  de  Bruxelles,  a  admis  la  possibilité  de  la  trans- 
mission de  la  tuberculose  par  la  vaccination,  le  fait  signalé  par  Rilliel  et 
Barthez  que  les  tuberculoses  sont  plus  fréqqentes  chez  les  enfants  vaccinés 
que  chez  ceux  qui  ne  le  sont  pas. 

Et  avant  de  passer  au  paragraphe  suivant,  mentionnons  une  observation 
faite  eu -même  iemps  qu'une  idée  émise  par  M.  Noël  Gueneau^  de  Mussy. 
D'après  ce  clinicien,  l'aiiglne  glanduleuse  précède  dans  beaucoup  de  cas  la 
phthisie,  l'accompagne  très-souvent  et  s'observe  fréquemment  aussi  chez  les 
sujets  qui  vÎTetit  avec  les  tuberculeux.  Il  se  demande  à  ce  propos  <  si  l'élément 


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304  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

catarrhal  de  la  phthisie  ne  peut  pas  se  transmettra  par  contagion,  indépen- 
damment de  sa  cause  spécifique;  Tangine  glanduleuse  appellerait  sur  les 
organes  respiratoires  une  incitation  morbide  qui  favoriserait  puissamment  dans 
certains  cas,  le  développement  de  Télément  diathésique.  » 

§  II.  —  Discussion  de  la  virulence  et  de  la  spécificité  de  la  tuberculose 
clinique.  —  Lorsque  nous  voyons  la  virulence  et  la spécificitéde  la  tuberculose 
ressortir  de  sa  transmission  expérimentale,  lorsque  nous  constatons  celte  res- 
semblance frapppante  entre  le  tubercule  de  la  phthisie  et  celui  de  la  syphilis 
et  surtout  de  la  morve,  deux  affections  dont  personne  ne  conteste  la  spécificité, 
lorsqu'en  outre  nous  voyons,  et  cela  à  la  fois  dans  les  formes  lentes  et  dans  les 
formes  aiguës,  là  phthisie  se  rapprocher  s(i  étroitement  par  sa  marche  et  par 
son  évolution  de  la  morve,  cette  phthisie  du  cheval,  lorsqu'enfîn  nous  nous  * 
trouvons  dans  l'impossibilité  de  contester  formellement  la  contagion,  il  nous 
est  difficile  de  ne  pas  incliner  vers  la  virulence  et  la  spécificité  de  la  tubercu- 
lose aussi  bien  clinique  qu'expérimentale. 

M.  Pidoux  cependant  la  combat  avec  toute  la  puissance  de  son  talent,  avec 
toute  Tardeur  d'une  profonde  conviction.  Groupons,  pour  mieux  les  analyser, 
les  arguments  qu^il  a  disséminés  dans  son  bel  ouvrage,  et  citons-les  textuelle- 
ment comme  nous  Tavonsdéjà  fait  dans  un  chapitre  précédent. 

Nojus  en  trouvons  d'abord  deux  similaires  et  que  voici  : 

>  10  La  phthisie  n'épargne  aucun  pays,  aucun  âge,  aucun  sexe,  aucune 
condition,  aucune  classe;  une  maladie  aussi  commune  ne  peut  guère  être  spé- 
cifique. Il  est  en  effet  impossible  qu'une  telle  maladie  ncvreconnaisse  pas  une 
multitude  très-diverse  d'influences  et  de  conditions  capables  Je  la  déterminer. 
Or  cela  éloigne  aussitôt  Tidée  de,  la  spécificité,  laquelle  exclut  à  son  tour  les 
influences  communes,  les  causes  extérieures  et  même  les  causes  internes  autres 
qu'une  aptitude  à  recevoir  la  semence  une  et  spécifique  qui  provient  déjà  d'une 
maladie  semblable  et  ne  peut  provenir  d'ailleurs.  »  (Loc»  cit,  page  71.) 

2*»  «  J'estime  qu'un  grand  nombre  d'ouvriers  qui  sont  venus  de  la  cam- 
pagne à  Paris,  robustes,  bien  portants,  sans  hérédité  tuberculeuse,  et  qui, 
travaillant  en  plein  air  dans  toutes  les  saisons,  subissent  incessamment  l'alter- 
native de  toutes  les  températures  et  de  tous  les  étals  de  l'atmosphèrej  mal 
vêtus,  mal  nourris,  couchant  dans  des  chambrées',  passant  de  la  nourriture 
insuffisamment  réparatrice  aux  excès  et  à  l'ivresse  avec  du  mauvais  vin  et  des 
boissons  spirilueuses  frelatées,  etc.,  j'estime,  dis-je,  qu'un  grand  nombre  de 
ces  3ujets  succombent  dans  nos  hôpitaux  à  la  phthisie  acquise  après  s'être 
fait  des  dialhsèes  tuberculeuses  de  toutes  pièces.  Il  n'en  serait  pas  ainsi  si  la 
phthisie  était  spécifique  et  virulente.  Encore  une  fois  on  ne  la  ferait  pas,  on  la 
recevrait  toute  faite.  >  Loc,  cit. y  page  124. 

L'argument  fondamental,  dans  ces  deux  citations,  est  l'exclusion  de  la  spon- 
aiiéilé  dans  les  maladies  spécifiques,  exclusion  nettement   formulée  par  ces 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  505 

mots  qui  terminent  le  premier  passage  :  «  Semence  une  et  spécifique  qui  pro- 
vient déjà  d'une  maladie  semblable  et  ne  peut  provenir  d'ailleurs,  > 

Ayant  combattu  cette  opinion  dans  la  première  partie  de  notre  travail,  nous 
n'aurons  plus  à  y  revenir  ncluellement;  nous  tenons  toutefois  à  relever  encore 
Hne  particularité  dans  chacune  des  deux  citations. 

Et  d'abord  dans  la  première  :  «  La  phthisie,  dit  M.  Pidoux,  n^épargne  aucun 
pays,  aucun  âge,  aucun  sexe,  aucune  condition,  aucune  classe;  une  maladie 
aassi  commune  ne  peut  guère  être  spécifique.  » 

Mais  la  syphilis  épargne-^t^elle  davantage? 

Dans  la  seconde,  Pidoux  nous  oppose  les  phthisies  acquises,  comme  il  nous 
les  a  opposées  dans  la  contagion.  Et  cependant,  dans  l'étiologie  qu'il  défencf 
dans  son  ouvrage,  il  laisse  bien  peu  de  place  à  cette  pblbisie  véritablement 
acquise  qu'il  invoque  au  fur  et  à  mesure  des  besoins  de  son  argumentation.  Sa 
théorie  de  la  transformation  des  maladies  chroniques  aboutissant  quasi  toutes 
à  la  phthisie,  suffirait  à  elle  seule  pour  prouver  ce  que  nous  avançons. 

5^  L'étude  des  formes  rapides  et  aiguës  de  la  phthisie  aide  à  comprendre 
la  nature  de  la  phthisie  chronique  ou  consomption  tuberculeuse  des  poumons 
et  éloigne  Tidée  de  spécificité,  de  virulence  et  de  contagiosité.  Cette  étude 
met  en  effet  dans  le  plus  évident  relief  l'importance  de  l'élément  inflammatoire 
dans  la  tuberculose  pulmonaire.  Or,  si  ce  rôle  est  manifeste  dans  presque  tous 
les  cas  rapides  et  aigus,  il  n'est  pas  moins  considérable  dans  les  formes  lentes, 
celles  qui  sont  chroniques  dans  leur  marche  comme  par  leur  nature,  n  (Loe. 
ciY.,  page  112.) 

Cet  élément  inflammatoire,  nous  l'observons  aussi  dans  la  syphilis  et  dans 
la  morve  ;  dans  celle-ci,  comme  dans  la  phthisie,  nous  avons  les  formes  aiguës 
et  les  formes  chroniques,  et  dans  les  formes  aiguës,  de  part  et  d'autre,  cet  état 
typhoïde,  expression  ordinaire  de  l'imprégnation  de  l'économie  par  qn  agent 
infectieux.  Au  reste,  la  phthisie  granuleuse  généralisée  sa nsMésions  du  paren- 
chyme pulmonaire  'aUlour  de  la  granulation,  phthisie  qui  est  affirmée  par 
Hérard  et  Cornil,  dont  personne  ne  conteste  la  compétence  en  celte  matière, 
nous  prouve  que  si  l'élément  inflammatoire  est  important  dans  la  tuberculose, 
il  n'est  au  moins  pas  constant  et  par  conséquent  pas  fondamental. 

4®  c  Que  dire  de  mieux  fait  pour  ruiner  Tidée  de  spécificité  et  établir  celle 
de  phlegmasie  chronique  particulière  que  l'exemple  des  phthisies  causées  chez 
des  individus  sans  hérédité  et  sans  diathèse  par  la  respiration  de  poussières 
organiques  telies  que  celles  de  la  laine  et  du  coton,  chez  les  filateurs  et  les 
cardeurs,  et  surtout  des  poussières  inorganiques,  telles  que  celles  du  grès,  du 
silex  et  de  ràcièr,  chez  les  tailleurs  de  pierres  meulières,  et  chez  les  aigui* 
seurs?  »  {L$c*  c»t.,  page  128.) 

Cette  phthisie  esl-elle  toujours  tuberculeuse?  Il  nous  «si  permis  dVn  douter. 
La  sidérose^  l'anthraeosis  ne  sont  que  des  pneumonies  spéciales,  souvent  jndé» 

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506  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

pendantes  de  tubercules;  la  phthîsie  des  aiguiseurs  également,  ainsi  que  Tont 
constaté  Gharcot,  Feltz  et  enfin  Varrbailhon,  dans  sa  thèse  de  Paris,  4866.  Il 
nous  est  permis  d*en  douter  d'autant  plus  que  l'hérédité  vient  renforcer  cette 
preuve  anatomique  en  nous  montrant  les  enfants  de  ces  prétendus  tuberculeux 
souvent  indemnes  de  toute  diathèse  tuberculeuse,  lors  même  qu'ils  ont  été  pro- 
créés à  une  période  avancée  de  la  maladie. 

Les  faits  sont  du  reste  cojnpiexes,  et  à  côté  de  l'inspiration  de  ces  poussières, 
interviennent  d'autres  conditions  étiologiques  dont  il  faut  tenir  compte.  Les 
poussières  incriminées  peuvent  provoqiier  l'appel  morbide  vers  les  poumons, 
mais  pour  produire  la  tuberculose  elle-même  il  faut  autre  chose. 
'  5»  «  La  preuve  que  la  phthisie  n'a  rien  de  spécifique,  alors  même  qu'il 
serait  prouvé  qu'un  phthisique  a  transmis  son  afi'ection  dans  les  conditions 
déterminées  plus  haut  (cohabitation,  etc.),  c'est  qu'il  n'est  pas  rare  (Revoir  les 
personnes  qui  ont  longtemps  donné  des  soins  intimes  a  des  poitrinaires  jusqu'à 
leur  mort,  être  aifectées,  à  la  suite  de  cette  imprégnation  prolongée,  de  divers 
accidents  qui,  pour  n'être  pas  tuberci^leux,  n'en  témoignent  pas  moins  d'une 
infection  générale.  »  {Loc,  cit.f  page  224.) 

Cette  preuve  ne  nous  paraît  guère  décisive,  car,  à  côté  de  ces  faits,  il  y  a 
aussi  des  faits  de  transmission  de  la  tuberculose  elle-même,  et  l'un  des  carac- 
tères des  maladies  virulentes  n'est-il  pas  le  grand  rôle  que  jouda  réceptivité 
dans  leur  étiologie?  II  y  a  plus  ;  les  nfialadies  contagieuses  présentent  des  cas 
incomplets,  dits  abortifs,  des  fièvres  éruptives  sans  exanthème,  des  fièvres 
typhoïdes  latentes  ;  et  M.  Pidoux  nous  semble  avoir  été  entraîné  trop  loin  par 
le  double  but  de  combattre  la  spécificité  de  la  tuberculose  et  de  rapprocher  en 
même  temps  le  tubercule^lu  pus. 

6^  c  Rien  ne  prouve  mieux  la  nature  commune  ou  non  spécifique  de  la 
phthisie  que  les  indications  que  présente  son  traitement  pour  tous  les  agents 
ae  l'hygiène  et  de  la  matière  médicale.  »  (Loc,  cit.^  page  551.) 

Cet  argument,  nqus  l'avons  déjà  combattu  lorsqu'à  propos  de  caractères 
généraux  des  maladies  virulentes  et  spécifiques,  nous  avons  démontré  que 
non*seulement  le  traitement  spécifique  n^existait  pas,  mais  encore  qu'il  n'était 
pas  conforme  à  la  notion  de  la  maladie  qu'il  était  destiné  à  combattre.  Pour 
la  phthisie  en  particulier,  il  faudrait  prouver  que  ces  indications  si  variées 
do))t  parle  Pidoux,  conduisent  à  la  guérison,  et  malheureusement  ce  fait  est 
loin  d'être  démontré. 

Nous  voilà  arrivés  à  la  fin  de  notre  étude  et  forcés,  croyons-nous,  de  conclure 
de  tout  ce  qui  précède  que  la  phthisie  tuberculeuse  est  contagieuse,  virulente  et 
spécifique,  mais  que  dans  cette  classe  de  maladie  elle  occupe  le  bas  de  l'échelle, 
comme  le  lui  impose,  du  reste,  sa  nature.  Nous  nous  placerons  donc  entre  les 
enthousiastes  exagérés  qui  veulent  trop  et  ne  peuvent  le  prouver,  et  les  incré- 
dules qui,  sourds  et  aveugles  devaht  les  faits,  nient  toute  transmissibilité. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  '         307 

toute  virulence  ei  toute  spécificité  de  la  phthisie.  Nous  ne  le  faisons  pas  par 
esprit  de  conciliation,  rtiais  nous  nous  inclinons  devant  les  faits  et  devanl  la 
raison^  persuadé  que  le  principal  devoir  du  praticien  est  de  rechercher  modes- 
tement la  vérité  et  d'éviter  les  opinions  raides  et  étroites  qui,  dans  leur  rai- 
deur, n'admettent  pas  de  contradictions,  lors  même  qu'elles  existent  et  qui, 
dans  leur  étroites^e,  ne  peuvent  suffire  aux  faits  si  variés  de  la  pathologie. 


De  LA  RÉTROVERSION  DE  l'utérus  PENDANT  LA  GROSSESSE,  par  M.  le  doctmr 
N.  Charles,  de  Liége^  lauréat  de  l'Académie  de  médecine  de  Paris,  Membre 
correspondant  de  in  Société,  etc.  {Suite.  —  Voir  notre  cahier  de  sep- 
tembre, page  498.) 

CHAPITRE    TROISIÈME. 

Etîologie.  —  Pathogéaie. 

Nous  savons  que  le  corps  de  Ttitérus  est  souledu  par  des  ligaments  séreux  et 
n)usculaires,  lâches,  extensibles  qui  lui  permettent  de  se  mouvoir  en  tous  sens, 
tandis  que  plusieurs  ligaments  fibreux,  résistants  viennent  s'insérer  à  l'union 
du  corps  et  du  col  et  constituent  à  cet  endroit  une  espèce  d'anneau,  d'axe  de 
suspension  ayant  une  certaine  fixité,  autour  duquel  s'opèrent_les  mouvements 
de  l'organe.  Ce  dernier,  du  reste,  contenu  dahs  une  cage  osseuse  inextensible, 
entre  (Jeux  réservoirs,  doit  fréquemment  changer  de  place  selon  l'état  de  la 
vessie  et  du  rectum;  souvent  aussi  il  est  poussé  vers  le  bas  par  la  contraction 
de  la  presse  abdominale  ,et  la  distension  des  intestins.  La  direction  du  grand  axe 
utérin  doit  donc  varier  plus  ou  moins  fortement  selon  la  laxité  des  ligaments 
et  des  aponévroses  pelviennes,  selon  la  réplétion  des  organes  qui  l'entourent. 

Dans  l'état  de  vacuité,  chez  la  multipare  surtout,  la  disproportion  entre  le 
corps  et  le  col  utérin  n'est  pas  très-grande  et  si  le  poids,  la  longueur  et  le 
volume  de  ce  dernier  ne  sont  pas  exactement  les  mêmes  que  ceux  du  premier, 
celui  ci  est  tenu  en  équilibre  par  di£férenls  ligaments  qui  s^insèrent  à  sa  partie 
supérieure.-  Mais  si,  par  une  cause  quelconque,  le  bras  de  levier  supérieur, 
c'est-à-dire  le  corps,  augmente  de  poids^  de  longueur,  de  volume,  alors  non- 
seulement  tout  l'organe  tendra  à  descendre,  non  seulement  l'action  des  intes^ 
tins  s'exercera  sur  une  plus  grande  surface,  mais  encore  ce  bras  de  levier 
tendra  à  basculer  autour  du  point  d'appui  :  ce  mouvement  sera  d'autant  plus 
facile  que  les  ligaments  s'inséreront  plus  bas  et  qu'ils  seront  plus  exten- 
sible&..Si  le  fond  est  en  légère  antéversion  (état  normal),  il  s'inclinera  en  bas 
sous  l'influence  des  contractions  abdominales,  de  la  réplétion  des  intestins,  etc. 
Mais  la  vessie,  pur  sa  distension,  tendra  à  le  soutenir  et  à  le  faire  remonter; 
les  pubis  auront  le  même  effet  et,  grâce  à  leur  inclinaison  d'avant  en  arrière 
et  de  haut  en  bas,  permettront  un  redressement  facile. 


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308  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Mais  si  le  corps  utérin  est  redressé  ou  même  dirigé  en  arrière,  si  une  près* 
sion  est  exercée  d*avant  en  arrière  sur  la  paroi  antérosupérieure  du  viscère,  le 
résultat  opposé  sera  obtenu,  le  fond  basculera  vers  la  concavité  sacrée,  dont 
la  forme  s'adaptera  assez  bien  à  celle  de  Torgane;  ce  dernier  pourra  dès-lors 
être  maintenu  dans  cette  situation  vicieuse  par  Tangle  sâcro-vertébral  et  il  le 
sera  d*autant  plus  fortement  que  cette  proéminence  sera  plus  marquée.  L*ulérus 
continuant  à  se  développer,  comprimera  les  autres  organes  du  petit  bassin, 
s'enclavera,  s'incarcérera. 

Si  le  segment  postérieur  du  corps  utérin  devient  plus  lourde  le  mouvement 
en  arrière  sera  plus  facile.-Il  pourra  être  également  produit  par  le  mouvement 
en  sens  opposé  de  Tautre  bras  du  levier,  c'est-à-dire  quand  le  col  sera  tiré  en 
avant  et  en  haut. 

Les  deux  causes  peuvent  agir  à  la  fois  sur  le  corps  et  le  col  e»  sens  con- 
traire :  l'organe  se  trouve  entre  deux  puissances,  agissant  en  sens  inverse,  et 
non  directement  opposées;  le  corps  est  poussé  erL arrière,  le  col  est  tiré  en 
avant,  le  mouvement  s'exécutera  dès  lors  aisément. 

'  Il  peut  se  faire  aussi  que  le  fond  de  Tatérus  dans  son  ascension  rencontrant  an 
obstacle,  le  promontoire,  soit  en  quelque  sorte  accroché  par  cette  éminence  et 
retenu  en  dessous  d'elle,  c'est-à-dire  dans  l'excavation.  . 

J'ai  supposé  dans  tous  ces  cas  que  le  mouvement  de  bascule  s'exécute  autour 
d'un  axe  et  que  cet  axe  est  à  l'union  du  corps  et  du  col.  Telle  est  mon  opinion, 
et  je  ne  puis  admettre,  avec  Ëlleaume,  que  l'axe  passe  par  les  deux  ligaments 
larges  :  leur  insertion  est  beaucoup  trop  élevée  et  trop  étendue  et  ils  ne 
présentent  pas  assez  de  résistance.  , 

Da  reste  l'axe  est  loin  de  rester  fixe  et  dans  la  rétroversion  il  est  notable- 
ment porté  en  avant  et  en  haut,  ce  qui  ne  peut  se  comprendre  sans  une  grande 
distension  ou  même  une  dilacération  des  ligaments  uiéro-sacrés.  , 

Tel  est  le  mécanisme  de  la  rétroversion;  mais  si  le  système  ligamenteux  du 
col  est  assez  résistant,  il  peut  arriver  que  le  corps  seul  de  l'utérus  se  déplace 
et  alors  c'est  la  rétroflexion  qui  se  produit;  cela  arrivera  surtout  si  le  col  est 
bridé  par  des  adhérences. 

Le  déplacement  en  arrière  peut  aussi  préexister  à  la  grossesse  et,  si  les  causes 
qui  produisent  celle  situation  anormale  à  l'état  de  vacuité  sont  assez  puis- 
santes, l'utérus  gravide  ne  pourra  s'élever  au  dessus  du  détroit  supérieur  et 
s'enclavera  peu  à  peu  dans  l'excavation.  Nous  verrons  plus  loin  que  plusieurs  ^ 
des  meilleurs  auteurs  modernes  regardent  cette  étiologie  comme  la  plus  fré- 
quente et  nous  discuterons  leur  manière  de  voir. 

Nous  avons  maintenant  à  examiner  les  causes  qui  rendent,  au  commence- 
ment de  la  grossesse,  le  déplacement  possible  et  facile,  et  celles  qui  les  pro- 
duisent rapidement  ou  peu  à  peu. 

J'appellerai  les  premières  prédisposantes  et  les  deuxièmes  déterminantes  ; 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  509 

ces  dernières  peuvent  agir  subitement,  en  un  instant,  ou  n'avoir  d*effet  qu'au 
bout  d'un  certain  temps;  de  Ta  des  rétroversions  suhites  et  des  rétroversions 
lentes.  Ces  deux  formes  sont  décrites  depuis  Baudelocque  qui  les  avait  observées 
toutes  deux,  comme  le  prouvent  les  cas  suivants. 

Obs.  XXVlIl.  —  Rétroversion  lente;  réduction;  par  Baudelocque  (1).  — 
Baudelocque  fit  observer  la  marche  d'un  cas  de  rétroversion  aux  élèves  qui 
suivaient  ses  leçons  vers  la  fin  de  1775;  elle  ne  fut  complète  qu'après  trois  ou 
quatre  semaines,  et,  â  cette  époque  seulement,  la  femime  se  trouva  contrainte  de 
se  soumettre  à  la  réduction. 

Obs.  XXIX.  —  Rétroversion  subite  chez  une  femme  enceinte^,  atteinte  de 
descente  de  matrice;  réduction  facile;  parBAUDBL0CQtiE(2).  —  Le  même  auteur 
cite- un  autre  cas  chez  W^*  de  *'*,  où  la  rétroversion  se  fit  complètement  en  un 
instant,  le  lundi  de  Pâques  1784;  et  il  y  eut  dès  ce  moment  impossibilité  com- 
plète d'évacuer  une  seule  goutte  d'urine.  Appelé  une  heure  après,  Baudelocque 
trouva  cette  femme  dans  l'attitude  que  prend  celle  qui  est  à  l'instant  d'accou- 
cher. Elle  se  livrait  involontairement  aux  plus  grands  efforts,  et  elle  y  était 
excitée  autant  par  la*  présence  d'un  corps  qui  paraissait  à  l'entrée, du  vagin, 
dilatée  de  la  largeur  d'un  petit  éeu,  que  par  le  besoin  d'uriner.  Ce  corps  était 
la  partie  postérieure  de  la  matrice,  dont  le  fond  se  trouvait  appuyé  sur  le 
coccyx,  et  l'orifice  très-élevé  du  côté  du  pubis.  La  réduction  fut  faite  sur-le- 
champ,  le  calme  se  rétablit,  et  l'accouèhement  eut  lieu  à  terme.  Cette  femme, 
grosse  de  trois  mois,  était  depuis  cinq  à  six  semaines  atteinte  de  rétention 
d'urine,  suite  d'une  descente  de  matrice;  pendant  ce  temps  on  avait  cent  fois, 
au  moyen  du  doigt,  repoussé  le  col  utérin  pour  faciliter  la  miction,  et  la  rétro- 
version fut  déterminée  par  un  effort  plus  grand  qu"^  de  coutume  pour  refouler 
le  col. 

^  Obs.  XXX.  —  Rétroversion  brusque  chez  une  femme  enceinte  de  trois  mois; 
évacuation  de  l*urine  pendant  dix  jours  en  repoussant  le  corps  de  la  matrice  ; 
réduction  avec  un  pessaire;  succès;  par  Baudelocque  (3).  ~  En  mars  1787, 
Baudelocque  vit  une  dame  étrangère,  grosse  de  trois  mois  environ,  dont  la 
matrice  était  tombée  brusquement  en  état  dé  rétroversion  complète.  Ne  pou- 
vant réduire  ce  viscère  sur-le»'champ  à  cause  des  accidents,  et  espérant  trouver 
plus  de  facilité  après  les  avoir  combattus,  l'auteur  fit  uriner  cette  dame  pen- 
dant une  dizaine  de  jours  et  plusieurs  fois  par  jour,  en  insinuant  un  doigt  le 
long  et  à  côté  de  la  symphyse  du  pubis,  pour  écarter  convenablement  le  corps 
de  la  matrice  du  col  de  la  vessie  et  de  Turèthre.  Mais  au  dixième  jour,  ne  ren- 
contrant plus  la  même  facilité  à  faire  couler  les  urines,  et  les  diflBcultés  deve- 
nain  chaque  fois  de  plus  en  plus  grandes,  il  se  décida  à  vaincre  les  obstacles 
en  employant  une  forcé  convenable.  Pour  ne  pas  fatiguer  la  matrice  par  la 
pression  immédiate  des  doigts,  il  commença  par  insinuer  au-dessous  de  son 
fond,  un  pessaire  de  gomme  élastique  fort  épais,  qui  servit,  après  la  réduction, 

(1)  Traité  d'accouchements,  ^,  138  (note). 

(2)  Loc.  cit.,p,  i38  (seconde  note). 
(5)  Loc.  cil,,  p.  ii6  (note). 


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310  MÉiflOlRES  ET  OBSERVATIONS. 

à  fixer  le  viscère.  La  malade  ne  porta  le  pessaire  en  tout  que  trois  ou  qaatre 
jours,  et  n'accoucha  qu'au  terme  ordinaire,  malgré  les  efforts  qu'il  avait  fallu 
faire  pour  restituer  la  matrice  dans  sa  position  naturelle  au  troisième  mois  de  , 
la  grossesse.  ^ 

Outre  ces  deux  formes^  M.  Cailletet  a  fait  remarquer  avec  assez  de  raison 
qu'une  troisième  pourrait  "être  admise  :  dans  plusicjurs  observations,  en  effet, 
on  peut  voir  que  Kaccidenl  s'est  produit  en  deux  ou  trois  temps  :  commence- 
ment brusque,  période  intermédiaire,  achèvement  brusque  ;  ou  bien  première 
période  Tente,  seconde  brusque  ;  ou  bien  en6n  accident  brusque  suivi  d'une 
période  lente  qui  s'accroit  insensiblement. 

Nous  reviendrons  sur  chacune  de  ces  formes,  en  examinant  les  causes  qui 
les  produisent.  Remarquons  seulement  que  les  formes  subites  ou  mixtes  ont 
été  regardées  coff) me  les  plus  fréquentes  jusqu'à  présent;  du  moins  Boivin  et 
Dugès  et  plusieurs  auteurs  avaient  signalé  ce  fait,  et  M.  Salmon  a  tenté  de  le 
prouver  par  une  statistique  comparée  des  deux  ordres  de  cas  (subits  et  lents)  ; 
ce  dernier  auteur  a  seulement  eu  tort  de  dire  que  jusqu'à  son,  mémoire  la 
forme  lente  était  considérée  comme  la  plus  ordinaire.  Aujourd'hui  divers  gyoé- 
cologistes^  sont,  au  contraire,  amenés  à  prétendre  que  les  rétroversions  subites 
sont  rares,  exceptionnelles,  et  il  me  parait  même  que  certains  d'entr'eux  ne 
seraient  pas  éloignés  de  les  nier  complètement.  Ces  exagérations  prouvent,  une 
fois  de  plus,  les  erreurs  que  commettent  les  meilleurs  esprits,  quand  ils  ne  se 
laisseqt  guider  que  par  l'esprit  de  système  et  la  théorie. 

A,  -—  Causes  prédisposantes. 

Nous  avons  à  examiner  ici  les  changements  physiologiques  qui  se  produisent, 
au  commencement  de  la  grossesse,  dans  l'utérus  et  ses  annexés  ;  l'influence  des 
grossesses  antérieures,  des  affections  utérines^  des  déplaceoients  aux  grossesses 
précédentes,  du  volume >de  l'utérus,  de  l'âge  de  la  femme,  des  conditions  géné- 
rales de  sa  santé,  des  professions  et  enfin  des  dimensions  du  bassin. 

i .  —  Changements  physiologiques  des  premiers  mois  de  la  grossesse.  — 
Nous  avons  vu  que  les  ligaments  du  corps  utérin  permettent  déjà  à  l'état 
ordinaire  des  mouvements  en  tous  sens  et  le  toucher  démontre  facilement  ce 
fait.  Au  commencement  de  la  gestation,  le  tissU  utérin  se  ramollit  et  tous  les 
moyens  d'attache  subissent  le  même  relâchement. 

Dans  le  cas  suivant  cette  laxité  était  très-prononcée  et  était  très-facilement 
constatée. 

Obs.  XXXI.  —  Rétroversion  méconnue^  avortement,  —  Nouveau  déplace- 
ment d  la  grossesse  suivante^  réduction  ;  récidive  ;  guérisçn.  —  Rétroversion 
nouvelle  empêchée  par  le  traitement  prophylactique  ;  par  Parent,  de  Beaune(l). 
—  La  femme  Mineau,  deMeursauU(près  Beaune),37  ans,  constitution  molle  et 

(1)  Gazette  médicale  de  Farts,  1831,  (résumé).  Obs.  !'«. 


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MÉMOrhES  ET  OBSERVATIONS.  3H 

lymphatique,  sujette  à  des  flueurs  blanches,  éprouve^  en  janvier  1826,  à  trois 
mois  et  demi  de  sn  seconde  grossesse,  des  douleurs  vagues  dans  les  régions 
lombaire  et  hypogastrique,  avec  difficulté  d'uriner.  Ces  phénomènes  sont 
attribués  aux  efforts  journaliers  que  fait  cette  femme  pour  soulever  sa  vieille 
mère  malade.  Bientôt  les  douleurs  augmentent,  les  urines  s'arrêtent  tout  à  fait, 
la  vessie  se  dilate,  le  ventre  se  méléorise,  les  extrémités  s'infiltrent,  le  pouls 
prend  de  la  fréquence.  Un  médecin  consulté  donne  des  diurétiques.  Les  dou- 
leurs acquièrent  de  la  force,  avec  fièvre.  En-fîu,  après  huit  jours  de  douleurs 
inouies,  l'avorlemenl  se  déclare.  La  femme  se  rétablit  peu  à  peu. 

L'année  suivante,  la  femme  Mineau,  enceinte  pour  la  troisièfne  fois  de  trois 
mois  et  demi,  éprouvée  b  suite  delà  même  cause  des  phénomènes  identiques. 
Parent  est  appelé;  la  sage-femme  lui  déclare  qu'elle  sent  à  travers  le  col  très- 
dilalé  le  produit  de  la  conception  prêt  à  être  expulsé.  Le  prudient  chirurgien 
doute  du  dire  de  la  matrone  et  examine  lui-même  :  il  trouve  le  col  utérin  en 
avant  courbé  très-haut  derrière  le  pubis,  et  le  fond  du  viscère  en  arrière  rem- 
plissant toute  Texcâvation  pelvienne.  La  vessie  est  très  dilatée  et  le  cathété- 
risme  donne  issue  à  sept-huit  litres  d'urine.  Cette  opération  soulage  énor- 
mément la  malade  qui  gagne  en  courant  son  lit,  alors  que  depuis  six  jours  elle 
n'avait  pu  quitter  son  fauteuil.  Parent  procède  alors  à  la  réduction;  la  femme 
est  couchée^ur  son  dos,  au  bord  du  lit,  les  jambes  écartées  et  fléchies  ;  deux 
doigts  de  la  main  gauche  sont  introduits  dans  le  vagin  et  deux  de  la  main  droite 
dans  le  rectum;  puis  agissant  en  sens  inverse  sur  le  col  et  sur  le  corps,  le 
chirurgien  ramène  l'organe  dans  sa  direction  naturelle.  Mais  le  viscère  se  prête 
à  tous  les  mouvements  qu'on  lui  imprime,  grâce  à  la  grande  capacité  du  bassin 
et  à  la  laxité  des  ligaments;  abandonné  à  son  propre  poids,  il  se  précipite  en 
bas.  La  saiNie  considérable  du  promontoire  s'opposant  au  mouvement  d'ascen- 
sioa  directe,  Parent  ramène  la  matrice  en  avant  et  l'appuie  contre  les  pubis. 
Mais  cette  position  devant  produire  inévitablement  une  nouvelle  rétention' 
d'urine,  une  sonde  en  argent  est  placée  à  demeure.  La  femme  quitte  bientôt  son 
Ut,  la  sonde  se  dérange,  le  cours  de  Turine  se  suspend  et  tous  les  accidents 
reparaissent.  Nouvelle  réduction,  suivie  bientôt,  à  cause  de  l'imprudence  de  la 
malade,  d'une  rétroversion  nouvelle.  La  matrice  est  encore  remise  en  place. 
Cette  fois,  on  a  soin  d'introduire  souvent  la  sonde,  et  la  femme  suit  les  conseils 
qu'on  lui  a  donnés  plusieurs  fois.  Â  quatre  mois  la  matrice  commence  à 
déborder  le  détroit  supérieur;  le  cours  de  l'urine  n'est  plus  intercepté  que 
par  moment  et  cette  interruption  cesse  aussitôt  que  la  malade  se  met  au  Ht. 
La  femme  Mineau  accoucha  heureusement  à  terme. 

La  même  femme,  enceinte  pour  la  quatrième  fois,  commençait  encore  à 
éprouver  les  accidents  des  deux  grossesses  précédentes;  un  chirurgien  ne  peut 
parvenir  à  passer  la  sonde.  Parent,  appelé  de  nouveau,  constate  que  l'utérus 
est  précipité  dans  l'excavation  pelvienne  inférieure,  le  col  ramolli  et  long 
proémine  entre  les  grandes  lèvres,  le  corps,  développé  par  la  conception,  porte 
contre  le  pubis  sur  le  détroit  inférieur  et  suspend  le  cours  de  l'urine.  En  un 
mot,  les  phénomènes  observés  cette  fois  sont  tellement  analogues  à  ceux  qu'ont 
offerts  les  deux  affections  précédentes  dans  leur  principe,  qu'il  est  impossible 
de  mettre  en  doute  l'identité  de  ces  trois  maladies  parvenues  à  trois  degrés 
différents.    '  ' 


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312  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

La  sonde  est  appliquée  et  reste  à  demeure,  l'utérus  se  développe  et  s'élève  par 
les  progrès  de  la  grossesse.  Bientôt  la  femme  Minant  pent  rester  levée  en  ayant 
la  précaution  de  se  jeter  sur  son  lit  pendant  quelques  minutes  pour  pouvoir 
uriner.  La  grossesse  arriva  heureusement  à  terme. 

Outré  le  relâchement  dont  je  viens  de  parler,  les  replis  du  péritoine  se 
déplissent,  s'hypertrophient  et  donnent  ainsi  plus  de  mobilité  encore  au 
viscère  en  gestation.  Suivant  Aran,  même,  les  replis  utéro-saçrés  disparaî- 
traient dans  les  grossesses  avancées,  ce  qui  est  une  condition  très-importante 
pour  permettre  au  col  de  se  porter  très  en  avant,  et  indispensable,  selon 
M.  Richet,  pour  obtenir  la  rétroversion.  Le  cariai  vaginal  participe  également 
à  ces  modifications  :  il  devient  plus  ample  et  plus  flasque. 

Dans  le  rapport  que  M.  Bernutz  a  présenté  sur  ce  travail  à  l'AcaJérnie  de 
médecine  de  Paris  (1)',  cet  honorable  et  savant  médecin  prétend  que  c'est  hypo- 
thétiquement  que  nos  prédécesseurs  ont  fait  jouer  le  plus  ^rand  rôle  dans  le 
développement  de  la  rétroversion  aux  changements  imprimée  aux  organes 
pelviens  par  la  gravidité;^ces  changements,  selon  lui,  tendent  au  contraire  à 
faire  disparaître  le  déplacement  quand  il  existe.  «  On  ne  peut  en  particulier, 
ajoute-t-il,  încrimer,  ainsi  que  l'a  fait  l'auteur,  le  ramollissement  de  tissus 
»  qu'amène  la  gravidité  d'être  une  cause  de  rétroversion,  parce  qu'il  tend  non- 
seulement  à  corriger  les  courbures  et  flexions  congéniales  ou  acquises,  mais 
à  rendre  moins  extensibles  les  adhérences  péritonéales,  que  t'observaiion 
moderne  a  démontrées  être  très-fréquemment  la  cause  des  enclavements 
irréductibles.  » 

M;  Bernutz  a  raisoà  de  dire  que>  le  ramollissement  s'étendant  aux  adhé- 
rences péritonéales,  facilite  la  rectification  d'un  utérus  retenu  dans  une  position 
vicieuse;  cette  remarque  importante  ne  m'avait  pas  échappé,  et  était  indiquée 
par  moi  dans  le  passage  relatif  à  ce  point  de  letiologie,  où  je  rapportais  (comme 
on  le  verra  plus  loin)  différentes  observations  à  l'appui.  Mais  est-il  exact  de 
dire  que  a  Tobservation  moderne  a  démontré  que  ces  adhérences  sont  tr^s- 
fréquemment  la  cause  des  eaclaveinents  irréductibles  »?  Je  ne  le  pense  pas; 
ces  adhérencrs  sont  rarement  signalées  dans  les  nombreuses  observations 
consignées  dans  ce  travail  (et  qui  constituent,  selon  M.  Bernutz  lui-même,  une 
collection  complète  qui  contient  sinon  tous  les  faits  de  rétroversion  utérine 
pendant  la  grossesse,  qui  ont  été  publiés,  du  moins  tous  ceux  qui  peuvent  servir 
à  élucider  un  point  quelconque  de  la  question).  M.  Bernutz  se  place  donc  à  un 
point  de  vue  spécial,  et  c*e$t  d'une  façon  toute  hypothétique  qu'il  fait  jouer  le 
plus  grand  rôle  aux  adhérences.  Au  surplus  ces  dernières  ne  sont  certaine- 
ment pas  la  cause  la  plus  fréquente  des  enclavements  irréductibles,  car  ceux-ci 
ne  se  présentent  généralement  que  dans  les  rétroversions  existant  depuis  iong^ 

{{)  V.  Bvlletin  de  l'Académie  de  médecine  de  Paris,  4874,  p.  iUl  et  suivantes.  ' 


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MÉMOIKES  ET  OBSERVATIONS.  315 

temps,  et  quand  Futérus  a  acquis  un  volume  exagéré;  tandis  que  ^i  l'organe 
est  modérenoment  distendu,  la  réduction  est  d^habitude  obtenue  aisément  à  ' 
Taîde  d*un  des  nombreux  procédés  que  nous  décrirons  plus  loin.  Ces  faits 
prouvent  certainement  que  les  adhérences  ne  sont  pas  une  cause  si  commune 
de  rétroversion,  car,  quand  elles  existent,  la  réduction  est  toujours,  ou  ie  com- 
prend, trèS'laborieuse  et  même  dangereuse  quelle  que  soit  Tépoque  de  la  gros- 
sesse (1).  V  - 

Si  donc  ie  ramollissement  des  adhértnces  péritonéales,  comme  celui  du  tissu 
utérin,  facilite  la  rectification  de  Tutérus  gravide,  il  n'est  pas  moins  vrai  que 
cette  même  modification  imprimée  au  vagin  et  surtout  aux  ligaments  suspen- 
seurs  de  l'organe  doivent  lui  donner  plus  de  jeu  et  parla4)t  favoriser  ses  déplace- 
ments. 

L'utérus  plus  lourd  et  moins  bien  soutenu  subit  dans  les  premiers  temps  un 
léger  mouvement  de  descente  ;^  en  même  temps  il  se  redresse  et,  trouvant  plus 
d'espace  dans  la  concavité  sacrée,  s'y  loge;  son  fond  se  renverse  un  peu  en 
arriére  et  force  le  col  à  se  porter  un  peu  en  avant. 

On  voit  que  si,  à  l'état  de  vacuité, J'ulérus^est  en  antéversion  légère,  sa  direc- 
tion'change,  au  commencement  de  la  grossesse  et  se  rapproche  au  conlraire  de 
la  rétroversion,  t  Aussi,-dit  M.  Stollz^  n'étaient  les  ligaments  ronds  qui  re- 
tiennent le  fond^  la  rétroversion  serait  sans  doule  plus  fréquente.  »  Or,  cet 
état  se  maintient  jusqu'au  3*  mois,  époque  à  laquelle  la  matrice  trop  dévelop- 
pée, commence  à  dépasser  le  détroit  supérieur. 

Mais  le  mouvement  de  bascule  du  fond  en  arriére  est  encore  facilité  par  le 
mode  de  développement  de  l'organe  gestateur  :  en  effet,  c  est  surtout  le  fond  et 
la  paroi  postérieure  qui  s'accroissent  au  commencement;  ces  parties  devien- 
nent plus  épaisses,  plus  lourdes,  plus  arrondies  et  s'adaptent  mieux  à  la  cour- 
bure sacréi';  la  présence  du  placenta  sur  le  fond  ou  le  segment  postéro-supé- 
rieur  agit  de  la  même  façon. 

.  De  plus,  l'insertion  des  ligaments  du  corps  se  faisant  plus  en  bas  et  en 
avant  permet  plus  de  jeu  aux  parties  supéro-poslérieures  de  Torgane.  Cette 
disposition  anatomique  peut  quelquefois  être  exagérée  au^  point  que  Gazeaux, 
Bonamy  et  Hélol  oùt  vu  chez  une  femine  morte  au  7«  mois  de  la  grossesse  les 
ligaments  ronds  s'insérer  tellement  en  avant  <  que  les  4/5  au  moins  du  dia« 
mètre  antéro-postérieur  étaient  en  arrière  de  la  ligne  transversale  qu'on  aurait 
fait  passer  par  leur  point  d.'in!>érUon.  » 

2.  —  Lififluence  des  grossesses  antérieures  est  nettement  démontrée  et  s'ex- 

(i)  M.  Bernuty  n'a  certainement  pas  voulu  parler  des  rétroversious  irréductibles  à 
rétat  de  vacuité  (je  serais  peut-être  alors  de  sou  avis),  car  il  écrit  «  les  enclavements 
irréductibles  >  ;  donc  il  s'agit  de  la  grossesse  ;  du  reste,  M.  Bernuty  ne  pouvait  criti- 
quer mes  idées  qu'à  ce  dernier  point  de  vue,  puisqu'il  ne  s*agtt  dans  mon  travail  que 
de  la  rétroversion  de  Tutérus  gravide,  \ 

•      \  40 


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514  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

piique  aisément  en  laissant  même  de  côté  les  affections  utérines  qui  en  sont 
quelquefois  la  suite. 

Les  ligaments  qui  ont  été  ramollis,  allongés^  tiraillés,  ne  reprennent  pas 
toujours  leur  dimension  primitive;  le  corps  utérin  ne  revient  jamais  à  son  pre- 
mier volume  et  reste  souvent  appuyé  en  arrière  sur  le  rectum;  le  col  perd  de 
sa  longueur.  Négrier  donne  la  moyenne  suivante  qu'il  a  obteiHie  par  Texamen 
de  150  sujets  multipares  ayant  du  resie  les  organes  sexuels  parfaitement  déve- 
huppés  ^  t  le  relief  que  fait  le  fond  de  l'utérus  au-dessus  du  niveau  de  la  cloison 
pelvienne  qui  forme  les  ligaments  larges,  est  de  12  à  15  millimètres,  et 
l'épaisseur  de  la  matrice  d'avant  en  arrière  est  de  4  centimètres  (ces  mesures 
sant  d*un  quart  moins  étendues  chez  les  nuUipares).  >  Dans  cinq  cas  la  saillie 
du  fond  au-dessus  de  la  cloison  péritonéale  était  même  beaucoup  plus  mar* 
quée,  presque  du  double,  et  l'épaisseur  de  la  matrice  beaucoup  plus  considé- 
rable, sans  qu'il  y  eût  cependant  aucune  affection  de  l'organe. 

D'après  Hildebrand  (1),  outre  les  causes  débilitantes  qui  amènent  la  fai- 
blesse musculaire,  les  accouchements  et  surtout  l'avortement  produisent  sou- 
vent le  relâchement  des  ligaments  utero  sacrée. 

Ces  détails  anatomiques  font  comprendre  pourquoi  la  rétroversion  est  plus 
commune  pendant  la  grossesse  et  chez  les  femmes  qui  ont  eu  des  enfants, 
tandis  quelle  déplacement  en  avant  existe  de  préférence  chez  les  nullipares 
dont  Tutérus  est  normalement  dans  Taxe  du  détroit  supérieur  et  même  dans 
ranléflexion  (v.  supra.) 

Dépouillons  maintenant  quelques  faits  de  rétroversion  de  l'utérus  gravide 
où  la  puerpérdlilé  est  indiquée. 

Les  femmes  avaient  accouché  une  fois  auparavant  dans  les  observations  de 
Bamberger,  Billi,  Delaharpe,  Bayonham,  Jurel,  Morris;  dans  la  5%  de 
M.  Hubert  et  dans  la  4«  et  la  6«  de  Négrier;  la  femme  Lefèvre  (dans  la 
5*  observation  de  M.  DepaUl),  avait  fait  une  fausse  couche  auparavant; 
la  1'"  rétroversion  de  M"»«  Van...  (11*  observation  de  M.  Hubert)  survjnt  à 
la  seconde  grossesse. 

Les  femmes  observées  par  MM.  Barth,  Bernutz,  Graninx,  tiurie,  Macléod, 
Palante,  Rolland  et  Wittich  avaient  eu  deux  enfants;  de  méme^  dans  la 
2^®  observation  d'Amussal,  dans  la  iO*  de  Martin,  de  Lyon,  dans  les  deux  de 
M.  Chantreuil  et  dans  la  2*^^  de  Parent.  Dans  la  S*"  de  M.  Hubert,  la  malade 
avait  eu  deux  fausses  couches.  La  femme  Mineau  (1«  observation vde  Parent) 
avait  accouché  une  fois  et  avait  eu  une  fausse  couche  attribuée  â  une  rétro- 
version méconnue.  La  maladedeMM.  Pajot  et  Tarnier  avait  également  eu  un 
accouchement  et  une  fausse  couche;  celle  de  la  3^  observation  de  U.  Vignard 
jivaît  eu  deux  avortements. 

(i)  Ubet*  Relroflexion  dus  utérus»  Leipzig,  1870,  p.  41. 


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MÉMOIRES  BT  OBSERVATIONS.  515 

Dans  TobservatioD  de  Nayor,  dans  la  5«  de  Négrier,  dans  la  i^^  de 
M.  Vignard,  dans  la  i**  et  -la  (t^  de  Martin,  de  Lyon,  les  femmes  avaient  déjà 
été  trois  fois  enceintes  auparavant. 

La  malade  de  la  7«  observation  de  M.  Hubert  avait  eu  deux  accouchemenls 
et  deux  fausses-touches;  €1..  Bourget  (2«  observation  de  ViriccI)  avait  eu 
quatre  enfants  ;  Const.  Lechat  (observation  de  Dussaussoy)  était  à  sa  5«  gros- 
sesse; El.  Cornut  (observation  de  M.  Gallard)  avait  eu  trois  enfants  et  une 
fausse  couche. 

L'une  des  trois  malades  de  M.  Salmon  avait  déjà  cinq  enfants;  de  même  la 
femme  Huet  (7«  observation  de  Martin,  de  Lyon),  de  même  la  femme 
Thomas  {^^  observation  de  M.  Depaui),  de  même  la  malade  de  M.  Barrier  et 
les  femmes  Joskin  et  Surtewargen  (observation  6«  et  9<  de  M.  Hubert). 
M"*«  Mora  (observation  de  M.  Garin)  avait  eu  (quatre  enfants  plus  une 
fausse   couche;   de  même  la  femme  Lachéze   (5«  observation  de  M*  Depaui. 

La  première  femme  observée  par  Âmussat,  la  deuxième  et  la  troisième  de 
M.  Phillips  avaient  eu  six  accouchements;  celle  de  M. -Gérard  était  mère  de 
sept  enfants  ;  celles  de  M.  Chapplain  et  de  M.  Slavjansky  avaient  eu  huit  gros- 
sesses; celle  de  M.  Moldenhauer  avait  eu  sept  enfants  et  un  avortement;  deux 
malades  de  M.  Hubert  (première  et  dixième),  avaient  eu  huit  enfants;  la  femme 
soignée  par  Schmilt  avait  eu  onze  couches  heureuses  ;  celk  dont  parle  Rams- 
botham  avait  eu  neuf  enfants  et  deux  avortenients. 

^  Il  est  dit  avoir  eu  plusieurs  grossesses  dans  les  observations  de  Hunier, 
Lynn,  Estor,  dans  deux  de  M.  Salmon,  dans  trois  de  Martin,  de  Lyon  (3%  i',  ll«)^ 
et  dans  les  deux  de  M.  Mattei. 

Dans  quelques  cas,  la  femme  était,  primipare;  iJ  eu  était  ainsi  chez  les  ma- 
lade»  de  Desgran^es,  Garnier,  Gongis,  Charles  Courtois,  Stollz  et  Davreux  ; 
ainsi  que  chez  une  de  Martin,  de  Lyon  (1'«),  une  de  Viricel  (l"),  deux  de 
M.  Hubert  (4%  5«)>  la  S'^*  de  M.  Vignard,  et  la  i'«  de  Smellie. 

En  résumé,  sur  un  total  de  soixante-dix-neuf  rétroversions  pendant  la  gros- 
sesse, nous  constatons  que  treize  fois  seulement  Taccident  s'est  présenté  à  une 
première  gestation,  c'est-à  dire  que  dans  la  grande  majorité  des  cas,  les  b/6 
au  moins,  Tutérus  avait  déjà  été  distendu  une  ou  plusieurs  fois  par  la  concep- 
tion; la  plus  grande  fréquence  du  dépiacemenf  tombe  à  la  seconde  et  surtout 
à  la  troisième  gestation  (onze  fois  et  dix-sept  fois).  Hais  il  faut  noter  que  les 
multipares  sont  plus  nombreuses  que  les  nullipares,  de  sorte  que  Tinfluence 
des  grossesses  anlérieul'es  n'est  pas  aussi  grande  que  sembleraient  l'indiquer 
les  chiffres  que  nous  venons  de  donner. 

\\  paraîtrait  à  priori  qu'une  plus  large  part  d'éliologie  dût  revenir  aux 
avortemefits  ;  ils  sont  cependant  signalés  dans  un  petit  nombre  de  cas  seule- 
ment,' dans  quelques-uns  desquels  on  b  pu  les  attribuer  eux-mêmes  à  des  réù  o- 
versions  méconnues  ou  non.  (V.  obs.  de  Ramsbotham,  Gallard,  Garin,  Chap- 


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316  MÉMOIRES  RT  ORSERVATIONS. 

plain,  Pajol,  5«  el  8«,  de  Depaul,  7«  et  8«,  de  Hubert;  2«  et  5«  de  Négrier; 

1^  de  Martin^  de  f^yon).  Dans  les  observations  de  MM.   Barnes,  Phlilips  el 

Wafiters,  les  avortemenls  nombreux  doivent  être  rattachés  à  des  rétroversions 

non  traiiees. 

Nous  allons  du  reste  examiner  comment  Tavortement  peut  prédisposer  aux 

déplacements  de  l'utérus. 

{La  suite  an  prochain  numéro  ) 


Etude  giinique  rt  expérimentale  sur  l'étranglement  herniaire  et  en  par- 
ticulier SUR  l'action  des  gaz  dans  la  production  de  cet  accident;  par  le 
docteur  Motte,  de  Dinnnt  {Belgique).  —  Mémoire  nvquel  la  Société  de  Chi- 
rurgie de  Paris  a  accordé  une  récompense  de  300  fr,  au  concours  du  prix 
Lahorie  (1873).  (Suite.  —  Voirnotre  cahier  de  septembre,  page  207.) 

CHAPITRE  TROISIÈME. 

APPRÉCIATION.  —  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  —  CONCLUSIONS. 

Les  divers  résultats  fournis  par  ces  expériences,  nous^  permettront-ils  de 
formuler  d'une  manière  plus  précise  les  conditions  du  mécanisme  de  l'étrangle- 
menl  herniaire,  objet  principal  de  notre  étude  ? 

On  attribue,  de  nos  jours,  une  action  prépondérante  aux  gaz  int^'stin^ux 
dans  la  production  de  ce  phénomène  pathologique;  les  publications  les  plus 
récentes  en  font  foi  et  cet  élément  a  fini  par  être  considéré,  sinon  comme' tout 
à  fait  indispensahie,  du  moins  comme  donnant  l'idée  la  plus  satisfaisante  et  ta 
plus  rationnelle  de  la  nature  de  l'étranglement. 

Historique  (t).  —  Jusqu'au  milieu  du  xv«  siècle,  la  plupart  des  chirurgiens 
avaient  considéré  l'accumulation  des  matières  intestinales  comme  la  cause 
presqu'unique  des  ac?  idents  herniaires.  iPranco,  le  premier  (1561),  basant  sur- 
tout son  opinion  sur  raittorité  de  ses  propres  observations,  signala  la  présence 
des  gaz  dans  les  hernies,  et  parla  de  l'irréductihilité  comme'  podvant  "être 
amenée  sous  l'influence  de  ce  nouvel  agent.  Toutefofs,  il  est  bon  de  noter  qu'il 
n'avait  pas  délaissé  complètement  lès  vieilles  doctrines,  et  pour  lui  les  matières 
fécales  conservaient  une  part  d'actio«  égale  à  celle  des  gaz  eux-mêmes  :  t  Si 
les  intestins  ou  zirbus  (répiploon)  ne  se  pouvaient  rèduii^een  leur  lieu  à  cause 
de  quelque  matière  fécale  et  ïlatuosités  et  antres  choses  venteuses,  comme 
bien  souvent  advient,  les  signes  sont  assez  évidents.  Car  le  scroton  est  rempli 
de  matière  et  dur  plus  que  paravent  »... 

Peu  de  temps  après,  Roussel  publia  une  observation  où  il  indiqua  la  disten- 

(4)  Voir  pour  ces  premiers  détails,  la  thèse  si  savamment  élaborée  de  M.  Broca,  p.  10 
ctsuiv.  *  t 


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MÉMOIRES  KT  OBSERVATIONS.  517 

sion  des  intestins  par  des  vents  et  des  excréments.  Gaspard  Bauhin  qui  tra- 
duisit en  latin  les  observations  de  Rousset,  en  rapporta  une  qui  lui  était 
propre,  et  où  i^  est  fait  mention  de  1^  distension  de  Tintestin  par  des  gaz. 

Au  comrfnencement  du  xvii*  siècle,  Pigray  conseille  de  pehcer  le  viscère  avec 
une  aiguille,  après  l'ouverture  du  sac,  afin  de  le  vider  de  ses  gaz,  si  on  en 
constatait  la  présence,  etponr  en  faciliter  aussi  Topération.  Suivant  cet  auteur, 
les  matières  s'arrêtent  parfois*  parce  que  t  le  boyau  est  tourné  >  dans  la  hernie. 
C'est  ridée  qu'ont  reproduites  depuis  lors  Scarpa  et  M.  De  Roubaix.  Gomme 
ses  prédécesseurs,  Pigray  respectait  toujours  la  théorie  qui  avait  dominé  toute 
là  pathologie  herniaire,  et  les  excréments  durcis  restaient  encore  la  cause  la 
pins  activé  de  l'étranglement. 

Jusqu'à  celte  époque  l'histoire  des  hernies  s'était  péniblement  traînée  à 
travers  le^  obscurités  accumulées  par  les  siècles;  Gnursaud  (1)  essaya  de  pré- 
ciser laquestjon;  mais  dans  son  travail,  on  ne  voit  plus  la  présence  des  gaz 
signalée  nulle  part,  et  l'engouement  par  les  matières  reparait  sur  la  $cène  avec 
plus  d'autorité  que  jamais. 

>^u  commencement  de  ce  siècle,  A.  Key  (S),  le  savant  commentateur  des 
œuvres  chirurgicales  d'A.  Cooper,  rattacha,  dans  un  cas  particulier,  la  per- 
sistance des  symptômes  d'étranglement  à  une  obstruction  gazeuse.  Mais  ce  fut 
en  4858  que  I  action  des  gaz  se  remit  vraiment  en  lumière,  non  plus  cette  fois 
à  litre  d'élément  passager  et  accidentel,  mais  bien  au  contraire  avec  la  préten- 
tion de  dominer  les  phases  diverses  du  mécanisme  de  l'étranglement.  Cette 
thèse,  soutenue  par  O'Beirne,  de  Dublin,  fut  consignée  dans  le  Journal  des 
sciences  médicales  de  cette  ville  et  reproduites  dans  les  publications  sçienli- 
fiques  de  l'époque.  (3) 

Six  ans  plus  tard  (4),  M.  Gosselin  adopta  ces  innovations  qui,  pour  lui,  à 
l'heure  qu'il  est,  n'ont  guère  perdu  de  leur  valeur,  puisqu'il  les  reproduit,  en 
les  développant,  dans  ses  Leçons  sur  les  hernies  (^). 

En  1848,  M.  Michel  Gnyton,  de  Nuits,  publia  un  travail  important  (6)  qui 
ne  contribua  pas  peu  à  faire  entrer  dans  la  pratique  les  vues  ingénieuses  du 
chirurgien  irlandais. 

Enfin,  dans  la  discussion  qui  eut  lieu,  dans  ces  dernières  annexes,  à  l'Aca- 
démie de  Belgique  (7),  M.  De  Roubaix  se  fit  le  champion  décidé  de  la  doctrine 
de  l'engouement  gazeux. 

(1)  Mémoire  de  l'Académie  de  chirurgie,  XI«  volume,  p.  382.  Edition  en  15  volumes. 

(2)  Dans  les  OEuvreschir,,  d*A.  Cooper,  p.  27. 

(3)  Arch,  gén,  de  méd.,  i838,  t.  III. 

(4)  Th,  pour  l'agrégation.  De  l'étranglement  dans  les  Hernies ,  1844,  p.  24. 
,    (S)  Paris,  1865,  p.  i26. 

(6)  Mémoire  sur  rétrangl,,  etc.  Paris,  1848,  p.  19  et  suivantes. 

(7)  Lac.  cit.,  année  4869.  3«  série,  t.  III,  n°  3. 


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318  MÉMOIRES  KT  OBSERVATIONS. 

Pour  ces  divers  chirurgiens,  dans  ce  genre  d'étranglement  qu'on  a  appelé 
étranglement  aigu,  primitif^  mécanique,  une  anse  intestinale  est  poussée  vio- 
lemment à  travers  une  ouverture  herniaire,  sous  l'impulsion  des  contractions 
de  la  presse  abdominale.  Mais,  en  même  temps  qu'elle  descend  dans  le  sac, 
celte  anse  est  brusquement  distendue  par  un  courant  gazeux,  amené  par 
TefFort  dans  cette  portion  même  du  tube  intestinal  où  la  résistance  est  témoins 
prononcée.  Ces  gaz  s'accumulent  de  plus  en  plus,  et  se  trouvent  bientôt  dans 
rimpossibililé  de  franchir  le  bout  opposé  parce  que  les  parois  de  celui-ci  sont 
fortement  comprimées  par  la  distension  de  l'^autre  bout  lui-même.  Indépen- 
damment de  cet  effet,  Tair  incarcéré  ne  peut  plus  repasser  dans  le  bout  d'ar- 
rivée qu'au  moyen  d'une  pression  assez  énergique.  Cela  raitqu^une  hernie  qui 
aurait  pu  rester  à  l'aise  dans  son  anneau,  si  elle  avait  été  abandonnée  à  elle- 
même,  s'étrangle  subitement  par  l'action  trés-précise  et  très-nette  de  ce  nouvel 
agent.  , 

Telle  est  la  théorie  :  voyons  sur  quelles  bases  elle  s'appuie.  O'Beirne  a  relaté 
onze  observations  de  hernies  qu'il  a  traitées  en  introduisant  dans  le  rectum 
une  longue  sonde  destinée  à  aspirer  les  gaz  qu'il  supposai!  contenus  dans  la 
tumeur.  Les  résultats  heureux  qu*|l  obtint  de  cette  pratique  le  conOrma  dans 
sa  manière  de  voir.  Il  fit  plus  néanmoins  et  il  chercha  un  nouveau  point  d'ap- 
pui à  sa  théorie  dans  une  expérience  qui  met  l'anse  qu'on  a  séparée  de  la  masse, 
viscérale,  dans  des  conditions  analogues  à  celles  que  présentent  les  intérocèles 
étranglées.  Pour  cela,  on  choisit  une  lame  de  carton  offrant  une  certaine  résis- 
tance el  on  y  pratique  une  oi^verture  du  diamètre  d'une  pièce  de  cinquante 
centimes  environ.  Par  cette  ouverture,  dn  fait  passer  une  anse  d'intestin  d« 
quelques  pouces  de  long,  puis  on  pratique  l'insufflation  par  l'un  des  bouts  M 
moyen  d'tllne  sonde  lixée  par  une  ligature,  l'autre  bout  restant  libre.  Sous  cette 
impulsion,  l'anse  se  dilate  bientôt  en  .formant  une  saillie  sphéroïdale  derrière 
l'anneau.  Si  le  courant  est  peu* rapide,  l'air  s'échappe  sans  difSculté  par  le 
bout  resté  ouvert:  tout  au  contraire,  si  le  jet  se  fait  brusquement^  ce  passage 
devient  imposslMe;  la  hernie  se  distend  de  plus  en^plus  et  l'étranjglement  se 
produit  aussitôt  par  le  fait  de  l'application  des  parois  intestinales  contre  le 
contour  de  l'anneau.  C'iest  celte  expérience  que  M.  (xosselin  dit  avoir  souvent 
répétée  devant  ses  élèves  et  toujours  avec  le  même  résultat.  M.  Guyton 
croit  qu'il  vaudrait  mieux  fermer  le  bout  laissé  ouvert  par  O'fieirne,  ou 
bien  insuffler  par  les  deux  bou.ls  en  même  temps,  parce  que,  dit-il,  sous  Tin- 
fluence  des  contractions  desmuscks  abdominaux,  la  pression  se  répartit  égale- 
ment de  chaque  côté.  Nous  avons  vu,  dans  plus  d'une  de  nos  expériences,  qu'il 
est  imppssible  d'admettre  que  les^gaz  arrivant  toujours  en  même  temps  et  par 
le  bout  supérieur  et  par  le  bout  inférieur. 

M.  B.  Ânger,  partisan  de  l'engouement  gazeux,  quoiqu'il  donne  au  gaz  une 
autre  origine  (v.  plus  haut),  nous  paraît  avoir  mal  compris  rex|)érieB<»  de  la 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  519 

carte,  puis  que  dans  la  fig.  8  de  son  travail  (1),  le  tube  d'insufflation  pénètre 
dans  l'anse  elle-ménie,  taudis  que  pour  O'Beirne,  les  gaz  doivent  franchir  le 
pédicule,  Textrémité  du  tube  restant  dans  l'un  des  bouts,  en  dehors  de  Tanse. 

M.  de  Roubdix  (S)  qui  a  étudié  d'une  nnanière  spéciale  le  mécanisme  de 
l'étranglement  herniaire  et  qui  accorde  une  importance  capitale  au  rôle  du 
courant  gazeux,  n'avait  d'abotd  obtenu  aucun  des  effets  indiqués  par  O'Beirne, 
mais  après  une  série  d'insufflations  il  finit  par  arriver  aux  mêmes  résultats  que 
le  chirurgien  de  Dublin.  Seulement,  il  introduit  au  cTébat  un  nouvel  élément 
dont  nous  avons  déjà  parlé,  la  torsion  (v.  p.  72),  C'est  l'opinion  de  Pigray  et 
de  Scarpa  généralisée  et  cherchant  sa  base  d'interprétation  dans  l'engouement 
gazeux  d'O'Beirne.  ' 

On  ne  peut  nier  que  la  présence  des  gaz  ne  se  soit  maintes  fois  révélée  dans 
l'étranglement,  soit  avant,  soit  après  la  mise  à  nu  du  noyau  herniaiTe  ;  ta  sonorité 
constatée  par  le  plessimètre  ainsi  que  la  distension  gazeuse,  mise  en  évidence 
après  l'ouverture  du  sac,  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard.  M-iis  ce  phéno- 
mène est  loin  pourtant  d'être  aussi  commun  qu'on  l'a  dit,  n)éme  pour  des 
inlerocéles  pures.  Pour  notre  compte,  nous  l'avons  rarement  rencontré  dans 
1^  deux  (circonstances  signalées,  et  ce  qu'on  peut  affirmer,  c'est  qu'où  trouve 
plus  fréquemment  de  la  matiléà  la  percussion;  parfois  même,  on  a  rencontré 
l'anse  intestinale  tout  à  fait  aplatie  (3).  Nélatoo  avait  donc  raison  quand  il 
disait  que  la  sonorité  n'existe  guère  que  dans  les  hernies  volumineuses. 
M.  Gosselin,  tout  partisan  qu'il  soit  de  l'engouement  gazeux,  reste  lui-même 
dans  le  doute  à  cet  égard;  pour  luiy  l'état  dans  lequel  il  a  habituellement 
trouvé  les  anses  intestinales  pendant  l'opération,  l'empêche  de  considérer 
la  théorie  comme  irréfutable.  Au  surplus,  si  nous  nous  rappelons  tout  ce 
qui  a  été  dit  précédemment  sur  la  minime  quantité  de  gaz  contenue  dans 
le  tube  intestinal,  sur  sa  concentration  habituelle  à  l'extrémité  de  l'intes- 
tin grêle,  sur  la  malité  de  la  région  hypogastrique,  constatée  dans  un  grand 
nombre  de  cas  chez  l'homme  sain,  nous  n'aurons  aucune  peine  à  nous  con- 
vaincre que  la  présence  des  gaz,  en  quantité  notable,  dans  une  hernie  étran- 
glée, est  loin  d'être  aussi  fréquente  qu'on  le  suppose  généralement.  Toutefois, 
avouons-le,  ce  fait,  tout  palpable  qu'il  soit,  ne  prouve  cependant  pas  que 
l'accumulation  gazeuse  ne  puisse  parfois  devenir  la  cause  réelle  des  accidents 
de  l'étranglement  herniaire.  Certes,  nous  ne  nions  pas  d'une  manière  absolue 
la  possibilité  de  l'^engouement,  eu  lui-même;  mais  nous  pensons  que  les  obser- 
vations qu'on  a  invoquées  pour  établir  la  puissance  de  son  intervention  sont 
loin  d'être  probantes.  Nous  trouvons,  ça  et  là,  dans  les  annales  de  la  science, 
des  cas  de  dilatation,  parfois  considérables,  qui  ont  nécessité  des  débridements 

(i)  Benj.  Anger.  Loc,  cit.,  p.  22. 

(â)  BulL  de  VAcad,  royale  den^éd,  de  Belgique,  année  1869,  S*"  série,  t.  III,  n**  3. 

(5)  Goyrand.  Encyclographie  des  sciences  médicales,  Bruxelles,  1837,  livraison  d'avril. 


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320  MÉftlOIRES  ET  OBSEUVATIONS. 

multiples  et  étendus.  Mais  si  nous  considérons  ia  facilité  vraiment  surprenante 
avec  laquelle  nous  sommes  presque  toujours  parvenu  à  aplatir  des  anses  très- 
distendues  et  emprisonnées  dans  des  anneaux  parfois  fort  étroits^  force  sera 
bien  d'admettre  qu'une  circonvolution  pleine  de  gaz  et  étranglée  par  un 
anneau  toujours  inférieur  en  diamètre  à  ceux  de  nos  expériences,  se  réduirait 
sans  trop  d'effort  dans  la  majorité  des  cas,  s'il  nY^^ai^  P^s  là  une  autre  cause 
d*irréductibililé.  Je  veux  bien  admettre,  en  effet,  qu'une  anse  très-volumi- 
neuse, dilatée  par  des  gaz,  fasse  obstacle  au  taxis,  même  direct;  mais,  eu  ce 
cas,  nous  le  demandons,  sont-ce  bien  les  gaz  qu'il  faut  accuser,  plutôt  que 
l'intestin  jui-méme;  et  si  celui-ci  était  vide,  m'ais  plus  ou  moins  engorgé, 
croit-on  qu'il  serait  beaucoup  plus  facile  de  le  réduire?  Dans  la  négative,  que 
deviendrait  cette  influence  si  prépondérante  de  raccumulalion  gazeuse?  Âpres 
tout,  il  ne  nous  en  coûte  nullement  de  faire  une  concession  sur  ce  terrain  ; 
nous  ne  nous  refusons  pas  à  croire  que  celte  cause  puisse  être  en  jeu  jusqu'à 
un  certain  degré  et  dans  des  circonstances  particulières;  mais  ce  que  nous 
avons  voulu  établir  tout  d'abord,  c^est  que  les  gaz  n'ont  pas  l'importance  qu'on 
leur  accorde.  - 

Si  nous  avons  cru  devoir  laisser  de  côté  l'examen  séparé  des  diverses  obser- 
vations auxquelles  nous  venons  de  faire  allusion,"^  nous  ne  pouvons  négliger  de  ' 
reproduire  la  principale  d'entre  elles,  celle  qui  les  résume  toutes  et  qui  con- 
stitue le  type  le  plus  saisissant  de  l'engouement  gazeux.  C'est,  comme  dit  l'du- 
teur  auquel  nous  l'empruntons,  presqu'  «  une  expérience  sur  le  vivant.  (1)  » 

La  voici  in  extenso,  à  cause  de  son  importance  :     ;  ^ 

«  Le  i24  juin,  au  soir,  entre  dans  la  salie  Saint  Corne,  n«  !24,  à  l'Hôtel- 
»  Dieu,  an  jeune  homme  de  fo,rte  constitution^  qui  venait  d^élre  blessé.  Une 
»  b,alle  était  entrée  dans  le  flanc  gauche  à  sa  partie  moyenne;  elle  avait  péné- 
»  tré  un  peu  obliquement  et  fait,  un  trou  du  diamètre  ordinaire  de  la^  plaie 
»  d'entrée  d'une  balle  de  calibre;  elle  était  restée  dans  le  ventre;  on  voyait 
»  par  cette  ouverture  la  surface  d'une  anse  intestinale  sans  lésion.  On  appliqua 
1  un  pansement  ordinaire;  les  douleurs  étaient  très-vives.  Le  lendemain  de 

bonne  heure,  le  malade  fait  appeler  auprès  de  lui;  les  douleurs  avaient 
»   beaucoup  augmenté.  O.i  lève  le  bandage  et  on  trauve  une  hernie  de  l'intestin 

grêle.  Il  y  a  au  dehors  une  anse  d'environ  5  ))0uces  de  longueur,  couchée  au 
»  devant  de  l'abdomen  ;  elle  est  très-tendue,  renitente  ;  la  surface  en  rosée, 
»  injectée.  Je  portai  de  suite  la  main  sur  les  parois  du  ventre;  elles  étaient 
»  fortement  contractées,  non  dépressibles.  Le  chirurgien  essaye  immédiate- 
«  ment  de  réduire;  il  comprime  l'intestin,  cherche  à  faire  rentrer  les  parties 
»  les  plus  voisines  de  l'ouverture.  La  hernie  diminue  un  pou  de  volume  sous 
»   la  pression  des  doigts  ;  mais  aussitôt  qu'elle  peut  s'y  soustraire  en  un  point, 

(!)  Guyton.  Loc.cit,^p.  17. 


> 


» 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  321 

>  la  tension  des  gaz  la  gonfle  de  ce  côté,  et  la  tumeur  prend  ainsi  une  mobi- 
»  iité  de  forme  qui  la  rend  difficile  à  maîtriser.  Je  surveillais  avec  la  main, la 

>  contraction  des  muscles  abdominaux  ;  des  douleurs  très-vives  l'augmentaient 
»  encore  par  instants  et  Ton  voyait  Tartse  intestinale  se  distendre  encore  davan- 

>  tage.  Deux  fois,  il  y  eut  apparence  de  réduction*  partielle,  mais  l'intestin 
»  s'était  glissé  sous  la  peau  de  Tabdomen  et  formait  une  tumeur  au  côté  in- 
»  terne  de  la  plaie.  Le  chirurgien  introduisit  le  doigt  avec  précaution,  parvint 

>  à  une  aponévrose  qui  faisait  anneau,  l'entama  avec  le  bistouri  boutonné, 

>  reprit  le  taxis  et  ne  réussit  pas  encore.  Il  fallut  débrider  sur  plusieurs 
»  points;  alors  la  réduction  fut  obtçnue.  »  ,  ^ 

Après  cette  réduction,  M.  Guyton  ajoute  : 

c  L'ouverture  de  sortie  était  un  anneau  dépourvu  de  contraclilité;  le  chirur- 

>  gien  constata  avec  le  doigt  qu'il  était  formé  par  une  des  aponévroses  de 
»  l'abdomen  ;  les  fibres  musculaires  coupées  par  la  balle  s'étaient  rétractées 
»et  laissaient  saillir  cette  espèce  dç  diaphragme  au  milieu  du  conduit  qui  tra- 
»  versait  la  paroi  antérieure  du  ventre.  » 

Comme  on  le  voit,  il  y  a  une  grande  analogie  entre  cette  observation  et 
quelques-unes  de  nos  expériences  :  annriau  étroit,  aponévrotique  (l'anneau 
musculaire  s'était  retracté);  anse  mise  à  nu,  dilatée  par  des  gaz;  compression 
de  la  masse  viscérale;  étranglement,  difficulté  de  la  réduction  :  tout  s'y  trouve. 
Voilà  un  fait,  très-sérieux,  incontestable,  d'engouement  gazeux.  Mais  il  y  a  dans 
cette  observation,  comme  il  doit  nécessairement  exister  pour  la  théorie  géné- 
rale défendue  par  M.  Guyton,  un  élément  spécial,  la  contraction  musculaire 
permanente  qui  entretient  la  dilatation  et  empêche  la  réduction  ;  or,  celte  con- 
traction, hon-seulemenl  permanente,  mais  même,  intermittente,  comme  le  veut 
M.  Bertholle(t),  nous  l'avons  cherchée  dans  un«  foule  d'observations  consi- 
gnées dans  les  divers  recueils  scientifiques^  ainsi  que  dans  bon  nombre  de 
faits  qui  nous  sont  personnels;  mais  nous  devons  à  la  vérité  de  dire  que  nous 
ne  l'avons  rencontrée  qu'exceptionnellement  (2).  L'observation  très^curieuse  et 
très-intéressante  de  M.  Guyton  ne  prouve  donc  rien  jusqu'ici  quant  à,  la  thèse 
générale  dç  l'engouement  gazeux,  et  reste  encore  elle-même  une  exception; 
d'un  autre  côté,  si  npus  la  rapprochons  des  expériences  où  nous  avons  essayé 
de  réaliser  des  conditions  identiques,  y  compris  la  compression  énergique  des 
parois  du  ventre;  si,  en  outre,  nous  nous  souvenons  de  la  facilité  surprenante 
avec  laquelle  l'anse  intestinale  étranglée  s'affaissait  sous  les  doigts,  nous  nous 
demanderons  si  un  ta^is  méthodique  et  soutenu  ne  serait  pas  parvenu  a  faire 
refluer  dans  l'abdomen  les  gaz  empHsonnés.  Pour  nous,  nous  sommes  tenté, 

(i)  Du  mode  d'action  des  muscles  dansH*  étrangle  ment  herniaire  et  de  l'emploi  du  cMo- 
rof,  et  de  la  syncope  comme  adjuvants  du  taxis»  Paris,  1858. 

(2)  V.  notre  travail  sur  V Action  des  muscles  dans  l'étranglement  herniaire^   m  HuU, 
de  V Académie. 

41 


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522  iMjÈMOJRES  ET  OBSERVATIONS. 

ici  encore,  d'altribuer  la  principale  cause  de  rirréductibiiité  à  Tengorgement 
du  viscère  lui-même  dont  c  la  surface  est  rosée,  injectée  i,  et  dont  le  volume 
et  la  longueur  (cinq  pouces),  ne^ouvaient  s'accommoder  d'un  oriGce  aussi 
exij^u.  L'engouement  gazeux,  dans  la  véritable  acception  du  mot,  ne  peut  donc 
exister  qu'à  tilre  exceptionnel. 

Le  mouvement  de  torsion  que  nous  avons  vu  assez  rarement  se  produire,  dans 
les  circons(ances  les  plus  variées,  ne  peut,  lui-même,  être  invoqué  comme  ad- 
juvant de  l'action  des  gaz,  car  nous  savons  que  le  taxis  d  presque  toujours 
réussi  à  aplatir  les  anses  tordues  et  dilatées;  que  serait-ce,  en  effet,  qu'un 
étranglement  qui  céderait  aussi  facilement  à  cette  manœvre.  Quand  on  consi- 
dère enfin  le  peu  d'obstacle  que  rencontre  la  circulation  du  double  Courant 
gazeux  à  travers  les  pédicules  les  plus 'étroitement  comprimés,  on  ne  peut  plus 
conserver  le  moindre  doute  sur*  Tcxactitude  de  la  doctrine  qUe  nous  défendons. 
Mais  il  y  a  bien  plus  encore  :  cette  circulation  elle-méne  trouve  son  point 
d'appui  et  son  explication  dans  un  phénomène  curieux  qui  a  été  entrevu,  mais 
qui  est  resté  lettre  morte  pour  ^plusieurs  de  ceux  qui  l'ont  rencontré;  nous 
voulons  parler  de  cet  amincissement  presqu'rnstantané  du  pédicule  par  le  fait 
de  là  constrictioii  ;  et  ce  qui  se  passe,  alors  qu'il  n'y  a  pas  encore  d'ulcération, 
aura  lieu  h  plus  forte  raison,  quand  un  travail  plus  avancé  dé  désorganisation 
sera  venu  compliquer  la  scène  pathologique.  M.  Nicaise,  dans  différente 
endroits  de  son  livre,  signale  cette  réduction  d^  volume  et  la  diminution 
d'épaisseur  des  tuniques  intestinales,  mais  il  ne  s'en  occupe  qu'au  point 
de  vue  du  travail  ulcératif  dont  elles  sont  le  prélude.  Quant  aux  conséquences 
qui  pourraient  en  résulter  directement  pour  l'étranglement  lui-même,  il  semble 
ne  pas  les  avoir  remarquées;  appréciant  l'opinion  de  M.  Ghassaignac  sur 
l'affaissement  des  tuniques  en  certains  cas,  il  s'exprime  ainsi  :  <  Pour  M.  Ghas- 
saignac, l'affaissement  peut  exister  aussi  dans  la  section  partielle  des  tuniques 
intestinales;  il  y  aurait  alors  deux  sortes  d'affaissement,  lun  par  cause  méca- 
nique, et  l'autre  sphacélique.  Cette  opinion  n'est  appuyée  sur  aucune  observa- 
tion, et  pour  qu'il  y  ait  affaissement  sans  gangrène,  l'existence  d'une  perfora- 
lion  paraît  nécessaire.  »  (i)^ 

Cette  diminution  dans  le  calibre  du  pédicule,  comment  s'opère-l-elle?  Il  se 
fait  là,  à  n'en  pas  douter,  un  mouvement  intime  de  résorption  successive  des 
éléments  qui  composent  les  diverses  tuniques;  les  liquides  en  sont  d'abord 
exprimés,  puis  la  trame  elle-même  ne  tarde  pas  à  disparaître.  Pour  en  arriver 
là,  il  n'est  pas  nécessaire  que  l'anneau  constricteur  soit  appliqué**d*une  manière 
très-inliine  sur  le  pédicule,  et  ce  qui  le  prouve,  c'est  que  ce  travail  se  continue 
fatalement  jusqu'à  la  perforation,  bien  qu'un  commencement  d'amincissement  ou 
d'ulcération  doive  rendre  du  jeu  à  l'intestin  et  fasse  cesser  le  degré  dexon^- 

(1)  Nicaisc.  Loc.  ciUy  p.  >iL 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  525 

iricti.on  qu'il  subissait  au  début.  Pour  nous,  cet  effet,  réellement  remarquable, 
a  une  importance  majeure;  il  rend  parfaitement  compte  de  certains  phéno- 
mènes, restés  inexpliquésjusqu*anjourd'hui.  Ge-que  M,  €hassaignac  a  avancé(I) 
,  est  bien  réel,  mais  nous  irons  plus  loin  que  l'ancien  cbirurgien  de  Lariboisière, 
em  disant  qu'il  n'y  a  pas  même  besoin  d'ulcération  de  la  muqueuse  seule,  ou 
de  la  muqueuse  et  de  la  musculeuse  réunies,  pour  qu'une  anse  d'intestin  re- 
prenne une  certaine  liberté  sous  l'anneau  et  par  suite  fasse  perdre  aux  symp- 
tômes d'étranglement  leur  acuité  primitive.  En  outre,'  il  est  arrivé  à  tout  le 
monde  de  sentir  une  hernie  plus  ou  moins  volumineuse  diminuer  sous  l'effort' 
du  taxis,  en  même  temps  que  l'on  conalalait  le  ramollissement  de  la  tumeur  et 
que  Ton  percevait  le  jeu  des  liquides  el  des  gaz  traversant  en  partie  le  point 
rétréci,  et  cela  sans  que  la  réduction  put  encore  s'obtenir.  Il  y  a  plus;  cette 
réduction  ellje-même  peut  avoir  lieu  en  certains  cas,  comme  nous  l'établirons 
dans  un  instant.  D'un  autre  côté,  n'a-l-on  pas  vu  fréquemment  des  hernies 
présentant  tous  les  symptômes  classiques  de  l'étranglement,  sans  que  l'on  con- 
statât à  l'autopsie  ou  pendant  Popération  une  constriclion  qui  rendît  compte  et 
de  ces  symptôfnes  et  des  désordres  analomiques;  c'est  qu'alors  le  pédicule  était 
considérablement  réduit  de  volume  et  permettait  une  liberté  relative  de  l'in- 
testin dans  l'anneau.  Pour  noire  compte,  nous  pourrions  citer  à  l'appui,  plus 
d'un  fait  de  ce  genre,  observés  dans  notre  pralique.  Un  bel  exemple  de  cet 
amincissement  des  tuniques  est  rapporté  par  Jobert,  et  emprunté  à  la  clinique 
de  Richerand.  Il  s'agit  d'une  hernie  inguinale  étranglée  depuis  24  heures, 
rebelle  au  taxis  el  autres  moyens.  A  l'ouverture  du  sac,  l'intestin  est  noir,  sans 
adhérences;  sa  température  est  diminuée  ;  sa^  surface,  malgré  cela,  était  lisse 
et  luisante,  (analogies  avec  Ijes  côndilions  de  quelques-uneâ  de  nos  expériences, 
notamment  la  7«),  il  avait  évidemment  triplé  de  volume,  il  résistait  à  la  pres- 
sion et  conservait  sa  forme  tubuleuse «  La  réduction  fut  assrz  facile  après 

le  débridement;   certainement,  on  eût  pu  réduire  ce  viscère  sans  y  avoir 
recours,  tant  la  constriction  était  peu  considérable..,.,  >»  (2) 

0n  rencontre  des  conditions  analogues  dans  les  étranglements  internes,  qui 
en  défînitive  ne  sont  qu'une  seule  et  même  maladie  avec  les  étranglements 
herniaires  proprement  dits.  Pour  rendre  plus  frappant  le  phénomène  que 
nous  signalons,  nous  reproduirons  ici  une  planche  fort  bien  faite  que  nous 
rencontrons  dans  la  thèse  de  M.  Mony  (3).  (PI.  3.)  Le  texte  ne  dit  presque 
rien  de  celte  liberté  si  apparente  du  pédicule,  ce  qui  prouve  que  l'auteur  n'y 
a  pas  attaché  grande  importance.  Pour  nous,  ce  dessin,  pris  sur  nature,  se  * 
passe  de  commentaires  et  vaut  toutes  les  descriptions. 

(()  Traité  clinique  et  pratique  des  opérations  chirurgicales.  Paris,  1862,   t.  Il,  p.  670. 

(2)  Traité  des  maladies  chirurgicales  du  canal  intestinal.  Paris,  1829,  t.  II,  p.  32. 

(3)  Mony.  Considération  sur  l'étratiglement  de  l'intestin  par  leê  brides  periton,  Paris, 
HQ0,Thè8einaug,P.  II. 


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324  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Nous^ voyons,  consignée  dans  un  Iriavail  plus  récent  (i),  une  expérience  qui 
complète  notre  thèse  et  qui  cadre  parfaiiement  avec  nos  recherches  person- 
nelles. L'artèr^  et  la  veine  fémorales  sont  comprises  dans  le  même  lien  con- 
stricteur qa*un  intestin  étranglé,  gour  prouver  que  cet  intestin  peut  s'étran- 
gler, sans  que  la  circulation  elle-même  soit  enrayée.  L'expérience  est  faite  ^ 
une.  heure  un  quart;  Tanimal  meurt  dans  ^la  nuit.  L'anse  est  très-foncée,  à 
peu  près  noire;  cette  coloration  s'arrête  d'une  manière  brusque  au  niveau  du 
lien.  «  La  compression  que  celui-ci  exerce  sur  Tinteslin  et  les  vaisseaux 
réunis  est  plus  faible  que  je  ne  Taurais  cru.  Je  puis  passer  avec  facilité,  entre 
ce  lien  et  les  organes  qu'il  entoure,  simultanément  une  ^onde  de  femme  et  une 
sonde  cannelée,  sans  que  ces  deux  instruments  paraissent  bien  serrés  ».Et 
pourtant  la  constriction  primitive  avait,  été  assez  forte,  au  point  de  laisser 
simplen>€nt  s'opérer  la  circulation  dans  les  deux  vaisseaux;  f^our  arriver  à  cet 
effet,  il  faut  nécessairement  que  le  lien  s'applique  immédiatement  sur  les 
parois  des  organes  emprisonnés.  ' 

Cette  liberté  relative  du  pédicule  des  hernies  étranglées  a  servi  d'argu- 
ment aux  défenseurs  de  la  doctrine  du  pseudo-étranglement.  Quand  ils  rencon- 
trent un  cas  de  ce  genre^  ils  prétendent  qu'il  n'y  avait  pas  d'étranglement  et 
les  exsudats  constatés  parfois  sur  l'anse  herniée  sont  rapportés  à  un  travail 
inflammatoire  primitif.  Exemple,  relaté  par  M.  Broca  {i)  et  emprunté  à  Pott. 
Hernie  congénitale  étranglée.  À  l'opération,  on  trouve  une  anse,  adhérente  et 
couverte  de  taches  gangreneuses.  Le  doigt  passé  dans  l'anneau  ne  constate  pas 
le  plus  léger  degré  d'étranglement.  Nous  savons  maintenant  quelle  signification 
il  faut  donner  à  pe  défaut  de  constriction.  Pour  M.  Broca,  cette  gangrène  de 
l'intestin  est  le  résultat,  non  de  Tétranglement,  mais  de  l'inflammation. 

Au  point  de  vue  des  gaz  et  des  liquides,  quelle  sera  la  conséquence  de  cette 
liberté  dont  jouira  le  pédicule  à  un  moment  donné?  Evidemment^  ils  pourront 
s'échapper  plus  ou  moins  facilement,  soit  sous  le  jeu  des  mouvements  péristal- 
tiques  de  l'inlestin,  libre  dans  l'abdomen,  soit  sous  l'influence  du  taxis.  L'en- 
gouement liquide  ou  gazeux  devient  donc  de  plus  en  plus  impossible  et  la 
persistance  de  l'irréductibilité  doit  incontestablement  être  rattachée  à  une  autre 
cause.  Nous  proposerions,  dès  maintenant,  non  pas  précisément  de  rayer  ces 
agents,  surtout  les  gaz,  du  cadre  étiologique  de  rétranglement,  mais  de  ne 
plus  leur  accordeV  qu'une  valeur  tout  à  fait  secondaire,  s'il  ne  nous  restait  à 
.  aborder  un  nouvel  ordre  d'objections  dont  nous  ne  nous  dissimulons  pas  l'im- 
portance. Depuis  ces  derniers  temps,  on  a  fait  grand  bruit  d'une  méthode  de 
traitement  de  l'étranglement,  aussi  prompte  et  facile  qu'inoffensive.  L'aspira- 
tion des  liquides  et  des  gaz  contenus  dans  l'anse  herniée  ne  peut  manquer  de 

V 

(1)  Bax.  De  Vétrang,  dcAhem.parVann.  crural.  Paris,  1869.  Th.  inaug.y  p.  24. 

(2)  Broca.  Loc.  cit,,  p.  62. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  325 

nous  être  opposée  comme  Id  condamnation  sans  appel  du  point  doctrinal  que 
nous  avons  lente  de  faire  prévaloir. 

Les  premiers  chirurgiens  qui  eurent  la  pensée  deponctionner  Tintestin  dans 
la  hernie  étranglée  sont,  au  dire  de  Mérat  (1),  A.  Paré,  Pierre  Lawe,  Van 
Zwieten.  Nous  avons  déjà  vu  (p.  72)  que  Pigray  avait  donné  le  même  conseil. 
Pott  avait  au^si  préconisé  le  même  moyen  (Tirman,  p.  16.)  Ils  se  servaient 
d'aiguilles,  qu'ils  enfonçaient  dans  Tanse^ étranglée,  mise  à  nu.  Méral  avait 
déjà  compris  ce  qu'il  y  avait  de  défectueux  dans  la  simj>le  acupuncture  et  il 
avait  proposé  de  substituer  â  t'aiguille  un  trocart  fin  qui  permit  le  passage 
facile  du  contenu  du  viscère  au  dehors.  En  1825,  Levrat  réalisa  cette  idée 
en  faisant  fabriquer  une  sorte  de  trocart  explorateur  pour  la  ponction 
intestinale  dans  la  tympanite.  Ce  ne  fut,  croyons-nous,  qu'en  1855  qu'on 
fit  usage,  pour  la  première  fois,  du  trocart  capillaire  dans  le  traitement  de 
l'élranglement  herniaire.  Cet  essai  fut  tenté  par  M.  Long,  dont  l'observation 
fQt  publiée  dans  la  Revue  thérapeutique  du  Midi  (2). 

En  1858,  Lenoir  employa  le  même  procédé  à  l'hôpital  Necker  (5). 

Plusréeemmentencore,  Néla(on(4),  MM.GosseHn  (5)  et  de  Roubaix  (6),  indi- 
quèrent les  services  que  pourrait  rendre  cet  instrument  en  pareilh^s  circonstances. 

Mais  l'histoire  de  la  ponction  des  hernies  devait  entrer  dans  une  voie  toute 
nouvelle,  le  jour  où  M^  Dieulafoy  présenta  à  TAcadémie  de  médecine  ses  appa- 
reils et  son  mémoire  sur  l'aspiration  souscutanéé.  Quoique  M.  Duplouy  de 
Rochefort  ait  eu  la  bonne  fortune  d'employer  le  premier  cet  ingénieux  instru- 
ment, c'est  bien  à  M.  .Dieulafoy  que  revient  tout  Thonneur  de  la  découverte. 
En  effet,  c  l'aspiration  sous-cutanée,  dit-il,  est  encore  destinée  â  expulser  le 
gaz  qui  s'accumule  en  si  grande  quantité  dans  les  occlusions  intestinales  et  qui 
devient  dans  d'autres  circonstances,  un  des  obstacles  à  la  réduction  de  cer- 
taines hernies  >  (7). 

Nous  avons  réuni  tout  ce  que  nous  avons  pu  d'observations  dans  lesquelles 
cette  méthode  d'évacuation  a  été  mise  en  œuvre.  Nous  les  analyserons  succes- 
sivement au  point  de  vue  de  la  thèse  que  nous  discutons,  en  commençant  par 
celles  où  le  trocart  sans  aspiration  a  été  employé. 

(i)  Autun.  Traitement  de  la  hernie  étranglée  par  aspiration  sous-cutanée,  Th,  Paris, 

1871,  p. 17. 

(2)  Brun-Buisson.  De  la  ponction  aspiratrice  comme  moyen  de  réduction  dans  les 
hernies  étranglées.  Th.  Paris,  187^,  p..  23. 

(3)  Bull,  deja  Soc,  anal.  1858,  p.  !26,3  et  dans  la  thèse  de  Ranioiid.  Des  causes  de  la 
mort  après  f  opération  de  la  hernie  étr.  Paris,  1866,  p,  22. 

.(4)  Elém.  de  pathol.  chir.  T.  IV. 

(5)   Leçons  sur  les  hernies . 

(6}  Bulletin  de  V Académie  de  médecine  de  Belgique.  1869. 

(7)  Séance  du  2  novembre  1869.  V.  aussi  la  thèse  de  Lecerf.  Trait,  de  l'éïr.  hern.  • 

1872,  p.  19. 


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326  MËBfblRES  ET  OBSERVATIONS. 

Obs.  i.  —  Hernie  inguinale  étra^nglée  dans  un  effort,  c  Tumeur  volumi- 
neuse, demi-molle,  fluctuante.  >  Taxis  réitéré,  infructueux;  «  un  trocart  de 
5  millim.  de  diamètre  est  enfoncé  dans  la  partie  moyenne  de  la  tumeur  :  il 
s'écoule  60  grammes  de  sérosité  sanguinolente,  noirâtre,  semblable  à  une  forte 
décoction  deicafé.  De  suite,  et  sans  effort,  la  bernie  rentre  dans  l'abdomen.  » 
Symptômes  çholériformes.  «Mort.  (<) 

Réflexions,  --  Remarquons  qu*à  sa  sortie,  la  tumeur  est  mollesse,  nalle- 
ment  tendue.  Elle  contient  un  liquide,  sanguinolent,  sans  trace  de  gaz.  Ce  dé*- 
faut  de  tension  sufïit  pour  nous  prouver  que  le  contenu  n'était  pas  toute  la 
cause  de  l'étranglement  ou  de  l'impossibilité  de  la  réduction.  Et  puis  la  nature 
du  liquide  indique  qu'il  ne  s'est  produit  qu'après  coup,  par  le  fait  de  la  cons>- 
Iriclion;  Tctranglement  dépendait  donc  d'une  autre  cause.  Au  reste,  il  ne 
pourrait  être  question  ici  que  d'un  engouement  liquide;  l'engouement  gazeux 
n'existe  pas. 

Nous  apprécierons  plus  tard,  d'une  manière  générale,  te  mode  d'action  de 
la  ponction,  dans  la  rentrée  plus  ou  moins  rapide  de  la  hernie  en  pareil  cas. 

Obs.  il  —  Hernie  crurale  irréductible  depuis  sept  ans.  Etranglement  avec 
sensation  de  déchirure,  dans  un  effort.  La  tumeur,  du  volume  d'une  ponrnie, 
est  très-dure.  Un  traitement  antiphlogistique  amène  un  soulagement  marqué. 
Quelques  jours  après,  recrudescence.  Signes  de  suppuration  profonde. 
Ponction  avec  le  trocart  explorateur.  Sortie  d'un  verre  de  pus.  Pas  do  gaz  (I). 

Réflexions,  —  Il  y  a  eu  dans  ce  cas  déchirure  d'une  adhérence  intrasaccu«- 
laire;  peut-être,  une  portion  plus  considérable  d'intestin  est-elle  descendue 
dans  le  sac.  Il  y  a  eu  étranglement  d'emblée  et  inflammation  consécutive.  Ici, 
ni  les  gaz,  ni  les  liquides  intestinaux  n'ont  été  en  cause.- Le  pus,  apparemment, 
était  en  dehors  de  la  cavité  et  lors  de  la  ponction  les  selles  avaient  repris  leur 
cours. 

Obs.  IIL  —  Hernie  crurale,  très-volumineuse,  étranglée,  formée  en  majeure 
partie  par  une  anse,  fortement  distendue  par  des  gaz.  Taxis  répété  resté  ineffi- 
cace; t  la  ponction  est  pratiquée;  il  jaillit  par  la  canule  60  grammes  environ 
d'une  matière  roiigeâtre.  A  la  siïite  de  cette  opération  dont  la  malade  n'a*  pas 
eu  conscience,  réduction  presque  instantanée  de  l*anse  herniée.  •  iMort  le  len- 
demain (S). 

Réflexions.  —  Quoiqu'on  nous  dise,  que  la  tumeur  était  distendue  par  des 
gaz,  nous  ne  voyons  sortir  que  du  liquide  ou  pluldt  une  matière  rougeâtre. 

Cette  matière  rougeâtre. ne  peut  qu'être  consécutive  à  l'étranglement;  le  con- 
tenu intestinal  n'a  pas  cette  t,einte.  Gomme  dans  l'observation  précédente, 
l'étranglement  a  préexisté. 

(1)  Brun-Buisson.  Loccit.^  p.  ^5. 

(2)  Brun-Buisson,  p.  24. 

(3)  Brun- Buisson,  p.  26. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  527 

Oos.  IV-  —  Hernie  inguinale  étranglée.  Taxis  infructueux.  PoncUon  avec  le 
troearl  explorateur,  u  II  sort  un  peu  de  gaz  et  un  peu  d'une  bouillie  noirâtre, 
analogue  à  du  mare  de  café  et  ayant  Todcur  fécale.  Une  seconde  ponction  ne 
fait  sortir  ijuedç  la  sérosité  sanguinolente  provenant  du  sac.  Le  taxis  n'amène 
aucune  amélioration  et  Topération  est  pratiquée  sur-le-champ.  »  ^On  trouve 
c  une  masse  énorme  d'intestin  distendu -par  des  gaz.  La  surface  externe  de  ces 
intestins  est  noire  et  dépolie  en  certains  points.  Il  y  a  déjà  gangrène  de  la 
couche  superficielle,  surtout  dans  la  portion  du  sac  la  plus  Interne.  >  Etran- 
gement très-serré;  réduction  encore  impossible,  elle  ne  s'obtient* que  par  un 
double  débridement.  Mort  le  jour  même  (I). 

Béflexians.  —  Cette  hernie  rentre^ dans  la  catégorie  de  celles  que  nous 
examinons  plus  loin.  En  supposant  que  Tanse  eût  été  complètement 
vide,  il  est  à  présumer  qu'elle  n'eût  pu  repasser  à  travers  un  orifice  aussi 
étroit.  C'était  donc  bien  plutôt  la  masse  elle-même  des  tuniques  qui  était  en 
cause;  et  ce  qui  srmbie  le  prouver,  c'est  i'insuccés  de  la  ponction.  Au  surplus, 
si  les  gaz  avaient  distendu  énergiquenient  l'intestin  au  point  de  causer  l'étran- 
glemeni  par  l'accollement  intime  des  parois  4'une  contre  l'autre,  ils  se  seraient 
échappés  tout  aussitôt  à  travers  l'issue  qu'on  leur  présentait.  Et  s'il  n'a  pas  été 
possible  de  les  refouler  dans  l'abdomen,  il  ne  faut  rapporter  cet  insuccès  qu'à 
la  difficulté  de  manier  une  circonvolution  aussi  considérable  et  à  l'insuffisance 
probable  de  pression?,  nécessitées  par  la  gravité  des  lésions  constatées.  Nous 
avons,  en  général,  dans  nos  expériences,  obtenu  trop  facilement  le  passage  de 
l'air  ou  des  gaz  à  travers  des  pédicules  d'aune  étroitesse  extrême  pour  que  nous 
conservions  le  moindre  doute  à  cet  égard . 

(La  fin  au  prochain  nP.) 


Grangrêng  scorbutique  ou  purpurique,  a  htarche  rapide,  des  membres  infé- 
rieurs CHEZ  UN  YIEILLARD  DEPUIS  LONGTEMPS  INCOMPLÈTEMENT  PARAPLÉGIQUE, 
DONT  LA  PARALYSIE,  ACCOMPAGNÉE  DE  DÉMENCE   INCOMPLÈTE,  TENDAIT  A  DEVENIR 

GÉNÉRALE  ;  par  le  docteur  Liégey,  membre  honoraire  de  la  Société  à  Choisy- 
le-Roi  [Seine).  ' 

Ce  cas  tout  récent  vient  faire  naturellement  suite  à  celui  auquel  j'ai  donné 
pour  titre  :  Dermatose  gangreneuse  scorbutique  ou  purpurique  des  mains. 

OBSERVATION.  —  Le  sujet  de  cette  observation  était  un  ancien  capitaine 
mort  à  l'âge  de  75  ans,  le  3  mars  1875,  dans  une  localité  toute  voisine  de 
Choisy-le-Roi. 

Quoique  de  petite  taille,  il  était^  paraît-il  d'une  constitution  primitive  assez 
forte.  Né  en  Corse,  il  avait  le  tempérament  et  les  ardeurs  des  habitants  de  ce 

(i)  Thèse  de  RamontJ,  p.  22. 


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328  '     MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

pays,  que,  cependant,  il  quitta  jeune  pour  venir  en  France.  Orphelin  jeune 
aussi,  il  entra  dans  les  engagés  volontaires  à  Tâge  de  16  ans,  fit  57  anâ  de 
service  et  52  campagnes,  la  plupart  en  Afrique,  où,  aux  causes  nocives  résul- 
tant du  climat  et  de  la  vie  des  camps,  il  ajoute,  à  un  «haut  degré,  l'excès 
d'absinthe,  particulièrement  nuisible  dans  un  pays  bhaud.  Sous  TinAuence  de 
cette  dernière  cause  surtout,  lorsqu'il  était  lieutenant,  il  fut  pris  d'une  sorte 
de  manie,  pour  laquelle  on  avait  été  sur  le  point  de  le  renvoyer  dans  ses 
foyers,  mais  qui  se  dissipa  après  un  séjour  de  trois  mois  à  rhôpital.  Il  avait 
renoncé  tout  à  fait  à  Tusage  de  cette  pernicieuse  liqueur,  mais  il  devait  ea 
ressentir  toujours  les  effets.  Ses  membres  inférieurs  n'eurent  plus  la  force 
d'autrefois,  et,,  même  étant  encore  sous  les  drapeaux,  il  lui  arriva  plusieurs 
fois -de  tomber  par  l'unique  efiel  de  Taccroissement  subit  et  passager  de  ta 
faiblesse  de  ces  membres,  faiblesse  surtout  prononcée  aux  pieds.  Bientôt,  après 
avoir  quitté  le  service»  il  ne  marcha  iplus  sans  Taide  d'une,  puis  de  deux 
cannes,  qui^devinrent  de  moins  en  moins  suffisantes  pour  le  soutenir.  Alors 
aussi,  depuis  longtemps,  il  éprouvait  parfois  de  la  céphalalgie  et  des  vertiges 
passagers,  et  ses  facultés  mentales  commençaient  à  s'affaiblir.  En  1870,  après 
le  chagrin  causé  par  la  perte  récente  de  son  épouse,  il  eut  cruellement  à 
souffrir  des  misères  de  notre  funeste  guerre.,  Arraché  de  sa  demeure,  et  jeté  à 
quelques  lieues  de  là,  par  les  Prussiens,  dans  une  froide  prison,  il  se  vit  sur 
le  point'd'étre  fusillé,  étant,  bien  à  tort,  regardé  comme*  espion.  A  son  î-etour, 
il  trouva  sa  maison  dévastée  et,  bientôt,  il  eut  Tes  ennuis  d'un  procès,  dont  il 
ne  devait  pas  voir  la  Gn.  C'en  était  beaucoup  trop  pour  son  moral  et  son' 
physique;  aussi,  en  était-il  arrivé  à  un  état  de  démence  incomplet,  intermit^- 
tent,  mais  qui  ne  pouvait  que  s'accrottre;  aussi,  depuis  longtemps  déjà,  ne 
pouvait-il  plus  marcher  un  peu,  même  dans  son  ^appartement,  qu'à  l'aide  de 
béquilles,  et  la  paralysie,  qui  évidemment  dépendait  de  l'altération  des  centres 
nerveux  cérébro-spinal,  tendait-elle  à  devenir  générale,  ce  que  montraient 
surtout  la  difficulté  croissante,  parfois  très-grande,  de  la  parole  et  certains 
tics.  La  paraplégie,  dans  ces  derniers  temps,  étant  plus  prononcée,  sans 
cependant  être  complète,  et  les  vertiges  étant  aussi  plus  fréquents,  les  chutes 
étaient  également  plus  fréquentes.  t 

Le  dernier  jour  de  décembre  dernier,  ce  vieillard,  en  tombant  sur  son 
parquet,  se  fit,  au  pied  droit,  une  entorse  légère,  dont,  au  bout  d'une  quin- 
zaine, il  ne  restait  qu'un  peu  de  gonflement,  non  douloureux,  au  coude-pied. 
Mais,  à  partir  de  cet  accident,  et  coïncidemment  avec  des  circonstances  dont  il 
sera  question  dans  une  note  servant  d'appendice  à  celle  ci,  son  état  général 
s^aggrava  d'une  manijère  sensible  :  il  ne  put  plus  guère  quitter  le  lit,  il  éprouva 
une  dysphagie  croissante,  dépendant  à  la  fois  de  la  paralysie  et  d'une  éruption 
d'aspect  Scorbutique,  éruption  qui,  bientôt,  se  manifesta  aussi  dans  la  bouche 
et  sur  les  lèvres,  pendant  que,  dans  les  selles,  rares  et  glaireuses,  se  montrait 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  329 

parfois  un  peu  de  sang  et  que  les  paupières  ctnient  chassieuses  el  violacées. 
Le  malade  ne  prenait  presque  plus  de  nourriture  e(  n*accep(ait,  pour  boisson 
et  médicament,  qu'un  peu  d'eau  vineuse  additionnée  de  sirop  de  quinquina. 
Par  moments,  surtout  la  nuit,  il  accusait  de  vives  douleurs  à  la  région  lombo> 
sacrée,  au  bas  de  laquelle  ne  larda  pas  à  se  former  une  plaie  gangreneuse;  il 
accusait  aussi  des  douleucs  fulgurantes  dans  les  membres  inférieurs  et  surtout 
au  pied  droit,  lequel,  vers  le  20  février,  devint  sensiblement  plus  tuméfié, 
rouge  violacé,  et  le  siège  d'une  grande  hypérest-hésie. 

Le  26,  je  trouve  ce  pied  froid  comme  le  marbre,  insensible  au  toucher  et 
offrant  la  dénudation  du  derme  dans  Tétendue  de  la  paume  de  la  main,  Tépi- 
derme  formant  phlyclène  ayant  été  enlevé  par  le  fro.tlemeni  de  l'autre  pied, 
qui  commence  à  être  froid  aussi.  Le  froid  s^étend,  aux  deux  membres,  jusqu'à 
la  partie  moyenne  des  jambes,  au-dessus  de  laquelle,  ainsi  qu'aux  cuisses,  à  la 
partie  postérieure  du  tronc  et  à  l'abdomen,  se  voient  de  larges  suffusions  san- 
guines, et  je  constate,  aux  poignets  et  au  dos  des  mains,  de  petites  taches  len- 
ticulaires violacées  également  et  semblables  à  celles  dont,  chez  Thomme  à  la 
dermatose  gangreneuse  des  mains,  les  ecchymoses  plus  ou  moins- larges  des 
membres  inférieurs  étaient  entreniélées.  Chez  le  vieillard,  au  dos  de  la  main 
gauche  commençant  à  se  tuméfier,  existe,  en  outre,  une  petite  bulle  sanguine 
assez  semblable  aussi  à  celles  qui,  chez  cet  autre  malade,  servaient  comme  de 
satellites  aux  larges  phlyctènes.  Il  y  a  suintement  de  sang  par  le  bord  des  pau- 
pières, et  la  salive  que,  ne  pouvant  plus  Tavaler,  le  malade  rejette  péniblement 
de  temps  en  temps,  est  sanguinolente.  Le  pouls,  variable  de  fréquence,  se 
laisse  facilement  déprimer;  mais,  malgré  l'expression  d'hébétude,  l'expression 
typhique  et  la  prostration^  rinlelligence,  chose  digne  de  remarque,  est,  par 
moments  du  moins,  plus  nette  qu'elle  ne  l'était  peu  de  temps  avant  l'invasion 
de  la  gangrène,  ce  qiuc  montrent  surtout  les  gestes  de  la  tète,  qui  ont  presque 
entîèremenl  remplacé  la  parole,  devenue  presque  incompréhensible. 

Le  27^  large  phlyctène  au  pied  gauche,  qui  a  la  même  algidilé  que  le  droit, 
algidité  beaucoup  montée;  suintement  sanguinolent  entre  les  orteils.  L'anaU 
gésie  des  parties  algides  semble  compensée  par  l'hypérésthésie  de  la'  plupart 
des  autres'  parties,  notamment  du  dos  de  la  main  gauche,  que  Ton  jie  peut 
même  très-légèrement  toucher  sans  arracher  un  cri  perçant  à  l'infortuné 
malade,  qui,  cependant^  sous  l'influence  des  douleurs  spontanées,  heurterait 
à  tout  moment  cette  main  contre  la  léte  de  son  bois  de  lit,  si  l'on  n'avait 
interposé  un  oreiller.  Par  moment,  il  a  dans  le  membre  supérieur  gauche^ 
comme  il  a  eu  peu  de  temps  auparavant  dans  le  membre  inférieur  du, même 
côté,  une  contracture  tétanique  invincible.  Depuis  plusieurs  jours,  il  rend 
tout  sous  lui,  par  l'effet  de  la  paralysie  des  sphincters,  ce  qui  me  prive  d'ana- 
lyser l'urine. 

Dans  la  nuit  du  2  au  5  mars,  à  minuit,  tout  signe  de  connaissance  et  tout 

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330  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS, 

mouvement  cesse  de  se  produire  :  il  tombe  dans  le  coma,  et,  le  3,  à  onze 
heures  du  matin,  Tenflurç  de  la  main  s'affaisse  tout  à  coup,  puis  il  expire. 

Immédiatement  après  la  mort,  on  vit  s'accentuer  encore  Taspect  de  la 
décomposition  qui,  dans  les  derniers  moments  de  la  vie,  faisait  déjà  ressembler 
cet  homme  à  un  cadavre  en  grande  voie  de  putréfaction,  et  il  en  fut  de  même 
de*  Todeur  sui  generis.  Quand  un  flot  de  matière  sajiguinolente,  noirâtre,  se 
fut  échappé  de  sa  bouche  au  moment  où  on  Tinclinail  en  l'ensevelissant,  cette 
odeur  fut  telle  qu'un  jeune  homme,  le  domestique,  présent  à  cette  opération, 
eut  une  syncope  et  que  Tensevelisseur  commença  à  défaillir  lui-même.  Partie 
de  la  chambre  mortuaire,  où,  à  cause  de  l'apposition  des  scellés,  on  avait  laissé 
des  couchages,  l'abominable  odeur,  d'ailleurs  transportée  par  le  cercueil,  qui 
laissa  écouler  du  liquide  sur  l'escalier  intérieur,  et  par  les  draps  du  lit  et 
d'autres  linges  macérant  dans  l'eau  ou  séchant  dans  le  petit  jardin  attenant  à 
la  maison,  était  encore  assez  prononcée,  malgré  l'emploi  du  phénol,  comme  je 
le  constatai  le  9,  étant  appelé  pour  des  accidents  évidemment  causés  par  cette 
émanation  septiqiie.  Ce  domestique  et  sa  sœur,  restés,  avec  un  enfant  de  deux 
mois  qu'elle  allaite,  seuls  habitants  de  cette  maison,  éprouvaient  un  malaise 
général,  un  sentiment  de  sécheresse  de  la  bouche  et  du  gosier,  et  de  la  diarrhée. 
Le  jeune  homme,  pour  qui  j'étais  spécialement  demandé,  avait,  en  outre, 
éprouvé  plusieurs  accès  épileptiformes  dont  il  n'avait^  assurait-il,  jamais  été 
atteint  auparavant,  et,  à  tout  moment,  comme  il  le  fit  en  ma  présence,  il  accu- 
sait, en  portant  les  doigts  vers  son  cou,  un  sentiment  de  constrîction  laryn- 
gienne, constriclion  véritablement  spasmodique.  Un  homme  de  84  ans,  qui, 
après  avoir  veillé  le  mort  jusqu'au  moment  de  la  cérémonie  funèbre,  va  de 
temps  en  temps  à  la  maison  mortuaire,  se  plaignait  également  de  sécheresse 
au  gosier  et  de  diarrhée,  phénomènes  qu'il  ne  se  rappelait  pas  non  plus  avoir 
jamais  éprouvés.  Enfin,  la  fille  de  celui-ci,  laquelle  s'occupe  du  linge  sale, 
éprouvait,  également  encore,  un  grand  malaise.  Chose  remarquable,  au  milieu 
de  tout  cela,  la  petite  fille  continuait  à  jouir  d'une  bonne  santé;  il  est  vrai 
qu'oii  la  tenait  dans  la  pièce  où  Todeur  se  faisait  le  moins  sentir.  Je  recom- 
mandai tout  d'abord  de  se  faire  autoriser  à  éloigner  de  celte  demeure  au  plus 
vite  les  couchages  et  tous  les  objets  infectés,  de  faire  laver  le  parquet,  l'escalier 
avec  l'eau  phéniquée  ou  chlorurée,  et  d'aller  le  plus  possible  respirer  l'air 
pur;  puis,  à  tous  aussi,  je  conseillai  l'usage  du  vin  de  quinquina;  au  jeune 
homme,  en  plus,  un  vésicatoire  formant  demi-cravate  à  la  partie  antérieure  du 
cou,  et,  à  cause  d'une  apparente  périodicité  dans  la  reproduction  des  accident» 
épileptiformes,  une  dose  quotidienne  de  60  centigrammes  de  sulfate  de  qui- 
nine. Mes  recommandations  furent  suivies  et,  le  13,  jour  de  ma  dernière  visite, 
l'odeur  n'était  plus  appréciable;  tousse  trouvaient  mieux  :  le  jeune  homme, 
notamment,  n'avait  plus  que,  de  loin  en  loin^  avec  un  reste  de  sécheresse  du 
gosier,  un  peu  de  spasme  laryngien. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  551 

Rèflexiom.  -—  Il  y  aurait  aussi  à  en  faire  beaucoup  au  sujet  de  ce  cas  ;  mais 
je  me  bornerai  aux  suivantes  : 

Si,  par  impossible,  ce  vieillard  eût  vécu  encore  quelques  jours,  la  gangrène 
serait  devenue  pour  ainsi  dire  générale  et  parallèlement  à  la  paralysie. 

Lors  même  que  Ton  eût  pu  administrer  des  remèdes  actifs,  cette  gangrène, 
d*emblée  profonde  et  à  marche  quasi-fdudroyante  chez  un  homme  aussi  avancé 
en  âge,  n'aurait  pu  élre  arrêtée,  parce  qu'elle  ne  dépendait  pas,  comme  la 
gangrène  superficielle  de  Tautre  malade,  simplement  de  l'association  d'une 
perturbation  nerveuse  fébrile  avec  raltération  scorbutique  ou  purpurique  du 
sang,  chose  déjà  grave,  mais  de  la  dualité  de  cette  altération  sanguine  à  son  plus  . 
haut  degré  et  de  la  cessation  rapide  de  l'action  nerveuse  sur  les  vaisseaux  par 
l'effet  de  la  myélite  arrivée  à  sa  dernière  période. 

Comme  je  l'ai  dit,  je  n'ai  pais  été  à  même  d'analyser  l'urine.  Y  aurais-je 
trouvé  du  sucre?  C'est  possible;  mais,  alors,  la  production  de  ce  sucre  eût 
très-probablement  été  l'effet  de  la  gangrène  ou  du  scorbut;  car,  avant  l'affec- 
tion gangreneuse  scorbutique,  le  malade  n'avait  absolument  rien  offert 
qui  pût  faire  penser  à  la  glycosurie  :  jamais,  par  exemple,  il  n'avait  eu  ni 
soif  excessive,  ni  boulimie.  Le  résultat  de  l'analyse  n'en  eût  pas  moins  été 
intéressant. 

J'avais  déjà  observé  plusieurs  cas  de  gangrène  des  membres  inférieurs  à 
marche  rapide.  H  s'en  trouve  deux  dans  mon  Mémoire  sur  la  Constitution 
médicale  d'une  contrée  de  la  Meurthe  et  des  Vosges.  (Journ.  de  la  Société 
royale  des  sciences  méd,  et  nat.  de  Bruxelles,  1852,  1853.) 

Voici,  telle  quelle,  une  de  ces  observations  :    * 

t  Une  femme  de  80  ans,  vivant  d'une  manière  misérable,  jouissait  néanmoins 
généralement  d'une  bonne  santé,  à  part  des  douleurs  névralgiques  rhumatis- 
males auxquelles  elle  était  sujette  depuis  quelques  années.  Au  mois  de  juillet 
1-851,  après  avoir  éprouvé,  pendant  quelques  jours,  des  douleurs  le  long  de. la 
jambe  gauche,  elle  s'aperçut  un  malin  en  s'éveillant,  que  ce  membre  était 
bleuâtre,  froid  comme  le  marbre,  et  insensible  au  toucher.  Appelé  près  de 
cette  femme,  j^emploie  en  vain  les  toniques  et  les  stimulants  à  l'intérieur  et  à 
l'extérieur;  la  réaction  n'a  pas  lieu;  tous  les  phénomènes  de  la  gangrène: 
phlyctèncs,  momification  du  membre  tout  entier  se  produisent,  et  la  malade 
succombé  en  très-peu  de  temps,  i 

Dans^  un  cas  adressé  en  1854  à  la  Société  de  médecine  de  Lyon,  il  est  ques- 
tion d'une  femme  très-âgée  aussi,  chez  laquelle,  en  huit  jours,  les  deux 
membres  inférieurs  furent  sphacélés.  Je  citais  ce  cas  avec  d'autres  cas  de  gan- 
grène, dans  le  but  principalement  de  montrer  la  ressemblance  existant  entre 
la  gangrène  que  j'observais  vers  cette  époque  avec  une  fréquence  relative,  et 
la  gangrène  résultant  de  Tergolisme,  ressemblance  que  j'avais  déjà  indiquée  à 
l'article  Étiologie  du  mémoire  précité. 


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535 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Chez  le  vieil  officier,  comme  chez  l'homme  à  la  dermatose  gangreneuse  scor- 
butique ou  purpurique  des  mains,  la  gangrène  était  venue  à  Foccasion  d'une 
cause  traumatique  paraissant  de  peu  d'importance  (légère  entorse  du  pied  chez 
Tun,  et  égratignures  légères  du  dos  des  mains  par  des  lapins,  chez  Tautre)  ; 
chez  tous  les  deux  aussi,  c'est  à  Tendroit  lésé  qu'a  commencé  le  mat. 

iMais  ce  qui  rapproche  le  plus  les  deux  faits,  c'est  la  circonstance  de  la  pro- 
duction de  la  gangrène  dans  le  purpura  hémorrhagique. 


II.  REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Médecine    et    Chirurgie. 


Absorption  des  médîoaments  chez  les 
nouveaux-nés  par  le  lait  de  la  nourrice. 

—  Certains  principes  introduits  dans  l'éco- 
nomie de  la  fenime  qui  allaite  peuvent  être 
éliminés  par  le  lait;  c'est  là  un  fait  qui 
vient  d'être  mis  hors  de  doute  par  le  doc- 
teur Lewald. 

La  relation  des  expériences  entreprises 
à  ce  sujet  par  ce  médecin  distingué  a  eu 
lieu  dans  les  Annali  universalidi  medicina 
e  chirurgia,  du  mois  de  mai  4875,  et  dans 
le  Lyon  médical  du  20  juin  1875. 

Les  substances  que  Tauteur  a  examinées 
au  point  de  vue  de  leur  élimination  par  le 
lait  sont  :  le  fer,  le  bismuth,  l*iode  et  ses 
composés^  farsenic,  le  plomb,  le  zinc,  Tan- 
timoine,  le  mercure^  l'alcool  et  quelques 
narcotiques.  Il  s'est  servi  de  la  chèvre  dans 
'  ses  noinbreustîs  expériences.  Une  dose 
connue  du  médicament  était  administrée 
a  l'animal  et  quelque. temps  après  le  lait 
était  méthodiquement  examiné. 

Voici  les  principales  conclusions  qui  dé- 
coulent des  très- nombreuses  expériences 
de  Tauteur  : 

i^  On  peut  administrer  au  nourrisson 
une  plus  grande  quantité  de  fer  par  le  lait 
de  la  mère  que  par  quelque  autre  moyen 
que  ce  soit  ; 

2°  Le  bismuth  s'élimine  également  par 
le  lait  ;  on  l'y  trouve  quelque  temps  après 
ringéstion,  mais  en  très  petites  quantités. 

0°  L'iode  n'apparait  dans  le  lait  que 
quatre-vingt-seize  heures  après  son  inges- 
tion. L'iodure  de  potassium,  donné  à  la  dose 
de  2,50  grammes,  par  jour,  y.paralt  quatre 
heures  après  son  ingestion  et  Ton  continue 
à  l'y  constater  pendant  onze  jours  ; 

i**  L'arseulc  apparaît  dans  le  lait  au  bout 


de  dix-sept  heures,  et  son  élimination  n'est 
complète  qu'en  soixante  heures  ; 

5<'  Quoiqu'une  des  préparations  les  plus 
insolubles^  l'oxyde  de  zinc  s'éhmine  cepen- 
dant par  le  lait,  et  il  est  probable  qu'il  en 
est  de  même  des  autres  composés  de  zinc  ; 
un  gramme  d'oxyde  de  zinc  se  retrouve 
dans  le  lait  au  bout  de  quatre  <à  huit 
heures,  et  il  disparait  aussi  vite  que  le  fer, 
car  après  cinquante  ou  soixante  heures  on 
n'en  trouve  plus  dans  la  sécrétion  mam- 
maire ; 

6<>  L'élimination  de  l'antimoine  est  un 
fait  au^i  incontestable  ;  il  sera  bon  d'en 
tenir  compte  dans  l'allaitement.  On  peut 
en  dire  autant  des  préparations  mercu- 
rielles; 

7"  Il  n'est  pas  démontré  que  l'alcool  et 
lès  narcotiques  soient  éliminés  par  le  lait; 

8**  Le  sulfate  de  quinine  passe  très- bien 
dans  le  lait,  on  pourra,  donc  guérir  un 
nourrisson  de  la  fièvre  intermittente  en 
administrant  le  sel  quinique  à  la  noi^rice. 

Nous  venons  de  voir  que  d'après  le  doc- 
teur Lewald  les  narcotiques  ne  seraient  pas 
absorbés  par  le  lait,  cependant  le  fait  sui- 
vant que  nous  rapporte  le  Scalpely  d'après 
le  Journal  de  médecine  et  de  chirurgie  de 
la  Nouvelle- Orléans,  tend  à  prouver  que 
les  narcotiques  peuvent  parfaitement  être 
éliminés  par  la  glande  mammaire  et  même 
déteroiiner  des  accidents  graves. 

Une  nourrice  soumise  à  des  préparations 
opiacées  a  doses  assez  fortes  communiqua 
à  son  nourrissoA  de  sept  semaines  un  nar- 
colisme  qui  dura. vingt- six  heures  et  faillit 
l'emporter. 

Ce  fait,  ainsi  que  les  expériences  du  doc- 
teur Lewald,  nous  enseignent  que  nous  ne 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


•    333 


devons  pas  perdre  de  vue  l*enfant  de  la 
femme  qui  allaite  lorsqu'il  s'agit  d'admi- 
nistrer des  médicaments  d'une  certaine 
énergie.  {Le  Scalpel.) 


De  rantagonîsme  entre  les  maladies 
du  oœur  et  ^  la  tuberoulisation  pulmo- 
naire, par  PÉTER.  —  La  thèse  de  Tauleur 
est  que  cet  antagonisme  n'a  rien  d'absolu  ; 
mais  il  n'en  reconnaît  pas  moins  que  les 
deux  maladies  sont  rarement  réunies.  La 
tuberculisalion  pulmonaire  est  moins  facile 
chez  le  cardiopathique,  parce  que  les  lobes 
supérieurs  chez  lui  sont  obligés  de  fonc- 
tionner; c'est  là  un  antagonisme  pathogé- 
nique  qui  n'a  rien  d'absolu.  Pour  M.  Péter 
la  tuberculose  est  une  forme  d'expression 
de  la  déchéance  générale  de  l'organisnie  ; 
le  processus  essentiellement  rétrograde  qui 
la  caractérise  doit  donc  atteindre  les  tissus 
les  moins  vivants^  fonctionnant  le  moins. 
Le  tissu  conjonctif  est  le  moins  vivant 
(est-ce  exact?),  c'est  lui  que  préfère  le 
tubercule  ;  le  cancer  préfère  au  contraire 
ceux  qui  fonctionnent  le  plus.  Le  poumon 
est  surtout  du  tissu  conjonctif,  et,  d'autre 
part,  c'est  un  organe,ne  fonctionnant  pas, 
élénnentairement  et  vitaiement  parlant,  il 
est  passif,  pour  ainsi  dire;  c'est  une 
éponge,  une  membrane  traversée  par  Tair, 
par  les  gaz  ;  mais  il  n'intervient  pas  dans 
les  phénomènes  de  l'hétamose,  il  n'y  par- 
ticipe que  par  une  action  chimico-vitale* 
Les  sommets  du  poumon  se  prennent 
d'abord,  parce  que  c'est  la  partie  du  pou- 
mon qui  fonctionne  le  moins  ;  l'affection 
cardiaque  est  un  obstacle  a  la  tuberculose, 
en  congestionnant  les  lobes  inférieurs, 
forçant  par  conséquent  les  lobes  supérieurs 
à  fonctionner. 

A  la  théorie  de  l'auteur  doit  être  oppo- 
sée celle  qui  regarde,  au  contraire,  la 
tuberculose  plus  fréquente  au  sommet, 
parce  que  ce  serait  précisément  le  lobe 
supérieur  qui  fonctionnerait  le  plus,  ainsi 
que  celle  de  M.  Pidoux,  qui  rapproche-  de 
la  prédisposition  des  lohes  supérieurs  à  la 
tuberculose,  le  fait  embryogénique  que 
ceux-ci  apparaissent  les  premiers. 

{Lytm  médical,) 


De  l'action  de  la  lobéline  sur  la  oircu- 
lation.  —  Le  docteur  Ott  a  fait  quelques 
expériences  avec  Talcaloïde  de  là  Lobelia 
inflàta  dans  le  laboratoire  du  professeur 
Bodwditch  à  l'Ecole  médicale  de  Harvard. 


C'est  un  liquide  huileux,  foncé,  plus  lourd 
que  l'eau,  ayant  un  goût  et  une  odeur  de 
tabac.  Il  le  dissout  dans  de  l'eau  acidulée 
par  l'acide  acétique,  et  neutralise  exacte- 
ment la  solution  avant  de  l'injecter.  Six 
expériences  ont  été  faites  sur  des  lapins 
curarisés.  Les  résultats  de.  ces  expériences 
sont  les  su i vanta: 

La  lobéline,  à  petites  doses,  élève  la 
pression  du  sang  en  excitant  le  système 
vaso-moteur  périphérique,  le  pouls  étant 
d'abord  ralenti,  puis  accéléré. 

La  lobéline  a  été  déjà  étudiée  par  Proc- 
ter Reinch,  Cothoum,  William  Bastick,  etc. 
Le  docteur  Barrallier,  qui  a  fait  paraître 
en  1864,  sur  la  Lobejtia  inflata  un  travail 
fort  complet,  a  signalé  l'action  de  cette 
plante  sur  le  cœur,  et  en  particulier  l'irré- 
gularité du  pouls  et  la  diminution  du 
nombre  des  pulsations. 

{Bulletin  général  de  thérapeutique,) 


Etude  sur  le  mécanisme  de  l'action 
de  la  digitale  sur  le  cœur.  —  Le  docteur 
Berdheim,  reprenant  et  discutant  les  nou- 
velles ^  théories  invoquées  pour  expliquer 
l'action  de  la  digitale  sur  le  cœur,  et  en 
particulier  celle  de  Traube,  démontre  que 
la  digitale  agit  à  la  fois  sur  le  système  mo- 
dérateur et  sur  la  contractilité  cardiaque. 
A  doses  moyennes,  l'action  des 'muscles 
l'emporte  comme  effet  sur  l'excitation  dii 
nerf  vague,  et  malgré  le  ralentissement  du 
cœur,  son  travail  est  augmenté  ;  à  dose 
toxique,  c'est  aussi  l'influence  sur  le  mus- 
cle qui  domine  dans  la  majorité  des  cas  : 
le  cœur  s'arrête  en  systole  et  lés  nerfs  va- 
gues n'ont  pas  encore  perdu  leur  irritabi- 
lité. Dans  certains  cas  moins  fréquents,  le 
cœur  s'arrête  en  diastole  et  meurt  en  dias- 
tole (Vulpian,  Mègevand)  ;  il  semble  qu'a- 
lors l'influence  sur  le  nerf  vague  soit  do- 
minante. 

Quant  à  l'action  de  la  digitale  sur  les 
vaso-moteurs,  les  expériences  positives 
manquent  pour  l'affirmer.  {Jbid.) 


Du    traitement     de     la     chorée     par 
l'hyosciaminé,     par    OULMONT.    —    La 

substance  a  été  administrée  par  pilules  du 
0,00i  milligr.  ;  deux  pilules  d'abord  par 
jour,  une  matin  et  soir  ;  augmenter  tous 
les  jours  d'une  pilule  jusqu'à  amélioration 
ou  saturation.  Arrivé  à  la  dose  de  six 
pilules,  l'auteur  n'augmente  d'une  pilule 
que  tous  les   trois  jours;    il   n'a  jamais 


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534 


REVIÎE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


dépassé  dix  pilales.  L'amélioration  appa- 
raît le  huitième  ou  le  neuvième  jour. 
Malgré  le  commencement  d*une  améliora- 
tion, Ton  peut  continuer  d'augmenter  la 
dose.  Les  phénomènes  de  saturation  sont  : 
sécheresse  de  la  gorge,  mydriase.  La 
churée  parait  à  Fauteur  la  névrose  agitante 
le  plus  heureusement  influencée  par  ce 
médicament.  (Lyon  médical.) 


Œdème  malîn  traité  par  l'aoîde  phé- 
nîque  à  l'intérieur  et  en  injections 
hypodermiques,  par  F.  MÉPLAIN.  — 
Petite  fille  de  cinq  ans;  Toedème  siège  sur 
le  dos  du  pied  et  de  la  jambe  droite. 
Injections  hypodermiques  avec  une  solu- 
tion phéniquée  au  50®  dans  de  l'eau  dis- 
tillée, les  injections  le  premier  jour  d'un 
gramme  de  solution  chacune  (2  centi- 
grammes d'acide),  à  10  heures  1/2  du  soir 
en  dififérents  points  de  Tœdème  (c'était  le 
lendemain  du  début)  ;  à  Tinlérieur,  une 
cuillerée  à  soupe  d'heure  en  heure  d'une 
potion  phéniquée  (acide  phénique)  0,50, 
infusion  de  tilleul  200,  sîi'op  de  quinquina 
50;  6  nouvelles  injections  à  minuit  et 
demi,  8  injections  à  6  heures  du  matin  ; 
alterner  la  potion  phéniquée  avec  une 
potion  tonique;  à  9  heures  6  injections,  à 
2  heures  du  soir  5,  à  6  heures  5,  à 
10  heures  A,  h  7  heures  du  matin  A,  à 
midi  3,  à  4  heures  3,  à  9  heures  3,  à 
9  heures  du  matin  5,  à  2  heures  du  soir 
-4,  à  6  heures  4.  Le  soir,  la  marche  enva- 
hissante était  déânitivement  arrêtée.  En 
résumé,  en  trois  jours,  63  injections 
hypodermiques  représentant  4,26  d'acide 
et  à  l'intérieur  1. gramme  50  environ. 

{Jbid,) 


qui  lui  aussi  avait  employé  de  la  rhubarbe 
pendant  20  à  30  ans. 

(Bévue  de  thérap.  méd.-chir,) 


Calcul- d'adide  oxalique  à  la  suite  de 
l'usage  de  la  rhubarbe,  par  BIDENKAP. 
--  Un  vieillard  de  70  ans  qui  prenait 
depuis  25  ans  de  la  rhubarbe  à  titre  de 
purgation,  vit  se  produire  des  calculs 
d'acide  oxalique  dans  son  urine  :  or,  comme 
la  rhubarbe  contient  beaucoup  d'oxalate 
de  chaux,  l'auteur  est  disposé  à  rappro- 
cher ces  deux  faits  dans  le  rapport  de 
cause  à  efifet.  Un  de  ses  confrères  a  égale- 
ment observé  sur  lui-même  de  Toxalate  de 
chaux  à  la  suite  de  remploi  de  rhubarbe. 
M.  0.  Lind  avait  aussi  en  traitement  un 
vieillard  de  70  ans,  qui  produisait  de 
l'oxalate  de  chaux  par  les  mêmes  voies,  et 


Le  sirop  de  strychnine  contre  le 
catarrhe  pulmonaire.  —  M.  Siredéy  em- 
ploie, dans  les  cas  de  catarrhe  bronchique 
avec  emphysème,  une  médication  que 
M.  Barthez  avait  préconisée  chez  les 
enfants  dans  les  cas  où  l'accuntulation  des 
mucosités  dans  les  bronches  trahissait  une 
insuffisance  des  muscles  pulmonaires.  Voici 
la  formule  de  Siredcy  : 

Sirop  simple 100  gramtnef. 

Sulfate  de  strychnine.        5  centigr. 

Ce  médicament  est  un  excellent  expec- 
torant à  la  dose  de  deux  à  quatre  cuillerées 
à  café  par  jour.  (Lyon  médiccU,) 


•  De  la  poudre  de  Goa  dans  certaines 
maladies  de  U  peau,  par  le  docteur 
Hbnry  blanc.  —  L'herpès  circiné  désigné 
en  Angleterre  sous  le  nom  de  ringworm,  a 
toujours  été  traité  avec  un  plein  succès  au 
moyen  de  la  poudre  de  Goa  par  Heory 
Blanc.  Cet  auteur  faconte  que  dans  un 
voyage  qui  le  ramenait  de  Chine,  il  em- 
ploya sans  trop  de  succès,  sur  un  assez 
grand  nombre  de  soldats  atteints  de  cette 
maladie,  plusieurs  substances  parasiticides 
et  parmi  filés  une  solution  de  bichlorure 
de  mercure  ;  arrivé  à  la  Pointe  de  Galles, 
il  put  se  procurer  de  la  poudre  de  Goa,  et 
grâce  à  son  emploi,  tout  le  monde  fut 
guéri  en  peu  de  jours. 

Le  chloasmaf  afifection  que  l'on  ren- 
contre fréquemment  aux  Indes,  cède  très- 
bien  à  l'usage  de  la  poudre  de  Goa.  On 
pourra  sans  doute  expérimenter  avec  les 
mêmes  résultats  la  nouvelle  poudre  dans 
les  affections  parasitaires  de  la  peau,  et 
dans  d'autres  affections  cutanées,-  chro- 
niques et  rebelles,  telles  que  l'eczéma,  le 
psoriasis,  etc. 

La  poudre  de  Goà  est  une  substance 
végétale  dont  l'origine  est  encore  entourée 
de  mystère»  elle  se  fabrique  à  Goa  et  l'on 
croit  que  c'est  une  espèce  He  lichen  exporté 
en  grande  quantité  de  Mozambique. 

Presque  insoluble  dans  Teau  froide,  elle 
renferme  des  principes  amers  et  une 
notable  quantité  d'acide  chrysophanique. 
L'infusion  chaude  de  cette  poudre  a  une 
couleur  jaune  et  un  goût  amer. 

Voici  quel  est  son  mode  d'emploi  :  )a 
partie  malade  est  d'abord  mouiHée  avec  de 


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335 


Teau,  et,  pendant  qu'elle  est  mouillée, 
avec  le  doigt,  on  frotte  légèrement  un  peu 
de  la  poudre  sur  l'endroit  malade,  ayant 
soin  de  l'appliquer  partout.  Cette  applica- 
tion doit  être  renouvelée  matin  et  soir; 
à  la  face,  on  la  fera  seulement  pour  la 
nuit  à  cause  de  la  coloration  que  produit 
cette  poudre.  De  plus,  il  faut  éviter  qu'elle 
ne  pénètre  dans  les  yeux  où  elle  produirait 
une  irritation  avec  vive  injection  de  la 
conjonctive. 

Il  est  probable  que  Ton  pourra  tenter 
l'usage  interne  de  cette  poudre,  qui, 
d'après  Schroff,  possède  une  action  pur- 
gative analogue  à  celle  de  la  rhubarbe, 
grâce  à  la  présence  de  l'acide  cbrysopba- 
nique.  (Ibid.) 


Recherches  comparées  sur  l'élîmina- 
tîon  des  phosphates  dans  la  chlorose 
vraie  et  dans  la  phthîsîe  oommençante  ; 
parle  docteur  TEÏSSÏER  fils  de  Lyon.  — 
L'auteur  a  signalé  un  état  pathologique 
qui  offrait,  comme  signes,  comme  marche 
et  comme  accidents  consécutifs,  des  points 
de  ressemblance  intime  avec  le  diabète 
sucré;' il  a  donné  à  celte  affection  le  nom 
de  polyure  ou  diabète  phosphatique.  Dans 
cette  note,  il  ne  veut  prendre  qu'un  point 
limité  de  ce  sujet  ;  il  a  cherché  si  Texamen 
de  l'excrétion  des  phosphates  pouvait  con- 
duire au  diagnostic  de  la  chlorose  vraie  et 
dé  la  phthisie  à  ses  débuts.  Voici  les  résul- 
tats auxquels  il  est  arrivé  et  les  conclusions 
qui  lui  paraissent  découler  de  ses  explora- 
tions : 

4»  Toute  chlorolique  qui,  sans  être  sou- 
mise à  un  régime  très-animalisé,  présente, 
même  si  elle  maigrit,  une  diminution  de 
Texcrétion  des  phosphates,  ne  tournera 
probablement  pas  à  la  phthisie  pulmo* 
naire. 

2<>  Toute  chlorotique  qui,  abstraction 
faite  de  rinfluencc  du  régime,  présentera 
une  augmentation  des  principes  phospho- 
res, a  de  grandes  chances  de  devenir  phthi- 
sique. 

A  l'état  normal,  les  urines  présentent 
les  proportions  de  2  à  3  grammes  par  jour 
pour  les  phosphates  terreux,  et  de  2  gr. 
pour  Tacide  phosphorique.  Or,  sur  près 
de  250  observations,  M.  Teissier  a  con- 
staté que,  chez  les  chlorotiqucs,  les  phos« 
phates  .terreux  "ont  oscillé  de  quelques 
traces  à  1  gr.  40  par  litre  et  Tacide  phos* 
phorique  de  20  centigrammes  à  i  gr.  25. 
D'autre  part,  chez  les  phthisiques^  l'excré- 


tion des  phosphates  a  atteint  le  chiffre  de 
3  à  6  granâmes  par  litre. 

Ces  observations  ont  été  faites  avec  tout 
le  soin  désirable  ;  l'urine  était  recueillie  le 
matin,  en  dehors  de  la  période  digestive^ 
examinée  comme  densité,  alcalinité  ou  aci- 
dité, et  analysée  par  des  procédés  variés. 
Le  résultat  a  été  toujours  identique. 

Pour  contrôler  ces  faits  d'observations, 
et  pour  voir  si  le  régime  alimentaire  in- 
fluençait d'une  certaine  façon  l'excrétion 
phosphatique,  M,  Teissier  s'est  soumis 
pendant  cinq  jours  à  un  régime  exclusive- 
ment animalisé,  et  il  a  vu  que  les  pho- 
sphates augmentaient,  mais  dans  une 
proportion  infiniment  .moindre  que  chez 
les  phthisiques.  Ce  fait  vient  du  reste  con- 
firmer les  données  cliniques  ;un  phthisique 
se  nourrit  pour  ainsi  dire  de  sa  propre 
substance,  et  même  en  faisant  la  part  du 
régime,  on  voit  qu'il  y  a  chez  lui  déperdi- 
tion considérable  des  phosphates. 

L'auteur  termine  sa  cpmmunication  en 
présentant  plusieurs  observations  qui  vien- 
nent à  l'appui  des  propositions  énoncées 
ci -dessus.  {Ibid,) 


Contribution  à  Tétude  des  lésions 
syphilitiques  des  artères  cérébrales, 
par  Fr.  rabot.  —  Nous  devons  savoir 
gré  à  M.  Rabot  de  s'être  attaqué  à  un  des 
sujets  les  plus  intéressants,  mais  aussi  les 
plus  obscurs  de.la  syphiliographie,  et  si  de 
nouvelles  observations  anatomiques  et 
cliniques  sont  encore  nécessaires  pour 
fixer  la  science  sur  les  lésions  syphilitiques 
des  artères  cérébrales^  la  thèse  que  nous 
analysons  n'en  constitue  pas  moins  un 
travail  utile  à  consulter.  Les  noms  des 
deux  anatomo-pathologistes  qui  l'ont  ins- 
piré, MM.  Charcot  et  Lancereaux,  sont  de 
sûrs  garants  de  sa  valeur. 

Quelles  lésions  des  artères  cérébrales 
doit-on  dès  aujourd'hui  reconnaître  comme 
syphilitiques  ?  Les  tumeurs  gommcuses  de 
petit  volume  sont  admises  généralement, 
surtout  par  les  Anglais  (Wilks,  Hughlings, 
Jackson,  etc.).  Nous  croyons  que  des  con- 
sidérations d'âge  et  de  siège  sont  un  peu 
insuflîsantes  pour  distinguer  ces  produc- 
tions de  néoplasmes' tuberculeux  ou  sim- 
plement inflammatoires. 

M.  Rabot  est  beaucoup  moins  affirmatif 
au  sujet  de  i'endartérite.  Il  montre  que 
les  partisans  de  l'endartérite  syphilitique 
s'appuient  plus  sur  le  raisonnement  que 
sur  les  faits,  et  arrive  à  rejeter  jusqu'à 


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REVDE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


noavel  ordre  ce  genre  de  lésion..  Quant  à 
la  périartérite,  sa  possibilité  est  démontrée 
par  une  très -intéressante  nécropsie  de 
M.  Charcot,  dont  nous  recommandons 
spécialement  la  lecture. 

Dans  la  partie  clinique  de  son  travail, 
Tauteur  décrit  le  ramollissement  à;  allures 
banales  survenant  sous  Tinfluence  des 
lésions  artérielles  syphilitiques  et  cherche 
à  faire  le  diagnostic  différentiel  de  cette 
affection  avec  la  gomme  cérébrale.  Inutile 
d'insister  sur  la  difficulté,  de  ce  sujet  qu'il 
nou^  semble  un  peu  prématuré  de  résoudre. 
L'auteur  insiste  sur  le  peu  d'efficacité  du 
traitement  spécifique  dans  un  grand 
nombre  de  cas  de  syphilis  cérébrale,  et 
croit  trouver  un  élément  important  pour 
le  diagnostic  dont  nous  venons  de  parler. 
Certains  faits  de  syphilis  cérébrale  à 
allure  rapide,  guéris  complètement  par  le 
mercure  ou  Tiodure^  bien  qu'excluant  la 
possibilité  d'une  gomme,  nous  inspirent 
quelques  réserves  à  ce  sujet.         (Ibid,) 


Névralgie  épileptiforme  de  la  faoe, 
anesthétie  par  Injection  intra- veineuse 
de  ohloral,  section  des  deux  nerfs  nasal, 
interne  et  nasal  extertae  ;  succès,  par 
M.  ORÉ.  —  Marie  Mothe^  âgée  de  cin- 
quante-un ans,  admise  à  l'hôpital  Saint- 
André  le  5  juillet  i875^  est  placée  dans  le 
service  de  Al.  le  professeur  Gintrac  (salle  6, 
lit  12). 

Cette  femme  est  déjîi  venue  deux  fois 
pour  une  névralgie  épileptiforme  dont  le 
début  remonte  à  neuf  ans  et  qui  a  son 
siège  sur  le  trijumeau.  Malgré  des  moyens 
médicaux  nombreux  et  énergiques,  les 
crises  devinrent  si  violentes  et  si  rappro- 
chées que  la  malade  n'osait  ni  parler  ni 
manger  dans  la  crainte  de  les  rendre  plus 
fortes  encore. 

En  1872,  M.  le  docteur  Lande,  profes- 
seur suppléant  de  clinique  médicale,  se 
décida  à  iqi  faire  la  résection  du  nerf  sus- 
orbitaire,  puis  du  nerf  sous-orbitaire,  à  la 
.sortie  du  trou  de  ce  nom.  Le  calme  qui- 
suivit  fut  de  courte  durée;  les  douleurs 
reparurent  bientôt,  avec  une  telle  intensité 
qu'il  devint  encore  nécessaire  de  pratiquer 
la  résection  du  nerf  ad  fond  de  la  gouttière 
sous-orbitaire  en  enlevant  la  lamelle  os- 
seuse qui  la  couvre  à  ce  niveau. 

Sous  l'influence  de  ces  diverses  résec- 
tions, la  malade  resta  huit  mois  sans  souf- 
frir. Mais  alors  les  crises  reparurent  au 
niveau  de  la  lèvre  supérieure,  dans  la  bran- 


che du  nerf  dentaire  antérieur.  M.  Lande 
ne  pouvant  atteindre  sûrement  le  nerf  à 
l'aide  d'une  simple  incision,  rugina  une 
partie  du  maxillaire  supérieur  de  manière 
à  comprendre  le  nerf  dans  la  .portion  d'os 
enlevé. 

Cette  opération  amena*  un  calme  qui  ne 
fut  que  momentané,  les  douleurs  ayant 
reparu  plus  vives,  la  malade  se  décida  à 
entrer  de  nouveau,  le  5  juillet,  dans  le 
service  de  M.  Gintrac.  A  son  arrivée  elle 
se  plaint  d'une  douleur  partant  de  l'angle 
interne  de  l'œil  et  s'irradiant  en  Las  jus- 
qu'à la  lèvre  supérieure.  Celte  douleur  est 
permanente,  mais  deux  fois  par  jour  il  y  a 
des  exacerbations,  pendant  lesquelles  elle 
porte  violemment  la .  main  à  la  figure  et 
comprime  avec  force  le  nerf  au  niveau  des 
points  douloureux,  en  balançant  sa  tête 
entre  les  mains;  cela  dure  de  15  à  20  se- 
condes, une  minute  au  plus.  La  crise 
passée,  l'œil  est  rouge^  congestionné,  lar- 
moyant, et  les  douleurs  violentes  ont 
cessé  ;  il  reste  toujours  une  douleur  pro- 
fonde et  fixe. 

Pour  combattre  ces  symptômes,  on  pres- 
crit une  potion  dans  laquelle  on  associe 
Phydrate  de  chloral  au  bromure  de  potas- 
sium dans  les  proportions  de  i  et  6  gr.  par 
jour. 

Cette  potion  administrée  pendant  quinze 
jours  n'ayant  produit  aucun  résultat  avan- 
tageux, M.  Gintrac  se  décide  à  faire  résé- 
quer par  M.  Lande  les  nerfs  nasal  interne 
et  nasal  externe  ;  il  décide,  en  outre,  que 
l'anesthésie  sera  produite  à  l'aide  d'une 
injection  intra -veineuse  de  chloral. 

Convoqué  auprès  de  la  malade  par  mon 
collègue  et  ami,  je  procédai  le  35  juillet,  i 
9  heures  5  minutes  du  matin,  à  l'injection 
de  chloral  dans  les  veines.  Le  bruit  qui 
s'est  fait  autour  de  cette  opération  par  la- 
quelle M.  le  professeur  Gintrac  devait  ter- 
miner, cette  année,  son  enseignement 
clinique,  avait  attiré  une  nombreuse  assis- 
tance, désireuse  d'être  témoin  d'un  fait 
qu'elle  n'avait  jamais  vu^  et  de  juger  de 
visu  ce  que  l'on  doit  penser  de  toutes  ces 
objections  faites  à  la  méthode  ;  objections 
sans  portée  que  Von  répète  constamment 
sans  changement  aucun,  ni  dans  le  fond 
ni  dans  la  forme;  objections  que  M.  Mau- 
rice Perrin  a  de  nouveau  formulées  dans  le 
dernier  numéro  du  Bulletin  thérapeutique 
(50  juillet)  en  des  termes  *qui  nécessitent 
une  réponse  que  nous  ne  saurions  lui  faire 
attendre  trop  longtemps. 

Je  procédai  donc  à  l'injection  en  pré- 


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337 


sence  de  MM.  les  docteurs  Mabit  et  Micé, 
professeurs  à  TEcole  de  médecin'c;  Le- 
vieux,  président  du  Conseil  d*hygiène  ; 
Mauriac,  Verdaie,  Mandilion,  DUrodié^ 
Berruyer,  Solles,  Vergely,  médecin  des 
hôpitaux;  Poinsot,  chef  interne  de  l'hô- 
pital de  Béribetjia,  de  Chappelie  ;  les 
internes  assistent  à  ropcration,  ainsi  qu^un 
très- grand  nombre  d'étudiants  en  méde- 
cine. 

M.  le  docteur  Poinsot  examine  le  pouls  ; 
M.  le  docteur  SoHes,  la  respiration  ;  M.'  le 
docteur  Chappelie  note  toutes  les  particu- 
larités de  Topera tion*. 

Une  pile  au  bichromate  en  communica- 
tion avec  une  forte  bobine  fonctionnant 
bien  est  placée  pr^s  de  moi,  afin  d*être 
utilisée,  s'il  y  a  lieu. 

L'injection  titrée  au  cinquième  (10  gr. 
de  chloral  sur  60  grammes  d'eau),  a  été 
neutralisée  par  l'addition  de  20  gouttes 
d'une  solution 'au  JO^  de  caVbonate  de 
soude. 

L'injection'' est  commencée  à  9  heures 
28  minutes  ;  à  9  heures  35  minutes^  4  gr. 
de  chloral  ont  été  injectés  par  la  veine 
médiane  basilique  droite  :  l'insensibilité  est 
absolue. 

.  Le  docteur  Lande  pratique  successive- 
ment la  section  des  nerfs  nasal  interne  et 
nasal  externe.  Le  pouls  à  il6  au  commen- 
cement de  l'opération  est  .tombé  à  6-4,  et 
la  respiration  de  28  est  descendue  à  1 7 
'  par  minute. 

Pendant  l'opération  l'insensibilité  a  été 
absolue,  elle  s'est  prolongée  longtemps 
après,  mais  à  un  de^ré  moindre,  ainsi  que 
le  sommeil  qui  a.  duré  jusqu'au  soir.  De 
temps  en  temps  la  malade  s'est  réveillée. 
On  en  a  profité  pour  lui  faire  prendre  du 
bouillon  et  du  vin  sucré. 

Le  lendemain,  tous  les  phénomènes  pro- 
pres au  chloral  avaient  disparu. 

Un  mois  après,  il  ne  restait  aucune  trace 
de  l'injection,  f[  n'y  avait  eu  ni  phUbitej 
mcaillotSy  ni  hématurie. 

C'est,  ajoute  M.  Oré,  la  trente-septième 
fois  que  l'injection  intra-veineuse  de  chloral 
a  été  employée  pour  produire  l'anesthésie, 
trente-six  fois  elle  a  réussi  comme  dans  le 
cas  actuel.  Une  fois  seulement  le  malade  a 
succombé,  mais  certaines  particularités  de 
ce  fait  malheureux- signalées  par  MM.  les 
professeurs  Deneffe  et  Van  Wetter,  prou- 
vent que  s'ils  avaient  eu  à  leur  disposition 
un  appareil  électrique  fonctionnant  bien,  la 
mort  aurait  été  certainement  évitée. 
Rappelons  à  nos  lecteurs  et  à  M.  Oré 


lui-même  un  autre  cas  de  mort,  arrivé 
celui-là  entre  les  mains  d'un  dé  ses  élèves, 
le  docteur  Lande.  Dans  ce  fait  les  courants 
d'une  pile  qui  fonctionnait  bien  ne  réveil- 
lèrent pas  les  mouvements  du  cœur  et  la 
malade  mourut...  d'hémorrhagic,  disent 
ceux  qui  ont  assisté  à  l'opération. 

Voilà  donc  une  méthode  anesthésfque 
d'une  application  délicate  et  difficile  qui  à 
ses  débuts  compte  deux  cas  de  mort  sur 
trente- huit  applications.      {Lyon  médical,) 


Du    vaginisme,    par    BOUCHUT.     — 

D'après  l'auteur,  celui-ci  recormaîtrait  sou- 
vent pour  cause  une  petite  fissure  longitu- 
dinale, étroite,  longue  d'un  demi-cénti- 
mètre,  au  niveau  de  la  fourchette  ;  il  a  ob- 
servé aussi  chez  des  jeunes  filles  vierges, 
leucorrhéiques,  auxquelles  on  avait  pres- 
crit des  injections,  une  espèce  de  vagi- 
nisme  consistant  en  une  impossibilité  d'in- 
troduire la  canule  à  cause  de  la  douleur 
qu'elle  provoquait  ;  dans  ces  cas  il  consta- 
tait une  légère  fissure  de  Thymen.  Or, 
dans  ces  deux  formes  de  vaginisme,  il  s'est 
bien  trouvé  de  suppositoires  à  l'extrait  de 
ratanhia  : 

Beurre  de  cacao 5  grammes. 

Extrait  de  ratanhia  .    ...    3       — 

Incorporez  avec  soin.  Un  suppositoire 
matin  et  soir;  en  outre,  un  bain  de  son  tous 
les  jours.         •  (Ibid.) 


Traitement  de  répîthéHoma  du  ool 
utérin  par  les  cautérisations  à  Taoide 
ohron&ique.  —  M.  Verneuil  emploie  avec 
succès  l'acide  chromique  dans  les  cautéri- 
sations des  épithéliomas  du  col.  Voici  un 
cas  qui  montre  les  avantages  de  cette 
méthode  : 

Il  s*agit  d'une  femme  de  quarante  ans 
environ,  atteinte  depuis  plus  de  deux  ans 
d'un  épithélioma  ulcéré  et  volumineux  du 
col  utérin.  Le  pronostic  était  grave,  et  la 
mort  semblait  prochaine  à  cause  des  hé- 
ftiorrhagies  répétées,  et  considérables  qui 
épuisaient  la  malade.  Or,  depuis  dix-huit 
mois,  un  traitement  palliatif  a  tenu  le  mal 
en  échec  ;  on  a  pu  détruire  même  toute 
la  partie  saillante  du  col,  arrêter  complè- 
tement les  hémorrhagies  et  restaurer 
d'une  manière  remarquable  la  santé  géné- 
rale. 

L'épithélioma,  certes,  n'est  pas  guéri, 
puisqu'il  se  prolonge  encore  à  une  hauteur 
inconnue  dans  la  portion  profonde  du  col  ; 

43 


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358 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


mais  les  accidents  sont  réduits  au  mini- 
mum^ ce  qui  permet  de  compter  encore 
sur  une  certaine  durée  de  la  vie. 

Ce  résultat  satisfaisant  a  été  obtenu  par 
des  attoucliements  réitérés  avec  I^acide 
chrqmique  pur,  porté  sur  les  fongosités  à 
Taide  d'un  pinceau  de  charpie.  Ces  attou- 
chements ont  été  faits  en  moyenne  une 
fois  par  semaine.  Mais,  à  plusieurs  repri- 
ses, ils  ont  été  interrompus  pendant  qua- 
tre à  six  semaines  de  suite.  Us  n'ont  jamais 
déterminé  d'accidents,  mais  à  la  vérité  on 
a  toujours  pris  certaines  précautions  qu'il 
'  est  utile  de  rappeler^  La  première  con- 
siste à  n'employer  qu'une  petite  quantité 
d'acide  et  à  ne  toucher  que  les  fongosités, 
pour  ne  pas  laisser  le  caustique  pénétrer 
dans  le  col  ni  s'écouler  dans  le  vagin. 

Pour  empêcher  la  cautérisation  des  pa- 
rois vaginales,  il  faut  appliquer  un  tam- 
pon; mais  il  faut  avoir  soin  d'enlever  ce 
tampon  cinq  ou  six  heures  après  l'opéra- 
tion^ sans  quoi  la  présence  de  ce  tampon 
jouerait  le  rôle  de  corps  étranger  entre 
les  parties  et  déterminerait  des  hémorrha- 
gies.  (Butlelin  général  de  thérap.) 


Sur  deux  cas  de  mort  subite  par  des 
bols  alimentaires  obstruant  l'orifioe 
laryxigé,  par  M.  WEISS.  —  Le  4  mars 
1874,  on  releva,  rue  Saint -Léon,  le 
cadavre  d'un  homme  d'une,  cinquantaine 
d'années.  Des  passants  l'avaient  vu  sortir 
du  restaurant  économique,  s'appuyer 
contre  le  mur  de  l'hôpital  et  faire  des 
efforts  de  vomissements,  trébucher  ensuite 
et  tomber.  Le  prenant  pour  un  ivrogne, . 
on  ne  l'avait  pas  secouru.  L'autopsie* 
ordonnée  par  le  parquet  révéla  que 
risthme  du  gosier  était  obstrué  par  nn 
morceau  de  viande  de  42  centimètres  de 
longueur,  3  de  largeur,  4  d'épaisseur  et 
pesant  42  grammes  :  oe  morceau  présen- 
tait une  partie  cartilagineuse  à  l'une  de  ses 
extrémités,  était  en  partie  dans  la  cavité 
buccale,  en  partie  dans  le  pharynx;  il 
maintenait  Tépiglotté^ solidement  abaissée* 
sur  l'ouverture  laryngée.  Les  mâchoires 
de  cet  individu  ne  présentaient  plus  que 
peu   de  dents,  presque  toutes  mauvaises. 

Le  deuxième  fait  a  été  observé  avec 
MM.  Tourdes  et  Lallement.  Un  homme  de 
52  ans  se  fait  préparer  dans  un  petit  res- 
taurant du  gras-double;  il  le  dévore  avec 
voracité  ;  tout  à  coup  il  est  pris  de  suffo* 
cation,  d'efiforts  de  vomissement  et  s'af- 
faisse   inanimé.   A  l'autopsie,   Qn  trouve 


l'arrière-bouche  entièrement  fermée  par 
une  masse  volumineuse  grisâtre,  moulée 
en  haut  sur  la  voûte  palatine,  en  bas  sur 
la  langue.  L'extrémité  supérieure  soulevait 
le  voile  du  palais  d'une  part  et  plongeait 
dans  le  pharynx  par  l'autre  extrémité.  Il 
maintenait  répiglotie  relev^ée.et  bouchait 
l'ouverture  du  larynx.  C'était  un  morceau 
de  gras-doublC;  dur,  mal  cuit,  replié  sur 
lui-même^  pesant  42  grammes,  mesurant 
10  centimères  de  longueur,  5  de  largeur 
et  22  millimètres  d'épaisseur.  Le  larynx 
contenait  quelques  mies  de  pain  seule- 
ment, mais  dans  les  bronches,  jusque  dans 
les  divisions  de  2®  et  Z^  ordre,  s'en  trou- 
vaient en  quantité.  Les  dents  de  ce  sujet 
étaient  aussi  généralement  mauvaises. 

La  position  vertical;  de  Tépiglotte  et 
la  présence  de  grumeaux  alimentaires 
dans  les  •  bronches  montrent  comment 
l'accident  est  arrivé.  Le  bol  alimentaire, 
trop  volumineux,  a  été  arrêté  au  com- 
mencement de  l'œsophage  ;  de  là,  efforts 
de  vomissements  qui  ont  amené  rentrée 
de  matières  étrangères  dans  le  larynx. 

Les  faits  de  ce  genre  arrivent  fréquem- 
ment dans  les  hôpitaux  de  vieillards.  11 
serait  à  désirer  qu'à  côté  des  instructiops 
populaires  concernant  d'autres  morts 
(asphyxie  par  submersion,  etc.),  un  cha- 
pitre fût  consacré  à  la  suffocation  par  bols 
alimentaires.  En  ouvrant  la  bouche  du 
malade  et  y  regardant,  on  eût  pu  sauver 
la  vie  par  l'extraction  de  ces  bols  alimen- 
taires. 

M.  Weiss  cite  deux  faits  où  il  a  pu 
venir  en  aide  à  des  personnes  victimes  de 
leur  gloutonnerie.  Il  y  a  quelques  années, 
à  Birkenholtz,  près  Fénétrange,  il  a  pu 
extraire,  à  l'aide  d'un  crochet  de  Grœfe» 
une  masse  cartilagineuse;  de  trois  travers 
de  doigt  de  long,  arrêtée  dans  le  pharynx 
et  très -adhérente.  Dans  un  autre  cas^  un. 
fragment  d'os,  long  de  9  centimètres  et 
demi  sur  ^2  millimètres,  s'était  arrêté 
dans  l'œsophage  au  niveau  de  l'extrémité 
supérieure  du  sternum^  et  nécessita  l'œso- 
phagotomic,  qui  fut  faite  avec  succès.  Un 
enfant  de  quelques  mois,  sur  le  point 
d'être  étouffé  par  une  dragée,  fut  sauvé 
par  le  doigt  ramenant  la  dragée. 

(Lyon  médical.) 


De-  l'hémorrbagîe  par  rupture  d'une, 
des  racines  du  olitoris  pendant  le  tra- 
vail de  r accouchement,  par  M.  le  docteur 
LAROYENNE.  —  La  pression  de  la  tête 


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539 


du  fœtus  dans  son  passage  à  travers  Pan- 
neau vulvaire  peut  ^^étermincr  en  avant 
sur  la  vessie  et  Tufèthre,  en  arrière  sur  le 
périnée  et  Torifice  anal,  de  la  cystite»  une 
déchirure  du  périnée,  une  fissure,  etc. 
Mais  il  est  d'autres  lésions  plus  rares  que 
les  précédentes  et  produites  par  un  méca- 
nisme analogue.  L'une  d*elles,  passée  sous 
silence  dans  nos  traités  d'obstétrique,  est 
mentionnée  brièvement  dans  celui  de  Jou- 
lin.  On  a  quelquefois,  dit-il,  noté  la  con. 
tnsion  et  même  la  rupture  d'une  dçs  ra- 
cines du  clitoris.  Ce  sont  précisément  les 
conséquences  de  cette  rupture,  dont  il  ne 
parle  pas,  et  faciles  à  pressentir,  qu'il  me 
semble  utiles  de  rappeler.  Scanzoni  n'a 
garde  d'omettre  que  les  hémorrhagies  de  la 
vulve  siègent  de  préférence  à  sa  partie  su- 
périeurey  et  que  souvent  elles  sont  rebelles 
à  l'jction  des  hémostatiques  les  plus  éner- 
giques. Mais  la  véritable  cause  de  l'accident 
qu'il  constate  lui  échappe,  et  il  parait  Pat- 
tribuer  uniquement  à  la  dilatation  des 
vaisseaux  de  la  région.  Il  n'en  est  pas  de 
même  d'autres  observateurs,  cités  par 
Scbrœder,  professeur  à  Erlahgen. 

D'après  cet  auteur,  KIoproth,  Winkél, 
Poppel,  P.  MuUer  et  lui-même  ont  cons- 
taté ces  déchirures  du  tissu  caverneux, 
avec  plusieurs  cas  d'anémie  mortelle  qui 
qn.  furent  la  conséquence.  Cette  triste 
perspective  vaut  bien  la  peine  qu'on  s'oc- 
cupe chez  nous  de  cette  lésion.  Je  l'ai  ob- 
servée six  fois,  toujours  sur  des  primi- 
pares et  toujours  d'un  seul  côté,  dans  deux 
accouchements  terminés  naturellement, 
dans  trois  à  l'aide  du  furceps,  et  une  fois 
avec  le  céphalotribe.  Ell«  est  suivie  d'une 
perte  de  sang  qui  n'a  aucune  tendance  à 
s'arrêter  spontanément.  La  conlexture 
éreclile  du  tissu  lésé  dans  une  étendue  va- 
riable explique  suffisamment  cette  parti- 
cularité qui  est  le  principal  objectif  de  ma 
communication. 

Lorsqu'on  est  prévenu  de  la  possibilité 
de  cet  accident,  on  peut  le  voir  se  produire 
'  sous  ses  yeux»  s'il  s'agit  d'un  travail  qui 
nécessite  une  intervention  instrumentale, 
ou  dont  la  lenteur  vous  contraint  à  sur- 
veiller de  prés  les  derniers  temps  d'évolu- 
tion. À  ce  moment,  la  circulation  rétro- 
grade est  entravée  par  la  compression  du 
fœtus  sur  les  vaisseaux  de  retour,  et  les 
corps  caverneux  tuméfiés  sont  pressés 
contre  l'arcade  pubienne.  Bientôt  l'un 
d'eux,  disfendu  et  entraîné  par  la  tête 
qui  tend  à  sortir,  se  rupture  avec  la  mu- 
queuse qui  le  recouvre  sur  un  point  plus 


ou  moins  éloigné  ou  rapproche  du  clitoris. 
Si  la  muqueuse  résistait  seule,  il  pourrait 
se  produire  un  hématome  sous-muqueux 
ou  un  Ihrombus  de  la  vulve  ou  du  vagin. 
Mais  je  néglige  cette  complication  que  je 
n'ai  pas  observée,  pour  m'en  tenir  à  Thé- 
morrbagie  consécutive  à  la  déchirure  du 
tissu  ércctilc  et  de  la  membrane  muqticuse 
sus-jacente.  Cette  plaie  fournit  un  écoule- 
ment en  nappe  ;  quelquefois  eu  écartant 
les  parties  on  la  voit  darder  des  jets  arté- 
riels très-fins.  •  Toujours  est  il  qu'il  faut 
êlre  prévenu  de  cette  variété  d'bémor- 
rhagie  pour  qu'on  puisse  en  soupçonner, 
et  en  découvrir  la  source,  sinon  elle  sera 
mise  sur  le  compte  de  la  surface  interne  de 
Tutérus  ou  seulement  d'une  déchirure  de 
son  col,  si  la  rétraction  du  corps  de  l'organe 
est  manifeste.  On  conçoit  combien  cette 
erreur  peut  être  'préjudiciable  à  la  nou- 
velle accouchée  dont  la  perte  assez  abon- 
dante et  incessante  se  perpétue  irldéfini- 
ment,  méconnue  et  mal  interprétée.  Il  est 
facile  de  s'en  rendre  maître  à  l'aide  d'une 
pince  compressive  laissée  h  demeure,  ou 
de  la  forci  pressure,  comme  on  dirait  à  la 
Société  de  chirurgie.  Mon  collègue  M.  Fo- 
chier  s'est  contenté,  chez  une  malade, 
d'appliquer  une  serre-fine,  moyen  dont  se 
loue  beaucoup  Scanzoni.'  Je  l'enlevai  douze 
heures  après  son  application,  sans  que  le 
sang  ait  réappf<ru.  Ainsi,  en  cette  cir- 
constance'le  diagnostic  est  le  point  impor- 
tant, tant  sont  faciles*  à  remplir  les  indi- 
cations pressantes  du  traitement. 

J'ai  perdu,  à  une  époque  où  l'état  sani- 
taire de  la  Maternité  laissait  à  désirer,  une 
des  six  accouchées  dont  je  viens  de  parler. 
Il  ne  m'a  pas  été  possible  de  savoir  si  la 
péritonite  généralisée,  constatée  à  l'au- 
topsie, était  ou  non  sous  la  dépendance  de 
la  plaie  intéressant  un  tissu  si  disposé  à 
devenir  le  point  de  départ  d'accidents 
septicémiques.  Il  importe  donc,  non-seu- 
lement de  connaître  cette  source  d'hémor- 
rhagie  pour  la  combattre  efficacement, 
mais  aussi  pour  prévenir  la  lésion  qui  en 
est  l'origine.  Elle  résulte  surtout,  ai-je  dit, 
de  la  résistance  de  l'anneau  vulvaire,  con- 
séquemment  les  deux  petites  incisions  la- 
térales de  P.  Dubois,  dont  le  but,  en 
agrandissant  cet  orifice,  est  de  méniiger  la 
commissure  périnéale,  auront  pour  effet 
de  prévenir  la  déchirure  de  la  commissure 
pubienne  si  on  a  des  motifs  de  l'appi^- 
hender.  'Ces  incisions,  portant  sur  des 
tissus  relativement  peu  vasculaires,  expo- 
seront moins  à  une  effusion  de  sang  abon- 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE 


dante,  et  moins  aussi  à  des  accidents  infec- 
tieux. 

{Revue  de  thérap.  médico-chirurg ,) 


Conduite  à  tenir  dam  lei  aooouohe- 
ment»  difficiles  des  fœtus  morts,  par 
M.  HEIN.  —  Deux  genres  de  difficultés 
peuvent  se  présenter  dans  raccoucbement 
de  fœtus  morts  :  d'abord  l'état  de  déconit- 
position  du  fœtus  peut  mettre  obstacle  aux 
manœuvres  obstétricales  et  rendre  fort  dif- 
ficiles soit  la  version  manuelle,  soit  l'appli- 
cation du  forceps  ou  du  céphalotribe.  En- 
suite, il .  arrive  fréquemment  que  la  ma- 
trice soit  affectée  consécutivement  et 
réclame,  de  la  part  de  raccoucheur,  les 
plus  grands  ménagements. 

Aussi  lorsque  Taccoucbement  d'un  fœtus 
mort  ne  se  fait  pas  spohtanément^  Fauteur 
conseille  de  réveiller  les  contractions  uté- 
rines,-non  par  radministrfttion  de  Pergot 
de  seigle^  impuissant  en  pareil  cas^  mais 
en  appliquant  un  instrument  analogue  au 
dilatateur  de  Tarnier  et  connu  en  Allema- 
gne soûs  le  nom 'de  kolpeurynther  (1).  Il 
cite  à  Tappui  de  sa  façon  de  voir  deux  ob- 
servations personnelles  où  cette  pratique 
a  été  suivie  de  succès. 

Dans  la  première  observation,  on  avait 
essayé  en  vain  de  pratiquer  la  version 
pour  amener  un  fœtus  mort  depuis  une 
quinzaine  de  jours,  Tapplication  du  kol- 
peufynther  suiBt  pour  ramener  de  fortes 
douleurs  et  raccoucbement  se  fit  alors 
spontanément.  La  femme;  qui  était  de 
faible  constitution  guérit  au  bout  de  trois 
semaines,  après  avoir  présenté  quelques 
symptômes  légers  de  paramétritë  du  côté 
droit. 

Dans  la  deuxième  observation,  il  s'agit 
d'un  cas  analogue  :  la  tête  du  foetus  mort 
était  tellement  ramollie  que  Ton  ne  pût 
songer,  en  Tabsence  complète  de  toute 
douleur  utérin»,  à  procédera  Tapplication 
du  forceps.  L'introduction  du  kolpeuryn- 
ther réveilla  les  douleurs,  et  la  tète  s'étant 
présentée  à  la  vulve,  on  ouvrit  lé  crâne 
par  une  incision  cruciale  et  l'on  enleva  la 
substance  cérébrale  à  l'aide  d'injections 
d'eau  tiède.  L'accouchement  se  termina 
heureusement  pour  la  mère.         (Ihid.) 


professe,  sur  le  traitement  des  femmes  en 
couche,  des  idées  très-opposée»  a  celles 
qui  sont  reçues  généralement.  Il.encourage 
ses  malades  à  se  lever  aussitôt  qu'elles  s'y 
sentent  disposées»  parce  que,  selon  lui, 
beaucoup  d'objections  très-sérieuses  s'é- 
lèvent contre  la  position  horizontale  pro- 
longée. Le  travail  de  raccoucbement  étant 
un  acte  purement  physiologique,  il  n'y  a 
pas  de  bonne  raison  qui  permette  de  le 
transformer  en  maladie.  La  nature  le 
montre  bien  explicitement  par  ce  fait  que 
nombre  de  femmes  désirent  se  lever  avant 
que  leur  médecin  le  leur  permette,  et  ce 
désir  doit  être  considéré  comme  une  raison 
suffisante  pour  qu'on  les  y  autorise.  En 
second  lieu,  quelques  médecins  considèrent 
que  rien  ne  relâche  la  tonicité  de  la  fibre 
musculaire  comme  le  confinement  au  lit. 
D'après  son  expérience  personnelle,  le 
docteur  Goodell  estime  que  les  femmes  se 
sentent  plus  fortes  le  cinquième  jour  que 
le  neuvième  si  elles  sont  rigoureusement 
maintenues  sous  les  couvertures.  Bien 
plus,  la  position  debout  non-seulement 
excite  la  contraction  de  l'utérus,  mais,  en 
régularisant  la  circulation,  diminue  la 
quantité  des  lochies  et  abrège  la  durée  de 
leur  écoulement.  Au  contraire^  le  décu- 
bitus dorsal  détermine  une  congestion 
passive  de  tout  Torgane,  l'engorgemciit 
de  la  paroi  supérieure  déjà  hypertrophiée 
au-  point  de  l'insertion  placentaire,  toutes 
choses  de  nature  à  empêcher  les  phéno- 
mènes consécutifs  de  l'évolution  utérine. 
Une  autre  raison  est  tirée  de  ce  que  les 
affections  utérines  sont  presque  inconnues 
dans  les  pays  où  les  femmes  ont  l'habitude 
de  se  lever  de  bonne  heure  après  leur 
délivrance.  D'après  la  lecture  des  clas- 
siques, il  parait  évident  que  chez  les 
Grecs  et  chez  les  Romains,  les  femmes  se 
levaient  très-peu  de  temps  après  leur 
accouchement,  souvent  le  jour  même,  pour 
se  plonger  dans  une  eau  courante.  Enfin, 
ce  qui  vaut  mieux  que  toutes  les  théories, 
une  expérience  suffisante  et  bien  établie  a  ' 
prouvé  au  docteur  Goodell  qu'un  semblable 
traitement  rendait  la  convalescence  plus 
prompte  et  plus  sûre.     (Lyon  médical.) 


Du  repos  au  lit  après  l'aocouohement. 

—  Le  docteur  Goodell  {de  Philadelphie) 

(1)  Pessaire  h  air  en  caoutchouc  vulcanisé(DO(e 
de  la  rédaction). 


.  Pseudarthrose  de  l'extrémité  infé- 
rieure du  fémur  gauche,  consolidée  avec 
l'acupuncture  électrique.  —  Le  docteur 
Laurenzi  rapporte  dans  un  mémoire  l'ob- 
servation d'un  homme  d'une  très-  forte 
constitution,  qui  était  entré  dans  son  ser- 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


341 


vice  pour  une  fracture  oblique  de  Textré- 
mité  Inférieure  du  fémur  gauche.  La  frac- 
ture datait  depuis  le  commencement  de 
novembre  i^70.  Cet  bomme  est  entré  dans 
le  service  h  20  janvier  1874.  Le  profes- 
seur Laurenzi  réduisit  le  déplacement  et 
appliqua  un  appareifen  plaire.  Ayant  ôlé 
Tappareil  cinquante  jours  après,  H  cons- 
tata la  persistance  de  la  mobilité  anormale. 
Ayant  employé  inutilement  tous  les  moyens 
capables  de  produire  la  formation  du  cal, 
il  introduisit  dans  l'épaisseur  de  Tos  cinq 
aiguilles  assez  longues,  quMl  mit  en  com- 


munication avec  un  appareil  de  Gaiffe;  il 
fit  durer  la  séance  quinze  minutes,  après 
laquelle  il  appliqua  Tappareil  américain 
pendant  dix  jours,  et,  s'étant  aperçu  que 
Tossification  avait  lieu,  il  répéta  la  séance 
électrique  et  appliqua  encore  une  fois  Tap- 
pareil  américain^rpcndant  vingt  jours  ;  le 
cal  se  forma,  et  trente -cinq  jours  après  le 
malade  pouvait  marcher.  Il  sortit  le  20 
mai  parfaitement  guéri.  (Laurenzi,  Pseudo- 
artrosi  deWestremo  infcriore  dcl  femore 
sinistro  consolidata  con  agopuntura  elet- 
tricà,  {Bulktin  génital  de  thérap,) 


Chimie  médicale  et  pharmaceutique. 


Noùveiàu  procédé  pour  le  do f âge  de 
Toxygéne  libre  daoi  l'urine;  par  M.  D. 
FREIRE.  —  Le  procédé  généralement  em- 
ployé pour  doser  Poxygène,  ainci  que  les 
autres  gaz  de  Turinc,  consiste  à  soumettre 
le  liquide  à  Taction  du  vide,  au  moyen  de 
la  pompe  à  mercure.  Les  résultats  «ont 
cxucts,  parce  qu'on  atteint  un  vide  presque 
barométrique  ;  mais  ce  moyen,  d'une  exé- 
cution longue,  réclame  des  soins  spéciaux 
et  remploi  d'un  appareil  dont  le  prix  est 
élevé. 

J*ai  réduit  Testimation  des  gaz  de  Turinc 
à  une  analyse  v«lumétrique,au  moins  pour^ 
.  Toxygènc.  On  pourra  probablement  appli- 
quer le  même  procédé  à  d'autres  liquides 
que  Turine  :  eau  ordinaire,  lait, sang,  etc., 
avec  quelques  modifications. 

La  quantité  d*oxygène  libre,  dans  Turine, 
ne  dépasse  pas  quelques  dixièmes  de  ceu- 
timètres  cubes  par  litre.  Il  fallait  donc  un 
réactif  très-sensible  pour  déceler  et  me- 
surer exactement  cette  petite  proportion  de. 
gaz.  Je  Tai  trouvé  dans  Tacide  pyrogal- 
lique. 

La  proportion  d'oxygène  absorbé  par 
une  quantité  déterminée  d'acide  pyrogal- 
lique  est  connue  depuis  les  recherches  de 
Dœbereincr  :  1  gramme  de  ce  corps,,  dis- 
sous dans  un  excès  d'ammoniaque,  absorbe 
58  centigrammes  ou  260  centimètres  cubes 
d'oxygène.  0  gr.^  002  du  même  acide 
absorbent  0  gr.,  82  d'oxygène. 

J'ai  fait  une  liqueur  d'épreuve  ou  une 
sorte  de  titrage,  avec  0  gr.,  002  d'acide 
pyrogalliquc,  dissous  dans  un  excès  d'am- 
moniaque, que  j'ai  exposés  pendant  quel- 
que temps  à  l'air,  en  remuant  sur  les  parois 
du  vase,  afin  de  les  saturer  d'oxygène. 


L^absorption  totale  se  fait  en  quelques  mi- 
nutes. Ensuite,  j'ai  *fait  une  solution  de 
4  gr.,  4  de  protocblorurc  d'étain  daas 
100  centimètres  cubes  d'acide  chlorhy- 
drique  moyennement  concentré,  dont  j'ai 
rempli  une  burette  graduée.  J'ai  fait  cou- 
ler goutte  à  goutte  cette  liqueur  sur  celle 
qui  résultait  du  contact  de  l'acide  pyro- 
gallique  et  de  l'ammoniaque,  jusqu'à  sa 
complète  décoloration.  Le  lîombre  de  divi- 
sions de  la  burette  nécessaire  pour  cet  effet 
correspond  à  la  quantité  réelle  d'oxygène 
absorbe  par  0  gr.,  002  d'acide  pyrogal- 
lique. 

Cela  fait,  on  prend  50  centimètres  cubes 
d'urine^  on  ajoute  0  «^r.,  002  d'acide  py- 
rugallique,  après  avoir  étendu  la  liqueur 
d'eau  distillée,  récemment  bouillie,  afin 
d'avoir  un  liquide  incolore  ou  presque 
incolore,  et  l'on  couvre  immédiatement  le 
liquide  d'une  couche  d'essence  de  téré- 
benthine pure,  épaisse  de  quelques  centi- 
mètres. Alors  on  ajoute  un  excès  d'ammo- 
niaque, en  la  faisant  couler  le  long  des 
parois  du  vase.  Le  liquide,  qui  était  inco- 
lore, devient  légèrement  violacé  ou  jau- 
nâtre, changement  dû  à  Tabsorption  de  la 
petite  proportion  d'oxygène  renfermée 
dans  KO  centimètres  cubes  d'urine.  On 
ajoute  alors,  goutte  à  goutte,  la  liqueur  de 
la  burette  à  l'urine  qu'elle  décolore.  Le 
nombre  de  divisions  nécessaires  à  la  déco- 
loration donne  la  quantité  d'oxygène.  La 
difficulté  de  l'opération  consiste  à  saisir  le 
moment  précis  de  la  décoloration,  comme 
dans  toutes  les  analyses  yolumétriques 
fondées  sur  un  changement  de  couleur  de 
la  liqueur.  (Journal  de pharm.  etdechim,) 


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342 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Sur  le  lait;  par. M.  Al.  SGHMIDT.  -~ 

Si  Yon  soumet  du  lait  à  Paction  d'un  dia- 
lysrur  pendant  trente  à  trente-six  heures 
seulement,  en  ayant  le  soin  d'agiter  frc- 
quemoient  le  liquide  externe  pour  empê- 
cher la  coagulation  de  la  caséine,  on  trouve 
dans  le  liquide  interne  du  dialyseur  une 
solution  neutre  de  caséine,  exempte  de 
sucre  de  laît^  et  ne  renfermant  plus,  d'au- 
tres sels  que  les  phosphates  de  chaux  et  de 
magnésie.  Les  acides  en  précipitent  la  ca- 
séine. Il  découle  de  l'expérience  précé- 
dente-que  les  sels  solubles  ne  contribuent 
pas  à  tenir  la  caséine  en  dissolution. 

Si,  au  contraire,  on  laisse  agir  le  dialy- 
seur pendant  un  temps  beaucoup  plus  long, 
U  caséine  se  coagule  ;  le  liquide  extérieur 
contient  alors  de  Talbumine  et  des  phos- 
phates de  chaux  et  de  ma(;nésie  ;  évaporé, 
il  laisse  un  résidu  brun,  azoté.  Cette  expé- 
rience indique  que  la  caséine  est  tenue  en 
dissolution  par  une  substance  cristalloïde 
azotée  qui  exerce  également  son  action 
dissolvante  sur  le  phosphate  de  chaux. 

Le  premier  liquide  dialyse,  soumis  à 
l'évaporation,  laisse  un  résidu  coloré  en 
jaune  à  réaction  toujours  acide,  bien  que 
le  lait  soit  neutre  jusqu'à  la  fin  de  l'expé- 
rience. Ce  liquide,  neutralisé  par  un  alcali, 
redevient  acide  en  un  petit  nombre  d'heu- 
res à  la  température  de  55°  ;  l'cbullition 
retarde  l'apparition  de  la  réaction  acide, 
mais  ne  l'empêche  pas  de  se  montrer. 

Pour  obtenir  de  la  caséine  pure., 
M.  Schmidt  conseille  d'étendre  le  lait  de- 
cinq  fois  son  volume  d'eau  distillée,  de 
l'aciduler  avec  de  Tacide  acétique,  de  laver 
le  précipité,  de  le  diviser  dans  l'eau  par 
une  vive  agitation,  enfin  de  l'y  dissoudre 
par  une  addition  de  soude  caustique.  La 
solution  filtrée  est  agitée  avec  de  l'éther, 
qui  la  dépouille  de  la  matière  grasse,  puis 
elle  est  sounltse  à  la  dialyse.  On  filtre  au 
bout  de  vingt-quatre  heures,  et  Ton  obtient 
un  liquide  limpide,  neutre  au  papier  de 
tournesol,  qui  renferme  toute  la  caséine 
en  dissolution.  Une  addition  d'acide  acé- 
tique en  sépare  la  caséine,  identique  à 
celle  du  lait,  insoluble  dans  Peau,  soluble 
dans  la  partie  du  lait  qui  traverse  le  dialy- 
seur (après  sa  concentration),  comme  la 
caséine  spontanément  séparée  du  lait 
.  aigri.  Elle  diffère  de  la  caséine  obtenue  par 
la  présure,  car  cette  dernière  ne  se  dissont 
pas  dans  le  liquide  externe  du  lait  dialyse, 
elle  se  dissout  aussi  plus  difficilement  dans 
la  solution  de  soude  caustique  que  la  ca- 
séine précipitée  par  les  acides. 


On  sait  d'ailleurs  que  la  présure  coagule 
le  lait  rendu  alcalin  par  une  addition  de 
soude  comme  elle  coagule  le  lait  naturel, 
mais  le  lait  alcalin  ne  se  coagule  qu'à  une 
température  supérieure  à  celle  du  lait  aci- 
dulé. 

L'expérience  suivante  met  en  relief  le 
rôle  du  sucre  de  lait  dans  l'acidification 
spontanée  du  lait.  On  soumet  du  lait  à  la 
dialyse  ;  quand  le  liquide  dialyse  ne  con- . 
tient  plus  de  sucre  de  lait,  on  en  prend  une 
partie  et  Ton  y  dissout  une  petite  quantité' 
de  sucre  de  lait.  Ce  liquide,  conservé  pen- 
dant quelques  heures  dans  un  endroit  un 
peu  chaud,  devient  acide,  tandis  que  le  lait 
dialyse  et  non  additionné  de  sucre  de  lait 
garde  sa  neutralité  pendant  un  jour  et 
demi,  à  deux  jours.  La  solution  aqueuse  du 
sucre  de  lait  se  conserve  sans  altération 
pendant  cinq  à  huit  jours.  Il  résulte  de  ' 
l'expérience  précédente  que  le  lait  paraît 
contenir  un  ferment  qui  transforme  le 
sucre  de*  lait  en  acide  lactique.  Voici  une 
autre  expérience  qui  confirme  cette  ma- 
nière de  voir  :-on  verse  une  quantité  suf- 
fisante d'alcool  dans  du  lait  dialyse,  on 
sépare  le  précipité  au  i)out  de  quelques 
jours,  et  on  le  dessèche  dans  le  vide  ;  le 
résidu  sec,  repris  par  l'eau,  donne  un  so- 
luté qui  reste  neutre  pendant  plusieurs 
jours;  mais  Tadditionne-t-on  de  sucré  de 
lait,  il  est  acide'  en  moins  de  sept  heures. 
.L'ébullition  n'enlève  pas  au  liquide  ses 
qualités  férmeritescibles,  le  ferment  est 
alors  moins  actif,  mais  il  n'est  pas  détruit  ; 
c'est  pourquoi  le  lait  bouilli  devient  moins 
rapidement  acide  que  le  lait  non  bouilli. 

X^'auteur  n'a  pas  réussi  à  isoler  ce  fer- 
ment. (Ibid.) 


Dosage  de  l'azote  dans  les  engrais  ; 
par  M.  LUND.  -^  M.  K.  Lund  propose  de 
doser  l'azote  des  engrais  à  l'état  d'ammo- 
niaque et  d'opérer  la  combustion,  de  la 
façon  ordinaire,  en  chauffant  la  prise 
d'essai  avec  un  mélange  de  bitartrate  de 
potasse  et  de  chaux  sodée.  L'ammoniaque 
est  recueillie  dans  une  solution  alcoolique 
d'acide  tartrique:  Le  bitartrate  d'amnio- 
niaque  est  insoluble  dans  l'alcool,     {/bid,) 


Transfornaatîon  de  la  bruoîne  en 
strychnine  et  réoiproquenaent ;  par  M. 
F.  L.  SONNENSCHEIN.  —  Si  Ton  con- 
sidère les  divers  alcaloïdes  qui  existent 
dans  une  même  plante,  on  remarque  sou- 


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REVUE  AJVALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


345 


vent  qu'il  existe  entre  eux  des  relations 
étroites  de  composition  et  même  de  pro- 
priétés. 

C'est  ainsi,  par  exemple,  que  la  conby- 
drine  G?«H"AzO*  que  l'on  extrait  du  Co- 
nium  niaculaium  présente  une  composi- 
tion trcs-voîsine  de  la  conicine  C^H'^Az 
que  fournit  la  même  plante  :  la  conliy- 
drine,  qui  renferme  les  éléments  d'une 
molécule  d'eau  en  plus,  peut  perdre  cette 
eau  sous  Tinfluence  de  Tacide  phospho- 
rique  anhydre  et  se  transformer  en  coni- 
cine. C'est  ainsi  encore  que  parmi  les  jiom-  • 
hreux  alcalis  que  fournit  Topium  quatre 
peuvent  être  considérés  comme  homolo- 
gues les  uns  des  autres,  et  que  plusieurs 
sont  isomères.  Les  bases  des  différents 
quinquinas  sont  dans  le  même  cas  :  elles 
forment  deux  séries  d'isomères  et  quel- 
ques unes  ne  diffèrent  des  autres  que  par 
la  quantité  d'oxygène  qu'elles  contiennent. 
L'harmaline  du  Peganum  harmala  ren- 
ferme 2  équivalents  d'hydrogène  de  plus 
que  rharmine  C*^H"Az'0'  existant  dans 
la  même  plante,  et  peut  être  transformée 
en  cette  dernière  par  soustraction  de  H 
sous  l'influence  des  oxydants. 

•Si  l'on  fait  une  comparaison  de  ce  genre 
entre  les  deux  alcalis  des  Strychnos^  la 
strychnine  C"H"Az'0*  et  la  brucine 
C"H**Az*0*,  on  voit  que  la  seconde  ren- 
ferme en  plus  4  équivalents  de  carbone, 
d'hydrogène  et  d'oxygône.  M.  Sonnen- 
schein  vien.t  de  montrer  que  ce  ne  sont 
pas  là  de  simples  jeux  de  formules  ;  il  a 
été  conduit  par  une  série  d'expériences  à 
reconnaître  que  sous  l'influence  de  l'oxyda- 
tion, la  brucinc  peut  être  transformée  en 
strychnine,  le  carbone,  Thydrogène  et 
Toxygène  qu'elle  renferme  en  plus  passant 
à  rétat  d'acide  carbonique  et  d'eau 

C"H"AzW  -+-  0»=:C"H"Az*0*  -t- 

Brucine.  Stryehnlne. 

2HW-t-2C»0*. 

Cette  réaction  intéressante  peut  être 
opérée  sous  l'influence  de  divers  oxydants  ; 
l'acide  azotique  l'effectue  bien  dans  les 
conditions  suivantes  :  on  chauffe  de  la 
brucine  avec  quatre  ou  cinq  fois  son  poids 
d'acide  azotique  étendu  d'eau  ;  il  se  pro- 
duit un  dégagement  d'acide  carbonique 
entraînant  des  vapeurs  nitreuses.  L'action 
terminée,  un  concentre  la  liqueur  rouge  au 
bain-maric,  on  la  mélange  avec  un  excès 
de  potasse  et  Ton  agite  le  tout  avec  de 
réther.  Ce  véhicule,  recueilli  et  évaporé, 
laisse  une  masse  brune  contenant,  mélan- 


gée à  des  matières  eolorânfes  et  à  une  ré- 
sine jaune,  un  alcali  que  Ton  peut  dissou- 
dre dans  un  acide  et  obtenir  pur  à  Tétat 
cristallisé.  La  base  ainsi  préparée  a  les  pro- 
priétés de  la  strychnine  dont  elle  fournit 
tous  les  sels  et  toutes  les  réactions  caracté- 
ristiques. L'auteur  a  analysé  son  chlorhy- 
drate et  lui  a  trouvé  la  composition  du 
chlorhydrate  de  strychnine. 

La  possibilité  de  transformer  la  brucine 
en  strychnine  présente  en  toxicologie  un 
intérêt  pratique  sérieux.  L'aûtenr  et 
M.  Brand  l'ont  observée  en  effet  dans  des 
conditions  utiles  à  rapporter.  Si  dans  un 
mélange  de'  matières  organiques  diverses 
on  ajoute  simultanément  du  nitrate  de 
plomb  et  de  la  brucine  et  si  l'on  recherche 
les  bases  organiques  dans  la  massç  par  la 
méthode  de  Stas,  on  obtient  un  alcali  qui 
possède  les  propriétés,  non  de  la  brucine, 
mais  de  la  strychnine^  alors  même  que  Ton 
s'est'  assuré  de  l'absence  dé  toute  trace  de 
strychnine  dans  la  brucine  employée. 

L'action  si  manifeste  exercée  par  la  pré- 
sence d'un  nitrate  dans  le  cas  actuel, 
s'exercerait  d'une  manière  analogue  dans 
certaines  circonstances  en  toxicologie. 

Mais  il  y  a  plus.  D'après  M .  Sonnenschein  ' 
la  strychnine  peut  répiproquement  être 
transformée  en  brucine.  Si  Ton  maintient 
au  bain-marie  pendant  plusieurs  mois  des 
tubes  scellés  renfermant  de  la  strychnine 
mélangée  à  une  solution  alcaline  de  po- 
tasse, de  soude  ou  de  baryte,  elle  se  trouve 
«Eiodiflée  et  possède  alors  toutes  les  pro- 
priétés qui  caractérisent  la  brucine.  Tou- 
tefois ce  côté  des  recherches  de  l'auteur  a 
besoin  d'être  confirmé  par  de  nouvelles 
expériences.  (Ibid,) 


Purification  de  l'apide  salioylique  ; 
par  M.  A.  RAUTERT.  —  L'acide  salicy- 
lique  obtenu  par  le  procédé  de  M.  Kolbe  a 
toujours  une  couleur  jaune  plus  ou  moins 
marquée.  Pour  avoir  ce  produit  tout  à  fait 
blanc^  M.  Kolbe  a  conseillé  de  le  transfor- 
mer par  les  méthodes  connues  en  éthers 
salicyliques  et  de  décomposer  ceux-ci  par 
une  solution  de  soude  caustique.  Mais, 
ainsi  que  l'a  observé  M.  Rautert,  le  poids 
de  l'acide  salicylique  que  l'on  recueille 
après  l'opération  n'est  plus  guère  que  le 
quart  du  poids  de  l'acide  salicylique  mis  en 
expérience.  D'autre  part,  on  ne  peut  pas 
recourir  à  ta  sublimation  de  lacide  salicy- 
lique sans  le  décomposer  en  acide  carbo- 
nique et  en  acide  phénique. 


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544 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


L'acide  salicylîcfue  peut,  au  contraire, 
être  volatilisé  dans  un  espace  rempli  de  gaz 
ou  de  vapeurs,  a  une  température  infé- 
rieure à  celle  de  son  point  de  fusion,  sdns 
subir  de  décomposition  notable.  Le  pro- 
cédé suivi  par  M.  Rautert  consiste  à  dis- 
tiller Tacide  salicylique  dans  un  courant  de 
vapeur  d'eau  surchauffée  sous  la  pression 
ordinaire.  L'acide  salicylique  est  mis  dans 
un   appareil  distillatoire  en  cuivre  muni* 
d*un  double  fond;  la  cavité  inférieure  com- 
prise entre  les  deux  fonds  de  cuivre  est 
remplie  par  de  la  paraffine,  au  milieu  de 
laquelle  on  a  fixé  un  thermomètre.  Cette 
paraffine  est  portée  tout  d'abord  à  une 
température    de    170»   C.  ;    cela   fait,  on 
amène  dans  la  cavité  supérieure  contenant 
Taclde  salicylique  un  courant  de  vapeur 
d'eau  chauffée   à    i70<*;  par  son  passage 
dans  un  serpentin  plongé  dans  Un  bain  de 
paraffine  porté  à  la  même   température. 
L'acitle  salicylique  vient  se  condenser  dans  . 
un  tube  d'étain  de  5  centimètres  de  dia- 
mètre au  moins  entouré  par  un  réfrigérant 
Liebig  ;  ce  tube  serait  prompteriient  obstrué 
malgré  le  courant  de  vapeur  d>au,  si  Ton 
ne  prenait  la  précaution  d'engager  dans 
une   tubulure  spéciale  soit  une   tige   de 
verre,  soit  une  tige  de  sapin,  qui  permet 
par   un  glissement    facile    de  pousser   à 
Textrémité  du  tube  l'acide  salicylique  con- 
densé. 

Vers  la  fin  de  l'opération,  on  est  obligé 
d'élever  la  température  des  deux  bains  de 
paraffine  à  185°  C. 

La  distillation  de  1  kilogramme  d'acide 
salicylique  exige  deux  heures.  Le  produit 
a  l'odeur  très-affaiblie  de  l'acide  phénique  ; 
il  a  l'aspect  d'une  bouillie  d'un  blanc  de 
neige;  on  le  soumet  à  la  presse^  puis  on  le 
fait  bouillir  dans  l'eau  distillée  pour  en  dé- 
gager les  dernières  traces  d'acide  phénique, 
enfin  on  le  fait  cristalliser.  Le  résidu  de  la 
distillation  est  une  matière  résiuoïde  de 
couleur  noire.. 

Pour  une  fabrication  plus  importante,  on 
avait  espéré  remplacer  la  paraffine  du  bain- 
marie  par  un  courant  de  vapeur  à  haute 
pression  ;  avec  cinq  atmosphères  de  pres- 
sion, on  a  une  température  de  160*»  C, 
mais  on  n'obtient  plus  alors  que  des  traces 
d'acide  salicylique.  La  distillation  sous  une 
faible  pression  (1/2. atmosphère),  donne,  au 
contraire,  d'excellents  résultats.  L'agitation 
continue  de  l'acide  salicylique  au  moyen 
d'un  appareil  hâte  considérablement  la 
distillation.  (Ibid.) 


Sur  Taoîde  oymenoarbonîque  ;  par 
MM.  PATERNO  et  FILETl.  —  Lorsqu'on 
distille  du  cymensulfate  sodique  sec  avec 
son  poids  de  cyanure  potassique,  on  ob- 
tient une  huile  brune  plus  légère  que  l'eau 
qui,  chauffée  dans  un  appareil  à  reflux  avec 
une  solution  alcoolique  de  potasse,  se  prend 
en  une  masse  brune  cristalline  après  avoir 
évaporé  et  ajouté  de  l'eau.  En  versant  de 
l'acide  chlorhydrique  dans  le  liquide 
aqueux,  on  obtient  une  petite  quantité 
d'une  huile  que  les  auteurs  n'ont  pas  pu 
examiner.  De  la  partie  solide,  au  con- 
traire, ils  ont  extrait,  par  des  traitements 
répétés  à  Teau  bouillante,  un  composé  qui 
se  sépare  par  le  refroidissement,  de  la  so- 
lution aqueuse  en  belles  aiguilles  blanches. 
On  a  fait  cristalliser  une  seconde  fois 
dans  l'eau  bouillante  la  substance  ainsi 
préparée,  afin  de  l'obtenir  parfaitement 
pure.  Elle  se  présente  en  aiguilles  blan- 
cheS;  très  légères,  très-peu  solubles  dans 
l'eau  froide,  plus  solubles  dans  l'eau 
bouillante,  très-solubles  dans  l'alcool, 
l'éther  et  le  chloroforme.  Elle  fond  à  la 
température  corrigée  de  138-139».  Elle 
contient  de  l'azote  et  a  donné  à  l'analyse 
des  résultats  qui  s'accordent  a¥ec  la  for- 
'mule 

Îrj6i|7 
C*0*,AzH«. 

Les  auteurs  ne  croient  pas  .improbable 
que  telle  soit  réellement  la  nature  de  la 
substance  obtenue  par  eux,  quoiqu'ils  trou- 
vent un  peu  extraordinaire  la  résistance 
de  ce  corps  à  l'action  de  la  potasse  alcoo- 
lique. [Ibid.) 


Sur  rHibîsoufl  esoulèntui  ;  par  M.  LAN- 
DRIN.  —  L'Hibiscus  csculentus  forme  la 
base  des  préparations  de  nafé.  C'est  une 
malvacée  qui  est  connye  sous  le  nom  de 
Gombo  et  qui  croit  dans  les  pays  chauds, 
notamment  en'  Syrie  et  en  Egypte.  Indé- 
pendamment de  son  emploi  en  médecine, 
l'Hibiscus  esculentus  sert  à  fabriquer  des 
cordages  et  des  tissus,  ainsi  que  du  papier 
très-beauet  très- résistant  pouvant  rivaliser 
avec  les  papiers  de  chiffons  purs. 

M.  Landrin  a  fait  l'analyse  chimique  da 
gombn.  L'eau  enlève  aux  différentes  par- 
ties de  la  plante  et  même  à  l'enveloppe  du 
fruit  une  matière  mucilagineuse  très- abon- 
dante qu'il  a  appelée  Combine  ;  c'est  ce 
mucilage  qui  sert  à  préparer  des  pâtes  pec* 


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RfcVUB  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE.  ^  §45 

(orales  en  pharmacie.  La  gonibine  ne,  elusion  de^  deux  faits  suivants  :!<>  un  dé- 
donne pas  diacide  mucique  par  le  traite-  gagement  d*hydrogène  quand  on  aûaquc 
ment  au  mQyeade  Tacide  azotique  et  n*cst  Fessence  par  ta  potasse  j  â**  la  production 
pas  attaquée  par  la  potasse.  Elle  sçtrans-  d*acide  angéiique. 

formcenglncoscsdusTinfluenoâ des  acides.         Cette  eonclusîon,  d'après  M.  Demarçay, 

Cette  réaction  et  la  coloration  violette  que  se  trouve  en  défaut,  le  dégageaient  d'hy* 

.lui  donne  la  teinture  d'iode  la  rapprochent  drogène  n'existant  pas.  On  peut,  en  effet,* 

beaucoup  de  la  dextrine  dont) elle  est,  du  décomposer    Tessence    sans    observer   la 

restée  i>n  isomère.  Outre  cette  substance,  moindre  trace  de  gaz  tout  en  obtenant  les 

le  gombo,  renferme  encore  une  résine  qui  mêmes  produits  de  décomposition, 
se  colore  en  rouge  sous   rinfluence   du         L'essence    de    camomille    a   fourni    à 

chlore  et  des  acides.  M.  Demarfay  les  résultats  suivants  relatif 

En  résumé,  Tanalyse  du  gombo  a  pré-  vement  ^ux  températures  d'ébullition  de 

sente  les  résultsits  suivants  :  ses  différentes  portions  :  à  150>  l'cbullition 

E3Q  , 13  82  comipence,  mais  jusqu'à  173®,  il  ne  pasàe 

Gofflbine  ,,..,.,    l      19-50  que  quelques  gouttes;  de  473  à  185»,  il 

CeHujose 60.75  passe  3*2  p.  100  de  l'essence  ;  de  185  à 

Stu~.-s  mini-aies:    '.    l    i    l       ifs  '  ^^'^  P;  l»»..  «'.<»?  ^^0  à  250».  l?  p. 

