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JODRHil
DE MÉDECINE
OB CHIRURGIE BT OB PHAR1AC0L06IB
PUBLIÉ
Par la Société Royale des Sciences médicales el naturelles
de Bruxelles
sous LA DIRECTION D'UN COMITÉ
COMPOSA DE
MM. VAN l>KW COUPUT, D.-M., Rédacteur principal, Secrétaire de la Sttciété,
Professeur de thérapeutique à ^Université, Médecin honoraire et ancien pro-
fesseur de clinique médicale «les hôpitaux de Bruxelles, Secrétaire de la Com-
mission médicale du Brabant^ Membre de plusieurs Académies et Sociétés
savantes, etc.
CRQCQv, D.-M., Professeur à l'Université, 'Médecin et Professeur de clinique
médicale à Thôpital Saint-Jean de Bruxelles, Membre titulaire de TAcadémie
royale de médecine de Belgique, Président de la Fédération médicale belge, etc.
4ANS8EN8, D.-M. , Inspecteur du service d'hygiène de la ville de Bruxelles,
Membre du Conseil supérieur d'hygiène publique, delà Commission médicale
locale^ Secrétaire de la Commission de Statistique du Brabant, etc.
L. MARTIN, D.-M., Président de la Société, Présideni de la Commission médi-
cale locale. Président de la Commission centrale des Comités de salubrité
publique de Tagglomération bruxelloise, etc.
LEDEGANCK, D.-.M., Secrétaire-adjoint de la Société, Médecin de TAdministra-
' tion communale de Bruxelles, etc.
33""' ANNÉE. — 61""^ VOllME.
BRUXELLES
LIBRAIRIE MÉDICALE DE HENRI MANCEAUX
Imprimeur de l'Académie royale de médeeiae, Libraire de la Paeullé de médeeloe, etc.,
Rue de> Troii-Tëtet, 8 (Montagne de la Cour).
1875 - ,
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- j f; 1897
-A^ H. 13^
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JOURMAL
DE »1IÈ^1.INE.
I. MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
De la rétroversion de l*otérus pendant la grossesse, par M, le docteur
N. Charles, de Liégcy lavréat de l'Académie de médecine de Parts, Secré-
taire du Cercle médical liégeois, etc. {Suite. — Voir noire cahier de juin^
page 495).
Obs. vil — Rétroversion irréductible; ponction de la vessie refusée; rup-
ture de ce réservoir; avortement, mort, par W- Hunter. — Une pauvre femme,
âgée de 40 ans, et grosse de trois mois et demi, eut une rétroversion de la ma-
trice en glanant du blé. Bientôt après, i^Ile ne put rendre son urine ni ses
excréments; elle avait du ténesme, des nausées, beaucoup de douleurs.
Différents remèdes n*eurent aucun bon effet. La sonde put bien être introduite
à un ou deux pouces dans TurètrCjmais ne donna issue à aucune goutte d*urine.
Assuré de Pexistence de la rétroversion et ne pouvant la réduire, on fit de
nouvelles tentatives de cathétérisme et Ton obtint une ou deux cuillerées
d*urine très-colorée en mettant la malade en différentes positions. La ponction
de la vessie fut jugée nécessaire mais refusée par la malade. Cette dernière
devint plus faible, eut des nausées. et le hoquet ; le même jour, elle sentit quel-
que chose se crever dans son ventre; elle éprouva sur-le-champ une diminution
de douleur, et annonça qu'elle allait faire une fausse couche. Elle la fil, en
effet, promptrment et presque sans douleurs ; mais elle n'urina point. On la
sonda alors avec la plus grande facilité; mais il ne sortit point d'urine, quoi-
que la sonde fût dans la vessie, ce qui confirma l'opinion qu'on avait de la
rupture de ce viscère. Cette femme mourut le lendemain, quatrième jour de la
rétroversion.
On trouva neuf à dix pintes d'urine épanchée dans lé ventre, la vessie flas-
que, vide et rompue près de son fond, de manière qu'on pouvait passer le doigt
par cette crevasse, dont les bords étaient gangrenés. Tout le corps de la matrice
était encore tellement porté en arrière qu'on vit aisément que son fond s'était
placé entre le vagin et le rectum, et que son col appuyait sur les pubis.
Chopart, dans un voyage qu'il fit à Londres, se lia avec Hunter et prit con-
naissance de son travail; en i775, à son retour à Paris, il en fil l'objet d'une
communication à l'Académie de chirurgie. Cette assemblée reçut également un
mémoire de Deleurye, qui observa raccidenl en 1760, 1767 et 1781.
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4 MEMOIRES ET OBSERVATIONS.
Waulers, de Werieren (en Flandre), publia en <781 dans le tome LV de
Vancien Journal de médecine, etc. (p. 323j, une observation intitulée : Sup-
pression d'urine causée par le renversement de la matrice et que voici transcrite
avec la suscription qui lui convient.
Obs. VIII. — Deux avortements causés probablement par des rétroversions
méconnues; nouveau déplacement au troisième mois d'une grossesse suivante;
réduction par le procédé mixte; guérison, par Wauters, médecin à Wetleren
(Flandre). -- L'épouse Bogaert, âgée de 35 ans, d'un tempérament sanguin,
sujette à une descente de matrice, était enceinte de trois mois environ lors-
qu'elle fut atteinte d*une suppression complète d*urine, de fréquentes envies
d'uriner, de douleurs intermittentes très- vives, d'impossibilité d'aller à la selle
et de mal au dos. Ces accidents s'étaient déjà présentés aux deux grossesses
précédentes et s'étaient terminés par l'avortement. Celte fois dès le second jour,
le 6 mai 1780, M. le docteur Waulers fut appelé, mais il méconnut ô ce mo-
ment la cause et se contenta de faire une saignée.
Le lendemain, tout étant dans le même état, ce praticien voulut sonder, mais
rencontrant un obstacle, il introduisit son doigt dans le vagin et trouva que le
col de la matrice étant fort descendu, comprimait fortement l'urèlhre contre la
symphyse pubienne et que Vosculum utéri regardait obliquement Texlrémilé
inférieure de la même symphyse ; il s'aperçut d'une grande obliquité de la ma-
trice, qu'il tâcha de redresser en la poussant par ta partie postérieure du vagin ;
n'y pouvant ainsi parvenir, il mit son index dans l'anus où il put constater que
le rectum était comprimé et aplati contre le sacrum et le coccyx par le fond
de la matrice : il poussa donc ce fond obliquement en haut vers le nombril ;
lorsque le fond fut un peu avancé, en continuant à pousser, il tourna en même
temps l'orifice de la matrice doucement en arrière; de cette façon la matrice
fut redressée. Pendant cette manœuvre, l'urine s'écoula spontanément, et la
sonde en retira encore quatre pintes. La vessie avait perdu son ressort et il
l'allut continuer à sonder jusqu'au 26, époque a laquelle la femme Bogaert a
commencé à uriner seule. Pendant ce temps, elle resta au lit, le plus possible
sur le dos ; on entretint la liberté du ventre et on donna des toniques ; la matrice
descendait encore plus ou moins quand la femme faisait des mouvements ou
des efforts, mais ne se courbait plus en arrière : M. Wauters alors la repous-
sait à sa place.
Le 12 novembre, la malade a accouché heureusement d'une fille très-bien
portante.
Celte observation donna lieu aux Réflexions de Segrétain, de Laval, qui paru-
rent dans le même journal, tome LVIII, 1782. Cet auteur critiquait non-seule-
ment les mots de renversement ôe la matrice et de suppression d'urine, qu'il
remplaçait par cei)x plus exacts de déviation et rétention, mais aussi le mode
de traitement; il insistait spécialement sur la position sur les genoux et les
coudes qu'on aurait dii donner à la femme Bogaert.
L'année suivante, en 4783, tomeLIX. Desgranges, de Lyon, répondit à Se-
grëlain, prit la défense de Wauters et publia une observation nouvelle qui est
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 5
un bel exemple de rétroversion subite par cause directe ; en voici un résumé
exact.
Obs. IX. — Rétroversion d trois mois et demi de grossesse; réduction par
le vagin; emploi d'un pessaire après la réduction ; guérison, par Desgranges,
de Lyon. - Une blanchisseuse d*un tempérament robuste et sanguin, enceinte
pour la première fois de trois mois et demi, porta sous son bras, un chaudron
très-lourd rempli de linges mouillés et Tappuya fortement sur son ventre en
voulant le passer sous l'autre bras. Elle s*aperçut dès ce moment d'un dérange-
ment dans son corps, ses mouvements en devinrent gênés et elle commença à
éprouver quelques difficultés pour uriner ; au bout de huit jours, ta rétention
d'urine fut complète; Turine alors s'écoutait quelque peu par regorgement et la
vessie formait fî l'hypogastre une tumeur volumineuse et sensible; ta malade
souffrait dans toutes les positions, mais surtout couchée; douleurs aux lombes,
aux hanches, aux atnes, constipation opiniâtre. Le museau de tanche appuyait
contre l'urètre à sa naissance et ne permettait l'issue d'un peu d'urine qu'en
se déplaçant par les variations d'attitude de ^a malade; le fond utérin était en
arrière arc-bonté contre le rectum.
La sonde retira deux pintes d'urine ; la réduction fut fait ensuite, mais non
sans peine, en soulevant doucement le fond utérin en haut par une pression
exercée sur la paroi postérieure du vagin.
Desgranges fit alors mettre la malade sur le côté, les genoux plies et le tronc
pour ainsi dire infléchi sur les cuisses; il plaça un pessaire qui ne tarda pas a
devenir inutile. La grossesse arriva heureusement à ferme.
Avec celte observation, Desgranges donna un résumé excessivement exact
des symptômes propres à Pantéversion et à la rétroversion, de leurs causes et
du traitement qui leur convient. Il proposa d'appeler ces déviations : position
horizontale de la matrice d'avant en arrière ou rétroversion et position hori-
zontale d'arrière en avant ou antéversion; couchée (cubalio) serait le terme
générique et redressement le rétablissement dans la position normale.
En 1784, le tome LXI du même journal contint de nouvelles réflexions de
Segrétain, tendant de nouveau à mettre en doute le renversement en arrière de
l'utérus gravide. Il y avait de plus une observation nouvelle de rétroversion due
à Vandorpe, de Courtrai^ dans laquelle on voit que les réflexions de Segrétain
et le travail de Desgranges avaient porté leurs fruits. Voici ce cas observé par
notre compatriote et intéressant à plus d'un titre.
Obs. X. — Rétroversion subite à trois mois et demi de grossesse ; réduction
difficile par le rectum, aidée par la position sur les genoux et les coudes;
guérison^ par Vandorpe, de Courtrai (Flandre). — Le 9 mai i783, M. Van-
dorpe fut appelé à Dotigny, village éloigné de deux lieues de Courtrai, pour une
femme qui était au quatrième mois de sa grossesse et avait depuis dix-huit à
vingt jours, une rétention incomplète d'urine, survenue à la suite de quelques
travaux forcés. En tirant de IVau d'un puits, elle sentit un changement dans la
manière de rendre ses urines, une pesanteur sur lé rectum, des douleurs
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6 MÉMOlttES ET OBSERVATIONS.
sourdes au bas-ventre, aux lombes, dans la région des lies ; au bout de trois
jours^ la malade ne rendit plus d*urine, les douleurs devinrent très-fortes; les
envies d'uriner et d^aller à la selle furent Irès-pressanles sans pouvoir y satis-
faire; la région de la vessie se gonfla prodigieusement, alors un simple change-
ment d^atlitude, le plus léger mouvement, et surtout le moindre effort qui ten-
dait à comprimer la vessie faisaient couler les urines par regorgement.
Le chirurgien constata que la région de la vessie formait une espèce de ballon
assez dur qui s'élevait de deux travers de doigt au-dessus de l'ombilic; la réten-
tion d'urine était évidente; mais n'ayant pas de sonde, il porta un doigt dans
le vagin, trouva une espèce de vide du côté du pubis et sentit un corps dur qui
remplissait la cavité du vagin : en le comprimant, les urines coulèrent en assez
grande quantité. Vos tincœ était placé très-haut derrière les pubis.
Le lendemain, l'état était le même et la vessie encore très-tendue, M. Van-
dorpe fit rendre de nouveau beaucoup d'urine, puis essaya de repousser le fond
de la matrice. N'ayant pu réussir, il fit mettre la malade sur les genoux et les
coudes (attitude recommandée par M. Segrétain), la tète beaucoup plus basse
que le bassin. Il porta son doigt dans Tanus et s'en servit pour essayer de
refouler le fond utérin logé et comprimé dans la courbure sacrée : il l'éleva
sensiblement et constata par le vagin que le col était abaissé, mais la résistance
étant très-grande, il passa une serviette pliée en triangle sous le bassin de la
patiente (placée toujours dans la même attitude); le mari prit les deux chefs de
cette bande pour élever le bassin afin de refouler les viscères abdominaux vers
la poitrine. Le chirurgien reporta un doigt dans la même direction et parvint
enfin à faire franchir a la matrice h résistance que lui opposait la saillie du
promontoire. Aussitôt la femme sentit un mouvement, comme quelque chose se
retourner dans son bas- ventre. Dès lors la matrice fut trouvée en place, et un
pessaireen cuvetle fut placé dans le vagin pour la maintenir. Des fomentations
toniques et résolutives furent faites sur la région hypogaslrique et la vessie
reprit très bien son ressort.
Trois jours après la femme eut quelques accidents nerveux qui furent conjurés
par la liqueur d'Hoffman et le laudanum continués pendant deux à trois jours.
Dans la ntéme année 1784, le frère de Baudelocque prit pour thèse De la
rétroversion de rutérus pendant la grossesse L'Académie de Paris mit alors la
question au concours et couronna en 178!i, le mémoire de Desgranges, de Lyon,
qui n'a pas été publié mais dont la grande valeur peut être pressentie par
Texcellence du travail qu'il avait déjà fait paraître deux ans auparavant.
On voit par tout ce qui précède que, si la nature de l'accident paraît avoir
été bien déterminée en Allemagne d'abord, c'est au cours do Grégoire qu'on
doit en rapporter la prerûière description dogmatique et que le mérite de la
vulgarisation revient non-seulement à Hunier mais encore à plusieurs chirur-
giens français et belges et à la sollicitude éclairée de l'Académie de médecine
de Paris.
C^eslle praticien anglais qui donna le premier le nom de rétroversion au dé-
placement en arrière du fond de l'utérus.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 7
Différents Ira vaux siir le même sujol pariirenl vers celle époque :
1. Saxlroph. Sur larétroflexion utérvie {societatis medicœ Hawniensis col-
Itetanea^ tome II, 1775).
2. Cuypers. Diss, de retroversione uteri firavidL Lugduni Batavorum, 1777.
5. Ignalins Wllczek. Dissertatio de utero retroflexo morbo gravidis perni-
ciosissimo, Prague^ 1777.
4. Wall. Dissertatio de uteri gravidi retroversione, Haloe, 1782.
5. Baumgartner. Dissertatio de utero retroverso. Argentorati, 1785.
<>. Coekwell (W.). Essai sur la rétroversion de l'utérus. Londres, 1785.
7. Gruner. De utero retroverso. léna, 1787.
8. Gill. Dissertatio de ista hernia uterinœ specie^ quœ retroversio uteri vulgo
dicitur. Edimburgi, 1787.
^ 9. Frédéric Jahn. De utero retroverso. léna, 1787.
j 10. Melitich. Dissertation sur la rétroversion de la matrice. Prague, 1790.
! 11. Murray. Dissertatio {in uteri retroversionem animadversiones), Upsaloe,
1797.
1â. Lindblad. Animadversiones-in uteri retroversionem. Upsaloe, 1797.
18. Herscheek. Dissertatio de utero retroverso. Halse, 1799.
14. Verlmann. Dissertatio de uteri gravidi retroversione. Gœttiogœ, 1799.
y Moeller {De Pronatione uteri post partum, Marb, 1803), dit encore recli-
natio uteri opposé à pronatio qui désigne Tantéversion.
Outre celles que nous avons rapportées plus haut, plusieurs observations
furent publiées en Angleterre, par Johnson (1769/; Hooper, Bird, Gartshoreet
Wilmer (1779); en Ecosse, par Evans, Swan et Purcell; en Allemagne, par
Plencke (1775); Kalzenberger (1779); Rogert (1779); Willich (1779); et
Schoeffer (1784); dans les Pays-Bas, par Waller Van Doeveren, de Gronîngue
(1765); en France, dans l'ancien Journal de médecine, par Desgranges,
tome LXVI, p. 65 ; par Dussaussois, tome LXVIII, p. 55 ; par Vermandois,
tome LXXXVIIÏ, p. 285 ; par Crofl, tome LXXXVIÏI, p. 54.
Depuis le commencement de ce siècle, une série de thèses ont été écrites sur
la rétroversion de Tutérus gravide et quelques mémoires ont été publiés sur le
même sujet; la plupart des traités d'accouchements et des ouvrages qui s'occu-
pent des maladies des femmes enceintes, lui consacrent une place importante;
enfin les recueils périodiques ont rapporté d'assez nombreuses observations de
ce déplacement, dont quelques-unes sont consignées dans ce travail.
En 1844, Lacroix eut, comme sujet de thèse pour le concours d'agrégation :
De tantéversion et de la rétroversion de l'utérus^ et en 1j865, M. Salmon, dans
les mêmes circonstances, traita exclusivement de la rétroversion de l'utérus
pendant la grossesse. En 1859, l'Académie de médecine de Paris donna la rétro-
version de Tutérus pendant la grossesse pour sujet du prix Capuron,et couronna
le mémoire d*l£lleaume. On doit s'étonner grandement de voir combien ce der-
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8 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
nier ouvrage, publié en 1860 et assez complet, a eu peu de retentisscmenl. En
effet, M. I^almon, trois ans après, parlant dans son travail du concours établi
en 1859 par TAcadémie, prétend à tort que des mentions honorables ont seule-
ment éiè données à des travaux qu*il n'a pas trouvés publiés. De plus de toutes
les Ihèses qui ont paru depuis cette époque, aucune ne cite le livre d'Elleaume,
pas même celle de M. Curie (1869) qui donne cependant un index bibliogra-
phique des plus complets.
J'ai fait une mention séparée pour les mémoires de Lacroix, d'Elleaurae et de
Salmon, parce qu*ils sont les plus importants, on pourrait même dire les seir
importants : celui de M. Salmon est de beaucoup le plus remarquable. Je dots
cependant ajouter qu'au point de vue clinique, le mémoire de Martin Jeune, de
Lyon, présente le plus grand intérêt, car il ne contient pas moins de vingt-d jx
cas de rétroversion, la plupart observés par lui-même : douze cas pendant la
grossesse; deux, après un avortement ou un accouchement; huit, avec une ma-
ladie de la matrice ou d'une annexe.
Voici maintenant la liste chronologique des travaux principaux, qui ont étt
publiés, depuis le commencement de ce siècle, sur la rétroversion de Tutérus
pendant la grossesse :
I. Antéversion et rétroversion de la matrice^ par Destrées; thèse de docto-
rat. Paris, 1806 (11 floréal an XI), n« 252.
* â. Baysselance, Dissertation sur le renversement de la matrice, Paris^ 1806
(12 floréal an XI). n» 253.
3. Corlamberl (R.). Déplacements de l'utérus et de ses dépendances, Paris,
1806 (16 messidor an XI), n» 308.
4. Rétroversion de la matrice^ par France; thèse de doctorat. Paris, 1806,
n«76.
5. A dissertation on the rétroversion ofthewomb, by Merriinan, S. Lon-
dres, 1810.
6. De relroversione uteri, auctor Buezinski. Vilnae, 1811 .
7. Déplacement de la matrice pendant la grossesse et la suite de l'accouche-
menty par Vidal; thèse de doctorat. Paris, 1815, n*» 246.
8. Rétroversion de Vutérus^ par Gougis ; thèse de doctorat. Paris, 1817,
n» 26.
9. Mémoire sur la rétroversion de l'utérus^ par JBellanger, in Revue médi-
cale de PariSi 1824.
10. Dreier, Soach, Lund. De retroversione utéri, Haoniae, 1826.
II. De la rétroversion, par Bazin; in Annales de physiologie et d'anato-
mie, 1827.
12. Rétroversion de V utérus, par Quélier ; thèse de doctorat. Paris, 1828.
15. Mémoire sur la rétroversion de l'utérus^ par Parent (de Beaune); in
Gazette médicale de Paris. 1852.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 9
14. Mémoire de médecine et de chirurgie pratiqueSy par Martin jeune
(de Lyon). Paris, 1835.
ib. Mémoire sur la rétroversion de Ciitérus dans l^ état de grossesse, par
Amussat; in Journal de chirurgie de Malgaigne. 1845, t. I.
16. De Caniéversion et de la rétroversion de rulérus, par Edouard Lacroix.
Paris, 1844.
17. Des déplacements de Vutérus et spécialement de tantéversion et de la
rétroversion, par Quioc ; thèse de doctoral. Paris, 1848, ii« 150.
^Iii18. De la rétroversion de la matrice pendant la grossesse ; observation et
réflexions, par M. Garin, médecin de l'hôtel-Dieu de Lyon ; in Gazette médicale
di Lyon. I8âl.
<4d. De quelques déviations utérines j principalement de l*antéversion et de
lavétrùvetsion, par Eslèbes; thèse de doctorat. Paris, 1833, n*» âiiO.
20. Raiïisbolham. Rétroversion de la matrice chez les femmes enceintes.
Med, timesand Gaz. 1853.
* 21. Observations sur [a rétroversion de l'utérus, par M. le docteur Priou
(de Nantes). Acad. demèd. de Paris, 30 août 1853.
22* Ruchènmeister. Sur. la rétroversion de la matrice dans l'état de gros-^
sesse avec inflexion du col. Wiener, i/^rf. Wochenschr., 1854.
23. Busch. Rétroversion M^m/ie; Geschlechls Leben des Weibs, t. lïL
24. De la rétroversion de la matrice dans l'état de grossesscy par l.e doc-
leur Martin (dé Tonneins). Gaz. des hôpit., 1857.
25. De la rétroversion de l'utérus, par Eug. Godfroy; thèse de doctoral.
Paris, 1858, n« 86.
26. De la rétrot)ersion de l'utérus dans Cétat de grossesse, par Négrier
(d'Angers); in Gazette médicale de Paris, 1859.
27. Graves. Rétroversion de l'utérus pendant le travail. Britisch med. jour-
nal, 1859.
28. De la rétroversion utérine dans l'état de grossesse, par Etleaume.
Paris, 1860.
29. Tyler Smith. Recherches sur l'exactitude de la doctrine de Hunter sur
la rétroversion de Vutérus gravide. Transact. of the obstetr. sociéty of Lon-
don, 1861.
30. De la rétroversion de l'utérus du troisième au cinquième mois de la
grossesse, par le docteur Godefroy, professeur d*accouchèments à Rennes; in
Revue de thérapeutique m édico -chirurgicale, 1861.
51. De la rétroversion utérine pendant la grossesse, par Cottigny; thèse
de doctorat. Paris 1862, n« 174.
^2, Rétroversion de Vutérus pendant la grossesse, par Alpti. Salmon
(de Chartres); thèse d'agrégation. Paris, 1863.
' 33. Dickie. Cas de rétroversion de Vutérus gravide. Edimb. med. J ,18(13.
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iO MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
54. Hardy. Trois cas de rétroversion de l'utérus. Trans. of obslet. sociély
of London, t. V.
35. Des inclinaisons en arrière de l'utérus en état de gestation ^ par Villiers-
Herluison ; ihèse de doclorat. Paris, 1867, n» 1 14.
36. De la rétroversion de f utérus pendant la grossesse ^ par Quod ; thèse de
docloraL Strasbourg, 1868, n» 98.
37. De la rétroversion de l'utérus pendant la grossesse^ par Gailletet. Paris,
1868, n» 134.
38. De la rétroversion de l'utérus pendant la grossesse^ par Curie ; thèse
de doctoral. Paris, 1869, n« 5.
39. De la rétroversion de l'utérus gravide, par Herbet^ thèse de doctorat.
Paris, 1872, n» 98.
40. On retroflexion of ihe utérus as a fréquent cause of abortion^ by
J. J. Philipps, assistant ohstelric physician to Guy\s Hospital and physician of
the royal Malernity Gharity. London, 1872.
4t. Cause de la rétroversion de l'utérus au moment de l'accouchemen t y pnr
E. Porro ; in Gaz. med. ItaL Lombardia, n»» 9 et 10, 1874.
42. Rétention d'urine produite par la retroflexion de Cutérus gravide, par
M. Barnes; in TheLancet du 1" août 1874, II, p. 159.
45. De la retroflexion de l'utérus gravide^ par M. Puech; in Gaz. obslét, de
Pam du 20 août 1874.
44. Seize cas de rétroversion et retroflexion de l^utérus gravide, par
E. Martin, à la Société Gynécol. de Berlin, 17 février 1874. {Berlin Klin. Wo-
chens, 1874, n» 22, p. 264).
45. De la rétroversion utérine pendant la grossesse, au point de vue du
traitement, par De France; thèse de doctorat. Paris, 1874, n» 237.
46. Noie sur un cas de rétroversion utérine puerpérale, par le docteur
Bailly, in Arch. de Tocologie de décembre 1874.
47. Rétroversion de l'utérus gravide; observation remarquable suivie de
réflexions, par le docteur Bernutz ; in Arch. de Tocologie de janvier 1875.
48. Sur le prolapsus et la rétroversion de l'utérus, envisagés comme dépla-
. céments alternatifs dans le cours de la grossesse, par Imiach. (Èdimburg
méd. /owrw. Avril, 1875, p. 894.)
49. Rétroversion de l'utérus gravide, par Ghambers. (Trans. of the Obsté-
trical Soc. of London, vol. XVI, p. 181 , 1875.)
50. Cas de rétroversion de l'utérus gravide^ par Simon et par Gervis.
{Trans. of the Obstétrical Soc, of London, vol. XVI, pp. 232, 25i et suiv.)
51. Trois cas de rétention d'urine en rapport avec la rétroversion de
l'utérus gravide, par Hamon. (Revue de thérapeutique, du 15 juillet 1875.)
Les traités d'accouchement qui consacrent un chapitre plus ou moins impor-
tant à la rétroversion de Tutérus gravide sont ceux de Deuman (1802), May-
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MÉMOIRES £T OBSERVATIONS. M
grier(l8i4), Bau(lelocque(i8i5), Gardien (1816), Bomn(i8t7),Dugés (1827),
Moreau (1838), Burns (1839), Chailiy (184'2), Jacqueinier (1846), Vaust
(1846), Nœgcle (1857), Cazcaux (1858), Scanzoni (1859), Joutin (1866), Hyer-
riaux (1866), Hubert (1869), Saboia (1873), Pénard (1874), Schrôder (1875).
On pourra lire.aiissi des articles de plus ou moins grande valeur dans le Dic-
tionnaire en 60 volumes (t. 48, art. Rétroversion^ 1820); dans Tabrégé de ce
dictionnaire (t. 9, art. Hystéroloxie, 1825) ; dans le Dictionnaire de médecine^
en 21 volumes (t. 21, art. Utérus^ 1828); dans le Dictionnaire de médecine
et de chirurgie pratiques d'Andral, Begin, etc. (art. Rétroversion) ; dans celui
qui porte le même titre de M. Jaccoud (t. 17, art. Grossesse^ 1873): dans les
traités des maladies des femmes de Capuron (1817), Boivin et Dugès (1833),
Cburchill (1865), Gourty (1866), etc.; dans les manuels de médecine opéra-
toire de Sabatier (1824), de Velpeau (1840), de Malgaigne (1842), etc. (1).
Enfin tout récemment M. Barnes, dans ses Leçons sur les opérations obsté--
tricales{\Slù), et M. Depaul, dans ses Leçons de clinique obstétricale (1872-74),
sont venus apporter à Tétude de ce sujet le large tribut de leur longue et
sa.vante expérience. (La suite au prochain no.)
ËTUDE CLINIQUE ET EXPÉRIMENTALE SUR l'ÉTRANGLEMENT HERNIAIRE ET EN PAR-
TICULIER SUR l'action des gaz DANS LA PRODUCTION DE CET ACCIDENT ; par le
docteur Motte, de Dinant {Belgique), — Mémoire auquel la Société de Chi-
rurgie de Paris a accordé une récompense de 300 /r. au concours du prix
Laborie (1873). (Suite. — Voir notre cahier de juin, page 522.)
DEUXIÈME PARTIE.
Ces expériences comportent plusieurs enseignements que nous essayerons de
dégager des nombreux détails qu'elles renferment. Au préalable, nous groupe-
rons ces détails en faisceaux séparés afin d*'en faire mieux saisir la significa-
tion. Nos conclusions pratiques viendront après.
Dans un premier chapitre^ nous nous occuperons des modifications fonc-
tioi>nelles multiples qu'auront subies les anses intestinales soumises à Texpé-
rimentation ; dans un second^ nous passerons en revue les lésions anatomiques
qui surviennent par le fait de la constriction.
Des conclusions générales termineront le travail.
CHAPITRE PREMIER.
Etant donnée une ouverture plus ou moins large pratiquée aux parois abdo-
minales d'un chien, quellf est la série des phénomènes physiologiques qu'il
nous sera donné d'observer et quelles sont les déductions que nous pourrons
légitimement en tirer?
(1) Les dates sont celles des éditions consultées.
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42 MÊAIOIRES ET OBSERVATIONS.
Sortie de Tîntettiii à travers U plaie. Il est aplati ou distendu. Répartitîou des giis
dans la cavité abdominale.
A. — Constatons d*abord que, malgré les cris de Tanimai et ses efforts de
résistance ; malgré la liberté plus ou moins complète et la largeur relative-
ment considérable de Tanneau^ il pourra arriver, en certains cas, que .les
anses intestinales restent emprisonnées dans Tintérieur 'de la cavité de Tab-
domen. Sur les trente et une expériences que nous analysons, nous devrons
en écarter sept, (les 19% 20% 21% 22«, 23% 38« et 2p«) dans lesquelles nous
h*avons pas étudié le jeu des anses vis-à-vis des anneaux ouverts devant elles;
il nous en restera donc vingt-quatre où cet examen a eu lieu. Sur ce nombre,
il y en a quinze où rinleslin n*a fait aucune irruption au dehors; mais sur
ces quinze cas, nous en trouvons encore trois, (les 1*' 4« et 6«),dans lesquelles
les animaux ne réagissent nullement et où le défaut de contraction expli-
que rimmobilité de la masse viscérale. Nous n*auroBS donc plus que
douze cas dans lesquels les contractions des parois n*ont eu aucune influence
sur les mouvements des anses, que nous retrouverons constamment en arrière
de Torifice, malgré des efforts parfois considérables. Toutefois ce défaut de
propulsion n'est pas absolument [invariable; ainsi, dans la treizième expé-
rience, à chaque inspiration, une tumeur arrondie fait saillie entre les lèvres
delà plaie: c'est Tépiploon; les viscères sont refoulés profondément; une
anse, dilatée par des gaz, est amenée contre Panneau; une compression sou-
tenue des parois fait avancer celte portion d'intestin à travers l'oriGce que
l'introduction du doigt tend encore à rétrécir. Dans la onzième, l'épiploon
fait issue; mais malgré d'énergiques efforts, je ne vois pas saillir l'intestin.
J*écarle romentum et tout aussitôt une anse distendue par des gaz et des
matières solides fait irruption au dehors. Dans la septième, le péritoine se
développe en ampoule sous les efforts de j'animai; mais tes anses restent en
dedans de la cavité. La séreuse n'est'pas sitôt ouverte qu'une anse épanouie
se précipite à travers l'anneau. Dans la dix-septième, il se produit encore un
phénomène analogue; l'intestin apparaît à Touv^Tture sans pouvoir la franchir
et combler le sac. Celui-ci une fois ouvert, Tanneau donne accès à une anse
légèrement tombée par les gaz intestinaux. Enfin dans la quatorzième, Tépi-
ploon se présente ; je le refoule et une anse aplatie prend sa place.
Il serait assez difficile de donner une explication quelque peu plausible
de ce curieux phénomène qui consiste à permettre au péritoine de venir former
sac en dehors de l'anneau, sans être eu même temps comblé à cet endroit par
l'une ou l'autre portion de l'épiploon ou de l'intestin ; à moins de supposer que
la cavité péritonéale contint une certaine quantité de gaz qui se serait inter-
posée entre le feuillet sacculaire et la masse des viscères abdominaux.
Au point de vue de la composition de la hernie, voici ce que nous avons
trouvé dans les neuf-expériences qui nous restent à examiner, et où l'anneau
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 15
a été franchi iinisédiatemer)t après Touverlure de TabdomeD. Tantôt l'intestin
est seul (3«, 9«, 15% 16% 30*el5l«), tantôt il est accompagné de Tépiploon
(10% 12% 26«); lanlôt il est vide, aplati (M«, 15% 16% 24^), ou distendu» par
les gaz (3% 9% 10% 30«, 3i«).
Il serait peut-être permis de considérer la présence de Tépiploon à Touver-
ture comme Tobstacle essentiel à la sortie de l^intestin, en certains cas, puis-
qu'il a suffi de refouler cette toile graisseuse pour voir à Tinslant l'anneau
franchi par l'une des anses du voisinage. D^autres fois pourtant cette cause'n'a
pu être invoquée, par exemple, dans les expériences 13' et 18*.
Nous avons vu dans la 7« et 17«, l'ampoule péritonéale foniier elle-même la
hernie et empêcher la sortie de l'iniestin ; nous répéterons qu'il serait difficile
d'interpréter cette particularité. — Six fois l'épiploon s'est présenté seul;
trois fois il était accompagné d'une anse intestinale.
La présence ou l'absence des gaz dans les anses du voisinage de l'orifice, ont-
elles de l'influence sur l'issue du viscère? Nous avons vu, à ce point de vue, se
répartir, comme suit, un premier groupe de douze expériences, comprenant
celles où rintestin est resté réfraclaire aux contractions des parois abdotiii-
oales : six cas où l'intestin était vide de gaz; quatre autres, dans lesquels il
suffit d'écarter l'épiploon, obstruant l'anneau, ou de déchirer le sac péritonéal,
pour voir aussitôt saillir le. viscère distendu par les gaz (trois fois), ou aplati
(une fois). Restent enfin deux expériences : la première, dans laquelle une
anse est amenée au dehors, vide, il est vrai, mais dont l'épanouissement se
fait si promptement qu'il faut bien supposer que les gaz occupaient l'un de ses
deu3^ bouts; la deuxième qui offre cette particularité qu'une anse dilatée, ayant
été attirée hors de Tabdomen, une autre anse se remarque bientôt au niveau
du pédicule. Néanmoins, malgré de violents efforts, ces portions du tube Intes-
tinal ne changent ni de volume ni de rapports. Si nous analysons ensuite les
neuf expériences qui nous ont montré le viscère s'échapper aussitôt que l'ab-
domen a été ouvert, nous en trouvons quatre où l'anse est vide et cinq ou elle
est distendue par des gaz.
Le tableau synoptique suivant nous fera mieux saisir l'ensemble de ces don-
nées et leurs rapports.
Nombre d'expériences dans lesquelles le rôle des gaz a été étudié relativement è la sortie plus ou
moins facile des anses intestinales.
21
Anses restées dans la cavité abdominale. Anses sorties de la cavité abdominale.
12 9
Anses dont la sortie est empêchée par l*iépiploon ou le sac :
Distendues. Vide. Anses vides. Anses vides. Anses distendues.
3 16 4 5
Anses mixtes attirées au dehors :
Distendue et accompagnée d*une autre anse, au
Vide, mais épanoui aussitôt sa sortie. niveau de son pédicule, ne cédant ni Pane ni
Tautre aux efforts.
1 1
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1 4 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
B. — G'esi au milieu des manœuvres, nécessitées par la huitième expérience,
que nous avons eu la pensée d'étudier le mode de répartition des gaz dans la
cavité de Tabdomen. Nous avions remarqué précédemment que, malgré les
contractions violentes et la compression des parois du ventre, il arrivait par-
fois que les anses herniées restaient aplaties; nous savons déjà que le même
fait s'est présenté, plus d'une fois, dans les expériences suivantes. Or, si
l'intestin ne contient pas de gaj: au moment où on le met à nu ou tout au moins,
s'if n'en contient qu'une minime quantité et à une grande distance de la région
explorée, évidemment l'anse soumise à l'examen restera vide, quoiqu'on fasse.
Ce sont ces conditions de quantité et de répartition que nous avons vérifiées
directement en étalant successivement toute la masse de l'intestin grêle.
Dans la huitième <'xpérience, l'anse reste aplatie et les gaz font défaut
partout, sauf à- l'extrémité inférieure du canal, dans une longueur de trente
centimètres. Ici, comme dans les autres cas, le gros intestin n'a guère pu être
examiné à cause de sa mobilité moins grande et parce que le petit intestin,
sortant presque toujours assez rapidement après l'ouverture de Tabdomen, il
devenait par là même de plus en plus difficile d'attirer l'une ou l'autre partie
du colon. Au surplus, comme c'est presque toujours l'intestin grêle qui entre
dans la composition des hernies, il était sans doute plus intéressant de fixer
son attention spécialement sur ce viscère.
Nous avons déjà dit que ces gaz, rassemblés au voisinage du cœcum, ne
pouvaient y avoir été refoulés par la manœuvre qui consiste à attirer l'intestin
à travers une ouverture trop étroite, puisqu'au-delà du point dilaté, nous
trouvions une autre portion du canal complètement vide, comme était d'ailleurs
l'extrémité supérieure. Cette remarque peut s'appliquer à la plupart des expé-
riences que nous sommes actuellement occupé à analyser.
Dans la neuvième, une anse, trèsdistendue par des gaz, fait issue au dehors ;
tout le reste de Tinstestin ne contient que des matières liquides, en petite
quantité; et de même que dans l'expérience précédente, ce n'est qu'au bout du
caoal que nous constatons l'existence d'une dilatation gazeuse (50 centimètres
d'intestin environ).
Même résultat pour la dixème (anse herniée dilatée, gaz accumulés à la fin
de l'intestin grêle).
Dans la onzième, l'anse ainsi que quelques centimètres de la portion dé
l'intestin qui la touche, sont les seuls points ou je constate la présence
des gaz.
Dans la douzième, le cœcum seul en contient ; il n'en existe pas dans le petit
intestin.
Dans la treizième, 25 centimètres de l'extrémité inférieure de l'intestin grêle
en sont seuls pourvus.
Dans la quatorzième, à peu près même quantité et même distribution.
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MÉMOIRES EX OBSERVATIONS. 15
Dans la quinzième, rien à noter à cet égard, pour une masse considérable
d'anses précipitées au dehors.
Dans la seizième, il n*y a de gaz, en quantité appréciable dans aucune por-
tion de l'intestin grêle.
Dans la dix-septième, Tanse sortie, dénoie seule la présence des gaz.
Enfin dans la vingt-cinquième, le doigt^ introduit au fond de la cavité abdo-
minale, sent partout les anses aplaties; toutefois, comme je n'ai pas déployé
rintestin, je ne puis affirmer qu'elles ne renfermaient que des matières
liquides.
A première vue, il semblerait qu'il n'y a qu'à agir par compression sur les
anses intestinales pour les forcer à s'échapper à travers les ouvertures artifi-
cielles pratiquées aux parois de Tabdomên. Nous venons de voir que cette
sortie n'est pas aussi facile qu'on serait tenté de le supposer. Il y a plus :
Quand l'intestin fait hernie, il est loin d*étre toujours disiendu par de» gaz et
il sort aplati quatre fois sur neuf. Cette absence plus ou moins absolue des gaz
pourra paraître singulière et, pour notre compte, nous avouons que ce résultat
nous a quelque peu surpris, en présence des données que nous fournissent les
auteurs sur ce point de physiologie. Ils nous indiquent d'une manière assez
précise la composition générale de ces gaz, selon les différentes portions du
canal : l'oxygène prédominant dans l'estonlac, l'acide carbonique dans l'intes-
tin grêle, l'hydrogène sulfuré ou carboné, dans le gros intestin (1). En outre,
au dire. de quelques-uns, « Tintestin contient toujours des gaz, même à l'état
de santé » (2). c II est probable que ces gaz, que l'on rencontre constamment
dans les intestins., sont le résultat de la décomposition de certaines parties du
bol alimentaire, et même qu'à mesure que le bol alimentaire a éprouvé une
plus grande altération, il se rencontre aussi plus de gaz » (5). Ces propositions
sont loin de concorder avec les résultats de nos expériences. Nous avons trouvé,
en effet une quantité relativement minime, et parfois complètement nulle de gaz
chez onze des chiens que nous avons examinés, à ce sujet. Et pourtant, on ne
pourrait guère arguer drs différences ànatomiques des espèces, car le chien
doit se trouver, au point de vue de la composition du contenu intestinal, à peu
près dans 1rs mêmes conditions que; l'homme lui-même dont il est le compagnon
assidu et dont il partage chaque jour la nourriture.
Nous avons tenu à contrôler, par l'observation clinique, les résultats consta-
tés directement sur l'intestin de ces animaux. A cette fin, nous avons (examiné
l'abdomen d'un grand nombre de personnes bien portantes ou atteintes de
légères indispositions et nous avons pu, ainsi, faire de curieux rapprochements.
(i) Chevrcul, cité par les auteurs du Compend. de méd.prat. , art. Pneumalose, p. 86.
(2) Sprîng, Symptomatologie on traité dés accid. morbid,, t. I, p. 428. Bruxelles^
1866.
(3) Joberl de Lambalie, Traité 4es mal. du canal intest, , 1. 1, p. 29. Paris, 1820.
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16 MÉMOIRJBS ET ORSERVATIONS.
Presque toujours la percussion nous a prouvé que les gaz son^ surtout accu-
mulés dans le colon ascendant et transverse et sont très-rares dans la masse
de l'intestîn grêle. Il est probable que lorsqu*ils sont descendus dans TS iliaque,
ils ne tardent pas à en être expulsés, ce qui fait que cette région ne donne
généralement que de la matité. C'est surtout du côté des aines^ là où se pro*
duisent habituellement les hernies que la sonorité fait le plus souvent défaut.
Nous ne pourrions pas affirmer qu'il y eût des gaz dans les dernières por-
tions du petit intestin; ce que nous pouvons dire, c'est que la percussion n*a
pu nous renseigner d'une manière précise à cet égard. Si le viscère est habi-
tuellement distendu par des gaz» à sa limite inférieure, Tanatomie nous
apprend qu'il serait assez difficile de le constater ;en effet, avant de déboucher
dans lecoécum,- l'intestin grêle abandonne le pelotonnement qu'il avait affecté
préfïédemment pour prendre, en se détachant de la masse, une direction trans-
versale de gauche à droite. Or, la profondeur de sa situation à ce niveau et la
petitesse relative de son calibre, comparées à celles du colon, empêchent d'ar-
river à des données exactes au point de vue de son contenu.
Depuis que nous nous occupons activement de cette importante question des
hernies, nous avons été à niême de vérifier, en plus d'une circonstance,. com-
bien est insuffisant le précepte donné par les auteurs de faire tousser le malade
pour nous assurer de l'existence d'Une hernie; trop souvent il nous est arrivé,
comme dans nos expériences^ de ne sentir bomber aucune tumeur, malgré
d'énergiques efforts de la part du sujet ; et pourtant un examen ultérieur nous
édifiait pleinement sur la réalité de l'infirmité que nous cherchions. Gela a lieu
surtout quand la hernie est petite et qu'elle a à franchir un anneau étroit ou
un trajet contourné. D'autres fois, au contraire, la moindre contraction fait
sortir le viscère ; une simple inspiration l'amène au dehors, comme nous le
verrons plus loin. Eu outre, dans un certain nombre de hernies, plus ou moins
volumineuses, Il nous est arrivé de constater de la matité, là où il semblerait
que les gaz eussent dû être accumulés. La rentrée, sans gargouillement, delà
tumeur, nous confirmait dans dans notre première appréciation. Ce dernier
fait est encore bien en rapport avec les résultats de nos expériences et des
recherches cliniques relatées plus haut.
Nous croyons donc avoir mis en lumière, jusqu'ici, ces deux faits impor-
tants, dont l'un est en quelque sorte le corollaire de Taulre, à .savoir :
i<> Que Tintesiin grêle, c'est-à-dire cette portion du canal qui entre ordi-
iMiirement dans la composition des hernies contient moins de gaz qu'on ne le
croit généralement;
2" Que l'intestin peut assez fréquemment être poussé complètement vide^
à travers une ouverture étroite des parois abdominales.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 17
Une fois sorties de la cavité abdominale, les anses vont nous présenter divers
phénomènes que nous étudierons séparément.
II.
Sensibilité de l'intestin. — Turgescence des vaisseaux au contact de l'air.
La sensibilité dont est doué le canal intestinal nous a paru se manifester de
plusieurs façons différentes, dans quelques-unes de ces expériences. Tantôt
Peffel est marqué par une contraction c\ts fibres de la musculeuse; tantôt, au
contraire, les nerfs vaso-moteurs du viscère semblent frappés de paralysie, au
seul contact de l'air ambiant.
Premier cas. Dans la dix-huitième expérience, après que nous eûmes attiré
au dehors la plus volumineuse des deux anses distendues en arrière de Pan-
neau, celte portion d'intestin présenta, au niveau de ses deux bouts, un sillon
manifeste dont il nous fut facile de saisir la nature. Ce sillon était dû à la
contraction spasmodique des fibres circulaires de Tintestin. Il n'y avait là
aucun amincissement des tuniques, et cette dépression disparut bientôt en ren-
dant au canal son calibre normal.
Dans la même expérience, en pratiquant le taxis, sur une anse pleine de gaz
et après avoir rétréci l'anneau en y introduisant l'extrémité du doigt, nous
constatons que ce n'est plus une zone étroite de fibres qui se contracte, mais
bien la moitié de la longueur de cette anse^ qui se réduit ainsi en une corde
d'un volume deux fois moindre que le volume primitif, et cela par la simple
irritation produite par le contact des doigts.
Dans l'expérience 27«, en forçant Tintestin à passer à travers une ouverture
assez étroite, nous déterminons une contraction telle que le canal n'atteint
plus que les dimensions d'une plume d'oie^ pour ne reprendre que quelques
instants après son calibre ordinaire. L'intestin gagnait en dureté ce qu'il per-
dait en volume.
Les mêmes effets ont été signalés dans les 28® et 29« expériences.
Ces contractions nous ont paru siéger exclusivement dans les fibres circu-
laires, car la portion d'anse, ainsi modifiée, n'avait, apparemment du moins,
rien perdu de sa longueur.
Dans quelques autres expériences, il nous est arrivé de pincer les anses pour
juger de leur degré de contractilité et nous provoquions, par là, des contractions
circulaires, à ce niveau (expérience 17* par exemple). Toutefois, nous devons
ajouter que, dans la plupart des manipulations auxquelles nous soumettions
l'intestin, des phénomènes analogues à ceux que nous venons de signaler ont
presque toujours fait défaut et nous ne remarquions rien desaillant à noter à
cet égard.
Deuxième cas. Dans quelques-unes de nos expériences, nous avons vu qu'à
peine une portion plus ou moins considérable du tube digestif avait été étalée
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18 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
au dehors, sa couleur, d'un blanc sale à la sortie, prenait bientôt une
teinte hleuâlre^ en même temps que le volume des circonvolutions augmentait
notablement par l'engorgement de leurs vaisseaux. Généralement, pourtant,
Touverture qui leur avait donné issue était assez large pour permettre le jeu
facile des bouts des anses amenées au jour; et s*il y avait le moindre doute .
à cet égard, il ne resterait pas debout en présence des conditions exception-
nelles réunies dans la 29« expérience. On dirait donc qu*en pareille occurrence,
le seul contact de Tair joue un rôle pernicieux en paralysant les tuniques vas-
culaires et en enrayant les contractions des plans, musculaires de Tinlestin.
Par contre, il est arrivé que malgré Pétroiiesse de l'anneau, Panse et ses vais-
seaux n*ont pas changé de volume (expérience 6^) ; résultat qui viendrait à
Tappui de la proposition précédente, puisqu'un certain degré de constriction
n\i pas suffi pour amener un afflux de sang plus considérable, tandis qu*en
d'autres circonstances, un anneau relativement large a été accompagné d'une
turgescence notable des mêmes parties.
Cette influence nocive de l'air atmosphérique est donc bien établie, et,
à preinière vue, les conséquences qui résultent d*un fait de cette nature,
acquerraient un haut degré de gravité. En effet, si l'intestin ne peut impuné-
ment être découvert, on en arrivera à proscrire l'ouverture du sac dans la
kélotomie; dès lors aussi^ la méthode du taxis progressif s'armera de nouvelles
ressources et ses partisans resteront plus que jamais convaincus des dangers
de la kélotomie classique. Mais qu'on veuille bien le remarquer, cette déduc-
tion est moins logique qu'elle ne parait, car les modifications subies par les
vaisseaux des tuniques intestinales, toutes réelles et persistantes qu'elles soient,
n'entraînent par elles-mêmes aucun trouble sérieux et n'amènent pas forcé-
ment la péritonite. C'est ce qui résulte à l'évidence des curieux détails observés
dans ta 51*> expérience. Il est du reste remarquable que ces animaux ont pres-
que toujours survécu plus ou moins longtemps lorsqu'on n'avait pas lié les
anses; la constriction par le fil ou tout autre lien paraissant agir d'une ma-
nière plus nuisible que les anneaux pratiqués aux parois. Si nous rapprochons
ce défaut de réaction de ce qu'on remarque dans certains cas d'éventration,
sans lésions intestinales^ ainsi que de l'innocuité relative de l'ovariolomie^dans
laquelles des circonvolutions plus ou moins longues, sont mises à nu, on sera
bien forcé de conclure que l'ouverture du péritoine ne présente pas le danger
qu'on lui attribue, pourvu que cette séreuse n'ait pas au préalable subi d'al-
tération trop considérable. Ce serait donc, à vrai dire, les défenseurs de l'opé-
ration hâtive qui auraient à bénéficier des résultats de l'expérimentation,
puisqu'on ne pourrait plus désormais leur opposer l'objection qui forme la
base de l'argumentation de leurs adversaires.
{La tuite au prochain nwnéro.)
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. lî*
De quelques accidents graves, souvent mortels, consécutifs aux grandes
BRULURES; par le docteur Alphonse Bertherand, membre correspondant de
la Société^ à Paris (I).
Dupuylren, dont les leçons cliniques ont imprimé à l'étude chirurgicale des
brûlures, le cachet de son génie investigateur et méthodique, rapporte à quatre
chefs princ[paux : Virritalion^ Vinflamfnation, la suppuration, Vépuisement,
les complication^ redoutables qui, à quatre périodes de plus en plus éloignées
des ustions — trop étendues ou trop profondes pour ne déterminer que des
accidents locâux — peuvent menacer la vie des malades.
Si Ton réfléchit au nombre et à la nature des éléments anatomiques de la
peau, organe merveilleux de fonctions aussi délicates qu'importantes — sensi-
bilité, tact, exhalation, absorption, — on doit pressentir quel retentissement
périlleux la compromission, sur une grande surface, de cet appareil éminem-
ment nerveux et vasculaire, est susceptible d'apporter dans Tintégrité des phé-
nomènes vitaux.
Disons-le pourtant : au début de la pratique^ le jeune médecin, que n'ont
point encore averti de douloureuses catastrophes, se laissera volontiers imposer
par les apparences d'innocuité d'une large brûlure, dans ses phases initiales.
En effet, des topiques appropriés, un pansement judicieux, réussissent d'ordi-
naire à calmer la douleur, à modérer, à conjurer même les premières réactions
et les inquiétudes qu'elles suscitent. J'ai cédé, comme beaucoup d'autres, en
pareille occurrence, à l'espoir de mener A bonne fin des brûlures qui, respec-
tant le péricrâne, les yeux, les parois splanchniques, les grandes articulations,
(es parties principales du squelette, les gros vaisseaux, les nerfs volumineux,
me paraissaient se soustraire à de fâcheux pronostics. Mais les accidents de
toute sorte et les moins prévus se sont bientôt présentés à mon observation,
si communs et si gravesL, que j'en suis venu à ne plus me prononcer en
l'espèce.
Je me bornerai à rapporter un seul fait à l'appui de cette réserve.
Obs. I. — Un ouvrier-raffineur, d'ulie ville du Nord de la France, monte sur
UD escabeau, mal assujetti, contre une vaste chaudière destinée à la fusion du
sucre, qu'on y déverse en pains, par un mouvement de flexion du corps en
avant, de l'intérieur d'une hotte attachée au dos du porteur. Il perd l'équilibre
et tombe, le tronc emportant les jambes, les mains projetées instinctivement
devant lui, dans un récipient de sirop en ébullition. L'homme, qui le suivait
dans le travail, essaie de le saisir et de le tirer par les pieds qui dépassent le
rebord de la chaudière. Mais il s'y prend mal, ne peut y réussir seul, et les
(I) Voir Rapport de 31. Sacré, cahier de mai, p. 470.
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20 MEMOIRES ET OBSERVATIONS.
secours n'arrivant pas assez vile, il abandonne son malheureux camarade.
Celui-ci culbute en arrière dans le liquide bouillant, d'où on le sort enfin, les
bras, le dos, les fesses el le bassin horriblement brûlés. Les mains et les avant-
bras particulièrement, qui avaient subi l'immersion la plus longue, offraient
des ustions au troisième degré. Venaient ensuite, dans Tordre de gravité :
les plaies du dos, au deuxième degré; celles des reins et du bassin, au
premier.
Des médecins, accourus de toutes, parts, s'empressèrent de recouvrir le
blessé de larges pièces de ouate enduites d'un finiment oléo-calcaire. Au bout
d'une heure, les douleurs affreuses du premier moment étaient sensiblement
amoindries. Mais le patient, en proie à une horripilalion générale, accusait une
indescriptible sensation de froid par tout le corps, les mains exceptées, où
l'ustion avait été le plus prononcée. On accumula sur lui force couvertures :
quatre ou cinq heures après, les tremblements nerveux avaient cessé. Le mal-
heureux, calmé, se disait assez bien. Son pouls de précipité, irrégulier et inter-
mittent, était redevenu égal, à cent vingt pulsations. L'intelligence parfaitement
intacte, il put causer, avec l'assistance, de l'accident et des conséquences qu'il
en appréhendait quant à la conservation de son emploi. Après l'avoir rassuré,
on renouvela quelques parties du pansement, avec le même Uniment oléo-caU
caire, additionné de Laudanum. La situation parut ne pas réclamer d'autre
traitement externe. Prescription faite, d'une potion anodine, on remit la visite
au lendemain. L'opportunité de pratiquer une saignée préventive fut bien
agitée; mais le moyen d'atteindre une veine du bras, au milieu des tissus
désorganisés de cette région? On songea aux veines saphcnes du pied.
Toutefois, vu l'absence de toute manifestation cérébrale, l'idée n'eut pas de
suite.
Jusque vers deux heures de la nuit, tout se passa bien. Puis, incontinent,
l'agitation se déclare. Le malade essaie vainement d'uriner; il parvient à grand
peine à expulser quelques gouttes. Il entre en délire,, se démène et se débat
dans un désordre horrible, tombe ensuite dans l'immobilité et expire vers six
heures du matin.
L'intervention d'une femme éplorée ne permit pas de demander l'autopsie,
et des raisons de même ordre ne m'ont pas, dans ma pratique privée, laissé la
latitude d'opérer des recherches nécroscopiques, en pareilles eirconstances.
J'en suis donc réduit à des réflexions conjecturales sur ce qui a pu, ici comme
ailleurs, déterminer aussi rapidement un dénouement fatal.
J'ai vu périr, dans les mêmes termes, ou à peu près, la plupart des petits
enfants fortement brûlés. Si quelques adultes ont mieux résisté, ou du moins
ont lutté plus longtemps, les uns et les autres ont exhibé des troubles extrêmes
de toute l'économie. Plusieurs fois, chez des sujets que la combustion avait
atteints aux extrémités, et qui n'avaient pas succombé dans les premières
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 21
heures à la douleur et aux réactions cl*.une désorganisation profonde, le tétanos
s*est déclaré quelques jours après, et les a emportés.
La nalure et la marche des phénomènes observés, dans le fait détaillé plus
haut et qui constitue, d'après mon expérience, un type assez fréquent, ne me
paraissent pas justifier l'idée d*une mort par congestion pulmonaire. L'as-
phyxie, qui apparaît ici aux dernières périodes de la vie, succédant toujours à
une phase d'exaltation suraiguë, me semble procéder beaucoup plus vraisem-
blablement d'une atteinte brusquement infligée à l'innervation. Ce qui domine,
en efl'et, la scène agitée et confuse des symptômes, c'est la souduineté, Tinten-
site des désordres fonctionnels, prompts, violents comme la nalure même du
traumatisme qui les a produits. Quelques heures suffisent à l'anéantissement
de réire. Après les spasmes, les convulsions de la douleur, portés à leur
paroxysme, soit dans une accalmie — apparence trompeuse d€ l'épuisement,
soit après une exacerbation que rintermiltence ne ramène que trop souvent,
la respiration devient tout à coup précipitée, bruyante : on dirait qu>llc se
raccourcit à vue d'œil. Telle je l'ai observée chez des sujets dont les bnîlures
n'avaient point endommagé gravement les muscles pectoraux et dont les mou-
vements d'amplialion thoracique ne se trouvaient donc point traumatiquement
empêchés.
La difficulté, sinon l'arrêt complet de la miction, alors qu'on n'a nullement
à vaincre une rétention de l'urine, frappe, dans la part à (aire aux manifesta-
tions morbides, et ce ne sont pas toujours les contractions abdominales qui
font défaut à l'accomplissement de la fonction ; car j'ai noté la dysurie chez
de» sujets dont le ventre avait été intégralement épargné par le feu. On serait
autorisé à croire que l'urine n'est plus sécrétée?...
Dans cette longue série de désordres, aussi violemment accusés, douleurs
extrêmes au début, puis, successivement, frissons, paralysie de la respiration,
abolition de la sensibilité, arrêt d'une sécrétion iuiporlante, paroxysmes irré-
guliers, etc., évolués parfois en moins de temps que je n'en mets à les exposer,
ne faut-il pas reconnaître une atteinte d'abord locale, généralisée bientôt, de
l'influx nerveux?
Je prévois d'ici l'objection, et peut-être moi-même semblerai-je l'avoir sous-
lignée, en relatant, plus haut, cette particularité : le calme général, la suspen-
sion de la douleur, après les premiers pansements opérés. Qu'on ne s'y mé-
prenne pas cependant! Cette sédation je la croirais volontiers spécieuse. Elle
pourrait fort bien, j'imagine, n'avoir d'autre raison de soir apparence que la
participation ultime de l'encéphale à la perturbation déterminée par l'accident,
dans un grand nombre des ramifîcations périphériques du système sensitif et
innervaleur : d'où, non plus l'apaisement de l'irritabilité, mais Tabolition de
la perception de celle-ci, comme celle de l'influx nerveux. Et quand je consixière
les troubles de la vie de nutrition, que j'ai vus compliquer presque constam-
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22 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
ment, à des degrés divers, ia scène de ces désordres inéluctables, je me de-
mande si le trisplanchniqfie tout entier ne sabit pas,*à son heure, Tinfluence
progressive du coup qui a comme sidéré le principe de la vie? — Quoiqu^il en
soit de cette interprétation et quelle qu'ait été la cause efficiente de la termi-
naison funeste, dans le cas essentiellement grave que je viens de rapporter,
d'autres faits, non tous marqués par une issue fatale,* ont plusieurs fois ramené
mon attention et mes investigations, sur le retentissement profond des grandes
brûlures, dans Tensemble fonctionnel de Téconomie : Je résumerai brièvement
ces observations.
OfiS.'ll. — Je fus appelé, en toute hâte, étant à Sétif (Algérie) en 1859,
près d*un jeune enfant de huit ans, qui ayant plongé, imprudemment, les extré-
mités inférieures dans un pédiluve presque bouillant^ pendant que sa mère
allait chercher de Teau froide pour l'attiédir, s'était affreusement, brûlé les deux
pieds, jusqu'au-dessus des chev-illes. L'immersion immédiate des parties, dans
un liquide réfrigérant, n'empêcha pas la formation d'énormes phlyctènes, qu'il
fallut ouvrir et dont les plaies furent longues à se cicatriser, par suite de Téli-
mination fort lente de portions de tissu cellulaire mortifiées. Les phénomènes
de réaction générale éveillèrent une fièvre ardente,, déclarée le second jour
seulement, accompagnée de douleurs violentes dans l'hypogastre, sécheresse du
gosier, toux succussive et sans expectoration, ténesme rectal et vésical : urines
très rares et d'un rouge-brun foncé.
Tous ces symptômes, combattus par les moyens appropriés, s'étaient suc-
cessivement amendés et les plaies des pieds se trouvaient en belle voie de cica-
trisation, lorsque, vers le vingtième jour de l'acciiient^ l'enfant accusa de ia
douleur aux parties génitales. Nous les reconnûmes en effet Irès-tu méfiées et
œdématiées. L'extrémité du fourreau de la verge était épanoui et infiltré,
comme on l'observe d'ordinaire dans le phymosis vénérien. Les deux côtés du
scrotum, volumineux, rénltents, contenaient de la sérosité^ ainsi qu'il nous fut
facile de nous en assurer, par l'épreuve de la lumière. L'hydropisie des bour-
ses augmenta pendant deux jours encore, en même temps que le ventre, bal-
lonné et météorisé, devenait le siège de coliques incessantes. Les fosses iliaques,
soumises à la pression, accusaient un bruit de gargouillement prononcé, parais-
sant du au déplacement d'une certaine quantité de liquide. Le malade éprouvait
du malaise et de fréquentes envies de vomir.
Un traitement, aussi énergique que possible, par les purgatifs, les diuréti-
ques, à haute dose, et les diaphorétiques, triompha heureusement de cette
situation. L'œdème du scrotum avait cédé complètement au bout de douze jours.
L'abdomen demeura empâté, jusqu'au moment où se manifesta une véritable
polyurie critique et tout rentra dans Tordre normal.
L'âge du sujet, l'absence de toute cause traumatique locale, ne justifient-ils
pas ici l'idée d'une hydrocèle réellement mélastatique?
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. !23
Ofis. III. — En 1851, à Thôpital militaire de Strasbourg, on apporta, dans
mes salies, un jeune soldat qui, de service aux cuisines du quartier, avait, en
se retournant brusquement, mis le pied droit dans une marmite de soupe
bouillante. Il fajtut un certain temps pour le relever de la chute qui suivit
Taccident, et le contact du liquide brûlant se trouva prolongé ainsi, sur le
membre immergé. Après les premiers soins donnés assez imparfaitement, le
blessé fut installé, sous ma direction et je constatai que le pied tout entier^
des orteils jusqu'au delà des malléoles, était couvert de nombreuses phlyc-
tènes. Je calmai les douleurs aiguës, à l'aide d*embrocations oléo-calcaires
laudanisées, recouvertes d'une épaisse carapace d'ouate, sur laquelle on entre-
tint, huit heures durant, des morceaux de glace. Le lendemain matin, le
patient^ ne souffrait plus et je pus vider partiellement la sérosité sous-épider-
miquc, en pratiquant, sur les phlyctènes, des mouchetures multipliées. La
fièvre s'apaisa promptement et tout sembla devoir se passer régulièrement.
Au cinquième jour, un commencement de toux avec point douloureux sous
le téton droit, anxiété, dyspnée, frissons, me conduisit à examiner la poitrine.
Je trouvai de la matité dans la moitié inférieure de la cavité thoracique cor-
respondant au point indiqué, bruit vésiculaire étouffé, bourdonnement lointain
en bas, œgophonie en haut et en arrière.
Le décubitus gauche était impossible, la peau sèche et brûlante, la langue
rugueuse, les urines chargées, très-rares, enfin, malaise général, chaleur acre
à la surface du corps et, de temps à autre, quelques hori*ipila lions très-pé-
nibles.
L'hydro-pleurésie était évidente, et la brusquerie même de son évolution
dictait une thérapeutique énergique. Nous ne ménageâmes ni les vésicatoires
ni les diurétiques, dont la dose fut portée jusqu'à effet purgatif. Il nous fut
impossible de provoquer, par les voies urinaires, une de ces hypercrinies cri-
tiques qui sont la porte de salut des épanchemenis des grandes cavités. Le côté
gauche de la poitrine se prit bientôt et Tépi^nchement l'envahit avec une vio-
lence inouïe. La pneumonie intervint à son tour et le malade succomba comme
asphyxié, trente sept jours après Taccident.
L'autopsie fit reconnaître un épanchement double, plus considérable à gauche
qu*à droite, où le travail, antérieur mais incomplet, de résorption, avait
abouti à de fausses membranes et à des adhérences. Les reins étaient visiblement
mous et décolorés ; la vessie contractée, comme revenue sur elle-même et très-
réduite dans son volume; un peu d'irritation du col.
OfiS. IV. — Une jeune fille de dix- huit ans, bien constituée et normalement
réglée, jouissant d*habitude d'une santé parfaite, répand sur elle, en voulant
Tenlever du fourneau, une casserole remplie d'eau bouillante, et le liquide
brûlant inonde toute la partie antéro-supérieure du corps, depuis l'épigaslre
jusqu^au pubis. Accourue à ses cris, une voisine la dépouilla de ses vêtements,
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24 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS
mais pas assez vite, queiqu*empresséc qu'elle fût, pour que le liquide n*ait eu
le temps de désorganiser profondément les légumenls aspergés. Appelé à don-
ner mes soins à la blessée, je constate trois larges ampoules disposées en forme
de trèfle de carte à jouer, entre la pointe du sternum et Tombilic et quantité
de vésicules plus petites, sur les flancs, Thypogastre et les plis inguinaux, par-
ties vers lesquelles l'eau bouillante est parvenue moins directement et plus
divisée.
J*agis, comme dans les cas précédents, pour combattre d'abord les douleurs
vives et, les jours suivants, j^évacuai la sérosité des phlyctènes de second
ordre. Quant à celles de première grandeur, elles s'ouvrirent d'elles-mêmes,
laissant à nu des portions de derme et de tissu cellulaire mortifiées, vouées à
une élimination naturellement lente, d'où devaient résulter des plaies non
moins longues à se cicatriser.
J'étais arrivé au trente-deuxième jour du traitement, parfaitement maître
des phénomènes de réaction, fièvre, nervosité extrême, état saburral des voies
digeslives, et les choses marchaient à souhait, quand, sans cause incidente
appréciable, des douleurs Irès-aiguës se déclarèrent tout à coup, dans les prin-
cipales jointures, accompagnées d'un sentiment marqué de pesanteur aux
lombes et dans les fosses iliaques. Nous étions arrivés a l'échéance menstruelle
et autorisés à croire, jusqu'à un certain point, à un retard des règles, par
cause traumatique. Le sang manquait, en effet, et ta malade percevait, dans
la région ano-vaginale, une ^ène notable, avec ténesme, envies fréquentes
d'excrétion, mais sans résultats satisfaisants.
Sous l'influence des purgatifs, du nitrate de potasse et de ta digitale, de
frictions mercurieltes belladonnées, l'éréthisme général s'amenda ; le pouls
décrut sensiblement : nous obtînmes des selles assez copieuses, mais point de
menstrues et peu ou pas d'urines. J'eus recours alors aux emménagogues
usités, à la stimulation cutanée topique, qui déterminèrent l'apparition
d'un écoulement blanc-rosé, assez abondant pour produire un soulagement
marqué.
La convalescence nous réservait d'autres péripéties : le genou gauche qui
était resté particulièrement sensible, se tuméfiait à vue d'œil et, vers le qua-
rantième jour, exhibait un épanchement synovial considérable, sans avoir
présenté les phénomènes précurseurs de l'arihrite inflammatoire. Celte hydar-
throse métastatique^ dont l'évolution coïncida avec la disparition de toutes les
autres arthrodynies, fut très rebelle et ne céda qu'au bout de plusieurs mois,
à un traitement des plus énergiques^ vésicatoires répétés, moxas, compression,
pointes de feu, etc., etc. Nous redoutâmes plusieurs fois la transformation en
tumeur blanche, et la malade dût s^estimer heureuse de se tirer d'afl^aire avec
une fausse ankylose, dont les bains, la gymnastique^ le massage, le temps
surtout, ont fini par avoir raison.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 25
Obs. V. — En 1869,. dans un atelier de Paris, un ouvrier reçoit, en plein
dos, la vapeur d'un tuyau de dégagement, maladroitement ouvert derrière lui
par un de ses camarades. Déshabillé incontinent et plongé dans une cuve
d'eau froide, il n'en présente pas lîïoins, à mon arrivée, une vaste- et horrible
plaie, de 58 centimètres de hauteur, large de 15 à 22, dont la superficie
ressemble à une bouillie marbrée de gris et de noir. La douleur s'exaspère à
la sortie du bain et je ne parviens à la calmer qu'avec des applications d'ouate
glacée. L'insomnie et Tagitaiion de la nuit avaient développé, dès le lendemain^
un éréthysme fébrile, nerveux et congestif, tel, qu'il fallut pratiquer une large
saignée, pour conjurer l'encéphalite. Une rémission marquée s'en suivit' et,
huit jours après, l'état du malade était relativement bon. La plaie, générale-
ment dctergée, au fond de laquelle se montraient les reliefs dénudés de plusieurs
apophyses épineuses et d'arcs costaux, auxquels adhéraient -des lambeaux
d'aponévroses, offrait un aspect vermeil de bon augure. Des ilôts cicatriciels
apparurent peu à peu sur cette immense perte de substance et, sous Tinfluence
de pansements méthodiqties^ aidés d*un bon régime, toutes les fonctions s'opé-
raht bien, Tespoir d'une issue heureuse se consolida dans nos prévisions^ Subite-
ment, et pour ainsi dire sans prodromes, le ventre sVndolorit, se tuméfie et se
lympanise, la fièvre se rallume^ l'intestin et la vessie deviennent inertes, des
frissons, des iypothymies se déclarent. Le malade dit qu'il a « l'abdomen et
les reins serrés ». Ni les ventouses, ni les embrocations anodines, mercu-
rielles-belladonnées, le nitrate de potasse, la scille, le calomel, le bain de
vapeur sous le drap, ne parviennent à ramener la tranquillité et les excré-
-tions. Sur la demande du patient, le cathétérisme de la vessie est pratiqué,
mais presque sans résultat. L'ascite intervient bientôt et progresse avec une
intensité extrême: elle envahit le scrotum, puis les meml)rei inférieurs et,
malgré tous nos efforts, la mort, par une sorte d'asphyxie, termine, au onzième
jour, ce douloureux épisode.
Dne autopsie imparfaite opérée à domicile révéla l'existence d'épanchements
multiples dans Vabdomen, la plèvre^ le péricarde et le crâne. Les articulations
étaient intactes.
Les observations qui précèdent, auxquelles j'aurais pu en ajouter quelques
autres, n'eût été ma crainte d'allonger démesurément ce mémoire, suffiront, je
pense, au but que je me suis proposé : appeler l'attention des praticiens sur
les accidents qui peuvent compliquer les grandes brûlures et leur conférer une
gravité inattendue.
La mort, dans cet ordre de lésions nV.st pas à redouter seulement de la vio-
lence des troubles primordiaux de l'innervation et de la circulation, de
rhyperesthésie ou de la congestion des grands viscères. D'autres perturba-
tions, non moins redoutables se produisent aussi, à n'en pas douter, dans le
système sécrétoire : soit par U compromission sur une grande étendue desfonc-
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!2G MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
lions de Tappareil exhalant culané; soit que Tatlemle profonde imprimée à
Taxe cérébro spinal, retentisse,- en se propageant aux plexus ganglions du
trisplanx^hnique, sur Téquilibre fonctionnel des organes de sécrétion et d'excré-
tion.
LMUustre clinicien Delpech avait déjà entrevu, sans la définir, Timporlance
de ces èpiphénomènes^ dont Téclosion tardive, souvent inaperçue dans son
mécanisme préliminaire, avait plu3 d'une fois, à sa connaissance, emporté le^
malades, aussi bien aux premiers jours de l^accident que diins les dernières
phases d'une guérison presqu*accomplie. L*usage des diaphorétiques é;iergiqûes
lui paraissait avoir conservé un grand nombre de patients qui, selon les appa-
rences, encouraient les mêmes périls.
Pour me résumer en termes plus précis, je dirai qu1l convient, dans Tespèce .
' 1® De bien surveiller les fonctions perspiratoire et urinaire;
â° De s'efforcer, par tous. les moyens connQs, de ramener Iti dernière à ^on
mode normal si elle tend à s'en écarter négativement.
5.0 De parer avec non moins de sollicitude à la formation et au développe-
ment des suffusions séreuses des cavités splanchniqucs et articulaires.
Causerie médicale. — Dermatose gangreneuse scorbutique survenue aux mains
dans de singulières circonstances. — réflexions et citations diverses au
SUJET DE CE CAS ; par le docteur Liégey, membre honoraire de la Société^ à
Choisy-le-Roi (Seine).
Le 5 octobre 4874, dans l'après-midi, on vint me prier d'aller voir, à Thiais-
Choisy, le nommé D..., jardinier, qui^ me disait-on^ souffrait beaucoup aux
mains pour y avoir été griffé par des lapins.
Je le trouve au lit et je remarque, dès l'abord, ses mains étant à Jécouvert,
qu'il existe, sur le dos de chacune d'elles, une phlyctène du diamètre d'une
pièce de dix centimes, phlyctène blanchâtre sur la main droite, violacée sur la
gajjche, et, aux deux mains, entourée d'une auréole érylhémateuse prononcée,
mais avec peu de gonflement.
Cet homme, âgé de 53 ans, de taille élevée, de constitution sèche et de tem-
pérament bilieux, me donne, comme premiers renseignements, ce qui suit :
Jamais il n'a été malade; jamais il n'a eu d'affection cutanée, si ce n'est, par-
fois, au printemps, et sous l'influence de l'insolation, du prurit et de la rou-
geur aux oreilles, et du prurit aussi sur diverses parties du corps. Quand il lui
arrivait de se faire une blessure aux mains, en travaillant, il guérissait promp-
temenf. Comme beaucoup d'autres habitants des environs de Paris, il élève des
lapins. Ses lapins sont de grosse espèce et trés-vivaces. Le 50 septembre, en
voulant séparer les mâles des femelles, il fut griffé. au dos des deux mains symé-
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 27
triquement et superficiellement. N^éproiivant ni douleur ni inquiétude, il
reprit, immédiatement, dans le jardin attenant à la maison, le travail, d'ail-
leurs peu fatigant, qu'il venait de commencer. Le jeudi f oetorbre, se luonlra
de la rougeur avec un senlimenl de chaleur a l'endroit des excoriations, ce qui
n'empêcha pas hou plusD.... de travailler également au jardin, où il eut, alors^
les mains exposées à un soleil assez chaud. Le 2, les ampoules commencèrent à
se former. Le samedi 3, elles étaient un peu accrues, et, néanmoins, cet
homme, qui, avec sa profession de jardinier, cumule celle de musicien dans
les bals publics, partit en chemin de fer pour Etampes, petite ville située à dix
lieues de Choisy, où il n'était pas encore allé et où il passa entièrement la nuit
du samedi au dimanche et celle du dimanche au lundi 5, à jouer du trombone,
instrument a coulisses, qui, comme on le sait, exige qu'une main soit constam*
ment en mouvement tandis que l'autre reste immobile et élevée. Dans la nuit
du samedi au dimanche, sor^i, un moment, pour satisfaire un- besoin, de la
chaude tente servant de salle de bal, il éprouva un vif sentiment de froid.
Dans la matinée suivante, après s'être quelque peu reposé sur un lit, il alla,
par un temps froid, pluvieux et venteux, sur une hauteur pour jouir d'un beau
coup d'œil, et, non seulement se sentit de nouveau refroidi, mais éprouva une
augmentation de la lassitude générale que, même avant d'être griffé, il avait
commencé à ressentir par suite du travail pénible de la récolte des pommes de
terre. La seconde nuit, il souffrit beaucoup aux mains; les ampoules et la rou-
geur s'étaient accrues, et, tout en jouant de son instrument, il se sentait de la
fièvre, notamment une soif anormale. Il assure ne pas être adonné aux excès
alcooliques, ni à d'autres excès, et suivre habituellement un fégime convenable
quand il est chez lui ; mais il ajoute que, dans les bals, altéré par le jeu de son
instrument, la chaleur du local, la poussière, etc., il est obligé de boire assez
souvent, soit du vin, soit de la. bière, ce que, comme à l'ordinaire, il fit, à petits
traits, d»ns les deux nuits passées à Elampes, où, en outre, dans la soirée du
dimanche, malgré la situation dans laquelle il se trouvait, il bu( un peu d'eau-
de-vie après une tasse de café noir. Lq lundi 5, dans la matinée, à $on arrivée
chez lui, il a été forcé de se coucher immédiatement, tant étaient grandes sa
faiblesse et ses douleurs, douleurs accompagnées de chaleur sèche et qui
n^'avaienl pas lieu seulement aux mains, mais aussi sur certains points des mem-
bres inférieurs, où, cependant alors on ne voyait absolument rien.
A ma visite, c'est-à-dire quelques heures après son arrivée, il a une telle
hypéresthésie du dos dés majns à l'endroit des rougeurs eczémateuses, que le
moindre contact de rpes doigts sur ces points, augmente U souffrance, laquelle
.consiste surtout en un sentiment de brûlure qui varie, spontanément, beaucoup,
d'intensité et fait place parfois à une chaleur très-supportahie; toutefois, le
malade, jusqu'alors, n'a rien remarqué de régulier dans ces variations, non
plus que dans le type du mouvement fébrile et des douleurs des nâembres. En
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28 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
ce moment, il a le pouls accéléré, la peau^èche, la langue blanchâtre. Il existe
un peu de constipation depuis quelques jours. Je prescris le repos absolu, une
nourriture légère, le vin coupé d*eau aux repas^, de la limonade de citron, faite
à chaud, entre les repas; l'immersion,* pendant une heure, des mains dans de
Feau de sureau additionnée d*eau-de-vie, après quoi on saupoudrera les rou-
geurs avec de la fécule de pomme de terre et Ton entretiendra^ sur les phlyc-
tènes légèrement ouvertes, de la charpie imbibée d'eau-de-vie.
Sorti de la chambre du malade, je manifeste à sa femme le désir de voir les
lapins, pensant que, peut-être, la nocuité des griffures pourrait trouver, en
partie du moins, son explication dans un état de malpropreté des griffes de ces
animaux. Mais je vois ceux ci dans un local spacieux, sec et dont le sol est cou-
vert d*une bonne litière, et, ayant fait choisir parmi ces rongeurs les deux cou-
pables, je constate qu*ils ont les griffes parfaitement nettes.
bu reste, j*avais Tidéeque la production de ce double eczéma ou érythème
phlycténoïde à mauvaise tendance, devait surtout être attribué à une disposition
de la personne. Je songeai, tout d'abord, à la glycosurie; aussi, j'emportai chez
moi de t'urine pour l'analyser. Mais ni la liqueur cupro-potassique, ni la po-
tasse caustique ne me révélèrent la moindre trace de sucre, ei l'acide nitrique,
pas plus que la chaleur, ne me montra d'albumine. J'ignorais donc la cause ou
les causes principales de celte mauvaise tendance.
Sous l'influence du repos absolu, d'une purgation avec l'huile de ricin et des
moyens locaux que je viens d'indiquer, l'état fébrile, les douleurs et la double
dermatose phlycténoïde diminuèrent si rapidement et à tel point que, le 8, le
malade, que je tr'ouvai, au milieu du jour, dans la cour de la maison, médit
qu'il était parfaitement inutile de continuer mes visites, en ajoutant que, si
ultérieurement, cela allait moins bien; on me le ferait dire bientôt. Après avoir
constaté que les rougeurs sont dissipées et queles phlyctènes, affaissées, sont
à peu près complètement desséchées, je recommande néanmoins au malade de
(le ne passe pi'esser de travailler, et 'lui recommande aussi d éviter également
l'insolation et lé froid sur les mains quelques jours encore.
Le 15, dans la matinée, une personne qui vient de rencontrer D... dans la
nie, me dit : < Comme il est pâle! Il boite! ». Quelques instants après, je suis
redemandé pour cet homme, que, de nouveau, je trouve au lit et plus souffrant
encore que la première fois. Il avoue quMl ne m'a pas écouté; que, vivement
sollicité, il est vrai, par une de ses pratiques, il a travaillé, le 11, quatre heures
consécutives, dans un jardin du voisinage*, où il luaniait le râteau et la brouette
et avait les mains exposées au soleil, assez chaud aussi, ce jour là, bien qu'il
fît très fraisa l'ombre. Les deux phlyctènes, alors de l'étendue d'une pièce de
cinq francs en argent, et également entourées d'une auréole inflammatoire mais
œdémateuse, ont tout à fait Taspect gangreneux, et une légère ponction en fait
écouler du sang violacé désajjréablemeat odorant.
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MEMOIRES ET OBSERVATIONS. 2î>
Je mets le malade à l'usage du quinquina par la bouche, et je fais badigeon-
ner le dos des mains avec la teinture d'iode mêlée à la glycérine.
Le 16, malgré l'emploi de ces moyens et la siricte exécution des précautions
hygiéniques, les phlyetènes continuent à s'éténd're, ce que je constate le 17,
ao matin. Alors le malade, interrogé de nouveau sur la marche des accidents
et aussi au point de vue des accès de fièvre ayant de la régularité, tne raconte
ce qui suit : Chacun des trois jours précédents, vers la même heure de l'après-
midi et jusqu'à une heure variable de la nuit, il a éprouvé, avec une grande
chaleur générale sèche, précédée d'un Trisson, non-seulement l'augmentation du
seulimenl de brûlure et des douleurs lancinantes du dos des mains, mais aussi
des sensations analogues sur des points variables de la partie antérieure des
jambes, où, alors, comme.au bas des cuisses, je constate de nombreuses taches,
les unes violacées, les autres jaunâtres, les unes len(iculaire$et les autres plus
ou moins étendues et resseniblanl tout à fait à des taches résultant de contu-
sions, taches enfin, entremêlées d'une éruption miliaire-prurigineuse peu
abondante. Le malade me dit qu'après chacun de ces paroxysmes ou accès, la
rougeur et les phlyetènes s'étendent. L'existence des taches ecchymoliques me
donnent l'idée d'examiner les gencives et les dents. Celles-ci, rares et noi-
râtres, sont déchaussées et celles-là sont bleuâtres, boursouflées, en suppu-
ration et donnent à l'haleine une odeur insupportable. Le malade explique cet
étal des dents et des gencives par l'efl^etde la pression de l'embouchure de cuivre
de son instrument et dit que tous les musiciens un peu âgés qu'il connaît, sont
tous dans le même cas. Pour moi, sans nier absolument l'influence nocive de
cet instrument à vent qui, outre son dur contact et son action localement un
peu toxique, agit sur les organes de la bouche à la manière d'une ventouse,
j'y vois surtout quelque chose d'analogue au cachet scorbutique, et c'est même
par la diathèse scorbutique que j'explique alors l'état gangreneux de la derma-
tose des mains. Ma voie se trouve doublement tracée au point de vue thérapeu-
tique : c'est à un traitement interne à la fois anti-scorbutique et tonique que
je dois avoir recours. Le quinquina en substance réunissant cette double pro-
priété, je pourrais peut-être me borner, en élevant les doses, à l'administration
de ce médicament; mais je juge plus à propos d'y joindre le sulfate de qui-
nine (70 centigrammes) que le malade prendra dans le café noir avec le quin-
quina en poudre. On s'abstiendra de tout traitement local autre que les lotions
avec l'eau-de-vie.
Bientôt après ma visite, malgré son état de faiblesse qui fait que sa marche
ressemble à celle d'un homme ivre, D... se trouve obligé de se transporter à la
mairie, puis à l'église, pour le mariage de son fils, et la même circonstance le
force à rester levé une grande partie de raprès-midi et l'empêche de prendre
ses remèdes ce jour-IA.
Le 18, au matin, il me dit qu'il a plus souffert et plus longtemps encore que
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30 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
précédemment aux mains vi aux membres inférieurs. Je constate un nouveau
progrès des plilyclènes; mais, en ce moment, il ne souffre à peu près plus et se
trouve sans lièvre. Même prescription.
Visite du 19, au malin. Il a peu souffert aux mains, et aux miembres, la sen*
satioD moins douloureuse également, a lieu exclusivement au-dessous des
genoux dans des points Irès-limilés mais hyperesthésiés; la moiteur qu'a déter-
miné le mouvement fébrile a été prononcée. Les phlyctènes n^ont pas fait de
progrès sensible; mais il est arrivé dans la nuit un accident, bien peu impor-
tant par lui-même, mais dont l'effet, s'il en était besoin encore, contribuerait
à montrer Texislence d'un étal morbide général, d'un étal diatbésique.lln jeune
chat, comme cet animal avait coutume de le faire, s'est introduit la nuit dans le
lit, et D..., en le chassant, a été griffé au bas de la jambe droite, où je remar-
que déjà une plaque érylhémateuse assez étendue, laquelle^ je me hâte de te
dire, n'a pas tardé à se dissiper. Même traitement. Comme antérieurement, vin
coupé. d'eau ou de limonade pour boisson et nourriture déjà substantielle favo-
risée par la conservation de Tappétil.
Visite du âO. Dans la soirée de la veille et jusqu'au point du jour, douleurs
assez vives aux mains et douleurs supportables, tantôt à l'un, tantôt à l'autre
des membres inférieurs, principalement au dessous du genou. Comme je
m'étonne de cette nouvelle aggravation qu'a suivie un peu d'élargissement des
phlyctènes, le malade me dit que, vers le milieu du jour, se trouvant. plus fort
et ne souffrant nullement, il s'était permis de faire, au soleil, une promenade
dans le jardin de la maison, promenade au retour de laquelle, immédiatement,
sont revenues toutes les douleurs et la fièvre, lesquelles n'existent plus djj tout
actuellement. Même traitement médical et hygiénique; garder jusqu^à nouvel
ordre la chambre, dans laquelle même on entretiendra une température aussi
égale que possible.
Visite du 21, il n'y a eu presque ni fièvre ni douleur, mais une bonne tran^- •
piration, et les phlyctènes semblent de nouveau s'être arrêtées. Le quinc|uina
sera pris seul ; régime ut suprà.
Visite du 2!2, toujours le matin. 11 y a eu la veille quelques douleurs dans la
soirée et dans la nuit, à la région tibialc gauche et aux mains; l'escharre de la
maiu gauche s'est un peu accrue. Nouvelle adjonction du sulfate de quinine au
quinquina.
Le 25. Il ne s'est produit ni douleur nulle part, ni chaleur fébrile, mais
seulement une sueur très^prononcée: Les escharres, noires et dures comme du
cuir brûlé, ne se sont nullement étendues, mais il s'est produit de petites
vésicules sanguines au pourtour.
Le 24. < Je me trouve bien actuellement, dit le malade, mais hier et jusqu'à
une heure avancée de la nuit, j'ai souffert aux mains. • Questionné sur la
nature de ses douleurs, il m'apprend qu'elles n'étaient pas tout à fait les
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 31
mêmes que précédemment; que moins accompagnées de la sensation de chaleur
brûlante, elles s'accompagnaient parfois d'une sensation de battements comme
celle qui se produit dans un mal qui veut percer. Ayant légèrement incisé quel-
ques points saillants du bord des escharres, je vois s'écouler, non plus de la
sérosité sanguinolente ou du sang décomposé, mais un liquide commençant à
ressembler à une bonne suppuration. Dès lors je regarde le mal comme conjuré,
ce qui ne m'empêche pas de faire continuer encore le traitement sus-îndiqué,
auquel je joins Tusage de la limonade suifurique pour gargarisme et pour
boisson, sans supprimer le vin. '
Les ^5, 26 et i7, le mieux continue, cVst-à-dire que, pendant ce laps de
temps il n'y a que de bien légères et fugitives douleurs et' la continuation de la
transpiration critique. Ce dernier jour, je coupe avec mes ciseaux des portions
d'escharres soulevées et sous lequelles se voient des bourgeons chàrnusde bonne
nature. Même traitement, mais diminution des doses quiniques.
Le 29, j'enlève dé la même manière de nouvelles portions d'escharres, sous
lesquelles le tissu cutané s'offre également sous un bon aspect.
Le 50, le malade me dit que, la nuit dernière, pour la première fors, il
a pu tenir sous les couvertures du lit, sans en souffrir, ses mains, sur le dos
desquelles antérieurement, il ne pouvait même supporter le linge le plus
léger. ,
Le reste des escharres se fendille et se soulève, et l'on voit ça et là un nouvel
épiderme. Les forces sont en grande partie revenues. Dans cette visite, la
femme du malade me fait remarquer que depuis quelques jours les taches
ecchymotiques non-seulement se sont encore accrues aux membres inférieurs,
mais se manifestent aussi, moins nombreuses, il est vrai, aux membres supé-
rieurs. Tout en constatant ce fait et la dessication des petites vésicules béma-
leuses, je remarque aussi que ces taches, dont quelques-unes sont fort éten-
dues, n*ont plus une teinte aussi violacée que lorsque les mains se trouvaient
dans un fâcheux état.
Ces taches, qui passaient de la couleur violacée ou rouge, ou rose à une
teinte jaunâtre, se reproduisirent, pendant quelque temps, par poussées suc-
cessives, ainsi que l'éruption miliaire prurigineuse, qui persista après elle et
se montra surtout aux mains et que je considérai comme critique, ainsi que la
sueur à laquelle, pendant quelque temps aussi, le malade fut sujet. Celui-ci
n'offrit plus guère à remarquer autre chose, si ce n'est la continuation, mais
à un degré moindre, de l'état morbide des gencives, quelques douleurs articu-
laires dans les doigtsiel le retour d'une migraine de courte durée, mais assez
fréquente, qu'il n'avait pas éprouvée depuis le début de l'affection des mains.
Toutefois, ce ne fut que vers le milieu de décembre qu'il put se livrer à quel-
que travail et en prenant la précaution de conserver des gants à cause de la
sensibilité du dos des mains.
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32 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Réflexions et citations diverses au sujet de ce cas : On peut Tenvisager
sous les points de vue suivants :
i"* De la qualification de la dermatose des mains. Je crois qu*on peut
donner à cette dermatose le noti) d*érythème ou d*éezéma phlycténoïde gan-
greneux, car on voit, sur ces parties, d'abord se produire une rougeur érythé-
matheuse ou eczémateuse, puis des pblyctènes, et ces pblyctènes, à marche
envahissante, offrir le caractère gangreneux.
2» De rétiologie^ qui se décompose ainsi qu'il suit, à mon avis du moins :
A. La petite Cause traumatique, c'est-â-dire les égratignurcs faites par les
lapins. Cette cause n'a, bien évidemment^ été que Toccasiôn du double éry-
Ihèmç, comme eussent pu l'être des égratignures^ des piqûres pa^r des
rosiers, etc. Bien souvent, de nos jours, de petites causes matérielles ont été
suivies de grands effets : pour ma part, tant dans le journal de la Société des
sciences médicales de Bruxelles qu'ailleurs, j'ai cité un grand nombre d'exem-
ples de ce genre, observés en Lorraine, et parmi lesquels il s^en trouve de rela-
tifs à des affections charbonneuses, gangreneuses.
Bi» La constitution médicale alors régnante. Dans le cahier de novembre
1874 du journal précité, se trouve un article intitulé : Plusieurs constitutions
médicales pyogéniques et dermatosiques, La maladies aphtheuse ou cocotte
dansVespèce humaine. Entre autres choses, il y est.parlé d'un érythème phlyc-
ténoïde épidémique, que j'observais depuis quelque temps à Choisy-le-Roi,
après l^avoir observé longtemps auparavant dans la Meurthe et les Vosges, éry-
thème affectant principalement les extrémités, se produisant souvent à l'occa-
sion de causes minimes, et parfois sans cause déterminante connue, et offrant
parfois aussi un mauvais aspect. Depuis l'envoi, à M. le Rédacteur principal,
de mon article, il s'est produit, encore, à ma connaissance, divers cas de cet
érythème à Choisy. En voici un dont D... m'a parlé lui-même :
Obs. I. — Une femme, jeune encore et de bonne santé habituelle, qui,
chaque jour, lui apporte son pain, lui montra, \\\\ jour qu'il était encore'au
lit, les traces récentes qu'avaient laissées A ^'une de ses jambes de larges
ampoules entourées d'une auréole inflammatoire, venues sans cause détermi-
nante connue, qui avaient été de longue durée et avaient causé beaucoup d'in-
quiétude à cause de leur couleur violacée.
Obs. II. — Récemment aussi, c'est-à-dire à la fln d'août, succomba à la gan-
grène d'une des extrémités supérieures, un homme d'une cinquantaine d'an-
nées, de constitution robuste, mais obèse, qui habitait la même rue que D...,
mais à une certaine distance. Voici ce que j'ai appris sur le compte de cet
bouime. Adonné aux excès alcooliques, il était diabétique. L'été dernier, il se
trouvait, depuis quelque temps déjà, atteint d'une ulcération sous la plante de
Tun des pieds, quand, selon son habitude, il se mit les jambes dans la Seine
pour pêcher à l'épervier. L^ulcération ne tarda pas à se dissiper presque
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 35
enlièremenl. Dans les premiers jours d*oclafore, il vit se produire à l'un de
ses indicateurs une inflamoialion s'offrant d'abord sous Taspecl du mal d'aven-
ture et qu'il pensait devoir être .attribuée à la présence de quelque petit corps
étranger, mais où un voisin, examinant attentivement avec une loupe, ne vit
absolument rien, même après avoir fait une petite ouverture dans une sorte
d'ampoule. L'enflure faisant des progrès, le malade consulta un médecin d'une
petite localité voisine, lequel fut tout étonné qu'au lieu de pus qu'il pensait
trouver, il ne sortit, par l'effet d'une incision assez profonde, que du sang et
de la sérosité. Effrayé de la nature de ce panaris, il engagea cet homme à aller
immédiatement se faire traiter à Paris, où le malade entra bientôt dans une
maison de santé. Malgré tout ce que Ton y fil, la gangrène devint évidente,
envahit rapidement la main et une partie de Tavant-bras, et le malheureux suc-
comba après avoir éprouvé les plus horribles souffrances.
Une personne exempte de fâcheuse diathèse en aurait sans doute été quitte
pour un simple panaris ou éryihèmè pblycténoïde simple. En Lorraine,
chez plusieurs |)crsonnes de ma clientèle^ atteintes de glycosurie ou de
scorbut, la gangrène plus ou moins étendue, avait eu un érylhème pblycténoïde
ou un érysipèle pblycténoïde, d'apparence bénigne d'abord, pour point de
départ. Chez D...,aussi,J'érytbème, produit à la suite de légères égratignures,
parut d'abord simple, et il serait sans doute resté tel sans, surtout, l'état dia-
thésique antérieur, élément étiologique que je vais également envisager.
Ç. Vétat diaîhéêique. Ayant vu, il y a une douzaine d'années, en Lorraine,
deux giycosuriqûes succomber à la gangrène ; ayant vu, postérieurement, dans
les écrits de mon savant ami Marchai, de Galvi, le regretté fondateur et rédac-
teur en chef de la Tribune médicale, qu'il est une diathèse glycosurique et que
la gangrène en est souvent une conséquence, je pensais, à l'aspect de ces phlyc-
tènes de mauvaise nature, rencontrer du sucre dans l'urine de D... ; mais, non-
seulement je n'en ai point trouvé par l'analyse dont il a été parlé tout à l'heure,
mais cette substance, de même que l'albumine, a également fait défaut dans
plusieurs autres analyses faites ensuite et à diverses dates; voyant bientôt les
maculatures sanguines, les ecchymoses variées et spontanées des membres infé-
rieurs se joindre à l'état morbide, déjà ancien, des gencives et des dents, l'idée
me vint que j'avais affaire à une diathèse scorbutique en acte, pour me servir
d'une expression favorite de Marchai, de Caivi, ou à quelque chose de très-
analogue dans le genre péliose. •
Alibert reste, à mes yeux et aux yeux de bien d'autres, je crois, un grand
maître dans la pathologie dermatosique, malgré les changements qu'elle a subis
depuis la mort.du savant clinicien de l'hàpitai Saint-Louis. Je consulte souvent
sa Monographie, et, par exemple, je l'ai consultée dans ce cas particulier. Au
mot Scorbut, dans la table des matières, il est mis : Scorbut rouge, voyez
Pélîose. Alibert divise la Pèliose, premier grnre de son groupe de dermatoses
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34 MÉMOIRES £T OBSERVATIONS.
Iiémaleuses, en trois espèces, qui sont : « 1<> la péliose vulgaire, dermatose
que Wi|lan désigne sous le nom de purpura simplex que l*on a encore appelé
scorbut rouge ; '2^ la péliose hémorrhagique, dans laquelle les taches nom-
breuses et de dimensions variables offrent les couleurs livide, brune ou noirâtre,
dont quelques-unes sont semblables à des ecchymoses spontanées et qui peu-
vent aussi se manifester sur le système muqueux : ainsi, il arrive de voir les
gencives bleuâtres, boursoufflées, en suppuration; 5<* la péliose contuse... » .
La péliose de D... est évidemment de la seconde espèce. La peau des mem-
bres de cet homme a présenté, au moins en partie, identiquement ce qui est
décrit dans le passage suivant de l'ouvrage précité : < Après des prodromes
variables (malaise général, paroxysmes fébriles, etc.), la peau commence par
présenter des taches pourprées ou livides. Ces taches ressemblent à des macu-
latures qui proviendraient d'une contusion : elles simulent des vergetures com-
parables à celles qui paraîtraient sur une peau qu*on aurait percutée. Au milieu
de ces sortes de meurtrissures, se trouvent des tadies de [fetite dimension. Ce
sont d'abord les jambes qui sont affectées; ensuite les cuisses, les bras, le dos,
la poitrine et le ventre; rarement les mains éprouvent les atteintes de l'érup-
tion ; plus rarement encore la face est attaquée...
> D'abord ces taches se montrent d'un rouge assez clair; ensuite elles
bleuissent et finissent par jaunir ; puis, enfln, elles disparaissent; mais, comme
elles se montrent en divers temps et qu'elles ont, par conséquent, divers degrés
d'accroissement et de maturation, il en résulte que le corps du malade est
comme bariolé de diverses couleurs...
» Souvent la pellicule qui couvre les taches se trouve soulevée par du sang
épanché, et l'on trouve çà et là des vésicules noirâtres... >
En parlanldes phénomènes qui se produisent parfois vers les muqueuses
(hémorrhagies, gangrène, etc.), Alibert raconte Thistoire d'une femme pâle,
valétudinaire, qui entre autres choses, avait «des phlyctènes noirâtres sur 4a
langue et de la gangrène à ta partie interne de la lèvre inférieure ».Ce savant
praticien ajoute qu'il a fréquemment o1)servé de pareils symplôodes à l'hôpital
Saint-Louis.
Chez D..., les taches bémaliques, qui ne se montrèrent guère qu'aux mem-
bres, et les petites vésicules qui, aux mains, étaient comme les satellites deâ
larges phlyctènes gangreneuses, se trouvèrent entremêlées, surtout à leur
déclin, d'une éruption semblable à la dartre miliaire, ce qui me donne à pen-
ser que cet homme, qui avait eu antérieurement, comme je l'ai dit, des érup-
tions eczémateuses ôux oreilles, se trouvait aussi sous l'influenoe de la dialhése
herpétique.
En Lorraine, j^ai vu, un eertain nombre de fois, des maculatures sanguines
même tout à fait en dehors des causes traumatiques et dans des circonstances
variées. Entre autres faits publiés dans mon Mémoire sur la constitution médi-
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS, 55
eate d'aoe cpiUrée de la Meorthe et des Vosges {Journal de la Société des
êdences médiûales et naturelles de Bruxelles^ i85li, 1855), se Irouveat les sui*
vanis :
Obs. III. -- Chez un homme de la campagne, âgé de 45 ans, j*ai vu, à la
soîle d*un« trop abondante saignée, pratiquée par une sage-femme dans une
grippe bénigne, se produire < successivement Tépistaxis, Thémoptysie, rhéma-
témèse, Tentérorrhagie, la suffusion sanguine sous-cutanée, qui, brusquement,
ont fait place à un coma mortel. >
Obs. IV. — c Une damé de 42 ans, fortement constituée, d'un tempérament
sanguin-lymphatique, s*étant également fait saigner trop abondamment pour
une céphalalgie à laquelle elle était sujette, éprouva ce qui suit : < Là céphalal-
gie» au lieu de diminuer, augmenta ; il survint de vives douleurs spinales et
des douleurs également vives le long des membres; puis apparurent, sur toute
la surface du corps, de larges plaques ecchymotiques de toutes les nuances
qu'offrent les lésions cutanées qui suivent les contusions. La fièvre avait alors
diminué, ainsi que les doukurs, qui se dissipèrent bientôt presque entière-*
meni, pour quelque temps du moins; mais les taches persistèrent plusieurs
mois, avec de grandes différences, il est vrai^ dans leur développement. Chaque
fois que les rougeurs diminuaient, il survenait d'autres accidents. Tantôt les
gencives, boursouflées^ devenaient saignantes, et toute la muqueuse buccale se
tapissait d'aphtes donnant lieu à un suintement sanguinolent; tantôt il se pro-
duisait des troubles dans les organes digestifs, principalement une diarrhée
dont la matière était mêlée de sang noirâtre, diarrhée s'accompagnant de
coliques, d'épreintes, d'ulcérations aphtheuses à l'orifice de l'anus et probable-
ment aussi dans l'intestin lui-même ; tantôt, enfin, c'étaient de vives douleur^
articulaires avec un gonflement semblable à celui du rhumatisme articulaire
aigu (névralgie rhumatismale articulaire), ou de vives douleurs pectorales avec
oppression (névralgie thoracique). Sous l'influence des irritants, des stimu-
lants cutanés e«nployés en frictions, des toniques, des amers et du fer à l'inté-
rieur, les phénomènes internes se dissipèrent et à l'éruption ecchymotique
succéda une éruption miliaîre et ortiée, sorte de crise dont cette dame, même
après avoir recouvré sa santé habituelle, a, quelque temps encore, offert des
vestiges. » Cette observation est suivie de la réflexion suivante : <( J'ai vu fré-
quemment des tâches hématiques disséminées et plus ou mokis étendues, qui,
si elles se fussent présentées dans un cas de médecine légale, auraient pu faire
commettre une erreur. ».
Obs. V. — A la fin de 1849, peu de temps après que l'ouragan cholérique
eut décimé- plusieurs villages des Vosges, je fus requis par la justice, avec un
confrère, à l'effet d'examiner; dans un de ces villages, le cadavre d'une femme
dont la mort était suspecte. De larges ecchymoses symétriques, répondant à des
injections sanguines dans le tissu cellulaire sous-cutané et les muscles se
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56 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
remarquBienl à la faee el as cou, et montraient de la manière la plus positive
que Ton avait exercé une pression avec les doigts sur ces parties. La plupart
des organes, les organes abdominaux surtout, étaient infiltrés d'un sang noir^
poisseux; Testomac et les intestins contenaient une matière riziforme abon-
dante; il y avait cyanose des extrémités. Nos conclusions furent : que cette
femme avait été atteinte d'une affection cholérique qui, à elle seule, aurait pu
déterminer la mort, mais que celle-ci semblait au moins avoir été hâtée par
des violences. En relatant ce fait j'ai dit que « si jamais je devais avoir à faire
un rapport dans un cas du même genre, f^ ces conclusions j'ajouterais : que la
production de ces ecchymoses a dû être singulièrement facilitée par l'-état mor-
bide du sang. »
Chez D..., une violence bien légère eût certainement suffi pour déterminer
des ecchymoses; car, un jour, il s'en produisit de très-étendues aux deux
coudes, parce que le malade avait appuyé pendant quelque temps c^s parties
sur le lit pour avoir les mains dans une position élevée, qui le soulageait quel-
que peu et que je lui conseillais.
J'ai cité le fait de cette malheureuse femme parce qu'il offre un point inté-
ressant de médecine légale.
Obs. VI. — Dans le Bulletin de la Société de mrédecine de Besançon, se
trouve (année 1853) la relation d'un cas que j'ai intitulé : Fièvre érythémateuse
ou èryihème scorbutique, que j'aurais du peut-être plutôt qualifier de fièvre
pourprée ou de purpura fébrile hémorrhagique. c Le sujet était une femme de
46 ans, vivant dans de misérables conditions hygiéniques, asthmatique, qui
n'était plus menstruée depuis longtemps et qui, depuis la cessation de sa
menstruation avait été, comme il arrive souvent, sujette aux sueurs. Sans cause
connue, ces sueurs s'étaient supprimées depuis deux jours, lorsque, le i;2 avril
18f^2, dans la soirée, la malade fut prise tout à coup d'un violent frisson avec
tremblement général. S'étant mise ru lit, elle y éprouva bientôt une chaleur
brûlante, qui resta sèche, de la céphalalgie sus-orbilaire, de Iti rachialgie, une
oppression plus grande qu'antérieurement, une toux sèche, un mal de gorge,
une lassitude générale, dés douleurs crampeuses dans les membres, les infé-
rieurs surtout, et de la soif. L'angine ne dura que deux jours, mais les autres
phénomènes contintfèrent avec, il est vrai, des variations dans leurs degrés. Au
troisième jour, des luméfaclions rouges, brûlantes, très-dures et comme nouçuses
(érytbéme noueux) apparurent sur les membres supérieurs. Le lendemain, des
tuméfactions du même genre se produisirent aux membres inférieurs. €es
tuméfactions s'accrurent pendant quelques jours, puis elles changèrent de
caractère, et, lorsque je vis la malade, je constatai ce qui suit : Grand abatte-
ment, position demi-assise sur le lit, amaigrissement très-prononcé, teint jau-
nâtre, lèvres couvertes de pellicules noirâtres, dents déchaussées, gencives
violacées et en suppuration; langue couverte d'un enduit blanc-sale; haleine
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 57
fétide, soif assez vive, nausées, consUpation depuis plusieurs jours; urines
rouges, briquelées, rendues à de longs inlervalles (à cette époque je n'analysais
point encore les urines) ; légère céphalalgie sus orbitaire, toux avec expecto-
ration muqueuse difficile, grande oppression, douleurs rachidiennes dorsales,
augmentant par la pression de l'extréniité des doigts, mais non par la pres-
sion de la main posée à plat ; aucune matité anormale, et, au contraire, grande
sonorité dans toute l'étendue de la poitrine, râles bronchiques, battements
fréquents et à Tunisson du pouls, peau chaude et sèche. Les membres supé-
rieurs et inférieurs sont presque entièrement marbrés de teintes ecchymotiques;
çà et là se voient, surtout à la partie antérieure des jambes, et à la partie
postérieure des bras^ des tuméfactions bleuâtres encore dures et sensibles à la
pression. La pression excite aussi de la douleur le long du trajet des princi-
paux nerfs des membres et aux articulations tibio-fémorales,huméro-cubitales,
où, cependant, ne se remarquant ni gonflement ni rougeur. La malade peut
mouvoir ces parties sans éprouver de vives souffrances. Le tartre slibié donné
à dose éméto-catbarlique amena d'abord des évacuations par haut et par bas,
puis des suem*s abondantes, critiques. A cette crise, s'en joignit bientôt une
autre, une hématurie. Ce qui montrait son rôle critique, c'est qu'elle coïnci-
dait avec un notablie amendement général. Le 9, surlendeiuain de Thématurie^
cette femme commence à se lever. Je constate la continuation des sueurs et la
diminution des autres manifestations externes : tuméfactions et taches. La
menstruation s'est reproduite. J'augmente la nourriture et permets du vin.
Le 25, celte femme, sauf un reste de faiblesse, est à peu près dans le même
état qu'avant sa ipaladie. On ne remarque plus aucun gonflement, mais
seulement de légères taches citrinées, derniers vestiges de l'érythème. Cette
femme n'a plus eu, et la nuit seulement, que des sueurs médiocres, rappelant
le commencement des sueurs avant la maladie. Son appétit et son sommeil ont
continué a être bons, mais ses gencives offrent encore le cachet scorbutique.
En quittant la* convalescente, je lui conseille l'usage des amers, des ferrugi-
neux et des gargarismes acidulés. >
Obs. VII. — Dans le journal de Bruxelles, mais je ne sais dans quel article
parce que ma collection de ce journal, comme bien d'autres ouvrages de ma
bibliothèque, a été mutilée pendant notre affreuse guerre, se trouve l'his-
toire d*une fille, âgée d'une quarantaine d'années, atteinte d'une fièvre
rémittente grave, dans laquelle se montrèrent des poussées de taches ecchy-
motiques nombreuses, des épistaxis et des enterorrhagies , hëmorrhagies
externes et internes étant évidemment sous la dépendance des paroxysmes
fébriles, et qui se dissipèrent, ainsi que d'autres accidents, principalement sous
Tinfluence des préparations de qninqnina employées comme toniques et comme
antipériodiques, et d'un régime aussi tonique que possible.
Obs. Vill. Dans ce journal, se trouve aussi^ je crois, rapporté le cas d'un
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38 REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
ancien instituteur, âgé de 45 ou 50 ans, qui, atteint de larges et nombreuses
taches bémateases et d'une bémoptysie se répétant fréquemment, sans que,
cependant, elle émanât de tubercules pulmonaires, offrit ceci de remarquable
que, après avoir vaguement fait usage, d'après mon conseil, de divers anti-
scorbutîques et d'autres moyens^ il se guérit de ses bémoptysies en très-peu
de temps, par Tusage de vin accidentellement vinaigré dans sa cave.
{La fin au prochain numéro,)
II. REVUE AKALYTiQUE ET CRITIQUE.
Médecine et Chlrargle.
Arrêt du oœur par rezoîtatîon des
pneumo-gattriquei. — M. Tarchaooff com-
munique, en son nom et au nom de
M. Prielma, les résultats d'expériences
qu'ils ont faites sur l'arrêt du cœur pro-
voqué chez les animaux par l'excitation des
pneumo-gastriques.
Voulant obtenir un^irrét aussi prolongé
que possible^ au moyen de cette excitation,
ils ont observé le fait suivant, qui jusqu'ici
paraît avoir échappé aux physiologistes :
Ils voulaient exciter alternativement
chacun des deux pneumo-gastriques; maib,
une fois que l'un des deux cesse d'être
excitable et, par conséquent, n'exerce plus
aucune action» l'autre, celui qui n'a en-
core été soumis à aucune excitation, ne
l'est pas davantage et ne produit non plus
aucune action, bien. qu'il n'ait pas encore
été touché. L'excitation d'un seul nerf
pneumo-gastrique suffit donc pour épuiser
l'appareil modérateur du cœur. Il ressort
de ce fait que cet appareil modérateur est
commun aux deux pneumo-gastriques.
C'est un fait important au point de vue de
l'action des pneumo-gastriques sur le cœur.
(Abeille médicale,)
Maladie de Ménîère. — M. Raynaud
informe la Société que, dans le service de
M. Charcot^ se trou>ve actuellement une
femme atteinte de tous les phénomènes qui
ont été décrits sous le nom de maladie de
Ménière. Il suffit du moindre mouvement
dans la salle pour qu'aussitôt celte malade
soit prise de nausées, de vomissements,
pour qu'elle éprouve une sensation de
sifflement dans les oreilles et présente ce
vertige particulier dans lequel il lui semble
qu'elle tourne sur elle-même.
M. Gharcot a soumis cette malade à
l'usage du sulfate de quinine (1 gramme
par jour). Sous l'influence de cet agent, les
phénomènes se 9ont considérablement
amendés, et aux sifflements de chemin de
fer dont elle se pliiij^nait &ans cesse, a suc-
cédé le sifflement bien moins fort et' plus
supportable que procur-e habituellement le
sulfate de quinine. {Ihid.)
De l'aotîon.du fer sur la nutrîiîon,
par M. HABUTEAU..— M. Rabuteau con-
clut de ses recherches : « !•* Les urines ont
été éliminées à peu près en égale quantité
pendant les trois périodes, d'oiî il résulte
que le sel en question a'agit guère sur
l'excrétion urinaire, du moins lorsqu'il est
pris aux doses précitées; cependant la
quantité des urines a été un peu moindre
pendant la seconde période.
• « 2® L'acidité des urines a notablement .
augmenté. Ce fait, qui n'avait pas encore
été signalé, me parait présenter quelque
intérêt : il vient expliquer et justifier l'em-
ploi des ferrugineux dans la gravelle phos-
phatique et dans l'oxalurie, où l'on savait
déjà que ces agents produisaient de bons
résultats. La dissolution de l'oxalate de
chaux peut avoir lieu en faible quantité
dans son urine normalement très acide,
ainsi que je m'en suis assuré.
a 5" Le poids des matériaux solides a été
un peu plus considérable.
c 4« L'urée a augmenté d'un peu pins
de 10 pour 100. Le protochlorure de fer
active par conséquent la nutrition, lors
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REVUE ANALYTIQUE ET CRlTiQUE.
59
I qu'il est pris à des doses tr«>s-modé-
rées. h (Ibid.)
Sur le bromoforme. — M. Rabuteau a
fait une série d'expériences sur le bromo-
forme qui lui ont permis de constater que
ce corps présente tous les avantages du
chloroforme sans avoir, comme lui, Tin-
convénient d*étre un irritant local assez
fort pour dé.tcrminer sur la peau une dou-
leur vive et même pour amener une
escharre s*il y est appliqué pendant un cer-
tain temps. Chez un malade souffrant
beaucoup de douleurs d'oreille, il appliqua
d'abord du chloroforme, qui détermina une
sensation de brûlure assez intense ; il le
remplaça alors par le bromoforme, qui
calma les douleurs sans déterminer aucune
irritation. Si Ton tient dans une main un
morceau de ouate imbibée de chloroforme,
et, dans Tautre, un morceau de ouate im-
bibée de bromoforme, on juge aisément de
la différence d'action des deux agents; lé
premie,r détermine promptement une dou-
leur assez vive ; le second n'en amène au-
cune. On sait que le chloroforme introduit
dans Testomac peut donner lieu à des acci-
dents fort graves; on peut injecter plus de
dO grammes de bromoforme dans l'estomac
d'un animal sans déterminer aucun acci-
dent. {Ibid.)
La piorolozine : propriété! ohîmi -
que», action physiologique. — L^picro-
toxine qui, dans ces derniers temps, a
fourni matière à quelques travaux inipor-
tants, était déjà connue ; elle a été extraite
de la coque du. Levant par Boullay, en
I81'2; mais comme tant d'autres substan-
ces qui ont rendu ou rendront des services
à la thérapeutique, elle était restée jus-
qu'ici comme échantillon, à l'état de curio-
sité, dans les laboratoires. Ses propriétés
toxiques avaient cependant, peu de temps
après sa découverte, été assez bien étudiées
par Lecanu, Peltier (Académie de méde-
cine, 4827), Orfîla (Traité de toxicologie);
pais, plus récemment, par Glovrer {Monthly
Journal of med, science^ 1851), Bonnefin
(thèse inaugurale, Paris, 4851), et Cay-
rade (Paris, 1866). A ces quelques rensei-
gnements se borne la littérature de l'étude
toxique de la picrotoxine.
Ses propriétés chimiques avaient été
mieux analysées...
La picrotoxine ne possède pas les pro-
priétés des alcaloïdes, et les auteurs qui se
sont occupés de cette substance pensent
qu'il serait plus scientifique de la ranger
parmi les acides. Elle forme, en effet, avec
les bases et les alcaloïdes, quinine, strych-
nine, morphine, etc., des sels chimique-
ment définis. Quoi qu'il en soit, la nature
intime de cette substance est d'une impor-
tance secondaire en physiologie et en thé-
rapeutique, et nous serons très-bref sur
Texposé de ses propriétés physiques et
chimiques. Elle se présente sous la forme
de petits prismes quadrilatères, blancs et
transparents, ou bien en aiguilles, grou-
pées alors en étoiles. Elle est inaltérable à
l'air, sans odeur et douée d'une grande
amertume. Très-soluble dans l'alcool bouil*
lanl et Téther, la picrotoxine l'est au con-
traire fort peu dans l'eau froide, qui n'en
dissout que le iSO*' de son poids. Nous
n'entrerons pas dans l'étude des diverses
réactions chimiques qui la caractérisent et
qu'on trouvera très- bien exposées dans le
Dictionnaire de chimie de M. Wurtz (IT®
fascicule, p. 102i)...
La picrotoxine est avant tout un poison
convuisivant; c'est la première propriété
découverte par Boullay ; c'est encore siir
les variations de cette puissance convulsi*
vante que se basent toutes les recherches
de Planât, de B^ov^-n (British, mèd.
Jour»., mars; avril i875) et d'autres;
mais c'est un poison convuisivant qui pré-
sente, surtout cette particularité que, au
lieu de convulsions tétaniques, elle produit
des crises de tous points semblables aux
attaques d'épilepsie.
Si l'on ne considère que l'effet le plus
saillant de Taction de la picrotoxine, c'est,
comme nous l'avons dit, un poison con-
vuisivant, et des plus énergiques ; mais si
à l'exemple de M. Planât, au travail de
qui nous ferons de. nombreux emprunts,
nous analysons les effets de ce poison sur
les différents organes, nous verrons que
son action est beaucoup plus complexe.
Nous ne chercherons pas à savoir si la
puissance toxique varie suivant les classes
d'animaux sur lesquels on expérimente.
Quelle est son action ehez les mammifères?
que pouvons-nous craindre ou espérer
chez l'homme? Voilà ce qui nous importe
le plus.
Le système musculaire strié est rapide-
ment atteint, même par de faibles doses du
poison ; il en résulte Une prostration pro-
fonde, et comme conséquence les mouve*
roents volontaires ou provoqués présentent
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40
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
toujours UQ caractère de gêne ou d^erabar-
ras; tel est le premier effet produit.
A ce naoment survient la période convul-
sive : « Ce qui caractérise les convulsions
produites par la picrotoxine, c*est leur
variabilité extrême qui ne rappelle en rien
Textension tétanique de la strychnine. »
Après un temps qui varie suivant la dose
donnée, suivant la voie par laquelle elle a
été administrée, h la faiblesse, à la prostra-
tion, que nous notions au début, succède
une grande agitation. L*animal se dresse sur
ses pieds en proie à une sorte de spasme
tonique général. Après quelques instants il
cherche à avancer, il tombe sur le côté; cette
chute est le signal d'une crise de convulsions
cloniques dans laquelle tous les membres
sont agités de violents mouvements alter-
natifs ; la léte est renversée en arrière, le
cou est roide, ToBil vitreux, la bouche rem-
plie d*écume souvent sanguinolente; il y
a excrétion d*urine involontaire. Toute
cette scène a duré sept à dix minutes; il y
a alors une rémission pendant laquelle
ranimai, très- affaissé, est pris d'une res-
piration anxieuse et peut exécuter quel-
ques mouvements volontaires. Mais cette
rémission est courte; bientôt, soit sponta-
nément, soit sous rinfluence d'une excita-
tion extérieure, une crise recommence,
suivie d'une nouvelle rémission. Après un
nombre d'accès variables suivant la dose
et la force de ranimai, celui-ci reste dans
la torpeur, interrompue seulement par
quelques mouvements saccadés, et suc-
combe après un temps assez court. En6n,
quand la dose est iaible, on note à la fin
des accès, comme Tavit déjà faitOrfila, des
phénomènes d'incoordination motrice, des
mouvements de rotation et de recul.
11 est facile de saisir la différence qui
existe à première vue entre les convulsions
produites par la picrotoxine et l'accès si
franchement tétanique du strychnisme.
Que si nous entrons maintenant dans
dés détails plus circonstanciés sur les effets
produits sur les différents organes, voici
ce que nous constatons : Les contractions
cardiaques se ralentissent en même temps
qu'elles deviennent plus faibles, et il n'est
f>as besoin pour cela que les doses soient
fortes. Cet effet sur le cœur se produit
avant la production des convulsions. Pen-
dant la crise convulsive, le cœur s'arrête ;
puis, quand celle-ci cesse peu à peu, le
cœur recommence à battre, faiblement
toujours, et d'autant plus que les crises,
coDVuUives se sont plus souvent répé-
tées. Comme coftséqiience de cette action
sur le cœur, la circulation périphérique
est profondément troublée ; dès la pre-
mière convulsion, la circulation s'arrête
dans les capillaires, et quoique, après la
crise, le cœur continue à battre, cet arrêt
est définitif, les pulsations étant trop fai-
Lles pour rétablir le courant. Cet arrêt de
la circulation capillaire est facile à constat
ter de visu sur les parties transparentes de
la grenouille (membrane in ter digitale,
poumon, mésentère).
Dans la première période de Teropoi-
sonnement, alors qu'il existe un affaisse-
ment général, Texcitabilité est singulière-
ment diminuée ; mais dès que commence
la période convulsive on lui voit prendre
ce degré particulier qui est un caractère
du strychnisme. On constate ce phéno-
mène pendant toute la durée de la période
convulsive ; mais dans le coma final toute
excitabilité disparait.
Plusieurs auteurs, entre autres M. Pla-
nât, ont jusqu'ici toujours observé que les
muscles lisses, ainsi que les nerfs prove-
nant du système sympathique, ne sont
point touchés.
Telle est, d'après les expérimentateurs,
l'action de la picrotoxine. Tous les effets
que nous avons mentionnés, et surtout
ceux qui se produisent sur le cœur» sem-
blent indiquer que cette puissante sub-
stance concentre ses effets sur -les centres
gris moteurs; que c'est surtout vers la
partie supérieure de Taxe médullaire, vers
l'isthme de Tencéphale, qu'elle produit les
perturbations qui amènent l'arrêt du cœur
et les convulsions épilepliformes. £n effet,
si, chez une grenouille, on coupe la moelle
au-dessous du collet du bulbe, il ne se pro-
duit plus de convulsions. Il ne faut pas
cependant être encore trop af&rmâtif ; car
on sait combien ces problèmes sont com-
plexes, et nous croyons qu'il faudra
encore bien des recherches pour savoir
d'une manière certaine sur quels éléments
agit la picrotoxine, et surtout comment
elle les impressionne.
Cependant les recherches faites jus-
qu'ici, si elles ne permettent pas de pré-
ciser d'une manière certaine quels avan->
tages la thérapeutique pourra retirer de
l'emploi de cet agent, nous, autorisent
cependant a croire qu'une substance aussi
active doit pouvoir être utilisée. Mais
peut-on formuler des indications? 11 sem-
blerait de prime abord qu'elle peut être
administrée dans tous les cas où il y a
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REVDB ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
41
atonie des centres cncéphalo-rachidiens.
M. Planât nous annonce qu'il a employé
la picrotoxine dans plusieurs affections^ et
entre autres dans répiiepsie, c^t que les
résultats ont été satisfaisants. Nous atten-
drons pourcmellFe un avis que les obser-
vations aient paru in extenso; nous remar-
querons cependant de prime abord que
peu de substances produisent des effets
plus semblables à répilepsie convulsivc
que la picrotoxine^ et qu'il est difficile à
priori de comprendre le mode d'aclion
dans ces cas. Mais la thérapeutique est
féconde en surprises, et si les résultats sont
bons nous serons des premiers à nous en
féliciter. La paralysie agitante fournira
peut-être aussi des indications. Mais nous
voilà en plein dans le domaine de Thypo-
thèse là où il faut attendre des faits.
La picrotoxine pouvait encore servira
un autre ordre de recherches, et déter-
miner Faction réciproque de cetle sub-
stance sur quelques autres pouvait éclairer
la physiologie et la thérapeutique ; cette
mine a été explorée. Un premier article
sur Taction simultanée de la picrotoxinc
et de la ciguë vireuse n*a rien donné
(Arch, fur experim, Patholog., 1875).
Plus importantes sont les recherches de
J. Crichlon Brownc sur Tantagonisme de
la picrotoxinc et de Thydrate de chloral
(British, med. Journ,, n« 747, 24 avril
1875). Cet auteur est parvenu à établir
qu'il y a antagonisme entre la picro-
toxinc etrhydratc de chloral dans plusieurs
conditions. Mais cet antagonisme rappelle
ce qu'on a maintes et maintes fois répété
pour la strychnine, c'est-à-dire que les
effets se masquent mais qu'ils ne sont point
détruits.
Nous nous arrêterons aujourd'hui à ce
point de l'élude de la picrotoxinc. Il nous
suffira d'avoir reproduit les principaux
résultats obtenus. Les applications sont
encore à peine ébauchées; nous atten-
drons que de nouvelles recherches aient
permis d'établir ce qui sera utile et pourra
sortir des conceptions théoriques, si expo-
sées à être démenties par les faits.
(Ibid.)
nisroe et agirait topiquemcnt sur les tissus.
Rappelant rexpérience de Schœnbein, qui
démontre que la solution d'iodurc de po-
tassium acidifiée est décomposée par des
cellules végétales, contenant un .prolo-
plasma, il indique qu'on obtient un sem-
blable résultat en remplaçant les acides
minéraux dans rexpérience de Schœnbein
par un courant d'acide carbonique. Ce pre-
mier fait établi, il ajoute qu'on doit ad-
mettre, avec Kuhne et Schnelze l'identité
absolue entre le protoplasma de la cellule
végétale et celui de la cellule animale. En
conséquence^ la solution d'iodurc de po-
tassium qui traverse l'organisme, rencon-
trant un courant d'acide carbonique (celui
qui est dans le sang) et le protoplasma des
cellules organiques, trouve là les condi-
tions expérimentales réalisées par Schœn-
bein et par Biuz et doit se décomposer. Si
certaines tumeurs spécifiques sont plus
accessibles à Taclion de l'iodure de potas-
sium, cela tient à ce que leurs cellules
mettent facilement l'iode en liberté et se
trouvent par cela même modifiées par l'ac-
tion topique du métalloïde. (ibid.)
Décomposition de l'iodure de potai-
fiuin dans l'organisma. — Le professeur
Binz attribue à l'iode les effets thérapeu-
tiques ou physiologiques produits par
riodurc de potassium. Suivant lui, le mé-
talloïde serait mis en liberté dans Torga-
Noire fur l'emploi thérapeutique du
bromhydrate de quinine; par M. A. GU-
BLËR. — Le bromhydrate de quinine,
connu des chimistes depuis quelque années
seulement, n'a encore été, de la part des
médecins, l'objet d'aucune application pra-
tique. Je dois à la libéralité d'un pharma-
cien très-honorable de Paris. M. Boille,
auteur d'un excellent procédé de prépara-
tion de ce nouvel agent, d'avoir pu faire
de nombreux essais thérapeutiques dont
quelques-uns ont donné des résultats inté-
ressants et dignes d'être signalés.
C'est M. Latour, pharmacien principal
de l'armée, qui^ le premier, a réalisé la
combinaison de Tacide bromhydrique avec
les deux alcaloïdes organiques : la quinine
et la ciuchonine. Son procédé consistait
à faire agir, par double décomposition,
du bromure de potassium sur du sulfate
acide de quinine, et le savant chimiste
ajoutait ^1) :
f Ainsi obtenu, ce sel est suffisamment
pur pour l'usage médical; il contient en-
core quelques traces d'acide sulfurique. »
Mais on voit plus loin qu'il s'agit de sul-
(1) Note sur les brorohydpalps basiques ei
neutres de quinioe et de cinchooine, in Journal
de pharmacie et de chimie^ 1870, p. 93.
6
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42
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
fate de potasse et non cracide sulfuriquc
libre.
La difficulté d'obtenir, par le procédé
de M. Latour, un produit pur et exempt
de sulfate de potasse engagea M. Boille à
substituer au bromure alcalin le bromure
de baryum, que sa grande solubilité dans
Talcool rend facile à séparer complètement
du chlorure de baryum, tout à fait inso-
luble, quMl renferme ordinairement en
proportion plus ou moins notable.
Il obtient de la sorte un produit d*une
grande pureté, qu'il forma encore directe-
ment en dissolvant la quinine hydratée
dans Tacide bromhydrique faible.
Dès 1872, M. Poggiale présentait à
TAcadémic de médecine le bromhydrate
acide de quinine obtenu par M. Boille, et
deux ans plus tard (juillet i87i), M. Wurtz
communiquait à la même compagnie sa-
vante le dernier travail de Fauteur sur la
préparation, la composition et les propriétés
chimiques d'un bromhydrate neutre ou
basique, correspondant au sulfate de qui-
nine officinal; ainsi que sur ta composition
du bromhydrate acide obtenu d'abord, mais
non exactement analysé.
Les analyses de M. Boille, confirmées
par celles d'un chimiste habile et auto-
risé, M. Ernest Baudrimont, assignent
au bromhydrate neutre de quinine la
1 Partie de bromhvdrate de quinine (neutre ou
basique) est soiubledaos 5 parties d^eau bouil-
lante et 60 parties d'eau froide ;
— Dans 5 parties d'alcool h 16 degrés ou 18 de-
grés;
— Dans environ 2 parties et demie d*aIcool à
21 degrés :
— Dan» une parlie.d'alcool à 40 degrés ;
— Dans un tiers de partie d'alcool à 85 degrés ;
— En toutes proportions dans alcool absolu ;
— Dans 10 parties de glycérine;
— Dans 10 parties d'un mélange à parties égales
de glycérine et d'eau.
Chose remarquable, il suffirait, d'après
M. Boille, d'ajouter 10 parties d'eau froide
à la solution saturée de bromhydrate de
quinine obtenue par Peau bouillante (i par-
tie pour 5) pour l'empêcher de précipiter
par le refroidissement : ce qui revient à
dire qu'au moyen d'un léger artifice, il
serait possible de rendre stable la solution
de 1 partie de bromhydrate de quinine
dans i 5 parties seulement d'eau froide* au
lieu de 60 parties reconnues nécessaires
lorsqu'on procède autrement.
Ainsi, le bromhydrate de quinine est
plus riche en alcaloïde et plussoluble dans
les différents menstrues que le sulfate de
(|uinine. Ces deux qualités lui constituent
formule C*^»H"A2«0SHBr,2H0, celle du
bromhydrate acide de quinine étant
C^^H"Az'0*,2(HBr),6HO. M. Latour, au
contraire, admet cette dernière composi-
tion pour son bromhydrate neutre, qui
possède d'ailleurs une réaction acide.
D'après ces formules et les résultats ex-
périmentaux (Boille, E. Baudrimont), le
bromhydrate neutre de quinine ne ren-
ferme pas moins de 75 à 76 p. c. d'alca-
loïde avec plus de i 8 parties de brome et
5 d'eau, tandis que le bromhydrate acide
ne représente que 60 p. c. de quinine
avec 25 p. c. environ de brome. La pro-
portion de la quinine dans le bromhydrate
neutre est donc beaucoup plus considérable
que dans son analogue, le sulfate de qui-
nine officinal (1).
Les bromhydrates de quinine qui m'ont
été remis par M. Boilfc étaient parfaite-
ment cristallisés en longs cristaux nacrés,
blancs ou nuancés jaunâtre, à facettes rec-
tangulaires. Leur odeur était nulle, leur
saveur fraîche, salée et amère sans âcreté.
La solubilité des combinaisons de la
quinine avec l'acide bromhydrique est
beaucoup plus grande que celle des sulfates
correspondants. Voici à cet égard des ren-
seignements inédits que je dois à l'obli-
geance de M. Boille :
1 partie de sulfate de quinine officinal exige pour
se dissoudre 30 parties d'caa bouillante et 788
parties d'eau froide ;
— Dans 115 parties d'alcool ft 85 degrés ;
— Dans 60 parties d'alcool absolu ;
— Dans 56 parties de glycérine.
en tout cas une supériorité réelle, mais
surtout elles le désignent de préférence,
toutes choses égales , pour l'emploi en
injections hypodermiques.
D'un autre côté, il est permis d'espérer
que le npuveau composé offrira la réunion
précieuse des propriétés^ en partie syner-
giques, de la quinine et des préparations
bromurées. Les études cliniques que j'ai
entreprises ont eu pour point de départ ces
(1) C'est là une erreur : le sulfate de quinine
neutre du Codex renferme 74,3 p. c. de qai-
nine, et le sulfate acide du Codex, 56,1 p. c.
de la même base. Cette erreur tient à une simple
confusion : quand on a doublé la formule de la
quinine, le sel basique est devenu sel neutre, et
le sd neutre devenu sel acide. [Red),
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
43
vues inductives, qui avaient en partie
guidé les chimistes eux-mêmes dans la
recherche de la combinaison du brome avec
le principe actif des quinquinas.
i\les premiers essais remontent au mois
d'octobre 4874. Depuis lors, j*ai eu bien
des fois Toccasion de prescrire le brom-
hydrate de quinine soit en ville, soit à
rhôpital Beaujon.Dans ma clientèle privée,
je conseille Tusage de pilules de iO centi-
grammes; dans mon service hospitalier,
j*administre simplement le sel emprisonné
dans du pain azyme.
Les doses quotidiennes, administrées par
. la bouche, sont ordinairement de iO cen-
tigrammes en deux prises ; quelquefois de
60 à 80 centigrammes. Jen*ai presque jamais
eu besoin d*atteindre le chiffre de i gramme
pour obtenir les effets physiologiques et
thérapeutiques.
Généralement ces doses de bromhydrate
de quinine sont très-bien tolérées par Tes-
tomac et causent à peine, au premier mo-
ment une sensation de chaleur, légère et
fugace.
L'action diffuse, consécutive à Tabsorp-
tion^ se traduit par une double série de
symptômes dont les plus apparents sont
des traits détachés de Thistoire du qui-
nisme : je veux parler du mal de téte^ des
bourdonnements d'oreilles et de la surdité.
Ces phénomènes se sont montrés à un faible
degré sous l'influence de deux doses de
20 centigrammes seulement^ dans la jour-
née. Ils étaient plus caractérisés chez un
malade qui prenait 75 centigrammes de
bromhydrate par jour.
Néanmoins^ une certaine langueur mus-
culaire accompagnée d'une tendance pro-
noncée au sommeil; sans bruissement
d*oreilles, rappelait parfois le syndrome du
bromisme, et semblait indiquer de la part
du sujet une impressionnabilité plus grande
que de coutuine vis-à-vis de l'action spé-
ciale de Tacide bromhydrique ou du métal-
loïde. Mais, je le répèle, ces symptômes
bromiques ont toujours été relativement
peu accentués.
Dans quelques circonstances j*ai aussi
introduit, par voie sous-cutanée, la solu-
tion de bromhydrate (neutre ou basique)
de quinine au dixième, dans de Teau légè-
rement aiguisée d*alcool. Comme i gramme
de cette solution contient i décigramme de
substance active, on voit qu'il suffit d'in-
jecter sous la peau deux fois le contenu de
la seringue de Pravaz, dont nous nous
servons habituellement , pour introduire
dans Torganisme l'équivalent de 50 centi-
grammes de sulfate de quinine, c'est- à dire
une dose d'alcaloïde considérable, et plus
que suffisante, dans beaucoup de cas, pour
donner lieu à des effets physiologiques et
curatifs.
Je me hâte d'ajouter que, maigre la
présence d'une petite proportion d'alcool,
celte solution de bromhydrate de quinine
s'est montrée inoffensive pour les tissus,
et que l'injection n'a laissé à sa suite ni
tubercules indurés et douloureux; ni à
plus forte raison^ aucune de ces lésions
inflammatoires plus avancées (abcès furon-
culeux, eschares), qui succèdent trop sou-
vent encore aux injections hypodermiques
de sulfate acide de quinine.
(Répertoire de pharmacie.)
Propriétés tœnîoîdes da kamala^ —
M. Blondeau a expérimenté avec succès,
dans deux cas, les propriétés tœnifuges de
la teinture de kamala. Dans un cas, il l'a
prescrite à la dose de 25 grammes ; dans le
second, à la dose de 20 grammes. Il s'agis-
sait ici d'une jeune fîlle de 16 ans, qui ne
tolère pas l'alcool et qui a rendu la plus
grande par lie du médicament. L'expulsion
du taenia n'en a pas moins eu lieu ; il me-
surait 5", 50 de longueur. M. Blondeau
pense qu'une dose de 4 à 16 grammes de
teinture ou de poudre de kamala est suffi-
sante pour produire un bon résultat. Ce
médicament, outre son efficacité, a l'avan-
tage de n'être pas désagréable au goût et
de ne pas produire de coliques. 11 est très-
connu dans rinde, où les médecins anglais
le considèrent comme plus énergique que
le kousso. Le docteur Anderson n'aurait eu
que 2 insuccès sur 95 cas.
(Gazette médicale de Paris,)
Du délire et du ooma digitaliques. —
M. Durozier résume d'abord 'seize observa-
tions où la digitaline paraît avoir été la
cause d'accidents comateux ou délirants,
puis il ajoute :
« D'après ces faits, si notre interpré-
tation est juste, ce que nous n'affirmons
pas, des 'doses modérées onl pu donner la
mort. Sans doute et heureusement^ les
accidents ne se montreront pas toujours^
mais il suffit qu'ils soient possibles pour
qu'on surveille le médicament pas à pas
comme le conseille Hirtz.
» Toutes les fois qu'il y a anémie, il
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H
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
faut redouter la digitale (qu*il faudrait
appeler la pâle plutôt que la pourprée) ;
rinsuffisance aortiquc, la cirrhose, la ma-
ladie de Bright, le rfiurnatisme articulaire
aigu, la stéatose du cœur, la supportent
mal. Les cerveaux congestionnés par le
deliriuvi Iremens, par le rétrécissement
mitral, la fièvre typhoïde, s*en trouvent
bien.
» Les gens âgés, par- dessus tout, ont à
la craindre, et probablement les femmes et
les enfants.
» J'aurais voulu pouvoir donner les
caractères du délire digitalique : notre
œuvre d'interprétation eut alors été bien
facile ; mais c'est une élude qui, je crois^
est tout entière à faire et ne mènera pas
à des résultats bien précis. Le délire doit
varier avec les habitudes, le degré d'in-
telligence^ la maladie de chacun. Les
autres états du corps pourront-ils nous
mettre sur la voie ? La pâleur nous aver-
tira mieux que le pouls, qui est presque
constamment fréquent lorsqu'il y a délire.
Hutchinson notait l!20, lliO battements,
tandis qu'il était dans un état voisin du
délire ; dans une seconde expérience plus
modérée, le pouls était à 80. Dans les
observations que nous avons citées, le
pouls ne se ralentit que dans un ou deux
cas ; il est en général à 80, quelquefois
beaucoup plus élevé.
» Sans doutc^ le délire n'est pas tou-
jours mortel, mais c'est un symptôme
grave qui mérite qu'on en recherche la
cause, afin de la supprimer s'il est pos-
sible.
» La digitale parait dangereuse dans la
cirrhose, dans l'albuminurie, dans Tinsuf-
aance aortique, en un mot dans l'anémie ;
elle provoque le délire et peut amener la
mort à sa suite.
{Bulletin général de thérapeutique»)
préciable de la face, cinq où il y avait
aussi paralysie plus ou moins complète du
facial; mais Tune et l'autre sous la dépen-
dance très-probable d'une lésion centrale.
{Lyon médical.)
Paralysie udîlatérale du voile du pa-
lais, d'origine centrale; par M. DU-
MENIL. — La luette étant quelquefois
normalement déviée, il faut pour affirmer
la paralysie, provoquer des contractions
pendant l'examen, et constater que le côté
paralysé reste béant, l'arcade du ooté sain
s'effaçant, que le pilier postérieur paralysé
reste accolé à la paroi pharyngienne, le
pilier postérieur du côté sain s'en déta-
chant au contraire. L'auteur donne d'abord
sept observations de paralysies unilaté-
rales du voile du palais sans paralysie ap-
Sur l'angine tuberouleutCi par M.
ISAMBERT. — - L'aspect des tubercules de
la gorge est absolument le même que celui
des tubercules de la langue qui ont pris
droit de cité dans la pathologie depuis une
dizaine d'années, à la suite des observa-
tions de MM. Juliard, Trélat^ etc. Les ulcé-
rations sont précédées par la formation de
granulations tuberculeuses superficielles,
saillantes^ de couleur grise ou jaunâtre^
situées sous la muqueuse, généralement
confluentes et groupées en plaques à con-
tours sinueux. Si les granulations sout
superficielles, la muqueuse qui les recou-
vre est bientôt érodée et ulcérée à leur ni-
veau. Ces plaques tuberculeuses ditfèreot
des plaques muqueuses syphilitiques,
parce qu'elles sont d'un gris sale, blafard,
et n'ont pas un pourtour rouge comme les
lésions syphilitiques. Leur surface est, de
plus, couverte de saillies et d'éminenccs
mamelonnées de couleur jaunâtre. Ces
noduk's, incisés, ne laissent presque rien
échapper. Ils paraissent formés par des
tubercules à l'état caséeux.
Le siège d'élection de ces tubercules ou
plutôt de ces plaques tuberculeuses est le
pilier antérieur du voile du palais, Tamyg-
daie, le pilier postérieur, la luette cl enfin
la paroi postérieure du pharynx. Sur la
luette et le pharynx, les tubercules sont
généralement isolés.
L'ulcération des plaques ne se fait pas
simultanément et régulièrement sur toute
la plaque à la fois.; elle envahit, au con-
traire, successivement les tubercules qui la
constituent et qui sont éliminés par
une suppuration destructive du produit
caséeux.
D'après les observations de M. Isam-
bert, celles de MM. Bucquoy et Murtineau.
les altérations qui débutent sur le voih? du
palais ne se propagent qu'ensuite à l'épi -
glotte et au larynx.
La marche de la phthisie pulmonaire a
été très-rapide dans plusieurs cas ; elle
s'est comportée comme une phthisie assez
aiguë ; elle a été plus lente dans un des cas
de M. Bucquoy.
Les accidents locaux du côté du pharynx
consistaient dans les ulcérations accompa-
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
45
gnées de douleor assez vive et «de dys-
pbagie.
J'ai eu moi méine roccasion de soigner
au mois de juillet 1874, un malade employé
dans une maison de commerce, et qui pré-
sentait le type très-net de la description
donnée par AI. Isambert. Ce garçon, qui
souffrait depuis une année environ ie
signes très-manifestes de phthisie pulmo-
naire, n'avait cependant pas interrompu
son travail. Depuis un mois environ il
souffrait beaucoup de la gorge, et il avait
maigri en raison de la difficulté qu'il avait
à manger. L'examen de la gorge fit voir
une ulcération à bords irréguliers, feston-
nés, grise, avec des points jaunâtres sail-
lants sur la partie ulcérée, d'aspect blafard
et sur les bords de laquelle il y avait des
granulations. L'une d'elles^ plus saillante,
était bien isolée et en voie d'ulcération à
son sommet. Cette plaque, ulcérée, allon-
gée de bas en haut^ siégeait sur le pilier
antérieur du voile du palais du coté droit.
Il y avait une ulcération de même nature
mais moins avancée sur l'amygdale du
même côté. Je n'hésitai pas à porter le
diagnostic d'ulcération tuberculeuse, car la
perte de substance et les granulations péri-
phériques ressemblaient exactement à la
forme d'ulcération bien connue aujour-
d'hui de la langue.
L'examen de la poitrine montra des lé-
sions très-avancées des deux sommets :
dans l'un il y avait des cavernes anciennes
avec leurs signes caractéristiques ; dans
l'autre des cavernules en voie de formation.
Je prescrivis un traitement général et je
touchai au nitrate d'argent l'ulcération du
pharynx. Le malade revint à ma consulta-
tion. Comme je partais en vacances, je l'a-
dressai à M. Brouardel, qui voyait pour la
première fois une lésion de cette nature,
et qui fit immédiatement le même diagnos-
tic d'ulcère tuberculeux. Le malade mourut
pendant le mois de septembre.
Le diagnostic de cette lésion est très-
facile avec l'angine diphtéritique caracté-
risée par les fausses membranes et avec
Tanginc pultacée caractérisée par la mol-
lesse et la friabilité de Texsudation ; dans
Tangine tuberculeuse, en effet, les granu-
lations jaunâtres saillantes du fond de
l'ulcère tiennent solidement au chorion
uiuqueux et ne peuvent en être détachées
quand on racle la surface ulcérée. Le dia-
gnostic n'est pas aussi facile, avec les ulcé-
rations syphilitiques de l'époque tertiaire.
Celles-ci, cependant, sont plus profondes,
leurs bords festonnés sont taillés plus régu-
lièrement a pic, la muqueuse, conservée
saine autour de la perte de substance, est
plus rouge. Elle se distingue de l'angine
scrofuleuse ulcéra tive en ce que celle-ci a
pour siège d'élection le fond du pharynx^
en ce qu'elle s'avance de la partie posté-
rieure à l'antérieure, en ce qu'elle produit
de grandes déformations, des adhéren-
ces, etc., et qu'elle est indolente. Les
ulcérations tuberculeuses sont, au con-
traire, douloureuses, et enfin elles coexis-
tent avec la phthisie aiguë ou chronique.
Quant à ce qui concerne l'anatomie pa-
thologique de ces ulcérations tubercu-
leuses, elle permet d'affirmer bien nette-
ment leur nature. Ou y trouve, en effet,
d'après l'examen de MM. Troisier et Ha-
not, des granulations tuberculeuses très-
caractéristiques qui siègent profondément
dans le tissu conjonctif sous-muqueux. Le
chorion muqueux, au niveau de l'ulcéra-
tion, manque ou bien il est infiltré d'élé-
ments cellulaires en dégénérescence ca-
séeuse. La lésion peut être assimilée en
tout point aux ulcères tuberculeux de la
langue dans lesquels les granulations tu-
berculeuses les mieux définies «iégent pro-
fondément dans le tissu conjonctif inter-
posé aux fibres musculaires de la langue.
J'ai eu l'occasion d'examiner au micros-
cope, au commencement de l'année 4874-,
le voile du palais d'un malade du service de
M. Bernutz, à la Charité. Le voile du pa-
lais était très épais et ulcéré. M. Bernutss
avait porté le diagnostic d'ulcère tubercu-
leux. Le malade étant mort par suite des
progrès de son affection pulmonaire, nous
fîmes, M. J. Renaut et moi, l'examen ana*
tomique du voile du palais altéré. L'épais-
sissement était dû surtout à la formation
de tissu embryonnaire au fond et aux bords
de l'ulcération et à une hypertrophie des
glandes acineuses de la région. Les cellules
épithéliales de certaines de ces glandes
étaient Infiltrées de granulations grais-
seuses. Nous trouvâmes aussi, sur le bord
de Tulcération, des amas de cellules rondes
ayant la forme et les caractères des granu -
■ lations tuberculeuses.
D'après l'ensemble de ces faits, on doit
nécessairement admiettre l'existence bien
prouvée d'une angine tuberculeuse.
La forme aiguë décrite par M. Isambert
et qui est très -bien définie en raison de la
présence de tubercules récents, n'est pro-
bablement pas la seule qui puisse se pré-
senter à l'observation.
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46
REVUK ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Relativement au traitement, M . f sambert
eroit que les caustiques énergiques qu'il
faudrait employer pour détruire les parties
profondément atteintes ne seraient pas sup-
portés par les malades, et que les caustiques
superficiels ne peuvent que hâter les pro-
grès de Tulccration ; les lésions, d'ailleurs,
sont trop générales, celles du poumon no-
tamment, et elles marchent trop vite pour
qu'on puisse espérer une amélioration ou
une guérison. Aussi se borne- t-il à recom-
mander des palliatifs pour diminuer la
dysphagie, les narcotiques, la glycérine
fortement morphinée, la- glace avalée en
petits morceaux, et une alimentation pure-
ment liquide (bouillons, gelées de viandes,
lait. (Journal des conn, méd. prat,)
De la soiatique et de l'atrophie mus-
culaire qui peut la ocoopliquer ; par
M. le docteur LANDOUZY. — La cause
-de cette atrophie^ plus fréquente qu'on ne
le croit, est une lésion matérielle nerveuse
(névrite) que peuvent produire le froid, le
rhumatisme, une. compression, une inflam-
mation du voisinage. L'auteur admet deux
espèces de sciatique, l'une est une névral-
gie et ne s'accompagne pas d'atrophie
musculaire, l'autre est une névrite et
s'accompagne nécessairement de dystro-
pliie, curable d'ailleurs. Appartiennent à
la sciatique- néyrite les caractères des
névrites : douleurs rémittentes ou con-
tinues, gravatives, accompagnées ou non
d'accès de souffrances aiguës^ troubles
trophiques (épaississement de la peau,
atrophie musculaire, œdème, zona). Le
traitement antiphlogistique est ici plus
indiqué. Les courants continus doivent
être préférés aux courants d'induction
contre l'atrophie. {Lyon médical.)
qui porte sur ii09,825 cas d'anesthésie.
Ils sont, on le voit, de nature à établir une
fois de plus la supériorité de l'éther
sur le chloroforme. Ils tendraient aussi à
faire regarder le protoxydo d'azote comme
moins dangereux encore que Téther.
Malheureusement il y a une objection à
faire au travail du professeur américain.
Il faudrait, pour juger en parfaite con-
naissance de cause les faits dont il donne
le résumé, connaître la durée et l'impor-
tance des opérations pratiquées pendant
Tanesthésie. Le protoxyde d'azote est
employé plutôt par les dentistes que par
les chirurgiens. C'est dire qu'on ne lui
demande ordinairement qu'une anesthésie
de très-peu de durée, et il n'y a pas de
comparaison à faire au point de vue de
l'innocuité entre le fait d'endormir un
malade pour le temps seulement néces-
saire à l'extraction d'une dent et celui de
recourir à l'anesthésie pendant toute la
durée d'une opération chirurgicale, par-
fois longue et parfois aussi pratiquée sur
un sujet gravement affaibli par les circon-
stances antérieures. {Ibid.)
Des dangers comparés de l'anesthésie
produite par l'éther, le chloroforme, le
biohioride de méthylène et le protoxyde
d'azote. — t>'après le professeur Andrews,
du collège médical de Chicago, les divers
agents anesthésiques auraient donné jus-
qu'à présent la mortalité suivante :
Ether : 1 mort sur 25,204 opérations.
Chloroforme : 1 mort sur 2,723.
Chloroforme et éther mélangés : 1 sur
r>,588.
Bichloride de méthylène : 1 sur 7,000.
Protoxyde d'azote : I sur 73,000.
Ces résultats viennent d'une statistique
Hémiopie, par Ch. ABADIE. — Pour
la reconnaître le malade est placé devant
lin tableau noir sur le centre duquel est
dessinée un croix blanche qui sert de point
de fixation. Un œil étant fermé, un objet,
un morceau de craie tenue à la main est
promené sur la surface du tableau. Si
l'objet n'est pas distingué lorqu'il est à la
droite du malade, il y a hémiopie droite;
s*il n'est pas vu lorsqu'il est à gauche, il y
a hémiopie gauche... Pour la lecture et
récriture, l'hémiopie latérale droite est
beaucoup plus gênante que l'hémiopie
gauche, puisqu'on lit et écrit de gauche h
droite.
Outre l'hémiopie latérale , droite ou
gauche, la même pour les deux yeux, ce
qui est le cas le plus fréquent, l'on distin-
gue une hémiopie nasale, dans laquelle ce
sont les deux moitiés externes de chaque
rétine qui sont paralysées, et une hémiopie
temporale, dans laquelle la paralysie a
atteint les deux moitiés internes de chaque
rétine.
Ij'auteur conclut en admettant :
i» La semi-décussatiôn des nerfs op-
tiques ;
2" Que l'hémiopie latérale suppose une
lésion cérébrale ou une lésion intéressant
la bandelette optique opposée ;
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REVUK ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
47
5<* Que rhémiopic temporale est pro-
duite par une lésion intéressant Tangle an-
térieur du chiasma ;
4f<* Que rbémiopie nasale a toujours été
de cause inlra -oculaire. (tbid.)
Des cboroidîtes et de leur influence
sur la faculté visuelle ; par P. BERG-
MEÏSTER. — L*auteur commence par
passer en revue les altérations si diverses
décrites dans les publications anatomo-
pathologiqucs, comme constituant Palté-
ration propre à Tune ou Tautre choroïdite.
Ces altérations consistent en une hyper-
plasie, une atrophie ou unedégénérescence,
circonscrites ou plus ou moins généralisées,
et s'attaquant de préférence, soit austroma
choroïdien, soit au pigment épithélial. La
rétine peut être intéressée ou rester plus
ou moins intacte. L'imago ophthalmosco-
pique, quelque variée qu'elle puisse être,
ne se fonde pas cependant sur la diversité
des processus anatomiques ; elle emprunta
ses éléments, dans la grande majorité des
cas. à rétat du pigment choroîdien et épi-
thélial (atrophie circonscrite ou diffuse).
Le vague et Tincertitude dans la con-
naissance des choroïditcs sont augmentés
encore parce fait que Timage ophthalmos-
copiquc; au dire des auteurs récents, ne
fournit pas les éléments nécessaires pour
juger de la gravité de Taffection au point
de vue de la vision, et ne saurait suffire
pour fixer un pronostic un tant soit peu
certain.
Les conditions suivantes ont , suivant
Bergmeisler, une importance capitale au
point de vue de Tacuité visuelle.
1** Quand les processus morbides se
localisent dans une zone moyenne, située
entre Téquateur et le pôle postérieur de
rœil, ils influencent très- peu la faculté
.visuelle.
Le processus morbide s*approchanl de
la papille du nerf optique, il survient des
troubles visuels par deux causes :
a) Par suite de la présence du cercle
artériel de Zinn en cet endroit, la circu-
lation dans la papille est intéressée. Hypé-
rémie de cette dernière, gonflement plus
ou moins considérable, et par suite tor-
peur rétinienne. Si rhypércmie persiste
longtemps, on voit se développer Timage
d'une atrophie plus ou moins prononcée
du nerf ;
h) Des troubles du corps vitré survien-
nent à son pôle postérieur, sous forme de
filaments, de flocons,, de membranes,
quelquefois adhérents à la papille. — Le
processus morbide s*approchant du corps
ciliaire, le corps vitre se trouble dans son
segment antérieur, et tout le fond de Tœil
est comme voilé. Avec un réflecteur faible,
on reconnaît que le trouble est dû à un
pointillé très-Ân, jamais à de gros flocons.
Le corps ciliaire, Piris peuvent s'enflam-
mer, un exsudât peut se déposera la face
postérieure de la cornée.
^° Desimpies plaques atrophiques, sans
exsudation préalable, influencent !a vision
beaucoup moins que les exsudats circon-
scrite, qui plus tard s'atrophient également.
Les troubles causés sont locaux (scotomes,
photopsies, métamorphopsie^ etc.) et rè-
glent leur intensité sur leur siège ; par
exemple localisation dans la macula lutea.
3" Les troubles visuels sont très -intenses
quand en même temps la rétine s'engage
(choroïdite syphilitique).
L'auteur donne ensuite une division
très^acceptable des choroïdites, et applique
aux différentes espèces les données précé-
dentes. (An nales d'oculistique. )
Méthode d'Esmaroh jugée par les
Anglais. — La méthode d*Ësmarch,sibien
accueillie par nos voisins d'Outre Manche,
commence aujourd'hui à trouver des dé-
tracteurs. Dans un mémoire lu devant la
Société médicale d'Edimbourg, le docteur
Chiene discute les avantages et les incon-
vénients de la compression élastique et
termine par un violent réquisitoire contre
la méthode. Ce procédé serait inapplicable
et même dangereux dans beaucoup de cas.
Parmi les nombreux reproches que lui
adresse le chirurgien d'Edimbourg^ nous
citons les suivants : i° il renvoie dans le
courant circulatoire des produits de nature
suspecte, cancéreux, putrides, etc. ; 2<* il
produit une compression trop complète et
fait le vide jusque dans les capillaires,
empêchant ainsi la formation d'un coagu-
Itim convenable dans les vaisseaux d'un
plus gros calibre. La méthode de Lister,
employée pendant de longues années à
V Edinhnrgh infirmary^ et qui consiste à
élever le membre à amputer au moyen de
bandages, est bien préférable. Le simple
tourniquet lui-même, qu'on semble aban-
donner aujourd'hui, est plus avantageux
que la compression élastique ; celle-ci, en
effet, cesse brusquement et expose ainsi à
une abondante hémorrbagie pendant la
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48
REVUE ANALYTIQDE ET CRITIQUE.
ligatare des gros vaisseaux. Avec le tour-
niquet on peut diminuer graduellement la
compression et éviter en partie cet incon-
vénient.
Ces objections faites à la méthode d*Es-
march ont trouvé un écho dans la Société
médico-chirurgicale, dont la plupart des
membres, nous dit le reporter, partagent
la même manière de voir que le docteur
Chiene. Y a-t-il un parti pris, une cabale
contre le chirurgien allemand? Nous ne le
pensons pas. La nouvelle méthode a néces-
sairement à lutter contre les habitudes
prises, et Ton ne saurait s'étonner de lui
voir des ennemis. Elle n'a peut-être pas
donné; du reste, tout ce qu'on avait promis
en son nom, et son usage est loin de s'être
généralisé même à Londres, où elle avait
été très- bien accueillie et patronnée par
plusieurs chirurgiens autorisés.
[L'A beille médica fe . )
Emploi du forceps pour extraife la
tète du fœtus après la sortie du trono.
— Dans la grande majorité des cas, lors-
que le tronc est sorti, une manœuvre
adroite exécutée avec les mains seules sullît
pour amener au dehors la tête du fœtus.
Cependant, il est des cas où l'emploi du
forceps est non-seulement utile, mais de-
vient indispensable. De quelle façon de-
vrait-on appliquer cet instrument; devra-
t-on se conformer au précepte qui veut
qu'on l'applique toujours au-dessotts de
l'enfant qu'on relève ; ou toujours en le
mettant en rapport avec sa partie anté-
rieure, avec le plan sternal du fœtus?
Emploiera-t-on ce qu'on a appelé la mé-
thode allemande ou la méthode française?
M. Grynfeit montre qu'aucune de ces lois
ne doit être appliquée à l'exclusion de
l'autre, et il étudie chacun des cas que
l'accoucheur peut rencontrer. La tête, res-
tant la dernière, peut siéger au niveau du
détroit inférieur, de l'excavation ou du
détroit supérieur. Pour le dire de suite,
l'arrêt de la lêle au détroit supérieur est
excessivement rare et il serait très difficile
d'appliquer sur elle les branches de Tinslru-
nient. Lorsque, au contraire, la tête est
arrivée dans l'excavation au niveau du
détroit inférieur, le procédé variera sui-
vant la position : l** s\ la tête est en occi-
pilo-pubienne, on appliquera le forceps en
rapport avec le plan sternal du fœtus,
c'est-à-dire en le plaçant au-dessous de lui ;
2° si la tête est en occipito-sacrée et qu'elle
soit fléchie, c'est encore sur le plan slemal
qu'on glissera les branches de l'instroment ;
3° si, au contraire/ la tête est défléchie,
c'est au dessous du fœtns qu'on appliquera
le forceps; i;" enfin, si la position est
oblique ou transversale, on la transformera
d'abord en position directe, en occipito-
pnbîenne et en occipito-sacrée, et on met-
tra ensuite en usage l'un des procédés
ci -dessus indiqués.
(bulletin général de thérapeutique,)
De la compression dans l'hydarthrose
du genou. — La compression d'un genou
atteint d'hydarthrosesefait habituellement
au moyen d'une épaisse couche d'ouate
enveloppant l'articulation et vigoureuse-
ment serrée dans les tours d'une bande de
toile ou de flanelle. C'est là en somme un
procédé assez défectueux/ à cause de la
facilité avec laquelle les tours de bande se
desserrent. Avec une bande de caoutchouc
on n'a pas à craindre un tel résultat, mais
on tombe dans un autre inconvénient,
celui d'imposer au malade une compression
circulaire qui devient rapidement très-dou-
loureuse, en raison de l'élasticité du caout-
chouc. Frappé de ces difficnltés,M.Guyon
a eu l'idée de substituer à la compression
circulaire du genou l'application d'un ap-
pareil ouaté compressif sur une gouttière
qui ne laisse à découvert que la partie
antérieure de l'articulation. Voici comment
il procède. Le membre étant placé dans la
gouttière, des feuilles d'ouate rectangu-
laires sont appliquées sur le genou et for-
ment, en se superposant, une couche d'une
grande épaisseur. C'.est sur la gouttière
qu'est enroulée la bande circulaire, et on
voit par là que la compression ne porte
que sur la partie antérieure du genou, les
faces postérieures et latérales du membre
étant protégées par la gouttière. On évite
ainsi au malade la gène et la douleur qui
accompagnent si souvent une constriction
circulaire énergique, et on peut pousser la
compression beaucoup plus loin.M.Guyon
a déjà obtenu par ce procédé de compres-
sion un assez grand nombre de succès,
parmi lesquels nous nous contenterons de
citer comme exemples deux observations
dans lesquelles les malades se trouvaient
dans deux caractères absolument diffé-
rents.
Dans la première, il s'agit d'un jeune
homme de dix-huit ans, chez lequel l'hy-
darthrose ne datait que de huit jours. Dans
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
49
la seconde, au contraire^ le malade était âgé
de cinquante- deux ans, et répanchemcnt,
de nature rhumatismale; remontait déjà à
cinquante jours. Dans les deux cas, Tap-
piication de Tapparei! ouaté compressif a
été supportée sans difficulté par les ma-
lades; et la guérison a été obtenue en dix
jours chez Tun et en vingt trois chez l'au-
tre. Ces deux exemples, pris entre beau-
coup d*autres, sont tout à Téloge d*un pro-
cédé qui, aux avantages d'une application
facile, jamais douloureuse, et d'une guéri-
son relativement rapide, joint celui de
convenir aussi bien aux épanchcments ré-
cents qu*aux hydarthroses déjà anciennes.
{Ibid,)
Cbimle médleiile et pbarmaeeatlqae.
Sur les substances qui oontribuent à la
réaction acîde de Turîne; par M. DO-
NATH. — On attribue généralement avec
Liebig la réaction acide de Turine à la
présence de phosphates diacides (mono-
métalliques) formés par l'action de Pacidc
hippurique et de l'acide urique sur les
phosphates (dimétalliques). On sait en effet
que le phosphate disodiquc dissout les
acides hippurrque et -urique en proportion
beaucoup plus grande que l'eau pure, et
que ces dissolutions offrent une réaction
acide trcs-prononcée. L'auteur a trouvé
de plus que la quantité dVide qui. se dis-
sout en excès est équivalente de la quantité
de phosphate disodique contenu dans la
liqueur; pour chaque molécule du der-
nier, il se dissout une molécule d*acide
hippurique. Enfin, le phosphate trisodique
en solution aqueuse dissout, par molé-
cule, deux molécules d'acide hippurique
en plus que l'eau pure. L'acide urique et
Tacide benzolque se comportent de même.
Ces résultats justifient Thypothèse de Lie-
big, en montrant que les trois acides enlè-
vent un atome de sodium au phosphate
disodique, et même deux atomes de sodium
au sel trisodique pour former de l'hippu-
rate, de l'urate acide, ou du benzoatc de
sodium, et que le phosphate se convertit
en phosphate acide qui communique à
Turine la réaction acide.
.Mais les deux sels en pr/'sence, phos-
phate diacide et hippurate, par exemple,
se trouvent dans un état d*équilibre insta-
ble et subissent très- facilement la décompo-
sition inverse. Ainsi vient-on à soumettre la
dissolution à une évaporation lente, elle
donne d'abord des cristaux diacide hippu-
rique, ensuite un mélange de cet acide et
de phosphate disodique ou trisodique. sui-
vant qu*on a employé primitivement l'un
ou l'autre sel, et finalement ces phosphates
seals, sans, qu'à uo moment quelconque,
on puisse reconnaître la formation d'un
cristal d'hippurate de sodium. Il suffit
même d'agiter la solution primitive avec
de l'éther f)our dissoudre une not.able pro-
portion d'acide hippurique.
Dans le cas de l'acide benzoïquc on
observe des phénomènes analogues, seule-
ment, pendant l'évaporation, on constate
la formation d'une faible quantité de ben-
zoate sodique ; pour l'acide urique ce der-
nier phénomène est plus marque et l'on
obtient par concentration une certaim^
proportion d'urale acide de sodium.
Au lieu de dissoudre un acide dans du
phosphate disodique, on peut aussi mé-
langer des molécules égales de phosphate
monosodique et de bcnzoàte ou d'hippu-
rate de sodium ; la solution qu'on obtient
laisse déposer l'acide benzoîque ou hippu-
rique par concentration, et cètle ces acides
lorsqu'on agite simplement la solution pri-
mitive avec de l'éther.
{Journal de pharmacie d'Anvers.)
Observations sur des urines réduisant
la liqueur de Feblins;; sans dévier au
polarimètre; par M. DAVID. — Mon ex-
cellent maître M. P. Thenard a bien voulu,
à la dernière séance de la Société chimi-
que, énoncer le résultat d'un travail que
j'ai commencé sur les urines, et qui est
resté inachevé faute de sujet d'expérience.
Pensant que ce travail peut intéresser les
médecins, et que le cas que j'ai examiné
peut se présenter en maintes circonstances,
je viens dans cette note donner quelques
détails plus précis, et ratifier d'une manière
complète les paroles que M. Thenard a '
prononcées à la Société,
A la suite d'un anthrax d'une violence
inouïe, qui faillit lui ôter la vie, mon père
après s'être très-bien porté pendant 8 à
iO mois tomba dans un état d'affaiblisse-
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KO
KËVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
ment qui prit bientôt des proportions ef
frayantes; le médecin examina ses urines:
elles réduisaient la liqueur de Fehling, et
brunissaient légèrement lorsqu*on les chauf-
fait avec un morceau de potasse caustique.
Jl déclara qu'il était diabétique et lui or-
donna le traitement du diabète. En qualité
de chimiste je voulus suivre les mouve-
ments de la maladie, et pris chaque jour
l'urine de la nuit pour Texaminer.
Un premier fait me frappa. L'urine ne
réduisait pas franchement la liqueur âe
Fehling, comme lorsqu'elle contient du.
glucose. Il fallait une ébullition prolongée
pour produire le phénomène d'une manière
bien nette. Néanmoins en attribuant le
dépôt rouge de protoxyde au glucose, l'ana-
lyse en décelait 10 à 12 gramnres par litre
d'urine.
Dixs doutes me vinrent alors, doutes
d'autant plus fondés que le malade
aucune soif, et ne rendait pas b^^^cWiù^
.litre d'urine par jour. J'exai»(;n)ai donc^
l'urine au saccharimètre, aprèkl^avoir dé-
fequée soigneusement avec llflO de lèjr^
acétate de plomb. Je n'obtins aucune trace
de déviation. L'observation a (ue faite par
moi et contrôlée par M. ThcnanL 4^9^ T?^
saccharimètre perfectionné de M. ùr ^
qui permet d'apprécier 1/2 degré avec une
grande netteté.
Je cherchai alors un moyen de séparer
ce produit, qui, à la manière du glucose^
réduit le tartrate cupro- potassique sans
toutefois dévier au polarimèlre. Voici la
méthode que j'ai suivie :
J'ai traité JJOO^^c d'urine fraîche, rédui-
sant bien la liqueur de Fehling, par 100<^*'
de sous-acétate de plomb concentré. Il
s'est fait un gros précipité A (urates,
chlorures, phosphates).
J'ai filtré et ajouté dans la liqueur claire
de l'ammoniaque en défaut, c'est-à-dire en
quantité insulBsante pour précipiter tout
Toxyde de plomb de l'acétate en excès con-
tenu dans la liqueur. Il s'est fait un nou-
veau précipité B, qui devait contenir tout
le glucose, s'il y en avait. Il n'en contenait
pas.
On a filtré de nouveau pour séparer ce
précipité et abandonner la liqueur claire
au repos pendant une journée. Elle a laissé
' déposer au bout de ce temps un précipité
rougeclair C. Celui-ci était le corps inté-
ressant.
Ce précipité rouge-chair a été recueilli,
lavé« et remis en digestion avec de l'eau
distillée. On a saturé le plomb avec de
l'acide sùlfurique étendu et filtré, pour
séparer le sulfate de plomb ; puis, dans la
liqueur claire^ on a ajouté de l'eau de ba-
ryte en quantité strictement nécessaire
pour saturer l'acide sùlfurique en excès.
On a filtré et examiné la liqueur. Elle
réduisait la liqueur de Fehling abondam-
ment, sans donner trace de déviation au
polarimètrc.
La mort de mon pauvre père est venue
suspendre le travail. La matière que j'ai
obtenue serait, d'après ces données, facile
à isoler, mais il faudrait des quantités
d|urine dans ces conditions ; les médecins
seiiis peuvent s'en procurer.
^^ fait. — Les urines fraîches de cha-
que jour ont été évaporées dans le vide à
consistance sirupeuse, pour être soumises
ensuite à l'analyse immédiate.
Pour cela, le résidu sirupeux a été traité
^^rl^dko^ concentré, qui a dissous l'urée
etles^fiMiîè^ extractives solubles, laissant
1îe coté l'^jàc urique et une partie des
sels. v\
12l.€d9^i^io" alcoolique a été distillée et
le résidu de Ja /cornue traité par l'étlier,
ui a laissé l^ée dissoute, et s^est charge
un^iû^tipiT excessivement acide au pa-
Jpi^j^-4tJurnesol. Quel acide soluble dans
i'éther pouvait donc se trouver dans cette
urine? La solution éthérée, évaporée au
bain-marie, a laissé un résidu peu soluble
dans Teau froide, plus soluble dans l'eau
I^ouillante et cristallisant parie refroidisse-
ment. Cette matière acide, purifiée par ce
mode facile de. cristallisation, a été exami-
née plus attentivement et j'ai reconnu
qu'elle fondait h 120% qu'elle était soluble
dans 200 p. d'eau froide et 25 d'eau
bouillante, qu'elle était inflammable et
qu'elle formait des sels de baryte et de
plomb insolubles. En un mot, l'acide était
de l'acide benzoïque^ fait singulièrement
anoripal, et contredit jusqu'ici par bien des
médecins. (Ihid.)
Dosage de l'albumine par le taBnîn.
— Le dosage de l'albumine par une solu-
tion titrée de tannin donne des résultats
inexacts, car toutes les albumines ne fixent
pas la même quantité de ce réactif. Ainsi
la matière albumineuse contenue dans
l'urine brightique retient 57' p. 100 de
tannin ; celles que l'on trouve dans les cas
d'albuminurie accidentelle n'en retient que
28 p. 100, — Pour doser l'albumine à
l'aide du tannin, il faut ajouter au liquide
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
M
albamiiieux la moitié de son volume d*unc
solution à 20 p. iOO de sel marin; on y
verse une quantité suffisante de solution
tanniquc pour que toute Palbumine soit
précipitée ; on filtre, on lave le précipité
jusqirà complète élimination du sel marin ;
on enlève le tannin par Taicool bouillant,
on sèche et on pèse. (Ibid.)
Sur le phosphate ammoniaoc-magiié*
sien; par MM.A.MILLOT et MAQUENNE.
— Le phosphate ammoniaco-magnésien
précipité en liqueur ammoniacale se pré-
sente sous la forme d*étoiIes caractéristi-
ques,- dont il est impossible de déterminer
la forme cristalline. Pour obtenir ce pro-
duit cristallisé, il faut que la précipitation
ait lieu dans une liqueur neutre ou légère-
ment acide. C'est ce qui a lieu quand on
abandonne l'urine à elle-même (Neubauer)
ou quand on neutralise par Tacide acétique
une liqueur renfermant en suspension le
phosphate en étoiles.
Dans ces conditions, les cristaux sont du
système rhomboidal droit ; ils ont été dé-
terminés directement à Faide de cristaux
trouvés dans le guano ou nu microscope ;
les angles à la base sont de 63<* 4'S et
HG"* 18'; ces prismes portent générale-
ment des troncatures sur les arêtes et Tas-
pect du prisme semble un trapèze isocèle
ou même un triangle.
Les mêmes cristaux s*obtiennent en li-
queur ammoniacale en présence de citrate
d'ammoniaque ; il est à remarquer que le
tartrate d'ammoniaque ne produit aucun
effet semblable.
Avec une faible quantité de citrate on
obtient de gros prismes ; à mesure que la
proportion de réactif s'élève, les tronca-
tures s'accentuent, on obtient des trapèzes,
et enfin, avec un très-grand excès, des
octaèdres appartenant toujours au même
système.
Dans tous les cas, ces cristaux ont,
après dessiccation sur Tacide sulfuriquc,
la composition connue
PO\2MgO,AzH*0,12HO;
à i 00^ ils abandonnent toute leur eau de
cristallisation en perdant leur forme cris-
talline.
D'après Berzelius, si Ton fait bouillir
une liqueur renfermant un équivalent de
sulfate de magnésie et un équivalent de
phosphate neutre d'ammoniaque, on ob-
tient un composé cristallisé ayant pour
formule P0*MgO,AzH*O,4HO; il ajoute au
reste que cette matière aurait besoin d'être
étudiée de nouveau.
Dan» ces conditions, on obtient d'abord
du phosphate trimagncsique qui, en pré-
sence du phosphate d'ammoniaque, se
transforme à l'ébullition en phosphate
ammoniaco-magnésien cristallisé en gros
cubes très-nets ou en tables carrées.
Sa composition est toujours
POS2MgO,AzH*0,2HO
il s'est formé d'après l'équation
PO»,2AzH^O,HO+2SO«,MgO=PO«.
2MgO,AzH*0+2(SO»,AzH*0).
séché à iOO*', ee produit ne change ni de
composition ni de forme.
Ces cristaux n'offrent aucune coloration
dans la lumière polarisée, ce qui a lieu au
contraire pour les prismes rhomboldaux ;
ils sont complètement insolubles dans l'eau
pure, tandis que ce liquide dissout par
litre ^0 milligrammes du phosphate en
étoiles ; enfin, je citrate d'ammoniaque, qui
dissout ce dernier en proportion très-nota-
ble, n'exerce aucune action sensible sur le
phosphate cubique.
D'ailleurs cette variété ne s'obtient ja-
mais dans les dosages d'acide phospho-
rique.
Lorsque l'on ajoute un excès d'un sel
de magnésie h une dissolution de phosphate
ammoniaco-magnési^ dans le citrate
d'ammoniaque, on le précipite en totalité ;
cette propriété justifie complètement le
procédé de dosage de l'acide phosphorique
proposé par M. Joulic {Monitevr scienti-
figue), mais aussi elle montre qu'il est
impossible de faire le dosage de la magnésie
à l'état de phosphate ammoniaco-magné-
sien dans des liqueurs renfermant de
l'acide citrique. (Ibid.)
Reoherohes sur le lait; par M. N. 6ER-
BER. — 1. Dosage de l'eau. — Pour doser
Peau, on prend, d'après Haidlen, de 1 à
3 grammes de -sulfate de chaux et 15 à
20 centimètres cubes de lait. On chauffe ce
mélange sur une petite flamme, puis dans
rétuve de 105 à ilO degrés. Mais il vaut
mieux prendre autant de sable lavé que de
lait (10 à 20 grammes), chauffer ce mé-
lange au bain- marie et après dans l'étuve à
110 degrés, jusqu'à ce que le poids ne di-
minue plus. De cette manière, le lait ne
s'oxyde pas ot on obtient des résultats très-
exacts. Pour doser l'eau dans du lait con-
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52 REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
dense, il faut de même bien mêler ce lail plus grands et plus éloignés les uns des
avec le sable. autres que dans le lail ordinaire. Aussi ce
2. Dosage du beurre, — Le dosage du lail reste -t- il beaucoup plus longtemps sans
beurre par le procédé de M. Hoppe-Seyler, s*allércr, comme le lail qui avait été
consistant à traiter le lait dans un tube chauffé, ce qui semble montrer que les
gradué par i'élber et un peu de potasse, spores sont détruits par le grand froid
laisse toujours de la potasse dans le résidu comme par la chaleur,
sec ; en outre, cette méthode n*est pas 7. La pellicule que donne le lait en
commode comme manipulation. bouillant ne contient pas seulement de la
Le lait qui a servi pour doser Teau ne caséine coagulée et des graisses, mais aussi
peut donner un résidu apte à rcxtraction de Talbumine coagulée,
du beurre par Téthcr. 8. •Pour doser le beurre, j*ai fait con-
Aussilôt qu*on a coagulé le lait d'après slruire un appareil consistant en un léger
la méthode ordinaire, il faut Bllrer, laver flacon, dans la tubulure duquel est un
d'abord avec de feau froide, puis avec de entonnoir fermant à rémeri, où Ton place
Talcool fort et tout de suite après avec de le filtre chargé de coagulum. L'embou-
rélher, jujqu'à ce que le coagulum soit chure de rcntonnoir est jointe à un réfri-
épuisé. Si ou laissait celui-ci devenir com- gérant qui condense les vapeurs d'éther.
pacte, il serait impossible plus tard d'en On place dans lu flacon trois quarts de son
extraire le beurre par Téther, parce que la volume d'éther, et on met l'appareil
caséine enveloppe toujours des parties de monté sur un bain-marie. On chauffe le
graisse, si bien qu'il est impossible d'épui- bain jusqu'à une légère ébullition ; de
ser le résidu. celte manière, Téther dégraisse le coagu-
5. Dopage de l'albumine, — Pour obte- lum de bas en haut. L'éther qui monte au-
nir des résultais exacts, il ne suffit pas de dessus du filtre se condense dans le réfri-
chauffer le liquide filtré du lait caillé, gérant et tombe de nouveau sur le Gltre,
traité d'après la méthode ordinaire par de sorte que le dégraissage se fait de lui-
Tacidc acétique et l'acide carbonique, mais même très-complétem^nt. Cette manière
il faut révaporer au quart de son volume, de dégraisser présente différents avan-
et ce n'est que de cette manière qu'on par- tages :
vient à coaguler dans la liqueur à peu près !« On ne perd point d*éther ; 2<> la ma-
tous les albuminates exempts de lacto- nipulation, qui, par la méthode ordinaire^
protéine. ^ est très-fastidieuse, se fait d'elle-même;
i. Le lait coagulé par Pacidc acétique 3** après avoir dégraissé, on n'a qu'à dé-
laisse séparer la caséine beaucoup plus monter l'entonnoir et le réfrigérant, dis-
vite que le lail coagulé spontanément. liller Téthcr^ chauffer le résidu au bain-
b. Du lait chauffé dans un tube de verre marie, puis à Tétuve à iiO degrés, et
au bain-marie, puis scellé à chaud, reste peser ; on obtient le beurre par «'ifférence.
plus de trois mois incoagulé. D'autre part. Celte méthode donne, avec peu de peiiie^
le même liit, enfermé sans avoir été des résultats beaucoup plus exacts que les
chauffé, s'est coagulé après quatre se- autres procédés. Ce dégraisseur offre par
maines. sa simplicité beaucoup plus d'avantages
6. Dans le lait exposé à un grand froid, que celui de M. de Bibra. L'appareil est
on trouve les globules sous le microscope construit à Paris chez les frères Alvergniat.
Analyses da lait de ?ache.
I. 11. III. IV. Moyenne.
Poids spécifique. . . f,023i 1.0256 1,029 1,0278 1,0262
H20 84,55 86,84 88,79 84,67 86,21
Beurre 4,56 3,95 i 50 3,73 4,18
ÏÏb*JmL. ! • • • «'^^ <'" 5" M« 4.«
Sucre 5.36 2,38 2,70 5,65 4,28
Sels 0,73 1,01 0.80 0,91 0,««
99,96 99,97 99,92 99,98 99,96
Réaction toujours un peu acide.
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REVUE AiNALYTIQUb ET CRITIQUE.
bù
I.
Puids spéciGque . 1,0i7
Age de la femme . : . 33 ans.
Age da lait 50 jours.
H20 88,020 °/o
Beurre 2,90 »
Caséine. ) . ^^
Albumine.! ' • • • ^'^^ "
Sacre 7,03 «
Sels 0,31 »>
99,86 »/o
Réaction Neutre.
Nouvelle propriété de la glycérine. —
R. Godeffroy, en observant une glycérine
chimiquement pure, trouva que, chauffée
à 502 degrés Fahrenheit (150 degrés cen-
tigrades), elle prend feu, et brûle avec
une flamme bleue, constante et non lumi-
neuse, sans répandre aucune odeur et sans
laisser de résidu. Celte glycérine avait une
pesanteur spécifique de 4^60,9. Celte
propriété permet à la glycérine d*une fai-
ble densité de brûler h Taide d'une «impie
lampe à mèche. (ibid,)
_
tll.
Lait de fei
IV.
nme.
_
•i — ' — ^
11.
V.
VK
Moyenne.
1,031
32.
74.
1,029
23.
77.
84.86
5.25
1,028
27.
48.
8is62
4,64
1,031
25.
60.
1,0215
2n
170.
86,22
4,54
87.57
3,4f
Î'3J7
2,15
89.05 o/«
3.30 •
2.81
2,74
2.03
2,03
1,06
1,79 «
5,96
0.41
6,40
0,75
6,46
0,22
6,27
0,67
99,98
3,^6
0.14
5,59 >.
0,42 *
9jf.94
99,98
99,97
99,98
99,95 r/c
Neutie.
Alcal.
Neutre.
Neutre.
Neutre.
{Répertoire de pharmacie.)
Hédérîne ; nouvel élément du lierre
commun (Hedera hélix) ; par le docteur
HARSTEN. — L'hédérine est un principe
amer ; quelques chimistes la considèrent
comme un alcoloîde; il n'en est rien d'après
Fauteur. Pour préparer ce produit, le
D' Harsten divise finement les feuilles de
lierre et fait une bouillie avec de Talcool
à 85**,90°. Après deux heures, il presse et
distille Talcool. Par le refroidissement, un
précipité se sépare ; on lave avec de Feau
et on filtre. Le liquide filtré contient de
Tacide hédérotannique, le rési !u est dé
rhédérinc avec des matières grasses et de
la chlorophylle. On dessèche le résidu,
on le di:»sout dans Talcool bouillant, et,
par révaporalion spontanée, riiédérine se
sépare en petits grains. On dessèche
de nouveau et on lave avec la ben-
zine. Enfin, on le lave avec de Teau et on
le fait cristalliser dans Talcool, après avoir
décoloré par le charbon animal. On peut
encore le dissoudre dans un alcali, et préci-
piter par Tacide chlorhydrique. C'est une
poudre légère, qui .<e présente en écailles au
microscope. A peine sduble dans Peau
froide, Téther^ la benzine ; facilement so-
luble dans Talcool bouillant. Elle donne à
Teau la propriété de mousser. Elle se rap-
proche ainsi de la saponine, mais elle n*est
pas aussi soluble qu'elle dans Tean ; elle
ne parait pas vénéneuse, car les feuilles de
lierre sont pour les chèvres une nourriture
recherchée. Cet élément existe en grande
quantité dans les feuilles de lierre, surtout
dans les vieilles feuilles, qui sont exposées
à la lumière directe du soleil. Le docteur
Kœnig a analysé la substance ; elle eoii-
lient : C=63,i4 0/0 H==i0,40. Par Tébul-
lition avec Tacidc sulfuriquc elle donne
35 à 38 0/0 de sucre.
{Journal des connaissances médicales.)
Recherches sur Taoîde salicylîque. —
M. Julius Alûller, pharmacien à Breslau, a
essaye comparativement Taclion antifcr-
mentique de Tacide salicylîque et de Tacide
phcniquc. Il a vu que Tacide salicylîque
empêche la fermentation du sucre de raisin
plus facilement que Tacide phénîque. Au
contraire, une moindre quantité d'acide
phéniquc que d'acide salicylique suffit pour
empêcher ou retarder la fermentation
putride de l'urine, ou d'une infusion
aqueuse de morceaux de foie finement
décoirpés. L'auteur explique cette diffé-
rence d'action par la volatilité plus grande
de l'acide phénique qui en ferait un meil-
leur désinfectant.
Poursuivant cette élude sur les fermen-
tations à ferments non organisés^ M. MûUer
a vu que dans la proportion de un à deux
dixièmes p. cent de la solution, l'acide
salicylique peut arrêter ou empêcher la
décomposition de Tamygdaline par l'émul-
sine, ou la transformation de l'amidon par
la ptyaline, ou celle du glycogène en sucre,
tandis qu'il faut 10 p. cent de la solution d'a-
cide phénique pour obtenir les mêmes effets.
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54
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Ces expériences entreprises sur le pou-
voir digestif de la pepsine en présence de
ces deux acides ont donne des résultats
analogues avec dos écarts moins marqués
cependant entre les deux acides. Ingéré
dans Testomac de Thomme ou des animaux
vivants, Tacide salicylique n'arrête pas la
digestion aussi facilement qu*on aurait pu
le croire, ce que Tauteur attribue à la
prompte et facile élimination de cette
substance par les émonctoircs naturels.
Suivant M. Mûller, Tacide salicylique
doit en grande partie ses propriétés anti-
septiques et antifermontalives à sa qualité
acide. Il a sur Tacide phénique Tavantage
de n*étre ni irritant ni aussi désagréable-
ment odorant ; mais Tacide phénique a sur
Tacide salicylique l'avantage d'être plus
antiseptique, grâce à sa volatilité, et de
pouvoir facilement se combiner avec Thuile
et la glycérine, ce qui le rend d'un emploi
plus commode.
M. Mûller prépare une solution aqueuse
diacide salicylique en dissolvant une partie
de cet acide dans 20 de glycérine chaude,
et en ajoutant 80 parties d*eau à cette
solution.
Sachant que l'acide salicylique est éli-
miné en nature par les urines, et que
d'autre part de petites quantités de cet
acide suffisent pour empêcher la fermen-
tation alcaline de l'urine et y arrêter la
production des bacléri*'s, M. le docteur
Fûrbringer (de Heidelberg) a eu l'idée
d'administrer à riulérieur cette substance
dans des cas de cystite, de pyélite ou de
rétention d'urine, afin d'empéchcr dans
ces cas la fermentation intra vésicale du
liquide urinaire. Le succès a pleinement
couronné ces tentatives. L'auteur rapporte
quatre cas à l'appui de cette pratique ; en
voici le résumé :
l» Phthisie avancée avec paralysie spi-
nale. Urines fétides et alcalines ; dépôt
contenant des cristaux, des corpuscules
purulents et des bactéries. L'urine perd
son odeur après l'ingestion de 4 grammes
environ d'acide salicylique par doses frac-
tionnées.
2" Maladie de Brîght chronique avec
catarrhe des voies urinaires. Urines albu-
mineuses, très-alcalines, fétides et conte-
nant des bactéries et des corpuscules
purulents. Acide salicylique à la dose de
0,75 par jour. Le neuvième jour l'urine a
perdu ses caractères anormaux, elle con-
serve .seulement de l'albumine et quelques
corpuscules purulents.
5<> Cystite datant de plusieurs années,
exigeant l'emploi de la sonde. Urines
offrant les mêmes caractères que plus
haut. Acide salicylique donné à la dose
quotidienne de 0,75 centigrammes à 1,50.
Au bout de douze jours, aucun résultat
sensible ne s^étant produit, on lave la
vessie à grande eau pour débarrasser ses
parois de la couche muco-purulente que
l'on .suppose devoir agir comme ferment.
Le remède, continué à l'intérieur, ne
tarde ^pas à ramener l'urine à son état
normal.
i" Cystite aiguë. Urines alcalines, pyru-
lenlcs et fétides, ayant rapidement repris
leur aspect normal après l'usage interne
de l'acide salicylique.
M. Fûrbringer fait remarquer que dans
tous ces cas le médicament a arrêté les
phénomènes de fermentation urinaires
sans cependant arrêter la formation des
cellules de pus sur la muqueuse vésicale
et sans empêcher l'état purulent de l'urine.
(Lyon médicaL)
Sur l'acîde salîoylîque et ses proprié-
tés antiseptiques. — L*altention a été
appelée dernièement sur les qualités anti-
septiques de ce produit^ que l'on peut obte-
nir aujourd'hui par les voies synthétiques.
L'acide salicylique est cploré en jaune
clair ; il se présente sous forme de cris-
taux très fins, aisément solubles dans
l'alcool, l'éther et l'eau bouillante, mais
non dans l'eau froide. Il fond à 51 8. degrés
Fahrenheit (160 degrés centigrades). Si
on le chauffe brusquement, il se décom-
pose en acides carbonique et phénique ;
chauffé modérément, il sublime sans dé-
composition.
. Le professeur Colbe confirme les obser-
vations de Knapp, Neugebauer, Thiersch
et autres ; il conclut que l'acide salicyli-
que possède des qualités sérieuses comme
antiseptique et comme moyen préventif
contre la fermentation ou la putréfaction.
Dans bien des cas, l'acide salicylique est
préférable à l'acide phénique, il n'a pas
d'odeur, pas de saveur désagréable; il peut
être employé à r.intérieur comme pour
l'usage externe sans entraîner aucun incon-
vénient ; et il a été employé avec succès à
des usages chirurgicaux.
Les expériences du professeur Neuge-
bauer prouvent qu'une petite quantité
d'acide salicylique suffit pour prévenir
non-seulement la seconde fermentation
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE
5î>
du vin et par eonséquent le trouble quVlle
produit, mais aussi la formai ioa de cham-
pignons dans les tonneaux. Les expérien-
ces du professeur Kolbe montrent que
50 centigrammes de cet acide suffisent à
empêcher la fermentation produite par
5 grammes de levure de bière dans une
solution de 120 grammes de sucre dans
1 lilrc d*eau. On peut conclure de ces
expériences que Tacide salicylique serait
utilement employé dans la conservation
des champagneSf bières et sirops destinés
à Texportation. Une autre . application
importante que le professeur Kolbe tire de
ses expériences, cVst son emploi pour la
conservation de Teau à bord des navires
soit en rajoutant à IVau dans la propor-
tion d*un deux-cent millième, soit en cou-
vrant la bonde des tonneaux de coton
trempé dans Tacide salicylique, ce qui prér
serverait Teau par la fîltration de Pair. On
pourrait de même préserver les provisions
de bouche en les couvrant diacide salicy-
lique. On a trouvé que la coagulation du
lait était retardée de trente-six heures par
Taddition de 0,04 pour 100 d'acide salicy-
lique. Ces différents résultats ont été
obtenus avec Tacide salicylique libre, et
non avec ses sels. Le professeur Kolbe
pense aussi que cet acide serait particuliè-
rement propre aux usages de toilette,
comme dentifrice et contre Todeur désa-
gréable causée par la transpiration.
Quant à Tusagc plus important de cet
acide dans les pansements, chirurgicaux.
Je professeur Thiersch et le docteur Feh-
ling, qui font employé d*une façon assez
générale, rapportent quMl annihile Todeur
de la putréfaction sans produire aucune
inflammation apréciable, et qu'un mélange
de 1 partie d'acide salicylique, 3 parties
de phosphate dé soude et 50 parties d*eau
active la cicatrisation.
On a employé, dans les opérations chi-
rurgicales, un mélange d'acide et d'eau
dans la proportion d'un trois-centième, on
couvrait la plaie de ouate trempée dans
cette solution.
A l'hôpital d*accouchements de Leipzig
Facide salicylique a été employé à la place
de l'acide phcnique dans les maladies de
la matrice et pour couvrir les ulcères
puerpéraux. Comme cet acide est soluble
dans les huiles grasses, il peut être em-
ployé, comme l'acide phénique, pour les
bandages Lister.
A l'intérieur, il a été employé contre
les maladies contractées par contagion. Le
profesjseur Kolbe, après expérience per-
sonnelle, a trouvé qu'il pouvait être pris
de I gramme à 1 g., 25 de cet acide par
jour, sans le moindre inconvénient ni trou-
ble de l'économie générale.
Les premières expériences sur l'acide
salicylique ont été faites en Allemagne. .
(Répertoire de pharmacie.)
Reoberohe des matières goudronneu-
ses dans rammoniaque du commerce ;
par M, KUPFFERSCHLAEGER, de Liégé.
— L'action de l'acide nitrique sur le sul-
fate d'aniline ayant été décrite à diverses
reprises, peut être considérée comme con-
nue; mais ce qui ne l'est guère, c'est l'ap-
plication qu'on peut faire de cette réaction
très-sensible à la constatation de la pureté
de l'ammoniaque caustique.
Plusieurs traités de chimie analytique
rapportent que l'épreuve la plus certaine
à faire subir à une ammoniaque douteuse,
dans le but d'y constater la présence de
matières organiques incolores de nature
goudronneuse, consiste à en verser un
excès dans une dissolution ferrique et à
abandonner le vase couvert au repos, jus-
qu'à éclaircissement de la liqueur surna-
geante: de la filtrer ensuite, puis d'y ver-
ser du sulfhydrate d'ammoniaque, qui ne
produira rien, si l'ammoniaque est pure
(parce qu'elle aura précipité tout l'oxyde
ferrique), mais qui, dans le cas contraire,
y produira un précipité noir de sulfure de
fer, ou une coloration brune, selon la
quantité de métal restée dans la liqueur.
Ce procédé long et compliqué n'indique
nullement l'origine de l'ammoniaque, ni la
nature de ses impuretés. C'est pourquoi
nous lui préférons la coloration que l'acide
nitrique produit avec l'aniline et la tolui-
dine existant presque toujours dans l'am-
moniaque retirée des eaux vannes et des
eaux goudronneuses du gaz d'éclairage ; la
moindre trace de ces matières produit,
dans ce cas, une coloration rouge-groseille,
surtout si l'on opère comme il suit :
On verse peu à peu l'ammoniaque que
l'on veut essayer dans un tube d'essai con-
tenant quelques centimètres cubes d'acide
nitrique incolore et étendu du quart de
son volume d'eau : si elle est goudron-
neuse, une coloration rouge -groseille appa-
raît immédiatement et devient brune à
mesure que l'on ajoute de l'ammoniaque
impure; en outre, le mélange s'échauffe
considérablement et exhale manifestement
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Î5G
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Todeur de goudron, surtout si Ton n'ajoute
pas Tammoniaque en exeès, cVst à-dire si
Ton cesse lorsqu'elle n'agit plus énergi-
qucment sur Tacide nitrique, autrement
son odeur dominerait. La couleur brune
persiste indéfiniment.
L'acide chiorhydrique employé de la
même façon donne aussi lieu à une colo-
ration rouge et à un dépôt de chlorure
ammonique ; l'acide sulfurique colore
l'ammoniaque essayée en brun plus ou
moins foncé, et la réaction est tumul-
tueuse; c'est l'acide nitrique qu'il est
préférable d'employer, parce qu'il forme
une zone bien isolée et très-distincte.
L'ammoniaque goudronneuse ne peut
servir ni à la précipitation complète des
oxydes» ni à la préparation de certains
réactifs, notamment du molybdate nitrico-
ammoniquc, qui dans ce cas est brun,
alors qu'il doit être incolore, pour recher-
cher les acides phosphorique et arsénique.
(Ibid.)
Extraction de l'or des liquides pau-
vres ; par M. BOTTGER. — On ajoute à
la liqueur bouillante, contenant l'or du
stannate de soude et on laisse bouillir jus-
qu'à précipitation complète. On recueille
le précipité d'or et d'étain, on le lave et on
le dissout dans Teau régale. On a ainsi une
solution contenant du chlorure d'or et du
chlorure d'étain. La liqueur évaporée avec
soin est étendue d'eau distillée, puis addi-
tionnée de tartrate double de sodium et
potassium; par l'ébullition tout l'or se
dépose à l'état pulvérulent tandis que
l'étain reste en solution.
{Journal de pharmacie d'Anvers.)
WLlmt. liât, médieale et pharm.
Sur la production de la gomme adra-
gante. — La production de la gomme par
les végétaux semble dépendre d'un état ma-
ladif particulier, dont les phases princi-
pales ont été étudiées et décrites par
M. Trécul.en <860. Ce savant s'est occupé
seulement de la formation de la gomme
dans les rosacées, mais on admet en général
que celle qui est produite par les Acacia j
et qui occupe dans le commerce une place
des plus importa nte.'i, résulte de phéno-
mènes analogues.
La maladie de la gomme nait d'une sorte
de pléthore des jeunes tissus. Les sucs,
arrivant en trop grande abondance au con-
tact des cellules nouvelles, les ramollissent,
les entament et finalement les désorgani-
sent. 11 se forme alors des lacunes remplies
de liquide, où nagent les débris des tissus
détruits. Peu à peu ces lacunes prennent
des dimensions plus grandes, par suite de
de la désagrégation des cellules environ*
nantcs, et si elles se trouvent dans le voi-
sinage immédiat des couches épidermi-
ques, elles peuvent se faire jour à la sur-
face du végétal et produire une eschare
. plus ou moins étendue ; si, au contraire,
elles restent closes de toutes parts, elles
deviennent à la longue des réservoirs de
gomme. Celle-ci apparaît au pourtour de
iii cavité sous forme de mamelons gélati-
neux qui croissent, se colorent en jaune ou
en brun et finissent par combler le vide.
Dans le voisinage des fibres, elle parait
exsuder d*abord de leurs parois, puis peu
à peu les transformer elles-mêmes avec
leur contenu. Quand les lacunes se sont
formées près de l'écorce ou dans des cou-
ches ligneuses peu résistantes, leur con-
tenu arrive à se faire jour au dehors et
apparaît alors sous la forme de larmes
transparentes que tout le monde connaît.
Tel est le mode de formation admis pour
les gommes, qui, comme celles des rosacées
et des acacias, sont essentiellement com-
posées d'acide gummique ou métagum-
mique.
La gomme adragante, par ses caractères,
son origine, diffère essentiellement de
celles-ci. D'après M. Hugo !\lohl,elle serait
aussi un produit pathologique ayant quel-
que analogie avec les précédents : elle
est, dit cet auteur, le résultat d'une trans-
formation plus ou moins complète des cel-
lules de la moelle et des rayons médul-
laires en une substance gélatineuse qui se
gonfle par l'action de l'eau de plusieurs
centaines de fois la grosseur primitive des
cellules. Quand on examine la structure
anatomique des astragales qui fournissent
cette gomme, on trouve la moelle et les
rayons médullaires plus ou moins modi-
fiés, et dans tous les états intermédiaires
qui permettent de suivre les différentes
phases de la transformation. Les cellules
qui, au début, ont pris une consistance
dure, cornée, sans modifier leur forme,
finissent par se condenser en une matière
homogène, où leurs parois ne sont plus re-
connaissableS; où il est impossible de dis-
tinguer les minces couches qui les consti-
tuaient.
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REVUE ANALYlIQtîE ET CRITIQUE.
r)7
Cette origine semblerait devoir, après
coup, confirmer Popinion de Guibourt,
d'après laquelle la partie soluble étant for-
mée d'arabine, la partie insoluble de la
gomme adragante serait constituée par un
mélange de cellulose et d'amidon en partie
altérés; cependant cette opinion n*est pas
exacte, pas plus que cetle qui est admise
généralement par les auteurs et qui se
formule ainsi : la matière soluble diffère
de Tarabine en ce qu'elle n'est pas coagulée
par les sels ferriqucs et en ce que, préci-
pitée parTalcooI, elle offre une consistance
dé mucus toute spéciale; quant à la partie
insoluble dans Teau bouillante^ ce serait
une substance qu'on a désignée sous le
nom de bassorine, offrant la composition
générale des amyloscs, mais très- différente
dé la cellulose, cl caractérisée par sa pro-
priété remarquable de se gonfler énormé-
ment au contact de l'eau.
Guibourt admettait dans la gomme adra-
gante la présence de Tamidon ; ce fait,
contesté par d'autres, doit se rencontrer
cependant assez souvent; puisque quelques
auteurs l'ont confirmé. Il est certain que
la gomme vermiculée en contient une plus
grande quantité que la gomme en plaques,
et la manière, dont se forme ce produit,
d'après Hugo Mohl, expliquerait très-aisé-
ment la présence de l'amidon. Mais on
conçoit, si Ton a tant de peine à s'entendre
à propos d'un corps aussi facile à recon-
naître, combien il est plus malaisé de
tomber d'accord sur la nature qu'il con-
vient d'attribuer à la substance si remar-
quable qui constitue la masse de la gomme
adragante et lui donne ses propriétés géné-
rales. Aussi régnait-il sur ce point une
grande confusion et avons-nous été heu-
reux de trouver dans les comptes-rendus
de l'Académie des sciences une note de
M. Giraud qui jette sur la question un
jour très inattendu.
Quand on fait . digérer^ dix l'auteur,
jusqu'à dissolution^ une partie de gomme
adragante avec 50 parties d'eau acidifiée à
i/lOO d'acide chlorhydrique, et si, après
filtration; on ajoute à la liqueur un excès
d'eau de baryte, le précipité qui se forme
peu à peu est du pectate de baryte.
Quand le précipite s'est réuni et a pris
une consistance convenable, on peut le
laver, le suspendre dans Peau et le traiter
par un excès d'acide chlorhydrique on
acétique, qui dissolvent la base et laissent
l'acide pectique à l'état de précipité pur.
— On peut, par ce moyen, retirer do la
gomme adragante environ 60 pour i 00
d'acide pectique.
.. La manière même dont on obtient l'acide
pectique, dans cette opération, prouve qu'il
ne préexistait pas dans la substance et
qu'il a pris naissance sous Tinfluence des
réactifs; il s'agit de savoir quelle est la
matière première dont il procède ; M. Gi-
raud établit sa nature d'après les observa-
tions suivantes :
c i* La gomme adragante est très-peu
soluble dans l'eau froide ; elle est loin de
donner, comme on l'avait dit, 30 à .50
p. iOO de gomme soluble ; le produit filtré
est un mélange de différents corps et n'est
pas un principe défini semblable à Tara-
bine,
» 2° Lorsqu'on met la gomme adragante
en digestion au bain- marie avec 50 fois
son poids d^eau, au bout de vingt-quatre •
heures environ, toute la substance gom-
meuse est transformée en gomme soluble,
ayant perdu la propriété de se gonfler
après dessiccation ; celte matière nouvelle
est différente de l'arabine, quoi qu'on en
ait dit : c'est la pectine.
» 3<* Soumise à l'action de l'eau acidulée
{acide 4, eau iOO), cette gomme se modifie,
au bain- marie au bout de deux à trois
heures ; elle devient entièrement soluble ;
le nouveau corps qui se produit est prin-
cipalement de la pectine, précipitable par
Talcool, mais non de l'arabine, comme on
l'avait avancé. La quantité de glucose
formé pendant celte action correspondant à
peine au dixième de la matière employée. »
Ainâî, sQus^ccs diverses influences, la
gomme adragante se transfoniie en pec-
tine, soluble dans l'eau, précipitable par
l'alcool, et susceptible, par l'action des
alcalis, de donner des pectalcs et des
métapectates. Et cette pectine clicméme^
dérive d'un produit pectique insoluble,
qui forme à lui seul plus de la moitié du
poids de ta gomme, et. qui parait identique
avec la peçtose, décrite par i\l . Frémy.
On sait que la pectose se rencontre
abondamment dans le tissu utriculaire de
beaucoup de fruits et de racines; elle
accompagne presque constamment là cel-
lulose qui constitue les enveloppes, mais
ne peut être confondue avec elle; ainsi,
sous l'influence des acides, la cellulose se
transforme en dextrine, puis en glucose,
mais ne donne jamais de pectine, comme
le fait la pectose. Le .note de M. Giraud
semble donc infirmer les observations de
Hugo Mohl, qui teudent à établir que la
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58 REVUK ANALYTfQlIIÎ RT CRITIQUE.
cellulose des astragales se change en saveur franchement aigrelette; il a une
gomnDe adragante. C'est une étude à re- densité égale à 2o,3; en un mot, il offre
ifaire en entier; il serait toutefois curieux les caractères apparents des bons vinai-
que l'un et l'autre savant eussent raison et grès blancs.
que la nature, à Taide des seules forces Mais il en diffère pourtant sous le rap-
physiologiques, opérât une modification port de ses propriétés chimiques. En effet,
que les chimistes sont jusqu'à présent vient-on à le traiter par l'acide sulfhydri-
impuissants à produire. que, il fournit un précipite blanc qu'on
M. Giraud a complété son travail par n'obtient pas avec les vinaigres purs, et
l'analyse de la gomme adragante; d'un qui nous a fait •soupçonnbr qu'il devait
grand nombre de dosages^ il a tiré la com- contenir un sel de zinc,
position moyenne suivante : Pour nous en assurer, nous avons éva-
Ejh, . 20 pour 100. P*^**® -^ centimètres cubes de ce condi-
Composé pectique. . . 60 .— ment; nous avons incinéré la matière
•^o">™e5olublc. . . .8à^l0 — extraclive qu'il nous a laissée, puis nous
Amilîon'*! ! . . 2 à 3 — avons repris les cendres provenant de Tin-
Matières minérales . . 3 — cinération par l'eau bouillante acidulée
Corps azotés . . . . traces. avec l'acide nitrique. Celles-ci s'étant
99 — complètement dissoutes, nous en avons
• (Journal de pharmacie d'Anvers.) traité le solutum par l'ammoniaque, des-
• linéc à précipiter le fer et les phosphates
de chaux et de magnésie, et à dissoudre le
Falsiflcatioiis, etc. . zinc de manière à le séparer de eos élé-
— ments inorganiques. Le tout ayant été
Falsification du séné. — On trouve jeté sur un filtre, noi^s avons obtenu une
sur lo marche de Londres une nouvelle liqueur claire qui, additionnée d'acide sul-
rspèce de séné nommée fine senna. Ce fhydrique, donna un précipité blanc, in-
nouveau séné a un aspect différent du ' soluble dans les alcalis et les sulfures alca-
véritable; il ressemble, pour la couleur et lins, mais solubles dans les acides forts,
la grandeur, aux feuilles de séné Tinne- précipité évidemment formé de sulfure de
vclly. 11 est formé par» le Cassia brevipes, zinc, qui nous permit d'apprécier la quan-
D. C.;il vient deÇosta-Rica et de Panama, tité de ce métal et de déterminer qu'elle
Il est si peu actif, qu'une infusion de s'élevait a 3 gr, S pour 100 de vinaigre.
15 grammes est sans effet. Ce premier point établi, nous recher-
{Répertoire de pfiarmacio) châmes à quelle cause il fallait attribuer la
.._^_^,.,^_^ . présence de cet agent toxique, et, d'après
les explications fournies par le dantinier.
Vinaigre zinoifére; par M. JÂILLARD. il résulta clairement pour nous qu'on
— Dans une cantine de la ville d'Alger se devait l'attribuer au séjour plus ou moin^
manifeslcrent dernièrement des accidents prolongé de ce vinaigre dans un vase de
chez les consommateurs qui faisaient zinc, séjour pendant lequel l'acide acétî-
usage d'aliments vinaigrés. Notre ami que avait attaqué le récipient de manière
M. A..., appelé à lour prodiguer ses soins, à lui enlever une partie de sa substance et
constata chez la plupart des syraptônoes à la transformer en acétate zincique.
sensiblement identiques, à savoir : des En admettant cette, explication et en
vomiluritions, des vomissements, des supposant que le ^inc trouvé fût à l'état
selles abondantes, de la céphalalgie et de d'acétate, on arrive par le calcul à établir
l'abriltement, qui cédèrent facilement à que ce vinaigre renfermait D,66 de ce sel
quelques jours de repos, et qu'il attribua ponr iOOO, ce qui explique aisément les
à la mauvaise qualité de la nourriture qui accidents observés. (Ibld,)
leur avait été servie. Sous cette inspira-
lion, M. H... préleva, sur la provision de
vinaigre qui existait dans l'établissement Pharmacie
en question, un échantillon qu'il voulut ~
bien confier à notre examen. Du meilleur procédé pour préparer la
Ce vinaigre, au .premier abord, ne décoction de racine de grenadier ; par
semble présenter aucune altération. Il a M. YVON. —Depuis l'introduction du
une couleur blanche ro^^ce; il a une kousso dans la thérapeutique, l'emploi de
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
59
l'écoroe de racine de grenadier contre le
(«nia est un peu abandonné. Cependant
nous possédons dans cette plante un spé-
cifique presque aussi certain que le kousso
et d'un emploi plus facile. C^ dernier, on
le sait» doit être infusé dans Peau et le pa-
tient absorbe tout, poudre et liquide.
L'ingestion de cette bouillie épaisse et '
désagréable cause presque toujours des
naurèes, qui déterminent le rejet d*une
partie du médicament, et souvent la por-
tion conservée n*est pas suffisante pour
déterminer fentiére expulsion du ver. Ce
fait mérite d'éfre pris sérieusement en con-
sidération parle praticien, surtout &*ilveut
bien se souvenir que, si la première dose
u*a pu être tolérée, la seconde Test bien
rarement, à cause de la répugnance in-
stinctive excitée par le précédent échec.
L'écorce de racine de grenadier peut
être employée fraîche ou &ècbe. Aujour-
d'hui ou a presque généralement renoncé
à ta racine fraîche, dont remploi ne pré-
sente peut-être pas grand avantage et que
d*ailleurs il est souvent difficile de se pro-
curer.
L'écorce sèche s'emploie à la dose de
60 à 80 grammes ; le Codex prescrit le
modus faciendi suivant :
Écorcc sèche de racine de grenadier 60 gr. .
Eau 730 »
On coutuse l'écorce et on la fait macérer
pendant douze heures dans Teau; on fait
bouillir eusuite jusqu'à réduction d'un
tiers et l'on passe.
Le Codex . n'indique point si Ton doit
laisser refroidir cette décoction avant de
la passer.
Si Ton prend cette précaution, on con-
state qu'il se forme un dépôt abondant,
qui finit par tapisser d'uue couche grenue
le fond du vase ; le liquide surnageant est
toujours louche et jie peut s'éclaircir
même par des fillrations réitérées. Cepen-
dant le décocté chaud est assez limpide. Il
se précipite donc par refroidissement une
certaine quantité de principes solubles à
chaud. Pour me rendre compte de ces
faits, j'ai entrepris les quelques essais qui
vont suivre.
10 grammes d'écorce de racine con-
cassée ont été mis en macération pendant
douze heures avec de l'eau commune :
au bout de ce temps j'ai porté à IVbulti*
tion et fait réduire de façon à obtenir uu
volume égal à 85 centimètres cubes.
J'ai laissé refroidir kntement après
iiltration du décocté bouillant. Il s'est peu
à peu troublé et a déposé une couche
grenue comme du sable fin. J'ai jeté sur
un petit filtre Berzélius taré; le liquide ne
s'est point écoulé clair et il est resté sur le
filtre un précipité dont le poids, après des-
siccation, fut trouvé de 0 gr. 205, soit
3 gr. 06 pour iOO de racine.
Ce précipité renfermait une assez- forte
proportion de principes rnihcraù^L; car par
incinération il a laissé un résidu de 0 gr.
026, ce qui porte la quantité pour 100 a
Ogr. 260.
D'autre part, j'ai mesuré avec soin
iO centimètres cubes du décocté. que j'ai
évaporé dans une petite capsule tarée, en
consistance d'extrait sec. Pour ces 40 cen-
timètres cubes j'ai obtenu 0 gr. 260 de cet
extrait, soit 2 gr. 278 pour les 85 centi-
mètres cubes et 22 gr. 780 pour 100.
La première quantité m'a donné 0 gr.
010 de eendres blanches, ce qui porte à
Ogr. 850 pour 100.
Ainsi 100 grammes vrécorce de racine
de grenadier, traités comme le conseille
le Codex, abandonnent à l'eau 24 gr, 84
de substances, dont 2 gr. 06 se précipitent
par refroidissement. "
La racine est-elle entièrement épuisée,
en suivanjt.le procédé que je viens d'indi-
quer? Pour élucider ce point, j'ai pris de
nouveau 10 grammes d'écorce concassée,
je l'ai laissée macérer douze heures avec
de Veau distillée^ j'ai traité par déplace-
vient et conservé à part ce liquide. Puis
j'ai soumis le résidu à des décoctions suc-
cessives avec Teau distillée \ j'ai répété dix
fois ce traitement, jusqu'à ce que le dé-
cocté ne fût plus sensiblement coloré. Les
liquides résultant de ces décodions succes-
sives furent réunis et réduits par évapora-
lion à un volume tel, qu'en y ajoutant le
premier produit de lixiviation mis à part,
on obtienne un volume dé 105 centimètres
cubes.
Après un repos de deux jours, le liquide
ne s'était point éclairci et il s'était formé
un dépôt pesant Ogr. 108^ soit 1 gr. 08
pour 100, et contenant sels minéraux 0,19
pour 100.
Après trois autres jours de repos, le
décocté était toujours trouble et m'a fourni
par évaporation un résidu d'extrait sec
égal à 32 gr. 80 pour 100, soit 2 grammes
de sels minéraux.
11 est certain qu'en opérant ainsi, on
épuise bien plus complètement la racine
qu'en suivant le procédé du Codex ; mais
dans les deux cas le produit est toujours
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60
JREVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
très-trouble, un peu pâteux, et par suite
répugnant. Si le traitement de la racine
par Teau froide ou tout au plus par de Tenu
portée à une température insuffisante pour
altérer les principes albuminoïdes, donne
une solution à peu près aussi riche en
principes cxtractifj, il est certain que ce
second mode d'opérer sera préférable.
L'écorce qui nous est fournie par la dro-
guerie a été séohée à^air libre et par suite
aucun de ses éléments n'a pu être altéré
par la chaleur : dans un bon état de con-
servation elle doit représenter la racine
fraîche, moins Peau ; et s'il est vrai que
cette racine fraîche soit plus active que. la
sèche, nous aurons donc tout avantage à
éviter toute altération provenant de rem-
ploi de la ch&leur.
J'ai pris 40 grammes d'écorce de racine,
et après l'avoir concassée assez finement,
je l'ai introduite dans un appareil à dépla-
cement et laissée en contact douze heures
avec une fois et demie son poids d'eau
distillée froide. An bout de ce temps, j'ai
ouvert le robinet de l'appareil et laissé
s'écouler le liquide, que j'ai déplacé avec
d'autre eau de façon à obtenir un volume
de 50 centimètres cubes que j'ai mis à
part. J'ai alor!$ contjnué la lixiviation par
de l'eau à 50 degrés et j'ai ainsi recueilli
et conserve à part i25 grammes d'un nou-
veau liquide.
Finalement j'ai laissé digérer pendant
une demi heure, avec une nouvelle quan-
tité d'i^au distillée à 50 degrés. Le liquide
résultant de cette digestion a éié réuni aux
125 grammes provenant de l'opération
précédente, et le tout évaporé à la tempé-
rature !a plus basse possible (elle n'a pas
dépassé 55 degrés).
Après refroidissement, j'ai ajouté le
liquide provenant de la lixiviation à froid,
. j'ai obtenu un voluii^ total de 80 centi-
mètres cubes.
J'ai laissé en repos pendant vingt-quatre
heures. Au bout de ce temps le liquide
était d'une transparence parfaite et pré-
sentait une belle couleur brune foncée. Il
s'était fait, au fond du vas'', un dépôt bien
net dont le poids était 0 gr. 458, soit i gr.
145 pour iOO, lequel a laissé par. inciné-
ration un résidu pesant 0 gr. 55, soit 0 gr.
087 pour iOO. 10 centimèlres cubes de la
solution ont donné, par évaporation, un
joids d'extrait sec égal à 0 gr. 555, soit
pour les 40 grammes 7 gr, 46 ; pour 100,
18 gr. 06 — renfermant en' sels minéraux
1 gr. 52.
Comparons maintenant . les
fournis par ces trois essais,
tableau comparatif indiquant la
tion pour iOO dans les^ trois
suivis :
Procédé Décoctions
do successives.
Codex.
Poids total du dépôt 2 gr.06
Résidu minéral.* . 0 ,26
1 gr.08
0 ,19
Substance vég.diss. 21
Partie minérale. . 0
,93 50 ,80
,85 2 ■ ,00
Total . 22gr.78 52gr.80
Total des matières
enlevées par Peau 24 ,84 35 ,88
résultats
Voici le
propor-
procédés
LixivIaUon
et
digesUon.
1 gr.l45
0 ,087
17 .14
1 ,52
18gr.6(i
19 ,805
En jetant les yeux sur ce tableau, il est
facile de voir que, suivant le procédé indi-
qué par te Codex, on n'épuise pas entière-
ment la racine.
D'autre part comparons-le avec la lixi-
viation et digestion à basse température.
Le procédé du Codex permet d'enlever à la
racine 24 gr. 84 pour 100 et la lixiviation
rapide 19 gr. 80; il n'y a que 5 pour 100
de différence. Je ferai ensuite observer que
ledécocté^ étant trouble, contient des ma<-
tières insolubles ; ces 24 gr. 84 renferment
donc une partie inactiv&et en plus les sels
existant dans l'eau, puisque le Codex ne
fait pas prendre l'eau distillée; tandis que
le liquide provenant de la lixiviation ne
contient' que des substances solubles, et
d'une limpidité parfaite ; ce poids de 19,80
n'est pas augmenté par les matières salines
étrangères^ puisque Ton a employé l'eau
distillée.
Au point de vue de Tépuisement de la
racine, il y a donc peu de différence entru
les deux derniers procédés^ et le dernier
offre au moins l'avantage de n'altérer en
rien les principes actifs de la racine de
grenadier, et on outre de donner un pro-
duit d'un aspect plus flatteur à Tœil et d'un
goût moins désagréable.
V {Répertoire de pharmacie.)
Du sucre-tiiane ; par M. LIMOUSIN,
avec la collaboration de M. DELPECH. —
Les tisanes sont de véritables médicaments
mogitttraux, qui méritent à bien des titres
de fixer l'attention des pharmacologistes cl
des médecins.
Sous l'apparence de préparations phar-
maceutiques des plus simples, elles com-
port» ut au contraire une série d'opérations
auusi diverses que compliquées.
Sans insister sur le choix et la qualité
des nombreuses substances qui servent à
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
61
leur confection^ il nous suffira de rappeler
que les tisanes se préparent avec les feuil-
les, les fleurs, les. fruits, les éeorces, les
bois, les racines et les semences. Toute
substance ou partie de substance qui doit
servir à faire une tisane a besoin d'être
inondée ou lavée, et privée des corps
étrangers qui peuvent lui être mélangés.
Elle doit être divisée à l'aide dju couteau,
des ciseaux, et même du mortier.
L'eau destinée à l'usage d'une tisane a
besoin d'être bien choisie ; car, si elle est
trop sélcniteuse, elle durcira les substances
par les sels calcaires qu'elle contiendra, et
par suite ne les pénétrera pas; inutile
d'ajouter que le médicament prendra une
saveur désagréable. Enfin il faut également
déterminer si la tisane doit être préparée
par solution, macération, digestion ou dé-
coction.
Comme on le voit, ces médicaments, qui
seipblent d'une préparation si facile, exi-
gent une connaissance exa'cte de la matière
médicale, des manipulations pharmaceu-
tiques et des modifications que l'eau peut
faire subir aux substances suivant sa qua-
lité, le degré de son calorique, et le temps
du contact.
Si, dans l'antiquité, Hippocrate a com-
posé un livre sous le titre n«pi UrKrkvnç,
De la Ptisane, c'est qu'il attachait une vé-
ritable importance à cette boisson des
malades, à ce remède contre la soif dans
toutes les maladies fébriles; remède et
boisson qui constituent quelquefois un
véritable aliment et vienaent ainsi reven-
diquer une part sérieuse dans le traitement
des maladies.
L'usage et la variété des tisanes se sont
beaucoup augmentés de nos jours; mais, il
faut le dire, leur préparation est souvent
défectueuse, à cause des nombreuses diffi-
cultés qu'elle présente.
Nous citerons les suivantes :
1" Les ojaticres premières sont de con-
servation difficile : les fleurs, les feuilles,
les bois, les écorces, les racines perdent
rapidement couleur, odeur, saveur, et de-
viennent souvent la* proie des insectes.
Pour ces causes, on n'en peut faire provi-
sion à l'avance, ou, du moins, faut-il les
renouveler fréquemment;
2<» Les proportions relatives de substance
et d'eau à employer ne se trouvent jamais
suffîsamnieut indiquées, et lorsqu'elles le
sont, c'est par verrées, pincées, poi-
gnées, etc., tous modes de dosage irrégu-
liers et incertains ; •
5° Les conditions de température et de
temps dans lesquelles doit se préparer une
tisane sont variables. Elle peut se faire à
froid, à chaud, par infusion, par digestion,
par décoction, par macération, ce qui con-
stitue autant de causes d'hésitation ou
d'erreur ;
4f*» Ajoutons enfin l'obligation où l'on se
trouve généralement de préparer une
quantité de tisane plus grande que celle
qui est nécessaire 9 la consommation immé-
diate, ce qui force à perdre une partie du
produit ou à consommer une préparation
en partie altérée.
Pour toutes ces raisons, on peut dire que
les tisanes préparées par tos procédés ordi-
naires renferment presque toujours des
proportions variables de principe actif, et
souvent des substances inutiles ou désa-
gréables.
Dans le but de remédier à cet état de
choses, nous avons cherché à simplifier et
à régulariser une préparation dont l'usage
est si universellement répandu.
Le produit sur lequel nous appelons au-
jourd'hui Tattention remédie complètement
aux nombreux inconvénients que nous ve-
nons d'énuniérer; nous le désignons sous
le nom de sucrc^tisane.
Voici succinctement notre mode opéra-
toire :
Avec les diverses substances, bien choi-
sies, disposées et dosées suivant les indica-
tions du Codex, nous préparons des
liqueurs concentrées dans le vide ou ji
basse température, afin de conserver inté-
gralement la couleur, le parfum et les prin-
cipes actifs des plantes.
Ces liqueurs, représentant exactement,
sous un petit volume, toutes les propriétés
des substances employées, sont incorpo-
rées dans du sucre blanc raffiné, où elles
se trouvent pour ainéi dire emprisonnées.
Pour les substances qui contiennent des
principes volatils, nous avons recours à la
distillation.
Par ce moyen, nous obtenons sous un
petit volume la partie aromatique, qui est
ensuiter mêlée à la liqueur extractive et
fixée dans un poids déterminé de sucre.
Nous n'avons pas la prétention de tenter
une chose sans précédent et d'une inven-
tion tout à fait originale. C'est, au con-
traire, à des préparations analogues que
nous nous sommes reportés; et nous rap-
pellerons entre autres :
1° Les sirops secs qui figuraient à l'expo-
sition universelle de 1807, sirops destinés
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(i2
REVUE AiNALYTIQCE ET CRITIQUE.
à rexportatioii pour remédier aux difficul-
tés que présente Pcxpédition des sirops
ordinaires, à cause dfi la fermentation ;
2" Les différents saccharolés et saccha-
rures indiqués dans les formulaires;
5^ Les tisanes sèches préparées avec du
sucre en poudre et des extraits, prépara-
tions peu répandues et d*un dosage sou-
vent mal déterminé ;
i<* Certains bonbons préparés par les
confiseurs.
Mais tous ces produits divers ne peuvent
répondre qu'à quelques besoins particuliers.
Le sucre-tisane, au contraire, est la re-
présentation exacte^ simple et pratique de
toute une série de préparations magistrales.
Sous la forme et le volume d'un morceau
de sucre ordinaire^ il contient la proportion
de substance active exactement calculée
d'après le Codex pour une tasse à tbé d'eau
simple. Par suite, chaque tasse de tisane
est composée et sucrée d'une manière tou-
jours identique et convenable.
Ainsi que.ie sucre lui-même, qui en est
la base, celte préparation n'est susceptible
d*aucuhc altération. Sous cette forme, les
substances conservent non-seulement leur
couleur) leur odeur, leur saveur, mais
surtout leurs vertus médicinales.
On peut donc ainsi préparer instantané-
m^^nt {illico) une seule tasse de tisane lim-
pide, sans dépôt, renouvelée au fur et à
mesure du besoin, et l'on fournit aux per-
sonnes les plus inexpérimiintées le moyen
«te faire avec facilité une tasse de tisaHe
toujours identique dans sa composition.
On supprime ainsi l'attirail encombrant
de pots, passoires, éta mines, etc., néces-
saires à la préparation d'uuetisunc qu!ou
obtient souvent trouble malgré toutes ces
précautions.
Pour l'usage, il suffit de^verser simple-
ment sur une dose une tasse à thé d'eau
froide ou bouillante, suivant l'indication,
puis de remuer avec une cuiller pour
amener la dissolution du sucre-tisane.
{Réperloire de pharmacie. )
Huile de foîe de morue à la quinine ; .
parM.STlLES^de Huit). - On saitqu'il
y a douze ans, M. Atlfield montra que les
alcaloïdes naturels se combinent à l'acide
oléique et peuvent ainsi former des oléates
qui sont solubles dans l'huile. M. Sliles
(de Huile) a pensé que l'on pourrait uti-
liser ce fait pour obtenir une huile de foie
de morue contenant de la quinine. Un pre-
mier essai) dans lequel il chercha à com-
biner la quinine directement avec l'huile
de foie de morue, ne lui donna que des
résultats peu satisfaisants ; il eut alors
ridée de combiner l'alcaloïde à l'acide
oléique et de faire dissoudre ensuite l'oléate *
ainsi obtenu dans une quantité connue
d'huile de foie de morue, et le produit
auquel il est arrivé est tout à fait sérieux :
sou goût participe de celui de la quinine
et de celui de l'huile de foie de morue ;
Tacide oléique passe inaperçu en raison
de la faible quantité qui entre dans la pré-
paration.
Voici quelle est la formule et la mimière
de préparer le produit :
Sulfate de qoiniue- ... 3 gramines.
Acide suifunque dilué. . . i ' —
Solution irammoniaque . . q. s.
Eau distillée q. s.
Acide oléique purifié . . - 3U grammes.
Huile de foie de morue . . 900 —
Dissolvez la sulfate de quinine dans
l'acide sulfufiqire dilué et daus 120 gr.
d'eau, ajoutez un léger excès d'ammonia-
que, et agitez bien, versez ensuite le tout
sur un filtre <le calicot, lavez le précipité
et séchez-le eti le pressant entre plusieurs
doubles de papier buvant .à la douce cha-
leur de l'étuve. Dissolvez alors la quinine
ainsi obtenue dans de l'acide oléique à
l'aide d'une douce chaleur, et mélangez
cette solution à chaud avec l'huile de foie
de morue, de manière qu'une cuillerée à
bouche d'huile représente la valeur de
5 centigraiiimes de sulfate de quinine.
{Lyon médical.)
Toxicologie*
Mort subite causée par une injeotién
de per chlorure- de fçr. — Le BritisU
médical journal, du 26 juin, rapporte
qu'un nœvus de la paupière supérieure
traité par une injection de quelques gout-
tes de perchiorure de fer, détermina la
mort instantanée du patient qui tomba
comme frappé de la foudre. Ces malheurs
là ne sont pas exceptionnels ; ils sont dus
à la communication rapide entre les vais-
seaux injectés et les branches collatérales,
surtout dans le voisinages d'un organe
essentiel. Il faut donc, quand on fait usage
d'un pareil procédé opératoire, être bien
assuré de pouvoir limiter la iparche et la
propagation de l'injection, soil en agissant
sur des régions éloignées du centre circu-
latoire : tels sont les membres ; soit lurs-
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
63
qu'on a la certitude d'arrêter par une
compression les efFels du liquide injecté.
-{Journal des conn. médicales.)
Action physiologique de l'aoide prus-
Mque; par' M\l. BOEHM et KNIE. —
Conchtsions : 1° l/acide prussique aigit
directement sur le système nerveux cen-
tral, il (fétruit à fortes doses ses fonctions
après les avoir excitées passagèrement ;
2<> Les altérations observées du côté de la
respiration et de la. circulation résultent
d'impressions sur les centres nerveux de
ces fonctions placées dans la moelle allon-
gée ; 5*» Le nerf vagire ne joue aucun rôle
dans la. production des troubles respira-
toires et circulatoires produits par Tacide
prussique ; i« L'atropine n'est pas l'anti-
dote de l'acide prussique, et dans un cas
d'empoisonnement, le traitement le plus
sàr consiste à pratiY]qer la respiration
artificielle. . ^ {Ibfd.)
Byg ièiie pabltqne.
Etude «ur la margarine au point de vue
de rhygiène alimentaire ; Par A. LAII-.-
LER, pharmacien de l'asile départemental
des aliénés de Quatre Mares- Saint^^Yon. —
« Dans les régions septentrionales et même
dans nos contrées tempérées, les corps gras,
dit M. le professseur Rouchardat, doivent
former un des éléments constants de l'ali-
ment complet. Ddus les pays intertropicaux^
les corps gras ne sont pas aussi néeessaires.
à" l'alimentation de l'homme, et ils s'y pro-
duisent en plus grande abondance; aussi
devons-nous regarder comme un progrès
hygiéniqne d'une grande importance, ces
importations, chaque jour croissantes, de
graisses végétales, produites par les coco-
tiers, les autres palniiers, les illipés, les
huiles de Sésame, d'Arachide, etc. Dans
ces contrées chaudes, ces aliments de la
chaleur^ de la vie se produisent en grande
abondance au profit des pays froids qui les
utiliseront (1).
En matière d'hygiène, on peut dire, sans
eraintc d'être contredit, que la parole de
M. Bouchardat fait autorité; aussi doit-on
regarder comme un progrès, même comme
un bienfait, toute innovation, toute décou-
Terte qui dote l'alimentation publique d'un
produit appartenant à là classe des corps
(l) BoucharJai, Nos ressources alimentnires
pendant le siège de \S70.
gras, réunissant les conditions de qualité et
de bon marché. Quelle que soit son origine,
ce produit est sûr d'être favorablement
accueilli, surtout par les classes peu aisées
de la société, qui, en raison de la cherté
de tous les objets de consommation jour-
lière, sont souvent obligées de se restreindre
dans les dépensés qu'impose la nourriture.
D ailleurs, sans recourir aux explications
que la science donne sur le rôle des corps
gras dans l'organisme^ tout le monde com<
prend, ou pour mieux dire ressent l'utilité
de ces aliments : les huiles, les graisses,
lo beurre, entrent sous une forme ou sous
une autrô, dans la ration du riche comme
du pauvre ; personne ne peut s'en passer,
et, par cela même, il est à souhaiter que
ces produits soient d'un prix accessible
à toutes les bourses. Un principe gras
resté jusqu'à ces derniers temps à l'état
isolé, sans emploi dans l'alimentation,
vient d'y prendre place. C'»;st aux études et
aux persévérantes recherches de M. Mège-
Mouriès que nous devons cette découverte,
et, en raison même de sa nature, ce nouvel
aliment a été désigné sous le nom de Mar-
gnrine.
Lorsque, dans le courant de l'année der-
nière j'entendis parler pour la. première
fois de l'usage culinaire de cette substance,
je n'en augurai, je l'avoue, rien de bon. Je
voyais dans la Margarine un corps- que la
chimie nous représente comme tout à fait
impropre à l'alimentation. Elle existe bien
dans les graisses, les huiles, le beurre,
dans la composition duquel elle entre, sui>
vont M.Nprori\éis, pour 68 p. c. ;.mais elle
y est associée à d'autres principes immé-
ditits. dont l'histoire a été faite en grande
partie par M. ChevreuL et ses propriétés
individuelles ne peuvent être comparées à
celles des corps gras dont elle fait partie
intégrante. J'en qi préparé dans mon labo-
ratoire à une époque où je m'occupais deis
moyens de reconnaître les falsifications des
huiles, deThuile d'olive en particulier (^),
et, certes, son aspect, ses caractères orga-r
noiepliques, ne pouvaient pas me faire
supposer qu'elle pût entrer dans les pré-
parations culinaires ; du reste « les recher-
ches bibliographiques que j'ai faites dans
les livres anciens ou récents, ne m'ont' pas
permis de découvrir que la Margarine ait
été employée comme aliment.
Plus tard, j'appris que la substance ven-
due sous le nom de Margarine Mouriès
(2) Lailler, Comptes rendus de l'Académie
des sciences, 1865.
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Oi
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
était obtenue par des procédés spéciaux ;
qu'elle avait été Tobjet d'un rapport favo-
rable au conseil de salubrité de la Seine
par M. Félix Boudet, membre de T Acadé-
mie de médecine, dont le savoir et l'hono-
rabilité me sont personnellement connus ;
et, enfin, que déjà dans certains établisse-
ments hospitaliers on se louait de son usage:
C'est alors aussi, que. Ton s'.en procura à
TAsile de Quâtre-Mares une certaine quan-
tité pour en faire l'essai dans l'alimentation
dés malades de TAsile, en place de beurre
commun de cuisine.
J'ai examiné chitniquement cette marga-
rine, ainsi que celle qui a été achetée de-
puis ; j'ai suivi avec attention et intérêt son
emploi comme aliment ; c'est le résultat de
cet examen chimique et pratique que je
vais présenter. Je crois devoir le faire
précéder de l'extrait suivant du rapport de
M. Félix Boudct.
« II y a plusieurs années, à l'époque où
M. Mèg«-Mouriès, chargé par le gouverne-
ment d'étudier quelques questloos d'écono-
mie domestiqué, s'occupait de la fabrication
normale du pain, il fut invité à faire des
recherches dans le but d'obtenir pour
l'usage de la marine et des classes peu
aisées, un produit propre à remplacer le
beurre ordinaire, à un prtx moins élevé,
eX capable de se conserver sans contracter
le goût- acre et l'odeur forte que le beurre
prend en peu de temps.
» M. Mège entreprit dans ce but les
expériences suivantes à la ferme impériale
de Vincennes.
. » 11 mit plusieurs vaches laitières à une
diète complète; ces vaches éprouvèrent
bientôt une diminution de poids et four-
nirent une proportion décroissante de lait ;
mais ce lait coutenait toujours du beurre.
» D'où pouvait provenir ce beurre?
M. Mège n'hésita pas à penser qu'il était
produit par la graisse de l'animal, qui étant
résorbée et entraînée dans la circulation se
dépouillait de sa stéarine par la Combustion
respiratoire, et fournissait son oléo-marga-
rinc aux mamelles où, sous l'influence de
la pepsine mammaire, elle était transformée
en oiéo-margarine butyreuse, c'est-à-dire
en beurre. .
» Guidé par cette observation, M. Mège
s'appliqua immédiatement à copier l'opé-
ration naturelle en employant de la graisse
de vache d'abord, puis de la graisse de
bœuf, et il ne tarda pas à obtenir, par un
procédé aussi simple qu'ingénieux, une
graisse fusible à peu près à la même tem-
pérature que le beurre, d'une saveur douce
et agréable puis à transformer cette même
graisse en beurre par un procédé semblable
à celui de la nature.
» Partant de ce principe que les graisses
s'altèrent en présence des matières ani-
males, et avec une rapidité d'autant plus
grande qu'elles se trouvent en contact plus
prolongé avec elles, et que la température
est plus élevée, il s'est attaché d'abord à
réaliser la fonte de la graisse de bœuf brute
a la température de 45 à 50 degrés seule-
mcnt« et il s'est procuré ainsi un produit
sans saveur et sans odeur étrangères, qui
lui a offert une base excellente pour la
préparation du beurre. Voici comment il
opère :
» De la graisse de bœufs abattus le jour
même, et de la meilleure qualité, est
broyée entre deux cylindres à dents coni-
ques qui l'écrasent et déchirent les mem-
branes dont elle est enveloppée. Après
avoir subi ce broyage, elle tombe dans
une cuve profonde, chauffée à la vapeur,
et dans laquelle on .'t versé pour iOOO
kilogrammes de graisse brute, eau, 300
l^iiogrammes, carbonate de potasse, 1 ki-
logramme, plus deux estomacs de mouton
ou de porc coupés en fragments. La tempé-
rature du mélange e>t alors portée à 45 de-
grés centigrades, et la masse est remuée
exactement. Au bout de deux heures, la
graisse dégagée, sous l'influence de la pep-
sine des deux estomacs, des metnbranes
qui l'enveloppaient, se trouve entièrement
fondue et réunie à la partie supérieure de
la cuve ; elle est alors au moyen d'un tube
mobile surmonté d'une pomme d'arrosoii^,
décantée dans une seconde cuve chauffée
au bain- marie à 50 ou 40 degrés, eu elle
est additionnée de 2 p. c. de sel marin
pour en favoriser la dépuration. Deux
heures suffisent pour que celte graisse dé-
gagée des fragments de matière animale
qui ont échappé à l'action dissolvante de
la pepsine, et de Teau qu'elle retenait en-
core, et devenue claire, offre une belle
couleur jaune, une odeur franche analogue
à celle du beurre récemment baratté, et
puisse être écoulée dans des cristallisoirs
en fer-blanc d'une capacité de 25 ou 50
litres.
» Dès qu'ils sont remplis, ces cristalli-
soirs sont déposés dans une pièce entrete-
nue à 20 ou 25 degrés, où ils se refroidis-
sent lentement. Le lendemain, la graisse
ayant acquis une consistance demi-solide,
présente un aspect grenu et comme cris-
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
65
tallisé qui la rend très-propre à subir
Taction de la presse ; elle est alors coupée
en gâteaux, empaquetée dans, des toiles et
mise à la presse hydraulique.
» Sous rinfluence d'une pression ména-
gée, dans un atelier maintenu à la tempé-
rature de 25 degrés environ, cotte graisse
se partage en deux parties à peu près
égales : Tune qui représente 48 à 50 p. c.
de la matière, est de la stéarine fusible
entre 40 à 50 degrés, qui reste dans les
toiles ; Tautrc est de Toléomargarine
liquide en proportion équivalente aux 5 ou
^ dixièmes de la graisse sur laquelle on a
opéré.
B 'La stéarine trouve son emploi dans les
fabriques de bougies où elle peut servir à
faire des bougies de stéarine, ou des bougies
d*acide stéarique.
h Quant à Toléomargarine, lorsqu'elle
s'est figée par le refroidissement» elle pré?
seute un aspect grenu, une couleur légè-
rement jaune et une saveur agréable qui
ne rappelle ni celle du suif ni celle de la
graisse ; elle fond d'ailleurs parfaitement
dans la bouche comme le beurre^ tandis
que la graisse de bœuf s'y partage en
oléomargarine qui fond, et en stéarine qui
s'attache plus ou moins au palais.
* L'oléomargarine ainsi obtenue, passée
aux cylindres sous une pluie d'eau, pour
étrer lavée et recevoir une consistance
homogène, constitue la graisse de ménage
ou graisse de conserve, destinée à rempla-
cer avec avantage el économie les graisses
' diverses et même le beurre dans la cuisine
ordinaire, v
Voici les résultats de l'examen chimique
auquel j'ai soumis la margarine ou plutôt
l'oléomargarine.
I<> Douze morceaux de la grosseur d'un
pois, pris à différents endroits sur une
quantité de plusieurs kilogrammes^ proje-
tés ensemble dans une terrine contenant
de l'eau à 50 degrés, se sont liquéfiés au
même moment ; conséquemment homogé-
néité et fusion à moins do 30 degrés; j'ai
constaté en plongeant un thermomètre daus
cette margarine qu'elle entrait en fusion
a 25 degrés ;
â** Un flacon contenant 25 grammes de
margacine et 500 grammes d'eau distillée.
entièrement plein, est resté plongé dans
Teau bouillante pendant 30' minutes, puis»
après avoir été bouché et fortement agité,
il a été abandonné au refroidissement ;
34 heures plus tard, le liquide offrait une
teinte très-légèrement blanchâtre^ il ne
s'y était formé aucun dépôt; jeté sur un
filtre, il en est sorti parfaitement limpide.
Il était sans action sur la teinture de
tournesol et sur la même teinture rougie
par les acides.
Il n'a pas été précipité ni troublé par
les acides sulfurique, azotique, chlorhy-
driquc et picrique.
' L'iodure et le ferrocyanure de potassium,
l'iodure double de.mercure et de potassium,
la teinture d'iode, ne lui ont imprimé au-
cune modification.
L'azotate d'argent a produit un léger
trouble.
Une goutte examinée au microscope n'a
pas décelé l'existence d'un produit quel-
conque organique ou minéral.
10 grammes mis à évaporer à siccilé au
bâin-marie, ont laissé quelques millièmes
d'un résidu gras.
5° J'ai placé sur une planche de mon
laboratoire où la température varie conti-
nuellement, condition propre à faire rancir
plus rapidementics corps gras, 40 grammes
de margarine ; trois mois après, celle-ci
n'avait pas les caractères extérieurs d'un
corps rance ; cependant, de Teau distillée
avec laquelle elle avait été mise en contact
à chaud, a rougi légèrement le papier bleu
de tournesol. La margarine n'est donc pas
susceptible de rancir plus vite que les
autres substances grasses alimentaires, ci
certaines de ces substances rancissent beau-
coup plus vite qu'elle.
4<* J'ai fait complètement liquéfier à la
chaleur du bain-niarie, dans un tube, de
la margarine ; après le refroidissement
complet, il ne s'est pas séparé d'eau. Cette
substance mise dans une capsule et placée
dans une étuve chauffée de 40 à 50 degrés,
n*a perdu au bout de 7 heures que i ,2 p. c.
de son poids.
5** Sachant que les corps gras, pour être
absorbés, doivent d'abord être émulsionnés,
j'ai procédé aux essais suivants : i° Dans
400 grammes de mucilage de guimauve,
j'ai fait fondre Ogr,50 de margarine ; dans
une égale quantité du même mucilage j'ai
fait fondre Ogr, 50 de beurre frais. Les deux
opérations ont été effectués au mém«^ mo-
ment et à la même température. Les mé-
langes ont été agités en même temps pen-
dant cinq minutes dans des fioles d'égale
capacité, puis ils ont été abandonnés au
repos pendant 24 heures. Après ce temps,
les émulsions étaient incomplètement ac-
complies ; mats celle qui renfermait le
beurre l'était sensiblement plus que l'émul-
9
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(36
REVUE ANALYTIQUE ET CUITIQUE.
sion de margarine. Exaininés au micros-
cope, les globules de la première étaient
plus petits et conséquemment plus nom-
breux que ceux de la seconde; 2*> dans
20 grammes d'une solution concentrée de
gomme; j*ai fait fondre à la chaleur Ogr.10
de beurre frais; dans une solution sem-
blable, j'ai fait fondre Ogr,10 de marga-
rine. Ces deux opérations ont été conduites
comme les précédentes. Les corps gras ont
été Tun et l'autre émulsionnés; mais vus
au microscope, les globules da beurre
■étaient plus petits et plus nombreux que
les globules de margarine ; 3^ du beurre
frais et de la margarine mis à poids égaux
dans des quantités égales de bile de porc,
se sont émulsionnés ; mais les deux émul-
siohs ont présenté la même différence q^ue
dans les essais précédents; i» j'ai traité
comparativement du beurre frais et de la
margarine, par la soude caustique; j'ai
obtenu des savons identiques; mais la
liqueur au-dessus de laquelle surnageait le
savon de beurre était laiteuse, tandis que
celle qui était au-dessous du savon de mar-
garine était limpide ; ces essais prouvent
que sans avoir une facilité émulsive égale
à celle du beurre^ la margarine Mège-
Mouriès est susceptible d'émulsion , de
saponification et conséquemment d'absorp-
tion (1).
6** J'ai rais dans un tube bouché de la
'margarine et de Téther sulturique rectifié.
La solution a été complète, à part un très-
faible résidu de débris de membranes. La
même expérience a été répétée en rempla-
çant l'étber sulfuriqùe par le sulfure de
carbone ; le résultat a été identique avec
le premier.
De tout ce qui précède, je conclus que
la margarine JMègc-Mouriès ne contenait '
aucune substance étrangère, n'importe de
quelle nature, et remplissait les conditions
voulues pour constituer un aliment.
Quant aux résultats des essais pratiques
qui ont été faits sous mes yeux ou à ma
connaissance, voici ce que je peux avan-
cer :
Une soupe aux choux fut préparée à la
cuisine de l'Asile avec de la margarine^ et
donnée à goûter à plusieurs fonctionnaires
et employés de la maison; les uns la trou-
vèrent bonne et ne présentant pas de diffé-
(1) Les seules allérations connues des matières
gra.«scs dans Torganisme, sont la saponiûcation
et réniulsiuu : ce sont les seules, au moins,
qn*cllp.s paraissent subir dans le tube digestif.
(Claude Bernard.)
renée avec les soupes faites au beurre t
d'autres la trouvèrent également bonne,
mais cependant inférieure aux soupes mai-
gres ordinaires ; j'étais au nombre des
dégustateurs; pour moi^ cette, soupe en
valait une autre; je n'y trouvais rien qui
pût lui donner un caractère. d'infériorité*.
Le cuisinier de la maison était parmi les
opposants. M. le directeur-médecin de
l'Asile fit préparer, dans son ménage, des
soupes, des légumes secs, des pommes de
terre au beurre et à la margarine ; celle-ci
était en quantité^ par rapport au beurre
comme 2 : 5 ; ces mets nous furent pré-
sentés en nous laissant ignorer la nature
du corps gras qui entrait dans leur prépa-
tion, on ne put les distinguer; cependant,
les personnes qui avaient trouvé, lors du
premier examen, que la margarine ne pou-
vait valoir le beurre, trouvaient encore que
les mets qu'on leur avait désignés comme
étant arrangés avec le premier de ces deux
corps gras, étaient- moins agréables que
ceux dans la préparation desquels entrait
le second. Pour ma part, je n*ai constaté
qu'une légère différence extérieure ; la
couche graisseuse qui surnageait la soupe
à la margarine, était plus apparente et
moins divisée que celle qui surnageait la
soupe au beurre. Enfin, nous fîmes appor-
ter des pommes de terre, arrangées a la
inaitre-d'hotel, dans deux assiettes ; nous
les trouvâmes toutes bonnes et n'offrant
pas de différenctt sous le rapport du goût ;
mais l'un des dégustateurs, qui conservait
des préventions à l'endroit de la niargarine,
et qui affirmait pouvoir la reconnaître dans
un mets quelconque, désigna, avec assu-
rance Tune des deux assiettes comme
contenant des pommes de terre apprêtées
avec ce produit, tandis que l'autre en
contenait qui avaient été apprêtées au
beurre. La réalité était que la totalité du
mets avait été préparée avec la margarine,
et qu'elle avait été partagée dans les deux
assiettes.
Après les expériences que nous avions
faites, nous étions suffisamment édifiés sur
la pureté, sur la saveur et sur l'usage
culinaire de la margarine ; il restait un
autre côté de la question non moins im-
portant à étudier, c'est le coté hygiénique.
400 kilogrammes de margarine ont été
employés à l'Asile pour la confection des
soupes maigres du mâtin et pour la prépa-
ration de quelques légumes; l'usage n'en
a pas été continu, on l'alternait avec du
beurre; c'était un moyen de voir si les
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
67
malades s*apercevraient de ces change-
ments. Jamais nous n'avons entendu dire
qu'ils s>n fussent aperçus, jamais nous ne
les ayons entendu formuler de plaintes
sur la qualité de Taliment, et jamais, non
plus^ médecin en chef^ médecin adjoint,
médecins internes, pharmacien, nous
n'avons constaté de dérangement des
voies digest.ives qui puissent lui être im-
putés.
-* La margarine a toujours été employée h
TAsile de Quatre-Mares à moindre dose
que le beufre, ce qui est rationnel. On a
. avancé qu'en mettant dans les aliments
moitié moins de margarine que de beurre,
on obtenait, au point de vue de la saveur,
un résultat satisfaisant. Sans vouloir con-
tredire le fait d'une façon absolue, je
n'admel^s pas que dans un régime alimen-
taire peu abondant, strictement substan-
tiel; on puisse, sans inconvénient, dimi-
nuer, dans une forte proportion, la dose
des «principes gras; si 'c'était là le seul
côté économique de la margarine, le pro-
duit ne serait pas à recommander. Mais il
est rationnel pourtant, ai je dit, d'em-
ployer la margarine à une dose moindre
que lé beurre ; en etfet^ tandis qu'elle ne
retient qu'une très-minime quantité d'eau,
les beurres bien préparés, bien lavés,
bien essuyés^ contiennent, d'après les
• expériences de M. Boussingault, 45 à 25
pour i 00 d'eau; celte proportion s'élève
jusqu'à 48 et même jusqu'à 20 et 24 pour
100 dans les beurres des marchés de qua-
lités «ordinaires et inférieures. De plus,
pour la cuisine^ c'est le plus souvent du
beurre salé que l'on emploie ; or, le moins
qu'il puisse eontenir de sel, c'est 5 p. 100.
Dans les qualités inférieures, on y on
introduit sensiblement plus, puisque le
docteur Grâce Calvcrt dit y en avoir cen-
slalc jusqu'à 14 centièmes. En additionnant
les quantités d'eau et de sel contenues
dans les beurres de qualité ordinaire, on
arrive à une moyenne de 30 pour 100
environ, (lomme ce sont ces beurres qui
ont servi pour les expériences comparatives
à l'Asile de Quatre-Mares avec la marga-
rine, on a employé ce produit dans la pro-
portion de 2 parties contre 5 parties de
beurre, soit un tiers en moins du poids de
celui ci. De la sorte, tout en réalisant une
économie, oh ne diminuait pas la quan-
tité de principes gras allouée aux malades,
puisque ce tiers en moins correspond au
^ poids de l'eau et du sel qui existent dans
les beurres salés, et que Ton ne rencontre
pas dans la margarine. C'est aussi cette pro-
portion qui a été observée dans le ménage
de M. le docteur Fovillc, dans le mien et <
dans ceux de plusieurs personnes de ma
connaissance qui ont fait, usage de ce prin-
cipe gras.
En présence de ces résultats chirpiqucs
et pratiques, du rapport si concluant de
M. Félix Boudet, il me semble qu'il n'y a
plus de place au doute sur la valeur ali-
mentaire de l'oléomargarine préparée par
les procédés de M. Mège-Mo'urièsj et que
son emploi dans l'alimentation publique
est assuré, autant, toutefois, qu'aux con-
ditions de bon marché elle continuera à
réunir les conditions plus indispensables
encore dé qualité et de pureté.
Je me suis procuré plusieurs échantil-
lons de margarine provenant de fabriques
différentes; je les ai soumis au même
examen que la margarine que l'Asile avait
fait venir; je les ai trouvés purs et de
bonne qualité-; l'un d'eux, cependant,
traité à froid par l'éther, a abandonné un
peu plus dé débris organiques que les
autres. Est-ce à dire que la margarine,
plus heureuse que les autres subst»nces
qui servent à la nourriture de l'homme,
est à l'abri de sophistications ou d'imper-
fections dans son mode de fabrication?
Non certes. Quand nous voyons le beurre,
produit essentiellement naturel, falsifié de
tant de façons, altéré dans sa nature, on
ne peut se hasarder à espérer que la mar-
garine, produit essentiellement industriel,
ne sera pas ou sophistiquée ou fabriquée
au moyen de procédés qui auront plus en
vue l'abaissement du prix de revient, que
la qualité du produit. De nos jours, les
falsifications ne sont plus rudimentaires
comme elles Tétaient jadis ; les falsifica-
teurs, pour arriver à leur but, se servent
de la même science que l'expert qui est
appelé à constater la fraude; c'est souvent
la chimie qui leur vient en aide, mais c'est
toujours elle aussi qui dévoile leurs coupa-
bles manœuvres. Aussi, grâce aux Conseils
d'hygiène et de salubrité, doril Tattention
est déjà appelée sur la substance qui fait
fobjet fie cette note, le public a lieu de
. penser que la fraude, si elle se produit,
sera décelée. Tout. dernièrement, j'ai été
charge d'examiner de la margarine, pure
d'ailleurs, mais qui retenait de 9 à 10
pour 100 d'eau.
J'ai entendu exprimer la crainte que la
margarine livrée à la consommation, ne
soit extraite de suifs ou d'autres corps gras
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
ayant déjà subi un commencement d*alté-
ration, ou bien provenant d'animaux abat-
tus en état de maladie. Cette crainte me
parait exagérée ; si les corps gras sont plus
ou moins altérés, il est évident que la mar-
garine participera à cet état de décompo-^
sition^ et que sa qualité s*en ressentira ;
or^ si W consommateur ne peut toujours
constater les falsifications, il est générale-
ment bon juge pour reconnaître si une sub-
stance alimentaire a bon ou mauvais goût.
Le fabricant qui mettrait en vente de la
margarine de mauvaise qualité verrait
bientôt son produit délaissé.
J'ai vu, dans la vitrine d'un marchand
de comestibles, de la margarine qui avait
une couleur jaune-safran. Cette coloration
lui avait été probablement communiquée à
l'aide de substances que Ton emploie pour
colorer le beurre ; ces substances sont,
comme on le sait, le safran, le jus de ca-
rottes, le rocou, et mieux encore, les fleurs
de souci, cultivées spécialement pour cet
usage dans les environs de Gournny
(M. Bidard, Société d'Agriculture de la
Seine-Inférieure, i865).
Je n'ai pas besoin d'ajouter que si la
margarine peut rempJacer le beurre de cui-
sine, elle peut remplacer également, et
avec avantage, les graisses diverses. Mais
M. Mège n'a pas voulu s'en tenir là : avec
la margarine il a obtenu, au moyen d'in-
génieuses et savantes combinaisons, un
produit se rapprochant davantage encore
du beurre naturel.
I M. Mège ayant observé, dit M. Félix
Boudet. que les glandes mammaires de la
vache qui sécrètent le lait, contiennent une
substance particulière, une espèce de pep-
sine douée de la propriété d'émulsionner
les graisses avec l'eau, a mis à profit cette
observation, pour transformer l'oléomar-
garine en crème, et ensuite cette crème en
beurre.
» Il introduit dans une baratte 50* kilo-
grammes d'oléomargarine fondue, 2K li-
tres environ de lait de vache qui représen-
tent moins d'un kilogramme de beurre, et
25 kilogrammes d'eau contenant les parties
soinbles de 400 grammes de niameHcs de
vache trèsdi visées, et maintenues pendant
quelque tt'mps en macération ; il ajoute une
petite quantité de rocou pour donner de la
couleur. La baratte est alors mise en mou-
vement, et au bout d'un quart d'heure,
Teàu et la graisse se trouvent émnision-
nées et transformées en une crème épaisse,
analogue à celle du lait; en continuant le
mouvement de la baratte, on voit la crème
se transformer à son tour en beurre, au
bout d'un temps plus ou moins long, sui-
vant les conditions de l'opération : deux
heures suffisent en général.
» Le barattage terminé, on verse de Teau
froide dans la baratte, et le beurre se sé-
pare retenant, comme le beurre ordinaire,
du lait de beurre qu'il faut en dégager. Le
produit est porté alors dans un appareil
composé d'un malaxeur et de deux cylin-
dres broyeurs placés sous une chute d*eau
en pluie, et là, il est travaillé dfe manière à
se transformer en beurre bien lavé^ d'une
pâte fine et homogène.
» Ce beurre lavé avec de l'eau, à la tem-
pérature ordinaire, contient, d'après nos
expériences exécutées avec M. Lhôte, au
laboratoire de M. Péligot, 42,56 pour iOO
d'eau, et dissous dans Féther, laisse un
résidu du poids de 1 gr., 20 pour 100
grammes à l'état sec ; sur deux échantil-
lons, Tun s'est solidifié à 22<», l'autre à
i7<», taudis que la graisse de bœuf se soli-
difiait entre 52 et 55».
t Pour du beurre fin du commerce de
Paris, j'ai trouvé 19 degrés comme point
de solidification ; d'autre part, j'ai trouvé
22«,2, pour du beurre d'Isigny, première
qualité, et 22» pour du beurre ordinaire
du Calvados. Diaprés les expériences de
M. Boussingault, dans les beurres bien
préparés, bien lavé» et bien essuyés, la
proportion d'eau est de 15 à li pour 100 ;
elle s'élève jusqu'à 18 et même jusqu'à 20
et 24 pour 100 dans les beurres des mar-
chés, de qualités ordinaires et inférieures.
J'ai trouvé li pour 100 dans le beurre
d'Isigny, et 15-28 dans le beurre ordinaire
du Calvados.
» Quant aux niatières caséeuses insolu-
bles dans l'élher, le beurre d'Isigny, pre-
•mière qualité, m'a fourni 5 gr., 15 pour
100 de substance sèche, tandis que je n'ai
obtenu que 1 gr.,-20 pour 100 de résidu
sec avec le beurre de M. Mège.
» Ce beurre artificiel présente donc cet
avantage, qu'il contient beaucoup moins
d'eau et de matières animales propres à le
faire rancir, que les beurres ordinaires du
commerce, et qu'ainsi, sous un même
poids, il fournit plus de beurre réel. Ces
deux circonstances contribuent sans doute
à sa conser^tion, qui est plus longue que
celle du beurre ordinaire, et à l'empéchcr
de prendre l'odeur et l'ôcrctc qui se déve-
loppent bientôt dans celui-ci.
I Pendant les grandes chaleurs, alors
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
69
que Ton peut a peine conserver le beurre
sans qu'il fonde, il est faeile de donner au
beurre artificiel une consistance plus ou
moins solide en préparant une oléoniarga-
rinc plus ou moins exempte 'de stéarine.
» D'autre part, M. Mège a observé qu'en
lavant son beurre avec de Teau à 5 ou
6 degrés de température seulement, il
pouvait y laisser moins d'eau, et obtenir un
produit'capable de se conserver très-long-
temps. Un échantillon de beurre ainsi pré-
paré, et que M. Mège désigne sous le nom
de beurre sans eau, emporté de Paris à
Vienne, en Aurriche^ le iiO octobre 1871,
vient d'être renvoyé à la date du 8 avril
courant, et se trouve encore, après cinq
mois, en assez bon état de conservation. »
M. Mège a donc fourni à la consomma-
lion des produits nouveaux d'une valeur
incontestable, appelés à remplacer^ dans
une certaine mesure, les graisses de mé-
nage, surtout le beurre de cuisine^ et con-
séquemment à leur faire concurrence.
Cette concurrence lèsera-t-ellc les intérêts
de l'agriculture? Fera-t-elle diminuer le
prix des beurres? Je. crois que les beurres
fins, les beurres de première qualité^ n'ont
pas à redouter l'apparition de la marga-
rine; en admettant même que des perfec-
tionnements soient apportés dans sa prépa-
ration, jamais elle n'aura ce goût fin,
suave et aromatique des beurres de Nor-
mandie, si recherchés, à juste titre, pour
être manges sur le pain ou employés pour
la confection de mets délicats. Quant aux
beurres de seconde qualité, il pourra en
être autrement, si la margarine reste au
prix où elle est aujourd'hui, et si les fa-
bricants continuent à la bien préparer.
Toutefois, en admettant qu'elle se main-
tienne dans ces conditions, on ne peut en-
core rien préjuger. Que de craintes chimé-
riques n'a-t-on pas fait entendre sur
l'abaissement des prix que devaient éprou-
ver bon nombre de produits agricoles, par
suite des découvertes industrielles, des
importations, etc.? Si le prix des beurres
diminue, les éleveurs sauront tirer • un
autre emploi de leur lait.
(Annales d'hygiène publique.)
Médecine légale.
De la vue distinote ; applications à la
médecine légale; par M. D'HERBËLOT
avocat général. Analyse d'un mémoire
adressé à la Société de médecine légale;
par M. le docteur Vincent.
Un crime ou un délit étant commis,
jusqu'à quelle distance un témoin peut-il^
en reconnaître l'auteur et affirmer son
identité devant les tribunaux? Jusqu*à
quelle distance ce même témoin peut-il
apercevoir distinctement cette action cri-
minelle et ses divers incidents? Telles sont
les questions que M. le docteur Vincent
(de Guéret) s'est posées et qu'il s'est appli-
qué à résoudre dans un mémoire coui'onné
par l'Académie de médecine, et dont la
Société de médecine légale m'a chargé de
lui présenter le compte-rendu.
Il n'est pas besoin de faire ressortir la
gravité de ces questions, dont la solution
peut avoir pour effet, ainsi que le dit notre
honoré collègue, non-seulement de mettre
en garde contre • l'illusion honnête qui
engendre la conviction erronée v , mais
aussi < de démasquer la mauvaise foi »
(p. 2.). Si l'on songe que l'issue d'un pro-
cès criminel dépend souvent d'un témoi-
gnage^ on comprend quelle serait la
reconnaissance due par les magistrats aux
experts qu'ils consultent si ceux-ci les
mettaient en mesure d'apprécier exacte-
ment, à côté de la valeur morale du
témoiU; la valeur physique et en quelque
sorte scientifique de sa déclaration.
Le docteur Vincent a incontestablement
l'honneur d'avoir abordé le premier l'étude
de cet intéressant problème, et si sa modes-
tie se plait à répéter presque à' chaque
page qu'il n'a pas la .prétention d'avoir
conduit son œuvre « à la perfection dont
elle est .«usceptible », il faut du moins
reconnaître qu'il a bien largenrent ouvert
une voie dans laquelle il sera le guide le
plus sûr de tous ceux qui voudront s'y
engager après lui.
Le mémoire, qui. ne comprétid pas
moins de neuf chapitres, peut se diviser
en deux parties, distinctes en réalité, bien
que parfois confondues dans l'exposition :
• les observations et les expériences pci -
sonnelles de l'auteur d'un côté, et de l'au-
tre côté la détermination des règles géné-
rales qui s'imposent à quiconque veut
chercher la solution des questions relatives
à la vue distincte considérée dans ses rap-
ports (ivec la médecine légale. .
Ces deux parties, remarquables toutes
les deux, ont cependant à nos yeux une
importance inégale, et il nous semble que
si l'auteur a posé des principes généraux
qui peuvent être jugés définitifs, ses obser-
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RKVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Tations, au contraire, comportent un con-
trôle, qu'il provot|Oc du reste lui-même
avec insistance, et qui, les confirmant
^ sans doute pour la plupart, aura du moins
cet avantage de les rendre plus indiscuta-
bles.
Après avoir établi quelques propositions
Sur les conditions physiques et physiolo-
giques de la vision, le dodteur Vincent en
déduit les conséquences avec un sens
scientifique et un sens pratique très-exacts,
soit qu'il s'agisse de la reconnaissance des
choses, soit qu'il s'agisse de celle des hom-
mes. S'il s''agit, par exemple, de la recon-
naissance d'un individu, il indique les
caractères que l'œil humain peut perce-
voir de plus loin et auxquels il est permis
d'attribuer une certaine valeur dîslinctive.
Ce sont d'abord les caractères qu'il appelle
caractères de totalité j tels que la stature,
l'habillement et les allures, caractères dont
la valeur le plus souvent sera médiocre,
parce que, pouvant appartenir à la fois à
plusieurs personnes, ils ne sont pas, à
proprement parler, des caractères indivi-
•duels. Ils peuvent conduire à reconnaître
un homme, uncf femme, un soldat, un
prêtre, etc., mais ils ne peuvent désigner
en particulier tel homme, telle femme, tel
soldat, tel prêtre. Viennent ensuite les
caractères propres à la tête, son volume,
sa forme, la coiffure, la barbe, etc. Ce
sont là des signes distinctifs plus précis,
plus individuels, mais qui ne peuvent être
appréciés qu'à une moindre distance et qui
souvent, encore ne pourront pas permettre
d'affirmer l'identité sans hésitation. H
n'en sera plus de même des particularités
de la faoî, des traits, de la forme, de
la saillie, de la couleur des yeux et des
sourcils^ de la forme du nez et du men-
• •ton, de l'ondulation des lèvres, de la phy-
sionomie. Tout cela constitue l'individu
d'une façon très-déterminée, mais tout
cela échappe nécessairement au regard de
celui qui n'est pas à une dislance plus ou
moins rapprochée de la personne dont il
veut fixer le visage dans son souvenir.
Dans ces diverses opérations de la vue,
notre sens ne peut-il pas et ne doit-il pas
s'appuyer sur certaines facultés de notre
■ intelligence, et la mémoire, par exemple,
ne sera telle pas fréquemment un puis-
.sant auxiliaire de l'œil? Notre savant col-
lègue' ne nie pas cette vérité,, et il pose,
au contraire, la règle suivante, qui' a
toute la valeur de l'évidence : « Pour
reconnaître une personne, il faut la con-
naître déjà, et on la reconnaît à une dis-
tance d'autant plus grande qu'on la con-
naît micux^p. iS). » Ce qui. est vrai des
personnes est également vrai des choses.
Choses ou personnes peuvent donc être à
ce point de vue rangées en diverses caté-
gories, et \\ est aisé de mettre cette classi-
fication .d'accord avec la classification
précédente.
La première catégorie, par e'xemple,
comprendra les choses ou les personnes
que nous connaissons parfaitement, et que
nous pourrons dès lors reconnaître à leurs
seuls caractères de totalité et à la distance
éloignée d'où ces caractères de totalité se
peuvent apercevoir. La deuxième catégo-
rie comprend « les personnes ou les chflfses
que nous connaissons moins, que nous
voyOàis peu souvent et dont les caractères
de totalité ne nous sont pas familiers »
(p. 21). Nous ne pourrons aJfirmer l'iden-
tité de ces personnes ou de ces choses que
s'il nous a été donué de les apercevoir à
une distance médiocre, car nous ne pou-
vons les reconnaître qu'à certains carac-
tères généraux de la tète et de la face par
exemple, s'il s'agit de personnes.
Enfin, il est une troisième catégoHc
comprenant des choses ou des personnes
« que nous voyons pour la première fois
et qui, par conséquent, nous sont complè-
tement inconnues »{p. 2-2). Celles-là, nous
ne pourrons les reconnaître avec certitude
ni à leurs caractères de totalité, ni à leurs
caractères généraux, et nous ne pour-
rons nous prononcer consciencieusement
sur leur identité qu'après avoir pu in-
terroger Iciir caractères dislinctifs, ce
que nous ne pouvons faire que de très-
près.
Rien ne paraît plus exact que ces dis
tinctions. « On me demandera sans doute,
dit le docteur Vincent, comment' ilse fait
qu'il soit possible de reconnaître une
figure déjà connue à 30 mètres, tandis que
Ton ne peut réellement distinguer- une
figure inconnue à plus de 15 mètres? Les
personnes qui seraient tentées de me
poser cette question, se rendront facile-
ment compte de cette contradiction plus
apparente que réelle, si elles veulent bien
faire attention que, dans Pacte de recon-
naître à distance, la sensibilité physiologi-
que n'est pas seule en jeu et que la mémoire
et l'association des idées, deux facultés
toutes psychologiques, jouent aussi un
grand rôle ». Et comme il le dit plus loin,
c la représentation mentale vient ici en
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
71
aide à la représentation sensorielle. »
Cette observation est de nature à fixer
notre attention et mérite que Ton s'y
arrête même un peu plus longtempj
peut-être que ne Ta fait Tauteur du mé-
moire. La solution du problème de la vue
distincte conduit à ce terme. Ne va telle
pas souvent échapper aux recherches du
physicien pour dépendre davantage des
appréciations du psychologue, et le pro-
blème lui-même ne sera t-il pas fréquem-
ment un problème au moins autant psyr
chologique que scientifique? Il ne parait
pas possible de le nier. C'est qu'en effet,
ainsi que Ta dit Buffon, » Tœil appartient
à rame plus qu'aiicun autre organe, ».et
que certaines dispositions de l'esprit sem-
blent bien susceptibles d'accroître la forée
de perception dont il est doué. Ce n'est pas
seulement la mémoire et l'association des
idéesj la réflexion qui est al'œil de l'àme; »
suivant l'expression de Bossuet, qui pour-
ront poduire ce résultat et rendront en
quelque sorte le regard plus clairvoyant.
L'application, la tension de l'intelligence
sur une chose déterminée auront le même
effet. Qui de nous n'a parfois réussi à aper-
cevoir un objet éloigné et que l'œil pen-
dant plusieurs minutes avait été impuis-
sant à atteindre ?
Dans cette expression populaire é*:ar'
quiller les yeux n'y a-t-il rien qui corres-
ponde à une vérité de fait et même à une
vérité scientifique^ et ne rend-elle pas un
compte suffisamment exact du perfection-
nement de la vision obtenue par Tinleu-
site «le certains efforts intelfectuels? Un
homme raisonnable et réfléchi ne verra-
t-il pas d'ordinaire, je ne dis pas plus
loin, mais mieux qu'un enfant étourdi?
La curiosité, surexcitée par un spectacle
insolite, n'aidera- 1 elle pas les yeux à en
percevoir certains détails qui leur auront
d'abord échappé et qu'ils n'auraient même
peut être jamais perçus sans le concours
que l'esprit vient leur prêter? La crainte
d'un danger, le soin de la conservation,
une émotion vive, le désir de la ven-
geance, l'application à bien distinguer,
pour le bien reconnaître, celui qui a en-
couru cette vengeance, toutes ces circon-
stances et d'autres encore ne peuvent-
elles pas accroître l'énergie de la représen-
tation sensorielle? Ne pourront- elles pas
lui permettre de se produire dans des con-
ditions que la science ne saurait essayer
sans témérité de délimiter d'une façon
trop rigoureuse? Toutefois il faut dire
hautement de ces circonstances ce que
l'auteur du mémoire dit de la représenta-
tion mentale : si elles peuvent. être parfois
des causes de clairvf»yauce plus grande,
elles peuvent devenir aussi des causes
d'erreurs fatales, et il faut se mettre en
garde contre les <i illusions qu^elles enfan-
tent et contre les méprises auxquelles elles
peuvent conduire. » Les règles posées par
le savant docteur doivent donc être rete-
nues comme le meilleur préservatif contre
ces erreurs.
Ces règles sonl-clies sujettes à varia-
tions, et quelles sont les modiGcations que
peuvent apporter à la vue distincte les
divers degrés de lumière et certaines con-
ditions de lumière spéciales? Le3 obser-
vations du mémoire présentent ici un
intérêt tout particulier, et nous voudrions
pouvoir insister sur chacune d'elles.
Signalons du moins le très-remarquable
chapitre consacré à la vue distincte au
clair de la lune.
Etant admise cette donnée scientifique,
que la lumière de la pleine lune est mille
fois plus faible que celle du soleil, on
pourrait être tenté de conclure que la vue
distincte sera mille fois plus difficile à la
clarté de la iùne qu'à ta lumière du soleil.
Notre collègue a montré par. des. consi-
dérations générales et scientifiques, ap-
puyées sur des expériences nombreuses^
combien cette conclusion serait erronée.
Après une étude et une discussion appro-
fondies, dans lesquelles notre incompétence
personnelle ne nous autorise pas à le suivre,
le mémoire^ faisant appel à la science du
physicien et à celle de l'astronome, pose
Jes. règles suivantes que nous nous bornons
à énumérer :
L L'intensité de la lumière lunaire varie
avec les phases de la lune.
IL L'intensité de la lumière, pour une
même phase, est d'autant plus grande que
l'astre est plus élevé au-dessus de l'horizon.
III. Une surface ou un objet est d'autant
moins éclairé que l'incidence des rayons
lumineux est plus -oblique.
IV. L'intensité do la lumière lunaire
doit aussi varier avec le point de son or-
bite qu'occupe la lune à une phase donnée.
V< Les objets se distinguent à une dis^
tance d'autant plus grande que leur cou-
leur tranche davaotagc sur celle du fond
sur lequel ils reposent.
VI. Il existe une grande différence d'in-
tensité entre la lumière directe et la lu-
mière diffuse de la lune.
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7î2
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Vn. Les couleurs s'altèrent très proaip-
tement, et à une faible dîs(anc», 9u clair
de la lune.
On nous pardonnera la sécheresse de ce
sommaire, qui montre du moins tout Tin-
térét des questions traitées.
Il est possible de déterminer, à titre de
conséquences des principes ainsi . posés ,
quelles sont les distances auxquelles il est
permis de reconnaître une personne au
clair de la lune.
M. Vincent Ta fait en tenant compte des
diverses périodes de la lune; pendant la
période de la nouvelle lune, il estime qu'il
est impossible de distinguer assez nettement
pour les reconnaître les personnes que Ton
n'a jamais vues, ni même celles avec lesquel-
les ronn*a eu que des relations fugitives;
quant aux personnes que Ton connaît par-
faitement et qui se peuvent distinguer par
leurs carctctèreii de totalité, c'est à la dis-
tance maximum de 5 ou 6 mètres que Ton
peut espérer les reconnaître. — Pendant
la période du premier quartier, les personnes
parfaitement connues peuvent être recon-
nues à la distance de 6 à 7 mètres, celles
qui ne sont qu'imparfaitement connues et
qui ne peuvent s'individualiser que par les
caractères généraux de la tête ou de la face,
échapperont aux regards de l'observateur
qui ne passera pas immédiatement à côté
d'elles. — Enfin, c'est seulement pendant
la période de la pleine lune que l'œil peut
distinguer toute personne de façon à pou<
voir la reconnaître, et cela à la distance de
8 à 10 mètres environ s'il s'agit d'une per-
sonne parfaitement connue, à la distance
de 2 à 5 mètres s'il s'agit d'une personne
imparfaitement connue, et à condition
d'avoir été placé tout à côté d'elle s'il s'agit
d'une personne que l'observateur voit pour
la première fois.
S'il fallait indiquer la puissance compa-
rative de la lumière réfléchie par la lu ne* et
de celle fournie par le soleil, on pourrait
rappeler que suivant les observations de
notre collègue, une personne parfaitement
connue peut être, en plein jour, signalée
à une distance de 100 à 200 mètres par
ses caractères de totalité; qu'une personne
qui n'a été vue que rarement, et que les
caractères généraux delà tête ou de la face
suffisent cependant à distinguer, peut l'être
à une distance de 25 à 50 mètres ; et enfin
qu'une personne que l'on voit pour la pre-
mière fois et que l'on ne peut reconnaître
qu*à.la condition d'interroger les particula-
rités de ses traits et de sa face, ne doit pas
être placée à une distance supérieure à 1 5
ou 20 mètres.
Nous nous sommes attardé à dessein sur
ce chapitre du raén^oire qui forme assuré-
ment la partie la plus intéressante de Tœu-
vre, et nous éprouvons le regret de n'avoir
pas mieux réussi à la faire connaître.
Le chapitre suivant traite de la mœ dis-
tincte à la lumière des étoiles , et l'auteur
conclut que c'est seulenuent aux caractères
de totalité du corps et de la tête avec les-
quels il faut même être très-familier, qu'il
est possible de reconnaître une personne
dans ces conditions, et encore faut-il sup-
poser que l'observateur ne sera pas séparé
de .cette personne par une distance de plus
de 5 à 4 mètres.
Le docteur Vincent examine ensuite la
possibilité et les conditions de la vue dis-
tincte dans l'obscurité, à l'aurore et au
crépuscule.
' Les couleurs, c'est-à-dire les sensations
que produisent sur Torgane de la vue la
lumière directement réfléchie par les corps^
ont aussi fourni à notre éniinent collègue
la matière d'un chapitre considérable, et il
s'est appliqué à déterminer jusqu'à quelles
distances il est possible de reconnaître la
couleur d'un objet quelconque. Cette, dis-
tance est certainement variable suivant la
quantité de lumière projetée par le foyer
sur Tobjety suivant la puissance de réflexion
qui appartient à cet objet et sa nature plus
ou moins absorbante, et même suivant son
étendue, car plus grande sera l'étendue do
l'objet et plus grande aussi sera la quantité
de lumière qu'il recevra. La loi des con-
trastes se li« intimement à celle des cou-
leurs, et l'auteur se garde de l'oubUer. Il
la formule au contraire de la façon la plus
saisissante en disant : les objets se distin*
guent à une distance d'autant plus grande
que leur couleur tranche davantage sur
celle du fond sur lequel ils reposent. L'es-
prit scientifique le plus sur, l'abondance
des observations, la critique rigoureuse et
préalable de tous les principes qu'il admet
et la logique des déductions, telles sont les
qualités qui caractérisent ici comme par-
tout, ce que l'on pourrait appeler la partie
didactique du mémoire.
Nous venons de parler de l'abondance
des observations faites par le docteur Vin-
cent, il a demandé en effet à de nombreuses
expériences personnelles le contrôle et la
vérification des principales règles qu'il a
posées. C'est la seconde partie de son tra-
vail. Si nous avons fait en commençant
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
quelques réserves sur Fimportance de celte
partie du mémoire, n«»us y étions autorisé
par le langage même de Tauleur : « Il est
probable, dit-il^ que si plusieurs personnes,
dont la vue est bonne, répétaient mes expé-
riences dans les mêmes conditions de lu-
mière que je les ai faîtes, un certain nom-
bre d'entre elles arriveraient à des résultats
différents de ceux que j*ai obtenus. Une
commission nombreuse composée de mem-
bres d'âge différent, expérimentant sur un
grand nombre de personnes d'âge et même
de sexe différents, serait, en quelque sorte,
nécessaire pour arriver h une moyenne
qui servirait de base pour apprécier les
écarts, lesquels pourraient être eux-mêmes,
dans chaque cas particulier^ Pobjet de
Texamen et de r-apprcciation du médecin
. légiste. » Notre collègue a donc cru pou-
voir indiquer, après expérience, certains
chiffres comme représentant les distances
auxquelles^ dans des conditions de lumière
déterminées, et suivant qu'il s'agissait de
personnes et de choses connues ou incon-
nues, sa vue a été suffisamment distincte,
mais il estime que ses chiffres n'ont aucun
caractère définitif et que de nouvelles ob-
servations pourront les modifier : « la vue
distincte varie, on effet, et avec les qualités
très- variables de l'organe visuel et avec les
diverses condititions de lumière où se
trouve l*objet vu. v Rien ne prouve mieux
Tincertitude inséparable de ces sortes d'ex-
pérlenceS; que l'élasticité et le défaut de
précision des chiffres cités dans le mémoire.
C'est. ainsi, par exemple, que nous y voyons
que l'on peut reconnaître une. personne
parfaitement connue à une distance qui
variera entre cent et deux cents mètres.
Notre consciencieux collègue a tenu à
publier lui même, par un scrupule infini-
ment honorable, un tableau dressé, par les
soins de l'autorité militaire à l'usage dos
écoles de tir, et indiquant Tordre dans
lequel disparaissent successivement et sui-
vant la distance pour les bonnes vues, les
différentes parties du corps des soldats,
des effets d'habillement, d'équipement et
d'armement, et les divers mouvements
dans la marche » . Il relève dans ce tableau
un assez grand nombre d'erreurs graves
et qui semblent en rendre la révision in-
dispensable ; mais il avoue en même temps
que « la plupart des distances qui y sont
indiquées dépassent tellement la portée de
sa vue, qu'il serait tente de les révoquer
en doute, si elles n'étaient le résultat de
mesures très -précises prises sur le terrain
par (ks hommes compétents » . Toutes ces
différences s'expliquent aisément par des
qualités visuelles inégales ou par des con-
ditions de lumière non identiques, et il
semble permis de dire qu'elles sont inévi-
tables, et que, deux personnes, le même
jour, à la même heure, au même lieu,
dirigeant leurs regards sur le même objet,
ne le verront pas de la même manière ;
que de même une personne recommençant
deux jours de suite la même observation,
pourra arriver et, malgré les précautions
prises, arrivera probablement à des résul-
tats sensiblement différents.
Il ne parait donc pas possible, en cette
matière, d'accorder une importance déci-
sive aux observations et aux expériences
faites. Il serait téméraire de chercher à
déterminer d'une façon mathématique, et
absolue les conditions de la vue distincte;
cette détermination serait peut-être plus
téméraire encore si elle ne devait être que
le résultat d'observations, si scrupuleuses
et si nombreuses d'ailleurs qu'elles puis-
sent être. Les véritables guides du savant
consulté sur ces questions par les magis-
trats ne devront être ni les expériences
d'autrui, ni ses expériences personnelles,
mais bien les principes généraux si savam-
ment exposés, et les règles si logiquement
déduites de* ces principes par le docteur
Vincent.
Tel est ce mémoire, véritablement con-
sidérable et neuf, dont il eût été désirable
qu'une voix autorisée fût appelée à faire
le compte-rendu.
Nous aurons atteint cependant le but le
meilleur que nous puissions nous propo-
ser, si nous avons réussi à donner le désir
d'en prendre une connaissance complète.
DISCUSSION.
M. -Trélat fait remarquer que le rap-
part conclut en disant que. le travail de
Al. le docteur Vincent ne permet pas
d'affirmer en matière de vue distincte.
Mais m! Trélat pense qu'on peut, quand
il s'agit de savoir si un individu a vu dis-
tinctement, être plus affirmatif que M. le
docteur Vincent. La question de savoir si
tel individu a vu, dépend en effet de trois
circonstances qu'il est toujours facile de
déterminer : 1° le sujet est- il amétrope ou
hypermétrope? ^° Le sujet a-l-il une
acuité de vue normale ou anormale?
3° Quelle était, au moment oii le fait s'est
passé, la transparence des milieux à tra-
vers lesquels la vue devait s'exercer?
10
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74
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Voilà les trois circonstances importantes
qu'il convient d^examiner et que Ton peut
toujours déterminer dans chaque cas et
pour chaque sujet. Le jour et l'heure aux-
quels révénement a eu lieu, voilà un ren-
seignement précis que Ton peut toujours
se procurer et qui doit servir à fixer quelle
était la transparence des milieux. Quant
aux deux autres points, à savoir le degré
d'acuité de la vue du sujet, ou s*il est amé*
trope ou hypermétrope, 1-çtat de la science
permet de les préciser exactement. 11 est
vrai qu*on ne peut affirmer si un individu
a pu reconnaître^ car cela dépend de cir-
constances et de caractères tout différents
de ceux qui servent quand il s*agit de
savoir si Ton a vu. Mais on peut établir
d'une façon absolue que Ici individu
déterminé a pu et dû voir.
IVl. Mouton croit qu'en dehors des points
signalés par M. Trélat il faut^ dans la ques-
tion qui est examinée par M. le docteur
Vincent dans le travail qui a fait Tobjet du
rapport de >M. d'Herbelot, tenir compte
aussi des contrastes des couleurs et des con-
trastes des lignes. Ces contrastes, qu'on re-
marque quand il s'agit de questions d'art,
existent aussi quand les choses se passent
pour de grandes distances. Tout le monde,
en etfet, peut se rendre compte que telle
couleur change pour l'œil selon la direc-
tion et l'intensité de la lumière, de même
qu'elle se modifie suivant les couleurs à
côté desquelles elle se trouve placée,
m! Mouton fait remarquer qu'il en est de
même pour les lignes, et c'est ainsi qu'on
peut être exposé continuellement à com-
mettre, quand on voyage, des erreurs sur
l'inclinaison d'une route ou sur la pente
d'une montagne. Ces points sont forts
importants, et c'est surtout quand on con-
naît l'importance des débats judiciaires et
qu'on sait à quels détails Qn est obligé de
s'arrêter, que l'on comprend combien il est
utile d'y insister. Chacun, du reste, a une
aptitude de la vue dont il est utile de se
préoccuper. C'est ainsi qu'un marin recon-
naîtra à une distance considérable un na-
vire en mer qu'un chasseur, par exemple,
n'apercevra même pas; tandis que ce
même chasseur distinguera parfaitement
un lièvre ou une pièce de gibier quelcon-
que, dont le marin ne soupçonnera même
pas là présence. Enfin, il faut tenir compte
de ce qu'on appelle les illusions d'optique.
M. o'Herbelot regrette que M. le doc-
teur Trélat n'ait pas entendu le commen-
cenicnl de son rapport. Le travail de
M. Vincent contient en effet deux parties
absolument distinctes : la partie scienti-
fique et la partie expérimentale. Or, M. Vin-
cent établit fort bien dans la parlie scien-
tifique de son travail que l'on doit exami-
ner pour chaque cas la valeur visuelle de
l'individu. 11 donne donc, sous ce rapport,
entière satisfaction aux observations de
M. Trélat. Quant à la seconde partie, 4ans
laquelle M. Vincent rend compte de ses
expériences^ il convient lui-même qu'elle
n'est pas assez sérieuse. Du reste, M. Vin-
cent reconnaît l'imperfection des résultats
acquis. Il exprime même l'idée que la So-
ciété constitue une Commission chargée de
recommencer ses expériences; mais une
telle Commission est impossible. La seconde
partie du travail de M. Vincent conduit
donc h un seul résultat : démontrer l'in-
certitude de l'expérimentation en pareille
matière, car il faudrait être certain de se
replacer exactement chaque fois dans une
situation identique.
M. Trélat fait observer que l'expéri-
mentation en pareille matière produit de
telles différences et est sujette à de si nom-
breuses difficultés, qu'on peut dire que ce
n'est plus de la vue distincte. Il reconnaît
qu'il a, en énumérant les trois conditions à
examiner, en cette matière, commis un
oubli que lui a rappelé M. Mouton : c'est
qu'il faut observer les objets et les espèces
au point de vue de la fausse appréciatioîi
des couleurs. Il faut donc, au lieu de trois
conditions à examiner^ en examiner quatre.
Quant aux autres points signalés par
M. Mouton, M. Trélat croit qu'ils n'ont
aucun rapport avec la vue distincte. L'illu-
sion optique, il ne l'admet pas, parce que,
pour lui, l'illusion est une raélité pour
l'œil. Quant à l'habitude visuelle, c'est de
la vue distincte et réelle ; et ce qui expli-
que que tel individu reconnaîtra un objet
qu'il a l'habitude de voir, tandis qu'il ne
reconnaîtra pas tel autre qu'il né voit pas
habituellement quoique plus rapproché,
c'est non pas parce qu'il ne le voit pas,
mais bien parce que, n'ayant pas l'habi-
tude d'analyser les différents côtés qui con-
stituent la forme de cet objet, il ne le re-
connaît pas. M. Trélat n'admet pas non
plus comme un des éléments de la vue dis-
tincte le contraste des lignes, dont a parlé
M. Mouton : pour lui, ce contraste des
lignes n'est pas une illusion, mais bien
une réalité. Donc, en examinant avec soin
les trois conditions dont il a parlé, l'amé-
tropie ou l'hypcrmétrapic, l'acuité visuelle
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
75
et la chroiDâtopsie, on a les trois conditions
dont la constatation est indispensable ponr
déterminer les conditions de la vue dis-
tincte.
M. Manuel et M. Mouton insistent sur
la question de Thabitude de rœil.
M. Gâllard rappelle un point du travail
de M. Vincent sur lequel on n*a peut-être
pas assez insisté, c'est celui où M. Vincent
examine les aspects différents que telle ou
telle couleur présente selon qu'on hi voit
au grand jour ou au clair de la lune.
M.Trélât, répondant d'abord à MM. .^la
nuel et Mouton, fait observer que la ques-
tion de savoir pourquoi un individu aura
reconnu tandis que l'autre aura à peine
vu, est une affaire non pas de vue, mais
d'éducation de la vue. Mais la question de
la vue distincte est tout autre et ne doit
être examinée qu'au point de vue théo-
rique. La question, à ce point de vue pure-
ment théorique, se réduit à savoir, non pas
si un individu a pu reconnaître, mais s'il
a pu voir. Quant au point traité par
M. Gallard^ M. Trélat fait observer que
l'on comprend parfaitement que la couleur
change absolument suivant les conditions
de lumière et qu'au clair de la lune, par
exemple, telle ou telle nuance se trouve
absolument modifiée.
M. Démange demande si dans- l'état de
la science un expert^ une fois les condi-
tions d'heure et de lumière déterminées,
pourra répondre et affirmer que tel indi-
vidu a pu voir.
M. Trélat répond affirmativement, une
fois qu'on aura déterminé en outre les
qualités de vue de l'individu.
Sur une observation de M. Gallard,
M. Trélat conclut en disant que voir et
reconnaître sont deux choses différentes.
La première opération est purement phy-
sique, la seconde est en outre intellectuelle.
Mais ce que l'on peut dire, c'est que pour
reconnaître il faut d'abord avoir vu.
[Annales d'hygiène publique,)
m. AGADBHIES ET SOCIÉTÉS SAViNTES.
Société Royale des Soienoes médioalet et
naturelles de Bruxelles.
Bulletin de la séance du ^juillet 1875.
Président : M. Janssens, bibliothécaire.
Secrétaire : M. van den Corput.
Sont présents : MM. Sacré, Rommclaere,
Tirifahy, Spaak, Gharon, Vande Vyvere,
Carpentier, Delslanche , Wehenkel, Schuer-
mans, Ledeganck, van den Corput.
. La correspondance comprend : 1° Une
lettre de M. le ministre de l'Intérieur
informant la compagnie qu'un subside de
mille francs lui est accordé ; 2° une lettre
de M. Pigeolet informant la Société du re-
gret qu'il éprouve de ne pouvoir assister
à la séance de ce jour ; 3" une lettre
de M. L. Martin informant la compagnie
que, frappé dans ses plus chères affections
par la mort de sa femme, il lui sera impos-
sible d'assister à la séance. L*assemblée
décide que le Bureau se rendra, au sortir
de la séance, chez l'honorable M. L. Mar-
tin pour lui exprimer la part que prend à
la perte qu'il vient d'éprouver, la Société
royale des sciences médicales et naturelles
de Bruxelles ; 4<* lettre de la Municipalité
de la ville de Forlî remerciant la Société
de la sympathie qu*elle a témoignée pour la
fête de Morgagnij à cette lettre est jointe
une magnifique médaille à l'effigie de ce
savant. Des remerclments sont votés à la
ville de Forli, et la médaille commémora-
(ive sera conservée dans les archives de la
compagnie ; 5<* lettre de M. le directeur de
la Gazette médicale de Bordeaux demandant
l'échange de cette publication avec le Jour-
nal de médecine de Bruxelles. Adopté ;
6<* M. le. docteur Pataud fait hommage de
deux brochures sur les Propriétés physio-
logiques du bromure de camphre. Renvoi
pour examen à M. Ledeganck ; 7*> M. le
docteur Deneffe fait hommage de son nou-
veau travail en collaboration avec M. Van
Welter : L'anesthésie produite par injection
intra veineuse de chloral. Renvoi, pour
analyse à M. Charon ; 8» M. 4e docteur Ber-
tillon fait parvenir à la compagnie ses
Bccliçrches sur les combinaisons de sexe
dans les grossesses gémellaires^ de leurs
causes et de leurs caractères ethniques. Ren-
voi pour analyse h M, Ledeganck ;
9° M. Janssens fait hommage de son Bel^rvé
trimestriel du bulletin de statistique démo-
graphique de la ville de Bruxelles.
Des remerclments sont votés aux auteurs
de ces différents envois.
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76
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
Ouvrages présentés :
1. ])«s propriétés physiologiques du .
bromure de camphre, par le docteur L. Pa-
taud. Paris, A. Delahaye, 187S.
2. Précis clinique et pratique de patho-
logie chirurgicale spéciale, par le docteur
BoHée. 7° fascicule. Bruxelles, Manccaux,
J878-
3. De Tanesthésie produite par injection
intra-veineuse de chloral, par les docteurs
Deneffe et Van Welter. Bruxelles, Man-
ceaux, J875.
4. Etude clinique sur la fistule à Tanus,
par le docteur Félix. Bruxelles^ Manceaux,
1875.
5. Des indications et contre-indications
de rhydrothérapie, par le docteur Leroy-
Dupré. Paris, J. B. Baillière, 1875.
6. Symptomatologie ou traité des acci-
dents morbides, par A. Spring. Tome ÏI,
5l''fasc., suite. Bruxelles^ Manceaux, 4875.
7. Bulletin de T Académie royale de mé-
decine de Belgique. 3« série, t. IX, n° 3.
Bruxelles, Manceaux, 1875.
8. Relevé trimestriel du bulletin de sta-
tistique démographique de la ville de
Bruxelles, par le docteur E. Janssens.
Bruxelles, Manceaux, 1875.
9. Recherches sur les combinaisons des
sexes dans les grossesses gémellaires, de
leurs causes et de leurs caractères ethni-
ques, par le docteur Bertillon.
10 à 86. Divers journaux et recueils
scientifiques et périodiques. -
Avant d^aborder Tordre du jour, M. Jans-
sens informe rassemblée que, grâce à la
bienveillance de M. le bourgmestre, un
nouveau local sera mis dans quelques jours
à la disposition de la Société pour TinstaN
iation de sa bibliolhéquo et pour la tenue
de SCS séances dans les bâtiments récem-
ment acquis par la ville de Bruxelles. Des
remerciments à M. le bourgmestre seront
actes au procès-verbal de la séance.
L*ordre du jour étant abordé, il est pro-
cédé par scrutin secret au renouvellement
complet du Bureau.
Les résultats du scrutin désignent :
comme Président honoraire, en remplace-
ment de M. Rieken, décédé, M. le docteur
Pigeolet; comme Président, M. L. Martin ;
comme Vice -président , M. Crocq. Sont
réélus : comme Secrétaire, M. van den Cor-
put; Secrétaire- adjoint , 3f. Ledeganck ;
Trésorier y M. Sacré; Bibliothécaire,
)1. Janssens.
En outre, M. Ledeganck est désigné
comme membre du Comité de rédaction,
eo remplacement de feu M. Rieken.
La parole est ensuite à M. van den Cor-
put pour faire Texposé de la situation mo-
rale de la compagnie et la proposition de
différentes nominations.
M. VAN DEN CoRPUT. Mcssiours, je de-
vrais, suivant la coutume que je me suis
imposée depuis plus de vingt ans, vous
exposer aujourd'hui le bilan moral de notre
compagnie et vous retracer le tableau de
sa situation scientifique ou de son crédit
parmi les sociétés savantes.
Mais, devant la situation de plus en plus
prospère de la Société royale des sciences
médicales et naturelles de Bruxelles, vous
comprendrez mon hésitation à vous répé-
ter encore des phrases tant de fois répé-
tées, pour vous entretenir de ses succès
croissants.
Il suffit, d'ailleurs, d*un simple coup-
d'œil jeté sur nos annales, pour se con-
vaincre de rimportance de .plus en plus
marquée et de Tintérét soutenu des mé-
moires, ainsi que des travaux qui y abon-
dent. Il suffit de constater le succès de
bon alôi dont jouit le Journal de médecine
de Bruaielles dans notre pays et Feslime de
plus en plus grande dont il est entouré à
rétranger, pourapprécier le mérite reconnu
de nos publications.
Est-il nécessaire, à vous qui en êtes .
témoins, de signaler Témulation avec la-
quelle les travailleurs sérieux briguent
rhonneur de faire partie de notre pha-
lange? Faut-il vous rappeler reniprcsse-
mcnt que mettent tous les journaux de
médecine ^ solliciter rechange avec le
nôtre?
Tout ce que j'aurais à dire de notre com -
pagniu se résume, d'ailleurs, en ces trois
mots d'une célèbre devise dont la préten-
tieuse flatterie devient pour nous une vé-
rité réelle : Vires €u;quirit eundo. Nos
forces augmentent, en effet, en avançant.
Car pour les sociétés, — heureux privi-
lège, — - la force est en raison de l'âge et
de l'ancienneté; plus elles comptent d'an-
nées — et la nôtre entre aujourd'hui dans
sa cinquante -quatrième — plus elles
témoignent de vigueur !
D'autre part, le legs Seutin, joifit au pro-
duit de nos journaux, et au subside que
l'Etat, reconnaissant nos efforts soutenus,
nous accorde chaque année avec empres-
sement, assurent désormais l'avenir maté-
riel de notre compagnie.
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
77
Pour d^autres que pour ceux qui dédai-
gnenl Téioge et méprisent l'envie, ces suc-
cès seraient peut-être une source d'enivre-
ments dangereux qui les conduiraient à la
torpeur, ipaiâ en noire pays, sobre d'en-
thousiasmes factices et de démonstrations
vaines, pareil mécompte n'est certes pas
à craindre.
Un seul fait nous permet d'être fiers et
de revendiquer avec orgueil une large part
à cette œuvre salutaire. Nous constatons
avec satisfaction l'émulation féconde qui
s'est emparée de nos médecins belges et le
réveil énergique de Tesprit d'investigation
parmi nos jeunes praticiens. Aussi est-ca
avec une joie légitime que nous voyons,
depuis quelque * temps surtout, veiiir à
nous un nombre considérable de travaux
importants, dont plusieurs même ont été
couronnés dansdes concours publics, parles
corps savants les plus illustres de rEuropt^
En présence de résultats aussi évidem-
ment prospères et de preuves de confiance
aussi positives, notre Société a le droit de
s'enorgueillir et peut, à juste titre, se mon-
trer satisfaite ; elle a le droit de mériter
Testime universolie, car elle a, en effet,
atteint le but le plus élevé que puisse se
proposer Thomme intelligent et libre :
celui de stimuler le progrès par excellence,
le complet développement de la. science,
dépouillée de toute entrave et réalisé la
plus noble dès aspirations humaines : celle
d'être utile à Thumanité !
Mais à côté de tous rayons viennent se
placer des ombres : ce sont celles de nos
collègues qui ont payé leur tribut mortel
à la nature et qui s'en sont ailés avec la
virile satisfaction d'avoir accompli, dans la
limite de leurs forces, le plus d'œuvres
utiles et d'efforts scientifiques. Puissent les
bons grains qu'ils ont semésT produire des
fruits profitables ! A ces titres accordons la
reconnaissance du souvenir aux mânes de
Rieken, notre vénéré président honoraire;
Seghers, membre correspondant, à Saint-
Nicolas; Groshans, à Rotterdam; Righini,
à Novare, et Fabbrî^ membre honoraire,
à Bologne.
Sans nous arrêter à des regrets stériles
nous avons cherché à réparer, autant que
faire se pouvait, les vides que la mort a
faits parmi nous, en appelant à concourir à
nos travaux des travailleurs nouveaux
pleins de zèle : M. le docteur Charon et
M. Lorge^ vétérinaire, comme membres
effectifs, MM. Leyder et Bertheràud,
comme correspondants.
Il est d'usage, en outre, de décerner à
cette date annuelle quelques récompenses
scientifiques à des praticiens qui ont bien
mérité de la science par leurs travaux ou
leurs Teçons.
C'est pourquoi le Bureau vous propose
d accorder le titre de membre honoraii*e à
MM. le docteur Verardini, professeur à
l'Université de Bologne, Bamberger, pro-
fesseur de clinique médicale, à Vienne,
Bouillaud, Larrey et Verneuil, à Paris, et
celui de membre correspondant, parmi les
régnicoles, à MM. le docteur Putzeys, de
Waremme, le docteur Charles, à Liège et
le docteurMotte^ à Dinant. Parmi les méde-
cins étrange/s il vous propose la même
distinction à MM. les docteurs Michel Peter,
à Paris., Luschka, professeur, à Pesth,
Constantin Paul, agrégé à l'Université de
Paris, VVilks, à Londres, Hitzig, profes-
seur, à Berlin, et Buhl, à Munich.
— Des remerciments ayant été votés à
M. le Secrétaire, ces différentes nomina-
tions sont successivement mises aux voix
avec considérants à l'appui, et adoptées.
En conséquence sont proclamés membres
honoraires de la Société royale des sciences
médicales et naturelles de Bruxelles :
MTW. Bamberger, professeur à l'Université
de Vienne j Verardini, idem, à Bologne ;
Bouillaud^ Verneuil et Larrey, à Paris.
Sont proclamés membres correspondants
régnicoles : MW. les docteurs Putzeys, à
Waremme (Liège); Charles, à Liège, et
Motte, à Dinant; correspondants étran-
gers : MM. les docteurs Michel Peter et
Constantin Paul, à Paris; Luschka, à Pesth ;
VVilks, à Londres ; Hitzig, à Berlin, et
Buhl, à Munich.
[/Ordre du jour amène le rapport de
M. Carpentier, rapporteur de la Commis-
sion chargée d'examiner les mémoires
pour le concours de l'année -dernière en
réponse à la question de médecine (ques-
tion laissée au choix de l'auteur).
M. Carpentier. Messieurs, nous avons
reçu trois mémoires en réponse h la qua-
trième question, laissée au choix des con-
eurrents et devant embrasser un sujet
quelconque du domaine de la médecine,
de la chirurgie ou de la toxicologie.
Votre Commission composée de MM.
Crocq, Pigeolet, Martin et du rapporteur,
a pris connaissance alleniive de ces divers
mémoires et a formulé son jugement comme
suit :
Le premier travail, intitulé : Nouvelle
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78
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
étude sur la variole et la vaccine, ne contient
rien de remarquable. L*auteur, après avoir
refait l'histoire de la vaccine et des épidé-
mies de variole qui se sont succédé depuis
le commencement du siècle, arrive a cette
conclusion qu*il faut vacciner et revacciner
en temps ordinaire, mais qu'en temps d'é-
pidémie, c'est par l'inoculation variolique
qu'il faudra compléter et corroborer la
vaccine. Nous pouvons dire en substance
que l'auteur n'apporte à l'appui de sa thèse
aucun fait nouveau qui puisse éclairer la
science, et c'est ce qui a motivé l'avis de
la Commission.
Le second travail est intitulé : Découverte
de. l'agent spécifique de la variole confirmée.
A l'appui d'une assertion aussi importante,
l'auteur se contente de rapporter une obser-
vation de variole confluente survenue chez
un enfant de six mois non vacciné. Sous
l'influence du médicament administré, la
marche de la maladie était enrayée au bout
de vingt-quatre heures; les pustules, dit
l'auteur, étaient affaissées, flétries, rétrac-
tées, à l'état de dessiccation progressive ;
l'extinction du travail inflammatoire de la
peau était évidente, et au bout de six jours,
la guérison était complète. Or^ à quel agent
thérapeutique l'auteur avait-il eu recours
pour décapiter, ainsi qu'il le dit, la variole
dans sa période d'éruption? C'est au sili-
cate de soude, aussi n'hésite t il pas à
affirmer que celui-ci est dorénavant l'agent
spécifique du traitement curatif de la va-
riole, comme le vaccin en est l'agent spé-
cifique préventif. Maintenant, dit il, la
médecine est toute puissante, et l'on, peiit
même désigner approximativement Tépo-
que où la variole aura disparu de la face
de l'Europe.
Pourquoi de l'Europe seulement, c'est
ce que l'auteur ne dit pas, mais peu im-
porte, car malgré l'enthousiasme où son
succès l'avait plongé^ votre Commission
ne pouvait voir dans celui ci qu'un fait
isolé, incapable de donner sa consécration
à une découverte capitale. Or, les circon-
stances aidant, nous avons pu trancher la
question et donner à l'auteur' qui en appe-
lait à l'expérimentation de ses juges, une
réponse sérieuse et définitive. Charge du
service des varioleux à l'hôpital Saint-Jean,
j'ai institué quelques expériences qui ont
été suivies par M. Crocq, et dont les élèves
fréquentant la clinique, ont aussi été les
témoins. Je ne m'étendrai pas à vous nar-
rer les observations d'une dizaine de ma-
lades qui ont: été traités par le silicate de
soud'e dès leur entrée à l'hôpital, c'est-à-
dire le plus souvent au début de la période
éruptive comme le demande l'auteur. Qu'il
vous suffise d'en connaître les résultats
négatifs : non-seulement le silicate de
soude n'a exercé la plus mince action sur
l'évolution de la variole, mais nos expé-
riences se sont clôturées par un bilan de
trois décès. Le silicate de soude en était
évidemment innocent, le coupable était la
variole qu'il devait guérir et qui s'en est
influencée comme des différents spécifiques
que l'on a dirigés contre elle jusqu'à ce jour.
Sans plus de commentaires^-nous pou-
vons donc passer au troisième et dernier
mémoire intitulé : La virulence et la spé-
cificité de la phthisie pulmonaire devant
l'expérimentation et devant la clinique. De
l'avis unanime de la Commission, ce tra-
vail est de beaucoup le plus important.
L'auteur a divisé son sujet en trois par-
ties. Dans la première, il étudie les carac-
tères généraux des maladies virulentes.
Dans la seconde, il recherche si ces carac-
tères existent dans la tuberculose expéri-
mentale, c'est-à-dire dans la tuberculose
provoquée par les différents procédés mis
en usage pour opérer sa transmission,
l'inoculation cutanée, l'inoculation du tissu
Gonjonctif, l'introduction dans les cavités
séreuses, l'injection dans les vaisseaux, la
transfusion du sang, Tinsufflalion dans les
voies respiratoires; l'ingestion parles voies
digestives. Dans la troisième partie, il re-
cherche si ces caractères existent dans la
tuberculose clinique.
Ce mémoire constitue, en somme, un
excellent exposé de la question de la viru-
lence de la phthisie pulmonaire : c'est un
travail bien fait, bien écrit ; il dénote un
esprit érudit ami du progrès et qui y arri-
vera certainement s'il persiste dans la voie
où l'auteur est entré. Un seul reproche est
à lui faire, et il est important : c'est que l'au-
teur n'a pas suffisamment étendu le champ
de la question sous le rapport des faits
nouveaux.
Partant de ces considérations, la Com-
mission estime qqe si ce mémoire ne mérite
pas la totalité du prix attribué à la qua-
trième question. Il y aurait d'autre part
injustice à le laisser dans l'oubli, et elle
vous propose. Messieurs, d'accorder à l'au-
teur un prix d'encouragement sous forme-
de mention honorable et de publier le tra-
vail dans le journal de la Société.
Les conclusions du rapport de M. Car-
pentier sont mises aux voix et adoptées.
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
79
En coaséquence, Tauteurdu travail n° 5
relatif à la virulence et à la spécificité de
la phthisie pulmonaire est invité à faire
connaître sMl accepte les conditions de la
publicité.
~ La paroleest à M. Ledeganck» rappor-
teur de la Commission chargée d'examiner
le mémoire envoyé en réponse à la ques-
tion de pharmacie et d*histoire naturelle.
M. Ledeganck. Messieurs, un seul mé-
moire, relatif aux sciences naturelles, nous
est parvenu pour le concours de i87t).
L'auteur a traité une question laissée à son
choix : Etude anatomique des racines offici-
nales.
Posée en ces termes, c'était une étude
extrêmement vaste que celle que Tauteurse
proposait d^aborder. Toutefois son travail
ne comprend, à vrai dire, qu'une partie de
cette étude; l'auteur, s'il eût voulu donner
une idée plus exacte de son travail eût dû
l'intituler : Exposé des caractères histolo-
giques des racines officinales étudiées au
microscope. En eiîet. les descriptions qu'il
nous donne, quoique d'une scrupuleuse
exactitude, ne sont en général que Ténu-
mération pure et simple des caractères
histologiques que l'on constate sur une
coupe soit transversale soit longitudinale
d'une racine donnée. L'auteur, s'étant
borné à l'étude des racines seulement; s'est
efforcé d'être complet pour le cadre dans
lequel il s'était renfermé. On peut dire qu'il
a été complet par le nombre des échan-
tillons décrits : il étudie, non>seulement
les racines d'un usage très-répandu, ou
d'une importance capitale en thérapeu-
tique— ces dernières étant généralement
étudiées dans tous leurs détails — mais on
voit figurer au nombre des racines dé-
crites, plus d'une espèce végétale d'nn
usage trèsrestreint, ou d'une importance
thérapeutique à peu près nulle. Je vous
citerai par e;(emple les racines de Dic-
tamnusalbus; Paeonia officinalis ; Asarum
europœum; Aristolochia longa; Polygona-
tum multiflorum; Arundo donax; Carex
arenaria; Cypcrus longus ; Cyperus ro-
tundus, etc., etc., dont il donne la des-
cription hislologique complète malgré la
minime importance de leurs propriétés
pharmacodynamiques.
L'auteur est tout aussi complet en ce
qui concerne la description de. chaque
échantillon en particulier. Ces descrip-
tions sont données avec tous les détails
possibles : on peut dire, sans exagérer, qu'il
n'y manque pas une fibre, pas une cellule.
Nous avons contrôlé un grand nombre de
ces descriptions, sur quelques échantillons
frais que nous nous sommes procurés, ainsi
que sur des préparations sèches de la col-
lection Mœller, de Webel (Holstein), et
nous avons dû reconnaître qu'il n'y avait
rien à ajouter. Sous ce rapport, on pour-
rait citer la description des différentes
sortes de Rhubarbe comme un modèle du
genre. .
Mais un desideratum qui saute aux yeux
dès qu'on examine quelques chapitres du
présent mémoire, c'est l'absence de tout
esprit philosophique dans la manière dont
l'auteur a traite la question. Les travaux
de ses devanciers, qu'il a pris pour modèles,
les traités de Schleiden et Berg, en Alle-
magne : de Planchon et Cauvet, en France;
mais surtout de Howard, en Angleterre —
travaux dont il a certainement égalé l'exac-
titude et la clarté descriptive — lui
offraient, sous ce rapport,, un excellent
exemple à suivre. Il ne suffisait pas, en
effet, de donner une série de descriptions
exactes et minutieuses d'un même organe
dans différentes espèces végétales, il fallait
faire ressortir \vs caractères d'ensemble
propres à cliaque espèce et pouvant la dif-
férencier des espèces voisines; il fallait dé-
terminer, toutes les fois que la chose était
possible, le siège anatomique du principe
actif; il fallait rechercher quels sont les ca-
ractères variables et quels sont les carac-
tères constants, pour un groupe donné
d'espèces ccmgénères, de manière à retrou-
ver dans la structure histologique de la ra-
cine les mêmes analogies que celles qui
existent dans la structure des organes d'un
ordre plus élevé, fleur ou fruit ; faire en un
mot de rhistologie comparée ; enfin il fallait
signaler les analogies apparentes qui peu-
vent exister entre deux espèces éloignées,
— surtout lorsqu'il y a danger à les con-
fondre, — et rechercher un caractère dis-
tinctif suffisant pour rendre toute confu-
sion impossible.
Si l'auteur se fût pénétré de ces idées,
il eût^ sans aucun dolite, fourni un travail
parfait. Le soin qu'il a mis à traiter la
partie descriptive, nous est garant de ee*
qu'il eût pu faire dans un autre ordre
d'idées. Nous le regrettons d'autant plus,
que l'auteur lui-même déclare, dans sa
préface, « vouloir un peu réagir contre la
» tendance que l'on a généralenaent à
» négliger le côté théorique et pratique des
» sciences naturelles dont la connaissance
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80
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
I peut être si utile à tous ceux qui s'oc-
I cupent de matière médicale. • L*étude si
complète qu'il a faite des racines officinales
eût produit des documents précieux, à
ajouter à ceux que nous ont fournis Meyen
et Scbacht, en Allemagne ;Duyal-Jouye,
en France; Morren et Ghalon^ en Bel-
gique; matériaux épars qui serviront un
jour à édifier VHisloldffie végétale corn-
parée et auxquels le travail qui a été soumis
à notre examen foucnira néanmoins une
contribution importante.
Tel qu'il est, le mémoire sera toujours
consulté avec fruit pour les descriptions
détaillées qu'il reitferme, mais Tensemble
est d'une monotonie et d'une aridité
propre à rebuter tout lecteur qui n'a pas
fait de l'anatomie végétale une étude spé-
ciale. Cette considération a été produite au
sein de la Commission comme un obstticl«
sérieux à l'impression du mémoire dans son
entier. D'autre part, ce défaut est en
quelque sorte compensé par les nombreuses
et fort belles planches intercalées dans le.
texte et qui en facilitent singulièrement
l'intelligence, surtout pour les personnes
habituées au travail du microscope et
familiarisées avec les dessins d'histologie.
C'est en se basant sur ces considéra-
tions diverses que votre Commission a
formulé ses conclusions. Elle vous pro-
pose, Messieurs.
1° D'accorder à l'auteur du mémoire :
Etude anatomique des racines officinales,
une médaille de 400 fr.
'2» De décerner à l'auteur le titre de
membre correspondant.
S*» D'insérer sou travail dans nos bulle-
tins mensuels, avec les planches qui l'ac-
compagnent, en tout ou en partie.
— Les propositions qui précèdent sont
mises aux voix et adoptées. En consé-
quence, le billet cacheté qui contient le
nom de l'auteur du mémoire portant pour
devise : Nil a^tum reputans dum quid su-
peresset agcndum est ouvert, et l'auteur
M. Ë. Collin, pharmacien de i^° classe, à
Verdun, est proclamé lauréat. Vu les dé-
pensés considérables qu'entraînerait pour
la compagnie l'impression du volumineux
travail de M. Collin, ainsi que la longueur
d'une publication dont la monotonie a été
signalée par la Commission, l'auteur, qui a
bien voulu mettre à notre disposition les
magnifiques planches sur cuivre gravées
par lui-même pour l'intelligence du texte,
sera invité à élaguer les moins importantes
d'entre les descriptions et à condenser le
plus possible son consciencieux travail.
L'ordre du jour amène les communica-
tions sur les affections régnantes.
M. Charon. Nous avons eu cinq cas de
croup à l'hôpital. La plupart venaient de la
crèche de Saint-Gilles. Deux ont été sauvés
par la trachéotomfe ; les trois autres ont
succombé. Ce sont les plus âgés qui ont
guéri.
Ces cas ne suffisent pas pour en conclure
à une épidémie, mais toujours est-il qu'en
cette saison cinq cas de croup coup sur
coupc'est chose assez rare.
M. VAN DEN CoRPUT. Daus la commune
de Droogenbosch, aux environs de Bruxel-
les, il s'est déclaré une épidémie typhoïde
circonscrite.
M. Charon. On m'a dit qu'une épidémie
de rougeole trè.<i-meurtrière règne dans les
environs dlUccle.
M. Janssens. Nous avons toujours quel-
ques cas de variole. Chose rare, il a été
constaté à l'hôpital cinq cas d'infection à
rintérieur de l'établissement. Les deux
premiers chez des élèves pharmaciens. Un
apprenti droguiste a ensuite été atteint.
Puis une jeune fille, qui se trouvait par
hasard dans la maison du directeur. Il y a
encore un individu qui était entré à Thô-
pital pour une afl^ection catarrhale et qui y
a contracté la variole.
. Un membre. Les malades ne sont-ils pas
isolés?
M. Janssens. Je crois que l'isolement
n'est pas suffisant. La Commission médi-
cale s'occupe des mesures à prendre pour
rendre l'isolement plus efficace. Il convien-
drait d'insister auprès de toutes les per-
sonnes attachées à l'hôpital Saint-Jean
pour qu'elles se soumettent à la revacci-
nation. C'est une mesure très^importante
et que l'on néglige trop.
Nous avons vu à Paris des élèves de
l'hôpital succomber faute de revaccination.
Il est regrettable que certains journaux
politiques aient cru devoir faire de la pro-
pagande contre la revaccination et cela
dans l'intérêt de certaines personnes. Beau-
coup de gens ont été influencés par cet
article.
Nous avenus eu aussi des cas de cholé-
rine dans la ville de Gand. Il est plus que
probable que ce sont des entérites choléri-
formes. La ville de Gand a un état sanitaire
très-peu favorable.
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
81
Il u'y a à Bruxelles que quelques cas de
variole et de varioloïde.
Dans tous les cas de variole, nous avons
pu constater que Pindividu avait été en
contact avec une personne qui avait con-
tracté la maladie. Ainsi la dame qui est
morte à Thôtel Mengelle était allée voir à
Ixellcs une personne atteinte de variole.
Huit jours après, en rentrant chez elle, elle
est tombée malade à son tour.
M. ScHUERMANS. Ce sont surtout les con-
valescents qui propagent la variole.
M. Janssens.Lcs premiers cas à ThôpitaJ
ont été observés chez des jeunes filles,
sœurs d*un militaire qui avait contracté la
maladie, et était revenu chez lui couva-*
lescent. Mais les précautions nécessaires
n'ayant pas été prises, il avait immédiate-
ment propagé la maladie.
M. ScHUERMANS. Ne dcvraitou pas sou-
mettre les convalescents à une visite, avant
de les laisser sortir de Thôpital ?
M. Janssens. On ne devrait laisser sortir
de rhôpital que les individus pour lesquels
les précautions ont été prises.
M. VAN DBN CoRPUT. La pfécautiou pré-
ventive Id plus utile dans ces cas^ de même
que pour prévenir la propagation de toute
fièvre éruplive, ce sont les bains répétés pen-
dant la convalescence. Cette mesure efficace
d*hygiène générale a, de plus, Tàvantage
d*étrc utile au malade lui-même, chez qui
elle contribue à ramener Téquilibre phy-
siologique en rétablissant dans leur inté-
grité les fonctions si importantes de la
peau.
La parole est à M. le . Trésorier pour
Texposé de Télat de la caisse dont les
comptes son t'approuves.
La séance est levée à 9 heures.
Aq^démîe royale de médeoifie de
Belgique.
Séance du iO juillet i875'.
Président : M. Vleminckx.
^ Secrétaire : M. Sovet.
La séance est ouverte ail heures et
demie.
Sont présents : MM. Belle froid ^ Borlée,
Boulvin» Bribosia, Burggraeve, Cousot,
Crocq, Delwart ; Depaire , De Roubaix ,
Foelen, Fossion^ Galloz, Gaudy , Gille,
Gouzée, Hairion, Hubert, Kuborn, Le-
quime, Mascart^ Michaux, Pigeolet; Rom-
raelaere, Soupart, Sovet, Thiernessc,Thiry,
Van Kempen, Vleminckx et Warlomont,
membres titulaires ; MM. Laussedat, Pétry
et Somcrs, membres honoraires.
Se sont excusés : MM. Chandelon, Cra-
ninx, Gluge et Lefcbvre.
MM. Barella, Boddaert» Desguin^ Ham*
bursin^ Hicguet, Hyernaux, Janssens» Ma-
soin et WilIièmC; correspondants, assistent
à la séance.
Le procès-verbal de la dernière réunion
est adopté.
M. le ministre de l'intérieur fait par-
venir, pour la bibliothèque^ un exemplaire
do la seconde édition de Touvragc de M. le
docteur Laussedat, intitulé .: La Suisse. —
Etudes médicales et sociales — stations sa-
nitaires.
Donnant suite aux décisions de TAca-
démie, le Bureau a renvoyé à Texamen de
M. Rômmelaere la note de M. Verhaegen
sur le sang des malades atteints de la va-
riole et a chargé MM. Cousot, Mascart ot
Soupart d*examincr les mémoires manus-
crits présentés à la Compagnie par des pra-
ticiens belges pendant Tannée 1875, et* de
. les apprécier au point de vue des prix d'en-
couragement de 500 francs à accorder.
M. le docteur Déclat, à Paris, qui, en
1872, a soumis à TAcadémie une note re-
lative aux afi'ectibns charbonneuses de
i'homme« sur laquelle M. Gouzée a fait un
rapport, transmet un nouveau travail ma-
nuscrit intitulé : charbon de Thomme ou
pustule maligne, a Les faits nouveaux et
nombreux, dit l'auteur, ont enfin rais hors
de doute la vérité de mes assertions, et je
me permets de soumettre k nouveau ces
faits importants à la sanction et à la véri-
fication de rAcadémie, en la priant de m*in-
scrire comme membre correspondant. » *
— Renvçi à l'avis de l'honorable membre
qui a examiné la première communica-
tion.
M. Masoin soumet, de la part de l'au-
teur, M. Lacompte, médecin à Tamise, un
travail manuscrit intitulé : Observation
d'une fistule pancréatique chez l'homme.
- Renvoi à une Commission à nommer
parle Bureau.
M. Gallez offre la traduction d'un mé-
moire de M. le professeur Rizzoli^ de Bo-
logne, traitant des excroissances et tumeurs
qui se développent à l'intérieur et à l'orifice
de Vurèthre de la femme et de leur trai-
tement .
M. le professeur Moriggia, à Romej pré-
sente quatre opuscules qu'il a publics en
11
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82
AGADËMIES ET SOGIËTËS SAVANTES.
italien, et relatant des expériences physio-
logiques.
M. le docteur Jules Félix, à Bruxelles,
adresse une brochure intitulée : Ettide
clinique sur la fistule à Vanus ; son traite-
ment au moyen de la section linéaire,
M. le docteur Wehcnkel, professeur à
récole de médecine vétérinaire de Cure-
ghem, oifre deux opuscules, Tun est inti-
tulé : Panzoottcs parmi les animaux domes-
tiques de Vile de MaUcy de la Hongrie , etc;
l'autre : De V infection diptérique, par le
docteur Weiser ; traduit de l'allemand.
Il est encore fait hommage de quelques
autres publications dont les titres seront
insércsau bulletin. -^ Remerciments pour
les travaux présentés.
Les membres du bureau de l'Associa-
tion française pour l'avancement des
sciences informent par circulaire que la
quatrième session de cette association aura
lieu à Nantes, du jeudi 19 au jeudi i26 du
mois d'août prochain, et invitent la Com-
pagnie à se faire représenter dans ce
congrès.
M. le président fait remarquer que l'Aca-
démie ne s*est jamais fait représenter à '
des congres et que si parfois des membres
ont pris part à ces assises scientifiques,
c*est par suite d'une délégation du gouver-
nement belge.
L'Académie entend ensuite les lectures,
suivantes :
i . Rapport de la sixième section sur un
travail de M. Degive, intitulé : De la cas-
tration des animaux cryptorchides. —
M. Foelen, rapporteur.
La section propose d'adresser des rc-
merciments à l'auteur, de publier son tra-
vail dans le Bulletin et de recommander sa
candidature au titre de correspondant à la
Commission de présentations. «
Après quelques explications données
par ÂIM. Foelen et Thiernesse, en réponse
à une question adressée par M . le prési-
dent au rapporteur, ces conclusions sont
adoptées.
â. Rapport de la sixième section sur un
mémoire du même auteur, intitulé : Un
cas de castration (ovariotomie), . suivi de
succèe chez une jument nymphomane. —
M. Foelen, rapporteur.
Conclusions du rapport : Remerciments
à l'auteur et insertion de son travail dans,
le Bulletin. — Adopté.
Jî. Rapport de M. Depairc sur une com-
munication de MM. Stoefs, frères et sœurs^
relative à un savon à base d'acide phénique
et de glycérine.
MM. Stoefs demandaient que l'Académie
veuille bien leur indiquer les circonstances
dans lesquelles Ton pourrait employer avec
succès ce savon.
' * M . Depaire propose de remercier
MM. Stoefs de leur envoi et de leur faire
connaître que la Compagnie, aux termes
de l'article !2 de ses statuts, n'est instituée
que pour s'occuper des études et des re-
cherches qui peuvent contribuer aux pro-
grès des différentes branches de l'art de
guérir et non pour fournir des rcuseigne-
menls aux industriels qui cherchent à
expfoiter un agent médicamenteux. —
Adopté.
4. Suite de la discussion des travaux
Suivants : La stigmatisée d'Anvers, par
M. Desguin. — Maladies des mystiques;
Louise Lateau, par M. Charbonnier. —
Rapport de la Commission qui a été char-
gée d'examiner le mémoire de. M. le doc-
teur Charbonnier, intitulé : Maladies et
facultés diverses des mystiques. — M. War-
lomont, rapporteur.
La parole est donnée à M. Crocq pour
terminer le discours qu'il a commencé dans
la réunion précédente.
Personne ne réclamant la parole, M. War-
lomont demande, en qualité de rapporteur,
à résumer le débat. La parole lui est ac-
cordée.