Mtttidres  non  dosées   .     .    .    ,       0,^5  100.  Ce  qui  restait  était  brun,  huileux,  et 

100.00  formait  environ  le  dixième  de  Tcssence;  il 

La  tige  du   gombo  n'est   pas  la*  seule  semblait  y  avoir  un  commencement  de  dé- 

partie  utilisable  de  la  plante;  si  Ton  exa-  composition. 

raine,  en  effet,  la  composition  chimique  de  Lowqu  on  redistille  les  porlions  résul,- 

la  graine,  on  voit  qu'elle  contient  une  pro-  ?"'  ^"   fractionnement,   on   observe  un 

portion  notable  d'huile  :  *?«^'*  abaissement  dans  les  points xi'ebulli- 

'^  tion,  et  des  points  d  arrêt  marqués  entre 

gf"; -^-^î  477et  184.»  vers  194  et  200»;  au-dessus 

Huile       .       , .         lt>,00  ,       cktrn.      ••  <  .  . 

Résine. l,ai  «e  230»  il  passe  a  peine  quelques  gouttes, 

Matières  minérales.    >    .    .    .       6,38  I^  cornue   renfermant    alors    un   liquide 

Matières  non  dosées njO  épais  en  faible  proportion. 

100,00  L'essence  de  camomille,  dissoute  dans 

L'huile  que  Ton  extrait  an  moyen  de  son  volume  <jl'alcool,  a  été  additionnée  de 

t'éther  ou  du  sulfure  de  carbone,  ou  par  sou  poids  de  potasse  en  petits  fragments, 

compression,  a  une  odeur  et  une  saveur  puis  agitée  avec  cette  base  dans  un  vase 

peu  agréables,   qui   l'empêcheront  d'être  soigneusement  bouché,  jusqu'à  dissolution 

employée  coiiome  comestible.  Elle  pourra  de  cette  dernière.  Au  bout  de  trente-six 

être  utilisée  avantageusement  dans  la  fabri-  heures,  le  liquide,  qui  s'était  pris  en  messe, 

cation  des  acides  gras  et  des  savons.  Enfin  a  été  udditiouné  de  son  volume  d'eau.  La 

le  tourteau  épuisé  constitue  un  excellent  liqueur  a  été  distillée  alors  au  bain-marie, 

engrais;  il  renferme  4,18  p.  100  d'azote  puis  à  feu  nu,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  passât 

et  1,55  d'acide  phoÂphorique.       {Ibid.)  plus  que  de  l'eau;  les  produits  des  deux 

■  distillations  ont  été  réunis. 

^  En  traitant  ce  produit  par  du  carbonate 

.    Sur  l'estenoe  de  «amoinill«  romaine;  de  potasse  et  en  le  soumettant  à  une  distil- 

par  M.  DEMAEÇAY.  —  L'cs&euce  de  ca-  lation  fractionnée,  M.  Demarçay  a  obtenu 

momille,  d'après  Gerhardt,  serait  un  mé-  surtout  deux  liquides  bonillanl,  l'un  entre 

lange  d'une  petite  quantité  d'une  matière  107  et  109«,  l'autre  entre  119  et  121».  Le 

résineuse,  d'hydrure^d'angélyle   et   d'un  premier  a  présenté  les  réactions  et  la  cOm- 

carbure  d'hydrogène  bouillant  à  175^  iso-  position  de  l'alcool  butylique,  et  lui  est 

'  mère  de  l'essence  de  térébenthine.  Ger>  identique.  Le  second  est  constitué  par  de 

hardt  admettait  encore  que  Thydrure  d'an-  l'alcool  amylique. 

gélyle  possédait  un  point  d'ébullition  très*         Enfin,  de  l'ensemble  de  ses  recherches, 

rapproché  de  175»,  et  que  cette  circon-  M.  Demarçay  a  conclu  que  l'essence  de 

stance,  jointe  à  la  présence  de  la  matière  camomille  romaine  est  un  mélange  de  plu- 

résiaeuse,  expliquait,  d'une  part^  l'impos-  sieurs  éjlhers,  parmi  lesquels  dominent  les 

sibilité  de  la  séparation  des  différents  prin-  angelates    et    valérianates    de    butylc  et^ 

cipes,  de  l'autre,  l'élévation  graduelle  de  d'amyie.  {Ibid.) 

son  point  d'ébullition.  il  appuyait  sa  con-  — — •p....^ 

44 


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5i6 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Faits  relatiff  à  l'é&ude  deis  aleools.po^ 
lyatooiîqued  pfO|>r«iinent  dîtt.  Applîoa- 
tioo  à  un  nouveau  mode  d'obtention  de 
l'aoide  formique  cristallîsable  ;  par  M. 
LORIN*  -^  Nous  avons  fait  confiaitr«  deux 
procédés  de  préparation  industrieile  de 
1  auide  foroiique  proposée  par  M.  Lorin. 
Cp  chimiste  a  complété  ses  expériences  qui 
lui  ont  periTiii^  d'obtenjr  directement  Tacide 
formique  cristallisabie,  Il  rappelle  d'abord 
une  expérience  qu'il  a  faite  il  y  a  plusieurs 
années.  Dans^  une  cornue  assez  grande  à 
coi  un  peu  effilé,  on  mit  i  kil.>  iâO  de 
glycérine  pure  et  5  kiiogrammes-  d*ecide 
oxalique  ordinaire  en  poudre;  la  réaction 
9  été  eontiotiée  par  des  additions  succes- 
sives de  cet  acide,  le  matin  et  le  soir,  et  en 
quantités  telles  que  le  niveau  primitif  du 
mélange  fût  atteint  et  autant  qu«  possible 
^laintenju.On  opérait  à  feu  nu.  65  kil.,  250 
^ diacide  oxalique  ordinaire  ont  fourni 
42  kil.,  140  diacide  formique,  au  titre 
moyen  54,5  p.  100;  et  représentant 
25  kil.\  004  diacide  formique  vrai.  Ce  qui 
est  surtout  digne  de  remarque  dans  cette 
expérience,  c'est  que  la  propriété  éthéri- 
fiante  du  résidu  liquide  était  loin  d^être 
épuisée.  On  obtient  donc  avec  Tacide  oxa- 
lique et  la  glycérine ,  de  Taeide  formique 
indéfiniment,  comme  l'alcool  ordinaire 
donne  avec  Tacide  sutfurique  de  Téther 
sulfurique  indéfiniment.  Cette  eonltnuité 
et  Tabsencc  de  préeao tiens,  en  employant 
un  bain-marie,  ete.,  en  font  un  proeédé 
véritablement  industriel. 

M.  Lorin  a  obtenu  avec  la  glycérine  de 
Tacide  (ormiquede  premier  jeta  90  p.  100  ; 
il  a  étendu  depuis  ses  expériences  à  d*au* 
très  alcools  polyatomi^uBs,  la  mannito  et 
rérythrite. 

De  tous  les  alcools  polyatomiques^  la 
mannite  doit  être  préférée  pour  la  prépa* 
ration  de  Tacide  formique  à  56.  Elle  four- 
nit un  produit  plus  abondant,  d*une  lim- 
pidité  parfaite  et  n&laissant,  par  distilla- 
tion, qu'une  petite  quantité  de  résida  a 
peine  coloré.  Elle  donne,  comme  la  glycé- 
rine, de  Tacide  formique  très^  concentré  à 
66,4ponri00. 

L'érytbrite  (i)  a  donné  des  résultats 
inattendus  avec   Tacide  oxalique   désby- 

(1)  Onsaitqae  Pérythrite,  CsHioOs.  a.élé  dé- 
couverte par  M.'Slenbouse  dans  tes  lichens.  CVsl 
un  alcool  tétratomiqtte  que  M  Berlhelol  a  placé 
entre  la  glycérine t alcool  triatomiqne)  et  la  man- 
nite (alcool  hexatomiqae).  — Elle  a  une  Faveur 
sucrée  faible  et  cristallise  en  prismes  volumineux 
trôs-aoiubles  dans  Teau  et  dans  Talcool  absolu 
bouillant.  P. 


draté;  85  grammies  de  cetter  substancc^et 
2  kil.,  400  d'a«ide  oxalique  ont  produit 
4,120  diacide  formique  aqueux,  continuant 
985  d*aeide  formi()«ie  vrai,  d*où  le  titre 
moyen  87,95.  Par  la  distillation  des  der- 
niers aeides  briils^  dn  a  obtenn  de  Tacide 
à  un  litre  dépassant  98  p.  100.  De  tous  les 
alcools  polyatomiques  essayés,  Târythrite 
est  eclni  qui  a  donné  sans  contredît  les  ré- 
sultats les»  plus  nets. 

M.  Lortn  a  préparé  dineetevuent  de 
Tacide  formique  cristalk'sable  par  une  dis- 
tillation ménagée  de  Tacide  fonniqne, 
obtenu  avec  Térythrite  et  Toeide  dxali<;fne 
,  déshydraté.  C'est  là  un  résultat  fort  inté- 
ressant. {Ibid.) 


Sur  la  présence  du  bîo^de  d'hydro- 
gène dans  la  sève  des  végétaux,  par 
M.  J.  CLERMONT.  -^  Il  résulte  des  re- 
cherches de  MM.  Schônbein  et  Heissner 
que  la  molécule  d*oxygène,  que  ces  sa- 
vants considèrent  comme  diatomique,  se 
transforme  sous  TinOuence  de  Télectricité 
en  ozone  (  -)  et  en  antozone  (-f-),  Tun  des 
deux  atomes  composant  la  molécule  se 
chargeant  d*électricité  négative  et  Tsutre 
d'électricité  positive.  L*antozone,  ou  oxy- 
gène électro-positif,  ne  peut  donc  pas  être 
produit  isolément  et  ne  peut  être  obtenu 
que  parallèlement  à  Tozone  électro*négatif, 
ei  vipe  vertm. 

M.  Meissner  a  étaltli^  en  outrc^  qne 
Toxygèneéleetro -positif^  ou  antozone,  pos- 
sédait seul  la  propriété  de  faire  passer  le 
protoxyde  d*  hydrogène  HO  à  né  degré 
d'oxydation  supérieur  HO*. 

D'un  autre  eôté,  il  résulte  des  travaux 
d'un  grand  nombre  de  savants^  et  en  par- 
ticulier de  M.  Scout^tten,  qâi  a  entreténu 
l'Académie  des  sciences  de  ses  recherches, 
qu'une  grande  partie  de  l'oxygène  dégagé 
par  les  plantes  se  trouvait  a  ÎVtat  d'ozone. 

Je  me  suis  demandé,  dès  lors^  oe  que 
devenait^  dans  le  phénomène  de  la  respi- 
ration des  plantes,  l'a'ntre  terme  de  l'oxy- 
gène, c'est-à-dire  rant020Be,  et  si  ce  gaz 
ne  servait  pas  à  faire  passer  à  l'état  de 
btoxyde  d'hydrogène  une  partie  de  V-e/àVL 
<;onstituant  la  sève  des  plantes. 

J'ai  dû  admettre  a  priori,  et  contraire- 
ment à  l'opinion  de  M.  Meissne^^  que  la 
pol^irisation  électriqU'O  de  l'oxygène  s'ef- 
feetoait  dans  le  corps  même  du  végétal. 
'£n  effet^  ce  savant  admet  que  ToEone  re- 
jeté par  les  plantes  est  le  résultat  de  la 
polatisation  électrique  de  l'oxygène^  qui 


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HISTOIRE  NATURi^I.LE  MËDlCaE. 


5 '.7 


procède  1^  coa^u»tion  de$  matières  orga* 
niques  qui  se  trouvent  en  contact  avec  les 
racines  des  vpgétanx  et  que  c'est  avec  les 
matériaux  provenant  de  cette  conibusiion' 
que  Pozone  pénètre  dans  ces  mêmes 
racines,  pour  être  rejelé  plus  fard  par  les 
or-ganes  foliacés. 

Jai  donc  entrepris  une  série  d'expé- 
riences, destinées  à  démontrer  Tcxistencc 
du  bioxydè  d'hydrogène  dans  la  sève  des 
végéta uk.  Ces  expériences  aot  été  répé* 
tées  sur  une  grande  variété  de  plantes, 
telles  que  le  tabac/ la  vigne,  la  salade,,  un 
grand  nombre  de  labiétjs^  etc. 

Dans  le  début,  mes  expériences  ne  fu- 
rent pas  heureuses,  et  ce  ne  fut  que  quand 
j'eus  renouvelé  mes  réactifs,  qui  doivent 
toujours  être  fraîchement  préparés,  sous 
peine  d'insuccès,  et  que  j'eua  opéré  sur  la 
sève  fraîche  également,  que  je  pus  con- 
stater nettement  la  présence  du  bioxyde 
d'hydrogène  dans  le  liquidç  soumis  à  pics 
investigations. 

Pbur  obtenir  le' liquide ,întfa-cellulaîre 
aussi  limpide  que  possible,  les  planti'3  ont 
été  écrasées  rapidement  dans  un  vase  ren- 
''fermant  de  l'eati  distillée,  qui  servait  de 
véhicule  h  la  sève.  Cette  eau*  ensuKe,  était 
examinée  à  l'aide  du  réactif,  dit  de  Schôn- 
hein,  réactif  très -sensible  et  composé  d'io- 
dure  de  potassium;  d'amidon  et  d'an  sel 
de  protoxyde  de  fer. 


Ce  serait  m'aventarer  sur  le  terrain  de 
la  spéculation  que  de  me  demander,  ac- 
tuellement, quel  est  le  rôle  réserve  au 
bioxyde  d'hydrogè^ne,  dans  les  phéno- 
mènes de  la  AUtritian  et  de  l'assiaiilalion. 
Il  m'est  impossible  également  dç  fournir 
des  notions  sur  la  richesse  relative,  en- 
bioxyde  d'hy^irogène,  des  différents  or- 
ganes de  la  plante,  ainsi  que  sur  la  quantité 
de  ce  bioxyde  contenue  dans  un  ^i)lumc 
donné  de  sève .  (Rép .  de  phetrm .  ) 


Séparélioil  de  la  potasse  et  de  la 
saude.  —  La  méthode  de  Schlœ^sing  est 
fondée  sur  l'insolubilité  du  perchlorate  de 
potasse  dans  l'alcool  à  56  degrés.  Pour 
séparer  un  mélange  dç  nitrates.pu  de  chlo- 
rures, on  le  dissout  dans  l'eau  régale^  la 
solution  est  additionnée  de  perchlorate 
d'ammoniaque,  puis  évaporée.  L'aeMe 
perchlorique  chasse  tous  les  autres  acides, 
et,  lorsque  les  fumées  blanches  apparais- 
sent, il  ne  re^te  plus  que  des  perchtora'tes 
mêlés  à  un  excès  diacide.  On  ajoute  alors 
l'alcool  à  56  degrés,  on  jette  le  tout  sur  un 
liUre,  et  on  lave  pour  débarrasser  la  partie 
insoluble  du  sel  de  sonde.  Le  n^el  de  po- 
tasse est  dissous  sur  le  filtre,  avec  de  l'eau 
bouillante,  puis  évaporée  à  sec  dans  une 
enpsufe  taféé.  Le  sel  de  sonde  est  pesé  à 
l'état  de  ^.ulfate.  {Ibid.) 


HI»toi|!e  naturelle  médicale  et  pharmaceaUqpe. 

Etude  anatomique  des  dagines  orpicniALEs;  par  H.  Collri,  pharmacien  de 
<»•  classe^  membre  correspondant  â  -Verdun.  (Mémoire  couronné  par  ia 
Société  royale  des  sciences  médicales  et  naturelles  de  Brvxelées,  au  concours 
de  \S7b.){Suite  et  fin.  — •  yoir  notre  cahier  de  septembre^  p.  24i.) 

Rhubarbes  d'Autriche. 

La  rhubarbe  cultivée^n  Autriche  fournit  au  commerce  deux  sortes  d^  racines 
connues  sous  les  noms  de  rhubarbe  de  Moravie  et  de  rhubarbe  de  Hongrie. 
M.  le  professeur  Schroff,  de  Vienne,  qui  a  décrit  avec  soin  ces  différentes  sortes, 
a  reconnu  que  les  rhubarbes  d'Autriche  présenlenl,  au  point  de  vue  de  lu  struc- 
ture anatomique,  une  identité  complète  avec  la  rhubarbe  de  France. 

Rhubarlia ,  angolaise  i 
D'après  MM.  Pereira  e^  Rufus  Usher,  l'un  des  prinscipaoK  ciirHi valeurs  de  la 
rhubarbe  en  Angleterre,  la  vhubarb&aégiaise  est  produite  par  leRheumRha* 
ponticiim  qui  «si  cultivé  dans  les  environs  de  Banbury,  comté  d^Oxford  ;  mais 


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548  HISTOIRE  NATURELLE  MÉDICALE. 

en'examinânl  les  earactères  anatomiques  de  ce4(e  rhubarbe,  je  oe  puis  qu*avec 
peine  me  rallier  à  cette  opinion. 

Celte  espèce  de  rliiibarbe  n'étant  décrite  dans  aucun  ouvrage  français,  et  se 
rencontrant  assez  fréquemment  dans  le  commerce^  j'en  donnerai  la  description 
.complète.  >         '  ■ 

La  rhubarbe  anglaise  (Pi.  IX,  fîg.  55  et  54)  se  présenté  en  morceaux  de 
forme  et  de  volume  presque  invariables  qui  sont  parfaitement  mondés  ^'t 
souvent  perforés  pour  leur  donner  quelque  ressemblance  avec  la  rhubarbe 
exotique.  Tous  les  échantillons  que  j'ai  vus  en  France  et  ceux  qui  m'ont  été 
envoyés  de  Londres  ne  portent  pas  de  trous.  Tous  les  morceaux  proviennent  de 
racines  qui  ont  été  coupées  dans  le  sens  de  leur  longueur  et  présentent  par 
conséquent  une  face  plane  et  une  face  convexe.  Je  n'ai  pu  rencontrer  de 
morceaux  ronds  ou  ovoïdes;  In  face  plane  est  devenue  fortement  concave  par 
la  dessiccation;  à  l'extérieur,  les  morceaux  sont  couverts  d'une  poussière  jaune 
qui  leur  donne  la  couleur  et  l'aspecl^des  rhubarbes  de  Chine;  mais,  si  on 
enlève  cette  poussière,  on  voit  facilement  apparaître  la  couleur  jaune  rougeâtre 
ou  rose  œillet,  caractéristique  de  cette  racine.  Sur  la  partie  centrale  dé  la 
surface  plane  cette  couleur  est  beaucoup  moins  foncée  et  presque  blanche. 
Cette  rhubarbe  est  très-hygrométrique  et  quand  elle  est  conservée  dans  des 
endroits  humides,  elle  prend  une  couleur  jaune  foncé  qui  est  très-caractéristique  ; 
elle  est  plus  légère  que  la  rhubarbe  chinoise;  elle  est  spongieuse,  surtout  vrrs 
le  milieu  des  morceaux  larges;  elle  se  laisse  facilement  entamer  par  l'ongle  et 
se  réduit  en  pâte  sous  le  pilon  ;  elle  n'est  que  peu  ou  pas  aromatique,  sa  saveur 
est  astringente,  aV;ide  et  mucilagineuse.  Quand  on  ta  casse,  celte  rhubarbe 
présente  une  structure  bien  plus  régulière  que  la  rhubarbe  exotique;  les 
marbrures  ne  sont  pas  aussi  nombreuses,  et  leur  couleur  rose  œillet  1rs 
dislingue  de  celles  des  autres  sortes  commerciales. 

Sur  une  coupe  transversale  de  la  rhubarbe  anglaise  (PI.  IX,  iig.  55)on  apr^rçoit 
(rès-distinctement  une  zone  centrale  d'un  rose  œillet  mélangé  de  blanc  qui  est 
entouré  à  la  périphérie  par  un  cercle  blanc  coupé  par  les  rayons  médullaires 
jaunes.  Ces  rayons  médullaires,  qui. sont  parallèles,  sont  entrecoupés  A  une  demi- 
ligne  du  bord  de  la  racine  par  un  cercle  ondulé  brun  noirAtre  dont  nous  avons 
déjà  signalé  l'existence  iians  les  rhubarbes  chinoises.  En  se  rapprochant  dé  la 
partie  centrale^  ils  viennent  se  fondre  insensiblement  avec  le  Lissu  blanchâtre  el 
alors  on  ne  peut  plus  suivre  leur  direction.  Un  peu  au-dessous  de  ce  point  dç  fusion 
on  aperçoit  très-distinctement  un  cercle  assez  régulier  fprmé  de  petites  étoiles 
jaunâtres.  Chacune  de  celles-ci  est  entourée  par  un  cercle  blanchâtre  à  contour 
'bien  déGni.  Quelquefois  encore  ces  systèmes  étoiles  sont  disposés  très-régu- 
lièrement sur  plusieurs^  rangs  et  forment  aussi  des  cercles  concentriques.  Sur 
une  coupe  longitudinale  on  n'aperçoit  pas  distinctement  les  deux  bandes  longi- 
udinales  branes  si  visibles  dans  les  rhubarbes  chinoises,  maison  voit  un  ossez 


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HISTOIRE  NATU«EUE  «ÉDIGALE.  5VÎ) 

graQd  nombre  de  peiits  âyslèœes  étoiles  disposés  assez  régulièrement  sur  plu- 
sieurs rangées  horizontales  (PI.  IX,  fig.  57). 

Gomme  on  le  voit  d'après  cet  expoâé,  toutes  les  rhubarbes  indigènes  —  et  la 
rhubarbe  anglaise  en  est  une. —  ne  présentent  pas  la  même  structure  auatomique, 
ainsi  que  le  prétend  M.  Gauvet.  La  rhubarbe  anglaise  présente,  en  effet,  sur  une 
coupe  horizontale  une  disposition  toute  différente  de  celle  que  nous  avons 
observée  sur  la  coupe  horizontale  de  la  rhubarbe  française.  Nous  n'y  voyons 
pas  le  cercle  brun  noirâtre  si  régulier  et  Taspect  radié  caractéristique  des  rhu- 
barbes françaises.  La  rhubarbe  anglaise  parait  plutôt  se  rapprocher  de  la  rhu- 
barbe chinoise  par  sa  zone  centrale,  par  la  présence  de  petits  systèmes  étoiles 
et  par  son  anneau  périphérique  formé,  de  rayons  médullaires  sensiblement 
parallèles,  et  entrecoupés  par  une* ligne  ondulée  brune.  La  face  plane  des  rhu- 
barbes anglaises  plates  semble  également  offrir  les  caractères  que  nous  avons 
observés  sur  la  même  partie  dans  les  rhubarbes  chinoises. 

Si  les  deux  bandes  longitudinales  sont  rarement  aussi  nettement  accusées  que 
dans  la  rhubarbe  de  Ghine,  les  systèmes  étoiles  sont  presque  aussi  visibles  que 
dans  cette  dernière  espèce.  Gette  ressemblance  disparait  complètement  si  on 
examine  la  face  convexe  de  la  rhubarbe  anglaise,  car  il  est  impossible  d*y  re- 
trouver les  caractères  observés  sur  la  face  convexe  des  rhubarbes  exotiques  et 
des  rhubarbes  européennes  ;  nous  ne  trouvons  plus  aucune  ressemblance  avec 
l'aspect  réticulé  des  unes,  avec  l'aspect  ponctué  des  autres.  Au  lieu  d*étre  dis- 
|M)sés  si  irrégulièrement,  et  sous  la  forme  de  points  au  milieu  du  tissu  blan- 
châtre, comme  dans  la  rhubarbe  de  France,  les  rayons  médullaires  de  la  rhu- 
barbe anglaise  sont  généralement  très-gros  et  disposés  a5^ec  ordre;  ils  ne  sont 
plus  ponctués,  mais  au  contraire,  ils  forment  sur  la  partie  convexe  des  rhu- 
barbes anglaises  de  grandes  lignes  jaunes  sensiblement  parallèles  et  doni  on 
peut  suivre'  la  direction  sur  une  longueur  de  plusieurs  centimètres.  Lès  lignes 
jaunes  disposées  si  régulièrement  au  milieu  du  tissu  blanchâtre  ne  8*écartent 
guère  de  leur  direction  rectiligne  que  pour  encadrer  les  petites  éminences 
étoilées  qui  apparaissent  quelquefois  sur  la  face  convexe  des  rhubarbes  et  qui 
ne  sont  autres  que  la  trace  des  radicules.  Gette  disposition  n'a,  comme  nous  le 
voyons,  aucun  rapport  avec  l'aspect  réticulé  de  la  surface  laieraledes  rhu- 
barbes de  Ghine.  Ges  différences  ressortent  plus  clairement  encore  quand  on 
examine  au  microscope  les  différentes  parties  de  la  rhubarbe  anglaise  (PI.  X, 
fig.  59),, 

La  partie  centrale  est  presque  entièrement  composée  d'un  tissu  cellulaire 
lâche  et  spongieux,  peu  riche  en  matière  colorante,  en  amidon  et  en  oxalate 
de  chaux.  A  mesure  qu'on  s'éloigne  du  centre,  la  quantité  de  ces  différents 
principes  parait  augmenter  sensiblement. 

Si  on  examine  la  coupe  transversale  des  petites  étoiles  répandues  régultère- 
jnent  sur  la*  coupe  horizontale  de  la  rhubarbe  anglaise,  on  observe  que  ces 


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550  HISTOIRE  NATURELLE  MÉprCALE. 

étoiles  sont  généralemeni  composées  de  payons  médullaires  à  une  seule  rajigée 
de  cellules  presque  carrées;  quelquefois  ces  rayons  méd allai res  sont  disposés 
sur  deux  rangées,  Très-raremenl  les  rayons  médullaires  sont  disposés  sur  4  ou 
5  rangs  :  cependant  on  voit  des  systèmes  étoiles  dans  lesquels  les  rayons 
médullaires  sont,  à  Textrémité  de  l^ur  parcours,  disposés  sur  là  ou  13  rangs. 
Le  tissu  cellulaire  compris  entre  les  rayons  des  étoiles  est  formé  de  cellules 
remplies  d'amidon.  A  mesure  qu*on  s'éloigne  du  centre,  les  cellules  paraissent 
se  condenser:  La  ligne  jaune  ou  brune  qui  limite  le  co>ntour  des  petites  étoiles 
qu'on  observe  dans,  la  rhubarbe  anglaise,  apparaît  sur  une  coupe  microsco- 
pique, composée  de  4  ou  5  rangs  de  cellules  quadrilatères,  plus  épaisses  que 
les  autres,  et  qui  paraissent  se  rapprocher  du  tissu  cribreux;  Celte  aone  forme 
un  cercle  bien  défini  qui  est  coupé  en  plusieurs  endroits,  par  les  rayons  médul- 
laires. En  dehors  de  cette  partie,  apparaissent  les  faisceaux  veseulaires  disposa 
assez  régulièrement  en  cercle.  '. 

Les  étoiles  de  Id  rhubarbe  anglaise,  quoique  représentant  dans  Tensemble  de 
leur  structure  la  disposition  des  étoiles  delà  rhubarbe  chinoine  se  distinguent 
de  celle-ci  par  la  distribution  régulière  et  Tabondance  des  corpuscules  amylacés 
par  Tabsence  des  cristaux  d*oxalate  de  chaux  et  par  la  structure  des  rayons 
médullaires  qui  sont  généralement  cèmposés  d'une  seule  rangée  de  cellules. 

Si  noua  examinons  maintenant  Tanneau  périphérique  caractérisé  par  la  direc- 
tion sensiblement  parallèle  des  rayons  médullaires  ;  nous  observons  encore  des 
caractères  bien  tranchés  qui  nous  permettent  de  reconnaître  aisément  la  rhu- 
barbe anglaise.  En  effet,  les  rayons  médullaires  (pL  X,  fig.  40),  au  lieu  d*étre 
disposés  assez  régulièrement  sur  2  ou  5  rangées  comme  dans^les  rhubarbes 
chinoises,  sont 'formés  tantdt  de  i,  2,  5^  4  ou  5  rangées  de  cellules  un  peu 
allongées.  Nous, ne  trouvons  dooe  pas  la  régularité  qui  paraît  caractérisa. le» 
rhubarbes  chinoises  et  françaises.  L'amidon  existe  aussi  en  bien  plus  grande  pr(^- 
portion  que  dans  les  rhubairbçs  chinoises  '^  la  proportion  d'oxalote  de  chaux  y 
est,  au  contraire,  bien  moindre.  Le  carabiuro  est  représenté  par  4  ou  5  rangées 
de  cellules  assez  petites,  assez  régulièrement  superposées  et  dirigées  tangen* 
tiellement.  A  mesure  qu'on  s'approche  du  centre  ou  qu'on  s'en  éloigne  en  par- 
tant du  cambium,  les  cellules  augmentent  en  dimension  et  deviennent  plus 
riches  ep  amidon.  ... 

La  surface  latérale  des  rhubarbes  anglaises  (PI.  IX,  fig.  %ê)  n'esl  pas  moins 
intéressante  à  examiner  au  microscope.  Elle  se  montre  composée  d'un  certain 
nombre  d'amas  de  cellules  presque  arrondies,  encadnés  par  des  proportiops  con- 
sidérables d'amidon.  Ces  amasde  cellules  (coupe  tangentielle  des  rayons  médul- 
laires) n'offrent  aucune  régularité  dans  kurdispositionnidans  le  nombre  des  élé- 
ments qui  les  composent  ;  tantôt,  comme  dans  le  rhaponlio«  les  rayons  médu^ 
laires  apparaissent  sur  la  surface  latérale  des  rhubarbes  anglaises  composés 
de  7  à  8  rangées  de  cellules  superposées,  tantôt,  comme  dans  ^es  rl^ubarbes 


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BISTOIRE  NATQReLLE  MËmCALE.  35i 

ciiinoiscs,  ils  se  tuotUreiil  composés  de  7  oii  8  rangées  dans  le  sens  de  ia  hau- 
tetfr  et  de  5  ou  5^  rangées  dans  le  sens  de  la  largeur.  Ces  amas  de  eeiiules 
apparaissent  trôsnettement  m  milieu  des  corpuscules  amylaisés  qui  les 
enlourent. 

Aifisi)  comme  nous  venons  de  le  Toir  d'après  cel  exposé,  la  rhubarbe 
anglaise  possède  des  caractères  bien  tranchés  qui  permettent  toujours  de  la 
reconnaître  facileffient.  Si  elle  oflfre  sur  une  coupe  transversale  et  sur  la  face 
plane  quelques-uns  des  caractères  de  la  rhubarbe  de  Chtne,  elle  diffère  corn- 
pièlement  de  ceile-ei  par  son  aspeei  extérieur,  sa  richesse  en  amidon  et  la 
rareté  des  cristaux  d*oxalate  de  chaux  ;  mais  elle  diffère  encore  bien  plus  de  la 
rhubarbe  française,  et  ce  point  est  important  à  signaler,  car,  comme  je  i'iii  dit 
plus  haut,  des  auteurs  très-recommandafoles  assurent  que  la  drogue  de  l'Ox- 
fordshire  est  produite  par  le  Rheum^Rhaponticum.  J'avoue  pour  ma  part  que 
cette  origine  me  parait  douteuse. 

Si  j'ai  tant  insisté  sur- les  caractères  extérieurs  et  intérieurs  de  la  rhubarbe' 
anglaise,  c*est  parce  que  cette  drogue  était  presque  complètement  inconnue 
eh^ez  nous  jusqu'en  Tannée  1870;  c'est  .encore  parce  que  cette  drogue  a  joué  et 
joue  encore  actueiiemeni  un  rôle  assez  important  dans  le  commerce  dç  nos 
voisins  d'outre  Manche  qui  l'exportent  dans  tous  les  pays  étrangers  et  surtout 
en  Amérique.  J'ar  tenu  aussi  à  appeler  l'attention  des  pharmacoiogistes  sur 
une  espèce  commerciale  très-belle  en  apparence  et  d'une  valeur  thérapeu- 
tique presque  nulle,  qui  sert  trèsrsouvent  maintenant  à  adultérer  la  bonne 
rhubarbe  de  Chine.  En  examinant  chacun  des  caraetères  que  je  v^iens  de  dé- 
crire, soit  à  l'œil  nn,  soit  ô  la  loupe,  le  pharmacien  ne  courra  aucun  risque 
de  venfdre  sous  le  nom  de  rhubarbe  de  Chine  une  espèce  de  qualité  tout  à  fait 
inférie«ire,  réeoltée  par  les  Anglais. 

BISTORTE. 
Polygonum  Bistorta. 

La  section  transversale  <ie  là  racine  de  Bislorte  est  généralement  elliptique. 
A  un  millimèlre  environ  de  l'épiderme,  se  trouve  une  ligne  elliptique  plus~oii 
moinsinterrompueforméedeponetuati(msbrunes,ducôté  extérieur,  et  blanches 
du  coté  intérieur.  Cette  ligne  représente  la  réunion  des  faisceaux  fibrovascu- 
laires  et  toute  la  portion  qu'elle  limite  est  formée  par  un  tissu  uniforme  dtns 
sa  structure  et  qui  n'est  marqué  d'aucune  ponctuation  ni  d'aucune  radiation. 

Examinée  au  microscope,  cette  racine  présente  une  couche  épidermique 
composée  de  5  ou  0  rangées  de  ct^llules  tabulaires,  remplies  d'un  pigment 
brun  rougeétre^  au-dessous  desquelles  existe  une  couche  assez  épaisse  de  tissu 
ulriculaire  formé  de  cellules  arrondies,  dont  un  grand  nombre  renferme  des 
cristaux  d'oxalate  de  chaux.  Les  cel  Iules  qui  composent  cette  couche  paraissent 
augmenter  <*n  dimension  à  mesul>e  qu'on  s'éloigne  des  cellules  épidermiques. 


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3o-i  HISTOIRE  NATURELLE  MÉmCAT^B. 

Au-dessous  de  cette  zone  se  trouvent  les  faisceaux  fibro-vasculaires  composés 
de  vaisseaux  réunis  en  très-grand  nombre  et  disposés  dans  la  direction  radiale. 
Ces  vaisseaux  sont  séparés  par  quelques  cellules  fibreuses^  et  leur, ensemble 
est  entouré  dans  la  pnrtie  qui  regarde  Técorce  par  une  couche  assez  épaisse  de 
cellules  libériennes,  très-petites,  très  condensées  qui  vont  se  perdre  dans  la 
partie  la  plus  intérieure  de  l'écorce. 

Au-dessous  des  faisceaux  fibro-vasculaires  existe  la  portion  centrale  de  la 
racine  composée  de  cellules  arrondies  dont  un  grand  nombre  renferme  des 
cristaux  d'oxalate  de  chaux.  Cette  partie  de  la  racine,  de  même  que  la  portion 
corticale,  ne  renferme  aucune  trace  d^amidon. 

Les  faisceaux  fibreux  ne  forment  pas  dans  la  racine  de  bislorte  une  couche 
.non  interrompue.  Ils  sont  réunis  entamas  qui  soot  séparés  les  uns  des  autres 
par  une  portion  de  tissu  cellulaire  qui  établit  une  communication  entre  la 
partie  centrale  de  la^  racine  et  la  portion  corticale.  Les^ponctuations  brunes 
qu'on  distingue  à  Toeil  nu  représentent  les  couches  libériennes  )  la  partie 
blanche  représente  les  faisceaux  fibro-vasculaires. 

La  disposition  de  ces  éléments,  Tabsence d'amidon  et  la  présence  des  cristaux 
d  oxalate  de  chaux,  sont  d'excellen.ts  caractères  qui  pernietteot  de  reconnaître 
facilement  cette  racine. 

PATIENCE. 
Rumex    Patîentîa. 

La  racine  de  Patience  coupée  transversalement  présente  une  structure  qui  se 
rapproche  beaucoup  de  celle  du  Rhapontic  et  dans  laquelle  l'aspect  radié  est 
peut-être  uri  peu  moins  visible,  quoique  très-apparent.  Mise  en  contact  avec 
une  solution  d'iodure  de  potassium  iodurée,  la  section  transversale  prend  rapi- 
dement une  couleur  bleu  foncé^  indice  de  la  présence  de  l'amidon. 

Examinée  au  microscope,  cette  section  présente  de  la  circonférence  au 
centre  : 

i^  Quatre  ou  cinq  rangées  de  cellules  tabulaires  remplies  d'qne  matière 
colorante  brune.  C'est  la  partie  épldérmique. 

3<»  Une  couche  épaisse  de  parenchyme  dans  laquelle  les  cellules  voisines  de 
l'épiderme  sont  allongées  langentiellement,  tandis  qu'elles  deviennent  assez 
régulièrement  polygonales  à  mesure  qu'elles  se  rapprochent  du  cambium. 
Dans  la  couche  de  parenchyme  qui  avoisiné  l'épiderme,  on  distingue  un  certain 
nombre  de  cellules  à  parois  très-épaisses  —  Holzzellen  des  Allemands  — qui 
sont  quelquefois  isolées,  tantôt  réunies  par  groupes  de  quatre  ou  cinq. 

5«  Ua  cambium  composé  de  trois  ou  quatre  rangées  de  petites  cellules  assez 
régulièrement  superposées. 

4^  Un  parenchyme  composé  de  cellules  assez  régulièrement  polygonales  aa 
milieu  desquelles  on  aperçoit  quelques  cellules  un  peu  plus  allongées  dans  la 


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'dîrt*«i<Wi  f'érdiftie  el  rèprésenlàni  les' t^aycm^' mcduïliifrès.  C'ê«Vatf  milrea  de  cig  , 
pqreQchyiQ^  que  sont  disposés  les  ifaiscea^ix  fibrô.-v^sçulâire^  composas  de. 
v»tôseéa<x>oeu mutés-  en  B%sez  griin<4  nombre/  surtotHdaiis'  l'a  p«rtr«  située' 
imrnédialeméiil  au-dessous  du  cambium.  A  mesuré  qu'on  s'éloigne  de, celle 
zom,  lei)#inl>rie  des  vaisseaux  dii»i«me  et  chaque  faisceau  n*est  plus  composé 
que  de  deuX  ou  trois  vaisseaux  superposés.  Les  fafaceaui  vasculâîres  sont 
entQuréi»  de  dqux  ou  4rois  touches  de»  cellules  plus  pelites^  q^e.le^,autrf9  ^  à 
parms  plus  épaisses.  Ces  tellules  sfe  réttnissem  aved  les VaiMeaux  pour  cohslituep 
les  faisceaux  fibro-vasçulaires  qui  yant  ens'^élargissanLdcpuis  la  parlie  centrale 
jttsqif'é  lazwie'cambjale. 

Cette  portion  de  la  ralclne,  de  fnéhie  qtie  celle  qui  entoure  le'cambium,  est 
^  très- riche  en  «ORptasaules.amylacési,  «tt  OQnnne  toules   ks  autres,  racines  des 
poiygbtiêes,  die  renferme  tine  notable  profrortron  de  cristaux  d'oxalale  dO' 
chaux.!  .•.,.', 

Comme'nous  venons  de  le  voir  d'»près  cet  exposé,  toutes  les  racines  de  poly-^ 
gonérs  renferment  une  proportion  très  notable  de  sels  calcaires. 


ralfiilIcaÉtoi»»,  ete, 

8ov  one  altérattea  ipoiitaiiée  du  ohlo'» 
r«»iormè;  pan- M.  JAILLÂRD,  pharmacien 
princîfMl  de  2<>  classe.  —  II  est  des  cas  <»yi 
le  cMoroforme,  débarraasé  de  suhâtancds 
étrangère»,  devieni  premptement  inipro^ 
pre  ans  usages  chh'orgieaux  :  c*csf  Iors« 
qu-ii  ^e  décompose  afiOliUiléneaten  «cida 
'  cbtorhydriqb^»  et  on  acide  formiqiie,  dé^ 
dttubleknent  qui  ii^a  pas  erieore  été  signalé^ 
et  qwi  se  fiodml  surtout  lorsque  le  chlo** 
roforaa<'  reofcraie  une  petite  quantité  d*eau 
•t  qull  est  exposé  pendant  longtemps  à 
Taction  de  la  lumière  <in  jour»  i  celle  de  >la 
afa&loor. 

Cette  altération,  que  nous  avons  reû** 
eontiréei  bien  des  fois  dans  nos  TÙsites  de^ 
pharmati^  d«  la  cireonsoriptbn  d'Algery 
se  recQsnait  ai^raent  de 'la  manière  suii 
yantè  :  r 

On  )>vefld'  une  certaine  quantité  du  H- 
quidu.  anestJiésique  ;  ou.  i!agitc  dans  un 
flftoon  avec  la  moitié  de  sou  volume  !d*«ap 
distillée; ou  dulèTe  ensuite  eelle-oi  avec  une 
'  pipette,  puis  on  la  ,  traite  par  le  nitnale 
d*aFgent.,Donne-»t-elie  lieu  à  un  précîpitq 
blaooy  eaiHefaotté,.  insotoble  dans  Taoide 
a2otiqtie,.mièine.bouilkiflt,.elisoIuble  dans 
raiMBoniaque^  c'est  là  une  p^ùve  q^^'elie 
rmfcrme  fie  l'aoide  ehiorhydfiqae. 

Oflla  jettC' eiiiauite  <sur  un  filtre,  de  ma** 
oidreiiaéébarrasaerdu  chloruni  dlangeol 


qu'elle  a  fourifii,  puis  on  h  soumet  à 
rébullition,  après  Tavoir  additionnée  d'un 
excès  du  réactif  argentique;  Remarque -t- 
on  que  ce  dernier  se  décompose  en  formant 
un  précipité  noir  d'argeot  métallique^  on 
en  conclut  qu'elle  «ontient  ^e  racide  for- 
mique. 

L'existence  de  ces  deux  acides  rend  l'ap- 
plieatio»  du  chloroforme  exeessîvement 
dangereuse;  il  est  important  d'en  dcbar^ 
rasser  cet  anesthésique.  Pour  cela,  on  lé 
lave  soign(eu6emeRt  avec  une  solution  po-^ 
tasstque,  pttisj  après  l'avoir  décanté^  on^  le 
distille  sur  du  chlorure  de  calcium. 
(Joùmaè  éepharin^uTiû  et  de  chimie.) 


PhapmàtDtie. 


•Sor  le  |S»op  de  Dâiimede  ToIm  ;  par 

A^'  LALIEUr^'pharmaicien  à  Saint^Hubôrt; 
membre  correspondant  de  la  Société. 

Le  n»  de  mai  187i  de  ce  journal  con- 
tient un  article  sur  le  sirop  de  tolu.  Depuis 
lors,  de  1)0» belles  obsevvalicMis  m'ont  jMiru 
de  nature  a  justifier  «ettr  «etoade  note. 

Deux  ratidifications  sont  à  apporter  inl 
premier  procédé  :  l'uiie  ^coA cerné  le  mode 
opéffataire,  Pautre  la  proportion  de  iNiume. 

On  pourra  Toir^  dana  le  pnemier  article, 
que  je  oooseiliais  de  verser  l'àiDoblé  de  tolu 
sur-  des  Buirceauk'  de  sucre,  d'ajouter 
cottxci  ,à  «tu  sirop  ainipto  et  «d'an  aider  la 

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55« 


R8VDB  mLYTIQÇB  BT  CfUT^UB. 


dissolatioo^au  moy^ii  de  la  chaleur.  Dans 
ce3  conditions,  quoique  Topération  réus* 
sisse  bien,  on  remarque  cependant  que 
Talcoolé  est  chassé  trop  rapidement  de  Tin- 
térieur  des  morceaux  de  sucre  et  que  le 
baume  par  conséquent  se  précipite  trop 
vite. 

J*ai'donc  essayé,  après  avoir  versé  Tal- 
coolé  sur  le  sucre,  de  le  laisser  exposé  à 
l'air  libre  pendant  24  heures,  dans  un 
endroit  chaud»  pour  que  l'alcool  s'en  éva-  • 
pore,  et  le  baume  se  trouve  ainsi  former 
une  couché  mince  à  l'a  surface  des  petits 
cristaux,  tant  de  Tin  térieur  que  de  Texte- 
rieur.  Si,  dans  ces  nouvelles  conditions,  on 
plonge  les  morceaux  dans  le  sirop  préala- 
blement chauffé,  on  remarque  que  la  résine 
n'arrive  à  la  surface,  qu*à  mesure  que  la 
dissolution  du  sucre  s'opère  et  que  celle-ci 
se  fait  lentement.  Pas  une  parcelle  du 
ban  me  ne  peut  ainsi  échapper  à  l'action  du 
dissolvant;  c'est  au  point  qu'avec  la  quan- 
tité de  teinture  que  j'employais^  il  se  fait 
une  cristallisation  très-abondante  d'acide 
cinnamique.  On  peut  donc  diminiiycr  la 
proportion  de  Talcoolé,  lequel  se  prépare 
avec  de  .l'alcool  à  9$^ 

Voici  le  procédé  que  je  crois  pouvoir 
recommander  : 


Pr.    Sucre  en  morceaux.    .    . 
Solution  de  tolu  au  tiers 
Sirop  simple  .... 
Eau .    .    .    .    .     •    . 


650  grammes. 

135  - 
2000  — 
Q.S.      - 


Pour  5  kilogrammes  de  sirop.  Versez  la 
teinture  sur  les  morceaux  de  suer«  et 
laissez  Talcooi  s'en  évaporer.  Après  â4  heu- 
res ajoutez  le  sucre  au  sirop  préalablement 
chauffé  à  70^  ou  SO^  dans  une  bassine 
émaillée.  La  dissolution  en  éiaot  faite, 
ajoutez  l'eau,  couvrez  le  vase  et,  après 
refroidissement,  décantez  le  sirop  dans  une 
bouteille  pour  le  passer  huit  jours  après. 

Si  le  sirop  n'est,  ainsi  terminé  qu'après 
une  dizaine  de  jours,  en  somme  il  n'aura 
exigé  que  peu  de  travail  ;  il  y. a  par  consé- 
quent économie  de  temps  et  de  matière 
première. 


Dea  •ztraîia  flutdea  pour  la  prépara- 
tion du  via  de  quiaquîaa  ;  par  M.  BER*- 

'  QUIER,  pharmacien.  —  Par<  ces  temps  de 
vulgarisation,  tout  le  monde  veut  être  un 
peu  soa  médecin,  un  peu  son  pharmaciei^; 
chacun  veut  préparer  son  eau  de  goudron, 
son  vin  de  quinquina.  Ces  préparations  ne 

^  nécessitent  d'ailleurs  nî  un  outillage  spë- 
fiisA,  ni  une  manipulation  très-eMapliqnée; 


mais,  si  simples  qu'elk^s  soient,  le  publia 
veut  les  simpliOer  encore.  De*  la  le  grand 
succès  des  liqueurs  de  goudron  et  des 
extraits  Avides,  pour  la  préparation  iastan^ 
tanée  du  vin  de  quinquina,  annoncés  à 
grand  renfort  de  réclames.  Sans  chercher 
si  ces  préparations  remplissent  bien  emn^ 
plétement  les  conditions  apnoocées,  nous, 
sommes  obligés  de  reconnaître  qn*elles 
s'imposent  aujourd'hui  au  pharmacien; 
que  celui, qui  ne  veut  pas  les  proparer jui- 
même  est  obligé  de  les  vendre  sous  tel  ou 
tel  cachet.  Dans  ces  conditions,  il  est  de 
bonne  guerre,  eroyous^nous,  de  résister 
a  l'invasion  des  produits  étrangers  en  leur 
opposant  ceux  qu'on  peut  préparer  soi- 
ttéme  dans  d'aussi  bonnes  conditions. 

C'est  dans  cet  ordre  d'idées  .que  noius 
avons  fait  quelques 'essais  pour  obtenir  une 
liqueur  pour  la  préparation  instantanée  dti 
vin  de  quinquina.  Nôtre  produit  .ooiis  pa- 
raissant être  au  moins  Téquivalcnt  de  ceux 
que  les  journaux  prônent  si  pompeuse- 
ment, nous  croyons  pouvoir  être  utile  à 
quelques  confrères  en  leur  indiquant  notre  - 
procédé  d^  préparation. 
<  Les  extraits  fluides  pour  la  préparation 
du  vin  de  quinquina  sont  de  deux  espèces. 
Les  uns  donnent  avec  le  vin  an  précipité 
abondant,  et  nécessitent  une  £ltrattoii  ;  Icq 
autres  donnent  peu  ou  pas  de  précipité  et 
dispensent  de  cetl€  opération.  Nous  n'hé- 
sitons pas  à  donner  la  préférence  aux  pre- 
miers, comme  donnant  un  produit  beau« 
coup  plus  riche  et  se  rapprochant  du  via  ** 
de  quinquina  du  CodeSc;  le^  public^  as 
contraire,  qui  oherebé  avant  tout  sa  com* 
modité,  préfère  les  seconds.  Nous  dirnnei 
rons  un  mode  de  préparation  pour  Tim  êi 
l'autre  de  ces  extraits. 

Dissoudre  dans  60  grammes  d'alcool  à 
^60  degrés  toute,  ou  à  peu  près  toute  la 
partie  soluble  de  50  grammes  de  quinquia» 
Calisaya,  telle  est  la  formé  sous  laquelle  se 
présente  le  problème^  lorsqu'il. s'agit  d'un 
extrait  précipitant  le  vin. 

Si  l'on  cherche  a  obtenir  ce'  réstiitat  en 
traitant  lentement  par  déplacement,  le 
quinquina  en  poudre  grossière  au  moyea 
de  l'alcool  à  60  degrés,  il  est  facile  de  se 
convaincre  que,  lorsqu'on  a  obtenu  deux 
parties  de  liquide  pour  une  de  quinifuina 
employé,  on  a  une  teinture  très-ehargée, 
mais  le  quinquina  est  loin  d'être  épuisé. 
La  preuve  en  est  que,  si  on  continue  à 
faire  passer  de  l'aleool  sur  ce  quinquina, 
on  obtient  encore  une  teinture  assez  riche. 
J'ai  oontifftté  l'opération  en  reeueiUaat  lea 


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REVUE  ANALYTItiOÊ  ET  GftlTlQtïB. 


58b 


]$rd4iriù  sute^»9ifs  âabs  des  bôntefll^s 
nnriâârôléés;  jti«qii^A  ce  qtie  la  qaaDtité 
tolftle  d^dlcooi  employée  fàt  égale  à  dix 
fois  le  poids  du  quinquina.  A  ce  moment, 
je  remplaçai  TalcooF  par  l'eau  distillée,  et, 
après  aroir  tiré  encore  deux  parties  de 
produit  contenant  Fa  majeure  partie  de 
rateool  employé,  j'arrêtai  Popération,  et 
rejetai  le  qainquina  qui  sentait  encore 
I*aleool,  ma>is  était  complètement  dépouilté 
d*ameHuroe*  Dans  ces  conditions,  là  totalité 
des  produits  obtenus  contenait  bien  tonte, 
ou  à  pen  près  toute  la  partie  soloble  du 
^quinquina,  mais  il  fallait  la  concentrer  pour 
la  ramener  au  cinquième  de  son  vo- 
lume, tout  en  lui  conservant  son  degré 
alcoolique.  Fallait-il  avoir  recours  à  la 
distillation  et  à  la  concentration?  Ceût  été 
nn  mauvais  procédé:  i*  parce  que  Faction 
prolongée  de  la  chaleui^;  surtout  au  contact 
dé  Pair,  altère  plus  ou  moins  profondément 
les  principes  dissous  ;  3<*  parce  que>  Talcool 
s^évaporant  d'abord,  les  principes  insolu- 
bles dans  Teaii  pure  se  précipitent  dans  la 
première  partie  de  Popération,  et  ne  se 
redRSolVènt  ensuite  qti -en  partie,  lorsqu'on 
ramène  la  liqueur  au  degré  alcoolique  pri- 
mitif par  r addition  d*a1cool  fort.  J*ai  pré- 
féré avoir  recours  à  ce  qu'on  pourrait 
appeler  la  méthode  des  déplacements  suc- 
cessifs. 

Une  nouvelle  dose  de  quinquina  fut 
>  introduite  dans  Pappareil  et  traitée  Comme 
la  première.  Seulement,  au  Heu  d'employer 
de  Palcool  neuf  à  Pépuisement,  j'employai 
les  produits  précédents  dans  Pordre  où  ils 
avaient  été  obtenus,  en  mettant  toutefois 
a  Pécart  les  deux  premières  parties.  Arrivé 
aux  produits  résultant  du  déplacement  par 
Peau  distillée,  j'eus  soin  de  les  ramener  à 
60  degrés  par  Paddilion  d'une  quantité 
convenâfble  d'alcool  à  91  degrés,  et  je  ter- 
minai avec  de  Palcool  neuf  h  60  degrés, 
et  enOn  avec  de  l'eau  distillée  comme  pré- 
cédemment. 

Je  recommençai  la  même  opération  avec 
une  troisiènte,  une  quatrième,  une  cin- 
quième do^e  de  quinquina.  Les  deux  pre- 
*  miêres  parties  des  quatre  premières  opé- 
rations furent  réunies/  et  employées  è  la 
préparation  dei'éxïrait  de  quinquina  jaune 
repris  par  Peau  ;  les  deux  premières  parties 
de  la  cinquième  opération  constituaient  Pex- 
trait  fluide  de  quinquina.  La  mise  en  train 
de -ce  procédé  est  tongne  et  compliquée, 
mais  nne  fois  qu'on  aura  obtenu  la  série 
des  liqueurs  servant  à  Pépuisement,  chaque 
opération  successive  n'est  plus  qu'une  lîxi- 


Viation  ordinaire.  Chaque  fois  que  j'ai 
besoin  d'extrait  fluide  de  quinquina,  j'in- 
troduis dans  mon  appareil  à  déplacement 
i  kilogramme  de  quinquina  en  poudre 
grossière,  et  je  verse  immédiatement  sur 
ce  quinquina  les  deux  premiers  litres  de 
liqueurs  provenant  de  Popératîon  précé- 
dente, après  prélèvement  de  Pextrait 
fiuide.  Après  vingt-quatre  heures  de  con- 
tact, j'ajoute  le  litre  n«  3  et  j'^ouvi^e  le 
robinet  de  manière  à  laisser  couler  goutte 
à  goutte.  Le  résultat  de  la  lixiviation  est 
reçu  dans  un  flacon  jaugé  portant  iin  trait 
au  niveau  que  doit  atteindre  le  liquide 
représentant  2  kilogrammes  d'extrait 
fluid«.'ToU8  les  matins  j'ajoute  nn  nou- 
veau litre  d<»  liquide.  Lorsque  le  produit 
atteint  le  trait  dans  le  flacon  jaugé,  ce  qui 
atrive  après  Paddition  du  litre  n*  8,  j'ar- 
rête un  instant  Popération,  je  retire  l'ex- 
trait fluide  après  avoir  agité  le  flacon,  de 
manière  à  mélanger  les  couches  succes- 
sives, puis  je  remets  le  flacon  en  place,  et 
je  continue  Pécoulement.  Chaque  matin,  à 
partir  de  ce  moment,  avant  d'ajouter  de 
nouveau  liquide,  je  vide  le  flacon  dans  les 
litres  portant  les  numéros  4,  puis  %  puis  5, 
et  ainsi  de  suite.  A  partir  du  moment  où 
j'emploie  de  Peau  distillée,  j'ai  soin  d'in- 
scrire sur  les  flacons  lavage^  de  manière 
à  rappeler  que  cet  alcool  est  un  degré 
inférieur  et  qu'il  sera  nécessaire  de  le 
ramener  au  titre.'  Dans  ces  conditions, 
l'opération,  bien  que  longue,  ne  nécessite 
qu'un  travail  insignifiant  chaque  matin. 
Le  produit  obtenu  est  excessivement 
chargé,  et  mérite  réellement  le  nom  d'ea;- 
trait  fluide.  Le  quinquina  retiré  de  Pappa- 
reil à  la  fin  de  Popération  est  bien  complè- 
tement épuisé,  et  il  résulte  du  mode  même 
d'épuisement;  que  toutes  les  parties  solu- 
blés  qui  pn|  été  enlevées  se  retrouvent 
nécessairement  dans  Pextrait  fluide. 

Cet  extrait,  mélangé  avec  le  vin  à  la  dose 
de  60  grammes  pour  1  litre,  donne  un 
précipité  abondant  qui  ne  tarde  pas  à . 
gagner  le  fond  du  flacon  ;  le  liquide  qui 
surnage  est  complètement  limpide.  Il  «st 
très-amer  et  a  la  saveur  caractéristique  du 
quiriquina,^lus  que  le  vin  préparé  par  ce 
procédé  du  Codex.  Il  est  moins  décoloré, 
nn  peu  plus  alcoolique,  bien  que  la  dose 
d'alcool  employée  soit  la  même,  il  est 
d'une  meilleure  conservation.  Si  on  a  soin 
de  ne  le  filtrer  que  quelques  heures  après 
sa  préparation,  Jl  reste  plus  longtemps  lim- 
pide que  le  vin  de  quinquina  du  Codex,  ce 
dernier  continuant  à  se  dépouiller  après 


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356 


MVUf  ANÂ|.Y'NOQe  ET  CRITIQUSi 


qtt*on  Ta  s^aré  du  maro.  4fl  «roi«;  q^-on 
n^  peut  demander  plqf  de  ^ualitéfi  sé^ 
rieuses,  à  un  extrait  pour  la  préparation 
iostanlaoce  du.  vin  de  qui^qujoai  jqiais  il 
ne  remplit  pas  \e  cUsideratum  du  ,pubKe, 
il  ne  dispuense  pas  du,  la  fiUration.. 

Pour  obtenir  ufi  extrait  d«nnoat< immé- 
diatement un  vin  de  quiniquina  limpide,  il 
reste  à  le  dépouiller  de  la  partie  qiic  le  vtu 
préqipite  aiu  'moment  duiméUagc.  Cette 
opéralioq  ne  peut  se  faire  sans  préjudice 
pour  la  qualité  du  produit.  Bn  effiel,  le 
précipité  formé  n'est  pas  c|4  eXiCiusiTement 
à  la  séparation. des  matièreei  résinoîdes  du 
quinquina»  ces  matières  cntrain^nt  tou- 
jours avec  elles  d'autres  éléments  e;t  une 
Botabie  partie  dça  alcaloïdes.. J*ai  ohecche 
h  diminuer  celte  cause.  4*appauvris$emeat 
en  faisant  intervenir  un  acide  qui  a<»g- 
rnchte  la  solubilité  de^  alcaloïdes,  et  j*>ai 
choisi  Tacldc  du  vin»  Tacide  tartriqqc^.qui 
présente  c»  même  temps  cet  avantage  d'é- 
liminer les  sels  de  chaux  et  de  séparer  par 
avance  un  précipita  qui  se  ser^ijt  pnoduit 
dans  le  vjn.  Après  quelques  tâtonncmenla, 
je  me  suis  arrêté  au  procédé  de  prépara- 
tion suivant  :  .     , 

Deux,  kilogrammes  d'extrait  0uido  de . 
.quinquina,  sont  introduits  dans  .un  petjt 
alambic  el  distillés  au  bajin marie  jusqu'à 
ce  que  la  liqueur  ne  passe  plus  que  goutte 
à  goutte  ;  à  ce  moment,  le  résidu. est  retiré 
du  bain-marie  et  versé  dans  un  ilaeo», 
additionné  de  H  grammes  d'pcide  tartrique 
eu  solution  dans  une  petite  quantité  d'eau 
distillée,  et  agile  vivement.  Après  qua- 
rante-huit heures  de  contact,  pendant 
lesquelles  on  agite  de  tempes  en  temps,  on 
filtre^  OD  réunit  le  produit  à  Talcool  dis- 
tiÛé,  et  on  complète  le  poids  de  'i  ^kilo- 
grammes  avec  un  peu  d'eau  distilléci  dont 
on  s'est  servi  pour  laver  le  filtre. 

L'fxtrait  ainsi  obtenu  bisse  encore  dé« 
poser  pcndapt  quelque  temps  un.  précipité 
blanc  qui  s'attache  sur  ^es  parois  du  vase 
en  petits  cristaux  grenus^  croquant  sous  la 
dent,  que  je  crois  être  du  tartrate  de 
chaux.  Il  est  très  facile  d§  les  séparer  par 
une  simple  décantation.  . 

Mélangé  ave^c,  le  vin,  il  a^  trouble  .pas 

sa  limpidité,  au  moins  pendant. quelque 

.  temps    A  la  longue,  il.  s'est  produit  un 

trouble  plus  ou  moins  n>anifesto  isuivant  la 

nature  du  vin. 

Le  vin  .de  quinquina  ainsi  préparé  est 
beaucoup  moins  amer  et  moins  riçhç  que 
celui  qui  est  fait  avec,  le  premier  extrait, 
mais  U.est.«iu  moins  réquivaleot  de.cc^ui 


x}«e  m'ont  «ionDié  les  divers  quinquinas 
49}  .commerce  ne  préorpîtant  pas  Je  vj«<  Il 
n'a  pas,  il  est  vrait  le  goût  dejiehon  qM*oD 
rencontre  dans  un  oertain  nombril  de  ces 
produits,  ice  qui  tient  exclusivement  à  oe 
•qu'il  est,  préparé  avec  du  quinquina  eali* 
saya  plat^  entièrement  dépAunvude  lichens 
fnar  conséquent,  £«  remplaçant  ce  quin'- 
q«ina  par  des  qainquinas  roulés  ou  des 
jii|va,  on  aurait  oe  goÂt  que  .^uouup  de 
personnes  cotiardèrent  coinine  caractéris- 
tique du  quinquinayet  qui  ^ppiirtient  tout 
:9us^i  bien  à  l'écorcie  de  chêne  ourà  toute 
autre  éeoree  à  lichens.    •    ., 

{BéperioiK^  de  pharmacie,  ) 


S«|r  \a  préf»ar«li9aA  àm  V<Mig«««t  i 
,1»Mriel;  p^r  M.  WAL^ETr  t- JW.  Wallet, 
pour  obtenir  ee  médieamept,  prend  des 
tpoid&'ég^u  de  mercure  et  4'4\ong^  ré- 
cfintç»  .soit  pure,  soit  durcie,  p^r  1?  cire, 
comme  l'indique  le  Codex,  il  met. d'abord 
la  totalité  de  Taxonge  (1,K0Q  grammes) 
dans.  un.  grand  .mortier,  de  fer  de  O^tSîiide 
prokfondeuj^  et  d'un  diamètre  intérieut  de 
^0"*,28  au  fond.  A  pré^. a  voir  pisté  J'axonge, 
.il  y  fait,  par  intervalles  successifs  d'une 
•minutç,  et  en  remuapt  vigoureusmeqt  et 
coj^stammen^  la. masse,  des  affqsions  d'une 
cinquantaine  de  grammes  à  la  fois  de  mer- 
rcure  qui  se  met  à  l'instant  en  globules  de 
plus  en  plus  divisés  et  s'éteint  au  bout  de 
peu, de  temps  d'une  façon  complète  don- 
nant un  mélange  de  plus  en  pli^s  apte,  par 
sa  densité  croissante,  à  recevoir  des  affu- 
$|obs  ultérieures.  :. 

Après  vini^t-cinq  a  trenic  affûtions  sem- 
blables, les  i  ,500  grammes  dp.  mercure 
soAt  incorporés,  et  il  ne  reste  pJus  qu'à 
comploter  l'extinction,  but  qu'on  atteint 
par  une  forte  .trituration  dp  trois  quarts 
d'heure  environ. 

On  obtient  par  ce  moyeui  ^n  une  heure 
ou  une  heure  et  demie  à  peu  près,  3  kilo- 
grammes d'ongufnt  mercuricl  remplissant 
toutes  les  conditions  désirables^ 

M.  Wallel. explique  ce^  qui  se  passe  dans 
cette  circonstance  de  la  manière  suivante  : 
La  physique  enseigne^  dit-il,  quc'la  pi^san- 
teur  l'cmportesuf  la  cohésion  dans  les  11- 
.quides  en  ^usse»  tandis  que  c'est  l'inverse 
qui  a  lieu  sous  un  petit  volume.  Elle  nous 
n^ontre  aussi  que  dans  ce  dernier  oaslos 
liquides  affectent  la  /orme  sphéroïdale  et 
que  celte  propriété  est  d'autant  plus  frap- 
pante que  le  Jiquide  ^^>uiUç  moins-  Or  le 
iftercure  ^^t  dans  ce  (;as  ;  il  (kvj^ot  donc 


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KKVm  i^àiTTIQUE  ET  CRITIQUE 


587 


éviéfnt  i(yie..Ia  pr^ar&|ion,;de  Tonguent 
loercuri^I  4pit  étrç  i*ésolue  en  QffaiblUsant 
,eu  partie  ractioh  de  1^  pesanteur,  par 
caQtre  en  exaltant  la  force  de  cohésion  sur 
le  mercure  dans  la  confection  de  ce  pro- 
duity  car  on  divisera  alors  plus  facilement 
Je  métal  fluide  en  petits  globules  spbéroï- 
daux  de  plus  en  plusténu^  et  par  suite 
plus  légers^  il  la  réunion  desquels  3'oppor 
sera  par  la  viscosilé  la  graisse, qui  les  tien- 
dra en  suspension  dans  sa  masse.  Donc  en 
ajoutant  à  tobte  l'axonge  pure, ou  durcie 
par  la  cir<i  le  mercure  métallique  par  pe- 
tites portions,,  on  doit  obtenir  le  meilleur 
résultat .    {Journal  de  pharm.  et  de  chimie,) 


ToiLicologle. 


Sur  U».  projprîétâf  tpxî(|itei  de»  aloooli 
par  fermentation  ;  par  MM.  DUJÂRDIN- 
BEAUMETZ  et  AUDIG$.  ~  Nous  avons 
ontreprifi,  ^ur  r^tude  des  actions  pbysio- 
logiques  et  thérapeutiques  deSj alcools  par 
fermentation^  une  série  «Inexpériences  dont 
nous  piibUaiis  aujourd'hui  les  premiers  ré- 
sultats,^ ceux  qui  sont  relatifs  à  leur  action 
toxique.  v 

Ud^  série  d'alcools  que  nous  avons  étu- 
diée est  la  suivfiote:  alcool  éthylique, 
C*H«Q  ;  propylique,  C'H«0  ;  butylique, 
C^H^Octamylique,  C^HTO. 

L«  différence  de  solubilité  que  présen- 
tent CCS  divers  alcools  ,nous  a  forcés  de 
varier  leur  mode  d'administrt^tion  :  aussi 
nous  avons  dû  comparativement,  sur  plus 
de  soixante  chiens,  les  faire  absorber,  tan- 
;  tôt  par  restomac^  tantôt  sous  la  peau,  en 
ayaut  toujours  soin  de  rapporter,  aussi 
rigoureuiiem,eiit  que  possible,  la  quantité 
d'alcQol  administré  au  poids  de  Tanimal  en 
expérience.  Voici  hs  résultants  auxquels 
nous  sommes  arrivés  : 

<  1.  a.  L*alcool  éthyliqve  absolu,  injecté 
sons  la  peau  à  Tétat  pur,  détermine  la 
mort,  chez  les  chiens,  dans  Tespacc  de 
trente-six  à  quarante  huit  heures,  à  la  dose 
de  6  à,  8  gravîmes  par  kilogramme  du  poids 
du  corps. 

6.  Lorsque  cet  alcool  est  dilué  dans  )a 
glycérine  neutre,  Tuct^on  toxique  est  plus 
rapide  :  la  mort  surviejjit  a^çrs  dans  Tes- 
paoe  4^.  vingt*  quatre  à  trente-six  heures, 
à  \a  dose  de  6  grammes  a  7  gr.,.20  par  ki- 
logramme du  poids  du  corps. , 

c.  Enfin  cette  action  toxique  atteint  son 
maximum  d'intenaité,  pôu<r  cet  alçopl, 
Içr^q^^ou   l>dnii)istfe.  par,  Festomac;  la 


oport  arriva  a|er4  auibout  de  doUM  à  <fiiin|f e 
heures,  après  ringcstioa  de  5gr.,50  à 
6gr.,50  par  kilogramme  du  poids  du  corps. 

2.  fl.  L'alcool  propyliqw,  injec|c  pur 
sous  la  peau,  produit  la  ntort  en  quelques 
heures,  à  la  dose  do  ^  grammes  à  igr.ySO 
par  kilogramme  du  poids  du  corps* 

6.^  Lorsqu'il  est  dilué  avec  de  la  glycé- 
rine neutre,  et  introduit  toujours  par  voie 
i^ypodermique,  Faction  toxique,  comme 
précédemment,  est  augmentée;  il  suffit, 
pour  produira  la  mort  en  vingt- quatre  à 
trente-six  heures,  de  3  grammes  à  3gr.^65 
par  kilogramme  du  poids  du  corps. 

c.  Enfin,  lorsqu'il  est  introduit  par  Tes- 
tomac,  Taction  toxique  est  encore  légère- 
ment augmentée:  5  grammes  à  3gr.,30  de 
cet  alcool  très-diUié,  par  kilogramme  du 
poids  du  corps,  déterminent  la  mort  dans 
l'espace  4e  douz<j  heures  environ. 

5.  L*alcool  butylique  est  en/Qore  plus 
toxique  que  les  préeédents. 

a.  Injecté  sous  le  peau  è.  l'état  pur,  il 
détermine  la  mort  en  six  à  sept  heures,  a 
la  dose  de  H  grammes  à  2gr.,50  par  kilo- 
gramme du  poids  du  corps. 

b.  Lorsqu'il  est  dilué  par  la  glycérine, 
la  mort  arrive  au  bout  de  vingt  quatre 
heures,  à  la  dose  de  lgr.,9â  par  kilo- 
gramme du  poids  du  corps. 

c.  Lorsqu'il  est  introduit  par  Testomac, 
il  suffit.de  la  dose  de  lgr.,76  par  kilo- 
gramme du  poids  du  corps  pour  produire 
des  accidents  mortels. 

4.  L'alcool  amyliquç,  expérimenté  dans 
les  mêmes  conditionis,  donne  les  résultats 
suivants  : 

^.  Injecté  pur  sous  la  peau  à  la  dose  de 
Jgr*,SO  à  3gr.>29  par  kilogramme  du 
poids  du  corps,  il  détermine  la  mort  dans 
un  espace  de  temps  qui  varie  de  deux  à 
sept  lieures/ 

^.  Lorsqu'il  e&t  injecté  à  l'état  de  dilu- 
tion, toujours  da{is  la  glycérine,  la  dose , 
toxique,  s'abaisse  de  4gr,y50  à  Igr.,  65  par 
kilogramme  du  poids  du  corps. 

c.  Enfin,  lorsqu'on  introduit  par  Testo- 
mac,  la  dose  toxique  est  de  Igr.  4  4<)  à  lgr.,!î5 
par  kilogramme  du  poids  du  corps;  elle 
produit  la  mort  dans  un  espace  de  temps 
qui  varie  de  trois  à  dix  heures, 

Pc  toutes  CCS  expériences,  nous  croyons 
pouvoir  tire,r  les  conclusions  suivantes  : 

i**  Les  propriétés  toxiques  dans  la  série 
des  alcools  de«  fermentation  suivent  d^une 
façon  mathématique,  pour,  ainsi  dire,  leur 
composition  atomique  ;  plus  celle-ci  est 
représentée  par  des  chiffres  élevés,  pliu 


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558 


RBVÏTI?  ANALYt*Ot)fe  Et  ÉRfrtOtfe. 


Taction  kô^tqîie  est  considérable  ;  et  (<fia\ 
aussi  bi^n  lorsqn^on  les  introddit  par  la 
petfa  cfiïc  par  Testomae. 

2*  Pour  le  même  alcool^  Taction  toxique 
est  plus  cônsfdërabid  k)rsiq)i'on  1  Introduit 
par  la  voie  gastrhfue  que  lorsqu'on  l'admi- 
nistre par  la  peau  ;  dans  ce  dernier  cas,  la 
dilution  de  cet  alcotil  dans  un  Véhicule 
étranger  augmente  ses  prcypHélés  toxiques. 

3<*  Les  phénémè^es  toxiques  observés 
paraissent  en  général  fes  mêmes,  sauf  le 
degré  d'intensité,  quel  qile  soit  raicodi 
dont  on  fasse  usage. 

Quant  aux  lésions,  elles  suiVent  aussi 
une  progression  croissante,  de  Talcpol 
éthylique  à  l'alcoot  amyliqUe.  Les  lésions^ 
de  la  muqueuse  intestinale,  sui'tont  dans 
sa  première  fonction,  sont  tout  aussi  in- 
tenses lorsqu'on  administre  les  alcools  par 
la  voie  hypodermique  qâe-  lorsqu^on  les 
fait  irtgérer  par  l'estomac. 

Nous  avons  observé  des  congestions  in- 
testinales allant  jusqu'à  Thémorrhagie  dans 
les  premières  parties  de  Pfntestin  grêle,  et 
cela  aussi  bien  dans  les  cas  ou  Talcool  avait 
été  administré  par  les  voies  digestives  que 
par  la  voie  hypodermique. 

Nous  avons  aussi  noté  que,  avec  le  même 
alcool,  la  congestion  et  Tapoplexie  pulmo- 
naires étaient  plus  fréquentes  lorsque  l'al- 
cool avait  été  administré  par  festomac. 
{Joum .  dç  pharm ,  et  de  chimie:  ) 


Recherche  de  Taliin  dans  le  pain-  et 
dan.  la  farine  ;  par  M.  J.  G.  THRESH.  — 

On  prend  un  échantillon  du  poids  4Îe 
i,â50  grains (81  gr.,  ^5)  vers  le  milieiKdu 
pain,  ou  un  égal  poids  de  farine:  on  le  car- 
bonise entièrement  sur  un  disque  de  pla- 
tine au  moyen  d'une  lampe  à  gaz.  Au  char- 
bon pulvérisé  on  ajoute  de  Tacidè  chlorhy- 
drique  de  façon  à  en  faire  une  pâte  de  con- 
sistance de  crème,  on  verse  sur  le  mélange 
400  grammes  d'eau  et  l'on  fait  bouillir  le 
tout  pendant  quelques  kninutes.  On  verse 
encore  de  l'eau  de  façon  h  compléter  un 
volume  de  150  centimètres  cubes,  on  filtre 
et  l'on  recueille  430  centimètres  cubes, 
volume  correspondant  à  1,000  grains  ou 
65  grammes  dé  pain  ou  de  farine.  A  ce 
volume  de  liquide  on  ajoute  de  l'ammo- 
niaque, on  fait  bouillir  pendant  quelques 
secondes,  on  laisse  déposer  le  précipité  et 
Ton  décante  le  liquide  surnageant.  On  dé- 
laie le  précipité  avec  de  Teau  distîNée,  on 
laisse  déposer  une  seconde  fois^  puis  on 
décante;  afin  de  ne  rien  perdre  du  préci- 


pité, on  reçoit  1e  Hqttidc  sur  un  petit  mire. 
Lé  '  précip^é'  encore  imparfaitement  lavé 
est  chauffé  doucement  dans  une  solution 
dé  i  gramMe'de  potasse  ou  de  .<oude  caus- 
tique pure  ;*  on  filtre  cette  solution  sur  le 
filtre  qui  a  déjà  servj  à  TecueîHir' les 'par- 
celles de  précipité  entraînées  pendant  la 
décantation.  Le  filtre  est  lavé  ii  Peau  dis- 
tillée, et  Takimine  est  précipité  de  sa  Solu- 
tion alcaline  par  l'addition  de  quelques 
gouttes  d'acîde  phosphorique  dilué  et  un 
excès  d'acîde  acétique  pur.  Le  liquide  et 
le  précipité  sont  portés  à  rébullition,  pois 
le  précipité  est  recueilli,  lavé,  séché,  porté 
au  rouge,  enfin  pesé.  Du  poids  du  phos- 
phate d^alumine  on  déduit  celui  de  l'alu- 
mine. {Ibid.) 


Qy^lène  pnbllque.  . 

Quelques  oon#îd6ratîon's  sii^  lei  baini 
de  mer  sur  les  plages  du  "Nord,  par  le 
D'  LEMARCHAND. 

A^  Becherche  d'un  logement.  — -Choisir 
pour  les  malades  ^endroit  le  nrieut  exposé  ' 
et  le  plus  à  l'abri  des  vents  régnants.- 

2°  Hygiène  de  la  mer.  —  Il  n'est  pas 
prudent  de  passer  plusieurs  heures  à  con- 
templer les  vagues,  surtout  si  les  vents 
sonl/ermes.  Lorsqu'on  arrive  à  la  mer,  il 
faut  toujours  avoir  tin  double  vêtement  à 
se  mettre  sur  les  épaules  pour  parer  aux 
t^ariations  de  température.  Avant  et  après 
le  bain  il  faut  se  promener  pour  aider  à  fa 
réaction.  Il  faut  se  tenir  en  garde  contre 
un  appétit  formidable  qui  se  développe 
chez  la  plus  grande  partie  dès  baigneurs  et 
ne  pas  oublier  que  les  forces  digestives  ne 
sont  pas  toujours  en  harmonie  avec  le 
développement  de  cet  appétit.  €'est  pour 
parer  à  cet  inconvénient  que  les  Anglais 
purgent  les  malades  qui  prennent  lés  eaux 
de  mer. 

3<»  De  l'emploi  du  bain  de  mer.  ->-  Une 
saison  de  bains  ne  devrait  jamais  être  com-  . 
mencée  sans  avoir  pris  conseil  d^un  méde- 
cin compétent,  un  mauvais  début  est 
toujours  une  chose  '  fâcheuse  pour  un 
malade. 

A^  Application  des  bains,"—  Ce  n'est 
pas  par  sa  longue  durée  que  le  bain  agit 
favorablement  j  un  bain  d'une  ou  deux 
minutes  peut  être  trop  long  pour  un  ma- 
lade et  trop  court  pour  un  autre.  Le  bain 
de  mer  doit  être  classé  parmi  les  médica- 
tions énergiques,  quMl  faut  doser  avec  la 
plus  grande  prudence.  Quénd  les  bains  ne 


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PV^JB  ANALYTIQUE  £ï  CRITIQU^. 


559 


peuvenjt  pas  étr^  tolérés  au  début,  oo 
essaie  les  lotions  frofdes  om  fraîches  très-' 
ctourtes  suivies  de  frictions  sèches,  les 
douches  écossaises.  Alors  que  ces  der- 
nières spnt  bien  supportées,  de  là  à  la  mer 
il  n*y  a  qu'un  pas.  ,  '. 

b®  De  V heure  du  bain.  —  L*hçure  du 
bain  n*est  pas  indifférente  pour  t,ous  leç 
baigneurs  ;  généralement,  on  peut  se  bai*- 
gn.er  %  toute  heure  du  jour,  mais  mieux 
vaut  le  faire  à  jeun  le  matirif  surtout, 
-lorsque  Pestomac  est  parçsseux  et  que,  la 
seconde  digestion,  e^t  lente.  Pour  les 
enfants  et  t^s  ma]ade;$  débilité^;  faire  faire 
un  léger  repas  deux  heures  ay^nt  le  bain. 
6®  êîanière  de  prendre  le  jbain.  —  Divers 
méflecins  commencent  un  traitf.ment  ma- 
ritime  par  une  série  do  bains  chauds  dont 
ils  diminuent  la  durée  et  la  température 
pour  arriver  à  Teau  froide.  Cette  méthode, 
est  vicieuse,  le  bain  chaud  congestionne 
la  peau,  d*autant  plus  que.  le  bain  a  été 
plus  long  et  à  une  température  ,  plus 
élevée. .  .  , 

Au  sortir  du  bain  elle  est  accessible  h 
Teffet  dju  froid  de  la  teippérature  exté- 
rieure, et  la  partie  la  plus  exposée  ^u  vent 
est  celle  qui  se  prend  :  de  là  rtiumaUsmes, 
névralgies,  etc.  Oo  comprendra  facilement 
que,  Iç  bain  chaud  prjéparera  for.t»peu  le 
malade  à  supporter  les  bains  froids,  Au^sâ 
airje  dû  renoncer  à  cette  ix^anière  de  fajre 
,  dans  Tintérét  des  malades. 

Le  bain  froid  au.  contraire  endurcit  la 
peau,  et  si  vous  rentre^  prompteujent  dans 
votre  cabinç,  vous  pouvez,,  après  être 
habillé,  lutter  .avantageusement  contre 
toutes  lés  variations  de  vent. 

?•  Nombre, de  baim,  r-  ;Le  nombre  des 
bains  est  relatif  à  Taction  qu'on  veut  dé- 
terminer et  à  la  nature  de  Taffection  qu*on 
veut  guérir.  .       . 

8°  Du  bain  chez  les  enfants.  —  Le  bain 
chez  les  enfants  exige  une  foule  de  précau- 
tions sans  lesquelles,  dans  certains  cas,  il 
peut  devenir  nuisible^  Généralement  il  ne 
faut  employer  cette  médication  poujF  epx 
qiie  lorsqu'ils  ont  atteint  Tàge  de  six  à  sep^ 
ans,  c'est-à-dire  «près  le  commencement 
de  la  seconde  dentition  ;  mieux  vaut  encore 
après  son  accomplissement. 

L'air  dé*  là  mer  est  presque  toujours 
suffisamment .  trique  et  excitant  pour 
reconstituer  leur  santé*  Presque  tous,  au^ 
bout  de  douze  ou  quinze  jours,  dovienn.ent 
Insupportables,  taquin$.  4^t  turbulents;  si 
Tair  de  la  mer  se49i.l  suffît  à  déterminer  une 
pareille  aurexcit^iion,  il.  ne  faut  pa$  ajou-> 


ter  à  cettq  cause  déjà  si  énergique  Veff^i 
du  bain. 

9*  Abus  du  bain.  —  Le  -bain  de  mer 
pour  lc;s  malades  sérieux  ne  doit  jamais 
dépasser  deux  minutes.  Appliqué  avec 
prudence,  il  ne  comptera  que  des  succès. 
10*  Différentes  applications  de  l'eau  de 
mer.  t-  On  peut  l'administrer  avec  avan- 
tage, à  Tintérieur  et  à  l'extérieur,  en  iblu- 
tiotts  ou  en  lotions  chaudes  et  froides,  en 
douches  ascendantes .  et  descendantes,  en 
injections,  en  lavements,  quelquefois  mépfie 
sous  forme  de  bains  de  sable  artificiels  sur 
nos  côtes  froides,  puis  enfin  sous  celle  de 
bains  chauds,  de  douches  écossaises  et^ 
alternantes. 

,  i\°  A  quelle,  époque  faut -il  prendre  les 
bq^ins  de  mer?  —  Toute  l'année,  en  prenant, 
la  précaution  de  les  limiter  à  quelques  so;. 
coudes  pendant  Thiver.  ; 

i^"  A  quels  signes  peut  on  reconnaître, 
l'intolérance  des  bains  de  mer?  —  A. une 
lassitude  général^  après  le  bain,  à  Tacca- 
Internent  du  corps  et  de  (a  pensée,  à  la. 
paresse  à  marcher,  à  l'engourdissement  et 
à  de  la  somnolence  au  ,milieu.4u  lour,  si^r- 
tout  après  le  repus.  Pendant  ^a  nuit,  )ç 
sommeil  est  plus  profond,  plus  lourd  q\i 
même  plus  agité  que  de  coutume,  puis 
enfin,  après  quelques  bains  trop  longs,  les 
malades  sppt  moins  bien  et  perdent  leurs 
forces. 

'  Le  bain  de  durée  convenable  et  agissant 
fjftvorablement  ne  doit  faii'e  sentir  ses 
effets  immédiats,  par  aucun  symptôme  apr 
pjréciable., 

13*  Dans  quels  cas  les  bains  de  mer  sontr 
Us  appUcçMe^? .  ^^  Faire  réaumératioA  de 
tous  les  cas  serait  un  travail  très-long  et 
qui  exigerait  trop  de  développement.  Maïs 
ce  que  l'on  peut  avancer  avec  certitude, 
c'est  que  le  bain  de  mer  est  éminemment 
reconstituant, ,  et  qu'avec  son  aide  on 
bonrfie  également  l'état  général  et, on  mo- 
difie favoral^lement  les  symptômes  pcirti- 
culiers  qui  en  dépendent. 

i  i»  De  certains  effets  produit^  par  Veau 
4e  mer,  ■—  Souvent  la  mer  .dct:ermine  des  ' 
poussées  sur  tel  ou.  tel  organe^  elles  peu- 
vent être  l'expression  de  deux  états  bien 
distincts  ;  tantôt  elles  sont  la  mani(estation 
de  l'effet  curatif  des  eaux,.  4'aut^es.  fois 
elles  en  traduisent  l'intolérance.         .  ^ 

Le  plus  souvent  elles  se  manifestent  sur 

la  peau  sous   forme  d'érythème  plus  ou 

moins  violents,  et  quelquefois  aussi  sur  les 

muqueuses. 

19<>  DuMîn  d&  vmr  dèuud^  —  Dans 


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560 


REVOê  ANALYTIQOÉ  JEf  CftlTi^OÊ. 


ptttsieurs  circonstances,  les  bains  froids  ne 
peuvent  être  supportés,  on  peut  essayer 
remploi  des  bains  chauds.  Mais  générale- 
ment sur  nos  côtes  du  Nord  ils  sont  mai 
supportés,  à  tel  point  que  j'ai  dû  renoncer 
à  leur  emploi  chez  les  personnes  sérieuse- 
ment malades. 

Dans  le  cas  ou  le  bain  froid  ne  peut  être 
employé,  on  le  remplacera  avec  Un  très- 
grand  avantage  par  les'  douches  écossaises 
et  même  par  les  lotions  froides. 

16"  Eau  de  mer  à  Vintérieur,  —  LVau 
de  mer  est  un  des  plus  puissants  toniques 
que  nous  possédions. 

Administrée  à  TinCérieuV  à  la  dose  de 
quelques  cuillerées  à  bouche  tous  les  jours 
avant  le  repas,  elle  C3t  essentiellement 
reconstituante  ;  comme  fondant,  on  en  re-; 
tire  aussi  d*excell^nts  effets. 

47°  De  la  stérilité.  —  Les  causes  de  la 
5téritlté,  il  faut'bten  Tavouer,  sont  obscures, 
par  cela  difficiles  à  saisir  et  presque  tou- 
jours mixtes.  Peut -on  affirmer  aussi 
qu'elles  dépendent  exclusivement  de'  hi' 
femme? 

Dans  la  stérilité  comme  dans  beaucoup 
d'autres  affections,  il  faut  envisager  Teau 
salée  comme  nn  puissant  toniquequi  peut, 
en  modiOant  favoriablement  les  organes  dé 
la  reproduction,  leur  rendre  Téquilibre 
indispensable  ou  «  la  force  dont  ils  man- 
quent. 

{%^  De  l*kp(irothérapiè  matilirrie.  — 
G*est  chose  trop  compliquée  au  bord  de  la 
mer,  pour  qu'on  puisse  en  indiquer  ici 
Tusage.  Chaque  malade  exige  en  quelque- 
sorte  un  traitement  spécial,  les  douches, 
les  abiutibns  ne  se  ressemblent  que  par  le 
liquide  qui  les  constitue.  QuMt  suffise  de 
savoir  qu'aucune  médication  n*est  plus 
énergique  et  ne  donne,  quand  elle  est  bien 
dirigée,  de  meilleurs  résultats  ;  mais  aussi 
que,  abandonnée  à  la  volonté  capricieuse 
des  malades  ou  même  aux  salariés,  eile 
peut  déterminer  les  accidents  les  plus 
graves. 

Concluàion,  — Voilà  en  abrégé  lèfs  quel- 
ques conseils  indispensable^  qui  peuvent 
être  saisis  avec  fruit  par  les  malades  qui 
viennent  chercher  la  satité  au  imrd  de  h 
mer. 

Somme  toute,  son  effet  principal  est 
d'agir  comme  un  toniqne  puissant. 

(iiépert.  de  pharm.) 


par  M.  LÂEfORDE. -^  Oti  commence  pat* 
préparer  tin  •potage  du  Hapîocà'ipévL  épais, 
et  on  le  laisse  rè^fi^oidir  sufl^samment  poulr 
qu'il  ne  puisse  exerèer  Siir  la  viande  l'in- 
fluence d'une  cuissoA  même  modérée. 
Puis,  la  viande  étant  Gnement  et  parfaite- 
ment râpée,  selon  les  règles  que  nous 
avons  données,  on  la  délaie  dans  une  quan-  ' 
tité  de  bouillon  froid^  jusqu'à  ce  que  lè 
mélange  soit  complet;  ce  mélange  a  Tas- 
pect  et  &a  consistance  d'une  belle  purée  de 
tomates,  il  constitue;  ejn  réalité,  une  véri- 
table purée  de  viande.  Les  choses  étant  en 
cet  état,  ii  né  reste  qu'à  verser  peu  à  petf 
le  potage  au  tapioca  sur  cette  purée,  en 
ayant  soin  d»  tourner  constamment  le  Mé- 
lange, à  l'aide  d'une  cuiller,  comme  si  Ton 
faisait  une  crème.  On  obtient  de  la  sorte 
un  potage  parfaitement  homogène,  dan^ 
lequel,  quand  il  est  bien  réussi;  la  viande 
se  trouve  si  bien  dissimulée,  qiié  la  per- 
sonne qui  la  mange  ne  s''en  d))erooit  pas,* 
si  elle  n'a  pas  été  préalableMeni  avertie. 
Nous  avons  l'habitude  de  le  prescrire  et  de 
le  faire  servir  aux  mafades  sous  le  nom  de 
potage  ow  tapioca  médicinal,  et  nous  erf 
indiquons  minutieusement  la  recçttè  à  la 
personne  chargée  de  le  préparer,  en  loi 
recommandant  de  ne  point  divulguer  le 
secret'au  matade,  en  ce  qui  concerne  l'înî- 
tervention  de  la  riande  crue.     ' 

Le  stratagème  réussit  si  bienf  que  nous 
avons  vu  des  malades  ~  et  des  plus 
délicats  -r-  redemander  cux-mémeé  de  ce 
potage,  n  est  également  bien  apprécié 
par  les  personnes  en  bonne  santé,  ce  t)ue 
démontre  clairement  la  petite  expérience 
suivante  :  ' 

Nous  avons  eu  l'idée  de  servir  à'  quel- 
ques amfis  non  médecins,  aruxquels  nouis 
donnions  réceniment  à  dîner,  un  potage  ati 
tapioca  dit  médicinal,  c'est-à-dire  à  la 
vianide  crue,  préparée  comme  il  vient 
d'être  dit.  Nos  convives  qui,  bien  entendu, 
n'étaient  pas  averttà  de  la  composition  dû 
potage,-  se  sont  extasiés  à  qui  mieux  mieux 
sur  son  excellence,  disant  que  de  leur  vie  ^ 
ils  n'avaient  mangé  potage  si  confortable  et 
en  même  temps  sf  délicat. 

(Lyon  médical,) 


Sur    un  nouveau     mode    trés-avanta» 
feux  de  préj^ratiofli  de  la  iriand«  orue, 


Roug^e  '  d'anîtiné  pour  .  oolorer  les 
kttitei  poUr  les  oheve'uzi  -^  Nous  appe-> 
lions  dernièrement  l'attention  sur  les  dan* 
géra  dffS  à  l'usage  du  roogo  d^mline  pour 
colorer  les  &lrops,  les  glaces,  etc.  ;  nOûA 
avons  appris  réoemment  le  désavantage  et 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


561 


Tj^mploi  de  ces  couleurs  pour  un  tout  autre 
usage.  Beaucoup  d.'hoiU's  pour  les  cheveux 
sont  «uj!0ur<i*hui  colorées  avec  du  rouge 
d*aniline  au  lieu  de  1 -orcanellc  que  l'on 
em^lt^yajl-  depuis  longtemps  ;  l^orcanctte 
aUteigâaiibien  le  but:  on  devrait  Éoutinuer 
à  sien  servir  ou  au  moins  lui  substituer  uno 
substance  moins  dangereuse  que  le  rouge 
d*9Atline* 

Un  eoilfcur  avait  Phabitude  d'eaipl<»ycr, 
pouj^fo  toileUe  de  la  chevelure  de  ses  pra- 
tiqueSf  uiné  htiile  de  casitor  colorée  avec  du 
rou,ge  .  d'aniline.  Un  fcabitué  de  cette 
maison,  qui  de|>uis  longtemps  y  allait  plu- 
aienrs. fois,  par  semai n 64  avait  <^haque  fois 
eu  recours  à  cette  huile.  Au  bout  d*un 
certain  temps,  sa  téie  fut  atteinte  d^nne 
éruption  acciompagnée  d'une  démangeaison 
dësagréablct  très^semblable  à  ceUe  pro- 
duite par  i 'arsenic.  Après  recherches, 
cet  accident  fut  attribué  à  Thuile  pour  les 
cheveux  qui  contenait  de  rarseiiic  dû  à  la 
présence  de.  la  couleur  d'auHihe  ;  et  en  en 
cessant  Tusage,  rérupMou  disparut  peu  à 
peu.  Avis  aux  consommateurs  d'huiles 
pour  tes  cheveux  brillamment  colorées. 
(iRépertoire  de  pharmcuiie») 


Médecine  léjcaie* 

Bxpérienoet  s^ur  la  résîstttiiee  de  dSffé-^ 
reuts  tii»us  pendant  1«  vie  et  après  la 
mMt.  —  Un  des  premiers^  €asper  a  sou- 
levé la  question/de  savoir  si  la  résistance 
des  tissus  aux  actions  traumaiiques  est  la 
même  après  la  mort  que  penJant  la  vie. 
Diapré»  qu(>lqne$  expériences  incomplètes, 
il  avai^conclttà  une  augmentation  après  la 
mort.  Il  n'esl  pas  indifférent  d'être  fixé  sur 
ee  poMi^  ear^4«ns  des^ireonfttances,  excep- 
tionnelles il  est  vrai,  il  peut  se  faire  que 
les  caractères  qui  servent  ordinairement  à 
différencier  les  blessures  survenues  avant 
et  après  la  mort,  manquent  ou  soient  peu 
marqués.  Connaissant  alors  l'intensité  de 
Taction  tirauoiatique,  la  granduur  du  dé; 
sordns  peut,  jusqu'à  un  certain-  point, 
ajouter  un  élément  de  diagnostic.  Mais,  à 
un  autre  point  de  vue  il  est  beaucoup  plus 
important  d*étre  fixé  sur  ces  faits  ;  c'est 
quand  on  veiU  appliquer  au  vivant  des 
données  obtenues  sur  le  cadavre.  Le  doc- 
teur Falk  (de  Berlin)  a  repris  celle  ques<> 
tioQ',  ek  ses  expériences,  quoique  incom- 
plètes et  pas  assez  précises  parfois,  ne 
manquent  pas  d'importance. 

Il  9'£sl  occupé  surtout  des  muselés,  des 


tendons  et  des  os  ;  ia  structure  spéciale  de 
la  peau  et  ra()sence  de  graisse  sous-cutanée 
chez  les  animaux,  les  mettent  dans  des 
conditions  qui  ne  permettenl  pas  d'appli- 
cation à  l'homme.  L'appareil  employé  était 
très-simple:  un  levier  de  bois,  fixé  à  une 
extrémité  et  ehargé  à  l'antre  d'un  poids, 
tombait  de  la  même  hauteur  sur  la  partie 
à  essayer  ;  un  arc  de  cercle  divisé  en  de- 
grés (9t)pour  l'angle  droit),  le  long  duquel 
glissait  l'extrémité  libre  du  levier,  indi- 
quait de  combien  ce  dernier  s'enfonçait 
dans  les  tissus  par  la  chute.  Le  lapin^  car 
c'est  M  qui  «<»rvait,  étant  convenablement 
lié  sur  une  planch('tte,  on  laissait  tomber 
la  règle  sur  un  muscle  gàslro  r.némien^  et 
Toii  notait  rapidement  le  degré  auquel  elle 
s'arrêtait.  Sans"  rie»  déranger,  l'animal 
était  tué  par  le  chloroforme,  et  l'expé- 
rience recommencée  vingt  quatre  h«Mires 
après.  Toujours  le  levier  .s'abaissait  da- 
vantage sur  l'animal  vivant  que  sur  le 
mort,  en  moyenne  de  \  degré  1/2,  parfois 
de  â  degrés:  La  différence  ne  pe^vt  être  at- 
tribuée à  une  altération  de  structure  cau- 
sée par  râetîon  traumatiqiie,  qui  était  trop* 
faible;  le  levier  avait  49  centimètres  de 
long,  était  ehargé  à  son  extrémité  d'un 
poids  de  {"20  grammes,  et  tombait  d'une 
hauteur  de  17  centimètres  1/2.  D'ailleurs 
l'absence  de  lésion  était  prouvée  par  • 
l'examen  microscopique.  L'animal  était  tué 
seulement  une  demi  heure  après  la  pre- 
mière expérience,  et  pour  surcroit  de  pré- 
caution, la  jambe  intacte  était  essayée 
après  là  mort  comparativement  à  l'autre. 

L'auteur  recherche  la  cause  de  celte  dif* 
férence.  Il  met  de  côté  la  peau  et  le  tissu 
conjonetif  dont  les  ^propriétés  n'auraient 
pu  être  modifiées  que  par  rabaissement  de 
la  température  et  par  la  dessiccation  ;  nous 
savon«$  trop  |)eu  sur  ce  sujet,  et  le  résultat 
ne  peut  en  être  que  minime.  Il  faut  donc 
s^adresser  au  muscle. 

L'action  nerveuse  n'y  est  pour  rien, 
ainsi  que  le  démontrent  les  résultats  ob- 
servés-après  la  section  du  sciatique;  l'a- 
baissement de  la  température  a  été  trouve 
sans  action  et  il  ne  reste  en  dernière  ana^ 
lyse  que  la  rigidité  cadavérique  à  examiner, 
c'est  à  elle  qu'il  faut  attribuer  l'excès  do 
résistance  du  muscle  mort.  La  contraction 
galvanique  du  muscle  augmente  sa  résis- 
tance sans  lui  faire  atteindre  celle  du 
muscle  rigido;  néanmoins,  la  différence 
est  petite,  elle  est  seulement  d'un  demi 
degré  en  moyenne. 

Le  genre  de  mort  n'avait  nulle  influence. 

46 


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562 


BIBLIOGRAPHIE. 


On  f^ut  se  rendre  compte  de  celte  ac- 
tion de  la  rigidité  cadavérique  par  les 
changements  physiques  que  le  muscle 
subit  dans  cet  état,  à  la  suite  des  corps  al- 
buminoîdes  de  Tétat  liquide  à  Tétat  solide. 
Les  liquides  qui  imprègnent  le  muscle 
vivant  étant  plus  mobiles,  un  choc  perd 
moins  de  sa  force  vive  et  ébranle  davan- 
tage Tos  .sous-jacent. 

Il  n*est  pas  dit  que  des  expériences  aient 
été  faites  sur  le  muscle  mort  avant  Tinva- 
sion  de  la  rigidité  ou  après  sa  cessation 
artificielle  par  Textension  forcée.  Je  ne 
trouve  qu'une  seul^  asseAion  sur  ce  point, 
à  savoir  que  le  commencement  de  la  pu- 
tréfaction, même  avant  rétablissement  de 
la  réaction  alcaline,  diminuait  la  résistance 
du  muscle  ;  or,  cette  époqiTe  coïncide  avec 
la  cessation  spontanée  de  la  rigidité. 

Finalement;  les  os  ont  été  soumis  aux 
mêmes  investigations.  L'expérience  fu^ 
faite  avec  un  appareil  semblable  au  pré- 
cédent; seulement  le  levier  était  en  fer, 
et,  agissant  comme  un  levier  du  second 
genre  (interrésistant),  il  pesait  à  faux  sur 
le  tibia  du  lapin,  soutenu  seulement  à  ses 
deux  extrémités.  La  puissance  était  repré- 
sentée par  un  seau,  suspendu  au  bout 
libre  de  la  barre,  et  dans. lequel  on  versait 
de  Teau  jusqu'à  obtenir  la  fracture  de  Tos. 
.  La  qiitàntité  d'eau  permettait  alors  d^éva- 
tuer  la  différence  des  pressions  obtenues. 

Ici  encore  l'os  mort  exigeait  pour  sa 
rupture  une  pression  plus  considérable. 
Pour  un  os  de  5  millimètres  de  diamètre, 
cet  excès  était  en  moyenne  de  2H0  centi- 
mètres cubes,d*eau.  Le  résultat  n'était  mo- 
difié ni  par  le  périoste  ni  par  les  parties 
musculaires  ;  même,  dans  ce  dernier  cas. 


la  différence  était  plus  forte  qu'en  faisant 
agir  lu  levier  sur  l'os  dénudé. 

Jamais*  il  n'a  été  obtenu  de  facture 
comminutive  sur  l'os  mort;  c'était  tou- 
jours une  fracture' transversale  simple^ 
nullement  oblique  ni  accompagnée  de  fis- 
sures longitudinales  comme  on  les  obtenait 
souvent  sur  le  vivant. 
é  M.  Falk  attribue  cette  plus  grande  cohé- 
sion surtout  aux  changements  survenus 
dans  le  canal  médullaire,  sans  exclure 
néanmoins  l'influence  du  refroidissement 
et  de  la  dessiccation  ;  mais  il  n'entre  pas 
dans  des  explications  détaillées. 

La  dureté  de  l'os  mort  est  également 
plus  considérable  que  celle  de  l'os  vivant. 
Elle  a  été  évaluée  avec  l'appareil  précé- 
dent, en  fixant  au  levier  de  fer  un  clou 
d'acier  et  mesurant  la  quantité  d'eau  né- 
cessaire pour  lui  faire  traverser  l'os. 

Quoique  les  expériences  précédentes  dé- 
montrent une  plus  grande  résistance  de  la 
part  des  tissus  morts,  il  ne  faut  pas  né- 
gliger un  autre  élément  qui  peut  faciliter 
les  fractures  sur  le  vivant  :  la  contraction 
musculaire  volontaire  et  réflexe  qui  a  sou- 
vent lieu  au  moment  de  l'action  d'une 
cause  traumatique,  surtout  sur  les  extré- 
mités. 

D'après  ce  qui  précède,  il  est  donc 
permis  d'a<lmeltre  comme  très  probable, 
que  des  lésions  considérables  d'os  très- 
solides  et  protégés  par  leur  situation  ont 
été  effectuées. «tir  le  iyivant,  h  moins  qu'il 
ne  soit  démontré  que  la  cause  traumatique 
ait  agi  avec  beaucoup,  de  violence  et  sur- 
tout de  rjipidité.  Cette  proposition  est  sur- 
tout applicable  aux  fracture»  de  la  base  du 
crâne.         (  Annales  d^ hygiène  putdique.  ) 


m.  BIBlIOtîRAPHIL 


Lei  mîraoles  devaat  la  loienCe,  par  le 
docteur  GOLLINËÂU.  membre  de  la  Société 
médico- psychologique,  de  la  Société  de 
médecine  de  Paris,  de  la  Société  d'anthro- 
pologie ;  secrétaire-général  de  la  Société 
médico-pratique  de  Paris  ;  lauréat  de  l'In- 
stitut; etc. 

Les  moines  ont  trop  d'ambition 
et  trompent  trop  souvent  le 
monde  par  des  i^nmaces  (Gdt 
Patin.  Lettres,  Paris,  1707;  1. 1, 
p.  334.) 
Cette  brochure  mérite  une  sérieuse 
attention,  non-seulement  parce  qu'elle  est 


l'œuvre  d'un  médecin  savant,  d'un  vrai 
philanthrope  (de  l'amitié  duquel  je  suis 
fier)  ;  mais  aussi  parce  qu'elle,  indique,  à 
ceux  qui  les  ignorent  et  les  rappelle  à  ceux 
qui  les  ont  oubliées,  des  vérités,  déivon- 
trées  par  la  science  et  admises  par  le  plus 
simple  bon  sens,  au  détriment^  il  est  vrai, 
du  fanatisme  religieux  et  de  là  perversion 
de  rintelligence  et  du  jugement. 

Qui  ne  le  sait,  hélas  !  ce  fanatisme,  fruit 
de  l'ignorance,  est  la  cause  principale  du 
scrvilismc  du  moyen  âge  et.  de  la  déca- 
dence actuelle  de  l'EspagnCî  dans  laquelle 


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BIBLIOGRAPHIE. 


363 


on  veut  nous  faire  retomber,  nous  enfants 
de  89  I  Mais  la  science  veille  sur  nous, 
malgré  Tinfâroe  condamnation  des  Galilée 
et  Colomb,  et  le  supplice  de  Ramus. 
Chaque  jour;  elle  démontre,  à  qui  ne  veut 
être  ni  sourd  ni  aveugle,  les  erreurs  des 
livres  sacrés  et  des  fanatiques  et  nous  met 
à  Tabri,  pour  jamais,  de  cet  axiome  : 
.  Omnia  serviliter  pro  dominationet  dont 
Tapplication  est  le  but  principal,  sinon 
unique,  «les  disciples  de  Loyola. 

Ma  mission  de  bibliographe  n*est  pas 
facile,  car  cette  brochure,  de  Fauteur  des 
Lettres  à  met  concitoyens ^  est  un  court 
résumé  de  ces  données  scientifiques,  re- 
poussées,  seulement,  par  des  hallucinés, 
des  gens  maladifs  et,  surtout,  par  les 
égoïstes  qui  désirent  le  retour,  à  tout 
jamais  impossible,  des  mœurs  d*un  âge 
hideux. 

G*est  pendant  cette  époque  que  fleuris- 
saient, dans  leur  cruelle  splendeur,  le 
despbtisme  religieux  et  celui  de  la  noblesse, 
sur  le  peuple  ignorant,  corvéable  et  tail- 
lable  à  merci.  A  celte  époque  régnaient  la 
sanguinaire  Vehème,  à  la  tête  de  laquelle 
un  pape  . approuva  la  nomination  d'un 
évéqiie  de  Cologne,  faite  par  le  roi  Wen- 
ceslas;  1  horrible  Inquisition,  brûlant  vifs, 
en  vertu  d'un  ordre  de  Constantin  (4  ),  de 
TExode  (2)  et  de  la  fameuse  bulle  du  pape 
Inftocent  111  (3),  les  Ramus,  Giordano 
Bruno,  Lucien  Vanini,  la  Pucelle  d'Or- 
léans, etc.,  etc.;  emprisonnant  les  Galilée 
et  Colomb;  torturant,  par  Teau,  le  fer 
rouge,  les  coins,  Thuile  bouillante;  enfin, 
la  Saint -Barthélémy,  calculée  et  conseillée 
par  Catherine  de  Médicis,  cette  reine  em* 
poisonneuse,  exécutée  par  son  fils,  ce  roi 
bigot  qui,  lui-même,  arqoebusa  son  peuple, 
et  approuvée  par  le  pape  Pic  V,  digne 
successeur  d'un  Alexandre  VI. 

Le  docteur  Cotlineau,  aprAs  avoir  dé- 
montré, par  des  faits,  pris  au  hasard,  dans 
les  annales  de  la. science  ;  facilement  expli- 
qués par  les  plus  simples  notions  physiolo- 
giques et  thérapeutiques  ;  admis  par  tout 
médecin  praticien,  loyal  et  quelque  peu 
instruit,  rinanité-  des  miracles  modernes, 

(1)  Codex,  livre  IV,  titre  XVlIf. 

(S)  Voir  an  verset  da  chapitre  XXII. 

(3)  Sou^  Pinfluence  de  c<*tte  l)uile,  Gamns, 
brûla,  en  14H5,  it  femmes;  en  1515,  500  per- 
sonnes ()roteslanies  furent  exécutées  :  48  autres, 
è  liavensburg;  et,  de  1580  è  1585, 900  personnes^ 
en  Lorraine,  le  fureni  par  le  savant  inqui-siteur 
RemigiuSj  en  Suède,  on  brûla  60  protestants, 
dont  15  enfants;  etc.,  etc.,  pour  la  gloire  d'une 
reliKioo  d'uraûur  ou.admajorem  Deigloriam^ 
soivftDt  le  Père  Loriquet  ! 


dont  pas  un  seul  n*a  lieu  et  n'aura  jamais 
lieu,  suivant  le  désir  de  Voltaire  et  de  tout 
homme  réfléchi,  non  fanatique  ou  maladif 
et  illuminé,  devant  rAcâdémie  des  sciences 
et  la  Faculté  de  médecine  de  Paris;  Tau-  / 
teur,  'dis--je,  fait  remarquer  que-  les  neuf 
dixièmes  des  miraculés  sont  des  femmes 
hystériques. 

L'émotivité  native  de  la  femme,  dit  L. 
Âsselline  (i),  ne  la  dispose  que  trop  aux 
perversions  nerveuses  du  genre  de  celles 
dont  lethaumaturge  s'empare  pour  donner 
quelque  vraisemblance  à  ses  charlata- 
nesqiies  manifestations. 

En  effet,  en  étudiant  les  traités  do  l'hys- 
térie, les  plus  autorisés  (5),  on  est  forcé 
de  reconnaître  que  cette  maladie,  dont 
une  des  funestes  conséquences  est  Tabru- 
tissement  de  l'intelligence,  constitue  un 
des  tristes  apanages  de  Marie  Âlacoqae, 
c  qui  vit  dans  le  cœur  ardent  .de  Jésus  son 
cœur  uni  à  celui  du  jésuite  La  Colom- 
bière  t;  de  madame  de  Chantai,  cette 
amante  spirituelle  de  Saint  François  de 
Salles,  comme,  plus  tard,  la  sœur  Cornuan 
la  fut  de  Bossuet  (6);  et,  même,  des 
saintes  Gertrude,  Thérèse,  Catherine  de 
Sienne,  etc. 

Ecoutons  le  célèbre  aliéniste  Delasiauve  : 
1  Une  sensibilité  nerveuse^  la  frayeur,  le 
fanatisme,  Tenthousiasme  sont,  dit-il,  les 
éléments  qui  contribuent  à  l'imitation, 
aux  gramies  épidémies  des  miraculés,  des 
convnlsionnaires  ;  telles,  par  exemple, 
celles  de  la  Pouille,  des  Camisards.  » 

On  sait  qu'il  fallut  un  arrêté  de  police, 
laneéau  nom  de  Louis  XI V —  (cet  auteur  de 
la  révocation  de  l'Edit.  de  Nantes,  des  , 
Dragonnades),  devenu  cagot,  dans  ses  vieux 
jours,  pour  faire  oublier  son  immoralité, 
digne  de  celle  de  son  successeur,  —  pour 
couper  court  aux  miracles  et  aux  extrava- 
gantes contorsions,  dont  le  Clos  Saint 
Médard  était  le  théâtre. 

A  ce  sujet,  donnons  une  petite  histoire, 
empruntée  à  un  livre,  écrit  par  un  des 
grands  historiens  de  France, 

11  y  avait  aux  Carmélites  de  Lerma  une 
béate,  appelée  la  Mère  Agneda,  qni  gué- 
rissait nuraculeusement.  Un  beau  jour,' la 
justice  reconnut  que  cette  sainte,  dénoncée 
par  une  nonne,  sa  nièce  jalouse,  avait  ac- 
couché de  einq  enfants,  tués  et  enterrés 
au  moment  de  leur  naissance.  Le  pro  vin- 

(4)  Marie  JUacoque  Sacré-Cœur. 
(.'S)  Voir,  par  exemi>le,  celui  de  Briquet. 
(6  )  Voir  le  volume  ioiiiolé:/;^  Plâtre,  fa  Femme 
et  ta  Famille,  par  Michelet.  • 


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51)4 


filBLIOGRAPBie 


cial  du  convent,  Jean  de  la  Vega,  avec 
lecfuel  la  sainte  Agueda  avait  enfretenu 
flommerce  charnel  et  qui  arrangeait  ses 
miracles,  passait  pour  être  aus&i  austère 
et  pénitonl  que  le  bienheureux  Jean  d<ï  la 
Croix,  et  avait  reçu  l'argent  de  onze  mille 
huit  cen(s  messes  qu'il  n'avait  pas  dites. 

J'ai  parmi  mes  clientes  une  demoiselle, 
qui  pourrait  être  le. sujet  d'un  beau  mi- 
racle, comme  le  fut  iM^^«  de  F..,  en  faveur 
dû  la  cure  de  laquelle,  un  médecin,  de  ma 
connaissance,  a  jugé  convenable  de  signer 
un  c«frtii]cat«  admirablement  rétiigé;  mais 
prouvant  que  son  auteur  a  failli,  lourde^ 
mcîity  en  affirmant  que  la  guérison  est 
miraculeuse,  parce  qu'elle  a  été  prompte, 
la  nature  ne  procédant  jamais  qu'avec  une 
sage  lenteur^ 

Compi'end-on  qu'un  doeteury  surtout 
bon  pratici^eni  ait  consenti  à  approuver 
cette  héf ésie  médicale  (i  )  ! 

Hipp«>cfatey  mon  Dieu,  sait  que  je  ne 
souhaite  rien  de  mal  à  qui  que  ce  soit,  pas 
même  à  mes  lâéhes  calomniateurs  et  pla* 
glaires^  et,  oependanl,  je  demande  à  mon 
confrère,  si,  par  malheur,  atteint  d'une 
bonne  vérole,  d'un  cancer  encore  limité^ 
d'une  fièvre  pernicieuse,  de  tuberculose 
commençante,  etc.,  il  aurait  simplement 
recours  au  quiddivinum  de  Lourdes?  Une 
guérison,  subite  en  pareil  cas,  à  Lourdes, 
serait,  cependant,  miraculeuse  ;  aussi  mes 
os  et  ceux  dé  mon  confrère  seront^iis  rede< 
venus  poussière  depuis  des^  siècles  avant 
qu'on  ne  l'ait  vue^  avec  les  yeux  de.  la 
science  ! 

Ma  cliente  est  hystérique  à  un  tel  degré 
que,  maintes  fois,  j'ai  pu  lui  amener  sa 
crise  de  nerfs,  soit  en  lui  tâtant  le  pouls, 
soit,  H  surtout,  en  exerçant  une  pression 
sur  Tapophyse  épineuse  de  la  septième 
vertèbre  cervicale,  ou  sur  la  paroi  ab<lo- 
minale  qui  correspond  à  l'ovaire  gauobe. 

Fréquemment,  sous  l'influence  d'un 
rêve,  dit  la  joie,  de  la.  frayeur,  de  la 
crainte,  d'une  nouvelle  fâeheuse,!  en  un 
mot,  d'une  émotion,  même  simple  pour 
toute  autre  personne,  elle  est  frappée,  subi- 
tement, d'apbonle  complète,  ou  du  besoin 
irrésistible  de  pousser  des  cris  aigus,  dis* 
cordants  ou  des  éclats  de  rire  de  longue 
durée;  tantôt,  d'une  hypéresthésie;  tantôt, 
d'anesthésie  ;  un  jour,  «de  la  paralysie  des  ' 
mouvements  des  bras  ;  un  autre  jour,  de 
paraplégie  complète,  c'est-à-dire  de  la 
paralysie  du  rectum,  de  la  vessie  et  du 

(\)  Annales  de  N.-D,  de  Lourdes,  30  mai 
1875. 


mouvement  des  membres'  abdominaux  ; 
enfin,  d'autres  fois,  de  vi^jlentés  et  géoé- 
raies  attaques  éonyvlsivcs  d*bystérie. 

De  même  qu'une  émotion,  conhne  je 
viens  de  le  dire,  lui  amène,' instaffitanément, 
un  ou  plusieurs  de  ces  accidents,  et,  sur- 
tout, quelques  jours  avant  ou  pendant  ou 
après  le  cours  des  règles,  ainsi  une  impres- 
sion morale  les  fait  disparaître  en  qaelqae^ 
minutes. 

Eh  bien  1  que  l'on  ebnduise  à  Loortfos, 
cette  fille  croyante,  peu  fnstruile  ou  ayant 
l'éducation  d'une  srmpte  ouvrière*^  qu'on 
la  conduise,  même  sans  lui  avoir  fait  subir 
aucune  préparation  oorfiorello  (mortifica^ 
lion  par  jeûne,  discipline^  pirivalioa  de 
sommeil)  et  sans  que  son  imagination  soit 
exaltée  par  l'espoir,  la  frayeur,  le  fana- 
tisme^ rillumintsme;  qu'on  ia  conduise,  en 
cet  état,  à  Lourdes,  pendant  une  crise 
4ierveùse  ou  quand  -elle  est  i4teinte  d*un 
de  ces  accidents  que  j'ai  indiqués,  bien 
oertainement,  sous  l'inâuèdèe  d'«ne  émo- 
tion quelconque,  elle  sera  débarrassée  de 
son  mal  !  Alors,  en  présence  de  cette  cdré 
5U6iïe,  on  criera  au  miracle.  On  trouvera 
même  des  médecins  qui  \^  eerl^fieront, 
avec  la  présomption  de  faire  céder  l'entê- 
tement de  l'incréduUté*  Les  Annales  de 
N*D,  de.  Lourdes,  rédigées  par  les  RR. 
PP.  missionnaires  de  Tlmmaculée  Concept 
tion,  publieront,  le  prétendu  niiracleyavec 
certificats,  habilement  rédigés  poàr  gagner 
les  badauds,  les  Ignorants  et  les  illuminés. 
Et  ces  braves  gens  admettront,  comme 
parole  d'Evangile,  le  dit  nouveau  miracle  ; 
tandis  que  d'autres,  en  pensant  à  eax, 
répéteront  ces  paroles  de  l'Ecdiësiaste  : 
Beati  pauperss  spnritu  !  : 

Mais,  à  quoi  boa  .des  miracles  dans  notre 
siècle?  Ne  sait-on  pas  que.  Saint  Cbryso* 
stôme  (qui  vaut  bien  le  premier  venu  de 
ses  collègues)  a  dit  :  c  Autrefois  les  dons 
extraortlinaires  étaient  doniiés  même  aux 
indignes,  parce  que  l'Egliîse-^aleîrs  cwait 
besoin  de  miracles;  mais,  aujourd'hui,  il 
n'en  est  plus  de  même,  parce  que  TEglise 
n'en  a  plus  besoin  *? 

Il  parait  que,  maintenant.  i'EgHse  est 
revenue  où  elle  était  ayant  Saint  Chryso- 
stôme,  s'il  faut  en  croire  les  modernes 
thaumaturges,  qui  se  fâchent,  tout  rouges 
contre  qui,  de  par  la  science,  n'a  pas  Foi 
aux  mystéres.^ 

M',  le  docteur  Collineau  a  donc  raison, 
lorsqu'il  dit,  page  32  :  tf  A  tout  prendre, 
Tagîtation  fiévreuse,  désordonnée^,  à  la- 
quelle nous  voyons  les  catholiques  romains 


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BIBLIOGRAPHIE. 


565 


se  Itrrcf  /  porté  nn  earactgrè*  de  caducité,  ' 
qui  trahit  la  décadence  de  l'Eglise.  » 

Cette  décadenca  n*est-«lle  pas^  en  effet, 
prouvée  par  la  création  de  doux  dogmes  : 
i  Immaculée  Conception  ;  Tlnfaillibilité  du 
pape,  décrétée,  efao^^e  curieuse  !  par  des 
hoqQmes  qui  se  reçoit naisseot  faillibles! 

II  y  a  lft-deasou8>  ajoute  Dotre< spirituel 
auletlff.des  allures  prétentieudes,  vieillotes 
et  du. grotesque. 

Etk  effet,  après  là  Salette»  sous  les 
jupons  aux»  couleurs  variées  de  niadeAioi^ 
sel.ie  La  ^^oriière  ;  Loiirdes,,  avec  la  care&r 
sailte.  pécheresse,  en  compagnie  d*un 
brillant  officier.  AprèsXounlés,  Pontmain, 
ave<e  fe  transpanei»!  aux  riches  décors  et  la 
lanterne  qui  éclairait  trop  et  ne  dissimulait 
pas  assez.  Après  eeux4«,  un  autre  ;  com-» 
,  ment  le  désigner?  Sera-ee  Notre-Dame  du 
ttosquetou  de  tout  autre  eodroic?  . 

Est-ce'  que  les  symptômes  présentés 
par  Louise  Lateau  et  qoi  oni  tant,  ému 
certain  m^ndç  clérical,  sont  tous  n«>uveaux, 
inconnus?  Ont-ils  d^nc  quelque  chose  de 
surnature],  ^e  miraculeux,  comme  la  gent 
mystique  voudrait  le  faire  accroire? 

Non,  puisqu'ils  appartiennent,  en  pro-' 
pre,  à  une  affection  bien  connue,  Thystérie 
grave. 

Non,  certaioemejU»  puisque  tous,  moins 
ceux  inventés  par  la  supercherie,  sont 
explicables  par  les  lois  do  la  physiologie 
pathologique  (I). 

Si  Tabstinence  et  ses  conséquences  (ra- 
reté des  garde-robes, diminution  de  Turine, 
insomnie),  sont  choses  assez  communes 
chez  les  hystériques;  celle,  si  extraordi- 
naire de  celle  fille  et  que  la  commission 
de  rAcadémie  royale  de  médecine  de 
Bruxelles  n'a  pu  observer,  est  un  men- 
spngé,  une  insigne  fausseté* 

La  science,  même  telle  qu'elle  fut  avant 
Hippocrate»  prouve  qu'elle  est  impossible. 
Enfin,  M.  le  docteur  Boëns,  punissaift 
ainsi  le  charlatanisme  et  Tescobarderie,  a 
affirmé,  dans  le  Scalpel,  que,  parles  intel- 
ligences qu'il  a  nouées  autour  de  la  famille 
Lateau,  il  est  en  mesure  de  prouver,  par 
enquête^  que  Louise  Latoou  mange  copieu- 
sement et'  qu'elle  «ocomplit -les  actes  natu* 
rets  q^ii  s-«a  suivent  ;  que,  etc; 

Lecteurs!  la  main  sur  la  conscience, 
est*ee  que  toutes  ces  historiettes  miraco* 
leuses,  dont  les  semblables  sont  fréquentes, 

(1)Voir  les  (liscoufs  prononcés,  à  ce  sujet,  à 
PAcadétnie  royale  de  médecine  de  Bruxelles  et 
la  brochure  du  docteur  Boarueviile. 


'  fir  Ta'  SSTpêlrîère,  ne  vous  rappelleiit  pM 
cette  sentence  d'un  savant  médecin,  qui 
écrivait  à  l'époque  de  Maxarin,  ce  cham- 
pignon rouge  du  Vatican  :  t  Entre  moines 
et  niomeries  il  n'y  a  guère,  de  différence  i? 

Qu'on  médite  eneore^  ce  passage  de 
M.  Collineau  :  t  Le  serpent  veut  ronger 
la  lime.  La  dent  du  serpent  distille  un 
venin  subtil.  Mais  Ja  lime  est  trempée 
d'un  pur  acier  :  lâ  dent  du  serpent  s^use. 
La  lime,  o'est  la  Fraisée.  Le  serpent  c'est 
!e  Gesu,  »  dont  le  ïml  peculte  est  renfermé 
dans  cette  maxime  :  Omnia  scrvilîter  pro 
dominatîoney  qui  lui  est  propre. 

Cest  cet  axiome  jésuitique  qui  a  fait 
dire,  par  Guy  Patin  :  «  Je  n^aime  point  les 
Loyolites  :  c'est  une  cabale  de  fins  et  de 
rasés  politiques,  qui  font  leurs  affaires,  per 
fas  et  nefas,  dans  le  monde,  m  nomÂne 
domina  et  prœtesctu  reiigwni»,  tfuam  semper 
et  ubique  '  ii*nuhtnt  asiutè  ^t  tcUlidè.  Ils 
affectent  puissnmnient  de  passer  pour  très^ 
prudents  ;  sed  nimiaJUa  ,pmtdentia  dege* 
nertt/-  in  versutiam  prai)am  ei  mi^uam 
qiuitn  Grœci  iravvp^fa  dienat  (2)«  / 

Qu'aurait  dit  Guy  Patin,  s'il  eût  «onnu 
les  curés  Flixi  Santa-Cruis  et  Févéque 
Caixal,  dignes  soutiens  de  den  Carlos, 
ce  représentant  de  la  légitimité,  ce  défen- 
seur, pillard  et  sanguinaire,  de  l'autel? 
Qu'aurait-il  dit  de  cet  évéque  qui^  après 
les  inondcitions  du  midi  de  la  Franoe,'<|ui 
ont  causé  la  ruine,  la  désokition  et  la  mort 
de  tant  d'individus,  a  osé  écrire,  dans  un 
mandement  :  t  Dieu  devra  encore  nous 
châtier  pour  nous  ramener  dans  les  voies 
de  lajustiee  et  du  droit  i? 

AI.  le  docteur  Collineau  termine  son 
œuvre,  éertte  avee  beaucoup  de  verve, 
d'esprit,  de  fiuesse  et  de  bon  sens,  par  ee 
conseil.: 

f  Aux  proneursde  faiiraelea,  opposons  les 
connaissances  que  la  seience  moderne 
nous  livre,  et,  sans '.trêve  ni  relâche,  dé- 
masquons  l'imposture.  • 

Je.ne,  saurais  mieux  terminer  ce  compte* 
rendu  que  par  cette  citation,  à  laquelle 
j'applaudis,  des  deux  mains,  à  l'exemple 
des  gavants,  non  maladifs  on  illuminés. 

Lunéville,  octobre  1875. 

PUTBONAt. 

d.  n.  e.  p. ,  membre  hondratre 
de  rAcadémie  royale  de  mé- 
decine et  «te  la  SoHété  royale 
des  selenoea  roéUfealea  da 
BruxeUfs;  correspondant 
des  Académies  de  médéctee 
de  Paris,  Turin,  etc. 

(2;LC.,  t.  î,p.  186. 


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56» 


ACADÉMIES  ET  SOCI^tS  SAVANTES. 


ly.  ACADËNIBS  BT  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


Société  Royale  des  Scienc»eft  médiealei  et 
naturelle»  de  Bruxelle*. 

Bulletin  de  la  séance  du  i  octobre  1875. 

Président  :  M.  L.  Martin. 
Secrétaire  :  M.  van  deN  Corput. 

Sont  présents  :  AI  M.  Rommehiere,  Sacré, 
Crocq,  Tirifahy,  Cliaron,  Lorge,  Van  de. 
Vyvere.  Pigeolel,  .  Ledeganck,  van  den 
Corput.   " 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précé* 
dente  est  lu  et  adopté. 

La  correspondance  comprend  :  1°  Une 
lettre  de  M.  le  docteur  A.  Bertherand,  à 
Paris,  remerciant  la  Société  du  titre  de 
membre  correspondant  qui  lui  a  été  dé- 
cerné. Par  la  même  lettre,  M.  le  docteur 
Bertherand  confirme  le  jugement  porté 
dans  une  précédente  séance,  par  M.  le  pro- 
fesseur Thiry  sur  les  soi-disant  résultats 
thérapeutiques  d*Hermann,  de  Vienne, 
dans  le  traitement  de  la  syphilis  sans  mer- 
cure )et  insiste  sur  la  réfutation  qu'il  a  déjà 
faite  des  assertions  du  médecin  viennois 
dans  une  Note  sur  le  traitement  de  la  sy- 
philis,  dont  il  envoie  plusieurs  exemplaires 
pour  être  distribués  entre  les  membres  de 
la  Société;  â"  Une  lettre  de  N.  le  docteur 
Dotreux,  de  Namur,  qui  se  déclare  l'au- 
teur du  mémoire  intitulé  :  La  virulence 
et  la  spécificité  de  la  phthisie  pulmonaire, 
mémoire  auq^uel  la  Société  a  accordé  une 
mention  honorable  et  Timpression  dans 
son  journal;  M.  Dutreux,  en  remerciant 
la  Société  pour  la  distinction  qui  a  été  ac- 
cor<1ée  à  son  travail,  sollicite  le  titre  de 
membre  correspondant  et  invoque  à  Tap- 
pui  les  nombreuses  récompenses  accordées 
à  plnsieurs  de  ses  travaux.  La  nomination 
de  M.  Dutreux*  appu>ée  par  M.  le  secré- 
taire, est  mise  aux  voix  et  adoptée.  En  con- 
séquence, M.  Dutreux  est  proclamé  mem- 
bre correspondant  de  la  Société  royalç  des 
sciences  médicales  et  naturelles  de  Bru- 
xelles; 3<*  M.  le  docteur  Tordeus  présente 
à  Tappui  de  sa  candidature  au  titre  de 
membre  cff<*ctjf,  un  travail  manuscrit  : 
Sur  la  dyspepsie  des  enfants.  Renvoi  pour 
rapport  à  une  commission  composée  de 
MM.  Charon,  Pigeolet  et  Martin;  4"  M.  le 
docteur  Thiriar  présente  à  Tappui  de  sa 


candidature  au  titre  de  membre  effectif  un 
travail  manuscrit  :  Sur  la  variole  et  le 
vaccin.  Renvoi  pour  rapport  è  unft  com- 
mission composée  de  MM.  Rommelaere, 
Charon  et  f^edeganck  ;  8"  M.  Pigeolet  dé- 
pose de  la  part  de  M.  le  docteur  Mocllcr, 
de  Nivelles,  à  Tappui  de  sa  candidature 
au  titre  do  correspondant^  un  ouvrage 
intitulé  :  Notions  d'avatomie,  de  physioto^ 
gie  et  d'hygiène  au  point  de  vue  de  la  gym- 
nastique. Renvoi  pour  analyse  et  rapport  à 
M.  Charon;  M.  le  docteur  Bouqué,  de 
6and,  faft  horomage  d'une  bhicluire  inti.- 
ttilée  :  Du  traitement  des  fistules  uro^yéni-^ 
taies  de  ha  femme  par  union  secondaire. 
Renvoi  pour  compte-rendu  à  M.  Sacré  ; 
7»  M.  Jacquet  fait  hommage  d'une  note 
intitulée  :  Fracture  du  col  fémoral;  wie'- 
thode  pour  la  guérir  sans  roixàureissement. 
Renvoi  pour  analyse  à  M.  Sacré; 

Ouvrages  présentés  : 

\ .  Birds  of  the  Northwest.  A  Hand-book 
of  the  Ornilhology  of  the  Région  drained 
by  the' Missouri  by  Elliott  Cônes;  Was- 
hington 1874. 

2.  Listh  of  élévations  in  that  portion  of 
the  United  States  West  of  the  Mississippi 
Ri  ver  byffpnry  Gannett.  Washington,  I87î$. 

5.  Catalogue  of  the  |>ublications  of  the 
United  Slites  geolôgical  Survey  of  the  ter- 
ritorîes  Hayden.  Washington,  4874. 

4.  Memorie  de  la  Società  medrcochi* 
rnrgica  di  Bologna.  Vol.  8".  Fâsc.  Bolo- 
gna,  1875.  ^ 

5  à  95.  Divers  journaux  et  recueils 
scientifiques  et  périodiques. 

•  Le  premier  objet  à  Tordre  du  jour  est 
le  rapport  verbal  de  M.  van  den  Corput 
sur  la  demande  d'échange  des  Archives 
belges  de  thérapeutique  du  docteur  Deghi- 
lage. 

M..  VAN  jxs  CoRPut.  Les  premiers  ou- 
méiHts  de  cet^e  publication  avaient  été 
primitivement  envoyés  à  Texamen  de 
M.  Crocq;  vous  m*av^z  chargé,  ensoitc, 
sur  les  inittances  de  t'auteorvde  vous  faire 
rapport  sur  sa  demande  d'échange.  Je 
constate  d'abord  que  M.  le  docteur  Deghi- 
l«ge,  en  entreprenant  seul,  à  se&  risques  et 
périls,  la  publication  des  Archives  belges  de 
thérapeutique  a  posé  véritablement  un  acte 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉjS  SAVANTES. 


367 


méritoire  et  fait  preuve  d* un  asèle  scient! fi* 
que  qui  le  reciommande  à  nos  encourage- 
ments. Le  journal  que  publie  M.  Oeght- 
lage  est  un  journal  menauel  par  livraisons 
d*Une  trentaine  de  pages  environ.  Il  est 
consacré  exclusivement  à  la  thérapeutique. 
Bien  qtiMl  ne  contienne  pas  de  travaux  ori- 
ginaux, ce.  journal  est  intéressant.  C'est 
une  revue  (rès-complète  de  toutes  les  inno- 
valions  thérapeutiques  qui  chaque  jour  se 
succèdent;  ua  compendium,  non-seule- 
ment des  médicaments  nouveaux  qui  n*ont 
souvent^  il  est  vrai,  qu^une^  vogue  passa- 
gère, mais  aussi  des  diverses  méthodes 
tant  chirargicales  '  que  'médicales  récem- 
ment introduites  d^nsTart  de  guérir.  En 
outre,  M  Deghilagc,  poordenncr  un  ca- 
chet de  nationalité  à  son  oenvre,  y  a  intro- 
duit^chdse  Airt  recommandable,  une  sorte 
de  ocunpte-rendu  des  méthodes  thérapeu- 
tiques les  plus  en  usage  par  nos  praticiens 
belges  les  plus  en  renom. 

Je  suis,  par  conséquent,  d*avis  qu'il  con- 
vient d'admettre  la  demande  réitérée  de 
M.  Deghilage  et  d*échanger  notre  journal 
avec  la  publication  dont  il  s'agit.  Il  est  à 
remarquer,  du  reste,  que  la  province  du 
Haipaut  n'avait  jusqu'ici  aucun  organe 
médical.  Le  journal  de  M.  Deghilage  qui  scj 
publie  à  Mons,  vient  donc  combler  une 
véritable  lacune  ;  il  est  composé  d'une  suite 
de  petits  articles  concis  que  les  praticiens 
lisent  aveo  intérêt»  Tout  ce  qui  est  inutile 
au  point  de  vue  pratique  en  4*81  élagué.  Ce 
journal  a  donc  son  utilité  réelle  et  c'est  à 
ee  litre  que  je  vous  propose  d'échanger  ce 
journal  avec  le  nôtre. 

M.  CaocQ.  J'ai  été  chargé  dans  le  temps, 
lorsque  ee  journal  nous  est  arrivé  en  pre- 
mier lieu,  de  faire  un  rapport  sur  son 
admission  à  l'échange  avec-  notre  journaL 
Je  ne  vous  ai  jamais  fait  ce*rapport  et  je 
vais  vous  dire  pourquoi.  Ce  n'est  pas  par 
oubli,  c'est  parce  que  je  croyais  devoir, 
eonolure  négativement  à  la  demande 
d*échange.  Et,  voulant  conclure  négative* 
mept,  je  croyais  qo*il  valait  mieux  ne  pas 
mentionner  la  chose  et  la  passer  en  quef* 
que  sorte  sous  silence^ 

Mais  maintenant,  puisque  cette  demandé 
est  revenue  sur  le  tapis,  force  est  de  la 
discuter. 

Or,  Messieurs,  notre  honorable  secré- 
taire a  fait  tout  à  l'heure  un  magnifique 
éloge  de  U  publication^  de  M.  Dcghilage. 
Moi,  je  vais  pi'endre  la  contre- partie. 
Ces  Af*cliives  belges  de  thérapeutique ^  M.  le 
secrétaire  l'a   constaté  lui^-méme,  ne  con« 


tiennent  absolument  rien  d'original.  G*est 
une  compilation  qui  ne  contient  rien 
qui  soit  du  cru  du  journaliste  ou  de  ses 
collaboi^ateurs  ;  c*est  un  journal  qui  est 
fait  à  coups  de  ciseaux,  au  moins  dans 
les  trois  nnméros  qui  m'ont  été  con- 
fiés à  l'époque  où  Ton  me  demandait  mon 
avis.  Dans  ces  trois  numéros,  il  n'y  a  abso- 
lument rien  qui  appartienne  h  la  rédaction, 
pas  même  la  moindre  appréciation.  Je  le 
répèjle,  c'est  une  publication  qui  est  faite 
à  coups  de  ciseaux. 

Je  sais  bien,  Messieurs,  ^qu'il  y  a  des 
journaux  qui  s'occupent  spécialement  de 
thérapeutique.  Mais  cette  tendance  ^  s*oc-' 
cuper  uniquement  et  spécialement  de  tflé- 
rapeutique  est  elle  à  encourager?  Je  crois, 
qu'elle  ne  peut  conduire  qu'à  lé  polyphar- 
macie  et  à  l'empirisme. 
•  Pour  ma  part,  je  ne  suis  en  aucune  façon 
de  ce  bord.  Ne  croyez  pas,  interprétant 
mes  paroles  autiement  qu'elles  ne  sont 
dans  mes  Intentions^  que  je  dédaigne  les 
travaux  sur  la  thérapeutique,  sur  Taction 
physiologique  et  cnrativ^'  des  médicaments. 
S  il  y  avait  dans  le  journal  en  question  des 
travaux  originaux  se  rapportant  soit  h  l'ac- 
tion {>liysiologique,  soit  à  l'action  théra- 
peutique des  agents  qui  peuvent  avoir  une 
influence  sur  l'orgaulsUie,  je  proposerais 
l'échange. 

Mais  lorsqu'il!  s^agit  d'une  compilation 
dont  le  seul  but  ^era  purement  et  simple- 
ment de  propager  des  idées  qui  aboutissent 
à  la  polypharmacie  et  à  rempirisme»  je  ne 
s\û&  plus  du  même  avis.  Je  ne  crois  pas 
que  la  chose  soit  suffisamment  importante 
pour  faire  d'un  ramassis  de  données  sem- 
blables une  publication  à  part. 

Il  est  une  autre  considération  que  l'on 
peut  faire  valoir. 

Un  médecin  veut,  sans  qu'il  lui  en 
coûte  trop«  obtenir  tous  les  journaux 
médicaux  du*  monde  entier.  Il  publie 
quelques  cahiers  dans  le  genre  de  ceux-ci 
et  les  -échange  avec  les  publications  de 
France,  d'Allemagne,  d'Angleterre,  de 
Belgique,  d'Italie,  de  toutes  les  parties  du 
monde.  Cela  a  été  tollemcnt  bien  constaté 
que  les  grands  journaux  de  médecine  de 
la  France  et  de  l'Allemagne  n'accordent 
même  plus  l'échange  à  toutes  ces  publica- 
tions d'une  valeur  plus  ou  moins  douteuse. 
Ainsi  ni  la  Gazette  médicale,  n!  la  Gazette 
'  hebdomadaire  n'échangent  avec  des  publi- 
cations semblables  ;  si  elles  y  consentent^ 
c'est  en  général  à  la  condition  de  payer  la 
différeace  de  prix.  Ainsi,  si  M.  Degbilage 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


VoMlait  éehaDger  avec  la  Gazette  médicale 
4e  Paris  dont  Tabonneinent  est  de  ^0  fr., 
il  devrait  payer  35  fr. 

Eb  bien,  messieurs,  si  .les  grands  jour- 
naux ont  pris  cette  mesure  c'est  qu'ils  se: 
sont  aperçus  que  cela  pouvait,  à  un  cer- 
tain moiaent,  tourner  à,  l'exploitation, 
puisqu'une  foule  de  gens  trouvaient  moyen 
de  lire  les.journaux  sans  s'y  abonj>er*  , 

Voilà  quelles  sont  les  raisons  pour  les* 
qaeliles  j'avais  conclu  négativement  i  la 
demande  d'échange. 

M.  LE  PaiÊsiDSNT.  M .  le  secrétaire  a  de- 
mandé d'aoeorder  réchange  à  titre  d'ea- 
couragement. 

Al.  Caocq.  J'ai  dit  que  c'est  une  simple 
compilation. , 

M.  iB  Présipbnt.  C'est  l'œuvre  d'un 
compatriote. 

M.  VAN  ŒN  CoRPUT.>  Je  reconnais,  avec 
M.  Crocq  que  le  journal  de  M.  Doghilage 
ne  renferme  rien  de  bien  original.  Mais 
enfin  il  y  a  déjà  un  certain  mérite,  à  savoir 
trier  avec  discernement  parmi  les  innom- 
brables médicaments  nouveaux  qui  nous 
encombrent,  parmi  les  nombreuses  métho- 
des thérapeutiques  auxquelles  chacun  s'in-- 
génie  à  attacher  scn  nom*  ce  qui  réelle- 
ment peut  avoir  quelque  utilité;  il  est 
aujourd'hui  devenu  nécessaire  de  pré- 
munir nos  praticiens  sérieux  contre  râbos 
de  la  pol  y  pharmacie  qui  est  certainement 
une  des  plaies  de  l'art  de  guérir  et  qui  ré- 
sulte précisément  de  l'indécision. 

Je  crois  que  si  M.  Crocq  avait  pris  con- 
naissance des  numéros  suivants  du  journal 
qui  nous  occupe,  il  aurait  pu  se  convaincre 
que  l'entreprise  de  M.  DegbilaKe  ne  peut 
avoir  un  but  de  spéculations  car  je  suppç)se 
que  la  publication  de  son  journal  lui  coûte 
plus  qu*elle  ne  lui  rapporte  (l'abonnement 
n'est  que  de  5  fr.  par  an  pour  un  volume 
qui  comporte  environ  500  pages  à  la  fiji 
de  l'année.)  Je  suis  convaincu,  quant  à 
moi,  que  l'auteur  n*a  eu  d'autre  guide  que 
rintérét  scientifique  et  ce  qui  me  porte  à 
rencouragçr,  c'est  qu'il  a  surtout  eu  en 
vue  de  vulgariser  les  méthodes  thérapeu* 
tiques  de  quelques-uns  de  nos.  praticiens 
nationaux.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que 
danslr  numéro  que  j*ai  en  mains,  ilexpose  U 
méthode  de  M.  De  Roubaix  pour  la  réduc- 
tion des  luxations  de  répaule  et  le  traite- 
ment de  la  fistule  de  Fan  us  au  moyen  de  U 
section  linéaire,  indiqué  par  M   Félix. 

Je  crois  en  un  mot,  M.  Deghilage  un  mér 
dcQÎn  sérieux.  Sans  doute^  il  faut  se  mettre 
en  garde  contre  tout  ce  qui  pourrait  nous 


conduire  à  la- polypbarimcie.  Mais  je  suis 
d'avis  que  l'on  fait  œuvre  utile  en  démon- 
trant, comme  cherebe  à.  le  faire  le  rédac-* 
teur  de  la  RevueUiérapeutîque^  les  avantages, 
de  certains. uiédicaments^  et  rineffioacitéde 
certains  autres» 

M.  PiftBOLBT.  Je  demanderai  à  M.  van 
déo  Corput  qui>a  pris-  oonoaissance  du 
journal,  s'il  y  a  trouvé  des  appréciations 
propres  à  sou  auteur;* 

M.  VAN  DBN  Corput.  Il  n'y  a  guère  de 
discussion. 

M.  PiGEOLET;  Si  l'autcur,  disenlait  les 
procédés».. 

M.  VANOBN  Corput.  Il  se  borne  à  les* 
rapporter  tels  que  les  exposent  leurs  au- 
teurs ou  aies  réaumer. 

M.  LB  Présiobht.  Il  est  possible  qu'à  la 
suite  de  cette  discussion^  M.  Deghilage 
modifie  sa  publication.  On  pourrait  peut- 
être  lui  accorder  l'échange  conditionnelle- 
nient  et  y  renoncer  plus  tard  si  le  travail 
n'est  pas  satisfaisant» 

M.  VAN  DEN  Corput.  Je  vous  ai  proposé 
d'aecorder  rechange  surtout,  je  le  répète, 
à  titre  d'encouragement  pour  Tauteur^qui 
est  Belge  ett|ui  est  travailleur.  Bien  que 
partageant  au  fond  l'avis  de  M.  Croeq,  je 
pense  qu*il  ne  faiit  pas  que  l'on  puisse 
croire  que  nous  refusons  d'enéôurager  le 
travail  d'un  coœpaitrîote. 

M.  SAcaé.  Ne  pourrait**on.fiBipe  l'échange 
avec  le  compte -rendu  des  «séànees  qui  se 
publie  tous  les  ans? 

M.  CrocqI  Si  vous  accordez  provisoire- 
ment l'échange,  je  vous  demanfle  quels 
sont  les  motifs  que  vous  invoquerez» plus 
tard  pour  le  retirer. 

M.. LE  PRésiDKNT.  Le  jbumal, peut  deve* 
nir  meilleur  à  la  suite  rie  cette  dhoussion 
qui  sera  en  quelque  sorte  «on  ienseignemeot 
•pour  l'auteur. 

M.  Grocq.  Un  préopinant  a  dit  tout-à^ 
l'heure  que  ce  journal  devait  Qoàter  de  l'ar- 
gent à  M.  D(*ghilage.  Mais  je  n'avais  pasi 
remarqua  que  ce  journal  renferme  une  dou- 
ble page  d'annonetïs.  Or,  vous  savez  que, 
ds^ns  ce  cas,  ce  sont  les  annonce^  qui  eoi»* 
vrenl  les  frais  d'impression;  par  conséquent, 
le  journal  ne  coûte  pe«tt-étre  rien  à  l'auteur. 

M.  LB  PaésiDENT.  Je  vois  que  la  Société 
n'est  guère  disposée  à  accorder  l'échange* 

M.  LE  SECRÉrAiRB..  En  présenoe  de  ces 
dispositions,  je  n'insiste  pas. 

M.  LB  Présioent.  m.  le  secrétaire  me 
fait  remarqtier  que  nous  faisons  Téchauge 
avec  des  journaux  qui  ne  valent  pas  celui 
dont  il  est  question . 


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3C9 


M.  PiGBOLBT»  Je  propose  de  leursupprl- 
iner  réchange  à  la  fia  de  Tannée. 

M.  VAN  DBN  CoRPUT.  C'est  mon  avis,  nous 
sommes  trop  larges  ;  les  grands  journaux 
médicaux  de  France  et  d*AUemagnc  ne 
sont  pas  aussi  généreux  que  nous. 
^  —  La  proposition  de  M.  Crocq  tendante  h 
ne  pas  accorder  rechange,  ^est  mise  aux 
Toix  et  adoptée. 

—  Un  vote  négatif  est  également  émis 
concernant  la  demande  d'échange  du  Jour- 
nal de  médecine  de  Bordeaux.  Renvoyé  pour 
rapport  à  M.  Rommelaere. 

La  parole  est  à  M.  Charon  pour  donner 
lecture  de  son  rapport  sur  le  travail  de 
MM.  Deneffc  et  Van  Wetter  :  DéVanesthé- 
sie  par  injection  intra  veineuse  de  chloral. 

M.  Charon.  Messieurs,  dans  le  livre  qui 
porte  pour  titre  ;  De  l'anesthésie  par  injec- 
tion intror-veineuse  de  chloral',  MM.  V.  De- 
neffe  et  A.  Van  Wetter  donnent  d'une 
façon  détaillée  la  relation  de  trente -quatre 
opér^ions  chirurgicales  plu«  ou  moins 
graves,  pratiquées  à  T^ide  de  Tanesthésie 
obtenue  par  des  injections  intra-veineuses 
de  chloral.  Sept  observations  sont  emprun- 
tées à  la  clinique  de  M.  le  professeur  Oré, 
de  Bordeaux,  inventeur  de  ce  nouveau  pro- 
cédé; dans  une  opération  d^ovariotomie, 

-  rinjection  intra-veineuse  fut  pratiquée  par 
M.  le  docteur  Laude,  un  des  élèves  les  plus 
distingués  de  M.  Oré.  Dahs  tous  les  autres 
cas  relatés,  M.  Deneffe  a  lui-ritéme  injecté 
le  chloral,  toujours  avec  uo  égal  succès, 
hormis  dans  une  seule  circonstance  où  la 
mort  survint  pendant  Tanesthésie.  Il 
s'agissait  d'opérer  d'une  cataracte  lenticu- 
laire double,  un  sujet  âgé  de  i5  ans,  (rès- 
anémîque;  six  grammes  de  chloral  avaient 
été  injectés  en  quinze  minuJLes  dans  la- mé- 
diane basilique  gauche,  M. Van  Wesemael 
avait  opéré  l'œil  droit  par  le  procédé  Von 
Graefe;  au  moment  où  M'aliait  opérer  l'œil 
gauche,  les  assistants  constatent  un  arrêt 
de  la  circulation  et  de  la  respiration  ;  immé- 
diatement on  a  recours  à  l'appareil  élec- 

.  trique  de  l'hôpital  ;  malheureusement  la 
machine  fonctionne  mal,  les  opérateurs 
sont  désarmés,  le  patient  succombe. 

C*est  le  seul  fait  malheureux  observé 
djins  les  nombreuses  injections  inlravei- 
iieuses  pratiquées  par  M.  Deneffe  ;  l'auteur 
l'expose,  avec  une  bonne  foi  scientifique; 
digne  de  tout  éloge  et  qui  fait  immédiate- 
ment apprécier  l'entière  créance  que  mé- 
rite la  relation  de  tous  les  autres  cas  qui 
Vont  clé  que  des  succès. 


La  supériorité  des  injections  veineuses 
de  chloral  sur  les  inhalations  de  chloro- 
forme consiste,  suivant  l'auteur,  en  ce 
qu'on  ne  rencontre  jamais  de  sujets  réfrac- 
taires  à  ce  nouveau  mode  d'anesthésie, 
tandis  qu'on  observe  des  malades  qu*on  ne 
parvient  pas  à  endormir  ni  par  le  chloro- 
forme ni  par  l'éther  ;  jamais  on  ne  constate 
de  nausées  ni  de  vomissements  chez  l'opéré 
qui  est  soumis  aux  injections  de  chloral  ;  il 
est  là  sous  la  main  du  oh'irurgifin  perinde 
ac  cadaver^  dit  M.  Deneffe  ;  l'anesthésie  est 
plus  absolue  qu'avec  le  chloroforme,  aucun 
mouvement  réflexe  ne  se  produit  et  si  l'on 
veut  pousser  aux  dernières  limites  l'anes- 
thésie,' la  cornée  même  devient  insensible  ; 
l'assoupissement  est  aussi  plus  durable, 
plus  prolongé,  il  permet  les  opérations  les 
plus  longues,  les  plus^  laborieuses,  sans 
qu'on  ait  jamais  besoin  comme  avec  le 
chloroforme  de  s'inquiéter  du  réveil  du 
patient,  pendant  la  durée  des  manœuvres 
chirurgicales. 

Tous  ces  avantages  sont  indiscutables 
mais  tandis  que  les  inhalations  de  chloro- 
forme ne  nécessitent  aucun  appareil,  pour 
pratiquer  convenablement  les  injections  de 
chloral,  il  est  nécessaire  d'être  muni  de  la 
seringue  de  M.  Oré;  M.  Cruveilhier  fils 
ayant  voulu  la  remplacer  par  l'instrument 
de  Pravaz  ne  réussit  pas  et  tran<%perça  la 
veine.  Un  grand  nombre  de  précautions 
sont  à  prendre  ;  on  ne  doit  pas  négliger  de 
s'assurer  avec  le  papier  de  tournesol  de  la 
réaction  du  chloral  que  l'on  va  injecter, 
Talcaliniser  si  sa  réaction  est  acide  et 
M.  Deneffe  nous  apprend  que  le  meilleur 
chloral  devient  acide  au  bout  de  quinze 
jourS;  même  quand  il  est  placé  a  l'abri  de 
l'influence  des  rayons  lumineux. 

Il  est  indispensable  d'avoir  sous  la  main, 
prêt  è  fonctronner  en  cas  d'accident,  un 
appareil  à  courant  intermittent,  de  la 
marche  régulière  duquel  on  &*est  assuré  an 
préalable,  car  c'est,  parait  il,  le  meilleur 
mode  d'intervention,  si  la  circulation 
s'arrête,  si  les  troubles  respiratoires  devien- 
nent inquiétants.  Ne  faut-il  pas  être  doué 
^de  rhabileté  chirurgicale  de  MM.  Oré  et 
Deneffe  et  somme  toute  commencer  par 
accomplir  une  opération  délicate  ?  Tontes 
ces  considérations  empêcheront^  probable- 
ment que  ce  nouveau  procédé  d'anesihésie 
devienne  jamais  d'un  emploi  usuel,  tandis 
que  le  chloroforme  est  employé  journelle- 
ment par  la  généralité  des  praticiens. 

11   est  probable    que   les  injections   de' 
chloral  exigeront  toujours  le  tact  cbirur- 

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370 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


gical  «t  Texpérience  que  Tonf  reconnaît  à 
rinventeur  M.  Oré  comme  à  Tardent  pro- 
moteur du  procédé  en  Belgique,  M.  De- 
neffe.  Le  tact  cbirurgical  de  la  part  de 
Tendormeur  est  d'autant  plus  nécessaire 
que  MM.  Oré  et  Deneffc  établissent  que  la 
cipse  de  clilorai  à  injecter  dans  la  veine  ne 
p«;ut  pas  être  proportionnée  au  poids  du 
sujet  auquel  l'injection  est  pratiquée  mais 
la  susceptibilité  de  chaque  individu  domine 
la  scène  quand  on  opère  sur  Thomme;  on 
doit  en  conséquence  surveiller  attentive* 
ment  minute  par  minute  sur  la  personne 
que  Ton  endort^  les  effets  successifs  de 
chaque  dose  injectée. 

MM.  Héger  etStienon,  qui  ont  expéri- 
menté les  injections  de  chloral  sur  les  ani- 
maux, arrivent  à  la  même  conclusion:  «  Le 
fait  que  rabaissement  de  pression  n'est  pas 
toujours  proportionnel  à  la  dose  injectée 
nous  .montre  que,  pour  se  tenir  à  Tabri  de 
tout  danger,  le  praticien  devra  user  de 
doses  modérées,  prudemment  graduées 
d*après  fétat  du  pouls;  la  tolérance  indi- 
viduelle devra  être  interrogée  avec  soin  et 
ep  admettant  que  le  chloral  agisse  de  même 
chez  le  chien  et  chez  T  homme,  la  dose 
maxima  à  injecter  ne  pourra  dépasser  2  à 
3  centigrammes  par  kilogramme  du 
poids  (I).  » 

Le  lecteur  qui  tient  compte  de  toutes  les 
conditions  exigées  pour  pratiquer  avec  sé- 
curité les  injections  de  chloral,  de  toutes 
les  précautions  dont  il  importe  de  s'en- 
tourer au  préalable,  s'attendrait  ii  voir 
M.  Deneffe  préciser  dans  son  livre  jusqu'à 
quel  point  il  importe  de  réserver  ce  mode 
d'anesthésie  pour  les  opérations  très-lon- 
gues, très-douloureuses  ou  excessivement 
délicates  mais  au  contraire  nous  voyons 
que  M.  Deneffe  a  employé  les  injections 
intra -veineuses  dans  des  opérations  assez 
simples,  en  tout  cas  peu  douloureuses 
comme  l'entropion  et  l'ectropion,  qui 
s'exécutent  le  plus^  souvent  sans  qu'on  ait 
ménle  recours  aux  inhalations  de  chloro- 
forme. Quelque  beau,  semble-t  il,  que  soit 
l'avenir  réservé  aux  injections  de  chloral, 
jamais  leur  emploi  ne  paraîtra  opportun  ni 
justifié  dans,  des  opérations  qui  s'exécutent 
rapidement  et  sans  provoquer  de  grandes 
douleurs. 

J'ai  l'honneur.  Messieurs,  de  vous  pro- 
poser le  dépôt  honorable  de  l'ouvrage  de 
MM.  Deneffe  et  Van   Wetter  dans  notre 

(I)  Action  du  chloral  sdr  1rs  nerfs  vaso-mo- 
teurs, par  MM.Heger  et  Stienon  (voir  le  cahier 
de  murs  1875,  p.  204.) 


bibliothèque.  Les  travaux  de  ce  mérite  et 
de' cette  nouveauté  sont  trop  rares  pour 
quc^nous  ne  saisissions  pas  cette  occasion 
pour  adresser  des  rcmerciments  aux  au- 
teurs, dans  Tespoir  qu'ils  continueront  à 
nous  donner  communication  de  leurs  tra- 
vaux. 

M.  CnoGQ.  Je  suis  tout  à  fait  d'accord 
avec  M.  Charon  quant  à  ses  conclusions. 
Seulement,  si  j'avais  dû  les  formuler,  je 
l'aurais  fait  d'une  manière  encore  plus 
absolue. 

Je  crois  que  les  injections  intraveîneu- 
ses  de  chloral  ne  sont  à  recommander  dans 
aucun  cas.  Vous  trouvez  que  j'exprime  mou 
opinion  d'une  façon  trop  absolue  ;  je  vais 
tâcher  de  légitimer  cette  manière  de  voir. 

Messieurs,  quand  on  voit  se  produire 
une  action  d'éclat,  on  est  toujours  tenté  de 
l'admirer,  de  se  mettre  du  côté  de  celui 
qui  l'accomplit,  de  le  considérer  comme  un  , 
héros.  Mais  est-on  toujours*  dans  le  vrai  en 
procédant  ainsi?  Ne  se  laisse  t-on  pas  en- 
traîner par  un  certain  enthousiasme  qui, 
involontairement,  nous  pousse  à  admirer 
les  choses  extraordinaires?  Je  crois  qu'en 
toute  matière  on  se  laisse  trop  facilement 
égarer  par  ce  sentiment.  Certainement 
c'est  une  belle  chose  que  de  voir  faire  une 
expérience  hardie,  de  la  voir  réussir,  de  la 
voir  triompher  de  toutes  les  difficultés, 
avec  tous  les  honneurs  de  la  guerre.  On 
est  heureux  de  pouvoir  dire  que  le  patient, 
l'opéré  n'a  rien  senti  et  qu'aucun  accident 
ne  lui  est  arrivé,  qu'il  est  revenu  à  l'exis- 
tence. Il  y  a  certesHians  tout  cela  quelque 
chose  qui  doit  provoquer  notre  admiration, 
notre  enthousiasme.  i\lais  je  ne  sais  pas  si 
cela  doit  nous  engager  à  imiter  des  faits 
semblables.  Ceci  est  une  tout  autre  ques- 
tion. Autant  j'admire  les  expérimentateurs» 
autant  je  me  garderais  de  faire  comtne  eux. 

Voici  pourquoi. 

D'abord,  M.  Denelfe  a  fait  un  grand 
nombre  d*injeçtions  intra-veineuses  de 
chlo*til.  Il  a  perdu  un  s^ijet  alors  qu'il 
n'avait  fait  que  70  ou  80  opérations. 

Un  membre.  Il  a  perdu  deux  malades  snr 
60  ou  70  opérations. 

M.  Grocq.  Soit.  £h  bicn^  je  vous  de- 
mande ceci  :  Si  le  chloroforme  et  l'éther 
avaient  fait  perdre  autant  de  malades  dans 
les  premiers  temps  de  leur  application 
n'auraiton  pas  repous.sé  ces  moyens  d'anes- 
thésie,  comme  foncièrement  dangereux? 

Il  y  a  des  autorités  chirurgicales,  telles 
que  Âl.  Palasciano  de  Naples  et  l'école  de 
Lyon,  qui  mettent  l'éther  au  dessus  duchlo- 


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ACADÉMIES  feT  SOCifrrÉS  SAVANTES. 


571 


roformep  Pourquoi?  Parce  que  ces  cbirur> 
gîens  prétendent  qu'avec  rélher  ils  n'ont 
jamais  vu  survenir  les  accidents  que  pro- 
duit le  chloroforma.  Eh  bien,  ces  accidents 
résultant  du  chloroforme  n'ont  pas  la  fré- 
quence d'un  sur  35  ou  même  d*un  sur 
cent,  mais  d*un  &ur  quelques  mille  cas. 

J'iti  peut  être  appliqué  SOO  fois  Tanes- 
théaîe  par  le  chloroforme*  et  je  n'ai  jamais 
vu  succomber  un  malade.  Et  cependant^ 
Messieurs,  il  y  a  des  chirurgiens  qui  re- 
poussent le  chloroforme,  parce  qu'ils  le 
trouvent  trop  dangereux.  Que  doit-on  dire 
de  ces  injections  intra- veineuses  de  chloral 
qui  fournissent  une  statistique  bien  autre- 
ment défavorable? 

Dans  le  rapport  de  M.  Charon,  il  y  a  en- 
core quelque  chose  qui  me  frappe.  Le  pra» 
ticien  qui  proitède  à  une  injection  intra- 
veineuse doit  se  trouver  dans  un  grand 
embarras  et  cet  embarras  ne  se  présente 
piks  pour  le  pratipien  qui  fait,  usage  de 
réther  ou  du  chloroforme  en  inhalations. 

Quand  vous  faites  respirer  de  l'élber  ou 
du  chloroforme  à  un  malade,  vous  tenez 
la  main  sur  son  pouls»  vous  voyez  sa  face^ 
vous  examinez  ses  yeux.  Si  vous  aper- 
cevez quelque  chose  qui  semble  indiquer 
l'apparence  d'un  danger,  immédiatement 
vous  suspendez  les  inhalations  et  vous  faites 
respirer -quelques  boiTffées  d'air  pur,  ou 
youB  les  cessez  définitivement,  si  vous  crai- 
gtiez  que  la  continuation  pourrait  offrir 
quelques  dangers. 

Vous  avez  par  cette  manière  de  procéder 
des  garanties  contre  les  accidents  de  ce 
genre. 

Mais  si  vous  faites  une  injection  intra- 
veineuse,  qui  vous  dit  que  vous  avez  em- 
ployé le  chloral  à  dose  assez  forte,  que  cette 
dose  est  proportionnée  à  la  susceptibilité  de  . 
Tindividu  ?  Les  phénomènes  anesthésiques 
ne  sont  pas  toujours  en  rapport  avec  la 
quantité  injectée.  La  dose  absolue  n'existe 
pas  plus  ici  que  pour  tout  aijtre  médicament. 
Vous  ne  sauriez  dire  quelle  quantité  de 
chloroforme  ou  de  ehloral  il  faut  pour  en- 
dormir un  tel  individu  donné,  pas  plus  que 
voi|8  ne  sauriez  dire  quelle  quantité  de  vin 
il  faut  pour  l'enivrer.  Or,  quand  vous 
faites  une  injection  intra-veineuse  de  chlo- 
ral, ^ous  ne  savez  pas  si  la  dose  sera  suffi- 
sante pour  amener  l'anesthésie  ou  si  elle 
no  le  sera  pas  poiir  produire  la  mort. 

Cruelle  incertitude  que  je  comprends  si 
bien  que  je  n'oserais,  je  crois,  tenter  l'ap- 
plication d'un  pareil  moyen.  On  parle  d'in- 
jecter des  doses  de  5  ou  de  10  grammes  de 


chloral.  Mais  ees  doses,  je  n*oserais  pas  les 
a<lministrer  d'emblée  par  la  bouche  ou  en 
lavement,  à  un  individu  dont  je  n'aurais 
pas  tété  la  sensibilité.  Il  y  a  des  individus 
qui  sont  empoisonnés  avec3  ou  4  grammes 
de  chloral;  ne  le  seront-ils  pas,  parce  que 
le  médicament  aurait  été  injecté  dans  les 
veines?  Du  reste,  les  expériences  qui  ont 
été  faites  par  MM.  Héger  et  Stiénon  vien- 
nent précisément  nous  donner  la  raison 
physiologique  de  c^*  que  je  viens  de  vous 
développer.  D'après  ces  expériences,  le 
chloral  a  une  action  profonde  sur  la  circu- 
lation du  sang  et  les  mouvements  du  cœur. 
Or,  c'est  là  une  chose  avec  laquelle  nous 
devons  être  très-prudents,  lorsque  nous 
agissons  sur  l'homme,  puisque  si  nous 
poussons  cette  action  un  peu  trop  loin,  la 
mort  s'en  suit,  sans  qu'il  existe  aucun 
moyen  connu  de  ramener  la  vie  qui  s'en  va. 

Voilà  quels  sont  les  motifs  qui  légitiment, 
je  crois,  Icb  conclusions  que  je  vous  ai  fait 
pressentir  d'une  manière  un  peu  prématu- 
rée, eq  disant  loul-à  l'heure  que,  pour  ma 
part,  je  n'admettais  pas  l'injection  intra- 
veineuse de  chloral.  Si  elle  pouvait  être 
tolérée,  ce  serait  dans  des  cas  exception- 
nels, alors  qu'on  pourrait  avoir  certaines 
garanties  relativement  à  ces  tolérances  de 
l'organisme.  Tel  est,  par  exemple^  le  cas 
où  un  individu  aurait  déjà  auparavant  in- 
géré impunément  une  forte  dose  de  chloral, 
ce  qui  aurait  démontré  son  immunité.  Tel 
est  encore  celui  de  certaines  maladies  qui, 
comme  le  tétanos,-  augmentent  considéra- 
blement cette  tolérance.  El  encore  dans  ce 
cas  je  me  demanderais  si  l'injection  ne 
pourrait  pas  présenter  des  inconvénients 
graves.  Je  sais  bien  que  vis-â-vis  de  la 
pratique,  les  considérations  théoriques  doi- 
vent se  taire;  mais  elles  ont  cependant 
bien  leur  mérite,  en  nous  faisant  prévoir 
les  accidents  possibles.  Nous  savons  que 
r hydrate  de  chloral  est  un  coagulant.  L*un 
de  nous^  l'an  passé,  a  dû  faire  un  rapport 
sur  un  ouvrage  d'un  médecin  italien  rela- 
tif au  traitement  des  varices  par  les  injec- 
tions de  chloral. 

Je  ne  suis  pas  enthousiaste  de  ce  procédé^ 
mais  enfin  les  faits  rapportés  ont  positive-^ 
ment  démontré  leur  actioik  coagulante. 

Nous  savons  aussi  qu'il  conserve  les  piè- 
ces anatomiques  en  coagulant  les  corps 
albuminoïdes.  Cette  coagulation  pourrait 
donc  se  produire  dans  l'appareil,  de  la  cir- 
culation, la  solidification  de  petites  par- 
celles (ibrineusea  pourrait  y  déterminer 
des  caillots  et  il  se  formerait  ainsi  des  em- 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


bolies  qui  entraîneraient  une  mort  lente 
ou  rapide. 

Vous  direz  sans  doute  que  le  chloral  en 
solution  ali;alisée  ne  produira  pas  cela.  Je 
n'en  sais  rien.  Il  est  probable  que  dans  la 
plupart  des  cas  il  n'en  sera  pas  ainsi.  Mais 
connaissons-nous  la  coagulabi^ité  du  sang 
de  chacun?  N'y  a-t-il  pas  des  individus 
dont  le  sang  est  plus  coagulable  qu'il  ne  . 
Test  habituellement.  Et,  dans  un  cas  sem- 
blable, n'irea-vous  pas  produire  des  caillots 
fibrineux,  des  embolies?  Du  reste,  je  ne 
connais  rien  qui  puisse  nous  faire  préjuger 
cette  circonstance  chez  un  individu  qui  est 
sur  la  t^ble  d'opération. 

Voilà,  messieurs,  quels  sont  les  argu- 
ments sur  lesquels  se  base  Tavls  que  j'ai 
émis  relativement  à  ces  injections. 

Les  conclusions  du  rapport  sont  adoptées. 

M.  TiRiPAHV  ftiil  un  rapport  verbal  sur 
différentes  brochures  de  M.  le  docteur 
Nepveu  de  Paris,  brochures  qu'il  serait 
difficile  d'analyser  par  la  raison  qu*clles  ne 
^•.  renferment  à  peu  près  que  dos  observa- 
tions d'ailleurs  fort  intéressantes  mais  qu'il 
n'est  guère  possible  de  résumer. 

Le  rapporteur  conclut  au  dépôt  honora- 
ble à  la  bibliothèque  avec  remerciments  à 
l'auteur. 

—  Adopté. 

M .  Lorge  donne  lecture  de  son  rapport 
sur  un  travail  de  M.  Leyder  membre  cor- 
respondant a  Gembloux. 

M.  Lorge.  Messieurs,  le  travail  dont 
M.  Leyder,  professeur  à  l'institut  agricole 
de  Gembloux  vient  de  faire  hommage  à  la 
Société  royale  des  sciences  médicales  et 
naturelles  de  Bruxelles  est  intitulé  «  Coup 
d'œil  sur  la  situation  de  notre  produc- 
tion animale  à  propos  du  concours  national 
d'animaux  domestiques  ouvert  à  Bruxelles 
au  mois  de  juin  1874.  L'auteur  y  passe 
^  successivement  en  revue  les  diverses  es- 
pèces et  races  animales  qui  figuraient  au 
susdit  concours.  Il  fait  ressortir,  outre 
les  qualités  et  les  défauts  inhérents  à  cha- 
cune d'elles,  les  tendances  actuelles  de 
notre  production  animale.  Il  expose  judi- 
cieusement les  moyens  à  employer  pour 
corriger  les  défauts  prédominants  des 
races  belges  ;  —  et  il  nous  donne  une  idée 
exacte  de  notre  production  animale  dans 
son  ensemble. 

Ces  différents  |>oints  sont  traités^  dans  le 
travail  qui  nous  occupe,  avec  beaucoup  de 
talent.  Aussi,  venons-nous  vous  proposer 
de  voter  des  remerciments  à  M.  Leyder 


pour  l'envoi  de  sa  brochure  et  vous  prier 
d'ordonner  le  dépôt  de  celle-ci  dans  la 
bibliothèque  de  la  Société» 

Ces  conclusions  sont  adoptées. 

La  parole  est  à  M.  Charon  pour  une 
communication  (4). 

M.  Charon.  Messieurs,  j'ai  Tbonncurde 
soumettre  à  votre  examen  un  spéeimen  ty- 
pique de  calcul  mâral,  que  j'ai  extrait  de  , 
la  vessie  d'un  enfant. 

Albort  Henri,  natif  de  Malines,  âgé  de 
neuf  ans,  entre  à  l'hôpital  Saint-Pierre, 
I«  19  août  1875.  Il  présente- de  violentes 
douleurs  au  moment  de  la  miction  en  même 
temps  que  du  ténesme  rectal  ;  le  seul  ren- 
seignement que  nous  parvenons  h  obtenir 
de  lui,  c'est  qu'il  souffre  depuis  environ 
quatre  ans.  En  notre  présence  il  est  saisi 
d'un  ténssme  vésieo-rectal  des  plus  vio- 
lents pendant  lequel  la  muqueuse  rectale 
est  poussée  hors  de  l'anus,  dans  une  éten- 
due de  deux  à  trois  centimètres.  Le  ea- 
tbétérismefut  pratiqué  et  je  tombai  immé- 
diatement sur  un  calcul,  qui,  autant  qu'on 
pouvait  en  juger  par  le  frottement  obtenu, 
devait  être  dur  et  rugueux. 

Les  souffrances  de  ce  malade  lui  arra- 
ehaient  fréquemment  des  cris  et  des  gémis- 
sements; sa  santé  générale  ne  laissait  rien  à 
désirer,  il  était  d'une  robuste  constitution  ; 
c*est  pourquoi  ayant  pris  avis  de  M.  Tan 
Volxem,  nous  décidâmes  de  pratiquer  chez 
ce  sujet,  l'opération  de  la  taille  bilatérale, 
le  lundi  25  août  1875. 

La  taille  ne  présenta  d'autre  complica- 
tion que  la  section  d'une  artère,  qui,  d'a- 
près sa  situation  médiane  et  profonde  me 
parut  être  la  trans verse  du  périnée  ;  nne 
simple  torsion  arrêta  l'I^émorrhagie.  L'é- 
cartement  des  lames  du  lithotome  fut  porté 
à  âO  millimètres,  en  vue  de  ne  pas  dé- 
passer les  limites  de  la  prostate.  A  dater  du 
sixième  jour,  l'enfant  commença  à  uriner 
en  partie  par  le  canal  de  l'urèthre^  je  dis 
en^  partie,  attendu  que  l'urine  suintait  en- 
core par  la  plaie  périnéale  en  voie  de  bour- 
geonnement. L'urine  rendue  par  Turèthre 
fut  recueillie  ;  elle  était  trouble,  fétide, 
ammoniacale,  indiquant  un  état  d'înflam-- 
mation  de  la  muqueuse  vésicale;  elle  s*est 
éclaircie  depuis, ,  et  aujourd'hui,  iX»  jour^ 
depuis  l'opération,  l'enfant  est  tevé,  se  pro- 
mène et  prend  part  aux  jeux  de  ses  cama-" 
rades. 

Le  défaut  d'espace  ne  nous  ayant  pas  perniis  de 
publier  celte  commnoication  uiins  la  précédente 
livraison,  nous  là  donnons  ici.. 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


373 


Un  détail  caractéristique  à  noter  c^est 
qu'<:nvoyé  de  IMalines  par  ses  parents,  il  a 
été  opéré,  il  est  guéri  et  |es  auteurs  de  ses 
jours  n*ont  pas  ^encore  donné»  le  moindre 
signe  d^exiitençe Ne  soyons  pas  trop  mi- 
santhropes el  mettons  le  fait  sur  le  compte 
d'une  excessive 'misère. 

Le  calcul  est  un  type  parfait'  de  calcul 
mural  ;  il  pèse  sept  grammes  ;  à  la  vue,  il 
semble  composé  de  couches  alternées,  les 
unes  brunes  d*oxalate  de  chaux,  les  autres 
crayeuses  de  phosphates  alcalins. 

Les  aspérités  dont  il  est  hérissé  sont  très- 
aiguës  et  expliquent  la  violence  du  ténesme  ' 
vésJco-rectal  qui  tourmentait  si  doulourcu*  ' 
sèment  le  sujet  au  moment  de^la  miction. 

Comme  tous  les  calculs  muraux^  ce  spé- 
cimen est  remarquablement  dur,  circon- 
stance défavorable  pour  la  lithoiritie  mais 
heureuse  pour  la  lithotomie  ;  en  effet  ces 
calculs  ne  s'écrasent  pas  sous  la  pression 
des  tenettes,  il  n'en  reste  pas  le  moindre 
fragment  dans  la  vessfe,  ensuite  les  mu- 
raux sont  isolés,  peu  volumineux,  Topé- 
ration  est  facile  et  la  convalf'scence,  comme 
dans  ce  cas,  s'accomplit  rapidement. 

L'ordre  du  jour  amène  la  discussion  jsur 
les  affections  régnanles.  \ 

M .  LE  Président.  Notre  état  sanitaire  est 
très- bon  ;  le  dernier  bulletin  annonce  très- 
peu  de  décès. 

M.  Châron.  Il  y  a  dans  lé  service  des  en- 
fants plusieurs  cas,  de  coqueluche,  mais 
sans  complication. 

La  séance  est  levée  à  8  4/â  heures. 


▲oadémîe  royale  de  médeoine  de 
Belgique. 

Séance  du  9  octobre  <875. 
(Président  :  M.  Vlbminckxi) 
t     La  séance  est  ouverte  à  11  heures  et 
demie. 
^  Sont  présents  ;   MM.  Borléc,  Boulvin, 

Bribosia,  Chandelon ,  Cousot,  Craninx, 
Crocq,  Delvi^art,  Depaire,  Foelen,  Fossion, 
Galiez,  Gaudy,  Gilte^  Cluge,  Gouzée, 
Hairion,  Hubert,  Kuborn,  Lefcbvre,  Le- 
quime,  Mascart,  Ptgeolet,  Rommelaere, 
Tbiernesse,  Van  Kempen,  Vleminckx  et 
Warlomont,  membres  titulaires;  M.  Laus- 
sedat,  membre  honora; rt*. 

Se   sont  excusés  :  MM.  Bellefroid,  De 
.  Roubaix,  Soupart  elSovet. 

N*ont    point    motive    leur    absence   : 
MM.  Burggra^ve^  Michaux  et  Thiry. 


MM.  Boddaert,  Boëns,  Hugues,  Hyer- 
naux,  Janssens,  Masoin,  Van  Bastelaer, 
Van  Wetler  et  Willième,  corre^ppndants, 
assistent  à  la  séance. 

Le  procès -verbal  de  la  dernière  réunion 
est  adopté.  < 

M.  le  ministre  de  l'intérieur  adresse  un 
exemplaire .  avec  'annexe  deâ  Exposés  de 
la  situation  àchninistrative  des  provinces 
pour  1875. 

M.  le  ministre  de  la  justice  fait  parvenir 
pour  la  bibliothèque  un  exemplaire  du 
tom«!  second  du  recueil  des  Coutumes  de 
Bruges  elun  exemplaire  du  tome  ciuquièm€ 
des  Coutumes  du  quartier  d'Anvers  compre- 
nant les  Coutumes  de  Kicl,  de  Deurne  et  de 
Lierre,  publiés  par  la  Commission  royale  des 
anciennes  lois  et  ordonnances  de  la  Belgique* 

Donnant  suite  à  la  déci>ion  prise  dans 
le  comité  secrjet  de  la  dernière  séance,  le 
Bureau  a  chargé  MM.  Vleminckx,  Michaux 
et  Kuborn  d'examiner  les  questions  à  mettre 
au  concours  et  de  faire  à  l'Académie  telles 
propositions  quMls  jugeront  convenir  quant 
aux  termes  dans  lesquels  elles  seront  con- 
çues et  quant  aux  conditions  à  insérer  dans 
le  programme. 

Le  Bureau  a  renvoyé  à  l'examen  de 
MM.  Fossion  et  Rommelaere  le  travail  de 
M.  Lacompte,  relatif  à  une  fistule  pan"- 
créa  tique  chez  l'homme.. 

M.  Gluge,  n'ayant  pu  se  charger  de 
l'examen  du  mémoire  de  M.  Miot  sur  l'in- 
nervation dif  cœur,  a  été  remplacé  par 
M.  Fossion. 

M.  Warlomont  soumet  à  l'Académie, 
de  la  part  des  auteurs,  MM.  les  D'*  Mauriac 
et  Verdalte,  membres  de  la  Société  de  mé- 
decine et  de  chirurgie^ de  Bordeaux^  un 
mémoire  imprimé,  intitulé  :  Etude  me- 
dico  psychologique  sur  un  cas  d'extase  mys- 
tique observé  à  Fontet,  département  de  la 
Gironde,  Les  auteurs  de  cet  écrit  se  por- 
tent candidats  au  titre  de  correspondant. 
—  Le  travail  de  MM.  Mauriac  et  Verdalle 
étapt  publié,  l'Académie  décide,  confor- 
mément au  règlement,  qu'il  ne  sera  pas 
fait  de  rapport,  mais  qu'il  sera  renvoyé, 
comme  titre  à  l'appui  de  leur  candidature, 
à  la  Commission  de  présentation. 

En  se  portant  également  candidat  au 
titre  de  correspondant,  M.  le  D'  Abeille,  à 
Paris,  offre  deuji^  brochures  intitulées, 
l'une:  Chirurgie  conservatrice ,  l'autre  : 
Traitement  des  maladies  chroniques  de  la 
matrice,  M.  Abeille  joint  à  son  envoi  une 
note  manu.<crite  donnant  un  aperçu  de  sa 
méthode  de  redressement  des  déviations 


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374 


ACADÉMIES  ETSoraÈTËS  SAVANTES. 


utérines,  exposée  daos  le  second  opuscule; 
il  demande  que  son  résumé  soit  commu- 
niqué à  TAcadémie.  — M.  le  président  pro- 
pose de  renvoyer  la  note  de  AI.  Abeille  à 
Tezamen  d*une  Commission  à  nommer  par 
le  Bureau,  après  avoir  fait  observer  que 
telle  est  la  marche  que  Ton  a  toujours  sui- 
vie lorAque  des  travaux  manuscrits  sont 
adressés  à  la  Compagnie.  —  Celte  propo- 
sition est  adoptée. 

M.  Masoin  présente,  de  la  part  de  Tau- 
teur,  M.  le  D'  Thonia,  une  brochure  en 
allemand  sur  la  substance  unissante  des 
épithéliums. 

M.  Gillc,  au  nom  de  M.  Bruylants,  phar- 
macien^ un  opuscule  intitulé  :  Rcclitrches 
sur  les  hydrocarbures  de  la  formule  gétiérale 

M.  Warlomont  présente,  de  la  part  de 
M.  le  professeur  Cortèse,  président  du  Co- 
mité sanitaire  de  Tarmée  U*ltalie,  à  Rome, 
menibre  honoraire  de  l'Académie,  quatre 
ouvrages  dont  les  titres  seront  insérés  dans 
le  bulletin  en  même  temps  que  ceux  de 
plusieurs  publications  dont  il  est  fait  hom- 
mage k  la  Compagnie.  —  Remcrclments 
aux  auteurs  des  travaux  présentés. 

Avant  d*aborder  Tordre  du  jour,'  M.  le 
président  fait  connaître  que  le  Bureau  a 
ajourné  au  0  octobre  la  séance  ordinaire 
du  mois  de  septembre,  a  cause  d<;  la  ses- 
sion du  Congrès  périodique  international 
des  sciences  médicales,  qui  a  eu  lieu  à 
Bruxelles  du  1 9  au  'i^  du  mois  dernier. 

M.  le  président  propose  ensuite  d*a- 
dresser  des  félicitations  à  M.  Craninx,  à 
Toccasiop  du  rétablissement  de  sa  santé  et 
de  sa  rentrée  à  l'Académie.  (Applaudis- 
semetits). 

M.  Craninx  remercie  vivement  M.  le 
président  ainsi  que  ses  collègues  des  mar- 
ques d*intérét  qu^its  veulent  bien  lui  donner. 

L*Académie  entend  ensuite  les  lectures 
suivantes  : 

1.  Rapport  de  M.  Rommelacre  sur  la 
communication  de  M.  Verslraeten,  inti- 
tulée :  Note  sur  le  sang  des  malades  atteints 
de  variole. 

M.  le  rapporteur  propose  d'imprimer  le 
travail  dans  le  Hulletin  et  d*adresser  des 
remerctments  à  Fauteur.  —  Adopté. 

3.  Note  de  M.  le  docteur  Wasseige,  cor- 
respondant à  Liège,  sur  le  crochet  mousse 
articulé. 

L*auteur  de  la  note  n'assistant  pas  à  la 
séance,  M.  Fossion  se  charge  d'en  donner 
communication  à  la  Compagnie. 

M.  Hyernaux  demande  à  présenter  quel- 


ques observations.  La  parole  lui  est  ac- 
cordée. 

La  communication  de  M.  Wasseige  ainsi 
que  la  réponse  que  M.  Hyeruaux  y  a  faite 
ayant  été  imprimées  dans  le  Journal  de  la 
Société  des  sciences  médicales  de  Bruxelles, 
M.  Fossion,  conformément  au  règlement, 
propose  lie  n'imprimer  ni  Tune  ni  l'autre 
dans  le  Bulletin.  —  Cette  proposition  est 
adoptée. 

5.  M.  Lequime  présente  un  travail  de 
M.  Cambrelin,  membre  honorairr,  intitulé  : 
Discours  sur  la  contagiosité  dd  choléra,  et 
demande  à  pouvoir  en  donner  lecture,  au 
nom  de  son  collègue  absent. 

M .  le  président  fait  observer  que  cette 
communication  n'est  pas  portée  à  Tordre 
du  jour  et  que,  du  reste,  les  dispositions 
réglementaires  s'opposent  à  ce  qu'il  soit 
donpé  lecture  d'un  travail  aussi  étendu. 

M.  Lequime  demande  à  pouvoir  commu- 
niquer le  résumé  qu'il  en  a  fait  —  L'Aca- 
demie  en  autorise  la  lecture. 

A  la  suite  de  cette  lecture,  M.  le  prési- 
dent fait  remarquer  qne  la  Compagnie,  en 
admettant  M.  Lequime  à  lire  son  résumé, 
est  sortie  de  la  voie  normale  :  qu'aux  termes 
des'dispositions  réglementaires,  le  membre 
qui  présente  un  travail  dont  la  lecture 
pourrait  durer  plus  d'une  demi-heure, 
doit  en  communiquer,  en  séance,  un  ex- 
posé analytique  destiné  à  être  publié  dans 
le  Bnllclln  ;  que  le  mémoire  est  envoyé 
ensuite  à  une  (Jommission  appelée  ù  faire 
à  l'Académie,  quant  à  la  publication  de 
celui-ci,  telles  propositions  quelle  juge 
convenir. 

En  présence  de  ces  dispositions,  M.  le 
présidîent  demande  :  La  Compagnie  veut- 
elle  considérer  1^  résumé  de  M.  Lequime 
comme  tenant  lieu  de  l'exposé  analytique 
que  M.  Cambrelin  aurait  dû  fournir  et 
renvoyer  le  travail  à  l'avis  d'uiie  Com- 
mission ? 

L'Académie  décide  que  le  résumé  de 
M.  Lequime  sera  imprimé  dans  le  Bulletin. 

Al.  Fossion  propose  de  renvoyer  la 
communication  de  M.  Cambrelin  à  l'examen 
d'une  Commission  à  nommer  par  le  Bu- 
reau. —  Adopté. 

4.  Suite  de  la  discussion  des  travaux 
suivants  ; 

La  stigmatisée  d'Anvers,  par  M.  Des- 
guin.  —Maladies  des  mystiques;  Louise 
Lateau,  par  AI.  Charbonnier.  —  Rapport 
de  la  Commission  qui  a  été  chargée  d'exa- 
miner le  mémoire  de  M .  le  docteur  Char- 
bonuier,  intitulé  :  Alaliidies  et  facultés  di- 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


S75 


verses  des  mystiques.  —  M.  Warlomont, 
rappomiir. 

M.  le  président  rappelle  que  la  clôture 
de  la  discussion,  qui  avait  été  demandée, 
n*a  pas  été  mise  aux  voix,  dans  la  der* 
niére  séance,  parce  que  TAcadémie  a 
jujgé  convenable  d'entendre  M.  Lcfebvre, 
qui  n'était  pas  présent;  s'il  témoignait  le 
désir  de  prendre  la  parole.  Il  donne  eu- 
..«oife  lecture,  des  ordres  du  jour  proposés 
par  MM.  Kuborn  et  Crocq,  dont  la  discus- 
sion a  été  ajournée:  pour  le  même  motif. 
M.  le  président  ajoute  que  M.  Tbieriiesse 
a  proposé  la  question  préalable  sur  les 
ordres  du  jour  motivés. 

M.  le  président  fait  observer,  en  outre, 
que  TAcadémie  n*a  pas  tranché  la  question 
desavoir  si  le  mémoire  de  M.  Charbonnier 
sur  les  maladies  et  les  facukés  diverses  des 
mystiques  fera  Pobjct  d'une  discussion 
spéciale,  ou  s'il  sera  discuté  en  même  temps 
que  le  cas  de  Louise  Lateaù. 

Selon  M.  Tbiernesse^  il  a  été  convenu 
qu'il  n'y  aurait  qu'une  seule  discussion. 

Après  quelques  observations  présentées 
par  M.  le  président  et  M^l.  Laussedat, 
Boens  et  Crocq,  la  Compagnie,  consultée, 
décide  que  l'ordre  du  jour  sera  maintenu, 
c*estii-dire  que  le  mémoire  de  M.  Chur- 
bonnicr  continuera  à  faire  partie  de  la  dis- 
cussion qui  est  ouverte. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Lefebvre. 
(En  l'absence  des  deux  vice-présidents, 
empêchés^   M.   Thiernesse,   ancien  viçe- 
pr«siitent,  est  invité  à  remplacer  M.  Vle- 
minckx,  au  fauteuil.) 

MM.  Vleminckx,  Crocq,  Lefebvre,  Ma- 
soin  et  Boëns  sont  successivement  en- 
tendus. 

La  clôture  de  la  discussion  générale  esi 
mise  aux  voix  et  prononcée. 

M.  le  président  rappelle  que  déjà,  dans 
une  séance  précédente,  l'Académie  a  sta- 
tué sur  une  première  conclusion  du  rap- 
port rédigé  par  M.  Warlomont  sur  le  mé- 
moire de  M.  Chafbonnier,  dout  l'impres- 
sion a  été  votée,  contrairement  à  l'avis  des 
commissaires,  et  qu'il  ne  reste  plus,  par 
conséquent,  qu*à  voter  sur  la  dernière,  à 
savoir  :  des  rcmerciments  à  adresser  à 
l'auteur. 

Cette  seconde  conclusion  est  adoptée. 
L*as9emblé  est  appelée  à  discuter  les 
ordres  du  jour  de  MM.  Kuborn  et  Crocq. 
M.  Vleminckx  fait  observer  que,  puis- 
que tous  les  accidents  morbides  ne  s^expli- 
quent  pas  par  les  lois  connues  de  la  phy- 
siologie  pathologique,  il  conviendrait  de 


modifier,  dans  cet  ordre  d*idées,  Tune  ou 
l'autre  des  rédactions  proposées. 

M.  Fossion  propose  l'ordre  du  jour  sui- 
vant : 

«  L* Académie  royale  de  médecine  dé- 
clare qu«  le  cas  de  Louise  Lateau  n^est 
pas  complètement  observe  et  ne  peut  ser- 
vir de  base  à  une  discussion  scicntiBque 
sérieuse;  en  conséquence,  elle  clôt  la  dis- 
cussion. » 

M.  Warlomont  fait  observer  que  la  clô- 
ture a  ^té  prononcée. 

M.  Crocq  est  d'avis  que  Tordre  du  jour 
proposé  par  M.  Fossion  est  un  ordre  du 
jour  pur  et  simple. 

M.  Laussedat  estime  qu*au  point  où  en 
sont  les  choses,  l'Académie  parait  bien 
positivement  empêchée  de  reprendre  et 
maintenir  le  débat  sur  le  terrain  unique- 
ment scicntifîque;  ainsi  qu*il  le  deman- 
dait encore  au  commencement  de  cette 
séance,  la  discussion  étant  sans  cesse  en- 
tralnéejdu  côté  où,  aux  questions  de  science 
semblent  vouloir  se  substituer  des  ques- 
tions de  conscience  ;  il  déclare  que  ce  der- 
nier ordre  de  questions  n*appar(ient  sous 
aucune  forme  à  l'Académie  et  qu'elles  n*^u- 
raient  jamais  dû  y  être  produites.  M.  Laus- 
sedat ne  voit  plus  qu'un  moyen  de  sortir 
d*une  situation  essentiellement  anomale  : 
c'est  de  rentrer  dans  l'étude  des  travaux 
ordinaires  de  l'Académie,  et  c'est  dans  cet 
esprit  quMI  appuie  l'ordre  du  jour  pur  et 
simple. 

L'ordre  du  jour  pur  e(  simple  est  mis 
jiux  VOIX  et  adopté. 

La  séance  est  levée  à  2  heures  et  demie. 


A.oadéinïe  de  Médeoîne  de  Parît. 

Séance  du  i^  septembre  1876. 
Présidence  de  M.  Cbatin. 

Myopie  (suite  do  la  discussion).  —  M.  Gi- 
raud-Teulon.  m.  Guérin,  à  Pappui  de  ses 
opinions  sur  l'origine  et  le  mécanisme  de 
la  myopie,  a  lu  deux  observations  que  j'ai 
demandé  à  étudier  avant  d'en  entreprendre 
la  discussion. 

Pénétré  de  l'Importance  des  acquisitions 
de  la  science  nouvelle  sur  cet  important 
sujet,  il  m'était  interdit  de  fermer  les  yeux 
sur  l'objet  de.  l'intervention  d'e  M.  Jules 
Guérin  dans  cette  discussion,  à  savoir  :  la 
négation  de  la  physiologie  oculaire  mo- 
derne. L'esprit  qui  a  présidé  à  son  argu- 
mcntatiofi  dans  la  séance  du  31  août  se 


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376 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


retroave  dans  les  conclasions  du  mémoire 
présenté  dans  la  dernier*)  séance. 

La  connaissance  de  la  fausseté  desdiles 
conclusions  était  nécessaire  pour  Tintelli- 
gence  exacte  de  ces  observations. 

Les  deux  propositions  fondamentales 
énoncées  dans  ces  conclusions  sont  effec- 
tivement le  contraire  absolu  de  la  vérité 
objectivement  démontrée. 

Ainsi  il  est  aujourd*  hui  directement 
établi  : 

4"*  Que  les  muscles  droits,  par  leur  con- 
traction, pas  plus  que  les  muscles  obliques, 
n^ont  aucune  action  directe  sur  le  méca- 
nisme de  Tadaptation  de  rœil  aux  différ 
rentes  distances; 

â*  Que  cette  même  a'iaptation  est  réa- 
lisée par  la  seule  et  unique  modification  de- 
la  courbure  des  surfaces  du  cristallin,  qui 
ne  change  point  de  place  ni  de  distance  re- 
lative, soit  h  la  cornée,  soit  à  la  rétine, 
pendant  cette  modification  de  forme. 

Ces  deux  lois,  le  contraire  mot  pour 
mot  de  la  théorie  de  M.  Guérin,  sont 
expressément  établies,  acquises  comme  une 
des  conquêtes  de  notre  époque. 

M.  Giraud-Teulon  s'attache  a  démontrer 
d'abord  cette  première  proposition  :  que 
les  muscles  droits  ne  prennent  aucune  part 
directe  et  mécanique  dans  Pacte  de  l'ac- 
commodation. 

Par  contre,  ajoute-t-il,  on  observe  tous 
les  jours  qiie  rinstillatiou  d'une  forte  so- 
lution d'atropine,  qui  laisse  parfaitement 
intacte  l'action  des  muscles  moteurs  de 
Tœil,  paralyse  complètement  le  pouvoir 
accommodaiif. 

D'autre  part,  on  voit  journellement 
encore  l'effet  inverse  se  produire  sous  Tin- 
fluence  de  la  fève  de  Calabar. 

M.  Giraud  -Teulon  démontre  ensuite  di- 
rectement que  cette  adaptation,  contraire- 
ment a  l'énoncé  de  la  dernière  proposition 
de  M.  Jules  Guérin,  a  lieu  par  une  modi- 
fication survenue  dans  le  degré  de  cour- 
bure de  la  lebtille  et  n'a  lieu  que  par  elle. 

On  peut  donc  rayer  absolument  du  ta- 
bleau de  la  science  actuelle  les  deux  pro- 
positions de  M.  Jules  Guérin.  Le  trrraiu 
ainsi  débarrassé,  tiuuh  pouvons  aborder 
l'examen  des  observations  qui  nous  ont  été 
soumises. 

Ici  M.  Giraud-Teulon  examine  les  deux 
observations  en  question,  puis  il  continue 
ainsi  : 

Mais  nous  pouvons  opposer  aux  conjec- 
tures de  notre  confrère  autre  chose  que 
des  conjectures.  M.  Knapp,  professeur  à 


Heidelberg,  au  lieu  de  a'arréter  h  la  con- 
ception du  mécanisme,  a  cherché  si  les 
faits  y  répondaient. 

Sur  vingt- neuf  cas  de  strabisme,  il  a 
mesuré  les  rayons  de  courbure  du  méridien 
vertical  et  du  méridien  horizontal.  Sur  ces 
vingt-neuf  cas,  voici  ce  qu'il  a  constaté  : 

4<*  Contrairement  h  ce  que  pouvait  faire 
prévoir  Tinduction,  il  n'a  rencootré  que 
deux  fois  le  rayon  horizontal  de  la  cornée, 
plus  petit  que  le  vertical  ; 

2»  Dans  les  cinq  sixièmes  de  ces  cas, 
l'œil  dévié  présentait  la  même  forme  qae 
l'autre  ; 

5°  Dans  le  dernier  sixième  seulement, 
l'œil  dévié  présentait  une  asymétrie  patho- 
logique. 

La  ténotomie  n*a  amené  que  deux  fois 
une  modification  dans  la  courbure  de  la 
cornée. 

Ainsi  donc,  si  M.  Jules  Guérin  persiste  à 
vouloir  substituer  aux  lois  de  la  physio- 
logie, de  la  vision,  qui  font  par  leur  préci- 
sion l'honneur  de  notre  époque,  le  méca- 
fiisme  qu'il  proposait  en  1841,  il  faut  qu'il 
coUîge  de  nouveaux  faits,  qu*il  apporte  des 
mesures  précises.  Ceux  que  nous  venons 
de  discuter  viennent  d'échouer,  faute  de 
démonstration. 

Sous  l'apparence  de  vaines  discassions 
théoriques,  dit  en  terminant  M.  Giraud- 
Teulon,  se  trouvent  ici  débattus  d'immen- 
ses intérêts. 

Je  ne  parlerai  pas  de  la  n/écessité  où  m'a 
mis  M.  Guérin  de  défendre,  quinze  ans 
après  leur  promulgation,  les  lois  organi- 
ques de  la  réfraction  physiologique,  les 
bases  mêmes  de  la  constitution  actuelle  de 
Tophthalmologie;  ces  lois  n'avaient  pas 
besoin  de  défenseur,  mais  un  de  leurs  co- 
rollaires pouvait  être  ébranlé  dans  ce  con- 
flitj  et  les  effets  de  cet  ébranlement  eussent 
été  des  plus  graves.  Le  point  de  doctrine 
attaqué  par  M.  Guérin  a  été  la  proposition 
moderne  qui  présente  la  myopie,  dans  son 
expression  générale,  comme  une  maladie 
acquise  résultant  presque  exclusivement 
du  travail  rapproché.  Je  ne  pouvais  laisser 
mettre  en  doute  une  loi  aussi  incontestable, 
aussi  indispensable  à  tout  médecin. 

On  croit  trop  universellement  que  la 
myopie  est  une  simple  condition  do  la  ré- 
fraction oculaire,  et  que  cette  condition 
est  plutôt  favorable  que  contraire.  Le  ta- 
bleau que  j'ai  présenté  a  dû  édifier  l'Aca- 
démie sur  la  valeur  de  ce  préjugé. 

Or,  la* myopie  étant  démontrée  une  ma- 
ladie acquise,  des  plus  sérieuses,  pouvant 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉJÉS  SAVANTES. 


577 


être  prévenue  par  des  mesures  prophylac- 
tiques^ importe-t-il  ou  non  que  son  méca- 
nisme soit  scientifiquement  établi? 

M.    Jules   GuÉRiN   ne   demandera   pas, 
comme  M,   Giraud-Teulon,  une  semaine 
pour  préparer  sa  réponse.  Il  se  contentera  ' 
de  rappeler  Torateurà  la  question. 

M.  Giraud-Teulun,  dit-il,  s'appuie  sur  la 
nouvelle  théorie  de  Taccommodation  pour 
combattre  les  faits  que  j'ai  allégués.  Or  ces 
fails  sont  pertinents,  incontestables,  et  ils 
se  trouvent  en  parfaite  contradiction  avec 
la  formule  de  la  théorie  de  Donders,  qui 
est  la  suivante  :  «  Les  divers  troubles  de 
Taecommodalion  (myopie,  hypermétropie) 
sont  dus  à  des  anomalies  de  la  réfraction.  » 

II  n'y  a,  dans  cette  formule,  qu'un  mot 
à  changer  pour  que  nous  soyons  parfaite- 
^roent  d'accord  :  au  lieu  du  mot  réfraction, 
mettons  celui  de  rétraction  musculaire,  et 
la  théorie  de  Donders  sera  alors  conforme  à 
la  vérité. 

Il  résulte  de  tout  ceci  que  Donders  a  pris 
Teffet  pour  la  cause.  J'ai  posé  ce  principe, 
que  le  strabisme  n'était,  comme  le  pied- 
bot  et  la  plupart  des  déformations,  que  le 
résultat  de  la  rétraction  musculaire.  Or  le 
strabisme  entraîne  avec  lui  divers  troubles 
optiques;  ce  sont  ces  troubles  que  Don- 
ders a  parfaitement  étudiés.  Mais,  si  l'on 
remédie  au  strabisme  par  la  strabotomie, 
on  remédie  par  cela  même  à  ces  troubles 
oculaires.  Cela  prouve  bien'  qu'ils  ne  sont 
que  la  conséquence  du  strabisme. 

M.  Girâud-Teulon  dit  que  la  théorie  de 
Donders  est  aujourd'hui  prouvée  par  dos 
milliers  de  faits,  tandis  quL>  celle  que  dé- 
fend M.  Jules  Guérin  depuis  trente  ans, 
attend  encore  sa  démonstration. 

Séance  du  21  septembre* 
Présidence  de  M.  Gosseun. 

M.  GosâËLiN  présente,  au  nom  de  M.  le 
docteur  Vergue,  de  la  Châtre  (Indre),  une 
note  Intitulée  :  Sur  un  nouveau  procédé  de 
rhinoplastiCf  destiné  à  éviter  la  torsion  du 
lajnbeau.  (C»mmis&ioa  :  MM.  Giraldès  et 
Alphonse  Guérin.) 

—  M.  le  secrétaire  donne  lecture  des 
extraits  des  testaments  de  MM.  IXcsportes 
et  Demarquay,  contenant  les  legs  faits  en 
faveur  de  l'Académie. 

Voici  rextrait  du  testament  de  M.  Des- 
portes : 

«  Je  lègue  à  l'Académie  de  médecine  la 
somme  de  50,000  francs.  Les  intérêt^ 
annuels  de  cette  somme  seront  employés 


par  elle  à  distribuer  des  prix  et  de  simples 
récompenses  : 

f  i<*  Les  prix  proposés  auront  pour 
sujet  la  thérapeutique  médicale  pratique, 
sujet  qui  lui  sera  suggéré  par  quelque  dis- 
cussion longue,  laborieuse,  sur  une  mala- 
die grave,  difficile  à  connaître,  et  plus  dif- 
ficile par  conséquent  encore  à  traiter  raiion- 
nellement  et  avec  un  succès  plus  probable 
qu'on  n'a  pu  jusqu'ici  espérer. 

«  2<»  L'A,cadémie  aura,  chaque- année,  à 
employer  une  ou  deux  faibles  sommes  de 
150  francs  à  200  francs  à  remercier  les 
auteurs  de  quelque  bon  mémoire  d'histoire 
naturelle  pratique:  et  thérapeutique.  » 

Voici  l'extrait  du  testament  de  M.  Dc- 
marquay  : 

«  Je  donne  par  testament  et  en  toute 
propriété  la  somme  de  100,000  francs  à 
l'Académie  de  médecine  de  Paris.  Cette 
somme  est  destinée  à  l'aider  à  se  créer  une 
habitation  digne  d'elle.  Dans  le  cas  on  le 
gouvernement  y  pourvoirait,  je  prie  l'Aca- 
démie de  créer  un  prix  de  la  valeur  du 
revenu  de  la  somme  accordée,  qui  sera 
donné  chaque  année  à  l'auteur  du  meilleur 
ouvrage  sur  : 

«  l®  L'analomie  descriptive;  'Z"  'ou  sur 
le  meilleur  ouvrage  d'anatoraie  patholo- 
gique ou  hislologique,  ou  encore  au  meil- 
leur ouvragle  de  pathologie  interne  ou 
externe  Ou  d'hygiène.  »  ' 
-  Après  celte  tommunication,  M.  le  prési- 
dent déclare  qu'il  n'y  a  rien  à  l'or/ire  du 
jour  et  lève  la  séance. 

Séance  du  28  septembre. 
Présidence  de  M.  Gosseun. 