M. Kuborn propose Tordre du jour qui
suit ;
I L'Académie considérant ;
» Que les phénomènes réellement con-
statés chez la jeune fille de Bois-d'Haine
ne sont point nouveaux et sont explicables
par les lois de la physiologie pathologique;
> Que l'abstinence dont il a été argué
n'a pu être observée par la Commission ;
> Qu'aucun contrôle n'ayant donc pu
être établi, il y a lieu de ne pas s'arrêter à
ce fait, mais de le considérer comme non
avenu ; '
B Pojarsuit son ordre du jour en ce qui
concerne la stigmatisation.
M. le président fait observer que M. Lc-
febvre étant absent, la clôture de la discus-
sion doit être ajournée, afin qu'il puisse
répondre, s'il le juge à propos, aux discours
de MM. Crocq ^t Warlomont.
M. Laussedat émet lo même avis et se
rallin à la proposition de M. Warlomont :
de ne pas se départir, en clôturant le dé-
bat sur Louise Lateau, de la discussion sur
les questions de la stigmatisation et de t'ex-
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
85
tase, introduites à T Académie par le mé-
moire de M. Charbonnier, mémoire dont
la Compagnie a volé Tiropression, afin
qu*il puisse servira la discussion.
£n présence des raisons qui viennent
d*étrc données, M. Crocq émet aussi l'avis
que la clôture ne peut pas être prononcée.
Néanmoins, il fait connaître Tordre du
jour qu'il se proposait de déposer. Il est
conçu en ces termes :
L*Académie considérant :
c Que les phénomènes constatés chez
Louise Lateau n'échappent pas à l'expli-
cation physiologique ;
» Que ceux qui ne sont pas constatés
ne doivent pas l'occuper davantage ;
» Déclare la discussion close et passe à
Tordre du jour. »
M. Thiernesse fait observer que ces pro-
positions d'ordre du jour sont contraires
aux précédents de la Compagnie et de tous
les corps savants. A son avis, ces' ordres
du jour sont de véritables conclusions doc-
trinales sur lesquelles, par conséquent,
TAcadémic ne peut être appelée à voter.
M. le président demande : TAcadémie
est-elle d'avis de discuter en ce moment
les propositions d'ordre du jour?
M. Kuborn croit qu'il est inutile de les
discuter maintenant; qu'il faut attendre la
présence de M. Lefebvre.
M. Thiernesse propose la question préa-
lable.
Après avoir entendu MM. Thiry, Laus-
sedat, Crocq, Sovet et Warlomont, et à la
suite de quelques observations présentées
par M. le président, TAcadémie décide que
la discussion sera continuée dans la pro-
chaine séance.
L'Académie se forme en eoraité secret a
â heures.
1 . Discussion du rapport de la Commis-
sion chargée dé Texamen du mémoire en-
voyé au concours sur les antiseptiques et
les désinfectants. — M. Sovet, rapporteur.
La Commission termine son rapport
comme il suit :
I La Commission, tout en rendant jus-
tice aux connaissances étendues dont Tau-'
tecir a fait preuve, mais regrettant Tab-
sence d'appréciation et les lacunes que
nous venons de signaler, croit qu'il n'y a
pas lieu de décerner le prix du concours.i
— Ces conclusions sont adoptées.
2. M. le président donne communication
des questions proposées par les ^^ et i»
sections, pour être mises au concours^ et
propose de les renvoyer à une Commission
qui sera chargée de la rédaction définitive
et qui fixera le montant des prix ainsi que
la clôture du concours. — Adopté.
5. Après un appel des travaux arriérés,
M. le président demande que le Bureau
soit autorisé à retrancher de la liste de ces
travaux ceux qu'il jugera convenable de
rayer. — Celte proposition est adoptée.
La séance est levée à 2 heures et demie.
Académie de Médecine de Paris.
• Séance du 6 juillet 4875.-
Présidence de M. Gosselin.
Correspondance. — 4® Un plî cacheté
de M. le docteur Martin Damourette (ac-
cepté).
2<> Une lettre de M. le docteur Frantz
Glénard, chef de clinique obstétricale de
TEcolé de médecine de Lyon , accom-
pagnant Tenvoi d'un pli cacheté sur le foyer
réel d'origine du souffle maternel de la
grossesse {souffle utérin y placentaire des au-
teurs) (accepté).
Z"* Une lettre de remerclments de M. le
docteur Lecard, médecin -major à Thôpi-
tal militaire de la Rochelle, lauréat de
TAcadémie.
i** Un mémoire de M. le docteur Burq
sur V Immunité des ouvriers en cuivre par
rapport cm choléra.
5** Un travail manuscrit de M. le doc-
teur Pigeon, intitulé : Théorie du réveil
naturel.
• M . Leroy de Mjêricourt ofl^re en hom-
mage, delà part de M. le professeur Fonssa-
grives (de Montpellier), le premier fascicule
d'un Dictionnaire de la santé.
M. Tarnier présente, de la part de M. le
docteur Siredey, médecin des hôpitaux,
une brochure intitulée : La fièvre puerpé-
rale n'existe pas, ,
M. HiRTZ présente, au nom de M. le
docteur Junod, un Traité théorique et pra-
tique de l'hémostasie. «
M. ViLLEMiN dépose sur le bureau un
travail manuscrit He M. Lanza, major de
deuxième classe à l'hôpital de Vincennes,
sur une épidémie de fièvre typhoïde qui a
sévi sur le fort et la ville de Vincennes de
4874 à 1875. (Renvoyé à la commission des
épidémies.
M. Gosselin présente de la part de M. le
docteur Ritot (de Bordeaux), un petit cro-
chet mousse dynamow étriqué accompagné
d'un travail manuscrit sur V Intervention
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84
ACADÉMIES ET SOCIËTËS SAVANTES.
chirurgicale dans certains cas d'accouche-
ment, (Commiss. MAI. Depaul et Blot.)
M. LE Président rend compte, en peu de
niots^ du service funèbre que rAcadémic
a fait célébrer pour le repos de Tânie de
Demarquay.
Choléra (suite de la .discussion). —
M. Kriquet continue à rappeler des faits
qui démontrent la contagiosité du choléra
et son extension par importation. Les causes
générales, dit-il, sont suffisantes pour pro-
duire le choléra indien ; la preuve en est
qu'elles suffisent pour entretenir Tendémie
du choléra sporadique en Inde et produire,
annuellement;, environ cinq mille décès à
Calcutta.
A quatre heures, TAcadémie «e forme
en comité secret pour entendre un rapport
de M. Roussel sur les titres des candidats
à la place vacante dans la section d*hygiènc
et de médecine légale.
Séance du i^ juillet
Présidence de M. Gosselin.
Correspondance. — M. Bouillauo pré-
sente, de la part de M. le docteur Descieux,
un ouvrage intitulé : Leçons élémentaires
d*hygime faites au collège de Falaise, rédi-
gées et publiées par M. Duchemin, prin-
cipal.
M. Dechambre présente^ au nom de
M. Emile de Ruelle, une brochure intitu-
lée : Elude sur V ancienne musique grecque.
iM. le Secrétaire perpétuel offre en
hommage son Eloge de M, Cruveilhier,
Choléra (suite de la discussion). -^
M. BoNNAFONT lit un discours dont voici le
résumé :
« Les conclusions qui se déduisent des
obscj'valions qui précodent peuvent être
exprimées de la manière suivante ;
1" Le choléra, natif et originaire de
rinde, ne saurai^ se produire en d'autres
contrées, sans que des germes de cette
maladie y aient été apportés par les cou-
rants ^atmosphériques ou tout autre véhi-
cule. V
2° Si l'on organise des moyens hygiéni-*
ques pour combattre ce fléau, il faut
nécessairement les diriger vers le pays d*où
il vient et les appliquer à la source même
où il se développe.
Partout ailleurs, ces mesures, si com-
plètes et si intelligentes qu'elles soient, ne
sauraient avoir qu'un résultatpresque nul.
5° Ce ne sont pas les cadavres des ani-
maux abandonnés sur le sol par les cara-
vanes des pèlerins, non plus que Phabitude
qu'ont les Indiens de jeter la plupart de
leurs cadavres dans le Gange, qui peuvent
ou qui ont dû provoquer les irruptions de
cette épidémie, puisque ces habitudes
existent de temps immémorial chez ces
peuples, et que le choléra asiatique et épi-
démique n'a fait son apparition en Europe,
en Afrique, en Amérique, que depuis le
commencement du siècle.
4" La cause de ces irruptions devenues
si fréquentes et si meurtrières est donc
ailleurs. C'est en la cherchant que je crois
être parvenu à trouver celles, ou du moins
une de celles qui a pu contribuer le plus à
provoquer ce triste et 'lugubre résultat.
5° Des épidémies secondaires peuvent
bien se produire sur de& points déjà infec-
tés ; mais, sauf de rares exceptions, elles
ne révèlent jamais le même caractère que
le choléra algide, et ces épidémies vont
toujours en diminuant d'intensité pour
s'éteindre complètement si l'élément toxi-
que n'est renforcé par une nouvelle irrup-
tion venue du point d'origine.
6* Le problèaie le plus important, sui-
vant moi, qui attend la solution et que le
congrès de Vienne et celui de Constanti-
noplc n'ont pas résolu, <>st le suivant :
Pourquoi le choléra est-il resté pendant
des siècles à Pétat endémique et station-
nairc dans l'Inde, et pourquoi en est-il
sorti, les conditions atmosphériques étant
d'ailleurs les mênies, ainsi que les mœurs
et les habitudes des Indiens et des pèle-
rins?
Question dominante, de laquelle décou-
leront toutes les mesures prophylactiques
qui devront être discutées et définitive-
ment adoptées.
Espérons que les travaux d'assainissc
ment entrepris enfin par les Anglais dans
l'Inde, auront bientôt pour résultat final
de concentrer le choléra, comme il l'était
jadis, dans ses foyers primitifs, et d'exo -
ncrer les conlrcei éloignées de ses irrup-.
lions si meurtrières. L'Angleterre, assez
riche pour mener à bonne fin ces travaux,
aura ainsi mérité la reconnaissance de
l'humanité entière, i
A quatre heures et demie, l'Académie
se forme en comité secret.
Séjance du 20 juillet.
Présidence de M. Gosselin. *
Choléra (Suite de la discussion). —
M. Jules Guérin, reprenant la question au
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ACAr)ÉMIES ET SOCIÉTÉÎS SAVANTES.
85
point où elle en était restée Tannée der-
nière, s*attache à démontrer que M. Woil-
fez, dans son rapport sur les épidémies de
4875, a présenté les faits tout autrement
qu*ils ne s'étaient- passés. Avant J^épidémie
du Havre il y avait eu non-seulement des
diarrhées nombreuses, mais de véritables
choléras dans un certain nombre -de dépar-
lements : M. Woillez n'en a pas parié ;
voulant se conformer aux croyances régnan-
tes sur le choléra, il a tenu à faire arriver
par importation cette maladie dans la ville
du Havre, et de là dans toutes les localités
où elle a paru.
« Je ne suivrai pas, dit M. Guérin, dans
tous leurs détails, les diverses manifesta-
tions du choléra autour du Havre et dans
toutes les localités avec lesquelles cette
ville est en rapport. Je me bornerai à dire
que partout où il s>st montré, au complet,
il avait été précédé par les manifestations
ébauchées de la maladie; comme dans les
autres parties de la zone cholérique où il
D*a pas fait explosion ; ces ébauches conti-
nuant à témoigner de Tinflueiice épidé-
mique à son premier degré.
Mais il est une contrée plus intéressante
à examiner, au double point de vue de la
manière dont la commission a fait pénétrer
le choléra du Havre dans le. Calvados, et de
rimmunité constante et exceptionnelle de
la localité qui aurait dû être la première à
le recevoir. »
Arrivant au choléra de Paris, M. Jules
Guérin reproche particulièrement à M.
Woillez d'avoir pdssé presque complète-
ment sous silence les faits nombreux rela-
tés par M. Besnier dans ses rapports men-
suels à la Société médicale des hôpitaux.
Ces faits prouvent que le choléra a apparu
il peu près simulianément dans la plupart
des arrondissements et dans la plupart des
hôpitaux. Les douze premiers cas en ont
élé observés à l'hôpital Saint-Louis et se
sont (Téveloppcs dans les salies. Ils n'étaient
donc pas le résultat d'une importation.
M. Jules Guérin conclut en ces termes :
t De l'examen auquel je me suis livré
du rapport de Ifi commission des épidémies
sur le choléra de 4873, mis en présence
des faits observés pendant cette épidémie,
il résulte :
1» Que, contrairement à la doctrine de
l'importation, les différentes contrées de
la France sont restées, pendant plusieurs
mois, si ce n'est plus d'une année, en rap-
port quotidien avec différentes contrées du
nord de TEurope, occupées par le cholpra,
sans avoir contracté la maladie.
2° Que, d'accord avec la doctrine de la
spontanéité, pendant le cours de 1875, un
grand nombre de départements ont pré-
senté, antérieurement à l'explosion de
l'épidémie, des affections diarrhéiques
cholériformes, tantôt chez les enfants seuls,
tantôt chez les enfants, les adultes et les
vieilljards, affections identiques de nature
et ne différant qu'accessoirement et gra-
duellement entre elles par le chiflfrè de la
mortalité.
3» Que, comme témoignage de l'évolu-
tion graduée de la maladie, ces affections
cholériformes ont été accompaj;nées dans
beaucoup d^endroits de cas particuliers de
choléra à différents degrés, depuis l'ébau-
che la plus imparfaite jusqu'à sa forme la
plus complète, et depuis l'état le plus bénin
jusqu'à sa gravité la plus extrême.
4° Comme continuation et conséquences
des mêmes faits, quelques-unes de ces loca-
lités envahies plus tard par le choléra com-
• plet avait offert, avant l'explosion épidé-
mique,. outre la diarrhée cholériforiiie
généralisée, des cas de choléra confirmé,
absolument identiques aux cas de l'épidé-
mie, et n'ayant présenté d'autre différence
avec ces derniers que de les avoir devancés
et d'être restés quelque temps isolés.
5** Que, dans aucune de ce's localités ré-
putées centres d'invasion cholérique, il n'a
été possible de constater un seul fait d'im-
portation et les faits d'importation allégués
ont toujours été précédés de cas isolés de
choléra parfaitement caractérisés.
6" Qucj lors de l'explosion épidémique
dans ces localités, les premières attaques
individuelles ont eu lieu simultanément et
d'emblée dans plusieurs quartiers, souvent
très éloignés les uns des autres, et que
cette simultanéité d'attaques, à de grandes
distances, exclut toute idée et toute possi-
bilité d'importation ou de transmission
infectieuse.
7° Que bon nombre de focalités placées
entre plusieurs centres épidémiques avec
lesquels elles se trouvaient en rapport
constant et quotidien, n'ont subi aucune
atteinte de choléra confirmé.
Ainsi ramenée à ses résultats positifs,
l'épidéjnie de choléra de 4873 peut être
considérée comme un cas particulier d'uu
grand système opposé au système d'impor-
tation ; système dans lequel les diverses épi-
démies de choléra qui ont régné en Europe
depuis 1830 répètent d'une manière gêné-
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86
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
raie et absolue les faits particuliers que
nous venons de signaler dans celle de
1.875, et témoignent d'une manière una-
nime en faveur de la doctrine de la spon-
tanéité contre la doctrine de Timportation.
.Dans la pi*ochaine séance, si TAcadémié
nje le permet, je passerai donc en revue les
diverses épidémies qui ont ravagé PEurope,
depuis et y compris celles de 1851, et
j*espère montrer que chacune d'elles ap-
porte son contingent à la démonstration de
la genèse multiple et spontanée du choléra
en Europe. »
A quatre heures et demie, TAcadémie
se forme en comité secret.
Séance du 27 juillet.
Présidence de M. Gosselin.
M. LE SECRéTAIRE PERPÉTUEL aunOUCC qUC
la souscription ouverte dans les bureaux de
TAcadémie a produit la somme de 2,845
francs.
Plus pénétrante de lâ poitrine. —
M. Hervibux communique une observation
de plaie pénétrante de la poitrine, résultat
d'une tentative de suicide, et place sous les
yeux de l'Académie ic couteau qui a servi
à cette tsntative.
Le sujet de Tobservation est un homme
jeune, marié, père de famille^ lequel, à la
suite d'4in désastre financier qui lui avait
fait perdre toute sa fortune, a essayé de se
donner la mort. Cette tentative a été ac-
complie avec un sangfroid qui dénote chez
son auteur une résolution peu ordinaire.
Après s'être assuré de l'endroit où battait
la pointe du cœur, il s'est enfoncé, au-
devant du mamelon gauche, perpendicu-
lairement au plan de la poitrine, la lame
d'un couteau, dont il a eu soin détourner
le tranchant en dehors et le dos en dedans,
espérant ainsi arriver plus sûrement à. ses
fins. La lame pénétra à une profondeur de
9 centimètres. Il s'en est suivi une hémor-
rhagie extrêmement abondante^ queM. Her-
vieux, appelé'auprèsdu blessé, est parvenu,
non sans peine, à arrêter. Il a pratiqué
ensuite la suture de la plaie, sur laquelle
des compresses froides ont été appliquées.
La réunion a eu lieu par première inten-
tion, et le malade a guéri au bout de quel-
ques jours^ sans avoir présenté aucune
complication sérieuse du côté du cœur ou
du poumon.
• Choléra (suite de la discussion). —
M. Jules Guérin« continuant son discours,
passe en revue les dernières épidémies qui
ont ravagé l'Europe, depuis et y compris
celle de 485i ; chacune d'elles apporte,
comme celle de 4873, son contingent à la
démonstration de la genèse multiple et
spontanée du choléra en Europe. L'orateur
expose d'abord les divers systèmes d'évo-
lution du choléra, mettant hors de cause
la doctrine de l'épidémicité absolue, qui
admet l'origine spontanée du choléra à
chaque épidémie^ mais qui repousse abso-
lument toute idée de contagion et d'exten-
sion de la maladie par transmission indivi-
duelle, ce en quoi seulement cette doctrine
diffère de celle de M. Guérin. Tontes les
autres doctrines antagonistes partant de
cette opinion que Tliide seule offre, par la
spécialité de son milieu et les diverses
particularités sociales qui lui appartiennent,
la faculté d'engendrer le choléra, et elles
ne diffèrent entre elles que par les explica-
tions qu'elles donnent des réapparitions de
la maladie et de ses modes de propagation.
L'orateur distingue à ce point de vue la
doctrine de l'importation absolue, la doc-
trine de la révivification des germes laissés
par ' des épidémies précédentes^ enfin la
doctrine de la révivification combinée avec
le principe de l'épidémicité. Passant en-
suite en revue les épidémies de choléra qui
ont éclaté en Europe depuis celle de 4851
jusqu'à celle de 4873, M. J. Guérin cher-
che à établir par les faits que ces épidémies
n'ont pas eu- un point de départ spécial,
mais qu'elles se sont manifestées chaque
fois presque simultanément sur divers
points de l'Europe, qu'elles ont été précé-
dées chaque fois par des constitutions mé-
dicales propres a chacune de ces contrées,
se révélant par divers troubles intestinaux
et particulièrement par des diarrhées, par
des accidents ch'olériformes, par des cas de
choléra sporadiques, d^abord peu nombreux
et peu intenses, puis se multipliant de plus
en pins graves jusqu'à ce qu'enfin la ma-
ladie prit franchement le caractère épidé-
miqiie.
M. .1. Guérin combat la théorie de la
révivification des germes ; suivant lui, il
existe entre deux épidémies déclarées un
grand nombre de cas de choléra qui ne sont
ni des réveils de germes endormis, ni des
cas de choléra nostras ou sporadique, mais
des manifestations passagères de r^ffection
cholérique au même titre qu'il y a, peur
toutes les maladies infectieuses : variole,
rougeole, scarlatine, fièvre typhoïde, fièvre
puerpérale, des cas isolés qui ne sont pas.
pour cela d'une nature différente que les
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VARIETES.
87
cas plus nombreux, et plus intenses de l'épi-
démie.
L*ëpi.démie de 1849 offre à M. Jules
Guérin la répétition des faits observés pen-
dant répidémie de 183:2.
La constitution cholérique précède et
accompagne toutes les explosions épidc-
miques. aussi bien dans l'Inde qu'en Eu-
rope, Pour démon Irer cette proposition,
M. (iuérin invoque TautorHé de M. Cuning-
bam, qui, dans son rapport officiel sur le
choléra de 187:2 dans les possessions an-
glaises de rindc, établit que la maladie,
précédée partout de diarrhée, a éclaté d'une
façon presque simultanée sur une centaine
de points très éloignés les uns des autres,
s'est apaisée à peu près en même temps
dans ses divers foyers, et ne s'est pas ré-
pandue en marchant le long des grandes
voies de communication, mais, au contraire,
dans des directions où il n'existe pas de
chemin de fer, ni de grandes routes.
Ainsi; duns l'Inde/ les disséminations
n'altôjtent aucune influence d'infection
personnelle. Les phases épidémiques n'y
obéissent pas plus qu*en Europe aux ha-
sards de la contagion.
Enfin les explosions épidémiques, réglées
dans leurs débuts, croissance et disparition
parles lois de répidémiolôgie, n'y sont pas
plus qu'en Europe contredites par des faits
réels d'importation.
IV. VARIÉTÉS.
Cécité chez les fumeurs. — L'un des
plus grands dangers attribués à Thabitude
invé'éréc de fuiuor, surtout la pipe, c'est
de perdre la vue. L'absorption de la nico-
tine, principe toxique et extrêmement vé-
néneux du tabac, qui tue conime Tacidc
prussique en portant son action sur le sys-
tème nerveux, serait la cause de ce redou-
table accident. Certains fumeurs dont le
nerf optique est sans doute spécialement
impressionnable selon une disposition, une
idiosyncrasie particulière, seraient ainsi
frappés d'amaurose symétrique des deux
yeuxv c'est-à-dire de la diminution gra-
duelle, puis de la perte absolue de la vision,
par la paralysie ou la dégénérescence de la
rétine.
Un célèbre oculiste anglais, M. Jona-
than Hutchinson, en continuant ses recher-
ches à cet égard, met ce triste fait en évi-
dence. En 1864, il publiait ainsi un tableau
de iO amauroh'ques, dont 25 étaient des
fumeurs avérés. Un autre tableau, publié
en 1868, en contenait 4<2, et le dernier,
tout récent, 29. Sur ce total de 111 amau-
rotiques, il n'y a que 12 femmes. Le sexe
masculin est donc presque exclusivement
la victime de cette forme de cécité, et,
comme la plupart sont des fumeurs, il est
naturel d'en attribuer la cause à cette dé-
plorable habitude et d'accuser le tabac de
ces tristes effets.
On le nie en invoquant l'exonération du
plus grand nombre de fumeurs et le défaut
de signes, de caractères distinctifs de
l'amaurose nicolinique. Mais la raison n'est
pas péremptoire. Des sujets qui s'exposeut
tous lo« jours à contracter la fièvre inter-
mittente ou typhoïde, la rougeole, la co-
queluche ou toute autre maladie, qnême
contagieuse, un certain nombre y échap-
pent sans que Ton pense seulement à nier
la cause spécifique qui a agi sur les autres.
Chacun aune réceptivité, une susceptibi-
lité individuelle selon sa vitalité, son tem-
pérament, aussi bien pour les maladies
générales que pour celles dhin organe,
d'un tissu pj«rticiilier. Pourquoi certains
individus sont-ils frappés spontanément de
cataracte, quand le plus grand nombre y
échappent? Assurément, il y a une cause
individuelle qui agit en dehors de l'âge,
des professions, des climats, puisque,
malgré l'observation alternative de ces
causes communes, * on n'est pas encore
parvenu à la distinguer dans tous les cas.
Le tabac peut donc bien agir sur certains
fumeurs prédisposés pour déterminer
l'amaurose ou tel autre . trouble de la
vision.
L'un des fils et un neveu de la femme
amaurotique figurant dans le dernier ta-
bleau, tous deux adonnés à la pipe, furent
ainsi frappés d'amaurose, jeunes encore,
en raison de la prédisposition héréditaire
qui régnait dans leur famille; Un état par-
ticulier du système nerveux prédispose
ces fumeurs ; mais il est difficile de les
distinguer/et jusqu'ici deux seules parti-
cularités indiquent cette prédisposition :
ce sont ceux qui ont eu beaucoup de peine
à apprendre à fumer, à s'y habituer, qui
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88
VARIÉTÉS.
en ont été souvent malades, et qui souf*
frent beaucoup du mal de mer. Cette der-
nière observation a surtout été faite parmi
les mateioth.
Dans d'autres cas, tandis que Tusage
excessif du tabac avait été san.s nociiité
pendant la période d'activité de la vie et
des organes, la vue commence à s'affaiblir,
à se troubler dès que le repos commence.
Il semble que Téiimination des principes
toxiques, activée par le travail corporel,
soit insuffisante par le repos prolongé.
L'indication du remède est facile dans
les deux cas: Dans' le premier, il faut abso-
lument cesser aussitôt do fumer, dès que
le trouble de la vue se manifeste ; dans le
second, il faut reprendre ses occupations
actives, M;ar souvent la cessation de fumer
ne suffirait même pas.
D'ailleurs, il n'est souvent pas sans dan-
ger de cesser tout à coup une habitude de
tous les instants, qui s'identifie avec la vie
comme celle de fumer. Un navigateur de
23 ans qui,' depuis Page de 7 ans, n'avait
cessé d'avoir la pipe ou le cigare â la
bouche, entre au couvent de la grande
Chartreuse en 1 864<, pour embrasser la vie
claustrale. Il dut donc cesser brusquement
et radicalement son habitude favorite.
Grâce* à quelques prises de tabac, il sup-
porta cette pirivalion les premiers jours,
mais bientôt il éprouva de la constipation,
de l'embarras gastrique et des accès inter^
mittents épilepliformes suivis de crises
spasmodiques.
En augmentant, ces accidents jetèrent
le malade ' dans une grande faiblesse. II
était pris subitement d'immobilité avec ré-
solution musculaire, pâleur avec pouls lent
et petit, faiblesse des battements du cœur
et de la respiration. C'était comme une
syncope incomplète avec conservation de
l'intelligence, durant une heure environ,
malgré les frictions stimulantes au creux
. de Testomac, et qui se répétait plusieurs
fois par jour.
On employa vainement le sulfate de
quinine et l'on parlait d'un séton à la
. nuque, lorsque M. Pascal, sachant que des
accidents semblables s'étaient déclarés
chez un fumeur qui avait voulu se corriger
trop radicalebient d'une habitude invété-
rée, vint en aide nu jeune religieux. Il lui
donna du bon tabac et une pipe, et cela
suffit au commencement d'une crise pour
enrayer aussitôt les Bccidents. Ilssedissi-.
paient au fur et à mesure qu'il aspirait la
fumée. Avec la continuation de ce traite-
ment, les vomissements et les crises ont
disparu et la santé s'est rétablie.
Les fumeurs admettront sans doute plus
volontiers cet effet morbide du défa;it de
fumer, que les résultats de son excès. Mais
qu'ils y prennent garde, se laisser aller
sans mesure à une telle habitude est tou-
jours funeste et suivi de conséquences fâ-
cheuses pour la santéf car elle est essen-
tiellement antagoniste des règles de
l'hygiène.
(Journ, de phar m, d'Anvers.)
Éphémérîdes médicales.
Année I5<.>1.
Cette année voit florir : en Fr.'jnce,
J. Riolan, médecin et anatomiste célèbre,
né à Amiens; en Italie, V. Aldrovandi, de
Bologne; philosophe et médecin, auteur de
travaux remarquables sur l'histoire natu-
relle^ en Belgique, Juste -Lii)se^ né à Isque
(Overysiche) près Bruxelles, philosophe,
historien et philologue célèbre, qui attire
à ses savantes leçons dos auditeurs de
toutes les nations et même des têtes cou-
ronnées. La maison qu'habita Juste- M psc
subsiste encore dans son village natal.
A la suite d'une disette, conséquence
d'un hiver très-rigoureux, une épidémie
d'ërgotisme sévit en Silésie. La fièvre
typboîde se déclare à Trente; la peste que
Haller mentionna filus tard comme une
épidémie seorbutique {Collect. disputât,)
règne à Londres.
19 juillet 1687.
Eugène Maniet, de Bruxelles, obtient à
Rome W bonnet de docteur et fut plus tard
immatriculé sans examen parmi les prati-
ciens bruxellois. Le syndic du Collège
médical fit remarquer,' à cette occasion,
que d'après les édits de Charles -Quint,
ainsi que de ceux d'Albert et d'Isabelle,
les règlements en -vîgueoi* s'opposaieqt
formellement à ce que des médecins gra-
dués, à Rome, puissent venir pratiquer h
Bruxelles sans subir d'examen.
D' V. D. CoapUT.
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iToumâl de Médecine de Bruxelles.
HJÏâjiceajixc ^ édxJbexjr.
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JOURNAL
DE MÉDECINE
(AOUT 1875.)
I. MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Adénite CANCÉREUSE de nature encéphaloïde développée chez une enfant
DE CINQ ans; par MM. E. Chakon, membre effectif de la Société, médecin-
.adjoint au service des enfants, à l'Hôpital Saint-Pierre, et.LEDEGANCK)
secrélaire-adjoint de la Société.
La nommée V , Julie, âgée de cinq ans, fui présentée à la consullalion
des enfants au commencement du mois de mai ; la jambe gauche présentait de
Tempâlement, M. Henrirlte crut à la possibilité d'un abcès froid, et pratiqua
à divers intervalles, dans la partie la plus saiMante du mollet, trois ponc-
tions exploratrices qui n'amenèrent chaque fois qu'un peu de sérosité
sanguinolente.
L'enfant entra à rhôprtat Saint Pierre le 10 mai 1875; on s'aperçut, quelques
jours après, que les glandes lymphatiques du pli de l'aine du côté gauche pre-
naient un volume considérable.; la malade était faible, anémique, ne se plai-
gnait d'aucune douleur, mais demeurait toujours comme affaissée dans son lit.
En même temps que la masse des ganglions du pli de l'aine augmentait toujours
de volume, ceux de la région cervicale du côté gauche s*hyperlrophiaient égale-
ment, venaient faire saillie depuis la clavicule jusqu'au trapèze, sous le slerno-
masloïdien et s'étendaient en dedans jusque sur Id ligne médiane de la région
sous-hyoïdienne.
Le traitement consista principalement en Une alimentation tonique, recon-
stituante, en Tadministration du sirop d'iodure de fer; des frictions furent
pratiquées sur le membre gauche et sur les ganglions engorgés avec une pom-
. made à l'iodure de potassium; des bains salés complétèrent cette médication
établie en vue de combattre la diathèse strumeuse dont on croyait avoir sous
les yeux diverses manifestations caractéristiques*
y.ers la fin de sa vie, la patiente présenta par moments des accès de suffoca-
tion, une touxcroupale,une expiration bruyante et prolongée; ces phénomènes
ne persistaient pas longtemps et nous les rapportions à |a compression du larynx
par les tumeurs ganglionaires, compression. qui s'exagérait dans certaines posi-
tions que prenait Tenfant pendant son sommeil.
12
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90 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Nous redoutions toujours de voir ces phénomènes asphyxiques s'accroître, •
devenir permanents et déterminer la mort, car les ganglions du cou prenaient
plus de développement, malgré Tadministratlon infùs et extra des préparations
iodées,
La mort survint chez cette malade, après deux mois de séjour à l'hôpital ,
comme conséquence du marasme profond où Tavait. plongée son affection, et
non comme résultat d'une asphyxie par compression dont nous Tavions vue
souvent menacée.
L'autopsie nous surprit beaucoup); nous nous attendions à constater l'hyper-
trophie simple des glandes lymphatiques du cou, de l'aîne, de l'abdomen et
des bronches, en un mot les altérations d'un état de pseudo-leucémie que l'on
rencontre encore dans le jeune âge, lié à la dialhèse strumeuse et qui conduit
inévitablement le malade à la mort; au lieu de cela nous avions affaire à de
vastes foyers de matière encéphaloïde. L'altération avait pris son point de
départ à la partie inférieure de la jambe gauche; il existait en cet endroit une
tumeur aplatie, ovoïde, placée entre le muscle jumeau et les muscles de la
couche profonde du membre; là dégénéresce.nce cancéreuse avait atteint primi*
tivement, à ce niveau, un ganglion situé sur le trajet des vaisseaux lymphatiques
qui accompagnent l'artère tibiale postérieure. Cette tumeur s'étendait depuis la
naissance du tendon d'Achille jusqu'au niveau du bord inférieur du muscle
poplité, avait déterminé par compression l'atrophie des fibres charnues du
jumeau et du soléaire et offrait à la coupe un tissu mou, rougeâtre, semblable à
du tissu cérébral eo voie de ramollissement.
Au niveau du creux poplité,on découvrait plusieurs ganglions de la grosseur
d'une petite noix, constitués par un tissu de même nature. On retrouvait au
niveau du pli de l'aine une masse plus volumineuse de ganglions dégénérés (j^ui
s'enfonçaitdans le bassin, en suivant le trajet de l'artère iliaque du côté gauche,
se tenait à cheval sur la partie inférieure de l'aorte abdominale, et donl«)e
volume total atteignait au moins celui de la tète d'un enfant nouveau-né; les
masses globuleuses de tissu cancéreux suivaient ensuite le trajçt de l'aorte
abdominale, de l'aorte thoracique, puis de. la ca^otidedu côté gauche et venaient
envahir toute la région latéraledu cou ; chose remarquable, Taorte descendante
demeurait perméable au milieu de ce tissu cancéreux, on pouvait la disséquer,
fisoleretconstaterque son calibre n'avait pas diminué au contact de ces tumeurs .
qui la couvraient et l'entouraient de- toute part.
Nous détachâmes quelques ganglions de la masse siégeant au niveau du pli
de l'aine pour les étudier en détail et en fairel'examen microscopique; toutefois
on ne pouvait, nous semble t-il, se méprendre même à une simple observation
macroscopique, sur la nature encéphaloïde de ces tumeurs : \^ si l'on pratiquait
diverses coupes sur ces volumineuses masses ganglionnaires dégénérées, on
voyait sourdre une pulpe mollasse, bien inférieure en consistance â la palpe
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 9!
cérébrale ; on découvrait des surfaces où le tissu variait de consistance, mais
qui n'avait pas la fermeté du tissu glandulaire lymphatique simplement
hyperplasié; 2^ ces différentes coupes présentaient les colorations les plus
variées, ce qui était dû à ce que du sang s'était épancfié parmi la matière
encéphaloïde; les nuances variaient du noir foncé au rouge sombre suivant que
Tépanchement était ancien ou récent.
Par un hasard singulier, les ganglions du pli de Taine, destinés à Texamen,
se trouvaient précisément dans le stade d'envahissement. Un ganglion de la
dimension d'une grosse noix nous servit à faire deux coupes, qui, à l'examen
microscopique, ne montrèrent qu'une hyperplasie simple, tout au plus un
infarctus leucémique, sans la moindre altération carcinomateuse» Nous allions
nous prononcer pour une erreur de diagnostic, lorsqu'une troisième coupe •
menée à travers le bile du ganglion, nous fit voir un petit foyer de maltère
plutôt ca^éeuse que crémeuse, et qu'un examen rapide au microscope nous fît
reconnaître immédiatement pour du détritus cancéreux. L'un de nous fit,
séance tenante, plusieurs préparations qui démontraient à l'évidence l'existence
de la tumeur carcinomateuse médvUaire et en prit les dt^ssins^ avec toute
Texactitude possible.
Nous reproduisons, ci'contre, une coupe du tissu simplement hyperplasie, et
une autre, du tissu carcinomateux.
La fig. i représente une coupe dans la partie atteinte d'hyperplasie leueé-
mique. C'est un fragment de la zone médullaire du ganglion ; on y voit les mailles
du réticulum glandulaire, énormément distendues par l'accumulation des leuco-
cytes. Les trabécules du réticulum éllesmémes n'ont subi aucune hyperplasie.
Tout semble se borner à une augmentation numérique des leucocytes, qui, par
leur abondance ne laissent pas de rendre un peu obscure la structuredu gan-
glion. Le lavage prolongé an pinceau finit par vider quelques mailles du réticulum
et dès lors la structure du ganglion apparaît dans toute sa netteté. Que les
cellules accumulées dans les mailles soient bien réellement des leucocytes,
cela ne peut faire l'objet d'aucun doute : leur forme presque sphérique, leur
contour finement granuleux, leurs noyaux multiples, souvent étranglés parle
milieu, mais surtout les dimensions uniformes de toutes les cellules, tous ces
caractères réunis suffisent pour spécifier les leucocytes. La fig. 2 les montre
sons un grossissement plus fort, tels qu'ils apparaissent, après leur sortie des
mailles du réticulum. Le contact de l'alcool en a légèrement altéré les contours.
La fig. 5 représente, sous un fort grossissement, une parcelle de la matière
caséiforme réunie en foyer, dans la partie atteinte de dégénérescence cancé-
reuse. Cette parcelle a dû être préalablement délayée dans une goutte d'eau.
Ce qui frappe tout d'abord dans cette préparation microscopique, c'est Texi-
guité des éléments cellulaires eu égard au fort grossissement sous lequel ils
sont vus ('^). On remarque en 4 les éléments agglomérés, tels qu'ils se trouvent
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92 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
tassés Sans les mailles du stroma. En y, se trouve représenté un débris de ce
stroma sous forme d'une trabécule isolée.
La fi^. 5 représente les éléments 4u carcinome sous un grossissement de
600 diiiamèlres et permet d'en saisir les caraclères dans tous leurs détails.
La 6g. 4 est un fragment du stroma de la partie altérée. Ce stroma, comme
on le voit^ n*a rien d'analogue avec le réticùlum du ganglion. Les trabécules qui
le composent sont d'un volume beaucoup plus considérable, d'une texture
cellulaire évidente, et les alvéoles qu'elles laissent entre elles sont de dimen-
sions très-inégales, mais beaucoup plus grandes que les lacunes du ganglion
lymphatique. Un brossage au pinceau prolongé a éloigné le plus grand nombre'
^% des cellules, quelques alvéoles paraissent complètement vides; d'autres sont à
moitié évacuées (*), d'autres enfin sont encore distendues par les cellules {^^)m
Il Iftde soi que les trabécules ont eu naguère leurs vaisseaux nourriciers : mais
le processus cancéreux les a entamés : de petites extravasations se sont pro-
duites, et de petits dépôts d'hématine {yy) sous forme de granules bruns demi
^ran^arents, sont les seuls vestiges des capillaires qui alimentaient la tumeur
^dans m premier stade de son développement.
Ëfes poumons étaient sains mais d'une coloration très pâle, presque exsangues,
'f^ Le tissu du cœur était pâle, anémié: il en était de même du foie. La rate ne
présentait rien d^anormal. Le rein droit plus volumineux que le gauche parais-
^f*^ sailsain ; le gauche, d'une coloration rouge foncé offrait un état de stase san-
guine ainsi que des dilatations des calices que par un examen superficiel, on
aurait pris pour différents kystes développés dans la substance médullaire.
V,, Ces lésions étaient la conséquence de la pression exercée sur cet organe par les
ganglions cancéreux qui proéminaienl davantage du côté gauche.
Réflexions. — Nous avons exposé brièvement ce cas et les désordres constatés
à l'autopsie, à l'invitation de M. Henriette à qui il n'est pas arrivé jusqu'à ce
jour d'observer de semblables altérations chez un enfant de cet âge. Lebert dans
son traité des maladies cancéreuses, dit avoir observé le cancer primitif plus
fréquent dans les glandes lymphatiques superficielles du corps que dans celles
de l'abdomen et de la poitrine. L^âge a été noté chez onze malades. Il a varié
entre 50 et 70 ans. Il ne dit pas que cette affection ait jamais été observée dans
l'enfance.
Si l'on veut rapprocher cette observation de celle que nous avons publiée
naguère, à propos d'un cancer encéphaloïdedurein chez un enfant de cinq mois,
on peut se convaincre que la diathèse cancéreuse n'est pas tellement rare dans
le jeune âge, qu'on le pense généralement; bien que très-excèptionnels, ces cas
ne doivent pas être totalement perdus de vue; leur possibiliié démontre qu'on
n'est pas autorisé à exclure d'une façon absolue les affections cancéreuses du
cadre des altérations qui peuvent atteindre là première et la seconde enfance.
Au point d« vue du pronostic, la forme encéphaloïdc que l'on est exposé à ren-
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 95
contrer chez de si jeunes sujets, a pris dans les deux cas en peu de temps, un
accroissement énorme et plongé r3pidement les d'eux malades dans un marasme
profond. \
Ce qu*il y a de particulier dans cette observation, c'est le siège primitif du
cancer : enavant du muscle jumeau, dans l'épaisseur du mollet; toute la'jambe
présentait de Tempâtément, et^ vers la On de la vie, un peu d*œdème; on per*
cevait en arrière et vers la partie moyenne du membre, la sensation de cette
fausse fluctuation que Ton est si souvent exposé à prendre pour un abcès
profond.
« Nous avons observé, dit Leberl, un cas de cancer encéphaloïde du creux
axillaire qui s'était développé si rapidement, et offrait une telle apparence de
fluctuation que des chirurgiens de premier mérite croyaient avoir affaire à un
phlegmon sdppuré. > m
Les vaisseaux lymphatiques qui, à partir de la libiale postérieure, fccom-
pagnent les gros vaisseaux, semblent dans ce cas avoir transmis raltératiofi can-
céreuse, et l'avoir communiquée à toutes les glandes lymphatiques qu'ik rer^
contraient sur leur trajet : au creux poplilé, au pli de l'aine — en cet ^droit,
où il existe de si nombreux ganglions, lesiumeurs étaient énormes — Ulonf
de l'aorte, puis enGn, en suivant la carotide du côté gauche à la région cervicale, ip^
où la dégénérescence atteignait les ganglions du cou.
En somme, nous avons relaté cette observation comme intéressante au*4)oint
de vue de l'anatomie pathologique, mais on comprend combien sont illusoires
nos faibles ressources thérapeuliques, en présence d'altérations si étendues et
qu'on devait peu s'attendre à rencontrer chez une enfant de cinq ans.
De la rétroversion de l'utérus pendant la grossesse, far M. le docteur
N.* Charles, de Liége^lavrèat deV Académie de médecine de Paris^ Membre
correspondant de la Sociétfi^ etc. (Suite. — Voir notre cahier de juillet,
page 3).
CHAPITRE DEUXIÈME.
Fréquence.
. La rétroversion de l'utérus pendant la grossesse ne semble pas très-fréquente.
En considérant cependant les faibles moyens d'attache du corps utérin, l'aug-
mentation de son volume^ intéressant spécialement le fond et le segment pos-
térieur pendant la première période de la gestation, le ramollissement des
ligaments après la conception, les travaux pénibles et fatigants auxquels se
livrent beaucoup de femmes enceintes, on devrait s'attendre à voir souvent
chez elles des déplacements plus ou moins sérieux se produire, surtout en
arrière. Il ne parait pourtant pas en être ainsi et l'on est surpris d'apprendre
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94 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
que des accoucheurs très en renom n*onl observé, pendant une pratique forl
longue, et très-élendue, qu*un nombre forl restreint de rétroversions pendant la
grossesse^ et cela est tellement vrai que M, Depaul a pu dire, à une séance de
TÂcadémie de médecine en I853^que tous les accoucheurs présents en avaient
à peine vu une demi-douzaine d'exemples. En lisant du reste tous les ouvrages
spéciaux, ainsi que les traités d'accouchejnenls qui s'occupent de la rétrover-
sion, on s'aperçoit qu'ils ne renferment guère de cas nouveaux et que les
auteurs invoquent peu leur observation personnelle. Doit-on croire que la
rétroversion pendant la grossesse est aussi rare que ces faits tendraient à le
démontrer? Ce serait, selon moi, une grave erreur, et je suis persuadé que
l'accident est bien plus fréquent qjie beaucoup ne se l'imaginent. Cette idée,
qui m'était d'abord venue par induction et par des raisons plus ou moins'théo-
riqu^ que je vais reproduire, s'appuie aujourd'hui sur des faits rapportés par
plusieurs praticiens éminents.
D'abord la rétroversion pendant la grossesse peut passer inaperçue. Il en a
été ainsi pendant des siècles, puisqu'elle n'a été bien connue et bien décrite
que depuis le siècle dernier; les symptômes du reste n'en sont pas bien carac-
téristiques, et, sans un examen Igcai bien fait, ils peuvent être rapportés à
d'autres affections.
La rétention d'urine, par son importance, attire souvent seule l'attention des
malades. La rareté des selles peut en imposer pour une constipation opiniâtre.
Les douleurs, les contractions utérines, l'écoulement de sang, peuvent faire
croire à un avoVtement; quelques symptômes généraux mêmes peuvent être
mis sur le compte d'une fausse couche difficile ou d'un éM nerveux particulier.
Dans lous ces cas, au moyen d'un traitement symptomatique convenable, la
réduction pourra se faire spontanément, plus souvent le produit de conception
sera expulsé, et alors tout rentrera dans l'ordre : dans ces deux hypothèses,
l'accident primitif restera méconnu.
On remarquera, du reste, que les fausses couches sont relativement fré"
q4ientesà la campagne et dans les faubourgs des grandes villes ; que ces fausses
couches reconnaissent souvent pour causes des efforts ou des fatigues exagérées;
que les femmes qui en sont atteintes ont cependant une santé plus florissante
que celles des classes plus élevées, où les fausses couches ne sont pas plus
fréquentes et sont peut-être plus rares; qu'elles sont souvent atteintes de des-
centes de matrice ou de versions, suites du peu de soin qu'elles prennent après
leurs couches ; qu'entin elles attendent souvent forl longtemps avant d'appeler
même une sage-femme, et que cette dernière, trop souvent ignorante, mécon-
naîtra le déplacement, s'il existe : l'avorlement a donc lieu et termine la scène.
Remarquons aussi que ces femmes n'iront à l'hôpital que si les accidents
prennent des proportions importantes ; ce qui n'est pas l'ordinaire, puisque la
fausse couche survient le plus souvent.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 9.^
De plus, certains médecins non spécialistes n'accordent pas toujours à Tavor-
temenl l'importance qu'il comporte : s'ils touchent, et ce n'est pas toujours le
cas, ils s'imaginent souvent qu'ils n'ont plus rien à rechercher dès qu'ils ont
reconnu l'état du col; beaucoup enfin ne connaissent guère la rétroversion que
de nom.
Je vais citer différents exemples à l'appui de ces allégations, qui paraîtront
peut-être hasardées au premier abord.
Obs. XI. — Rétroversion à trois mois et demi de grossesse; succès du trai-
tement de Denman; par M. le professeur Depaul (1). — Le 12 décembre 1872,
la femme D... entre à la clinique étant enceinte de trois mois et demi environ.
Elle avait été prise, il y avait près d'un mois, de rétention d'urine et pendant
six jours elle n'avait pu en évacuer une seule goutte. Un médecin lui avait pres-
crit inutilement (on le compretid sans peine) deux grands bains et du chien-
dent avec du nitrate de potasse. Après le sixièipe jour/ elle commença à perdre
de Turine involontairement au moindre mouvement; cependant malgré ses
ses efforts, quand elle se mettait sur le vaso, elle ne parvenait à expulser qu'une
très-petite quantité de liquide. Pendant ce temps le ventre avait pris un déve-
loppement considérable qui frappa tout le monde quand elle vint à l'hôpital.
On trouvait en effet dans l'abdonfien une tumeur qui remontait à deux travers
de doigt environ au-dessus de l'ombilic. Cette tumeur avait la forme d'un ovoïde
dont l'extrémité, supérieure était saillante en avant. On y percevait très-nètte-
ment la fluctuation, et il ne fut pa$ douteux un instant qu'on n'eût affaire à
une vessie considérableînent distendue.
Par le toucher vaginal on trouvait le fond de la matrice renversé en arrière
et occu|)ant toute la concavité du sacrum ; le col, qui avait les caractères d'un
col de multipare, étail repoussé en haut et appuyait contre la face postérieure
de la symphyse pubienne.
Le cathétérisme Ot immédiatement drsparailre la tumeur abdominale et fut
pratiqué plusieurs fois par jour jusqu'au 17 ; ce jour on put constater que le
col utérin était plus facilement accessible tandis que le fond était manifeste-
ment remonté. Le soir même la malade put vider seule sa vessie, et le lende-
main M. Depaul constata que la matrice avait repris sa positron normale..
Cette femme quitta l'hôpital quelques jours après, complètement guérie. On
sentait très-bien derrière la paroi abdominale le fond de la matrice, et Ton
pat même percevoir les battements du cœur fœtal.
DaDS cette observation le praticien appelé d'abord n'avait trouvé d'autre
indication que celle des diurétiques; la cause de la rétention d'urine lui avait
échappé; dans le cas suivant *une sage-femme et deux médecins, après un
examen approfondi, déclarent la patiente atteinte de grossesse extra utérine.
Obs. XII. — Rétroversion de l'utérus à quatre mois et demi de grossesse;
redressement spontané du fond sans que le col puisse être déplacé; péritonite ,
(!) Leçons de clinique obstétricale. Paris, 1874-. — Obs 5« de M. DcpouL
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96 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
avortement^ mort ; par M, le professeur Depaul (1). — La femme T..., âgée
de 52 ans, mère de cinq enfants eut ses dernières règles le i5 juin 1872. La
première partie de cette sixième grossesse se passa assez régulièrement, à part
une certaine difficulté dans rémission de l'urine et une constipation opiniâtre.
Dans les premiers jours d'octobre eJ!e prit unr purgatif; dès lors la mictioi>
devint très-difficile sinon impossible; le ventre prit un développement rapide;
la femme fut obligée de. garder le lit; une soif ardente lui faisait absorber
plusieurs litres de tisane par jour, et à cette époque déjà elle se sentait
constamment mouillée par un liquide qui s'écoulait des parties génitales. Une
sage-femme et deux médecins successivement consultés diagnostiquèrent, après
un examen approfondi^ une grossesse extra ulérine. ,
La femme T... fut alors transportée à la clinique et examinée par M. Depaul.
Une . tumeur Volumineuse soulevait les parois abdominales et s'élevait à
troi^ travers de doigt au-dessus de rotnbilic;.elie était fluctuante, surtout en
haut; sa partie inférieure et moyenne était moins facilement appréciable à
cause d*un œdème considérable de la région suspubienne; ses parois étaient
très-minces; l'auscultation ne fit entendre aucun battement fœtal^ mais bien
un bruit analogue au souille utérin. En comprimant cetle poche, on déterminait
l'évacuation plus abondante du liquide qui depuis un mois baignait constamment
les organes génitaux. Le doigt introduit dans le vagin ne pouvait alleindre le
col mais rencontrait dans la concavité sacrée une tumeur a rrondie^ mollasse,
profondément engagée dans Texcavation; ces rechercjies déterminaient l'écou-
lement d'une plus grande quantité jde liquide, qu'il était facile de recon-
naître pour de Purine. Par le catéihérisme on en retira trois litres et en même
temps on vit la tumeur diminuer progressivement et disparaître. C'était donc
bien la vessie qui avait soulevé les parois abdominales. De plus le déplacement
du col utérin en avant et la présence en arrière de la tumeur décrite parlaient
suffisamment en faveur d'une rétroversion de la matrice distendue par une
grossesse de quatre mois et demi à cinq mois. On pouyaiX remarquer de
plus que la paroi antérieure du vagin était tiraillée et avait entraîné le méat
urinaire profondément derrière la symphyse pubienne. •
L'introduction de la sonde répétée deux fois par jour améliora considérablement
l'état de la malade; mais la rétention d'Urine persistait: les plus grands efforts
pour uriner librement n'avaient aucun résultat, car le col utérin continuait à
comprimer fortement le canal de Turéthre en haut. C'est pourquoi, au bout de
six jours d'expectation,M. Dê'paul nésolut de réduire. Il fil respirer à la femme
du chloroforme, pratiqua le caihétérisme, puis glissa les doigts de la main
droite dans le vagin poijr repousser le fond de la matrice au-dessus du détroit
supérieur; mais il reconnut alors, à sa grande surprise, que ce redressement
s'était exécuté spontanément. Seulement le col utérin était resté appliqué et
fixé contre la partie supérieure de la symphyse pubienne au point que les
doigts ne parvinrent pas â changer sa situation. En déprimant la paroi abdo-
minale, on sentait profondément le fond de l'utérus qui s'élevait au dessus du
détroit supérieur.
(1) Leçons de clinique obstétricale. Paris, 1874. — Obs. 4^ de M. Depaul.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 97
Pour éviter les sondages, une sonde de gomme élastique fut placée à demeure,
mais la nuit suivante, la femme eut de3 frissons, de la fièvre, des douleurs
abdominales et la sonde dut être retirée le lendemain. Des vomissement sur-
vinrent, Tabdomen se ballonna et 48 heures après J'intervenlion^ le col fut
trouvé en place, niais eulr'ouvert et effacé. Le lendemain >les symptômes
périlonitiques s'accrurent; Tavortement se. termina et deux jouVs après, la
maladie ayant suivi une marche ascendante, la femme succomba.
A l'autopsie, un litre de pus dans la cavité périlonéalç ; l'utérus, qui avait
été trouvé réduit avant Tavortement, était de nouveau en rétroversion. Le fond
de la matrice était placé sous l'angle sacrovertébral^ qui présentait une crête
assez prononcée; la courbure sacrée parut exagérée. Parois vésicales très-
épaisses; réservoir quadruplé d'étendue; col de la vessie rouge^ légèrement
œdématié; parenchyme utérin normal.
Voici une observation très-remarquable de M. Hubert, dans laquelle un
médecin et un chirurgien-accoucheur très-occupés ont méconnu longtemps le
déplacement de Tulérus.
Ces Xni. — Rétroversion à trois mois et demi de grossesse, longtemps
méconnue; distension considérable de la vessie; moUessd extraordinaire de
l'utérus déplacé, vaines tentatives de réduction ; succès d'un nouveau procédé bi-
polaire; continuation de la grossesse; menaces d'une nouvelle rétroversion dans
la grossesse suivante; par M, le professeur L. J. Hubert, de £oui7ai/<(l). — La
femme J..., de Basse-Wavre, mère de cinq enfants, grande et bien propor-
tionnée, eut ses dernières règles du 20 au !25 mai 1870. Vers deux mois et
demi à trois mois, elle perdit un peu de sang et vers la fin d'août, des maux de
reins, de la constipation, des difficultés pour uriner, auxquelles succéda une
iocoatinence d'urine, la forcèrent de consulter un médecin. Celui-ci réclama
l'assistance d'un chirurgien .qui depuis plus de 40 ans fait presque tous les
accouchements à deux lieues â la ronde. Leur traitement puremeiit médical
n'empêcha pas les accidents d'aller en augmentant, et l'on s'adressa à un
jeune praticien, qui reconnut la nature du mal et, malgré la distance (trois
lieues et demie) et la difficulté du déplacement, crut devoir m'envoyer la
. malade. Elle m'arriva le 5 octobre et eut beaucoup de peine à descendre de
la voiture qui l'amenait du chemin de fer chez moi. Elle répandait une odeur
d'urine et sa chemise était toute mouillée.
A l'examen du ventre je trouvai une tumeur qui s'élevait à deux travers
de doigt au-dessus du nombril. Elle était manifestement fluctuante et trop
molie pour être constituée par un utérus gravide ou par un kyste ovâ-
rique. Je soupçonnai à Tinstant qu'elle était formée par la vessie et que
l'incontinence d'urine n'avait lieu que par trop plein. Je commençai donc
par introduire une sonde et j'amenai deux pots de nuit de liquide. Il en
résulta un soulagement considérable et immédiat. Restait à constater l'ort^gro
malorum,
L'hypogaslre vidé, me permit de palper, assez profondément en arrière, et
(i) Obs. 6« de M. Hubert.
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«8 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
dépassant un peu le niveau du détroit supérieur, une tumeur assez ferme et un
peu moins régulièrement arrondie que Tuléfus gravide. (Peut-être Torgane un
peu tordu sur son axe, offrait-il son bord et, avec lui, Tun des ligamenfs
ronds ramenés en avant.)
Au toucher, je trouvai le col de la matrice tout-à fait en avant et au niveau
de la partie la plus élevée de la symphyse pubienne contre laquelle il se trou-
vail comprimé et infléchi. Dans le bassin elle remplissant tout-à-fait d'avant en
arrière^ mais descendant un peu moins basque d'ordinaire dans une rétrover-
sion portée â ce point, se trouvait une tumeur tellement molle qu'on eut dit
une poche de caoutchouc remplie de liquide et se laissant déprimer plutôt que
déplacer sous la pression des doigts. Celle souplesse me Gt penser au cas que
j'avait rencontré avec M. G... (V. infra obs. 1'" de M. Hubert), mais elle était
plus grande encore dans celui-ci et contrastait singulièrement avec la fehnelé
de la paroi utérine antérieure devenue supérieure.
D'après ce que je viens de dire, l'enclavement existait ici plus haut que d'or-
dinaire, presque au niveau du promontoire ou du moins de la première pièce
du sacrum.
Je ne tentai pas une réduction qui paraissait devoir être difficile et qui eut
réclamé des soins consécutifs qui ne pouvaient être donnés chez moi. J'écrivis
au médecin d'y procéder sans retard, ajoutant que s'il ne réussissait pas, je me
tenais à sa disposition. Je l'engageais à veiller entretemps aux fonctions de la
vessie et du rectum. Les tentative n'ayant pas abouti, je fus appelé le 9 octobre.
A mon arrivéç, je trouvai la femme J... levée et beaucoup moins souffrante
que lors de sa visite chez moi. Dans certaines positions elle perdait encore des
urines, mais dans d'autres elle la retenait et comme elle paraissait en émettre
suffisamment, on ne l'avait plus sondée depuis deux jours. Cependant la vessie
se trouvait aussi distendue qu'à mon premier examen, et le cathétérisme n'amena
pas moins de liquide. L'exploration hypogastriqoe et vaginale me fournit exac-
tement tous les renseignements indiqués plus haut.
La femme étant placée sur son flanc droit tout au bord de son lit, les cuisses
fléchies, la gauche soulevée et soutenue par un aide, mon jeune confrère intro-
duisit quatre doigts de la main droite et chercha à refouler le fond de la ma-
trice. Il parvint à Tébranier un peu mais non à lui faire franchir l'obstacle, et
craignant de dépasser la limite de la prudence^ il me pria de le remplacer. Je
n'obtins d'abord guère plus de résultai, car la tumeur se laissait déprimer sous
l'effort plutôt que déplacer en masse. J'étais même sur le point de borner là
cette tentative, quand l'idée me -vint d'enfoncer les doigts de la main gauche
au-dessus du pubis, et de presser fortement sUr le segment inférieur de la
matrice en même temps que de l'autre main j'agissais en sens opposé sur son
fond. Je sentis bientôt la résistance cesser des deux côtés, et dès lors le col se
trouva reporté en arrière contre mes doigts, tandis que le fond venait former
à l'hypogastre une saillie nianifesle et grosse comme les deux poings. Dès lors
aussi toute douleur et tout malaise avaient cessé.
La force que j'avais dû déployer aurait suffi chez certaines femmes pour déter-
miner l'avorlement, mais il est des matrices qui résistent à tout, qui ne lâchent
rien qu'à leur heure. Après un jour de repos, la femme J...,si nécessaire à son
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 99
*
ménage, regril ses occupations el ne cessa d'y vaquer jusqu'à son accouche-
ment qui eut lieu le 2o février 1871. Or, du 9 octobre au 25 février il y a
quatre mois et demi; la grossesse était donc très-exactement à mi-terme,
quand j*opérai la réduction dont je viens de parler. En m'annonçant l'heureuse
délivrance de sa femme, M'J... ajoute : Penfant qui nous est 7iéest un garçon
fort robuste et bien bâti.
Presque deux ans plus tard, le 5 février 1873, M™« J... accouchait de nou-
veau; cette foisd'une fille. En me faisant part de révénement, le mari m'appre-
nait qu'à trois mois de cette dernière grossesse, sa femme avait de nouveau
éprouvé des troubles dans l'émission des urines, et que s'il ne lavait pas
sondée pendant quelques jours elle aurait pu avoir besoin de moi comme en
1871. C'est là une pensée qu'on lui a probablement suggérée, mais qui est en
tout cas fort juste, car la rétention d'urine, effet d'un premier degré de dépla-
cement, peut faire passer celui-ci au second degré.
Dans une autre observation que nous verrons plus loin, et que je dois au
même éminent praticien, un accoucheur très-occupé et ayant au moins 25 ans
de pratique, malgré les symptômes rationnels les plus évidents, méconnut le
déplacement de l'utérus et prix la tumeur formée par le fond de cet organe
pour une accumulation de niatières fécales.
Dans- l'observation suivante, comme dans l'obs. VI, un médecin prescrivit
des boissons diurétiques.
Obs. XïV. — LaUrorétroversion à trois mois et demi de grossesse, guéri-
son; par Martin, jeune^ de Lyon (1). — ; La femme P..., enceinte de trois mois
et demi, en se baissajit pour ramasser quelque chose, éprouva dans le bassin
une douleur suivie d'un besoin d'uriner qu'elle ne put satisfaire. Elle consulta
Martin, le 9 décembre 1808, et, depuis un accident qui datait de plusieurs
jours, elle ne rendait que quelques gouttes d'urine par regorgement et n*allait
pas à la selle; le ventre était fort douloureux, et la vessie formait une tumeur
molle et fluctuante qui s'élevait jusqu'au-dessus de l'ombilic. Les boissons
diurétiques et mucilagineuses ordonnées par un autre médecin ne faisaient
qu'aifgmenter ses douleurs et accroître le volume du ventre.
La tumeur qui occupait la partie supérieure du vagin était plus volumineuse
en arrière; le col dévié un peu à gauche était difficilement accessible derrière
le pubis.
La sonde de femme retira quatre pintes d'urine; la réduction fut facilement
exécutée avec deux doigts introduits dans le vagin. Des fomentations froides
sur le ventre rendirent à la vessie son ressort et, après dix jours de repos au
lit, la femme se leva. Ltaccouchenient eut lieu cinq mois et demi après.
Une autre patiente, traitée par le même praticien, était demeurée soumise
pendant vingt-huit jours aux mêmes prescriptions banales.
.Obs. XV. — Latérorétroversion à trois mois de grossesse, reconnue seule-
ment après un mois ; évacuation incomplète de l'urine, insuccès du procédé
(i) Loc, cit», obs. 8".
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100 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
dé Grégoire; réduction difficile au moyen de la main entière introduite dans
le vagin; récidive^ réduction facile après avoir vidé complètement la vessiey
guérison; par Martin, jeune, de Lyon (1). — La femme A..., âgée de 32 ans,
pluripare, bien portante, enceinte de trois mois, se livrait aux travaux de son
ménage, lorsqu'elle éprouva tout à coup un besoin pressant d'uriner qu'elle ne
put satisfaire; dès lors le.ventre grossit, l'urine couln goutte à goutte et les selles
furent supprimées. Les diurétiques et apéritifs que lui cotiseillèreut aussi bien
des gens de Part que des commères et des charlatans ne ûrent qu'empirer
son mal.
Vingt-huit jours après, le 5 mai 1800, Martin fut consulté. La vessie remon-
tait jusqu'au-dessus de TomblHc et les urines ne s'évacuaient que par regorge-
ment. Une sonde de femme ne retira qu'une pinte d'urine; deux doigts intro-
duits dans le vagin reconnurent le fond de Tutérus en arrière et ne purent
atteindre que la lèvre postérieure, devenue inférieure, du col qui était placé
très-haut derrière le pubis et un peu à droite.
Deux doigts portés alternativement dans le vagin et dans le rectum ne
purent soulever, le fond de l'utérus. Gomme le vagin était très-large, Martin y
introduisit la main entière et alors, agissant avec plus de force, il parvint par
degré à remettre l'organe en place; le col de l'utérus fut retrouvé dans l'axe du
vagin et un peu en arrière. La sonde de nouveau introduite fît couler au moins
cinq pintes d'urine à l'aide de pressions exercées sur le ventre, car la vessie
avait perdu sa contractilité. Quelques fomentations avec l'oxycrat froid lui ren-
dirent du reste rapidement soq ressort.
Mais quinze jours après, le repos n'ayant pas été gardé, il survint une nou-
velle rétroversion^ que Martin réduisit facilement, après avoir vidé complète-
ment la vessie avec une sonde d'homme.
Daps l'observation suivante le médecin ordinaire de la malade méconnait
pendant vingt jours la cause des accidents et il faut qu'un consultant vienne
la découvrir.
Obs. XVI. — Rétroversion au quatrième mois de la grossesse, méconnue
pendant vingt jours; distension énorme àe la vessie; vaines tentatives de
réduction avant de vider complètement ce réservoir; emploi du poing pour
réduire, guérison; \)fkr Gébard (â). — Une femme de 3(} ans, de (aille
moyenne, de bonne constitution, ayant déjà eu sept accouchements faciles,
éprouve au' quatrième mois de sa huitième grossesse des douleurs plus ou
moins fixes à Thypogastre, dans le bassin, vers les lombes^ le sacrum et le
trajet du nerf sciatique droit; pui?, difficull(^ pour uriner, aller à la selle,
rester de bout ; enfin- anxiété, fréquence du pouls, inappétence^ insomnie. Les
symptômes, dont la cause reste Ignorée, s'aggravent pendant vingt jours.
Gérard, appelé en consultation, trouve l'abdomen distendu comme à huit mois
de grossesse, mat à la percussion; parties génitales, hypogastre, cuisses infil-
trées; un peu d'urine s'écoule dans certaines positions, mais depuis trois jours
(1) Loc. cit. y ohs. 9».
(2) Annales de chirurgie^ t. V, 1842.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. lOi
la femme n'urine plus et ne va plus à la selle; beaucoup d'anxiété, d'agitation ;
nausées sans vomissements. La muqueuse vaginale refoulée forme une tumeur
grosse comme un œuf de poule à la partie postérieure et inférieure du vagin.
Au toucher, Gérard constate que l'excavation est occupée par un corps mou,
élastique, compressible, où Ton sent distinctement les mouvements du fœtus;
c*est le fond utérin .qui semble menacer de s'échapper par la vulve, le périnée
ou Tanus. La lèvre actuellement inférieure du col est difficile à atteindre à la
partie supérieure, interne et médiane du pubis. Le méat urinaire, caché der*
rière le bord inférieur du pubis, où il est comprimé par Tutérus, se découvre
difficilement. La sonde donne issue à quatre litres d*urine ammoniacale;
quelcfues heures après à deux autres litres, et le lendemain, à six, mais par
des pressions abdominales aidant le cathétérisme, car plusieurs fois Turine
cessé de couler, soit à cause de la quantité de ce liquide contenue dans les
uretères, soit par suite de la compression de la vessie dans certains points par
Tutérusou par Tintestin. Dès lors, la réduction, essayée plusieurs fois, réussit:
la femme est placée sur jes genoux et les coudes, Gérard introduit la main dans
le vagin et repousse avec le poing, et en peu d'instants, Tutérus dans sa
position normale.
Les Archives générales de médecine ont publié en 1851 un cas où la femme
et un officier de santé attendaient depuis dix-sept jours un avortement, qu'un
habile praticien évita en reconoAissant la rétroversion et en y portant nemède;
' en voici les points principaux.
Obs. XVII. — Rétroversion à quatre mois de grossesse, méconnue pendjant
dix^sept jours ; sortie de Turine en déplaçant la matrice \ réduction par le
rectum; guérison; par Rolland. — Une femme de 29 ans, à quatre mois de sa
troisième grossesse éprouvait quelque difficulté d'uriner; un jour, à son réveil,
elle $e plaint de coliques violentes, d'une pesanteur douloureuse vers l'épigastrc
et d'un besoin pressant d'uriner qu'elle ne peut satisfaire. Cette rétention
d'urine continue sept jours avec fièvre, augmentation du volume du ventre et
apparition à la vulve d'une tumeur grosse comme la lélc d'un enfant. Les
grandes lèvres, s'œdématient, le périnée est repoussé en dehors. La femme et
un officier de santé croient à un avortement. Cet étal se prolonge dix-sept
jours;. M. Rolland, alors appelé, reconnaît la (jimeur formée par la vessie à
l'hyppgastre et la rétroversion utérine.
Les essais de réduction tentés dans la position horizontale ne réussissent qu'à
faire sortir un peu d'urine; la femme est alors placée sur les genoux et les
coudes ; Rolland introduit deux doigts de la main gauche dans le rectum, soutient
avec la main droite, placée au devant de la vuke, la tumeur qu'occupe cette
partie et essaie la réduction. L'urine sort à flots par un jet de la grosseur du •
petit doigt, et qui continue sept à huit minutes, et Rolland parvient à réduire
l'utérus. La sond£ retire* encore cinq demi-setiers d'une urine sanguinolente.
Le séjour au lit, des applications et injections astringentes permettent, dès le
vingtième jour, à la femme de rendre et de retenir l'urine à volonté. La gros-
sesse continue heureusement son cours.
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102 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Le cas suivant nous montre un praticien croyant à une affection nerveuse.
Obs. XVIII. ^ Bétroversion prise pour une affectiotmerveuse ; col dilaté;
saillie du promontoire; réduction au moyen de deux doigts introduits dans le
rectum ; guéfison ; par M. GodëfroYj, professeur d'accouchements à Rennes (1).
— M"»« G..., primipare au quatrième mois de .sa grossesse, ressentait depuis
quelques jours des coliques et des difficultés pour uriner, lorsque le 25 février
1846, il lui fut tout à fait impossible d'y parvenir. Un médecin crut à une
affection nerveuse.
M. Godefroy, appelé deux jouré après, trouva la malade sur son lit, roulée
sur elle-même, le pouls petit, le ventre sensible, la peau chaude, la langue
sèche; à peine la touchait-on qu'elle jetait des cris. M. Godefroy constata la
rétroversion de l'utérus, dont le col était assez dilaté pour permettre l'intro-
duction d'un doigt. La sonde évacua deux litres d'urine.
La femme fut, dans ce cas, placée à genoux et la poitrine appuyée sur le lit,
pour élever aussi le siège. Deux doigts furent introduits immédiatement dans
le rectum et, après quelques minutes d'efforts, refoulèrent l'organe.
Pendant cette manœuvre, M. Godefroy pu constater une éhorme faillie de
l'angle sacro-vertébral et une concavité exagérée du sacrum.
Soins consécutifs ordinaires; le lendemain douze sangsues sur le ventre, qui
est un peu sensible, cataplasme émollient, bain entier tiède. Le col se referme
et trois jours après tout rentre dans l'ordre.
Dans une autre observation, rapportée par le même habile accoucheur, un .
médecin sonde et méconnaît le déplacement; un autre ordonne du nitrate de
'potasse. La voici également résumée.
Obs. XIX. — Rétroversion chez une primipare enceinte de quatre mois^
méconnue par deux médecins; réduction par le procédé particulier à t auteur ;
guérison ; par M, Godbfroy, de Rennes (2). — M"« B..., 2î2 ans, primipare,
enceinte de quatre mois, se livrant aux r^des travaux des champs, fut pVise,
le 16 avril 1859, après un effort, de difficultés pour uriner et aller à la selle.
Quatre jours après, la rétention d'urine est complète; un médecin est
appelé, sonde, méconnaît le déplacement et prescrit des remèdes insigniûants;
un autre ordonne du nitrate de potasse.
Enflq le 2 mai le mari, croyant à un avortement, appelle M». Godefroy;
celui ci trouve la malade à genoux sur son lit, se livrant incessamment à des
efforts d'expulsion qui amènent une très petite quantité d'urine. Depuis huit
jours la malade n'a plus uriné dans son vase de nuit ; la vessie remonte jusqu'à
l'ombilic, la vulve est tuméfiée, la muqueuse violacée ; le méat urinaire retiré
profondément au-dessous du pubis. La face est vultueuse et exprime l'anxiété
la plus vive, cette femme se croyant sur le point de mourir.
Le corps de l'utérus remplit toute l'excavation ; le fond appuie fortement sur
le coccyx et le col correspond à la partie supérieure du pubis; c'est à peine si
on peut légèrement en atteindre la lèvre postérieure.
(4) Thèse de M. Godefroy fils. Obs. 4" de BJ. Godefroy.
(2) Mémoire. Obs. 5« de M. Godefroy.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 103
Le'cathétérisme donne issue à six litres d'urine et la femme est soulagée
aassitôt au point de se croire guérie. Après quelques instants de repos,
M. Godefroy fit placer la malade sur le bord de son lit, la tète et les mains
appuyées sur le sol, les cuisses et les jambes reposant seules sur le lit. Après
quinze minutes de celte position pour donner aux intestins le temps de se
masser au diaphragme^ l'opérateur se plaça sur le bord du lit, à la gauche de la
patiente et iniroduisit dans le rectum quatre doigts graissés de la main droite;
pressant alors avec la pulpe des doigts sur le fond de Tulérus, il lui fit progres-
sivement parcourir toute la face antérieure du sacrum; arrivé à l'angle sacro-
▼eriébral, il y eut un petit temps d'arrêt dans le mouvement ascensionnel du,
viscère, mais, en employant un peu plus de force, cet obstacle, le seul véritable
dans cette position de la malade, fut promplement franchi. La manœuvre dura
cinq minutes environ ; le col était bien au centre du bassin.
Après trois jours de soins ordinaires la femme reprit ses occupations ; elle
accoucha au terme normal de la grossesse.
(La suite au prochain numéro.)
Etcde clinique et expérimentake sur l'étranglement herniaire et en par-
ticulier SUR c'action des gaz dans la production de cet accident ; par le
docteur Motte, de Dînant (Belgique), -- Mémoire auquel la Société de Chi'
rurgie de Paris a accordé une récompense de 300 fr, au concours du prix
Laborie (1875). (Suite. — Voir notre cahier de juillet, pageH.)
IIÎ.*
Inflttenoe des mouvements respiratoires.
Pendant l'inspiration, Panse peut^se développer et se distendre par. les
gaz (exp. i et 4); il s'opère là un commencement d'étranglement par l'appli-
cation plus exacte de l'intesiin contre les bords de l'ouverture artiûeielle. En
ce cas, ni les cris ni les efforts ne peuvent être invoqués, car l'animal n'oppo-
sait pas la moindre résistance.
Une autre fois, ce n'est plus l'intestin qui est en jeu, mais bien Tépiploon,
qui fait saillie.
Dans les autres expériences où ce phénomène a été cherché, il a fait complé-
ment défaiit (exp. 3, 5, 7, 16; 17).
Chez deux jeunes enfants, la sortie et l'épanouissement d'une anse intesti-
nale, pendant la seule inspiration, ont eu lieu sous nos. yeux.
La rareté du fait, la propulsion de J'épiploon dans un cas, nous permettent
de supposer que les gaz ont ici peu d'action par eux-mêmes. Mais ce qu'il faut
noter c'est l'influence des contractions isolées du diaphragme dans la produc-
tion des hernies signalées dans les trois expériences précédentes. Ce résultat
pourra peut-être nous donner la clef de certaines particularités pathologiques
mal expliquées jusqu'aujourd'hui. On sait en effet qu'il arrive, assez fréquem-
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104 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
ment, que des étraDgIements herniaires surviennent, sans cause appré-
ciable {c'esl Texpression presque toujours adoptée dans la rédaction des obser-
vations). On est naturellement tenté d*objecter que IVffort qui a causé Vaccident
a agi à Tinsu du malade, pendant son sommeil, par exemple; mais il y a des
étranglements qui arrivent pendant la veille, et dans un calme parfait, au dire
des patients, qui sont souvent très-affirmatifs à cet égard. Il faut bien s*en
référer à leurs déclarations, sous peine d*enlever à la pratique médicale une
de ses principales assises, Tinlerrogatoire des malades. En effet, si le côté
objectif joue un rôle important pour dresser le tableau symptomatologique des
divers cas morbides et par suite pour arriver à un traitement rationnel et effi-
cace, il n'est pas douteux, non plus, que les impressions éprouvées par celui
qui souffre ne contribuent à donner au diagnostic la précision que Ton doit
toujours avoir en vue. Nous avons eu, pour notre compte, plus d'une fois,
à enregistrer des faits de cette nature, et nous ne doutons nullement que le
diaphragme n*ait joué un rôle prépondérant, en pareil cas. Dans quelques
conditions particulières, une puissante inspiration pousse la hernie au dehors
ou en augmente le volume; le mouvement commencé s'accentue davantage par
\b répétition de la cau.se; les vaisseaux s'engorgent et Tétranglement sVffec-
tue. (Y. comme complément, à la un du travail, ce qui est dit relativement à
l'influence des variations atmosphériques. V. aussi notre mémoire sur l'action
des muscles dans rétranglement,^a^/. de l'Académie. 1874, 5« série, t. VIII. *
n«C.).
iV.
Torsion de Tanse au moment de sa sortie ou par Tinjeetion des gax let des liquides.
Pigfay et Scarpa avaient déjà attribué une certaine influence à la torsion
qui se produit parfois au niveau du pédicule de l'anse herniée. Il est incon- *
testable que celte torsion Bst possible et qu'elle a été notée ou à l'autopsie
de sujets morts d'étranglement, ou pendant l'opération nécessitée par cet acci-
dent ; nous même avons eu l'occasion de nous assurer personnellement de la
réalité de ce genre de disposition pathologique. Mais ce n'est pas précisément
de la torsion en elle-même qu'il s'agit ici, mais bien de l'action du courant
gazeux intestinal pour sa production.
Voyons ce que nos expériences nous ont appris à cet égard.
Nos recherches ont porté sur douze d'entre elles.
Dans la septième, l'anneau n'a que la largeur nécessaire pour admettre
l'extrémité de l'index. Une anse très-dilatée se précipite à travers cette ouver-
ture ; mais aucune torsion ne se produit, que la hernie se développe d'ailleurs
par les cris et les efforts de l'aniitial, ou qu'elle soit le résultat de la compres-
sion artiGcielJe exercée sur l'abdomen. Ce n'est pas une fois que cet effet néga-
tif a lieu, mais ou l'obtient à cinq ou six reprises différentes.
Dans la huitième, l'expérience est faite sur une anse choisie, distendue par
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 105
des gaz et ramenée au niveau de l'anneau comme une pointe de hernie. L'an-
neau mesure deux centimètres et demi de longueur, sur un centimètre de
largeur (de même que dans ces expériences, un anneau parfaitement circulaire
doit rarement se présenter, malgré des conditions différentes). Sous l'influence
de pressions énergiques, l'anse s'échappe brusquement. Plusieurs fois la tor-
sion se produit; l'un des bouts de l'anse était situé à gauche, l'autre à droite.
La sortie subite du viscère porte celui-ci en haut, l'autre en bas. D'autres fois
pourtant et en nombre à peu près égal, rien de pareil ne se produit et les deux
bouts conservent leurs rapports antérieurs.
Dans la neuvième, une anse dilatée est poussée au dehors par les cris et les
efforts. L'anneau a deux centimètres dans son plus grand diamètre; malgré
eette étroitesse, le pédicule y joue facilement. La' torsion est nulle. Par la
compression des parois abdominales, agissant sur une anse dilatée laissée à
Tanneau comme dans l'expérience précédente, il s'opère une légère déviation
dans les axes des bouts, mais sans torsion véritable, quoique le doigt se soit
interposé pour rétrécir l'orifice dont la largeur relative pouvait mettre obstacle
à la production de la torsion.
Dixième expérience. — J'expérimente, de nouveau^ sur une anse distendue,
maintenue en arrière de l'anneau^ dont le diamètre longitudinal ne mesure que
deux centimètres. La compression de Tabdomen a plus d'une fois déterminé
une torsion réelle, surtout au niveau de l'anse elle-même, à cause de la plus
grande liberté dont elle jouit relativement au. pédicule ou l'effet est moins
tranché.
Onzième expérience, — Mêmes conditions que dans la dixième. Anneau de
deux centimètres et demi. Ici, nulle torsion quelle que soit du reste la position
respective que je donne aux deux bouts de l'anse. Parfois même, ils offraient
eette particularité qu'ils étaient plus ou moins contournés dans l'abdomen^ et
malgré celte circonstance favorable la torsion ne s'exagérait pas.
Dans la treizième, résultats analogues et répétés. Deux centimètres e( demi
à l'anneau. Aucune torsion malgré le rétrécissement* de l'oriOce par le doigt.
Dans la quatorzième, anneau de deux centimètres. Torsion nulle, sous l'in-
fluence de la compression et des efforts. Même insuccès sous l'anneau du
constricteur.
Quinzième expérience, — Une anse vide est emprisonnée entre les lames
du constricteur, maintenues au n^ 7. Le bec d'une poire en caoutchouc est
introduit dans l'un des bouts restés libres en dessous de l'instrument. A plusieurs
reprises, l'insufflation produit la dilatation de Panse, mais la torsion fait
chaque fois défaut, alors même que je donne à cette ouverture fort étroite un
plus grand diamètre. Chose réellement remarquable, il est arrivé que la torsion
a favorisé la marche du courant, loin de l'enrayer.
Dans la dix-septième, l'anneau reçoit Textrémité de l'index ; une anse est
14
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lOf, MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
chassée à travers Torifice sous l'impulsion des efforts de l'animal; elle est légè-
rement bombée, mais n*est nullement tordue.
Vingt-quatrième expérience. — Les deux anneaux n'admettent que Textré*
mité du doigt. Les efforts font franchir les ouvertures de chaque côté à des anses
vides^ accompagnées de Fépiploon. Ces anses se gonflent aussitôt et paraissent
contenir des gaz^ sans présenter toutefois un degré de tension bien marquée.
La torsion n'a lieu ni à droite ni à gauche.
. Vingt-septième expérience. — Anse intestinale amenée à travers un anneau
fort étroit (un demi*centimètre) ; insufflation de dedans en dehors de l'abdomen
par une ouverture pratiquée à l'un des bouts, mis à découvert par une autre
incision des parois. Torsion nulle.
Enfin dans la vingt-huiliéme expérience, mêmes manœuvres que dansia vingt-
septième. L'anse était contournée sur elle-même. Ouverture au bout inférieur
(correspondant au bout supérieur de l'nnse) ; l'insufflation douce ou brusqué
produit une torsion manifeste. Pour obtenir ce résultat, il faut fixer le bout
ouvert; en négligeant cette précaution, l'anse se déploie aux dépens de ce bout
et s'entortille irrégulièrement sur elle même. En insufflant par le bout opposé
en rapport avec le bout inférieur de l'anse^ nous n'obtenons, par contre aucune
torsion.
Je répète la même manœuvre sur une autre anse attirée à travers une ouver-
ture pratiquée dans le voisinage de la précédente. J'opère sur les deux bouts
successivement. La distension et la torsion se produisent parfaitement comme
au début de l'expérience.
La torsion produite sous l'influence du courant gazeux intestinal a été consi-
dérée par M. De Roubaix, professeur à l'Université de Bruxelles, conime la cause
réelle de l'étranglement (1). O'Beirne n'avait vu que l'ampliation de l'anse par
les gaz; M. De Roubaix y ajoute un nouvel élément. Il a répété l'expérience du
médecin irlandais avec le carton troué, et après plusieurs tentatives qui lais-
saient circuler l'air à travers le pédicule lié, il est arrivé non-seulement à
dilater l'anse, mais encore à la tordre. Il conclut des résultats obtenus que le
mécanisme de l'étranglement repose sur ce mouvement de torsion qui permet
au viscère de subir une énorme distension, et par suite de s'appliquer intimement
contre les bords de l'anneau.
Remarquons tout d'abord que M. De Roubaix est arrivé à des données qui se
détruisent mutuellement, si l'on met en présence le début et la fin de Texpé-
rience. Ces résultats contradictoires ne nous étonnent pas et peuvent figurer à
côté de ceux que nous avons plus d'une fois obtenus sur la même anse et dans
la même séance.
Nous croyons que pour jeter les bases d'une doctrine médicale, il faudrait
(1) Bulletin de l'Académie royale de médedne de Belgique, année 1869. Troisième
série, t. m, n' 3.
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MEMOIRES ET OBSERVATIONS. 107
réunir un très-grand nombre de faits puisés soit dans Tobservalion clinique,
soit cherché» dans le champ de Texpérimentation. Quelque peu nombreuses
que soient les expériences qui nous ont servi à étudier le phénomène de la tor-
sion, ils- suffisent déjà à eux seuls pour démontrer que le mécanisme proposé
par M. De Roubaix est loin de se réaliser dans tous les cas et que s'il existait,
ce ne serait encore qu*à titre de rare exception. L'article suivant complétera
notre pensée sur ce point.
V .-' .
Gireulatîon des gaz dans l'anse étranglée.
L'élude que nous venons de faire de la torsion avait bien en vue, l'action des
gaz affluant dans l'intestin hernie; mais la circulation de ces mêmes gaza
travers le pédicule de la hernie demandait à être envisagée d'une manière plus
complète; aussiavons-nous consacré un article spécial aux curieux phénomènes
qu'il nous a été donné de constater et dont nous formerons un groupe à part.
i\^ Expérience, — Ligature d'une anse vide, assez énergique pour que le
jeu du pédicule soit rendu impossible. Les gaz du voisinage sont rassemblés
vers les deux bouts ; la compression alternative de ceux-ci parvient chaque fois,
non-seulement à dilater l'anse mais encore à dégager les gaz par le bout opposé^
en formant de la sorte un double courant à travers cet étroit pertuis. La même
épreuve est répétée avec le même résultat au moyen de notre constricteur, dont
l'anneau n'admettait que l'extrémité de l'index. Les efforts que nous sommes
obligé de déployer sont loin d'être aussi considérables qu'on serait tenté de le
supposer. Les matières mollasses, mélangés aux gaz, ne parviennent pas, de
leur côté, à franchir le pédicule.
^^* Expérience, —Je pose une ligature serrée sur une anse de dix centi-
mètres remplie de gaz; je l'aplatis^ sans grande difficulté en concentrant mes
efforts sur les bouts séparément. En comprimant l'ensemble de l'anse, par
la convexité, Taffaisseinent est moins facile, mais s'obtient encore cependant.
Je répète la manœuvre de l'expérience précédente; les gaz dilatent l'anse, mais
il m'est impossible d'établir le double courant. Je parviens à vider cette anse,
ainsi dilatée, en comprimant le bout opposé à celui qui avaii livré passage adx
gaz. L'épreuve est répétée plusieurs fois avec le même résultat.
14* Expérience. — Anse emprisonnée dans Tanneau du constricteur, ne mesu-
rant guère qu'un centimètre de diamètre. Insufflation par l'un des bouts restés
libres en dessous deTinslrument ; distension facile de l'anse et dégagement de
l'air par le bout opposé qui se distend lui même sous cette influence. La com-
pression de l'anse dilatée, affaisse aussitôt celle-ci. Le segment de l'intestin,
ouvert pour donner entrée au bec de la poire en caoutchouc, est lié solidement
pour empêcher l'écoulement des matières dans l'abdomen; malgré cette pré-
caution les liquides^ et les gaz surtout, s'échappent bientôt, ce qui prouve de
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108 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
nouveau la facilité qu*ont les gaz à passer à travers un étranglement étroit.
J'introduis ensuite le bec de la poire dans un pertuis pratiqué à la partie la
plus saillante de la convexité; la distension s'opère, mais rien ne passe à tra-
vers le pédicule. Si je relâche un peu la ligature Pair parvient à s'échapper.
Une injection d'eau arrive au même résultat.
15** Expérience, — Anse étranglée par le constricteur amené au ri"* 9'(tout
au plus un centimètre et demi dans le plus grand diamètre); insufflation par
l'un des bouts flottants ; dilatation de l'anse, sans passage de l'air par le bout
opposé. Au n» 8, m'éme rés«iltat. Au n^ 7, le double courant s'établit facile-
ment. La compression de l'anse dilatée ne l'affaisse pas, si je maintiens fermé
le bout d'insufflation, l'autre restant libre; si au contraire, je laisse libre les
deux bouts, l'air s'échappe sous la moindre pression.
Nous avons déjà noté précédemment qu'une anse dilatée dans laquelle on
n'était pas parvenu à établir le double courant, avait enfin présenté ce phéno-
mène par le mouvement de torsion qu'on lui avait imprimé.
Sur d'autres portions d'intestin, les résultats se sont présentés sous un autre
aspect que celui signalé au début de l'expérience. Aux n<>> 8 et 9 du constric-
teur, double courant; aux n°> 10 et 10 1/'2, dilatation assez rapide, double
courant impossible d'abord ; au bout d'une minute, le dégagement se fait sans
trop de difficulté. La même épreuve se répète avec le même succès sur plusieurs
points du tube digestif. En maintenant comprimé le bout d'insufflation, il est en
général plus difficile d'affaisser l'anse que de la distendre par l'insufflation même,
ce qui veut dire que l'air entre plus facilement qu'il ne sort par le bout opposé.
M}'^ Expérience. — Ligature très serrée sur une anse vide, de dix centi-
mètres; injection d'air par l'un des bouts restés libres : impossible de franchir
le pédicule et par conséquent de dilater l'anse. Au bout de cinq minutes, la
dilatation s'opère, mais le bout opposé reste imperméable; le double courant
ne se fait pas. Quelques minutes après cet obstacle lui-même est levé et l'air
circule par les deux bouts.
^7« Expérience. — Une ouverture excessivement étroite, faite aux parois
abdominales elles-mêmes remplace la ligature et le constricteur. Il faut une
insufflation énergique pour faire pénétrer l'air dans le corps de l'anse : le
double courant est impossible. La poire retirée, l'anse reste dilatée au même
degré ; cependant la simple compression l'affaisse bientôt. L'épreuve est reprise
plusieurs fois avec le même résultat. Injectée par l'autre bout, l'anse reste égale-
ment dilatée; mais en reprenant l'insufflation, quelques instants après, l'air
qui, auparavant, n'avait pu franchir le pédicule en un double courant, atteint
bientôt cet effet sans trop de difficulté. Au moyen de la poire introduite par
chaque bout séparément sur la convexité de l'anse, l'insufflation ne parvient en
aucun cas, malgré la répétition de la manœuvre, à faire passer l'air à travers le
pédicule.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. !09
28« Expérience. — L'anse, ici encore, est étranglée par un anneau étroit
pratiqué aux parois de ràbdomen. Distension par Tinsufllation d'un des bouts
flottants, mais double courant impossible. L*anse abandonnée à elle même,
reste distendue comme tantôt; la compression ne raffaisse|>as. toutefois, au
bout de quelques minutes^ en agissant sur le bout inférieur, Tair finit par
disparaître* Linsufflalion par Tautre bout (bout supérieur de l'intestin) pro-
duit presqu*immédiàtement le double courant. Cette circonstance pourrait être
attribuée au temps écoulé entre cette dernière manœuvre et la première,
puisque nous avons vu qu'un pédicule d'abord imperméable, le devient au bout
de très>peu de temps. L'expérience est répétée sur une nouvelle anse passée à
travers une autre ouverture des parois: distension; anse abandonnée à elle-
même restant dilatée : double courant encore iiupossible; par la compression
Taffaissement ne s'obtient pas, quel que soit le bout que l'on comprime.
Go peut aisément juger, d'après ces expériences, de la facilité avec laquelle
l'air et les gaz intestinaux circulent dans les anses étranglées et leurs pédicules.
Nous pourrons dire qu'il sera très-exceptionnel de rencontrer dans la pratique
des étranglements aussi serrés que ceux sur lesquels nous avons expérimenté; et
nous sommes autorisé, dés maintenant, à n'attribuer aux gaz qu'un rôle insi-
gnifiant dans les accidents provoqués par l'étranglement herniaire. Nous
reviendrons sur ce point important un peu plus loin.
. VI
Giroulatîon des liquides dans l'anse hernîéo.
Nous avons déjà vu dans la quatorzième expérience, que les liquides avaient
trouvé issue, à travers le pédicule, Qussi facilement que l'air lui-même. La
vingt-neuvième et la trentième expériences vont nous donner de nouveaux ren-
seignements sur ce point.
Dans la vingt-neuvième, injection d'un liquide contenant de la farine en
suspension. Anneau étroit. Distension de l'anse; impossibilité du passage en
double courant, torsion. Si je tiens fermé le bout d'injection, la compression
de l'anse fait passer le liquide dans l'abdomen par l'autre bout.
Après la mort, même résultat pour l'injection faite par le bout inférieur;
par l'autre bout^ le double courant s'établit d'emblée.
Dans la trentième, résultats analogues : double courant, torsion.
Ces quelques faits suffisent^ donc aussi pour nous montrer la facilité avec
laquelle des liquides plus ou moins épais peuvent traverser le pédicule d'une
anse intestinale fortement étranglée.
Le mouvement de torsion, dans ce cas, semble s'opérer plus aisément que
sous l'influence des gaz.
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no MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
VII
Taxîs direct appliqué sur Taiite herniée.
Quelques uns des détails qui vont suivre ont déjà été indiqués dans les
articles précédents ; nous les remettrons spécialement en vue à propos du taxis.
7« Expérience. — Anneau du diamètre de l'index ; anse très-tendue par les
cris de Tanimal et la compression des parois abdominales : réduction fort
facile.
80 Expérience. — Anneau de deux centimètres et demi de long sur un centi-
mètre de large; anse dilatée avec torsion : réduction facile.
9« Expérience. — Anneau de deux centimètres dans son plus grand dia-
mètre; anse dilatée et légèrement tordue. L'anneau est rétréci par le doigt : la
réduction se fait sans difficulté. Avec un rétrécissement plus considérable, la
réduction a encore lieu et il faut une compression énergique du pédicule pour
rempéchcr.
10« Expérience. — L'anneau a deux centimètres, l'anse est fortement dilatée
par les cris : néanmoins la réduction s'obtient sans résistance.
M* Expérience. — L'anneau admet l'index; l'anse est distendue dans les
efforts : réduction facile.
13« Expérience. — Anneau de deux centimètres et demi, encore rétréci par
le doigt; l'anse se dilate sous la compression des parois : réduction sans trop
d'effort.
H« Expérience. — Orifice de deux centimètres, rétréci par l'extrémité de
Pindex. Anse distendue par la compression énergique de l'abdomen opérée
par deux aides, pendant que mon doigt s'interpose entre le pédicule et l'an-
neau. De l'autre main, j'essaie du taxis, mais je ne parviens pas à refouler les
gaz. Je fais suspendre la compression, tout en maintenant le doigt à l'ouver-
ture : même résultat négatif. Je diminue un peu l'étranglement, et un léger
taxis suffit pour produire l'affaissement de la hernie. D'autres, fois, avec les
mêmes manœuvres, j'arrive à des résultats tout différents, c'est-à dire que
malgré une puissante compressiorf des parois du ventre et le rétrécissement
de l'anneau par le doigt, je fais assez facilement refluer les gaz. Si j'inter-
romps alors le taxis, les gaz reprennent bientôt leur place. Quanta l'anse elle-
même^ il m'était constamment impossible de la réintégrer dans la cavité abdo-
minale; les gaz seuls disparaissaient.
lb« Expérience. — Circonvolution fortement serrée par le constricteur
(degrén<>7); affaissement facile, mais réduction impossible.
17^ Expérience. -Orifice du diamètre de l'index; pédicule d'une anse,
dilatée par des gaz, comprimé par le doigt. Aplatissement énergique de l'ab-
domen : affaissement facile de l'anse sous les doigts; réduction impossible.
18« Expérience. — Mêmes résultats que dans la précédente. Dans un cas, il
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MEMOIRES ET OBSERVATIONS. 1H
semblerait que la rentrée du viscère eût pu être favorisée par le rétrécisse-
ment spasmodique d'une partie du cylindre intestinal : il n'en a pourtant
rien été.
24* Expérience. — A gauche, ouverture très-étroite n'acceptant que la
pulpe du doigt; de l'autre côté anneau un peu plus large, recevant Textrémité
de l'index. Des doux côtés, les anses, qui ont été attirées au dehors^ sont un peu
tendues et paraissent coutenir des gaz Je les recouvrede la peau dont j'affronte
les lèvres par une suture en surjet. Examen quarante-huit heures après. A
gauche, réduction impossible, sans dilatation. A droite cette dilatation est
impossible pour la rentrée de l'intestin, ces deux hernies avaient conservé le
volume et la tension qu'elles présentaient au début de l'expérience. Lorsqu'elles
avaient été amenées, il y avait eu, immédiatement après leur sortie, une diffé-
rence considérable entre leurs dimensions et celles qu'elles avaient dû affecter
en traversant cette sorte de fliière d'un diamètre aussi réduit.
^C}"" Expérience. — Les anneaux n'ont que la largeur du doigt. Deux anses
sont maintenues sous la peau comme précédemment; l'une est coiffée d'une
enveloppe épiploïque, l'autre est une entéro-épiplocèle ordinaire. Dans celle-
ci, l'anse est augmentée de volume; la réduction est impossible, mais après
dilatation dn l'anneau elle s'opère, quoiqu'encore difficilement. Quant à l'autre,
malgré son enveloppe, la rentrée du viscère, s'y fait avec moins d'effort, tou-
jours après dilatation.
27* Expérience. — Les orifices sont un peu plus larges que ceux de la précé-
dente expérience, quoiqu'ils soient encore bien étroits. A droite entérocèle; à
gauche enléro-épiplocèle.
Examen deux jours et demi après l'ouverture de l'abdomen. A gauche, l'anse
est rentrée spontanément. Une anse, pas.sée à travers une ouverture étroite
des parois et distendue par insufflation, s'affaisse sous mes doigts, mais ne se
réduit pas.
â8« Expérience, — Une circonvolution amenée à travers un anneau d'une
étroitesse extrême est dilatée par insufflation; abandonnée à elle-même, elle
conserve sa distension. Malgré l'exiguilé de l'orifice, elle se vide encore,
quoique difficilement, sous la pression des doigts ; la réduction en est
impossible.
29« Expérience. — Même manœuvre que dans la vingt-huitième, seulement,
au lieu d'air, jinjecte de l'eau tenant de la farine en suspension. Anneau très-
étroit n'admettant que la pulpe de l'index : affaissement de l'anse sous les
doigts et réduction assez facile.
ôi}^ Expérience, — Même procédé que dans la précédente. Anneau de même
diamètre : réduction.
Concluons, de l'ensemble de tous ces faits qu'une dilatation considérable par
des gaz ou des liquides, d'une anse intestinale étranglée n'apporte pas un
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112 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
obstacle sérieux à la réduclion de la hernie et qa*il faut bien chercher aillears
la cause réelle de l'irréductibilité.
VIII
Des vomiftements déterminés par la ooiistrîotîon.
Nous pouvons dire qu'en généra] des vomissements ont eu lieu pendant les
manœuvres auxquelles ces animaux étaient soumis; mais nous n'avons tenu
note du phénomène que dans dix de nos expériences.
Dans la onzième, malgré la conslriclion énergique et répétée de Tanse intes-
tinale, ce n*est qu'à la fin de l'expérience que les vomissements survinrent.
Dans la seizième, ils ont lieu, au début, lors de la ligature également très-
serrée de la première anse.
Dans la dix-septième, vomissement au moment de la compression du pédi-
cule contre l'anneau, avant toute ligature.
Dans la dix-huitième, la seule introduction du doigt dans la cavité abdominale
pour dégager les anses suffit pour les produire.
Dans la vingt-troisième, vomissements déterminés par la manœuvre consis-
tant à attirer Tintestin et à former hernie; même effet lors de l'examen des
tumeurs trois jours après.
Dans la vingt-cinquième, hernie passant à travers une ouverture très-étroite
des parois abdominales; vomissements continuels à partir de ce moment.
Dans l'a vingt-neuvième, vomissements au moment des injections de liquide
et non lors du passage de l'intestin à travers l'étroite filière qu'il doit franchir.
Enfin, dans la trentième., ils se produisent au contraire à cet instant même
et l'injection ne les provoque pas.
Jobert(deLambalie)(l) qui avaitéludié expérimentalement Tinfluence d'une
ligature sur une anse intestinale pour la production plus ou moins rapide des
' vomissements, avait formulé comme suit les résultats des neuf expériences,
faites dans ce but : t l'intestin peu serré détermine des vomissements plus
fréquents et plus répétés que lorsqu'il l'est beaucoup, parce que le lien est un
excitant pour les contractions de la musculeuse. » Précédemment, il avait dit,
« que dans un étranglement violent, les vomissements ne surviennent pas
aussi promptement que dans l'étranglement qui n'occupe qu'une portion de
circonvolution ou qui ne serre que faiblement », p. 39.
Ce principe est confirmé par cinq de nos expériences (i1«, 17% 18«, 23« et
29«) et combattu par les autres. 11 n'y aurait donc rien de positif ni de régulier
dans ce fait et les vomissements en eux-mêmes, quelle que soit d'ailleurs leur
violence et leur fréquence ne peuvent rien nous apprendre .relativement au
degré de l'étranglement. Il n'y a pas bien longtemps que j'ai été appelé à
(1) Jobert (de Lamballe). Traité théor, et prat. des mal. chit, du canal intest* Paris,
4829, t. Il, p. 47.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 415
donner mes soins à une femme chez qui une hernie crurale venait de s'étran*
gler subitement. Cet accident avait produit une vive douleur et déterminé tout
aussitôt de fréquents vomissements^ le ^taxis avait été impuissant et on venait
de porter la patiente sur une table pour l'opérer, quand ce seul changement
de position suffit pour faire rentrer la hernie. Très certainement, s'il y avait
eu là uneconstriction bien énergique, cette simple circonstance n'eût pas amené
la réduction. Par contre, chez une femme à qui je pratiquai la kélotomie l'an
dernier, l'étranglement était des plus serrés au niveau de l'anneau crural
naturel et pourtant les vomissements ne s'étaient produits que le lendemain
du début des accidents. L'anneau était trop étroit pour qu'on pût supposer que
la cooslriction, légère d'abord, eût pu acquérir toute sa puissance par le gon-
fleaient inflammatoire ou autre de la hernie. Voilà sans doute deux observa-
tions qui semblent donner droit à Jobert, mais en voici une troisième où sa
proposition tombe à faux. Chez une autre de nos opérées fanneau crural était
très énergiquement appliqué sur le pédicule de la hernie et ne présentait qu'un
diamètre fort réduit; néanmoins des vomissements répétés avaient marqué le
début de la crise. L'expérimentation et la clinique sont donc d'accord pour
nous engager à user de la plus grande circonspection, quand il s'agit d'appré-
cier la valeur du symptôme vomissement dans la hernie étranglée.
(La suite au prochain numéro.)
Causerie médicale. — Dermatose gangreneuse scorbutique survenue aux mains
DANS DE singulières CIRCONSTANCES. — RÉFLEXIONS ET CITATIONS DIVERSES AU
SUJET DE CE cas; par le docteur Liégey, membre honoraire de la Société, à
Chotsy-leRoi {Seine), {Suite et fin. — Voir notre cahier de juillet, page 26.)
Obs. IX. — En plusieurs endroits du même journal, notamment dans le
« Mémoire sur la constitution médicale », comme aussi dans d'autres recueils
périodiques, particulièrement la Gazette médicale de Strasbourg (Cas remar-
quable de névropathie-^amaurose et ophthalmorrhagie par cause névralgique
scorbutique, 1858), il est parlé d'une jeune fille hystérique, qui offrit succes-
sivement/ à plusieurs reprises et pend.ant des années, au milieu d'accidents
nerveux bizarres, des hémorrhagies par presque toutes les voies; qui offrit
même, comme l'indique ce titre, un écoulement de sang par les paupières,
écoulement de sang toujours précédé d'un accès de névralgie de la région
oculaire. Eh bien, cette jeune fille, devenue maintenant et depuis longtemps
déjà, femme bien portante et mère de famille, offrit aussi, à une certaine
période de sa maladie, de nombreuses et larges taches ecchymotiques sur
diverses parties du corps.
Obs. X. — De semblables mais moins nombreuses taches me furent pré-
sentées également, vers la même époque, par une autre jeune fille hystérique,
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114 WÉMOIHES ET OBSERVATIONS.
chioro-anèmique, voisine de la précédente et dont Tohâervation se trouve aussi
dans le journal de la Société belge. Cest cette étrange créature qui, dans ses
attaques hystero-épileptiques, faisait ^entendre un bruit semblable au grogne-
ment du porc.
OfiS. XI. — Chez deux des malades dont j'ai parlé tout à l'heure, c'est-à-dire
chez ceux qui ont succombé après avoir offert du sucre dans Vufine, il y avait
aussi des taches ecchymoliques, el Texislence de ces taches jointes au mauvais
état des gencives, m'avait fait regarder ces malades comme scorbutiques.
La crainte d'être trop long m'empêche de citer encore d'autres faits de ce
genre. Ceux que je viens de donner suffisent, d'ailleurs, pour montrer que,
en effet, j'ai rencontré les maculatures sanguines dans des circonstances va-
riées.
Je crois que chez D..., outre la diathèse scorbutique, il existait et il existe
encore une diathèse herpétique. La mère était herpétique, et, comme je Tai
dit au commencement de ce travail, il était devenu sujet à éprouver au prin-
temps, de Teczéma aux oreilles et du prurit sur diverses parties du corps.
Je crois aussi que l'élément herpétique a précédé Télémcnl scorbutique ou
purpurique, qui semble remonter au siège de Paris par- les Prussiens.
D..., qui a fait le service des remparts et qui, comme tant d'autres, outre des
fatigues excessives, a souffert du froid^ des veilles, de la faim et a mangé les
aliments les plus malsains, eut aussi de pénibles émotions morales, parmi
lesquelles la crainte d'être tué par les bombes et les obus qui, maintes> fois,
éclatèrent à ses côtés. Son système nerveux en a tellement été ébranlé, telle-
ment modiOé, que cet homme, peu impressionnable auparavant, ne peut plus,
dit-il, depuis lors, entendre un bruit un peu fort sans tressaillir ou éprouver
une sorte de tremblement. Avant ce siège, il n'avait déjà plus la denture saine ;
mais, depuis, elle est devenue beaucoup plus malade. Ses forces aussi ont décru
sensiblement, bien qu'il eût conservé l'appétit jusque dans sa maladie et que
ses fonctions digestives continuassent à s'exercer d'une manière à peu près
normale.
Tant avant qu'après les petites lésions traumatiques faites par les lapins,
diverses autres circonstances ont agi dans le sen^ de la double diathèse. Quand
ces lésions eurent lieu^ D... était encore sous l'influence d'une très grande
fatigue résultant de la récolte des pommes de terre; et, après ces lésions, non-
seulement il se remit à travailler, mais, bientôt, à Etampes, il subit une réunion
d'influences nocives pour l'état général et l'état local : jeu d'un instrument
fatigant, deux nuits consécutives dans l'atmosphère brûlante et malsaine d'un
bal public; refroidissement au sortir de ce bal ; refroidissement aussi dans la
journée, pluie froide sur les mains, etc.
En feuilletant les Ephémérides des Curieux de la nature, dont il me reste
deux volumes, je lis : qu'un jeune homme, pour avoir immergé ses mains
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 115
dans de l'eau froide, étant en sueur, avait été frappé promplemenl de gangrène
à ces extrémités.
Le refroidissement local était donc déjà suffisant pour nuire aux mains de
D..., atteintes d*érylhème phlycténoïde, mais encore à Tétai simple. Mais de
plus, si on envisage le froid comme s'exerçant sur toute la personne dans la
situation où se trouvait cet homme, on s'explique aisément que la dia^hése
scorbutique n'ait pas tardé à faire explosion.
Récemment, à TAcadémie de médecine de Paris, de savantes discussions
ont eu lieu sur Tétiologie du scorbut. S'il est permis, à moi chétif, d'exprimer
une opinion en celte matière, je dirai que celte maladie ou le purpura derma-
tosique hémorrhagique, peut résulter de tout ce qui trouble le système nerveux
et appauvrit le sang, quand, surtout existe déjà une constitution médicale
atonique et nervosique, comme celle qui, depuis longtemps, domine à peu près
partout, je crois. Je n'ai nullement le mérite de la priorité pour cette opinion.
A l'article Etiologie de la péliose, Alibert s'exprime aiiUi : c Les causes
^évidentes et extérieures sont tout ce qui affaiblit le corps et le système général
des forces : la paresse ou des occupations sédentaires dans les lieux bas et
humides, peuvent contribuer à la faire naître. L'habitation prolongée dans
l'intérieur des prisons, des hôpitaux, des vaisseaux, où l'air n'est pas renouvelé,
les travaux pénibles et opiniâtres, les veilles, les sollicitudes, la tristesse, la
pauvreté, toutes tes impressions débilitantes, telles sont les sources funestes de
cette singulière maladie, qui mérite nos méditations et nos recherches. »
5° De la marche des phlyctènes gangreneuses. Ce que je crois le plus inté-
ressant, surtout au point de vue thérapeutique, dans ce cas particulier, c'est la
marche^ l'extension intermittente, à une certaine période, de ces phlyctènes.
Celte marche, évidemment, comme je l'ai dit, était sous la dépendance d'accès
nerveux fébriles périodiques. En effet, le malade, homme intelligent, observa
lui-même ce qui suit ; Quelques jours de suite, à partir de la même heure
à peu près de l'après-midi, il se produisait, bien qu'il fût resté au lit et dans
une pièce plutôt chaude que froide, d'abord un sentiment de froid général,
puis une chaleur générale avec agitation fébrile, douleur, sentiment de brûlure
et hypéresthésie, non-seulement au dos des mains, mais même aussi sur des
points variables des jambes, avant même qu'il s'y montrât aucune tache. C'était
surtout alors que le malade était obligé d'avoir les mains hors du lit^ parce
qu*il ne pouvait supporter ni la moindre couverture ni la chaleur. Le paroxysme
fébrile et les douleurs faisaient véritablement sur l'érytlième phlycténoïde Teffet
d'un coup de soufflet; car, bientôt, D... remarquait une nouvelle extension
de la rougeur el des ampoules, qui restaient ensuite slationnaires jusqu'à un
nouvel accès. Ce qui, au besoin, prouverait que cette marche progressive était
réellement sous la dépendance des accès nerveux fébriles, c'est que ce ne fut
qu'à partir de la médication quinique, employée comme tonique et antipério-
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110 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
dique, que cette marche se suspendît, pour faire bientôt place à la tendance
progressive et rapide vers la guérison : une légère suppuration de bonne nature,
et la dessiccation des phlyctènes, après lesquelles persistèrent encore pendant
quelque temps, les taches hématiques, même passagèrement accrues et accom-
pagnées d*une éruption her|)étique devenue crise.
En- recherchant dans les restes de ma bibliothèque ce qui pouvait s'y trouver
de relatif à la gangrène, je lis ceci dans \e Dictionnaire de médecine^ en 21 vo-
lumes : t Nous avons vu^ sur un homme adulte, très robuste, la gangrène des
téguments d'une jambe, précédée d*une inflammation très-faible, se manifester
pendant un accès de fièvre intermittente; cette grangrène fit des progrès très-
rapides pendant Taccès suivant, et ce fut seulement alors que sa véritable cause
fut connue. L'administration du quinquina à haute dose à Tintérieur et à
Textérieur, rendit le troisième accès beaucoup plus faible; son emploi conti-
nué arrêta complètement la gangrène et fit cesser la fièvre pernicieuse, dont
elle était un des symptômes les plus graves. » (Tome X, page 52, 1824, Mar-
jolin.)
Je ne sais pas si des faits du genre de celui que je viens de citer étaient
rares autrefois; mais je me crois fondé à penser qu'ils ne sont peut-être pas
rares de nos jours, où la périodicité et la perniciosité ne se rencontrent pas
seulement dans les pays marécageux, mais se voient, comme expressions des
fièvres larvées, à masques divers, partout, pour ainsi dire, avec une fréquence
beaucoup plus grande qu'on ne le pense généralement. Par un grand nombre
de cas, dont la plupart ont été publiés dans le journal de Bruxelles, j*ai montré
la ptiissante intervention de ces fièvres qui, non-seulement^ peuvent rendre
promptement mortelles ou plus rapidement mortelles des affections déjà d'une
haute gravité par elles-mêmes, mais donner aussi une gravité plus ou moins
grande à des affections essentiellement bénignes. Si je les ai vues souvent, par
exemple, imprimer la marche galopante à la phthisie pulmonaire, au cancer;
si je les ai vues aussi imprimer leur cachet accélérant à la gangrène chez plus
d'un malade, je les ai vues encore activer, accroître, faire dégénérer des engor-
gements, des dermatoses, etc., de nature bénigne.
Obs. XIL — Voici un cas observé à Ghoisy en 1870^ où se montra, d'une
manière manifeste^ cette intervention dans une affection eczémateuse.
Un jour de janvier, un monsieur de 58 ans, habituellement bien portant,
nouvellement habitant de Ghoisy, se fit, en se grattant le cou-de-pied gauche^
où il éprouvait des démangeaisons par l'effet de bas de laine neufs et rudes,
une petite excoriation, ce qui ne l'empêcha pas de remettre ces bas et de faire,
le lendemain, comme les jours précédents, une assez longue course à pied. Le
jour suivant, sentant un peu de chaleur et voyant une légère rougeur à l'endroit
de l'excoriation, il mit des bas plus doux, mais ne se priva point de sortir, et
il fit de même le lendemain. Mais, dans ta soirée de ce dernier jour, en ren-
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. iI7
Iraiit chez lui^ force lui fut de quitter promptement son soulier pour mettre
uoe large pantoufle, parce qu'il éprouvait, avec une sensation de chaleur pro-
noncée, une véritable douleur au cou-de-pied ; en même temps, il éprouvait
aussi uu malaise général, une sensation de froid, bien que l'appartement fût
chaud, et de la céphalalgie. En se déchaussant pour se coucher, il s'aperçut
que le bas adhérait à la peau et, après avoir ôté ce bas, il vit qu'une petite
phlyctène,' entourée d'un cercle rouge prononcé» s'était déchirée. Il eut, la
nuit, des douleurs assez vives, qu'exaspérait le poids des couverture. Le len-
demain, nouvelle phlyctène concentrique à la première, extension du cercle
rouge et tuméfaction sensible du cou-de-pied, dont Thypéresthésie s'étend bien
ao delà de la rougeur et permet à peine de supporter une légère compresse.
H serait beaucoup trop long de décrire jour par jour, de montrer avec détails
cette affection qui a été de longue durée, et pour ne pas trop fatiguer le lec-
teur^ je n'en esquisserai que tes principaux traits : Le malade ne tarda pas à
être obligé de garder le lit ou de se tenir dans un fauteuil, le membre placé
horizontalement ou même élevé sur un coussin, parce que, dès qu'il posait le
pied par terre, l'enflure augmentait sensiblement. De jour, les douleurs étaient
supportables, le malade n'avait même parfois qu'un sentiment modéré de cha-
leur et un peu de prurit ; mais la nuit, à partir de cinq ou six heures, et sans
cause déterminante connue, la chaleur et le prurit augmentaient graduellement
en même temps que le malade devenait brûlant, après avoir éprouvé quelque-
fois an peu de frisson ou seulement un sentiment de froid loralisé au pied et
à la jambe; puis, bientôt à ces phénomènes se joignaient de vifs élancements
seulement dermatosiques,'mais avec, de temps en temps, une sorte de crampe
du pied et de sourdes douleurs dans l'articulation (douleurs rhumatoïdes). Cet
état durait jusque vers onze heures ou minuit ; puis les douh'urs^ le prurit,
la chaleur locale et l'agitation générale allant en diminuant jusqu'au jour, le
malade finissait par goûter un sommeil intermittent. Chose bien digne de
remarque, mais qui n'avait pas lieu de m'étonner puisque je l'avais observée
chez bien d'autres malades^ à la suite des crises névralgiques, non-seulement
le cercle rouge et l'enflure étaient plus prononcés, mais la phlyctène était
plus étendue, plus soulevée après qu'avant les accès. Au centre de la lésion
existait une escharre arrondie, sèche, d'un gris brunâtre, qui, d'ubord de
l'étendue d'une pièce de cinquante centimes seulement, arriva graduellement
au diamètre d'une pièce de cinq francs en argent. Cette escharre, très-adhérente,
à laquelle je ne crus pas devoir toucher, existait encore lorsque Tépiderme du
pourtour, qui s'était desquammé, fut entièrement renouvelé, et elle se souleva
graduellement, lentement, pour laisser à sa place une peau longtemps rouge
et hypéresthésiée, mais ferme. Il s'écoula, à partir dû début de l'affection, au
moins deux mois avant que le malade pût se chausser convenablement; mais
de cette affection qui, comme je Tai constaté, ne s^ rattachait ni à la glyco-
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H 8 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
surie, ni à Talbuininurie, il n*e$t absolument rien resté que le souvenir au
malade, peut-être un peu herpétique, qui a repris une vie très-active pour son
âge. Deux choses contribuèrent sensiblement à retarder la guérison. Un jour
qu'un mieux prononcé et prolongé existait, le malade s'assit à table avec sa
famille pour prendre son repas; mais, en voulant poser sa jambe sur une
chaise, il heurta la partie douloureuse contre un des pieds anguleux de cette
table, ce qui lui causa une atroce douleur et lui fit perdre en grande partie le
terrain qu'il avait gagné. Un autre jour, se croyant plus avancé encore, il pro-
fita d'une belle journée de février pour aller au jardin, qui n'est qu'à un pas
de la pièce du rez-dechaussée qu'il occupait. Il s'y assit et posa, sur un banc
au soleil, chaussé seulement d'une large pantoufle, le pied malade, dont la partie
dorsale n'était couverte que d'une simple compresse de linge fin. Presque à
l'instant, sentiment de tension, de formication. de brûlure, vifs élancements,
retour du gonflement prononcé de la partie où le cercle érythémateux est de-
venu rouge pourpre, phénomènes qui forcèrent ce monsieur à regagner le lit,
ce qu'il fit très-péniblement. En songeant à cette action d'un soleil qui n'était
certes pas encore bien chaud, je me disais qu'elle avait été^ sans doute, singu-
lièrement accrue, par la réceptivité exagérée, l'extrême impressionnabilité de
la partie, et je comprenais mieux que jamais l'influence du soleil de printemps
dans la production de certaines dermatoses qui ont lieu si facilement à cette
époque chez certaines personnes. Une troisième cause qui eut aus^i une
influence nocive, mais moins prononcée et plus passagère, ce fut un orage,
lequel eut lieu un jour de ce mois de février, dans l'après raidi. On sait que les
orages ont une action marquée sur les maladies nerveuses et, pour ma part,
j'ai parlé de névralgies, de pyroxies dans lesquelles des accès graves avaient été
déterminés par cette cause; j'ai même parlé d'une femme atteinte d'une fièvre
pernicieuse à forme pleuro-pneumonîque, dont un orage avait évidemment hâté
la mort. Pour en revenir à notre malale, je dirai ce qui suit : Je ne l'ai point
mis à la diète; parfois seulement J'ai été obligé de diminuer sa nourriture
à cause de la diminution de Tappétit, lequel ne lui a jamais fait antérieure-
ment défaut. Celui des moyens locaux qui a paru le mieux convenir, a été une
substance alcoolique (le kirsch). D'après ce que j'avais remarqué antérieure-
ment, chez d'autres malades atteints d'érythème ou d'eczéma phlycténoïde,
je me suis bien gardé de conseiller aucun corps gras. En tête du petit nombre
de médicaments internes j'ai dû mettre les préparations de quinquina (quin-
quina et sulfate de quinine). Ce sont elles, vraiment, qui ont arrêté la marche
envahissante de l'affection eczémateuse, en mettant fin aux accès de fièvre
névralgique qui agissaient sur la dermatose comme un soufflet sur le feu.
(Extrait d'un long article intitulé : Note relative à diverses formes d'érythème
et principalement à Véry thème phlycténoïde névralgique ou érytème phlycté-
noïde à quinquina; Courrier médical de Paris, 1870).
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MEMOIRES ET OBSERVATIONS. H9
On le voit, à part une gravité plus grande chez D..., le cas que je viens de
citer a beaucoup de rapports avec celui de cet homme.
Chez l'un et l'autre malades, Térythème phlycténoïde s'est produit à l'occa-
sion d'une très-petite cause traumatique, sous l'influence, en partie du moins,
d'une constitution médicale dermatosique régnante. Ainsi que je l'ai dit eh
terminant l'article sus-indiqué, les dermatoses eczémateuses exanthémateuses
(érythème, érysipèle, variole, etc.), régnaient cii effet à cette époque, à Ghoisy^
comme, du reste, dans plusieurs hôpitaux de Paris, ainsi que j'ai pu en juger .
de visu, La vaccination» par exemple, était souvent l'occasion de véritables
érysipèles des bras.
Chez l'un comme chez l'autre, l'action du soleil sur la partie malade eut
une influence nuisible. C^était surtout le souvenir de celte influence chez le
malade de 1870 qui m'avait fait recommander à celui de 1874 d'éviter cette
action du soleil.
Chez l'un comme chez l'autre, les accès nerveux fébriles avaient une action
marquée sur la marche intermittente et envahissante de la dermatose. Nul
doute, pour moi, que si le premier eût été dans les mêmes conditions hygié-
niques et diathésiques que le second, il eût pu, comme celui ci, voir sa derma-
tose prendre aussi le caractère gangreneux.
Chez Tun comme chez l'autre, la cessation des accès de lièvre et des effets
matériels qui en résultaient furent dus principalement, sinon entièrement, à la
médication quinique.
Que l'on veuille bien me permettre d'ajouter sommairement deux cas iné-
dits, dont l'un, ancien, observé en Lorraine, et l'autre^ assez récent, recueilli
àClioisy-le-Roi.
Obs. XIII. —En 1865, dans un village des Vosges, tous les membres d'une
famille composée du père, de la mère et de trois enfants, furent atteints en
même temps de ce prurigo général, souvent épidémique dans cette contrée et
dont il m'est arrivé de parler dans le Journal de Bruxelles, la Gazette médicale
de Strasbourg et ailieiM*s encore. Ce prurigo, pris pour la gale et traité au
moyen de je ne sais quelle pommade de bonne-femme, se dissipa plus ou moins
complètement et assez rapidement chez tons; mais, bientôt, tous aussi eurent
d'autres accidents. Je ne veux parler ici que de ce qu'a offert le père, homme
d'une quarantaine d'années, assez fortement constitué et habituellement bien
portant, chez qui s'était dissipé le plus complètement l'éruption prurigineuse.
Il ne tarda pas à avoir, dans les mâchoires, des douleurs névralgiques reve-
nant par accès ; puis, se montra à la nuque un bouton que Ton regarda comme
un furoncle. Il s'accrut rapidement, tout en devenant de plus en plus doulou-
reux, en même temps que des douleurs semblables à celles qui -s'étaient pro-
duites aux mâchoires étaient venues siéger à la région occipito-cervicale. Quand
je fus demandé auprès de cet homme, je constatai l'existence d'un anthrax
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120 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
très-volumineux, bosselé, bleuâtre et dur partout, si ce n*est en un point,
où je sentis un peu de fluctuation. Je fis en ce point une incision qui
ne donna issue qu*à un peu de pus séreux mêlé de sang. Aucun soulagement
ne s'en suivit et^ le lendemain même, je me proposais d*agir plus énergique-
ment, quand, interrogé sur le type de ses douleurs et du mouvement fébrile
qui les accompagnait, le malade me dit que, supportables pendant une grande
partie de la journée, c'était vers la même heure de la soirée qu'elles redeve-
naient atroces et qu'en même temps il avait beaucoup de fièvre. Je n'employai
alors aucun moyen local et me bornai à faire prendre \e sulfate de quinine uni
au quinquina dans le café noir. Dès le premier jour qui suivit le commence-
ment de ce traitement, les douleurs occipjto-cervicales, et, notamment, celles
de la tumeur, furent moins vives. Au bout d'un petit nombre de jours elles
n'existaient plus guère que dans celte tumeur même, où elles ne tardèrent
même pas à être remplacées par des douleurs semblables à celles d'un abcès
en voie de formation. La tumeur suppura en effet tout en prenant un aspect
meilleur, et le malade, dont la fièvre aussi avait changé de nature, ne fut pas
longtemps sans être guéri. Je crois pouvoir qualifier d'anthrax névralgique ce
cas, que je viens de raconter de souvenir^ parce que son histoire détaillée a
disparu dans le cataclysme de la guerre.
Obs. XIV. — Au commencement de janvier 1875, à Ghoisy-le-Roi^ un
monsieur de 60 ans, non diabétique, habituellement bien portant, mais très-
nerveux et qui avait eu des manifestations herpétiques, s'était fait venir,
autour du cou, une éruption au moyen de l'emplâtre thapsia pour remédier à
un commencement d'angine catarrhate bénigne, bientôt, en effet, dissipée,
quand, étant sorti au milieu de la nuit par un temps froid et pluvieux, il eut le
cou mouillé, la nuque particulièrement. Rentré bientôt chez lui, il fut quelque
temps sans pouvoir se réchauffer dans son lit. L'angine ne revint pas ; mais,
le lendemain, l'éruption était dissipée, excepté à la nuque où deux ou trois
petits boutons causaient un prurit plus vif qu'antérieurement, ce qui fit que
ce monsieur ne put s'empêcher de se gratter. Un de. ces boutons prit bientôt
les proportions d'un furoncle, et comme il ne tarda pas à être le siège d'élan-
cements, de sentiment de battements, on crut qu'il mûrissait. Mais il n'en était
rien : la petite tumeur conique, surmontée d'une petite vésicule jaunâtre s'ou-
vrant et se reformant après avoir donné issue à unpeu de sérosité trouble, cette
petite tumeur, tantôt très-saillante, tantôt déprimée à son centre, reposait sur
une base d'une grande dureté et qui prenait un accroissement progressif et
rapide, tout en étant intermittent. Les douleurs subissaient les mêmes fluctua-
tions : tantôt, en effet, elles étaient faibles et semblables à celles que causent
un furoncle bénin ; tantôt, au contraire, elles devenaient insupportables.
Au bout de quelques jours de cet état variablei et après avoir employé divers
moyens locaux, j'eus l'idée, un matin, au déclin d'un paroxysme, ayant com-
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. i'2i
mencédans la nuit, de badigeonner la nuque avec le collodion riciné, enduit
imperméable souvent appliqué, depuis quelques années, comme Ton sait, sur
diverses inflammations, divers engorgements, et dont Tapplication sur l'abdo-
men dans plusieurs circonstances différentes m*a rendu de grands services.
Chez le malade en question, il fit merveille, pour un certain nombres d'heures
toutefois.
Après le sentiment de froid local résultant de Tévaporation de Téther,
vint un sentiment de compression supportable, bientôt accompagné de la dis-
parition complète des douleurs, en même temps que Tengorgement dur qui
servait de base au furoncle diminuait à tel point que, au bout de peu d'heures,
il avait perdu plus de la moitié de. son volume. La partie habituellement plus
ou moins hypéresthésiée, supportait alors une forte pression des doigts et le
malade pouvait relever la léte, que, auparavant, il était obligé de tenir plus ou
moins baissée. N*ayant pas encore été aussi bien, il se coucha en souriant à
ridée d'une toute prochaine et complète guérison et s'endormit. Mais, vers le
milieu de la nuit, il fut brusquement réveillé par des douleurs au côté gauche
du cou, douleurs qu'il n'avait pas encore éprouvées, qui s'étendaient jusqu'à la
clavicule et s'accompagnaient d'une sorte de crampe, de tétanie, entraînant
l'ioclinaison de la télé de ce côté. En même temps eut lieu, à Tendroil
de la tumeur, un sentiment de conslriction tellement insupportable, que, dès
le matin, il fallut lever cette espèce d'étranglement en enlevant le plus possible
cet enduit Assuré en certains points par la nouvelle augmentation de volume de
la tumeur, redevenue excessivement sensible au loucher et qui offrait une nou-
velle vésicule à côté du point qu!avait occupé la première. Il était, alors, bien
évident qu'il fallait renoncer aussi a ce moyen local et recourir à la médica-
tion anti-périodique. Au milieu de la journée le malade, considérablement sou-
lagé, mais qui était moins bien^ cependant que la veille à pareille heure, prit,
dans le café noir, un mélange de sulfate de quinine (dO centigrammes) et de
quinquina (4 grammes). La nuil suivante fut moins mauvaise que la précédente;
les douleurs s'étaient reportées et conGnées de nouveau dans la tumeur un peu
diminuée. La continuation du même et unique traitement pendant six jours,
amena la continuation de la décroissance des paroxysmes ou accès, qui cepen-
dant n'avaient pas toujours lieu la nuit, et de la tumeur laquelle, au bout de
huit jours, avait de nouveau l'aspect d'un simple fuconcle^ mais à sa période
de guérison. Alors, au lieu d'une chaleur nocturne sèche, le malade avait, la
nuit, une bonne moiteur, une moiteur critique.
Outre la périodicité du trouble nerveux fébrile entraînant, comme dans les
cas précédents, et comme particulièrement dans celui de D..., l'augmentation
de la lésion matérielle, avec tendance à la dégénérescence de celle-ci, il y a
dans ce dernier cas, comme point saillant, la manière dont a agi le collodion
rteiné. Après avoir paru trèS'Utile, il a été manifestement nuisible : il a pro-
16
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i -n M ÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
duit une sorte de métastase nerveuse en empêchant en partie la manifestation
morbide périodique sur le point habituel. Je me crois en droit de penser que,
si j*en eusse continué exclusivement l'usage, les accidents névralgiques tétani-
formes, relativement légers, il est vrai, auraient, non-seulement continué, mais
pu aussi devenir graves, comme je me crois également en droit de penser que,
sans la médication anti périodique, le furoncle aurait pu aboutira un anthrax
malin.
Je voudrais encore envisager le cas de D... sous d'autres points de vue; mais
mon article a déjà pris des proportions que y, ne voulais pas lui donner
d'abord.
Un mot encore, cependant, pour finir cet article :
C'est l'extrait d'une note que, en i875, dans la séance du 3 avril, sous le
titre : De la perniciosilé à Paris^ j'ai lue à la' Société de médecine pratique, et
quia été publiée la même année dans le Bulletin de cette Société et dans le
Courrier médical :
« Plusieurs de nos confrères de Paris semblent étonnés que j'observe la per-
niciosité à Ghoisy-le Roi, qui n'est qu'à 10 kilomètres de la capitale. A mon
tour, je suis étonné aussi que ces honorables et savants praticiens ne rencon-
trent pas, dans cette grande ville, cet élément qui, pourtant, n'y est pas rare,
chose que suffirait à montrer une lettre, en date du 29 octobre 1871, dont m'a
honoré un des plus vénérables et des plus savants médecins de Paris. Voici un
extrait de cette lettre (elle est de Guérard, membrede l'Académie de médecine,
mort en 1874), et qui était aussi président de la Société de médecine légale, à
laquelle j'ai également l'honneur d'appartenir comme correspondant :
c C'est dans l'automne de 1832, que j'ai eu, pour la première fois, occasion
d'observer, à Paris, la fièvre intermittente. Je venais de m*installer dansun nou-
veau logement, et là, je fus atteint de cette fièvre. Les accès se reproduisirent
fréquemment pendant tout le temps que j'occupai ce logement, c'est-à-dire six
ans. Je constatai, dans la même maison, à différents étages, le développement
d'âccès périodiques plus ou moins tranchés, et, dans un cas, une fièvre perni-
cieuse qui enleva le malade en trois jours environ. Mon attention étant fixée
sur cette fréquence des fièvres d'accès à Paris, je me trouvai d'autant plus sou-
vent à même de les reconnaître, qu'elles se montrent le plus ordinairement
sous forme larvée, et que je les redoute toujours.
Le sulfate de quinine en a fait toujours justice. Dès lors, je professai celte
doctrine de la fréquence des fièvres intermittentes à Paris, tant à ma clinique
d'hôpital que dans diverses discussions privées. En 1847, à la fin de mai, je
fu&subitement atteint d'une fièvre pernicieuse pneumonique qui mit mes jours
en danger. Mais, comme j'avalai de suite un gramme de sulfate de quinine, la
maladie fut enrayée dans sa marche et j'en fus quitte pour un état typhoïde
des plus gravfs.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 123
Ost à pHrlir de cette maladie^ que j'en vins A reconnoilre et à poser en
principe que la forme dite grave d'une foule de maladies locales ou générales
est due à une complication de ces mêmes maladies avec une Oèvreà quinquina^
qui, d'ailleurs, peut se manifester sans lésion locale ^t amener promptemenl
une terminaison funeste.
J'ai lu, à l'Académie de médecine en 186î>, sur ce sujet, une note détaillée.
Dix-huit ans auparavant, des notes recueillies à mon service par Rognetla, et
relatives au même sujet, avaient paru dans \es Annales de thérapeutique médi-
cale^ chirurgicale et de toxicologie. J'ajouterai que Mongellaz, bien avant moi,
dans sa monographie des irritations intermittentes, avait parlé de faits de cet
ordre à Paris. »
J'ai fait suivre cet extrait, cette lettre de mon savant et regretté maître, je
l'ai fait suivre de ceci :
« A ma connaissance^ d'autres médecins de Paris, parmi lesquels j'indiquerai
le regretté Marcha) (de Gaivi), MM. de Robert de Lalour, Carrière, Briquet et
Arsène Drouet (l'auteur de la doctrine de l'emploi du collodion riciné sur l'ab-
domen comme agent de recalorification et de sudation générales) ont aussi ren-
contré la perniciosité. Ce dernier, en i871, en me faisant voir, dans son quar-
tier (rue Monsieur-le-Prince),un homme qui venait d'avoir des accès pernicieux
à forme dyspnéique, parfaitement périodiques et promptement réprimés par le
sulfate de quinine^ me raconta que, peu d'années auparavant, alors qu'il était
médecin au Grand Montrouge, qui est tout près de Paris, il y avait vu et traité
avec le même succès, des cas de flèvres pernicieuses.
Si, en temps ordinaire, la perniciosité n'a point été rare à Paris, on peut,
je crois, raisonnablement penser que le chiffre a dû en être accru dans ces der-
nières années, où se sont produites d'exceptionnelles et puissantes circon-
stances étiologiques : les deux guerres (celle des Prussiens et celle de la Com-
mune) les deux sièges de 4870-74, et les trois débordements, presque coup sur
coup, de la Seine dans l'hiver 1872-1873, débordements qui, par des pluies
interrompues seulement par de rares, courtes, mais brusques et assez fortes
gelées, et des coups de soleil presque printanier, ont laissé de véritables marais
dans la banlieue
Le sujet étant d'une importance capitale au point de vue de la pratique, je
me permettrai de demander à mes savants collègues de la Société de médecine
pratique ce qu'ils ont observé en ce sens; je leur demanderai, notamment, s'ils
ont rencontré, de temps en temps :
1° Chose qui me semble être assez commune à Choisy le-Roi et que j'ai si
longtemps observé avec une grande fréquence en Lorraine, l'alternanc^ par-
fois parfaitement périodique, de perturbations pyrcliques névralgiques ou
rumatismales superficielles, avec des perturbations profondes compromettant
rapidement Texislence ;
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124
REVUfc: ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
2^ Chose que j*ai également vue très-souvent dans la Meurlhe et les Vosges,
et qu'il n'est pis très-rare, non plus, de rencontrer à Choisy, des fièvres
typhoïdes entrecoupées de violents paroxysmes ou d*accès, qui, parfois aussi
parfHilemenl périodique^, leur impriment une marche galopante et font que
le malade est brusquement emporlé alors que Ton n'avait encore conçu aucune
inquiétude ou qu'on le croyait sauvé.
C'est parce que j'ai eu de ces cruelles déceptions que, depuis longtemps, je
ne vois plus un malade sans le questionner ou sans questionner son entourage
minutieusement au point de vue des paroxysmes oudes.accës,au point de vuede
leur type, des changements de la localisation nerveuse, laquelle, tout récem-
ment encore, chez un petit garçon très gravement malade et qui a été sauvé par
les préparations de quinquina et le vin, j'ai vue affecter successivement, pour
ainsi dire toutes les couches de l'organisme.
Plus j'avance dans cet immense champ d'observation, plus j'y trouve d'in-
térêt, lequel vient, surtout, de cette circonstance, que je retrouve ici absolu-
ment ce que j'ai constaté dans mon ancienne clientèle et dans un climat
cependant différent de celui des environs de Paris. »
Plusieurs membres de la Société disent qu'ils avaient vu, en effet, assez sou*
vent ri n terra ittence à Paris.
M. RKVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
niédecloe et Chirurgie.
Physiologie animale. — Des oauses
de la coagulation spontanée du sang à
son issue de Torganisme. Note de M. F.
GLENÂRD. — Lorsque sur un animal vi-
vant (solipèdes, ruminants, etc.) on enlève
un segment artériel ou veineux plein de
sang et qu'on le conserve à Pair, W. sang ne
s*y coagule pas, quelle que soit la capacité
du segment. Après un temps variable^ en
relation avec le volume du vaisseau et la
masse du sang conservé, le segment sèche
au point d'offrir la consistance de la corne.
Si, a cet état^ on reprend le sang ainsi
transformé par la dessiccation en une masse
cireuse ou même pulvérulente^ et qu*on
le désagrège dans Teau, il s*y dissout, et
cette solution est susceptible de se coagu-
ler SDontanément en tuasse, même après
filtralion.
Le retard delà coagulation spontanée est
en raison directe de la concentration du
sang ; dans Texpérience précédente, si Ton
s'oppose à révapomtion, le sang se coagule
spontanément dans son segment, mais ce
n*est qu'au bout de douze n quinze heures
après son issue de Tanimal^ et non après
cinq à dix minutes, comme lorsqu'on le
reçoit dans la palette.
La coagulation du sang de la saignée
dans la palette est causée par le contact du
corps étranger. ^
La seule expérience, en effet, dans la-
quelle on voit constamment le sang issu
de l'organisme se maintenir fluide pendant
douze heures au moins, sans l'intervention
d'agents physiques ou chimiques artificiels
(comme le froid ou les solutions alcalines),
est celle qui consiste à le garantir du con-
tact des corps étrangers.
L'influence coagulatrice du contact des
corps étrangers est d'autant moins grande
que, par leur sir ucture physique ^ ces corps
étrangers se rapprochent davantage de lit
structure physique des vaisseaux.
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KBVDh ANALYTIQUE ET CRITIQUR.
425
A part le contact des corps étrangers,
aucune des conditions nouvelles au milieu
desquelles se trouve le sang à son issue de
Forganismc n*est capable; par clle-mênie
ou par sa combinaison avec les autres^ de
déterminer la coagulalion. La coagulation,
pas plus que la fluidité du sang, ne sont
dues normalement k une intervention ga-
zeuse de nature chimique par défaut ou
par excès.
Le sang renfermé dans son segriïent et
isolé de Tanimal pcul-étre imprégné jl'acide
carbonique, d*oxygène. môme diacide sulf-
hydriquc, sans se coaguler, sans perdre
sa coagulabilité qu*il manifestera Iorsqu*on
videra le sang dans la palette (contact
étranger).
Le sang conservé dans son segment est
revivifiant tant qu'il est fluide, et du sang
de bœuf peut; sept heures après son issue
de Torganisme, être appliqué avec succès
à une transfusion chez un chien saigné à
blanc.
Le sang est vivant tant qu'il' est coagu>
lable spontanément. La coagulation est la
mort du sang. La coagulabilité csl enrayée,
mais non détruite, par la concentration
du sang, de même que les manifestations
de la vie sont suspendues par la dessicca-
tion, chez les tardigrades et les rotifères ;
dans les deux cas, Taddilion d'eau resti-
tuera les conditions physico- chimiques
nécessaires aux uns pour faire acte de vie,
à Tautre pour se coaguler spontanément.
(Gazette médicale de Paris.)
Un oas mortel d*aoétonémie chez une
femme diabétique ; observation du pro-
fesseur BERTI. — (î. R..., de Venise,
âgée de trente-un ans, a toujours eu une
bonne santé. Réglée à dix-sept ans, elle a
eu quatre enfants, toujours bien portants,
excepté le dernier, âgé de trois ans^ qui a
souffert pendant deux mois d*une fièvre
tierce. La menstruation, qui avait toujours
été régulière, a disparu depuis le mois
d'août i873. Le début de la maladie re-
monte au mois de juin. Soif vive et polyu-
rie; plus tard, une faim vorace, avec
amaigrissement progressif marqué. La ma-
lade entra à Thôpital le 27 novembre
1873.
A ce moment, elle était amaigrie et ané-
miée. Les régions sous-claviculaire vt sus-
épineuse droites présentaient une moindre
élasticité et une moindre sonorité. A Taus-
cultatioui une inspiration rude avec râles
sous-crépitants, Texpiration prolongée
avec résonnance vocale. Ailleurs, des
râles sonores, secs et rien de pliis. L'exa-
men des autres organes donna des résul-
tats absolument négatifs. Les dents étaient
cariées, Thaleine fétide. Les urines abon-
dantes, limpides, du poids spécifique de
1,060, contenant 50 grammes de sucre
par litre. La peau était sèchC; aride. Ja-
mais aucune transpiration. Prurit des
organes génitaux. Troubles de la vision.
Les fonctions inlcllectuelles sont absolu-
ment conservées.
Cet état se maintint pendant quatre
jours. La' température oscillait entre 37^,5
et 58'»,i ; les urines, entre quatre et cinq
litres par vingt-quatre heures. Aucune
trace d'albumine. La sucre dans la même
proportion que le premier jour.
Dans la nuit qui suivit ce quatrième
jour, la malade fut brusquement atteinte
de dyspnée grave, avec langue sèche,
éructations et douleurs abdominales j le
médecin de garde prescrivit un mélange
calmant avec lavement purgatif. Le len-
demain matin, je trouvai cette femme
dans un coma profond dont rien ne pouvait
la tirer ; de temps en temps elle poussait
un cri aigu, en portant la main à la tête.
Les yeux étaient fermes, les pupilles dila-
tées et insensibles à la lumière ; la sensibi-
lité et la motililé abolies, de même que les
mouvements réflexes. La respiration fré-
quente, ronflante. Toute miction suppri-
mée. La sonde introduite dans la vessie
n'amène rien. Plus tardl elle fournit 100
grammes environ de liquide. Cette urine
contenait beaucoup de sucre, mais aucune
trace d'albumine. Au microscope on y
trouvait quelques cellules . épithéliales,
quelques globules sanguins et rien d'autre.
A ces symptômes s'en joignait un autre
très-éloquent : c'était une odeur élhérée,
presque de chloroforme, qu'exhalait la
malade.
D'où provenait cet ensemble de symptô
mes si menaçants, et que rien, dans les
antécédents de la malade, ne parai.«sail
expliquer? L^anuric provient-elle d'une
urémie? — Non, car il n'y avait pas de lé-
sion des reins, et l'urémie ne saurait
exister si les reins sécrètent normalement,
ou si l'urine n'est pas retenue et résorbée
dans la vessie. Rien de semblable n'existait
ici. De plus, on voit dans l'urémie sur-
venir des convulsions épileptiformes entre
les périodes de coma. Ici, pas de convul-
sions.
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426
KEVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Le symptôme caractéristique qui nous a
mis sur la voie est cette odeur éthérée,
spéciale, laquelle devait certainement être
produite par la présence de Tacétone dans
le sang, accident assez fréquent, mais à un
moindre degré chez les diabétiques. Ce fait
reconnu, nous employâmes les révulsifs et
les purgatifs drastiques, le tout en vain.
La malade mourut vingt-quatre heures
après.
L'autopsie a conOrmé le diagnostic.
Voici ses résultats : Congestion sanguine
des sinus de la dure-mère cl des veines des
méninges. Accumulation de sérum dans
l'arachnoïde et les ventricules. Substance
cérébrale un peu ramollie. Poumons con-
gestionnés, œdématiés; le sommet droit
est induré et peu perméable à Tair. Le
cœur est petit, contracté. Le foie est con-
gestionné, la raie saine, les reins sont ané-
miques mais non altérés dans leur struc-
ture anatomique; la vessie est vide, et
l'on trouve sur ses parois des ecchymoses
de dimension variée jusqu'à 3 centimètres
de diamètre. La muqueuse de l'estomac
est presque noire. Les autres organes sont
sains. L'odeur d'acétone s'échappe de
toutes les cavités ouvertes, y compris celles
de la tête.
Pour constater avec plus de certitude la
présence de Pacétone et du sucre dans le
cadavre, nous primes un peu de sang dans
le ventricule droit du cœur, un morceau
du cerveau, un autre du foie, un autre des
reins, et nous donnâmes le tout au profes-
seur G. Bizio, avec prière d'examiner chi-
miquement ces différentes parties. Voici les
résultats obtenus : « Une portion de cha-
cun de ces fragments^ mise dans l'eau, fut
isolément soumise à la distillation et le
produit recueilli dans un flacon entouré de
glace. L'odeur d'acétone était évidente
dans chacun des quatre flacons. J'ajoutai
au liquide ainsi obtenu du chlorure de
calcium jusqu'à saturation. Je repris avec
du papier mou la mince couche liquide qui
surnageait, et la distillai de nouveau après
l'avoir additionnée d'un peu d'eau. Je fis
passer un courant de gaz ammoniacal à
travers le liquide obtenu, j'y ajoutai du
sulfure de carbone, et abandonnai le tout
dans des verres de montre couverts. Cha-
cun des essais, examiné deux jours après
avec une lentille^ contenait des cristaux
très nets, qui précipitaient en jaune par le
chlorure de platine. Cette expérience con-
firmait la présence de l'acétone dans cha-
cune des parties examinées. Quant au
sucre, la liqueur de Schling démontra sa
présence dans chaque fragment soumis à
l'analyse. » Il s'agissait donc bien ici d'un
empoisonnement aigu par l'acétone, et ce
cas peut être rapproché de celui de Peters.
L'appareil symptomatologique avait été
exactement celui que décrit Cantani dans
sa belle monographie; comme quatrième
et extrême degré de l'empoisonnement ace-
tonique. « A ce degré, les malades gisent
sans conscience d'eux-mêmes, et présentent
tout à fait l'aspect d'un chloroformisé.
L'odeur d'acétone est ordinairement très-
sensible dans le lit et dans les urines. La
faiblesse musculaire est absolue, les pupil-
les n'ont aucune réaction. Le ventre est
météorisé par paralysie des intestins. La
sécrétion rénale est supprimée, les mu-
queuses se dessèchent ; la peau ne répond
pas aux révulsifs ou le fait tardivement ; le
pouls devient faible et débile ; enfin la vie
s^éleint. On peut dire que, dans ces cas, il
y a une véritable paralysie générale du sys-
tème animal et végétatif due à la vertu
narcotisante de l'acétone produite en excès
dans Torganisme lui-même.
(Lyon médical,)
La théorie tellurique de la dissémina •
tien du choléra, par Max de PETTEN-
KOFER. — Déjà en 1849, Fourcaut avait
entrevu un rapport possible entre la com-
position géologique et le choléra. Mais
Pettenkofer, par l'importance de ses
recherches, a fait sienne cette question.
Ce sont les conditions physiques seules qui
sont à considérer ici ; c'est l'état de pof(h-
site plus ou moins grand d'un terrain qui
le rend plus ou moins apte à recevoir et n
développer le choléra. Mais le rôle^des
eaux souterraines n*est pas d'une moindre
importance. Le sol cholérique est d'une
humidité moyenne, et le moment où la
nappe d'eau souterraine accidentellement
élevée se relire est le plus favorable à la
culture du miasme cholérique. Les belles
recherches du docteur Cunningham (1872)
aux Indes sont favorables aux idées de
Pettenkofer. Pour l'un et l'autre les per-
turbations atmosphériques sont un élé-
ment à négliger; la contagion est d'ordre
secondaire; ce que l'on peut dire, c'est
seulement que du contact des hommes
avec les localités affectées, il se dégage un
élément inconnu qui, transporté dans des
lieux où il rencontre les conditions locales
et temporaires favorables, peut amener
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RKVUli ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
127
l'explosion des épidémies. Tel est le rôle
delà contagion; ainsi le germe cholérique
peut voyager avec Thomme et être dissé-
miné pour se fixer là où il trouve les qua-
lités telluriques et climatériques voulues.
Cunuingbam et Pettenkofcr ne reconnais-
sent aucune importance, au point de vue
de révolution endémique, à la contamina-
tion des eaux potables par les déjections
cholériquf's. {Ibid.)
Des bains chauds, par M. LÂSÈGUE.
— L*auteur les a employés surtout dans le
rhumatisme articulaire chronique. Deux
seules formes de bain chaud sont utiles, le
bain à température constante 35" ou 56**,
et le bain à température progressivement
croissante, la température initiale étant SS*"
ou 36®, la température terminale de 40« à
46** ; réiévation doit se faire environ toutes
les cinq minutes, être de deux degrés à
peu près ; la durée du bain sera de vingt
minutes. Le thermomètre ne doit pas ces-
ser d'être consulté un seul moment, parce
qu'il n'y a pas de contre-indication pos-
sible dans les sensations éprouvées par le
malade.
Si Ton en croit M. Lasègue, il est impos-
sible de dire Teffet physiologique du bain ;
aussi au point de vue thérapeutique se con-
tente-t-il de dire qu'il guérit.
Le bain à température constante est
essentiellement calmant; M. Lasègue re-
pousse énergiquement le bain à tempéra-
ture décroissante, qui ne laisse après lui
que de la fatigue et du malaise. Mais le
bain à température croissante n'est pas
moins calmant si la température initiale
étant 35° à 36°, la chaleur de Tcau est
élevée avec lenteur; il Test surtout pour
les organes du i>as-ventre. Lorsqu'il y a
angoisse dyspnéique, celle-ci est unique-
ment le résultat de l'atmosphère de vapeur
qui entoure le malade, de l'impression
désagréable qu'en éprouve le visage,
impression désagréable qu'il faut combat-
tre, soit en élevant la température de la
pièce, soit en épongeant le visage du ma-
lade, soit en couvrant la baignoire. L'effet
sudoral du bain à température croissante
est souvent nul, et n'est pas recherché par
M. Lasègue, qui parait se plaire à rejeter
tout« explication physiologique de l'action
utile du bain chaud, et même oublier pres-
quesa vertu calman'tc.Pourluile bain chaud
soulage le rhumatisme chronique, parce
qu'il a la propriété de soulager, sinon de
guérir le rhumatisme chronique. On ne
peut même dire ici action spécifique, puis-
que la spécificité* d'un médicament suppose
une propriété curative absolue possible,
sinon certaine.
M. Lasègue rapporte en passant un fait
bien intéressant au point de vue de cette
action physiologique du bain chaud dont il
ne veut pas entendre parler. Il s'agit d'une
hystérique atteinte de contracture perma-
nente rebelle à tout traitement, complète-
ment anesthésique, et atteinte de palpita-
tions. Il voulut essayer des bains chauds.
Lu température initiale du bain fut de 38<>;
elle fut élevée successivement jusqu'à 48**.
Eh bien, il ne se produisit nul effet physio-
logique apparent ; le pouls ne fut pas accé-
léré, le cœur ne battit pas plus violemment.
La conclusion est facile à tirer; il est évident
qu'il parait prouver l'intervention du sys-
tème nerveux cutané dans les effets pro-
duits par les bains. M. Lasègue oublie de
nous dire ce qu'est devenue la contracture
de sa malade.
Arrivons aux essais thérapeutiques de
l'auteur, bien convaincu aujourd'hui que
réiément chaleur est l'élément capital d'un
bain minéral ou non. Il y a, dit-il, après
le bain surchauffé, production d'un véri-
table bien-être local et général, la raideur
articulaire s'atténue, les jointures sont
moins empâtées, les mouvements moins
pénibles. Durée du bain, vingt minutes,
un tous les deux jours. Le bain est toléré
même pendant la fluxion douloureuse, mais
il n'a son effet véritablement utile qu3 pen-
dant la rémission*. Il s'adresse surtout aux
cas où les articulations prises sont peu
nombreuses et simplement douloureuses
^u rigides, alors que les fluxions ne se
produisent plus.
Les bains surchauffés, car ce sont eux
que M. Lasègue a surtout employés, sont
encore indiqués dans les affections abdo-
minales, principalement les diarrhées
chroniques; ils lui ont même semblé amé-
liorer des bronchites chroniques rebelles.
Un de ses élèves a déjà publié un travail
sur les bains tièdes chez les phlhisiques.
Enfin, son chef de clinique. M. Landrieux,
a arrêté des métrorrhagies tenaces sans lé-
sions organiques avec des bains surchauf-
fés. Malgaigne a insisté d'ailleurs sur ce
moyen antimétrorrbagique. {Ibid.)
Recherches physiologiques et théra-
peutiques sur la piorotoxine^ — Le doc-
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V2S
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
leur Planât (de Vollore- Ville) , dans un
mémoire fort remarquable couronné par
TAcadémie de médecine, a étudié Faction
de rai«:aloïde extrait de la coque du Levant,
qui eât le fruit d'une ménispenuéc de
rinde [Cocculus suberosus). Voici les prin-
cipaux phénomènes que détermine Tadmi-
nistration de la picrotoxine :
De nombreuses expériences ont été faites
sur plusieurs variétés animales ; la picro-
toxine a été absorbée par le tube digestif et
les tissus sous- cutanés. Les résultats pro-
duits par ces deux modes ont été identiques,
à rintensité près. Les mollusques se sont
montrés relativement réfraotaires ; néan-
moins certaines variétés ont succombé à la
suite de Tabsorption sous- cutanée. Les
représentants des autres embranchements
ont toujours été vivement impressionnés
par ces agents. On peut résumer ainsi Tac-
tion de la picrotoxine sur les fonctions
musculaires, cardiaques, vasculaires^sur la
sensibilité et le pouvoir réflexe médullaire :
Le système musculaire de la vie de rela-
tion est rapidement atteint par de faibles
doses : fortes ou faibles, elles amènent in-
variablement, comme phénomène primor-
dial, une torpeur générale; seconde phase :
convulsions toniques spécialement dans
les extenseurs, parésie progressive, inco-
ordination motrice.
Système circulatoire, — Ralentissement
des pulsations cardiaques par de faibles
doses avant la première convulsion. Aussitôt
celle-ci produite, le cœurcesse de battre, ou
tout au plus ne bat qu'avec peine tout le
temps de sa durée, pour reprendre ensuite
son rhythme, qui décroît en nombre et en
force en raison directe des convulsions.
Capillaires sanguins . — L'arrct du sang
a lieu plus ou moins complètement dès la
première convulsion pour, devenir bientôt
définitif, bien que le cœur continue à battre,
mais avec une intensité sans cesse décrois-
sante.
Sensibilité et mouvements réflexes, —
Corrélatifs des manifestations musculaires.
Ainsi, d'obtus à la première période, ils
deviennent d'une excessive exaltation dans
la phase convulsive, pour s'anéantir com-
plètement lors du collapsus final.
Lymphatiques. — Les muscles et nerfs
de la vie organique n'ont point paru atteints,
témoin l'activité persistante des lympha-
tiques e| des mouvements intestinaux.
Cerveau. — N'a point paru affecté.
Conclusions, -— 1° La picrotoxine agit
tout spécialement sur le myélencéphale ;
2« cette action épargne le cerveau et les
cellules idéo-motrices et porte principale-
ment sur le bulbe, le cervelet et la moelle;
3* elle est caractérisée par la surexcitation ^
de leurs éléments, d*ou une exagération et
une déviation fonctionnelle suivies elles-
mêmes de paralysie par dépense excessive
d'influx nerveux ; i^' la conséquence la plus
remarquable de cette suractivité fonction-
nelle est l'arrêt plus ou moins complet
survenant dans le système circulatoire (ac-
tion de la picrotoxine sur le pneumogas-
trique et le dépresseur de Cyon); d où il
suit que la picrotoxine est avant tout un
agent cardio-vasculaire.
Thérapeutique. — La teinture de coque
du l^evant (i partie pour 4 d'alcool à 90
degrés) a été employée concurremment
avec la picrotoxine (granules d'un dixième
de milligramme). La dose maximum de
picrotoxine n'a jamais excédé 3 milli-
grammes. Quant à la teinture, on a tou-
jours débuté par i goutte matin et soii*
dans une cuillerée d*eau, en augmentant
tous les jours de â gouttes la dose de la
veille jusqu'à concurrence de 60 à 70
gouttes par jour pour les adultes ; la quan-
tité de véhicule doit ,étre accrue au fur et
à mesure du nombre des gouttes, mais ne .
doit pas dépasser un tiers de verre à un
demi pour les hautes doses. Les affections
traitées par ce médicament avec un succès
incontestable sont : l'épilepsie sympathique
et essentielle, la chorée, Téclampsie infan-
tile et la contracture douloureuse des extré-
mités. ( l^ulletin gén, de thérapeutique . )
La teinture d' arnica oondamnée. —
Le docteur James C. White, dans une
communication du 21 janvier 1875, au
Journal de médecine et de chirurgie de
Boston^ fait une charge à fond contre l'ar-
nica.
Il prétend que cette teinture est un vé-
ritable poison pour la peau. Le docteur
relate trois cas où l'application de l'arnica
en lotion sur des écorchures a t)ccasionné-
de sévères attaques d'ecihyma, !a malé-
volence de l'arnica serait beaucoup plus
fréquente qu'elle ne parait, et si ses effets
délétères et toxiques sont rarement con-
statésy c'est parce que l'on met sur le compte
de la blessure toutes les perturbations qui
sont dues au soi-disant remède. Le docteur
J. White n'hésite pas à déclarer, et il le fait
avec une conviction assise sur Texpé-
rience, quele seul agent pouvant produire
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REVUE ANALYTIQUE. ET CRITIQUE.
iî29
un effet saiutairejdans Tarnica c'est Talcool
qo'il eoatient. Le reste n'est qu'une dro-
gue sans valeur, bien plus, nuisible.
Sans mettre à cette affirmation l'absolu
du savant docteur, nous devons dire que,
dans noire pratique, nous avons plusieurs
fois été surpris de la manière dont se corn*
portait rarnica_ et c'est avec une extrême
réserve que nous en faisions usage. Hebra -
avait, depuis longtemps, sonné le glas fu-
nèbre de ce quinquina des pauvres dont
il niait les propriétés médicales. Dans la
teinture arx)matique des fleurs d'arnica, les
propriétés stimulantes sont étvangçrt^s à
l'arnica proprement dit et résn lient de la
cannelle et de l'anis qui entrent dans sa
composition ; si, d'autre part, la teinture
d'arnica doit, d'après l'autorité du docteur
Wbite, de Hebra, de Tilbury Fox, ses
minimes propriétés thérapeutiques à la
seule présence de l'alcool étranger à la
plante^ le dernier jour de ce médicament
factice a lui. Dangereux en maintes cir-
co4Jstances, n'ayant d'autre mérite que
celui qu*il lire de l'alcool auquel il sert de
véhicule^ ministère q\ie VaqiMsimplex rem-
plirait mieux, l'arnica ne tardera pas à
disparaître de la pharmacopée. C'est un
mérite an docteur James C. White d'avoir
mis cet agent suspect à l'index de la méde-
cine pratique et d'avoir attiré sur ses mé-
faits l'œil investigateur de la science.
(Revue de thérap, médico-chirurg,)
Guérîson de la migraine à l'aide de
l'aoîde carbonique, — 11 y a deux ans,
j'ai trouve, avec mon éminent maître
M. BrowU'Spquard; la possibilité d'arrêter
immédiatement une attaque d'épilepsie
chez les cobayes, en faisant arriver, sous
forme de douche assez fortement lancée,
sur la muqueuse du larynx de ces ani>
maux, un jet de gaz acide carbonique. Ce
fait se trouvait naturellement indiqué par
le résultat d'une expérience de M. Brown-
Séquard entref>risc dans le but de recher-
cher l'expUcalion vraie de ce phénomène
découvert par Roaenihal, que chez les
lapins empoisonnés par la strychnine,
rinsuiEation d'oxygène par la trachée
arrête les convulsions, expérience qui a
montré que cette explication doit être
recherchée dans riiifluence qu'exerce sur
les nerfs du larynx un gaz non inerte, par
le simple fait de son passage sur cet organe
et de son contact avec lui. En effet, si sur
tto lapin empoisonné .par la stryeh-
nine, on met la trachée à nu et qu'on y
adapte un tube dont une extrémité est
dirigée vers les poumons et dont l'autre
extrémité reste libre de façon à permettre
l'entrée de l'air atmosphérique ou même de
l'oxygèiic- non poussé par la pression, on
voit survenir les convulsions habituelles ;
mais si; ayant adapté à la trachée un autre
tube dont une extrémité est dirigée vers
le larynx, tandis que l'autre permet de
lancer sur la muqueuse laryngienne un jet
d'oxygène, mais surtout d'acide carboni-
que, on voit aussitôt s'arrêter les convul-
sions strychniques.
Ce résultat démontre l'influence irrita-
tricc qu'exerce l'acide carbonique sur le
système nerveux (influence qui a déjà été
indiquée depuis un grand nombre d'années
par le docteur BrownSéquard) et qui est
capable, par influence réflexe,. d'enrayer
une attaqut' convulsive^
Or, ce gaz, comme chacun sait, a été
rangé parmi les aneslhésiques par un
grand nombre de praticiens et, chaque fois
que Ton a réussi à faire disparaître la dou-
leur, à l'aide de cet agent; on a attribué-
ce bon résultat à son action anesihésique
ou bien à t'asphyxie qu'il cause toujours
lorsqu'il est introduit dans le sang; mais
jamais à son action irritalrice, malgré les
applications que Scanzoni en a faites à
l'obstétrique, et celles de Lefuge. Aujour-
d'hui; je désire faire connaître le parti
avantarreux qu'on en peut tirer pour la
guérison d'une névrose aussi douloureuse
que désagréable; comme de fâcheuses
expériences personnelles me l'ont appris :
je veux parler de la migraine.
Si, pendant un accès de migraine, on
lance sur la muqueuse nasale» à Taîdc d'un
petit appareil spécial, i^n jet d'acide carbo-
nique assez fort* il arrive, quatre^ fois sur
cinq de voir disparaître la douleur en
moins de deux minutes. Dès le premier
contact du gaz avec la muqueuse, le ma-
lade accuse une douleur un peu vive à
l'insertion occipitale des muscles de la
nuque. Cette douleur précède de très-peu
de temps la cessation de la migraine.
J'ai essayé de faire passer par ce moyen
des névralgies dépendant d'une carie den-
taire, et des céphalalgies dépendant de la
sclérose déterminée, et même d'autres
lésions organiques, avec assez de succès.
Le mal de tête dépendant d'un état-fcbrile
quelconque est absolument réfractairc. —
Je n'ai jamais réussi à le faire cesser à l'aid
de ce moyen. (Gazette médicale de Paris,)
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450
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Patbotog^îe. — Des algues ophthat-
vnosoopiques dîfféreatiels de la oomino-
tîon et de la contusion du cerveau. Mé-
moire de M. BOUCHUT. — Toutes les fois
qu'un sujet tombé sur la tête a perdu cou-
naissance et semble paralysé, i4 y a tou-
jours à se demander si ce n'est là qu'un
étourdissement passager, tiù a la commo-
tion du cerveau, ou bien, au contraire^ s'il
y a contusion de la substance nerveuse
ou compression de cette substance par un
épanchement sanguin ou séreux.
L'opbthalpioscope, quo j'ai employé
pour la première fois en 1865, pour éclai-
rer ce diagnostic, donne les résultats les
plus importants.
S'il n'y a que commotion au cerveau,
le nerf optique conserve sa forme,' sa net-
teté et ses couleurs habituelles, el les vei-
nes rétiniennes, ainsi que la rétine, ne
présentcfit aucune modification.
. S'il y a contusion du cerveau, avec ou
sans inflammation consécutive, ou bien s'il
y a épanchement séreux ou sanguin, avec
ou sans fracture du crâne, le nerf optique
et la rétine sont malades ; le nerf optique
est gonflé, parait aplati, d'un rose uni-
forme, parfois plus vâsculaire; ses con-
tours sont moins nets, et il est le siège
d'une suffusion séreuse, partielle ou géné-
rale, qui s'étend à la ?-étine voisine sous
forme de teinte opaline transparente, qui
voile plus ou moins le bord pupillaire.
Les artères diminuent quelquefois de
volume, si la suffusion a gagné la gaine du
nerf optique, et les veines rétiniennes plus
ou moins dilatées indiquent par la gcne de
leur circulation une gcne semblable dans
la circulation dii érâne.
(Ibid,)
Les connexions héréditaires entre cer-
taines affections nerveuses, par le docteur
F.-E. ANSTIE. — Dans une conférence
scientifique à l'asile de WestRiding, Wake-
field, le docteur £. Anstie a traité le sujet
important t des relations héréditaires entre
certaines maladies nerveuses. » Après avoir
rappelé que Morel dans son ouvrage des
dégénérescences t est l'initiateur de ces re-
cherches, scientifiquement parlant , re-
cherches confirmées et poursuivies ensuite
par d'autres physiologistes, notamment
par le docteur Maudsley, il trace en quel-
ques lignds les dangers que fait courir aux
individus le tempérament nerveux et ses
Iransformaiions successives dans les géné-
rations d'une même famille ; il note que le
point de départ est souvent, par exemple,
un ancêtre adonné à l'ivrognerie qui a
donne naissance h un aliéné, qui à son
tour procréera des enfants sujets à des
affections nerveuses d'un autre ordre. Quel-
ques qualités brillantes chez certains de ces
rejetons, des aptitudes remarquables, des
• talents originaux, dus souvent à ce tempé-
rament nerveux, ne compensent pas les
maux qui en découlent.
Ces études avaient ûxé l'attention se-,
sieuse du docteur Anstie avant qu'il eût lu
les travaux de Morel et de Moreau, de
Tours,' et avant la publication du livre du
docteur Maudsley ; sa longue expérience
dans les dispensaires, les hôpitaux, la clien-
tèle civile, lui a permis de réunir des faits
importants puisés à des sources certaines.
Ces faits concernent surtout Talcoolisme,
l'épilepsie, les diverses névralgies (y com-
pris l'angine de poitrine et l'asthme spas-
modique); les cas de folie^y tiennent aussi
une assez large place, mais ceux qui sont
liés à d'autres formes des maladies ner-
veuses sont moins nombreux.
Le point original du mémoire de l'auteur
consiste en ce que, suivant lui, l'hérédité
du nervosisnie se piréscnte sous deux va-
riétés, ou deux formes : l'une qu'il pro-
pose d'appeler nervosisme héréditaire actif;
l'autre, nervosisme héréditaire sommeillant
(dormant).
1° En ce qui a trait à la première variété,
il s'étonne, tant elle est remarquable et
frappante dans mille circonstances, qu'on
ne lui ait pas appliqué plus tôt quelque
classification scientifique. Et, tout en re-
connaissant qu'il y a peut être une cer-
taine exagération dans l'observation type
citée par Morel, il connaît également des
familles qui ont été décimées al même
anéanties par les effets fatals et progressifs
des névroses dont l'origine était duc sim-
plement à l'usage funeste du vin d'Oporto,
usage qui s'est introduit en Angleterre,
depuis deux à trois générations, après que
les hommes d'Etat de ce pays curent pra-
tiquement exclu du marché anglais les vins
légers de France.
Ici l'auteur cite plusieurs cas de cette
espèce parmi ceux qu'il a insérés daîis sou
ouvrage sur la névralgie^ et il assigne aux
quatre points de départ suivants le nervo-
sisme héréditaire actif qui peut atteindre
les familles.
i^ L'abus des boissons; â*> les excès vé-
nériens, ou plutôt la masturbation ; 3<> une
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
151
nourriture iosuffisante ; une éducation in-
complète.
Quatorze années d'observation, tant dans
les hôpitaux qu<^ dans la pratique privée,
lui ont permis en outre de fournir les
chiffre^» suivants qui donnent une idée de
rétendue d'action du nervosisme hérédi-
taire. Des quatre-vingt-trois malades ob-
servés, les familles ont présenté les affec-
tions diverses: cpilepsie, 14- cas; hémi-
plégie ou paralysie, 9 cas; folie, 12 cas;
habitudes d'ivrognerie, 14- cas; consomp-
tion, 18 cas-: danse de St-Guy, A cas.
Il a remarqué souvent cette vulgaire in-
commodité qu'on appelle migraine, sur-
tout dans les familles où il a noté Tépî-
lepsie.
Le fait suivant ebt un exemple curieux
de l'explosion soudaine du nervosisme hé-
réditaire chez une jeune personne, in-
demne jusqu'alors de toute affection ner-
veuse, mais appartenant a une famille où
les névralgies ^^ les dispositions ncvropa-
thiques étaient notoires. Elle tombe, et se
démet la cheville ; sa blessure, bien soignée^
ne présente aucune gravité, et tout fait
espérer une guérison rapide. Elle est mal-
heureusement prise du tétanos, et enlevée
en six heures. La violence du tétanos et
les conditions dans lesquelles il a éclaté
doivent être attribuées, de l'avis de l'au-
teur, à l'action funeste de Télémcnt nervo-
sique transmis par sa famille à la jeune
malade.
Ce fait peut servir de transition pour
pour arriver au . nervosisme héréditaire
sommeillant. Q'entend le docteur Anstie
par nervosisme sommeillant? Le nervosisme
actif a pesé sur une famille pendant nombre
d'années. Grâce à de bonnes alliances et à
certaines sages mesures, il est devenu la-
tent, mais il n'en continua pas moins à
menacer la race et peut reparaître sous
certaines influences fâcheuses ou par
un concours d'événements malheureux.
L'auteur avoue que cette espèce est plus
difficile à mettre en évidence que la pre-
mière. On y arrive néanmoins grâce aux
probabilités fournies par Tanalogie.
La science biologique nous apprend que
les caractères physiques d'un individu, un
trait de la physionomie, un simple tic mus-
culaire, alors même qu'ils ont été acciden-
tellement détruits, se reproduisent chez
ses petits-enfants. De même l'épilepsie, ou,
comme elle, quelqu'une des formes les plus
intraitables des névroses paraissant avoir
disparu pendant plusieurs générations, ont
laissé des traces impérissables qui se révè-
lent plus tard. C'est à cette donnée qu'il
faut demander le pourquoi d'une multitude
de faits vitaux et cliniques. L'exemple le
plus digne qu'on y insiste se voit dans les
phénomènes de la vraie dipsomanié. Elle
atteste d'une façon indubitable « la mémoire
organique impérissable du corps, » pour
nous servir de Texpression énergique du
docteur Maudsiey. La dipsomanie se dis-
tingue de l'ivrognerie simple par des impul-
sions subites et périodiques irrésistibles,
contrastant d'une manière absolue et hi-
deuse avec les habitudes ordinaires de Tin-
dividu. Le docteur Anstie a vu un nombre
considérable de ces cas^ et cependant ja-
mais il n'a manqué de trouver parmi les
ascendants du malade, l'ivrognerie avec
quelque excentricité mentale et même une
folie véritable. Une investigation bien faite
aura infailliblement, dit-il, ce résultat.
Le docteur Anstie recherche ensuite à
quels caractères on peut reconnaître le ner-
vosisme héréditaire sommeillant, et les cir-
constances qui ont le privilège de le fah*e
saillir. Le premier caractère du nervosisme
héréditaire sommeillant est une puberté
prématurée. Le développement des org»nes
génitaux et surtout l'explosion des désirs
sexuels se montrent hâtivement chez les
jeunes individus. On peut quelquefois, il
est vrai, mettre cette précocité sur le compte
des mauvaises fréquentations et de mau-
vaises habitudes contractées à l'école, mais
dans la plupart des cas, comme le fait re-
marquer le docteur Herman Weber, la
masturbation provient chez les enfants
d'.une impulsion intime et non du mauvais
exemple. Un enfant s'est montré jusqu'à
ce jour extraordinairement innocent et
calme ; tout à coup les passions sexuelles
font explosion avec une violence diabolique.
Voilà le nervosisme héréditaire dormant.,
désormais actif, triste reliquat d'un aïeul
ivrogne et intempérant.
Un autre caractère, est le développement
inattendu et intense du sens artistique chez
un enfant dont les parents ne présentent
que des dispositions prosaïques et com-
munes.
Il faut mentionner enfin les convulsions,
pendant la dentition, alors que les autres
enfants, frères et sœurs, n'ont éprouvé rien
de semblable.
Notons encore le soudain développe-
ment de propensions au mensonge et au vol
chez un enfant bien élevé.
Parmi les causes susceptibles de trans-
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13-2
REVlJt ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
former le nervosisme dormant en nervo-
sisme actif, on peut citer les suivantes :
i** L*alimenlation insuffisante pendant
Tenfance; 2* un surcroît de travail intel-
lectuel dans le vie cérébrale d'un individu;
5** la phthisie, ou toute autre maladie qui,
faisant subir au sujet une suppuration pro-
longée, est pour lui une cause non inter-
rompue de dénutrition; i" les mariages
eonsanguins.
Nous regrettons que le défaut d'espace
nous empêche de suivre le docteur .Anstic
dans des considcratiens auxquelles son sa-
voir et son expérience dnnnent le plus vif
intérêt, mais il est aisé de voir par renonce
de ces causes qu'elles sont susceptibles de
fournir des données importantes au point
de vue de la prophylaxie.
L'auteur termine en s'élevant contre
ceux qui, considérant le nervosisme héré-
ditaire comme « la tyrannie de notre orga-
nisation, veulent que notre nature pJiy-
siquc et morale soit le jouet d'un inexo-
rable destin. 11 espère que l'analyse qu'il
vient de présenter inspirera la vraie mé-
thode par laquelle, en agissant avec con-
stance sur la génération qui naît, on pourra
conjurer dos dangers connus. La nouvelle
thérapeutique aura des armes plus efficaces
contre la maladie, et sera le gage de l'af-
franchissement de la race humaine, en
atténuant la plupart des douloureuses con-
séquences du a nervosisme héréditaire. »
{Annales médico-psychologiques.)
De la tuberculose inîliaire aiguë pha-
ryngo- laryngée, par ISAMBERT. — Au
début, semis très-abondant de granulations
rappelant des grains de semoule ou des
œufs de poisson, ou bien encore les dépôts
de fibrine grumeleus(^ de la surface des
intestins dans les péritonites récentes.
Dans l'angine pultacée l'on aperçoit aussi
des dépôts fibrineux semblables, msis fa-
ciles à enlever, et recouvrant une mu-
queuse simplement enflammée, tandis que
les granulations miliaires adhèrent forte-
ment et saignent facilement. Si les granu-
lations sont très- superficielles, il se forme
bientôt des ulcérations régulières, ovales,
en coup d'ongle (Martineau). Les granula-
tions très-confluentes peuvent former des
plaques mamelonnées, saillantes, ressem-
blant beaucoup à des plaques muqueuses,
en différant cependant par l'absence d'au-
réole carminée, de nuance opaline gris-
bleuâtre et une surface plus granuleuse.
La luette peut revêtir l'aspect d'une boule
garnie de têtes de clous saillantes ou de sta-
lactites calcaires ; quelquefois même aspect
stalactiforme des piliers postérieurs. Sur la
paroi postérieure du pharynx l'on voit par-
fois comme des furoncles murs.
L'envahissement du larynx ne se fait
qu'a une période avancée.
Symptômes subjectifs : douleurs locali-
sées, cuisson de la gorge^ dysphagie attei-
gnant le degré le plus élevé.
Les signes pulmonaires sont quelquefois
tardifs, peuvent rester longtemps peu pro-
noncés, puis prendre tout à coup la marche
d'une phthisie galopante.
L'auteur sépare la tuberculose roiliaire
aiguë pharyngo-laryngée de la phthisie
laryngée vulgaire, soit parce que dans
celle-là l'affection pharyngo-laryngée do-
mine complètement la scène, soit à cause
de l'affreuse dysphagie qui l'accompagne ;
car l'élément pharyngé remporte sur l'élé-
ment laryngé. L'inflammation prend une
moins grande part au développement de la
pharyngite granùlo-tuberculeusequ'à celui
de la laryngite tuberculeuse.
Traitement : éviter les mercuriaux,
caustiques même; les topiques simplement
modifi'cateur^ ne dont pas supportés ; la
glycérine morphiiiée au<25<' est le seul
agent local conseillé par l'auteur. La glace
avalée en menus morceaux et les injections
hypodermiques à la région jcervicale sont
les seuls calmants efficaces. Alimentation
liquide, lait, bouillons, gel«es de viande,
lavements nutritifs. {Lyot^ médical.)
Traitement de la diphthérîe, par le
docteur Giovani FËRRINI. — L'auteur
rejette la cautérisation, et, considérant la
diphthérîe comme une maladie infectieuse
peut-être parasitaire, il pense que c'est
surtout aux antiseptiques et aux antipara-
siticides qu'il faut avoir recours, tout en
ayant soin de soutenir les forces du malade
en le soumettant à Tusagedes toniques di-
vers. Dans les cas légers, un traitement
antiseptique externe peut su(fire> mais
dans les cas graves il faut administrer les
antiseptiques intuset extra.
Guidé par ces principes, M. Giovani
Ferrini a . essayé localement l'alcool phé-
niqué, l'eau de chaux, le sulfite de soude,
à l'intérieur il a administré les mêmes mé-
dicaments en solution dans du sirop ou
dans de la décoction de quinquina, eu mcoïc
temps qu'il donnait tiussi largement que
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REVllK ANALY'IIQI-E KT CRITKJUE.
135
possible du lait, des bouillons el d'autres
analeptiques. Ces moyens fournirent de
bons résultats, mais Thydrate de chloral a
paru avoir de bien meilleurs effets encore.
Les propriétés antiseptiques, désinfec-
tantes et antîfermehtescibles de ce corps
sont bien connues depuis les travaux de
C. Pavesi, Morini, Personne, Dujardin,
Byasson^ Follet, Beaumetz, Veri^euii, Hirn,
Richardson,etc. On Fa employé avec avan-
tage dans>le pansement des plaies de mau-
vaise nature. M. Luidgi Amiei, de Rome a
constaté qu*en solution étendue il détruit
Tacarusde la gale. Ce remède parait donc
indiqué pour neutraliser le poison diphlhé-
ritique, en empêcher la résorption et par
conséquent prévenir Tinfection générale,
ou encore pour détruire le poison résorbé
et guérir Tinfection quand elle est pro-
duite. Telles sont les considérations qui
ont poussé M. Fcrrini à essayer T hydrate
de chloral. (1 a cru devoy* Tassocier à la
glycérine, dont Theureuse action sur les
plaies de mauvaise nature est bien connue
et qui par sa densité pouvait assurer un
contact plus facile et plus prolongé du mé
dicament avec les parties malades.
Localement fauteur fait faire toutes les
deux heures des badigeonnages au pinceau
avec le mélange suivant :
Hydrate de chloral . . . 3 à 3 gr.
Glycérine pnrifiée . . . . 16 à 20 gr.
A rintérieur il donne de la décoction de
quinquina avec du sulfite de soude ; ou bien
encore il administre Thydrate de chloral^
mais à doses fractionnées, afin de ne pas
avoir les eflfets^ hypnotiques du médica-
ment, mais seulement les effets antisepiti-
ques. Il le donne par exemple à la dose de
50 centigrammes dans 60 grammes de sirop
de quinquina, à prendre une cuillerée
toutes les heures.
Le dootyr Colton, sur les conseils de
M. FerriiUr^a employé l'hydrate de chloral
d*après la méthode sus-mentionnée ;
56 diphthéritiques soumis à cette médica-
tion ont donné les résultats suivants :
24 cas légers ont tous guéri au bout
d*un temps plus ou moins long. i!2 cas
graves ont donné 6 guérisons au bout de
dix à quinze jours. Des six morts trois
moururent de croup.
M. Çotton conclut de ces faits que,
comme topique, l'hydrate de chloral l'em-
porte sur les autres médicaments. Il parait
plus efficace et il est mieux supporté par
les malades. Comme médicament interne,
sa valeur n'est pas aussi sensible.
Le docteur Bensason et le docteur Âce*
tclla, qui ont aussi employé la glycérine
chloraiêe à Texlérieur, en font de grands
éloges; mais leur expérience sur l'usage
interne de ce remède comme antiseptique
ne parait pas encore suffisante pour asseoir
un jugement. {Ibid.)
De l'aoîde salyoilique dans la dîphthé-
rie, par le docteur WAGNER, de Fri>
bourg. — Aux enfants qui ne savent pas
encore se gargariser Tauteur donne Tacide
salycilique en poudre dans de l'eau ou
dans du vin à la dose de 10 à 50 centigr.
toutes les deux heures. Aux enfants plus
âgés il le prescrit en gargarismes d'après
la formule suivante :
Acide salycilique . ... 1,50 gr.
Alcool (pour dissoudre] . . 15
Eau distillée 150
Si cette solution laissait déposer quel-
ques cristaux, on les ferait dissoudre en
chauffant. A employer en gargarismes
toutes les deux heures.
M. Wagner dit avoir guéri par ce moyen
45 cas de diphthérie très-grave, {ibid.)
Des pansements à l'acide salioy tique.
— La mortalitd considérable qui a toujours
décimé les blessés dans les grands hôpitaux
ou les ambulances de guerre a fait recher-
cher de tout temps aussi la cause des
insuccès de la chirurgie et les moyens d'y
remédier. Ces études se rattachent d'une
façon intime à l'histologie et à la chimie,
et comme cqs deux sciences sont aujour-
d'hui en pleine évolution, il n'est pas
étonnant de voir surgir des remèdes nou-
veaux contre rinfection purulente ou
putride.
Nous avons eu successivement l'alcool,
la glycérine, l'iodoforjne, l'acide phénique,
les pansements de Lister et de Guérin ;
voici venir l'acide salicylique, étudié par
Kolbe, Neubauer, Knop, Mulier à Breslau,
Thicrsch à Leipzig, Butl et Feurbringer à
Heidelberg.
C'est en 1859. que M. Peria découvrit
cet acide en fondant de l'hydrurë de sali-
cyle ou huile essentielle de Spirax ultnaria
avec de la potasse caustique.
Kolbe réussit à le fabriquer de toutes
pièces avec Thydrate de phényle et Tacide
carbonique. Il obtint ainsi un composé
fondant à 159**, se solidifiant à 157", colo-
rant les sels de fer en violet, et se conver-
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134
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
tissant dans réconomicen une sorte d'acide
hippurique, Tacide salicyhirique. Tel est
le corps sur lequel Thiersch, de Leipzig,
vient d'écrire une longue monographie où
sont minutieusement fournis les détails de
ce pansement nouveau.
L'eau ne dissolvant qu'un gramme pour
500 d'acide salîcylique à la température
ordinaire, on a de cette façon une prépa-
ration officinale titrée facile à se procurer.
Mélangée à l'urine, elle arrête sa décom-
position comme celle du pus et du sang :
celui-ci se colore en violet, à cause du fer
qu'il contient. Le pus se prend en coagu-
lum albumineuxet seséléments conservent
leur forme comme .celles des globules
reuges, légèrement éclaircis cependant. Si
on compare Tacide salicylique à l'acide pho-
nique^ on voit que l'acide salicylique n'est
pas irritant, comme celui-ci, qu'étant dé-
pourvu de cette odeur si persistante et
désagréable, il a toutes les qualités du
phénol, sans parler encore de l'action dans
l'usage interne. Le prix de revient serait
aussi sensiblement moindre.
Pour les pansements on so sert soit de
la solution officinale, soit de ouate impré-
gnée. Blaser donne pour cette fabrication
la formule suivante :
Ouate à 3 0/0.
Acide saiicyl. 750 gr. dissous dans Palcool
7 kilogr. 5 (à 85-).
. Eau 150 litres à 70» centig.
Cette solution peut servir pour ^5 kiiog.
de coton.
■ . Ooate à 10 0/0-
Acide 1 kilogr.
Alcool 10 k. pour 10 kilogr. de coton.
Eau 60 litres.
Ces préparations ne demandent pas plus
de 3 ou i h. pour être complètement exé-
cutées. La répartition de Tacide, sans être
parfaitement égale, donne néanmoins une
moyenne suffisante. La glycérine fournit
un bon excipient à l'acide :
Acide salicylique 733.
(Jlycérine .^00.
Eau 4.500 à 70° cent.
En applications directes sur les plaies et
concentré, Tacide .salicylique cause une
douleur assez vive pendant 2 ou 5 heures;
puis, la- plaie se déterge, et les bourgeons
apparaissent rapidement, comme avec les
caustiques. A. 1/300, il n'est plus irritant;
du reste son action toxique n'est jamais à
craindre, quelle que âoit la dose.
Thiersch a examiné très attentivement
l'action de cet agent sur le pus, son in-
fluence sur la genèse des bactéries et des
vibrions dans les pansements. L'auteur
affirme que les pansements fermés à la
ouate imprégnée peuvent rester 1 4 jours
sans présenter trace de champignon ; nous
trouvons néanmoins quelques observations
où le microscope a révélé des vibrions et
des baguettes articulées mobiles. Le liquide
des blessures traitées à ciel ouvert ne con-
tiendrait jamais de chaînettes. La chirur-
gie allemande attribue depuis quelque
temps la plus grande importance à l'étude
des spores dans les plaies; elle n'hésite pas
à leur faire jouer un rôle au moins impor-
tant dans les accidents putrides et septi-
ques, et c'est pour arriver à détruire ces
germes de fermentation que nous voyons
renouveler avec l'acide salicylique les
essais tentés déjà par Lister avec Talcool
et l'acide phénique.
Les soins les plus minutieux sont exigés
dans ces pansements. Le malade est net-
toyé ; le membre, rasé ; les instruments,
passés à Palcool (l'acide salicylique atta-
quant l'acier);— les éponges ont été puri-
fiées aux alcalis et à l'acide salicylique; — les
assistants, l'opérateur font de fréquentes
ablutions avec la solution officinale ; — les
ligatures, composées de tissus imputresci-
bles, sont appliquées en grand nombre
pour éviter la décomposition du sang qui
pourrait .s'écouler. Enfin le pansement
réel est fait avec la ouate salicyliquée.
Lès bandages permanents peuvent être
conservés soit en surajoutant des feuilles
de ouate, soit en versant une nouvelle
quantité de solution alcoolique sur l'ancien
coton. Dès le 4™* ou 5™« jour, la suppu-
ration donne une odeur rance ou caséeuse,
et dans tous les cas l'acide chlorhydrique
décèle la formation d'ammoniaque, comme
dans les pansements de Lister avec l'acide
phénique. C'est assurément plutôt à cette
méthode générale qu'au nouvel agent lui-
même, que nous devons, attribuer les suc-
cès obtenus par Thiersch à Leipzig avec
Tacide salicylique.
. Dans une première série de grandes
amputations : cuiss**, jambe, nous trouvons
43 guérisons sur 18, et, pour les résections
et les fractures compliquées, 23 guérisons
sur 23 cas. Dans une seconde série, ^^î
grandes amputations n'ont fourni que
7 morts. Soit en tout 64 guérisons sur 89
amputations, ou 28 0/0 de mortalité, chif-
fre que nous croyons se rapprocher beau-
coup de celui obtenu par les chirurgiens
américains dans les hôpitaux civils. Notons
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REVUK ANALYTIQUE ET CRITIQUE
i55
toutefois, dans la statistique de Thici'scb,
trois cas d*érysipcle dont un mortel, et trois
cas de pyohémie fatalement termines.
LMnfluencc de Pacide salicy.'ique à Tin-
térieur a été étudiée en décembre J874
par Furbringer, aide clinique de Heidel-
berg. A la dose de i centi£(. chez le lapin
et de 5 à ^5 cen'lig. chez Thonime, la tem-
pérature ne dépasse pas le maximum ou le
minimum habituel. Après avoir développé
la fièvre putride chez des lapins par des
injections sous cutanées de liquide putride,
il a suffi d*une dose de 0,05 c. à 0,^0 c.
pour amener dans ce cas un abaissement
considérable de la température. Chez
rhomme, dans Tinfection purulente, les
résultats ont été également manifestes.
Butt, aide clinique à Thôpital de Saint-
Gall, a pu reconnaître aussi dans facidc
salicyiique un agent antiseptique et anti-
pyrétique puissant; supérieur même au
sulfate de quinine, puisque, à haute dose,
il ne serait pas toxique et ne produirait
aucun des effets de la saturation quinique.
En relevant, à -i et 8 grammes en une
seule foisy il en a retiré les meilleurs effets
dans la fièvre typhoïde, l'érysipèle et le
rhumatisme aigu. Nous savons cependant
qu'une dose de i sur 20 en lavement a
développé une péritonite mortelle en
!24 heures chez un lapin. — Kolbe a pu en
prendre impunément 1,50 pendant plu-
sieurs jours.
En résumé, Tacide salicyiique parait
être, chimiquement parlant^ un anti-fer-
mentcscible ou mcme titre que Tacide
phénique. Il arrête la décomposition des
liquides organiques, efinpcche les bactéries
de se former et n'est pas toxique parce
qu'il est rapidement éliminé de Técono-
mie par les urines. — Tels sont les faits
certains qui ont conduit à remployer dans
les pansements chirurgicaux. S'il est en
outre meilleur marché que Tacide phéni-
que sans avoir celte odeur aussi pénible,
après un ceftain temps, que Todeur du
pus lui même, s'il abaisse réellement la
température dans la fièvre, nous devons
reconnaître à ce nouvel agent des qualités
utilisables, malgré toute la défiance qu*in-
spirent à juste titre les médicaments nou-
veaux. (Abeille médicale)
d'ulcères herpétiques amenant des adhé-
rences entre le prépuce et le gland, etT c'est
le diabète lui-même qui est la cause et de
la facilité avec laquelle les vésicules herpé-
tiques dégénèrent en ulcères, et de la diffi-
culté" que ces derniers ont à se cicatriser. -
En présence de certains phimosis, il faut
donc penser au diabète, et celui-ci reconnu,
rejeter Topération par crainte de phlegmon
plus ou moins grave, ou tout au moins ne
la faire qu'après avoir fait disparaître le
sucre dans les urines. L'herpès diabétique, .
décrit par Gublcr, ne présenterait pas de
vésicules, mais de petites ulcérations rap-
pelant le chancre parcheminé, sans décol-
lement et sécrétant un liquide blanc mat,
contenant de petits corps flottants comme
chez les néphropathiqucs. La cicatrice est
épaisse et rétraclile. M. Keliquet a remar-
qué que cet herpès est encore caractérisé
par des sporules particuliers de fermenta-
tion.
Le docteur de Beauvais n'admet pas ici
d*herpès, mais une balano-posthite spé-
ciale de nature parasitaire, analogue au*
muguet buccal, produite par l'accumula-
tion et la rétention dans le sac préputial
des urines sucrées qui subissent là. une fer-
mentation lactique ou acétique. Cette ba-
lano-posthite est suivie de fissures, d'exco-
riations plus ou moins profondes, d'érup-
tions diverses, anlracoîdes qui s'ulci^rent
et se couvrent de mucédiiiées ; puis sur-
viennent les infiltrations plastiques com-
munes dans le diabète. {Lyon médical.)
Du phimosis oonséoulif à Tberpés du
prépuce chez les diabétiques, par M. DU-
BUC. — Le fait avait déjà été signalé par
M. Aimé Martin, le phimosis est le résultat
Bicarbonate de soude contre le mal de
dent, par M. le docteur DUCKWORTH,
de Sainl-Bartholomew*s hospital). — L'au-
teur pense que souvent la doulcUr dentaire
est produite par le contact d'une salive
acide sur une dent cariée, et qu'il serait
important d'essayer dans les cas d'odon-
talgie la réaction de la salive afin de guider
plus sûrement sa thérapeutique ; lorsque'
en effet la salive est acide, souvent on
pourrait obtenir d*uu simple pansement
alcalin des effets que ne donnent pas d'au-
tres moyens en apparence plus puissants.
Le fait suivant vient à l'appui de ces idées :
Un jeune garçon souffrait de vives dou-
leurs provenant d'une molaire cariée : des
onctions de chloroforme sur la joue du côté
malade étaient restées sans succès, ainsi
que des instillations de chloroforme dans
l'oreille ; on avait aussi en vain essayé des
pansements avec des bourdonnets (k coton
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4 56
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
trempés dans du chloroforme et introduits
dans Te trou de la carie ; des pansements
semblables avec Tacide phénique s'étaient
aussi montrés impuissants : c*est dans ces
conditions que Ton employa les pansements
avec le bicarbonate de soude. Les bour-
donnets de coton, avant leur introduction
dans la dent cariée, furent trempés dans
une solution aqueuse do sel de soude
(2 gr. de bicarbonate pour 50 d'eau) et la
douleur se calma très-rapidement, (fbid,)
Du traitement de l'èmpoiftonnement
par le phosphore au moyen des injeo*
tiens in tr a- veineuses d'oxygène ; par
MM. THÏKRNESSE et CAS^li. — Dans
une communication à l'Académie, M. Rom*
melaere avait soutenu l'opinion d'après
laquelle l'huile essentielle de térébenthine
n'est un contre-poison du pbospRore qu'à
la condition de n'être pas rectiGée, c'est-à-
dire d'être oxygénée. On sait, en effet, que
Messence de térébenthine est très-avide
d'oxygène, et peut en fixer un grand
nombre de fois son yolumc. Au milieu de
la discussion soulevée par le travail 'de
M. Rommelaere, M. Thicrnesse avait émis
l'idée que l'essence de térébenthine n'était
pas par elle -même l'antidote du phosphore,
mais que c'était l'oxygène seul qui avait le
pouvoir d'enrayer l'action du toxique.
MM. Thicrnesse et Casse commencèrent
aloi-s des expériences, et injectèrent dans
les veines d'animaux empoisonnés par 1«
phosphore du sang défîbriné; parlant oxy-
géné. Mais, grâce au peu d'oxygène con-
tenu dans le sang, plus d'un animal suc-
comba. Les auteurs eurent alors recours
à l'introduction dans le système veineux
d'oxygène pur. Le poison était quel-
quefois ingéré, mais le plus souvent on le
dissolvait dans Thuile et on Tinjectait dans
une veine. Aussitôt que les phénomènes
toxiques se manifestaient, on faisait péné-
trer dans le système veineux de l'oxygène
pur. Il est nécessaire d'injecler lentement
ce gaz dans le torrent circulatoire. La
quantité de gaz à injceter est variable;
elle peut même être considérable. En thèse
générale, MM. Thicrnesse et Casse pensent
que la quantité d'oxygène qu'il convient
d'opposer au phosphore ne saurait être
moindre que 150 ou 900 cent, cubes, pour
un animal du poids de 5 à 8 kil., et qu'il
est nécessaire d'en introduire 300 à 500 c.
cubes chez des sujets d'un poids plus con-
sidérable. Nous rappelons à ce propos que
ce sont les belles expériences du regretté
docteur Muron et «elles du docteur La-
borde qui ont démontré que l'on pouvait
impunément injecter dans le torrent cir-
culatoire^ en prenant certaines précau-
tions, des quantités de gaz très-considéra-
.bles. Il résulte des expériences de MM.
Thicrnesse et Casse que ce n'est pas l'es-
sence de térébenthine qui est l'antidote du
phosphore, mais bien Toxygène. D'après
la théorie de* ces expérimentateurs , le
phosphore^ au lieu de s'oxyder aux dépens
de l'oxygène des globules, s'oxyderait aux
dépens de l'oxygène injecté, ou, ce qui
reviendrait au même, l'oxygène injecté
restituerait aux globules l'oxygène qui
leur aurait été enlevé par le phosphore.
Dans tous les cas, il y a formation d'un
composé oxygéné de phosphore. Ce der-
nier, d'après le travail que nous venons de
résumer, et les expériences anciennes de
M. Personne, serait dépourvu de tout pou-
voir toxiqu e . ( L'A fteille médicale . )
Prooëdé du docteur Daniel Leasure
pour faciliter la réussite du taxis au
moyen delà position donnée au nkalade.
' — V American journal of the médical
sciences a publié, il y a un peu plus d'un
an, au mois d'avril 1874, un procédé très-
ingénieux qui permet de venir à bout des
hernies' qu'on aurait crues d'abord irré-
ductibles. Le docteur Leasure (de Pitts-
burg) fait placer les jambes du malade sur
les épaules d'un infirmier, et fait soulever
le patient de telle façon qu'il ne repose sur
le lit que par la tète et les épaules. 11
arrive ainsi que la colonne vertébrale se
trouve subir une inclinaison assez forte
dont la concavité est en avant ; et de celte
position donnée au malade résulte le relâ-
chement aussi complet que possible de la
paroi abdominale. Le procédé n'est pas
tout à fait nouveau, il semble avoir déjà
été conseillé et employé. Malheureusement
cette méthode est tombée daiis l'oubli peut*
être parce qu'elle a été pendant longtemps
mal comprise. On n'a voulu y voir qu'ua
moyen de faciliter par l'application des lois
de la pesanteur la réintégration des organes
déplacés dans l'intérieur de la cavité abdo-
minale ; et par suite de cette idée fausse
on est arrivé à exagérer la méthode, on en
a faussé complètement l'application en
ajant recours tout simplement à la sus-
pension du malade par les pieds, la tête
abandonnée à la pesanteur. Dans cette
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
157
position les parois abdominales sont pour
le moins anssi tendues que dans le décu-
bitus, et la réduction de la hernie n'est
nullement facilitée. Ccst par suite d'une
pareille erreur que Lawrence arrive dans
son Traité des hernies à condamner celte
méthode d*ube façon absolue. En l'expli-
quant d'une manière plus rationnelle et en
prescrivant de toujours reposer sur le lit
les épaules et la tête du malade, le doc-
teur Leasure a rendu un grand service à
la pratique chirurgicale.
Cette méthode a tout dernièrement donné
au docteur Périer'un succès d'autant plus
remarqunble que le malade sur lequel elle
a été employée avait. déjà subi des tenta-
tives de taxis restées infructueuses entre
les mains de chirurgiens justement célè-^
bres. Il s'agissait d'une énorme hernie
inguino-scrotale. M. Dupré, M. Capron,
M. Gosselin avaient successivement échoué;
le taxis avait été fait d'abord sans chloro-
forme, et ensuite par Gosselin après chlo-
roformisation ; et en désespoir de cause
on avait adressé le malade à l'hôpital pour
le faire, opérer. En le plaçant dans la situa-
tion déclive, le docteur Périer vit le taxis
arriver rapidement à réduire de moitié lé
volume de la hernie ; il fallut deux minutes
pour obtenir ce résultat, et il s'agissait
d''une hernie ayant le volume d'un œuf
d'autruche. Après cette demi réduction on
replaça le malade dans la position horizon-
tale, et l'on n'eut plus aucune peine pour
achever, de faire rentrer la hernie.
{Lyon médicaL)
Ponction du péricarde ; par Ic docteur
VILLENEUVE fils. — Le 17 mai 1873, je
fus appelé par notre confrère, M. Giraud,
d'Arenc, auprès d'un enfant de cinq ans
et demi, atteint de péricardite. A mon
arrivée, je trouvai le petit malade dans
l'état le plus grave : la face bouffie et mar-
brée, les paupières œdémateuses, leslèvres
violettes et froides ; le pouls très-faible ne
pouvait se compter. Les extrémités infé-
rieures, froides, étaient œdématiées jus-
qu'aux cuisses; le scrotum était infiltré.
À la région précordiale, on remarqqail
une voussure très marquée et de la gran-
deur de la main. Cette voussure était net-
tement fluctuante et offrait un mouvement
d'ondulation en rapport avec la respira-
tion. Celle ci était courle et fortement sif-
flante; il y avait un tirage très-accentué
avec gonflement des jugulaires. L'auscul-
tation de la partie antérieure de la poi-
trine ne me laissa rien percevoir : ni
njurmure respiratoire, ni bruit du cœur. A
la partie postérieure du thorax, on n'en-
tendait que le retentissement de la respira-
tion sifflante et quelques râles sibilants.
S'il faut en croire les parents, cet état
aurait été la suite d'une chute survenue
deux mois auparavant, et a la suite de
laquelle il aurait commencé à être suffoqué
et à avoir les jambes enflées. Le traitement
employé consistait en boissons diurétiques,
application de sept sangsues sur la région
précordiale, suivies de sept vésicatoires
placés coup sur coup sur le même point.
A la suite de ce traitement très-rationnel,
aucune amélioration n'étant survenue, et
l'état du malade empirant toujours^ M. Gi-
raud me fit appeler en consultation.
A mon avis, le petit malade était mont-
rant, il n'en avait que pour quelques heu-
res. Ne sachant quel traitement médical
employer, je résolus d'intervenir chirur-
gicalement. Je fis part de ma résolution
aux parents, en les prévenant que je .
regardais cette intervention comme déses-
pérée, et qu'il pourrait même se faire
qu'une syncope emportât le malade pen-
dant l'opération. Néanmoins, ils consen-
tirent à me laisser agir. J'envoyai donc
chercher la seringue aspiratoir.e de M. Dieu-
lafoy, et, avec Taide de M. Giraud fils, je
pratiquai la ponction au point où la
tumeur était le plus saillante et fluctuante.
J'enlevai ainsi, au moyen d'un vide préa-
lable, deux seringuées d'un liquide parfai-
tement transparent, mais d'une couleur
citrine prononcée.
Lorsque j'eus enlevé la canule, la petite
plaie resta béante, et il sortit même un jet
assez fort de liquide par l'ouverture. Cela
tenait à ce que la paroi antérieure de la
cavité avait été très-amincie par les appli-
cations réitérées de vésicatoires. Très-
contrarié de cet accident, je me hâtai
d'appliquer le doigt sur l'ouverture, et
j'eus assez, de peine à l'oblitérer avec un
morceau de diachylum taillé en croix de
Malte, parce que l'enfant, qui commençait
à revenir de sa stupeur asphyxique, criait
et s'agitait beaucoup, et faisait à chaque
mouvement, sortir Un peu de sérosité par
la piqûre.
Je complétai le pansement par une com-
presse soutenue avec un plumasseau de
charpie et un petit bandage de corps.
Je pus alors, en appliquant l'oreille sur
la poitrine, entendre les battements du
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
cœur, qui étaient encore confus et tumul-
tueux. Le pouls me permit de compter
160 pulsations à la minute ; les symptô-
m(/s d*asphyxie s'amendèrent et je pus
quitter mon petit malade opéré, dans un
état assez satisfaisant.
A partir de ce moment, Tamétioration
continua, Toedème céda peu à peu, Tap-
petit revint et le pouls se régularisa. Mais,
ce qui est important à noter, c'est que la
piqûre faite par le trois- quarts ne se ferma
pas, et que la sérosité péricardique conti-
nua à couler avec abondance et même par
jet, à chaque pansement, qui était fait
deux fois par vingt- quatre heures. Au
bout de quelques jours la sérosité devint
plus louche, plus épaisse et enfin entière-
ment purulente; elle continua de couler
avec abondance pendant cinq mois. Cepen-
dant le malade se levait, marchait; avait
repris de Tappétit. Vers cette époque, un
abcès se forma au niveau de la cinquième
côte et fut ouvert par M. Giraud. Il ne
laissa s*écouler que du pus de bonne
nature. Cet abcès se cicatrisa et peu-à-peu
la fistule péricardique ne laissa échapper
qu'un pus de moins en moins abondant^
jusqu'au sixième mois après l'opération,
époque a laquelle elle se ferma définitive-
ment.
Depuis cette époque^ l'enfant n'a cessé
de se bien porter, et il est maintenant,
ainsi que l'on peut le voir, dans un état
florissant.de santé.
J'attire l'attention de mes confrères sur
la rareté des faits de cette nature, et sur-
tout sur Texistence de la fistule persistant
près de six mois après l'opération .
Enfin je prie mes collègues de vouloir
bien constater l'état actuel du cœur, qui
me parait absolument sain et ne laisse rien
percevoir à l'auscultation.
(Archives médicales belges.)
fatigues que lui occasionnait son métier
jointes aux privations l'avaient épuisé. Le
malade se plaignait d'un catarrhe bron-
chique chronique et d'une tumeur de la
région lombaire gauche.
Cette tumeur remontait à plusieurs an-
nées, elle présentait une forme hémisphé-
rique, son diamètre mesurait environ
éO centimètres. Au toucher elle était molle
et élastique et donnait à la percussion un
son tympanique. Dans les edPorts de toux,
elle augmentait beaucoup de volume et on
pouvait la faire disparaître complètement
en exerçant une compres&ion convenable
avec les doigts ; on constatait alors l'exis-
tence d'un orifice de la grandeur d'une
pièce de 10 centimes ; quand on cessait la
.compression, la tumeur reparaissait. La
réduction donnait naissance à un bruit ca-
ractéristique de gargouillement. Une her-
nie de l'intestin grêle fut diagnostiquée.
On opéra la réduction qu'on maintint à
l'aide d'un bandage. Celui dont il fut fait
usage consistait en un petit coussin dont Iç
centre se relevait en forme de mamelon et
s'adaptait parfaitement à l'orifice.
(Gazette médicale de Paris,)
Un cas de hernie lombaire ; par le doc-
teur Angelo CIANCIOSI. — sous le nom
de hernie lombaire^ J. L. Petit a, le pre-
mier, décrit; en 1785, la hernie qui peut
se produire dans le petit espace triangulaire
qui existe quelquefois en arrière du grand
oblique, entre ce muscle et le grand dor-
sal. Comme il est très-rare de l'observer,
le cas publié par le docteur Angelo Cian-
ciosi est dignp de remarque.
En mars 1874, ce médecin fut consulté
par un vieillard de 70 anS; dont l'état gé-
néral était peu satisfaisant; les grandes
k>e la laparotomie ou section abdomi-
nale comme moyen de traitement de l'in-
tussusoeption. — Le docteur John Ashurst
donne le nom de laparotomie à Topération
qui consiste à faire, dans les cas d'intus-
susceptioU; une incision à la paroi abdo-
minale et à chercher par cette voie à
réduire Tintussusception intestinale. Après
avoir réuni treize cas traités ainsi par la
section abdominale, le docteur Ashurst
arrive aux conclusions suivantes :
« L'expérience du passé ne doit pas
encourager le chirurgien à intervenir dans
les cas d'intussusception chez des enfants
âgés de moins d'un an.
» Lorque les symptômes observés, et
particulièrement Thémorrhagie, font sup-
poser que la portion invaginée est frappée
de gangrène, l'opération est contre^indi-
quée ; on comprend aisément que, dans ce
cas, la laparotomie ne pourrait être d'au-
cune utilité; du reste, cette terminaison
par gangrène laisse encore quelque espoir
de guérison spontanée.
» 11 ne reste donc plus que quelques cas
exceptionnels dans lesquels la question de
^intervention chirurgicale pourra être agi-
tée ; ce sont ceux où la terminaison par
gangrène ne saurait être espérée^ oi!i tous
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
139
les remèdes ordinaires ont cchou**, où le
malade est menacé de succomber à Tépui-
sèment et où enfin le sujet se trouve dans
des conditions générales relativement sa-
tisfaisantes.
» Lorsque Topération est décidée, la
laparotomie doit toujours être préférée à
Tentérotomie et à la côlotomie. Ces deux
dernières opérations, qui trouvent leur
application dans les occlusions cons^éni-
taies et dans les obstructions chroniques^
ne sauraient être employées lorsquMl s*8git
d*nne intussusception ou d*une autre va-
riété d'obstruction intestinale aiguë.
» Dans les occlusions intestinales aiguës
reconnaissant d'autres causes que Tinvagi-
nation et lorsque le traitement médical
n*anra pas produit d'amélioration au bout
de trois ou quatre jours, la laparotomie
pourra être pratiquée avec quelques chances
de succès. Cette étude ayant spécialement
trait à Tintussusception, je n'insiste pas
sar cette dernière conclusion. »
{BuUeltin général de thérapeutique,)
Do traitement de rocolusion îotestî-
nale interne par l'éleotrîoité. — Se fon-
dant sur un certain nombre d'observations
et en particulier sur un fait qu'il a été à
même d'observer à l'hôpital de Brest, le
docteur Fie uriot conseille remploi de Télcc-
incité pour combattre les étranglements
internes ; il s'est servi de l'appareil de
Gaifife, et plaçait l'un des rhéopbores à
l'anus ou dans le rectum et l'autre sur
l'abdomen. {Ihid.)
Nouveau cas de spîna bifida guéri par
de* injections. — James Morton, profes-
seur de clinique chirurgicale à l'hôpital
royal de Glascow, après avoir cité quatre
cas de guérison de spina bifida traités par
l'injection avec la glycérine iodée, deux
par lui, deux par le docteur Watt, raconte
le fait suivant :
Le 22 juin, le docteur Thomas Smith
me fit appeler auprès d'une petite fille
âgée de sept semiiines, Christine M..., en-
fant délicate et portant une tumeur, qui
datait de la naissance, elle était globuleuse,
élastique, transparente et non pédonculée ;
elle présentait la grosseur d'une pêche ;
son siège, sur la septième vertèbre cervi-
cale et la première dorsale, réclamait la
plus grande attention. On me dit que déjà^
par une déchirure, s'était écoulé un liquide
clair. L'ouverture semblait s'être fermée
depuis, et le liquide s'accumulant dans la
poche, le gonflement était devenu plus
considérable que jamais.
A un hôpital où on avait conduit l'en-
fant, le'chirurgien consulté n'avait voulu
rien entreprendre.
Le 23 juin, la tumeur est ponctionnée
au moyen d'un fin trocart et par la canule
s'échappe une grande quantité de liquide ;
puis on injecte dans la poche une solution
faible de glycérine iodée, on ferme ensuite
l'ouverture avec du coUodion. A l'excep-
tion d'un peu de fièvre, il ne se manifeste
aucun malaise chez l'enfant, qui s'empresse
de reprendre le sein après l'opération. Le
soir elle est un peu agitée, elle ne dort, pas
de la nuit; le matin, elle devient plus
calme et s'endort d'un sommeil répara-
teur.
Bientôt le liquide s'accumule une se-
conde fois et montre que l'injection n'a pas
répondu à mon attente.
Le 5 juillet, nouvelle ponction et injec-
tion nouvelle. Cette fois, l'enfant n'en
éprouve aucun effet fâcheux, elle prend le
sein et dort selon son habitude. Après l'in-
jection, beaucoup de sérum et de sang
étaient sortis par l'ouverture et j'avais eu
la plus grande peine à la fermer.
Le 25 juillet, l'état général de l'enfant
s'est beaucoup amélioré, depuis la dernière
opération, elle n'a ressenti aucun malaise
et aujourd'hui qu'elle est complètement
maîtresse de ses mouvements, elle parait
en user avec le plus grand plaisir.
La mère ne l'a jamais vue en si bonne
sauté.
La tumeur a diminué graduellement,
elle est environ du volume d'une grosse
fraise, et d'une couleur légèrement pour-
prée. Elle est entièrement solide ; sa sur-
face est irrégulière, plissée comme un gros
raisin sec.
Le 15 août, la guérison persiste.
Ce cas et les quatre cités en commençant
sont les seuls où l'on ait employé ce mode
de traitement, et chez tous, il a été heu-
reux. Bien qu'en petit nombre, ces succès
ont une uniformité très-encourageante et
doivent exciter les médecins à augmenter
le nombre de ces cures. S'attendre à des
succès constants serait, je crois, une utopie;
mais si le succès devient règle et l'échec
exception ce mode de procéder pourra
être tenu pour le meilleur que l'on con-
naisse jusqu'à ce jour dans le traitement de
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140
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
ce dangereux vice de conformation congé-
nital.
(Remiede thérapeut, médico chtrurg.)
Cinq cas de résection du sternum et
des côtes. — Le çujet de la première ob-
servation est un paysan âgé de 55 ans, qui
était atteint depuis un an d*une tumeur
dure, pas douloureuse, et siégeant à la
partie moyenne du sternum, et qui avait
tellement augmenté en volume dans Tes-
pacedecinq mois, qu'elle atteif^nait 40 cen-
timètres de drconférence et!23 de hauteur.
La peau qui couvrait la tumeur était nor-
male; la tumeur, fixe et adhérente aux os,
présentait de la fluctuation sdr quelques
points. Le professeur Costanzo Mazzoni en
filTablation réséquant le sternum depuis le
manubrium jusqu'à Tappendice xipholde^
et une partie des deuxième, troisième et
quatrième cartilages costaux, de façon à ce
qu'il mit à nu la plèvre du médiastin et le
péricarde. On voyait ainsi le cœur battre.
Le pansement consista dans Tapplication
de charpie trempée dans Thuile phéniquce
et dans le permanganate de potasse. Sur-
vint un peu de diarrhée qui fut facilement
vaincue ; la plaie avait bon aspect et était
recouverte de granulations ; mais quinze
jours après ropcralion une pneumonie hy-
postatique emporta le malade. L'autopsie
démontra que la plaie était recouverte de
bourgeons charnus.
Les autres cas de résection eurent un
meilleur résultat^ et tous les malades gué-
rirent. Il s'agissait de la carie d'une partie
du sternum et de quelques côtes sur des
individus scrofuleux. L'ablation de Tos
carié sauva les malades.
[Bulletin général de thérapeutique,)
Sur la résection de l'omoplate. —
M. le docteur Bœckel, dans une communi-
cation faite le â juillet 1874 à l'assemblée
générale des médecins du Bas-Rhin, a cité
deux observations de résection de l'omo-
plate ; dans Tune, il s'agit de la résection
de l'acroinion et du tiers externe de l'épine
de l'omoplate. La guérison était complète
deux mois après et les mouvements du
bras étaient parfaitement rétablis au bout
de six mois. Dans le second fait, il s'agit
d'une carie de l'omoplate ; on fait une
résection sous-périostée du scapulum,
moins la partie articulaire et l'angle infé-
rieur ; la guérison se fait en deux mois et
demi. Au bout de trois mois et demi, il y
avait une régénération osseuse complète,
et au bout de six, les usages du membre
étaient revenus. Voici comment-le docteur
Bœckel s'exprime sur le procédé (opératoire
employé ;
I. incisions tégumentaires . — Une pre-
mière, incision transversale fut pratiquée à
partir de l'extrémité de l'acromion jusqu'au
niveau des fistules, c'est-à-dire jusque vers
le tiers externe de l'épine; puis,, au lieu
de suivre l'épine dans toute sa longueur,
comme la plupart des chirurgiens, nous
nous rapprochâmes du bord supérieur de
l'os; nous espérions de cette façon mettre
bien à nu la partie supérieure du scapulum
et nous mettre à l'abri de l'objejction faite
à l'incision transversale de Langenbeck,
Syme, etc., qui découvre mal la fosse sus-
épineuse. Nous ne nous doutions pas à ce
moment que la carie pouvait être aussi
étendue, et nous nous mimes à ruginer
l'acromion et le commencement de l'épine
en décollant le muscle sus-scapulaire et le
périoste de leurs attaches à l'os. Cette ma-
nœuvre s'exécuta très-facilemeut, grâce aux
faibles adhérences du périoste. Arrivé près
du bord spinal, je trouvai cette partie ma-
lade. Une incision perpendiculaire à la
première, longeant le bord spinal et allant
jusqu'à l'os, fut pratiquée sur une étendue
de quelques centimètres ; mais bientôt il
fallut la prolonger à cause de la carie qui
s'étendait plus loin qu'on ne l'avait sup-
posé au premier abord ; de sorte qu'en dé-
finitive on eut une incision verticale de
9 centimètres.
II. La dénudation de Vos fut alors pour-
suivie activement : du côté de la fosse
sus-épincusQ je séparai le muscle jusqu'au
delà de l'échancrure coracoïdienne, c'est-
à-dire jusque près de la base de l'apophyse
coracoïde, sans apercevoir le nerf sus-
scapulaire ; du côté de la fosse sous-épi-
neuse les muscles furent détachés jusqu'à
deux travers de doigt de l'angle inférieur,
qui était sain ; les fibres inférieures du
sous-épineux furent sectionnées; les in-
sertions du grand rond furent entièrement
respectées. J'essayai ensuite de soulever
l'omoplate et de ruginer une partie de la
fosse sous-scapulaire pour passer une scie
à chaîne et laisser fan^le inférieur de l'os
dans la plaie. Un certain nombre de fibres
du sous-scapulâirc furent entamées, puis
la section de l'os pratiquée. Je pus alors
saisir l'omoplate, l'attirer hors de la plaie
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REVUE ANALYTIQUE Ë^ CRITIQUE.
141
et achever de la dénuder; cette manœuvre
se fit aisément et fut poursuivie sur les
deux laces jusque près de la cavité glé-
noîd«i.
IIL Extirpation de Vos. — Les abords
de la cavité paraissant relativement sains,
on passa la scie à chaîne à travers Téchan-
crure coracoîdienne et on fit la section du
col. A ce moment, Partère sus-scapulaire
donna un fort jet, et on eut quelque peine
à la saisir; mais au bout d'un certain temps
ou parvint néanmoins à la lier.' On termina
l'amputation par la section des ligaments
acromio-claviculaires. . {Ibid»)
Chimie médicale et pharmaceutique.
Transformation de la matière colo-
rante jaune de Turine en uroérythrine.
— Dans une des dernières séances de la
Société de biologie, M. Rabuteau a t;om-
muniqué les résultats suivants sur la ma-
tière colorante de Turinc normale. D'a-
près Thudicum, celte matière colorante
serait constituée par Turochrome. Sous
rînfluence des oxydants, elle devient
rouge de jaune qu'elle était et se tràns*
forme en uroérythrine. iM. Rabuteau a
constaté également cette transformation
sous rinfluence des oxydants. Le point
spécial sur lequel Tauteur a insisté, c'est,
en premier lieu, Textraction de ruroéry-
thrine, et en second lieu la métamorphose
de cette matière en urochrouie, sous Pin-
flucnce des agents réducteurs. Pour ex-
traire Turoérythrine, il ajoute d'abord
un acide, comme s'il voulait doser Tacide
nrique, des uratcs. L'urine devient rouge
peu à peu au contact de Pair. Au bout de
un à deux jours^ l'urine -est complètement
rouge, il l'agite alors avec de l'alcool amy-
lique, qui s'empare de l'uroérythrine, et
vient à la surface de l'urine. En agitant
ainsi deux à trois fois l'urine avec de l'al-
cool amylique, on finit par séparer com-
plètement Turoérythrine. En évaporant
:ia bain-marie la solution d'érythrinc dans
Kalcool amylique, on obtient une sub-
stance rouge qui, sous l'influence des ré-
ducteurs, se comporte de la manière sui-
vante : lorsqu'on la traite par l'hydrogène
naissant, par exemple lorsqu'on la met
dans l'eau avec du zinc et de l'acide chlo-
rhydrique, ou avec de l'amalgame .de so-
dium, elle devient peu à peu jaune, puis
tout à fait incolore. Les alcalis, les carbo-
nates alcalins et notamment le carbonate
d'ammoniaque^ la ramènent à la couleur
jaune plus ou moins normale de l'urine.
Réclproquemejit, lorsqu'on la traite par
des oxydants, la matière colorante ainsi
modifiée, ou simplement si on l'abandonne
à l'air, elle redevient rouge et l'acide
plombique au contact de l'acide chlorhy-
drique produit cet effet. Le chlore em-
ployé en très-faible quantité produit le
même résultat, mais, employé en excès il
détermine une décoloration complète. Ces
données nous expliquent différents chan-
gements de couleur qu'éprouve l'urine
normale abandonnée à elle-même. Elle
rougit d'abord peu à peu au contact de
l'air (transformation de l'urochrome ea
uroérythrine) puis au bout de quelques
jours, lorsqu'elle se putréfie, elle devient
jaunâtre, pâle (modification éprouvée par
l'uroérythrine sous l'influence du carbo-
nate d'ammoniaque qui provient de la dé-
composition de l'urée.)
(Journal des connaiss. médic, pratiq,)
Sur la présence de la deztrine dans
l'urine; par M. E. REICHARDT. — Sous
l'influence des eaux alcalines (Vichy, Vais,
Carlsbad), le sucre disparait totalement de
de l'urine des diabétiques, mais ce liquide
n'en persiste pas moins à agir comme agent
réducteur, très lent et très faible à la
vérité, sur la liqueur de Fehling. M. Rei-
chardt, d'Iéna, s'est assuré, dans ce cas,
de la présence d'une petite quantité de
dextrine ; voici le procédé qu'il a suivi
pour eu donner la prouve. L'urine est
évaporée au bain-marie en consistance
sirupeuse; W résidu est additionné d'alcool
et de potasse caustique, comme dans le
cas de la recherche du sucre ; il se fait uu
dépôt dout on sépare facilement le liquide
qui surnage. Ce dépôt est lavé à plusieurs
reprises avec de Talcool absolu, puis traité
par de l'acide acétique étendu qui le dis-
sout.
Un second traitement par l'alcool absolu
précipite de nouveau la dextrine ; l'acétate
alcalin et le sucre (s'il en existait quelques
traces) restent en solution. Bien lavé à
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Talcool, puis desséché, le précipité devient
une poudre blanche, insipide, soluble dans
Teau ; sa solution aqueuse n^agit qu'avec
une extrême lenteur sur le réactif Trora-
mer; Tacide sulfurique très-étendu la
transforme en glycose dont l'action sur le
réactif de Trommer est immédiate. Cette
poudre prend au contact de Tiode une
coloration rouge brune. L'analyse élémen-
taire a donné des résultats qui ne diffèrent
pas sensiblement de ceux de la dextrinc
C**H*«0" ou d^i glycogène.
[L'auteur ne dit rien de l'action de cette
matière sur la lumière polarisée.]
(Journal de pharmacie et de chimie,)
Production spontanée de cristaux
dans les œufs sans développement d'or-
ganismes ; par M. GAYON. — J'ai exa-
miné des œufs qui n'avaient éprouvé
aucune des altérations qu'on observe ordi-
nairement (moisissures, fermentation pu-
tride et fermentation acide) et qui cepen-
dant n'étaient point restés sains. Une mo-
dification spéciale s'était produite, sans que
j'aie pu en saisir la cause, sur quelques-
uns seulement des œufs, brouillés ou non,
mis en expérience à la température de ^^°.
La masse décomposée a une teinte jaune
sale, une odeur de matières animales
sèches, une grande fluidité, malgré les
aiguilles cristallines qu'elle renferme en
grand nombre et malgré les particules
solides qui proviennent de la désagrégation
du vitellus.
Je n'ai pu découvrir trace d'organismes
microscopiques, ni dans l'intérieur^ ni à la
surface, ni dans l'épaisseur des membra-
nes.
Ce qui est surtout caractéristique, c'est
la formation de gros mamelons blancs,
pouvant atteindre 2 et 3 millimètres de
diamètre, et constitués par des faisceaux
de fines aiguilles cristallines. Ces mame-
lons sont nombreux sur toute la surface
interne ou externe de la membrane de la
coque ; ils adhèrent fortement aux points
où ils se sont formés ; les plus gros sont
sur les parois de la chambre à air, et, en
général, partout où l'air extérieur parait
avoir le plus facile accès.
A Paspect microscopique et aux réactions
qu'ils donnent, ou reconnaît qu'ils sont en
grande partie formés de tyrosine, mêlée à
un peu d'albumine.
Si l'on écrase l'un d'eux sur une lame de
verre, il se décompose en faisceaux rayon-
nés de fines aiguilles, ayant chacun la
forme de petits secteurs dentelés sur les
bords, opposés le plus souvent deux à deux
par leurs sommets, et quelquefois groupés
en étoiles. A côté d'eux, on voit des débris
amorphes d'albumine solidifiée.
Ces cristaux sont très-peu solubles dans
Peau froide, solubles dans l'eau bouillante,
où ils se séparent des matières albumineu-
ses, insolubles dans l'alcool et dans l'éther,
mais solubles aisément dans les acides et
les alcalis.
Les réactions suivantes, qui sont carac-
téristiques de la tyrosine, ont parfaitement
réussi :
i^ La dissolution jaune orange, obtenue
avec l'acide azotique, donne, par une éva-
poration ménagée, un résidu qui se colore
en brun rouge foncé par les alcalis
(Schérer).
2° Une dissolution bouillante dans l'eau
donne avec l'azotate neutre de mercure un
précipité blanc jaunâtre, qui se transforme
en rouge foncé par l'addition goutte à
goutte d'aciJe azotique fumant; il faut
faire bouillir de nouveau après chaque
goutte (Meyer).
5<* Une dissolution dans l'acide sulfuri-
que concentré, produite à une douce cha-
leur, prend une couleur rouge passagère ;
le liquide, étendu d'eau, neutralisé par la
craie ou le carbonate de baryte, filtré et
concentré, donne avec le perchlorurc de
fer une coloration violette (Piria).
Dans le dédoublement des matières albu-
minoîdes, la tyrosine étant généralement
accompagnée de leucine, j'ai cherché si
ces deux produits existaient à la fois dans
la masse décomposée. Pour cela, j'ai opéré
de la manière suivante.
Le contenu de l'œuf a été épuisé par
l'alcool bouillant, qui devait dissoudre
toute la leucine, puis par l'éther, pour sé-
parer ce qui restait de matières grasses, et
enfin par une dissolution aqueuse d'ammo-
niaque, qui a dissous la tyrosine. Et en
effet, par l'évaporation lente de cette der-
nière liqueur après filtration, j'ai obtenu
des cristaux blancs de tyrosine.
L'extrait alcoolique filtré, de couleur
rouge, a été évaporé ; le résidu traité par
l'éther a été repris par l'alcool bouillant.
Après filtration nouvelle et évaporation
lente, il s'est déposé des cristaux blancs
jaunâtres, dont la forme est celle des cris-
taux de leucine : ce sont de- petites masses
granuleuses, sphéroïdes, qui au microscope
ressemblent à des cellules adipeuses ; sur
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
U5
leurs bords seulement on voit leur consti-
tulion crislalline.
J*ai obtenu, d'ailleurs, avec elles les
principales réactions de la leucine :
4*»"En chauffant avec précaution ces cris-
taux dans un tube de verre ouvert aux
deux bouts, ils se volatilisent sans fondre,
en donnant des flocons blancs très-légers,
dont les uns se déposent sur les parois
froides du tube, et les autres, entraînés
par le courant d'air, vojtigent dans Pat-
niosphère.
2<> Evaporés avec soin sur une lame de
platine avec de Tacide azotique^ ils laissent
un résidu incolore qui, traité par une
goutte de lessive de soude, se dissout faci-
lement; en concentrant doucement la li-
queur, il se forme une goutte oléagineuse,
très-mobile et ne mouillant pas la lame de
platine (Schérer).
Les quantités de lyrosine et de leucine
obtenues dans ces circonstances sont beau-
coup plus grandes que dans la putréfac-
tion. Il y a donc là une curieuse transfor-
mation de Talbumine de Tœuf^ qui rappelle
celle que M. Schûtzenbergcr a constatée
pour les matières protéiques insolubles de
la levure de bière, lorsque celle-ci con-
tinue sa vie à ses propres dépens, sans
putréfaction.
Le poids des matières grasses extraites
par Péther est inférieur à celui que donne
un œuf sain ou un œuf pourri. Au lieu de
4t grammes, poids minimum que ces der-
niers œufs m'ont donné, j'ai trouvé dans
deux cas les nombres 2gr.,59 etOgr.,85.
Le traitement présente une particularité
que je n'ai pas remarquée avec les autres
œufs. En agitant la matière avec l'éther,
tout se prend en une masse gélatineuse
jaunâtre, et parle repos l'éther ne se sépare
qu'avec une extrême lenteur ; au contraire,
avec les œufs sains, par exemple, il se
forme en peu de temps une couche trans-
parente au-dessus de la masse insoluble
qui se réunit au fond du vase.
Ou pourrait croire, en voyant les ma-
melons qui grossissent sur les membranes,
en présence de l'air, que l'altération pré-
cédente doit ses principales modifications
à l'action de l'oxygène atmosphérique.
Toutefois ce dernier agent pourrait n'être
point du tout nécessaire, car j'ai obtenu
des cristaux de tyrosine dans un tube où
j^avais enferme un œuf avec une quantité
très limitée d'air. La cristallisation de la
tyrosine sur les membranes s'expliquerait
alors par sa faible solubilité. (Ihid,)
Sur les oaraotéres du glyooooUe ; par
M. ENGEL. — Le glycocolle se reconnaît
à trois caractères :
l*' Bouilli avec une solution concentrée
de potasse ou de baryte, le glycocolle don-
nerait une coloration rouge de sang.
Cette réaction ne permettrait pas, d'a-
près certains auteurs, de confondre le gly-
cocolle avec beaucoup d'autres substances ;
néanmoins je n'ai jamais pu la reproduire.
Les deux autres réactions, citées dans
les traités de chimie, ne suffisent pas pour
caractériser le glycocolle. Ces réactions
sont les suivantes :
2» Le glycocolle, traité par du sulfate
de cuivre, puis par de la potasse, empêche
la précipitation de l'oxyde de cuivre. On
obtient; dans ce cas, une belle coloration
bleue. Ce fait est attribué à Horsford ;
liiais i\l. Boussingault avait antérieurement
constaté que le glycocolle dissout Toxyde
de cuivre et avait donné la formule du
glycocollate de cuivre.
3» Le glycocolle réduit à froid et mieux
à chaud Tazotate mercureux.
A ces deux dernières réactions, j'ajou-
terai les deux suivantes. Isolée, chacune
de ces réactions ne prouve pas que le
corps qui la donne est du glycocolle, mais
l'ensemble des quatre me parait tout à fait
caractéristique de cette substance.
i'» Le glycocolle donne, avec le per-
chlorure de fer, une coloration rouge in-
tense. L'acide acétamique se comporte
donc avec le perchlorure de fer, comme
les acides alcalins. Cette coloration dispa-
raît sous l'influence des acides ; elle re-
paraît lorsqu'on neutralise avec précau-
tion, par de l'ammoniaque, Tacide ajouté.
t'* On sait que, lorsqu'on traite l'aniline
par un peu de phénol, puis par un excès
îl'hypochlorite de sodium, on obtient une
belle coloration bleue. M. Jacquemin a
constaté que l'ammoniaque se comporte
en présence du phénol et d'un excès d'hy-
pochloritc comme l'aniline. Ce fait avait
déjà été signalé par Al. Berthelot {Réper-
toire de chimie appliquée, p. 28 1, 1859).
La coloration obtenue avec Taniline est in-
finiment plus intense. D'une façon géné-
rale, l'ammoniaque, la méthylamine, Té-
thylamine (Jacquemin), la phénylamine
donnent, lorsqu'on les traite par du phénol
et un excès d'hypochlorite. une coloration
verte ou bleue. Or les glycocolies sont à
la fois des aminés et des acides: aussi
suffit-il de traiter un peu de glycocolle en
.solution par une goutte de phénol, et d'à-
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U4
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
jouter au mélange de rhypochlorite de so-
dium pour obtenir, après quelques ins-
tantS; une belle coloration bleue.
Ces quatre réactions sont du reste très-
sensibles. Il m'a suffi de dissoudre 25 mil-
ligrammes de glycocolle dans 8 centimè-
tres cubes d*eau, et de diviser cette solu-
tion en quatre parties égales, pour obtenir
les quatre réactions dont j*ai parlé. Les
phénomènes de coloration étaient très-
intensçs et la réduction de Tazotate nier-
curcux très- nette ; on pourrait donc carac-
tériser une quantité beaucoup moindre de
glycocolle en opérant sur quelques gouttes
seulement, au lieu d'employer pour chaque
réaction 2 centimètres cubes de la solution,
comme je Tai fait. (Ibid.)
Sur «lael^ues réactions peu oonnues
des matières sucrées; par M. VIDAU,
pharmacien-major. — - Le réactif que j'ai
employé est un mélange à parties égales
d'acide chlorhydrique du commerce et
d'une huile grasse (sésamc, ricin, œillettes,
arachides^ olives, colza, amandes douces,
foie de morue, et.).' Voici de quelle façon
j*ai été conduit à me servir de ces mélan-
ges. J'avais à examiner une série d'échan-
tillons d'huiles de diverses provenances
vendues à Batna, sous le nom d*huile de
table, et même fournies à Thôpital. On
appliqua à ces produits les moyens de re-
connaissance indiqués par M. Massie, phar-
macien principal de l'armée, et insérés au
Journal de pharmacie et de chimie; la plu-
part des huiles donnaient avec l'acide azo-
tique une coloration jaune orange, l'acide
lui-même était coloré d'abord en vert, puis
eu jaune ; par addition de mercure métal -
Hque la coloration jaune orange persistait,
et la solidification se produisait après deux
heures environ. Ces caractères appartien-
nent à rhuile de sésame.
Pour plus de certitude, on tenta l'essai
d'une réaction due à M. Camoin, et que
M. Choulette a rapportée dans ses Observa-
tions pratiques de chimie et de pharmacie
(1" fascicule, p. 130, G.' Baillière, 1860).
«... Ce procédé repose sur l'action ca-
ractéristique que l'acide chlorhydrique
mélangé d'une petite quantité de sucre
exerce sur Thuile de sésame. Voici en quoi
il consiste ': on fait dissoudre à froid 2 par-
lies de sucre de canne dans 100 parties
d'acide chlorhydrique à 23 ou ^4o, et l'on
verse dans un tube fermé de 0™, 01 5 de
diamètre parties égales de cet acide sucré
et de l'huile à essayer. On agite en fermant
l'orifice du tube avec le pouce ; au bout
d'un temps très-court (une ou deux mi-
nutes), l'huile de sésame est dévoilée
par la couleur rose que le mélange ac-
quiert..., etc. »
L'opération effectuée dans les conditions
ci-dessus relatées réussit parfaitement, et
l'on demeura convaincu que les huiles
commerciales examinées étaient pour la
plupart extraites des semences du sésame.
Cette action de l'acide chlorhydrique
sucré sur une huile, grasse fit penser que
réciproquement une matière sucrée, même
en faible quantité, pourrait être décelée
par un mélange d'acide chlorhydrique et
d'une huile déterminée. On fit alors les ex-
périences suivantes; toutefois, avant de
les décrire, il convient d'expliquer exacte-
ment, dans quelles conditions on s'est tou-
jours placé.
\^ Une huile quelconque, mélangée à
un volume égal d'acide chlorhydrique du
commerce, a été introduite dans un petit
tube fermé (tube ordinaire à expériences).
On a agité fortement pendant quelques
instants, on a chauffé jusqu'à ébullition
de la liqueur acide, puis après repos et sé-
paration des deux couches liquides, on a
noté la couleur de l'acide se déposant à la
partie inférieure du tube.
2" Les conditions de l'expérience restant
les mêmes, on a ajouté au mélange précé-
dent une quantité déterminée de sucr^, de
canne ou de sucre interverti (i centimètre
cube de solutions à divers titres), et de
même quç précédemment, on a noté les
colorations obtenues.
3<* Les solutions de sucre de canne ont
été préparées avec du sucre candi blanc
et bien cristallisé; i centimètre cube de
chacune d'ellf's représente 1 centigramme,
i demi centigramme, 1 milligramme ou
1 dix-milligramme de matière active. Les
solutions de sucre interverti ont été pré-
parées avec le même sucre candi que l'on
a traité par son poids d'acide chlorhy-
drique additionné de iOO parties d'eau en-
viron, et que l'on a fait bouillir pendant
- un quart d'heure. Elles contiennent i/lOO,
1/1,000, 1/4,000 1/10,000 de leur poids
de sucre de canne (interverti).
Voici quels ont 'été les résultats ob-
tenus :
I. Expériences préliininaires. — A =
HCL-|- sucre interverti Ogr.,01 (1 centi-
mètre cube de solution au 1/100). Pas de
changement de coloration h froid. — B =
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
145
HCL-Hsucre interverti Oiir. «01 . Coloration
jaune à cliaiui. — C==HCL -f- sucre inler-
vcrli Ogr.,001 . Pas de cliangeinent de co-
loration à chaud.
H. Expériences avec l'Imile de sésame.
— I» A=HCL-Hhuile de sésame à chaud.
Légère leinle jaune chamois du h'quide
acide qui occupe la partie inférieure du
tube. — 2» Les mêmes réactifs + Ogr., 01
de sucre interverti (i centimètre cube de
solution au 1/100). Coloration rosé se pro-
duisant rapidement, même à froid, cl de-
veoant rouge cerise au bout d*un certain
temps.
3** Les mêmes réactifs additionnés de
Ogr.,001 et même de Ogr.,005 de sucfe
interverti. ColoruUon rose caractéristique.
Avec Ogr.,0001 de sucre interverti, colo-
ration rose encore visible.
4*» Les mêmes réactifs -4- Ogr,Oi ou
même Ogr.,0 li de sucre de canne. La co-
loration Tfise ne tarde pas à se manifester.
5*» Les mêmes réactifs -t- Ogr.,001 de
sucre, interverti dissous dans 1°° d*urine
normale. La coloration rose violacée se
produit rapidement.
liL Expériences avec les huiles de ricin,
d'œillettes, d'arachides , d'olive, de colza,
d'amandes douces et de foie de morue, —
Les mêmes réactifs additionnés de Ogr.,Oi
de sucre interverti donnent les résultats
suivants : 1® très-belle coloration jaune
orange avec V huile de ricin; 2" coloration
jaune britn avec V huile d'œilletUs; 3° colo-
ration yat«n« très intensi' s\ec V huile d'a-
rachides; 4** coloration yaune orange avec
ïUiiilf d'olive; 5" coloration brune très-
foncée avec V huile de colza; 6** coloration
jaune orange avec Vhuile d'amandes dou-
ces; 7f coloration brtme avec Vhuile de foie
de tnorue.
11 résulte de ces faits qu*un mélange à
parties égales diacide chlorhydrique et
d^une huile grasse et spécialement d'huile
de sésame^ peut être considéré comme un
réactif des * matières sucrées (sucré de
canne, glucose, lévulose^ miel^ etc.). L'ac-
tion est plus sensible avec le sucre inter-
verti qu*avec le sucre de canne; celui-ci,
du reste, chauiTc avec Tacide chlorhy-
drique dans les conditions de Texpérience,
doit se transformer au uiQins partiellement
en sucre interverti.
Les colorations jaune, orange, marron,
etc., que l'on obtient avec les huiles au-
tres que rhuile de sésame, paraissent d'a-
bord ducs à faction de Tacidc sur la solu-
tion sucrée chaude, mais elles sont ren-
dues beaucoup plus sensibles par la pré-
sence de la matière grasse qui déleriiiine
dans les nuances de notables et avanta-
geuses modifications.
Enfin, on a cru utile de fixer approxi-
mativement la limite de sensibilité du ré-
actif aci'ie chlorhydrique et huile de sé-
same. La teinte rose du liquide acide est
très rapidement visible lorsque Ton se sert
d'une solution (i^*' contenant 2 déci-
grammes de sucre interverti par litre ;
elle peut encore être constatée avec des
solutions extrêmement étendues au
4/10,000 et même au 1/20,000 (l»" d'une
liqueur contenant un décigramme et
5 centigrammes de sucre interverti pour
4,0(iO««). On ne saurait trop recommander
d'opérer comparativement en se servant
de mélanges d'huile de sésame et d'acide
chlorhydrique pur, puis additionné d'une
dose de sucre de plus en plus minime.
i/6/rf.)
Sur la glycérine oristallîsée ; par
M. HENiNLNGER. ~ La glycérine pure,
d'après M. Henninger, peut être refroidie
pendant quelques heures à — 20<> sans se
solidih'er ; à cette température, elle est tel-
lement visqueuse qu'on- peut retourner le
vase sans qu'elle s'en écoule. Si, dans la
glycérine ainsi refroidie, on introduit une
petite parcelle de glycérine cristallisée, la
solidification commence aussitôt, mais elle
a lieu si lentement qu'elle n'est pas com-
plète au bout de plusieurs heures, même
si l'on n'opère que sur une dizaine de
grammes de luatière. La cristallisation se
fait plus vite si Ton refroidit simplement
avec de Teau glacée, mais elle exige en-
core des heures entières pour s'achever.
Ce phénomène est dû à la viscosité de la.
glycérine. Pendant la solidification de la
glycérine dans l'eau glacée, on observe la
formation de petits cristaux magnifiques,
transparents et très brillants, qui restent
suspendus longtemps dans la masse li-
quide. Ces cristaux, qui sont tous hémiè-
dres, appartiennent probablement au type
orthorhumbique; ce sont des combinaisons
du prisme m avec le tétraèdre .1 /là 6 1/2.
Les cristaux plus grands sont presque tou-
jours maclés et offrent des combinaisons
plus complexes; on y trouve rarement des
formes hémièdres. Le point de fusion de la
glycérine solide est situé entre -h 17 et 18",
et son point d'ébullition à 179-180° sous
une pression de 20 millimètres.
19
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]4(i
REVUE ANALYTIQDE ET CRITIQUE.
La glycérine qui a servi aux expé-
riences de M. Hennin^cr avait été purifiée*
par deux dislillations dans le vide* {Ihid.)
Sur la solubilité du nitrate de soude
et sa oombinaison avec l'eau ; par
M. DITTE. — Une dissolution saturée à
zéro renferme 66,7 parties de nitrate de
soude pour 100 d'eau; comme elle ne dé-
pose rien entre zéro et — 45", elle con-
serve dans cet intervalle une composition
constante. Refroidie à — l^", et mise eu
coniact avec un excès de nitrate cristal-
lisé, elle n'en dissout ni n'en dépose, et la
liqueur, séparée des cristaux, se comporte
exactement comme la dissolution saturée
à zéro.
Ainsi, une dissolution de nitrate de
soude, saturée à zéro, ne se comporte pas
comme une dissolution quand on la refroi-
dit; elle ne change pas de composition
quand la température s'abaisse et ne con-
tient cependant pas de nitrate en sursa-
turation ni d'eau en surfusion Qnand elle
se solidifh), les cristaux qu'elle donne sont
bien diiTiirents de ceux du nitrate de soude
ordinaire; enfin ceux-ci présentent un
point de fusion constant, caractère qui
n'appartient qu'aux combinaisons définies.
Au contact d'un excès de nitrate de soude,
l'eau à zéro s'y est entièrement combinée,
et Ton est alors en présence, non plus
d'une dissolution, mais d'un hydrate de
nitrate de soude, liquide entre zéro et —
4 5", 7, solide au-dessous de cette dernière
limite. Cet hydrate contient, dans 100 par-
ties^ 40,01 de nitrate et 59,99 d'eau ; sa
composition répond à la formule AzO\
NaO,14HO. La densité de cet hydrate a
l'état liquide est 4,557 à zéro.
Au-dessus de zéro la solubilité du.nitrate
de soude varie régulièrement, sans rien
olFrîr de remarquable. 100 parties d'eau
dissolvent 66^)9 parties de nitrate de
soude à 0» — 75,65 à 8° — 80,60 à 45*>
— 83,62 à 18o -^ 90,53 à 26» - 99,39 à
36» - 413,63 à 54*>et 125,07 à 68".
Ainsi donc le nitrate de soude peut,
commO celui de lithine (celui-ci au-dessous
de 4- jO"), se combiner avec l'eau à basse
température. Le nitrate de potasse ne pré-
sente rien de semblable j sa dissolution,
saturée à zéro, ne contient, pour 100
d'eau, que 13,3 de sel (Gay-Lussac).
Quand on la refroidit, elle se remplit d'ai-
guilles qui présentent la forme ordinaire
des cristaux de nitrate de potasse.
Si l'on plonge dans un même mélange
réfrigérant à — 13 ou 14«, deux tubes
contenant des solutions saturées à zéro,
Tune de nitrate de soude,* l'autre de nitrate
de potasse^ celte dernière est devenue au
bout de quelques instants, une masse so-
lide, dure et compacte, tandis que l'autre
reste liquide, malgré l'agitation cl la pré-
sence de cristaux de nitrate de soiide dans
le tube qui la contient. Le point de fusion
de l'hydrate AzO^NaO,UHO étant infé-
rieur à la température du mélange réfri-
gérant employé, il reste liquide dans ces
circonstances. {Ibid.)
Sur le bromhydrate neutre d'ésérine ;
par M. DUQUESîNEL. — L'ésérine, prin-
cipe actif de la fève de Calabar. découvert
par M. A. Vée. constitue un alcaloïde qui
se combine facilement avec les acides. Les
sels qu'elle forme sont généralement in-
cristallisables et de plus très-hygrométri-
ques ; un seul, jusqu'à présent, fait, ex-
ception : c'est le bromhydrate d'ésérine.
Le sulfate neutre d'ésf rine, qui est le
seul sel employé aujourd'hui par les ocu-
listes, se présente sous la forme de masses
jaunâtres, quelquefois ronges, mais que
l'on potirrait obtenir incolores si l'on par-
venait à éviter complètement l'action oxy-
dante «le l'air qui transforme l'ésérineen une
matière rouge cristallisable, ntais inerte.
Après avoir employé plusieurs acides,
tels que l'acide chlorhydriquje', l'acide oxa-
lique, qui ne donnent pas de meilleurs ré-
sultats que l'acide sulfurique, AL Duques-
nel a essayé l'acide bromhydrique, qui
fournit lentement, il est vrai, mais régu-
lièrement des cristaux groupés en étoiles
et des croates cristallines fibreuses. Ce sel
est encore un peu coloré, mais il donne
cependant des solutions presque incolores,
surtout si Ton emploie de reaii distillée
bouillie, légèrement additionnée de glycé-
rine'qui assure sa conservation.
Les avantages du nouveau sel sont de
pouvoir cristalliser, d'être parfaitement so-
lubie dans l'eau en donnant une solution
neutre, de se conserver parfaitement à
l'air même humide.
Il jouit, du reste, comme tous les sels
d'ésérine, de la propriété de contracter la
pupille. {Ibid.)
Action de l'aoîde iodhydrîque sur l'a-
oide saatonîque : Métasantonîne ; par
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE. 147
MM. CANNIZZARO et AMATO. ~ Lors- Hist.. nat. médicale et pharm.
qu*aa sonihnet Tacidc santonique à racliun —
(ie Tacide ioribydriqiie bouillant dans un Sur l'yaupon ou thé de la Caroline ;
appareil muni d'un rcfrij^éraut ascimdant, par M. SMITH. — L'yaupon est le nom
on obtient une matière builcuse qui est un indien des fculiles de VIlex cassina. L'yati-
mélange d'un hydrocarbure et d'un iodure pon mélangé avec les feuilles d'autres
et dont la séparation présente de grandes espèces de la même fsmWU ilfex vomiUn'ia,
difficultés. En distillant celte matière Jiui- ^« acton et /. dahoon^, formait la base de la
leuse, rbydrocarbure passe entre HO et fameuse liqueur noire des Indiens, qui
Ui^el l'iodure en|re 143 et 145», sous la l'employaient comme médicament et dans
pression de 5™°». L'hydrocarbure est re- ci'rlaints cérémonies religieuses pour puri-
présenté par la formule C^*H" ; il paraît fier leur corps. Elle agissait comme émé-
étre mélangé avec une petite quantité de tique., qon à cause dt; la présence d'un
C*"H". L'iodure contient C^^H"!. Ce ré- principe actif particulier, mais par suite
sultat présente un intérêt réel; il est eu- de l'ingestion fréquemment répétée pen-
rieux de voir l'acide santonique se trans- ^'&nt deux ou trois jours de grandes quan-
former en un hydrocarbure et en un li*ês de ce liquide. On sait que l'infusion
iodure contenant le même nombre d'équi- concentrée de thé noir produit quelquefois
Talents de carbone. Les auteurs se propo- ^^ même ciTet, dans des circonstances sem-
sent du reste de poursuivre ces recherches, blables. Vltex cassina croît le long des
Quand on fait bouillir pendant deux côtes du sud des Etals- Unis, depuis la Flo-
jours dans un ballon surmoulé d'un ap- ride jusqu'à la Caroline du Nord ; il ne se
pareil réfrigérant 3i5 grammes d'acide renconlre pas dans l'intérieur des terres,
santonique, 755 grammes de solulion D'après les analyse^ de M. Smith, les
aqueuse d'acide iodhydrique (bouillant à feuilles de V/lex cassina contiennent :.
127®) avec du phosphore rouge il se forme Huile volatile , . . . . o,OH
un nouveau composé, la métasantonine, ^'''*! ^^ graisse 0,466
Pour la séparer, on filtre le liquide acide ciX'ophyUe'. '.'.'.['.'.'.'.[ ilîSÎ
contenu dans le ballon, on le distille au Caféine (iheine) • ^ . oJ2i
quart de son volume et on le neuiralise Acide launique 2.409
par 1. ca.bona.c de ,oude. On obtient ""e'ÔMr."LrLf?t''„^''''"' ''"': 4,««
amsi une substance d apparence cristalline Maiièreexiiaciive insoluble dans l'alcool
qui était évidemujent dissoute dans la so- (gomme pectine, eic ) 8/24f
luliou acide. La métasantonine cristallise ^l^/'ère exiraclive soluble dans l'eau et
, „ , , r 1 ' ./.^ « dans l alcool 10,149
en prismes dans 1 alcool, fond a 160», 5, Amidon, péciose. etc. ... . . . 1o;277
distille entre 258:240"^ est peu soluble Muiiéi-e azotée insoluble dans l'eau (pro*
dans l'eau froide, assez soluble dans l'eau b«^blem.ni léguraine combinée avec
bouillante, très-soluble dans l'alcool et Malîèie^l^euT^".^ .' ! ! ! .' * .' .14*854
l'élher. Sa formule, C'*'H'*0% est la même Eau. 7,5d5
que celle de la santonine, mais' ces deux Ceudres • 3,935
composés diffèrent l'un de l'autre par 101.989
leurs caractères physiques et chimiques. L'huile, volatile possède une odeur très-
(Ibid.) agréable, légèrement tabacée, tenant aussi
—— — — de celle du thé ; elle est soluble dans l'eau.
Action de l'aloool méihylique sur Une quantité infinitésimale d'essence suffit
le chlorhydrate d'ammoniaque; par P^"*" donner un parfum agréable à une
M. WEITH. - L'alcool méihylique, en Proportion d'eau considérable. La quantité
réagissait sur le chlorhydrate d'aniline, ^^ caféine n^est pas considérable ; elle est
produit la dimélbylâniline, et M. Ber- » P^" P'ès égale à . celle qui se trouve
thelot a observé la formation de la mélhy- ^*"s le thé du Paraguay (Ikx para-
lamine en chauflfanl cet alcool avec le ^"«y^***) qui en contient, suivant Sten-
chlorhydrate d'ammoniaque. L'auteur a house, 43 centigrammes pour i 00, tandis
traité ce sel par un excès d'alcool mélhy- q"® '« ^^^ ordinaire en renferme 2,5 à 6
lique pendant dix heures, à la température P*^"*' *^^- ^^ quantité d'acide tanniquc
de 280-â85«>, et il a obtenu de la trimé- q"* ^8"^® ci-dessus est celle qui se trouve
tbylamine et du chlorure de télraméthy- dissoute par l'éllier; une portion reste
laœmoniura. {Ibid.i ^^^^ *® résidu insoluble, probablement
_^^.^_^ combiné avec la légumine.
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148
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
L'yanpon est employé par certains ha-
bitants du sud des Etats Unis, comme sti-
mulant pour remplacer les boissons éni-
vranles; on dit même qu'il est recherché
des buveurs désireux de se corriger de
leur passion pour les liqueurs fortes.
(Journal de pharmacie et de chimie.)
raliiiil«ationi»9 etc.
Une falsifioation de. Tessenoe de gi-
rofle ; par M. ,E JACQUEMIN, professeur
de chimie à 1 École de pharmacie de Nancy.
— Aux falsifications ordinaires des huiles
essentielles, Tessence de girofle en joint
une particulière que Ton a quelquefois re-
marquée dans le commerce de droguerie
d'Allemagne : on la mélange de phénol
dont Todeur, lorsqu'il est suffisamment
pur, est fort bien dissimulée par celle de
girofle.
y\, Flûckiger a indiqué le procédé sui-
vant pour reconnaître cette fraude. On
agite â à 10 grammes de Tessence à exa-
miner avec cinquante ou cent fois son vo-
lume d'eau chaude ; on décante après re-
froidissement, et Ton concentre ce liquide
à une douce chaleur pour le traiter, lors-
qu'il est réduit à quelques centimètres
cubes, par une. goutte d'ammoniaque et
une pincée de chlorure de chaux .qu'on
laisse tomber à la surface. Si l'essence con-
tient du phénol, la liqueur agitée prendra
une couleur verte, puis bl^u fixe, stable
pendant plusieurs jours, tandis que pure
elle ne donne pas de coloration.
Le procédé de M. Flûckiger repose sur
la découverte, faite par M. Berthrlol, de
la propriété que possède le phénol ammo-
niacal d'être coloré en bleu par l'hypo-
chlorite de chaux : il conduit avec certi-
tude au but. Mais j'ai fait remarquer^ dans
mes considérations sur la recherche ana-
lytique de l'anilinC; combien ma réaction
était plus sensible : or ce que réclame le
pharmacien, qui examine ses produits à la
réception, ce sont de telles réactions, qui
le dispensent de sacrifier des. quanités no-
tables d'une substance souvent coûteuse ;
et ce qu'il veut, c'est un mode d'opérer
réduit à sa plus simple expression.
Mon procédé remplit ces conditions. En
effet, il me suffit d'une seule goutte d'es-
îicnce de girofle pour y démontrer l'ab-
sence ou la présence du phénol. On l'ad-
ditionne d'une fraction de goutte d'aniline
à Taide d'une baguette de verre, on agite
le mélange avec 5 oii 6<»o d'eau distillée, et
l'on y verse quelques goûtes d'hypochlorite
de soude. Si. l'essence ne renferme pas de
phénol, on obtiendra la coloration que
fojiirnit l'aniline seule, c'est-à-dire une
teinte violet pourpre qui se dégrade promp-
tement, tandis que pour peu qu'il y ail de
phénol, la belle .coloration bleue qui per-
siste se manifestera en quelques minutes.
Il importe, après raddiCion de Thypochlo-
rite, de ne pas agiter, de laisser la réaction
aller d'elle-même.
Mes expériences démontrent qu'une
goutt.e d'une essence de girofle falsifiée
avec 5 p. e. de phénol produit une colora-
tion foncée, et n>ém'e qu*une goutte d'une
essence qui ne renferme que 1 p. c.
(^'acide phonique développe encore du bleu
d'une façon très-nette. Ainsî au point de
vue pratique mon procédé ne laisse rien à
désirer sous le rapport de la sensibilité et
de la facilité d'exécution.
{Journal de pharmacie et de chimie^)
Pharmacie.
A, M. LB DOCTEUR VAN DBN CORPUT, RÉDAC-
TEUR PRINCIPAL, ETC.
Arlon. le 18 août 1875.
Monsieur et honoré collègye.
J'ai eu l'occasion récemment de consta-
ter que le mode de préparation des pilules
à l'iodure de fer^ tel qu'il a été indiqué par
Perrens, présente l'inconvénient de don-
ner lieu à la volatilisation d'une grande
partie de l'iode (1). Pour éviter cette perte,
qui rend les pilules presque inertes^ il suf-.
fit d'adopter le mode de préparation ci des-
sous :
Pr. iode.
Sirop slmplp, àâ 4 grammes.
Mélangez exactement dans un mortier
de fer, puis ajoutez graduellement :
Limaille de fer porphyrisé, 6 grammes.
Poudre de guimauve et de réglisse, quantités
suffisantes pour lOO pilules.
Trois à douze par jour.
(1) Formule de Perrens.
Pr Iode.
Limaille de fer porphyrisé.
Sirop simple.
Poudre de réglisse, âà 4 grammes.
Broyez Tiode et le métal dans gn mortier ilfe
fer jusqu'à ce que le mélange .soil exact.
Aj tuiez le sirop de sucre (c'est pendant cette
opération que se fait U volatilisation de Tiode) ei
broyez une demi-minute. Ajoutez la pondre d«
réglisse et divisez rapidemenl en 100 pilules à la
manière ordinaire.
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
149
On peut, envelopper ces pilules d*unc
feuille d'argent ou bien les recouvrir d'une
sol|itiou édicrce de baume de Tidu.
Dans les cas de complication scrttfuleusey.
j'ajoute 1 à 4 grammes de semenci'S de
ciguë à la masse pilulaire ci-dessus.
Comme l'iodure de fer est un médica-
ment très-important, j'ai cru devoir vous
indiquer ce nouveau mode de préparation
avec prière, si vous le jugez à propos, de
l'insérer dans votre esliiué journal.
Veuillez* agréer. Monsieur et honoré
collègue, i^expression de mes sentiments
distingués.
Ed. Valbrius,
médecin à Arlon.
Note ftur un nouveau mode de prépa-
ration de l'eau de goudron ; par M . DKE-
GER. — parmi toutes les préparations a
base de goudron qui ont été introduites
dans la thérapeutique^ il n'en est pas qui
ait détrôné Teau de goudron. Aussi, nous
ne pouvons qu'applaudir à la tentative que
viejit de faire M. Dreger, pour rendre plus
pratique la préparation de ce médicament
dont l'usage est si répandu. La faveur avec
laquelle le public a accueilli l'usage des
copeaux de quassia-amara, a suggéré à
M. Dreger l'idée d'adopter ce moyen à la
préparation de l'eau de goudron. L'auteur
se procure des copeaux de bois blanc, h'wn
souples et réguliers, et d'une dimension
convenable. Il les prive^ par des lavages à
l'eau et à l'alcool, de tous leurs principes
solubles et les recouvre au moyen d un
pinceau d'un mélange à parties égales de
goudron demi liquide, d'alcool à 90'*. et
de sirop de sucre longtemps agités ensemble
dans une bouteille. Dans cette mixture, le
sirop de sucre est émulsionné dans le reste
du mélange et non le goudron ; il y rem-
plit la triple indication : i** de préserver le
goudron de toute altération ; 2<* de diviser
les molécules de la solution alcoolique <le
goudron, dans lesquels il est emprisonné
comme dans une gangue; d"rnfîn, de per-
mettre la dessiccation complète du copeou
de manière à en rendre'lc maniement aussi
propre que commode. Ainsi imbibés, ces
copeaux sèchent facilement à l'air libre en
quelques heures, et gardent une souplesse
qui en permet reuroulement s.ur eux-
mêmes.* Pour Tusagti!, on déroule un copeau
de la longueur nécessaire pour la quaiitilé
d'eau voulue, on le plonge dans la bou-
teille, en ayant soin d'en laisser l'extrémité
dépasser le goulot de quelqnes centimètres
de largeur.' L'eau de goudron se fait ainsi
sans qu'on ait besoin d'agiter; un copeau
de 0«n7S de longueur sur O^OS de largeur
donne, après une macération de 24 heures
dans l'eau froide, une eau jégèrement
anibrpe et parfaitement claire, dans la-
quelle on constate la présence des prin-
cipes sapides et actifs du goudron. Un litre
laisse, .en moyenne, un gramme de prin-
cipes fixes comme résidu^ déduction faite
du poids du sucre,
LVmploi des copeaux^ eomnie moyen de
répartition de certains médicaments sur
une lafge superficie,- ne parait pas devoir
s'arrêter à c* tte seule application. Il est
possible, en effet, en remplaçant le gou-
dron par le baume de tolu, ou la térében-
thine de Venise, de préparer le sirop de
ses deux substances.
{Journal de pharmacie d'Anvers,)
Sur la préparation des suppositoirea ;.
par M. BARNOUVIN..— La préparation
des suppositoires qui doivent renfermer
une certaine quantité d'extrait, constitue
Uflo manipulation assez longue et parfois
diflicile. Pour rendre cette opération plus
facile, voici le moyen que propose M. Bar-
nouvin. On divise l'extrait à incorporer
dans une petite quantité d*axonge, après
l'avoir délayé dans très-peu d'eau, si cela
est nécessaire, absolument comme s'il
s'agissait de préparer une pommade ; puis
comme l'axonge aurait pour inconvénient
de diiiiinuer la consistance du produit, on
fait entrer dans la préparation une quantité
de cire blanche double de la quantité
d'axonge employée.
Le beurre de cacao et la cire sont fondus
ensemble dans une capsule de porcelaine,
après quoi on y incorpore on agitant, et
maintenant sur le feu. qui doit être très-
doux, Texirait bien divisé au moyen de
l'axonge. Quand le mélange est opéré, on
coule le produit à la manière ordinaire.
En. suivant ce procédé, on arrive, sui-
vant l'auteur, à préparer très-rapidement
des suppositoires contenant! gramme d*ex-
Irait de ratanhia. Voici la formule :
gr.
Exlrnit de rataohia 1,00
Eau chaude (le moins possible). .
Axonge . .- 1.00
Cirei liianctae i2,00
heurre de cacao 1v*^0
Pour un suppositoire.
Pour les suppositoires belladonnés, dans
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tSO REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
lesquels la proporlion trcxtniit est beau- prendre d'aliments dès le malin, conserva
coup moindre, voici la formule qui peut son bon étal de santé accoutumé. Rien ne
être adoptée : faisait comprendre l'état de malaise {^éné-
Extr«Udeb.U.,lo..e o!oV ralement éprouve on ne modifia pas le
Axon^e ., 0.50 régime ordinaire: la dernière nuit avait
Cire binocho 1,00 été mauvaise, agitée, troublée par des rêves
Beurre de cttCBo 3,00 désagréables, mais on était loin daccuscr
Pour un suppositoire. ralimentation dos accidents' qui s'étaient
{Journal de pharmacie et de chi mit',) produits, quand le quatrième jour, deux
—^^„,^^^—^--- heures environ après le premier repas,
survinrent des vertiges^ de la lassitude,
Oxyde nitr eux (gaz hilariant). — Une une faiblesse pénible; le toucher était
circulaire du bureau royal de santé de devenu très- imparfait et il fallait serrer
Danemark juin 1873 ordonne que : 1" le fortement les objets pour être sûr de
gaz oxyde nitreux ne doit être délivré que ne pas les laisser échapper des mains ^ les
par les pharmaciens, et suri» prescription travaux à Taiguillc étaieni devenus irapos-
d*un médecin ou d'un dentiste diplômé; sibles; la vision, incertaine au point d'em-
2® le réservoir doit être scellé et étiqueté pêcher complètement la lecture,
c gaz oxyde nitreux. ». Cette ordonnance Etonne de ces symptômes qui devenaient
n'aura probablement pas pour effet d'obliV inquiétants, le maître de la niaison, com-
ger tous les pharmaciens à préparer. eux- pètent en semblable matière se mit à'ana-
mémes ce gaz; mais elle imposera aux lyser tous les phénomènes observés. La
fabricants plusieurs obligations : i<* de dilatation considérable de la pupille, qui
s'assurerque le nitrate d'ammoniaque qu*ils amenait les troubles de la vue, lui fit im-
emploient ne contient pas d'acide chlorhy- médiatemcnt penser à l'atropine, cl, de
drique ou sulfurique, ni d'azotate de po- déduciions en déductions, il fut conduis à
tasse ; 2" d*» faire passer le courant «le gaz considérer, comme seule probable, Tintro-
oxyde nitreux à travers l'eau, une solution duction dans l'organisme, de la belladone,
de protosulfate de fer et une solution de donnée en lieu et place de chicorée. 'Tous
potasse ou de soude ; 3<» de ne pas délivrer les symptômes constatés rentraient bien
ce gaz sans qu'il soit resté en contact avec d'ailleurs dans ceux que l'on observe lors
l'eau pendant vingt-quatre heures au d'un empoisonnement, provoqué par les
moins. {Répertoire de pharmacie.) plantes du la famille des solanées et des
^_^^_^_^^^__^_^__^^_^ stupéfiants en général.
Ce fut alors que je reçus la chicorée dont
Toxicologie. il vient d*étre question, avec prière de
— Texaminer et de rechercher à quor l'oii
Empoisonnement de qaatrè personnes pouvait attribuer les acci<lenls. Cette chi-
par le café^ohioorée ; par M. CLOUET, corée provient delà maison H***, de Lille, cl
professeur à l'école de médecine et de est en paquets formésavec du papier jaune,
pharmacie de Rouen. — Le 2^ novembre Voici comment nous avons opéré dans
dernier, une famille de Couches (Eure), nos recherches : Après avoir finement pul-
composée du mari, de la femme, de leurs vérisé le café-chicorée dans un mortier de
père et mère et d'une bonne, vit se pro- fer« nous en avons mis une certaine quan-
duire après un \éae? repas du matin, uni- tité à macérer pendant vingt-quatre heures
quement constitué par du café au lait, des dans un ballon contenant de Teau aiguisée
symptômes auxquels on n'accorda pas par un léger excès d'acide oxalique. Cet
d'abord ifue grande importance; tout le acide a été choisi de préférence, afin de se
. monde, sauf le pèn* éprouva de la céphalai- débarrasser, par la suite, de la chaux que
gie, de la constriction à la gorge, de i'inap- renferment normalement les racines des
pélence; tous les aliments pris dans le végétaux. Âpres ce temps de contact, en
cours de la journée parurent avoir un goût ayant soin de remuer fré<|uemmént le vase,
terreux. Les deux jours suivants, le malaise on fit chauffer **\. l'on maintint à rébullitiofi
augmenta, les mêmes symptômes furent pendant trente minutes; puis on filtra. Le
observés, mais avec plus dlntensité ; le liquide, assez fortement coloré fut évaporé
déjeuner du matin fut composé comme en consistance sirupeuse, puis après re-
d'ordinaire de café au lait ; une seule pcr- froidissement, repris par l'alcool absolu,
sonne, le père, qui n*a pas l'habitude de On filtra de nouveau cette liqueur acide.
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
151
el on Paddilionna de soas-acétate de plomb
dans le but de la décolorer. Le précipité
d'uxalate de plomb fut séparé par le filtre
et Ton traita la liqueur claire par un excès
de mai^nésie en portant à rébullilînn pen-
dant dix minutes. On jeta la masse sur un
nouveau filtre, on lava le précipité avec de
Teau distillée froide, on le fit dessécher el
enfin on le reprit par l'alcool à 95». La
liqueur claire obtenue par ce dissolvant fut
concentrée dans le vide, puis étendue d*un
peu d*eau distillée; elle avait une réaction
franchement alcaline au tournesol et don-
nait un notable précipité avec Tiodurc
double de mercure et de potassium^ preuve
de Pexistence d*un alcaloïde. Soumise à
l'action des réaclifS; on constata qu'il se
formait :
Avec le chlorure d*or, un précipité blanc
jaunàiro ; . .
Avec la teinture d'iode, un précipité
couleur kermès ;
Avec la teinture de noix de galles, un
précipité blanc jaunâtre;
Avec le bichlorure de platine, absence
de précipité.
Toutes ces réactions indiquent la pré-
sence dans la liqueur de Vhyoscyamine,
alcaloïde que l'on trouve dans la ju^quiame
et dont les efi^ets sur l'organisme sont com-
parables en tous points à ceux produits
par l'atropine, avec celle différence, toute-
fois, qu'ils persistent tieaucoup plus long-
temps et sont plus énergiques, puisque
avec 1/130,000 on peut obtenir une dila-
tation manifeste de la pupille, pendant un
temps encore assez long.
Ces résultats obtenus, nous nous sommes
livré à l'examen microscopique, et cette
analyse nous a révélé rapidement des dif-
férences notables entre la chicorée .pure et
celle incriminée. Les observations ont été
comparativement faites avec de la racine de
chicorée sèche qu», nous avons torréfiée
spécialement pour l'examen : le microscope
y fit voir, en employant un grossis^sement
de 250 diamètres, de gros vaisseaux rayés
très- reconnaissables, et des cellules à dou-
ble enveloppe au milieu desquelles se mon-
trent quelques gr.inulations arrondies.
Dans la chicorée suspecte, au contraire, à
coté des vaisseaux et cellules que nous
venons de signaler, se trouvaient des vais-
seaux égnlement rayés, mais de dimensions
bien moindres et plus régulières, des cel-
lules simples avec noyau plus apparent et
de fines granulations, puis des frugtnents
d'un tissu très -réticulé offrant par places
de larges cellules arrondies. Restait main-
tenant à contrôler cette observation par
Texainen direct de la racine de jusquiame,
c'est ce que nous avons fait en préparant
delà poudre de cette racine et l'examinant
avec un même grossissement ; l'aspect de
la préparation n'a pas laissé le moindre
doute sur l'analogie absolue dés frag-
ments suspects observés dans le café-
chicorée, et des types que nous avions
préparés; ce sont bien les mêmes vais-
seaux, les mêmes cellules, les mêmes irré-
gularités dans le tissu réticulé.
Le doute n'est donc pas f>ossible ; les
accidents qui se sont produits à Couches
ont été occasionnés par la présence dans
le produit alimentaire de, racine de jus-
quiame.
{Journal de pharmacie et de chimie.)
Notice sur les couleurs d' aniline ; par
M. liRUN. — Le conseil de salubrité de la
ville de Genève a chargé M. Brun d'exami-
ner, sous le rapport chimique, des couleurs
d'aniline venant de Paris et> désignées sous
des noms très divers, tels qiie rose et car-
min coratline^ jaune d*or^ nakarOy verte
émeraude^ roiige groseille et bien d'azur.
Deux personnes ayant mangé une crème
colorée par le vert d'aniline, et s'en étant
trouvées gravement malatles, avaient porté
plainte. Il s'agissait donc de savoir si ces
couleurs renferuiaient quelque substance
vénéneuse. L'analyse ayant démontré que
ces couleurs contenaient fréquemment des
sels de mercure, de plomb, d'étain et
surtout des arséniates, etc., elles viennent
d'être prohibées dans celte ville pour la
coloration At^s bonbons, dragées, sirops et
autres articles de confi.^eurs ou de liquo-
ristes. L'emploi des papiers peints de la
même manière est aussi défendu pour en-
velopper les substances alimentaires.
Pour constater la présence des métaux
signalés, il faut détruire d'abord toute la
partie organique, pour f^ela, on peut chauf-
fer 2 grammes de la couleur avec une pe*
tire quantité d'acide nitrique, auquel on
ajoute ensuite 20 grammes d'acide clilor-
bydrique. Il faut entretenir l'ébullilion en
ajoutant de temps en temps quelques cris-
taux «le chlorate de potasse et évaporer
jusqu'à ce que tout le chlore et tout l'acide
nitrique soient chassés. La matière colo-
rante organique se détruit difficilement,
et il faut arriver à avoir un liquide con-
centré et très -peu coloré (il est ordinaire -
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152
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
ment jaunâtre). Ce liquide est alors» addi-
tionne d'eau, filtré, puis ad«liiionné de
Ogr.,50 de sulfite acide de soude pour
ramener l'acide arsciilque à Tctat d*acidc
arsénieux. On fait alors passer un courant
d'hydrogène sulfuré jusqu'à saturation, et
après douze heures de repos, après avoir
gratté l'«xtrém!té du tube conducteur, le
soufre et les sulfures sont recueillis sur un
petit filtre et lavés.
Pour séparer Tarsenic dçs autres lé-
taux, M. Brun conseille de dissoudre son
sulfure sur le filtre même, avec un peu
d*ammoniaque caustique, qu'on fait passer
deux ou trois fois. Le liquide qui s'écoule
est ensuite sursaturé d'acide sulfurique
très^puret évaporé à consistance sirupeuse ^
pour décomposer tout le reste de la ma-
tière organique. Ce résidu dissous dans
une petite quantité d*eau, peut être versé
dans l'appareil de Marsh et donner un an-
neau ou des taches arsenicales très -nettes.
Les sulfures d'étain, de mercure, de
plomb, restent sur le filtre. La séparation
de ces trois métaux se fait par la méthode
ordinaire.
Si l'on veut constater dans les couleurs
d'aniline seulement la présence de l'arse-
nic, on broie 2 grammes de liquide avec
autant de nitre et de carbonolç de
soude et 2 grammes de nitrate d'ammo-
niaque. On fait défiagrer ce mélange sec,
par petites doses, dans un creuset en por-
celaine chauffé au rouge sombre à la lampe
a esprit de vin. Le résidu alcalin est dis-
sous dansM'eau et porté à rôbullilioa avec
un léger excès d'acide sulfurique et de
l'eau jusqu'à ce que tous les acides nitrique
et nitreux soient entièrement chassés. Le
liquide est alors prêt pour l'appareil de
Marsh.
Des faits nombreux ont déjà établi l'ac-
tion vénéneuse des couleurs d'aniline sur
l'économie. On savait depuis longtemps
que. les étoffes (bas, flanelles) colorées en
rouge par la rosaniline et la fuchsine
avaient souvent ulcéré la peau, mais leur
action à Tinléricur n'a guère été établie
que par des observations récentes. Suivant
que ces couleurs ont été plus ou moins
purifiées, elles contiennent des doses très-
variables des métaux précipités, dont il est
fort difficile de les débarrasser coiApléte-
nient. Ce sont ces variations qui rendent
précisément. ces couleurs dangereuses, car
la môme couleur, ayant exactement la
même teinte, pourra une fois contenir fort
peu d'arsenic et une autre fois beaucoup
plus,. sans que le fabricant s'en aperçoive.
Ces impuretés métalliques ne nuisent en
rien à leur grande beauté.
Comme il est possible d'obtenir des cou-
leurs d'aniline tout à fait exemptes d'arse-
nic, ces couleurs devraient seules être em-
ployées pour la coloration des substances
alimentaires. {Jbid,)
Analyse de l'aîr dan» le* apparteoBepts
tendus de papier peint ^«enioal; par
N. P. HAMBERG. — tes expériences de
M. Hamberg ont été faites dans une cham-
bre dont le papier était peint avec du vert
de Scbsveinfurt. Son appareil comprenait:
i° un tube en V pour la réception de la
poussière; â'> trois tubes en V munis de
eoton pour retenir toutes le& particules
solides arsenicales que l'air pouvait ren-
fermer ; 5° deux appareils à boule conte-
nant une solution d'azotate d'argent, pour
recueillir l'arsenic de l'air; 4» deux gazo-
mètres de 14 'litres, tour à tour remplis
d'eau, pour établir un courant d'air. .
L'air de la chambre fut mis en circula-
tion à travers ce système de tubes pen-
dant un mois. La quantité ainsi examinée
s'éleva à 2,1 GO litres. La solution de ni-
trute d'argent déposa peu à peu un précipité
noir. En traitant cette solution par l'am-
moniaque, on obtint un précipité jaune
clair ressemblant à l'arsénite d'argent, et,
après s'être débarrassé de Targent et de
l'acide azotique.on fit apparaître dans l'ap-
pareil de i>larsh l'anneau arsenical caracté-
ristique. L'auteur en conclut que, dans ces
conditions, il existe dans l'air de Tarsenic
en dissolution, ou^sous forme d'un gaz, et
il croit que ce dernier n'est autre que
l'hydrogène arsénié. (ïhid.)
Hygiène* publique.
Les différents prrooédés de conserva- ■
tion des viandes,* leurs avantages et
leurs inconvénients; par M. le docteur
0. DU MESNIL, médecin de l'Asile des
convalescents de Vincennes.
Mélier, après avoir insisté sur l'influence
qu'exerce la consommation de la viande
sur la force de la population, sur la vigueur
et le degré de résisiance aux fatigues du
travail, a écrit, en 1843, ces paroles :
< C'est surtout aux méilecîns de dire qu'il
« faut que la viande devienne accessible
« à un plus grand nombre de pcrsonues
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REVUE ANALYTIQCJE ET CRITIQUÉ.
153
i et entre d^anc manière générale dans
« ralimentation des claies laborieuses. »
A (^augmentation de la consommation de
la viande se rattachent en effet deux ques^
tions de Tordre le plus élevé et qui doivent
exeiter au plus haut degré la sollicitude
de tous» à savoir : une élévation dans le
chiffi-e de la population et dans la quantité
de travail qu*elle fournit. Nous rappelle-
rons à ce sujet ce qui s*est passé dans une.
usine du Tarn dirigée par M. T^labot, où
la substitution de ralimentation par la
viande de bouoherie^à ralimentation végé-
tale fit gagner douze journées de travail par
homme et par an. A la compagnie de chemin
de fer de Paris à Rouen, quand on remplaça
par du bœuf rôti les soupes et leéjégumes
qui constituai/en t ralimentation ordinaire
des ouvriers de la compagnie, on augmen-
ta en même temps d'un tiers la quantité du
travail produit pareux. Enfin, en étudiantla
consommation de la viande dans les deux
villes industrielles de Lille et de Rouen,
MM. Loiset et ficrgasse on démontré qu'il
existe une corrélation intime entre les va-
riations dans la consommation de la viande
et les mouvements de la population;
qu'une diminution du régime animal déter-
mine constamment un accroissement dans
la mortalité, tandis qu'inversement la
richesse du même régime entraîne toujours
à sa suite Paugmenlalion des nouveau-nés
et la diminution des décès-
En France, avant 4840, la consomma*
tion de la viande était évaluée à ât kilogr.
en moyenne par tête et par an ; aujour-
d'hui elle est de ^8 kilogramoies. soit
76 gram., 7t par jour, quantité insuffi-
sante en elle-même pour satisfaire à une
bonne alimenlation et qui néaumoins n'est
assurée qu'à un très-petit nombre d'indi-
vidus, attendu que la quantité de viande
consommée dans les grands centres de
population est beaucoup plus élevée que
la moyenne. A Paris, en effet, la moyenne
annuelle pour chaque habitant est de 9i k.,
4U, à Lille de 42 k., 251, à Rouen de
45 kiJog., d'où il suit que, eomme le dit
Payen, la eo^oaimation d'un habitant àti$
campagnes n'est pas même le cinquième
de ce qu'un habitant de Paris consomme^
cl de ce qitl conviendrait pour tiac bonne
alimentation. Nous ajouterons que, bien
que le chiffre de la consommation de. la
viande ne soit pas élevé en France^ la pro*
duction à l'heure présente est insuffisante
pour assurer l'approvisionnement de nos
marchés, car la statistiqtie démontre que
pendant les seules ^nées de 1866, 1867,
1868, 1869 et 1872, noire pays a tiré de
l'extérieur pour les besoins de sa consom-
mation :
Bétes bovines . . . . 1 026 070
— ovines 6 673 053
— porcines .... 006 846 .
Qu'il survienne un incident quelconque
qiii arrête ou seulement entrave l'impor-
tation, tel qu'une guerre générale ou une
épizoQtic meurtrière, immédiatement la
santé des populations qui constituent la fonce
et la richesse de la nation est mise en péril.
Ce n'est/ pas ici le lieu de rechercher
par quelles améliorations à introduire dans
nos cultures, dans nos procédés d'élevage,
on pourrait augmenter la production du
bétail; nous devons prendre les choses en
l'état où elles sont et nous demander par
quels moyens nous pouvons parer à ces
éventualités et augmenter dès aujourd'hui
la ration de substances animales attribuée
à chacun. Réduite à ces proportions, la
question est encore suffisao^ment vaste et
digne d'intérêt, elle a préoccupe dès long-
temps des esprits distingués et parait au-
jourd'hui toucher à une solution.
Elle consiste a demander soit aux step«
pes de l'Europe méridionale, soit aux plai-
nes inhabitées de l'Asie, soit aux zones à
pâturages constants de l* Amérique du Sud,
le contingent eomplémentaire d'une ali-
mentation plus riche en substances assimi-
lables et réparatrices et à le livrer à bas
prix à la consommation dans un bon état
de conservation.
Les connaissances récemment acquises
sur les phénomènes de la fermentation et
de la putréfaction ont prête une aide con*
sidérable aux recherches entreprises dans
cette direction, et ont permis de ramener
à deux grandes divisions les nombreux
procédés employés pour conserver les
viandes : les uns ayant pour effet de
priver la viande de son germe capable
de lui faire subir une fermentation, les
autres consistant à placer cette substance
alimentaire dans. des conditions telles que
les ferments qu'elle peut Contenir ne puiS'*
sent s'y .développer. A la* première» série
se rapportent les procédés par caléfaction
et exclusion d'air, enrobement, fumage,
eonservation par les antiseptiques; à la
seconde, les procédés de dessiccation^ de
salaison, de réfrigération, etc (4).
(1) Dans uo certain nombri de traités d'byn
gièoe, on fait fi|;urer le Bouillon Liebig^ te
Mtat'BiscuU^ les TabletUi de 6out7/on, parmi
20
Digit^ed by VjOO'^ IC
154
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
, Caié faction et exclusion d'air, — *Tel est
le principe du procédé appert, qui con-
siste à e^iferiner la viande, à la conserver
dans un vase clos, à la souutetlrc pendant
un certain temps dans un bain-naarie à
une température de 100 degrés. Mais,
comme il est acquis aujourd'hui que cer-
tains ferments résistent à une tempéra-
ture de iOO degrés, M. Pastier a remplacé
le baia-marie avec de Teau pure dont se
servait Appert» par un bain-marie avet
une solution saline ou une solution
de.sei et de sucre, ce qui permet d'élever
le point d'ébullition aux environs de 410
degrés. Les boites qui renferment ia viande
sont peréées d'un orifice par lequel
s'échappe la vapeur, et que Ton soude
immédiatement pour empêcher le retour
de Pair atmosphérique. 'Le docteur Fons-
sagrives qui, à bord de l'Eldorado, a fait
un usage prolongé des conserves Fastier,
les trouve de beaucoup supérieures aux
conserves d' Appert, qui, suivant lui, allè-
rent ^ensiblemi^nt à la longue la saveur
propre à chaque viande et lui enlèvent une
partie de son arôme. Dans les fabriques
australiennes, ce p-rocédé est modifié de la
façon suivante : les morceaux de viande
crue et désossée sont empilés dans des
boites en tôle par Quantité de 2 à 8 livres,
auxquelles on ajoule un peu d'eau. Oh
soude ensuite ces boites en ayant soin de.
laisser un petit orifice dans le couvercle,
ou les place dans une solution de chlorure
de calcium dont le poifât d'ébullition est
au-dessus de 125 degrés. Pendant quatre
heures, ces boites sont soumises à une
température qui varie entre 100 et 110
degrésy Teau qui y est contenue s'éva-
pore et en. même temps l'air atmosphéri-
que est expulsé, on bouche rapidement
L'orifice ôxi couvercle, après quoi on laisse
encore les récipients une l^eure dans ce
bain, chaud. On les retire, et dès qu'ils
sont refroidis on les peint à l'huile. Enfin,
si pendant une observation prolongée à
laquelle on les soumet dans une chambre
d'épreuve chauffée,- ces boites ne se. dila-
tent pas, on leslivre à la consommation.'
Ën*£cosse, suivant le proeédé dit d'Aberw
deen, on opère ainsi qu'il suit : aussitôt
les boites remplies, on les ferme herméli^
quement, puis on les place dans une solu-
Ips procédés de couservalion des. viandes, nous
i)*en |»arl«roDS pas ici. considérant que ces pré -
paiatioDs, dont la vuinde en effet est la base, ne
fie u vent être regftrdéed, à pr^remeiit parler,
comme des procédés de conservatioA des viandes.
tlon saline que Ton porte à rébutlition, on
les y laisse pendant deux ou trois heures.
On les extrait alors du bain-marie, on pra^
tique dans la soudure un petit orifice qui
laisse éeliapper à la fois l'air atmosphéri^
que et la vapeur d'eau, puis on le bouche
aussitôt. Cette opération est renouvelée
trois fois, après quoi on les laisse refroidir,
on les peint et on leur fait subir, comme
dans la méthode australienne, une der-
nière épreuve dans une chambre à haute
température.
Sans insister sur le prix de revient élevé
que donnent à ces consefves les nombreu-
ses manipulations qu'entraînent les procé-
dés que nous venons de décrire, prix qui
est un obstacle infranchissable à la vulga-
risation de leur emploi, nous signalerons
le reproche qui leur est adressé par ceux
qui en ont fait usage : c'est que par suite
de la haute température à laquelle la
viande a été exposée pendant un temps
assez long, elle se trouve dans un état
d'hypercoction qui la rend filandreuse, Uti
fait perdre une partie de 5a saveur, de telle
sorte que son usage prolongé exeîte le
dégoût.
Voulant femédier à ces inconvénients,
Nasmyth a proposé d'additionner Teau
d'un peu d'alcool afin d'abaisser le point
d'ébullitfon ; Mac Call a conseillé de placer
dans l«s boites une petite quantité de sul-
fate de soude» Enfin, Richard Jones, pour
conserver à la viande plus de saveur en
évitant Phyperooctiôn, a essayé d'expulser;
l'air k la fois par la coction et l'aspiration ;
à cet effet, il a conseillé de faire le vide
dans les boites par un tube introduit dans
leur couvercle, puis de les soumettre à
une ébullitlan peu prolongée.
Enrobement, — Dans ce procédé, on
enveloppe la viande à conserver d^u ne sub-
stance qui om pêche qu'elle soit pénétrée
par les ferments. Le premier procédé bre-
veté, en Angleterre, a été employé par
Francis filowden ; il consistait à versersup
la viande contenue dans un tonneau de
bois du jus de visinde liquide et chaud^
dans lequel elle se tro^ivait enrobée pftr le
refroidissement. Au lieu du jus dcTîande,
Grranhoim, ainsi que éela se pratique dans
le midi de la France, se servait'dte graisse
fondue, Wolhly d'huile, A Melboaroe,
Tallermann a cherché depuis quelques
années à appliquer en grand le procédé de
Granholni pour le transport des viandes
d'Australie. A cet effet, îl conseille, de
plonger les morc^ux de viande fraiehe
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
\m
dans du suif fondu pendanl quelques minu-
tes, puis de les em(»iler dans des tonneaux
secs*et de iesirccôuvrjr de graisse fondue.
M. Armand Gauthier indique comme
un bon procédé d'enrobement celui qui
consiste à cbauffcr d'abord ta viande à
100 degrés dans de Teau contenant un peu
de sol et une trace de nitrate de soude des-
tine à lui conserver sa couleur.; la graisse
ayant été séparée et fondue d*âvanee^ on
la coule suf la viande > encore chaude et
placée dans des boîtes ou des pots de terre.
On a fait de nombreuses tentatives pour
introduire dans la (Pratique des procédés
d*enrobement qui présentassent, avec Ta
vantage d'être d'une exécution facile,
celui d'être moins dispendieux en raison
des substances qu'on employait pour faire
le revéteuieat de la viande. On a essayé
successivement la gélatine, la paraffine^ Ja
glycérine, la méiasso^ la glycose, la poudre
de charbon^ la farine de maïs, - mais on
a renoncé successivement à employer
c^s diverses substances, les unes, parce-
qu'elles obligeaient ^ soumettre la viande
à des lavages fréquents qui lui enlevaient
sa saveur avant d'être livrée à la consom-
ruation ; les autres, parce qu'elles étaient
déliquescentes et que, dès que l'enveloppe
cessait d'être continue, la putréfaction
s'emparait de la viande qu'elle devait pré-
server; toutes, parce qu'elles ne détrui-
sent pas les germes que renferme la
viapde et qu'elles, n'ont pas par elles-
mêmes une action préservatrice.
Fumage. — Par Je procédé du fumage^
au contraire, |a pénétration des fibres de
la viande à conserver, par une certaine
quantité de fumée renfermant de la créo-
sote et du phénol, détruit les ferments et
empêche plus tard le développement des
germes apportés par i'air ambiant. On doit
toujours, pour cette opération, préférer
les bois feuillus aux bois résineux qui
communiquent à la viande un goût désa-
gréable, et diriger l'opération avec len-
teur; car, si l'on produit beaucoup de
fumée à la fois, dès le début l'extérieur ^e
fume avant que les coucbes^ sous-jacentes
de la viande ne soient sensiblement at-
teintes. A Hambourg, on combine souvent
la salaison avec le fumage, et par ee moyen
on obtient des produits très- recherchés.
A ce procédé Jes médecins de la ma-
rine française reprochent de rendre les
fibres de la viande très- sèches, et surtout
de lui communiquer un gôùt spécial assez
prononcé pour être un inconvénient dans
l'alimentation habituelle. En Allemagne et
en Hollande, van den Corput et Husemann
ont signalé des empoisonnements d'ane
extrême gravité résultant de l'alimentation
par des boudins fumés (Botulisme et quel-
quefois aussi, bien <|ue rarement, ^de l'u-
sage du jambon et des poissons fumés. Ces
accidents ont été observés surtout dans le
sud- ouest de l'Allemagne, en Wurtem-
berg, à Bade. Diverses hypothèses ont été
faites sur la nature de la substance toxique
renfermée dans ces boudins fumés: les
uns attribuent las empoisonnepients si*
gnalés à la présence de poisons minéraux
ou végétaux, les autres è l'action des pro-
duits empyreumaUques et notamment à la
créosote. Van den Corput prétend avoir
découvert dans ces boudins toxiques une
espèce particulière de mucédinée,. la Sar-
tina hotuUna, .qui n'a été fefrouvée depuis
par aucun autre observateur. Mais queife
que soit la nature réelle de la Substance
toxique que l'on rencontre dans les bou-
dins fumés, quelles que soient les causes
qui favorisent son développement, il est
aujourd'hui un fait acquis pour tous les
observateurs; c'est qu'un fumage incom-
plet prédispose le boudin fumé à ce genre
d'altération dont les effets se font sentir
quelquefois^ même lorsqu'il a été porté. par
la cuisson h une température de iOO de-
grés.
Antiseptiques» — Cett<.fl>éthode a -donné
lieu à un grand nombre de procédés dont
beaucoup n'ont guère franchi le seuil des
laboratoires de chtoûe oii ils ont été expé-
rimentés. A. Vogel a proposé d'entourer
la viande fraîche d'un mélange de sel de
cuisine, de charbon^ de sUif, d'acide :phé-
nique et de la placer ensuite dans des ton-
neaux pour la livrer au commerce; peut-
être par ce moyen a-t-on pu conserver^la
viande, mais il- est certain t que par le fait
de cette préparation elle' aura acquis une
odeur et une saveur qui doivent la rendre
impropre à l'alimentation. Eckstein aardit
obtenu d'exeeliei^ts résultats en enveiop»
pant la viande fumée dans une feuille de
parchemin plongée pendant une heure
dans du vinaigre de bois chaud. 11 affirme
qu'un simple lavage dans l'eâu suffit pour
enlever à la viande tout mauvais- goût dom-
muniqué par le vinaigre de bois. Busch
(de Rio-Janeîro)| pour conserver la viande
durant de lorigues traversées, la fait d'a-
bord cuire, puis la dessèche; il l'expose
ensuite à dos vapeurs d'acide sulfureux, Ja
revêt de gélatine et la plonge finalement
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156
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
dans de la gî^aisse de bœuf fondue. Soumis
À Texanien d*une commission à Pdrto-
Aliegre, les viandes ainsi conservées ont
été trouvées bonnes après trois mois de
préparation.
En Angleterre, Gamgee, professeur à
rÉcole vétérinaire de Londres, a imaginé
un procédé qui mérite une mention parti-
culière. Avant d*abat(re i*animal^ il le
place pendant quelques instants dans une
atmosphère d*oxyde de carbone ^our Ta*
ncsthésîer, puis on Pabat immédiatement,
on récorche et on le dépouille. Enfin on
porte les morceaux de viande dans des
boites hermétiquement fermées, on les
soumet à Taction combinée de^Poiyde de
carbone et de l'acide sulfureux pendant un
temps plus ou moins long, suivant le vo-
lume des morceaux de viande (une se-
maine pour les moutons entiers, dix à
douze jours pour les quartiers de bœuf),
et après cette préparation on peut livrer à
la consommation. Le gaz oxyde de car-
bone qu*on a fait respirer à fanimal con-
serve à la viande sa belle coloration rouge,
qui se perd habituellement Sous Tin-
fluenoe de Taeide sulfureux. Des morceaux
de viande préparés parle procédé Gamgee,
et transportés de Londres à New- York,
étaient encore en parfaite conservation au
bout de quatre à cinq mois. L*expérience
ayant démontré que pendant la cuisson
Toxyde de ctirbone était complètement ex-
pulsé, oh n'a auoun inconvénient è re<^
douter par remploi de ce gaz.
On a conseillé également, pour cou*-
server la viande, de l'immerger dans de
Teau additionnée de créosote ou d'acide
phénique^ ou de la placer dans une at-
mosphère de bioxyde d'azote. Medlock et
Batiey ont préconisé l'emploi du bisulfate
de chaux, J. Young d*un mélange de sul-
fure de caleium et de chaux éteinte. D'au-
tres expérimentateurs ont eu recours aux
hyposulfitcSy aux borales et aux silicates
mélangés ou non de charbon ^ on n*a obtenu
que des résultats Imparfaits, des succès
contestés. Tantôt les substances antisep-
tiques ont communiqué a la viande une
saveur qui Ta rendue impropre à la con-
sommation^ tantôt les couibinaisons qui se
sont produites entre les agents antifer-
mentescibles et la substance animale ont
donné naissance à des produits alimen-
taires nuisibles, tantôt enfîn les parties
nutritives de la viande se sont dissoutes
dans le liquide extérieur qui n^était pas
utilisable pour l'alimentation. Nous ne les
signalons donc que pour donner un aperçu
complet de la question et surtout prémunir
ceux* qui, séduits, par la théorie, pour-
raient être tentés de recourir h leur em-
plt»i.
La solution pratique du problème de la
conservation des viandes se trouvera
plutôt dan;^ un des procédés de h mé-
thode qu'il nous reste .à examiner, et qui
consiste à placer la substance animale dans
des conditions telles que les ferments
qu'elle peut contenir ne puissent s'y dé-
velopper. Ces procédés sont au nombre de
trois, la dessiccation, la salaison, la réfri-
gération.
Dessiccation, — La dessiccation est le
procédé primitif de conservation de la
viande. Les indigènes remploient depuis
l'époque la plus reculée en Afrique où les '^
Arabes du Sahara et les Cafres désignent
sous le nom de keleah la viande qu'ils con-
somment ; dans l'Amérique du Sud où,
sous les noms de Tatajo, Charqui ou
Char que, Came seeq, on dulce on prépare
et Tou exporte une quantité considérable
de viandes conservées par dessiccation.
C'est à la Plata, dit le docteur Sehnepp
dans le récit de sa mission scientifique
dans l'Amérique du Sud, que s'est créée
et que se développe cette industrie qui,
en 1864, livrait sur les marchés du
Brésil et de la Havane S6 millions de kilo-
grammes de viande à raison de 0,^0 cen-
times le kilogramme.
Dans les usines de la Plata appelées
saladeros ou galaderes, on prépare à la fois
les peaux, la graisse et la viande des ani-
maux. La viande est dépecée, chaque tète
de bétail fournit huit lames de viande
représentant environ 150 à Î50 kilo-
grammes de substance animale. Ces longs
morceaux de chair palpitants sont plongés
dans un bassin qui renferme de la sau-
mure; après quelques secondes d'immer-
sion, ils sont étalés par couches superpo-
sées^ séparés les uns des autTes par une
couche de sel blanc. Par le fait du poids
qu'elles supportent^ les couches inférieures
laissent échapper une partie des liquides
qu'elles renferment^ au bout de vingt-
quatre heures la pile est retournée, salée
de nouveau, et le. même fait se reproduite
Le lendemain, la viande est retirée de la
salaison, secouée, empilée au grand air et
recouverte jde poids, elle reste plusieurs
jours sous cette pression et laisse s'écouler
une certaine proportion d'eau salée. Les
piles de viande sont conservées en cet état
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
ihl
pendant trois ou quatre jours et alors on
étend les lames sur des charpentes dispo-
sées à cet effL^t^ on l«s laisse du matin au
soir exposées h Tair, en ayant soin de les
rentrer la nuit et dan.^ le cas où le temps
devient humide. On les étend ainsi jusqu'à
ce qa*ciles soient complélement sèches,
c*e$t-à-dire pendant trois ou quatre jours
en été par un temps favorable et dans un
établissement bien situé.
Quand le tasajo chatqui a été bien pré-
paré par ce procédé, il présente les ca-
ractères suivants: sa couleur est rouge
sombre, la fibfe charnue est dure comme
du bois et résonne sous le doigt qui la
frappa ; une lame mince de tasajo re-
gardée par transparence doit présenter une
belle teinte vineuse ; pressée entre les
doigts, elle ne doit ni laisser suinter de
liquide^ ni dégager une odeur autre que
celle qui se rapproche beaucoup du jam-
bon fumé dont elle avait la saveur avant
d'être cuite. Dans cette préparation, la
viande fraîche perd les deux tiers de son
poids.
Les légumes cuits avec le tasajo acquiè-
rent une saveur très -agréable; mais cette
viande bouillie est impropre à la consom-
mation, sa fibre n*a plus aucun parfum et
ressemble à de Tétoupe. Si Ton veut la
faire rôtir, on a un produit plus sapide,
mais dur à mastiquer et d'une digestion
difficile. De plus, si la préparation n*a pas
été faite par un temps très-^sec, te tasajo se
moisit et s'altère très-facilement, ce qui
est on obstacle sérieux à son exportation
loin des lieux de production.
Le docteur Schnepp, mettant à profit les
indications fournies par M. Bousiiingault,
a préparé à Montevideo et à Buenos-Ayres
du tasajo par le procédé suivant : après
avoir fait couper la chair musculaire en
lames minces et les avoir salées très^Iégè-
rement, il les fil saupoudit^'r de farine de
mais en les exposant au soleil pendant le
jour et en les pressant légèrement pendant
la nuit. Après huit jours Topération était
terminée^ la viande présentait un très -bel
aspect et une saveur agréable à son arri>
vée en France, qu'elle ait été consommée
après avoir été bouillie ou rôtie. Toutefois
elle avait contracté un léger goût de moisi
que M. Schnepp attribue à la saison
humide dans laquelle la préparation avait
été faite.
La dernièri* expérience et la plus déci-
sive tentée par M. Schnepp est la^ulvante :
U fit eouper en lames minces 1600 kilog.
de viande dans un saladero de Montevideo ;
elles furent légèrement salées et empilées
dans uiie caisse. Après avoir recouvert la
pile d'une épaisse couche de sel, la caisse
fut expédiée au Havre et de là à Mulhouse,
où elle fut livrée à la consommation, au
prix de' 60 centimes le kilogramme. La
viande était en très-bon état et, rôtie, fut
jugée excellente. Nous mentionnerons en-
core, dans le même ordre d'idée, deux
procédés de conservation des viandes dus,
i'nn à M. Martin de Lignac qui dessèche
les viandes dans des étuves à une tempé-
rature n'excédant jamais 35 degrés afin de
n'altérer aucune des albumines du plasma
musculaire, l'autre à deux industriels de
Buenos Ayres, MM. Vin et Senorans, qui
ont essayé de sécher les viandes par la ven-
tilation afin de ne faire intervenir le sel
qu'en très- petites proportions. Après avoir
soumis les lames dô viàiade à une pression
assez forte le prenrier jour pour faire
éconler une portion de l'eau, qu'elles ren-
ferment, ils les étendaient sur des châssis
disposés horizontalement dans une grande
pièce où arrive de l'air chaud mis en mou-
vement par des roues h larges ailes.
Ce procédé ne donne que des produits
de qualité inférieure au tasajo.
M. A. Gautier signale le procédé imaginé
par un ingénieur anglais et consistant à
soumettre la viande à une forte pression
hydraulique qui la prive d'une grande par-
tie de son suc et l'amènerait à un état de
siccité suffisant pour que toute putréfac-
tion soit évitée. Le sérum qui s'écoule est
lui même desséché et fournit un aliment
nutritif.
La valeur nutritive de la viande salée
et desséchée est incontestablement très-
considérable ; mais si l'on en excepte celle
qui est préparée par la méthode de
MM. Boussingault et Schnepp (sur laquelle
l'expcriencc n'a pas encore prononcé),
c'est un pro(ioit insipide, coriace, très-
difficile à digérer^ et les habitudes atimen •
taires de nos populations les rendront pro-
bablement pendant longtemps encore
réfractaires à leur consommation journa-
lière.
A diverses époques, on a préconisé des
poudres alimentaires, dont la plus connue
est le Pemmhan des voyageurs au pôle
Nord, mélange de. viande de bœuf dessé-
chée et pulvérisée à laquelle on ajoute du
sel, du poivre, des épiées et du jiucre.
Pour confectionner cette poudre de viande»
Arthur Hassall Hill a indiqué un procède
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158
REV[IE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
qui consiste à séparer ia viande de la
graisse, des os et drs tendons, à la décou-
per en cubes d*un pouce d*épaisseur^ à la
hacher finement, à retendre sur des châssis
de ferzingué à claire- voie, el à la /aire se*
cher à Tair chaud .sans atteindre le point
de coagulation die ralbumine. On termine
Popération en broyant la masse et en sou-
mettant de nouveau la poudre à la dessic-
cation, après l'avoir tamisée. C*est là^
comme le dit très-justement M. Fonssa-
grives^ un aliment de nécessité et dont
Tusage ne répond à aucun besoin dans les
régions que nous habitpns. A ceux qui
auraient la pensée d'y recourir, nous ren-
voyons aux travaux de M. A. Lefèvre, di-
recteur du service de santé de la marine.
(La fin au prochain numéro.)
( A nnales d'hygiène publique . )
^ lll€^decia« légale.
De l'hymen et de son importanoe en
mëdeoine légale, par M. le docteur E. GA-
RIMOND, professeur agrégé à la Faculté
de médecine de Montpellier...
Tout langage scientifique a besoin de
précision et de rigueur, et la médecine lé-
gale doit incontestablement, moins que
toute autre science, échapper à ces légi-
times exigences. 11 n'est malheureusement
pas très-simple de satisfaire avec exacti-
tude à ce programme. Les faits qui appar-
tiennent au dotHalne médical ne sont pas
toujours caractérisés pai* des définitions
précises et complètes; plusieurs d'entre
eux reçoivent même du texte de la loi une
signification quelque peu arbitraire à la-
quelle Texpert doit savoir se plier, sous
peine de n'être point compris, de ne pou-
voir remplir son mandat et de compro-
mettre ainsi la liberté, la vie, Thonnear
d\in accusé, en même temps que Tauto-
rité de la science qu'il représente. Ces ré-
flexions sont surtout applicables aux faits
d'une criminalité spéciale. J'ai cherché, à
propos de l'avortement, à établir dans un
autre travail (I) que, faute d'une donnée
absolument vraie, on arrivait à une doc-
trine erronée, d'une sévérité ooiréc dans
quelques cas, d'une indulgence sans bornes
dans d'autres. Il en est de même pour le
viol et les attentats à la pudeur, que cher-
Ci) Garimond, Traité théorique et pratique
fie ravortement considéré au point de vue mé-
dical, chirurgical et médico-légal. Montpellier*
1875.
chent à réprimer les «rt. 330, 531 , 332 du
Code pénaK Mais ici la confusion tient sur-
tout à ce que ces mots n ont point leurs
analogues dans le langage purement médi-
cal, et qu*ils n'existent qu'au point de vue
de leur criminalité. Leur valeur est en
partie déterminée par la rédaction des arti-
cles du Code, et ils présentent par cela
même une confusion peu facile à éviter.
C'est en voulant distinguer entre eux ces
crimes, d'une pénalité si varia|j>le, que les
légistes modernes ont été amenés à recher-
cher pour l'un d'eux un signe caractéris-
tique et à faire jouer un rôle excessif à la
membrane hymen.
Quelques observations «urieuses, que
les hasards de la pratique ou que' des re-
cherches spéciales ont mises entre mes
mains, m*ont conduit à examiner un côté
de ces questions, et à étudier quelle pou-
vait être en réalité Timportance de l'hymen.
C'est ce travail, en apparence restreint,
mais dont les conséquences ne itont pas
sans étendue, que j'aborde ici.
L'hymen n'a qu'une existence transi-
toire. Il disparait d'habitude au moment
où les organes de la génération accomplis^
sent le but définitif pour lequel ils ont été
formés. Cette membrane est alors habi-
tuellement divisée, déchirée ou détruite
en entier. Mais, si par quelques circon-
stances exceptionnelles elle persiste dans
son intégrité, elle devient alors, un obata-
cle à l'accomplissement régulier de;s fonc-
tions ; elle est donc d'une utilité plus^que
contestable et quelquefois même un véri-
table embarras. Aussi les physiologistes
ont-ils attaché à sa présence une très- mi-
nime importance, ignorant le rôle qu'elle
est appelée à jouer pendant l'enfance et ia
puberté.
Il n*en est plus ainsi lorsqu'on l'envi-
sage au point de vue de la médecine lé-
gale. Sa présence, son absence, sa rupture
ou son intégrité peuvent^ suivant l'occa-
sion^ devenir des signes d'une certaine
valeur. Quelques auteurs lui attribuent
même une signification absolue. Ils sem-
blent regarder l'hymen comme une bar-
rière naturelle et constante placée entre
les organes génitaux externes et ceux de
la sphère moyenne, de sorte quMl établi-
rait entre eux une différence de nature et
de fonction. Un attentat commis avec vior
lence, mais arrêté par ce tissu, n'aurait
plus la même signification, ne devrait plus
être désigné par le même mot, n'entraîne-
rait plus la méme^ pénalité que celui qui\-
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REVUB ANALYTIQUE ET CHITIQUE.
159
s*cxerçant qa«iqae$ in illi mètres plus loin,
deviendrait un crime d'une tout autre
porl^e, etceltrici aurait toujours pour ca-
ractère essentiel la violence et la rupture
de la membrane oi^turatricc. Pour tout
dire, suivant TEcole française la plus mo-
derne et la plus autorisée, le viol ne serait
autre chose que la violence exercée sur les
organes génitaux de la fem^e, suivie né-
cessairement de la défloration complète ou
ineompiètc. La déchirure de la membrane
est tout ; en dehors d'elle, le crime n'a plus
le même caraelère, il n'y a qu*un attentat
à la pudeur.
On est actuellement mal venu de s'arré-
t|;r à de simples discussions théoriques.
Les faits sont plus recherchés que les
aperçus les plus ingénieux. Cependant
Tattenlion doit nécessairement se reporter
à l'origine dés questions. Les théories,
pour ne faire qu'une mince apparition,
n'en existent pas moins, et les auteurs les
plus sobres à cet égard ne sauraient se
soustraire à leur nécessité. Ils formulent
leurs opinions en quelques mots, ils ne les
diseatent pas mais ils les présentent
comme des axiomes^ point de départ obligé
de toute leur œuvre que nul n'est admis h
repousser. Ce sont les tendances de TEcole
moderne de médecine légale. Dans chaque
sujet, elle recherehe autant que possible
un signe très< apparent, saisissable, dont
elle fait non-seulement un moyen de dia^
gnostic, mais qu'eue établie comme l'élé-
ment essentiel de sa définition. Ce procédé
offre un véritable avantage : il donne aux
questions une netteté et une précision
incomparables. Le, légiste, avec ce mode
d'appréciation, est rarement embarrassé. 11
résout ainsi les difficultés qui peuvent se
rencontrer et qui pour tout autre seraient
au moins douteuses. Mai^, si l'on discute ht
fond ces théories à peine ébauchées et si
hardiment formulées, elles ne soutiennent
pas toujours l'examen, et l'on s'aperçoit
bientôt, quelles que soient l'habileté do
Tœuvre entière, l'abondance des détails,
la hardiesse des conclusions, que l'ensem-
ble n'est point assis sur une base inébran-
lable.
L'expert n'a pas, il est vrai, à discoter
la loi ou à rinterj)réter; seulement lors-
qu'on délit, un crime, sont désignés par
un simple mot^ il faut bien qu'il se rende
compte de sa valeur au point de vue >dc
l'expertise médicale, et qu'il sache si la
définition proposée est la seule vraie. On
ne sera donc pas étonné que je recherche
quelle est ia signification h donner aux
crimes prévus par l'article 532 du- code
pénal, et caractérisés, suirant plusieurs
auteurs modernes, par la rupture de
l'hymen. La plupart des écrivains anté-
rieurs à notre époque n'ont pas envisagé
cette question au même point de vue. iU
sont au contraire unanimes à reconnaître
que le viol n'est autre chose que l'union
sexuelle illicite accomplie avec violence,
quels que soient d'ailleurs ' les désordres
anatomiques qui en résultent, et qui ne
peuvent que dans un nombre de cas très-
limité avoir une importance absolue. Cette
définition, ou son idée principale, a été
acceptée par le plus grand nombre d'entre
eux : Fodéré; Marc, Orfila, Devergie,
Casper ; c'est celle que Briand et Chaude (1)
reproduisent dans des termes à peu près
identiques. 11 faut le reconnaître, elle est
bien un peu vague : le signe essentiel,
1 élément matériel du crime, n'est point
désigné ; c'est pour cela que quelques au-
teurs ont voulu lui donner un sens plus
pratique. Tbulmouchc (â> déclare qu«
« pour l^ médecin légiste, le caractère de
la virginité est l'existence de la membrane
hymen, et il n'y a de défloration ou viol
que si l'on y remarque des déchirures. »
M. A. Tardieu (3), s'emparant de cette
idée, la formule encore avec plus de pré-
cision. « Le viol peut être défini, au point
* de vue de la médecine légale : toute vio-
lence exercée sur les organes sexuels de ta
femme, et caractérisée par la défloration,
e-'est-è-dire par Id déchirure complète de
la membrane hymen. » On arrive ainsi à
un signe invariable, caractéristique du
viol, en même temps qu'on détourne le
mot du sens primitif. Les rapports sexuels
ne sont plus nécessaires'; mais toute vio-
lence, de quelque nature qu'elle soit, peut
être classée dans la même catégorie,
pourvu qu'il y ait rupture de l'hymen.
C'est donc une véritable révolution accom-
plie dans l'idée que l'on s'est faite jusqu'à
présent de ce crime.
Avec cette doctrine, le viol est restreint
à un petit nombre de faits, et tout ce qui
ne reconnaît pas la défloration à son origine
est rejeté dans le cadre élargi des attentats
à la pudeur. Mais Ton se demande si l'on
(1) Briand et Chaude, Manuel complet de mé-
decine légale^ 9« édition. Paris, 1874.
(2) Toulmouche. Mémoire sur les attentats à
la pudeur et le viol, t^nn. d'hyg., 2" série,
t. VI, p. 100, 1856, el t. XXIÏ. p. 313. 1864.)
(3) Tardieu, Étude médico-légale sur les at^
tentais aux mœurs^ 6« édit. Paris, 1873.
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160
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
peut ainsi 'arbitrairement séparer des aetes
qui, ayant les mêmes conséquences et
poursuivant un but identique, «ont de
même nature, et cela parce qu*un tissu de
peu d'importance a été respecté dans un
eas, déchiré dans un autre, alors surtout
que ia membrane peut ne pas exister, soit
par une destruction accidentelle anté-
rieure, soit par suite d*u ne organisation
anormale. Cette question a déjà été en
partie tranchée par les interprétations don-
nées au sens de la loi par la Cour de cassa-
tion. Pour nous, c'est exclusivement par
des faits d'ordre médical que nous devons
)a juger, et puisque l'hymen joue un si
grand rôle, c'est par son étude, par son
anatomie et par ses anomalies, par les mo-
difications que les circonstances acciden-
telles lui fout subir, et par les conséquences
qui en découlent, que nous arriverons à
nous faire une idée nette de ce que l'on
doit classer sous le nom d'attentat à la pu-
deur, ou BOUS celui de viol.
Pendant longtemps, des anatomistes
ordinairement exacts n'avaient qu'une no-
tion tellement confuse de l'existence de
l'hymen, que leurs opinions à cet égard
étaient tout à fait contradictoires, i Fal-
lope, Vésale, Dieraerbroêk, Riolan, Bar-
tholin, Heister, Ruyscb et quelques autres
prétendent, écrit Buffon (1), que la mem-
brane hymen est une partie réellement
existaute qui doit être inise au nombre des
organes de la génération des femmes. Ils
disent que cette membrane est cl>arnue,
qu'elle est fort mince dans les en/ants,
plus épivisse dans les filles adultes ; qu'elle
est située au-dessous defurèthre, ete.^ etc.
L*hymen, selon M» Winslow, est un repli
membraneux plus ou moins circulaire, plus
ou moins large, plus ou moins égal, quel-
quefois semi-lunaire, qui laisse une ouver-
ture très-petite dans les unes, plus grande
dans les autres, etc. Âmbroise Paré, Du-
laurens, Graaf, Pinœus, Dionis, Mauriceau,
Palfyn, soutiennent au contraire que la
membrane hymen n'est qu'une chi-
mère, etc. Ils rapportent les observations
qu'ils ont faites sur un grand nombre d&
filles de di£férents âges, qu'ils ont dissé-
quées, et dans lesquelles ils n'ont pu
trouver cette membrane. Ils avouent seu-
lement qu'ils ont vu quelquefois, mais bien
rarement, une membrane qui unissait les
protubérances charnues, qu'ils ont appe-
lées caroncules myrtiformes. Mais ils son*
(t) Bti£fon, OEuvret complètes: De rkomme,
i, VI, p. 44.
tiennent que celte membrane était contré
l'état naturel. »
Nous savons ce qu'il faut penser aetueU
lement de ces divergences d'opinion. Cette
membrane, dont rcxistence est niée par les
uns, admise par les autres, est tellement
constante que son absence congénitale est
une exception rare et même contestée.
L'hymen est transversalement placé à la
partie inférieure du vagin, qu'il obture
complètement en arrière, échancré en
avant au niveau du méat urinaire. Il a la
forme d'un croissant; son bord convexe
est soudé avec les parois infériourt et la*
térale du vagin. Son bord antérieur est
concave ; il regarde l'ouverture de Turè-
thre, et laisse une ouverture libre à la
partie inférieure (Je l'orifice vaginal. C'est
surtout aux aspects multiples qu'offre cet
orifice que se rapportent ses. formes diver-
ses, depuis le cloisonnement entier jusqu'à
la disparition complète de la membrane
obturatrice.
Ces variétés infinies ont été signalées par
beaucoup d'auteurs (2), et Ton en retrouve
tous les spécimens dans le Musée anato-
mique de Heidelberg. Je les classerai dans
les divisions suivantes :
1* Hymen avec ouverture centrale.
Celle-ci peut être simplement circulaire, et
l'ouverture située tout à fait au milieu ou
sur les côtés' de la ligne médiane. Souvent
elle est de forme allongée. A\ en est même
qui représentent parfaitement Un carré
long dont les bords, légèrement convexes
en dedans, ressemblent à de petites val-
vules. Dans un cas de ce {;enre, ehez une
jeune fille de deux ans, la membrane sur
laquelle s'inséraient ces quatre replis était
réduite à un simple limbe étroit bordant le
vagin; pendant lés mouvements d'expira-
tion ou d'effort auxquels se livrait l'enfant,
l'anneau vulvatre se resserrait, de sorte
que rhymen se rapprochait par les bords
libres et obturait complètement le vagin ;
puis, pendant l'inspiration, la dilatation
s'opérait, et alors la Communication avec
rintérieur devenait assez large pour qu'oo
put comprendre qu'à Fége adulte nulle
fonction n'en serait gênée.
â<^ L'hymen est eA forme de croissant,
avec ouverture antérieure. C'est celui qui
est généralement décrit, et dont les dimen-
sions dans Torifiee peuvent varier depuis
le volume d'une simple plume d'oie jus-
qu'à permettre le passage d'un corps vo-
(2) Rose. De l'hymen, thèse de Strasboorg,
iH87i/2* série, 181)5.
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
161
lumineux. L*échffncnire en croissant est
placée tout à fait h la partie antérieure et
quelquefois subdivisée en deux fentes se-
, condaires par une membrane perpendicu-
laire dont Textrémité va s'insérer au-dessus
du méat urinaîre.
Z^ Je signalerai encore Thymen imper-
foré ou criblé de petits pertuis^ ce qui, au
point de vue fonctionne), revient tout à fait
au même. 11 existe enfin des hymens divi-
sés dans toute leur longueur d'avant en
arrière par une fente irréguiière, d'autres
à ouverture^ doubles ou circulaires, soit
que celles-ci dépendent d*un vagin double
ou qu'elles correspondent à un seul vagin.
L'étude du développement permet de
comprendre facilement les nombreuses
variétés que présente cette menjbrane.
D'après Coste, du trente-troisième au qua-
rantième jour après la fécondation, on voit
se former près de l'extrémité caudale du
fœtus, sur le tégument externe, une accu-
mulation de blastème. .11 en résuite une
éminence médiane d'où partiront des bour-
geons secondaires destinés à former une
série d^appendiees. Au centre de celte émi-
nence se creuse bientôt une dépression
longitudinale qui ne tarde pas à devenir,
par la corrosion du feuillet tégumen taire,
une ouverture linéaire plus profonde, finis-
sant, lorsque l'évolution marche régulière-
ment, par communiquer avec le cloaque
formé par les cavités rectale, vésicale, va-
ginale, dont le cloisonnement se fait en
même temps et s'unit ainsi aux parties
externes.
L'hymen n'est donc en réalité qu'un
débris de membrane persistant dans une
proportion variable, perce d'une ou de
plusieurs ouvertures ou n'ayant subi qu'un
trayait de dépression ' ou de perforation.
C'est en ^effet par la disparition du tissu
placé entre le cul de sac rectal, le vagin et
la vessie d'une part et le tégument externe
de l'autre, que les trois cavités intestinale,
génitale et urinaire s'ouvrent à l'extérieur.
Que ce travail ne s'accomplisse point régu-
lièrement nu niveau du cul-de-sac vaginal,
il en résulte une oblitération de la partie
du vagin aboutissant à Tanneau vulvaire,
oblitération complète ou incomplète sui-
vant les cas. L'organisation est considérée
comme régulière toutes les fois que la
membrane oblitérante est percée d'une
ouverture suffisante pour Texercice des
fonctions qui doivent s'établir à la puberté;
mais on comprend déjà combien il doit se
présenter de variétés. II semble qu'au. dé-
veloppement parfait devrait correspondre
la disparition entière de la membrane
obturatrice, qui n'est jamais qu'un obstacle
incommode. Cependant elle persiste habi-
tuellement et ne peut nuire à la régularité
des fonctions qu'à une époque éloignée de
la naissance. Il n'en est point ainsi pour
l'urèthre et l'anus, dont les orifices, se
formant par le même mécanisme, ont be-
soin d'être complets dès la naissance. Les
parties extérieures ont donc un développe-
ment distinct de celui du vagin. Il en est
de même pour l'utérus et les ovaires.
« L'observation directe, dit le professeur
Courty (1), démontre que l'appareil géni-
tal est divisible en trois zones qu'il faut
considérer comme trois champs distincts
d'évolution organique, se développant in-
dépendamment les uns des autres et ten-
dant à produire un appareil unique destiné
à l'accomplissement d'une seule fonction.
De ces trois zones, les deux extrêmes sont
principales ; la moyenne ou intermédiaire
est secondaire. Les premières sont les
organes génitaux internes et externes, la
seconde est le moyen d'union des uns et
des autres. »
Ces données anatomiques et physiolo-
giques me permettent d'aborder les diverses
questions qu'entraîne avec lui le rôle ac-
cordé à l'hymen.
l** En admettant que cette membrane
soit une barrière qui doit être franchie et
rompue pour que le viol existe, les légistes .
méconnaissent la valeur relative des or-
ganes génitaux de la zone externe, et vont
à rencontre c)es idées physiologiques que
je viens d'exposer. Non-seulement les or-
ganes externes ont une importance réelle,
mais la persistance de la membrane hymen
ne change rien à la nature de l'acte et à
ses conséquences. « Médicalement parlant,
écrit le professeur Taylor (2), une certaine
intromission peut exister sans destruction
inévitable de l'hymen , et, moralement
parlant, le crime sera le même, que la
membrane hymen soit ou ne soit pas rom-
pue; car, comment serait-il possible de
réprimer ce que la société s'accorde à con-
sidérer comme un crime odieux, si l'on
admet les experts à discuter les degrés
d'intromission pour la constitution du
crime? »
Les désordres que l'on constate chez de
(1) Courty, Traité pratique des maladies de
l'utf^rns et de ses annexes^ page 35.
(2) A. Ttiy\ov''8 Médical jurisprndenr,e,TU\ri\
edllj p. 807.
21
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iGâ
U£VUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
jeunes enfafits, alors qu« des rapports
réitérés ont lieu, prouvent en eflfet que
très-souveut la membrane hymen a été
respectée, quoique l'acte ait eu tes rarac-
tèresde la, conjonction sexuelle. Il faudrait
donc rejeter dans la catégorie des simples
attentais, des crimes dont !e signe spéci-
fique ne se retrouve point le plus souvent,
à cause de Torganisaiiou même de ecs
jeunes filles.
Devergie a constaté que chez les enfants
le diamètre du vagin est si petit, quMI peut
à peine recevoir le petit doigt* « Si cette
observation, dit M. Toulmouche (J), est
vraie pour le plus grand nombre, elle est
peut-être trop absolue^ car j'ai eu l'occa-
sion de rencontrer, dans une certaine pro-
portioR; de très jeunes filles chez lesquelles
je pouvais facilement introduire la moitié
du petit doigt, sans qu'elles manifestassent
de la douleur. » Il en résulte cependant
que l'intromission n'est presque jamais
complète, et souvent, sous l'influence de
rapports répétés, une dilatation infnndi-
buliforme se produit, et l'hymen refoulé
finit ainsi par céder, en se déplaçant, sons
se déchirer. Tel est le cas si remarquable
rapporté par Marc. « Une fille de douze
ans, chez laquelle les signes de la puberté
s*étaient à peine uiqnifesiés, contracta une
liaison avec un garçon un peu plus âgé
qu'elle. Ces deux enfants avaient vécu en-
semixle plusieurs mois^ lorsque le père du
garçon partagea les faveurs de la maîtresse
de son fils. Ce libertinage dura jusqu'à ce
que d'affreuses végétations vénériennes eus-
sent conduit la jeune fille à l'hôpital de la
Pitié. Examinée par le docteur Serres et
par d'autres médecins, on trouva chez la
malade une dilatation extrême du vagin,
une flétrissure des parties génitales externes
et une absence totale de l'hymen. Après le
traitement de la maladie vénérienne, on fut
fort étonné de trouver chez elle Tensemble
des caractères qui constituent la virginité,
et notamment une membrane virginale
semi- lunaire très-prononcée, ftl. le docteur
Fournier-Pescay et moi fûmes nommés
(1) Toulniouche, Annales éThygiène publique
et de médecine legaley â" série, t. VI, p. 104,
1856.
(2) Marc, Dictionnaire de médecine. Paris,
1816, i. XXX. p. 807.
(3) Joulin, Traité des accouchements. Paris,
1868.
commissaires par la Société médicale
d*éraulation pour constater ce fait. Ici, la
membrane hymen s'était évidemment flé-
trie, affaissée à la suite d'une débauche en
quelque sorte graduée, mais n'avait pas été
détruite (2). »
Des faits pareils nie sont pas très -com-
muns, . mais ils se produisent cependant
assez souvent pour permettre d'affirmer
que rhymen peut être momentanément
déplacé sans déchirure et sans. faire obstacle
aux rapports sexuels; et lorsque ceux-ci
sont accomplis avec violence, on n'est pas
en droit de les classer autre part que dans
la catégorie des viols. — En effet, du côté
du coupable l'acCe est le méme« que l'hymen
soit conservé ou non; et la victime, si
elle est adulte^ est exposée aux consé-
quences habituelles des rapports j^ex^els.