L'Académie  n'a  reçu  aucune  espèce  de 
correspondance  ;  elle  est  un  peu  plus  nom- 
breuse qu'aux  séances  précédentes. 

M.  Henri  Roger  lit,  au  nom  de  M.  JoLLy, 
un  travail  intitulé  :  La  volonté  considérée 
comme  puissance  morale  et  comme  moyen  thé- 
rapeutique.  (Sera  publié  ultérieurement.) 

M.  Larrby,  en  félicitant  M.  Jolly  de  son 
beau  travail»  prend  hi  liberté  de  lui  signa- 
ler comme  complément  de  cette  étude, 
quelques  recherches  à  faire  sur  l'influence 
d'une  volonté  forte  pour  diminuer  et  pres- 
que annihiler  la  douleur  dans  les  opéra- 
tions chirurgicales. 

M.  BouiLLAUD  adresse  également  à 
M.  Jolly  toutes  ses  félicitations;  comme 
M.  Jolly,  M.  Bouillaud  a  eu  plusieurs  fois 
l'occasion  de  constater  l'influence  de  la  vo- 
lonté, d'une  volonté  ferme  et  persévérante, 

4S 


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578 


VARIÉTÉS. 


sur  la  guérison  de  certaines  maladies  ;  mais 
il  faut  dire  aussi  qu'il  n*est  pas  donné  à 
tout,  le  monde  d*avoir  de  la  volonté  et  de 
porter,  par  exemple,  celle  faculté  à  la  hau- 
teur où  le  grand  Cornrille  la  représente 
dans  ces  beaux  vers  qu'il  met  dans  la  bou- 
che d'Augu&te,  dans  la  tragédie  de  Cinna  : 

Je  suis  maitre  de  moi  comme  de  Tunivers, 
Je  le  suis,  je  veux  Tétre.     ...... 

M.  Delasiauve  lit  un  mémoire  intitulé  : 
Discussiqn  relative  à  la  classification  des 
maladies  mentales  à  propos  d'une  prétendue 
monomanie  religieuse. 

L'auteur  rappelle  qu'il  a  établi  en  alié- 
nation mentale  une  nomenclature  qui  a 
suscité  beaucoup  de  défiance,  et  qui  a  été 
condamnée  plutôt  que  réfutée.  Or,  M.  De- 
lasiaiive  croit  pouvoir  dire  que  les  fails  et 
la  controverse,  loin  d'infirmer  eVtte  classi- 
fication et  la, théorie  sur  laquelle  elle  re- 
posC;  ont  de  plus  en  plus  manifesté  à  ses 
yeux  révidence  de  Tune  et  de  T^utre. 

Il  pense  avoir  en! revu,  en  même  temps 
que  les  conditions  d'un  classement  plus 
rationnel  des  folies,  une  systématisation 
psychologique,  susceptible  de  répandre  un 
jour  tout  nouveau  sur  l'horizon  de  la 
science. 

ft  Ce  qui  saillit  immédiatement  chez 
l'homme,  dit  M.  Delasiauve,  c'est  la  faculté 
de  penser,  de  raisonner,  de  vouloir  et 
d'agir.  Si  quelque  chose  se  dérange  dans 
ce  mécanisme,  la  lésion,  évidemment,  à 
cause  de  «rincessance  du  travail  mental, 
aura  pour  signe  la  généralité  et  la  perma- 
nence ;  rirrégularivé  ou  l'insuffisance  se 
trahiront  à  des  degrés  divers,  sur  tous  les 
sujets.  De  là  un  groupe  d'aliénations  géné- 
rales, dans  lequel  sont  venus  se  ranger 
quatre  genres  principaux  :  excitation  ma- 
niaque, manie,  démence  avec  ou  sans  pa- 
ralysie progressive,  et  les  innombrables 
variétés  d'obtusions  psychiques,  depuis  la 
stupidité  la  plus  profonde  jusqu'aux  teintes 
affaiblies  du  simple  embarras  intellectuel.. 
«  Mais  le  pouvoir  que  nous  avons  appelé 


syllogistique  ne  crée  pas  de  toutes  pièces. 
Les  idées  qu*il  conçoit,  les  émotions  qui 
l'impressionnent,  les  sentiments  qu*il 
éprouve  deviennent  les  matériaux  et  les 
mobiles  de  ses  opérations.  Ces  éléments  lui 
sont  extrinsèques;  ne  serait-il  pas  présu- 
mable  que  certains  ordres  d'aliénations 
mentales  eussent  ainsi  leur  ppint  de  départ 
dans  des  impressions  maladives,  des  con- 
ceptions vicieuses,  des  sentiments  altérés? 
Elles  auraient,  en  conséquence,  une  évo- 
lution et  des  caractères  spéciaux.  La  logi- 
que, subsistante,  fléchirait,  ->  non  parfois 
sans  une  résistance  efficace,  —  sous  l'as- 
cendant des  incitations  pathologiques, 
pour  reprendre  son  empire  en  dehors  de 
leur  action.  C'est,  en  effet,  ce  qui  a  lieu. 
<  Les  <lélires  particuliers  ont,  sous  ce 
rapport,  un  cachet  si  saillant  qu'on  n'a  pu 
échapper  à  leur  constatation.  Mais  le  prin- 
cipe en  a  ét^  méconnu,  ce  qu'atteste  l'idée 
comprise  dans  la  définition  suivante  :  Lé- 
^  sion  partielle  de  V intelligence.  D'une  sépa- 
ration de  fond,  on  n'a  fait  qu'une  distioc* 
tion  de  degré. 

.  «  La  première  observation  d'où  pour 
nous  naquit  la  lumière,  fut  celle  du  sémi- 
nariste Raimbaud,  condamné  à  Aix  pour 
tentative  de  meurtre  sur  un  de  ses  cama- 
rades. D'accord  sur  l'irresponsabilité,  les 
experts  hésitaient  dans  l'attribution  du 
cas  ou  au  délire  général,  ou  à  la  mono- 
manie.  Raimbaud  n'avait  ni  idée  fixe,  ni 
impulsion  déterminée.  Son  affection  se 
composait  d*uoe  série  de  paroxysmes  com- 
parables à  la  rêverie  de  la  veille  et  où  sur- 
gissaient,  montant  comme  un  flot  et  Sf, 
croisant  dans  son  esprit,  des  sensations 
étranges,  des  conceptions  bizarres,  des 
raisonnements  fortuits.  Ses  sentiments 
erraient  au  gré  des  pensées.  Sortant  de  ces 
crises,  il  se  voyait  avec  effroi,  étonné,  sur 
la  pente  du  crime  ou  de  la  folie. 

'  c  Ce  n'était  point  de  la  monomanie,  mais 
une  fascination  oppressive,  vague  et  incer- 
taine. » 


Y.  VARIÉTÉS. 


Nouveau  crochet  décollâteur  articulé. 

—  Réclamation  de  M.  le  docteur  Ferdipand 
Veraroini.  (Extrait  des  procès- verbaux  de 
la  Société  médico-chirurgicale  de  Bologne). 

—  Tradpit  par  M.  le  docteur  Dubois. 


(  Après  la  lecture  du  procès-verbal  par 
notre  honorable  secrétaire  le  professeur 
Brugnoli,  j'ai  entendu  citer  au  nombre  des 
ouvrages  reçus  en  hommage  par  notre  So- 
ciété la  brochure  de  M.  le  professeur  Hycr- 


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VARIÉTÉS. 


57î> 


naux  intitulée  :  d  Latcroflexion  du  col 
prise  pour  une  i  m  perforation  de  Tulérus  ; 
aceouchemcnt  laborieux  terminé  par  la  dé- 
collation fœtale.  Nouveau  crochet  mousse 
articulé  pour  faciliter  ce  procédé  d'em- 
bryolomie  et  pouvant  servir  de  porte  lacs 
et  comme  a^ènt  de  traction,  v  J'ai  cru  de 
mon  devoir  de  réclamer  la  parole  pour  bien 
éclaircir  les  faits  et  pour  revendiquer  en 
ma  faveur  la  priorité  tout  entière  vis-à-vis 
du  prétendu  nouveau  crochet  articulé  de 
Taccoucheur  belge. 

J'ai  reçu  moi-même,  honorés  collègues, 
de  M.  le  professeur  tiyernaux  un  exem- 
plaire du  travail  susdit,  extrait  du  Bulletin 
de  l'Académie  royale  de  médecine  de  Bel- 
giq'tCj  tome  IX,  5™«  série;  je  sais  beaucoup 
de  gré  à  Taulear  de  son  attention  flutteuse 
que  je  rapporte  en  grande  partie  à  l'envoi 
que  je  lui  avais  fait  de  mon  mémoire  sur 
un  levier  articulé  et  décollaleur  de  mon 
invention,  mémoire  imprimé  Tannée  passée 
dans  notre  Recueil  périodique,  qui  a  vu 
d*abord  le  jour  dans  les  t  actes  de  Tlnstitut 
des  sciences  »  et  qui  a  été  traduit  en  fran- 
çais et  inséré  dans  le  Journal  ^e  la  Société 
royale  des  sciences  médicales  et  naturelles 
dé  Bruxelles  vers  la  fin  de  l'année  .der- 
nière. Donc  mon  travail,  à  raison  de  ces 
diverses  particularités  devait  être  bien 
connu  de  M.  le  profeSs«eurHyernaux.  Peut- 
être  aussi  dois-je  attribuer  son  hommage  à, 
ce  que,  ayant  dû  me  citer  dans  son  opus- 
cule, il  i'est  montré  désireux  de  m'en  faire 
connaître  promptement  la  raison. 

Or,  dans  le  cours  de  sa  brochure,  arrivé 
au  point  où  il  termine  sa  revue  hjstorique 
des  instruments  proposés  pour  opérer  la 
décollation  ou  la  détroncation  du  fœtus, 
après  un  examen  critique  de  ces  instru- 
ments, il  tîxprime  à  ses  collègues  sa  grande 
satisfaction  de  pouvoir  heureusement  leur 
faire  connaître  qu'il  a  imaginé  un  méca- 
nisme (lequel,  je  le  dis  tout  de  suite  m'ap- 
partient eu  propre,  et  lui-même  l'affirme) 
qui  réunit  toutes  les  qualités  désirables 
pour  réussir  dans  les  circonstances  qu'il  a 
signalées  antérieurement  et  qui  n'offre  pas, 
à  ce  qu'il  lui  semble,  les  inconvénients 
inhérents  à  tous  les  instruments  analogues. 

Voici  ce  qu'il  dit  à  la  page*  13  de  son 
opuscule  :  a  Mais  je  me  hâte  de  recon- 
naître à  nouveau^  Messieurs,  que  dans  ma 
pensée  j'ai  eu  des  devanciers.  M.  Verar- 
dini,  professeur  à  Bolo;;»»;,  a  imaginé  dans 
ces  derniers  temps  un  levier  à  six  pièces 
plates  articulées  cl  le  long  de  là  ligne  mé- 
diane duquel  il  a  adapté  un  ressort  léger, 


fonctionnant  comme  celui  de  J.  Vaust, 
(ceci  cet  inexact  ;  c'est  en  quelque  sorte  la 
sonde  de  Belloc  que  j'ai  cherché  à  adapter 
à  mon  levier)  pour  en  faire  un  décollateur 
au  besoin  ou  plutôt  un  porte-ficelle.  Je  ne  • 
sais  si  cet  instrument  est  assez  solide  pour 
satisfaire  à  sa  première  et  principale  desti-  • 
nation  ;  j'aime  à  le  croire  puisque  l'autaur 
nous  l'affirme.  (L'épreuve  a  toujours  par- 
faitement réussi)  ;  mais,  chose  dont  je 
doute,  c'est  qu'il  puisse  réussir  en  toutes 
circonstance»^,  à  porter  la  ficelle  là  ou  elle 
doit  être  pof^tce.  En  effet,  l'extrémité  de  fa 
lame  a  3  centimètres  de  largeur,  et  c'est 
beaucoup,  c'est  trop  me  semble  t-il  pour 
repasser  dans  un  sillon  rétréci  comme  l'est 
celui  compris  entre  la  tête  et  l'épaule  supé- 
rieure, par  exemple,  lorsque  Tcnfant  est 
enfoncé  et  tassé  dans  le  bassin.  » 

Eh  bien  !  pourquoi  cetle  critique  de  mon 
levier  et  sans  celte  forme  singulière?  J'ai 
déclaré  dans  mon  mémoire  avoir  voulu 
faire  seulement  à  mon  levier  une  addiiion 
opportune,  c'est-à-dire  le  rendre  capable 
de  servir  comme  décollateur  mais  dans 
certaines  circonstances  déterminées  et  tout 
à  fait  convenables.  Celte  réserve  suffit  à 
elle  seule  pour  prouver  manifestement  que 
je  n'ai  pas  visé  à  en  généraliser  l'usage 
d*une  manière  absolue,  c'est-à-dire  à  faire 
de  mon  levier  un  agent  exclusif  de  décolla- 
tion. Je  ne  pense  donc  pas  que  les  objec- 
tions de  l'accoucheur  belge,  bien  que  cour- 
toises, soient  légitimes  surtout  si  l'on  tient 
compte  des  courtes  réflexions  que  j'émets 
et  qui  ont  échappé  malheureusement  à 
M.  le  professeur  Hyernaux. 
.  En  effet,  à  la  page  i7  de  mon  mémoire 
(voir  Bulletin,  etc.,  1874,  série  V,  volume 
18,  page  175  se  trouve  une  note  que  je 
transcris  ici  :  «  Actuellement  je  suis  en 
train  de  faire  confectionntT  un  simple  dé- 
collateur séparé  du  levier  et  muni  du  même 
mécanisme  si  facile  que  celui  par  lequel  il 
s'articule  avec  le  levier.  11  présentera  cette 
particularité  de  pouvoir  s'adapter  beau- 
coup mieux  que  les  autres  décollatours  et 
cela  pour  les  raisons  que  j'ai  indiquées  plus 
haut.  Cette  note  me  permet  de  prendre 
date  pour  cettr  idée  dont  j'ai  fait  part  à 
mon  fabricant  d'instruments.   » 

Si  M.  le  professeur  Hyernaux  avait  re- 
marqué et  apprécié  à  sa  réelle  valeur  cette 
déclaration  explicite,  je  suis  bien  certain, 
connaissant  son  honorabilité,  qu'il  ne  se 
serait  pas  attribué  l'inventièn  «lu  crochet 
mousse  articulé  et  qu'il  &e  serait  borné 
tout  simplement  à  démontrer  à  ses  collé- 


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380 


VARIÉTÉS. 


gués  que  :  «  ayant  trouvé  très- avantageux 
le  mode  d'articulation  du  levier  de  Verar- 
dini  et  ayant  jugé  également  excellente 
ridée  manifestée  par  le  chirurgien  bolonais 
de  l'adapter  à  un  instrument  qui  remplit 
exclusivement  .Toffice  de  décoller  ou  de 
diviser  te  fœlus  mort^  il  a  conçu  la  pensée 
délicate  de  faire,  le  premier,  construire  un 
exemplaire  de  cet  instrument  qu'il  présente 
à  ses  collègues  Cn  |eur  déclarant  que  «  le 
crochet  mousse  articulé  selon  les  idées  de 
M.  Verardini  de  Bologne  »  est  vraiment 
réussi  à  merveifle  et  qu'il  le  regarde 
comme  supérieur  à  tous  les  autres  jusqu'ici 
connus,  comme  cela  du  reste  a  été^ sage- 
ment soutenu  par  Verardini  lui-même  et 
commenté  dans  son  mémoire  souvent  cité. 

Je  suis  si  intimement  convaincu  que 
M.  le  professeur  Hyrrnaux  est  un  parfait 
gentleman,  que  je  n'hésite  pas  à^affirmer  ici 
que,  (après  avoir  vérifié  ma  note  et  con- 
fronté les  dessins  existant  soit  dans  m6n 
mémoire,  soit ,  dans  sa  brochure,  et  les 
ayant  trouves  identiques  dans  ce  qu'ils  ont 
d'essentiel,  à  proprement  parler  les  deux 
font  la  paire);  il  déclarera  dans  une  séance 
prochaine  et  d'une  circonstance  favorable 
à  ses  collègues  et  publiera  ensuite  :  «  Que 
ma  note  lui  ayant  échappé  ainsi  que  les  dif- 
férentes remarques  dispersées  ça  et  là  dans  . 
mon  travail,  il  affirme  que  \e  mécanisme 
adopté  par  lui  dans  la  construction  du  cro* 
chet  mousse  m'appartient  à  moi  seul  et 
qiCil  fait  connaître  ouvertement  quMl  n'a 
pas  cette  fois  invente  mais  bien  réalisé  une 
conception  d'un  de  ses  confrères  italiens 
qui  l'avait  indubitablement  développée 
soigneusement  et  sans  conteste  avant  lui.  » 

Les  choses  étant  ainsi  éclaircies  en  face 
de  toute  la  république  médico-chirurgicale 
italienne  et  étrangère  et  bien  persuadé  que 
de  ce  qui  est  arrivé,  il  ne  faut  accuser  que 
les  circonstances  indiquées  par  moi,  dans 
l'attente  d'une  prompte  rétractation  que  je 
réclame,  je  n'en  dirai  pas  davantage  sur 
cette  question  qui  m*a  fouçni  un  thème 
peu  agréable  pour  mon  discours. 


liettre  du  docteur  Hyernaux  à  M.  le 
docteur  van  den  Gorput,  rédacteur  prin- 
cipal du  Journal  de  médecine,  de  chirur- 
gie et  de  pharmacologie  de  Bruxelles^  en 
réponse  à  la  Note  de  M.  le  docteur 
Verardini,  de  Bologne,  concernant  le 
crochet  décoUateur  articulé. 
Honoré  confrère, 

Merci  de  m'avoir  passé  la  note  que  M.  le 


professeur  Verardini,  de  Bologne,  vous 
adresse,  pote  dans  laquelle  celui-ei  reven- 
dique la  paternité;  sur  moi,  du  crochet 
décollateur  articulé. 

Je  répéterai  à  notre  honorable  confrère 
ce  que  je  disais  naguère  à  M.  Wastseige(i): 
qu'il  se  rassure,  je  ne  veux^  rien  ravir  *à 
qui  que  ce  soit  et,  vraiment,  je  m'ingénie 
à  retrouver  quelque  part  des  traces  de  ce 
qui  peut  donner  lieu  à  semblable  imputation. 

11  y  a  quelques  mois,  j'eus  l'honneur  de 
faire  à  notre  Académie  de  médecine 
ttomeJX,  Z^  série,  n'^i)  une  communica- 
tion au  sujet,  entr'autres  choses,  d'un  nou- 
veau crochet  mousse  articulé.  Je  me  suis 
fait  un  devoir  et  un  plaisir  d'en, envoyer 
un  exemplaire  à  M.  Verardini. 

Dans  cette  communication,  je  déclare 
loyalement  que  je  n'ai  fait  que  réaliser  une 
idée  que  d'autres  ont  réalitée  avant  moi, 
mais  d'une  manière  qui  me  parait  moins 
simple.  Et  c'était  justice,  puisque  le  pro- 
fesseur de  Bologne  avait  déjà  publié  un 
Mémoire  sur  un  nouveau  levier  articulé 
décollateur  que  je  décris  et  apprécie  dans 
ma  notice  t2)  et  qu'il  est  à  la  connaissance 
de  tous  ceux  qui  s'occupent  d'obstétrique, 
que  notre  savant  compatriote,  le  professeur 
Wasseige,  a  imaginé,  dès  186Î,  un  cro- 
chet articulé,  lequel  est  utili:)é  par  cet  ha- 
bile accoucheur  pour  la  décollation  fœtale. 

Je  regrette  de  devoir  dire  que  je  n'ai 
jamais  eu  l'honneur  de  recevoir,  de  la  part 
de  M.  Verardini,  le  mémoire  dont  il  parle 
dans  sa  note  ;  sans  aucun  doute,  c'est  là 
une  irrégularité  de  la  poste.  Néanmoins,  je 
Tai  dit,  j'eus  connaissance  de  son  travail 
(à  moins  qu'il  ne  s'agisse  d'un  autre)  par  le 
Journal  de  la  Société  des  sciences  médicales 
de  /Bruxelles  {iSlé,  août  et  septembre). 
Or,  dans  ce  travail,  je  constate  que  l'au- 
teur décrit  on  levier  articulé  de  son  inven- 
tion et  que  moyennant  quelques  appropria- 
tions, il  s'en  sert,  le  cas  échéant,  comme 
décollateur  ou  porte- ficelle.  Mais,  nulle 
part,  dans  cet  article,  je  ne  vois  qu'il  est 
en  train  de  faire  confectionner  un  simple 
décollateur,  séparé  du  levier  et  muni  du 
même  mécanisme  que  ce  dernier^  Au  sur- 
plus, ceci  ne  nous  ferait  pas  encore  cod- 
naitre  exactement  en  quoi  ce  crochet  con- 
siste et  ne  permettrait  pas  d'en  prendre  le 
calque. 

Et  pour  terminer  je  dirai,  si  toutefois  le 
fabricant  de   M.  Verardini  a   maintenant 

(1)  Voir,  le  cahier  d'août  1875,  de  ce  joarnal. 
(â)  BuUet.  de  CAcad.  royale  de  méd.  de  Bel- 
gique. Tome  IX,  3«  série,  n»  4. 


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VARIÉTÉS. 


581 


exécuté  Tirlée  dont  il  prend  date  par  la 
mention  ci-dessus,  je  dirai  que  si,  recour- 
bés, nos  deux  crochets  se  ressemblent,  ce 
qui  est  un  caractère  commun  à  tous  les 
crochets  indistincienient,  incme  aux  non 
articulés,  ils  sont  évidemment  dissembla- 
bles par  le  mécanisme  qui  les  fait  fonc- 
lionnt^r. 

Agréez,  etc.  D'  Hyernaux* 


Lesves,  le  4  octobre  1875. 

A  M.  le>docleur  VAN  den  Corput.  rédacteur 
du  Journal  de  médecine,  de  chirurgie  et 
de  pharmacologie  de  Br^sDeHeê',  "^ 

Dans  U  numéro  d*août  du  JourneU  de 
médecine,  de  chirurgie  et  de  pharmacologie 
de  Bruxelles^  je  lis  une  communication 
sur  la  recherche  du  sang  dans  Turnie, 
communication  faite  par  M.  Van  de  Vyvere 
à  la  Société  royale  des  sciences  médicales 
et  naturelles  à  Bruxelles.  M.  Van  de  Vy- 
vere dit  avoir  essayé  le  mélange  de  tein- 
ture de  gayac  et  d'essence  de  térébenthine 
pour  la  recherche  du  sang  dans  l'urine  et 
n*avoir  pu  obtenir  la  coloration  bleue  ca- 
ractéristique qu'avec  le  sang  provenant  des 
reins.  Ayant  plusieurs  fois  employé  ce 
réaciif  pour  retrouver  le  sang  dans  des 
urines  et  sur  des  étoffes,  et  ne  rayant  ja- 
mais vu  faillir,  je  m*étonnaîs  des  résultats 
obtenus  par  M.  Van  de  Vyvere.  C*est  ce 
qui  m*engagea  à  faire  les  essais  qui  vont 
suivre  et  qui  me  donnèrent  des  résultats 
tout  à  fait  opposés  à  ceux  annoncés  par 
M.  Van  de  Vyvere. 

J*ai  employé  :  1°  urine  renfermant  du 
sang  menstruel  ;  %°  sang  provenant  d*une 
saignée  au  bras  et  ajouté  à  de  T urine  nor- 
male \  S"  sang  provenant  d'une  piqûre  au 
doigt,  ajouté  également  à  de  Turine  nor- 
male ;  4*^  sang  provenant  d'une  morsure  à 
la  langue  et  recueillie  sur  un  mouchoir. 

Je  me  sers  d'essence  de  térébenthine 
ozonisée  et  je  prépare  la  teinture  de  gayac 
avec  la  partie  intérieure  d'un  morceau  de 
résine  que  je  fais  dissoudre  dans  une  suf- 
fisante quantité  d'alcoolpour  avoir  une 
teinture  jaune  brunâtre  (plutôt  jaune  que 
brune),  traitée  par  ce  mélange  d'essence  et 
de  teinture  (à  parties  égales),  Turine  ren- 
fermant du  sang  menstruel  m'a  donné  une 
belle  teinte  bleue.  Il  en  a  été  de  même  de 
l'urine  normale  additionnée  de  sang  comme 
je  l'ai  dit  plus  haut.  Constamment  j'ai 
obtenu  avec  ces  urines  une  belle  colora- 
tion'd'un  bleu  clair  par  l'agitation,  et  la 


résine  qui  se  séparait  par  le  repos  était 
d'un  beau  bleu  foncé.  Le  sang  mêlé  à  de 
leau  distillée  m'a  donné  les  mêmes  colora- 
tions. Quant  aux  taches  de  saug,  une  partie 
a  été  humectée  avec  le  réactif  et  quelques 
instants  après  s'est  produit  une  très-belle 
teinte  bleue.  Une  autre  partie  des  taches  a 
été  traitée  par  l'eau  distillée  et  le  liquide 
en  résultant  m'a  offert  la  même  coloration 
caractéristique. 

La  teinture  de  gayac  térébenthinée  est 
un  réactif  très-sensible  pour  la  recherche 
du  sang,  et  bien  que  d'autres  corps  colo- 
rant en  bleu  la  teinture  de  gayac,  je  crois 
qu'il  peut  être  utile  aux  médecins,  tout 
en  ne  négligeant  pas  remploi  du  micros- 
cope. En  présence  des  résultats  contradic- 
toires obtenus  par  M.  Van  de  Vyvere  et 
par  moi,  d'autres  recherches  .sont  néces- 
saires pour  connaître  |a  valeur  réelle  du 
réactif  employé.  Pour  ma  part,  je  les  con- 
tinuerai jusqu'à  conviction  complète.  Ces 
quelques  observations  que  j'ai  l^onneur 
de  vous  communiquer,  pouvant  offrir 
quelque  intérêt  à  vos  lecteurs,  je  vous 
autorise  et  en  faire  tel  usage  que  vous  ju- 
gerez convenable  et  vous  prie  d'agréer 
mes  sentiments  les  plus  distingués. 

JOS.    LlNSSBN, 

pharmacien  à  Lesves. 

La  lettre  qui  précède  et  qui  résume 
quelques  expériences  faites  par  M.  Jos. 
Linssen,  de  Lesves,  tend  à  infirmer  les 
conclusions  d'une  note  :  Recherche  du  sang 
dans  Vurine,  que  nous  avons  eu  Thonneur 
de  communiquer  à  la  Société  des  sciences 
médicales  et  naturelles  dans  la  séance  du 
7juin  1875,  et  qui  à  été  publiée  dans  le  nu- 
méro de  juin  du  Journal  de  pharmacologie. 

D'après  M.  Linssen, .  un  mélange  d'es- 
sence de  térébenthine ozomsÉB  et  de  tein- 
ture de  ga!ac  prendrait  une  belle  teinte 
bleue  dès  qu'on  y  ajoute  un  liquide  renfer- 
mant quelques  globules  sanguins. 

Nous  sommes  loin  de  vouloir  contester 
les  résultats  obtenus  par  M.  Linssen,  seule- 
ment nous  croyons  qu'ils  ne  peuvent  en  rien 
atténuer  Texactitude  de  nos  observations. 

M.  Almen  recommande  d'employer  clc 
l'essence  de  térébenthine  fraîche,  c'est-à- 
dire  de  l'essence  non  ozonisée^  puisque, 
d*2^près  lui,  le  globule  sanguin  ozonifie 
l'essencii  qui  alors  colore  en  bleu  la  tein- 
ture de  gaiac.  On  sait  que  l'ozone  a  pour 
effet  de  communiquer  à  cetle  teinture  une 
coloration  bleu -myosotis. 

La  réaction  repose  donc  sur  l'ozonifica- 


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382 


VARIÉTÉS. 


tion,  par  le  globule  sanguin ,  de  Tessence 
de  térébenthine  très  avide  d*oxygène  et 
sur. la  coloration  subséquente  de  la  teinture 
de  gaîac  par  la  moditication-  all(Aropique 
de  Toxygène.  II  ne  faut  donc  point  que 
Tessence  soit  ozonisée,  puisque  le  seul  fait 
de  la  présence  de  l'ozone  a  pour  effet  de 
colorer  en  bleu  la  teinture  de  gaïac.  M.  AI- 
nien  ne  parle  que  de  la  recherche  du  sang 
dans  les  urines,  il  est  probable  qu'il  se  sera 
servi  d'urine,  renfermant  des  globules  san- 
guins^ émise  par  un  sujet  atteint  de  né- 
phrite. 

Nous  avons  répété  nos  expériences  de- 
vant MM.  les  docteurs  L.  Bfartin  et  van  den 
Corput,  respectivement  président  et  secré- 
taire de  In  Société  royale  des  sciences  mé- 
dicales et  naturelles  de  Bruxelles^  mem- 
bre du  comité  de  rédaction  et  rédacteur 
principal  du  JourncU  de  pharmacologie;  ces 
messieurs^  peuvent  témoigner  de  l'exacti- 
tude de  nos  réactions. 

Nous  avons  ajouté  à  de  Turine  renfer- 
mant du  sang  menstruel,  à  de  la  salive 
sanguinolente  et  h  une.  liqueur  albumi- 
neuse  renfermant  une  certaine  quantité  de 
sang,  le  mélange  d'essence  de  térében> 
/thine  du  commerce  et  dé  teinture  de  gaïac 
sans  obtenir  de  coloration  bleue.  L'addition 
à  ces  liquides  d'une  goutte  d'eau  oxy- 
génée (i)  donnait  immédiatement  la  teinte 
myosotis. 

En  ajoutant  au  réactif  Almen  une  goutte 
d'eau  oxygénée,  en  l'absence  de  tout  glo- 
bule sanguin,  on  obtenait  la  même  réaction. 

Nous  pouvons  donc  affirmer  que  con- 
trairement aux  affirmations  de  M.  Linssen, 
le  mélange  d'essence  de  térébenthine  non- 
ozonizée  et  de  teinture  de  gaîac  ne  bleuit 
pas  toujours  lorsqu'on  le  met  en  contact 
avec  des  globules  sanguins  (2). 
'  Ajoutons  que,  comme  l'ont  prouvé  MM. 

(1)  M.  Schoenbein  considère  Teaa  oxygénée 
comme  une  combinaison  de  Teau  avec  Tozone. 

(2)  l^a  diverg«*nce  apparolnte  des  résullats  d^oû 
résulte  ce  débat,  s'explique,  selon  moi,  de  la 
manière  la  plus  probable  non-seuiement  par 
l'emploi  de  térébenibine  ozonizée,  mais  surtout 
par  celte  circonstance  oue  vraisemblablement 
rexpérimenlateur  a  eu  affaire  d'une  part  à  du 
sang  conlenanl  de  l'hémoglobine  ozonisée,  c'est-à- 
dire  préseniant  les  deux  bandes  d  absorption  do 
Phémogtobine  oxyj^énée,  ou,  en  d'autres  termes,* 
à  du  sang  artériel^  tandis  que  dans  les  secondes 
expériences.  Ton  n'aura  agi  que  sur  l'ttéraogio* 
bine  réduite,  c'esi-à-dire  sur  du  snnf/  veineux. 

Nous  aurions  donc  dans  remploi  du  réactif 
Almen,  un  moyen  préeieux,  pour  distinguer  le 
sau);  actif  ou  u<tériel  du  sung  réduit  ou  veineux, 
fait  important  que  m  rinvcnieur  ni  les  expéri- 
mentateurs ne  paraissent  a  Voir  entrevu. 

(Note  du  D'  V.  d.  Corput,) 


Gloêt  et  Schoenbein,  l'essence  de  térében- 
thine oxygénée  possède  la  propriété  de 
bleuir  le  papier  imprégné  de  teinture  de 
gaïac  et  la  solution  amidonnée  d'iodnre  de 
potassium,  de  sorte  qu'il  ne  faut  pas  même' 
la  présence  de  globules  sanguins  poui;  pro- 
voquer la  réaction  signalée  par  M.  Almen. 
11  est  donc  indispensable  qu'on  se  serve, 
comme  le  recommande  Almen,  iV essence 
fraîche  et  non  ozonisée  afin  que  le  globule 
sanguin  puisse  ozonifîer  l'essence  de  téré- 
benthine qui  dans  ce  cas  provoque  la  colo- 
ration de  la  teinture  de  gaïac. 

E.  Vanoe  Vyvbrb. 


Marie  Leoomte,  la  cataleptique  de 
'l'hôpital  Goohin.  —  La  catalepsie  qui 
vient  d'être  observée  dans  l'un  des  princi- 
paux hôpitaux  de  Paris,  autour  de  laquelle 
il  y  a  eu  assez  de  publicité  pour  que  les 
plus  incrédules  puissent  vérifier  ou  faire 
vérifier,  ne  manquera  pas  d'être  un  sujet 
intéressant  de  méditations  pour  le  méde- 
cin, le  philosophe  et  l'historien.  II  ne  s'agit 
point  ici  de  ces  faits  que  le  mysticisme,  la 
religion  ou  la  crédulité  publique  ont  en- 
tourés souvent  de  nuages,  en  leur  prêtant 
un  côté  merveilleux  ou  surnaturel,  exploité 
suivant  les  besoins  du  moment  ;  il  s'agit 
d'un  fait  pathologique  exclusivement  scien- 
tifique. 

Une  malade,  entrée  dans  le  service  du 
docteur  Desprès  pour  une  affection  chirur- 
gicale, fut  prise  peu  de  temps  après  de 
dysménorrhée  et  de  vomissements  incoer- 
cibles; ces  complications  furent  suivies  à 
leur  tour  d'aphonie  nerveuse  et  de  sup- 
pression de  l'excrélion  urinaire,  puis  de 
dérivation  supplémentaire  de  l'urine  par 
les  vomissements.  Au  commencement 
d'avril,  la  fonction  urinaire  longtemps 
suspendue  se  rétablissait,  lorsque  le  lundi 
15  avril,  la  malade  tomba  en  léthargie;  elle 
respirait  insensiblement,  ses  lèvres  étaient 
roses  et  son  teint  plutôt  coloré  que  pâle,  le 
tronc  et  les  membres  étaient  dans  la  résolu- 
tion complète,  te  pouls  était  normal,  les 
mouvements  involontaires  même  n'exis- 
taient plus;  par  la  bouche  entr'ouverte,  le 
doigt  porté  sur  la  glotte,  ce  point  le  plus 
sensible  de  l'économie,  ne  provoque  ni 
toux,  ni  mouvements.  Aussi  iVI.  Desprès 
prescrivit  de  ne  point  donner  le  moindre 
aliment  à  la  malade,  même  avec  la  sonde 
employée  pour  nourrir  les  paralytiques,  de 
peur  que  les  tentatives  d'alinicnlation  ne 
devinssent  une  cause  d^asphyxie. 


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VARIÉTÉS. 


5B5 


Le  6  avril,  tous  les  muscles  de  la  ma- 
lade étaient  tendus  et  durs  ;  ils  étaient  con- 
tractures. C'était  ta  rigidité  cadavérique; 
moins  la  mort,  car  le  pouls  battait  soixante 
et  dix  pulsations,  et  la  température  du 
corps,  prise  avec  un  thermomètre  placé 
sous  les  aisselles,  était  de  38  degrés.  A  ce 
moment,  il  y  vivait  catalepsie  et  la  léthargie 
persistait. 

Cet.  état  dura  six  jours  pleins,  pendant  . 
lesquels   la   malade   resta   dans   Tétât  de 
mort  apparente  et  ne  prit  aucune  nou  rritun;* 
Voici  ce  qui  a  clé  observé  pendant  cette 
attaque  :  £u  premier  lieu.  Ton  a  constaté 
la  rigidité  musculaire.  Les  membres  étaient 
dans  Textension  ;  les  bras,  collés  au  tronc, 
faisaient  ressembler  la  malade  au3t  momies 
antiques  ;  pour  changer  la  position  d'un 
membre  il  fallait   employer  la   force  :  les 
membres,  les  mains  et  les  doigts  conser- 
vaient les  altitudes  les  plus  bizarres  qu'on 
leur  donnait  pendant  des  heures  entières, 
puis  peu  à  peu  ils  revenaient  par  saccades 
se  placer  dans  la  position  d'où  on  les  avait 
tirés,  et  ils  y  restaient  aussi  contractures 
qu'auparavant.  II  n'y  eut  pas  un  instant 
d*épuisement  de  la  contracture  musculaire. 
A  toute  heure  de  nuit  et  de  jour,  la  ma- 
lade a  été  vue,  et  son  état  était  toujours  le 
même.  Plusieurs  tentatives  ont  été  faites 
pour  réveiller  la  malade,  piqûres  des  points 
les  plus  sensibles,  Ijgcs   rigides  dans  les 
narines,  rien  n'a  fait,  et  les  médecins  qui 
ont  employé  ces  moyens  ont  été  convaincus 
que  l'abolition   des   mouvements  réflexes 
était  bien  réelle.  M.  Desprès  a  renouvelé 
une  expérience  tendant  à  montrer  que  la 
contracture  musculaire  était  involontaire,, 
épreuve  concluante  ;  les  muscles  de  l'ab- 
domen, contractures  comme  ceux  du  reste 
du  corps',  conservaient  la  fonne  qu  on  leur 
donnait.  En  appliquai>t  fortement  la  main 
sur  l'abdomen,  on  déprimait  les  muscles, 
et  l'empreinte   de    la   main  restait  visible 
pendant  trois  minutes  au  moins.  Ces  mus- 
cles restaient  contractés  dans  la  position 
qu'on  leur  donnait,  chose  qui  ne  peut  être 
jamais  obtenue  par  l'effort  de  la  volonté;  en 
-aucune  circonstance. 

Le  septième  jour  de  la  crise,  la  «malade 
murmura  quelques  mots  et  demanda  à 
boire  j  elle  but  une  petite  quantité  de  café 
noir  et  de  bouillon,  qu'elle  vomit  en  partie 
quelques  heures  après. 

Le  huitième  jour,  la  ^malade  retomba 
dans  l'état  cataleptique.  Cette  nouvelle 
crise  dura  quarante  heures. 

Le  douzième  jour,  il  y  eut  un  nouveau 


réveil  incomplet.  La  malade  appelait  ses 
voisines,  les  élèves  du  service  et  la  sœur 
sans  reeonilaltre  les  personnes  qu'elle  avait 
appelées,  sans  répondre  aux  questions  qu'on 
lui  adressait  ;  elle  but  encore  du  bouillon 
et  du  café,  qu'elle  vomit  le  lendemain. 

Le  treizième  jour,  rephute  ;  catalepsie^ 
et  léthargie  pendant  seize  heures. 

Le  jquatorzième  jour,  réveil  incomplet, 
puis  catalepsie  pendant  huit  heures  envi* 
ron  durant  la  nuit. 

Dans  l'intervalle  des  crises,  la  malade 
buvait  du  bouillon  et  dn  café  ;  seulement, 
comme  elle  vomissait  ensuite  une  partie  de 
ce  qu'elle  avait  pris  l'abstinence  l'avait  no- 
tablement maigrie^  et  le  pouls  petit,  élevé 
à  iOO,  indiquait  que  le  manque  de  nour- 
riture produisait  ses  effets  accoutumés. 

A  partir  de  ce  moment,  les  crises  de  cata- 
lepsie cessèrent.  La  malade  demeura  dans 
un  état  de  rêve-éveillé,  c'est-à-dire  de  som- 
nambulisme. Elle  ne  reconnaissait  per- 
sonne, mais  pouvait  néanmoins  prendre 
des  boissons  et  eu  particulier  du  café  noir 
ave,c  un  peu  de  lait. 

Le  dix-septième  jour,  il  y  eut  un  phé- 
nomène nouveau.  Dans  son  rêve,  la  ma- 
lade se  plaignit  de  ne  point  voir,  et  croyait 
être  aveugle.  En. réalité,  un  objet  brillant 
placé  devant  ses  yeux  et  même  la  lumière 
du  jour  ne  semblaient  pas  être  perçus  par 
la  malade.  Celle-ci.  par  des  mouvements 
automatiques,  contre  lesquels  on  luttait  en 
vain,  portait  ses  doigts  à  ses  yeux  et  se  les 
frottait  avec  une  rage  ff'brile,  au  point  que 
l'on  dut  attacher  ses  mains. 

Enfin  le  dix- huitième  jour,  la  vue  était 
revenue;  la  malade  reconnut  quelques 
personnes  du  service  et  put  prendre  des 
aliments  liquides  d'une  manière  régulière. 
Le  vingt  cinquième  jour,  la  malade  ne 
vomissait  plus;  elle  gardait  la  nourriture 
qu'elle  prenait  ;  elle  était  entièrement  re- 
venue à  la  santé  et  ne  se  plaignait  que  de 
douleurs  dans  les  membres,  ce  qu'elle  com- 
parait à  de  la  fatigue. 

Ltî  trentième  jour,  elle  put  se  lever,  et 
aujourd'hui  5  mai  elle  est  entièrement 
rétablie. 

Les  faits  du  genre  de  celui  qui  a  été  ob- 
servé à  l'hôpital  Cochin  ne  sont  psfs  nou- 
veaux, mais  ils  ont  été  rarement  bien  ob- 
servés. On  connaît,  depuis  les  remarqua- 
bles recherches  du  professeur  Lasègue,  la 
catalepsie  intermittente  des  hystériques  et 
des  fous  extatiques,  et  même  des  gens  sains. 
Clest  un  ;état  que  l'on  provoque  pour 
ainsi  dire  à  volontij  ou  qui  surprend  les 


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284 


VARIÉTÉS. 


malades  pendant  un  laps  de  temps  assez 
court. témoin  le  magistrat  cité  par  Fchr(j), 
et  qui,  injurié  sur  son  siège,  et  s*étant 
levé  pour  parler,  resta  le  bras  tendu,  la 
bouche  béante,  dans  un  état  de  catalepsie 
qui  dura  plus  d*un  quart  d*beure. 

On  connaît  bien  aujourd'hui  la  catalepsie 
compliquée  de  somnambulisme  chez  les 
hystériques,  qui  se  présente  par  crises  d'une 
heure  au  plus  et  qui,  si  elle  n*est  pas  simu- 
lée, est  au  moins  entretenue  par  la  volonté 
des  malades  où  par  une  tendance  à  laquelle 
elles  pourraient  réi:ister;  si  elles  le  vou- 
laient. Cette  catalepsie  est  presque  exclu- 
sivement le  triste  privilège  du  sexe  féminin 
et  des  prêtres  (i).  Les  cataleptiques  qui 
ont  exploité  les  superstitions  religieuses  et 
que  TEglise  a  quelquefois  encouragés,  ap- 
partiennent au  groupe  de  faits  où  la  cata- 
lepsie est  compliquée  de  somnambulisme 
ou  d'extase.  Louise  Lateau  est  une  catalep- 
tique de  ce  genre.  La  cataleptique  de  Tbô- 
pital  Cochin  offre  une  autre  variété  de  ca- 
talepsie :  racoès  déi)ute  par  le  coma  léthar- 
gique, et  vingt-quatre  heures  après  sur- 
vient la  contracture  n(iusculaire  généra- 
lisée. Au  réveil,  la  malade  est  somnambule. 
{a  catalepsie,  doublée  de  léthargie,  dure 
six  jours  pleins,  pendant  lesquels  il  y  a 
mort  apparente.  Après  le  réveil, il  y  a  trois 
rechutes,  et  le  mal  ne  semble  céder  que 
peu  à  peU;  après  des  alternatives  de  réveil 
et  de  léthargie  pendant  plusieurs  jours. 

'  Il  y  a  là  ^ne  maladie  qui  est  désignée 
aujourd'hui  sous  le  nom  de  névrose  et  qui 
est  rattachée  au  tempérament  hystérique, 
où  rien  de  merveilleux  n'a  été  observe. 
Marie  Lecomtc  est  un  enfant  trouvé;  elle  a 
yingt*quatre  ans  ;  elle  n*avait  jamais  quitté 
l'hospice  des  Enfants- Assistés,  et  la  ferme 
où  elle  était  placée.  Simple  et  sage  (car 
elle  est  vierge),  cette  pauvre  fille  n'avait  ni 
idées  religieuses  exagérées,  ni  mœurs  lé- 
gères. Avant  son  attaque  et  après,  pendant 
i'état  d'extase  et  de  somnambuIi:»me  qui  a 
suivi  les  six  jt)urs  de  catalepsie,  elle  n*a 
tenu  aucune  conversation  suivie/  elle  n'a 
dit  nulle  prière  ni  prononcé  le  nom  de 
Dieu  ;  mais  elle  demandait  à  boire  de  l'eau 
ou  de  la  glace,  appelait  ses  voisines  de  lit 
qu'elle  connaissait  le  mieuX;  en  un  mot 
elle  parlait  suivant  ses  goûts  et  ses  habi- 
tudes. Comme  les  hôpitaux  de  Paris,  ou* 
verts  à  tout  le  monde,  sont  généralement 

(1)  Fehr.  ffiera  picra  seu  de  Âhsinlha^  1867. 

(2)  Rondelet  parle  d'un  préire  qui  lombaii  en 
fiataleptie  extatique  ft  la  lecture  de  la  passion 
{Methodus  cur.  morb  ,  éd.  1.^83,  lib.  I,  cap.  xxj. 


confiés  à  dos  médecins  qui  ont  l'expérience 
des  malades  et,  voient  les  choses  du  côté 
positif,  ainsi  que  le  veut  la  science,  on  n'a 
point  cherché  dans  les  paroles  de  la  ma- 
lade quelques  mots  prêtant  au  surnaturel. 
L'observation  de  Marîc  Lecomte,  qui  doit 
être  publiée  avec  tous  les  détails,  devient 
un  fait  scientifique  qui,  sous  le  rapport  de 
l'authenticité,  l'emporte  sur  les  faits  du 
seizième,  du  dix-septième  et  même  du  dix- 
huitième  siècle.  A  ces  époques,  en  effet, 
•les  cataleptiques  hystériques  ou  aliénés  re- 
ligieux passaient  pour  des  élus  de  la  Divi- 
nité, et  les  cataleptiques  extatiques  ou 
somnambules  qui  ne  parlaient  pas' de  Dieu 
étaient  exorcisés  et  même  brûlés. 

Au  point  de  vue  de  la  léthargie  et  de 
l'absence  de  nourriture,  Marie  Lecomte 
n'est  pas  le  type  te  plus  remarquable.  Il  y 
a  des  aliénés  qui  sont  restés  aussi  long- 
ten^ps  dans  l'état  cataleptique  ou  léthar- 
gique, mais  la  relation  des  faits  est  obscure, 
et  l'on  ne  dit  point  si  pendant  tout  le  temps 
que  l'accès  semble  avoir  duré,  le  système: 
musculaire  était  contracture,  comme  il  l'a 
été  chez  Marie  Lecomte  pendant  àix  jours 
pleins.  {Répertoire  de  pharmacie.) 


Éphémérides  médicales. 

Année  i594. 
Philippe  II,  d'odieuse  mémoire,  ordonne 
que  h  reddition  des  comptes  de  l'hôpital 
Saint-Jean  de  Bruges  doit  se  faire  non 
plus  devant  les  magistrats  de  la  ville,  mais 
devant  Tévéque  Rémi  Druitius  qui,  peu  à 
peu,  substitua  des  religieuses  aux  malades 
pour  lesquels  l'hôpital  était  fondé. 

Gérard  Mercator  démontre  les  erreurs 
de  Ptolémée  et  invente  lej  projections  des 
cartes  marines. 

22  octobre  1744. 

Le  prînce-évéque  de  Liège,  Jean-Théo- 
dore, publie  un  mandement  défendant 
<  à  peine  de  15  florins  d'or  d'amende  » 
l'introduction  et  même  le  passage  sur  le 
territoire  de  Liège  du  bétail  tel  que  c  co- 
chons et  aucunes  bestes  à  cornes 4  > 

D'  V.  D.  CORPUT. 


Une  erreur  s'est  glissée  à  la  p.  267  de  la 
livraison  précédente  ;  l'^'col.,  5®  alinéa,  au 
lieu  de  :  [voir  notre  cahier  de  mai,  p.  478), 
c'est  :  {voir  notre  cahier  prochain,  p.  372) 
qu'il  faut  lire.  {Note  de  la  Bédaef.) 


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JOURIAL 

DE  aiÉDECINE. 


(NOVEMBIIE  I875.K 


I.  NÉnOlRES  ET  OBSERVATIOKS. 


De  la  rage  spontanée  (1),  par  le  docteur  Putêgnat,  membre  honoraire  de  la 

Société,  d'Lunévilie, 

Non  debemus  adhœrere  omnibus  quœ 
legimus  et  antfimus  ;  $ed  nttf^nté  debe- 
mus mnjorum  dicta  et  verba  exami- 
nare  ut  adâamus  et  corrigamus  quœ 
errata  sunt.  (Roger  Bacon.) 

LMioiinnar  de  notre  science  se  trouve 

lésé  lorsque  nous  avons  pour  ropinion  des 

'  autres  une  déférence  si  .i^engie  qu'elle 

nous  enipéche  de  oouIB  servir  de  notre 
pritpre  jugement,  et  de  déclarer  avec 
liberté  le  rékultat  de  notre  ex|»érienee. 

(POTT.) 

Est-il  possible  d'admettre,  chez  le  chien,  le  développement  spontané  et 
instantané  du  virus  rabiqoe,  localisé  dans  la  salive? 

tin  chien  peut-il,  dans  certaines  circonstances,  déterminer  la  rage,  par  la 
morsure,  et  continuer,  à  partir  de  ce  moment,  comme  auparavant,  à  jouir 
d'une  santé  parfaite? 

Tels  soitt  les  problèmes  que  je  vais  essayer  d'élucider,  encouragé  que  je 
suis  par  celte  maxime  de  Malgaigne  :  «  La  science  est  avant  tout  l'œuvre  du 
temps  et,  à  ce  titre,  elle  est  l'œuvre  de  tous  >  et  guidé  parcelle-ci,  empruntée 
à  Jules  Simon  :  c  Ne  rien  recevoir  en  sa  créance  qui  ne  paraisse  clairement  et 
évidemment  vrai  •.  (2) 

Ces  problèmes,  nombre  de  fois  abordés  par  des  observateurs  consciencieux, 
sont  tellement  difficiles  à  résoudre  et,  cependant,  d'un  si  grand  intérêt  huma* 
nitaire,  que  le  lecteur  voudra  bien,  je  l'espère,  du  moins,  excuser  ce  modeste 
travail,  arrivant  après  des  écrits,  dus  à  des  savants,  en  télé  desquels  on  voit 
M.  le  professeur  H.  Bouley  et  M.  le  docteur  Brouardel,  auteurs  des  articles  : 
Rage,  Rage  chez  l'homme^  dans  le  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences 
médicales  (5),  dont  l'ensemble  constitue  une  vérilable  monographie. 

{{)  Le  Congrès  international  des  sciences  médicales,  qui  a  entendu  Panalyse  de  ce 
mémoire,  doit  le  publier,  enlièrei^eot,  dans  son  compte  rendu  général  de  la  session 
de  Rruxeiles. 

(3)  La  Religion  naturelle,  page  459.  Edition  de  1856. 

(5)  Troisième  série,  t.  H,  pages  55  à  346. 

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58G  MÉMOIRES  ET  OBSERVATICmS. 

Quelque  paisse  être  le  résilKat  de  oc  mémoire,  fondé,  principalement,  sar 
une  observation,  recueillie  par  moi-même  et  avec  beaucoufi  d'attention,  j*ose 
penser  que  tout  lecteur^  qui  connHti  cette  sentence  de  Baglif  i  :  •  Qaœ  sensus 
demomfrat,  nulla  œtas,  riuUa  audoritas  infirmare  potest  » ,  le  recevra  comme 
un  louable  effort  d'un  médecin,  zélé  pour  sa  profession  et  ami  de  Fbumanité, 
et  en  excusera  les  affirmations. 

fiîfn  certainement,  j'aurai  atteint  mon  but  ou  je  me  croirai  satisfait  si  mon 
travail,  quelque  mince  qu*il  soit,  peut  contribuer,  en  quelque  chose,  à  éclairer 
des  praticiens;  à  détruire  des  opinions  pernicieuses;  à  donner  une  notion  plus 
exacte  sur  certains  points  de  Tétiologie  de  la  rage  virulente;  et  si,  ne  m'asser- 
vissant  à  aucune  hypothèse  et  à  aucune  autorité,  je  parviens  à  confirmer,  par 
Tétiide  dt*  nombreux  écrits  et,  principalement,  par  une  observation,  sur  Tau- 
thenticiléde  laquelle  on  ne  doit  avoir  aucun  doute,  certaines  découvertes,  qui 
n'ont  pas  encore  été  suffisamment  sanctionnées  par  Texpérience. 

Voici  le  curieux  fait  de  rage  que  j'ai  observé  avec  tout  le  soin  dont  il  est 
digne.  Cette  observation  mérite  la  sérieuse  attention  de  MM.  les  vétérinaires  et 
les  médecins,  parce  que,  suivant  un  axiome  de  Zimmermann  :  «  Une  observa- 
tion faite  avec  justesse  conduit  à  des  conclusions  justes  (1).  Elle  est  citée  assez 
inexactement  et  commentée  par  les  auteurs  qui  écrivent  sur  la  rage  spontanée. 

Le  1«' janvier  1847,  à  dix  heures  du  matin,  NiccTlas  Gadon,  âgé  de  neuf  ans 
et  demi,  d'une  robuste  coiisHtution,  dt-meurant  chez  son  père,  charron,  au 
n^  106  du  fiiubourg  de  Viller,  à  Lunêville,  est  mordu,  à  l'avani-bras  gauche, 
par  un  chien  de  haute  taille,  i;hassé,^à  coups  de  bâton,  du  (ond  de  raliée  d*une 
maison  de  la  rue  de  Viller,  située  en  face  du  magasin  militaire,  où  s'était 
réfugiée  une  chienne  en  folie,  "qu'il  poursuivait  avec  ardeur  et  qui  avait  une 
nouibreui^e  suite  de  prétendants,  petits  et  grands,  tous  plus  ou  moins  irrités  et 
passionnés. 

Appelé  immédiatement,  je  reconnais,  à  ce  petit  garçon,  deux  plaies,  ayant 
chacune  quatre  centimètres  de  longueur,  situées  à  l'avant  bras  gauche;  Tune, 
au  niveau  de  Tarliculation  radio-hnméraie;  Tautre,  du  cô(é  opposé. 

Le  chien,  qu'on  me  dit  connaître  et  que  le  petit  blessé  me  montre  se  prome- 
nant dans  la  rue,  étant  bien  portant,  selon  le  dire  des  assistants,  et  comme 
les  six  mois  suivants  me  le  prouvèrent,  je  fais  un  simple  pansement,  ne  me 
préoccupe  pas  de  l'avenir,  et  déclare  qu'une  seconde  visite  me  semble  inutile. 

Le  18  février,  dans  la  soirée,  la  mère  de  Nicolas  G.adon  vient  chec 
mpi,  me  demander  quelques  conseils  pour  lui,  me  disant  que,  depuis  la  veille 
au  soir,  où  promplement  il  a  parcouru,  à  pied,  environ  dix  kilomètre^,  il  se 
plaint  continuellement  d'une  grande  lassitude  et  que,  dans  ce  moment,  il  est 
agité,  a  une  espèce  de  délire,  et  accuse  un  mal  de  tête. 

(1)  Traité  de  l'Eitpérienee ;  livre  IV,  chapitre  V  et  livre  V,  chapitre  II. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  587 

Je  conseille  deux  sangsues  derrière  chaque  oreille,  de  l'eau  froide  sur  la 
téte^  un  pédiluvf  sinapisé,  un  lavemenl  laxatif  une  lisane  rafraîchissante,  la 
diète,  le  repos  au  lit  et  de  maintenir  la  tête  élevée  sur  un  oreiller  de  crin 
végétal. 

Malgré  ce  traitement,  exécuté  soigneusement,  la  position  de  ce  petit  garçon 
s*aggravant,  le  frère  du  malade  vient  me  chercher,  à  cinq  heures  du  matin. 

Je  IrouYe  Nicolas  Gadon,  qui  me  reconnall  et  me  tend  la  main,  se  plaignant 
d'un  violent  mal  de  gorge,  poussant  des  cris  extraordinaires,  ayant  des  grince- 
ments de  denrs/et  des  convulsions. 

Tout  d'abord,  je  persiste,  tu  pe^fo,  à  diagnostiquer  une  méningite  aiguë; 
mais,  bientôt,  je  tombe  dans  le  doute  et,  enfin,  je  reconnais,  aux  symptômes 
suivants,  la  rage,  que  je  n'avais  poi,nt  encore  vue  : 

Constriction  phar'yngienne;  salivation  irès-abondante  ;  bouche  ouverte  et 
langue  pendante;  horreur  de  Teau,  du  vin,  de  la  tisane  et  de  tout  liquide,  de 
la  lumière,  du  brillant  d'une  glace  et  de  celui  des  verres  de  mes  lunettes; 
frayeur  et  tressaillement  à  tout  instant,  au  moindre  bruit  et  à  Taspect-  des 
hommes  (son  père,  son  frère  et  moi),  qui  sont  dans  la  chambre;  mouvements 
convuUifs  extraordinaires  ;  cris  perçants,  plaintifs  et  même  espèce  de  hurle- 
ment ;  strabisme,  tantôt  supérieur,  tantôt  inférieur  ou  interne  ou  externe; 
tranquillité  pendant  quelques  minutes;  puis',  subitement,  des  frayeurs,  des 
soupirs,  des  cris,  des  sanglots  et  des  convulsions,  pendant  lesquels  plusieurs 
personnes  maintiennent  difficilement  le  malheureux. 

Gadon,  qui  a  conservé  son  intelligence,  reconnaît  bien  les  personnes  qui 
sont  dans  la  chambre,  et,  dans  lYntervaile  de  ses  crises,  leur  adresse  la  parole 
ei  répond  sensément  à  leurs  questions. 

A  neuf  heures,  les  convulsions  sont  plus  fortes,  plus  effrayantes  ;  les  envies 
de  mordre  s'annoncent;  mais  le  patient  se  retient,  comme  il  le  dit  lui-même. 
Les  symptômes  d'asphyxie  apparaissent  :  les  pieds,  les  mains  et  les  lèvres 
deviennent  bleuâtres,  les  yeux  cernés,  la  figure  bouffie. 

Pas  de  délire,  mais  crainte  d'un  empoisonnement,  qu'il  croit  conseillé  par 
moi,  et  conscience  d'une  mort  prochaine. 

At>nze  heures,  salivation  plus  abondante,  faciès  terreux,  convulsions  plus 
effrayantes,  extrémités  froides.  La  figure  est  horrible  :  la  bouche,  grimaçante, 
béante,  est  remplie  d'écume;  les  pupilles  sont  dilatées.  L'intelligence  est 
encore  intacte  entreMes  criseâ.  L'horreur  du  bruit  le  plus  léger,  de  l'air,  des 
liquides,  de  la  lumière  et  des  objets  brillants,  subsiste  toujours.  La  prostration 
est  très-grande  dans  l'intervalle  des  accès.  Gadôn,  dont  les  mouvements  volon- 
taires des  membres  sont  paralysés,  tient  le  dos  tourné  vers  le  jour  et  le  tronc 
incliné  en  avant;  il  soutient  avec  peine  sa  tête  qui  est  penchée  en  avant. 

C'est  dans  un  de  ces  moments  qu'il  peut,  enfin,  après  nombreuses  tentatives, 
me  montrer  le  dessous  de  sa  langue,  où  je  ne  remarque  rien  de  particulier,  et 


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388  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

qu'il  me  permet  d'examiner  les  dfiix  cicatrices  de  son  coude  gauche,  qui  sont 
violacées  et,  peut-être,  un  peu  tuméfiées. 

f   Gadon  me  remercie  des  soins  que  je  lui  donne  et  témoigne  un  chagrin  pro- 
.  fond  à  Taspect  du  désespoir  de  ses  parents,  auxquels  j*ai  révélé  le  nom  de  sa 
maladie. 

Je  le  quitte,  dans  le  moment  où  le  pouls  est  presque  insensible,  annonçant,  à 
la.famille,  une  (in  très-prochaine. 

A  midi  ou  vingt  minutes  après  mon  départ,  Nicolas  Gadon  meurt  doucement, 
à  la  suite  d'une  horrible  convulsion  générale,  pendant  laquelle  il^  été  tour- 
menté par  des  envies  de  mordre,  et  il  a  eu  des  évacuations  involontaires  d'urine 
et  de  matière  fécale. 

A  deuji  heures,  le  cadavre  exhale  déji^  une  forte  odeur  de  putréfaction  et  les 
-membres,  tièdes  encore,  commencent  à  devenir  raides  (I). 

J'avoue  n'avoir  pas  osé  faire  la  nécropsie  de  Gadon  (alors  je  ne  savais  pas 
que  Pautopsie  d'un  individu  mort  de  la  rage  ne  fut  pas  plus  dangereuse  que 
celltï  d'un  antre  cadavre),  parce  que,  en  1837,  pour  avoir  fait,  malgré  le  con- 
seil de  quatre  de  mes  collègues,  et  même  avec  des  précautions  très-grandes, 
Tôuverture  d'un  enfant,  mort  d'une  gangrène  générale,  je  fus  atteint  d'une 
maladie  douloureuse  et  dangereuse,  qui  me  retint,  sur  mon  li^,  durant  trois 
mois.  ' 

Avant  de  tirer  de  celle  observation  la  solution  logique  de  chacun  des  pro- 
blèmes, qui  sont  le  but  de  ce  travail,  je  dois  voir  si  Gadon-  a  eu  la  rage  ou, 
autrement  dit,  si  réellement  il  est  mort  de  la  rage. 

Cette  question  préliminaire  est  d'une  haute  importance,  car,  et  qui  pourrait 
le  croire,  après  la  lecture  de  mon  observation  !  la  rage,  chez  le  petit  Gadon, 
n'est  pas  démontrée  aux  yeux  de  quelques  cliniciens  très-sceptiques;  ce  qui 
me  rappelle  cette  sentence  de  Boerhaave  :  t  Q(/ce  seitstis  demonsfra^,  nuUa 
»  œtaSynuHaauctoritasinfirmarepotest^nisiscepticiimpugnare*  etcelle  ci, de 
Deslandes  :  <  Il  faut  savoir  démêler  la  vérité  des  vraisemblances,  la  certitude 
*  des  probabilités,  Tévidence  des  fausses  lueurs  qui  n'ont  qu'un  éclat  pas- 
»  sager  »  (2). 

(1)  Celte  observation,  si  intéressante  sous  plusieurs  points  de  vue,  et  que  je  rapporte, 
avec  quelques  variantes,  à  la  page  ^37  d'un  roman  intitulé  :  Aventures  d*un  MépaciN 
(Paris,  Ernest  Leroux,  éditeur),  a  été  adressée,  en  1847,  à  TAcadéuiie  de  médecine 
de  Paris.  La  conimission  (composée  de  JoUy,  Rayer  et  Renault),  nommée  pour  en 
rendre  compte,  D*a  point  fait  son  rapport. 

Dix  années  auparavant,  à  la  même  Académie,  une  commission,  composée  de  Lis- 
franc  et  Adelon,  a  perdu,  pour  moi,  un  mémoire  sur^riNTROoucTioN  de  l'a»  dans  les 

VEINES   PENDANT  LES  OPJÊRATIONS. 

Ces  dfux  faits  prouvent  qu'on  peut  trouver  à  l'Académie  de  médecine  de  Paris  des 
commissions  qui  oublient,  volontairement,  leur  devoir,  même  quand  il  s'agit  de  tra- 
vaux importants,  dus  h  des  correspondants. 

{%)  Histoire  de  la  philosophie,  t.  III. 


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MÉIfOIRES  ET  OBSERVATIONS.  389 

Voîei  ce  qne  disent  Valleix  et  Loratn  (1)  :  •  ^ 

c  M.  Ptitegiiat,  de  Lunéville,  a  observé  un  cas  cje  rage  mortelle,  commani- 
»  quéeà  un  enfant  par  la  morsure  d*un  chien  qui  n*étail  pas  enragé,  mais 
>  seulement  furieux.  On  ne  peut  nier  rexaetiludedu  fait;  mais  n'est-ce  pas  lé 
1  une  de  ces  hydrophobies  non  rabiques^  causées  par  la  frayeur?  • 

Avant  d'aller  plus  loin^  que  le  lecteur  remarque  ceci  :  Valleix  et  Lorain, 
après  avoir  écrit  que  le  chien  était  seulement  furieux,  se  demandent  si  la 
mnla  lie  n'était  pas  un  résultat  de  la  frayeur.  Singulière  façon  d'écrire  de  là 
science,  surtout  quand  on  voit  que  lethien,  effrayé  et  furieux,  éprouvait  de  la 
douleur  et  était  excité  par  un  extrême  désir  génital,  interrompu  ou  non 
satisfait,  et  quand  on  confond  la  rHge  avec  Thydrophobie  non  rabique! 

Ecoutons  maintenant  H.  Bauley  (-2)  : 

c  Dans  Tobservation  de  M.  Puiegnat,  dit  ce  savant,  il  ne  semble  pas  con- 
•  testable  que  la  morsure,  subie  par  Tenfunt,  ait  été  le  point  de  départ  de  la 
»  maladie  à  laquelle  il  a  succombé.  Mais  cetti;  maladie  était-elle  la  rage  ou 
»  n'en  avait-elle  que  l^s  apparences?  Et,  si  c'était  la  rage,  n*était-il  pas  pos- 
»  sible  que  l'enfant  )»it  subi  une  autre  morsure  sans  qu'on  rait$u?On  est  bien 
»  obligé  de  se  poser  ces  questions,  tant  il  répugne  à  la  raison  d'admettre  le 
s»  dé\eloppement  instantané  d'un  virus  éphémère  qui,  naissant  sous  l'influence 
»  delà  colère,  disparaîtrait  avec  elle.  > 

Bien  certainement,  malgré  le  doute  exprimé  par  Valleix  et  Lorain,  Nicolas 
Gadon  a  eu  la  véritable  rage  et  point  une  hydrophobie  non  rabique.  Hippo- 
cr^te,  merci!  quoique  petit  et  obscur  praticien,  je  sais  distinguer  la  rage  con- 
tagieuse de  riiydrophobie)  que  j'ai  vue,  une  fois,  mortelle,  sous  forme  inter- 
mittente pernicieuse  ;  et  deux  de  mes  collègues,  MM.  les  docteurs /Gueury  et 
Thomassin,  ont  donné,  comme  moi,  le  nom  de  rage  à  la  maladie  qui  a  tué 
Nicolas  Gadon. 

Bien  certainement,  ce  jeune  garçon  est  mort  de  la  rage  et  non,  suivant  la 
supposition  de  M.  Bouley,  d'une  maladie  (hydrophobie,  convulsions,  téta- 
nos, etc.),  ayant  les  apparences  de  la  rage. 

Outre  l'affirmation  des^  trois  docteurs  qui  ont  vu,  interrogé  et  examiné,  avec 
soin,  Nicolas  Gadon  ;  outre  l'ensemble  des  symptômes,  voici  d'autres,  renseigne- 
ments, qui  éclairent  suffisamment  le  diagnosiiç. 

D'abord,  il  y  a  euniorsured'un  chien,  quarante-huit  jours  avant  l'appari- 
tion des  symptômes  rabiques,  donc  incubation  du  virus,  ce  qui  a  toujours  lieu 
lorsque  celui-ci  est  inoculé. 

L'explosion  des  accidents  ^ymptomatiques  s'est  montrée  aussitôt  après  un 
excès  de  fatigue  :  or  l'on  suit  que  divers  auteurs,  ainsi  Portai  (5),  M*  Brouar- 

(i)  Guide  du  médecin  praticien^  1870.,  t.  V,  p.  932. 

{^)Loc,  cit.,  1. 11,  p.  89. 

(3)  Obscrv(Uions  sur  la  nature  et  le  traitement  de  la  rage*  Alen^n,  1780. 


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»39>0  MÉMOIBES  ET  OBSERVATIONS. 

del  {\)y  etc.,  disent  que,  parmi  les  causes  qui  hèlent  rapparitîon  des  symp« 
lômes  de  la  rage  inoculée  ou  qui  couve,  il  faut  compter  ies  travaux  pénibles. 

Si  Gailou  avait  horreur  du  liquide,  par  suite  de  la  conslriclion  pharyn- 
gienne, il  avait  aussi  horreur  de  la  liimièie  naturelle  et  artificielle  et  mèaiede 
tout  objet  brillant.  Le  moindre  bruit  et  la  vue  de  certaines  personnes  le  tour- 
mentaieiU  et  même  Tépoiivantaient  Sa  bouche,  grimaçante  et  écun>eus«,  était 
entr*ouverle,  et  sa  langue,  tuméfiée  et  violacée,  était  pendante;  symptômes  de  la 
paralysie  de  certains  muscles  de  la  mâchoire  inférieure  et  de  la  langue,  bieo 
décrits,  dans  la  rdge  canine,  par  iVIM.  Youatt  et  Bouley  (2). 

Dès  le  début  du  mal,  mais  seulement  dans  les  intervalles*  des  accès,  ies 
membres  inférieurs  ûéchissaient  et  la  démarche  était  chancelante,  par  suite, 
certainement,  d'une  affection  spéciale  de  la  partie  lombaire  de  la  moelle  épi- 
nière.  Plus  tard,  la  paralysie  est  devenue  générale. 

n^ins  les  intervalles  des  crises,  Gadon  parlait  avec  calme,  en  répondant  aui 
questions  qu'on  lui  adr*>ssait  vivement. 

Gadon  se  plaignait  beaucoup  d'une  grande  constriction  de  la  gorge  :  aussi 
me  priait-il,  avec  instance,  de  le  débarrasser  du  morceau  qui,  suivant  soa 
expression,  TétrangUii.    . 

Ce  symptôme,  indiqué,  par  Salins  (3);  confirmé  par  Césalpin  (4);  qui  fil 
dire,  mais  bien  à  tort,  par  Aromatarius  (5),  que  la  rage  n'est  autre  chose 
qu'une  angine;  adn)is,  aujourd'hui,  par  tous  les  vétérinaires  et  médecins  qui 
ont  eu  Toceasion  de  voir  plusieurs  fois  la  rage,  peut  fair&nalire  la  pensée  d'un 
corps  étranger  arrêté  dans  l'œsophage  et  entraîner  une  exploration,  toujotjrs 
dangereuse,  ainsi  que  le  prouve  la  fin  si  malheureuse  du  vétérinaire  Nicolin, 
arrivée  à  Sous-le-Saunier,  le  ^6  septembre  1846.  Moi-même,  ignorant  tout 
d'abord,  U  maladie  de  Gadon;  et  voyant  celuÎH^i  .«'^opposer,  avec  énergie,  à 
l'exploration  de  son  pharynx,  à  l'aide  du  manche  d'une  cuiller,  j'aurais  fait  cet 
examen,  avec  deux  doigts,  sans  son  refus  formel  ei  heureux  pour  moi. 

A  tous  ces  symptômes  si  caractéristiques  de  la  rage  virulente,  chez  l'homme, 
j'ajouterai  la  prompte  arrivée  de  la  putréfaction  du  cadavre,  même  un  jour  de 
forte  gelée  ;  phénomène  déjà  signalé  par  Boerhave,  Van  Swieieo  (6),  Mor- 
gagni,(7),  Enaux  et  Ghaussier  (8),  etc. 

Ainsi,  voiià  bien  établi,  un  point  très-imfportant  :  Nicolas  Gadon,  quarante- 
huit  jours  après  une  morsure,  constituée  par  deux  plaies,  faite  par  un  chien, 

(J)  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales,  foc,  cit.,  p.  205. 

{%  Recueil  de  médecine  vétérinaire  pratique,  4847,  p.  2t23; 

C^)  De  affect.part.,  caput  X\X. 

{^)^e  Artemodicâ,  liber  \\\,capHtXXX\y. 

(5)  Dispfitatio  de  rahie.  Pars  prima. 

(6)  Opéra  omnia,  1754,  t.  111,  p.  537. 

(7)  De  sedibus  etcansis  morbornm,  etc.  Epist,  VHI,  §  31. 

(8)  Méthode  de  traiter  la  morsure  des  ontmauo?.  Paris,  1785. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  391 

dVn  naturel  hargneux  et  méchant;  excité  par  la  fureur  vénérienne;  en  colère 
et  batiu,  a  été  pris,  à  la  suite  d*un  excès  de  fatigue,  de  la  rage  virulente,  qu*il 
couvnît  et  est  mort  dfe  cette  maladie.  .^ 

Miiis,  a  dit  M.  le  professf*ur  Bouley  (f  ),  ce  jeune  $rarçon,  tout  en  admettant  la 
mort  causée  par  la  rage  (cet  aveu  timide  ne  doit  point  être  oublié),  n^aurail  il 
pas  été  mordu,  sans  qu*on  Tait  su,  avant  de  Tétre  ou  aprè$  l'avoir  été,  le 
l*r  janvier,  parle  chien  appartenant  eu  sieur  Gadon  père,  par  un  autre  chien 
inconnu,  Irquel,  alors,  aurait  été  atteint  de  ta  rage? 

Je  me  suis  assez  sérieusement  occupé  de  ce  point  très-important  de  Tétiologie 
de  la  rage,  pour  ne  pas  me  sentir  ébranlé  par  une  objection,  suscitée  par  le 
sceptici>iiie  de  vétérinaires  et  de  médecins,  même  savants  et  dévoués,  avant 
tout,  à  la  vérité  et  au  bien  de  l'humanité,  et  je  réponds,  à  cette  question,  par 
un  non  très-caiégorique. 

Pour  moi  donc,  qui  ai  vu,  de  mes  propres  yeurx,  le  petit  Gadon  est  mort, 
le  18  février^  de  la  rage,  inoculée  par  la  morsure  du  chien  de  Ghailly,  faite  le 
4  «'janvier.  , 

Telle  est  ma  conviction  intime,  que  noll&  objection  né  peut  et  ne  pourra 
détruire  ni  même  ébranler,  parce  quelle  est  basée  sur  un  fait  authentique  et 
observé  scrupuleusement  :  aussi  ai-je  le  droit  de  dire,  attendu  que  je  le 
pense  :  nutia  œtas^  nvUu  at^cloritaa  hane  uffinnationent  ififirmare  polest^ 
nisi  Hceptici  imp'ugnare.^ 

Est-Il  indispensable  d'ajouter  que,  longtemps  avant  la  morsure  de  Gadon,  il 
n'y  a  pas  eu  de  rage  à  Lunéville,  et  qu'on  n'a  point  entendu  parier  de  cette 
maladie  pendant  Tannée  qui  a  suivi  la  mort  de  ce  jeune  garçon  ? 

Du  moment  donc  que  le  petit  Gadon  est  mort  de  la  rage,  inoculée  par  la 
seule  morsure  du  chien  de  Ghailly,  nécessairement  il  faut  admettre,  on  vertu 
de  cet  adage  :  Qui  nihil  habet  nil  polest  dare^  que  la  sali\,e  de  ce  chien,  au 
moment  où  celui  ci  blessait  le  garçon,  contenait  du  Virus  rabique. 
-     Tel  est  un  nouveau  point  incontestable. 

Mais,  alors,  comment  donc  le  chien  de  Ghailly,  indemne  du  virus  rabique 
jusqu'au  i**  janvier,  à  dix  heures  du  maiin,  et  même  depuis  i)endant  six  mois, 
comme  on  le  verra  plus  loin,  a-t  il  eu  subitement,  au  moment  où  il  mordait 
?iieolas  Gadon,  la  funeste  propriété  de  pouvoir  transmettre  le  virus  de  la  rage, 
par  l'inoculalion  de  la  salive,  dans  les  plaies  faites  avec  ses  dents?  Autrement 
dit  :  quelle  a  pu  être  l'étiologie  de  ce  virus,  développé  spontanément  ou  sans 
inoculation,  instantanément  et  localisé  passagèrement  dans  la  salive? 

Me  voici  arrivé  comme  on  le  voit,  en  face  de  plusieurs  points,  très-impor- 
tants, de  Thistoire  de  ia  rage  canine,  sur  lesquels,  cependant,  on  n*tit  point 
d'accord  aujourd'hui,  dans  l'art  vétérinaire  et  la  médecine  humaine. 

(i)  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales,  loc\,  ctï.,  p.  89. 


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399  MÊMOIREiS  ET  OBSERVATIONS. 

J'ai  dit  la  race  'c/inine,  car  maintenant,  malgré  \es  Affirmations  de  Cœlius 
Aorelîanus,  de  F.  Hoffmann  ;  malgré  celles  df  Salins  Ditersus,  de  Boerhave,  de 
Malpighi,  de  Pouteau  et  de  beaucoup  d'autres,  la  rage  virulente,  je  ne  dis 
point  rhydropho1)ie,  ne  uatl  pas  spontanément  chez  riiomnie;  mais,  toujours 
ou  en  tout  temps  et  en  tout  lieu,  par  inoculation  de  son  virus. 

Parmi  les  observateurs  modernes,  qui  nient,  et  avec  toute  raison,  la  spon* 
tanéité  de  la  rage  virulente,  che2  Thomme,  je  dois  me  contenter,  vu  le  plan  de 
ce  modeste  travail,  de  citer  Villermé  et  Troltiet  (1),  les  auteurs  du  Cùmpen- 
dium  de  médecine  pratique  (2),  le  professeur  Requin  (5),  Vaileix  et  Lorain  (4).  ^ 

Ainsi,  voilà  un  second  fait-axiome  qiii,  démontrant  rimpossibililé  absolue 
de  la  spontanéité  de  la  vraie  rage,  chez  Thomine,  prouve  que  le  petit  Gadon, 
puisqu'il  est  réellement  mort  de  cette  maladie,  a  été  inoculé  avec  le  virus 
rahique  d*un  chien,  que  je  dis,  et  comme  je  vais  le  prouver,  avoir  été,  sponta- 
némeni,  instantanément  et  passagèrement,  en  jouissance  du  virus  rabique, . 
localisé. 

Voyons,  maintenant  les  motifs  qui  me  font  admettre,  avec  une  profonde 
conviction,  le  développement  spontané  et  instantané  tlu  virus  de  la  rage,  chez 
le  chien  du  jardinier  Chailly.;  puis  nous  donnerons  eeux  qui  nous  font  penser 
que  ce  virus  est  resté  localisé  ^)a$sagérement  dans  la  salive  de  ce  chien. 

Ou  le  comprend  :  ces  parties  de  Tbistoire  de  la  rage  sont  d'une  haute 
importance,  aussi  ont-elles,  surtout  la  première,  fixé  sérieusement  l'attention  de 
nombreux  vétérinaires  et  médecins,  et  feront-ellts  excuser  les  quelques  détails, 
dans  lesquels  je  me  sens  forcé  d'entrer. 

Tout  d'abord,  je  dois  citer  les  noms  des  observateurs  qqi  admettent  la  ppon* 
tanéité  de  la  rage  virulente  chez  le  chien ,  ceux  qui  la  nient,  ceux  qui  me 
paraissent  être  dans  le  doute. 

Le  plan  de  mon  travail  ne  me  permettant  pas  un  article  bibliographique 
bien  étendu,  à  plus  forte  raison,  complet,  qui,  d'ailleurs,  serait  au-dessus  de 
mes  forces,  je  vais  seulement  donner  quelques  noms  pris,  surtout,  et  avec 
intention,  dans  les  auteurs  contemporains. 

Parmi  les  auteurs  qui  admettent  le  développement  spontané  de  la  rage  viru- 
lente, chez  le  chien,  outre  ceux  que,  déjà,  j'ai  indiqués,  je  nommerai  les  sui* 
vants  :  Van  Swieten,  qui  a  écrit* cette  phrase  :  Canes  vidmiur  frèquenlisnimè 
in  rabiem  iitcidere  à  caueis  internis  (5),   Bourgelat,  Chabert  (6),  Huzard, 


(i)  Dictionnaire  des  sciences  médicales,  t.  XLII,  p.  45. 

(2)  T   Vil.  p.  292. 

(3)  Elémetits  de  pathologie  interne,  t.  III,  p.  377. 

(4)  Guide  du  médecin  praticien,  t.  V,  p.  932. 
(3j  Loc.  cit,t  p.  337. 

(6)  Réflexions  sur  la  rage,  1778. 


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MÉMOIRES  ET  OBSEliVATlONS.  395 

Villermé  et  Trolliet  (1),  Monde vHie  (â),  Capelte  (:>),  Fleniining(4)vRocbo«]x  (5), 
Youall((î),  Toffoli  (7)  et  Putegnat  (8).  Je  nommerai  encore  Renault  (9),  Donat 
MaUon(10),Tardieu  (11)  Dei}roix(l!2),  Lebhnc,  père  et  Qls(i5),  Percheron  (14), 
Felizet  (15)  el  P.  Simon,  qui  a  écrit  celle  phrase  :  «  Aujourd'hui,  j*ai  la  con- 
•  viciion  profonde  que  la  rage  natt  spontanément  chez  le  chien  (fO)* 

Dans  les  observateurs  qui  se  prononcent  contre  le  développement  spontané 
de  la  rage,  chez  le  chien,  je  citerai  seulement,  quelques-uns  pris  dans  les  contem- 
porains :  ainsi  Delabère  Blaine  (17),  Boudin  (18),  le  professeur  Saint*Cyr  (19), 
te  profi»seur  Trasbot  (20),  MM.  fiourrel  (21),  Tabouriti  (:21),  Weber  (23). 

Parmi  le8  observateurs  modernes,  qui  semblent  douler  du  développement 
spontané  de  la  rage, chez  le  chien,  je  nommerai  MM.  Reynal  (i^i),  H.  ^ouliy (â5), 
Piètrement  (2(i). 

L*opiuion  de  ces  vétérinaires,  surtout  celle  de  M.  le  professeur  Bouley  qui, 

(4)  Loc,  cit. 

(2)  Thèse.  Paris,  1824. 

(5)  A  rchiws  générales  de  médficinef  \S^^» 
(i)  Edimburg  aud  surgical  Journal,  ISil .  ^ 

(5)  Répertoiri'  général  des  sciences  médicaUê^  t.  XXVII,  p.  184. 

(6)  Recueil  de  médecim  vétérinaire  pratique ^  mars  i847,  p.  222. 

(7)  Mémoire  sur  la  rage  canine  y  1 843. 

(8)  Journal  de  médecine  de  Bruxelles,  décembre  1847.  Ce  travail,  reproduit  en  1860, 
par  la  Gazette  hebdomadaire  de  médecine  et  de  chirurgie;  dans  les  ouvragf^s  de~R(>quin, 
de  Vallcix  et  Lorain  ;  dans  un  mémoire  de  M.  De'cruix;  dans  différentes  thèses,  aritcles 
et  dictionnaires,  Test  encore,  ainsi  que  je  Tai  dit,  dans  un  roman  intitulé,  :  Avemturbs 
d'un  médecin,  publié  par  le  docteur  Putegnat. 

(9)  Recueil  de  médecine  vétérinaire  pratique,  1852. 

(10)  Thèse.  Strasbourg,  1862. 

(11)  Dictionnaire  d'hygiène  publique  et  discitssion  académique  en  1865. 

(12)  Abeille  médicale ,  1863.  Bulletin  de  la  Société  centrale  de  médecine  v^érinairt', 
1874,  p.  148. 

(13)  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  la  rage^  1 873  ;  etc. 

(14)  Recueil  de  médecine  vétérinaire  pratique,  1874,  p.  488. 

(15)  Même  journal,  févHer  1875,  p.  89. 
V     (16)  Même  journal,  janvier  1872,  p.  29. 

(17)  Pathologie  c«»i/ie.  Traduction  de  Delaguette.  Paris,  1828. 

(18)  Annales  de  médec'ne  et  de  chirurgie  militaires,  186a. 

(19)  Journal  de  V école  vétérinaire  de  Lyqn,  1866. 

(20  Société  centrale  de  médecine  vétérinaire.  Séance  du  11  juin  1873. 
(il  )  Traité  complet  de  la  rage  ehex  le  chien  et  le  c/iat,  1874. 

(22j  Spontanéité  des  maladies  contagieuses.  Recueil  de  médecine  vétérinaire  pratique, 
1874,  n»  de  mai,  p.  3^2. 

(23)  Bulletin  de  la  Société  centrale  de  médecine  vétérinaire ,  1874,  p.  93. 

(24)  Traité  de  la  police  sanitaire.  '  ^ 

(25)  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales,  lac.  cit,,  p.  81  et  Recueil  de 
médecine  vétérinaire  pratique,  1874,  p.  329. 

(26)  Recueirde  médecine  vétérinaire  pratique,  1874,  p.  126. 

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394  MÉMOIRES  £T  OBSERVATIONS. 

jadis,  admit  la  apontanéitéi  sont  si  importantea  qae  je  ne  puii  hésiter  i  les  rap- 
peler ici. 

M.  R4>ynal  n'hésite  pas  à  déclarer  qae  m  La,  part  de  la  spontàinéité  sur  le 
»  développement  de  la  ra^e  e^  des  plus  minimes  (une  chose  minime  existe, 
»  soit  dit  en  passant),  car  les  enquêtes  les  plus  minutieuses  auxquelles  nous 

>  nous  sommes  livré,  dit>iU  pour  reconnaître  Porigine  de  plus  de  deux  mille 

>  cas  de  rage  canine,  nous  ont  fait  connaître  que  tous,  à  part  quelques  excep- 
»   tions  pour  lesquelles  le  doute  était  commandé,  se  rattachaient  à  Tinocu- 

>  lation  par  morsut*e;  nous  sommes  donc  porté  à  conclure  que  nous  ignorons 
»  à  peu  prés  tout  pour  ce  qui  concerne  Télioiogie'de  la  rage  spontanée.  • 

Voici  ceque pense,  aujourd'hui,  M.  le  professeur  Bouley  :  ^  La  rart'té exees- 
»  sive  des  cas  de  rage  spontanée  (donc  celle-ci  e^ciste,  soit  encore  dit  en  pàs- 
»  sant),  relativement  à  la  fréquence  des  circonstances  qui  sont  réputées  efB- 

>  cacesà  Ib>  faire  nallre,  ne  témoigne-t  elle  pas,  à  elle  seule,  que  cette  efficacité 
»  est  au  moins  douteuse.  » 

Pour  dire  toute  la  vérité,  ajoutons  que,  quelques  lignes  plus  bas,  M.  Bou- 
ley avoue  s*étre  rallié  à  TopiniondeM.  Boudin,  autrefois  combattue  par  lui; 
opinion  qui  n'admet  pas  la  spontanéité  de  la  rage  virulente,  chez  le  chien. 
Ces  variations  dopnent,  ce  me  semble,  beaucoup  à  réfléchir, 
M.  Piètrement  s'exprime  ainsi  :  «  Il  parait  donc  permis  d'admettre  la  pos- 

>  sibilité  de  révolution  spontanée  de  la  rage,  jusqu'à  ce  que  Tétiologie  mieux 

•  connue  de  cette  affection  soit*  venue  fious  donner,  sur  celte  question,  des 
»  documents  plus  précis  et  plus  concluants  que  ceux  dont  nous  pouvons  dis* 

>  poser  aujourd'hui.  »  ,  ' 

Dans  la  séance  du  11  juin  1873  de  la  Société  centrale  de  médecine  Vétéri- 
naire de  Paris,  M.  Piétremeut  a  dit  :  <  S'il  n'est  pas  démoiitré  scienliûquement 
»  que  la  rage  se  déieloppe  encore  spontanément,  ii  n'est  pas  davantage 

•  prouvé  qu'elle  n!apparait  plus  spontanément  :  il  parait  donc  permis  d'ad- 

>  mettre  l'évolution  spontanée  de  la  rage.  » 

On  le  voit  :  plus  ce  vétérinaire  avance,  moins  l'évolution  spontanée  de  la 
rage  canine  lui  semble  douteuse,  dans  certaines  circonstances. 

(Ira  /{n  au  prochain  n».) 


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MÊMOÏRBS  ET  0BSE»VATI0NS.  595 


Etude  gliniquë  et  EXPÉRiiiENTAhR  SUR  l'étranglement  herniaire  et  en  par- 
ticulier SUR  l'action  des  GAZ  DANS  LA  PRODUCTION  DE  CET  ACCIDENT  ;  par  U 
docteur  Motte,  de  Dînant  {Belgique).  ^  Mémoire  auquel  la  Société  de  Chi* 
rurgie  de  Paris  a  accordé  une  récompense  de  500  fr.  au  concours  du  prix 
Lahorie  (1873).  (Suite  et  fin,  —  Voir  notre  cahier  d^octobre^  page  316.) 

Ob$.  V.  —  (Observaiîon  de  M.  Dotbeaii,  lue  à  rAcadémie  de  médecine,  le 
5avril  187.1)  (1)*Entérocèle  inguinale,  étranglée  depuis  plusieurs  jours.  Affec- 
tion cardiaque  contrindiquant  Temploi  du  chlororornie.  Élal  général  grave. 
Tumeur  dure  et  doulourtuse.  Ponction  aspirairîce.  <  Le^z  et  un  liquide  à 
odeur  stercorale  montèrent  dans  le*  tube;  la  tumeur  s*était  affaissée,  mais  elfe 
était  encore  notable.  Le  taxis  modéré  permit  de  réduire  Tintestin.  »  Le  malade 
meurt  dans  la  journée. 

Réflexion.  — r  Le  Iaxis  préalable  n*ayant  pas  été  employé,  on  ne  peut  rien 
induire, quanti  la  cause  de  Tétranglement. 

Obs.  VI.  —  (Observation  de  M.  Duplouy)  (3).  Hernie  inguinale  chez  un 
homme  de  82  ans.  Ëtranglenient.  Tentatives  inutiles  de  réduction,  même  aidéts 
du  chloroforme,  c  La  lumeur  grosse  comme  un  c^uf  de  poule,  plonge  au  fond 
du  scrotum;  sans  être  très-dure,  elle  offre  uae  rénitence  trés-n\arquée ;  elle 
est  sonore  à  la  percussion  et  donne  à  la  pression  une  sensation  très- manifeste 
de  gargouillement  qui  indique  la-  présence  deffaz  et  de  liq^iides...  >  <  La  ten- 
sion est  loin  d'être  considérable.  >  Ponction  aspiratriee  qui  amené  des  gaz; 
une  secondD  ponction  extrait  «  une  cuillerée  h  bouche  de  matières  fécaloïdes 
liquéfiées...  •  «  une  troisième  application  nous  donne  des' matières  analogues  à 
peu  près  en  égale  quantité.  La  tiimeur  est  assouplie  au  point  de  permettre  de 
frotter  les  toniques  intestinales.  Tune  contre  l'autre  et  la  réduction  n'en  est  plus 
qu'un  jeu.  ' 

Réflexions.  —  L'auteur  ajoute, que,  malgré  ce  succès,  il  est  loin  de  conseiller 
l'usage  de  Taspiratciur  dans  toutes  les  hernies,  , 

<  J'ai  trouvé,  dit-il,  depuis- celte  heureuse  application,  trois  hernies  crurales, 
fortement  serrées,  d'un  volume  tiès-restreini,  semblant  contenir  peu  de  gasK  et 
encore  moins  de  liquides.  Je  ime  suis  décidé  d'emblée  pour  l'opération  san- 
glante sans  tenter  l'aspiration.  »  Cet  aveu  est  significatif  et  nous  vient  puissam- 
ment en  aide;  il  prouve  qu'il  y  a  souvent  un  tout  autre  élément  que  les  gai  et 
les  jiquifles,  comme  cause  réelle  de  rétranglement.  s 

Pour  nous  en  tei^ir  aux  termes  de  notre  observation  rappelons  que  la  tumeur 
est  peu  tendue,  qu'elle  gargouille,  ce  qui  prouve  que  cette  c  tension  est  loin 
d'être  considérable.  »  Elle  contient  en  somme  plus  de  liquides  que  de  gaz.  Toutes 

(^1)  Autun  Loc.  cit.,  p.  49. 
(3)  Autun  Loc.  cit.,  p.  22. 


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^96  MËHOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

ces  conditions  prouvent  que  le  eonteno  se. trouve  plus  on  moins  à  Taise  et  ne 
peul  par  conséquent  délenniner  Télranglernent. 

Obs.  VII.  —  (Seconde  observation  de  M.  Duplouy)  (l).  Hernie  inguinale 
étranglée  chez  un  jeune  soldat'.  Le  taxis  aidé  du  chloroforme  échoue  entre  plu- 
sieurs mains.  On  «  asprre  peut-éire  quelques  g»z  >  par  la  ponction.  Rentrée  de 
la  hernie  sous  la  simples  exploration  d*UQ  assistant. 

c  Devons-nous,  dit  M.  Duplouy,  attribuer  la  réduction  à  une  anesthésie 
plus  complète  qu'au  début,  ou  à  IVxtraction  d*une  certaine  quantité  de  gaz? 

On  ne  saurait  trop  se  garder  d*illusions,  dans  la  période  expérimentale  que 
traverse  l'aspirateur.  », 

Nous  prenons  acte  de  celte  réflexion,  et  elle  nous  suIBt  pour  cette  observation. 

Obs.  VIII.  —  (Observation  de  M.  Demarquay)  ("2).  Hernie  inguinale  congé- 
nitale, étranglée.  Volume  d'un  gros  œuf  de  poule.  Taxis  répété,  même  avec 
chloroforme,  infructueux.  Aspiration  de  iSO  grammes  d*un  liquide  jaune  noi- 
râtre, conteriantdes  matières  fécaloïdes  et  d*une quantité  de  gaz  indéterminée. 
On  retire  un  peu  Faiguille  et  un  liquide  plus  clair  est  aspiré.  Réduction  spon- 
tanée immédisrtettient  après;  la  tumeur  glisse  entre  les  doigts  de  l'opérateur  qui 
l'exprore. 

Réflexions.  —  Remarquons  tout  d'abord  l'incompatibilité  qui  existe  entre 
cette  quantité  de  plus  de  l!2H)  grammes  de  liquides,  sans  compter  les  gaz,  et  la 
capacité  d'une  anse  intestinale  moins  grosse  qa*un  œuf  de  poule,  puis  quil  faut 
faire  la  part  des  enveloppes  herniaires.  Cette  circonstance  enlève  à  l'observation 
tout  cachet  de  précision  et  lui  ôie  beaucoup  de  sa  valeur. 

Obs.  IX.  —  Hernie  inguinale,  volumineuse  étranglée.  Le  malade  Ta  réduit*; 
plusieurs  fois  en  paVeille  circonstance.  Cette  fois,  ses  efforts  restent  impuis- 
sants. Cette  tumeur  est  dure  à  son  sommet.  Le  chirurgien  n*est  pas  plus  heureux 
que  le  malade.  La  ponction  ramène  des  <  macosités  intestinales  sous  forme  de 
boue  rougt'âtre  et  la  tumeur  diminua  sensiblement  de  tensioq,  tout  en  élaoft 
encore  passablement  rénitente.  »  Réduction  facile  (3). 

RéfleifLwm,  —  Le  sujet  a  réduit  plusieurs  fois  sa  hernie.  Elle  sort  de  nou- 
veau; il  essaie  sans  succès  lors  de  ce  dernier  étranglement  et  cela  immédiate- 
ment après  sa  production,  avant  par  conséquent  l'exhalation  de  ce  produit 
rougeâtre  qui  ne  doit  entrer  que  pour  une  part  très-secondaire  dans  les  acef- 
dents. 

Quant  aux  gaz,  il  n'en  est  question  nulle  part. 

Obs.  X.  —  Hernie  inguinale  étranglée.  Le  taxis  est  répété  sans,  succès.  Plu- 
sieurs aspirations  n'amenèrent  aucun  liquide,  la  tumeur  diminue  de  volume. 
Réjuctionr  sans  difficulté. 

(1)  Autun  Loc.  cit.,  p.  26. 

(2)  %run-BuissoD.  Loc.  cit,  p.  28. 
(5)  Bran-Buisson.  Loc.  cit.,  p.  29. 


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MÉMOmfiSrr  observations.  3!»7 

Dans  les  deux  cas  qui  préfédent,  dit  raofeiir,  «  il  n'est  pas  douteux  que  la 
réduction  a  été  favorisée  par  l'extraelion  des  gaz,  qui^soni  obtenus  sans  bruit, 
tant  à  leur  entrée  qu'à  leur  sortie  du  corps  de  pompe.  >  (1) 

Celte  façon  de  raisonner  est  par  trop  commode.  Nous  eussions  préféré  qu'on 
eut  constaté  d'une  manfére  indubitable  la  préï^encedes  gaz. 

Ob8.  XI.  —(Observation  de  M.  Labbé,  publiée  dans  le  journal  anglais  The 
Lancet,  du  90  jiiillei  187'i)  {2).  Hernie  inguinale  étranglée,  dans  un  effort  de 
toux.  Tâvis  répété  inefficace.  A  la  ponction  avec  Taspirileur,  €  il  soi  lit  envi- 
ron 10  grammes  d'un  liquide  brunâtre  avec  une  certaine  quantité  de  gaz  qu«  je 
ne  puis  évaluer  exactement  »  réduction  f.icile. 

Béflexiom.  -^  Toujours  le  même  liquide  brunâtre,  et  en  somme  peu  de  gaz. 

Obs.  XII.  —  Hernie  inguinale  étranglée.  Tumeur  du  volume  d'un  gros  œuf, 
pédiculée,  rênitente^  Le  taxis  est  tenté  inutilement,  à  plusieurs  reprises. 
«  Aspiration  de  deux  à  trois  cuillerées  d*uu  liquide  coloré  par  du  sang  et  tra- 
versé par  des  g»z.  La  tumeur,  maintenant  flétrie,  ne  fut  réduite  toutefois 
qa*aprés  un  tftxis  de  dix  minutes  de  durée.  >  (5). 

Réflexions,  —  Mettons  en  relief  la  naiure  de  ce  contenu  rougeâtre  traversé 
par  des  gaz  et  constaté  le  lendemain  de  la  production  de  Tétranglement  ;  Il 
serait,  ici  encore,  intéressant  de  savoir  ce  que  contient  Tintestin^  imuiédiate- 
ment  après  le  début  des  accidents.  Celte  hernie,  difficile  à  réduire  après  qu'elle 
est  flétrie  par  la  ponction,  est  sans  doute  passée  à  travers  une  ouverture  trop 
étroite  qui  aura  enrayé  la  circulation  et  produit  un  certain  degré  de  turges- 
cence. Et  puis,  ces  gaz  qui  traversent  le  liquide,  quelle  eu  est  la  quantité  rela- 
tivement au  volume  de  la  bernie? 

Ob8.  Xlli.  —  Hernie  inguinale  étranglée,  rebelle  au  taxis,  chez  une  femme 
de  75  ans.  Ponction  aspiratrice.  Issue  de  quelques  grammes  d'un  liquide  inco- 
lore, provenant  d'une  poche  kystique.  Nouvelle  ponction  dans  un  point  plus 
déclive  :  liquide  rouge  brun,  agité  par  des  gaz.  Affaissement  marqué,  mais 
réduction  encore  trés^difficile  (4). 

Réflexion».  —  On  aurait  dû  tenter  hi  réduction,  après  la  première  ponc- 
tion; peut-être  cette  collection  de  liquide  interposée  faisait-elle  pour  son 
compte  obstacle  à  la  réduction.  Nous  ferons,  pour  le  reste,  les  mêmes  re- 
marques que  nous  avons  faites,  à  propos  dé  l'observation  précédente. 

Obs.  XIV.  —  Hernie  inguinale  irréductible.  Syroptôiues  d*étranglement. 
Tumeur  du  volume  du  poing,  très-^distenJue,  sonore.  Ponction,  c  li  grammes 
de  liquide  rouge  ou  même  brun  chocolat,  assez  épais,  d'une  odeur  bien  carac- 


(i)  Brun-Buisson.  Loe,  cit.,  p.  29. 

(3)  Brun-BuissoD.  Loe.  cU,,  p.  30. 

(3)  Journal  de  médecine  et  de  chirurgie  pratiques,  juillet  4879. 

(i)  Journal  de  méd.  et  de  ehir.  prat.  Juillet  4872. 


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5^  MÉMOIRES  ET  OBSERVATION. 

ténstiqiie  et  des  gaz  abondants.  AWaissement  immédiat  de  la  tummr.  »  Ré- 
duciian  impossible.  Kélolom^e.  Adhérencf*8.  Giiérison  (!)., 

Rpflfxions,  —  GVsl  la  preinière  fois  qu*on  nous  signale  la  présence  d'une 
quantité  de  gaac  considérable.  Supposons  qu'ils  aient  été  pour  quelque  ehose 
dans  la  production  desaecidents;  roaisencore  devrions»nous  faire  nos  réserves, 
car  la  plupart  des  chirurgiens,  notamment  M.  Gosselin,  n'admettent  pas 
qu'une  hernie  irréductible  par  adhérences  puisse  s*élrang)er^  dans  la  véritable 
acception  du  moL  i 

Obs.  XV.  ^  Hernie  inguinale  étranglée  depuis  seize  heures.  Le  taxis  n'est 
pas  essayé.  L'aspiration  retire  400  grammes  environ  d'un  liquide  rosé  prove- 
nant d'une  hydrppiste  du  sac.  On  reconnaît  l'existence  d*une  hernie  de  volume 
moyen.  Le  taxis  avec  chloroforme  écltoue.  Une  nouvelle  ponclibn  n'amène  qu'un 
peu  de  gas  et  de  sang  ;  une  troisième  ne  donne  issue  qu'à  un  peu  de  sang.  Le 
taxis  reste  de  nouveau  infructueux.  Kélotomie.  Guérison  (2).  * 

Bèfiexion.  —  L'auteur  croit  qu'  <  on  a'esl  pas  arrivé  dans  l'intestin  puisqu'on 
n'en  a  pas  retiré  les  liquides  et  ks  gaz  •;  et  cependant,  il  avait  dit  qu'  c  il  y 
avait  Sjur  cet  intestin  trois  perforations  :  une  du  deuxième  coup  de  trooart, 
deux  du  troinéme.  L'intestin  avait  été  traversé. de  part  en  part.  * ...  ôe  qui  veut 
dire  q.u'apparemroent  le  coatenu  de  l'anse  n'était  que  médiocrement  en  caoae 
dans  cet  étranglement. 

Obs.  XVI.  —  Hernie  inguinale  étranglée,  grosse  comme  le  poings  douiou- 
reuse,  distendue  pard^'S  gaz.  Des  tentatives  de  taxis  aidé  du  chloroforme  et  de 
la  bande  en  caoutchouc  n'aboutissent  à  aucun  résultat.  Une  ponction  aspira- 
trice  provoque  la  sortie  d'un  liquide  à  odeur.stercorale.  Une  nouvelle  ponction 
livre  passage  à  une  grande  quantité  de^gaz  et  de  liquide  (75  è  HO,  grammes  en 
tout).. On  ne  tente  paa  la  réduction.  Le»  symptômes  persistent;  la  hernie 
reprend  son  volume   Réiotomie.  Mort  par  péritonite  (3). 

Réflexions.  —  Au  point  de  vue  de  notre  thèse,  cette  obsein^ation,  toute  inté- 
ressante qu'elle  soil,  n'a  aucune  valeur,  puisque  nous  ignorons  si  l'anse  vîiiée 
de  son  contenu  serait  rentrée,  s6ns  les  etforts  du  taxts.  Il  manque»  du  reste,  à 
cet^égard,  des  détails  importants  sûr  le  degl*é  de  constriction  et  sur  les  propor- 
tions de  l'anse  avec  le  diamètre  de  l'anneau. 

Obs.  XVM  (de  M.  Dteuiafoy).  ---  Hernie  ombilicale  étranglée  résistani  à  deux 
tentatives  de  taxis.  Gin<q  ponctions  successives  amènent  <  une  petite  quantité  de 
liquide  et  une  grande  qnantité  de  gaz.  Le  taxis  pratiqué  seulement  quelques 
heures  plus  tard  réduit  la  hernie  (4). 

Réflexion.  Nous  aurions  préféré  que  le  taxis  eût  été  pratiqué  immédiate* 

« 

(i)  Brun-Buisson,  p.  32. 
(9)  Brun -Buisson.  Loc.  «il.,  p.  34. 

(3)  Brun-Buisson.  £dc.  ctï.,  p.  33. 

(4)  Lccerf.  Loc,  cit.,  p,  39,  "       '  •  -    \ 


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HÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  399) 

meni  après  la  ponction.  Celle  eomlîtion  n'ayant  pas  été  ripmpHe,  nous  ne 
sommes  pas  convaincu  que  la  hernie  ne  serait  •  pas  rentrée  après  ce  laps  de 
tempd,  sans  qu'on  leùl  ponctionnée.  On  volt  des  étranglements  résister  à  un 
moment  donné  et  céder  un  peu  plus  tard.  Le  malade  qui  fait  le  sujet  de  Tob- 
servation  XVl^  avait  présenté  ce  phénomène^  entre  les  mdins  de  M.Parise. 

Obs.  XVIII.  —  Eira>)glement  d'une  hernie  crurale,  datant  de  ' deux  jours. 
Taxis  inefficace.  Volome  d'un  œuf  de  poule. 

Ponction  aspiratrice.  Liquide  sanguinolent  (quatre  cuillerées  à  café  et  des 
gaz  intestinaux  annoncés  par  i'odeor.) 

Le  taxis  échoue.  On  apprend  que  la  hernie  éCait  irréductible  (1). 

Même  réflexion  que  pour  Tubservation  XIV.  Toulefois,  nous  ne  faisons  au- 
cune difficulté  pour  admettre  que^  dans  eecas,  les  liquides  et  les  gaz  sont  inter* 
venus  pour  la  production  des  accidents.  Toutefois  encore,  comme  nous  le  ferons 
remarquer  plus  tard,  rien  ne  prouve  que  Ut  piqâire,en  excitant  les  tuniques 
intestinales,  n'a  pas  rétabli  le  mouvement  péristallique  et  fait  cesser  l'obstrut- 
tion. 

OfiS.  XIX.(Obsepvation  de  M.  Richet^.  —  Hernie  crurale  étranglée  chez  une 
femme.  Volume  d'un  œuf,  marronnée.et  dore.  Taxis  infructueux.  Aspiration. 
Liquide  poiaseux  filant,  limpide, sans  odeur.  Sérosité  sanguinolente  :  on  ne  tente 
pas  la  réduction.  La  hernie  qui  a  beaucoup  diminué  de  volume,  ne  se  réduit 
pas  spontanément.  Kélotoniie.Guérison  (2^). 

Cette  observation  ne  prouve  ni  pour,  ni  contre  notre  opinion,  puisqa*après 
la  ponction  on  n'essaie  pas  de  réduire. 

OfiS.  XX.  —  Hernie  crurale,  grosse  comme  un  eeuf,  étranglée.  La  tumeur 
est  tendue,  élastique,  sonore  en  avant  et  en  dehors.  Mate  vers  la  partie 
inlerne.  Taxis  infructueux.  Aspiration.  Liquide  grii^âire  et  gaz.  La  hernie  s'af- 
faisse, mais  se  distend  de  nouveau.  Taxis  encore*  inefficace  à  cause  de  cette 
distension.  Deux  nouvelles  ponctions  sont  faites;  elles  n'amènent  que  peu  de 
gaz;  la  tumeur  ne  diminue  guère  et  ne  peut  être  réduite.  Rélotomie.  l/anse 
est  fortement  dilatée  par  des  gaz.  Débridement.  Réduction.  Guérison  (5). 

Réflexion,  -^  Cette  observation  est  Ufn  beau  cas  d'engouement  gazeux^  On 
?oit  les  gaz  affluer  après  l'aspliPation  et  reproduire  Tétranglement  et  ses  con- 
séquences. V 

Obs.  XXI.  -^  Hernie  crurale  étranglée.  Kélotomie.  Ponction  inefficace  à  tra«> 
vers  le  sac.  Ponction  directe  de  l'anse.  Affaissement  immédiat.  Réduetioa 
facile  (4). 
Obs.  XXil.  —  (t>l»servation  de  JM.  Devoarquay).  Biranglement  d'une  hernie 

(i)  Brun- Buisson.  Loe,  cit.,  p.  42. 
(S)  GazetU  des  hôpitaux,  37  juillet  1872. 
(3)  Brun-Buisson.  Loc.  cit,,  p.  44. 
(i)  Bru  11 -Buisson.  léoe,  cit.,  p.  4(i. 


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400  MÉMOIRES  ET  OBSfiRVATiOIfS. 

crurale.  La  tumeur,  peu  volumineuse,  eâl  sonore  en  eertains  points»  mate 
dans  d^Bulres.  Le  taxis  a  échoué. 

Kélotomie.  Ou  découvre  une  entéro^épiplocèle.  L'anse  est  peu  volumineuse, 
fortement  congestionnée,  de  couleur  violet  foncé,  mais  sans  gangrène.  Ponc- 
tion. Petite  quantité  d*un  liquide  sangifinolf  nt.  Réduction  encore  impossible  (f  ). 

Cette  observation  se  passe  de  commentaires. 

Que  faut-il  conclure  de  l'analyse  déiaillée  à  taifueile  noas  Venons  de  nous 
livrer  î 

Au  point  de  vue  de  l'évacuation  du  liquide  pathologique,  la  ponoiion  aspira- 
trice  est,  sans  contredit,  l'une  des  conquêtes  les  plus  fécondes  réalisées  dans  le 
domaine  de  la  thérapeutique  chirurgicale*  Désormais,  il  ne  pourra  plus  être  per- 
mis à  tin  seul  chirurgien  de  priver  ses  malades  du  bénéfice  de  cette  précieuse 
innovation,  qui,  de  prime  saut,  s'est  mise  au  rang  des  opérations  d'uRgence  les 
plus  utiles.  L'auteur  de  cette  diicouverte  eX  ceux  qui  en  sont  les  premiers  vulga- 
risateurs ont  donc  drqit  à  la  reconnaissance  de^totis  ;  et  pour  notre  compte,  nous 
nous  associons  voloniiers  à  cette  manifestation  unanime.  Mais  nous  devons  envi- 
sager cette  imporlante  questioa  à  un  point  de  yue  plus  spécial  et  .voir  ce  que 
peut  Taspirs^tion  en  présence  d*une  hernie  étranglée.     > 

Au  fond  de  la  plupart  des  observations  qui  nous,  sont  Classées  sous  les  yeux, 
il  se  présente  un  fait  capital^ /|ue  nous  allons  étudier  et  dont  .nous  i&eheroris  de 
trouver  la  signification  dans  ses  rapports  avec  l'étiologie  de  rétraiiglement, 
c'est  la  présence  des  gaz  et  des  liquides  dans  Tan^ie  hernièe.  £a  nmliié,  rien  de 
plus  naturel  que  de  rattacher  les  accidents  herniaire  à  cetledût^ble  eause.^Une 
hernie  passe  à  travers  un  anneau  trop  étroit  ;  elle  devient  dure»  rénitenle,  plus 
ou  moins  sonore.  Son  contenu  est  emprisonné  dans  sa  cavité  ;  il  n'a  plus  d  issue 
ni  par  le  bout  supérieur,  ni  par  lé  bout  inférieur,,com primés  par  l'anneau.  On 
ponctionne  cette  anse,  on  la  vide,  elle  s'affaisse  tout  aussitôt  et  elle  se  réduit 
sans  effort.  Eh  bien  1  pour  nous,  rien  nVsi  inoins^  proijvé,  nialgré  les  appo^ 
renées,  que  cette  influence  presqu'exclUsive  aitrtbuée  aux  gag  et  aux  liqiiides 
dans  I  étranglement  Uerniaire.  £t  d'abord,  laissant  de  côté  les  hernies  adliér 
renies  qui  ne  doivent  pas  entrer  en  oause  ici«  les  autres  qui  ont  été  .poi)<ction- 
nées  n'ont  pas  cédé  totit^^  &u  tai^Ls,  après  la  ponctiouy  qttoiqu'ellea  restassent 
affaissées,  (xv*,  xxii^");  d'autres  ont  résisté  un  certain  temps  et  ont  nécessité  des 
manœuvres  plus  ou  moins  longlles^  U  y  avait  donc  autre  chose  que  le  contenu 
poiur  s'opposer  à  la  rentrée.du  visii^re. 

Mais  ce  liquide  lui-même  qu'on  rencontre,  quel  est  son  aspect,  sa  nature?  Pres- 
que toujours,  on  a  aspiré^un  produit  roiige-brun,  dans  lequel  ou  recounalt  ma- 
nifestement la  présence  d'un  sang  plus  ou  moins  altéré.  Or',  comme  nous  l'avons, 
du  reste,  fait  remarquer,  quand  la  hernie  se  précipite  dans  le  sac,  elle  ne  contient 

(1)  Brun-Buisson.  Loc.  cit.,  p.  46. 


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I 


MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  401 

que  le  liquide  normal,  plus  ou  moins  épais,  delà  cavité  intestinale  et  nous  savons 
que  ce  liquide  ne  devient  rongeAlre  dans  une  hernie  que  quand  celle-ci  a  été 
plus  ou  moins  longtemps  étranglée;  c*est  alors  le  résultat  de  la  stase  sanguine 
et  de  l'exhalation  consécutive.  Les  expériences  de  Joberl,  de  M.  Labbé  et  les 
nôtres  proores,  ainsi  que  les  observations  de  plusieurs  chii*urgiens,  notamment 
de  M.  Gosselin,  sont  là  pour  confirmer  notre  assertion.  Il  n'est  donc  pas  établi, 
sans  conteste  qu'au  moment  où  Tëtranglenient  se  produit,  le  liquide  intestinal 
soit  en  cf^use  et  s'il  prend  part  au  dèveloppem^ent  de^  accidents,  ce  né  peut 
être  que  consécutivement,  quand  sa  quantité  a  augmenté  par  suite  de  la  com- 
pression des  vaisseaux. 

Il  nous  reste  maintenant  à  considérer  la  quantité  relative  de  gaz  contenue 
dans  l'anse  étranglée.  Ici  encore,  on  ne  sera  pas  peu  surpris  des  points  obscurs 
que  la  qirestion  laisse  à  résoudre. 

En  effet,  que  trouvons-nous? 

Obs.  I.  -—  Sérosité  sanguinolente,  noirâtre;  pas  de  gaz  par  l'aspiration. 

Obs.  Il»  —  Un  verre  de  pus  ;  pas  de  gaz. 

OfiS.  m.  —  Matière  roug(*étre  ;  pas  de  gaz. 

Obs.  IV.  —  Un  peu  degnz  et  un  peu  d'une  bouillie  noirâtre. 

Obs.  V.  —  Gaz  et  liquide  à  odeur  stercorale.  Quantité  non  indiquée. 

Obs.  VI.  —  Gaz  ei  matières  liquides  fécaloïdrs  (deux  cuillerées  à  bouche). 

Obs.  VII.  —  On  «  aspire  peut  être  quelques  gaz.  > 

Obs.  VIII.  —  Liquide,  jaune  noirâtre  (120  grammes)  et  gaz  en  quantité 
indéterminée. 

Obs.  IX.  —  fioué  rougeâtre  (quantité  non  indiquée);  pas  de  gaz. 

Obs.  X.  —  Ni  liquide  ni  gaz.  La  tumeur  diminue  néanmoins  et  se  réduit 
facilement. 

O^s.  Xi.  —  Liquide  brunâtre  (iO  grammes)  et  une  quantité  de  gaz  non 
évaluée. 

OfiS.  Xll.  —  Deux  à  trois  cuillerées  d'un  liquide  coloré  par  du  sang  et  tra^- 
versé  par  des  gaz. 

OfiS.  XIII.  —  Liquide  rouge  brun,  agité  par  des  gaz  (pas  d'évaluation). 

Obs.  XIV.  —  Liquide  rouge,  brun  (1:2  grammes);  gaz  abondants. 

OfiS.  XV.  *-  Un  ptu  de  gaz  et  de  sang. 

Ob6.  XVI.  —  Grande  quantité  de  gaz  et  de  liquide. 

Obs.  XVII.  -—  Petite  quantité  de  liquide;  grande  quantité  de|;az. 

OfiS.  XVIJI.  ^  Quatre  cuillerées  à  café  de  liquide  sanguinolent  et  des  gaz, 
annoncés  seulement  par  l'odeur. 

OfiS.  XiX.  —  Liquide  poisseux,  filant;  sérosité  sanguinolente,  en  quantité 
non  indiquée. 

OfiS.  XX.  —  Liquide  grisâtre  en  quantité  non  évaluée;  gaz  abondants. 

Obs  XXI.  —  Il  n'est  fait  mention  ni  des  gaz  ni  des  liquide»; 

5t 


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40â  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Obs.  XXII.  -^  Petite  quantité  d*UD  liquide  sanguinolent. 

Un  simple  coup  d*œti  jeté  sur  ce  tableau  suffit  amplement  pour  nous  faire 
voirie  peu  deprécision  qui  y  règne,  relativement  à  la  nature  des  liquides  età  la 
quantité  des  gaz  contenus  dans  ces  différents  cas  de  hernies.  Il  n'y  a,  sur  ces 
vingt-deux  observations,  qu*un  seul  fait  authentique  d*engouement  gazeux; 
c'est  le  vingtième;  d'autrfs  noqs  ont  néanmoins  offert  des  gaz  en  quantité 
considérable  (observations  XIV,  XVI  et  XVII).  C'est  autour  de  ces  trois  derniers 
faits  que  va  se  concentrer  noire  discussion;  toutefois  les  arguments  que  nous 
ferons  valoir,  pourraient,  à  plus  juste  titre,  s'appliquer  aux  autres  cas,  s*il  en 
était  encore  besoin  après  ce  qui  a  été  exposé. 

Pourquoi  donc  telle  hernie  qui  résiste  à  toute  tentative  de  réduction,  cède- 
tnelle  bientôt  quand  son  contenu  a  été  évacué?  Pour  nous,  il  nous  parait 
qu'on  a  complètement  négligé,  dans  l'apprécialion  des  résultats  fournis  par  la 
ponction,  un  élément  d'une  haute  importance  qui  rend  compte,  d'une  manière 
fort  satisfaisante,  de  la  diminution  du  volume  de  Tanse  herniée,  après  Taspi- 
ration  des  liquides  et  des  gaz.  Nous  savoi.s,  d'après  les  expèriences^de  Jobert 
et  les  nôtres,  que  les  tuniques  de  l'intestin  sont  douées  d'une  sensibilité  assez 
vive,  constatée  par  les  piqûn*s  ou  d'aptres  irritations  quelconques.  Cette  sen- 
sibilité, déjà  appréciable  sur  l'organe  sain,  le  sera  bien  davantage  sur  une 
anse  étranglée  et  enflaiitmée.  Croit-on  que  ce  n'est  rien  de  plonger  quatre  ou 
cinq  fois  un  trocart  ou  une  aiguille  dans  un  viscère  malade;  et  à  moins  qu'il 
ne  soit  profondément  altéré,  presque  frappé  de  gangrène,  on  ne  peut  se  refuser 
à  admettre  que  ces  .blessures  ne  provoquent  bientôt  toute  une  suite  de  con* 
tractions  tant  sur  l'anse  elle-même  que  sur  les  parties  voisines  Ces  mouve- 
ments réflexes  auront  pour  conséquences  immédiates  d'agir  sur  les  liquides 
et  les  gaz  compris  dans  la  hernie  et  demoditier  les  rapports  de  celle  ci  avec 
l'anneau.  D'un  autre  côté,*  si  ce  contenu  dont  nous  sommes  loin  de  nier  l'in- 
fluence sur  la  paralysie  de  l'intestin,  vient  à  être  aspiré  au  dehors,  il  permet- 
tra d'autant  plus  facilement  aux  Obres  musculaires  de  reprendre  leur  jeu  déjà 
si  fortement  compromis  par  le  fait  de  l'étrangleinent.  Cela  explique  pourquoi 
l'anse  s'affaisse  après  là  ponction  et  comment  elle  se  réduit  presque  spontané- 
ment, en  certains  cas.  Au  surplus,  voyi  z  ce  qui  s'est  passé  dans  h  dixième 
observation  :  on  ne  retire  ni  liquide^  ni  gaz;  et  cependant  la  tumeur  diminue 
considérablement  de  volume  et  la  réduction  s'opère  sans  effort.  Dans  plusieurs 
autres,  il  n'y  a  pas  de  gaz  ou  on  n'en  signale  qu'une  minime  quantité. 

De  ces  données  et  de  ces  résultats,  il  n'y  a  franchement  qu'une  seule  conclu- 
sion légiiimc  à  tirer  :  C*eit  que  les  gaz  et  les  liquides  n'entrent  que  pour  une 
part  tiès-secondaire  dans  la  production  de  rotranglement  des  hernies. 

Quelle  est  donc  la  vraie  cause  de  rétranglement  herniaire  ? 

Dans  l'étranglement  dit  primitifs  une  anse  d'intestin  est  poussée  violemment 
à  travers  un  anneau  des  parois  abdominales,  trop  petit  pour  la  recevoir.  L'ori  • 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  403 

ficp,  par  son  exten^ihililé,  se  prête  à  ce  passage,  eii  même  temps  que  le  tissu 
du  viscère  se  lasse  sitr  lui-même  et  que  ses  vaisseaux  se  vident  du  sang  qu'ils 
contiennent.  Ces  deux  conditions  permettent  à  Tintestin  de  traverser  la  filière; 
mais  il  ne  Ta  |)as  sitôt  franchie  que  veines  et  artères,  mises  en  liberté,  non- 
seulement  reprennent  leur  calibre,  mais  il  se  fait  que  la  constriction  plus  ou 
moins  énergique  exercée  sur  le  pédicule  amène  bientAl  une  congestion  passive 
qui  augmente  le  volume  de  la  hernie  et  ta  rend,  ipso  factOy  irréductible.  Point 
n*est  besoin  d'invoquer  ici  ni  l'action  des  gas,  ni  la  présence  de  valvules,  ni 
une}  inflammation  qui,  du  reste,  n'a  pas  le  temps  de  se  produire.  Nous  avons 
été  témoin  de  ce  fait  dans  quelques-unes  de  hos  expériences;  hotis  avons  vu  une 
anse  intestinale  franchissant  une  ouverture  plus  ou  moins  étroite,  être  ensuite 
dilatée  par  des  gaz,  puis  perdre  ces  mêmes  gaz  sous  la  simple  pression  des 
doigts  et  rester  néanmoins  irréductible^  par  la  turgescence  de  ses  tuniques.  Au 
reste,  que  deviendraient,  en  présence  de  l'engourment  gazeux,  l'étranglement 
primitif,  très-réel  des  épiplocéles  ainsi  que  celui  de  l'épiploon  qui  accompagne 
Pintestin  dans  les enteroépiplocèles?  ^  < 

Dans  l'étranglement  consécutifs  c'est*à-dîre  celui  qui  surrient  dans  dés 
hernies  habituellement  au  dehors,  et  traversant  des  anneaux  relativement 
larges,  les  uns  admettent  qu'ils  se  produit  d'abord  une  inflammation  plus  ou 
moins  vive,  et  |)ar  suite  une  augmentation  de  volume  qui  applique  l'anse  her- 
niée  contre  les  bords  de  l'ouverture  de  sortie;  d'autres,  ici  encore,  ne  peuvent 
croire  à  un  développement  assez  considérable  pour  amener  une  disproportion 
qui  rende  compte  de  l'étranglement,  et  dans  ce  cas^  c'est  encore  aux  gaz  qu'ils 
ont  recours  pour  expliquer  les  phénomènes  (Gosselin). 

Qu'il  se  produise  dans  ce  genre  de  hernies  un  mouvement  inflammatoire 
sous  l'influence  d'un  traumatisme  quelconque,  par  la  présence  de  corps,  étran- 
gers, etc.,  rien  de  plus  clair  ;  mais  ce  qui  est  loin  de  nouâ  être  démontré,  c'est 
en  pareils  cas  Tinflammalion  primitive  et  fréquente,  comme  on  ledit  trop 
généralement.  Je  sais  bien  que  les  affirmations  ne  manquent  pas;  je  n'ignore 
pas  qu'on  fournit  des  résultats  nécroscopiques  où  les  traces  les  plus  évidentes 
d'inflai;)mation  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  réalité  de  ce  processus  inorUde ; 
je  sais  bien  encore  qu'on  nous  fait,  en  quelque  sorte,  toucher  du  doigt  des  pédi- 
cules herniaires  parfaitement  libres  dans  leurs  anneaux,  en  même  temps  qu^ofn^ 
nous  montre  des  fausses  membranes,  des  abcès,  etc.,  attestant  l'existence  de  la 
phlogose  ;  mais  tout  cela  ne  nous  prouve  nullement  que  rélém(*nt  inflammatoire 
a  été  primitif  etn'est  pas  le  résultat  de  rétrangiement  lui-même.  En  nn  mot, 
quelle  est  la  cause,  quel  est  l'effet  de  tous  ces  désordres? 

En  réalité,  que  s'est*il  passé  ? 

Une  tumeur,  plus  ou  moins  volumineuse,  séjourne  au-delà  d'un  anneav  de 
dimensions  variables.  Presque  toujours,  sans  caus^  bien  appréciable,  cette 
lameur  augmente  de  volume  ;  elle  devient  douloureuse,  irréductible.  Pour  noua, 


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404  MÉMOIRE  ET  OBSERVATIONS. 

il  y  a  là  une  condition  fort  pm  connue  qui  nous  rend  parfaitement  compte  du 
début  et  de  la  marche  des  accidents  de  rétranglement.  i 

Les  tissus  du  corps  humain  ont  la  propriété  d'absorber,  on  quantité  consi- 
dérablej   Thumidité  de  ^atmosphère;  les  muqueuses,  en  particulier^  la  pos- 
sèdent au  suprême  degré.  Or,  nous  avons  interrogé  bon  nombre  de  sujets, 
porteurs  de  hernies  habituellement  au  dehors,  et  ils  nous  ont  invariablement 
répondu  que,  chaque  fois  que  le  temps  se  ipetlait  &  la  pluie,  leur  tumeur  deve* 
oait  plus  tendue,  plus  douloureuse,  produisant  des  tiraillements  pénibles; 
quelques-uns  même»  nous  ont  dit  que  cette  douleur  se  faisait  parfois  sentir  on 
arrière  de  l'anneaui  lorsqu'il  arrivait,  en  ces  circonstances,  que  la  hernie  était 
eu  partie  réduite.  Cette  remarqtie  est,  sans  doute,  fort  intéressante  et  nous 
donne  la  clef  d'une  foule  d'interprétations  coroplètemeni  erronées.  Si  à  un 
moment  donné,  une  hernie  qui  se  trouve  à  Taise  dans  son  anneau,  prend,  sous 
rinfluence  d'une  variation  atmosphérique, «4in  développement  plus  considéra^ 
ble,  son  pédicule  va  s'appliquer  contre  le  bord  de  Torifiee;  si  ce  mouvement 
augmente,  et  il  pourra  se  faire  qu'il  n'ait  pas  besoin  d'augmenter  beaucoup, 
l'étranglement  surgit  tout  à  coup.  Cette  douleur,  ces  trouble.^  divers  qui  sur- 
viennent fréquemment  chez  certains  sujets,  sans  accidents  réellement  graves, 
sont  déjà  deséirangilements  à  leur  début,  quecerlains  malades  réduisent  plus  on 
moins  difficilem<>nt  eux-mêmes,  ils  nous  l'ont  affirmé,  ou  qui  n'arrivent  pas  à  leur 
summum  d'intensité  parce  que  les  disproportions  entre  le  pédicule  et  l'anneau 
ne  sont  pas  trop  considérables.  Ce  sont  là  les  pseudo-étranglements  qui  ont  tant 
passiofiné  les  chirurgiens  et  qui,  pour  nous,  ne  sont  que  la  conséquence  d'une 
congestion  par  cause  mécanique,  amenant  bientôt  l'étranglement  et  toutes  ses 
conséquences,  y  compris  l'inflammalion  elle-même.  Et  si  nous  rapprochons  de 
ces  donnée^  ce  qui  a  été  dit  touchant  Taction  isolée  du  diaphragme  ou  des  in- 
spirations profondes,   au   point  de  vue  de  l'étiologie  de  l'étranglement,  nous 
aurons  complété  notre  pensée  et  peut  être  fourni  quelques  jalons  nouveaux  pour 
l'étude  duméeanisme  de  cette  grave  complication. 

Un  dernier  point  d'une  haute  importance,  .qui  n'a  pas  reçu  de  solution  jus* 
qu'aujourd'hui^  nous  reste  à  examiner. 

Un  étranglement  commencé,  augmente-t-il  peu  à  peu  pendant  quelques 
jours  et  est-il  ensuite  susceptible  de  diminuer,  dans  certains  cas,  de  manière  à 
permettre  la  réduction  jusque-là  empêchée?  C'est  à  peu  près  en  ces  termes 
que  M.  Gosselin  s'est  posé  la  question  à  lui-même;  il  y  répond  de  cette  façon  : 
c  Je  tends  à  croire  que  l'étranglement  augmente  généralement  pendani 
»  quelques  jotH*s;  mais  en  présence  des  faits,  je  suis  obligé  d'admettre  aussi 
»  qu'il  peut  bien  quelquefois  (il  faut  dire  rarement),  diminuer  après  avoir  aug* 

>  mente.  Que  voyons- nous,  en  effet,  de  temps  en  temps?  Des   hernies  sont 

>  rebelles  à  la  main  du  malade,  à  celle  même  d'un  chirurgien  peu  expérimenlé, 

>  ou  qui  ne  sait  pas  employer  h  chloroforme;  elles  restent  avec  les  apparences 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  401$ 

»   de  rétranglement  pendant  deux,  (rois  et  quatre  jours;  puis,  an  bout  de  ce 
»   temps,  elU-s  rentrent  seules  ou  sous  Tinfluence  de  la  moindre  pression. 
>  Que  sVst-il  passé  dans  ces  cas  singuliers?  Les  partisans  du  pseudo-étran- 

>  glement  ne  nnanquent  pas  de  répondre  qu*il  n'y  avait  alors  que  de  rinflam* 
•  malion  ;que  cette  inflammation,  pendant  sa  période  d*augment,sVst  opposée 
I  à  ia  réduction;  qu'une  fois  la  période  de  déclin  arrivée,  la  hernie  a  pu 
»  rentrer.  Cetteexplication  est  assez  séduisante  en  effet  ;  mais  je  répète  encore 
»  que  je  ne  comprends  pas  l'inflammation  empêchant  la  réduction  sans  donner 
»   réiranglement.  J'ajoute  qu'à  ma  connaissance,  ces  phénomènes  se  sont  pro- 

>  dults  chez  des  sujels,  placés  d'après  M.  Malgaigne^  dans  les  conditions  les 
»   plus  favorables  à   Tetrungh-meiit  vrai,  celles  d'une  hernie  inguinale,  peu 

>  volumineuse,  maintenue  habituellement,  sortant  rarement.  J'almets,  dans 
»  les  cas  de  ce  genre,  un  étranglement  incontestable,  lequel  s.'amoindrii  à  un 
t  certain  moment.  J'ai  une  explication  très-claire  pour  quelques-uns  d'entre 
»  eux;  je  n'en  ai  pas  d'évidente  pour  les  autres.  L'explication  est, bien  claire, 
»   lorsque  l'anse    étranglée  vient  à  se  perforer,  alors  le  gnz  qui  la  remplit 

•  sVpHncheen  partie  dans  le  sac,  l'intestin  diminue  et  rentre  aisément,  et  la 
»  mort  vient  bientôt  déniontrer  ce  qui  s'est  passé.  L'explication  manque  pour 
»  les  autres  cas,  ceux  de  réduction  tardive,  suivie  de  guérison.  Est-ce  parce 

•  que  l'anse  intestinale  s'est  déplacée,  et  a  pris  au  niveau  du  collet  une  silua- 
»  tion  qâi  a  permis  à  une  portion  du  gaz  de  rentrer  dans  le  bout  inférieur? 
»  Est-ce  jjarce  que  les  parties  étranglées  présentaient  un  certain  gonflement  qui 
»  a  diminué  peu  à  peu,  malgré  la  persistaVice  de  l'agent  de  l'étranglement  dahs 
»  son  état  primitif?  Est-ce  enfin  parce  que  l'anneau  constricteur  serait  devenu, 
»  contrairement  à  ce  qui  s'observe  d'ordinaire,  plus  mou  et  plus  extensible, 
»  par  suite  de  l'afflux  des  liqiHdes?  Je  ne  puis  rien  affirmer  parce  que  je  ne 
I  puis  rien  démontrer.  Je  préviens  seulement  que  ces  faits  là  sont  exception- 
»  nels,  impossibles  à  pt*évoir  dans  la  pratique,  et  je  dirai  plus  loin  qu'il  serait 
»  imprudent  de  baser  sur  eux  un  précepte  thérapeutique,  t  Gosselin,  p.  136. 

A  notre  sens,  toutes  ces  obscurités  se  dissiperont  bientôt  si  l'on  veut  bien  se 
souvenir  et  tenir  compte  des  faits  suivants.  Ce  sera  notre  réponse  : 

1*Une  hernie  énergiquement  étranglée  au  début,  peut,  au  bout  d'un  temps 
plus  ou  moins  long,  reprendre  en  partie  sa  liberté,  sous  l'influence  de  Vamin- 
cissfmenf,  avec  ou  sans  ulcération^  des  tuniques  qui  composent  son  pédicule^ 
et  cela  sans  qu'il  y  ait  nécessairement  une  perforation  à  ce  niveau.  Ce  change- 
ment de  rapports  équivaut  à  un  débridement  ou  à  une  dilatation.  C'est  ce  que 
nous  avons  péremptoirement  démontré. 

2*  Celte  hernie  peut  être  inégalement  appliquée  sur  les  divers  segments  de 
Tanneau  (étranglement  par  vive  arête)  ;  elle  devient  plus  ou  moins  libre  sur 
l'un  de  ses  bouts,  pan  l'auiincissemenl  déjà  signalé  et  qui  n'est  pas  apparent 
du  côté  de  ia  vive  arête,  à  cause  de  l'application  plus  intime  du  viscère.  Un  taxis 


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406  MÉMOIRES  €T  OBSERVATIONS. 

pratiqué  Sfinn  Taxe  du  canal  ou  perpendiculairpinent  à  l'anneau,  échoue 
coniplètemenl.  La  manœuvre  se  pratique,  inconsciente,  obliquement,  ou  le 
malade  fait  un  mouvement  qui  ramène  Panse  au  centre  de  Touverture  :  la 
réduction  s*opére  aussitôt. 

3<>  Une  hernie  non  rontenue,  se  congestionne  en  temps  humide;  elle  se 
trouve,  par  là  même,  à  Tétroit  dans  Tanneau;  elle  reste  étranglée  plus  ou  moins 
longtemps,  pais  se  réduit  spontanément  ou  sous  le  moindre  effort,  quand  la 
cause  de  la  turgescence  a  disparu.  Il  est  assez  inutile  d'ajouter  que  les  hernies 
non  contenues  et  qui  ne  rentrent  que  l'arement  seront  classées  dans  la  catégorie 
des  étranglements  aigris,  primitifs,  si  un  eOort  intervient  pour  augmenter  leur 
volume,  soit  Tti  poussant  dans  le  sac  une  anse  plus  considérable,  soit  en  provo- 
quant la  sortie  d'une  seconde  anse  ou  d'une  portion  (Pépiploon.  Toiilefois,  ^ous 
devons  ajouter  que  pour  que  des  accidents  graves  s'ensuivent  il  faut  qu^il  y  ail 
une  certaine  disproportion  entre  le  pédicule  de  la  hernie  el  son  anneau. 

Explication  des  planehes. 

Les  deux  premières  représentent  le  constricteur  réduit  d'un  tiers,  ouvert  el 
fermé  â  différents  degrés.  .  i 

PI.  III.  A,  Bride  (agent  de  l'étrangtement). 

B.  Pédicule  considérablemenl  réduit. 

C.  Espace  libre  entre  le  pédicule  et  Tanneau  constricteur. 

Z).  Perforation  gangreneuse  de  Tanse,  survenue  malgré  la  liberté 
du  pédicule. 


De  i,a  rétboversion  de  l'utérus  pendant  la  cnossEssE,  par  M.  le  docteur 
N.  Charles,  de  Liège^  lauréat  de  l'Académie  de  mèdecim  de  Paris^  Membre 
corretipondant  de  /a  Société^  e(c,  {Suite.  —  Voir  nôtre  cahier  d'octobre, 
fage  307.)  . 

5.  ^  Affections  utérines  antérieures.  •-*  Leur  influence,  assez  minime  pour 
certains  auteurs,  est  regardée  par  quelques-uns,  et  surtout  par  les  modernes, 
comme  excessivement  importante  et  primant  même  toutes  tes  autres;  au  point 
que,  selon  eux,  Tiuimenbe  majorité  des  rétroversions  de  l'utérus  gravide  ne  serait 
due  qu'au  maintien  d'une  déviation  préexistante.  (Barnes,  Bernutz,  Schrô- 
der,  etc.).  ' 

'    Rappelons,  d*abord,  que  sur  quarante  autopsies,  ^ran  a  constaté  les^  résul- 
tats suivants-: 

NeuftiWes  vierges  de  17  à  !^7  ans  :  six  antéllexions  on  antécoorbures,  dont 
une  avec  inclinaison  latérale  droite  et  une  avec  inclinaison  latérale  gauche; 
nue  rétroversion  avec  adhérences'  (fille  de  â7  ans)  ;  une  on  l'utérus  était  soudé 


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PLANCHE 

I 


FlGUKE   4. 

Instrument  ouvert. 


Figure  3.  Figure  5. 

Fermé  au  n**  1.  Fermé  au  n«  7. 


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PLANCHE  II. 


FlOtIRE  4. 

Fermé  au  n°^  8. 


FlOUKB  5« 

Fermé  au  n»  0. 


Figure  6. 
Fermé  au  n»  40. 


FiGURB  7» 

Fermé  au  nMO  4/3. 


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PUNCHS  lli. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  407 

au  reclum  et  au  bassin  du  côté  gauche;  la  dernière  n*avail  ni  antéflexion,  ni 
anlècoiirbure,  rutêrtis  était  bridé  par  d^^s  adhérences. 

Dix  femmes  nullipares  :  six  anlêflexions  trè^-prononcées  avec  on  sans  anté- 
version;  toutes  âgées  de  moins  de  ai  ans;  deux  anléversions  (48  et  49  ans); 
deux  utérus  presque  droits,  dont  un  avec  un  peu  d'inclinaison  droite  (18  et 
55  ans). 

Yihgt  et  une  uni-  ou  pluripares  :  sept  antéflexions  avec  ousansantéyersion  ; 
deux  rélroflexions,  dont  une  avec  adhérences;  quatre  dans  Taxe  du  bassin; 
cinq  réiroversions;  trois  antéversions  dont  deux  avec  laléroversion  droite. 

On  voit,  d'après  ce  tableau  que  le  déplacement  en  arrière  est  assez  fréquent 
chez  les  femmes  qui  ont  eu  des  enfants  (une  fols  sur  trois,  uni  ou  pluripares); 
il  ne  s*est  montré  chez  les  nullipares  ou  les  vierges  que  rarement  et  accom- 
pagné d^adhérences  (une  sur  neuf);  ce  qui  vient  à  Tappui  des  opinions  émises 
plus  haut.  (Voir  aussi  les  statistiques  de  Richel,  Birnuiz  et  l'a'a).  , 

Suivant  Cruveilbier,  Aran,  etc.,  la  position  de  Tutérus  est  quelquefois  indif- 
férente, l'organe  est  très-mobile  sur  son  axe  de  suspension  el^ressemble  à  une 
balance  folle  que  le  moindre  poids  fait  osciller  et  quitter  son  centre  de  gravité; 
on  trouve  quelquefois  le  fond  de  Tutérus  culbuté  dans  la  concaviié  du  sacrum, 
les  intestins  grêles  reposant  sur  sa  face  antérieure  :  Ccfa  se  voit  nurtoul  chez 
les  femmes  qui  ont  eu  beaucoup  (VenfantSj  et  chez  lesquelles  les  ligaments  de 
Tutérus  et  en  particulier  les  ligaments  sus-pubiens  ont  éprouvé  un  affaissement 
considérable. 

On  ne  peut  voir  à  ce  point  de  vue  d'observation  plus  remarquable  que  la 
suivante  : 

Obs.  XXXfl.  —  Antéversion^afitérieure  à  la  conception;  rétroversion  d  deux 
mois  de  grossesse';  tnot)ilifé extraordinaire  de  la  matrice;  récidives  fréquentes 
du  déplacement;  conlinwttion  de  la  grosaesse.  —  Bécidines  remarquables  dans 
les  grossesses  suivantes;  rédurtinn-f  faciles  par  la  seule  position;  heureux  résul' 
tats^  par  M.  le  profisseur  L  J.  Hubert  (t).  —  M"*  E.  G.  d'une  taille  moyenne 
à  peine,  porte  un  bassin  d'une  amplitude  exceptionnelle.  Mariée  trè^-jeune^ 
elle  avait  eu  deux  fausses  couches  dans  la  première  année  de  sou  mariage  quand 
mon  collègue  et  ami,  M.  Michaux,  me  pria  de  I  examiner.  Je  constatai  une  anté- 
version  trè<-pronàncée  de  la  matrice  et  quoique  le  déplacement  dans  ce  sens 
empêche  rartfment  la  grossesse  de  suivre  son  cours^  je  lui  attribuai  les  acci- 
dents dont  je  ne  voyais  pas  la  cause  ailleurs. 

Il  fut  convenu  qnVn  cas  de  nouvelle  conception,  le  repos  absolu  serait  con- 
servé jusqu'à  ce  que  l'organe  fût  bien  au  dessus  du  bassin,  et  M"«  E.  extraor- 
dinairenienl  d«'sireuse  de  devenir  mère,  promit  volontiers  de  se  soumettre  à  celte 
cpndiiion  et  de  me  faire  venir  au  moindre  acci<lent.  Cela  ne  larda  guère.  Vers 
six  semaines  deux  mois  d'une  troisième  grossesse,  lise  manifesta  de  ta  gène 
dans  le  bassin,  <lu  côté  du  rectum  et  surtout  du  côte  de  la  vessie.  Je  fus  appelé  ; 

(1)  Observation  buiticme  de  Af .  Hubert. 


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40S  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

mais  au  lieu  d'une  antéversionj  c'est  une  rétroversion  que  je  «onsiaUt.  La  ré- 

duclion  fut  des  plus  fHciles  Mais  la  noalrice  jouissait  d'une  mobililé  telle  que 
bien  qu'aucune  piécaulion  ne  fût  négligrey  je  dus  —  malgré  les  quatre  à  cinq 
lieues  de  diblancè  —  aller  plu»it  urs  fuis  la  remelire  en  place  pendant  le  troi- 
sième mois.  Comme  on  le  conçoit  la  chose  deveiicilt  un  peu  moins  facile  à  me- 
sure que  l'orgHne  prenait  plus  de  volume,  mats  elle  n'offrit  jamais  de  difficulté 
réelle,  parce  qu'on  avait  toujours  soin  de  me  requérir  à  temps. 

JVus  la  pensée  de  recourir  à  quelque  moyen  contenlif,  mais  on  sait  que  les 
corps  étrangers  introduits  dans  le  vagin  peuvent  eux-mêmes  devenir  cause 
d'avoriemeni  et  c'est  ce  qu'on  voulait  éviter  à  tout  /irix. 

A  trois  mois  déjà,  le  déplacement,  maigre  la  largeur  extrême  du  tiassin  et 
la  mobilité  insolite  de  la  matrice,  n'était  plus  guère  à  craindre,  car  l'organe 
était  beaucoup  plus  gros  que  d'habitude  à  celte  époque.  Il  contenait,  en  effet, 
deux  jumeaux  et  beaucoup  d'eaiix.  La  distension  excigérée  amené  Taccouche- 
ment  à  sept  mois  et  les  enfants  ne  purent  être  conservés.  Ce  fut  un  grand  cha- 
grin, mais  le  mal  ne  tarda  pas  à  se  réparer. 

Aux  deux  grossesses  suivantes,  je  dus  encore  à  plusieurs  reprises,  aller  dans 
les  trois  et  demi  premiers  mois,  remédier  aux  malaises  occasionnés  par  une 
rétroversion  qui  tendait  à  se  reproduire  avec  une  ténacité  désespérante  Ces  gros* 
sesses  parvinrent  à  terme  et  donnèrent  deux  beaux  enfants. 

A  la  sixième,  les  mêmes  aecideiits  se  reproduisaient  avec.une  plus  gravide  fré. 
quence  encore  et  Tulérus  ballultaii  tellement  dans  le  bassin  qu'un  jour  l'ayant 
réduite  mon  arrivée  —  et  ayant  passé  là  qnel(|U(s  heures  —  M"<  E.  me  dit  avant 
mon  départ  :  le  déplacement  s'est  reproduit,  je  le  sens,  j'en  suis  $iûre,  et  c'était 
effectivement  exact.  L'idée  uïe.  vint  ulois  de  la  placer  sur  les  genoux  et  les  coudes 
et  je  constatai  que  cela  suffisait  pour  ramener  le  fond  de  l'organe  eo  avant.  Je 
crus  dès  lors  que  je  pouvais  tirer  parti  de  l'excès  du  mal  pour  y  porter  remède. 
Je  conseillai  à  la  jeune  dame  de  prendre  de  temps  en  temps  —  et  surtout  quand 
elle  ép/ouvait  de  la  gène  dans  le  bassin  •—  la  position  que  je  venais  de  lui 
donner  et  si  cela  ne  suffi>ait  pas  d'augmenter  encore  l'élévation  du  siège;  ce 
qu'elle  fit,  tantôt  a\\  s'agenouillant  sur  un  tabouret  et  s'appuyaiit  les  avant  bras 
sur  le  plancher,  tHiilôt  en  se  mettant  à  genoux  au  bord  de  son  lit  et  se  plaç^iut 
les  mains  surine  chaise  basse, de  manière  à  donner  au  tronc  toute  l'inclinaison 
voulue.  Elle  avait  immédiatement  la  sensation  très-nette  du  mouvement  de  la 
matrice.  Quelquefois  ce  mouvement  était  un  peu  exagéré  et  il  produisait  une 
envie  d'uriner.  Mais  cette  gène  ne  persistait  pas  comme  l'autre  —  et  la  patiente 
s'en  préoccupait  peu,  parce  qu'elle  savait  que  l'antéversion  est  loin  d'avoir  U 
même  gravité  que  la  rétroversion. 

Grâce  à  ce  moyen  elle  conduisit  non-seulement  cette  grossesse  mais  encore 
les  quatre  suivantes,  à  terme  sans  plus  réclamer  mon  ministère,  si  ce  n'est  au 
moment  de  ses  accouchements. 

Or,  il  est  évident  que  de  pareilles  dispositions  morbides  produisent  facile- 
ment la  rétroversion,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  vu  dans  le  mécanisme. 

S'il  y  a  descente,  l'utérus  se  développe  plus  que  d'habitude  dans  le  petit 
bassin  et  peut  éprouver  quelque  difficulté  à  franchir  le  promontoire,  surtout  si 


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MÉMOrRES  CT  OBSERVATIONS.  409 

ce  dernier  est  assez  proéminent.  Ensuite,  ta  vessie  peut  être  eomprimèe  vers 
son  b08*fonJ  et  Turine  être  incomplètement  évajcuée;  le  réservoir  se  distend 
alors  et  pousse  le  fond  utérin  en  arrière  pendant  que,  en  s*élevant,  il  enlratn« 
en  avant  et  en  haut  le  eol  de  Tutérus.  D'après  Lacroix  et  Parent  surtout, ce  mode 
de  production  serait  le  plus  fréquent  N.  Barnes  dit  aussi  qu'il  a  souvent  ob- 
servé que  la  rétroversion  pendant  la  grossesse  est  la  suite  d*un  prolapsus  de 
l'utérus,  antérieur  à  la  gestation.  Mais,  pour  cet  auteur,  ainsi  que  pour  la  plu- 
part des  modernes,  la  cAuse  la  pius  ordinaire  de  la  rétroversion  de  Tutérus 
gravide,  c'est  un  déplacement  antérieur  :  rétroversion  ou  rétroflexion  primi- 
tives ou  consécutives  à  une  grossesse  ou  à  une  inflammation  péritonèale  ter- 
minée par  des  adhérences. 

Dans  sa  thèse,  M.  Herbet  avait  déjà  émis  celte  idée  et  signalé  une  observation 
de  Haselberg,  de  Berlin  (18()8),  où  la  rétroversion  avartété  constatée  avant  la 
gestation.  Il  rapportait  en  ou|re  te  cas  suivant  :  M.  Pajot,  consulté  par  une 
dame  atteinte  de  rétroflexion,  lui  conserlla  la  grossesse  comme  mjyen  de  gué- 
rison.  Cette  dame  devint  enceinte,  mais  Tutérus  gravide  conserva  sa  direction 
vicieuse  durant  les  premiers  temps.  Un  jour,  en  montant  les  marches  d'un  esca- 
lier, la  malade  sentit  une  violente  secousse  dans  le  ventre  et  éprouva  des  dou- 
leurs atroces.  M.  Pajot,  appelé  immédiat(>ment,  constata  que  la  réduction  était 
opérée;  il  combattit  les  accidents  et  la  grossesse  cantinua  heureusement  jusqu^à 
terme.  Mais  la  rétroflexion  se  reproduisit  â  l'état  de  vacuké. 

Les  anciens  auteurs  regardaient  ta  rétroversion  et  surtout  la  rétroflexion 
•comme  étant  des  obstacles  presque  invincibles  à  la  conce)>tion;  mais  les  obser- 
vations modernes  ont  proMvéqoe  ces 'déplacements  n'exercent,  à  ce  point  de  vue, 
qu'une  influence  restreinte,  et,  qu'à  moins  d'être  très-prononcés  ou  accom- 
pagnés d'autres  lésions,  ils  ne  s'opposent  pas  à  la  fécondation;  ils  ne  donnent 
même  lieu  chez  un  grand  nombre  de  femmes  à  aucune  douleur,  à  aucun 
trouble  fonctionnel,  et  ne  se  révèlent  qu'au  toucher;  si  la  grossesse  survient, 
l'organe  se  reclifle  insensiblement,  soil  spontanément,  soit  sous  l'influence  de 
moyens  très  simples  (BernotE). 

Amussat  écrivait  déjà  en  1841$  qu'il  avait  vu  plusieurs  femmes  atteintes  de 
rétroversion  devenir  enceintes,  mais  que  généralement  la  matrice,  en  se  déve- 
loppant, remontait  au  delà  du  détroit  supérieur  et  se  réduisait  pour  ainsi  dire 
d'elle-même.  Avant  lui,  Boivin  et  Dugès  citaient  une  créole  qui,  mariée  à 
44  ans,  sans  jamais  avoir  été  réglée,  eut  trois  accouchements  puis  trois  fausses- 
couches  de  deux  à  quatre  moi^.  Boivin  l'ayant  alors  examinée^  trouva  l'utérus 
en  rétroflexion  et  conseilla  une  grossesse;  mais  un  avortemeni  nouveau  survint 
à  trois  mois. 

M.  Siadfeldi;  directeur  de  la  Maternité  de  Copenhague  (1),  n'a  rencontré 
aucun  cas  de  stériiité  chez  trente«six  femmes  atteintes  de  rétroflexion. 

(i)  Hospital  Tidende,  Copcnhagae,  juillet  1873. 

5S 


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4f0  .  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

M.  Howîlz  croil  que  les  flexions  ne  rendent  pas  les.  conceptions  impossibles 
mais  plus  ou  moins  difficiles  :  dix^neuf  femmes  atteintes  d'antéflexion  ont 
donné  naissance  à  trente  c^nfaots  vivants  et  ont  eu  nonante-iiuit  avortements; 
quatorze,  affectées  de  rétrofl«xion,  ont  eu  quinze  enfants  vivanU  et  un  total  de 
trente-sept  avorlements;  presque  toujours  ces  derniers  sont  survenus  dans  le 
troisième  et  le  quatrième  mois. 

M.  Courty  a  vu  des  femmes  atteintes  de  flexions  utérines  devenir  grosses  et 
trouver  dans  la  gestation,  les  unes  le  redressement  de  leur  flexion,  les  autres 
une  augmentation  de  la  maladie,  surtout  dans  les  cas  de  rétroflexion  nécessi- 
tant les  secours  de  l'art  pour  en  opérer  la  réduction.  M.  Cài^rty  prétend  du 
reste  (Association  française  pour  Tavancement  des  sciences,  congrès  de  Lille, 
1874),  qu*on  n'établit  pas  suffisamment  les  différences  qui  existent  entre  les 
réiroflexions,  les  déflexions  cl  les  antéflexions.  Pour  ce  savant  auteur,  Tanté- 
flexion  consiste  en  une  courbure  presque  nor.nale  et  non  en  une  flexion  propre- 
ment dite  ;  elle  est  fréquente  chez  le  fœtus,  chez  les  vierges  et  chez  les  femmes 
non  accouchées;  la  rétroflexion,  au  contraire,  constitue  une  véritable  cassure 
utérine,  caractérisée  par  une  certaine  altération  des  fibres  musculaires,  et  elle 
ne  s^observe  que  chez  les  femmes  mères. 

En  définitive,  et  sans  avoir  besoin  dé  citer  tous  les  auteurs  qui  ont  traité  la 
question,  nous  pouvons  dire  qu'il  est  généralement  admis  et  prouvé  aujour- 
d'hui :  i°Quc  la  plupart  de^  femmes  atteintes  de  certains  déplacemems  et  dé- 
viations de  la  matrice  ne  se  plaignent  nullement  et  ne  sont  atteintes  d'aucun 
trouble  fonctionnel  ;  c'est  surtout  le  cas  des  femmes  ayanjl  des  antéversions  ou 
des  antéflexions  simples,  congéniales  on  non  ;  â<*  que  le  plus  souvent  ces 
changements  de  situation  n'empêchent  pas  la  conceptions. 

Mais  les  déplacements  en  arrière  sont-ils  aussi  anodins?  Je  ne  le  perise 
pas., D'abord  la  fécondation  est  plus  difficile,  à  cause  de  )$  position  du  col 
très  en  avant  dans  la  rétroversion  et  surtout  par  la  disparition  plus  ou  moins 
complète  de  la  lumière  utérine,  à  l'endroit  de  la  flexion  qui  est  souvent  une 
véritable  cassure  dans  la  rétroflexion  et  s'accompagne  fréquemment  d'une 
modification  de  texture  ^us»i  bien  dans  le  corps  même  de  l'organe  qu'à  l'angle 
de  brisure.  Ensuite,  la  pratique  journalière  dvmontreque,  si  les  déplacements 
en  avant  sont  d'habitude  simples  et  non  remarqués  des  femmes,  les  déplace- 
ments en  arrière  sont  fréquemment  compliqués  et  amènent  différenlâ  troubles 
locaux  qui  ne  passent  point  inaperçus  :  tels  sont  les-  troubles  menstruels,  la 
leuccorrhée,  la  pesanteur,  et  su^rtout  une  douleur  siégeant  à  la  région  sacrée  et 
très-difficile  à  soulager. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  les  femmes  atteintes  de  rétroversion  ou 
de  rétroflexion  peuvent  devenir  enceintes  ejt  nous  en  citerons  différents  exem- 
ples; mais  ce  qu'il  importe  de  savoir,  au  point  de  vue  spécial  qui  nous  occupe, 
c'est  la  fréquence,  Timporlance  de  cette  cause  delà  rétroversion  pcndarvi  la 
grossesse. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATTONS.  411 

Parlonsd'abord  pour  le  principe. 

n  est  chir  que  si  une  fcnfime  alteinle  de  rétroversion  ou  de  rétroflexion 
devient  enceinte,  il  y  aura  rétroversion  ou  flexion  de  Tuténis  gravide;  mais,  si 
la  rectification  se  fait  insensiblement,  au  fur  et  à  mesure  du  ramollissement  et 
de  Tamplialion  de  Torgane,  tout  se  passera  sans  éveiller  l'attention  de  per- 
sonne, et  le  praticien  n'a  pas  à  s'en  -occuper. 

Ces  cas  sont-ils  fréquenisî  Quelques-uns  l'affirment,  et  certainement  je  ne 
puis  dire  le  contraire.  Mais  j«  me  demande  s'ils  ont  si  souvent  eu  Toccasion 
d'observer  révolution  en  question.  En  eiïet,  d'après  eux,  M.  tkrnulz  spéciale- 
ment, la  plu'pari  des  déplacements  n'entraînent  aucun  trouble  à  Télat  de  vacuité 
et  la  rectification  de  IMlérns  se  fait  d'habitude  si  tranquillement  que  les 
femmes  n'y  font  pas  la  moindre  altenlion.  À  quelle  époque  le  médecin  estit 
donc  si  souvent  appelé  à  constater  un  état  qui«  ne  se  révèle  qu'au  toucher?  Il 
faut,  me  semble-t-il,  qu'on  ait  eu  l'occasion  d'examiner  antérieurement,  puis 
d'apprendre  que,  malgré  la  lésion,  une  grossesse  a  été  conduite  à  bon  terme 
sans  rien  présenter  de  particulier^  et  ces  cas  ne. sont  pas  particulièrement  nom- 
breux dans  la  littérature  médicale. 

Il  ne  m'est  donc  pas  prouvé  que  les  déplacements  en  arrière  soient  anodins 
et  se  rectifient  si  souvent  et  sans  bruit  au  commencement  de  la  grossesse  : 
nous  avons  vu  en  effet  plus  haut  que  si  lès  quatorze  femmes  observées  par 
M*.  Howitz  et  alleinles  de  rétroflexion,  avaient  eu  quinze  enfants  vivants,  elles 
avaient  a\orlé,  du  troisième  au  quatrième  mois,  dans  uh  nombre  plus  que 
double  de  grossesses;  les  trente-six  femmes  observées  par  M.  Sladfeldl  sont 
toutes  devenues  enceintes,  mais  nous  ignorons  comnient  toutes  ces  grossesses  se 
sont  passées  et  terminées. 

Du  reste,  si  dans  certains  cas,  nombreux  mêmes  si  l'on  veut,  des  femmes, 
atteintes  de  rétroversion  ou  de  rétroflexion,  ont  vu  leur  utértis  gravide  se 
redresser  insensiblement,  sans  troubles  notables  ni  pour  elles  ni  pour  leur 
enfant,  nous  pouvons  citer  des  faits  où  des  accidents  plus  ou  moins  sérieux  se 
sont  présentés  et  où  l*avortement  s'est  produit  même  avant  un  enclavement 
véritable.  Au  point  de  vde  pratique,  la  connaissance  de  ces  faits  est  excessive- 
ment importante  pa^-ce  qu'elle  impose  à  l'accoucheur  une  surveillance  pru- 
dente et  quelquefois  une  thérapeutique  appropriée,  préventive  ou  GOi>sécutive. 
Nous  avons  relaté  déjà  dans  ce  chapitre  le  fait  de  M.  Pajot  el.celiii  de  Boivin 
etDugès;  en  voici  de  plusremarquables  et  instructifs. 

Obs.  XXXirr.  —  Sîx  avortements^  suites  de  rétroflexion  de  l'utérus  ;  appli- 
cation d*un  pessaire  de  ffodge  ;  grossesse  nouvelle  conduite  à  bon  terme^  par 
le  D'  Phillips,  de  l'hôpital  de  Guy  (I).  —  Marie  C,  âgée  de  36  ans,  vint  à 
rhôpiial  de  Guy,  le  15  août  1870.  Elle   était  mère  de   six  enfants  et  avait,  de 

(I)  On  rélrodexion  ofthc  utérus  ^s  a  fréquent  cause  or<  abortion,  by  D^  Phillips, 
of  Guy*s  hospîtal.  —  Obs.  â«.  iTraduction  de  Fauteur.) 


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Mi  M^ÉMOIRBS  ET  0BSERVATIONS. 

plus^  avorté  six  fois  dans  I*espace  de  trois  ans,  entre  la  fin  du  deuxième  et  du 
troisième  mors.  Elle  éprouvait  de  la  pesankur  et  des  douleurs  gravalives  dans 
le  bassin,  des  difficultés  pour  aller  à  la  selle  et  pour  uriner.  Ces  symptômes 
augmentaient  chaque  fois^qu'elle  était  enceinte. 

Aucune  cause  générale  ne  pouvfiit  expliquer  ces  accidents  successifs,  seule- 
ment la  malade  était  un  peu  pâle  et  paraissait  oppressée,  probablement  à 
caitse  de  ses  nombreuses  fausses  couches.  L'ulérus  était  en  rélroflexlon.  le  col 
paraissait  sain,  le  corp$,  de  volume  normal.  M.  Phillips  rétablit  To^gane  dans 
sa  position  naturelle  et  le  soutint  au  moyen  d'un  pessait^e  de  H6dge., 

Bientôt  cette  femme  devint  enceinte  et  8C  présenta  différentes  fois  à  M.  PhiU 
Ups  pendant  les  deux  ou  trois  premiers  mois,  mais,  comme  elle  souffrait^  peu  de 
ses  sjmplômes  habitueisgênanis,  le  chirurgien  ne  la  revit^plUs  qu'au  sixième 
mois  de  la  gestation.  Alors  il  trouva  que  l'utérus  occupait  sa  position  normale 
dans  Tabdomen  et  il  retira  le  pessaire.  La  malade  accoucha  à  terme  et  se  pré- 
senta ensuite  à  rhôpilal  avec  son  enfant  pour  annoncer  l'heureux  résultat  du 
traitement.  .  ' 

Obs.  XXXÏV.  —Deux  avortements;  application  d'un  pessaire  de  Hodge; 
grossesse  nouvelle  conduite  à  bon  terme,  par  le  D'  Phulips,  de  Thôpitaf  de 
Guy  (i). —  Marie  W.,  âgée  de  55  ans,  fut  admise  à  Thôpital  de  Guy  le  8  février 
4JB70.  Elle  aussi  était  mère  <ie  six  enfants,  tous  nés  vivants  et  à  terme.  Elle 
avait  toujours  joui  d'une  bonne  santé,  soit  pendant  sa  vie  de  jeune  fille,  soit 
depuis  son  mariage  jusqu'à  son  dernier  accouchement  qui  eut  lieu  en  juillet 
1868.  En  l'année  I861>,  elle  avorta  deux  fois  à  la  dixième  semaine  degeslalion, 
en  juillet  et  en  novembre.  Elle  se  plaignait  de  violentes  douleurs  dans  le  bassin 
et  de  ménorrhagies.  L'utérus  fut  trouvé  engorgé  et  réirofléchi;  un  petit  polype 
muqueux  existait  à  l'entrée  du  col;  il  fut  enlevé  et  «on  introduisît  un  pessaire 
de  Hodge.  Trois  smaines  après,  la  malade  quitta  Thôpital.  Après  un  certain 
temps  elle  essaya  d'enlever  le  pessaire,  mais  elle  revint  quinze  jours  après  le 
faire  replacer.  L'utérus  était  de  nouveau  réirofléchi. 

Peu  de  temps  après  a^ir  remis  le  pessaire,  la  malade  devint  enceinte;,  elle 
se  sentit  très  peu  gênée  pendant  les  premiers  mois.  Entre  le  quatrième  et  le 
cinquième^  M.  Phillips  constata  que  l'utérus  atteignait  la  moitié  de  la  distance 
du  nombril  et  il  ôta  le  pessaire. 

M.  PhilUps  a  revu  encore  cette  femme  qui  lui  a  déclaré  de  nouveau  que  sa 
grossesse  s'avançait  naturelîement  et  qu'elle  s'attendait  à  accoucher  dans 
quelques  semaines. 

Obs.  XXXV.  —  Avortements  nombreux^  suites  de  rétroflexions  non  traitées^ 
par  le  D'  Phillips,  chirufgien-adjoinl  à  l'hôpital  de  Guy  {"2),  —  Marie  W., 
âgée  dé  51  ans,  mariée  depuis  neuf  ans,  a  eu  trois  enfantsà  terme.  Alors  se  sont 
succédé  au  moins  quatre  ayortenoents  entre  le  5*  et  le  4«  mois.  Puis  un  enfant 
vint  à  terme  et  vivant.  Due  grossesse  suivante  se  termina  de  nouveau  par  un 
avortement  au  troisième  mois.  Cette  dame  devint  de  nouveau  enceinte  et  oon- 
sUlta  M.  Phillips  pour  des  pesanteurs  insupportables  et  des  souffrances  dans  le 

(1)  Loc.  cit.,  obs.  3«.    . 

(2)  Loc,  cit.,  obs.  4". 


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MÉMOIRES  ET  OBSKUVATlOîlS,  415 

bassin,  des  incommodités  et  de  riri'italion  de  la  vessie  :  Vu  1er  us  fut  trouvé  en 
rétroflexion  complète  et  augmenté  de  volume.  Jusqu  hu  troisième  mois,  Tor- 
gane  ne  manifesla  aucune  leiidanc('  à  s'élever  au-dessus  du   détroit  supérieur. 

M.  Pliillipps  ne  revit  plusja  malade,  mais  craint  qu'elle  n^dit  de  nouveau 
avorté. 

Celle  femme  disait  que,  depuis  ses  trois  premières  couches,  elle  était  péni- 
blement affectée  par  de  la  dysurie  à  toutes  ses  grossesses  ;  ce  symftômese  mon- 
trait dans' le  coiiunencement  du  deuxième  et  .cpntinuait  jusqu'au  troisième  ou 
au  quatrième  mois  :  survenait  alors  Texpulslon  de  Tœuf  (excepté  dans  un 
cas). 

Obs.  XXXVI.  —  Rétroversion  antérieure  à  la  gestation;  complications  au 
quatrième  mois;  réduction  à  peu  près  complèfe^  quérison  fumeurs  de  la  paf-tie 
pbstèro^inférieure  de  la  matrice,  par  M.  le  professeur  L.  J  Hubeut,  de 
Louvain  (I).  —  M.  J.,  d'Anvers,  a  d'abord  eu  deux  fausses-couches  probable- 
ment produites  par  une  rétroversion  utérine.  Elle  est  d'iine  taille  uu  peu  au- 
dessous  de  la  moyenne,  mais  son  bassin  est  si  large  qu'une  nouvelle  grossesse 
étant  pénibfeme^nt  arrivée  à  terme,  tout  l'oeif  en  bloc  ftit  expulsé  une  demi- 
heure  après  le  départ  de  l'accoucheur  qui  croyait  avoir  encore  du  temps  devant 
lui. Le  mari  eut  heureusement  (abonne  inspiration  de  rompre  les  membranes  et 
sauva  ainsi  renfanirmais  celui-ci  était  chétif  et  succomba  au  bout  de  quelques 
jours.  ' 

Une  nouvelle  grossesse  très-pénible  aussi,  surtout  dans  les  quatre  premiers 
moi»,  parviiit  à  terme  et  se  termina  par  la  naissance  d'une  petite  tille,  aujour- 
d'hui âgée  de  huit  ans.  Mais  la'  mère  ne  se  remit  pc<s  complètement  de  ses 
couches;  elle  conserva  un  engorgement  de  la  matrice  avec  rétroversion  de  Tor- 
gane  au  premier  degré,  écoulement  catarrhal  abondant,  constipation  opiniâtre, 
dysurie  habituelle,  etc.  Ce  fut  alors  que  je  fus  appelé  à  lui  donner  des  soins 
avec  son  médecin  ordinaire;  Tengorgement  se  dissipa  complètement,  mais  la 
rétroversion  subsista,  la  matrice  formant  en  avant  l'angle  qu'elle  doit  former 
en  arrière,  pa^  rapport  à  l'horizon.  Cette  déviation  augmentait  aux  époques 
cataméniales  et  rendait  la  marche  à  pied  et  le  mouvement  d'une  voiture 
pénibles  outre  mesure. 

Les  bains  de  mer  ne  produisirent  qu'un  soulagement  incomplet  et  passager. 
On  peut  dire  que,  depuis  ses  dernières  couches.  M™'  J.  n'a  pas  été  un  jour  sans 
spuffrir  du  côté  du  bassin,  vers  les  lomb'S  et  les  aines.  Ces  malaises  et  ces 
souffrances  ne  firent  qu*augmenter  dans  les  quatre  premiers  mois  d'une  nou- 
velle grossesse  survenue  en  1871,  près  de  sept  ans  api  es  la  précédente.  Vers 
trois  mois  trois  quarts,  la  constipation  et  la  difficulté  d'uriner  devinrent  telles 
que,  le  médecin  plant  malade,  je  fus  appelé. 

Je  trouvai  la  matrice  enclavée  dans  le  petit  bassin  et  serrée  au  point  que 
ravoriemei.it  et  les  accidents  intlainmatoires  devaient  bienlôl  s'ensuivre,  si  la 
réduction  n'était  pasopérée.  Après  avoir  viilè  la  vessie,  et  administré  un  lavement 
qui  amena  une  selle  très-copieuse,  je  plaçai  donc  la  malade  sur  son  côté  droit 
et  de  manière  à  relâcher  les  parois  du  ventre  ;  puis  introduisant  la  main  droite 

(1)  Obs.  inédite,  7«  de  M.  Hubert. 


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414  MÉMOIRES  ET  OftSERVATIOrÇS. 

dans  le  vagin,  jusqu'à  U  racine  da  ponce  (laissé  à  rextérieur),  j'allai  refouler 
le  fond  de  la  nialrice,  peu  à  peu,  graduellement,  y  meilanl  le  temps,  H  je  par- 
vins n»>n  sans  peine,  non  sans  causer  une  vive  douleur,  à  le  refouler  au-dessas 
du  promontoire.  Je  ne  parvins  pas  à  le  redresse/  complètement,  mais  il  était 
désenclavé,  je  le  seniis,  je  le  palpai  à  Thypogastre  et  il  pouvait  se  développer 
librement  dans  Tabdomen. 

J'insistai  de  nouveau  sur  les  précautions  que  j'avais  déjà  conseillées  antérieu- 
rement et  la  grossesse,  quoique  toujours  un  peu  pénijble,  parcourut  son  cycle 
complet  et  se  termina  par  la  naissance  d'une  seconde  petite  fille  asphyxiée, 
mais  que  mon  fils,  appelé  à  la  recevoir,  parvint  à  ranimer.  Cette  petite  fille  est 
aujourd'hui  âgée  de  huit  mois  et  bien  portante. 

ifi  dois  ajouter  q«ie,  grâce  aux  précautions  prises  après  T^ccoucbement, 
l'ulérus  avait  repris  une  direclion  à  peu  prés  norinale  et  que,  pendant  quelques 
mois.  M"' J.  se  Irouva  notablement  mieux,  miais  le  cortège  des  misères  est 
bientôt  revenu,  et,  dans  deux  visites  récentes^  nous  reconnu  ttes,  mon  Gis  et 
moi,  que  la  rétroversion  au  premier  degré  se  compliquait  de  Texislente  de  deux 
petites  (umeurs  dures  et  du  volume  d'un  pois,  se  développant  sur  la  partie 
inférieure  de  la  paroi  utérine  postérieure.  J'espère  qu'elles  sont  de  nature 
Gbreuse,  mais,  même  a  ce  titr«,  elles  constituent  une  aggravation  irès-réelle  de 
la  situation. 

Voilà  certes  des  cas  où  l'utérus  déplacé  en  arrière  ne  se  redressait  pas  faci- 
lement, ni  sans  encombre  pendant  la  grossesse. Du  reste, si  M.  Barnes  déclare, 
comme  M.  Bernulz,  que  la  rélroflexion  à  l'état  de  vacuité  est  une  cause  fré- 
quente de  la  rélroflexion  pendant  la  grossesse,  il  est  aussi  d'avis,,  ainsi  que 
MM,  Braxton-Hickx  et  Phillips,  que  celle  siluation  vicieuse  de  l'organe  est  une 
des  causes  les  plus  fréquentes  de  ravorlement;  or,  on  sait  si  ce  dernier  est 
commun.  '  • 

M.  Bernulz,  au  contraire,  croit  que  la  rectification  graduelle  et  insensible  du 
viscère  est  la  terminaison  la  plus  ordinaire,  et  il  en  trouve  la  raison  dans  la  fré- 
quence de  la  rétroversion  à  l'état  de  vacuité  comparée  à  sa  rareté  relative  pendant 
la  grossesse.  Je  me  suis  déjà  expliqué  à  cetég^rdel  je  me  contenté  ici  de  rappe- 
ler: t**  La  difficulté  d'établir  une  statistique  si  les  malades  ne  se  plaignent  pas, 
donc  défaut  d'examen  avant  et  pendant  la  grossesse;  2*  la  conception  empêchée 
dans  quelques  cas,  surtout  si  le  déplacement  est  très-accentué  et  accompagné 
d'autres  lésions  de  l'utérus  (inflammation,  engorgement,  ulcérations,  dégéné" 
rescence,  etc.);  5<»  la  terminaison  par  un  avortement  simple,  dont  la  cause 
reste  méconnue. 

Si,  dans  des  cas  plus  ou  moins  nombreux,  la  n^iatrice,  antérieurement  pen- 
chée en  arriére,  ne  se  redresse  pas,  c'est  que  vraisemblablement  d'autres  causée 
interviennent;  soit  la  forme  du  bassin,  soit  l'étal  des  ligaments  et  du  tissu 
utérin,  soit  l'action  de  la  vessie,  du  rectum  ou  d'efforts,  soit  des  adhérences 
morbides  :  c'est  à  ces  dernières  que  M.  Bernulz  accorde  la  plus  large  part; 
nous  en  reparlerons  dans  les  c-uises  déterminantes. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  415 

Une  chose  m*a  surpris  dins  la  dis* ussion  qui  a  suivi  la  lecfure  du  rapport 
sur  ce  travail  à  TAcadétnie  de  P«iris.  M.  Depaui,  qui  a  pris  là  parole  pour  con- 
damner ct^rlaines  méthodes  de  traitement  que  j'avais  cru  devoir  préconiser,  n'a 
nullement  comhatlu  les  idées  exclusives  émises  par  M.  Bernulz  relativement  à 
Tétiologiedeia  rétroversion  de  Tulérus  gravide.  Le  savant  et  habile  professeur 
de  clinique  obstéiricale  ne  les  partage  crpendanl  nullement,  car  il  les  cite  à 
peine  dans  son  ouvrage  paru  en  1873,  cl  certainemtht  personne  n'est  plus  à 
même  que  lui  de  les  contréler. 

Je  ne  veux  pas  abandonner  ce  sujet  sans  donner  en  résumé  les  indications 
pralîqiies  qui  ressortent  de  la  discussion  à  laquelle  je  viens  de  me  livrer;  elles 
sont  de  la  plus  haute  importance  et  doivent  toujours  être  présentes  à  l'esprit  du 
médecin,  s'il  ne  veut  pas  commettre  des  bévues  graves  cl  préjudiciables  à  sa 
réputation  et  à  ses  malades. 

<»  Les  défdaceniepts  de  la  matrice  peuvent  exister  sans  que  les  femmes  en 
éprouvent  d'incommodité;  en  avant,  ils  sont  souvent  congéuiaux  ;  en  arrière^ 
ils  sont  plus  communs  chez  les  pluripanes;  celui  qui  mérite  ie  plus  d'attention 
est  la  rétro  flexion, 

2»  Us  n'empêchent  pas  la  conception,  mais  la  rendent  difficile,  surtout  quand 
le  fond  utérin  est  en  arrière,  et  foripe  un  angle  très  prononcé  avec  le  col. 

5°  Pendant  la  grossesse,  l'organe  peut  se  redresser  spontanément,  7)iais  il  a, 
dans,  certains  cas,  de  la  tendance  à  expulser  son^ contenu  ou  d  s'enclaver  dans 
le  petit  bassin, 

4»  Il  faut  donc  surveiller  les  femmes  enceintes  qui  se  trouvent  dans  les  con- 
ditions précitées  et  se  tenir  prêt  à  agir  en  cas  de  menaces  d'avortement  ou 
d'entlavement, 

5*  Quand  une  femme  est  atteinte  de  fausses  couches  répétées,  il  est  néces-  • 
saire  de  procéder  à  un  examen  local  attentif  pour  s'assurer  de  la  situation  de 
l'utérus. 

Je  terminerai  ce  paragraphe  en  signalant  quelques  observations  où  il  est  fait 
mention  d'autres  affections  utérines  antérieures. 

Dans  le  cas  de  Lynn,  la  femme  était  sujette  depuis  longtemps  à  un  renverse- 
ment du  vagin  ;  M"*^  Pin  (  I '*  observation  de  Martin  de  Lyon)  avait  eu  une  chute 
de  matrice;  la  femme  Htiet  (8«  du  même)  était  affectée  d'une  chute  de  matrice 
depuis  dix  ans;  M"*  Percy  (10«  au  même)  était  affectée  d'une  descente  de  ma- 
trice depuis  sa  seconde  couche;  la  femme  Mineau  (l'«  de  P-uenl)  était  sujette  à 
une  descente  et  à  des  fluenrs  blanches;  l'épouse  Courlot  (z^  du  même)  avait  de 
la  leucorrhée;  la  seconde  malade  de  Baudelocqiie  était  atteinte  depuis  cinq  à 
six  semaines  d'une  descente  de  ntatrice;  la  quatrième  de  M.  Hubert  était  sujette 
aux  flueurs  blanches;  M°>"  E.  G'.,  (8«du  même)  avait  la  malrice  en  antéversion 
et  excessivement  mobile  (c'est  le  seul  cas,  je  pense^  où  ce  déplacement  a  été 
constaté  avant  la  rétroversion  de  Tutérus  gravide);  la  femme  Gornut  (observa- 


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416  ,         MÉMOIRES  KT  OBSERVATIONS. 

tion  de  M.  Gallard)  éprouvait  depuis  sa  fausse  eoiiche  plusieurs  symptômes  de 
déplacement;  la  rt*mme  Bogaerl  (observation  de  Wautcrs)  avait  une  descente 
de  matrice;  M"^«C.  (observation  de  Puzin)  était  sujette  à  des  obliquités  et  à 
des  descentes  de  matrice. 

(La  suiie  ofi  prochain  numérç  ) 


Tuméfaction  circonsckite   du   muscle  sTËRNo-CLÉmo-MASToÏDiEN,   par  M,  le 
docteur  ('.HAnoN,  membre  effectif  de  la  Société, 

II  est  fait  mentloH  de  celte  lésion  dans  Touvrage  de  Bouehut;  il  n'en«st  pas 
ptirlé,  quf  je  sache,  dans  les  autres  traités  de  pathologie  de  Tenfance.  G*ést  un 
état  de  myosite  interstitiel^,  limitée  à  une  partie  du  muscle  sterno-cléidoomas* 
toïdien  et  qui  survient  ou  plutôt  qu'on  remarque  peu  après  la  naissance.  J'en 
ai  observé  deux  cas  :  dans  le  premier,  nous  avons  fait  pratiquer  sur  la  tumei|r 
des  onctions  avec,  un  onguent  iodé,  mais  nous  n*avons  plus  revu  Tenfant.  Le 
second^  le  voici  :  Oiton  Jules*,  âgé  de  quatre  semaines,  demeurant  rue  des 
Slalades,  n*»  12,  est  présenté  àja  consnitation  des  enfants,  le  30  août  1875. 
C'est  un  enfant  bien  conformé,  d'une  belle  coloration  rosée  et  assez  bien  eo 
chair;  il  porte  )a  tête  du  côté  gauche  comme  s'il  était  atteint  de  torticolis, 
comme  si  le  ntuscle  sterno-masloïdien  était  contracture  de  ce  côté.  Or,  il 
n'existe  pas  de  contracture  à  gauche,  mais,  vers  la  partie  moyenne  do  muscle, 
nous  constatons  la  présence  d'une  tumeur  cylindrique,  de  troia  à  quatre 
centimètres  de  long  et  qui  présente  la  dureté  du  cartilage. 

Nous  prescrivons  des  frictions  journalières  avec  un  onguent  à  Tiodure  de 
,   pQt-assium  et  nous  faisons  recouvrir  d'une  couche  d'ouate  le  côté  gauche  du 
cou. 

Cette  altération  n'avait  frappé  la  mère  que  quinze  jours  après  la  naissance  da 
l'enfant,  mais,  comme  elle  en  convint,  cette  tumeur  avait  pu  exister  auparavant, 
sans  qu'elle  l'eût  reinarquée. 

L'enfant  est  revenu  le  2  et  le  6  septembre;  la  tumeur  semblait  diminuée  de 
volume,  la  télé  n'était  plus  aussi  inclinée  du  côté  gauche. 

Très-probablement,  l'expectation  pure  et  simple  amènerait  le  même  résultat 
dans  un  cas  de  l'espèce;  seulement  il  est  important  peut-étfe  d'avoir  connais- 
sance de  cette  altération,  car  on  pourrait  prendre  la  chose  pour  plus  sérieuse 
qu'elle  n'est  et  porter  un  pronostic  défavorable  que  l'avenir  ne  justifierait  nul- 
lement. 

M.  Melchiori,  dil^Bouchut,  ne  peut  assigner  à  la  maladie  aucune  cause  bien 
déterminée,  mais  il  ped^e  qu'elle  pourrait  être  attribuée  à  la  compression 
du  muscle  et  à  la  déchirure  de  quelques-unes  de  ses  fibres  pendant  l'accou- 
chement. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  417 

Notons  à  ce  propos  que,  dans  U  cas  que  nous  venons  de  rapporter,  la  mère 
nous  a  assuré  que  l*acco,uclien)enl  sVfaU  accompli  prouiptement,  facilement  et 
sans  avoir  nécessité  aucune  manœuvre,  ni  Temploidu  forceps. 


Ume  question  phvsiologiqùb  dans  un  cas  pathologique  :  ^  Un  vieillard 

ht    7S  ans,    incomplètement   PARAPLÉcHfUE,-  DfrDUIS    L«>GTEHPS,    PAR    L*fFPËT 
D't)Nf.  MALADIE    DE  tA    MOELLE  ÉPINIÉRC    EST  IL  CAPABLE   DE    FKOCRÉFR?  p(fr   U 

docteur  t.iÉGKY,  membre  honoraire  de  la  Société,  d  Choisy  te  Bot  (Seitte). 

En  sfptenibre  1874,  une  domestique,  âjçée  de  vingt-neuf  ans,  vint  me  con- 
sulter pour  une  suppression  menstruelle  de  plusieurs  mois,  un  gonnenieut  de 
Tilbdomen  et  des  perturbiilious  gastriques.  Après  Texamen^  je  lui  dis  qu'elle 
était  plus  qu'à  mi  terme  d  une  grossesse.  C'était,  me  dit-elle,  sa  première 
grossesse,  grossesse  qui  Télonnait  beaucoup,  et  elle  ajouta  que  cette  grossesse 
ne  pouvait  être  que  du  fait  de  son  uuiilre,  ce  qui,  à  mon  tour,  me  causa  aussi 
un  grand  étoiinetneiit:  Son  jnattre  était  ce  vieillard  sujet  de  l'observation  inti- 
tulée :  Gutigrètie  scorbutique  oupurpurique^  à  marche  rapide,  des  membres 
inférieurs  chez  un  v/eillurd  depuis  longtemps  incomplètement  paraplégique  et 
dont  la  paralysie,  accompagnée  de  clémence  croissante,  tendait  à  devenir , 
générale»  Ce  vieillard  n'était  pas  alors,  bien  eniendu,  dans  l'état  qu'i^ulique 
ce  tilre;  mais,  depuis  un  certain  nombre  d'années,  il  était  incomplèteuient 
paraplégique,  rt,  depuis  notre  malheureuse  guerre,  ne  pouvait  plus  quelque 
peu  marcher,  même  dans  son  appariemeiit,  qu^avec  deux  béquilles,  qui  ne 
Tempéchaienl  pas  toujours  de  faire  des  chutes,  soit  par  le  fait  de  vertiges,  soit 
par  reffetde  Ta^igmeutation  subite  et  passagère  de  la  paralysie.  Un  fréquent 
sentinvnit  dehniiliire  dans  la  région  lombaire  indiquait  que  là  était  le  princi- 
pal siège  de  la  paraplégie.  Il'faut  ajouter  que,  malgré  une  diminution  progres- 
sive des  /orces  générales,  accompagnée  d*un  commenceineiit  de  démence,  les 
organes  digestifs  et  urinaires  fonctionnaient  d'une  manière  presque  normale 
potir  cet  âge. 

Cette  fille  m*ay»nt  demandé  ce  qu'elle  avait  à  faire  dans  la  circonstance,  je 
lui  répondis  qu'elle  devait  d'abord  faire  part  de  sa  situation  à  son  maître,  puis 
préparer  ce  qui  {ferait  nécessaire  à  son  enfiint  et  attendre  l'événement. 

Au  bout  de  quelque  temps,  elle  me  fit  dire  qu'il  consentait  à  ce  qu'elle 
accouchât  chez  lui  et  qu'elle  me  priait  de  l'assister. 

Le  31  décembre,  \(^rs  la  nuit,  les  douleurs  ayant  déjà  commencé  à  être  assez 
fortes,  je  fus  demandé  en  iffet  auprès  de  cflte  fille.  L^  travail  de  l'accout  be- 
rnent, tout  à  fait  naturel,  se  Itrmiua,  le  \*^  janvier,  au  fioiut  du  jour,  par  la 
naissance  d'une  petite  fille  bien  eoustiluée  et  bien  vivHce.  Eu  paraissant  à  la 
lumière,  elle  cria  certainement  plus  fort  que  ne  l'avait  fait  sa  mère  pendant  ses 

55 


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418  MËMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

plus  fortes  douleurs  :  c'est  que  celle  ci,  pour  ne  p^s  troubler  le  repos  du 
vieillard,  ou  plutôt  pour  ne  pas  augmenter  encore  Tirrilation  d(^jà  biep  grande 
de  cet  homme  couché  dans  la  pièce  voisine,  avait  littéralement  mangé  ses. 
douleurs. 

Lorsque  cette  fille,  facilement  délivrée,  et  son  enf^int  eurent  reçu  les  soins 
convenables,  j*allai  faire  part  à  ce  vieillard  de  ce  que,  daas  les  circonst|in<*es. 
ordinaires,  on  apprend  avec  joie.  Mais  oe  genre  d'étrennes  ne  lui  sour^  nulle- 
ment, car  il  me  dit,  avec  une  ^xprc^i^sion  d'amertume  et  de  scepticisme  :  c  On 
crojra  difficilement  qu*un  homme  de  mon  âge  et  infirme  cpmme  je  le  suis,  ait 
pu  taire  un  enfant!  »  Ef  quand  il  fallut  faire  la  déclaration  de  la  naissance  de 
cette  enfant,  on  eut  la  pins  grande  peine  à  obtenir  qu'il  lui  donn/it,  dans  Tacte 
civil,  son  nom  bieniôt^répété  dans  Tacte  religieux.  Bientôt  après,  ce  veuf,  sans 
enfant  légitime  et  contre  qui  plaidait,  sa  belle-fille  au  sujet  de  la^succession  de 
la  mère  de  celle-ci,  institua  pfliciellement  cette  enfant  son  héritière  en  laissant 
tout  à  sa  mère. 

On  sVtrofça  aussi  de  le  marier  avec  celle  ci,  mais  il  ne  voulut  absolument 
point  y  consentir. 

CVùi  été  véritablement  un  mariage  in  extremis^  car,  sous  l'influence  d'une 
chute  faite  la  veille  de  l'accouchement  et  qui  lui  av-tit  occasionné  une  entorse 
du  pied,  sous  rinfluence  aussi  et  beaucoup  plus  encore,  des  secousses' morales 
résultées  de  l'arrivée  de  l'enfant,  le  physique  et  le  moral  achevèrent  de  se 
détraquer,  de  se  ruiner.  Comme  je  l'ai  raconté,  ce  vieillard  fut  bientôt  atteint 
de  purpura  héinorrhagique  et  d'une  gangrène  des  extrémités  inférieures, 
laquelle  commençait  à  envahir  aussi  l'extrémité  supérieure  gauche,  quand,  le 
3  mars,  la  mort  eut  lieu. 

La  paternité  de  ce  vieillard  fut  mise  en  doute  par  beaucoup  de  personnes  et 
j'avoue  que,  moi-même,  je  conservai  des  doutes  jusqu'au  jour  où  l'ayant  inaui- 
festé  à  la  fille  eu  question,  elle  me  donna  à  penser,  d'après  ses  renseignements, 
que  cet  homme  était  en  proie  à  de  véritables  accès  de  priapisrae  c  Si  j*y  eusse 
consenti,  me  disait  elle,  il  aurait,  parfois,  consommé  Tacté  deux  fois  en  une 
nuit.  > 

Si  les  choses  ont  eu  véritablement  lieu  de  celte  manière,  il  faut  en  conclure, 
je  crois,  que,  dans  le  cas  particulier,  certain  état  pathologique  a  favorisé  l'ac* 
complissemeut  de  l'acte  physiologique  en  question,  de  la  procréation. 


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RBVDB  ANALYTHÎCB  ET  CRITIQUE. 


419 


II.  REVIB  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


niédffrcine   et    Clilriirgle. 


IVole  sur  l'effet  de  rexeîtatîon  eller  - 
netÎTe  des  deux  pneumogastriques  sur 
l'arrêt  du  oœur  ;  par  MM.  Jban  TARCHA- 
NOFF  et  G,  PUELWA.  ^  En  éludiant  le 
phcnoiiiène  de  Tarrét  du  cœur  chez  les 
niaiiiiuifères.  nous  avons  rencontré  un  fait 
qui  nous  parait  assez  important  pour  la 
théorie  de  Taction  des  pDeunioga>triqnes 
dans  l*arrét  du  cœur«  et  sur  lequel  les 
expérimentateurs  n*out  pas  assez  Bxé  leur 
atteiiliou. 

Nous  avons  pensé  que  Ton  pourrait 
peut  être  maintenir  le  cœur  du  chien  dans 
tju  arrél  plus  prolongé  si  Ton  excitait  aller- 
nativement  le|)out  périphérique  des  pneu- 
mogastriques Tun  après  l'autre. 

Dans  ce  but  nous  mettions  à  nu  les  deux 
pneumogastriques,. et  nous  prenions  leurs 
bouts  périphériques  à  l*aide  de  ligatures. 
Pour  observer  les  battements -<iu  cœur, 
nous  introduisions  par  un  trou,  fait  entre 
la  cinquième  et  la  sixième  côte,  un  doigt 
■dans  la  cavité  du  thorax,  de  manière  a 
sentir  directement  les  mouvements  du 
cœur. 

Cette  méthode  d*ohservation  est  préfé- 
rable à   eeUe  fixité  avec  on  manomètre, 
puisque  cette  dernière  est  sujette  à  erreur, 
à  cause  de  la  coagulation  du  sang  dans  les^ 
ednules. 

Si  Ton  excit^  longtemps  tm  de$  pneumo- 
gastriques du  -  chien  avec  des  courants 
foits  jusqu'à  épuiser  complètement  son 
action  sur  le  eœtiTy  ce  qui  se  manifeste  par 
le  retour  de  ses  battements  et  si  Ton  passe 
immédiatement  à  l'excitation  de  l'autre  on 
n'obtient  plus  d'arrêt  du  cœur  et  même 
on  n'observe  aucune  altération  de  son 
activité;  et  pourtant  le  nerf  excité  en  der- 
nier liiU  n'est  alors,  on  le  conçoit,  nulte- 
ment  épuisé. 

Le  fait  inverse  se  proiloit's!  Ton  excite 
ce  dernier  nerf  pneumogastrique  (non 
épuisé)  une  à  deux  minutes  après  la  ces- 
sation fie  Texcitation  du  premier.  On  ob- 
serve immé'iiatement  l'arrêt  du  cœur. 

Cette  expérience  indique  nettement  que 
chacun  des  pneumoga.strJques  nicf  en  jeu 
tout  Tappareil  modérateur,  situé  dans  les 
parois  du  cœur;  et  qn'uire  fois  cet  appareil 


épuisé  par  l'excitatioix  d'un  pneumogas- 
trique, il  ne  peut  être  mis  en  activité  par 
l'excitation  de  Tautre. 

Elle  démontre  m  même  temps  que  cet 
état  dVpuisemeni  de  Tappareil  modérateur 
du  cœur  disparait  tit;s- rapidement  par  le 
repos.  {Archives  âe  physiologie,) 


Des  eentres  vaso-moteurs  et  de  leur 
mode  d'action  ;  par  MM.  \lASiUSet  VAN- 
LAJR.  professeurs  à  l'Universilé  de  Liège. 
( Méiuoire  lu  au  Congrès  de  Bruxelles,  dans 
la  séance  du  'i'i  septembre).  ^  Des  re- 
cherches récentes  instituées  par  Goitz  ont 
conduit  ce  physiologiiite  à  admettre  lexis- 
tence  décentres  toniques,  situés  à  la  péri- 
phérie; il  expliqua  au  mf»yen  de  ces  cen- 
tres, rinfluence  vaso-dilatatrice  immédiate 
des  sections  du  sciât ique  et  surtout  le  re- 
tour ultérieur  du  tonus  vasculaire  quelque 
temps  après  la  section. 

L*existence  de  ces  centres  étant  contes- 
tée par  un  grand  nombre  de  physiologistes, 
nbus  avons  entrepris  à  la  suite  de  Putseys, 
Tarchanoff  et  Huizinga,  une  série  d'expé- 
riences ayant  pour  but  detrancherla  ques- 
tion. Nous  avons  été  conduits  par  nos 
recherches  à  partager  IMpinion  du  physio- 
logiste de  Strasiiourg;   nous  avons  aussi 

'  découvert  d^s  faits  nouveaux  qui  ne  peu- 
vent guère  trouver  leur  explication  que 
dans  riiypolhèse  de  GoItz.  C  est  surtout  h 

■  l'aide  du  thermomètre  et  sur  le  chien  que 
les  expériences  ont  été  laites.  En  voici  les 
résultats  : 

L'irritation  électrique  ou  mécanique  dé- 
teitmine,  dans  la  presque  totalité  des  cas 
et  d'une  façon  presque  toujours  immédiate, 
un  effet  vaso  dilatateur.  Cet  effet  ne  s'est 
pas  produit  seulement  lorsqu'on  a  irrité  le 
houi  périphérique  ila  sciatique,  mais  encore 
lorsque  l'irritation  a  porté  sur  le  bout  cen- 
irai  du  nerf  et  même  sur  la  moelle  lom- 
baire. La  vaso  dilatation  s'e«t  souvent 
produite  instantanément^  la  suspension  de 
l'excitation,  au  contraire,  n*a  pas  toujours 
été  immédiatement  suivie  de  la  rétraciton 
des  vaisseaux  :  ce  qui  s'explique  par  Tin- 
tervention  de  la  pression  latérale  du  sang. 


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420 


REVUE  ANÀLYtiQUE  ET  <ÎRfT!Ora. 


Voicî  un  expmple  de  rinfluonce  vaso- 
dilaialrice  de  rélecirisation  du  nvrf  scia- 
tique  :  *  '^ 

Chez  un  chien  dont  la  moelle  lombaire 
avait  été  sectionnée,  puis  détruite  dans 
loi|t  son  si'gnxnt  |io.stérie4ir  depuis 
ravant-veiUe,    on    faradise  avec  un   fort 

•  courant  le  nerf  sciatique  gauche  demeuré 
inlact.  La  température  ^\e  r-extrémilé  cor- 
respondante coiunienee  à  monter  après 
deux  minutes  d'éleciri.salion  et  passe  en 
quelques  instants  de  55**5  à  Sè^S.  On 
suspend  Télectrisalion,  et  aus^ilot  la  lem- 

'  pérature  s'abaisse  ponr  descendre  en  cinq 
minutes  jusqu'à  55»5.  Une  application 
nouvelle  de  courants  fait  remonter  la 
colonne  mereurirlle  de  55"5  à  55"8  en  une 
minute.  On  interrompt  de  nouveau  la  fara- 
dîsaiion;  la  temf)érature  continue  cette 
iois  h  monter  un  peu  pendant  une  demi- 
minute,  mais  eile  se  met  ensuite  a  décroî- 
tre ji^isqu'à  55*'i .  On  faradi.se  une  troisième 
fois;  la  température  monte  encor»'  lâgère- 
ment;  puis,  après  quelques  os«;iilHii<>ns 
légères,  elle  reste  If  ^5"5.  La  fa^adisation 
«st  ators  définilivement  suspendue.  Pen- 
dant tous  ces  eirsai.<«,  la  température  du  côté 
opposé  est  restée  Ktalionnaire. 

Dans  d^autres  cas,  la  faradisation  a  été 
appliquée  immédiairmrnt  après  une  sec- 
tion de  nerf;  non  senlement  elle  n*a  pas 
empêché  rasceusion  de  la  colonne  thcrrao- 
métrique  de  se  produire-,  mais  elle  Ta  sou- 
vent encore  activée. 

La  faradisation  de  la  moielle  a  donné  des 
résultats  analogues.  Ede  a  été  pratiquée  de 
préférf*nce  sur  les  animaux  dont  u»  nerf 
sciatjque  avait  été  sectionné  plusieurs  jours 
auparavant.  Pour  éviter  Tinfluence  de  la 
section  de  la  moelle  elle  même,  Télectritio- 
lion  a  été  appliquée  plusieurs'iours  après 

-  la  division  de  la  nimelle  et  sur  un  segment 
situé  en  arrière  du  niveau  de  la  seciioh. 
L'application  du  courant  a  fait  monter  la 
température  dans  le  m(»mfore  postérieur 
relié  à  la  moelle  par-un  nerf  intact,  tandis 
que  la  température  du  nerf  paralysé  restait 
statioiinaîre. 

La  va.so  dilatation  ré/leste  nVst  pa»  moins 
fflanîfeste.  Dans  certains  cas  le  thermomè- 
tre montait  par  bonds  chaque  fois  qu'on 
tiraillait  le  bout  central  dû  nerf  sfiatique 
coupé,  la  moelle  ayant  été  sectionnée  dans 
la  régii'ii  lembaire  depuis  pUisieur<>  jours. 
L>xistrnce  de  fibres  vaso  dilatatrices  cen- 
tripètes découle  manifestement  .de  oes 
dernières  observations. 

Toutefois^  il  a  été  eomlaté'que  Texcita- 


tîon  de  la  moelle  eî  du  bout  central  du 
sciatique  duii,  ;pour  fournir  un  résultat 
don  é,  étr&  plus  énergique  que  celle  du 
bout  périphérique  (lu  nerf. 

La  section  du  sciatique  et  celle  de  la  < 
moelle  lontbatre  ont  été  suivies,  comme 
rél<clrisalion  et  rirritrtiion  mécanique, 
d'effets  vuso-dilatateurs  dans  lés  régions 
correspomianles.  Il  e.<«i  donc  bien  vrai, 
comme  le  prétend  Goliz,  que  la  secttoa 
doit  être  coiksidérée,  dans  son  iiiAuence 
immédiate,  comme  un -agent  irritant.  Sea- 
lenK'Ul,  il  est  rare  que  les  effets  de  la  sec- , 
tibn  médullaire^  à  la  limite  des  régions 
lombaire  et  dorsale,  amènent  les  môi»«s 
efi«*ts  dans  I  s'iiiembresimtiVrieurs  ;  Tactinn 
a  presque  toiïjours  été  négative  Ceci  est 
en  désaeeo/d  avec  plusieurs  faitâ  signalés 
par  Goitz. 

A  i  exemple  de  ce  dernier,  nous  avons 
-étn<iié  les  effets  des  sections  multiples  du 
nerf.  Nou^  avons  constaté  que  celles-ci, 
pratiquées  sur  le  bout  fiériphérique»  exa- 
gèrent manKesteinerit  raclion  vaso-dilnta- 
trice  il'une  prertïière  s<>oiiuri,  aussi  iden 
quai>d  l(>s  névrutouiies  se  succèdent  coup 
sur  coup,  que  dans  les  cas  où  elles  o,n4  été 
pratiquées  à  des  intervalles  plus  ou  moitis 
longs.  Les  , sections >  succe».sives  du  bont 
centrai  ont  également  augmenté,  iruiis 
irune  façon  moins  mantieste,  Thyperémie 
du  membre!  opposé. 

Un  fait  plus  important  encore  estcelut- 
cî  :  '    * 

La  section )du  nerf  sciatique  •mène t n«>a- 
.riahler^enî^  comme  effet  tard^f\  lin  abaisse- 
ment notalde  de  la  température  du  membre 
correspondant.  Cet  abaissement  est  tel  que 
la  tetiipébaiure  définitive  est  tonjonrs 
inférieure  à  la  température  initiale.  Elle 
produis  ce  même  résultat,  mais  d'une 
manière  marquée^  sur  tes  membres  sains. 

La  «bute  a  toujours  commencé  daas  ic 
cours  de  la  première  femuine  après  la  sec- 
tion du  sciatiq'ie,  et  il  a  toujours  suffi 
à*unmoi»  pour  faire  redescendre* la  tempé- 
rature aa*de.<isous  de  la  température 
normale.  L'abaissement  progressif  de  la 
température  ne  peut  s'expliquer  que  par 
la  présence  de  centres  périphériques  qui, 
au  furet  à  mesure  que  Jes  libres  du  seta- 
tique  dégénèrent,  exercent  une  influepce 
'de  plus  va  plus  active  sur  le  tonus  vasou- 
laire. 

-  Le  lait  que  la  température  définitive  se 
trouve  constamment  itiférieure  h  la  tempé- 
rature initiale  est  d'une. explication*  faeite. 
fia    ébsk^  les  ^vaso-diiatatttiirs  dé|^érés 


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JUVOT;  ANÀlYTIQUe  ET  GRfTÎQOB. 


4H1 


rcils  (oiiiqiirs  périplicnques,  ci  ceux  cî, 
trotivatit  ainsi  le  «liTimp  librr,  t()nt  tomber 
la  ti*nipr rature  du  membre  auHle&sous  «te 
sa  teiiv|)épAtufc  norinale.  Enfin,  quant  au 
refroidissement  du  niMntïre.  sain,  voici 
oafumem  on  peut  se  rèndHe  compte  d<^ 
celte  parriciiluritc  :    . 