Les auteurs d'obstétrique rapportent
tous des faits de grossesse survenues dans
des circonstances analogues. Joulin (3)
cite deux' observations parfaitement cir-
constanciées. Cazeaux signale des faits ana-
logues. Le plus récent a été raconté à la
Société médicale du IX' arrondissement de
Paris par M. Dufour. Ce médecin vit un
jour arriver dans son cabinet deux dames..
L*une d'elles se plaignaird'un balfonnement
de ventre fort désagréable, qu'elle ne sa-
vait à quoi attribuer. L'hypothèse d'une
grossesse amena une grande exclamation,
et le fait fut déclaré impossible. Un examen
complet permit cependant de constater le
bruit du cœur fœtal, le développement de
l'utérus, en même temps que la persistance
de rhymen, dont l'ouverture suffisait à
peine à l'introduction de la phalange un-
guéaie. La fécondation avait donc pu se
faire malgré cette disposition peu favorable
et malgré l'intégrité de la membrane obtu-
ratrice. Des renseignements précis obtenus
plus tard confirmèrent le diagnostic, et
permirent de conclure que des rapports
complètement externes avaient amené la
grossesse (4).
{La fin au prochnin numéro,)
(A nnales d'hygiène publique^)
[i) Voyez Guérard: Sur fa valeur de l'exis-
tence de fa membrane hymen comme signe de
virginité, [J nnales d'hygiène, 1872, 2" térie,
t. XXXVII|.p.i09.;— Beigeret, Des fraudes
dans raecomplissement des fonctions géné-
ratrices, 4« édition. Paris; 1873.
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
U,5
III. AGADÉMIBS ET SOfJËTÉS SAVANTES.
Société Royale de« Soienoes médiealet et
aofturelles de Bruxelles .
BuUetin de la séance du â CMÛt 1878.
Président : M. Pigeolet, présid. hoqor.
Secrétaire : M. Lbdegahck secrélairc adj.
Sont présents : MM. Charon, Pigeolet,
Wehenkel, Sacré, Thiry, Spaak, Scbaer-
maiis, Vanda Vyyerci, Tirifahy, Lede-
ganek.
La cwrospondanoe comprend : 1« Une
lettre de M. Martin, s'exeusant de ne pou-
voir assister à la séance de ce jour ; "À^ Une
lettre de tf. van den Corpirt, ayant le même
objet ; 5° Une lettre de M. le docfeuf Motte,
de Dînant, remerciant la Société de sa
nomination comme membre correspondant.
Ouvrages présentés :
4. MittbeiJungen des Wiener medici-
niscbcn DoctorciL-Coliegium. N"' 19-20.
3. Jornal da Socicdade das scioncias mc-
dicasde Lisboa. Anne 1875, n" 5.
5. Annales de TObservatoire royal de
Bruxelles. Juin 1875.
i. Reale Istituto Lombardo di scienze;
Rcndiconli. 2® série, vol. VI.
5 à 83. Divers journaux ri recueils
scienlifiques et périodiques.
M. Pigeolet. Avant d'aborder Tordre
du jour, je dois vous exprimer toute ma
gratitude. Messieurs, pour la preuve d'es-
time que vous m*avcz accordée dans la pré-
cédente séance, en me conférant le titre
de Président bonorairc.de la Société. 11 y
a plus de trente ans qu'admis à participer
anx travaux de In Société, j*ai rempli suc-
cessivement les fonctions de Bibliotbécaire,
de membre du Comité de rédaction de son
journal, de Vice- Président et de Président,
fonctions que votre bienveillance m'a tou-
jours rendues faciles cl agréables.
La Société des sciences médicales de
Bruxelles, qu^on peut considérer comme le
berceau de toutes les institutions du pays
qui ont eu pour objet le développement et
rétude des sciences médicales, jouit d'une
réputation trop bien méritée, pour que je
ne considère point comme le plus grand
honneur qui me soit échu, celui de lui ap-
partcnil' pendant toute ma carrière.
Mcrci^ encore une fois, Messieurs, du
nouveau témoigna^ de bienveillance dont
vous m'avez gratifié; tous mes efforts ten-
dront h le justifier en continuant pendant
le reste de ma vie médicale d'unir mon tra-
vail an vôtre, dans le but de développer
tous les jours davantage la prospérité cl la
splendeur de la Société.
— Pas.sant ensuite à Tordre du jour,
M. le Président accorde la parole à M. We-
henkel, pour la lecture de son analyse de
la brochure de M. le docteur Van den
Schriek, de Hal , Sur la spécificité du
miastne typhique,
M. WfiflENKBL. Messieurs, l'auteur de ta
brochure dont j'ai à vous- entretenir, ayant
envoyé on exemplaire de son travail à cha-
cun des membres de notre Société, vous
avez tous eu ToccasÂon de lire cette inté-
ressante brochure ; j'aurais donc voulu être
fort bref, mais Timportance des qu testions
soulevées par M. Vîyi den Sehriek, m'a
entraîné un peil au-delà des limites que je
croyais d'abord pouvoir assigner à la pré-
sente analyse.
Après avoir, dans cette brochure inti-
tulée : Du virm typhoïde et de son rôle dans
Us épidémies, fait ressortir la différence qui
existe entre la fièvre typhoïde et le typhus
exanthématique, M. Van den Schriek s'ap-
plique à prouver que le virus typhoîiJe est
la seule et unique cause de la fièvre ty-
phoïde; convaincu, et à' juste titre, qu'en
médecine surtout, bien des discussions
stériles sont nées du* peu de précision
dans les termes employés, notre estimable
collègue s'applique d'abord à, déterminer
exactement ce qu'il entend par infection
et par contagion. L'infection esty povtv lui,
un état spécial de débilité vitale qui pré-
dispose V homme qui en eut- atteint, à con-
tracter n'importe quelle maladie contagieuse
dont le germe agirait sur lui. Quoiqu'il ne
soit nullement dans notre intention d'in-
sister sur ce fait, nous dirons cependant,
qu à notre avis, il aurait été préférable de
conserver au mot infection la valeur assez
précise qui lui est généralement attribuée.
On désigne, en effet, par cette expression,
soit raclion de produire une odeur corrom-
pue et malfaisante, soit la corruption pro-
(|uite dans un corps par les substances ou
miasmes délétères qui s'y introduisent, soit
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164
ilGADËMlES ET SOCIÉTÉS SAVANTE.
enfin Taction exercée sur Téconomie par
des miasmes putrides ou par des liquides
virulents (Dictionn. de Littré). L*intection
dans le sens admis par Littré implique donc
l'intervention de certains principes spé-
ciaux ; telle qQ*on Tentend généralement
en médecine» cette expression désigne» nous
semble-t il, rinfluence qu*exercent sur
réconomic certains principes spéciaux
d'origine végétale ou animale qpi normale-
ment n'agissent pas sur l'organisme et qui^
par leur intervention, détermine des pré-
dispositions ou même des trouble^ patents ;
elle n'indique pas simplement un état spé-
cial de débilité vitale qui prédispose
l'homme qui en est atteint, à contracter
n'importe quelle maladie dont le germe
agirait surHui.
La phrase du travail de M. Van den
Scbriek qui suit cette définition , nous
prouve que l'auteur lui-même n'entend pas
appliquer le mot infection à tout état spécial
de débilité vitale qui prédispose j etc., et que,
soit dit entre parenthèses, nous préférons
continuer à qualifier Je prédisposition ; il
dit, en effet, que la cachexie urbaine est un
état particulier de l'économie qfji a beau-
coup d'analogie avec l'infection; cette
cachexie qui pourtant facilite singulière-
ment le développement des épidénjîes,
n'est, par conséquent, pas une infection,
pas même pour M. Van den Schriek;ce
n'est qu'un état analogue. Nous pensons
que pourtant notre estimable collègue étend
un peu trop la valeur de ce mot infection,
en comprenant par cette expression cet état
particulier qui peut être produit par la
respiration de gaz irritants, le défaut d'air
et de lumière (p. 81).
Avant d'entamer le sujet essentiel de son
travail, M .Van den Schriek^ rappelle d'après
Guipon, que « la première cause d'er-
reurs dans Tappréciation de l'origine de la
fièvre typhoïde épidémique, est que les
causes éloignées qui peuvent varier [plus
ou moins suivant la contrée^ sont jugées
tour à tour aptes ou inaptes à produire la
maladie, au lieu d'être considérées simple-
ment pour ce qu'elles sont, e'està-dtre
comme étant propres à favoriser son inva-
sion et son extension. La seconde source
d'erreurs* provient de ce que tantôt l'une
ou tantôt l'autre de <es causes éloignées
est regardée, suivant l'observation qu'on
en a faiU comme nécessaire a la production
du même résultat (Gaz. méd. de Paris), )>
Nous partageons parfaitement cette ma-
nière de voir quant à TinAuencc exercée
par une étude mal entendue des causes sur
les progrès de nos connaissances, non-
seulement de la fièvre typhoïde, mais
encore des maladies générales.
Ayant terminé l'exposé de quelques
considérations qu'il a cru devoir rappeler
afin de donner plus de précision à son
étude sur le virus typhoïde, notre esti-
mable confrère de Hal rappelle les termes
dans lesquels M. €ousot, dans un remar-
quable mémoire couronné par l'Académie
de médecine de Bruxelles, a résumé sous
quatre chefs, les conditions du développe-
ment de la fièvre typhoïde (1). Quelque
réduit que soit le nombre des causes
admises par M. Cousot, M. Van den Schrick
ne peut les accepter toutes j il n'en accepte
qu'une seule, le contage typhoïde de source
humaine- Les cause<; assortissant aux trois '
autres chefs admis par M. Cousot, doivent
pour M. Van den Scbriek, être rangées
« parmi les causes éloignées qui comme
l'ivrognerie, les excès, etc., peuvent pré-
disposer un individu à contracter une ma-
ladie contagieuse, mais ne peuvent jamais
la faire noitre quand celui qui subit leur
influence ne s*est pas exposé à l'action d'un
virus spécifique. »
L'auteur du mémoire qui nous occupe
établit ensuite, eu citant quelques exem-
ples, la réalité de la contagiosité de la
fièvre typhoïde ; il j*appelle les trois prin-
cipales théories émises sur la nature des
^contages et déclare se rallier à celle de ces»
théories qui considère les contages comme
des être:: organisés ; il s'abstient d'indiquer
les raisons qui lui font accepter cette théo-
rie et renvoie ceux qui voudront s'édifier
à cet égard à l'ouvrage de M. COusot. Certes
nous n'entreprendrons pas d'établir ici la
supériorité de l'une de ces théories sur
l'autre, mais nous ne pouvons nous em-
pêcher de dire que M. Vanden Scbriek,
nous semble se hâter un peu trop, en
acceptant sans réserve l'opinion que les
contagi^ssont des.étr^s organisés alors qu'il
avoue que « les microscopes ne sont pas
encore assez perfectionnes » et que c nous»
n'avons pas encore assez l'habitude d'étu-
dier cette quantité énorme de eocps étran-
gers qui voltigent dans l'air, ni ces my-
riades d'animalcules qui pénètrent dans le
corps de l'homme, souvent pour s'y déve-
lopper à son détriment, y C'est parce que
nous ne cor^naisso/is que trop es lacunes
(1) F. 132 de VKtndu sur la fièvre typhoide.
Car M. Cousot. Mémoire des concours,' etc., pu-
liés par l'Académie de niédcciiie. 1874. «
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
jr»5
qui SQiit, an moins en partie, la consé-'
quence de rinsufBsance .de nos moyens
d*investigation que nous préférons nous
abstenir plutôt que d'affirmer l'existence
d'êtres organisés là où nous ne pouvons
qu^n supposer la présence. Poui'quoi, en
effct^ n^aurions nous pa« peut-être à faire,
dans certaines transmissions par contage^ à
un processus analogue à celui bien mieux
connu de ta transplantation d'une partie
d'un individu à un autre, transplanta-
tion que nous pratiquons, par exemple,
dans la greffe épidermique^ dans Tauto*
plastie, ou même dans les transfusions
sanguines, etc. Dans ces greffes, les parties
transplantées conservent partiellement ou
totalement leurs attributs anatomiques et
physiologiques. Lès tissus pathologiques
jouissant, de même que les tissus normaux,
d^une certaine autonomie yitaie qui rend
leur transplantation parfois possible, nous
pensons n'être nullentent en dehors do la
logique des faits, en admettant que lors de
la greffe de ces tissus pathologiques (solides
ou liquides)^ ceux-ci peuvent également
conserver partie ou totalité de leurs attri-
buts antérieurs. De même qu'une greffe
épidcrmique favorise ou détermine la for«
mation d'éléments épidermiqucs dans son
voisinage, et cela aux dépens d'éléments
qui, sans l'intervention de cette greffe, ne
seraient jamais devenus de Tépidermc, de
même aussi la greffe ou inoculali«m d'élé-
ments pathologiques transplantâmes ou
inoculables peut favoriser ou déterminer,
chez l'individu inoculé, la formation d'élé-
ments analogies sinon identiques à ceux
qui ont été transmis ; elle peut ainsi deve-
nir la condition occasionnelle ou détermi-
nante de manifestations et de lésions ana-
logues à celles qui ont existé chez l'individu
primitivement attiMnt. Quoique dans cer-
tains cas tes contages soitint représentés
par des protorganismes, des spores, des
ovules, des protozoaires ou des proto-
phytes, que nous sommes parvenus à saisir,
nous ne pouvons pourtant pas, vu l'insuf-
fisance de nos connaissances actuelles, affir-
mer que ces contages sont toujours des êtres
organisés. Sans vouloir prétendre, que ceux
qui soutiennent que les contages sont
constitués par de ces êtres, défendent,
comme le dit notre savant confrère et col-
lègue M. Crocq (1), une hypothèse que
rion ne justifie, nous dirons au moins qu'ils
(1) Y. £tude sur la fièvre typhoïde ^ pw
M. CouKot. P. 161. Mémoires des concours, ele,^
publiés par l'Académie de médec. de Belgique.
soutiennent une hypothèse qui ne nous
semble pas encore suffisamment justifiée
pour être émise sous une forme aussi
absolue.
Notre' confrère de Hal, après avoir re-
connu que l'état de la science ne nons per-
met pas encore de préciser et d'iuf^quer
d'une mauièrn exaeie, les caractères\ mi-
croscopiques constants de l'agent nvorbi-
gène de l'iléo-typhos, dit qu'à son avis, cet
agent nait dans le sang^ qu'il est rejeté
par toutes Us sécrétions , mais spécialement
par l'intestin, et que sa propagation est
singulièrement favorisée par la dccompo*'
sition des dëjeet ions. îl ajoute que^ d'après
lui; le virus peut s'introduire dans le sang
^ par les pou mons et par les organes digestifs,
mais que ^absorption de ce principe par
voie- cutanée, ne lui semble pas suffisam-
ment établie.
Al. Van den Schriektend ensuite à pjrou-
ver que les eaux polluées par les matières
azotées en décomposition, peuvent pro-
duire des accidents graves, très-graves
mêmes, mais non la fièifre typh(/tde et cfue
c'est en servant de véhicule au virus que
l'eau peut produire oette dernicro maladie ;
il lôfute certains faits invoqués à l'appui
de l'opinion de M.Gousot, qui soutient que
ces eaux polluées sont une des causes de
la fièvre typhoïde, et il rapporte certains
exemples qui font ressortir que la conta>
gion s'opère parfois d'une manière, fort
singulière.
Nous admettons la sage réserve de
M. Van den Schriek dans Tappréciation de
''ces faits qui ne lui semblent pas être éta-
blis d'une manière suffisamment complète,
pour permettre lie conclure au développe-
ment de la fièvre typhoïde, par suite de
l'emploi d'eau polluée par fies matières
animales, mais il est évident que certains
faits allégués par notre confrère de Hal,
en faveur de la cohtagion, n'échappent pas
davantage a Tobjection d'insuffisance^ au
moins pour le lecteur qui ne connaît ces
faits que par la brochure de M. Vanden
Schriek ; témoin, ce cas de la contamina-
tion d'une personne qui a voyagé de
Bruxelles à liai dans un compartiment de
chemin de fer ou se trouvait une dame
eonvalescente de la fièvre typhoïde cl
cet autre de la contamination de M. X.,
qui avait le malheur de se trouver a la
messe, derrière un jeune homme conva-
lescent de fièvre typhoïde ; ce jeune homme
ne tenant pas compte de la sainteté des
lieux, avait cru pouvoir soulager son corps
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166
A€ADÊfilI£8 ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
d*ane certaine quantité de gaz qui sont
venus chatouiller peu agréablement lea
nei;fs olfactifs de M# X., et aurait aitwi
transmis riléo* typhus à ce dernier (p. 3â
, et 53 do mémoire de M. Van den Scbriek).
Passant à la troi^èmc condition que
M. Gpjisot accuse de produire Tiléo typhus,
M. Van den Schriek cotnmencc par déclarer
que la- pollution organique ne peut ni tou*
jours ni i»artout posséder la funeste pro^
priété de produire Tiléo typhus ; c'est Ja
une déclaration que nous admettons volon-
tiers^ mais on ne peut en induite que la
pollution de Tatr par des matières azotées
n^est susceptible de déterminer Tiléo-
typhus, que dansée seul cas où ces matières
azotées proviennent d'un individu atteint
de cette maladie ; pafs pins qu'on 'inférera
que telle eu telle maladie n'est pas conta •>
gieuse parce que toute personne exposée
à l'actton du contage, ne contracte pas
nccessairement ralTection.
L'auteur du travail qui nous occupe,
cherche à infirmer certains arguments
invoqués- par M, Cousot, en considérant
conimie probable la présence de déjections
typhoïdes dansées masses infectes, ou dans
le contenu des latrines, que Tauleur du
mémoire académique considère comme
cause de certains cas d'ilco typhus; ce se-
rait, d'après lui, le contage^e ces déjec-
tions typhoïdes renfermées probablement
dans ces masses infectes et dans ces conte*
nus de latrines qui se trouverait entraîner
en certain moment par les gaz dégagés lors
de la lermi>ntatioB de ces masses et qui
deviendrait ainsi la cause des cas de fièvre*
typhoïde.
M. Van den Schriek nous parait tin peu
trop complaisant en faveur de l'idée qu'il
défend, lorsqu'il invoque, à l'appui de son
opinion, la réapparition de la fièvre ty-
phoïde dans cette maison de garde où huit
mois auparavant, une seule personne avait
été, atteinte de la même maladie, aussi bien
que l'apparition de cette même affection,
plusieurs mois plus tard, sur un grand
nombre d'habitants du voisihage de. cette
maison.
Nous ne prétendons pas que la manière
de voir de M. Van den Schriek soit ab*
solumen* erronée, mais nous soutenons
que ces deux faits ne peuvent pourtant pas,
dans rétat actuel de nos connaissanoes,
être invoqués contre la manière de voir de
M. Cousot. La pollution organique de l'air
existait dans ces deux cas ; cette odear plu?
forte exhalée par les latrines en dénotait
l'existence ; quant à la présence dans ces
exhalaisons d'un contage typhoïde particu-
lier, elle ne peut être aifirmée aussi-positi-
vement ; elle est hypothétique ; à notre
avis» il ne "nous reste donc k mettre, on ce
cas, cette oppavillon de l'iléo-typhuS' en
rapport avec un fait -établi — rexisteope
des cmauHtions organiques fétides., t- ou
bien avec on fait hypothétique — la pré-
sence d« contago. ^ Nous, avouons incli-
ner vers la manière de voir de SI.- Cousot
plutôt qoe vers celle de M. Va» den Schriek,
et nous prcfépons admettre que parlai ces
matières exhalée:»., il se trouve probable--
ment l'une oÀ l'autre qui, par son aotion
sur des organismes plus ou moins prédis-
poses, peut détermiiMsr un trouble dont le
développement est accompagné de la pro-
duction du oontafpe typhoïde, plutôt que
d'invoquer l'interyentiou de ce contage
conservé pendant trois quarts d'années au
milieu de déjections, en décomposition plus
ou moins active.- La première manière djc
voir a encore pour nous l'attrait de ne pas
nous forcer a avoir rectiturs à la création
primitive d'un coatage typhoïde, alors que
l'admission du eon^tage typhoïde de source
humaine, comme seule cause de Vilcit-
typhus^ ne nous permet guère d*entrevoir
le moment de la fornialiou première de ce
contage; celte considération* pourtant ne
serait pas un motif suffisant pqur nous
faire admettre, quand même, coUe manière
de voir; mais notus sommes d'&utant plus
enclins à l'admettre, qu'elle ne nous parait .
pari en désaccord ayec les faits et qu'elle
s'accorde avec les convictions philosophi-
ques nées de l'enseiuble de nos connais-
sances scienlifiques. *
Ce n'est pais parce que beaAicoup des
membres du conseil provincial du Brabaui
ont pu parcourir tes nouveaux collecteurs
delà ville de Bruxelles sans compromettre
leur état de santé que nous considérerons
les émanations des égouts conimc dépour-
vues de toute inât|cnce sur la santé des
habitants, pas plus que nous ne voudrions
aocuser ces . émanations de tous les maux
que certains ont voulu leur attribuer parce
que, dans quelques cas. tels que ceux rap-
portés par Handpeld-JoneSy ces émana-
tions ont eu une funeste influence sur la
santé des personnes qui s'y sont exposées.
Les conditions individuelles de ceux qui
s'exposent à ces éoianalions, les circon-
stances qui peuvent modifier la nature ci
la quantité des émanations, la durée de
l'action de celles-ci, etc., etc. constituent
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
4«7
un complexe tf«î conditions, en partie
coDBocs, en partie inconnues^ qui <)0i vent
exercer un influence considérable Sur la
nalurc et , Tintensité dcsr conséquenccii
dues à ractton des pollutions <ie ratn|os-'
phère par des foyers pins ou moins In-
fecls.
W.Vah don Schrieck pensé que la ^qoa-
trième cause de la fièvre lyphoMe invo-
quée par Cousot^ F usage d*aliii]«nls azotés
en décomposition, peut bien efribarrasscif
les preoiières voies, dioSinuer les forces
vitales, prédisposer à Taction d*un prin-
cipe morbifère, mais en aucun cas, provo-
quer \à genAse du virus typhoïde. Il ter-
mine ses considérations sur les causes de
rilco-typhus en disant « qu'il ne nous est
donc plus possible d'admettre d*atitre cause
à tontes les cpidéniies qtii ont ravagé
Bruxelles que ta négligence qu'on a mise a
désinfecter les maisons et les déjections die
'ceux qui étaient primitivement attaqués et
qui avaient reçu le germe de la maladie
du dehors. »
Les mesures destinées à prévenir de
Douy^'Ueft invasions de fièvre typhoïde, dit
M. Van den Schrieck doivent :
1) Viser la destruction do contage de
source humaine au momcfil où il se ^é%h%ii
da corps malade, bat facile à atteindre dit-
il, à cause du peu de stabilité de ce contage;
% Chercher à empêcher Taction des
causes qualifiées par Hcnrard d-adjuvantes
qui ont une grande influence sur < la pro*
daction du virus, sur la propag|tion conime
durée et étendue, sur rintensité de ses
effets et par suite sur son arrivée ou sa
disparition, sûr son développement isolé
00 épidémique, sur sa bénignité ou isa gra-'
vite, t (Rapport du 16 janvier 1875.)
Notre estimable confrère de Hal exprime
le désir ardent de voir bientol les peuples
chercher non seulement à opposer une
barrière aux fléaux qui viennent nous
affliger d'une manière périodique, mais
encore à empêcher les maladies introduites
chez eux, de prendre les développements
qu'elle» prennent si facilement mainte-
nant. Les mestîres nécessaires ^dans ce but
sont nombreuses ; M. Van den Schrieck se
propose d'en faire l'objet d'uh travail spé-
cial et se borne pour le momerd à donner
son entière approbation aux grands travaux
d'hygiène qui s'exécutent , dans plusieurs
grandes villes du pays et à appeler l'atten-
tion de ceux qui doivent veiller à la santé
publique sur deux observations qui parais-
sent bien prouver la grandie influenee
d'une boime hygiène sur i« développement
et la propagation do cette maladie.
L'auteur termine sa brochure par quel-
ques conclusions dont voici les plus essen-
tielles: la cause unique de l'ilcotypho» est
un principe miasmatique ou contage
homme : viras typhoïde; ce contage est
aaimé, naît exclusivement dans le corps
d'un homme atteint de cette maladie^ se
n^ultipkic dans le sang et s'élimine par
toutes les ' sécrétions, sf>ëcialement par
celles de l'intestin ; il éteint dans ('homme
l'aptiludo \ cette maladie; l'air et i>a«
sont les véhicules haèituelfr de son intro«
doction dana le sang ; il se répand dans
l'air spécialement par la feriaentation deâ
selles typhique^,' l'eau ne 4e détruit pas
mais souvent le trtfns^iorte à de grandes
distances ; sa force contagieuse se conserve
rarement au-delà d'une année et les désin-
fectants babFtuel&, le perehiorure de i^^ le
sulfate de fer, le perchlorure de chaux, le
chiure, l'acide pbéniqùe, <?tc. le dctrni-
sent facélement.
Messieurs, quoique nous ne pacagions
pas complètement, sur plusieurs points, la
manière de voir de l' honorable M. Van den
Sehrieck,oornmeil résulte d'ailleurs de notre,
analyse et qu'il nous semble que les opi-
nions qu'il exprime sont parfois vpius ab-
solues que ne l'autorisent les faits sur les-
quels il les baie, nous considérons poar-
tant la brochure du confrère de Hal comme
un travail digne de tonte votre att en tio«v
En appuyant, comme il le fait, sur la na-
ture contagieuse de Tiléo typhus et sur
l'importance des travaux d'hygiène et de
désinfection comme moyens de traitement
de cette affection,JI fait œuvre d'autant
plus utile qu'il atteint en même temps,
par là une grande partfe des circonstaneeis
qui, pour les non partisans de la contagion
comme cause unique de cette maladie,
sont les causes de cette grave maladie.
Cette brochure nous semble suffisam-
ment importante pour que je vienne vous
proposer non-seulement de voter des' re-
niereiments à M. Van den Schrieck qui a
bien voulu en envoyer un exemplaire à
chacun d'entre nous, mais encore tHns-
crire le nom de notre estimable eonfrèré
sur la liste des candidats au titre de cor-
respondant.
'— Ces conclusions sont mises aax voix
et adoptées.
La parole eàt donnée à M. Thiry pour
son analyse de la brochure de M. Caselli,
intitulée : Sut/a trasfiisione det gangue. .
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HB
ACADÉMIES ET SOaÉTÉS SAVANTES.
.M . Tfliav. Conêidératiott* sur Mrans fu-
sion du sang et nouvelle cmule pour faire
cette opération j tel est le titre d^un travail
publié par lé docteur CaseHi de Reggio.
Dansée travail, lu par Tauteur dans la
séance du 26 juillet 1874, à la Société
médico- chirurgicale de Bologne, Tauleur
reprend rbi.stoire de la transfusion du sang
et revendique pour l'Italie Tbonneur de
cette découverte. Il explique le bruit qui
se £t autour des premiers succès de la
transfusion, par celte idée à laquelle s'at-
tachaient tous les auteurs,^ que le sang était
la cause de tout dans Forgaaisoie; de la
santé comme de la maladie. Ce fut d'après
lui, outre Tignorance des lois physiologi-
ques, cetcngettementbématophiie qui per-
dit Topération dont on aurait voulu faire
une panacée.
On peut d*après Fauteur divîser la
transfusion en deux classes : la transfusion
directe et la transfusion indirecte.
La première se divise en :
, l'^ Directe de Tartère d'un adimal à une
veine de Tbomme;
S" Directe de Tartère de Thomme à une
veine de Tbomme ;
5* Directe d'une veine de Thomme à une
veine de l'homme;
4<* Directe d*une veine d*agneau à une
veine de l'homme.
La seconde ou indirecte, se divise :
l» £n transfusion faite avec le sang dé-
fibrinédans les artères;
3** En transfusion faite avec le sang dé-
fibrine dans les veines ;
50 En transfusion faite avec le sang non
défibrioé dans les veines.
Ces différentes méthodes n'ont été insti-
tuées que par la suite des nombreux acci-
dents, et peut-être môme que ce furent
les faibles succès obtenus jusqu'à une
époque voisine de la noire qui en furent
la cause.
Sa division faite^ fauteur se base sur
deux statistiques, celle de Bclina et de
Gesellius, pour rejeter Temploi du sang
défibriné. Mais tout d'abord. Ton nous
permettra de r^'cter à notre tour, la sta-
tistique du médecin de Saint Pétersbourg.
Il dit bien^ en effet, dans son travail {Die
Transfusion des Blutes; Historische, kri-
tische und physiologische Sludie von Franz
Gesellius, S^ Petersburg, Hoppe, 4875)
quel est le nombre et la date des opérations
exécutées par les divers opérateurs^ mais
il oublie un point capital c'est de dire quel
est le cas dans lequel l'opération a été faite.
Peut- on dire de l'ablation d'une tumeur
cancéreuse que cette ablation est mauvaise
parce que l'on a vu des récidives de can-
cer? de même peut on dire que la trans-
fusion au moyen du sang défibriné est une
opération mauvaise parce qu'elle a été
faite in extremis^ voire même après la
mort; comme le cas s'est présenté? Peut-on
dire qu'elle soit mauvaise dans les cas do
cancer à la dernière période? etc., etc.
Non, car dans ces cas la transfusion avec
le sang non défibriné ne donne pas de
meilleur résultat;
. Prenons de bons exemples quand nous
faisons de la statistique, arme à deux tran-
chants, avec laquelle on fait le bien et
le mal. En effet, on ne trouvera jamais
quelle que soit la maladie, deux cas iden-
tiques ; d'ailleurs le moment n'est pas en-
core venu pour la transfusion, qui a été
appliquée tantôt bien, tantôt mal. Dans
quelques années l'on fera la statistique de
cette opération dans l'anéinie, la tubercu-
lose, le cancer, etc., etc., et en comparant
les divers cas, l'on arrivera peut être à
l'adopter ou à la rejeter pour une même
maladie. Mais en ce moment d'essai, où le
meilleur procédé opératoire se cberche
encore, ou l'on n'est pas encore d'accord,
sur l'utilité ou la non utilité de la défibrj-
natioU; ne nous occupons que des tenta-
tives diverses qui sont faites et qui, restent
à faire; favenir décidera de la question.
Quant à la statistique de Belina, elle
est mieux faite, et l'on peut dire que le
ré.sumé de l'opération s'il n'est pas toujours
complet, a pour cause le peu de détails et
le manque de soins que malheureusement
beaucoup de médecins apportent à la con-
fection de leurs observations. Ce n'est certes
pas après iie sembabies statistiques et en
ce moment que nous pouvons accepter ce
jugement de l'auteur. L'éloquence des faitm
rejette les transfusions faites avec le sang
défibriné et il est réellement étonnant de voir
combien d'hommes de mérite se soient lais'
ses fasciner par un fantôme qui leur faisait
croire qu'un peu de sérum de sang mort et
maltraité, peu remplacer un liquide riche
en matériaux comme le sang normaL fts
n'ont pas pensé que dans le sang battu et
filtré il se trouve une quantité de filaments
fibrineux *et des corpuscules sanguins faci^'
lement appréciables au microscope, qui eu
s'agglomérant peuvent donner lieu à des
embolies mortelles.
Franchement cela nous étonne. Bien .
souvent nous avons pensé à ce que nous dit
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m
}>Utear, et c'est juste à cause de cel? que
nous sofpnnes partisans du sang tiéfihTmè»
Tou^ d^abonl quç l'on nous montre ççj}
{{lobules déchires, rqeurtriS) contus, mémo
broyés ! Nous avons^ ^îxaoïiné plusieurs fuis
le S9ng défibriné au nn'eroscope et qous
n*avons pas trouvé que ces corps, dont le
dUn^è^re varie de 69 k 0^0046 de /nilli-
'mètre, aient été blessés par des verges ou
par uri )>àton de bois deut le volume était de
plusieurs mllMops dç foisrpUis gros qu'eue,
Ceei est tout simplement de la fantasma-
gorie et ce n*est cert^ pas à un examen
plus ou oiM^Ins fiériewx, que de p»rei|^
arguqfieoU résistent, ^t maintenapt quant
aux (ilaments de fibrine, si Ton a battu le
sang assfz longtemps, la coagulation c^t
eo(|tplètfi, et si le jljltre qMe Ton emploie
est conyenable,'ron peut.étre sans crainte;
les innombrables coagulums de fibrine Ac
produiront pas d*cmboli :s, qui d'ailleurs
n*existenjt qne d^ns Timaginatlon de cçux
qui veulent la voir.
j^ais il est un autre argument à em-
pU^yer» c'est celui-ci ; U Qoa^^lalM)n coRi-
jnence très-rapidement^ une minute après
Tissue du sang de la veine on voU dan^
celui-ci se /ormpr de^ cpagulun^f Dans ce«
cas rîQJeelion est dangereuse, mais elle ne
Test pa9 avee le sang ^/>n défibriné; q4|«
Ton vpMS montre d'ailleurs des acci(j|eM.i^
«mbolique^ survenu^ à la ^uite d<î Tinjec'
tion du sang défi|>riné, et en toute 1^4^:
, cbi^e, nous nous rendrons h TévidepePr
Mais d*i<?i lî, nous serpns partisan de Jg
«léfibrination.
Dans le même paragraphe, pfigc 8,
Mf Caselli npus 4U que ce n'est pfis «ux
glojbules sanguins, mais à Toxygène que
Ton devrait refUcacité de rinjeçtian m
s^UM du sangf Nous ne savons quel est
celui qui a pu fïire ujne sembJabJo énormité
et on comprendra , que nous ne. nou^ y
^rrêtipns pas, et quaind fauteur nous de-
P)ande plus loin pourquoi GLpusjet » pbleuu
de boDs 4*ésultat$ par la tran$fu9i9U vei-
neuse d'agneauv d^n^ lequel je ^^pg est
carboné par excellence e^ To^ygèue n'exisjbç
quasi pas ; uous M réfont|r<^n^ que, pp.u
importe que T/on injepte telle ou telle rmr
ticre, pourvu que les globules soient dans
rinjectiou, ^ar eux >euJs sent susceptiblef
d*absorber de graudes quantités d'oxygène
et de le transporter par tout Torganisme»
et ^, dtiu^ la transfusion par le sang défir
brinéy les globules n'existaient pas, Ton ne
pourrait remarquer Içs effets avauUgeux
produits,
Ici, à notre tour» nqu^ po^ron^ uaq
queçtipn à l'auteur. A4'i) assisté k d^s
transfusions faites .avee le sang défibmué?
4'ai lieu de croire que non, car p'il en était
ainsi, il aurait vu des effets pbyaiol9gi(iues
se produire avee ce fameux isérum^xydé»
et s*il n'h jamais assisté à une opérAtM^i
de ce genre, qu'il se dérange quelque peu
et pousse jusque Afilan ^ulfinu^l, et |è
Polli et De Crisjtoforia lui «ontrvreAit ^03
résultats dont nous eroy«>Q$ qu'il aur« im
d'être satisfait, et qui le ^jifferuijrMit d«r
vantage d^ns l'idée qu'il éu»At pju» baiU,
quand ij dit \ g 4ichiqrf>p0r çUtpç c4'i> w<w
amu^elto yescltifimm^ -^ fenipre prçntQ
ad acrettave e porre in 0/^/1 l'in4irfitli$ if
i» direU» qwmdo un q^q urg^nfp. 4i 'm
emorrogia richitde^w un ,socc9P9a mm^-
dialQ, »
L'auteur du travail aborde ensuite l'ap^
pareil instrumenlal» et fait l'examen or'h
tique des appaveils d'Albini, dePotempsJû,
de MoBcoq, de Mathieu, de Liuûani, de
Huggi. Aucun de ees diver3 înstrujuents
ne lui semble parfait attendu qu'ils ne réu-
nissent pas les condirions voulues pour la
transfusion directe qu'il préfère «t qui aunt :
1° Une extfème sipplieité M manière
k ee que le plu3 inexpérimenté puisse s^eip
«ervir ;
â« Une faible longueur ;
5° Un même calibre ;
4" L'absence de robinets ou de valvules ;
^'^ Unui extrémité perforante de laneçtte
pu d*/ojguilleeaouLe trè^^-pelîte ;
f}^ L'émou^ement de la pai-lie de canule
après intro(|uctiou dans I9 veino;
7** Ab«enee de yiijes ;
8« La possibilité de qonsti^ler rexiatence
dn eourput ;
9» L'impps^ibiiité d'eutfpe de Tw ;
iO"* L'union 9 la xsioiptiçité 4'^ prix
très-faible.
L'auteur crqit remplir ç^ diverpejs ^Adl-
jcations dans la eQUfitruetlon d'une ennuie
dAUI»ie* dont rex;teroe taillée en bis^nu
i'introduit.danpl^ veine, et nnierne û^é^
è une «MUle de wéaie nuture pv i'inter-
médiaire d'un tube de q^ulphouc qui serjt
nu pWnge du M»g de i^rtèrc de l'aniinal
dfins la veine *lu patipuil.
)1 ii^us j$einble qu^ malgré l^xplieaAion
qu'en donne l'Auleur, cet instrument est
assez mua^pliqué df^ns son maniement et
neup cr<>yous que la canule dont se sert
l'un dç nos confrères, M, Casse» peujt. être
f*,mployée avec au moins autant d'avan-
lAgfis.ejtdeia^ili^é. Quoiqu'il ^n a^it, nous
23
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ilO
ACADÉMIES ET SOCIETES SAVANTES.
croyons sur parole Taoteor qui nous dit
que lui et d'autres s'en sont servi avec
avantage. Cependant nous dirons que ,
malgré tout, la difficulté . de mesurer la
quantité introduite doit être très grande
sinon impossible. Dans dix -sept cas dont
PaUteur donne ta relatfbn sommaire et qui
comprennent des cas de pellagre et de
typémanie, les résultats obtenus furent en
général très-favorables, mais nous répé-
terons ce que nous avons déjà dit antérieu-
rement que, dans ces cas, Ton devait faire
des statistiques. Les succès ne seraient
pas pins nombreux par le sang non ^éû-
briné et la transfusion directe, que^iar le
sang lion défibWné.
L'auteur termine en disant que si la
transfusion est formellement indiquée dans
Tanémie aiguë il n'attend pas d'elle des
miracles, dans une branche des sciences
médicales qu'il s'efforcera de faire pr«>gres-
ser lie toutes ses forces. Quant à nous ce
n'est pas seulement dans l'anémie aiguë,
mais dans l'anémie chronique et les dia-
thèses dans lesquelles nous avons vu des
succès réels.
Terminons ce rapport, déjà trop long,
en souhaitant à la transfusion une ère de
prospérité réelle dans laquelle dégagée
des obscurités d'autrefois, elle prenne
dans la science médicale, une place qui lui
est justement due.
Nouveau procédé pour l'amputation de la
langue, par Azziu Gaselii, de Reggio Emilie.
Le professeur Azzio Gaselii, dans une
deuxième brochure intitulée : Nouveau pro-
cédé pour l'amputation de la langue, nous
donne la relation d'un cas de cancer cpi-
, thélial de cet organe dans lequel l'auteur,
en présence de la difficulté que présentaient
les différents procédés opératoires, résolut
d'entrer latéralement dans la bouche, après
avoir au préalable extirpé la glande sous-
maxillaire, dans le cas où celle-ci serait ma-
lade, d^attirer la langue au dehors par cette
ouverture et d'enlever celle-ci, partielle-
ment, parla ligature galvano caustique ou
l'écrasement linéaire.
Il procéda de cette manière dans le cas
qui fait le sujet de cette observation en fai-
sant one incision seml lunaire à convexité
inférieure, d'une longueur de 6 centi-
mètres, et en partant de quelques, milli-
mètres au-devant de Tangle inférieur de
ta çiàcboire, pour arriver prèd du bord
antérieur du massetcr, débrida les tissus
adhérents au maxillaire ; après avoir intro-
duit la pince de Museux il tira doucement
sur la langue et l'amena au dehors. Au
moyen du galvano «caustique, il enleva la
partie malade sans qu'une goutte de sang
vint troubler l'opérateur.
Le patient guérit au bout de â2 jours.
Le procédé galvano-caustique dont Tau-
teur dit tant de bien a été expérimenté
souvent chez nous, mais nous avouerons
qu'il n'a pas toujours donné les résultats
que l'on en attendait, et que l'hémorrhagie
contre laquelle il était dirigé se produisait
malgré l'application de ce moyen. Il est à
espérer que des essais plus nombreux vien*
dront bientôt proclamer la nécessité de
faire entrer ce moyen dans la thérapeu-
tique ou le feront rejeter complètement et
donneront ainsi au chirurgien un moyeu
sur et des garanties sérieuses dans son em-
ploi.
Den fistules recto^vaginales et vulvaires.
Rlzzoli.
L'application impnipre d'un procédé opé-
ratoire à un cas spécial, fut cause que les
espérances conçues par les chirurigens
pour la guérison des fistules vésico-vagi-
naies, furent déçues dans une foule de cas.
Celte idée générale doit d'après M. Rizzolî»
être appliquée aux ouvertures ano-vul-
vaires et aux fistules rectO'-vaginales, qui
d'après lui offrent plus de difficultés que
les premières à leur occlusion non-seule-
ment par leur siège unatomique, leurs di-
verses complications, mais par l'influence
exercée sur elles, par les urines, les matières
qui s'accumulent dans le rectum, etc., etc.
Dans le travail qui nous a été soumis
après avoir décrit embryogéniquement et
anatomiqueiiient les organes qui font le
sujet de son mémoire, l'auteur exprime ses
idées à ce sujet et ajoute à ses observa-
tions, des preuves nouvelles.
11 réfute ensuite les objections faites a
son procédé opératoire pour ta guérison
des ouvertures de l'anus dans le vagin et
au niveau de la vulve et rapporte deux cas
de guérison par son procédé. H donne en-
suite la relation de douze observations de
fistules recto-vaginales suite de causes di'*
verses et guéries par les cautérisations au
nitrate d'argent, Tincision du trajet fistu-
leux, etc. ; il termine en émettant Pespoir
d'avoir convaincu le lecteur que pour
mieux arriver à la guérison d'une affection
si incommode et si pénible, il ne suffit pas
d'imaginer de beaux procédés opératoires
mais qu'il faut les ackpter aux différents
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ACADEMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
«71
cas et les modifier suivant les circonstances.
Personne ne demandant la parole, des
remerciments sont volés à M. Thiry, pour
les analyses dont il yient de donner lec-
ture.
M. Ledcganck obtient ensuite la parole
pour donner lecture de son analyse de la
brochure de M. Bertillon, sur les combinai-
sons de sexe dans les grossesses gétnel^
lairetf etc.
M. Lbdbganck. Messieurs, Des combinai^
sons de sexe dans les grossesses gémellaires
{doubles ou triples) dt leur cause et de leur
caractère ethnique^ par M., Bertillon; tel
est le titre d*une brochure dont M. BertiU
Ion, réminent démographe français, vient
de faire hommage a la Société, et dont je
vais essayer de vous résumer les faits les
plus saillants.
Là statistique a prouvé que, pour la
France, le nombre des naissances d*enfants
mâles est à' celui des enfants femelles, dans
le rapport de i06,6 à 100. Dans les gros-
sesses multiples, les nombres fournis par
Tobservation, sont loin de cette simplicité
de rapports. Mais si Ton vient à considérer
séparément les trois cas qui peuvent se
présenter dans les grossesses gémellaires,
— deux garçons, — un garçon et une fille, —
deux filles — on constate un écart considé-
rable et constant, entre les nombres four-
nis par Tobservation, et ceux prévus par
le calcul des probabilités. Ainsi^ pour la
France , on trouve , en nombre rond,
fis couples onisexués et 55 couples à sexes
croisés sur 100 grossesses gémellaires. Il
faut donc nécessairement admettre une ou
plusieurs causes nouvelles qui, dans les
grossesses gémellaires viennent modifier la
probabilité de production d'une ou plu-
sieurs combinaisons, et si, au lieu de
50 couples unisexués, la France en pré-
sente 65 par iOO, c*est,qu*une ou plusieurs
causes favorisent la production des couples
unisexués.
M. Bertillon prouve d*abord par un ta-
bleau statistique très-intéressant, que
cblique pays formant un groupe ethnique
présente dans ses grossesses gémellaires,
des rapports spéciaux soit dans leur fré-
quence, mais aussi et surtout dans les com-
))inaisons de leurs jumeaux. Ainsi c'est en
France que k'S grossesses gémellaires sont
les plus rares : i sur 100 accouchements ;
mais, par contre, c'est la France qui, toutes
choses égales d*ailieurs, présente le plus
djB couples unisexu^, et qui, par là s'éloi-
gne le plus des inductions de la théorie,
puisqu'au lieu des 50 couples unisexués
de cette théorie, elle en a 65. C'est au
contraire la Hongrie où les grossesses JU'
melles sont les plus fréquentes, qu'il se
trouve le moins de couples unisexués.
D'après le tableau, reproduit par M. hev*
tillon, il semblerait que ces deux mouve-
ments sont liés, mais en sens inverse.
Ce qui est plus remarquable encore que
la différence de ces rapports, c'est leur
constance, constance telle,^ qu'un chiffre
moyen donné suffît en quelque sorte pour
caractériser un groupe ethnique entre les
groupes voisins. C'est ce que prouve un
second tableau reproduit par M. Bertillon
et qui indique les faibles oscillations du
chififre des.groupes. uoisexués« en France
et en Parusse pendant une période de dix
années* L'auteur en tire la conclusion que
bien qu'il s'agisse d'un pliénomène phy-
siologique assez rare, ce caractère devrait
être compté comme un trait ethnique im-
portant.
Parmi les causes qui favorisent la pro-
duction des couples unisexués, il cite
d'abord l'existence, assez peu fréquente,. il
est vrai, d'ovules à deux germes, dans les-
quels Vunisexualité est constante. Quelque
rare que soit l'apparition de deux j.umeaux
renfermés dans le même chorion et à pla-
centa commun, elle doit nécessairement
modifier la probabilité de la venue des
couples unisexués, et accroître celle-ci
proportionnellement à leur nombre. L'au-
teur établit, comme suite à cette proposi-
tion, que les ovules à deux germes n'ont
pas seulement poW résultat d'augmenter
la part des grossesses unisexuées mais aussi
d'accroître le nombre relatif des fille»,
puisque, dans les monstres doubles, le
nombre des doubles filles a paru jusqu'ici
de beaucoup supérieur à celui des doubles
garçons.
Toutefois, il faudrait admettre beaucoup
d'ovules doubles pour expliquer l'exciçs très-
notable des couples unisexués. L'auteur
signale, comme une autre 'cause favorisant
aussi la production de couples unisexués,
rage respectif, des époux, c Chez les ju-
meaux ordinaires, la similitude des traits,
encore moins que celle du sexe n'est néces-
saire; on en trouve même de très-dispa-
rates ; enfin le plus souvent leur ressem-
blance ne dépasse pas celle des frères
ordinaires; mais il en est quelques-uns
chez lesqueU cette ressemblance devient
extrême, embrasse le moral comme le phy-
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]n
ACADËMtÉ« et SôeiÉTÈâ SAVAMTEâ;
it{<)tie et pSiMt tétidre vers TideAfiié. i
M. MëéHél ^st â*âvis que les jumcatix dd
Même stxe qoi préiifntetlt ce haul degré
die ressembl&nce ont été d'ordinaire enfer-
tncM dans 16 même ehorion. On a fcmarqué
efl tout tempe qu'ils sont phu souvent
filles que garçons.
Quant àut grossesses triples^ M. Bertil-
lon sij^ale les mêmes 'fdils généraux que
dtaÉis le* eombinaisons binaires :
4<> Eean constant des ari^angefmënts in-
d^irès (jàr le eal<^i; du profit des gros-
ëèS^s ufiisexoééî^;
^ Notable différence ()Ui sépare les
Vtûti^é des Allemands t cëok-di stint
encore, comme déns le cas des grossesses
doublas, moiVis loin de rit4*rangertiertt
théorique, qUé lés Français ;
S** Enfin h constance daftSces différentes
de ptt^pn^tiôns, qUi len fdUt Uh véritable
cd^itctèi'ti ûti l>acëi
Tel est, eh k-ésiimé, le contenu de la
b^dchill*è dé M. Bertlllon, résumé qui se-
rait à coup sur plus intéressant et plus
f^appdi^t dan^ ses données statistiques, si
hoUs avions pu Vbus metli*e sous les yeux
lestAbl^taux qui ]^ flguriiint ; ées tableaux
déStfHés à l'examen éh iiisu, se prêtent mal
à ta iéeturë et Sdni pfèsqii'infntellfgiblés à
ràudîtion la plus attentive. GVst pou^quoi
nousn^avbns pu lés i*eprrKlttit*e dakis cette
analysé.
Je vous propose, Messieurs, de voter dès
reniërdmènts à l'anteut' et d'uMonner le
dé)pôt honorable dé son travail, ddbs nôti*é
bibliothèque.
— Adopté.
M. PtGEOLBt. La communication (|ue
vient de nôns faire notre savant coîlègiié
M. Ledeganck me fuut^it PoccàMôn de
vous parler d^nhé mt^nstrtiosîlc qiiej'àî étt
réc*hime«t ToccaSiôn de rencontrer cHl'z
un éonfrêredéMblenbeék-SaInt-'Jè&n, M. te
D^ Leclércq habitant la chaussée dé 6ând,
€ëite hiôti Jtl'Ub^itê eXéès^îvemébl i*éWiar-
qûàblé appartiétit h là diplogéhè^e. -
Les d^ux ftelUÀ sont unis' pai'lei)^ plan
antérieur -à partit* du nombril d't)ù part
uh cordôh ombilical Unique; les bras et
lé^ jambes sont parfAîtemmi conformés et
d'un ' égftl dévHoppement ; deux colonnes
véi'tébhiléjt soutiennent deux bcbiputs mais
un a'éul t6\ supporte une tête unique volu-
ntinéuse. Cette tête 'présente deux faces
Irès-i'essenibfantes, dont toutes les parties
sont pai^raitemeht fortnées, yéiix, neî,
bouches, oreilles; ces faces regëtidlent direc-
tement de ch&qtiè cêtêllîs épâiiles, ce t]u1
provient de ce qUe la mnitié droite de cfad-
(|ue tête s'est unie è la moitié gauche de
Faôtre ; la ligne médfane ne présente au-
cune trace irrégulière de l'union qui s'est
ainsi formulée.
La vie , existait au moment de la nais-
sance les deux cœurs liattaient et les qua-
tre carotides présentaient des pulsations.
C'est un exemplaire parfait du janiceps
décrit par Geoffroy Saint-Hilaire; cet auteur
avance dans son Traité de tératologie t. lit,
p. 87 une circonstance très-remarquàble
de l'histoire des janiééps, c'est que sur
douze Cas déjà connus soit chez PhomMe,
soit chez lés animaux, il n'en puisse eiter
que quatre dans l'espèce humaine, un dans
la ^ace bovine qui se soient présentés
èteUipts de complications graves.
Ce ^ont Cèé Mdtif^ qbf m*ont engagé k
vous faire cette communication.
M. Charon dépose sur le tlureau un tra •
vail intitulé : Adénite cancéreuse de nature
encéphalmde déiyeloppée chea un enfant dé
cinq ant^ par MM. Charon et Ledegdnck,
avec une planche dessinée d'après les pré-
parations microscopiques. — Remerclmenls
aux auteurs doht le travail sera inséré dans
un prochain cahier du JoumaL
— La séance est levée à 8 heures i/2.
Àoadémie Ae Méèeoibe de Paris.
Séance du 5 août 1 875.
Présidence de M. Gosselin.
BAUlt D6 FLOt ttTDIlO-AÉllIQtJB DÀIIS UNE
Tttuiim sitis côHiAuniCAttOfr avec L'txté-
ittÈo*. ^ Mi LAttotaAâNE tômtnunl^ue lits
suites dé Tubservation qu^il é présentée
dans I» séance du 26 Janvier dernier, U'unc
tumtii^ abdoinihale off\hant, piAf" la suemi-
sîtfH hippW^U^nè, lé linUmènt métmi^ike
bu bruit dtf flot hi^dtO'àêtiqtt^.
n ^'agif d'une femnié d'uhé dnqnan^
tainc d'années, jouissant ^'une très bonm*
santé hubitucllt*, et éh^^t laquelle s'était
manifestée Une tutnéfactioh dbn^ le edtê
galiche du ventre. Cette fénimè^ entrée k
l'hôpital Necker, dans le service de M. La-
boulbèhc, présenta, il la suite d'acèidettls
infiaminatoires développés du éôté gaucbii
de la tumenf, le phénomène de fluctuatfnii
hippocratlque attribué par M. Labonlbène
à là production spontanée de pîi dans le
iiquide iJil kj^sté ovarique; ^
Peu de tt$mi^s apfè^ la première codi-
municàtion faite pat* M. Lâboulbène à t'A-
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ArAt)É\fiEs er sociétés savantes.
«75
cadémie, sur ce sujet, la tumenr s*ouvrit
spoDtanément et donna Lssue à du pus f4-
Ude et à des gaz. Des compressas imbibées
de chlorofornie, Une compression modérée,
pais des lav«')g[es iodtfs quotidiens, amené-
reDt une guërison qui était complète vers
la fin d*avrU.
M. Laboulbènc a revu la màldde il y a
bttit jourd, et a constaté qua la gqérison
ne s*ctatt pas démenti».
Recherchant quel a été le siège précis
de cette tumeur abcédée ayant fourni lè
bruit remarquable de sfuccussion hippocra ,
tique, M. Laboulbène pense qu1l n*y a pas
eu, chez la malade, un kyste ovarique sup-
puré, tnais une collection purulente, un
ëhtès ^sitac entre la paroi abdominale pos-
térieure et tes âuses intestk^ales, et avoi-
sinant Tovaire gauche* La production des
gaz ne s*esl pas faite par une fistule for-
mant cofnmunicatîon entre Tair enfermé
dans les anses intestinales et Tlntérieur de
la cavité.
M. Laboulbène rappelle les faits publiés
par MM. Hérard, Barth et Roger, Deniar-
quay et Gosselin, et qui, avec l'observa-
tion qui lui est propre.'lui semblent dé^
montrer que le bruit de succussion hippo-
cratique peut être perçu dans plusieurs
sortes de tumeurs abdominales, et parfois
sans que celles-ci soient en communication
avec I air extérieur.
Cboléua (discussion). —- M. Woillbz re-
proché à M. iules Guérin d*avoir confondu
ated le choléra épidémique une autre ma^^
ladie distinète et très nettement caracté^
risée : le choléra infantile.
Dans un grand nombre de localités, le
choléra infantile existait avant Tépidémie
de 4875-, et n'y fut pas suivi du choléra
vrai. D'ailleurs, lé choléra iiifatiiile règne
k peu près toujours pendant la «saison
chaude, surtout datis le midi de la France,
et le choléra éptdémique n'en résulte pas.
Dans ses critiques au sujet du rapport
de la commission des épidémies pour Tan-
née 1875, M. Guérin & surtout insisté
sut les faits du Havre et de Bretteviilc.
If. Woillet rccoiiUalt que, en efFt^t, Brctte-
ville n*est pas un port dé mer, mais il y .
e\iste des tanneries qui reçoivent, par le
H&ytt et Caen, des cuirs de Hambourg,
ville dans laquelle le choléra régnait déjà
depuis plusieurs mois lorsqu'il parut dans
la Scitte Ittférfeurc.
L^épidémie régnait k Rretl^ville dès le
milieu de juillet, et M. Guérin, po»ir âé*
motitrer ()ti'^t« h'éiâit pas importée du
Havre, a insisté sur ce point que, au
Havre, elle n'a pas été signalée avant le
ér août. Mais le, Havre est une grande t^lle,
et le choléra peut y passer quelque temps
inaperçu.
^ L'importation du Havre à Rouen parait
improbable à M. Guérin, parce qu*il ne se
serait écoulé qu'un intervalle très^court
entre les dates d'apparition du choléra
dans ces deux villes ; mais c*cst le un argu-
ment inacceptable, et d'ailleurs ce n'est
pas dans les grandes villes qu1l faut étu-
dier celte question. M. Woillez insiste sur
le choléra de Cherbourg, importé de
quelque port de la Manche, et qui dispa-
rait après avoir atteint 20 personnes et
causé i 1 décès. Il n'avait été précédé d'au-
cune affection cholériforroe ébauchée ; ,cé
qui est eu opposition aved la théorie sé^
rifiire de M. Guérin.
Pour démontrer la réalité deTiaiporta-
'tion par voie de terre, M. Woillez appelle
principalement l'attention de l'Académie
sur les faits suivants :
L'apparition, signalée à partir du^7 août
seulement, de cas de choléra environnant le
Havre, et qui sont d'autant plus nom-
breux qu'on les examine plus^ près du
Havre. Il y a eu 474 décès en plus de ceux
constatés dans cette ville |)endant cette ex^
tension de l'épidémie. ^- La diminution
du nombre de localités atteintes à mesure
qu'on s'éloigne des arrondissements^ du
Havre et de Rouen ; dans l'arrondissement
d'Yvetot, le plus voisin, on ne compte plus
que n cas de choléra et 29 morts. -^
Dans celui de Dieppe, plus éloigné, une
seule localité ulteinte, et seulement 5 ma-
lades et S morts. -^ Absence complète
de choléra dans l'arrondissement de
Ni^ufehàtel, • voisin du département dn
l'Oise, etc., etc.
M. i. Gi}£aiN répon<1 qu'il se bornera à
rectiHer les faits avancés par M. Woil-
let.
La scission que M. Woitiez prétend
mnintenir entre le choléra épidémique. le
choléra nustras, le choléra infantile, ù oho
lérine, n'a pas de raison d'être. On n'a
pas plus le droit d'é«arter arbitrairemept
un cas de choléra en l'appelant choléra
nostros, parce qu'il précède une importa-
tion supposée^ qu'on n'a le droit de passer
sous silence tous les fait*i contraires à sa
théorie.
M. Woillez a eu le tort d'arranger les
choses a sa guise; il n'a pas dit un mot des
9 cas de choléra, dont 4 suivis de mort,
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174
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
qaî se sont présentés dans le département
de la Vienne.
En ce qui touche le Havre et Rrette-
ville, M. Woîllez a soutenu d'abord, dans
son rapport officiel, que Bretteville tenait
son choléra du Havre. Or, le choléra a
paru à Bretteville le 17 juillet et s*y est
terminé le 5 août. Il n*a éclaté que le
5 août dans la ville du Havre.
M. Woillcz, pour faire admettre que le
choléra a pu passer du Havre h Aouen^ a
reculé la date d'apparition du choléra dans
cette dernière ville. Voilà comment on ar-
range les faits arlificiellcment dans Tin-
térét des doctrines contagion i;iisles. On se
garde bien de mentionner comme il ie fau-
drait les manifestations simultanées deTin-
flnencc épidémique. à des distances piqs
ou moins grandes, dans cent localités dis->
persées sur toute retendue de Tlnde, par
exemple, ou dans la plupart des arrondis-
senncnts de Paris.
M. Woillcz ne parle pas du choléra de
Paris; qui débute à Saint-Louis par des
cas intérieurs de malades traités depuis
longtemps déjà dans cet hôpital.
M. Woillez n*a pas dit un mot non plus
d*un cas de choléra antérieur de huit jours
à rimportatlon qu'il adtnet dans le dépar-
tement de Meurthe-et-Moselle.
Enfin, M. WolUez a beaucoup insisté sur
Tabsence de toute diarrhée dans le dépar-
tement de Aleurthe et Moselle ; or, il se
trouve que des ^diarrhées attribuées, il est
vrai, au curage d*un égout^'sont signalées
comme ayant régné en mai^ juin, juillet,
août, dans les diverses communes de ce
département.
M. Woillez fait observer que les cas de
choléra dont il n*a pas parlé étaient quali-
fiés de sporadiques par les médecins des
épidémies.
M. J. GuÉRiN répond que ces cas n'en
étaient pas moins du choléra.
M. PiORRT ne reconnaît pas un choléra
unique, mais des choléras. Il pense que
l'on confond sous ce nom divers états or-
ganopathiques dépendant soit de Vindiose,
soit de la septiose, etc. Il est possible que
ce soit la septiose qui, dans son gnion avec
Vindiose, produit les choléras graves,
tandis que Vindiose isolée n'amènerait que
le choléra. M. Piorry pense que la discus-
sion claire des questions médicales ne peut
se passer d*une bonne momenclature.
Séance du 10 août.
Présidence de M. Gosselin.
CoRRESPONDANCB. — M. DoLBGAU préseotc :
1" Dfie brochure de M. le docteur l-*roy-
Dupré, intitulée : Des indications et des
contre-indication* de l'hydrothérapie,
M. BouLBT offre, de la part de M^ le
docteur Burggraeve (de Gîand) ie cinquième
volume de ses OEuvres médico-chirur-
gicales.
M. Broca présente, au nom de l'Asso-
ciation française pour Tavancement des
sciences le Compte-rendu de' la troisièmo
session à Lille en i 874.
Sous le titre suivant : De Vaption des
sels solubles de cuivre sur les animaux,
MM. les docteurs Dupom et Burq adressent
à l'Académie la deuxième partie de leurs
recherches.
M. LE Président a le regret d'annoncer
à rAcadémie la perte qu'elle vient de faire
en la personnelle M. Desportes, membre
titulaire dans la section d'histoire naturelle
et de thérapeutique. Les obsèques de
M.Despprtesont eu lieu ce matin, lOaoût;
lô'bureanet une dcputation dé l'Académie
y assistaient. M. Chatin, vice-président, a
prononcé quelques paroles improvisées sur
la tombe de M, Desportes,
Choléra. — L'ordre du jour appelle la
suite de la discussion sur le choléra.
M. Woillez a demandé la parole pour
répondre à M. Jules Guérin. Il s'attache à *
prouver que, dan« son rapport, il a bij&ii
présenté les faits tels> qu'ils étaient et leur
a donné leur intenprétation naturelle. S'il
a commis quelques erreurs involontaires
ou fait quelques omissions, on en aurait
tout autant à reprocher à M. hi\e$ Guérifi.
Les conséquences de la théorie de ce der-
nier seraient singulières. Elle obligerait à
considérer toutes les affections gastro-intes-
tinales annuelles sans ezrceplion, en France,
comme dues a la cause cholérique quand
le choléra épidémique y règne quelque
part, et à regarder ces mêmes affections
comme de simples maladies saisonnières
pendant les années où l'épidémie cbolérique
est absente ; à faire englober dans les cho-
léras ébauchés le prétendu choléra des
poules, etc. Enfin, elle aurait la plus lamen*
table des conséquences, celle de faire re-
noncer à toute mesure prophylactique na-
tionale et internationale contre le choléra.
A l'opposé est la théorie du choléra qui se
base sur des faits précis et positifs.
M. Jules Guérin, ré|H>ndaqtàM. Woillez,
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AGADËMiES ET SCk:i£TÉS SAVANTES.
175
dit qu'il ne vcot pas faire dégénérer une
aussi haute et aussi importanle question
que celle de la "genèse du choléra en une
sorte de duel entre M. le rapporteur et lui.
M. Goérin s*est étudié^ dans I«;s précédents
discours qu'il a prononcés, à montrer que
leeboléra procède par développements suc-
cessifs, par phases progressives, depuis la
diarrhée prémonitoire jusqu'à Tattaque de
choléra complet.
Selon loi, au Havre,- à Rouen, à Paris,
qui ont été les trois grands centres du cho-
iera de lH7Sf, il a été impossible aux par^
tisaus de Ti m portai ion de montrer un seul
fait authentique qui témoignât en faveur
de cette doctrine, tandis qu'il résulte des
rapports des médecins des épidémies de ces
localités, qu'il existait, antérieurement aux
cas de choléra reconnus ofBciellemont
comme des exemples de choléra- épidé^
raique, une conMitution médicale cbolé^
rique existant dans chacun de ces centres
et se révélant par des faits de choléra in-
fantile, de cholérine, de choléra nostras
développés spontanément dans ces localités,
sans qu'il fût possible de suivre sérieuse-
ment le fil d'une importation quelcon-
que.
M.^ouiLLAUp déclare qu'il s'est toujours
tenu sur la réserve en ce qui concerne la
question de la contagion* ou de la non- con-
tagion du choléra, il a invariablement
i;ardé, à cet égard, une neutralité philoso-
phique, et désire rester dans cet état, esti-
mant qu'il n'y a eu jusqu'ici, de part et
d*autre, que dès aflirmationa et des néga-
tions sans preuve palpable pour ou contre.
Ce ne sera que lorsque l'on sera parvenu
à mettre le doigt ou l'œil sur le corps du
délit, sur une preuve matérielle, sur le'
eontaginm cholérique, que toute discussion
sera supprimée à ce sujet comme pour les
questions de contagion de la petit^ vérole,
de la morve, de la syphilis, etc. M. Bouil-
laud s'étonne que des expériences sérieuses
n'aient pas été entreprises sur ce point
important.
Quanta la question de la genèse du cho-
léra et aux doctrines antagonistes de l'im-
portation et de la spontanéité, M. Bouil-
laud se borne à constater que la' majorité
des médecins et du public en est encore à
la doctrine de l'importation, et n'a pas été
convaincue par les habiles démonstrations
de M. J. Guérin, en dépit de toute l'ardeur
et de toute la foi qu'il nfet à défendre sa
doctrine de la spontanéité.
Malgré l'opinion généralement reçue de
Torigine du choléra par l'importation.
M. Bouillaud dit qu'il n*est pas possible de
ne pas être frappé par l'observation de
certain? cas de choléra ditssporadiques, et
qui se sont montrés à diverses reprises
avec tous les caractères du choléra épidé-
mique, si bien qu'en temps d'épidémie il
n'eût pas été émis un doute sur la nature
épidémjque de ces cas.
Enfin, M. Bouillaud se déclare très-
frappé des faits recueillis par M. Tholozan.
et desquels il résulte que des épidémies
cholériques dont l'origine première a été
due à rhnportation peuvent, après leur
disparition, reparaître, au bout d'un cer-
tain temps, sans importation nouvelle. Ces
faits lui semblent être en contradiction
avec là théorie absolue de l'importa-
tion.
M. Briquet cherche à montrer qu'il n'y
a pas contradiction entre ces faits et la
doctrine de Timportation. Suivant lui, la
réapparition d'une épidémie, après une
cessation momentanée, n'est que la conti-
nuation de l'importation se faisant par la
revivificalion des germes déposés une pre-
mière fois et se réveillant après une liiber-
nation plus ou moins longue.
Séance du il août.
Présidence de M. Gossblin.
Sur l'invitation de M. le président,
xM. Chatin donne lecture dii discours qu'il
a prononcé sur la, tombe de M. Desportes.
Choléra (fin de la discussion). — M. Ju-
les Guérin: On sait aujourd'hui que les
épidémies du Havre et de Rouen ont éclaté
simultanément dès le commencement
d'août. L^ex plosion.de l'épidémie de Paria
était considérée, jusqu'à ce moment,
comme postérieure à celle de ces deux cen-
tres.
(Suit l'exposé de documents qui ont été
communiqués à M. Guérin par M. Cazalas,
inspecteur général et président du conseil
de santé,^et qui, par leur caractère précis,
lui paraissent jeter un nouveau jour sur
celte origine./
H n'y a eu, selon M. Cazalas, ni impor-
tation ni exportation; mais les 115" et
117'' de ligne et le 2iS« bataillon de chas-
seurs à pied qui ont fourni plus particu-
lièrement les malades étaient placés direc-
tement sous le vent d'un dépotoir: ce sont
eux aussi qui ont fourni avant les cas de
choléra des diarrhées et dysenteries avec
tendance au refroidissement.
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in
ACAUÊMIES El SOCiETF^ SAVAIN l'ES.
Ces içiiu» qui réuQi$$ent dans ua fiadrç
étroH et daDs un espace de temps 1res-
court loates les bornes et tous les degrés
de révolution cholérique antérieurs de
quatre à cinq jours ^ux cas de cbolcra au^
Iheotiques du Havre et de Boucn, anté-
rieurs de plus d*un mois à Texplosion ca-
ractérisée de Paris, aux portes duquel ils
se sont manifestés, ne sont- ils ^as tout à la
fois la preuve incontestable de Texistence
de la même constitution ebolérique dans
ces trois centres, de leur action simultanée
sur cbacun d'euX; et la preuve désormais
indiscutable que les épidémies du Havre,
de Houen et de Paris se ^ont développées
indépendamment l^]ne'dc Tautre et sans
le secours d'aucune importation ?
Quels que puissent être ]'impi*évu et la
gravité des conclusions auxquelles ces
faits conduisent fatdleotent^ je o*ai aucune
raison de les dissimuler: je les exprime,
au contraire, sans la moindre rQ.ticen€e.
Scientifiquement, ils ouvrent a la patho-
logie une série de. points de vue nouveaux
sur le travail évolutionnairc du choléra ;
sur les formes div(*rses et les degrés divers
liés à cette évolution, sur la nature spé-
ciale des diarrhées dites saisonnières con*
sidérées comme travail initial et prépara-
toire de la constitution cholérique ; s*ar-
rctant dans certaines années à ses pre-
mières ébauches; dans d'autres évoluant
graduellement soqs la forme de diarrhée
cbolériformc; de choléra infantile, de cho-
léra sporadique ou nostras, et arrivant,
sous Tempire de circonstances étiologiques
plus arrêtées, à sa forme la plus grave ei
la plus caractérisée, au choléra épidé-
mique* ie'Iai dit k Porigine de celte dis.-
cussion, cest Tembryogénie du choléra
substituée au choléra iout fait.
^Pratiquement, c'Q&t la réforme générale
de toutes les mesures sanitaires, la sup^
pression de toutes les entraves a^ com-
merce, à l'industrie» aux relations inter-
nationales; entraves reconnues par Tex-
périencc comme tout à fait stçHIcs, et
rendues illusoires» 3i ce n*csl entièrement
impossibles, par les communications cons^
tantes des cbemias de fer.
C'est en outre ^institution à formuler
d'un système nouveau de prophylaxie basp
tout a la fois sur les phéotomènes précur-
seurs des épidémies et sur Les averlisser
mcnts plus directs de la maladie indivi*
duellc : propliyJaxie protectrioe tuais non
vexatoire de la liberté.
M. Briqiibt adopte la doctrine de la con-
tagion du choléra originaire de Tlude et
du Bengale et rapplique à la série des épi-
démies qui se sont succédé en t8i7, 18:^8,
1844, 1854 et i$6!^. te choléra ordinaire
est une maladie méléorologique ayant (»our
cause principale le refroidissement de la
température, et pour cause secondaire unç
nourritup^e de mauvaise qualité. Le choléra
épidéniique est une maladie d'importation
indienne; celte doctrine de l'importa lion»
suivant M. Briquet, n*a été combattue par
aucun argument sérieux, ni au point de
vue de réiiologie, ni au point de vue de U
marche de la maladie.
M. ÇHAVrPAEO demande à expliquer
pourquoi il s'est abstenu de prendre part
a la discussion. Suivant lui> les bases scien*
Mfiques de la question Hu choléra n'ont paa
été touchées. M.Jules Guérip, en partie
euller, a complètement méconnu les diffé*
renées fondamentales qui existent entre \»
choléra sporadique et le choléra épid^
roique. M. Chauffard ne croit pas devoif
prendre la peine de réfuter encore une fois
des erreurs depuis longtemps mises k
néant et que leurs auteurs reproduisent
toujours avec la même opiniâtreté.
. M. Barth demande la clôture de la dis-
icussfon, parce que, suivant luît ees débats
ne peuvent pas aboutir, certaines per-
sonnes ne voulant pus être convaincues «et
fermant volontairement les yeux à U lu-
mière. L'histoire des épidémies de choléra ^
établit jusqu'à Tévidcnce la vérité de la
doctrine de l'imporlation, ainsi que M. Bri-
quet et M. Barth, lui-miàme, dans leurs
rapports, en ont fait la démonstration, ap-
puyée sur d'innombrables documents dont
le dépouillement a coûté d«s années, de
travail aux rapporteurs de T Académie.
M. Jules Guérin se met à la remorque de
Cazalas, dont les doctrines paraissent^ à
M- Barth, absolument erronées. £lle3 con-
duisent M. 4ules Guérin à considérer
comme vexalotrcs les mesures sanitaires
prises contre la propagation du choléra*
comme si la liberté du commerc<$ pouvait
être mise en parallèle avec la santé et la
vie des peuples ; Salus populi supr^mm l^ix,
M. LE PaésiosflT métaux voix la^ clôture
de la discussions qui est prononcée.
Séance du 24 août.
Présidence de M. Gosssi«in.
GQftaBSiH)NDANC£. — Lettre de M. le
docteur Stanski, relative à la discussion
sur le choléra.
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
177
Une lettre de M. le docteur Marchai»
médecin -major en retraite, sur le traite-
ment du choléra épidémiquo par les bains
de vapeur.
M. Alphonse Gdérin, à propos de la pré-
sentation faite dans la dernière séance,
par M. Bouley, de Touvrage de M. le doc-
teur Burg^raeve (de Gand) sur les Panse-
ments ouatés, dit qu'il a recherché avec
> soin si une part d*invention pouvait reve-
nir è ce médecin.
Il pense que M. Burggraeve, qui se
donne oommerinventeur de cette méthode,
n'a aucun droit à la priorité. Jamais le
médecin de Gand n*a pensé à .se servir de
Touate pour filtrer Teau. Il a eu pour
unique idée, en se servant de cette sub-
stanccy de constituer, pour les membres,
des moules destinés à protéger les tissus
contre la pression des boucles et des attel*
les, à favoriser rimmobilisatlon des arti-
culations malades, ou, en cas de fracture,
celle des fragments osseux.
M. BouLBY déclare qu'il regrette infini-
ment d*avoir accepté le parrainage du
livre de M. le docteur Burggraeve, surtout
depuis qu'il a vu certaine dédicacée de
Touvrage intitulé : Monument à Jenner,
où Fauteur de la dosimétrie no craint pas
de placer cette prétendue découverte au-
dessus de celle de Timmortel auteur de la
vaccination.
L' ASPHYXIE PAR l'ÉCUMB BRONCHIQUB OU
Alf«UIRAPHROSIE« — Suivaut M. PlORRT,
r^ngiairaphrosie ou asphyxie par Técume
bronchique n'est le plus souvent qu*un
épiphénomène d'une multitude de lésions,
mais il constitue par lui-même un état
organopathique spécial. Cette maladie se
diagnostique par Tauscaltation à distance,
qui consiste à approcher Toreille de la
bouche et de la narine du malade, afin de
constater si dans Tangiaire il ne /se mani-
feste pas un ronchus plus ou moins pro-
fond. On emploie aussi, pour la diagnose^
Tauscultation médiate et le plessimétrisme,
qui permettent de constater, soit par les
diverses qualités des bruits perçus par
rauscullalion, soit par les différences de
sonorité de la poitrine, rexistence de mu-
cosités, plus ou moins épaisses ou visqueu-
ses, obstruant les bronches.
A mesure que les mucosités s'accumu-
lent, la coloration des traits du malade
s'altère de plus en plus ; elle devient sur-
tout plus foncée aux lèvres ; plus tard les
forces diminuent ; le i^ouls, faible^ devient
irrégulier, le refroidissement survient, et
Vhypoxémie^ de plus en plus marquée, se
déclare; l'expectoration est de plus en
plus diflicile, et il arrive enfin, plus ou •
moins promptement, que Vanoxémie a
lieu et termine Texistence du malade.
Le thérapisme consiste avant tout à
chercher à remédier aux états organopa-
thiques qui ont amené la complication dont
il s'agit ; ensuite, pour traiter cette com-
plication elle-même, il convient de recom.
mander au malade de faire de très-grandes
inspirations, suivies immédiatement d'une
toux rendue plus énergique et dirigée de
manière à provoquer l'expectoration ;
l'abaissement de la tête, penchée sur la
poitrine, favorise singulièrement la sortie
des crachats. C'est surtout lorsque le ma-
lade sent qup les crachats provoquent le
besoin 'de les rendre et qu'il réussit mal à
les rejeter au dehors qu'il convient d'agir
ainsi, pour obtenir la sortie de ce» liquides.
Le médecin doit imposer son autorité lors-
que les forces et la volonté des malades
sont défaillantes, et il parvient ainsi quel-
quefois a reculer de plusieurs jours la
terminaison funeste.
Pour prévenir l'accumulation des liqui-
des dans une partie des voies de l'air, il
est urgent de faire coucher le malade sur
le côté opposé de la poitrine; si les cra-
cbats sont très -visqueux et très -épais ou
desséchés, il faut faire des inhalations de
vapeurs aqueuses ou faire fumer des ciga-
rettes de Datura stramonium^ ou autre
narcotique ; lorsque les crachats sont très-
liquides, rien n'est plus utile que de faire
respirer un air sec et chaud.
Dans les premiers temps, les émétiques
et les purgatifs peuvent êtrei employés
avec avantage, en vidant le tube digestif
des matières gazeuses, liquides ou solides
qu'il contient.
Il faut aussi recourir aux inhalations de
gaz oxygène, à la titillation du pharynx et
du haut de Tœsophage, ou même à Tintro»
doclion d'une sonde dans ce conduit ; res-
tent (^nfin les moyens demi chirurgicaux
dins -les cas extrêmes : aspiration des
liquides à l'aide d'une pompe introduite
dans la trachée, trachpotomie, etc. On
emploijB ces moyens à l'imitation des vété-
rinaires qui combattent chirurgicaicment
par la ponction abdominale le météorisme
chez les animaux, ce que la médecine
humaine ne peut guère se permettre dans
des cas analogues.
M. Boulet dit que Ih ponction abdomi-
nale peut parfaitement être employée chez
23
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il»
VARIÉTÉS.
fhomme dan» les cas demétëorisme. Il ne
TOit pas pourquoi on n^essayerafk pas
ainsi de sauver la .vie h des malades qui
asphyxient, et pourq^ioi on ne ferait pas
bénéficier la niédedine humaine des avan-
tages que la médecine vétérinaire relire
tous les joursL de cette opération.
M. Hardt fait observer qu'il existe une
différence entre le météorisme essimtiel
des animaux et le météorisme chez
l'homme. Ce dernier est le plus souvent
consécutif à an arrêt des matières fécales,
invagination, nœud de rinlestin, etc. La
ponction pe réuseit que dans le cas de
météorisme essentiel ; elle échouo fatate--
ment lorsque ta cause est une occlusion
iotestinàle.
M. BouLBY répond que la ponction,
même dans le' cas de météorisme dû à
Toccluslon, permet de gagner do temps et
de remplir les antres indications.
IV. VARIÉTÉS.
A M . LB DOCTEUR VAN DBN COBPDT, RÉDAC-
TEUR FRiNCiPAi. MJ Journal de méde-
cine, etc. de Bruxelles.
Lîé^e, 30 août 1875.
Monsieur et honoré Confrère,
Vous avez reproduit dans le dernier nu-
méro du Journal de médecine^ de chirurgie
et de pharmacologie^ un travail de M. le
professeur Hyernaox. dans lequel il est
question de mon crochet mousse articulé.
Je viens vous prier, Monsieur le Rédac-
teur, de bien vouloir publier dans votre
prochaine livraison, la lettre ci-incluse
adressée dans la seconde quinzaine de juil-
let à MM. les Président et Membres de
PAcadémie royale de médecine.
Veuillez agréer, Monsieur et honoré
Confrère, l'assurance de ma considération
distinguée. ' Wassbigb.
Messieurs les Président et Membres de VA car
demie royale de médecine de Belgique.
Messieurs,
Dans une des dernières séances de T Aca-
démie royale de médecine de Belgique,
M. le professeur Hyernauz a décrit un cro-
chet mousse articulé de son invention. Il
a mentionné mon crochet mousse articulé
inventé en 1864^ d*une manière élogieuse;
mais immédiatement, il en a détruit la
valeur en l'appréciant comme un instru-
ment peu pratique et coûteux^ ce qui le
rangerait dans la catégorie de ces instru-
ments de collections obstétricales.
Je ne puis. Messieurs, accepter celte
appréciation, et je me permets do soumettre
les faits à TAcadémie royale de médecine
de Belgique.
En 1864, le premier, j'ai eu Tidée de
modifier profondément le crochet mousse
ordinaire, après avoir constaté les difficul*
tés d'application de cet instrument.
Le crochet mousse doit servir è rempla-
cer le doigt quand ce dernier est insufiisant.
Construire pour y suppléer un doigt mé-
tallique assez long, assez fort et d'un em-
ploi facile, était dans mon esprit le pro-
blème à réaliser.
Je suis arrivé à la solution, en faisant
construire des phalanges métalliques arti-
culées entre elles et en y adaptant un flé-
chisseur et un extenseur. Puis, pour prati-
quer la décollation au moyen d'une ficelle
ou d'an écraseur linéaire, j'ai placé à son
extrémité une petite pièce contenant un fil
que Ton entraîne facilement au moyen
d'un petit crochet.
Toys nos élèves de l'Université parvien-
nent d'emblée à saisir l'ttillet les yeux
fermés.
Si M. le professeur Hyernaux, au talent
duquel je rends hommage, doute de la
facilité de la saisie, c'est que bien certaine-
ment il ne l'a pas essayée.
Notre excellent collègue M. le professeur
Hubert/ a dit, en 4869, que l'instrument
est facilement détraqué par Tusage; cela
pouvait être vrai à cette époque, mais de-
puis lors, l'instrument' a été modifié, et, à
moins de le manœuvrer sans connaissance
du mécanisme, il est impossible de le briser.
Les modifications .consistent dans la
substitution d'uncschaine métallique au fil
de fer, dans le renforcement des phalanges
et dans la diminution du nombre de tours
à donner au volant.
Quant au prix, l'instrument coûte non
pas 80 francs mais 50 francs.
Depuis lors l'instrument a été utilisé par
M. le docteur Stanesco» de Paris» en 4866,
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VARIÉTÉS.
17»
daD9 4e b«t précisément de pratiquer La
décolUuioa. A cet eifet, il a augmenté la
noini)ro ç}e phalanges et employé la cbaioe
destinée a la flexion, pour couper direcle-
ment le cou.
M. le professeur Hyernaux a appliqué
cette dernière modification h son crochet,
et il n'y a de différence entre son instru-
ment et celui de M. Stanesco, que la substi-
tution d'une ficelle à la chaîne.
Le 43 novembre 4873, M. Verardini,
professeur à Bologne, fait connaître le
levier décollateur, véritable crqohet mousse
articulé porteur d'un ressort de sonde de
Beiloc. On ne reprochera certes pas à
celui-ci son peu de solidité.
Enfin, en 4875, M. le professeur Hyer-
naux construit son crochet ou plutôt mo-
difia le mien en le rendant plus solide. "
Malheureusement Tinstrument de M.
Hyernaux ne peut rendre service dans la
pratique obstétricale, la moindre résistance
è son extrémité empêchant la flexion. Pour
le prouver nous n'avons qu'à eiler le fait
tvivant : si on prend entre l'index et le
pouce le manche du crochet, si on retire
l'extenseur pour rendre plus complète la
démonstration, si on laisse appuyer le bro-
chet par sa pointe sur une table sous un
angle de 50*> dans le sens de la flexion, il
est impossible do le fléchir.
Or une résistance semblable est bien
' légère comparativement i celle qu'on peut
éprouver dans un engagement prononcé
de l'épaule où l'extrémité de l'instrument
doit butter nécessairement sur l'une ou
l'autre partie.
Si Ton veut, dans une autre circonstance,
s'en servir en guise de crochet, on peut
s'assurer qu'il est impossible de maintenir
la flexion de l'instrument.
Par ce court exposé, j'ai voulu. Mes-
sieurs, établir les faits et réclamer, ce qui
cet de toute justice, la v>aie paternité du
crochet mousse articulé.
Je erois faire chose utile en déposant i
li^ prochaine exposition du Congrès médical
de Bruxelles le crochet mousse articulé et
ses modifications.
Veuillez agréer, Messieurs, l'assurance
de ma iMOte considération. Wassbigb.
A. M. LB nOCTEUB VAN OBN CoRPUT, RéOAC-
TBUR PRINCIPAL DV Joumol d*i médecine,
Bruxelles, 6 septembre 1875.
Mou cher Confrère,
Ma réponse à la lettre de M. le profes-
seur Wasseige se trouve tonte entière dans
mon travail qui proteste, par son texte et
par son esprit, contre les allégations ima*
ginaîres de notice honorable confrère. En
effet, il est si peu dans mes intentions de
vouloir lui rayir la paternité de Vidée de
construire un crochet articulé, que moi-
même, je le déclare dans ma communica-
tion à l'Académie. J'ai publié la description
de son ingénieux instrument dès 1866 (voir
mon Traité d'accouchements, 2« édit.), et
c'est peut-être moi qui l'ai fait connaître
le premier en Italie (voir votre Journal^
septembre 4874, p. 203, § 3«). Tout cela
se trouve dans mon dernier travail. Donc,
je n'enlève rien à M. Wasseige j je lui laisse
et lui reconnais la paternité, toute légitime,
de son enfant. Seulement, j'ai cru lui trou*
ver des défauts que d'autres ont également
'signalés et connus avant moi (MM. Hu-
bert, dans son Traité d'aceoiuchemenU^ei
Verardini, dans votre Journal, même nu-
méro que ci-dessus, p. 303). Ce sont ces
défauts que j'ai voulu éviter; mon crime
est peut-être 4'y être arrivé, car, quoi-
qu'en dise notre habile et savant confrère,
j'affinme avoir appliqué mon crochet, «pe-
cialement affecté à la décoUation fœtale^ et
cela en présence de deux médecins, M. Lam-
mens, de Saint- Josse-len-Noode, et un
autre dont je n'ai pas retenu le nom, mais
que je pourrai vous désigner à l'occasion.
Cette application se fit dans une circon-
stance comme jamais, sans doute, je n'en
rencontrerai plus d'aussi difficile. J'ai
réussi facilement et promptement à la
grande admiration de ces deux confrères
qui m'avaient prié de les aider dans ce cas
si extraordinaire.
Quant à l'instrument de M. Stanesco, je
n'ai pas l'avantage de le connaître. Cet
aveu pn)uve sans doute mon ignorance en
littérature obstétricale, mais je déclare for*
mellement que personne à l'Académie,
lorsque j'ai présenté mon Instrument, ne
me Ta davantage fait connaître. Est-ce ou-
bli, ou ignorance aussi de la part de mes ho-
norables collègue»? En tous cas, pourquoi
M. le professeur Wasseige nefailil pas le
même reproche à M. Stanesco puisque lui
aussi; comme moi, parait-il, a reproduit
sous une autre forme l'idée qu'il a matériel-
lement traduite par son crochet dès 1864.
En résumé, je ne comprends pas la sus-
ceptibilité de M. Wasseige. A des condi-
tions comme celles'Iè, toute science doit
marquer le pas ; nul progrès n'est plus pos-
sible. Il a fait un crochet je l'ai dit et redit ;
je crois l'avoir simplifié, je n'ai pas dit
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180
VARIÉTÉS.
autre chose. Quel est des denx le plus
pratique ? Le public médical en jugera
comme il jugera, en se rappelant les ter-
mes de mon dernier travail et en les con-
frontant avec la réclamation de Thonorable
M. Wasseige, si oui ou non cette réclama-
tion a bien sa raison d*élre.
Agréez, mon cher Confrère, Tassurance
de tous mes meilleurs sentiments.
D' Htbrnâux.
La base de la médecine future ; extrait
d'une leçon de M. Cl. BERNARD. — «,Ce
problème, chose toute naturelle, a varié
avec les temps : il a subi Tinfluence des
idées régnantes à chaque époque. Il a pré-
senté le reflet des hypothèses émises sur la
nature des phénomènes vitaux.
» On supposait autrefois Tcxistence d'un
principe vital qui distribuait les fonctions
aux diverses parties de Torganisme. Galien
le désignait sous le nom « d'esprits ani-
maux, B Stahl sous celui d'âme (anima),
l'Ecole de Montpellier sous le nom de c force
vitale, » etc. Stahl a été le principal chef
des animistes, et quoiqu'on cite souvent à
côté d« lui le grand Descartes, nous évite-
rons ici ce rapprochement. C'est qu'en
effet, quoique Descartes admette encore
les esprits animaux, il ne s*occupe eii réa-
lité que du mécanisme de- l'organisme ; il
construit ce mécailisme sans s'inquiéter
toujours de la réalité anatomîque, mais
aussi sans s'arrêter davantage à rechercher
le mode d'union de la matière et du prin-
cipe immatériel (l'âme).
> Ces théories animistes ont eu, sur les
recherches physiologiques, une influence
plus considérable et plus longue qu'on ne
serait tenté de le croire a priori. Lorsque
Legallois et Fiourens lui-même faisaient
leurs célèbres expériences sur le bulbe,
ils, crurent avoir trouvé, et cherchèrent
à préciser là le siège du principe de la vie.
Nous savons aujourd'hui le Véritable sens
qu'il faut accorder à l'expression de nœud
vital employée par Fiourens pour désigner
la substance grise située au sommet du
quatrième ventricule.
» Cette théorie d'un principe unique
animant les divers organe^ impuissants et
dénués par eux-mêmes de toute énergie,
n'a plus cours aujourd'hui, et c'est à Bichat
que revient l'honneur d'avoir substitué à
ces idées animistes la doctrine des proprié-
tés organiques. Bichat, le premier, a con-
sidéré les phénomènes de la vie comme le
résultat des propriétés mêmes des organes
qui en sont le siège. Si le muscle se con-
tracte, c'est qu'il possède en lui-jiiéme la
propriété de changer de forme ; si la glande
sécrète, c'est qu'elle jouit du pouvoir de
sécréter, c'est-à-dire d'emprunter au sang
certaines substances, de les modifier et de
les transformer en un- produit nouveau.
Ces propriétés du muscle et de la glande,
leur appartiennent comme les propriétés
que le chimiste étudie dans le cuivre ou
tout autre métal appartiennent à ce métal.
Aussi Biehat a-t-1I mis en parallèle les pro-
priétés physiques ou chimiques des corps
inorganiques avec les propriétés vitales ou
organiques des tissus vivants.
> La notion des propriétés des tissus
étant établie, le but des recherches phy-
siologiques semblait nettement défini. H ne
s'agissait plus d'aller saisir un principe
vital quelconque, mais il y avait à recher-
cher le rôle de chaque organe, à constater
dans l'un la propriété de se contracter,
dans l'autre celle de sécréter, dans tel autre
celle d'absorber^ etc., etc. Une fois les
phénomènes bien localisés en un organe,
en un tissu, il semblait que la physiologie
avait accompli les mêmes progrès que la
physique, ou que la chimie qui détermine
les propriétés de chaque corps.
> Mais, de même que la chimie ne s'ar-
rête pas à préciser les propriétés d'un corps
plus ou moins complexe^ qu'elle décompose
ce corps en ses éléments ou corps simples,
de même la physiologie ne s'arrête pas aux
propriétés des organes ou des tissus, elle
pousse plus loin l'analyse physiologique et
descend dans la profondeur des tissus jus-
qu'à l'élément anatomique. De pljus, chose
très-importante, elle étudie cet élément,
non-seulement à l'état achevé, parfait,
adulte, si nous pouvons ainsi nous expri-
mer, mais elle veut encore en connaître
l'évolution. Pour ne citer qu'un exemple
de l'importance de ce dernier point d€
vue, je vous rappellerai que la connais-
sance plus précise de l'évolution des élé-
ments anatomîqnes a permis d'abandonner,
en pathologie, la théorie de rhét«^romor-
phisme, en montrant que les tissus nor-
maux et anormaut ne sont que des moda-
lités d'une même loi. ^
» Le problème de la physiologie et de
la pathologie générales est ainsi posé : il a
pour objet les parties les plus intimes et les
plus essentielles des organes, les éléments
des tissus. Ce problême, ainsi conçu,
pourr/i-t-il, une fois résolu dans tous ses
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VARléTÉS.
48i
détails, s'étendre à toutes les sciences me-
.dicales et devenir leur base? Cest ce dont
je suis pour ma part profondément con-
vaincu, et il me suffira de vous rappeler
que depuis vingt-cinq ans je développe ces
idées nouvelles dans cette chaire du Collège
de France.
• Le jour où tous les éléments anato-;
miques seront parfaitement connus, et
dans leur évolution, et dans leurs formes,
et dans leurs propriétés physiologiques,
et enfin dans les actions que peuvent avoir
sur eux les différents agents physiques,
toxiques, médicamenteux, etc*, ce jour-là,
et ce jour-là seulement, la médecine scien-
tifique sera fondée.
• £n effet, dans tout état pathologique,
c*est toujours spécialement Tun des élé-
ments anatomiques du corps qui est atteint :
c'est le trouble de cet élément particulier
qui amène consécutivement le trouble gé-
néral de Torganismei
• Dans tout empoisonnement, par exem-
ple, et j*ai rendu la chose évidente, sur-
tout par rétude de faction du curare et de
Toxyde de carbone, ce n'est pas Torga-
nisoie entier, ce n'est pas lé sujet, l'indi-
vidu, qui est empoisonné, c'est tel élément
anatomique, ici le globule rouge du sang,
là le nerf moteur, qui est primitivement
atteint, et' la suppression de la fon^ïtion
spéciale dévolue en propre à cet élément
amène le trouble ou Tarrét de la vie de
fcnsemble. Il en est de même pour les
actions théi*apeu tiques ; car les agents thé-
rapeutiques ne sont«n définitive que des
agents toxiques employés h des doses dif-
férentes.
i Vous le voyez, la physiologie, pour
devenir la base des sciences médicales, doit
s'efforcer d3 devenir la science de la vie des
éléments anatomiques. En réalité, l'orga-
nisme humain comme les autres n'est qu'un
être collectif.
> L*importance de l'étendue des éléments
anatomiques a été, du reste, généralement
comprise aujourd'hui, et depuis quelques
années des efforts ont été dirigés dans ce
sens : de tous côtés, nous avens vu qu'on
s'attachait à l'élude de la cellule, qu'on
s applfqualt à ce qu'on a appelé la physio-
logie cellulaire, à la pathologie cellulaire.
t L'histologie est donc devenue la com-
pagne obligée de la physiologie expéri-
mentale, ^
» En résumé^ il faut aujourd'hui réunir
tous les moyens propres à nous faire des-
cendre dans l'analyse des tissus et dans l'é-
tude de leurs propriétés, jusqu'aux élé-
ments fondamentaux, jusqu'aux éléments
histologiques.
» Certes, nous sommes encore loin d'at-
teindre ce but, mais nous pouvons du
moins nous convaincre que cette associa-
tion intime de la physiologie et de Thisto-
logie devient de plus en plus indispensable :
les résultats déjà obtenus ne sont qu'un
faible aperçu des progrès immenses à ac-
complir dans cette voie. Je le répète, le
laboratoire d'études microscopiques nous
présente désor^mais l'un de nos plus puis-
sants moyens d'investigation; mais, ainsi
que, nous avons déjà dit, il ne suffit pas de
connaître anatomiquement les éléments or-
ganiques, il faut étudier leurs propriétés,
leurs fonctions à l'aide de l'expérimentation
la plus délicate; il faut faire, en un mot,
l'histologie expérimentale, ou, autrement
dit, la physiologie histologiqoe. Tel est le
but suprême de nos recherches : elle est
la base de la médecine future.
» Voilà le point de vue auquel se place
aujourd'hui la physiologie. »
(L'Abeille médicale.)
Injection intr a- veineuse de ohloral ;
mort; par MM. DENEFFE et VAiX WET-
,TER. — Un homme atteint de cataracte
lenticulaire double a été opéré le 50 dé-
cembre 1874. A huit heures quarante-huit
minutes on pratiqua la ponction de la
médiane basilique gauche, et dans l'espace
de six minutes on fit pénétrer peu à peu
6 grammes de chloral.
On procéda à l'opération de l'œil droit
à huit heures cinquante-sept minutes. Vo-
pération terminée, le pouls battait à 40, et
la respiration ne présentait rien de parti-
culier. Au moment où le chirurgien allait
faire l'opération de l'œil gauche, MM. Bouc-
qué et Leboucq, qui surveillaient attenti-
vement la respiration et la circulation,
nous disent (huit heures cinquanle-hùit
minutes) que l'une et l'autre viennent de
s'arrêter. Immédiatement nous appliquons
l'appareil électrique de l'hôpital, l'un des
rhéophores à l'épigastre, l'autre sur le
trajet des nerfs pneumogastrique et phi'é-
nique. Aussitôt le pouls reparait, le malade
respire, la figure se colore ; malheureuse-
ment le courant électrique de la machine,
mal entretenue, faiblit tout à coup et de-
vient à peu près nul ; dès lors la syncope
reparait, le pouls et la respiration s'étei-
gnent, la pâleur envahit de nouveau le
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VAKléTi»
visage 4e Topéré. Li machine électrique
ne fonclioQoaDt plus, nous nous sentons -
désarmés et nous comprenons que tout est
pertJu. Cependant TinsuiSation d'air de
l)OuclAe à bouche est praliquée, les parties-
génitales sont flagellées avec une com-
presse trempée dans Teau froide, le fer
rougi à blane est vappliqué en différents
points de la base de la poitrine, la langue
est attirée en avant, de Tammoniaque est
introduite dans les narines, etc., tous les
efforts sont inutiles ; Thomme avait cessé
de vivre.
La mort s'est produite au milieu des
phénomènes ordinaires de la syncope, de
même que cela se passe dans Tanesthésie
par inhalations. L'apparition brusque et la
marche foudroyante de Taccident ont été
en tout comparables à celles décrites par
les chirurgiens qui ont vu périr dans leurs
mains les malades auxquels ils faisaient
respirer des anesthésiques.
Quoi qu'il en soit, disent les auteurs, le
malheureux accident qui nous rst arrivé,
et qui ne saurait nous empêcher de pour-
suivre nos études sur les injections intra-
veineuses de chlorai, renferme une leçon
qui ne doit pas être perdue :
1° A l'avenir, nous serons pourvus d'une
machine électrique qui fonctionnera puis-
samment, ou même d'une machine de re-
change, et nous aurons vérifié nous-
mêmes^ avant l'opération, l'intensité de
ses courants.
2° Jusqu'à la production du sommeil,
nous injecterons 1 gramme de chlorai par
minute ; ce sera notre première étape, nous
nous arrêterons alors quelques instants,
laissant au chlorai injecté le temps de dé-
velopper tous ses effets. Nous continuerons
alors l'injection, mais. avec plus de lenteur;
nous ferons pénétrer 50 centigrammes par
minute, nous arrêtant encore de temps en
temps pour examiner la sensibilité de la
peau et celle des cornées. En injectant avec
plus de lenteur, laissant au chlorai injecté
le temps de produire des effets avant d'en
faire pénétrer une nouvelle quatité, nous
nous mettrons à l'abri de toute surprise.
En un mot, nous lâcherons de mieux doser
l'anesthésie.
{Journ. de pharm, et de chimie.)
formes du mal de mer une expérience com-
plète. II pense que, de tous les traitements,
employés^ celui par le chlorai est le jneil-
leur. L'opium a* de graves inconvénients»
et le bron»ure de potassium serait de
quelque avantage s'il nécessitait l'ingestion
d'une quantité de liquide considérable. Le
chlorai, au contraire, pris sous forme de
sirop à la dosé de I gramme, 1 gr..50 à
2 gr., procure au malade un sommeil
calme et tranquille au sortir duquel il se
trouve sinon complètement guéri, du
moins dans un état relativement meilleur.
Il faut prescrire, dès le premier jour,
I gramme, en une seule fois, de façon à
donner d'abord au malade un sommeil ré-
parateur. Les jours suivants, de 1 à S gr.
dans du sirop pour la journée. On donne
une cuillerée toutes les heures. Sous cette
influence, au bout de deux on trois jours,
raccoutumance à la mer se fait.
Chez les femmes enceintes, on évite
ainsi tout danger d'avortement.
Le chlorai doit être sec et bien conservé.
II faut combattre la constipation, engager
le malade à prendre l'air et à marcher s'il
lui est possible.
Pour éteindre leur soif ardente, les ma-
lades absorbent de la glace, de la limonade
ou même de l'eau -de-vie.
Ce qui est préférable à tous ces liquides,
c'est le Champagne, qu'il ne faut pas' boire
à longs traits jusqu'à ce qu'il détermine
l'ivresse, mais qu'on doit prendre glacé,
par cuillerée à bouche prise tous les quarts .
d'heur&ou même toutes les demi-heures.
Il calme tous les vomissements et constitue
un aliment tonique.
Le passager atteint du mai de mer ne doit
pas avoir, pour ainsi dire, d'heures fixes
pour les repas. Tous les quarts d'heure
ou toutes les demi heures il doit ingérer
une ou deux bouchés de pain et de viande
ou autres aliments avec un peu de Cham-
pagne glacé pour boisson, de préférence
au vin rouge. L'estomac se fait peu à peu,
de façon à ce qu'on puisse revenir à une
nourriture normale. - {L'Abeil. médic.)
TrAÎtement du miàl de mer par le
ohloral. — M. Obet, donnant depuis
quatre ans des soins aux passagers des pa-
quebots transatlantiques, a sur toutes les
Le eholéra en Syrie. — Le Petit Mar-
êetllttiê qui avait fait connaître l'existence
d'une épidémie en Syrie, vient de publier
à ce sijjet la note suivante :
I D'après des renseignements puisés à
bonne source, il résulte que les bruits au
sujet de choléra en Syrie se résument à
très-peu de chose. Les lettres d'Âlep, à la
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VARIÉTÉS.
185
date dtt 7 jain, mentionnent seulement
quelques légers cas de cholérîne, produits
par les fruits plus hâtifs que dans nos eon-
trées «rabricot).
» Ensuite, à la date du. 10 juin, de Bey-
routh une lettre signale dans le nord de la
Syrie, à Homs et à Hama, sur la Jbîèrc de
TÂrabie (ces deux vifles ont unie popula-
tion de 10,000 âmes), quelques cas de
choléra (5 ou 4) , qui ont fait apparition
dans ces deux villes par le déplacement des
troupes turques venant de TArabié (Hodei-
dah et Djeddab), lesquelles ont importé
cette épidémie ; mais elle est circonscrite
par queltfues cas isolés qui ne présentent
pas au caractère sérieux et alarmant.
> Hodeidab et Djeddah sont distantes de
25 i^SO jours d*étape de Homs à Hama. >
(L* Abeille médicale,)
La fièvre puerpérale à Londres. —
Les cas de mort dus à cette maladie enre-
gistrés à Londres en 1871 n*étaient que de
182. Durant les trois dernières années ils
se sont accrus de façon h s'élever à 291 en
1872, à 506 en 1873 et à 486 en 1874.
Pendant les treize premières semaines de
cette année, 82 décès ont été attribués à
cette cause, et bien que ce nombre sur-
paie de 14 la moyenne des cas observés
pendant la période correspondante des dix
dernières années, il est cependant inférieur
de 41 i celui du premier quart de Tannée
1874. La maladie existe maintenant à l'état
épidémique dans beaucoup de quartiers de
la TÎHe. ^ {Le SeedpeL)
SUUitt de la Fédération dea •ooiétéa
MMentîfiquea de Belgique, adoptés provi-
soirement par les délégués des sociétés, en
assemblée du 10 janvier 1875 (I).
Articlb prbmikr. — La Fédération a
pour bot de resserrer les liens entre les
sociétés scientifiques de Belgique, d*exa~
miner les questions d'intérêt général, con-
cernant les progrès des sciences et de
rechercher et appliquer les moyens les plus
(1^ Les soeiëfés représentées & cette assemblée
étaient : Fédération des sociétés d'horticulture
de Belgique, Ligne de renseignement, Société
belge de micro!>cnpie. Société chorale cl littéraire
des méiopbiles de Ha^seit. Soriété des scient^es,
des lettrt'8 et des arts du Hainatit, Société itéolo-
giqoe de Belgique, Société libre d^émulatton de
Liège, Société mnlacolojfique de Belgique, Société
royale des sciences de Liège.
La réunioq ayant décidé d*élargir le cercle de
propres h répandre les connaissances scien-
tifiques dans le pays.
Art. 2. — La Fédération se compose des
sociétés belges s*occupan^ des sciences,
libres et régulièrement organisées, qui
adhèrent aux présents statuts.
Art. 5. — La Fédération n*a pas de
siège ûxe : les sociétés qui en font partie
se réunissent dans Tune des villes renfer-
mant une société fédérée et désignée par
la Fédération elle-même ponr chacune de
*»es sessions.
Art. 4. — Chaque année la Fédération
se réunit en session dans la ville et i Tépo-
que-choisie par Tavant-dernière sessioh,
et sous les auspices de la société de cette
ville chargée de son organisation.
Le bureau pour la session est composé
des membres suivants :
Président, Secrétaire général et Tréso-
rier : le Président, le Secrétaire et le Tré-
sorier de la société chargée de Torganisation
de la session.
Vices- Présidents et Secrétaires : les
Présidents et Secrétaires de la société ayant
organisé la session précédente et de la so-
ciété appelée à diriger la session suivante.
Art. B. — L*ordre du jour des sessions
est réglé comme suit :
Ouverture de la session par le Prési-
dent.
Gorrespondieince.
Rapport du Président de la session pré-
cédente.
Rapport die chaque société fédérée sur
ses travaux depuis la dernière session.
Formation des sections.
Discussion des questions portées à Tor-
dre du jour de la session.
Propositions et communications du bu-
reau, d^s sociétés fédérées, des sections et
des membres.
Détermination des questions qui seront
portées à Tordre du jour de la session sui-
vante.
Désignation de la ville et de Pépoque où
se tiendra la seconde session après la ses-
sion présente et de la société qui Torgaai-
sera.
la Fédération en y admettant toutes les sociétés'
scientifiques, qu^elt<'8 s^occupent des sciences
naturelles. physco chimiques i»u roatliénialiques,
médicales ou phariiiuceut qurs. historiques ou,
littéraires, pures ou appliquées, etc., uue nou-
velle réunion composée des délégués de ces di-
verses sociétés doit avoir lieu pour la. discussion
et Padoption définitive des statuts; le 2 mai pro-
chain, ù 11 heures, au Jardin zoologique de
Bruxelles.
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184
VARIÉTÉS.
Résumé des travaux^ de la session par
le Président qui déclare la session close et
remet les pouvoirs au Président de la ses-
sion suivante.
Art. 6. — Les décisions de la fédéra-
tion sont prises en assemblées générales
des sessions, à la majorité absolue des So-
ciétés présentes votant par leurs délégués,
chacune disposant d'une voix.
Les membres des Sociétés fédérées ont
voix consultative.
Les décisions ne peuvent engager les-
Sociétés que pour ce qui concerne leur po-
sition dans la Fédération : elles ne peuvent
en aucune façon porter atteinte à leur li-
berté individuelle.
Chacune des Sociétés est chargée de
Texécution des décisions prises par la ses-
sion qu'elle a présidée. Les archives ayant
particulièrement rapport i celte session
restent déposées chez elle. Elle remet à la
Société qui lui succède les archives géné-
rales de la Fédération ainsi que celles qui
peuvent être nécessaires à la session sui-
vante.
Les décisions des sections sont prises à
la majorité absolue de leurs membres pré-
sents.
Abt. 7. — Les frais de la Fédération
sont couverts par une cotisation annuelle
des sociétés dont le maximum ne peut
dépasser 40 francs, par une cotisation de
leurs membres et des étrangers assistant
aux sessions, par la vente des publications
. et par les dons volontaires.
Les sociétés fédérées, ainsi que les per-
sonnes assistant aux sessions, reçoivent les
publications de la Fédération.
Art. 8. ^ Chaque Société est maîtresse
de se retirer de la Fédération, par lettre^
mais seulement à Touverturc de la pre-
mière séance d'une session ; passé ce mo-
ment, elle reste engagée jusqu'à la session
suivante. '
Elle est obligée de remettre au bureau,
en même temps que sa lettre de retrait,
toutes les archives, etc., qu'elle pourrait
tenir de la Fédération.
ART. 9. — La Fédération ne peut être
dissoute que du consentement unanime des
sociétés qui la composent.
En cas de dissolution, chacune conserve
les archives, etc. de la Fédération déposées
chez elle.
Art. 40. — Les présents statuts peu-
vent être modifiés en session, pourvu que
la proposition eii ait été faite par une So-
ciété fédérée à la session précédente, que
la modification proposée soit portée à
Tordre du jour et réunisse l'adhésion des
des trois quarts des sociétés fédérées.
Disposition transitoire.
Art. h. — Les présents statuts ''seront
soumis à révision à la troisième session de
la Fédération.
Ephéméride* médieale*.
Année 1592.
Jérôme Mercurialis, de Forli, médecin
à Bologne, publie son traité : De re gym-
nasticâ.
* *t
Fondation de l'Université de Dublin,
par la reine Elisabeth.
♦ »
Une épidémie de fièvre typhoïde se dé-
clare à Florence, h la suite d'un été chaud
et humide. Elle fut décrite par Roboretas
{De febre petechiali),
2aoûtl746. .
Une épizootie éclata dans les environs
de Tongres et enleva un grand nombre de
bétes à cornes, ce que consacra le chrono-
gramme suivant :
Mi^hVs pestIferVs InDIqVe VaCCh
eXItIo fVIt.
D' V. D. Corfut.
NÉCROLOGIE.
C'est avec un profond regret que nous
annonçons la mort de notre savant ami et
condisciple, M. Edward Kir'kpatrick, doc-
teur en sciences naturelles de l'Université
de Bruxelles, consul de S M. Britannique
dans le Honduras, décédé à Kingston (Ja-
maïque).
L'obi luaire médical s'est encore chargé
des noms suivants : En France, MM. les
docteurs J. L. Armand, à Romignière;
Dssportbs, Braugrând, Vstne, Tavbrnibr,
à Paris; Gros, à Montmorency; Prévost, à
Hazebroek ; A. Warnier, à Versailles ;
DE LéoTARD. à Villeneuve- sur- Li>t ; V. Mil-
let, à Creuset; Joussannb-Latour, à Châ-
teau-Thierry ; GoDEFROiD, à Rennes et Wa-
low-Lewis, à Boston.
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JOURNAL
DE MÉDECINE.
(SEPTEMBRE 1875.)
1. HËIHOIRES ET OBSERVATIONS.
La virulence et la spécificité de la phthisie pulmonaire devant l'expéhimen-
TATiON ET DEVANT LA CLINIQUE; par M. le docleur Emile Dutreux, de Namur.
Mémoire auquel la Société royale des siences médicales et naturelles de
Bruxelles a décerné une mention honorable au concours de iS7i (i).
tt Félix qui pptoil rerum cogooscere causas. »
I Virgile.
En 1865, M. Vilîemin par rinoculalion féconde du tubercule a jeté sur la
scène médicale là question de la virulence et de la spécificité de la phthisie
pulmonaire. Ses expériences ont été répétées sous toutes les formes et avec
une infinité de matières ; !es interprétations sur les résultats se sont multi-
pliées en même temps que les expériences ; les virus, eux aussi, ont été Tobjet
de nouvelles études, parmi lesquelles nous devons citer d'une manière parti-
culière celles de M. Ghauveau.
Aujourd'hui devant tant de faits accumulés, devant tant d^interprétations
émises, nous croyons utile d'étudier cette question, ne serait-ce que pour les
besoins de nôtre pensée, ne serait-ce que pour nous former une opinion.
Notre éludé se divisera naturellement en trois chapitres.
Dans un premier, nous étudierons les caractères généraux des maladies
virulentes et spécifiques puisqu'il s'agit de savoir si c'est parmi elles qu'on
doit classer la phthisie pulmonaire.
Dans un second, nous rechercherons si ces caractères existent dans la tuber-
culose expérimentale, tuberculose provoquée le plus souvent par la plus directe
des agressions virulentes et dans laquelle il est possible' de nous éclairer par
dea utopsies faites à volante à un moment quelconque de son évolution.
Dans un troisième, nous rechercherons si ces caractères existent dans lai
tuberculose clinique, tuberculose dans laquelle l'agression virulente est plus
obscure, si elle doit être admise, dans laquelle aussi l'autopsie soumise à. une
mort préalable ne peut nous fournir le même faisceau dé lumières et ne nous
est en outre pas toujours permise.
(4) Voir rapport sur ce travail, cahier do juillet, t. LXI, p. 78.
24
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186 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. ,
Chacnndes deux derniers chiipUres se subdivisera, par le fait même, en deux
paragraphes ; dans le premier nous étudierons respectivement la transmission
expérimentale et clinique de l9 tuberculose ; dan^ le second, prenant cette
transmission pour base, nous discuterons la virulence et la spécifieilé de cette
affection, et cela respectivement aussi au point de vue expérimental et clini-
que.
Nous venons, et à dessein, d'employer indistinctement les mots tuberculose
et phtbisie pulmonaire; nous continuerons, d'accord avec MM. Hérard et Cor*
nil de les confondre dans le courant de ce travail.
Chapitre !•'. '
Garaotëres des maladies virulentes et spécifiques.
Ces caractères sont exprimés synlhétiquement par les mots virulentes et
spécIGques. Recherchons dans Tétiologie de ces affections, dans leur sympto*
matologie et dans leur thérapeutique le sens et la justification de celte syn-
thèse.
Et déjà, dans Tétiologie un premier fait nous frappe immédiatement, c'est
de trouver comme cause un produit résultant d'une maladie analogue à celle
qui doit se former, c'est de rencontrer un agent causal qui deviendra en même
temps le produit ultime de Taffeciion qu'il a fait naître, c'est de yoir une mala-
die qui commence et finit pour ainsi dire par son étiologie.
Ce caractère est- il fixe et invariable, et les maladies spécifiques né se pro-
duisent-elles jamais sans cette cause spécifique ?
De prime abord l'origine de cette cause semble devoir nous CQuduire par
elle-même à une solution négative; dire que ce virus provient d'une maladie
analogue à celle qu'il doit produire n'impliqu-t-il pas en effet que la maladie
doit avoir été, dans un moment donné au moins, antérieure à son virus, et que
même pour les maladies spécifiques qui, comnae la syphilis, semblent
aujourd'hui ne plus provenir que de leur propre produit,, il faut admettre leur
production indépendamment de celui ci à une certaine époque de leur histoire.
Cet argument n'est pas le seul. Si des maladies spécifiques où, comme dans
la syphilis, la nécessité occasionnelle du virus est actuellement palpable, nous
passons aux naaladies spécifiques, les fièvres éruptives par exemple, jjue nous
voyons, il est vrai, se transmettre fréquemment par infection contagieuse,
combien de faits n'y trouve-t-on pas où cette infection ne peut être mise en
évidence, combien de faits où l'on a autant et plus de droits de la nier que de
Paffîi'mer?
Et comme pour achever le doute, n'a-t-on pas observé la rage sans aucune
agression virulente préalable, et produit la morve uniquement par des condi-
tions hygiéniques mauvaises?.
Quelle conclusion devons-nous donc tirer de ce qui précède ?
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MftMOâRES ET OBSERVATIONS». 187
FautMl par esfirtt de conciliation, toiti en ma4nten»a( la thèse, admettre que,
dans eertains eas, la cause spécifique sait souâ l'influence de causes occasion^
nelles diverses et, qu'ainsi créée, elle devient cause déterminante de la maladie
spécifique? Mais alors comment comprendre que l'organisme capable de pro-
duire le virus s'arrèie dans sa création dès que celui-ci est formé, et que c'est
le virus lui seul qui continue son action .pathogénétique ? Pourquoi accorder
dans certains cas une origine hétérogène aux ytrus qu'on doue'en même temps
d'un pouvoir reproductenr». et la refuser à la maladie spécifique qui n'est pas
un être, mais un simple mode de Pexistence?
Faut*jl, avec M. Ghauveau, considérer l'intervention des germes spécifiques
comme nécessaire dans le développement des maladies virulentes, et, pour
écarter l'objection de la maladie spécifique originelle, rejeter la cause de celle-
ci dans les mystères de la création avec Toriginci première des espèces animales
ou végétales?
f}'est-ce pas assimiler implicitement les virus à ces espèces et accepter pour
les maladies virulentes la théorie parasitaire qui cependant, et malgré de falla-
cieaseâ comparaisons» est encore loin d'avoir conquis ses droits à être placée
parmi les vérités de la science? Pourquoi ne pas tenir compte de la sponta-
néilé morbide surtout chez l'homme, où la vie est portée à son maximum
d'indépendance?
Pourquoi vouloir la faire fléchir dans sa plus haute manifestation sons le
joug d'inflexibles lois, lois auxquelles ne peut guère se soumettre que la matière?
Noua inclinant devant les faits, nous préférons admettre pour les maladies
spécifiques une double étiologie, une étiotogie homogène représentée par le
produit spécifique. Iui*méme et une étiologie hétérogène représentée par des
causes autres que ce produit. Nous ne comprendrons donc pas le mot de mala-
dies spécifiques dans le sens restreint auquel on à voulu le soumettre, c'est-à<
dire de maladies ne pouvant être produites que par leur virus, mais bien dans
le sens plus large et étymologique d'espèce morbide faite, d'espèce morbide
accomplie; et cette dernière signification sera largement justifiée par la suite
de cette étude.
Mais si les maladies spécifiques peuvent avoir d'autres causes quç le produit
ultime d'une maladie analogue, ces autres causes sont-elles quelconques? Evi-
demment non ; la cause doi,t être dans une certaine corrélation avec l'eff'et; or
l'effet, c'est-è-dire la maladie spécifique, est une maladie générale, un mode
momentané de Tètre; la cause doit donc aussi avoir pour caractère d'attaquer
la vie dans son ensemble, et- l'observation vient justifier ce raisonnement en
nous présentant comme étiologie, d'un côté les causes qui attaquent profondé-
ment la vie nutritive» d'un autre, certaines conditions plus ou moins connues
de l'atmosphère qui nous entoure de toute part, certains états du glolm qui
nous supporte. Et comme si la cause devait être en corrélation complète avec
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188 MÉMOIRES ET OBSEftVATIOUB.
la maladie qu'elle fnt^voque^ ceib-et éonnanl lieu à de» produits désiinéfc à
quiller un être pour se reporter sur un autre, nous trouvons enfin dans cei^ë
étiologie l'encombrement qui accumule dans l*air les matières que l'organistni^
rejette hors de lui, matières déjà nuisibles par eUes^mémes puisque l'orga-
nisme ne peut les conserver, et qui deviennent plus nuisibles encore par les
transformations qu'elles subissetil dans Patmospbère où elles] s'accumuleht.
Tontes ces causes non spécifiques peuvent, nous le savons, provoquer des
maladies communes ; le plus souvent toutefois elles provoquant la spécificité
srous l'une de ses formes, et cette forme elle-même sera identique lorsque les
causes deviennent quasi spéciales par leur intensité et leur fixité. île qu'on
appelle le génid atmosphérique nous donne une pireuve à Tapp&i.
Mais dans cette chaîne continue de la nature^ dans cette circulation de la
force et delà matière, Tenchalnement, les transitions existent partout. Aussi
ne passerons-nous pas brusquement des causes non spécifique^ ai>x causes
spécifiques; le choléra d'un côté, l'hérédité de rantre, nous serviro»nt de t\en
entre les premières et les secondes ; le choléra eh noud présentant uite alftanee
\e plus 'Souvent nécessaire entre tes causes eomniunes et les causes spécifiques,
alliance signalée par Griesinger; rhêrédité en tran^nteltant au germe, dans la
syphilis par exemple, noki le virus lui-même, mars en lui transmettant seule-
ment en puissance la maladie qui doit surgir à un moment de son évolullèn.
Toutefois cette syphilis q^ue nous^suppos'ons tr^ansmise hèrcéiiair^eftvent h'est
pour M. Pidoux qu'un fait de contagion du père a renfantj soit directement,
soit par sa mère contaminée. Écoutons l'auteur que nous nous^ proposons d'ar-
gumenter, c Ce qui proUve, dit-il> (études généra l<^s et pratiqués sur la phthiste
page 238) que l'enfant qui naît syphilitique d'un père qui, en le procréant,
était atteint d'accidents encore inoculables, n'a pas la vérole par voie d'hé-
rédité mais par voie de contaigîon, c'est qUe ces accidents paternels Inoculables
le sont encore plus ou moins chez l'enfant, et qu'ils se manifestent presqu'im-
médiatemenl après la naîssaricej bleti que la. mère fût exempte de tout symp-
tôme de ce genre qu'elle aurait pu tratismeflre à Tenfaili dans son plassage à
travers le canal utéro-vulvaire. »
Singulière contagion qui respecterait quelquefois la mèrê^ (car ces cas ont
été observés), «fors qu'elle a, pendaïit une longue période de neuf mèisv la vie
la plus intime^ la vie la ^ylus commune avec le germe contagionné, alors qu'elle
Va en outre, pendant toute cette période, être de houveau et souvent en ôoniacl
avec l'individu infectant. L'enfant conçu dans ces conditiems présente,. il est
vrai, souvent les signes de 4a syphiti» à s» nafssanbè> ou quelques semaiites
après; mais dans des cas rares, quoique non mètns certains, 1» syphilis passe
inaperçue dans les premiers temps de la vie, pour apparattrei iseijrferinënt vers
l'époque de la puberté. Est il du reste étonnant que ia syphilis^ tiransmise en
puissance au germe, le tue déjft souvent da-ns le sein de lu mère^ei apparaisse
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.\rei»01liES ET OBSERVATÎONS. 189
sitdt après la naissance? La syphilis lî'est^eKe pas «n effet acquise dans l'acte
delà proeréation 'OU <lanis les actes auxquels pousse son înstiuct, et le germe,
fruit de cet acte, ne doit il pas en ressentir les atleifites d'une tiianière plus
profonde que les atteintes- d'aocufie autre espèce morbifique, et cela d*autaqt
plus que le père côiitimie souvent soit infection au-delà de la procréation?
Passons aux tinis^jproddits eux-mêmes d'une maladie analogue à celle qu'ils
vont provoquer.
Incorporés dans le» 'humeurs normales ou anormales de l'organisme, dans le
sang, ele. payant i|ttelquëfdts pour support des- cellules ou de fausses mem-
branes, ces virus vont-ils nous dévoiler leur nature par leurs caractères physi-
ques ou chimiques ? Non, nous avons à interroger de la matière et de la fofce ;
la matière reste muette et c'est la force seule qui sera notre critérium par le
pouvoir du virus de créer une maladie de même eapébe i|ue celle qui l'a fournie.
Toatefois lorsque eetie force est assez énergique pour attaquer la vie jusque
dans ses l*acifies, elle semble imprimer son cachet sur la matière, tén[K)ins les
gommes produil^es par la syphilis qui a pénétré dans les profondeurs de l'éco-
«omle, témoin encore le tubercule tle la- morve, tédaoin enfln (si bien entendu
elle est virulente) lé tubercule de la phthisie pahnpqeire ou la pauvreté de la
maladie semble empreinte sur cette cellule pauvre et misérable dès le début.
Gbmment ces virus pénètrënt'^ils dans l'économie? Naturellement ou artifi-
ciellement.
Naturellement,, parles voles toujours ouvertes de la respiration, en admettant
même avêe M. Chauveau qu'il n'y ait pa^ de virus volatiis, car ces virus peu-
vent être suspendias dans l'atmosphère cdmme tant d'autres substances iixes ;
naturellement ehcore )>ar les voies dtgestives d'un rapport si fréquent aveé les
agent» extérieurs, voies d'introduption à l'appui desqueites M. Chanveau a ins-
titué tant d'expériences; peut-être enfin par la grande surfa^ externe de rap-
port : par la surface ci^anée.
Artificiellement, par les inoculations, par la vaccine, par la transfusion du
sang^ eicl, oamnie nous le verrons du reste (iius au long dam la transmiéàion
eXpérimentaleet eiiniqaedela phthisie piilmonairie.
Quoiqu'il en sbtt, et cJômme si dans les virus tout <i^vait se dérober aux lois
pb!ysfiqoes, leur action ne dépend nullement de leur quantité ; Ie9 doses néces-
saires sont quasi impondiirables. N'exagérons toutefois pas les faits et tenons
compte des noanoes; car, de même que nous voyoa» augmenter la difficulté de
l'af^ssion avec la gravité de l'espèce spécifique et sa profondeur dans Torga-
niame^ de oiême les J^ses doivent augmenter dan^ le même sens^ et notre
raison s'oppose à mettre sous ce rapport les fièvres éruptives, par exemple, sur
umt mêèHl iigwe avèe la ayphilis et la phthisie pulmonaire.
Mais les.vaîli inlrodnils dans l'organisme; les virus agirontilis d'une manière
rare et certaine? Nbn; la spontanéité de l'être s'affirme t^ji lorsqu'il s^ubit leur
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190 MÉMOIRES ET OKERVATICMS.
atteftite en ne laissant enire eux el là maladie d'autre rapf^ort qae celui de
Teapèce, car une scarlatine légère peut engendrer une scarlatine grave et réci-
proquement; n)ai$(elle s*affirme encore de temps en temps avec plus dn viva-
cité^ même en présence de Tagression virulente la plus directe; car celle-ci
échoue parfois, soit par manque de réceptivité, soit encore ^par stiite;d'ufi«
atteinte antérieure. Et ce dernier ^caractère viendra clôturer i'éliokigié des
maladies spécifiques qui pourra se résumer en deux points:
1"* Agent causal provenant le plu^ souvent, mais pas toujours^ d'une maladie
analogue à celle qu'il doit produire, agent causal dont nous avons donné les
caractères ;
2*" A l'inverse des autres maladies, immunité fréquemment* acquise grâce
d une atteinte antérieure.
Cette immunité ne doit du peste pas nous étonner ; elle n'est qu'une extension
à la pathologie de ce que nous observons dans l'état physiologique. N'y volt*6n
pas des impressions plus ou moins répétées, celle du froid par exemple, enlever
à l'organisme son impressionnabilité sous ce rapport, et ce qui se produit par
des impressions répétées, il est vrai, mais séparées souvent par des intervalles
plus ou moins grands, ne se prodnira-t-il pas, et à plus forte raison, par des
impressions qui, comme celle des virus, sont continues et font partie de liotne
existence pendant un temps plus ou moins long? Toutefois rimpreasionnobilité
physiologique est variable et individuelle, l'impressionnabilité 'pour les virus
doit donc l'être aussi; c'est ce qui nous explique comment l'immunité n'est pas
constante, comment même certains individus exceptionnels son t. prédis posés A
subir, et à plusieurs reprises, les atteintes d'une maladie spécifique détermiaée.
Le virus a pénétré dans l'organisme ; voyons les caractères de TaffecCion qu'il
va produire. Faitsingulicrvle travail qui la prépare s^ fait en sileece ; les pro-
dromes que nous sommes habitués à constater ailleurs sont remplacés ici par
une incubation. Pourquoi ce début silencieux, ce début qui se dérobe à nos
sens?
Pour nous, nous en trouvons la raison dans ce que la maladie qui doit éclare
est de toutes les maladies la plus générale et représenle quasi une vie nouvelle
à laquelle va être momentanément soumis le sujet tombé soiis Temptre du virus.
Nous n'avons pas, comme dans les maladies locales, trouble immédiat dans
l'harmonie de la santé par suite du manque d'équilibre entre Tétat d'un organe
et celui des autres, par suite de la vie à la fois propre et commune des organes,
mais cette harmonie de la santé passe insensiblement h l'harmonie n^irbide,
et ce n'est que lorsque ceUe«ci s'est franchement substituée h la première^ine
nos sens peuvent l'apercevoir.
Xes maladies spécifiques sont, il est vrai, multiples ; et, pour étaMir leurs
espèces, dans chacune d'elles certains organes éprouvent plus particulièranent
des troubles dans leur nuti'ition; cette localisation dans. des organes partioii-
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MÈMOIRBS ET OBSERVATIONS. 491
\krSi en rappdri avec l'espèce du virasi aVec sa voie habhueiie d'iotrodiielion
el d'éliminafioii, ne résûMe^t-elle peut-être pas aussi de ce que daiis chaque
maMdIe spécifique à tel organe ou à tel appareil est dévolu plus spécialement le
rdie de réintégrer cette vie pathologique momentanée dans la vie physiolo-
gique ou normale. '
Nous comprenons le silence de ce travail, mais pourquoi ce travail iui-mémé,
pourquoi cette préparation?
Examinons ce qui se prépare, ce qui va écloré, et nou& trouvons des raaia*
dies qui de toutes ont le plus de régularité dans la succession de leurs symptô*
mes, des maladies qui fious montrent une vie nouvelle soumise quasi aux lois
du développement de ^a vie ordinaire, des maladies enfin qui parmi les créa-
tions pathologiques occupent le rang te plus élevé; et, comme poiir nous mon*
trer plus nettement encore sa réalité^ cette vie pathologique nous donne de^
produits capables de la multiplier au dehors. Une telle marché, un tel résultat
ne iH)us expliquent-ils pas la nécessité d*un travail préparateur, travail qui
sera souvent d'autant plus long que raffeetioQ doit être plus grave, plus pro-
fonde. /
L^itlcubatioti, la marche de nos maladies, le produit qu'elles engendrent,
voHâ pour la symptômatologie des caractères et des caractères bien distiricliis ;
les produits spéeifiqtJes vont nous en fournir un autre à la fois pour le passé et
pour l'avenir. Ils doivent, en effet, dans leur migration à travers les individus et
les générations, subir dès modifications piuspu mollis importante^; aussi voyons,
nous les maladies âpécifiq^ies, au lieu de rester semblables à ^iles-mémes comme-
tes affeetîotis communes, présenter, dans leur histoire, des transformations dont
la syphîiis nous offre un exemple si remarquable. '
Abordons maintenant la thérapeutique, ce but suprême de toutes nos études;
y trouverons-nous ta spécificfté? Rencontrerons-nous pour chaque maladie spé-
cifique un traitement Spécial, des médicaments spéciaux?
La réponse sera facile : nulle part, si ce n*est dans la syphilis où nous voyons
trôner le mercure et Tioduré de potassium. Cette exception encore nous parait
,plus apparente que rée|le, car il ost aujourd'hui prouvé que la syphilis peut
guérir sans mercure; les expériences suscitées en 18ââ par le conseil dliygiéne
«n Suéde, en f&55 par le conseil d'hygiène en Jrance, les expériences faites
en 1898 par le docteur Frike à Hambourg, et depuis lors, par beaucoup de pra-
ticiens anglais et autres, ont mis ce fait en évidence. Altérants profonds, le mer-
cure et l'iodure de potassium peuvent empêcher la syphilis de devenir diathé-
sique, mais leur action ne va pas au-delà.
Et d'alIléUrs la notion du remède spéciGque est-elle conforme à la raison?
Est-elle confok*fne à rirîdication qu'il devrait remplir? Le germe spécifique
existe-t-il avec la signification nécessaire pour qu'un. agent thérapeutique puisse
venir l'annihiler en le combattant, quasi corps à corps? En supposant même
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192 BfiMOIlUSS £¥ OBSERVATiOllS.
oelte eondiliMi rampliè, le^inis-existe-t-il, comme les {larasiCfi^idaqs une partie
déterminée de rorgaiii»iie ; 4e théâtre de la lutte peutril être déterminé?
Non, ce théâtre occupe Téconomie totte entière; le maiadè représentât pour
ainsi dire, un nouvel être dont révolution, si ell^ tst bien guidée, doiit aboutir
à Tétre primitif en même temps qu*à des produits ca'pables de transmettre au
dehors cette existence éphéoiére..
Aussi, à part quelques médicaments adressés aux symptômes, la tbéifapeur
tiqu« ne s'adresse-t^^lle pas de préférence aux agents capables de ramener
eetle vie temporaire à son existence normale, aux agents géi^ra^ix de ThygiéB^i
trcKp souvent oubliés dams notre siècle si fécond «n môdicfjoeiitS} eli parmi ces
derniers, aux médicaments destinés à ipodiêer la Yie dans son ensemble? ,La
thérapeutique n^est^die pas autorisée â adopter cetta, médication lorsqu'ellie a
devant elle des maladies spécifiques, la morvepar exemple^ q^eTon peu^t pro*
duire par la seule influence ëe mauvaises conditioas hygiéniques?
Il y a plus; ces produits spécifiques qu'on voudrait détruire par des spécifiii-
cides, qu'on nous pardonne. i'expreasion, 06 font-ils pas partie intégiiaote de
révolution normale de la maladie, ne jouent-ils pas, par rapport â celle-ci, le
rôle de crise? La sollicitude avec laquelle on resp^cteJ'iérMptian dans ïçs fièvres
éryptives, les dangers qui suivent sa disparition prématurée, la promptitude
avec laquelle tous les praticiens font tous leurs efforts pour la rappeler lors-
qu'elle a trop vite disparu, ou pour la solliciter pleine et enUèr/e lorsqu'elle
apparettincoinplère^ nous donnent le droit d'émettre cette opinion au moiqspovr
tes fièvres éroptives ; et cetl« vérité, sensible, pour fi^ derrières maladies, à
cause de la rapidité et de l'acuité de leur évolution, du ;siéfe suiKerfidel de jours
symptômes, n*existe-t-elle probablement. pas aossi quoique fDoiussensib)«, plus
cachée, pour les autres maladies spécifiques?
Dans la tuberculose, par exemple^ (si nous devons la déclarer maladie spéci-
fique) est-ce cette cellule panvre et misérebie dès le débnt el daintrorgaois^^e
se débarrasse comme pour se débarrasser de sa pauvreté, e^t-ce cette celiule que
nous devons annihiler, que nous devons tuer? Nc^U c;*^^ cettç pauvreté de la
vie que nous devons attaquer, c'est «cette irritabilité» $i féconde en production^
cellulaires, quenovs devons faire disparatife. Au3si, loi*sque|a guérison s'éta-
blit, voyons-nous la nature. Isoler ces produi^tioi^ par 4fs tissus cicatJ^jciels/
tout en les maintenant souvent dans les granulations (|e guéridon signalée^ par
M. Cruveithier.
Les maladies spécifiques n'ont donc pas et ne peuvent avoir Uur spécificité
en thérapeutique; les arguments qui |e prouvent sura^qdf9»t; et, ppur clôturer
ceux-ci, nous signalerons encore les transformAJlions néciqssiiiires qn^ subissant
ces maladies, translormatlans sur lesquelles nous .avo^s ipsisté plw^ bau4 fît qui
ne s'allient guère avec la notion du ronrièdie spécifique.
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MÉMOIRES rr OBSERVATIONS. 193
Chapitre II.
Irfi m«ileB«e et la fpé«Sfioiié de la pbthMÎe poloM^naîre devant rexpériinesiailros.
$ L — Transmission expérimentale de la tuberculose. — Les principaux
procédés essayés pour opérer cetle transmission sont .' l'inoculation cutanée,
rinpculation du tissu conjonctif, rinirodnction duns les cavités séreuses, Tinjec-
tîon dans les vaisseaux, la transfusion du sang, rinsufflation dans les voies res«
piratoires, Tingestion digestive. Examinons ces procédés, mais seulement au
point de vue de ce qui intéresse notre sujet.
Inoculations cutanées. — Nous ne ferons que les citer pour signaler les cinq
insuccès de M. Chauveau, insuccès qu'il attribue à ce que la surfa *e du derme
ne se prête pas beaucoup à l'absorption et au développement de la matière
tuberculeuse.
Inoc^lation du tissu conjonctif, —Elles eurent pour promoteur M. Villemin
et servirent de prélude à la discussion sur la virulence et la spécificité de la
phthisie. '
Si Ton parcourt Timmense série d'expérienceif qui ont été faites depuis cette
époque, on est réellement frappé de la variété des animaux employés, de la
bigarrure des substances qu'on a substituées au tubercule pour cberclier à pro-
duire ia tuberculose, des altérations enfin qu*on a fait subir à ce pauvre tuber*
eule lui-même qu'on a martyrisé d'une infinité de manières avant de l'inoculer.
Et, après avoir fait cette revue historique et expérimentale, on se demande si
l'ardente imagination do poète ne s'est pes exercée aux dépens des froides réa-
lités de la pathelogie.
Les animaux qui ont servi aux expériences sont variés : lapirfs, cochons
d'Inde, chiens, chats, chevaux, bœufs, Teaux, moutons, chèvres, porcs, singes,
coqs, corneilles, etc., etc. Qu'importe, dira-t-on? Il importe beaucoup au point
de vue du sujet qui nous occupe; car un des caractères des maladies virulentes
et spécifiques, c'est leur préférence récipro^fue pour certaines espèces animales*
Pour la tuberouluse en particulier, l'espèce humaine en partage le triste privi-
lège avec l'espèce bovine, et nous nous rangeons tout à fait à l'avis de M. Chau*
veau lorsque, dans sa lettrée M. Villemin, il dit : c Employer des animaux
d'une réceptivité faible ou nulle, c'est aller jk rencontre d*un des principes fon-
damentaux de la méthode expérimentale à savoir que, si l'on veut faire naître
expérimeutalement un phénomène pour étudier son mode de production, il faut
réaliser des conditions de milieu identiques avec celles qui s'observent dans la
IMToduction naturelle ou apontanée du phénomène. »
Les expériences faites sur des animaux qui n'ont pas le levain tuberculeux,
peuvent prouver la poesibilité de Textension forcée de la tuberculose à des
espèces qui en sont spontanément indemnes, mais ne peuyent guère servir
d'arguments décisifs dens la discussion de l'inoculabilité de cette affection.
25
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«94 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Au tubercule on a substitué les matières les plus difërses pour chercher à
produire la tuberculose : matière caséeose; crachats de tuberculeux, sang de
tuberculeux, pus, matière pneumonique, cancer, vaccin, tumeurs vermineoses,
matière ulcéreuse des plaques de Peyer dans la fièvre typhoïde, et<*.
Entraînés par celte variété de substances organiques, on passa aux substan-
ces inorganiques : caoutchouc, gutta-percha, papier. Gis d'argent, morceaux de
liège, fragments de cinabre, chlorure de chaux, glycérine, etc.
^ Ne voyant enfin que le traumatisme comme lien entre ces inoculations si
diverses, on a prétendu déterminer la tuberculose par un simple selon, un
simple cautère.
Nous com;)renons la tuberculose expérimentale avec la matière caséeuse, les
crachats et le sang de tuberculeux ; mais nous avons de la peine à la comprendre
au fur et à mesure que nous descendons la série des matières employées. H
nous répugne entr*aiitres d'admettre qu'une maladie générale et profonde
comme la tuberculose puisse se produire à volonté par une étiologie aussi insi«
gnifiante qu'un séton, un cautère; et s'il suffisait d'un simple traumatisme,
d'un simple noyau d'inflammation pour produire cette, tuberculose, nos chirur-
giens devraient être des fournisseurs continuels de cetteterrible affection, et la
chirurgie sanglante devrait être bannie de la pratique. Il doit 7 avoir dans ces
faits cause de confusion, soit que les ^irconsiances hygiéniques dans lesquelles
on maintient pendant un certain temps les animaux expénmentés> produisent
piir elles-mêmes la tuberculose, soit que c les agents phlogogènes non viru-
lents puissent, comme le soutient M. Chauveau, provoquer dans certaines con-
ditions et sur certains animaux la naissance de processus inflammatoires dissé-
minés et généralisés, ayant par leurs caractères anatomiques la plus grande
analogie avec les processus multiples de la tuberculose. »
Quoi qu'il en sôit, et ce fait est important, Tinoculation de la granulation
tuberculeuse a toujours été parmi toutes les inoculations le plus sûr moyen de
reproduire la tuberculose expérimentale; la statistique des réus^itea obtenues
est là pour l'attester énergiquement. M. Chauveau, et nous ne pouvons qu'ad-
mirer la précision qu'il a mise dans ses expériences, dans le but d'introduire la
matière tuberculeuse sous une forme et un volume convenables et dégagée d'au-
tres substances, la prépare en faisant une pAte avec la matière, la délayant dans
une grande quantité d'eau et laissant déposer trente-six à quarante«huit heures,
après avoir filtré à travers un linge fin. Le liquide qui surnage ne contient que
des granulations excessivement tenues.
Soumettre au préalable le tubercule à l'action des désinfectants, à l'exempie
de Bernhardt; le faire macérer d'abord dans l'alcool, le permanganate de
potasse, l'acide chromique, l'acide nitrique, etc., ou bien le faire cuire A
l'exemple de Waldenburg, est-ce encore inoculer du tubercule? Nous n'oserions
pas l'affirmer; nous serions plutôt disposés A croire le contraire.
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MËMOIRBS ET OBSERVATIONS. 19»^
Intrcduciion dam les cavités séreuses. — Introduire les produits tubercu-
leux.et les diverses autres matières dans les cavités séreuses, les mettre en con*
taetavec une séreuse aussi sensible que le péritoine à l'exemple de Waldèn-
borg, Verga etBiffi, etc., nous semble compliquer à volonté le phénomène de
rinoeulation d'autres phénomènes qui ne peuvent que Tobscurcir.
Nous ne ferons que rappeler les modes de transmission de la tuberculose par
lesinjeclions^dans les vaisseaux, par la transfusion du sang, par les insufflations
dans les voies respiratoires et par les ingestions digestlves ; car nous avons hâte
d*en arriver à la discussion de la virulence et de la spéciGcité àt laquelle ces
expériences ont servi de base.
§ II. — Discussion de la virulence et de la spécificité de la tuberculose expé-
rimentale. — Lorsque nous voyous la tuberculose se reproduire expérimenta-
lement comme les autres maladies ^rulentes et spécifiques et se reproduire
par tant de procédés différents, nous sommes disposés à admettre sa virulence
et sa spécificité. ,
Mais nous avons devant nous un grand adversaire, M. Pidoux,dont les éludes
générales et pratique^ sur la phthisie, études couronnées du prix Lacaze, sont
an éloquent et savant réquisitoire contre notre opinion. Ses objections s'adres-
sent surtout aux inoculations du tissu conjonctif, procédé du reste le plus sou-
vent employé; nous les reproduisons textuellement pour pouvoir les discuter
plus franchement :
l*> u Les matières compactes comme la granulation* paraissent incapables de
jotferle rôle de porte-virus. > {Loc, etf., p. 193.)
Si la granulation est compacte, elle est par contre composée de cellules très-
petites pour les<|uelles cet argument ne peut guère intervenir, et cela d'autant
moins, que, d'après les expériences de €hauveau, les élément figurés des virus,
l^urs gmnulations libres et les cellules plus ou moins infiltrées de ces mêmes
granulations sont seules virulentes à l'exclusion deleurvéhicuie; d'autant moins
encore que, dans la diphthérie, des fausses membranes sont admises comme
capables déjouer le rôle de porte-virus, et cependant elles sont bien compactes^
2«' « Une certaine quantité massive de la matière inoculée est nécessaire pour
obtenir dés produits d'inoculation, fait contradictoire avec tout ce qu'on sait
des maladies virulentes et contagieuses. » {Loc. cit., p. 179.)
Le fait invoqué n'est pas rigoureusement exact, car M. Chauveau et nous-
mêmes nous avons obtenu des inoculations parfaitement réusries avec dix
gouttes seulement du liquide préparé d'après la méthode de cet habile expé-
rimentateur. ,
Le fait serait même plus ou moins' exact qu'il serait encore parfaitement
compréhensible. La raison lie nous indique-t^elle pas qu'il doit y avoir dans
les virus une échelle de diffusibililé en rapport avec l'affection dont il est le
produit et dont il doit être en même temps l'agent provocateur?
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196 MÉMOIRES BT OBSERVATKVNS.
Le peu de vitalité da tobercule^ conséquence de la faible fiialîté du tubercu-
leux lui*méine, peut-elle être mise en parallèle avec la vitalité du vaccin, par
exemple, pris constamment sur un sujet dans la plénitude de l'existence et sor
un sujet vivant, tandis que le tubercule, enfoui au fond de l'organisme est
emprunté à un phtbisique qui a succombé à la consomption tuberculeuse et lui
est en outre emprunté nécessairement quelques temps apré^ la mort elle-même,
ou, s'il est recherché dans le sein d'un ani^nal, ne lui est. en tout cas, enlevé
qu'après le sacrifice nécessaire et préalable de sa vie?
Après de pareils arguments, est*il nécessaire d'invoquer la diversité des
animaux employés, animaux chez lesquels on n'observe la tuberculose qu'à
l'état expérimental ; et lés inoculations du vaccin, du virus syphilitique, etc.,
OBt-elles, dans de pareilles circonatanccs, donné de meilleurs résultats?
5^ « Dans quelques cas la matière It/bereuleuse insérée en quantité suffi*
santé dans le tissu conjohciîf sous-cutané s'y comporte comme un corps étran*
ger; elle s'y enkyste, preuve qu'elle nVst certainement pas virulente. » {Loe,
cit., p. 179.)
Ceci ne nous étonne pas encore. A la rareté du tubercule sur la surface exté-
rieurede l'organisme, au processus inflammatoire provoqué par le trauniatisme
de l'inoculation et par les matières hétérogènes inoculées souvent en même
temps que le tubercule, aux circonstances particulières dans lesquelles on a
recueilli celui-ci, est venu s'ajouter dans beaucoup de cas la solidité ëe la ma*
tière tuberculeuse employée.
Reste à savoir si, dons les cas où l^on a observé cet enkystement, la tuber-
culose générale ne s'est pas déclarée, car alors ce ne serait que l'observation
expérimentale d'un fait clinique ; et, quand même l'inoculation se serait bornée
à ce simple fait, l'argument ne serait encore guère décisif, vu les sujets qui out
servi à l'expérimentation.
i<» c II n*y a aucun rapport entre les traînées et le cheminement visibles de
la matière tuberculeuse a travers les voies lymtphatiques, son dépôt en divers
points de l'organisme, sa prolifération même sur tous ces points et Timprégna-
tion simultanée de notre économie par un virus, puis l'explosion soudaine et
générale des effets de ce poison morbide. » (Làe. ciL, p« 178.)
Mais, comme nous l'avons déjà observé, les conditions dans lesquelles on
fait l'inoculation des produits spécifiques ordinaires, le Vaccin, le virus syphi-
litique par exemple, sont loin d'être les mêmes que pour le tubercule. Les pre-
miers, en effet, se trouvant à l'extérieur, sont recueillis sur le vivant; le tubercule
au contraire, caché dans la profondeur de Torganisme, ne peut être prjsquesur
U cadavre d'un phthisique ou sur le corps d'un animal préalablement sacrifié.
Ne complique-t-on pas ainsi la question d'une altération du produit inoculé,
surtout lorsqu'on le recueille sur le cadavre d'un phymàtique, où, aux consé-
quences de la mort, s'ajoutent celles d'une mialadie qui a du terminer son évo-
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. i'J7
liitioB pour conduire à celte fin fatale? Les produits ainsi modifiés" ne doivent-
ils pas être plus irritants que les produits spécifiques ordinaires, réagir par
conséquent davantage sur les lymphatiques; et ne voit-on pas aussi d/ins la
morve, lorsque le virus a agi sur une plaie, se développer d'abord des phéno-
mènes locaux.
En outre, le tubercule est plus solide que tous les autres produits spécifiques,
nouvelle cause d*irritation lymphatique.
Enfin les voies lymphatiques qui servent àTabsôrption de tous les agents
morbides sont le terrain d'élection du tubercule; rien d'étonnant donc que, sur
son terrain, le (tubercule laisse des traces plus visibles que les autres virus.
Il ne faut pas exagérer cette loi de l'imprégnation simultanée de l'économie
saivie de l'explosion soudaine et générale des eff'ets dès virus ; en tout cas, si
cette loi peut être appliquée aux maladies virulentes aiguës, eHe ne peut l'être
qu'avec beaucoup moins de rigueur aux maladies virulentes chroniques; la
syphilis et la morve nous en fournissent des preuves surabondantes.
Du reste, l'incubation, dans la phthisie expérimentale,\esl latente, quoi qu'en
dise M. Ptdoux, lorsqu'on a soin de ne pas provoquer par le procédé opératoire
des symptômes étrangers. En effet, en inoculant la matière préparée d'après io
procédé Chauveau, douée exclusivement de ses propriétés spécifiques, et l'irio-
culaBt> avec les précautions indiquées par cet expérimentateur, l'inoculation
resie, comme il l'a constaté, absolun^ent sans effet pendant 8, 10, 45 ou même
22 jours, et ce n'est qu'après cette période de temps que la tumeur apparaît
au lieu de l'inoculation.
l)*" c L'inflammation vaccinale, syphilitique, morbilleuse, etc., a de certains
aspects pathognomoniques ; l'inflammation tuberculeuse n'a pas de cachet. >
(Loe. crt., p. 492.)
Disons plutôt que son cachet n'est pas encore connu ; car, lorsque nous voyons
une inflammation, comme l'inflammation tuberculeuse, avoir quelque chose
de spécial dàn> son développement, sa marche et sa fin, nous sommes portés à
croire que, si les moyens explorateurs de l'anatomie pathologique étaient assez
puissants, le cachet de cette inflammation pourrait être trouvé.
Pidoux, lui-même, notre contradicteur, est de cet avis. Ne dit-il pas, page 2
de son mémoire : t On devrait pouvoir reconnaître la tuberculose à un de ses
symptômes quelconques aussi bien qu'en voyant les tubercules eux-mêmes; et,
si l'anatomie pathologique était parfaite, l'aspect du sang, d'un vaisseau lym-
phatique ou sanguin, d'un élément organique quelconque du phthisique, révé-
lerait la nature de la maladie aussi spécialement que la production morbide
8ui generis qui en est la manifestation fixe et plastique. »
Le tubercule de la morve peut-il être si facilement distingué du tubercule de
la phthisie? L'œil le plus exercé au microscope saura-t*il reçQnnaUre le pu^
syphilitique du pus ordinaire ?
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198 MÉMOIRES ET OBSfiRVATfONS.
Edt-il même joste de demander à l'inflammation tuberculeuse un aspect
aussi pathognomonique qu'à Tinflammation vaccinale, morbi lieuse, etc.?
La Vaccine, la rougeole, etc., les maladies virulentes aiguës en tout cas con^
stituent un mode temporaire et superficiel de Tètre; la tuberculose, au con«
traire^ en constitue un mode trop souvent fixe et en tout cas profond; aussi
l'inflammation des premières doit trancher davantage sur les parties avoisi-
nantes et avoir un cachet plus manifeste que l'inflammation de la seconde.
ii"" « L'espèce d'organisme pathologique ou de maladie générale qui résulte
des inoculationsn'a ni solidarité, ni unité. C'est un assemblage ^e lésions ou
de groupes tuberculeux disséminés sur divers points sans tuberculose et surtout
sans phthisie. » (Loc. cit.^ p. 185.)
Le fait, encore une fois, n'est pas exact; nous en prenons comme témoin
M. Pidoux lui-même : c Si, dit-il page 180 de son ouvrage, on laisse vivre
ranimai, la constitution peut s'affecter et le dépérissement ou La phthisie pro-
prement dite survenir, t II ajoute, il est vrai : « cela est rare. »
Qu'après cela la phthisie ne se déclare pas lorsqu'on ne lui laisse pas le
temps de se déclarer; qu'elle se déclare rarement lorsqu'on opère sur des ani*
maux auxquels on veut imposer une maladie qui ne leur appartient paf, cela
ne doit pas nous étonner; on ferait même bien de le passer sous silence.
Nous avons épuisé les arguments de M. Pidoux; et, après les avoir^discutés,
nous croyons inutile d'ajouter que nous maintenons notre opinion, c'est à-dtre
la virulence et la spécificité de la tuberculose au pbint de vue expérimental.
(La fin au prochain numéro,)
Db la rétroversion de l'utérus pendant la grossesse, par M, le docteur
N. Charles, de Liége^ lauréat de l'Académie de médecine de Paris^ Membre
correspondant de la Société ^ etc. {Suite. — Voir notre cahier d*Àeût,
'page 95).
Dans un cas que nous verrons plus loin M. Martin (de Tonneins) fut appelé
par un médecin qui croyait à une grossesse pénible; dans le suivant, rapporté
par Schmitt, de Vienne, en 18â0, l'erreur fut plus grossière : une accoucheuse
prit le fond utérin pour la tête d'un enfant et chercha à l'extraire;
l'accoucheur de ta maison méconnut aussi le déplacement et crut à un avorte-
ment pur et simple.
Obs. XX. — Utérus rétroversé pris pour la tête d*un fœtus; avortement,
réduction spontanée ; par G. Schmitt, de Vienne. — Une bourgeoise, forte,
bien portante, qui avait déjà eu onze couches heureuses, était au troisième mois
d'une nouvelle grossesse; après une promenade an peu longue, elle fut prise de
fortes douleurs^ d'hèmorrhagie et d'autres signes d'avorlement. Une sage femme
fut appelée^ qui, ayant rencontré un corps arrondi dans le vagin, eut la nnala^
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. . 199
dresse de le prendre pour la tête d'un enfant, le saisit et tira dessus sans pou-
voir ramener au dehors.
" Le médecin a(;coucheur de la maison méconnut aussi Ja nature de la tumeur
et laissa à la nature le temps de compléter Tavortement. Ce dernier eut lieu,
mais quand la femme voulut se lever, elle éprouva de la pesanteur dans le
bassin avec tiraillement comme si quelque chose eût descendu, et n'alla k la
selle qu'avec la plus grande difficul^té. Le docteur Schmitt, appelé dix jourâ
après la fausse couche, trouva- Tutérus recourbé comme une relorte : l'orifice
était situé contre Tarcade pubienne, tandis que le corps se trouvait enfoncé
dans la cavité pelvienne contre le rectum. Comme Pémissiqn deâ urines était
libre et l'utérus très-sensible, le docteur Schmitt ne tenta point de réduire, et
se contenta de recommander le coucher latéral et même le plus souvent- pos-
sible, la position sur le ventre. Le médecin ordinaire, aussitôt la disparition de
la sensibilité de la matrice, devait introduire deux doigts dans le vagin et faire
tous les jours quelques légères tentatives de réduction.
Ce ne fut que quarante-deux jours après l'emploi de ces moyens que la
réduction fut complète. On voulut faire porter alors un pessarre, mais la
malade ne le supporta que deux jours. On prescrivit ensuite des irijections
av^c une décoction d'écorces de chéné, qui produisirent un bon effet. Les règles
reparurent bientôt, et depuis lors cette femme a eu deux couches heureuses.
Le cas qu'on va lire est plus incroyable encore : un médecin prend Tutérus
rétroversé pour une môle et opère diverses tractions pour l'extraire !
Obs. XXL — Utérus rétroversé pris pour une môle; rupture du vagin;
mort, autopsie; par M. GnsusER, de Dresde (1). - Une sage*femme fut appelée
le soir, auprès d'une femme logée dans une misérable cabane, et couchée sur
la paille. Cette malheureuse se plaignait d'un sentiment de forte pression, de
ténesmes dans le bas-ventre, de douleurs au sacrum et de. constipation. Un
médecin arniva à huit heures. Le visage de la malade était décotnposé, pâle;
le pouls très- petit; elle se plaignait de violentes douleurs et perdait du sang
par la vulve. Présumant que la tumeur* était une môle, le médecin se mit à la
Jirer en divers sens : pendant ces tractions, il s'écoula environ deux litres
d'eau» les douleurs et l'hémorrhagie s'accrurent. Un docteur en médecine fut
requis, et reconnut une rétroversion de la matrice; à minuit, la patiente
mourut.
On trouva à Tautopsie une tumeur grosse comme la tête d'un enfant, faisant
issue hors de la vulve. Oette tumeur était formée par lesovaires et tout le corps
de l'utérus qui faisaient hernie à travers une déchirure de' la paroi postérieure
du vagin. La matrice était renversée en arrière de telle sorte que son col était
encore contenu dans le bassin^ elle contenait un embryon de la grosseur d'un
œuf de poule. Le rectum était d'un rouge intense ; la vessie, vide, était injectée
à sa partie inférieure.
Dans le cas suivant l'erreur de diagnostic était inévitable au moment de
l'entrée de la malade à rhôpital; si l'autopsie u'avait pa$ été convenablement
(4) M (mai$chri fl fiirg^mr8tkundii,etc, Berlin 9 iSÏÏI,
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SOO MÉMOIRES £T OBSERVATIONS.
pratiquée, personne n'aurait même probablement soupçonné la cause de tous
ces maux : les symptômes de la péritonite, suite du déplacement utérin aban-
donné à lui-même, masquaient complètement les autres et empêchaient, pen-
dant la vie, tout examen local.
Ôfis. XXII. — Rétroversion prke pour une péritonite; mort^ autopsie; par
6oi}Gis(l). — Une femme, de!26 ans, très-forte, mariée depuis quelques mois,
occupée à des travaux pénibles, éprouvait depuis quelque temps des douleur
dans les lombes et à l'hypogaslre, quelque fois de la constipation et de la don*
leur en urinant, lorsque le i4 mars 1815, enceinte de trois mois environ, ayant
sur le dos un sac trè8*pesant, elle fit une chute. Dans le même moment, dou-
leur vive à rhypogastre avec un sentiment de déchirement dans les lombes ;
elle fut conduite chez elle. Depuis ce temps jusqu'au 47 du même mois qu'on
l'amena à l'hôpital, elle avait beaucoup souffert : cohsiipation opiniâtre, impos-
sibilité d'uriner, sentiment d'un poids insupportable au fondement, fièvre
continue. Gougis constata : ventre généralement douloureux, surtout en bas,
tendu, rénitient; douleur atroce au fondement et vers le pubis ; impossibilité
d'uriner et d'aller i la selle; sentiment de chaleur interne et cuissons doulou-
reuses dans l'intérieur des parties génitales, avec gonflement considérable des
grandes lèvres et des environs ûe la vulve*, pouls vif, fréquent, très-serré;
chaleur de la peau très-intense; respiration fréquente, pénible; nausées, etc.
On crut à une péritonite aiguë, sans comprendre l'état des parties génitales
(bains, sangsues, fomentations émollientes). Le tpucher est impossible à
cause des douleurs atroces qu'il occasionne. Le méat urinaire est difficile à
trouver dans les parties engorgées, et la sonde ne peut être introduite, quelque
direction qu'on lui donne.
Le 18, hoquet, continuation des rétentions d*urine et de matière fécale. En
voulant de nouveau sonder^ on trouve ^n corps dur dans le vagin et l'on croit
à une chute de matrice.
Le 19, l'état général est aggravé; on sent de la fluctuation dans le ventre,
on soupçonne une rupture de la vessie. La femme expire à 5 heures du soir (cinq
jours après l'accident).
On trouva, à Tautôpsie, le péritoine rouge et enflammé dans tous ses points,
surtout en bas; vers la vessie et le rectum, épanchement de deux pintes d'un
liquidé sèrosanguinolent; la vessie dépassait le pubis et ne contenait pas plus
d'une pinte d'urine. L'utérus remplissait en entier toute l'excavation, de telle
sorte que son fond répondait à la concavité du sacrum et son col pressait for-
tement contre la partie moyenne du pubis le col de la vessie, qui parut
enflammé. L'utérus était enclavé au point qu'il fallut, pour en opérer le dépla-
cement, introduire la main dans le vagin pour soulever le fond, tandis qu'on
pressait en haut sur le col. La partie supérieure du rectum et l'S du colon
étaient remplies de matières fécales très-dures. La matrice; contenait un fœtus,
dont le volume parut coïncider avec ce qu'avait dit la mère.
Dé même que dans cette observation et dans celle de Reynick rapportée
(1) Oougîs, Thèse de Parti, 1817. Obs. I".
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 201
précédemment (Obs. II), il fallut aussi un examen minatieux post mortem pour
découvrir le déplacement dç l'utérus dans le cas suivant.
Ofts. XXIII. — Rétroflexion méconnue; mort^ autopsie; par Wtlczek (1).
— Une femme de 27 ans éprouva, au milieu du troisième mois de sa grossesse,
une difficulté d'uriner et d'aller à^ la selle, qui augmenta progressivement. Au
commencement du quatrième mois, elle ressentit par intervalle des douleurs
dans les lombes, les hanches et le bassin. La sage-femme trouva Torifice utérin
très-élevé, et, à la partie postérieure du vagin, une tumeur dure, qu'elle prit
pour un amas de matières stercorales. La malade ne pouvait aller à la selle
sans lavements, et ceux-ci pénétraient très-difficilement.
L*urine coulait goutte à goutte ; le ventre était très-dur. et développé comme
à sept mois de grossesse. A la fin du quatrième mois, les souffrances furent si
aiguës, qu'on crut à un avortement prochain ; on se'livra à des manœuvres de
dilatation sur les parties génitales; la fièvre ne tarda pas h se développer, et
Ja malade succomba. ^
Voici ce que Ton constata à Tautopsie : vagin presque entièrement fermé par
une tumeur située en arrière; orifice utérin très-élevé, à peine acessibic au
toucher; vessie énormément développée, remontant jusqu'à Tombilic, enflam-
mée^ ulcérée ainsi que les intestins. Le corps de l'utérus était' infléchi au voisi-
nage de son col, courbé en arrière et en bas, entre le rectum et le vagin, et
abaissé presque jusqu'au périnée; le col, courbé sous un angle très-aigu
d'avant en arrière, était très-allongé ; la tète du fœtus était tournée vers le
périnée; le placenta s'implantait au fond de l'organe.
Bien peu de praticiens auraient pensé à un déplacement, possible de l'utérus
dans le cas suivant rapporté par le savant professeur de Nancy.
Obs. XXIV. — Rétrovenion à quatre mois de grossesse annonc^èe seulement
par des^ vomissements incoercibles; réduction ^ guérison; par M. le professeur
Stoltz (2). — M. Stollz fut appelé près d'une jeune dame, mariée deptiis trois
ans, dont les règles n'avaient point paru depuis quatre mois. On la croyait
enceinte et elle l'était en effet. Cependant son mari assura qu'il n'avait janiais
pu faire pénétrer sa verge dans l'intérieur du vagin. Cette dame avait chaque
matin des vomissements incoercibles qui l'affectaient de la manière la^plus
pénible. M. Stoltz la toucha, et remarqua que, malgré son état, l'hymen était
à peu près intact. Il le fendit avec des ciseaux, reconnut une rétroversion de
l'utérus qu'il remit en place, et l'accouchement se fit parfaitement*
Combien facilement, et d'une toute autre façon que la vraie, n'aurait-on pas
expliqué les avortements répétés des femmes observées par MM. Barnes et
Phillips, dont nous parlerons plus loinl N'est-il pas aussi évident que si Martin
n'avait pas examiné par le toucher l'épouse. D... (dont l'observation est relatée
plus bas), tout ce qui s'est passé aurait eu lieu exaciementde la même manière,
attendu que dès qu'on est consulté pour une fausse couche la première recom-
(4) Cuseo, Thèse dP agrégation. Paris, 1853.
{*2) Gazette des hôpitaux, iS^7 ,^
26
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302 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
mandation est le déeubitBS dorsal, et persenite n*aUrait soupçonné la rétfo^-
version.
J*ai dit que beaucoup de praticiens ne connaissent la rétroversion que de
nom et encore... Que penser par exemple du fait suivant.
Obs. XiV. — Anasarque par rétention mécanique de Vurine^ par M. Balp(1)-
— Fenime do %5 ans, bien constituée, enceinte de trois mois, qui depuis dix
jours enflait graduellement. Anasarque énorme, phlyciènes à llntérleur des
grandes lèvres, iirine par regorf^erhlE'nt, anxiété et agitation excessive.
M. Balp <it*ôyant à une paralysie de la vessie, pratique le c^thélérisme, qui
présente comme particulâi*ilè un obstacle assez «résistant du col de ta vessie }
i^dbO grammes d*ùrine fétide et trouble. Tout s^apaise; mais bientôt tous les
symptômes se ^Reproduisent : second cathétérismè ; ainsi de suite pendant plu-
sieurs jours, jusqu'à fce qu'un avorierttent arrive, qui permet à Tutéruâ HtYo-
versé de reprendre sa (^Oâitibn naturelle et à l^irihe de s'éliminer normalement.
L'auteur ne me parait pas s'être douté qu'il y avait un moyen de faire diipa-
raifre « l'obstacle mécanique à l'excrétion de l'urine, » et d'éviter i'avorte-
merit. Le mot rétroversion ne 6e trouve mén^e pas dans l'observation suivànttâ ;
la chose est cependant assez claire, et sî le résultat a été plus heureux ()ue
dans le cas précédent, c'est que la nature est une très-bonne mère.
Obs. XXVI. — Observation dé rétention d'urine tiu quatrième mois de la
grossesse, durant trois semaines et ocastsionnant des symptômes assez rares de
compression des organes voisins, par M. le docteur Garnier (2)« — Le 21 no-
vembre 1874, M. Garnier fuf appelé dans la banlieue de la ville du iMans pour
une femme de 5) ans, enceinte jpour la première fois de quatre mois et demi
et enflée depuis trois semaines.
Elle était étendue sur le dos> ^ceu^it des dotileurs (rès-viVes dans l'abdôM^ti
surtoui au niveau des fosses iiiaqu^es. La vessie formtoi< utié tumeur glb^bli^ilse
remontant à trois travers de doigt eu-d)^ssus de Tombilic; îi y lavait œdème des
membres inférieurs, des grandes lèvres, de la peau du ventre; ta vulve était
«M pttr(<e oblitérée par une saillie tùnèidérûbh de la patoi postérieure Vagi-
nale. (L'aiitetir n'a pus reehierchc la Cause de c^ttle sailH^e ou do moins ne fe
dit pQs).
Trois semaines auparavant, la patiente avait été réveillée une ï^uil par \t
besoin d'uriner et n^avait pu satisfaire ce besoin : [l^endant deux jours, elle se
livra à de vains efforts puis commença à. uriner i^utte à goutte. Elle souffrait
dans le ventre et n'allait pas ou presque pas à la selle; cependant elle conti-
nuait à travailler et apportait tous les jours le lait en ville (2 kilomètres) ; après
quelques jours, les pieds enflèrent, puis les autires parties ^suivirent.
Depuis deux joorà, les uHnes lavaient comptételù^ent 'cessé de tO^Xet et la ma-
lade gardait le lit. M. Garnier diàgii(ystiK)ûà Une rétention d'ùriHé (éôknmétAi
(h) Abeille médicale^ i%l% n» II.
(2) Bulletin de la Société de médecine ie ta Sarthe, ^)liéei 4%7S A 1^73, p. 35.
(Résumé).
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MfilfOia£S ET OfiSfiRVATlONS. 203
djigno8tique uoe toux ou un peint de côté..*) ; ii sonda et retira ^eux litres
d'urine normale, sans albumine; mais, au bout de quelques heures, de nou-
villes douleurs abdominales se firent sentir et la nuit fut très-mauvaise. Qua-
torze heures après (e premier cathétérisme, il retira la même quantité d'urine
et constata une diroinulion notable dans l'œdème, au bout de quelques heures,
Il vessie était de nouveau pleine.
Le lendemain, quarante-huit heures après la première visite, les urines
élaieol sanguinolentes^ elle furent sanglantes même et cela dura deux jours,
pois elles redevinrent normales. .
Alt bout de six jours, la fièvre persistait toujours malgré le sulfate de quinine
et les toniques de toute nature; l'es évacuations, très-djflSciles les premiers
joars, finirent cependant par se rétablir; l'œdème avait disparu et les douleurs
abdominales avaient cessé. Au bout de dix jours, les urines commençaient à
reprendre leur cours normal ; depuis quelques jours du reste la malade urinait
iovolontairement,puj6 le sphincter vésical et le réservoir reprirent leur ressort
peu à peu.
En parcourant les journaux, j'ai déjà vu bien des cas ressemblant à ceux de
m. Balp et de M. Garnier, mais je les passe sous silence parce qu'ils sont moins-
bien caractérisés. H. le docteur Ronvaux, de Namur, a rattaché à l'anasarque
saite de rétention d'urine plusieurs faits de rétroversion de l'utérus gravide; ce
qni me parait inexplicable de la part d'un confrère aussi distingué, c'est d'ap-
peler anasarque un œdème des membres inférieurs et de faire dépendre cette
infiltration de la rétention d'urine alors qu'elle s'explique si aisément par la
compression des vaisseaux hypogastriques par le fond de l'utérus rétroversé;
voici, du reste, un extrait de l'intéressante communication qu'il a faite à la
Société médico-chirurgicale de Liège. '
. Obs. XXVII. — Rétroversion à troiê mois de grosstêse; réduction au moyen
de la main entière introduite dans le vagin; guérison^ par M. Ronvaux, de
Namur (1). — Je fus affpelé en consultation par mon confrère, le docteur Mon-
noyer, de Spy, auprès d'une femme âgée d'environ 40 ans qui était atteinte
d'anasarque et paraissait aussi atteinte d'une ascite considérable. Les membres
inférieurs étaient fortement œdématiés, et le ventre avait atteint le développe-
ment qu'il a ordinaireme^it chez les femmes enceintes de neuf mois : le ventre
présentait une matité complète dans toute sa partie antérieure et bien au-dessus
de rombilic. La fluctuation y était aussi très-manifeste à la percussion ; bref
toiîs les symptômes d'une ascite intense, moin^ cependant la forme du ventre
qui n'était pas batracienne comme dans Tascite^ mais plutôt ovoïde comme dans
là grossesse. Cependant les r^les n'avaient cessé chez cette femme que depuis
trois mois, et aucun mouvement fœtal n'avait jamais été perçu.
Les accidents dataient de six semaines environ; la femme avait commencé
par souffrir du bas ventre, et présenter des difficultés dans la mfction et la défé-
cation. Elle avait été sondée plusieurs fois, et depuis quelque temps elle per-
(I) 4tma^9 dfi la Société médico-chirur^icale de,Lié^fi, juillet 1874.
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20i MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
dail constamment de Turine tout en pouvant de temps en temps en émettre de
petites quantités par jet.
Mon confrère me dit quMI avait cherché à constater, par le toucher, l'état de
la matrice chez cette femme, mais qu'il n'avait jamais pu atteindre le col, que le
toucher était d'ailleurs rendu difficile par la présence de tumeur ou gonflement
en avant et en arrière. L'idée me vint aussitôt, que nous avions affaire à un
déplacement de la matrice, qui ayait produit une rétention d'urine et tous les
accidents qui s'en étaient suivis. J'introduisis une sonde d'homme dans la vessie
et il s'en écoda une quantité vraiment énorme d'urine, il y en avait plein
un seau. ,
Le cathétérisme que l'on avait pratiqué plusieurs fois auparavant avec une
sonde de femme n'avait amené que des quantités d'urine beaucoup plus faibles
et n'avait jamais produit la disparition de la tuméfaction du ventre.
Par suite du cathétérisme que je pratiquai, le ventre se vida complètement
et toute espèce de tumeur disparut. Il nous fut même im|)0S8ible de constater
la présence de la matrice par le palper abdominal.
J'introduisis alors le doigt dans le vagin et, comme l'avait constaté mon con-
frère, il me fut impossible de toucher le col de là matrice; mais je constatai la
présence dans la partie postérieure du petit bassin d'une tumeur bien unie et
peu sensible, que je reconnus pour la matrice complètement renversée.
Je cherchai à la réduire avec les doigts, mais cela me fut impossible.
Cependant, m'étaht de nouveau bien assuré de mon.diagnostic, je résolus d'in-
troduire violemment toute la main dans le vagin. La pression que j'obtins par ce
moyen fut assez forte pour déplacer la matrice, et la réduire complètement.
La femme a, malgré sa grande faiblesse, assez bien supporté cette manœuvre
fort violente, et dep.uis lors tous les accidents ont cesse comme par enchante-
ment. L'anasarque disparut avec la libre sortie des urines, et la grossesse
poursuivit régulièrement son cours.
J'ai constaté également cette anasarqu'e, suite de rétention d'urine, dans les
premiers mois de deux grossesses successives, chez une femme qui n'était
atteinte que d'une simple rétroversion de la matrice, et chaque fois il a suffi de
sonder la femme deux ou trois fois par jour pour la faire disparaître.
Je ne me rappelle aucun cas d'anasarque survenue dans les mêmes conditions
chez l'homme, probablement parce que nous sommes beaucoup moins habitués
à supporter les rétentions d'urine, que les femmes t|ui la plupart ont appris à
retarder très-longtemps et presqu'à volorUé l'acte de la mixtion.
Supportant plus difficilement la détention, les hommes appellent plus rapide-
ment les secours de l'art et ne donnent pas à l'anasarque le temps de s'établir.
Cette espèce jJ'anasarque provient, ainsi que je l'ai dit dans mon mémoire,
de ce que la sécrétion des rognons s'arrête, dès qtie4'urine a atteint dans les
uretères, une pression de 7 à 8 millimètres de mercure.
On pourra constater en parcourant les nombreuses observations contenues
dans ce travail que le diagnostic de la rétroversion a souvent été réservé et que
des erreurs ont été commises par des praticiens comme Dupuytren, Capuron,
Lisfranc, Boivin, A. Dubois, Maygrier, Depaul, etc. ; on pourra voir également
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. Î205
qae souvent on croit à une fausse couche ordinaire et que la femme n'appelle
une accoucheuse ou un médecîn.et n'entre à l'hôpital quepoui^ s'y faire soigner
de cet accident.
Il est donc prouvé que souvent des sages-femmes et des médecins» des accou-
cheurs mêmes, ont méconnu la rétroversion, alors cependant que les accidents
étaient graves et caractéristiques ; des praticiens plus expérimentés ou plus
habiles sont venus après éta1)lir le diagnostic. Or, il a dû arriver souvent que
des erreurs n'ont pas été relevées : les femmes ont avorté^ ou même ont suc-
combé et le tout a été expliqué par une prédisposition, un choc, un effort, un
coupj'^une péritonite, une rétention d'urine, une affection nerveuse peut-être ?
La rétroversion^ qui parait au premier abord si facile à constater, n'est-clle
pas du reste restée dans l'ombre pendant des siècles ? N'a-telle pas échappé à
l'attentive observation des Guillemeau, Mauriceau, De la Motte, Smellîe,
A. Petit, Stein, etc.? ^
M. Salmon fait remarquer que les faits de rétroversion ont surtout été rap-
portés par des médecins exerçant en province, dans les campagnes et les petits
centres de population et que plusieurs femmes, observées par des médecins de
villes importantes, venaient de la campagne.
Il explique cette particularité en observant que dans les grandes villes ce
sont surtout les hommes qui sont employés aux travaux les plus rudes et les
plus forts, tandis qu'à la campagne les femmes, mêmes enceintes, portent des
fardeaux pesants, conduisent de lourdes chareltes et ont des occupations exces-
sivement pénibles.
Or donc, en tenant compte de ce que j'ai dit plus haut, on voit que ce sont
précisément les femmes qui s'ont les plus exposées à la rétroversion et qui en
sont en effet atteintes le plus souvent, qui risquent le plus de voir leur accident
méconnu.
Peu d'auteurs au surplus donnent leur avis sur la fréquence de la rétrover-
sion pendant la grossesse. Elleau^ne ne la croit pas très-rare; |^. Salmon pense
qu'elle est peu fréquente; il nous dit cependant qu'il en a observé déjà trois
cas, quoiqu'il ne pratique pas depuis longtemps.
Moreau et Lacroix la regardent comme assez fréquente ; mais ces auteurs
ayant confondu dans une même description la rétroversion pendant la grossesse
et à l'état de vacuité, ne peuvent apporter qu'un faible »ppui à ma thèse.
Cependant Moreau ajoute qu'il regarde comme assez fréquente celle cause
d'avortement, et cite à l'appui l'exemple d'une jeune dame qui dans l'inter-
valle d'un an fit, un peu avant trois mois de grossesse, deux fausses couches
qu'il attribue à la rétroversion.
Ce qui prouve également que la rétroversion n'est pas tellement rare pendant
la grossess'è, ce sont les cas relativement nombreux observés par différents
médecins. Nous avons déjà vu que le mémoire de Martin, jeune, de Lyon, con-
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^6 MÉMOIRES £T OBSERVATIONS.
tiepl MO grand nombre d'observations personnelles (voir p. S2)recueilties dans
Tespace de 25 ans. L'puleur oroil même devoir avertir qp*il s'es( livré â une
pratique très-êlendue des accouchements dans la seconde ville de France.
M.Depaul nous apprend qu'il a déjà observé une dizaine de cas et que
P. Dubois en avait vu à peu près autant, et il est lout à f^it incompréhensible
que le père de ce dernier n'ait jamais eu l'occasion de rencontrer cet accideqt.
Ce travail ne contient pas moins de onze observations tirées de la seule pra-
tique de M. le professeur Hubert, de Louvain, et plusieurs d'entre elles pré-
sentent différentes récidives à des grossesses suivantes.
M. Godefroy, de Rennes, a déjà rapporté six observations personnelles, et
une de son collègue M. Guyot.
Plusieurs praticiens. Négrier, d'Angers; Parent, de Beaane; Bleynie, de
Limoges; Champion, de Bar-lcrDuc; Salmon, de Chartres; etc., en ont observé
chacun une série de pas. Ce qui prouve que, dès que le médecin a eu son atten-
tion attirée sur cet accident. Il le retrouve différentes fois dans sa carrière
parce qu'il examine attentivement et ne le laisse pas passer inaperçu.
li'auteur de l'article hystéroloxie du Dictionnaire abrégé des sciences médi-
cales disait déjà en 1825 : « Quoique la rétroversion soit encore considérée
comme une affection rare, si l'on possédait une liste exacte de tous les sujets
chez lesquels elle a été MÉcoNifUE ou qu'elle a fait périr, on la placerait peut»
être avec raison PARMI LES MALADIES LES PLUS COMMUNES. >
M. E. Martin a rapporté à la Société gynécologique de Berlin seize cas de
rétroversion et rétroflexion de l'utérus gravide (Berlin. Klin. Wochens, 1874,
n« 22, p. 264). ^
V^pho médical Suisse (anniée 1857, p. 324) rapporte que la clinique du
professeur Busch a reçu « soixante-quinze femmes atteintes de rétroversion
utérine pendant la grossesse. Chez soixanle-neur d'entr'elles, la matrice i:feprit
sa position normale en vingt-quatre heures; quatre cependant, chez lesquf'lles
la rétention d'urine et la rétroversion dataieïit de huit jours, avortèrent. Cinq
fois, il fallut réduire et la fausse couche s'ensuivit » .
Enfin le Médical Times and Gazette, du 2 mars 1872, rend compte d'une
discussion qui a eu lieu à la Société obstétricale de Londres, et dans laquelle
la plupart des orateurs ont déclaré que la rétroversion était une des causes les
pli|s fréquentes d'avortement : telle était d'abord la conclusion du travail de
M. Phillipps et elle a été appuyée par MM. Barnes et Braxton Hickx : ce der-
nier a même avancé que, d'après ce qu'il a vu, sur dix cas d'avortement, il y
a huit fois rétroflexion.
;Selon ces savants praticiens, la fausse coUche peut survenir même avant qu'il
y ait véritable enclavement; nous aurons l'occasiofi de revenir sur çeite opinion.
De c^ qui précède, je crois donc pouvoir et devoir conclure que la rétrover-
sion de l'utérus est assez fréquente pendant U grpssesse, surtout c|ieaf le§
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MÊMdIRfô Et OBdEftVAnONS. i07
femmes qui se livrent à des trâtàti^t péMblés; que trop souvent, au grand
détriment du produit de la conception, elle rêsle méisonnue et que c*ei^l grâce
à cette dernière circonstance qu*elle a été considérée jusqu'à présent t^ottittie
relativement rare. ^ {La »uite au proehûin numéro.)
ËTUDE CLINIQUE ET EXPÉRIMENULE SUR l'ÉTRANGLEMENT HERNIAIRE ET EN PAR-
TICULIER SUR. l'action DES GAZ DANS LA PRODUCTION DE CET ACCIDENT ; par le
docteur Motte, de Dînant {Belgique). — Mémoire au^ntlla Société de Gbi*
rurgie de Paris a accordé une récompense de 500 fi', ûu coficours du ptinc
Lahorie (1875). {Suite. — Voirnotre cahier d'août y page ÏOS.)
CHAPITRE n.
LÉSIONS ANATOMIQUBS PRODUITES PAB lA QOUSttaekWSé
Ces léâibtië iserbnt ëttdiée^ ^ut" l'dïise ellè-Mëiiiè et sur soh pédicul<^.
Danii une prènfiièMe catégorie, lei anses ont été, pt^esque chaque fois, liées
livèc urte ficelle de moyen calibre ; dans une seconde, j*ài amené le viscère à
travers des anneaux percés dans led parois mêmes de la cavité abdominale.
I.
I«ésîon« observées dans le oorps de l'anse et l'épiploon.
a. — Inflammation, — Le premier groupe se composait de sept expériences,
le second en présentait onze Pour ces dernières, nous négligeons les traces
d'inflammation dues au Iraiimalisme, pour ne considérer que les désordres
causés par Tétranglement lui même; et nous ni)us croyons autorisé à établir
celte distinction. Nous avons prouvé précédemment, en ^effet» que desitireon-
volutions intestinales qui ont élé amenées au contact de l'air ne s'enflamment
pas pourvu qu'on les réintégre dans leur cavité naturelle. Or„ la suture que nous
pratiquions avec le plus grand soin après la formation de chacune des hernies,
mettait celles-ci dans les mêmes conditions que si elles avaient été refoulées
dans Tabdomen. Si donc nous avons trouvé de l'inflammation intéressant le
parenchyme de l'anse, elle ne pouvait évidemment dépendre que de la constric-
tion elle même.
, GROUPJB.
Anses modérément serrées :
3*> expér. — Trè6-enflaromée.
B" expér. — »
Anses fortement serrées :
4« <exi>ér< -^ InflamUiatiofo proïioncée.
9°<expér. -^ » légère.
iO« expér. — • •
Anses dont le degré de constriction n'a pas 'été indiquée :
150 et li'exp. ~ Inflammation notable.
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208 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
iDEUXliàME CaOUPK.
L'examen dans ces onze expériences a porté sur six enlèrocèlcs, huit entéro-
épiplocèles el deux épiplocèles.
Pour les anneaux étroits, nous avons trouvé ;
Trois en térocèles peu enflammées ;
Une entér^cèle enflammée ;
Une entéro-épiplocèle peu enflammée ;
Deux entëro-épiplocèles dont les anses sont peu enflammées, tandis que les épiploons
le sont manifestement ;
Deux entéro-épiplocèles enflammées ;
Une épiplocèle très-peu enflammée ;
Une épiplocèle enflammée ;
Pour des anneaux d'une certaine largeur :
Deux entérocèles enflammées ;
Deux entéro-épiplocèles enflammées ;
Une entéro-épiplocèle dont Tépiploon est enflammé, tandis que Tanse ne Test pas.
D'après la comparaison des divers éléments de ce tableau, il semblerait
donc que le processus inflammatoire n'a guère été influencé par le degré de
constriction et la composition de ces hernies.
Au surplus, voici pour chaque expérience, ce qu'il y a de plus saillant au
point de vue de l'inflammation. Nous aurons soin de rappeler le nombre d'heu*
res écoulées depuis le début de l'expérience et le plus ou moins d'énergie "de
l'étranglement,.
5^ Expériencei — Ligature modérée permettant encore le cours du sang.
Chien sacrifié après trois jours et demi. L'anse est très-adhérénte, enveloppée
d'une couche épaisse de fibrine.
Ji^ Expérience. — Ligature serrée. Le chien est abattu trois jours et demi
après. Anse dure, rouge^ adhérente partout au moyen de fausses membranes
molles. Liquide purulent dans la cavité abdominale. Couche musculeuse, sur-
tout les fibres longitudinales, fortement épaissies. Ce dernier phénomène est
fort digne d'être noté.
8« Expérience. — Ligature modérée. Chien sacrifié après soi;cante-douze
heures. L'anse est épaissie, dure, brun-rouge, recouverte d'uhe couche consi-
dérable d'exsudat. >
9« Expérience, — Anse assez serrée. Le chien meurt vingt-deux heures
après. Inflammation légère. / i
iO« Expérience. — Conslricllon assez forte. Inflammation peu prononcée.
Le chien est trouvé sans vie vingt-sept heures après l'expérience.
i5« Expérience. -— Degré de constriction non indiqué, l/animal est sacrifié
vingt heures après l'expérience. L'anse, qui avait été liée, distendue par des gaz,
est enflammée.
14' Expérience. — Le degré, de constriction n'a, pas non plus été noté;
adhérences assez solides après huit heures.
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.\séSfQnfi6*'BT?OBSSRVUlTfONS( 909
..:l9t Eoèpérimf. >-^ Bniéro>»épiplocèle et épiplocèll?/ Esiamèfi ^prè^ dl^-^huit
heures anneaux larges. Légère intlammalion. < •• 1
d0«.<lladpér»<mee. ^^.An9és laissées an 'dehors ;âaneeMix Irès^étroils. Inftam-
maiîMivda'bAlé.gatteheu Ekaamii sur :te vif,s^en:viron^ix-h«rt iieures après. *
. :li8^ iFflqieiv'efMei/j — >Dèux ^irtévAcèf^ assez serrées. 'Inflammatibn légère.
Examen sur le vif, vingt quatre bîetire» dpDès Topératt^n; <
25* Expérience* ^^'lÈnikroté\e eienter^épiplocèie exâttilnées sttr le -vif
T-â^lwiiriesapiIôsireipèrleAcé. Aiiliieaiii largesj'Ihftaimi^tron prattontée. "• '
\ :.â4« iffofiéfwipiérv^Deaxentéro^piplocé^es distendre» pa^ deîs gaz; ÎBiniieaUx
^iioitepqtiafiét£<buîllieiire8 nprè^J'anhsialvit'eftieore.Les'ét^ipioons seuls sont
enAamméStf-ii' '. ' •:i';i.''"' • .i, '.v..
2'J» Expirienee. — Double ehléro-é^^plocèles Un afnneau largf, un annèail
étroit 1 Le -clilen ^9écc<^i»l)e après soixante heures. Inflammation prohoneée.*
^6^ Expérience. — Entéro-épiplocèle enflammée* Anneau trés*-étrolt, éxa-
roen sur lé tff, /après quarantei hiéure»^.-
UaeM«»térd-'épip{«eèle' (ooiffe épipMque);' anneau peu serré. Bpiploon
eoflammé.'L^ahse' dégagée ne préaertte fias Iraee d^inflammiitlon. '
97« j&xpel<tén(se.-^^Et)iplocèle* Annûau asaex élroit. Inflammation quaraitte*-
huil'heureS'aprè^, sur le tif^'
• 'Sotètooèle.iiAnneaO'laTge^'Pblogose.
• 'W9i^ BÉpirience,^^ Anse'it^shievTée. Le cHîen succortibè dix-huit heures
aprè»!; ioflfrmwationpetr prononcée.
' Ih Cônge6(4ùn t^êphyiique] ramotUsÈenienti efc« ^ Là où rinfiammation
eâtpet] pponoicée oi> Ait dèfiful» <|U0ls srtnt' les auti^és désordres ,anatomo-
l^tbologlques que • nous «aurofts à signaler?
Dansais 5« expéi'îeiDée^ t'ainâe est naïf &; les bouts efnsont légèrement agglu^
titt^'iSUl* lès points- voisins du méseiitére. L'animal était mort environ éà^te
heures après ropéraliou. Le degré de conslHuiioa^ff^avârît pas été indiqué.-
Dafl$ l8f'7««xpérfenoe, une afrsededbuze cenCimètr^es voisine du e(Beum, fort
modérément serrée, est doublée de'volume, notre,'flu<itUffnte, sans épanehement
de sang dans Tépaisséur de ses tuiliques, lesquelles sont amincies, mais sans
ramollissemM. Impossible de diatînguer les différentes eooehes les- unes .des
autres. Cette anse eoniiént un liquide rouge bmn et h muqueuse est impré-
gnée d'ufie putl>e épaisse' dé mènra oouteuri Le ehien avai^t été (rouvé san^ vie
<q«arafit«<^it heufësap^ les'manâsuvttfs..
Il y avait très-peu de traces d'inflammation dans la cavité de Tabdoman.
ti^fl Ë^irienee\ -^ Anse >de trcfnte-oinq- eentftfviètrtss/ fort' serrée. L'ani-
mât- meurt <^vlngt*deu)^' heures après. Lé viscère a acquis le douMe de son
vohimé^ii est* noir*,* trè^-flasque^- fluctuant; à surface 1u!sant<0/ Bouillie noi^
nfttréà riniéri«ur) miiqyeuke de mèine aa|>eot, ramollie, ainsi que les autre?
tuniques. . . .,=
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910 irtMomBSDKriOBSBiMmiiocfe;
* Lp /masse ifileMinale^ est plaquée de irertsi'i(ggi«llaâe ça ct>iâf; 4^iA ftttige
clair aux environs de Fanse liée. !. i '- -î 'ï^u.! -v.-'n ...^mi:..
. \^ Expérimf»*. — Ansade douiîel centiraélrei^.lfgaàufe serrées qiiièn '«lort
aprèîi vingUsaplbeiidriSf^* tensîoni.du viscdrcdsses.fipôlioaèf*; paa)d'atog«cfilaH
lion d4 Ypiqme ) tointe 4ie; de vto^ ful^é JantAIre^ iéfteisse, asm» a^dâlitte,
quoique Tanse eûl été fYi4éei)»irAntloi|te^orttst(fioli»fiu. :.: <.'• )! '..^. d tr.i .'
i: Le païq^el inieAitoai est d^uâ roogeelair» s^ns adhâ'eiices; v. A ^r 1
11« Eçcpéxi^tm,* r^^DÎKi.efnliQi^fea d'îalesliii i <è"raô |d» pyJorc.^ Ligaitiire
|p liendemain* t'Aiiseest fli^c(ue^ittil.peu;àUgàwn(àede«piiiiàe,'<Nr«fie{^è4ti^
verdâlres, légèrement distendue. Elle contient une bouillie brun-tidlel^ ^^ÉMi^
qM^u^^ rouge oarnr)iD,,sH)sajiitr0Siié^0f$.< » 'ii 0 mVu, ' w
\a t^Me généraie<de U- iiiassefintestinahl «s^v<d*pn R<Mige«lMMiO'aal«^).suprpor^^
t»ut des plaques vfirdâir^s» : .. ; ! . .i. . u v, w'A :
Dans la douzième, la ligature est assea.ét«0i4f} ranac''|ii4îx.Mnlimétrcs*et
QççilfitJa partie moyenne! dfi la lopg^eN^dif ca4ai'hlteaUiiftt«|L^:»chidiiâucooabe
le lendemain nnatiii de Texpérienoe* lU i9asaed#$.;viscè^es dll veiiiceie.^(pe«i#iit
flammée^ L'anse .eâtbeauc(Mjp aJUgfl»entéed««<»Juiiktç6UiBt^lfla$quevit^eelRMre.
Une bouillie verdâtrc imbibe la muqueuse, la cdluWnseieirla^fibqasmoullilicai
Dans la cinquième, une anse a été liéeà(yx(d^ttttètt*Q$iluiGl)BCtfiÉii<.|«;Qffieu
sucicofiihe trois heur^.après^P^s.d'jBuginc^li^tVQW dQ^pjl.ume; t^(e\iM[tlll- toncé ;
pulpe jaunâtre à Tinlérieur; muqueuse épai.âsi^jffi^Mgfiy^l^oéi; iWMMftlVi^i ^i^P'*
lieras» tf'9n$versdl«3» ()lanc-)9iun|ilre,irsisanMéraul«9fi«^^
i6^ J^iKpérwKe. >- Dj)( centimètres modéréan^t $&rris aQ- p«jd»ii(fnili«p'de
la longueur de Tinteslin grêle. Lecbiea a^Ci<^mb«'eJ«q hmire$if^prèS).|)L^ati84esl
ilfisque cit «Mgm^té? dejongmsir, T^iiirl,e^roij^eryii«let^ Vj«itfft|ifb voisili^n'«|)as
changé de.^lonaMon. Une piiljHt» lirtHiAiini» reiooutre^ la. muqueuse e( l-ioipr^e
ainsi qu^ ka autres timiqdes^i quiJCMilfes g<MH #ai»oliieSi. ^ ''■ '^
Lea^i^périenceSiqui m^mi onl^^.feitps.svir de^ i^Q^.é(c^uig|i^ par ;des
ftDQfiaM^.pliUS m mfl|tMi^rôï^Sj,J^•ftliq^|4fti»x pB^m^%Wtf\ml^^s '. , . = ; ^; .
. Dans le dijt-fiftptièfner M aiwwfla;! .sonfc:ifrè«ré4roiA8;- diewiraiW^ al*
emprisonnées al' exAwinfea attr le vif^. vlngl-quatire h«|iAn9ftp)4}sj0fd. iEiles.âQfiii
d'ufi brun-clair^noA.aOgmeiii^e^ dp v#lume,| i|on.ent(hi9«P9é^^ ;: ; .;.}
Dans ladi^-buitiènvt^ mètiaes di9pQ$iii4ons,.fi.,ji pevpfVft^ li^mi^s.irâsuKata.;
seulement, une masse épiploïque qiûayoiA traMVéiis^Q é tiv9»f)rsijViapiinaAii;J9Pit
fort épai8$i0,adhére|Uee^ presque îiMwnnaJsaaible. ;.:>'..,./:
Dans la dûi^-QKtiivième, f^mme nona l-a^^ns déjà m^^ propos dii^r^kAaiB^ia-
tioo, il s*a|ili d^nue enterioépiplocèle et^d'une épiploc^e; ,1^ mm^imir^oiyfiiH
facilemefii reMréinité du 4iMgU Bnyjrf^n tdijftliuit, b^^ncça tapri^» U .chi^i) yM.tmi»
jours* A gauche UépipJoon est no»&ire^ plus altéra ,qufiriiHe«tiQ.4tMquet il, mr^
vait de doublure du côté de Tanneau.
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MiMOUtl» 8T OBSeBT^TlSBB. âll
lîépipiAeèteae* f rtMRl&qn'qm rotgeur ëOD^éstî'Yé.
Examen sur le vif après dix-hiiil heuresr L'atu^ présenicuoé couleurloiiciée',
(aehetéfliile iMPun ;.Qlle eiC npialie*. l/èp^»looii ne p^é^etiie tien à riioler.
L*épiplocèleesCbi^ttiiiDiésoiiu»et nèir^ ulcéPéè. * * .:\ ;
âl/*i7ar}»^tiM»e0.^^ Deux enréro^^pipldèôlé^, tpa;rcrsiint des antteaax éf ^dits.
Examen sur le chîeti) toujours vivant, quarante -huit heures après. Le» ainses
présentent le même ASp^oti-quèi'torsidtf lèytsorik. f;er*éplptoôii9\seuls sont
eaiaiiiiiléé G^BèkèteniB au'»aev M n^ parait pësidans ee o6« que la disposition
de Tépiploon par rapport à Tintestin suffise pour expliqoiereesdtftérenees. •
Dans la vingt-sixième, ui> annidau étroit- éfriin^ Ufi« Anse coiffée dVnc
calotte épiploïque. Quarante heure» «près^ b et^iei<i» qui a^urv(éeu, est Soumis
à l'examen. L'anse dégagée n'^tiullenieilt ttkahgé de <io«leur ni di^ volomé; la
calotte qni la garauti^Mit; uHiAl, elle; fris «lie tëiMe fôheéé. *
DafNSi'l« tîngtuiifeii?îè«he/v(eofih, «Ile aiise d«^dlx cefttimètr^^^ voisluexlù duo-
dénum, est emprisonnée par un anneau étroit. L'animal meurt dix-hUit heures
emitèto a|)rè&t'opér$lioni. L'anse>i!6taii|fAi«iilée(de vôteitie, fks^è, iMHiti-foncé,
de même qu'une portion de Fi/itestin qui lai fait suitet.' • > >
- On^^^diiistilèitquWli gl$fiéhil>> ies léslOtts>«i>llt)MB graves datti» tes if^ï^périences
où l'inté^ftvb'dtiiliéftqUieda'iisntelkes'ôi il' a été isimplém^nt étranglé par des
annruuN pei^césoraix parois abr(lomirialds;îEiiioatré,daiiss le prenliér groupe^ on
voit des désordres considérables survenir à la suite de ligatures modérément
serrées^ Dans ^le '«ecwndv dem ««péneiicesi> nous offr^wt des anoeiaux aèsez
larges, néanmoins les lésions sont encore «^seto sièriidUses, slirtènl d» téiè des
épipioonisi-'- - "'i- .'i^; ^ ;• ' ■"•*';"•• •• ' •• ■ '
Mrs eioq entres,: lies «nvertufes 80int povr lu pfup«rt fort étroites. Maljgré cela,
il ne p»nlt.p«s^qtte le^ lésions soient en fdppéri «veé cette étroîtesse, sauf toute-
fois dans la> vtngt*n6il«ième expériérieé.
Ces» réstiUtil5 surpriénonts^ ainsi quelle défaut d'inflammttion ou sa produc-
tif enf.dehôfér'de^fdttfte réglé prérïfte, nous prouvent à ^évidence combien on
Mt «^porter de prudente et de ctrcdnspeeiidtf dahs ifappréciatioir de& dttet*s
éléments symptomatologiques de la hernie étranglée. ^
0* CofiteMdeN'méliée^oUi éitàn^lée. ^'Vtnùfi avousf déjà' indiqué la nature
dedli«ftiideà>renfdrnftéS'dtfrtB la cdVH'é dés oMseâf que nbu'ff aVbnS offertes ; nous
^i^ofi^àéitifift(PiHB&Pëtnti'èHk)tà part tfnx gât que nousy hvan^'rencont^és.
Ji^Eispérienfiéi ^-^ Là teomphes^OU' de Vansâfait passl<^ d<!sgrtzi trav«èrk la
sK^talio'ii de cMiliAUi«è<da pédibule;
4«<£^/i(IH«iM0i -^ Ti'èspéu de g&B par la CttrtiprêBStilh > soii^ Teau d'Une
anse de cinq centimètres.
7* Expwrifirm^. ryr ta quanUl^ est înAigpifiaMjç. (anse.dç ,d,ou3ie Qe^iimèlres
comprimée sous r€Bu)i. - , , » ^ ^ , /
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Séi HÉHDISIS «F OBSCRTilBiaHg.
S*^ Expérience, — quel(ful9a«:ipllesilatri<finc6i iipe>'sorl«4a«i:eiii9ié,.iqial|gré
><t tongUeur'de V^n^- qui' amt vUi(^ilroi»'eeDiiniètpeAei qtM>Mi?avf(îCV^«à'^été
y^déc de, son continu • vaut, d'êtBôlIée*. ». ; ,.' .,. ,> :iiu ' ?
Dana la.9«,.il D*y a pa^ tnaoe ile.gfa^. Dimerxsidps de ranseinon: riidiquéd:»> ■
iO« Expérience, •— Pas de gas (anse: de de«Aze ceaUmèlres). ..,
ii^ ExpériencM'^ -t. Gnee drconvolnUon dcdix cenliniètres .pareil cn.eonlenir
Hu peu. . . * 1 - . *'''
lâVf'^pérteJU^ev^^Dix ^enUméUres, q^i^iliUôiminii^^ ?; l ,. •
Daj»s la 13% deu;)i^i anses dilatée» par le^gaZ|.avaieQtéiié.iiéi(;S{. AJ'exaiMo
elles en contiennent m<»in8. : • i * r- : . ;. . : .
. Dans la 14% dix ciçnliaiètries. Très-peu. <de gaz. ',.,.„> r. - s
»0an3 la 18% à peine jde» (riSice^ de-gfiï;. ' ,, , ^ i-j/-: i» ;
Dans la 16% dix ce^tiniijtres ; <|ua>Hilp iaaigwlfian^p;,: . ^ »/ , .i; , a
Dalis la 17% 18% I9«}et20% mm^ npten ^ cfr pov'lj*'^; :yue: . ( I j«ij jM! ,
93;«£'a;;)erte^cd.;^ f/ii^ cerHaine:4|uanlité,dâ:ga^ /J««» rM»!^ àcr«iiglé<ldu
jcoté drojU; . . . '•; , j; .j .•; .■-..••. :. •. -f .'.■•■•»{.. /»in.; ,b
21>'> Expert^,.'-:' Disiension «a0eui$e da«s.4in^jQae:ipii) aviUr^itf^.alAiimi
travers un anneau fort étroit* : ; , ;; ,i. ;. .; ij»); . .
. â6<'£'a;peri>no^^ --«^ Dtlatatipogazeuae^ii'COtd «droite j€it<aAisii«4Wiise>âtait
arrivée au dehors, tout-^àffoitvtdaj à UwverâunoiMlvertur^forC^étuoiiAeà} .. u .
. La plupart de ees beniies^à paritir:de<lfl diKtaeipliéme» n^eauffaienli e^ moyenne
dix ceAtinaètrea. . . :< ; i ,; . ...,.,;, .; , ;,
Enfin dans.la 39^ n/me anse> de même .dii«e«isiati.esi:,.o<^inme> beaucoup c&*aur
ires, «Qmplètem^lit dépQMi!vu« de- gaz» •' :..:;-* ,<*.,...;.„ , ,
Il est donc péremptoirement prouve que les lésions de l'étrangleiâfmii quelle
que ^qii d'ailleurs I^ujt fiaturie^/rles^ravoc^uonti nulkar^enl.. Uidéjreloipptaient
des g£^sp dans Ja, cavité d^ l'aj>$e.étr|Eii>gl?e ;:et si V^nr en renmf^U^fiéHmf 4ai|a
la pratique, comuie nous en avons rencoi^tré da^.(|^f4qAle^uoa$.d.e! iipaiei&piv
rienp^îs, ils^ne, pe^y^^ptavoir fttéî c^meoé^ i iee:niyep>i|j qp^p, &'fiflhî4i|)ai><Ki<s
parliez XQisiiKS dp. Ijttb^ ^g^^Jif. Ce,p^ss#ge i\ est pl^s .^Uff rmiai^iddepNis ;<i|iiiip
no^isavQnSj.piiiftMvé ia.permjâ^bilijé 4Ui.po4icM|^,. ip^^^: d#^s,Ae9^eaji(|4« u^r
striction violente. .....;■ ; ,. .. .j. . i.i ■ ■ ,. , [;:..•<. ::; ',.i..^i.v, rijrt.i'»' .
M. Biwa (.0 aUribua. la production de.iiC<$.g^«, à, la,pîérit0|it«t'q«i Agirait
d^ns rétpanglieoient cQOimernlIe agi^ iond'auffe^icir^fiMftooe^s^c li^infAlc^^u
canal. Gpt|eof jpioa.ne pQ»*t jvjya a« sftUfQuir eftprè$eiiQ«,d*a^3ij^ritii«^a,piiè-
qédeoies, paspluf qqe pelk de A>. Angeç.(l) «jwi^voudcBii r8(t*ac^«*Pt^a;.4lî$ten-
sidn gazeuse, et par suite rétranglement^ à une •exhalailkwdAnftil'Â4tiéri6(H'rf«^lii«^
d0 l^nse « sous rinfluenee d-una exeitf tio») ou d*tti^» irritation itMéi^rt/iné^. *
• • • •■■ . « ' • j);-.;) «.' •«, f;.
(1) "Brôca. De VitrànyïeiHùnt dans lèkHtérnieB abdctminkies,* Paris, 1855,*^ jy!^. '
(2) Benj. Ângcr, De l'étranglement inteitincU. Paris, 1865, pi SSTJ ^! ; . ; 'Uu i ; .it'
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Mm 1*81^(1) qiiî:)a;l»é>«i#.{<0yl»in'Pfiinbr0»>d*AQse3 intealjiMiles tWPtileS'Dnv
maux vivants, est arrivé à des ré8^llat^aqa1agufs aux .ni^tr^a'^re^, peint inté*
re^sant :.itn*$^;ife9^i^t^^;upthceir;tatoe;quiin^îté,<^ que df^x fais» (lai^s|ses
faipéfmG09 Ufî^iW^ i. •- '.'■•. ..•'. . •••.•.,
rf. Lésiom dv mésentère. — On peut dire qa'en général, le •HAésentôre ja efi
beag^oup; maupMS ^ . êWiSmidi^ la eonstiietion.qiK. rai|S£ elle-mém^.' \
Voici ce que nous aviénl'i^RSlBlé : ^ • ;^ ; , . .
'(^£â6p{rMn(e*(i--h:UMlHrn»ém<mt«9fla^ ca«me l'anse eilef^o^ev -i
l^fiop^rteime^ ît*- A cbiràerfféefin épato8eiir;.sa teroftenlest >qu*lin'pen'^f4u^
foncée. •• -' ■• . • , .' •'>,• !- '-•> .'-j 'I
' SP.fEajiéneàeêèi r^r^tfhm^tM^mmés i|uQk(ue' Funse Je Aoil beaucoup. \
9* Expérience. — Les deux feuillets *sonl. soulevés par dear^gezi
1<^i&a)>Mefipe>-^.' Liquide rspàraei^'entire las deuil ^ fueilhcAs. Paa Jl*autres
dllér«titaM';<afa>lfai€iiii^' tas» aidî^x qui If infiltra eomihence à se aéctîofl-
aer; dleètle lésioài listeaux d«lux-bo»|s:
fti^ i^y:t^yAii^ E»péniemg99^ «^ Rien a nol€r,'de nfènils que daiis lo;plu<-
|»an-der«xpérieiiKle&«uJ9a9ileë.'c>' -'■.:■'- ■ *;:: :* '. . . .•...'':
.•?',!(•■.«>■ -^ -' .••-•' • ' • ■ ■. :! * ••■[•••|<< \ .' ;i -, ;
• .^'- 'Jr " • :i:.' "p •-■ >fo«ii»«iv;ilvi.péd{«vle^ ' '. «•.•■rj
Cette éibtle a ki'pôur nous plfeinè d^fniérêt elnoUs » orfèrt Une Snipte tadis-
son de faits curieux à analyser. ' .' - s- .>,;,
o. Diminution de volume, indépendante île téuîeùlcératî^)%:^^7^ 'Expé-
rience.'—-Aw^é Hisqtie^ ér'noiré' Ci) : Hgalure thottéréc. Après quai'affie-huit
heures, le pédicule a diminué de volume. . • r <
'^•Ëacpériehhel — le p^dlcùie est ass^z'foi'lémént lié. Après' vingt-deux bfeiites,
il est réduit dans son diamëtre:'t*ati$c étaH légèrement enflàrifiVnéè'. ' :
' {{*' SxpéHénce. '-'fjànsMtiion'' t^iset fàtieJ l>ix-huil heures après, le pédi-
cule est fort rédult^ïi'ériée êlàïl riolk'bléihenf alièrèè. '• '• '-. '
"'ïâ'^'î^x)>^JeHHe.''~'i3ui*'une aHàe^ lîéfe pendant quelques mlnùlès, un sillon
se forme et I^ViV^'^lé yeVîèn<'[)l\lsMi'brè'e^jbue s^^ lien.' ' • ■ "''
'fi'âkà' la W*; ' te W ff^'écihstrîeïîcln ti^tf pas été'hôté d*Uhtf iSaitière
précisé stt"r rwrte des'deiik'aifs'èk'qUi ô«vaiéht été ihcarcsênée^. Sur irtfe'scéoride
aiise Va ligatuVe 'ëtïiif 'fdh i^ttée. Toutes deux êlaiérït 'eMaàfimées àprt^ huit
hieluifey'éit^rs'p'Slïcailcs avaient péi'du uiié partie d'è'lenr'côlrb^e. L*rtrt d^s
(4) iMbl^'i?i«)»4^â«tee9(VnlMite Nfeaise. Bê» ié8imt,de'\lHmt^n:4ans
ln*ernkiÀ^rUi^My:fhifi!!.ii /, •:.» .,.-■ .! ..... ;./. . j,
j(9)«JJ^^s>crpyoQ^f)f{Ypjrjr£\(^elqr.Ie9. Iç^ipusqui jintére^sei|)^ \e$ anses elles-méines,
ponr foire mieux saisi^ leurs^ rapports avec les modifications de volume subies' au niveau
du pédicule. Il était égafement' important (findiqucr le^(te'gré de constriction ;' c]estée
que nous avons fa'tt.
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'W ExpétieHce-. -^JlLè'éegré d« h'.»ll|f*«tfi^^ri'ff"pWïtttW5^piès"Aé' iî^él
Après trois heures, l'anse est d*an bran-violacé, non ^b^fmf^t^é tfd>()^1à«|i^.
\7^ Expérieme: ^ Aimefatit^!lrê$^étrôH9. Aflkél^ bràHM^feif4,'ilNM^«tfBfll«tllèttfc
de volume. Après vingt-quatre heures. Pôdléol«8 rédo(iMPi <»"•?' ' '-'\> j itioV
18« .fi^i^if^^if^. '^ itnnéâwr^asseK laHgtes. Auprès dr^Hliiiiie(irar;'le|»^He^ifiies
pHè$ent«tit^db8 altérations âsses^ fffarqifé6s;:Pé4imlff de i'épflpkioHe^fqi<w\Béjrré;
Tenléro épiplocéle n*est que modérément serrée. /n-wj^.
23« Expérimce: -^(Anrieraiérgei[Apr^ aeih«nlèëeix^e«r«9iiKrorfKélifltlm-
mée. Pédicule piusftopré;(fQ'a«ipara(vnntr' M'!!)! /n ,j; - • .puni \x'\ nî
^6* Eafpérieneéy^î Iferriie>pëu»élrangléeii'ipn<dèléi) Aprèa )qfi«ràiidte'Jif9il*es,
l« pédicule est^étroitemrnt iscài^rimépLa/c»^élle épîf toi^jtle Miilctf8t;««8àimd4e.
Dans ces dernières expériences, (à^partir/ dé laiidixUêptièarUe^J 41 tfaat» tenir
oolmple^deè mqdifioétionÉiSubles' par)ilJâs-anaea«x,\Mqttl\é(àl«fft |;éilé^ajclttent
enflammés et. épaissis. Cette circonstance renéiiooniplCy^)îiifii|fi^ii|^ilil')tkeiitip
point, de la persistance de la compression du pédicule.
^T* Expérience, — Une anse comprimée énergiquément par un anneau des
parois devient plus libre dans{eetf>*«ndiV'a(r4>dit de quelques Instants, à tel
poipl «Ji^^iip xjouraqi gazçux .qui ,éiait,i;»pçi$pj}^le;,.p^^l,J?/^e^i)^^^ ^'éi\f^\f][t,f^k
celle réduction de volume du pédicule. .-..v-lni , ^rninfî i'Ufii I» j» •
Dah^. 1^,29% anse trè^^^rrée.î,graves.^li^r^^9as^apf;fp,j[^ |jçji;|[es.J>5i(||<5jj|e
réduit. ,.p.î; ^ j; ;,;.(.'i.i|, i-, ^]\\*:)i'.'}ii'ù ,<','"?■ rî
.^nflp 4ans la f;p•,,^n/a^^lc^|u ^e.rç^f^Vj^olt flueî.Jq ^R^Ç^j.l!". ^9Â8^/^ï^^^(Une
anse que roja Irp^v^ plus.libre.i8 jbeu;-es.apnès.. :. , .,, . . / )■ ;. : ;. .
: Nous reviendrons sur qe^ laits impQrtont^.lqr3ftifÇi,^€^s tirçf;pf5S[ ^c^^cpppiu-
sions générales relativemeo^au m^nisniet.d^ Vélfa/)||^jMipeiff.^^ , . j^ ,
. ii..-:-: UlciratmKÇlang^^enr^'^^, E^f^pém^ce.-.^G^j^rènej^j^xfif P9ij|jt,fjfnité
du sillon, après trojsij^urs.^t ^^(^i,.^n^'efi^t^fpi^^f^.,p}^^^ .^^
..A* Expirience.^, Gojuchi^.musjciijeii^ ^t^^^çeufjç (^jfjjPj^jes.foiqjiy ^.fe/jjpjyte-
pièçe,.sajuf,au, niyçaudft. mésentère, .açrè^.^lçpis Jo^r$|; et den^^ 'i'ÎP^"??. .^'^!*
enflamiip^e.. W^ueus^e ùlqçr^e «n pjtifiç.^rs pj^jjnts pj^;jlijjCet|luj^ji^(ç -a .frésisle.
Lft pçrsiislanflc: Jjud/egré! de. la. ç|on^trieHçn. guj ,ét?ijlj ép.cffgii^tie, djçj^^çnfjiaif ,9.i)i)ji-
remment de Tépaississement de la celluleuse.
Expéfien)ce 8. ^ SiU(Ml MaeÉ4)Polofidrui«éral)iMuiv/>dMqaMict>oMtf.iM^
libre, intéressant la séreuse et les deux couches tiAH»eu9#Mesii4ll rifitéràHr»
mëiiie aspécf: La ceiluleusb seâié e§riiônsei-Vée; 'rtIWi 'MiAtW: -^'X'Mtf^tAkre
âvftit élé.,|ppdqrQe, rçxa.rneîi avfiil été fai)l septajité-dcu>f' 1^^^^^^ aprés^^'âlhàte
était enflammée. i,,,. .„../,; ^j-on •• i ,
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42* Expér%ene^\, ^^^fm^ff mr\ ijPU^,la,pfiiflpttr.d^ la WiW^P, Un^njcéra-f
lion a entamé la séreuse el la covm:J^ de& fibr£i$ m^uteM.UÀros JpDgiUidii^ikl^s.
j;- <3*)iP^ért>fMî<i rr .Sj|J|Wiiipq|ppMfcA/l>IM«.dfl*,,a«Wii Mkéçftlio»^
(il^n 4|iff ,fes^c|(^}qiH!)la;(9liMIV#)il^* Ift^bi^ f^YAJd^ié^afrilid vingt H^m^^ l^pfiè$ U
^f(titrf^4ont-ii^4«gré. di? c^nPi^rkUon ii>$4t(Mi^ Miq^if?. U*^^ ëlaii «nflaoniséir.
U* Eacp^rtençfh'TiWWiSiiliQfi 4J>»» tl»« ltOttJ$» Sèi?e*l*e! infaule^ 4«iiiliç,gril-
jaune, tranchant sur la coloration foncftf)d^,(.ai^ei; àl'9utF0t|9M4|9éreii^ enlevée
au niveau de la convexité ; coloration kk^My§^^ A>V\nMi\Uh,\^. MilUfîu^ a
disparu, vis-à-vis de Térosion de la sfipffis^; Jo^: fibres' OliisaMlfltr^ elt^s-
mêmes ont été atteintes. j ;,... : .. . , ..1,.;
A Tautre bout, rien à lyQf^çf ^,j^,. , . . ......:,;., ,i , i i ;. . ,
Constriction non signalée. Anse enflammée après huit hçurei*
Hi^flfcpi^Kiffifie^r^^Au,^^ flp^épf m^ptsprrçe ; aas^z J^ltérée -^ipjj^s pinqif^cMrçs ;
sillon assez marqué 8U^,Ijqigér4?M^e..c|p Vqr^.de^bgulSi;. ji nqlôri^Mr,:ulcéi;9Mpn
de la u(»Mqi|^u$^;.4^pta yiûj^eiw'nfiiier /celte de Taw* ; à Tautre^boMl» >iUon
pç« mrn^èf /^^t^wlft»^ pi:4: Ift fér^uç^^ni.^.lft.m^qjaffusie, fc^ ç^lPrpUpft est
ii|iPMi^:{loii|(^e.qwq;ie^jift,^«cQrps.4fî^^i^^^^^ , .,. . . ...
du double anneau aponévrotiqueet musculaire. L'anneau primitif reç^.ajt |'e|(*
^fjpipitf .du 4fHtà^ Vap^e p«U f^ltéféCyeat. fixai^înp^4ix*huit he^ures, apria^
"lù^ Expérience. — A gauche,|>8.de.wHqn j p/Qt^e.iilcérali^Q.'SiMpetiftciQlte, à
\^ po»viç](|^Ç4 4;,](jlr<\i|ie,$ijltl^q i^a^ pnopopc^^ iilç^paiion?, ^urtaut.au niveaM»du
^gWP.ï^MMPWWî d*Ain çi^pect gris-rosé. : ,
. U^ ^onç^ux; éfai^At éAr^U^Jn^aniflïa^ian.derrARSQ ^.fiaiicbe, juu|te jl drQjte^
ft^$i)aen,4|R-MiJitîbf"rifi^Pr*#* : >
..3la«^>i?;ifï^fir^f^,rr!.Verfa ai^n: ui^^ die9:^ivB98. Sur
1'*^«*ÏWjt u3^:i?^*MP^<Pl>^fn«0^•^4>^iW^«^ i I'W «^^^ biout^, Bi^aiïiçn apr^s quatre
jpqcs,:{>i^gr4 4e AOiMtrifiUoiv.Rop îpdiqtli •
aât ^acf?4rtfnw, TTH Aupe^p laJ'g^f^.Aprè^f^pl^pt^ndaus^ hcprpsg il ewsfç qpe
p^iit^,pln#ni«iop,wp«i!Û«ieiiliîSi|r.|emlJk)»;il'WçdfiSr^^d^ =
seuls sont enflammés ; les anses n*ont pas changé d*aspect. Sillons profonds,
ulcérations entamant presque toute Tépaisseur de^ IttiMqu^s. ^ . .
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216 ArtAlOIRfifi^ifit'OfiStliy^irtWf^/
Aprèê^ soixante heures, légère ItifliimmatiWJiltttoettfué^àM^iifl^è i aûltdtttiWpê-
rienr,' la séreuse ^t <k muscûlkuse sbperfieMtesont'etfiattléèi. À^Htiéftè s^ttt i
même lésion à peu préis* Les bôfds de dés al6â^timld^(mtVMfi«^tè1«Ut<'éfps{l9^
seuPy contrairement à ce que nous avions constaté pour les autres atfék^àftMdsr
dé te'geiyris^, enpôoTre, la feinte est resiée à [ièta pfès'lièrmalé; ' '^ • -^^ '
Du eété de la moqueuse, absolument rl^Hi. ' * '* '" ' ' >• * • ••
9*^E90périttiiiêé'^ Ahoeau très^troic. Apifès quarante Métt^if, iiîRoris' avec
ulcération entamant la musculeuseeila séfetisiè. Là^lierriiê'êttiîtien'flammée.''^
QnetqUe6<<«iifS'dé8 rèsulMS que* nous vénitMië^leSt^alérson^W cbiiltr«fdict!on
a'vèc les principes peséS'piér M. Nieaièéîliiihs^ son* èxceftehte^thlfie, et basés sur
des redicrehes (eut à là fois etihiqQe<s et éitpé^fmétll^res; €èl elilrirri^reh'dft; eti
effiM>^ne<dart9 Tétranglenient herniaire, mi les membranes ^ii'aisisetil^edétrilfif^
..A
généralement 'dans l'ordre suivant, au nîteaâ de la cloiistrictioh"^'
^•''Couche superficielle de la muqueuse; ' . . •. n ; -.. . r -i
î» Fibres ciroulaires de la musculeuse ;- • ' '' •' '' ' *
3^ 'Enveloppé de la couche musciitéusev • » " ' '
40 Fibres musculaires longitudinale»; ^ t . . ;. •. ... r.
5» Couche fibreuse (celluleuse et chorion muqàéux)} ' '
6» Séreuse (I). » ......... .■•■ >. i:-» '-..-•.•
Or, riains la dixième de tios expériences; Ta ^él'euse et'ta muscufleuse sont
ulcérées ; la muqueuse est seulement érbdée, sans'siltott. • "^ ' •' '"' '
Dansia douzième, séreuse et museuleijiseenlaméies; muqueuse itltàde.
- Dans la treizième, ulcération intéressant le^ deùii tliniques sàperfidléllés (sléi-
reuse et musculeuse), sur une anse; sur l'autre, lé mi^qoeusèlseuleest respectée;
Dans' hi vingi-qu»trième, presque toute l'épaisseur (^t -entamée, é^'pèrWi* de
la sérètisé: " ' •..-•"''.'••" ••!»'')■ "-
Enfin dans la vingt-dnqtiiéme, séreuse el mufSculeoiie entamée sur'detit
anses'; absolument rien ^u côté de la muqueuse.' •' . - ^ ;• A < •
Ces expériences, prouvent en outre qu'il n'est pas toujours nécessaire (f*avo1r
affaire à une constriction bien énergique, ou qu'il se soft écoulé i un nombre
d*libures très-considérable, pour qiie l'on constate des lésiotis déjà Tort sérieuses.
Ainsi après dix-huit heures, pour une ligature serrée (t2«' expérience) ; «près
huit et vingt heures sur des anses dont le degré de constriction n'a pas été men-
tionné (tS"" el 14<> expériences); après cinq heures pour une li^^tut^e noiodéfé*-
ment serrée (i6« expérience). Dans la dik- neuvième; une ^nféro-épiploeéle était
étranglée par deux anneaux superposés,* mufscolaire et aponétroCîque. le pre-
mier, qui comprimait moins énergiquement lé^ pédicule avait déterminé deà
lésions Imssi graves que le stcolnid» dont- le dicrâiètre était très^rèdult.'. ' ^^ •
(1) Nleaise. Iroc. ctf.yp. 143: ' '
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 217
Un dernier point i mettre en évidente, c'est la possibilité de eelte forme
d'étranglement que M. Chassaignac a désignée sous le nom à'éirangkmeritpar
vive arête et qui consiste dans TappUcation d*un des segments de TaBneau con-
stricteur contre le pédicule de la hernie. En ce cas, le côté opposé permet encore
Tinlroduction d'une tige plus ou moins volumineuse, la pulpe du doigt elle-
même, de manière à laisser supposer qn*il n'y avait là aucun étranglement
réel (1) (I9« et 20» expériences).
c. Valvules intra- intestinales. ~ M. Roser, professeur à Tuniversité de
Marbourg, rattache la vraie cause de l'étrangleipent herniaire à la production
de replis valvulaires, agissant comme des soupapes, dans Tintérieur même de
Tanse, au niveau du pédicule, c On peut, dit-il, reconnaître facilement sur le
cadavre le mécanisme de celte obstruction intestinale par formation de replis
valvulaires, si Ton met d'abord l'intestin dans un état turgide, se rapprochant
de l'état d'un intestin vivant, par une injection d'eau dans une artère mésenté-
rique. Si l'on fait passer l'anse, intestinale ainsi préparée par un anneau de
l'épaisseur d'un petit doigt, après l'avoir remplie d'air ou d'eau, elle ne peut
être vidée par une compression cxerccre sur sa convexité; il se forme au con-
traire au niveau de l'anneau des plis qui proéminent dans l'intérieur du canal
intestinal, plisq^ii ressemblent en tout point à un système de soupape, isolant
d'autant plus complètement le contenu intestinal qu'on exerce^ur lui une com-
pression plus forte/ ce resserrement entrave la circulation veineuse et les mou-
vements péristalliques (2). >
Voici ce que nos expériences nous apprennent sur l'exrstence de ces valvu-
les. Plusieurs de nos observations ont été recueillies sur des anses vivantes,
par conséquent dans les meilleures conditions possibles.
7^ Expérience, — Une anse a doublé de volume par l'éiranglement ; elle
contient du liquide. Avant de l'ouvrir, je la comprime sous l'eaO : soli contenu
reste incarcéré quoique le pédicule eût acquis une certaine liberté sous la liga-
ture. S'est- il formé, en ce cas des valvules obturatrices? la chose n'est pas
impossible.
h* Expérience, — Nulle trace après trois jours d'étranglement. J'en constate
rextsience sur des portions d'intestin séparées et liées. Ici ce ne sont pas des
anses; par conséquent les conditions ne sont plus les mêmes.
9* Expérience, — N'existent pas sur deux anses séparées dont l'une est liée,
distendue par des gaz. Je dois dire que ces anses étaient un peu ramollies et se
prêtaient, par là même, moins bien à la production du phénomène, contraire-
ment à ce qui avait eu lieu dans la 7« expérience; une partie du contenu
(1) Gazette médicale de Paris, 20 et 27 février et 20 mars 4864.
(2) W. Roser. Traité de chirurgie. Traduit de Tallemand sur la cinquième édition
par les docteurs Culmann et Sengel, Parb, 4870, p. 544.
sa
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as ' MÉMOIRBS ET OBSERVATIONS.
gaz) s'échappent à travers le pédicule encore lié. La même chose a lieu dans
la troisième expérience ainsi que dons la quatrième.
Dans ta 10« expérience, une pulpe jaunAtre passe également i travers le péiii^
cale encore compris sous la ligature.
\i:Eâcpérience, — «Rien sur deux anses détachées de la masse et que je
laisse incarcérées sous une ligature pendant cinq minutes.-
i^'^ Expérience, — Font défaut à l'autopsie sur 1*anse étranglée, ainsi que
sur une anse séparée et liée. Existent sur une seconde anse après un q^arl
d'heure.
i^^ Eapérienee^ — Ligature d'une anse distendue par des gaz, la compres^
sion parvient, à affaisser le viscère; dans ce cas, il semble que les valvules
auraient retenu tes gaz, si elles avaient existé.
H* Expérience, — Epreuve analogue et plus précise encore. Résultats néga-
tifs au point de vue des valvules.
îb^Expérience. — Des anses étranglées sous le constricteur, d'une manière
assez énergique, résistent d*abord à la compression,, puis elles cèdent assez
facilement. Ouvertes, elles ne laissent rien voir qui ressemble à des valvules.
\ 6* Expérience. — Le double courant qui s'établit dans une anse liée, que
rinjection soit énergique ou légère, plaide contre l'existence d'un repli valvu-
laire. "L'ouverture de cette anse confirme mes prévisions.
27* Expérience. — J'arrive à des résultats presqu'identiqUes en expérimen-
tant sur des anses étranglées par un anneau fort étroit des parois abdominales.
Il est remarquable que les quelques expériences où des apparences de val-
vules ont été constatées ont trait à des anses ou des portions du cylindre intes-
tinal séparées de la masse des viscères; et encore, ces replis ontils plusieurs
fois manquédansces conditions. Chaque fois, au contraire, que j'ai expérimenté
sur l'intestin vivant, je suis ai^rivé à des résultais complètement négatifs, soit
anatomiques soit physiologiques.
M. Roser n'avait expérimenté que sur le cadavre.
Une considération qui tend encore à infirmer la théorie valvulaire, se puise
dans le fait anat<nno-pathologique sur lequel nous avons insisté et qui consiste
dans la réduction de volume du pédicule sous l'influence de la constriction.
Comment concevoir, en effet, la possibilité de la production de ces, valvules,
en présence de la liberté parfois considéralile de la hernie qui permet à son
contenu de circuler plus ou moins facilement par les deux bouts.
Les seules valvules qUe nous puissions admettre, jusqu'à ce que de nouveaux
faits ou de nouvelles recherches aient modifié notre opinion» ce sont celles qui
résultent de l'accollement des deux bouts de l'anse herniée et qui forment ùnè
sorte d'éperon à l^ntérieur de la cavité, La circulation des matières devient
p»r là difficile ou impossible et l'on a vu les symptômes de l'étranglement
interne et la mort être la conséquence d'une pareille disposition. M. Nicatse
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RBVUE* «I^AiYTlQUE ET G|UT)QUB; 319
emprunU à M. I^lljfP dmiuk faits de ce genr^ rà l*étp«ron esl,^mp»pé à i« «làe
valvtilve conniveiite Irès-dèveloppée, » « à mie large valvule » (1).
(Lff stiile au prochain mméro ) ,
(i) Nicaiâe. Loc. cit. p. 30.
11. REVUE ANALYTIQUE ET CHITiaUE.
Médeeltte el Cfelrungle.
Action physiologique de l'air oom-
primé sur la tension artérielle, — Les
docteur^ Drosdoff el BqUchetsc^^kazoff, ont
fait récemment quelques expériences sqr
Taction physiologique de Tair comprimé
sur la tension sanguine. Les animaux
étaient nai'cotisés par Topiurn, et dans leur
tracbée était ûxé un tube au moyei^ d\^-
quet ils respiraient à la voiopté de Topéra-
leur, soit de Tair atmosphérique^ soit de
Tair comprime au moyen de Tappareil de
Waldenburgh. l^es observateurs ont trouvé
que la tension artérielle tombait aussitôt
que les animau.x Respiraient de Tair corn-
priuu'*, et s'élevait dès que Ton faisait ar-
river de l'air à la pression ordinaire. Coïn-.
cidemment avec la chute de la tension
artérielle les oscillations de cette tension due
k l'inspiration ^t à l'expiration devinrent
beaucoup plus marquées. Elles furent en
réalité «leuxou trois lois plus élçvéeset plus
longues que dans la respiration ordinaire.
Après la seption des deux nerfs vagues, au
lieu de Taugmcntation de la tension qui se
montre dans les circonstances ordinaires,
c'est une diminution de la tension qu'on
observa lorsqu'on fit respirer à' Tanimal de
Tair comprimé. Quand le tube fut enlevé
de façon que l'animpl respirât de Pair orn "
dinairc, la tension s'éleva rapidement et
Ton vit apparaître Us courbes décrites par *
Traubc. Le nombre des batteoients cardia-
ques après la section des ^ncrfs vagues et
la respiration de Tair comprimé, n'éprouva
que p^u de changement. Les effets phy-
siologiques de l'excitation de l'extrémité
périphérique du nerf vague pendant la
respiration de l'air comprimé étaient
môme moins marqués que lorsquç l'animal
respirait de l'air ordinaire. L'irritation du
bout central du nerf sciatique pendant la
respiration île l'air comprimé n'a été ac-
compagnée d'aucun phénomène remar-
quable, i^enclant la respiration de Tair com-
primé» en saignant l'pnimal jusqu'à la
rajort, il ne survint pas de conyulsiofis.
{Journal de9 çonnamance» médicaleg,)
Pe Vb^p^tifine et de l'arthritisq^a
^é la gorge et 4e* premières voies,
par ISAMBliHT. -^ La coïncidence entre
les dermatoses dites artbriliqucs ou her-
pétiques et certaines manifestations in-
flamma^ires de |a gprge et des piremières
voies est incontestable; que les unes et les
autres soient probablement sous la dépeur
dance de là même cause, fait important iiu
point de vue thérapeutique, cela est inûni-
ment probable ; que l'on puisse par l<es ca-
ractères objectifs seuls de la lésion pha-
ryoLgo-laryngéa dire si elle est aribritique
ou herpétique, non, cela est toui à fait im-
possible ; mais que l'on puisse reconnaître
qu'elle ^t probablement ou Tun^ ou
l.'aMtrQ, oyi, cela est possible jusqu'à un
certain points Or voîici, d'après Isambert,
le^. caractères objectifs des manifestations
herpéto-arthritiquea de la gorge : rougeur
catarrbMç. du larynx^ aspeèt strié et éraillé
des cordes vocales, aspect velvétique de la
commissure inter^ary thénoîdienne ; d'autre
part; angine glanduleuse, finement vascuT
lârisée.dans les cas simples, hyperlro-
phique dans les cas compliqués, mais se
détachant sur un fond de nuance roseopa^
Une; enfin, leiS trois états de la langue sui-
vants : 1° Le pityrimia lingual caraelérisé
par une eoloratiun jaune ocreuse ou café
au luit de la face dcMrsaie de la langue, qui
présente un aspect villoux ou gazonné, qui
la fait ressembler à un gazon assez toulfu
dont les brins au raû^nt été souillée par une
eau trouble ; de plus, cette stirface est légè-
rement fendillée, principalement sur les
bords. La cbronioité «t ranasHmèse empé*
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8»
RBVtB ANALYTIQUE KT CRITIQUE.
diront d'attribuer cet état à un embarras
gastrique, à Tusage du tabac. — 3° Vee-
zéma lingual est caractcrisé~par*un aspect
gazonneux plus prononcé, plu<i touffu, une
couleur plus foncée, des houppes épîthé-
lîales plus longues ; ce n^est plus une eau
trouble et savonneuse qui a passé sur ce
gazon, mais un liquide bourbeux et épais
qui Ta imprégné d'un vrai limon. La colo-
ration peut aller jusqu'au noir ; la langue
est creusée de sillons profonds comme une
couche sablonneuse ravinée par une pluie
abondante. Tel est Teczéma lingual déerit
dans récole de M. Bazin. — S® Le p<o-
riasis lingual, dont il existe deux formes,
la forme ptate et sèche ; la langue semble
dépouillée de son épithélium, luisante et
blanche comme si elle avait été touchée
avec un crayon de nitrate d'argent ; cela
rappelle ta plaque laiteuse des fumeurs,
les plaques irisées de la syphilis ; la forme
mamelonnée ou nummulaire : ce sbnt sur le
dos de la langue de grosses saillies rouges
au sommet et d'un rose opalin sur leur cir-
conférence, tantôt isolées, tantôt formant
des plaques irrégulières ; elles rappellent
les papilles calicîformes, mais sont beau-
cmip plus grosses. La langue est encore
ici ravinée, creusée par des sillons pro-
fonds.
{U Abeille médicale,)
De rendoeardîte tàgué daat la granu-
lie. — L'endocardite aiguë a été signalée
dans la plupart des maladies virulentes ou
infectieuses, en parliculièr dans la variole,
la scarlatine et la rougeoie, dans l'intoxica-
tion paludéenne, la ûèvre puerpérale, la
diphthérie,la septicémie. M. le docteur Per-
raud (de Lyon) a eu l'oecasion de constater
également dans ta granulie et a fait sur ce
sujet de nombreuses observations, tant au
lit du malade qu'à l'amphithéâtre. Voici
les conclusions de son intéressant travail :
!• La tuberculose granuleuse aiguë doit
compter an nombre des maladies infec-
tieuses dans le cours desquelles peut se
manifester l'endocardite aiguë ;
â** Cette endocardite, le plus souvent,
n'a pas le temps d'évoluer, la granulie em-
portant les malades avant que la lésion val-
vulaire ait atteint un degré avancé. On ne
trouve le plus souvent à l'autopsie que de
petites nodosités plus ou moins pronon-
cées, déjà décrites par les auteurs dans un
certain nombre de maladies infectieuses et
bien différentes des granulations tubercu -
lenses dont on trouve quelques très-rares
exemples dans la science ;
3^ Quand la tuberculose granuleuse a
une durée suffisante, l'endocardite peut
atteindre un développement plus avancé et
gêner assez le jeu des valvules pour donner
lieu à des signes cardiaques physiques ou
fonctionnels ;
4"* Habituellement c'est la forme végé-
tante de Tendoeardite aiguë que l'on re-
marque alors, ^ous n'avons pas encore
rencontré dans ces cas l'endocardite ulcé-
reuse. Quant Ji la sclérose des valvules, si
fréquente chez Tadulte^à la suite du rhu-
matisme aigu, et dont l'évolution est plus
lente, nous ne l'avons jamais vue dans la
tuberculose granuleuse et elle doit être
très-rare dans cette affection ; c'est du
moins ce que permet de supposer la
march,c rapide de celle-ci et la rareté de
sa guérison dans les cas sui^igus et con-
fluents, c'est-à-dire précisément dans ceux
où l'endocardite survient de préférence.
' . (/6W.)
Ell^t thérapeutique! du nitrîte d*a-
myle dant l'épileptie et l'hyttéro-
épîlepiîe, par M. BOURNEVILLE. ~
M. Bourne ville fait part à la Société de
biologie de ses recherches sur Vaction phy-
siologique du nitriie d'amyle et -sur l'em-
ploi de ce médicament dans Vépilcpsie et
Vhystéro-épilepfie, De la première partie
de sa communication nous relèverons les
points suivants : Le nitrite d'amyle di-
minue le nombre des pulsations, puis les
augmente ; les oreilles, dont les vaisseaux
se dilate^it, deviennent très-chaudes; les
vaisseaux des méninges, comme ceux de la
face et dn cou, sont dilatés (Bride, Kem-
ster), ce qui incline à penser que l'action
^de cet agent est circonscrite à une région
spéciale des centres nerveux ; la tempéra-
ture tombe chez les chats de 8 ou 9 degrés
au-dessous du chiffre normal, l'abaissement
continue après la cessation du nitrite d*a-
myle et il est remplacé par une élévation
thermométrique qui dépasse de 1 ou 3 de-
grés le chiffre primitif; les chats se remet-
tent très-bien de cette diminution de la
chaleur centrale ; les urines des malades,
recueillies pendant vingt -quatre heures
après les inhalations, examinées une ving-
taine de fois à l'aide de la liqueur de Bar-
reswill et du réactif de Muller, par M. Bour-
neville et par M, P. Begnard« n'ont jamais
offert de sucre, excepté une fois : c'est la
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REtffK ATlAtYTIQUE KT CRITlQUlt.
m
an récital oppoté il eelni qa*ont obtenu
quelques observa le ors.
Nombre de médecins ont employé le ni-
trite d*amyté 'dans Vépilepsie (Crichton
Brown, S.-W. Mitcheit, Phitip, Bride, Sol-
ger, Sander, etc.). L*auteur résume leurs
travaux. Il reconnaît avec eux que le ni-
trile d^amyle arrête les accès qui ont com-
mencé ou sont annoncés par une aura, et
signale la divergence qui existe entre eux
au point de vue de rinflucnce de cet agent
sur la marche même de la maladie, les uns
prétendent qu*il diminue' ou fait dispa-
raître les accès, les autres soutenant que
leur fréquence n*est pas modifiée. Dans
Vétëi de mal épif optique, dont M. Bourne*
ville a donné la première description com-
plète le nitrite d*amyle rendrait des ser-
vices incontestables, ainsi qu*en témoi-
gnent un fait observé par lui et plusieurs
casdeCi. Browne.
Des attaques d'hy$téro^épilepsie, qui du-
rent souvent plusieurs heuri^s, sont arré*
tées par le nitrite d*amyle ; c*est là un fait
qui ressort de son administration répétée
on grand nombre de fois chez sept hysté-
riques ou épileptiques du service de
H. Charcot. LMnbalatioo donne lieu chez
les malades aux phénomènes suivants:
rougeur d*«bord vermillon, puis de plus>
ea plus violacée de la face, des lèvres, de
la bouche, de la langue, du cou, des
oreilles. Si, rinbalation étant momentané-
ment suspendue, tt survient une attaque,
la face des malades a un aspect effrayant,
la conge$tioii dépendant de Tattaque ve-
nant s'ajouter è celle qu*i produite le ni-
trite d*âmyle. Lorsque les malades repren-
nent connaissance, le visage a une pi leur
plombée. Quelques- unes ont des nausées ;
la plupart ont des modiâcations <ie ta vue:
elles voient une i neige jaune i^ des étin-
eellea, des ronds jaunes et verts, ainsi que
Pick Ta observé lui-même ; d'autres disent
que la figure ides personnes qui les entou-
rent est jaune et noire. Elles conservent
une céphalalgie différente de cella qu'elles
éprouvent ordinairement après leurs cri-
ses, etc. La marche de la maladie n'est pas
influencée. C'est donc seulement un moyen
eonire Tattaque, de même que la glace 6u
la compression ovarienne.
M. Bourne ville, en terminant, insiste sur
les do$e» Elles varient de iO à 30 gouttes,
selon les malades, qui s'y a*ccouiument
promptement, ce qui oblige à augmenter
le nombre des gouttes. Les Âi^glais, les Al<
leniands, fès Américains surtout, emploient
souvent le nitrite d'amyle contre un gr*nd
nombre de maladies (angine de poitrine,
asthme, éclampsic, etc.) ; les derniers le
mettent même à la disposition des malades,
M. Bourneville estime que ce médicament
ne doit être employé que par lé médecin
et avec prudence. {Arehh, médic. beiges,)
Du traitemeot de Tépileptie et 4e
l'èelsmptie chronique» obes les enfanitt.
— Dans un certain nombre de cas d'épi-
lepsie et d'éclampsie, le point de départ de
l'attaque ècmble résider dans une contrac-
tion vascutaire instantanée q^i se produit
de la périphérie vers le centre. Partant de
cette idée, le doe tenr Deti^me fait une in-
jection de 1 k â milligrammes d'atropine
sous les téguments. Particulièrement dans
un cas d'éclaiApsie chez un enfant de six
mois, il a obtenu une amélioration très-
notbble en injectant dans la conjonctive
une solution contenant 5 milligrammes
d'atropine pour 100 grammes d'eau.
D'après le docteur Demme, l'effet produit
dépend de Taction paralysante qu- exerce
l'atropine sur les branches terminales in-
tracardiaques du nerf vagtie et les nerfs
des vaisseaux périphériques.
{Bulf. général de thérapeutique.)
Reoherehet phytiologîquet et théra-
peutiques sur la picrotoxîne. Applioa-
tioDt au traitement de répîleptie ; par
PLANAT. — La piçrotoxine est le prin-
cipe actif de la coqne du Levant ; elle pa-
rait avoir plutôt les propriétés d'un acide
que d*une base, et pouvoir former des pi-
crotoxates, de quinine par exemple. C'est n-
un poison convulsivant, les convulsions
sont toniques, cataleptiformes. La picro-
toxine est sans action sur les cellules céré-
brales idéomotrices ; elle agit sur le cer-
velet, le bulbe, la moelle, en les excitant;
mats à l'exagération ou déviation fonction-
nelle succède la paralysie par dépense ex-
cessive d'influx nerveux. La conséquence
la plus remarquable de l'action sur le bulbe
est, pendant la convulsion, l'arrêt plus ou
moins complet du cœur entre les convul-
sions, son ralentissement, raffaiblissemeht
de ses pulsations, la stase du sang dans les
capillaires. Cette stase du sang dans les
capillaires, l'auteur la rattache à l'excita-
tion des origines du pneu mo- gastrique par
l'intermédiaire du nerf de Cyon, nerf cen-
tripète, dont Paetion se traduit par une
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aaâ
REVDE ANALYTIQUE ET CBITIQUE.
detesîe vaseiil9Âr9 péFîphépîque, La.picr^rr
toxifue» un ÎDiportanl au patntdc vue phy-
siptogiquc» est sans action sur Tappareil
lymphatÂcpiCy sur le grand sympa («bique,
ta plcfoioj^ino n^Qgit pas sur le$ mpllus-
qnes (escargoi, limace), empoisonne k-s
annelés (éorevisse); elle est denc comme
un réactif du système nerveux prouvant
que le système nerveux des mollusques est
r;«pah»gue du grand sympathique, le sys-
tème ganglionnaire des annelés pouvant
étTo assimila au niyéleneépMe des verté-
brés.
Le nodus épileptieus est dans le bulbe ;
la eause immédiate de Tépilepsie parait
être une suspension partielle ou totale de
Taetioo bulbaire, la> chute en est la cônsé^
quenee. La période tonique qui arrive im-
médiatement correspond déjà à une réap*
parition de ia- circulation, A priori il était
permis d^iaduîre de Taelion balbaire phy-
siologique de la picrotoxine h la possibilité
d*une action modiiieatrka heureuse de.
l!éiat moléculaire épiteptogène du bulbe.
L^expérieiice a confirmé les prévisions.
L^autcur oomroenee par deux gouttes
malinettsoir, dans uxieeuilierée d'eau, delà
teinture alcoolique préparée comme il suit:
Coque de bonne qualité pulvérisée ^00 gr.
Alcpol recliûé . . 1,000 -
Faire mariner pendant trois semaines,
en agitant le mélange de temps à autre;
filtrer.'
Augmenter de deux gouttes par jour
jusqu'à concurrence de trente gouttes, .
Or, M. Planât a obtenu drs succès, re-
marquables dans répilepsie non trop chro-
nique, réelampSie puerpérale et infantile,
la contractura (^es extrémités, la chorée et
une de Ses variétés, le spasme diaplirag-
matique.
Dans les observations rapportées par
fauteur, Ton n'observe pas de phéno-*
H^ncs physiologiques altrifouables à Tae^
tion de la picrotoxine, et riappelaiit ce qui
arrive lorsqu'on traite une affection con-
vulsive, la chorée par exemple, par la stry-
chnine^ suivant la méthode 4<k Trousseau.
L*on ne peut donc invoquer la théorie de
répuisemeni nerveux pour expliquer Ta^
mélioration ou la guérison do Tépilepsie
par la pierotoxihc. 11 faudrait donc ad*
mettre plutôt une simple action modifiea-
trice locale. Tout au moins est-ce là notre
manière de voir, Taotcur ne s'étant pas
suffisamment expliqué sur ce point.
{Lyon médical,)
ÉlMidM 'f«rlie UaîteèaMAl.du d««l(éte
0uoré, par MM. les docteurs Éaicv HAHT-*
NACK. BALFOUa, KUSSMAUL, r^ Ges
trois études, presque .contemporaines» nous
ont paru intéressantes & réunir et à cpm-
parer. Sans vouloir, ea. effet, nous pro-
noncer tout d'abord sur la valeur des opi*
nions émises par leurs auteurs, nous peu -
sons qu'il es^ toujourst utile de faire con-
nûtre les tenlatives thérapeutiques se.
rieuses entreprises dans le but, sinon de
guérir, au moÎQs d'améliorer une maladie
dont jusqu'ici nous ne coanaissons pas le
traitement positif.
Si fes divers agents mis jusqu'à ee jour
en. usage pour conibaUro . le diabète sucré
ont tous, dans certains cas« donné des.
succès, cela tient, à ce que cette affection
n'en est pas une. L'étude pathologique du
diabète sucré laisse coeore beaucoup à dé-
sirer, et il est évident que la séparatioQ des
di#érentQs formes -de la ronladie devra être
plus complète .quand on voudra indiquer
une thérofjeulique régulière. A ce point de
vue, les travaux que nous aUens sonfiimai-r
rement passer en revue soat unr véffitable
progrèsw -
Erioh Hartnaok croit avoir déivontrë que
^ In quantité de suore eonteou dans l'urine
d'un diabéli^iue est direoteaient propor-
tionnelle aux hydrocarbures ingérés. ; Ce
premier point bien établi tendrait à enn-
firmer la théorie qui veut que le^ diabète
dépende d'un arrêt dans les transformu-
tions des hydrocarbures.
Cette première proposition une fois ad-
mise, rien ne lui parait plus rationnel, qne
le traitement qu'il met en usage ; à
l'exemple de Schultae, Il administre la gly-
cérine. Mais ce dernier auteur pensait que
la glycérine setransforoiait rapidement en
sucre 'dans l'organisme et empêchait ainsi
une quantité considerable.de matières amy-
lacées d'être éliminées à Tétat de^uere»
Hartnack n'admet pas cette interpréta p
tion* Voici son traitement :Jldonqe 100 gr.
do glycérine sous forme de limonade, et»
dans ces : conditions, il n'.a jamais vu se
produire d'accideuts. Ik.est facile^ diaprés
lui^ de c6mpre&dre l'action de ce médioa"
ment : il faut parer à deux vices de nutri-
tion qui constituent le plus grand danger
do la maladie: A** k la perte de matériaux
d'oxydation ; ^ à la perte d'eau. La gly-
cérine qui s'oxyde dpns l'organisme rem-
plit la première indication ; la seconde' ré-
clame surtout l'abstinenee d'aliments amy-
laeés. Hartnack hésite d'autant moins à-
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RBVUe ANALYTIQUE fiT CRITIQUE.
^K
«uppriner les hyidrocarbures qoo, fM>iir le
dialbétlqiK» Ils ne sont plus uh aliment.
La |;tyicérine, elle» jeue cbe« le diabétique
le Me écs siibslance» amylacées chez
rhomme sain : entre autres avantages, elle
possède celui de diminuer le désir des ma-
tiiVree amylacées, si grand cboz lui^
Ces deux parties du traHement sont »b-
soèisment indispensables. Supposons, «n
eff^, qu« rën'fMrescrive au diabétique Iq
éiàte animale sans lui administrer la gly-
cérine^ 4a quantité de sucre excrété di-
mi»ae iMtabienient^ il eat vrai, ainsi que
ccile d^ l*uWne, mais on ne supplée pas
aux peintes produites par la cçmbustivn.;
la faiblesse persiste et le malade succombe
à une consomption progressive. Ce' n-eat
quiaprès Tadministratiob de la ^glycérine
que la santé se rétablit, en même temps
que l'embonpoint renaît.
Donne ton, au contniire, la glycériàe
sans supprimer Falimeuiation amylacée?
La quantité d-arine reste la même et .par
conséquent répuisemenl continue à faire
des progrès*.
Kuasinafil, comme Harnack, a traité des
diabétiques par la glycérine, mais il n'a
pas obtenu les mêmes résiAtais favorables j
cepcttdaaft il avait pris la précaution d'aa-
socler la glycérine à la dic|6 azotée. Il
pense que >la viande seule a die meilleurs
effets Y|ue lorsqu'eUe est alliée 4k la glyeé-
-rine.
li a dé plus employé les ibjectioiis de
dlastase dans le tissu ceihila«re sous cutané
et dans les veines.' Ge trailemeiit lui a
donné les résultats suivants: i!<t 10 à
30 centigrammes de diastase dissoute dans
IVaro, infectés à plusieurs «repriecsdans ilc
tissu cellulaire d'iun rdiabétique, n'e4ir«nt
aucun effet sur la quantMé ide «kutrc rendre
par le «malade; â** iO centigrammies de
diaâtasc injectés dans les grosses veines di-
minvièrenl les pertes 'en sacre. {Deuttafi
Arcftiv, fur KHmsche Medwin, juin et
juillet 4 87>i.)
Bélfaur a traite des diabétiques par di-
vers moyens. Chez les diabétiques gras, il
associe la diète azotée avec le koumys et
tin^ forte dofio diacide laètiquc. flTapporte
sept -ces 'graves traités pat ceUte. métbefle
et dans lesquels il<aiobtenu de véritables
sweoèav tantamélioitationoonaiAéràblc que
goérîMin au «moins aainnefitanée. Chez les
diaiïéliques avec oonsom^tion; ce traite-
ment ne vaut- rien^, et, dans ces derniers
cas, il ne i;^rait j)as éloigné d'employer
Tacide phcniqqe. {L'Abeille médicale:]
• Obt^iration d'aj^oiile ^MÉétPëus^ g»ué«-
rie par de» inlialatitttti da «hfdï^ôfâiniie ;
par M. le doetenr de RIDD^R (de Waére^
ghem). -— Julie R..., non marfiée, às^4e
38 ans, d^une Ibrte constitution,' d*un
tempérament mixte ncrr^so^sanguin, abori-
danrtnent réglée, à tel point que Kécoule-
ment menstruel simule une vi^ritable méiror-
rhagfe, se trouva, à la suite d*un rbftmé,
dans Tiin possibilité de parler h haute voix.
Apres avoir patienté pendant trois semai^
nés, elle vint me cons^tlter aussujet-dc Cfe
malaise et me raconta qu'elle avait dëfà
épuisé toute la série des moyens vulgaires
usités en pareil <^s : tels que boissons
émoUientes, cataplasmes émollieiits,'etc.
Uft examen convenable de la poitrine,
de la gorge et du cou ne me fit déconvi*fr
aucnn^symptotne de pbtbisie pulmonalt'e
ou laryngée, nulle trace d'inflanimatiota
ou de rougeur <dans Tarrière-boucbe, au-
cune douleur au niveau «dn larynx. Pas de
cachexie syphilitique, pas de gonâemerri,
pas de tumeur. Âu^ reste, la déglutition et
la respiration s'exécutaient sans diifficàtté
et elle jouissait de toute la plénitude de
ses facuhés intelleclueltesv
Comme l'aphonie avàitéfé précédée 4e
toux, je m'arrêtai à 'l'idée qa'elte pouvait
être le résultat d'un peu d'irritation, qui
avait persisté au niveau des ëordei v^iaJes
et j'ordonnai sans succès >âesfr»cfi&sns avec
l'huile de croton tiglium à la région laryngée.
Je l'avais déjà traitée plusieurs fois,
pour dés attaques d'hystérie et^it-mevint
alors à l'esprit de recourir à un autre e«-
dre'de niditicamen4s, pendant que raphonie
était nerveuse et qu'elle pounsiit frès'^biéti
être mie^ manifestation de'la névrosée la-
quelle Julie R. étiait sujette. Je Ifri donnai,
sans succès, des piiukâ d*'jsii'<fa$ti4a, puis
ufté mixture narcotroo^ntis|)«smodiqiie.
Je me rappelai alors un cas d'aphonie
nerveuse k» la suHe d'un saisissement nù
les inhalations de chloroforme poussées
jusqu'à la syncope avaient rendu de-grânâs.
services. Mais, je favooe, j'avais peur
d'adtfiînfstner'ainsi lechlorofonne, pour «m
pareil cas. Je confiai donc k ma malade,
un petit flbcon de ce liquide et je ' lui en
fis respîret les vapèîurs, pendaétiine à deiix
minutées, toutes 'les heures, de manière à
ne pas produire l'anesthésie, niais .neute-
ment jusqu'à déterminer un peu de ver-
tige • ou d'élfourdissement.. Au bout de S
jours, Taphonie cédant peu à peu, avait
complètement disparu.
Cinq mois après, Julie revint avec Ja
même aflectiou, >et réclama de nouveau un
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%u
RBVUE ANALYTIQUE RT CRITIQUE.
peu de ohloroforme, qu*eile employa de la
fuéine façon que la première fois et le mal
céda rapidement sous Tinfluence de la
même médication .
Un an après cette guérison, la même
aphonie accompagnée d*un lioquet spas*
modique et de vomissements glaireux in-
cessants^ se montra à la suite d*une forte
attaque d'hystérie et d'un écoulement
menstruel plus abondant que de coutume.
Julie avait encore en sa possession le fla-
con de chloroforme. Elle s*en servit a mon
insu comme les autres fois. Pendant IK
jours» elle en respira les vapeurs sans suc-
cès. Je lui prescrivis alors dii chlproforme
récent, et la disparition de Taphonie ne se
fit pas attendre. Le hoquet et les vomisse-
ments glaireux cédèrent à T usage des per-
les d^éther, et contre récoulement mens-
truel trop abondant je donnai avec succès
une seule goutte de teinture d*iode dans
une potion gommeuse, à prendre tous les
. jours pendant la durée des règles.
Tel est le fait que j*ai rhonueur de por-
ter à la connaissance de mes confrères. Je
n*ai pas la prétention de leur offrir du
neuf^ ni de m'approprier une expérience
que d*autres ont déjà tentée avant moi. Je
suis heureux seulement de pouvoir insister
sur une manière de se servir du chloro-
forme qui est exempte de danger.
(Revue de thérap, médicochirurg,)
comme traitement curatif, Tapplioation de
ia glace à rextérietir(Béhier, Rey, de Bor-
deaux) est surtout conseillée par M. Triaire.
(BtUl, général de thérapeuttque.)
Du traitement préventif de la fièvre
puerpérale — Sous ce titre, le docteur
Triaire expose un certain nombre d^idées
surTétat puerpéral et les phénomènes phy-
siologiques qui accompaj^nent ot suivent
raccouchemeht. Si quelques-unes des con-
clusions pratiquer» auxquelle il arrive sont
acceptables, il en est d^autres au contraire
qui sont dangereuses M. Triaire pense
que raccouchement est beaueoup moins
dangereux chez les femmes de la campa -
gne que chez les citadines, parce que Tuté-
rus, chez les premières, revient facilement
et rapidement sur lui-même après raccou-
chement. Il faut donc obtenir la rétraction
rapide de Tutérus; pour cela, Tauteur
propose un moyen qu'il croit nouveau,
mais qui se rapproche beaucoup de celui
connu ioas le nom d'expreaion utérine; il
insiste sur Tutllité du seigle ergoté admi-
nistré après raccouchement (1). Enfin,
(1) Ce moyen a été employé,^ il y a nombre
d*ann6e8, par M. le professear Van fîuevel, à la
maternité de BroxHIiw et mis en pratique comme
ruades éléments du traitement rationnel dans un
Du lavement froid ; ton aotion phyeio-
lo^que et ton enpioi thérapeutique dan»
la fièvre typhoïde. —M. le docteur Foltz
vient de faire paraître dans Lyon médical
une étude intéressante sur le lavement
froid. Il montre que des lavements froids
à 8 degrés à Tétat physiologique font abais-
ser et le pouls et la température ; la quan-
tité d*eau à administrer doit être de 1 litre
pour un adulte, d'un demi-litre pour un
jeune sujet et d*un quart de litre pour un
enfant. Quant à la température dt^ lave-
ment, M. Foltz a remarqué que le laVement
de 10 à âO degrés fait baisser le pouls de
6 pulsations, que de 30 à 50 degrés il se
ralentit de 5 pulsations ; enfin de 50 à 58
degrés il peut encore ralentir la circulation
de 1 ou 3 pulsations. Voici d'ailleurs les
conclusions de M. Foltz : l"" Lo^ lavement
froid a une action physiologique locale et
générale ; — â« L'action locale consiste en
une ^ensatioh de fraîcheur suivie de con-
traction intestinale; ^ 5» L'action générale
produit le ralentissement du pouls, la dimi-
nution de la température animale et la séda-
tion du système nerveux. Elle apaise la
soif, stimule l'appétit et augmente les sécré-
tions. -— 4® Cette aetion rafraîchissante,
sédative et tonique, reste la même, qiiant à
sa nature, pour tout lavement dont la tem-
pérature est au-dessous de 58 degrés ; mais
elle est d'autant plus intense et durable,
qu'il est plus froid et plus abondant on re-
nouvelé; ^ S<* Les indications thérapeuti-
ques du lavement froid sont extrêmement
nombreuses. : il convient par son action lo-
cale dans les maladies de l'abdomen et par
son action générale dans les maladies
fébriles. A ce double titre, il est indiqué et
il réussit, comme remède principal, dans
la fièvre typhoïde. (ibid,)
Traitement de la tranepiratioa pro-
fote par la belladone. —Suivant les erre-
. ments du docteur Ringer et du^ docleur
AUan, le docteur Butler (de Glasgow) em-
ploie depuis plusieurs mois la belladone
contre les transpiratioAs profuses, princi-
palement eontro celles qui épuisent si
nombre considérable de cas. par H. le professeur
van den Corput, dans ses cliniques de Phépital
Saint-Pierre de la même ville.
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REVUE ANALYTIQUE fiT CRITIQUE.
ââs
erueltement les phthisiqnes. Il la éwmt le
soir en pilules de 5 milligrammes, baas
plus de la moitié des cas la transpiration
avait cédé après trois ou quatre pilules,
d'autres fols Tefifet n'était sensible (Qu'après
liuit ou dix jours ; dans un tiers des cas;
Teffel fut nul et le médicament dut être
abandonné. LVflet a été le plus souvent
durable et les transpirations ne reparais-
saient pas ioRBcpi'on cessait remploi de lo
belladone ; quelquefois il fallait^ y revenir
au bout de quelques jours. La plupart des
malades réclamaient eux-mêmes leur pi*
Iule, (lisant en obtenir un grand soulage-
ment. ' {/Md.)
I>e la suralealîtation du «ang et des
urinet sont riofluenoe de- la ohauz et de
la magnéteîe, parCAULET. — Si les eaux
calciques sont dissolvantes et lithontripti-'
ques, ce n*est pas que la chaux comme ta
magnésie puissent prendre une part directe
h la réaction alcaline produite ; c'est la
soude qui toujours alcalinise l'urine. Ncu-
baner a d'ailleurs établi que la chaux et la
magnésie ingérées ne passaient pas dans
Purine ; M. Gaulet arrive mémo à établir
qu'elles ne peuvent être absorbées. Com«
ment augmentent -elles donc raloaiinisation
du sang? Indireetemcnt, en provoquant les
sécrétions aeides de l'estomac. Les nrines
deviennent alors alcalines comme dans les
cas ou la sécrétion aride de restomac est
excessive : affeetions organiques de ce vis-
cère, vomiflaernent dironique, certaines
dyspepsies, scrofule, affections vem»i-
neuses, maladies cérébrales, accès de co-
lique hépatique, néphrétîqtie, etc.
L'byperalcalisation indirecte por lama*
gnéaie et la chaux, étant subordonnée à
l'intégrité de la fonction- stomacale, sera
contre-indiquée lorsque l'estonaac aura
perdii la foculté de sécréter on aelde (gas-
trite- chronique parenchymatctise). VùU
cassation par les terres est moins prompte,
mais plus durable que ralcalisation carbo-
nato-sodique directe; elle parait «urtout
avoir sur cette dernière Tavantago de dé-
terminer un mouvement de rénovation
moléculaire, de désintégration moIéonlaTre
beaucoup plus énergique, par suite, pro-
bablement, de l'état naissant des molécules
alcalines* de soude formées» L'on a alors
les effets de la médication par les alcalis
caustiques riiqueur^le potasse, solution de
Brandish, solution d'ammomaq«e« Aihsi
est expliquée la sufériorité des alcalis ter-
reux contre la goutte, la gravelle. Il semble
enûn que la magnééie et la chaux proviO*
quent une véritable spoticitloo minérale de
l'organisme, de soude par les reins, d'a>«
etdes par la muqueuse intestinale.
(Lyon médicêU.)
De la forme bémoptolque des mala-
die» du oœur ou de l'hémoptysie oar-
dtaqwie, par 6. SÉE. ^-Quelquefois une
affection cardiaque peut ne pas se mani-
fester autrement, et sur tel malade soumis
h votre examen vous croyez reconnaître
des tubercnles pulmonaires, c^est une affec-
tion cardiaque que vous découvrez. Osé
bémoptyéles cardiaques peuvent être dé-
terminées par une stase du sang dans les
vaisseaux de la petite circulation, suivie
d'un accroissement de la tension veineuse
et d'une rupture des capillaires. Une opi-
nfon opposée a été soutenue^ surtout dans
ces derniers temps, ainsi par M. Duguet ;
elle consiste à rattacher rhëmoptysie car-
diaque h des embolies, dont l'origine serait
le ventricule droit et surtout l'oreillette
droite, dans lesquels se formeraient des
dépôts fibrineux. L'élément altération de
la paroi vasculaire a aussi une grande im-
portance. L'augmentation de la tension
dans l'artère pulmonaire peut encore avoir
un rôle ici (Corvisart, Porgét), ^t M. Sée
rappelle ii ce sujet un passage de la thèse
du docteur Barthélémy qui remarque que
l'hémoptysie cardiaque est fréquente sur-
tout dans le rétrécissement mitrsl com-
pliqué d'hypertrophie du ventricule droit.
L'on sait que ce sont les lésions mitrales,
très-rarétnent la lésion aortique^ qui se
compliquent d'hémoptysie.
M. Sée suppose une lésion cardiaque
fruste, latente, sans signes stéthoscopi-
quès ; à quels caractères reconnaître alors
une hémoptysie cardiaque ? D'abord, dans
la majorité des cas, il y a une cause occa-
sionnelle palpable ; effort violent, fatigue,
exercice musculaire plus ou moins pro-
longé, excès alcooliques, variation brusque
de température, grossesse. L'hémoptysie
est en général peu abondante, et le plus
ordinairement \t sang est rouge foncé,
quelquefois noirâtre ; Texpectoration peut
devenir pneumoniqoe, surfont si un peu de
pneumonie se produit aatour de rinfarc'-
tus ; elle a quelquefois une odeur d'ail, de
sirop antiscorbutique (Guéneau de Mussy).
L'hémoptysie cànliaque est csscnlieMcmcnt
continue (Grisolle). Enfin les crachats 3imt
29
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236
RBVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
souvent épais, peu aérés, visqueux, adhé-
rents au vase.
Si rhémoptysîe peut être cardiaque sans
^que rcxameo du cœur ne révèle rien, en
dehors de i*liémoptysie par tuberculisation
pulmonaire, il y a encore à penser a Thé-
moptysie supplémentaire des règles, à une
hématémèse hystérique. {Ibid.)
snilopbénate. de quinine dans les cas de
pneumonie auppurée. {JMd.)
Traitement de U dipbthéne par l'a-
oide oxalique et par le •ulfophéiiate de
quinine, par les docteurs NasToas PROTA-
GlURLEO.et FRANCESCO. -^ Le docteur
Noé Cinni de Montefolcino, a proposé,
dans le n<* 34 de Vlndipendente, contre
Tangine diphtbéritique, des badigeonnages
au pinceau avec Tacide oxalique dissous
dans de Teau* distillée ; c*est ce médica-
ment que AIM. Prota-Giurleo et Francesco
ont essayé et qu*ils viennent recommander
à* leur tour en lui adjoignant l'administra-*
tioo du sulfophénatc de quinine à rinté-
rieur. Voici en résumé leur manière de
procéder dans les cas d'angine diphtbéri-
tique :
i° S'abstenir de toute cautérisation,
toujours beaucoup plus dangereuse qu'u-
tile.
2° Dès le début de la maladie, garga-
rismes fréquents et badigeonnages des par-
ties malades avec une solution d'acide oxa-
lique. M. Francesco se sert de la formule
suivante:
Acide oxalique 1 partie.
EaudisUllée 20 —
M. Prota-Giurleo préfère dissoudre Fa-
cide dans de la glycérine :
Acide oxalique 15 parties.
Glycérine 100. —
A la température ordinaire Tacide n'agit
pas sur la glycérine et ne donne pas lieu à
la formation d'acide formique, etc.^ comme
on. aurait pu le craipdre. "
5° En même temps que l'on emploie ces
moyens externes, il convient de donner à
l'intérieur le sulfophénate de quinine à la
dose de 5 à âO centigrammes en prise,
quatre fois par jour.
ii° Nourriture tonique, bouillon, vin gé-
néreux.
5<> Aération bien ordonuiée do la chambre
des malades, et autres mesures hygiéni-
ques réclamées par toute maladie infec-
tieuse.
Le docteur Francesco termine en van-
tant les bons effets de l'usage interne du
De» aoiclea tnlfareux et aiitfiiriqoe
dana le traitement 4e Ja dipkthdrie. -—
Le journal TfieHamilton êpecitUar, del'Au-
stralie méridionale, préconise contre cette
affection la limonade aulfurique dans le
but de détruire les microorganismes qu'il
suppose élre les agents principaux de la
maladie, il wffîrait de quatre gouttes d'a-
cide sulfurique étendu dans les trois
quarts d'une bouteille d'eau pour détruire
le parasite et déterminer très-rapidement
la chute des fausses membranes.
Ce moyen est si simple qu'il est en train
de faire le tour des journaux de médecine ;
nous devons donc l'enregistrer, tout en
partageant cependant les doutes de PoUi,
qui pense qu^ si faibles doses l'acide sul-
furique doit être tout à fait impuissant, et
qu'à doses suffisantes comme parasiticide
il deviendrait dangereux au moins pour les
dents.
L'acide sulfureux parait pins heureuse-»
ment choisi. Le docteur de Sabbata le pré-
conise comme prophylactique, à l'effet de
purifier les chambres, les maisons et les
localitéii imprégnées du contage diphthé-
rique. Il fait remarquer qiic partout où l'on
constate des émanations sulfureuses on
peut constater aussi une immunité marquée
à la diphthérie (fabriques d'allumettes, sul-
fates, etc.). En faisant brûler du soufre
dans la chambre contaminée, après ^n avoir
fermé soigneusement les issues, non-seule-
ment on désinfecte tous les objets qu'elle
contient^ mais encore on provoque sur lo
revêtement calcaire- des murs une couche
de sulfite de chaux qui est elle-même,, pen-
dant un certain temps, une source perma-
nente de désinfection.
. Les émanations sulfureuses répandues à
doses modérées dans la chambre des ma-
lades pourraient aussi contribuer à la gué-
riaon conjoiutement avec les attouche-
ments phéniqués ou créosotes, les boissons
toniques et les autres moyens qui sont de
mise dans le traitement curatil de la diph-
thérie. (/6iU)
Du traitement de la ooqueluelie« —
Le docieur Ortille, de Lille, adresse sur
cette maladie, à VÀbeiUe médicale, les ré-
flexions auivantes :
L'étiologie et le traitement de la coque-
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
2:27
loebe viennent de liire un grand pas,
grâce à la découverle du docteur Letréricb.
Le microooceus végétal qui, selon notre
savant confrère, est la cause première de
ra£fection, peut être atteint directement
par des inhalations anti-sepliques. Le r61e
des anti-spasmodiques de toute nature,
que depuis des siècles les hommes de Tart
ont opposés à Télément nerveux qu'ils
voyaient dominer dans cette affection, et
qui, le plus souvent, ne réussissent qu*à la
longue, est éclairé d*«tn jour nouveau et
leur action incertaine s*explique par ce
fait, qu'ils s'attaquaient à Texcitation ner-
veuse, aux effets produits par le champi^
gnon parasite, et Qu'ils étaient sans action
sur la cause première de la maladie. Or:
Sublata cama^ tollilur effeetus.
Le champignon (mioroeoccus) qui s-in«
filtre dans les muqueuses des voies aé-
riennes, et dont la présence détermine la
production de globules plasmatiques et
consécutivement de bactéries, est la cause
première de ces quintes ; efforts répétés de
la nature pour sfe débarrasser du parasite,
qui, du reste, se reproduit très-rapidement.
C'est donc directement par des inhala-
tions qu'il faut chercher à attaquer la cause
première du mal. C'est à ce genre de mé-
dication que l'expérience avait conduit bon
nombre de nos devanciers, et dont la pra-
tique vulgaire qui consiste à conduire les
enfants dans les salles.de dépuration du
gaz d'éclairage y respirer la benzine qui se
développe pendant la distillation de la
houille, s'est conservée parce qu'elle anie*
nait réellement du soulagement là où nos
médications, s'attaquant à l'effet, n'avaient
encore rien obtenu.
l'emploie de préférence l'acide phé-
jiique, et c'est pendant la quinte, au mo-
ment où l'inspiration sifflante, qui suit les
inspirations répétées, se produit, que je
fats approcher de la bouche de mes petits
malades le flacon à large: tubulure que je
conseille à mes clients.
L'inspiration est alors très-énergique, et
les vapeurs sont portées profondément
dans l'arbre aérien. C'est également pen-
dant quelques minutes, après Texpulsion
des mucosités, qui suit en général la toux
spasmodique, que je fais maîn tenir le
flacon dans le courant de la colonne d'air
aspiré. Les voies sont alors débarrassées du
DMictts qui tapisse les muqueuses bronchi-
ques, et les inhalations peuvent atteindre
le champignon, cause première de l'affec-
tion • •
•Pendant la Quif, je fais placer dans la
chambre une assiette remplie de pétrole,
de benzine ou d'acide phénique.
Tout en attaquant la eau^e première de
la maladie, je ne néglige pas, les antispas-
modiques comme calmant l'éréthisme du
système nerveux. J'ai recours: soit à
l'hyoscyaminc, soit à la belladone, dont Je.
varie les doses suivant l'Age de mes petits
malades.
Les promenades en plein air, nourri-
ture fortifiante^ café après les repas pour
remédier aux vombse mente, tous moyens
que l'expérience nous avait indiqués depuis
longtemps.
J'emploie également la poudre d'ipéca
pour amener et faciliter, par des vomisse-
ments et la sécrétion bronchique abondante
qui suit en général son administration,
l'expulsion des mucosités ; et alors, immé-
diatement après les vomissement^ je fais
aspirer de l'acide pbéniqoé.
fin résumé, je cherche à satisfaire aux
trois indioations qui, selon moi, sont à rem-
plir dans le traitement de la coqueluche
non compliquée.
l" Attaquer directement la cause du mal
par des inhalations.
^ Combattre l'excitation nerveuse de
l'appareil respiratoire par des anti-
spasmodiques, en tête desquels^ se placent
les solanées vireuses, belladone, jus-
quiame, etc.
' 5*^ Soutenir les forces du malade par un
régime tonique approprie à son âge et le
mettre dans les meilleures conditions hy-
giéniques possibles.
Presque toujours, par ces moyens, j'a-
brège considérableinelit la durée de l'affec-
tion, qui ne dépasse pas trois ou quatre
sept^naffes et se passe le plus souvent
sans eomplieations.
{Arehwe$ médicales bdge»,)
Traitement de diverses affaetîon» ga«-
triquet au moyen de la pompe stoma-
oale, par le docteur Paul SCHLIEP. — Ce
mode de traitement, préconisé surtout en
Allemagne contre la dilatation de l'estomac,
a été efliployé par l'auteur dans 74 cas de
maladies de l'estomac, savoir :
i^ Pour iine indication momentanée
(intoxication) dans . .. ''2 cas.
â*" Pour le catarrhe simple de
l'estomac i5 »
3*^ Pour le calarr. compliqué :
. A. de chlorose . . . . 4 »
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228
R£VOï iJNALYTlQlIE BT URITIQOB.
B. de mauK de netveux . 5 cas.
C. d^affeetions pulmonaires '4 »
D. d^ictère ..... 2 p
E. de néoplasmes d'autres
organes ...... 2 •
40 Pour l'ulcère de FestoBiae. 40 »
5° Puurladilatat.de Tcstooiae. 14 »
6" Pour le careinome de f es-
tomac 6 eas.
L'emploi de Ja pompe stomacale dans
les empoisonnements est ancien et fort
usité en Angleterre, où les autres traite-
ments sont pour ainsi dire inconni». Outre
les â cas cités plus haut, Fauteur y soumit
deux autres malades à Thôpital allemand
de Londres.
L.e6 catarrhes anciens de Testomae sont
assez fréquents et difficiles à guérir ; tou's
les eas de cette catégorie traités par Tau*
teur duraient depuis longtemps et avaient
déjà été traites par bien des médications.
1^ nombre d'applications de la pompe con*
tre cette maladie est généralement peu
considérable : sur âlS cas^ i\ fui en moyenne
de 9; mais souvent il suffit de 2 ou 5 ap-
plications. Les malades s'accoutument
facilemeni à Tintroduction de la sonde. 11
importe de toujours leur parler de la pre-
mière application tout en promettant au
malade qu'^u bo4it de 3, il éprouvera déjà
une amélioration.
Dans les catarrhes compliqués d'autres
affections) les 17 cas réclamèrent en
moyenne 10,12 applications chacun, c'est-
à-dire un peu plus que les catarrhes^ sim-
ples de l'estomac. Les résultats furent irès^
heureux, niénre avec une complication
aussi défavorable que la phtkisie.
L'ulcère do Teslomac ci Tectasifi qui en
dépend sont des cas dans lesquels oe mode
de Iraitement a beaucoup réussi' en Alle-
magne ; bien que généralement les-uloères
récents constiiuent unnoU me tangere^ la
nature devant faire les frais de la guérison,
il en est où les vomissements sont si vio-
lents et si danc^reox que la pompe ne
peut diminuer le danger. TrMS des eas de
PauVeur appartenaient à cette rubrique et
eurent de très- bons résultats de ce traite-
mi*nt.
Quant à l'ulcère chronique, tosquMl est
cicatrisé ou que du moins les ^symptômes
violents sont passés^ rien de plus rationnel
que de débarrasser l'estomac de son con-
tenu ; réaction généralement acide. La
pompe fut employée en uMiyenne 14 fols
chez les malades do cette série.
Knssmaul a écrit en 1869 un travail si
remarquable snr remploi de la pompe sto-
macale dans la dilatation de i'eslomac, qu«
l'auteur ne pourrait que répéter ce qui s'y
trouve consigné. II a trouvé qu'une désin-
fection quelconque d'un contenu déjà
décomposé ne sert de rien, mais qtfc si
l'on veut guérir à fond une dilatation, on
doit commencer de bonne heure à vider
l'estomac régulièrement, à fond et jour-
nellement ; car si la paroi musculaire peut
reprendre sa contractiltté et sr Tatrophie
et la dégénérescence des glandes de Pes«
tomac n'ont pas encore pris trop de déve-
loppement, au bout d'un temps peu consi-
dérable, la décomposition du .contenu
cessera et la chimie de la digestion stoma-
cale se produira de nouveau ^dans ses
limites normales. Si ce résultat n*a pas
lieu, tout en reconnaissant l'Ineurabilité
du mal, on continuera l'usage de la pompe
ou son indication symptomatiqfie, qui lui
rendra son mal plus supportable. Sur 14
cas de dilatations, dont h furent guéris et
9 améliorés, l'application de la pompe fut
en moyenne de âl fois; plusieurs malades
en achetèrent une et en continuèrent eux-
mêmes l'usage*
Dans le cancer de Testomac^ on doit
être content d'une amélioration. Le nom-
bre des applications varie suivant Tancien-
neté du mal. £n remettant au malade le
soin de déterminer ta fréquence des appli- •
cations de la pompe, l'auteur vit la plu-
part en désirer une par jour.
r^s 74 cas traités exigèrent en tout 9S9
applications de la pompe stomacale. -
Quant à rexéeution de cette opération,
il faut avertir -les malades de trois points :
le premier d'être attentifs 0 inspirer de
l'air pendant toute l'opération ; le second
de ne pas mordre la sonde ; le troisiènie
de tenir la tête d*abord renversée pour
faciliter Tintroduetio^n de la sonde qui,
^ sans cela, va se buttera la paroi posté-
rieure de l'œsophage, puis* plus tard au
commandement de la pencher en avant,
afin de faire disparaître la saillie do la ù°
et de la 4» vertèbres cervicales : on éprouve
aussi an cardia une légère résistance. En
général, l'auteur s'est bien trouvé, quand
Il arrivait à une place difficile; de laisser
les malades diriger la sonde, dont on peut
alors faciliter l» pénétration en y versant
avec précaution de l'eau tiède : si les
malades sont déjà exercés,, ils peavent
faciliter la chose par un mouvement do
déglutition. Le cas le plus difficile qui
puisse se présenter est celui d'une dilata -
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RIVOB ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
229
lion de rœsbpthage prëeédant une strietore
considérable du cardia.
Quaud la soade esl en place, Tauteur
coQifQence par iojeoier une certaine quan-
lité d*eaQ, et quand le malade se met à
vomir^ ou annonce qu'il sent son estomac '
rempli^ il commence à pomper avec pré-
caution. La température de l'eau dgit être
au début de 50» R., et peut être élevée
d'après le désir des malades auxquels Teau
froide produit du mal de cœur et de la
douleur. Afin de se rendre immédiatement
compte de tout obstacle à Taspiration du
liquide, il place entre la sonde et sa mon-
ture, un tuyau en caoutchouc, dont les
parois se rapprochent dès que la sonde ne
fonctionne plus.
Il préfère beaucoup les sondes à plu-
sieurs ouvertures à ceUes qui n'en ont
qu'une, celles-ci exposant au danger d'en-
lever un fragment de muqueuse. Q«jant
aux bémurrhagies, il n'en a jamais vu que
de minimes, dues sott à la nature 'de
la maladie, soit à de violents efforts de
vomissement, soit à l'emploi de solutions
alcalines : la coloration rougeâtre du liquide
évacué, bien que rare, n'est qu'un phéno-
mène sans gravité» (^and la pompe ne
ramène plus rien, on fait bien de refouler
encore le piston contre l'estomac pour ne
pas risquer d'aspirer de la muqueuse^
puis on retire un peu la sonde^ on essaie
de nouveau d'aspirer, et ainsi de suite,
afin de vider complétc'ment l'estomac.
Quand on pense avoir terminé, on fait
bien d'injecter un peu d'eau, puis de l'aK-
pirer^ afin de voir si elle revient en même
quantité parfaitement limpide. En y injec-
tant jusqu'à ce que le malade accuse le
sentiment d'un estomac plein, on peut
apprécier le volume de l'estomac, expé-
rience a ne pas négliger, pour continuer
ou corriger le diagnostic. Pour bien éva«
cuer les mucosités qui adhèrent aux parois
stomacales, l'auteur fait faire à ses malades
quelques eilorts de vomissement <poorvu
que rien ne le contre -indiquât), puis aspire
aussitôt; dans bien des cas on doit, au
contraire, éviter avec le plus grand soin
les voniissements, La sonde doit être reti*
rée avec précaution. .
Le contenu de l'estomac doit être soi-
gneusement examiné en le remuant plu-
sieurs fois avec une baguette ; celle ci
retirée de la mnoosité, on examine la réac-
tion avce du papier de tournesol, et on
soumet quelque peu à l'examen mterosco-
pique. Quelque Intérêt qu'il y ait à déter-
miner la proportion de pepsine, la chimie
ne donne pas encore de méthode rapide et
pratique qui permette au médecin de le
faire. On examine la réaction du contenu
de l'estomac et l'on soumet quelques gouttes
à l'examen microscopique. Au point de vue
clinique, on pourrait peut -êlre distinguer
les formes suivantes do ce contenu :
1® contenu clair et moquenx, peu abon-
dant, à réaction neutre : cette for^ se
trouve dans le catarrhe chronique -simple;
2* contenu coloré par la bile, ordinaire-
ment peu abondant,, réaction neutre : se
trouve dans l'inflammation catarrhale do
la muqueuse stomacale et duodénale, ainsi
que dans l'ictère ; 3<^ contenu composé
d'aliments non digérés et de mucosités,
ordinairement peu abondant et neutre,
parfois faiblement acide, ce qui est plus
normal. L'auteur et son confrère Nieden
y ont trouvé, à Londres, de longs filaments
terminés en pointés ; il a fini par recon-
naître des petits poils de froment tels que
l'on en trouve à Textrémité de chaque
grain, ce qui n'est nullement indifférent,
puisque ces particules contenues dans le
pain anglais peuvent s'implanter dans la
muqueuse, qui, en effet, sécrète une mu-
cosité plus épaisse sur les points où ces
petite^ lancettes sont implantées ; i^ con-
tenu à fermentation acide, composé essen-
tiellement de matières ingérées et le plus
souvent assez abondant ; il se trouve dans
des états inflammatoires récents et dans
l'ulcère de l'estomac. Pronostic ordinaire-
ment favorable, .parce qu'en enlevant le
contenu on ôte la principale cause d'irrita-
tion et l'on procure immédiatement un
effet agréable au malade ; 5* la pompe agit,
encore davantage lorsque le contenu est
riche en champignons ; il a alors une réac-
tion acide, sa quantité est souvent éton-
nante et même énorme malgré qu'on le
soutire journellement avec la pompe. Par
le moyen de eelle-ci, on parvient générale»
ment à améliorer la dilatation qui existe,
et. les diempignons disparaissent égale-
ment. Peu ou point d'utilité des désinfec-
tants ; 6* le ^contenu putride se montre gé-
néralement sous la forme du marc de café
lorsqu'il y a une forte dilatation, spéciale-
ment dans fa stegnose cancéreuse du
pylore, et contient toutes sortes de parties
organiques en décomposition. Quantité en
générai très-considérable, réaction acide ;
> quantité anormale de gaz, existant dans
les ciatarrlies, toujours accompagné de
symptômes nerveux marqués d'hypéres*
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230
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
thésie de divers organes, d*inquiétude,
d^angoisse. Ce gaz peut être de l'air avalé,
ou se former dans Testomac dans des con-
ditions cliniques anormales de remploi de
la sonde ; il a d'excellents résultats, bien
qu*il s'accompagne d'éructations violentes '
et souvent d*un œsophagisme marqué.
L*auteur préfère la pompe au siphon
préconisé par F«iergensen, bien que celui-
ci paisse rendre de bons services ; et parmi
les diverses pompes, il préfère celle de
Kussmaul à l'instrument primitif fabriqué
en Angleterre, ainsi qu'un petit modèle
fabriqué dès lors dans le même pays.
Les médicaments que Tauteur a intro-
duits looalement par cette méthode de trai-
tement pour les extraire ensuite avec^la
pompe sont i i^ \e bicarbonate de soude ^
deux cuillerées à bouche pour une cuvette
pleine d*eau, sert à neutraliser par son
emploi répété jusqu'à cet effet, quand la
réaction est très-acide ; â<> V hypermanga-
naie de potasse ; on prend de 2 à 4 oniies
(60 à 120 grammes) d'une solution an 4/100
pQur une cuvette d*eau ; trés-ntije lors de
la décomposition anormale du contenu de.
Testom^e; 3° Y acide carbonique (ou phé--
nique) à la dose de 4 à 5 onces (50 à 4 50
grammes) d'une solution au 1/40 pour une
cuvette d'eau ; recommandable lors .de la
formation de champignons, il requiert
pourtant d'être employé avec précantion,
car tous les malades ne supportent pas
l'acide pbénique ; en tout cas, on ne peut
le laisser longtemps en contact avec les
parois de l'estomac, puisque sans cela il y
a résorption avec vertige et sentiment do
défaillance; 4*» le chlorure d'aluminium
dissous, préparation désinfectante anglaise
connue dans le commerce sous le nom de
cMorahim, qui est bien supportée et n'exige
pas les mêmes pécautions que l'^oide phé-
nique; 5 onces pour une cuvette; effet
astringent ; 5^ V acide borique ^ k la dose de
5 à 6 onces (480 à 560 grammes d'une
solution au l/:24 pour une cuvette, a un
effet désinfectant et n'irrite nullement;
6*» la teinture de myrrhe, de l/S à 1 once
(15 à 30 gramme*)) pour une cuvette^ indi-
quée lorsqn'il y a une forte formation de
mucosités.
Pour les prescriptions diététiques, l'au-
teur S'en est tenu à celles qui sont en
usage dans les diverses affections de l'es-
tomac, suivant en général les indications
individuelles de l'appétit des malades, sauf
à s'opposer aux aliments qui ne conviennent
pas. Dans les eas où des indications spé-
ciales étaient nécessaires, il- les donnait
très-exaetement et par écrit, spécifiant le
moment, la quantité et la qualité des repas,
sui^'ant le principe : souvent, mars chaque
fois peu et nutritif, mais non irritant et
réparti eu fragments très petits.
Le contrôle du traitement nécessite des
pesées régulières.
L'auteur fait suivre son travail de Tbis-
toire assez dëiaiUée des 7i cas qui lui ont
servi de base, travail dans lequel on trouve
nécessairement des répétitions, mais qui
n'en constituent pas moins une base sé-
rieuse et nécessaire du moment qu'il s*agit
d'un mode de traitement peu connu.
(L'Abeille médicale.) -
Aotîon dttohloral «ttr laJmaqaeiMede
l'eftomAo. — A prèpos d'un cas de téta-
nos spontané qui s'est terminé par la mort
malgré l'administration du cbioral è haute
dose^ le docteur Laude montre les déisor-
dres que détermine le cbloral sur la ma-
queiise de Teslomac.
c De l'observation préeédenie, dit
M. Laude, il résulte que ce n^est pas sans
danger que l'on^peut administrer ainsi -de
hautes doses de chloral. L'examen de Tes*
tomac du sujet démontre que le chloral
exerce sur la muqueuse de cet organe une
action caustique, vésioante, amenant des '
lésions étendues et pouvant constituer une
complication de la plus haute gravité. Je
me demande, non sans quelque anxiété,
dans quel état doit se trouver la muqueuse
gastrique des sujets qui ont absorbé jus-
qu'à 200 et 500 grammes de chloraL II est
vrai que mon malade nn a pris prés de
^7 grammes en trent-deux heures, isats il
ne faut pas oublier que le médicament lui a
toujours été administré dans un état de très*
grande dilution, puisque chaque emUerée de
potion était donnée dans une grande tasse de
tisane. Quant aux 5 grammes du début,' ce
n'est pas une dose insolite, puisque cer-
tains chirurgiens italiens en ont donné, à
nn quart d'heure d'intervalle^ deux doses
de 5 grammes chacune dans le but de pro-
duire l'anesthésie chirurgicale.
c Le chloral exerce donc une action topi-
que incontestable sur la muqueuse de Ves-
tomac. Quelle est la cause prochaine de
cette action, comment variet-elle avec la
dose, le degré de concentration, la dorée
d'absorption de cette substance? Autant de
questions de pathologie expérimentale à
ré.«oiidre. Et elles seront bientôt résolues :
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REYOË ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
2Si
je crois pouvoir aononcer à nos lecteurs
que M. le docteur Oréaeotreprissur ce sujet
une longue série d*expérieoees et que sous
peu nous pourrons leur faire connaître les
résultats intéressants de ^es nouveaux
travaux.! (BtUL général de titérap.)
Du nhrate d« soud» contre l« d;p«»éii>
terie, par CASPARI. -- G-est surtout Ra-
dexuajcber qui' a préconisée te salpêtre de
Chili dans le traitement de la dy.«senterie.
Radcmaehcr insistait sur la nécessité thé*
rapeutique de disting'Uer deux formes de
dyssenterie. Tune ex affectixtne inteslini te-
nnis dans laquelle les prodromes sont plus
longs, les selles boueuses, féculentes, grisâ-
tres, plus ou moins colorées par la hile, le
ténesmc est peu considérable; dans cette
forme, que Ton peut appeler diarrhée dys-
sentérique,, le nitrate de soude ne doit être
donné qu*à la dose de 6 à 8 grammes dans
une émulston buileuser Au contraire, dans
la dyssenterie rectale, ^x affectione inles"
tint crassivei recti, le nitrate de soude peut
être porté à la dose de â5 i 30 grammes.
Radt* mâcher est ailé jusqu*ii 60 grammes.
Si l'élément inflammatoire est trop pro-
noncée la dose doit être abaissée ; Taction
du nitrate de soude consisterait à faire
diminuer rapidement les douleurs abdomi-
nales et le nombre des garde- robes «
La potion doit être donnée chaude ; les
breuvages froids sont contraires à lu dys-
senterie. ' {Lyon médical.)
Sivnple note sur on ou :deaz points
éoiftîneininent pratique» de l'opération de
Uk herQie;. par M. RIGAUD. — Laissant
de côté les nombreux et très «minutieux
pi'éceptes que Ton a donnés sur la marche
a suivre pour. mettre a découvert un vis-»
^ cère liernié, une seule indication opéra*
toirc doit être formulée, dit AI. Rigaud, un
seul but doit être proposé, c'est d'arriver
sûrement sur Torgane déplacé saus Tatta-
quer, sans le blesser en aucune manière.
Voici le procéaé que M. Rigaud emploie
dans sa pratique journalière : 1^ pour
pénétrer sûrement dans le sac; 2" pour
reconnaitre rintestin.:
Après.avoir divisé un certain nombre de
couches^ et aussitôt.que Ton juge que Ton
ne doii plus procéder avec la. mémo con-
fiance et en toute sécurité, il faut déposer
la pince ; le doigt indicateur et le pouce de
la main gauche devront dé^rmais en tenir
lîeu« Avec ces deux doigts bien essuyés,
bien séchés et au besoin recouverts d'une
mince couche d'une poudre tout à fait
sèche, on essaie, en frottant sur la surface
découverte et en exécutant le mouvement
de rapprocher les deux doigts l'un de
Tautre, de faire un léger pli à la lame
' membraneuse que Ton touche ; on y réus-
sit à peu près toujours; si ce n'est du pre-
mier coup, ce sera à la seconde ou à la
troisième fois. Si alors on sent au-dessous
de ce petit pli et 'des doigts une tumeur
globuleuse, sur laquelle il sera toujours
possible de faire glisser le p*tit pli que
Ton a formé^ il ne faut pas hésiter, on est
en dehors de la cavité du sac ; on fait une
ouverture sur un point de ce pll^ tout
contre, et en quelque sorte entre la pulpe
des deux doigts, soit avec des ciseaux
mousses, sbit avec un bistouri mousse
aussi et dirigé presque à plat sur la petite
surface que Ton veut attaquer, et Ton y
glisse la sonde cannelée, sur laquelle le
bistouri pourra largement diviser le minre
tissu ; on recommence ainsi« aussi souvent
que Ton peut réussir à le faire, et l'on ne
doit s'arrêter que lorsque, après avoir
formé une dernière fois le petit pli dont il
est question, l'on ne sent plus au-dessous
des doigts le globe intestinal, et qu'au lieu
de lui ou reconnaît une sorte de vide, une
sorte de gouttière formée paria lame même
que Ton a pincée, et qui, cette fois, est
continuée par la paroi intestinale. Il faut
alors examiner avec une attention minu-
tieuse les parties sur lesquelles on est
arrivé^ voir si le réseau vasculaire arborisé
dénote la présence de Tintestin, rechercher
celui ci avec le plus grand soin au dessous
ou au milieu des autres parties qui peuvent
se rencontrer avec lui dans la masse her-
niaire, reconnaître s*il existe ou non des
Hdhérences«
il faut ensuite aller à la recherche de
l'anneau à travers lequel les parties se sont
échappées, et, si Ton en seqt distinctement ^
le contour, y glis.ser avec précaution, soit
un stylet boulonné, soit le bout d*une
sonde cannelée h cul-de>sac, soit immédia-
tement le bouton du bistouri de Cooper,
et débridei^.
Ceci fait, il faut revenir encore une fois
à la tumeur viscérale, et essayer de nou-
veau de faire le pli de la membrane que
Ton a sous les doigts ; si l'on peut te for-
mer facilement et le faire glisser sur la
tumeur globuleuse sous-jacente, c'est que
le débridcment de Tanneau en dehors du
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U2
R£VU£ ANALYTIQUE ET CRlTIi^Ol.
sac a produit un rçlàebcment qui permet
de reproduire le pli ; on divise alors cette
nouvelle couche qui peut n'être pas la
dernière, et Ton parvient enfin dans la
poche péritonçale. Celle-ci sera fendue
jusqu'à son collet ^ue Ton divisera, sans
quoi, pour peu que la hernie ne soit pas
récente, on ne réussit pas souvent à réduire
rintestin et moins encore Pépiploon. Le
sac devra toujours être retenu en dehors
pendant la réduction des viscères.
Au reste, M. ftigaud ne prétend pas
s*atlrihuer le mérite de la priorité de cette
pratique epératoire, déjà conseillée par
JLedran et Lawrence.
Lorsqu'on est arrivé, avec tentes les
précautions indiquées^ sur oe que Ton
croit être la masse viscérale et Tintestin, il
faut encore redoubler d'attention' et de
circonspection. Si l'aspect lisse et luisant
de la surface viscérale, si l'injection arbo-
risée ouiasuffusion sanguine sous séreuse
de rintestin font défaut, on peut encore
reconnaître Tanse intestinale à cette cir-
constance que,, si l'on a touché involon-*-
tairement, ou si l'on a intentionnellement
excorié/ par un léger grattage avec l'extré*
mité du bistouri mousse ou avec le mors
de la pince, la lame séreuse infiniment
mince qui eulre dans la te&ture de fin*
testin, de cette écorcbure presque imper-
ceptible il suinte une nappe de sang d*une
ai)ondance relativement considérable, qui
a 'sa source dans la couche musculaire
propre de l'organe. Cette suffusion san-
guine est d'ailleurs sans danger et ne
contrc-indique nullement la réduction.
(Archives médicales belges.)
des moi£ rebelles à tous les traitements
internes ou externes. Ordinairement,
l'amélioration commence h paraître au bout
de huit jours de la médication.
Il est rarement nécessaire d*employer
coneurremment avec Tean de chaux des
moyens externes, ils ne sont indiqués que
dans les cas où la sécrétion est très-irrir
tante, et alors le docteur Caspari recom-
mande de poudrer les parties avee le car-
bonale de magnésie.. Aux gens pauvres, il
conseille simplement de^yer une ou deux
fois par jour les surfaces malades avec une
légère décoction de cendre de bois»
(Bulletin général de Ikirap,)
Du UMtement 4* l'eozéma chez les
enfants. •— Le docteur Caspari, médecin
aux eaux minérales de Meinberg, préco-
nise l'eau de chaux contre leczéma de la
télé et l'impétigo de la face chez les eufents.
Il prétend avoir retiré de celle médica-
tion, qu'il prescrit à l'intérieur, les plus
grands avantages. La dose du médicament
varie de iliO à 500 grammes et est en
rapport avec Tâge de Tenfant. Chez ceux
qui sont plus âgés, et surtout dans les cas
où la. confluence du mal provoque delà
douleur et de l'agitation, Teau de chaux
doit être administrée soit mélangée au lait,
soit pure, niaj$ en solution convenable-
ment étendue. Le docteur Caspari vante
surtout ce m«yen dans les cas d'eczéma
chronique, qui s'étaient montrés pendant
Paradoxes médicaux, par A. LOR-
RAIN. — A. Rapports intimes de la fththi'
sic avec VinfarUUisme et le féminisfjw.
Exemple : un vieillard de soixante-huit
ans, porteur d*une fistule a l'anus et pré-
sentant des signes de tuberculose aux deux
sommets. Quoiqu'il ait été très-robuste,
néanmoins il a toujours offt^rt les earac-
tères du féminisme, ayant toujours paru
avoir dix ans de moins que son âge, fort
peu de barbo, bras et jambes glabres ; il a
encore* la peau d'un jeune homme ou d*une
femme, cheveux fins, d'un blond châtain.
Quoique la tuberculose né paraisse renon-
ter qu'à quelques mois, et que la fistule à
l'anus soit récente, M. Lorrain ne le consi-
dère pas moins comme un phtbisiqoe in
potentiu depuis sa naissance, en attendant
qu'il le fût in actu. Les phthisiques peu-
vent tout aussi bien que les antres devenir
centenaires ; ï infantilisme ^ le féminisme
(finesse des cheveux, de la peau, longueur
des eils, délicatesse des formes, graeilitë
des membres, effacement des masses mus-
culaires au milieu du tissu eeilulaire)
caractérisent la phthisieen puissanef» Les
phthisiques en puissance sont les derniers
atteints par la décrépitude, la vieillesse
leur anive plus tard. Le Français phthi-
sique voit la mort prochaine, l'Attglais
phthisique se dirige, non désespéré, vers
l'hôpital spécial où il sera tra^é pour con-
somption; c'est ce dernier qui est plus
près de la vérité. M. Lorrain ne doute pas
que le phthisique, même avec un dévelop-
pement manifeste de tubereules, ne puisse
guérir; il doute eqcore moins que le
phthisique en puissance oe puisse atteindre
un âge avancé, si une hygiène mauvaise,
des fatigues, des imprudences ne font pas
éckler la manifestation tubereuleose*
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
253
B. Il y a aussi des rhumatisants in
potentid; les caractérisent : un poil roux,
une peau facilement sudorale^ une sueur
odorante.
C. Sécrétion urinaire et hydropisie. Cha-
cun doit rendre quotidiennement une
quantité d*urinc représentant la normale
de la santé. Si ce poids d*urine augmente,
Ton maigrit d*autant ; si ce poids diminue,
Ton devient hydropique; et si devenu
faydropiqtie, un diurétique fait remonter
le chiffre des urines au-dessus du chiffre
normal, le poids du corps diminue juste
de l'excédant. Tel est le résumé de nom-
breuses pesées faftes par Tauleur. Le diu-
rétique, la digitale, par exemple, va donc,
pour ainsi dire, puiser directement les
liquides épanches dans les tissus. Le
symptôme hydropisie indique toujours une
diminution de la quantité des urines. La
réciproque n*est pas aussi vraie ; ainsi dans
les maladies aiguës. (Lyon médical,)
Chimie médicale et pharinaeeatlqae.
Sur le do»age des matières grasses
dans le lait; par M. £. L. «CLEAVER. —
L'auteur conclut de ses expériences : 1° Té-
the'r froid ne dissout pas entièrement la
matière grasse du lait desséché ; â° Télhcr.
bouillant n'enlève pas non plus toute la
matière grasse du lait desséché en masse ;
S** pour obtenir un épuisement complet, il
faut réduire le résidu sec en une poudre
fine et le faire bouillir à trois ou quatre
reprises avec du nouvel éther, filtrer le
liquide et Tévaporer en évitant soigneuse-
mi^nt de le faire entrer en ébuUition. 10 gr.
de lait suffisent pour le dosage de la ma-
tière grasse: Tépuisement du résidu sec
finement pulvérisé par Téther bouillant
donne 0,5 à I p. 1Ô0 de plus de beurre
que lés autres méthodes.
(Joum» de pharm.^ et de chimie.)
lafluenoe de l'air comprimé sur les
fermenUtions ; par M. BERT. — L*auteur
a étudié les effets de l'air comprimé sur
les fermentations. Suivant la pression à
laquelle on remploie, il ralentit ou arrête
la putréfaction et les oxydations qui Rac-
compagnent. M. Bert cite les deux expé-
riences suivantes à Tappui de cette propo •
sitjon.
Un morceau <}e muscle (95 grammes)
est soumis, du 29 juillet au 3 août, à une
tension d*oxygène correspondant à 25 at-
mosphères d'air; au bout de ce temps, il
ne présente aucune odeur, et il n*a con-
consommé que 580 centimètres cubes
d*oxygènc. Un morceau semblable, sus-
pendu au sommet d'une cloche pleine d*dir
à la pression normale, répand une odeur
infecte et est couvert de moisissures ; il a
consommé tout Toxygcnc de la cloche.
c'est-à-dire 1,185 centimètres cubes. En
portant la pression plus haut, les oxyda-
tions s'arrêtent complètement.
La viande ainsi soumise à Tair comprimé
garde son aspect, sa fermeté, sa structure
bistologiquc ; la couleur seule est devenue
d'un jaune ambré. On a pu manger des
côtelettes de mouton conservées ainsi de-
puis un mois.
M. Bert conclut de ces faits que l'oxy-
gène, sous une tension suffisante, tue les.
vibrions capables d'engendrer la putréfac-
tion, sans faire perdre à la viande sa pu-
trescibilité.
Les altérations des œufs, de Turine, du
lait, du vin, du pain mouillé, de l'amidon
cuit, des fraises, des cerises, etc., sont ar-
rêtées par l'air comprimé. Ces substances
restent parfaitement saines. La viande et
les œufs prennent une réaction nettement
acide qui parait due à l'acide lactique.
La salive, le suc pancréatique, la dias-
tase végétale,' la pepsine, la myrosiuc,
l'émulsine, le ferment inversif de la levure
de bière continuent à agir pendant la com-
pression. Au sortir de l'air comprimé, qbs
substances ont conservé tout leur pouvoir.
Bien mieux, si Ton ferme alors les flacons
qui les contiennent, elles y restent sans
s*allérer pendant un «temps illimité. Évi-
demment l'air comprimé tue les moisis-
sures et protège ainsi le ferment soluble. •
• (fbid,)
Sur l'état de la oantharidine dans les
insectes Vivants par M. BEGUIN. M. Bé-
guin ayant remarque que les dissolvants
agissent d'une manière bien différente sur
la cantharidine et les cantharidates, s'est
demandé si le principe actif dans ces
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â54
REVUE ANALYTIQOE ET CRITIQUE.
idsectes, se trouvait h Tétat de liberté ou
au moins -en partie è Tétat de cantbaridate.
Après avoir mouillé uniformément
300 grammes de cantharides grossièrement
pulvérisées avec 10 grammes d*acide acé-
tique étendu d*un peu d'éther, le mélange
a été introduit dans Pappareil à déplace-
ment et traité pair Téther.- M; Béguin a
recueilli de celte manière 1.30 de cantha-
ridihe impure, qui, purifiée s*est réduite h.
i.â5. Le rendement de cette opération était
donc d'environ i5.55 par 1,000 d*inscctes,
c'est-à-dire supérieur au rendement ordi-
naire des canibarides.
Si la canlharidine existait dans les in-
sectes à rétat de cantharidate, il est évi-
dent, qu^en traitant les coléoptères par le
chloroforme, la cautharidine libre serait
seule dissoute; on obtiendrait ensuite la
portion supposée à Tétat de cantbaridate
par remploi de Téther et de Tacide acé-
tique comme il a été 'dit ci-dessus;- mais
M. Béguin n*a jamais pu obtenir le prin-
cipe actif aprAs le traitement par le chloro-
forme. La cantharidine ne serait donc pas
à rétat de canthandate comme on Ta déjà
avancé.
On peut donc employer indifféremment
pour Pobtention de la cantharidine soit le
chloroforme, soit Téther acétique.
{Gazette médicale de Bordeaux.)
Sur rarîoîne ; par M. DavÎD HOWARD.
— M. Hesse, dans ses études sur les alco-
loîdes des quinquinas, a mis en doute Texis-
tence de Taricine comme alcaloïdedélini.
L'écorce étudiée par Pelletier, Manzini,
Wihkler,a été très-abondante dans le com-
merce, mais les importateurs, n*en trou-
vant plus le placement depuis longtemps,
ont cessé dé l'apporter en Europe, aussi
a-t-il été impossible à M. D. Howard de
s'en procurer sur la place de Londres. Mais
une certaine quantité d'écorcedu Cinchona
pelleterana (Wedd) avait été conservée dans
> la collection de son oncle^M. J.E.Howard;
il en a extrait une quantité d'alcaloïde suffi-
sante pour s'assurer que Taricine est bien
une espèce chimique distincte. Il a reconnu
que cet alcaloïde isolé est altérable à Pair
■ et solubledans Téther ; ses solutions salines
ne sont pas précipitables par le tartrate de
soude et de potasse. i.'iod hydrate est assez
soluble dans Peau, mais il n'est pas cris-
talli^able dans ce liquide, pas plus que dans
l'alcool. Le sulfocyanure est peu soluble
dan» Peau. La solution de sulfate saturée h
chaud devient gélatinoïde par refroidis-
sement, conformément à ce qu'a«dit Pelle-
tier. La solution de Paricinedans Palcoolà
90 p J 00 a un pouvoir rotatoire de 63 ' pour
le rayon jaune.
L'eau à I05T. (40, K C.) dissont i, 65
p. 100 de son poids de chlorure double de
platine et d'aricine ; ce sel laisse à Pinciné-
ration 13*>,d8 de platine p. 400. Une autre
expérience a donné 13,93 p. 100. Ces
chiffres sont bien différents de celui de
16 gr. 31 indiqué par M.*Manzini pour le
chlorure double de platine et de cinchova-
tine. (Journal de depharm . et de chimie,)
Régianîne; par M. PHIPSON. — En
épuisant par la benzine le brou vert et
récemment détaché des noix du Juglans
regia, M. Phipson a obtenu la régianine.cn
cristaux octaédriqucs et en prismes accolés
à la façon des barbes de plumes. La régia-
nine donne avec l'ammoniaque et les alcalis
fixes des combinaisons d'un rouge pourpre,
dont l'acide chlorhydriqûe sépare une
poudre amorphe, noire, qui a reçu le nom
d'acide régianique. (Ibid.)
Sur l'acide va&îllique ; par M. F. TIE-
MANN. — Il y a quelque temps MM. Tie-
mann et Haarmann ont montré que la
coniférine^ principe cristallisable existant
dans le cambium de* diverses conifères,
peut sous l'influence de certains agents,
notamment de Pémulsine, se dédoubler en
glucose et en un composé C"H'*0*. qui
oxydé donne de l'aldéhyde et de la vanil-
line C"H'0*, c'est à-dire un composé
identîqde au givre de vanille. D*après ces
recherches, la vanilline est Péther mono-,
méthylique de PàMéhyde prolocatcchiriue ,
quant au produit qui lui donne naissance
par oxydation, c'est Péther étbylmétby-
lique du même aldéhyde.
En sa qualité de composé aldéhydique,
fa vanilline est un corps altérable M. Tie-
mann a cherché à fixer Sur elle O* pour
la transformer en Tacidc correspondant,
mais il n'a pu réussir : ou la vanilline reste
inattaquce^ ou sa molécule est détruite. Il
est arrivé à un meilleur résultat en par-
tant de la conilérine.
Cette substance étant, comme tous les
gluco.sides, dédoublée par les acides. Il est
indispensable de Poxyder en liqueur alca-
line ou neutre : l'auteur emploie le per-
manganate de potasse. A une solution un
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REVUE ANALYTIQUE ET CEITIQUE.
235
peu chaude d'une partie de coniférine dans
30. ou 40 parties d*eau, il ajoute 2 à 3 par-
ties de permanganate dissous dans 30 fois
son poids d'eau, lise précipite imnaédiate-
ment du scsquioxyde de manganèse hy-
draté. La liqueur séparée par filtraiion et
expression du précipité, puis évaporée au
cinquiémedu volume initial, est additionnée
d'acide solfurique jusqu'à ré^iction acide
, marquée, puis maifitenuc quelque temps à
la température de 70** environ. Après
refroidissement, on agite la liqueur avec
de réther qui enlève à Tcau Tacide produit
par Toxydation ; on obtient ce dernier sous
forme de cristaux lamellaires presque inco-
lores par simple évaporation dn véhicule.
L'acide vanillique est soluble dans l'al-
cool et réther, peu soljuble dans l'eau
froide. L'eau chaude le dissout facilement
et le laisse cristalliser par le refroidisse -
mefit. Il possède une faible odeur de
vanille qui se développe quand on le
chauffe, les cristaux fondent à 211-212\
Sa composition est représentée parla for-
mule C*®H'0' ; il diffère donc bien de la
vanilline par 0*.
Yanillme. Ac. vauillique.
C'est d'ailleurs ce que montrent bien
les dédotibleroents .fu'il éprouve sous l'in-
fluence de divers agents.
Chauffé en vase clos vers 160® avec de
l'acide cblorhylrique, il donne du ehlo-
rure de méthy^le et de Tacide protocaté-
chique. La potasse fondante le détruit
également en donnant de l'acide protocaté-
chique. It constitue l'acide mélhylprotoca-
técbique ûe même que la vanilline est
l'aldéhyde méthylprotocatéchique.
C"H«0», C^H^CC^H^O'^C^^H'O»,
Acide Ac. vauillique.
protoca técbique.
C"H«0% C"H^C*H»)0'=C»WO«.
Aldéhyde Yaoilline.
prolocaléchique.
Les sels de l'acide vanillique sont très-
solubles, sauf ceux de plomb et d'argent;
ce. dernier est cristallin. Les vanillates de
potasse, de soude et d'ammoniaque sont
cristallisés.
L'auteur cherche actuellement à pré-
parer l'alcool correspondant à l'aldéhyde
et à l'acide vanillique.
Les faits qui précèdent permettent d'en-
treprendre la* synthèse de l'acide vanil-
lique. Si l'on part de l'acide protocaté-
chique en essayant de le méthyliser en le
chauffant en vase clos vers 150° avec de la
potasse et de l'iodure de métbyle, on ob-
tient un composé dç même formule que
l'acide vanillique mais en différant par ses
propriétés, un isomère en un mot. Pre-'
nant au co/itraire l'acide diméthyl-protoca-
téchique, obtenu par MM. Kœlle et Malin
en méthylisant complètement l'acide pro-
tocatéchique, le chauffant en vase clos à
150" avec de l'acide chlorhydrique très-
étendu, une partie du méthyle est enlevée
à l'état d'éther méthyl chlorhydrique et il
se formé deux acides, l'un très peu soluble,
l'autre facilement soluble dans l'eau chaude;
ces deux acides peuvent être aisément sé-
parés par cristallisation. Le premier, le
jnbins soluble est l'isomère obtepu en mé-
thylisant l'acide protocatéchiquc ; le second
est l'acide vanillique. (Ibid.)
Sur les acides contenus dans les pé-
troles bruts ; par MM. C. HELD et ME-
LINGER. — Les pétroles bruts agités avec
des lessives alcalines cèdent à celles-ci des
matières acides. Les auteurs ont étudié
ces matières obtenues avec du pétrole de
Valachie.
La lessive de soude ayant servi au trai-
tement du pétrole laisse déposer des flocons
bruns, gélatineux. Rendue acide par l'acide
sùlfurique et distillée elle donne une huile
brune tenant en dissolution une assez forte
proportion de matières' neutres. Par trai-
tement avec une solution de carbonate de
soude on obtien.t une combinaison sodique
qui^ purifiée par plusieurs précipitations
au chlorure de sodium puis dédoublée par
par l'acide sùlfurique, donne un mélange
de plusieurs acides.
Ce mélange se combine à la soude en
donnant des produits mous analogues aux
savons. Les auteurs n'ont pu réussir à
séparer les sels par précipitation frac-
tionnée. La distillation fractionnée des
acides mélangés n'a pas donné de meil-
leurs résultats. *Eu traitant les acides en
solution alcoolique par le gaz chlorhy-
drique, on a obtenu un mélange d'étber
eomoiençant à bouillir vers ââO" et don-
nant encore beaucoup de produit au-dessus
de 500**. Avec beaucoup de peine, un pro-
duit bouillant d'une manière constante
entre 336» et â40« a été isolé.
L'éther ainsi obtenu (densité 0,9 19 à
^27") est facilement saponifié par la potasse
en solution alcoolique. L'aeide régénéré
dans cette saponification bout à â50<>â61<>
sans s'altérer; c'est un liquide huileux.
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Î256
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
très-réfringent^ a odeur de pétrole, et dont
la composition doit être voisine de celle
que représente la formule C"H"0*. li est
monobasique. Les sels alcalins ont Tappa-
rence des savons, les sels des métaux pro-
prement dits ressemblent à des emplâtres.
La formule précédente correspond à un
acide non saturé d'bydrogène, à un homo-
logue de Tacidc acrylique, cependant les
réactions indiquées par les auteurs corres-
pondent beaucoup mieux à un acide homo-
logue de Tacide acétique. [Ibid,)
Sur une distînotîon entre les produits
organiques naturels et les produits orga<*
niques artificiels ; par M. L. PASTEUR.
— « Tous les produits artificiels des labo-
ratoires sont à image superposable. Au
contraire, la plupart des produits organi-
ques naturels, je pourrais dire tous ces
produits^ si je n'avais à nommer que ceux
qui jouent un rôle essentiel dans les phé-
nomènes de la vie végétale et animale,
sont dissymétriques, de cette dissymétrie
qui fait que leur image ne peut leur être
superposée. »
Ce passage est extrait d'une leçon sur
la dissymctrie moléculaire que j'ai profes-
sée, en 1860, devant la Société chimique
de Paris. J'ajoutais :
« On n'a pas encore réalisé la produc-
tion d'un corps dissymétrique à Taidc de
composes qui n'ont pas ce caractère (1). »
Dans l'introduction de l'ouvrage que
M. Schûtzenberger vient de publier sur
les fermentations, l'auteur, après avoir
rappelé les passages qui précèdent, leur
oppose le fait de la production de l'acide
paratartrique au moyen de Pacidc succini-
que inactif du succin ou de l'acide succini-
que de synthèse directe, et il conclût en
ces termes :
« Ainsi tombe la barrière que M. Pas-
teur avait posée entre les produits natu-
rels et artificiels. Cet exemple nous mon-
(1) Nous mettons sous les yeux de nos lectears
|e passage suivant extrait de Pouvrage de Mon-
sieur Schûtzenberger :
«Presque au moment où ces paroles étaient
prononcées devnnl la Société chimiqqe de Paris,
deux savants anglais MM. Perkio et Duppa, par-
venaient à transformer Tacide succiuique en acide
lartrique. M. Pasteur reconnaissail lui-même que
le proiluit artificiel de MM. Perkin et Duppa
était un mélange diacide paratartrique et d*aciUe
larlriqne inictif. Or, racide paratartrique se
dédouble facilement, d*après les belles recher-
ches de M. Pasteur, en acide tartrique droit et
enacîde tartrique gauche, et AI. Jungfleiseti nous
tre combien il faut être réservé dans les
distinctions' que Ton croit pouvoir établir
entre les réactions chimiques de l'orga-
nisme vivant et celles du laboratoire. »
Contrairement à ce que pense M. Schût-
zenberger, cette barrière existe toujours.
Les propositions que je viens de rappeler
sont aussi vraies aujourd'hui qu'en 1860.
Non, il n'existe pas dans la science un seul
exemple d'un corps inactif qui ait pu être,
jusqu'à présent, transformé en un corps
actif par les réactions de nos laboratoires.
Transformer îi» corps inactif en un au-
tre corps inaetift qui a la faculté de se
résoudre simultanément en un corps droit
et en son symétrique, n'est en rien com-
parable à la possibilité de transformation
d'un corps inactif en un corps actif sim-
ple. Cestlà ce qu'on n'a jamais fait; c'est
là, au contraire, ce que la nature vivante
fait sans cesse sous nos yeux^ et telle est
la proposition formulée dans les. citations
précédentes.
On peut ramener à des formes octaé-
driques la plupart des substances minéra-
les ou organiques. Je comprendrais aisé-
ment que le sulfate de posasse lui-même
et beaucoup des corps minéraux ou orga-
niques artificiels pussent se dédoubler en
des symétriques inverses, parce que tout
octaèdre contient en puissance deux tétraè-
dres symétriques, dont il peut être consi-
déré comme l'assemblage. Ce que je ne
crois pas possible, par le jeii des forces
non dissymétriques auxquelles sont sou-
mises nos réactions artificielles, c'est la
transformation d'un corps, ou d'éléments
non dissymétriques en des corps dissymé^
triques.
Toutefois, c'est une distinction de fait
et non de principe absolu que j'ai établie
en 1860. Non-seulement je ne crois pas
que cette barrière entre les deux règnes
minéraux et organiques soit infranchissa-
ble, mais j'ai assigné, le premier, des con-
ditions expérimentales qui seraient pro-
^ montré que l'acide tartrique inactif chauffé
avec de Peau à ITâ» se convertit partiellement en
acide paratartrique.
u L'acide succmique employé par les chimis-
tes anglais provenait de Poxydation du siiccin.
Ce n*était pas un produit synthétique; on pou-
vait croire que, bien qu'inaclif, il résultait,
commt; l'acide raccmiquu, de Punion de deux
molécules actives et inverses. .M. Jungfleisch a
levé en dernier doile. Il u préparé, d'après une
méthode connue, Cacide succinique synthéti-
que, au moyen du cyanure d'ethylêne et de
ta potasse. Cet acide a fourni de l'acide pa-
ratartrique, comme celui du succin* »
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REVUiî ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
^57
près, selon moi, à la faire disparaître.
Tant que ces conditions n'auront pas été
réalisées, avec succès, il est sage de croire
à la distinction dont il s'agit et de ia pren-
dre pour guide.
C'est en effet, en partant de la convic-
tion que les. réactions ordinaires de nos
laboratoires sont impuissantes à créer la
dissymélrie moléculaire, que j'ai osé pré-
dire successivement : 1® que M. Dessai-
gnes n'avait pu découvrir les acides
maliquc. et asparlique, mais seulement
leurs isomères inactifs; 2° que MM. Per-
kin et Duppa n'avaient pu produire l'acide
tarlrique ordinaire, au moment où ces
habiles chimistes venaient d'annoncer
qu'ils y étaient parvenus ; 3° enfin que,
récemment, j'ai soutenu que la mannite
n'était qu'apparemment inactive ; que son
pouvoir rotatoire devait exister, mais trop
faible pour être mis en évidence par les
moyens habituels, et cela, au moment
même où deux chimistes étaient portés à
conclure que la mannite était un corps
inactif pouvant donner des dérives actifs.
Depuis lors, ma prévision a été confirmée
par M. Bichat et par M. Bouchdrdat.
(Ibid.)
1/â centimètre cube environ de cette solu-
tion dans 50 centimètres cubes d'eau.
Cette èau renferme-t-elle de l'acide carbo-
nique libre, le mélange est incolore ou
faiblement coloré en jaune; mais si l'eau
essayée ne renferme pas d'acide carbonique
libre et seulement des bicarbonates, elle
devient rouge ; vient-on à verser dans ce
liquide rouge de l'eau chargée d'acide
carbonique, on le décolore immédiatement.
Il suffit d'ailleurs de faire passer, aumpyen
d'un tube de verre, les gaz de l'expiration
pulmonaire à travers le liquide déjà rougi •
pour qu'il se décolore.
Les eaux de sources et des fontaines de
Munich, de Wurzbourg et les eaux de l'Isa)*
se soilt comportées comme des solutions de
bicarbonates terreux sans acide carbonique
libre. Les eaux de Setters, d'Apollinaire,
de WildUngeU; Kissingen (source llagoczy),
de Pyrmont, de Iklarienbad (Kreuzbrun-
nen), ont agi comme une dissolution
d'acide carbonique libre ; quelques sources
de Karlsbad (Sprudel et Mûhlbfunnen),
d'Ems (Kranchen) laissent le réactif à peu
près incolore ou faiblement rosé.
(Ibid.)
Réaotif de l'aoide carbonique libre
des eaux potables ; par M. VON PETTEN-
K.OFER. — L'acide carbonique des eaux
potables est, d'ordinaire, tofôlement com-
biné aux bases et le plus souvent avec la
chaux et la magnésie ; on n'y rencontre
que très-rarement cegazà 1 état de liberté.
* M. Pettenkofer avait déjà fait la re-
marque que les solutions de bicarbonate
de chaux et de bicarbonate de magnésie
sont sans action sur le papier de curcuma,
et que l'addition de Teau de chaux, dans
une petite proportion, 9 une solution de
bicarbonate calcaire lui communique immé-
diatement une réaction alcaline appréciable
par le papier de curcuma.
Plus récemment, le même chimiste a
observé que l'acide rosolique se colore en
rouge au eontact dès carbonates et des
bicarbonates alcalins et terreux, et qu'au
contraire l'acide carbonique libre le
décolore.
Pour faire usage de ce réactif, on dis-
sout une partie d'acide rosolique pur dans
500 parties d'alcool à 80 p. iOO; on neu-
tralise la solution avec une petite quantité
de baryte caustique de façon à rendra la
liqueur légèrement rosée, et l'on verse
Action du. phosphore dissous sur le
ohlorate de potasse ; par M . R. BOTTGER.
— Une solution de phosphore dans le sul-
fure de carbone^ dont on laisse tomber
quelques gouttes sur du papier à^fittrer, en
détermine bientôt Tinflammation, mais sans
produire aucun bruit. Si l'on fait tomber
quelques gouttes de cette solution phos-
phorée sur du chlorate de potasse, dès que
le sulfure de carbone est volatilisé, il se
produit une vive explosion. (Ibid,)
Sur rorig;ine des sulfures des eaux
sulfureuses; par M. POLLACCI. — On
avait pensé jusqu'à ce jour que les sulfures
que renfermcnt^les eaux sulfureuses pro-
viennent de la réduction des sulfates, et
que cette décomposition a lieu au travers
des terraifis chargés de matières organi-
ques. M. Pollacci estime que cette réduction
ne s'opère que dans des conditions données
qui se présentent bien rarement et que la
majeure partie de& sulfures de calcium ou
de sodium qui se produit dans la nature
serait due à l'action de l'acide sulfhydrique
sur le carbunate de chaux. Si l'on fait
passer, en effet, un courant d'acide sulfhy-
drique à travers une solution de bi-carbo-
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258
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
nate de chaux dans Teau, il se dégage de
Tacide carbonique et il se forme du sulfure
de calcium. Avec le carbonate neutre^ la
réaction quoique lente, est identique. Les
carbonates, tout«.'fois^ fie sont pas les seuls
sels alcalins^ qui permettent la production
des sulfures par faction prolongée de T hy-
drogène sulfuré; les silicates sous Tin-
iluence du même agent subiraient une
décomposition analogue, ce qui explique-
rait la présence du sulfure de sodium dans
certaines eaux des Pyrénées exemptes de
carbonates, mais où Ton rencontre des
silicates alcalins.
{Gazette médicale de Bordeaux.)
-Recherches des composés arsenicaux
dans les sels alcalins et alcalino-terreux
employés en pharmacie ; par JM. Gh. PA-
TROUILLARD, de Gisors. — Ce doit être
pour le pharmacien une préoccupation
constante que de constater la pureté des
produits chimiques qu'il tire du commerce
pour les faire servir à la préparation des
médicaments, et surtout de s'assurer de
Tabsence des composés arsenicaux dans les
sels alcalins et alcalino-terreux. Les essais
quMl doit pratiquer dans ce but , devant se
répéter fréquemment, la possession d'une
méthode prompte et exacte, et d'un réactif
toujours facile à se procurer^ et dans un
bon état de conservation, sera d un grand
avantage, je le pense, pour l'opérateur.