Dans  Jes  condidons  normales,  les  appa- 
reils vaso-<lil.ilateti4*s  du  cenJre  spinal  sont 
coiis(un»iifeiit  soHir4lés  par  des  exotiaiinns 
périphéiiqties  et  réagissent  à  la  fois «ur  les 
deux  nerfs  sciatiq'jes.  Que  l'on  vieline  à 
anéantir  une  partie  de  ces  excitations  en 
séparant  un  des  nerfs  de  la  moelle,  celle  ci 
par<Va  né<«8>airenient  de  son  pouvoir 
vaso-dHatat4Mir  De  là  une  ehute  de  la 
température  dans  le  membre  resté  en 
connexion  de  la  moelle.  Un  argument 
â*une  grande  valeur  à  raptiui  de  cette 
interprétation  est  celui  ci:  presque  ton- 
Jours  iii  tenipéi*attM*e  du  Côti?  s'Ait remmi>nce 
a  baisser  •  partir  du  jour  thème:  où  la 
-section  est  pr.aiquéo,  c'esl-à'^dirc  à  dater 
du  mo<iient  où  les  çxoiiaiions  cutanées 
cessent  d'être  ti'ansnnses  de  l'extrémité 
.  opérée  au  centre  médullaire.  On  pourrait, 
à  la  vérité,  se  demander  pourquoi  la 
'len>f)é rature  ne  subit  pas  toujours  immé- 
«liatenienl  toute  la  rcd-uetion  dont  elie  est 
susceptible;  le  motif  en  réside  sans  doute 
dans  rirrtfation  résultant  -du  proeessii^ 
inAanrrmatoire  qui  &>iDpare  du  bout  cin- 
trai et  qui  ne  disparaît  qUe  graduellement. 
.  En  résumé  <1onc,  on  peut  considérer, 
an^potut  de  vue  de  la  composition  physio- 
logique, l'appareil  vaso  moteur  comme 
constitué  par  deux  centres  |>rincipaiix,  et 
par  des  fibres  nerveuses  iiont  ia  plupart 
réunissent  entre  eux  ces  deux  ("«filtres. 

Les  centres  sont  l'axe  cérébro*!«pinal 
d\ine  part,  et,  de  t'autre^  lensemble  des 
cellules  ner^'euses  distribuées  à  ia  périphé- 
rie du  système  va-^cuiaire  {ci^ntres  foniqnes 
de  Goliz,  -^  centres  vaiculaires  de  Hui- 
zingat. 

Les  fibres  unissantes  'Sont  de  deux 
ordres  :  ce  sont  des  fibres  va sop-consl fic- 
tives et  des  fibres  vaso-dilatatrices,  en 
partie  centripètes,   en  pai^tie  oealrifuges. 

les  deux  espères  de  fil»res  sont  s^ns 
douté  le  plus  souv  nt  réunies  dans  un 
même  nerf.  Toutefois,  les  filets  vaso- 
dilatateurs  sont  V^éralement  plus  actifs 
ou  en  |dus  grau  1  nomb^.  Ils  relâchent  les 
parois  «raseulaires  en  diminuant  Tactivîté 
des  centres  toniques.  i 

En  outre,  des  âbres  vasO'OOBstrietiTes 


et  vitsoidflâhitfieés  partant  delà  pérîfihérlc 
se  rendent  diree\enieift  aux  centres 
toniques,  et-  ceux-ci  émettent  h  leur  tour 
des  fibres  exeltisi^vemcnt  consirietives, 
qui  se  répandent  dans  les  parois  des 
vaisseaux.  ^ 

(Annafes  de  la  Soc.  de  méd\  de  Gandj, 


01:|8ervation9  relatives  à  la  physio- 
logie du  n«tff,vag«e,  faites  sur  T homme 
vivant;  par  M.  le  doctenr  pASQrAiE  M\r 
4>ERBA.  —  ïl  s'agit  d'un  capitaine  entré  à 
l'hôpilal  militaire  de  Naples,  atteint  d'un 
abf*ès  profitnd,  q4ii,  à  la  suite  de  gangrène 
nosoeomi'de,  avait  mis  à  nu  les  régions 
profondes  droites  du  cou.  '  Le  doeleor  Ma- 
îerba«  en  faisant  des  irrigations  dans  la 
plaie  avec  une  soiiilrun  froide  de  sultite  d« 
sonde,  ct^  pins  particulièrement  en  iniro-, 
dirisant  le  bout  de  la  seringue  sous  te  mus- 
ol«'  sterno^eleito-niastof  lien,  avait  remar- 
que  que  le  malade  se  plaigniit  d*une  forte 
douleur  k  ta  région  occipiio-mastoldieiine 
d^roite;  et  d'un  tro«bi<*  q:*ril  ne- pouvait  pas 
s'expliquer.  Ayant  répété  le  jour  suivant 
riti)<^c<ii)n,  ie-^docteur  Mateiba^  qui  aviiit 
soupçonné  l'excitatiog  du  nerf  rague,  tou-  ' 
clia  le  pouls  de  ia  radiale*  et  en  eoitstata  la 
cessation  absolue,  suivie  de  pulsations  plus 
fortes  après  quidques  secondes  d'inter- 
valle. L'trrigaiion  sur  le  niôme  point  avait 
produit^  quelques  minutes  après,  un  ralen- 
tissement niHab'e.du  pouls.  Il  nota  encore, 
que  l'artère  temporale  droite  avec  ses  ra- 
mifications devenait  plus  grosse  et  tor- 
tueuse, tandis  que  celle  du  côté  opposé 
était  à  peine  vi^fble  soosia  peau,  .phéno- 
mène qu*ofi  devait  attribuer  sans  diaute  à 
une  paralysie  des  nerfs  vaso-moteurs  de  la 
même  artère,  qui,^  quelques  minutes  a'près 
le  f>an«iefiient,  reprenait  son  calibre  nor- 
mal. Le  malade  se  plaignait  aussi  d'une 
salivation  continuelle  et  agaçantr,  avec  une 
sécrétion' a biindan te  et  très-tenace.  La  dé- 
glutition était  trèî^-ditïicile,  particulière- 
mnil  quand  il  voulait  avaler  des  aliments 
solides^  Le  malade  «lourul  épuisé  par  ^a 
suppuration. 

Le  docteur  Malerba ,  se  croit  autorisé, 
d'après  ces  faits^  à  formuler  les  coim;! osions 
suivantes  : 

i*>  Le  nerf  qui  était  atteint  par  le  bout 
de  la  seringue  était  le  nerf  vague  droit. 

!:i<>L'excitation  était  provoquée,  en  grande 
partie,  par  la  température  dn  liquide 
(excitation  thermique),  et  pour  ta  moindre 
part,  par  la  force  du  jet  (excitation  méca- 


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422 


RBVUB  ANAtYTIQVE  IT  CRITIQUB. 


nique),  et  peut-être  par  le  sulfite  dn  soude 
(excitation  chimiifue). 

3«  Le  nerf  vatfiie  est  modérateur  des 
mouvements  du  ccenir»  parce  que,  s!il  était 
accélérateur,  ce  serait  un  coiilre-sens  phy- 
siologique de  voir  une  excitation  ralentir 
les  mouvements. 

4®  Peut-être,  cher  Thommc,  le  nerf  va- 
gue est  il  plus  sensible  que  chez  les  ani- 
maux. 

H^  Le  trouble  que  le  ma  fade  éprouvait 
peut  être  expliqtic  par  la  suspen<«ion  mo- 
mentanée-de  la  circulation  sanguine  dans 
le  cerveau. 

6°  l/a*i};mehiation  de  vnln«iie  de  Tarière 
temporale  nous  conduit  à  admettre  que  le 
vague  au  cou  contierit  des  fibres  centri- 
fuges (fU>rits  de  Ludwig  et  Cyon).  dont 
rexcitaiion  |>eut  suspendre  rincîiâti'in  nor- 
male, qui  ftnri  des  cellules  du  centre  vaso- 
moteur. de  la  ntt>elle  allongée  pour  donner 
le  tonus  auK  libres  musculaires  de^  tuni- 
ques artérirllcs* 

7«  Le  ptynlismev  qui  tourmentait  le  ma- 
lade, démontre  aussi  que  Tirrilaiion  do 
vague  au  cou  agit  par  voie  réflrxe  sur  les 
nerfs  tropbiques  des  glandes  s^livatres. 

S"  La  douleur,  que  le  mala  le  accusait  à 
la  région  mastoïdienne  était  un  fait  ner- 
veux excenirique. 

9<*  La  contrartJoR  des  muscles  du  pha- 
rynx était  due  sans  doute  à  Tahération  des 
branches  pharyngiennes  du  vague. 

(Archives  de  physiologie,) 


>H6morrhagîe  sous'  le  planohev  du 
quatrième  ^rentrîoule  ;  albunninuric  $  gl/- 
oosurîe,  par  M.  hUTR  vIT,  interne  des 
hôpitaux.  -  Variehon,  âgé  de  tti  ans, 
entre  à  Saint  Poihin  le  Î9  avril  1875. 
Aucune  mala  lie  antérienre.  Depuis  un 
mois  et  demi,  «liminution  des  forces,  accès 
de  dyspnée.  Rien  aux  poumons,  rien  au 
cœur.  Hébétude  de  la  face.  affi)il|)li«semefit 
de  riutellixence  et  de  la  sensitulité,  lenteur 
des  mouvements,  incertimle  de  Ja  démar- 
che, hésitation  de  U  parole.  L*enseinble 
des  symptômes  fait  écarter  la  |MirapléK«% 
Tataxie  locomotrice,  Tatrophie  musciildire 
progressive.  Ou  croit  à  un  début  de  remol- 
iissement  cérébral 

Les  riiatléoles  |H>rt«nt  enoore  de  .légères 
traces  d*un  œdème  notable  survenu  ilans 
la  premièi^  quinxaine  d*avrit.  Précipité 
albumineux  «Uns  les  urines. 

3  m:ii  L'appel ii  voraoedu  malade  le  porta 
à  reebercher  la  glycMe,  et  effeetiveinent 


diverses  néactions  en  révèlent  une  quantité 
énorme.  ' 

iOmai .  L*inlelligenee  continue  H  baisser. 
La  respiration  devient' souvent  bruyante. 
Pendant  les  ^ crises,  mouvements  tumul- 
tueux du  CGBttr  et  des  paroi^i  thoracîqnes. 
Néanmoins,  il  n'existe  toujours  aucun  bruit 
d*altérai(on  organique. 

22  juin,  l/éiat  s'agt^rave  sans  cesse  ;  le 
maladie  demande  son  exéat. 

Le  2  août,  on  rapporte  cet  homme  dans 
nn  état  qui  en  impose  pour  une  hémiplé- 
gie. P.iralysie  faciale  «uni plète,  p.irole  en- 
4rt*coupée,  incompréhensible,  respiration 
siertoreuse, cyanose  légère.  Mais  on  remar- 
que que  la  sensibilité,  très- affaiblie.  *per- 
sisie  ÉGALBMKNT  dc  choque  côté.  De  plus, 
en  parlant  à  très  haute  voix^  on  voi*  que 
deri  mouvements  volontaires,  sans  incoor- 
dination, sont  possibles.  Cet  état  dure  dé- 
finis huit  jours  environ. 

Après  uit«  amélioration  de  8  on  10 heures, 
les  aeei  lentscireuiuloireset  respiratoires  re- 
doublant de  violence  (souvent  cinq  à  six  res- 
pirations rapides,  suivies  de  respirations 
lentes  ou  d'un  grand  repos).  Mort  dans  la 
ipatinée  du  4  ai^ût. 

Aalnpsie.  —  Embonpoint  conservé .  stase 
veilleuse  très  prononcée  dans  tous  les  or- 
ganes sphinehniques,!i  Texception  du  pou- 
mon. .Celui-ei  est  entièrement  sain,  <ausst 
hken  que  le  cœur.  Au  premier  abord,  les 
reifis  semblent  altérés,  mais  ils  reprennent 
un  aspect  normal  sous  un  filet  d>au. 

Dans  rencéphale,athécôme  artériel  eon- 
-sidérable,  hypi*rhémie  méningée,  état  saMé 
du  c<»rvedu.  D'ailleurs,  aucun  foyer  d'hé- 
morrhagte  on  de  ramollis<*eMiei)t  dans  les 
loh<*s,  le  corpsAptostrié,  Tavant-mui*,  etc. 
Mais  il  y  a  <rn  caillot  dans  te  quatrième 
ventricule  Ce  caillot,  assec  volumineux, 
eom  mu  nique  à  travers  une  ouverture  dé- 
chiquetée, avec  une  vaste  cavité  située 
sous  le  plancher  du  quatrième  ventricule. 
La  cavité  est  irrégniière,  plus  étendue  à 
droite.  Elle  présente  dans  ses  plus  grindes 
dimensions  0»,0j  de  longueur  sur  0'*,02 
de  largeur,  sur  près  de  0'».0I  de  profon- 
deur. 

Le  eatllot  est  récent;  mais  du  côté  droit, 
vers  le  fond  de  'la  cavité,  est  une  autre 
masse  sanguine,  de  petit  volume,  mais  plus 
dure,  ré^siant  un  peu  à  la  diiacéralton,  et 
évidemment  plus  ancienne 

Je  tenais  surtout  à  faire  ressortir  la  coîn- 
cïdence  entre  les  troubles  profonds  de  la 
fonction  rénale,  Tiiitégrité  apparente  des 
reins,  les  aeoidenis  pneuroo-eardiaques,  et 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE;^ 


425 


le  ppiot  deTisjlhrne,  rl^jà  altéra,  sati 5  ile»tc,' 
où,  à  drux  reprises  en  dix  jours,  .v«nl  se. 
produire  des  héniorrbtfgics  d'une  );ravt(é 
extréoie.  {Lyon  médical.) 


De  l'évacuation  iovolobtaîre  des  ma- 
tîères  dan^  l'état  de  santé  apparente  — 
lU  Kyoïis  aitaeiie  à  ce  sigue  une  grandie 
importance  diagimitliqjuç  et  la  regarde 
cpiufiie  le  synipiôuic  le  pMts  pi'écoce  des 
tumeurs  cért^itralrs^  H  cite  1  histoire  d*ufi 
Jeuue  hoiiinie  qui,  au  .milieu  du  bal  eut 
ainsi  une  évaeiialioa  iuvoloiilaire  d^irine. 
et  de  uiaiières  fécales,  sans  avoir  la  moindre 
conscience  de  ce  qui  lui  étbit  arrivé.  Il 
conlinuait  sa  conversalion,  et  ne  coinpre^ 
uait  |yas  que  ses  amis  vnuiusbenl  iVniruuier 
hors  du  salon/ L'aceident  ne  reparut  i»as 
pendant  plusieurs  mois,  et  aucun  autre 
trouble  de  la. santé  n^apparut  avant  une 
annér  environ,  où  d'autres  signes  de  lu* 
meur  cérébrale  se  montrèrent;  Ce  jrune; 
homme  mourut  trois  ans  «près  te  premier 
accident,  et  Ton  trouva,  à  Ta  io|>sie,  une 

^  tumeur  du  volun>e  d'une  noix,  occupant 
la  base  du  cervec^u*.  déprimant  un  />eu  le 
pont  de  Varole  sans  avoir  détruit  sa  su4t- 
slance. 

Un  autre  fait  semblable  est  celui  d*un, 
iné(|eein  qui  eut  le  même  accident,  se 
trouvant  en  consultation  av<>o  M  Lyons* 
L*évacualion.  fut  aussi  inconsciente',  ac- 
compagnée d'aucun  autre  trouble  cérébral^ 
et  sa  santé  demeura  longtemps  inlatte. 
DeiFX  ans  après,   le  malade   mourut  avee 

'  tous  les  symptômes  d^une  tumeur  céré* 
brale.  •  (Ibid.) 


Observation  de  tumeur  du  cervelet  ; 
par  M  NoKL  (.UÉNEAU  OÊ  MUSSY.--  La 
tumeur,  d'un  blanc  opalin,  bossjelée^,^  peu 
près  pyrifornie^  siégeait  à  la  face  ioÙTicure 
de  rbémisplièrc  cérébelleux  gauche  :  son 
extrémité  anlérienrei  en  forme  de  pointe,, 
suivait  le  bord  des  pyramides  latérales  du 
bulbe  et  était  circonscrite  en  dehors  par  le 
pédoncule  eércbelieax  moyen»  en  avant, 
par  le  pont  de  Varole.  On  constata,  en. 
Fincisant,  que  cette  tumeur  ^lait  consti- 
tuée f»ar  nn  kyste. 

Quant  aux  symptômes  observés,  voici 
dans  quel  ordre  ils  se  sont  maHÎfe&tés  : 

Au  début,  légers  vertiges  qu^nd  le  mu- 
lade  regardait  eu  haut  en  FeiiVersani.la 
tête  en  arrière  :  un  peu  plus  ta«d,  ver- 
tiges plus  inieiides  avec  perte  de  Téqui/i- 


bre,  trciublés  intellectuels  et  embarras  de> 
la  parole  ;  bientôt  «tifin,  vertiges  épilepli- 
forn»es. 

Nansées  et  vomi^ements  bilieux. 

Céphalalgie,    d'jibor<l    occipitale,    puîs> 
plus  hahitnjetlement  fronlale,  avec  prédo- 
minance da<n>^  le  côté  droit. 
-  Tintements d'oreitir,  également  à  droite. 

Plus  tard,  amblyopie,  pseudoblep.de,: 
hénkiopie,  diplopi<',  puis  enfin  cécité  com- 
plète ;  faibjesse  des  membres,  surtout  à 
droite,  tiiubaiiion,  inclinaison  de  la  tête  et 
du  tronc  iUi  pôié  droit. 

Le  sujet  de  cette  observation  était  on 
ga.rçon  de  17  an^,  qui  depuis  Tài^e  de 
45, ans  se  livrait  avec  fureur  à  la  mastur-* 
balion;  il  est  probable  que  la  tumeur 
trouvée  à  l'autopsie  n'a  pas  été  étrangère  à 
cette  iléploralde  habitude. 

(Annafeg  médico-psychologiques.) 


De  Taphasie  ou  perte  de  la  parole 
dans  les  «laladies  cérébrales  par  M.  le 
docti'ur  MATEMAN,  trad.  de  Tatiglais,  par 
M.  F.  V'iiLAKD.  —  Voici  les  conclunions  du 
long  et  consciencieux  travail  de  M.  Bate- 
man. 

A.  l/aphasie  n'est  pas  invariablement 
liée  à  la  l<*sion  du  lobe  autérieur  gauche 
du^<.*ervea«i  ;  >. 

/i.  L'inverse  nVt  pas  vrai  non  plus,  ï 
savoir  que  lor^^qu'il  existe  une  lc<ion  posi- 
tive du  lobe  antérieur  gauche,  Taphasie 
est  nécessairement  un  des  symptômes; 

C  Kien  qu%>n  puisse  «lire  quelque  chose 
en  faveur  lie  chacune  des  théories  popu- 
laires de  la  localisation  de  la  parole,  il 
existe  cependant  de*si  nombreuses  excep- 
tions à  chacune  d'elles,  qu'elles  ne  pour- 
raient supfiorter  le  contrôle  d'un  examen 
désintéressé  et  îmfkartial. 

O.  \\  n'est  nullement  prouvé  qu'il  ^  ait 
un. centre  cérébral  pour  le  langage  arti- 
culé; la  parole  eomnie  râitie  p<»urrait  bien 
être  quelque  chose  dont  la  eonipréhension 
est  au-dotà  des  limites  de  notre  intelligence 
b»ruée.  {Ihid,) 


Un  eas  da  guérîsott  de  nualadie  d'Ad- 
dfson,  par  M.  le  professeur  SEMMOLA 
(deNapleç).  —  Il  s'agit  d'un  malade  qui 
avait  contracté  une-  cachexie  paludéenne 
en  chassant  dans  des  endroits  marécageux. 
Un  changement  de  climat  et  l'hydrothéra-. 
pie  .l'eu  avaient  débarrasiié.  Mais  peu  de 
temps  apfès,  les.Horoes  du  pialadc  déelinè- 


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41^4 


aCVOI  ANALYTIQUE  Fr  ORlTfQUR. 


rent;  son  teinl  (k^vint  lûiit  à  faii  brdnzé. 
A  la  fin  «lu  Diiiis  de.  mars  demiprv  la  eokn- 
ration   car.iclcrisliqtie   s'était   étemlne  au 
dos  ot  kA»  région  ôpigastriqae  {  on  voyait 
la  partie  interne- do  ia  bouche,  sur  les  g<'n- 
cives,  4es  dépojts  de  ptgtnrnis  ;  iVtat  géné- 
ral était  asthénique,  la  faiblesse  si  grande, 
que  le  malade  ne  pouvait  soukfver  sa  tète  ; 
le    pouls    était    à   peine   perceptible;,   la 
température  à  56",^yec  une  sensniion  de 
froid  perninnenti*  ;  les  troubles  .gastriques 
consiilérables,  les  voniissements   incnërci* 
blés;  les  urines  étaient  pates^  renfeniiaut 
iO  grammes  d*urée  par  jour  ;  il  n'y  avait   • 
point  de  douleurs  névralgiques.  Considc^ 
rant  cet  ensemble  de  symplôuies  comme 
une    paralysie    de    Tappan'il    trophique- 
Cgraml    sympftihiqiie;,    M.   Semmola    eut 
recours  H u   eourant  oonslant,  appliqué  de* 
la  nuqiM?   aux    lombes.  Au   bout  de  cinq 
jours  de  celte  application,   il  ne  constata 
aueune  a'nélioration.  Plaçiini  alors  lrs<leux 
pôles.  Ton   au   cou,  Tauire   au  ereux  de 
l'estomac,    il  vit  -les  voniissetnents  cesser. 
Appliquant  régulièrement  toutes  les  douze 
heures  ee  ménie  courant,  les  troubles  g»^- 
triques  disparurent  peu  à  peu.  Ih  a  eut  ployé 
aussi   le  snifiile   de  siryctinine  jusqu'à  la 
dose  de  8  uitliij^rammes  par  jour,  et  dussî 
IModurede  potassium  à  la  dose  de  I  gramme 
parrour.  Les  résultats  ont  été  les  suivants  : 
disparition   de  la  sensation  de   froid,   de 
rindîj^o  des  urines  ;  une  dc^^quanuition  en- 
lanée  a  signalé,  raniélioration.  AujourPhui 
le  malade  maniée  qn  kiloi^ramme  de  viande 
par  jour,  se  promène  trois  beurps  à  ehevid, 
et  n'a  plus  que  la  couleur  d'un  ictère  en 
Toie  de  guérison. 

M.  Marktrwilz  croit  qu'il  y  «liiun  en 
semble  de  symptôiues  qui  ne  sont  peul-ôtre 
pas  sous  la  dépen<lance  d'une  altérathm 
des  capsules  surrénales.  Il  dit  que  toutes  les 
maladies  à  cachexie  rapide,  les  fi<>vi<es  pa- 
lustres entre  autres,  peuvent  conduire  à 
une  hyperpigmentalion. 

M.  Seuinmla-répond  que,  dans  le  cas.  il* 
D*y  avait  point  de  tuuieur  splénique,  et 
que  d  ailleurs  on  ne  considère  plus  ati«' 
jourd'hui  raltéraliou  des  capsules  comme 
fondamentale  ;  que  l'on  tend  plutôt  à  ad- 
metlre  une  altération  des  fonotians  du 
grand  sympathique,  altération  qui  p'nit 
être  sous  la  dépendance  du  virus  syiiîiili'^ 
tique,  du  miasnie  palustre,  etc. 

Cette  observation  si  instruotive  me  pa-- 
ratt  être  propre  è  afipeler  rutt<ntlun  tïei 
mëdeoins  sur  les  troubles  tropbiques, 
parmi  t^squels  je  eitcrai  la  ohlorêse,  dans 


laquelle,  è  mes  yeux,  -on  fait  jouer  aux 
hÂutatii«s  un'  rote  beatrcoup  trop  grand. 
d*est  une  in(roduftl«ui  k  VéiM<\e  des  mala- 
dies du  grand  sympathique.  'Extrait  d*Hn 
article  de  M. _][<ahi|puau  AUX  Je  .Congrès  de 
Bruxelles,.  {l^yon  médical.) 


Rcoherohet  «ur  quelque!  variations 
que  présente- la  nMsse  totale  du  sanç; 
par  M.  MALASSEZ.  -^  La  ricficsse  et  la 
capacité  globulaires  sont  moindres  dans  les- 
espèces  inférieures;  niaix  les  dimensions, 
par  compensation,  en  Sîimt  plu^  eonsidéra" 
blés  ;  toutefois  cette  compensation  est  in- 
damplèrr,  et  Watekeradit  ingénieusement^ 
que  les  phénomènes  respiratoires  chez  les 
animaux  supérieurs  et  chez  les  inférieurs 
étaient  entre  eux  comme  deux  feux  dont 
Tun  serait  enlreUmo  avec  du  prtit  bois 
(anihiaux  supérieurs)  et  Tau^re  avec  de 
grosses  branoîies  (animaux  inférieurs;.  Ces 
faits  Sont  favorables  à  cette  assertion  de 
Ranvier,  que  le  sang  nVst  '^u*un  produit 
de  perfrctionnement  dérivé  de  la  lymphe. 
Chi'Z  les  animaux  inférieurs  un  seul  liquide 
intersliliel  exi>te  :  l.rtymphc;  en  s'étevant 
dans  l'échelle  animale.  Ton  %'oît  le  sang 
app:irailre;  et  en  continuant  de  s'élever, 
Ton  voit  parallèlement  le  sang  Se  perf«*c- 
tionoerj  le  sangdevenir  plus  Abondant^  sa 
masse  cellulaire  augmenter^  et  bi. surface 
de  la  masse  glid)ulaire  s'accroître  toujours. 
La  même  loi  se  retrouve  dans  le  dévelop- 
pement de  I  embryon,  la  capiicité  globu- 
laire, ta  rie.hessè  globuhiire  et  b*  volume 
du  sang  augnienteni  en  même  tem|>s  que 
le  dianv^lre  des  }(h>buh;s  diminu<*.  1^  ri- 
chesse globiii^iire  est  plus  grande  chez  le 
mâle  que  chez  la  femelle.  (Ibid.) 


Note  sur  Temploi   thérapeutique  dv 
bré'mhydi'ate  d«  quinitte^par  M.GUBLER. 
—  Voici  le  ré.viimé  des  premiers  résultats' 
obtenus  par  Tanteur  :  / 

i  Le  bromhydr^ite  de  quinine  corres- 
pondant au  sulfate  de  la  même'  base  est 
plussobible  et  plus  Herbe  en  atcal<Mlie  que 
ce  dernier. 

d**  Il  po^ède  1m'  propriété»  physiolo- 
giques des  sels  de  quinine  on  i^énéral,  et 
prolii)bh'raeni  aussi  li*$  v^irtus  thérapeu- 
tiques de  8(»f^  conjcénère  olBeiNal. 

-  5*  (tepen^lB'it  raeiion  do  brof)ibydrate 
semble  différeir  du  aulfsne  de  quinbie  non- 
seulemi*at>  )>ar  la  nnidoration  des  syroptè^ 
mes  d'ivresse  quiuique,  mais  encore  par 


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nii 


une   tendance  marquée  vers  la  sédaU'on 
nerveuse  et  Thypnoiisme. 

i^Cet  ensemble  de  «qualités  le  désijrne 
spécialement  dans  le  traifement  dos  affec- 
tions congcstives  et  fébriles  qui  atteignent 
le  système  neryeux  :  névralgies,  névrites, 
névroses  irritatives,  hypérémfes  encépha- 
liques, etc.,  et  contre  lesquelles  il  m'atléjà 
donné  d^excell^nts  résultats. 

'5*  Le  bromhydrate^de  quinine  a  mani- 
festé une  grande  puissance  ^ans  un  cas  de 
vomisfsements  incoercibles  ;  il  m'a  rendu 
de  nombreux  services  dans  une  série  de 
casniftrbid('S.ordinairemcnl  justiciables  du 
sulfate  de  quinine  :  fluxions  viscérales  on 
articulaires,  dWi^ine  diathésique  ou  non, 
rhumatismales^  goutletises  ;  fièvres  symp^ 
tomatiques,  à  frigore,  etc.  ' 

6"  Ce  nouveau  méfircament  a  été  donné 
aux  doses  de 0,40 centigrammes  à  I  gralnme 
par  jour,  par  prises  de  0,!20  centigrammes 
tantôt  sous  forme  pllulaire»  tantôt  en  injec- 
tions hypodermiques. 

7"  Porté  dans  le  tissu  ceMnIaire,  le  hrom- 
hydrate  de  quinine  se  montre  absolument 
inoffensif. 

Dans  aucun  cas,  Tinjeclion  hypodermi-* 
que  de 0. 20 centigrammes  debromhydrate 
de  quinine,  équivalent  è  environ  0,50  Cen- 
tigrammes de  sulfate,  n*a  ctôsuivie  du  plus 
léger  accident  inflammatoire  ;  et  le  lende- 
main on  ne  trouvait  autour  de  la  piqûre 
ni  rougeur  ni  tuméfaction  d'aucune  sorte. 

8"  Cette  parfaite  innocuité,  jointe  à  une 
solubilité  plus  grande,  constitue  une  supé* 
riorité  incontestable  en  faveur  de  la  nou^ 
velle  combinaison  de  quinine  et  la  recom- 
mande particulièrement  anx  pr(^férences 
des  praticiens,  toutes  les  fofs  qu'il  y  aura 
indication  on  nécessité  d*adniinistrer  la 
quinine  par  la  voie  hypodermique. 

[Ihid,) 


cas,  on  administré  avec  succès  trois  à  qua- 
tre capsules  de  valérianalc  d'ammoniaque 
chaque  jour;  mais  jamais  il  ne  faut  recou- 
rir  aux  préparations  de  drgitale,  qui,  après 
un  soulagement  monientané,  provoque- 
raient plus  tard  un  redoublement  des 
symptômes  morbides.  '  (Ibid,) 


Traitement  des  palpitations  nerveu- 
ses. —  M.  Péter  administre  aux  personnes 
anémiques  qui  éprouvent  des  palpitations 
nerveuses  la  potion  suivante  par  cuillerée 
à  bouche  d'heure  en  heure: 

Bromure  de  pbtassium  S  à  4  gmmmes. 

Eau  disliilée    ....  100  grammes. 
Sirop  trécorces  d*orange 

iMuére :  30      — 

On  leur  prescrit,  en  outre,  le  vin  de 
quinquina,  les  préparations  ferrngineuses 
et,  entre  autres,  les  pilules  de  valérianate 
de  fer,  l'hydrothérapie,  les  bains  de  mer, 
le  séjour  a  hi  campagne.  Dan»  certains 


Recher<ili^  sur  les  propriétés  physio- 
logiques de  l*aooBÎt  et  l'aconitine;  par 
il.  le  docteur  A.  GUILLAUI>.  —  l/auleur, 
résumant  ses  recherches,  distingue  trois 
périodes  dan*  l'empoisonnement  par  Taco- 
nitîne  :  une  période  de  contractions,  une 
période  de  résolution  et  une  période  de 
mort  musoulaire. 

l/aconitine  agit  essentiellement  sur  les 
centres  de  la  moelle  et  du  btilbe,  en 
augmentant  d'abord  leurs  propriétés  excîto- 
motrices,  comme  la  strychnine  et  surtout 
comme  les  sels  d'argent.  Elle  les  paralyse 
ensuite  peu  à  peu.  Dans  Tencéphale^  les 
centres  des  mouvements  volontaires  sont 
atteints  et  très  affaiblis,  les  Centres  sensitifs 
semblent  respectes  en  partie. 

1/aconitlnc  paralyse  ensuite  successive- 
ment les  nerfs  sensitifs^  les  nerfs  moteurs, 
lé  système  nerveux  sympathique,  puis  les 
muselés. 

L' élévation  de  la  dose  ne  change  pas  la 
marche  et  la  nature  de  Penipoisonnenient; 
elle  ne  fuit  que  précipiter  et  concentrer  les 
phénomènes. 

Elle  atteint  la  respiration  par  l'intermé- 
diaire du  buibe  et  non  autrement.  Par 
suite  de  cette  action  sur  les  centres  respi- 
ratoires, elle  amène  la  mort  par  asphyxie 
chez  les  animaux  supérieurs. 

Elle-n*a  également  d'action  sur  le  cœur 
que  par  rintermcdiaire  du  système  ner-' 
veux.  Elle  n'arréto  pas  le  cœur, -au  début, 
en  agissant  directement  sur  lui;  cet  organe 
continue  à  battre^  quelle  qi^e  soit  la  dose 
du^  poison,  jusqu'après  la  suppression 
complète  de  la  sensibihté,  des  mouvements 
réflexes  et  des  mouvements  volontaires. 

L^aeonitine  n'exerce  aussi  d'action  sur 
rœil  et  la  pupille  que  par  le  système  ner- 
veux, surtout  celui  de  la  vie  organique. 

Un  fait  qui  domine  tout,  comme  on  le 
voit,  c'est  que  Paconitinc  agtt\sur  le  sys- 
tème nerveux  centKil,  ainsi  que  l'avaient 
déj^  reconnu  Hottot  et  Lié«reois.  On  ne 
sajt  pas  au  fond  comment  elle  agit  sur  ce 
système.  Une  action  sur  les  vaso-moteur» 
de  la  moelle  et  une  congestion  de  cet  organe 
no   sont  pas  soutenables    comme    cause 

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essentielle.  Cest  plutôt  en  modifiant  la  nu-, 
trilion  «les  organes  centraux  par  son  naé- 
lange  avec  le  sang  et  le  plasma  ntitrilif  qui 
les  baigne  directement  que  s^exerce  Tin* 
flucnce  de  Paconitine. 

(  A  rchives  de  physiologie .  ) 


Antagonisipe,  4u  oliloral.  eft  de  la 
slryohnine.  —  Le  chlor^l  diminue  l'-exci- 
tabiiité  de  la  moelle  ëpioière,  el  de  cette 
façon  M  tend  à  enrayer  le  développement 
des  convuhions  létani^j^ues  qui.&e  produis 
sent  dans  un  empoisonnement  par  1a< 
strychnine.  Celle-ei,  de  siHi  cote  combat 
raction  stupéfiante  du  clilural  sur  la 
moelle  épinière»  et  remédie  ainsi  à  une 
partie  des  iiccidents  causés  par  le  médica- 
ment de.  1  iebreich.  Nallieiireusement,  la 
strychnine  n*a  pas  d'action  sur  Tencéphale  ; 
aussi  n\'St-elle  qn*un  antidote  très-impar- 
fait du  chloraly  et^ .  si  elle  empêche  le 
malade  de  succomber  aux  accidents  dus  à 
la  suppression  des  fonctions  médullaires» 
elle  ne  le  garantit  en  rien  contre  les  aeci-> 
dents  i)ui  portent  sur  les  fonctions  céré- 
brales. 

De  là  résuite  que  si  la  strychnine  peut 
rendre  quelques  services  dans  Tempoison- 
neinent  par  le  chloral,  \i  ne  faudra  pas 
compter  toujours  sur  elle,  surtout  quand 
la  dose  toxique  aura  été  excessive,;  'd'autre 
part,  lecliloral,  en  s'oppo^anl  aux  convul- 
sions qu'amène  lastryehniue,  pourra  sou- 
lager et  sauver  .  un  certain  nombre  des 
sujets  exposés  à  Taetion  de  cette  substance; 
mais  lorsque  la  dose  du  poison  aura  été 
trop  forte,  on  ne  pourra  donner  une  dose 
suffisante  de  contre- poison  sans  s'exposer 
à  voir  le  malade  succomber  à  l'action 
exercée  par  le  cbloral  sur  le  cerveaux 

[Lyon  médical.) 


Des  visages  thérapeutique*  du  nitrite 
•  d'amyle.  —  Dans  son  travail,  le  docteur 
Albert  Marsat  examine  les  différentes  appli- 
cations que  Ton  a  faites  du  nitrite  d'amyle, 
dans  les  affections  tboiraçiques^  dans  los 
maladies  nerveuses  et  dans  les  syncopes 
chloroforiiiiq.oes. 

Dans  l'asthme  essentiel,  Je  nitrite  d'a- 
myle a  donné  à  MM.  Amez-Ur«z»  W. 
Muro,  Jasirowitz,  Kournevitle,  ete.,  quel- 
ques bons  résultats;  dans  l'épilepsie^  si 
l'emploi  du  nitrite  d  amyle  ne  s*oppose  pas 
à  de  nouvelles  attaques,  il  .peut,,  dans  jcer- 
tains  cas,  comme  le  montre  Al.  Bourneville, 


arrêter  l'accès  à  son  début.  Enfin,  on  eom* 
prend  que  Ton  ait  son<;é  à  employer  la 
propriété  congostive  que  possède  ce  corps 
pour  combattre  la  syncope  chJoroformique 
déterminée  si  souvent  par  l'anémie  céré- 
brale; aussi  Dabncy»  Schiller,  Bussal,  ont- 
ils  conseillé,  dps  ce  cas,  son  emploi.  H  faut 
reconnaître  qu'aucun  fait,  probant  chez 
r homme  n'a  encore  été  enregistré  à  l'actif 
de  cette  médieation. 

A  propos  .du  mode  d'application  et  des 
doses,  le  docteur  Marsat  «'exprime  ainsi  : 

«  Solger  recommande  l'.usaj^e  de  larges 
tub<'S  capillaires  contenant  chacun  3  à  5 
gouttes.^JU  doivent  être  remplis  de  nitrite 
d'amyle  et  fermés  aux  doux  extrémité». 
Lorsqu'on  veut  s'en  servir,  |l  faut  enve- 
lopper ufj  tube  dans  un  morceau  de  linge, 
et  le  briser  avec  les  moins,  il  se  produit 
toujours  une  quantité  suffisante  de  vapeur. 

»  Le  docteur  James  A.  Philip,  pour  faire 
inhaler  le  nitrite  d'aniyle  à. ses  épileptî* 
ques,  se  servait  d'un  cône  de  soie  huilée 
avec  papier  buvard  de  l'autre  côté. 

»  Les  doses  varient  :  le  plus  souvent, 
cependant,  les  expérimcHiateurs  se  sont 
contentés  de  4  à  \0  gouttes.  Le  docteur. 
Janeway,  après  avoir  fait  inhaler  ^V\  gouttes 
de  nitrite  d'amyle  à  un  malade  qui  avait 
perdu  connaissance,  pose  domme  règle  qu'il 
ne  faut  jamais  ado^inistrer  de  si  fortes 
doses. 

»  Cette  règle  nous  parait  trop  absolue. 
Si  dans  la  majorité sdes  cas  une  dose  scm- 
blabie  ejt  suffisante^  il  arriv&.quelquefois» 
en  particulier  chez  leshystéro  épilcptiques, 
qni>,  pour  mettre  fin  à  l'attaque,  il  est  né- 
cessaire de  dépasser  25  gouttes,  et  d'aller 
même  de  35  à  40  gouttes.  Dans  ces  circon- 
stances, il  convient  d#  n'agir  ique  progrès- 
sivemciiit.  Ainsi  on  fera  d'abord  respirer 
les  vapeurs  d'une  dizaine  de  gouttes  ;  puis, 
si  les  accidents  ne  cessent  pas,  on  ajoutera 
10  autres  gouttes^  et  ainsi  de  suite. 

B  D'une  façon  géiïérate,  il  convient  d'être 
très-prudent  lorsqu'on  ad  un' ni^lre  le  nitrite 
d'amyle.  surtout  lorsque,  le  niafade  est 
soumis  à  ce  médicament  pour  là  première 
fois   •  {BuUetin  général  de  thérap,) 


Des  propriétés  thérapeutiques  de  t'ai- 
laute  glanduleuse.  ••-  ÙAilantut  gtanétu- 
loaa^  connu  en  Europe  .sous  le  nom  de 
vernis  du  Ja  on,  a  été  déjà  employé  oouime 
antthelmintiquc  par  Héiet^  et-contri'  la  dy- 
seutej'ieparRvbert^Dujurdin^Beaumets.ete. 
Le  docteur  Giraud  rend  compte  des  expé- 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQOE. 


4^i7 


nViicPs  qui  ont  été  faites  avec  cette  plante 
è  rhopftal  Safnt-Mahdrter  (Tonton).  Darts 
vingt-neuf  cas  éé  diarrhée  et  t\é  dysenterfe 
Tailante  a  donné  dix  sept  fois  <ie6  rcMullats 
avantageux:  dans  tes  autres  faits,  l'amé- 
lioration n*a  été  que  passagère. 

Voici  cornent  on  odministre  Taiiante 
glanduleuse  :     ^ 

Vitifnséf  employé  contre  la  diarrhée  et 
la  dysenlcrie  éc  prépare  avec  Téborce  de 
la  racine  fraîche.  Lorsqu'on  n'a  à  sa  dispo- 
sition qoe  de  la  racihe  desséchée,  la  quan- 
tité doit  en  être  ^liminuée  d'un  tiers. 

L'on  prend  250  grammes  d'ccorce  de 
racine  fraîche  quo  l'on  coupe  ^n  morceaux 
très 'fins;  on  lf*s  mH  dans  im  niorl<fer,  et 
on  verse  dessus  75  grammes  d'eau  chaude, 
on  frilure  un  instant  pour  mieux  ramollir 
récoree^  puis  on  passe  à  travers  un  linge. 
C'est  celte  forte  infusion  qui  est  adminis- 
trée à  la  dose  d'une  «dillerée  è  café,  matin 
et  soir,  pure  ou  dans  nnetiasse  de  thé.  En 
gériéral,  les  homnies  pi^féraient  la  boire 
pure.  Pour  notre  f»art,  dit  ic  docteur 
Giraudy  nous  atons  c^nMalé  que  k  dégoût 
qifon  à  pont  ce  médicament  s*atténue 
beaucoup,  si  Ton  y  ajc^ulede  l'eau  de  fleurs 
d'oranger.  Noù^  proposoAis  Uonc  la  potidn 
suivante  è  prendre  en  deux  on  trois  fbis 
dans  la  journée  : 

Infusé  <i'ailiintf> 15  à  20  gr. 

Hyitrolal  <ie  fleurs  dVanger   .      »     iM 
Sirop  de  sucre  .».<..      »     20 

On  doit  administrer  l'infusé  dans  la 
di'arrhée  chronique  et  la  dysenterie,  pen- 
dant trois  ou  quatre  jours  de  suite.  Par  la 
voie  reciale,  on  peut  te  donner  à  la  dose 
de  20  grammes  dans  un  quart  de  lavement. 

{Ibid.) 


De  raoliôa  diurétique  de  la  digitale. 
—  Le  docteur  Julien  Lozes  a  voulu  répon- 
dre à  cette  question  :  La  digitale  est-elle 
diurétique?  Pour  résemirc  ce  problème 
pathologique,  M.  Lozes  a  employé,  suivant 
le  conseil  de  M.  le  professeur  Loratn,  la 
balance;  il.  a  pose  comparativement  les 
malades  hydropiques,  et  les  urines  qu'ils 
rendaient,  et  voi«i  à  quels  résultat»  il  est 
arrivé  : 

f"  Le  poids  d'un  hydropiqae  varie  en 
raison  inverse  du  volume  de  t'urine  qu'il 
omet,  parce  que  le  malade  relient  dans  ses 
tissus  l'eau  del'urme  qu'il  n'excrète  point  ; 

U<*  L'action  physiologique  de  la  digitale 
est  semblable  à  son  action  tlb^rapeu'ttqve  ; 


elles  sollicitent  et  activent  les  fonctions  de 
la'  diorè«e; 

3<*  La  digitale  agit  comnte  diurétique 
non  seulement  dans  les  hydropisics  cardia- 
q(ies;  mais  encore,  quoique  plus  rarement, 
dans  les  hydroptsiesou  ascites  par  cirrhose, 
par  néphrite  aibufolnease,  et  affections 
organiques  de  la  screasc  ou  des  viscères 
abdomrnnux  ;• 

'4'  Les  hydroplsies,  sans  distinetion 
d'origine,  dans  hfsqnelles  la  digitale  de- 
motirera  sans  eff<'(  pourront  être  prévues 
toutes  les  fois  qu'avec  de  'Tantirie  persis- 
tante, un  œdème  excessif,  <on  aura  observé 
que  le  poids  du  malade  est  représenté  par 
une  courbe  horizon  taie,  pendant  les  jours 
qui  précèdent  le  traitement  ; 
\  2^  Si,  tontes  choses  étant  égales  d'ail- 
leurs, par  le 'moyen  de  la  digitale  on  amène 
la  quantité  de  l'urine  à  un  chiffre  élevé, 
('urée  émise  en  vlngt*quatre  heures  n'é- 
prouvera aucune  augmentation. 

M.  Lorain  emploie  dans  ces  cas  la  poudre 
de  digitale  à  la  dose^  de ^-5  à  50  centi- 
grammes. Le  docteur  Lozes  recommande 
cette  prépartion  ainsi  que  l'infusion.  Mais 
il  oublie  la  macération,  qui  est,  de  toutes 
lés  préparations  de  la  digitale,  celle  qui 
donne  les  effets  diurétiques  jes  plus  positifs 
et  les  plus  certains.  {Jbid.) 


Du  traitement^  de  la    dysenterie  des 
pay«  chauds  par    le    sulfate    de  soudb. 

^  Le  docteur  Mesy,  médecin  de  la  marine, 
a  employé  contre  la  dysentcrie^à'bord  des 
navires  où  il  était  attaché,  le  sulfate  de 
soude,  de  la  façon  suivante  : 

Ce  sol  a  été  pris  sous  la  forme  de  potion  : 
sulfate  de  soude,  20  à  i5  gramnves  le  pre- 

-  mier  jour.  La  dose  était  ensuite  successi- 
vement *  abaissée  jusqu'à  i  grammes  y  ^f^ 
roé.ne  2  grammt«s  seulement.  Le  véhicule 
employé  était  l'eau  distillée  du  b*>rd  ;  la 
quantité  variait^  suivant  la  dose  ^u  sulfate, 
d^  80  à  4IK)  grammes.  La  potion  devait 
être  prise  en  quatre  fois  le  premier  jouir, 
quand  elle  eontenait  dO  gramme»  de  sul- 
faté sodique.'  Les  jours  suivants,  elle  était 
prise  par  petites  gorgées  dans  les  vingt- 
quatre  heures.  Malgré  la  saveur^désagréa- 
'bledu  médicament,  les  malades  l'enlt  tou- 
jours pHs  assez  facilemeot.  Les  différents 

-correctifs,  du  reste ^  '  rendent,  'par  leur 
association,  le  goût  de  la  dissolution  sulfa- 
tée encore  plus  désagréable. 

Voici  les  conclusions  que  M.  Mesy  tire 
«les  fa»t9  qu'il  a  observés  : 


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428 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


1"»  Le  sulfate  de  soude  diminue  et  fait 
même  tomber  la  fièvre  complclement.  A 
ce  titre,  il  remplit  le^  mêmes  indications 
qtie  les  émissions  sanguines  qui  nous  pa- 
raissent devoir  être  proscrites  complète- 
ment dans  le  traitement  de  la  dysenterie, 
même  à  Tctat  aigu  ; 

S**  Il  diminue  le  nombre  des  selles  et 

'  change  leur  nature;  Les  selles,  de  mueo- 

sanguines,  deviennent  d'abord  séro-bilieu- 

ses^  puis  prenrienl  peu  a  peu  de  la  consi- 

stanee  et  Je  caractère  des  selles  fécales  ; 

S**  Le  ténesmc,  si  douloureux  et  si  diffi- 
cile à  combattre  par  la  plupart  des  autres 
moyens,  cède  facilement  à  la  médication 
sulfatée;  v 

4°  Si  la  miction  estdilBcilo,  douloureuse, 
si  ie«  urines  sont  rendues  en  très-petite 
quantité,  c*est  encore  au  sulfate,  de  soude 
à  petites  doses  qu'il  faudra  recourir  pour 
combattre  ces  symptômes; 

5"  Les.  douleurs  abdominale^  sont  atté- 
nuées et  cessent  uiéuie  coAiplétoment  après 
la  première  potion  sulfatée,. donnée  à  la 
dose  de  20  grammes. 

Enfin,  il  est  bien  entendu  que  cette  mé- 
dication doit  toujours  être  aid^e  par  les 
plus  grandes  précautions  hygiéniques  et 
par  une  alimentation  appropriée. 

Quoique  les  résultats  obtenus  par 
M  Alesy  spienl  encourageants,  nous  per- 
sistons à  croire  que^'ipée^i,  ad  minière  sous 
la  forme  de  macération  au  d'infusion,  est 
encore  le  meilleur  remède  à  employer 
contre  la  dysenterie.  {Jbid.) 


Ii»jeotio»t  BOtts-Dutanéet  d'eau  pure. 

—  Ce  procédé,  déjà  connu  depuis  quelque 
temps,  n'est  pas  enirc  sufiisamment  dans 
la  pratique.  Au  moment  où  il  terminait  ses 
études  à  Paris,  AL  Lafiîte  a  vu  soulager 
rapidement  un  malade  aileint  d'un  rhuma- 
tisme articulaire  des  pluis  aigus  auquel  on 
faisait  des  injections  d'eau  dans  le  voisi- 
nage des  articulations  douloureuses. 
L'apai«ement  fut  .presque  instantané/  et 
les  mouvements  devinrent  possibles. 
M.  Lailite  a  obtenu,  depuis  qu'il. exeroe  la 
médecine,  des  succès  remarquables  par  les 
injections  d'eau.  Il  cite  notamment  le  cas 
d'une  femme  en  proie  aux  douleurs  très- 
violentes  d'un  lumbago,  qui  fut  immédia- 
tement soulagée  par  l'Injection,  de  quatre 
seringu<*s  de  Pravaz  d'eau  pure» 

Notre  confrère  a  également  obtentv  des 
succès,  quelquefois  incomplets  mais  .sou- 
vent aussi  défînitifs,  dans  des  cas  de  né- 


vralgie faciale,  de  plearodynie,  de  sciati- 
que,  etc.  ;  il  a  réussi  même  à  soulager 
beaucoup  un  malade  dont  les  douleurs 
étaient  causées  par  un  phlegmon  de  la  ré- 
gion parotidieonfe.  M,  Lafllite  ajoute  que  si 
les  résultats  qu'il  a  obtenus  sont  constants, 
comme  il  le  croit,  la  thérapeutique  se  sera 
«nrichie  d'un  agent  aussi  efficace  que  ia 
morphine  et  ne  présentant  pas  les  mêmes 
dangers. 

(Revue  de  thérapeutiq,  ntédico-chirurg ,) 


Du  frômifsement  d<»  la  voix  dans  la 
pleurésie  et  ia  pneumonie.  ^~  Nos  au- 
leurs  classiques  donnent  comme  signe  dif- 
férentiel de  la  pleurésie  et  de  la  pneumonie 
le  frémissement  des  parois  thoraciques, 
«  nul  dans  la  pleurésie,  conservé,  parfois 
seulement  amoindri, cl  parfois  aussi  un  peu 
exagéré,  lorsque  le  poumon  c&t  hépatisô  » 
(Grisolle).  Le  docteur  E.-G.  Janeway,  de 
New  York,  trouve  que  l'oii  attribue  à  ce 
signe  une  valeur  beaucoup  trop  grande 
dans  le^diagnostic  des  dcu^  affections,  et, 
dans  un  article  du  Médical  Record  ^5  juin), 
il  cite  un  certain  nombre  de  eas  de  pleuré* 
sic  aveo  épanchumenl  où  le  frémissement 
existait  au  niveau  du  liquide,  et  d'autre 
part  des  cas  de  pneumonie  où  ce  signe 
manquait.  Aussi,  il  donne  à  son  article  les 
conclusions  suivantes  : 

i<*  Le  frémissement  de  la  voix  manque 
généralement  au  niveau  d'un  épancbement 
pleurélique. 

2"  Lorsqu'il  existe,  il  peut  être  du  à  des 
adhérences  du  poumon  aux  parois  de  la 
poitrine  au  dessous  du  niveau  du  liquide; 
de  même  ce  fréniissement  peut  se  propa- 
ger au  travers  do  liqiûde,  et  dans  ce  cas, 
il  peut  cire  plus  faible  ou  plus  intense  que 
du  côté  opposé. ,  Dans  quelques  cas  il 
n'existe  pas  ou  ile^t  très-faible,  à  la  partie 
inférieure  du  poumon  du  côté  sain  ;  alors 
son  absence^  du  côté  malade  perd  àe  sa 
valeur. 

3<^  Le  frémissement  de  la  voix  est  géné- 
ralement augmenté  dans  la  pneumonie. 

4^  Cependant  il  peut  être  amoindri  ou 
même  il  peut  manquer  entièrement,  soit 
par  suite  de  l'oblitération  de  la  bronche 
par  compression  ou  par  l'accumulation 
dans  sa  cavité  de  quelque  substance,  du 
sang  coagulé,  par  exemple,  eoinme  l'auteur 
en  a  observé  un  cas  ;  soit  par  la  présence 
d'une  quantité  considérable  de  liquide 
dans  le  sac  (deural-. 

5°  Le  frémissement  de   la   voix   peut 


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REVUE  ANALYTIOHE  IT  CRITIQUE. 


429 


manquer  du  c6(c  soin;  dans  çrs  eià%  PexU- 
toiicc  de  vibrations  cousitlérablos  du  eôtë 
malade  fc*ra  inch'nor  très- forte  ment  du  côlé 
de  la  pneumonie. 

Le  professeur  Flint  appelle  é^^alcment 
Tatteniion  sur  la  plus  grande  valeur.de 
.Tahsence  des  vibrations  Ihoraciques  du 
côté  droit,  comme  sègne  des  rpanchemenls 
pleurétiqiies,  <(  sur  la  plus  grande  valeur 
de  leur  exagération  du  e6i^  gauche  comme 
signe  de  la  pneumonie,  à  cause  de  la  dif- 
férence qui  existe  dans  les  vibrations  ilio- 
raciqnes,  à  IViat  normal,  de  Tun  et  de 
lautrc  côté.  Il  est  évident  que  Ton  ne  peut 
rechercher  avec  autunt  de  soin  les  diverses 
modifications  de  ce  symptôme  que  lorsque 
les  signes  fournis  par  l'inspection,  la  per- 
cussion et  Tauscuiiation  sont  insudisants 
pour  déierminer  le  diagnostic. 

Dans  les  cas  douteux  rauteur  fait ^  à  Bel- 
levue  Hospitaly  des  pondions  exploratrices, 
oon  pas  avec  un  appareil  aspirateur,  mais 
simplement  avec  une  petite  seringue  h 
injections  sous-cntanées,  qui  n'eiïraie  nul< 
lement  les  malades,  et  qui  est  sullisanle  le 
plus  souvent  pour  conduire  au  diagnostic. 

(/ôid.) 


De.  remploi  de  réIeotrîoHé  oomne 
mojren  de  diagnottio  dans  quelques  af- 
fections  nerveuses  et  musculaires  ;   pnr 

AL  ledoctenr  ONIMUS.  -  Voici  les  conclu- 
sion» que  Tauteur  a  cru  devoir  tirer  de  ses 
expériences  et  des  faits  cliniques  qu'il  a 
observés  : 

A .  Quand  les  courants  induits  donnent 
des  contractions  normales,  ni  les  muscles, 
ni  les  nerfs  périphériqu«S|  ni  ^a  portion  de 
la  morllc  dont  partent  les  nerfs  qui  se  ren- 
dent aux  muscles  paralysés  ne  sont  lésés. 

B  Quand  la  contraclililé  farado-^muscu 
laire  (colorant  induit)  est  diminuée  et  la 
contractitité  gnivano- musculaire  (courant 
continu)  est  normale  ou  augmentée,  le 
système  moteur  seul  est  altéré,  mais  Tal- 
téralion  est  l«*nte  ot  incomplète. 

C.  Quand  la  contractililé  farado*muséu* 
laire  est  abolie,  et  la  contractililé  galvuno- 
musculaire  augmentée,  les  nerfs  moteurs 
sont  complètement  détruits  et  la  paralysie 
est  périphérique. 

D,  Quand  la  eontraelilitéfarado-muscu- 
lalre  est  abolie  et  la  eontraclilité  galvano 
musculaire  conservée  mais  très  faible,  il 
y  a  lieu  de  diagnostiquer  la  destruction 
rapide  des  différentes  espèces  dp  filets 
nerveux    ou  des  cellules  de  la  substance 


grise  de  la  moelle  et  des  lésions  graves  des 
musch's. 

E.  Lorsque  la  rontranirlité  farado-mus- 
ciilttire  et  là  contractilité  galvano-muscu- 
l<iîrc  sont  toutes  deux  abolifs,  on  doit 
pronostiquer  la  destruction  complète  du 
système  nerveux  et  du  système  muscu- 
laire. 

(  A  nnafes  médian  psychologiques .  ) 


De  la  phospbaturîe  à  forme  diabé« 
tique.  —  M.  Joseph  Tcissier,  méi'ecin  des 
hôpitaux  de  Lyon,  étudie*  les  troubles  nu- 
tritifs qui  peuvent  survenfr  à  la  suite  d'une 
production  trop  considérable  de  phosphate 
terreux  dans  Turinc.  A  Tétat  normal,  d'a- 
près Vogel,  Neubiiuer,  Lebmanu  Levraud, 
la  quantité  normale  de  phosphate  terreux 
qui  se  trouve  dans  \vs  urtnes.  après  vingt- 
quatre  heures,  osrille  entre  75  centigram-  ^ 
mes  et  5  gri^mmes.  Lorsque  le  chiffre 
atteint  les  proportions  de  12,  SO  et 
30  grammes,  on  peut  observer  un  ensemble 
de  symptômes  trr>s- comparables  à  ceux  du 
diitbète,  et,  sans  vouloir  faire  de  cet  état 
une  entité  morbide,  M.  Teissier  n'hésite 
pas  à  affirmer  qu'il  existe  nne  polyurie 
phosphatiquc  qui  ressemble  au  dial>èle  et 
peut  s'arcompagner  comme  lui  de  troubles 
divers,  la  cataracte  en  particulier. 

(Bulletin  général  de  thérap.) 


Des  effets  de  la  foudre.  —  M.  le  doc- 
teur Vincent  (de  Guéret),  dans  un  mé- 
moire sur  ce  sujet,  rapporte  un  certain 
npiiibre  d'observations  qui  lui  ont  permis 
d'étU'Iier  les  effets  produits  par  la  foudre 
sur  l'homme  et  les  animaux.  Il  les  résume 
ainsi  : 

1°  RautURfiS  à  <o«i«  les  degrés,  qui  con- 
stituent la  lésion  extérieure  la  plus  com- 
mune. Nous  avons  vu,  dil-il,  dans  im  cas, 
que  cette  lésion  pouvait  être  plus  pro- 
fonde que  ne  seuibl^iient  l'indiquer  les 
apparences  extérieures  du  premier  mo- 
ment. 

2«  Déchirures  multiples  du  foie  avec 
pertes  de  substance. 

5*  CoNOBSTiON  passive  du  même  organe 
ainsi  que  des  organes  thoraciques,  propre 
à  la  mort  par  asphyxie. 

4^  Raidrur  cadavérique  à  développe- 
ment rapide,. 

5"  Cyanose  de  la  peau,  hémoptysie, 
dyspnée;  symptômes  dénotant  chex  le 
vivant  une  congestion  pulmonaire. 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


6"  Hémo^itysie,  hémarrhngie  nasale  avec 
sang  non  écuaiettx,  ecchymoses  soiis-ctita- 
néesj  iniiiqdant  une  rupture  de  vaissenux 
capillrtiros,  soil  par  IXîi'l  de  la  secousse 
éleclri.fue,  soil  sous  rinflucnce  de  la 
congestion  asphyxique. 

7«  Tremblement  nerveux  involontaire  de 
la  jambe,  engourdissement 

8®  Néorose  du  grand  sympathique, 

9"  Douleurs  dos  membres  «vec  affaiblis- 
sement plus  ou  niQÎns  considérable  de 
Taction  musculaire;  effet  qui  me  parait 
devoir  être  des  plus  fréquents  et  que  le 
médecin  doit  être  souvent  appelé  à  com- 
battre. 

10*»  Troubles  gastro  intestinaux  :  dou- 
leurs épigastriques,/  naiïsées^  vomkse- 
mcntS;  méicorisme. 

H"  Paralysie,  soit  momentanée,  soit 
tf^mporaire  cl  hémiplégique,  soit  paraplé- 
gique, 

<2**  Enfin,  un  des  effets  les  plus  curieux, 
est  une  fièvre  intermittente  né^algique, 
affectant  exclusivement  la  moitié  du  corps 
paralyse  dans  le  principe,  et  ayant  résisté 
pendant  dix  huit  lïiois  à  tous  les  traite- 
ments enoployés. 

(Gaz.  méd,  de  Paris.) 


Obiervatîons  sur  la  digestion  de  l'al- 
bumine oiiet  les  nouveaux-nés  ;  par 
M.  Olof  HAMMARTSEPf.  .—  Aussitôt 
après  la  mort  de  Taninial,  il  fait  macérer  la 
muqueuse  stomacale  è  la  température  de 
la  chambre  dans  de  f^au  acidulée  avec 
f/1000  d*8ci(le  chlorhydrique.  La  puis 
sance  digestive  du  liquide  est  mise  à 
répreute  à  l'aide  de  la  fibrine  et  de  iVlbti- 
mine  de  Tœuf,  à  la  température  de  36®  à 

L'auteur  dit  n'avoir  pas  trouvé  de  diffé- 
rence notable  sous  le  rapport  de  leur  con- 
tenu en  pepsine  entre  les  estomacs  d'ani- 
maux à  jeun  et  d'animaux  qiii  venaient  de 
téter.  Se  fondant  sur  un  bon  nombre 
d'expériences,  il  établit  que,  la  première 
seitiaine,  l'estomac  du  chien  ne  contiteht 
pas  de  pepsine.  C'est  seulement  dans  le 
cours  de  la  deuxième  scmaïutt  qtr'ellc  com- 
mence à  apparaître.  A  la  troisième  ou  qua- 
trième semaine,  restoriiac  en  contient  sen- 
siblement autant  que  chez  Tantmal  adulte. 
Il  y  a  d*ailleurs  quelque»  différences  sui- 
vant l'état  des  anirhaux.  Plus  fainimal  est 
fort,  plus  Tapparition  de  la  pepsine  est 
précoce. 

La  question  qui  se  pose  alors  est  celle 


de  savoir  comment  l'albumine  du  lait  peut 
être  digérée  dans  tes  pfi'mîers  temps  lie  la 
vi«.  L'auteur  y  répond  par  des  expérienres 
prouvant  que  l'infusion  du  pancréasHligère 
parfaitement  l(i  fibrine  ;  elle  exerce  aussi 
une  action  de  dcdoUbleinent  sur  les  grais- 
ses neutres;  car,  en  peu  d'instants,  du 
beurré  au  contact  d'une  info«inn  dir  pan- 
créas d'un  chien  âgé  de  f  !2  heures  rougît  le 
papier  de  tournesol.  On  perçpit  alors  une 
odeur  d'acide  butyrique. 

Chez  les  chats,  tes  résultats  ont  été  les 
mêmes  que  chez  les  chiens,  avec  ta  diffé- 
rence que  l'estomac  d'animaux  âgé^  seu- 
lement de  huit  jours  contient  manifeste- 
ment des  traces  de  pepsine. 

Chez  le  lapin,  l'apparition  de  la  pepsine 
est  aussi  plus  hâtive  :  car,  au  commence- 
ment de  la  seconde  semaine,  l'estomac  eo 
contient  de  notables  quantités. 

L'estomac  de  Peu  faut  nouveau-né  peut 
parfois  renfermer  de  la  pepsine  ;  il  contient 
de  plus  uo  fermenl  coagulant  du  lait,  car 
le  lait  de  femme  est  difficilement  coagulabic 
par  les  acides  seuls. 

[Ibîd,) 


Sur  l'anesihésîe  locale  ;  par  M.  S.  CAR- 
DENAL.  —  On  connaît  les  difficultés  quel- 
quefois insurmontables  contre  lesquelles  le 
chirurgien  se  heurte  quand  il  V4>nt  obtenir 
Tanesthésie  locale,  difficultés  que  n'a  pu 
vaincre  l'emploi  des  meilleurs  appareil.^, 
par  exemple  de  l'appareil  de  Richardson. 
Ainsi,  dans  certains  cas,  il  est  impossible 
de  produire  rane.sthésie  locale  ;  lorsque  cet 
état  existe,  on  ignore  à  quel  moment  il  est 
survenu  ;  enfin  on  use  des  quantités  eoti- 
sid^érables  d'étber  tout  en  provoquant  des 
phénomènes  nervenx  qo'il  est  utile 
d'éviter. 

Pour  le  professeur  LetafnêndM'ànestbé- 
sic  locale  est  le  spasme  extrême  et  absofu 
du  système  nerveux  v  iso-moteur,  et  l'isché- 
mie qui  en  résulte  le  strietum  ùbsoiuUtm 
des  éléments  vasculaires.  Le  premier  effet 
sensible  dn  froid  produit  par  l'étbcr  s<ir 
1rs  ti<sus  étant  le  Relâchement,  et  par  con- 
conséquent  la  dilatation  vasculaire,  celle- 
ci  continue  à  augmenter  sotjs  rinfluenee 
de  la  projection  eontinnrile-du  jet  d^éther. 
Or,  pour  obtenir  l'anesthétsio  H  faut  déter- 
miner un  mouvement  de  réaction  des  capil- 
laires dilatés,  mouvement  qat  transfor- 
mera leur  état  de  dilatation  exagérée  en 
eon^tricHon  extrém».  On  peut  obtenir 
quelquefois  ce  dernier  eflet  an  moyen  de 


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RKVIJE  ANALYTïi^rF.  ET  CHITIQIE. 


43  f 


rii*rig»(ton  prolongée  d'éther  .  pulvérisé^ 
mais,  la  plupart  du  temps,  les  vaisseaux 
restent  dans  Tétat  d'épuisement  ex(rénu>, 
d*atonie  et'dc  rolàcbement  qui  accomiiagnc 
rbypcrcmie.  M.  Letani€niii  a  comparé  cet 
clat  senii«-pai'aly tique  des  vaisseaux  dila- 
tés, gor^çés  de  sang,  à  Tétat  de  paralysie 
tnaosiloire  de  la  vessie  qui,  dislenduc  par 
rurine,.ne  peut  plus  se  contracti^r  pour 
expulser  le  liquide  qu*elle  contient.  On 
sait  que,  dans  ce... cas,  il  suffît,  souvent 
d'extraire  <de  la  Tes.sie  quelques  gouttes 
dlqriue  pour  que  Torgane  momentanément 
impuissant  reprenne  sa  contractilitc  nor? 
maie.  Une  légère  déplétion  sanguine  des 
vaisseaux  congestionnés, ou  bien  une  faible 
agguftçtilalion  de  ta  tension  nerveuse  du 
résttau  capillaire  causées  Tune  comme 
l'autre  par  riucision  (les  tégumejits  bypé- 
rémJés,  ne  pourrait  elle  pas  aussi  amener 
la  ooniraclion.  instantanée  du  système  vas«-  ' 
Gulaire?  Telles  est  Tidée  qui  a  conduit 
M.  Letamendi  à  inciser  la  pi-au  conges- 
tionnée par  1  effet  de  Tirrigation  d'étber 
pulvérisé;  les  faits  lui  ont  donné  pleine- 
ment rajson. 

.  J!il.  Cardenal  pense  que  la  décharge  de 
la  tension  nerveuse  des  vaso  dilate urs  pro- 
duite par  une  petite  inci>ion,  ou  la  légère 
irritation  causée  parle  tranchant  d'un  bis- 
tourii  et  tout  à  fait  différente  de  celle  que 
détermine  lo  froid,  suffisent  pour  faire 
entrer  en  activité  les  fik'ts  nerveux  vaso- 
constricteurs  en  leur  rendant  Ténergie  ac^ 
cumulée  pendant  tout  le  temps  qu  ils  ne 
pouvaient  agir,  énergie  au  moyen  de 
laquelle  iU  donnent  lieu  à  la  véritable 
ischémie  de  la  région. 

{Archives  de  physiologie.) 


£:(tirpaftîon  du  larynx  par  le  oouteau 
g^vanique.  ->  Dans  Tintéressante  com- 
munication faite  %  TAcadémie  royale  de 
médecine  de  Turin,  par  M.  le  docteur  Bot- 
tini,  au  sujet  d*une  extirpation  totale  du 
larynx,  on  p<'ut  voir  qu'un  «les  pins  graves 
dangers  dans  cette  opération  est  rbémor- 
rbagre.  Le  couteaMf  galvanique,  d'après  le 
docteur  Bottini,  pourrait  la  prévenir.  Ce 
chirurgien  propose  de  se  servir  d'un  bis- 
touri dont  la  lame,  au  lieu  d*ctre  en  ader, 
est  i'n  platine  et  fenestrée  ;  l'un  des  bonis 
est  mince  et  mousse  ;  l'autre,  plus  épais, 
est. cylindrique. 

L'opération  comftrend  trois  temps  : 

i^  UécouKrir  le  l^rynx^, 

2<^  L'isoler  de.i  organes  voisins  ; 


3®  L'extirper. 

Pour  découvrir  le  larynx  on  peut  faire 
simplement  une  incision  médiane  étendue 
du  milieu  de  Tos  hyoïde  jusqu'au  premier 
anne£^u  île  la  trachée,  ou  une  incision  en  T 
composée  parla  première  et  une  deuxièhne. 
parallèle  aux  grandes  cornes  deTos  hyuïde, 
de  façon  à  obtenir  deux  lambeaux  triangu- 
laires que  l'on  dissèque  avec  soin.  — '  Sur 
les  ariiiiiaux,  Tincision  médiane  suffit;  ja- 
mais le  docteur  Bottini  ne  s'est  trouvé 
arrêté  par  le  manque  d'espace. 

On  isole  l'organe  en  incisant  toutes  les' 
parties  molles  qui  le  recouvrait  et  en  le 
séparant  complètement  du  pharynx,  de 
l'œsophage,  de  l'os  hyoî^le,  des  plexus 
vasculo  nerveux.  Pour  cela,  on  saisit  avec 
une  j)ince  les  parties  molles  et  on  les  place 
sur  la  lame  du  couteau,  avec  lequel  on 
les  divise  par  des  mouvements  de  va-et- 
vient. 

L'extirpation  s'obtient  en  introduisant 
une  sonde  sous  la  trachée  ;  sur  cette  sonde, 
qui  sert  de  guide,  on  divise  ce  canal  ;  on 
saisit  ensuite  le  larynx  avec  un  crochet 
double,  on  le  soulève  do  bas  en  haut,  dé* 
tachant  au  fur  et  à  mesure  avec  le  couteau 
galvanique  lej  liens  qui  le  retiennent. 

En  opérant  ainsi  sur  des  chiens,  le  doc- 
teur Bottini  n'a  jamais  eu  d'hémorrhagie, 
soit  primitive,  soit  consécutive. 

(Galette  médicale  de.  Paris,) 


Hernie  étranglée  ;  réduction  au  naoyen 
de  la  main  introduite  dans  le  oolon  ;  par 
M.  Al.  HADDEN  ^New-York).  -  Il  s'agit 
d'une  femme  de  quarante- cinq  ans  qui  Ht 
appeler  M.  Hadden  le  14  juin  pour  des^ 
nausées  et  îles  douleurs  abdominales;  dans 
l'aine  gauche  on.  trouve  une  tumeur  du 
volume  d'un  œuf  de  cane;  ilont  la  malade, 
s'était  aperçue  depuis  longtemps,  maïs  qui 
rentrait  diiabitnde  ;  c'était  une  hernie 
inguinale  dure.  douioureu.«ie  au  toucher,  et 
irréductible  malgré  la  chloroformisation. 
Le  14, et  le  15,  appliealiun  d'une  vessie  de 
glace  sur  la  tumeur,  et  de  temps  en  temps 
tentative  de  réduction  qui  amènent  plu- 
sieurs fois  une  diminution  du  volume  ;  la 
malade  avait  refusé  l'intervention  opéra- 
toire. Les  .vomissomenl.s  ayant  augmenté, 
le  16  au  matin,  M.  Hadden  et  ses  trois 
aides,  aprf-s  avoir  cliloroformisé  la  ma- 
lade, ..fout  chacun  de  vains  efforts  pour 
réduire  la  hernie.  Alais,  avant  d'en  venirà 
la  kélotooiic,  M.  Hadden  proposa  d't  ssaycr 
la  réduction  en  introduisant  la  ^ main  par 


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45-i 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


le  reclum  dans  le  colon,  et  essayant  à  Ira- 
vers  la  paroi  de  ce  dernier  de  faire  sur 
rintestin  hernie  des  toactions  suffisantes 
pour  le  déga{>er. 

La  malade  bien  chloroformisce  fut  placée 
sur  la  poitrine  et  les  genoux  et  maintenue 
dans  eettc  position.  Le  chirurgien  intro- 
duisit ses  doigis  dans  le  rectum,  puis  passa 
doucement  sa  main  jusque  dans  le  eolou; 
il  eut  un  pe^  de  difficulté  à  suivre  Tintestin 
au  niveaiu  du  promontoire  ;  mais  cet  obsta- 
cle une  fois  franchi,  la  main  trouva  la  voie 
libre,  li  put  alors  sentir  très  bien  rintestin 
engorgé»  et  fit  sur  lui  des  trat-tions  douces 
pour  ne  pas  le  déchirer,  en  même ''temps 
qu'il  faisait  le  Iaxis  externe  aVec  Tautre 
main.  Le  résultai  cherché  fut  obtenu  en 
dix  ou  douze  minutes.  Après  la  réduction 
on  fît  étabîir  un  bandage  compressif  sur 
Tanneau  inguinal,  et  le  vulrc  fut  tenu 
serr^  au  moyen  d'un  large  bandage  circu: 
laire;  injection  sous  cutanée  de  morphine. 
Les  vomissements  cessèrent.  Pendant  les 
premières  vingt  quatre  heures,  la  malade 
se  plaignît  de  douleurs  colo  rectales  et  de 
.vives  cuissons  à  l'anus.  Le  lendemain  de 
Topéralion,  selle  abondante.  Suites  simples 
et  guérisou  eomplèie. 

{Lyon  médical,) 


longue  course*  six  mois  avant  le  début  de 
ces  douleurs,  de  l'eau  d'un  étang  dans  le- 
quel  on  avait  jeté  le  corps  it*un  mouton 
mort  d'hydatides.  Les  deux  camarades 
qu'il  avait  avec  lui  burent  de  cette  eau, 
mars  sans  en  rien  ressentir.  La  plupart  des 
cas  que  Ton  observe  chez  les  enfants  de 
Melbourne  peuvent  éire  rapportés  k  cette 
cause,  que  ces  derniers  ont  bu  de  Pcan 
d'un  élang  ;  les  filles  paraissent  pins 
sujettes  aux  hydalides  que  les  garçons; 
dans  un  âge  plus  avancé,  c*est  l'inverse 
qui  a  lieu.  Le  froid  et  l*humidiié  parais- 
sent activer  le  développement  des  tumeurs 
hydatiques.  Si  l'on  place  les  malades  dans 
un  bain  d*eau  chaude,  les  hydalides  aug- 
mentent de  volume;  si,  au  ecnlraîre,  on 
place  le  malade  dans  un,  bain  d*Air  ehaud, 
et  qu'on  produise  ch«z  lui  uneMran«ipira- 
tion  abondante  en  l'empêchant  de  boire,  le 
volume  du  kyste  diminuera.  Sur  100  cas 
d'hydalides  observés,  on  en  trouve  à  peu 
prés  70  pour  le  foie  et  4â  pour  le  pou- 
mon . 

(Revue  de  thérapeutiq.  médico-chirurg .) 


lié»  hydatîdes  de»  poumon»  en  Aut> 
traite.  — Dans  aucuns  pays,  sauf  eu  Is- 
land<",  d'après  le  Melbourne  Médical  Record 
du  6  mars,  les  hydalides  ne  sont  aussi  nom- 
breuses quVn  Australie.  C'est  raffection 
qui  est  la  plus  commune  dans  cette  contrée. 
Elle  s*observe  surtout  dans  les  bergeries 
parmi  les  nègres,  parce  que  ceux-ci  man- 
gent de  la  viande  crue  ou  trop  peu  cuite 
et  parce  qu'ils  boivent,  sans  avuir  pris  la 
précaution  de  la  faire  bouillir,  de  Peau 
des  mares  dans  lesqueltes  vienncnt»e  désai- 
térer  les  chiens  de  lierger  ou  d'autres  ani- 
maux. Dans  les  débuts  de  la  colonie,  cette 
affection  faisait  un  grand  nombre  de  vic- 
times. L*eau  des  étangs  et  la  viande  conte- 
nant des>hydati<ies  ne  constituent  pas  la 
seule  source  de  Taffection.  Il  n'est  pas 
sans  danger  de  manger  tes  plantes,  par 
exemple  le  cresson,  qui  cnussent  dans  des 
mares  ou  dans  des  fossés  fréquentés  par  les 
moutons,  les  porcs  ou  les  chiens. 

Dans  quelques  cas  les  ma'ades  peuvent 
indiquer  le  moment  où  les  hyiiatides  ont 
pénétré  dans  leur  économie.  Par  exemple, 
un  malade  qui.se  plaignait  de  douleurs 
vives  et  d*une  tumeur,  avait  bu  après  une 


Fistule  reoto  -  vag^tnale  ;  parturîtton 
inachevée  par  Tanus,  par  GUhfiES  (de 
Lisbonne).  —  Ce  fait  curieux  a  été  relaté 
par  Raniiro  Guedes.  le  |3  février,  à  la 
Société  médicale  de  Lisbonne.  Le  20  avril 
i87i,  il  av^il  été  appelé  près  d'une  femme 
de  trente-cinq  ans,  enceinte  pour  la  troi- 
sième fois.  Premier  accouchement  très- 
long,  suivi  de  la  naissance  d'un  (^nfant 
mort;  dans  le  seeond,  le  médecin  dut 
extraire  l'enfant  qui  était  mort,  et  il 
résulta  de  l'intervention  une  fistule  reeto- 
vaginale.  Quand  Guedes  vit  la  femme,  le 
soir  du  2(>  avril,  le  travail  ayant  débuté  la 
nuit  précédente,  il  la  trouva  avec  ju  langue 
sèche,  des  vomis.scments  bilieux  répétés, 
l'abdomen  très -distendu  par  le  fœtus  et 
par  du  météorisme,  et  trèsdouloureux  à 
la  plus  légère  pression,  le  pouls  impercep- 
tible, la  respiration  anxieuse  et  fréquente; 
ténesme  vésical  et  rectal;  contractions 
utérines  énergiques  et  très^rapprochées. 
L*examen  local  montre  les  lèvres  gonflées, 
rouges  et  douloureuses,  ainsi  que  tout  le 
périnée;  le  tloigt  ne  pouvait  pénétrer  dans 
'  le  va^in  h  plus  d'un  pouce  et  demi  à  cause 
du  gonflement  général  des  tissus  et  de  la 
présence  de  deux  plans  ré>istants,  un  en 
avant  formé  par  l'arcade  pubienne,  l'autre' 
en  arrière  par  la  tcto  fœtale;  celle-ci  se 
présentait  à  l'anus  un  peu  dilaté.  Aucune 


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KEVIJK  ANALYTIQUIi  ET  CHITIQUE. 


435 


force  n*étai(  capabre  de  faire  abandonner  à 
la  léte  celte  position. 

La  malade  étant  atteinte  d'une  périto- 
nite intense,  Guedes  jugea  inutile  de  la 
délivrer  par  la  pérînéotomic  ou  par  tout 
autre  opération.  Elle  mourut  le  lendemain  ; 
Pautopsie  fut  refusée. 


Pans  la  discussion  qui  suivit,  M.  Alvcs 
Branco  dit  qu*en  pareil  cas  on  devait  faire 
la  périnéotomie  si  Tenfanl  était  vivant. 
M.  Guedes  répondit  qu'il  ne  Tavait  pas 
faîte  parce  que  la  femme  était  moribonde 
et  que  l'enfant  était  mort. 

(Lyon  médical.) 


Cliimie  médicale  et  ph»rinaeeiiti(|ite. 


Sur  la  matière  colorante  de  rurînre 
appartenant  au  groupe  de  Tindiço  ;  par 
M.  MGGELËR.  —  L'indîcan,  qui  appar- 
tient au  groupe  de  l'indigo,  existe  normale- 
ment dans  Tu  ri  ne  de  Thomme  et  des  carni- 
vores. Cette  substance  augmente  considé- 
rablement dans  les  cas  de  carcinome  du 
foie  l'I  de  constipation  opiniâtre.  Sa  con- 
stitution chicîique  parait  se  rattacher  à 
celle  de  Tindol,  et  en  effet,  en  injectant 
Ogr.,i53  fnnd(d  sons  la  peau  d'un  lapin, 
l'auteur  a  extrait  O^OiOS  d'indigo  bleu  de 
Turine. 

Traité  par  les  acides,  Tindican  se  décom- 
pose, et  parmi  ses  produits  de  décomposi- 
tion, on  trouve  une  matière  colorante 
rouge,  l'indigotinc  on  indirubine.  Cette 
substance  peut  se  trouver  en  quantité 
considérable  dans  les  urines  pathologi- 
ques :  l'auteur  en  a  rencontre  un  exempte 
remarquable  dans  un  cas  de  lésion  de  la 
moelle  cervicale. 

Il  a  recherché  les  produits  de  la  trans-^^ 
formation  de  Tisatine  dans  l'économie.  Il  a 
fait  manger  de  l'isatine  à  des  chiens  pen- 
dant plusieurs  jours.  Leur  urine,  traitée 
par  Tacide  chlorhydrique,  se  colorait  forte- 
ment et  donnait,  après  plusieurs  heures, 
un  dépôt  amorphe  de  matière  colorante. 
Ce  dépôt  (^tait  pres(|ue  entièrement  solubic 
dans  l'alcool,  et  après  évaporalion  il  restait 
une  poudre  rouge  d'un  brillant  métallique, 
solublc  en  rouge  carmin  dans  l'alcool  et 
l'acide  acétique.  Traitée  par  les  solutions 
alcalines  à  l'ébullition,  celle  matière  colo- 
rante se  décompose  et  se  dissout.  La  solu- 
tion précipitée  par  l'acide  chlorhydriquc 
donne  une  poudre  noire  d'un  éclat  métal- 
lique. L'urine  qui  contient  cette  matière 
,  colorante  réduit  la  liqueur  de  F^hling. 
L'auteur  conclut  de  ce  fait  que  l'isatine 
est  la  source  d'une  substance  qui  se  com- 
bine avec,  un  {{lucoside  pour  former  un 
corps  analogue  à  l'indican. 

{Journal  do  pharmacie  d'Anvers), 


Gatéchine  dans  l'uriue  d*un  enfant  ; 
par  MM.  W.  EB8TEIN  et  MULLER. ,  -  Il 
s'agit  d'un  enfant  de  quatre  moi^  qui  fut 
pris,  au  deuxième  jour  d£  sa  naissance, 
d'un  ictère  considérable  qui  dura  de  dix  à 
douze  jours.  Bientôt  après  se  montra  une 
altération  très-spéciale  de  l'urine. 

L*urine,  incolore  à  son  émission, 
n'éproqve  aucun  changement  si  Ton  a  soin 
d'empêcher  son  contact  avec  l'air  atmo- 
sphérique. Dans  le  cas  contraire,  elle 
devient  peu  à  peu  d'un  rouge  intense, 
pareil  à  celui  du  vin  de  'Bourgogne.  La 
potasse  la  colore  en  brnn  ;  la  chaleur  et 
l'acide  nitrique  ne  produisent  pas  de  pré- 
cipité d'albumine. 

A  l'âge  de  quinze  mois,  l'enfant  est 
encore  en  bonne  santé  :  il  pèse  iO  kil.,2K  ; 
seulement  son  visage  est  très  pâle.  L'urine 
a  conservé  ses  principaux  caractères,  à  cela 
près  qu'elle  se  colore  en  brun'  au  lieu  de 
roqgir.  La  densité  est  IjOSO-LOiS;  la 
réaction  est  acide. 

Le  corps  anormal  contenu  dans  l'urine 
possédait  trois  propriétés  caractéristiques  : 
la  coloration  en  brun  par  I.-i  potasse,  la 
réduction  immédiate  de  l'azotate  d'argent, 
la  réduction  à  chaud  de  l'oxyde  de 
cuivre  en  solution  alcaline.  En  traitant 
Aecessiveraent  le  résidu  de  j'évaporation 
de  200  centimètres  cubes  d'urine  par  l'eau, 
l'alcool  et  l'éther^  on  obtinl  une  masse 
jaune,  sirupeuse,  qui  donna  lieu  à  des 
réactions  très- précises,  et  qui  ne  laissèrent 
aucun  doute  sur  sa  nature  :  c'était  de  la 
catéchiue  ou  oxyde  caléchique  que  l'on 
trouve  dans  le  cachou,  le  kino,  etc.,  et  qui 
est  considéré  comme  un  congénère  du 
tannin.  Il  est  impossible  de  se  rendre 
compte  de  sa  genèse.  Suivant  Hoppc- 
Seyier,  si  l'on  chauffe,  en  tube  clos  quatre 
il  cinq  heures,  h  200",  280",  de  l'ami. Ion, 
de  la  cellulose  et  des  sucres,  on  obtient 
toujours  une  certaine  quantité  de  caté- 
chiue. L'urine  dont  il  .s'agit  ne  contenait 

55 


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434 


KEVUE  ANALYTIOUK  ET  CRITigUE 


aucun  de  ces  corps.  Stœdeler  considère 
comme  constant  dans.  l*urioe  Tacide  phé- 
nique, qui  ne  diffAre  delà  caiécbine  (acide 
oxyphciiiquc}  que  par  un  atome  .d'oxy- 
gène ;  mais  il  ne  s'agirait  que  de  quantités 
très -mini  mes,  ce  qui  n'a  pas  lieu  dans  le 
cas  décrit  plus  haut. 

{Journal  de  pharm.  et  de  chimie). 


Analyse  des  divers  morceaux  de 
viande  de  bœuf,  vendus  couramment  à 
la  halle  de  Paris^  en  1873;  par  M.  Cu, 
MÈNE.  —  Voici  comment  les  analyses  ont 
été  effectuées  :  d*&bord  on  a  séparé  les  os, 
puis  choisi  une  certaine  qi^antité  de  chair 
que  Ton  a  découpée  en  un  certain  nombre 
de  morCi*aux  d*un  poids  égal  et  que  l'on  a 
soumis  au  traiiement  :  1*  du  sulfure  de 
carbone  pour  enlever  les  matières  grasses  ; 
2*>au  bain  marie  à  100  degrés  pour  doser 
rhumiditc  et  Peau  de  composition;  o°  par 
Teau  froide  (sur  de  la  viande  hachée),  ad- 
ditionnée d'acide  chlorhydrique,  puis  par 
l'ammoniaque  pour  eh  retirer  Talbuniine 
et  la  fibrine;  4"  à  l'incinération  dans  le 
mouille  d'un  fourneau  à  coupelle  pour  ob- 
tenir les  sels  minéraux  ;  ^°  par  l'eau  bouil- 
lante, pendant  une  heure,  pour  en  extraire 
la  gélatine  ;  6"  cl  finalement  pour  en  enle- 
ver le  tissu  cellulaire,  les  filaments  et  les 
nerfa.  Une  autre  série  d'analyses  a  été 
faite  par  la  chaux  sodée,  l'oxyde  de  cui- 
vre, etc.,  pour  avoir  l'azole^  le  carbone, 
'l'hydrogène,  etc.,  c'est-à-dire  la  compo- 
sition élémentaire.  Les  divers  nombres 
obtenus  sont  consignés  dans  un  tableau 
joint  à  la  note. 

Ces  résultats  montrent  que  la  composi- 
tion de  la  matière  viande  n'est  pas  la  même 
dans  toutes  les  parties  d'un  mén^e  animal, 
et  que,  pa«*  conséquent,  il  y  a  des  portiops 
qui  sont  plus  ou  moins  riches  en  certain! 
principes,  mais  que  ne  justifie  pas  toujours 
le  prix  de  la  vente  au  point  de  vue  nutri- 
tif; tels  sont:  le  filet,  la  cervelle,  etc..  etc. 
(Gazette  médicale  de  Paris.) 


L'ammoniaque  dans  l'atmosphère.   — 

L*a2ote,  malgré  son  nom,  joue  dans  le 
monde  organise  un  rôle  considérable  :  sa 
présence  dans  un  corps  complexe  trahit 
une  origine,  une  existence  antérieure 
aux<]uelles  ont  prési<ié  les  forces  vitales. 
Si  donc  ce  gaz  est  impropre  à  maintenir 
la  vie  des  animaux  et  des  végétaux,  alors 
quUl  est  dégagé  de  toute  combinaison,  il 


est,  au  coniraire,  pour  les  autres  un 
élément  nécessaire  d'entretien,  d'alimenta- 
tion, quand  il  a  revêtu  les  formes  qui  se 
prêtent  à  l'absorption.  Du  moment  oii  ces 
conditions  ont  été  établies  expérimentale- 
ment, on  a  voulu  connaître  les  moyens 
qu'employait  la  nature  pour  satisfaire  à  cet 
énorme  avidité  d'azote  manifestée  par  tous 
les  être»  qui  vivent  à 'la  surfaee  du  globe, 
et  la  présomption  humaine,  souvent  justi- 
fiée d'ailleurs  par  les  résultats  déjà  obte- 
nus, est  allée  jusqu'à  tenter  de  résoudre 
ce  difficile  problème,  de  seconder  les  forces^ 
naturelles  en  les  imitant. 

Ce  but  a  été  atteint.  L'analyse  a  donné 
les  moyens  de  coAnaitré  la  composition  des 
corps  dont  il  s'agissait  de  favoriser  le  déve- 
loppement; des  expériences  innombrables 
ont  précisé  les  codibinaisons  chimiques 
qui  assuraient  l'assimilation  de  l'azote.  Ces  . 
progrès  sont  rflativement  tout  récents, 
mais  ils  ont  donné  à  Tagriculturc  priuci- 
palement,  soit  au  point  de  vue  de  la  pro- 
duction végétale,  soit  au  point  de  vue  de  la 
production  de  la  viande,  un  essor  rapide  vt 
permanent.  Ils  n'ont  pas  nioins  profité  à 
l'alimentation  générale  et  à  la  thérapeu- 
tique, directement  intéressées  dans  la 
question. 

Ces  faits  acquis,  il  restait  un  côté  tout 
spéculatif  du  problème,  qui  n'avait  pas 
reçu  de  solution  satisfaisante  :  sachant  que 
les  nitrates  et  l'ammoniaque  étaient  char- 
gés de  la  diffusion  de  l'azote  dans  l'uni- 
vers, il  devenait  intéressant  de  chercher 
sous  quelles  influences,  par  quelles  lois, 
ces  corps  prenaient  naissance.  Or  ces 
influences  et  ces  lois  sont  multiples,  si  bien 
que  les  hypothèses  les  plus  opposées  peu- 
vent être  également  justifiées,  et  qu'une 
•  certaine  confusion  persiste,  quelles  que 
soient  les  explications  qu'on  ait  données 
jusqu'alors. 

Préoccupé  de  cet  état  de  choses,  M. 
Schlœsing  a  entrepris  de  nouveau  la  solu- 
tion du  problème,  et  il  présentait  der- 
nièrement à  l'Académie  les  considérations 
générales  d'après  lesquelles  il  a  voulu 
éclairer  et  guider  son  travail.  Ces  considé- 
rations sont  assez  intéressantes  pour 
mériter  une  analyse. 

Les  principes  azotés  que  les  êtres 
organisés  assimilent  sont  des  produits 
dérivés  de  l'ammoniaque  et  de  l'acide 
nitrique  et  reproduisent  ces  corps,  quand 
ils  entrent  en  décomposition.  Dans  la 
succession  de  ces  phénomènes,  une.  cer- 
taine quantité  d'azote,    abandonnant  ses 


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REVUK  ANALYTÎQIIE  ET  CRITIQUE 


45H 


conibin;«isons,  devi«nt  libre  et  rentre  dans 
]c'  mond<'  inorganique,  de  sorte  que  la 
somme  des  composes  azotés  nécessaire  à 
Tenl retien  de  Ja  vie  h  la  surface  de  notre 
planète   irait  toujours  diminuant  et  fini- 

>  rail  par  s'anéantir  tout  à  fait,  si  diverses 
causes  naturelles,  en  faisant  entrer  de 
nouveau  Tazote  gazeux  en  combinaison, 
ne  réparaient  incessamment  ces  pertes. 
On  a  attribue  successivement  à  Tatroo- 
sphère,  aux  plantes  et  au  sol  la  propriété 
de  régénérer  les  composés  assimilables.  ' 
Lesr:  ciierches  de  M.  Boussingault,  com- 
plétées par  celles  de  MM.  Houzeau  et 
Thénard,  ont  établi  l]ue  réleclricité, 
agissant  par  décharges  brusques  ou  par 
effluves,  donnait  naissance  à  Tacide 
nilrique'aux  dépens  des  éléments  de  Tair. 
En  ce  qui  concerne  les  plantes,  on  parait 
9Voir  renoncé  complètement  h  la  théorie 
qui  leur  faisait  absorber  Tazote  gazeux 
pour  le  faire  entrer  dans  les  combinaisons 
organiques.  Ce  qui  se  passe  dans,  le  sol  est 
encore  très  controversé.  Il  n'a  pas  été 
possible  de  démontrer  que  la  combustion 
lente  des  matières  organisées  répandues  à 
la  surface  de  la  terre  fût  accompagnée  de 
Tunion  parallèle  de  Tazote  avec  Toxygènc 
ou  rhydrogène;  les  expériences  directes 
ne  permettent  pas  d'accepter  la  théorie  de 
M.  Oehérain,  qui  suppose  que  Tazote  de 
Tair  se  combine  avec  les  matières  carbonées 
du  sol.  Ce  qui  parait  mieux  établi,  c*est 
qu'en  somme  les  composés  azotés,  après 
avoir  subi  diverses  transformations,  laissent 

'  échapper  une  certaine  quantité  d'azote 
libre,  qni  retourne  au  réservoir  commun  : 
l'atmosphère. 

En  résumé*  il  n'y  a  qu*urte  force  répa- 
ratrice dont  les  effets  soient  certains,  c'est 
réicctricité.  Cependant  elle  semblerait 
insuffisante,  si  Ton  compare  entre  elles 
les  quantités  d'azote  fournies  au  sol  par  les 
pluies  d'une  part,  et  d'autre  part  enlevées 
k  par  les  récoltes  ou  les  eaux  souterraines. 
M.  Schlœsing  pense  que  cette  insuffisance 
n'est  qu'apparente.  D'abord  il  conteste 
quç  les  météores  aqueux  apportent  au  soi 
toute  la  production  nitreuse  de  l'atmo- 
sphère ;  il  observe  en  outre  que  la  surface 
des  continents  est  le  siège  de  phénomènes 
d'oxydation  permanente  et  qu'il  s'y  déve- 
loppe une  abondante  nitrification,  comme 
le  prouve  t'analyse  des  eaux  de  drainage 
et  de  rivières,  plus  riches  en  nitrates  qu'en 
ammoniaque.  Une  partie  des  compo^s 
ainsi  charriés  à  travers  le  sol  concourt  à  la 
végétaliori,  une  autre  est  emportée  à  la  mer. 


•  Dans  les  eaux  terrestres  les  nitrates  sont 
beaucoup  plus  abondants  que  l'ammo- 
ninque,  c'est  le  contraire  qui  s'observe 
dans  Teau  de  mer.  Â  quoi  tient  cette  diffé- 
rence qui  tout  d'abonl  parait  singulière? 
Simplement,  d'après  l'auteur,  à  ce  que  la 
décomposition  des  êtres  organisés  qui 
produit  du  nitre  sur  les  continents  est  une; 
source  d'ammoniaque  dans  un  milieu  aussi 
peu  oxygéné  que  l'est  l'eau  de  mer.  Les 
ftitrates  sont  d'ailleurs  détruits  par  la 
végétation  sous-marine  «  On  doit  donc  se 
représenter  toute  une  circulation  d'acide 
nitrrqne  et  d'ammoniaque  à  la  surface  du 
globe.  L'acide  nitrique  produit  dans  l'at- 
mosphère arrive  tôt  ou  tard  k  la  mer  :  là, 
après  avA)ir  passé  dans  les  êtres  organisés, 
il  est  converti  en  ammoniaque  ;  dès  lors  le 
composé  azoté  a  pris  l'état  le  plus  propre  à 
sa  diffusion  ;  il  passe  dans  l'atmosphère 
en  voyageant  avec  elle,  va,  comme  Tacide 
carbonique*  à  la  rencontre  des  êtres  privés 
de  locomotion,  à  Ja  nutrition  desquels  il 
doit  contribuer.  Dans  sa  route,  il  est  fixé  là 
où  il  trouve  les  feuillages  des  végétaux, 
ou  bien  des  terres  arables  préparées  à  Tab- 
sorption  par  les  labours  et  par  la  présence 
du  terreau.  Ainsi,  production  nitreuse 
dans  l'air,  apports  nitreux  de  l'air  aux 
continents  et  à  la  mer,  retour  des  nitrates 
des  continents  dans  la  mer,  transformation 
de  ces  sels  en  ammoniaque  dans  le  milieu 
marin,  passage  de  l'alcali  dans  ratmospjière 
et  transport  aux  continents,  telle  doit  être 
la  circulation  des  composés  minéraux  de 
l'azote.  » 

Il  n'est  donc  pas  nécessaire  que  les  com- 
posés nitreux  do  l'atmosphère  soient 
formés  sur  place  et  vetëés  directement  sur 
le  soi  par  les  pluies,  pour  que  les  végétaux 
puisent  dans  le  milieu  ambiant  les  quantités 
dont  ils  ont  besoin.  Dii  moment  qu'un 
réservoir  immen2»e  fournit  incessamment  à 
l'air  l'ammoniaque  qu'il  tient  en  dissolu- 
tion, les  courants  atmosphériques  renou- 
vellent d'une  manière  continue  les  provi- 
sions qui  tendent  à  s'épuiser.  Il  reste  à 
étayer  cette  séduisante  théorie  sur  des 
expériences  positives  ;  c'est  ce  que  M. 
Schlœsing  se  propose  de  faire  dans  un 
prochain  travail. 

(Journal  de  pharmacie  d'Anvers.) 


Produits  d'oxydation  de  l'hydrate 
d'etsenoe  de  térébenthine;  par  M.  C. 
HËMPEL.  —  D'après  plusieurs  travaux 
récents,  l'oxydation  de  l'essence  de  téré* 


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45() 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITÎQUJS. 


Lenthinc  ne  proiiiiit  ni  acide  tolnique,  ni 
acifl»?  têréphtnlique  ;  d'après  d'autres,  an 
contraire,  elle  donne  ces  deux  acides. 
Comme  on  a  montré >quc  l'e/;sence  de  téré- 
hendiine  se  transforme  facilement  en  cy- 
mène  sous  diverses  influences,  on  peut  se 
(jemander  si  ces  divergences  ne  seraient 
pas  dues  à  la  présence  du  cymône  dans 
plusieurs  des  échantillons  d'essence  em- 
ployés. « 

Pour  éclaircir  ce  point,  M.  Hcmpel  a 
oxydé,  non  pas  l'essence  elle-même,  mais 
son  hydrate  cristallisé,  la  terpine,  que  Ion 
peut  avoir  facilement  à  lelat  de  pureté.  U 
admet  que  les  produits  d'oxydation  de  la 
terpine  sont  identiques  à  ci'ux  du  térébcn- 
thène. 

Sous  rinflucnce  de  Facide  azotique 
étendu,  la  terpine  s*oxyde  en  produisant 
les  acides  térébique,  toluique,  et  téraphta-' 
lique  :  ces  trois- corps  ont  été  isolés  et  ob- 
tenus à  rélat  de  pureté,  ce  qui  a  permis 
de  les  caractériser  nettement.  L'oxydation 
s'effecluant  asec  facilité, .  plus  rapidement 
que  celle  du  cymène,  M.  Hempel  consi- 
dère comme  ii)admissible  la  formation 
intermédiaîi^e  du  carbure. 

L'action  exercée  par  un  mélange  d'acide 
sulfurique  et  de  bichromate  de  potasse  est 
toute  différente.  L'oxydation  s'effectue 
avec  énergie,  la  réaction  est  tumultueuse  ; 
si  Ton  a  employé  un  excès  d'acide  chro- 
mique,  il  se  dégage  de  Taride  carbonique 
et  l'on  ne  retrouve  que  de  l'acide  acétique 
dans  la  liqueur.  Par  une  oxydation  ména- 
géC;  on  obtient  un  coniposc  acide,  soluble 
dans  l'eau,  restant  après  évaporation  de 
son  dissolvant  sous  forme  d'un  liqnide 
sirupeux,  ne  donnant  que  des  sets  incris- 
tallisables.  M.  Hempel  s'occupe  de  l'étude 
de  ce  nouvel  acide. 

(Journal  de  pharmacie  et  de  chimie,) 


Action  de  l'ozone  sur  les  jus  Sucrés  ; 
action  des  sels  acides -^ sur  le  sucre;  par 
BI.  MAUMENÉ.  —  4  litre  de  jus  de  bette- 
rave peut  absorber  l'ozone  de  plusieurs 
litres  d'oxygène  ozone  {h  55  ou  36  milli- 
grammes par  litre)  sans  altération  du 
sucre  :  l'odeur  de  l'ozone  disparait  immé- 
diatement, et  la  couleur  du  jus  parait 
seule  détruite  ;  quand  l'odeur  se  conserve, 
le  sucre  commence  à  être  rapidement 
inverti.  ^ 

Les  sels  acides,  notamment  les  bisul- 
fates, n'ont  presque  pas  d'action  pour 
invertir  le  sucre.  Des  dissoUilions  bouillant 


à  feu  nu  ne  présentent  pas  d'inversions 
sensiblement  plus  rapides  que  les  dissolu- 
tions aqueuses  pures.  La  moindre  trace 
d'acide  en  excès  produit  l'inversion  en 
quelques  minutes.  Les  masses  cuites  qui 
conscrvenf  de  la  chaux  et,  par  suite,  de  la 
potasse  et  de  la  soude  libre,  peuvent  rece- 
voir assez  d'acide  sulfurique  pour  changer 
les  alcalis  en  bisulfates  sans  éprouver  une 
inversion  rapide.  Une  trace  d'acide  en 
excès  rend  l'inversion  immédiate.  Il  est 
facile  de  voir  comment  les  cuites  acides  de 
M.  Margueriite  peuvent  offrir  une  résis- 
tance à  l'inversion  qui  a  d'abord  causé  de 
la  surprise. 

{Journal de  pharmacie  et  de  chimie.) 


Sur  quelques  composés  de  l'aldéhyde  ; 
par  M.  NËNCKI.  —  L'aldchy<ie  ordinaire, 
C*fi*0*,  qui,  comme  on  sait,  est  le  premier 
produit  d'oxydation  de  l'alcool,  G^H*0*, 
peut  se  combiner  avec  divers  corps;  ainsi 
elle  forme  avec  l'ammoniaque  une  sub- 
stance eristniltséc,  l'aldéhyde-ammoniaque, 
C*H'0*,AzH\  elle  s'unit  aux  bisulfites  al- 
calins et  produit  dos  combinaisons  cristal- 
Jisées.  M.Neiicki  a  fait  des  recherches 
dans  cette  dir(*ction  et  a.  obtenu  d'autres 
composés  intéressants. 

1*'  Si  l'on  fait  un  mélange  de  bcnzamiilft 
et  d'aldéhyde,  et  si  l'on  y  ajoute. quelques 
gouttes  d'acide  chiorhydrique  étendu,  la 
benzamide  se  dissout  avec  élévation  de 
température  et  par  le  refroidissement^  on 
obtient  une  masse  cristalline  qui  constitue  * 
Vélhylidène'beuisamidv, C^'E'^O^Az*. 

Ce  composé  est  peu  soluble  dans  l'eau 
bouillante,  soluble,  au  contraire^  dans 
l'éther  et  dans  l'alcool  bouillant  ;  il  cristal- 
lise en  aiguilles  rhombiquès,  blanches  et 
fusibles  à  188°.  11  se  dédouble  à  chaud  en 
aldéhyde  et  en.  benzamide  sous  l'influence 
des  acides. 

2'ï  L'uréthane  se  combine  également 
avec  l'aldéhyde.  L'autéqr  prépare  le  pre- 
mier de  ces  corps  en  soumettant  à  la  tem- 
pérature de  120  à  130°  le  nitrate  d'urée  à 
l'action  de  l'alcool.  Le  nitrate  d'urée  se 
décompose  en  nitrate  d'ammoniaque  et  en 
urélhane  que  Ton  sépare  »u  moyen  <fc 
l'éther. 

Lorsqu'on  dissout  l'uréthane  dans  l'al- 
déhyde il  se  dépose  un  produit  qui  cris- 
tallise au  bout  de  quelques  jours,  ou 
immédiatement  si  l'on  ajoute  quelques 
gouttes  d'acide  chiorhydrique.  Ce  corps 
est  soluble  dans  Télher,  Talcool  et  Tcau 


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REVUE  ANALYTIQUR  ET  CRITIQUE. 


438   1 


bouillanfe,  cristallise  en  aiguilles  fusibles 
à  lî26°,  el  se  dédouble  en  aldéhyiic  et  nré- 
Ihanc  par  raclion  des  acides  étendus^  en 
fixant  un  cquivalcnl  d'eau.  C'est  Véthyii- 
dme-«rrï//a»e  C'«H•«0^\z*4-H'0^ 

5"  M.  Reynolds,  en  chauffant  en  vase 
clos  un  mélange  «l'urée  sulfurée  el  d'aldc- 
hyde,  ayait  obtenu  Vétfiylidène-suffurëe 

C'S" 


C«H*S'Az^= 


CW 


Az«H' 


l/autcura  nhauffc,  au  contraire,  dans  une 
capsule  une  solution  d'urcc  sulfurée  et 
d'aldchydalc  d'qnimoniaquo,  et  il  a  eu  un 
compose  {)eu  soluble  dans  IVau  bouillante, 
ipsoiuble  dans  l'alcool  froid  et  dans  réther, 
fusible  à  iSO"  et  se  dédoublant,  par  une 
cbuUition  prolongée  dans  Tcau,  en  aldé- 
hyde, urée  sulfurée  et  ainmoiliaque;  ce 
corps  a  pour  formule  C'**H"Az'S  et  peut 
être  considéré  comme  la  combinaison  am- 
moniacale de  la  diéthylidène- sulfurée 

(C*IP)' 

c*s- 

{fbid.) 


Az-AzH' 


Note  sur  les  sûlfooarbonates ,  par 
M.  GEI.IS.  —  On-  suppose  î^énéralemeul 
que  Paciion  du  sulfure  de  carbone  Sur  les 
polysulfures alcalins  donne  dessulfocarbo- 
nates  avec  précipitation  de  soufre  ;  cepen- 
dant une  partie  du  polysulfure  échappe  à 
ia  réaction.  }],  Gélis  s'est  proposé  <réclair- 
cir  ce  point  douteux.  H  a  préparé  par  syn- 
thèse des  sulfures  théoriqueutenl  purs,  en 
combinant  des  poids  calculés  de  soufre 
avec  des  quantités  connues  de  sulfhydrates 
alcalins,  et  il  a  observé  que  les  polysul- 
fures alcaliils  ne  donnent  pas  avec  le  sul- 
fure de  carbone  des  sulfocarbonatcs  à  base 
.  de  monosulfure,  CS*,  îMS,  mais  à  base  de 
bisulfure  alcalin  dotit  la  formule  est  CS*, 
MS^.  Un  équivali^t  de  sulfure  de  sadium 
cristallisé  et  un  équivalent  de  soufre,  hu- 
mectés de  i5  grammes  d'eau,  donnent  en 
quelques  instants,  à  la  tem|)ératurc  du 
bain  marie,  une  solution  de  bisulfure  de 
sodium  qui  ne  tarde  pas  à  cristalliser.  Si 
Ton  ajoute  à  ces  cristaux  un  équivalent  de 
sulfure  de  carbone,  tout  le  sulfure  de  car- 
bone est  absorbé,  tout  le  soufre  reste  dis- 
sous et  Ton  obtient  une  liqueur  limpide. 
Si  au  lieu  d'un  bisulfure,  on  prend  un 
trisuifure  ou  un  quadrisulfure  de  sodium, 
il  se  dépose  dans  le  premier  cas  un  équi- 
valent de  soufre  et,  dans  le  second,  deux 
équivalents  ;  mais  tout  le  suffure  de  car- 


bone est  absorbé.  C'est  toujours  un  sulfo- 
cîirbonate  rU»  bisulfure  que  l'on  obtient. 

La  quantité  de  chaleur  produite  dans 
cette  réaction  est  considérable,  aussi  ne 
doit-on  pas  négliger  la  précaution  de  re- 
froidir le  mélange. 

Les  sulfocarbonatcs  ordinaires  à  base  de 
monosulfure  diffèrent  des  sulfocarbonatcs 
à  base  de  bisulfure.  LVau  ne  forme  aucun 
dépôt  avec  ces  derniers,  l'alcool  les  dissout 
entièrement,  le  sulfure  de  carbone  ne  leur 
enlève  pas  de  soufre,  tandis  que  les  sulfo- 
carbonatcs de  monosulfure  sont  très  peu 
solubles  dans  Talcool  même  étendu.  Ce 
moyen  peut  cire  employé  pour  les  dis- 
tinguer. 

Il  est  du  reste  facile  de  confondre  ces 
deux  ordres  de  sels.  La  couleur  des  préci- 
pités qu'ils  donnent  avec  les  sels  métalli- 
ques est  à  peu  près  la  même.        {Ibid,) 


Note  sur  roxydatton  du  soufre;  par 
M.  POLLACCI.  -  M.  Pollacci  a  prouve 
par  diverses  expériences  que  le  soufre 
exposé  au  contact  de  l'air  à  des  températu- 
res peu  élevées  peut  se  combiner  avec  Toxy- 
gène  et  ?e  transformer  en  acide  sulfur»que. 

I.  Il  a  déposé,  dans  trois  capsules  en 
verre  des  quantités  égales  de  fleur  de 
soufre  absolument  exempt  d'acide  sulfu- 
rique,  et  il  a  ajouté  assez  d'eau  distillée 
pour  convertir  le  soufre  en  une  pâte 
molle.  Ces  trois  capsules  ont  été  exposées 
ensuite  à  une  température  peu  élevée 
variant  de  —  3°  à  -f  16*  et  après  un  cer- 
tain nombre  de  jours,  on  y  a  trouvé  de 
raci<ic  sulfurique. 

II.  Dans  une  deuxième  expérience  dis- 
posée comme  les  précétlentes,  on  introdui- 
sit le  soufre  dans  une  capsule  et  on  le 
plaça  dans  une  des  serres  de  T Université 
de  Pavie  à  la  température  de  4"  à  20". 
Pendant  quelques  heures  le  soufre  fut 
exposé  aux  rayons  solaires,  et  le  lendemain 
la  présence  de  l'acide  sulfurique  devint 
manifeste. 

III.  Du  soufré  provenant  d'un  polysul- 
'fure  alcalin  fut   lavé  avec  le  plus  grand 

soin,  puis  délayé  dans  de  l'eau  distillée  ;  on 
y  plongea  un  tissu  dç  lin,  qu'on  exposa, 
après  l'avoir  exprimé,  aux  rayons  solaires, 
à  la  température  de  35  à  38".  Le  tissu  fut 
humecté  plusieurs  fois  avec  de  l'eau 
distillée,  et  au  bout  de  cinq  heures,  l'auteur 
reconnut  qu'il  contenait  de  l'acide  sulfu- 
rique. 

IV.  Une  pèle  préparée   comme  précé- 


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458 


RFVUE  ANALYTIQUE  ET  CRfTIOC^R 


demment,  avec  le  soufre  et  Téau  distillée, 
fut  exposée  ou  soleil  à  la  température  de 
58  à  40;  ou  l'bumocla  une  foi^,  et  après 
trois  heures  environ,  on  constata  par 
l'analyse  qu'elle  renfermait  de  l'acide 
sulfurique.  Celle  expérience  fut  répétée 
plusieurs  fois. 

V.  On  a  fait  passer  pendant  deux  heures 
un  courant  d'air  chauffé  de  45  à  50°  sur 
de  la  filasse  de  lin  disposée  dans  un  tube 
et  humectée  avec  de  IVau  distillée  conte- 
nant de  h  fleur  de  soufre,  et  l'on  a  con- 
staté qu'il  s'était  produit  de  l'acide  sulfu- 
rique. 65  à  70  minulcs  suffisent  à  la  tem- 
pérature de  65  à  70". 

11  résulte  de  ces  expériences  que  la  con- 
version du  soufre  en  acide  sulfurique, 
très-lente  à  une  basse  température,  est 
plus  active  de  55  à  40"  et  rapide  de  65 
à  70« 

Suivant  M.  Polacci,  ces  expériences 
expliquent  la  formation  des  sulfates  natu- 
rels, la  présence  de  l'acide  sulfurique  dans 
le  Rio  Viuaigre,  dans  les  grottes  <le  l'Etna- 
et  d'Aix  en  Savoie,  et  la  conversion  de 
rhydrogène  sulfuré  en  eau  et  en  acide 
sulfurique,  lorsqu'il  est  mêlé  avec  dej'air 
humide. 

Il  résulte  aussi  de  quelques  expériences 
décrites  par  l'auteur  que  le  soufre  sec 
donne  également  de  1  acide  sulfurique^ 
au  contact  de  l'air,  pourvu  que  ce  dernier 
ne  soit  pas  privé  de  sa  vapeur  aqueuse. 
(Journal  de  pharmacie  d'Anvers), 


diverses,  dans  le  service  6e    M.  Charcot, 
on  en  a  obtenu  des  résultats  satisfaisants. 
[Journ.  de  pharm.  et  de  chim.) 


Préparation  du  camphre  monobromé 
cristallisé,  par  M.  CLLN  —  M.  Clin  a  pré- 
senté à  TAcadémic  des  sciences  de  beaux 
échantillons  de  camphre  monobremé  cris- 
tallisé, C'°H'^BrOS  qu'il  avait  obtenus  par 
Taction  directe  à  100",  du  brome  sur  le 
camphre,  sans  pression  et  sans  distillation^ 
Ce  composé  est  un  véritable  produit  de 
substitution  dans  lequel  un  équivalent  de 
brome  a  pris  dans  le  camphre  C*"H**0'  la 
place  d'un'équi\  aient  d'hydrogène. 

M.  Bouriïcville  a  fait'avec  le  camphre 
monobromé,  employé  en  injection  sous- 
cutanées,  plusieurs  expériences  sur  des 
grenouilles,  dés  cobayes,  des  lapins  et  des 
chats.  Ce  corps  diminue  le  nombre  des  bat- 
tements du  cœur  et  des  inspirations,  il 
abaisse  la  température  d'une  façon  régu- 
lière, parait  posséder  des  propriétés  séda- 
tives et  ne  produit  aucun  trouble  sqr  les 
fonctions  digéstives.  Administré  à  des  ma- 
lades atteints  d'affections  nerveuses  très- 


I  Pf  oduotion  de  l'acide  paralaotique  par 
fermentation,  par  M.*  AlALY. —  Eu  main- 
tenant à  une  température  comprise  entre 
5()<'  eliOo  une  solution  sucrée  dans  laquelle 
on  a  plongé  des  fragments  de  muqueuse 
gastrique, le  sucre  se  transforme  peu  à  peu 
en  acide  lactique;  mais  la  liqueur  deve- 
nant acide,  la  .réaction  s*arrcle  bientôt;  si 
l'on  vient  à  neutraliser  exac|ement  la 
masse, la  transformation  s'effectue  de  nou- 
veau. La  muqueuse  gastrique  vivant 
n'exerce  pas  la  même  action;  celle-ci  est 
due  à  un  ferment  qui  a  été  trouvé  identi- 
que au  ferment  lactique  onlinaire.  Ce  fait 
ne  présenterait  donc  i*ien  de  particulier  si 
son  étude  n'avait  conduit  l'auteur  à  l'ob- 
servation suivante. 

L'acide  lactique  formé  dans  ces  condi- 
tions est  de  l'acide  lactique  ordinaire  ou  de 
fermentation  accompagné  dans  la  moitié 
des  expériences  par  ;ton  isomère,  Taeide 
paralactique  ;  l'auteur  a  même  observé  un 
cas  où  le  produit  obtenu  était  de  l'acide 
paralactique  ne  contenant  pas  d'acide  lac- 
tique ordinaire.  La  nature  <\\i  sucre  em- 
ployé ne  parait  pas  avoir  d'influence  sur  la 
formation  prédominante  de  l'un  ou  de 
l'autre  i\v.s  isomères;  on  a  obtenu  des  ré- 
sultats analogue*^  avec  le  sucre  de  cannef 
le  glucose,  et  le  sucre  de  lait. 

Quant  à  l'identité  de  l'acide  paralactique 
ainsi  formé,  elle  a  été  établie  d'abord  par 
son  action  sur  la  ludiière  polarisée,  puis 
par  les  propriétés  de  snn  sel  de  zinc  qui 
cristallise  av;.'.c  4  équivalents  d'eau  et  qui 
est  beaucoup  plus  soluble  dans  l'eau  que 
le  laclate  de  zinc  ordinaire.  (Ibid.) 


Sur  l'élatérioe,  par  M.  POWER.  — 
Pour  obtenir  l'élatérine,  M.Power  conseille 
de  reprendre  par  Ta Icool- bouillant  l'extrait 
alcoolique  de  l'éiatérium,  de^  filtrer  la 
liqueur,  de  la  concentrer  et  de  la  verser 
encore  cliaude  dans  une  solution  étendue 
dé  potasse  caustique  également  chaude; 
par  le  refroidissement,  Télutérine  se  dépose 
sous  la  forme  de  petites  croates  ou  de 
grains  cristallins.  La  matière  résineuse  est 
retenue  par  la  potasse.  50  parties  d'élaté- 
rium  en  fournissent  7  d'élatérine. 

L'élatérine,  ainsi  obtenue,  relient  encore 
des  traces  de  résine  dont  on  la  débarrasse 


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REVUli  ANAtYTIOUE  ET  CRITIQUE. 


439 


en  la  lavant  à  Teau  froide,  pnis  en  la  dis- 
solvant dans  Talcool  bouillant  auquel  on 
ajoute  de  la  benzinv  qui  dissout  ta  matière 
verte.  Par  rcvapoialion,ralcool  abandonne 
réialérine  en  beaux  cristaux  aiguillés  in;- 
coiores. 

On  peut  encore  obtenir  réialérine, 
d'après  M.  Power,  sans  avoir  recours  à  Id 
potasse  caustique,  en  metlant  à  proHt  son 
insolubilité  prcâquc  complète  dan.s  la  ben< 
zine;  il  su f][irait  alors  de  traiter  par  Talcool 
bouillant  et  ensuite  par  la  benzine,  l'extrait 
alcoolique  d*élatérlum  débarrasse, au  moyen 
de  Teaii,  de  toutes  les  substances  solubles 
dans  ce  dissolvant. 

D'après  Zweiiger,  Télatérine  est  insolu- 
ble dans  les  acides  et  les  alcalis  étendus. 
Elle  se  dissout  «dans  l'acide  sutl'uriquc  avec 
une  teinie  louge  foncé}  Teau  l'en  précipite 
sous  la  forme  d'une  matière  brune. 

D'après  M.  Power,  1  clatérine  colore  en 
ronge  foncé  Tacide  suifurique  ;  l'addition 
d'un  fragment  de  bichromate  do  potasse 
fait  prendre  au  mélange  une  teinte  brun 
foncé  qui  devient  finalement  vert  clair. 
L'acide  cl>lorhydri(|ue,  à  chaud  couMiie  à 
froid,  no  produit  aucune  réaction  colorée 
avec  l'élatérine.  Après  quelques  heures  de 
contact  à  froid  avec  l'acide  nitrique,  l'éla- 
térine prend  une  teinte  rosée.  Les  solutions 
alcooliques  de  taunin  ne  précipitent  pas  la 
solution  alcoolique  d'élatérine.      (Ihid.) 


méthode  proposée  par  M.  Krell  pour  doser 
Talcool  méihylique  dans  l'esprit  de  bois 
brut,  m*^thode  qui  consiste  à  transformer 
l'alcool  en  élher  iod hydrique  par  l'iodure 
de  phosphore,  conduit  à  «les  résultais  in- 
exacts, la  présence  de  l'acétone  venant 
fausser  les  chiffres  obtenus.  (Ibid.) 


Alcool  allylique  dans  les  produits  de 
la  distillation  sèche  du  bois,  par  Ai .  B. 
ARONHEIM.  —  Recherches  sur  Tesprit 
de  bois,  par  MM.  Al.  GRODSRl  et  G. 
KRAEMER.  —  En  fractionnant  l'esprit  de 
bois  brut  cl  en  isolant  h  s  produits  qui 
bouillent  vers  97°^  on  peut  isoU-r,  d'après 
m.  Aronheim,  une  petite  quantité  d'alcool 
allyliquc.  Ce  composé  a  été  transformé  en 
bibroiiiure  et  en  iodure  d'allylc;  il  se 
trouve  ainsi  nettement  caractérisé.  D'ail- 
leurs Mi>l.  Grodski  et  Kraemer  l'ont  isolé 
également  dans  les  portions  les  moins  vola- 
tiles de  l'esprit  de  bois.  D'après  un  fabri- 
cant, M.  Krell,  l'esprit  dé  bois  brut  en  ren- 
fermerait environ  !2  nn'ilièmes. 

En  dehors  de  Tticide  acétique,  les  pro- 
duits solublis  dans  l'eau  qui  accompagnent 
l'alcool  méihylique  dans  l'esprit  de  bois 
brut  sont  surtout  racétone  et  l'éther,  mé- 
Ihylacétique.  On  y  trouve  aussi  de^  déri- 
vés de  racétone,  de  la  phorone,  de  l'oxyde 
de  mésityle,  etc. 

D'après  MM*    Grodski  et  Rraenier^    la 


Présence    de   l'alcool   éthylique    dans 
l'esprit  de  bois,  par  M.  VITTËMiLlAN.  - 

L'auteur  a  isolé  pur  distillation  fractionnée 
plusieurs  centaines  de  grammes  d'aleool 
ordinaire  d'un  échantillon  d'acéione  extrait 
par  un  fabricant  deTesprit  de  bois  brut.  Il 
a  caractérisé  cet  alcool  très  nettement, 
notamment  en  le  transformant  en  divers 
éthers.  11  est  permis  cependant  de  coiiser^ 
ver  quelques  doutes  sur  ce  sujet,  le  pro- 
duit ayant  passé  par  le  commerce.  Depuis 
longtemps  déjà,  M.  Berlhclol  a  montré  à 
reconnaître  le  m«^l2ngede  l'alcool  éibylique 
à  l'esprit  <ic  bois  et  depuis  longtemps  aussi 
les  fabricants  de  la  couleur  d'aniline  sont 
intére:nsé»  à  essayer  l'esprii  de  bois  qu'ils 
emploient,  les  dérivés  éthylés  donnant 
dans  leurs  fabrications  des  nuances  diffé- 
rentes,de  celles  que  fournissent  les  dérivés 
méihylés  :  or,  jamais  la  présence  de  l'al- 
cool ordinaire  n'a  été  signalée  dans  l'esprit 
de  bois  qu'après  addition  frauduleuse.  On 
doit  donc  attendre  sur  ce  point  de  nou- 
velles expériences  exécutées  sur  un  pro- 
duit d'origine  plus  certaine.  {Ibid.) 


Sur  Tacide  salicylique  et  ses   sels.  — 

L'acitJe  salicylique,  tel  qu  il  est  livré  par  le 
commerce,  est  uoe  matière  pulvérulente, 
d'un  \)\ifnc  jaunâtre,  quelquefois  plus  ou 
moins  mêlée  d'impuretés,  inodore,  d'une 
saveur  3ucrée  et  balsamique  :  introduite 
par  une  forte  aspiration,  dans  les  narines 
elle  provoque  lastoux  et  l'éternument. 

L'acide  salicylique  est  presque  insoluble 
dans  l'eau  froide,  plus  soluble  dans 
Teau  chaude,  qui  le  laisse  déposer  par 
refroidissement  i-un  bon  moyen  de  prépa- 
rer une  solution  aqueuse  de  cet  acide  est 
de  le  dissoudre  dans  un  peu  d'alcool  et 
d'ajouter  alors  l'eau  bouillante.  L'acide 
salicylique  est  trcs-soluble  dans  l'alcool  et 
l'éther,  ins(duble.  par  contre,  dans  le  chlo- 
roforme et  le  sulfure  de  carbone.  Chauffé  à 
l'air  il  se  liquctie  à  150"  et  peut  se  sublimer 
en  aiguilles  fines,  mais  les  vapeurs  qu'il 
émet  étant  inflammables,  il  brùle,  le  plus 
souvent;    avec    une   flamme   fuligineuse, 


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440 


R£VUK  ANALYTIQUE,  ET  CRITIQUE. 


produisant  des  vapeurs  aromatiques  et 
acres,  analogues  à  celles  de  Tacide  ben- 
zoîque  ;   le  résidu  est  du  charbon. 

Les  acides  chlorhydrique  et  nitrique  offi- 
cinaux ne  i^attaqtienl  pas  à  froid  (d'après  les 
auteurs,  l'acide  nitrique  concentré  le  trans- 
formerait en  acide  nitrosalicylique,  puis, 
par  une  action  prolongée,  en  acide  picri- 
quc.)  L*acide  sulfunque  concentré  ie  dis- 
sout :  la  solution  est  jaune  et  laisse  précipiter 
Tacide  saiycilique  par  l'adjonction    d'eau. 

La  solution  d'acide  salicyliqne  dans  Tal- 
cool  devient  d'un  violet  magnifique  sous 
rjnfluence  du  perchlorure  de  fer;  le 
bichlorure  de  mercure,  l'acide  su  If  hy- 
drique, la  morphine  par  contre,  sont  sans 
action  sur  elle  ;  l'acétate  de  plomb  y  déter- 
mine un  précipité  blanc,  redis^olublc  par 
l'agitation,  lorsqu'on  a  eu  soin  de  n^en 
point  trop  employer  (de  Tacétale). 

L'acide  salicylique  se  dissout  dans  l'am- 
moniaque liquide  et  passe  à  l'état  de  salicy- 
late  d'ammoniaque  :  c'est  un  liquide  jau- 
nâtre d'une  saveur  ammoniacale  et  sucrée, 
ensuite..  Les  acides  azotique,  sulfurique 
et  chlorliydriqui>  en  séparent  de  l'acide 
salicylique.  Chauffée  la  sutution  de  salicy- 
late  d'ammoniaque  devient  rouge  et  finale- 
ment se  décompose.  , 

En  versant  de  l'acétate  de  plomb,  dans 
la  solution  de  salicylate  d'ammoniaque,  il 
'se  forme  un  précipité  dense  desalicyhite  de 
plomb.  Ce  salicylate  de  plomb  est  très-solu- 
bie  dans  l'acide  nitrique  :  la  solution  pos- 
sède les  caractères  des  sels  plomli  jues. 
Chauffé  sur  une  lame  de  platine  ce  sel  se 
décompose  en  vapeurs  aromatiques^  en 
charbon   et  en  oxyde  de  plomb. 

En  traitiinl  la  solution  de  salicylate 
d'ammoniaque  par  le  protosulfate  de  fer 
on  obtient  un  précipité,  d'un  beau  vert- 
ardoise  solubie  sans  coloration  dans  Tacide 
chlorhydrique  :  ce  précipité  d'abord  vert, 
brunit  rapidement  en  absorbant  de  l'oxy- 
gène. La  liqueur  surnageant  le  précipité 
est  d'un  rouge  de  sang,  limpide  d'nhord 
puis  se  troublant  peu  à  peu.  Cette  liqueur 
et  le  précipité  présentent  tous  deux  tes 
caractères  des  sels  ferreux. 

En  traitant  le  salicylate  d'ammoniaque 
par  le  chlorure  ferrique  on  obtient  une 
liqueur,  d'aliord  rouge,  mais  qui  passe 
intméiliatemenl  au  violet.  Cette  couleur 
est  détruite  par  l'acide  chlorhydrique,  qui 
donne  à  la  solution  une  couleur  jaune, 
sans  doute,  en  tran.sformant  le  salicylate 
fcrrique  en  chlorure..  La  solution  possède 
les  caraclères  des  sels  ferriques.  r 


Le  nitrate  d'argent  détermine  dans  les 
solutions  de  salicylate  d*ammoniaque  un 
précipité  blanc  rosaire,  solnble  dans  l'acide 
nitrique  ;  la  solution  présente  lés  réactions 
des  sels  argentiques. 

Le  sulfate  de  zinc  produit  avec  le  sali- 
cylate d'ammoniaque  un  précipité  gélati- 
tineux  solubie  dans  l'acide  nitrique  :  ce 
précipité  est  décomposé,  par  l'acide  sulfu- 
rique concentré  en  acide  salicylique  et  en 
sulfate  de  zinc. 

Le  sulfate  de  cuivre,  versé  dans  le  sali- 
cylate d'ammoniaque  y  produit  un  pré- 
cipité glauque,  volumineux.  Si  l'on  a  soin 
de  n'employer  que  peu  de  sulfate  de 
cuivre,  le  précipité  se  redissout  en  colorant 
la  liqueur  en  vert  intense. 

Le  salicylate  de  cuivre  est  solubie  sans 
coloration  dans  les  acides  nitrique  et  sul- 
furique :  il  possède  les  caractères  des  sels 
de  cuivre. 

Le  protonitrate  de  mercure  produit 
dans  les  solutions  de  salicylate  d'ammo- 
niaque un  précipité  d'oxyde  noir  de  mer- 
4îure. 

Les  persels  de  mercure  y  produisent  un 
précipité  dense,  insoluble  dajis  l'acide 
nitrique,  solubie  dans  l'eau  régale,  à  froid, 
sans  décomposition. 

Le  salicylate  d'ammoniaque  ne  produit 
de  précipité,  ni  dans  la  solution  de  sulfate 
de  magnésie,  ni  dans  celle  de  pitrafe  de 
baryte. 

.  Les  salicy  latcs  alcalins  et  alcaline - 
terreux  sont  donc  solublcs  dans  l'eau,  les 
salicyliles  métalliques  y  sont  insolubles, 
mais,  par  contre,  ces  derniers  sont  solubles 
dans  les  acides  nitrique,  chlorhydrique  ou 
chioro-azotique;  Tacifle  sulfurique  en 
décompose  quelques-uns  en  sulfates  el'en 
acide  salicylique. 

{J-ourn.  de  pharmacie  d'Anvers.) 


Hifl»l.  nal.  médicale  el  pbarin. 

Les  Asa  fœtîda  du  marché  de  Bombay, 
par  M.  W.  DYMOCK,  professeur  de  ma- 
tière médicale,  à  Bombay.  —  Trois  sortes 
distinctes  d'Asa  fœlida  se  trouvent  sur  le 
marché  des  drogues  de  Bombay,  et  sont 
connues  des  mareh.mds  sous  les  noms 
d'il  bushaheree  /Jing,  Kandaharee  e t  Uln  gra . 
On  eu  rencontre  de  nombreuses  qualités, 
plus  ou  moins  mélangées  ou  adultérées; 
cet  article  ne  comportera  que  les  variétés 
pures. 

L'espèce    nommée    Abushaheree    Hing 


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Qoo^z 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


441 


provient  des  ports  du  golfe  Persîque,  prin- 
cipalement d'Abushaher  et  Blinder  Abbas; 
elle  est  produite  dans  le  Kfaorassan  et  le 
Kir  ma  n  pîîr  le  Ferula  cUliac^a  de  Boissier. 
Des  échantillons  de  la  plante  auxquels 
adhérait  de  la  gomme-résine^  m'ont  été 
fournis  par  Tcntremise  obligeante  d'une 
perr«onnedTezd,et  ces  échantillons  garnis 
de  fleurs  et  de  fruits  en  grand  nombre  et 
en  pleine  maturité,  furent  expédies  à 
M.Haubury  ;  celui  ci  les  soumit  à  Texamen 
de  M.  Boissier,  et  envoya  des  paquets  de 
graines  aux  jardins  botaniques  de  Kew, 
Edimbourg,  Oxford,  Paris,  Saint-Péters- 
bourg, Berne,  Strasbourg,  Florence,  Pise, 
Naples,  Palerrae,  Athènes,  et  à  des  ama- 
teurs de  botanique  habitant  la  côte  de  la 
mer  Méditerranée,  l'Afrique  méridionale 
et  quelques  autres  endroits  encore. 

Les  échantillons  envoyés  à  M.  Hanbury 
ont  été  récoltés  aux  environs  de  Yezd  et 
Kirman  ;  ils  ont  une  hauteur  de  3  pieds  et 
demi  à  4  pieds  ;  les  racines  de  quelques 
jeunes  plantes  qui  n'avaient  jamais  encore 
fleuri  étaient  encore  bien  fraîches  lors- 
qu'elles arrivèrent  à  Bombay;  lorsqu'on 
les  coupait,  il  en  exsudait  un  liquide 
laiteux  épais  qui,  au  bout  d'un  ou  deux 
jours  devenait  brun  et  translucide. 

Il  n'y  a  que  celte  drogue  qui  arrive  à  la 
douane  de  Bombay  sous  le  nom  de  Hing 
ou  Asa  fœtida;  les  autres  espèces  passent 
sous  lo  nom  d'Uingra,  L'espèce  Hing  varie 
d'aspect  suivant  son  âge  ;  lorsqu'elle  est 
tout  h  fait  récente  elle  est  molle  et  de  la 
consistance  de  îa  mélasse,  d'une  couleur 
olivfttre;  brun  sombre,  et  d'une  pure 
odeur  d'ail  ;  elle  est  mélangée  avec  son 
volume  environ  de  débris  de  racines  ;  au 
bout  de  quelque  temps  de  conservation,  la 
gomme-résine  devient  dure  et  translucide, 
et  d'une  couleur  brun-jaunâtre. 

En  1872-1873,  3,367  quintaux  anglais 
(171,000  kilogrammes)  environ  de  cette 
drogue  ont  été  apportés  du  golfe  Persique. 

La  méthode  que  l'on  suit  pour  la  recol- 
ler ressemble  à  celle  que  l'on  a  précédem- 
ment décrite  pour  l'asa  fœtida^  excepté  que 
l'on  mêle  au  suc  de  la  plante  les  débris  de 
la  racine. 

L'espèce  Randaharee  hing  est  un  article 
beaucoup  plus  rare  et  qui  n'apparaît  sur  le 
marché  que  par  intervalles.  Elle  est  en- 
voyée de  Kandahar,  enveloppée  dans  des 
peaux  de  bouc  garnies  de  leurs  poils, 
cousues  en  forme  de  sacs  irrégulièrement  . 
obtongs.  Gel  asa  fœtida,  lorsqu'il  est  à 
l'état  frais,  se  présente  en  morceaux  ccail-  • 


leux  imprégnés  d'huile  essentielle,  d'une 
couleur  jaune,  opalescente,  et  possédant 
une  odeur  qui  se  rapporterait  à  un  mélange 
d'ail  et  de  carvi.  Lorsqu'il  est  recueilli  4e- 
puis  quelque  temps,  il  se  dessèche  et  de- 
vient peu  à  peu  d'une  transparence  par- 
faite, et  d'une  couleur  jaune  d'or;  son 
odeur  perd  aussi  de  son  arôme,  et  se  rap- 
proche de  celle  des  meilleures  sortes  d'asa 
fœtida  du  commerce  d'Europe.  Le  Randa- 
haree hing  est  peu  connu  à  Bombay,  et 
n'est  pas  vendu  dans  les  boutiques  de  dé- 
tail. Il  vaut  le  double  du  prix  de  l'Abus- 
haheree,  et  encore  ne  pt^ut  on  pas  toujours . 
en  trouver  ;  il  est  employé  comme  condi- 
ment par  la  classe  riche  de  l'Inde  septen- 
trionale. 

L'Hingra  ou  asa  fœtida  du  commerce 
européen,  est  expédié  en  grandes  quan- 
tités à  Bombay,  de  deux  endroits  difl^é- 
rents  :  la  Perse  du  Sud  et  l'Afghanistan. 
Celui  qui  vient  de  Pei'se  se  rencontre  sous 
deux  formes  ;  soit  en  larmes  plus  ou  moins 
agglutinées  ensemble,  soit  en  masses 
molles,  blanches  et  visqueuses.  Celte 
espèce  arrive  renfermée  dans  des  caisses 
ou  cousue  dans  des  peaux;  le  plus  souvent 
elle  est  exportée  en  Europe  ;  il  n'y  a  que 
la  classe  la  plus  pauvre  qui  l'emploie  un 
peu  comme  médicament  et  comme  condi- 
ment. Cette  gomme-résine  est  {'anghuzeh- 
i'iari  des  Perses,  et  il  n'y  a  pas  l'ombre 
d'un  doute  qu'elle  ne  soit  produite  par  la 
plante  de  Raempfer,  quelle  qu'elle  puisse 
être;  son  prix  est  très-variable. 

L'asa  fœtida  afghan  diffère  quelque  peu 
du  persan  par  son  aspect  et  son  odeur.  Les 
échantillons  de  la  plus  belle  qualité  se 
présentent  sous  forme  de  larmes  ou  de 
fragments  aplatis  sur  l'une  des  faces  des- 
quels adhèrent  des  grains  de  sable,  comme 
si  la  gomme  résine  avait  coulé  sur  le  sol 
autour  de  la  racine  ;  ces  fragments  sont 
très-durs  et  secs,  d'une  couleur  blanc-jau- 
nâtre à  l'extérieur,  et  offrent  une  cassure 
conchoïdale  et  d'un  blanc  laiteux. 

On  trouve  des  caisses  qui,  sous  le  nom 
d'asa  fœtida  kandaharee,  contiennent  un 
mélange  de  la  gomme  opaque  qui  vient 
d'être  décrite,  avec  des  fragments  opales- 
cents jaunâtres  et  humides  souillés  par  de 
la  terre  ;  on  trie  les  plus  belles  larmes,  et 
le  reste,  comprimé  en  masses,  forme  une 
seconde  sorte  d'asa  fœtida. 

L'adultération  de  fespèee  hing  est  pra- 
tiquée à  Bombay  :  elle  consiste  simplement 
à  la  mélanger  de  gomme  arabique  et  à 
écraser  le  tout  ensemble  ;  le  mélange  est 

î}6 


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442 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


ensuite  emballé  dans  des  peaux  qui  ont 
l'aspect  de  colis  d^origine.  On  en  prépare 
diverses  qualités  qui  contiennent  des  pro- 
portions de  gomme  différentes. 

L'espèce  hingra  est  falsifiée  dansTAfgha- 
nistan  et  la  Perse  par  Taddition  d'une  ma- 
tière terreuse  un  peu  blanche.  L'article 
adultéré  qui  vient  de  Perse  est  en  masses 
sableuses  d'un  blanc  sale,  et  devient  très- 
dur  avec  le  temps.  Celui  qui  vient  de 
l'Afghanistan  est  en  petites  masses  arron- 
dies, d'une  couleur  brune,  qui  se  réduisent 
facilement  en  poudre  par  la  pression  ;  sui- 
vant Bellew,  c'est  avec  le  gypse  et  la 
farine  qu'on  le  .falsifie. 

De  l'examen  d'un  grand  nombre  de 
caisses  d'hingra  frais,  j'ai  conclu  que  la 
variété  persane  d'asa  fœtida  est  produite 
par  une  plante  différente  de  celle  qui  le 
fournit  dans  l'Afghanistan.  Il  est  probable 
que  le  Scorodosma  fœtidum  produit  l'asa 
fœtida  de  Perse,  et  le  Narthex  de  Falconer, 
celui  de  l'Afghanistan. 

{Répertoire  de  pharmacie.) 


Sur  Pécoroe  de  Goto,  par  M.  WITT- 
ST£IN.  ~  Cette  écorce  vient  de  la  Bolivie 
(Amérique  du  Sud),  d'où  vient  aussi  le 
quinquina,  et  coûte  par  hasard  le  même 
prix.  Elle  est  employée  en  poudre  ou  en 
teinture  alcoolique  pour  la  diarrhée  et  les 
coliques,  contre  les  névralgies  dentaires  et 
la  teinture  conlre  les  rhumatismes  et  la 
goutte.  M.  Martens  pense  que  cette  écorce' 
appartient  à  une  espèce  de  cinchona  ;  pour- 
tant ses  propriétés  chimiques,  physiques 
et  thérapeutiques  la  rapprochent  plutôt  des 
laurinées  et  des  térébinthacces.  On  ne 
pourra  être  fixé  à  ce  sujet  que  quand  on 
connaîtra  les  feuilles,  les  fleurs  et  les  fruits. 
Cette  écorce  se  présente  en  morceaux  de 
20  à  50  centimètres  ou  plus  courts,  à  cas- 
sure irrégulière,  plats  ou  à  peine  courbés, 
d'épaisseur  variable  de  8  à  44 millimètres; 
sa  couleur  est  brune- rougeâtre,  le  côté  de 
l'aubier  est  d'un  bruu  plus  foncé  ;  odeur 
très-aromatique  qui  rappelle  le  camphre, 
le  cardammome  et  l'huile  de  cajeput  avec 
une  faible  odeur  de  cannelle. 

Sa  saveur  tient  du  poivre^  du  camphre 
et  du  cajeput,  faiblement  amère,  ni  muci- 
lagineuse  ni  astringente. 

Elle  contient  une  huile  essentielle,  un 
alcaloïde  semblable  à  la  propylamine  ou 
i  la  triméthylamine,  une  résine  molle, 
jaune  brune,  aromatique, d'une  saveur  pi- 
quante ;  elle  reste  molle  même  après  un 


séjour  de  plusieurs  semaines  au  soleil  ;  elle 
est  facilement  soluble  dans  l'alcool,  l'éther, 
le  chloroforme,  difficilement  dans  la  ben- 
zine, elle  est  insoluble  dans  le  sulfure  de 
carbone.  ^ 

Les  solutions  sont  acides  ;  elle  est  solu- 
ble dans  les  alcalis  fixes  et  dans  l'ammonia- 
que et  en  est  précipitée  par  les  acides. 
L'écorce  en  contient  le  septième  de  son 
poids.  On  trouve  aussi  une  résine  dure, 
brun  foncé,  cassante,  sans  saveur  ni  odeur, 
facilement  soluble  dans  l'alcool  (la  solution 
est  amère  et  acide),  insoluble  dans  l'éther, 
la  benzine,  le  chloroforme  et  le  sulfure  de 
carbone,  soluble  dans  les  alcalis  let  précipi- 
tée par  les  acides.  L'écorce  en  contient  un 
dixième  de  son  poids. 

En  outre,  elle  contient  de  l'amidon,  de 
la  gomme,  du  sucre,  de  l'acide  oxalique 
(oxalatn  de  chaux),  acide  tannique  ^verdis- 
sant le  fer);  des  acides  formique^butyriquc, 
acétique. 

Tous  les  principes  sont  très-solubles  dans 
l'alcool,  aussi  c'est  la  teinture  qui  est  la 
meilleure  préparation,  on  la  prépare  avec 
i  partie  d'écorce  pulvérisée  et  9  d'alcool  à 
85  degrés. 

L'écorce  laisse  1,48  pour  400  de  cendres, 
les  trois  quarts  sont  du  carbonate  de  chaux 
et  le  reste  est  formé  de  potasse,  soude, 
magnésie^  alumine,  oxyde  de  fer,  manga- 
nèse, acides  sulfurigue,  phosphorique,  si- 
!icique  et  chlorhydrique. 

Le  docteur  Gietl  l'a  employée  sous 
forme  de  poudre  et  de  teinture  pour  la 
diarrhée  :  la  poudre,  à  la  dose  de  5  déci- 
grammes  répétée  quatre  à  six  fois  par  jour, 
la  teinture,  à  la  dose  de  40  gouttes  toutes 
les  deux  heures. 

Il  conclut  d'un  grand  nombre  d'expé- 
riences que  nous  ne  pouvons  rapporter  ici, 
que  cette  écorce  est  un  spécifique  contre 
les  diarrhées  de  toute  nature.       {fbid.) 


ValsiAcaAions,  etc. 

Coloration    dea  eaux^de-vie.  —  M.  P. 

Caries  indique  les  moyens  suivants  pour 
découvrir  cette  sophistication  : 

Chacun  sait  que  les  qualités  qu'acquiert 
l'eau-de-vie  avec  l'âge,  se  développent  sur- 
tout dans  les  futailles  de  bois  et  qu'une  des 
modifications  les  plus  sensibles  qui  se  mani- 
festent pendant  ce  séjour,  réside  dans  la 
couleur  qui  se  fonce  dé  plus  en  plus  en 
Jaune,  avec  le  temps,  par  suite  d'une  lente 
dissolution  de  principes  extractifs  du  bois 


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REVUE  ANALYTIQtJE  ET  CRITIQtJE. 


dans  la  liqueur  spiritueuse.  Aussi  la  fraude 
la  plus  commune  des  eaux-de-vie,  pour 
faire  croire  à  leur  vétusté,  consisle-lelle  à 
les  jaunir  artificiellement..  Le  caramel  de 
sucre  est  dans  ce  but  trop  souvent  em- 
ployé. 

Les  palais  exercés  sont  certainemeut 
susceptibles  de  deviner  cette  supercherie, 
surtout  en  agissant  par  comparaison  ;  mais 
quelquefois  la  distinction,  si  la  fraude  est 
légère,  devient  fort  difficile  pour  les  dé- 
gustateurs de  profession  et  à  plus  forte 
raison  pour  le  vulgaire  consommateur. 
Aussi  avons-nous  chercbé  des  réactifs 
simples  et  à  la  portée  de  tous  qui  pussent 
permettre  de  vérifier  la  pureté  d'une  eau- 
devic.  L'albumine  d'œuf  et  le  sulfate  de 
fer  nous  ont  paru  remplir  ces  conditions. 
Albumine,  —  Lorsque  dans  deux  eaux- 
de-vie,  Tune  de  couleur  pure,  l'autre  de 
couleur  jaune  artificielle,  on  ajoute  du 
blanc  d'œuf  dans  la  proportion  d'un  sixième 
environ,  on  remarque  que  dans  les  deux 
cas,  après  violente  agitation,  le  liquide  s'est 
fortement  troublé.  Si  on  abandonne  l'un  et 
l'autre  au  repos,il  vient  surnager  dans  cha- 
cun d'eux,  un  liquide  limpide,  mais  qui 
conserve  sa'coulcurdans  le  cas  d'une  eau- 
de  vie  caramélisée,  tandis  qu'au  contraire 
le  liquide  est  complètement  incolore  pour 
le  cas  d'une  eau-de-vie  jaunie  naturelle- 
ment par  le  bois.  Si  par  la  filtralion  on 
sépare  les  liquides  du  dépôt,  la  différence 
est  beaucoup  plus  sensible. 

Sulfate  de  fer,  —  Vitriol  vert,  couperose 
verte,  —  Ce  sel  que  l'on  trouve  très-com- 
munément dans  le  commerce,  permettra 
tout  aussi  facileniient  de  découvrir  la  so- 
phistication. Il  suffit  pour  cela  d'en  faire 
dissoudre  un  cristal  dans  un  peu  d'eau  et 
de  mélanger  quelques  gouttes  de  cette  dis- 
solution avec  l'caude-vié  suspecte.  A-t-on 
affaire  à  du  trois-six  dédoublé  et  jauni?  Le 
sulfate  de  fer  ne  produira  aucun  phéno- 
mène ;  tandis  qu'il  se  manifestera  de  suite 
une  couleur  vert- noirâtre  avec  une  eau- 
de-vie  naturelle  vieillie  dans  les  tonneaux. 
Bien  mieux,  cette  coloration,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  sera  d'autant  plus 
intense  que  la  liqueur  spiritueuse  sera  plus 
vieille,  de  telle  sorte  que  le  degré  de  colo- 
ration noire  pourrait  devenir  un  moyen 
de  désigner  l'âge  d'une  eau-de  vie  en  agis- 
sant surtout  par  comparaison  avec  des 
types. 

La  même  action  s'applique  an  rhum,* 
tafia,  etc.     {Journ,  depharm . d'A nvers,) 


445 

Falsification  du  ohooolat.  —  Il  est 
rare,  aujourd'hui,  de  rencontrer  du  cho- 
colat qui  ne  contienne  ni  farine  ni  amidon 
à  côté  du  cacao.  M.  Breichmann  conseille 
un  procédé  facile,  pour  reconnaître  cette 
fraude.  Les  petits  grains  de  l'amidon  du 
cacao  ne  donnent  avec  l'iode  qu'une  colo- 
ration violette,  tandis  que  les  farines  et  les 
amidons  qui  servent  à  le  falsifier  donnent 
toujours  une  coloration  bleue  intense. 

{Répertoire  de  pharmacie). 


Pharmacie. 


Sur  la  solubilité  du  phosphore  dans 
Talcooi.  —  M.  Ashburton  Thompson 
accepte  comme  un  chiffre  constant  que 
l*&lcool  absolu  dissout  1/520  de  son  poids 
de  phosphore.  Pour  obtenir  celte  teinture 
saturée  de  phosphore,  il  chauffe  l'alcool 
dans  un  matras,  ajoute  le  phosphore  et 
maintient  le  liquide  en  ébullition  pendant 
plusieurs  minutes.  Cela  fait,  il  ferme  le 
flacon,  et  laisse  déposer  pendant  vingt- 
quatre  heures  l'excès  de  phosphore  dissous, 
en  ayant  le  soin  d'agiter  la  liqueur  de 
temps  en  temps  pendant  son  refroidisse- 
ment. Après  quoi,  il  décante  l'alcool 
phosphore  en  évitant  autant  que  possible 
le  contact  de  l'air  et  le  conserve  dans  un 
flacon  de  verre  de  couleur*  pour  prévenir 
l'action  de  la  lumière.  Cette  liqueur  con- 
tient i  gramme  de  phosphore  par  520 
grammes  d'alcool  absolu  si  l'on  a  employé 
de  l'alcool  rigoureusement  déshydraté  et 
un  vase  absolument  sec,  car  quelques 
gouttes  d'eau  modifient  profondément  la 
puissance  dissolvante  de  l'alcool. 

A  ce  liquide  saturé,  j'aurais  préféré  une 
solution  d'un  poids  déterminé  de  phos- 
phore dans,  un  poids  également  û\é  d'alcool 
à  95"*  C,  car,  dans  le  cas  précédent,  la 
saturation  peut  n'être  pas  atteinte  par  un 
manipulateur  inhabile,  et,  d'autre  part,  il 
n'est  jamais  prudent  d'user  d'un  liquide 
saturé  puisque  l'abaissement  de  la  tempé- 
rature en  modifie  sensiblement  le  titre. 
Enfin  chacun  sait  combien  il  est  difficile 
de  se  procurer  de  l'alcool  rigoureusement 
anhydre. 

La  maladresse  de  l'opérateur  peut  modi- 
fier à  un  si  haut  degré  la  proportion  du 
phosphore  libre  de  la  teinture  alcoolique, 
qu'une  maison  de  Bristol  a  envoyé  à 
M.  Ashburton  Thompson  une  teinture  de 
phosphore  qu'on  disait  contenir  0  gr,,  065 
de    phosphore   libre    par    4    drachmes 


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444 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


(14cc,  16),  richesse  que  l'alcool  seul  ne 
pouvait  donner  ;  c'est  probablement  parce 
que.  ce  liquide  contenait  de  l'acide  phos- 
phorique  ou  quelque  autre  composé  oxy- 
gène de  phosphore  dosé  comme  phosphore 
libre. 

Une  faible  addition  d'eau  à  cette  tein- 
ture saturée  en  précipite  du  phosphore  ; 
son  addition  à  une  potion  détermine  la 
séparation  immédiate  de  tout  le  phosphore 
à  l'état  solide  ;  la  liqueur  se  trouble  immé- 
diatement et  le  phosphore  divisé  rougit 
rapidement  à  la  lumière.  Pour  parer  h  cet 
inconvénient,  M.  Ashburton  Thompson  a 
d'abord  employé  la  mixture  suivante  : 

ce 
Teinture  saturée  de  phosphore  .    .      11,22 

Alcool  rectifié 10.62 

Ëau  distillée  de  menthe 169,44 

Mais^  en  arrivant  dans  l'estomac,  cette 
mixture  dépose  encore  du  phosphore 
solide,  provoque  des  vomissements  et  des 
éructations  désagréables.  C'est  alors  que 
le  savant  chirurgien  de  Royal  Materniiy 
Charity  a  eu  recours  au  mélange  suivant 
qu'il  considère  comme  la  pluj  élégante 
dissolution  de  phosphore  {it  is  the 
most  elcgant  fluid  préparation  of  phospho- 
ru8)  : 

Teinture  saturée  de  phosphore  .    «      11,22 

Glycérine 45,51 

Esprit  de  menthe 0,30 

Ce  mélange  est  limpide,  à  la  condition 
d'employer  de  la  glycérine  bien  dépouillée 
d'eau.  Le  sixième  du  volume  de  cette  mix- 
ture renferme  1/12  de  grain  (0  gr.,  00504) 
de  phosphore;  c'est  la  dose  habituelle 
pour  un  jour. 

M.  Robert  H.  Cowdrey  a  fait  divers  essais 
sur  la  solubilité  du  phosphore.  A  la  tem- 
pérature ordinaire,  l'alcool  de  densité 
0,82^2  dis.sout  0,2«  p.  106  de  son  poids  de 
phosphore.  L'alcool  de  densité  0,835  n'en 
dissout  plus  que  0,18  p.  100  de  son  poids. 
La  glycérine  de  densité  1,26  dissout  0,17 
p.  100  de  son  poids. 

M.  Cowdrey  reconnaît  aussi  que  la  so- 
lution alcoolique  de  phosphore  subit  faci- 
lement Faction  oxydante  de  l'air,  surtout 
sous  l'influence  de  la  lumière  ;  aussi  faut- 
il  la  protéger  du  contact  de  l'air  et  la  con- 
server dans  des  flacons  opaques.  JElle  peut 
être  mélangée  à  la  glycérine  et  non  pas 
aux  liquides  aqueux  qui  en  précipiteraient 
immédiatement  la  plus  grande  partie  du 
phosphore. 

{Journal  de  pharmacie  et  t/c  chimie,) 


Sur  la  solubilité  du  borate,  de  soude 
dans  la  glycérine;  par  M.  GANDOLPHE. 
—  La  glycérine  médicinale  peut,  d'après 
M.  Gandolphe,  dissoudre,  à  froid,  son 
poids  de  borate  de  soude,  tandis  que 
100  grammes  d'eau  distillée  à  la  même 
température  ne  dissolvent  que  8  gr.,  55  de 
ce  même  sel. 

Pour  obtenir  cette  solution  du  borate  de 
soude  dans  la  glycérine,  on  prend  100 
grammes  de  borate  de  soude  pulvérisé  et 
100  grammes  de  glycérine;  on  triture  le 
tout  dans  un  mortier  jusqu'à  ce  que  la  so- 
lution soit  complète.  On  peut  rendre  plus 
prompte  la  solution  du  borate  de  soude  en 
plaçant  le  mélange  dans  une  étuve,  ou, 
l'introduisant  dans  un  flacon,  soumettre 
celui-ci  au  bain-marie  :  alors  la  dissolution 
du  borate  se  fait  rapidement,  et  cette  solu- 
tion n'abandonne  aucune  partie  dn  sel  par 
le  refroidissement. 

Il  résulte  de  ces  observations  que  les 
médecins  pourraient  faire  entrer  le  mé- 
lange dans  les  collutoires  à  parties  égales 
de  glycérine  et  de  borate  de  soude,  auquel 
ils  ajouteraient  une  certaine  quantité  de 
miel  blanc  ou  de  miel  rosat.  Ils  auraient 
par  ce  moyen  une  solution  définie  et  beau- 
coup plus  active,  car  la  glycérine  se  mêle 
très- bien  au  miel  et  aux  sirops.  En  pres- 
crivant 10  grammes  de  ce  mélange,  ils  au- 
raient 5  grammes  de  borate  de  soude. 

Cette  solution  peut  se  préparer  d'avance  ; 
elle  se  conserve  très- bien. 

L'acide  borique  est  aussi  plus  soluble 
dans  la  glycérine  que  dans  l'eau  distillée, 
mais  cependant  il  l'est  moins  que  le  borate 
de  soude.  (Jhid.) 


Poudre  cosmétique  inofiTensîve.  — 
MM.  Hans  et  Wilder  annoncent  que  les 
pharmaciens  de  Copenhague  se  sont  enten- 
dus pour  substituer  une  composition  inof- 
fensive aux  nombreuses  préparations 
toxiques  employées  pour  le  visage. 

Ils  emploient  les  proportions  suivantes  : 
Poudre  blanche  d'oxyde  de  zinc     fonce,     3!  gr. 

Amidon  de  blé 9  onees,  280  — 

Essence  de  roses   .....    3  g"**. 
Poudre  rose  carminée    ...    1  once,     51  gr. 
Carbonate  de  magnésie  ...    4  onces,  124    ~ 
{Répertoire  de  pharmacie). 


Toxicologie 

Sur  un  nouvel  antidote  de  la  strych- 
nine;  par  M.    VALEîNTA    Y   VIVO.   ~ 


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REVUE  ANALY'îlQrK  ET  CRITIQUE. 


445 


L*autcu'r  a  soumis  des  chiens  à  des  expé- 
riences sur  Taction  du  camphre  seul  dis- 
sous dans  Talcool  ;  le  résultat  a  été  de  la 
salivation,  du  tremblement,  des  convulsions 
cloniques,  et  à  la  suite  un  mouvement 
circulaire. 

Dans  d^autres  expériences,  on  a  fait  in- 
gérer à  des  chiens  un  mélange  à  parties 
égales  de  camphre  et  de  bromure  de  po- 
lassium^  et  il  y  a  eu  salivation,  tremble- 
ment, prostration,  somnolence  et  peu  de 
convulsions. 

Dans  une  troisième  série  d'expériences, 
Fauteur  a  employé  le  sulfate  de  strychnine 
à  une  dose  qui  aurait  du  déterminer  la 
mort  ;  mais  il  a  fait  ingérer  simultanément 
le  bromure  de  camphre,  et  les  résultats  ont 
été  pareils  à  ceux  de  la  deuxième  série 
avec  prédominance  des  troubles  de  la  loco- 
motion et  de  la  sensibilité.  Il  y  avait  ensuite 
collapsus  et  somnolence. 

De  ces  expériences,  M.  le  docteur  Va- 
lenta  conclut  qu'il  faut  conseiller  le  bro- 
mure de  camphre  pour  remédier  aux  acci- 
dents tétaniques  chez  Thomme,  à  la  dose 
de  4  à  6  grajiumes  par  jour,  en  solution 
dans  Talcool  étendu  d'eau  et  fractionne  en 
plusieurs  prises. 

{Journal  de  pharmacie  et  de  chimie,) 


H>giène  publique. 

Hyg^iène  de  la  chevelure.  —  Dans  un 
article  du  Dictionnaire  encyclopédique  des 
sciences  médicales,  M.  Bazin  fait  remarquer 
que  cette  hygiène  sq  réduit  à  l'étude  des 
influences  locales  et  directes  sur  la  cheve- 
lure, les  influences  générales  dont  faction 
peut  lui  être  nuisible  pouvant  toutes  se 
ramener  à  ce  grand  fait  pathologique,  la 
débilitation  ;  or,  quand  on  en  est  arrivé  à 
ce  point,  les  soins  de  la  chevelure  devien- 
nent secondaires,  c'est  à  la  santé  générale 
qu'on  s'adresse  tout  d'abord. 

Dans  les  circonstances  ordinairçs^  les 
soins  à  donner  à  la  tète  consistent  simple- 
ment à  favoriser  le  départ  des  résidus  et 
poussières  qui  se  forment  à  la  surface  du 
cuir  chevelu,  Chez  les  enfants  très-jeunes, 
on  remplace  l'emploi  du  peigne  et  de  la 
brosse  par  des  lotions  simples,  vinaigrées 
ou  alcalines,  ou  bien  faites  avec  un  corps 
gras  quelconque,  coid-cream,  huile  d'aman- 
des douces,  etc.  ;  si  les  croûtes  tardaient  h 
tomber,  on  les  ramollirait  avec  des  cata- 
plasmes ;  si  des  poux  viennent  à  se  déve- 
lopper sur  la  tète,   oq  doit  lc$  détruire 


sans  retard  avec  des  onctions  d'onguent 
napolitain,  ou  mieux,  des  lotions  de  su- 
blime au  cinq  centième.  Quant  h  la  pra- 
tique qui  consiste  à  laver  fréquemment  les 
cheveux  à  l'eau  tiède  ou  froide,  elle  est 
essentiellement  mauvaise,  parce  qu'elle  !es 
rend  secs,  cassants^  ternes^  et  leur  fait 
subir  des  modifications  qui  amènent  leur 
chute  prématurément.  Chez  les  femmes^ 
les  dispositions  plus  ou  moins  compliquées 
qu'on  donne  à  la  chevelure  obligent  à 
serrer  les  cheveux,  à  les  tourmenter,  à  les 
tirailler  dans  tous  les  sens,  toutes  choses 
très-défavorables  à  leur  nutrition.il  faudra 
donc  persuader  aux  femmes  que  les  che- 
veuX;  pour  être  insensibles  à  la  douleur, 
ne  sont  pas  une  chose  inerte  et  sans  vie  et 
que  la  coiffure  qui  leur  conviendra  le 
mieux  sera  celle  qui  leur  laissera  une 
liberté  plus  grande,  les  laissera  accessibles 
à  Pair  et  permettra  de  les  faire  reposer 
fréquemment.  Chez  l'homme,  M.  Bazin 
constate  que  si  l'habitude  de  porter  les 
cheveux  très-longs  est  mauvaise  parce  que 
le  temps  fait  défaut  pour  les  soigner,  celle 
de  les  porter  ras  est  détestable  et  absolu- 
ment contraire  au  but  de  la  nature.  Chez 
l'enfant,  cette  habitude  est  encore  plus 
blâmable  et  couper  ses  cheveux  sous  pré- 
texte d'en  favoriser  la  croissance  est  un 
préjugé  que  rien  ne  justifie.  Si  la  section 
périodique  des  cheveux,  pratiquée  avec 
mesure,  est  sans  inconvénient,  cette  opé- 
ration trop  souvent  répétée  peut  amener 
une  excitation  du  cuir  chevelu  qui  peut 
être  au  moins  inutile,  et  rien  ne  prouve 
qu'il  en  résulte  un  développement  consé- 
cutif plus  considérable.  M.  Bazin  pense  au 
contraire,  avec  M.  Cazenave,  que  les  plus 
belles  chevelures  sont  celles  que  le  ciseau 
n'a  jamais  touchées.  Au  contraire,  la  pra> 
tique  qui  consiste  à  rafraîchir  la  cheve- , 
lure,  c'est-à-dire  à  en  couper  de  temps  en 
temps  une  portion  minime,  peut  être  indi- 
quée lorsque  les  cheveux  sont  grêles,  chc- 
tifs,  clairsemés^  lorsqu'ils  languissent  et 
tombent,  sans  qu'on  puisse  accuser  aucune 
cause  pathologique  générale  ou  locale. 
L'emploi  du  rasoir  doit  toujours  être  évité 
et  même  lorsqu'il  est  indique  de  couper  les 
cheveux  très  courts,  comme  dans  certains 
cas  d*alopécie  survenant  dans  la  convales- 
cence des  maladies  graves,  on  doit  lui  pré- 
férer les  ciseaux.  L'épilation  pratiquée 
pour  enlever  les  cheveux  blancs  ne  fait  que 
hâter  les  progrès  de  la  canilie. 

L'emploi  des  cosmétiques,  au  lieu  d'être 
d'un  usage  banal,  ne  devrait  être  permis 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


que  dans  certains  cas  ;  aux  personnes  qui 
ont  les  cheveux  naturellement  gras  dans 
rétat  de  santé;  on  recommandera  des 
lotions  très  affaiblies  de  sous- borate  de 
soude,  de  chlorate  de  soude  ou  de  potasse, 
et  mieux  imcore  de  simples  lotions  ammo- 
niacales (8  à  40  gouttes  d'ammoniaque 
pour  250  à  500  grammes  d'eau  distillée)  ; 
à  celles  au  contraire  qui  ont  les  cheveux 
arides  et  secs,  des  lotions  huileuses,  des 
onctions  additionnées  d'une  petite  quantité 
de  turbith  minéral  et  légèrement  aroma- 
tisées. On  prescrira,  par  exemple  : 

Moelle  de  bœuf  préparée  .    oO  grammes. 
Huile  d'uroandes  amères  .     10       — 

ou  bien  : 

Moelle  de  bœuf  préparée  .  60  grammes. 

Graisse  de  veau  préparée.  '60        — 
Baume  du  Pérou.     ...      4        — 

Vanille 2        — 

Huile  de  noisettes  ...      8        ~ 

Sans  avoir  grande  confiance  dans  les 
moyens  destinés  à  empêcher  la  chute  des 
cheveux,  M.  Bazin  pense  cependant  que 
Ton  doit  les  essayer  dans  certains  cas. 
Chez  un  homme  encore  dans  la  force  de 
rage,  lorsque  la  calvitie  est  à  son  début  et 
prématurée,  on  pourra  conseiller  certaines 
pommades  comme  la  suivante  : 

Suéde  eiti-oo 4 grammes. 

Extrait  de  quinquina    .    .  8        — 

Teinture  de  cantbarides  .  4       — 
Hiiile  volatile  de  cédrat    .      1,30  centigrammes. 
Huile  de  bergamote.    .    .      0.30  — 

Moelle  de  bœuf  ....  60  grammes, 

en  onctions  sur  la  tête  préalablement  lavée 
à  Teau  de  savon. 

Les  préparations  destinées  à  la  teinture 
des  cheveux  sont  divisées  par  M.  Bazin  en 
deux  catégories  :  les  unes,  comme  la  noix 
de  galle,  les  infusions  de  fèves  de  noyer, 
de  grenade,  etc.,  sont  à  peu  près  inoffen- 
sives, mais  ne  donnent  que  des  résultats 
tout  à  fait  incertains  et  instables  ;  les  au- 
tres, qui  ont  pour  base  la  chaux,  Tazotate 
d'argent,  le  plomb,  le  sulfate  de  fer,  etc., 
réussissent  assez  bien,  mais  sont  d'un 
emploi  dangereux. 

{Répertoire  de  pharmacie,) 


Recherches  de  M.  Fordos  sur  le»  éta- 
mages.  —  Dans  un  second  mémoire  pré- 
senté à  l'Institut,  M.  Fordos  a  étudié 
l'action  de  l'acide  acétique  sur  les  poteries 
d'étain  ;  et  il  a  démontre  d'une  manière 
évidente  qu'il  se  formait  de  l'acétate  de 
plomb.  Les  pots  en  étain  sur  lesquels  a 


expérimenté  l'auteur  contenaient  de  10  à 
48  p.  i 00  de  plomb.  Grâce  aux.  nombreu- 
ses expériences  faites  par  ce  savant  chi- 
miste, on  comprend  facilement  comment 
et  dans  quelles  circonstances  les  liquides 
alimentaires,  tels  que  vinaigre,  vin,  bière, 
cidre,  deviennent  plus  ou  moins  plombi- 
fères  par  leur  passage  ou  leur  séjour  dans 
les  poteries  d'étain  contenant  di|  plomb. 
Les  recherches  de  M.  Fordos  sont  applica- 
bles aux  étaraages.  Il  a  constaté,  eu  effet 
que  tous  les  étamages  renferment  une  plus 
ou  moins  grande  quantité  de  plomb.  Dans 
une  casserole  en  fer  battu,  de  la  capacité 
de  5  litres,  étamée  à  l'ctaîu  fin,  au  dire  de 
l'étameur  (M.  Fordos  avait  reecmmandé 
d'employer  de  l'étain  fin),  il  a  mis  50  gr. 
de  solution  d'acide  acétique  à  %  p.  100; 
au  bout  de  S4  heures,  le  liquide  a  été  re- 
tiré, en  ayant  soin  de  dissoudre  le  sel  de 
plomb  formé  sur  les  parois,  et  on  a  eu 
une  liqueur  qui  précipitait  abondaoïment 
en  jaune  par  l'iodure  de  potassium.  La 
même  expérience  faite  avec  de  l'eau  vinai- 
grée (vinaigre  10,  eau  40)  a  donné  le 
même  résultat. 

M.  Fordos  a  dosé  le  plomb  dîssou.s  dans 
les  expériences  précédentes,  et  il  a  obtenu 
sulfate  de  plomb  0  gr.  065  —  0  gr.  078  — 
0  gr.  058. 

L'auteur  a  expérimenté  de  la  même  ma- 
nière un  poêlon  en  cuivre,  étamé  dans 
une  maison  qui  doit  inspirer  toute  con- 
fiance, et  les  résultats  ont  été  semblables. 

L'introduction  du  plomb  dans  les  éta- 
mages peut  présenter  quelquefois  un  vé- 
ritable danger  ;  car  dans  beaucoup  de  pré- 
parations culinaires  on  emploie  le  vin,  le 
vinaigre  et  autres  produits  acides  ;  le  sel 
marin  lui-même,  qui  entre  dans  tous  nos 
aliments,  peut  attaquer  le  plomb  allié  à 
l'étain.  Il  en  résulte  que  beaucoup  de  nos 
aliments  renferment  du  plomb.  Si  des  acci- 
dents ne  sont  pas  plus  fréquemment  obser- 
vés;  cela  tient  à  ce  que  la  quantité  dé 
plomb  enlevée  aux  vases  n'est  pas  ordi- 
nairement bien  considérable,  et  que,  lors- 
que des  accidents  se  produisent,  on  leur 
attribue  une  autre  cause,  ou  Ton  n'en 
cherche  pas  l'origine.  Le  plomb,  d'ailleurs, 
est  un  poison  subtil  dont  les  effets. ne  se 
font  souvent  sentir  qu'à  la  longue. 

Tout  récemment,  cependant,  des  indis- 
positions graves  se  sont  montrées  dans  un 
de  nos  grands  établissements  scolaires,  et 
il  a  été  reconnu  qu'elles  étaient  occasion- 
nées par  des  aliuients  cuits  dans  des  vases 
étamés  avec  de  Tctain  plombifère.  L'ana- 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


447 


lyse  de  rétaruage  a  donné  55  p.  iOO  de 
plomb. 

La  conclusion  I  tirer  des  faits  consignés 
dans  ce  travail»  c*est  que  le  plomb  devrait 
être  exclu,  d*une  manière  absolue,  des 
poteries  d*étain.  Si  l*étain  ne  peut  pas  être 
employé  seul,  on  cherchera  à  lui  associer 
un  ou  plusieurs  des  métaux  suivants  :  fer, 
nickel,  bismuth,  cuivre,  antimoine.  Ces 
deux  derniers  entrent  déjà  dans  quelques 
alliages  d*étain  ;  il  reste,  toutefois,  à  recher- 
cher jusqu'à  quel  point  ils  sont  inoffensifs  à 
l'état  d'alliage. 

Quant  aux  étamages,  les  règlements  de 
police  exigent  qu*ils  soient  faits  à  l'étain 
fin.  Il  reste  donc  à  exercer  une  surveil- 
lance plus  active  et  plus  effective.  Ne 
pourrait-on  pas  aussi  établir  des  pénalités 
plus  fortes,  assimiler  par  exemple  à  une 
tentative  d'empoisonnement,  \t  plomb 
étant  un  poison,  Tintroduction  de  ce  métal 
dans  les  étamages? 

{Journal  de  pharmacie  d'Anvers,) 


Les  effets  de  la  vaccination  obliga* 
toîre  en  Angleterre.  —  Dans  le  service 
de  la  santé  publique,  dit  Lyon  Playfair, 
membre  de  la  Chambre  des  Communes 
pour  rUniversitc  d^Edimbourg,  le  gouver- 
nement devrait  avoir  pour  occupation  non- 
seulement  de  guérir  les  maux  survenus, 
mais  surtout  de  les  prévenir. 

Au  point  de  vue  de  la  variole,  les  résultats 
acquis  par  les  lois  anglaises  sont  très- 
remarquables.  Au  dernier  siècle  en  Angle- 
terre, avant  que  la  vaccination  fut  em- 
ployée, la  mortalité  annuelle  générale  due 
à  la  variole  était  d'environ  3,000  par  mil- 
lion. La  moyenne  durant  la  dernière  épi- 
démie n*a  été  que  de  92S  par  million.  Mais 
la  différence  est  surtout  remarquable  pour 
les  jeunes  enfants,  parce  que  la  vaccination 
n*est  obligatoire  que  depuis  peu  ;  avant  les 
lois  coercitives,  la  mortalité  des  enfants 
au-dessous  de  cinq  ans  comptait  pour  les 
trois  quarts  des  cas  ;  dans  la  dernière  épi- 
démie ils  n'ont  donné  que  moins  d*un 
tiers  de  la  mortalité,  en  Angleterre,  et 
moins  d*un  quart  en  Ecosse  et  en  Irlande. 
L*expériencc  apprend  que  la  vaccination 
devrait  être  renouvelée  à  Tépoque  de  la 
puberté.  Autrefois  le  chiffre  de  la  morta- 
lité était  plus  élevé  dans  les  villes  anglaises 
que  dans  les  villes  étrangères;  en  1870 
les  grandes  villes  d'Ecosse  ont  perdu 
700  par  million  ;  Londres,  1,180;  Berlin, 
3.448  ;  Hambourg,  5,717;  Leipzig,  6,455. 


Le  résultat  général  des  lois  protectrices 
contre  la  variole  a  été  celui-ci  :  avec  la 
mortalité  du  siècle  dernier,  70,000  habi- 
tants mouraient  de  cç  mal  annuellement  ; 
aujourd'hui  on  n'a  perdu  que  5,000  en 
moyenne  et  jusqu'à  la  dernière  épidémie 
cette  moyenne  n'était  que  de  3,500. 

{Lyon  médical.) 


niédecine  léj^ale. 

Remarques  sur  les  réactions  de  l'hé- 
moglobine et  de  ses  dérivés  ;  examen 
médico-légal  des  taches  de  sang  ;  par 
M.  HÉNOCQUE.  —  La  recherche  des  ta- 
ches de  sang  est  d'une  importance  si  grave 
dans  les  expertises  médico  légales  que  nous 
ne  saurions  laisser  passer  sans  les  signaler 
les  travaux  qui  peuvent  apporter  des  élé- 
ments nouveaux  de  diagnostic.  11  y  a  long- 
temps que  Teichmann  avait  indiqué  la  for- 
mation de  cristaux  par  l'action  de  chlorure 
de  sodium  et  d'acide  acétique  sur  le  sang 
comme  un  caractère  permettant  d'affirmer 
la  présence  du  sang  dans  une  tache.  Au- 
jourd'hui, M.  C.  Husson,  ayant  étudié  une 
réaction  souvent  employée  par  les  micro - 
graphes,  présente  la  réaction  de  l'iode  sur 
le  sang  comme  un  des  moyens  les  plus  cer- 
tains de  reconnaître  l'hémine  etThématine. 
L'hémoglobine,  en  absorbant  Tiode,  se 
dédouble  en  bématine  et  en  globuline,  et 
l'on  peut  suivre  directement  sous  le  micros- 
cope la  formation  des  cristaux  d'hémine 
iodée,  d'iodhydrate  d'hématine  ;  pour  cela 
il  suffît,  après  avoir  traité  le  sang  par 
riode,  d'ajouter  une  goutte  d'acide  acéti- 
que et  de  chauffer  le  porte -objet. 

Ces  caractères,  auxquels  M.  C.  Husson 
en  a  joint  d'autres  également  importants, 
donnent  plus  de  précision  aux  recherches 
du  sang  par  l'examen  microchimique. 
Celui  ci  est  souvent  le  seul  applicable  pour 
les  taches  dans  lesquelles  les  globules  du 
sang  ont  été  détruits,  et  d'ailleurs  il  peut 
servir  de  complément  alors  même  qu'on 
peut  reconnaître  les  globules.  On  sait  com- 
bien il  faut  accumuler  de  preuves  en  pa- 
reil cas,  et  les  examens  spectroscopique, 
microchimique  et  micrographique  doivent 
être  employés  concurremment. 

L'examen  micrographique  est  d'ailleurs 
encore  considéré  comme  le  plus  certain  ; 
mais  il  n'est  pas  infaillible  à  tous  égards. 
D'une  haute  valeur  pour  reconnaître  le 
sang,  mettant  en  évidence  les  globules  et 
souvent  la  fibrine  ou  des  mucosités,  ou  des 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


tissus,  le  microscope  peal,  dans  bi^n  des 
cas,  fournir  les  preuves  {.es  plus  rigoureu- 
ses ;  il  a  pu  même  servir  à  distinguer  le 
sang  de  I^homme  de  Celui  des  oiseaux  ou  . 
des  reptiles.  Mais  d'autre  part  on  ne  sau- 
rait oublier  les  réserves  prudentes  que  re- 
commandent Vircbow,  Casper,  Robin,  et  à 
propos  desquelles  a  eu  lieu  récemment  une 
discussion  fort  intéressante  entre  Richard- 
son  et  Woodward.  Celui-ci  a  eu  pour  point 
de  départ  un  travail  où  Richardson  mettait 
surtout  en  relief  les  conditions  d*évidence 
que  présente  Texamen  micrographique. 
M.  Woodward  s*esl  placé  a  un  point  de  vue 
en  quelque  sorte  opposé,  en  montrant 
quelles  sont  les  bornes  que  Texamen  ne 
saurait  faire  franchir.  Divers  articles  ont 
été  publiés  à  ce  sujet  dans  le  Menthfy  mi- 
croscopical  Journal  (novembre  4874,  fé- 
vrier, mai  1875),  et  nous  les  signalons  aux 
experts. 

Nous  ne  voulons  pas  insister  sur  cette 
discussion,  ni  même  la  résumer;  car  le' 
sujet  demande  à  être  examiné  très-sérieu- 


sement, et,  comme  le  font  remarquer  Ri- 
chardson et  Woodward,  il  y  a  une  grande 
responsabilité  à  traiter  pareille  matière. 
Puisque  là  discussion  a  eu  un  assez  grand 
retentissement  en  Amérique,  nous  pouvons 
indiquer  la  conclusion  principale  sur  la- 
quelle les  deux  auteurs  sont  restes  d*accord, 
à  savoir  :•  qu'avec  du  sang  desséché,  la 
mensuration  des  globules  rouges  ne  permet 
pas  de  distinguer  avec  la  certitude  néces- 
saire aux  conclusions  d'expertise  le  sang 
de*  riiomme  du  sang  des  animaux  domes- 
tiques mammifères. 

Nous  ne  croyons  pas  que  Texamen  mi- 
crochimique puisse,  quant  à  présent, 
donner  des  indications  plus  précises  ;  M.  C. 
Husson  ne  nous  dit  pas  qu'il  y  ait  des  dif- 
férences entre  Théminc  iodée  des  divers 
animaux,  et  tout  nous  porte  à  croire  qu'il 
n'y  en  a  pas«  ou  du  moins  qu'on  n'a  pas 
encore  trouvé  dans  les  cristaux  du  sang 
des  caractères  propres  aux  diverses  espèces. 
(Journal  de  pharmacie  et  de  chimie.) 


111.  4GADÉNIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


Société  Royale  des  Sciences  médicales  et 
naturelles  de  Bruxelles. 

Bulletin  de  la  séance  du  8  novembre  1875. 

Président  ;  M.  L.  Martin. 
Secrétaire  :  M.  van  den  Corput. 

Sont  présents  :  MM.  Tirifahy,  Sacré, 
L.  Martin,  Crocq,  Rommelaere,  Spaak, 
Gille,  Vande  Vyvere,  Schuermans,  We- 
henkeU  Ledeganck,  van  den  Corput. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente 
est  lu  et  adopté. 

La  correspondance  comprend  :  i°  Une 
lettre  de  la  Fédération  des  Sociétés  scienti- 
fiques de  Belgique,  invitant  la  Société 
royale  des  sciences  médicales  et  naturelles 
de  Bruxelles  à  se  faire  représenter  à  la 
session  préparatoire  qui  doit  avoir  lieu  le 
28  novembre  prochain.  Sur  la  proposition 
de  M.  Crocq,  l'assemblée  délègue  le  Bureau 
pour  assister  à  la  séance  du  28;  2°  Lettre 
de  M.  Pigeolet  informant  la  Société  qu'une 
indisposition  ne  lui  permet  point  d'assister 
à  la  séance;  3°  Lettre  de  M.  le  docteur 
Bertherand,  membre  correspondant  à 
Alger, accompagnée  de  l'envoi  d'un  travail 


manuscrit  sur  le  goyavier,  son  analyse 
chimique  et  la  découverte  de  son  alcaloïde 
par  M.  Jules  Léon,  ex-pharmacien  en  chef 
des  hôpitaux  de  Paris.  M.  Bertherand»  en 
faisant  parvenir  la  partie  chimique  de 
l'histoire  du  goyavier,  annonce  le  prochain 
envoi  de  la  partie  botanique  et  thérapeu- 
tique de  ce  végétal  dont  il  a  fait  usage  de- 
puis plusieurs  années  dans  le  traitement  de 
diverses  maladies;  i°  Lettre  de  M.  le  doc- 
teur Putzeyç,.de  Waremme,  qui  remercie 
la  Société  de  l'avoir  associé  à  ses  travaux; 
5°  Lettre  de  M^^»  De  Moerloose,  maîtresse 
sage-femme  à  la  maternité  de  Bruxelles,- 
qui  fait  hommage  d'un  exemplaire  de  sa 
traduction  française  de  l'ouvrage  du  pro- 
fesseur Lados,  intitulé  :  Lessen  overde  Ver- 
loskunde;  6<»  M.  le  docteur  da  Costa  Alva- 
renga,  membre  honoraire  à  Lisbonne,  fait 
hommage  du  nouvel  ouvrage  qu'il  vient  de 
publier  :  do  Silicato  de  potassa  no  trata- 
mento  da  erysipela,  ainsi  que  de  la  traduc- 
tion allemande  de  cet  ouvrage  par  le  doc- 
teur Ullerspcrger.  Renvoi  pour  analyse 
à  M.  van  den  Corput  ;  7°  M.  le  docteur 
Stokvis,  membre  correspondant  à  La  Haye, 
fait    hommage    d'un   opuscule   intitulé  : 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


449 


Bijdragen  tôt  de  kennis  der  phosphoor- 
zuurintscheiding  hij  arthritisS  Renvoi 
pour  analyse  à  M.  Ledeganck  ;  8"  M.  Hé- 
raud  fait  hommage  «le  deux  exemplaires 
de  son  a  Nouveau  dictionnaire  des  plantes 
médicinales .  tt  Renvoi  pour  analyse  à 
M.  Ledeganck;  9°  M.  le  docleur  Berretta 
fait  hommage  d'une  brochure  :  Nuove 
fascc  preparate  per  fa  pronta  applicazione 
degli  apparecchi  amovo-inamovibilî .  Re- 
mis à  M.  Spaak  pour  analyse. 

Des  remcrciments  sont  votés  aux  auteurs 
de  ces  différents  envois. 

Ouvrages  présentés  : 

1 .  Storia  di  un  asccsso  epalico  da  epah'te 
suppurativa  aperlosi  nel  pulmone  dcl  dot. 
F.  Verardini.  Bologna.  1875. 

2.  De  l'habitude  du  tabac,  par  le  docteur 
A.  Berlhcrand.  Paris,  1874.. 

3.  Du  traitement  simple  et  du  traite- 
ment spécifique  des  accidents  vénériens, 
par  le  docteur  A.  Bertherand.  Paris,  1873. 

4.  The  Anglo-Australian,  vol.  1,  n*»  1. 
London,  1875. 

t).  Rivista  sperimentale  di  Froniatria  e 
di  medicina  légale,  anno  i",  Reggio,  1875. 
Fascic.  ÏV  e  V. 

6.  Annales  de  TObservaloire  royal  de 
Bruxelles.  Avril,  mai,  août,  1875. 

7.  Mémoires  et  publications  de  la  Société 
des  sciences  des  arts  et  des  lettres  du 
Hainaut.  Mons.  1875. 

8.  Journal  d*hygiène  et  de  climatologie, 
par  le  docteur  de  Pietra- Santa.  l'<>  année, 
n®  1.  Paris,  1875. 

9.  Mémoires  couronnés  et  autres  mé- 
moires publiés  par  TAcadémie  royale  de 
médecine  de  Belgique.  Fasc.  iïl.  Bruxelles, 
H.  Manceaux,  1«75. 

10.  Bulletin  de  TAcadémie  loyale  de 
médecine  de  Belgique.  3®  série,  tome  IX, 
n»«  6  et  7.  Bruxelles,  H.  Manceaux,  1875. 

il.  Bulletin  de  TAcadémie  royale  des 
sciences,  des  lettres  et  des  beanx  arts  de 
Belgique.  44«  année,  2«  série,  t.  XXXIX, 
n«»  5,  6  et  7.  Bruxelles,  1875. 

12.  Fracture  du  col  du  fémur.  Méthode 
pour  la  guérir  sans  raccourcissement,  par 
M.  Jacquet,  chirurgien  à  Braine-Ie-Comte. 
Bruxelles,  1875. 

13.  Du  traitement  des  abcès  des  gan- 
glions lymphatiques  par  les  ponctions  ca- 
pillaires, par  M.  le  docteur  Crocq.  Bruxel- 
les, 1873. 

14.  De  la  parotidite  consécutive  aux  ma 
ladies  aiguës  graves,  par  le  docteur  Crocq. 
Bruxelles,  1874. 


15.  De  la  folie  paralytique  et  de  ses  rap- 
ports avec  la  civilisation,  par  M.  le  docteur 
Crocq.  Bruxelles,  1874. 

16.  Louise  Lateau  devant  la  physiologie 
et  la  pathologie,  par  le  docteur  Crocq. 
Bruxelles,  H.  Manceaux,  1875. 

17  à  88.  Divers  journaux  et  recueils    . 
scientifiques  et  périodiques. 

La  parole  est  à  M.  Rommelaere  pour 
donner  lecture  du  rapport  de  la  commis- 
sion nommée  dans  la  précédente  séance 
pour  Texamen  du  mémoire  et  des  titres 
de  M.  le  docteur  Thirisr,  qui  sollicite 
Tafliliation  à  la  Société. 

M.  RoMMELABRE.  M.  J.  Thirîar,  médecin 
du  bureau  de  bienfaisance  dlxelles,  a  pré- 
senté à  la  Société  un  travail  manuscrit  inti- 
tulé :  Variole  et  vaccin  ;  note  sur  Vépldémie 
qui  a  régné  dans  le  has-îxelles  au  prin- 
temps de  1875.  Vous  avez  renvoyé  l'exa- 
men de  ce  travail  à  une  commission  com- 
posée de  MM.  Ledeganck,  Charon  et 
Rommelaere  ;  j'ai  rhonncnr  de  déposer  le 
rapport  de  cette  commission. 

Le  but  que  notre  bonorable  confrère  a 
eu  en  vue,  en  rédigeant  son  travail,  est  de 
réagir  contre  les  préjugés  qui  régnent  en- 
core aujourd'hui  au  sujet  des  rapports  qui 
existent  entre  la  variole  et  le  vaccin.  Il  est 
peu  de  questions  d'un  intérêt  pratique 
aussi  majeur;  il  en  est  peu  au  sujet  des- 
quelles on  ait  accumulé  un  aussi  grand 
nombre  de  données  positives.  Dans  l'état 
actuel  de  la  science,  Tulililé  réelle  du  vac- 
cin, comme  agent  prophylactique  de  la  va- 
riole, est  établie  sur  des  bases  incontesta- 
bles ;  nous  n^ayons  pas  à  insister  sur  ce 
point,  tant  les  enseignements  de  la  clinique 
et  de  la  physiologie  pathologique  viennent 
hautement  affirmer  cette  vérité. 

La  variole  n'existe  en  foyers  épidé- 
miques  que  par  la  négligence  ou  le  mau- 
vais vouloir  de  Pcspèce  humaine  :  de  toutes 
les  maladies  aiguës,  c'est  la  seule  qu'il  soit 
en  notre  pouvoir  d'extirper  de  Thumanité 
et  la  ligue  que  le  regretté  Simpson  d'Edim- 
bourg avait  voulu  fonder  pour  arriver  6  ce 
but.  poursuivait  une  œuvre  dont  le  résultat 
n'était  paô  douteux. 

Et  cependant  la  variole  continue  à  sévir  ; 
elle  ne  sévit  pas  seulement  comme  affection 
sporadique,  elle  exerce  des  ravages  épou- 
vantables, encore  aujourd'hui,  sous  forme 
d'épidémies,  dont  la  dernière  a  laissé  dans 
notre  esprit ,  des  souvenirs  trop  tristes 
pour  que  nous  ayons  besoin  d'insister  sur 
ce  point. 

57 


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450 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


A  quoi  lient  cette  étrange  situation? 
Comment  se  fait-il  que  rhurnanité  soit  en- 
core décimée  par  un  poison  épidcraique, 
alors  qu'elle  n'a  qu*à  étendre  la  main  pour 
s*assurer  du  contre-poison? 

Cette  situation  lient  à  deux  causes  :  elle 
lient  d'abord  à  Tignorauce  cl  aux  préjugés 
du  public;  elle  tient  encore  malheureuse- 
ment aux  préjugés  de  quelques  médecins 
qui  appuient  de  leur  nom  Popposition 
aveugle  de  la  foule,  et  qui,  franchissant 
les  limites  assignées  aux  débats  scicnti- 
fiqoeSf  vont  porter  dans  les  journaux  po- 
litiques, et  soumettre  à  on  public  incom- 
pétent, l'expression  de  préjugés  funestes 
qbe  la  science  réprouve  comme  contraires  à 
l'observation  rigoureuse  des  faits. 

C'est  contre  cette  double  tendance  que 
l'honorable  M.  Thiriar  a  voulu  réagir  en 
rédigeant  son  travail. 

Pour  arriver  à  ce  but,  il  a  tiré  parti  des 
enseignements  précieux  que  lui  a  fournis 
l'observation  d'une  épidémie  de  variole  qui 
a  sévi  dans  le  bas-fxelles  au  printemps  de 
1875.  Appelé  par  la  position  qu'il  occupe 
à  ïxelles,  à  observer  de  près  les  foyers  épi- 
démiques  qui  se  produisent,  M.  Thiriar  a 
eu  l'occasion  d'étudier  la  marche  de  l'épi- 
démie pendant  toute  sa  durée,  et  malgré 
les  efforts  louables  qu'il  a  faits  pour  la  limi- 
ter, il  a  pu  cependant,  du  5  avril  au 
29  juillet  dernier,  observer  164  sujets 
atteints  de  variole. 

Nous  ne  suivrons  pas  Tauteur  dans  la 
description  qu'il  donne  du  développement 
de  la  maladie  ;  qu'il  nous  su/Iise  de  rendre 
hommage  au  zèle  et  aii  dévouement  dont  il 
a  fait  preuve  en  celte  circonstance,  et  qui 
ont  été  à  la  hauteur  de  son  amour  pour  la 
science. 

Dans  cette  partie  de  son  travail,  l'auteur 
expose  les  particularités  qu'il  a  observées 
dans  la  marche  de  la  maladie  chez  diffé- 
rents malades;  il  fait  ressortir  les  effets 
modificaieurs  que  le  vaccin  a  exercés  sur 
le  processus  morbide.  Ces  effets  ressortcnl 
déjà  des  résultats  obtenus  dans  cette  épi- 
démie. En  effet,  des  i64  sujets  qu'il  a 
traités,  1  (6  étaient  vaccinés  et  ont  fourni 
3  décès,  soit  2  i/2<»/o;  48  n'étaient  pas 
vaccinés  et  ont  fourni  20  décès,  soit 
41.7  ^If,.  Ces  chiffres,  conformes  aux 
moyennes  observées,  ont  une  éloquence 
assez  grande  pour  qu'ils  puissent  se  passer 
de  commentaires. 

Après  avoir  examiné  à  un  point  de  vue 
critique  les  causes  qui  ont  amené  la  mor- 
talité constatée,   M.  Thiriar  rappelle  les 


discussions  qui  ont  régné  dans  la  science 
au  sujet  des  rapports  entre  la  variole  et  le 
vaccin  ;  il  admet  avec  la  majorité  des  cli- 
niciens, une  distinction  radicale  entre  les 
deux  états  morbides.  L'une  des  parties  les 
plus  intéressantes  de  son  travail  est  c^lle 
dans  laquelle  M.  Thiriar  expose  les  re- 
cherches qu'il  a  entreprises,  pour  établir  la 
réalité  de  la  différence  radicale  qui  existe 
entre  la  variole  et  le  vaccin.  Il  a  recueilli 
sur  des  sujets  laitteints  à  la  fois  de  variole  et 
d'affection  vaccinale,  le  produit  de  pus- 
tules vaccinales;  il  a  inoculé  le  premier  à 
un  sujet  non  vacciné,  renouvelant  ainsi 
pour  ce  sujet,  les  conditions  de  l'inocula- 
tion ancienne;  il  n'a  observé  qu'une  vario- 
loïde  discrète  et  bénigne.  11  a  inoculé^ 
d'autre  part,  le  produit  des  pustules  vac- 
cinales à  quelques  sujets  et  chez  aucun 
d'eux,  il  n'a  observé  autre  chose  que  de  la 
vaccine,  bien  que  le  vaccin  ait  été  recueilli 
sur  un  sujet  en  pleine  éruption  variolique. 

Ces  recherches  originales  de  l'autour 
sont  très-importantes  pour  établir  la  diffé- 
rence essentielle  qui  existe  entre  la  variole 
et  le  vaccin. 

M.  Thiriar  consacre  la  fin  de  son  travail 
h  déduire  de  ces  faits,  les  conclusions  lo- 
giques qu'ils  comportent.  Il  insiste  parti- 
culièrement sur  la  nécessité  de  la  vaccina- 
tion et  de  la  revaccination  dans  le  .cours  des 
épidémies  de  variole  pour  en  enrayer  le 
(téveloppemcnt,  et  combat  par  les  armes 
d'une  logique  serrée  les  préjugés  de  ceux 
qui  s'opposent  à  l'introduction  du  seul 
moyen  radical  dont  nous  disposions  pour 
arrêter  la  marche  de  ces  épidémies. 

Il  termine  son  travail  par  la  relation  dé- 
taillée d^in  cas  de  variole  hémorrhagique 
terminé  par  guérison. 

Le  travail  de  M.  Thiriar,  est  l'œuvre 
d'un  praticien  consciencieux  et  intelligent  ; 
absorbé  par  les  soins  d'une  nombreuse 
clientèle^  dans  un  des  faubourgs  les  plus 
importants  de  Bruxelles^  notre  honorable 
confrère  se  réserve  cependant  une  part  de 
son  temps  pour  la  vie  scientifique  et  con- 
sacre ses  loisirs  à  rédiger  les  observations 
intéressantes  qu'il  lui  est  donné  d'obser- 
ver. Ajoutons  que  le  caractère  de  Thoniaie 
est  à  la  hauteur  de  son  intelligence. 

La  commission  estime  que  ce  sera  faire 
œuvre  utile,  que  d'associer  M.  Thiriar  à 
nos  travaux  ;  elle  vous  propose  : 

1°  D'imprimer  son  travail  dai^s  notre 
journal  ; 

2**  De  décerner  à  l'auteur  le  titre  de 
membre  titulaire. 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES- 


451 


M.  ScuuERMANS.  Jc  dcsirerais  savoir  si 
les  personnels  que  M,  Thiriar  a  vaccinées 
étant  atteintes  de  la  variole  ou  de  ses 
prodromes,  ont  succombé  à  raffection. 

M.  RoMMELÂERE.  Non,  cIlcs  n'ont  pas  suc- 
combé; la  marche  de  la  maladie  a  été  fa- 
vorable. 

iM.  ScHUERMANS.  Lorsquc  j'étais  mé- 
decin des  pauvres,  je  n'ai  jamais  vu  non 
plus  succomber  les  malades  qui  ont  été  vac- 
cinés dans  ces  conditions  c^  c'est  ce  que 
j'ai  signale  dans  un  travail  qui  a  été  publié 
il  y  a  déjà  pluseurs  années  dans  le  journal' 
de  la  Société. 

M.  RoMMELAERE.  C'cst  CD  effet  au  travail 
que  vous  avez  publié  à  ce  sujet  que  M.  le 
docteur  Thiriiir  fait  allusion. 

M.  Sacré  Je  dirai  un  mot  pour  appuyer 
les  conclusions  du  rapport.  M.  Thiriar  est 
Tun  des  jeunes  médecins  les  plus  capables, 
les  plus  instruits  et  les  plus  zélés  qui  soient 
sortis  de  nos  hôpitaux.  Je  crois  qu'il  sera 
très  utile  pour  la  Société  de  l'associer  à  ses 
travaux. 

M.  LE  Présidem.  Avant  de  passer  au 
vole,j*ai  une  observation  à  présenter.  L'un 
des  membres  commissaires  n'a  pas  signé 
le  rapport  de  M.  Rommelacre.  Je  crois 
cependant  que  nous  pouvons  passer  outre 
en  prés»fnce  de  ce  rapport  et  de  la  déclara - 
lion  de  51.  Sacré. 

M.  GiLLE.  l/absence  de  signature  n'est 
pas  le  résultat  du  refus  de  signer? 

M.  RoMMELAERE.  En  aucunc  façon. 

5f.  Crocq.  m.  Charron,  qui  est  le  mem- 
bre auquel  on  fait  allusion,  a  dii  voir 
figurer,  à  Tonlre  du  jour  le  rapport  de 
M.  Rommclaere.  Or,  s'il  avait  eu  des  ob- 
servations à  présenter  il  aurait,  sans  nul 
doute,  assisté  à  la  séance. 

Les  conclusions  de  M.  Rommelaere, 
appuyées  par  M.  Sacré,  sont  mises  aux 
voix  et  adoptées  a  l'unanimité.  En  consé- 
quence, M.  Thiriar  est  proclamé  membre 
effectif  de  la  Société  rayale  des  sciences 
médicales  et  naturelles  de  Bruxelles. 

M.  h  président  accorde  ensuite  la  parole 
à  M.  Crocq  pour  donner  lecture^  de  ses 
analyses  de  deux  opuscules  de 'M.  Da* 
vreux. 

M.  Crocq.  L*anasarque suite  de  rétention 
d'urine  ;  par  le  docteur  Davreux,  de  Liège. 

Messieurs,  J.  Franck  et  Boyer  ont  de- 
puis longtemps  noté  la  rétention  d'urine 
parmi  les  causes  de  l'anasarque.  Cette  re- 
marque avait  toutefois  été  perdue  de  vue, 
lorsqu'en  1864,  le  docteur  Ronvaux,  de 


Namur,  dans  un  travail  publié  par  la  So- 
ciété médico-chirurgicale  di*  Liège,  men- 
tionna de  nouveau  l'anasarque  par  réten- 
tion d'urines.  Il  l'attribue  à  l'hydrémic 
résultant  de  la  suppression  de  la  sécrétion 
urinaire,  qui  survient,  dès  que  le  liquide 
accumulé  dans  .les  uretères»  acquiert  une 
pression  de  7  h  8  millimètres  de  mercure. 
Il  paraît  toutefois  ne  pas  l'avoir  observée. 
Quebfue  temps  uprès ,  Trousseau  don- 
nait sur  cette  variété  d'anasarque  une 
leçon  clinique.  M.  Davreux  en  a  observé 
deux  cas,  un  en  i86o  et  un  en  iSC^.  Il  en 
cite  aussi  trois  cas  tires  de  l'Abeille  médi- 
cale et  de  la  Gazette  médicale  de  Paris.  Il 
rapporte  un  cas,  rencontré  par  le  docteur 
Ronvaux,  chez  une  femme  enceinte  affectée 
d'une  rétention  due  à  un  déplacement 
utérin. 

La  première  des  observations  de  M.  Da- 
vreux, recueillie  on  1863,  est  relative  à  un 
jeune  homme  de  28  ans,  atteint  de  réten- 
tion d'urine  consécutive,  à  une  hypertro- 
phie de  la  prostate.  Lorsque  l'auteur  le  vit, 
il  le  trouva  extrêmement  oppressé  ;  le 
pouls  était  petit,  dépressible  et  accéléré  ; 
la  peau  était  sèche  et  il  y  avait  téucsmc 
vcsical  et  douleur  sourde  à  l'hypogastre. 
Il  y  avait  une  anasarque  très  développée. 
L'abdomen  était  énorme,  et  son  augmen- 
tation de  volume  était  due  à  la  distension 
démesurée  de  la  vessie.  Le  cathélérisme 
évacua  i  3/4  litres  d'une  urine  foncée,  lé- 
gèrement ammoniacale  et  non  albumi- 
neuse.  La  sonde  fut  laissée  à  demeure.  Il 
y  avait  une  ascite  très-considérable  et  un 
peu  d'épanchement  dans  les  plèvres.  II  n'y 
avait  aucune  lésion  au  cœur  ni  aux  pou- 
mons. Six  jours  après  le  cathétérisme, 
l'anasarque  et  les  hydropisies  viscérales 
avaient  disparu.  Malheureusement,  quinze 
jours  plus  tard,  le  malade  succomba  à  une 
hémoptysie  foudroyante,  dont  la  cause 
n'est  pas  indiquée,  et  l'autopsie  ne  put  être 
pratiquée. 

La  seconde  observation  se  rapporte  à  un 
enfant  de  3  ans^^^  qui  lit  une  chute  du  haut 
d'un  escalier  très  élevé.  A  la  suite  se  dé- 
clara une  rétention  d'urine,  puis  bientôt 
une  anasarque  énorme.  M.  Davreux  le  vit 
dans  cet  état,  quatre  jours  après  l'accident. 
II  essaya  de  son<!er  l'enfant  avec  une  sonde 
en  gomme,  mais  il  n'y  parvint  pas.  Il 
ordonna  alors  un  bain,  puis  une  friction  à 
l'hypogastre  avec  l'extrait  de  belladone,  et 
un  quart  d'heure  après  le  bain,  il  put  in- 
troduire la  sonde  enduite  d'extrait.  11  éva- 
cua deux  litres  d'urine  ammoniacale  non 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


albumineuse.  La  sonde  fut  laissée  h  de- 
meure, et  deux  jours  après  cette  opération, 
rhydropisie  avait  complètement  disparu. 
Elle  ne  se  reproduisit  plus,  et  l'enfant  fut 
délinitivemcnt  guéri. 

Ces  observations  sont  très-inléressantes, 
et  tout  à  fait  convaincantes.  Il  n'y  a  bien 
évidemment  que  l'interruption  de  la  sécré- 
tion par  l'excès  de  pression  qui  puisse 
expliquer  ces  faits,  et  elle  l'explique  par- 
Cfiitement. 