L'une des réations caractéristiques de
l'arsenic, c'est celle que donne l'acide arsé-
nieùx en dissolution acide, en présence de
l'hydrogène sulfuré ou d'un sulfure soluble;
il se produit alors un précipité jaune flo-
conneux de trisulfure d'arsenic, soluble
dans l'ammoniaque et les liqueurs alca-
lines. Mais si le composé arsenical que
recherche l'analyse est l'acide arsénique,
remploi de Thydrogène sulfuré pour le
découvrir, est alors un moyen beaucoup
phis lent et moins sûr que pour l'acide
arséfiieux.
Le précipité rouge brique donné par
l'acide arsénique en présence de l'azotate
d'argent neutre, est très caractéristique;
mais dans un grand nombre de cas, cette
réaction pourra être masquée par la forma-
tion simultanée du chlorure d'argent,
puisque les sels alcalins et alcalino-terreux
du commerce renferment toujours des
chlorures en proportion3 variables. Aussi
est-il préférable de transformer l'acide
arsénique en acide arsénieux par voie de
réduction»; jusqu'alors on s'est servi,., pour
arriver à ce but principalement, soit -de
J'acid*; sulfureux^ suivant la méthode de
Wœhler. soit de l'hyposulAte' de soude.
L'acide sulfureux^ à l'état de dissolution
dans l'eau, est un réactif, fort altérable, et
dont la préparation, dans beaucoup de
laboratoires de pharmacie, peut entraîner
avec elle certains inconvénients.
L'hyposulfite de soude convient pour
doser Tarsenic plutôt qu'à le faire' décou-
vrir nettement; carie précipité dç sulfure
qu'il détermine est toujours accompagné
par du soufre laiteux qui en masque la
couleur et peut même faire méconnaître sa
présence.
J'ai pensé à. me servir d'un corps réduc*
leur par excellence, employé déjà dans
plusieurs réactions, capable de se conserver
sans subir d'altération, et n'entraînant
dans son emploi aucun inconvénient qui
puisse entraver laréactiou que l'on cherche
à produire ; ce corps, c'est l'acide oxalique
cristallisé. J'ai multiplié les expériences
en opérant sur différents genres de sels,
sulfates, azotates, carbonates, bicarbo-
nates, etc., en variant les proportions
d'acide oxalique et la durée du temps de
rébullition.
De ces expériences, j'ai résumé le mode
opératoire suivant : iO à 15 grammes du
sel à essayer sont dissous dans l'eau dis-
tillée, 50 grammes environ; on y ajoute
0 gr. 50 d'acide oxalique cristallisé et l'on
entretient la dissolution pendant à peu près
cinq minutes à la température de l'ébulli-
tion ; on filtre si cela est nécessaire, et
lorsque la liqueur est un peu refroidie. On
l'acidifie assez fortement par Tacide sulfu-
rique pur (de préférence à l'acide chlorhy-
drique, parce que bien souvent les acides
chlorhydrjques du commerce, vendus
comme purs, son^ néanmoins arsenicaux).
Dans cette liqueur acidulée, on fait passer
un courant de gaz hydrogène sulfuré, ou
bien on verse avec précaution quelques
gouttes de solution de .sulfhydrate d'am-
moniaque dans la glycérine; si le sel
essayé contient au moins 2 p. 400 d*arsé-
niate de potasse, par exemple, le précipité
jaune floconneux de trisulfpf'e d'arsenic se
formera immédiatement. S*il en renferme
moins de i p. 100, le précipité pourra ne
pas apparaître aussitôt; alors on laissera de
côté le vase contenant l'essai, après l'avoir
recouvert, et au bout d'une ou deux
heures, le précipité se sera formé. Dans
quelques cas, on devra même attendre
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
239
encore plus longtemps, trois et même
quatre heures.
Lorsque Ton doit ^essayer uït carbonate
ou un bicarl)onate, il faut préalablement le
saturer par l'acide sulfurique pur. Enfin,
au lieu de Tacide oxalique, on peut, pour
opérer la réduction de Facide arsénique,
se servir de Toxalate neutre d'ammoniaque,
employé dans la même proportion : les
résultats sont exactement les mêmes.
D'ans cette réaction, comme dans toutes
celles où Tacide oxalique agit comme
réducteur, Tacide arsénique, pour passer
à Tétat d'acide arsénie.ux. perd â équiva-
lents d'oxygène qui se portent sur l'acide
oxalique et le transforment en. acide car-
bonique.
(J&umal de pharmacie et de chimie. )
, Sur le partage d'un aoide entre plu-
sieurs bases dans les dissolutions ; par
M. BERTHELOT. — 1. C'est une question
souvent agitée que celle du partage des
acides et des b<ises dans les dissolutions.
Berthollet, qui posa le premier la question
d'une manière générale, admettait que
chaque acide (et chaque base) avait dans
L'action c une part déterminée ' par sa
capacité de saturation et 2>a quantité »,
c'est-à-dire par sa masse chimique. A
poids égaux, nous dirions aujourd'hui que
chaque corps agit en raison inverse de
son équivalent; tandis que, si les deux
bases sont employées sous des poids équi-
valents, elles prendront chacune la moitié
de l'aciJe antagoniste. Telle est, je crois,
la traduction exacte du langage de Ber-
thollet, lequel exclut formellement touie
idée d'une affinité élective ou (l'un coeffi-
cient spécifique.
Mais le partage ne peut subsister qui si
les <leux bases et les deux sels qu'elles
forment demeurent dissous : si quelqu'un
de ces corps est éliminé, par volatilité ou
insolubilité, un nouveau partage se repro-
duit au sein des liqueurs ; par suite, une
nouvelle élimination, et ainsi de suite,
jusqu'à ce que la totalité du corn posé
éliminable soit sorti du champ de l'action
chimique. Tels sont les principes dé la
statistique chimique de Berthollet.
•GayLussac invoquait le même méca-
nisme, en se plaçant à un point de vue
difltérent. H admettait dans les dissolutions
une sorte de pèle mêle^ A'équipoVence des
bases et des acides uniformément répartis,
' les composés qui se manifestent ne pre-
tSùnt naissance qii*au moment oii ils sont
séparés par insolubilité, cristallisation ou
volatilité.
2. Ce sont ces opinions que j'ai entrepris
de soumettre au contrôle des méthodes
thermiques, en ce qui touche les bases,
comme je Tai déjà fait pour les acides et
pour les oxydes métalliques.
J'ai ehoisi deux bases solobles, qui
dégagent des quantités de chaleur inégales
en s'unissant avec un même acide, telles
que la soude et l'ammoniaque en présence
de l'acide chlorhydrique ; la différence
entre ces quantités de chaleur, mesurées
directement à 25°, 5, dans des conditions
données de concentration, a été trouvée
égale à + l«»»,12.
Cela posé, mélangeons à équivalonts
égaux une solution de chlorhydrate d'am-
moniaque et une solution de soude, prises
à la concentration et à la température
définies
Azn',HCI(léq=:-iiit^+NaO(l**<ï=2">)à23%5
A priori, plusieurs cas peuvent se pré-
senter, correspondant auxdiverses théories:
1° S'il y a partage en proportion égale
(théorie de Berthollet), on devra observçr
un dégagement de chaleur égal
■ 1 42
à -f--Y-=-+-0<'«»,56;
2o Si la loi du partage est différente, on
observera une quauiilé différente, mais
toujours moindre que -+- 4,42;
3* S'il y a équipollence, on ne devra, ces
semble, observer aucun phénomène ther-
mique, ou du moins aucun phénomène qui
soit en relation avec un déplacement pur
et simple ;
• 4" Enfin, si la soude s'empare de la
totalité de l'acide chlorhydrique, en met-
tant en liberté la totalité de l'ammoniaque,
on devra observer un dégagement de
-+- 4'^a»,42.
3. Or l'expérience m'a donné pour cette
réaction, à 2Z°^^ : + 4«*^07. La limite
d'crrepr des essais étant ±: 0,04, ce chiffre
se confond avec + 4,42. La faible diffé-
rence observée — 0,05 pourrait s'expli-
quer d'ailleurs par l'influence purement
physique qu'exerce l'ammoniaque sur une
solution de chlorure de sodium. En fait, à
23°5, j'ai trouvé
•AzH'(l*<i=2"*)+NaCI(l«^<i=^2"»)
absorbe — 0,05,
Sans nous arrêter à cette faible influence
secondaire, nous pouvons donc conclure
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240
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
qae, la soude et l'ammoniaque étant miises
à équivalents égaux en présence de Tacide
chlorhydrique, la soude prend tout l'acide
(ou sensifolement tout).
On peut achever de démontrer Inexac-
titude de cette interprétation en faisant
varier les proportions relatives des corps
réagissants : i, â, 5 équivalents (I*ammo-
niaque en excès n'empêchent pas la décom-
position totale (ou sensiblemeni) du chlor-
hydrate d'ammoniaque par la soude^,
comme le prouvent les mesures thermiques.
Tandis que, d'après la théorie de Ber-
thoUet, la présence de i équivalents d'am-
moniaque, par exemple, aurait dû réduire
le déplacement au cinquième, et la chaleur
1 42
dégagée à + -g-==0,22.
Est-il besoin de dire que la présence
d'un excès de soude ne change rien non
plus au résultat? Enfin le déplacement
total peut être également vérifié en pré-
sence d'un excès de chlorhydrate d'ammo-
niaque^ comme d'un excès de chlorure de
sodium.
i. Cet ensemble d'observations prouve
qu'il s'agit d'une réaction chimique, limi-
tée à un terme définfpar le rapport équiva-
lent de la soude qui produit l'action, c'est-
à-dire qu'il s'agit du déplacement pur et
simple d'une base par l'autre. Les sels
doubles n'y jouent aucun rôle, non plus
que le changement de dissolvant, comme
le démontrent, d'une part, l'absence d'in-
fluence exercée par un excès quelconque
de l'un des quatre corps réagissants, et
d'autre part la mesure des quantités de
chaleur dégagées.
5. J'ai reproduit les mêmes expériences
avec plusieurs autres sels ammoniacaux
(sulfate, azotate); j'ai également opéré
av^c une base alcaline dilférente, la
potasse. Les résultats s'accordant exacte-
|o CaCl(l^=2"t).+ NaO(l«<i=2»»)
2» L'addition de A2HSHCI(lé<i=2»t)
Analysons ces résultats. »
t<> La première opération (précipitation
de l'hydrate de chaux par la soude) est
conforme à la théorie de BerChoUet. Elle
absorberait fort peu de chaleur (—0,1 à
» 0,2 au plus) si toute la chaux demeu-
rait dissoute, l^lais la précipitation de l'hy:
drate de chaux donne lieu à une absorp-
tion très-notable (—1,18); ce qui s'expli-
que, parce que l'hydrate de chaux est un
corps qui se dissoudrait dans l'eau en dé-
ment avec ceux que fournit la soude, je
crois superflu de les«transcrire ici.
6. Non-seulement l'ammoniaque est dé-
placée dans ses sels dissous par la potasse
et la soude, bases selubles, mais on peut
également opposer l'ammoniaque à une
base Insoluble, telle que l'hydrate de
chaux, déjà combiné avec l'acide chlorhy-
drique. Que doit-il arriver dans cette cir-
constance ? D'après la théorie de Berlhol-
let, il y aura partage au premier moment;
puis la chaux, étant insoluble, devra se
précipiter, et, par suite, la formation s^en
reproduira jusqu'à séparation totale.
Or ces prévisions sont contredites
par l'expérience. En effet, l'ammoniaque
ne précipite pas le chlorure de calcium,
tandis que la chaux se dissout en fait dans
le chlorhydrate d'ammoniaque.
S'agit-il donc ici de la formation d'un
sel double, ou de l'influence exercée par
un changement de dissolvant?
7. Pour établir la nature réelle de la
réaction, j'ai fait les expériences suivan-
tes : Je précipite la chaux dans le chlorure
de calcium, au moyen de la soude, opéra-
lion qui a pour but d'obtenir de l'hydrate
.de chaux exempt de toute impureté, ce
qu'il n'est pas facile de réaliser autrement;
puis je redissous l'hydrate de chaux au
moyen du chlorhydrate d'ammoniaque,
employé par fractions successives, afin de
trouver la limite exacte du phénomène.
J'opère d'ailleurs en faisant varier les pro-
portions relatives des composants du sys-
tème. Enfin je mesure chaque fois les
quantités de chaleur mises en jeu.
• J'ai reconnu d'abord que la redissolu-
tion totale de i équivalent d'hydrate de
chaux s'opère exa'ctement au moyen de
1 équivalent de chlorhydrate d'ammonia-
que, et cela, quels que soient les excès
relatifs des quatre composants. En oiUre,
absorbe — 1,18 ( « • j a<î
dégage + 2.24 1 Somme + 1,06
gageant de la chaleur. (^1*®*, 5 environ,
d'après mes expériences, pour 1 équiva^
lent dissous dans ^0 litres d'eau). En tpnant
compte de la proportion de chaux demeu-
rée dissoute dans Teau employée, on peut
vérifier que la chaleur absorbée concorde
sensiblement avec la donnée précédente.
â*> La seconde opération (redissolution
de l'hydrate de chaux dans le chlorhy-
drate d'ammoniaque équivalent) dégage
exactement la quantité de chaleur catcu-
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HISTOIRE NATURELLE MÉDICALE. 241
lée dans Thypothèse d'une substitution chaleur dégagée dans la réaction directe
pure et simple de l'hydrate de chaux, base de la soude sur le chlorhydrate d'ammo-
presque insoluble, h l'ammoniaque, base niaque, soit 4* 1,05. Les mêmes chiffres,
soluble, dans le chlorhydrate d'ammonia- ou sensiblement, ont été observés en pré-
que. avec formation équivalente dé chlo- sence de divers excès des composants du
rure de calcium dissous. En effet, cette système.
substitution, opérée entre IMiydrate de 8. Ces faits et ces mesures thermiques
chaux dissous et Tammoniaque à 25°,5, prouvent que les sels doubles et les chan-
dégagerait environ -f- l'^'SlO, chiffre au- gements de dissolvant ne sont pas la cause
quel il convient d'ajouter -|- i,iO pour la des phénomènes observés ; tandis que tout
redissolution de la proportion d'hydrate s'explique par la substitution chimique et
de chaux précipité dans les conditions de totale de la chaux, base presque insolu-
Texpérience précédente; ce qui fait en ble, h l'ammoniaque, base soluble, dans
tout 4- 2«20, d'après ma théorie. L'obser- le chlorhydrate d'ammotiiaqne.
vation a donné -{• 2,SS4 ce qui concorde On voit par là qu'une base soluble peut
aussi exactement que possible. être déplacée dans ses sels solublcs par une
En outre^ces chiffres comportent une base insoluble, qui entre ainsi en dissolu-
vérification : . la somme algébrique des tion, contrairement aux lois de BertKollet.
deux nombres- 1,1 8+2,24=+ 1,06 doit (Ibid.)
concorder et concorde en effet avec la ~
Histoire naturelle médicale et pharmacentiqne.
Etude anatomique des racines officinales; par M. Collin, pharmacien de
1" classe, membre correspondant d Verdun. {Mémoire couronné par la
Société royale' des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, au concours
de 1875) (1).
' Conformément aux décisions de la Société, nous extrayons de cet important
et voliimineux mémoire, la description des principales racines officinales qui
intéressent plus particulièrement la pratique. L'auteur se réserve de publier
par la suite en un volume spécial l'ensemble de ses patientes et laborieuses
études. {Note de la Rédaction.) •
LES RHUBARBES.
Dans le Journal de Pharmacie et de Chimie du mois d'avril 1872, M. le
docteur Cauvet a publié, sur les caractères distinctifs des rhubarbes, une noie
renfermant plusieurs erreurs qui doivent être réfutées.
D'après M. Cauvet, toutes les rhubarbes indigènes^ q-uelle que soit l'espèce
cultivée et quels que soient les soins apportés à leur culture, présentent la
structure du rhaponlic. Celte assertion est loin d'élrè exacte, car la rhubarbe
anglaise qui^ d'après la définition donnée par la plupart des auteurs, rentre
dans la catégorie des rhubarbes dites indigènes, possède des caractères tout-à-
fail différents des rhaponljcs, et qui s& rapprochent même, jusqu'à un certain
point, de ceux qu'on observe dans les rhubarbes chinoises.
La falsification de la rhubarbe de Chine au moyen (ju rhapontic se faisait
autrefois sur une très-grande échelle, mais elle a considérablement diminué
(\) Voir Rapport sur ce travail, cahier de juillet, p. 79.
81
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24i HISTOiftE rîATURELtÉ MÉDICALE.
depuis que JUM. Olto Berg, Planchon et Caovet ont appelé Tâttention des phar-
maciens sur les caractères distinctifs de ces deux sortes commerciales. Ceùç
fraude, qui ne se constatait plus guère que pour les poudres de rhubarbe, a
repris un très grand développement depuis rintro()uciion dans le commerce
d'une nouvelle espèce de rhubarbe cultivée en Angleterre et désignée sbus le
nom de rhubarbe atiglaine, et quelquefois même sous le nom de rhubarbe du
Japon.'
Pour bien apprécier la structure intimé d'une rhubarbe commerciaté, il Suffit
de scier transversalement la racine, puis de gratter avec un morceau dé verre
la surface misée nu. Ce pracédè très-simple; permet de distinguer dané toute
sa netteté la disposition intime des éléments constituants delà rhubarbe.
Les principales rhubarbes qu'on rencontre ôrdinairemient dans le commerce
sont les rhubarbes chinoises, les rhubarbes françaises et la rhubarbe anglaise.
Rhubarbes ohînbises.
Les rhubarbes chinoises prennent différents noms suivant les pays d'oii on
les tire et suivant la vote par laquelle elles arrivent en Europe. C'est ainsi
qu'en Russie on connaît deux sortes dé ce^ racines désignées sous les noms de
rhubarbe du nord de la Chine, et rhubarbe du sud de la Chine. En Angleterre,
elles sont appelles rhubarbes Est-indiennes, et rhubarbes hollandaises ; en
France, elles constituent plusieurs sortes connues sdus les noms de rhubarbe
deMoscovie, rhubarbe de Chine et rhubarbe de Perse. Maintenant toutes ces
différentes sortes sont confondues sous le nom de rhul)arbes chinoises, ou rhu-
barbes de Canton. i
Rhubarbe de Mosoovie (PI. I).
Cette sorte ne se rencontre plus guère que dans les collections. Depuis qu'en
48CO le gouvernement russe fit brûler 6,000 livres de cette sorte commerciale,
les marchands buchares, las des tracasseries des commissaires du Czar, ont
cherché un débouché plus facile pour leurs produits, et à partir decejte époque
il n'y ^ plus eu dç. rhubarbe livrée à Kiaclila.
La rhubarbedeMoscovie(PLI, fig^l) se présentait générsfiement en morceaux
plats et arrondis dont la plupart étaient percés de trous assez larges, forés au
couteau par les commissaires russes, dans le but d'examiner l'état intérieur des
racines. Tous les morceaux avaient été pelés, mondes de leur écorce et de leur
cambium,etcomme celte opération se faisait au couteau, il en résultait que cette
sorte avait un aspect angulaire bien. prononcé. Quand on enlevait la poussière
jaune qui recouvre la rhubarbe de Moscovie, on observait sur les morceaux
arrondis et sur la face convexe des morceaux piano-convexes, un fin réseau à
mailles blanches caractéristiq.ue des rhubarbes chinoises. Mais sur certains
morceaux mondés trop profondément, ce réseau n'était pas visible et on aper-
cevait sur la face convexe de petiAs aystèmeâ étoiles.
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HISTOIRE NATUI^ELL^ MÉDICALE. 245
Sur une coupe transversale (PI., I^ fig. 5 et 4), quelques morceaux de cette
rhubarbe laissaient voir très oettement les rayons médullaires juxtaposés en
nombre variable et s'entrecroisant daps toutes les directions pour aller se
perdre (ians W tissu <;ellulaire blanchâtre environnant, «^t tantôt pour rejoindre
les petits systèmes étoiles qui paraissent dispersés irré^t/Z/ér^me/tf sur la surface
mise à nu. T(\ntôt les rayons médullaires sont réunis en très-grand nombre et
semblent former une masse pulvérulente jaune; il devient alors Très^difScile de
suivre leur direction.
Certains auteurs ont prétendu que la rhubarbe de Moscovie ne se distin-
guait de la rhubarbe de Chine proprement dite que. par son nom emprunté à
Tilinéraire qu'on lui faisait suivre avant de la livrer au. commerce, et en ce
qu*ellç ^tait mieux apprêtée et mondée plus profondément que cette dernière.
Sans être aussi exclusif sur ce point, je ne puis admettre l'opinion de M. Qtto
Berg qui prétend que la rhubarbe de Moscovie et la rhubarbe de Canton ont
une constitution différente et par suite une origine différente. Je reconnais, avec
le professeur berlinois, que les cercles étoiles sont moins nombreux et beaucoup
plus régulièrement disposés dans la rhubarbe de Canton que dans la rhubarbe
de iMoscovie. La forme des cellules qui est ovoïde dans la rhubarbe de Moscovie
et rectangulaire dans la sorte chinoise, selon M. Otto Berg, ne suffit pas, selon
inoi, pour expliquer Torigine différente de ces deux sortes commerciales. Le
caractère tiré de 'la forme des cristaux d'oxalaté de chaux, ressemblant à des
massiers hérissés de pointes aiguës dans la rhubarbe de Kiachta et à des
étoiles plates dans la rhubarbe de Canton, ne me semble pas^plus sérieux.
La rhubarbe de Moscovie, comme ie montre la coupe microscopique
(PI. I, fig. 5), est très-riche en cristaux d'oxalate de chaux et ne renferme
que très-pou d'amidon. Du reste, je noterai ceci dès à présent, c'est que plus
ui}e rhubarbe est riche en corpuscules amylacés, moins elle renferme de
cristaux d'pxQlate de chaux.
Rhubarbe de Canton ou rhubarbe de Chine- proprei|ient dite (PL II, IV et V).
La rhubarbe de Canton (PI. II, fig. 6 et 7)présente sur son contour, dans les
morceaux ronds, et sur la face convexe, dans {es morceaux plats, un fin réseau
à mailles ovales ou rhombiques dont la couleur blanche apparaît très-netfement
sur un fond jaune orangé. Quelquefois ce réseau n*est pas très-visible quand les
morceaux ont été imparfaitement décortiqués, tantôt il est interrompu par la
présence de nodosités qui marquent lu trace des radicules,; tantôt il cesse d*étre
visible dans les morceaux qui ont été mondés trop profondément, comme dans
un grand nombre de^morceaux de la sorte moscovite.
La face plane d^$^ rhubarbes chinoises plates diffère nettement de la face
convextï. Elle est généralement moins foncée en couleur et n'est pas réticulée;
de plu$, elle présente deux grandes bandes noirâtres disposées longitudinale-
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244 HISTOIRE NATURELLE MÉDICALE.
ment de chaque côté des bords de la racine. Lefs extrémités des rhubarbes chi-
noises présentent généralement une forme concave d'un côté, et convexe de
Taulre, et offrent des caractères très-remarquables qui deviennent bien plus
apparents quand on scie transversalement les racines èl qu'on gratte soigneuse-
ment, avec un morceau de verre, la surface mise â nu.
Dans les morceaux qui ont été imparfaitement décortiqués (PI. l], fig. 8), on
aperçoit sur la coupe transversale, vers la périphérie, une ligne ondulée qui est la^
trace du cambium. Les bords de la circonférence sont marqués de lignes jaunes
disposées à peu près parallèlement et se dirigeant vers la partie extérieure des
racines où elles dépassent d'un millimètre environ la ligne ondulée. Ces lignes
jaunes représentant les rayons médullaires se confondent bientôt en se rappro-
chant de la partie centrale de la racine, et forment une zone qui a reçu de
^I^Olto Berg le nom de zone pulvérulente ou cercle pulvérulent, A Pintérieur de
celle zone se montre, très-régulièrement disposé, un cercle assez bien défini
formé par la réunion d*un gr^nd nombre d'étoiles plus ou moins développées
et à branches plus ou moins nombreuses (PI. II. fig. 8 et 9). Ces étoiles sont géné-
ralement formées d*un certain nombre de rayons, de longueur variable, qui sont
coupées dans leur direction par une ligne circulaire ou elliptique. En comparant
les coupes tranversales avec celles de la rhubarbe de ^toscovie, on voit que
les systèmes étoiles irrégulièrement disséminés sur la surface plane delà
rhubarbe de Moscovie, sont disposés dans les rhubarbes de Canton ou de Chine
proprement dites, avec une certaine régularité, de façon à former un cercle con-
centrique à la zone pulvérulente. Ce cercle d'étoiles n*offre pas la même disposi-
tion selon qu'on Tobserve à Texlrémilé ou à rinléricur d'une racine de rhubarbe.
Dans les morceaux cylindriques^ il a une structure à peu près identique dans
toute la longueur de la racine, mais il n'en est plus de même si on examine,
dans ses différentes parties, une racine de rhubarbe ovale. Très-condensées'à
rextrémité de la racine, les étoiles semblent pour ainsi dire liées entre elles;
elles confondent leurs branches et forment, à rintérieur de la zone pulvéru-
lente, un cercle brun-noirâlre et non interrompu ; mais il n'en est plus de même
si on examine une coupe transversale faite à 5 ou i centimètres de l'extrémité ;
alors ces éloiles deviennent plus éparses, sont plus rares, se montrent très-
distinctes les unes des autres, et apparaissent avec des contours bien définis.
Ce système d'étoiles n'est pas disposé avec autant de régularité dans toutes les
rhubarbes de Chine proprement dites.
Dans la portion qui est concentrique à ce cercle étoile, les rayons médul-
laires s'entrecroisent dans toutes les directions, et il est quelquefois difficile de
suivre leur parcours. Quelquefois ils sont, très-courts, apparaissent à l'œil nu
sous forme de ponctuations jaunes irrégulièrement dispersées au mîlicudu tissu
environnant qui est d'une couleur blanche. La portion blanche parait dominer
dans la partie centrale des rhubarbes de Chine.
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HISTOIRE NATURELLE HËDIGALE. 245
En examinant au microscope la rhubarbe de Canton, nous pouvons nous faire
une idée très*netle de ta texture anatoaiique des différentes zones que nous
venons de décrire.
M. le professeur Schroff, de Vienne, parait être le premier pbarmacologiste
qui ait appliqué le microscope à l'étude dps rhubarbes. Après lui, MM. Ftucki-
ger et Otto Berg essayèrent de trouver des caractères qui permissent de distin-
guer les différentes espèces de rhubarbe : mais ces savants ne s'appliquèrent
pas d'une façon spéciale à Tétudc de ce^ racines qui demandent un examen
très-sérieux. Celle lacune restait à combler et je crois avoir épuisé la question
en examinant la structure intime des différentes racines de rhubarbe.
Si on examine au microscope une coupe transversale de la partie centrale de
la rbubarbe chinoise proprement dite, on voit très-distinctement les rayoïrs
médullaires disposés irrégulièrement au milieu d'une masse de cellules rem-
plies d'amidon ou d'oxalale de chaux (PI. IV, fig. 19). Ces rayons médullaires
composés d'fin nombre variable de rangées de cellules remplies d'une matière
colorante jaune, n'ont'pas une direction bien déterminée; ils s'enirecroisent dans
fous les sens pour aller se confondre avec les rayons médullaires qui forment
les branches des étoiles. Disposés avec une certaine régularité pour former les
systèmes étoiles, les rayons médullaires viennent de nouveau s'entrecroiser
dans tous les sens pour former la zone pulvérulente dont la constitution est la
même que celle de la zone centrale ; puis ils pénètrent dans la zone périphérique
ensuivant une direclion sensiblement parallèle; ils traversent ensuite la ligne
ondulée brun*noirâtre, pour$e perdre dansle tissu cellulaire placé immédiate*
ment au-dessous de Tépidei^mc de In racine. Le tissu blanc, compris entre les
rayons médullaires de l'anneau périphérique est formé, comme la zone centrale,
dp cellules renfermant de l'amidon et des cristaux d'oxalate de chaux.
* En examinant la ligne ondulée, soit à Tœil nu, soit >^ la loupe, soit au
microsèope, on voit que cette ligne est formée par la réunion des cellules qui
constituent la z6ne cambiale (PI. IV, fig. ^0). Ces cellules, examinées sur une
coupe transversale, paraissent assez régulièrement qiiadrilatérales ; elles
sont dirigées tangenticllemenl et superposées assez régulièrement sur 4 ^ou
3 rangées. Leur assemblage forme un anneau ondulé qui entoure la racine et
qui est traversé par les rayons médullaires.
Si on examine au microscope une des étoiles biendévcloppées, doQt j'ai signalé
l'existence dans les rhubarbes ohinoises, on voit immédiatement que la stucture
de ces étoiles rappelle, dans leur ensemble, l«i sthicture de la plupart des racines
des plantes dicotylédones (PI.V, fig. 21). En effet, les branches de ces étoiles ne
sont autres que les rayons médullaires qui^partent d'un centre commun pour se
diriger dans tous les sens. La ligne ronde ou elliptique qui est traversée par
les rayons médullaires, représente la portion ligneuse. Le tissu compris entre
les bronches de ces étoiles, est formé vers ié centre d'utricules rectangulaires
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2i6 HISTOIRE NATURELLE HÉDIISALB:
ou hexagonales renfermant généralement de Tamidon et quelquefois de Toxalate
de ebaux ; puis, en se rapprochant de la ligne circulaire, ce tissu utriculaire;
perforé souvent de lacunes assez larges, se fond insensiblement avec une couche
de tissu fibreux renfermant encore quelques corpuscules amylacés. L*anneau
fibreux représentant la ligne qui limite le contour de Téloile ou le cambium,
est entouré d'un tissu cellulaire renfermant des grains d'amidon et des cristaux
d*oxalatc de chaux. Un fait important est à signaler : c'est qu'on n'observe aucun
vaisseau à Tintérieur de ia zone cambiale. Les vaisseaux se 4rouvént disposés
àTeximeur de cette zone, entre les rayons m^édullaires; ils sont réunis par
groupes de trois ou quatre, de difierentes grandeurs et dans leur ensemble, ils
paraissent former un cercle extérieur au cambium. Les rayons médullaires qui
forment les branches ^des étoiles sont composés d'un nombre variable de cel-
lules alk)ngées. A peu près constant pour toutes les étoiles qui forment le cercle
étoile dans une rhubarbe, le nombre des rangées de cellules des rayons médul-
laires varie suivant les échantillons et souvent même il peut varier pour lés
étoiles qu'on observe dans les différentes parties d'une même racine. Le contenu
des cellules qui forment les rayons médullaires, estconsrilué par de la chryso-
phane et de l'acide chrysophànique. D'après M. Gauvet les étoiles de la rhu-
barbe de Canton Font moins distinctes, plus petites et >iépourvues du cercle
brun ou ncûrâtre qui caractérise les étoiles de la sorte moscovite. L'examen
attentif des figurés et la comparaison de ces coupes avec la section
transversale de la rhubarbe de Moscovie, nous révèle immédiatement
tout ce qu'a d'erroné l'assertion de M. Cauvet. Les étoiles qui sillonnent les
rhubarbes chinoises étant la trace des radicules de la souche principale ont
toutes, quand elles sont bien développées, les mêmes ^éléments anatomiques, et
on n'y constate que très-rarement l'absence de la ligne brune ou du cambium
qui limite leur contour. L'examen approfondi d'un très-grand nombre d'échan-
tillons m'a de plus prouvé que les systèmes étoiles sont bteir plus nombreux
dans la l'hubarbe de Canton que dans la rhubarbe de Moscovie. Ces erreurs ne
sont d'ailleurs pas les seules que M. Gauvet a émises dans sa note sur les carac-
tères distinctifs des rhubarbes commerciales. La figurent, pi. V, nous donne une
Idée de la structure anatomique d'une étoile de la rhubarbe chinoise propre-
ment dite.
Rhubarbe de Perse.
La rhubarbe de Perse, décrite par M. Guibourt, n'est qu'une rhubarbe de
Chine de belle qualité, dans laquelle on retrouve les éléments anatomiques
exactement disposés comme ceux que je viens de décrire en parlant des rhu-
barbes chinoises.
Rhubarbe de Canton en bâtons.
La rhubarbe de Canton en bâtons, décrite par M. Pereira sous le nom de
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mSTOlIUS NATIHIELLIS MÉDICALE. 247
Canton stick Rè^barb, n*offre aucon descaractières qui dîsiiaguenl la rhubarbe
deChine; elle présente la slruelure anatomique dti rhapootk français dont
Dous allons bientàt exanoiner les principaux caractères.
Les' rhubarbes de Tashkend, de Sibérie et de rHimalaya ayant complète-
ment disparu du commerce, je n'insisterai pas sur les caractères anatomiques
de ces espèces. Je ne parlerai pas davantage de la prétendue rhubarbe.de
Bucharîe dterite par M. Fevo dans un travail qui a eu un certain succès efi
Russie et en Allemagne. Il est aujourd'hui bien prouvé que M. Fevo a été
mystifié par quelques colporteurs qui lui ont vendu, sous le nom. de rhubarbe
de Bueharie, une rhubarbe qu'ils avaient apprêtée a leur manière.
Rhubarbes indigènes — Rhubarbe de France (PI. VI et VU).
La rhubarbe de France est très-souvent désignée dans le commerce sous le
no^mde rhaponlic; mais celte dénomioalion est vicieuse, car notre rhubarbe
ne provient pas seulement du Rheùm Rhaponticum; ceile qui nous vient du
Morbihan est fournie encore par les Eh. undtUalum et compadum; celle
qui provient du département du Doubs tst fournie par le Rh. Rhaponticum^
et celle qui nous arrive de la Provence est la racine du kh. undulatum.
Les rhubarbes de France (Pl.VII,fig. 25 et 30) présentent entre elles des carac-
tères communs qui sont bien plus constants que ceux qui existent dans les rhu-
barbes chinoises. Elles offrent entre elles une telle analogie de structure qu'il est
impossible dediré précisément par quelle espèce de rheum elles ont été fournies.
Si on compare entre elles les sections transversales des rhubarbes françaises
. et chinoises, on observe des caractères tout à fait différents qui permettent de
distinguer au premier coup d*œi1 ces diverses espèces.
La coupe transversale d'une rhubarbe française (Pl.VII, fig. 28) présente un
aspect rayonné caractéristique^ formé de lignesalteruativement blanches et jaune-
rougeàtres, presque droites^ et qui se dirigent du centre vers la circonféi^nce. Les
llgne<s blanches âont plus larges que les lignes jaunes. Celles-ci sont quelquefois
interrompues dans leur direciion; elles semblent se multipKer et se confondre
à quelque dislance du centre, pour former autour de celui-ci un ou deux cercles
bien défînis. Un peu avant d'arriver à la circonférence^ iies lignes rayonnantes
sont coupées par une zone brun-noirâlre, rarement ondulée et formant, le plus
généralement, un cercle parfantement défini ; ce cercle n*est autre que le cam-
bium du rhaponlic (Pl.VII, fif;. 31). Les lignes jaunes représentent les rayons
médullaires qui dans la rhubarbe française ne sont. généralement composés
que d'une seule rangée de cellules allongées.
Les lignes blanches sont formées de cellules polygonales renfermant une
très-grtnde qua'ntité cl'amido.n et de peelîne, et une faible proportion de cris-
taux dbxalate de tbàux; aussi les rhubarbes Irançaisea eroquent-eltes trèsipeu
sous la dent.
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â48 HISTOIRE NATURELLE MÉDICALE.
En examinant au microscope la coupe trunsversale d'une rhubarbe française
très- jeune (PL VI), on aperçoit une très-grande quantité de vaisseaux rassemblés
vers la partie centrale; quelquefois même celte partie est purement vasculaire.
Ces élémentssontdisposés en grand nombre auprès de la zone cambiale^ et dans
leur ensemble ils paraissent former un cercle concentri^ie à cette zone. Ils
sont réunis en faisceaux composés de cinq ou six vaisseaux, qui vont générale-
ment en s'agrandissant à mesure qu'on s'approche de la zone, cambiale. La
section de ces vaisseaux est gènérafement plus large que celle des cellules au
milieu desquelles ils sont répandus. La ligne brun-noirâtre^ si apparente dans
les rhubarbes françaises, est formée de sept à huit rangées de cellules étroites,
rectangulaires, dirigées tangentieilement^ et disposées assez régulièrement les
unes au-dessus des autres. Sur une jeune racine encore fraîche, la structure
duatomique de cette zone se révèle assez clairement. Les cellules qui la com-
posent renferment des corpuscules amylacés. Cette portion représentant le
cambiuin parait élre la réunion, des couches ligneuses proprement dites et du
liber. Comme je viens de le dire, les vaisseaux paraissent condensés à la partie
intérieure de celte zone; la partie extérieure est composée de cellules polygo-
nales remplies d'amidon et entrecoupées par des rayons médullaires qui vont
se perdre un peu en dessous de la partie épidermique.
La couche épidermique est composée de quatre à 'cinq rangées de cellules
tubulaires et allongées tangentiellement. Cette partie ne se rencontre pas dans
les rhubarbes du comiherce à cause de lopération du mondage qu'on leur a
fait subir.
Ainsi donc, l'absence des systèmes étoiles et la disposition trés-régulière-
ment radiée du tissu médtillaire sur la coupe transversale des rhubarbes fran-
çaises, établissent une grande di^érence entre cette coupe et celle des rhubarbes
chinoises.
Lesi rhubarbes françaises ne diffèrent pas seulement des rhubarbes chinoises
par leur coupe transversale ; elles présentent encore, sur leur surface latérale^
des caractères qui permettent de les distinguer très facilement.
En effet, si on observe à l'œil nu la surface extérieure des rhuba.rbes fran-
çaises bien décortiquées, on remarque que la partie blanche prédomine géné-
ralement sur lesvparties jaunes. Les rayons médullaires ne sont pas réunis
régulièrement et avec ordre sous forme de losanges jaunes, encadrés par le
tissu blanc qui forme ainsi un réseau très-élégant et caractéristique des
rhubarbes'chinoises, mais ils sont, au contraire, disposés toiità fait irrégulière-
ment et ils apparaissent sur la surface latérale des morceaux comme des points
jaunes dissiminés su hasard sur un fond blanc.
Cette différence dans la structure anatomiqueapparait bien plus clairement en-
core quand on examine au microscope une coupe langentielle de cette partie péri*
phérique(Pl.yiI, flg. 26). D'abord, on n'aperçoit pas la trace du réseau lo&angique
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE. 249
qui apparaît quelquefois si nettement sur la surface de certaines rhubarbes
«chinoises, et de plus, on peut étudier facilement la disposilion des rayons médul-
laires. Ceux-ci, au lieu d'élreformés de deux ou trois, et même de cinq rangées
de cellules dans le sens horizontal, ne comptent qu'une seule rangée de cellules.
Dans le sens de la hauteur, les rayons médullaires de la rhubarbe de France
sont formés à peu près du même nombre de rangées de cellules que les rhu-
barbes chinoises; c'est ce qui apparail nettement sur la coupe que nous avons
sous les yeux; nous y apercevons, en effet, sept ou huit cellules superposées,
se détachant clairement au milieu des amas d'amidon qui les entourent.
Les cristaux d'oxalate de chaux sont très-rares ^ur la surface latérale des
rhubs^rbes dv France.
/ ' {La fin au prochain n«.)
FalsUlcaÉioii», eie.
Recherche de l'alcool amylîque dans
Taicool ordinaire. — Pour le découvrir,
BeUelli conseille d^étendre 5 centimètres
cubes de Talcool suspect avec 6 à 7 vola*
rocs d'eau, et d'agiter convenablement le
.mélange avec 45 à 20 gouttes de chloro-
forme. Le chloroforme, séparé, laisse par
évaporation Talcool amylique qui pouvait
exister. Ce dernier peut alors être caracté-
rise par son odeur et par l'éthérificalion,'
au moyen d*un mélange d*acidc sulfurique
avec un acétate alcalin. Par ce moyen, on
peut déceler 0,05 pour 100 d'alcool amy-
lique dans l'alcool ordinaire;
{Répertoire de pharmacie,)
tion de la crème en beurre, alors que cette
opération ne réussit pas bien.
{Répertoire de phafrmaciç,)
Pharmacie.
L'acide salioylique pour conserver les
jus de limons. — La grande difficulté de
conserver le jus de limons récemment ex-
primé étant bien connue des pharmaciens,
Niemer, pharmacien à Munster, adresse, à
ce propos, la communication suivante au
Pharmacien Zeitung : D'après deux expé-
riences, 25 centigrammes d'acide salicy-
lique préviennent le développement des
champigtions dans 3 livres de jus de limons
frais, le $ccond essai ayant été opéré dans
une bouteille à demi pleine. Dans un essai
comparatif opéré dans les mêmes condi-
tions, nais sans acide salicylique, il se
forpia d^s moisissures en dix jours. Niemer
a trouvd aussi que l'addition d'une trace
d'acide $aiicylique facilite la transforma-
Conservation des sangsues par l'acide
salicylique. — Une solution concentrée
d'acide salicylique détermine promptement
la mort des sangsues. Mais quand la solu-
tion est très-pauvre en acide salicylique,
les sangsues y conservent *oute leur vi-
gueur; dans ce milieu, comme dans l'eau
ordinaire, elles se dépouillent de leur épi-
derme sans que l'eau se putréfie ni prenne '
une saveur désagréable. Pour chaque
100 grammes d'eau, l'auteur de ces obser-
vations ajoutait quatre gouttes d'une solu-
tion de 1 gramme d'acide salicylique dans
^00 grammes d'eau ; avec cette faible
dose d'acide salicylique; il a maintenu ses
sangsues en un parfait état de santé pen*
dant de longs mois. En prévenant la
putréfaction des débris organiques azotés
et, par conséquent, l'absorption totale de
l'oxygène disscms dans l'eau, l'acide sali-
cylique conserve aux sangsues l'élément
nécessaire à leur respiration ; son emploi
dans lofv pharmacies va donc rendre de
grands services. Dans la plupart de ses
expériences le pharmacien allemand, que
je regrette de ne pouvoir nommer, n'ajou-
tait à chaque litre d'eau que vingt gouttes
de la solution salicylique à 1/500.
{Journal de pharmacie et de chimie, )
Dilution de l'alcool à un degré déter-
miné; par M. BËRQUiER. — Le tableau
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250
R£VUB ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
ci-dessious donne les quantités d>au dis- horizontale jusqu'à la colonne au-defl^us de
tillée nécessaires pour amener à un degré laquelle est indiqué le degré 80 et Ton
déterminé un alcool plus riche. Pourob(e- trouve qu'il faut ajouter i9â p. d'eau en
nir par e:|[emple de Talcooi à 80*> avec de poids à 808 p. d'alcool à 9i^ pour obtenir
Talcool à Oi*" on cherche dans la preniicrc 1,000 p. d'alcool à 80<>
colonne le nombre 9i et on suit la ligne
h
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DCRSITÉ
DEGRÉ CHERCHÉ.
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{Gazette médicale de Bordeaux )
T03Ucolot|;le. rouge vif ou de couleur de feu, qui doi-
— vent leurs belles nuances à des matières
Tapît rouget artemoauz; par M. E. colorantes désignées sous les noms de laque
REICHARDT. -— Le commerce allemand de Vienne, de laque rouge, etc. L'analyse
livre à la consommation des tapis d'un chimique de ces laques y a fait reconnaître
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
251
la présence de Tacide arsénîeux dans une impropre à Taltmentation, il en résulte qoe
assez forte proportion : un échantillon tout ce qu*elle renferme de matières nutri-
contenait i^96p. 100 de son poids d'acide tives est complètement perdu. Cet incon-
arsénieux, et un second échantillon !2,49 vénient se manifeste moins pour la viande
p. 100. de pprc que pour la viande de bœuf ; aussi
{Journal 4e pharmacie et de chimie,) le porc salé offre aux marins un aliment
' supportable, tandis que le bœuf est rapi-
dement pour eux un objet de répugnance
HygièDe pabllqae. et de dégoût. Cette viande^ en effet, pré-
— ^ parée ainsi que "hous Ta vous indiqué plus
Les différents procédés de conserva- haut, est dorc^ insipide et détermine les
tion des viandes, leurs avantagées et . troubles gastriques les plus variés.
leurs inconvénients; par M, le docteur Différents procédés ont été proposés
0. DU iMESNlL, médecin de TAsile des pour améliorei^ les procédés de salaison,
convalescents de Vincennes. {Suite et fin, J. de Liebig recommande remploi d*un
— Voir notre cahier d'août, p, m^,) liquide contenant toutes les substances
Salaison, — Pendant longtemps la nutritives importantes qui, dans le pro-
salaison a été le procédé exclusivement cédé habituel de saumure, passent dans le
employé pour conserver les viandes à Tu- liquide et sont enlevées à la viande, ç Cette
sa^e de la flotte. Dans cette préparation, b saumure dit-il, doit contenir pour 100 li-
on place dans des tonneaux les morceaux » vres d'eau, 56 livres de sel de cuisine et
de viande par piles séparées les unes des '» une demi livre de phosphate de soude,
autres par une couche de sel de cuisine, » A chaque i I livres et demie de cette
puis on ferme herméticluement le récipient, t eau saline on ajoute 6 livres d*extrait
Pour conserver à la viande' sa couleur t de viande, une livre et demie de chlo-
l'ouge, on est dans Tusage d'ajouter au sel » rure de potassium et dix onces d*azotate
marin une certaine quantité de nitre qui, b de soude. » Par ce procédé, Liebig dé-
cn outre, ^ l'avantage de fournir à Tali- clare que la viande n*est pas diluée par
mentation des matelots les sels de potasse Teau.
qui lui manquent.^ Witheland emploie un autre procédé
La dissolution saturée de sel marin qui tendant, d'une part à utiliser pour Tali-
sc forme par ce procédé constitue ce qu'on mentation les matières nutritives conte-
appelle la saumure, et Ton s'en sert surtout nues dans la saumure^ et d*autfe part à
pour conserver les viandes de porc et de rendre la viande savoureuse. Dans ce but,
bœuf ; d'après Payen la viande de cheval se il place la viande salée avec la saumure
conserverait également bien par ce procédé, dans un dialyseur composé d*un vase dont
L'un des reproches les plus sérieux faits le fond est formé par un parchemin et qui
à Tusage de la saumure pour la conserva- est contenu dans un autre vase plus grand,
tion des viandes, sans parler des accidents D'après les lois de la diffusion, les sels de
toxiques qu'elle détermine et qui ont été la saumure et de la viande marchent vers
signalés par Raynal, e^t qu'elle soustrait à Teau du récipient extérieur, tandis que
la substance animale une partie notable des les substances albuminoîdes de la saumure
principes nutritifs qu'elle renferme. Gi- restent. Au bout de trois à quatre jours,
rardin a trouvé dans la saumure colorée en on, interrompt la dialyse et Ion trouve la
brun des viandes américaines : viande assez bien dessalée et ayant le goût
Eau . : . 62,23 **® *® viande fraîche. En évaporant la sau-
Albumine ù'iS mure, Witheland obtient un extrait de
Anim substances organiques . . 3,40 viande utilisable dans la proportion d'une
Chll''re"dS'3m i ! : ; ! ^M »-••« e""™" pour 20 livres de saumon,.
Autres sels . 3,65 M. Martin de Lignac qui a étudié avec
Contenu total en azote. .... 0,267 beaucoup de soin la question de la conser-
D'aptès Kûhnf, la saumure soustrait à vation des viandes, a apporté aux procédés
la viande non-seulement la plus grande de salaison une modification importante,
quantité de l'acide phosphorique et. de la d*abord parce qu'elle assure d'une façon
potasse qu'elle renferme, mais aussi près- certaine la pénétration (Je la viande dans
que toiles les matières extractives, lalLu- toute son épaisseur et au degré que désire
mine'soluble, et aussi une grande quantité l'opérateur, puis parce qu'elle permet de
de my4sine. Or, comme cette saumure est joindre k l'action de la saumure celle de
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252
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
condiments qui peuvent améliorer la sa-
veur de la substance alimentaire. M. Martin
de Lignac opère ainsi quMl suit: il prend
une solution saturée de sel marin, la place
dans un réservoir 'élevé à plusieurs mètres
au-dessus du sol de façon à opérer sous
une pression effective d'une atmosphère ;
à ce réservoir est adapté un tube très-
flexible que Ton peut manier facilement en
tous sens et qui est muni d'une canule que
Ton introduit dans le morceau à injecter ;
on laisse récouicment se faire jusqu^à ce
que la pièce ait reçu de 160 à âOO grammes
de saumure par kilogramme de viande.
Puis on rimmerge dans un bain dç sau-
mure, on la place dans un courant d*air et
Ton termine Topération en soumettant la
viande ainsi préparée à l'action de la
fumée.
Le fumage est fait avec soin, de façon
que la fumée n'arrive sur les quartiers de
viande qu'à la température voulue et les
enveloppe tous uniformément. Préparée
par ce procédé, la viande fumée est
agréable au goût, mais elle est très-exci-
tante, et pour être bien tolérée par l'es-
tomac^ elle doit être accompagnée de lé-
gumes frais et de boissons siimulanles.
Parkes préconise le procédé de Morgan
qui emploie un liquide consistant en 5 ki-
logrammes de saumure^ 250 grammes de
salpêtre^ 1 kilogramme de sucre, 15 gr.
d'acide phospliorique et quelques épices.
Aussitôt que l'animal est sacrifié, on in-
jecte ce liquide dans le ventricule gauche
apfès avoir ouvert l'oreillette 'droite pour
en faire écouler le sang. Après cette mani-
pulation, la viande est desséchée et enrobée
dans du charbon de bois. Parkes dit que
la viande ainsi préparée reste savoureuse
et conserve toutes ses parties nutritives.
M. Gorges a imaginé une méthode qui
relève à la fois des procédés de conserva-
tion par la salaison et par les antiseptiques :
il plonge la viande qu'il veut protéger dans
un bain d'acide chlorhydrique (à 2 ou 5
pour iOO) et ensuite dans une solution de
bisulfite de soude ; il se forme conséquem-
ment du chlorure de sodium et de l'acide
sulfurique. La viande tout à la fois soufrée
et salée est ensuite placée dans des boites
hermétiquement closes ; la viande parait
se bien conserver par la méthode de
M. Gorges.
La viande de veau est absolument ré-
fractaire aux procédés de salaison, parce
que son tissu mou et lâche réclame une
quantité considérable de sel| qui enlève,
pour les faire passer dans la saumure,
toutes les parties Nutritives de la viande
en ne laissant qu'un trame insipide, filan-
dreuse et excessivement salée.
Les différents procédés de conservation
dont la saumure est la base se reeomman-
dent par le bon marché auquel ils permet-
tent de livrer la viande à la consommation ;
mais quels que soient les perfectionne^
nients qu'ils aient reçus dans ces derniers
temps, il est impossible de faire de la
viande salée l'unique forme de l'alimenta-
tion par la viande. Ce qu'il y ff de bien ac-
quis aujourd'hui; c'est que le bœuf éalé est
une mauvaise conserve, sèche, fibreuse,
sans saveur, d'une digestion difficile et
dont on se dégoûte rapidement.
Réfrigération. — On sait depuis long-
temps qu'une basse-température arrête le
travail de la fermentation, mais c'est tout
récemment seulement que Ton a pensé à
utiliser l'action antifermentescible du froid
pour la conservation proloUgée des sub-
stances animales ou végétales sur une
grande échelle. Aux États-Unis, on se sert
depuis quelque temps d'un wagon réfrigé-
rateur pour transporter des fruits frais de
Californie à New- York; en Australie, une
compagnie a installé à bord de certains
navires des appareils pour fabriquer de la
glace avec l'ammoniaque et qui suffisent
à conserver cent tonnes de viande fraîche.
Mais en France, le problème a été étudié
sous toutes ses faces et, en faisant toute-
fois nos réserves sur le côté économique
de la question que nous n'avons pas qua-
lité pour juger, nous croyons pouvoir dire
qu'il a été résolu par M. Tellier à l'usine
frigorifique d'Auteuil. Le procédé de
M. Tellier repose sur l'évaporation et la
condensation de l'éiher méthylique; les
appareils qu'il emploie se compo!>ent :
i^ D'un frigorifèrc dans lequel a lieu
l'évaporation de l'éther méthylique, et
par conséquent la production du froid,
pu^quc la vaporisation de l'éther ne peut
se produire sans absorption de calorique;
i»^ D'un condenseur destiné à condenser,
sous l'influence d'un courant^ d'eau ordi-
naire, les vapeurs d'éther produites par le
frigorifèrc ;
5" D'une pompe de compression rece-
vant les vapeurs d'éther venant du frigo-
rifèrc et les comprimant dans le conden-
seur.
La pompe de compression sert adonner
aux vapeurs qui sortent du frigorifère à
basse pression, la tension nécessaire pour
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
S55
se condenser ; les recevant a un ou deux
atmosphères, elle les introduite 6, 7 et 8
atmosphères dans le conderiseur, d'où li-
quéfaction et, par suite, retour à l'étal li-
quide dans le frigorifère de Téther em-
ployé. La circulation continue de cet ëther
maintient Taction frigorifique indispen-
sable au succès de l'opération.
Pour utiliser le froid produit, M. Tellier
a adopté les dispositions suivantes : Le fri-
gorifère est installé comme une chaudière
tubulaire, c'est-à-dire qu'il est formé d'une
capacité absolument étanche^ traversée par
un grand, nombre de tubes; dans la capa-
cité on verse l'éther mcthyliqoe qui joue
le rôle de Teàu dans un générateur ordi-
naire ; dans les tubes on fait passer le cou-
rant fluide qu'on veut refroidir ; il joue le
. rôle de l'air brûlé dans le même généra-
teur, c'est-à-dir: qu'il abandonne son ca-
lorique aux vapeurs' qui se forment et par
conséquent fie refroidit. A Auteuil, c'est un
vaste réservoir de chlorure de calcium qui
distribue le froid suivant les besoins. A cet
effet, des pompes chassent ce liquide à tra-
vers les tubes du frigorifère, puis de là
dans les diverses installations où il doit
exercer son action frigorifique, pour enfin
venir encore se refroidir aux frigorifères,
circulation continue qui permet d'agir loin
des machines et en telle mesure que l'on
peut désirer. La conservation de la' viande
s'obtient, à l'usine d'Auteuil, par la simple
tcxposition à des températures variant
entre — i -+- 2. Pour obtenir ce résultat,
une chambre à parois isotantes est établie
de façon qu'elle ne subisse jamais les va-
riations de la température extérieure;
M. Tellier isole la chambre froide avec du
coke en pojidre.
Dans cette chambre est disposé un con-
duit en bois dans lequel sont placés, par
étages superposés, des bassins en tôle ;
c'est dans le bassin supérieur qu'on fait
arriver un des courants de chlorure de cal-
cium froid ; le courant circule de bassin en
bassin, pour retourner finalement se re-
froidir au frigorifère. L'action frigorifique
se trouve donc ainsi continuellement ap-
portée dans rinléfieur de la chambre. Mais
ce n'est [jas suffisant, il faut de plus la dis-
tribuer uniformément; à cet effet, un ven-
tilateur est placé sur le côté de la chambre
il prend iconstamment l'air à une de ses
extrémités, le force à passer dans la cavité
contenant les bassins froids et finalement
le fait sdFi'ir à Textrémilé opposée de la
chambre I L'avantage de cette disposition
est que l'air, pour revenir Iroiiver le ven-
tilateur, est forcé de se propager de proche
en proche en traversant toute la chambre,
et que par conséquent l'atmosphère de
celle-ci est incessamment renouvelée,
quoique ce soit toujours le même air qui
çoit mis en mouvement.
Ihy a un avantage notable à opérer ainsi,
puisqu'^on n'a qu'à prendre de l'air à -i- 1
par exemple pour le ramènera — i degré,
tandis que sj l'on prenait de Fair du de-
hors, il faudrait de +25 et mémo parfois
d'une température plus élevée le ramener
à~l degré.
De .cet ensemble de dispositions il ré-
sulte : i" que la température est maintenue
entre — 1 degré et -+- i degré ; 2* que
l'air est desséché et abandonne l'eau en
suspension sous forme de givre ; 5<* que
l'air est épuré mécaniquement par le fait
de la condensation, qur entraine tous les
germes, spores, etc., qu'il pourrait con-
tenir.
Ces conditions de succès sont complé-
tées par l'emploi, à titre de desséchant, du
chlorure de calcium dans la conduite, de
sorte que Pair entre dans la chambre assez
peu saturé d'humidité pour avoir toujours
la facilité d'absOrber celle qui s'échappe
des corps à conserver.
La viande soumise à la méthode Tellier
peut se conserver très longtemps, et parce
qu'à zéro et au dessous la fermentation est
arrêtée, et parce que dans le cas où les
spores contenus dans l'air, échappant à
l'épuration mécanique dont nous avons
parlé, viendrait à tomber sur la surface
desséchée de la viande, ils ne trouveraient
pas l'humidité nécessaire à leur dévelop-
pement.
Froid et dessiccation lente. Celles sont les
bases de ce procédé qui, ne modifiant en
rien la constitution du produit à conserver,
-n'apporte, ce qui nous parait essentiel,
aucun changement dans les habitudes da
consommateur. Dans un rapport fait il y a
qucfiques mois au Conseil de salubrité de la
Seine, M. Poggiale rend compte en ces .
termes des expériences auxquelles il a as-
sisté à l'usine frigorifique de M. Tellier :
« J'ai trouvé, dit il, dans la chambre fri-
gorifique établie dans l'usine d'Auteuil
diverses pièces de viande, des moutons,
des lièvres, des perdreaux, des faisans, etc.,
parfaitement conservés; j'ai constaté en
outre que deux perdreaux, pesant 804 gr.,
qui avaient été déposés dans cette chambre
le 4«' février 4874 et qui en ont été retirés
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25i
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
le 5 mars» étaient dans un très-bon état de
conservation; on les a trouvés savoureux.
A la sortie de la chambre, le poids de ces
deux perdreaux n'était plus que de 7H6 gr.
Le perdreau que je mets sous les yeux du
Conseil a été conservé pendant cinquantcr
cinq jours.
» J*ai reconnu également, ajoute M. Pog-
giale, qu*un demi-mouton maintenu^ à
zéro pendant trente- sept jours, présentait
les caractères de la viande fraîche ; on Fa
rôti, et plusieurs personnes qui en ont
mangé ont déclaré qu'il était excellent.
Le poids, qui était de 8 k.^SOO s'est
abaissé à 7 k.,550. La perte en. poids,
due à la dessiccation, a donc été d'environ
12 pour 100 en trente-sept jours. L'épaule
de ce même mouton était de bonne qualité
après cinquante neuf jours de conserva-
tion. Dans une réunion de membres de
l'Académie des sciences, à laquelle assis-
taient MM. Chastes, Frémy, de Quatre-
fages, Jamin, Becquerel fils, Larrey,
Bouley, Cahours, Decaisne, Phillips, on
a goûté et trouvé bonne de la viande de
mouton conservée depuis six semaines. i
Il résulte das expériences faites à Tusine
frigorifique d*Auteuil, ^t auxquelles ont
assisté MM. Bouley et Peligot, commis-
saires de TAcadémie des sciences^ que les
viandes se conservent parfaitement par le
froid.
Maintenant, M. Tellier pourra-t-îl réa-
liser le but qu'il se propose, de transporter
de l'Uruguay en France des quantités con-
sidérables de viande fraîche sur une bou-
cherie flottante munie d'un appareil frigo-
rifique et de la livrer sur le marché de
Paris à raison de iO centimes le kilo-
gramme? c'est un projet réalisable et dont
nous souhaitons vivement la mise à exécu-
tion. En attendant, et quoiqu'il arrive, ses
travaux ont un gi^and intérêt pour l'hy-
giène publique, et par lui nous sommes
aujourd'hui en possession de la solution du
problème depuis si longtemps discuté,
la conservation de la viande à l'état frais,
{Â nnales d'hygiène publique . )
Médecine léi^ale.
De Thyaien et de ion importance en
médecine légale, par M. le docteur E. GA-
RIMOND, professeur agrégé à la Faculté
de médecine de Montpellier. {Suite et fin.
— Voir notre cahier d'(wiltt,ip. mS,)
Si donc, d'habitude^ l'hymen n*est point
conservé pendant les rapports sexuels,
exceptionnellement il se prête sans rupture
aux actes les plus complets dans l^urs con-
séquences, à ceux auxquels on ne peut
refuser le nom de viol, lorsqu'ils sont
accomplis avec violence.
0n peut sans doute objecter que ce sont
des faits rares qui ne peuvent se retrouver
chez de jeunes enfants, victimes le plus
souvent de ces crimes odieux. Le déve-
loppement de leurs organes n'en permet
jamais la consommation complète; il ne
peut y avoir chez eux d'intromission, et
par conséquent de défloration. Il faut des
Aa-des8ons de 11 ans 29 déflorations,
De tl à 15 — 45 t-
— 15 à «0 — 39 -
An dessus de 20 — .'> —
Non indiqué — 2 —
a Ce tableau, ajoute ce légiste, met en
lumière d'une manière très frappante l'in-
fluence de l'âge sur TefTet de la déflora-
tion. On voit, en effet, que si elle est
possible chez les petites filles, elles est le
.circonstances particulières qui enlèvent au
crime le caractère du viol, pour que des
faits semblables à l'observation de Marc
viennent à se reproduire; on les classe
donc forcément dans la catégorie des atten-
tats à la pudeur. Mais même en se plaçant à
ce point ^de vue, la statistique prouve que
l'acte coupable s'exerce sur une propor-
tion considérable d'adultes, et les condi-
tions constituantes du viol peuvent se
retrouver, quoique le signe matériel carac-
téristique manque quelquefois, k Ce n'est
guère, dit M. Toulmouche, que depuis
treize et quatorze ans jusqu'à dix-huit ou
vingt que le viol est consommé. » Les
observations de M. Amb. Tardieu confir-
ment en partie cette manière de voir;
seulement, la limite inférieure ne serait
pas la même.
Sur 118 observations on retrouve,
d'après cet auteur :
— Complètes il Incomplètes 18
-- 51 -- 14
— 36 - 3
— 3
— 2
plus souvent incomplète, et qu'à mesure
qu'on s'élève dans Tâge nubile elle devient
à la fois plus facile et plus fréquente. »
Par conséquent, dès l'âge de onze ans,
malgré la conformation des jeunes filles.
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
255
Tacte peut se consommer, et la proportion
d*adultes exposée à des violences de ce
genre est même considérable.
Si donc le crime s'accomplit et que les
exceptions que je signale se présentent»
peut-on modifier ces appréciations par cela
seul que la membrane n'a pas été déchirée,
mais parce qu'elle a été refoulée ou parce
qu'elle n*a jamais existé ?
Dans les relations sexuelles illicites et
yiolentes; la persistance de l'hymen prouvé
simplement qu'une circonstance particu-
lière n'a pas permis sa rupture, et ce' der-
nier fait n'enlève rien au caractère de
Tacte, qui physiologiquement est le même
et peut être suivi de toutes ses consé-
quences.
2** L'absence fréquente et quelquefois
congénitale de l'hymen ne permet pas que
Ton fasse servir cette membrane h une
ligne* de démarcation entre les deux zones n
génitales, et entre les actes qui s'accomr
plissent régulièrement à des hauteurs
diverses, mais indéterminées.
L'hymen peut, en eflFet, manquer com-
plètement, et dès lors il n'y a plus de ligne
de séparation entre les organes sexuels
externes et le vagin. Cette absence tient à,
des causes variées : à une chute, à- un
mouvement d'adduction forcé, à une intro-
duction volontaire ou accidentelle de^ corps
étrangers. Toutes les fois que l'on examine
une jeune fille adulte, on peut invoquer
une action de'ce genre, lorsque la mem-
brane obturatrice n'existe pas ; mais il n'en
est plus de même si l'on porte l'attention
sur de très jeunes enfants chez lesquels
l'absence congénitale de l'hymen est
incontestable.
M. Amb. Tardieu, dans sa grande pra-
tique, n'a point rencontré de semblables
exceptions. Cependant, Capuron et M.
Toulmouche en ont constaté chacun une
chez des adultes. En examinant toutes les
jeunes filles que j'ai reçues par deç accou-
chements, celles que j'.ai eu occasion de
soigner, j'ai pu arriver à retrouver detix
faits dans lesquels la membrane hymen
manquait en entier. La première observa-
tion portait sur une petite fille à peine née
depuis quelque heures à la suite d'un tra*
vaîl régiiier. D'habitude je m'assure si
l'enfant est normalement conformé ; c'est
en faisant cet te recherche que je m'aperçus
de cette anomalie. Les cuisses fortement
éoavtées et les grandes lèvres repoussées
en dehok*s, je vis l'ouverture du vagio
communiquant à l'extérieur, et je fus
même surpris de son amplitude tout h fait
insolite. En ce moment^ peu au courant de
la question, je négligeai de noter l'étal des
caroncules myrliformes, leur absence ou
leur présence. Dans une seconde explo-
ration, plus avisé, je constatai encore,
chez une enfant de cinq mois, l'absence
de la membrane en même temps que celle
des cai^oncules myrtiformes.
Ces observations se rapportent à des cas
de vagin simple, mfiis il parait que lorsque -
cet organe est double, l'hymen manque
assez souvent; c'est du moins ce qu'affir-
ment certains auteurs d'anatomie. c Lors-
qu'il y a duplicité du vagin^ dit Joseph
Hyrtl, il est important de savoir que l'hy-
men manque sans exception. » Rien, dans
l'étude du développement, ne justifie une
assertion aus^i absolue; cependant il est
probable que cet auteur doit avoir ren-
contré plusif^irs cas confirmant son opi-
nion, mais il a certainement oublié de
noter celui si classique d'Eisenman, dont
la fréquente reproduction par le dessin
permet à chacun de s'assurer qu'il existe
au moins une exception à cette règle sur
l'abset^ce de l'hymen.
Donc, la membrane obturatrice du vagin,
non-seulement peut disparaître artificiel-
lement, mais elle n'a pas même une exis-
tence nécessaire : elle ne peut servir à
établir une ligne de démarcation entre des
organes liés au même système, qui
ont une importance au moins égale et
qui concourent tous au même but. Dès lors,
la défloration peut bien être le viol, mais
tout viol n'est pas une défloration.
5** Enfln la forme des ouvertures de
l'hymen permet quelquefois les rapports
sexuels les plus complets; et, quoique la
membrane ne soit pas rompue, on peut
affirmer cependant que la conjonction
sexuelle a eu lieu.
J'ai déjà signalé les variétés de la mem-
brane obturatrice. Il résulte de cette étude
que le plus souvent la forme et l'étendue
des ouvertures ne se prêtent pas aux rap-
ports sexuels avec intégrité de l'hymen.
Cependant, dans quelques cas exception-
nels, ceux-ci ont pu être complets sans
déchirure ni éraillure. Le grand nombre
d'exemples déjà cités prouve seulement
que la fécondation peut avoir lieu sans
contact immédiat, dans des rapproche-
ments sifnpiement externes. Le fait sui^
vaut, que j'ai recueilli il y a peu de temps,
a une tout autre signification.
Il s'agit d'une jeune femme mariée
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2S>6
REVOE ANALYTIQUE ET CRlTlOUE.
depuis plus d*an an et arrivée aa lermé de
la grossesse. Appelé auprès d'elle ^au mo-
ment du travail, je voulus me rendre
compte de Tétat des parties et de la pré-
sentation de Tenfant; Tindex, une fois
introduit avec peine dans le vagin,, se
trouva retenu par une bride demi circu-
laire, et je ne pus pénétreï^ jusqu*au col de
Tutérus. L'hymen n'avait point été dé-
chiré, et c'était son boi4l antérieur en
forme de croissant qui offrait cette résis-
tance insolite. Au moment de Taccouche-
mei^, il fallut débrider à droite et à gau-
che la membrane tout à fait .intacte, et
cependant les rapports sexuels avaient été
réguliers, réitérés, et le mari, dont les
organes avaient un très-petit volume,
s'était h peine aperçu de cet obstacle per-
manent.
La présence de l'hymen non-seulement
n'est pas toujours une barrière infranchis-
sable, mais Paccouchement lui-même peut,
dit-on, s'accomplir sans que la membrahe
dont l'ouverture se trouve dilatable su-
bisse de déchirure. C'est ainsi que l'on
retrouve dans le musée de Meckel à Halle
une pièce anatomique de l'appareil génital
d'une femme ayant accouché au septième
mois de sa grossesse avec intégrité com-
plète de l'appareil génital.
En résumé, la persistance de l'hymen
■ne modifie en rjen la. portée de l'acte et de
ses conséquonces. Physiologiquement, les
organes de la sphère externe constituent
avec ceux de la sphère interne et moyenne
un appareir unique. Leur importance est
supérieure à celle du vagip, qui les séparç
de l'utérus. On ne peut donc diviser les
rapports sexuels illicites suivant qu'ils se
limitent à telle partie des organes. Leurs
conséquences chez les adultes sont d'ail-
leurs les mêmes. La grossesse peut en être
le résultat. Si l'on accepte l'idée contraire,
il faudrait admettre que les déflorations
incomplètes si nombreuses, 30 sur il 6,
ne sont pas des viols, puisque !a scène
s'est passée à l'entrée du vagin. Or, si le
crime présente la condition formelle exigée
par le législateur, la violence, on ne voit
pas de quel droit on le séparerait alors de
ceux dans lesquels l'hymen a été un peu
plus déchiré.
L'absence^congénitale ou acquise de celte
membrane, chez de jeunes personnes, ne
permet point d'attacher aux lésions de 1 hy-
men une importance exclusive dans l'ap-
préciation du viol.
L'ouverture naturelle de l'hymen, très-
variable en étendue, sa laxité, l'exiguïté
des organes sexuels de l'homme, peuvent
permettre sans déchirure les rapports plus
complets, et dès lors - son intégrité ne
peut point prouver d'une manière absolllic
que le viol n'a pas été consommé.
Telles sont . les raisons exclusivement
médicales qui s'opposent à ce que la déflo-,
ration soit assimilée au viol. Ces deux
mots ne peuvent point être considérés
comme synonymes. Les jurisconsultes ont
du reste depuis longtemps jugé cette ques-
tion : un arrêt de la Cour de cassation du
i 4 juin 181 i a eu effet décidé qu'abuser
d'une femme avec violence, c'est com-
mettre le crime de viol, alors même que
cette femme aurait eu déjà des enfants.
Alais si, à aucun point de vue, le viol ne
peut être toujours' la défloration, celle-ci
n'en a pas moins une très-grande impor-
tance, et seule elle permet dans quelques
cas une appréciation exacte et presque ab-
solue. Malheureusement elle est elle-même
assez diflicile à constater. Les signes de la
rupture n^ont qu'une durée - éphémère :
généralement, après huit ou dix jours les
parties sont cicatrisées, et, si des rapports
réguliers ont continué à s^exercer, les ca-
roncules myrtiformes se sont formées et
l'on ne peut rien affirmer de positif relati-
vement à^sl'époque où la déchirure a eu
lieu. Je n*ai poipt à m'arrêter sur Texposé
des désordres matériels résultant de la dé-
floration. Ces altérations ont été parfaite-
ment étudiées par MM. Amb. Tardieu et
Toulmouche, et je me borne aux conclu-
sions pratiques que j'ai déjà présentées.
L^'importance de l'hymen au point de
vue légal est donc bien restreinte. Sa per-
sistance, comme sa déchirure, ne devient
une source de renseignements précis que
dans des circonstances assez rares, et le
légiste est oblige de recourir à d'autres in-
vestigations pour éclairer la justice. Sou-
vent il n'arrivera à aucun résultat, et il ne
devra point craindre alors d'avouer les dif-
ficultés de l'expertise. C'est une preuve
qui manque à l'instruction à laquelle il
s'efforce de prêter son concours; mieux
vaut déclarer son impuissance que de for-
muler des affirmations non justifiées que la
conscience réprouve et auxquelles on voit
souvent les f!aits donner plus fard un dé-
menti éclatant.
» Pour satisfaire au mandat dont on
honore à bon droit le médecin, il y a ur-
gence de savoir ce qiTe la science easeigne ;
mais quand la science hésite parca qu'elle
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REVUE AfiAIrYTIQUE ET CRITIQUE.
â87
douiBi.^'iS m 9flis pas e$i le rapt q^'jl, fout
ppoaonQech^^iteoieDi et nobleoijent,, à coQ'
dili^Q toutefois que l!expcrt puisse prouver
qiie nul autre ne saurait mieux faine à sa
plactt (1). 4 M ne faut point cF>ercbef à aug-
menter outre mesure rinvportance ^e l'ex-
pertise .médicale, et Tavcu simple de son
impAiissav^ee.. dans I quelques cas donnera
plus de veleur aux assertions du médecin
dans d'autpesi. C*e$| ee qui doit trè» sou^
-v»nt arriver^ si I'od veut examiner le viol
;30us ses a»pecla si divers et les seuls vrais.
Ilçst en effet bien diflleile de reconnaître.
touj^Mirs s'il y a eu des rapports sexuels
dai^js.les oondil?^ns déterminées par la lT>i.
Au contraire^ si Von ne s'occupe que de la
défloi^atiop comme élément essentiel et
matériel du erime, il.in'y a plus d'hésita-
tion ; mais .nous avons vu quelle diver-
gence existe entre les auteurs de médecine
légale jet .ks»rai&ûas, qui. devaient, faire ad-
mettre rinterprétation la plus large. Ce
manque, d'accord^ regrettable sans doute,
n*est pas dû çk entier aux'médeôîns' Ié>
gistcs; il résulte bien plutôt de leurs efforts
pour conformer leurs définitions aux li-
mites qiie lès législateurs leur ont impo-'
sées par la rédaction des articles 53); 55^ x
du Code pénal. ^
331. Tout attentat à la pndeur con-
sommé ou tenté' sans violence sur la per-
sonne d^ttn enfant de Vùn ou de Tautre
sexe âgé dé moins de treize ans, sera puni-
de la réclusion. — Sera puni de la même
peine Tattentat à la pudeur commis par
tout ascendant sur la personne, d'mi mi-
, neur même âgé de plus de treize ans»
mais non émancipé par le mitriage.
3.3^« Qufcooqiie aura commis le crime
de viol sera punt des -travaux - A>rcés »
t^mps. Si Je crime a étécommis s,ur ta per-
sonne d'un enfant au-dessous de l'âge de
quiflze ans, le coupable subira le maxi-
mum d€|s travaux n>rcés à temps. — Qui-
eopque aura commis <in attentat à la pu-
deur consommé o\\ tenté avec violence
contre des individus de l'un. Ou de l'autre
sexe,, sera pirni de la réclusion. Si le crime
a été commis sur la personne dNin enfant
a^Hl*^^^^^ ^ rage de quinze ans accom-
plis,' le. coupable subira la peine des tra-'
vaux forcés à temps.
. XeJ^isltteur ia classé sous un x^m gé- ,
nériquei, c attentat à la pudeur, » des
. (1) Peiard, De VintervetUion du médecin M-
giiie dans tes qiéestions éC attentat aux mœurs
{Ann.àhyg.et'éeméd, lég ,i, XIV, 2» série,
.P.131).|
actes; trèsrvariés ; Tun d*eux reçoit dans
quelques circonstances particulières un
nom différent, et il est frappé d'une péna-
lité plus élevée.. C'est Ik viol» ou, comme
dit Jousse, la conjonction sexuelle illicite ;•
mais cette conjonction n'a droit à être ainsi
désignée qu'à la condition d'avoir été exer-
cée avec violeace, et par ce mot la loi
entend non-seulement l'abus de la force
physique, mais encore l'emploi des moyens
qui auraient momentanément privé la vic-
time de l'usage de ses facultés, et l'auraient
mise dans l'impossibilité de,. résister. La
plupart des crimes commis sur de très-
jeunes filles ne doivent point être consi-
dérés comme des viols, puisqu'il n'y a pas
habituellement de lutte, et qu'aucMQ moyen
n'a été employé pour leur enlever l'usage
de. leurs facultés. Il en est de même des
personnes en démence.
,. Il y a donc dans la caractéristique de ce
crime deux conditions essentielles : l'une
appréciable par le médecin, l'autre qui ap-
partient è l'instruction judicbire, de sorte
que ce même acte est tantôt un viol, tantôt
un simple attentat a la pudeur. De là une
confusion à laquelle l'expert n'échappe
point toujours.
Il se trouve, eu égard à l'accusé, dans
une position e^i^trémement délicate, et il ne
peut répondre à la question qu'on lui pose
sans assumer sur lui une responsabilité qui
ne doit point lui incomber. Si on lui de-
mande : Y a-t-il viol? celui-ci ne dépen-
dant pas seulement de l'acte consommé,
mais des circonstances dans lesquelles il
s'est accompli, il ne peut résoudre cette
diffîeultc sans usurper les foflcti«>ns du juge.
(C'est ce qu'a trcs-btën senti M. Amb.
Tardieu, et l'habile légiste, ne voulant point
sertir du domaine médical, a cherché un*
moyen d'échapper à cet enibarras. Il ré-
pond à la question posée : Non pas il y a
viol, mais il y a eu défloration complète,
incomplète, ou nulle ; il y a ou il n'y a pas
^de traces de violence. Au juge, après cela^
deiaire de ces appréciations ce qu'il vou-
dra (4)-
Cet exemple serait bon à imiter, isi le
signe invoqué avait toute la valeur que lui
attribue l'éminent légiste ; je n^ai pas à re-
venir sur ce point, qui a été longc^ment
(1) M. Penard raconte |{ae dans une occasion
oû il avait reçu la Mission dt décider si deux
alteolats à lu 'pudeur avaient été commis, il se
laissa aller à traiter dans son rapport la question
de viol : en cour d'assises, il fut rudeaient ramené
par le président aux attentats à la pudeur, qui
étaieiH en iitige.
33
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238
ACADÊHÎIBS ËT SÔClâTËS SAVANlrl^.
dtsèuté. WaH puisctu'oti ne peut s'en tenir à
ce carftetè^e exclusif, le v^t*ai moyen dié
faire disparaître le désaccord serait peut-
^ire de 'modifier la rëdaetiori des artiéleé
531 et 55S, et d^ donner i^ne autre portée
aux mots viol ^t attentats à îa pudeur. Ces
derniers pourraient correspondre h tous les
actes coupables sur l*nn ou rautresexé,
commis en dehors de la sphère ^nitale de
la femme. Le mot viol serait réservé è tous
ceux, de quelque nature quMls fussent,,
ayant leur aetion sur les organes génitaux,
et, une 'fois 'la culpabilité établie, le nom'
de viol lui serait légiliniemcnt appliqué.
Dans rim possibilité de reconnaître/ même
par le témoignage, si e*est Forgane sexuel
de^rhomme ou un corps étranger qui a
produit le* désordres qne Ton constate,
considérant d'ailleurs qu'une atteinte de
cette nature est toujours pltis odfeftie que
poUr les autres attcniatsl, je Mrtiis pofté è
désigne^ ainsi, avec M. Tardîeu, to<ite vio-
lence, de quelque nature qu'eWfe' =sôil, exer*
cée sur les organes sexuels de la femme. SI
cette manière de voir était Bdopté<^, la pé-
nalité devrait être graduée suivant les dr*
constances t{ui douneniBucrfmeon aspeet
vané; on éviterai) par \h une eonfusion.
regrettable. Le mot iiiol ne serait point dé^ '
tourné de. son acception prihiUivè, puisqUUt
> a toHJonrâ violence sur Tes organes
sexuels, mith VcUtentàt à la ;>«t!êtir serait
séparé complètement dé ce dlemier errmé,
et Texpert pourrait plus facilement répon<*
dre à toutes les question^' po^iées> sans
crainte de sortir d« son rèle et xl*Usin^per
les attributroiis de la magistrature.
( Anuàles d'hygièh» ^t^lixiiue, )
III. âGADÉMIE^ et SOClËTéS SAViiKTBS.
Société, Royale de» Seîenoes médi«alet et,
oaturelles de Bruxelles.
Bulletin de la séance du 6 ttptefnbre 187^^
Pre*/rfwr; M. L. Martin. , ,
Se,crétair:e : AI. van den Corput*
Sont présents : MM. Tiriffrfay, Martin/*
Rommclaere, Lorge, Vande Vyvere, Cha-
ron, Ledeganok, Wehenkel, Schuormans,'
van den Corptit.
Le procès -"ver bal de la séance pré«é«'
dente est lu et adopté.
La Correspondanee comprend : i*> Une
Lettre de M. le do^^teur Degliilag< r9pp;cla«t
la demande d'échange par loi précédem*^
menC faite ées Archivas belges de thérapeu-
tique avec le Journal demédediie de Bruxel-
les. Renvoi à M. van den Corput; i«M. le
dœtenr |)ourn« ville fait hommage de la
brochiiro qu^ii vient de publier eut le cas
de Louise Lateau, Renvoi, pour analyse 'il
M. J. De Smeth, en même temps c(ae le
livre de M. le docteur Boëns sur le même
sujet ; 5<* M. Haaxman fait hommage de
J'étttde qu'il a publiée sur Lceuwenhoek.
Renvoi pour compte- rendu à M. Lede- ,
ganck; 4» M. le docteur Ncpveu, de Paris
fait hommage de différents opuscules de
chirurgie dont il est Tàuteur et qui sont
renvoyées pour analyse à M. Tirifabyj
5" La Société reçoit encore avec demande
d'échange un journal italiAQ intitulé : /?tf .
vista sperimenipUe di FrerUatria, Renvoi à
MM, Janssens et De Smeth ; Ô*" Lettre de
M. le directeur du Journal de médecine de
Bordeaux demandant rechange de celui-ci
avec le; Journal, de > médecine de Bruxelles,
Renvoi à M^ Rommelaere pour nippprt.
Ouvrages présentés :
1. Science et miraele. '^ Louise Latetti-
on la stigmatisée belge. ' par le docteur
Bourne ville i Paris^ 1875. '
2. De Textirpationdu rein, par le doc-
leur Nepveu. fai^is, '1878.
^. Rupture dos kj^stés^ 4e Tovaire, par
le docteur Nepvepu.
4. Des lésions vaséulaîres dans les f rao-
tares de jambe, par le docteur I^epveu. >
> 5. Contribution À l^étude des tumeiir»
dli testicule, â« éd., par ie docteui* Nep*-
veu. Parfe, iSl^.
6. Bulletin médical du nord, juin 1^75.'^
Lille, 1875.
7. Archivées belges de thérapetr{{<|iie,
par le docteur Deghilage, ae^t. Mons,
1875.
. "8. 1)iv4sta s|>crimei»tale di PrettihtHîi e
di medioifta légal». Abno primo. Reggio-
Emilia, 1875,
9. Sur la direction de Paiguille aimantée
a Bruxelles, en 1875; note par M. Em.
Quctelet.
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AQ4PÊVIES Et S^tClÉTfe SAVANTES.
2b9
Anno U, n*» 9. Napoli, 1875,
11. Gaz^Uc médicale . de Hprdaaux.
Rectteil écifiuUfique du SMd-Quc«t. N<»' 11
eMi^* Bordei^uJ!^, iH75.
12. Antony V3n Leeuwenlioek, door
P. J. Haaxroan. LeiJcn, 1875.
15. Exposition internationale et Con-
grès d'hygiène et de sauvetage de 187(5.
Règlements généraux Bruxelles, i875.
14. Congrès périodique' international
des sciences médicales, 4« session, Bruxel-
les, 19 septembre 1875. Programme et
règlement. Bruxelles, 1875.
15. Bulletin de TAcadémie royale des
sciences des lettres et des beaux arts de
Belgique. N»* 5, 6 et 7. Bruxelles, 1875.
16 è 95. Divers journaux et recueils
scientifiques et périodiques.
Avant de passer à Tordre du jour, M. le
Président s'exprime de la manière sui-
vante :
Messieurs et chers collègues. En pre-
nant possession du fauteuil de la prési-
dence auquel vous m'avez fait Thonneur
de m'appelcr pour la seconde fois, per-
mettez-moi do vous exprimer ma .pro-
fonde gratitude pour le témoignage d'es-
time et de sympathie que vous avez bien
voulu me donner dans une circonstance
récente bien cruelle pour moi.... Il n'ap-
partient qu'à des bommes de cœur de com-
prendre combien une semblable démarche
peut amoindrir la souffrance de celui qui
en est l'objet. A ce point de vue seul, je
serais heureux et fier d'appartenir à la
Société royale des sciences niédicales et
naturelles dont les membres savent alliera
l'austérité de la science qui est appelée à
éclairer l'humanité, les sentiments du cœur
qui en font le plus bel ornement.
Je vous remercie encore de la haute
marque de confiance que vous venez de
me donner en me plaçant de nouveau à la
léle de la Société. Aidé de votre bienveil-
lant concours, j'accomplirai ayec zélé et
dévouement les devoirs que m'imposent
mes noQvelles fonctions. J'apporterai dans
la direction de vos savantes discussions
toute It modération et toute l'impartialilé
dont j< suis capable. J'aurai soin d'en
écarter toiit ce qui ne ressortirait pas à la
science pure el surtout ces questions hy-
brides que, depuis quelque temps, on
semble prendre à tâche de produire au sein
des so<iétés savantes qu'elles ne peuvent
q^ue cmipromeUre sans profit pour cette
science qui n'en, ^f» que (airç. Je veillerai
autant qu'il me sera possible aux iptéréts
de notre chère Société dpnl la situation
prospère doit lui faire envisager l'avenir
avec sécurité et lui permotlix* la,^pcrpc-
tuation de ses utiles travaux. JBnlin, je
m'entendrai avec notre Secrétaire et Ré-
dacteur en chef, qui a rendu tant et de
si précieux services à la Société et dont le
talent est justement apprécié, pour ^uc
notre journal paraisse avec toute la régu-
larité possible.
Encore une fois, Messieurs et ciiers col-
lègues, je vous remercie. (Applaudisse-
menU,)
Aucun des rapports portés à l'ordre du
jour n'étant prêt, la parole est à M. Schucr-
mans pour une communication.
M. ScHUERMANS. Mcssicurs, c'est avec
appréhension que je viens Vous soumettre
un perforo-tracteur pour les cas d'angustie
du bassin.
Le forceps-scie de M. Vanhuevel, le
transforafeur de M. Hubert ont effacé les
céphalotribcs des docteurs Baudeloque, de
Cazeaux, de Dubois, deBlot, de Chailly, de
Depaul, de Scanzoni, etc. Ces instruments
de nos compatriotes ^ si remarquables,
doivent rendre bien circonspects les prati-
ciens qui voudraient encore présenter
d'autres appareils de céphalotripsie. Ce-
pendant comme il n^'y a de colonnes
d'hercule pour aucune science, il est permis
à un chacun, quand il croit avoir réalise
un progrès, d'exposer cette découverte qui
en recule peut-être ^cs bornes. Agir ainsi
est un devoir, auquel j'obéis.
J'appelle donc^ Messieurs^ votre atten-
tion sur un perforateur pouvant s'adapter
à l'une et l'autre branche du forceps de
M. Vanhuevel. Il est composé d'un manche,
d'un pas de vis terminé par une gouge,
dont la pointe est une double vis, d'un
point d'arrêt et d'unécrou mobile que l'on
attache à la branche du forceps.
Comme perforateur simple du crâne il
est certain qu'il a des avantages consi-
dérables sur les ciseaux de Smellie, de
Blot et les perce-crânes à trépan. La mobi-
lité de la tête la fait fuir au devant de ces
instruments qui peuvent glisser dans un
faux mouvement, et compromettre l'inté-
grité du vagin et do la matrice» Quand il
s'agit d'aune présentation de Is^ face, on
doit encore craindre d'engager le perfora-
teur dans les os de la face, où il pourrait se
perdre sans atteindre la cavité crânienuie.
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260
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
Avec le perforateur que nous présentons,
aucun danger n*est à redouter, ni auenn
inconvénient de Tespèce n*est à encourir..
Disons, tout d*abord^ que c*est une erreur
de croire que le pelit forceps de iM. Van-
buevel, ne puisse point s'appliquer au
détroit supérieur, et à plus forte raison
qu'une seule branche ne puisse y être con-
duite. On doit aVoir la précaution éffi rin-*
sinuer profondémept d'api^ès les circoa-
D
U^Cenâ.
i
K
stances. Il est plus facile à manier que le
forceps de Hatin parce qu*il est plus court,
qu'ainsi la main est plus maîtresse des
directions imprimées^ qu'elle e^t plus sûre
de ses mouvements, comme elle Test plus
de ses incisions quand elle manie on scal-
pel qu'un long bistouri. Lorsque Ton a
introduit la branche armée dé fécrou,
ce qui est toujours facile même au détroit
supérieur, la branche étant unique,, on
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ACA1>ËM1ES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
261
charge un aide de déprimer fortement la
région bypofj^astrîque pour fixer . la tète du
fœtus sur le détroii supérieur, et par cod<
séqdent contre la braocbe- introduite.
Llside se placera du côté de cette dernière^
et avcfe .tes deux mains, il appuiera cette
' tête contre la cu>î)Ière. On place alors la
tige du perforateor dans Técrou, on pousse
doucement le manche là gouge est couverte
d'un dé en caoutchouc et ensuite on tourne
le manche du perforateur. Une fois le
crâne saisi, la perforation se fait sans
danger, les parois utérines garanties par
le crâne et la branche du forceps se trou-
vent dans rimpossibîlité d'être atteintes et
la craniotomie s*opère jusqu'à rextrémité
de là branche introduite^ sans Tombre d*une
lésion. L*aide dès lors cesse la dépression.
Arrivé' X ce temps de Topératibn on doit
avoir exaniiné comment il faut procéder
ensuite. Le bassin ti*est point rétréci, ou il
Test peu, il présente encore 8 4/2 centi-
mètres à H centimètres' dans son diamètre
sacro^pelvieta, une seule pi^rforation est
peut-être suffisante et Ton peut immédia-
téknent tenter des tractions; Touverture
d*enti<ée faite an crâne étant plus grande
qtic la tfgC; la substance cérébrale s'écou-
lera ft^iiement lé long de celle-ci et la
voûte s'aihincit' d'autan t. Mais, si le bassin
ne 'mefsuré que 7 centimètres, et à plus
forte raison, s'il n'eri a qlie 6 à 5, il faut
de toute* nécessité pratiquer plusieurs per-
forations à la base du crâne (sphénoïde)
dont ia solidité, d'après la croyance com-
mune, est le seul obstacle à la sortie de ta
tête. L*exti^cnrïté de la cuiller du foreps^
alteiâf le plus souvent cptte base. On intro-
duit'donc la branche femeKe aussd haut que
possible, et après, avoir fait une première
perforation^ on dévisse un peu la tige et l'on
abaisse de deux centimètres la partie supé-
rieure de' la branche, et Ton dbnne de
nouveau quelques tours de vis jusqu'à ce
que le perforateur ait rencontré le forceps.
L.'on retire peu à peu la baanche et à chaque
distance de ^ centimètres Ton pratique
une^erforation jusqu'à la sortie du crâne.
Branche et tige sont ensuite retirées en
protégeant les parties materiftlies avec les
doigts. Ion applique ensuite la branche
mftie et l'on recommence les mêmes ma-
noeuvres j '
Léktrkï'e binsi criblé de' perforations, les
os ch'éVanchent aiséirient et passent par
la fifièrd du bassin à' la suite des trac-
tiohsexiculétes par la branche du for-
ceps ^t 'lia tige rémpiissàt>t le rôle de se-
conde b*'anche, mais intra-cfânienne ; elle
n'ocQupe pas plus de place que si la bran-
che introduite était seule^ Les tractions
présentent moins de danger que celles
opérées par le forceps, car, quoique le
-crâne soit perforé dans plusieurs endi^oits
il reste couvert du cuir chevelu et n'offre
aucun éclat d'os; donc la matrice et le
vagin, garantis par la peau du crâne, ne
peuvent être lésés; l'on peut au préalable
îubréiîer ia tête du fœtus par une injec-
. tion d'huild pour en faciliter le glissement.
Cependant on peut encore opérer l'extrac-
tion de la tête d'une autre manière. L'-on
glisse te long de la tige une planchette en
chêne d'une largeur de 2 centimètres et
d'une longueur de 4 centimètres. Une
ouvertui^e pratiquée en biseau permet
d'incliner le bois sur la tige et de l'intro-
duire dans l'ouverture du crâne. Là, à
l'aide d'une ficelle attachée au bout intro-
duit le premier^ on conche la planchette en
travers de l'ouverture. Oii dévisse la tige.
Le revers de la gouge rencontrant la plan-
chette ne peut sortir du crâne et entraî-
nera par conséquent la tête. Dans l'instru-
ment présenté la tige n'a pas assez de pas
de vis pour remplir ce but. Le mouvement
de la vis a une force l'xtraordinaire. Si les
os, les téguments de la tête venaient à
céder, ce que l'on sent à l'abse/ice de la
résistanc€f vaincue et an toucher fréquem-
ment répété, aucune lésion n'est à redou-
ter. Jamais dans ce cas cette résistance
ne cesse brusquement, puisque la traction
se fait avec la plus grande lenteur et^
cependant avec une extrême énergie, natu-
rellement dans cette manoeuvre, à mesure
que le crâne s'allonge et descend, on retire
peu à peu la branche du forceps contre le
périnée, autrement elle remonterait; la
puissai^ce doit se trouver dans le manche
du forceps. Si Ton ne réussit pas, on
tire la ficelle et l'on introduit le doigt ou
une sonde dans l'otiverlure du crâne, on
fait basculer la planchette que Ton enlève
par le cordon qui y est attaché.
Avant d'opérer, on doit avoir soin de
constater le côté te plus léiréci du bassin,
s*il y a asymétrie. Supposons que ce soit
la ligne sacro-cotyloïdienhe droite, eh bien,
on appliquera la branche femelle et c'est
par la ligne la moins rélrécie c'est-à dire
par la ligne sacro eotyloïdiennc gaucho
que l'on fait les tractions.
Lorsque le rétrécissement porte, c'çst le
cas le plus ordinaire, sur le diamètre sa-
' cro p.ubien l'on attire la partie de là tête
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â((â
ACADÉMIES BT $<M:1ÉTËS SAVANTES.
saisie vers le colé clroit^ la' ligna 3aoro-
cotyloîdienne droite et Ton s*eiïprce de
faire glisser, pour ainsi dire, sur Fau^^le
sacro vertébral faisant obstacle, la tétc
dont les os perforés de la base au sommet
chevaueberont et suivront diagonalement
la branche du forceps, à moins qu*on n>it
recours à la traction centrale.
Si je voulais exposer Içs avantages de
ce perforotracteur, je dirais d^abord que
la branche du forceps est un instrument
familier que Ton emploie asî^z souvent.
Ce n*cst donc pas un instrument extraor-
dinaire que l'on n'est appelé à appliquer
que dans les circonstances exceptionnel-
les, etheurcusement rares. Tel est surtout
le terebellum de M. Hubert, instrument
nouveau dont on doit apprendre le manie-
ment; dans son application on rencontre
de grandes difficultés et de graves incon-
vénients exposés déjà par M. Hyernaux
dans son traité d'accouchements ', d'abord
le crâne peut fuir devant le perforateur
qui peut alors glisser et blesser les parties
génitales^ ensuite, malgré la présence du
terebellum dans le vagin, il faut introduire
la branche protectrice très-concave ; certes
cette manœuvre ne peut être facile. C'est
d'ailleurs un instrument lourd, pouvant
dès lors contusionner le conduit utero-
vaginal. La conformation Tempéchc de
suivre la filière du bassin et de contourner
le crâne comme les branches du forceps
quoiqu'il soit fait pour atteindre la base
du crâne, le sphénoïde. Il ne peut, étant
d'une largeur de 7 ceniimètres téréborer
le crâne dans la ligne sacro -pubien ne §1
elie n'a que 6 centimètre, ce que nous pou-
vons faire.
Quant au forceps scie de M. Vanhuevel.
M. Hubert, de son côté, en a exposé les
inconvénients. Dans l'asymétrie du bassin,
son application est difficile, sinon impos-
sible. L'élévation de la tête qui ne s'engage
pas; sa déviation, sa mobilité, r(nclinaison
exagérée du détroit supérieur empêchant
les cuillers d'être ramenées assez en avant,
entravent souvent l'articulation des bran-
ches. Comme la tête ne pèse pas ou mal
sur le col, la dilatation se fait très-lente-
ment, il faut attendre longtemps avant de
pouvoir opérer; de là, parfois des perfora-
tions vêsico- utero -vaginales et fistules
consécutives ; et puis le sciage donne lieu
à un agacement de l'utérus qui n'est pas
sans influence sur la phlogose de cet or-
gane. L'extraction des os sciés offre aussi
du danger, ils peuvent déchirer Itis parties
mAteriielles et. souvent il faut recourir à
à des pinces spéciales .inventée^ égaiemaal
par M. VanhueveL Des praticiens même
préfèrent la version a ra{»plJoatioa, péril-
leuse du forceps au détroit sup^rieiM*. Les
maîtres dans l'art s'eq fbnt seuls un jeu.
Cependant, messieurs, si Ton cr^t
devoir employer la section du crâne, le
procédé suivant empéol^era pei^têtre doré-
navant d être obligé de se procurer l'ap-
pareil si dispendieux de M. Vanhuevel.
L'on fait forer deux trous dans les
extrémité des branches du forceps j et l'on
passe une ficelle, La plus solide, double
même, que Ton puisse rencontrer^ « elle
doit remplacer la scie à chaînette, » par ees
ouvertures en laissant des extrémités
très -longues, et Ton applique alternative-
ment les branches du forceps, Au n^ilieu
de celles-ci se trouve donc une ans^ qui se
tend Sur la téta comprise et ÛJié^ dans les
cuillères, quand on tire les extrémités de
la ficelle; ces deux bouts sont ensuite pas-
sés dans un spéculum et Ton exécute des
mouvements de va et vient rapideS' e( l'on
déplace la ficelle de n'importe quelle na-
ture, quand on craint qu'elle ne se ca^se.
Oh' peut encore forer dans les records an-
térieurs des fenêtres du forceps, deux aqtrcs
ouvertures à distance conveua|)le et l'on y
passe des ficelles séparées^ chaquq liranohc
sera donc munie de trois lieils sécateurs et
la tête sera saisie alternativexueut par une
des trois -anses que Ton fera agir par le
sciage ou par la puissance de l' écrase ur de <
Chassaignac. .
Pour empêcher que les parois de l'utérus
ne soient lésées, l'on c<>uvre les branches
du forceps d'une enveloppe en caoutphouc
percée de trous pour le passage des ficelles.
Les avantages du nouveau p^rforo-
tracteur semblent incontestables.. Il peut
s'appliquer dans les cqs de rétrécissement
les plus extrêmes. N'introduisant qu'une
seule ibranche, on no doit se soucier d'au-
cune articulation, on l'applique comme on
veut et comme on peut d'après les indica-
tions. L'on ne doit pas attendre la parfaite
dilatation du col qui s'élargit,, du reste,
sous l'Hifluence des manœuvres employée;* ;
celles-ci se font pour ainsi direfi l'insu de
la femmC; sans douleur que jors des trac-
tions. La perforation ne donne lieu à
aucun agacement ni ébranlement du sys-
tème utérin, comme le sciage et la térébo-
ration du crâne. Les os de celui-ci restant
toujours couverts par le cuir chevelu ne
peuvent blesser les. parties maternelles au
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AGAtyfiMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
265
momtffit de Textrâètion * les os selés peu •
vent te fiBiirc. Après décollation, Textraction
de ta tété serb désopmtrb rendue facile.
Lecorps de fenfant étant sorti, on peut
fon aisément perfbrer la base du crâne,
après avoir introduit une branehe du for-
ceps naturellement armée de son perfora-
leer, ti certes pour cettt* application les
diiffiêiilcésismit loin d*élre au.Hsi {«randesque
celles que Ton rencontre dans l'emploi du
forcepss seie et le perfoi:ateur de M. Hubert.
On peut encore utiliser le perfbro tracteur
dans la décolhitfon de la tète. Dernièrement
M. flyemanx a perfectionné un instrument
fort Ingénieux ressemblant a un doif^t pour
porter une ficelle sécatrice par dessus le
cou du fœtus se présentant par le tronc
lorsqnMI s'agit de faire Pembri'olomie,
Timpossibilité <de la version' étant reconnue
impossible.
D'abord, e^est un nouvel instrument et
déjà Tarscna! obstétrical est assez encom-
bré* et qui nous dît que dans saHexidn, N»
doigt artificiel ne pourra accrocher les^
parois de ia matrice, et par conséquent les
blesserj^t pnis pour attefndre le bout du
dbîgt introduit, on doit souvent se livrer à
des e#arts qui ne sont pas sans danger eu
égard à la minceur du cuMe-sac postérieur.
Au contraire, en insinuant derrière le
dos de l'enfant une brancèc de forceps
armée du perforateur, sans pérrl aucun
on coupera peut-être aisément les vertèbres
du «ou et les tégutu«nts, et Tbn opérera
la détroneation et rembryotomk*.
Néanmoins il est encore un antre procédé
pour introduire un fil sécateur et qui sera
préférable dans toutes les circonstances où
laèeetion du trono fœtal est indiquée. Ce'
proeédé fort shnpie n'a pas encore été indi*
que, que je sache, dans aucun auteur.
Vo»s passes nn lien dans Textrémité d'une
sond'* en gomme élastique, h Taide d'un
mandrin droit vous l'introiluisez derrière
le pubis, l'ayant pénétrée à la profondeur
voulue, on glisse dans la botigie un mandrin
courbe, la concavité inclinée vers la cuisse
opposée a la tête du foôtus. Puis Ton fait le
lotir de maître en bas, l'on tourne la con-
cavité vers le péHnre et on pousse la «onrie
derrière h fœtus, à la Recherche du doigt
ijui accroche 4é lien que l'on râfnène double.
Dans M présentation du siège l'oninfro-
duît de cette manière, au-dessus des aines
tin ruban oour faire ensuife des tractions
ooiiven»b4s. La bouille peut aussi' être in<
stnuée io jong in sacrum et le doigi der^
fièrelè p^b4s. '
Maintenant, Messieurs, laissons à l'expé-
rience le soiîi de décider ^t de l'avenir et
de la supériorité du perfore -tracteur et
des deux procédés que j'ai eu l'honneur de
vous présenter.
Avant dé clore ce travail je tiens à vous
exposer une nouvelle théorie du méca-
nl^me des mouvements de la tête pour
sortir du bassin. Je fais connaître ce mé-
canisme parce que cette connaissance est
nécessaire (|ans certaines manœuvres
manueil(*6 mais surti)ut dans l'application
du forceps et du pcrforo-tracteur.
La nature, pour mouvoir les animaux, et
particulièrement nous-mêmes, .se sert du'
levier du troisième genre. Elle l'emploie
égalenient pour opérer les aceoucbements.
Elle dérogerait à «es lois par une conduite
contraire, de qui n'est pas dans ses habi-
tudes. Si l'une ou' l'autre cause l'en fait
dévier, aussitôt l'accouchement devient
vicieux.
Le diamètre longitudinal, le mento occi-
pital est le plus considérable (13 à 14 cen-
timètres). La puissance transmise par la
colonne vertébrale est au trou occipital, la
résistance à l'occiput ou auN menton et le
point d''appul au rpenton ou à l'occiput. La
nature ne pouvait agir autrement puisque
la tête, pour franchir les détroitsf supérieur
et Inférieur, doit présenter successivement
ses plus petits diamètres qui sont le bi-
pariétal (9 centimètres 1/2) le bi-temporal
(7-8 cent1mèlres,)Ie vertical, le sous occi-
l»ito-bregmatfque (9 centimètres 1/2) le
trachclo-brcgmatique l9 centimètres) le
fronlo-mentônnier (8 centimètres).
Au lieu des quatre temps des auteurs l'on
est en droit de n'en admettre que deux.
Le premier temps, le plus long, dure
aussi longtemps que la pnissance trans-
mise par la colonne vertébrale ou cervi-
cale s'exerce, soit sur le bras de levier
occipito-atloïdien, soit sur le bras mento-
atloïdien. L'occiput, dans le premier cas,
animé par la force intermittente produite
par l^s contractions des parois utérines,
abdominales et diaphragmatiques, descend
et sort du bassin par les points les moins
résistants ; se heurtant aux surfaces os-
seuses du fond de la cavité cotyloîde, aux
branches qui forment le trou sous pubien,
aux ligaments saero-seiatiques, aux tube-
rosités de l'ischion^ h la brariche ascendante
de l'ischion, il glisse enfin sousTarcade pu-
bienne, où" la résistance étant moindre,
s'évanouit bientôt complètement. Pendant
ce temps le mentnn est maintenu contre la
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264
ACAi>ÉMlBS ET SOCIÉTÉS SAVAOTÉS,
poitrine où il a 9on point d'appui, par le
col qui comprime le front, le menton. En-
suite commence le second temps. L'occiput
prend son point d'appui sous Tarcade pu-
bienne, et la puissance rachidienne peu à
peu se déplace sur le bras mento atloïdien
qui fait apparaître le vertex, le fronts le^
nez, le menton. On a prétendu que le
dégagement se fait par la combinaison de
plusieurs forces dont la tangento est très-
difficile à saisir. La plupart de ces forces
n'existent pas. Ainsi la contraction da.
vagin est très faible, on peut s'en con-
vaincre par l'application du spéculum.
Elle doit être complètement nulle quand il
est distendu par un corps aussi. volumi-
neux que la (été du fœtus, l.e périnée est
certes un obstacle au dégagement de la tête..
11 maintient le plus longtemps la flexion
de celle-ci en jouant le rôle d'un second col
qui, comme Tutérus n'est guère propulseur^
Mais quel est l'accoucheur qui a senti
le bras comprimé par le périnée de telle
sorte qu'il l'expulse du vagin et de la
vulve? Quand le périnée a été entamé, le
inouvemtint de déflexion se fait également,
peut-être avec moins d'énergie parce qu'il
n'y a pas eu grand obstacle à enlever, et
qu'en conséquence, le bras alloïdo menton-
nier n'a pas du être animé d'une grande
force produite par les contractions uté-
rines et musculaires abdomina<es, pour le.
surmonter. Il est certain que si l'occiput
peut être poussé assez loin de la vulve
pour que la puissance utérine ne doiv.e
agir sur le brasatloido-menlonnier, la dé-
flexion n'aura pas lieu puisque cette puis-
sance n'a pas du donner, soit que le périné
fût effacé et que les épaules se fussent sur-
le-champ engagées. Dans ce cas, la force
transmise par. le cou continue son action,
sans devoir se déplacer et» par conséquent,
elle contraint l'occiput de s'avancer au delà
de l'arcade pubienne, et d'entraîner à sa
suite le bras atlo'Mo-mentonnier. Le second
temps est inutile. Quand la télé est sortie,
bien souvent on a de la peine à atteindre les
çpaules, preuve évidente que ce ne sont pas
elles qui expulsent la tête, et comme nous
avons vu que le conduit vagino-vulvaire est
inerte, il n'y a donc que le racbis qui trans-
mette la puissance au bras ocoi pi to-roep tou-
rner pour le mouvoir. C'est surtout la pré-
sentation de la face qui démontre encore
plus clairoment cette vérité.
L'occiput se couche sur le dos et est
maintenu dans cette situation par le coL
Le diamètre mentofrontal n'ayant que
8 centimètres, ,peut donc iranpbir tous les
diamètres .d'un bassin normal^ Ifals la
brièveté du cou s'y vppose ; doAC la puisr'
sance utérine et abdominale «agit sur le
bras mento-atloïdien ; et; aas^ longtemfis
que le menton, qui s'abaisse fortement^ ne
peut s'engager dada un point nqn résistant
qui se trouve, être seuteinenC à ('arcade
SOUS' pubienne, In puissance s'iexeree iauti-
lement, elle n'a aucune prise sur le bras
oceipilo-atloïdien et les dian^èti^es qui ae .
présentent ne sont guère favorajbles, le
mentobregmatique et le mento-occipital.
Donc impossibilité de sortir si le aienlion
ne se place dahs un :Vide et que la puis-
sance ne vienne à ^ manifester sur l'autre
bras. Mais le menton descendu dans Kexoa-
vation après plusi($urs mouvements de va
et vient, vient-il. à atten^dre l'arcade sous^
pubienne, aussitôt Teffort se porte sur le
bras atloîdoooocjpital^ et Je dégagement se
fait avec plu$ de lenteur il est vrai,\ que
dans la présentation de l^ccipul, puisque
le pubis ralentit la transmission de la puis-
sance cervicale, de telle sorte que le dos
de l'enfant a souvent le temps de descendre
dans rexcavation et. d'aider la puissapoe
rachidienne en appuyant sur l'ooeipitl nii
le bras atloïdo-occipital.
Dans la présentation du siège, îl.^st
incontestable que cr'est bien, par le système
du levier di| tr<>isième genre que -la puis*,
sance utérine dégage les hanches* D'abord
action sur la hanche gauche^ qui, glissant
sur la face interne du, trou sous-pubien et
du muscle obturateur interne se porle dér- *
rière la branche isQbio-puJ[»ienne droite
pour se montrer bientôt à travers la vulve,
tous obstacles insurmontables jusqu'à cette
ouverture ; ensuite action sur la hanehe
droite, la. colonne vertébrale lui transmet
l'impulsion pendant que la banchergauebe
prend son point d^appni sous Tarcade pu**
bienne où elle resite immobile. Celle là par-
court toute la face- antéi;ieure du sacrum
et du périnée ,au devant duquel elle se .
contourne.
. DanS'la deuKième position, la coioane
vertébrale anime d'abord la hanche droite,
puis communique sa force à la hanche
gauche. C'est, donc par un vérkable im>a-
vcment de balance ou de bascule (levier
de troisième ordro) que l'effort utéro-abdo*
minai 4>père la sortie du crâne, de la face
et du »iége. Dans la présentation pelvienne
n'oublions pas un fait consid«i)rable qui
prouve encore que c^est la cplonne verlé-
brale qui donne à la tête l'énergie néeéssalre
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
^65
pour franchir la fliièro du bassin. Quaml
le tronc est sorti, la tête s*attarde dans
Texcavation, parce que les parois vaginales
sont inertes, que 1 utérus ne peut plus
agir sur elle et que le périnée, surtout chez
les primipares, s'oppose à sa sortie. Dans
ces cas Pon doit maintenir le menton sur
la poitrine de Tenfant, et relever le tronc
vers Tabdomen,. pour fléchir davantage le
diamètre occipito-mentonnier et extraire
ainsi la télc présentant alternativement le
nez, le front, le bregma et Tocciput, par
le mouvement du levier du troisième genre,
la puissance étant au trou occipital, Pappui
à Tocciput, et la résistance au front.
Ici certes Textcnsibilité du périnée et
non son élasticité ne détermine la flexion
de la têtC; au contraire, et dès lors com-
ment est-il possible qu'elle force la tétc à
s'étendre quand celle-ci se présente en
position occipitale ?
Lorsqu'une femme est douce d'un bas-
sin niasculin par sa hauteur et féminin par
ses diamètres, il se fait qur le deuxième
temps (lex tension) ne s'exécute pas. La
force transmise parlerachfs, vu la hauteur
du pubis^ ne peut atteindre le bras atloïdo-
œento.nnier d'une manière convenable, et
le mouvement de bascule ne s'opère pas.
Nous avons observé que les mêmes- phéno-
mènes se produisent dans la présentation
de la face. Il est donc bien évident que les
accouchements ont lieu par le système du
levier du troisième genre.
Premier temps. Puissance en 0 A, qui
oblige ce bras à descendre, flexion, des-
cente; puis le pousse à chercher le vide, rota-
tion, de là sortie par Tarcade sous pubienne.
Deuxième temps. Puissance en A M, qui
oblige, à son tour, ce bras à descendre,
pxtensivu, et dirige le menton dams l'axe du
rachis, où elle émane. Remplacez pour
la prés<|ntation de la face 0 par M et M
par Q; pour la présentation du siège^ 0
par H Ô, M par H D et A par S, et vous
avezrcfolu le problème de l'accouchement
de toutes les régions qui se présentent
normafement. L'on est loin, comme on
voit, (je la recherche du parallélogramme
et des jésultantes des forces se combattant
l'nn^ l'autre dans l'accomplissemeiit d*une
fonction fort physiologique et parlant fort
simple.
Appliquons maintenant ces données à la
pratique.
Lorsque le bras occipito atloîdien ne
peut évoluer normalement, Ton doit s'en
prendre au col. M. Naegele a donné la
position oblique de la tête comme la posi-
tion physiologique. Elle retarde l'accou-
chement et certes elle n'est pas aussi favo-
rable que la position occipitale, à cause des
diamètres que présent^ la tête et qui sont
le bipariétal et le fronto occipital. Le pre-
mier est trop court pour atteindre, par la
bosse pariétale la vulve, et permettre à la
puissance rachidienne de se transmettre à
l'autre bras occipito- pariétal, car c'est éga-
lement par le levier du troisième genre
que la bosse pariétale gauche peut rouler
dan^ la cavité sacrée ; en outre le diamètre
occipitO'frontale à i 1 cent, i/2^ et le détroit
inférieur en a également lia H 1/2. Dès
lors l'on conçoit la diflicullé de l'accouche-
ment. Dans ce cas, l'ouverture du col em-
brasse la bosse pariétale droite, elle la
coiffe ; ne rencontrant point de résistance
elle est sollicitée à descendre, l'occiput
arrêté par le rebord du col ne peut faire
son mouvement de descente, le bras occi-
pito-atloîdien est retenu derrière le fond
de la cavité cotyloîdienue. Après avoir con-
staté la présence de la petite fontanelle pos-
térieure reconnaissable a sa triangulai^ité
terminée par les sutures bipariétale et
temporo-pariétales, l'on doit élargir le col
en avant et à gauche ou à droite, et l'atti-
rer de ce côté en allant, pour ainsi dire^au
devant de l'occiput. Alors la posse pariétale
sera repoussée à son tour par le rebord du
col et la puissance du rachis se déplacera à
l'occiput; lequel s'y fixera en rencontrant
le vide de son ouverture ; la lèvre antérieure
sera portée, par de légères attractions de
l'index, derrière et peu à peu au dessus du
pubis. Par cette manœuvre le diamètre
occipito-bregmasique aura plus de jeu dans
le diamètre sacro-pubien^ et le rebord pos-
térieur du col maintiendra le front et^ par
conséquent, le menton contre la poitrine.
Cette flexion force la tête à conserver ses
diamètres les plus favorables. Certainement
on peut de temps en temps dilater le col
par Tintroduction du doigt; la crainte de
déterminer ainsi son spasme, sa rigidité^ est
vaine. La dilatation artificielle faite avec
prudence active l'accouchement.
Lorsqu'il est nécessaire d'appliquer le
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
forceps an détroit supérieur, il faut recon-
naître si Tocciput regarde la partie anté-
rieure du bassin ou la partie postcricurél
Dans le premier cas, le forceps appliqué,
on porte les extrémités fortement en avant
vers les parois abdominales; par ce mou-
vement On fléchit le menton sur la poi-
trine et les tractions se font, les manches
dépHmant le périnée, dans Taxe d'une
ligne partant de la face interne et supé-
rieure du pubis à Tos coccyx.
En agissant ainsi, on fait les mêmes
efforts que la puissance rachidienne, c'est-
à-dire que Ton abaisse le bras occipital
atloîdien dans Texcavation.
Si Toccipût regarde la région postérieure
du bassin, presque toujours à droite, on
relève de suite le forceps vers le pubis,
ce qui se fait en le faisant basculer sur la
main glissée sous Parcade pubienne, de
cette manière on fléchit le ntenton sur la
poitrine du fœtuis et l'en abaisse l'occiput,
c'est-à-dire l'on agit dans le sens du bras
occipilo«-atloIdien en frôlant la concavité
du sacrum.
Pour la présentation de la face, le men-
ton remplaçant l'occiput, la conduite est la
même. Les tractions doivent être faites
longuement; doucement et concurremment
avec les douleurs^ de cette manière la tête
s'allonge. Si l'on employait la violence^ elle
s'aplatirait entre les cuillères, et ses dia-
mètres verticaux seraient augmentés.
L'étroltesse du bassin est reconnue, la
craniotomie inévitable et Ton se décide à
appliquer le perfore -tracteur^ soit une posi-
tion occipital antérieirre. L'on introduit la
branche mâle dont l'extrémité est portée
fortement en avant et le manche en arrière,
l'on perfore Tocciput, on pénètre jusqu'à
Textrémité où Ton atteint le coronal. A
chaque mouvement d'avant et d'arrière et
de descente jusqu'à la sortie de la tige du
crâne, Ton fait des perforations détruisant
ainsi l'apophyze zygomatique une partie du
temporal, du pariétal, tout le côté gauche
du crâne sur une hauteur de 5 à 4 centi-
mètres. Ensuite, l'on applique la branche
femelle et l'on commence de même les
perforations de l'occiput en devisant et vi-
sant lé manche de la tige jusqu'au point où
Ton peut porter l'extrémité de cette bran-
ché le plus vers les parois abdominales.
Puis l'on e\écute les tractions dans la
direction du périnée. La tige tenant l'occi*
put retend en fléchissant le menton contre
la poitrine, force le crâne à ouvrir ses dia-
mètres les moins longs. Le vertex s'aplatit
contre le $acrum. Le diamètre bipariétai
trouvant un espace suffisant dans le
diamètre transverse du bassin, ordinaire-
ment normal ou peu atteint (les diamètres
nntéro-postérieurs sont le plus souvent
viciés. Pinard), s'allonge dans ce sens avec
la plus grande facilité, immense avantage
sur le céphalotribe qui, en écrasant,'
augmente le diamètre occipito-bregmati-
que obligé de franchir, le diamètre sacro-
pubien déjà rétréci.
Dans les positions transverses occipito-
frontales, fréquentes en cas d'angustie
pelvienne, la première branche est placée
du côté de l'occiput que l'on perfore. On
le dirige sur le diamètre oblique sacro
cotyloîdien, on fait quelques tractions pour
donner à la tête une position occipitale
antérieure pu postérieure (droite) et l'on
exécute les mêmes manœuvres que plus
haut.
Maintenant détruisons une erreur ayant
cours depuis longtemps dans la science.
Le diamètre promonto-pubien a 5 cen-
timètres 4/â; Ton recourt au forceps scie^
la section du crâne part de la petite fonta-
nelle, rase le bord supérieur du temporal
et aboutit aux arcades sourcillières. L'on ^
n'a pas touché ni aux temporaux ni surtout
au fameux sphénoïde^ et cependant l'ac-
couchement est possible. 'La voûte du crâne
s'enlève facilement ; fléchissez le menton,
saisissez l'occiput par la pince ou par les
doigts, agissez dans le sens du bras occipito-
atloîdien et comme la hauteur des tempo-
raux n'est que de 4 centimètres et que le
diamètre est de 15 1/2, la délivrance se
fera, à moins ,que la aescente de l'occiput
et la flexion du menton ne soient point
vraies depuis^l'apparition de la dame Eve.
tlne sangle douce introduite au-dessus
du tronc, de la manière déjà décrite, peut
. également concourir à l'évolution du foetus^
le bras faisant procidence. Pendant qu'une
main tirant le lacs attire le pelvis vers
l'excavation du bassin et le périnée, l'autre
main refoule le dos et la nuque. Le seul
auteurqui fasse mention d'un lacs employé^
dans la présentation du tronc, est un
accoucheur du xvii° siècle, du nom de
Peu. II se servait du crochet mousse fenê-
tre pour faire avancer un lacs au dessus de
la poitrine sur laquelle il le faisait agir,
pendant qu'il tirait ensuite le foetus par
les fesses. Nous nous proposons d'appliquer
la sangle aussi près que possible des han-
ches et même au dessus de celles-ci ; aussi
longtemps que les efforts de la puissance
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
267
utérine .«'exercent sur le pofnt ombilical
racconcbement ne progresse guère, il est
donc inutile d'agir dans ce sens. Riais aus-
sitôt que la puissance peut se faire sentir
sur le bras ombilico-coccygien, la scène
change ut révolution se fait. IV est donc
logiquo d'ap;ïr sur ce bras, et c'est ce que
nous faisons. Avant de faire de traction on
doit bien s'assurer que le cordon ombiircal
ne se trouve sous le lacs, autrement on
pourrait déterminer le décollement préma-
turé du placenta et une bémorrhagie grave
consécutive. Si ces tractions n'aboutissent
pas, l'enfant étant mort^ on tire le lacs à
l'extrémité duquel la ficelle est restée
attachée et l'on fait l'embryotomie.
L'évolution artificielle ou plutôt la ver-
sion pelvienne est peut-être ainsi appelée
a remplacer dans certains cas la version
podalique souvent dangereuse.
Je vous remercie, Messieurs, de la bien-
veillance avec laquelle vous avez bien
voulu m*écouter, pénétrés sans doute de
cette pensée que : la simplicité des moyens
constitue un véritable progrès.
L'assemblée décide que le travail de
M. Schuermans sera publié dans le Bulletin
de la séance et la discussion à ce sujet por-
tée à l'ordre du jour d'une séance prochaine.
La parole est ensuite à M. Charon pour
une communication relative à une observa-
tion de calcur moral chez un enfant opéré
avec succès. (Voir notre cahier de mai,
p. 478).
— Des rcmerclments sont adressés aux
auteurs de ces communications.
L'ordre du jour amène ensuite les
communications relatives aux maladies
régnantes.
,iM. LG Présidbnt. L'état sanitaire con-
tinue h être satisraisant. Le dernier bulletin
hebdomadaire de statistique du bureau
d*hygiènc n'accuse aucun cas de décès du
à la variole, à la scarlatine et à la rougeole ;
un seul cas de cholérine, un cas de fièvre
typhoîde'et deux cas de croup; seules, les
diarrhées infantiles continuent à provoquer
un certain nombre de décès parmi les indi-
gents ; les intempéries saisonnières et l'abus
des fruité doivent revendiquer la principale
part de ^es causes de léthalité. En somme,
je le répète, l'état sanitaire est plutôt favo-
rable. [ ^
La sein ce est levée à 8 i/2 heures.
Académie de Médecine de Paris.
Séance du 51 aotl/1875.
Présidence de M. Gosselin.
'Correspondance. — M. Jules Guérin lit
une note dans laquelle il relève les termes
dont s'est servi M. Briquet à son adresse".
Il n'a nulle envie de prouver à M. Briquet
q'j'il est médecin, pas plus que de se défen-
dre « de !a grossière méprise y qu'il a com-
mise à l'endroit de ses idées. Il se borne à
faire remarquer que, lorsque les partisans
de la doctrine de M. Briquet, doctrine qu'il
a combattue, l'ont obligé, pour se défen-
dre, de recourir à de pareils expédients,
il est permis de croire qu'ils sont tout à
fait à bout de bonnes raisons, et que c'est '
une dernière façon de se soustraire à l'évi-
dence de la vérité, et cette évidence est^
telle qu'ils s'approprient cette vérité au
détriment de ceux qui la leur ont apprise?
Myopie. — M. Jules Guérin, à propos
de la communication de M. Girapd-Teulon
sur la myopie, pense que son collègue a
tort de considérer la myopie comme une
maladie toujours acquise et jamais congé-
nitale. Pour sa part^ il a eu l'occasion
d'observer un myope^ qui devait ce trouble
de la vision à une rétraction musculaire
d'origine congénitale, et qui guérit com-
plètement par la section des muscles ré-
tractés.
M. Giraud-Teulon fait observer à M. Ju-
les Guérin que les mots myopie et pres-
bytie n'ont plus aujourd'hui, d'après les
progrès accomplis en ophthalmoscôpie, la
signification qu'ils avaient autrefois. La
myopie ne dépend pas de la rétraction
musculaire, mais d'un trouble dans l'équi-
libre de l'action deé mu.scles de l'œil.
M, Jules Guérin répond qu'il faut dis-
tinguer la myopie mécanique de la myopie
optique, La première^ ainsi qu'il croit
l'avoir déniontrc dans diverses communica-
tions faites à l'Académie des sciences et
contrôlées par los physiciens les plus
éminents, a toujours pour cause la rétrac-
tion des muscles de l'œil. Témoin le ma-
lade, myope au point de ne pas voir à
â mètres, qu'il a opéré et qui^ après la
section des muscles droits rétractés, pou-
vait voir à 80 mètres.
M. Giraud Tbulon déclare que le fait
auquel M J. Guôrin vient de faire allusion
est un cas absolument exceptionnel et ne
doit pas être transformé en loi générale.
Sans doute, il existe des cas de myopie
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208
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
dus h rétat de spasme de raccommodât ion,
ou, pour mÛMix dire, au spasme du mus-
cle ciliaire, découvert par Donders; mais,
encore une fois, c*est là tin fait excep-
tionnel.
M. J. GuÉRiN pense que, dans cette
question, c'est par rexamén de Têtu de de
la fopction que Ton peut arriver à des
résultats précis plutôt que par les mensu-
rations mathématiques.
Suivant lui, Tintroduction des mathc*
marqués en ophthalmologie par Técole
de Donders a plutôt nui à la science qu*elle
ne lui a été utile.
Il maintient que la myopie mécanique
est le résultat de la rétraction musculaire,
sans vouloir prétendre pour cela que toute
myopie soit due à cette cause. Reste en
dehors de ce fait la myopie optique, qui
reconnaît une tout autre origine.
Pansement ouaté. — M. Gosselin vient
présenter à TAcadémie, comme il le lui
avait annoncé, quelques observation^ sur
le pansement ouaté, qui a été Tobjet d'une
revendication de M. Alphonse Guéria con-
tre les prétentions fort mal justifiées de
ftl. Burggraeve. Le désir de M. Gosselin est
d'ajouter quelque chose à la communica-
tion de M. Alphonse Guérin 1 de formuler
pourquoi et comment son appareil est bon.
Cet appareil est bon, suivant lui :
{o parce qu'il met à l'abri de Tinflamnia-
tion suppiirative trop intense; 2° parce
qu'il satisfait à cette indication par la
grande qualité d'être un pansement rare,
qui maintient sans interruption Tocclu-
sion, la protection, Tim mobilisation, Tuni-
formilé do température, sans compter le
peu de sensibilité des parties et la satisfac-
tion morale du malade, toutes conditions
qui, si la santé antérieure n'est pas trop
mauvaise et si l'hygiène atmosphérique
n*esi pas trop défectueuse, conduisent à
ce résultat très simple et cependant bien
grand : la formation, rapide et sans entra-
ves, d^une membrane pyogéniquc ou gra-
nuleuse essentiellement et rapidement
réparative.
Voilà quels sont, d'après M. Guérin,
les grands mérites de ce mode de panse-
ment. Quant à empêcher la production de
vibrions, de bactéries, de corpuscules
organisés, s'il a parfois ce résultat, souvent
aussi, comine l'ont démontré de très nom-
breux examens microscopiques du pus
qui y était contenu, il est inefficace à ce
point de vue, et cependant, en pareil cas,
il n'a pas été moins utile pour le malade.
Il faut donc croire qu'en dehors de ' ces
éléments organisés, il existe également .
dans l'air certains principes nuisibles qui
sont écartés par l'occlusion plus ou moins
complète résultant de l'application du
pansement ouaté.
Ce n'est donc points exclusivement
comme protégeant contre les germes atmos-
phériques, ce n'est point non plus exclu-
sivement comme agent de compression ou
d'immobilisation ou de protection contre
le froid, que le pansement ouaté mérite
des éloges. Pour que les progrès très- réels
dus à M. Alphonse Guérin restent évidents
et résistent à la critique, il faut tenir
compte de tous les éléments de la ques-
tion.. Autrement ce serait laisser les esprits
dans le doute.
Déjà dans le mois de juin dernier,
chargé de faire un rapport sur ce mode 4e ,
pansement au nom d'une commission com-
posée de lui, de M. Larrey et de M. ^édil-
lot, M. Gosselin s'est efTorcé de bien moi}-
trer chacun de ses avantages, sur lesquels
il revient aujourd'hui.
M. Jules Guérin dit qu'il est heureux
de voir la question du pansement ouaté
porté devant l'Académie par la communi-
cation si loyale et si importante de M. Gos-
selin.
11 résulte dç cette communication,
d'abord que le mérite fondamental attri-
bué au pansement ouaté par son auteur,
M. Alphonse Guérin, doit être abandonné.
On sait que ce mérite consiste, par une
application des doctrines de M. Pasteur,
dans la propriété que posséderait le panse-
ment ouaté de filtrer Tair et d'eitipécher
les germes^ bactéries, vibrions, en suspen-
sion dans l'air, d'arriver &u contact de^s
liquides sécrétés par les surfaces trauma-
tiques. D'après le rapport de M. Gosselin,
il faudrait surtout rattacher les bons effets
du pansement ouaté à la soustraction du
contact de l'air. Le pansement ouaté n'est
qu'un pansement par occlusion, un pn>-
cédé de la méthode d'occlusion, découverte
et exposée, il y a quarante ans, par M. Ju-
les Guérin.
Suivant M. Jutes Guérin, qui a étudié
et employé, sous tous ses modes, le pan-
sement ouaté, Tocclusiop produite par ce
pansement ouaté, résulte du tassement des
couches d'ouate et de la solidification de
la couche de liquide sécrété par U plaie et
en contact avec les couches d'ouate les
plus profondes. Il résulte de cet ensemble
une sorte de pla^stron ou de coque imper-
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ACADÉMJKS ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
269
méable qui empêche les principes nuisibles
coQtenus dans Tair de pénétrer jusqu^à la
surface de la plaie et d'altérer les liquides
sécrétés par clic.
M. Jules Guérin, tout en reconnaissant
les avantages du pansement oi^até de
M, Alphonse Guérin, rappelle qu'il a ega-
ployé, pendant le siège de Paris, particu-
lièrement dans Tambulance de la rue de^
Saints-Pères, et qu'il a montré à l'Acadé-
mie des appareils à l'aide desquels il a pra-
tiqué l'occlusion pneumatique, bien supé-
rieure, suivant lui, au pansement ouaté.
Ces appareils ont été laissés, sans in-
convéntenls,. appliqués pendant dix, quinze,
vingt et même trente jours, sans être
renouvelés. Lprs.qu'il y avait indication de
laver la plaie, on pouvait le faire sans
exposer celle-ci au contact de l'air, ce que
le pansement ouaté ne permet pas de faire.
M. Jules Guérin déclare avoir traité ainsi
un grand nombre de blessés atteints de
j>laies très graves par armées à feu et même
de fractures comminutiycs des extrémités
articulaires, et n'avoir pas perdu un seul
de ces blessés.
JI croit savoir que, dans certains cas de
plaies par armes à feu, le pansement ouaté
a été impuissante prévenir les fusées pu-
rulentes. M. Gossclin, dans ses communi-
cations, a dit que. sur neuf opérés aux-
quels il avait appliqué le pansement ouaté,
il en avait perdu deux.
En résumé, M. Guérin ne nie pas le
mérite du pansement ouaté, il est d'autant
plus aise de le reconnaître que ce panse-
ment n'est pas autre chose qu'un fils de
ses œuvres, un procédé de sa méthode
par occlusion, dopt l'origini^ remonte à
l'année 1859.
M. Alphonse Gubrin répond que le pan-
sement oua^té n'est pis, à vrai dire, un
pansement par occlusion. Les expériences
faites xlans le laboratoire de M. Pasteur ont
montçé que l'ouaie tassée dans un tube
aussi fortement qu'il soit possible de le
faire, n'empêche nullement Tair de le tra-
verser; ^air passe donc à travers les cou-
ches de ['ouate, dans le pansement de ce
nom, et arrive nébessairement au contact
des liqujides sécrétés à la surface de lu
plaie. Lq pansement ouaté ne produit donc
pas rocislusion complète. M. Alphonse
Guérin le regrette, car l'idéal pour lui
serait dt soustraire complètement la sur-
face des plaies au contact de l'air.
D'ailburs, M. Alphonse Guérin accepte
complet im en t le jugement que, dans sa
modération et son impartialité, M. Gosse^
lin vient de porter sur ce mode de panse-
ment. Il ne pousse pas plus haut ses pré-
tentions. Ai. Alphonse Guérin se réserve,
d'ailleurs, de revenir dans la procbaine
séance sur ce sujet, et de répondre plus
complètement aux objections qui lui ont
été faites.
Séance du 7 septembre.
Présidence de M. Gosselin.
Myopie. -^ M. Jules Guérin, revenant
sur les travaux dont il a parlé dans la der-
nière séance et qui datent de plus de trente
ans, donné lecture à l'Académie du texte
de la communication qu'il a faite à l'ins-
titut sur ce sujet en l8il et dont voici
l'idée fondamentale :
Il existe deux espèces de myopie, comme
il existe deux espèces de strabisme, la
myopie mécanique ou musculaire, et la
myopie optique ou oculaire. La myopie mé-
canique résulte, comme le strabisme de
la même espèce, de la brièveté primitive
ou de la rétraction active des muscles de
l'œil.
Dans la myopie mécanique, les muscles
trop courts sont les quatre muscles droits
simultanément, ou deux ou trois^seulement
d'entre eux, mais de manière que le rac-
courcissement soit proportionnellement
égal dans les muscles affectés....
Le traitement actif dans la myopie mé-
canique doit consister dans la section sous-
conjonclivale des muscles trop courts ou
rétractés.
Le cristallin ne change pas de forme
pour s'adapter à la vue à différentes dis-
tances, ainsi qu'avaient chetché à rétablir
plusieurs aruteurs, mais il change seule-
ment de rapports avec la rétine et la cornée
transparente, dont il s'éloigne et se rap^
proche alternativement.
M. GiRAUo TfiULON s'inscrit pour discuter
dans la prochaine séance la communication
de M. Jules Guérin.
M. GiRALoÈs proteste contre les affirma-
tions de M. Jules Guérin, affirmations qui,
suivant lui, ne s'appuient sur aucun fait
anatomique, ne reposent sur aucune ,de
ces preuves rigoureuses qu'est en droit
d'exiger la science moderne.
Pansement ouaté (discussion). — M. Al-
phonse GuKRiN. Théoriquemeut, l'ouate
filtre l'air et le débarrasse de toutes les
poussières, de tous les corpuscules qui y
sont suspendus. Je puis dire que le plus or-
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270
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
dinairemejit ob ne trouve ni vibrions, ni
autres corpuscules animés dans le pus des
i)lessps que J*ai pansés (à Texcéption du
«as qui a été signalé dans le rapport de
Jll. Gosseiln). '
Je ne veux pas revenir, poursuit M . Al-
phonse Guérin, sur Topinion de M. Jules
Guérin, qui prétend que mon pansement
li*est qu'une émanation de la méthode dite
par occlusion. Après Taveu qu*il nous a
fait au sujet de ses trois amputés, qui sont
morls à Tambulance du Grand-Hôtel, je
pourrais lui dire que le procédé qui guérit
vaut mieux que la méthode qui laisse
mourir. Ses malades ont succombé, a-t-il
dit, parce que le milieu était infecté. C*est
4lans un milieu semblable que j'ai guéri,
dans le même moment, dix-neuf amputés
sur trente quatre.
Je suis tellement convaincu de Tefiica-
cité du filtrage de Pair et du danger qu*il
y a pour les malades qui n*ont que des
blessures en apparence légères à ce que
leurs plaies soient exposées à Tair empoi-
ssonné, que je n'hésiterais pas à traiter tous
les blessés de la même manière.
Il y a, dans sa méthode de pansement,
d'autres conditions que M. Gosselin a re-
produites dans son rapport. Je regrette
qu'il y ait entre nous une petite diver-
gence d'opinions. M. Gosselin attache aux
«onditioniï de la plaie une importance un
peu plus grande que celle que je leur ac-
corde. Il trouve dans l'inflammation des
veines osseuses l'explication de la produc-
tion de rinfection purulente.
Les miasmes pestilentiels qui existent
dans les salles de chirurgie agissent avec
d*autant plus de facilité qu'ils trouvent un
grand nombre de vaisseaux ouverts. Or, /
quand un os est fracturé ou scié, ses veines
restent béantes bien plus longtemps que /
celles des parties molles. Voilà pourquoi
le poison de l'infection purulente exerce
plus fréquemment son action lorsque les
os qui ont su>bi une solution de continuité
restent exposés à l'air chargé de principes
malfaisants. Si, dans ce ca^, l'on trouve
du pus dans le canal médullaire des os,
c'est qu'il existe dans la membrane mé-
dullaire un nombre considérable de vais-
seaux absorbants, qui s'enflamment et sup-
purent sous l'influence des corpuscules
contenuS|dans l'air des salles de chirurgie.
Ce qui est une ostéo- myélite simple pour
M. Gosselin et pour moi une ostéo-myéiite
septique.
M. A. GaérÎQ déclare^ en terminant,
qu'il ne reviendra pas sur la théorie^ de
l'occlusion. Il a déjà reconnu les avantages
virtuels de cette .méthode; et il est heu-
reux d'avoir trouvé le moyen de la rendre
pratique;- mais ce n^est pas ce quMl a ima-
giné.
> M. JuLBS GuÉRiN présentera prochaine-
ment un travail complet sur les blessés
qu'il a soignés dans les ambulances pen-
dant la guerre de 4870-1871. Les trois
amputés doiit a parlé M. Alphonse Guérin,
et qui ont succoqibé malgré la méthode
de M. Jules Guérin, se trouvaient dans des
conditions exceptionclles.
M. Jules Guérin avait déjà ampiité une
série de malades, sur lesquels il n'a eu à
déplorer qu'un seul décès.
Quant à la statistique présentée par
M. Alphonse Guérin, 19 guérisons sur
54 amputations, M. Jules Guérin fait ob-
server que ce n'est pas là une proportion
de guérisons tellement exceptionnelle; on
n'avait pas toujours perdu tous les ampu-
tés avant la méthode de M. Alphonse
Guérin.
M. Jules Guérin ne croit pas au filtrage
de l'air, tel que l'explique M. Alphonse
Guérin; si, dit-il, on mettait une substance
agglutinativc ou occlusive à la surface du
pansement ouaté, on obtiendrait évidem-
ment les mêmes résultats.
M. Alphonse Guérin dit que ces expé-
riences ont été faites, qu'on a .appliqué sur
le pansement ouaté des bandes silicatées
ou dextrinées-; dans ces cas, l'air ne passe
pas'directement sur la plaie, mais il passe
sur les confins du pansement. C'est pour-
quoi, dans le pansement ouaté, il faut in-
tervenir plusieurs fois et serrer à plusieurs
reprises les pièces de pansement. En ré-
sumé, M. Alphonse Guérin considère la
méthode de M. Jules Guérin comme très-
ratiohnelle, mais comme très-difBcilement
applicable. Il ajoute qu'avec le pansement
ouaté, il ne craint nullement les plaies ar-
ticulaires, et il rapporte plusieurs exem-
ples de guérisons obtenues par ce moyen.
M. BoNNAFONT rcproclip au pansement
ouaté de laisser le pus se former entre la
la ouate et la plaie, de comprimer le moi-
gnon et les lambeaux au point d'en amener
le sphacèle.
M. Gosselin n'a pas seulement parlé de
la phlébite osseuse comme point de départ
de l'infection putride, mais a surtout in-
sisté sur l'ostéo- myélite, qu'il appelle pu-
tride, que M. Alphonse Guérin. nomme
septique, et dans laquelle le pas -n'est
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VARIÉTÉS.
271
SQulcmeat pas absorbé par les veines
osseuses.
On peut trouver des vibrions dans le
pus des plaies pansées par la méthode de
M. Alphonse Gucrin^ mais ces plaies n*en
marchent pas moins bien vers la guérison..
La méthode de M. Alphonse Guérin n*en
n^est donc pas moins recommandable.
iv. VARIÉTÉS.
CONGRÈS PÉRIODIQUE INTERNATIONAL
DES SCIENCES MÉDICALES.
Session de 1875 à Bruxelles.
Nous croyons ne pouvoir mieux faire,
pour donner des actes du congrès de
Bruxelles une appréciation exacte et com>
pjète, que d'extraire du programme et des
procès-verbaux officiels ainsi que de quel-
ques uns de nos journaux belges de méde-
cine, tels que l'Art médical et la Presse^
les passages relatifs à cette session^ qui
présentent le plus d'intérêt au point de
vue de Tutilité scientifique.
Première section. — Première question :
Prophylaxie du choléra, — Rapporteur,
M. Lefebvre, professeur à l'Université de
Louvain. ^
CONCLUSIONS PROVISOIRES.
, I. La prophylaxie du choléra asiatique
doit avoir pour base une notion étîolo-
gique aussi complète que possible de la
maladie.
IL Le dmléra est une maladie spécifique,
c'est-à-dire qu'elle est produite par un
principe morbide toujours le même et
qu'elle ne peut être produite par d'autres
causes (1).
IIL Le principe cholérigène nous est
inconnu dans son essence, comme du reste
le principe génJrateur de la variole, de la
scarlatine, de la petite vérole, etc., mais
nous possédons des connaissances très-
importantes, au point de vue de la pro-
phylaxie, sur son origine, ses attributs, les
lois de sa propagation et de son évolution.
IV. Origine, Le miasme cholérigène se
développe, spontanément dans certaines
contrées ie l'Inde, spécialement le delta
du Gange pt -les contrées basses qui envi-'
(1) L'altélation de Pair, las vices du régime,
les excès d| loule espèce, en uii mol les condi-
tions hygiéniques mauyaîs^s peuvent favoriser
J'évoluliun au miasme cholérigène, mais elles ne
le créent pè.
ronnent Madras et Bombay (2). En partant
de ces foyers originels, il s'est transporté
à différentes reprises en Europe, en Afri-
que, en Amérique, en constituant ces
grandes épidémies qui sont présentes à
tous les souvenirs?
. Toutefois, on à vu se produire en Eu-
rope des explosions plus limitées de cho-
léra asiatique après la disparition des
grandes épidémies dont il vient d'être
question. Ces explosions sont-elles dues à
la production spontanée, sur le sol euro-
péen, du miasme cholérigène, ou bien
faut-il les attribuer au développement
tardif de miasmes laissés en quelque sorte
en provision par l'épidémie asiatique pré-
cédente ? Le rapporteur adopte cette der-
nière opinion.
Quoi qu'il en soit, il n'en reste pas
moins vrai que le .choléra indien peut s'ac-
climater en Europe, soit par la production
spontanée, sur notre sol, de son principe
générateur, soit par la conservation et la
régénération indéfinie du miasme arrivé
primitivement de l'Inde.
V., Attributs du miasme cholérigène:
i** Ce miasme se régénore dans le sujet qui
est atteint du choléra et transporté de là
sur des individus sains ; il provoque chez
eux le développement de la maladie ; en
d'autres ternies, le choléra est essentielle-
ment contagieux ;
2o Le miasme cholérigène se conduit à
la manière des corps solubles et volatils:
ainsi il se dissout dans l'eau, il se répand
dans l'atmosphère où il se maintient à l'élat
de diffusion homogène, c'est-à-dire sans
s'accumuler dans les points déclives ;
3" Le pouvoir morbifique du miasme
cholérigène est moins énergique, moins
fatal dans son action que celui d'autres
miasmes et d'autres virus connus;
(2) Il est bien eniendu que je donne à celle
expression son scds médical ordinaire, cVst-à-
dire que, dans le^ contrées de l'Inde, le choléra
naît de toutes pièces sou» Pinfloënee des condi-
tions lejluriques et atmosphériques qui leur sont
propres. '
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272
VARIÉTÉS.
4** Il est peu stable : il parait se Hétraire
très promptenient, surtout quand Pair est
fortement ozonisé. Toutefois, dans cer-
taines conditions de confinement, à Tabri
de Tair, il peut se conserver très-long-
temps ;
5° Ce miasme est détruit par une tempé-
rature élevée (cent degrés et au dessus) et
par un certain nombre d'agents chimiques
à affinités énergiques. Cette question ré-'
clame encore des études pour arriver à
une précision et à une netteté véritable-
ment pratique ;
G*' Les individus exposés à Faction du
miasme cholérigène acquièrent au bout de
quelque temps une sorte d'accoutumance
qui les met à Tabri de la maladie.
VI. Lois de propagation du choléra asia-
4ique. l*» Le contage cholérique réside prin-
cipalement, sinon exclusivement, dans les
déjections du malade (matières vomies et
surtout évacuations intestinales) ;
2"* Il peut se transporter du sujet malade
aux individus sains par différents véhi-
cules, parmi lesquels il faut noter, après
les déjections elles mêmes:
Le malade ;
Le cadavre ;
Les linges et les vêtements qui leur ont
servi ; v »
Les appartements, les navires cl les voi-
tures où des cholériq,ues ont séjourné ;
Les latrines;
L*eau, qui a pu être contaminée par les
déjections cholériques ;
L*air, mais à faible distance, c'est à -
dire à' quelques centaines de mètres ;
Les animaux, les marchandises qui ont
pu être chargés de miasmes choléri-
gènes, etc.,
VII. Imprégnation cholérique et évolu-
tion, 1« Le miasme cnolérigène pénètre
dans réconomie par deux routes : il est le
plus souvent absorbé par la muqueuse pul-
monaire ; il peut pénétrer par les voies
digestivcs à Tétat de solution dans les bois-
sons et peut-être dans les aliments ;
2® La durée de l'incubation est très-
courte, c'est à-dire de quelques heures à
quelques jours au maximum :
Z** Les conditions morales et hygiéniques
de nature dépressive favorisent l'évolution
de l'empoisonnement cholérique.
VIL La prophylaxie du choléra dérive
de ces notions étiologiques.
La première indication est de détruire
par des travaux d'assainissement les foyers
originels du choléra dans l'Inde, et ses
foyers secondaires en Europe. Longtemps
encore, malgré les efforts des gouverne-
ments, ces sources d'épidémie subsisteront.
Le second précepte estd'empêch<^r le trans-
port du principe morbide dans les pays
sainS; par toutes les mesures de quaran-
taines compatibles avec les exigences de
de la civilisation moderne. Nonobstant ces
mesures de préservation, le miasme cholé-
rigène se diffusera encore en certaine pro-
portion : la troisième règle prophylactique,
c'est de le neutraliser par des moyens dé-
sinfectants qu'il reste à déterminer.
Enfin, dans une foule de circonstances,
le miasme cholérigène échappera h la dé-
sinfection et il faudra s'attacher — c'est le
quatrième et dernier précepte — à dimi-
nuer ses ravages par des mesures hygié-
niques bien entendues.
Deuxième question : De l'alcool en thé-
rapeutique. ~ Rapporteur : M. le docteur
Desguin, à Anvers.
CONCLUSIONS PROVISOIRES.
1) Deux phases doivent être distinguées
dans l'action physiologique de l'alcool et
des boissons alcooliques; la première est
caractérisée par l'excitation de toutes les
parties du système nerveux, tant gan-
glionnaire que cérébro-spinal ; la seconde,
par la dépression de tous les actes de la
vie organique et de la vie animale ;
â) Ces deux modes d'action ne sont pas
contradictoires ; la physiologie montre que
le second n'est que la conséquence du pre-
mier; l'alcoool est donc primitivement et
essentiellement, un excitant général ;
5> Dans la première période de son ad-
ministration, l'alcool active les fonctions
organiques et augmente les combustions ;
plus tard, quand il est donné à doses éle-
vées ou souvent répétées, il paralyse les
fonctions, diminue les combustions et pac
là devient agent antidéperditeur, anti-
dénutritif, aliment d^épargne, etc. Il n'ac-
quiert ces propriétés que quand il a mis
l'organisme dans l'impossibilité de produire
les phénomènes de changement de ma-
tière; il laisse alors s'accumuler dans l'or-
ganisme les matériaux qui devaient en être
expulsés et qui sont devenus impropres à
la nutrition.
A) En saine thérapeutique, .ce dernier
mode d'action doit être rejeté d'une ma-
nière absolue : il n'est que la conséquence
d'une intoxioation alcoolique produite dans
un but thérapeutique, et que l'on peut
nommer l'alcoolisme thérapeutique.
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VAhlÊTÊS.
275
5. L*ao1iorï excUonte de Taicool est la
seule h laquelle la thérapeutique puisse et
doive recourir ; cette action excitante trouve
en riiéd^cihe de nombreuses ap^plîcations,
dans les cas où se inanifeslè' une profonde
dépression du système nerveux ; elle s'a-
dresse notamment aux différents étals oii
il est nécessaire de combattre instantané-
nieiît eC énergiquement radynamîsrae, la
déperdition (îes fofces menaçant la vie du
mala(fe ; aid.9t : certaines fièvres typhoïdes,
certaines; pneumonies malignes, celles sur-
tout qui atteignent les buveurs ou les
vieillards, certaines hcmorrhagies,^ etc.
6. L'alcool est contre- indiqué djans les
maladies fébriles franches^ car^ s'il fait
tomber Je pouls ol la température, et s'il
diminue Tcxcrétron de l'urée, ces résultats
sont dus à l'enraiement des fonctions; ils
masquent la lésion organique, peuvent en
contrecarrer révolution naturelle, et em-
pêcher la résolution des exsudais. En un
mot, ils mettent l'organisme dans un état
anormal, qui rendra plus longue et plus
difficile la guérison des affections inflam-
matoires.
Troisième question. Z)e Vinoculahilité du
tubercule, ~ Rapporteur : M. Croçqv pro-
fe^^eur à TUt^ivertiité de Bruxelles.
CONCLUSIONSi*P1tOVI$OIRES .
1* La tuberculose est le résultat d'un
' processus inflammatoire évoluant selon un
mode particulier ;
2° Elle est transmis$îl>le par l'inocula-
tion de ses produits ;
5* Elle peut être déterminée également
par l'introduclion dans réconomie de sub-
stances diverses dépourvues de toute acti-
vité spécifique ;
i^ Ses produits ne paraissent pas agir
autrement que ces dernières substances ;
5° Leur action est ie résultat de leur état
moléculaire et de l'irritation que leur pré-
sence amène dans tes tissus.
Dbuxgbhb section. — Première ques-
tion : De ^aneitkésiechh'urgicaffi. — Rap-
porteur :\^At dooleor Willième, à Mous.
COKCLUSIONS PROVISOIRES (1 }.
On a lecours^ dans la pratique de la
clrirurgic,! à i'anesthésic générale où à
raoesthésje locale.
I
(U Ces 0)Dc1u8ian8 doivent être consiiiérées
comme essfaiielk meut |irovisoires, M" Willième
n*ayant éif chargé da rapport qu*& la date (iii
10 Juillet. I
I. A nés thésie générale.
\° La plupart des agents dont on se
sert pour provoquer Tanesthéi^ie générale,
chlorofonue, élhcr sulfuriquc, bichlorure
de méthylène, chloral, etc., etc.. exercent
une action anaIo«i;ue sinon identique sur
le sang et le sysième nerveux;
2" De ces divers agents, le chjoroforme,
le plus ordinairement employé, mérite
aussi la préférence dans la généralité des
cas. Cependant il en est, parmi lesaulres^,
qui peuvent avoir l'avantage sur lui dans
certains cas particuliers;
3" Les anesthésiques s'*administrent en
inhalation, soit à Taide d^un appareil, soit
au moyen d'une compresse de linge. Le
procédé par la compresse est le plus sim-
ple el le meilleur. Le chloral seul s'admi-
nistre en ingestion dans l'esiomac, en
injection dans le rectum ou dans les
veinei' ; ^
A" Tout anesthésique peut donner lieu
à des accidents mortels;
5" La mort arrive le plus souvent par
asphyxie, quelquefois par syncope ;
C** L'impureté du médicament, son
mode d'administration, des secours insuffi-
sants ou trop tardifs, paraissent avoir été
les causes de la mort dans beaucoup de
cas. Il en est toutefois où l'on ne peut
accuser aucune d'elles.
7<* L'aneslhésic générale est indiquée :
a) dans les opérations longues et doulou-
reuses et daa^ toutes celles- qui exigent
une grande tranquillité de la part du nia-
lade et une grande précision dans himanœu-
vre opératoire; b) dans les cas d'explora-
tion très-douloureuse ; c) pour obtenir un
relâchement musculai>e complet; d) enfin,
dans certains accidents,^ suites de plaies,
comme le tétanos ;
8« Elle est contrc-indiquéc : a) dans
les opérations qui peuvent amener un
écoulement de sang plus ou moins con-
sidérable dans l'arrière gorge; b) dans les
lésions avancées, -aiguës ou chroniques,'
des voies respiratoires ou du cœur; c) dans
le cas de grand aflaibllssement du sujet.
La faiblesse n'est pas cependant une con-
tre-indication absolue; on peut encore
anesthésier en prenant les précautions
nécessaires.
II. Aneslhésie locale,
|o L'anesthésieloeale s'obtient «a moyen
de mélanges réfrigérants appliqués sur la
partie que Ton veut rendre insensible, oit
au moyen de liquides trcs-volutils, pulvé-
55
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274
VARIÉTÉS
visés ^ dirigés sur cette partie. Dans un
cas comme dans Tautre, c*est le refroidis-
sement qui produit l'insensibilité; tes
liquides doues de propriétés narcotiques
n'agissent pas sensiblement par ces pro-
priétés. On obtient aussi un certain degré
d^anesthésie locale par les injections sous-
cutanées de substances narcotiques; mais
ce procédé est insuffisant pour les opéra-
tions chirurgicales ; ' -
2** L^anesthésie locale est indiquée dans
les opérations qui peuvent se borner à des
incisions superficielles, ouverture d*abcès,
incisions de furoncles etpanari<$;etc., etc.,
et dans les opérations qui se pratiquent
sur les doigts et les ortieils ;
S*' Elle est contre indiquée dans Ics^opé-
rations, mêmes superficielles, mais qui
réclament une dissection délicate; la con-
densation qu'elle fait subir aux tissus ren-
dent cette .dissection beaucoup plus diffi'
cile. Elle est également contre- indiquée
dans les opérations autoplastiques et dans
celles qui donnent lieu à des lambeaux
minces et peu nourris.
Deuxième question. — Du pansement
des plaies après les opérations, — Rappor-
teur: M. le professeur Debaisieux.
SOMMAIRE.
On peut ranger en trois classes les divers
modes de pansement des ' plaies après les
opérations :
^ 1. Pansement classique.
II. Pansements modificateurs.
m. Pansements spéciaux.
I. Pansement classique.
Les règles du pansement classique se
résument comme suit:
iV II faut tenter la réunion par première
intention chaque fois qu*elle est possible,
a Taide de la suture, des sparadraps, des
agglutinatifs^ etc.
"1° Lorsque la plaie n*est pas susceptible
d'être réunie par première intention, on
pratique le pansement désigné sous le nom
de pansement à plat,
5° La levée du premier appareil se fait
du troisième au cinquième jour ; les pan-
sements ultérieurs sont renouvelés eii
moyenne toutes les vingt-quatre heures.
Ces termes cependant n'ont rien d'absolu
et doivent être modifiés d'après les circon-
stances.
4<^ Quand la réunion par première in-
tention a échoué, il est souvent utile de
faire plus tard la réunion immédiate secon-*
daire.
Appréciation. — Le pansement clas-
sique bien exécute met la plaie dans des
conditions de repos, de température, d'oe-
clusion qui, sans être parfaites, sont néan-
moins favorables à la cicatrisation. Son
exécution est facile et ses réspllats pratr-<
ques sont aWz' salisfaisanla. Mais il est
impuissant à prévenir les complications des
plaies, en particulier l'infection purulente,
la plus fréquente et la plus redoutable. Il
importe de combler cette lacune dans le
traitement des plaies, soit eu perfection-
nant le pansement classique^ soit eu le rem-
plaçant par d'autres plus avantageux.
IL Pansements modificateurs.
Ils s'exécutent à l'aide de nombreux
topiques fournis par la matière médicale.
Les topiques permettent de modifier la
surface des plaies, d'activer ou de réprimer
le bourgeonnement, de hâter ou de ra-^
lentir la cicatrisation, mais leur action pré-
ventive de l'infection purulente, de Téry-
sipièle, etc., n'est rien moins que démon-
trée.
m. Pansements spéciaux.
Ceux qui méritent de fixer spécialement
l'attention sont les suivants:
I * Pansement à l'air libre ;
2*» I à l'abri de l'air ou par oc -
elusion ;
5<* i par la chaleur ;
4® » par le froid ;
5<» Y ouate de M. Âlph. Guérin;
6** i Sbntfseptique de Lister.
Les quatre premières variétés n'ont joui
que d'une vogue passagère, soit à cause
de l'inconstance des résultats, soit par
suite des difficultés de leur exécution dans
la pratique.
Le pansement ouaté de iU. Alph. Guérin
a donné, dans les grands hôpitaux^ des
résultats très- heureux, surtout en ce qui
concerne l'infection purulente.
II n'agit ni par occlusion ni comme anti-
septique, mais plutôt en maintenant les
surfaces lésées dans des conditions de
repos, d'humidité et de température fort
analogues aux conditions normales des
tissus vivants.
Le pansement ouaté a l'inconvénient de
soustraire la plafe pendant plusieurs se-
maines aux regards du chirurgien; d'ex^
poser aux fusées purulentes et de retarder
souvent la guérison. Cependant on y aura
recours avec avantage dans la pratique
hospitalière^ dans les ambulances et pen-
dant les épidémies d'infection parulente.
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VARIÉTÉS.
375
Le panâ0meiit de Lister est le meilleur
pansement antiseptique que ncfus connais-
sions. 11 donne; quand il est bien fait, des
succès remarquables. Mais les détails Irop
minutieux de son exécution, la complica-
tion de Tappareil instrumentai, le grand
nombre des pièces de pansement, son prix
clevè et le temps qu'il exige, sont autant
d*obstacIes a sa généralisation.
La substitution de Tacido salicylique à
Tacfde |5hénique parait devoir être avanta-
geuse, mais de nouveaux faits sont néces-
saires pour trancher définitivement cette
question.
Troisièmb section. — Question : Les
maternités. — Rapporteur : M. Eujs. Hu-
bert; professeur à T Université de Louvain.
GONCLCJSIONS PROVISOIRES.
La Société remplit ses devoirs de bien-
faisance envers les femmes enceintes pau-
vres de deux manières : en leur portant
des secours à domicile; en les accueillant
dans des services hospitaliers.
Les couches des femmes assistées à do-
micile sont heufeusi's ; la mortalité daos
les maternités est effrayante.
La suppression des maternités, conclu-
sion logique de ces faits établis^ est-elle
possible? NoU; parce que la charité doit
laisser un asile ouvert à la femme aban-
donnée et à la femme sans domicile.
Dans rintérét' des malheureuses qui ont
besoin d*é(re secourues, accroître le nombre
de celles qui accouchent chez elles, res-
treindre le nombre de celles qui viennent
accoucher dans les hôpitaux, tel est le but
humanitaire à poursuivre.
Au point de vue'de renseignement, les
polycliniques pourront rendre, en partie
du moins, les services que les maternités
font payer trop cher à Thumanité.
Ces conclusions n'atteignent pas les pe-
tites maternités de petites villes, que leur
innocuité sauve de la condamnation géné-
rale.
QoATRiàKB sECtiOM. — Première ques-
tion ; Ùes nerfs vnso-moleurs et de leur
mode d'action, — Rapporteurs : MM. Ma-
sius et Vanlair, professeurs à T Université
de Liège.
CONCLUSIONS PROVISOIRES.
i" L^s nerfs vaso-motçurs font partie du
système nerveux végétatif; ils ont leurs
origine principales dans la moelle épi-
nière it le bulbe rachidien ; ils naissent
accessoirement de là portion sus-bulbaire
de Tencéphale, des ganglions/ du sympa-
tbique situés sur les cordons et répartis à
la périphérie sur le trajet des fibres ner-
veuses ;
2° Pour aller de Taxe médullaire aux
cordons latéraux, les nerfs vaso-moteurs
passent partes racines antérieures; ils se
rendent aux vaisseaux, soit en s'unissant
aux nerfs^ rachidiens et crâniens, soit en
accompagnant les artères ;
3° Les filets vaso-moteurs sont destinés
à la couche musculaire des vaisseaux, et
ils forment à leur terminaison plusieurs
réseaux pourvus de ganglions microsco-
piques.
Il n*est pas certain que lès fibres ner-
veuses pénètrent dans rintérieur des cel-
lules qui constituent la tunique muscu-
laire ;
4® L'influence exercée par les nerfs
vaso-moteurs sur le calibre des vaisseaux
est incontestable ; parmi ces nerfs, les^ uns
déterminent, lorsqu'ils sont irrités, la
constriction des vaiisscaux auxquels ils
arrivent; d'autres, au contraire, produi-
sent par leur excitation un cff^et dilatateur ;
15^ Des fibres vaso-constrictrices et des
fibres vaso-dilatatrices sont vraisemblable-
ment réunies dans un même nerf, de telle
façon que l'action provoquée par un exci-
tant peut différer selon la prédominance
de l'une ou de l'autre espèce de fibres ;
6^ ,Les nerfs vaso-moteurs sont placés
sous la dépendance de centres dont ils
tirent leur origine et «dont l'activité se ma-
nifeste par leur intermédiaire.