On  a  objecté  que  par  les  procé  lés  expé- 
rimentaux, par  la  ligature  des  artères  ou  des 
uretères,  ou  par  la  néplirotomie  double, 
on  ne  parvenait  pas  à  produire  Tanasarqne. 
Mais  les  conditions  sont  ici  bien  diffé- 
rentes; il  y  a  une  violence  et  un  trauma- 
tisme énorme  qui  amènent  rapidement  la 
mort  de  ranimai,  sans  laisser  aux  consé- 
quences ultérieures  le  temps  de  se  pro- 
duire. Pour  réaliser  des  conditions  sem- 
blables, il  faudrait  lier  ou  boucher  le  canal 
de  Turètre,  ce  qui,  à  ma  connaissance  n'a 
jamais  été  tenté.  Et  même,  si  à  la  suite  de 
cet  essai  Tanasarque  ne  survenait  pas,  on 
ne  pourrait  rien  en  conclure,  les  différences 
d'organisation  qui  séparent  l'homme  de 
l'animal,  pouvant  parfaitement  motiver 
dans  ce  cas,  des  différences  dans  les  ma- 
nifestations niorbides. 

La  nature  et  le  diagnostic  de  cet  ana- 
sarque^  ressortent  parfaitement  des  deux 
observations  produites  par  M.  Davreux  ;  le 
traitement  consiste  à  faire  disparaître  la 
cause  par  le  cathétérisme,  dont  l'emploi 
fuit  cesser  proniptement  les  accidents. 

M.  Crocq.  Choléra  et  cimetières  ;  par 
M.  le  docteur  Davreux. 

En  1874,  M.,  le  docteur  Bidlot,  de 
Liège,  présenta  à  la  Société  médico-chirur- 
gicale de  cette  ville,  un  trav.iil  relatant 
deux  cas  de  transmission  du  choléra  par 
les  cadavres.  Dans  la  première^  il  s'agit 
d'un  fossoyeur  qui  contracta  cette  maladie 
en  avril  1867,  en  jardinant  sur  la  tombe 
d'un  cholérique  mort  l'anhée  précédente. 
Dans  la  seconde,  c'est  un  jardinier  qui  fut 
atteint  du  choléra  à  A  heures  de  Taprès- 
tù'idï,  alors  qu'à  10  heures  du  matin  il 
avait  assisté  à  l'exhumation  d'une  reli- 
gieuse enterrée  deux  ans  auparavant.  Les 
deux  malades  guérirent.  M.  Bidlot  n'a  pas 
«lécrit  les  symptômes  présentés  par  ces 
deux  malades.  Un  autre  membre  de  la 
Société  do  Liège,  M.  Romiée,  ne  trouva 
pas  ces  faits  suffi&amment  concluants,  et 
n'y  vit  que  des  cas  de  choléra  nostras  dé- 


veloppés sous  rinfluence  des  méphitismes 
cadavériques. 

Dans  le  travail  que  j'analyse,  M. Davreux 
discute  ces  deux  faits  et  ces  deux  opinions. 
Le  premier  fait  ne  lui  parait  pas  assez  bien 
décrit  pour  qu'on  puisse  en  tirer  une  con- 
clusion. Il  n'en  est  pas  de  même  du  second 
dont  l'imporlance  est  beaucoup  plus 
grande.  Il  examine  successivement  les 
trois  objections  que  lui  oppose  M.  Romiée. 
La  première,  c'est  qu'une  «lizainc  d'autres 
personnes  présentes  à  l'exhumation  ne 
furent  pas  atteintes.  M.  Davreux  répond, 
avec  raison,  que  le  choféra  ne  frappe  pas 
tous  ceux  qui  s'exposent  à  le  contracter. 
La  seconde  porte  sur  la  possibilité  du  dé- 
veloppement d'un  choléra  nostras;  iM.  Da-' 
vreux  répond,  avec  M.  Bidlot,  que  le 
choléra  nostras  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  le  choléra  indien  sporadique.  Celui- 
ci  ne  peut  provenir  que  du  poison  cholé- 
rigène,  tandis  que  le  premier  nait  sponta- 
nément. Je  sais  bien.  Messieurs,  que  ceci 
est  conforme  aux  idées  qui  ont  cours  ac- 
tuellement, et  d'après  lesquelles  le  choléra 
asiatique  serait  une  maladie  spécifique, 
sans  analogie,  toute  différente  du  choléra 
nostras.  Toutefois,  je  ne  dois  pas  vous 
cacher  que  j'ai  observé  deux  cas  de  cho- 
léra tout  spontané,  offrant  tous  les  carac- 
tères du  choléra  asiatique,  en  dehors  de 
toute  possibilité  d'action  épidémique  ou 
contagieuse. 

La  première,  c'était  en  1847,  à  une 
époque  où  personne  ne  parlait  plus  du 
choléra^  deux  ans  avant  la  grande  épidé- 
mie de  1849.  Le  second,  c'était  en  mars 
1874;  ces  deux  malades  n'ont  pas  guéri, 
comme  ceilx  de  M.  Bidlot,  tous  deux  sont 
morts;  le  premier  au  bout  de  vingt- quatre 
heures,  le  second  après  quarante- huit 
heures.  Dans  les  denx  cas,  l'autopsie  m*a 
fait  constater  les  lésions  caractéristiques 
du  choléra  ;  celle  du  dernier  a  été  faite  en 
présence  de  nombreux  élèves  et  de  plu- 
sieurs médecins^  parmi  lesquels  je  citerai 
notre  honorable  président,  M.  Martin.  Le 
choiera  dit  asiatique  peut  donc  chez  nous 
se  développer  de  toutes  pièces  spontané- 
ment. 

La  troisième  objection  de  M.  Romiée, 
c'est  que  la  question  de  la  transmission  du 
choléra  par  les  cadavres  n'est  nullement 
prouvée^  et  ii  cite  à  l'appui  M.  Fauvel.  Ici, 
M.  Davreux  n'est  pas  beaucoup  pius^aflîr- 
matif  que  lui.  Cependant  il  constate  dans 
une  note  que  la  conférence  internationale 
de  Vienne   a   reconnu;  à    runanimité,  la 


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455 


Iransmission  du  choléra  par  les  cailavres. 
J'ajouterai  à  cela  qu'avant  cette  conférence 
la  plupart  des  auteurs  avaient  reconnu  ce 
mode  de  propagation  :  je  citerai  ici  Huze- 
inau,  Worms,  Marchai  de  Calvl,  Jaccoud, 
Kûchennieister,  Griesinger.  Quant  à  sa 
raison  d'être,  elle  est  évidente.  L'observa- 
lion  et  rexpérimciilation  ont  fa  il*  constater 
que  les  déjections  cholériques  constituent 
le  véhicule  du  virus.  Comme  les  cadavres 
renferment  ces  déjections  et  en  laissent 
échapper,  ils  doivent  aussi  transmettre  la 
maladie.  C'est  ce  que  Griesinger  exprime 
eu  ces  termes  :  «  La  puissance  d'infection 
»des  cadavres,  bien  plus  accusée  que 
«celle  des  vivants,  me  parait  devoir  être 
>  rapportée  aux  matières  excrémentitielles 
»qui  y  adhèrent  si  souvent.  »  La  transmis- 
sion dix  choléra  par  les  cadavres  est  donc 
un  fait  prouvé  et  accepté  par  presque  tous 
les  auteurs,  et  le  plus  ou  moins  de  valeur 
des  faits  de  M.  Hidiot  ne  peut  rien  y  chan- 
ger. Le  point  relativement  auquel  ils  sont 
importants  c'est  la  conservation  du  virus 
pendant  un  temps  plus  ou  moins  long  ;  le 
second  fait  surtout  prouverait  que,  pen- 
dant deux  ans  au  moins,  il  pourrait  con- 
server sa  vertu  contagieuse. 

Ne  nousltûlons  toutefois  pas  de  tirer  des 
conclusions  de  ce  fait  isolé;  ce  que  je  vous 
ai  dit  précédemment  prouve  qu'il  a  pu  être 
tout  fortuit,  d'autant  plus  qu'il  'ne  parait 
pas  avoir  eu  une  grande  intensité. 

M.  LB  Président.  M.  Crocq  m'a  fait 
l'honneur  de  nie  citer  dans  son  rapport  à 
propos  de  l'autopsie  qu'il  a  faite  à  Tbôpital 
St-Jean,  laquelle^  je  me  plais  à  le  recon- 
naître, a  été  pratiquée  avec  un  soin  minu- 
tieux et  la  plus  rigoureuse  exactitude. 

Je  me  permettrai,  à  ce  propos,  de  faire 
remarquer  à  l'honorable  collègue  que  le 
sujet  autopsié,  ouvrier  terrassier,  habitant 
temporairement  Molenbeek-St-Jean,  où  il 
était  en  logement,  était  originaire  d'une 
commune  des  environs  d'Anvers,  de  Ta- 
mise, je  pejise.  Or,  je  crois  me  rappeler 
que,  vers  cette  époque,  des  cas  de  choléra- 
asiatique  ont  été  signalés  sur  les  rives  de 
l'Escaut^  où  ils  auraient  été  importés  par 
un  navire  de  provenance  Danoise  ou  Ham- 
bourgeoise. 

La  Commission  médicale  a  fait  des  re- 
cherches pour  savoir  d'où  pouvait  venir 
le  cas  dont  il  s'agit,  et  c'est  la  direc- 
tion de  rhôpital  St-Jean  qui  lui  a  fourni 
les  renseignements  qui  précèdent. 

Il  me  parait  donc  que  M.  Crocq,  avant 
de  consigner  déiinitivement,  dans  son  tra- 


vail, ce  fait  d'une  importance  majeure  au 
point  de  vue  de  l'étiologie  du  choléra- 
asiatique,  ferait  bien  de  se  livrer  à  de  nou- 
velles investigations  pour  qu'aucun  doute 
ne  puisse  s'élever  sur  son  authenticité. 

M.  Crocq.  D'abord,  comme  le  dit  très- 
bien  M.  te  Président,  on  a  constaté  que 
l'individu  venait  de  Molenbeek-St-Jean, 
qu'il  habitait  cette  commune,  d'après  ce 
que  l'on  m'a  dit,  depuis  un  temps  assez 
long.  J'ai  fait  quelques  recherches  j  j'ai 
pris  quelques  informations  et  il  en  est 
résulté  qu'il  n'y  avait  aucun  malade  dans 
ces  parages,  que  Ton  se  trouvait  donc  en 
présence  d'un  cas  tout -à-fait  isolé  qui 
avait  surgi  au  milieu  d'une  population 
saine  ;  cet  homme  prend  le  choléra  comme 
on  prend  un  rhume  de  cerveau,sans  aucun 
antécédent. 

En  ce  qui  concerne  l'importation  du 
choléra  à  cette  époque  (c'était  en  mars 
1864),  par  un  navire  danois,  je  mets  la 
chose  en  doute,  fl  doit  y  avoir  une  con- 
fusion à  ce  sujet.  Au  surplus  ni  en  Dane- 
mark, ni  dans  aucune  partie  de  l'Europe 
le  choléra  ne  régnait  alors.  Si  le  choléra 
n'existait  nulle  part,  le  cas  dont  il  s^agit 
est  donc  spontané. 

M.  LE  Président.  Si  mes  souvenirs  sont 
exacts,  il  doit  cependant  y  avoir  eu  quel- 
ques cas  de  choléra  avant  cette  époque. 

M.  Crocq.  Deux  ou  trois  années  avant; 
du  reste  ce  que  dit  M.  le  Président,  méri- 
terait de  faire  l'objet  de  quelques  recher- 
ches. Il  faudrait  savoir  ^uand  il  y  a  eu  des 
cholériques  à  Anvers.  Il  faudrait  savoir 
aussi  en  consultant  les  registres  de  la 
police  combien  de  temps  l'individu  dont  il 
s'agit  a  habité  Molenbeek,  et  d'où  il  venait. 

M.  LE  Président.  Je  crois  qu'il  venait 
des  bords  de  l'Escaut.  Je  me  permets  de 
faire  cette  observation,  parce  que  vous 
constatez  avec  une  certaine  certitude  la 
spontanéité  du  cas. 

M.  Crocq.  Je  me  rappelle  ces  deux  cas. 
Le  premier  date  de  1 84-7  ;  or,  remarquez 
qu'en  1847  personne  ne  parlait  du  cho- 
léra. Il  y  avait  eu  en  1852  une  épidémie  qui 
avait  régné  sur  la  plus  grande  partie  de 
l'Europe,  et  qui  s'était  prolongée  ju.squ'en 
183^»  ou  1856;  mais  quinze  ans  après,  en 
1847,  personne  ne  parlait  plus  du  choléra. 
J'étais  alors  interne  à  l'hôpital  St-Jean. 
C'est  en  cette  qualité  que  j'ai  pratiqué 
l'autopsie  dont  il  s'agit.  Le  malade  en 
arrivant  à  T hôpital  présentait  les  carac- 
tères que  j'ai  observés  en  1849;  il  y  avait 
froid  de  la  peau,  cyanose  complète,  pouls 


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454 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


filiforme,  vomissements^  selles  blanches 
riziformes,'  crampes,  bref,  tout  ce  que 
j*a\ais  vu  dans  les  livres,  tout  ce  que 
j'avais  entendu  décrire  comme  phéno- 
mènes du  choléra. 

Cet  individu  est  mor(  24  heures  après 
son  entrée  à  rhôpilal.  Voilà  donc  un  indi- 
vidu qui  a  eu  un  choléra  parfaitement  ca- 
ractérisé et*  rapidement  mortel,  a  une 
époque  où  le  choléra  était  éteint  depuis 
une  période  de  15  années. 

M.  LK  Président.  Vous  croyez  que  de- 
puis 15  ans,  il  n'y  avait  plus  eu  de  choléra  ? 

M.  Crocq.  Pas  d'épidémie. 

F/épidémIe  avait  eu  lieu  en  1832,  et 
avait  eu  une  queue  qui  avait  duré  quelque 
temps  après. 

M.  1,1?  Présipent,  Avant  répidémie  de 
48id,  des  cas  de  choléra  asiatique  s'étaient 
déjà  manifestes  à  Bruxelles. 

M.  Crocq.  Cela  est  postérieur  au  cas  qui 
nous  occupe;  en  1847,  je  le  répète,  per- 
sonne ne  parlait  plus  du  eholéra  et  on 
avait  le  plus  grand  espoir  qu'il  ne  serait 
jamais  revenu. 

M.  ScHUERMANS.  Lo  choléra  sporadique 
ne  peut-il  pas  être  complique  d'embolies 
et  ne  peut  il  pas  être  par  la  cyanose  sem- 
blable au  choléra  asiatique? 

M.  Lfi  Président.  Dans  le  cas  dont  parle 
M.  Crocq >  il  n'y  avait  pas  do  doute  pos- 
sible.  L'autopsie  l'a  démontré. 

Je  me  rappelle  en  avoir  fait  part  immé- 
diatement à  SI.  le  bourgmestre.  Le  fait  pré- 
sentait une  certaine'gravité  au  point  de  vue 
de  la  santé  publique  de  la  ville  de  Bruxelles. 

M,  ^çQVfi^itiA^fi.  Je  ne  veux  pas  contester 
le  diagnostic  ;  cependant  il  y  a  ceci  à  dire  au 
point  de  vue  de  la  contagion  :  c'e&t  que 
pour  les  deux  cas  dont  il  s'agit,  on  n'a 
pris  aucune  précaution  d'isolement  et  que 
la  maladie  ne  s'est  pas  propagée. 

M.  LE  Président.  On  a  pris  des  précau- 
tions ;  on  s'est  rendu  iiimiédiatement  à 
Moienbeek  dans  l'impasse  habitée  par  cet 
individu  ;  on  y  a  pratiqué  toutes  les  mesures 
d'assainissement  voulues. 

M.  ScBOKRiMANS.  Après  son  envoi  à  l'hô- 
pital^ où  sans  doute  il  a  été  placé  dans  la 
salle  commune?  t 

M.  Lfi  Président.  Oui. . 

M.  CfLOCQ.  M.  Scbuermans  vient  de  s«>u- 
levcr  une  question  relative  à  la  contagion  ;- 
mais  il  faut  considérer  d'abord  que  dans 
tous  les  cas  on  n'observe  pas  la  transmis- 
sion. Il  faut  un  terrain  préparé  pour  qu'elle 
ait  lieu. 

il  est  à  remarquer  que  certaines   naa- 


ladies  constituent  une  immunité  au  poiat 
de  vue  du  choléra.  C'est  ainsi  que  pendant 
la  grande  épidémie  de  1866,  je  n'ai  pas 
vu  un  seul  phthisique  contracter  le  cho- 
léra. Les  individus  atteints  de  maladies 
organiques  du  cœur  ont  quelquefois  le 
choléra  ;  mais  ce  sont  des  cas  très-rares  j 
ce  sont  des  exceptions.  Une  maladie  quel- 
conque existant  dans  l'organisme  con- 
stitue uiie  immunité.  Un  malade  placé 
dans  une  salle  commune,  peut  donc  très- 
bien  ne  pas  transmettre  la  maladie^  surtout 
si  la  salle  est  bien  aérée. 

La  discussion  étant  elose,  la  parole  est 
ensuite  à  M.  Gillc  pour  donner  lecture  de 
son  analyse  d'une  brochure  de  M.  le 
docteur  Wittstein,  de  Munich. 

M.  GiLLB.  Messieurs,  le  travail  de  M. 
Wittstein  a  pour  titre  :  Recherche  de  quel- 
ques matières  étrangères  employées  à  ta  falsi- 
fication des  bières.  En  voici  la  substance  : 

«  Les  matières  dangereuses,  nuisibles  à 
la  santé,  employées  dans  la  fabrication  des 
bières  sont  principalement  :  le  colchique 
d'automne,  la  coque  du  Levant,  la  noix 
vomique  et  l'acide  picrique. 

Voici  le  procédé  à  suivre  pour  découvrir 
ces  substances  : 

Evaporer  un  litre  de  la  bière  suspecte  jus- 
qu'à consistance sirupcu$e,verser  le  produit 
de  révaporalion  dans  un  vase  cylindrique  et 
y  ajouter  cinq  fois  son  volume  d'alcool  de 
1)5  9 5«  C,  agiter  et  laisser  reposer  pendant 
vingt-quatj'e  heures  :  la  gomme,  la  dex- 
trine,  les  sulfates,  phosphates  et  chlorates 
se  déposent;  décanter  la  partie  liquide. 
Ajouter  au  résidu  une  nouvelle  quantité 
d'alcool  ;  opérer  comme  eu  premier  lieu  ; 
réunir  les  deux  liquides,  filtrer  et  évaporer 
à  une  douce  chaleur  de  nouveau,  jusqu'à 
consistance  sirupeuse. 

a.  Mélanger  une  petite  partie  de  ce  der- 
nier pfpduit  avec  trois  fois  son  volume 
d'eau  et  y  bJongcr  une  bandelette  en  laine 
blanche,  la  reliVer  une  heure  après  et  la 
laver  dans  l'eau  claiVP-  ^^  '^  *^>n^  8^»"^®  ^» 
couleur  blanche,  c'est  un  Ji^g^e  que  la  bière 
ne  renferme  pas  d'acide  pio7'^"®»  '^^"on 
elle  serait  devenue  jaune. 

b.  Agiter  l'autre  partie  du  liquide  aJ*""" 
peux  avec  six  fois  son  volume  de  benzinb 
pure,  incolore  à  SO**,  décanter  et  recom- 
mencer la  même  opération  :  réunir  les 
deux  liquides,  dont  le  premier  seul  a  une 
teinte  jaune,  et  évaporer  à  une  douce  cha- 
leur ;  le  produit  de  l'évaporation  peut  ren- 
fermer de  la  brucine,  de  la  strychnine  ou 


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41)5 


de  la  colocynthîne.  Pour  s*cn  assurer,  il 
faut  en  faire  trois  paris  j  mcllre  chacune 
d'elles  dans  une  capsule  en  porcelaine  et 
ajouter  dans  la  première  de  Tacide  azo- 
tique d'une  pesanteur  spécifique  de  1.55  h 
1.40;  dans  la  seconde,  de  Tacide  sulfu- 
rique  concentré  et  dans  la  troisième  de 
Tacide  sulfurique  également  et  quelques 
grains  de  chromale  de  potasse  rouge.  Une 
couleur  rouge  avec  l'acide  azotique  dénote 
la  présence  de  la  brucine,  et  une  couleur 
violette  avec  le  même  acide,  la  présence 
.de  la  colchicino;  une  couleur  rouge  avec 
l'acide  sulfurique  îrahil  la  colocynthine  et 
une  couleur  violette- [»ourpre  avec  Tacide 
sulfurique  et  le  bichromate  de  potasse 
rouge,  la  strychnine.  Dans  l'un  ou  Tautre 
de  ces  cas,  la  liqueur  falsifiée  doit  avoir  un 
goût  amer  particulier,  tandis  que,  si  elle 
ne  contient  aucun  des  principes  vénéneux 
dont  nous  venons  de  parler,  elle  aura  la 
saveur  amère  du  houblon. 

c,  La  liqueursirupcuse  que  nous  avons  ob- 
tenue plus  haut, peut  après  avoir  été  traitée 
par  la  benzine,  servir  encore  à  d'autres  re- 
cherches. Il  suflfitde  la.chauffer  à  une  douce 
chaleur  :  la  benzine  se  volîdilisera.  On  agi- 
tera à  deux  reprises  différentes  le  liquide 
débarrasse  de  la  benzine  qu'il  contenait 
avec  de  ralcool  amylique  pur  et  incolore. 

On  laissera  reposer,  et  après  séparation 
des  deux  liquides,  on  observera  l'alcool  amy- 
lique. S'il  a  pris  une  teinte  jaunâtre  et  une 
saveur  amère,  on  pourra  en  conclure  que 
la  bière  renferme  de  Paloèsou  de  la  picro- 
toxine,  car  les  principes  amers  du  houblon, 
de  l'absinthine  et  de  la  quassine,  ne  se  dissol- 
vent pas  dans  l'alcool  amylique.  Pour  dis- 
tinguer la  picrotoxinc  de  Paloès,  on  verse 
une  partie  de  l'alcool  amylique  qui  a  servi 
à  l'opération  ci-dessus  dans  un  vase  plat, 
et  on  laisse  évaporer  à  une  température 
ordinaire.  La  formation  de  petits  cristaux 
blancs  dénotera  la  picrotoxine  ;  si,  au  con- 
traire, c'était  de  l'aloès,  il  y  aurait  un  ré- 
sidu jaunâtre  d'une  odeur  particulière. 

d,  La  liqueur  sirupeuse  déjà  traitée  par 
la  benzine  et  l'alcool  amylique,  sera  débar- 
rassée de  la  petite  quantité  d'alcool  qu'elle 
pourrait  encore  renfermer,  au  moyen  de 
papier  à  filtrer.  On  l'agitera  ensuite  avec 
de  léther  anhydre  qui  s'emparera  de 
l'amer  du  houblon  et  de  l'absinthine. 
L'arôme  de  celte  dernière  matière,  est  ca- 
ractéristique. De  pins,  avec  l'acide  sulfu- 
rique concentré ,  elle  doit  donner  une 
solution  jaune  rougeâtre,  passant  immé- 
diatement au  bleu  d'indigo.' 


e,  La  liqueur  sirupeuse  traitée  par 
l'éther,  peut  renfermer  encore  de  la  gen- 
tipîcrine,  de  la  menyanlhineet  de  la  quas- 
sine. Pour  distinguer  ces  trois  substances, 
on  chasse  l'éther,  on  dissout  le  sirop  dans 
l'eau,  on  y  ajoute  une  certaine  quantité 
d'une  forte  solution  ammoniacale  d'argent. 
Si  le  liquide  reste  clair,  on  en  concluera 
qu'il  renferme  de  la  quassine  ;  s'il  se  forme 
à  la  surface  un  miroir  d'argent,  on  pourra 
être  persuadé  qu'il  contient  de  la  gentipi- 
crine  ou  de  la  menyanthine.  Pour  distin- 
guer l'une  «le  l'autre,  on  desséchera  une 
partie  de  la  solution  dans  une  capsule 
en  porcelaine,  et  l'on  y  ajoutera  de  l'acide 
sulfurique  concentré.  Si  le  liquide  ren- 
ferme de  la  gentipicrine,  il  ne  changera 
pas  de  couleur  à  froid,  et  en  chauffant,  il 
se  colorera  en  rouge  carmin  ;  s'il  prend 
une  teinte  jaune  passant  peu  à  peu  au  vio- 
let, il  contiendra  de  la  menyanthine.  i 

J'ai  résumé  ce  qui  m'a  paru  le  plus  in- 
téressant dans  ce  travail  et  je  vous  propose 
de  publier  ces  quelques  lignes  dans  notre 
journal.   ». 

—  Ces  coiiclusions  sont  adoptéosw 

M.  le  Président  accorde  la  parole  à 
M.  Wehenkel  pour  donner  lectcure  ie  son 
compte  rendu  de  l'ouvrage  de  M.  Gour- 
rler. 

M.  Wehenkbl.  Messieurs,  l'ouvrage  dont 
j'ai  à  vous  entretenir  un  instant,  m'a  été 
renvoyé  il  y  a  près  d'un  an.  Depuis  long- 
temps j'aurais  dû  vous  en  rendre  compte; 
mais  chaque  fois  que  je  me  disposais  à  en 
faire  l'analyse  j'avais  à  me  demander  si,  en 
présence  de  l'art,  i"  de  notre  règlement, 
nous  pouvions  nous  occuper  d'un  travail 
qui  ne  me  parait  guère  destiné  à  concourir 
aux. progrès  des  sciences  médicales  et- natu- 
relles. Au  risque  d'abuser  un  peu  de  vos 
moments  je  me  suis  finalement  décidé  à 
vous  présenter  u 
publication. 

M.  Courrier 
membre  de  diye 
littéraires  et  agr 
des  concours  et 
France,  etc.,  p< 
progrès  qui  doit 
sa  vigueur  pri 
bientôt  toute  n 
représentée  par 
et  de  l'intelligcn 
Courrier  —  les  I 
lité  et  conceptioi 
de  la  Méthode 


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456 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


l'union  conjugale  qui  doit  sauver  l'espèce 
humaine  d*une  perte  imminente.  L'auteur 
de  ce  travail  commence  par  jeter  un  coup 
d'œil  sur  différentes  opinions  qui  ont  eu 
cours  sur  la  cause  des  sexes  et  il  conclut  en 
disant  que  cette  cause  a  été  recherchée  un 
peu  partout  et  principalement  là  où  elle 
n'existe  pas  ;  sans  s'arrêter  aux  diverses 
opinions  émises,  il  reprend  l'examen  de  la 
question  de  Tunion  conjugale  et  de  la  con- 
ception en  recherchant  les  lois  qui  régis- 
sent la  création  des  êtres  animés  et  inani- 
més. Dans  cet  examen  et  dans  ces  recher- 
ches, M.  Courrier  nous  parait  être  trop 
imbu  d'idées  téléologiques  en  permettant, 
entr'autres,  à  dame  nature  de  choisir  parmi 
différentes  éventualités  celle  qui  lui  con- 
vient le  mieux,  ou  bien  en  la  chargeant  de 
veiller,  par  exemple,  à  Tentretien  et  à  Taug- 
mentation  numérique  de  ses  sujets  dans  la 
mesure  de  la  fertilité  et  des  ressources  du 
globe  et  de  pourvoir  à  leur  remplacement 
dans  la  mesure  de  leur  extinction. 

Le  sujet  le  plus  faible,  le  plus  débile, 
c'est-à*dire  celui  dont  la  vitalité  est  la  plus 
affaiblie,  ou  la  plus  compromise  au  moment 
de   l'acte  générateur  étant  celui  des  con- 
joints qui,  dans  l'ordre  naturel,  a  le   plus 
besoin  d'être  remplacé,  M.   Courrier  ad- 
met que  la  propagation  du   genre  s'opère 
tout  naturellement  par  celui  des  conjoints 
qui  a  le  plus  besoin  de  veiller  à  la  conser- 
vation de  son  individu  ;  c'est  lui  qui  fournit 
le  sexe.  Dans  cet  ordre  d'idées  il  avance 
le  fait  —  qui  n'est  certes  pas  sans  exception 
—  qu'un  arbre  maladif,  un  arbre  qui  va 
mourir,  est  chargé  de  fruits  outre  mesure. 
Messieurs,    nous  ne    poursuivrons  pas 
dans  cette  analyse  les  idées  de  M.  Courrier 
dans  tout   lé   développement    qu'il    leur 
donne,  mais  nous  ne  pouvons  nous  empê- 
cher de  dire  que  parfois  nous  ne  compre- 
nons que  fort  incomplètement  le  langage 
de  cet  auteur  :  tel  est  le  cas,  par  exemple, 
lorsque  M.  Courrier  nous  indique  comme 
iffreuses  des  types 
anguins,  le  manque 
es  sexuelle  ou  autre^ 
rs  les  ovaires  de  la 
de  Vaura  seminalis; 
is  dit,  à  la  page  Gl, 
rruption,  les  vices  et 
les  virus  sont  moins  profonds  mais  qu'ils 
gagnent  en  surface  ce   qu'ils  ont  perdu  en 
intensité.  Nous  ferons   encore   remarquer 
que  la  nature  qui,   aux  dires  de  M.  Cour- 
rier, ne  veut  quu  l'équilibre  en  tout  et  qui 
pour   y   arriver  et   s'y  maintenir,  choisit 


pour  la.  cuivre  la  nécessité  la  plus  impé- 
rieuse (p.  36);  celle  nature  qui  n'a  rien 
confondu  et  qui  a  tout  prévu  (p.  i06),  nous 
fait  l'effet  d'avoir  agi  en  personne  bien 
myope  lorsqu'elle  choisit  comme  éléments 
de  son  triocopulateur  :  les  phthisiques^les 
syphilitiques  et  les  rachitiques  (p.  51). 

Quoiqu'il  en  soit  des  prémisses  du  travail 
de  M.  Courrier,  il  arrive  dans  le  sixième 
chapitre  de  son  livre  à  la  recherche  du 
moyen  par  lequel  il  veut  forcer  la  main  d 
la  nature  et  la  contraindre  à  produire.  Ce 
moyen  consiste,  d'après  lui,  h  amener  la 
nature  h  avoir  besoin  de  reproduction;  il 
faut  l'affaiblir  afin  de  la  forcer  à  réagir.  Con- 
séquent à  sa  manière  de  voir,  M.  Courrier 
considère  le  sexe  de  Tenfant  comme  une 
preuve  irréfragable  de  la  faiblesse  relative 
de  la  vitalité  de  son  auteur  ou  des  besoins 
de  remplacement  de  la  branche  qui  le 
fournit  ;  le  sexe  de  l'enfant,  dit-il,  prouve 
que  ce  côté  de  l'édifice  humain  avait,  alors, 
besoin  de  réparation  et  de  secours. 

De  crainte  de  rendre  d'une  manière 
incomplète  des  idées  que  parfois  nous 
n'avons  probablement  comprises  qu'impar- 
faitement, nous  nous  bornerons  à  vous 
dire  que  dans  les  chapitres  suivants 
M.  Courrier  s'occupe  entre  autres  : 

Des  conditions  de  la  conception  et  de  la 
production  des  sexes  ; 

De  l'influence  des  épidémies,  des  armées, 
de  l'état  de  paix  et  de  Pétat  de  guerre  sur 
la  sexualité,  etc. 

Arrivé  à  la  mise  en  pratique  de  sa 
méthode  de  réglementation,  M.  Courrier 
formule  les  conseils  qu'il  croit  devoir  don- 
ner aux  époux  qui  attachent  une  certaine 
importance   au  choix  des  sexes  : 

Lorsque  le  mari  fort  et  la  femme  faible 
demandent  une  fille  il  y  a  lieu  de  laisser 
agir  la  nature  :  celle  ci  ne  se  trompera 
jamais  et  comblera  le  vœti  des  époux  ;  il  en 
est  de  même  lorsque  le  mari  faible  et  la 
femme  forte  demandent  un  garçon. 

Si  le  mari  faible  et  la  femme  forte 
veulent  un  garçon,  il  faut  légèrement  affai- 
blir celui  des  époux  dont  on  désire  le  sexe 
et  relever  la  vitalité  de  l'autre. 

Si,  au  contraire,  la  même  vitalité  existe 
chez  les  deux  époux  on  obtiendra  le  résultat 
voulu  en  affaiblissant  légèrement  celui  des 
époux  dont  on  désire  obtenir  le  sexe. 

Voilà,  Messieurs,  les  mesures  pratiques 
que  le  docteur  Courrier  recommande  dans 
ce  livre  dont  un  rapporteur!  de  l'Académie 
de  médecine»  (de  Paris,  je  suppose),  a  dit 
«  qu'il  n'était  pas  de  ceux  dont  on  pouvait 


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âgadëmies  et  sociétés  savantes. 


457 


»  faire  rapport.  Qa*on  ne  saurait  en  pareille 
»  matière  se  prononcer  sans  avoir  été 
f  témoin  d'expériences  sur  la  loi  très- 
»  importante  que  nous  formulons  et  qui 
»  explique  le  maintien  de  Tégalité  des  deux 
»  sexes  malgré  les  influences  perturba- 
»  trices.  Qu'il  n'appartient  à  personne  de 
f  nous  contredire  ni  de  nous  approuver 
»  sans  preuves.  Que  tout  est  au  mieux 
i  puisque  nous  continuons  à  nous  occuper 
f  de  ce  sujet  auquel  nous  pouvons  donner 
»  tous  les  développements  qu'il  com- 
»  porte.  »  (p.  51.) 

Tout  en  acceptant  les  réserves  de  ce  rap- 
porteur nous  pensons  que  dans  bien  des 
cas  les  partisans  de  la  théorie  de  Courrier 
devront,  pour  ne  pas  trouver  leur  principe 
en  défaut,  recourir  non  à  la  force  ou  à  la 
faiblesse  réelle  des  reproducteurs,  mais  au 
degré  d* énergie  viid^le  de  chacun  de  ceux-ci 
au  moment  de  Vacte  générateur,  et  qu'ils 
avoueront  avec  nous  qu'il  sera  difficile  de 
constater,  qu'en  ce  moment,  le  degré  de 
vitalité  relative  des  deux  époux  est  en  cou- 
eordance  avec  les  lois  qui,  d*après  Cour- 
rier, régissent  le  sexe  de  l'enfant  qui  naîtra 
de  cet  accouplement. 

A  notre  avis,  le  livre  de  M.  Courrier  n'a 
pas  le  caractère  sérieux,  le  caractère  de  posi- 
tivisme que  nous  recherchons  aujourd'hui 
dans  toute  publication  réellement  scientifi- 
que. Il  nous  semble  que  M.  Courrier  a,  en 
écrivant  son  travail, voulu  un  peu  se  recréer 
des  fatigues  et  des  travaux  sévères  auxquels 
il8*est  nécessairement  trouvé  astreint  par  les 
fonctions  de  membre  des  jurys  des  con^ 
court  et  expositions  régionales  de  France, 
dont  il  fait  partie  (voir  la  couverture  de 
son  livre).  Il  a  lancé  son  imagination  à 
pleine  carrière  et  il  est  parvenu  à  construire 
un  échafaudage  fantaisiste  sur  une  base 
—  la  téléologie  —  qui  est  en  rapport  avec 
la  nature  du  travail  qu'il  s'était  proposé  de 
faire.  M.  Courrier  n*a  pas  négligé  d'enjo- 
liver un  peu  cet  échafaudage  en  l'ornant 
de  quelques  idées  ou  conceptions  qui  ne 
manquent  pas  d'une  certaine  poésie  : 
c  La  science  est,  pour  M.  Courrier,  une 

>  réaction  contre  le  refroidissement  r  dans 
»  les  affections  de  l'âme,  dit-il,  la  réaction 
»  5*opère  en  notre  cœur,  en  notre  cerveau, 

>  dans  nos  sentiments,  dans  nos  passions  > 
et,  les  larmes  sont,  pour  M.  Courrier,  «  le 
lauréat  de  la  prime  d'honneur  régionale  de 
PAude  (voir  la  couverture  du  livre),  le  cri 
arraché  par  la  joie,  par  la  frayeur,  par  la 
douleur.  » 

Messieurs,  le  travail  de  délassement  du 


docteur  Courrier  nous  parait  être  une  de 
ces  publications  qui  seraiejit  innocentes  si 
elles  n'avaient  le  tort  de  donner  une  piètre 
opinion  de  la  science  et  des  études  scienti- 
fiques actuelles  ;  ceux  qui  acceptent  en 
toute  confiance  les  assertions  de  M.  Courrier 
ne  récolteront  bien  souvent  que  des  décep- 
tions. C'est  pour  ces  motifs  que  nous  vous 
proposons  d'en  faire  le  dépôt  à  notre  biblio- 
thèque et  de  voter  des  remerciments  à 
l'auteur  de  ce  livrn. 

M.  Crogq.  Je  suis  parfaitement  d'accord 
avec  M.  le  rapporteur,  lorsqu'à  la  fin  de 
son  travail,  il  nous  dit  qu'il  ne  considère 
pas  cela  comme  un  ouvrage  sérieux.  Ce 
n'£st  pas  de  la  science,  c'est  de  la  fantaisie 
ou  de  la  plaisanterie  au  point  de  vue  scien- 
tifique. Voyez  vous  ce  mari  qui  voulant 
obtenir  un  rejeton  mâle  se  fait  pratiquer 
une  saignée,  se  soumet  à  un  régime  léger, 
ne  boit  plus  que  de  l'eau,  afin  de  ne  pas 
avoir  une  force  trop  considérable,  et  d'ar- 
river à  fabriquer  uu  garçon.  . 

M.  Wbhenkbl.  L'auteur  prescrit  cela 
tout  au  long. 

M.  Crocq.  Je  me  demande  si  en  nous  oc- 
cupant de  cela  nous  n'entrons  pas  tout  à  fait 
dans  le  domaine  de  la  charge.  Je  me  de- 
mande même  si  le  compte  rendu  si  con- 
sciencieux, si  bien  fait  de  M.  Wehenkel 
doit  paraître  intégralement  dans  le  journal. 
Ne  faut- il  pas  éviter  de  donner  à  ce  livre 
une  importance  quelconque. 

M.  LG  Président.  Je  suis  de  l'avis  de 
M.  Crocq.  Cet  ouvrage  n'est  pas  sérieux; 
mais  nous  ne  pouvions  le  savoir  avant -le 
rapport  de  M.  Wehenkel. 

M.  VAN  OEN  CoRpuT.  J'iusistc  pour  l'in- 
sertion du  travail  de  M.  Wehenkel  préci- 
sément pour  éviter  que  l'on  prenne  l'ou- 
vrage de  M.  Courrier  trop  au  sérieux.  Le 
rapport  de  M.  Wehenkel  a  été  fait  très- 
consciencieusement,  mais  trop  sérieuse- 
ment peut-être;  il  conviendrait  d'y  intro- 
duire, dès  le  commencement,  un  correctif 
ironique  montrant  bien  que  M.  le  rapporteur 
ne  prend  pas  un  roman  pour  de  la  science. 

M.  Sacré.  11  me  semble.  Messieurs,  que 
le  correctif  donné  par  M.  Crocq  et  appuyé 
par  l'unanimité  des  membres  de  la  Société 
éclairera  suffisamment  les  lecteurs  de  notre 
journal  et  saura  les  mettre  en  garde  contre 
ce  qu'ils  peuvent  prendre  au  sérieux  dans 
cet  ouvrage.  Nous  pouvons  donc  publier 
le  rapport  de  M.  Wehenkel  qui  fait  du  reste 
ressortir  le  but  fantaisiste  de  ce  travail. 

—  L'assemblée  décide  que  le  rapport 
sera  publié  avec  quelques  modifications. 

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458 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


M.  Vande  Vyvere  donné  ensuite  lecture 
de  son  rapport  sur  la  note  de  M.  Henrotte, 
pharmacien  à  Liège»  au  sujet  de  la  prépa- 
ration du  sirop  de  tolu. 

M.  Vandr  Vyvere.  Messieurs,  M.  Hen- 
rolte-Davreux,  pharmacien  à  Liège,  nous 
a  adresse  une  note  «  sur  le  sirop  de  tolu  » 
avec  prière  de  vouloir  la  soumettre  à  Texa- 
men  de  notre  honorable  Société. 

Le  sirop  de  tolu  est  une  de  ces  prépara- 
tions pharmaceutiques  qui  ont  eu  le  privi- 
lège d*exciter  Témulation  de  divers  prépa-  '' 
rateurs. 

On  s'est  demande  :  Faut-il  ou  ne  faut- il 
pas  laisser  la  matière  résineuse  dans  le 
sirop  ? 

Dans  le  premier  cas,  quel  est  le  meilleur 
procédé  pour  céder  au  sirop  de  sucre  les 
substances  aromatiques  du  tolu  ? 

Dans  le  second  cas,  quel  est  le  mode 
opératoire  le  plus  propre  à  tenir  en  sus- 
pension la  matière  résineuse? 

La  pharmacopée  belge  indique  deux 
préparations,  la  première  ne  renferme  pas 
la  matière  résineuse  Ja  seconde  la  renferme 
à  rétat  de  teinture  alcoolique. 

M.  Deletter  avait,  dans  le  temps,  signale 
à  la  Société  de  pharmacie  de  Bruxelles, 
les  inconvénients  qui  peuvent  résulter  de 
la  latitude  que  laisse  le  codex  d'employer 
deux  sirops  qui  diffèrent  beaucoup  Tun  de 
l'autre  ;  il  avait  saisi  Toccasion  pour  expri- 
mer le  désir  de  voir  cette  Société  se  pro- 
noncer pour  Tune  ou  l'autre  préparation 
afin  d'avoir  de  l'uniformité  dans  toutes  les 
officines. 

La  majorité  se  prononça  pour  le  sirop 
avec  teinture,  tout  en  regrettant  Tinconvé- 
nient  qu'il  a  de  laisser  séparer  la  résine 
après  quelques  temps  et  de  contenir  des 
flocons  dûs  à  la  matière  résineuse. 

Plusieurs  membres  proposèrent  d*obvier 
à  ces  inconvénients  par  les  procédés  sui- 
vants : 

M.  Hauchamps  faisait  bouillir  quelques 
instants  le  sirop  ;  la  plus  grande  partie  de 
la  résine  se  séparait  immédiatement. 

M.  Delchevalerie  recommandait  d'em- 
ployer un  isirop  de  sucre  très-consistant  et 
d'y  ajouter  la  teinture. 

M.  Finoelst  de  triturer  la  teinture  avec 
du  sucre  puis  d'ajouter  le  sirop. 

£es  trois  modus  faciendi  ont  des  incon- 
vénients, le  premier  de  séparer  la  résine 
et  de  ramener  le  sirop  à  un  produit  ana- 
logue au  premi<;r  mode  opératoire.  Les 
deux  autres^  de  donner  des  sirops  trop  con- 
centrés et  sujets  à  cristalliser.   Les  pro- 


cédés des  pharmacopées  belge  et  fran- 
çaise, ainsi  que  ceux  décrits  par  Monier, 
Laronde,  Duménil,  Letoret,  fils,  Breton, 
Desailly,  de  Grand-Pré«  Bouffay  d'Attichy, 
Montané  de  Moissac  et  Lalieu,  donnent  tous 
un  sirop  qui  renferme  très  peu  de  matière 
résineuse. 

11  est  donc  inutile  de  les  comparer  au 
produit  de  M.  Henrolte  qui  a  surtout  pour 
mérite  de  préparer  un  sirop  qui  renferme 
toute  la  matière  résineuse  du  baume. 

Le  second  procédé  décrit  dans  le  formu- 
laire, officiel  belge  sous  le  nom  de  sirop 
extemporané  donne  un  sirop  qui  renferme 
la  partie  résineuse  du  tolu  incorporé  par 
simple  mélange.  Mais,  comme  on  l'avait 
déjà  observé,  ce  sirop  n'est  pas  stable  et  se 
débarrasse  bien  vite  de  la -résiné  qu'il  ren- 
ferme. C'est  pour  obvier  à  ces  inc<mvé- 
nîents  que  M.  Henrotte  propose  d'ajouter 
pour  i,O0O  gr.  de  sirop,  10  gr.  de  poudre 
de  gomme  adragante  et  d'opérer  comme 
suit  :  On  divise  parfaitement  iO  gr.  de 
poudre  de  gomme  adragante  pulvérisé 
avec  Q.  S.  de  sirop,  quand  le  mucilage 
est  b^n  uniforme,  on  ajoute  40  gr.  de 
teinture  de  tolu,  on  émulsionnc  puis  on 
ajoute  le  restant  du  sirop  simple  pour  par- 
faire i^OOO  gr.  de  produit. 

Grâce  à  l'intermède  de  la  gomme  adra- 
gante, M.  Henrotte  obtient  un  sirop  qui  se 
conserve  indéfiniment  sans  que  la  résine 
se  sépare. 

M.  f^eroy  et  M.  Latour  avaient  dans  le 
temps^  proposé  la  gomme  arabique  pour 
arriver  au  même  but. 

M.  Leroy  triturait  ensemble  O.iO  gr.  de 
tolu  et  1  gramme  de  gomme  arabique. 
Quand  le  mélange  était  réduit  en  poudre 
impalpable,  il  y  versait  3  gr.  d'alcool,  tritu- 
rait encore  quelques  minutes  et  enfin  y 
ajoutait  petit  à  petit  50  grammes  de  sirop 
simple. 

M.  Latour,  sous  le  nom  de  sirop  résine* 
balsamique  de  tolu,  fait  prendre  100  gr.  de 
tolu,  300  gr.  sucre  et  100  gr.  de  gomme 
Sénégal.  On  triture  le  tout  ensemble,  et  lors- 
qu'on a  obtenu  un  mélange  intime  et  fine- 
ment pulvérisé,  on  le  met  dans  une  bassine 
en  cuivre  étamé  et  préalablement  chaufiTée 
à  i 00  degrés;  on  ajoute  3,400  gr.  sirop 
simple,  additionnés  de  600  gr.  d'eau 
bouillante,  par  quantités  fractionnées,  et  on 
verse  sur  une  étamine  pour  séparer  les 
impuretés. 

Nous  leur  préférons  le  sirop  de  M.  Hen- 
rotte et  cela  parce  que  celui  ci  ne  chauffe 
pas  et  ensuite  parce  que  la  gomme  adragante 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


459 


émuisionne  mieux  et  a  pour  avantage  d*em- 
pécherTintroduction  d'une  quantité  beau- 
coup moindre  de  substances  étrangères. 

Nous  avons  préparé  du  sirop  d*après  la 
formule  de  M.  Henrotte,  elle  nous  a  donné 
un  produit  rccommandable.  Nous  n*avons 
qu'une  légère  objection  à  faire  au  mode 
opératoire.  La  poudre  impalpable  de 
gomme  adragante  se  mélange  très-mal  au 
sirop  et  forme  souvent  de  petites  masses 
globuleuses  qu'il  est  difficile  ensuite  de 
diviser;  cet  inconvénient  est  évité  en  tritu- 
rant au  préalable  la  gomme  avec  un  peu  de 
sucre,  aussi  conseillerons- nous  de  triturer 
au  préalable,  avant  l'addition  du  sirop,  la 
gomme  avec  iO  grammes  de  sncrc,  afin 
d'éviter  ce  petit  désagrément. 

Sauf  cette  légère  modification,  nous, 
croyons  pouvoir  recommander  le  procédé 
de  M.  Henrotte  comme  fournissant  une 
bonne  préparation  qui  se  conserve  indéfi- 
niment sans  perdre  de  ses  propriétés  thé- 
rapeutiques. 

En  conséquence.  Messieurs,  nous  avons 
l'honneur  de  vous  proposer  :  i"  d'adresser 
des  remerciments  à  M.  Henrotte;  2°  d'insé- 
rer sa  noté  dans  le  journal  de  la  Société. 

—  Ces  conclusions  sottt  mises  aux  voix 
et  adoptées. 

M.  le  Trésorier  expose  ensuite  la  situa- 
tion de  la  caisse  dont  les  comptes  sont  ap- 
prouvés, 

La  séance  est  levée  h  '9  heures. 


Académie  royale  de  médeoine  de 
Belgique . 

Séance  du  W  octobre  i875. 
(Président  :  M.  Vleminckx.) 

La  séance  est  ouverte  à  i  i  heures  et 
demie. 

Sont  présents  :  MM  Bellefroid,  Borlce, 
Boulvin,  Chandelon^  Cousot^  Craninx,  De!- 
wart,  Depairc,  De  Roubaix,  Foelen,  Fos- 
sion,  Gallez^Gaudy,  Gille,Gluge,  Gouzée. 
Hairion,  Kuborn,  Lefcbvre^  Lequime, 
Mascart;  Michaux,  Rommelaere,  Soupart, 
Thiernesse,  Thiry,  Van  Kempen,  Vle- 
minckx et  Warlomont, membres  titulaires; 
MM.  Laussedat,  Pétry  oX  Somers,  mem- 
bres honoraires. 

A  propos  du  procès-verbal  de  la  dernière 
réunion,  M.  Warlomont  demande  la  parole 
et  s'exprime  comme  suit  : 

t  Je  me  permettrai  de  faire  une  obser- 
vation sur  le  retard  qui  a  été  apporté  à  la 


publication  du  procès- verbal  au  Moniteur, 
où  il  n'a  paru  que  huit  jours  après  la 
séance.  Pendant  ce  temps,  à  défaut  d'un 
document  authentique  officiel  sur  lequel  il 
lui  fut  permis  de  s'appuyer,  l'opinion  pu- 
blique a  pu  s'égarer  sur  la  signification  à 
donner  à  la  clôture  pure  et  simple  de  la 
discussion  qui  s'y  est  terminée  et  elle  ne 
s'en  est  pas  fait  fauto. 

«  C'est  ainsi  que  nous  avons  trouvé, 
dans  un  journal  considérable  et  considéré, 
l'appréciation  suivante  :  Le  résultat  de 
cette  longue  lutte  est  le  triomphe  de  la  science 
catholique.  Si  ce  journal  avait  eu  connais- 
sance du  procès- verbal  officiel  de  la  séance 
du  9  octobre,  il  n'aurait  pas  exprimé  une 
semblable  opinion  qui  n'y  trouve  aucun 
appui. 

c  L'Académie,  si  elle  avait  justifié  une 
semblable  interprétation  de  l'esprit  de  ses 
débats  soit- dans  le  cours  de  la  discussion, 
soit  dans  la  façon  dont  elle  Ta  close,  aurait 
manqué  à  sa  mission^  qui  est  essentielle- 
ment scientifique,  et  ce  reproche,  elle  ne 
l'a  pas  encouru.  Elle  n'a  rien  fait  et  ne 
pouvait  rien  faire  pour  le  triomphe  ou 
pour  l'abaissement  d'une  science  catholique, 
dont  le  nom  exclusif  n'a  pas  de  place  mar- 
quée à  son  frontispice. 

€  J'exprime  mon  regret  de  ce  retard  et 
Tespoir  que^  dans  des  circonstances  analo- 
gue*, il  ne  se  reproduira  pas.  »• 

M.  Tbiernesse  obtient  la  parole  et,  après 
avoir  fait  remarquer  que  c'est  apparem- 
ment d'un  journal  catholique  que  M.  War- 
lomont a  voulu  parler,  déclare  qu'il  a  lu  la 
thèse  contraire  dans  un  journal  libéral.  A 
son  avis,  l'Académie  n'a  pas  à  s'occuper 
des  comptes  rendus  des  séances  que  pu-  . 
blîent  les  journaux  politiques.  M.  Thier- 
nesse fait,  du  reste,  observer  que  la  publi- 
cation du  procès  verbal  officiel  n'a  pas  été 
plus  tardive  que  d'ordinaire  ;  il  ajoute  que 
l'ordre  du  jour  pur  et  simple  qui  a  été  voté 
n'est  en  définitive  que  la  question  préala- 
ble qu'il  avait  proposée. 

M.  Warlomont  déclare  qu'il  n'entend 
pas  faire  intervenir  les  journaux  de  telle 
ou  telle  nuance  et  constate  que  ce  que  vient 
de  dire  M.  Thiernesse  ne  fait  que  mettre 
davantage  en  évidence  l'utilité  de  la  me- 
sure qu'il  réclame;  il  exprime  de  nouveau 
le  vœu  que  le  procès-verbal  officiel  soit 
publié  plus  tôt. 

M.  Vleminckx  cède  le  fauteuil  de  la  pré- 
sidence à  xM.  Soupart  et  fait  connaître  qu'il 
n'admet  pas  l'interprétation  donnée  par 
M.  Thiernesse  de  l'ordre  du  jour  pur  et 


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i(iO 


ÂGADtMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


simple  qui  a  été  voté,  attendu  que  Tordre 
du  jour  signifie  simpleirient  que  Ton  cesse 
de  discuter  et  que  Ton  passe  à  un  autre 
objet,  tandis  que  la  question  préalable  veut 
dire  qu*il  n'y  a  pas  lieu  à  délibérer. 
M.  VIeminckx  rappelle  que  son  honorable 
collègue,  dans  la  réunion  du  10  juillet  der- 
nier, avait  proposé  la  question  préalable 
sur  les  ordres  du  jour  motivés  de  MM.  Ku- 
born  et  Crocq,  mais  que  la  proposition  n'a 
pas  été  maintenue  dans  la  séance  du  9  octo- 
bre, vu  que  les  ordres  du  jour  ont  été  dis- 
cutés. 

L'observation  de  M.  Warlomont  et  les 
considérations  auxquelles  elle  a  donné  lieu 
seront  mentionnées  au  procès-verbal  de  la 
séance. 

Après  l'adoption  du  procès-verbal  de  la 
réunion  précédente,  il  est  donné  lecture 
du  résumé  des  pièces  reçues. 

Satisfaisant  à  la  demande  qui  lui  a  été 
adressée,  au  nom  de  l'Académie,  à  la  suite 
de  la  proposition  de  MM.  Kuborn  et  Mas- 
cart,  tendante  à  faire  étendre  le  cercle  des 
connaissances  exigées  des  sages-femmes, 
afin  de  les  mettre  à  même,  en  cas  d'urgence 
et  en  l'absence  d'un  praticien,  de  faire  des 
applications  de  forceps  dans  les  cas  simples, 
AI.  le  ministre  de  Tintérieur  fait  parvenir 
les  renseignements  qui  lui  ont  été  fournis 
par  les  commissionj  médicales  provin- 
ciales sur  L'enseignement  théorique  et  pra- 
tique donné  aux  accoucheuses. 

Donnant  suite  aux  décisions  prises  par 
la  Compagnie,  le  Bureau  a  chargé  MM.  VIe- 
minckx, Kuborn  et  Pigeolet  d'examiner  la 
proposition  prérappelée,  relative  aux  sages- 
femmes  ;  il  a  désigné  MM.  Crocq  et  Lefeb- 
vre  pour  l'avis  à  émettre,  au  point  de  vue 
'  des  dispositions  réglementaires,  sur  le  tra- 
vail de  M.  Cambndin,  intitulé  :  Discours 
sur  la  contagiosité  du  choléra.  M.  Hubert 
est  appelé  à  examiner  le  résumé  donné  par 
M.  Abeille  d'une  méthode  de  redressement 
des  déviations  utérines. 

A  Toccasion  de  la  discussion  qui  a  eu 
lieu  à  l'Académie  sur  Louise  Lateau,  M.  le 
baron  Frédéric  de  Thielmann,  à  Bonn, 
adresse  une  lettre  dans  laquelle  il  expose 
qu'il  a  VU;  dans  sa  jeunesse,  une  fille 
d'environ  20  ans  qui  portait,  dès  sa  nais- 
sance, des  stigmates  aux  mains,  aux  pieds, 
à  la  tête  et  au  côté.  Il  ajoute  que  si  Ton 
désire  d'autres  renseignements,  il  s'em- 
pressera de  les  donner. 

M.  Depaire  soumet  a  l'Académie,  au  nom 
de  l'auteur,  M.  Vande  Vyvcre,  pharma- 
cien à  Bruxelles,  une  observation  relative 


à  la  présence  de  l'alloxantine  dans  Tintes- 
tin  d'une  personne  empoisonnée  par  de 
l'acide  oxalique.  —  Renvoi  à  une  eommis- 
sion  à  nommer  par  le  bureau. 

M.  Hicguet  présente,  de  la  part  de  M.  le 
docteur  Ch.  Horion,  a  Liège,  on  travail 
manuscrit  intitulé  :  Kyste  purulent  de 
l'ovaire;  uvariotomie;  guérîson.  —  Opé- 
ration césarienne;  guérison;  —  Même 
décision. 

5) me  [)e  MoerloQse,  sage- femme  en  chef 
de  la  Maternité  de  Bruxelles,  offre  un 
exemplaire  d'un  ouvrage  intitulé  :  Instruc- 
tions théoriques  et  pratiques  sur  Vart  de$ 
accouchements,  qu'elle  a  traduit  du  flamand 
sur  la  nouvelle  édition  du  cours  d'accou- 
chements donné  à  l'Ecole  de  la  maternité 
de  Gand  par  M.  le  docteur  Lados. 

M.  Warlomont  offre  deux  brochures» 
l'une,  sur  la  chromatopseudopsie,  l'autre, 
qu'il  a  publiée  avec  la  collaboration  de 
M.  le  docteur  Nuel,  sur  le  muscle  ciliaire. 

M.  De  Roubaix  présente,  de  la  part  de 
M.  le  docteur  Von  Langcnhcck,  membre 
honoraire  de  la  Compagnie,  à  Berlin,  une 
brochure  contenant  une  observation  d'ex- 
tirpation totale  du  larynx  avec  l'os  hyoïde, 
d'une  partie  de  la  langue,  du  pharynx  et 
de  l'œsophage. 

11  est  encore  fait  hommage  à  TAcadémie 
de  quelques  autres  publications  dont  les 
titres  seront  insérés  au  Bulletin.  —-  Re- 
merciments  aux  auteurs  des  travaux  pré- 
sentés. 

L'Académie  entend  ensuite  lecture  des 
travaux  suivants  : 

1 .  Rapport  de  la  Commission  chargée  de 
l'examen  de  la  communication  de  M.  le 
docteur  Lacomple,  intitulée  :  Observation 
d'une  fistule  pancréatique  chez  l'homme. 
—  M.  Rommelaere,  rapporteur. 

Le  travail  de  M.  Lacompte  ayant  été 
présenté  au  Congrès  périodique  interna- 
tional des  sciences  médicales  de  Bruxelles, 
la  Commission,  en  présence  de  l'article  94 
du  règlement,  émet  l'avis  qu'il  n'y  a  pas 
lieu  de  faire  rapport  et  propose  de  passer  à 
l'ordre  du  jour. 

Après  un  débat  auquel  prennent  part 
MM.  Alasoin,  Rommelaere,  Gluge  et  Thier- 
nesse,  les  conclusions  du  rapport  sont 
mises  aux  voix  et  adoptées. 

M.  Lefebvre  déclare  s'être  abstenu  parce 
qu'il  n'a  pas  assisté  à  la  discussion. 

2.  Recherches  expérimentales  sur  la 
part  qui  revient  au  degré  de  perméabilité 
des  voies  lymphatiques  dans  la  production 
de  l'œdème,  par  M.  Boddaert. 


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4GADËM1ES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


461 


L*lionorabIe  corre3poDciant  communique 
U  première  partie  de  son  travail,  qu'il  ter- 
mine par  la  conclufiiou  suivante  :  i  Chez 
les  jeunes  animaux  au  moins,  le  degré  de 
perméabilité  des  voies  lymph}*tiqucs  a  une 
influence  r/elle  sur  la  production  de  Tœ- 
dème.  » 

La  communication  sera  imprimée  dans 
le  Bulletin. 

5.  Présentation  d*un  amputé  de  Tavant- 
bras,  porteur  d'un  appareil  (avant-bras 
artificiel)  qui  lui  permet  de  continuer  son 
inétier  de  forgeron,  par  M.  Boëns,  cor* 
respondant. 

M.  Boëns  met  sous  les  yeux  de  ses  col- 
lègues Parmature  à  Taide  de  laquelle  Tou- 
vrier  qui  a  été  amputé,  et  qui  est  présent, 
bat  du  marteau  à  deux  mains,  bêche,  fait 
en  UD  mot  les  métiers  les  plus  fatigants. 

Il  dépose  aussi  sur  le  bureau  les  dessins 
dés  appareils  à  Paide  desquels  cet  homme 
peut  prendre  des  objets  très-petits  et  faire 
à  peu  près  tout  ce  que  Ton  peut  exécuter 
avec  la  main  naturelle. 

fiCS  dessins  des  appareils  seront  repro- 
duits dans  le  Bulletin. 

i.  Suite  de  la  discussion  des  communi- 
cations de  MM.  Crocq,  Kuborn,  Segers,  et 
de  tous  les  autres  travaux  relatifs  à  Tcpi- 
démie  de  choléra  de  186f),  soumis  i  la 
Compagnie. 

Après  avoir  entendu  MM.  Lequime, 
Vleminckx  et  Depaire,  1>* Académie  décide 
que  la  discussion  sera  continuée  dans  la 
prochaine  séance. 

Conformément  à  Tarticle  48  du  règle- 
ment, les  sections  se  sont  réunies  à  Tcffet 
de  se  choisir  respectivement  un  président 
et  un  secrétaire  pour  la  prochaine  année 
^adémique. 

Ont  été  élus  : 

Première  section.  —  Président  :  M.  Fos- 
sion  ;  secrétaire  :  Rommelaere. 

Troisième  section.  —  Président  :  M.  Sér- 
iée ;  secrétaire  :  Gallez. 

Cinquième  section,  —  Président  :  M. 
Gille;  secrétaire  :  M.  Chandelon. 

Sixième  section.  —  Président:  M.  Gaudy  ; 
secrétaire  :  Foelen. 

La  nomination  des  présidents  et  des  se- 
crétaires des  deuxième  et  quatrième  sec- 
tions est  ajournée  à  la  prochaine  réunion. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret  à 
i  heure  trois  quarts. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  du 
président  et  des  vice-présidents  de  la  Com- 
pagnie pour  Tannée  1876. 

M.   Vieminckx   est   réélu    président  et 


M.  Soupart  est  nommé  premier  vice-pré- 
sident, l'un  et  Vautre  par  acclamation.     . 

Le  scrutin  ouveH  pour  la  seconde  vice- 
présidence  donne  la  majorité  absolue  à 
M.  Hairion. 

La  séance  est  levée  à  2  heures. 


▲oadémie  de  Médecine  de  Pari». 

Séance  du  5  octobre  1875. 
Présidence   de  M.    Gosselin. 

M.  PoGoiALB  présente  le  premier  numéro 
du  Journal  d*hygiène  de  M.  le  docteur 
Piétra  Santa. 

Réclamation.  -  M.  J.  Guérin,  relève 
deux  méprises  que  renferme  la  réponse  de 
M.  Giraud-Teulon  à  sa  communication 
sur  l'acte  de  l'accommodation  de  l'œil,  et 
sur  la  myopie  mécanique. 

M.  Giraud-Teulon  me  prête  l'idée  que 
les  muscles  droits  de  Pœil,  en  se  contrac- 
tant, ont  pour  effet  d'allonger  le  globe  ocu- 
laire; et  toute  son  argumentation  se  ré- 
sume â  démontrer  que  «  de  toute  nécessité 
ce  serait  un  raccourcissement  de  l'axe 
antéro  postérieur  qu'on  en  devrait  atten- 
dre ;  i  mais  c'est  précisément  ce  que  j'ai 
dit,  et  c'est  en  effet  ce  qui  est.  En  lisant 
plus  attentivement  le  texte  de  nia  commu- 
nication, notre  eollègue  y  aurait  vu,  à  la 
suite  de  ma  proposition  générale  dont  il  a 
renversé  les  termes,  ces  lignes  complémen- 
taires qui  le  lui  auraient  fait  mieux  com« 
prendre,  t  J'ai  eu  Thonneur  de  présenter 
à  M.  Aragounjeun«  homme  de  vingt-huit 
ans,  sur  lequel  les  mouvements  alternatifs 
de  retrait  et  de  relâchement  de  l'œil  corres- 
pondant à  la  vision,  à  courte  et  à  longue 
distance,  étaient  appréciables  sans  le  se- 
cours d*aucun  instrument.  » 

Voici  la  seconde  méprise  de  notre  collè- 
gue. J'avais  cité  deux  cas  de  myopie  la 
mieux  caractérisée  :  chez  Tun  la  myopie 
était  compliquée  d'un  léger  strabisme  ; 
chez  l'autre  elle  était  simple;  chez  tous 
deux  la  myopie  a  disparu  presque  immé- 
diatement après  la  section  des  muscles 
droits  internes  et  externes. 

Voici  ce  que  je  disais  textuellement  du 
second  fait  :  «  Je  citerai  encore  un  jeune 
homme  kgé  de  dix-huit  ans,  fUs  d'une  mère 
myope  dont  la  mère  avait  également  la 
même  infirmité  (trois  générations  de  myo- 
pes). Ce  jeune  homme  a  été  présenté  à 
M.  Arago  avant  Topératiou.  Il  ne  pouvait 
pas  distinguer  les  caractères  cicero  à  plus 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


de  4â  centimètres,  et  lisait  couramment  k 
la  même  distance  et  h  une  dislance  plus 
éloignée  avec  des  lunettes  n"  7.  Trois 
jours  après  la  section  des  deux  droits 
internes  et  externes,  il  commençait  à  lire 
sans  lunettes  à  la  même  dislance,  etc.  i 

Voici  la  traduction  de  M.  GiraudTeiv- 
Ion  : 

«  Un  jeune  homme  de  dix-huit  ans,  fils 
d'une  mère  myope  atteinte  de  la  même  in- 
firmité (le  strabisme  sans  doute,  ajoute 
notre  collègue).  Que  TAcadémie  veuille 
bien  le  remarquer  mon  texte  porte  i  fils 
d'une  myope,  dont  la  mère  avait  égale- 
ment la  même  infirmité  » .  Non  content 
d'avoir  supprimé  cette  circonstance,  aussi 
intéressante  que  décisive^  à  savoir  que  la 
mère  de  la  mère  de  mon  myope  était, 
myope  elle-même  comme  sa  fille,  M.  Gi- 
raud-Teulon  traduit  ces  mots  :  «  avait 
également  la  même  infirmité  la  {myopie)  ;  » 
sur  ces  mots  :  «  le  strabisme  sans  doute,  » 

Ces  redressements  sommaires  donneront 
le  temps  d*a(tendrc  ceux  que  je  dois  ap- 
pliquer à  l'ensemble  des  idées  que  M.  Gi- 
raud-Teulon  professe,  et  qu'il  considère 
comme  t  expressément  établies,  acquises, 
acclamées,  et  comme  une  des  plus  fermes 
conquêtes  scientifiques  de  notre  çpoque.  » 
On  verra  bien. 

M.  Girâud-Teulon.  Je  n'ai  eu  d'autre 
but  dans  mon  argumentation  que  de  dé- 
montrer Terreur  de  la  théorie  qui  attribue 
une  influence  à  l'action  musculaire  externe 
sur  la  réfraction.  Cette  doctrine  a  été  dé- 
montrée fausse  par  les  observations  et  les 
expériences  les  plus  précises  faites  depuis 
quinze  ans  et  contrôlées  par  tous  lés  oph- 
thalmologistes.  Quand  j'ai  voulu  en  faire 
la  démonstration  graphique,  on  m'a  arrêté 
en  me  disant  que  c'était  là  une  vérité  de* 
venue  classiqu.e  ou  élémentaire.  Je  n'ai 
pas  à  y  revenir.  Que  M.  J.  Guérin  apporte 
des  faits^  et  si  un  seul  de  ces  faits  rentre 
dans  sa  théorie  je  passe  condamnation. 

Faux  abcès  des  os  et  ostéite  névralgi- 
que. —  M.  GossELiN  donne  lecture  d'un 
mémoire  sur  les  faux  abcès  des  os  et  Vos^ 
téite  à  forme  névralgique  qui  les  accom- 
pagne ou  les  simule. 

M.  Gossélin  résume  ce  travail  par  les 
trois  propositions  suivantes  : 

i"  Dans  les  os  longs  condensés  par  one 
ancienne  ostéite,  il  peut  exister  des  cavi- 
tés qui  ne  sont  pas  des  abcès  et  des  dou- 
leurs à  forme  névralgique  qm  ne  tiennent 
pas  à  la  présence  de  ces  cavUcs  ; 

2"  L'ostéite  à  forme  névralgique  peut 


même  exister  sans  aucune  cavité  acciden- 
telle, mais  toujours  dans  un  os  hypertro- 
phié par  une  ancienne  ostéite  ; 

3<*  La  trépanation  peut  être  utile  et  est 
peu  dangereuse  dans  ces  cas  d'hypérostose 
avec  ostéo- névralgie. 

Théorie  de  la  migraine.  —  M.  Piorry 
commence  la  lecture  d'un  long  travail  snr 
ce  sujet,  qu'il  se  propose  de  terminer  dans 
la  sénnce  prochaine.  Nous  résumons  ce 
travail  quand  h  lecture  en  aura  été  faite 
complètement. 

Séance  du  iSL  octobre. 
Présidence  de  M.  Gosselin. 

Vertige,  migraine,  etc.  —  M.  Piorry 
continue  la  lecture  de  son  mémoire  sur  le 
vertige,  suivi  de  considérations  sur  la  mi- 
graine et  d'autres  névropathies  (épilepsiç, 
hystérie,  rage,  etc.). 

Le  but  de  ce  travail  est  la  recherche  des 
causes anatomiqnes  et  physiologiques,  ainsi 
que  de  siège  réel  de  cette  erreur  d*optique 
et  de  cette  sorte  d'hallucination  que  l'on 
désigne  communément  sous  le  nom  de 
vertige. 

L'un  des  plus  grands  obstacles  qui  se 
sont  opposés  au  progrès  réel  des  sciences 
médicales^  dit  M.  Piorry,  c'est  la  confusion 
qui  a  de  tout  temps  été  faite,  d'une  part 
entre  le  mal  lui-même,  l'état  pathologique 
ou  la  roonorganie  principale,  et  de  l'autre, 
la  multitude  de  circonstances  qui  peuvent 
précéder ,  ou  même  souvent  déterminer 
cette  monorganie.  On  s'est  presque  tou- 
jours borné  à  dire  qu'elle  consistait  en  une 
espèce  de  congestion  cérébrale. 

Les  faits  conduisent  à  une  explication 
toute  différente. 

Ce  phénomène  consiste  en  une  vibration 
morbide  des  nerfs  qui  joue  un  si  grand 
rôle  dans  la  pathologie  nerveuse  et  que  j'ai 
appelée  névropallie. 

Parfois,  dans  Pétat  de  santé  et  lorsque 
rien  ^'annonçait  l'invasion  du  mal,  il  sem- 
ble que  les  objets  qui  nous  entourent  se 
déplacent,  s'élèvent  ou  s'abaissent,  se  por- 
tent à  droite  ou  à  gauche,  tournent  autour 
de  soi.  Quand  le  mal  est  intense  et  de 
quelque  durée,  il  arrive,  comme  dans  la 
migraine  ou  Irisalgie,  que  des  nausées  sur- 
viennent et  que  des  vomissements  se  dé- 
clarent. 

Pendant  le  vertige  l'intelligence  n'est 
pas  compromise,  la  personne  qui  l'éprouve 
a  toute  sa  lucidité  d'esprit. 

Pendant  que  se  manifeste  le   déplace- 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES, 


463 


ment  apparent  de  Timage  des  obj>ts  si- 
tués près  de  soi,  le  globe  oculaire  se  livre 
souvent  et  peut-être  toujours  à  un  mou- 
vement de  vibratiiin ,  d'oscillation  dans 
divers  sens,  qui  persiste  et  se  reproduit 
alors  que  la  sensation  de  ce  déplacement 
reparait  avec  quelque  intensité. 

Pour  bien  comprendre  ce  qu'est  le  ver- 
tige en  lui-même,  il  convient  avant  tout 
de  le  rapprocher  de  Tirisalgie. 

Dans  les  deux  cas,  une  excitation  de 
riris  en  est  la  cause  productrice;  dans 
Tun  comme  dans  Tautre,  les  premiers  acci- 
dents consistent  en  une  sensation  qui  res- 
semble à  une  sorte  d'hallucination. 

Du  parallèle  que  M.  Piorry  établit  ici 
entre  le  vertige  et  la  migraine,  il  en  con- 
clut à  une  analogie  complète,  et,  d'après 
les  considérations  précédentes,  le  vertige 
et  la  migraine  seraient  de  la  même  famille  ; 
ils  ont  leur  siège  ordinairement  dans  un 
seul  œil  ;  ils  consistent  Tun  et  l'autre  dans 
une  vibration  qui  a  lieu^  pour  la  migraine, 
dans  riris  et  les  nerfs  sensîtifs  ciliaires  ou 
iridicns,  et  qui  produit  un  phosphène  et  une 
trépidation  qui  apparaît  sous  la  foi  me  de 
Tare  irisalgique,  et  se  propage,  comme  il  a 
été  dit,  aux  ramifications  de  la  cinquième 
paire;  tandis  que,  dans  le  vertige,  c'est 
sur  les  muscles  de  l'œil  que  la  vibration  a 
lieu,  et  elle  s'étend  aux  filets  moteurs  qui 
se  rendent  à  ces  muscles,  et  de  là  aux  par- 
ties des  mêmes  paires  nerveuses,  qui  pré- 
sidant au  mouvement,  faisant  contracter 
les  mêmes  muscles,  entraînent  le  globe 
oculaire  dans  la  direction  qu'ils  lui  impri- 
ment en  santé. 

II  s'agit  donc  dans  le  vertige  d'une  con- 
traction involontaire  des  muscles  de  l'œil  ; 
et  comme  la  vibration  morbide  se  porte 
alors  sur  des  filets  moteurs  et  se  propage 
(comme  cela  arrive  pour  des  filets  sensitifs 
dans  l'irisalgie)  aux  fibres  motrices  de  la 
cinquième  paire,  et  de  leurs  divisions  et 
par  des  anastomoses  au  sous-occipital, 
aux  cordons  moteurs  de  la  moelle  verté- 
brale, c'est  alors  que  se  déclarent  des  trou- 
bles dans  les  mouvements  que  les  membres 
inférieurs  sont  chargés  d'exécuter  dans  la 
marche  et  dans  la  station. 

Quant  à  la  thérapeutique,  on  doit  sur- 
tout éviter  de  fixer  longtemps  de  suite,  et 
avec  trop  d'attention,  les  objets  qui  stimu- 
lent vivement  les  yeux. 

Tout  aussitôt  que  le  vertige  commence, 
il  fai^t  fermer  les  yeux  et  cesser  tout  dé- 
placement de  lu  tcte  et  du  corps,  etc.     ^ 

Un  moyen  qui  réussit  très-bien  è  pré- 


venir la  migraine,  c'est  de  provoquer  au 
début  du  mal  l'action  physiologique  de  l'es- 
tomac en  prenant  quelques  cuillerées  à  bou- 
che d'un  vin  de  bonne  qualité. 

M.  Leroy. DE  Mérigourt  pense  que  c'est 
aller  trop  loin  que  de  vouloir  rattacher 
toujours  le  vertige  à  des  troubles  visuels. 
11  existe,  suivant  lui,  certaines  variétés  de 
vertige  dont  l'origine  ne  peut  être  rappor- 
tée à  ces  troubles  de  la  vue.  Le  mal  de 
mer,  par  exemple,  peut  exister  en  dehors 
de  ces  trouble^o,  et  ce  qui  le  prouve,  c'est 
que  les  aveugles  peuvent  être  atteints  du 
mal  de  mer. 

Myopie  (suite  de  la  discussion).  —  M.  Mau- 
rice Pbrrin.  —  On  peut  distinguer  deux 
parties  principales  dans  le  travail  de  M.  Gi- 
raud-Teulon  :  l'une  est  en  quelque^  sorte 
un  programme  de  questions  posées  ;  dans 
l'autre.  M,  Giraud-Teulon  compare  ce  qu'il 
croit  être  le  fonctionnement  des  conseils 
de  révision  avec  ce  qu'il  désirerait  qu'il  fût. 

M.  Maurice  Perrin  entre  ici  dans  la  dis- 
cussion des  diverses  propositions  émises 
par  M.  Giraud-Teulon  ;  il  fait  ressortir  les 
inconvénients  du  procédé  employé  par 
M.  Giraud-Teulon  pour  déterminer  le  rap- 
port qui  existe  entre  le  degré  de  la  myopie 
et  lé  degré  de  Tacuité  de  la  vision  au  point 
de  vue  du  recrutement  de  Tarmée. 

Ecarter  les  myopes  de  l'armée,  c'est  la 
priver  d'un  très-grand  nombre  de  jeunes 
gens  studieux  et  instruits  dont  vous  avez 
si  grand  besoin  pour  le  recrutement  des 
cadres.  Le  port  des  lunettes  vous  permet 
de  remédier  à  cet  état  de  choses. 

Mais,  malgré  toute  l'importance  de  cette 
question  ^et  tous  les  avantages  que  l'on 
tirerait  de  cette  légère  modification  aux 
lois  du  recrutement,  AI.  Maurice  Perrin 
ne  se  dissimule  pas  toutes  les  difficultéis 
qu'il  doit  rencontrer,  et  la  pire  de  toutes, 
la  sainte  routine.  Toutefois  il  espère  pou- 
voir triompher  du  ridicule  préjugé  qui  con- 
damne les  lunettes  avec  l'uniforme  ;  et 
tout  homme  dont  la  myopie  peut  être  faci- 
lement corrigée  par  des  verres  ne  devra 
plus  être  écarté  du  service  actif  de  l'armée. 

M.  Giraud-Teulon  propose  l'emploi  de 
l'ophthalmoscope,  et  demande  que  l'on  ait 
recours  au  procédé  par  l'image  renversée 
pour  apprécier  le  degré  de  m>opie.  Ce 
procédé  n'est  pas  pratique. 

M.  Perrin  met  sous  les  yeux  de  l'Acadé- 
mie un  instrument'  sur  lequel  il  a  déjà  ap- 
pelé son  attention  il  y  a  quelques  années  ; 
c'est  un  optomètre.  Cet  instrument  remplit 
toutes  les  conditions  pour  déterminer  le 


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404 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


degré  de  la  myopie.  Il  y  a  une  dizaine 
d*années,  M.  dt;  Graefe,  alors  à  Paris, 
disait  à  M .  Perrin  en  lui  présentant  le  pre- 
mier optomèlre  :  t  Voilà  un  instrument 
qui  vous  rendra  de  grands  services  pour 
vos  conseils  de  révision.  » 

Depuis  ce  temps,  M.  Perrin  a  travaillé  à 
le  rendre  plus  pratique  et  aussi  parfait 
que  possible. 

Les  médecins  de  Tarmée  n*ont  pas  at- 
tendu pour  s*QCcuper  de  ces  questions 
rinitialive  de  M.  Giraud-Teulon,  qui  en- 
gage TAcadémle  à  i  remercier  Tadminis- 
tration  de  la  guerre  de  la  libéralité  avec 
laquelle  elle  ouvre  une  porte  pour  Pcx- 
pertise  scientifique  des  cas  douteux,  avec 
adjonction  des  lumières  spéciales  qui  pour- 
ront être  réclamées  par  les  médecins  ex- 
perts. » 

Depuis  trop  longtemps  je  suis  témoin 
des  efforts  faits  par  mes  collègues  de  Tar- 
mée  pour  quMI  me  soit  possible  de  laisser 
ainsi  suspecter  gratuitement  leur  compé- 
tence. 

M.  GirauD'Teulon  proteste  contre  les 
assertions  qui  lui  ont  été  prêtées  à  Pégard 
du  corps  de  santé  militaire. 

Séance  du  19  octobre. 
Présidence  de  M.  Gossblin. 

Correspondance.  —  M.  le  Secrétaire 
ANNUEL  présente  un  nouveau  compresseur 
des  artères,  fabriqué  par  M.  Mathieu,  sur 
les  indications  de  M.  le  docteur  Benjamin 
Anger. 

Médecine  légale.  —  M.  Gallard  donne 
lecture  d*un  travail  ayant  pour  titre  :  Note 
sur  l€f  dispositions  législatives  qu'il  con- 
viendrait de  prendre ,  afin  de  protéger  effi- 
cacement la  société  contre  tes  actes  violents 
des  aliénés  et  des  épileptiques  reconnus  dan- 
g^ireux.  —  De  nombreuses  et  ardentes  dis- 
cussions, qui  ont  été  soulevées  à  diverses 
époques,  soit  devant  les  tribunaux  ou  les 
cours  d*assises,  soit  au  sein  des  diverses 
sociétés  savantes,  et,  en  dernier  lieu,  au 
sein  de  la  Société  de  médecine  légale  de 
France,  relativement  à  la  responsabilité 
des  actes  criminels  ou  délictueux  commis 
par  les  aliénés  et  les  épileptiques,  ont 
montré  combien  sont  grandes  les  diver- 
gences d'opinion  qui  séparent  sur  ce  point 
le  corps  médical,  plus  spécialement  repré- 
senté par  les  médecins  aliénistes,  et  les 
magistrats  plus  particulièrement  chargés 
de  veiller  à  la  sécurité  des  citoyens.  C'est 
que  chacun  d*eux,  se  plaçant  à  un  point  de 


vue  tout  différent,  semble  ne  se  préoccu- 
per que  du  côté  de  la  question  qui  se  rat- 
tache à  ses  étudé«  spéciales.  Ainsi  le  mé- 
decin, ne  voyant  que«rétat  morbide  sous 
rinfluence  duquel  Taliéné  a  commis  Pacte 
qui  lui  est  reproché,  ne  se  préoccupe  que 
du  soin  de  faire  reconnaître  son  irresponsa- 
bilité, sans  s'inquiéter  des  conséquences 
ultérieures  qui  pourront  résulter  de  la 
situation  qui  sera  faite  à  cet  individu  par 
suite  de  son  acquittement.  Le  magistrat» 
au  contraire,  s'inquiète,  non  sans  raison, 
de  ce  que  pourra  devenir  plus  tard  cet 
individu  qui,  avec  un  luxe  de  précautions 
témoignant  d'un  raisonnement  suivi,  avec 
une  logique  souvent  rigoureuse,  a  commis 
un  deâ  crimes  les  plus  monstrueux  et  les  - 
plus  froidement  calculés  que  Pimagination 
puisse  rêver. 

PROJET   DE    LOI. 

Article  4".  —  L'article  66  du  Code  pé- 
nal est  complété  par  la  disposition  addi- 
tionnelle suivante,  qui  en  formera  le  second 
paragraphe  : 

f  Lorsque,  par  suite  de  Pétat  mental  de 
l'accusé,  il  aura  été  décidé  qu'il  est  irres- 
ponsable, il  sera  acquitté  ;  mais  il  devra 
être  conduit  dans  une  maison  de  santé  ou 
un  hospice  déterminé  par  le  jugement, 
pour  y  être  soigné  et  détenu  jusqu'à  son 
entier  rétablissement. 

«  Ce  jugement  entraînera  nécessaire- 
ment Pinterdiction  de  Paccusé,  dont  la 
mise  en  liberté  ne  pourra  être  ordonnée 
que  par  un  autre  jugement,  rendu  suivant 
les  formes  exigées  par  la  loi  pour  la  main- 
levée de  l'interdiction.  » 

Article  2.  —  L'article  340  du  Code 
d'instruction  criminelle  est  complété  par 
la  disposition  additionnelle  suivante,  qui 
en  formera  le  second  paragraphe  : 

«  Si,  dans  le  cours  des  débats,  il  est 
élevé  un  doute  relativement  à  Pétat  mental 
de  Paccusé,  le  président,  s'il  en  est  requis, 
posera,  à  peine  de  nullité,  celte  question  : 
L'accusé  était-il  en  état  de  démence  ?  » 

Article  5.  —  Mention  du  jugement  ou 
de  Parrét  qui  ordonnera  Pinterncment  d'un 
aliéné  dans  un  asilo  spécial,  en  exécution 
de  l'article  66  §  2  du  Code  pénal,  sera  faite 
sur  les  registres  tenus  par  le  directeur  de 
cet  établissement,  conformément  au  pres- 
criptions de  la  loi  du  50  juin  1838. 

(Ce  travail  est  renvoyé  à  une  commis- 
sion composée  de  MM.  Baillarger,  Dtrge- 
ron  et  Devcrgie.) 

M.  Henri  Roger,  au  nom  d'une  commis- 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


465 


sion  composée  de  MM.  Legouest  et  Mar- 
rotte,  commence  la  lecture  d'un  rapport 
sur  une  Observation  de  paracentèse  du  péri- 
carde, communiquée  à  TAcadémie  par  le 
docteur  Chairou,  médecin  en  chef  de  l'asile 
du  Vésinet. 

M.  Roger  conclut  d'une  manière  géné- 
rale, de  l'observation  de  M.  le  docteur 
Chairou,  qu'il  n'en  est  pas  de  la  ponction 
du  péricarde  comme  de  celle  de  la  plèvre, 
el  qu'il  y  a  deux  conditions  nécessaires,  à 
savoir,  la  grandeur  de  l'épanchement  péri- 
cardique  et  l'imminence  des  accidents. 

Il  se  propose  ensuite  d'examiner  en  dé- 
tail :  I<>  quelles  sont  les  indications  et  les 
contre-indications  de  la  paracentèse  du 
péricarde  ;  2<*  quel  est  le  meilleur  mode 
opératoire  ;  5°  quels  ont  été  les  résultats 
de  l'opération  et  quelle  en  est  la  valeur 
thérapeutique? 

Tboublbs  de  la  vision  (suite  de  la  dis- 
cussion). —  M.  Giraud-Tbulon.  Des  deux 
questions  partielles  sur  lesquelles  se  divi- 
sait Tobjet  fondamental  de  cette  discussion^ 
l'une  est  résolue,  l'accord  étant  fait  sur 
elle  ;  la  seconde  est  peut  étro,  malgré  les 
apparences,  plus  près  du  même  accord 
qu'on  ne  doit  Timaginer  depuis  notre  der- 
nière  séance. 

Ces  deux  questions  partielles  étaient  les 
suivantes  : 

En  premier  lieu,  nous  nous  proposions 
d'obtenir  :  1°  la  détermination  des  degrés 
ou  coefficients  d'acuité  visuelle  au  loin,  de- 
vant servir  de  limite  à  l'incorporation  dans 
l'armée  :  cette  délimitation  étant  envisa- 
gée, tant  dans  l'amblyopie  proprement 
dite,  que  dans  les  anomalies  de  la  réfrac- 
tion. 

â^»  Ces  éléments  étant  déterminés,  régler 
les  méthodes  d'examen  ou  d'épreuves  pro- 
pres à  les  réaliser  dans  le  recrutement  de 
l'armée. 

De  ces  deux  questions,  la  première  est 
aujourd'hui  en  partie  résolue.  C'est  elle 
qui  a  fait  les  frais  des  délibérations  du 
congrès  de  Bruxelles,  et  les  conclusions  de 
ces  discussions,  quoiqu'elles  reflètent  en- 
core des  divergences  d'avis  qui  s'y  sont 
fait  jour,  forment  une  base,  un  point  de 
départ  commun  auquel  chacun  a  pu  se 
rallier  et  s'est  rallié. 

Or^  lorsque  je  formulai  devant  l'Acadé- 
mie la  première  conclusion  de  mon  travail, 
je  ne  me  flattai  assurément  pas  d'obtenir 
une  salisfactioii  relativement  aussi  grande^ 
ni  surtout  aussi  prompte. 

Celte  conclusion  était  ainsi  conçue  : 


1'*  Emettre  le  vœu  que  1c  département 
de  la  guerre  veuille  bien  faire  déterminer 
par  des  commissions  spéciales  :  a  le  coeffi- 
cient d'acuité  visuelle  inilispeusabic  pour 
le  service  actif;  6  le  degré  de  l'anomalie  de 
réfraction  correspondant  à  ce  même  coef- 
ficient; c  le  degré  d'imperfection  conci- 
liable  avec  le  service. 

Comme  tous  les  vœux  exprimés  dans 
celte  conclusion  se  trouvent  implicitement 
satisfaits  par  les  résolutions  du  congrès  de 
Bruxelles,  comme  ces  résolutions  ont  été 
adoptées  par  M.  Pcrrin,  j'avais  donc  quel- 
que raison  de  vous  dire  qu'à  cet  égard 
l'accord  était  fait. 

Ce  sont  donc  ces  résolutions  même  que  je 
soumettrai  à  l'approbation  de  l'Académie, 
au  lieu  et  place  de  ma  première  conclu- 
sion. 

Vient  maintenant  la  question  des  voies 
et  moyens,  celle  de  l'application  de  cette 
première  partie  du  problème,  aujourd'hui 
résolue,  c'est-&  dire  la  détcrniinalion  de  la 
nature  des  épreuves  propres  à  faire^  dans 
le  contingent,  le  départ  des  incorporés  et 
des  exemptes.  —  Ici  M.  Giraud  Tculon 
entre  dans  des  développements  très-éten- 
dus  qu'il  ne  nous  serait  pas  possible  de 
reproduire  ni  même  de  résumer  en  ce 
moment. 

Arrivant  ensuite  à  la  fin  de  l'argumen- 
tation de  M.  Perrin^  M.  Girnud-Teulon  se 
défend  contre  des  assertions  qu'il  trouve 
aussi  nouvelles  qu'éloignées  de  soii  senti- 
ment, etc. 

Pour  qu'il  fût  entré  dans  ma  pensée,  dit- 
il,  de  jeter  un  soupçon  de  défiance  contre 
le  corps  de  santé  militaire^  il  eût  fallu 
d'abord  que  je  pusse  voir  en  moi  un  germe 
tout  prêt  à  se  développer  en  ce  sens. 

Je  ne  reproduirai  pas  les  témoignages 
directs  accumulés  dans  mon  travail,  et 
bien  avant  de  prévoir  une  semblable  accu- 
sation et  qui  devaient  la  faire  spontané- 
ment éloigner  de  l'esprit  de  mon  contra- 
dicteur. 

Si,  entrant  dans  l'esprit  de  mon  travail, 
on  reconnaît  qu'une  critique  s'y  fait  jour, 
elle  s'adresse  non  pas  au  médecin  expert, 
mais  à  l'institution  même  du  conseil,  dont 
les  éléments  pèsent  sur  lui. 

Séance  du  26  octobre. 

Présidence  de  M.  Gossblin. 

M.  GossELiN  offre  en  hommage,  au  nom 
de  M.  Hardy,  une  brochure  intitulée  :  De 

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466 


ACADÉMIES  BT  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


quelques  modifications  à  introduire  dans 
l'enseignement  médical  officiel. 

Troubles  de  la  vision  dans  leurs  rap- 
ports AVEC  LE  SERVICE  MILITAIRE  (suite  de  la 

discussion).  —  M.  Legoùest  n*a  pas  Pin- 
tention  de  discuter  les  théories  de  M.  Gi- 
raud-Teulon  au  point  de  vue  scientifique; 
quant  au  point  de  vue  administratif,  ii  ne 
s*y  arrête  que  pour  faire  observer  à  M.  Gi- 
raud-TeuIon  que  te  conseil  de  santé  n*a  pas 
attendu  que  le  conseil  de  révision  autorisât 
le  médecin  qui  Tassiste  à  rechercher  Topi- 
nion  d*un  médecin  autre  que  Tun  de  ses 
confrères  de  Tarmée,  et  que,  dans  sa  pen- 
sée, ce  dernier  devait  être  le  médecin  en 
chef  du  corps  d*armée.  Le  conseil  de  santé 
a  eu  beaucoup  de  peine  à  faire  admettre  un 
délai  d*examen  et  une  double  garantie  pour 
les  intéressés.  L'idée  de  recourir  à  des  lu- 
mières spéciales,  en  dehors  de  ces  condi- 
tions, ne  lui  est  pas  même  venue,  d^une 
part,  parce  qu'il  ne  le  jugeait  pas  néces- 
saire, d'autre  part,  parce  que  toutes  les 
instructions  ministérielles  relatives  à  la 
formation  des  contingents  ont  toujours  re- 
commandé de  ne  choisir  pour  assister  les 
conseils  de  révision  que  des  médecins  mi- 
litaires, ayant  au  moins  le  grade  de  major. 

M.  Legoùest  félicite  M.  Giraud-Teulon 
d'avoir  atténué  dans  son  dernier  discours 
les  conclusions  relatives  à  la  création  de 
commissions  spéciales  et  à  l'adjonction 
d'experts  en  oculistïquc  aux  militaires  ap- 
pelés par  les  préfets  aux  conseils  de  révi- 
sion, il  ressortait,  en  effet,  de  ces  conclu- 
sions une  impression  défavorable  à  l'instruc- 
tion du  conseil  de  santé  des  armées  et  au 
corps  tout  entier  des  médecins  militaires- 
L'intervention  de  M.  Perrin  et  celle, aujour- 
d'hui, de  M.  Legoùest,  ne  doivent  donc 
pas  surprendre  M.  Giraud-Teulon. 

Si  j'ai  bonne  mémoire,  M.  Giraud-Teu- 
lon a  jadis  administré  un  de  nos  départe- 
ments ;  eh  bien,  c'est  à  l'ancien  professeur 
que  j'en  appelle  du  savant  oculiste. 

Je  suppose  qu'une  commission  spéciale 
.telle  que  celle  qu'il  demande  aujourd'hui 
lui  eût  été  accordée  :  comment  l'aurait-il 
composée?  Je  pense  qu'il  eût  fait  l'honneur 
au  conseil  de  santé  de  ne  pas  lui  chercher 
des  tuteurs  autre  part  que  dans  celte  en- 
ceinte. Or  les  orateurs  qui  jusqu'ici  ont 
pris  part  à  la  discussion  scientifique  pen- 
dante me  paraissent  tellement  différer 
d'opinion,  qu'avant  d'attendre  qu'ils  soient 
d'accord,  je  crois  que  M.  le  ministre  de  la 
guerre  fera  sa^^cment  de  s'en  tenir  aux  avis 
de  son  conseil  médical  ordinaire. 


Mais  ce  ne  sont  plus  des  commissions 
spéciales,  c'est  l'adoption  des  résolutions 
du  congrès  de  Bruxelles  que  M.  Giraud- 
Teulon  propose  de  substituer  à  l'instruc- 
tion du  conseil  de  santé.  L'adjonction 
,  d'experts  spéciaux  aux  médecins  militaires 
assistant  les  conseils  de  révision,  notre 
collègue  l'a  expliquée  en  stipulant  que 
Pexpertise  spéciale  serait  confiée  a  un 
médecin  militaire  ;  mais  la  proposition  qui 
devait  être  présentée  auxémînentsophthal- 
mologistos  assemblés  au  congrès  de  Bruxel- 
les était  plus  radicale. 

Je  ne  veux  pas  examiner  avec  M.  Giraud- 
Teulon  si  les  exigences  du  service  de  santé 
de  l'armée  permettraient  de  donner  suite 
aujourd'hui  à  sa  proposition,  et  je  passe  à 
l'un  des  desiderata  de  notre  collègue  que 
je  ne  saurais  assez  énergiquement  repous- 
ser, je  veux  parler  de  son  espoir  de  voir 
un  jour  le  conseil  de  révision  lui-même 
composé  de  trois  médecins,  au  lieu  et  place 
des  fonctionnaires  incompétents  suivant 
lui,  qui  le  constituent. 

Ici  M.  Legoùest,  rappelant  le  rôle  que 
toutes  les  lois  sur  le  recrutement  ont  dé- 
parti aux  médecins,  montre  le  peu  de  fon- 
dement que  peut  avoir  l'espérance  de  voir 
un  jour  entrer  trois  médecins  dans  le  con- 
seil de  révision  avec  voix  délibérative. 

N'est-il  pas  admis  eti  droit  administratif 
que  la  qualité  d'expert  ne  peut  être  con- 
fondue dans  la  même  personne  avec  la 
qualité  de  juge?  Quoi  de  plus  sage  et  ga- 
rantissant mieux  l'honorabilité  des  méde- 
cins? Du  jour^  en  effet,  où  les  médecins 
experts  entreraient  aux  conseils  avec  voix 
délibérative,  leur  honorabilité  serait  soup- 
çonnée, sans  qu'il  en  résultât  grand  avan- 
tage pour  les  jeunes  gens  appelés. 

Enfin  une  question  me  reste  à  faire. 
L'Académie  est-elle  en  droit  d'examiner  et 
de  voter  des  propositions  touchant  les  lois 
ou  règlements  établis,  sans  avoir  été  con- 
sultée par  le  gouvernement?  Je  pense  que 
cette  question  doit  être  résolue  négative- 
ment. 

M.  Perrin  aurait  eu  quelques  considé- 
rations à  présenter  sur  le  dernier  discours 
de  Al.  Giraud-Teulon;  mais,  M.  Giraud- 
Teulon  étant  absent,  il  croit  devoir  réser- 
ver ce  qu'il  aurait  à  dire  pour  la  prochaine 
séance. 

M.  J.  GuERiN  avait  aussi  l'intention  de 
reprendre  le  point  incident  de  la  discussion 
qu'il  a  soulevée. 

La  parole  est  réservée  à  MM.  Perrin  et 
J.  Guérin  pour  la  séance  prochaine. 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES, 


467 


A  quatre  heures,  rAcadémie  se  forme 
en  comité  secret  pour  entendre  un  rapport 
de  Ai.  Hirlz  sur  !es  candidats  aux  places 
vacantes  de  correspondants. 

Séance  du  2  novembre. 
Présidence  de  M.  Gosselin. 

Pi^RACENTÉse. —  51.  Henri  Roger  termine 
la  lecture  de  son  rapport  sur  une  observa- 
■  lion  de  ponction  du  péricarde,  par  M.  le 
docteur  Chairou. 

Après  avoir  rappelé  queiqfies  erreurs 
dans  le  diagnostic  des  grands  épanchemcnts 
du  péricarde,  commises  par  des  médecins 
ou  chirurgiens  éminents,  et  avoir  cité  de 
nouveau  des  faits  de  paracentèse  malheu- 
reux^ après  avoir  examiné  \ts  indications 
de  Topération  tirées  de'  la  quantité  de  Té- 
panchement  péricardique,  le  rapporteur 
analyse  celles  qui  ressortent  de  la  nature 
du  liquide,  et  il  place  à  côté  les  contre- 
indications, 

La  ponction  lui  semble  contre-indiquée 
dans  les  hydropisics  actives  du  péricarde, 
dans  les  épanchemcnts  sanguins  (qui  sont 
d*ailleurs  tout  à  fait  exceptionnels),  et  enfin 
dans  les  collections  purulentes  quand  elles 
sont  liées  à  une  infection  générale.  C'est 
surtout  dans  les  vastes  épanchements  delà 
péricardite  que  rinlervention  chirurgicale 
peut  être  opportune  et  salutaire  (avec 
toutes  les  réserves  que  commande  la  gra- 
vité même  de  la  péricardite,  en  raison  de 
ses  nombreuses  complications ,  soit  aiguës 
(endocardite,  myocardite,  pleurésies,  etc.), 
soit  chroniques  (affections  organiques  du 
cœur,  surtout  des  poumons^  fréquemment 
tuberculeux).  C'est  très  souvent  la  tuber- 
culose qui  donne  lieu  aux  vastes  épanche- 
mcnts de  la  péricardite  chronique  et  elle 
aggrave  dingulièrement  la  prognose  ulté- 
rieure des  épanchements,  une  foi  la  para- 
centèse pratiquée. 

M .  Roger  se  demande  ensuite  quel  est  le 
meilleur  procédé  opératoire  pour  assurer 
le  succès  de  la  paracentèse  du  péricarde. 
Il  détermine  d'abord  le  lieu  d'élection, 
qui  doit  être  le  cinquième  espace  intercos- 
tal, dans  un  point  intermédiaire  entre  le 
sternum  et  le  mamelon^  un  peu  plus  près 
de  ce  dernier,  en  ayant  soin  d'ailleurs  de 
se  guider  toujours  d'après  la  pointe  du 
cœur,  lequel  pourrait  être  déplacé  et  prin- 
cipalement abaissé  par  des  adhérences  \  il 
montre  co.'nbien,  en  dehors  de  ee  point 
indiqué,  il  serait  facile  de  léser  avec  le 
trocart  les  organes  environnants  ;  il  prouve 


par  des  faits  la  fréquence  des  blessures  du 
cœur,  mémn  avec  des  instruments  capil- 
laires, et  du  reste,  ces  faits  eux-mêmes 
démontrent,  ainsi  que  les  expériences  d'a- 
cupuncture, l'innocuité  parfaite  des  pi- 
qûres cardiaques  :  dans  aucun  cas  elles 
n'ont  donné  lieu  à  des  accidents  constatés. 

Il  va  sans  dire  que  la  blessure  des  or- 
ganes du  point  où  pénètre  Tinstrument 
sera  d'autant  moins  fréquente  et  ipoins 
grave  que  cet  instrument  sera  plus. petit, 
et,  sous  ce  rapport,  les  trocarts  capillaires 
des  récents  appareils  d'aspiration  sont  in- 
finiment préférables  aux  anciens  instru- 
ments, lesquels  doivent  être  abandonnés. 

L'opération  trouve  rarement  son  appli- 
cation par  suite  des  complicatiojis  concomi- 
tantes ou  ultérieures  de  ces  épanchements  ; 
elle  est  et  sera  toujours  difficile,  bien  que 
sas  difficultés  soient  notablement  dimi- 
nuées par  l'emploi  des  instruments  capil- 
laires; elle  est  incomplète,  c'est-à-dire 
qu'elle  ne  peut  guère  être  répétée  plu- 
sieurs fois,  ni  soutenue,  comme  dans  la 
thoracocentèse  »  par  des  moyens  acces- 
soires; mais  elle  n'en  est  pas  moins  com- 
mandée dans  certaines  circonstances,  et, 
par  exemple,  dans  les  grands  épanchements 
aigus  ou  chroniques  du  rhumatisme,  et 
aussi  dans  les  épanchements  chroniques 
dont  la  nature  tuberculeuse  n'est  pas  dé- 
montrée. 

L'opération  n'a  point,  sauf  exceptions, 
de  vertu"  curative;  mais  elle  est  formelle- 
ment indiquée  comme  moyen  palliatif  et 
elle  constitue  parfois  une  ressource  su- 
prême. 

Le  rapporteur  propose  à  l'Académie  de 
voter  des  remerciements  à  l'auteur  de  l'ob- 
servation, M.  le  docteur  Chairou,  et  de 
déposer  honorablement  snn  travail  aux 
archives.  (Adopté.) 

Troubles  de  la  vision  dans  leurs  rap- 
ports AVEC  LE  SERVICE  MILITAIRE  (suite  dc  la 

discussion).  —  M.  Giraud-Teulon.  M.  Le- 
gouest  me  reproche  d'avoir  jeté  le  doute, 
sans  motifs  sérieux,  sur  la  valeur  d'un 
document  administratif  qui  doit  servir  de 
guide  dans  l'application  de  la  loi  sur  le 
recrutement.  M.  Legouest  n'a  pas  songé 
qu'il  est  la  reproduction  stéréotypée  de 
toutes  les  fins  de  non  recevoir  opposées 
depuis  le  commencement  du  siècle  à  toute 
critique  d'un  abus  existant.  J'ai  développé 
à  satiété  les  motifs  qui  m'ont  conduit  dans 
une  communication  précédente.  Je  ne  les 
reproduirai  pas.  Je  ne  m'appesantirai  pas 
sur   le  jugement  sommaire  plus  ou  moins 


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46« 


VARIÉTÉS. 


détestable  porte  par  notre  collègue  en  ma- 
tière de  philosophie  .scîenliGi|ue  générale. 

L'opposition  de  .11.  Perrin  n'a  point 
porté  sur  autre  chose  que  sur  le  soupçon, 
qui  le  poursuivait,  d'une  velléité  de  ma 
part  d'introduire  Télénimt  soit  civil,  soit 
spécialiste  de  profession  dans  les  conseils 
de  révision.  Mais  aucune  question  (ioclri- 
nule  non  plus  que  d'application  ne  s*est 
élevée  entre  nous. 

L'opinion  que  M.  Legouest  a  négligé  de 
nous  faire  connaître,  serait-elle  Tensemblc 
de  conceptions  vagues  et  nébuleuses  qui 
constituaient  le  bagage  incohérent  de  la 
science  en  France,  il  y  a  quarante  années? 
On  pourrait  le  croire. 


L*enseignement  de  M.  Perrin,  comme  le 
mien,  est  Fex pression  fi<lèle  des  lois  mo- 
dernes de  la  vision,  dérivées  des  mêmes 
sources  de  l'école  dUlrecht  et  de  l'école 
d'Allemagne ,  et  professées  aujourd'hui 
partout. 

M.  Legouest  ne  considère  pas  les  règle- 
ments et  les  précédents  de  l'Académie 
comme  autorisant  la  conipagnie  à  prendre 
aucune  initiative  auprès  du  gouvernement. 
Tout  le  monde  sait  pourtant  que  l'Acadé- 
mie a  été  instituée  pour  donner  des  con- 
seils au  gouvernement. 

Après  quelques  explications  de  M.  Per- 
rin, la  séance  est  levée  à  cinq  heures. 


IV.  VARIÉTÉS. 


A  propos  des  Sociétés  des  Secours 
Mutuels.  —  Nous  extrayons  du  Journal 
des  connaissances  médicales  les  observa  lions 
très-jusies  que  publie  au  sujet  de  ces 
Sociétés,  en  son  style  concis  et  énergique, 
notre  vénérable  confrère  le  docteur  Caffe  : 

Les  médecins  doivent  à  leur  ineptie,  à 
leur  défaut  absolu  d'entente,  l'exploitation 
honteuse  dont  ils  sont  victimes,  et  dont 
aucune  autre  catégorie  sociale  ne  se  lais- 
serait souiller;  ils  consentent  à  se  mettre 
à  la  discrétion  des  Sociétés  diverses,  pour 
un  salaire  que  n'accepterait  pas  le  dernier 
des  goujats,  au  lieu  de  sauvegarder  leur 
indépendance  et  leur  dignité  en  donnant 
volontairement  et  gratuitement  leurs  soins 
et  leurs  conseils  dès  qu'ils  ne  peuvent  pas 
être  honorés  convenablement. 

Les  médecins  s'illusionnent  en  croyant 
que  le  titre  de  médecins  de  ces  sortes  de 
sociétés  leur  amènera  une  clientèle  lucra- 
tive ;  ils  se  trompent  ;  leur  jeunesse  se 
dépense  en  vain  espoir,  mais  c'est  souvent 
trop  tard  quand  il«  s*en  aperçoivent. 

Je  possède  une  foule  de  lettres  con6den-' 
lieilos  à  ce  sujet.  Un  de  nos  plus  illustres 
professeurs,  démissionnaire  d'un  bureau 
de  charité^  me  disait  que  les  dames  de  la 
haute  société  lui  adressaient  des  malades 
pauvres,  mais  ne  le  consultaient  jamais 
pour  elles-mêmes.  Un  autre  confrère,  au- 
jourd'hui âgé  de  CO  ans,  instruit  et  zélé, 
qui  traite  tous  les  clients  pauvres  avec 
cette  conscience  et  ce  dévouement  auquel 
ne  croyait  pas  l'archevêque  de  Paris  Dubcl- 


loy,  qui  prévenait  son  médecin  Bouvard 
de  ne  pas  le  traiter  comme  tous  ces  gueux 
de  l'Hôtel  Dieu.  «  Monseigneur,  lui  répli- 
qua Bouvard,  tons  mes  malades  de  THôtel- 
Dieu  sont  de.s  cardinaux  pour  moi,  et  vous 
n'êtes  qu'un  archevêque.  »  Mon  déjà  vieux 
confrère  m'avoue  avoir  perdu  ce  qui  lui 
restait  de  riches  clients,  pour  leur  avoir 
donné  des  poux,  en  revenant  d'ausculter 
avec  soin  des  cfients  gratuits  plus  sales 
que  malheureux. 


Transmission  de  la  scarlatine  par  la 

poste.  —  The  Lancet  publie,  dans  ces 
numéros. des  9  et  16  janvier,  trois  lettres 
do  médecins  anglais  qui  démontrent  la 
possibilité  de  ce  singulier  mode  de  trans- 
mission. Le  docteur  Land,  d'Exmouth,  n'a- 
vait dans  sa  clientèle  aucun  cas  de  scarla- 
tine^ il  n*y  en  avait  aucun  dans  la  clientèle 
de  ses  confrères  du  voisinage,  lorsqu'il 
reçut  une  lettre  d'un  de  ses  amis  lui  an- 
nonçant la  perte  de  son  enfant,  mort  de 
cette  maladie.  Une  semaine  après  environ, 
le  docteur  Land  ressentit  les  premiers 
symptômes  d'une  scarlatine  bénigne.  L'en- 
fant était  mort  d'une  scarlatine  très-grave, 
qui  avait  déterminé  une  petite  épidémie 
dans  son  entourage. 

Le  5  décembre  dernier,  le  docteur  Hyatt 
fui  appelé  auprès  d'une  enfant  présentant 
le  rash  scarlalineux  avec  une  fièvre  trè?- 
vivc.  11  n'y  avait  aucun  cas  de  scarlatine 
dans  tous  les  environs.  Eu  cherchant  la 


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VARIÉTÉS. 


469 


cause  ih  raffecljon,  le  docteur  Hyatt  vit 
que  les  parents  de  reiifant  avaient  reçu, 
(f  un  pays  dans  lequel  régnait  la  scarlatine, 
et  mêrae  d'amts  dans  la  famille  desquels  il 
y  avait  des  cas  de  scarlatine,  de  ces  cartes 
que  les  Anglais  ont  Thabitude  de  s'envoyer 
pour  répoque  de  Noël. 

De  même  le  docteur  Knight  vit  un  en- 
fant mourir  en  un  jour  d^nne  fièvre  scar- 
latine maligne,  après  avoir  joué  pendant 
quelques  heures  avec  une  lettre  que  ses 
parents  avaient  reçue  le  matin  même  d'une 
famille  où  un  enfant  venait  de  mourir  de 
la  même  maladie.  Ici  encore  il  n'y  avait 
pas  de  scarlatine  dans  tous  les  environs. 

[Reviie  de  Ihérap.  médico-chirurgicale.) 


Moyen  simple  et  facile  de  oonterver 
la  viande  en  été.  —  Les  principales  causes 
d'altération  des  substances  alimentaires 
sont  :  la  chaleur,  Vair  et  l'humidité.  Les 
marchands  de  comestibles  et  les  méaagcres 
savent  très  bien  qu'en  les  soustrayant  à 
ces  trois  causes,  ils  les  conservent  plus 
longtemps  sains  et  propres  à  Talimenta- 
tion. 

Dans  les  ménages,  bien  qu'on  suive  Tun 
ou  Tautrc  des  procédés  recommandés  pour 
cela,onn*oblient  pas  souvent  de  bons  résul- 
tats, parce  qu'on  n'exécute  pas  exactement 
la  recette  ou  parce  que  les  spécifiques  em- 
ployés, tout  en  préservant  les  aliments  de  la 
putréfaction,  leur  communiquent  de  mau- 
vaises qualités,  telles  que  dureté,  odeur 
et  saveur  désagréables. 

Pour  réussir,  il  faut  que  le  procédé  soit 
simple  quant  aux  spécifiques  i  employer 
et  quant  h  son  exécution. 

Voici  celui  que  nous  conseillons  : 

La  viande  fraîche  sera  d'abord  frottée 
avec  un  linge  propre  et  sec,  puis  flambée 
comme  la  volaille  et  saupoudrée  de  poivre, 
s'il  n'y  a  pas  d'inconvénient  pour  Tusage 
auquel  on  la  destine  ;  ensuite  on  l'enfer- 
mera dans  un  garde-manger  exposé  au 
nord,  dans  un  endroit  sec  et  à  l'abri  des 
mouches  ;  si  on  peut  le  placer  dans  la  cave 
au  chauffage,  ce  ne  sera  que  mieux. 

Pendant  les  canicules,  la  viandeet  toutes 
les    denrées  alimentaires    s'aitérant   plus 

(1)  Vitra  si  non  frangerentor;  mallcoi  mihi 
quam  nurum  ;  nonc  aotem  vilia  sunt. 

«  Fuit  lameo  taber^  qai  fecit  pbialam  vitream, 
quse  non  frangebalur.  4dmis»ui»  erga  Caesareio 
rsl  cum  suo  inunerc  :  deimie  fecit  reporrigere 
(^eeisareo).  et  illam  in  pavinienturo  projecit.  Cœsar 
non  pôle  vaii'iiiis,  quam  expaverit;  al  ille  sus- 
tulil  phialam  de  lerrà,   collisa  eral,  tanquara 


proniptcmcnt  encore  que  pendant  les  au- 
tres époques  de  l'année,  il  conviendra  de 
placer  une  solution  d'hyposulfite  sodique 
dans  le  milieu  où  on  les  conservera,  e'est- 
à-dire  dans  le  garde^manger,  le  fruitier, 
les  chambres  aux  provisions,  etc.,  afin  d'é- 
viter la  propagation  des  germes  et  leur 
action  putréfiante. 

{Journal  de  pharmacie  d'Anverê.) 


Le  verre  malléable  ou  trempé  à  l'épo- 
que romaine.  —  Dans  un  moment  où  l'on 
fait  tant  de  bruit  du  verre  malléable  ou 
trempé,  nous  croyons  intéresser  le  lecteur 
en  transcrivant  le  chapitre  Ll  du  Saiyri- 
con,  poème  de  l'auteur  latin  Arbitbr  Pe- 
TBONB  qui  écrivait  au  comaiencement  du 
premier  siècle  de  notre  ère.  On  verra  que 
le  :  nil  novi  sub  sole,  rien  de  nouveau  sous 
le  soleil,  est  éternellement  vrai.  Je  laisse 
la  parole  à  l'écrivain  de  l'antiquité  : 

c  Si  le  verre  était  malléable,  je  le  préfé- 
rerais à  l'or  même  :  tel  qu'il' est,  on  le 
méprise  aujourd'hui. 

«  Il  y  eut  cependant  autrefois  un  ou- 
vrier qui  fabriqua  un  vase  de  verre  que 
Ton  ne  pouvait  briser.  Il  fut  admis  à  l'hon- 
neur de  l'offrir  en  don  à  César.  Ensuite, 
l'ayant  repris  des  niaiiis  de  l'empereur,  il 
le  jeta  sur  le  pavé.  Le  prince,  à  cette  vue, 
fut  effrayé  au-delà  de  toute  expression  ; 
mais  lorsque  l'ouvrier  ramassa  le  vase,  il 
u*était  que  légèrement  bossue,  comme  l'eut 
été  un  vase  d'airain.  Tirant  alors  un  petit 
marteau  de  sa  ceinture,  notre  homme, 
sans  se  presser,  le  répara  avec  adresse  et 
lui  rendit  sa  forme  première.  Cela  fait,  il 
crut  voir  l'olympe  devant  lui,  surtout  lors- 
que l'empereur  lui  dit  :  «  Quelque  autre 
<  que  toi  sait -il  l'art  de  fabriquer  de  verre 
«  semblable?  Prends  bien  garde  à  ce  que 
c  tu  vas  dire  !  »  L'ouvrier  ayant  répondu 
que  lui  seul  possédait  ce  secret,  César  lui 
fit  trancher  la  tête,  sous  prétexte  que,  si 
cet  art  venait  à  se  répandre,  Tor  perdrait 
toute  sa  valeur  (1).  i> 

Et  voilà   comment  le  secret  du   verre 
malléable  resta  perdu  jusqu'en  1875. 
D.  A.  V.  B  {Ibid). 


vasum  KneuiB.  Deinde  roallpolum  de  sinu  protu- 
lit,  et  phialam  otio  belle  correxit.  Hoc  facto, 
pulabat  se  cœium  Jovis  lenere,-  utique,  postquain 
illi  dixit  :  «  Nuniauid  alius  scit  hanc  condiluram 
n  vilr'oram?  Vide  modo.  »  u  Po»iquam  negavil, 
jussil  ilhiro  Cœsar  decoUari  ;  quia  enim,  si  sci- 
lum  essel.  aurum  pro  lulo  tiabercoius.  >^ 


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470 


VARIÉTte. 


Fleurs  ;  emploi  du  eamphre  pour  les 
empèoher  de  faner  (i).  —  Tout  le  monde 
connaît  Taction  du  camphre  sur  la  santé  ; 
ce  qui  est  moins  connu,  c*est  Taction  très- 
énergique  du  camphre  sur  la  végétation. 
Le  chroniqueur  scionlifique  du  Bulletin 
françaii  donne  sur  remploi  du  camphre 
comme  moyen  d'empêcher  les  fleurs  de  se 
faner  et  de  bâter  le  développement  des 
graines,  des  détails  curieux. 

A  vrai  dire,  Paction  stimulante  du  cam- 
phre remonte,  sauf  erreur  de  notre  part, 
an  moins  à  Tannée  1798.  Benjamin  Barton 
eut  l'idée  en  ce  temps-là  de  placer  une 
tulipe  dans  une  solution  de  camphre.  La 
tulipe  végéta  vigoureusement  et  dépassa 
largement  ses  voisines  mises  dans  de  Teau 
ordinaire.  Un  iris  jaune  se  fanait  :  Barton 
Tarrosa  avec  de  Peau  camphrée^  et  vite 
riris  de  revenir  à  la  vie. 

M.  Vogel,  de  Munich,  a  repris  ces  essais 
sous  une  nouvelle  forme  et  en  a  communiqué 
les  résultats  è  TAcadémie  de  Munich. 

Il  a  jeté' de  la  poudre  de  camphre  dans 
de  Teau  distillée,  et  cette  eau  ainsi  chargée 
de  camphre  devient  pour  le  végétal  un  to- 
nique d^une  extrême  énergie.  Deux  bran- 
ches de  seringat  en  fleur,  de  taille  et  de 
vigueur  égales,  furent  introduites,  Tune 
dans  de  Teau  ordinaire,  Tautre  dans  de 
l'eau  camphrée.  Une  différence  considé- 
rable fut  vite  remarquée.  Au  bout  de  douze 
heures,  la  branche  qui  plongeait  dans  Peau 
pure  se  penchait  et  était  presque  fanée  ;  la 
branche  placée  dans  Teàii  camphrée  se  te- 
nait droite  et  ne  paraissait  nullement  se 
faner;  quelques-uns  de  ses  boutons 
s'étaient  même  développés.  Ce  n*est  qu'au 
bout  de  trois  jours  que  cette  branche  com- 
mença i  laisser  tomber  ses  feuilles.  Dans 
une  autre  série  d'expériences,  une  branche 
de  seringat,  qui  était  presque  morte,  fut 
placée  dans  de  Peau  camphrée  ;  il  y  eut 
quelques  heures  un  retour  h  la  vie  très- 
marqué,  qui  fut  d'une  certaine  durée. 

M.  Vogel  pensa  alors  à  arroser  des  se- 
mences avec  l'eau  de  camphre.  Il  choisit 
des  graines  déjà  vieilles  qui  ont  une 
force  gcrminative  plus  faible  que  les 
graines  jeunes.  Ces  semences  germèrent 
sous  Pinfluence  du  traitement,  incompara- 
blement plus  vite  que  celles  qui  avaient  été 
plongées  dans  de  l'eau  pure.  Il  ne  serait 

(1)  L^expérimeotaleur  n'oublie  qu'un  détail, 
c'est  que  le  cfeiophre  ôte  ft  la  fleur  son  parfuio  et 
lui  communique  sa pénéiranle  odeur.  N.  D.  L.  R. 


donc  pas  douteux  qu'on  ne  pui«se  hâter 
ainsi  le  développement  des  graines  et 
donner  de  la  force  à  des  plantes  maladives. 

(/6;d.) 


Éphémérides  médioales. 

Année  1595. 

Fondation  à  Upsala,  par  Charles  IX,  de 
la  première  chaire  de  médecine  établie  en 
Suède. 

André  Ou  Laurens,  d'Arles  et  J.  Gqille- 
meau  se  distinguent  en  France,  le  premier 
comme  médecin  à  Montpellier,  le  second 
comme  chirurgien  et  accoucheur  a  Paris. 

D'après  Grégoire  Horslius  [De  morbis 
eorumque  causit,  Giesscn  16i2  in- 4°),  une 
épidémie  d'ergoiisme  ou  de  raphanie  au- 
rait régné  cette  année  dans  la  Hcsse. 

20  novembre  1834. 

Fondation  de  PUniversité  libre  de  Bruxel- 
les, le  sanctuaire  de  la  science  indépen- 
dante en  Belgique. 

D'  V.  O.  CORPUT. 


JXKr.iuii.tHiii 


Le  docteur  Jahr,  le  disciple  d'Hahue- 
mann,  vient  de  mourir  à  peu  près  ignoré, 
à  Bruxelles  ;  il  était  âgé  de  75  ans.  A  Paris 
ont  succombé  M.  le  docteur  Ségalas, connu 
surtout  par  ses  travaux  sur  la  litholritie, 
et  M.  le  professeur  Lorain  qui  s'était  acquis 
une  juste  popularité  dans  PUniversité  de 
Paris. 

L'enseignement  et  la  pratique  médicale 
viennent  d'éprouver  en  Angleterre  une 
perte .  considérable  par  la  mort  de  sir 
Hughes  Bbnnbtt,  le  célèbre  professeur 
d'Edimbourg.  La  Société  royale  des  scien- 
ces médicales  et  naturelles  de  Bruxelles  lui 
avait  décerné  le  titre  de  membre  honoraire 
le 7 juillet  1873.  Nous  avons  à  enregistrer, 
en  outre,  la  mort  de  MM.  Boissiére,  docteur 
eu  médecine  à  Lyon  ;  Fatard,  pharmacien 
de  i'^  classe  à  Paris,  et  Verbueken,  phar- 
macien à  Anvers,  l'un  des  membres  fonda- 
teurs de  la  Société  de  pharmacie  de  cette 
ville. 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE   BELGE. 


Goinple-rendu  de  TAssemblée  générale  et  annuelle  tenue  dans 
la  Salle  académique  de  l'Unirersité  libre  de  Bruxelles^  le 
30  septembre  1875. 

Président  :  M.  J.  Grocq.  —  Secrétaire  :  M.  Feigneaux. 

Ln  séance  est  oiiverle  à  tine  heure. 

M.  LE  Secrétaire  fait  Tappel  des  niembros  du  Conseil  central  de  la  Fédéra- 
tion. Les  honorables  conseillers  qui  répondenl  à  Kappel  sonl  : 

MM.  Deridder  (Société  de  médecine  de  Courtrai)  ;  Maesen  {Société  de  médecine 
d'Alost);  S.  Croeq  {Société  royale  des  sciences  médicales  et  naturelles  de 
Bruxelles);  Van  Parys  {Société  médicale  de  Louvain)\  Mayer  {Société  de 
médecine  d'Anvers);  Gravez  {Société  des  médecins  des  charbonnages  du  Centre); 
Feigneaux  (Association  de  la  Caisse  de  prévoyance  du  Brabant);  Thibaux 
(Société  de  médecine  de  Grand- Rosière);  Descaoïps  (Société  de , médecine  de 
f^erviers);  Goffin  (Société  centrale  des  médecins  belges). 

MM.  les  délégués  à  l'Assemblée  générale  qui  ont  signé  la  liste  de  présence 
sont  : 

MM.  Bercheni  (Soctélé  de  médecine  d'Anvers);  Y andenbrviel  {Société  médi» 
cale  de  la  banlieue  de  Bruxelles);  Dewindt  {Société  de  médecine  d'Àlost); 
Claus  (idem);  Merjens  (Société  de  médecine  d'Anvers);  Pourbaix  {Société  de 
tpédecine  des  charbonnages  du  Centre);  Coppln  (idem)  \  Liinbourg  {Société 
de  médecine  de  la  Flandre  orientale)  Vuye  {Société  centrale  des  médecins 
belges);  Laussedat  (Association  de  la  Caisse  de  prévoyance  du  Brabant); 
Mayer  (Société  de  médecine  d'Anvers);  Bessems  (idem);  Beydier  (Société  cen- 
trale des  médecins  belges)  Delecosse  (Société  médicale  de  la  banlieue  de 
Bruxelles);  Quinlin  ;  Wibo  {Société  de  médecine  d'Alost)  ;  Thomas  {Société  de 
médecine  de  Charleroy);  Pigeolel  (Société  royale  des  sciences  médicales  et  na- 
turelles de  Bruxelles);  Rommelaere  (La  Caisse  de  prévoyance  médicale  de 
Gand)  ;  Devos  (Société  de  médecine  d'Alost). 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  du  procés-verbal  de  la  dernière  séance  du 
Conseil  central  qui  est  adopté  après  les  observations  suivantes. 


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47!2  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE. 

M.  Hatbr.  — Je  dois  faire  rémarqui^r  quil  a  été  décidé  l*année  dernière 
que  l'un  aurait  porté  à  Tordre  du  jour  d'une  prochaine  réunion,  la  ques- 
tion proposée  par  la  Société  de  médecine  d'Anvers,  rplalivi»  aux  in€d«»cins 
ambulants.  Je  demanderai  au  Bureau  pourquoi  il  nà  pas  été  donné  suite  à 
cette  résolution  ? 

M.  LE  Secrétaire.  -  Cette  question  est  complémentaire  de  celle  pjortée  à 
Tordro  du  jour.  Dans  la  pensée  du  Bureau,  elle  était  implicitement  comprise 
dans  sa  rédaction.  Elle  sera  rendue  plus  explicite. 

M.  HayER.  —  On  m'a  déjà  reproché  de  n*avoir  pas  fait  ce  que  je  devais  an 
sujet  de  la  mise  à  l'ordre  du  jour  de  cette  question.  Or  la  discussion  en  est 
d'autant  plus  opportune  qu'il  existe  une  circulaire  en  français  et  en  flamand 
que  Ton  répand  à  profusion  à  Anvers  et  que  Ton  affiche  même  dans  les  tavernes. 
Elle  est  très-courte,  messieurs  ;  je  vous  demande  la  permission  de  vous  en 
donner  lecture,  et  de  la  déposer  sur  le  Bureau  pour  qu'elle  puisse  servir  dans 
une  discussion  ultérieure  : 

«  Guérison  radicale  de  VEpilepaie^  Hystérie^  Chorée,  Paralysie  et  uutres 
maladies  nerveuses,  par  la  méthode  découverte  par  le  docteur  Auguste  Del- 
BOYIER,  ancien  prosecteur  d*Anatomie  Pathologique  et  Lauréat  à  l'Université 
de  Liège. 

«<  Demeurant  actuellement  à  Bruxelles  rue  des  Moineaux  6,  ou  il  reçoit  tous 
les  dimanche  et  lundi. 

c  A  dater  de  samedi  7  août  il  se  rendra  de  quinze  en  quinze  jours  à  Anvers, 
Hôtel  La  Couronne,  rue  des  Israélites  n*  6,  de  1  à  i  heures  de  relevée. 

«.  Des  faits  nombreux  datant  de  plus  de  vingt  ans,  attestent  Tefficacité  de 
sa  découverte. 

Brochure  iVi-8",  prix  :  50  centimes.  » 

Je  demande,  en  tous  cas,  qu'il  soit  acte  au  procès-verbal  que  j'ai  demandé 
que  cette  question  fût  portée  à  Tordre  du  jour. 

M.  LE  Président.  —  H  sera  fait  mention  au  procès-verbal  de  voire  obser- 
vation; cependant,  je  dois  vous  faire  remarquer  que  la  question  dont  vous 
entretenez  l'assemblée  n'est  pas  neuve  et  que  depuis  bien  des  années  déjà 
M.  Delbovier  figure  à  la  quatrième  page  des  journaux  comme  guérisseur  de 
maladies  épileptiques.  Dès  que  l'on  se  trouve  dans  de  semblables  conditions 
on  a  franchi  la  limite  qui  sépare  le  médecin  honnête  du  charlatan. 

M.  Descamps.  —  A  l'appui  de  ce  qui  vient  d'être  dit,  je  pourrais  envoyer  au 
Bureau  une  petite  brochure  que  M.  Delbovier  a  publiée  cl  qu'il  donne  à  toutes 
les  personnes  qui  le  consultent.  Dans  le  principe,  il  exploitait  le  charlata- 
nisme à  Sainl-Séverin,  près  de  Huy,  mais  sans  fruit  pour  lui.  Il  est  venu 
alors  s'abattre  sur  Bruxelles.  Je  remettrai  au  Burenu  la  collection  de  ces  bro- 
chures, elle  pourra,  peut  être,  lui  être  utile. 


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Cooglc 


FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE.  475 

M.  LB  Président.  ~  Si  l'on  voulait  recueillir  toutes  les  pièces  du  même  genre, 
on  n'en  finirait  pas.  M.  Delbovier  n'est  du  reste  pas  isolé  :  il  en  est  malheu- 
reusement d'autres  qui  font  la  même  chose  que  lui. 

L'incident  est  clos. 

M.  LB  Secrétaire.  —  Donne  lecture  de  la  correspondance  : 
i"*  Lettre  de  M.  Lagae,  s'excusant  de  ne  pouvoir  assistera  la  séance,  une 
indisposition  le  retenant  chez  lui.  Contre-temps  qu'il  regrette  d'autant  plus 
qu'il  est  l'auteur  d'une  proposition,  portée  à  l'ordre  du  jour. 

^^  Lettre  du  cercle  médical  d'Anvers  demandant  l'affiliation  de  cette  nouvelle 
société. 

M.  LE  Secrétaire.  — Cette  lettre  est  arrivée  après  la  séance  du  comité  cen- 
tral; les  formalités  d'agréation  n'ont  donc  pu  être  remplies  par  lui.  Je  ne 
doute  pas.  Messieurs,  que  vous  donniez  votre  approbation  la  plus  complète, 
à  cette  affiliation,  et  que  vous  approuviez  la  convocation  qui  a  été  adressée 
aux  délégués  d'Anvers,  à  la  séance  de  ce  jour. 

Ils  font  tous  partie  du  Cercle  médical  et  de  la  Société  de  médecine  d'Anviers. 
[Approbation.) 

M.  le  Secrétaire.  -  Voici  une  lettre  qui  nous  est  adressée  par  la  Société 
de  médecine  d'Alost  : 

A  MM.  le  Président  et  les  membres  du  Bureau  de  là  Fédération 
médicale  belge. 

Messieurs  et  honorés  Confrères, 

La  Fédération  médicale  a  bien  voulu  désigner  le  siège  de  notre  Société  pour 
y  réunir  sa  dernière  Assemblée  générale.  Cette  réunion  empruntait  un  incon- 
testable éclat  aux  circonstances,  au  nombre  et  à  la  distinction  des  hommes  qui 
l'ont  honorée  de  leur  présence.  Nous  prions  l'honorable  Président  de  la  Fédé- 
ration d'être  notre  interprète  dans  la  première  Assemblée  générale  subsé- 
quente et  de  remercier,  au  nom  de  la  Société  d'Alost,  tous  les  confrères  qui 
ont  daigné  répondre  à  notre  cordial  appel. 

Dans  la  lâche  que  nous  avions  assumée  d'organiser  cette  fête  confraternelle, 
nous  avons  rencontré  la  coopération  la  plus  zélée  et  la  plus  efficace  dans  le 
concours  si  largement  octroyé  de  M.  Crocq,  président;  M.  Féigneaux,  secrétaire 
de  la  Fédération  et  M.  Goffin,  secrétaire  de  |a  Société  centrale. 

Notre  Association  a  fait  parvenir  à  chacun  de  ces  trois  honorés  collègues  un 
simple  hommage,  modeste  comniémoratif  de  leur  généreuse  intervention.  Elle 
exprime  la  satisfaction  qu'elle  éprouverait  si,  dans  la  prochaine  séance  de 
TAssemblce  générale,  lecture  fût  donnée  du  rapport  de  M.  Rommelaere,  lu  dans 

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474  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BEL6Ç. 

la  séance  du  Bureau  fédéral  du  21  décembre  1874  et  relatif  à  la  transmission 
des  hommages  susdits. 

Espérant,  Messieurs,  que  vous  voudrez  bien  obtempérer  à  nos  désirs,  nous 
vous  prions  de  recevoir,  avec  l'assurance  de  notre  considération,  l'expression 
de  nos  sentiments  les  plus  confraternels. 

Pour  le  bureau  de  la  Société  de  médecine  d'Alost  : 

Le  Président, 
Le  Secrétnire,  Ch.  Masen,  dojteur. 

D'F.  Clai's. 

M.  LE  Président.  —  Vous  vous  rappelez,  Messieurs,  comment  la  Fédération 
médicale  a  été  reçue  à  Alost  par  l'Autorité  communale  et  par  la  Société  de 
médecine.  C'est  à  nos  confrères  de  cette  Société  que  nous  devons  cette  récep- 
tion brillante.  Ils  ont  bien  mérité  du  corps  médical  tout  entier.  (Applaudisse- 
ments,) 

M«  le  Président  s'adresse  à  l'Assemblée  en  ces  termes  : 

Messieurs, 

Voilà  un  an  que  nous  célébrions  avec  pompe  le  10"  anniversaire  de  la 
Fédération  médicale  belge.  C'est  là  une  preuve  suffisante  de  la  vitalité  de  notre 
institution,  une  preuve  qu'elle  répond  à  une  nécessité  de  notre  existence.  Le 
médecin  ne  peut  accomplir  convenablement  sa  mission  scientifique  et  sociale 
que  s'il  occupe  dans  la  société  un  rang  convenable,  que  s*il  est  entouré  de 
l'estime  et  du  respect  de  tous.  Pour  en  venir  là,  il  doit  commencer  par  s'estimer 
et  se  respecter  lui-même,  dans  sa  personne  et  dans  celle  de  ses  confrères*  Il 
ne  doit  sans  doute  pas  négliger  ses  intérêts  personnels;  mais  les  intérêts  géné- 
raux de  la  science  et  de  la  profession  doivent  toujours  avoir  le  pas  sur  ceux-ci. 
Ce  qu'il  fait,  il  doit  le  faire  non  en  vue  du  bénéOce  qu^il  pourra  en  tirer,  mais 
du  bien  qui  en  résultera.  Tels  sont,  Messieurs,  les  grands  principes  de  la 
moralité  professionnelle  du  médecin,  principes  qu'il  ne  doit  jamais  perdre  de 
vue,  sous  peine  de  glisser  plus  ou  moins  rapidement  et  plus  ou  moins  complé-. 
tement  sur  la  pente  de  l'industrialisme  et  du  charlatanisme.  L'observation  de 
ces  principes  n'est  d'ailleurs  dépourvue,  ni  de  sanction,  ni  de  récompense  : 
elle  emporte  l'estime  du  corps  médical  et  du  public,  tandis  que  leur  oubli 
provoque  des  sentiments  tout  opposés.  Plus  les  médecins  s'y  conformeront, 
plus  le  corps  médical  occupera  un  rang  élevé  dans  la  considération  publique. 
C'est  à  faire  prévaloir  ces  principes  que  la  Fédération  médicale  doit  s'attacher. 
En  agissant  ainsi,«lleaura  beaucoup  plus  fait,mérafe  pour  nos  intérêts  matériels, 
que  par  n'importe  quelle  revendication  :  car  on  paie  les  hommes  d'autant 
plus  qu'on  les  estime  davantage. 

Un  point  qui  mérite  au  plus  haut  degré  notre  attention.  Messieurs,  c'esi  la 


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féoébahon  médicale  belge.  475 

répression  et  rexlinclion  du  charlalanisme,  celle  lèpre  de  noire  belle  profes- 
sion. 11  est  de  deux  espèces  :  il  y  a  le  charlatanisme  extra-médical  et  le  char- 
latanisme médical.  Le  premier,  le  charlatanisme  des  empiriques  et  des  rebou- 
teurs,  nuit  au  médecin  matériellement,  en  le  frustrant  de  revenus  qui  de  droit 
lui  reyiennent,  et  moralement,  parce  que  le  public  est  toujours  tenté  de  le 
confondre  avec  ces  êtres  ignorants  et  grossiers.  Il  est  encore  plus  nuisible  aux 
malades,  auxquels  il  fait  perdre  un  temps  précieux,  quand  il  ne  provoque  pas 
directement  leur  perte  par  remploi  de  procédés  absurdes  etde  traitements  irra- 
tionnels. Rien  de  plus  étonnant  que  la  confiance  avec  laquelle  le  public  donne  dans 
le  panneau  de  ces  exploitants.  Use  défie  souvent  du  médecin  qui  a  consacré  de 
longues  années  à  Tétude  et  qui  a  suivi  les  hôpitaux  pour  acquérir  son  diplôme; 
et  il  se  laisse  duper  par  le  premier  venu  qui  exploite  un  emplâtre,  un  onguent 
ou  une  drogue  qu*il  prétend  seul  connaître.  Nos  lois  condamnent  ces  manœuvres, 
qui  constituent  de  véritables  escroqueries,  ces  individus  promettant  des  choses 
qu'ils  savent  parfaitement  ne  pas  pouvoir  obtenir.  Mais  souvent  les  autorités 
judiciaires  sont  trop  molles  et  trop  peu  attentives  vis-à-vis  de  ces  faits.  Il  est 
du  devoir  des  médecins  de  les  poussera  faire  exécuter  la  loi,  soit  en  leur  signa- 
lant les  faits  délictueux,  soit  même,  comme  cela  se  pratique  en  France,  en 
intentant  à  ces  industriels  une  action  civile.  Pour  éviter  toute  récrimination 
personnelle  et  tout  soupçon  malveillant,  il  convient  que  ces  poursuites  soient 
provoquées  ou  intentées  non  par  les  particuliers,  mais  par  les  Associations 
médicales.  Vous  cherchez,  Messieurs,  le  moyen  de  réprimer  le  charlatanisme  ; 
je  vous  l'indique.  Réunissez-vous  tous  en  Associations;  tâchez  d'obtenir  des 
preuves  de  Texercice  illégal  de  Tari  de  guérir;  signalez- les  aux  Associations;  que 
celles-ci  les  dénoncent  aux  Commissions  médicales,  et  que  ces  dernières  pro- 
voquent les  poursuites.  Luttez  vigoureusement  pour  exécuter  ces  conseils,  et  je 
crois  que  vous  réprimerez  efficacement  Tempirisme. 

Le  charlatanisme  médical  est  bien  autrement  nuisible  que  celui  dont  je  viens 
de  vous  entretenir.  Quels  que  soient  ses  procédés,  la  loi.  ne  peut  Tatteindre, 
parce  qu*il  s'abrite  derrière  le  diplôme.  Assimilé  par  cflui-ci  aux  médecins 
honnêtes,  le  médecin  charlatan  parvient  facilement  à  se  mettre  à  leur  niveau; 
et  lorsqu'il  est  apprécié  comme  il  le  mérite,  une  partie  de  la  honte  qui  lui 
revient  légitimement  rejaillit  sur  le  corps  tout  entier  auquel  le  défaillant  est 
censé  appartenir.  Dans  cette  catégorie  nous  rencontrons  les  inventeurs  et  les 
marchands  de  remèdes  secrets,  les  médecins  qui  s'affichent  à  la  quatrième 
page  des  journaux,  les  médecins  d*urines,  .et  tous  ceux  qui,  tâchant  d'initier 
le  public  à  leurs  idées,  proclament  bien  haut  qu'ils  suivent  un  système  diffé- 
rent de  celui  de  tous  les  autres,  comme  le  font  en  général  les  homœopathes. 
Leur  but,  en  se  conduisant  ainsi,  c'est  de  tromper  le  public  et  de  faire  de  l'ar- 
geirt  par  tous  les  moyens.  Ce  sont  donc  bien  des  charlatans,  et  ils  se  rendent 
indignes  du  diplôme  qu'ils  portent.  Il  serait  utile  que  la  loi  permit  de  les 
atteindre,  tout  au  moins  par  des  peines  disciplinaires.  Jusqu'à  présent  nos 
législateurs  n'ont  pas  réalisé  ce  but.  Nous  devons  donc  nous  préserver  nous- 
mêmes,  en  refusant  tout  rapport  et  tout  contact  avec  des  hommes  si  peu  sou- 
cieux do  la  dignité  professionnelle.  Ici  encore,  l'Association  doit  nous  venir 
puissamment  en  aide,  en  dévoilant  ces  manœuvres  indélicates,  et  en  excluant 


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47G  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BEIGE. 

de  son  sein  ceux  qui  s'y  livrent.  Vous  pouvez  ainsi,  Messieurs,  discréditer  le 
charlatanisme  médical,  le  décourager,  et  çn  même  temps  empêcher  qu*on 
irattribue  au  médecin  honnête  aucune  solidarité  avec  ceux  qui  emploient  ces 
moyens. 

La  réunion  des  médecins  en  Associations  et  celle  des  Associations  en  une 
Fédération  forte  et  respectée,  offrent  ainsi  aux  pointa  de  vue  que  je  viens  d'exa- 
miner d'inappréciables  avantages.  Si  tous  les  médecins  dignes  de  ce  nom  les 
comprenaient,  cela  seul  devrait  suffire  pour  les  engager  à  s'affiliera  ces  Asso- 
ciations. Ne  soyons  donc  pas  étonnés  si,  au  bout  dç  i  \  années  d'existence,  la 
Fédération  médicale  est  encore  pleine  de  vjc  et  de  vigueur;  soyons  le  plutôt  de 
voir  que  tant  de  médecins  encore  en  restent  éloignés.  {Applaudissements.) 

M.  LE  Président.  -—  Messieurs,  afin-de  gagner  du  temps,  M.  le  secrétaire  ne 
vous  donnera  pas  lecture  de  son  rapport  sur  les  travaux  de  la  Fédération  médi- 
cale pendant  l'année  1875,  cette  pièce  ayant  été  imprimée  et  distribuée. 

Ce  rapport  est  mis  aux  voix  et  adopté. 

Nous  le  reproduisons  ici  : 

Messieurs, 

Le  rapport  que  j'ai  à  vous  présenter,  au  nom  du  Conseil  central,  offrira 
moins  d'intérêt  que  ceux  des  années  précédentes.  D'une  part,  la  réunion  du 
Comité  central  était  peu  nombreuse;  d'autre  part^  un  grand  nombre  de  mem- 
bres ont  cru  devoir  s'abstenir  de  paraître.  Quoi  qu'il  en  soit,  ses  travaux 
ont  une  portée  incontestable;  les  uns,  au  point  de  vue  professionnel,  et  les 
autres,  à  celui  de  la  Fédération  médicale  elle-même. 

Le  Conseil  central,  dans  sa  séance  du  14  juillet  4874,  avait  adopté  la  pro- 
position de  M.  Gravez,  relative  au  taux  des  honoraires  des  médecins  agréés^ 
par  l'administration  des  chemins  de  fer  de  l'Ëtat,  complétée  par  une  décision 
qui  fut  transmise  en  ces  termes  aux  sociétés  affiliées  : 

FÉDÉRATION  MÉDICALE  Bruxelles,  le  2  septembre  1874. 


Messieurs, 

Le  Conseil  central,  dans  sa  séance  dernière,  a  adopté  la  proposition  suivante 
de  M.  Gravez,  relative  à  la  question  du  tarif  des  chemins  de  fer,  particulière- 
ment au  point  de  vue  des  honoraires  des  médecins  agréés  par  l'administration 
des  chemins  de  fer  de  l'Etat  : 

c  Si  contre  toute  attente,  le  Gouvernement  maintient  le  statu  quo  et  ne  fait 
point  droit  aux  réclamations  qui  lui  ont  été  faites  par  les  médecins  agréés, 
ceux-ci  s'entendront  pour  refuser  leur  concours  à  ce  service  public,  à  dater 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE.  477 

du  {«'janvier  prochain;  dans  le  cas  où  à  cette  époque  M  le  ministre  n*niiralt 
pas  fait  droit  à  leurs  réclamations,  et  afin  qu'il  puisse  remplacer  les  titulaires, 
ils  préviendront  l'autorité  compétente,  trois  mois  d'avance.  » 

Afin  que  cette  proposition  puisse  avoir  force  d'action,  le  Conseil  a  décidé  de 
prier  [es  Sociétés  affiliét^s  de  donner  pleins  pouvoirs  à  leurs  délégués  pour 
voter  dans  le  sens  affirmatif  de  cette  proposition. 

Veuillez  prendre  en  conséquence,  Messieurs,  les  mesures  nécessaires  pour 
que  la  décision  du  Conseil  central  soit  mise  à  exécution. 

Agréez  l'assurance  de  nos  meilleurs  sentiments  de  confraternité. 

Pour  le  Bureau  : 
Le  Secrétaire,  Le  Président,  ' 

D'  Feigneaux.  D'  J.  Crocq. 

Il  vous  souvient.  Messieurs,  que  dans  l'Assemblée  générale  de  1874,  à  la 
suite  de  la  discussion  soulevée  par  M.  Gravez,  vous  avez  décidé  que,  si  le  tarif 
de  rémunération  pour  ce  service  ne  subissait  pas  de  modification,  il  serait 
continué  par  les  médecins  agréés,  sur  le  pied  actuel,  jusqu'au  !«' janvier  1875; 
qu'à  partir  de  celte  époque,  et  jusqu'à  solution  du  conflit,  le  traitement  des 
ouvriers  des  chemins  de  fer  rentrerait  dans  le  droit  commun  ;  qu'avis,  de  cette 
décision,  serait  donné  à  M.  le  Ministre  des  travaux  publics.  En  exécution  de 
cette  décision,  la  lettre  suivante  lui  fut  adressée,  par  les  soins  du  Conseil  central. 

FÉDÉRATION  MÉDICALE  Bruxelles,  le  là  novembre  1874. 

BELGR. 

MONSIEUR  LE  MINISTRE   DBS  TRAVAUX  PUBLICS. 

Monsieur  le  Ministre, 

La  Fédération  médicale  belge,  dans  la  séance  de  son  Assemblée  générale  du 
^i  septembre  dernier,  s'e»t  occupée,  de  nouveau,  du  redressement  des  griefs 
dont  se  plaignent  les  médecins  agréés  de  l'Administration  des  chemins  de  Ter 
de  l'Etat,  relatifs  à  la  rémunération  du  service  médical  de  ce  service  public  et 
aux  obligations  variées  qui  incombent  à  leurs  titulaires. 

Elle  a  décidé  de  recourir  à  votre  sollicitude  et  de  vous  prier  de  prendre 
sn  demande  en  considération.  Espérant,  M.  le  Ministre,  que  vous  voudrez 
bien  vous  intéresser  à  cette  question  et  lui  donner  une  solution  compatible 
autant  avec  les  intérêts  des  médecins  agréés  qu'avec  ceux  de  l'Administration, 
nous  avons  Thonneni*  de  porter  à  votre  connaissance,  la  décision  suivante  prise 
par  la  Fédération  : 

m  Les  médecins  agréés  des  clirmins  de  fer  de  TEtal,  prient  la  Commission 


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478  FÉDÉRATION  MÉDICALF;  BELGE. 

administrative  de  la  Caisse  de  retraite  et  de  secours  d*adopter  un  nouveau  tarif 
de  rémunération  pour  le  service  médical  des  chemins  de  fer.  Ce  tarif  serait 
débattu  de  commun  accord  entre  l'Administration  et  une  Commission  de  mé- 
decins agréés  à  nommer  par  le  Bureau  de  la  Fédération  :  Il  serait  en  rapport 
a^ec  {'augmentation  des  salaires  depuis  Télaboration  du  tarif  actuellement  en 
vigueur  et  Taugmentation  générale  des  choses  nécessaires  è  tn  \v). 

c  Le  service  médico-chirurgical  serait  continué  sur  le  pied  actuel  jusqu'au 
1«r  janvier  1875.  A  partir  de  cette  époque,  et  jusqu'à  solution  du  conflit,  le 
traitement  des  ouvriers  du  chemin  de  fer  rentrerait  dans  le  droit  commun.  > 

Agréez,  M.  le  Ministre,  l'assurance  de  notre  haute  considération. 

Par  ordre  du  Conseil  central  : 

Le  Secrétaire,  Le  Président^ 

D'  Feignraux.  D'  Crocq. 

Cette  lettre  fut  suivie  de  la  réponse,  négative^  suivante  : 


MINISTERE  BruxHht,  le  23  décembre  t874. 

des 
TRAVAUX  PUBLICS. 

ADMINISTRATION 
'des 

chemiDS  de  fer  postes  et  télégraphes. 

l'e  DiRBCTlON. 

No  1055.  . 

À  Messieurs  les  Présideiil  et  membres  de  éa  Fédération  médicale  belge^  d 
Bruxelles. 

Messieurs, 

Comme  suite  à  la  requête  du  là  novembre  dernier,  par  laquelle  vous  renou- 
velez la  demande  de  révision  de  Torganisation  du  service  de  santé  des  chemins 
de  fer  de  l'Etat,  j'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  de  l'avis  conforme  de  la 
Commission  administrative  de  la  Caisse  des  ouvriers,  je  ne  puis  que  me  référer 
à  la  réponse  déjà  faite  à  ce  sujet  par  l'un  de  mes  prédécesseurs,  sous  la  date  du 
26  juin  I8H8. 

Si,  comme  vous  le  faites  pressentir,  des  médecins  agréés  refusaient  leurs  ser- 
vices à  partir  du  I*' janvier  1875,  ils  seraient  considérés  comme  démission-» 
naires,  et  il  serait  immédiatement  pourvu  à  leur  remplacement,  de  nombreuses 
demandes  d'agréation  étant  actuellement  en  instance  à  l'administration. 

Ces  demandes  prouvent  suffisamment  que  la  majeure  partie  des  médecins, 


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FÉDÉRATION  MËDIGALB  BELGE.  479 

malgré  l'exiguité  du  larif,  prêtent  volontiers  leur  concours  à  la  Caisse  des 
ouvriers  qui  est  une  véritable  institution  de  bienfaisance,  ayant  droit,  à  ce 
titre,  à  leur  sympathie  et  à  leur  dévouement. 
Veuillez  agréer^  Messieurs,  Tassurance  de  ma  considération  distinguée. 

Le  Minisire  des  Travaux  publics ^ 
K,  Beernaert, 

En  présence  de  cette  situation,  le  Conseil  central  s*en  réfère  à  vos  décisions 
sur  ce  qui  resterait  à  faire. 

M.  Lagae,  membre  de  la  Société  de  médecine  de  Couftrai,  avait  manifesté, 
dans  votre  réunion  du  22  septembre  1874,  Tespoir  de  voir  la  Fédération 
médicale^  verser  dans  la  Caisse  de  la  Caisse  des  pensions^  une  somme  à  fixer 
par  elle,  dam  le  but  d'affirmer  ses  sympathies  pour  Vœuvre, 

Ce  désir  a  pris  aujourd'hui  le  caractère  d'une  proposition  formelle;  c'est 
vous,  Messieurs,  qui  êtes  appelés  à  la  résoudre. 

En  vertu  de  l'article  21,  titre  IV,  du  règlement,  le  Bureau  a  sollicité  les 
Sociétés  affiliées  de  lui  faire  connaître  le  résultat,  de  leurs  délibérations,  sur 
les  questions  d'intérêt  général,  auxquelles  elles  s'étaient  livrées  pendant  l'année 
écoulée,  et  celles  qu'elles  désiraientvoirdiscuter  à  l'Assemblée  générale  de  1875^ 
Ces  questions,  qui  ont  été  examinées  par  le  Conseil,  et  qu'il  soumet  à  votre 
discussion,  out  été  formulées  en  ces  termes  : 
<  \^  Au  nom  de  la  Société  de  médecine  d'Anvers,  par  M.  Desguin,  révision  du 
règlement,  tendant  d  faire  décider,  chaque  année^  par  CÀssembUe  générale, 
en  quel  lieu  elle  se  réunira  l\vtnée  suivante  ; 

"2.^  Au  nom  de  la  Société  de  médecine  d'Aavers  et  de  la  Société  de  médecine 
de  la  banlieue  de  Bruxelles,  par  MU.  Meyer  et  Sehoenfeld  :  Discussion  des 
mesures  à  prendre  pour  empêcher  l'exercice  illégal  de  l'art  de  guérir,  par  des 
pharmaciens,  par  des  personnes  étrangères  et  non  diplômées  en  Belgique; 

Enfin  S""  au  nom  de  la  Société  de  médecine  de  Cureghem,  par  M.  Descamps; 
Examen  des  modifications  à  apporter  à  l'indemnité  médieo4égale,  accordée 
aux  médecins  de  campagne  requis  par  l'autorité  judiciaire  en  qualité  de  médc" 
cins  légistes. 

Si  cette  année  les  travaux  de  la  Fédération  out  été  moins  suivis  ;  si  son  aeti* 
vite  8*est  ralentie  et  si  nous  avons  eu  à  dépJorer  des  défections,  en  revanche. 
Messieurs,  l'esprit  d'Association  professionnelle  progresse.  Depuis  notre  fête 
anniversaire  deux  Sociétés  médicales  se  sont  constiluées  et  se  sont  affiliées  à  la 
Fédération  médicale.  L^une,  la  Société  de  médecine  de  Lierre,  présidée  par 
M.  A.  Ranc  de  Grobbedonck*,  composée  de  17  membres  ;  l'autre,  la  Société  de 
médecine  de  Saint- Josse-ten-Noode,  présidée  par  M.  Ragmey  et  composée  de 
1!)  membres.  Le  chiffre  numérique  de  la  Fédération  est  de  900  men>bres,  environ, 


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480  FÉDÉRATION  MËOICÂLB  BELGE. 

représentés  par  33  Sociétés  médicales.  Cette  situation  rend  hommage  à  la 
Fédération  et  se  passe  de  commentaires. 

Le  Secrétaire, 
D'  Fbigneaux. 
Bruxelles,  le  30  août  1875. 

L'Assemblée  aborde  son  ordre  du  jour. 

i^  Communication  sollicitée  par  la  Société  de  médecine  d'Alost  du  procès- 
verbal  de  la  séance  du  Bureau  de  la  Fédération  du^Ii  décembre  1874. 
M.  Maesbn  communique  le  document  suivant  rédigé  par  M.  Rommelaere  : 

Séance  du  Bureau  du  21  décembre  1874. 

La  séance  est  ouverte  à  8  heures  du  soir. 

Présents  :  MM.  Grocq»  président;  Rommelaere,  trésorier;  Feigneaux,  secré- 
taire. 

MM.  Pigeolet  etMaesen  s^excusent  de  ne  pouvoir  assistera  la  séance. 

M.  LB  D'GoFPiN^  délégué  de  la  Société  de  médecine  d'Alost,  est  introduit 
pour  faire  une  communication  au  nom  de  la  Société  de  médecine  qu'il  repré  • 
sente. 

L'Association  médicale  d'Alost  a  tenu  a  honneur  de  saisir  Toccasiou  offerte 
par  la  célébration  du  10"  anniversaire  de  l'existence  de  la  Fédération,  pour 
présenter  un  témoignage  de  reconnaissance  à  ceux  des  membres  qui,  par  leurs 
efforts  incessants,  ont  soutenu  et  fait  progresser  la  Fédération.  Parmi  ces 
membres,  la  Société  d'Alost  en  distingue  surtout  deux  :  M.  Grocq,  président,  et 
M.  Feigneaux,  secrétaire  de  la  Fédération.  Ces  deux  honorables  collègues  ont 
rendu  des  services  inestimables  à  la  cause  de  la  Fédération  médicale  belge  ; 
c*est  en  témoignage  de  reconnîaissdnce  que  la  Société  d'Alost  a  prié  son  délégué, 
M.  le  D'Goffin,  de  remettre  à  MM.  Grocq  et  Feigneaux  un  momument  durable 
qui  leur  rappelle  les  services  qu'ils  ont  rendus  et  la  gratitude  légitime  de  leurs 
confrères  de  la  Fédération. 

.  M.  le  D'GoFPiM  remet  ensuite  à  MM.  Grocq  et  Feigneaux  un  exemplaire  splen* 
didement  relié  du  compte-rendu  de  la  fête  d'Alost  avec  dédicace  et  suscription 
personnelle  à  chacun  d'eux.  M.  le  D'  GoflBn  ajoute  que  la  Société  d'Alost  lui  a 
remis  u»  exemplaire  identique  en  souvenir  des  services  qu'il  a  rendus  en  se 
chargeant  de  l'organisation  d'une  large  part  de  la  fête  d'Alost. 

M.  RoMMELAERB  s'assocte  aux  sentiments  de  reconnaissance  si  bien  exprimés 
par  M.  Goffin  ;  il  félicite,  au  nom  du  Bureau  de  la  Fédération,  ses  collègues  du 
témoignage  qui  vient  de  leur  être  décerné  en  reconnaissance  des  services  qu'ils 
ont  rendus  à  la  cause  de  la  Fédération.  Mieux  que  personne,  il  est  à  même  de 
pouvoir  reconnaître  ta  justice  de  cette  distinction,  parce  que  sa  position  de 


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FÈDËHATfON  M^ICALE  BELGE.  481 

memiyre  da  Bureau  lui  a  perutis  de  reèonnahre  le  zète  el  le  dévouement  mloU 
ligentsdeses  honorables  collègues. 

Il  est  heureux  de  pouvoir  applaudir  également  à  la  distinction  accordée  à 
M.  Goffin  et  il  le  félicite  au  nom  du  Bureau  de  ce  témoignage  spontané  de  ses 
confrères  d*Alost. 

La  séance  est  levée  à  9  1/â  heures. 

2®  Renouvellement  partiel  du  Bureau  > 

M.  LE  PaÉsiDENT.  —  C'est  par  erreur  que  cet  objet  a  été  porté  à  Tordre  du 
jour.  Le  Bureau  a  été  partiellement  renouvelé  vers  1874.  Ce  n*est  qu'en  1876 
que  la  seconde  moitié  du  Bureau  doit  sortir. 

Z^  Examen  des  mesures  à  prendre  au  sujet  de  la  réponse  négative  de  M.  le 
Ministre  des  travaux  publics  4  la  demande  de  révision  de  Inorganisation  du 
service  médical  des  chemins  de  fer  de  VÉtat. 

M.  LE  Président.  —  Vous  avez  tous  reçu  la  réponse  de  M.  le  Ministre  des 
travaux  publics;  elle  est  reproduite  dans  le  rapport  de  M.  leSeerélaire.  Depuis 
que  celte  réponse  nous  est  parvenue,  nous  n'avons  plus  rien  reçu;  la  question 
n*a  donc  pas  fait  un  pas  depuis  tors. 

M.  Delecosse.  —  Messieurs,  quand  nous  avons  eu  l'honneur  d-étre  reçus  par 
M.  le  Ministre  de  l'inférieur  au  raout  qu'il  a  offert  aux  membres  du  Congrès 
médical,  j'ai  eu  l'occasion  de  voir  M.  Beernaert,  Ministre  des  travaux  public  s 
et  de  lui  rappeler  de  nouveau  cette  intéressante  question,  du  traitement  des 
médecins  attaches  à  l'Administration  des  chemins  de  fer.  M.  le  Minisire  m'a 
fait  exactement  la  môme  réponse  que  celle  que  nous  ont  faite  tous  ses  honora- 
bles prédécesseurs;  c'est-à-dire,  qu'il  est  plein  de  bonnes  intenlionSy  au  sujet 
deTobjet  dont  nous  l'avons  entretenu;  qu'il  est  le  premier  à  reconnaître  que 
les  médecins  du  chemin  de  fer  sont  payés  d'une  façon  dérisoire.  (Je  me  sers  à 
dessein  des  expressions  qu'a  employées  l'honorable  Ministre.)  Il  a  ajouté  que 
cette  question  est  du  domaine  de  la  Caisse  des  pensions;  que  les  administra- 
teurs de  cette  caisse  ont  seuls  plein  pouvoir  pour  fixer  le  tarif  d'après  lequel  le 
service  des  médecins  doit  être  rémunéré  et  que,  par  conséquent,  ce  n'est  pas  à 
lui,  Ministre  des  travaux  publics,  que  nous  devons  adresser  nos  réclamations 
mais  bien  aux  membres  formant  le  Bureau  administratif  de  la  Caisse  des 
pensions. 

J'ai  demandé  à  M.  le  Minisire  s'il  m'autorisait  à  répéter  textuellement  les 
paroles  qu*il  m*adressaitdans  la  conversation  toute  particulière  que  j'avais  avec 
loi;  M^  le  Ministre  m'y  a  autorisé. 

Dans  ces  conditions,  Messieurs,  je  crois  qu'il  est  parfaitement  inutile  que 
nous  continuions  à  nous  adresser  à  M.  le  Ministre  des  travaux  publics.  Per- 
sonnellement, il  se  dit  animé  des  meilleures  intentions  à  l'égard  de  la  Ihèse  que 
nous  soutenons  :  e(,  d'autre  part,  nous  échouons  contre  le  mauvais  vouloir  de 
certaines  personnes  formant  le  Bureau  administratif  de  la  Caisse  des  pensions. 

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48â  FÉDÉRATION  MÉDICiiLE  BELGE. 

Je  crois  donc  que  si  le  Bureau  de  la  Fédération  juge  que  de  nouvelles  tenta- 
tives doivent  être  faites,  il  devra  s^adresser  à  M.  Lepère  qui,  para!t-il,  est  placé 
à  la  tétc  de  TÂdministration  de  la  Caisse  des  pensions. 

J'ai  lâché  de  renforcer  les  arguments  qne  j'ai  fait  valoir  à  M.  le  Ministre  en 
lui  disant  que  les  médecins  de  TÂdministralion  avaient  l'intention  de  se  mettre 
en  grève,  que  des  confrères  avaient  l'intention  de  refuser  leurs  services;  M.  le 
Ministre  m*a  répondu  qu'il  pouvait  m'assurer  qne  chaque  fois  qu'une  place  de 
médecin  devenait  vacante,  il  se  présentait  dix  candidats  pour  l'obtenir;  que 
l'offre  dépassait  de  beaucoup  la  demande,  et  que  Tadministralion  n'était  nulle- 
menl  émue  de  cette  mesure  de  grève,  parce  qu'elle  était  certaine  d'avoir  tou- 
jours à  sa  disposition  plus  de  postulants  qu'il  n'en  faudrait  pour  réorganiser, 
du  jour  au  lendemain  iin  nouveau  service  médical,  dans  le  cas  où  le  service 
actuel  viendrait  à  faire  défaut.  Il  m'a  fait  remarquer,  que  dans  ces  conditions, 
nous  n'arriverions  jamais  à  organiser  une  grève  sérieuse;  qu'il  valait  mieux, 
pour  nous,  essayer  dé  nous  entendre  avec  la  caisse  des  pensions  elle-même,  et 
qu'aussi  longtemps  que  celte  caisse  ne  prendrait  pas  une  bonne  résolution,  nous 
serions  condamnés  à  faire  de  l'agitation  stérile. 

M.  Descamps. — Notre  association  s'est  occupée  dii  tarif  médical  des  chemins 
de  fer.  Dans  la  séance  du  17  mars  dernier,  elle  avait  adopte  en  principe  ce 
qui  avait  été  fait  par  la  Fédération.  Elle  a  adressé  à  tous  les  membres  do 
Tassociation  de  l'arrondissement  de  Verviers,  une  lettre  d'après  laquelle  elle 
engageait  les  médecins  à  ne  pas  accepter  les  fonctions  des  médecins  démis- 
sionnaires du  chemin  de  fer;  ceux-ci^  à  leur  tour,  devaient  s'engager  à 
ne  reprendre  leurs  fonctions  qu'aux  conditions  stipulées  par  la  Fédération 
médicale.  La  plupart  d'entre  eux,  sauf  deux  ou  trois,  ont  répondu  à  cette  lettre. 
Depuis  lors,  la  Société  médicale  d'Alost  a  adopté  différentes  propositions  et 
dans  la  réunion  du  16  de  ce  mois,  nous  avons  adoj)té  sous  réserve  les  cinq 
articles  qui  nous  avaient  été  proposés  plus  un  sixième  article  qui  est  celui-ci  ; 
«  Tout  médecin  qui  contreviendra  aux  précédentes  dispositions  sera  signalé 
c  au  corps  médical  et  exclu  de  l'association  de  Verviers,  dont  les  membres 
«  cesseront  avec  le  délinquant  toute  relation  médicale. 

»  Nous  avons  ajouté  :  application  de  l'art.  4  sera  faite  à  tout  médecin  qui, 
»  ne  faisant  pas  partie  de  l'Association,  conserverait  les  fonctions  de  médecin 
»  agréé,  ou  accepterait  les  places  des  démissionnaires.  » 

Cette  résolution  a  été  prise,  parce  que,  dans  la  réunion  du  17  mars  qui 
n'était  pas  des  plus  nombreuses,  tout  les  membres  avaient  été  d'accord  de 
donner  leur  démission  de  médecin  agréé  et  de  ne  plus  accepter  le  renouvel- 
lement de  ces  fonctions.  L'un  d'eux  a  donné  sa  démission;  un  second  a 
demandé  à  réfléchir  en  posant  comme  condition  de  sa  démission  que  tous  les 
nicdocins  la  donnassent;  un  troisième  qui  s'était  prononcé  très-fortement  en 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BBLGE.  483 

faveur  de  la  décision  prise  a  accepté  «fne  candidature,  après  qu'elle  lui  avait  été 
offerte  ;  c*est  possible,  mais  j'en  doute. 

Nous  avons  reçu  une  lettre  d'un  médecin  qui  avait  donné  sa  démission  et 
dans  laquelle  il  dit  : 

Vepviers,  le  28  juillet  1875. 

■  Monsieur  le  Président  de  l'Association  médicale  de 
l'Arrondissement^  en  ville. 

>  Dans  notre  séancd  du  i"  avril  dernier,  tous  les  membres  présents  ont, 

>  oitisi  que  vous  le  savez,  adopté,  à  runanimité,  la  proposition  par  laquelle 
»  ils^  s'engageaient  à  ne  pas  demander,  et  à  ne  pas  accepter  la  place  de  médecin 
»  agrégé  du  chemin  de  fer  aux  conditions  actuelles  ;  que  si  ces  conditions  venaient 
»  à  être  modifiées,  aucun  autre  praticien  ne  devait  offrir  ses  services  que  dans 
»  le  cas  de  désistement  des  titulaires  actuels. 

•  Un  confrère  présent  à  cette  séance,  dans  laquelle  même  il  prit  aussi  la  pa- 
»  rôle  en  faveur  de  cette  mesure,  a,  malgré  cet  engagement  commun  et  réci- 

>  proque,  osé  solliciter  et  a  accepté  la  place  laissée  vacante  par  la  démission 

>  que  ysicrude  mon  devoir  de  donner,  vu  le  maintien  d'un  tarif  humiliant  et 

>  la  parole  donnée. 

»  En  présence  de  cet  acte,  qui  justiGe  encore  malheureusement  trop  bien  te 

>  défi  porté  au  Corps  médical,  je  viens  vous  informer  que  je  ne  pourrai  rester 
»  membre  de  votre  Association  si  justice  n'est  faite  par  celle-ci  d'une  conduite 
*  qu'il  est  inutile  de  qualifier. 

>  J'ose  espérer  cependant  que  la  Fédération  tiendra  avant  tout  à  sauve- 
»  garder  la  dignité  professionnelle  qui  en  est  le  but  essentiel  et  qui  dépend 

>  surtout  de  la  délicatesse  confraternelle. 

»  Agréez,  »  (Signé)  D'  L.  » 

C*est  en  présence  decette  situation  que  nous  avonscru  convenable  d'introduire 
UQ  cinquième  article  qui  dit  :  Application  de  l'art.  4  sera  faite  à  tout  médecin 
qui^  ne  faisant  pas  partie  de  l'Association  conserverait  les  fonctions  de  médecin 
agréé,  ou  accepterait  tes  places  des  démissionnaires. 

«  Notre  Société,  ajoute  la  circulaire  dont  je  parle,  croit  que  ce  n'est  qu'à  ce 
prix  qu'elle  pourra  sauvegarder  la  dignité  médicale  et  répondre  victorieuse- 
ment au  défi  jeté  aux  médecins  agréés  et  au  corps  médical  tout  entier  par  la 
Commission  administrative  de  la  caisse  de  retraite  et  de  secours. 

«  C'est  afin  de  trancher  cette  question  qu'elle  vous  convoque  à  une  réunion 
générale  le  mardi  1^  octobre  prochain.   > 

Cette  circulaire  a  été  d'abord  adoptée;  mais,  comme  toute  la  Société  n'était 
pas  réunie,  nous  avons  cru  convenable  d'en  adresser  une  seconde. 

M.  Thomas.  —Si  la  Fédération  décidait  de  poursuivre  ses  démarches  auprès  de 


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484  FÉDÉRATION  MÉeiCALE  BfiLGE. 

N.  le  Ministre  des  travaux  pvbliesou  auprès  des  admioistrateors  de  la  eaisse  des 
pensions  du  chemin  de  fer,  il  est  essentiel  de  signaler,  avanttoul,  que  les  con- 
frères qui  ne  tiennent  pascompte  des  protestations  du  corps  médical,  et  qui 
offrent  leurs  services  à  Tadministration,  ne  mettent  pas  la  oiéme  délicatesse 
dans  leur  manière  d*agir  que  ceux  qui  refusent  leurs  services.  En  effet,  au  lieu 
de  donner  aux  employés  malades  les  soins  rigoureusement  réclamés  par  leur 
état;  ils  ne  se  font  pas  faute  de  doubler  le  nombre  de  leurs  visites  ;  et  ils  tou- 
chent de  la  sorte  des  indemniléis  plus  considérables.  C'est  là  une  façon  d'agir 
qui  vient  complètement  contrebalancer  les  défauts  du  tarif  et  qui  leur  permet 
d'accepter  ces  fonctions  aux  conditions  actuelles. 

Telle  est  la  réponse  qu'il  faut  opposer  à  ceux  qui  prétendent  que  la  service 
n'est  jamais  en  souffrance,  et  qu'il  y  a  toujours  plus  de  postulants  que  de 
places  vacantes. 

M.  PouRBAi}.  -  Je  regrette  de  devoir  prendre  la  parole  en  cette  circon-r 
stance;  d'autant  plus  que  j'ai  à  demander  compte  au  Bureau  de  la  Fédération, 
de  sa  conduite,  de  même  que  de  celle  d'une  foule  de  médecins  agréés  des 
chemins  de  fer.  Cependant  l'intérêt  de  la  Société  me  guide  et  me  fait  dire  : 
Fais  ce  que  dois,  advienne  que  pourra. 

11  y  a  un  an  que  nous  naos  sommes  trouvés  réunis  en  Assemblée  générale  à 
Alost.  Il  s'agisi»aJt  de  payer  une  dette  de  reconnaissance  à  la  Société  médicale 
de  cette  localité,  à  cette  Société  qui  défend  si  vaillamment  les  intérêts  de  notre 
profession. 

Il  fut  décidé  à  cette  réunion  que  communication  serait  faite  à  M.  le  Ministre 
des  travaux  publics  de  la  proposition  de  l'honorable  M.  Gravez.  Cette  communi- 
cation a  été  faite  ;  mais  elle  Ta  été  deux  mois  après  que  l'Assemblée  s'était 
réunie.  Ce  retard  a  considérablement  refroidi  l'ardeur  des  médecins  ;  de  sorte 
que  lorsque  les  délégués  de  la  Fédération  ont  donné  communication  de  la  réso- 
lution dont  il  s'agit  à  leurs  Sociétés  respectives,  l'exercice  était  commencé;  de 
là  une  foule  d'inconvénients;  et  lorsqu'il  s'est  agi  pour  les  médecins  agréés  de 
l'administration  des  chemins  de  fer  de  donner  leur  démission,  parmi  ceux  qui 
en  avaient  pris  l'engagement,  un  grand  nombre  a  reculé.  Je  pense,  en  effet, 
qu'il  y  a  très-peu  de  médecins  agréés  qui  ont  donné  leur  démission. 

Je  demande  au  Bureau  de  la  Fédération  quelles  mesures  il  a  à  nous  proposer 
pour  sortir  de  l'impasse  où  nous  sommes. 

Il  y  a  longtemps,  il  y  a  trop  longtemps  déjà  que  cette  question  est  pendante, 
et  je  me  demande  si  nous  devons  en  poursuivre  la  solution  ou  si  nous  devons 
l'abandonner. 

M.  Desgamps.  ->  On  demande  un  moyen  d'arriver  à  la  solution  de  la  ques- 
tion? Il  est  trouvé,  c'est  un  confrère  deStavelot  qui  me  l'a  fait  connaître*  Il 
est  médecin  des  chemins  de  fer  et  en  même  temps  médecin  de  la  douane  :  on 
lui  a  demandé  s'il  consentirait  à  traiter  les  malades  du  chemin  de  fer  au  prix 


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F^DËRATIOn  HtolCAtE  BËLGt:.  4%^ 

auquel  H  trèfle  ecux  <de  Iti  douane;  il  y  a  consenti,  c'est-à-dire  qu'il  perçoit 
annuellement  une  somme  de  9  francs  par  léle;  mais  après,  on  a  trouvé  ses 
prétentions  exagérées  et  Ton  n'a  plus  voulu  maintenir  les  conditions  qu'on  lui 
avait  proposées.  Il  a  donaé.sa.  démission  €t  il  l'a  maintenue*  Aujourd'hui,  il  est 
totjours  employé  à  Spa,  è  Slavelot,  à  Fraii«Ofeh»nips^  et  bhaqii«  trimestre  il 
remet  la  note  de  ses  honoraires' qui  lui  sont  payés  inligralement  safisla  moindre 
ebiervation.  ;.      .  « 

Ml  GtAVfiz.  -^  Il  étail  seul. 

Hi  PoimBAix.  '^  Voici  06  qiii  sie  passe  à  La  boû^Ute  :  >des  démarches  ont  été 
faites  auprès  de  certains  médedns  éés  localité»  vioistnés  pour  les  engagera 
remplacer  leurs  confrères  démission naires;  mèis  daiis  fes  eae  urgents  Tadmi- 
nî>»lratk>n  doit  avoir  reconra  à  ces  derniers^qUI  fon«  renirer  lie  tràlteoi^nt  des 
ouvriers  du  chemin  de  fer  dans  le  droit  connnon. 

M.  Gravez.  ^  Je  suis  tout  à  fait  de*  ravis  de  l'hononible  M^  Poorbaix.  La 
qiMStion  du  tarif  de  chemin  de  fer,  représente  une  médaille  à  deux  revef9,d'un 
côté  ce  sont  les  sociéftés  affiliées  ;  4e  l'aairé  k'BuTeau  de  la  Fédération. 

M.  t%  SBCMÉTAtRE.  —  Lo  Burcdu  est  déaffttéressé  dans  la  question^ 

M.  Gravez.  —  Pardon,  Messieurs,  }e  ii^«i  eneore  rien  dit. 

Dand  quelle  situation  noua  aomm«8-nous  frouTés? 

Une  seule  société,  la  nôtre,  avait  marché  de  l'avant  et  eUe  avait  pris  les 
résolutions  qui  vous  ont  été  communiquées,  el  qui  ont  été  ratifiées  en  assem* 
blée  générale  à  Alost. 

Il  est  vrai  que  nous  avons  eu  contre  noos^  les  représentants  du  Cercle  médical 
de  Mons.  Mais  ceux-ci^  comme  vous  le  verrez  plus  loin,  n'avaient  nulle  qualité 
pour  repousser  notre  proposition,  puisque  le  cercle  qu'ils  étaient  venus  repré- 
senter n'avait  pas  pris  de  délibération  à  ce  sujet. 

Nous  avons  eu  contre  nous  la  Société  médtcaie  de  Verviers.  MaisM.I>eseamps 
n'avait  en  ce  moment,  ni  litre,  ni  qualité  pour  parler  en  son  nom;  elle  était 
dissoute. 

Quant  à  l'Association  nouvelle  de  Verviers,  j*ai  appris,  il  y  a  peu  de  jours, 
que  plusieurs  médecins  avaient  donné  leur  démission,  mais  que  d'autres  s'é- 
taient présentés  aussitôt  pour  les  remplacer.  M.  Descamps  nous  avoue,  du  reste, 
qu'à  peine'  la  moitié  des  membres  d<i  la  Société  se  sont  trouvés  présents  à  la 
réunion. 

M.  LB  Président.  —  C'est  comme  ici  aujourd'hui. 

M.  Gravez.  —  Aujourd'hui  c'est  bien  autre  chose. 

Quant  au  Cercle  médical  d'Anvers,  j'avais  écrit  à  mon  honorable  collègue  et 
amt  M.  Kums,  poursatolr  où  en  était/dans  cette  Société,  la  question  du  tarif 
médical  des  chemins  de  fer,  à  la  suite  des  promesses  de  concours  que  nous  en 
avions  obtenues  à  Alo9t,  l'an  dernier. 

M.  Kums  nous  répond  à  la  date  du  29  juin  dernier  : 


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486  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE. 

Anvers,  le  35  jain  18175. 
Mon  cher  Collègue, 

Vous  n*étes  pas  (eut  à  fait  au  couranl  de  ce  qui  s'est  passé  à  Anvers,  je  vais 
vous  rapprendre.  Dans  une  séanee  du  Cercle  médical,  nouvelle  Société  qui 
venait  de  se  constituer,  et  (|ain*est  pas  encore  affitiée  à  la  Fédération,  (la  dépu- 
lation  que  vous  avez  rencontrée  à  Alost  est  celle  de  la  Société  de  médecine  d'An- 
vers) dans  une  séance  du  Cercle  médical  d'Anvers»  composé  de  pressas  tous 
les  médecins  delaviUe,  il  fut  fait  fmenUoa  de  la  proposition  que  vous' alliez 
faire  à  Alost,  et  spontanément  TAsserobiée  décida  à  Tunanimité,  qiie  si  les 
médecins  du  chemin  de  fer,  à  Anvers»,  donnaient  leur  démission  pour  motifs 
d'honoraires,  aucun  membre  duCercie. n'accepterait  tes  places  vacantes.  C'est  ce 
que  nous  sommes  venus  déclarer  à  Alost« 

Je  viens  de  m'adresser  à  un  médecin  du  chemin  de  fer,  notre  ancien  compa- 
gnon d'étude,  M.  Déle,  qui  a  fait  en  son  particulier  et  à  diverses  reprises  des 
instances  auprès  du  Miaistre.et  des  Inspecteurs  généraux  pour  faire  augmenter 
les  honoraires.  Il  en  a  conféré  avec  ses  collègues,et  il  a  touchéla  question  delà 
démission  ;  mais  ils  reculent  ton^devànt  ee  moyen,  sûrs  qu'ils  sont  d'être  rem* 
placés  par  les  quelques  médecins  qui  ne  font  pas  partie  du  Cercle.  M.  Dèie  fait 
observer  que  l'administration  des  chemins  de  fer  aura  toujours  une  grande 
facilité  de  se  procurer  des  médecins  dans  les  vijles,  tandis  qu'à  la  campagne 
elle  est  obligée  d'agréer  les  médecins  de  l'endroit  qui  peuvent  plus  facilement 
imposer  leurs  conditions.Je  pense  qu'il  est  indispensable  que  vous  vous  mettiez 
en  rapport  avec  les  médecins  du  chemin  de  fer  de  tout  le  pays. 

A  la  fin  trop  hâtée  et  un  peu  confuse  de  la  séance  d'Alost,  M.  Desguin  a  fait 
une  proposition  consistant  à  s'adresser  aux  collectivités  pour  solliciter  des 
adhésions;  cette  proposition  n'a  pas  été  soumise  à  un  vote,  j'y  attire  votre 
attention. 

Quant  au  choix  d'Anvers  pour  l'Assemblée  générale  prochaine,  nous  y  avons 
renoncé  à  cause  du  Congrès  médical  qui  se  lient  à  Bruxelles.  Je  crois  cependant 
que  l'idée  est  heureuse  de  changer  de  temps  en  temps  le  lieu  de  nos  réunions. 
C'est  le  seul  moyen  pratique  d'y  faire  participer  des  membres  qui  n'assiste- 
raient jamais  à  une  seule  séance.  Ce  que  nous  avons  vu  à  Alost  doit  nous 
encourager. 

Recevez,  mon  cher  Collègue,  l'assurance  de  mes  meilleurs  sentiments. 

A.  Koais. 

Voilà  la  réponse  faite  par  M.  Kums  qui  assistait  t'anuée  dernière  à  notre 
Assemblée. 

Il  y  a  loin  de  là,  Messieurs,  vous  le  voyez, à  la  déclaration  qui  est  consignée 
dans  le  rapport  do  notre  Assemblée  de  l'année  dernière. 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BËLG£.  487 

M.  Bessems.  ~*  Je  déclare  qu«  M.  Kum»  nous  a  laissé  ignorer  la  letlre  qu'il  a 
écrite  à  M,  Gravez 

M.  Gravez.  —  Revenons  aa  Cercle  de  Mons. 

Je  vous  ai  présenté,  à  Aiosl,  les  résolmions  de  la  Société  des  charbonnages 
du  Centre,  j'avais  plein  pouvoir  pour  cela. 

Après  la  réception  de  la  réftonsedeM.  le  Ministre  des  travaux  publics,  notre 
Association  s'est  réunie.  On  a  décidé  de  donner  suite  aux  résolutions  d'Alost. 

H.  Leroy  de  Baume  s'est  retiré.  MM.  Courtoy,  de  Bracquegnijes  etScouper- 
manne  d'Havre  ont  refusé  de  s'exécuter^  malgré  la  parole  d'honneur,  qu'ils 
avaient  donnée.  Dans  une  séance  ultérieure,  notis  avons  prononcé  leur  exclu- 
sion, tout  en  leur  demandant  les  motifs  de  leur  conduite  et  voici  leur  réponse  : 

Braequegnies,  le  26  juin  1875. 

A  Memeurs  les  Préludent  et  Secrétaire   de   la   Société   des   médecins  des 
charbonnages  du  Centre, 

.  Messieurs, 

J'ai  l'honneur  de  vous  accuser  réception  de  votre  letlre  du  19  juin  courant. 
L'année  dernière,  j'ai  adhéré  à  la  résolution  prise  par  la  Société  des  médecins 
des  charbonnages  du  Centre  d'envoyer  notre  démission  de  médecin  agréé  de 
l'administration  des  chemins  de  fer  de  TEiat,  ensuite  de  la  proposition  de 
l'honorable  docteur  Gravez.  Aujourd'hui,  ma  manière  de  voir  s'est  modifiée, 
je  me  rallie  aux  principes  qui  ont  déterminé  la  Société  des  médecins  de  l'ar- 
rondissemenl  de  Mons,  à  repousser  la  proposition  de  l'honorable  M.  Gravez. 

Je  vous  prie  d'agréer,  Messieurs^i  rexpression  de  mes  sentiments  de  confra- 
ternité. D.  COURTOT. 

Ce  sont  donc  tes  principes  de  la  Société  de  Mons,  qui  ont  dirigé  un  de  nos 
collègues  et  qui  l'ont  engagé  à  ne  pas  donner  sa  démission. 

Je  me  suis  donc  adressé  à  Mons  pour  savoir  quels  principes  dirigeaient  cette 
Société  dans  cette  question  des  chemins  de  fer,  et  M.  Descamps,  secrétaire,  a 
bien  voulu  me  répondre  ceci  : 

ASSOCIATION  Mons,  le  40  septembre  1875. 

des 

MÉDECINS  DE  L*ARRONDISSBMENT 

de 
MONS. 

Mon  cher  Confrère, 

En  réponse  ù  votre  lettre  du  4  de  ce  mois,  j'ai  l'honneur  de  vous  faire 
connaître  : 


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us  FÉDÉRATION  MÉDICALE^  BBL6B. 

Qae  rAssocialion  des  médeeins  de  ràrrondissement  de  Hons,  après  atoir 
entendu  à  la  séance  du  21  août  1874,  les  développements  exposés  par  vous,  de 
votre  proposition  relative  au  service  médical  des  ehemins  de  fer,  a  décidé 
immédiatement  de  provoquer  une  Ass(emblée  générale  extraordinaire,  à  l'effet 
de  discuter  cette  proposition. 

Cette  AssemMée  a  été  fixée  aa  il  septembre  1874,  mais  huit  membres  seu- 
lement se  sont  rendus  à  la  convocation.  L'article  âS  de  notre  régkment  exi- 
geant, pour  qu'une  décision  puisse  être  prise  valablement,  la  présence  d*au 
moins  le  quart  des  membres  de  l'Association,  M.  le  Président  s'est  vu  dans 
Timpossibilité  de  faire  émettre  un  voio  sur  votre  proposition.  Veuillez  rece- 
voir, mon  cher  confrère,  l^assuranee.demes  sentiments  de  confraternité. 

Votre  tout  dévoué, 

Descamps, 

âecr^tr^/l«»8Socjatioa.de8  médeetiis 

de  Parrondissemeut  de  Mons. 

Huit  membres  seulement  et  ils  sont  soixante  ! 

Ainsi  voilà  Mons,  Verviers,  Anvers  et  Charteroi. 

Bf.  Thomas  est-il  venu  parler  aii  nom  de  la  Société  de  médecine  de  Char- 
leroi?  A  Charleroi  le  Cercle  médical  de  cette  localité  ne  s'est  même  pas  occupé 
de  la  question. 

Dans  le  Centre,  tous  les  médecins  font  partie  de  notre  Association,  hormis 
un  jeune  médecin  qui  fraîchement  débarqué,  en  1870,  n'a  rien  irouvé  de  mieux 
pour  se  façonner  une  clientèle,  que  de  s'associer  un  repris  de  justice,  le  petit 
sorcier,  qui  a  mis  à  sa  disposition  ses  amuletlesr,  ses  passes  magnétiques  et 
autres  moyens  bizarres,  propres  à  agir  sur  les  masses.  Celui-là,  que  notre  Asso- 
ciation a  depuis  longtemps  jugé  indigne  d'avoir  avec  nous  des  rapports  profes- 
sionnels, celui-là  s'est  empressé  de  recueillir  notre  succession  au  chemin  de 
fer. 

Voilà  ce  que  nous  avons  fait  dans  le  centre. 

Nous  faisons  tous  partie  de  Sociétés  de  médecine;  il  ne  devrait  donc  y  avoir 
personne  pour  reprendre  notre  place,  et  cependant  vous  trouvez  là  un  confrère 
qui  s'est  amusé  à  courir  la  clientèle,  et  il  est  parvenu  à  s'y  créer  une  jolie  posi- 
tion. C'est  celui-là  qui«  notre  démission  étant  donnée,  s'est  fait  nommer  médecin 
du  chemin  de  fer. 

Voilà  où  nous  en  sommes  arrivés  dans  le  Centre. 

Maintenant,  le  second  revers  de  la  médaille,  c'est  le  Bureau. 

La  question  des  chemins  de  fer  n'avait  pas  été  convenablement  indiquée  à 
l'ordre  du  jour  de  l'année  dernière.  C'est  ainsi  que  le  i  sepl  .*  I  re  1874,  alors 
que  la  séance  d'Alost devait  avoir  lieu  le  23,  (ce  n'est  que  pi  >:;  tard  que  l'épo- 
que de  la  réunion  a  été  fixée),  le  Bureau  nous  a  adressé  celte  circulaire-ci  : 


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FÉOÉRATrON  MRDTCALR  BELGE.  480 

FÉDÉRATION  MÉDICALE  Bruxelles,  le  ^2  septembre  187i. 

BELGR. 


Monsieur, 

Le  Conseil  central^  dans  sa  séance  dernière^  a  adopté  la  proposition  suivante 
de  M.  Gravez,  relative  à  la  question  du  tarif  des  chemins  de  fer,  particulière- 
ment au  point  de  vue  des  honoraires  des  luédecins  agréés  par  Tadministration 
des  chemins  de  fer  de  TEtat  : 

«  Si  contre  toute  attente,  le  gouvernement  maintient  le  atatu  quo  et  ne  fait 
point  droit  aux  réclamations  qui  lui  ont  été  faites  par  les  médecins  agréés, 
ceux-ci  s'entendront  pour  refuser  leur  concours  à  ce  service  public,  à  dater 
du  i*^'' janvier  prochain;  dans  le  cas  où,  à  cette  époque,  M.  le  Ministre  n'aurait 
pas  fait  droit  à  leurs  réclamations,  et  afin  qu'il  puisse  remplacer  les  titulaires, 
ils  préviendront  l'autorité  compétente,  trois  mois  d'avance.  » 

Afin  que  cette  proposition  puisse  avoir  force  d'action^  le  Conseil  a  décidé  de 
prier  les  Sociétés  affiliées  de  donner  pleins  pouvoirs  à  leurs  délégués  pour 
voter  dans  le  sens  affirmatif  de  celte  proposition. 

Veuillez  prendre  en  conséquence.  Monsieur,  les  mesures  nécessaires  pour 
que  la  décision  du  Conseil  central  soit  mise  à  exécution. 

Agréez  l'assurance  de  nos  meilleurs  sentiments  de  confraternité. 

Pour  le  Bureau  : 
Le  Secrétaire^  Le  Président, 

D' Feigneaux.  nW.  Crocq. 

Je  pose  en  fait,  tout  le  monde  voudra  le  reconnaître  avec  moi,  que  s*adres- 
sant  le  â  septembre  aux  Sociétés  affiliées,  il  était  impossible  d'espérer  une 
résolution  de  leur  part,  vingt  jours  plus  tard.  On  ne  se  réunit  pas  si  facilement 
à  la  campagne,  quand  les  circonscriptions  sont  trés-étendues;  il  faut  prendre 
le  temps. 

Voilà  en  quoi  le  Bureau  central  a  péché. 

Ensuite,  comme  l'a  dit  M.  Pourbaix,  il  est  certain  que  le  Bureau  pouvait 
très-bien^  quand  l'Assemblée  d'Alost  avait  eu  lieu  le  !27,  ne  pas  attendre  le 
12  novembre  pour  communiquer  les  résolutions  prises,  aux  Sociétés  inté- 
ressées. 

Il  était  évident  aussi  que,  n'ayant  eu  avis  que  le  2  janvier  de  la  décision 
ministérielle,  nous  devions  entrer  dans  l'exercice  1875,  avant  de  prendre  une 
résolution  qui,  d'après  la  décision  prise  à  Alost,  devait  avoir  ses  effets  le  f«'  jan- 
irier.  Il  est  évident  pour  moi,  que  le  Bureau  n'a  pas  fait  ce  qu'il  aurait  pu  faire. 

J'ai  reçu  le  5  décembre  la  communication  que  m'a  faite  M.  Feigneaux.  Je  ne 
sais  s'il  l'a  transmise  à  tout  le  pays. 

62 


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490  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE. 

M.  LE  Secrétaire.  —  J*ai  à  répondre,  Messieurs,  à  deux  reproches  adressés 
au  Bureau  par  M.  Gravez.  Je  lui  dirai,  d'abord,  que  la  communication  de  la 
réponse  du  iMinislre,  que  je  lui  ai  faite  était  toute  officieuse,  attendu  que 
l'Assemblée  dans  sa  séance  du  24  septembre  1874,  n'avait  pris  aucune  déci- 
sion dans  TéventMalité.de  cette  réponse^  et  ensuite  que  TAssemblée  n'avait 
pas  voté  renvoi  de  ce  document,  soit  aux  médecins  agréés  dont  j'ignorais  les 
noms  et  la  demeure,  soit  aux  Sociétés  affiliées  qui  n'avaient  aucune  ligne  de 
conduite  tracée  dans  une  question  qui  n'avait  pas  reçu  de  solution. 

MM.  Gravez  et  Pourbaix  reprochent  au  Bureau  d'avoir  envoyé  le  2  septembre, 
seulement,  aux  Sociétés  affiliées  la  circulaire  qui  vous  a  été  lue,  alors  que  la 
séance  de  l'Assemblée  générale  devait  avoir  lieu  le  2:2  septembre;  espace  de 
temps  insuffisant,  disént-il,  pour  réunir  les  médecins  à  la  campagne. 

Le  Bureau  ignore  les  époques  des  réunions  des  Sociétés  médicales  de  In  pro- 
vince, et  d'ailleurs,  c'est  à  celles  ci  à  apprécier  l'opportunité  de  leurs  réunions 
extraordinaires,  en  raison  de  l'importance  des  communications  qui  leur  sont 
faites  par  le  Bureau. 

M.  Gravez.  — Le  Bureau  de  la  Fédération  est  là  pour  prendre  des  résolutions 
dans  le  courant  de  Tannée  pour  les  points  qui  intéressent  la  Fédération.  Il  n'est 
pas  nécessaire  que  la  Fédération  prévoie  tous  les  cas  qui  peuvent  se  présenter  ; 
il  faut  qu'il  use  de  son  initiative.  Toutes  les  Sociétés  doivenf  être  informées  de 
la  décision  prise,  afin  de  pouvoir  à  leur  tour  prendre  telles  résolutions  que  de 
droit. 

M.  LE  Secrétaire.  --  C'est  ainsi  que  le  Bureau  a  toujours  agi,  lorsque  les 
questions  portées  à  Tordre  du  jour  du  Conseil  central  ou  de  l'Assemblée  géné- 
rale avaient  été  suivies  d^un  vote.  Dans  ce  cas,  seulement,  le  Bureau  use  d'ini* 
tiative  et  s'autorise  à  transmettre  par  circulaire  aux  présidents,  aux  secrétaires 
ou  aux  délégués,  les  décisions  prises,  si  celles-ci  ont  un  intérêt  d'actualité  qui 
nécessite  une  action  immédiate. 

Le  Bureau  dans  le  cas  présent,  n'a  rien  négligé  pour  donner  communication 
de  la  situation  de  la  question  dos  chemins  de  fer.  S'il  y  a  eu  un  retard  d'envoi 
indépendant  de  sa  volonté,  il  a^faii,  cependant,  je  crois  ce  qu'il  a  pu  faire,  et 
n'aurait  pu  aller  au  delà. 

Le  Bureau  de  la  Fédération  doit  exécuter^  après  avoir  reçu  l'impulsion  des 
deux  autorités  fédérales,  et  dans  les  questions  de  l'espèce,  il  doit  avoir  un  rôle 
d'exécution  et  non  d'initiative. 

M.  Gravez.  —  Je  me  demandais  pourquoi  tous  les  bureaux  des  Sociétés  affi- 
liées n'avaient  pas  reçu  communication.  En  tous  cas,  Messieurs,  il  ne  faut  pas 
se  le  dissimuler^  depuis  quelque  temps,  le  Bureau  de  la  Fédération  ne 
brille  plus. 

Les  intérêts  de  la  Fédération  médicale  ont  été  remis  par  la  Société  d'Alost 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGB.  491 

entre  les  mains  du  Bureau  actuel,  dans  des  conditions  oxtraordinairement 
prospères. 

On  se  rappelle  encore  les  séances  du  Comité  central,  siégeant  plusieurs  fois 
à  VhàUil  des  Postes,  dont  les  salons  étaient  trop  petits. 

Aux  assemblées  générales,  la  salle  des  mariages  de  l'hôfel  de  ville,  avait  peine 
à  contenir  la  foule  des  délégués.  Et  maintenant  c'est  à  peine  si  nous  nous 
trouvons  en  nombre  pour  prendre  des  résolutions  efficaces,  légales  même,  sur 
les  questions  dont  nous  sommes  saisis. 

La  Société  Fédérale  ne  fournit  aucun  document  qui  soit  de  nature  à  nous 
éclairer;  nous n*avons  eu  jiisqu*ici  que  quelques  données  personnelles.  Eh  bien, 
pouvonsnous  marcher  ainsi? 

Il  me  souvient  fort  bien  que  dans  un  temps  qui  est  déjà  fort  éloigné  d*icl, 
M.  Feigneaux  demandait  l'ajournement  de  Padoption  des  conclusions  relatives 
au  traitement  des  médecins  dès  pauvres^  dans  lë$  campagnes,  parce  que,  sur 
3i  Sociétés  affiliées,  17  seulement  avaient  envoyé  leurs  rapports.  Il  disait 
qu*il  fallait  remettre  la  décision  dans  Tespoir  que  les  Sociétés  en  retard  pussent 
fournir  leurs  rapports  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  état  de  continuer  les  tra- 
vaux de  la  Fédération  quand  nous  sommes  aussi  peu  nombreux. 

Je  me  demande  si  Ton  prendra  des  mesures  pour  remédier  à  cet  état  de 
choses  que  je  considère  comme  essentiellement  nuisible  aux  intérêts  de  la 
Fédération.  Pour,  moi,  il  n*y  aurait  qu'un  moyen  trés-énergique  qui  pourrait 
sauver  la  situation. 

M.  Bëssens.  —  Je  tiens  à  relever,  dans  le  discours  de  M.  Gravez,  une 
allégation  que  je  considère  comme  capitale;  elle  concerne  le  Cercle  médical 
d'Anvers. 

M.  Gravez  nous  a  lu  une  lettre  de  M.  Kumps,  qui  ne  représente  pas  le 
Cercle  médical  d'Anvers.  Il  a  écrit  celte  lettre  en  son  nom  personnel  ;  cela 
est  si  vrai  que  le  Bureau  de  la  Fédération  a  complètement  ignoré  l'existence  de 
cette  lettre.  S'il  l'avait  communiquée,  je  vous  certifie.  Messieurs,  que  le  Cercle 
aurait  agi  différemment  qu'il  ne  l'a  fait;  mais  si  cependant  celui  ci  n'a  pas  agi 
comme  le  veut  M .  Gravez,  il  n'est  pas  resté  inactif.  Dans  cette  question,  il  y  avait 
deux  voies  à  suivre.  La  première  incombait  au  Bureau  :  c'était  de  négocier 
avec  le  ministre  ou  avec  les  autorités  compétentes  pour  arriver  é  une  révision 
générale  du  tarif.  Cette  voie  a  été  suivie  depuis  l'année  dernière.  Ce  n'est  que 
lorsque  l'on  s'est  aperçu  que  l'on  ne  pouvait  aboutir,  que  Ton  a  pensé  en  second 
lieu  que  les  associations  particulières  pourraient  utilement  intervenir.  Dès  lors  la 
route  était  tracée.  Or,  le  Cercle  médical  d'Anvers  n'a  appris  que  le  15  janvier, 
par  une  communication  officieuse  de  M.  Mayer,  l'insuccès  des  démarches  faites 
auprès  de  M.  le  Ministre  des  travaux  publics  par  le  Bureau  de  la  Fédération. 
C'est  alors  que  le  Cercle  médical  d'Anvers  a  pris  l'initiative,  comprenant  que 
son  action  devait  se  faire  sentir.  Il  a  fait  circuler  parmi  ses  membres  une  liste 


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492  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE. 

sur  laquelle  s'inscrivirent,  non-seulement  les  mennbresdu  Cercle,  mais  encore 
tous  les  membres  du  corps  médical,  et  par  laquelle  ilss*engagaientà  n'accepter 
aucune  position  dans  l'administration  des  chemins  de  fer.  Jusqu'à  présent,  les 
médecins  auxquels  elle  a  été  présentée  l'ont  signée;  aucun  d'eux  ne  s'y  est 
refusé;  par  conséquent,  d'ici  à  peu  de  jours,  le  Cercle  médical  d'Anvers  don- 
nera suite  à  son  projet  et  tes  membres  qui  le  composent  et  qui  sont  attachés  à 
l'administration  des  chemins  de  fer  donneront  leur  démission.  Telle  est  la 
seule  voie  à  suivre. 

Je  ne  crois  pas  que  le  Bureau  de  la  Fédération  médicale,  et  la  Fédération 
elle-même  réunis,  puissent  prendre  une  mesure  générale,  parce  qu'il  faut  tenir 
compte  des  localités.  Il  en  est  où  il  n'y  a  qu'un  seul  médecin  qui  doit  être  for- 
cément celui  de  l'administration  des  chemins  de  fer.  Il  peut  dicter  la  loi;  mais 
là  où  il  en  est  plusieurs  il  faut  que  l'entente  règne  entre  eux  et  il  faut  que  cette 
entente  s'établisse  entre  les  médecins  de  toutes  les  localités.  Ni  le  Bureau,  ni 
l'assemblée  générale  ne  peuvent  décréter  cette  entente. 
M.  Gravez.  —  Alors  la  Fédération  ne  sert  à  rien. 
M.  Bbssems.  —  Je  vous  demande  pardon. 

M.  le  PnÉsiDENT.  —  Je  proteste  d'abord  contre  les  paroles  que  vient  de  pro- 
noncer M.  Gravez.  Le  discours  de  l'honorable  membre  n'a  été  autre  chose 
qu'une  charge  à  fond  de  train  contre  le  Bureau  de  la  Fédération  et  c'est  contre 
cette  charge  que  je  dois  protester,  parce  qu'elle  est  injuste  et  imméritée. 

D*abord  Thonorâble  membre  fait  ressortir,  et  il  l'avait  déjà  fait  dans  une 
autre  réunion,  que  la  résolution  de  l'assemblée  générale  aurait  été  trop  tardi- 
vement adressée  aux  Sociétés  affiliées. 

D'abord,  ta  chose  n'a  pas  pu  être  faite  plus  tôt.  Ce  retard  est  tout  à  fait  indé« 
pendant  de  notre  volonté. 

Vous  croyez  qu'il  n'y  avait  rien  à  faire  qu'à  écrire  un  petit  avis,  qu'à  l'adresser 
aux  intéressés.  Mais  si  cela  devait  être  fait  aussi  régulièrement,  il  ne  suffirait 
plus  d'avoir  un  secrétaire  dévoué  comme  celui  que  nous  possédons,  remplis- 
sant ses  fonctions  au  milieu  de  ses  nombreuses  occupations  personnelles,  il 
faudrait  un  bureau  et  des  commis  ne  faisant  rien  d'autrc,et  rétribués.  Quant  à 
moi,  je  puis  vous  dire  que  notre  secrétaire  e^t,à  coup  sûr,  l'homme  le  plus 
dévoué  que  nous  puissions  rencontrer;  vous  le  remplaceriez  même  difficile- 
ment; mais  l'activité  humaine  a  des  bornes;  un  homme  ne  peut  pas  tout 
faire. 

Mais  ce  retard  dont  on  se  plaint,  a-t-il  changé  quelque  chose?  Absolument 
rien.  Que  vous  ayez  écrit  plus  tôt  ou  plus  tard,  la  réponse  du  Ministre  eut  été 
absolument  la  même.  Il  n'y  a  rien  à  y  changer;  cette  réponse  est  rationnelle; 
elle  est  raisonnable,  elle  ne  peut  pas  être  autre  que  ce  qu'elle  est,  et  vous 
aurez  beau  retourner  chez  le  Ministre,  il  vous  donnera  toujours  la  même 
réponse.  Vous  vous  trouvez  devant  une  difficulté  tout  à  fait  insurmontable. 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE.  493 

Maintenant,  M.  Gravez  a  fait  contre  nous  une  charge  à  Tond.  Non-seulement 
il  nous  a  blâmés  à  raison  du  retard  apporté  dans  Tenvoi  de  ces  pièces,  de  ce 
retard  qui  est  absolument  sans  conséquence,  car  la  réponse  du  Ministre  eût  été 
la  même  à  quelque  époque  quelle  se  fût  produite;  mais  encore  M.  Gravez 
nous  a  accusés  de  laisser  péricliter  la  Fédération  médicale,  de  ne  pas  faire  ce 
qu'il  faut  pour  elle. 

Or,  si  la  Fédération  existe  encore  vous  ne  devez  Tattribuer  qu'à  nous;  sans 
votre  Bureau,  la  Fédération  serait  dissoute  et  oubliée.  Savez-vous,  Messieurs, 
ce  qui  aurait  produit  ce  résultat?  Votre  inertie,  votre  insouciance,  votre  indif- 
férence. {ApplaudissenenH.) 

Ceci  n*est  pas  un  reproche  personnel,  mais  un  reproche  que  j'adresse  à  tout 
le  corps  médical  fédéré.  Je  vais  expliquer  mes  paroles. 

On  s*est  plaint  de  ce  que  nous  n'avions  pas  expédié  en  temps  la  réponse  de 
M.  le  Ministre  à  toutes  les  Sociétés,  à  tous  les  membres  de  la  Fédération.  Si  la 
plupart  des  Sociétés  ne  connaissent  pas  celte  réponse,  la  faute  ne  doit  en  être 
imputée  qu'à  elles-mêmes  et  non  pas  à  nous.  En  effet,  il  y  a  trois  mois  une 
assemblée  du  Conseil  général  a  eu  lieu  ;  dans  cette  réunion  on  a  lu  la  lettre  du 
Ministre. 

Qu'est-ce  que  le  Conseil  général  ?  C'est  la  réunion  de  toutes  les  associations 
représentées  par  leurs  délégués  qui  viennent  au  Conseil  pour  y  examiner  les 
documents.  Ils  en  prennent  connaissance  et  ils  retournent  chez  eux,  ou  ils 
vont  communiquer  ces  documents  aux  membres  des  autres  associations. 

Devons-nous  avoir  un  commis  chargé  de  tenir  une  correspondance  en  règle? 
Non,  Messieurs,  cela  n'est  pas  nécessaire;  vous  êtes  convoqués,  les  pièces  vous 
sont  communiquées,  c'est  à  vous  à  les  examiner;  vous  êtes  appelés,  Messieurs, 
à  une  séance  qui  a  pour  objet  la  communication  des  documents,  et  c^est  à  vous 
de  les  transmettre. 

Maintenant,  à  cette  séance  du  Conseil  fédéral,  trois  ou  quatre  Sociétés 
étaient  représentées;  les  autres  n'ont  rien  pu  savoir  puisque  leurs  délégués 
étaient  absents.  Nous  ne  pouvons  pas  requérir  la  gendarmerie  pour  nous 
amener  ceux  qui  ne  se  rendent  pas  à  nos  convocations;  nous  n'avons  aucun 
moyen  de  coercition  à  employer  contre  eux;  notis  n'avons  pas  même  de  jetons 
de  présence  à  leur  offrir.  Il  faudrait  peut-être^  pour  rendre  la  besogne  plus 
facile  aux  membres  du  Conseil  fédéral, que  nous  passions  notre  temps  à  rédiger 
des  pièces  et  a  les  expédier.  Mais  cela  est  d'autant  plus  impossible  que  si  on  le 
faisait  on  rendrait  inutiles  cl  impossibles  les  assemblées  générales,  car  qui  dit 
association  dit  réunion. 

Je  ii'aecepte  donc  nullement  le  reproche  que  Ton  adresse  au  Bureau,  et  je  le 
retourne  à  ceux  qui  Tout  lancé. 

Maintenant  prenons  la  question  en  elte-iViôme. 

Je  dois  vous  dire  qu'en  poursuivant  la  voie  dans  laquelle  vous  êtes  entrés, 


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494  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BBLGE. 

Messieurs,  vous  n'obtiendrez  rien  ;  il  y  a  pour  cela  plusieurs  raisons. La  première 
je  la  puise  dans  la  réponse  du  minisire  ei  dans  les  conversations  que  j*ai  eues 
avec  différents  fonctionnaires  du  département  des  travaux  publics.  Parlez  au 
minisire  de  la  question,  il  voua  dit  :  je  suis  de  voire  avis;  vous  êtes  irop  peu 
payés  ;  vous  êtes  ridictilemeiil  rétribués^  mais  cufi  i  moi  je  n'y  puis  rien;  cela 
concerne  le  Conseil  de  surveillance  de  la  caisse  des  pensions. 

Par  conséquent,  Messieursr  intervenez  auprès  du  ministre;  adressez-lui 
lettres  et  pélilions;  demandez-lui  des  audiences,  et  vous  n'obtiendrez  jamais 
rien,  parce  qu'il  se  déclarera  toujours  incompétent. 

Voilà  un  motif  tiré  de  la  personne  môme  à  laquelle  vous  vous  adressez. 

Prenons  le  second  motif.  Gomme  vous  ne  trouvez  pas  à  faire  valoir  vos  justes 
réclamations,  vous  dites  :  rien  de  plus  simple,  quand  les  ouvriers  n'ont  pas 
leur  travail  suflBsamment  rétribué,  ils  se  mettent  en  grève  ;  faisons-en  autant. 
Oui,  Messieurs,  cela  est  très-bien  théoriquement;  mais  ce  n'est  pas  pratique 
du  tout,  car  il  suffit  que  parmi  les  médecins  il  s'en  trouve  5,  6, 10  qui  ne  soient 
pas  de  l'avis  de  leurs  confrères  pour  que  tout  l'échafaudage  s'écroule. 

Et  d'abord,  Messieurs,  tout  le  monde  n'est  pas  obligé  de  partager  votre  avis; 
des  médecins  peuvent  ne  pas  partager  votre  manière  de  voir  pour  différentes 
raisons  :  les  uns  par  question  de  principe,  les  autres  par  intérêt  personnel. 
C'est  mal  qu'il  en  soit  ainsi  ;  mais  il  faut  prendre  les  choses  comme  elles  sont, 
vous  aurez  des  médecins  faisant  de  la  médecine  à  prix  réduit,  et  ils  vous  diront 
qu'en  agissant  ainsi,  ils  ne  font  pas  autre  chose  que  des  actes  de  bienfaisance. 
Il  suflSt  que  quelques  médecins  aient  cette  idée  pour  que  la  grève  n'aboutisse 
pas. 

Vient  maintenant  la  question  de  délicatesse. 

Tel  médecin  suivra  telle  ligne  de  conduite,  parce  qu'il  ne  tiendra  pas  à  poser 
un  acte  de  bonne  confraternité  à  l'égard  d'un  confrère  non  moins  honorable 
que  lui.  Je  sais  que  ce  sont  là  des  choses  qui  ne  devraient  pas  exister,  mais 
enfin  il  faut  bien  les  constater. 

Mais,  l'indifférence  du  corps  médical  est  un  motif  plus  puissant  que  tous  ceux 
que  je  viens  d'énumérer.  Je  vous  ai  parlé  d'idées  systématiques;  mais  elles 
sont  l'exception,  et  l'indifférence  est  la  règle;  la  preuve  de  l'indifférence  se 
retrouve  partout.  M.  Gravez  lui-inème  nous  l'a  prouvé  en  disant  qu'il  y  avait  si 
peu  de  monde  ici.  C'est  là  une  chose  à  laquelle  nous  ne  pouvons  rien. 

Cette  même  indifférence  a  été  constatée  partout  pour  la  question  des  che- 
mins de  fer.  Â  Mons  8  membres  sur  60  se  sont  présentés  à  la  séance;  com- 
ment, dès  lors  voulez-vous  obtenir  des  engagements  sérieux? 

Je  vois  dans  cette  question,  tetle  qu'elle  est  posée  devant  vous,  Messieurs, 
un  si  grand  nombre  de  diflicultés  qui  doivent  nous  faire  échouer,  que  je  n'en- 
trevois aucune  solution  satisfaisante,  et  je  me  demande  comment  vous  ep  sorti- 
rez. D'ailleurs,  essayez  un  peu,  et  vous  verrez. 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGR.  495 

Je  vGus  ai  parlé  tout  à  Theure  du  charlatanisme  des  médecins,  et  non  pas 
seulement  de  Tempirisme  grossier  qui  vient  du  dehors.  J'ai  à  vous  parler  main-, 
nanl  de  Tégoïsmo.  Eh  bien,  Messieurs,  je  vous  assure  que  vous  allez  leur  venir 
puissamment  en  aide. 

En  effet  que  rencontrez  vous?  des  médecins  qui  s'affichent,  qui  regardent  à 
travers  les  urines.  Eh  bien,  Messieurs,  connaissez-vous  un  moyen  de  réprimer 
ces  écaris  qui  déshonorent  le  corps  médical  ?  Je  n'en  connais  qu'un  seul,  c*est 
de  cesser  tous  rapports  avec  eux.  Mais  si  vous  allez  mettre  hors  la  loi  un  con- 
frère parce  qu'il  a  accepté  telle  position  au  lieu  de  tel  autre,  uiic  foule  de  gens 
indifférents  croiront  que  vous  faites  cela  par  idée  de  concurrence,  et  ils  ne  ver- 
ront rien  de  déshonorant  dans  l'acte  que  vous  voudrez  réprimer.  Eh  bien.  Mes- 
sieurs, quelles  difiicuités  ne  rencontrerez-vous  pas  alors  pour  réprimer  le 
charlatanisme,  et  quelle  difficulté  n'y  aurait-il  pas  à  l'empêcher  de  se  produire. 

Vous  me  direz  peut-être  :  il  n'y  a  donc  rien  à  faire?  Cependant  nous  ne 
pouvons  pas  demeurer^ans  cette  position;  nous  ne  devons  pas  la  conserver. 

Je  reconnais  que  nous  pouvons  émettre  des  vœux,  mais  ce  n^est  pas  avec 
cela  que  l'on  obtiendra  une  solution.  Que  faut-il  donc  faire?  Eh  bien,  il  faut 
voir  où  l'on  peut  s'adresser,  par  quels  moyens  on  peut  arriver.  Le  ministre  a 
dit  que  cela  ne  le  concernait  pas;  qu'il  fallait  que  nous  nous  adressions  à  la 
Commission  administrative  de  la  caisse  dos  pensions.  S'adresser  au  ministre 
c^esl  faire  fausse  roule;  il  faut  tâcher  de  s'adresser  à  la  Commission;  il  faut 
tâcher  de  la  convaincre,  il  faut  tâcher  de  rencontrer  dans  cette  administration 
des  gens  qui  comprennent  les  faits,  qui  les  exposent  à  leurs  collègues  et  les 
leur  fassent  saisir. 

Je  vais  vous  citer  un  exemple  qui  mettra  en  même  temps  en  relief  le  mérite 
d'un  confrère  qui  se  trouve  parmi  nous. 

Les  médecins  des  pauvres  étaient  payés  d'une  manière  ridicule  à  Bruxelles  ; 
je  dirai  que  leur  position  était  plutôt  onéreuse  que  lucrative.  Grâce  à  l'un  de 
nos  confrères  qui  est  conseiller  communal,  la  position  des  médecins  des 
pauvres  de  Bruxelles  est  devenue  convenable,  elle  n'est  plus  ridicule  comme 
elle  l'était  autrefois.  Parfois  ces  Messieurs  ont  protesté,  mais  jamais  ris  n'au- 
raient abouti,  s'ils  n'avaient  trouvé  au  Conseil  communal  un  défenseur  qui 
connût  à  fond  la  légitimité  des  griefs  qu'ils  articulaient, et  qu'il  connaissait  d'au- 
tant mieux  qu'il  avait  été  lui-même  médecin  des  pauvres. 

Ce  n'est  que  lorsque  M.  Delecosse  est  arrivé  au  Conseil  communal  qu'il  est 
parvenu  à  y  faire  redresser  un  abus  dont  on  se  plaignait  à  juste  titre. 

M.  Delecosse.  —  La  chose  n'est  pas  votée,  mais  elle  est  décidée  en  principe. 

M.  LE  Président.  -Vous  avez  tellement  bien  fait  comprendre  la  chose  qu'on 
devait  adopter  votre  manière  de  voir. 

Voilà  comment  on  peut  aboutir,  par  la  persuasion,  par  des  considérations 
bien   présentérs,  beaucoup  mieux  qu'en  entrant  dans  une  voie  violente,  telle 


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49i»  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE. 

que  celle  dans  laquelle  on  senrible  vouloir  entrer  et  par  laquelle  on  n'arrivera 
à  rien. 

M.  le  Secrétaire.  —  Je  ne  répondrai  pas  aux  reproches  personnels  que 
m'adresse  M.  Gravez.  J*ai  la  conscience  d'avoir  fait,  dans  ta  mesure  de  mes 
forces,  tout  ce  que  j'ai  pu  et  tout  ce  que  j'ai  dû  faire  pour  la  Fédération.  Gela 
me  sufBt. 

Mais  il  y  a  dans  les  paroles  de  M.  Gravez,  certaines  allégations  que  je  ne 
puis  laisser  passer  sous  silence  parce  qu'elles  atteignent  directement  le  Bureau 
et  la  Fédération  elle-même. 

La  Fédération,  nous  dit  M.  Gravez,  n'a  pas  de  raison  d'être.  Parce  que 
M.  Thomas  croit  que  la  Fédération  ne  peut  prendre  une  mesure  géné- 
rale, parce  qu'il  faut  tenir  compte  des  localités,  .et  que  les  médecins  doivent 
sVntendre;  entente  que  la  Fédération  ne  peut  décréter,  eux  seuls  pouvant 
l'établir. 

Si  chaque  fois  que,  pour  une  question  qui  n'arrive  pas#  recevoir  une  solution, 
on  raisonnait  de  la  sorte,  hi  '  Fédération  n'existerait  plus  depuis  longtemps. 
Qu'auraient  dû  dire  les  médecins  de  campagne  qui  ont  contribué  à  élaborer 
notre  contre-projet  de  loi  sur  Part  de  guérir  et  qui  comptaient  sur  l'influence 
de  la  Fédération  pour  presser  la  discussion  législative  du  projet  du  gouverne- 
ment? Et  les  partisans  de  la  réforme  du  service  médico-rural  et  de  la  régle- 
mentation de  la  vaccination  qui  tous  attendent  la  solution  gouvernementale? 
Si  la  Fédération  n'a  pas  toujours  vu  ses  espérances  réalisées  elle  n'en  a  pas 
moins  sa  raison  d'être. 

N'y  eut-il  dans  le  sein  de  la  Fédération  que  la  commission  médico-légale 
consultative,  dont  les  services  qu'elle  a  rendus  attestent  l'utilité  professionnelle, 
que  ce  motif  seul  suffirait  pour  affirmer  la  nécessité  de  Texistence  de  la  Fédé- 
ration. 

La  Fédération  périclite,  dit  M.  Gravez.  11  semble  en  attribuer  la  faute  au 
Bureau.  Quant  à  moi,  j'ai  la  conviction  que  la  Fédération  ne  périclite  pas;  j'en 
trouve  la  preuve  dans  le  rapport  publié  en  1874  sur  les  travaux  de  la  Fédéra- 
tion pendant  dix  ans.  Mais  voici,  Messieurs,  pourquoi  nos  travaux  sont  moins 
suivis  que  dans  le  principe.  A  l'origine,  les  questions,,  dont  s'occupait  la  Fédé- 
ration se  rattachaient  à  des  intérêts  professionnels  incontestables.  La  loi  sur 
l'art  de  guérir,  la  réforme  du  service  médico-rural^  la  création  de  la  caisse  des 
pensions,  toutes  ont  été  l'objet  de  rapports  et  de  longues  discussions.  Ges  ques- 
tions d'intérêt  général  n'existant  plus,  elles  ont  fait  place  à  d'autres  qui  ont 
pu  ne  pas  présenter  le  même  intérêt. 

Plusieurs  années  se  sont  écoulées  avant  que  la  caisse  de  pensions  eût  pris  son 
essor  et  avant  qu'elle  fût  ce  quVlle  est  aujourd'hui.  Le  désir  de  la  voir  un  jour 
grandir  et  prospérer  faisait  que  tout  le  monde  assistait  aux  discussions  de  nos 
assemblées  en  vue  d'arriver  à  la  création  de  la  caisse  des  pensions;  et  nos 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BËL6B.  497 

assemblées  se  ranimèrent.  La  création  de  la  caisse  des  pensions  fut  votée,  mais 
dans  la  pensée  de  plusieurs,  la  Fédération  et  la  caisse  des  pensions  devaient 
faire  une  seule  et  même  institution. 

Elles  sont  restées  séparées  et  nus  séances  ont  été  moins  fréquentées.  Nous  pou- 
vions cependant  poursuivre  le  même  but  fédéral,  tout  en  étant  eu  désaccord  au 
point  de  vue  des  bases  financières  de  la  caisse  des  pensions  et  de  la  fusion  des 
deux  institutions.  Je  ne  sais  pourquoi  la  méfiance  d'une  part  et  l'hostilité  de 
l'autre  ont  grandi  et  pourquoi  particulièrement  elles  ont  été  dirigées  contre  le 
Bureau  de  la  Fédération. 

Cet  état  de  chose  s  est  perpétué,  et  enfin  on  a  trouvé  un  prétexte  pour  nous 
accuser  de  manquement  à  nos  devoirs. 

€e  que  j*avance  repose  sur  des  faits,  Messieurs,  et  les  voici  : 

Quand  Tannée  dernière  nous  nous  disposions  à  célébrer  le  X«  anniversaire  de 
la  Fédération,  le  Bureau  pensa  que  pour  donner  à  cette  fête  tout  le  caractère 
de  confraternité  compa,tible  avec  les  circonstances,  il  fallait  ramener  l'union 
entre  la  caisse  des  pensions  et  la  Fédération,  et  faire  disparaître  le  niAlentendu 
entre  les  deux  institutions.  ^ 

J'écrivis  donc  à  cet  efi^et  et  dans  ce  sens  à  un  de  nos  excellents  confrères^  dont 
vous  me  permettrez  de  taire  le  nom.  Voici  cequ'it  me  répondit  le 28  août  1874  : 

«  Il  y  aurait  hostilité  de  la  part  de  quelques  membres  de  la  caisse  des  pen- 
sions à  l'égard  de  ta  Fédération.  Ce  fait  m'est  toutà  fait  inconnu  .... 
Ce  que  je  sais,  c'est  que  l'on   a  l'opinion  que  les  membres  du  Bureau  de  la 
Fédération  sont  hostiles  à  la  caisse,  d'abord  parce  qu'aucun  n'a  voulu  en  faire 

partie 

Les  deux  institutions  défendent  des  intérêts  différents,  et  l'un  ne  peut  géuer 
l'autre.  La  Fédération,  surtout,  au  début  pouvait  beaucoup  aider  la  caisse,  <  l 
un  lui  reproche  avec  juste  raison,  de  ne  l'avoir  pas  fait.  > 

A  la  même  époque,  le  iâ  septembre,  le  méoie  confrère  m'écrivait  ces  mots 
dictés  par  un  esprit  de  louable  conciliation  : 

«  Je  souhaite  l'union  et  je  la  prêcherai  toujours 

>  Pour  cimenter  une  union  solide  entre  les  deux  Associations,  il  faudrait 
pousser  à  la  souscription  à  la  caisse,  et,  séance  tenante  réunir  des  adhésions. 
Cela  serait  très-facile.  Le  discours  du  Président  pourrait  s'y  prêter.  Il  ne  faut 
pas  perdre  de  vue  ceci  :  la  caisse  est  fondée.  Elle  est  sûre  de  vivre.  Elle  agglo- 
mère sans  cesse  de  nouveaux  éléments,  et  si  on  voulait  un  peu  s'en  occuper, 
elle  se  multiplierait  beaucoup  plus  encore.  Elle  est  d'un  intérêt  immédiat.  Si 
la  Fédération  veui  vivre,  elle  doit  s  appuyer  sur  elle;  hors  de  là,  je  ne  pense 
pas  quelle  puisse  subsister.  Les  deux  peuvent  s'entr'aider.  * 

Encore  à  la  veille  de  notre  réunion  d'Alost,  j'exprimais  le  même  espoir  à  un 

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498  FâDÉRiTION  UémCMAi  BSL6B. 

autre  eonfrère,  dont  Je  caractère  nous  est  sympathique  à  tous.  Voici  dans  quels 
termes  il  me  répondit  ie  25  août  : 

<  Eh  bien!  non,  je  n*irai  pas  (d'autres  que  moi  n'iront  pas),  à  la  réunion 
d*Alost.  Notre  abstention  doit  être  considérée  comme  une  réponse  à  la  conduite 
peu  généreuse  des  chefs  de  la  Fédération  à  l'égard  de  la  caisse  des  pensions 
du  corps  médical. 

»  Les  deux  institutions  auraient  pu  marcher,  en  s'appuyant  Tune  sur  l'autre, 
on  ne  l'a  pas  voulu, 

>  La  Fédération  a  abandonné  la  caisse;  la  caisse  avertit  la  Fédératioa.  — 
Plus  tard  elle  avisera.  Songez  à  ce  qui  arrivera  le  jour  où  les  affiliés  à  la  caisse 
se  retireront  de  la  Fédération.  Cependant  cette  solution  est  probable,  elle  est 
prochaine  el  déjà,  elle  serait  un  fait  accompli,  si  votre  serviteur  et  d'autres 
confrères  n'étaient  intervenus  activement. 
Croyez-moi  quoiqu'il  arrive,  etc.     ...» 

Vous  voyez,  Messieurs,  par  cette  correispondance,  que  toutes  les  démarches, 
du  Bureau  n'avaient  qu'un  but  :  l'union  et  l'entente. 

Je  pourrais  encore  vous  lire  bien  d'autres  lettres;  mais  celles-ci  suffisent 
pour  vous  prouver  qu'il  n'est  jamais  entré  dans  la  pensée  du  Bureau  d'être 
hostile  à  la  caisse  des  pensions. 

Mais,  je  vous  demanderai  si  l'absence  du  secrétaire  de  la  caisse  des  pensious 
et  de  ses  membres  les  plus  influents,  à  la  séance  d'aujourd'hui,  alors  qu'il 
s'agit  de  discuter  une  question  posée  par  l'un  des  bienfaiteurs  de  cette  insti- 
tution, n'est  pas  de  nature  à  faire  douter  de  l'alliande  entre  la  caisse  des  pen- 
sions et  la  Fédération  médicale  ;  et  ne  sommes-nous  pas  en  droit  de  craindre 
que  ce  qui  nous  a  été  prédit  se  réalise? 

J'ai  la  conviction,  Messieurs,  que  si  nous  sommes  moins  nombreux  à  nos 
réunions  qu'autrefois,  ce  n'est  pas  A  un  manque  d'activité  de  la  Fédération  qu'il 
faut  l'attribuer,  mais  à  des  influences  indépendantes  de  sa  volonté. 

Quoiqu'il  en  soit,  je  vous  en  fais  la  déclaration  publique,  jamais  ni  la  Fédé- 
ration, ni  son  Bureau  tout  entier  n'ont  été  hostiles  à  la  création  de  la  caisse 
des  pensions;  et  j'affirme  devant  vous,  que  le  Bureau  a  tout  fait  pour  l'aider  à 
se  constituer  el  pour  qu'elle  réussisse;  seulement  il  ae  lui  a  pas  donné  son 
adhésion  individuelle,  parce  qu'il  n'avait,  pas  confiance  dans  la  base  première 
sur  laquelle  elle  est  établie. 

La  Fédération  n'a  rien  fait  contre  elle  ;  au  contraire,  elle  a  tout  fait  pour  elle; 
la  preuve  en  est  dans  nos  archives  ;  nous  avons  tout  fait  pour  l'aider,  non-seu- 
lement de  notre  travail,  mais  eacore  de  nos  deniers. 

J'espère  qu'après  ce  que  je  viens  de  dire,  M.  Gravez,  sera  convaincu  que  la 
Fédération  ne  périclite  pas,  et  s^il  en  était  ainsi,  contre  toute  attente,  le  corps 
médical   perdrait   l'influence    d'une  Association   protectrice  de   ses  intérêts 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE.  499 

moraux,  poor  rester  en  présence  cl*une  autre,  protectrice  de  ses  intérêts  maté- 
riels dont  il  n*a  pas  encore  fait  l'expérience  des  mécomptes. 

M.  Delecosse.  —  Je  crois  qu!il  est  inutile  de  prolonger  plus  longtemps  les 
récriminations  d*une  part  et  la  défense  de  l'autre.  Pour  moi,  j'ai  la  conviction 
intime  que  le  Bureau  de  la  Fédération  fait  tout  ce  qu'il  peut;  que  notamment 
vis-à-vis  de  la  caisse  des  pensions,  il  se  trouve  dans  la  même  position  que  moi. 
En  effet,  je  désire  vivement  qu'elle  réussisse,  mais  je  n'ai  pas  de  confiance  dans 
la  base  sur  laquelle  elle  est  établie  :  et,  tout  en  lui  souhaitant  le  succès,  je 
n'ai  pas  cru  devoir  m'engager  dans  une  entreprise  où  je  prévois  beaucoup  de 
mécomptes. 

Il  serait  très  mauvais,  je  crois,  d'interpréter  d'une  façon  malveillante 
l'abstention  de  ceux  qui  n'ont  pas  pris  part  à  l'organisation  de  cette  caisse  et 
de  considérer  leur  manière  d'agir  comme  un  acte  de  mauvaise  confraternité. 
Pour  ma  part,  je  n'ai  aucune  espèce  d'hostilité  contre  cette  caisse,  et  je  suis 
même  intimement  lié  avec  bon  nombre  de  ses  affiliés. 

Maintenant,  il  me  reste  et  remercier  M.  Crocq  de  l'éloge  flatteur  qu'il  a  bien 
voulu  m'adresser  au  sujet  du  résultat  que  j'ai  obtenu  au  Conseil  communal  de 
Bruxelles.  Ce  résuUat  n'est  pas  encore  consacré  par  un  v^ole;  toutefois,  le 
Conseil  est  tout  disposé  à  porter  de  500  à  1 ,200  francs  le  traitement  des 
médecins  des  pauvres.  C'est  un  premier  pas  de. fait.  Eh  bien,  poursuivons  cette 
voie,  au  lieu  de  nous  user  dans  des  discussions  stériles;  prenons  parmi  les 
nôtres  ceux  que  nous  considérons,  sinon  comme  les  plus  dignes,  du  moins 
comme  ceux  qui  sont  les  plus  aptes  à  remplir  des  mandats  électifs;  et  en- 
voyons ces  confrères  défendre  nos  intérêts  dans  toutes  les  assemblées  délibé- 
raiites,  dans  les  conseils  communaux  et  provinciaux,  et  dans  les  Chambres 
législatives.  C'est  le  seul  moyen  d'arriver  à  un  résultat  pratique.  Souvent  les 
gens  sont  animés  de  très-bonnes  intentions,  mais  ne  peuvent  se  décider  à 
prendre  une  décision  sur  des  questions  qui  ne  sout  pas  de  leur  compétence  et 
que  l'on  ne  s'est  pas  donné  la  peine  de  leur  expliquer.  De  même  que  beaucoup 
de  membres  du  Conseil  communal  de  Bruxelles  ne  connaissaient  nullement  la 
question  relative  au  traitement  des  médecios  des  pauvres,  de  même,  j'en  suis 
persuadé^  beaucoup  de  fonctionnaires  supérieurs  du  département  des  travaux 
publics  ne  savent  pas  ce  que  nous  demandons.  M.  le  minlsti*e  des  travaux  pu- 
blics lui-même  s'esi  déclaré  incompétent  dans  cette  question,  et  il  m*a  conseillé 
d'en  référer  à  M.  Lepère^  président  de  la  caisse  des  pensions  des  chemins  de 
fer. 

Je  trouve  qu'au  lieu  de  nous  avancer  davantage  dans  uae  tentative  de  grève, 
à  laquelle  j'aurais  peut-être  fini  par  prendre  part  pour  faire  preuve  de  bonne 
confralerniléy  nous  devons  charger  une  députation  de  se  rendre  auprès  du  pré- 
sident de  la  caisse  des  secours  des  chemins  de  fer,  aGn  de  lui  exposer  sérieuse- 
ment la  situation  des  médecinsagréés  et  de  lui  demander  les  réformes  dont  nous 


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500  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGB. 

proclamons  tous  la  nécessité.  Si  nous  rencontrons  de  la  mauvaise  volonté,  si 
nous  n'obtenons  aucun  résultat  favorable,  je  serai  le  premier  à  recommencer 
une  campagne  en  règle  contre  l'aclministration. 

Je  formulerai  donc  une  proposition  dans  ce  sens,  c'est-à-dire  de  charger  une 
commission  spéciale  de  sVntendre  avec  le  comité  administratif  de  la  caisse  des 
pensions  des  chemins  de  fer  et  de  lui  exposer  nos  griefs,  dVntendre  sa  réponse 
et  de  la  faire  connaître  aux  intéressés. 

M.  PouRBAix.  —  Après  la  croisade  de  plusieurs  années  que  nous  avons  entre- 
prise pour  amener  nos  confrères,  qui  étaient  attachés  à  Tadministration  des 
chemins  de  fer,  à  se  retirer,  nous  ne  pouvons  pas  laisser  les  choses  au  point  où 
elles  en  sonl.  Beaucoup  ont  fait  preuve  de  zèle,  beaucoup  y  ont  mis  du  dévoue- 
ment  et  ils  nous  demandent  une  solution  convenable.  Je  crois  donc  qu'il  y  au- 
rait certaines  mesures  à  prendre.  Ainsi,  quand  un  confrère  vient  au  détriment 
d'un  autre  faire  de  la  médecine  au  rabais,  formulons  une  accusation  en  règle, 
et  agissons  contre  lui,  puisqu'il  fait  acte  de  mauvaise  confraternité. 

M.  Deliôosse.  —  11  faudrait  sauvegarder  les  intérêts  de  nos  confrères  qui 
ont  pris  des  engagements  dont  ils  ont  été  victimes  et,  si  l'on  parvient  à  s'en- 
tendre avec  les  administrateurs  de  la  caisse  de  pensions,  nous  arriverons  bien 
facilement  à  faire  réintégrer  dans  leurs  positions  ceux  qui  se  sont  sacrifiés  dans 
l'intérêt  de  leurs  collègues  et  qui,  dans  ce.  but,  ont  donné  leur  démission. 

M.  GoFFiN.  —  Il  me  senibie  que  nous  ne  pouvons  pas  nous  séparer,  sans 
protester  contre  les  paroles  prononcées  par  M.  Gravez  et  sans  rendre  hom- 
mage au  zèle  et  à  Taclivité  des  membres  du  Bureau.  Ces  Messieurs  ont  fait  tout 
ce  quDs  pouvaient  et»  s'il  est  vrai  que  la  Fédération  périclite,  il  faut  recon- 
naître qu'ils  ont  déployé  toute  l'énergie  dont  ils  sont  capables  pour  la  maintenir 
à  un  niveau  qui  ne  s'est  jamais  abaissé. 

M.  PovRBAix.  —  Avant  de  lancer  la  pierre  à  Thonorable  docteur  Gravez  et  à 
la  Société  des  médecins  de  charbonnages  du  Centre,  que  les  médeeins-agréés 
donnent  leur  démission!  Alors  seulement,  la  question  des  chemins  de  fer  sera 
tranchée! 

M.  Delecosse.  —  Il  est  convenable  de  ne  pas  soulever  plus  longtemps  ces 
questions  de  personnes.  Les  paroles  q<i'a  prononcées  tout  à  l'henre  M.  Gravez 
ont  pu  aller  un  peu  loin,  mais  il  faut  tenir  compte  du  sentiment  qui  les  a 
inspirées.  Je  demande  donc  que  l'on  ne  prenne  pas  en  considération  la  propo- 
sition de  M.  Goffin  et  que  l'on  mette  fin  à  cet  incident. 

M.  le  Président.  — Il  est  inutile  de  faire  plus  longtemps  mention  de  cet 
incident.  Nous  ne  sommes  d'ailleurs  nullement  offensés  par  les  attaques  qui 
ont  été  dirigées  contre  nous;  nous  les  avons  réfutées  ;  c'était  notre  droit,  mais 
je  crois  que  nous  devons  nous  borner  à  cela. 

M.  Delecosse.  —  Ma  proposition  a  été  indiquée  par  le  Ministre  lui-même. 

M.  le  Président.  —  Elle  est  rationnelle. 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE.  301 

M.  Dblecosse.  —  Je  ne  fais  pa?  de  lonjç  plaidoyer  pour  la  faire  accepter;  il 
me  suffît,  me  semble-t-il^  de  vous  dire  que  ma  proposition  se  justifie  et  s'èxpli* 
que  par  la  conversation  que  j'ai  eue  avec  M.  le  ministre.  Si  vous  la  trouvez 
bonne  aeceptez-là  ;  si  vous  U  trouvez  mauvaise,  indiquez-moi,  je  vous  prie,  le 
moyen  de  sortir  d'embarras. 

Il  y  a  des  gens  pour  qui  la  question  d'amour-propre  est  capitale  et  qui 
diront  qu'en  acceptant  ma  propositioîi  vous  ferez  bon  marché  de  votre  dignité, 
à  cela  je  répondrai  qu'entre  la  dignité  et  l'entêtement,  il  y  a  un  juste  milieu, 
qui  est  possible  pour  tout  le  monde.  Mettons  donc  notre  notre  amour-propre  de 
côté;  songeons  à  l'intérêt  de  nos  confrères,  et  si  Ton  nous  accuse  d'avoir 
manqué  d*énergie  et  de  fermeté  en  cette  circonstance,  nous  trouverons  facile* 
ment  notre  consolation  et  notre  justification  dans  le  sentiment  du  devoir  accom- 
pli et  dans  la  conviction  d'avoir  cherché  à  rendre  service  à  nos  collègues. 

M.  le  Président.  ^-  Il  n'y  a  pas  de  difl'érence  radicale  entre  la  proposition 
de  M,  Delçeosse  et  celle  que  vous  avez  adoptée  Tannée  dernière  :  au  contraire, 
elle  tend  au  même  but  :  améliorer  la  position  des  médecins  du  chemin  de  fer. 

Vous  avez  décidé,  Messieurs,  de  vous  abstenir  au  cas  où  la  position  ne  serait 
pas  améliorée,  et  si  vous  nommez  une  commission  pour  démontrer  que  l'amé- 
lioration du  sort  des  médecins  est  une  nécessité,  vous  ne  vous  contredites 
nullement.  Vous  dites  le  but  de  la  démarche  qui  a  été  faite  l'année  dernière,  et 
vous  tâchez  de  faire  comprendre  qu'il  faut  rendre  justice  au  corps  médical. 
La  commission  peut  ouvertement  faire  valoir  la  décision  qui  a  été  piMse  l'année 
dernière.  Je  crois  que  nous  pouvons  discuter  et  vot^er  la  proposition  de 
M.  Detecosse,  puisqu'elle  consiste  à  nommer  une  commission  qui  sera  chargée 
de  s'entendre  avec  les  membres  de  l'administration  de  la  caisse  des  pensions 
des  chemins  de  fer,  pour  obtenir  une  amélioration  à  la  position  des  médecins. 

M.  Delegosse.  — -  Cette  même  commission  se  souviendrait  des  confrères  qiif 
ont  fait  le  sacrifice  de  leur  position,  et,  si  nous  arrivions  à  un  arrangement, 
nous  ferions  tous  nos  efforts  pour  faire  réintégrer  ces  confrères  dans  leur 
position. 

M.  Gravez.  —  La  nomination  d'une  commission  de  l'espèce,  donnerait  en 
quelque  sorte  raison  au  défi  qui  nous  a  été  jeté  l'an  dernier,  par  M.  le  Mi- 
nistre des  travaux  publics,  en  ces  termes  :  votis  ne  »aurie%  vous  entendre. 
Elle  constituerait  un  aveu  de  faiblesse  ou  d'impuissance.  Ce  serait  le  corps  mé- 
dical abandonnant  toute  dignité  en  tendant  la  main. 

M.  le  Président.  —  Voici  la  proposition  de  M.  Delecosse  : 
Une  commission,  nommée  par  le  Bureau  de  la  Fédération,  et  composée  de 
médecins  agréés  et  de  médecins  nonagréés  de  TAdministration  des  chemins  de 
fer,  postes  et  télégraphes,  aura  pour  mission  : 

i°  De  se  mettre  en  rapport  avec  le  Comité -directeur  de  la  caisse  des  pensions 
et  secours  des  ouvriers  de  la  dite  Administration. 


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502  FÉWeRATION  iMÉMCALE  BELGE. 

2«»  D'exposer  à  ce  Comité-directeur  la  situation  qui  est  faite,  aux  médecins- 
agréés,  par  les  tarifs  et  les  règlements  actuellement  en  vigueur. 

3»  De  s'efforcer  d'obtenir,  de  ce  comité,  le  redressement  complet  et  immédiat 
des  griefs  légitimes  qui  ont  été  si  souvent  signalés,  par  le  corps  médical  belge, 
au  sujet  de  l'insuffisance  dérisoire  de  la  rémunération  accordée  aux  médecins- 
agréés  de  rAdministraiion. 
—  Cette  proposition  est  mise  aux  voix  ;  elle  est  adoptée. 
M.  LR  Président.  —  Il  sera  donc  nommé  une  Commission  que  Ton  chargera 
de  s'bcctiper  de  la  question. 

N.  Delecosse.  —  Je  demande  que  le  Bureau  soit  chargé  de  poursuivre  la 
réalisation  du  vœu. 

M.  LE  Président.  -  Il  ne  peut  pas  s'en  charger  à  lui  tout  seul,  parce  que 
il  ne  peut  assumer  h  responsabilité  de  ce  qui  peut  arriver.  Ensuite,  le  Bureau 
désire  que  cette  commission  soit  composée,  sinon  en  totalité^  du  moins. en  partie 
de  médecins  agréés,  car  ceux  qui  ne  le  sont  pa*s  ne  sauront  jamais  faire  valoir 
convenablement  des  griefs  qu'ils  ne  connaissent  pas. 

M.  Mayer.  —  Je  propose  que  le  Président  fasse  de  droit  partie  d€  la  Com- 
mission. 
M.  Delecosse.  -  Ainsi  que  le  Secrétaire. 
M.  Descamps.  —  M.  Delecosse  doit  en  faire  partie. 

~-  MM.  Crocq,  Delecosse,  Dele  (Anvers),  Feigneaux,  Goffin,  Gravez  (Hou- 
deng),  Mayer  (Anvers),  sont  désignés  pour  faire  partie  de  cette  Commission. 

L'ordre  du  jour  appelle  VExamen  de  la  proposition  de  M.  Lagae  tendant  à 
ce  que  la  Fédération  médicale  verse  à  la  caisse  des  pensions  une  somme  à  fixer 
par  elle^  dans  le  but  d'afflrmer  ses  sympathies  pour  l^œuvre. 

Un  membre.  —  En  Tabsence  de  M.  Lagae,  il  serait  bon  d'ajourner  celte  ques- 
tion, qui,  du  reste,  parait-tl,  soulève  quelques'  observations  de  la  part  de 
M.  Feigneaux. 

M.  FeiCneacx.  —  Dites  donc  de  la  part  d^  plusieurs  membres. 
Un  membre.  —  Je  répète  en  tout  cas  qu'il  serait  convenable  d'ajourner  cette 
question  jusqu'à  fa  prochaine  réunion. 

M.  Delecosse.  --  Je  demandé  que  même  en  l'absence  de  M.  Lagae  nous  pre- 
nions  une  résolution.  Le  meilleur  moyen  que  la  Fédération  ait  de  montrer 
qu'elle  est  animée  d'excellentes  intentions  à  l'égard  de  la  caisse  des  pensions, 
c'est  de  faire  ce  que  l'on  a  demandé  à  l'Assemblée  d'Alost  :  réaliser  la  pro« 
position  de  tVL  Lagae. 

Je  demande  que  cette  proposition  soit  discutée,  mise  aux  voix  et  adoptée  à 
l'unanimité. 
M.  Dewinne.  —  J'appuie  la  proposition  de  M.  te  docteur  Lagae. 
M.  Lagae,  établi  dans  les  Flandres  depuis  plus  d'un  demi  siècle,  en  rapport 
constant  avec  les  médecins  de  sa  province,  a  plus  que  tout  autre  pu  apprécier 


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Tuiilité,  je  dirai  même  plus,  la  nécessité  d'unfi  caisse  de  pensions  pour  le  corps 
médical.  Il  a  dû  voir  de  vieu%  médecins,  épuisés  par  la  fatigue  d'une  carrière 
laborieuse,  ne  plus  suffire  à  leur  entretien  et  à  celui  de  leur  famille;  il  a  dû 
voir  des  médecins  jeunes,  frappés  d'infirmités,  tomber  dans  la  misère,  parce 
qu'ils  se  trouvaient  incapables  d'exercer  leur  profession;  il  a  dû  vair  des  mé- 
decins mourir  à  la  force  de  Tâge  et  laisser  des  veuves  et  des  enfonts  sans 
ressources. 

Et  ce  qu'il  a  été  à  même  de  voir,  nous  tous  qui  pratiquons  dans  les  pe(iXes 
villes  et  dans  les  villages,  nous  avons  pu  le  voir,  ^on  cœur  s'est  ému  au  spec- 
tacle de  ces  misères.  C'e&t  pourquoi  il  s'est  montré  toujours  le  champion  ardent 
d'une  caisse  de  pensions;  toujours  et  dans  toutes  les  circonstances  nous  l'avons 
vu,  avec  son  caractère  charitable  prendre  le  parti  des  médecins  peu  fortunés 
et  de  leurs  familles. 

Sa  proposition  n'a  d'autre  but  que  de  rendre  l'existence  de  la  caisse  des  pen- 
sions plus  solide,  et  de  faire  profiter  le  plus  grand  nombre  des  biens  qu'elle 
peut  procurer. 

Dans  plus  d'une  occasion  la  Fédération  a  affirmé  ses  sympathies  pour  la 
caisse  des  pensions;  elle  a  fait  plus,  elle  a  provoqué  sa  naissance.  Sans  la  Fédé- 
ration la  caisse  des  pensions  n'aurait  peut-être  jamais  vu  le  jour.  C'est  d'elle 
et  par  elle  que  la  caisse  est  née.  C'est  elle  qui  a  fourni  les  premiers  fonds  pour 
les  frais  de  premier  établissement.  On  lui  demande  aujourd'hui  de  faire  pour 
la  consolidation  de  la  caisse,  ce  qu'elle  a  fait  naguère  pour  sa  création  ;  on  lui 
demande  de  montrer  d'une  manière  évidente  ses  sympathies  (K>ur  la  caisse,  et 
ainsi,  d'encourager  les  médecins  à  adhérer  à  une  institution  qui  doii  procurer 
des  bienfaits  d'autant  plus  grands  qu'elle  sera  plus  solidement  établie. 

La  caisse  des  pensions  du  corps  médical  a  son  existence  assurée  ;  elle  compte 
au  delà  de  500  membres,  elle  a  actuellement  un  capital  de  225,000  fr.,  qui, 
dans  quatre  ans,  sera  plus  que  doublé  —  déjà,  dès  maintenant,  elle  donne 
quelques  pensions  à  des  familles  nécessiteuses.  En  1880  le  service  des  pen- 
sions sera  régulièrement  établi,  et  on  partagera  entre  les  ayant-droit,  les 
intérêts  du  capital  ajoutés  aux  5/6  des  cotisations  annuelles. 

Le  capital  lui  même  ne  fera  qu'augmenter  d'année  en  année,  Usera  constitué 
des  cotisations  accumulées  avec  leurs  intérêts  des  dix  premières  apnées,  du 
sixième  des  cotisations  annuelles,  et  des  dons  faits  à  la  caisse  par  des  méde- 
cins généreux. 

Ce  qu'on  demande  à  la  Fédération,  c'est  de  recommander  la  caisse  des  pen- 
sions, c'est  de  faire  une  bonne  action. 

En  entrant  dans  cette  voie,  la  Fédération  remplira  un  des  btits  en  vue  des- 
quels elle  a  été  elle-même  créée. 

En  tête  de  ses  statuts,  on  lit  que  la  Fédération  a  pour  but t  de  donner 

aide  et  protection  à  ses  membres^  d'entretenir  la  bonne  coûfraternité,  de  tra- 


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504  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE. 

vailler  en  commun  au  développement  des  intérèls  matériels  de  la  profession.  » 

Quel  autre  but  a  donc  la  caisse  des  pensions?  et  si  ce  but  lui  est  commun 
avec  la  Fédération,  ne  se  doivent-elles  pas  aide  et  secours  dans  toutes  tes 
circonstances? 

Nous  venons  d'entendre»  dans  la  discussion  précédente,  que  malgré  les 
conditions  défavorables  du  tarif  des  chemins  de  fer,  beaucoup  de  médecins 
agréés  ne  donnent  pas  leurs  démissions  et  que  d'autres  médecins  postulent  les 
places  vacantes. 

Certes,  il  est  largement  prouvé  que  ce  tarif  est  insuffisant,  indigne  des  méde- 
cins et  indigne  de  l'Administration  qui  l'a  imposé,  et  que  ceux  qui  s'y  sou- 
mettent obéissent  à  des  considérations  qui  ne  sont  pas  d'accord  avec  leur 
intérêt  bien  entendu. 

Qu'est-ce  qui  les  pousse  dans  cette  voie?  Il  en  est  qui  ne  donnent  pas  leur 
démission  parce  qu'ils  n'ont  pas  confiance  dans  leurs  confrères,  et  malheureu- 
sement, il  n'est  que  trop  vrai,  qu'on  compte  beaucoup  de  ces  confrères  qui, 
foulant  aux  pieds  toute  dignité  personnelle,  se  trouvent  toujours  prêts  à  s'em- 
parer de  ce  qui  ne  leur  revientâ  aucun  titre;  mais,  il  en  est  d'autres,  qui  se 
trouvent  dans  le  besoin,  qui  n'ont  pas  la  riche  clientèle,  et  qui  sont  heureux 
de  trouver  à  faire  des  visites  aux  conditions  du  tarif  des  chemins  de  fer. 

Pour  ces  médecins,  souvent  chargés  d'une  nombreuse  famille,  l'institation 
de  la  caisse  des  pensions  est  un  grand  bienfait  ;  que  ceux  qui  sont  favorisés  de 
la  fortune  ne  se  placent  pas  à  leur  point  de  vue  particulier;  qu'ils  envisagent 
les  choses  au  point  de  vue  de  ces  confrères  malheureux,  et  ils  se  feront  membres 
de  la  caisse  des  pensions,  ils  s'en  feront  les  protecteurs,  et  alors,  ils  entraîne- 
ront avec  eux,  stimulés  par  leur  exemple  ceux  qui  n'ont  pas  confiance  dans  la 
caisse,  parce  qu'ils  voient  que  ceux  qu'ils  investissent  de  hautes  fonctions  ne 
donnent  pas  leur  appui,  tout  leur  appui  à  la  caisse. 

Ils  feront  de  la  bonne  confraternité,  de  la  vraie  fraternité,  en  favorisant 
une  œuvre  qui  a  pour  but  de  venir  au  secours  de  confrères  que  l'âge  empêche' 
de  se  livrer  à  leurs  occupations  professionnelles,  au  secours  de  confrères 
infirmes,  incapables  de  suffire  aux  besoins  de  leurs  familles  et  de  l'éducation 
de  leurs  enfants,  au  secours  de  veuves  et  d'orphelins,  délaissés  par  la  mort 
prématurée  d'un  époux,  d'un  père,  emporté  avant  l'âge  par  une  maladie 
contagieuse. 

L'institution  d'une  caisse  de  pensions  en  faveur  des  médecins,  administrée 
par  des  médecins,  ne  mériterait-elle  donc  aucune  confiance?  La  Fédération 
instituée  pour  veiller  aux  intérêts  des  médecins  pourrait-elle  la  négliger?  Peut- 
elle  l'abandonner  à  elle-même.  N'est-elle  pas  obligée  à  en  avoir  plus  de  soucis 
que  le  Gouvernement,  qui,  jusqu'ici,  malgré  toutes  les  démarches  qu'on  a 
faites,  ne  veut  pas  lui  reconnaître  une  existence  légale! 

Non,  Messieurs;  j'ai  la  ferme  conviction  qu'il  n  eu  sera  pas  ainsi.  Je  suis 
certain  que  ceux  parmi  les  médecins  qui  sont  arrivés  à  la  richesse  par  Texer- 


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FfeDfilîATlON  MÉDICALE  BELGE.  505 

cice  de  ta  profession  médicale,  ne  voudront  pas  manquer  Poccasion  de  se 
rendre  utiles  à  leurs  confrères  qui  n*ont  pas  eu  comme  eux  le  bonheur  d'arriver 
à  la  fortune,  et  qu'ils  favoriseront  de  tout  leur  pouvoir  une  œuvre  confraternelle 
et  humanitaire. 

.  M.  LB  Président.  —  M.  Delecosse  dit  que  sans  doute  nous  voterons  h  l'una- 
nimité la  proposition  de  M.  Lagae.  Eh  bien^  il  n'en  sei'a  pas  ainsi,  parce  que 
ponr  ma  part,  je  déclare  que  je  voterai  contre.  Vous  voyez.  Messieurs,  que  je 
ne  cache  nullement  ma  manière  de  voir,  bien  que  je  sache  qu'on  m'en  fera  un 
grief.  Pourtant,  je  ne  suis  que  logique  et  conséquent  avec  moi-même  en  agissant 
ainsi.  Rappelez-vous  que  je  me  sois  opposé  i  la  création  de  la  caisse  des  pen- 
sions. Je  voulais  une  autre  institution  que  je  crois  seule  utile,  vous  ne  l'avez  pas 
voulue,  le  ne  puis  pas  m'associer  à  une  chose  que  je  considère  comme  mauvaise. 
On  me  demande  si  je  suis  ou  non  sympathique  à  la  caisse?  Non,  Messieurs,  je 
n'y  suis  pas  sympathique  et  pourtant  je  n'y  suis  pas  antipathique  non  plus,  pas 
plus  que  je  ne  suis  sympathique  ou  antipathique  à  la  Banque  nationale  ou  à  la 
xBanque  de  Belgique.  J'apprécie  le  bilan  de  ces  institutions  financières  et  voilà 
tout. 

La  question  de  sentiment  n'a  rien  à  voir  ici,  absolument  rien.  Une  caisse 
des  pensions  n'est  pas  une  institution  de  bienfaisance  ou  de  prévoyance, 
comme  l'honorable  préopinant  a  voulu  nous  le  faire  croire.  Il  a  parlé  de  méde^ 
cins  malheureux,  de  malheureuses  veuves,  de  malheureux  enfants,  et  W  a  cru 
que  l'on  a  fait  quelque  chose  d'utile  pour  eux  en  créant  la  caisse  des  pensions, 
Ce  n'est  pas  mon  avis.  Je  vais  vous  le  démontrer. 

Vous  créez  une  caisse  de  pensions,  vous  vous  cotisez  pour  l'alimenter,  tout 
le  monde  a  le  droit  d'y  toucher  des  pensions.  Le  médecin  qui  à  iO  ou  50  mille 
francs  de  revenu  aura  une  pension  absolument  comme  le  médecin  pauvre  et 
louchera  comme  lui  250  à  500  francs.  D'autres  plus  compétents  que  moi  sont 
arrivés  au  même  résultat.  Cette  caisse  ne  sera  donc  pas  autre  chose  qu'une 
espèce  de  compagnie  d'assurance  entre  médecins,  et  ne  pourra  fournir  que 
des  résultats  défavorables.  Voilà  la  caisse  des  pensions.  Est-ce  bien  là  ce  que 
doit  être  une  semblable  institution  ? 

Une  institution  philanthropique  doit  viser  à  l'infortune  et  non  ailleurs. 
Mais,  me  direz-vous,  est-ce  que  le  médecin  qui  a  50  mille  livres  de  rente  tou- 
chera 500  francs?  Et  pourquoi  pas,  c'est  son  droit.  Peut-être  bien,  le  médecin 
riche  fera  abandon  à  la  caisse,  afin  d'aider  un  confrère  qui  n'est  pas  tout  aussi 
bien  loti  que  lui,  mais  il  peut  ne  pas  le  faire,  et  alors  les  médecins  moins  riche 
que  lui  qui  auront  agi  ainsi,  se  seront  dépouillés  en  sa  faveur.  C'est  là,  en  tout 
cas,  une  question  fort  délicate.  Pour  ma  part  je  ne  ferai  aucun  don  à  ta  caisse 
des  pensions,  parce  qu'elle  n'est  pas  une  institution  de  bienfaisance,  pas  plus 
que  je  ne  ferai  un  don  à  une  compagnie  d'assurance  quelconque.  Avez-Vous 
jamais  vu  un  ingénieur  verser  à  la  caisse  des  pensions  des  ingénieurs  ou  bien 

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506  FÉDÉRATION  MËDIGf^LE  BELGE. 

refuser  de  toucher  une  pension  qui  lui  revient  de  droit?  Pas  le  moins  du 
monde.  L'ingénieur  riche  aime  à  toucher  une  pension  tout  comme  celui  qui  n*a 
rien.  Au  lieu  de  la  caisse  des  pensions  il  fallait  créer  une  institution  de  bien- 
fnisance,  qui  aurait. agi  bien  plus  efficacement  que  celle  que  Ton  vous  expo- 
sait tout  à  rheure,  parce  que,  qui  dit  bienfaisance  sollicite  des  dons  gratuits. 
Vous  auriez  eu  alors  des  pensions  de  600,  800  ou  1000  francs,  tandis  que 
maintenant  vous  avez  des  pensions  de  250  ou  300  francs.  Vous  comprenez  dès 
lors  pourquoi  je  ne  pujs  pas  encourager  la  caisse  des  pensions,  et  pourquoi  jç 
vote  contre  Tencouragement  que  Ton  veut  donner  à  une  institution  qui  ne 
répond  nullement  aux  besoins  qu'elle  est  appelée  à  desservir,  et  que  je  crois 
plutôt  nuisible  qu'utile.  Du  reste  ce  n'est  pas  par  des  sentiments  non  avouables 
à  regard  de  la  caisse  des  pensions  que  j'ai  été  amené  à  prendre  la  parole.  Je 
vous  l'ai  dit  déjà,  je  n'ai  en  vue  que  de  prouver  que  ma  manière  de  voir  est 
restée  la  mémr,  et  qu'aucun  argument  n'est  venu  la  modifier. 

M.  LE  Secrétaire.—  Conséquent  avec  moi-même,  aujourd'hui  comme  autre- 
fois, je  reste  partisan  des  Caisses  de  prévoyance  etjenepuis  me  rallier  aux  par- 
tisans de  la  Caisse  des  pensions,  n'ayant  pas  confiance  dans  la  base  sur  laquelle 
elle  est  établie.  Ne  voulant  pas  me  rendre  solidaire  des  mécomptes  qui  pour- 
raient en  résulter,  je  voterai  contre  la  proposition  de  M.  Lagae.  Je  vous  ferai 
remarquer  d'ailleurs  que  l'article  16  de  notre  règlement  s'oppose  à  ce  que 
nous  appliquions  autrement  nos  deniers  qu'à  des  frais  d'administration.  Le 
conseil  central,  dans  ses  séances  des  7  et  20  mai  186D,  a  pris  une  décision 
dans  ce  sens.  Voici  les  termes  du  procès-verbal  du  7  mai  :  c  Le  2«  article  à 
l'ordre  du  jour  ayant  rapport  au  moyen  de  mettre  en  pratique  la  caisse  de 
pensions,  est  mise  en  discussion.  Il  soulève  quelques  observations  adressées  au 
bureau  par  M.  Bomal,  relativement  à  la  publication  des  statuts  et  s'adressant 
au  conseil,  il  sollicite  en  faveur  de  l'institution,  l'intervention  financière  de  la 
Fédération  pour  subvenir  aux  premiers  frais  d'installation.  > 

te  M.  Crocq,  répondant  au  nom  du  Bureau,  affirme  de  son  entier  dévouement 
à  l'œuvre  votée  par  la  Fédération,  et  déclare  ne  pouvoir,  cependant,  admettre 
en  principe,  et  en  présence  des  termes  de  l'art.  16  du  règlement,  que  le  conseil 
affecte  les  deniers  de  la  Fédération  à  la  création  de  quelque  institution  que  ce 
soit,  en  eût-elle  reconnu  et  voté  l'utilité.  » 

«  Ce  serait,  dit-il,  établir  un  mauvais  précédent,  que  d'autres  associations, 
prenant  naissance  au  sein  de  la  Fédération,  seraient  en  droit  de  réclamer  pour 
elles.  » 

c  MM.  Feigneaux,  Montigny  et  V.  (Jytterhoeven  partagent  l'opinion  de  M.  le 
président;  ils  la  défendent  à  des  points  de  vue  différents  et  déclarent  ne  pou- 
voir se  rallier  à  la  proposition  de  M.  Bomal  qui  est  mise  aux  voix  et  rejetée.  > 

«  Le  20  mai  de  In  même  année,  la  question  fut  remise  à  l'ordre  du  jour,  du 
Conseil  central,  voici  les  termes  du  procès- verbal  : 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE.  507 

«  L*examen  de  la  proposition  de  MM.  Demarbaix  et  Hamoir,  relative  à  la 
création  des  fonds  nécessaires  à  tous  tes  frais  d'installation  de  la  Caisse  de  pen- 
sion ainsi  conçue  : 

c  |o  Demander  l'avance  des  fonds  à  la  Caisse  de  la  Fédération; 

«  2o  De  faire  un  appel  à  tous  les  membres  de  la  Fédération, 
soulève  un  débat  auquel   prennent  part  MM/Bougard,   Crocq,  Feigneaux, 
Laval,  Dewindt  et  Bomal.   > 

Le  Conscil/à  la  suite  de  ce  débat,  rejette  la  première  proposition,  appuyant 
sa  décision  sur  l'article  16  du  règlement.  Quant  à  la  seconde,  l'assemblée 
l'adopte,  amendée  par  M.  Bornai  en  ces  termes  :  «  faire  un  appel  de  fonds  à 
tous  les  membres  de  la  Fédération  par  une  circulaire  dont  le  coût  ne  devrait 
pas  dépasser  100  francs  et  qui  serait  supporté  h  titre  de  prêt  par  la  Caisse  de 
la  Fédération.  » 

Vous  voyez,  Messieurs,  que  non-seulement  l'article  16  du  règlement  est 
formel,  mais  qu'il  a  été  l'objet  d'une  interprétation  également  formelle  de  la 
part  du  Conseil  central,  alors  même  que  l'on  demandait  un  versement  de  fonds 
pour  couvrir  les  frais  d'installation  de  la  Caisse  des  pensions.  Je  crois  donc 
qu'eu  présence  de  Tarticle  16  nous  ne  pouvons  pas  passer  outre: 

M.  Dewindt.  —  Je  regrette  beaucoup  le^  difficultés  qui  sont  survenues  entre 
la  Fédération  et  la  Caisse  des  pensions.  Il  est  certain  que  ces  deux  institutions, 
au  lieu  de  se  combattre,  devraient  se  donner  la  main  et  marcher  ensemble; 
il  est  certain  que  si  nous  voulons  faire  de  la  bonne  confraternité,  au  lieu  de 
nous  combattre,  nous  devons  nous  aider.  La  Caisse  des  pensions  a  été  instituée 
dans  le  but  pour  lequel  la  Fédération  a  été  créée,  c'est-à-dire  dans  un  but  de 
fraternisation,  dans  le  but  d'arriver  ensemble  au  développement  des  intérêts 
matériels  de  la  profession.  Or,  je  le  demande,  une  Caisse  des  pensions,  instituée 
comme  elle  Test,  avec  les  éléments  dont  elle  dispose,  avec  les  fonds  qui  y  sont 
déjà,  avec  les  dons  que  Ton  y  ajoute  continuellement ,  a  une  existence  assurée 
et  je  ne  comprends  pas  que  Ton  dise  qu'elle  ne  soit  pas  utile.  Cela  peut  être 
l'appréciation  personnelle  du  président  ou  du  secrétaire. 

M.  LE  Président.  —  J'ai  émis  mon  avis  personnel. 

M.  Dewindt.  —  Vous  parlez  comme  président  de  la  Fédération  et  comme 
tel  vos  paroles  ont  plus  de  puissance  que  cellesde  toute  autre  personne.  Je  dis 
donc,  Messieurs,  que  la  caisse  des  pensions  est  solidement  établie  ;  dans  quel- 
ques années  elle  servira  des  pensions  à  ses  membres. 

Indépendamment  de  ce  qu'elle  est  caisse  des  pensions  elle  est  aussi  caisse  de 
prévoyance.  Mais  Messieurs,  je  trouve  que  tout  médecin  doit  être  heureux  de 
pouvoir,  le  cas  échéant,  recourir  à  semblable  Caisse. 

Tout  le  monde  n'est  pas  riche,  tout  le  monde  n'est  pa^  dans  l'aisance  ;  il  y  a 
des  médecins  qui  sont  dans  l'indigence  et  d'autres  médecins  aussi  seront  heureux 
de  trouver  à  la  lin  de  leur  carrière  une  pension  qu'ils  se  sont,  en  déGnilive, 


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1)08  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BBLGE* 

préparée  eux-mêmes.  Messieurs,  au  lieu  de  Topposition  qui  règne  entre  la 
Fédération  et  la  Caisse  des  pensions,  il  faudrait  de  Tunion,  et  c*esl  pourquoi  je 
demande  que  Ton  vote  à  Tunanlmitè  la  proposition  de  M.  Lagae.  On  ne  vous 
demande,  du  reste,  qu*une seule  chose;  c*est  de  poser  un  acte  de  sympathie  à 
regard  de  la  caisse  des  pensions.  Cette  démonstration  serait  un  encourage* 
menl.  J'appuie  donc  les  paroles  que  vient  de  prononcer  M.  Delecosse  et  j'invite 
rassemblée  à  voter  dans  le  sens  de  ces  paroles. 

M.  MiiESEN.  —  Messieurs,  je  partage  l'avis  de  3f .  Croeq  en  ce  qui  concerne 
l'existence  et  le  succès  de  la  caisse  des  pensions  ;  au  début  de  cette  association» 
la  presque  totalité  des  membres  qui  en  faisaient  parlie  ont  préféré  l'existence 
d'une  caisse  de  prévoyance  et  de  secours  mutuels.  J'ai  été  de  cet  avis  avec  tout 
le  Bureau  de  la  Fédération  médicale.  Maintenant  que  la  caisse  des  pensions 
existe,  qu'elle  demande  simplement  une  manifestation  de  sympathie  de  la  part 
de  la  Fédération»  je  pense  que  nous  ne  pouvons  pas  la  lui  refu&er.  Je  serais 
donc  d'avis  de  lui  accorder  ce  qu'elle  demande,  dans  le  but  surtout  de  la  rap- 
procher de  la  Fédération,  et  pour  lui  prouver  qqe  les  membres  du  Bureau  ne 
lui  sont  pas  hostiles.  D*ailleurs,  elle  appartient  à  tout  le  monde,  chacun  doit 
être  libre  d'y  adhérer  ou  de  ne  pas  y  adhérer.  Nous  ne  la  désapprouvons  pas, 
elle  est  établie,  elle  peut  gérer  ses  affaires  librement. 

Quant  à  nous  reprocher,  à  nous,  ixiembres  du  Bureau^  de  ne  pas  faire  parlie 
de  la  Caisse,  on  ne  le  peut  pas.  Nous  entendons  à  cet  égard  maintenir  la 
liberté  la  plus  complète. 

Ce  que  je  désire,  c'est  que  la  caisse  des  pensions  ne  soit  pas  éloignée  de  la 
Fédération,  c'est  pour  ce  motif  que  j'adhère  à  la  proposition  de  M.  Delecosse^ 
qui  consiste  à  faire  une  manifestation  sympathique  en  faveur  de  la  caisse. 

M.  PiGEOLBT.  —  Messieurs,  la  caisse  est  créée  eJti  dehors  de  la  Fédération, 
elle  est  prospère;  les  trois  quarts  des  membres  fédérés  y  ont  souscrit,  elle 
possède  beaucoup  d'argent;  pourquoi  faudrait-il  demander  à  la  Fé^dération 
de  ne  pas  respecter  son  règlement  en  venant  au  secours  de  cette  associa- 
tion ? 

Faulil  donner  de  l'argent  pour  donner  une  preuve  de  sympathie ?D*ailleurs, 
personne  ne  blâme  l'existence  de  TAssociation,  personne  ne  doute  que  tes 
membres  affiliés  ne  soient  satisfaits  de  sa  gestion.  Tout  y  est  parfait;  mais 
vous  voulez  que  l'expression  de  la  sympathie  des  membres  qui  ne  font  pas 
partie  de  la  Caisse  des  pensions  se  manifeste  par  de  l'argent?  Cela  n'est  pas 
nécessaire.  Nous  ne  pourrions  pas,  du  reste,  vous  donner  une  somme  assez 
importante*  Je  ne  puis  donc  m^associer  à  la  proposition,  d'autant  plus,  je  le 
répète,  que  notre  règlement  s'y  oppose. 

Nous  ne  pouvons  employer  nos  fonds  à  couvrir  d'autres  charges  que  celles 
qui  sont  nécessitées  par  les  frais  d'administration.  Du  reste,  la  Fédération  a 
déjà  fait  un  apport  d'argent  en  faveur  de  la  Caisse  des  pensions  lors  de  son 


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FÉDÉRATION  MÈDICAiE  BELGE.  $09 

înslallation.  De  sorte  que,  sous  ee  rapport  même,  et  au  point  de  vue  pécu- 
niaire^  la  Fédération  a  fait  ses  preuves;  je  nepuisdone  pas  adopter  la  proposi- 
tion de  M.  Lagac,  dans  les  termes  où  elle  est  conçue. 

M.  Dblbgossb.  —  Messieurs,  j*ai  confiiaencé  par  dire  tantôt  que  je  n'avais . 
pas  adhéré  à  la  Caisse  des  pensions  parce  que  je  ne  croyais  pas  qu'elle  répondit 
au  but  pour  lequel  elle  était  créée.  C'est  une  des  raisons  qu'a  exprimées 
M.  Crocq.  Il  disait  qu'il  ne  fallait  pas  ici  se  laisser  guider  par  des  questions  de 
sentiments,  mais  bien  par  le  raisonnement. 

Permettez-moi  de  dire,  qu*au  contraire,  il  ne  s'agit  pas  ici  de  questions  de 
-raisonnement,  mais  bien  de  sentiment.  Nous  voulons  démontrer,  même  aux 
plus  incrédules,  que,  ni  parmi  les  membres  du  Bureau,  ni  parmi  ceux  de  cette 
association,  il  n'y  a  pas  le  moindre  esprit  d'hostilité  contre  cette  institution. 

L'honorable  M.  Pigeolet  dit  :  «  Nous  n'avons  pas  besoin  de  voter  ce  crédit 
pour  donner  à  cette  institution  une  preuve  de  notre  sympathie  puisque  nous  la 
lui  donnons  en  paroles,  on  peut  nous  croire.  »  Mais  enfin,  messieurs,  il  faut 
prendre  les  gens  comme  ils  sont. 

La  Caisse  des  pensions  s'imagine  qu'il  y  a  hostilité  de  notre  part.  Elle  dit  : 
c  Donnez*nous  un  subside,  si  minime  qu'il  soit,  et  alors  nous  ne  croirons  plus 
à  cette  hostilité,  t  Elle  dit  :  «  La  sympathie  qui  n'agit  pas  est  une  sympathie 
morte.  » 

Pour  ma  part,  quand  MM.  Crocq  et  Pigeolet  disent  quelque  cho^e,  je  les 
crois  sur  parole  ;  mais  la  confiance  que  l'on  a  en  eux  peut  ne  pas  exister  en  tant 
qu'ils  parlent  comme  administrateurs  de  la  Fédération. 

En  ce  qui  me  concerne,  pour  en  arriver  à  la  paix  et  à  la  conciliation,  je 
demande  que  la  Fédération  vote  un  subside  pour  démontrer  d'uiie  manière 
incontestable  que  nous  n'avons  contre  la  Caisse  des  pensions  aucune  espèce 
d'hostilité.  Encore  une  fois,  Messieurs,  ce  n'est  pas  le  raisonnement  qui  me  fait 
agir  ainsi,  c'est  très-bien  le  sentiment. 

M.  GoFFiN.  --  Avant  de  consentir  à  la  proposition  de  M.  Lagae,  j'examinerai 
d'abord  la  question  de  convenances.  Or,  je  dis  que  cette  proposition  est  tout  à 
fait  inutile.  Aucun  médecin  ne  s'affiliera  à  la  Caisse  des  pensions,  par  ce  motif 
que  la  Fédération  lui  aura  donné  une  somme  d'argent.  C'est  là  une  idée  absolue 
chez  moi,  c(  je  me  demande  pourquoi  la  Caisse  des  pensions  demande  que  la 
Fédération  traduise  ses  sympathies  par  une  preuve  matérielle  ;  par  de  l'argent? 
La  parole  donnée  ne  suffit-elle  donc  pas?  Du  reste,  je  n'approfondirai  pas  ce 
côté  de  la  question. 

Pour  faire  cesser  tout  malentendu,  il  serait  désirable  que  la  Caisse  de  pen- 
sions discontinuât  ses  demandes  réitérées,  qui  lie  font  qu'entretenir  un  dissenti- 
ment entre  la  Fédération  et  la  Caisse  des  pensions. 

M.  Lagae  dit  que  la  Caisse  des  pensions  est  une  fille  à  doter.  En  cela,  son 
appréciation  est  erronée,  Ce  n'est  plus  une  fille^  elle  est  en  ménage.  Je  dirai 


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5i0  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE. 

même  plus  :  c*est  qu'elle  a  des  protecteurs,  car  tout  le  monde  lui  a  déjà  donné. 
Je  propose  donc  de  voter  contre  la  proposition  de  M.  Legae. 

M.  RoMMELAERE.  —  Je  doîs  déclarer  également  que  je  suis  de  l'avis  de 
M.  Crocq.  Je  suis  sympathique  à  la  Caisse  des  pensions  mais,  comme  Ta  dit 
M.  Crocq,  c'est  là  une  institution  purement  financière,  et  le  vote  que  Ion  de? 
mande  à  la  Fédération  a  une  portée  beaucoup  plus  grande  que  la  somme  d'ar- 
gent que  nous  pourrions  voter  en  faveur  de  cette  institution. 

La  Caisse  des  pensions  est  dans  des  conditions  financières  telles,  dit-on^  qu'elle 
est  capable  de  rendre^  plus  tard,  des  services  sérieux  â  ceux  d'entre  nous  qui  en 
auront  besoin^  c'est-â-dire  à  ceux  qui  seront  plus  tard,  dans  le  besoin;  mais  il 
n'est  pas  démontré  que  la  CaisseJes  pensions  soit  constituée  sur  des  bases  finan- 
cières telles  qu'elle  puisse  rendre  plus  tard  ces  services.  Dans  ces  conditions, 
je  crois  qu'il  importe  à  la  Fédération  médicale  belge  de  ne  pas  émettre  un  vote 
sur  cette  question  de  principe  et  de  s'abstenir  complètement  de  marques  de 
sympathie  ou  d'antipathie  à  l'égard  de  la  Caisse  des  pensions,  attendu  que  c'est 
préjuger  une  question  financière  qucla  Fédération  n'a  pas  suflBsamment  exa- 
minée. Des  études  consciencieuses,  faites  par  des  hommes  spéciaux,  ont  établi 
qu'au  point  de  vue  financier  la  Caisse  des  pensions  n'est  pas  appelée  à  rendre 
de  sérieux  services  à  ceux  qui  en  auront  besoin.  Pourquoi  donc  la  Fédération 
prendrait-elle  sur  elle  d'encourager  une  œuvre  dont  les  effets  avantageux  sont 
douteux? 

Quant  à  la  question  de  fait,  je  dirai  comme  trésorier,  que  le  subside  devrait, 
en  tout  état  de  cause,  s'élever  à  très-peu  de  chose;  en  effet,  nous  nous  trou- 
vons en  présence  d'un  budget  qui  n'est  pas  très-brillant  et  qui  diminue  même 
an  peu  chaque  année.  En  ce  moment,  l'encaisse  ne  s'élève  qn'à  'iTO  francs. 
Dans  ces  conditions  là,  le  subside  que  l'on  pourrait  donner  ne  s'élèverait  qu'à 
très-peu  de  chose. 

Mais  c'est  là  une  question  accessoire;  ce  que  Ton  demande  ne  se  réduit  pas 
à  une  question  pécuniaire,  mais  comporte  une  question  de  principe.  Or,  cette 
question  est  beaucoup  plus  importante  qu'on  ne  le  croit,  car  sa  solution  dans 
un  sens  affirmatif  peut  engager  bien  des  praticiens  à  s'affilier  à  la  Caisse  des 
pensions,  alors  que  celle-ci  n'est  peut-être  pas  constituée  au  pointdevue  finan- 
cier, d'une  façon  suffisante  pour  pouvoir  les  rémunérer  plus  tard. 

M.  Dewindt.  —  Je  remarque  avec  un  certain  chagrin,  je  dois  le  dire,  l'oppo* 
sition  que  fait  le  Bureau  à  la  Caisse  des  pensions. 

M.  LE  Président.  —  Il  n'y  a  pas  d'opposition. 

M.  Dewindt.  —  De  l'indifférence  si  vous  voulez.  La  Fédération  a  créé  la 
Caisse  des  pensions,  par  conséquent  nous  devons  la  respecter.  L'opposition 
que  vient  faire  tout  le  Bureau  à  la  proposition  de  M.  Delecosse  ne  me  semble 
pas  fondée  du  tout.  Il  y  a  une  grande  différence  entre  un  acte  de  sympathie 
platonique  et  de  sympathie  réelle  et  je  crois  pour  ma  part  que  la  Caisse  des 


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FÉDÉRATION  MÉDICALE  BELGE^  511 

* 
pensions  ne  se  contenterait  pas  d'un  acte  de  sympathie  platonique.  Elledemande, 

par  Torgane  de  M.  Lagae,  que  la  Fédération  intervienne  pécuniairement. 

Quant  à  la  question  soulevée  par  H.  Rommelaere,  celle  qui  concerne  Fétat 
financier  de  la  Fédération,  je  crois  qu*elle  ne  doit  pas  être  prise  en  considéra- 
tion. 

Voulant  faire  acte  de  bonne  confraternité  eavers  la  Caisse  des  pensions,  tout 
en  maintenant  nos  réserves  sur  les  questions  de  principe  qui  ont  servi  de  base 
à  l'organisation  de  cette  caisse,  nous  proposons  à  la  Fédération  d'accorder  à 
cette  caisse  une  somme  de  deux  cents  francs ,à  titre  de  don. 

M.  Mayer.  —  Je  voudrais  que  l'on  ne  prit  pas  de  décision  aujourd'hui 
sur  la  proposition  et  que  l'on  en  remit  le  vote  à  l'année  prochaine.  Je  crois 
également  que  l'article  16  du  règlement  s'oppose  à  l'adoption  de  cette  propo- 
sition. Changeons-le  et  après  cela  nous  pourrons  prendre  une  décision. 

M.  Thomas.  —  Je  crois  qu'en  présence  de  la  somme,  quelque  minime  qa^elle 
soit,  que  la  Fédération  pourrait  donner  à  la  Caisse  des  pensions  et  en  présence 
du  règlement  auquel  nous  devons  tenir  avant  tout,  il  serait  préférable  d'ajour- 
ner la  proposition.  Si  les  administrateurs  de  la  Caisse  des  pensions  ne  veulent 
absolument  pas  comprendre  que  nous  ne  sommes  animés  d'aucun  sentiment 
d'hostilité  à  leur  égard,  ce  ne  sera  pas  une  somme  minime  qui  les  fera  changer 
d^opinion.  Il  est  donc  préférable  que  tous  ceux  qui  sont  ici  aujourd'hui  et  qui 
auront  l'occasion  de  rencontrer  des  Administrateurs  de  la  Caisse  des  pensions, 
sauront  leur  faire  comprendre  qu'il  n'y  a  de  notre  part  aucune  hostilité,  aucun 
parti  pris  et  que  ce  n'est  pas  avec  quelques  francs  que  l'on  fait  de  la  conciliation. 
Le  respect  du  règlement  est  notre  premier  devoir. 

M.  Meyer.  —  Pour  simplifier  la  question,  je  demanderai  Tajournement  pur 
et  simple. 

Cet  ajournement  est  mis  aux  voix  et  prononcé  par  15  voix  contre  1^4. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  de  la  proposition  de  M.  Desguin  ten- 
danià  faire  décider  chaque  année,  par  rassemblée  générale,  en  quel  lieu  elle 
se  réunira  Vannée  suivante, 

M.  Mayer.  —  Je  suis  chargé  d'inviter  la  Fédération  à  se  réunir  l'année  pro- 
chaine à  Anvers. 

M.  Maesen.  -  Messieurs,  le  règlement  est  formel,  l'Assemblée  doit  se  tenir 
à  Bruxelles. 

La  proposition  de  M.  Desguin  tend  à  nous  rendre  libres  de  décider  la  ville 
où  doivent  avoir  lieu  les  réunions.  Or,  il  faudrait  prendre,  à  cet  égard,  u,ne  déci- 
sion chaque  année.  J'ai  donc  l'honneur  de  vous  proposer  de  maintenir  l'ar- 
ticle 18  du  règlement  et  de  lui  donner  la  rédaction  suivante  : 

Tous  les  ans,  dans  le  mois  de  septembre,  la  Fédération  tient  à  Bruxelles  une 
assemblée  générale.  Toutefois^  l'Assemblée  générale  peut  fixer  une  autre  loca- 
lité pour  sa  réunion  subséquente.  Cette  assemblée  est  présidée  par  le  président 


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m  FÉDÉRATION  MÉDICALE  BtlGÈ. 

de  la  Fédération,  assisté  par  le  Conseil  central,  qui  prend  place  au  bureau. 
L'article  ainsi  modifié  est  adopté. 

M.  Mater.  —  L'assemblée  générale  ne  pourrait-elle  pas  se  prononcer 
aujourd'hui  quant  à  Angers.  Je  vous  propose  de  nous  réunir  dans  cette  dernière 
localité  Tannée  prochaine.  —  Adopté. 

La  discussion  des  septième  et'  huitième  objets  à  Tordre  du  jour  est  ajournée 
à  la  séance  de  Tassemblée  générale  de  1876. 

H.  RoMMELAERE  donnc  le  compte-rendu  de  la  situation  financière  de  la  Fédé- 
ration médicale  pendant  Tannée  1874-75. 

L'assemblée  adopte  les  comptes  de  sa  gestion  et  se  sépare  à  4  heures. 


FÉDÉRATION    MÉDICALE    BELGE 


Situation  générale  de  la  Caisse  pendant  Vannée  J  874-4875. 

RSGSTTSS. 

En  caisse  au  22  septembre  1874         ......     fr.     552/1*6 

Reçu  du  22  septembre  1874  au  ^1  septembre  1875     .  450,00 

Total  fr.  "     1)88,4  « 

D:ÉPB1I8ES. 

Frais  d'impression fr.  382,97 

Frais  de  sténographie 75^00 

Divers 54,06 

Total  fr.  5i2,05 

Reste  en  caisse  le  22  septembre  1875  fr.  476,43 
Je  dis  quatre  cent  soixante-seize  francs,  quarante-trois  centimes. 
Le  présent  compte  a  été  approuvé  en  Assemblée  générale  de  ce  jour. 

Bruxelles,  ce  22  septembre  1875. 

Le  Président^ 
Le  Trésorier,  D'  J.  CROCQ. 

D' W.  RoMMELAEne. 


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JOURNAL 

DE  MÉDECINE. 


(DÉCEMBRE  1875.» 


I.  MÉMOIRES  BT  OBSERVATIONS. 


Db  la  rage  spontanée,  par  le  docteur  Putegnat,  membre  honoraire  de  la 
Société  y  à  Lunéville»  {Suite  et  fin.  —  Voir  notre  cahier  de  novembre 
p.  385.) 

Maintenant  que  j*ai  exposé  les  trois  opinions  qui  régnent  sur  la  possibilité 
du  développement  spontané  du  virus  rabique,  dans  la  race  canine;  après  avoir 
ctairemt^nt  démontré,  à  ceux  qui  ne  sont  pas  systématiques,  que  Nicolas  Gadou 
est  mort  de  la  rage,  qui  lui  a  été  inoculée  par  la  morsure  du  chien  de  Chailly, 
indemne  du  virus  rabique  un  peu  avant  la  morsure  (et  même  après,  pendant  six 
mois),  il  me  reste  à  rechercher  comment  ce  chien  a  pu  gagner  son  privilège,  si 
funeste  au  petit  Gadon  ;  autrement  dit,  il  me  faut  rechercher  quelles  influences 
ou  quelles  circonstances  qui,  subitement  et  même  passagèrement,  ont  pu  pro- 
duire, dans  sa  bave,  le  \irus  rabique,  lequel,  introduit  dans  une  plaie  de  mor- 
sure, a  transmis  la  rage  au  jeune  Gadon. 

Cet  examen,  écourté  comme  Tordonne  le  plan  de  ce  modeste  mémoire, 
suffira,  cependant,  à  faire  voir  non-seulement,  ce  qui,  déjà,  est  de  toute 
évidence,  la  transmission  du  virus  rabique,  à  Nicolas  Gadon,  par  la  morsure 
du  chien  de  Chailly;  mais  aussi  lesquels  sont  dans  le  vrai  ou  ceux  qui  admet- 
tent, dans  certaines  circonstances,  la  spontanéité  du  développement  du  virus 
rabique,  chez  le  chien  ou  ceux  qui  la  nient,  absolument,  eo  tous  lieux,  temps 
et  circonstances. 

«  Mais  pourquoi  donc  la  rage  ne  se  reproduirait-elle  pas  spontanément,  chez 
»  le  chien?  dit  M.  Simon  (1).  Est-ce  que,  dans  Téchelle  animale,  chaque  race 
»  ne  possède  pas  le  triste  privilège  de  donner  naissance  à  des  maladies  parti- 
»  culières,  sous  l'influence  de  causes  déterminées?  Est-ce  que  la  morve  et  le 
»  farcin  ne  se  développent  pas  spontanément  chez  le  cheval,  et  n*ont  points 
»  comme  la  rage,  le  funeste  privilège  d'être  transmissibles  à  Thomme?  » 

Parmi  les  nombreuses  causes,  auxquelles  tes  observateurs  modernes  et 
anciens^  attribuent  le  développement  spontané  de  la  rage  virulente,  chez  le 

(I)  Recueil  de  médecine  vétérinaire  pratique^  p.  50  du  n"  de  janvier  1874. 

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514  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

chien,  seules  les  plus  importantes  vont  m'occuper,  parce  qu'elles  existent  dans 
mon  observotion. 

Je  passerai  donc  sous  silence  les  influences  climalôriques  ;  celles  des  saisons, 
de  la  soif,  de  la  faim,  de  ralimenlation,  du  sexe,  de  Pâj^e  et  de  la  race.  Je  ne 
m'arrêterai  que  sur  celles  dites  :  Frayeur^  Douleur^  Colère,  Orgasme  génital. 

Remarquons,  tout  d'abord,  que  le  chien  de  Chaiily,  reconnu  hargneux,  d'un 
naturel  méchant^  c'est  à-dire,  vulgairement,  rageur  (circonstance  qu'il  ne  faut 
pas  oublier),  a  subi,  en  môme  temps,  la  frayeur,  la  douleur,  la  colère  et  la  furie 
vénérienne  non  satisfaite. 

En  effet,  au  moment  où  il  est  réfugié  au  fond  d'une  allée  obscure,  qu'il  juge 
propice  à  la  satisfaction  de  son  extrême  désir  vénérien,  il  est  effrayé,  subite- 
ment, à  la  vue  d'un  homme,  armé  d'un  manche  à  balai.  Presque  en  même 
temps,  il  éprouve  de  la  douleur,  sous  les  coups  qu*ii  reçoit  et  une  furieuse 
colère  d*êlre  ainsi  troublé,  alors  qu'il  commence  à  sentii*  la  suprême  jouis- 
sance, après  laquelle  il  a  couru,  pendant  des  heures;  pour  laquelle  il  a 
enduré  plusieurs  horions  et  coups  de  dents,  précédés  de  menaces  et  impitoya* 
blement  administrés  par  quelques-uns  des  nombreux  et  passionnés  adorateurs 
de  la  chienne  en  rut. 

Frayeur.  Elle  ne  contribue  pas  seulement  à  faire  apparaître  brusquement 
les  symptômes  de  la  rage  virulente,  qui  couve  chez  l'homme,  à  la  suite  de 
l'inoculation  produite  par  la  morsure  d'un  chien  enragé;  mais  encore  au 
développement  spontané  du  virus  rabique,  chez  le  chien. 

Parmi  les  faits  cités  à  l'appui  de  ce  point  de  l'étiologie  de  la  rage  du  chien, 
je  donnerai  le  suivant,  que  Mim.  Laquerrière  et  Decroix  rapportent,  d'après 
H.  fiouUy,  qui,  lui-même,  l'a  emprunté  à  Flemming. 

Un  petit  chien,  dormant  en  wagon,  fut  brusquement  éveillé  par  le  bruit  stri- 
dent d'un  train,  qui  passait  en  sens  contraire.  Dès  ce  moment,  il  se  mit  à 
pousser  des  hurlements  extrêmes;  les  symptômes  de  la  rage  se  développèrent, 
et  le  lendemain  le  chien  mourut  de  cette  affection. 

Mais,  dira  peut  être  M.  Bouley,  qui  oserait  affirmer  que  ce  chien,  au  moment 
où  il  fut  subitement  effrayé,  ne  couvait  pas  la  rage,  inoculée  auparavant? 

A  celte  objection,  je  répondrai  :  toute  cause,  même  désespérée,  trouve  un 
habile  avocat  pour  la  défendre;  et  l'on  voit  la  frayeur  blanchir  subitement  les 
cheveux. 

Douleur»  M.  le  professeur  Ta rdieu  parle  d'un  chat,  devenu  enragé  à  la  suite 
de  la  douleur  infligée  par  une  large  brûlure. 

Ce  fait,  quoique  donné  comme  authentique,  est  contesté  par  M.  Bouley, 
parce  que,  dit  ce  professeur,  la  rage  s'est  développée  instantanément;  parce 
que  la  douleur  ne  rend  pas  enragés  les  animaux  torturés  dans  l'amphiihéàtre. 

Je  réviendrai  sur  ces  deux  points  de  l'étiologie  de  la  rage,  chez  le  chien. 

Colère,  Parmi  les  causes,  que  les  observateurs,  anciens  et  moiernes,  indî- 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  515 

quent  comme  des  plus  capables  de  produire  la  spontanéité  de  la  rage  virulente, 
chez  le  chien,  on  cite  la  colère  extrême. 

J.  Hoffmann  a  écrit  cette  phrasé  :  c  Rabies  extrema  et  continua  iraseentia 
est  {\),  >  Pouteau  (i),  Sauvages^S),  Chabert  (i)  acceptent  celte  cause. 

M.  Bouley,  dans  son  article  ragb  du  Dictionnaire  encyclopédique  des 
sciences  médicales  (5),  n^admet  pas  celte  cause  de  la  rage,  dans  le  fait  de 
M.  Tardieu. 

Voici  ses  raisons:  la  rage  s'est  développée  subitement;  un  pareil  fait  est  1res- 
exceptionnel  et  il  contraste,  par  sa  rareté,  comme  ceux  où  Ton  admet  la 
douleur  capable  de  produire  la  sponlanéité  de  la  rage  canine,  avec  les  cas 
fréquents  où  la  rage  trouverait  l'occasion  de  se  développer,  si  la  fureur  était 
efficace  à  la  produire. 

Disons,  d'abord,  que  cet  argument  est  emprunté  à  Trolliet,  qui  l'a  exposé  en 
ces  termes  :  t  Si  les  morsures  des  animaux  furieux  étaient  une  cause  de  rage, 
les  chiens,  etc.,  qui  se  battent  avec  acharnement,  se  la  donneraient  souvent 
par  les  blessures  qu'ils  se  font  (6).  > 

On  le  reconnaît  :  M.  Bouley,  pas  plus  que  Trolliet  et  Rochoux,  n'ajoute  con- 
fiance, ici,  à  cette  maxime  de  Zimmermann  rOn  ne  voit  que  trop  souvent, 
dans  les  maladies,  des  particularités  très  singulières  (7). 

Je  ferai  remarquer,  cependant,  que  M.  Bouley,  dans  ce  cas,  n'ose  pas  nier 
la  possibilité  du  développement  spontané  et  intantané  du  virus  rabique,  puis- 
qu'il déclare  «  qu'un  pareil  fait  est  très-exceptionnel  ».  Cet  aveu  est  bon  à 
conserver  ;  c'est  un  soupir  de  la  conscience. 

Orgasme  génital.  —  Commençons  par  rappeler  un  fait,  bien  connu  :  c'est 
une  altération  spéciale  de  la  chair  de  quelques  animaux,  pendant  la  période 
du  rut.  Qui  ne  sait  aussi  que  la  chair  de  certains  poissons,  notamment  du 
barbeau,  à  l'époque  du  frai,  peut  être  un  aliment  dangereux! 

La  passion  vénérienne,  que  les  anciens  désignaient  sous  le  nom  d'œstrum 
venerisy  a  été  signalée  par  Caelius-Aurelianus  (8),  par  S.  Hildebrand  (9), 
comme  une  cause  pouvant  engendrer  la  rage  non  inoculée  ou  spontanée,  chez 
le  chien. 

Depuis  lors,  nombreux  observateurs  ont  cité  des  faits  à  l'appui  de  cette 

(i)  I».  c,  Pars  seeunda,  page  195,  §  VI. 
(2)  Essai  sur  la  rage. 

(5)  Nosologie,  4771,  t.  II,  page  704. 
(4)  fiéflexions  sur  la  rage. 

(5).L.  c,  page90. 

(6)  L,  c,  page  49. 

(7)  Traité  de  l'expérience,  livre  I,  chapitre  lll. 

(8)  Locdt.,  p.  219,  c.  IX. 

(9)  Voir  Sprengel.  Histoire  de  la.mcdecine,  t.  VI,  p.  419. 


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516  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

opinion.  Parmi  eux,  je  nommerai  seulement  Gorry  (f),  Capelloet  Grève  (2), 
Toffoli  (5),  Brachelelet  Froussard  (4),  MM.  Leblanc,  père  et  fils  (5),  Fitte  (6), 
Simon  (7). 

MM.  Brachelet  et  Froussard  soutiennent  (opinion  très-exagérée),  que  la  cause 
de  la  rage  réside  uniquement^  lorsque  celle-ci  est  spontanée,  dans  la  privation 
de  la  fonction  génératrice. 

Aux  questions,  dit  M.  Leblanc  père,  que  j'adresse  toujours  aux  personnes 
qui  me  conduisent  des  chiens  enragés,  il  est  très-rare  qu*on  ne  me  réponde 
pas  que  ces  chiens  ont  manifesté  le  vif  désir  de  couvrir  des  chiennes. 

En  présence  de  cesaffinnalions,  dues  à  des  observateurs  instruits  et  conscien- 
cieux, le  scepticisme  deM.Bouley  est  ébranlé  et  l'ori  voit  ce  professeur  revenir, 
forcément,  à  celle  qu'il  a  soutenue,  avec  ardeur,  contre  M.  Boudin,  c'est-à-dire 
à  la  possibilité  du  développement  spontané  de  la  rage  virulente,  chez  le  chien. 

En  effet,  voici  ce  qu'il  a  écrit,  dans  le  Dictionnaire  cité  :c  Quelques  faits  ont 
»  été  publiés,  qui,  rapprochés  de  ceux  de  Toffoli,  donnent  â  réfléchir,  et  s'ils 
»  ne  sont  pas  encore  suffisants,  pour  résoudre  la  question  d'une  manière 
»  décisive,  il  serait  imprudent,  croyons-nous,  de  ne  pas  admetltre  comme 
»  possible  Tinfluence  de  la  circonstance  étiologique  dont  ils  paraissent  témoi- 
»  gner.  » 

A  la  page  suivante,  il  dit  :  c En  définitive,  si  le  doute  est  encore  permis, 

»  à  l'endroit  de  Tiiifluence  de  l'orgasme  génital,  ••...  cependant  la  prudence 
»  exige  que,  dès  maintenant,  on  se  Irienne  en  garde  contre  elle.  »  Cette  opi- 
nion est  encore  exprimée  dans  le  Recueil  de  fK^édeeine  vétérinaire  pratique  (H). 

Quand  on  voit  M.  le  professeur  Bouley  ne  pas  nier  h  possibilité  du  dévelop- 
pement spontané  de  la  rage,  par  suite  d*un  violent  accès  de  colère,  ou  le 
regarder  comme  un  fait  très^exceptionnel ;  quand  on  lit  les  passages  de 
M.  Bouley,  que  je  viens  de  rapporter,  aii  sujet  de  Tinfluence  possible  de  l'or- 
gasme génital  sur  le  développement  spontané  et  instantané  de^ lavage,  chez  le 
chien, on  est  en  droit  de  se  demander  pour  quels  motifs  ce  professeur  a  pu  éle- 
ver des  doutes  sur  la  nature  du  mal  qui  a  tué  Gadon,  surtout  après  Texposé 
des  symptômes  que  j'en  ai  fait.  On  se  demande  pourquoi  M.  Bouley  est  porté  à 
soupçonner  que  ce  garçon  a  pu  être  mordu  par  un  autre  chien  que  celui  de 
Chailly;  pour  quelle  couse  il  lui  répugne  d'admettre  le  développement  spon- 
tané du  virus  rabiqne,  chez  un  chien,   tourmenté,  en  même  temps,  et  au 

(4)  Journal  de  médecine  de  Corvi tarif  etc.,  4807,  t.  III. 

(2)  Archives  générales  de  médecine,  1834,  n«  de  juillet. 

(3)  Journal  vétérinaire  et  agricole  de  B>lgique,  t.  XI,  p.  426. 

{i)  Causes  de  la  rage  et  moyens  d'en  préserver  Vhumanité.  PariS;  4857. 
(6)  Bulletin  de  r Académie  de  médecine  de  Paris. 

(6)  Recueil  de  médecine  vétérinaire  pratique,  187i,  n*  de  janvier,  p.  6. 

(7)  Mêmes  Journal  et  numéro,  p.  29. 

(8)  Année  4875,  p.  88  du  n<»  de  février. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVA'HONS.  517 

suprême  degré,  par  la  frayeur,  U  colère  et  la  furie  vénérienne,  dont  il  a  été 
contraint,  par  la  douleur,  résultat  des  coups  de  bâlon,  dMnterrompre  la  satis- 
faction, au  moment  où  il  commençait  à  réprouver. 

Si  M.  le  professeur  Bouley  n*a  pas  été  convaincu,  par  son  examen  de  mon 
observation,  son  motif,  ce  me  semble,  est  facile  à  connaître. 

En  effet,  pourquoi  donc  ce  professeur  n*a-t-il  vu  :  ici,  que  Vorgaame  génital; 
là,  Vextréme  colère?  Pourquoi  donc,  deux  fois,  cet  exclusivisme,  favorable  à  sa 
doctrine  actuelle,  lorsque  mon  observation  renferme  quatre  causes  :  frayeur^ 
douleur,  extrême  colère  et  fureur  erotique  ? 

Est-ce  que,  sous  le  rapport  de  l'influence  de  Torgasme  génital,  mon  obser- 
vation n'a  pas  une  très-grande  ressemblance  avec  celle  de  cet  artisan  de 
Venise,  qui,  ayant  séparé  deux  chiens  accouplés,  fut  mordu  par  Tun  d'eux  et 
atteint,  quelques  jours  après,  de  la  rage,  dont  il  mourut?  (1) 

Et  quand  même  j'aurais  simplement  indiqué  la  colère,  dans  mon  observation, 
cette  cause  ne  suffirait-elle  pas,  comme  je  l'ai  démontré  ci-dessus,  à  permettre 
d'admettre,  dans  certaines  circonstances,  la  possibilité  du  développement  spon- 
tané et  instantané  du  virus  rabique,  dans  la  salive  du  chien  ? 

Ecoutons,  à  ce  sujet,  F.  Hoffmann  :  c  Non  modo  rabies,  sed  etiam  vehemen- 
tiores  animi  affectas  in  corpore  humano,  ut  terror  et  ira,  totam  lymphœ 
massam  qualitate  imbuunt,  id  quod  clarissimè  ex  eo  apparere  pato,  quod 
infantes,  ex  assumpto  lacté  nutricis  quœ  brevis  atite  ira  vel  terrore  percussa 
fait,  in  yravissimà  pathemalhà,  convulsivà  epiUpticà,  et  sœvissimè  alvi 
termina  incident^  non  secus  ac  si  veneni  quid  iliis  propinatur  (2).  » 

Voilà  donc  un  fait  que,  maintenant,  rien  ne  peut  ébranler  :  soupçonné  dans 
les  temps  anciens,  démontré  de  nos  jours  et  même  avoué  {sic  fata  voluerunt),  j 
timidement  il  est  vrai,  par  le  plus  savant  de  nos  spontanéistes,  lequel,  jadis, 
s'était  énergiquement  prononcé  pour  la  spontanéité,  le  développement  spontané 
de  la  rage  peut  avoir  lieu  et  a  lieu,  dans  certaines  circonstances,  chez  le  chien. 

L'on  sait  que,  depuis  1847,  je  soutiens  cette  doctrine,  basée  sur  mon  obser- 
vation, inattaquable  à  mes  yeux,  je  le  répète,  par  sa  véracité  et  parle  soin 
extrême  qiie  j'ai  mis  à  l'étudier  et  à  la  recueillir. 

Dès  maintenant,  le  lecteur  connaît  la  juste  valeur  de  cette  sentence  de 
Rochoux  (auteur  d^habitude  trop  tranchant,  comme  le  prouvent,  par  exemple, 
ses  discours  académiques,  niant,  contre  l'évidence,  la  propagation,  par  la  con- 
tagion, de  la  lièvre  typhoïde,  dans  certaines  circonstances)  :  Les  faits,  dans 
lesquels  on  a  cru  voir  la  rage  naître  indépendamment  de  toute  inoculation,  ont 
été  admis  par  des  hommes,  chez  qui  l'esprit  critique  n'a  jamais  été  la  qualité 
dominante;  témoin  Marc.  » 

Je  ne  remplirais  pas  la  lourde  tâche,  que  je  me  suis  imposée,  avec  i  hono- 

(i)  Histoire  de  ta  Société  royale  de  médecine,  1785,  â«  partie,  p.  9i. 
(2)  Opéra  omnia,  1760,  t.  I,  p.  196,  Schol.  du  §  VH. 


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518  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

rable  encouragement  de  M.  H.  Bouley,  si  je  terminais  ce  travail  sans  avoir 
répondu  à  deux  autres  objections,  formulées,  timidement  il  est  vrai,  par  ce 
professeur  de  l*Ecole  d*Alfort  (i). 

Ces  deux  objections  reposent  sur  Tinstantanéité  de  l'apparition  du  virus 
rabique,  dnns  la  rage  spontanée  du  chien  et  sur  la  prompte  disparition  de  ce 
virus,  dans  quelques  cas. 

Parlons,  d*abord,  de  Tinstantanéité. 

Quoi  !  s*écrie-t-on ,  un  état  de  virulence  qui  naîtrait  instantanément! 

Si  le  virus  varioleux,  si  le  virus  vaccinal,  si  le  virus  du  charbon,  si  celui  du 
chancre  induré  ont  besoin,  chacun,  après  Tinoculation,  d'une  période  d'incu- 
bation, variable  suivant  nombreuses  circonstances,  pour  faire  sentir,  apparaître 
et  reconnaître  leurs  conséquences  particulières;  si  le  virus  rabique,  lui-même, 
lorsqu'il  est  inoculé,  exige  une  incubation  de  quarante  jours  environ  (2),  pour 
montrer  ses  funestes,  effets,  est-ce  donc  une  raison  suffisante  pour  que  sa  créa- 
tion, dans  certaines  circonstances,  et  sous  rinfluence,  indéniable  maintenant, 
de  causes  connues,  ne  puisse  avoir  lieu  instantanément? 

Est-ce  que  le  lait  de  la  femme  nourrice  n*est  pas  instantanément  modifié 
sous  l'influence  d'une  terreur,  d'un  accès  de  colère,  comme  le  témoignent  la 
jaunisse,  les  convulsions  et  l'insomnie,  dont  est  atteint  l'enfant  qui  a  lété  pen- 
dant ou  tout  de  suite  après  la  crise  maternelle?  Quel  est  le  médecin  praticien 
qui,  maintes  fois,  n*a  point  observé  Tictère  chez  un  individu  (une  femme  spé- 
cialement, comme,  encore  j'en  ai  la  preuve  sous  les  yeux),  qui  a  eu,  il  y  a 
quelques  moments,  un  violent  accès  de  colère  ou  de  rage,  comme  on  le  dit 
vulgairement?  Est  ce  que  l'on  ne  sait  pas  que,  sous  l'influence  d'une  violente 
frayeur,  les  cheveux  de  Thomme  peuvent  blanchir?  Eh  bien!  pourquoi  donc 
un  chien,  d'un  naturel  méchant,  sous  l'influence  d'une  grande  frayeur,  de  la 
douleur,  soit  d'une  extrême  colère  ou  de  la  fureur  vénérienne  et,  surtout,  sous 
l'influence  de  ces  causes  réunies,  comme  dans  mon  observation  (circonstances, 
dont  M.  Bouley,  à  tort  suivant  moi,  n'a  pas  tenu  compte),  ne  jouirait-il  pas  du 
privilège,  funeste  aux  hommes,  à  ses  semblables^  etc.,  de  voir  sa  salive,  seu- 
lement^ contenir  du  virus  rabique,  formé  instantanément;  puisqu'il  est  reconnu 
et  admis,  même  par  M.  Bouley,  que,  exceptionnellement,  il  peut  être  atteint  de 
la  rage  spontanée,  dans  quelques  circonstances,  point  ignorées  aujourd'hui! 

Au  surplus,  à  quoi  bon,  à  nton  avis  du  moins,  tant  discuter  sur  cette  instan- 
tanéité, du  moment  que  la  spontanéité  est  reconnue  pouvant  avoir  lieu  dans  des 

(1)  Reciteil  de  médecine  vétérinaire  pratique,  avril  4874,  p.  246. 

(2)  Le  Cœur,  Essai  sur  la  rage,  1857  ;  avant  lui,  Enaux  etChaussier.—  Chez  le  chien, 
la  période  moyenne  d*incubatîon  de  la  rage,  après  inoculation  du  vîms,  est  suivant 
Renault,  Leblanc,  Saint-Cyret  Haubner,  de  deux  mois.  Elle  est  de  trois  à  sept  semaines, 
suivant  Delabère-BIaîne,  et  de  six  semaines,  dit  Youatt.  On  a  coutume,  a  Alfort,  disent 
les  auteurs  du  Compendinm  de  médecine  pratique,  de  ne  rendre,  à  leurs  propriétaires, 
les  animaux  suspects,  que  quarante  jours  après  avoir  été  mis  en  observation. 


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MÉMOIRES  £T  OBSERVATIONS.  519 

certains  cas,  excepUoniiels  il  est  vrai,  et  comme  le  prouve  d'une  manière  inat- 
taquable, robservation  de  Gadon!. 

Maintenant  que  nous  avons  démontré,  par  des  faits  bien  vus  et  bien  observés, 
par  des  considérations  physiologiques,  connues  de  tout  médecin  praticien,  que 
te  virus  de  la  rage,  dans  certaines  circonstances  ou  sous  l'influence  de  certaines 
conditions,  admises,  aujourd'hui,  même  par  les  sceptiques,  peut  apparaître, 
non-seulement  spontanément,  mais  encore  instantanément,  chez  le  chien, 
voyons  jusqu'à  quel  point  il  peut  répugner  de  reconnaître  sa  présence,  seule- 
ment dans  la  salive  et  qu'elle  y  soit  passagère. 

Voici,  sur  ce  point,  d'une  très-haute  importance  étiologique,  l'opinion  de 
M.  le  professeur  Bouley.  Je  l'extrais,  mot  pour  mol,  d'une  lettre  qu'il  m'a  fait 
l'honneur  de  m'écrire  (1)  : 

c  Je  ne  crois  pas  que  la  rage,  c'est-à-dire  une  maladie  qui  implique  l'exis- 
»  tence  d'un  virus  tout  élaboré,  au  moment  où  elle  se  manifeste,  puisse  ne 

>  durer  que  le  temps  d'un  éclair  dans  l'organisme  d'un  chien  ;  et  passer  de 
»  cet  organisme  dans  un  autre  où  il  donue  lieu  à  toutes  ses  terribles  consé- 

>  quences.  » 

Avant  de  donner  une  réponse  à  cet  argument  qui,  au  premier  coup  d'œit, 
semble  irréfutable,  écoutons  ce  que  Gorry  a  écrit  (û)  : 

<  Pendant  le  rut,  la  morsure  d'un  chien  peut  être  dangereuse  même  pour 
»  les  animaux  de  son  espèce  (ainsi,  ce  me  semble,  peuvent  être  expliquées  ces 
»  apparitions,  en  même  temps,  de  nombreux  cas  de  rage  canine);  mais  elle 
»  Test  davantage  pour  l'homme,  qui  succombe  à  un  principe  inoculé,  qui  n'a 
»  encore  aucune  propriété  délétère  pour  l'animal  qui  l'a  engendré.  Dans  cet 
»  état  il  peut  transmettre  la  rage  et  lui-même  échapper  à  la  maladie,  s'il  par- 
»  vient  à  satisfaire  ses  désirs  eifrénés,  car  alors,  les  humeurs  rentreront  dans 
»  l'ordre  normal,  et  le  levain  de  la  ragé  pourra  être  détruit,  si,  à  cette  salis- 
»   faction,  s'ajoute  quelque  autre  condition  qui  change  l'état  du  sang.  » 

MM.  Tardieu,  Decroix  et  M.  Bourrel  (3),  s'appuyant  en  grande  partie  sur  le 
fait  de  Gadon,  pensent  qu'un  chien  peut  donner  la  rugé,  par  la  morsure,  et 
continuer  à  juuir  d'une  bonne  santé. 

Telle  est  ma  conviction  ;  de  là  vient  que,  en  18i7,  j'ai  écrit  ceci  :  «  Un  chien 
»  qui  n'est  pas  enragé,  peut,  dans  certaines  circonstances,  donner  la  rage  par 
1  sa  morsure.  » 
Maintenant,  voyons  la  valeur  de  Targument  de  M.  Bouley. 
Le  virus  rabique,  chez  le  chien  Chailly,  engendré  spontanément  et  instanta- 
nément, a  été  localisé  seulement,  avons-nous  dit,  dans  la  salive,  liquide  orga- 
nisé,, qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  l'organisme  du  chien  ou  ensemble  des 

(1)  Le  6  avril  1875. 

(S)  Journal  de  médecine  de  Corvisàrtf  etc.,  1807,  t.  XHI,  p.  83. 

(3)   Traité  complet  de  la  rage  chez  le  chien  et  le  ch*itf  1874,  p.  29. 


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530  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

fonctions  des  organes  de  cet  animal  (1).  Cette  distinction  est  trës-rmportante, 
car,  dans  le  dernier  cas,  le  virus  est  fatalement  mortel  pour  l'animal;  tandis 
que,  dans  Tautre,  seulement  localisé,  il  peut  n'en  être  pas  de  même.  Il  n'est 
donc  pas  étonnant  que  nous  ne  soyons  pas  d'accord  avec  M.  Bouley. 

Allons  plus  au  fond  de  celte  question  si  grave. 

Le  chien,  qui  a  blessé  Gadon,  le  i^  janvier  et  qui,  plusieurs  fois,  a  été 
caressé  par  celui-ci,  entre  ce  jour  et  le  4K  février,  n'a  point  été  malade,  non- 
seulement  pendant  ces  quarante-huit  jours,  mais  encore  pendant  six  mois,  à 
partir  du  l**' janvier  :  donc,  il  n'a  point  été  enragé  ou  son  organisme  n'a  point 
été  atteint;  donc,  de  toute  évidence,  il  a  eu  simplement  la  salive  (ou  un  liquide 
organisé)  renfermant  du  virus  rabique,  pendant  quelques  instants,  c'est-à-dire 
au  moment  delà  morsure  faite  à  l'enfant;  donc,  enfin,  ce  virus,  spontané, 
instantané  et  localisé,  n'a  eu  qu'une  durée  éphémère. 

Si,  au  bout  de  six  mois,  pendant  lesquels  je  l'ai  vu  maintes  fois  et  fait  obser- 
ver, ce  chien  a  été  tué  d'après  mon  consefi,  réitéré,  donné  à  la  police  de  la  ville 
et  à  son  propriétaire,  c'est  que  celui-ci  et  l'administration  municipale,  bien 
renseignés,  par  moi,  sur  le  triste  et  funeste  privilège,  dont  ce  chien  avait  joui 
le  !«'  janvier,  ont,  enfin,  apprécié  la  grave  responsabilité  morale  et  pécuniaire 
qui  pesait  sur  eux. 

MM.  Tardieu  et  Decrotx  sont  donc  dans  la  voie  du  vrai,  lorsqu'ils  inclinent 
à  penser,  comme  le  dit  M.  Bouley  :  «  qu'un  chien  peut  déterminer  la  rage  par 
»  sa  morsure  et  continuer  à  jouir  d'une  parfaite  santé.  » 

L'observation  que  j'ai  rapportée  (sur  laquelle,  avec  raison,  s'appuient 
MM.  Tardieu  et  Decroix)  et  les  considérations  dans  lesquelles  je  viens  d'entrer, 
démontrent  clairement,  à  mes  yeux  du  moins,  que,  fort  de  lotinion  de  M.  Hur-» 
trel  d'Arboval  (2)  et  de, cet  axiome  :  c  II  n'y  a  pas  d'effet  sans  cause  >,  H.  Piè- 
trement (3),  qui  n'afjn^et  pas  que  le  chien  deChailly,  point  enragé,  ail  pu,  par 
la  morsure,  déterminer  la  rage,  bien  caractérisée,  dont  est  mort  Nicolas  Gadon; 
commet,  suivant  mon  humble  appréciation,  une  grave  erreur,  par  sa  fausse 
interprétation,  du  fait  Gadon,  cependant  bien  clair. 

En  effet,  le  chien  de  Chailly  n'était  pas  enragé  ou,  mieux,  son  organisme 
n'était  point  infecté  de  la  rqge  au  moment  oiî  il  a  blessé  le  jeune  Gadon,  et, 
cependant,  il  a  donné. la  rage  i  ce  jeune  garçon,  par  la  morsure,  parce  que.  le 
virus  rabique,  développé  spontanément  et  subitement,  n'était  encore  que  loca-» 
lise  dans  la  salive.  Un  homne,  sans  aucun  symptôme  syphilitique,  ne  peiitil 
pas  engendrer  un  enfant  vérole? 

Si,  après  la  morsure,  qui  a  eu  lieu  le  !«' janvier,  il  A^est  pas  devenu  enragé, 
c'est  que  le  virus,  localisé  tlans  la  salive,  a  disparu  avec  la  cessation  des  causes 

(1)  Dictionnaire  de  l'Académie,  t.  H,  p.  3 i  3.  Dictionnaire  de Littré^  t.  III,  p.  81(6. 
(â)  Dictionnaire  de  médecine  et  de  chirurgie  vélérinair et,  Paris,  4838. 
(3)  Recueil  de  médecine  vétérinaire  pratique.  i87i,  p.  120,  n°  deJuiUet. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  521 

qui  Tavaient  engendrée,  comme  Tinfluence  pernicieuse  du  lait  de  la  femme,  sur 
son  no^urrls.«on,  cesse  peu  après  la  disparition  de  la  crise  (colérique,  hysté- 
rique, épilepiique,  elc),  qui  a  altéré  le  lait. 

Je  n*ai  pas  jugé  convenable  de  rappeler,  dans  ce  mémoire,  le  fait,  publié  par 
Marc,  dans  lequel  on  dit  qu'un  enfant  est  mort  de  la  rage  pour  avoir  été  mordu 
par  un  chien,  dont  la  bonne  santé  ne  s'est  pas  démentie  ensuite  ;  parce  que  je 
n'ai  pu  me  le  procurer,  malgré  l'indication  donnée  par  Rochoux,  dans  le  Réper- 
toire des  sciences  médicales  (l). 

Il  résulte  de  l'observation  du  jeune  Gadon  ;  des  conséquences  justes  et  rigou- 
reuses qu'on  est  en  droit  d'en  tirer,  suivant  cet  axiome  de  Baglivi  :  ^  Ex  veri-  ^ 
taie  quid  aliud  sperare  nisi  Veritas  »(:2);  de  l'étude  impartiale  et  bien  réfléchie 
des  auteurs  qui  ont  écrit  sur  la  rage,  et  quoique  M.  Boutey  m'ait  dit  :  a  Votre 
>  fait  est  inexplicable,  il  y  existe  une  inconnue.  Mais,  à  coup  sûr,  il  ne  saurait 
I  servir  de  base  h  une  loi  > ,  que  je  puis  terminer  ce  mémoire  par  les  conclu- 
sions suivantes,  dont  tout  un  chacun  appréciera  l'extrême  importance,  et  qui 
constitueront  ta  solution  des  problèmes,  que  j'ai  posés  en  commençant  ce  travail. 

I.  La  rage  virulente  dii  chien  reconnaît,  quelquefois,  sous  l'influence  d'une 
et,  surtout,  de  plusieurs  causes,  particulières,  réunies,  une  ètiologie  autre  que 
celle  de  l'inoculation  du  virus  rabique. 

II.  Le  chien,  dans  certaines  circonstances,  peut  inoculer  le  virus  de  la  rage^ 
par  la  morsure;  et  quoique  pouvant  encore  jouir  d'une  bonne  santé  pendant 
les  six  mois  qui  suivent  le  jour  où  a  eU  lieu  la  morsure  ;  celle-ci  ayant  été  faite 
alors  que  le  virus  rabique,  né  spontanément  et  subitement,  était  localisé  seule- 
ment dans  la  salive. 

D'aucuns  diront  peut-être  :  ces  conclusions  sont  tellement  graves,  effrayantes, 
et  extraordinaires  qu'on  hésite  à  les  admettre. 

A  ces  sceptiques,  médecins  ou  vétérinaires^  je  répondrai,  en  leur  rappelant 
cette  sentence  deZimmermann  :  c  On  ne  voit  que  trop  souvent^  dans  les  mala- 
»  dies,  des  particularités  très-singulières  »  et  en  leur  citant  ces  paroles  de 
M.  le  professeur  Bouley  :  u  11  y  a  bien  des  choses  qui  sont,  et  dont  il  faut  bien 
«  admettre  l'existence,  toutes  inexplicables  qu'elles  nous  paraissent  (5).  » 

La  connaissance  de  ces  vérités,  incontestables  depuis  quatre  cents  avant  la 
chrétienté,  c'est-à-dire  depuis  Hippocrate,  m'a  fait  écrire,  en  1850,  dans  un 
ouvrage,  deux  fois  couronné,  cette  phrase  :  c  En  pathologie,  l'absolue  identité 
de  condition  ne  peut  exister,  à  cause  de  la  diversité  des  organismes  et  des 

(1)  Tome  XXVIÎ,  p.  483.  En  effet,  à  la  page  440  du  tome  XIII  (année  i827)  des 
Archivée  générales  de  médecine,  on  lit  seulement  :  <  Académie  royale  de  médecine  de 
Paris.  Séance  du  15  février  I8â7.  Marc  rappelle  Tobservatiôn  de  rage  qu'il  a  publiée.  » 
Mais  où  et  quand? 

(â)  Opéra  omnia.  Prœfatio,  p.  30. 

(3)  Rpcueilde  fnédecine  vétérinaire  pratiquii,  a^v fil  1S7 A ^  p.  2i-2. 

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522  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

influences;  en  dehors  des  lois  générales,  il  y  a,  réellement,  de  nombreuses 
exceptions,  ainsi  que,  chaque  jour,  tout  praticien  en  a  des  preuves,  quand  il 
rencontre  des  individus  qui  ne  contractent  point,  margré  certaines  circonstan- 
ces, la  nnorve,  le  vaccin,  la  variole,  la  syphilis,  etc.  (1) 


Communication  sur  deux  cas  de  tétanos  après  traumatisme  ;  par  M,  le 
docteur  Wautby,  /)'  M,  P.^  à  Courcelles-Chàrleroi. 

Le  5  mai  dernier  la  femme  6...^  de  Courcelles,  vint  me  prier  d*assisler  à 
une  opération  qu*elle  devait  subir  pour  une  tumeur  squirrheuse  du  sein  droit. 
Cette  tumeur,  datant  de  4  à  5  ans,  était  ulcérée  en  deux  endroits  différents  ;  de 
plus  IVxamen  me  fît  constater  un  ganglion  ulcéré  dans  Taisselle  correspondante. 
L'opération^ exécutée  par  M.  le  docteur  Decorte  le  6  mai,  marcha  bien;  on 
enleva  largement  au  delà  du  mal  et  on  fît  un  pansement  sec  qui.  ne  devait  être 
enlevé  qu*avec  les  progrés  de  la  suppuration.  Celle-ci  commença  à  s'établir 
vers  Taisselle  et  à  s'étendre  vers  le  reste  de  la  plaie,  excepté  à  la  partie  supé- 
rieure, au  niveau  du  sternum  où  il  n'y  eut  pas  une  goutte  de  pus  et  où  l'enlè- 
vement de  la  charpie  fut  difficile.  Les  choses  marchèrent  bien  pendant  quelques 
jours;  déjà  la  fem<ne  espérait  une  prompte  guérison. 

Le  14  mai  elle  accusa  une  sensation  de  gène,  de  resserrement  à  la  gorge,  un 
peu  de  dysphagie.  L'examen  de  l'arriére  bouche  ne  me  montra  rien  d'anormal  et 
je  conseillai  des  gargarismes  émollients.  Ces  symptômes  augmentèrent  le  lende- 
main, et  le  l()  je  fus  appelé  en  toute  hâte  vers  4  heures  du  matin.  Je  trouvai  la 
malade  dans  un  état  assez  grave  :  les  mâchoires  hermétiquement  fermées,  les 
niiasséters  douloureux;  la  langue  remuant  difficilement,  la  respiration  un  peu 
bruyante,  le  cou  raide,  saillant  en  avant,  le  dos  arqué  en  arriére  ;  la  dysphagie 
était  complète;  on  ne  faisait  plus  qu'arroser  les  lèvres  avec,  un  peu  d*eau 
vineuse. 

Je  me  trouvais  donc  en  présence  d'un  cas  de  tétanos. 

Je  fîs  administrer  des  lavements  de  l:iudanum  à  haute  dose;  en  même  temps 
je  lotionnai  la  plaie  avec  une  forte  solution  de  chlorhydrate  de  morphine. 

Mon  honorable  collègue,  M.  Carnière,  mandé  par  moi,  arriva  bientôt,  confirma 
mon  diagnostic  et  (ne  conseilla  de  remplacer  l'administration  du  laudanum  par 
celle  du  chloral  à  haute  dose. 

Vers  10  heures  et  demie  M.  Decorte  enleva  la  charpie,  ce  qui  occasionna  de 
fortes  douleurs  lesquelles  aboutirent  à  un  accès  de  tétanos  :  contraction  des 
muscles  de  la  face,  trisnius,  rire  sardonique;  puis  contraction  des  muscles  de 
ta  nuque  et  du  dos^  opi>thotonos  des  membres;  respiration  bruyante,  râlante» 
sueurs  fortes,  t)ouls  à  150,  140  et  plus.  Ces  symptômes  diminuèrent  peu  à  peti 

(1)  Nature^  contagion  et  génie  épidémique  de  la  fièvre  typhoïde,  Paris,  I85Ô,  p.  2S. 


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MEMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  525 

et  laissèrent  la  femme  très  abattue.  DansTaprës-midionpiit  faire  avaler  un  peu 
(Feau  vineuse;  on  en  proBia  pour  donner  le  chloral.  Mais  il  ne  nous  procura 
aucun  bénéfice,  car  vers  7  heures  du  soir,  un  second  accès  survint,  puis  un 
troisième  qui  fut  plus  long  et  plus  violent  et  amena  la  mort  de  la  malheureuse. 

Voici  le  deuxième  cas  : 

Le  5  août  je  suis  appelé  le  soir  chez  la  femme  F...,  de  Ponl-â-Celles.  Elle 
porte  au-devant  de  la  malléole  externe  du  pied  droit  une  plaie  triangulaire  à 
base  inférieure  et  dont  chaque  côlé  mesure  environ  4  cenlimètres.  Une  dent  de 
fourche  pénétrant  à  la  profondeur  de  5  à  6  centimètres  a  fait  bascule  et  a 
arraché  le  tégument.  Je  ne  parviensà  réunir  qu*un  des  côlés  de  la  plaie  à  cause 
d*nne  trop  grande  rétractilité  de  la  peau,  et  le  troisième  jour  je  dois  enlever  le 
lambeau  gangrené;  puis  dans  le  double  but  de  nettoyer  la  plaie  et  d'activer  la 
suppuration  je  fais  un  pansement  au  styrax.  L'inflammation  envahit  bientôt  la 
plaie  et  les  tissus  voisins  sont  gonflés,  rouges,  douloureux  surtout  vers  la  mal- 
léole, symptômes  qui  diminuent  avec  l'apparition  de  la  suppuration  et  bientôt 
la  femme,  peu  inquiète  des  suites  de  cette  blessure,  reprend  ses  occupations 
journalières. 

Le  13  août  la  blessée  accuse  de  la  gène  dans  la  déglutition,  sécheresse  dans  la 
bouche,  symptômes  que  je  prends  pour  les  premiers  signes  d*une  angine  débu- 
tante ;  traitement  :  gargarismes  émoilients. 

Deux  jours  après  je  suis  rappelé  et  je  trouve  la  malade  au  lit  dans  le  décu- 
bitus dorsal  :  les  mâchoires  sont  à  demi  rapprochées,  la  parole  est  difficile,  la 
respiration  bruyante;  il  y  a  des  douleurs  dans  les  articulations  de  la  mâchoire 
inférieure,  dans  la  nuque  et  le  dos,  de  temps  en  temps  des  grincements  de  dents. 
Je  fais  appliquer  des  sangsues  à  la  nuque;  je  conseille  un  bain  de  vapeur 
prolongé  pour  les  deux  pieds  et  jambes.  Vers  minuit  les  symptômes  s'amendent; 
on  en  profite  pour  donner  dii  chloral  à  haute  dose  :  6  grammes. 

Le  l«5,  la  femme  est  dans  un  meilleur  état  :  la  parole  est  plus  facile  ainsi 
que  la  déglutition,  toutefois  les  dents  sont  encore  rapprochées,  les  douleurs 
reviennent  de  temps  en  ternps  dans  les  masseters,  le  dos  reste  arqué  en  arrière. 
Le  traitement  institué  est  continué. 

Voulant  m*entourer  de  toutes  les  précautions  çt  m'aider  de  l'expérience  de 
plus  mûrs  que  moi  dans  la  pratique,  j'appelle  M.  le  docteur  XavicH*  Houtart  en 
consultation.  Il  confirme  mon  diagnostic,  approuve  mon  traitement  en  me  priant 
seulement  de  cesser  Tusage  du  chloral.  Nous  ordonnons  du  bouillon,  du  vin 
coupé  et  un  bain  général  si  possible. 

Le  18  aoiit  la  malade  a  de  fortes  douceurs  dans  l'abdomen  et  dans  le  membre 
'inférieur  droit  :  l'état  général  est  mauvais.  Je  fais  administrer  un  fort  lavement 
pour  lever  la  constipation  :  aussitôt  les  douleurs  cessent  et  depuis  ce  moment 
les  phénomènes  pathologiques  diminuent  de  jour  en  jour  :  la  raideur  tétanique 


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524  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

diminue,  la  déglutition  devient  plus  facile  pour  les  aliments  solides;  enfin  un 
beau  jour  je  trouve  la  femme  levée. 

Quant  à  la  plaie,  elle  a  été  un  peu  douloureuse  à  certains  moments,  mais  la 
suppuration  s'y  est  toujours  maintenue  et  la  cicatrisation  a  marché,  lentement 
il  est  vrai. 

Aujourd'hui  22  septembre,  la  plaie  est  cicatrisée  et  la  femme  jouit  d*une  santé 
excellente. 

Voilà  deux  cas  bien  différents  quant  aux  symptômes  et  à  la  terminaison.  Da 
premier  je  tire  quelques  conclusions  :  d.*abord,  avant  toute  mutilation,  il  faut 
fortifier  son  malade  et  calmer  son  état  nerveux  surexcité.  Ensuite  ne  pas  s'ab- 
stenir de  chloroformer  sous  le  prétexte  que  le  chloroforme  retarde  le  travail  de 
réparation.  Ce  retard  je  ne  l'ai  jamais  vu  se  produire  et  pourtant  j'ai  vu  plus 
de  trois  cents  cas  d'application  du  chloroforme  dans  le  service  des  chirurgiens 
Michaux,  Deroubaix,  Van  Voixem,  Coppez,  etc. 

Enfin,  dans  toute  opération  grave,  renouveler  le  pansement  le  plus  tôt  possible 
et  avec  les  précautions  convenables. 

Le  deuxième  fait  nous  apprend  que  dans  un  cas  de  tétanos  après  traumatismj;, 
le  traitement  local,  s'il  est  institué  assez  rapidement  et  énergiquement,  pourra 
nous  rendre  maître  d'une  maladie  qui  ne  pardonne  pas  souvent. 


De   LA   RÉTROVERSION   DE   l'UTÉRUS   PENDANT   LA   GROSSESSE,    par  M.    le   docteur 

N.  Charles,  de  Liège,  lavréat  de T Académie  de  médecine  de  Paris,  Membre 
correspondant  de  la  Société,  etc.  {Suite.  —  Voir  notre  cahier  de  novembre, 
page  406.) 

4'.  —  Déplacements  aux  grossesses  précédentes.  —  Si  une  femme  a  été  atteinte' 
de  rétroversion  pendant  une  grossesse,  doit-on  .craindre  une  récidive  à  la 
même  gestation  ou  dans  les  grossesses  suivantes?  La  réponse  n'est  pas  douteuse. 
La  prédisposition  est  même  plus  grande  puisque  les  ligaments  ont  élè  fortement 
tiraillés  ou  même  déchirés.  Si  les  récidives  ne  sont  pas  signalées  plus  fréquem- 
ment,c'cst  que  toutes  les  femmes  n'ont  pas  une  matrice  aussi  mobile  que  M"»«  E.G. . . 
ou  ne  sont  pas  aussi  imprudentes  que  la  femme  M...;  elles  prennent  des  pré- 
cautions qui  les  garantissent  dans  Tavenir. 

Quand  la  matrice  occupait  une  situation  vicieuse  avant  la  grossesse,  elle 
reprend  souvent  la  même  position  après  l'accouchement,  comme  dans  Tobser- 
valion  de  M.  Pajot,  rapportée  en  résumé  plus  haut  d'après  M.  Herbet.  Si  donc 
la  théorie  de  M.  Bernutz  avait  une  portée  assez  étendue,  les  récidive»  devraient 
être,  semble-t-il,  assez  fréquentes.  Ce  n'est  pas  cependant  le  cas  et  elles  sont 
assez  rarement  signalées. 

J'ai  déjà  cité  les  récidives  de  la  femme  M...  et  celles  plus  nombreuses  de 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  325 

M"«E.  G...et  des  malades  de  MM.  Barnes  et  Phillips;  les  deux  malades 
d'Amussat  eurent  également  une  récidive  à  la  grossesse  suivante;  de  même  une 
malade  de  Négrier.  M"*  P.  N  ..  (obs.  3«  de  M.  Hubert)  ne  mena  à  terme  les 
cinq  grossesses  suivantes  qu'en  suivant  un  traitement  convenable,  car  la  ma- 
trice se  porta  souvent  en  rétroversion  dans  les  trois  premiers  mois  ;  elle  eut 
même  une  rétroversion  après  un  de  ses  accouchements  et  une  autre  pendant 
une  métrite  exColiative.  Les  malades  des  10«  et  4 Inobservations  de. M.  Hubert 
eurent  des  récidives  aux  grossesses  suivantes,  et  la  première  eut  de  plus  deux 
récidives  pendant  ta  même  grossesse,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  d'arriver  à 
terme. 

La  récidive  eut  lieu  quelques  heures  ou  quelques  jours  après  la  réduction 
dans  quelques  autres  cas  encore,  ainsi  dans  ceux  de  Bartlett,  Chapplain,  Witlich, 
dans  les  4«  et  9«  de  Martin  (de  Lyon),  dans  les  2«»  de  Godefroy  et  de  Parent,  etc. 

Voici  les  trois  intéressantes  observations  de  M.  Hubert,  dont  je  viens  de 
parler. 

Obs.  XXXVH.  —  Rétroversion  à  deux  mois  et  demi  de  grossesse,  avorte- 
ment;  menaces  de  rétroversion  dans  les  cinq  grossesses  suivantes  conjurées  par 
le  traitement  prophylactique;  rétroversion  po$t  partum;  rétfoversion  avec 
métrite  exfoliative;  par  M.  le  professeur  L.  J.  Hubert  (I).  —  M"»«  P.  N...  a 
l'excavation  pelvienne  large  et  une  matrice  Irès-disposéé  à  basculer  en  arrière. 

Elle  eât  accouchée  une  première  fois  à  sept  mois,  d*un  enfant  putride.  Je  ne 
sais  par  quelles  causes,  car  je  ne  lui  donnais  pas  encore  des  soins  à  cette 
époque. 

  deux  mois  et  demi  d*une  seconde  grossesse,  elle  perdit  un  peu  de  sang 
pâle  et  me  fit  appeler.  Elle  éprouvait  des  envies  fréquentes  d'uriner  et  par 
moment  de  petits  tiraillements  aux  a!nes  et  aux  lombes.  Je  voulus  pratiquer  le 
toucher,  mais  il  répugnait  vivement  à  la  jeune  dame  et  j'eus  le  tort  de  ne  pas 
insister.  Je  prescrivis  un  lavement,  le  repos,  un  air  frais,  ta  diète,  des  boissons 
acidulés  et  une  potion  contenant  60  grammes  de  sirop  diacode. 

G'étail  le  matin;  je  fus  rappelé  le  soir  parce  que  la  perte  et  les  douleurs 
avaient  augmenté.  J'eus  cette  fois  recours  au  toucher  el  je  trouvai  l'utérus 
couché  parallèlement  au  plan  du  détroit  supérieur,  le  museau  de  tanche  corres- 
pondait à  peu  près  au  milieu  de  la  symphyse  pubienne.  Tout  l'organe  conser- 
vait une  notable  mobilité.^  J'engageai  la  malade  à  se  mettre  sur  son  côté 
gauche,  et  comme  le  col  était  long  et  ferme,  il  me  suffît  de  l^accrocher  avec 
l'index  et  le  médius  droits  pour  le  reporter  en  arrière  et  remettre  le  viscère 
dans  sa  situation  normale.  Mais  il  était  trop  lard,  l'avoriemenl,  qu'une  réduc< 
tion  faite  le  malin  aurait  peut-être  prévenu,  eut  lieu  la  nuit  à  une  heure. 

Dans  les  trois  premiers  mois  des  cinq  grossesses  suivantes,  la  matrice  se 
porta  souvent  en  rétroversion,  occasionnant  des  tiraillements  vers  le  sacrum  et 
surtout  aux  aines,  des  envies  fréquentes  d'uriner  et  parfois  de  la  difficullé 
dans  la  miction. 

(1)  Obs.  inédite;  S*'  de  M.  Hubert. 


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526  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Mais  le  dëplacement  ne  dépassait  pas  le  premier  degré  et  grâce  aux  précau- 
tions indiquées  plus  haut  et  observées  jusqu'à  environ  quatre  mois  et  demi, 
M"*  P...  accoucha  chaque  fois  heureusement  à  terme;  Une  de  ses  couches 
faillit  cependant  se  compliquer.  Elle  était  au  onzième  jour,  quand  un  matin  un 
de  ses  enfants,  laissé  un  moment  seul  sur  une  carpette  près  de  son  lit,  se  mit  à 
pleurer.  Elle  se  baissa  pour  le  prendre,  le  soulever  et  le  coucher  auprès  d^elle. 
Elle  ressentit  à  l'instant  même  une  vive  douleur  dans  les  aines,  une  pression 
sur  le  fon<iement,  un  besoin  illusoire  d'aller  à  la  selle  et  d'uriner,  hfentôt  des 
nausées  et  une  grande  anxiété.  Je  fus  appelé  en  hâte.  Les  conditions  dans  les- 
quelles les  accidents  s'étaient  produits,  leur  nature,  te  boulet  de  canon  que  la 
patiente  accu2>ait  dans  le  bassin,  l'espèce  de  vide  laiàsé  à  l'hypogastre,  me  met- 
taient sur  la  voie  d'un  diagnostic  q\n*  IVxploralion  vaginale  vint  confirmer.  Le 
fond  de  la  matrice  se  trouvait  dans  la  concavité  du  sacrum.  Je  mis  M"*"  P...  sur 
son  flanc  droit,  et  au  moyen  des  quatre  doigts  de  la  main  droite  je  repoussai, 
non  sans  rencontrer  de  résistance  et  non  sans  causer  quelque  douleur,  le  fond 
de  la  matrice  au-de&susdu  promontoire;  le  point  dépassé,  il  mesuffit  dereporter 
deux  doigts  vers  le  col  et  d*appuyer  un  peu  dessus  pour  compléter  le  redresse- 
ment. Les  accidents  se  dissipèrent  à  l'instant.  Pour  éviter  leur  reproduction,  je 
renouvelai  relativement  au  décubitus,  au  soin  d'uriner  souvent  et  d'éviter  tout 
efibrt,  des  conseils  qu'elle  connaissait  déjà.  Mais  la  femme  est  oublieuse  et 
nitimur  in  vetitum  semper.  Je  dis  nitimur  car  il  y  aurait  de  l'injustice  à 
l'accuser  seule. 

M"»  P...  mère  de  cinq  enfants  nés  à  terme,  comme  je  viens  de  le  dire,  avait 
en  ses  règles  du  f  au  7  mai  18(i8,  et  paraissait  avoir  ses  raisons  de  croire 
qu'elle  avait  de  nouveau  conçu  le  8.  Deux  mois  plus  tard,  le  9  juillet,  elle  alla 
en  soirée  et  y  dansa.  Dans  la  nuit,  vers  le  matin  elle  perdit  un  peu  de  sang, 
puis  dans  la  journée  et  le  lendemain  un  peu  de  liquide  jaunâtre.  Le  l!2au 
matin  un  peu  de  sang  ayant  reparu  je  fus  appelé.  Il  n'existait  pas  de  douleur 
et  je  ne  constatai  que  le  premier  degré  de  la  rétroversion.  Le  col  était  ferme  et 
long, de  sorie  qu'il  me  suffit  d'agir  sur  lui  pour  faire  basculer  la  matrice  entière 
et  la  remettre  dans  Paxe  du  détroit  supérieur.  Pour  prévenir  la  fausse  couche, 
je  pratiquai  une  petite  saignée,  je  fis  passer  un  lavement,  j'administrai  deux 
grains  d'opium  et  recommandai  le  décubitus  latéral  et  de  temps  en  temps  la 
pronation  complète. 

Le  i4,  vers 3  heures  du  matin,  récoulement  sanguin  devint  plus  abondant, 
il  s*y  joignit  des  douleurs  et  une  envie  continuelle  d'uriner  qui  ne  pouvait  être 
satisfaite. 

La  vessie  contenait  cependant  peu  de  li(juide.  Je  rencontrai  d'abord  dans  le 
vagin  un  corps  que  je  pris  pour  l'œuf  et  que  j'amenai  au  dehors  —  mais  sans 
me  donner  le  temps  de  l'examiner,  je  fis  coucher  M^^P...  sur  son  côté  gauche 
et  je  réintroduisis  deux  doigts  de  la  main  droite  pour  procéder  à  la  réduction 
de  la  matrice  qui  se  trouvait  rélroversée  au  second  degré.  L'opération  fut  faite 
et  très-peu  douloureuse,  car  l'organe  n'était  pas  bien  volumineux  et  il  avait 
conservé  une  grande  mobilité;  de  sorte  qu'il  me  suffit  d'agir  d'abord  sur  le  fond 
pour  le  relever  au-dessus  du  promontoire,  puis  sur  le  col  pour  compléter  le 
redressement  du  viscère.  Tout  rentra  immédiatement  dans  Tordre. 


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MÉMOIRES  El   OBSERVATIONS.  527 

Le  corps  expulsé  n'était  pas  un  œuf,  mais  la  muqueuse  utérine,  plus  épaisse 
dans  certains  points  que  dans  d*aiitres,  complélement  exfoliée  et  sortie  intacte 
avec  ses  trois  orifices  bien  distincts  (le  cervical  plus  largo  que  les  tu  ha  ires),  avec 
sa  surface  interne  lisse  et  sa  surface  externe  chagrinée  et  tomentêusc. 

Obs.  XXXVIII.  —  Rétroversion  à  trois  wiois,  de  grossesse,  hémorrhagie, 
réduction  par  le  procédé  de  Martin^  avortement ;  récidive  à  la  grossesse  sui- 
vantèj  réduction^  deux  récidives,  g uériaon  ;^dir  M.  le  professeur  L.  J.  Hu- 
bert (I)*  — -  Madame  M.  J...  s'est  mariée  jeune  et  à  51  ans,  elle  était  mère  de 
huit  enfants  nés  h  terme  et  bien  portants.  A  la  fin  de  mars  et  au  commence- 
ment d'avril  1872,  elle  était  entre  deux  et  demi  et  trois  mois  d'une  neuvième 
grossesse,  quand,  à  la  suite  de  fatigues  causées  par  un  déménagement,  elle 
éprouva  des  douleurs  autour  du  bassin,  des  envies  fréquentes  d'uriner,  un  peu 
de  gène  et  un  peu  de  cuisson  dans  la  miction.  Comme  elle  est  très  courageuse, 
elle  ne  cessa  pas  de  se  livrer  aux  travaux,  mouvements  et  efforts  qu*entrâine 
Tinstallation  d'un  grand  ménage  dans  une  nouvelle  demeure.  Bientôt  les  ma- 
laises allèrent  en  augmentant,  des  contractions  utérines  survinrent  et  il  se 
déclara  une  hémorrhagie.  Mon  fils  trouva  ta  matrice  couchée  presque  horizon- 
talement dans  le  bassin,  et  il  en  opéra  la  réduction  sans  grande  difficulté  en 
agissant  sur  le  fond  d'abord,  puis  sur  le  col  ;  mais  la  perte  était  assez  grave 
pour  exiger  le  tamponnement,  et  le  lendemain  un  œuf  d'environ  trois  mo^s 
était  retrouvé  au-dessus  du  tampon,  c^esl-à-dire  au  haut  du  vagin. 

Outre  les  précautions  ordinaires  conseillées  pour  éviter  le  retour  du  dépla- 
cement, mon  fils  recommanda  à  M"°^  J...  de  laisser  h  la  matrice  un  repos  dont 
elle  avait  bien  besoin.  Ce  qu'elle  fit  effectivemeiU  jusqu'au  10  août,  date 
assignée  à  une  nouvelle  conception  et  d'une  manière  si  précise,  que  dès  les 
premiers  moments  et  toujours  M"**^!...  me  demanda  si  elle  pouvait  compter 
sur  moi  pojir  le  10  mai  \H7^, 

Elle  était  donc  très-sûre  d'être  à  deux  mois  et  neuf  jour^  de  sa  dixième  con- 
ception quand,  éprouvant  —  moins  les  contractions  utérines  et  la  perte  de 
sang  —  tous  les  phénomènes  avant-coureurs  de  sa  fausse  couche,  elle  me  fit 
appeler  le  18  octobre  1872. 

J'opérai  la  réduction  sans  peine^  mais  elle  ne  se  maintint  pas,  je  dus  recom- 
mencer le  W  et  le  23^  et  exiger  cette  dernière  fois  un  repos  absolu  de  quelques 
jours,  avec  les  précautions  relatives  au  décubitus,  à  l'émission  des  urines  et 
'  au  cours  des  selles. 

Le  déplacement  n'avait  pas  duré  assez  longtemps  et  la  manœuvre  n'avait  pas 
offert  assez  de  difficulté  pour  apporter  dés  troubles  notables  dans  la  circula- . 
tion  utérine  et  fœtale.  Aussi  la  grossesse  reprit-elle  sa  marche  régulière  et  se 
termina  le  8  mai  1873,  par  la  naissance  d'une  fille  qui  pesait  41  1/3  kilogr. 

Obs.  XXXIX.  —  Trois  grossesses  compliquées  de  rétroversion  utérine 
entre  deux  et  demi  et  trois  mois;  deux  avortements;  par  M.  le  professeur 
L.  J.  Hubert  (^).  —  M^"^  Van...,  grande  femme,  aux  couleurs  roses,  au  bassin 
large  et  à  la  fibre  molle,  a  eu  un  premier  accouchement  à  terme,  puis  une 

(1  •  Obs.  inédite;  iO»  de  M.  Hubert.  ' 

(â)  Obs.  inédite  j  11«  de  M.  Hubert. 


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5S8  MÉMOIRES  £T  OBSERVATIONS. 

fausse  couche,  puis  encore  trois  accouchements  à  terme,  puis  de  nouveau  tout 
récemment,  le  8  mai  1873,  une  nouvelle  fausse  couche  —en  tout  six  gros- 
sesses. 

De  ces  six  grossesses,  trois,  la  deuxième,  la  cinquième  et  la  sixième  se  sont 
compliquées  de  rétroversion  utérine  entre  deux  et  demi  et  trois  mois.  La  réduc- 
tion se  fit  sans  grande  difficulté  et  presque  sans  douleur  dans  deux  cas,  mais 
Tavortement  ne  s*en  suivit  pas  moins  parce  qu'il  existait  déjà,  au  moment  où 
je  fus  appelé,  des  contractions  utérines  et  iine  perte  de  sang  assez  abondante  ; 
dans  le  dernier  cas  d'ailleurs  il  était  inévitable  puisque  les  eaux  étaient  écoulées 
et  que  Tembryon  était  dissous,  de  manière  que  je  ne  retrouvai  qu'un  petit 
.bout  de  cordon«sur  le  point  de  Tœuf  correspondant  au  placenta. 

Dans  le  troisième  cas  (cinquième  grossesse),  à  la  suite  d'un  effort,  Tutérus  à 
trois  mois  se  trouvait  couché  horizontalement  dans  le  bassin  et  gênait  notable- 
ment le  cours  des  fèces  et  des  urines.  Aussi  dus-je  placer  la  femme  sur  son 
côté  droit  et  introduire  quatre  doigts  de  la  main  droite  darrs  le  vagin  pour 
refouler,  non  sans  causer  une  douleur  assez  vive,  le  fond  de  Torgane  au-dessus 
du  détroit  supérieur.  La  grossesse  arriva  heureusement  à  terme. 

5.  ~  Volume  de  l^utérus.  —  On  comprend  que  ce  volume  doit  exercer  la 
plus  grande  influence  :  le  petit  bassin  est  inextensible,  Tutérus  ne  peut  donc 
y  tomber  que  si  son  grand  axe  n'est  pas  supérieur  au  diamètre  du  détroit  qu'il 
doit  traverser,  et  le  plus  souvent,  sinon  toujours,  c'est  par  un  diamètre  oblique 
ou  la  ligne  sacro  pubienne  qu'il  passe.  Si  la  gestation  est  pelvienne  et  que  le 
fond  utérin  ne  dépasse  pas  le  promontoire,  les  accidents  graves  se  présenteront 
quand  les  diamètres  du  contenant  et  du  contenu  seront  à  peu  près  égaux. 

Martin  (de  Lyon)  pensait  que  la  rétroversion  ne  pouvait  avoir  lieu,  si  l'uté- 
rus n'était  pas  engorgé,  que  dans  les  bassins  dont  l'excavation  avait  peu  d'éten- 
due <  car,  dit-il,  la  matrice  soumise  à  l'influence  des  causes  qui  renverseraient 
son  fond  en  arriére,  ne  pourrait  rester  fixée  dans  cette  vicieuse  position,  «on 
diamètre  n^étant  pas  égal  au  diamètre  antéro-postérieur  de  l'excavation.  » 

Désormeaux  et  P.  Dubois  disent  qu'avant  le  deuxième  mois  de  la  grossesse, 
l'utérus  ne  parait  pas  assez  volumineux  pour  obéir  aux  causes  qui  pourraient 
le  renverser,  et  Capuron  de  même  que  Dugès  semblent  du  même  avis. 

Mais  il  faut  distinguer  Tenclavement  de  la  rétroversion  ;  évidemment,  si 
l'utérus  n'est  pas  engorgé,  si  la  grossesse  n'a  pas  atteint  uno  époque  suffisante, 
il  ne  peut  pas  être  fixé  dans  l'excavation,  son  enclavement  ne  peut  exister; 
mais  la  rétroversion  est  possible  et  se  maintient  si  les  causes  qui  l'ont  amenée 
continuent  à  agir  (dilatation  de  la  vessie,  pression  des  intestins,. tumeur  du 
segment  ujlérin  postérieur,  adhérences,  lésions  des  ligaments,  etc.,  etc.) 

Rappelons,  pour  arriver  à  la  limite  supérieure,  les. dimensions  du  bassin  et 
deTutérus  pendant  les  premiers  mois  de  la  gestation.  Les  diamètres  de  l'ex- 
cavation sont  de  12  centimètres;  au  détroit  supérieur,  te  sacro  pubien  a 
Il  centimètres,  les  obliques  t2  et  le  tranversal  15  1/2.  A  trois  n>ois  de  gros- 


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MÉIiO!B£S  ET  OBSERVATIONS.  529 

sesse,  l'iiitêrQs  mesure  environ  7  centimètres  dans  toales  ses  directions,  plus 
5  à  4  centimètres  pour  le  eo);  à  quatre  mois,  les  diamètres  sont  de  iM/â  à 
10  centimètres  et  à  cinq  mois  le  diamètre  du  fond  au  col  est  long  de  15  à  i  6  cen- 
timètres, mais  les  autres  n'en  ont  encore  que  12  à  15.  Mais  il  faut  remarquer 
que  les  diamètres  du  bassin  sont  un  peu  diminués  par  les  parties  molles,  et 
d'un  autre  côté  que  Tutérus  est  compressible,  qu'un  de  ses  diamètres  peut 
diminuer  d'étendue  pendant  qu^)n  autre  augmente,  qu'il  peut  se  présenter 
par  un  de  ses  bords,  se  recourber  sur  son  col  ou  même  sur  lui-même  en  fer  à 
cheval,  qu'il  présente  quelquefois  assez  de  flaccidité  pour  permettre  à  un  seg- 
ment quelc6nque  de  descendre,  de  s'affaisser  dans  l'excavation. 

On  voit  qu'il  est  aussi  difficile  de  fixer  la  limite  supérieure  que  la  limite 
inférieure. 

On  peut  cependant  dire  que  la  rétroversion  est  un  accident  de  la  première  « 
moitié  de  la  gestation  et  que,  dans  la  très-grande  majorité  des  cas,  c'est  entre 
trois  et  quatre  mois  qu'il  apparaît. 

Si  le  fond  utérin  ne  s'élève  pas  directement  en  haut,  ou  qu'il  soit  pressé, 
insensiblement  de  haut  en  bas  de  façon  enfin  à  ne  pas  dépasser  le  promontoire, 
les  organes  du  petit  bassin,  spécialement  la  vessie  et  le  rectum,  ne  subiront  de 
compression  importante  que  vers  le  troisième  mois  de  la  grossesse,  parce 
qu'alors  le  grand  axe  utérin,  col  compris,  a  environ  H  centimètres,  c'est-à-dire 
qu'il  est  égal  à  peu  près  aux  diamètres  de  l'excavation.  Avant  cette  époque  le 
fond  utérin   peut  être  porté  en  arrière,  mais  il  n'est  pas  enclavé. 

Les  circonstances  sont  un  peu  différentes  dans  les  cas  où  une  cause  subite 
projette  le  fond  de  la  matrice  au-dessous  du  promontoire;  avant  l'époque  que 
nous  venons  de  déterminer,  le  fond  reprendra  sa  position  dès  que  la  cause 
aura  cessé  d^agir,  à  moins  toutefois  que  les  ligaments  ronds  et  les  ligaments 
utéro-sacrés  n'aient  été  rompns  ou  fortement  endommagés;  mais  après  trois 
mois,  le  fond  pourra  être  retenu,  accroché  par  l'éminence  sacrée,  et  les  con- 
tractions des  ligaments  musculaires  ne  parviendront  pas  d'habitude  à  remettre 
la  matrice  en  place,  surtout  que  bientôt  les  effets  du  déplacement  devien- 
dront causes  à  leur  tour  (dilatation  de  la  vessie  et  des  intestins.) 

Plus  serti  grand  le  volume  de  l'utérus,  plus  devra  être  considérable  la  force 
qui  sera  nécessaire  pour  abaisser  le  fond  sous  l'angle  sacro-vertébral  et  plus 
seront  rapides  les  symptômes  d'incarcération. 

Il  est  difficile  d'admettre  qu'à  certain  moment  la  rétroversion  puisse  encore 
s'effectuer;  ainsi  après  le  cinquième  mois,  toutes  les  dimensions  de  l'organe 
gestateur  sont  supérieures  aux  diamètres  de  l'excavation,  tandis  qu'auparavant, 
son  grand  axe  seul  était  disproportionné,  et  te  bassin  n'était  pas  rempli  dans 
ses  diamètres  iransverse  et  obliques.  On  doit  plutôt  supposer,  si  l'accident  se 
produite  cinq  mois,  des  dimensions  exagérées  du  bassin  ou  une  petitesse  ano- 
male du  produit  de  la  conception.  Après  six  mois,   une  rétroversion  vraie,  le 

67 


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530  MÉAIOIRES  ET  OBSfiRVATKMS. 

fœtus  ë(ant  vivant,  ne  peut  plus  se  produire  ;  ce  nVst  plus  qu*un  affaissement 
du  segment  postérieur  de  rntèrus,  une  obliquité  postérieure» 

Dans  toutes  ces  appréciations,  il  faut  tenir  compte  évidemment  des  dimen- 
sions du  bassin,  de  la  quantité  du  liquide  amniotique,  de  la  flexion  du  col,  etc. 

Ainsi,  un  enclavement  pourra  être  plus  prononcé  à  deux  mois  dans  un  bassin 
rétréci,  s'il  y  a  beaucoup  dVau,  si  Tembryon  est  très-développé  ou  dans  la' 
grossesse  gémellaire^  si  Us  parois  utérines  sont  fortement  engorgées,  qu'à 
quatre  mois  dans  des  conditions  opposées  et  avpc  flexion  du  col. 

Avant  d'arriver  aux  faits,  voyons  l'opinion  de  quelques  auteurs. 

Pour  iM.  Moreau  la  rétroversion  ne  peut  s'effectuer  quedansles  quatre  ou  cinq 
premiers  mois  c  jamais  au-delà,  car,  passé  ce  terme,  le  diamètre  longitudinal 
de  l'utérus  élaiit  supérieur  à  l'étendue  du  diamètre  sacro-pubien,  elle  devient 
Jmpossible.  » 

Capuron  et  Gardien  prétendent  que  le  renversement  n'est  plus  possible  après 
le  quatrième  mois,  parce  qu'après  cette  époque  la  longueur  de  Tutérus  sur- 
passe celle  du  bassin  mesurée  du  pubis  au  rectum.  Baudelocque  et  Murât  sont 
du  même  avis,  mais  ne  sont  pas  aussi  affiimatifs  parce  qu'ils  connaissaient 
l'observation  de  Smellie. 

Pour  Boivin  et  Dugès,  Maygrier,  Cazeaux,  Martin  (de  Lyon),  Joalin, 
Chailty,  etc.,  l'accident  se  présente  d'habitude  entre  trois  et  quatre  mois. 
M.  Depaul  est  du  même  avis. 

Désormaux  et  P.  Dubois  n'admettent  pas,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  vu, 
qu'il  puisse  se  produire  avant  le  deuxième  mois.  Ces  auteurs  pensent  de  plus 
qu'après  le  quatrième  mois,  l'utérus  ne  peut  plus  se  loger  dans  l'excavation,  à 
cause  de  la  tiop  grande  étendue  de  son  diamètre  longitudinal.  Dans  les  obser- 
vations de  Smellie  et  de  Mecki^l,  disent  ils,  il  est  question  du  cinquième  mois, 
mais  ce  mois  commence  dès  la  fin  du  quatrième. 

Négrier  est  d'avis  que  c'est  vers  le  quatrième  mois  que  le  déplacement  a 
toujours  lieu. 

Pour  Elleaume,  la  rétroversion  ne  peut  plus  se  produire  après  cinq  mois. 

M.  Stoitz  dit  simplement  qu'on  la  rencontre  dans  les  premiers  mois  de  la 
gestation. 

D'après  M.  Saboia,  elle  peut  survenir  en  tout  temps  de  la  grossesse  mais 
plus  fréquemment  dans  les  trois  ou  quatre  premiers  mois. 

Jacquemier  pense  que  l'amplitude  du  bassin,  le  volume  de  l'œuf  et  son 
arrêt  de  développement  expliquent  les  cas  où  le  déplacement  est  survenu  pen- 
dant le  cinquième  et  même  le  sixième  mois,  mais  qu1l  survient  d'ordinaire 
entre  le  troisième  et  le  quatrième. 

Pour  Nœg<'lé,  il  se  fait  d'habitude  dans  le  troisième  mois  et  pour  Churchill, 
avant  la  dix-huitième  semaine. 

Denman  émet  la  même  opinion  et  ajoute  que  «  si  ia  matrice  est  peu  élargie 


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MÉMOIRES  ET  OBSERYATIONS.  551 

ou  si  elle  Test  au^deli  d*on  ceplain  point,  il  est  difficile  que  la  réf  roversion  se 
fasse  ;  car  dans  le  premier  cas,  si  la  cause  de  la  rétroversion  existe,  le  poids 
pour  in  produire  manque  dans  le  fond,  et  dans  l'autre  la  msitrico  se  sera 
élevée  au-dessus  de  la  projeclion  du  sncrum  et  supportée  par  Tépine.  » 

Biirns  est  d*avis  que  dfans  les  cas  ordinaires  Taccident  survient  pendant  le 
troisième  ou  le  quatrième  mois,  mais  qu'il  peut  se  présenter  dans  le  cinquième 
si  le  bassin  est  large  et  le  liquide  amniotique  peu  abondant,  surtout  s'il  y  a 
flexion  du  col. 

M.  Barnes  admet  que  la  rétroversion  subite  se  produit  vers  trois  ou  quatre 
mois. 

Les  auteurs  belges,  MN.  Hubert;  Hyernaux,  Van  Leynseele  partagent  la 
même  opinion. 

M.  Salmon  tire  des  faits  qu'il  cite  les  conclusions  suivantes  :  1"  La  rétrover- 
sion a  lieu  ordinairement  du  troisième  au  quatrième  mois;  !2o  elle  peut  avoir 
lieu  avant  cette  époque,  mais  très-rarement;  elle  peut  avoir  lieu  aussi  entre  le 
quatrième  et  le  cinquième  mois,  mais  moins  rarement  qu'avant  le  troisième; 
4<»  excf*plionnellement,  elle  peut  avoir  lieu  plus  tard,  mais  sans  qu'on  doive 
l'expliquer  nécessairement  par  la  mort  du  fœtus  ou  par  l'amplitude  du  bassin. 
On  voit  que  les  opinions  nediiïèrent  que  sur  des  détails  :  tous  les  auteurs  ad- 
mettent que  ta  plus  grande  fréquence  se  montre  du  troisième  au  qtiatrième 
mois;  seulement  certains  d'entre  eux  ne  pensent  pas  que  la  rétroversion  soit 
possible  avant  que  l'utérus  n'ait  atteint  un  certain  volume,  ou  quand  il  a  dépassé 
certaines  limites  que  quelques-uns  fixent  à  quatre  mois,  d'autres  à  cinq,  d'au- 
tres plus  tard  encore. 

Interrogeons  maintenant  les  faits,  mais  remarquons  qu'ils  doivent  être  inter- 
prétés et  non-seulement  comptés. 

Il  n*est  pas  toujours  facile  de  déterminer  l'époque  où  la  rétroversion  s'est 
produite;  quand  la  forme  est  lente,  c'est  même  impossible  et  on  doit  souvent 
s'en  rapporter  au  moment  où  les  accidents  se  sont  montrés  avec  une  certaine 
intensité,  à  moins  qu'on  ail  eu  l'occasion  d'examiner  auparavant;  dans  la  forme 
subite,  on  peut  encore  être  embarrassé,  quand  par  exemple  un  certain  inter- 
valle a  séparé  l'apparition  des  symptômes  et  l'accident  au  quel  on  cnorr  devoir 
RAPPonTER  le  déplacement.  Ou  pouri*a,  du  reste,  facilement  contrôler  ma  ma- 
nière de  faire  et  constater  qu'elle  est  conforme  à  une  consciencieuse  interpré- 
tation. Les  cas  où  le  dé|>lacement  était  antérieur  à  la  grossesse  ne  doivent  être 
examinés  qu'au  point*de  vue  de  l'enclavement,  qui  est  le  principal  pour  la  cli- 
nique; c'est  dire  qu'ils  sont  comptés,  comme  les  autres  cas  à  forme  lente,  au 
moment  où  les  accidents  ont  inquiété  les  patientes. 

Ln  rétroversion  s'est  faite  à  six  semaines  dans  la  deuxième  observation  de 
Martin,  (de  Lyon);  elle  paraît  remonter  à  la  même  époque  dans  les  observa- 
tions de  Jonrel  et  de  Craninx. 


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532  MÊlfOIRBS  BT  OfiSfi^VATlOMS. 

Elle  a  eu  lieu  à  deux  mois  dans  les  cas  de  Gongis,  Gosselin,  Guichard  et  de 
Multéi  (500*);  elle  datait  probablement  du  même  moment  chez  la  femme 
Bourget  (deuxième  observation  de  Viricel)  et  chez  la  malade  de  Bell;  la  récidive 
de  M*  G.  dans  la  seconde  observation  d^Amussal  eut  lieu  aussi  à  deux  mois 
de  gestation. 

Elle  est  survenue  à  deux  mois  et  demi  danç  les  observations  de  Delaharpe 
et  de  Pingault  (fait  cité  par  M.  Salmon),  dans  la  septième  de  Martin»  (de  Lyon), 
dans  les  troisième,  quatrième  et  cinquième  de  M.  Hubert  ;  les  premiers  sym- 
ptômes se  manifestèrent  chez  M"  Ë.  G.  (huitième  observation  de  M.  Hubert) 
vers  six  à  huit  semaines  et  dans  cette  grossesse  gémellaire  Tutérus  ne  tomba 
avec  la  plus  grande  facilité  en  rétroversion  que  jasqu^à  trois  mois,  tandis  que 
cela  continua  jusqu'à  trois  mois  et  demi  dans  les  suivantes.  La  deuxième  rétro- 
version de  M«  J...  (dixième  observation  de  M.  Hubert)  se  montra  à  deux  mois 
et  neuf  jours  (accouchement  d*u ne  grosse  fîlle);  c'est  vers  le  même  moment 
qu^appnrurent  les  symptômes  fort  incommodes  de  la  malade  de  M.  Bernutz. 

On  rapporte  Taccident  entre  deux  et  demi  et  trois  moisdans les  observations 
de  Chapplain  et  Curie;  il  survint  à  la  même  époque  chez  la  femme  Joskin, 
dans  le  premier  cas  de  M«  J...  et  dans  les  trois  cas  de  M**  Van...  (observations 
sixième,  dixième  et  onzième  de  M.  Hubert). 

Les  femmes  étaient  à  trois  mois  de  gestation  dans  les  observations  de  Garîn, 
Ramsbotbam,  Schmitl,  Wllczek,  Villeneuve^  Charles,  Guyot,  Dussausois, 
Estor,  Gougis,  Wauters,  Moreau,  Puzin,  Priou,  Cazeaux,  Grenser,  Palanie, 
Pajoty  Balp,  Ronvaux,  Moldenhaner,  dans  la  première  de  Vignard,  dans  les 
deux  de  France,  dans  la  première,  la  troisième  et  la  cinquième  de  M.  Depaul, 
dans  les  première,  quatrième,  cinquième,  sixième,  neuvième  et  dixième  de 
Martin  (de  Lyon),  dans  la  deuxième  de  Parent,  dans  les  deuxième  et  troisième 
de  Baudelocque,  dans  les  deux  d'Amussat  (avec  une  récidive,  dans  la  première, 
à  la  même  époque),  dans  la  sixième  au  moins  de  Godefroy,  et  peut-être  aussi 
dans  la  première  du  même  auteur,  dans  la  deuxième  au  moins  de  M.  Chan- 
treuil  et  probablement  aussi  dans  la  première;  le  déplacement  semble  n*avoir 
été  complet  qu*à  trois  mois  également  dans  le  cas  de  Billi.  Ajoutons  les  faits  de 
Mazier  (de  Laigle)  et  de  Van  Hengel,  cités  par  M.  Sainvon. 

A  trois  mois  et  demi,  nous  avons  les  observations  de  Bamberger,  Desgraoges, 
Vandorpe,  Davreux,  Wasseige,  Mayor,  Hunter,  Courtois,  la  septième  de  M.  Hu  • 
bert,  lu  troisième  de  Négrier,  la  huitième  de  Martin  (de  Lyon),  la  première  de 
Parent,  la  deuxième  de  M.  Godefroy,  la  deuxième  de  M»  Depaul,  les  deuxième 
et  troisième  de  111.  Vignard.  A  quatre  mois  se  trouvent  les  cas  de  Gérard,  Lynn, 
Macléod,  Morris,  Richter,  Reynick,  Rolland,  Barnes,  Siollz,  Virante,  Witticli, 
Wall,  Gooch,  Barrier,  B'irih,  Blundell,  les  quatrième  et  cinquième  de  M.  Go- 
defroy, les  troisième  (récidive),  quatrième,  cinquième  et  sixième  de  Négrier,  le 
quatrième  de  M.  Depaul  et  celui  de  M.  Garnier  (quatre  mois  et  dçmi  moins 


I 


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-MiWOlRfiS  m  OBSBRVATtONS.  5113 

trois  semaines).  Âj(Hi(on&  les  fails  de  Flafiii»,  Whitehaed  et  Roussilhe,  cités 
par  M.  Salmon. 

A  quatre  mois  et  demi  se  rapportent  les  observations  de  M.  Gallard,  de 
Baynham,  la  neuvième  de  M.  Hubert,  la  troisième  de  M.Godefroy,  la  première 
de  Viricel,  la  seconde  de  Martin  (de  Tonneins)  et  de  plus  le  fait  de  Pingault 
(de  Poitiers)  cité  par  M.  Salmon.  Je  ne  puis  m'arréter  au  dernier  cas,  n'en  con- 
naissant pas  les  détails,  mais  je  dirai  un  mot  des  autres. 

Dans  Tobservation  de  M.  Galiard,  en  comptant  du  jour  de.  raccouchement, 
16  noveuibre,  au  jour  où  la  rétroversion  s'est  faite,  "2^  juin,  on  trouve  que 
celle  dernière  a  eu  lieu  à  quatre  mois  et  six  jours.  Anna  Martin  (obs.  de 
Baynham)  était  au  sixième  mois  de  sa  grossesse  et  Tèccident  datait  de  six 
semaines  ;  or,  le  sixième  mois  commence  à  la  fin  du  cinquième,  de  sorte  que 
l'époque  ne  semble  pas  plus  avancée  dans  ce  cas  que  dans  le  précédent. 

Ph.  Corlin  (obs.  de  Viricel)  n'était  plus  réglée  depuis  quatre  mois  et  demi; 
mais  elle  avait  déjà  été  traitée  auparavant,  de  sorte  que  Taccident  datait  posi- 
tivement do  plusieurs  jours.  La  femme  Surtewargen  (obs.  de  M.  Hubert)  se 
disait  enceinte  de  quatre  mois  et  demi  au  moment  de  l'accident;  mais  rien  ne 
prouva  que  la  grossesse  fut  véritable,  puisqu'à  terme  elle  expulsa  une  masse 
ressemblant  à  du  sang  décomposé  et  que  nul  débri  fœtal  n'est  signalé.  La 
femme  M...  (obs.  de  M.  Godefroy)  se  disait  enceinte  de  quatre  mois  et  demi, 
mais  on  sait  combien  facilement  les  femmes  se  trompent,  de  quelques  jours 
surtout  ;  du  reste,  le  bassin  était  large.  Enfin  la  malade  de  Martin  (de  Tonneins), 
était  enceinte  de  quatre  mois  et  demi  quand  ce  chirurgien  fut  appelé,  mais 
évidemment  le  déplacement  remontait  à  plusieurs  jours. 

Quant  aux  observations  de  Smellie,  de  Meckel  et  d'Evrat,  il  est  question  du 
cinquième  mois,  mais  je  dirai,  avec  Desormaux  et  P.  Dubois,  que  ce  mois 
commence  dès  la  fin  du  quatHème. 

c  Nous  ne  connaissons,  dit  M. Salmon,  que  trois  observations  dans  lesquelles 
on  ne  puisse  guère  mettre  en  doiite  l'existence  de  la  rétroversion  après  le 
cinquième  mois.  »  Ce  sont,  d'après  cet  auteur,  les  faits  de  Négrier,  de  Bayn- 
ham et  de  Billi.  J'ai  déjà  parlé  de  ces  deux  derniers  et  montré  qu'ils  s'étaient 
produits  à  quatre  et  à  trois  mois. 

Quant  au  premier,  il  datait  évidemment  de  longtemps  puisque  la  femme  était 
malade  depuis  bien  des  années  et  qu'à  trois  mois  son  hypogastre  était  encore 
tout  à  fait  plat,  au  point  de  donner  des  doutes  au  médecin  sur  l'état  de  gros- 
sesse ;  du  reste  ici  il  s'agit  plutôt  d'un  prolapsus  ou  descente  avec  enclavement, 
car  le  col  était  au  centre  de  l'excavation;  on  en  jugera  mieux  encore  en  lisant 
l'observation. 

Obs.  XL.  —  Utérus  gravide  enclavé  dans  l* excavation  ;  mort  ;  par  Nbisrier, 
d'Angers  (\).  —  M"»«  ***,  âgée  de  20  ans,  délicate  de  poitrine  est  de  taille  ordi- 

(1)  Mémoire,  obs.  i^*. 


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55i  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

noire  et  a  le  bassin  bien  développé.  Ses  règles  disparurent  le  deuxième  mois 
après  son  mariage,  puis  elle  éprouva  des  nausées  el  des  vomissements  qui 
augnienlèrenl  peu  à  peu  ;  bientôt  IVstOiiiac  devint  douloureux  et  ne  supporta 
plus  aucun  aliment. 

Au  trois  ème  mois  de  la  grossesse,  Thypogastre  n'offrant  aucune  tumeur,  le 
médecin  eut  de3  doutes  sur  la  gestation,  mais  la  malade  se  refusa  au  loucher. 
Le  9  mai  1840,  six  mois  après  la  disparition  des  règles,  Négrier  fut  appelé 
en  consultation. 

La  malade  depuis  longtemps  ne  se  levait  plus;  elle  était  très  amaigrie,  avait 
les  commettes  rouges,  la  respiration  courte,  une  loux  fréquente,  le  pouls  à  120, 
la  peau  chaude  cl  sèche,  la  transpiration  et  riialeine  fétides.  L*air  Cf pendant 
pénètre  dans  toute  léteudue  drs  poumons.  Le  ventre  est  plat  dans  ses  deux 
tiers  supérieurs;  il  est  tendu  et  empalé  vers  l'Iiypogastre  el  douloureux  à  la 
pression  Les  urines  el  les  selles  sortent  facilement.  Par  le  loucher,  on  constate 
que  le  vagin  est  raccourci  de  moitié  el  occupé  par  un  segment  de  tumeur  rem- 
plissant toute  l'excavation  pelvienne.  Cette  tcimeur,  élastique  au  toucher,  est 
formée  par  rulérus  renfermant  un  fœtus  vivant  el  assez  développé  pour  faire 
percevoir  plusieurs  mouvements  spontanés  liès-disiinrts.  Les  parois  de  Tulérus 
semblent  amincies,  tant  le  fœtus  parrill  voisin  du  doigt  explorateur.  Le  col  n*a 
éprouvéaucunedévialion;  il  occupe  le  centre  de  l'excavation  et  est  seulement 
beaucoup  abaissé;  son  oriHce  est  fort  pelil  el  clos»;  en  arrière,  ou  louche  une 
portion  sphérique  de  Tuiérus  qui  remplit  loute  la  concavité  du  sacrum.  La 
pression  sur  la  partiede  rulérus  qui  dépasse  le  pubis  de  trois  doigts,  est  fort 
douloureuse.  En  tentant  de  soulever  l'organe  par  le  vagin,  Tauire  main  placée 
sur  Thypogaslre  ne  ressent  aucun  soulèvemenl.  La  vessie  est  vide  ;  le  rectum 
contient  quelques  matières  durcies. 

Les  battements  du  cœur  fœtal  ne  sont  pas  perceptibles.  Le  diagnostic  est 
porté  :  gestation  de  cinq  à  six  mois;  utérus  retenu  dans  l'excavation  par  une 
cause  inconnue,  car  le  diamètre  sacro-puhien  a  il  centimètres,  et  rien  n'auto- 
rise é  croire  à  une  saillie  du  promontoire  ni  à  une  tumeur  osseuse  quelconque. 

Lulérus  n'est  pas  renversé;  son  col,que  le  doigt  peut  circon8crire,ne  présente 
aucune  courbure,  il  se  perd  directement  dans  la  tumeur  utérine. 

La  tumeur  élanl  absolument  immobile,  la  perforation  de  l'œuf  est  proposée. 
On  la  refuse.  Létal  de  la  malade  s'aggrave  et  la  mort  survient  le  1 8  mars  1840. 
L'autopsie  ne  peut  être  faite. 

Celle  observation  est  incomplète  ;  d'après  Négrier,  comme  on  l'a  vu,  elle  ne 
se  rapporte  pas  à  la  rétroversion  ;  les  symptômes  de  ce  déplacement  ne  parais- 
sent pas  du  resté  avoir  existé. 

Mais  une  observation  extraordinaire  est  bien  la  suivante,  où  l'accident  s'est 
produit  au  septième  mois  et  a  même  récidivé  quelqties  jours  après  la  réduction. 

Obs.  XLI.  —  Déplacement  de  l'utérus  au  septième  mois  de  la  grossesse; 
réduction  an  moyen  de  la  main  introduite  dans  le  vagin;  récidive,  guérison; 
par  Williams  Bartlett  (I):  -  >!•"•  F.  S  ,  25  ans,  délicate,  ap  septième  mois 

(1)  Bibliothèque  médicale,  t.  LXXVI,  p.  Iâ5. 


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MÊUOIRBS  ET  OBSERVATIONS.  535 

de  gros.S€$se,  fut  prise  le5aoât,  de  fréquentes  envies  d'uriper  et  d*a)ler  à  la 
selle;  nprès  cinq  ou  six  heures  de  souffrances,  et  taudis  qu'elle  marchait  dans 
sa  chauihre,  il  lui  sembla  tout  à  coup  qu  elle  avait  perdu  sou  veutre.  Bienlôt 
suppression  d'urines,  douleurs  dans  les  lomhes,  l'ahdoineu,  lesatues;  ou  croit 
à  un  accouchement  prématuré.  M.  Barlletl,  en  louchant,  vit  sou  doigt  arrêté, 
dés  qu'il  eut  franchi  la  vulve,  par  une  tumeur  conique,  et  eu  cherchant  le  col 
il  sentit  distinctement,  à  travers  les  parois  utérines,  les  pieds  du  fœrus,  dont 
les  talons  étaient  tournés  vers  les  parties-  internes  de  la  génération.  Le  doigt 
passait  facilement  entre  la  tumeur  et  le  pubis  sans  pouvoir  atteindre  le  museau 
de  tanche  et,  vers  le  sacrum,  il  éprouvait  de  la  résistance  de  la  partie  posté- 
rieure du  vagin. 

La  portion  de  h  tu  leur  comprimée  par  le  sacrum  était  irréguliére  et  faisait 
éprouver  au  doigt  une  sorte  de  chevauchement  que  présentent  souvent  les 
pariétaux  dans  la  dernière  période  du  travail.  De  plus,  anxiété  de  la  face,  pouls 
vif  et  irritable,  peau  chaude,  céphalalgie,  nausées;  région  hypogastrique  sen- 
sible au  toucher,  mais  molle  et  flasque  et  ne  ressemblant  en  rien  à  l'abdomen 
d'une  femme  arrivée  au  septième  mois  de  sa  grossesse. 

Les  deux  jours  suivants,  Tétat  s'aggrave  ;  malgré  le  cathétérisme  renouvelé, 
la  saignée,  l'upium,  le  repos,  etc.,  il  survient  du  délire,  des  vomissements,  de  la 
céphalalgie. 

On  essaie  alors  la  réduction  par  le  procédé  de  Grégoire,  mais  inutilement;  là 
main  est  ensuite  introduite  dans  le  vagin  et  parvient  à  opérer  la  rédiictiou  com- 
plète, après  une  ou  deux  pressions  de  quelqu>s  minutes.  Les  accidents  cessent 
aussitôt.  Au  bout  de  quelques  jours,  M"»*  F.  S.  se  lève  et  une  nouvelle  rétrover- 
sion a  lieu,  à  laquelle  du  reste  .M.  Bartletl  remédie  facilement. 

La  malade,  dés  lors  plus  docile,  reçut  le  conseil  de  se  tenir  une  fois  ou  deux 
par  jour  sur  les  coudes  et  sur  les.  genoux  et  de  garder  cette  position  le  plus 
longtemps  possible. 

Tout  alla  bien  et  Taccouchemenl  eut  lieu  à  terme. 

Quelques  auteurs  citent  ce  fait  sans  cherchera  s'en  rendre  compte(Elleaume, 
Cazeaux,  etc.);  mais  Bol  vin  et  Dugès  ne  le  regardent  pas  comme  ui^  rétrover- 
sion véritable,  le  rapprochent  des  faits  de  Merriman  et  le  rangent,  avec  ces 
derniers,  dans  les  obliquités  postérieures  oa  positions  sus-pubiennes  :  Tutérus 
se  déforme,  se  raccourcit,  pour  s'enfoncer  dans  le  bassin.  J'ai  déjà  parlé  de 
cette  disposition  et  je  me  rallie  compléteineut  à  l'avis  des  illustres  praticiens 
que  je  viens  de  citer* 

En  résumé,  sur  cent  quatorze  cas,  la  rétroversion  ou  les  symptômes  d'encla- 
vement se  sont  manifestés  : 

A  6  semaines  dans  3  eaa. 

A  2  mois  —    7    _ 

A  2  1/â  mois  —    8    —    (plus  ceux  de  M«  E.  G.). 

Entre  2  4/2  et  3  mois     —    7    — 
A3  -       ^i4    - 

A  3  1/2  —      -  15    — 

A4  -      -  27    - 

Dans  le  «•  —      —  10    — 


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5S6  MÉMOIMS  ET  OBSERVATtOffâ. 

Il  faut  ajouter  que  les  six  avortements  de  Marie €...  (observation  XXXITI)  se 
sont  faits  entre  la  fin  du  deuxième  et  du  troisième  mois;  que  les  deux  de 
Marie  W.,.  (observation  XXXIV)  ont  eu  lieu  vers  la  dixième  semaine,  et  que 
M«  W...  (observation  XXXV]  a  eu  cinq  fausses  couches  entre  le  troisièute  et  le 
quatrième  mois. 

On  voit  donc  que  la  rétroversion  vraie  est  bien  un  accident  de  la  première, 
moitié  de  la  gestation  ;  qu'après  quatre  mois  et  demi  il  ne  peut  plusse  produire 
et  que  la  plus  ^ande  fréquence  de  sa  manifestation  et  de  sa  production  (trois 
quarts  des  cas  au  moins)  tombe  de  trois  à  quatre  mois,  c'est  à-dire  au  moment 
où  les  diamètres  du  contenu  et  du  contenant  sont  à  peu  près  égaux  et  où  te 
fond  utérin,  s*il  vient  à  éire  précipité  dans  Texcavation,  peut  y  être  rapidement 
enclavé. 

On  comprend  que  les  rétroversions  à  forme  lente  et  spécialement  celles  qui 
préexistent  à  ta  grossesse,  doivent  souvent  s'annoncer  plus  loi,  mais  leurs  m»^ 
nifestations  inquiétantes  sont  rares  avant  celte  époque.  On  comprend  également 
qu'on  pourra  observer  des  rétroversions  après  quatre  et  demi  et  cinq  mois  de 
grossesse;  nous  en  avons  cité  des  exemples  à  six  mois  et  plus;  mais,  ce  qu*it 
importe  de  connaître,  c'est  que  l'accident  ne  se  produit  plus  après  quatre  mois 
et  demi  (ce  que  l'on  ne  pourrait  admettre  que  si  l'on  avait  affaire  à  un  avorton). 

Les  rétroversions  swrseniïes  subifement  avant  deux  mois  et  demi  sont  rares  et 
peut-être  ne  peuvent-elles  arriver  que  dans  des  circonstances  spéciales  (bassin 
rétréci,  projection  du  promontoire,  grossesse  gémellaire,  fœtus  volumineux, 
grande  quantité  de  liquide  amniotique,  tumeur  du  bassin  ou  de  l'utérus,  etc.). 

6.  —  Age  de  la  femme*  —  M.  Salmon  a  cru  trouver  ici  une  cause  prédispo- 
sante importante  :  la  plus  grande  fréquence  de  la  rétroversion  tomberait  de  50 
à  40  ans. 

Nous  ailotts  rechercher  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  vrai  dans  cette  assertion  ; 
commençons  par  relever  quelques  observations  où  l'âge  est  indiqué. 

Trois  en  dessous  de  :25  ans  :  observatioh  de  M.  Davreux,  17  1/â  ans;  cin* 
quiéme  de  M.  Godefroy,  ^^  ans;  celle  de  Jourel,  25  ans. 

Vingt  €t  une  de  25  à  50  ans;  —  six  deSoans  :  observations  de  Bartlett,  Cour- 
tois et  Balp,  troisième  de  Vignard,  dixième  de  Martin  (de  Lyon),  deuxième  de 
Godefroy;  trois  de  "Hy  ans  :  observations  de  Gongis,de  Reynick  etdeBernulz  ; 
trois  de  27  ans  :  observation  de  Wltc2ek,Delaharpe  et  première  de  Cbantreuil  ; 
cinq  de  28  ans  :  observations  de  Wittich,  d'Ëstor,  de  Bilii, deuxième  de  Martin 
(de  Tonneins)  et  premier  de  Viricel  ;  qtiaire  ée  -29  ans  :  observations  de  Chap- 
plain,  de  Palante»  de  Rolland  et  deuxième  de  Vignard. 

Vingt-quatre  de  50  à  55  ans;  —  sept  de  30 ans  :  observations  de  Gallard, 
Baynham,  de  Garnier,  première  de  Vignard,  cinquième  de  Martin  (de  Lyon), 
troisième  et  quatrième  de  Négrier;  deux  de  31  ans  :  observation  de  Wasseige 
et  dixième  de  Hubert;  neuf  de  52  ans  :  observations  de  Pajot,  Mayor,  deuxième 


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MÉMOIRES  BT  OB^RVATIONS.  Ul 

d«  Chantreuil,  lroi»ièfne  de  Hubert,  troisième  de  God^^ffoy,  quatrième  et  ein- 
quième  de  Depatil,  premier  et  neuvième  de  Martin  (de  Lyon);  cinq  de  55  ans  : 
observations  de  Gougis,  Craninx^  Moldenbaner,  septième  de  Martin  (de  Lyon)^ 
deuxième  d'Amussat;  une  de  54  ans  :  Charles. 

'  Seize  de  35  à  40  ans;  —  une  de  55  ans  :  ob<>ervation  de  Wauters;  cinq  de 
56  ans  :  observations  de  Puzin,  Bamberger,  Gérard,  Carie  et  sixième  de  Gode- 
froy;  deux  de  57  ans  .  observation  de  Guyot  et  première  de  Parent;  cinq  de 
58  ans  :  observations  de  Barth,  Garin,  Dussaussois,  deuxième  de  Viricel  et  pre- 
mier d*Amussat;  trois  de  59  ans  :  observation  de  Barrier,  troisième  de  De« 
paul  et  deuxième  de  Parent. 

Onze  au-delà;  ~  cinq  de  40  ans  :  observations  de  Macléod,  Lynn,  Hunter, 
Gosselin,  Ronvaux;  une  de  41  ans  :  Ramsboiham  ;  trois  de  42  ans  :  observation 
de  B»rnes,  sixième  de  Négrier,  sixième  de  Martin  (de  Lyon);  une  de  44  ans  : 
cinquième  de  Négrier  el  une  de  45  ans  :  observation  de  Slavjansky. 

Sur  ces  soixante-quinze  observations,  le  maximum  de  fréquence  est,  en  di- 
visant par  périodes  qumquennales,  entre  50  et  5a  ans  (vingt-quatre  cas).  Si 
l'on  prend  10  ans  à  la  fois,  comme  M.  Salmon,  on  a  ei»core  plus  de  cas  entre 
25  et  35  ans  (quarante-cinq  cas)  que  entre  50  et  40  ans  (quarante  cas). 

En  dessous  de  25  ans  et  au-delà  de  40,  les  cas  sont  peu  nombreux. 

Enfin  si  Ton  additionne  tous  ces  âges  et  que  Ton  divise  par  75,  on  aura  une 
moyenne  de  52  5/10  ans. 

Elleaume  avait  déjà  dit  que  cette  moyenne  était  entre  3â  et  53  ans. 

Or,  cet  âge  est  aussi  Tâge  moyen  de  Tactivité  sexuelle  et  de  la  période 
pendant  laquelle  les  femmes  engendrent  ordinairement. 

Je  ne  puis  admettre  que  Tâge  soit  une  cause  prédisposante,  et,  si  la  rétro- 
version a  sa  plus  grande  fréquence  entre  trente  et  trente-cinq  ans,  c'est  que, 
ainsi  que  nous  l'avons  vu,  elle  ne  survient  pas  d'habitude  à  une  première,  mais 
bien  plus  souvent  à  une  seconde  et  surtout  à  une  troisième  grossesse. 

7.  —  Condition»  gértérale$  de  santé^  professiona,  —  Les  femmes  de  santé 
délicate,  de  constitution  molle,  lymphatiques,  scrofuieuses,  cblorotiques, 
usées  par  les  privations  ou  la  débauche,  ont  en  général  les  tissus  aponévro- 
tiques  et  musculaires  lâches,  peu  résistants,  il  est  donc  naturel  que  les  liga- 
ments de  l'utérus  soient  aussi  moins  forts,  plus  extensibles  et  se  laissent  plus 
facilement  déchirer,  surtout  que  souvent  dans  ces  cas  il  y  a  des  écoulements 
leucorrliéiques  persistants. 

On  pourrait  donc  regarder  ces  conditions  générales  comme  des  causes  pré- 
disposantes. Je  dois  dire  cependant  qu'elles  sont  signalées  dans  assez'peu 
d'observations  et  que  dans  plusieurs  autres  on  pourra  voir  que  ks  femmes 
étaient  au  contraire  d'une  bonne  constitution  et  jouissaient  d'une  forte  santé. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  non  plus  aux  professions.  I)  est  certain  que  les  femmes 
ayant  des  travaux  pénibles,  des  occupations  exigeant  des  fatigues  et  de  vio- 

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538  MÉMOIAES  Et  OBSERVATIONS. 

lenles  contracUons  muscjulaires  sont  plus  souvent  atteintes;  d*abord  parce 
que  ces  causes  peuvent  produire  une  rétroversion  subite  et  en  second  lieu 
parce  que  les  femmes  de  cette  catégorie  prennent  peu  de  soin  de  leur  per- 
sonne après  leurs  accouchements  et  surtout  après  les  avortenients,  ce  qui 
amène  souvent  chez  elles  divers  déplacements  de  la  matrice  et  des  affections  * 
utérines  et  périulérines  variées. 

8.  —  Forme  et  dimension  du  bassin.  —  La  configuration  du  contenant 
inflexible  doit  évidemment  exercer  une  certaine  influence  sur  les  déplacements 
du  contenu.  Si  les  déplacements  en  arrière  du  fond  utérin  pendant  la  grossesse 
sont  plus  fréquents  et  plus  graves  que  les  déplacements  en  avant,  la  cause  s'en 
trouve  dans  la  forme  même  du  bassin,  d^ns  la  direction  de  la  surface  interne 
du  corps  des  pubis  et  dans  l'existence  en  arriére  d'une  courbure  surplombée 
par  une  saillie  osseuse.  Cette  saillie  ou  promontoire  peut  dans  certaines  cir- 
constances accrocher  le  fond  utériU)  IVmpôcher  de  monter  dans  la  cavité  abdo- 
minale ou  le  retenir  fortement  lorsqu'une  cause  fortuite  Taura  fait  brusquement 
repasser  en -dessous  de  la  ceinture  pelvienne  peu  de  temps  après  qu'il  l'aura  fran- 
chie. Cette  saillie  est  la  diOieulté  importante  aussi  dans  la  réduction  artificielle, 
car  l'utérus  qui  s'est  développé  dans  l'excavation  doit  traverser  le  détroit  supé* 
rieur  et  précisément  son  grand  axe  se  trouve  dans  un  diamètre  moins  étendu  : 
de  là  certains  conseils  dans  les  manœuvres,  que  nous  étudierons  plus  loin. 

Une  saillie  exagérée  du  promontoire  doit  rendre  le  déplacement  d'autant 
plus  facile,  plus  durable  et  plus  irréductible.  Cette  affirmation  n'est  pas  con- 
testable et  se  comprend  par  les  dominées  les  plus  élémentaires  de  la  méca- 
nique. Il  est  singulier  de  constater  que,  signalée  par  quelques  auteurs,  elle  ait 
eu  si  peu  de  succès.  Si  cette  saillie  ei»t  accompagnée  du  rétrécissement  deb  dia- 
mètres transverse  et  obliques  du  détroit  supérieur,  la  prédisposition  sera  d'au- 
tant plus  grande. 

l/excès  de  courbure  du  sacrum  rentre  évidemment  dans  le  même  cadre. 

Ces  opinions  avaient  déjà  été  émises  par  Callisen,  Capurou,  fioivin  et  Dugès, 
Saxtroph,  Jourdan,  Mural,  Godefroy,  Désormeaux  et  P.  Dubois. 

Pour  M.  Saboia,  la  rétroversion  lente  est  généralement  due  à  la  diminution 
du  diamètre  antéro  postérieur  du  bassin  par  suite  de  la  saillie  considérable  du 
promontoire,  contre  lequel  le  fond  utérin  vient  heurter  et  qu'il  ne  peut  franchir. 

M.  Depaul  professe  également  <  que  le  rétrécissement  du  détroit  supérieur, 
s'il  est  accompagné  d'une  concavité  exagérée  du  sacrum,  puisse  retenir  l'utérus 
dans  l'excavation  et  qu'une  rétention  d'urine  qui  survient  fasse  basculer  Tor- 
gune  ainsi  retenu.  • 

IVI.  Kamsbotliam,  ayant  observé  que  dans  quatre  des  huit  cas  relatés  par 
lui,  la  rétroversion  coïncidait  avec  un  rétrécissentent  du  détroit  supérieur, 
pense  que  ce  vice  de  conformation  peut  apporter  un  obstacle  à  l'élévation  de 
la  matrice  développée  par  la  gestation. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIOm.  5S9 

Si  Tutéras  est  antérieurement  couché  en  arriére  et  se  développe  dans  cette 
situation  vicieuse  jusqu'à  un  certain  degré^  il  est  clair  qu'il  aura  d*autant  plus 
de  peine  à  se  rectifier  que  la  disproportion  sera  plus  grande  entre  Texcavation 
et  le  détroit  supérieur.  M.  Bernutz,  qui  regarde  lu  première  cause  comme  la 
plus  fréquente  de  la  rétroversion  pendant  la  grossesse,  ne  parle  pas  de  la 
seconde.  Il  doit  cependant  y  avoir  des  motifs  pour  que  dans  certains  cas  parti- 
culiers  seulement  la  rétroversion  antérieure  à  la  gestation  ne  se  réduis«^  pas 
spontanément^  car  les  adhérences  n'existent  pas  toujours. 

Le  bassin  œqualit«T  justo  miiror  ne  semble  pas  devoir  exercer  d'influence. 
Mais  s'il  est  trop  éiendu,  il  peut  faciliter  la  rétroversion  en  permettant  à  l'uté- 
rus de  se  développer  plus  que  de  coutume  dans  l'excavation;  le  fond  n'éprou- 
vera pas  plus  de  difliculté  à  franchir  le  promontoire  puisque  dans  ce  cas  nous 
supposons  le  détroit  abdominal  également  plus  développé^  mais  Tutérus  moins 
bien  soutenu,  plus  lourd,  pourra  descendre  plus  que  de  raison,  comprimer 
l'urètre  et  le  rectum  et  être  soumis  à  la  double  influence  de  la  rétention  d*urine 
et  des  matières  fécales.  Si  le  détroit  supérieur  ne  participe  pas  é  l'excès  d'am- 
ptitudedu  reste  du  bassin,  nous  en  revenons  au  premier  cas  examiné. 
.  Le  bassin  large  est  cité  comme  prédisposant  à  la  rétroversion  par  Ghailly, 
Hyernaiix,  Moreau,  Burns,  Denman,  Cazeaux,  Hubert,  Baudelocque,  Gardien, 
Maygrier,  etc.  Mais  il  ne  faut  pas  être  exclusif  et  le  rétrécissement  du  détroit 
abdominal,  avec  ou  sans  rétrécissement  de  l'excavation,  doit  être  regardé  plus 
encore  comme  cause  prédisposante  de  rétroversion.  C'est  à  celte  dernière  con- 
formation que  Boîvin  et  Dugès  attribuent  les  accidents  observés  par  le  profes- 
seur D^Outrepont,  à  Wurizbourg,  chez  une  femme  dont  trois  grossesses  succes- 
sives furent  l'occasion  d'autant  de  rétroversions  dans  leurs  premiers  mois. 

Dans  les  observations,  on  parle  peu  des  dimensions  du  bassin,  soit  que  les 
auteurs  y  attachent  une  importance  minime,  soit  qu'ils  n'aient  trouvé  aucun 
vice  de  conformation  notable. 

Nous  av-ons  déjà  vu  dans  la  quatrième  observation  de  M.  Godefroy  que  M*  G... 
avait  une  saillie  énorme  de  l'angle  sacro-vertébral  et  une  concavité  exagérée  du 
sacrum  ;  de  même  la  femme  Mineau  avait  le  bassin  d'une  grande  capacité,  mais 
l'angle  sacro-vertébral  faisait  une  saillie  considérable  ;  voici  un  cas  où  le  bassin 
était  aussi  fort  vicié. 

Obs.  XLIl.  —  Rètroflexion  grave  à  trois  mois  et  demi  de  grossesse;  femme 
rachitiqve  ;  plaques  gangreneuses  ;  réduction^  avortem eut;  par  M.  le  professeur 
Wasseige,  de  Liège  (t).  -r-  Le  22  novembre  1872,  à  deux  heures  de  relevée,  est 
admise  à  la  maternité  de  Liège,  la  nommée  G.  P...  âgée  de  51  ans,  couturière, 
primipare.  Cette  fille  qui  est  régulièrement  menstruée  depuis  l'âge  de  12  ans, 
est  de  petite  taille  et  a  commencé  à  marcher  à  18  ans;  c'est  un  vrai  type  de 

(i)  Obs.  inédite. 


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540  BIÈIIOIRBS  EY  OBSERVATIONS. 

racbilisme.  Ses  dernières  règles  ont  paru  le  i7  jutliet,  et  sa  grossesse  ii^a  pas 
présenlé  de  Iruiibles  avant  Je  moment  actuel  ;  la  malade  accuse  cependant  avoir 
eu,  il  y  a  quatre  semaines,  une  descente  de  l'utérus,  provoquée,  dit-elle,  par 
des  efforts  de  défécation  et  d*émission  d*urine. 

Depuis  huit  jours,  elle  n*u  plus  uriné;  le  inèdecia  qui  nous  radresse,a  vaine- 
ment lente  de  la  sonder. 

A  son  entrée  A  la  clinique,  on  constate  un  œdème  considérable  des  uiembres 
inférieurs^  des  parois  abdominales  el  des  parties  génitales;  la  vessie  distendue 
remonte  à  deux  travers  de  doigt  au-dessus  de  Tombilié;  Taiviis,  largement 
ouvert,  laisse  voir  la  muqueuse  rectale  fortement  congestionnée.  A  la  vutve^ 
considérablement  distendue,  se  présentent  trois  bourrelets  volumineux,  consti- 
tués, les  deux  latéraux  par  les  grandes  lèvres  inliltrées;  le  médian,  transversal, 
par  la  lèvre  postérieure  du  col  utérin  qui  y  lait  hernie  tRndis  que  la  lèvre  anté- 
rieure, refoulée  derrière  et  au-dessus  des  pubis,  n'est  pas  visible;  le  périnée 
tendu  bombe  comme  au  passage  de  la  tête  fœtale  sur  le  plancher  du  bassin.  Le 
toucher  ne  permet  Tintroductiou  que  de  deux  phalanges,  le  doigt  se  trouve 
bientôt  arrêté  dans  un  cul-de-sac  formé  par  la  plicature  du  coi  de  Tutérus;  des 
plaques  gangreneuses  superficielles  de  la  muqueuse  vaginale  sont  visibles  à  tra- 
vers la  vulve  entr'ouverte.  L'état  général  est  fébrile;  la  constipation,  opiniâtre. 

En  présence  de  ces  circtmstances,  on  se  propose  de  soulager  d'abord  la 
femme,  dont  l'état  est  intolérable,  en  pratiquant  le  cathétérisme,  et  ensuite  de 
tenter  la  réduction  de  l'utérus. 

Une  sonde  de  gomme  est  introduite  dans  le  méat  urinaire  qui  se  trouve  re- 
foulé derrière  le  pubis;  il  s'écoule  trois  litres  et  demi  environ  d'urine  trouble, 
couleur  chocolat,  mêlée  de  sang  et  de  pus.  Cette  opération  prdrcure  un  grand 
soulagement  à  la  malade  qui,  depuis  une  semaine,  ne  voyait  suinter  que  rare- 
ment quelques  gouttes  de  son  urine. 

La  réduction  est  alors  entreprise  :  Tindex  gauche  est  introduit  par  l'orifice 
externe  du  col  dans  le  cul  de-sac  dont  II  est  parlé  plus  haut  et  tend  à  abaisser 
celte  partie,  tandis  que  quatre  doigts  de  la  niaiu  droite,  portés  sur  la  face  pos- 
térieure de  l'utérus,  qui  est  ici  devenue  inférieurci  tâchent  de  la  soulever  pour 
la  remettre  dans  sa  position  normale.  Le  succès  couronna  la  manœuvre,  et, 
après  quelques  petits  efforts,  la  matrice  fut  redressée. 

On  ordonne  alors  à  la  femme  de  se  coucher  sur  le  côté,  lui  interdisant  le 
décubitus  dorsal. 

L'expulsion  prématurée  du  produit  de  la  conception,  suite  inévitable  de  l'état 
des  parties  et  des  manœuvres  employées,  fut  abandonnée  à  la  nature.  C'était, 
au  surplus,  à  désirer,  en  présence  de  Tétendue  du  rétrécissement. 

Déjà  le  même  jour,  vers  sept  heures  du  soir,  la  femme  accuse  une  améliora- 
tion très-grande  dans  son  état;  l'infiltration  a  considérablement  diminué. 
Crahay  est  atteinte  d'incontinence  d'urine,  et  la  quantité  qu'elle  en  rend,  est 
très-grande. 

Le25,rœdémediminuedeplusenplus;  les  urines  expulsées  sont  toujours  très- 
abondantes;  il  y  a  un  peu  de  réaction,  la  faiblesse  de  la  femme  étant  très-grande. 

Le  !2i,  l'avortement  a  lieu  et  donne  issue  à  un  fœtus  masculin  du  poids  de 
575  grammes.  Crahay  est  ensuite  transportée  à  l'hôpital  de  Bavière. 


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MiMOIRliS  EY  OfiSËRVATIOffS.  541 

Le  rachitisme  exislail  au&si  daRs  le  cas  snivanl. 

Obs.  XLHI.  —  Rétroversion  à  trois  mois  de  grosses^ie  avec  rectoeèle  vagi- 
nale; insuccès  du  traitement  de  Denman^  réduction  par  te  vagin,  avor  terne  ni  ; 
par  M.Ghantrbuil  (1). —  l/épouse  Bertrand,  ôgée  de  5^  ans,  a  eu  deux  enfants; 
te  dernier,  né  niorl  et  avant  terme,  a  été  difficilement  extrait  par  le  forceps. 
Cette  femme  est  petite,  rachitique,  à  tibias  incurvés,  mais  sans  déviation  de  la 
colonne. 

Enceinte  de  (rois  mois  environ,  et  éprouvant  quelque  difficulté  pour  uriner, 
elle  prit  un  bain.  Immédiatement  après,  elle  vit  grossir  son  ventre  considéra- 
blement. Elle  fit  encore  une  course  de  deux  heures,  el  ressentit  pendant  ce 
temps  des  envies  fréquentes  d'uriner,  et  une  douleur  en  barre  au  dessous  de 
Tombitic. 

Huit  jours  après,  le  d  mars  1870,  eHe  entre  à  Thôpitat  des  cliniques.  La 
constipation  est  alors  opiniâtre  et  la  rétention  d*urine  complète.  On  trouve,  à 
Texamen,  un  prolapsus  de  la  paroi  postérieure  du  vagin  et  du  rectum  (rectoeèle 
vaginale)  ;  le  col  utérin  est  en  avant  sous  te  pubis  et  appliqué  contre  la  paroi 
postérieure  de  la  symphyse;  en  arrière,  on  sent  le  corps  de  la  motrice  appli- 
qué contre  le  rectum.  Par  le  palper,  on  constate  une  tumeur  fluctuante, 
conique,  remontant  jusqu'à  quatre  travers  de  doigt  en-dessous  de  Tappendice 
xyphoïde.  Le  diagnostic  n*est  pas  douteux.  On  pratique  le  cathétérisme,  on 
prescrit  des  cataplasmes  et  de  la  tisane  de  graine  de  tin. 

Le  4.  On  retire  encore  par  la  sonde  deux  litres  d*urine;  mais  le  cathétérisme 
est  plus  difficile,  les  douleurs  augmentent;  Tappélit  çsl  conservé  cependant  et 
\\  n*y  a  aucun  symptôme  général. 

Le  5.  Nouvelle  évacuation  de  deux  litres  d'urine. 

Le  (i.  La  rétroversion  ne  disparaissant  pas  par  le  seul  fait  du  cathétérisme, 
M.  Chantreuil  fait  placer  la  malade  sur  les  coudes  et  les  genoux,  repousse  un 
peu  te  fond  utérin,  réduit  la  rectoeèle  et  place  dans  le  vagin  un  tampon  de 
ouate  imbibe  de  glycérine  pour  maintenir  le  tout.  Le  soir,  la  femme  étant 
couchée  naturellement  sur  le  dos,  le  sjége  élevé,  M.  Chatntreuil  complète  la 
réduction  en  plaçant  deux  doigts  dans  le  vagin,  l'indicateur  accrochant  le  col  et 
le  faisant  basculer  en  arrière;  le  médius  appuyant  sur  le  corps  et  le  fond  et  le 
repoussant  en  avant  et  en  haut,  au  dessus  de  Tangle  sacro-vertébral,  qu*il  est 
facile  d'atteindre,  vu  le  rétrécissement  du  diamètre  sacro  pubien. 

La  rétroversion  est  réduite^  mais  malgré  les  opiacés  et  les  émoflienis  à  l'in- 
térieur et  à  l'extérieur,  les  contractions  utérines  s'éveillent  ;  la  malade  perd  de 
l'eau  et  du  sang;  les  douleurs  dtviennent  de  plus  en  plus  violentes  et,  le  13, 
la  matrice  expulse  un  fœtus  de  quatre  mois  environ  (sept  jours  après  la  ré- 
duction. 

Le  30^  exéat. 

Quelque  temps  après,  M.  Chantreuil  trouva  encore  l'utérus  en  rétroversion 
quoique  à  l'état  de  vacuité. 

Dans  le  cas  suivant,  IVngle  sacro-vertébral  faisait  une  saillie  notable  égale- 
ment, puisqu'elle  s'opposa  au  redressement  direct  du  fond  utérin, 

(i) /rer6ef,  thèse,  p.  :a3. 


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542  MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS. 

Obs.  XLIV.  —  Rétroversion  de  l'utérus  d  trois  mois  et  demi  de  grossesse; 
insuccès  du  procédé  de  Grégoire^  réduction  par  le  rectum  en  suivant  une  ligne 
oblique;  récidive:  guérison  ;  \iHr  Pa^eht^  de  Beaiine  (<).  —  La  Te  m  me  Cour  tôt, 
39  ans,  lymphatique,  leucorrhéiqiie,  mère  de  deux  enfants  vivants,  n*ayant 
jamais  eu  de  déplacement  de  matrice,  éprouva,  sans  cause  connue,  au  troi- 
sième mois  de  sa  troisième  grossesse,  dans  la  nuit  du  4  au  5  mars  1826,  une 
impossibilité  subite  et  complète  d*uriner,  qui  disparut  dans  la  matinée  en  ne 
laissant  que  quelques  douleurs  vagues  et  passagères.  Quinze  jours  après,  cette 
femme  soulève  avec  effort  un  fardeau  très-pesant  sans  en  ressentir  aucun  effet 
immédiat.  Mais  la  nuit  suivante,  s'éveillanl  comme  d'habitude,  et  s*agenouillant 
pour  uriner,  Turine  ne  sort  que  goutte  n  goutte.  L*état  s'aggrave,  les  urines  se 
suspendent,  les  douleurs  utérines  deviennent  vives  et  fréquentes,  les  selles 
impossibles.  Une  sagé-lemme  annonce  une  fausse- couche.  P<)rent  appelé  cinq 
jours  après,  constate  :  tuméfaction,  st^nsibilité,  tension  considérable  du  ventre, 
respiration  courte  et  difficile,  douleurs  expulsives  fortes  et  fréquentes,  sensi- 
bilité hypogastrique,  rétention  complète  d'urine,  constipation,  soif,  fréquence 
du  pouls,  insomnie,  impossibilité  de  rester  au  lit.  Toute  Texcavation  est  obstruée 
par  le  fond  utérin,  qui  repose  sur  le  périnée,  entre  le  vagin  et  le  rectum  dont  il 
a  détruit  les  adhérences  ;  en  le  refoulant,  quelques  gouttes  d*urine  s*écoulenl 
par  regorgement;  le  col  es!  fort  difficile  à  atteindre  en  haut  et  en  arriére  du 
pubis,  il  est  effilé,  ramolli,  recourbé  en  ferme  de  denù*cercle,  un  doigt  esl 
introduit  difficilement  dans  l'anus. 

La  sonde  donne  issue  à  cinq,  ou  six  litres  d^irine  fétide  et  colorée.  La  malade 
est  alors  placée  comme  pour  l'opération  de  la  taille;  Parent  introduit  deux 
doigts  de  chaque  main  dans  ie  vagin  et  le  rectum  pour  agir  simultanément  en 
sens  inverse  sur  le  col  et  sur  le  fond,  mais  c'est  sans  succès.  On  en  vient  à  la 
position  sur  les  genoux  et  les  coudes  et  la  main  de  l'opérateur  est  introduite  en 
entier  dans  le  rectum,  et  cela  sans  grande  douleur;  elle  peut  ainsi  embrasser 
et  soulever  peu  à  peu  la  tumeur  Mais  l'angle  sacro-vertébral  fait  une  saillie  très- 
prononcée;  alors  Parent,  profitant  de  la  très  grande  laxité  des  ligaments  larges 
qu'il  reconnaît  distinctement  et  de  la  dilatabilité  du  rectum,  suit  le  conseil  de 
Capuron  et  imprime  à  la  matrice  un  mouvement  de  rotation  :  son  fotid  est 
refoulé  à  droite,  élevé,  puis  ramené  au  centre  du  bassin.  Pour  le  soutenir 
mieux,  il  l'appuie  en  antéversion  sur  le  pubis,  à  l'aide  de  quelques  doigts  intro- 
duits dans  le  vagin. 

Mais  le  lendemain,  la  rétroversion  s'est  reproduite,  la  vessie  est  dilatée  et 
les  douleurs  ont  reparu. 

Le  même  procédé  de  réduction  donne  un  nouveau  succès.  Cette  fois  une 
sonde  est  mise  à  demeure  pendant  trois  yiurs.  On  tient  le  ventre  libre  et  au 
bout  d'une  quinzaine  de  jours  la  femme  Gourtot  est  rétablie.  Accouchement  à 
terme. 

Dans  la  quatrième  observation  de  M.  Depaul,  il  est  dit  atissi  que  la  femme 
Thomas  avait  la  concavité  sacrée  exagérée  et  le  promontoire  saillant. 

(1)  Gazette  médicale  de  Paris^  1832,  p,  428. 


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MÉMOIRES  ET  OBSERVATIONS.  UH 

Nous  verrons  plus  loin,  dans  la  première  de  mes  observations  personnelles, 
que  la  femme  Lovinfosse  avait  également  Tangle  sacroverlébral  saillant  et  le 
détroit  supérieur  rétréci. 

Dans  le  cas  de  M.  Garin,  la  malade  avait  eu  quatre  enfants,  tous  extraits 
par  le  forceps  et  les  deux  derniers  avaient  sur  les  côtés  du  front  un  enfoncement 
de  près  d'un  centimètre,  avec  fracture  de  l'os  :  donc,  vice  du  bassin. 

Quoique  Caih.  Uolling  fût  d'une  slatare  assez  élevée,  M.  Craninx  constata  à 
Taulopsie  que  la  courbure  du   sacrum  était  plus  prononcée  qu'à  l'état  normal.. 

Dans  une  observation  de  Flamm,  citée  par  M.  Salmon,  on  parle  d'un  bassin 
ample.  De  même  M""  P.  N.,  DeL,  E.  G.,  et  Van...  (3%  4%  8«  et  <1«obs.  de 
M.  Hubert)  avaient  Texcavâlion  large  et  le  bassin  bien  développé.  Dans  la  cin- 
quième observation  du  même  auteur  nous  voyons  que  M'B'N.  P.  était  de  grande 
taille;  cependant  la  saillie  du  promontoire  opposa  aux  manœuvres  de  réduction 
une  résistance  assez  grande  que  l'opérateur  parvint  à  surmonter  en  plaçant  la 
malade  sur  le  ventre:  la  saillie  était  donc  prob^ibiement  exagérée.  Les  circon- 
stances paraissent  avoir  été  les   mêmes  chez  M"*  J.  (7«  ohs.  de  M,  Hubert.) 

Le  bassin  était  large  dans  la  troisième  observation  de  M.  Godefroy;  il  est 
cité  comme  étant  normal  dans  les  cas  de  M.  Barrier,  de  IM.  Barlh  et  de 
M.  Cliapplain:  la  patiente  de  ce  dernier  avait  cependant  été  accouchée  une  fois 
par  le  forceps. 

On  trouve  donc  dans  ces  observations  des  exemples  iïes  diverses  conforma- 
tions que  nous  avons  examinées. 

(La  tuile  au  prochain  numéro  ) 


Tuméfaction  du  muscle  stebno-cleïdo  mastoïdien  cuez  les  enfants;  par  le 
docteur  Moeller,  de  Nivelles. 

Dans  le  cahier  de  novembre  de  ce  Journal,  M.  le  docteur  Charon  cite  deux 
cas  de  celte  affection  assez  rare.  J'en  ai  rencontré  également  un  cas  bien  carac- 
térisé Tannée  dernière.  Il  s'agit  du  second  enfant  d'une  mère  irès-frèle  de 
santé  et  qui  est  sur  le  point  de  succomber  victime  de  la  ))hlhisie  pulmonaire.  Je 
fus  appelé  par  le  s  parents  peu  d  heures  après  la  naissance  de  cet  enfant  ;  je 
constatai  une  tuméfaction  dure,  comme  cartilagineuse  qui  occupait  au  moins 
les  trois  quarts  du  muscle  sterno-cieïdo-masloïdien.  Celle  tuméfaction  ne  me 
parut  pas  douloureuse  à  la  pression  ;  elle  n'avait  amené  aucune  déviation  de  la 
tête.  J'avoue  que  je  fus  assez  embarrassé  à  la  vue  de  cette  affection  que  je 
n'avais  jamais  rencontrée.  Je  prescrivis  des  frictions  iodurées.  Un  mois  après 
ma  visite,  la  tuméfaction  avait  presque  totalement  disparu. 

J'ai  revu  l'enfant  ces  jours  ci,  on  ne  constate  plus  aucune  trace  de  Taffec- 
tion  dont  il  a  été  porteur.  J'ajoute  que  l'accouchement  avait  été  des  plus  natu- 


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$44  REVUB  ANALrriQUB  ET  CRITIQUE. 

rels.  Je  ne  pense  pas  qu'on  paisse  trouver  de  cause  syphilitique  du  côté  des 
parenls.  L*alné  des  enfants  est  venu  au  monde  porieur  d'un  becde-lièv^re  com- 
pliqué. Je  suis  aussi  de  Tayis  de  M.  le  docteur  Charon  que  ces  tuméfactions  du 
muscle  sterno-cleïiio-masloïdien  disparallraient  sponlanément  et  que  le  pro- 
nostic en  est  toujours  favorable. 


II.  aEVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Iilé4eelae   et    Ghirnpgle. 


Sur  la  Fîlaire  de  Médina  ;  traduit  par 
le  docteur  WEHENKEL^  membre  e£fectif 
de  la  Socipté. 

Le  docteur  Weisbach,  «Urecteur  <4e  Thô- 
pital  auslro  -  hongrois  à  Coustantinople^ 
rapporte  cinq  cas  ijè  maladie  dus  à  ce  pa- 
rasite. La  présence  du  Filaria  medinensis 
n*ayant  eucore  été  que  rarement  constatée 
en  Europe,  le  rcdacieur  des  Mittheilungen 
des  wiener  medic.  Doctoren  -  coUegiumi 
a  cru  devoir  reproduire  les  cinq  observa- 
tions du  docteur  Weisbach. 

Ce  parasite  n'est  pas  originaire  de  TEu- 
rope  ;  on  ne  le  rencontre  chez  nous  que 
lorsqu'il  a  été  importé  des  contrées  tropi- 
cales ou  des  pays  voisins  de  ces  contrées. 
C*est  anx  voyages  réguliers  du  Lloyd  au- 
trichien dans  la  mer  Rouge  que  Weisbach 
doit  d'avoir  pu  étudier  en  partie  la  maladie 
que  ce  parasite  occasionne  ;  c'est  sur  les 
matelots  de  ce  navire  qu*il  a  rencontré 
le  filaire.  Le  développement  de  ce  parasite 
parait  être  lent,  car  tous  ceux  qui  ont  été 
attaqués  par  ce  nématoîde  avaient  déjà  fait 
plusieurs  voyages  a  Janibo,  à  Oschedda, 
a  Confida  et  à  Hudeida  en  Arabie;  ce  n'est 
que  dans  le  courant  de  cette  année 
qu'ils  ont  présenté  des  manifesta  lions 
dénonçant  la  présence  de  cet  hôte  peu 
agréable. 

La  voie  par  laquelle  ce  parasite  a  pénétré 
dans  les  tissus  de  ces  matelots  n'a  pu  être 
déterminée,  mais,  en  so  basant  sur  le  fait 
que  ceux-ci  n'ont  jamais  été  à  terre  nu- 
pieds.  Weisbach  conclut  que  ce  ver  n'a 
pu  pénétrer  directement  a  travers  la 
peau  ;  peut-être  est-ce  avec  les  boissons 
qu'il  est  ingéré. 

Weisbach  n'a  pas  eu  à  constater  les  pre- 
mières manifestations  provoquées  par  le  dé- 
veloppement de  ce  nématoide  datas  la  sub- 


stance   inter-musoulaîre  et  dans  le  Hissa 
conjonctif  sous-cutané;  ses  malades  ne  lui 
ont  signalé  que   les  derniers  symptômes' 
qui  peut-être  ne  surviennent  que  lorsque 
le  filaîre  est  parfaitement  développé. 

Le  premier  phénomène  qu'on  lui  a  indi- 
qué consiste  en  une  inflammation  circon- 
scrite qui,  dans  les  cinq  cas,  se  trourait 
localisée  aux  membres  (quatre  fois  i  un 
membre  inférieur);  celte  phlegmasie  arrive 
rapidement  à  suppuration  et  la  peau  ne 
tarde  pas  à  être  perforée. 

L'ouverture  ainsi  produite  continue  à 
fournir  du  pus,  elle  se  change  en  une  fis- 
tule à  bords  renversés,  épaissis  et  durs-; 
l'orifice  de  cette  fistule  est  généralement 
petit  et  arrondi  j  le  canal,  plus  ou  moins 
long,  permet  de  constater  Ja  présence  dii 
ver. 

il  n'est  pas  rare  de  voir  l'un  de  ces  ori- 
fices se  fermer  mais  il  se  produit  alors  plus  - 
on  moins  tôt  une  autre  ouverture;  plusieurs 
parasites  peuvent   du  reste  se  rencontrer 
chez  le  même  individu. 

Si  le  processus  inflammatoire  aigu  est 
terminé,  on  constate  à  travers  la  peau  qui 
est  d'une  coloration  normale,  une  indura- 
tion plus  ou  moins  considérable,  sen.sible 
à  la  pression,  située  soit  à  une  certaine 
distance,  soit  dans  le  plus  proche  voisi- 
nage de  l'orifice  île  la  fistule;  cette  indu- 
ration présente  parfois  une  configuration 
telle  que  l'on  doit  supposer  qu'elle  est  due 
à  la  présence  du  ver  enroulé  sur  lui- 
même. 

Weisbach  dit  ne  pas  savoir  Combien  de 
temps  l'altération  peut  persister  dans  cet 
état  ;  d'après  Pruner  Bey,  le  ver  s'enkyste 
et  est  plus  tard  r»5orbé.  Au  moment  de  leur 
entrée  dans  l'hôpital  les  malades  de  Weis- 
bach présentaient  déjà  ces  foyers   inflam- 


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RBVDB  ANALYTIQUE  BT  CRiTlQOB, 


545 


matoires  depuis  six  semaines  et  la  guérisim 
ne  fut  obtenue  qu*aprçs  un  traitement 
moyen  de  64  jours. 

La  marche  de  Tinflammation  o*est  pas 
toujours^  bénigne,  car  de  ces  cinq  cas  trois 
se  sont  compliqués  de  pseudo-érysipèje 
considérable  avec  suppuration,  et  un,  de 
phlébite  (de  la  (grande  saphène). 

Le  traitement  est  simple.  Suivant  leis 
indications  de  Pruner  Bey,  Weisbach  a 
préconisé  le  décocté  d'ail,  remède  vulgaire 
employé  par  les  Abyssiniens  ;  il  a  imprégné 
de  ce  liquide  la  charpie  destinée  aux  pan- 
sements ainsi  que  les  compresses  dont 
il  recouvrait  tes  parties  malades.  Si  le  ver 
vient  à  apparaître  à  rextérieur,on  cherche 
à  le  fixer  sur  une  pelite  baguette  autour 
de  laquelle  on  Tenroule  avec  prudence,  de 
façon  à  ne  pas  le^  déchirer;  dans  ce  but, 
on  doit  suspendre  toute  manœuvre  dès 
qu'on  sent  la  moindre  résistance. 

Si  on  déchire  le  ver,  la  partie  restée  dans 
les  tissus  se  retire  et  occasionne  une  inflam- 
mation violente  et  étendue.  Si  Ton  parvient 
à  enlever  tout  le  parasite,  la  cicatrisation 
complète  ne  se  fera  guère  attendre.  Vlémc 
s'il  n'y  a  qu*uu  petit  morceau  du  parasite  qui 
sort  de  Touverture  et  qui  se  trouve  mal- 
heureusement arraché^  Fail  aura  sur  le 
restant  du  ver  une  influence  mortelle  et  la 
résorption  ne  tardera  pas  à  faire  dispa- 
mitre  toute  trace  du  ver.  La  benzine  et 
l'acide  phcnique  paraissent  avoir  moins 
d'action  sur  le  filaire  que  l'ail. 


4)  La  vaccination  —  de  même  qu'une 
atteinte  antérieure  de  la  variole  —  o« 
préservant  pas  d'une  manière  absolue  de 
toute  atteinte  ultérieure  de  variole,  les 
personnes  non  vaccinées  étant  atteintes  de 
cette  affection  en  nombre  plus  considé- 
rable que  les  vaccinées  et  la  maMie 
présentant  chez  celles-là  une  gravité  plus 
grande  que  chez  celles-oi^  il  est  évi^ 
dent  que  les  personnes  non  vaccinées  con- 
stituent pour  les  vaccinées  un  danger  per- 
manent qui  ne  fait  qu'augmenter  en  cas 
d'épidémie. 

5)  Plus  le  nombre  d'individus  vaccinés 
avec  succès  est  considérable  dans  une  cir- 
conscription déterminée,  plus  est  grande 
l'immunité  contre  la  variole  dont  joîjîssent 
les  habitants  de  cette  circonscription  ;  par 
contre,  plus  le  nombre  des  personnes  non 
vaccinées  est  grand^  plus  seront  grandes, 
ccBtei*'t8  paribiii,  l'extension  et  la  gravité  de 
la  maladie  non-seulement  parmi  les  non- 
vaccinés  mais  encore  parmi  les  vaccinés. 

En  négligeant  de  se  fair«  vacciner  on 
n'expose  paj  seulement  sa  propre  personne 
à  un  danger  plus  ou  moins  grand,  mais  on 
compromet  encore  la  sécurité  des  autres; 
rintervention  de  l'Etat  est  donc  parfaite- 
ment justifiée  en  cette  circonstance  et  la 
vaccination  obligatoire  ne  devra  pas  seule- 
ment se  trouver  inscrite  dans  la  législation 
de  qu«dques  rares  pays,  mais  elle  devrait 
faire  l'objet  d'une  toi  internationale. 


.  De  la  valeur  de  la  vaooînatîoi»  ;  par  le 
docteur  WEHENKEL,  membre  effectif  de 
la  Société. 

Dans  un  travail  intéressant  qu'il  vient 
de  publier  dans  les  MiUheiluttgen  des 
toîener  medic.  -  Doctoren  -  cpitegiutnt ,  le 
docteur  Joseph  Schneller  arrive  aux  con- 
clusions suivantes  : 

4)  Le  nombre  des  personnes  vaccinées 
atteintes  de  variole  est  proportionnidle- 
ment  de  beaucoup  inférieur  à  celui  des 
personnes  non  vaccinées  atteintes  de  cette 
maladie. 

5)  Si  des  personnes  vaccinées  avec  suc- 
cès sont  néanmoins  atteintes  de  cette  affec- 
tion, celle-ci  aura  en  moyenne  une  durée 
moins  longue  et  une  gravité  moindre  chez 
elles  que  chez  des  personnes  non  vaccinées. 

3)  La  mortalité  due  à  la  variole  est, 
parmi  les  personnes  vaccinées  avec  succàs, 
le  quart  de  ce  qu'elle  est  parmi  les  per- 
sonnes non  vaccinées. 


De  la  oure  dei  oalouli  arinaîrei  an 
moyen  dei  dÎMolvanIs  ohimiquei,  par  le 
docteur  POLIJ.  —  L'auteur,  après  avoir 
étudié  la  compo!»iiioo  chimique  des  calculs 
urinaircs,  résume  ainsi  les  moyens  à  em- 
ployer pour  les  dissoudre  chimiquement  : 

4"  Une  nourriture  auinialisée,  surchar* 
géant  l'économie  de-  principes  azotés, 
donne  quelquefois  naissance  à  la  formation 
de  gravelles  et  de  calculs  urinaires.  La 
privation  d'un  tel  régime  pourra  donc  être 
un  moyen  de  guérison. 

3°  Jusqu'à  un  eertain  point  l'urine  est 
un  meilleur  dissolvant  de  l'acide  urique 
que  le  serait  l'eau  simple  à  la  même  tem- 
pérature; par  conséquent,  toutes  les  bois- 
sons qui  augmenteront  la  sécrétion  ori- 
naire,  non-seulement  faciliteraient  l'expul- 
sion des  petites  concrétions,  mais  encore 
pourraient  favoriser  ta  dissolution  des  cal- 
culs urinaires. 

Zp  Les  sels  neutres  formés  par  la  eom- 
binaison  d'un  acide  végétal  avee  la  potasse 

69 


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546 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


ou  avec  la  soude  passent  dans  les  urines  à 
rétat  de  carbonates  alcalins,  et  sont  ainsi 
des  dissolvants  de  l'acide  uriquc,  qui  se 
précipiterait  sans  eux  s*il  était  en  excès. 
Par  conséquent,  Tusa^o  prolongé  des  fruits 
sera  indiqué  dans  le  traitement  des  calculs 
urinaires,  puisque  les  fruits  contiennent 
en  quantité  plus  on  moins  grande  les  sels 
neutres  végétaux  dont  nous  parlons. 

4<^  Les  carbonates  de  potasse  ou  de 
soude,  ou  les  alcalis  caustiques  à  l'état  de 
savon  ou  dissous  dans  une  suffisante  quan- 
tité d'eau,  sont  éliminés  par  l'urine,  la 
rendent  alcaline  et  y  dissolvent  l*acide 
urique  et  Turate  d'ammoniaque,  si  ces 
deux  corps  se  trouvent  dans  les  voies 
urinaires  à  Tctat  de  sédiments  ou  de  cal- 
culs. 

5"  On  peut  faire  alterner  avec  avantage 
le  bicarbonate  et  if.  sous-carbonate  de 
chaux,  la  magnésie,  Teau  de  Falconer,  le 
sodawater,  avec  les  carbonates  alcalins 
dans  les  cas  de  concrétions  uriques. 

6°  Les  acides  citrique,  acétique,  phos- 
pborique,  chlorhydrique^  nitrique,  etc., 
sous  forme  de  limonades  édulcorées  avec 
une  petite  quantité  de  sirop,  peuvent 
rendre  Turine  acide,  et  par  conséquent  y 
dissoudre  tous  les  précipités  des  sous-scis 
terreux. 

^^  Les  calculs  d*oxalate  de  chaux,  mé- 
langés avec  de  Tacide  urique  et  des  ma- 
tières animales,  doivent  d'abord  être  trai- 
tés par  les  alcalins,  puis  avec  lej  acides;  et 
s*ils  résistent  à  ce  double  traitement,  ils 
réclament  Tintervention  chirurgicale. 

8"  Quand  on  a  affaire  à  de  gros  calculs 
vésicaux,  il  convient  de  pratiquer  des 
injections  vésicales  av%c  une  certaine  dose 
du  dissolvant  indiqué  en  solution  dans  une 
grande  quantité  d'eau.  Ces  injections  faites 
au  moyen  de  la  seringue  de  Holes  permet- 
tent au  calcul  de  se  trouver  en  contact 
avec  une  suffisante  quantité  du  principe 
médicamenteux.  {Lyon  médical.) 


De»  effeti  du  oafé  sur  les  quadrupèdes. 
—  Dans  le  supplément  de  fin  septembre 
dernier,  réservé^  comme  tous  les  bulletins 
mensuels,  à  la  revue  des  sciences,  de  t)hy- 
siulogie  et  de  pathologie  zoologiques, 
V Abeille  médicale  a  publié  un  article  de 
M.  Cornevin  sur  Tutilité  du  café  chez  les 
animaux  malades.  Ce  médecin  vétérinaire, 
très-distingué,  fait  part  à  ses  collègues  des 
bon»  résultats  qu*ii  a  obtenus  en  4873  sur 
deux  génisse;»  qui,   ayant   été  lotionnées 


avee  du  jus  de  tabac,  avaient  présenté  tous 
les  phénomènes  d'uiie  intoxication   nicoti- 
que.  L'auteur  précité  guérit  les  deux  ma-  ' 
lades  avec  un  litre  de  café. 

En  confessant  tout  d'abord  mon  incom- 
pétence en  matière  d'hygiène  et  de  thérapie 
vétérinaire,  ayant  assez  à  me  débrouiller 
avec  les  iuRmiitcs  de  mes  semblables,  j'ai 
pensé  entrr  en  communauté  d'idées 
avec  M.  Cornevin,  en  faisant  connaître  aux 
vétérinaires  en  particulier  et  aux  zootech- 
nistes  en  général  ce  que  j'ai  retiré  de  Vn- 
sagc  du  caré  sur  la  race  canine. 

J'aime  les  chiens,  comme  Richelieu 
aimait  les  chats  {trahit  sîm  quemque  volup- 
tas);  aussi  j'en  ai  eu  de  toutes  les  espèces: 
carlin,  lox,  king-charles,  levrette,  hava- 
nais, etc.,  etc.  De  par  la  loi  qui  a  faK  le 
chien  contribuable,  je  paie  aujourd'hui 
l'impôt  pour  un  terrier  de  la  pure  espèce. 
Lorsqu'il  est  devenu  ma  propriété,  cet 
intéressant  animal  aux  oreilles  de  loup  et 
à  la  robe  de  zèbre  était  affligé  du  tœnia. 
En  moins  de  trois  semaines,  par  l'usage  du 
café,  dont  il  reçoit  tous  les  jours  sa  part  à 
l'heure  de  mon  déjeuner,  il  a  été  complè- 
tement débarrassé  du  parasite. 

Tous  les  chiens,  ainsi  que  le  savent  les 
personnes  qui  en  élèvent,  sont  tributaires, 
après  deux  mois  de  sevrage,,  d'une  sorte 
de  maladie.  P<»ur  ces  pauvres  bétes,  comme 
pour  les  maladies  des  enfants.  Dieu  sait 
combien  de  conseilleurs,  et  combien  de  re- 
cettes !  Les  uns  vous  disent  du  soufre,  les 
autres  du  sel,  etc.,  etc. 

Ce  que  j'ai  voulu  dire  dans  ces  quelques 
lignes,  qui  me  sont  suggérées  par  celles  du 
praticien  vétérinaire,  c'est  que,  dé  tous  les 
chiens  que  j'ai  élevés  —  la  médecine  ruraie 
me  donne  ce  loisir^  —  pas  un  n'a  été  atteint 
de  la  moindre  affection.  Le  café  donné  au 
chien  doit  être,  dans  les  premiers  jours, 
saturé  de  sucre,  à  la  dose  d'une  soucoupe. 
Ainsi^  l'animal  y  prend  goût  ;  si  bien  qu'il 
finit,  comme  les  vrais  amateurs,  à  le 
prendre  presque  pur.  Toutes  les  personnes 
à  qui  j'ai  fait  part  de  cette  précaution  à 
prendre  dès  que  l'animal  est  sevré,  en  ont 
retiré  lesinémes avantages. 

{L'Abeille  médicale,) 


Le  rhumatisme  oérébral  et  les  bains 
froids.  ~  Nous  trouvons  dans  le  Lyon  tne- 
dical,  une  observation  du  docteur  Coirat, 
concernant  un  nouveau  cas  de  rhumatisme 
cérébral  traité  par  les  bains  froids.  Le  ma- 
lade a  guéri.  C'était  un  homme  de  trente - 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


Ut 


quatre  ans,  non  alcoolique,  bien  portant, 
ayant  eu  douze  ans  auparavant  une  atta- 
que de  rhumatisme  aigu  généralisé.  Au 
dixième  jour  de  la  maiadii',  la  tempéra- 
ture, qui  avait  atteint  progressivement  le 
chiffre  de  39  ,5«  monta  brusquement  à 
41  degrés  et  le  délire  se  manifesta  avec 
violence  dans  la  nuit.  Le  malade  fut  traité 
parfalcool.  Au  quatorzième  jour,  la  tem- 
pérature était  à  4t%7,  le  pouls  à  128.  Las 
deiix  poignets  étaient  tuméfies  et  doulou- 
reux. Le  délire  avait  fait  place  au  coma. 
Carpbologie,  langue  sèche.  Rien  au  cœur. 

A  ce  moment  Tétat  du  malade  parais- 
sant des  plus  graves,  il  fut  transporté  dans 
le  service  voisin  de  M  le  docteur  t'.ha- 
vanne,  où  on  le  soumit  au  traitement  par 
les  bains  froids.  Le  malade  prit  six  bains 
en  vingt-buit  heures.  La  température  des 
bains  était  de  iO  degrés,  Le  malade  y  était 
laissé  pendant  cinq  minutes  et  soumis  à 
des  ablutions  sur  la  face.  Après  chaque 
bain,  la  température  s'abaissa  do  \  degré 
environ.  On  cessa  les  bains  i\ès  qu-clle  ne 
dépassa  plus  le  chiffre  de  58",b.  j\  ce  mo- 
ment le  coma  avait  cessé  ;  le  délire  était 
tranquille  ;  il  n'y  avait  plus  de  carpbologie. 
Le  détire  ne  disparut  que  deux  jours  après 
le  dernier  bain.  La  tuméfaction  et  la  dou- 
leur persistèrent  dans  un  genou  pendant 
six  semaines.  Au  bout  de  ce  temps,  le  ma- 
lade sorti/  complètement  guéri. 

Nous  remarquons  dans  cette  observation 
la  courte  durée  des  bains,  rabaissement 
rapide  et  déBnilif  de  la  température  accom- 
pagné de  Tatlônuation  des  phénomènes 
nerveux^  La  fluxion  articulaire  survécut 
longtemps  aux  accidents  cérébraux.  Au- 
cune complication  ne  se  manifesta  du  côté 
du  cœur  et  des  poumons. 

Si  nous  consultons  la  statistique  de 
M.  Ducastel  (thèse  d'agrégation,  4875), 
nous  voyons  que  sur  53  cas  de  rhumatisme 
dit  cérébral,  publiés  dans  le  travail  de 
M.  Wilson  Fox  M 866),  19  malades  furent 
traités  par  les  moyens  ordinaires  et  14  par 
la  balnéation  froide.  Les  19  malades  sou- 
mis à  des  médications  diverses  moururent. 
Sur  les  14  malades  traités  par  les  bains 
froids,  10  ont  guéri. 

Nous  nous  contenterons  aujourd'hui  de 
présenter  à  Tétat  brut  cette  statistique  que 
nous  analyserons  quelque  jour  dans  ses  dé- 
tails ;  analyse  qui  sera  loin  d'en  infirmer 
la  valeur. 

Si  nous  remarquons  que  les  malades 
soumis  au  traitement  par  les  bains  froids 
étaient  tous  dans  un  état  grave^  souvent 


désespéré,  que  le  traitement  n'a  été  géné- 
ralement appliqué  qu*à  la  dernière  extré- 
mité, on  conviendra  que  de  pareils  résul- 
tats, s'ils  n'imposent  pas  le  traitement 
dans  les  cas  graves  de  rhumnti&me  hyper- 
pyrétique  avec  complications  cérébrales, 
sont  tout  au  moins  fort  encourageants* 

Les  premiers  faits  publiés  en  France, 
par  MM.  Raynaud,  Féréol  et  par  moi, 
n'ont  pas  reçu  partout  un  accueil  encoura- 
geant. On  a  cru  que  nous  voulions  faire  de 
la  balnéation  froide  un  traitement  applica- 
ble à  tous  les  cas  de  rhumatisuie  à  marche 
très-aiguë.  Nous  n'avions  certes  à  ce  mo- 
ment d'autre  intention  que  de  faire  con- 
naître les  résultats  du  traitement  dans  des 
cas  absolument  désespérés  où  toute  théra- 
peutique avait  échoué,  et  où  nous  nous 
trouvions  débordés  par  des  accidents  re- 
doutables. On  a  même  pensé  que  la  publi- 
cation de  pareils  faits  pouvait  offrir  quel- 
que danger  en  mettant  aux  mains  de  pra- 
ticiens peu  expérimentés  une  médication 
qu'ils  pourraient  appliquer  sans  indication 
précise.  Il  est  évident  que  beaucoup  de 
procédés  admis  dans  la  thérapeutique  se- 
raient passibles  de  pareilles  réserves.  C'est 
au  médecin  à  se  rendre  compte  des  indica- 
tions et  à  apprécier  la  médication  qui  con- 
vient à  un  cas  donné.  Dans  les  cas. que 
nous  avions  rencontrés,  tous  les  moyens 
ordinairement  employés  avaient  échoué. 
Nous  avions  eu  recours  alors  à  une  médi- 
cation dont  le  succès  nous  avait  surpris 
tout  les  premiers,  et  il  était  de  notre  de- 
voir de  mettre  ces  observations  dans  le 
domaine  médical.  A  mesure  que  les  faits 
se  multiplient,  les  Indications  deviennent 
plus  précises,  et  la  médication  par  les 
bains  froids  sera  adoptée  par  l'a  majorité 
des  médecins  dans  des  cas  de  rhumatisme 
hyperihermique  compliqués  d'accidents 
cérébraux,  dont  l'issue  a  été  jusqu'à  ce 
jour  presque  constamment  fatale. 

On  est  depuis  longtemps  renseigné  sur 
les  dangers  qui  accompagnent  une  éléva- 
tion considérable  et  prolongée  de  la  tem- 
pérature dans  les  maladies. 

En  1866,  Liebermeis'ter,  s'appuyant  sur 
des  faits  empruntés  à  la  physiologie  expé- 
rimentale et  à  la  clinique,  prétendit  dé- 
montrer que  ce  qu'on  appelle  malignité 
n'était  le  plus  souvent  que  l'expression  des 
effets  provoqués  par  une  élévation  consi- 
dérable de  la  température.  Les  troubles 
circulatoires  et  nerveux  sont  en  général, 
dans  les  maladies  fébriles,  en  proportion 
avec  la  température.  Comme  il  avait  en 


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548 


REYtJE  ANALYTIQim  BT  CRITIQOE. 


outre  observé  que  dans  les  maladies  fébri- 
les graves  les  principaux  organes  offraient 
souvent  une  dégénéri'Scence  graisseuse 
plus  ou  moins  marquée,  il  avait  cru  de- 
voir établir  un  rapport  causal  entre  cette 
stéatose  et  rèlévalion  de  la  température  : 
conclusion  manifestement  exagérée.  On 
sait^  en  t>ffel;  que  la  stéatose  se  rencontre 
de  préférence,  en  dehors  de  certaines 
intoxications,  dans  lés  maladies  à  marche 
chronique,  cancer,  scrofule  osseuse,  tu- 
berculose, où  rhyperthermie,  quand  elle 
etiste,  ne  joue  qu*uii  rôle  très  secondaire. 

Quand  on  soumet  un  sujet  bien  portant 
à  une  température  élevée  et  prolongée,  on 
voit  se  manifester  des  accidents  nerveux 
inquiétants  dès  que  le  thermomètre  s*élève 
dans  le  rectum  de  2  ou  S  degrés. 

Si  Ton  pousse  rexpérienee  plus  loin 
chez  les  animaux,  comme  l*a  fait  M.  Cl. 
Bernard,  on  constate  que  les  animaux  suc- 
combent au  moment  où  leur  température 
s'élève  d*une  quantité  ordinaireiinent  fixe 
pour  chaque  espèce  animale.  Les  oiseaux 
ne  supportent  pas  une  augmentation  de 
plus  de  5  degrés  ;  les  mammifères  résistent 
davantage  et  meurent  vers  44  on  45  de- 
grés. 

Les  phénomènes  observés  sont  succes- 
sivement :  une  accélération  des  mouve- 
ments respiratoires  et  une  augmentation 
de  la  transpiration,  une  prostration  crois- 
sante h  laquelle  succèdent  les  convulsions 
et  le  coma. 

M.  le  professeur  Hirtz  n'a  vu  qu'excep- 
tionnellement les  malades  survivre  à  une 
température  maintenue  pendant  quelques 
jours  au-dessus  de  41*,9.  Il  ettt  évident 
que  la  durée  d*une  température  élevée 
influe  beaucoup  sur  la  gravité  du  pro- 
nostic. 

Il  faut  ranger  dans  les  cas  tout  à  fait 
exceptionnels  ceux  oà  la  guérison  survient 
après  que  le  thermomètre  a  atteint  43  et 
même  44  degrés.  Notons  que»  dans  ce  der- 
nier cas  (liirlz),  cette  hypertherniie  exces- 
sive fut  de  courte  durée.  Il  s'agissait  d'un 
cas  de  fièvre  intermittente.  Nous  ne  par- 
lons pas  de  ce  fait  extraordinaire,  et  jus- 
qu'ici unique,  relaté  dans  un  des  derniers 
numéros  de  la  Ga^gette,  où  la  température 
dépassa  50  degrés  centigrades.  De  quel- 
que garantie  qu'il  s'enlourC;  un  pareil  fait 
soulève  bien  des  doutes. 

De  rétude  de  tous  ces  cas,  réunis  dans 
le  travail  de  M.Oucastel,  on  peut  légiti- 
mement conclure  à  ila  noôuité  extrême  «les 
hautes  températures  dans  les  maladies  fé- 


briles. G*esl  en  partant  de  ees  notions 
acquises  à  ia  science  que  des  médeeins, 
observant  dans  le  cours  du  rhumatisme 
des  accidents  anormaux  dont  auetine  lé- 
sion apparente  ne  leur  rendait  compte, 
accidents  qu'accompagnait  toujours  une 
hyp'Tlhcrmie  plus  ou  moins  élevée,  se 
sont  directement  attaqués  à  cet  élément 
morbide,  le  seul  qui  fût  accessible  à  la  mé- 
dication, et  ont  vu  leur  intervention  cou- 
ronnée de  succès.  Tous  les  moyens  qui 
s'offrent  à  noiis  en  pareilles  eirconstances 
ont  leurs  inconvénients  et  leurs  dangers. 
Les  antipyrétiques  habituels  :  digitale, 
antimoine,  vératrine,  ne  répondent  pas  à 
l'urgence  des  indications,  et  en  outre  on 
sait  que  dans  ees  circonstances  les  condi- 
tions d'absorption  sont  singulièrement  mo- 
difiées. De  toutes  ces  médications  ration- 
nelles, la  balnéation  froide  est  certaine- 
ment celle  qui  remplit  le  mieux  l'indica- 
tion et  offre  le  moins  de  danger.  Nous  ne 
liions  pas  formellement  qu'elle  n'ait  ses 
inconvénients. 

Nous  .connaissons  le  cas  de  Southey,  où 
le  malade  soumis  aux  bains  froiils  contracta 
une  bronche  pneumonie  a  laquelle  il  sac- 
comba  au  bout  de  six  semaines.  D'autres 
cas  analogues  viendront  peut-être  se  ranger 
à  côté  de  celui-ci  et  apporteront  des  modi- 
difications  dans  renifiloi  du  traitement. 
Mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  dès  au- 
jourd'hui le  traitement  du  rhumatisme  cé- 
rébral par  le  bain  froid,  tel  qu'il  est  employé, 
nous  fournit  une  moyenne  de  40  guérisons 
sur  l4nKilades,  et  qu'en  pareille  matière 
un  tel  chiffre  piaille  mieux  en  faveur  de  la 
médication  que  toutes  les  théories  dont  on 
pourrait  i'étayer  et  répond  à  toutes  les 
objections.  {Ibid,} 


Traitement  de  la  «oqaelaoha  par  l'a- 
cide phénique';  par  U.  DoMiNGOs  CAHLOS 
(de  Bahial.  —  La  coqueluche  est  une  ma- 
ladie assez  fréquente  dans  les  climats 
chauds  et  humides,  tels  que  le  nôtre.  Ici, 
on  voit  très -sou  vent  des  épidémies  de  ttuêis 
conwtlsiva  (c'est  le  nom  vulgaire)  aussi  nom  - 
breuses  qu'intenses,  surtout  à  l'automne. 
Ces  épidémies  sévissent  ordinairement  sur 
les  enfants,  mais  la  maladie  n'est  pas  rare 
chez  les  adultes. 

J'ai  donc  rencontré  de  nombreuses  oc- 
casions d'étudier  cette  affection,  et  dVs- 
sayer  les  médications  qui  m'ont  semblé  les 
plus  rationnelles. 

Depuis  quelque  temps,  je  supposais  que 


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lUSVUE  ANALYTIQUB  £T  CRITIQUE. 


549 


la  coqueluche  reoonnatt  une  cause  parasi- 
taire^ il(*s  spores,  n*i  ni  porte  de  qnrilc 
espèce  de  champignon  capable  de  produire 
des  altérations  assez  importantes  sur  la 
muqueuse  des  bronches. 

Eu  partant  de  ce  point  de  vue,  au  mois 
de  mai  1874,  j*ai  résolu  de  faire,  pour  la 
première  fois  chez  nous,  un  essai  avec  Ta- 
oide  phénique.  J'ai  choisi  un  cas  qui  résis- 
tait aux  moyens,  presque  tous  empiriques, 
que  possède  la  théra^Ksutique  médicale. 

Ce  malade,  âgé  de  2  ans,  venait  a  ma 
clinique,  il  y  avait  à  peu  près  deux  semai- 
nes, et  son  état,  chaque  jour,  s*aggravait 
sensiblenvent .  J'avais  épuisé,  sans  aucun 
résultat,  le  long  culalogue  des  substances 
connues  à  la  pratique  comme  les  p4iis 
avantageuses  pour  combattre  cette  ma- 
ladie. 

J'eus  recours  alors  à  la  formule  sui- 
vaate  : 

Acide  pliénique  eristallisé    .  25  centigr. 
Hydrolal  de  fleurs  «i  oranger    5  grammes. 
JuJep  gommeux.    ....  50       — 

L*eAfant  a  pris  celte  préparation  à  la 
dose  de  4  à  6  cuillerées  à  oafé  par  jour,  et 
rien  autre  chose. 

Après  avoir,  pendant  trois  jours,  fait 
usage  de  ce  médicament,  il  est  riîvenu  à  la 
consuliation;  mais,  cette  fois,  son  état  gêné 
rai  était  bien  différent  :  la  toux  s'était  pres- 
que éteinte  ;  pas  de  fièvre  ;  Ta p petit  se  mon- 
trait excellent;  la  joieét»it  revenue  avec  la 
diminution  d4's  prÎAcipaux  phénomènes. 

Depuis  ce  bel  et  imprévu  résultat,  j*ai 
continué  à  prescrire  Taciile  phénique  contre 
la  coqueluche,  toujours  avec  les  plus  grands 
avantages  ;  qui  ont  décidé  plusieurs  de 
mes   confrères  à   en  faire  usage. 

(Ibid.) 


Trftiteaienl  de*  la  lous  férine  par  les 
inhalationi  d'aoide  phénique.  —  On 
prépare  une  solution  contenant  de  I  kilog. 
à  2  <*/o  d'acide  phénique,  que  Ton  fait  éva 
porer  par  rébullilion.  On  fait  arriver  ces 
vapeurs,  qui  sont  dirigées  vers  la  bouche 
du  malade,  le  vase  qui  contient  le  liquide 
étant  tenu  à  environ  20  cent,  de  distance. 
Cette  opération  se  répète  trois  fois  par 
jour,  et  pendant  deux  ou  trois  minutes,  en 
ayant  soin  que  le  malade  fasse  de  profondes 
inspirations,  afin  que  la  vapeur  pénètre  en 
aussi  grande  abondance  que  possible  dans 
les  voies  aériennes. 

L'auteur  a  employé  ce  traitement  sans 
inconvénient,  même  chez  les   enfaats   de 


deux  ans.  Deux  ou  troi.«  jours  de  ce  traite- 
ment suffisent  pour  faire  disparaître  de 
violents  accôs  de  toux,  et  procurer,  en 
huit  on  dix  jours,  la  giiérison  du  catarrhe 
simple.  Il  donne  lieu  à  des  rrsuliats  non 
moins  satisfaisants  dans  les  affnctions  ca- 
tarrhalcs  des  cordes  vocales,  et  dans  la 
bronchite  chronique. 

{Revue  de  thérap,  médicochiriiry .) 


Variole  transmise  par  des  ohiffonS 
pour  papier  ;  par  le  docteur  LEWIS  (de 
Watertown).  —  Vingt  balles  de  vieux  chif- 
fons pour  faire  du  papier  furent  reçues  de 
Californie  dans  une  des  manufactures  de 
New -York,  savoir  :  dix  le  28  janvier  et  dix 
le  5  février.  Ces  chiffons  étaient  humides, 
ils  répandaient  une  odeur  pnrticulicrcment 
désagréable,  et  l'on  constatait  parmi  eux 
des  débris  de  linges  de  corps,  des  pièces  de 
pansements, des  linges  à  cataplasmes,  etc., 
un  grand  nombre  étaient  tachés  comme 
s'ils  avaient  servi  à  des  malades.  De  plus, 
on  siit  plus  tard  que  le  navire  qui  les  avait 
apportés  à  New- York  n'avait  pas  subi  de 
quarantaine  à  son  arrivée. 

Ces  chiffons  furent  choisis  et  taillés  dans 
une  grande  salle  par  vingt-une  jeunes 
filles  ;  sept  tombèrent  malades  à  peu  près 
en  même  temps.  D'autres  personnes  qui 
travaillaient  dans  la  même  salle,  mais  sur 
d'autres  matériaux,  furent  aussi  atteintes  ; 
enfin,  quelques  ouvriers  qui  étaient  entrés 
dans  l'atelier  seulement  pour  une  commis- 
sion, mais  qui  n'y  travaillaient  pas  habi- 
tuellement, furent  également  affectés. 
Quarante  personnes  furent  atteintes  en 
tout,  et  sur  ce  nombri;.  treize  ou  quatorze 
sont  mortes.  La  mortalité  a  porté  surtout 
sur  les  premiers  atteints. 

La  mala  lie  a  consisté  en  une  fièvre  érup- 
tive  manifestement  contagieuse  et  ayant  de 
grandes  ressemblances  avec  la  variole,  mais 
avec  une  variole  modifiée  et  mélangée 
d'une  autre  éruption.  L'auteur  parle  de 
taches  purpuriques,  de  taches  rubcoliques 
ou  même  de  taches  .  scarlatinîformes,  en 
même  temps  que  de  pustules  ;  la  vaccina- 
tion antérieure  parut  avoir  peu  d'effet  pré- 
servatif; enfin,  dans  quel^ques  cas  l'érup- 
tion parut  avoir  certaines  analogies  avec 
le  rœlheln. 

Les  observations  rapportées  par  l'auteur 
sont  si  concises  et  si  incomplètes  qu'il  est 
difficile  d*è(rc  fixé  sur  le  diagnostic;  il  res- 
sort cependant  de  son  travail  que  les  chif • 


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550 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQOE. 


fons  pour  papier  peuvent  servir  de  véhi- 
cules au  contagium  des  fièvres  tVuptives. 
(Lyon  médical.) 


Des  Injections  sons  cutanées  de  mor- 
phine; par  Emile  VIBERT  (du  IMiy).  — 
L'auteur  commence  par  établir  que  Tétat 
de  la  pupille  peut  être  considéré  comme  un 
manomètre  devant  être  à  chaque  instant 
consulté.  Le  resserrement  de  l'iris  n'a  rien 
de  particulier  ni  de  capital^  c'est  à-dire  ne 
prouve  pas  un  effet  toxique  ;  il  se  montre 
dès  qu'il  y  a  action  modincairiee  heureuse 
de  l'économie  sous  riiifluence  de  la  mor- 
phine \  mais,  une  fois  ce  resserrement 
commencé;  son  degré  est  proportionné  à  la. 
quantité  de  morphine  injectée,  en  même 
temps  que  rimpr'e.ssionnabilité  à  la  lumière 
diminuera  de  plus  en  plus,  et  le  cercle  pu- 
pillaire  atrésié  finira  par  être  immobilisé, 
même  dans  le  cas  de  passage  de  la  pleine 
lumière  à  Tobscuritc.  En  sorte  que  tant  que 
Pûtrésie  pupillaire  complète  avec  immobi- 
lisation n'est  pas  obtenue,  une  nouvelle 
dose  de  morphine  peut  être  injeetf^e  s'il 
n'y  a  aul  soulagement  produit  ;  et  d'autre 
part,  tout  phénomène  morbide  nouveau, 
des  vomissements,  par  exemple,  survenant 
après  rinjection^  si  cette  atrcsie  pupillaire 
manque^  ne  doit  pas  être  attribué  à  l'injec- 
tion, n'est  donc  pas  une  contre-indication 
à  une  nouvelle  injection.  Et,  je  le  répète, 
M.  Vibert  va  non-seuloment  jusqu'à  l'atré- 
sic  pupillaire,  muis  jusqu'à  Tatrésie  pupil- 
laire persistant  dans  l'obscurité.  Cette 
action  sur  la  pupille  se  produit  au  bout  de 
quinze  à  vingt  minutes  environ.  L^*  seul 
point  désirable  dans  ce  mode  de  traitement, 
c'est  Tim possibilité  de  décider  préalable- 
ment du  degré  d'impressionnabilité  à  la 
morphine.  Donc,  dans  le  cas  où  les  corn- 
.  mcmoratifs  font  défaut,  l'on  ne  doit  injec- 
ter que  0,002  à  0,003  milligrammes,  puis 
attendre  alors  un  quart  d'heure,  interroger 
la  pupille,  et  faire  une  seconde  injection 
s'il  y  a  lieu. 

Les  injections  sous- cutanées  de  mor- 
phine peuvent  guérir  presque  instantané- 
ment un  accès  d'asthme,  pendant  lequel, 
d'ailleurs,  la  pupille  est  dilitée. C'est  même 
cette  dilatation  pupillaire  qui  a  conduit 
M.  Vibert  à  essayer  des  injections  hypo- 
dermiques morphinées,  et  les  faits  qu'il 
cite  sont  on  ne  peut  plus  concluants  ;  quel- 
que graves  que  fussent  les  cas,  le  soulage- 
ment a  toujours  suivi  parallèlement  les 
progrès  de  i'atrésic  ;  soulagement  qui  com- 


mence, an  bout  de  dix  à  vingt  minutes, 
par  une  sensation  agréable  de  chaleur  in- 
time, interstitielle,  générale.  Ici  la  mor- 
phine, ainsi  employée,  réalise  pour  l'au- 
teur l'idéal  de  l'excitant  diffusible. 

Les  lésions  cnrdiaques,  la  complication 
d'anasarque  et  d'épanchement  pleural,  ne 
sont  pas  dos  contre  indications  à  l'emploi 
de  la  morphine  par  la  méthode  ondermi- 
que  contre  l'oppression. 

Les  injections  de  morphine  sont  très- 
efTicaces  contre  le  délirium  tremens;  mais 
la  dose  doit  être  considérable,  jusqii*à 
0,08  centigrammes  en  quelques  heures 
par  injections  successives.  Contre  la  manie 
aiguë,  l'auteur  a  réussi  deux  fois,  échoué 
trois  fois.  C'est  dans  la  forme  de  délire  dite 
par  M.  Gubler  asthêniquc,  ischémique,  où 
il  y  a  défaut  d'incitation  (œil  pâle,  pupille 
large)  et  qui  indique  les  excitants,  que  les 
injections  de  morphine  réussissent.  Dans 
la  deuxième  forme,  délire  hypersthénique, 
hyperhémique,  irritatif  (état  eongestif  du 
globe  oculaire,  étroitesse  de  la  pu  pille)  sont 
indiqués  les  émissions  sanguines,  la  quinine, 
la  digitale,  le  bromure  de  potassium. 

La  grande  puissance  avec  laquelle  la 
'  morphine  en  injections  manifeste  ses  effets 
comme  cxcitamt  diffusible  et  anodin,  la 
rend  souveraine  contre  la  cholérine  spora- 
dique  avec  coliques  violentes;  et  l'auteur 
en  a  obtenu  aussi  les  meilleurs  résultats 
contre  la  dyssenlerie. 

Pour  enrayer  une  fausse  couche,  les  in- 
jections de  morphine  sont  préférables  aux 
potions  ou  aux  lavements  opiacés,  à  cause 
de  la  facilité  que  l'on  a  de  doser  le  médi- 
cament. 

L'emploi  des  injections  sous-cutanées 
de  morphine  contre  les  coliques  néphré- 
tiques, bépdtiques,  contre  la  plcurodynie 
et  toute  douleur  de  côté,  symptomatique 
ou  non  d'une  pleurésie;  d'une  pneumonie, 
est  déjà  connu. 

L'hypodermie  roorphinée  réussit  admi- 
rablement contre  la  colique  de  plomb; 
mais  la  dose  doit  être  assez  forte,  0^02  à 
0,01  centigrammes  environ  ;  elle  peut 
favoriser  la  réduction  d'une  hernie  étran- 
glée. 

Quoique  que  se  louant  beaucoup  des 
injections  de  morphine  contre  les  névral- 
gies, l'auteur  insiste  sur  ce  point  qn*jci 
elles  constituent  un  traitement  seulement 
symptomatique  ;  la  névralgie  du  zona  cède 
très  bien  à  ce  mode  de  traitement.  Les 
crises  hystériques  sont  justiciables  de  cette 
médication;    l'auteur    a    injecté   jusqu'à 


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Revue  analytique  et  critique. 


351 


0,07    cenligrammes   de    morphine,  dans 
Tespace  fie  cinq  à  six  heures. 

M.  Vibert  raconte  Pobservation  d'une 
demoiselle  à  laquelle  depuis  sept  ans  il  in- 
jecte en  moyenne 0,t20^  0,-25  de  morphine 
pour  une  angoisse  douloureuse,  horrible, 
éprouvée  à  répigastre. 

Insuccès  complet  dans  le  tétanos,  succès 
-bien  mince  dans  la.  paralysie  agitante. 

L'autt^ur  supplée  aux  injections  de  mor 
phine  par  Tapplication  à  demeure  d'un 
emplâtrjc  coinposé  de  deux  mouches  de 
Milan  auxquelles  il  fait  incorporer  4  à 
8  centigrammes  de  cblorhy<lratc  de  mor- 
phine et  qu'il  fait  ramener  à  la  dimension 
d'une  pièce  île  5  centimes.  Lai.sser  i'em- 
plàtre  plusieurs  jours,  se  borner  h  changer 
les  linges. 

L'auteur  insiste  sur  la  supériorité  qu'ont 
les  injections  de  morphine,  au  point  de 
vue  du  tube  digestif  sur  les  préparations 
d'opium  données  à  l^intérieur. 

M.  Vibert  emploie  une  solution  d'acétate 
ou  de  chlorhydrate  de  morphine  au  20", 
préfère  pour  le  âucon  un  bouchon  en 
caoutchouc  vulcanisé,  regarde  les  aiguilles 
creuses  en  acier  comme  supérieures  à  celles 
en  or,  pique  la  peau  perpendiculairement^ 
avant  de  pousser  l'injection,  sépare  la  se- 
ringue pour  voir  s'il  ne  s'écoule  pas  de  sang, 
afin  d'éviter  l'injection  directe  dans  le  sys- 
tème circulatoire,  considère  comme  insi- 
gnifiant d'injecter  quelques  bulles  d'air,, 
nie  l'action  locale,  en  conséquence  a  choisi 
comme  lieu  d'élection  le  tissu  sous  cutané 
abdominal,  lu  peau  du  ventre  étant  la 
moins  sensible,  et  plus  particulièrement 
les  cicatrices  qu'elle  peut  présenter,  les 
vergétures  de  la  grossesse. 

M.  Vibert  cite  deux  faits  malheureux; 
l'enseignement  qu'il  en  retire  est  qu'une 
cyanose  avec  stase  veineuse  très-pronon- 
cée annule  l'aci  ion  de  la  morphine  sur  le 
phénomène  oppression. 

L'auteur  rejette,  en  terminant,  de  la 
médication  antinévralgique  les  injections 
sous-cutanées  d'atropine. 

ilbid,) 


Des  injections  parenohymateuses  d'îo- 
dure  de  potassium  dans  le«  «as  d'adénite 
syphilitique.  —  Dans  ce  travail,  l'auteur, 
M.  le  docteur  Franiz,  après  avoir  essayé 
les  inj(*ctions  d'iodure  de  potassium  pour 
combattre  l'hypertrophie  chronique  des 
amygdales,  expose  comment  il  s'est  décidé 
à  employer  le  même  moyen  peur  hâter  la 


résolution,  des  adénites  d*origine  syphili- 
tique, i'iodure  de  potassium,  qui  jouit  de 
propriétés  très  actives  comme  fon<lant  et 
n'est  pas  irritant,  croit-il,  et  par  consé- 
quent permet  la  guérison  sans  réaction 
inflammatoire.  Jusqu'à  ce  jour  il  ne  pos- 
sède que  deux  observations  qu'il  fait  con- 
naître, mais  il  continue  ses  recherches* 

Dans  le  premier  cas,. il  s'agit  d'un  gan- 
glion inguinal  gauche  syphilitique  de  la 
grosseur  d'un  œuf  d'oie.  L'iodure  de  po- 
tassium à  rintérieur,  les  pommades  sur  la 
peau,  la  compression,  n'amenèrent  aucun 
résultat.  Cependant  la  résolution  était  ré- 
clauiée  avec  insistance.  Dans  ces  condi- 
tions, Jakubowilz  fil  dans  le  ganglion  Tin- 
jectioii  suivante  :  il  introduisit  obliquement 
la  canule  de  la  seringue  de  Pravaz,  de 
manière  que  l'ouverture  cutanée  et  celle 
de  l'envel^oppe  du  ganglion  ne  se  corres- 
pondissent pas;  il  perfora  la  coque  gan- 
glionnaire et  injecta  alors  la  moitié  du 
contenu  de  sa  seriugue.  A  ce  moment,  il  y 
eut  dans  le  ganglion  une  tension  qui  s'op- 
posa à  la  pénétration  du  liquide,  l'aiguille 
fut  poussée  de  manière  à  perforer  une 
cloison  transversale,  et  il  put  alors  injecter 
un  quart  de  la  seringue  ;  une  nouvelle 
cloison  ayant  été  perforée,  il  put  faire 
pénétrer  le  reste  du  contenu.  Au  moment 
où  il  retira  l'aiguille,  il  ne  sortit  ni  li- 
quide ni  sang.  La  piqûre  fut  indolente, 
l'injection  fut  très  douloureuse  et  suivie 
dans  ia  même  gournée  d'un  peu  de  rou- 
geur à  la  peau;  d'elle  ci  avait  disparu  le 
lendemain.  Dè-s  le  lendemain  également  la 
tumeur  avait  diminué.  L'auteur  fit  trois 
nouvelles  injections  à  deux  jours  d'inter- 
valle. Au  bout  de  huit  jours  la  tumeur 
était  du  volume  d'une  noisette,  et  en 
quinze  jours  elle  avait  totalement  disparu. 
En  tout,  le  malade  avait  reçu  9  cenligram- 
mes d'iodure  de  potassium  et  5  centigram- 
mes d'iode. 

Dans  le  second  cas,  il  s'agissait  d'une 
adénite  traitée  inutilement  depuis  cinq 
semaines.  Une  injection  fut  faite  tous  les 
jours.  Le  septième  jour^  la  tumeur  était 
réduite  au  quart  et  tellement  dure,  qu'il 
semblait  impossible  de  faire  une  nouvelle 
injection  ;  on  fit  alors  deux  nouvelles  in- 
jections dans  le  tis.>u  cellulaire  vois^in,  et 
la  glande  se  réduisit  jusqu'à  la  grosseur 
d'un  haricot.  Dans  ce  second  cas,  le  ma- 
lade reçut  en  tout  :à^2  centigrammes  d'io- 
dure  de  potassium  en  injections. 

La  solution  employée  par  l'auteur  est 
composée  comme  il  suit  :  Eau,  50  gram- 


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552 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


mes;  iodure  de  potassium^  90  contîgram- 
mes ;  teinture  d'iode;  5  gouttrs. 

{Bévue  de  thérap,  médico-chirurgicale,) 


Traitement  de  l'orohite  par  l'arnioa, 
par  le  «loclcur  H.-G.  KNÂGGS  ~  Depuis 
plusieurs  années  Tauteur  se  loue  beaucoup 
du  traitement  suivant  : 

Il  maintient  sur  la  partie  malade,  d*une 
manicte  plus  ou  moins  constante  (au  moins 
pendant  le  n-pos  au  lit),  des  compresses 
imbibées  d'un  mélanj^edeteinlurt?  d'arnica 
et  d'eau  dans  la  proportion  d'une  partie 
d'arnica  pour  six  dVau.  En  même  temps  il 
fait  faire  deux  ou  trois  fois  par  jour,  sur  le 
trajet  du  cordon,  des  onctions  avec  un  li- 
m'nient  cora,j6sé  de  liniment  savonneux  et 
de  teinture  d^arnica,  au  tiers  ou  à  la  moi- 
tié. A  rintéricur,  quand  il  a  de  la  fièvre,  le 
malade  prend  de  la  tdnture  d'arnfca  à  la 
dose  de  sept  gouttes  arlditionnées  de  deux 
à  trois  gouttes  de  teinture  de  fleming  d'a- 
conit et  d'acétate  d'ammoniaque. 

Ce  traitement  procure  la  guérison  en 
qofnze  jours  ou  moins.  Aux  doses  indi* 
quées,  le  médicament  ne  produit  pas  d'ir- 
ritations cutanées;  il  faut  savoir  cependant 
que,  tandis  que  certains  malades  sont  tout 
à  fait  .insensibles  à  des  applications  de 
teinture  d'arnica  même  pure,  il  en  est 
d'au.tres  dont  la  peau  présente  une  impres- 
sfonuabilité  incroyable  à  cette  substance  ; 
de  sorte  qu'il  est  bon  de  se  tenir  sur  ses 
gardes  pour  parer  aux  accidents,  si  quel* 
que  inflammation  érysipélateuse  tendait  à 
survenir.  {Lyon  médical.) 


Traitement  du  vaginisme  par  l'iodo- 
fbrme.  Fissure  à  l*anus,  iodolbrme.  — 
M.  Tarnier  attirail  dernièrement  l'attention 
de  ses  élèves  sur  un  mode  de  pansement 
qui  lui  avait  réussi  d'une  façon  presque 
inespérée  dans  un  cas  remarquable  de  va- 
ginisme (1  ).  Il  s'agissait  d'une  jeune  femme 
de  trenle-deux  ans,  mariée  depuis  dix  sept 
ans  et  affectée  d'une  hypéresthésie  ex- 
trême de  la  vulve.  Cette  jeune  femme  se 
plaignait  de  douleurs  vives  dans  la  mar- 
che; et  les  rapprochements  sexuels  étaient 
un  véritable  supplice  qu'elle  évitait  le  plus 
possible.  Elle  ne  présentait  aucune  lésion 

(1)  Il  y  a  de  nombrenses  années  qne  ce  mode 
de  puns^ment  a  élé  employé  el  reeonimandé  ilaiis 
&es  U>çoiis.  par  ^^.  le  professeur  vuiideo  Corpal. 
de  Bruxelles.  non*seulemeul  dans  les  ctis,  dé 
vaginisaie,  mais  aussi  dans  la  fissure  à  l'anus. 


de  iè  vuhr«  ni  du  col  de  l'utérus.  Le  seul 
contact  d'un  stylet  sur  une  des  petites  lè- 
vres faisait  pousser  des  cri<i.  Elle  n'était 
jamais  accouchée,  nruiis  avait  fait  à  dix- 
sept  ans  Une  fausse  couche  cle  six  mois. 

M.  Tarnier  eut  l'idée  de  saupoudrer  To- 
rifice  vulvaire  et  les  petites  lèvres  de  pou- 
dre d'iodoforme,  et  quelques  heures  après 
l'orifice  vulvaire  était  insensible.  Pendant 
deux  jours  les  douleurs  disparurent  pour 
revenir,  mais  moins  intenses.  M.  Tarnier 
appliqua  le  même  pansement  en  écartant 
roritice  vnlvaire  et  plaçant  un  tampon  de 
ouate  entre  les  lèvres  couvertes  de  la 
poudre. 

Des  (e  second  pansement  la  sensibilité 
était  tellement  diminuée  que  l'on  pouvait 
toucher  la  vulve  sans  causer  de  douleur. 
Le  coït  avait  été  pratiqué  i8  heures  après 
l'application  du  pansement;  il  avait  été 
infiniment  moins  douloureux  qu*aupara- 
vaut  M., Tarnier  conseilla  de  le  pratiquer 
le  sotr  même  après  le  pansement.  En  agis- 
sant ainsi  prouressivement,  en  profilant 
chaque  fois  du  bénéfice  acquis  par  le  pan- 
sement, il  est  probable  qu'on  arrivera  à 
faire  dispamltre  complètement  les  phéno- 
mènes douloureux  et  l'infirmité  qu'ils  en- 
traînent. 

C'est  un  point  de  pratique  très-intéres- 
sant, car  tous  nos  confrères  savent  que 
ce»  phénomènes  douloureux  vulvaires  ne 
sont  pas  très-rares^  créent  aux  femmes 
souvent  une  vie  insupportable  ;  outre  que 
les  douleurs  spontanées  sont  assez  vives 
pour  entraver  les  mouvements,  la  niarehe 
et  faire  croire  a  des  maladies  graves  du 
petit  bassin. 

L'iodoforme  a  du  reste  été  conseillé  dans 
une  foule  de  cas  comme  topique.  On  l'ap- 
plique de  préférence  sur  des  plaies  dont  la 
cicatrisation  marche  mal,  mais  on  Ta  con- 
seillé aussi  pour  les  plaies  douloureuses, 
comme  doué  de  certaines  propriétés  anes- 
thé&iqiies.  M.  Tarnier  en  a  (ait  tout  récem- 
ment une  application  très-heureuse  sur 
une  fisMirc  à  Tanus.  11  s'aiçissait  d'une 
dame  qui  souffrait  depuis  deux  mois  d'une 
fissure  à  l'anus  absolument  intolérable. 
Après  chaque  selle  se  produisait  la  douleur 
classique  qui  durait  plusieurs  heures.  On 
avait  employé  les  narcotiques  et  les  astrin- 
gents usités  en  pareil  cas,  et  on  s'apprêtait 
à  pratiquer  la  dilatation  malgré  que  la  pa- 
tiente fût  dans  un  état  marqué  de  faiblesse 
et  d'excitation  nerveuse.  M.  Tarnier  con- 
seilla de  pratiquer  sur  l'anns  un  panse* 
ment  identique  à  celui  qui  avait  été  fait 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  OUITIQUE. 


555 


la  valve  de  la  femme  atteinte  de  vagi- 
•nisme  ;  dès  le  jour  môme  la  giiérison  fut 
obtenue,  et  depuis  deux  mois  elle  s'est 
parfaitement  maintenue. 

Revue  de  thérap,  médico  chirurgicale.) 


Du  vagmlsme.  —  jtf.  Trélat  considère 
cette  affection  comme  liée  à  des  causes 
très- diverses  et  comme  très-souvent  symp- 
tomatique  d*un<^  lésion  utérine  très -légère. 
C'est  véritablement  une  contracture  et  non 
pas  une  contraction  spasmodique  du  va- 
gin. Il  en  résulte  qu'on  ne  doit  se  déciiler 
à  faire  d'opération  importante,  comme  les 
grauiies  incisions  de  Sim<«y  qu'à  la  dernière 
extrémité,  et  après  avoir  tenté  la  guérison 
de  la  lésion  dont  le  vaginismc  n'est  qu'un 
symptôme.  M.  Trélat  cite  à  l'appui  de  son 
opinion  irois  faits  très-concluants.  Une 
première  fumme  présentait  une  lésion  ul- 
céralive  du  col,  mais  la  contracture  était 
telle  que  le  loucher  même  était  presque 
impossible.  Aussi  fallut- il  beaucoup  de 
temps  et  de  patience  pour  arriver  a  guérir 
cette  ulcération.  Au  bout  de  six  mois  le 
vaginisme,  qui  durait  depuis  deux  ans, 
avait  disparu.  Dans  te  second  cas,  c'était 
une  ulcération  du  col  et  un  léger  écoule- 
ment leucorrhéique  qui  avait  déterminé  le 
vaginisiiie.  La  guérison  survint  au  moyen 
d'un  siuiple  glycérolé  de  tannin.  Enfin, 
dans  un  troisième  fait  où  les  douleurs 
étaient  extraordinaircmenl  vrves,  une  cau- 
térisation de  nitrate  d'ar^^ent  et  des  tam- 
pons glycérines  amenèrent  la  guérison  en 
quatre  jours. 
{Journal  de  rnéd,  et  de  chirurg,  pratiques.) 


▲pplioatîon  du  tampon  de  ouate  dam 
le  vagin  pour  diverse»  affection» utérines. 

—  On  pratique  beaucoup  depuis  quelques 
années  des  pansements  dans  le  vagin,  sur 
le  col  de  l'utérus,  à  l'aide  de  tampons,  de 
sachets  médicamenteux,  de  substances  di- 
verses dont  on  remplit  plus  ou  moins  le 
vagin.  Saus  nier  l'influence  de  quelques 
topiques  portés  sur  le  col  de  l'utérus,  «ou 
sur  la  paroi  vaginale,  M.  Tarnier  pense 
que  la  plupart  de  ces  tampons  agissent  par 
leur  consistance  et  leur  volume,  par  la 
pression  qu'ils  exercent  et  le  soutien  qu'ils 
fournissent  à  Tutérus appesanti  par  la  con- 
gestion. Après  avoir  usé  des  applications 
médicamenteuses,  .M.  Tarnier  ne  fait  plus 
guère  que  iïes  applications  de  tampon  sec. 
Dans  tous  le.)  cas  où  l'utérus  est  volumi- 


neux, l'écoulement  abondant,  le  col  ulcéré, 
après  avoir  fait  des  cautérisations  ou  attou- 
chements  avec  des  topiques  divers,  s'il  est 
nécessaire,  M.  Tarnier  place  dans  le  vagin 
un  gros  tampon  de  ouate.  Il  fait  fixer  avec 
un  fil  par  le  milieu  un  tampon  allongé  et 
résistant,  rinlroduit  suivant  Taxe  du  vagin 
puis  le  retourne  au-dessous  du  col  et  le 
place  en  travers.  Cett«  application  sera 
renouvelée  deux  ou  trois  fois  par  semaine, 
selon  les  cas. 

En  effet,  M.  Tarnier  suit  cette  pratique 
pour  une  foule  de  cas  différents.  Il  l'a  ré- 
connue bonne  empiriquement.  Il  a  vu  que 
dans  des  cas  une  compression  dans  le 
fonti  du  vagin,  sur  l'utérus,  exerçait  une 
influence  favorable.  On  voit  des  femmes 
qui  cessent  de  souffrir  après  l'application 
d'un  pessaire.  Quelques  semaines  ou  quel- 
ques mois  plus  tard  on  supprime  le  pes- 
saire et  les  douleurs  ne  reviennent  pas. 
Pendant  l'accouchement  même,  chez  cer- 
taines femmes  qui  souffrent  beaucoup, 
l'application  du  doigt  dans  le  vagin  et  la 
pression  sur  le  col  soulagent  singulière- 
ment. Dans  un  cas  même,  chez  une  femme 
enceinte,  la  pression  d'un  tampon  a  sufiî 
pour  arrêter  des  vomissements  incoerci- 
bles. Enfin,  d'une  manière  générale,  les 
tampons  médicamenteux  couverts  de  gly- 
cérine, de  glycérolé  de  tannin,  de  glycé- 
rolé de  belladone  soulagent  d'autant  mieux 
que  le  tauïpon  est  gros.  Depuis  que  M.  Tar- 
nier emploie  la  ouate  sèche,  seule  et  sans 
topiques,  il  a  obtenu  !es  mêmes  résultats 
qu'avec  ces  derniers.  Il  en  conclut  que 
quelle  que  soit  l'explication  du  mode 
d'action  du  tampon  compressif,  il  agit 
très  favorablementsùrtout  contre  l'élément 
douleur,  s'ap'plique  plus  particulièrement 
lors  de  lésions  chroniques  ou  suhaiguës  de 
l'utérus,  accompagnées  d'augmentation' 
partielle  ou  totale  du  volume  de  l'organe 
et  causant  des  douleurs  plus  ou  moins 
yiyes. 

[Revue  dethérap,  médico^chirurgieale,) 


Pleurésie  avec  gangrène  pulmonaire 
du  professeur  Dolbeau.  —  Après  quel- 
ques semaines  de  malaise  plus  ou  moins 
fébrile,  douleur  du  côté  gauche  du  25  au  i7 
mars  1870;  pendant  ces  deux  jours  le 
diagnostic  de  M.  Millard  èKvàiple^irodynie ; 
le  27,  un  léger  épanchement  e&t  constaté  ; 
il  augmente  les  jours  suivants,  s'accoinpa- 
gnant  d'une  douleur  atroce  qui  résista  à 
tout*   Le  ^  avril,  M.   Béhier  se  joint  à 


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5S4 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


M.  Millard  ;  ils  sont  frappés  du  non  dëpla^ 
cément  du  cœur;  M.  Millard  admet  une 
pleurésie  sèche  avec  abondantes  fausses 
membranes;  AI.  Kéhier  inclinait  vers  une 
pneumonie  corticale.  Le  6,  M.  Barlh  con- 
clut à  un  vaste  épanchcment,  et  à  cause- 
des  douleurs  atroces  et  protongées,  soup- 
çonne une  gangrène  pulmonaire,  il  con- 
clut en  faveur  d*une  ponction^ 

Le  soir  même.  M.  Dieulafoy  faisait  deux 
ponctions  successives  sans  résultat  ;  la  pré- 
sence dans  le  corps  de  pompe  de  sang 
rutilant  mêlé  de  bulles  d*air  et  une  expec* 
toralJon  sanguinolente  prouvaient  que  Ton 
avait  pénétré  dans  le  poumon.  Nul  accident 
grave  iie  survint.  Le  45,  expectoration  de 
matières  désagréables  au  goût  et  légère* 
ment  fétides,  à  odeur  et  aspect  purulent 
plus  que  gangrcmux  ;  à  la  suite  de  quintes 
dt.'  toux  très* fatigantes  Toppression  a  aug- 
menté. Les  signes  de  pneumo-thorax  font 
défaut.  Le  19,  existaient  tous  lessymptômes 
de  lu  lièvre  hectique. 

M.  Miilanl  ,  auquel  s'étaient  joints 
MM.  Nélaton,  Béhier,  Potain,  Denonvii- 
1ers,  Sappey,  s'acconient  sur  Pexisience 
d*une  pleurésie  enkystée  ou  intorlobaire 
ouverte  dans  les  bronches.  Une  aiguille 
aspirutrice  est  enfoncée  dans  le  septième 
espace  intercostal,  un  peu  en  arrière  de  la 
ligne  axillaire  ;  du  pu»  parait  immédiate- 
ment dans  le  récipient.  S\.  Nélaton  substi 
tue  immédiatement  un  trocart  de  plus  fort 
calibre,  â  kilugrammes  450  grammes  de 
pus  d'une  fétidité  repoussante  s'écoulent  ; 
le  diagnostic  de  M.  Barth  est  vériHé;  un 
tube  de  caoutchouc  est  placé;  Itivagesavec 
de  Teau  aromatisée  d'acide  thyniique.  Les 
jours  suivants,  médiocre  amélioration,  et 
même  bientôt  enflure  des  mains,  des  pieds, 
des  jambes;  Torifice  où  est  placé  le  tube 
' s'enflamme,  Tétat  hectique  reparait,  les  la- 
vages sont  de  plus  en  plus  difficiles  ;  aussi  le 
4  mai,  Tempyème  était  pratiqué  pur  Néla- 
ton. Ici  deux  particularités  à  signaler  :  une 
ligature  artérielle,  et  cet  autre  Tait  :  Néla- 
ton avait  incisé  en  dehors  et  allait  prolonger 
son  incision  en  dedans;  il  introduit  préala- 
blement le  doigt  dans  la  plaiv,  le  cœur  est 
là  battant  immédiateuient  sous  le  doigt  ; 
^inci.^ion  ne  pouvait  être  prolongée  de  ce 
côté  sans  atteindre  nécessairement  le  cœur. 
Par  rincision  sortent  en  abondance  des 
lambeaux  noirâtres,  infects,  constitués 
-par  du  tissu  pulmonaire  gangrené.  Cette 
fois,  une  amélioration  se  pro'iuisit  immé- 
diatement, se  confirma  de  plus  en  plus. 
Le  15  mai,   convalescence.  Le  15  juin > 


M.  Dolbean  était  transporté  à  Auteail,  et 
peu  à  peu  la  guérison  a  été  complète  r 
nulle  oppression,  pas  de  douleurs  au  ni- 
veau de  la  cicatrice,  pas  de  rétraction  ap- 
préeiiible,  bruit  respiratoire  normal,  et  le 
malade  a  gagné  à  cette  épreuve  que  ses 
migraines  sont  beaucoup  plus  rares-,  son 
appétit  moins  capricieux,  ses  digestions 
plus  fiiciles  ;  il  a  pris  de  plus  un  notable 
embonpoint.  Fait  singulier,  la  convales- 
cence a  %ié  traversée  par  Tapparition  de 
deux  ongles  incarnés. 

(Lyon  médical.) 


.  Mort  ftubîte  par  embolie  de  la  veine 
oave  înférteure,  à  la  «uite  de  varices  de 
la  jambe,  par.  M.  Thomas  HROWNE.  ~ 
Un  homme  de  cinquante  ans  se  présente  à 
Fauteur^  le  5  janvier  1874,  pour  une  con- 
tusion de  la  jambe  gauche.  La  lésion  pa- 
raissait sans  importance.  Comme  le  malade 
avait  de  nombreuses  varices  et  que  la 
contu^ion  semblait  les  avoir  rendues  plus 
proéminentes^  on  recommande  au  malade 
de  prendre  la  position  horizontale.  Au 
bout  de  peu  de  jours,  il  quitte  l'hôpital, 
muni  d'un  bas  élustlT|ne  11  revint  è  Thôpi- 
tal,  le  19  janvier,  sa  jambe  en  très  bon 
état.  Surpris  par  une  forte  averse  en  quit- 
tant Phôpital,  il  courut  pour  se  mettre  à 
l'abri.  Pre>que  aussitôt  il  se  sentit  pris  de 
langueur  et  ne  put  continuer  sa  route.  Un 
chirurgien,  qui  le  vit  à  ce  moment,  le 
tronva  anxieux  ;  le  pouls  faible  intermit- 
tent; la  respiration  libre  et  régulière. 
1  lacé  dans  la  position  horizontale.  Affu- 
sions  froides  sur  la  face.  Alcool  et  eau. 
Revenu  à  loi  il  déclara  n'éprouver  aucune 
douleur,  mais  un  s<^ntiment  pénible  de 
constriction  à  la  base  du  thorax.  Les  lèvres 
et  les  oreilles  devinrent  bleues  ;  la  face 
grippée.  Il  fil  en  vain  des  efforts  de  défé- 
cation. La  vessie  fonctionnait  bien.  Alcool 
à  l'intérieur,  rejeté  presque  aussitôt  avec 
des  efforts  de  vomissement.  Pouls  sensi- 
blement égal.  R  44  à  la  minute.  Tout  à 
coup  il  fit  un  effort  de  vomissement;  la 
face,  la  tête  et  le  cou  devinrent  livides  ; 
le  cœur  ces.sa  de  battre.  Il  fît  deux  ou  trois 
respirations  profondes  :  après  quoi  l'action 
du  cœur  cessa.  Il  mourut  trois  quarts 
d'heure  après  le  début  cle  l'accident,  sans 
avoir  perdu  connaissance. 

Autopsie  vin«t  quatre  heures  après.  — • 
Rigidité. cadavérique;  la  veine  cave  infé- 
rieure, conservée,  contenait  un  caillot 
d*ttn  jaune  grisâtre,  commençant  an-dessus 


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de  roreillette  droite  et  s*é(cndant  en  bas 
juiiqu'à  la  veine  iliaque  primitive.  La  par- 
tie inférieure  de  ce  caillot  était  Hure  et 
fibroïie;  on  en  trouvait  de  semblables  au 
voisinage  des  varice?^. 

(L'A  beille  médicale.) 


Extirpation  du  larynx.  —  C*est  bien 
de  rexlirpali6n4ularynx«  complète  encore, 
et  chez  l'homme,  qu'il  s'agit.  On  se  de- 
mande s'il  est  un  organe,  une  profondeur 
à  laquelle  ne  s'attaquera  pas  le  couteau 
chirurgical. 

Deux  opérations  dVxtirpation  du  larynx 
viennent  d'être  pratiquées,  Tune  a  Berlin, 
Tautre  à  Turin.  Elles  portent  h  six  le  nom- 
bre de  ces  tentatives  audacieuses  qui  comp- 
tent maintenant  quatre  succès. 

Celle  dont  nous  donnons  le  résumé  a  été 
pratiquée  par  Langenbeck.  sur  un  homme 
de  cinquante-sept  ans,  atteint  de  cancer 
du.  larynx  et  sur  lequel  on  avait  déjà  pra- 
tiqué la  trachéotomie  eu  novembre  187i. 
La  respiration  se  faisait  par  la  canule  tra- 
chéale. La  dégénérescence  cancéreuse 
s*étant  étendue  à  la  iangue  et  au  pharynx, 
le  21  juillet,  Topéruticni  suivante  fut  pra- 
tiquée.'Après  uvoir  chloroformisé  le  ma- 
lade par  la  fistule  de  la  trachée,  au  moyen 
de  la  canule-tampon  de  Trendelenburg,  de 
manière  à  empêcher  toute  introduction  du 
sang  dans  les  voies  respiratoires,  Langen- 
beck Ht  à  la  peau  une  incision  tnnsversale 
s'étendantdu  bord  interne  du  sternomastoï- 
dien  droit  au  ga<iche,  à  "1  centimètres  au- 
dessus  de  Vos  byoïlc.  Au  milieu  de  cette 
incision,  il  en  fit  une  seconde,  verticale, 
passant  au  milieu  du  cou,  sans  intéresser  la 
cicatrice  trachéale.  Lt'S  deux  lambeaux  la- 
téraux de  la  peau  furent  séparés  des  parties 
sous-jacentes,  laissant  à  nu  le  larynx. 
L'extension  du  cancer  aux  parties  voisines 
ne  peruiettant  pas  de  .«cparer  le  larynx  du 
pharynx,  Langenbeck  ouvrit  ce  dernier, 
qu'il  attira  en  bas  et  en  avant  au  moycn^ 
d'une  érigne  fixée  au  niveau  de  l'os 
hyoïde.  La  langue  fut  en  même  temps 
attirée  près  de  la  bouche  par  un  fil  passé 
dans  sa  pointe,  et  sectionnée  à  la  base  par 
la  plaie  du  cou,  à  2  centimètres  environ 
au  dessus  de  l'os  hyoïde.  Les  artères  thy- 
roïdiennes supérieures  furent  ensuite  liées 
et  la  paroi  du  pharynx  coupée  des  deux 
côtés*  ainsi  que  l'arc  du  pharyngopalaiin. 
Puis  les  carotides  externes  furent  liées  et 
sectionnées  entre  deux  ligatures.  Les  nerfs 
hypoglosse  et  lingual  avaient  été  isolés  et 


coupés  au  moment  où  Ton  sectionnait  la 
langue.  Enfin  le  larynx  fut  détaché  de  la 
trachée  au-dessous  du  cartilage  cricoïde. 

Durant  toute  la  durée  de  l'opération,  le 
malade  resta  dans  l'anesthésie  la  plus  par- 
faite. 

Apr^^s  Topéralion,  les  lambeaux  furent 
simplement  appliqués  sur  la  plaie,  et  l'on 
introduisit-une  grosse  canule  dans  la  tra- 
chée. La  fièvre  fut  modérée;  elle  avait 
cessé  le  28  juillet* 

Le  cancer  avait  envahi  l'os  hyoïde,  Tépi- 
glotte  et  la  partie  supérieure  du  larynx. 
La  face  interne  des  cartilages  cricoïde  et 
thyroïde  était  également  atteinte,  depuis 
la  partie  supérieure  de  l'espace  compris 
entre  le  larynx  et  la  base  de  la  langue. 
{Ibid.) 


De  la  luxation  du  pouoe  enf arriére.  — 

M.  Tillaux  fait  l'analyse  d'un  travail  fort 
important  de  M  Farabeuf  sur  ce  sujet. 
L'auteur,  ayant  produit,  sur  plus  de  cent 
cadavres,  la  luxation  du  pouce  en  arrière 
et  ayant  fait  une  dissection  minutieuse  de 
toutes  les  parties  qui  avoîsineut  Tariicu- 
lation,  est  arrivé  à  celte  conviction,  que 
l'obstacle  à  la  réduction  tient,  non  pas  aux 
mu.«cles  et  aux  ligaments,  mais  bien  à  l'in-. 
terponition  entre  les  surfaces  articulaires 
de  l'os  sésamoïle  externe  qu'embrasse  le 
ligament  glénoïdien.  Cette  luxation  peut, 
d'après  91.  Farabeuf,  présenter  trois  varié- 
tés :  dans  la  première,  qu'il  appelle  luxa- 
tion incomplète,  la  phalange  seule  est  luxée 
et  il  n*y  a  pas  de  déplacement  des  os  sésa- 
moïdes  ;  la  luxation  dite  des  collégiens  en 
est  un  exemple.  La  seconde  variété,  la 
luxation  complète^  est  caractérisée  par  le 
déplacement  des  os  sésamoïd(*$  qni  sont 
montés  sur  le  dos  du  métacarpi«*n.  Enfin, 
la  luxation  complexe,  qui  constitue  la  troi- 
sième variété,  n'e>t  qu'une  transformation 
de  la  seconde  ;  elle  peut  être  le  résultat 
d'un  traumatisme  complexe,  mais  le  plus 
souvent  elle  est  produite  par  des  tractions 
qui  sont  exercéçs  pour  la  réductinii  du 
pouce,  soit  par  le  malade,  soit  par  le  chi- 
rurgien. Eu  rabattant  le  pouce,  on  ne 
ram«^ne  pas  en  place  l'os  sésamoï  le,  on  ne 
fait  que  le  retourner  dans  la  position  vi- 
cieuse qu'il  a  prise  ;  pour  que  la  réduction 
fut  possible,  il  faudrait  produire  entre  les 
surfaces  articulaires,  phaiangienne  et  mé- 
tacarpienne, un  écart  supérieur  à  la  lon- 
gueur de  l'os  sésamoïle,  ce  que  rendent 
Impossible  les  ligaments  latéraux. 


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Cette  luxation  peut  cependant  être  ré- 
duite à  Taide  de  certaines  manœuvres, 
M.  .Faraljeuf  commence  d'nbord  par  reitres- 
ser  le  ponce,  puis  dans  cette  position  per- 
pendiculaire au  métacarpien  qu'occupe  la 
phalange,  il  sdisil  celte  dernière  et,  grâce 
à  elle,  repouss*^  le  Itgainent  glénoïdien  et 
son  os  sésarnoîdc  jusqu'à  ce  que  les  deux 
surfaces  articulaires  soient  en  contact.  11  a 
du  reste  imaginé,  à  cet  effet,  une  pince  qui 
lui  permet  de  prendre  un  point  d*appui 
plus  solide  sur  la  phalange. 

M.  Le  Fort  fait  observer  que,  dans  les 
cas  où  la  luxation  est  ancienne,  la  réduc- 
tion n'est  possible  qu'après  la  section  du 
ligament  latéral  ext<'rne. 

{Bulletin  général  de  thérapeutique.) 


GruérSson  d'un  anévrysme  poplité  par 
oooipresffio*  au  moyen  de  la  bande  d'Es- 
maroh.  -  Un  homme  de  Irente^sept  ans 
avait  un  anévrysme  de  Tartère  poplitée 
gauche,  sacciforme,  de  volume  considé- 
ble,  animé  de  fort»  battements  et  survenu 
depuis  trois  semaines,  à  la  suite  d'un 
effort. 

La  flexion,  puis  la  compression  mécani- 
que au  pli  de  Taine,  en  deux  points^  n'ayant 
amené  aucune,  amélioration  le  docteur 
Walter  Reid  se  décida  à  employer  le  pro- 
cédé dit  d'Esmarch,  pour  produire  Tisché- 
mie  des  membres. 

Le  H  septembre  il  roula  la  bande  élas- 
tique depuis  Texl rémité  des  orteils  jusque 
vers  le  tiers  inférieur  de  la  cuisse,  en  ayant 
soin  de  ne  pas  serrer  au  niveau  de  Tané- 
vrysme,  pour  n'y  pas  déterminer  de  com- 
pression. Puis  il  relira  la  bande  de  bas  en 
haut,  jusqu*au  dernier  tour,  qu'il  laissa  en 
place.  La  circulation  était  complètement 
arrêtée  au-dessous  du  lien;  le  membre 
avait  une  pâleur  cadavérique  et  la  tempé- 
rature baissa  peu  à  peu;  t'anévrysme  avait' 
son  volume  ordinaire  et  ne  battait  plus. 
Au  bout  de  cinquante  minutes,  le  malade 
accusant  des  douleurs  vives  au-dessus  du 
siège  de  la  constriction,  on  appliqua  un 
«  compresseur  de  Carte  >  sur  l'artère  h 
l'arcade  du  piibis,  et  on  enleva  la  bande  de 
caouiehouc.  Quelques  minutes  après  on 
enleva  le  compresseur  lui-même;  l'ané- 
vrysme  ne  battait  plus,  et  plusieurs  petits 
vaisseaux  animés  de  fortes  pulsations  se 
montraient  autour  du  genou  indiquant  que 
la  circulation  collatérale  était  en  bonne 
voie  de  formation.  Néanmoins,  on  laissa  le 
compresseur  en  place  jusqu'au  lendemain 


soir,  en  permettant  au  malade  de  l'enlever 
de  temps  en  temps.  On  ne  sentit  plus  de 
pulsations  dans  la  tumeur,  qui  commença 
à  diminuer  de  volume  les  jours  suivants. 
La  guéri>on  parut  assurée.  Il  n'y  eut  pour 
tout  accident  qu'uno  sensation  d'engour- 
dissement dans  les  trois  derniers  orteils  et 
quelques  douleurs  intermittentes  dans  le 
côté  externe  de  la  jambe. 

L'auteur  s*applaudit  de  st>n  procédé,  qui 
détermine  en  peu  de  temps  la  coagulation 
du  sang  resté  dans  le  sac  au  moment  de  la 
compression.  La  détermination  exacte  de 
ce  temps  sera  à  rechercher  par  des  faits 
ultérieurs. 

Il  est  prudent  aussi  de  lai<iser  un  com- 
presseur en  place  après  avoir  enlevé  la 
bande  élastique,  enfin  de  ne  pas  exposer 
les  caillots  nouvellement  formés  à  être 
chassés  par  le  courant  sanguin. 

(Ibid.) 


Greffe  dermique.  —  Pour  que  cette 
greffe  donne  de  bons  résultats,  il  faut  que 
la  surface  sur  laquelle  on  l'applique  soit 
bien  granuleuse.  M.  Ollier  emploie  des 
lambeaux  larges  de  cinq  à  six  centimètres 
et  comprenant  toute  l'épaisseur  de  la  peau  ; 
ils  adhèrent  rapidement  et  deviennent  vas- 
culaires  dès  le  secoiid  jour.  Ces  lambeaux 
peuvent  être  pris  sur  des  membres  amputés 
ou  sur  des  sujets  ayant  succombé  à  une 
mort  violente  ;  enlevés  huit  heures  après 
la  mort,  ils  ont  encore  pu  reprendre.  Ils  hâ- 
tent la  cicatrisation  non-seulement  lorsqu'ils 
se  conservent  intégralement,  mais  aussi 
lorsqu'ils  se  résorbent,  ce  qui  arrive  sou- 
vent. Les  petits  lambeaux  moindres  qu'un 
centimètre  carré  sontd'un  emploi  beaucoup 
moins  ulîle.  Lorsque  l'on  veut  employer  la 
greffe  dans  les  auloplasties,  pour  éviter  la 
rétraction  des  partiej,  il  est  important  de 
le  faire  de  très-bonne  heure,  alors  que  le 
tissu  inodulaire  n*est  pas  encore  formé. 
«.        {Journal  de  méd.  et  de  chir,  pratiq,) 


Dénu dation  de  la  carotide  primitive. 

—  M.  Verneuil  rapporte  le  fait  suivant  au 
nom  de  M.  Nepveu.  Un  homme  très  vigou- 
reux était  atteint  d'un  énorme  lympliado- 
nôme  du  cou.  dont  on  lui  fit  l'ablation  avec 
le  galvano- cautère  et  Técraseur.  Après 
cette  opération,  la  carotide  se  trouva  dé- 
nudée sur  une  étendue  de  trois  centimè- 
tres ;  cependant  le  mala<le  alla  bien  jusqu'au 
treizième  jour  où  survint  unehémorrhagie. 


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557 


Celle-ci  fiit  d'abord  arrêtée  par  la  compres- 
sion digitale  à  la  suite  de  laquelle  survint 
une  hciiiiplègie  avec  état  (riiébétudc  pro- 
foude^  puis,  par  Tapplication  de  pinces  hé- 
noostaiiques  sur  le  vuissrau.  Le  malade 
mourut  un  jour  après,  et  à  Taiitopsie,  on 
trouva  un  petit  caillot  au-dessus  de  la  pince 
et  un  autre  dans  la  carotide  interne  au  mo- 


ment où  elle  traverse  le  rocher.  Il  est  proba- 
ble que  lé  cadiot  s'ciait  df^tyçhéau  moment 
où  on  faisait  la  compression  digitale.  Aussi^ 
iVl.  Verneuil  conr.hil-il  que  dans  les  cas 
de  dénudalion  éten<lue  de  la  caroli<le  pen- 
dant une  opération»  il  est  préférable  d'en 
pratiquer  immédiatepent  la  ligature.  . 

{Ibid.) 


Chimie  médicale  et  pharmaceutique. 


De  la  putréfaetion  produite  par  les 
bactéries  y  en  présence  des  nitrates  alca- 
lins ;  par  M.  MEUSEL.  —  On  a  admis  jus- 
qu'ici que  la  préseuce  des  nitritcs  dans  cer- 
taines eaux  naturrlles  est  due  à  une  oxy- 
dation de  Tammoniaque. 

J*ai  rencontré  récemment  une  eau  qui, 
fraîche,  ne  présentait  pas  traces  d'ammo- 
niaque ni  même  de  nitrites.  et  qui,  après 
quelque  temps,  manifestait  la  présence  ties 
nitrites.  Comme  elle  ne  contenait,  à  Tétat 
frais,  aucune  autre  combinaison  azotée  que 
Tacide  nitrique,  je  ne  pus  attribuer  la  pré- 
sence des  nitrites  qu'à  une  réduction  <le 
Taeide  nitrique  lui-même.  Cette  réduction 
était  produite  par  les  animalcules  connus 
sous  le  nom  de  bactéries,  que  je  pus  ob- 
server au  microscope  :  aussi  la  réduction 
cessa-t-elle  dès  que  j'njnutai  à  cette  eau  de 
l'acide  phéniqur,  salicylique  ou  benzoïque, 
de  l'alun  ou  même  du  sel  de  cuisine  en  so- 
lution concentrée. 

Pour  vérifier  le  fait^  j'eus  recours  aux 
expériences  suivantes  : 

Je  pris  d'iibord  de  l'eau  pure  qui  ne  con- 
tenait que  quelques  bactéries,  et  j'y  ajoutai 
des  nitrates  alcalins  :  je  n'observai  point 
de  réduction.  J'ajoutai  alors  différents 
corps  organiques,  comme  de  l'acide  oxa- 
lique, citrique,  tartrique,  etc.  ;  la  réduc- 
tion fut  si  lente,  qu'elle  n'était  presque 
pas  manifeste. 

Le  phénomène  fut  tout  autre  lorsque,  au 
lieu  de  combinaisons  acides,  j'introduisis 
des  corps  organit|ues  du  groupe  des  hydra- 
tes de  carbone,  tels  que  la  matière  amyla- 
cée, la  cellulose,  les  sucres,  etc.  La  pré- 
sence de  différentes  espèces  de  sucre  pro- 
duisit surtout  une  réduction  rapide  :  cette 
réduction  cessa  dès  que  j'ajoutai  de  l'acide 
phénique,  de  l'acide  salicylique,  etc. 

De  l'eau  récemment  distillée,  mêlée  avec 
du  sucre  et  des  nitrates  alcalins,  puis 
chauffée  dans  un  ballon  dont  le  col  fut 


fermé  à  la  lampe  pendant  l'ébullition, 
n'offrit  aucune  réduction,  même  après'des 
semaines  entières  :  il  y  avait  absence  de 
bactéries. 

Je  crois  pouvoir  formuler,  dès  mainte- 
nant, les  conclusions  suivantes  : 

1°  La  présence  des  nitrites  dans  l'eau 
ordinaire  est  due  à  la  présence  des  bacté- 
ries, lorsque  cette  eau  contient  des  nitrates 
et  des  corps  organiques,  principalement 
du  sucre,  une  matière  amylacée,  de  la  cel- 
lulose, etc. 

2"  Les  bactéries  sont  les.  agents  de 
transmission  de  l'oxygène,  même  lorsqu'il 
est  engagé  dans  une  combinaison  chimi- 
que :  c'est  probablement  à  catise  de  la  con- 
sommation d'oxygène  qu'ils  effectuent  que 
ces  animalcules  sont  si  dangereux  pour 
l'homme. 

3**  Les  nitrates  sont  utiles  comme  en- 
grais, non-seulement  par  l'azote  qu'ils 
contiennent,  mais  aussi  par  l'oxygène  à 
l'aide  duquel  les  bactéries  détruisent  la 
cellulose. 

4^  Il  y  a  là  sans  doute  aussi  l'indication 
d\\n  nouveau  point  de  vue  auquel  on  peut 
envisager  l'étude  de  la  putréfaction  des 
végétaux.    [Journ.  de  pharm.  et  de  chim.) 


Sur  la  localisation  de  l'arsenic  dans 
les  divers  tissus  des  animaux  empoi* 
sonnés;  par  M.  SCOLOSUBOFP,  de  Mos- 
cou.  —  Il  résulte  des  expériences  de  ce 
savant  que  l'arsenic,  loin  de  se  localiser 
dans  les  muscles,  se  condense  tout  spécia- 
lement dans  le  tissu  nerveux  et  qu'il  n'en- 
vahit que  consécutivement  le  foie  et  les 
muscles. 

Les  recherches  ont  été  faites  sur  des 
chiens,  des  lapins,  des  cobayes,  des  gre- 
nouilles. Les  animaux  en  expérience  pre- 
naient leur  nourriture  ordinaireadditionnée 
d'un  volume  connu  de  solution  titrée  d'ar- 


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!^»8 


REVIJK  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


séniate  de  soude.  M.  Scolosuboff  a  remar- 
qué que  les  chiens  peuvent  ab^^urber  impu- 
nément des  quantités  énormes  d'acide  arsé- 
nienx  qui  .sont,  pour  nn  mémo  poids 
d'animal,  inofifensives  h  des  doses  de  quinze 
à  dix -huit  fois  plus  fortes  que  les  doses 
mortelles  pour  Thomme. 

Pour  retirer  Tarsenic  des  tissus,  Tauteur 
a  eu  recours  à  la  nouvelle  méthode  qui  a 
été  indiquée  récemment  par  M.  A.  Gau- 
tier. Elle  consiste,  on  le  sait,  à  dissoudre 
la  matière  organique  dans  Tacide  nitrique 
mêlé  d'un  peu  d'acide  snlfurique,  à  dessé- 
cher presque,  à  ajouter  alors  un  peu 
d'acide  sulfurique,  a  chauiïer  jusqu'à  ce 
que  les  vapeurs  d'acide  sulfurique  com- 
mencent à  se  dégager,  et  à  ajouter  alors, 
-goutte  à  goutte,  de  l'acide  azotique  pur. 
Cela  fait,  on  chauffe  jusqu'à  commence- 
ment de  carbonisation,  et  l'on  épuise  le 
tout  par  IVau  bouillante  ;  la  liqueur,  traitée 
à  chaud  et  longtemps  par  rhydro<;rne  sul- 
furé, laisse  précipiter  le  sulfure  d'arsenic, 
que  Ton  transfornie  par  les  moyens  ordi- 
naires en  acide  arséniqué  et  qu'on  verse 
dans  l'appareil  de  Marsh. 

C'est  surtout  dans  la  substance  nerveuse 
que  se  concentre,  avons-nous  dit,  le  poison. 
Ainsi,  chez  le  chien,  la  quantité  d'arsenic 
retirée  de  100  grammes  de  muscles  frais 
étant  égale  à  1,  celle  de  100  de  foie  égale 
10,8;  celle  de  100  de  cerveau,  56,5;  celle 
de  100  de  moelle  égale  37,3. 

Les.  résultats  sont  plus  frappants  peut- 
être  dans  les  empoisonnements  aigus.  On 
les  obtenait  en  injectant  sou.<  la  peau  de 
l'animal  des  doses  connues  d'arséniate  de 
soude. 

L'arsenic  se  localise  donc  tout  spéciale- 
ment dans  le  tissu  nerveux  des  animaux 
empoisonnés,  et  dans  les  empoisonnements 
aigus,  qui  sont  les  plus  fréquents,  l'expert 
légiste  devra  r^-chereher  ce  mélalloïde  sur- 
tout dans  le  cerveau  des  victimes,  le  foie, 
quand  les  accidents  ont  été  très-rapides, 
pouvant  quelquefois  n'en  point  contenir. 

D après  M.  Scolosuboff.  c'est  parTaclion 
des  centres  nerveux  sur  les  organes  péri- 
phériques que  doivent  s^expliquer,  chez 
les  individus  .soumis  aux  arsenicaux,  l'atro- 
phie et  la  paralysie  musculaire.  ain.si  que 
les  aberrations  de  sensibilité  que  Ton  ob- 
serve surtout  sur  les  extrémités  des  sujets 
soumis  à  Tact  ion  de  ce  terrible  poi.son. 

La  localisation  de  l'arsenic  diins  le  tissu 
nerveux  pourrait  s'expliquer  peut-être  par 
la  substitution  de  ce  métalloïde  au  phos- 
phore dans  les  lécitbines  cérébrales,  {ibid,) 


Note  sur  la  nanîère  4e  séparer  la 
oholestérine  des  matiéret  grasses  ;  par 
M.  A.  COMMAILLE.  —  On  éprouve  de  la 
dilBculté  à  séparer  la  chole.>«térîn!'  des  ma- 
tières  grasses.  On  lit  souvent  dans  les  ana- 
lyses :  «  Matières  grasses  et  ^holc^térine,  s 
parce  qu'on  n'a  pas  pu  isoler  celle-ci  de 
celles-là.  Voici  un  procédé  qui  m'a  parfai- 
tement réu*<si.  Il  est  basé  sur  la  propriété 
que  possède  la  choleslériae  de  résister  à 
l'action  des  alcalis  même  concentrés  et 
bouillants. 

J^avais  à  rechercher  si  la  matière  hui- 
leuse extraite  d'un  foie  malade  ne  conte- 
nait pas  de  clndcstérine;.  matière  qui  avait 
été  enlevée  à  Taide  de  l'éiher  ordinaire  et 
qui  se  dissolvait  entièrement  dans  l'alcool 
à  85». 

Pour  enlever  la  cholestérine,  j'ai  sapo- 
nifié la  matière  grasi^e  par  la  soude  caus- 
tique et,  après  refroidissement  et  dissolu- 
tion de  .la  masse  savonneuse  dans  Tcau, 
j'ai  agité  avec  de  l'éther.  Celui  ci,  séparé 
et  évaporé,  a  donné  de  nombreuses  lames 
de  choleslérine. 

La  séparation  de  ces  substances,  souvent 
très-difficile,  devient  ainsi  des  plus  nettes. 

(Ibid.) 


Note  sur  le  dosage  de  la  caféine  et  la 
solubilité  de  cette  substance  ;  par  M  A. 
CO>LM AILLE.  —  Le  dosage  de  la  caféine 
a  présenté  Jusqu'ici  une  certaine  difficulté. 
J'ai  obtenu  des  résultats  excellents  et 
prompts  de  la  manière  suivante. 

J'opère  sur  5  grammes  seulement  de 
poudre  de  café,  passée  au  tamis  de  soie 
n"  60.  La  poudre  est  intimement  mêlée  à 
i  gramme  de  magnésie  calcinée;  avec  ce 
mélange,  je  forme  une  pâte  presque  ferme, 
qui  devient  de  suite  jaune,  puis  verte,  au 
contact  de  l'air;  cette  pâte  est  ab.mdonnce 
pendant  vingt -quatre  heures.  On  l'étalé 
alors  sur  une  soucoupe,  qui  est  placée  sur 
l'eau  bouillante  :  en  très-peu  de  temps, 
on  a  une  masse  solide  qu'on  triture  et 
tamise.  Cette  poudre  verte  est  introduite 
dans  un  petit  ballon  et  traitée,  comme  l'in- 
dique Lieventhal,  à  trois  reprises,  par  du 
chloroforme  anhydre  (100  grammes,  en 
trois  fois,  suffi.^ent  pour  l'épuisement), 
qu'on  porte  à  rébul|ilion  pendant  une 
demi  heure  chaque  fois,  en  plongeant  le 
ballon  dans  de  l'eau  maintenue  chaude. 
Le  chloroforme  reflue  dans  le  ballon,  en 
employant  simplement  le  réfrigérant  de 
Liebig  rempli  d'eau  et  relevant  Textréaiité 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CKITIQUE. 


559 


«pposée  à  celle  où  est  attaché  le   ballon. 

La  liltralioii  du  chlorofonue  pofroMi  est 
des  plus  rapides.  Le  liquide,  parfaiiemont 
incolore,  est  reçu  dans  un  ballon  ayant  le 
col  de  même  diamètre  que  celui  qui  a  svrvi 
à  rè|)ui>emont,  afin  qu'il  puisse  s*adap(er 
aisément  au  bouchon  flxé  aii  réfri<{érant. 
On  ttistille  le  chloroforme  en  abaissant 
•  rextrémité  qui  éiait  primitivement  relevée. 

Quand  le  cidorurorme  esl  évaporé,  on 
détache  le  ballon,  <'t  l'on  chasse  h's  der- 
nières parties  du  liquide,  en  introduisant 
dans  le  goulot,  la  douille  d*un  soufflet, 
qu*on  fait  jouer  en  maintenant  le  ballon 
dans  l'eau  bouillante.  Il  reste  une  matière 
à  peine  colorée,  assez  volumineuse,  formée 
de  maiière»i  grasses  et  cireuses  et  de  caféine, 
qui  crislalll,se  sur  les  p:irols  du  ballon  et 
présente  à  la  loupe  de  longues  ai;;uilles. 

On  verse  de  Peau  dans  ce  ballon,  et, 
pour  que  la  masse  grasse  se  détache  et  se 
délaie  facilement,  j'ajoute  iO  f^rammes  de 
verre  pilé,  livé  à  l'acMe  chlorhy«irique  et 
de  la  grosseur  de  la  poudre  qui  sert  à  sé- 
cher l'encre,  ce  qui  coupe  court  aux  re- 
proches de  Wurihner  sur  la  dilliculté  qu'on 
éprouve  à  épuiser  le  résidu  chloroformique 
de  la  caféine  qu'il  contient.  On  chauffe  ce 


mélange,  en  Tagitant  continuellement  sur 
la  flamme  d'une  lampe  à  alcool.  Quand 
Peau  entre  en  ébulliîion,  on  ferme  le  fla- 
con avec  du  liège,  et  l'on  secoue  vigou- 
reusement. Les  parois  se  nettoient  parfai- 
tement et  souvent  toute  la  matière  grasse 
vient  s'agglutiner  au  verre  pilé,  en  produi- 
sant de  petites  boules.  On  jetie  sur  un 
filtre  mouillé  le  liquide,  qui  est  reçu  dans 
une  capsule  tarée  En  renouvelant  trois 
fois  l'aciion  de  IVan  bouillante,  on  enlève 
toute  la  caféine.  Eu  évaporant  l'eau  au 
bain  marie,  il  reste  de  la  caféine  blanche 
et  cristallisée,  qu'on  n'a  plus  qu'à  peser, 
après  l'avoir  séchée  convenablement.  J'ai 
dosé  ainsi  la  caféine  dans  8D  cafés,  appar- 
tenant à  p'.us  de  50  espèces. 

Solubilité.  —  Les  auteurs  ne  s'entendent 
pas  sur  la  solubilité  de  la  caféine.  Pfaff  la 
dit  insoluble  dans  l'éther;  mais  la  plupart 
des  auteurs  donnent  1/1 9i  pour  sa  solubi- 
lité dans  ce  liquide.  On  Ta  dit  soluble  dans 
98  parties  d'eau  et  97  d'alcool.  On  admet 
que  le  meilleur  dissolvant  est  le  chloro- 
forme. Les  chiffres  que  j'ai  obtenus,  avec 
la  caféine  très- blanche,  parfaitement  cris- 
tallisée, extraite  du  thé,  sont  résumés  dans 
le  tableau  ci -après. 


100  grammes 

deUauiile 

dissolV'  nt, 

ài.V  17»,  en  caféine 


CoefBeient  de 

solubilité, 

à  15'  17»  de  la 

cafél'Ue. 


100  grammes 

de  lii|iiideiiissolvent 

à  l'ébiillUion 

en  caréini'. 


Coefficient 
desolubitéà 
IVbuhiiion 
d<'  lacafd'iA 


Hyuiaiee.  Âuii)die.    Hydratée.     Aalijdre.    Hydratée.  Aiiuydre.    Hydrjiee.   Anuydre. 


Chloroforme.'  .  .  . 
Alcool  à  85».   .  .  . 

Eau  (il 

Alcool  absolu  .   .   . 
Etherdu  commerce. 

Sulfure  de  carbone. 

Eihcr  purifié  et  an- 
hydre   .  .  .  .   . 

Essence  de  pétrole. 


2,51 

1,47 

» 

0,!2i 


12,97 
2,30 
f,35 
0,61 
0,19 
0,0585 
0,0437 
0,0'25 


40 
1 
68 

» 

476 


7,72 

_[_ 

44,4 

J^ 

74,2 

1 
164,7 

1 
5-26 

J 
1709 

1 
2388 

I 
40U0 


»  19,02 

»  » 

49,73  45,55 

»  3,12 

»  0,454 

*  0,36 


2,01 
1 


5,25 

» 

1 
2,19 
J_ 
3â 


277 


Si  le  laeille'ur  dissolvant  de  la  caféine, 
h  froid,  est  le  chloroformé  à  rébùliition, 
l'eau  en  dissout  beaucoup  plus,  puisqu'à 
65  degrés  température  à  laquelle  je  me 
suis  arrêté,  faute  d'une  quantité  suffisante 
de  caféine,  niais  qui  se  rapproche  du  point 
d'ébullilion  du  chloroforme,  l'eau  dissout 

(1)  LVaa  était  à  65  degrés  et  non  bouillante. 


50  pour  100  de  caféine  et  le  chloroformé 
20  pour  100  environ.  On  voit  que  les 
nombres  qui  sont  indiqués  ici  diffèrent 
totalement  de  ceux  qui  sont  admis.  Ainsi, 
j'ui  trouve,  pour  solubilité  dans  l'eau, 
1/08  au  lieu  de  1/28;  pour  soluhililé  dans 
l'alcool,  1/164  au  lieu  de  1/97,  et  pour 
solubilité  dans  l'éther,  1/2288  au  lieu  de 
1/194.  Conformément  à  Topinion  de  Pfaff, 


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560 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


la  caféine  est  à  peine  soluble  dans  l'^ther 
pur.. Il  est  présuiuable  que  les  auteurs  ont 
opéré  avec  des  liquides  ou  des  caféines  im- 
pures. 

(Répertoire  de  pJiarmacie,) 


Sur  l'aotion  physiologique  du  cuivre 
et  de  tes  oomposët  sur  les  aoimaux  ;  par 
MM.  BURQ  et  DUCOM.  —  Dans  une  pre- 
mière noie  coiitniuniquée  à  la  Société  de 
pharmacie,  dans  sa  dernière  séanite»  nous 
avons  eu  l'honneur  d  exposer  sommaire- 
ment :  1<>  Taction  du  cuivre  mélaliiqne  et 
de  ses  oxydes  sur  les  chiens  ;  2"  Taction 
sur  les  mêmes  animaux,  des  aliments  con- 
servés dans  des  vases  de  cuivre  non  étajnés. 
Nous  venons  aujourd'hui  soumettre  à  la 
Société  le  résumé  de  nos  expériences  con- 
cernant l'aciion  sur  les  chiens,  des  sels  sp- 
lubles  di' cuivre. 

Nous  avons  essayé  l'action  des  sels  solu- 
bles  de  cuivre  sur  huit  chiens,  en  nous 
plaçant  dans  les  conditions  établies  dans 
notre  première  noie  ;  il  importe,  surtout 
ici,  de  dissimuler  aux  animaux  la  présence 
des  sels  de  cuivre  qu'on  leur  administre, 
car  ces  sels,  mélangés  simplement  aux  ali- 
ments, leur  communiquent  une  saveur  si 
désagréable,  que  les  chiens  les  refusent 
avec  opiniâtreté  et  ne  les  absorbent  qu'à  la 
dernière  extrémité. 

Les  sels  solubles  de  cuivre  que  nous 
avons  administrés  sont  :  le  sulfate,  Tacé- 
tate  neutre  et  le  chlorure  double  de  cuivre 
et  d*ammoniU(ii. 

Nous  résumerons  les  résultats  que  nous 
avons  obtenus  de  la  manière  suivante  : 

Les  sels  solubles  de  cuivre  donnés  aux 
chiens  progressivement,  depuis  la  dose  de 
10  centigrammes  jusqu'à  4  graumie  par 
jour,  sont  facilement  tolérés  et  n'amènent 
en  général  aucun  accid^?nt  ;  lorsqu'on  dé- 
passe la  dose  de  1  gramme  et  qu'on  Téiève 
à  2,  5,  i  grammes  par  jour,  les  animaux 
sont  encore  bien  portants  et  ils  mangent 
bien  leur  pâtée;  mais  le  plus  souvent,  au 
bout  d'une  heure  ou  deux,  ils  vomissent 
une  partie  plus  ou  moins  importante  de 
leur  ration  ;  on  peut  néanmoins  continuer 
le  plus  souvent  à  leur  fiire  prendre,  dans 
ces  conditions,  ^,  3  et  4-  grammes  de  sel 
de  cuivre  par  jour;  mai:»  il  arrive  un  mo- 
ment où  les  chiens  refusent  obstinément  le 
bol  enivré  d'aburd,  puis  la  pâtée  qui  ne 
contient  pas  de  cuivre;  ils  maigrissent 
alors  rapidement,  et  finissent  par  succoni  - 
ber  au  bout  de  quelques  jours  sous  l'in- 


fluence évidente  du  régime  auquel  ils  oot 
été  soumis. 

Dans  nos  premières  expériences,  sur  six 
chiens  soumis  à  faction  des  sels  sol u blés 
de  cuivre,  trois  ont  succombé,  deux  après 
avoir  pris  de  l'acétate  neutre,  le  troisiènbe 
après  avoir  pris  du  chlorure  de  cuivre  et 
d'ammoniurii  ;  les  trois  autres,  trés-amai- 
gris,  ont  été  pendus  pour  être  soumis  à 
l'autopsie. 

Dans  une  nouvelle  série  d'expériences 
portant  sur  deux  chiens,  et  qui  dure  en- 
corCrnous  sommes  arrivés  progressivement 
à  donner  à  chacun  d'eux,  4  grammes  de 
sulfate  de  cuivre  par  jour  ;  ils  vomissaient 
plus  ou  moins  abondamment  chaque  jour, 
mais  ils  ne  paraissaient  pas  malades,  et 
après  ai'oir  pris  du  8  au  31  juillet  1875, 
le  premier  23  gr.,  60,  le  secon>i  27  gr.,  50 
de  sulfate  de  enivre,  ils  avaient  conservé 
leur  gaieté  et  leur  appétit^  remis  à  leur 
régime  ordinaire  depuis  le  l«'août,  ils  pa- 
raissent être  aujourd'hui  dans  un  état  de 
santé  parfaite. 

Ajoutons,  en  terminant,  que  dans  les 
viscères  des  douze  chiens  mis  en  expé- 
rience dans  la  première  phase  dé  notre 
travail,  nous  avons  constaté  la  présence 
d'une  quantité  mttable  de  cuivre  (f  ). 

[Journal  de  pharmacie  et  de  chimie.) 


De  quelques  propriétés  du  peroblo- 
rure  de  fer;  par  M.  le  docteur  Hbnri 
ALMÉS.  —  L'auteur  attribue  au  distingué 
chimiste  Carlo  Pavesi  la  constatation  i\es 
propriétés  qu'il  signale  et  qu'il  a  vérifiées 
par  ses  propres  expériences. 

I"  Le  perchlorure  de  fer  préserve  de  la 
putréfaction  la  viande  et  le  poisson  qui  ont 
été  plongés  dans  une  solution  étendue  de 
ce  sel  et  qui,  ensuite,  exposés  à  l'air,  se 
durcissent  et  se  conservent  exempts  de 
mauvaise  odeur. 

2"  Une  petite  quantité  de  perchlorure 
de  fer  dans  du  lait  en  précipite  la  caséine 
et  conserve  le  sérum  et  le  beurre  contre 
toute  décomposition  pendant  très 'long- 
temps. 

3*  L'urine  additionnée  d'une  petite  pro- 
portion de  perchlorure  de  fer  donne  immé- 
diatenient  un  dépôt  blanchâtre,  et,  bien 
qu'elle  reste  exposée  à  l'air,  le  dédoubte- 

(1)  Des  expériences  semblables  suivies  de  ré- 
sultats ana'ugues  aviiienl  été  <lcjù  Tailes  et  pu- 
b.iée^  il  y  H  plus  de  15  ans  par  M  le  doclsur 
Ë.  Pelikan  de  Saiot-Pélersbouig. 

Dr  T.  0.  rORPUT. 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


561 


ment  de  Turéc  en  ammoniaque  se  trouve 
empêché  el  le  liquide  se  iiiaîu^ient  ino- 
dore. 

4°  Le  sang  récemment  extrait  de  la 
veine  et  additionné  d'un  pou  de  perchlo* 
rure  de  fer  forme  imméiliatcment  un  coa- 
gulum  épais,  et  expoé  à  Tair,  il  se  con> 
serve  exempt  de  fermenlaiion  putride. 

tt"  Les  graines  des  céréales  qui  ont  subi 
pendant  douzv  heures  une  immersion  dans 
le  perchlorure  de  fer  sont  inaptes  à  la  ger- 
minatiitn. 

6"  Une  solution  de  perchlorure  de  fer  à 
laquelle  on  ajoute  de  Tammoniaque  pur. 
en  excès,  donne  un  précipité  Je  peroxyde 
de  fer  avec  déj^agement  d^ammoniaque. 
Il  se  forme,  outre  le  précipité  de  peroxyde 
ferrique,  de  l'hydrocldorate  d*ammoniaque 
qui  reste  en  solution  et  dont  Podeur  se  fait 
sentir  jusqu'à  ce  q.ie  l'excès  d'ammouiaque 
soit  neutralisé  par  le  perchlorure. 

7«  La  solution  de  perchlorure  de  fer 
versée  sur  un  papier  imprégné  d'iodure  de 
potassium  donne  trcs-promptement  la  co- 
loratiun  bleue,  sur  le  papier  imprégné  de 
teinture  de  gaî:ic  Iq  coloration  azurée.  Ces 
réactions  sont  produites,  selon  l'auteur,' 
par  Tozone  ou  oxygène  mo  lifîé  qui  exerce 
une  grande  influence  hygiénique  sur  l'or- 
ganisme anim  il  en  le  préservant  des  mias- 
mes contagieux  de  plusieurs  maladies  infec- 
tieuses. 

8»  La  graine  de  moutarde  et  les  amandes 
anièrcs  réduites  eji  pâle  et  mises  en  con-. 
tact  avec  le  perchlorure  de  fer  perdent  la 
faculté  de  produire  Thuile  essentielle  qui 
leur  est  propre. 

0»  La  solution  de  perchlorure  mêlée  à 
la  farine  de  froment  et  au  levain  empêche 
la  fermentation  panaire;  mêlée  au  moàt 
de  raisin  elle  empêche  la  fermeutaiion 
vineuse  ;  mêlée  au  miel  ou  au  sucre,  elle 
prévient  la  fermentation  alcooliifue. 

40"  Le  perchlorure  de  fer  mêlé  au  mer- 
cure métallique  et  à  Taxonge  destinés  à 
faire  de  la  pommade  mercurlellr:  donne  en 
moius  d'un  quart  d'heure  de  trituration  un 
onguent  hyilrapgyrique  très  bien  fait. 
C'est  une  méthode  artificielle  à  employer 
pour  obtenir  cette  préparation  en  très- peu 
de  temps. 

La  médecine  et  la  chirurgie  ont  dans  le 
perchlorure  de  fer  un  médicament  qui 
non-seulement  est  un  hémostatique,  un 
astringent  et  un  anti  fermcni.itif,  mais  qui 
de  plus,  est  antiseptique,  reconstituant  et 
désinfectant,  i/auteur  le  recommande  à  ces 
divers  titres  dans  le  traitement  des  plaies 


et  généralement  contre  toutes  le»  maladies 
internes  infectieuses. 

{Journal  de  pharmacie  d'Anvers.) 


Sur  la  pilooarpîne  et  sur  l'etsenoe  de 
Pilooarput  pîanatut  (jaborandi);  par 
M.  le  docteur  Ernest  HARDY.  —  Les 
feuilles  et  les  tiges  du  Pilocarpus  pinnatus 
contiennent  un  alcaloflé,  1j  pilocarpine, 
qui  donne  à  celte  plante  ses  propriétés 
physiologiques  et  thérapeutiques  particu- 
lières, une  essence,  el  divers  sels  qui.  n'ont 
poi'it  été  examinés.  La  meilleure  manière 
pour  obtenir  la  pilocarpine  consiste  a  faire 
une  infusion  des  feuilles  de  la  plante,  éva- 
porer en  consistance  sirupeuse,  mélanger 
avec  un  excès  de  magnésie,  évaporer  à  sec, 
reprendre  le  mélange  parle  chloroforme; 
on  reprend  par  l'eau  ;  on  évapore  le  chlo- 
-roforuie  en  plaçant  la  solution  dan<«  le  vide  ; 
l'eau  se  <léga:;e  et  on  obtient  la  pilocarpine 
libre,  sous  une  forme  sirupeuse,  soluble 
dans  l'eau  et  dans  l'alcool,  et  donnant, 
avec  les  acides  chlorhydrique,  azotique, 
sulfuriqiie,  des  sels  cristallisés. 

So<imises  h  la  ilislillalion  avec  de  l'eau, 
les  feuilles  du  PUocnrpus  pinnatus  fournis- 
sent une  essence  qu'il  est  facile  de  recueil- 
lir dans  un  récipient  florentin.  Dix  kilogr. 
de  feuilles  ont  donné  56  grammes  «l'essence 
brute.  Celte  essence  a  une  composition 
complexe;  elle  renferme  un  carbure  d'hy- 
drogène bouillant  à  I7S  degrés,  une  sub- 
stance passant  à  ilSO  et  un  troisième  produit 
qui  distille  à  une  température  plus  élevée, 
et  se  prend  après  quelque  temps  en  une 
masse  solide,  incolore  et  transparente  ;  ces 
deux  derin'ères  matières  n'ont  pas  été  l'ob- 
jet d'études  ultérieures. 

Le  carbure  d'hydrogène  bouillant  à  178 
degrés,  le  pilocarpènC;  est  un  liquide  in- 
colore^ transparent,  mobile,  d'une  odeur 
spéciale,  as*«ez  agréable,  plus  léger  que 
l'eau  ;  sa  densité  à  18  degrés  est  de  0,85:2, 
il  dévie  la  lunn'ère  polarisée  à  droite,  son 
pouviur  rotatoirc  est  -h  1,21.  Sa  composi- 
tion correspond  à  la  formule  C"^H". 

Il  forme  avec  l'acide  chlorhydrique  un 
bichlorhydrate  solide,  et  un  bichlorhydrate 
liquide,  C"H*«2HCI  On  les  obtient  en  fai- 
sant passer  un  courant  d'acide  chlorhydri- 
que sec  dans  le  pilocarpène  libre  ou  mé- 
langé d'éther. 

Le  chlorhydrate  solide  est  un  corps  cris- 
tallisé, incolore,  transparent  fondant  à 
45^,5.  11  cristallise  immédiatement  quand 
on  ajoute  à  ses  solutions  saturées  un  crisial 

71 


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56^ 


BBVUB  ANALYTIQUE  £T  GAlTlQUfi. 


de  chlorhydrate  de  térébenthine;  ildonne, 
avec  les  solutions  de  perchloriirc  de  fer» 
la  coloration  succcssivemefit  rose,  ronge, 
bleue,  caractériNliquo  des  bichlorhydratcs. 
On  s'rsl  assuré  que  daus  la  réaction  il  ne 
se  produisait  pas  de  uiouochinrhydrale,  ou 
can)phre  artificiel.  l/cssenc«*  de  PiJocarpm 
pinnaius  prc.seni(^  bciiuroup  d*aiialogie  avec 
Tessence  de  cilron  ;  elle  ne  parait  pas  avoir 
d^action  physiologique. 

Je  remercie  MM  Rigault  et  Dusart  de 
Tobligcauce  avec  laquelle  ils  nroni  fourni  les 
n^atières  nécessaires  pour  ces  recherches. 

Ce  travail  a  été  fait  à  TEcolc  de  méde- 
cine, dans  le  laboratoire  de  M.  Jules  Ré- 
gna u i t .  ( Répertoire  de  pharmacie.) 


Sur  uinç  nouvelle  réaction  des  îodates 
et  dea  iodurei  ;  p.'ir  M.  CORNE.  -  Si  à 
une  solulion  d'un  iodate  dans  Teau  distillée- 
on  fijouie  de  Tcmpois  d'amidon  éi  quelques 
gouth'S  d*uuc  Ciiu  qui  a  séjourné  sur  du 
phosphore,  on  obtient  une  coloration  bjcue 
très- intense. 

H  m'a  paru  intéressant  de  reehrrcher  : 
1"  Si  celte  réaction  était  particulière  à 
rioilale,  ou  bien  si  «die  é^iit  le  résultat 
dNin  mélange  de  cet  iodale  avec  un  autre 
corps  ;  'Â"  qi.irls  étaient  les  corps  qui  pou- 
vaient empêcher  la  réar^tiou  de  se  pro- 
duire ;  5®  enfin  qntdic  est  la  composition 
de  celte  eau  phosphorée,  e.t  h  quel  éléuM'Ut 
1^  rcdurtion  «levait  être  attribuée.  El  c'est 
à,  ce  tti|de  point  de  vue  que  j  ai  réa.lisé  les 
expériences  suivantes. 

Après  avoir  préparé  de  Tiodat^e  chimi- 
quement pur  rt  de  Tiolure  égalemept 
exempt  di>  toute  impureté,  j'ai  pu  consta- 
ter que  riodate  au  contact  de  ramiilon  et 
dç  l'eau  plio>phorée  déyebippa^t  ipsianta- 
nément  la  coloration  bh-ue,  taD«lis  que  l'io- 
dure  placé  dans  les  méq^es  eopditioi^  pe 
donnait  pas  t,race  d([>  coloration. 

J'ai  mélangé  riodate  succe^siv.enxent  avec 
des  ari.les,  des  bM-'fs,  des  sels,  et  après 
avoir  opéré  coin  me  précé  leuimi»»t,  j'ai  pu 
nrassiirer  que  toutes  les  fois  que  les  agents 
çni|>loyés  n*a.vajeut  pas  fait  subir  «le  trans- 
formation à  riodate,  le  réactif  s'c^t  toiijt^iurs 
njpntré  tel  q^e  dans  la  réaction  pure. 

Je  me  suis  dei^andé  quel  était  le  cor;)sré-. 
dy/:teurqui  p(»uvait  mettre  l'iode  en  liberté. 
L'agent  principal  de  la  liqueur  ei»L  ce  que 
l'on  désigne  en  chimie  sous  le  nom  d  acide 
phosphulique  ;  c'est  un  composé  en  pro- 
portion inégale  et  variuble  d*acide  phos- 
pborique  et  d'acide  phosphoreux  ;  après 


avoir  constaté  que  Taeide  phoa^horique  ne 
produisait  pas  la  réaction,  tandis  que  r«- 
cide  phosphoreux  la  produisait  au  plus 
haut  degré,  j'en  ai  conclu  que  le  phéno- 
mène de  coloration  était  du  à  l'acide  phos- 
phoreux. 

Un  chimiste  italien,  M.  Pollacci»  pense 
que  lorsqu'on  met  une  lamelh*  de  phos- 
phore en  contact  avec  un  iodate.  la  réac- 
tion se  produit  ;  mais  ct-ttc  interprétation 
(\i*&  faits  ne  me  semble  pas  exacte.  En  effet, 
si  l'on  a  soin  de  mettre  dans  la  liqueur  un 
moiceau  de  phosphore  lavé  et  desséché 
dans  du  papier  Joseph,  aucune  réaction  ne 
se  produit  tout  d'abord,  mais  elle  a  lieu  à 
la  longue,  et  si  ce  chimiste  a  obtenu  im- 
médiatement la  coloration  bleue,  cela  tenait 
à  ce  qu'il  n'avait  pas  pris  les  prr>eautions 
que  je  viens  d'indiquer,  et  que  le  morceau 
de  phosphore  était  imprégné  d'eau  phos- 
phorée. 

J'ai  pu  vérifier  par  des  expériences  faites 
«vec  le  plu.s  grand  soin  que  le  réaoïif  pbos- 
pjia tique  est  san$  action  sur  les  bromates 
et  les  chJor.-ites. 

Son  action  sur  les  arséniAtes  est  égale- 
ment nuille. 

L'eau  phodphoréc  peut  égalcmciit  être 
utilisée  pour  la  recherche  «lies  iodures.  Ou 
sait  depuis  longtemps  que  si  Ton  ajoute 
quelques  goutter  d'une  s(dution  d'hypo- 
chlorite  à  un  mélange  d*ludure  etd'ami«loQ, 
ou  a  iuiDicd internent  une  roloratiou  bleue; 
rpais  dans  le  cas  où  il  y^  a  ewsès  d'hypo- 
chioritc,  la  coloratiun  n'est  que  pa*^sftgè«e 
et  dans  plusieurs  circonstances,  elle  peut 
même  ne  pas  se  produire.  J'ai  pu  cunsiater 
que  toutes  les  causes  d'erreur  potuvaient 
Cire  évitées  en  faisan.!  usagç  de  l'eau  pbos- 
pjl^orée  et  en  agissant  de  I9  w^J^nipre  sui- 
vante. On  preQd  la  liqueur  à  ana^&çr^  o« 
y  ajoute  quelques  gouttes  d'hypocblorite 
de  soude,  onfailbQuiJiir  pendant  quelques 
minuti!^;  rhypochlorite  transforme  î'io- 
dure  en  iodaie  q,ui  avec,  l'eau  pjifosphorée 
et  l'amidon  produit  U  coloration  bb'ue. 
Cette  manière  d'opéier  m'a  peniMH  de  dé- 
celrr  la  pnsen/ce  d'un,e  goutte  de  solution 
d'iodurc  de  potassium  au  i|.  Q  tlaiQ&  un 
Litre  d'eau.  Ce  réactif  m'a  pMru  plus  sen- 
sible et  plus  sur  que  tous  les  réaciiX».  am- 
ployés  ju,squ'aiors. 

{•lournfUi,  de  pharniwie  et  de  cAt.«iie«) 


QnaoUtéa  d'aaote  et  4*»gNa»onjaqma 
qonteQwef, d,aas  1|Bs  betl^ravai.j  par  MM, 
CHAMPION  et  PELiST,    ^    Oo    peut 


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RSVBB  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE 


563 


déduire  des  exp^mnces  des  auteurs  les 
eonci unions  suivantes  : 

i*»  Pour  un  incme  terrain  et  pour  une 
même  dose  «razote  dans  l'engrais,  l(>s  bet- 
teraves coniif'iinent  d'autunl  |dns  d'azote 
qu'elles  sont  plus  riches  en  sucre. 

2*  Pour  une  même  richesse  saccharine, 
les  betteraves  contiennent  d'autant  plus 
d'azote  que  Tengrais  était  plus  azoté. 

3*'  La  proportion  li'aiiimoniaque,  dans 
les  betteraves,  diminue  lorsque  la  richesse 
aujzmente. 

Ces  mêmes  relations  ont  lieu  pour  la 
canne.  (Ibid,) 


Sur  la  struetore  intérieure  du  grêlon 
ai  ton  mode  de  fornation  probable;  par 
M.  A  ROSENSTIEHL.  —  En  poursuivant 
si'S  études  sur  les  mouvements  de  Tatuio- 
sphère  terrestre,  M.  Paye  a  été  conduit  à 
s'occuper  de  la  formation  de  la  grêle.  La 
lecture  de  cet  expose  si  luride  me  rapp^^lie 
une  observation  que  j'ai  faite  sur  la  struc- 
ture «intérieure  du  grêlon,  et  qu'il  n'est 
peut  être  pas  sans  intérêt  de  faire  connaître 
aetueUemeHt  :  elle  vient  appuyer,  tians  sa 
partie  essentielle,  l'explication  donnée  par 
réminent  astronome. 

C'était  lors  ^i'un  orage  à  grêle,  qui  s'est 
déehargé  sur  Mulhouse,  le  19  mai  I87i, 
entre  une  et  drux  heures  de  l'après-midi.' 
Les  gréions  ét:ii4'nt  toiiibés  en  grande  abon- 
dance, et  en  peu  d'insianis.  le  sol  «k*  mon 
petit  jat-din  avait'été  couvert  d'une  couche 
de  grêle  qui,  par  places,  avait  10  centi- 
mètres d'épaisseur.  Les  grélotis  étaient  de 
plusieurs  dimensions;  le  plus  grand  nom- 
bre mesurait  lO  à  15  millimètres;  mais 
beaut;oup  avai<*nt  4  à  5  centimètres  de 
diamètre  C'est  la  seule  fois  que  j'aie  été 
témoin  d'un  orage  à  farcie  \  aussi  en  ai  je 
observé  quelques  déiaih  avec  un  vif  inté- 
rêt. Les  petits  gréions  étaient  sensiblement 
sphériques  ;  les  gros,  au  contraire,  étaient 
fortement  aplatis^  et  leur  surface,  loin 
d'être  unie,  élait  entièrement  couverte  de 
mamelons  d'au  moins  1  centimètre  de  dia- 
mètre ;  on  aurait  ilit  une  ag^^lootératlon  de 
petits  grêlorïs  :  c'est  là  l'impression  que 
produit  généralement  l'aspect  des  gros  grê- 
lons, et  on  la  trouve  énoncée  dans  la  plu  • 
part  des  orages  à  gréie;  mais  telle  n'est 
point  cependant  leur  structure  intérieure. 
Comme  j'avais  abandonné  plusieurs  beaux 
exemplaires  sur  le  plateau  d'une  balance, 
après  en  avoir  déterminé  le  poi<ls  moyen, 
qui  était  de  55  grammes,  il  arriva  que  la 


face  en  eontact  avec  te  méf al  conducteur 
du  plateau  fondit  plus  rapidement  que  ta 
face  opposée  ;  l'épaisseur  en  fut  réduite  de 
Oiottié,  de  sorte  que,  en  retuurnaht  les 
gréions,  j'eus  sous  les  yeux  une  coupe 
faite  par  leur  milieu,  coupe  à  surface  par- 
faitement polie  et  d'nn  fort  bel  aspect  ;  à 
première  vue  on  y  distinguait  des  cercles 
concentriques,  qui,  d'une  forme  presque 
régulière  vers  le  centre,  se  déformaient  en 
«'agrandissant  et  tendaient  à  devenir  paraN 
lèles  aux  cont<Mirs  ext»Mieurs  du  giêion. 
Les  zones  ainsi  limitées  étaient  d'une  opa- 
cité diffén-nte  ;  en  outre,  et  c  est  là  le  fait 
sur  lequel  je  désire  appeler  l'attention,  je 
reconnus  distînctem«'nt  des  fibres,  qui  par- 
taient d'un  noyau  intérieur  et  se  diri«reaient 
vers  la  circonférence  en  ligne  «Iroiiè, comme 
les  rayons  d'une  roiie  ;  ces  fib»'es  se  pro- 
longeaient dans  les  mamelons  cl  s'y  éta- 
laient en  éventail,  en  rayonnant  vers  l'ex- 
térieur. La  masse  entière  dp  grêlon  était 
ainsi  finement  fîhreuse. 

Il  résulte  d*abord  de  cette  description 
qu'il  try  a  fias  eu  agglomération  de  plu- 
sieurs petits  grêlons,  ainsi  que  l'aspect 
extérieur  pouvait  le  faire  croire,  mais  que 
le  gros  grêlon  ne  constitue  qu'un  seul  in- 
dividu. 

Avant  celle  époque,  j'avais  eu  assez 
fréquemment  l'occasion  de  répéter  les  ex- 
périences fondamentales  sur  les  solutions 
salines  sursH.turées  et  les  corps  à  l'état  de 
surfusion  ;  on  sait  que  si,  dans  un  pareil 
milieu,  on  introduit  subitement  un  germe 
cristallin  d'une  nature  appropriée,  on  voit 
partir,  de  ce  noyau  cninme  centre,  îles 
houppes  d'aiguilles  qui  s'élancent  dans 
toutes  les  directions  :  l'ensemble,  d'une 
forme  >phérique  ati  début,  se  déforme  ra- 
pi«lemrnt  à  meâure  que  lés  ai;ruilles  s'al- 
longent; peu  tl'instanls  avant  que  le  con- 
tenu liquide  du  vase  ne  soit  entièrcaiént 
pris  en  masse  solide,  faspeet  général  est 
celui  d'une  portion  de  sphère  a  surface 
mamelonnée.  L'analogie  entre  la  structure 
des  grêlons  et  eelie  d'une  masse  eristidline 
formée  dans  un  milieu  à  l'état  de  siirfu- 
sion  est  si  frappante,  qtte  je  considère 
cette  comparaison  comme  le  eonipléméirt 
de  la  description. 

Si  je  n'ai  pas  fait  connaître  plus  tôt  le 
résultat  de  mon  observation,  ce  n'était  pas 
la  difficulté  de  coneevoir  un  tiuage  en  état 
de  surfusron  :  s'il  est  possible  de  refroidir 
de  l'eau  liquide  à  10"  au-dessus  de  son 
point  de  congélation,  sans  qu'il  y  ait  chan- 
gement d'état,  n'est -il  pas  permis  de  croire 


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564 


REVUE  ▲NAITTIQUE  ET  CRITIQOË. 


que  la  temp<^ratiiré  d*un  nuage,  qui  est  un 
amas  de  fine  poussière  (Peau  en  suspension 
dans  Tair,  puisse  s*abnisser,  dans  ccrtaiusS 
cas,  de  manière  à  se  trouver  dans  cet  état 
si  propice  à  une  congélation  rapide?  La 
difficulté  résidait  dans  rimpossibilité  où 
j*étais  de  nie  ren«ire  compte  de  l'apparition 
subite  de  germes  cristallins  dans  le  sein 
d*un  nuage.  La  lecture  cte  la  dernière  com- 
munication de  AL  Paye  me  parait  montrer 
par  qurile. voie  cette  intro«iuction.  peut  se 
faire.  Que  Ton  se  figure,  au-dessus  d'une 
nappe  de  nuages  à  Tctat  de  surfusion,  des 
ciriîius  composés  de  fines  aiguilles  <<e  glace, 
ainsi  que  Péminent  académicien  le  décrit, 
et  entraînés  vers  le  bas  par  le  mouv<?ment 
tourbitlonnaire  qui  accompagne  les  orages; 
à  Tjnstant  même  où  les  aiguilles,  de  glace 
pénétreront  dans  le  nuage  refroidi,  la 
cristallisation  commencera  sur  toute  la  sur- 
facti  lie  contact  ;  autour  de  chaque  glaçon, 
quelque  petit  qu'il  soit,  comme  centre,  se 
grouperont,  dans  tous  les  sens,  des  fais- 
ceaux cristallins  dont  Tensemble  consti- 
tuera le  grêlon,  et  dont  Taccrpissement 
sera  d'autant  plus  rapide  que  la  tempéra- 
ture du  nuage  aura  été  plus  basse.   (Ibid.) 


Le  verre  trempé,  par  son  aspect,  ne  dif- 
fère pas  du  verre  recuit  :  cependant  on  y 
observe  plus  fréquemment  que  dans  ce 
dernier  la  présence  de  bulles,  qui  atteignent 
parfois  un  volume  considérable.  Les  au- 
teurs ont  observé  que  ces  bulles  se  forment 
presque  subitement,  au  moment  de  la 
trempe,  dans  du  verre  en  apparence  bomo- 
gëne.  En  opérant  sur  de  grosses  boules  en 
verre,  de  Saint  Gobain.  on  remarque 
qu'elles  laissent  déj^ager,  au  moment  de 
leur  brusque  solidification  à  l'uir,  àes 
bulles  assez  nombreuses  qui  restent  empri- 
sonnées dans  leur  masse.  Si  l'on  diauffe 
Texlrémité  d'une  baguette  en  verre  plus 
fortement  que  l'autre,  on  constate  que  la 
partie  la  plus  fortement  trempée  renferme 
des  bulles  d'un  volume  plus  grand  que 
celle  qui  a  été  moins  trempée.  Ce  sont  donc 
les  bulles  très-petites  contenues  dans  le 
verre  qui  subissent,  par  le  fait  de  la 
trempe,  la  dilatation  énorme  qui  les  amèoe 
au  volume  qu'on  observe  dans  le  verre 
trempé. 

Au  moment  où  le  verre  se  trempe,  sa 
densité  diminue  et  son  volume  augmente. 
Des  bulles  à  peu  près  spliériques  acquièrent 
ainsi  un  volume  très  considérable.    (Ibid.) 


Recherche •  sur  le  verre  trempé  ;  par 
MM.  DE  LUYNES  et  FEIL.  -  La  cassure 
du  verre  treqipé  présente  de  l'analogie 
avec  celle  des  larmes  baiaviques  ;  cepen- 
dant dans  quelques  cas  particuliers,  il  est 
possible  <le  le  scier  ou  de  le  percer  sans 
déterminer  sa  rupture.  Ainsi  un  disque 
peut  être  percé  à  son  centre  sans  éclater. 
Une  plaque  carrée  de  glace  de  Saint- Go- 
bain trempée  montre,  lorsqu'on  l'examine 
à  l'aide  de  la  lumière  polarisée,  une  croix 
noire  dont  les  branches  sont  parallèles  aux 
côtés  du  carré.  11  est  toujours  possible  île 
scier  la  plaque  suivant  ces  directions  sans 
qu*elie  se  brise;  mais  en  dehors  de  ces 
lignes,  on  ne  peut  pas  parvenir  à  scier  ou 
à  percer  la  plaque  sans  la  briser. 

En  regardant  à  la  lumière  polarisée  les 
deux  fragments  provenant  d'une  plaque 
carrée  sciée  en  deux,  on  aperçoit  Aes 
bandes  noires  et  des  franges  colorées  dont 
la  disposition  prouve  que  l'état  moléculaire 
des  fragments  n'est  plus  le  même  qu'avant 
le  sciage.  Avec  des  plaques  très-minces,  la 
trempe  est  plus  uniforme,  et,  la  tension 
étant  plus  forte  suivant  les  petites  dimen- 
sions, la  brisure  est  plus  régulière  que 
dans  les  blocs  et  les  plaques  d'une  certaine 
épaisseur. 


Hiait.  nat.  médicale  et  pharn. 

De  rhuile  de  Bankoul  ;  pnr  le  docteur 
E.  HECKEL,  professeur  agrégé  à  T Ecole 
supérieure  de  pharmacie  de  Montpellier.— 
Depuis  les  communications  récentes  de 
M.  Gorenwinder  à  l'Acatiémie  des  sciences, 
les  hommes  spéciaux  s'intéressent  au  ban- 
koulier  [Aleurites  triloba  Forsier,  Aleuritet 
umbimix  Person,  Croton  moluccanum  L.) 
et  de  rhuile  que  son  amande  fournit  en 
abondance.  Le  savant  chimiste  de  Lille  a 
présenté  ce  produit  comme  offrant  des 
avantages  sérieux  au  point  de  vue  médirai 
et  économique  :  or,  comme  pendant  deux 
années  passées  en  Nouvelle  Calédonie(1868 
et  69),  j'ai  eu  à  m'occuper  de  ce  produit 
très-commun  dans  le  pays,  comme  d'autre 
pari  je  n'ai  pas  confirme  les  assertions  de 
M.  Corcnwinder  après  une  étude  très -sui- 
vie, je  crois  de  mon  devoir  de  venir  rap- 
peler et  développer  les  observations  que 
j*ai  déjà  eu  l'ocnasion  de  faire  connaître 
dans  une  de  mes  publications  {\).  Je  serai 

(1)  Histoire  médicale  et  pharmaceutique 
des  prtncionux  agents  méiiramenleux  «n- 
iroduitt  en  thérapeutique  ftepu's  ces  dix  der- 
nières années .  Bruxelles,  H.  Manceaax,  1874. 


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RBVUfi  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


d6S 


beurfoz  81  j*8rrive  par  ce  moyen  i^teindr<9 
certaines e^ppranct's  cliiiiieriquos  qui  pour- 
raient se  buser  sur  des  opinions  hasaniées 
et  qtii  ne  «ont  certsinenusnt  paâ  le  fruit  de 
FeJipénnienlaiion. 

Le  noyer  de  bankùul  ou  noyer  des  Molu- 
questsi  un  grand  arbre  de  la  famille  des 
Eupkorbiacées  très -répandu  dans  les  pays 
tropicaux.  Il  croit  spontanément  et  a 
profusion  dans  les  Moluques  et  dans  le 
plus  grand  noinbic.  des  îles  de  TOcéanie 
(Sandwich,  Tahiti,  Nouvelle-Calcdonie, 
Fidji,  etc.),  il  a  été  naturalisé  aux  Antilles 
et  à  la  Réunion,  ses  produits  nous  vien* 
nent  surtout  de  ces  deux  colonies. 

La  partie  la  plus  employée  et  la  plus  in- 
téressante est  le  fruit  qui  ressemble  ass€*z  à 
une  noix  (de  là  le  nom  de  Tarbre)  et  dnnt 
Tamande  fournit  avec  abondance  une  huile 
que  Pon  dit  purgative.  Beaucoup  d'auteurs 
se  sont  occupés  de  ce  produit,  mais  les 
travaux  Irs  plus  importants  sur  la  matière 
sont  dus  à  MM.  Cuzenl,  O'Rorke,  Payen, 
de  iMondcsir  et  Serres.  M.  Corcnwinder 
a  répété  après  ces  auteurs  que  cette  hnile 
est  drafiiqne.  Mes  expériences  sur  ce 
produit  ont  été  assez  prolongées  pour  que 
je  puisse  me  permettre  de  me  pronon- 
cer avec  maturité,  et  je  ne  crains  pas 
d'aflirmcr  que  cette  huili'  ne  peut  en  au- 
cune Caçon,  dans  les  conditions  normales, 
être  couMdérée  comme  agissant  ii  la  façon 
de  rhulle  de  riein,  par  exemple.  Pendant 
près  d'une  année,  à  l'hôpital  militaire  de 
Nouméa,  ayant  manqué  de  ce  dernier  pur- 
gatif, je  dus  y  suppléer  par  remploi  de 
celle  du  bankoul  que  je  préparais  moi- 
même  et  avec  des  noix  les  plus  fraîches 
possible.  Dans  aucun  cas  je  n'ai  bhtena 
d'effet  sérieux  sans  eropl«»yer  la  dose  de 
80  /grammes  :  à  60  grammes  elle  n'agissait 
que  comme  laxatif  très-léger.  Peut  on 
-réellement  dire  qu'à  cette  dose.nne  huile 
agisse  aul rement  que  comme  corps  gras? 
L'huile  d'olive,  d^amandes  douces,  agirait- 
elle  autrement  dans  les  mêmes  conditions  ? 
L'huile  de  bankoul  obtenue  par  pression  ne 
renferme,  d'après  mes  recherches,  aucun 
des  principes  résineux  dont  on  a  constaté 
l'existence  dans  les  huiles  de  Croton  tiglinm^ 
de  Jatropha  Curcas  et  dfint  j'ai  indiqué  les 
propriétés  dans  le  Fontainea  Pancheri  (I  )  : 
c'est  à  l'absence  de  cette  substance  dans 
l'huile  ainsi   préparée  que  j'attribue  son 

(1)  Etude,  a  a  pnint  de  vue  botanique  et  tbéra-' 
peiiliqiie  »ur  le  Fontafwa  PmcMri  (Heckel). 
(Ttièse  de  dociorat  en  médecine.  Montpellier, 
1870.) 


innocenté  «tottoli  oommé  agent  émè^ue  et 
son  impuissance' comme  purgatif.  J'adopte 
donc  et  j'explique  ainsi  qu'il  va  suivre 
l'opinion  formulée  par  O  Rorke  sur  ce  pro- 
duit :  à  savoir  que  le  pirincipc  contenu  dans 
dans  la  graine  n^esi  pas  émet /que,  mais 
purgatif  seulement.  Il  est  reniar.piable,  en 
effet  y  que  courine  pour  le  ricin  et  l'é  mrge, 
r huile  obtenue  par  pression  (c'est  le  pro-. 
cédé  le  plus  usuel;  n'est  pas  drastique 
tandis  que  l'emploi  des  semences  f|ui  l'ont 
fournie,  même  en  petite  quantité  devient 
dangereux.  On  sait  qu'une  graine  seule 
de  ricin  peut  occasionner  des  rffets  pur- 
gatifs qui  ne  résulteraient  pas  de  l'emploi 
de  50  grammes  d'huile.  Ce  fait  s'explique, 
pour  ce  qui  concerne  le  bankoul,  par  la 
séparation  du  corps  gras  d'avec  la  résine 
qui  demeure  presque  en  totalité  dans  le 
marc  d'où  j'ai  pu  la  retirer  en  traitant  le 
tourteau  par  l'alcool.  Le  produit  do  ce 
traitement  distillé  laissait  un  fésidu  qui, 
mêlé  à  l'huile  obtenue  par  simple  pression^ 
exaltait  les  vertus  purgatives  d<'  cette  der- 
nière. J'ai  montré  dans  mon  étude  sur  le 
Fontainea  Pancheri  que  le  même  fait  se 
produisait  et  qu'il  existe  une  grand«'  diffé- 
rence entre  l'huile  obtenue  par  expression 
et  le  même  corps  résultant  d'un  traitement 
par  un  dissolvant  alcoolique  ou  éihéré  (2). 
Sans  vouloir  établir  de  généralisation  pré- 
maturée (il  faudrait  faire  les  mcm<*s  re- 
chiTches  sur  \e ricin.  Vépnrge ci  \e  jatropha 
cnrcas)^  je  veux  répéter  ici  encore  ce  que 
j'ai  dit  à  propos  de  l'huile  de  Fonluinea,  que 
les  pharmaciens  ne  doivent  pas  perdre  de 
vue  la  p''obabiliié  de  l'influence  du  mode 
de  préparation  sur  la  valeur  des  purgatifs 
huileux  drastiques. 

J'ai  eu  également  à  m'occuper  de  cette 
huile  au  point  de  vue  éoonomique,  et  à  ce 
sujet  j'ai  à  signaler  un  fait  curieux  et  im- 
portant tout  à  la  fois.  L'administration 
coloniale  en  Nouvelle  Calédonie,  heureuse 
de  trouver  dans  un  produit  indigène  abon- 
dant le  moyen  de  renoncer  à  l'aehat  des 
huiles  de  c<dza  qu'il  fallait  demander  à  la 
niétropoli*  et  fair»»  expéilier  chèrement  par 
la  voie  de  Bordeaux  (f  \ustralie  ne  pouvant 
les  fournir),  résolut  d'employer  l'huile  de 
bankoul  comme  combuatiblc,  particulière- 
ment pour  les  usages  du  phare.  Malgré 
.  tous  ses  efforts,  cette  tentative  est  restée 

(2)  La  première  e^^t  surtout  un  agent  «^raptif 
quand  il  est  appliqué  sur  h  peau,  la  serond»  un 
purualif  plus  assuré.  C'est  probableinenl  k  ces 
différences  de  préparation  qu'il  faut  «Itribuer 
Vineonstance  bien  connue  de   l'huile  de  croton* 


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566 


RIVUB  ANALYTIQUE  Et  CRITIQOB. 


infraetvfitse  :eotte  hmie  présenle  l«  singu- 
lier inconvénient  «i'iisi'r  trcs-rapiflenient 
les  tuyaux  de  moche  en  fc^r-hlanc  ;  on  les 
fit  en  platine,  ils  résii^lèrent  ilavanlage, 
mais  furent  attaqués  à  la  longue.  L^ailnii- 
nistraiion  nravait  chargé  de  rechercher 
quel  principe  il  failail  éliminer  du  corps 
gras  pour  éviter  cet  inconvénient  :  je  ne 
pus  résoudre  le  pnihléme  pas  pins  que  les 
pharmaciens  qui  m'avaifnl  précédé  ilans  la 
colonie,  et  Ton  dut  renoncer  à  Temploi  de 
cette  sobstanci!.  —  On  voit  par  là  comme 
nous  sotrimes  loin  de  remploi  possible  an- 
noncé par  M  Corenwinder,  eomme  com- 
busHble  sans  épurai  ion  préalable  !  Mais  je 
suis  convaincu  qu*il  nura  sufli  de  signaler  le 
fait  pour  que  la  diUicnlté  soit  rapidement 
vaincue  par  Thabile  chimiste  qui  a  fait  de 
rhuile  <ie  bankoul  t'oiijet  de  ses  éludes. 
Tel  est  mon  but  et  mon  désir  eu  publiant 
ces  observations. 

(Journal  de  pharmacie  et  chimie.) 


PbMrmacle* 


Note  aur  la  préparation  du  tîrop  de 
tolu;  par  Al.  HENIIOTTE,  pharmaciin  à 
Liège  ^1». 

Le  baume  de  tolu  est  un  stimulant  em- 
ployé tous  U*s  jours  avec  succès,  il  possède 
le  double  avantage  d  être  d*nne  adminis- 
tration facile,  et  d*:imener  souvent  des 
améliorations  très-mnrqué<>s  dans  les  affec- 
tions contre  lesquelles  on  rntilise. 

Il  est  compose  diacide  benzoTque,  de 
résine  et  d'huiTe  volatile.  Il  est  soinble 
dans  l'alcool  el  l'élher,  il  cède  à  l'eau  son 
'  acide  bonzoîque. 

J^ajonterai  à  ces  préliminaires  que 
Texpérience  a  démontré  que  la  ntaiièrc  ré- 
sitiense  c>t  ta  partie  aciive  dn  hatime  de 
tolu.  Au  nombre  des  préparations  les  plus 
usuelles  de  ce  corps,  nous  remarquons  sur- 
tout les  tablettes  et  le  sirop. 

C*csl  celte  dernière  préparation  que  je 
me  propose  de  traiter  dans  cette  note. 

Les  recettes  pour  préparer  le  sirop  de 
tolu  sont  nombreuses,  mais  presque  toutes 
et  parmi  celles-ci  on  doit  ranger  celle  de 
la  Pharmacopée  belge,  reposent  sur  un 
même  principe  irrationnel,  le  traitement 
du  baume  de  tolu  par  l'eau. 

En  effet,  par  le  traitement  par  Teau,  le 
baume  de  tolu  ne  cède  que  de  Tacide  ben- 

(I)  Voir  le  Ripportde  M.  Vaude  Vyvere  sal*  èe 
travail,  eahier  de  novembrv,  p.  i38. 


z»!qne,  plus  tin  peu  d*huile  esaentiéltê,  et 
Ton  rejette  la  matière  active,  la  partie  i^- 
sineuse. 

La  Pharmacopée  belge  nous  donne  une 
seconde  recette  de  sirop  de  loin  extern- 
poranét  qu'on  prépare  ftvee  la  teinture  et 
le. sirop  simple. 

Sous  cette  dernière  forme  la  partie  rési- 
neuse du  tohi  se  trouve  incorporée  au 
sirop  par  simple  mélange  Partant  du 
princi|)e  posé  plus  haut  que  la  résine  du 
bail  me  de  lolu  csi  seule  aetive,  le  sirop  tie 
tolu  ex'emporané  est  une  des  lionnes 
formes  sous  lesquelles  on  administra  oe 
médicament. 

Seulement^  pouf  qu'une  préparation  soit 
ralionnelto,  il  faut  que  les  proportions 
prescrites  restent  invariables,  el  qu'après 
un  temps  plu>  ou  moins  long,  la  composi- 
tion du  produit  n'ait  pas  changé. 

Cette  eondilion  n'est  pas  remplie  par  le 
sirop  de  lolu  ext<Mnporané,  qui,  au  botit 
de  quelques  jours  se  dét>arpasse  peu  à  peu 
de  la  résine,  laquelle  s'attache  aux  parois 
des  flacons  ou  reste  à  la  surface  dn  sirep. 

J'ai  même  observé  qu'un  sirop  de  tolu 
préparé  depuis  deux  niois  avait  tellement 
éliminé  la  résine,  qu'il  avait  repris  l'a,  pa> 
renée  <run  sirop  de  sucre  un  peu  louche. 

il  est  évident  que  ce  défaut  résulte  de  ce 
que  la  densiié  du  sirop  simple  ne  suffit  pas 
à  retenir  en  susp<>nston  la  substance  rési- 
neuse. Il  fallait  donc  modifier  cette  densité 
et  pour  cela  il  se  présentait  deux  moyens  : 

i^  Coneentrf*r  davantage  k  sirop; 

!2"  Modifier  la  densité  au  moyen  d'un 
intermède. 

Le  premier  moyen  serait  eertainement 
le  meilleur,  si  Ton  ne  s'exposait  à  avoir  un 
sirop  qui  cmtaltiserait  inévitablement. 

Il  ne  restait  donc  t^ue  le  moyen  d'un 
intermède,  «utant  que  possilde  facile  à 
employer,  agissant  sous  un  petit  volume  et 
ne  communiquant  au  sirop  ni  saveur  ni 
propriétés  différentes. 

le  ne  pouvais  mieux  m'adresser  qu'à  la 
gomme  adraganle,  qui  réunit  toutes  les 
qualités  requises  pour  le  but  que  je  me 
proposais. 

Gk*âee  è  cet  intermède,  je  prépare  le 
sirop  de  tolu  extern ponmé  comme  suit  : 

Pr.  (iomme  a«lra|^ant«  pulvéHsëe.    10  i^rtraimes. 

Sii  «p  simple 956        -^ 

Teinture  tît;  tolu 40       — 

Divisez  parfaitement  la  gomme  avec  q.  s. 
de  sirop,  quand  le  mueriage  est  bien  uni- 
forme, aj(»uU'z  la  teinture,  émulsioanes 
puis  ajoutez-le  restant  du  sirop. 


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RBVUË  ANALYll4jilE  ET  CRITIQUE. 


»67 


^n  agissant  ainsi,  j'obtiens  un  sirop  qui 
se  fODserve  ouléfinimcut  $an$  que  la  résilie 
se  séparo. 


Sur  Ici  pvèp^raAîon  étA  Mrops  ;  par 
M.  HUMSTOCK,  ((ra<i.  par  M.  Pàtaovil- 
LARD).  --  M.  Flimistoclc^  (l«ns  le  but 
d'obtenir  des  sirops  p<>.<«sc<laut  un  aspect 
agréable,  une  slabililé  et  une  consi>tttnee 
parfiiites,  propos;  U»  les  préparer  pai?  la 
niitbo<Je  de  percolatitin,  ou  de  défildcc- 
menl.  On  opère  de  la  manière  suivante  : 
le  sucre,  grossièrement  granulé,  est  intro- , 
duit  dans  in  appaieii  a  dépliicrnu^nt  dont 
Torifice  d*écoiilementest  d'abord  fiTmé;  on 
y  verse  ensuite  le  liqiàde  qui  doit  étro 
converti  en  sirop,  et  l'appareil,  ainsi  garni, 
est  laissé  dau4$  un  eiviroit  moiléiémeiit 
cbaud  jusqu'à  ce  que  le  sucre,  &  étant  di;<- 
sous  en  partie^  n'pecupc  plus  que  la  i»4<diié 
environ  du  voru^uc  qu'il  avait  au  commen- 
cement <ie  Topération.  C'est  alors  qu'on 
permet  au  liquide  de  s.'éçonlef  goutte  à 
goutte  en  ouvrant  l'onTuje  inférieur  de 
Tappareil  à  dépLicemeat;  loraque  l'i^coule- 
ment  a  cessé,  s'il  reste  du  sucre  qui  n'a  pa^ 
encore  été  dissous,  on  reverse  le  14q'\iide 
dans  l'appareil.  Si  I  opi'raiion  a  été-  bien 
conduitf.  il  est  rare  qu'on  soii  obligé  de  faiie 
passer  Je  sirop  une  troisième  fois  dans  le 
percobiieur.  Il  ne  faut  pjuint  Se  servir  de 
sucre  en  poudre  fine,  ca<*  1  écoulem«*nt  du 
liquide  serdt  rendu  presque  impiissible. 
Les  vébicules  que  lou  empluiergii  devront 
toujours  être  ifcs- limpides;  c'esi^  là  une 
condition  absolument  nécessaire  pour  ob- 
tenir des  sirops  p<»'>sédaut  la  môme  qu.diié^ 

M.  Hnmsiock  prépare  <ie  cc^tte  manièrei 
tous  \v$  sirops  de  la  Pbanuaoopée  des 
Etals  Unis  suns  exc«'piion;  mémit  le  sirop 
d.'iodure  de  fer  sa  fait  en  versant  sur  le 
sucre  une  dis!»>lulion  d'ialure  de  fer. 

La  méthode  de  picparationi  des  sirops 
par  dcplaceuient  se  range  daiis  celle  que 
les  pharmacologisles  français  désignent, 
sons  la  qualification  de  méthode  par  fimpte 
solution;  le  sirop  simple,  eux  qui  sont 
faits  avec  les  eaux  distillées  pourraient 
s'obtenir  facilement  par  dé plaoi* nient. 
Quant  à  la  majorité  des  ajulres,  sirops, 
rado4>tion  d'uni?  ^elle  méthode,  si  elie  olTrc 
la  commodité  qu'on  lui  accorda,  aurait 
pour  grand,  avantage  de  soustraire  complè- 
tement le.  sucre  à  l'action  de  lu  chaleur. 
Mais  il  serait  néc<'&saire  tfamener  préala- 
blem«-nt  Les  liqueurs  de.stinées  à  servir  de 
vébieules  à  un  état  de  eoncontration  con* 


venable  par  l'évaporation,  et  aussi  de  les 
elariëer  d'après  les  méthodes  ordinaires  ; 
oe  n'est  qu'après  avoir  été  ainsi  traitées 
qu'eltes  pourraient  être  versées  sur  le 
suere;  ou  peut  parfaitement  négliger  de 
clarifier  les  sirops  eux  mêmes,  pourvu 
qu'on  s'astreigne  à  n'employer  que  des  su- 
erea  raffinés  de  la  meilleure  qualité.  Le 
procédé  par  déplacement  devra  être  très- 
avantageux  aussi  avec  les  sirops  qui,  à 
l'exemple  du  sirop  de  rhubarbe  composé, 
de  celui  (k\s  cinq  racines,  do.,  sont  d'abord 
cuils  au-delà  «lu  di*gré  ordinaire,  puis  ra- 
menés à  ce  degré  par  l'addition  d'une  cer- 
taine quantité  de  liquide  chargé  de  prin- 
cipes artnuatiqucs  et  volai îKs,  que  Ton  veut 
soustraire  à  Tact  ion  de  ta  oha-leur;  c'est 
alors  surtout  que  l'on  évitera  rhifliience 
d'une  élévation  de  température  trop  pro- 
longée sur  le  sticre. 

M.  le  professeur  Maiseb  s'élève  contre 
le  procédé  adopté  par  la  Pharmacopée  des 
Etats-Unis  pour  la  préparation  des  eaux 
médifibiates  en  général,  excepté  eelles  de 
fltnirs  d'oranger  et  de  roses,  qu'il  prescrit 
de  faire  par  distillalion  avec  des  fleurs 
fraîches.  Ce  prooéilé,  qui  est  formelleoicnt 
condamné  en  Piance,  caosisleà  trHnrer  les 
huiles  vol'ililes  avec  dir  carbonate  de  ma>g- 
nésieet  di»  loan;  «r,  do  seinblahles  prépa- 
rations ont  la  fâclieune  propriété  <iie  dé- 
camposer  les  sels  d'alcaioîiles  et  d'en  pré- 
eipiter  la  hase  ;  aussi  plusieurs  pharma- 
ciens; américains^  dans  l'intentioi*  de  remé^ 
d'iier  à  cet  inroa veulent  capital*,  «nt  pro- 
posé, soit  d'ajouter  à  l'eau  médicinale  une 
petite  quantité  d'un  acide*  organique,  soit 
do  remplacer  le  carbonate  de  magnésie  pap 
d'autres  substances,  telles  que  Ivs  poudires 
6nes  de  kaolin^  die  veirre,  de  silex,  de 
pierre  pon«e  ou  de  craje,  toutes  facilitant  ' 
U  division  des.  huisti^s-  essentiel  le»,  et  pan 
conséquent  leur  :4olubilité  dans  L'eau,  sans 
s,e  dissoudre  elle^-mé  hcs  dans  ee  vébieule. 
On  proposa  aussi,  comme' agents  de  divi- 
sion, la  pâte  à  papier,  le  charbon  animal; 
enfin  un  d(^rnier  procéilé,  qui  doit  inspirer 
une  conlianee  fort  rvslndntf  aux  praticiens, 
c'est  la  liissukiiion  des  huiles  essentielles 
dann  l'eau  chau4le. 

En  Grande-Bretagne,  on  avait  jus- 
qu'alors préparé  l«s  eaux  méi^ietnales 
comme  elles,  te  sont  entforo  à  |H*é9ei%taux 
Etats  Unis;  Uestpreserii  de  les  préparer 
aujourd'hui  pir  <listiilation  avec  les  sub- 
stances fraîches  ou  sèches  ;  une  seule 
exception 4» été  admise  à  coté  de  ci^tte  règle 
générale,  pour  l'eftu  de  menibe  poivrée, 


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5fiS 


REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


sans  qu'on  en  puisse  connaître  la  raison; 
car  c'est  un  fait  bien  éiiibli  que  IVau  de 
menthe  poivrée,  préparée  par  distillation 
avec  la  plante,  a  un  arôme  bien  supérieur 
à  celle  que  Ton  obtient  avec  l'Iiuile  4>8sen- 
tielle,  même  la  plus  fine,  et  qu'elle  est 
d'une  conservation  au  moins  aussi  facile 
que  celle  de  la  plupart  des  eaux  distillées 
des  pharmacopées  européennes.  C'est  en 
se  fun'Iant  sur  ces  considérations  que  M.  le 
professeur  Maisch  propose  d'adopter,  dans 
la  prochaine  édition  de  la  Pharmacopée  «les 
Etats-Unis,  la  méthode  par  distillation, 
pour  la  préparation  de  toutes  les  <*anx  mé- 
dicinales qui  conlienni'nt  des  huiles  vola- 
tiles, en  conservant  toutefois  la  méthode 
par  trituration  pour  celles  dont  remploi 
est  rare  et  la  conservation,  par  conséquent, 
difficile  ;  il  rejette  compléiement  l'emploi 
du  carbonate  de  magnésie  comme  ag<>nt  de 
division.         {Répertoire  de  pharmacie.) 


Sur  le  lupuHn  ;  par  M.  SARRAZIN.  -^ 
Le  Inpulin  du  conim<>rce  est  rarement 
exempt  de  sable.  Pour  le  séparer,  M.  Sar- 
razin  a  eu  recours  à  des  tamis  h  mailles  de 
difl'érentes  dimensions,  mais  il  n'a  pu  y 
arriver  par  ce  moyen.  Il  a  eu  alors  recours 
au  lavage.  Puur  cria,  il  a  pris  50  grammes 
de  lupuiin  du  commerce,  ei  il  Ta  agite  avec 
500  grammes  d'eau  environ,  puis  il  a  dé- 
canté vivement  de  manière  à  ne  laisser 
que  le  sable  au  fond  du  vase.  Le  lufmlin  a 
été  recueilli  sur  un  filtre  et  séché  à  25 
ou  50«*. 

M.  Sarrazin  a  séparé  ainsi  de  51  h  54 
pour  100  de  lupultn,  mais  en  évaporant 
l'eau  de  lavage,  il  a  obtenu  â  à  5  pour  100 
d'extrait.  H  a  pensé  alors,  et  avec  raison, 
qu'il  était  préférable  d'avoir  recours  à  la 
préparation  d'extrait  alcoolique.  50  gram- 
mes de  Inpulin  ont  été  nds  à  macérer  dans 
100  grammt'S  d'alcool,  et  apn>s  deux  jours, 
le  tout  a  été  jeté  sur  un  filtre.  Le  résidu 
a  été  mis  en  contact  avec  âOO  grammes 
d'eau  bouil  ante,  et  Tinfiisé  évaporé  au 
bain  marie.  Le  liquide  alcoolique  a  été 
également  évaporé,  et  le  mélange  des  deux 
extraits  concentré  à  la  température  de  45 
à  50». 

1  gramme  de  cet  extrait  correspond  à 
5  grammes  de  lupultn  du  commerce. 

{Journal  de  pharmacie  et  de  chimie.) 


TranftformatMn   du    ■ang;  en   poudra 
■olobla;   ptoprlétéi  ohimiquei,  {^hyii- 


quai  ai  allnantaîrai  de  oatia  poudra  ; 
par  M.  G  LE  BON.  -  Lorsqu'on  réduit 
le  sang  en  poudre  par  éva|>oration,  on  ob- 
tient une  |)oudre  à  peu  près  aussi  insoluble 
dans  l'eau  que  pourrait  1  être  du  sable,  et 
dont  riiidigestibililé  complète  est  démon- 
trée par  ce  fait,  qu'elle  peut  macérer 
vinfl;t  qiiatre  heures  dans  une  solution  aci- 
difiée de  pepsine  chauffée  à  40»  sans  être 
attaqm*e.  Quant  aux  préparations  qu'on 
trouve  dans  les  phirmacies  sous  le  nom 
iVextrari  de  nang,  elles  ne  sont  p'  qt  être 
pas  tout  à  fait  aussi  insolubles  que  le  sang 
.  en  poudre  ordinaire  :  mais  il  est  facile  de 
constater,  au  speciroscope,  qu'el](*s  ne  con- 
tiennent pas  d'iiéiyoglobine^  substance  qui 
forme,  comme  on  le  sait,  les  Hfi/lOO  des 
globules.  Ayant  eu  besoin,  il  y  a  deux  ans, 
d'une  grande  quantité  de  sang  pour  des  re- 
cherches sur  ce  liquide,  j'iii  cherché  à  le  ré- 
duire en  poudre  sans  modifier  sa  compost 
tion  ni  ses  propriétés;  je-crois  y  être  par- 
venu en  opérant  à  basse  pression  à  une 
température  qui  *ne  dépasse  pas  celle  da 
corps  et  en  faisant  usage  d  un  appareil 
particulier  dont  la  description  détaillée  en- 
traînerait trop  loin. 

LVchantillon  que  je  joins  à  cette  note  a 
été  préfiaré  il  y  a  dix  huit  mois;  il  suflit 
de  Tagilcr  pentlant  quelqu(*s  minutes  dans 
re:iu  et  de  filtrer  la  solution  pour  avoir 
un  liquide  d'un  beau  rouge,  ayant  exacte- 
ment les  propriétés  du  sang  défibrîné, 
précipitant  comme  lui  par  la  chaleur  et 
donnant  au  spectroscope  les  deux  bandes 
d'absorption  de  l'hémoglobine,  réaction 
abstdument  caracléristiitue.  Soluble  dans 
l'eau,  te  sang  en  poudre,  préparé  comme, 
je  viens  de  lindiquer.  Test  également  dans 
une  solution  acidifiée  de  pepsine,  ce  qui 
indique  ss  parfaite  digestibitité. 

Je  me  bornerai  à  faire  remarquer  que 
ce  sang,  privé  par  conséquent  des  4/6  d'eau 
qu'il  contient,  forme  l'aliment  le  plus  nu- 
tritif sous  le  moindre  volume  et.  par  suite, 
pourrait  être  utilisé  avantageusement  pour 
les  armées  en  campagne,  en  raison  de  la 
facilité  extrême  de  son  transport.  On 
pourrait,  par  exemple,  Passocier  à  des  fa- 
rines ife  diverses  légumineuses  et  en  pré- 
parer ainsi  un  aliment  phy<^tologiquement 
complet  et  au^si  transportable  que  le  riz 
et  le  biscuit,  auxquels  il  serait  infiniment 
supérieur.  On  a  fait  récemment,  en  An- 
gleterre, en  Suède  et  en  Russie,  divers 
aliments  avec  le  sang  liquide,  surtout  pour 
les  troupes  ;  les  résultats,  au  point  de  vue 
hygiénique,  ont  paru  excellents  ;  mais  la 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 


569 


difficulté  de  conserver  le  sang  avait  empê- 
ché jusqu*ici  de  généraiiser  Temploi  de 
cette  substance.  J'ajouterai  que  le  sang  en 
poudre  soluble  pourrait,  en  raison  de  sa 
richesse  en  fer  et  de  ses  propriétés  toni- 
ques, être  utilisé  par  la  thérapeutique. 

[IbicL) 


Toxlcolog^ie. 

De^    rinnocuîté    de    la     petite    ciguë 

(jEthusa  Cynapium),  par  le  docteur  J.  H  AR- 
LEY.  —  Cette  planic  de  la  famille  des 
ombellifères,  qui  a  de  si  grandes  ressem- 
blances avec  sa  parent^  la  grande  ciguë, 
Conium  maculahim,  passe  pour  avoir 
comme  elle  des  propriétés  vénéneuses  et 
par  conséquent  thérapeutiques  très-mar- 
quées. C'est  contre  cette  opinion  que  s'élève 
M.  Harley,  dans  un  travail  important  que 
public  le  Report  of  St.  Thomas*  hospilal. 

Dans  une  première  partie  de  son  mé- 
moire, Pauteur  passe  en  revue  les  obser- 
vations de  soi  disant  empoisonnements  par 
VJËthtLsa  Cynapium ,  et  il  démontre  que 
dans  ces  cas  la  mort  doit  être  attribuée  à 
tout  autre  cause  qu'à  la  plante  incriminée. 

Dans  la. seconde  partie,  il  relaie  un 
grand  nombre  d'expériences  qu'il  a  faites 
sur  lui-même  et  sur  d'autres,  et  qui  ont 
toujours  donné  des  résultats  nuls.  Il  s'est 
servi  dans  ces  expériences  du  jus  de  la 
plante  fraîche  et  de  la  teinture  de  semences 
vertes  ou  mûres  :  il  est  allé  jusqu'à  prendre 
trois  onces  de  jus  frais,  ee  qui  équivaut  à 
six  onces  de  la  plante,  quantité  plus  forte 
que  toutes  ccUes  qui  auraient  déterminé 
les  empoisonnements  susdits.  La  dose 
maxinia  de  la  teinture  de  semences  mûres 
fut  une  once^  soit  quatre  grammes  et  demi 
de  la  graine  mûre;  la  dose  de  la  teinture 
desecienccs  vertes  fut  portée  jusqu'à  deux 
onces,  soit  quinze  grammes  de  fruits  verts. 
Dans  tous  ces  cas,  on  ne  constata  aucun 
effet  physiologique  ni  immédiat  ni  consé- 
cutif, pas  mémo  un  peu  d'irritation  gastri- 
que. La  légère  contraction  de  la  pupille 
qu'on  observe  dans  certains  cas  peut  être 
mise  sur  le  compte  de  la  dose  assez  notable 
d'alcool,  qui  entre  dlins  la  composition  de 
la  teinture. 

Ces  résultats,  tout  négatifs  qu'ils  sont, 
n'en  ont  pas  moins  une  certaine  impor- 
tance au  point  de  vue  de  la  médecine 
légale  et  de  la  thérapeutique,  étant  données 
les  idées  erronées  qui  ont  cours  actuelle- 
ment dans  la  science  au  sujet  des  pro- 


priétés toxiques  de  la  petite  ciguë,  et  qui 
sont  d'autant  plus  dangereuses,  qu^elles 
s'abritent  derrière  l'autorité  incontestée 
de  Linnée,  Haller  et  autres. 

Ajoutons  que  M.  Harley  n'a  pu  trouver 
la  plus  petite  trace  do  conine  ou  de  cyna- 
pine  dans  l'iËthusa. 
{Annales  de  la  Société  de  médec,  de  Gand.) 


Conduite  de  l'appareil  de  Marth;  son 
application  au  dosage  de  l'arsenic  con- 
tenu dans  les  matières  organiques  v  par 
M.  Arm.  GAUTIER.  —  Dans  une  précé- 
dente Note,  j'ai  montré  que  Ton  peut  tou- 
jours, en  détruisant  les  tissus  successive- 
ment par  l'acide  nitrique,  l'acide  sulfurique 
et  l'acide  nitrique,  extraire,  sans  perte,  du 
résidu  charbonneux  la  totalité  de  l'arsenic  : 
On  sait  que  ce  métalloïde^ peut  être  alors 
transformé  par  des  méthodes  connues  en. 
sulfure  d'arsenic,  puis  en  acide  arsénique, 
et  versé  enfin  dans  l'appareil  de  Marsh. 
Cette  pratique,  en  général,  suivie  par  les 
toxicologistes  pour  déceler  l'arsenic,  serait 
plus  précieuse  encore  si  elle  permettait  de 
reconnaître  et  de  peser  en  même  temps  ce 
métalloïde.  En  effet,  les  méthodes  de  do- 
sage dé  l'arsenic  ià  l'état  d'arséniate 
ammoniâco-magnésien  ;  d'arséniate  basi- 
que de  fer  ;  par  les  sels  d'or,  d'urane;  par 
liqueurs  titrées,  etc.)  ne  peuvent  s'appli- 
quer dans  la  plupart  des  cas  dont  nous 
nous  occupons,  parce  qu'une  faible  quan- 
tité de  matière  organique  accompagne  le 
plus  souvent  l'arsenic,  parce  qu'on  ne  dis- 
pose que  de  très-miniiites  quantités  du 
corps  à  doser,  mais  surtout  parce  qu'il  est 
avant  tout  important  de  pouvoir  affirmer 
l'exisience  ou  l'absence  de  l'arsenic,  et 
que  seul  l'appareil  de  i>Iarsh  résout  cette 
question  d'une  manière  sûre.  Malheureuse- 
ment la  plupart  des  auteurs  paraissent  ne 
pas  avoir  réussi  à  transformer  entièrement j 
par  l'hydrogène  naissant,  les  acides  arsé- 
nieux  ou  arsénique  en  hydrogène  arsénié 
volatil,  et  plusieurs  admettent  que  Tarseniç 
métalloïde  se  dépose  en  partie  dans  l'ap- 
pareil de  Marsh  ou  passe  à  l'état  d'hydrure 
solide.  C'est  cette  dernière  opinion 
qu'adopte  Dragendorff  dans  sa  Toxicologie j 
se  fondant  surtout  sur  ce  qu'il  n'a  pu 
réussir  à  recueillir  tout  Tarsomc  versé 
dans  lappareil,  même  en  continuant  à 
faire  lentement  marcher  le  courant  d'hy- 
drogène durant  une  journée  entière. 

Mes  expériences  sont  contraires   à  ces 
théories,  car  je  suis  parvenu  à  obtenir  des 

72 


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570  REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE. 

anneaux  d^arsenic  correspondant,  à  moins  5  grammes  diacide  sulfuriqne  pur  ;  je  jette 

de  i  décimilligramme  près,  au  poids  do  alors  peu  à  peu  cette  solutio'n  sur  le  zinc; 

celui  qu'on  versait  dans  Tappareil.  enfin  je  mêle,   à   25  grammes  du  même 

Je  me  sers  d'un  flacon  de  i 80  à  200  cen-  acide  dilué,    42   grammes  d'acide  sulfu- 

timètres  cubes  de  capacité,  plongeant  dans  rique    normal,    et  je  verse  encore    dans 

de  Peau  froide  et  dans  lequel  j'introduis  l'appareil   de    Marsh.   Je    me  suis  assuré 

25  grammes  de  zinc  pur.  L'hydrogène  et  qu'en  agissant  ainsi  on  dilue  le  moins  pos- 

les  gaz  qui  s'en  dégagent,   par  l'action  de  sible   la   liqueur  suspecte,  on  n'a  jamais 

l'acide  sulfurique,  passent  sur  un  tampon  d'échauffemcnt  du  contenu  ni  de  produc- 

d'amiante,    puis   dans  un  tube  de  verre  tion  d'acide  sulfureux  et  d'hydrogène  sul- 

vert  de  2  millimétrés  de  diamètre,  entouré  furé,  enfin  qu'on  parvient  à  extraire  tout 

de  clinquant  sur  20  à  25  centimètres   et  l'arsenic  dans  l'espace  de  deux  heures  et 

chauffe,  dans  cette  partie,  par  des  char-  demie  à  trois  heures, 
bons.  L'acide  sulfurique  que  j'emploie  au         Quand  la  liqueur  du  flacon  ne  contient 

début  est  de  l'acide  pur,  dilué  de  cinq  fois  plus  que  des  traces  des  composés  arseni- 

son  poids  d'eau  ;  je  l'appellerai  acide  dilué  eaux  soiubles^  les  dernières  portions  ne  se 

normal.   Lorsque,   grâce   au    dégagement  transforment  en  ÂsH^  qu'avec  une  exccs- 

d'hydrogènc,  que  j'excite  en  versant  quel  sive    lenteur,  ce  qui    doit   faire    exclure 

ques  gouttes  de  chlorure  de  platine,  tout  l'usage  de  l'acide  sulfurique  étendu  de  dix 

l'air  a  été  chassé  de  l'appareil,  je  dissous  fois  ou  de   huit   fois  son  volume   d'eau, 

la.  liqueur  arsenicale,  provenant  des  traite-  comme  le  veut  Draggcndorf.  On  devra  se 

menCs  indiqués  dans  ma  précédente  note,  garder   surtout   de   suivre   le   conseil    du 

dans  45  grammes  de  cet  acide  dilué,  et  même  auteur,  qui  veut  que.  lorsque,  grâce 

j'ajoute  au  tout  5  grammes  d*acide  sulfu-  à  l'emploi  d'un  acide  trop  dilué,  le  flacon 

rique  pur;  je  verse  par  petites  portions  de  l'appareil   se  trouve  rempli  de  liquide, 

cette  liqueur  refroidie   dans  l'appareil,  de  on  jette   le   contenu    pour   recommencer 

façon  à   n'avoir  jamais   trace    de   taches  avec  de  nouvelles  portions,  comme  si  Ton 

arsenicales,  sur  une  soucoupe.  Une  heure  débutait.  Agir  ainsi,    c'est  rr^jeter  le  corps 

est  nécessaire,  pour  verser  ainsi  Og.,  005  du  délit  et  perdre   d'autant  plus -d'arsenic 

d'acide  arséuieux,  quantité  plus  grande  que  que  la  liqueur  est  plus  diluée  et  son  vo- 

celle   qu'on    retire   généralement  de   200  lume  plus  grand. 

grammes  de   matière  suspecte.   Gela  fait         En  suivant  ces  précautions,  j'ai  obtenu 

j'ajoute  h  25  grammes  d'acide  dilué  normal  les  nombres  suivants  : 

Quantités  d^arsenic  versées  daDsTappareil  Poids  de  l'anneau  Poids  théorique 

de  Marsh.  arsenical  obtenu.  de  l'anneau. 

5  milligrammes  de  As^O^,  avec  5  gouttes 

de  PtCI*  au  vingtième  .     .     .     .     .         0  gr.  00577  0  gr.  00379 

5  milligrammes  de  As*0^  avec  2  gouttes 

de  Pt'Cl*  au  vingtième 0  gr.  00567  0  gr.  00379 

5  milligrammes  de  As^O' ,   transformé 

d'abord   en    acide    arsénique,    avec 

4  gouttes  de  PtCl* 0  gr.  00375  0  gr.  00379 

5    milligrammes    de    As'O^    mêlés    à 

100  grammes  de  muscles,  repris  par 

ma  méthode,  As'O^  versé  dans  l'appa- 
reil          0  gr.  00372  0  gr.  00379 

2  milligrammes  et  demi  de  As'O^,  mêlés 

à  100  grammes  de  sang,   traités  de 

même 0  gr.  00178  0  gr.  00188 

Ainsi,  je  puis  affirmer  qu'il  ne  se  fait  obvier  au  difficile  dégagement  d'hydro- 

pas  trace   d'hydrogène   arsénié  solide,  ni  gène  que  donne  le  zinc  pur,  on  verse  dans 

d'arsenic,  et  que  cette  méthode  permet  de  l'appareil  quelques  gouttes  d'une  solution 

doser  Tarsenic,  même  en  présence  d'une  de  sulfate  de  cuivre.  Cette  pratique  doit 

faible  quantité  de  matière  organique,  qu'il  être  rejetée.  Quelque  soin  que  l'on  prenne 

soit  h  l'état  d'acide   arsénieux  ou  même  dans  ce  cas,  et  quelque  temps  qtw  l'on 

d'acide  arsénique.  fasse  marcher  Vappareîly  la  perte  d'arsenic 

Il  est  loin  d'en  être  ainsi  lorsque,  pour  recueilli  sou&  forme  d'anneau  s'élève,  pour 


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REVUE  ANALYTIQUE  ET  CRITIQUE.  571 

4  à  40  milligrammes  d'acide  arsénieux,  au     tilé  versée  dans  le  flacon.  Voici  le  résumé 
tiers  et  quelquefois  au  quart  de  la  quan-     de  mes  expériences  à  cet  égard  : 

Quantité  du  composé  arsenical  Poids  de  Panneau  Poids  théorique 

versé  dans  Tappareil.  arsenical  obtenu.  de  Panneau. 

5  milligrammes  de  As'O'  avec  5  gouttes 
de  SO*Cu  au  dixième 0  gr.  00296  0  gr.  00379 

10  milligrammes  de  As^O^avec  quelques 

gouttes  de  SO*Cu  au  dixième  ...         0  gr.  0048  0  gr-  00758 

5  milligrammes  de  As*0'  avec  4-5  gouttes 

de  SO*Cu  au  dixième 0  gr.  00277  0  gr.  00579 

5  milligrammes  de  As'O^  transformé  au- 
paravant en  As*0^,  avec  3  goultes  de 
SO*Cu  au  dixième 0  gr.  0023  0  gr.  00379 

Je  dois  ajouter  que,  non-seulement  les  renseigné^  versât  alors  les  matières  suspec- 

sels  de  cuivre  diminuent  le  poids  de  Tan-  tes,  mais  non  arsenicales,  dans  Pappareil. 

neau   arsenical,    mais   qu'ils  augmentent  Grâce  à  la  très-lente  formation  de  Panneau 

foeaacoiip^  surtout  avec  des  liqueurs  di-  en  présence  du  cuivre,  dans  ces  liqueurs 

luées,  le  temps  qui  lui  est  nécessaire  pour  très- étendues,  Parsenic  dont  on  pourrait 

apparaître.  Il  pourrait  se  faire,  dans  ces  alors  recueillir  des  traces  serait  attribué 

conditions,  que  des  traces  d'arsenic  qui  se  aux  dernières  substances  versées  dans  Pap- 

trouveraient  dans  le  zinc  on  Pacide  sulfu-  pareil,  tandis  qu'il  proviendrait  en  réalité 

rique  ne  donnassent  pas  d'anneau,  même  de  celui  qui  était  contenu  dans  les  réactifs, 
au  bout  d'une  demi-heure  d'essai  â  blanc,  {Répm^toire  de  pharmacie,) 

cl   que  l'expert,  se  croyant  suffisamment 


ayfl^iène  pabllqae. 


Prophylaxie  dea  épidémies  de  fièvre 
typhoïde  dans  lei^éooles,  par  le  docteur 
J.  L.  LECONTE.  —  Une  épidémie  de  fièvre 
typhoïde  ayant  éclaté  à  Burlington  (New- 
Jersey),  dans  un  pensionnat  de  jeunes 
iSlles,  le  docteur  Leconte  fut  chargé  d'en 
étudier  les  causes  et  les  moyens  à  lui  op- 
poser. Voici  ce  qu'un  examen  attentif  des 
choses  lui  apprit  : 

Deux  grandes  citernes  étaient  placées 
près  de  Pécole  ;  elles  fournissaient  seules 
Peau  dont  on  avait  besoin.  En  les  construi- 
sant on  avait  été  obligé  de  ménager  dans 
leurs  parois  des  ouvertures  qui  se  trou- 
vaient au-dessous  du  niveau  des  eaux  de 
drainage  souterrain.  Ces  ouvertures  furent 
bouchées  ensuite,  mais  une  année  après, 
pour  quelque  motif,  on  les  déboucha. 

Plus  tard  on  construisit  des  lieux  d'ai- 
sance, dont  l'une  des  fosses  fut  imprudom- 
ment  placée  à  une  douzaine  de  pieds  en- 
viron de  Pune  des  citernes.  M,  Leconte 
pensa  que  des  matières  s'étaient  peu  à  peu 
infiltrées,  qu'elles  avaient  contaminé  le 
sol  de  proche  en  proche,  jusqu'à  ce  qu'elles 
aient  gagné  les  citernes  dont  elles  avaient 
fini  par  corrompre  les  eaux.  En  effet,  aus- 
sitôt que,  sur  Pavis  des  médecins,  on  rem- 
plaça Peau  des  citernes  par  Peau  de   la 


rivière,  Pépidémie  s'arrêta.  On  remarqua 
de  plus  que  les  domestiques  avaient  été 
épargnés  par  la  maladie;  or,  on  sut  qu'ils 
ne  s'étaient  pas  servis  de  Teau  des  citernes, 
excepté  pour  leur  thé  et  leur  café,  c'est-à- 
direajorè^  l'avoir  fait  bouillir,  tandis  que  la 
majorité  des  jeunes  filles  atteintes,  n'étant 
pas  amateurs  de  thé  ou  <le  café,  avaient  bu 
de  Peau  non  bouillie. 

L'auteur  conclut  en  demandant,  comme 
moyens  prophylactiques  des  épidémies 
futures,  qu'on  adopte  désormais  les  me- 
sures sanitaires  suivantes  : 

i*'  Avant  que  les  plans  de  tout  établis- 
sement scolaire  ou  autre  soient  définitive- 
ment arrêtés,  un  expert,  ayant  des  con  * 
naissances  spéciales  en  hygiène,  sera 
commis  pour  diriger  l'architecte  dans  tout 
ce  qui  concerne  la  ventilation,  le  drainage 
et  la  distribution  ou  l'aménagement  des 
eaux  ; 

2<>  Quand  les  bâtiments  auront  été  ache- 
vés, aucune  raodilicalion  intéressant  ces 
différents  points  ne  pourra  être  entreprise 
sans  Pavis  d'un  expert  hygiéniste  ; 

5°  Deux  fois  par  an  le  médecin  hygié- 
niste fera^  dans  chaque  établissement,  une 
inspection  au  point  de  vue  de  Phygiène  ; 
et  après  avoir  approuvé  ou  corrigé  Pétat 


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57 -i 


ACADÉMIES  ET  SOCrÉTÉS  SAVANTES. 


des  choses,  donnera  un  certificat  qui  sera 
publié  dans  la  circulaire  ou  dans  les  feuilles 
d'annonce  de  l'école; 

A°  A  rinvasion  de  toute  affection  zymo- 


tique  dans  Tinstitution,  on  prendra  immc- 
dintement  Pavis  du  médecjn  hygiéniste, 
afin  que  des  mesures  convenables  soient 
mises  en  usage.  (Lyon  médical.) 


III.  ACADÉIIIRS  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


Société  Royale  des  Soienoes  médicales  el 
naturelles  de  Bruxelles. 


Bulletin  de  la  séance  du  8  décembre  1875. 

Président  :  i\I.  L.  Martin. 
Secrélarre  :  M.  van  den  Corput. 

Sont  présents  :  MM.  Sacré,  Tirifahy,  L. 
Martin,  Gille,  Rommclaere,  Wehenkel, 
Carpentier,  Pigeolel,  Ledeganck,  Schuer- 
mans,  Lorge,  Vande  Vyvcre,  Charon,  van 
den  Corput. 

M.  Melsens,  membre  honoraire  à  Bru- 
xelles, et  M.  Putzcys,  membre  correspon- 
dant à  Waremmc  (Liège),  assistent  h  la 
séance. 

Le  procès •  ver bril  de  la  séance  précédente 
est  lu  et  adopté. 

La  correspimdancc  comprend  :  1"  Une 
lettre  de  M.  le  docteur  Jos.  De.  Smelh,  in- 
formant M.  le  Secrétaire  qu'un  anthrqx  le 
met  dans  l'impossibilité  d'assister  à  la 
séance;  2«  Lettre  de  M.  Thiriar,  remer- 
ciant la  Société  de  l'avoir  admis  au  nombre 
de  ses  membres  effectifs  ;  3°  Lettre  de. 
ftl.  le  docteur  Dutreux,  de  .Namur,  remer- 
ciant la  Société  du  titre  de  correspondant 
qui  lui  a  été  décerné;  i<*  M.  le  doctpur 
Mayet;  de  Lyon,  informe  la  Compagnie 
qu'il  travaille  à  un  ouvrage  intitulé  :  Sta- 
tistique médicale  des  hôpitaux  de  Lyon,  et 
propose  à  la  Société  de  concourir  aux  frais 
de  cette  publication  en  souscrivant  pour 
un  exemplaire.  La  Société  décide  que,  ne 
.  connaissant  pas  cet  ouvrage,  qui  d'ailleurs 
ne  semble  pas  devoir  offrir  pour  elle  un 
intérêt  direct,  il  y  a  lieu  d'ajourner  toute 
décision  à  l'égard  de  la  souscription;  5° 
M.  le  docteur  Félix  Putzcys,  de  Liège,  fait 
hommage  d'un  opuscule:  Ueber  Abeigenesis 
fluizinga's.  Renvoyé  à  M.Wçhenkcl  pour 
analyse;  6°  M.  Wittslein,  membre  corres- 
pondant à  Munich,  fait  hommage  d'une 
brochure  ;  Chemische  Gcschichte  des  Lolium 
temulentum .  Renvoi  pour  analyse  à 
M.  Vande  Vyverc;  7"  La  Société  reçoit 
encore  un  opuscule  intitulé  :  huiugura- 
zlone   dvl  monumento  a  G.    /i.  Morgagni. 


Renvoi  pour  compte-rendu  à  MM.  Pigeoict 
et  Spaak. 

Ouvrages  présentés. 

1.  Do  silicato  de  potassa  no  tratamento 
da  erysipcla-pelo,  D""  P.  da  Costa  Alva- 
renga.  Lisboa,  1875. 

2.  Bydragen  tôt  de  kennis  der  phos- 
phoorzuuruitscheiding  bij  arthritis,  door 
prof.  B.  Stokvis. 

3.  Nouveau  dictionnaire  des  plantes 
médicinales,  par  A.  Heraud.  J.  6.  Bail- 
lière,  Paris,  1875. 

4.  Nuove  fasce  preparate  per  la  pronta 
applicazione  degli  apparecchi  amovo-ina- 
movibili.  Nota  del  doit.  P.  Berretta  Guif- 
frida.  Catanla,  1875. 

5.  In  commemorazione  del  defunto  sena- 
tore  prof.  Luigi  Porta.  Pavia,  1875. 

6.  Bulletin  de  la  Société  de  médecine 
mentale  de  Helgique,  n°  6.  Gand  et  Leipzig, 
1875.  • 

7.  Paris  médical,  par  le  docteur  Fort, 
n«  1.  Paris,  Bruxelles,  1875. 

8.  La  médecine  des  'ferments,  par  le 
docteur  Déclat,  n*  5.  Paris,  1875. 

i).  Maladies  et  facultés  diverses  ties 
mystiques,  par  le  docteur  Charbonnier- 
Debatly.  Bruxelles,  Manceaux,  1875. 

10.  Instructions  théoriques  et  pratiques 
sur  l'art  des  accouchements,  par  Henriette 
de  Moerloosc,  sage  femme  en  chef  h  la 
Maternité  de  Bruxelles.  Gand,  1875. 

il.  Mitthcilungcn  des  wicner  roedici- 
nischen  doctoren  Coltegiuras ,  n»  20. 
Wien,  1876. 

12  à  89.  Divers  journaux  et  recueils 
scientifiques  et  périodiques. 

Avant  d'aborder  l'ordre  du  jour,  M.  le 
président  accorde  la  parole  à  M.  le  docteur 
Putzeys;  de  Waremme,  qui  présente  à 
l'assemblée  un  jeune  garçon  de  10  ans, 
atteint  d'unedivision  congénitale  du  voile 
du  palais  et  chez  lequel  il  a  pratiqué,  avec 
le  concours  de  M.  Flieguet,  la  slaphylora- 
phie  avec  un  plein  succès. 

M.  Putzeys,  après  avoir  fait  examiner 
l'opéré  aux  membres  de  la  Société,  ren<l 
compte  en  ces  termes  de  l'opération  : 


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ACADEMIES  ET  SOCIETES  SAVANTES. 


573 


Cbarlier-,  Amand,  âge  de  10  ans,  était  at-. 
feint  d'une  division  congénitale  du  voiltidii 
palais.  La  division  empiétait  d'uncentimètre 
environ  sur  le  palais  osseux,  en  arrière  elle 
séparait  la  luette  en  deux  moitiés  égales. 

Le  voile  du  palais  était  augmenté  d'éten- 
due d'avant  en  arrière;  les  piliers  anté- 
rieurs et  postérieurs  étaient  caccourcis  de 
chaque  côté. 

La  voix  était  fortement  nasonnée  ;  la  pa- 
role à  peine  distincte.  Les  muscles  du 
voile  du  palais  existent  et  ont  conservé 
chacun  leurs  fonctions,  ce  dont  on  s'assure 
en  engageant  le  patient  à  faire  certains 
mouvements  de  Torgane  et  en  provoquant 
des  excitations  de  la  muqueuse  slaphyline. 

L'opération  est  faite  le  20  mai  1875 
d'après  le  procédé  de  M.  Sedillot;  le  pa- 
tient est  assis  sur  une  chaise  en  face  d'une 
fenêtre;  un  aide  lui  tient  la  tête  légère- 
ment renversée,  pendant  qu'un  autre  aide 
déprime  la  langue  avec  un  abaisse-langue 
ordinaire;  nous  procédons  d'abord  à  la 
section  des  muscles  péristaphylins  internes 
d'après  le  précepte  de  M.  Sedillot  ;  un  bis- 
touri à  long  manche  fait  une  incision  obli- 
que en  avant  et  en  dedans  d'un  centimètre 
d'étendue  et  cela  à  un  centimètre  en  avant 
et  en  dehors  de  la  base  des  deux  moitiés 
de  la  luette  ;  l'avivement  est  ensuite  exé- 
cuté comme  suit  :fpn  fait  une  ponction 
avec  un  bistouri  pointu  sur  chaque  bord 
de  la  division  du  voile^  un  peu  en  arrière 
de  l'angle  de  cette  division  et  à  un  milli- 
mètre du  bord,  puis  on  remplace  le  bis- 
touri pointu  par  le  bistouri  boutonné  qui 
enlève  une  bande  d'un  millimètre  le  long 
du  bord  du  voile,  jusqu'à  l'extrémité  de 
la  luette;  pendant  l'avivement,  chaque 
moitié  du  voile  est  tendue  au  moyen  d'une 
longue  pince  à  dents  de  souris,  coudée  sur 
le  plat  et  appliquée  vers  la  partie  moyenne 
de  la  luette. 

Reste  l'angle  de  la  division  ;  nous  pro- 
cédons à  son  avivement  au  moyen  d'un 
bistouri  pointu  à  long  manche  en  portant 
l'avivement  sous  forme  d'angle  aigu  à 
5  millimètres  plus  en  avant  que  la  division, 
ensuite  nous  détachons  de  l'os  du  palais, 
avec  la  rugine  dcM.  Ollier^les  deux  bords 
de  l'angle  à  2  centimètres  environ  de  pro- 
fondeur; cela  fait,  les  musiîles  glosso  sta- 
phylins  ou  les  piliers  antérieurs  sont  ten- 
dus et  attirés  en  dedans  avec  un  crochet 
iiigu  et  sectionnés  vers  leur  partie  moyenne 
avec  les  ciseaux  coudes  de  iM.  Broca  ;  le 
muscle  pharyngo-staphylin  droit  est  coupé 
de  la  même  façon,  mais  son  homonyme  ou 


le  pilier  postérieur  gauche  est  difiRcileraent 
:icce>sible  derrière  l'amygdale;  aussi  la 
/Section  est-elle  remise  à  un  autre  jour. 

Ces  différentes  opérations  ont  amené  un 
écoulement  de  sang  peu  notable;  après 
chaque  incision,  l'opéré  se  gargarise  avec 
de  l'eau  fraîche,  cela  suffît  pour  mettre  fîn 
à  l'hémorrhagie  ; .  avant  de  procéder  à  la 
suture,  nous  laissons  reposer  quelque 
temps  l'opéré,  les  sections  des  différents 
muscles  précités  du  voile  ont  amené  une 
détente  de  l'organe;  les  bdrds  de  la  divi- 
sion se  sont  rapprochés  et  les  dimensions 
antéro-postérieures  du  voile  moindres.  Les 
points  de  suture  sont  passes,  non  sans  dif- 
ficultés ,  avec  l'aiguille  chasse -^fîl  de 
i\I.  Matthieu^  de  Paris.  Nous  nous  servons 
de  l'aiguille  coudée  et  courbée  latéralement 
à  sa  tige, et  de  la  suture  métallique  en  argent. 

Chaque  moitié  du  voile  est  tendue  d'ar- 
rière en  avant  avec  une  longue  pince  à 
dents  de  souris,  l'aiguille  est  enfoncée  à 
7  millimètres  environ  du  bord  avivé  gauche 
d'avant  en  arrière  et  au  point  correspon- 
dant de  l'autre  bord  d'arrière  en  avant. 

Nous  plaçons  ainsi  quatre  longues  anses 
de  fil  d'argent,  une  cinquième, l'antérieure 
et  supérieure,  est  placée  à  l'aide  de  l'ai- 
gnille  courbe  ordinaire  de  Roux,  à  cause 
(lu  peu  d'étendue  que  présente  à  ce  niveau 
la  cavité  buccale;  nous  tordons  ensuite  les 
deux  extrémités  de  chaque  anse  pour  évi-. 
ter  la  confusion  des  fils  passés. 

f^a  première  anse  est  passée  en  arrière 
près  de  la  base  de  la  luette  ;  avant  de  ser- 
rer ces  points  de  suture,  on  enlève,  au 
moyen  de  petites  éponges,  les  caillots  qui 
adhèrent  aux  bords  avivés;  deux  points 
où  l'avivement  laissait  à  désirer  sont  avivés 
plus  largement  au  moyen  de  ciseaux 
courbés  sur  le  plat. 

Les  différentes  anses  sont  ensuite  suc- 
cessivement tordues  en  commençant  par 
la  postérieure.  Nous  nous  servons,  à  cette 
fin,  du  tord-fil  de  Dcnonvillers  ;  la  torsion 
des  trois  anses  postérieures  amène  un 
affrontement  complet,  il  existe  cependant 
à  leur  niveau  une  certaine  tension,  preuve 
de  la  division  incomplète  des  péristaphy- 
lins internes  qu'un  nouveau  coup  de  bis- 
touri vient  achever.  Quant  aux  deux  anses 
antérieures,  nous  éprouvons  la  plus  grande 
«liffîculté  pour  obtenir  la  eoaplation,  ce 
n'est  qu'à  l'aide  de  profondes  incisions 
latérales  à  un  centimètre  des  bords,  et  en 
opérant  le  décollement  de  la  muqueuse  au 
moyen  d'une  spatule  coudée,  que  nous 
parvenons  à  affronter  celui-ci. 


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574 


A<]ADÉM1ES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


Aucun  point  de  suture  n*est  appliqué 
sur  la  luette,  vu  qu'une  partie  de  cet  or- 
gane bifide  a  été  enlevée  par  l'avivement, 
et  se  trouve  à  peu  près  réduit  à  rien. 

Nous  nous  assurons  de  nouveau  que  les 
surfaces  avivées  sont  régulièrement  en 
contact,  puis  nous  coupons  les  extrémités 
des  fils  ;  Topération  avait  exigé  près  de 
quatre  heures  ;  celte  longue  durée  des 
manœuvres  est  due  en  grande  partie  aux 
vomissements  du  patient,  qui  a  montré, 
soit  dit  à  sa  louange,  pendant  tout  le  temps 
un  courage  et  une  patience  peu  communs 
à  pareil  âge. 

L'opéré  est  placé  au  lit  au  repos  le  plus 
absolu  et  à  la  diète  pendant  trois  jours;  le 
quatrième  jour,  il  prend  une  nourriture 
liquide,  lait,  bouillon  à  Taide  du  biberon. 
La  nuit  qui  a  suivi  l'opération  a  été  assez 
calme;  le  jour  suivant,  il  y  a  eu  une  lé- 
gère réaction  fébrile  vers  la  soirée. 

Le  26  mai,nous  enlevons  les  trois  points  de 
suture  antérieurs  ;  Tangle  est  parfaitement 
réuni,  ainsi  qi>e  la  partie  postérieure,  sur 
une  étendue  de  20  millimètres  environ, 
mais  la  réunion  fait  défaut  dans  le  tiers 
moyen  sur  une  étendue  de  7  millimètres; 
le  i<"  juin,  les  deux  fils  postérieurs  sont 
enlevés  à  leur  tour;  la  réunion  à  ce  niveau 
est  complète.  Par  suite  des  progrès  de  la 
rétraction  cicatricielle  des  bords  de  l'ou- 
verture, celle-ci  est  réduite  à  une  longueur 
de  6  millimètres;  des  cautérisations  intra- 
fistulaires  pendant  plusieurs  jours  n'ayant 
pas  réduit  cette  ouverture,  nous  nous  dé- 
cidons 8  procéder  à  un  nouvel  avivement 
sur  rétendue  de  la  fistule.  Celte  opération 
complémentaire  fut  faite  le  "11  juillet; 
l'avivement  est  long  et  difficile  ;  deux 
points  de  sulure  sont  placés,  l'antérieur 
avec  l'aiguille  de  Péan,  le  postérieur  au 
moyen  d'une  aiguille  coudée  et  courbe 
chasse-fil  de  Matthieu.  Au  moment  de  la 
torsion  de  l'anse  antérieure,  le  fil  se  brisa 
et  dut  être  remplacé,  ce  qui  ne  se  fît  pas 
sans  grande  difficulté.  Pour  obtenir  une 
coaptalion  exacte  des  bords  avivés,  et 
empêcher  la  section  des  lèvres  trop  tendues 
de  la  fistule,  nous  pratiquons  à  un  centi- 
mètre des  fils  et  de  chaque  côté,  une  inci- 
sion anléro-postcrieuré  libératrice  et  qui 
intéresse  presque  toute  l'épaisseur  du  voile 
du  palais  ;  cette  manœuvre  fit  cesser  le 
tiraillement  des  parties  molles  et  amena 
un  rapprochement  exact  des  bords  de  la 
plaie;  un  peu  de  réaction  suivit  cette  se- 
conde opération  ;  l'aliuientation  consista  en 
lait,  bouillon  additionné  plus    tard  d'un 


jaune  d'œuf  et  ingérés  à  Taide  du  biberon. 

Le  i"  août,  les  fils  sont  enlevés  et  l'o- 
péré est  guéri.  Quant  au  résultat  de  l'opé- 
ration, il  est  des  plus  heureux  pour  l'enfant; 
pour  celui-ci,  l'action  de  siffler,  de  souffler 
était  impossible  ;  la  déglutition  était  eonsi- 
dérablemenl  gênée;  aujourd'hui,  ces  trois 
fonctions  sont  parfaitement  établies. 

La  parole,  mobile  principal  de  l'opéra- 
tion^ est  beaucoup  améliorée;  il  ne  reste 
plus  que  certaines  consonnes  dures  que 
l'opéré  éprouve  de  la  peine  à  prononcer. 
Nous  avons  conseillé  aux  parents  de  lui 
chercher  un  précepteur  habile,  et  nous  ne 
douions  nullement  qu'il  parvienne  à  parler 
et  à  se  faire  comprendre  aisément  ;  il  s'agit 
ici  d'un  organe  nouveau  qu'il  a  fallu. créer 
de  toutes  pièces,  pour  ainsi  dire;  la  chi- 
rurgie a  fait  sa  part,  le  temps  et  l'exercice 
feront  le  reste. 

M.  LE  Président.  Quelqu'un  demande-t- 
il  la  parole  à  propos  de  l'intéressante  com- 
munication de  M.  le  docteur  Putzeys? 

M.  Sacré.  J'ai  demandé  la  parole  d'abord 
pour  féliciter  M.  Putzeys  du  beau  succès 
qu'il  a  obtenu,  et  ensuite  pour  faire  res- 
sortir les  avantages  des  incisions  latérales 
recommandées  par  M.  Sédillot  et  auxquelles 
notre  confrère  a  eu  recours. 

Ces  incisions  facilitent  beaucoup  le  rap- 
prochement des  bord#  avivés  et  .prévien- 
nent la  section  par  les  fils,  tandis  qu'elles 
n'offrent  aucun  inconvénient.  Quand  leur 
étendue  n'excède  pas  un  centimètre  et 
demi,  ces 'plaies  ne  restent  pas  un  instant 
béantes,  parce  que  les  glandes  sous  mu- 
queuses, si  abondantes  dans  le  voile  du 
palais,  comblent  immédiatement  la  solution 
de  continuité.  Si  les  incisions  ont  une 
longueur  plus  grande,  leurs  bords  peuvent 
rester  écartés  après  la  suture,  mais  cet 
écartement  ne  persiste  pas;  au  bout  de 
quelques  heures  l'ouverture  se  trouve 
comblée  par  la  saillie  des  glandes  et  par  le 
gonflement  des  parties.  Ces  plaies  sont 
généralement  cicatrisées  le  troisième  ou 
quatrième  jour. 

La  section  des  piliers  du  voile  est  sou- 
vent inutile. 

Pour  Tapplication  des  sutures,  l'aiguille 
avec  coche  latérale  et  fixée  sur  un  manche, 
offre  des  facilités  plus,  grandes  qu'aucun 
autre  instrument,  sans  en  excepter  celui 
de  M.  de  Pierrîs.  * 

—  Des  remerclmcnts  sont  votés  à 
M.  Putzeys  pour  sont  intéressante  com- 
munication. 

M.  le  Président  accorde  ensuite  lu  parole 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


575 


à  M.  Carpentier  pour  donner  lecture  de 
son  rapport  sur  le  travail  de  M.  le  docteur 
Ed.  De  Smet,  présenté  comme  candidat  au 
litre  die  membre  effectiC. 

M.  CAaPENTiEa.  Le  travail  que  M.  De 
Smct  nous  soumet  à  Tappui  de  sa  candida- 
ture, est  Texposc  des  principales  affections 
oculaires  qui  ont  été  traitées  à  Thôpital 
St  Pierre  pendant  Tannée  1874. 

Formant  le  résume  d'un  traité  pratique 
des  affections  de  Torgane  visuel,  ce  travail 
ne  m'a  pas  semblé  susceptible  d'une  ana- 
lyse utile  à  vous  soumettre.  La  tâche  du  . 
rapporteur  eût  consisté  à  reprendre  point 
par  point  les  multiplet  sujets  traités  par 
l'auteur  ;  elle  n'aurait  abouti  qu'à  un  tra- 
'vail  aride,  insipide,  rendant  tout  au  plus 
la  pensée  de  l'auteur  dont  le  méinoirc  doit 
être  lu  dans  son  entier. 

Le  but  de  M.  De  Smet  a  été  d'appuyer 
par  des  faits  cliniques  les  points  importants 
de  l'ophthalmologie,  et  riotamment  quel- 
ques affections  sur  la  nature  desquelles 
Ton  n'est  pas  bien  d'accord. 

L'auteur  a-t-il  porté  la  conviction  dans 
l'esprit  de  ses-  lecteurs?  Il  vous  suffira, 
Messieurs,  de  parcourir  les  observations 
citées  à  l'appui  de  ses  principes.  Après 
avoir  exposé  ses  procédés  chirurgicaux, 
ses  moyens  thérapeutiques  découlant  tou- 
jours de  la  véritable  nature  de  l'affection, 
il  vous  fait  assister  à  leur  application,  à 
leur  succès.  Si  celui-ci  ne  répond  pas  à 
son  attente,  il  vous  en  montre  la  raison  et 
fait  encore  ressortir  tout  ce  qui  milite  en 
faveur  de  sa  manière  de  voir. 

Quoi  de  plus  utile  enfin  que  ces  travaux 
qui  résumont  la  clinique  d'une  année?  Il 
ne  s'agit  plus  d'idées  théoriques  appuyées 
souvent  sur  l'hypothèse  ;  ce  sont  les  faits 
que  l'on  nous  expose,  faits  basés  sur  l'ob- 
servation de  tous  les  jours  et  partant  sur 
l'expérience.  Pour  le  praticien  comme 
pour  rélève,  la  revue  clinique  du  service 
opbthalmologique  de  l'hôpital  St-Picrre  est 
un  sérieux  enseignement. 

Nous  avons  donc  l'honneur.  Messieurs, 
de  vous  proposer  son  insertion  dans  nos 
publications,  et  en  outre  de  proclamer  son 
auteur,  M.  le  docteur  Edouard  De  Smet, 
membre  effectif  de  la  Société. 

—  Ces  conclusions  sont  mises  aux  voix 
et  adoptées  à  l'unanimité . 

En  conséquence ^M.  Ed.  De  Smet  est 
proclamé  membre  titulaire  de  la  Société 
royale  des  sciences  médicales  et  naturelles 
de  Bruxelles. 

La  parole  est  à  M.   Ledeganck,   pour 


donner  lecture  de  son  compte-rendu  de 
Touvrage  biographique  de  M.  Haaxman, 
sur  Van  Leeuwcnhock. 

M.  Ledkgânck.  Antony  van  Leeuwen- 
HOEK,  de  ontdekker  der  Infusorien^  door 
P.-J.  Haaxman.  Lciden  1875. 

Messieurs^  l'ouvragQ  de  notre  collègue, 
M.  Haaxman,  membre  correspondant  à  Rot- 
terdam, a  vu  le  jour  à  l'occasion  des  fêtes 
organisées  par  la  ville  de  Dcift,  pour  célé- 
brer le  200*  anniversaire  de  la  découverte 
des  infusoires  par  Van  Leuwenhoek.  C'est 
une  oeuvre  biographique  des  plus  com- 
plètes, qui  nous  apprend  à  connaître  le 
père  de  la  science  micrographique,  et. 
comme  homme  et  comme  savant. 

Comme  savant,  comme  inventeur  de 
nouveaux  instruments,  comme  investiga- 
teur infatigable,  comme  créateur  d'une 
science  toute  nouvelle,  la  réputation  de 
Van  Leeuwenhoek  nous  semble  inférieure 
encore  à  ses  mérites.  Lorsque  nous  lisons, 
dans  la  biographie  de  VI.  Haaxman,  quel 
nombre  prodigieux  d'instruments  il  a  pro- 
duit de  toutes  pièces  ;  à  quel  degré  de  per- 
fection il  a  poussé  la  préparation  des 
infiniment  petits  ;  avec  quelle  sagacité  il  a 
pu  étudier  le  faible  champ  d'observation 
que  lui  fournissjiient  ses  instruments  — 
qui  après  tout  n'étaient  que  des  loupes 
montées,  —  on  est  saisi  d*admiration  pour 
l'homme  qui  par  ses  propres  moyens,  par 
les  seules  ressources  de  son  intelligence 
s'est  élevé  à  une  telle  perfection  dans  l'art 
d'observer  la  nature.  On  possède  encore 
aujourd'hui  le  catalogue  de  la  collection 
de  microscopes  délaissée  par  Leeuwen- 
hoek ;  le  nombre  des  instruments  qui  y 
figurent  atteint  le  chiffre  incroyable  de 
527.  Parcni  ceux-ci,  il  y  a  3  microscopes 
en  or,  14-4.  en  argent,  et  380  en  cuivre  ! 
Tous  ces  microscopes  furent  vendus  aux 
enchères  et  atteignirent  des  prix  considé- 
rables pour  l'époque.  La  Société  Royale  de 
Londres  possède  encore  un  certain  nombre 
de  microscopes  qui  lui  furent  offerts  de 
son  vivant  par  Leeuwenhoek  lui-même. 
Pour  s'expliquer  le  nombre  prodigieux  de 
ces  instruments,  il  faut  savoir  que  Leeu- 
wenhoek, chaque  fois  qu'il  faisait  une 
découverte  nouvelle^  laissait  l'objet,  con- 
venablement préparé  et  mis  au  foyer, 
définitivement  fixé  à  l'instrument,  puis  le 
serrait  dans  sa  collection.  De  sorte  que 
chaque  objet  intéressant  avait  son  instru- 
ment propre,  dont  il  n'était  plus  séparé. 
L'habileté  merveilleuse  de  Leeuwenhoek 
dans  la  fabrication  des   lentilles  rendait 


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576 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


seule  possible,  une  telle  productivité.  Il 
fabriquait  dts  lentilles  au  moyen  de  grains 
de  quartz,  de  diamants,  etc.,  et  le  n°  126 
du  catalogue  de  la  vente  porte  cette  re- 
marque naïve  :  «  que  la  lentille  est  faite 
d'un  grain  de  sable  et  Tobjet  qu'on  y  voit 
est  aussi  un  grain  de  sable.  » 

'  Mais  ce  sont  surtout  les  préparations 
d'histologie  qui  peuvent  nous  donner  une 
idée  juste  de  la  perfection  que  Leeuwen- 
hoek  avait  atteinte  dans  l'analyse  microsco- 
pique des  tissus.  Dans  le  catalogue  déjà 
cité,  nous  voyons  figurer  :  Les  globules 
sanguins  de  l'homme.  —  Fibres  musculai- 
res de  poisson,  de  cétacé,  et  fibres  du  cœur 
chez  l'oiseau.  —  Coupe  transversale  de  la 
vessie  de.  l'homme  et  de  celle  du  bœuf.  — 
Structure  du  foie  chez  le  porc—  Cristallin 
du  bœuf.  —  Papilles  de  la  langue.  Ce  sont 
autant  de  préparations  qui  exigent  des 
manipulations  extrêmement  délicates  et 
que  nous  ne  parvenons  à  bien  étudier  qu'à 
l'aide  de  forts  grossisseibents  ;  et  pourtant, 
le  microscope  le  plus  puissant  que  Leeu  - 
.  wenhoek  nous  ait  laissé,  est  un  micros- 
cope en  argent ,  conservé  au  musée 
d'Utrecht,  d'un  pouvoir  amplifiant  de 
270  diamètres  ! 

Nous  disions,  en  commençant  que  la 
renommée  de  Leeuwenhoek  ne  nous 
semble  pas  à  la  hauteur  de  ses  mérites, 
mais  autant  les  documents  scientifiques 
réunis  dans  le  travail  de  M.  Haaxman 
tendent  à  rehausser  la  figure  du  savant, 
autant  les  détails  biographiques  qui  s'y 
trouvent  nous  enlèvent  nos  illusions  à  cet 
égard.  Leeu>venhoeck  n'ét»it  pas  un  savant 
en  us,  comme  pourrait  le  faire  croire  la 
perruque  altière  dont  il  est  coiffé  sur  tous 
ses  portraits.  Il  ne  fut  jamais  ni  docteur 
ni  professeur.  Issu  d'une  ancienne  famille 
de  brasseurs  à  Delft,  il  y  vivait  du  patri- 
moine acquis  par  ses  ancêtres  dans  Pindus- 
trie,  et  remplissait  les  modestes  fonctions 
d'huissier  de  salle  en  la  chambre  du  Conseil 
échevinal  de  sa  ville  natale.  Leeuwenhoek 
n'avait  jamais  fait  d'études  classiques.  La 
seule  langue  qu'il  connût,  c'était  sa  langue 
maternelle.  Pour  correspondre  avec  la 
Société  Royale  de  Londres  dont  il  devint 
membre^  il  lui  fallait  recourir  à 'un  ami 
obligeant,  qui  traduisit  seslelties  du  néer- 
landais en  latin,  afin  que  les  savants  de 
la  Société  de  Londres  pussent  les  lire.  Les 
connaissances  scientifiques  de  Leeuwen- 
hoek devaient  naturellement  s'en  ressentir. 
Comme  il  arrive  souvent  dans  ces  cas,  il 
se  retrancha  dans  son  propre  savoir^  sui- 


vant toujours  la  voie  qu'il  s'était  tracée,  au 
risque  de  s'y  fourvoyer  à  tout  instant, 
n'admettant  pas  la  contradiction,  dédai- 
gnant toute  discussion,  et  s'oubliant  jusqu'à 
jeter  le  ridicule  sur  toutes  les  découvertes 
contemporaines  qui  n^élaient  pas  siennes. 
Jl  faut  lire  sur  quel  ton  de  mépris  il  parle 
des  travaux  de  son  contemporain  Bonte- 
koe,  touchant  la  génération  ;  le  dédain  qu'il 
affecte  pour  les  «  prétendus  ovaires  i  et 
«  ces  machines  qu'on  appelle  ovules.  » 
Mais  laissons  la  parole  à  un  de  ses  contem- 
porains, le  célèbre  Hartsoeker,  qui  fut 
l'objet  constant  delà  jalousie  et  de  la  haine 
de  notre  savant  : 

Voici  comment  Hartsoeker,  déjà  connu 
de  Leeuwenhoek  par  ses  écrits,  nous 
raconte  une  visite  qu'il  lui  fit  incognito: 

c J'y  fus  la  deuxième  fois  vers  la 

1»  fin  de  l'année  4679,  à  mon  retour  de 
»  Paris.  Cette  visite  que  je  lui  rendis^  moi- 
»  tié  dans  la  rue  et  moitié  à  l'entrée  de  sa 
»  maison,  m'attira  son  disgrâce  et  m'en 
»  fit  un  ennemis  capital,  à  cause  que  je 
»  lui  fis  sur  ses  ridicules  anatomies  quel- 
»  ques  objections  auxquelles  il  ne  pouvoit 
»  me  répondre.  Comptent  faites- vous  lui 
1»  disoîs-je  pour  disséquer  une  puce,  et 
*  qui  plus  est,  une  mite,  pour  tirer  les 
»  testicules  de  leur  corps  ;  pour  ouvrir 
»  ces  testicules  et  en  ôter  la  semence , enfin 
»  pour  voir  que  cette  semence  est  remplie 
»  de  petits  animaux  en  forme  de  petites 
»    anguilles   fort   longues  et  fort   minces? 

»  De  quels  couteaux  vous  servez- vous? 

»  Celui  qui  auroit  le  tranchant  le  plus  fin 
»   et  le   plus  aigu  écraseroit  le  vaisseau 

»   plutôt  que  de  l'ouvrir et  là  dessus 

»  s'ennuiant  sans  doute  des  mes  objec- 
»  tiens,  il  me  congédia  assez  brusquement 
»    disant  qu'il  avait  d'autres  affaires  *.  » 

La  troisième  visite  de  Hartsoeker,  fut 
moins  heureuse  encore  ;  c'était  en  4697;  il 
s'était  fait  accompagner  du  bourgmestre  de 
Delft  et  avait  prié  celui-ci  de  ne  pas  dévoiler 
son  incognito  au  savant  ombrageux.  Leeu- 
wenhoek, à  qui  la  visite  d'un  étranger  avait 
été  annoncée,  avait  rangé  sur  la  table  quel- 
ques instruments  et  quelques  préparations. 
Une  malheureuse  distraction  du  bourgmes- 
tre vinî  tout  compromettre.  Ayant  présenté 
nominalement  le  visiteur  à  Leeuwenhoek 
a  celui-ci,  dit  Hartsoeker,  me  regardant 
B  avec  un  air  dédaignei^x  et  d'un  œil  d'in- 
»  dignation  et  de  mépris,  serra  d'abord 
»  toute   la  boutique,   sans   vouloir  nous 

(1)  Harlsocker  ;  Essai  critique  des  lettret  de 
M.  Leeuwenhoeck.Lïk  Haye,  1750. 


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»  faire  voir  la  moindre  chose^  et  peu  s'en 
»  fallut  qu'il  ne  nous  mit  par  les  bras  hors 
n   de  sa  maison.  » 

Leeuweiihoek.  comme  on  ie  voit,  n'était 
pascommunicatif.Ce  n'était  pas  seulement 
chez  lui  manque  d'affdbilité  ^  mais  il  faut 
croire  qu  'on  se  faisait  à  cette  époque  une 
idée  bien  singulière  de  la  coopération 
scientifique.  La  diffusion  et  la  vul{];arisation  ' 
des  notions  acquises,  que  nous  considérons 
aujourd'hui  comme  un  devoir,  il  ne  s'en 
préoccupait  nullement.  Il  entoura  ses  in- 
ventions et  ses  procédés,  d'un  mvsière 
jaloux.  Liebnitziui  ayant  écrit,  à  ce  sujet; 
et  lui  ayant  demandé  s'il  ne  comptait  pas 
former  quelques  élèves,  il  osa  répondre 
au  grand  philosophe  par  le  faux  fuyant 
que  voici  :  c ...  D'ailleurs  je  suis  bien  cou- 
»  vaincu  que  sur  mille  personnes  il  ne 
>  s'en  trouvera  pas  une  seule  capable  de 
»  se  livrer  à  de  semblables  études  ;  on  y 
»  perd  beaucoup  de  temps  ;  on  gaspille 
»  beaucoup  d'ari^ent;  et  pour  arrivera 
»  quelque  résultat,  il  faut  y  consacrer 
«  toutes  ses  pensées.  Et  puis,  la  plupart  des 
»  hommes  n'ont  pas  le  goût  d'apprendre; 
V  bien  plus,  quelques  uns  dont  on  ne  de- 
»  vrait  pas  attendre  une  telle  indifférence 
»  von(  jusqu'à  dire  :  à  quoi  bon  apprendre 
»  tout  cela?»  (1). 

Celte  imiifférence  des  contemporains 
pour  ses  découvertes  parait  avoir  aigri,  au 
delà  de  toute  mesure,  le  caractère  de  notre 
savant  déjà  si  enclin  à  la  mélancolie  et  la 
misanthropie.  Dans  un  grand  nombre  de 
ses  lettres  ;  ce  sentiment  s'exhale  en 
plaintes  amères  ;  il  se  plaint  de  n'être  pas 
suffisamment  apprécié;  de  ne  trouver 
parmi  ses  concitoyens  que  la  plus  froide 
indifférence  ;  il  fait  même  entendre  que  les 
autorités  en  ne  le  récompensant  pas  pour 
SCS  travaux  assidus  ont  manqué  à  tous  leurs 
devoirs.  Mais  ce  qui  le  chagrine  le  plus  et, 
ici  (lu  moinS;  ses  sentiments  sont  à  la  hau- 
teur de  son  génie,  ce  qui  le  chagrine  le 
plus,  disons -nous,  c'est  de  voir,  même 
dans  le  monde  scientifique;  ses  plus  belles 
découvertes  accueillies  avec  déûance,  les 
résultats  obtenus  contestés  sans  contrôle, 
enfin,  sa  bonne  foi  mise  en  suspicion.  C'est 
qu'il  ne  savait  pas,  combien  il  en  coûte  de 
battre  en  brèche  les  préjugés  et  les  anti- 
ques traditions  doctrinales.  N'est  ce  pas  le 
sort  de  tous  les  i^iinovateurs  d'être  plutôt 
ridiculisés  que  discutés?  Que  n'a-t-oh  pas 
écrit  contre  Vésale  et  contre  Harvey  !  Et 

(1)  18'  Sendbripf,  p.  109. 


lui,  le  naturaliste  illettré,  l'huissier  de  salle 
du  Collège  échevinal,  le  fils  des  brasseurs 
de  Deift,  lui  l'homme  simple,  dépourvu  de 
cet  éclat  extérieur  que  donnent  Térudition 
et  l'abondance  des  termes  savants,  pouvait- 
il  raisonnablement  espérer  d'éluder  la  loi 
commune  e(  d'échapper  à  la  contradiction? 
Que  n'a-t-il  vécu  en  plein  xix"  siècle, 
dans  une  ville  universitaire,  pour  y  en- 
tendre répéter,  du  haut  de  la  chaire  pro- 
fessorale, la  vieille  boutade  :  u  dans  le 
microscope  on  voit  tout  ce  qu'on  veut!  » 
Deux  siècles  avant  nous,  Leeuwenhoek  y 
répondait  par  cette  autre  boutade  non 
moins  brutale  :  «  dans  mes  microscopes, 
on  est  forcé  de  voir^  même  ce  que  l'on  ne 
veut  pas*.  «  V  eût  été  plus  digne  d'un 
savant  de  répondre  par  le  mépris  pur  et 
simple,  mais  comme  nous  l'avons  vu, 
Leeuwenhoek  ne  brillait  pas  par  l'amé- 
nité du  caractère. 

S'il  cul  des  mécomptes  et  des  déboires, 
il  faut  reconnaître  aussi  qu'il  eut  de  larges 
compensations.  On  est  même  étonné  de  voir 
à  celle  époque  de  publicité  si  restreinte,  où 
le  seul  intermédiaire  scientifique  qu'il  eût  à 
sa  disposition,  était  la  Société  Royale  de 
Londres  et  ses  Philosopfiical  Transactions, 
on  est  étonné,  disons  noùS;  de  voir  le 
grand  nombre  de  personnages  importants 
qui  sont  mis  au  courant  de  ses  découvertes 
et  qui  viennent  expressément  à  Delfl  pour 
voir  de  leurs  propres  yeux  Us  merveilles 
dont  on  parlait  tant.  C'étaient  surtout  les 
illustrations  scientifiques  de  l'Angleterre 
qui  montraient  de  l'empressement  à  venir 
se  rendre  compte  des  nouvelles  décou- 
vertes. Robert  Hooke,  Francis  Aston  ; 
Christopher  Wren.  Hans  Sloane,  Nehe- 
miah  Grew,  tous  membres  <le  la  Soeiélé  . 
Royale,  vinrent  lui  ren«lre  visite.  On  cite 
parmi  les  personnages  princiers  qui  s'ar- 
rêtèrent à  Delfl  pour  voir  Leeuwenhoek, 
le  duc  de  Brunswick  ;  les  rois  d'Angleterre 
Charles  II  et  Georges  \"  ;  le  landgrave  de 
Hesse  ;  Auguste,  roi  de  Pologne  ;  Frédé- 
ric 1",  roi  de  Prusse  ;  réiecleur  Palatin  ; 
le  prince  de  Lichtenstein,  qui  l'invita,  au 
nom  du  roi  d'Enpagiie,  h  se  rendre  à  La  Haye» 
pour  lui  montrer  ses  microscopes  ;  la  reine 
Anne  d'Angleterre,  enfin  le  czar  de  Russie, 
Pierre  !•'. 

C'étaient  là,  certes,  des  distinctions 
flatteuses  pour  un  savant.  Mais,  tout  aussi 
glorif>ux  pour  lui  était  le  coinmcrcc  intime 
do  ce  groupe  compact  d'illustrations  scien- 
tifiques qui  l'honoraient  de  leur  amitié,  et 
entretenaient  avec  lili  une  correspondance 

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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


suivie  :  Grew,  Swammerdam,  les  deux 
Huyghens,  De  Graaf,  Hcynsius,  Riiysoh. 
Boerhaevc,  Rrga,.  Leibiiiiz..  ..  furent  an 
nombre  de  ses  amis,  et  il  eut  le  bon  esprit 
de  se  montrer  plus  fier  de  leur  amitié  que 
des  attentions  royales  et  princières  dont  il 
fut  Tobjet. 

Messieurs,  j*ai  peut-être  abusé  de  votre 
bienveillante  attention,  en  vous  entrete- 
nant si  longuement  de  ce  sujet.  Je  m'arrête 
ici,  mais  a  regret.  Le  livro  de  M.  Haaxman 
contient  tant  de  documents  nouveaux 
concernant  le  père  de  la  micrographie, 
tant  de  données  positives  sur  les  origines 
de  cette  branche  des  sciences  ;  il  nous  pré- 
sente le  célèbre  Leeuwenhoek  sous  un 
aspect  si  nouveau  pour  nous,  qi^e  je  n*ai 
pu  résister  au  désir  de  vous  reproduire  les 
traits  principaux  de  cette  grande  figure 
scientifique. 

Je  vous  propose  d'adresser  à  notre  col- 
lègue M.   Hnaxmann,   nos   remerciments  . 
pour  son  intéressant  envoi,  et  d'ordonner 
le  dépôt  de  son  ouvrage  dans  notre  biblio- 
thèque. 

—  Ces  conclusions  sont  adoptées. 

M  Sacré  obtient  ensuite  la  parole  pour 
la  lecture  de  son  îtnalyse  du  travail  de 
M.  le  docteur  Jacquet^  de  Braine-le- 
Comte. 

M.  Sacré.  M.  Jacquet,  chirurgien  à 
Rraine  le-Comte,  a  fait  hommage  à  la 
Société  d'une  brochure  portant  pour  titre  : 
Fracture  du  eol  du  fémur,  méthode  pour  la 
guérir  sans  raccourcissement. 

L*aut<'Ur  expose  d'abord  par  quel  méca- 
nisme le  raccourcissement  du  membre  est 
produit  dans  les  fractures  du  col  du  fémur; 
il  attribue  ce  raccourcissement  à  l'action 
exclusive  exercée  sur  le  fragment  inférieur 
par  les  muscles  pelvi-trochantériens. 

Partant  de  là,  il  a  cherché  un  moyen 
qui  puisse  placer  et  maintenir  ces  muiicles 
hors  d'état  d'exercer  leur  action. Ce  moyen 
il  l'a  trouvé  dans  une  compression  énergi- 
que exercée  par  un  bandage  de  corps  serré 
autour  du  bassin  et  de  la  partie  supérieure 
des  cuisses. 

Ce  bandage,  fait  en  toile  très  solide,  me- 
sure, pour  un  adultc,vingt  cinq  centimètres 
de  largeur;  il  est  garni  de  trois  boucles  à 
l'une  de  ses  extrémités  et  de  trois  cour- 
roies à  l'autre. 

Le  patient  étant  placé  sur  un  lit,  dans  la 
position  du  dé^^ubitus  dorsal,  le  chirurgien 
glisse  le  bandage  sou»  le  siégf,  pendant  que 
le  membre  fracturé  c^t  ramené  à  la  même 
longueur  que  le  membre  sain;  à  l'aide  de 


Textension  et  dé  la  contre-extension  prati- 
quées par  des  aides.  D«'S  compresses  sèches 
pitées  en  six  ou  huit  doubles  sont  placm 
sur  la  partie  externe  du  bassin, de  manière 
à  couvrir  tous  les  muscles  environnant 
la  fracture,  afin  d'empêcher  le  bandage  de 
mortifier  les  parties  molles  qui  recouvrent 
l'épine  iliaque  antérieure  et  supérieure. 
Les  jambes  sont  ensuite  rapprochées  l'une 
de  l'autre  et  la  longueur  identique  des 
membres  étant  encore  une  fois  vérifiée,  le 
chirurgien  serre  fortement  le  bantlage. 

Le  membre  abandonné  a  lui-même  con- 
serve dès  lors  la  position  dans  laquelle  il  a 
été  placé,  c'est  .à -dire  sa  longueur  natu- 
relle. Les  pieds  sont  attachés  l'un  à 
l'autre. 

Par  cette  méthode  nouvelle,  M.  Jacquet 
a  trait'^  deux  blessés  qui  ont  guéri  l'un  et 
l'autre  sans  raccourcissement. 

Cet  heureux  résultat  a  pu  être  constaté 
par  les  membres  de  r  Académie  de  méde- 
cine auxquels  M.  Jacquet  a  présenté  ses 
fracturés. 

Le  premier  cas  est  relatif  à  un  ouvrier 
âgé  de  58  ans,  d'un  tempérament  sanguin, 
maigre  et  affaibli  par  les  privations  et  par 
un  labeur  excessif.  Tombé  d'un  lieu  élevé 
de  six  mètres,  il  se  fractura  le  col  du  fémur 
gauche. La  jambe  gauche  était  plus  courte 
de  huit  centimètres  que  la  droite  ;  la  pointe 
du  pied  était  tournée  en  dehors  et  le  talon 
se  trouvait  au  niveau  de  la  malléole  interne 
du  côté  droit. 

Le  bandage  fut  appliqué  le  1 8  août  1875, 
et  aussitôt  après  son  application  le  mem- 
bre conserva  la  longueur  qui  lui  avait  été 
donnée. 

Le  troisième  jour,  M.  Jacquet  resserra 
le  bandage  qui  semblait  s'être  relâché,  mais 
sans  que,  néanmoins,  le  membre  se  fût 
raccourci. 

Le  huitième  jour,  nouveau  resserrement 
du  bandage,  qui  est  bien  supporté. 

Le  malade  conserva  le  déeubitus  dorsal 
et  riromobilité  presqu'absolue  jusqu'au 
trente-deuxième  jour.  Alors,  il  lui  fut 
permis,  pour  la  première  fois,  de  se  placer 
sur  l'un  ou  l'autre  côté  et  en  même  temps 
le  pied  gauche  fut  dégagé  du  pied  droit. 

M.  Jacquet  n'enleva  l'appareil  qu'après 
six  semaines.  Il  eut  la  satisfaction  de 
constater  la  consolidation  de  la  fracture, 
sans  raccourcissement  du  membre,  et 
l'absence  de  toute  esehare,  malgré  la  lon- 
gue durée  de  la  compression  et  malgré  la 
souillure  du  bandage  par  les  matières  fé- 
cales. Quelques  jours  suffirent  au  malade 


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57a 


pour  recouvrer  Tusage  complet  du  membre 
fracturé. 

Dans  le  deuxième  cas,  il  s*agît  d*un 
ouvrier  de  2<i  ans.  d'une  bonne  constitu- 
tion, qui  fut  atteint  de  fracture  du  col  du 
fémur  gauche  a  la  suite  d*unc  violente  pres- 
9ion  subie  au  niveau  du  bassin  seulement^ 
entre  une  locomotive  et  la  porte  d'entrée 
d'un  atelier  de  la  station  de  Braine-le- 
Comte. 

Comme  lésions  secondaires,  on  observait: 
de  la  tuméfaction  au  niveau  du  grand 
trochanter  gauche  ;  une  plaie  coutuse  su- 
perficielle, longue  de  quatre  centimètres, 
au  dessous  de  la  crête  iliaque  droite; 
enfin,  une  forte  entorse  tarso  métatar- 
sienne du  pied  gauche  qui  était  tuméfié  et 
très-douloureux. 

Le  bandage  fut  applFqué  avec  le  même 
succès  que  dans  le  cas  précédent.  Il  fut 
resserre  les  quatrième  et  sixième  jours. 

Dixième  jour.  —  Le  bandage  dé- 
chiré est  remplacé  par  un  autre  plus 
solide. 

Seizième  jour.  —  Guérison  de  la  plaie 
superficielle. 

Vingt- et-vnième  jour.  —  Le  malade, 
qui  jusqu'ici  a  gardé  le  décubitus  dorsal  et 
Timmobilité  complète,  est  autorisé  à  se 
coucher  sur  Pun  ou  l'autre  côté. 

Trentième  jour.  —  L'appareil  est  en- 
levé et  remis  après  quelques  instants,  mais 
serré  avec  moins  de  force   qu'auparavant. 

Quarantième  jour.  —  Guéridon  sans 
raccourcissement. 

Au  bout  de  seize  jours,  le  malade  mar- 
che sans  béquilles,  mais  le  pied  reste  dou- 
loureux. 

Instruit  par  l'expérience,  M.  Jacquet 
croijt  qu'on  pourrait,  sans  inconvénients, 
relâcher  le  bandage  dès  le  quinzième  jour 
et  l'enlever  définitivement  après  trois  se- 
maines, mais  toujours  sans  autoriser  les 
mouvements. 

Telle  est,  Messieurs,  la  méthode  établie 
par  M.  Jacquet.  L'expérience  seule  pourra 
décider  ultérieurement  si  elle  est  plus 
avantageuse  que  les  méthodes  anciennes^ 
car  les  deux  succès  obtenus  ne  suffisent 
pas  pour  juger  la  que>tion.  En  effet,  l'ex- 
tension continue,  les  différents  bandages 
ihamovibles  aidés  ou  non  de  l'extension 
permanente,  ont  tous  donné  des  résultats 
non  moins  brillants  que  ceux  relatés  par 
l'habile  praticien  de  Brainele-Comte. 

Néanmoins,  le  raccourcissement  plus  ou 
moins  prononcé  du  membre  est  encore  la 
règle,  la  guérison  sans  claudication,  ou  du 


moins  sans  aucun  raccourcissement,  l'ex- 
ception. 

Toute  méthode  qui  ferait  de  la  guérisou 
radicale  la  règle,  serait  un  véritable  bien- 
fait pour  l'humanité. 

Aussitôt  que  j'eus  pris  connaissance  du 
travail  de  M.  Jacquet,  je  me  proposai  de 
soumettre  sa  méthode  à  une  expéritmco 
plus  décisive,  en  choisissant  un  cas  moins 
favorable  que  ceux  rapportés  par  notre 
estimable  confrère. 

J'étais  persuadé  que  l'occasion  ne  se  fe- 
rait pas  attendre  longtemps,  les  fractures 
du  col  du  fémur  étant  assez  fréquentes  à 
l'hospice  des  vieillards  où  le  service  chi- 
rurgical mVst  confié. 

Le  traitement  par  les  bandages,  tout 
comme  celui  par  l'extension  continue  oi; 
par  le  double  plan  incliné,  est  presque  ^q.u- 
jours  suivi  de  claudication  chez  lei  vieil- 
lards^ surtout  s'ils  sont  gâteux.  Di«  plus,  le 
décubitus  dorsal  détermine  souvent  cï\ç^ 
eux  des  eschares  qui  peuvent  étfe  suivies 
de  mort. 

Le  2:2  septembre  dernier,  pendant  que 
je  remplaçais  à  l'hôpital  Saint  Jean,  MM. 
Deroubaix  et  Van  Hoeter,  chefs  de  service, 
entra  dans  mes  salles  la  nommée  Vande- 
velde  Elisabeth,  âgée  de  74  ans.  Cette 
femme  venait  de  se  fracturer  le  col  du  fé- 
mur droit,  en  tombant  de  l'escalier  de  sa 
demeure. 

Le  raccourcissement  du  membre  a  em- 
mené le  talon  droit  immédiatement  au- 
dessus  de  la  malléole  interne  du  côté 
gauche  ;  le  pied  reposa  sur  son  bord 
externe;  le  moindre  mouvement  imprimé 
au  membre  provoque  une  vive  douleur 
dans  le  siège  de  la  fracture;  la  crépitation 
est  très- manifeste. 

Malgré  son  grand  âge,  la  femme  Van- 
develde  est  d'une  rare  énergie,  d'une  viva- 
cité et  d'une  irrascibiliié  peu  communes. 
Elle  déclare  avoir  toujours  joui  d'une 
bonne  santé;  sa  maigreur  est  assez  grande. 
Elle  n'offre  aucune  lésion  secondaire.  Je 
résolus  de  lui  appliquer  l'appareil  de 
M.  Jacquet. 

Le  premier  bandage  ayant  été  mal  con- 
fectionné et  le  second  étant  fait  d'une  toile 
trop  peu  solide,  je  ne  pus  commencer  le 
traitement  que  le  48  septembre. 

Le  bandage,  large  de  vingt-cinq  centi- 
mètres, fut  appliqué  en  suivant  minutieu- 
sement les  indications  fournies  par  M.  Jac- 
quet. Le  membre  fracturé  conserva  la 
même  longueur  que  le  membre  sain.  Une 
heure  après >  je  constatai  que  l'élongation 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


s*était  maintenue  et  que  le  bandage  n*occa- 
sionnail  que  de  la  gène,  mais  point  de  dou- 
leur vcrilable. 

29  septembre.  —  Malgré  mes  pressantes 
recommaniialiuns^  la  patiente  sVst  agitée 
dans  son  lit  et  il  en  est  résulté  un  raccour- 
cissement de  trois  centimètres.  Le  bandage, 
déjà  infîltré  d*urinc  est  resserré,  après 
extension  du  membre. 

30  teptembre,  —  La  malade  a  été  relati- 
vement plus  calme  ;  néanmoins,  un  rac- 
courcisM'nif  nt  aussi  étendu  que  celui  d'hier 
s'est  encore  produit  Nouvelle  réduction, 
nouveau  resserrement. 

i«f  octobre.  —  La  malade  a  eu  une  selle  ; 
son  agitation  a  été  très-grande.  Raccour- 
cissement d*environ  cinq  centimètres.  Le 
bandage  sali  par  les  matières  fécales  est 
nettoyé  et  les  compresses  fortement  imbi- 
bées d*urine  sont  changées. 

2  oclolre,  —  Le  membre  a  conservé  sa 
longueur  naturelle. 

5  octobre.  —  A  partir  de  ce  jour  nous 
constatons  chaque  matin  un  raccourcisse- 
ment variant  de  un  à  cinq  centimètres, 
malgré  l'énergie  de  la  eompression. 

Il  octobre.  —  Le  bandage  et  les  com- 
presses sont  fortement  imprégnées  d*urine. 
En  voulant  les  renouveler  nous  constatons 
la  production  d'eschares  entre  le  grand 
trochanter  et  la  crête  iliaque,  sous  les  com- 
presses. Le  bandage  est  abandonné. 

Cet  insuccès  reconnaît  plusieurs  causes. 
La  reproduction  persistante  du  raccourcis- 
sement doit  évittemmrnt  être  attribuée  à 
rindocilité  de  la  malade.  Il  s'en  faut  de 
beaucoup  que  nous  ayons  pu  obtenir  d'elle 
cette  immobilité  à  laquelle  se  sont  si  pa- 
tiemment prêtés  les  blessés  soignés  par 
M.  Jacquet. 

Notre  malade  n'ayant  jamais  desserré 
une  boucle  de  son  bandage,  Cf'liii-ci  doit 
être  reconnu  insuffisant  par  lui-même 
pour  maintenir  félongation  du  membre; 
son  action  exige  le  concours  d'une  immo- 
bilité presqu'ubsolue. 

Il  est  aisé  de  se  rendre  compte  de  celte 
insuffisance  :  en  admettant  que  l'action  de 
tous  les  muscles  pclvi  trochantériens  ex- 
ternes soit  annihilée  par  la  compression, 
il  est  d'autres  muscles,  et  des  plus  puis- 
sanis,  sur  lesquels  cette  compression  cir* 
culaire  n'agit  que  peu  ou  point.  Ce  sont 
les  trois  muscles  adducteurs  de  la  cuisse, 
le  pectine  et  le  psoas-iliaque. 

L'effet  produit  par  la  contraction  volon- 
taire de  ces  muscles  n'est  pas  entièrement 
contrebalancé  par   la  compression,  et   le 


fragment  inférieur  subit  un    mouvement 
ascensionnel. 

La  méthode  de  M.  Jacquet  lera  donc 
souvent  inefficace  chez  les  malades  indoci* 
les,  les  aliénés  et  peut-être  même  chez  les 
enfants. 

J'apprends,  en  effet,  qu'un  de  nos  plus 
habiles  confrères  de  Bruxelles  n'a  pu  évi- 
ter la  claudication  chez  une  petite  fille 
traitée  par  l'appareil  de  M.  Jacquet. 

Les  eschares  sont  incontestablement  le 
résultât  de  l'action  combinée  de  la  com- 
pression et  de  l'infiltration  urineuse.  Chez 
l'homme,  il  est  facile  d'éviter  que  l'appa- 
reil ne  soit  souillé  par  l'urine,  mais  cela  est 
absolument  impossible  chez  la  femme. 

La  méthode  de  M.  Jacquet  ne  semble 
donc  pas  pouvoir  être  appliquée  avec  le 
même  succès  chez  la  femme  que  chez 
l'homme. 

Nous  croyons  aussi  que  l'amoindrisse- 
ment de  la  vitalité  de  la  peau  chez  les 
vieillards,  amènera  presque  toujours  chez 
eux  la  production  d'eschares  sous  l'in- 
fluence d'une  compression  ériergique  et 
prolongée. 

Nous  sommes  cependant  convaincus  que 
l'appareil  de  M.  Jacquet  est  appelé  à 
rendre  de  grands  services  dans  le  traite- 
ment des  fractures  de  l'extrémité  supé- 
rieure du  fémur,  mais  seulement  chez 
les  hommes  doués  d'assez  d'énergie  pour 
supporter  patiemment  la  gêne  résultant 
d'une  longue  compression  et  d'une  malpro- 
preté amenée  par  la  difficulté  de  la  déféca- 
tion. 

La  méthode  de  M.  Jacquet  remporte 
sur  toutes  les  autres  par  sa  simplicité  et 
par  la  facilité  de  son  application. 

Comme  Ta  fait  remarquer  M.  le  profes- 
seur Soupart  elle  pourra  s'étendre  au  trai- 
tement de  toutes  les  fractures  et  luxations 
de  la  région  pMvienne  et  particulièrement 
deseoxarthrocaces  à  leur  début. 

J'ai  l'honneur  de  vous  proposer,  Mes- 
sieurs, d'adresser  des  remerciments  à 
M.  Jacquet  et  de  déposer  très-honorable- 
ment son  travail  dans  les  archives  de  la 
Société. 

—  Adopté. 

M.  LB  Présidbnt.  L'ordre  du  jour  amène 
l'analyse,  par  M.  Charan,  de  l'ouvrage  de 
M.  Moeller.  La  parole  est  au  rapporteur. 

M.  Charon.  Notions  d*anatomie,  de  phy- 
siologie et  d'hygiène  au  point  de  vite  de  la 
gymnastique.  —  L'ouvrage  de  M.  Moeller 
est  spécialement  destiné  aux  élèves  institu- 
teurs j  l'auteur  a  eu  en  vue  d'en  faire  des 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


381 


hommes  capables  de  soigner  l'éducation 
physique  des  écoliers  qui  leur  seront  plus 
tard  confiés.  Il  s*esl  contenté  de  leur  pré- 
senter les  éléments  d'analomie  et  de  phy- 
siologie nécessaires  pour  qu'ils  deviennent 
aptes  à  diriger  convenablement  les  leçons 
de  gymnastique.  L*hygiène  étant  une 
science  qui  intéresse  directement  tous  les 
hommes  est  traitée  moins  brièvement; 
M.  Mocller  est  pénétré  de  Tidée  que  Tinsti- 
tuteur  doit  parfaitement  la  connaître  puur 
en  réaliser  sans  cesse  les  bienfaits  au  pro6t 
lies  élèves  dont  il  dirigera  Téducalion.  Il 
dit  avec  raison  dans  son  livre  que  la  gym- 
nastique scolaire  a  une  utilité  hygiénique 
pour  deux  motifs  :  d'abord  à  cause  de  Tâge 
de  ceux  qui  î^*y  livrent,  en  second  lieu  à 
cause  des  inconvénients  de  la  vie  scolaire 
'  au  point  de  vue  de  la  santé.  Ces  inconvé- 
nients sont  au  nombre  de  quatre  :  en  pre- 
mier lieu,  le  séjour  dans  un^ir  renfermé  ; 
â»  la  surexcitation  du  système  nerveux; 
3**  la  position  vicieuse  de  l'écolier  ;  4"  une 
immobilité  trop  prolongée.  Les  exercices 
gymnastiquês  doivent  venir  journellement 
interrompre  cette  longue  immobilité  ;  mais 
il  faut  qu'ils  soient  pratiqués  avec  méthode 
et  selon  les  règles  indiquées  par  Phygiène 
et  par  la  connaissance  de  Tanatomie  et  de 
la  physiologie. 

Vous  voyez  qu'en  se  proposant  pour 
but^  par  la  publication  de  son  livre,  de 
former  des  professeurs  imbus  de  sembla- 
bles idées,  M.  Moeller  a  rendu  un  véritable 
service  à  i*humanité,car  il  concourt  à  nous 
préparer  une  génération  d'hommes  ro- 
bustes, sains  de  corps  et  d'esprit. 

J'ai  l'honneur  de  vous  proposer  le  dépôt 
de  Touvrage  de  M.  Moeller  dans  notre  bi- 
bliothèque et  d'agréer  l'auteur  comme  can- 
didat au  titre  de  membre  correspondant 
de  notre  Société. 

—  Ces  conclusions  sont  adoptées. 

La  Société  entend  ensuite  une  communi- 
cation de  M.  Melsens  relative  à  la  question 
de  la  crémation.  L'honorable  membre  dé- 
pose sUr  le  Bureau  les  statuts  d'une  Société 
qui  vient  d'être  fondée  dans  le  but  de 
populariser  la  crémation  en  Hollande,  et 
jouissant  dans  ce  pays  de  la  personnification 
eivile.  c'est-à-dire  olBciellement  reconnue 
par  l'Etat.  —  Remcrclments. 

La  séance  est  levée  à  9  heures. 


Académie  royale  de  médeeine  de 
'     Belgique. 

Séance  du  'il  novembre  1875. 

Président  :  M.  Vleminckx. 
Secrétaire  :  M.  Sovet. 

La  séance  est  ouverte  à  H  heures  et 
demie. 

Sont  présents  :  MM.  Bcllefroid ,  Borlée, 
Boulvin,  Bribosia,  Cousot,  Craninx,  Crocq, 
Deiwart,  Depaire,  De  Roubaix.  Gallez, 
Gaudy,  Gille,  Gluge,  Gouzée,  Hairion, 
Hubert,  Knborn,  Lefebvre,  Lequime,  Mas- 
cart,  Michaux ,  Pigeolet .  Hommelaere, 
Soupart,  Sovet,  Thiernesse,  Thiry,  Van 
Kempen,  Vleminckx  et  VVarlouiont,  mem- 
bres titulaires;  MM.  Kupfferschlaeger, 
Laussedat  et  Somers,  membres  honoraires. 

Se  sont  excusés  :  MM.  Foeien  et  Fos- 
sion. 

N'ont  point  motivé  leur  absence  : 
MM.  Burggraeve  et  Chandelon. 

MM.  B.irelld,  Boddaert,  Boêns,  Bulckens, 
Desguin  ,  Hambursin.  Hicguet,  Hyernaux, 
Janssens,  Masoin,  Van  Bastelaer  et  Van 
Welter^  correspondants,  assistent  à  ta 
séance. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  réunion 
est  lu  et  adopté. 

Le  Bureau,  chargé  de  la  nomination  des 
commissaires  qui  auront  à  examiner  les 
communications  présentées  dans  la  der-  • 
nière  séance,  a  renvoyé  à  l'appréciation  de 
M.  De  Rouhaix  le  mémoire  de  M.  le  docteur 
Horion,  intitulé  :  Kyste  purulent  de  l'o- 
vaire; ovariotomie  ;  guérison  ;  —  Opéra- 
tion césarienne  ;  guérison  ;  il  a  désigné 
MM.  Depaire  et  Gillc  pour  le  rapport  à 
faire  sur  l'observation  de  M.  Vande  Vy- 
vere,  relative  à  la  présence  de  Talloxantine 
dans  l'intestin  d'une  personne  empoison- 
née par  de  l'acide  oxalique. 

M.  Warsage,  médecin  vétérinaire,  répé- 
titeur de  zootechnie  et  d'histoire  naturelle 
à  rinstitut  agricole  de  l'Etat. à  (lembloux, 
ayant  remarqué  que  les  animaux  reproduc- 
teurs, achetés  par  le  gouvernement  belge 
et  tenus  à  la  disposition  des  éleveurs,  n'a- 
vaient pas  donné  les  résultats  qu'on  en 
attendait,  estime  que  les  connaissances  in- 
suffisantes en  zootechnie  des  campagnards 
sont  cause,  en  grande  partie,  de  la  non- 
réussite  des  mesures  adoptées. 

Dans  le  but  de  contribuer  à  l'instruc- 
tion des  i^leveurs,il  soumet  à  l'appréciation 
de  l'Académie  un  mémoire  manuscrit  inti- 
tulé :  Aperçu  de  zootechnie  générale  ou 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


notions  sur  Téducation  des  animaux  do- 
mestiques. —  Renvoi  à  une  Commission  à 
nommer  par  le  Hureau. 

M.  le  (loclenr  Heyfrlder,  correspondant 
de  rAcadémie  de  Saint- Pélersbourg.  offre 
un  ouvragti  qu'il  vient  de  publier  sous  le 
litfe  de  Manuel  de  chirurgie  de  guerre; 
traduit  en  français  par  le  docteur  R»pp. 

M.  Masoin  présente,  au  nom  de  Tauteur, 
M.  le  docteur  Thpma,  prîvat-doccnt  à  Hei- 
delbcrg«  une  brochure  en  allemand  intitu- 
lée :  Contribution  à  la  technique  du  mi- 
croscope. 

M.  Leqiiime  présente,  de  la  part  de 
M.  le  docteur  StanNki,  à  Paris,  une  publi- 
cation intitulée  :  Un  mot  à  propos  de  la  dis- 
cussion à  r Académie  de  médecine  de  Paris 
sur  le  choléra  de  1873. 

M.  Borlée  offre,  au  nom  de  M.  Davreux, 
une  brochure  sur  la  contagion  du  choléra 
par  tes  cadavres  des  cholériques. 

M.  le  docteur  Janssens,  correspondant, 
présente  des  tableaux  graphiques  résu- 
mant la  statistique  sanitaire  de  la  ville  (fe 
Bruxelles  pendant  la  période  décennale 
1864  1873  et  pendant  Tannée  dernière, 
ainsi  que  det»  cartes  lopographiques  de  la 
densité  de  la  population  et  de  la  mortalité, 
en  1874,  dans  les  diverses  subdivisions  de 
Tagglomération  bruxelloise. 

11  est  encore  fait  homnia«c  à  l'Académie 
de  quelques  autres  publications  dont  les 
titres  seront  insérés  au  bulletin.  —  Remer- 
ciments  aux  auteurs  des  travaux  présentés. 

Le  comité  pour  Térection  d*un  monu- 
ment à  d*Omalius  d'Halloy  adresse  une 
liste  de  souscription  et  exprime  Tespoir 
que  TAcadémie  voudra  bien  s'associer  aux 
efforts  qui  sont  faits  pour  rendre  un  hom- 
mage durable  à  Thomme  illustre  que  la 
Belgique  vient  de  perdre. 

M.  Crucq  obtient  la  parole  pour  une 
motion  d'ordre  qui  aboutit  à  la  proposition 
suivante,  M.  ie  président  et  MM.  Hairion, 
Rellefroid,Thiernesse,  De  Roubaix.  Gluge, 
Thiry,  Lefebvre  ayant  été  entendus  : 

t  L*Acadéinie  émet  le  vœu  qu'à  l'avenir 
le  gouvernement  prenne  des  mesures  pour 
que  les  universités  soient  mises  a  même  de 
se  recruter  facilement  sans  devoir  recourir 
à  l'étranger.  » 

La  prise  en  considération  de  la  proposi- 
tion de  M.  Crocq  est  mi^e  aux  voix  et 
adoptée.  Elle  est  renvoyée  à  l'examen  d'une 
Commission  à  nommer  par  le  Bureau. 

L'Académie  entend  ensuite  lecture  des 
rapports  suivants  : 

1.  Rapport  de  M.  Crocq  sur  le  mémoire 


de  M.  le  docteur  Véra  traitant  delà  fièvre 
jaune. 

M.  le  rapporteur  propose  d'adresser  des 
remerciraents  à  l'auteur  et  de  déposer  ho- 
norablement son  travail  aux  archives.  — 
Adopté. 

2.  Rapport  de  la  commission  qui  a  exa- 
miné le  travail  de  AI.  le  docteur  Lambert 
intitulé  :  Contribution  à  l'étude  de  la 
phthisie  tuberculeuse  et  de  l'emphysème 
pulmonaire.' M.  Crocq,  rapporteur. 

Conclusions  du  rapport  :  Remerciments 
à  M.  le  (lecteur  Lambert  et  publication  de 
sa  note  dans  le  bulletin.  —  Elles  sont 
adoptées. 

3  Avis  émis  par  M.  Lefebvre,  au  nom 
de  la  Commission  des  épidémies  sur  les 
rapports  de  la  Commission  d'enquête  insti- 
tuée par  l'administration  de  la  ville  de 
Bruxelles  pour  rechercher  les  causes  de  la 
fièvre  typhol^p  qui  a  régné,  en  1869,  dans 
la  capitale. 

Le  travail  de  M.  Lefebvre  sera  imprimé 
dans  le  Bulletin  et  porté  à  Tordre  de  jour 
pour  être  discuté  en  même  temps  que  plu- 
sieurs autres  communications  relatives  à 
la  fièvre  typhoïde,  dont  la  discussion  a  été 
ajournée. 

4.  Note  sur  le  plessimètre  métallique, 
par  M.  Crocq. 

Cette  communication  sera  imprimée 
dans  le  Bulletin. 

L'heure  fixée  pour  l'ouverture  du  comité 
secret  étant  son ujée.,  les  discussions  portées 
à  Tordre  du  jour  sont  ajournées  à  la  pro- 
chaine séance,  fixée  au  f8  décembre  pro- 
chain, à  cause  de  la  Noël  qui  tombe  le 
dernier  samedi  du  mois. 

Les  procès- verbaux  remis  par  les  2«  et 
4*^  sections,  appelées  à  renouveler  leurs 
bureaux  pour  Tannée  prochaine,  consta- 
tent que  M.  Pigeoiel  est  nommé  président 
et  M.  Warlomont.  secrétaire  de  la  deuxième 
section,  et  que  M.  Bellefroid  est  élu  prési- 
dent et  M.  Kuborn,  secrétaire  de  la  qua- 
trième. 

1.  L'Académie  décide  qu'il  y  a  lieu  de 
procéder  à  Télection  d'un  membre  pour  oc- 
cuper la  place  du  titulaire  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Poelman  et  que  la  pre- 
mière section  sera  convoquée,  à  bref  délai, 
pour  procéder  au  choix  îles  candidats. 

2.  M.  Kuborn  donne  lecture  du  rapport 
quMl  a  fait,  au  nom  d'une  Commission,  sur 
les  questions  à  mettre  au  concours. 

L'Académie  statuera  dans  le  prochain 
comité  secret. 

3.  M.  Cousot  dépose  le  rapport  de  la 


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583 


Commission  chargée  d'apprécier  les  tra- 
vaux présentés  en  1873  par  des  praliciens 
beiges  et  qui  peuvent  mériter  les  prix  de 
300  francs. 

L'Académie  entendra  la  lecture  du  rap- 
port dans  la  prochaine  séance  et  se  pro- 
noncera sur  les  conclusions  formulées  par 
la  Commission. 

'  i.  Nomination  de  la  Commission  insti- 
tuée par  Particle  16  des  statuts. 

MM  Bellefroid,  Depaire  et  Thiernesse, 
nommés  membres  de  la  Commission,  Tan- 
née dernière,  sont  maintenus  dans  leurs 
jfonctions  par  acclamation. 

5.  Sur  la  proposition  du  Bureau,  la 
Compagnie  décide  qu'il  y  a  lieu  d'impri- 
mer un  supplément  au  catalogue  des  livres 
de  la  bibliothèque  publié  en  1867. 

M.  le  président  propose,  à  cette  occa- 
sion, de  faire  paraître  dorénavant,  tous  les 
cinq  ans,  un  supplément  au  catalogue.  — 
Cette  proposition  est  adoptée. 

La  séance  est  levée  à  2  heures  et  demie. 


▲oftiiéilAie  de  Médecine  dé  P«ri». 

Séance  du  9  novembre  1875. 
Présidence  de  M.  Gosselin.    • 

Election.  —  L'Académie  procède,  par 
la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  mem- 
bre correspondant  étranger  pour  la  pre- 
mière division. 

M.  Schwann  de  Liège  ayant  obtenu  la 
majorité,  est  proclamé  élu. 

Hystérotomie.  —  M.  Dknucé  donne  lec- 
ture d'un  travail  ayant  pour  titre  :  Note 
sur  V ablation  du  corps  de  la  matrice  dans 
l'inversion  irréductible,  Hystérotomie  ex- 
terne. 

Myopie  (Suite  de  la  discussion).  — 
M.  Jules  Guérin.  Il  importe  desavoiravant 
tout  si  1rs  modiOcaiions  demandées  par 
M.  Giraud-Tculon  dans  l'instruction  des 
conseils  de  révision,  si  les  proi^rès  qu'il 
donne  comme  devant  être  acceptés  par 
ces  conseils  Kont  bien  réellement  les  modi- 
Gcations  qu'il  faut  demander,  les  progrès 
t\u^i\  faut  imposer  à  l'administration  mili- 
taire. La  question  scientifique  prime  donc 
ici  la  question  administrative.  M.  Guérin 
reconnaît  l'importance  des  recherches  qui 
ont  été  entreprises  sur  les  altérations  des 
milieux  de  Tœil.  Mais  en  regard  des  lé- 
gitimes prétentions  de  l'école  moderne,  il 
croit  pouvoir  opposer  des  recherches  et 


des  travaux  auxquels   M.  Gîraud-Teulon 
lui  même  a  rendu  pleinement  justice. 

L'accommodation  est  le  résultat  de  deux 
ordres  d'action,  l'un  se  rapportant  au 
système  muscutaire  de  l'œil,  l'autre  aux 
'modifications  qui  peuvent  cire  imprimées 
aux  milieux  dioptriques  eux  mêmes.  Au- 
jourd'hui M.  Giraud  Teulon  veut  ne  tenir 
compte  que  de  ces  derniers  ;  c'est  donc  là 
un  premier  point  sur  lequel  porte  un  com- 
plet désaccord.  M.  Giraud-Teulon  nie,  en 
outre,  l'influence  des  changements  qui 
peuvent  survenir  dans  la  cornée.  M.  (^ué- 
rin  l'admet,  au  contraire. 

Envisageant  la  question  sous  un  point 
de  vue  général,  l'orateur  soutient  qu'il  en 
est  de  l'origine  du  strabisme  comme  de 
celle  de  toutes  les  difformités  qui  sont  dues 
à  la  rétraction  musculaire. 

c  Avant  183Î$,  l'étude  des  difformités 
constituait  une  sorte  de  chaos,  dans  lequel 
leur  véritable  origine  était  complètement 
méconnue.  Or,  j'ai,  le  premier,  démontré 
qu'il  existait  entre  toutes  ces  ditTormités 
un  lieu  commun  qui  les  rapprochait  entre 
elles.  J'ai  montré  que,  toutes,  elles  étaient 
dues  n  une  altération  du  système  nerveux 
agissant  sur  te  système  musculaire.  Or, 
l'œil  est  un  organe  très- richement  muni  de 
muscles  ;  il  est  donc  soumis  aux  lois  de  la 
rétraction  musculaire;,  Le  pied  représente 
les  mêmes  particularités;  il  est  pourvu 
aussi  d'un  riche  système  musculaire.  Ce 
qui  a  lieu  pour  l'un  a  donc  lieu  pour  l'au- 
tre, et  c'est  là  ce  qui  m'a  fait  dire  que  le 
strabisme  était  le  pied  bot  de  l'œil.  Rien 
n'est  plus  facile,  en  effet,  que  d'appliquer 
à  l'œil  toutes  les  démonstrations  que  j'ai 
données  relativement  au  pied. 

«  J'ajouterai  toutefois  que  l'œil  est  un 
organe  bien  , autrement  compliqué,  bien 
autrement  délicat  que  le  pied  et  que,  par 
conséquent,  les  troubles  qui  résulteront 
pour  lui  de  la  même  cause,  de  la  rétraction 
musculaire,  seront  d'autant  plus  com- 
plexes. Un  savant  dont  je  reconnais  et  ap- 
précie tout  le  mérite,  dont  je  ne  saurais 
trop  louer  les  recherches  et  les  travaux, 
M.  Donders  a  le  premier  émis  cette  propo- 
sition, que  c'était  dans  les  modifications 
survenues  dans  les  milieux  dioptriques  de 
l'œil  qu'il  fallait  rechercher  l'origine  de 
tous  les  troubles  fonctionnels  observés 
dans  l'organe  de  la  vision  ;  c'est  au  retour 
d'un  voyage  dans  le  pays  oii  règne  ce  sa- 
vant, que  M.  Giraud-Tculon  a  adopté  et 
défendu  à  son  tour  cette  même  doctrine, 
en  abandonnant  complètement  celles  qu'il 


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584 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


avait  soutenues  tt  enseignées  jusque-là  ; 
mais  je  m^efforcerai  de  lui  démontrer  que 
ce  sont  précisément  ces  liernières  qui  pré- 
vaudront, parce  qu*elles  s^appuient  sur 
des  faits  positifs,  indiscutables,  que  ne 
peuvent  expliquer,  ni  infirmer  en  quoi  que 
ce  soit  les  doctrines  dites  modernes,  par 
oppositfon  aux  nôtres  qu'on  appelle  an- 
ciennes, le  strabisme  est,  sans  contredit, 
le  produit  de  la  rétraction  convulsive  de 
rœil  > 

Ici  M.  J.  Guérin  cite  divers  passages 
d'un  travail  de  Bonnet  (de  Lyon»,  et  du 
Hvre  de  M.  GiraudTeulon.qui  confirment 
pleinement  les  données  établies  par  lui, 
relativement  à  plusieurs  points  de  This- 
toire  du  strabisme. 

Il  arrive  à  cette  conclusion,  que  de  la 
rétraction  des  muscles  de  rœil  résulte  une 
déformation  de  ce  dernier^  caractérisée  par 
une  dépression  latérale  du  côté  correspon- 
dant'au  muscle  rétracté  et  par  une  sorte 
de  bombement,  au  contraire,  du  côté  op- 
posé. Or  il  est  impossible  de  ne  pas  ad- 
mettre, comme  conséquence  de  cette  dé- 
formation, de  notables  changements  dans 
la  direction  de  Taxe  optique,  qui,  évidem- 


ment, en  pareil  cas,  ne  traverse  plus  les 
diverses  membranes  de  l'œil  par  leur  cen- 
tre, comme  il  doit  le  faire  à  l'état  normal. 
(I  en  résultera  donc  une  action  sur  la 
fonction  de  l'organe,  sur  la  vision  ;  un 
très'grand  nombre  d'étals  visuels  qui  va- 
rient incessamment,  mais  qui  résultent 
tous  d'une  même  cause,  qui  reconnaissent 
tous  la  même  origine.  La  précision  d'un 
cas  particulier  n'a  pas  grande  importance 
devant  ie  grand  nombre  de  cas  que  l'on 
peut  citer  à  l'appui  de  cette  manière  de 
voir. 

M.  Jules  Guérin  conclut  en  disant  que 
les  résultats  fournis  par  la  myotomie  sont 
la  démonstration  la  pitis  complète  de  la 
doctrine  qu'il  soutient. 

Séance  du  1 6  décembre. 

Présidence  de  M.  Gossslin. 

Correspondance  —  M.  Broca présente  au 
nom  de  M.  le  secrétaire  perpétuel,  le 
deuxième  volume  de  la  Statistique  pour  la 
France  de  Vannée  1872.  Il  signale  tableau 
suivant  du  Mouvement  de  l'aliénation  men- 
tale d'après  Us  trois  derniers  recensements  : 


BEÙBRSB- 

POPULATION. 

AI 

.lénis. 

PBOPORTIOIf 

HBRT. 

à  dom telle. 

dans  tes  asiles. 

Total. 

par 
40,000  habit 

De  1861. 
De  1866. 
De  I87i. 

.•=»7..'î86,313 
38,067.064 
37.IOi?,9âl 

53.160 
5«,707 
51.004 

31,054 
35,97* 
36,964 

8'4,214 

90,670 
87,968 

28.4 
23,8 
24,4 

Or.  le  rapport  â4,i  est  erroné  ;  le  vrai 
rapport  pour  187:2  est  â3,7,  un  peu  moin- 
dre par  conséquent  qu'en  1866. 

—  M.  le  docteur  Delpech  présente,  au 
nom  de  l'inventeur,  M.  Legrand,  un  ap- 
pareil hydrotliérapîque  pour  doucbes  de 
toutes  sor'es  a  domicile.  Cet  appareil  con- 
siste en  un  récipient  de  tôle  d'acier  très- 
solide,  contenant  45  litres  d'eau  ;  ou  le 
charge  à  plusieurs  atmosphères  en  quel- 
ques secondcâ  au  moyen  d'une  pompe  d'un 
maniement  trcs-fucile.  Un  manomètre  in- 
dique la  pression  obtenue. 

Le  petit  volume  de  cet  appareil  — 
0"60  de  hauteur  sur  0™iO  de  diamètre, 
—  la  simplicité  de  son  mécanisme  place  h 
l'extérieur,  et  par-dessus  tout  sa  pression 
continue,  offrent  des  avantages  incontes- 
tabJes  qu'aucun  appareil  de  ce  genre  n'a- 
vait jusqu'à  ce  jour. 

Phthisie.  —  M.  le  docteur  Metzquer  (de 
Montbozon  (lit  un  deuxième  mémoire  Sur 
la  non-inoculabilité  des  phthisies. 

*  En  résumé,  dit  l'auteur,  j'ai  l'honneur 


de  soumettre  o  l'Académie  31  expériences 
prouvant  qu'avec  des  matières  non  tuber- 
culeuses, on  peut  produire  des  lésions 
identiques  à  celles  que  détermine  l'inocu- 
lation du  tubercule;  43  expériences  prou- 
vent que  ces  nodules  se  résorbent.  Ce  total  de 
44  observations,  ajoutées  aux  expériences 
de  mon  premier  mémoire,  donne  le  chiffre 
de  130  expériences  contrôlées  pour  la 
plupart  parMid.  Morel,  Michel  et  Feitz. 

c  Messieurs,  je  crois  avoir  montré  par 
ces  expériences  que  les  nodules  produits 
par  les  inoculations  peuvent  se  résorber 
et,  dans  la  majorité  des  cas,  se  résorbent 
en  effet.  J'ai  prouvé  que  l'on  pouvait  pro- 
duire à  volonté  les  altérations  pulmonaires 
ou,  plus  généralement,  organiques,  que 
l'on  avhit  regardées  à  tort  comme  tubercu- 
leuses Il  suffisait  pour  cela  d'inoculer  une 
matière  solide  d'un  volume  ass(>z  considé- 
rable, se  désagrégeant  facilement,  et  pu- 
tride par  elle  même  ou  imprégnée  de 
liquide  putride.  » 

M.  Metzquer,  après  avoir  critiqué  les 
expériences  de  M.  Villemin  et  les  interpré- 


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ACArDËMIËS  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


b85 


talions  que  Tauteur  a  cru  devoir  donner, 
conclut. 

«  M'appuyant  sur  plus  de  130  expé- 
riences, j'o^e  donc  affirmer  aujourd'hui 
que  les  nodules  développés  à  la  suite  des 
ipoculàtious  ne  ressemblent  en  rien  aux 
tubercules  : 

n  V  Parce  qu^ils  se  résorbent  dans  la 
majçrité  des  cas  ; 

f  2*  Pai*ce  qu'ils  peuvent  être  produits 
par  ÏMnocuhtîon  de  différentes  substances  ; 

f  3**  l^arce  que,  dans  Tinoculation  de 
substance  tuberculeuse ,  Texpérience  ne 
donne  de  résultat  qu*auiant  que  la  matière 
employée  est.à  un  degré  assez  avancé  de 
décomposition.  »  —  (t!om.  MM.  Villemin, 
Hcrard,  Colin,  Henri  Roger.  J.  Guérin, 
HIrtz,  Béhier.) 

Digestion  stomacale.  —  M.  le  docteur 
Leven,  médecin  en  chef  de  Thôpital  de 
Rothschild,  lit  un  travail  intitulé  :  Des 
mouvements  et  de  la  fonction  de  l'eitomac. 
L^auieur  se  propose  de  démontrer  : 

1*»  Que  le  rôle  de  Festomac  n'est  pas  de 
peptoniser  les  matières  azotées  ; 

â*^  Que  si  le  suc  gastrique  peut  convertir 
les  matières  albuminoîdes  en.peptones,  ce 
n*est  pas  dans  restomac  que  la  conversion 
se  fait  ; 

3"  Que  Peslomac  n'a  pour  fonction  que 
d'emmagasiner  les  aliments,  de  les  chasser 
dans  l'intestin  si^  à  Tétat  naturel,  ils  sont 
divisés  comme  le  lait  et  l'œuf  cru  ;  si,  au 
contraire,  ils  ne  le  sont  pas,  la  viande,  par 
exemple,  il  est  char<[;é  de  les  diviser,  puis 
de  les  chasser  dans  l'intestin  ; 

A^  Qu'il  n'est  pas  exact  de  dire  que  le 
seul  rôle  des  fibres  musculaires  soit  de 
mettre  Taliment  en  contact  avec  le  suc 
gastrique. 

Après  avoir  exposé  le  résumé  des  nom- 
breuses expériences  qu'il  m  faites  sur  le 
chien,  l'auteur  termine  par  les  conclusions 
suivantes  : 

t  En  résumé,  le  lait  et  l'œuf  cru  ne 
restent  pas  dans  l'estomac  :  ils  en  sont 
chassés  sans  aucune  modification. 

I  Si  la  viande  y  séjourne  plusieurs 
heures,  c'est  qu'elle  est  massive  ;  elle  n'en 
peut  sortir  que  si  elle  est  réduite;  nous 
avons  reconnu  qu'elle  arrive  dans  l'intes- 
tin non  transformée.  La  réduction,  la  di- 
vision de  la  viande  est  due  à  la  fois  au  suc 
gastrique  et  à  la  membrane  nuisculeuse.  Le 
suc  gastrique  facilite  le  rôle  de  la  mem- 
brane muscuieuse. 

«  Si,  dans  la  théorie  actuelle,  le  rôle  de 
la  moscuJeuse  n'est  comiiâéré  qae  comme 


secondaire,  c'est  que  les  expérimentateurs 
s'étaient  placés  dans  de  mauvaises  condi- 
tions pour  la  voir  bien  fcftictionner.  S'ils 
ont  accordé  au  suc  gastrique  un  i:ôle 
essentiel,  c'est  que,  ne  connaissant  qu'une 
partie  du  sujet,  ils  se  sont  exagéré  l'im- 
portance de  celui  qu'ils  ont  étudié. 

«  Nous  avons  dit,  au  commencement  de 
ce  travail,  que  jamais  ils  n'ont  pu  retrou- 
ver dans  l'estomac  les  peplones  qu'il  était 
censé  faire. 

«  Leur  théorie  n'est  donc  fondée  que 
sur  des  hypothèses. 

<  Que  le  suc  gastrique  dont  sont  impré- 
gnées les  fibriles  de  la  viande  contribue  à 
les  peptoniser  danà  l'intestin  avec  les  au- 
tres liquides  digestifs  qui  s'y  déversent, 
cela  est  probable. 

«  Mais,  dans  restomac,  le  suc  gastrique 
avec  la  membrane  muscuieuse  ne  fait  autre 
chose,  pour  les  aliments  non  divisés,  que 
ce  que  fait  le  chimiste  quand  il  veut  agir 
sur  une  substance;  il  la  triture,  et  alors 
dans  l'intestin  les  liquides  sécrétés  par  le 
pancréas  et  le  foie  pourront  agir  chimi- 
quement sur  elle.  * 

Séance  du  23  novembre. 
Présidence  de  M.  Gossblin. 

M.  Giraud-Teulon  présente  un  ophthal- 
moscope  métrique,  destiné  à  déterminer  la 
réfraction  de  l'œil,  qui  se  distingue  des 
instruments  analogues. 

Il  renferme  une  série  de  verres  à  inter- 
valles de  réfraction  réguliers,  tandis  que 
dans  les  instruments  jusqu'à  présent  usités 
on  a  été  contraint,  à  cau.se  du  nombre  res- 
treint des  verres,  de  choisir  des  intervalles 
irréj^uïiers  et  forcement  arbitraires. 

M.  B^RGERON  offre  à  l'Académie,  de  la 
part  de  MM.  les  docteurs  Efojardin-Beau- 
metz  et  Audigé,  une  brochure  qui  a  pour 
titre  :  Recherches  expérimentales  sur  les 
alcools  par  fermmtation,  c'est  à-dire,  les 
alcools  éthylique  ou  esprit  de  vin,  propy- 
lique,  butylique  et  amylîqtie. 

Ces  recherches,  en  effet,  ont  pour  but 
d'étudier  Taction  des  alcools  administrés, 
non  plus  à  doses  toxiques,  mais  à  petites 
doses,  plus  ou  moins  longtemps  continuées. 
Ellcb  doivent  donc  répondre  à  un  desidera- 
tum que  j'ai  exposé,  il  y  a  cinq  ans.  devant 
l'Académie,  et  que,  sur  ma  proposition,  la 
Société  de  tenrpérance  à  donné  depuis 
comme  sujet  de  concours,  à  savoir,  la  re- 
cherche, à  l'aitle  de  l'expérimentation,  à 
défaut  d'observation  cliniqu'*,    des   diffé- 

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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


rences  que  pourraient  présenter,  dans  leur 
action  sur  l'organisme,  d'une  part,  Talcool 
éthyiique  ou  espcit  <1c  vin,  et,  d'autre  part, 
les  alcools  extraits  de  la  betterave,  des 
grains  ou  des  pommes  de  terre,  qui  renfer- 
ment en  proportion  variable  les  alcools 
propylique,  butylique  et  amylique. 

Pour  les  alcools  de  diverses  provenances, 
il  peut  exister  des  différences  que  Tanalyse 
la  plus  habile  est  impuissante  h  révéler  ;  et 
n*est-cc  pas  répéter  une  banalité^  que  dire 
que  quelque  fins,  quelque  sensibles  que 
soient  les  réactifs  dont  usent  les  chimistes, 
il  y  en  a  un  plus  fin  encore  et  plus  sensi- 
ble, qui  est  Tétre  vivant.  C'est  à  ce  réactif 
que  MM.  Beaumetz  et  Audigé  ont  demandé 
la  solution  du  problème. 

Myopie  (suite  de  la  discussion).  —  M.  Gi- 
RÀLDÈs.  M.  Jules  Guérin  a  divisé  ses  collè- 
gues en  deux  camps,  Ton  qu'il  appelle  le 
camp  des  physiologistes  ou  des  chirurgiens, 
dont  il  s'honore  de  faire  partie,  l'autre  le 
camp  des  opticiens  ou  oculistes,  dans  lequel 
il  range  ses  adversaires. 

Les  premiers,  a-t-il  ajouté,  ont  cet  avan- 
tage sur  les  seconds  qu'ils  guérissent  leurs 
malades  par  des  opérations  chirurgicales, 
tandis  que  les  seconds  n'ont  à  opposer  à 
leurs  affections  que  des  lunettes.  Or,  mal- 
gré ces  avantages,  AI.*  Giraldès  croit  pou- 
voir affirmer  â  M.  Guérin  que  tous  les  chi- 
rurgiens pasieront,  avec  armes  et  bagages, 
dans  le  camp  des  oculistes. 

M.  Jules  Guérin  nie  les  progrès  réalisés 
dans  la  science  par  les  ophthalmologistes, 
qui  ont  démontré  que  les  troubles  de  Tac- 
commodation  étaient  liés  à  des  change- 
ments de  courbure  dans  les  faces  anté- 
rieure et  postérieure  du  cristallin  ;  de 
l'autre  côté,  il  affirme  que  ces  troubles 
sont  le  résultat  de  changements  de  rapports 
déterminés  dans  les  milieux  réfringents 
par  une  cause  unique,  la  rétraction  mus- 
culaire. Mais  tandis  que  les  ophlhainiolo- 
gistes  appuient  leur  doctrine  sur  des  mil- 
liers de  faits,  parfaitement  observés,  sur 
des  recherches  très- nombreuses,  sur  des 
observations  très-fines  et  empreintes  d'une 
rigueur  mathématique,  sur  quoi  M.  Guérin 
basc-t-il  sa  théorie  ?  Sur  une  opinion  an- 
cienne, aujourd'hui  complètement  aban- 
donnée. 

M.  Giraldès  combat  successivement  tous 
les  arguments  invoqués  par  M.  J.  Guérin  â 
l'appui  de  cette  opinion  qpe  tous  les  trou- 
bles de  la  vision  sont  le  résultat  de  la  ré- 
traction musculaire. 

L'orateur  repousse  cette  opinion  que  le 


changements  de  courbure  de  la  cornée,  les 
staphylomes,  etc.,  puissent  prédisposer  à 
la  myopie  Ces  choses  n'ont  entre  elles  au- 
cun rapport,  puisque  la  distance  focale  est 
moins  longue  que  l'axe  antéro- postérieur 
de  l'œil,  et  que  les  modifications  survenues 
dans  le  segment  antérieur  de  l'œil  ne  peu- 
vent exercer  aucune  influence  sur  cette 
distance  focale  elle-même.  Quant  à  l'action 
des  muscles  droits,  ajoute  M.  Giraldès;  si 
elle  pouvait  exercer  une  influence  sur  les 
troubles  de  la  vision,  au  lieu  de  produire 
la  myopie,  les  muscles,  en  se  rétractant, 
devraient,  au  contraire,  produire  de  l'hy- 
permétropie, puisqu'ils  raccourciraient 
l'axe  antéro  postérieur  de  l'œil. 

Les  altérations  de  forme  de  l'œil  n'ont 
également  aucun  rapport  avec  le  stra- 
bisme ;  ce  sont  là  des  altérations  concomi- 
tantes dans  lesquelles  il  ne  faut  voir  au- 
cune relation  de  cause  à  effet.  Enfin,  en 
présence  des  nombreux  arguments  accu- 
mulés par  M.  J.  Guérin,  et  reposant  tous 
sur  de  pures  hypotliès»*s,  M.  Giraldès  n'a 
pu  s'empêcher  de  dire  avec  le  fabuliste  : 

Le  nioindre  gratu  de  mil  ferait  mieux  mon  affaire. 

En  terminent,  l'orateur  fait  observer  à 
M.  J.  Guérin  qu'il  a  laissé  échapper,  au 
congrès  de  Bruxelles,  une  belle  occasion 
d'exposer  une  doctrine  qu'il  dit  être  dé- 
montrée. M.  Donders  et  bien  d'autres  n'au- 
raient pas  mieux  demandé  que  de  pouvoir 
apprécier,  discuter  même  celte  doctrine; 
mais  M.  Guérin,  qui  pourtant  était  à 
Bruxelles  en  ce  moment-là,  n'a  pas  paru  à 
la  section  d'ophthalmologie. 

M.  Jules  Guérin  n'avait  pas  l'intention 
de  prendre  la  parole  aujourd'hui,  mais  il 
ne  peut  laisser  passer  sans  réponse  l'argu- 
mentation de  M.  Giraldès,  qui  est  une  cri- 
tique anticipée  portant  surtoqt  sur  ce  que 
M.  Guérin  n'a  pas  encore  dit.  La  première 
partie  de  son  argumentation  avait  unique- 
ment pour  but  d'établir  les  bases  sur  les- 
quelles il  étdblit  la  doctrine  qu'il  n'a  pas 
encore  exposée. 

M.  Giraldès  considère  comme  admis, 
comme  démontré,  que  l'aecommodatioa 
est  due  à  d.es  changements  de  courbure 
des  faces  antérieure  et  postérieure  du 
cristallin.  Rien  n'est  moins  démontré,  sui- 
vant M.  Guérin,  et  ceux  là  même  qui  sou- 
tiennent cette  théorie  avouent  leur  incer- 
titude, (ci  M.  Jules  Guérin  cite  deux  pas- 
sages, l'un  du  livre  de  M.  Maurice  Perrin, 
l'autre  de  M.  Giraud-Teulon,  dans  lesquels 
ces   auteurs    révèlent  les  obscurités  qui 


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ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


587 


régnent  encore  sur  le  mécafiisme  par  le- 
quel se  produisent  les  changements  de 
courbure  du  cristallin. 

M.  GiRALDÈs  fait  observer  que  M.  Jules 
Guéri»  confond  ici  deux  choses  bien  diffé- 
rentes :  le  fait  en  lui  même  de  racconimo- 
dation  qui  est  absolument  démontré  et  le 
uiccanisme  par  lequel  se  produit  ce  fait 
qui  est  encore  inconnu.  M.   Jules  Guérin 

n'a  pu  confondre  ces  deux  choses avec 

une  enlicre  bonne  foi. 

M.  Jules  Guérin  met  au  défi  tous  ceux 
qui  soutiennent  celte  théorie,  de  lui  mon- 
trer un  cristallin  courbé.  Il  n'y  a  rien 
d'élastique  ni  de  contractile  dans  le  cris- 
tallin. 

M.  GikaudTeulon  ne  peut  laisser  passer 
de  pareilles  assertions;  il  ne  faut  pas  que' 
^Académie  paraisse  les  accepter.  Les  chan- 
gements de  courbure  du  cristallin  sont  un 
fait  aujourd'hui  aussi  bien  démontré  que 
le  carré  de  Thypothéniise.  Quant  au  mode 
d'action  du  muscle  ciliaire,  cette  question 
est,  en  effet,  encore  entourée  d'obscurité. 
Mais  le  défaut  d'explications  du  fait  ne 
peut  empêcher  que  le  fait  existe. 

Séance  du  30  novembre. 
Présidence   de  M.    Gosselin. 

M.  Tarnier  fait  hommage  à  TAcadémie 
d'une  brochure  qu'il  vient  de  publier  sous 
le  titre  de  :  Réponse  de  M.  Tarnier  aux 
critiques  dont  il  a  été  l'objet  au  Congrès  médi- 
cal de  Bruxelles ,  à  propos  du  forceps- scie, 

M.  Larrey  offre  en  hommage,  au  nom 
de  M.  le  docteur  MandI,  un  ouvrage  ayant 
pour  titre  :  Hygiène  de  la,voix. 

Al.  LE  •Président  annonce  la  mort  de 
M.  Giraidès.  M.  Alph.  Guérin  donne  lec- 
ture du  dicours  qu'il  a  prononcé,  au  nom 
de  l'Académie,  sur  la  tombe  de  ce  regretté 
collègue. 

M.  Dechaux  (de  Montluçon) donne  lecture 
(l'un  travail  sur  le  lymphatisme  de  la 
femme,  (Ce  travail  est  renvoyé  à  la  com- 
mission des  correspondants  nationaux.) 

Causes  de  l'insalubrité  de  là  Bibvrb.  — 
M.  PoGGiALB  donne  lecture  d'un  rapport 
qu'il  a  fait  au  nom  d'une  commission  dont 
il  faisait  partie  avec  MM.  Boudet  elDelpech 
an  conseil  d'hygiène  publique  et  de  salu- 
brité de  la  Seine,  sur  les  cause  de  l'insalu- 
brité de  la  Bièvre  et  les  mesures  qui  pour- 
raient être  prises  pour  l'assainir. 

Voici  le  résumé  et  les  conclussions  de  ce 
rapport.  £n  résumé,  dit  M.  Poggiale,  il  est 
permis  de  déduire  les  conclusions  suivantes 


des  recherches  que  j'ai  faîtes  sur  le  cours 
de  la  Bièvre  et  sur  l'aliération  de  ses  eaux, 
des  nombreux  renseignements  que  j'ai 
recueillis,  des  plaintes  incessantes  des  rive- 
rains, des  préoccupations  des  hygiénistes 
et  de  l'administration  et  des  travaux  d<yà 
exécutés. 

i°  Les  eaux  de  la  Bièvre,  généralement 
assez  claires  et  inodores  dans  le  départe- 
ment de  Seine-et-Oise,  deviennent  de 
plus  en  plus  troubles  et  hifectes  depuis 
Anthony  jusqu'à  Tégoût  collecteur.  Elles 
dégagent,  surtout  pendant  les  chaleurs  de 
l'été,  des  gaz  d'une  odeur  intolérable.  Des 
écumes  blanchâtres^  des  plaques  noires  et 
épaisses  flottent  à  la  surface  de  l'eau.  Les 
bopes  qui  remplissent  le  lit  de  la  rivière 
renferment  une  quantité  ass^'z  considérable 
de  débris  animaux.  Les  herbes  vertes, 
abondantes  jusqu'à  Antony,  disparaissent 
complètement  au-delà  de  cette  localité. 

2'^  Les  gaz  qui  se  dégagent  deTeau  ren- 
ferment piesque  6  pour  i(»0  d'acide  suif  hy- 
drique. Depuis  Cachan  l'eau  est  entière- 
ment dépouillée  d'oxygène  et  renferme, 
au  contraire,  une  proportion  notable  d'am- 
m.oniaque. 

5"  Les  émanations  de  la  Bièvre  exercent 
une  influence  fâcheuse  sur  la  santé  des 
riverains  ou  sont  pu  moins  pour  tous  une 
cause  grave  d'incommodité. 

4°  Les  plaintes  si  nombreuses  et  si  sou- 
vent renouvelées  des  habitants  de  Cachan, 
d'Arcueil,  de  Gentilly,  du  13°  et  du  5®  ar- 
rondissenient,  son  donc  fondées. 

5**  L'infection  de  (a  Bièvre  est  due,  d'une 
part,  aux  établissements  classés,  aux 
buanderies  de  Cachan ,  d'Arcueil  et  de 
Gentilly,  d'autre  part,  aux  égouts  et  aux 
eaux  ménagères  des  communes  et  du 
\^°  arrondissement. 

6°  On  ne  saurait  empêcher  les  industriels 
de  faire  écouler  les  eaux  infectes  dans  la 
rivière.  Les  conditions  qu'on  leur  impose 
sont  le  plus  souvent  insuffisantes  ou  mal 
exécutées,  malgré  la  surveillance  des  agents 
de  la  préfecture  de  police. 

7»  Il  importe  d'exercer  une  surveillance 
active  sur  les  barrages  et  sur  tout  le  cours 
de  la  Bièvre  et  de  veiller  à  la  conservation 
des  eaux. 

'8°  Il  est  très- désirable  que  le  curage 
.<oit  effectué  au  moins  deux  ou  trois  fois  par 
an  jusqu'à  Tégout  collecteur,  par  des  chas- 
ses, comme  dans  les  égouts  de  Paris.  Il  est 
nécessaire,  en  attendant,  d'interdire  le  dé- 
pôt des  produits  du  curage  sur  les  pro- 
priétés riveraines. 


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588 


ACADÉMIES  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTE^ 


90  Nous  proposons  de  combler  la  rivière* 
morte  à  partir  do  Gentilly,  ainsi  que  des  ma- 
rais de  la  Glacière,  et  de  poursuivre  la  ca- 
nalisation de  la  fiièvre  depuis  le  boulevard 
d'Italie  jusqu'à  Cacban,  et  de  lui  donner 
une  pente  rapide. 

'  lO°  Pour  assainir  complètement  les 
bords  de  la  Bicvre^  il  est  indispensable  que 
cette  rivière,  qui  n'est  qu'un  égout  à  ciel 
ouvert,  soit  couverte  d'une  voûte  comme 
tous  les  égouts  de  Paris. 

M.  Depaul  fait  observer  que  M.  Poggiale, 
dans  son  rapport^  a  laissé  de  côté  un 
moyen  d'assainissement  des  eaux  qui  a 
donné  de  bons  résultats  à  Saint-Denis; 
il  veut  parler  du  colmatage  des  eaux. 
M.  Poggiaie,  en  outre,  suivant  lui,  n'a 
pas  assez  fait  ressortir  l'influence  des 
usines  et  des  blanchisseries  sur  l'infec- 
tion des  eaux  de  la  Bièvre  et  a  peut-être 
attaché  trop  d'importance  aux  égouts  et 
aux  eaux  ménagères. 

M.  PoGGiALE  répond  que  le  colmatage  est 
certainement  un  moyen  qui  mérite  d'être 
étudié,  bien  que  les  résultats  obtenus 
jusqu'ici  laissent  beaucoup  à  désirer.  Ce 
moyen,  d'ailleurs,  serait  absolument  Inap- 
plicable au  cours  de  la  Bièvre,  faute  de 
terrains. 

Il  fait  observer»  en  outre,  qu'entre  An- 
thony et  les  fortifications,  où  les  eaux  de 
la  Bièvre  sont  déjà  très-infectées,  il  y  a 
très  peu  d'usines. 

C'est  donc  surtout  aux  blanchisseries  et 
aux  égouts  que  doit  être  attribuée  l'infec- 
tion de  ces  eaux  dans  cette  partie  de  son 
cours. 

Lvpus  DE  ik  MAIN.  —  M.  Després  pré- 
sente une  malade  âgée  de  quarante-deux 
anS;  atteinte  depuis  huit  ans  d'ui.e  atTec- 
tiori  ulcéreuse  de  la  peau  de  l'avant  bras 
et  des  doigts  annulaire,  auriculaire  et  in- 
dicateur de  la  main  gauche.  Ces  trois  doigts 
ont  été  successivement  et  progressivement 
détruits  par  un  petit  ulcère  commençant 
sur  le  bout  des  doigts  et  creusant  en  sur- 
face et  en  profondeur;  seub'ment  les  parties 
molles  et  l'os  se  sphacélent  par  portion  en 
progression  de  l'ulcération  de  la  peau.  Il  y 
a  sur  le  bras  sept  ou  huit  ulcères  de  même 
nature,  mais  les  doigts  ne  sont  atteints 
que  depuis  un  an. 

La  malade  a  des  antécédents  scrofuleiix 
des  mieux  confirmés. 

(Renvoyé  à  Texamen  de  MM.  Hardy, 
Devergie  et  Hillairet). 


Séance  du  4°'  décembre. 
Présidence  de  M.  Gossblin. 

CoRRESPONnANCB.  —  Lettre  de  M.  le  doc- 
teur Peter,  qui.se  porte  comme  candidat  à 
la  place  vacante  dans  la  section  de  patho- 
logie interne. 

Lettre  de  M.  Decroix,  vétérinaire  prin- 
cipal, qui  se  porte  comme  candidat  à  une 
place  de  membre  correspondant  dans  la 
section  de  médecine  vétérinaire.  A  cette  ' 
lettre  est  jointe  une  série  de  brochures, 
ainsi  que  l'exposé  des  titres  scientifiques 
de  l'auteur. 

M.  le  docteur  Bedoin,  médecin  major, 
présente  un  travail  intitulé  :  Considérations 
élémentaires  sur  l'hygiène  de  l'enfance. 

M.  Dechambrb  présente  une  brochure 
intitulée:  Hystérie  et  catalepsie;  la  cata- 
leptique de  l'hôpital  Cochin,  par  M.  Paul 
Perdenel,  interne  des  hôpitaux. 

îVIyopie.  (Suite  .de  la  discussion.)  — 
M.  Jules  Guérin  se  propose  de  démontrer: 

1"  Que  la  myopie  n'est  qu'un  état  per- 
manent de  l'accommodation  de  l'œil  à  la 
vision  des  objets  rapprochés. 

2°  Que  l'accommodation  de  l'œil  aux 
différentes  distances  du  champ  de  la  vision 
distincte  est  un  phénomène  auquel  parti- 
cipe tout)  le  système  musculaire  de  l'œil, 
et  qui  résulte,  secondairement,  de  l'appro- 
priation de  toutes  les  parties  du  globe 
oculaire  modifiées  par  ce  système. 

5°  Que  la  doctrine  des  changements  de 
forme  de  cristallin  est  contredite  par  tous 
les  degrés,  toutes  les  modalités  de  Tacconi- 
modation,  dentelle  a  maintenu  une  partie 
et  supprimé  plusieurs  autres. 

4"  Que  l'origine,  les  caractères,  les  com- 
plications et  le  traitement  de  la  myopie 
font  voir  qu'elle  n'est  plus  qu'une  modifi- 
cation de  forme  du  strabisme,  comme  les 
autres  anomalies  de  la  vision  désignées 
sous  les  noms  d'astigmatisme,  d'astéaopie 
musculaire,  d'ambliopie,  etc.,  ne  sont 
elles-mêmes  que  des  variétés  de  forme  de 
la  myopie  ;  les  unes  et  les  autres  produites 
par  différents  modes,  différents  degrés,  de 
différentes  distributions  de  la  rétraction 
musculaire. 

Dans  l'accommodation  de  l'œiL  la  plu- 
part des  muscles  de  cet  organe  jouent  un 
rà\e,  on  peut  le  prouver  par  des  faits  de 
différents  ordres  : 

1*^  La  diplopie,  que  peut  produire  le 
redressement  de  l'œil  dans  les  légers  stra- 
bisiues  ;  et  aussi  le  strabisme  optique 
résultant  de  l'effort  que  fait  un  malade. 


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ACAOËMIBS  El   SOGIÈTRS  SAVANTES. 


l>89 


dont  Taxe  visuel  est  întcreçptc,  pour  per» 
cevoîr  eo  «Icliors  de  lui  les  rayons  visuels; 

2^'  I^  diplopie  momentanée,  qui  suc- 
cède souvent  à  des  opénitions  de  stra- 
J>isme  ; 

3"  La  déformation  de  Toeil  et  le  trouble 
visuel  par  défaut  d*accommodation,  que 
les  opérations  du  strabisme  peuvent  ame- 
ner, et  qui  guérissent  lorsqu'on  a  fait 
disparaître  le  déchaussement  de  rœil  par 
une  nouvelle  opération,  souvent  exécutée 
par  M.  Jules  Guérin  dans  le  strabisme 
consécutif  ainsi  produit  ; 

4°  Enfin,  la  diminution  considérable  de 
la  myopie  dès  le  troisième  jour  d'une  opé- 
ration de  strabisme.  M.  Jules  Guérin  en  a 
déjà  cité  plusieurs  exemples.  £n  pareil  cas, 
la  vision  distincte  est  reportée  sur  un 
point  très  distant  avant  même  que  les 
muscles  se  soient  cicatrisés,  et  que  la  fa- 
culté de  voir  également  q  diverses  distances 
se  soit  par  suite  rétablie. 

51.  Jules  Guérin  passe  en  revue  les  dif- 
férents muscles  qui  peuvent  concourir 
dans  Taccommoilalion;  bien  que  les  muscles 
droits,  et  surtout  le  droit  interne,  y  jouent 
un  rôle  très  important,  il  pense  qu<^  ce  ne 
sont  pas  les  seuls  eu  jeu.  A  la  théorie  de 
Taceommodatiou  par  la  seule  action  du 
muscle  ciliaire,  il  objecte  un  fait  d'obser- 
vation, c'est  que  le  punctnm  remntum  n'est 
pas  dans  la  réalité  fixe  et  invariable  corn  nie 
il  devrait  l'être  d'après  cette  doctrine. 
Avec  un  peu  d'effort  on  peut  voir  encore 
le  gibier  qui  fuit  lorsqu'il  est  à  perte  de 
vue,  on  arrive  à  déchiffrer  des  caractères 
placés  au  delà  de  ce  qui  semblait  la  limite 
de  la  vision  distincte.  Dans  la  prochaine 
séance  M.  Jules  Guérin  se  propose  de  faire 
l'étude  directe  de  la  myopie  dans  ses  rap- 
ports avec  la  doctrine  courante  de  l'accom- 
modation. 

.  M.  Maurice  Perrin  dit  que  M.  Jules 
Guérin,  dans  le  travail  qu'il  vient  de  lire  à 
l'Académie,  n'a  pas  touché  à  la  question 
de  Taccommudation  ;  il  a  confondu  l'adap- 
tation avec  l'accommoiialion,  c'est-à-dire 
•  deux  choses  complètement  différentes. 
L'adaptation  comprend  en  effet  toutes 
les  conditions  diverses  qui  concourent  à  la 
vision  à  distance;  tandis  que  l'accommo- 
dation est  l'adaptation  des  distances  de 
chacun  des  deux  yeux. 

La  théorie  de  l'accommodation  telle 
qu'elleest  enseignée  aujourd'hui,  et  qu'elle 
a  été  exposée  devant  l'Académie  par  M .  Gi- 
raud-Teulon,  repose  sur  des  bases  iné- 
branlables que  M.  Do.nders  a  eu  la  gloire 


de  poser  le  premier.  Ces  bases  sont  des 
faits  d'optique  aussi  simples  que  la  mesure 
de  la  courbure  d'un  miroir^  et  que  tout  le 
monde  peut  vérifier. 

Il  est  donc  de  certitude  absolue  que  rao* 
commodatioD  résulte  du  changement  de 
courbure  du  cristallin  et  non  d'autre 
chose.  Une  expérience  le  démontre  de  la 
façon  la  plus  absolue.  Si  l'on  enlève  tous 
les  muscles  de  l'œil  et  que  Ton  soumette  le 
cristallin  à  l'action  de  l'élasticité,  on  recon- 
naît par  la  mensuration  jque  les  dimensions 
des  images  obtenues  à  l'aide  d'un  pareil 
cristallin  varient  suivant  les  différences  de 
courbure  de  la  lentille. 

La  myopie  se  rattache  d'une  manière 
intime  au  phénomène  de  raccommoda- 
tion. 

L'œil  est  un  appareil  d'optique,  une 
sorte  de  chambre  noire.  Dans  l'œil  myope, 
la  rétifie  se  trouve  placée  au  delà  du  point 
focal  principal.  L'axe  an téro -postérieur  se 
trouve  allongé;  c'est-à-dire  que  l'écran 
est  reculé,  d'où  le  trouble  de  la  vision. 

Il  y  a  donc  déformation  de  l'œil  dans  la 
myopie.  En  outre,  en  examinant  les  mem- 
branes de  1  œil  par  Tiulérieur,  on  trouve 
une  plaque  d'atrophie,  autour  du  nef  opti- 
que. C'est  ce  qui  constitue  essentiellement 
l'altération  anatomi.^ue  de  l'œil  myope. 

Cette  observation  a  été  faite  des  milliers 
de  fois  et  a  toujours  conduit  aux  mêmes 
résultats.  Il  ne  s'agit  plus  ici  de  théories 
médicales  et  d'hypothèses:,  mais  de  faits 
positifs  dont  le  génie  de  Donders  a  établi 
la  réalité,  eonfirniée  depuis  par  tous  les 
observateurs. 

Mais  la  myopie  dont  il  vient  d'être  parlé 
ici,  et  qui  constitue  la  myopie  véritable, 
n'est  pas  la  saule.  11  y  a  des  fausses  myo- 
pies, dont  une  espèce  est,  en  effet,  pro- 
duite par  la  rétraction  musculaire.  C'est  la 
myopie  de  M.  Jules  Guérin,  que  cet  obser- 
vateur a  eu  le  mérite  de  bien  faire  con- 
naitre,  et,  mieux  encore  de  guérir  à  l'aide 
de  la  myotomie.  Il  est  d'autres  myopies, 
ou  plutôt  d'autres  états  myopiques  dus  par 
exemple,  soit  à  raplatissemeat  de  l'œil 
en  travers,  soit  à  une  sorte  d'état  tétanique 
du  muscle  de  Taccommodation ,  soit  à 
l'existenee  de  .staphylôme  de  la  cornée, 
soit  à  la  Luxation  du  cristallin  projeté  dans 
là  chambre  antérieure.  Il  y  a  des  personnes 
qui  sont  adaptées  dé  près  en  permanence. 
Enfin,  on  peut  créer  avec  de  l'éscrine  des 
myopies  artificielles  et  temporaires. 


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S90 


ACADÉMIES  ET  SlKîlÉTÉS  SAVANTES. 


Séance  du  14  décembre. 
Présidence  de  M.  Gosssun. 

Nouvelle  pings  pour  extraire  les  poly- 
pes DES  fosses  nasales  postérikurbs.  — 
M.  Ch.  Fauvbl  pr<Mentc  à  rAcailêmte  une 
nouvelle  pince  construite  par  M.  Mathieu 
sur  ses  in<1ications  et  dont  la  forme  permet, 
en  passant  par  la  bouche,  derrière  le  voile 
du  palais,  d*aller  arracher  les  gros  polypes 
des  fosses  nasales  postérieures. 

L*cxtrémité  des  branches  fortement  re- 
courbées en  crochet  est  terminée  par  des 
mors  fenêtres  et  garnis  de  fortes  dents  ;  les 
branches,  vers  les  anneaux,  sont  coudées 
de  façon  à  laisser  libre  le  champ  visuel. 

De  l*aconit,  de  ses  préparations,  et  de 
l'aconitine.  —  M.  OuLMONT,  frappé  de 
rinégaliié  d*action  des  diverses  prépara- 
tions d^aconit,  et  des  dangers  qu'elle  pou- 
vait faire  courir  aux  praticiens  peu  habi- 
tués à  manier  un  médicament  aussi  éner- 
gique, a  entrepris  une  sorte  de  révision  des 
propriétés  pharmaco-dynamiques  et  théra- 
peutiques de  ce  mé<iicament. 

Il  a  trouvé  que  Taction  de  Taconit  était 
variable  :  i®  Suivant  la  partie  de  la  plante 
employée,  sans  parler  des  conditions  par-» 
ticulières  de  localités,  de  saison  favorable, 
de  dessiccation,  etc.  ;  2*  Suivant  la  prove- 
nance de  la  plante  ;  3°  Suivant  les  prépa- 
rations. 

On  peut  dire,  en  général,  que  les  feuil- 
les, les  fleurs,  tes  tiges,  les  semences,  ont 
une  action  incertaine  et  presque  nulle  ; 
que  les  racines  renferment  les  principes 
actifs,  et  que  les  racines  diffèrent  d'activité 
suivant  ta  provenance.  L'aconit  des  jardins 
est  moins  actif  que  celui  des  montagnes, 
celui  des  Vosges  moins  actif  que  celui  de 
Suisse. 

Les  alcoolatures  de  feuilles  fraîches,  de 
tiges,  de  fleurs  et  de  semences  d*aconit 
sont  à  peu  près  inertes  à  doses  faibles  ;  on 
peut  les  porter  chez  les  animaux  à  30  et 
40  grammes,  et  chez  l'homme  à  45  et 
20  grammes,  «ans  produire  d'effets  appré- 
ciables. 

Les  alcoolatures  de  racines  fraîches  sont 
beaucoup  plus  actives  et  doivent  n'être 
prescrites  qu'à  faible  dose  à  raison  de  leur 
inégalité  d'action,  qui  est  due  à  ta  présence 
de  l'eau  de  végétation  dans  les  racines. 

Les  teintures  d'aconit  sont  des  prépara- 
tions actives.  La  teinture  de  racines  l'est 
plus  que  la  teinture  de  feuilles  sèches. 

L'aconit  du  Dauphiné.  et  surtout  celui 
de  Suisse^  doivent  être  rejetés  à  cause  de  la 


violence  de  lenr  action  et  de  la  difiîcnlté 
qu'on  éprouve  à  les  doser. 

L'aconitine  est  un  médicament  d'une 
grande  énergie.  Elle  exerce  des  effets  phy- 
sioioi^iques  et  thérapeutiques  à  la  dose  de 
un  quart  de  mllligr.  ;  elle  peut^  néanmoins 
quand  on  procède  graduellement,  être 
portée  jusqu'à  la  dose  de  un  et  même  deux 
milligr.  par  jour  sans  provoquer  d'acci- 
dents. 

Myopie  (suite  de  la  discussion).  — 
M.  GuÉRiN  continue  le  discours  qu'il  avait 
commencé  mardi  dt^rnier.  Il  rappelle  qu'au 
début  de  la  discussion  il  avait  admis  deux 
espèces  de  myopie,  la  myopie  optique  et  la 
myopie  mécanique.  C'était  celte  dernière 
qu'il  avait  eu  surtout  en  vue  et  qu'il  avait 
combattue  avec  succès  par  la  myotomie 
oculaire. 

L'existence  de  la  myopie  mécanique 
avait  semblé  être  mise  en  doute  par  les 
contradicteurs  de  M.  J.  Guérin;  elle  avait 
du  moins  été  considérée  comme  exception- 
nelle. Mais  M.  Maurice  Perrin,  dans  l'im- 
provisation brillante  qu'il  a  faite  dans  la 
dernière  séance,  a  donné  son  opinion  ;  il  a 
accordé  une  part  considérable  à  la  myopie 
mécanique  tout  en  faisant  des  réserves. 

Mais  ce  n*est  pas  assez  pour  satisfaire 
M.  J.  Guérin;  pour  lui,  la  myopie  méca- 
nique n'est  pas  un  accident,  une  fausse 
myopie,  comme  Ta  prétendu  M.  Maurice 
Perrin.  C'est,  au  contraire,  la  myopie  nor- 
male, fondamentale,  la  vraie  myopie  en 
un  mot. 

La  myopie,  suivant  l'orateur,  est  un  état 
permanent  d'une  phase  particulière  de 
{accommodation.  Celle-ci  étant,  comme 
M.  J.  Guérin  pense  Ta  voir  démontré,  le  ré- 
sultat d'une  des  modiOcalions,  non  de  la 
courbure  du  cristallin,  mais  de  l'action  des 
muscles  de  l'œil,  la  myopie  n'est  que  la 
conséquence  de  la  rétraction  des  mêmes 
muscles. 

Tout  changement  de  rapport  des  milieux 
de  l'œil  implique  le  changementde  la  forme 
des  images.  Tous  les  myopes  ont  des  images 
visuelles  de  dimension  plus  grande  que 
lorsqu'ils  ont  été  opérés  par  la  myotomie. 

Le  rapprochement  du  cristallin  et  de  la 
cornée  change  également  les  dimensions 
des  images.  Or,  ce  rapprochement,  qui  est 
la  conséquence  de  l'action  musculaire,  est 
admis  par  les  contradicteurs  de  M.  Jules 
Guérin,  ainsi  que  l'orateur  cherche  à  le 
démontrer  par  des  citations  empruntées  à 
MM.  Perrin  et  Giraud-Teulon. 

Voilà   donc   deux    conditions   capitales 


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VAAIËTÉS. 


59i 


conformes  à  la  doctrine  de  M.  Jules  Guénn, 
que,  Torateur  trouve  implicitement  con- 
tenue dans  los  livres  de  ses  contradicteurs. 

M.  JuIcsGuérin  ne  veut  pas  méconnaUre 
les  progrès  que  Técole  de  Dondrrs  a  fait 
faire  à  rophthalinologie.  mais,  suivant  lui, 
ces  progrès  sont  d'ordre  secondaire. 

M.  Jules  Guérin,  répondant  à  Tobjection 
que  la  myopie  mécanique  serait  ^ne  espèce 
de  myopie  excepiionneile.  déclare  que  ces 
cas  de  myopie  prétendus  exceptionnels  se 
comptent  par  centaines. 

Alors  qu'il  avait  une  clinique,  il  a  eu 
Toccasion  d'en  observer  un  très- grand 
nomt^re,  dont  les  observations  ont  été  re- 
cueillies par  M.  Dechambre,  membre  de 
celte  Académie. 

Des  résultats  analogues  ont  été  obtenus 
et  publiés  par  M. Bonnet,  de  Lyon,  Guépin, 
de  Nantes    Philipp,  etc. 

M.  Giraud-Teuion,  de  son  côté,  déclare 
que,  dans  iOO  cas  de  strabisme,  il  a  observé 
7S  fois  la  myopie;  dans  iOO  cas  de  stra- 
bisme divergent,  il  a  observé  70  cas  de 


myopie  et  d'hypermétropie.  Enfin,  dans 
tous  les  cas,  il  y  avait  raccourcissement 
musculaire  ou  plutôt,  dit-il,  simple  dispro- 
portion de  longueurs  entre  les  muscles  sains. 

Qu'est-ce  donc,  s'écrie  Porateur,  que 
cette  disproportion  de  longueur  si  ce  n'est 
une  véritable  rétraction  musculaire? 

11  y  a  des  myopies  acquises  par  l'accom- 
modation habituelle  de  la  vue  à  courte  dis- 
tance ;  il  se  fait  alors  dans  les  muscles  de 
rœil  une  modification, un  raccourcissement 
qui,  avec  le  temps,  devient  permanent  et 
produit  la  myopie. 

Il  y  a  des  myopies  héréditaires  que  la 
myotomie  guérit  ou  améliore  d'une  ma- 
nière remarquable. 

Quant  à  la  myopie  optique,  M.  Jules 
Guérin  l'admet,  bien  qu'il  n'en  ait  jamais 
vu  un  seul  exemple. 

Il  conclut  en  disant  que  la  myopie  méca- 
nique n*esi  pas  un  accident  mais  constitue 
la  myopie  normale  fondamentale,  la  myopie 
véritable,  susceptible  de  se  modffier  selon 
les  variations  de  la  rétraction  musculaire. 


IV.  VARiÉTéS. 


Corps  étrangers  introduits  dans  les 
narines.  —  Pour  extraire  les  corps  étran- 
gers que  les  enfants  s'introduisent  quel- 
quefois dans  les  narines,  tels  que  pois,  ha- 
ricots, etc.,  M;  Petit,  médecin  à  Aubignan, 
emploie  le  p^rocédé  que  voici  : 

Au  lieu  d'essayer  de  se  servir  de  pinces, 
qui  ont  l'inconvônienl  quelquefois  de  pous- 
ser plus  profondément  le  corps  étranger,  il 
bouche  d'une  main  la  narine  opposée  à 
telle  qui  contient  le  corps,  et  sai.sit.  avec 
ces  doigts  de  l'autre  main,  les  lèvres  de 
l'enfant  de  manière  à  l'empêcher  de  res- 
pirer. Se  sentant  ainsi  saisi  et  gêné,  il  se 
met  en  colère  et  fait  de  graiids  efforts 
d'expiration,  qui  ne  manquent  pas  d'expul- 
ser le  corps  obstruant. 

Ce  procédé,  facile  à  employer,  a  réussi 
plusieurs  fois  à  M.  Petit.  {Abeille  médicale,) 


Les  instituts  pathologiquies  et  physio- 
logiques. —  Le  pemier  institut  patholo- 
gique a  été  fondé  par  Virchow  ;  les  travaux 
du  célèbre  histologi^te,  ses  cours  et  ses  le- 
çons pratiques  ont  jeté  un  vif  éclat  sur 
l'école  de  Berlin.  Les  étudiants  trouvaient 
là  des  éléments  d'instruction  qui  n'exis- 


taient pas  encore  ailleurs  ;  mais  depuis  lors 
les  instituts  pathologiques  se  sont  multi- 
pliés en  Allemagne  d'abord  puis  dans  un 
grand  nombre  d'Universités  des  autres 
pays,  qui  ont  profité  de  l'expérience  déjà 
acquise  pour  faire  mieux  encore.  De  telle 
sorte  qu'aujourd'hui  Berlin  est  bien  dé- 
passé et  que  le  flot  des  étudiants  cesse  do 
se  porter  principalement  vers  la  capitale 
prussienne,  pour  se  répandre  dans  d'autres 
écoles  dont  les  progrès  sont  plus  récents,  et 
notamment  à  Leipzig.  £n  Angleterre,  il 
faut  signaler  la  nouvelle  Ecole  de  Thôpital 
Saint-  Thomas,  à  Londres,  et  bien  d'autres  ; 
en  Ecosse,  1  Université  de  Glasgow;  en 
Hollande,  l'Université  de  Leyde;  aux 
Etats-Unis,  le  Collège  de  l'hôpital  de  Bel- 
levue  et  l'University  collège,  tous  deux  à 
New- York.  Partout  l'enseignement  médical 
ouvre  des  laboratoires  aux  élèves,  mais  au- 
cun pays  n'a  autant  fait  que  la  Suède, 
d'abord  pour  renseignement  primaire, 
puis  pour  les  Ecoles  secondaires  et  les  Uni- 
versités (1). 

L'établissement  de  Stockholm  contient 

(1)  V.  D'  van  «len  Corput,  De  Torgnnisation 
des  Ecoles  pratiques  en  Allemagne,  en  Suède 
et  en  Russie,  Paris.  E.  Lacroix,  1866. 


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nn 


VAmÈrés. 


non-seulement  des  salles  de  dissection  et 
d*aiitopsie,  des  laboratoires  d*histoIogie»  de 
physiologie,  de  cfainiic,  de  physique  et 
d'histoire  naturelle,  mais  encore  la  morgue, 
une  salle  d'autopsie  et  un  amphithéâtre  de 
leçons  ponr  les  cas  de  médecine  légale. 
(Lyon  médical,) 


Influenee  de  la  lumière  «ur  la  végéta- 
tion. —  L'effet  de  la  lumière,  considérée 
comme  cause  du  réveil  de  la  vie  dans  le 
règne  végétal,  vient  d'être  observé  près 
d^Âibènes,  par  le  professeur  von  Hendreich, 
dans  des  circonstances  bien  curieuses.  On 
sait  que  les  mines  dû  Laurium^  qui  ont 
donné  lieu  à  de  si  longs  et  si  vifs  débats 
diplomatiques,  consistent  pour  une  grande 
'  partie  en  scories  provenant  dcrexploitalion 
par  les  anciens  Grecs,  mais  qui  contien- 
nent encore  beaucoup  d'argent,  que  Ton 
extrait  aujourd'hui  par  les  procédés  per- 
fectionnés  de  Part  moderne. 

Or,  sous  ces  scories^  dit  le  Médecin  de  la 
famille,  depuis  au  moins  quinze  cents  ans 
dtyrnnrit  ia  semence  d^unc  papavéracée  du 
genre  Glaucium.  Depuis  qu'on  les  a  enle- 
vées pour  les  porter  aux  fourneaux,  sur 
tout  l'espace  qu'elles  recouvraient  ont 
poussé  et  fleuri  les  jolies  corolles  jaunes  de 
cette  fleur  qui  était  incoimue  à  la  science 
moderne,  mais  qui  se  trouve  décrite  dans 
Pline  et  Dioscoridc.  Elle  avait  donc  disparu 
de  la  surface  du  globe  depuis  quinze  ou 
vingt  siècles. 

Un  fait  analogue  s'est  produit  pour  le 
blé  que  l'on  trouve  dans  les  anciennes  sé- 
pultures égyptiennes.  Ces  graines  de  blé 
mises  en  terre  donnent  un  blé  magnifique 
haut  de  ^  mètres  et  avec  des  épis  trifur- 
qués  cfaargûs  de  (^raines  abondantes. 

(Répertoire  de  pharmacie,  ) 


lorsque  les  couleurs  arsenicales  sont  défec- 
tueusement fixées  sur  le  papier,  mais  qu'il 
ne  doit  plus  se  produire  lorsque  les  pein- 
tures ont  été  préparées  à  l'huile  et  qu'une 
fols  étendues,  elles  ont  été  recouvertes  de 
vernis. 

Mais  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  un  grand 
nombre  d'empoisonnements  ont  pu  «voir 
lieu  dans  des  chambres  où  les  couleurs  du 
papier  arsenical  avaient  été  préparées  à 
l'huileetoù  elles  étaient  recouvertes  par  un 
autre  papier  peint  complèt-^ment  inoffensif. 

11  parait  probable  que,  dans  ces  cas,  le 
composé  vénéneux  qui  se  forme  est  un 
corps  gazeux,  un  arséniure  d'hydrogène, 
qui  se  mêle  à  l'air  respirable  et  s'introduit 
ainsi  dans  l'organisme. 

Le  docteur  Hemberg  désirant  répétera 
ce  sujet  les  expériences  de  Flecq,  a  analysé 
l'air  contenu  dans  Un  appartement  dont 
les  parois  étaient  garnies  de  papief  arse- 
nical. La  pièce  était  vaste  et  bien  aérée, 
les  papiers  qui  garnissaient  les  murailles 
étaient  parfaitement  secs ,  hMir  mise  en 
place  datait  de  vingt-cinq  à  trente  ans,  et 
les  personnes  qui  y  avaient  habité  n'avaient 
point  éprouvé  d'accidents  toxiques.  Cepen- 
dant, malgré  toutes  ces  circonstances  qui 
semblaient  témoigner  de  Tinnocuité  des 
peintures  arsenicales,  une  minutieuse  ana- 
lyse de  l'air  y  fit  connaître  la  présence  de 
Tarscniure  d'hydrogène  gazeux. 

[Le  Mouvement  médical,) 


Atmosphère  des  appartements  tapissés 
de  papiers  aux  oouleurs  arsenicales.  — 

On  sait  que  les  papiers  peints  dont  les 
couleurs  sont  dues  à  des  sels  arsenicaux 
ont  souvent  été  la  cause  d'accidents  toxi- 
ques, pour  les  habitants  des  appartements 
oi^  ils  sont  tendus.  Taylor,  Bunsen,  Pet- 
tenkofcr  expliquent  cet  empoisonnement 
par  la  présence  dans  l'air  de  particules 
arsenicales  détachées  du  papier  par  une 
cause  mécanique  queleonque  et  pénétrant, 
par  la  respiration,  dans  les  voies  aériennes. 
De  cette  interprétation  on  devait  conclure 
que  cet  inconvénient  ne  peut  exister  que 


Empoisonnement  par  le  lait  de  ohé- 
vre.  —  Les  journaux  italiens  et  allemands 
rapportent  l'histoire  d'une  petite  épidémie 
observée  aux  environs  de  Rome,,  et  dont  ia 
source  est  assez  curieuse. 

Un  grand  nombre  d'habitants  étaient 
atteints  d'une  irritation  gastro-intestinale, 
caractérisée  par  de  la  diarrhée,  des  vomis- 
sements, une  soif  intense  et  une  diminution 
notable  datis  la  température  et  la  fré- 
quence du  pouls. 

Âpres  quelques  recherches,  les  méde- 
cins arrivèrent  à  soupçonner  le  lait  de 
chèvre,  qui  est  d'un  usage  général  dans  le 
pays.  Les  animaux  furent  examinés  par  le 
vétérinaire  et  déclarés  sains.  Le  lait  fut 
analysé,  ainsi  que  les  déjections  des  mala- 
des, et  l'on  n'y  trouva  aucune  tracé  de 
poison  métallique. 

Les  soupçons  se  portèrent  alors  sur  la 
pÂture  ordinaire  des  chèvres,  et  celle-ci  se 
trouva  contenir  quatre  plantes  plus  ou 
moins  vénéneuses  :  Clematis  vïtalba,  Co- 


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VARIÉTÉS, 


595 


nîum  maoulatum,  Colchkam  antamnale, 
Plumbago  europœa.  Les  vomissements  et 
le  lait  ayant  été  analysés  de  nouveau  pré- 
sentèrent les  réactions  ehimiqucs  propres 
a  la  colchicine. 

(Annales  de  médecine  vétérinaire,) 


PRIX   PROPOSES. 

Société  médîoo-ohîrurgicale  de  Liège. 
Conoouri.  —  f.  La  Société  médicoahirur" 
gicale  de  Liège  aecordera  un  prix  de  cinq 
cents  francs  et  le  titre  de  membre  cor- 
respondant à  Tauteur  du  meilleur  mémoire 
sur  un  sujet  librement  choisi  de  la  méde- 
cine, de  la  chirurgie;  des  accouchements 
ou  de  la  pharmacie. 

Le  mémoire  couronné  sera  publié  dans 
les  Annales  delà  Société. 

Les  auteurs  nq  doivent  pas  présenter 
des  travaux  d'une  étendue  excédant  cinq 
feuilles  d*improssion  (soit  80  pages  format 
\n-S^  des  Annales), 

Il  est  interdit  aux  auteurs  des  mémoires  de 
se  faire  connailre,  soit  directement,  soit  in- 
directement; le  mémoire  doit  être  accompa- 
gné d'une  devise  répelée  dans  un  pli  cacheté 
contenant  le  nom,  les  qualités  et  le  domi- 
cile de  Tau  leur. 

Lès  travaux  devront  être  remis  avant  le 
1"  août  1876  à  M.  le  D'  Davreux,  secré- 
taire général  de  la  Société,  rue  de  la  Cas- 
quette, 33,  à  Liège. 

H.  La  Société  médico^chirurgicale  de 
Uége  décernera  une  médaille  d'&r  à  Tétu- 
diant  d'une  des  universités  belges,  auteur 
du  meilleur  travail  sur  un  sujet  librement 
choisi,  eoncernant  ranatomie,  la  pbysio- 
iogie,  la  médecine,  la  chirurgie,  les  accou* 
ebements  ou  la  pharmacie. 

Les  travaux  devront  être  remis  avant  le 
4K  octobi'e  1876  au  Secrétaire  général  de  la 
Société. 

(Conditions  ordinaires  des  concours.) 

Programipe  dei  quetiîons  mîtes  *au 
eonoour»  par  l' Académie  royale  de 
médeoine  de  Belgique. 

1878-1877. 

c  Quels  sont  les  rapports  entre  rémi- 
gration  des  globules  du  sang  el  Tinflam- 
mation?  » 

La  réponse  doit  être  basée  sur  de  nou- 
velles expériences  et,  au  besoin,  sur  de 
nouvelles  démonstrations. 

Prix  :  Une  médaille  de  1000  francs.  — 
Clôture  du  concours  :  1«'  mars  1877. 


c  Indiquer  la  valeur  relative  des  ampu- 
tations et  des  résections  dans  les  tumeurs 
blanches  ;  exposer  les  indications  et  les 
contre-indications.  » 

Prix  :  Une  médaille  de  4000  francs.  — 
Clôture  du  concours  :  1«>^  juillet  1877. 

1875-1878. 

«  De  la  détermination  des  principales 
maladies  endémiques  qui  régnent  en  Bel- 
gique, mises  en  rapport  avec  la  consti- 
tution géologique  des  lieux  où  elles  sévis- 
sent. » 

Prix  :  Une  médaille  de  ISOO  francs.  — 
Clôture  du  concours  :  1«'  juillet  1878. 

L^Acailcmie  se  réserve,  au  outre,  de  dé- 
cerner, chaque  année,  deux  médailles  de 
300  francs  chacune  aux  auteurs  des  deux 
mémoires  manuscrits  relatifs  aux  sciences 
médicales,  qu*elle  jugera  dignes  de  ces 
récompenses. 

Les.  médecins  briges  de  naissance  ou  par 
naturalisation  sont  seuls  admis  à  participer 
à  cette  faveur. 

La  formule  usitée  pour  le  concours 
n'est  point  requise  dans  la  présentation  de 
ces  mémoires. 

Conditions  du  concours. 

Les  mémoires, écrits  lîsiblementen  latin, 
en  français  ou  en  flamand,  seront  seuls 
admis  h  concourir;  ils  devront  être  adres- 
sés, francs  de  port^  au  secrétaire  de  l'Aca- 
démie, place  du  Musée,  n*  i,  à  Bruxelles. 

Les  planches  qui  seraient  jointes  aux 
mémoires  doivent  être  également  manus- 
crites. 

L'Académie,  exigeant  la  plus  grande 
exactitude  dans  les  citations,  demande  aux 
auteurs  d'indiquer  les  éditions  et  les  pages 
des  livres  qu'ils  citeront. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom 
à  leur  ouvrage,  mais  seulement  une  devise 
qu'ils  répéteront  à  Textérieur  d'une  enve- 
loppe cachetée,  renfermant  leur  nom  et 
leur  adresse. 

Les  billets  attachés  aux  écrits  non  cou- 
ronnés ne  seront  ouverts  que  sur  la  de- 
mande dés  auteurs. 

Prix  à  décerner  en  1876.  —  La  Société 
de  Médecine  do  Saint-Etienne  et  de  la 
Loire  met  au  concours  la  question  sui- 
vante :  c  De  l'Anémie  chez  les  Mineurs.  » 

La  Société  dcccriicra  un  prix  de  la  Va- 
leur de  800  francs,  au  mois  de  décembre 
1876,  à  l'auteur  du  meiHeur  mémoire  iné- 
dit sur  ee  sujet. 

75 


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594 


VARIÉTÉS. 


Les  mémoires,  éerits  en  français  ou  en 
latin,  porteront  une  épigraphe  reproduite 
dans  un  pli  cacheté  contenant  le  nom  et 
redresse  de  leur  auteur.  Ils  devront  être 
parvenus  avant  le  50  septembre  1876,  à 
M.  le  docteur  Sautbreau,  Secrétaire  de  la 
Société,  rue  Traversière,  6,  à  Saint-Etienne 
(Loire). 


FAITS  DIVERS. 


La  séance  annuelle  de  rAssoci4TioN  mé- 
dicale DU  Brabamt  {Caisse  de  prévoyance), 
a  eu  lieu  le  25  décembre  dernier  à  rhôtel- 
de-ville  de  Bruxelles,  sous  la  présidence  du 
docteur  Louis  Martin.  Il  résulte  du  compte 
de  gestion  que,  tous  frais  déduits  (pen- 
sions temporaires  et  frais  d^administra- 
lions),  le  capital  social  s*élève  à  la  somme 
fr.  25,078,50. 

£n  conséquence,  le  droit  d*admission, 
pour  les  praticiens  exerçant  dans  la  pro- 
vince du  Brabant,  est  porté  à  35  fr.  (un 
franc  par  mille  francs  du  capital  social).  La 
rétribution  annuelle  reste  invariablement 
ûxée  k(r.  U. 

Tout  membre,  après  cinq  ans  révolus  de 
participation  à  la  Caisse  ou  ayant  versé,  au 
moment  de  son  entrée,  une  somme  globale 
de  500  fr.,a  droit,  le  cas  échéant,  à  un  se- 
cours ou  pension  temporaire  pouvant 
s*élever  à  400  fr.  Tan.  Les  mêmes  avantages 
sont  réservés  aux  veuves  et  aux  orphelins 
qui  se  trouvent  dans  les  conditions  de 
Part.  20  des  statuts. 


I*m  o«rte  de  ▼tsite 


IMPROMPTU  BN 


COUPLETS    POUR  LE   JOUR 
DE  l'an. 


Un  petit  carré  de  carton. 
Où  Ton  grave,  —  c'est  de  bon  ton  — 
Le  nom  d*un  homme  de  mérite 
Ou  rétiquette  d'un  pied>plat, 
Voilà 
La  carte  de  visite. 

C'est  en  guise  de  compliment 
Qu'on  envoie,  au  conimencement 
De  l'an,  cette  étrenne  bien  vite; 
Votre  portier  vous  dit  :  —  Holà  ! 
Voilà 
La  carte  de  visite  ! 

Gela  tient  lieu  du  bel  habit 
Qu'on  n'a  pas,  même  de  l'esprit 


Qu'il  faudrait  tirer  hors  du  gîte  ; 
On  est  sûr  qu'on  reçoit  cela  : 
Voilà  * 

La  carte  de  visite. 
Cela  tient  lieu  de  l'amitié 
Dont  on  feint  au  moins  la  moitié  ; 
Vrai  lambeau  du  masque  hypocrite 
Dont  le  monde  un  jour  s'affubla  ! 
Voilà 

La  carte  de  vi.«itc. 

Dans  les  cartes  d'un  vieux  mari. 
Madame  fouille  ;  elle  a  souri  : 
Ne  demandez  pas  qui  l'agite 
Devant  un  des  noms  qui  Hoot  là  ? 
Voilà 
La  carte  de  visite. 

Vous,  cher  lecteur  de  ce  journal, 
Que  Dieu  vous  garde  de  tout  mal  ! 
Que  votre  médecin  s'irrite 
De  l'effet  de  ce  souhait  là  ! 
Voilà 
Ma  carte  de  visite. 
(Le  Moniteur  de  Lyon),  E.  B. 


Éphéméridet  médicales. 
Année  1596. 
La  raphanie  se  déclare  dans  la  Hesse, 
tandis  que  la  peste  sévit  à  Hambourg. 

»  • 

Établissement  des  Jlollandais  au  Cap  de 
Bonne-Espérance. 

50  décembre  1644. 

Mort  de  Jean-Baptiste  Van-  Helmoot, 
Seigneur  de  Mérode,  d*Aerschot,  de  Pei- 
Unes,  etc.,  Tillustre  médecin- chimiste  ne 
à  Bruxelles  en  1577.  Il  mourut  des  suites 
d'une  pneumonie  à  Vilvonle,  ou  il  s'était 
retiré  après  de  longs  voyages  dans  presque 
toutes  les  contrées  deJ'Europe. 

D'  V.  D.  CORPUT. 


NECROLOGIE. 

La  Société  royale  des  sciences  médicales 
et  naturelles  de  Bruxelles  vient  de  perdre 
l'un  de  ses  membres  les  plus  érudits,  M.  le 
docteur  A.  Giraldès,  praticien  d'un  grand 
mérite  et  qui  possédait  à  fond  plusieurs 
langues.  M.  Giraldès,  d'origine  portugaise  ; 
s'était  tixé  à  Paris  où  il  jouissait  d'une  juste 
considération.  Il  ^  avait  été  élu  correspon- 
dant de  la  Société  royale  des  sciences  mé- 
dicales et  naturelles  de  Bruxelles  le  7  août 
1857. 


FIN    DU    SOIXANTE-ET-VNlitfE    VOLUME. 


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-    TABLE  ALPHABÉTIQUE 

DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  LE  ei""  VOLUME. 


Abadie.  —  Hcmiopie,  46. 

Abcès  des  os  <Faux)  et  ostéite  névralgique, 
462. 

Absorption  des  médicaments  chez  les  nou- 
veau-nés par  Je  lait  de  la  nourrice, 
332. 

Académie  royale  de  médecine  de  Belgique 
(Séances  de  \\  81,  373,  459,  hSi. 

—  de  médecine  de  Paris  (Séances  de  F), 
83,  84,  86,  472,  174,  17H,  176,  267, 
269,  378,  377,  378,  461,  462,  464, 
465,  467.  583,  584,  585,  587,  588, 
590. 

Accouchement  (Du  repos  au  lit  après  P), 

340. 
Accouchements  difficiles  des  fœtus  morts 

(Conduite  à  tenir  dans  \es\^  340. 
Acétonémte  (Un  cas  mortti  d')  chez  une 

femme  diabétique,  125. 
Acide  (Sur  le  partage  d'un)  entre  plusieurs 

bases  dans  les  dissolutions,  239. 

—  carbonique  (Guérison  de  la  migraine  à 
Taide  de  P),  i^9. 

—  —  libre  (Réactif  de  P)  des  eaux  pota- 
bles, 237. 

—  cbromique  (Traitement  de  Pépithélioma 
du  col  utérin  par  les  cautérisations  à  P), 
337. 

—  cymencarbonique  (Sur  P),  344. 

—  iod hydrique  (Action  de  P)  sur  Tacide 
santonique  :  Méta^santonine,  446. 

—  oxalique  (Traitement  de  la  dipbthérie 
par  P)  et  par  le  sulfophénate  de  quinine, 
226. 

—  phénique  (OEdème  malin  traité  par  P) 
à  Pintéricur  et  en  injections  hypoder- 
miques, 334. 

—  ■—  (Traitement  de  la  coqueluche  par 
P),  548. 

—  —  (Traitement  de  la  toux  férine  par 
les  inhalations  d'),  549. 

—  salicylique  (Conservation  des  sangsues 
par  P),  249. 

—  —  (De  I')  dans  la  diphthérie,  135. 

—  —  (Des  pansements  à  P),  133. 

—  —  pour  conserver  les  jus  dé  limons 
(V),  249. 

(Purification  de  P),  343. 


Acide  salicylique  (Recherches  sur  P),  53. 

—  —  (Sur  P),  54. 

—  —  (Sur  P),  et  ses  sels,  439. 

—  vonillique  (Sur  P),  234. 

Acitles  sulfureux  et  suPurique  dans  le 
traitement  de  la  diphthérie  (Des).  226. 

—  (Sur  les)  contenus  dans  les  pétroles 
bruts,  235. . 

Aconit  (Reclierches  sur  les  propriétés  phy- 
siologiques de  P)  et  de  Paconitine,  425. 

Aconitine  (Recheiches  sur  les  propriétés 
physiologiques  de  Paconit  et  de  P),  425. 

Acuponcture  électrique  (Pseudarthrose  de 
Pextrémité  inférieure  du  fémur  gat.cbe, 
consolidée  avec  P),  340. 

Adénite  cancéreuse  de  nature  encépha- 
loîde  développée  chez  un  enfant  de 
cinq  ans,  89. 

—  syphilitique  (Des  injections  parenchy- 
maieoses  d'iodure  de  potassium  dans  les 
cas  d'),  551 . 

Affections  gastiîques  (Traitement  de  di- 
verses) 21  u  moyen  de  la  pompe  stoma- 
cale, 227. 

—  nerveuses  et  musculaires  (De  PempSoi 
de  Pélectricité  comme  moyen  de  dia- 
gnostic dans  quelques),  429. 

—  —  (Les  connexions  hcrédilaires  entre 
certaines),  130. 

—  régnantes  (Discussion  sur  les),  80^ 
267,  373. 

—  utérines  (Application  du  tampon  de 
ouate  dans  le  vajiin  pour  diverses),  553. 

Ailante  glanduleuse  (D(>s  propriétés  théra- 
peutiques de  P),  4"26. 

Air  (An.-ilyse  de  P)  dans  les  appartements 
temlus  do  papier  peini  arsenical,  152. 

^^  comprimé  (Action  physiologique  de  P) 
sur  la  tension  artérielle,  219. 

Albumine  (Do^a.e  de  P)  par  le  tnnnin,  50. 

-^  (Obs«'r\ ations  sur  la  dgestion  de  P; 
chez  les  nouveaux-nés.  430.   - 

Alcool  allyliqiie  dans  les  produits  de  la  dis- 
.tillHâon  sèctie  du  bois,  439. 

—  amyliqiie  (Rechorche  de  P)  dans  Pal- 
cool  or  iinaire,  249. 

—  (Dilution  de  P)  à  un  degré  déterminé, 
249. 

—  (Sur  la  solubilité  du  phosphore  dans 
P),  443. 


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o96 


lABiîB  AxjI*iI AbbTiQUE 


Alcool  roéfhylique  (Action  de  I*)  sur  le 
chiot hydi-Hted^ammnnique,  i47. 

Alcools  par  fermentai  ion  (Sur  les  pro- 
priétés IDX  ques  des«,  557. 

—  l'olyatomiques  proprement  dit-^  (Faits 
relatifs  à  réinde  des).  Application  à  un 
nouveau  mode  d'otitmtion  de  Tacidc 
formk(|ue  cristullisable,  346. 

Aldéhyde  (Sur  quelques  composés  de  i\ 

436. 
Almès.  —  D''  quelques  propriétés  du  per- 

chlorure  de  fer,  560. 
Alun  (Ri  ctifTche  de  T)  dans  le  pain  et  dans 

la  farine,  358. 
Ammoniaque  dans  l^ntmosphère  (L*),  434. 

—  du  commerce  (Recherche  des  matières 
goudronneuses  dans  T),  55. 

Andrews,  '-^  Des  dangers  comparés  de 
Tanesibésie  proiuite  |>ar  Téther.  le 
chloroforme,  le  bichloride  de  méthylène 
9t  le  proi oxyde  d'azote,  46. 

Adestliésie  (Des  dangers  comparés  de  V) 
produite  par  Té  hcr,  le  chloroforme,  le 
bichloride  de  méthylène  et  le  protoxyde 
d*azote,  46. 

—  locale  (Sur  V),  430. 

Afiévrysme   poplité  (Guérison  d*un)  par 

cofii|irt-ssion   au   moyen   de   la    bande 

d'Esmarch;  556. 
Angine  ttiberculense  (Sur  1'),  44. 
Angleterre  (Les  effets  de  la  yaoeination 

obligatoire  en),  447. 
Aniline  (Rùiige  d*)  pour  colorer  les  huiles 

pour  les  cheveux,  300. 

—  (Notice  sur  les  couleurs  d*),  151. 
Ansfiê,    —    Les  connexions   héréditaires 

entre  certaines  affections  nerveuses, 
130. 

Aphasie  (De  V)  ou  perte  de  la  parole  dans 
les  maladies  cérébrales,  4â3. 

Aplionie  nerveuse  (Observation  d*)  guérie 
par  des  inhalations  de  chloroforme, 
223. 

Appareil  de  Marsh  (Conduite  de  1');  son 
appltoat  on  au  dosage  de  Parsenio  con- 
tenu dans  les  matières  organique^;,  569. 

Aricine  (Sur  T).  234. 

Arnica  (La  teinture  d*)  condamnée,  1S8. 

—  Traitement  de  rorcliili*  par  P),  552. 
Aronheim,  ~   Alcool  allylique   dans  les 

produits  de  la  distillation  sèehe  du  bois, 

439. 
Arsenic  (Sur  la  localisation  de  r>  dans  les 

divers  tissus  des  animaux  empOi>*onnés, 

557. 
Arsenicaux    (Recherches    des    composés) 

dans  les  sels  alcalins  et  alcalino-terreux 

employés  en  pharmacie,  238. 


Arsenicaux  (Tapts  muges),  250. 

Artère*^  cérébrales  (Cootrîbu*ion  à  Tétnde 
de^  lésions  syphiliiiques  des),  335. 

Arthritisiii^  (De  1  herpélisuie  et  de  V)  de 
la  gorge  et  des  premièn-S  Voic^,  219. 

Asa  fœtida  dn  marchéde  Bombay (Les),440. 

Ashhrst.  —  De  la  laparotomie  ou  section 
abdominale  comme  moyen  de  traite- 
ment derintus>usception,  138. 

Asphyxie  (1/)  par  Técume  bronehique  ou 
angia'ra)  hro&ie,  177. 

Atmosphère  des  appartements  tapissés  de 
papiers  aux  couleurs  arsenica!es,  592. 

Asote  (Do.«^ge  de  V)  dans  \es  engrais.  342. 

—  (Quantités  d')  et  d'ammoniaque  conte- 
nues dans  les  betteraves,  562. 


Bactéries  (De  la  putréfaction  produite  par 
les),  en  présence  des  nitrates  alcaltBs), 
857. 

Bains  ehauds  (Des),  127. 

-^  de  mer  (Quelques  considérât  ions  sur 
les)  sur  les  plages  du  Nord,  358. 

—  froids  (Le  rhumatisme  cérébral  et  les), 
546. 

Burnoumn.  —  Sur  la  préparation  des  sup- 
positoires, 149. 

fiafeman»  —  De  Tapba^ie  ou  perte  de  la 
parole  dans  les  maladies  cérébrales,  423. 

Béguin,  —  Sur  Tétat  de  la  cantbaridine 
dans  les  insectes  vivants,  233. 

Belladone  (Traitement  de  la  transpiration 
profuse  par  la),  2:24. 

Bergmeisttr.  —  Des  chomïdites  et  de  leur 
influence  sur  la  f  icullé  visuelle,  47. 

Bernard,  —  La  base  de  la  médecine  fu- 
tnre,  <80. 

Berquer,  —  Des  exti'aits  fluides  pour  la 
préparation  du  vin  de  qniufuiua,  354. 

Berquieti  —  Dilution  de  Talcool  à  un  de- 
gré déterminé,  249. 

Bert,  —  Il  fluence  de  Tair  comprimé  sur 
les  fermentations,  233. 

Berthelot,  —  Sur  le  partage  d*un  acide 
entre  plusieurs  bases  dans  les  dissolu- 
tions, â3t). 

Btrtherand,  —  De  quelques  aecidents 
grav  es,  souvent  mortels,  consécutifs  aux 
grandes  brûlures,  19. 

^er(i.  — Un  ca<  mortel  d*acét>némie  chez 
une  femme  diabétique,  1!25. 

Betteraves  (Quantités  d'azote  et  d'ammo- 
niaque contenues  dans  les),  562. 

Bicarbonate  de  soude  contre  le  mal  de 
dent,  135. 

Bidenkap.  —  Calcul  d*acidc  oxalique  à  la 


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Df^S  MA11ERES. 


597 


suite  de  Ttisage  de  l«  -riinbarbf,   354>. 

Bièvre  (Causes  d'insalubrité  de  la),   887. 

Bi»g,  -^Décomposition  de  Tiodure  de  po- 
tassium dans  ToifaniMne,  44. 

Bioxyde  d  hydrogène  (Sur  la  pré.seacedu) 
dans  In  sève  des  végétaux,  3i6. 

Bistortp,  351. 

Bktne.  —  De  la  poudre  de  Goa  dans  cer- 
taines maladies  de  la  peau,  334. 

Bhtideau»  —  Propriétés  tœnictdes  du  ka* . 
oiala,  43. 

Boehm  it  Knie,  —  Action  physiologique 
de  i^acide  pi  ussique,  63. 

Bottger,  —  Action  du  pho.^phore  dissous 
sur  le  chloraie  de  potasse,  237. 

Bottger.  —  Extraction  de  Tor  des  liquides 
pauvres,  li>(). 

Botïinù  —  Extirpation  du  larynx  par  le 
couteau  galvanique,  431. 

Bouchut,  —  Du  xaginisme,  337. 

BournerUle.  —  Ellels  ihérapeutiques  du 
fûtrite  d'amyle  dans  Tépiiepsic  et  Thys- 
téio  épilepsie,  220. 

Bronkliydratc  de  quinine  (Note  sur  Tem- 
ple»! thérapeutique  du),  4i,  424. 

—  neutre  d^ésérinc (Sur le),  iiê,        • 

fironiofonue(Siir  le),  39. 

Brewne,  —  Mort  subite  par  embolie  de  la 
veine  cave  inférieure,  à  U\  suite  de  va- 
rices de  U  jambe,  ë34. 

Bruciue  (Transformation  de  la)  en  strych- 
nine ei  réciproqoi  ment,  342. 

Brûlures  (De  quelques  accidents  graves, 
souvint  mortels,  consécutifs  aux  gran^ 
d«s),  ID. 

Bruit  de  flot  hydro-aérique  dans  une  tu- 
meur sans  communication  avec  Texte-, 
rieur,  472. 

Brun»  —  Notice  sur  les  couleurs  d'aniline, 
151. 

Burq  et  Ducom.  —  Sur  Taction  physiolo- 
nique  du  cuivre  et  de  ses  composés  sur 
les  animau^K,  560. 


Café-chicorée  (Empoisonnement  de  quatre 

personnes  par  le),  150. 
Café  (Des  effets  du)  sur  les  quadrupèdes, 

546. 
Caféine  (Note  sur  le  dosage  de  la)  et  la 

solubilité  de  cette  substance,  558. 
Ca/fr.  —  A  propos  des  sociétés  de  secours 

mutuels,  468. 
Calcul  d'acide  oxalique  à  la  suite  de  Tusage 

de  la  rhubarbe,  334. 
Calculs  urinaires   (De   la  cure    des)   au 

moyen  des  dissolvants  cliniques,   545. 


Camphre  monobromé  cristallisé  (Prépara- 
tion du),  438. 

Cannizzaro  et  Amafo.  —  Action  de  Taciile 
iodhydrique  sur  Tacide  santonique  : 
Métasanlonine,  146. 

Cantharidinc  (Sur  Tétat  de  1«)  dans  les 
insectes  vivants,  ^33. 

Cardinal.  —  Sur  TanesChésie  locale,  430. 

Ctirlos.  —  Traitement  de  la  coqueluche 
par  Tacide  phénique,  548. 

Carotide  primitive  (Déauddti  on  delà),  55<>» 

tarpentier.  —  Rapport  sur  le  travail  de 
M.  le  docteur  Ed.  De  Smet  :  Principales 
affections  oculaires  traitées  à  Thôpital 
Saint-Pierre,  pendant  Tannée  1874, 
575. 

Carptntier,  —  Rapport  sur  les  mémoires 
de  concours,  77. 

Carte  de  \iite  (La),  504. 

Caspari.  -*-  Du  nitrate  de  soude  contre  la 
dyssenterie,  231. 

Casse  et  Thiemess*'.  —  Du  traitement  de 
Tempoisonnemcnt  par  le  phosphore  au 
moyen  des  injections  in tra  veineuses 
d'oxy;:cne,  136. 

Cataleptique  (;>larie  Lecomte,  la)  de  Thô- 
pital Coiihin,  382. 

Catarrhe  pulmonaire  (le  sirop  de  strych- 
nine contre  le),  334. 

(latéehine  dans  Turine  d'un  enfant,  433. 

Caulef,  —  De  la  suralcalisation  du  sang  et 
des  urines  sous  Tinfluence  de  la  ehaux 
et  de  la  magnésie,  225. 

Cécité  chez  les  fumeurs,  87. 

Centres  vaso-moteurs  (Des)  et  de  leur  mode 
d'action,  41 9. 

Champion  et  Peltet.  —  Quantités  d'azote 
et  d^ammoniaque  contenues  dans  les  bet- 
teraves, 562. 

Charles.  —  De  la  rétroversion  de  l'utérus 
pendant  la  grossesse,  3,  93,  198,  307, 
406,  524. 

Cbaron.  —  Analyse  de  Touvrage  de  M. 
Moeller.,  intitulé  :  Notions  d'anatomie, 
de  physiologie  et  d'hygiène,  au  point  de 
vue  de  la  gymnastique,  580. 

Chtvum.  —  Communication  sur  un  calcul 
mural,  372. 

Charon.  —  Rapport  sur  le  travail  de 
MM.  Deneffe  et  Van  Wetter,  sur  Tanes- 
th'sie  par  injection  intra-vemeuse  de 
chloral,  369. 

Chamn,  —  'Tuméfaction  circonscrite  du 
muscle   sterno-cleido  mastoïdien,   416. 

Charon  et  Ledfganck.  —  Adénite  cancé- 
reuse de  nature  encéphaloïde  déve- 
loppée chez  une  enfant  de  cinq  ans,  89, 

Chevelure  (Hygiène  de  la),  445, 


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598 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Cbloral  (Action  du)  sur  la  muqueuse  de 
Testomac,  250. 

—  ( Anta^ionisme  du)  et  de  la  strych- 
nine, 4-26. 

—  (Injection  întra-veincuse  de);  mort, 
184. 

—  (Névralgie  épileptiforme  de  la  face, 
anpsthésie  par  injection  intra-veineuse 
de),  section  des  deux  nerfs  nasal  interne 
et  nasal  externe  ;  succès,  336. 

—  (Traitement  du  mal  demrrparle),  482. 
Chlorate  de  potasse  (Action  du  phosphore 

dissous  sur  le),  257. 

Chlorhydrate  d'nmmoniaque  (Action  de 
Tacidc  méthylique  sur  le),  147. 

Chloroforme  (Observation  d'aphonie  ner- 
veuse guérie  par  les  inhalations  de), 
223. 

—  (Sur  une  altération  spontanée  du),  353. 
Chlorose  vraie  (Recherches  comparées  sur 

réltmination  des  phosphates  dans  la)  et 
dans  la  phthisie  commençante.,  335. 

Chocolat  (Falsification  du),  443. 

Choléra  84, 86,  173  174,175. 

—  en  Syrie  (Le),  183. 

—  (La  théorie  tellurique  de  la  dissémi- 
nation du),  126. 

Cholestérine  (Note  sur  la  manière  de  se* 

parer  la)  des  matières  grasses,  558. 
Chorée  (Du  traitement  de  la)  par  Thyos- 

ciamine,  335. 
Choroîdites  (Des)  et  de  leur  influence  sur 

h  faculté  visuelle,  47. 
Cianciosi*  —   Un  cas  de  hernie  lombaire, 

158. 
Ciguë  (De  rinnocuité  de  la  petite),  569. 
Cleaoer,  —   Sur  le  dosage  des  matières 

grasses  dans  le  lait,  233. 
Clermont,  —  Sur  la  présence  du  bioxyde 

d'hydrogène  dans  la  sève  des  végétaux, 

346. 
Clin.  —  Préparation  du  camphre  mono- 

bromé  cristallisé,  438. 
Clouet,  —  Empoisonnement  de  quatre  per- 
sonnes par  le  café-chicoréer  450. 
Coagulation  sponUnée  du  sang  (Des  causes 

de  la)  à  son  issue  de  Torganisme,  424. 
Cœur    (Arrêt    du)     par    Texcitation    des 

pneumo-gastriques,  38. 

—  (Etude  sur  le  mécanisme  de  Taction  de 
la  digitale  sur  lei,  333. 

—  (Note  sur  Teffet  de  Texciiation  alter- 
native des  deux  pneumogastriques  sur 
Farrêtdu),  449. 

Collin,  —  Etude  anatomique  des  racines 

officinales,  241,  347; 
Coma  (Du  délire  et  du)  digitaliques,  43. 
Commftilfc,  —  Note  sur  la  manière  de  sé- 


parer la  cholestérine  des  matières  grasses, 
558. 

Connnaiile.  —  Note  sur  le  dosage  de  la 
caféine  et  la  solubilité  de  cette  sub- 
stance, 558. 

Congrès  périodique  international  des 
sciences  médicales.  271 . 

Connexions  héréditaires  (Les)  entre  cer- 
taines affections  nerveuses,  130. 

(Coqueluche  (Du  traitement  de  la),  226. 

—  (Traitement  de  la)  par  Tacide  phénique, 
548. 

Corne.  —  Sur  une  nouvelle  réaction  des 
iodates  et  des  iodures,  562. 

Corps  étrangers  introduits  dans  les  nari- 
nes, 591. 

Couleurs  arsenicales  (Atmosphère  des  ap- 
partements tapissés  de  papiers  aux), 
592. 

<]rochet  mousse  articulé,  478. 

Crocq.  —  Analyse  d'un  opuscule  de  M.  Da- 
vreux,  intitulé  :  Choléra  et  cimetières, 
452. 

Crocq,  —  Analyse  d'un  opuscule  de  M.  Da- 
vreux,  intitulé  :  L'anasarque,  suite  de 
détention  d'urine,  451. 

Cuivre  ('^ur  l'action  physiologique  du)  et 
de  ses  composés  sur  les  animaux,  560. 


David,  —  Observations  sur  des  urines 
réduisant  la  liqueur  de  Fehliug  sans 
dévier  au  polarimèlre,  49. 

Délire  (Du)  et  du  coma  digitaliques,  43. 

De  Luym'8  et  Fed.  —  Recherches  sur  le 
verre  trempé,  564. 

Demarçay.  —  Sur  l'essence  de  camomille 
romaine,  345. 

Deneffe  et  Van  Witter.  —  Injection  intra- 
veineuse de  chloral  ;  mort,  {M, 

Dénuda tion  de  la  carotide  primitive,  556. 

Dermatose  gangreneuse  scorbutique  sur- 
venue aux  mains  dans  de  singulières 
circonstances,  liéflexions  et  citations 
diverses  au  sujet  de  ce  cas,  26,  443. 

Dextrine  (Sur  la  présence  de  la)  dans 
l'urine,  141. 

D'HerbeUtt.  —  De  la  vue  distincte  ;  appli- 
cations à  la  méd  cine  légale,  69. 

Diabète  sucré  (Etudes  sur  le  traitement 
du),  222. 

Digitale  (De  l'action  diurétique  de  la), 
427.  • 

—  (Etude  sur  le  mécanisme  de  l'action 
de  la)  sur  le  cœur,  333. 

Diphthérie  (De  l'acide  salycilique  dans  la), 
133. 


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DES  MATIÈRES. 


599 


Dlphthérie  {Des  acides  sulfureux  et  sui- 
furiqiie  dans  le  traitement  de  la),  226. 

—  (Traitement  de  la),  452. 

— •  (Traitement  de  la)  par  l'acide  oxalique 
et  le  sulfophénate  de  quinine,  226. 

Ditte,  —  Sur  In  solubilité  du  nitrate  de 
soude  et  de  sa  combinaison  avec  Teau, 
U(). 

Dolbeau  (Pleurésie  avec  gangrène  pulmo- 
naire du  professeur),  5 ->3. 

DotuUh,  ~  Sur  les  substances  qui  contri- 
buent à  la  réaction  acide  de  Turitie,  49. 

Dreger.  —  Note  sur  un  nouveau  mode  de 
préparation  de  Pean  de  goudron,  149. 

Duhue.  —  Du  phimosis  consécu  if  à  Ther- 
pés  du  prépuce  chez  les  diabétiques, 
135. 

Durkworth»  —  Bicarbonate  de  soude  contre 
le  mal  de  dent,  i35. 

Dujwrdin-Beaumetz  et  Àudigé»  —  Sur  les 
propriétés  toxiques  des  alcools  par  fer- 
mentation, 357. 

Dutnénîl,  —  Paralysie  unilatérale  du  voile 
du  palais,  d'origine  centrale,  44. 

Du  Mesnil,  —  Les  différents  procédés  de 
conseï  vation  des  viandes,  leurs  avan^ 
tages  et  leurs  inconvénients,  152,  251. 

Dvq*iesnel.  —  Sur  le  bromhydrate  neutre 
d'ésérine,  146. 

Durozier,  —  Du  délire  et  du  coma  digi- 
taliques,  43. 

DutraiL  —  Hémorrhagie  sous  le  plancher 
du  quatrième  ventricule  ;  .albuminurie  ; 
glycosurie,  422. 

Dut' eux.  —  La  virulence  et  la  spécificité 
de  la  phlhisie  pulmonaire  devant  Tex- 
périmen  ation  et  devant  la  clinique, 
185,297. 

Dymock.  —  Les  asa  fœtida  du  marché  de 
Bombay,  440. 

Dysenterie  (Du  traitement  de  la)  des  pays 
chauds  par  le  sulfate  de  soude,  4:27. 

Dyssenterie  (Du  nitrate  de  soude  contre 
la),  231. 


E 


£au  de  goudron  (Note  sur  un  nouveau 
mode  de  préparation  de  T),  149. 

—  pure(lnjecti  ns sous  cutanées d*),  428. 

Ëaux-de-vie  (Coloration  des),  442. 

Eaux  sulfureuses  (De  Torigine  des  sul- 
fures des),  237. 

Ebêt  in  et  MuïUr,  —  Catéchine  dans 
Turlne  d*iin  enfant,  433. 

Ecorce  de  coto  (Sur  1),  442. 

Eczéma  (Du  traitement  de  V)  chez  les  en- 
fants, 23â. 


Ë:iatérine(Surr),  438. 

Electricité  (De  remploi  de  V)  comme 
moyen  de  diagnosiic  dans  quelques 
affections  nervou^es  et  musculaires, 
429. 

—  (Du  tracement  de  Tocclusion intesti- 
nale interne  par  T),  139. 

Emtiolie  de  la  veine  cave  inférieure  (Mort 

subite  par),  à  la  suite  de  varices  de  la 

jambe,  554. 
Empoisonnement.   Voyez  :  Café- chicorée. 

Lait  de  chèvre.  Phosphore. 
Endncardiie  aiguë  (De  V)  dans  la  granulie, 

220. 
Enfants  (Du  traitement  de  Teczéma  chez 

les),  232. 

—  CDu  traît''ment  de  Tépilepsie  et  de 
réclamp^ie  chroniques  chez  les),  221. 

—  (Tuméfaction  du  muscle  sterno-cleïdo- 
mastoïdien  chez  lest,  543. 

Enqel,  —  Sur  les  caractères  du  glycocollc; 

143. 
Engrais  (Dosago  de  Taz'-te  dans  les),  342. 
Ephéméridcs   médicales,  88,    184,    296, 

384,  470,  594. 
Epilep^ie    (Du    traitement    de    V)   et   de 

réclampsie  chroniques  chez  les  enfants, 

221. 

—  (Effets  thérapeutiques  du  nitrite  d*a- 
myle  dans  V)  et  Thystéro-épllepsie, 
220. 

—  (Recherches  physiologiques  et  ihéra- 
peuti(|ues  sur  la  picro  oxine.  Applica- 
tions au  traitement  de  1'),  221. 

Epiihéli'ima  du  col  u  érin  (Traitement  de 

V)  par  les  cauiérisalions  à  Tacide  chro- 

mique,  337. 
Esmarch  (Guérjson  d*un  anévrysme  po- 

plité  \^T  compression  au  moyen  de  la 

bande  d'),  55(). 
Esprit  de  bois  (Recherches  sur  T),  439. 
Essence  de  camomille  romaine  (Sur  1*), 

345. 

—  de  «iroflo  (Une  falsification  de  T),  148. 
Etamages  (Recherches  de  M.   Fordos  sur 

les),  44H. 

Eiranglement  herniaire  (Etude  clinique  et 

expérimentale  sur  V)  et  en  particulier 

sur  Taction  des  gaz  dans  la  production 

.de   cet  accident,  11,  103,  207,  316, 

395. 

Evacnaiion  involontaire  des  matières  fé- 
cales (De  V)  dans  Tétat  de  santé  appa- 
rente, 423. 

Extirpaiiou  «lu  larynx,  .^55, 

par  le  couteau  galvanique,  431. 

Extraits  fluides  (Des)  pour  lu  préparation 
d(i  vin  de  quinquina,  354. 


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.600 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Faits  diverS;  59i. 

Falsifici lions.    Voyez  :  Alcool  amylique. 

Chloroforme.    Chocolat.    Eaux-de-vic. 

Essence  de  girofle.  Séné.  Vinaigre  zin- 

cifère. 
Fédération  des  sociétés   scientifiques  de 

Belgique  (Statuts  de  Li),  185. 

—  médicale  belge.  Compte  rendu  de 
rassemblée  générale  du  30  septembre 
1875,  i71. 

Fer  (De  Taétion  du)  sur  la  nu'rition,  38. 
'  Fermentations  (Influence  de  Pair  comprimé 
,    sur  les).  1*33. 
Ferrini,  —  Traitement  de  la  diphthérie, 

432. 
Fièvre  puerpérale  à  Londres  (La).  183. 

—  —  (Du    traitement  préyentif  de  la), 

—  typhoïde  v^^u  luvcment  froid  ^  son 
actii*n  physiologique  et  son  emploi  thé- 
rapeutique dans  la).  224. 

—  —  (Prophylaxie  des  é|>i(iémies  dv) 
d:ins  les  écoles,  571. 

Filait  e  de  Aledine  (Sur  I<>);  r)44. 

Fistule  recto- vaginale  ;  parlurition  inachc- 

Tre  par  Tanûs,  432. 
Forceps  (Emploi  du)  lour  extraire  la  télé 

du  fœtus  après  la  sortie  du  tronc,  48. 
Foudre  (Des  effets  de  la).  429. 
Freire,  —  Nouvrau  procédé  p/>ur  le  dosage 

de  Toxygène  libre  dans  Turine,  341. 
Frémissement  de  la  voix  (Du)  dans  la  pleu: 

ré^ie  it  la  pneu  uonic  428. 
Fumeurs  (Cécité  chez  les),  87. 


Gangrène  scorbutique  ou  purpurique,  i 
marche  rapûle^  des  membres  inférieurs 
chez    un    vieillard    depuis    longtemps 

.  iacorapléteroenl  paraplégique,  dont  la 
paralysie,  accompagnée  de  démence 
incomplète,  tendait  à  devenir  générale, 
327. 

irmtimond»  ^  De  Tbymen  et  de  son  ira* 
portance  en  médecine  légale,  158,  254. 

Crautir.  —  Conduite  de  Tappareil  de 
JMarsh  ;  son  application  an  dosage  de 
Farsenic  contenu  dans  les  matières  orga- 
niques, 569. 

GéïU,  —  Note  sur  les  sulfocarbonates, 
437. 

Gerher,  —  Recherches  sur  le  lait,  51 . 

GiUe»  —  Analyse  d'une  brochure  de 
M.  Wiitstein,  intitulée  :  Recherdies  de 


quelques  matières  étrangères  employées 
à  la  falsification  des  bièrej,  454. 

Glénard.  —  Physiologie  animale.  Des 
causes  de  la  coagulation  .spontanée  du 
sang  à  son  issue  de  Torganisme,  124. 

Glycérine  cristallisée  (Sur  la),  145. 

—  (Nouvelle  propriété  de  la),  53. 

Glycocolle  (Sur  les  caractères  du),  i43. 

Gad  f^roy,  -^  Nouvelle  propriété  de  la 
glycérine,  53. 

Gomme  adragante  (Sur  la  production  de 
la),  56. 

Granulie  (De  rendoearéite  aiguë  dans  la), 
220. 

Grefie  dermique,  556. 

Grêlon  (Sur  la  structure  intérîpure  du) 
et  son  mode  de  formation  probable,  563. 

Grofhki  et  Kraetner,  —  Recherches  sar 
Tesprit  de  bois,  439. 

Grossesse  (De  la  rétroversion  de  Tntéras 
pendant  la),  3,  93^  198,307,406,  524. 

GMer,  —  Note  sur  l'emploi  thérapeutique 
du  bromhydrate  de  quinine,  41 ,  424. 

Gudes.  —  Fistule  recto- vaginale;  parlu- 
rition inachevée  par  Tanus,  432. 

Guénaud  de  Muuy,  —  Observation  4tt  tu- 
meur du  cervelet.  423. 

GHtllaud,  —  Recherches  sur  les  proprié- 
tés physiologiques  de  Taconit  et  de 
Taconitine,  425. 

Guynn,  —  Production  spontanée  de  cris- 
taux dans  les  œufs  sans  développement 
d'organismes,  142. 


Hadden.  —  Hernie  étranglée^  rédaction 
au  moyen  de  la  main  introdaite  dans 
le  colon,  431 . 

Hamberg,  —  Analyse  de  Pair  dans  les 
appa déments  tendus  de  papier  peint 
arsenical.  152. 

HammarUen,  —  Observations  sur  la  di- 
gestion de  Talbumine  chez  les  nouveaux- 
nés,  430. 

Hardy»  —  Sur  la  pilocarpine  et  sur  Tes- 
sence  de  pilocarpus  pinnatus  (jabo- 
randi),  561. 

Harley.  —  De  Tinnocuité  de  la  petite 
ciguë,  569. 

Harslen.  —  Hédérino  ;  nouvel  élément  do 
lierre  commun,  53. 

Hartnack,  Bidfour,  Ktts<matU,  -^  Etudes 
sur  le  traitement  du  diabète  sucré.  222. 

Heckel.  —  De  Tbiiilede  Bankoul,  564. 

Hédérine  ;  nouvel  élément  du  lierre  com- 
mun, 53. 

Hein.  —  Conduite  à  tenir  dans  les  aeeou- 


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DES  MATIÈRES. 


601 


chements  difficiles  des  fœtus  morts,  340. 
Held  et  Mehnger,  —  Sur  les  acides  coDte- 

Dus  dans  les  pétroles  bruts»  335. 
Hémiopie,  46. 
Hémoglobine  (Remarques  sur  les  réactions 

de  V\  et  de  ses  dérivés;  examen  médico- 
légal  de^  taches  de  sanu»  447. 
Hémoptysie  cardiaque  (De  la  forme  hé> 

moptoîque  des  maladies  du  cœur  ou  de 

1'),  225. 
Hémorrhagie  (De  V)  par  rupture  d'une  des 

racines  du  clitoris  pendatit  le  travail  de 

raccoucbement,  338. 

—  sous  le  plancher  du  quatrième  ventri- 
cule, albuminurie;  glycosurie,  422. 

Hempel.  —  Produits  d*oxydatîon  de  Phy- 
drate  d'essence  de  térébenthine,  435. 

Hetminger.  —  Sur  la  glycérine  cristalli- 
sée, 145. 

Héitoeque.  —  Remarques  sur  les  réactions 
de  rhémoglobine  et  de  ses  dérivés^ 
examen  médico-légal  des  taches  de  sang, 
447. 

ffpfirotle»  —  Note  sur  la  préparation  du 
sirop  de  tolu,  566. 

Hernie  lombaire  (Un  cas  de),  138. 

—  (Simple  note  sur  un  ou  deux  points 
éminemment  pratiques  de  Popération 
delà),  231.  . 

Herpétisme  (De  V)  et  de  Tarthritisme  de 
la  gorge  et  des  premières  voies,  219. 

Hibiscus  csculentus  (Sur  F).  344. 

Howard,  —  Sur  Taricine,  234. 

Huile  de  Bankoul  (De  T),  564. 

-~  de  foie  de  morue  à  la  quinine,  62. 

Humstock.  —  Sur  la  préparation  des  si- 
rops, 567. 

Hydarthrose  du  genou  (De  la  compression 
dans  F),  48. 

Hydatides  des  poumons  en  Âustialie  (Les), 
432. 

Hydrate  d'essence  de  térébenthine  (Pro- 
duits d^oxydation  de  1*),  435. 

Hyemaux.  —  Lettre  à  M.  le  docteur  van. 
den  Corput,  en  réponse  à  la  note  de 
M.  le  docteur  Verardini,  concernant  le 
Cl  ochet  décoUateur  articulé,  380. 

Hyemaux,  —  Un  mot  de  réponse  aux  ré- 
flexions de  M.  Putegnat  re'ativement  à 
ma  conférence  sur  le  forceps-scie, 
295. 

Hyernaux  et  Wasseige.  —  Lettres  à  M.  le 
docteur  van  den  Corput,  à  propos  du 
crochet  mousse  articulé^  178. 

Hymen  (De  T)  et  de  son  importance  en 
médecine  légale,  158,  254. 

Hyosciamine  (Du  traitement  de  la  chorée 
par  r),  333. 


Injections  parenchymateuses  d'iodure  de 
potissiuiu  (Des)  dans  les  cas  d^adénite 
syphilitique,  551. 

—  sous-cutanées  d'eau  pure,  428. 

—  —  de  morphine  (Des),  550. 
Insalubrité  de  la  Bièvre  (Causes  de  T), 

587. 

Insectes  vivants  (Sur  l'ctat  de  la  canthari- 
dine  dans  les),  233. 

Instituts  })athologiques  et  physiologiques 
(Les),  591. 

Intussusception  (De  la  laparotomie  ou  sec- 
tion abdominale  comme  moy^ n  de  trai- 
tement de  r);  138. 

lôdates  (Sur  une  nouvelle  réaction  des)  et 
des  iodures,  562. 

lodoforme  (Traitement  du  vaginisme  par 
V),  Fissure  à  l'anus,  iodoforme,  552. 

lodure  de  fer  (Préparation  des  pilules  à  1') 
148. 

—  de  potassium  (Décomposition  de  1') 
dans  l'oî-ganisme,  41 . 

—  —  (Des  inj<'ctions  parenchymateuses 
d')  dans  les  cas  d'adénite  syphilitique, 
551. 

Isambert,  —  De  la   tuberculose  miliaire 

aiguë  pharyngo-laryng'e,  132. 
fsamheri,  —  De  l'hcrpétisme  et  de  Par- 

thritismc  de  la  gorge  et  des  premières 

voies,  219. 
Isambert,  -—  Sur  l'angine  tuberculeuse, 

44. 


Jacquemin,  —   Une  falsification  de  Tes- 

sence  dc>  girofle,  148. 
Jailla  d,  —  Sur  une  altération  spontanée 

du  <  hloroforme,  353. 
Jus  de  limons  (L'acide  salicylique  pdur 

conserver  les),  249. 


Ramala  (Propriétés  tœaicides  du),  43. 

Knnggx,  -.  Traitement  de  l'orchite.  par 
l'arnica.  552. 

Kupefi-rschfaeger,  —  Recherche  des  ma- 
tières goudronneuses  dans  l'ammoniaque 
du  commerce,  55. 


Laborde,  —  Sur  un  nouveau  mode  irès- 
avantageux  de  préparation  de  la  viande 
crue,  360. 

76 


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602 


TABLE  ALPHABETIQUE 


Laffite,  —  Injections  sous-cutanées  d*eau 

pure,  4S8. 
Laitier,  — Etude  sur  la  margarine  au  point 
de  vue  de  Thygiène  alimentaire,  65. 
Lait  de  chèvre.  (Empoisonnement  par  le), 

592. 

—  de  la  nourrice  (Absorption  des  médi- 
caments chez  les  nouveau-nés  par  le), 
332. 

—  (Recherches  sur  le),  332. 

—  (Sur  Ic),  342. 

—  ($ur  le  dosage  des  matières  grasses 
dans  le),  233. 

Lalieu,  —  Sur  le  sirop.de  baume  de  tolu, 
353. 

Landouzy.  —  De  ]a  sciatique  et  de  Patro- 
phie  musculaire  qui  peut  la  compliquer, 
46. 

Landrin,  —  Sur  THibiscûs  esculentus, 
344. 

Laparotomie  (De  la)  ou  section  abdominale 
comme  moyen  de  traitement  de  Pintus- 
susceptîon;  138. 

Laroyettne.  —  De  Thémorrhagie  par  rup- 
ture d*une  des  racines  du  clitoris  pen- 
dant le  travail  de  raccouch'>ment,  338. 

Larynx  (Extirpation   du),  555. 

—  (Extirpation  du)  par  le  couteau  galva- 
nique, 431. 

Lasègue,  ^  Des  bains  chauds,  127. 

Lavde,  —  Action  du  chloral  sur  la  mu- 
queuse de  Testomac,  230« 

Lavement  froid  (Du)  ;  son  action  physiolo- 
logique  et  son  emploi  thérapeutique 
dans  la  fièvre  typhoïde,  224. 

Le  Bon.  —  Transformation  du  sang  en 
poudre  soluble;  propriétés  chimiques, 
physiologiques  et  alimentaires  de  cette 
poudre,  568. 

Leconte,  —  Prophylaxie  des  épidémies 
de  fièvre  typhoïde  dans  les  écoles,  571 . 

Ledeganck.  —  Compte-rendu  de  Touvrage 
biographique  de  M.  Haaxmann,  sur 
Van  Leeuwenhoek,  575. 

Ledeganck,  —  Rapport  sur  un  mémoire 
de  concours  intitulé  :  Etude  anatomique 
des  racines  oflScinales,  79. 

Ledeganek  et  Choron.  —  Adénite  cancé- 
reuse de  nature  encéphaloïde  dévelop- 
pée chez  une  enfant  de  cinq  ans,  89. 

Lemarchand.  —  Quelques  considérations 
sur  les  bains  de  mer  sur  les  plages  du 
Nord,  358. 

Lewis.  —  Variole  transmisé  par  des  chif- 
fons de  papier,  549. 

Liégey.  —  Causerie  médicale.  Dermatose 
gangreneuse  scorbutique  survenue  aux 
mains  dans  de  singulières  circonstances. 


Réflexions  et  citations  diverses  au  sujet 
de  ce  cas,  26.  113. 

Liégey.  —  Gangrène  scorbutique  et  pur- 
purique,  à  marche  rapide,  des  membres 
inférieurs  chez  un  vieillard  depuis  long- 
temps incomplètement  paraplégique, 
dont  la  paralysie,  accompagnée  de  dé- 
mence incomplète,  tendait  à  devenir 
générale,  327. 

Liégey.  —  Une  question  physiologique 
dans  un  cas  pathologique.  Un  vieillard 
de  75  ans, .  incomplètement  paraplégi- 
que, depuis  longtemps  par  Peffet  d'une 
maladie  de  la  moelle  épinière,  est-il 
capable  de  procréer?  417. 

Limouein  et  Uelpech.  —  Du  sucre-tisane, 
60. 

Linsen.  ->  Lettre  à  M.  le  docteur  van  den 
Corput  au  sujet  de  la  recherche  du  sang 
dans  Turine,  381. 

Lobéiine  (De  Taction  de  la)  sur  la  circula- 
tion, 333. 

Lorge.  —  Rapport  sur  un  travail  de 
M.  Leyder,  intitulé  :  Coup  d*œil  sur  la 
situation  de  notre  production  animale  à 
propos  du  concours  national  d*anima^x 
domestiques  ouvert  à  Bruxelles  au  mois 
de  juin  1874,  372; 

Lorin.  —  Faits  relatifs  à  Tétude  des  al- 
cools polyatomiques  proprement  dits. 
Application  à  un  nouveau  moded'obten- 
tention  de  Tacide  formique  cristallisa- 
ble,  346. 

Lorrain.  —  Paradoxes  médicaux;  232. 

Lozen. — De  Taction  diurétique  de  la  digi- 
tale, 427. 

Lumière  (Influence  de  la)  sur  la  végéta- 
tion, 592. 

Lund.  —  Dosage  de  Tazotc  dans  les  en- 
grais, 342. 

Lupulin  (Sur  le),  568. 

Luxation  du  pouce  en  arrière  (De  la),  555. 

Lyone,   —    De   Tévacuation  involontaire 

■  des  matières  fécales  dans  Pétat  de  santé 
apparente,  423. 


Mal  de  dent  (Bicarbonate  de  soude  contre 
le),  135. 

—  de  mer  (Traitement  du)  par  le  chloral, 
182. 

Maladie  d*Addison(Uncas  deguérisonde), 
423. 

—  de  Ménièrc.  38. 

Maladies  de  la  peau  (De  la  poudre  de  Goa 

dans  certaines),  334. 
— •  du  cœur  (De  Pantagonisme  entre  les) 


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DES  MATIERES. 


605 


et  la   tuberculisation  pulmonaire,  335. 

Maf assez.  —  Recherches  sur  quelques  va- 
riations que  présente  la  masse  totale  du 
sang,  iâi. 

Malerba.  —  Observations  relatives  à  la 
physiologie  4u  nerf  vague,  faites  sur 
r  homme  vivant,  421. 

Margarine  (Etude  sur  la)  au  point  de  vue 
de  rhyuiène  alimentaire  65. 

Marie  Lecomte,  la  cataleptique  de  Thôpital 
Cochin.  5«2. 

Masim  et  Vautair.  —  Des  centres  vaso- 
moteurs   et   de    leur   mode    d'action, 

Matières  goudronneuses  (Rechei'ches  des) 
dans  Tammoniaque  du  commerce,  55. 

—  sucrées  ("^ur  quelques  réactions  peu 
connues  des)^  144. 

Muuitiené.  —  Action  de  Tozone  sur  les  jus 
sucrés;  action  des  sels  acides  sur  le 
sucre,  456. 

Médecine  future  (La  base  de  la),  180. 

—  légale.  464. 

Médicaments  (Absorption  des)   chez   les 

nouveau -nés  par  le  lait  de  la  nourrice, 

352. 
Mène.  —  Analyse  de  divers  morceaux  de 

viande  de  bœuf,  vendus  couramment  k 

la  halle  de  Paris,  en  1875,  454. 
Mdplain,   —    OEdème    malin  traité  par 

Tacidc  phénique  à  Pintéricur  et  en  injec* 

tions  hypodermiques,  554. 
Mesy.  —   Du  traitement  de  la  dysenterie 

des  pays  chauds  par  le  sulfate  de  soude, 

427. 
Méthode  d*£$march  jugée  par  les  Anglais, 

47. 
MeuseL    —  De  la  putréfaction   produite 

par  les  bactéries,  en  présence  des  ni- 
trates alcalins,  557. 
Migraine  (Guérison  delà) à  Faide  deTacide 

carbonique,  129. 
MiUot  et  ifaqupnne,  -^  Sur  le  phosphate 

ammoiiiacomagnésien,  51 . 
Moeîler.  —  Tuméfaction  du  muscle  sterno- 

cleïdo-mastoïdien  chez  les  enfants,  545. 
Morphine  (Des  injections   sous-cutanées 

de),  550. 
Mort  subite  causée  par  une  injection  de 

perchlorure  de  fer,  62. 

—  —  (Sur  deux  cas  de)  par  des  bols  ali- 
mentaires obstruant  Torifice  laryngé, 
558. 

Motte.  —  Etude  clinique  et  expérimentale 
.sur  Pétranglement  herniaire  et  en  parti- 
culier sur  Taction  des  gaz  dans  la  pro- 
duction de  cet  accident^  11,  105,  207, 
516,  595. 


MûUer,  —  Recheh'ches  sur  l'acide  salicy- 
lique,  55. 

Muqueuse  de  Testomac  (Action  du  chloral 
sur  la),  250. 

Musfle  sterno-rleïdo-mastoîdien  (Tumé- 
faction circonscrite  du),  416. 

Myopie,  267,  269,  575,  465,  585,  586, 
588,  590. 


m 


Narines  (Corps  étrangers  introduits  dans 
les),  591. 

Nécrologie,  184,  296,470,  594. 

Nencki,  —  Sur  quelques  composés  de 
Taldéhyde,  436. 

Nerf  vague  (Observations  relatives  à  la 
physiologie  du),  faites  sur  Thomme  vi- 
vant«  421. 

Névralgie  épileptiforme  de  la  face,  anes- 
thésie  par  injection  intra- veineuse  de 
chloral,  section  des  deux  nerfs  nasal 
interne  et  nasal  externe  ;  succès,  556. 

Niggeler.  —  Sur  la  matière  colorante  de 
Turine  appartenant  au  groupe  de  l'in- 
digo^ 455. 

Nitrate  de  soude  contre  la  dyssenterie  (Du), 
251. 

(Sur  la  solubilité  du)  et  sa  combi- 
naison avec  Teau,  146. 

Nitrates  alcalins  (De  la  putréfaction  pro- 
duite par  les  bactéries,  en  présence 
des),  557. 

Nitrite  d*amylc  (Des  usages  thérapeutiques 
du)  dans  Tépilepsie  et  Thystéro-épilep- 
sie,  220. 

Nouveau-nés  (Observations  sur  la  diges- 
tion de  Talbumine  chez  les),  450. 

Nutrition  (De  Faction  du  fer  sur  la),  38. 


Occlusion  intestinale  interne  (Du  traite- 
ment de  V)  par  Félectricité,  159. 

OEdème  malin  traité  par  Facide  phénique 
à  Fintérieur  et  en  injections  hypoder- 
miqufss,  554. 

OEufs  (Production  spontanée  de  cristaux 
dans  les)  sans  développement  d'orga- 
nismes, 142. 

Onguent  mcrcuriel  (Sur  la  préparation  de 
F),  556. 

Onimus,  —  De  Fempioi  de  Félectricité 
comme  moyen  de  diagnostic  dans  quel- 
ques affections  nerveuses  et  musculaires, 
429. 

Or  (Extraetion  de  F)  des  liquides  pauvres, 
5^. 


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604 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Orchîte  (Traitement  de  V)  par  l'arnica, 

Oré,  —  Névralg  cépileptiformede  la  face, 
anesthésie  par  injection  intraveineuse 
de  chloraL  section  des  deux  nerfs  nasal 
interne  (t  nasal  externe;  succès,  536. 

Orlile.  —  Du  traitement  de  la  coque- 
luche. 226. 

Oulmont.  —  Du  traitement  de  la  chorée 
par  i'hyosciamine.  553. 

Oxyde  nitrrux  (Gaz  hilariant),  150. 

Oxygène  libre  dans  Turine  (Nouveau  pro- 
cédé pour  le  dosage  de  V),  541 . 

Ozone  (Action  de  T)  sur  les  jus  sucrés; 
action  des  sels  acides  sur  le  sucre,  436. 


Palpitations  nerveuses  (Traitement  des), 
428. 

Pansement  ouaté,  '268.  269. 

Pansements  à  Tacide  salicylique  (Des); 
155. 

Papier  peint  arsenical  (Analyse  de  Pair 
dans  les  appartements  tendus  de),  132. 

Paracentèse^  467. 

Paradoxes  médicaux,  252. 

Paralysie  unilatérale  du  voile  du  palais, 
d'origine  centrale,  44. 

Pasteur,  —  Sur  une  distinction  entre  les» 
produits  organiques  naturels  et  les  pro- 
duits organiques  artificiels,  256. 

Pafemn  et  Filed.  —  Sur  l'acide  cymen- 
carbonique,  544. 

Pat'cnce,  552. 

Palronillard,  —  Recherches  des  composés 
arsenicaux  dans  Ifs  sels  alcalins  et  alca- 
lino-terreux  employés  en  pharmacie, 
258. 

Perchlorure  de  fer  (De  quelques  proprié- 
tés du).  5r)0. 

—  —  (Mort  subite  causée  par  une  injec- 
tion de),  62. 

Péricarde  (Ponction  du),  157. 

Péter.  —  De  l'antagonisme  entre  les  ma- 
ladies du  cœur  et  la  tuberculisation  pul- 
monaire, 555. 

Pétroles  bruts  (Sur  les  acides  contenus 
dans  les),  255. 

Pettenkofer,  —  La  théorie  tellurique  de  la 
dissémination  du  choléra,  126. 

Phimosis  (Du)  consécutif  à  l'herpès  du  pré- 
pnce  chez  les  diabétiques,  155. 

Phipson.  -—  RégianinC;  254. 

Phosphate  ammoniaco-magnésien  (Sur  le), 
51. 

Phf>spha(e$  (Recherches  comparées  sur 
rélimination  des)  dans  la  chlorose  vraie 


et  dans  la  phtfaisie  commençant e,  535. 

Phosphaturie  à  forme  diabétique  (De  la), 
420. 

Phosphore  (Du  traitement  de  l'empoison- 
nement par  le)  au  moyen  des  injections 
intra-veineusts  d'oxygène,  156. 

—  (Sur  la  solubilité  du)  dans  l'ai  ool,  445. 

—  d  ssous  (Action  du)  sur  le  chlorate  de 
potasse,  ^257. 

Phthisie  584. 

—  pulmonaire  (La  virulence  el  la  spéci- 
ficité de  la)  devant  l'expérimentation  et 
«texant  la  clinique,  185.  297. 

Picrotoxine  (La)  :  propriétés  chimiques, 
action  physiologique,  59. 

—  (Recherches  physiologiques  et  théra- 
peutiques sur  la),  127. 

—  (Recherches  physiologiques  et  théra- 
peutiques sur  la).  Applications  au  trai- 
tement de  l'épilepsie,  224 . 

Pilocarpîne  (Sur   la)  et  sur  l'essence  de 

pilocarptis  piunatus  (jaborandi),  561. 
Pilules  à  l'iodure  de  fer  (Préparation  des). 

148. 
Plaie  pénétrante  de  la  poitrine^  86. 
Pliinat,  —  Recherches  physiologiques  et 

thérapeutiques  sur  la  picrotoxine,  127. 
Pfnnat.  —  Recherches  physiologiques  eJ 

thérapeutiques  sur  la  pi  rotovine.  Ap- 
plications au  traitement  de  l'épilepsie, 

221. 
Pleurésie  avec  gangrène   pulmonaire  du 

professeur  Dolbeau^  555. 
Pneumogastriques    (Note   sur    l'effet    de 

l'excitation  alternative  des   deux)  sur 

l'arrêi  du  cœur,  419. 
Pollacci.  —  De  l'origine  des  sulfures  des 

eaux  sulfureuses,  257. 
Pol'acci,  —  Note  sur  l'oxydation  du  soufre, 

457. 
Polfi.  —  De  la  cure  dea  calculs  urinaires 

au  moyen  des  dissolvants  chimiques, 

545. 
Pompe  stomacale  (Traitement  de  diverses 

affections  gastriques  au  moyen  de  la), 

227. 
Ponction  du  péricarde,  157. 
Potasse  (Séparation  de  la)  et  de  la  soude, 

547. 
Poudre  cosmétique  inoffensive,  444. 

—  de  Goa  (De  la)  dans  certaines  ma- 
ladies de  la  peau,  554. 

Power,  —  Sur  l'élatérine,  458. 

Prix  proposés,  595. 

Procréer  (Une  question  phvsiologique  dans 
un  cas  pathologique.  Un  vieillard  de 
75  ans,  incomplètement  paraplégique, 
depuis   longtemps  par  l'effet  d'une  ma* 


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DES  >lATfÈRi:S. 


605 


ladie  Hela  moelle  épinière,  est-il  capa- 
ble de)?  447. 

Produits  organiques  naturels  (Sur  une  dis- 
tinction entre  les)  et  les  produits  orga- 
niques artificiels,  236. 

Prota-Giwin  et  Francesco.  —  Traitement 
de  la  diphthcrie  par  Facide  oxalique  et 
par  le  sulfophénate  <le  quinine,  â!26. 

Pseudarthrose  de  rextrémité  inférieure  du 
fémur  g.-iuche,  consolidée  avec  Tacu- 
pucture  électrique,  340. 

Putegnat,  —  Analyse  bibliographique  de 
la  brochure  du  docteur  Collineau,  inti- 
tulée :  Les  miracles  devant  la  science, 
362. 

Pntegnat.  —  De  la  conférence  sur  le  for- 
ceps scie,  faite  par  M.  Hyernaux,  au 
Congrès  international  des  sciences  mé- 
dical<s,  à  Bruxelles,  292. 

Putrgnat,  —  De  la  rage  spontanée,  385. 

Putzeyê.  —  Division  congénitale  du  voile  du 
palais  j  staphyloraphie  ;  guérison,  572. 


Quadrupèdes  (Des  effets  du  café  sur  les), 

546. 
Quinine  (Huiie  de  foie  de  morue  à  la),  62. 


Rabot.  —  Contribution  à  Tétude  des  lé- 
sions syphilitiques  des  artères  cérébrales, 
335 

Rahuteau,  —  De  Taction  du  fer  sur  la  nu- 
trition, 38. 

Rabàteau.  —  Sur  le  bromoforme,  39. 

RabuteaH.  —  Transformation  de  la  matière 
colorante  Jaune  de  Turine  en  uroéry- 
ttirine.  14  i . 

Racine  de  srenadier  (Du  meilleur  mode  de 
préparer  la  décoction  de).  58. 

Racines  officinales  (Etudi>  anatomique  des), 
244,347. 

Rage  spontanée  {De  la).  38IS,  513. 

Rauttrt,  —  Purification  de  l'acide  salicy- 
lique,  343. 

Régianine,  254. 

RcichardL  —  Sur  la  présence  de  la  dcx- 
trine  dan<<  Turine,  141. 

ReichiirdL  —  Tapis  rouges  arsenicaux, 
250. 

Repoâ  au  Ut  après  Paocouchement  (Du), 
3i0. 

Résection  de  Tomoplatè  (Sur  la),  140. 

—  du  sternum  et  des  côtes  (Cinq  cas  de), 
140. 

Rétroversion  de  Putérus  pendant  la  gros- 


sesse  (De  la),  3,  93.  198,  307,  406, 

524. 
Rhubarbe  (Calcul  d'acide  oxalique   à   la 

suite  dePusage  de  la).  334. 
Rhubarbes  (Les),  241,  347. 
Rhumatisme  cérébral    (Le)  et   les  iNHns 

froids,  546. 
Ridder  (de).   —  Observation     diaphonie 

nerveuse  guérie  par  les  inhalations  de 

chloroforme,  223. 
Rigaud.  —  Simple  note  sur  un  ou  deux 

points  éminemment  pratiques  de  Popé- 

ration  de  la  hernie,  231 . 
Rommelaere.  —  Rapport  sur  le  travail  de 

M.  Thiriar,  intitulé  :  Variole  et  vaccin  ; 

note  sur  Pépidémie  qui  a  régné  dans  le 

basixelles  au  printemps  de  1875,  449. 
RosentœhL  —  Sur  la  structure  intérieure 

du  grêlon   et  son  mode  de  formation 

probable,  563. 


91 


Sacré.  —  Analyse  d'une  brochure  de  M.  le 
docteur  Jacquet,  intitulée  :  Fracture  du 
col  du  fémur,  méthode  pour  la  guérir 
sans  raccourcissement,  578. 

San;;  (De  1h  circulation  du)  et  des  urines 
sous  Pinfluencedc  la  cha:ix  et  de  la  ma- 
gnésie, 225. 

—  (Des  causes  de  la  coagulation  sponta- 
née du)  à  son  issue  de  l'organisme,  124. 

—  (Recherches  sur  quelques  variations 
que  présente  la  masse  totale  du),  424. 

—  Remarques  sur  les  réactions  de  Phé- 
'    moglobine  et  de  ses  dérivés;  examen 

médico-légal  des  taches  de),  447. 

—  (Transformation  du)  eft  poudre  solu- 
blc;  propriétés  chimiques,  physiologi- 
ques et  alimentaires  de  cette  poudre, 
568.  • 

Sangsues  (Conservation  des)  par  l'acide 
salicylique,  249. 

Sarrazin.  —  Sur  le  lupulin,  568. 

Scarlatine  (Transmission  de  la)  par  la  poste, 
468. 

Schliep.  —  Traitement  de  diverses  affec- 
tions gastriques  au  moyen  de  la  pompe 
stomacale,  227. 

Schmidt,  —  Sur  le  lait,  342. 

Schuetmans,  —  Communication  d*un  per- 
forateur trsicteur  pour  les  cas  d'angustie 
du  bassin,  259. 

Sciatique  (De  la)  et  de  Patrophie  muscu- 
laire qui  peut  la  compliquer,  46. 

Scolosuboff,  —  Sur  la  localisation  de  Par- 
senic  dans  les  divers  tissus  des  animaux 
empoisonnés,  557. 


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TABLE  ALPHABÉTIQUE 


Sée*  —  De  la  forme  hémoptoîque  des  ma- 
ladies du  cœur  ou  de  rhémoptysie  car- 
diaque, 225. 

Sels  alcalins  et  alcalino  terreux  employés 
en  phHrmacic  (Rocherches  des  composés 
arsenicaux  dans  les),  S58. 

Semmofa.  —  Un  cas  de  guérison  de  mala- 
die d'Addison,  423. 

Séné  (Falsific^lion  du),  58. 

Sève  des  végétaux  (Sur  la  présence  du 
bioxyde  d'hydrogène  dans  la),  346. 

Sirop  de  baume  de  toiu  (Sur  le),  353. 

—  de  strychnine  (Le)  contre  le  catarrhe 
pulmonaire,  334. 

—  de  tolu  (Note  sur  la  préparation  du), 
566. 

Sirops  (Sur  la  préparation  des),  567. 

Smith.  —  Sur  Tyaupon  ou  thé  de  la  Caro- 
,  line,  447. 

Société  royale  des  sciences  médicales  et 
naturelles  de  Bruxelles  (Compte-rendu 
des  séances  de  la),  75,  163,  258,  366, 
448,  572. 

Sociétés  de  secours  mutuels  (A  propos  des), 
468. 

Sonnenschein.  — -  Transformation  de  la 
brucine  en  strychnine  et  réciproque- 
ment, 342. 

Soude  (Séparation  de  la  potasse  et  de  la), 
347. 

Soufre  (Note  sur  Toxydation  du),  437. 

Spina  bifida  (Nouveau  cas  de)  guéri  par 
des  injections,  i^9. 

Stilùs.  —  Huile  de  foie  de  morue  à  la  qui- 
nine, 62. 

Strychnine  (Antagonisme  du  chloral  et  de 
la),  426. 

—  (Sur  un  nouvel  antidote  de  la),  444. 

—  (Transformation  de  la.  brucine  en)  et 
réciproquement,  342. 

Sucre-tisane  (Du),  60; 

Sulfate  de  soude  (Du  traitement  de  la  dy- 
senterie des  pays  chauds  par  le),  427. 

Sulfocarbonaies  (Note  sur  les),  437. 

Sulfures  (De  Torigine  des)  des  eaux  sulfu- 
reuses, 237. 

Suppositoires'(Sur  la  préparation  des),  449. 

Suralcalisation  (De  la)  du  sang  et  des 
urines  sous  Tinfluence  de  la  chaux  et 
de  la  magnésie,  225. 

Syphilitiques  (Contribution  à  ]*étude  des 
lésions)  des  artères  cérébrales,  335. 


Tannin  (Dosage  de  Talbumine  par  le)^  50. 

Tapis  rouges  arsenicaux,  250. 

Tamier.   —  Application  du    tampon   de 


ouate  dans  le  vagin  pour  diverses  affec- 
tions utérines.  553. 
Taxis  (Procédé  du  docteur  Daniel-Leasure 

pour  faciliter  la  réussite  du)  au  moyen 

de  la  position  donnée  au  malade,  136. 
Teissier,  —  De  la  phosphaturie   à  forme 

diabétique,  429. 
Teissier,  fils.  —  Recherches  comparées  sur 

Télimination    des  phosphates  dans   la 

chlorose  vraie  et  dans  la  phthisie  com- 
mençante, 335. 
Tétanos  (Communication  sur  deux  cas  de) 

après  traumatisme,  522. 
Thierntsse  et  Cassa,  —  Du  traitement  de 

l'empoisonnement  par  le  phosphore  au 

moyen  des  injections  intra -veineuses 

d'oxygène,  436. 
Thresh,  —  Rercherche  de  Falun  dans  le 

pain  et  dans  la  farine,  358. 
Ttemann.  —  Sur  Tacide  vanillique,  254. 
Ti.>sus  (Expériences  sur  la  résistance  de 

différai its)  pendant  la  vie  et  après  la 

mort^  364. 
V  Totix  férine    (Traitement  de  la)  par  les 

inhalations  d'acide  phénique..  549. 
Transpiration  profuse  (Traitement  de  la) 

par  la  belladone,  224. 
Ttélat,  —  Du  vaginisme,  553. 
Tubcrculisation  pulmonaire  (De  Tantago- 

nisme  cotre  les  maladies  du  eœur  et  la), 

333. 
Tuberculose  miliaire  aiguë  pharingo-laryn- 

gée,  432. 
Tuméfaction  circonscrite  du  muscle  ster- 

no-cléido- mastoïdien,  446. 
—  du    muscle    sterno  •  cléido-mastoî'iien 

chez  les  enfants,  543. 
Tumeur  du  cervelet  (Observation  de),  423. 
Turchanoff  et  Puetma,  —  Note  sur  l'effet 

de  l'excitation  des  deux  pncumogastri- 

sur  Tarrét  du  cœur,  419. 


Urine  (Nouveau  procédé  pour  le  dosage  de 
Toxygènc  libre  dans  !'),  344. 

—  d'un  enfant  (Catéchine  dans  P),  433. 

—  (Sur  la  matière  colorante  de  1')  appar- 
tenant au  groupe  de  l'indigo,  435. 

—  (Sur  la  présence  de  la  dextrine  dans  1'), 
444. 

—  (Sur  les  substances  qui  contribuent  à 
la  réaction  acide  de  T),  49. 

—  (Transformation  de  la  mat'ère  colo- 
rante jaune  de  V)  en  uroérythrine,  441. 

Urines  (De  la  suralcalisaiion  du  sang  et 
des)  sous  l'influence  de  la  chaux  et  de 
la  magnésie,  225. 


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DES  MATIERES. 


607 


Urines  (Observations  sur  des)  réduisant  la 
liqueur  de  Fehliftg  sans  dévier  au  pola- 
riniétre,  49. 

Uroérythrine  (Transformation  de  la  ma- 
dère colorante  jaune  de  Turine  en),  441 . 


Vaccination  (De  la  valeur  de  la),  545. 

—  obligatoire  en  Angleterre  (Les  effets 
de  la),  447. 

Vaginisme  (Du)  357,  555. 

—  (Traitement  du)  par  riodoforme.  Fis- 
sure à  Fanus,  iodoforrae,  552. 

Valenfu  y  Vivo.  —  Sur  un  nouvel  antidote 
de  la  strychnine,  444. 

Valerius.  --  Préparation  des  pilules  à 
riodure  de  fer,  148. 

Van  den  Corput.  —  Compte-rendu  de  la 
situation  de  la  Sociétp  royale  des  sciences 
médicales  et  naturelles  de  Bruxelles, 
76. 

Van  den  Corput,  —  Ephémérides  médi- 
cales, 88,  184,  296,  584,  470,  594. 

Van  den  Corput,  —  Rapport  verbal  sur  la 
dem^tnde  d*échange  des  Archives  belges 
de  thérapeutique,  566. 

Vande  Vyvfre,  —  Observations  au  sujet  de 
la  lettre  de  M.  Linssen  sur  ia  recherche 
du  sang  dans  Turine,  581. 

Vande  Vyvere,  —  Rapport  sur  1  >  note  de 
M.  Henrotte,  au  sujet  de  la  préparation 
du  sirop  de  tolu,  458. 

Vanlair  et  Masius,  —  Des  centres  vaso- 
moteurs  et  de  leur  mode  d*action,  419. 

Van  Wetter  e»  Deneffe,  —  Injection  intra- 
veineuse de  chloral  ;  mort,  181 . 

Variole  transmise  par  des  chiffons  de  pa- 
pier, 549. 

Végétation  (Influence  de  la  lumière  sur  la), 
592. 

Verardini.  —  Nouveau  crochet  décollateur 
articulé,  578. 

Verre  malléable  ou  trempé  (Le)  à  Pépoque 
romaine,  469. 

—  trempé  (Recherches  sur  le),  564. 
Vertige,  migraine,  etc.,  442. 

Viande  (Moyen  s>mple  et  facile  de  conser- 
ver la)  en  été,  469. 

—  crue  (Sur  un  nouveau  mode  très- 
avantageux  de  préparation  de  la),  560. 

—  de  bœuf  (Analyse  des  divers  morceaux 
(ie),  vendus  couramment  à  la  halle  de 
Paris,  en  1875,  454. 

Viandes  (Les  différents  procédés  de  con- 


servation des),  leurs  avantages  et  leurs 
inconvénients,  1 52,  .251 . 

Vibcrt.  —  Des  injections  sous-cutanées  de 
morphi-ne,  550. 

Videau,  —  Sur  quelques  réactions  peu 
connues  des  matières  sucrées,  144. 

ViUeneuve^  fils.  —  Ponction  du  péricarde, 
i57. 

Vincent,  —  Des  effets  de  la  foudre,  429. 

Vin  de  quinquina  (Des  extraits  fluides  pour 
la  préparation  du),  554. 

Vision  (Troubles  de  la)  dans  leurs  rapports 
avec  le  service  militaire,  465. 4H6,  467. 

Viltemilian,  —  Présence  de  l'alcool  éthy- 
lique  dans  Tesprit  de  bois,  459. 

Voix  (Du  frémissement  de  la)  dans  la  pleu- 
résie et  la  pneumoni'*,  4^8. 

Von  Pe'terkofer.  —  Réactif  de  l'acide  car- 
bonique libre  des  eaux  potables,  257. 

Vue  distincte  (De  la);  applications  à  la 
médecine  légale,  69. 


Wagner,  —  De  l'acide  salycilique  dans  la 
diphthérie,  i55. 

Wa'lct,  —  Sur  la  préparation  de  l'onguent 
mercuriel^  556. 

Wasseige  et  Hyernaux,  —  Lettres  à  M.  le 
docteur  van  den  Corput,  à  propos  du 
crochet  mousse  articulé,  478. 

Wauthy,  —  Communication  sur  deux  cas 
de  tétanos  après  traumatisme,  522. 

Wehenkel.  —  Compte-rendu  de  Touvrage 
de  M.  Gourrier,  455. 

Wehenkel,  —  De  la  valeur  de  la  vaccina- 
tion. 545. 

Wfhenkil.  —  Sur  le  Pilaire  de  Medine, 
544. 

Weiss,  —  Sur  deux  cas  de  mort  subite  par 
des  bols  alimentaires  obstruant  l'orifice 
laryngé,  558. 

Weith.  —  Action  de  l'alcool  méthylique 
sur  le  chlorhydrate  d'ammoniaque,  147. 

White,  —  La  teinture  d'arnica  condam- 
née, 128. 

WiUftein,  —  Surl'écorce  de  Coto,  442. 


Yaupon  (Sur  1')  ou  thé  de  la  Caroline, 
147. 

Yvon,  —  Du  meilleur  procédé  pour  pré- 
parer la  décoction  de  racine  de  grena- 
.  dier,  58. 


PIN    DE    LA    TABLE     ALPHABETIQUE     DBS    MATIERES 


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