L'activité des centres peut être directe
ou réflexe et donner lieu à des efl^ets vaso-
constricteurs ou vaso-dilatateurs; '
7° 11 faut admettre l'existence d*appa-
reils nerveux terminaux placés dans jies
-parois vasculaires ; ils^sont constitués par
les ganglions microscopiques répandus
dans les réseaux auxquels aboutissent les
nerfs yaso-moteurs.
Ces ganglions sont de petits centres
vaso -moteurs toniques ;
8*» Les nerfs vaso-dilatateurs ont pour
fonction de modérer le pouvoir constric-
teur de ces derniers centres et d'augmen-
ter par là le calibre des vaisseaux ;
9® Les nerfs vaso-moteurs dans leur
trajet à travers la moelle restent dans la
moitié d'où ils naissent.
. L'influence des. parties de l'encéphale
au contraire situées en avant des tubercules
quadrijumeaux est croisée ;
^ 10° Les nerf vaso-moteurs, par suite de
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276
VARf^TÉS.
Taclion qu'ils exercent sur le calibre dus
vaisseaux, n'ont pas seulement le pouvoir
de modifier la vitesse du couranl sanguin,
mais ils agissent aussi sur la tension vascu-
laire» ainsi que sur la température» la
coloration et la composition du sang.
Ils interviennent également dans les
phénomènes d'absorption^ de nutrition et
de sécrétion.
Deuxième question. — De la valeur des
expériences fondées sur les circulationi arti-
ficielles, — Rapporteur : M. Heger, pro-
fesseur à rUnivcrsitc de Bruxelles.
BOBIMAIRE.
I. Procédés employés pour soumettre
différents organes à la circulation artifi-
cielle.
Cette première partie comprend : a) la
description des appareils usités pour la
circulation dans les poumons, dans le foie,
dans les reins, dans le cœur, etc. ; b) Pcx
posé des précautions à prendre pour con-
server au sang circulant ses propriétés
vitales ou pour les modifier, notaSntnent
par l'addition de gaz; c) le compte-rendu
des moyens employés pour conserver aux
organes isoles leur vitalité et des expé-
riences qui prouvent dans quelles limites
cette vitalité persiste après Tisolement.
II. Aperçu des résultats obtenus par la
méthode des circulations artificielles.
Cette deuxième partie comprend le ré-
sumé d'un graad nombre de travaux et
notamment ceux de C. Ludwig, A. Schmidl,
H, Kroneeker sur la vie des muscles ; ceux
de J. J. Mûller sur la respiration dans les
poumons; de Scheremetyewski et Mosso
sur la circulation dans les reins ; de Schmu-
lowilch, Mosso et Asp sur ta circulation
dans, le foie ; enfin ceux de Lucîani sur la
circulation dans le cœur.
L'ensemble de ces expériences démontre
que l'application de la méthode des circula-
tions artificielles a fourni à la science des
données précieuses que n'eijl pas révélées
la circulation naturelle.
III. Applications nouvelles de la mé-
thode. ' ^
Cette troisième partie comprend Texposé
de recherches récentes ayant trait à Taction
des médicaments (alcaloïdes, chloral, etc.)
sur des organes isolés ; les résultats obte-
nus nous amènent à discuter le mode d''ac-
tion physiologique de certaines substances
sur les parois d((s vaisseaux.
Cinquième section. — Première ques-
lioM : Des moycus d* assainissement des ate-
liers pu se manipule ie phosphore. — Rap-
porteur : M. le professeur Croeq.
CONCLUSIONS provisoires.
1° L'intoxication phosphoriquc est le
résultat de l'introduction du phosphore en
nature daps l'économie;
"1° L'oxydation anéantit les propriétés
toxiques propres du phosphore ;
5° La p»rcsence de l'air ozonisé qui brûle
immédiatement le phosphore constitue
donc un moyen rationnel préservatif de
l'action délétère de ses vapeurs;
A° Indépendamment d'une bonne ven-
tilation qui entraîne au dehors les vapeurs,
îl faut placer, dans les ateliers où se ma-
nipule le phosphore,. des substances capa-
bles de transformer foxygèhe en ozone.'
Parmi ces substaaoes, ^'«sseiiree de téré-
benthine figure en première ligne et son
usage est dans ce cas parfaitement ra-
tionnel.
Deuxième question. — De t'or^anisaiion
du service de V hygiène publique. — Rap-
porteur : M. fiel val, membre de la corn-
mission médicale provinciale , etc. , ii
Bruxelles.
CONCLUSIONS provisoires.
Le service public de Thygiènc demaode
une double organisation :
1. L'organisation nationale ;
II. L'organisation internationale.
- ' L ' -
' ■ y
i. L^organisation nationale contpren-
drait rétabiissemcni, dans chaque p^ys et
à tous les degrés de k hiérarchie adminis-
trative, de conseils d'hygiène ou de salu-
brité ;
2. Ceux-ci consisteraient, autant que
possible, en :
A. Un conseil supérieur près de l'anto-
rité gouvernementale au ministère de l'in-
térieur;
B. Une commission provinciale dans
chacun des départements, provinces, pré-^
fectures, cercles ou districts ;
C. Un comité communal ou municipal
dans chaque commune urbaine ou rurale ;
Dans les communes dont le peu de déve-
loppement ne comporterait pas t'inslilu-
tion d'un Comité, ies fonctions de celui-ci
pourraient être remplies par un seul hygié-
niste, placé également sous Taulorité de la
Commission provinciale à litre de corres-
pondant;
3. Des rapports seraient publiés annuel-
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VAMËTiÉS.
277
loment par chacune des branches de ce
service ; _ '
4. La survciUanee (et au besoin Texccn-
iion) des mesures d'hygiène reconnues
d^uUUté publique, incomberaient : i^ d'une
manière générale, au secrétaire du Conseil
supérieur; â*> dans l'étendue de chaque
province, au secrétaire respectif de la corn-
raission provinciale et 5" dans chaque com-
mune, au secrétaire du Comité local ou au
correspondant, à titre, respectivement
d'inspecteur' provincial et d'inspecteur
communal du service de santé.
Ils pourraient être au besoin aidés ou
suppléés dans ce travail par Tun ou Tautre
membre du Conseil ou des Commissions
dans la compétence duquel la mesure ren-
trerait d'une manière spéciale ;
5. Indépendamment des rapports q-ue
les services hygiéniques aux trois degrés
entretiendraient avec leuxs administra-
tions respectives, ces services .pourraient
avoir entre eux des relations suivies au
point de vue de toutes les questions qui
sont de leur compétence :
6. Plus les services sanitaires auront
d'indépendance dans leur rphère d'action ;
plus il en résultera d'avantages pour riiy-
giènc des populations ;
7. Le budget de chacun de ces services
ferait partie de celui des administrations
respectives auxquels ils sont attachés, au ,
même titre que celui de Tinstruction et
celui de la bienfaisanee publique.
II.
L'organisat^ion internationale compren-
drait :
- 1. L'échange fréquent el, régulier de
communications entre les Conseils supé-
rieurs d'hygiène des différents pays. Ces
communications porteraient .principale -
ment :
a. Sur les moyens employés pour amé-
liorer .les conditions sanitaires des localités
(ft desrpcipulalioos;
6. Sur les mesures hygiéniques prises
dan^ le but de diminuer les effets des ma-
ladieji endémiques ;
e. Sur; les précautions oMses en œuvre
pour empêcher Timporlation des maladies
épidénii<iues ou contagieuses et notamment
sur l'jorglinisation des quarantaines, laza-
rets, etc]
d. Suijrapparition des foyers ou des ma -
mala^^ie^épidémiqucs ;
e. Sui^ tes mesures adoptées ïpour com-
battre les épisooties;
B. Sar les résulti^ts obtenus -dans chacun
de ces cas ;
C. Sur les données statistique^ rec«eil-
itcs ou à recueillir' dans le but d'é[iioider
les problèmes de l'hygiçne publique ;
:2. La réunion périodique de conférences
sanitaires internationales délibérant sur
certaines questions déterminées et dont la
solution paraîtrait enfin possible.
Troisième qucs^tion. — De la fabrica-
tion de la bière, —■ Rapporteur : M. De-
pafre, professeur à l'Dniversîléde liruxellcs.
CONCLUSIONS PROVISOIIIBS.
{*' La qualifîcaiion de t bière » ne peut
s'appliquer qu'aux boissons fermentées
préparéos à l'aide des céréales et du hou-
blon ;
^^ Aucune substance autre que ces ma-
tières premières ne peut être introduite
dans la bière, dans le but de les remplacer
en tout ou en partie ;
5" Les substitutions de ce genre doivent
être considérées comme des falsifications
constituant une tromperie sur la nature de
la chose vendue, même lorsqu'elles ne sont
pas nuisibles à la santé, et tombant, dans
tous les cas, sous l'application de la loi sur
les falsifications des denrées alimentaires.
Sixième section. — Question : Des dé-
fectuosités de la vision ttu point de vite du
fervice militaire. — Rapporteur.: M. le
docteur Duwez, h Bruxdles.
[Leis conclusions «de M. le rapporteur,
empêché par un deuil de famille, n'étaient
pas parvenues. Elles seronteommuriiquées
en section.]
Septième section. — Première question.
— Des moyens de mesurer l* ouïe et d'en en-
registrer le degré de façon uniforme pour
tous lU pays. — Rapporteur : M. le doc-
teur Delstanche, père.
CONCLUSIONS 1>R0VIS0H(ES.
io Dans rétat normal, un acoumètre
simple, quel qu'ii soit, peut servir de me-^
sure commune pour tous les pays;
S° En cas d(^ lésiotn de Touîe, la surdité
pouvant n'être que .partielle et relative à
certains bruits, ce mi^yen est insuffisant:
o** Dans ce cas, un acoumètre composé,
réunissant les deux éléments aoonméiiri*
ques, c'est-à-dire le bruit et le son, ipour-
rait, dans certaine mesure, remplir cette
indication ;
4" Quant au moyen d'enregistrer la
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278
VARIÉTÉS.
portée de Touïe à distance, la mesure mé-
trique doit être préférée.
Deuxième question. — De.i défectuosités
de l'organe auditif au point de vue du ser-
vice piilitaire, — Rapporteur: M. le doc-
leur Cil. D«3lstanche.
CONCLUSIONS PROVISOIRES.
i^ Les instructions officielles des diffé-
rents étals sur les défectuosité^ de l'organe
auditif qui rendent imprdpres au service
militaire, laissent toutes à désirer sous plu-
sieurs rapports;
' â** Il importe que le médecin appelé à se
prononcer au sujet d*une infirmité ou
d'une maladie de Tureilie, puisse pratiquer
Texamcn de Torganê dans un local couve-
. nable et avec le secours de tous les instru-
ments nécessaires à cet effet ;
5** A peu d'exceptions près^ cet examen
ne peut se faire d'une manière salisfaisante
dans le temps nécessairement restreint qui
peut y élre consacré devant les conseils de
milice et de révision ♦;
4** En conséquence, il nous parait oppor-
tun d'élendre le système des enquêtes,
pour les cas difficiles, et de renvoyer les
intéressés devant un ou plusieurs spécia-
listes compétents;
5<» En vue d'obvier à l'incorporation de
sujets impropres au service, 4ous les mili-
ciens indislinctement, réclamants ou non,
devraient subir un examen sommaire de
l'oreille externe et du tympan; ^
6^ Enfin, il est à souhaiter que la loi fixe,
à Tinstar de ce qui existe tJéjà pour la vue,
la limite minima de la portée de louîe
compatible encore avec le service militaire.
L'adoption de celte limite fournirait tout
au moins une base d'appréciation certaine
pour Tadmission des volontaires.
HuiTièHB SECTION. >~ Qucstion/ De la
situation morale et légale et du placement
des aliénés criminels et dangereux, — Rap-
porteur: M. le docteur Semai, directeur
de rhospice d'aliénés de Mons.
, SOMMAIRE.
Une tendance contemporaine, nettement
accentuée et certes bien louable, cherche à
dégager certains problèmes sociaux des en-
traves métaphysiques, pour les reporter
dans le domaine des sciences positives.
Tout en reconnaissant qu'il est juste d'en-
courager des efforts destinés à rétablir sur
leurs assises naturelles les lois appelées à
régir les sociétés, il faut cependant désirer
que do prudentes et sages réserves prési-
dent à ces encouragements, en vue de per-
mettre et de préparer les moyens de tran-
sition. On n'ignore pas en effet que de
longues périodes d'indécision et de tâton-
nements séparent ta reconnaissance des
principes de leurs applications pratiques,
et que chercher à les imposer prématuré-
ment, c'est pousser à des luttes et à des
exagérations ennemies du véritable pro-
grès. '
Aussi parmi ces questions qui ont jus-
qu'ici préoccupé isolément certains esprits,
il en est qui subiront encore une désirable
incubation avant d'acquérir droit de cité
dans la science, mais celle sur laquelle nous
appelons aujourd'hui rattention des alié-
nistes, semble opportune et mûre pour la
discussion.
Depuis longtemps déjà des penseurs pa-
rurent convaincus de l'inanité du critérium
métaphysique en matière de responsabilité
morale et légale, mais cette conviction
était plus instinctive que rationnelle, et le
débat restant confiné sur le terrain philo-
sophique ne franchit guère le senil des as-
semblées scientifiques. La situation s'est
totalement modifiée du jour où des cher-
cheurs hardis fouillèrent l'organisme pour
y trouver les antécédents physiologiques
des manifestations actuelles et psychiques.
(1 devient dès lors légitime de traduire les
idées nouvelles à la barre d*un aréopage
compétent, dont le jugement motivé en-
traînerait la sanction ou infligerait le dé-
saveu.
En vue d'éviter de stériles spéculations
théoriques et pour provoquer de fruc-
tueuses conclusions, nous croyons devoir
formuler brièvement les propositions sur
lesquelles la discussion pourrait s'établir:
1<* Faut il admettre l'existence d*unc
activité nerveuse spontanée et chercher
dans celle-ci le germe instinctif de la
volonté, ou bien, résulte-t>il des recher-
' ches physiologiques et des données cli-
niques que les pénomènes antagonistes
qui se produiVnt dans l'organisme et
concourent à limiter l'orbite dans lequel
se meuvent les déterminations humaines,
relèvent uniquement des conditions héré-
ditaires et expérimentales?
*2» Est-ce exclusivement par suite d'im-
pulsions sorties d'un groupe d^états psy-
chiques actuels que s'accomplissent les
actions, ou bien les états antérieurs parti-
cipent ils aussi à leur détermination, et
dans quelle mesure ?
5^ Si la nature de ces reviviscences et
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VARIÉTÉS.
579
les conditions où elles naissent constituent
les éléments d*où sort la responsabilité
dite niora](% peut-on affirmer absolument
sonexisicnce? Et si celle ci n'existe qu'à un
degré relatif, faut-il admettre que les aliénés
criminels écliappenl à toute imputabitité?
4^ Le degré de responsabilité légale des
aliénés criminels se luesure-t-il seulement
à la, nature et à l'étendue (^xi dan^r qu'oc-
casionne ou peut occasionner leur présence?
5° Quelles sont les conséquences légales
et aiiuiinistrulivcs qui découlent des pro-
positions précédentes, suivant la solution
qui leur est donnée?
Neuvième section. — Première question.
— Fautait étendre l'empfoi médical des
principes immédiats chimiquement définis
et en multiplier les préparations dans les
pharmacopées? — Rapporteur : M. Van
Bastelaer, membre de la Commission mé-
dicale du Hainaut.
CONCLUSIONS PROVISOIRES.
i** Il est éminemment désirable que Ton
encourage et que l'on étende en médecine
remploi des principes immédiats chimi-
quement définis, de façon que progressi-
nient s*établisse Pusage de substituer à
remploi des matières végétales brutes,
remploi de leurs principes actifs isolés;
^^ Il est utile, dans ce but, de muiti-
.plier dans les pharoiaco))ées les formules
convenables pour aider à ce mouvement ;
3<» Les formes de médicaments qui se
prêtent le mieux à l'emploi des principes
immédiats et à la facilité de leur adminis-
tration sont : pourPnsage interne le<7r«tw
et le granule au milligramme de matière
active; et poui* l'usage externe Valcoolé au
1/KO, ce qui correspond sensiblement à un
milligramme par goutte, au compte gouttes.
Deuxième question. — De V établissement
à*une pharmacopée universelle. Rapporteur :
M. Gîlle, profcbseur à TEcolc vétérinaire
de l'Etat.
CONCLUSIONS PROVISOIRES.
Nous avons l'honneur de proposer au
Congrès :
i° De |)roclamer l'utilité d'une pharma-
copée universelle officielle;
2* D'é(nettre le vœu que ce dispensaire
soit limita, pour le moment, aux médica-
ments énfTgiques, en laissant n chaque
pays la lit)erté de le compléter d'après ses
besoins pjirticuliers ;
5*^ D'associer ses etTorts, pour l'obtenir,
i eeux d|i Congrès pharmaceutique inter-
. national, tenu au mois d'Août 4874, à St^
Pétcrsbourg ;
4" D'engagiT le Gouvernement russe à
prendre Tliiitiative, conformément à la
demande dudit Congrès, afin d'amener les
autres puissances à faine ce qui dépend
d'elles pour obtenir la pharmacopée inter-
nationale;
5" D'exprimer le désir qu'un certain
nombre de médcTcins et même de vétéri-
naires fassent partie, avec les pharmaciens,
de la Comiiiission internationale qui sera
chargée d'arrêter le travail définitif de cette
œuvre importante ;
6<^ De joindre ses vœux à ceux exprimés
à peu près dans les termes sufvants par le
Congrès de Si-Pélersbourg :
A . Le texte de la pharmacopée Interna-
tionale devra être en latin.
B. Le systième décimal des poids et
mesures sera de rigueur.
C. Toutes les températures seront prises
à l'échelle centij^rade.
Z>. La nomenclature chimique sera éta-
blie suivant un plan uniforme (celle de
Berzélius a paru rallier la majorité des
membres du Congres).
' E. Les noms pour la désignation des
drogues devront être bien exacts et aussi
simples que possible.
F Les drogues imporlantes seront l'objet
d'une description concise et la quantité mi-
nima du principe actif qu'elles devront con-
tenir sera rigoureusement établie» chaque
fois que la chose sera possible.
6r. Les préparations galéniqoes seront
aussi simples que possible et décrites sui-
vait un même plan.
/y. On indiquera le maximum des impu-
retés que pourront renfermer les produits
chimiques.
Procès-verbaux des Séances.
La séanee d'ouverture à laquelle a voulu
assister le roi Léopold, réunis<<ait les
savants qui avaient répondu à l'appel des
orgiinisateurs du Congrès.
M. VIeminckx, président, avait à sa
droite M. Deleour, ministre de Tintérieur;
9 sa gauche, M. Anspach, bourgmestre de
Bruxelles.
Siégeaient aussi au bureau : H.M. De
Roubaix et Crocq, vice-présidents ;
M. Warlomont, secrétaire général; MM.
Duweset Verriest, secrétaires des séances.
Nous voudrions pouvoir reproduire en
entier le discours ferme et élevé pro-
noncé par l'honorable président Vie-
I
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S80
VARIÉTÉS.
mÎBckx, discours qui a produit ta plus
vive y ia plus profonde impression. A notre
grand regret, noire format nous permet
à peine d*en citer quelques fragments.
Souhaitaot la bienvenue aux confrères
étrangers, le président leur a dit :
1 Sur cette terre hospitalière (Ite B^lgi-
i que, vous ne rencontrerez, soyez en
» bien assurés, que des vidages syrirpathi-
» ques et amis. A cetle tribuno^ui vous,
» est ouverte, vous discuterez en toute
» liberté et sans préoccupation aucune les
» problèmes scienti^ques dont vous juge-
» rcz convenable et utile ^<e saisir Tassem-
» blée. En Belgique, h manifosta'tion de la *
t pensée, en quelque matière que ce soit,
» est affranchie de toute entrave. »
Définissant la mission qui incombe au
Congrès^ M. Vlcminckx dit :
€ à nous, mes- chers et honorés con-
» frères, au .corps médic»!, la tâche ini-
» tiale, en vue de rendre les populations
» plus fortes, plus résistantes*, plus viriles;
» là est le premier terme* du problème de
» la grande œuvre réformatrice de Thoma-
» nité.
» A nous de mettre* en évidence avec
» Tautortlé que donnent des études et des
. » connaissances «péciales jointes à Nne
» expérience éclairée, les causes physi-
i ques et moraks qui font diégénércr Tes-
» pèee humaine, en Ta^envant de misé-
» res et de souffrances; à nous de signaler
» les mesure» les plus p-ropres pour tarir
» les sources de ces affections calamiteuses
» et terribles qui déciment les populations
» et portent dans teur sein la ruine et ie-
» désespoir; à nous, enfin, d'éckiirer les
» peuples et les goiyvernements sur les^
> devoirs quMU onl à remplir, les uns
> comme les autres, pour assurer le succès
» des moyens de préservation dont la
» science et Tobservation ont démontré la
» puissance et Tindéniablc verto. »
Parlant du caractère international du
Congrèsy M. le président en fait ressortir
Timportance toute spéciale. Il rappelle
qioVii matière d'hygiène les peuples sont
solidaires, et qu'en un grand nombre de
cas les fautes ou les erreurs de Tun retom-
bent inévitablement sur. les autres; d'où
la nécessité, en même temps qu'on pour-
suit avec raison la réalisation de conven-
tions pour imposer aux belligérants des
limites propres à atténuer lés horreurs de
la guerre, de faire jussi des conventions
internationales hygiéniques ou sanitaires.
Eu terminant son diseours, M* Vie-
mfnekx a adressé de chaude remerctments
à M. le ministre de rintéricur, qui a mis
à la disposition du comité, avec autant de
libéralité i|ue d'cmpVessement, tous les
moyens matériels et moraux de mener à
bonite fin Tentreprise. Il a proposé, comme
témoignage de gratitude, de rappeler à la
présidence d^honneur.
L*assetftl)lée a unanimement acclamé
cette proposition. ^
^ M. Delcour, mfnîstre de l'intérîeur, a
répondu en termes pleins de courtoisie à
la haute distinction qui lui était conférée ;
il a exprimé la satisfaction avec laquelfe
la Belgique et son gouvernement voyaient
la réunion du Congrès à Bruxelles; il a.
fait ressortir tout^le profit que la science
et ceux qui en attendaient les- lumières
avaieni à retirer de ces assises internatio^
nales; il a ajouté que dans ces fraternelles
réunions les savants s*éclairent les uns- les
autres sur la situation du corps médical
dans les dFverses contrées et apprennent
ainsi à connaître les institutions les plus pro-
pres à concilier la dignité de la profession
médicale avec les intérêts de riiumanité.
Le bureau provisoire ayant été déclaré
définitif par un vote unaniiue de rassem-
blée, les présidents d'honneur ont été suc-
cessivement nommés parmi les membres
appartenant à diverses nations : M, Von
Langenbeck pour rAlIcmagne; MM. Crit-
chett et Bowmano pour TAn^leterre ; MM.
Grôsz, Hebra et Signiund pour TAutriofae-
Hongrie : MM. Bonillauid, Verncuil, Larrey
et Jaccoud pour ia {«"rancc. Les acclama-
tions qui accueillirent les. diverses nomina-
tions sont devenues plus ardentes encore à
rappel du nom de U. Bouillaud ; Tillustre
et vénéré savant, salué par une triple,
salve d applaudissements, a prononcé
quelques paroles émues qui ont fait tres-
saillir Tauditoire.
Les nominations pour les autres Étals
ont continué : pour Tltalie, M!Vf. Scmmola
et Palasciano; pour le Luxembourg,
M. Aschman ; la Roumanie, M. Marcowitz:
la Turquie, M. le général docteur Ahmed;
pour les Pays-Bas, MM. Donders et Ege-
lin^. Plusieurs autres membres ont encore
été appelés à la présidence d'hooneur dans
les séances suivanCes.
M. Warlomont, sccréCaîrc général, a
pn's alors la parole. Son diseours compre>
nant Thistoriquc des congrès médicaux de
diverses sortes, antérieurs à celui qui réu-
nit tant d'illustrations h Bru](ellcsoujour-
'd'hui, a esquisse 8 grâads traits les sujets
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VXRlfiTfiS.
â81
qQiyiavisilefilété traités,* et dont plusieurs
figurent encore au* programme actuel:
rhonar»ble secrétaire générai expose que
parmi un grand nombre de graves ques-
tions letomité a cru répondre aux besoins
des temps, au cou lis des idées en eon fes-
sant «t>en<m entrant ses prédilections «pour
les sujets se rattachant à Thygiiène publia
que, pins propres, a t-il dit, que les
autres',' à recevoir des solutions pratiqu<î$.
C«{ discours a été écouté avec une attention
sobtentie et unanimement approuvé; il
5*est terminé par «les remerdments envers
ceux qui avaient donné leur concours si
utile â la reQSSite du Cohgrès, et particu-
lièrement M. le ministre de l'intérieur et
le bourgmestre rfe Brnxelles^ M. Anspach,
qui, à son tour a pris la parole pour invi-
ter les membres du Congrès et leiirs dames
au raout q»! leur a été offert le soir à
rhôtel de ville. M. le Bourgmestre en con-
viant en .outre les assistants à un voyage
d'expioiration dans Bruxelles souterrain, a
appelé rattenlion tiu Congrès sur la créa-
tion récente d^'un bureau d'b^'giène spé-
cialement, consacré à combattre tout ce
qui, dans Tagglomération bruitelloise pour-
rait revêtir un caractère épidémique ; sin*
le système actuellement fonctionnant de
âlstrtbAlian d*eau; et enfin sur Tassainis-
semènt de k Senne et la création d'an
vaste réseau de collecteurs et d*égoôts
publics qui con*^itue l'œuvre la plus im-
pointante que la vilie de BrUxeliès ait
jtroals^etitreprise^
M. le président V4eminokxiin vite ensuite
les mèflofbreps du Congi^èa à se rendis dans
lents sections respeetiveSf ce qui s^est fait
immééialemeRii} chacune dès sections rén*
f#es a constitué son'>rireaù définttir
Dès \t lendemain ont«u lieu» conformé*
ment au programme, \es séadces ^Hs see-
ttons fonctionnant^ dans ' lein-s locauit
séparés, 'i iO heures du maffn^ et conti'
nuant leurs discussions et délibérfltion9)
tons les jours à' 1^ même heure, — puis à
deux heures de relevée rassemblée gêné*'
raie siégeait^ discutant les rappo^rts, ibr-
mulant et votant les conclusions définitives
prisés alors au norii et sous la responsabilité
du Congfès 4oot entier. •
La sétnaine entière b été consacrée à
ces travaux, le samedi a eu lieu^ la séan««
.deelôtiife/ » : '
Dans iette «séanëe îia élé-déeidé sbr 4a
proposition da docteur Lau&sedat, que la
prncbalile session du>Gong()èsdes solenoes
médicale aurait lieu -en 4B77 ah Soisse;
Séance , générale du $11 septembre i875.
La séance est ouverte à ^ heures.
Le faoïeuil de la présidence est occupé
par M. VIemInckX; président.
Présents au bureau : MM. De Boubaix,
Croeq, Warlomont, Duwez et Verriest.
M. le secrétaire des séances Verriest
donne lecture du procès- verbal de la
séance du i9 septembre 1875. — Adopté.
M. ie président appelle rattentîoh de
Tassen^bléc sur les excûr^Ons prdjbtéeaf S
la colonie de Ghcel et h la frrison cellulaire
de Louvain.
^M. le président propose -à l*assembléc de
nommer comme houveaux présidents
d'honnenr:
MM. Manayra (de Naples), Pasqualî (de
Rome)^ Nicolaïew (de Cronstadt), Van Cap -
peilen et Egeling (de La Haye), Schmitder
(de Vienne), Gross {de Budapesth), Gus-
tave Bergmann (de Stockholm).
M. le président Vlcminckx désirant
prendre part aux débats, cède la présidence
à M. DeHoubaix, vice-président, qui donne
la parole à M. Fcigneaux pour faire le rap-
port sur la qnestion des maternités.
Après une vive discussion, à laquelle pren-
nent part un grand nombre de membres,
les eonclusiens du rapport sont adoptées
avec quelques modifications.
4 •Urgence d'une réforme radicale dans
le système d*al<iisiance dés famines en
ceuches ; . ^ . . .
' â« Abandon complet des gi^atidës nàatier-
nités;
5<> Remplacement des grfetndes mater-
nités, avec école d'accouchements pour
renseignement, par de petites maisons
d^âccnnchements et chambres réparées ;
'" i^ Création d'une «maison 'de rechange
placée dans le voisinage de^la maternité
avec mobilier distinct et séparation com-
plète d^avec la direction médicale ;
S* Extension, aussi grande que possible,
de l'assistance à domicile, en fournissant
' aux femmes enceintes et atfx accouchées
des secours de tonte nature.
M. Lefort, de PaHs, proposé d'ajouter
ta conclusion suivante : '
€ Tontes les fois tjue les ressourcés de
la ville le permettront, et surtout dans les
cas d'épidémie dans uh- établissement, il
est désirable que les femmes sans doonicite
soient 'bcedncbées au domicile des sa^es-
femmes de la ville, i
Cette propésïtion est renvoyée ^ Texa-
men préalable de la 3* section.
0«
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282
VARIÉTÉS.
jy. JaQSseRS doQne ensuite lecture des
travaux de la 9« section : rapport de
M . Crocq : i Des moyens d'assainissenienl
des ateliers où se manipule le phosphore* »
Les conclusions suivantes sont adoptées :
1° La section de médecine publique émet
le vœu que l'emploi du phosphore rouge
amorphe soit substitué à celui du phos-
phore ordinaire dans toutes les fabriques
d*allumeltes ;
S» En attendant Tadoption universelle de
cette niesure radicale, elle recommande,
d^ns les conditions actuelles de fabrication,
les mesures suivantes, qui s(Tnt destinées à
prévenir les accidents toxiques généraux,
et plus spécialement la nécrose du maxiU
laire : installation de la fabrication dans des
locaux suOisamment spacieux; ventilation
puissante au moy^a des tuyaux d*appel^
établis dans le sol et aboutissant à une che-
minée d'aspiration. Soins constants de pro-
preté.
 côté de cej moyens physiques de pré-
servation, vient se rauger remploi, oomme
antidote chimique, de ressencc de térében-
thine dans les ateliers ;
3<^ Les accidents locaux pourront être
conjurés par des gargarismes astringents
et surtout par Tphligation imposée aux
fabricants de ne pas admettre daus leurs
ateliers des ouvriers chez lesquels un exa-
men préalable de la bouche a permis .de
constater que Tappareil dentaire est affecté
de carie pénétrante ou de tout autre affec-
tion de. nature à favoriser Taction noelve
des vapeurs phosphorées.
4» Les enfants ne peuvent être eiQpIoyés
dans les ateliers où Ton mabipule le phos-
phore ;
^^ Lorsque les autorités permettent
rétablissement de fabriques où Ton tra-
vaille celte substance, elles doivent imposer
ces conditions et tenir la main à ieurexéeu-
tiou; aussi bien dans Tiotérêt des ouvriers
que dans celui des fabricants, qui sont civi-
lement responsables des accident^ dus à
leur incurie ou à leur néglige oce.
M. le président accorde ensuite la parole
k M. Ledeganck pour donner lecture des
travaux de la 7« section : Des moyens.de
mesurer racui té de Touïe et dVn enregistrer
le degré de façon uniforme dans tous les
pays (discussion du rapport de M. Deistao-
che, père).
L*as&cniblée adopte les conclusioDs de la
section^ qui sont les mêmes que celles im-
primées au programme, à titre provisoire
(voy. page ^77).
GcMume corollaire de ces eooelusioDs,
la section a adopté également une motion
de M. Bonnafont, formulée comme suit :
Tout exafnen complet du degré de Touîe
chez les malades nécessite TempU» des
trois moyens suivants : ,
i** Le ton; c'est ainsi que M. Bonnafoni
appelle le bruft produit parle choc de deux
corps durs, et que peuvent percevoir des
personnes atteintes d'altérations graves dé
Touïe ;
2® Le diapason, plus difficile à percevoir,
mais entendu par beaucoup de peraonnes
qui n'entendent pas la voix humaine;
3? La voix, qui se perçoit plus difficile-
ment encore. ^
M. De Smeth donne lecture des travaux
de la 8« seclion, sur la situation morale et
légafe et sur le placement des aliénés cri'*
minels et dangereux. Les conclusions sui»
vantes ont été adoptées :
i<^ La section déclare que dans les pays
où le nombre des condamnés aliénés e^
suffisant pour créer un service hospitalier
complet, il y a lieu de séparer complète-
ment, cette catégorie de malades ;
^'^ Adoptant la conclusion du rapport de
M. Semai, la section émet le vmu que,
dans tous les autres cas, ces nialades restent
confondus avec les autres aliénés et soient
soumis au régi<ne de Nsurveii lance et d'iso-
lement que nécessitent leur état mental et
la sécurité de leur entourage.
EnlSn, M* Bel val donne lecture ^es tra-
vaux de la 9* section : De rétablissement
d'une pharmacopée uniiverselle.
Les conclusions adoptées sont f ne la sec<>
lion, se ralliant aux vœux émis antérieure*
ment sur l'utilité 4*unp pharmacopée uni-
verselle officielle, propose au eongrès d*at*
tendre communication du projet rédigé à
Saint*Pétersbourg> pour s'ooeuper de cptle
question. Cette section admet aussi l'amen t
dément de fil. Gille, par lequel elle charge
les organisateurs du congrès de Bruxelles
de prendre les mesifhes qti^ils croiront aé"
cessaires pour aboutir.
La séance est levée à 5 heures.
Séance générale du ^"2 septembre 1875.
La séance est ouverte À 3 heures. .
f^ fauteuil de la présideaoe est oociipé
par M. Vleminckx. Sont, en outre, prêt
sents au bureau MM.. Crocq, De ^ubaix,
WarlomoBty Duwez et Verriest. * .
M. le sesrétaire des séances Duwez donne
leeture^u procès-verb*l de laséanœ gér
néraie du 31 septembre.
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VARI6TÉS.
283
• Le pfoeès^v^erbât est approavé.
M* ïe Sedrétalre général communique a
rassemblée qut* la Société royale Linnééirne
offre à MM. les membres dn congrès et à
lebrs dames 1-entréc gratuite è Texposition
agricole et horticole organisée au palais de
joâtjce.
Il met h la disposition du congrès des
brocbirres relatives h 4*cxpositîon interna-
tfonaleet congrès d*hygiène et de sauvetage",
qui s'organisent pour Tannée prochaine.
M. le président propose de nommer pré-
sidents d^honneur MM. Harwood et Adrian.
délégués de fa^sociation médicale améri-
-caine de New-Yôrk, ainsi que M. Madjen,
•vice-pré»»denl de la socfété pharmaeeu^
liquo de Copenhague. .
M. Vlëminekx cède le fauteuil de la prési-
^nce a M. BouilFaud/présidentd*honneur.
M. Delecosse, questeur du congrès, ap-
pelle ralteiitfon de rassemblée sur les
visites qui se font journeRement aux
égoutsde la ville de Rruxelles et engage
MM. lé» membres du congrès à profiter de
Poffre que leur a faite radmintstration com-
munale.
MM. Mahà^t et Carpentier donnent lec-
ture du procès-verbal des travaux de Iti
première section sur le rapport de M. Le-
febvre : la prophylaxie du choléra, f/as-
Mmblée adopte^ avec de légères niodiflca-
tions, les conclusions de h section :
I. La prophylaxie du choléra asiatique
doit avoir pour base une notion étiologique
aussi complète que possible de la maladie.
II. Le choléra est une maladie spéèifique,
c'est-à-dire- qu'elle est produite par un
principe morbide, toujours le même, et
«qu'elle ne peut être produite par d'autres
causes. •
III. Le principe choférigène nous est
inconnu dans son essence, comme du resle
le principe générateur de la variole, de là
scarlatine, de la petite vérole, etc , mais
non^ possédons des connaissances très-
importantes au point de vue de la prophy-
laxie^ sar son origine, ses attributs, les
lois de m propagalltm et de son évolution.
IV. Origine. Le miasme cholérigène se
développe spontanément dans certaines
corttrée^de l'Inde, spécialement le delta du
Gange cjt les contrées basses qui environ-
neïit Maflras et Bombay. En partant de ces
foyers GÉ*iginels, il s'est transporté à diffé-
rentes ir]H*ises en Europe, en Afrique, en
Amériqle, en constituant ces grandes épi-
démies |f]ui sont présentes à tous les sou-
venirs, i
Touléfoîs, on a vti se produire en Eu-
rope des explosioOs plus fîmitées de cho-
léra asiatique après la disparition des
grandes épidémies dont il vient d*étre
question. Ces explosions sont-elles dues à
la production spontanée, sur le sol euro-
péen, du miasme cholérigène, ou bien
ftint-ir les attribuer au développe ment tardif
de miasmes laissés, en quelque sorfe, en
provision par l'épidémie asiatique précé-
dente? Le rapporteur adopte cette dernière
opinion.
Quoi qu'il en soit, il n'en reste pas nroins
vratque le choléra indien peut s'acclimater
eo Europe, soît par la production spon-
tanée, sur notre sol, de son principe géné-
rateur, soit par la conservation et la régé-
nération indéfinie do miasme arrivé pVimi-
tivement de l'indc. '
V. Âttfributs du miOMme cholérigène :
i*' Ce miasmp se régénère dans le sujet qui
est atteint du choléra et transporté de là
sur des individus saitis ; il provoque chez
,eux le développement c!e la maladie; en
d'autres termes, le choléra est essentiellç-
ment contagieux ;
S* Le miasme cholérigène se conduit h
la manière des corps solubles et volatils :
ainsi il se dissout dans l'eau, I! se répand
dans l'atmosphère où il se maintient h l'état
de diffusion homogène, c'estrà-dire sans
s'accumuler dans les points déclives ;
3<» Le pouvoir morbifique du miasme
cholérigène est moins énergique, moins
fatal dans son action que celui d'autres
miasmes et d'autres virus connus ;
4» Il est peu stable : il parait se détruire
trèspromptement, surtout quand l'air est
fortement ozonisé. Toutefois, dans certaines
conditions de confinement, à l'abri de l'air,
il peut se conserver très-long^mps ;
5" Ce miasme est détruit par une tem-
pérature élevée (cent degrés et au-dessus)
et par un certain nombre d'agents chimi-
ques à affinités énergiques. Cette question
réclame encore des études pour arriver à
une précision et à une netteté véritable-
ment pratiques ;
6<* Les individus exposés h l'action du
miasme cholérigène acquièrent, au bout de
quelque temps, une' sorte d''accoutumance
qui les met à l'abri de la maladie.
VI. Loti de propagation du choléra atia-
tique, {^ Le contage cholérique réside
principalement, sinon exclusivement, dans
les déjections du malade (matières vomies
et surtout évacuations intestinales) ;
â<* Il peut se transporter du sujet ma-
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^4
vAftiànés.
véi^icuJcç, pai^i. le^qijeJs il faut noUP>
aprèj^Jek».,(jlftificlioj^s elles-aiême*.: . .
to raaMe; i, .
Le cadavre;.
Le IJDge et les vçterocQtf qw leur otit
&çj?Fi ;
Les appartc;mentâ^ lesnaviiies et les voir
lurea où des. cholériques ont séjourné.j .
. Les latrines;
)U*éau, qui a pu être oonlia?pjn(Ç|j p«c les
déjections cholériques ;
L'air, .mais à faible^ distanee^ c*est-àtdire
à qiielquies oenlaines de mètres ;
, Les animaux, les marchandisçs qui ont
pu être chargjés de miasmes Ciholérigè-
nes, etc, i
yj(l. Jmprégnf^ion cholérique et évolu-
tion, V Le miasme choi^igèoe ppnèli^
'dans réconomie parjamuq«)eu««. pulmo-
naire et par les yoles digestives.
.^<> La durée de Pincubation est do plu,-
sieurs.heures à quelques joufs au ipaj^immn.
5? L(Cs copdilioi>s morale? et hygiéivi-
que$de oatiirje dépressive favorisent.Viv^^'
lution de Tempoisonncment cholérique*
. .,yjll, L^ prpphylaKÎQ du eholéra ■dérive
de ces. potions, qtîologJMiues, '
La preipière indicatiQo est de détruûre
par des travaux d'assainissement les foyers .
originels du choléra daas riad6| et ses
foyers scoondajfes en Europe» I^q second
précepte est d*cmpé<;her le transport du
principe morbide dans les pays sains, par
toutes les mesures . y rai m çnt efficaces et
compatibles a.yec les exigenpes et la civilir
sation moderne* La trpisjème règle pro-
phylactique, c'est de neutraliser le miasme
par des moyens désiinfectants qu'il re^te
à déterminer.
Enfin, il faqdra Sj'altaçher -r o'esti le
quatrième cl dprnieir précepte — à dimi-
nuer les ravages du choléra par des me.-
&urqs. hygiéniques. bien entendues.
Le congrès espère que les tr^fraux d'as-
sainissement entrepris dans Tlndc par l'Anr
gletcrre seroi^t mçnés à bonne fin, et
parviendront à éteindre le foyer original
du chpléif» asiatique..
M,,Lefebvre attire spécialement Tattep-
tion de l'assiembléc; $ur Taction de la cha-
leur comme agent désinfectant. 11 rappelle
son. effîcacUé pour la désinfection, d*«près
le procédé de Vleminck^, des vêtements
de sujets atteints de la gale» et con&eillie
l'établissement id'étnvçs sèches dans tous
les hôpitaux et même da,n$ Içs mai^çns psi-
vées, .... .. . i
Après qu()lqii^|iof)9erv4lifM»4kliMk Ah-
med,. Semmola: jQtSigmuod| • le ^ébat. est
clos,
M> Has^in donne leeAurede^ travaux de
la4<°« se^oii^ sur le rapport de MM. Mai-
sius Qt Van Lair : Oe& netffs v&ao-oiiotetirs
et de leur mode d*action. LesxohclAsiodw
dje ce rapp4^r^ sont :
Les nerfs va39 moitenrA foot partie du
système jiejrveux végétatil; il» oni leurs
oi^igifpes principales dans la mc»eUe épînièdre
et le. bulbe rachidien; ils naissent acces-
soirement de la porti9n..sttS;b4ilbaire de
Pençéphale,. iies ganglions d|i synipalbi^fue
situés sfur les cordons eirépaiPtis à la péri*-
phérle sur le trajet des fibres nerveuM».
Pour aller de Taxe iné4ullaire aux ooir*
don^ latéraux» les nerh vaso-mqteurs pas-
sent p^r les racines, ai^frienres ; i^ se
rendent au4^ vaisseaux» soit en s'uiii^sant
aux nerfs i^achidiens et qr^niepsi, soitieo
acconipai;!naint Jes^ artères. -
..-. Les nerfs vasomoteur^idan^ leur (raie^
à travers, la jnocUe vesteçt dai^ La maillé
d'où ilâ.naiss<3n(.
L'influence des parties de l'encépibalfi,
au contraire; situéeS) çpi. avant* 4<?s l44^r-
qules quadriJMweaupi est croisée.
. Au pjp<inl de vUfC de. sa comp<>sitiont phyr
siologlq^Ci an.peut considérer l'appaDoil
vaso-moteur comopic constitué paf dea.eea^
très principaux et. par les ûbras nerveuse»
dont la. plupart rcMnis#ent entre eux les
divers centres*. Les centres sont li'aiite
cérébro -spinal d'une part et de l'autre
l'çnsembl*'' des cellules nerveuses distri-
buées à la périphérie du, système vascu-
laire (centres toniques). Les £[bres uai^*
jfantes s^nt de dcMX ordres : ce sot|it des
fibres vaso-cons(rictives et des fibres vaso
dilatatrices, en partie eeqtripètfjs,. en partie
centrifuges. I^es deux espèces, de Âbres
sont sans dou.te le plus souvepl. réunies
dans un mémç nerf; tou^qfois, les filets
vaso-dilatateur^. s;ont en général en plus
grand nombre et plus acjtifs,; iisir^^làcû^nt
les parois vasculaires en diminuant Taeti-
vité des centres toniques.
En outre» des fibres vaso'-con^lwictîves
et vaso-dilatatrices partant de la périphérie
se reindent a^x centres toniqu(^» eteeux-oi
émettent à leur tour des fibres cxclusÂve-
ment constrictives qui se répAnd(»nt dans
les parois des vaissea.ux..
M. Bouillaud prend la parole pour si^
gnaler Ta/ialogiç ^i j[^naade q^i exi^e eodiu
Içâ uM^iuv^m^i^t^ rliytbmiqu^s d^s anè^os
pt ceux du cœur lui-même. Il fait remar*
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VAiaftrts.
^s
fo^r Ie$ eonm^uonee^ pathologiques qae
toute a^Uéralton de» parois artérielles deit^
k Vé%9\ des altérations de la paroi ear-
iliaque, i^eessairement. amener dans le
mécanisme des TonetHms circulatoires.
M* Bouchut lit un md moire sar la cëré -
Mt|$cop|e et les résuUals auxquels a eoD"
4uit Tapplication de i'epiithalnioscope à la
diagnosa des' mftlàdies cérébrales. H fait
4>a6ser dans rasseaaUée diverses pièces pa-
thologiques k Tappui de ses obsenatfons*
M. Testclin remerete h) bureau d^aToir
«organisé la visite à Ja maison pénitentiaire
de Lrouvain et. au nom des visiteurs, ex'^
prime sa reoonnaissanee à M. Berden, ad^
jiHPJ4»tra(cur géoéral de la sûreté publique.
M. Leudct développe le résultat de ses
études sur Tétat mental des alcoolisés dans
les différentes olasses de la Société.
M» Palascianoiit un mémoire sur Thy^
gi^ne des tombebux et exprime le vœo de
voir entrer dans ies moBurs la crémation
des cadavres.
La séance «st levée è ^ heures.
Séance générale du 53 septembre 1878.
. La séance est ouverte, à 2 heures, sous
Ja présidence de M. Vlcminokx. Sont pré-
sents au bureau : MM. De Roubaix, Warlo-
n^ont,.Verriest et Duwez«
M. le secrétaire des séances, Verriest,
donne lecture du prooès-\rerbal de la séance
précédente. Ce procès* verbal est adopté.
Sur la proposition de Mi Warlomont,
M. le docteur Pelersen, vioe-président de
la Fédération médicale danoise, est nommé
président d'honneur.
Diverses communications sont faites
ensuite par M. Delecosse^ que$(teur.
M. Bou que donne lecture des travaux de
la %° section :
. De VanesihéiU chirurgicale. Rappor*-
teur : Mw le docteur Wiiltnme à Alons.
L'ancsthésie chirurgicale étant une ques-
tion essentiellement seientilîqae^ la fteotion
propose de réserver son opinion sur une
question im»» encore susceptible de solu-
tion.
M. Bouillaud. réclame, pour la méthode
de AI. Orfl, le bénéfice de Tacoueil bien-
veillant q(ie mérite toute idée nouvelle»
appuyée tfalUeurs sur des expériences et
des obsei^ations conscienoieuses. Après
quelques jobservations de M. M. Borlée,
Le/ort et r orget, la di.<cussion est close^
M. le (président cède le fauteuil à
M. Bouilhud^ président d'honneur.
M» Fei^eaux lit le rapport sar U pro-
position • a ddition<ielle de M., Leforl^'de
Paris, dont voici la rédaption définitive.
' < l/acoouchcment au domicile des sages*
femmes, aux frais et sous la surveillance
de l'administration^ donne les moyens <d«
restreindre le nombre des accouchements
dans les maternités et les hôpitaux et de
diminuer la mortalité. Cette mesure, dési-
rable en temps noroaiai, s'impose comme
une nécessité en temps d'épidémie.
Une discussion s'engage.
M. Testelin ne voit pas la nécessité db
recourir aux sages femmes. Au point de
vue scientifique, dit-il, le recours ne remé-
die à aucun des inconvénients qU43 présen-
tent les maternités. Au point de vue mo-
ral, il est déplorable.
Pour M. Lefort, le chiffre possède ici
une éloquence trop grande pour laissée
prévaloir des arguments d'un autre ordre.
La Statistique dn monde entier, dit- il,
prouve que là mortalité des maternités e$t
décuple de celle des villes. Cette itatisli-
que porte sur â millions de cas. Il eroit
que Taçcotteheur et la sage femme sont
.souvent vecteurs du principe contagieux.
Le principe c'est Pisoleœent des femmes,
l'idéal c'est raccouchement à domicile. A
défaut de celui-ci, il faut rechercher les
petits centres qui existent tout formés
chex les sages femmes.
Dts^ villes comme Paris ne peuvent s*y
soustraire, surtout dans le cas d'épidémie
hospitalière. Les sages'fcmmes ne sont
d'ailleurs pas admises sans Un contrôle sur
les conditions matérielles et morales de
leur maison. Le résultat de dix années de
prittique oonfirme absolument cette insti-
tution.
M. Mssoin rend eompte des travaux de
la 4fi section sur la valeur des ea^périences
fondées sur les circulations artificielles.
Rapporteur : M. Héger.
I. Sous l'influence de Tatropine (5 een--
tigr. pour 400 ce), Técoulement du 8an|(
à travers les poumons se ralentit d'abord,
puis s'accélère et acquiert enfin une rapi-
dité supérieure a celle qui existait avant
. rinjeotion de Tatropine. Les reins sont plus
sensibles que les poumons : une dose d'un
cent-millième produit une diminution pas«
sagère de l'écoulement; une dose d'un
dix-millième amène, h la suite de cette
diminotion, une augmentation notable
(Mosso).
Dans les poumons, les muscles, le foie»
la nicotine à petite dose, diminue passa-
gèrement* le oodrant^ elle l'augiiïente im-
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28f)
VARtËTËS.
médiatement et d^iine façon durable ai la
dose atteint ou dépasse un centième.
Un ou deux centièmes d*hydrate de
chloral mélangés au sang qui traverse les
rein^ isolés, donnent une augmentation
progressive et continue des quantités écou
Jécs.
On voit donc que les agents toxiques
agissent sur les organes isolés comme, ils
le font sur les animaux eux-mêmes. C'est
donc à la périphérie du système vascu-
laire que nous devons rapporter les lésions
produites par un grand nombre de sub-
stances toxiques dont on a jusqu'ici loca-
lisé l'action dans les centres nerveux»
Aux faits énoncés plus haut, nous ajou-
terons le suivant :
La nicotine qui est mêlée au sang avant
son passage dans le foie, disparait complè-
tement dans les veines-caves et peut se
retrouver dans le suc extrait des cellules
du parenchyme hépatique.
Ces faits démontrent Timportance de la
méthode des circulations artificielles dans
la recherche des effets toxiques des poi-
sons.
il. Les phénomènes ne peuvent être
regardés comme purement pasHÎfs pour la
paroi vasculairc, et analogues à ceux qui
se produiraient au passage d*«n sang im-
pur à travers des tubes inertes : d'abordv
il serait singulier que des doses si minimes
de quelques milligrammes de nicotine ou
d'atropine méjées » plusieurs ce. de sang
pussent sensiblement modifier la résistance
au passage du sang; ensuite, Texpérience
même a démontré que les doses les plus
fortes n'avaient pas un effet semblable dans
les tubes inertes.
D'autre part, les effets sont les mêmes,
qu'on fasse passer dii sérum ou du sang
défibriné; il ne s'agit done pas d'une alté-
ration des hématies. Il faut que l'empoi-
sonnement porte sur la paroi vascuiaire.
,De plus, il s'agit là d'un empoisonnement
véritable^ analogue à celui qu'on peut pro-
duire sur l'animal . Il résulte d'une vi^ritable
survie dans les organes isolés; la persistance
des effets du poison aussi longtemps que .
les organes sont excitables le prouve suffi-
samment.
ni. Les circulations artificielles sont
aptes à nous faire entrevoir des* propriétés
nouvelles de la paroi vascuiaire. Mosso a
démontré que les phénomènes observés tie
peuvent être rapportés à la contractilité
musculaire ; ils ne sont pas dûs non plus
à la réplétion des parois des tissus péri-
vasculaires, il est plus probable t\m*iàs
résultent de modifications dans réiastieitè.
M. iMasoin lit ensuite le- rapport sur le
travail de M. Franck,' de Paris : Des nerfs -
vaso-moteurs de la tète. #
4'** Partie. -^ Les vaisseaox des mem-
bres reçoivent leurs nerfs ; i**< des filets
sympathiques libres provenant diresetement
des ganglions de la chaîne; ^ des filets
du même ordre, contenus dans * les nerfs
mixtes rachidierts et empruntés par oeux-ci
à la moelle et aux ganglions.
3<> Partie, ^{^ Les vaisseaux des régions
superficielles et profondes de la face sont
conservés par les filets sympathiques libres
provenant du ganglion cervjcal supérieur
et du cordon pré vertébral.
3" Les vaisseaux de l'oreille externe et
du cuir chevelu reçoivent lenrs nerfs : du
sympathique libre, du faeiat, du trijo-
roeauy-du plexus cervical.
3<* Les vaisseaux encéphaliques sont
innervés :
Par le plexus carotîdien (en tenant
compte pour la signification physiologique
des anastomoses de ces filets sympathiques
avec les nerfs crâniens ; par le nerf ou
plutôt le plexus vertébral (en tenant
compte, an même point de vue, des anas-
tomoses des nerfs cervicaux avec le nerf
cérébral. '
M. VIeminckx, Victor, a la parole pour
la lecture des travaux de là U« section :
De rorganiàalUm du «prvtce de f hygiène
publique. Rapporteur : M. fielval.
Ije service public de l'hygiène demande
une double organisation :
f. — L'organisation nationale }
II. — L'organisation internationale. '
I. -~ 4. L'organisation nationale com-
prendrait l'établissement par H \o\, dans
chaque pays et à tous les degrés de la hié-
rarchie administrative, de obnseils d'hy-
giène ou de salubrité :
A . Un conseil Supérieur près de Tauto-
rité gouvernementale;
è. Une commission provinciale dans
chacun des départements, provinces, pré-
fectures, cercles ou districts;
C. Un comité local, dans chaque com-
mune 011 cette organisation serait possible.
â. Pour les communes dont le peu de
développement ne comprendrait pas l'insli-
tion d'un comité, il sera établi des eireon*
scriptions sanitaires, comprenant.plusieurs
communes ou seetidns de con>niones rén •
nies.
3. La surveillance (et au besoi» l'exéeu*
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VARIÉTÉS.
287
tion) des mesures d^bygiène reconnues
d'utilité publique, incomberait :
a. O'une manière générale, au secré-
taire du conseil supérieur ;
b. Dans retendue de chaque province,
au secrétaire de la commission provinciale;
c. Dans cbaque coramuiie ou groupe de
de eommuucs, au secrétaire^ du comité
local à titre, respectivement d'inspecteur
provincial, d'inspecteur communal ou rurM
du service de santé.
Ils pourraient être au besoin aidés ou
suppléés dans ce travail par l'un ou Tuntre
membre du conseil 6u des commissions.
4. Des rapports seraient publiés, au
moins annuellement par chacune des bran-
ches de ce service.
5. Indépendamment des rapports que les
services hygiéniques aux trois degrés entre-
tiendraient avec leurs administrations res-
pecliycs, ces services pourraient avoir
entre eux des relations suivies au point de
Tue de tontes les questions qui sont de
leur compétence ;
6. Plus les services sanitaires auront
d'indépendance et d'autorité dans leur
sphère d'action, plus il en résultera d'avan*
tages pour l'hygiène des pppulations ;
7. Le budget de chacun fie ces services
ferait partie de celui des administrations
respectives auxquelles iN soiit altaché.s au
même titre que celui de rinstruclion et
celiii de la bienfaisance publique.
.., L'ôi'ganisation intcinatiouale compren-
drait :
i. L'échange fréquent et régulier de
cpmnuinicdtions entre Jes conseils supé-
rieurs d'hygiène des différents pays. Ces
^mmunications porteraient principale-
ment ;
A. a. Sur Jes moyens employés pour
améliorer les conditions sanitaires des loca-
lités et des populations ;
b. Sur Jes ujcsures hygiéniques prises
dans le but de diminuer les effets des ma-
ladies endémiques ;
c. Sur les précautions mises en œuvre
pour empêcher l'importalioii des maladies
épidémiques ou contagieuses;
d. Sur rapparitïou des foyers ou des ma-
ladies épidéiniqi^es ;
e. Sur Jes mesures, adpptées pour conir
ba^tre les fpizooties;
B. Sur les résultats ol^lenus dans cliacun
des cafi ; J.
C. Sur les données statis,tiques recueil-
lies ou à irccueillir dans le but d'élucider
les ppoblè|nesde Thygiène publique;
"2, La réunion périodique de conférences
sanitaires internationales.
M. Noël a la parole pour donner son rap-
port sur les travaux de la 6" section.
Des défectuoiités de la vition au point de
vue du service militaire. Rapporteur : AL le
docteur Duwo^, à Bruxelles.
' La section a adopté les conclusions sui-
vantes :
i. Affections amblyopiques :
La section est d*avis quMl est nécessaire
de déterminer exactement le degré mini-
mum d'acuité visuelle compatible avec le
service militaire. Aussi, bien qu'il ressorte
des débats que ce degré minimum est pro-
bablement compris entre un quart et deux
cinquièmes de l'acuité visuelle normale
pour l'œil droit, l'acuité parait être mpin.-
dre à gauche; il e.<t désirable que ce point
soit exactement déterminé par des recher-
ches nouvelles qui seraient basées sur une
connaissance parfaite des exigences du
service.
2. On ne peut [>as accepter dans l'armée
les suji'ts atteints, d'une diminution consi-
dérable du champ visuel.
3. Dans le service des chemins de fer et
dans la marine, où Tusage des signaux co-
lorés est général, on n'acceptera pas les
sujets atteints de pseudo-chromatopsie.
II. Strabisme :
Le strabisme convergent de l'œil gauche
n'est un motif d*exemptiorï que dans les
cas cxirémes, quand il en résulte une dimi-
nution notable du ehamp visuel du côté
gauche.
11 en est île même du strabisme alternant
quand il est porté assez loin pour diminuer
notablement le champ visuel de Tua ou de
l'autre côté.
III. Taies dé la corjiée. — Synéchies
postérieures. — Cataracte pyramidale. —
Flocons du corps vitré.
i . Les taies de la cornée entraînent
l'exemption,, quand, à la grande lumière
du jour, venant d^en face, l'acuité visuelle
tombe en dessous de 1/4 de l'acuité nor-
male.
2. Les synéchies postérieures et les cata-
ractes pyramidales antérieures sont assimi-
lées aux taies de 1^ cornée.
5. Pour toutes les autres formes de cata-
racte^, on accordera rexeajption définitive.
4. Les flocons du corps vitré, même
limités à un œil, doivent entraîner Texemp-
tion définitive, à cause des dangers auxquels
cette maladie expose dans le système mili-
taire..
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â88
\rÀAifeTÉs.
' fV. Amétiropie.
Avant de s'occuper dès formes particu-
lières d*ainétropîe, la section, après des
- débats prolongés, a voté h Tunanimité cette
pro()os!tion préalable.
«I La section ophthalmologiqoe du con-
grès médical international, considérant que
rinterdîctidn des lunettes dans le rang peut
nuire considérablement au recrutement des
oadres, en faisant reléguer bien des hommes
mtelligenls dans les services auxiliaires ;
« Est d'avis qu'il y a lieu d'admettre
Tiisagè dcs'lunettcs dans les armées. »
' En ilipposant tH)ncédé i'uâage des verres
«Correcteurs, la section prëtid les décisions
suivantes :
1" Le plus haut degré de myopie com-
patible avec le service militaire doit être
corrigé complètement par le n* 5 de la
nouvehé nomenclature métrique. Ce degré
correspond à une myopie un septième ou
un huitième de l'ancienne nomenclature
basée sur la distance focale des lentilles eh
pouces;
^ L'hypermétropie totale exigeant pour
être corrigée un verre supérieur au n* 6 de
la tfonlenelature métrique, ou, en d'autres
termes, l'hypermétropie totale correspon-
dant à peu près h un sixième de l'ancienne
nomcnelature, est une oause d'exemption
définitivje:
3^ L^a&tigdQatisme entraîne l'exemption
dëfiflfltive quand, par Tinterposition des
verres sphériques les plus convenables, oïl
ne parvient pas h établir une acuité visuelle
supérieure à celle qu'on exige des amblyo-
pes. La section a jugé que ta correction
par les verres cylindriques conduirait h
des difficultés pratiques trop grandes. Il
serait souvent aussi difficile de remplacer
ces terres que de les déterminer convena-
blement nne première fois.
En bupposant rejeté l'usage des verres
correcteurs dans les armées, quels sont les
degrés d*amétropie auxquels on doit accor-
der l'exemption?
1° Myopie non corrigée: La section a
fixé à un douzième (ancienne nomencla-
ture) le maximum de myopie compatible
avec le service militaire ;
2<» Hypermétropie non corrigée : L'hy-
permétropie totale qui atteint ou dépasse
un sixième est une cause d'exemption dé-
finitive ;
5** Astigmatisme non corrigé par des
verres sphériques.
Quand le trouble visuel est tel, que
l'acuité ne dépasse pas 1/8 l'acuité normale,
Il y a Heu d'exempter. (On a pris pour ba^e
d'acuité celle t[tâ correspond à Tacuité
trouvée dans la myopie dé i/12 sous des
conditions favorables:)
M. Belvâl donne lecture des travaux de
la 9* section :
Faut il étendre V emploi médical des
principes immédiats chimiquement définis
et en multipUef' les préparations dani les
pharmacopées? Rapporteur : M. Van Bâs-
telaer, membre de la commission médicale
du Hainaut
Les conclusions définitives sont adop-
tées :
1" n est désirable qu'on étende en mé-
decine l'emploi deô principes immédiats
dont l'action thérapeutique serait parfaite-
ment connue.
â<* Il est utile, dans ce but, d'iiiscrîre
les principes immédiats dans les pharma-
copées et d'y joindre les formulés les plus
convenables. Les propriétés de ces prin-
cipes seraient bien définies et lus moyens
d'en constater la pureté bien déterminés.
M. €hapmnn lit un mémoire sûr la pros-
titution en Angleterre et les effets des
mesures décrétées pour l'extirpation des
maladies vénériennes dans l'armée anglaise.
Ses conclusions tendent à rejeter la régle-
mentation de la pro;jl{tution.
M. Sigmund constate' les résûîtats heu-
reux des mesures réglementaires prises
récemment à Vienne et qui ont amené
une diminution dans Ib^nombre, la gt^vité
et la durée des maladies vénériennes. ' '
M. VIeminekx s'étonrie que rutiltté de
ces mesures puisse être mise en doute, et
donne un aperçu sur les visites réglemen-
taires et le mode d'admission des femmes
dans les hôpitaux civils, et des sujets véné-
riens dans les hôpitaux militaires.
M. Pini, de Milan, déplore que la pro-
pagande ^antiréglementaire des médeeîns
anglais ne se borne pas à rAnJ^Icterre,
mais s'étende sur le continent. Il croit les
lois policières^ notamment telles qu'elles
existent en Italie, injustes et insuffisantes
et demande une réglementation édictée
parles gouvernements.
M. Vérité signale des cas de contagion
non sexuelle et insiste pour qoe, à l'aide
de publications autorisées, le public soit
mis en garde contre ce mode d'infection.
M, VIeminekx croit que la Irberfè de la
prostitution en Angleterre constltuefiiit
un danger pouk* le continent. L'hygiène
doit être internationale, et fl invoque une
action eônràitfrie de toutes lès autres
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VÀRIJ&TÉS.
£89
natiofts. H ne peut eoAcef«^r oommefit un
peuple qui a décrété la vaceilie obligaloira
né prenne aucune niesurc' contre lé virus
syphilitique.
M. Chapman s*appuyant sur ses tra¥a:ux
statistfqnes est d'opinion que la règlement
tation développe la prostitution clandes*
tine et comme telle, marche à rencontre
de son propre but.
M. Sîgmund dotrne un aperça sur la
réglementation qui préside à Tadmission
des sujeté rénériens daiis les hôpitaux de
Vienne.
M. Drysdafle ne droit pas à Telficacité
ùes niesures prises par radministratibh
bifuiieiloise^ et oiie. à oe propos» des don-
nées dont Texactitude est contestée par
M. Vlaminckx.
. :La séance est levée h 5 heures.
Séance du,^i septembre 487.^-
La séance est ouverte à 2 heures, sous
la présidence M. Verneuii, président
d'hoonenr.
Sont préseirts atr bureau : MM. VlC'-
minckxy Crecq^ De Houbaîx, Warlomont,
Dttwes et Verricst.
'M. k' secrétaire des séances Duwez
donne lecture du proeès^verbal de là séance
du 25. — Le procès -verbal est adopte.
M. Garpentier lit un rapport sur J^ tra-
vaux de la 1'* section :
- I>4' VéUùol en tfiérûpentique. Rappor-
teur : M. k doefeur Desguin, d* An vers.
La section eut d*avis que le nombre des
ioéications de Talcool, Soit dans les mala-
dies aiguës, sott dans les malaidies chro-
niques; est infini mrrnt plus restreint' que
ne Tont prétendu les partisans trop enthou-
siastes de cette méthode thérapeutique.
Elle va plus loin. Dans un certain nombre
^de circonstanees o& elle a reconnu à ralcool
sa valeur thérapeulique réelle, Tindication
peut être rem|»lie également par d*antres
agents appartenant à la matière médicale :.
dans ces cas, elle n'hésite pi^ à recom-
mander ces derniers et à proscrire Talcool,
craignant ^oe son introduoliun trop fré-
quente en Éiédecine ne constitue, aux yeux
du vulgaire» un encouragehaent qui' tirerait
Une valeur^ considérable de Fauforité scien-
tifique surilaqueUé cille s'appuierait«
La se^il^ circonstance qui établit sans
conteste la| nécessité de Tadministration de
TalcooU et; où eet agent ne peut être rem-
placé par iucun autre, est la constatation
d*babitadeb alcooliques antérieures; Daîns
oea cas, ^leèôl déviant indispenaable^ il
oon<itue le seul moy^n qui permette en-
suite ■ d*appliquer les méthodes thérapeu*^
tiques adaptées à chaque affection. particu-»
lièrc ; irreniet le malade dans les conditions
où les fonctions peuvent encore s'accom-
plir avec phis ou moins do régularité.
M. Dc'baisieux a la parole sur les travaux
de la 2« section.
£hà pamemeni des plawn^ès les opéra-
tiims : rapporteur, M. Debaisieux.
La section de chirurgie, considérant que
la question n'est pas suffisamment élucidée ;
que la voie reste ouverte à bien des per*.
fuctionnements et qu*il serait impossible
d'attribuer à un pansement exclusif une
supériorité inrontestable sur tèus les antr*
très, a jugé opportun de ne prendre aucune
conclusion et laisse à son rapporteur toute
la responsabilité de celles qu'ilaformulées.
M. Boddaert lit le rapport des travaux de
la i** section sur une communication de
M. Boddaert relative à rexophthalmîe pro-
voquée par la ligatdré des qi^trc veines
jugulaires et la double section du grand
sympathique au bas du cou.
2o Sur un cas de fistule paocpéatique
che2 rhomme, prés<rnté à la section par le
docteur Lecompte.
M. Jansscns donne lecture des travaux
- de la î^o section sur la question de lafakri^
cqttion de la bière, rapporteur : M. Oepairc,
professeur à rUniveraité de Bruxelles.
. Les conclusions de la 5^ section sont
formulées comme suit ; .
1° La qualification de bière ne peut
s'appliquer qu'aux boissons fermcmtées
préparées à Taide des céréales et du hou-
blon ;
â<> Aucune substance étrangère à ces
matières premières ne peut être introduite
dans la bière dans le but de les remplacer
en tout ou en partie ;
3^ Les substitution^ de ce genre doivent
être considérées comme des falsifications
constituant une tromperie sur la nature de
la chose vendue, môme lorsqu'elles ne sont
pas, nuisibles à la santé.
. P* Cependant^ toutes les matières pro-
pres n donner à la bière soit une saveur
sucrée, soit une plus grande limpidité, sait
une plus longue conservation, soit une
couleur convenable, pourront être eth-
ployées si elles n'eadroent aucune action
nuisible a k santé.
Sur une interpellation de M. Knborn,
relative à la question des vins et des éï-^
cools, débattue en sous^œuvre par la 5«
section et après quelques observations de
37
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Â90
VARIËTËS.
MM. Jansssens et Warlomont, rassemblée,
décide qu'elle ne peut émettre de vote que
sur les questions portées au programme
du congrès.
Lei conclusions de la 5» section, rela-
tives à la fabrication de la bière, sont
adoptées.
M. Gàetano Pini donne un aperçu sur
récole pour enfants rachitiques qu'il a éta-
blie à Milan et sur les résultats obtenus par
sa méthode de traitement.
M. le président Verneuil remercie l'au-
teur de sa communication et l'engage à
^ continuer ses travaux.
Aprè^ quelques observations échangées
entre MM. Bouiilaud et Pini» la discussion
est close.
M. Deiecosse, questeur, prend la parole
3ur quelques questions d*ordre intérieiir.
La séance est levée à 5 heures et demie.
Séance générale 4u 25 septembre i 875.
La séance est ouverte à 2 heures.
Siègent au bureau : M. Vleminckx, pré-
sident; MM. Crocq et De Roubaix, vice-
présidents; M. Warlomont, secrétaire gé-
néral ; MM. Duwez et Verriest, secrétaires
des séances.
M. Verriest donne leeture du procès-
verbal de la séance du 24. — Adopté.
M. Thiernessc demande la parole pour
faire remarquer qu'un établissement ana-
logue à celui que vient de fonder à Milan
^ M. le docteur Pini, existe depuis long-
temps à Ixelles.
M. Debaisieux lit le rapport des travaux
de la 2« section. Ces travaux comportent :
Une communication de M. Verneujl, au
sujet de rinflnence qu'exercent sur la
marche des lésions traumatiques les affec-
tions du foie. .
De M. Guillery, sur un nouveau genre
de déligation chirurgicale applicable aux
blessés de guerre, aux victimes des acci-
dents de chemins de fer et aux fractures
. des membres en général.
De M. Mallez, sur le pansement qu'il met
en usage après les opérations de taille
sous- pubien ne.
De M. Vérité, sur le psoriasis et l'eczéma
des ongles.
De M. Debout, sur la fragmentation^
spontanée de calculs dans la vessie.
De M . Chéron, sur les applications thé-
rapeutiques de l'acide picriquc.
De M. Bouiand, sur les lésiotis initiales
dé la scoliose spontanée chez de jeunes
sujets de 9 è 43 ans» indemnes de toute
trace de raehitisflie et présentant des cour-
bures très faibles.
De M. Casse, sur les accidents de la
transfusion et sur les insuccès de cette
opération.
De M. Oré, sur un nouvel appareil pour
la transfusion du sang.
De M . Drysdale, sur le traitement de la
syphilis.
M. fngels fait la lecture du rapport de
la 8^* section sur l'appréciation de la res-
ponsabilité "des aliénés. £n voici les con-
clusions :
i"* Dans l'appréciation de la responsa-
bilité, on évaluera l'influence de chacun
des facteurs qui déterminent les actions
humaines.
2** Toutes les fois qu'un acte criminel
ou délictueux aura été commis par un
individu reconnu irresponsable pour cause
d'aliénation mentale, le juge, apécs avoir
constaté et déclaré sa îfion-eulpabilité, de-
vra ordonner son internement dans un
asile déterminé, d'où il ne pourra sortir
qu'en vertu d'un autre jugement contra-
dictoire comme le premier.
3** L'alimentation tonique étant un des
modificateurs principaux dans le trailement
de la folie, la section de psychiatrie esiime
que tout contrat administratif qui ne sau-
vegarderait pas suifisamment cette néces-
sité thérapeutique, doit être considéré
comme attentatoire aux intérêts bien enten-
dus des malades et à la mission du médecin
d'asile.
M. Boddaert lit le rapport des travaux
de la i" section se rapportant à :
40 Une communication de M. Franek,
sur les nerfs sécréteurs des glandes sali-
vaires. M. Franck conclut a l'antériorité de
l'acte circulatoire à l'acte séerétoire (M à la
subordination du second au premier.
2^ Plusieurs appareils' de physiologie
expérimentale présentés à la section par
M. Franck et on procédé nouveau pour le
transport sur bois des tracés graphiques.
3<* Une note, avec préparations microseo-
piques à l'appui, sur l'ap^pareil terminai du
nerf acoustique, par le docteur Nuêl.
M. Delstanche lit le rapport snr les tra-
vaux de la 7« section :
Des défectuosités de i'organe auditif au.
point de ime du service militaire. Rappor-
teur : M. le docteur Ch. Delstanehe^
Les conclusions de la section sont for-
mulées ainsi qu'il suit :
4<iLes instructions officielles des diffé-
rents Etats sur les défectuosités de l'organe
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VARIÉTÉS.
291
ffii«Ktif qui rendent impropre au service
militaire, laissent tontes plus ou moins à
désirer, tant sous le rapport des disposi-
tions relatives à l*examen de Toreille qu'au
point de vue de la manière dont ils établis-
sent les droits, résultant de ce chef, à
Texemption temporaire ou définitive.
S** Il importe que le médecin appelé à se.
prononcer au sujet d*one maladie ou d'une
infirmité de 4'oreille, ~soit mis à ménjie de
pratiquer l'examen de Torgane dans un
local convenable et avec le secours de tons
les instruments nécessaires à cet effet.
5<* L'examen des cas difficiles ne pou-
vant se faire d'une manière, satisfaisante
dans le temps nécessairement restreint qui
peut y être consacré devant les Conseils de
milice et de révision, il nous parait oppor-
tun, en ce qui les concerne, d'étendre le
système des enquêtes et de renvoyer les
intéressés devant un spécialiste compétent,
ou bien, ce qui serait préférable, devant
une commission de spécialistes; celle-ci
pourrait faire l'office de Conseil de révision
et serait munie de tous les moyens dont
dispose la science pour assurer le diagnostic
et déjouer les tentatives de simulation et
de dissimulation.
5** En vue d*obvier à l'incorporation de
sujets im propries an service, tous les mili-
ciens — réclamants ou non — devraient su-
bir un examen sommaire de l'oi^eille externe
et du tympan devant le Conseil de milice.'
5° Il est à souhaiter que la loi 'fixe, à
l'instar de ce qui existe déjà pour la vue,
la limite tiiinima de la portée de l'oule
compatible avec le service actif ou séden-
taire. L'adoption de cette limite fournirait
tout au moins une basé d'appréciation cer-
taine pour l'admission des volontaires.^
6** Il est utile de distinguer entre une
aptitude absolue et partielle, entre le ser-
vice actif et sédentaire, entre une exemp-
tion temporaire et définitive, et de formu-
ler nettement les conditions qui caractéri-
sent ces différentes catégories. Comme base
de ces distinctions, la section adopte le ta-
blean dressé par le rapporteur et qui, con-
jointement avec le rapport, a servi de
- base à lai discussion.
M. Mihaux lit le~ compte- rendu des tra-
vaux de la l'« section, sur le rapport de
M. Croqq : DeVinocutabilité du tubercule,
M. Ljefebvre lit un discours sur faction
de la clAieur comme agent désinfectant et
sur l'eiîiploi qu'il y aurait lieu d'en faire
pour coinbaitre les maladies contagieuses.
M. Tleminckx se rallie aux idées de
M. Lefebvre et donne nn aperçu historique
^ur les différentes applications qui ont
déjà été faites dans ce sens.
M. Frappaz demande que, lors du pro-
chain congrès, les travaux dès rapporteurs
soient livrés à k publicité deux mois avant
l'ouverture de la session.
M. Warlomont rappelle que les conclu-
sions des différents rapports ont été publiées
depui.o longtemps déjà, et insiste sur les
difficultés pratiques qu'offre la proposition
de M. Frappaz.
M. Sapolini propose de mettre à Tor-
dre du jour du prochain congrès la ques-
tion des sourds-muets.
M. Lefebvre propose de rattacher à cette
question celle des unions consanguines.
M. Borlée propose la question du bara-
quement
M. Ctocq combat la tendance à fixer le
programme du futur congrès.
Après une discussion prolongée, l'assem-
blée décide que la prochaine et cinquième
session du congrès international des scien-
ces médicales se tiendra en Suisse, en
4877,
L'ordre du jour étant épuisé, M. le pré-
sident se lève et prononce le discours sui-
vant :
c Messieurs, l'ordre du jour est épuisé.
Vos tfavaux sont terminés. J'ai la ferme
espérance qu'ils ne seront pas frappas de
stérilité. De vives litmières ont été jetées
sur les questions de l'ordre scientifique, et
peuples et gouvernements puiseront d'uti-
les enseignements dans vos résolutions
relatives à l'hygiène publique. Votre auto-
rité est si grandtY, qu'il me parait impossi-
qii'ils n'y aient pas les plus grands égards.
c Je constate ici qu'aucune résolution
n'a été prise en matière d'hygiène publique
qui n'ait été précédée d'une discussion
approfondie au sein des sections, et je sai-
sis avec bonheur cette occasion pour adres-
ser mes remercimepts les plus vifs à MM.
U*% présidents, secrétaires et rapporteurs
des sections pour le zèle et le dévouement
qu'ils ont apportés dans l'exercice de leurs
importantes fonctions.
« Â vous tous, messieurs, nos remcrci-
ments les ph» chaleureux pour le con-
cours bienveillant que vou^ avez bi^sn
voulu nous prêter.
« Et maintenant, messieurs, arrive le
pénible moment de la séparation, après
huit jours de bonnes et d'aimables rela-
tions. J'espère que cette séparation ne sera
pas éternelle et que l'occasion nous sera
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292
VAItlËTÊS.
foornîn de qous revoir et de nous serrer
de nouveau h main. Je ne pais donc me
résoudre à vous dire adieu ! Je vous dis au
revoir, et au revoir dans un bri^f délai! »
La séanec est levée à 4 heures.
Les secrélaites des séancaSf
D'» DuwBZ et Veerîbst.
De la oonférenoe sur le foroeps toîe, faite
par M. Hyernaux, au Gongrét înter-
national (les soienoes médioalet^ à
Bruxelles. \
Medicus aequitatis fidissi-
mussiteustosy sunrncuique
tribuenw.
(WBINHART. MBOiciis
OFFICIOSUS, C 1, vu)
Pourquoi cette conférence en dehors de
la seolion des accouchemoQts ? Pour quels
motifs interrompre les travaux de neuf sec-
tions — entre autres ceux des sections
ii'hygiène, deehirurgie^ de médecine «'tde
thérapeutique, si nombreux et si impor-
tants?
La fin de la séance, spécialement, a* fait
comprendre à l'auditoire, la réelle i^tenT
' lion du professeur, et ce modeste travail
la fera saisir par ses lecteurs.
Disons, tout d*abord, que le ton de
:\1: Hyernaux n*a peut-être pas tout ce qui
convient pour capter un auditoire, com-
posé d'hommes sérieux et instruits, parmi
lesquels figurent les professeurs l'igeolct
(de Bruxelles), Wasseigo (dô Liège), Hu-
bert (de Louvain), Pasquali (de Rome),
Amabile (de Naplcs), le directeur do la mn-
ternité de, Saint- P-étersbourg, etc. On a
besoin^ pour écouter avec faveur M. Hyor-
>nâux« de se rappeler, à tout instant, mal-
gré les précautions de son exorde, la clarté
■ de son style et de ses descriptions, qu'il
est un accoucheur habile, savant et par-
faitement loyal.
Le principal obyecUf de M. Hyernapx a
été de prouver que lo forceps- soie du pro-
fesseur Van Huevel est supérieur, en tout,
à nUmporle quel autre instrument de cé-
phalotripsie et, surtout, au forceps-scie,
modifié par M. Tarnier.
L'orateur a*t il réus6i complètement ?
Non.
Il ne pouvait en être autrement, parce
que rien n*est capable d'effacer révidcncfî,
résultat de T^xpériencc ; et parce que cer-
' tains auditeurs n'aiment pas de voir Fora-
teur, dans une discussion qui» toujours,
• doit rester purement scientifique^ suivre.
même involontairement, une voie évidem-
ment tracée par la passion.
Pour essayer d'atteindre son but, du
moins tel a été l'avis des assistants que j.'ai
interrogés, M. Hyernaux a jugé convenable
de chanter haut les> louanges du forceps-
scie, son enfant adoptif, et d'cnumércr,
avec une extrême satisfaction, toutes les
imperfections, même celles qui iVexisteot
plus, comme nous le dirons bientôt, du
céphalotribe.
Mais il a oublié les services qu'à rendus
et que, chaque jour, rend le céphalotribe !
Mais des inconvénients et insuccès du
forceps- scie, à peine un mot !
' Cet engin, au moins aussi, massif que le
forceps flamand, aujourd'hui abandonné
avec toute justice, est. d'une introduction
et d'un placement, conveni^blc, beaucoup
plus difficile que ceux du céphalotribe^ mo-
difié, dans les cas du bassin bien oblique
do, Nœgele et lorsque le diamètre aacro-
pubien n'a que six à cinq centimètres.
Cela se comprend à merveille, ripn qu'en
comparant la largeur des .cuillera du cé-
phalotribe à celle des cuillers du forceps-
scie de Van Huevel.
Mais, est -ce que la manœuvre et le mou-
vement de la scic-chaine sont faciles? Est-
ce que celle-ci ne peut être arrêtée et
même brisée? Est-ce que les deux opéra-
tions qu'exige la manœuvre, ne doivent
pas, chose difficile, marcher à l'unisson?
Est-ce que, enfin, le forceps scie, à l'exem-
ple du céphalotribe y dont la face interne
des cuillers est munie de petites dents,
. peut suffire à Textraction de la tête, mémo
partagée en deux? . ,
Aussi mon lecteur ne scra-t-il pas sur-
pris de m'ei\tendi;e dire que, d'après'l'iui-
pression géuérate de ses auditeurs, M. Hyer-
naux, malgré ses phrases bien étudiées,
son ton affirmatif et sa belle et juste répu-
tation, n'a convaincu que ses disciples.
Aussi son auditoire, dès lors mal préparé,
a-t-il supporté avec peine l.i .dernière
partie de la conférence, contenant de vio-
lentes et partiales attaques, dirigées contre
M. Tarnier absent et malade.
Avant d*aller plus loin, je ferai reiuar
quér que M. Hyernaux n'a entendu parler
que du forçeps-seie de Van Huevel ; puis-
qu'il a conilamné les modifications qu'on a
fait subir à cet instrument, entre iHitres
celles indiquées par M. Tarnier. De plus,
il n'a eu en vue que le céphalotribe pri-
mitif, ou tel 4u'il fut invciUé pjir Baude-
li^ue neveu. Toutes les modifi^eations et
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VARIÉTÉS.
295
tous les perfection nements iinpriwé^ è eeH
instrument sont, pour M. Hyernaux lettre
€iose. 11 n*en a pas souillé mot. Il s*en est
bien gardé, désireux qu'il était àe sacrifier
cet engin sur Tautel qu*it voulait dresser
au forceps^scie, instrument belge.
' Pour Toratcur donc, en faec de nom-
breux auditeurs, point satisfaits de ce si-
lence prémédité, les modifîeations, même
très'-heu reuses ^ faites à rinslrumcut de
Baudelocque, par Chailly, Biot, Locatelli,
Soanzonif Braun, Depaul^ cte,, n*exisleat
pas.
S*il a dit quelques mots du procédé de
céphalotripsic^ proposé et employé par le
professeur Pajot, ce fut pour le condamner.
Gela se comprend, ce procédé vient de
. Paris 1 .
M. lïyernaux o*a point daigné noainHsr
le iransfopatcur; instrument qui donne de
bons pcsuUats, comme me Ta affirmé, de
vive voix, son inventeur, M. le professeur
Hubert, assis modestement, «a nombre des
auditeurs de la conférence. .
On le Yoit, M. Hyernaux, trop désireux
de faire ajouter entière foi à la préférence
qtt*il accorde à Tinstrument belge (comme
il rappelle), a sp se créer une voie facile,
mais pas heureuse. .
' Parmi les nombreux méfaits que M. Hyer-
naux attribue, avec joie, au céphalotribe,
Âl indique les deux suivants :
Lecteurs ! écoutez et réfléchissez.
{0 Le céphalotribe, pendant son action,
a une telle puissance que son pivot peut se
briser et être lancé jusqu*au plafond.
J^ftdmets cet accident, puisque M. Hyer-
0aux dit ravoir vu, de ses propres yeux.
Mais .où est la preuve que ce pivot n'avait
pas de défaut ? L'instrument, même sorti
de9 mains d'un bon coutelier, avait-il été
essayé, comme cela se pratique pour tout
(oroepà ? Non, certainement. Ce céphalo-
tribe était donc de pacotille, comme on le
dit vulgairement.
Bien certainement, lorsque le pivot a été
cassé, l'opérateur,^ quoique agissant sous
les yeux de M. Hyernaux, avait oublié la
préalabia perforation du crâne, faite soit
avec les ciseaux de Smcllie, soit avec un
simple couteau de cuisine, comme trois
fois, cela m'est arrivé, de nuit, dans des
villages éloignés d.e tout secours.
l^oorquoi donc alors attribuer seulement
au céphalotribe uq accident qni fut la con-
séquence de Toubii de l'accouchour ; tan-
dis que la brisure de la scie à chaîne du
forceps-icie (accident assez facile, inhérent
'k l'instrument,) f»e doit être attrièiiée qu'à
celui-ci?
Voiifl ce que j'ai pensé, torsque, en
réponse è une mienne objection, M. Hyer-
naux a parlé de la brisure du pivot d'un
céphalotribe, et si je ne le lui ai pas dit,
c'est que, avec beaucoup d'auditeurs, j'ai
dû reconnaître qu'il n'aime pas la contra-
diction, quand il s'agit de son opinion,
bien arrêtée, sur le forceps -scie.
â<^ Le second méfait, attribué au cépha-
lotribe, par M. Hyernaux, est capital;
mais plus spécieux que redoutable.
Je vais m'y arrêter quelques instants et
rappeler les arguments, que, pris à l'im-
proviste, j^i exposé, de vive voix, en pleine
séance, au professeur belge, et qui ont
re^u ^'approbation de nombreux assis-
tants. -
Voici ce grand méfait :
La tête fœtale, pendant son écrasement
entre la cuiller du céphalotribe et avant
d'éclater ou que la cervelle s'échappe à
travers le cuir chevelu, les orbites, peut f^e
dilater tellement et avec une telle puis-
sance, dans le sens du diamètre saoro-
pubien (l'instrument agissant transversa-
lement au bassin de la mère), qu'une sym-
physe pelvienne, voir une saoro- iliaque,
peut se diastaser et subir un écartemcnt
toujours dangereux.
M. Hyernaux et un autre accoucheur
belge présent, m'ont affirmé que cet acei*
dent est arrivé.
Mais, pourquoi, chose vraiment incom-
préhensible, les accoucheurs avaient-ils
omis de pratiquer une opération, préalable
a l'écrasement, indispensable, conseillée
par le docteur Hersent et recommandée
par l'accoucheur français Tamier ?
Dans ces cas, quel a été le coupable?
Est-ce le céphalotribe? Non. Est-ce l'ac-
coucheur? Oui.
Alors, dans quel but, M. Hyernaux, mal-
gré l'évidence, a-t-il mis a la charge du
céphalotribe, la diastasie sacro-iliaque,
causée bien certainement par l'omission
d'une opération, préalable à l'écrasement,
reconnue toujours indispensable, lacranio-
tomie? serait-ce donc parce que celle-ci
e&t fortement recommandée par des accou-
cheurs fran^is?
Voilà, du moins, ce qu'une grande par-
tie de l'auditoire a compris.
Allons plus. loin, dans cette question de
latdiastasie d'une symphyse sacro iliaque ;
de cet accident attribué, bien à tort, seu -
lemenl an cépbïilotrite, quafid il est eni-
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294
VARIÉTÉS
ployé sans la craniotomie préalable, oubli
et négligence impardonnables.
Tout accoucheur, un peu praticien et
qui a lu quelques traités irobstétrique,
n'ignore pas que le forceps ordinaire peut
amener cette diduction; mais dans cer-
taines circonstances que, avec grand soin,
j'ai énumérées ailleurs (if et que, de vive
voix, j'ai rappelées h M. Hyernaux, qui
avait omis d'en parler, au détriment du
céphalotribe et au profit du forceps-scie.
Certainement le forceps habituel peut
diastaser et même rupturer tes symphyses
pelviennes, comme le prouvent les observa-
tions dues à MM. Flamant, Morcau, Hubert,
Lefèvre, Sloltz, etc., et comme M. Chassa-
gny a cherché à le démontrer, par des
expériences, lorsque le forceps, pendant
ses tractions, est fortement dirigé de haut
en bas et d'avant en arrière ; mais, dans ce
cas, il existo-une prédisposition antérieure.
Tel est, d'ailleurs, l'avis de Burns,
Moreau, Nœgele, Velpeau,-i^lalgaigne, etc.
Alors, disent Ulsamer et Greuser, la sépa-
ration des os du bassin peut se produire
pendant l'emploi le plus modéré et le plus
habile 4a forceps.
Il n'est donc pas étonnant que M. Hyer-
naux ait vu, une fois, une diastas€l sacro-
iliaque, pendant l'action du céphalotribe:
celui-ci étant employé sans la préalable
perforation du crâne, dans un cas où il y
avait nécessairement ostéomalacie^ avec
étroitesse du bassin.
Le bassin, habituellement est doué d'une
force de résistance telle que, en l'absence
de maladie, il est excessivement difficile
de produire, pendant une opération toco-
logique, la diastase de la symphyse pu-
bienne, à plus forte raison, la rupture
d'nne synfiphyse sacro-illaque.
Ne sait on pas que M. Delorc, sirr des
femmes de vingt à trente ans. mortes six
jours après l'accouchement, n'a pu causer^
avec une force de 250 à 270 kilogrammes,
la rupture^ d'une symphyse pelvienne? Ne
sait-on pas que, dans ce cas, la tête fœtale
aétérupturée; puisqu'il est admis qu'une
force de traction de 140 kilogrammes,
menés sur le forceps, a toujours brisé le
crâne, quelle que fut la régularité du bas-
sin (2); et puisqu'une force de traction
au-dessus de 80 kilogrammes, lorsque la
tête bute contre l'angle sacro-vertébral et
la face postérieure du pubis, suffit pour
(1; Quelques faits d'obstétricie ; l vol. in-8»,
pp 104 et 233.
(%) Expériences obstétricales, pp. 6 à 9.
fracturer le crâne et, par cousé<{uent,
diminuer son volume? (3).
Nous ajouterons que, nous servant des
données fournies par MM. Delore, Joulin,
Bally, une fois, une seule fois, nous avons
eu recours, mais bien malgré nods, à une
force de traction, exercée sur le forceps,
équivalente à environ 300 kilogrammes,
sans, produire de lésion an pelvis osseux.
Nous ajouterons même que depuis la
femme â eu deux accouchements très-labo-
rieux, terminés heureusement pour elle,
par le forceps, en présence de deux doc-
teurs (4).'
On eomprend,'maintenant, quels furent
les motifs qui empêchèrent, avec raison, la
conférencc*de M. Hyernaux d'obtenir tout
le succès qu*en attendait son auteur, quoi-
que très-aflfirmatif, connu comme bon prati-
cien, savant loyal, mais aussi un peu trop
passionné pour Tinstrument belge ou for-
ce ps-scie.
. Je ne parlerai pas de la dernière partie
de cette longue eonférenee ; elle a été en-
tendue avec peine par la grande majorité
des assistants, dirigée qu'elle a été avec
passion et uniquement contre M.'Tarnier.
Je me contenterai, comme critic|ue impar-
tial et juste, de renvoyer te professeur de
Bruxelles au traité d'accouchements de
Lènoir, Sée et Tarnier et aux pages 4081 à
1084 de la septième édition (année 1867)
du Traité théorique et pratique des accoU'-
chements de Cazeaux, revue et annotée par
M. Tarnier, qu'il semble, je ne dirai pas
ignorer, mais avoir trop oubliée.
J*aime à penser que M. Hyernaux qui,
plusieurs fois, m'a fait l'honneur de me
serrer la main, qui m'a dit faire grand cas
de moi, petit pratiden, prendra en bonne
part ou en vrai et loyal savant ces quel-
ques observations.
Il connaît, aussi bien que moi, la sen-
tence de Weinhart qui sert d'épigraphe à
ce modeste travail, et, que plus que moi, il
a oublié ce viel adage : Ex veritate quid
aliud sperare nisi veritas ?
Lunévllle, oelobre 1875.
PUTBONAT.
d. m. e. p. , membre honoraire
de rÂcadémle royale de mé-
decine et de la Sociëté royale
des scienoes médicales de
Bruxelles ; correspondant
des Académies de médecine
de Paris, Tatin, de la Société
d4 chirurgie de Paris, etc.
(5| Expériences obstétricales, p. 12 à 14.
(4) Quelques faits dlobslétriciH, p. 165.
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VARIETES.
295
Un mot de réponse aux réflexions de
M. Putegnat relptivement à ma oonfé-
renoe sur. le foroeps*sole, par M. le
docteur HYERNAUX. — Ma première
idée, en lisant les réflexions de rhonorable
M. Putegnat sur mon diseuurs du 20 sep-
tembre dernier, au Congrès international
des sciences médicales, fut de ne pas m'y
arrêter. Non pas qu'elles n'aient une cer-
taine valeur pour quiconque est étranger
à notre procédé erobryotomique, mais uni-
quement parce que j'y vois des objectjons
qui n'ont absolument rien de neuf et qui,
toutes, sont réfutées dans mon travail.
Cependant, après ^y avoir réfléchi un
instant, j'ai pensé que je ferais bien de
répondre un mot à notre savant confrère,
à seule fin de lui faire voir, chose dont il
ne s'aperçoit pas, qu'il s'est complètement
écarté de la véritable question ; qu'il a fait
choix d'un tout autre terrain que moi.
Commençons par rectifier et expliquer
bien simplement un point que M. Putegnat
cherche à interpréter d'une manière que
rien ne justifie.
J'eus l'honneur de faire ma communica-
tion, non pas devant neuf sections réunies
comme il plaît à mon Aav/ant confrère de le
dire, mais bien devant trois : médecine 1'°,
chirurgie â** et accouchements 5*. Je la fis
le lundi, 20 septembre, à 2 heures, c'est-
à-dire, le premier jour des ti'avaiix du con-
grès et à l'heure afi^eetée aux séances
générales. Pourquoi cette motion d'ordre?
mais c'est bien simple : d'abord, c'est parce
qu'elle n'entravait en rien les travaux de
ces trois sections qui avaient largement
employé toute la matinée ; ensuite, parce
qu'une séance générale, le premier jour,
était chose impossibjti. En effet, aucun
rapport de section n'élait et ne pouvait être
prêt pour la séance générale de ce jour;
de par ce fait, celle*ci était donc impossible^
et j'ai naturellement été autorisé à profiter
d'un temps qui, faute de matière, était
disponible.
Ceci dit, j'aborde le côté scientifique des
réflexions de l'honorable M. Putegnat.
Le forceps-scie j son erigine et ses faits,
tel est le titre sous lequel ma conférence
était annoncée et sous lequel elle sera pu-
bliée. Eu égard à ces termes dont la res-
triction ^st bien définie, avais-je à faire
autre, chose que l'historique complet du
forceps-sçie? Evidemment non et, dès mes
premiers; mots, je le déclarais à mon audi-
toire. Afiji d'être mieux compris, j'ajoutais
même eli l'ai répété plus d'une fois, qu'il
n'entrait nullement dans mes intentions de
faire l'étude de Vembryotomie en général,
Conséquemment, je n'avais pas à m'oc-/
cuper des mille modifications du céphalo-
tribc (qui ne me sont pas toul-à-fait incon-
nues), pas plus que je n'uivais à parler des
autres cépbalotômes : perforateurs de tou-
tes variétés, cranioclasles divers, diatrip-
Icur, crâniotome de Barnes, .sphénotrip-
teur de M. Hubert. Ce que j'ai voulu^ c'est
montrer d'où notre force ps-scie est parti et
ce qu'il a fait.
Il est donc bien établi que je n'avais pas
à apprécier le céphalotribe sous quelque
forme que ce fut, et si j'ai signalé le fait de
rupture d'une articulation pelvienne, c'est
uniquement pour rappeler en quelle cir-
constahee M. Van Huevel a été amené à
rechercher un céphalolôme qui diminue
le crâne d'avant en arrière car, quoiqu'en
dise M. Putegnat, cette rupture avait eu
lieu malgré Voaverture préalable de la sul-
fure occiptlo-frontale et l'éva^cuation de la
, masse cérébrale. Ce n'est qu'incidemment,
et sur une interpellation de mon excellent
confrère que je lui ai dit avoir vu, lors des
expériences que je faisais avec le docteur
Eug. Janssens, de Bruxelles, sur des crd/t£?«
perforés, le céphalotribe de Rizzoli se
fausser et le clou de celui de Baudelocque
(cela est arrivé à Van Huevel sur la femme
vivante) se briser et être lancé au plafond.
Peut-être, n'avious-nous que des instru-
ments de pacotille ; aussi je ne les incri-
mine pas de ce chef; mais, ce que j'en
infère, c'est que, pour se fausser ou pour
se rompre, si mal confectionnés qu'ils fus-
sent, ils devaient rencontrer une résistance
dont les cfifets ne me paraissent pas indiffé-
rents pour le bassin et surtout pour les
parties molles qui garnissent sa cavité.
Après cela, qu'un état morbide, parti-
culier, des articulations pelviennes prédis-
pose à la diastasie, nous le voulons bien.
Mais il suffit que la diastaâie soit possible,
avec ou sans prédisposition; il suffit que
le bassin ait à souffrir des pressions de la
tête fœtale, pour que L'accoucheur se fasse
un devoir d'accepter, de tous les instru-
ments, celui qui agit le moins dans le sens
de cette prédisposition, si elle existe, et
qui exerce le ujoins de pression sur le con-
duit vulvo-utérin.
Quan,t aux autres objections de M. Pu-
tegnat, je ne crois pas devoir les relever
puisqu'il en trouvera la réfutation théori-
que et pratique dans mon travail. Je me
bornerai seulement à lui faire remarquer
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^m
VARIETES.
qae, conljraircment à ce qu*il avancef notre
céphaloième suffit assez souvent à rextrae-
tion du fœtus, tàndi> que ce temps de
Topération est considéré comme si difficile
et si dangereux avec tout écraseur, quel
qu'il ^oit, que la cépkalotripsie répétée,
iana tractions, tend aujourd'hui, en France
surtout, h' s'ériger en méthode classique.
L'honorabie M. Putègnat mè reproche
amèrement la seconde partie de mon dis-
cours, celle relatfve à M. Tarnier contre
lequel, oubliant qu'à plusieurs reprises il
a vanté ma parfaite loyauté, il prétend que
j'ai dirigé de violentes et partiales atta-
ques.
Mais où done est mon crime ? Et depuis
quand le droit de défense est-il une illo-
aion ? N'est^oil pas vrai qu'en 1 974, dans la
neuvième et dernière édition du livre de
Cazeaux, M. Tarnier reproduit un long
réquisitoire contre notre foreeps-scie,
tandis que déjà en 1875, on vantait bien
haut la modification qu'il y avait apportée ?
J'ai défendu le premier, sans passion, en
mettant en évidence, sans aigreur, les dé*
fauts du second ; j'ai suivi M. Tarnier pas
à paS) reprenant et discutant un à un les
arguments sqr lesquels il condamne notre
embryotôme au profit du sien qui reste
entaché dus griefs nombreux qu'il nous
attribue et que j'ai cherché à faire appré-
cier. Tout cela c'était mon devoir, comme
c'était mon droit j j'en^ai usé en m'autori-
sitnt des # publications d'écrivains fort re-
commandables et de celles de M. Tarnier
lui-même.
Je la'arréle, persuadé que ces quelques
mots suffiront pour faire comprendre à
mon estimable et honoré confrère de Lu-
néviUe, que la simple audition de mon dis-
cours ne lui a pas permis de saisir ou de
retenir - les- limites restreintes de mon
sujet ; il comprendra que, dans son appré-
ciation, il est parti d'un point de vue,
Vembryotomie en général, où j'avais déclaré
ne pas prétendre me placer. Une lecture
attentive de mon travail lai donnera oUé-^
. rieurement, je n'en ai aucun doute, toute
satisfaction h cet égard; il verra que la
cause que j'ai défendue était bien juste, et
il me rendra, j'espère, une faible partie de
- la habite «stioie que je professe pour Un.
de docteur en* médecine, sous la prési-
dence de Pierre Pierus,à Sn^enga; profes*
seur royal à l'Université de Louvain : i
Thomas Fienus, fils de Jean Pienus, d*Ân-
vers ; Gérard de Villers, de Louvain ; Jean
Stnrmius, de Malines ; Philippe Gemma,
fils du fameux Corneille Gemma, de Lou-
vain ; Pierfe Winandus d'Eersel et Fran-
çois Sasscnus, de Lçuvain, lesquels tous
se rendirent par la suite célèbres par leurs
doctes écrits ou par leur enseignement.
Une épidémie de ûèvre calarrhale se
déclare à Rome, à^la suite d'une inonda-
tion du Tibre {Cagnato. Dé THteritinun
datione.) .
L'ergotisme règne en Siléâie.
f i 7 septembre! 702.
Un nommé Jean -Baptiste Lcgrand, soi-
disant possesseur d'un spécifique souve-
rain contre la goutte, la surdité et autres
maladies^ ayant été autorisé par l'amman
de Bruxelles à exercer ses cures sur les
habitants de cette bonne ville, le collège
médical lui fait signifier par son bedeau,
Pariwel Moonens, qu'il eût à cesser de
vendre ses remèdes et de se mêler de tout
exercice quelconque de la médecine.
Sur quoi Legrand quitta Bruxelles non
sans toutefois y avoir laissé bon nombre
de du-pes. ' D»" v. d. Corput.
NEGUOLOGlIi:.
Ephéméride» médioalet.
Année 1595.
En cette aimée furent promus au grade
La Société royale des sciences médicales
de Bruxelles et l'Ralie scientifique viennent
d'éprouver une perte considérable par la
mort du vénérable docteur Laigi Porta,
professeur à T Université de Pavie.
■ Le professeur Porta avait été élu membre
correspondant de la Société le 42 avrît
J858.
Nous avons, en outre, à enregistrer (a
mort de M. le docteur Fr. Jos. Simon, pra-'
ticien instruit, membre honoraire de la
Commisîiion médicale provinciale, décédé
à Verviers à l'âge de 79 ans.
En Angleterre, le corps médical a perdu :
le docteur D. Hvnes, en Irlande; John
Churchill, à Tunbridge-Wells, et le doc-
teur Hbadland, médecin de Charing-Cross
Hospital, à Londres.
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1
JOURNAL
DE MÉDECINE
(OCTOBRE 1875.)
I. HÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
La virulence et la spécificité de la phthisie pulmonaire devant l^expérimen-
TAîiON et devant LA CLINIQUE; par M. le docteur Emile Dutreux, deNamur.
Mémoire auquel la Société royatç des siences médicales et naturelles de
, Bruxelles a décerné une mention honorable au concours de 1874 (Suite et
fin, — Voir notre cahier de septembre, p. i85.)
Chapitre III.
La virulence et la spécificité de la phthisie pulmonaire devant la clinique.
§1. — Transmission clinique ou contagion de la phthisie, — Point le plus
important de celte étude ; car si la phthisie est contagieuse n'est-il pas de notre
devoir d'empêcher par tous les moyens possibles la transmission d'une maladie
que nous avons tant de peine à guérir ; si, au contraire, elle ne Test pas, n'est-
il pas cruel d'éloigner de ce pauvre patient de^ personnes qui lui sont souvent
si chères ou de ne l'entourer dans une salle d'hôpital que du spectacle vivant,
extérieur et souvent trop sensible de ses propres souffrances.
Tâchons donc de nous former une opinion, en mettant dans la balance, d'un
côté les arguments favorables à la contagion, de l'autre ceux qui lui sont con-
traires, et discutant à chaque pas le poids de Targument, afin de pouvoir juger
de quel côté doit pencher la balance, de quel côté doit se trouver la. vérité,*
Nous ne citerons pas dans ce débat les défenseurs de Tune et de l'autre opi-
nion^ car des deux côtés se trouvent des noms justement célèbres, et dans
notre siècle de libre examen où la parole du maître ne nous entraîne plus que
par les faits qu'il présente à l'appui dé sa thèse, dans notre science surtout où
l'on nous jette sans cesse à la face : Hippocrale dit oui, Galien dit non, de
pareilles citations ne nous offrent plus guère d'intérêt.
Citerons-nous cette croyance populaire dans la contagion de la phthisie,
cette habitude répandue dans le midi de l'Europe de détruire par le feu les
objets contaminés par les phthisiques, ces hôpitaux de Londres et de Naples
qui leur sont spécialement affectés? Certes, ce sont là des présomptions, des
ombres qui achèvent le tableau, ^ mais les véritables arguments, les véritables
caractères doivent être fournis par les faits.
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298 - MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Or, ces faits réunis au nombre de 98 dans^ la thèse de M. Compin {De la
contagion de la phthisie pulmonaire, Paris, 1870), et auxquels d'autres sont
venus s'ajouter depuis, n*ont pas, malgré cela, atteint le fameux chiffre de 400
désiré par M. Hardy.
Les faits relatés sont donc rares, mais rares aussi sont les observateurs
sérieux en phlhisiologie, et nombreuses sont les circonstances qui peuvent
rendre difficile soit la production, soit la constatation de ces cas de contagion.
La tuberculose est une affection profonde par le siège de son tubercule,
grave par les atteintes qu'elle porte à l'économie; pour produire le mode trop
durable et profond de Tétre attaqué de tuberculose, il faut évidemment plus
que pour produire le mode temporaire et superficiel de l'être attaqué de scar-
latine^par exemple. La syphilis nous offre une preuve de ce que nous avançons
par la difficulté de sa contagion comparée à celle des Sèvres éruptives.
La contagion de la phthisie doit donc être plus ou moins difficile; mais en
outre, le public l'évite à cause de sa croyance et les médecins consciencieux la
préviennent, même ceux qui ne sont pas partisans de la contagion. H' nous
suffira de citef Pidoux, Pidoux qui déclare n'avoir constaté que quatre cas de
contagion sur 4000 cas observés : « Il ne faut jamais, -dit-il (page 227, /oc. cit,)^
qu'une pesonne saine, un parent surtout, partage le lit d'un phlhisique qui a
dépassé le premier degré de la maladie. Non-seulement il convient de ne pas
partager le lit; mais il n'est pBs toujours prudent de coucher longtemps dans
la même chambre, surtout à la fin de la maladie. \
Enfin, puisqu'on compare la phthisie aux maladies virulentes et spécifiques,
ne faut-il pas tenir compte de l'immunité acquise par une première atteinte,
tenir compte aussi de ces tuberculoses passées inaperçues sous le diagnostic
d'une bronchite, etc., tuberculoses dont les autopsies faites à la Salpétrière, à
Bicètre, etc., fournissent des preuves surabondantes.
Voilà pour la production ; passons à la constatation.
Nous avons *n première ligne la durée de l'incubation qui, d'après la thèse de
M. Compin, varierait de quelques mois à deux ans, durée qui pourrait même
faire douter de la contagion si Ton n'avait dans la rage des exemples analogues,
durée qui est en outre difficile à fixer. On a, en effet, de la difficulté à préciser
son commencement et sa fin; son commencement, car la contamination de la
phthisie ne s'établit que par un contact assez long; sa fin, car le tubercule est
caché dans la profondeur de l'organisme, parfois il passe inaperçu, souvent il
ne se manifeste que par un symptôme vulgaire, la toux; et méme^ à une
période plus avancée de la maladie, les symptômes sont loin d'avoir cette évi-
dence des autres maladies virulentes et spécifiques.
La marche elle-même de la tuberculose est une nouvelle cause de difficulté;
car la tuberculose procède souvent par poussées successives, et dans les recher-
ches étiologiques la première poussée risque fréquemment d'être perdue de vue.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 399
De plus, on admet tant de causes plus ou moios justifiées pour la phthîsie,
que le praticien peu encouragé, d'ailleurs, par la difficulté d'appliquer Padage :
aublatâ causâj tollitur affectvs, se contente trop vile et trop facilement d'une
première cause que. lui fournit le malade, et, par contre, n'ose souvent pas
demaqder à celui-ci s*il a été en contact avec un phlhisique, par crainte
d'éveiller son attention sur le véritable diagnostic de sa maladie.
La rareté des faits pourrait donc bien n'être qu'apparente, et si l'on argu-
mentait M. Pidoux avec les mêmes raisonnements qui lui servent à établir
que rjiémoplysie est due 95 fois sur 100 h des tubercules, oh en arriverait à
prouver que celte rareté a'est pas réelle.
Quoiqu'il en soit, les faits de contagion sont rares, a-t-on dit, et cependant
la durée de la maladie est bien longue.
La durée de la maladie est généralement longue, on ne saurait le nier;
mais, à côté de celte circonstance, s'en trouvent d'autres qui viennent la
contrebalancer, et dans l'appréciation judicieuse des faits, il ne faut pas se
contenter d'un point de vue unique, il faut envisager l'ensemble, si l'on ne
veut se risquer à formuler un jugement erroné.
Si la durée est longue, le tubercule est aussi situé bien profondément dans
l'organisme, et ce n'est qu'à une période assez avancée de la maladie que se
produisent au dehors les sueurs, la diarrhée et même l'expectoration, symp-
tômes qui non-seulement se balaucent entr'eux, mais encore repoussent
fréqui^mment la cohabitation. La phthi)sie repousse donc souvent et prévient
par plusieurs de ses symptômes : mais il y a plus ; le phlhisique, quoique
portant ses tubercules dans l'intimité de son économie, prévient bien des fois
par son habitus extérieur.
La syphilis, au contraire, ne prévient pas : ses produits se trouvent la plupart
du temps cachés vers les organes génitaux, organes vers lesquels pousse l'in-
stinct de la procréation ; et si la syphilis reaiplissait les conditions de la
phthisie, les faits de contagion seraient peut-être beaucoup plus rares.
Une remarque encore, si l'air expiré d'un poumon tuberculeux est, comme
le dit M. Pidoux, inspiré par un organe similaire, le besoin d'air augmentant
sans cesse avec Taltération et la destruction de la surface respiratoire imposée,
par contre, au malade le renouvellement fréquent de l'atmosphère t}ui
l'entoure. . ^^ ^
Ces faits, a-t-on dit encore, ne sont pas seulement rares, mais encore
complexes , c'est-à-dire susceptibles d'être rapportés à d'autres causes :
t'hécédité, l'analogie dans les conditions hygiéniques et autres, etc., aussi bien
et peut-être mieux qu'à la contagion.
L'hérédité, nous l'avouons, reste souvent muette à nos interrogations, soit
parce qu'une tuberculose antérieure aura passé inaperçue faute d'un diagnostic,
précisi, soit parce que les familles ne tiennent pas à s'en vanter comme des
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300 MÉMOIRES ET OBSERVATlOJîS.
fortunes et des titres de ce monde, soit enfin^ à cause des sauts que l'hérédité
fait au-dessus d*une génération, de Tatavisme en d'autres mots.
Pour nous éclairer, classons, au point de vue dés relations entre les sujets,
les 98 faits recueillis par M. Gompin. Nous en trouvons 52 où la phthisie a
été communiquée du mari à la femme, S4 de la femme au mari, 28 où elle a
été communiquée entre frères, soeurs et parents, 14 entr'étrangers. '
Ce tableau au moins semble reléguer Thérédité au second plan, car sur
98 cas, 56 se rapportent à des époux, 28 seulement à des parents. Devons-
nous,< pour ces phChisies, remonter à l'analogie dans les conditions hygiéniques
et autres? Mais des faits ont été fournis à rencontre de cette hypothèse, entre
autres le fait cité par M. Hardy, d'un mari qui, devenu phthisique à l'étranger, ,
vint rejoindre sa femme en France et y mourut, laissant sa veuve qui dévint
tuberculeuse quelque temps après. L'analogie, dans les conditions hygiéniques
et autres, peut-elle être invoquée dans de pareilles circonstances?
C'est donc la cohabitation, et la cohabitation intime qui joue le plus grand
rôle comme agent de la contagion. Dirons-nous avec M.'Pidoux : c Faut-il tout
cela à la morve et à la syphilis pour se reproduire? Le typhus, la variole, la
scarlatine, le choléra, la peste bovine, la coqueluche, la dyssenterie, la diph-
thérie, exigent-elles toutes ces conditions? > (Loc. ctï., page 220). Non„ nous
ne le dirons pas; nous sommes même étonnés qu'il le dise, car la raison nous '
indique qu'il doit y avoir rapport entre la cause et l'effet, rapport entre le
plus ou moins de facilité de la contagion et l'affection qu'elle doit provoquer;
nous nous sommes assez expliqués sur ce point pour ne plus avoir à y revenir.
Reste à savoir si la contagion, difficile pour la phthisie chronique (car ce
sont surtout ces cas qui ont été observés) l'est autant pour la phthisie aiguë.
Stokes, du moins, qui considère cette dernière comme une sorte de fièvre
essentielle, lui attribue un caractère contagieux et base son opinion sur l'ob-
servation qu'ils faite de phthisies aiguës typhoïdes sur 4 ou 5 enfants de la
même famille. Leudet et Colin, de leur côté, semblent disposés à reconnaître
à la phthisie granuleuse généralisée un caractère épidémique.
La contagion, d'après la thèse de M. Compin, a donc été surtout observée
entr'époux, mais plus souvent du mari à la femme que réciproquement. Hérard
et Cornil inclinent à admettre qu'un phthisique atteint dé tuberculose des
organes génitaux peut inoculer directement à la femme, avec h semence sémi-
nale, le principe virulent. Dans les circonstances ordinaires, ce triste privilège
de la femme peut se comprendre disément lorsqu'on songe que le germe fécondé
par un père tuberculeux, va se développer dans lesein ile la mère par une^om-
munauté d'existence de neuf mois, c Ces faits, dit toutefois Pidoux, de préten-
due contagion du mari à la femme par un fœtus non-actuellement tuberculeux,
quoiqu'engendré par lin père qui l'était au moment de la conception, ces faits
se rapprochent plus de l'hérédité que de la contagion ; car en pareils cas on
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 501
pourrait vraiment dire que la femme a reçu la phthisie hérédilairement^de son
mari, en vertu de la solidarité intime qui Tunit à Tenfant. > {Loc. cit.y
page 2â8.) Nous croyons que c^est étendre, pour ne pas dire plus, le sens dy
mot hérédité pour les besoins de la cause.
Nous terminons les faits de la pathologie humaine : citgns aussi les faits de
la pathologie animale, car on en a produit, témoin M. Gruzel qui (ainsi qu'est
venu ra£Brmer M. Bouley à la séance du 17 mars 1868, de TAcadémie de méde-
cine de Paris), a observé fréquemment la contagion chez les bêtes à cornes.
On a observé qu€ certaines conditions anti-hygiéniques pouvaient produire par
elles seules la^morve chez les chevaux^ la tuberculose chez les chiens, et que
ces cas de contagion ne seraient par conséquent que des successions de tuber-
culoses produites par Tidentité dans ces conditions, mais il faudrait prouver
d'abord, nous semble-t-'il, que ces conditions anti-hygiéniques existent dans les
eas observés.
Voilà pour les faits. Dans Tétude des maladies virulentes et spécifiques,
nous voyons intervenir pour chacune d'elles l'histoire de leur distribution
géographique dans les temps ordinaires et. dans les temps épidémiques. Budd
de Glifton a tiré de ce point un nouvel argument en faveur de la contagion de
la phthisie.- ^
La phthisie n'aurait pas existé dans les îles de la mer du Sud avant l'arrivée
des Européens, diaprés Budd; en Amérique également, d'après Rush; incon-
nue chez les nègres du centre de l'Afrique^ eile serait fréquente, d'après
Livingstone, chez ceux des côtes qui sont en rapport avec les blancs. Les Eu-
ropéens auraient donc introduit avec eux un germe spécifique.
Sans nier la contagion, dans une histoire médicale aussi lointaine et aussi
obscure, la phthisie^ peut-être rare; n'a-t-elle pas pu passer inaperçue? Le
changement de vie, l'esclavage auquel ont été soumis ces peuples, cette vie
resserrée^ cet encombrement auquel n'étaient pas habitués ces hommes^ habi-
tués au contraire à vivre en pleine nature, n'ont-ils pas eu leur part dans la
production de ces phthisies exotiques?
Nous venons de parier de l'encombrement; celui-ci nous conduit à un nou-
vel argument invoqué par les contagionistes. Les conditions, disent-ils, qui
favorisent le développement des maladies contagieuses, favorisent aussi celui
de la phthisie; celle-ci, comme les premières, est d'autant plus fréquente,
toutes proportions gardées, que le commerce des individus entr'«ux est plus
fréquent et plus étroit; plus fréquente dans les villes et surtout les grandes
villes, qu'à la campagne; plus fréquente chez les ouvriers confinés dans cer-
tains ateliers, etc.
On objectera que dans ces cas les conditions se trouvent- réunies pour pro-
duire la phthisie acquise, que les faits sont très-complexes; mais on peut,
à un certain point de vue^ faire la même objection pour les maladies vrai-
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302 MEMOIRES ET OBSERVATIONS.
ment eontagieuses qui pourraient alors aussi se produire spontanément.
L'hérédité de la phthisie pulmonaire est, dit M. Schuermans {Journal de la
Société royale, des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, juin 1868,
page 594); une preuve certaine de sa contagion; car il n*jr a pas d'affection
héréditaire qui ne soit contagieuse.
Nous ne croyons pas la proposition fondamentale suffisamment démontrée
pour pouvoir permetti;e cette conclusion. L'iiéréditév morbide a, il est vrai, un
rapport intime avec la contagion ; dans Tune comme dans l'autre, il s'agit de
la transmission d'un état morbide d'un être à son semblable. Mais dans l'héré-
dité celte transmission se fait, pour le père, par la partie la plus vivante de
son organisme, par l'acte le plus vital des actes vitaux; pour la^mère, par ifne
vie commune de neuf mois ; dans la contagion, si nous enlevons la transmission
du mari à la femme, cette transmission ne peut généralement se faire que par
des circonstances moins intimes; or nous croyons qu'on ne peut pas conclure
de ce qu'un fait se produit avec plus, il doit aussi se produire avec moins. On
en arrive du reste ainsi à cette conclusion à laquelle est arrivé M. Schuermans,^
que, dans la phthisie, par exemple, Ihérédité et ia contagion constituent toute
Téliologie.; il dit eti effet (journal cité, page 305, septembre 1867) : « Celte
cause (l'hérédité) est très-fréquente, comme chacun le sait; la contagion fait
très-» probablement le reste. »
Pour nous, qui admettons la spontanéité dans les maladies virulentes, nous
ne pouvons admettre cette conclusion; nous ne pouvons pas non plus, pour la
soutenir, remonter ou plutôt redescendre à la bestialité, car c'est déplacer la
difficulté de l'homme sur ia béte et accorder à celle-ci une spontanéité qu'on
refuse au roi de la création.
Il y a plus, rhérédité suppose le principe morbide inhérent à la constitution,
les affections héréditaires ne stsmblent donc pas fort éliminatrices par leur
nature; pour les affections contagieuses, un de leurs caractères fondamentaux
parait résider dans le contraire. -
Nous ne prélendons pas toutefois que l'hérédité exclue la contagion, mais
nous croyons qu'elle entraîne pour celle*ci une certaine difficulté, qu'elle
entraine la nécessité d'une attaque virulente, soit plus agr^sive, soit plus pro-
longée, -
ïerminons'par deux arguments : l'expérimentation, et la spécificité.
L'inoculation féconde du tubercule chez les animaux ne nous permet pas
de conclure à la contagion médiate chez Thomme, la syphilis, en effet, est
inoculable sans être médiatement contagieuse; cependant on ne peut nier
qu^elle fournit un fait à l'appui de la contagion en général.
La spécificité'enfin nous semble une nouvelle preuve, car elle entraîne l'idée
de produits spécifiques, et que sont ceux-ci sans la transmissibilité? Celte spé-
cificité, nous l'avons disculée devant l'expérimentation, il nous reste à la dis-
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 305
culer devant la clinique; toutefois, avant d*aborder cetle dernière partie de
notre travail, noas tenons à dire quelques mots du contagium et des voies par
lesquelles il pénètre dans Torganisme.
Quel est le contagium? Est-ce la matièi^e tuberculeuse elle-même, comme le
soutient 6udd? Son t-ce les sueurs, malgré les deux expériences négatives de
M. Villemin? Est-ce l'air expiré comme le soutiennent MM. Bergeret d*Arbois,
Compin, etc.? Sont-ce les crachats comme nous donneraient le droit de le sup^
poser non-seulement la production de la tuberculose expérimentale par Tinocu-
lation de crachats, même desséchés, de phthisiques, mais encore Finoculabi-
lité et la contagiosité de la morve parle jetage? Autant de questions à nous
poser, mais que les données encore trop incomplètes de la science ne nous
permettent pas de résoudre.
Par quelles voies le contagium pénètre-t-il dans Torganisme? Elles sont natu-
relles ou artificielles.
Parmi les premières, nous citerons les voies respiratoires qui peuvent intro*
doire, outre Tair expiré par les tuberculeux, leurs crachats desséchés et sus-
pendus dans l'atmosphère ainsi que les sueurs vaporisées dans ce dernier;
Les voies digestives, d'un rapport fréquent chez l'homme avec les produits
alimentaires fournis par l'espèce bovine, si souvent tuberculeuse elle-même :
Enfin^ chez la femme, les voies génitales, qui tantôt livrent passage à un
germe ayant reçu du père la tuberculose en puissance et dont le développement
peut contaminer la mère par une lente inoculation, selon l'expression de
Gubler, tantôt livrent passage avec le sperme an virus lui-même dans le cas
de tuberculose des organes génitaux de l'homme, comme le sont disposés à
admettre MM. Hérard et Gornil.
Parmi les voies artifieielles, nous signalerons les inoculations accidentelles
par piqûre anatomique^ la transfusion du sang, la vaccination, et à l'appui de
la première les trois cas malheureusement réussis, cités par M. Schuermans
(journal cité, septembre 1867, page 305), à l'appui de la seconde, la transmis-
sion expérimentale de la tuberculose par la transfusion du sang (Lyon médical^
journal du 1«' mars 1874, page 277), enfin, à l'appui de la troisième, à côté de
l'autorité de M. van den Corput qui, dans la séance du 1" octobre 1866 de la
Société des sciences médicales de Bruxelles, a admis la possibilité de la trans-
mission de la tuberculose par la vaccination, le fait signalé par Rilliel et
Barthez que les tuberculoses sont plus fréqqentes chez les enfants vaccinés
que chez ceux qui ne le sont pas.
Et avant de passer au paragraphe suivant, mentionnons une observation
faite eu -même iemps qu'une idée émise par M. Noël Gueneau^ de Mussy.
D'après ce clinicien, l'aiiglne glanduleuse précède dans beaucoup de cas la
phthisie, l'accompagne très-souvent et s'observe fréquemment aussi chez les
sujets qui vÎTetit avec les tuberculeux. Il se demande à ce propos < si l'élément
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304 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
catarrhal de la phthisie ne peut pas se transmettra par contagion, indépen-
damment de sa cause spécifique; Tangine glanduleuse appellerait sur les
organes respiratoires une incitation morbide qui favoriserait puissamment dans
certains cas, le développement de Télément diathésique. »
§ II. — Discussion de la virulence et de la spécificité de la tuberculose
clinique. — Lorsque nous voyons la virulence et la spécificitéde la tuberculose
ressortir de sa transmission expérimentale, lorsque nous constatons celte res-
semblance frapppante entre le tubercule de la phthisie et celui de la syphilis
et surtout de la morve, deux affections dont personne ne conteste la spécificité,
lorsqu'en outre nous voyons, et cela à la fois dans les formes lentes et dans les
formes aiguës, là phthisie se rapprocher s(i étroitement par sa marche et par
son évolution de la morve, cette phthisie du cheval, lorsqu'enfîn nous nous *
trouvons dans l'impossibilité de contester formellement la contagion, il nous
est difficile de ne pas incliner vers la virulence et la spécificité de la tubercu-
lose aussi bien clinique qu'expérimentale.
M. Pidoux cependant la combat avec toute la puissance de son talent, avec
toute Tardeur d'une profonde conviction. Groupons, pour mieux les analyser,
les arguments qu^il a disséminés dans son bel ouvrage, et citons-les textuelle-
ment comme nous Tavonsdéjà fait dans un chapitre précédent.
Nojus en trouvons d'abord deux similaires et que voici :
> 10 La phthisie n'épargne aucun pays, aucun âge, aucun sexe, aucune
condition, aucune classe; une maladie aussi commune ne peut guère être spé-
cifique. Il est en effet impossible qu'une telle maladie ncvreconnaisse pas une
multitude très-diverse d'influences et de conditions capables Je la déterminer.
Or cela éloigne aussitôt Tidée de, la spécificité, laquelle exclut à son tour les
influences communes, les causes extérieures et même les causes internes autres
qu'une aptitude à recevoir la semence une et spécifique qui provient déjà d'une
maladie semblable et ne peut provenir d'ailleurs. » (Loc» cit, page 71.)
2*» « J'estime qu'un grand nombre d'ouvriers qui sont venus de la cam-
pagne à Paris, robustes, bien portants, sans hérédité tuberculeuse, et qui,
travaillant en plein air dans toutes les saisons, subissent incessamment l'alter-
native de toutes les températures et de tous les étals de l'atmosphèrej mal
vêtus, mal nourris, couchant dans des chambrées', passant de la nourriture
insuffisamment réparatrice aux excès et à l'ivresse avec du mauvais vin et des
boissons spirilueuses frelatées, etc., j'estime, dis-je, qu'un grand nombre de
ces 3ujets succombent dans nos hôpitaux à la phthisie acquise après s'être
fait des dialhsèes tuberculeuses de toutes pièces. Il n'en serait pas ainsi si la
phthisie était spécifique et virulente. Encore une fois on ne la ferait pas, on la
recevrait toute faite. > Loc, cit. y page 124.
L'argument fondamental, dans ces deux citations, est l'exclusion de la spon-
aiiéilé dans les maladies spécifiques, exclusion nettement formulée par ces
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 505
mots qui terminent le premier passage : « Semence une et spécifique qui pro-
vient déjà d'une maladie semblable et ne peut provenir d'ailleurs, >
Ayant combattu cette opinion dans la première partie de notre travail, nous
n'aurons plus à y revenir ncluellement; nous tenons toutefois à relever encore
Hne particularité dans chacune des deux citations.
Et d'abord dans la première : « La phthisie, dit M. Pidoux, n^épargne aucun
pays, aucun âge, aucun sexe, aucune condition, aucune classe; une maladie
aassi commune ne peut guère être spécifique. »
Mais la syphilis épargne-^t^elle davantage?
Dans la seconde, Pidoux nous oppose les phthisies acquises, comme il nous
les a opposées dans la contagion. Et cependant, dans l'étiologie qu'il défencf
dans son ouvrage, il laisse bien peu de place à cette pblbisie véritablement
acquise qu'il invoque au fur et à mesure des besoins de son argumentation. Sa
théorie de la transformation des maladies chroniques aboutissant quasi toutes
à la phthisie, suffirait à elle seule pour prouver ce que nous avançons.
5^ L'étude des formes rapides et aiguës de la phthisie aide à comprendre
la nature de la phthisie chronique ou consomption tuberculeuse des poumons
et éloigne Tidée de spécificité, de virulence et de contagiosité. Cette étude
met en effet dans le plus évident relief l'importance de l'élément inflammatoire
dans la tuberculose pulmonaire. Or, si ce rôle est manifeste dans presque tous
les cas rapides et aigus, il n'est pas moins considérable dans les formes lentes,
celles qui sont chroniques dans leur marche comme par leur nature, n (Loe.
ciY., page 112.)
Cet élément inflammatoire, nous l'observons aussi dans la syphilis et dans
la morve ; dans celle-ci, comme dans la phthisie, nous avons les formes aiguës
et les formes chroniques, et dans les formes aiguës, de part et d'autre, cet état
typhoïde, expression ordinaire de l'imprégnation de l'économie par qn agent
infectieux. Au reste, la phthisie granuleuse généralisée sa nsMésions du paren-
chyme pulmonaire 'aUlour de la granulation, phthisie qui est affirmée par
Hérard et Cornil, dont personne ne conteste la compétence en celte matière,
nous prouve que si l'élément inflammatoire est important dans la tuberculose,
il n'est au moins pas constant et par conséquent pas fondamental.
4® c Que dire de mieux fait pour ruiner Tidée de spécificité et établir celle
de phlegmasie chronique particulière que l'exemple des phthisies causées chez
des individus sans hérédité et sans diathèse par la respiration de poussières
organiques telies que celles de la laine et du coton, chez les filateurs et les
cardeurs, et surtout des poussières inorganiques, telles que celles du grès, du
silex et de ràcièr, chez les tailleurs de pierres meulières, et chez les aigui*
seurs? » {L$c* c»t., page 128.)
Cette phthisie esl-elle toujours tuberculeuse? Il nous «si permis dVn douter.
La sidérose^ l'anthraeosis ne sont que des pneumonies spéciales, souvent jndé»
39
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506 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
pendantes de tubercules; la phthîsie des aiguiseurs également, ainsi que Tont
constaté Gharcot, Feltz et enfin Varrbailhon, dans sa thèse de Paris, 4866. Il
nous est permis d*en douter d'autant plus que l'hérédité vient renforcer cette
preuve anatomique en nous montrant les enfants de ces prétendus tuberculeux
souvent indemnes de toute diathèse tuberculeuse, lors même qu'ils ont été pro-
créés à une période avancée de la maladie.
Les faits sont du reste cojnpiexes, et à côté de l'inspiration de ces poussières,
interviennent d'autres conditions étiologiques dont il faut tenir compte. Les
poussières incriminées peuvent provoqiier l'appel morbide vers les poumons,
mais pour produire la tuberculose elle-même il faut autre chose.
' 5» « La preuve que la phthisie n'a rien de spécifique, alors même qu'il
serait prouvé qu'un phthisique a transmis son afi'ection dans les conditions
déterminées plus haut (cohabitation, etc.), c'est qu'il n'est pas rare (Revoir les
personnes qui ont longtemps donné des soins intimes a des poitrinaires jusqu'à
leur mort, être aifectées, à la suite de cette imprégnation prolongée, de divers
accidents qui, pour n'être pas tuberci^leux, n'en témoignent pas moins d'une
infection générale. » {Loc, cit.f page 224.)
Cette preuve ne nous paraît guère décisive, car, à côté de ces faits, il y a
aussi des faits de transmission de la tuberculose elle-même, et l'un des carac-
tères des maladies virulentes n'est-il pas le grand rôle que jouda réceptivité
dans leur étiologie? II y a plus ; les nfialadies contagieuses présentent des cas
incomplets, dits abortifs, des fièvres éruptives sans exanthème, des fièvres
typhoïdes latentes ; et M. Pidoux nous semble avoir été entraîné trop loin par
le double but de combattre la spécificité de la tuberculose et de rapprocher en
même temps le tubercule^lu pus.
6^ c Rien ne prouve mieux la nature commune ou non spécifique de la
phthisie que les indications que présente son traitement pour tous les agents
ae l'hygiène et de la matière médicale. » (Loc, cit.^ page 551.)
Cet argument, nqus l'avons déjà combattu lorsqu'à propos de caractères
généraux des maladies virulentes et spécifiques, nous avons démontré que
non*seulement le traitement spécifique n^existait pas, mais encore qu'il n'était
pas conforme à la notion de la maladie qu'il était destiné à combattre. Pour
la phthisie en particulier, il faudrait prouver que ces indications si variées
do))t parle Pidoux, conduisent à la guérison, et malheureusement ce fait est
loin d'être démontré.
Nous voilà arrivés à la fin de notre étude et forcés, croyons-nous, de conclure
de tout ce qui précède que la phthisie tuberculeuse est contagieuse, virulente et
spécifique, mais que dans cette classe de maladie elle occupe le bas de l'échelle,
comme le lui impose, du reste, sa nature. Nous nous placerons donc entre les
enthousiastes exagérés qui veulent trop et ne peuvent le prouver, et les incré-
dules qui, sourds et aveugles devaht les faits, nient toute transmissibilité.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. ' 307
toute virulence ei toute spécificité de la phthisie. Nous ne le faisons pas par
esprit de conciliation, rtiais nous nous inclinons devant les faits et devanl la
raison^ persuadé que le principal devoir du praticien est de rechercher modes-
tement la vérité et d'éviter les opinions raides et étroites qui, dans leur rai-
deur, n'admettent pas de contradictions, lors même qu'elles existent et qui,
dans leur étroites^e, ne peuvent suffire aux faits si variés de la pathologie.
De LA RÉTROVERSION DE l'utérus PENDANT LA GROSSESSE, par M. le doctmr
N. Charles, de Liége^ lauréat de l'Académie de médecine de Paris, Membre
correspondant de in Société, etc. {Suite. — Voir notre cahier de sep-
tembre, page 498.)
CHAPITRE TROISIÈME.
Etîologie. — Pathogéaie.
Nous savons que le corps de Ttitérus est souledu par des ligaments séreux et
n)usculaires, lâches, extensibles qui lui permettent de se mouvoir en tous sens,
tandis que plusieurs ligaments fibreux, résistants viennent s'insérer à l'union
du corps et du col et constituent à cet endroit une espèce d'anneau, d'axe de
suspension ayant une certaine fixité, autour duquel s'opèrent_les mouvements
de l'organe. Ce dernier, du reste, contenu dahs une cage osseuse inextensible,
entre (Jeux réservoirs, doit fréquemment changer de place selon l'état de la
vessie et du rectum; souvent aussi il est poussé vers le bas par la contraction
de la presse abdominale ,et la distension des intestins. La direction du grand axe
utérin doit donc varier plus ou moins fortement selon la laxité des ligaments
et des aponévroses pelviennes, selon la réplétion des organes qui l'entourent.
Dans l'état de vacuité, chez la multipare surtout, la disproportion entre le
corps et le col utérin n'est pas très-grande et si le poids, la longueur et le
volume de ce dernier ne sont pas exactement les mêmes que ceux du premier,
celui ci est tenu en équilibre par di£férenls ligaments qui s^insèrent à sa partie
supérieure.- Mais si, par une cause quelconque, le bras de levier supérieur,
c'est-à-dire le corps, augmente de poids^ de longueur, de volume, alors non-
seulement tout l'organe tendra à descendre, non seulement l'action des intes^
tins s'exercera sur une plus grande surface, mais encore ce bras de levier
tendra à basculer autour du point d'appui : ce mouvement sera d'autant plus
facile que les ligaments s'inséreront plus bas et qu'ils seront plus exten-
sible&..Si le fond est en légère antéversion (état normal), il s'inclinera en bas
sous l'influence des contractions abdominales, de la réplétion des intestins, etc.
Mais la vessie, pur sa distension, tendra à le soutenir et à le faire remonter;
les pubis auront le même effet et, grâce à leur inclinaison d'avant en arrière
et de haut en bas, permettront un redressement facile.
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308 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Mais si le corps utérin est redressé ou même dirigé en arrière, si une près*
sion est exercée d*avant en arrière sur la paroi antérosupérieure du viscère, le
résultat opposé sera obtenu, le fond basculera vers la concavité sacrée, dont
la forme s'adaptera assez bien à celle de Torgane; ce dernier pourra dès-lors
être maintenu dans cette situation vicieuse par Tangle sâcro-vertébral et il le
sera d*autant plus fortement que cette proéminence sera plus marquée. L*ulérus
continuant à se développer, comprimera les autres organes du petit bassin,
s'enclavera, s'incarcérera.
Si le segment postérieur du corps utérin devient plus lourde le mouvement
en arrière sera plus facile.-Il pourra être également produit par le mouvement
en sens opposé de Tautre bras du levier, c'est-à-dire quand le col sera tiré en
avant et en haut.
Les deux causes peuvent agir à la fois sur le corps et le col e» sens con-
traire : l'organe se trouve entre deux puissances, agissant en sens inverse, et
non directement opposées; le corps est poussé erL arrière, le col est tiré en
avant, le mouvement s'exécutera dès lors aisément.
' Il peut se faire aussi que le fond de Tatérus dans son ascension rencontrant an
obstacle, le promontoire, soit en quelque sorte accroché par cette éminence et
retenu en dessous d'elle, c'est-à-dire dans l'excavation. .
J'ai supposé dans tous ces cas que le mouvement de bascule s'exécute autour
d'un axe et que cet axe est à l'union du corps et du col. Telle est mon opinion,
et je ne puis admettre, avec Ëlleaume, que l'axe passe par les deux ligaments
larges : leur insertion est beaucoup trop élevée et trop étendue et ils ne
présentent pas assez de résistance. ,
Da reste l'axe est loin de rester fixe et dans la rétroversion il est notable-
ment porté en avant et en haut, ce qui ne peut se comprendre sans une grande
distension ou même une dilacération des ligaments uiéro-sacrés. ,
Tel est le mécanisme de la rétroversion; mais si le système ligamenteux du
col est assez résistant, il peut arriver que le corps seul de l'utérus se déplace
et alors c'est la rétroflexion qui se produit; cela arrivera surtout si le col est
bridé par des adhérences.
Le déplacement en arrière peut aussi préexister à la grossesse et, si les causes
qui produisent celle situation anormale à l'état de vacuité sont assez puis-
santes, l'utérus gravide ne pourra s'élever au dessus du détroit supérieur et
s'enclavera peu à peu dans l'excavation. Nous verrons plus loin que plusieurs ^
des meilleurs auteurs modernes regardent cette étiologie comme la plus fré-
quente et nous discuterons leur manière de voir.
Nous avons maintenant à examiner les causes qui rendent, au commence-
ment de la grossesse, le déplacement possible et facile, et celles qui les pro-
duisent rapidement ou peu à peu.
J'appellerai les premières prédisposantes et les deuxièmes déterminantes ;
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 509
ces dernières peuvent agir subitement, en un instant, ou n'avoir d*effet qu'au
bout d'un certain temps; de Ta des rétroversions suhites et des rétroversions
lentes. Ces deux formes sont décrites depuis Baudelocque qui les avait observées
toutes deux, comme le prouvent les cas suivants.
Obs. XXVlIl. — Rétroversion lente; réduction; par Baudelocque (1). —
Baudelocque fit observer la marche d'un cas de rétroversion aux élèves qui
suivaient ses leçons vers la fin de 1775; elle ne fut complète qu'après trois ou
quatre semaines, et, â cette époque seulement, la femime se trouva contrainte de
se soumettre à la réduction.
Obs. XXIX. — Rétroversion subite chez une femme enceinte^, atteinte de
descente de matrice; réduction facile; parBAUDBL0CQtiE(2). — Le même auteur
cite- un autre cas chez W^* de *'*, où la rétroversion se fit complètement en un
instant, le lundi de Pâques 1784; et il y eut dès ce moment impossibilité com-
plète d'évacuer une seule goutte d'urine. Appelé une heure après, Baudelocque
trouva cette femme dans l'attitude que prend celle qui est à l'instant d'accou-
cher. Elle se livrait involontairement aux plus grands efforts, et elle y était
excitée autant par la* présence d'un corps qui paraissait à l'entrée, du vagin,
dilatée de la largeur d'un petit éeu, que par le besoin d'uriner. Ce corps était
la partie postérieure de la matrice, dont le fond se trouvait appuyé sur le
coccyx, et l'orifice très-élevé du côté du pubis. La réduction fut faite sur-le-
champ, le calme se rétablit, et l'accouèhement eut lieu à terme. Cette femme,
grosse de trois mois, était depuis cinq à six semaines atteinte de rétention
d'urine, suite d'une descente de matrice; pendant ce temps on avait cent fois,
au moyen du doigt, repoussé le col utérin pour faciliter la miction, et la rétro-
version fut déterminée par un effort plus grand qu"^ de coutume pour refouler
le col.
^ Obs. XXX. — Rétroversion brusque chez une femme enceinte de trois mois;
évacuation de l*urine pendant dix jours en repoussant le corps de la matrice ;
réduction avec un pessaire; succès; par Baudelocque (3). ~ En mars 1787,
Baudelocque vit une dame étrangère, grosse de trois mois environ, dont la
matrice était tombée brusquement en état dé rétroversion complète. Ne pou-
vant réduire ce viscère sur-le»'champ à cause des accidents, et espérant trouver
plus de facilité après les avoir combattus, l'auteur fit uriner cette dame pen-
dant une dizaine de jours et plusieurs fois par jour, en insinuant un doigt le
long et à côté de la symphyse du pubis, pour écarter convenablement le corps
de la matrice du col de la vessie et de Turèthre. Mais au dixième jour, ne ren-
contrant plus la même facilité à faire couler les urines, et les diflBcultés deve-
nain chaque fois de plus en plus grandes, il se décida à vaincre les obstacles
en employant une forcé convenable. Pour ne pas fatiguer la matrice par la
pression immédiate des doigts, il commença par insinuer au-dessous de son
fond, un pessaire de gomme élastique fort épais, qui servit, après la réduction,
(1) Traité d'accouchements, ^, 138 (note).
(2) Loc. cit.,p, i38 (seconde note).
(5) Loc. cil,, p. ii6 (note).
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310 MÉiflOlRES ET OBSERVATIONS.
à fixer le viscère. La malade ne porta le pessaire en tout que trois ou qaatre
jours, et n'accoucha qu'au terme ordinaire, malgré les efforts qu'il avait fallu
faire pour restituer la matrice dans sa position naturelle au troisième mois de ,
la grossesse. ^
Outre ces deux formes^ M. Cailletet a fait remarquer avec assez de raison
qu'une troisième pourrait "être admise : dans plusicjurs observations, en effet,
on peut voir que Kaccidenl s'est produit en deux ou trois temps : commence-
ment brusque, période intermédiaire, achèvement brusque ; ou bien première
période Tente, seconde brusque ; ou bien en6n accident brusque suivi d'une
période lente qui s'accroit insensiblement.
Nous reviendrons sur chacune de ces formes, en examinant les causes qui
les produisent. Remarquons seulement que les formes subites ou mixtes ont
été regardées coff) me les plus fréquentes jusqu'à présent; du moins Boivin et
Dugès et plusieurs auteurs avaient signalé ce fait, et M. Salmon a tenté de le
prouver par une statistique comparée des deux ordres de cas (subits et lents) ;
ce dernier auteur a seulement eu tort de dire que jusqu'à son, mémoire la
forme lente était considérée comme la plus ordinaire. Aujourd'hui divers gyoé-
cologistes^ sont, au contraire, amenés à prétendre que les rétroversions subites
sont rares, exceptionnelles, et il me parait même que certains d'entr'eux ne
seraient pas éloignés de les nier complètement. Ces exagérations prouvent, une
fois de plus, les erreurs que commettent les meilleurs esprits, quand ils ne se
laisseqt guider que par l'esprit de système et la théorie.
A, -— Causes prédisposantes.
Nous avons à examiner ici les changements physiologiques qui se produisent,
au commencement de la grossesse, dans l'utérus et ses annexés ; l'influence des
grossesses antérieures, des affections utérines^ des déplaceoients aux grossesses
précédentes, du volume >de l'utérus, de l'âge de la femme, des conditions géné-
rales de sa santé, des professions et enfin des dimensions du bassin.
i . — Changements physiologiques des premiers mois de la grossesse. —
Nous avons vu que les ligaments du corps utérin permettent déjà à l'état
ordinaire des mouvements en tous sens et le toucher démontre facilement ce
fait. Au commencement de la gestation, le tissU utérin se ramollit et tous les
moyens d'attache subissent le même relâchement.
Dans le cas suivant cette laxité était très-prononcée et était très-facilement
constatée.
Obs. XXXI. — Rétroversion méconnue^ avortement, — Nouveau déplace-
ment d la grossesse suivante^ réduction ; récidive ; guérisçn. — Rétroversion
nouvelle empêchée par le traitement prophylactique ; par Parent, de Beaune(l).
— La femme Mineau, deMeursauU(près Beaune),37 ans, constitution molle et
(1) Gazette médicale de Farts, 1831, (résumé). Obs. !'«.
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MÉMOrhES ET OBSERVATIONS. 3H
lymphatique, sujette à des flueurs blanches, éprouve^ en janvier 1826, à trois
mois et demi de sn seconde grossesse, des douleurs vagues dans les régions
lombaire et hypogastrique, avec difficulté d'uriner. Ces phénomènes sont
attribués aux efforts journaliers que fait cette femme pour soulever sa vieille
mère malade. Bientôt les douleurs augmentent, les urines s'arrêtent tout à fait,
la vessie se dilate, le ventre se méléorise, les extrémités s'infiltrent, le pouls
prend de la fréquence. Un médecin consulté donne des diurétiques. Les dou-
leurs acquièrent de la force, avec fièvre. En-fîu, après huit jours de douleurs
inouies, l'avorlemenl se déclare. La femme se rétablit peu à peu.
L'année suivante, la femme Mineau, enceinte pour la troisièfne fois de trois
mois et demi, éprouvée b suite delà même cause des phénomènes identiques.
Parent est appelé; la sage-femme lui déclare qu'elle sent à travers le col très-
dilalé le produit de la conception prêt à être expulsé. Le prudient chirurgien
doute du dire de la matrone et examine lui-même : il trouve le col utérin en
avant courbé très-haut derrière le pubis, et le fond du viscère en arrière rem-
plissant toute Texcâvation pelvienne. La vessie est très dilatée et le cathété-
risme donne issue à sept-huit litres d'urine. Cette opération soulage énor-
mément la malade qui gagne en courant son lit, alors que depuis six jours elle
n'avait pu quitter son fauteuil. Parent procède alors à la réduction; la femme
est couchée^ur son dos, au bord du lit, les jambes écartées et fléchies ; deux
doigts de la main gauche sont introduits dans le vagin et deux de la main droite
dans le rectum; puis agissant en sens inverse sur le col et sur le corps, le
chirurgien ramène l'organe dans sa direction naturelle. Mais le viscère se prête
à tous les mouvements qu'on lui imprime, grâce à la grande capacité du bassin
et à la laxité des ligaments; abandonné à son propre poids, il se précipite en
bas. La saiNie considérable du promontoire s'opposant au mouvement d'ascen-
sioa directe, Parent ramène la matrice en avant et l'appuie contre les pubis.
Mais cette position devant produire inévitablement une nouvelle rétention'
d'urine, une sonde en argent est placée à demeure. La femme quitte bientôt son
Ut, la sonde se dérange, le cours de Turine se suspend et tous les accidents
reparaissent. Nouvelle réduction, suivie bientôt, à cause de l'imprudence de la
malade, d'une rétroversion nouvelle. La matrice est encore remise en place.
Cette fois, on a soin d'introduire souvent la sonde, et la femme suit les conseils
qu'on lui a donnés plusieurs fois. Â quatre mois la matrice commence à
déborder le détroit supérieur; le cours de l'urine n'est plus intercepté que
par moment et cette interruption cesse aussitôt que la malade se met au Ht.
La femme Mineau accoucha heureusement à terme.
La même femme, enceinte pour la quatrième fois, commençait encore à
éprouver les accidents des deux grossesses précédentes; un chirurgien ne peut
parvenir à passer la sonde. Parent, appelé de nouveau, constate que l'utérus
est précipité dans l'excavation pelvienne inférieure, le col ramolli et long
proémine entre les grandes lèvres, le corps, développé par la conception, porte
contre le pubis sur le détroit inférieur et suspend le cours de l'urine. En un
mot, les phénomènes observés cette fois sont tellement analogues à ceux qu'ont
offerts les deux affections précédentes dans leur principe, qu'il est impossible
de mettre en doute l'identité de ces trois maladies parvenues à trois degrés
différents. ' '
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312 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
La sonde est appliquée et reste à demeure, l'utérus se développe et s'élève par
les progrès de la grossesse. Bientôt la femme Minant pent rester levée en ayant
la précaution de se jeter sur son lit pendant quelques minutes pour pouvoir
uriner. La grossesse arriva heureusement à terme.
Outré le relâchement dont je viens de parler, les replis du péritoine se
déplissent, s'hypertrophient et donnent ainsi plus de mobilité encore au
viscère en gestation. Suivant Aran, même, les replis utéro-saçrés disparaî-
traient dans les grossesses avancées, ce qui est une condition très-importante
pour permettre au col de se porter très en avant, et indispensable, selon
M. Richet, pour obtenir la rétroversion. Le cariai vaginal participe également
à ces modifications : il devient plus ample et plus flasque.
Dans le rapport que M. Bernutz a présenté sur ce travail à l'AcaJérnie de
médecine de Paris (1)', cet honorable et savant médecin prétend que c'est hypo-
thétiquement que nos prédécesseurs ont fait jouer le plus ^rand rôle dans le
développement de la rétroversion aux changements imprimée aux organes
pelviens par la gravidité;^ces changements, selon lui, tendent au contraire à
faire disparaître le déplacement quand il existe. « On ne peut en particulier,
ajoute-t-il, încrimer, ainsi que l'a fait l'auteur, le ramollissement de tissus
» qu'amène la gravidité d'être une cause de rétroversion, parce qu'il tend non-
seulement à corriger les courbures et flexions congéniales ou acquises, mais
à rendre moins extensibles les adhérences péritonéales, que t'observaiion
moderne a démontrées être très-fréquemment la cause des enclavements
irréductibles. »
M; Bernutz a raisoà de dire que> le ramollissement s'étendant aux adhé-
rences péritonéales, facilite la rectification d'un utérus retenu dans une position
vicieuse; cette remarque importante ne m'avait pas échappé, et était indiquée
par moi dans le passage relatif à ce point de letiologie, où je rapportais (comme
on le verra plus loin) différentes observations à l'appui. Mais est-il exact de
dire que a Tobservation moderne a démontré que ces adhérences sont tr^s-
fréquemment la cause des eaclaveinents irréductibles »? Je ne le pense pas;
ces adhérencrs sont rarement signalées dans les nombreuses observations
consignées dans ce travail (et qui constituent, selon M. Bernutz lui-même, une
collection complète qui contient sinon tous les faits de rétroversion utérine
pendant la grossesse, qui ont été publiés, du moins tous ceux qui peuvent servir
à élucider un point quelconque de la question). M. Bernutz se place donc à un
point de vue spécial, et c*e$t d'une façon toute hypothétique qu'il fait jouer le
plus grand rôle aux adhérences. Au surplus ces dernières ne sont certaine-
ment pas la cause la plus fréquente des enclavements irréductibles, car ceux-ci
ne se présentent généralement que dans les rétroversions existant depuis iong^
{{) V. Bvlletin de l'Académie de médecine de Paris, 4874, p. iUl et suivantes. '
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MÉMOIKES ET OBSERVATIONS. 315
temps, et quand Futérus a acquis un volume exagéré; tandis que ^i l'organe
est modérenoment distendu, la réduction est d^habitude obtenue aisément à '
Taîde d*un des nombreux procédés que nous décrirons plus loin. Ces faits
prouvent certainement que les adhérences ne sont pas une cause si commune
de rétroversion, car, quand elles existent, la réduction est toujours, ou ie com-
prend, trèS'laborieuse et même dangereuse quelle que soit Tépoque de la gros-
sesse (1). V -
Si donc ie ramollissement des adhértnces péritonéales, comme celui du tissu
utérin, facilite la rectification de Tutérus gravide, il n'est pas moins vrai que
cette même modification imprimée au vagin et surtout aux ligaments suspen-
seurs de l'organe doivent lui donner plus de jeu et parla4)t favoriser ses déplace-
ments.
L'utérus plus lourd et moins bien soutenu subit dans les premiers temps un
léger mouvement de descente ;^ en même temps il se redresse et, trouvant plus
d'espace dans la concavité sacrée, s'y loge; son fond se renverse un peu en
arriére et force le col à se porter un peu en avant.
On voit que si, à l'état de vacuité, J'ulérus^est en antéversion légère, sa direc-
tion'change, au commencement de la grossesse et se rapproche au conlraire de
la rétroversion, t Aussi,-dit M. Stollz^ n'étaient les ligaments ronds qui re-
tiennent le fond^ la rétroversion serait sans doule plus fréquente. » Or, cet
état se maintient jusqu'au 3* mois, époque à laquelle la matrice trop dévelop-
pée, commence à dépasser le détroit supérieur.
Mais le mouvement de bascule du fond en arriére est encore facilité par le
mode de développement de l'organe gestateur : en effet, c est surtout le fond et
la paroi postérieure qui s'accroissent au commencement; ces parties devien-
nent plus épaisses, plus lourdes, plus arrondies et s'adaptent mieux à la cour-
bure sacréi'; la présence du placenta sur le fond ou le segment postéro-supé-
rieur agit de la même façon.
. De plus, l'insertion des ligaments du corps se faisant plus en bas et en
avant permet plus de jeu aux parties supéro-poslérieures de Torgane. Cette
disposition anatomique peut quelquefois être exagérée au^ point que Gazeaux,
Bonamy et Hélol oùt vu chez une femine morte au 7« mois de la grossesse les
ligaments ronds s'insérer tellement en avant < que les 4/5 au moins du dia«
mètre antéro-postérieur étaient en arrière de la ligne transversale qu'on aurait
fait passer par leur point d.'in!>érUon. »
2. — Lififluence des grossesses antérieures est nettement démontrée et s'ex-
(i) M. Bernuty n'a certainement pas voulu parler des rétroversious irréductibles à
rétat de vacuité (je serais peut-être alors de sou avis), car il écrit « les enclavements
irréductibles > ; donc il s'agit de la grossesse ; du reste, M. Bernuty ne pouvait criti-
quer mes idées qu'à ce dernier point de vue, puisqu'il ne s*agtt dans mon travail que
de la rétroversion de Tutérus gravide, \
• \ 40
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514 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
piique aisément en laissant même de côté les affections utérines qui en sont
quelquefois la suite.
Les ligaments qui ont été ramollis, allongés^ tiraillés, ne reprennent pas
toujours leur dimension primitive; le corps utérin ne revient jamais à son pre-
mier volume et reste souvent appuyé en arrière sur le rectum; le col perd de
sa longueur. Négrier donne la moyenne suivante qu'il a obteiHie par Texamen
de 150 sujets multipares ayant du resie les organes sexuels parfaitement déve-
huppés ^ t le relief que fait le fond de l'utérus au-dessus du niveau de la cloison
pelvienne qui forme les ligaments larges, est de 12 à 15 millimètres, et
l'épaisseur de la matrice d'avant en arrière est de 4 centimètres (ces mesures
sant d*un quart moins étendues chez les nuUipares). > Dans cinq cas la saillie
du fond au-dessus de la cloison péritonéale était même beaucoup plus mar*
quée, presque du double, et l'épaisseur de la matrice beaucoup plus considé-
rable, sans qu'il y eût cependant aucune affection de l'organe.
D'après Hildebrand (1), outre les causes débilitantes qui amènent la fai-
blesse musculaire, les accouchements et surtout l'avortement produisent sou-
vent le relâchement des ligaments utero sacrée.
Ces détails anatomiques font comprendre pourquoi la rétroversion est plus
commune pendant la grossesse et chez les femmes qui ont eu des enfants,
tandis quelle déplacement en avant existe de préférence chez les nullipares
dont Tutérus est normalement dans Taxe du détroit supérieur et même dans
ranléflexion (v. supra.)
Dépouillons maintenant quelques faits de rétroversion de l'utérus gravide
où la puerpérdlilé est indiquée.
Les femmes avaient accouché une fois auparavant dans les observations de
Bamberger, Billi, Delaharpe, Bayonham, Jurel, Morris; dans la 5% de
M. Hubert et dans la 4« et la 6« de Négrier; la femme Lefèvre (dans la
5* observation de M. DepaUl), avait fait une fausse couche auparavant;
la 1'" rétroversion de M"»« Van... (11* observation de M. Hubert) survjnt à
la seconde grossesse.
Les femmes observées par MM. Barth, Bernutz, Graninx, tiurie, Macléod,
Palante, Rolland et Wittich avaient eu deux enfants; de méme^ dans la
2^® observation d'Amussal, dans la iO* de Martin, de Lyon, dans les deux de
M. Chantreuil et dans la 2*^^ de Parent. Dans la S*" de M. Hubert, la malade
avait eu deux fausses couches. La femme Mineau (1« observation vde Parent)
avait accouché une fois et avait eu une fausse couche attribuée â une rétro-
version méconnue. La maladedeMM. Pajot et Tarnier avait également eu un
accouchement et une fausse couche; celle de la 3^ observation de U. Vignard
jivaît eu deux avortements.
(i) Ubet* Relroflexion dus utérus» Leipzig, 1870, p. 41.
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MÉMOIRES BT OBSERVATIONS. 515
Dans TobservatioD de Nayor, dans la 5« de Négrier, dans la i^^ de
M. Vignard, dans la i** et -la (t^ de Martin, de Lyon, les femmes avaient déjà
été trois fois enceintes auparavant.
La malade de la 7« observation de M. Hubert avait eu deux accouchemenls
et deux fausses-touches; €1.. Bourget (2« observation de ViriccI) avait eu
quatre enfants ; Const. Lechat (observation de Dussaussoy) était à sa 5« gros-
sesse; El. Cornut (observation de M. Gallard) avait eu trois enfants et une
fausse couche.
L'une des trois malades de M. Salmon avait déjà cinq enfants; de même la
femme Huet (7« observation de Martin, de Lyon), de même la femme
Thomas {^^ observation de M. Depaui), de même la malade de M. Barrier et
les femmes Joskin et Surtewargen (observation 6« et 9< de M. Hubert).
M"*« Mora (observation de M. Garin) avait eu (quatre enfants plus une
fausse couche; de même la femme Lachéze (5« observation de M* Depaui.
La première femme observée par Âmussat, la deuxième et la troisième de
M. Phillips avaient eu six accouchements; celle de M. -Gérard était mère de
sept enfants ; celles de M. Chapplain et de M. Slavjansky avaient eu huit gros-
sesses; celle de M. Moldenhauer avait eu sept enfants et un avortement; deux
malades de M. Hubert (première et dixième), avaient eu huit enfants; la femme
soignée par Schmilt avait eu onze couches heureuses ; celk dont parle Rams-
botham avait eu neuf enfants et deux avortenients.
^ Il est dit avoir eu plusieurs grossesses dans les observations de Hunier,
Lynn, Estor, dans deux de M. Salmon, dans trois de Martin, de Lyon (3% i', ll«)^
et dans les deux de M. Mattei.
Dans quelques cas, la femme était, primipare; iJ eu était ainsi chez les ma-
lade» de Desgran^es, Garnier, Gongis, Charles Courtois, Stollz et Davreux ;
ainsi que chez une de Martin, de Lyon (1'«), une de Viricel (l"), deux de
M. Hubert (4% 5«)> la S'^* de M. Vignard, et la i'« de Smellie.
En résumé, sur un total de soixante-dix-neuf rétroversions pendant la gros-
sesse, nous constatons que treize fois seulement Taccident s'est présenté à une
première gestation, c'est-à dire que dans la grande majorité des cas, les b/6
au moins, Tutérus avait déjà été distendu une ou plusieurs fois par la concep-
tion; la plus grande fréquence du dépiacemenf tombe à la seconde et surtout
à la troisième gestation (onze fois et dix-sept fois). Hais il faut noter que les
multipares sont plus nombreuses que les nullipares, de sorte que Tinfluence
des grossesses anlérieul'es n'est pas aussi grande que sembleraient l'indiquer
les chiffres que nous venons de donner.
\\ paraîtrait à priori qu'une plus large part d'éliologie dût revenir aux
avortemefits ; ils sont cependant signalés dans un petit nombre de cas seule-
ment,' dans quelques-uns desquels on b pu les attribuer eux-mêmes à des réù o-
versions méconnues ou non. (V. obs. de Ramsbotham, Gallard, Garin, Chap-
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316 MÉMOIRES RT ORSERVATIONS.
plain, Pajol, 5« el 8«, de Depaul, 7« et 8«, de Hubert; 2« et 5« de Négrier;
1^ de Martin^ de f^yon). Dans les observations de MM. Barnes, Phlilips el
Wafiters, les avortemenls nombreux doivent être rattachés à des rétroversions
non traiiees.
Nous allons du reste examiner comment Tavortement peut prédisposer aux
déplacements de l'utérus.
{La suite an prochain numéro )
Etude giinique rt expérimentale sur l'étranglement herniaire et en par-
ticulier SUR l'action des gaz dans la production de cet accident; par le
docteur Motte, de Dinnnt {Belgique). — Mémoire nvquel la Société de Chi-
rurgie de Paris a accordé une récompense de 300 fr, au concours du prix
Lahorie (1873). (Suite. — Voirnotre cahier de septembre, page 207.)
CHAPITRE TROISIÈME.
APPRÉCIATION. — CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES — CONCLUSIONS.
Les divers résultats fournis par ces expériences, nous^ permettront-ils de
formuler d'une manière plus précise les conditions du mécanisme de l'étrangle-
menl herniaire, objet principal de notre étude ?
On attribue, de nos jours, une action prépondérante aux gaz int^'stin^ux
dans la production de ce phénomène pathologique; les publications les plus
récentes en font foi et cet élément a fini par être considéré, sinon comme' tout
à fait indispensahie, du moins comme donnant l'idée la plus satisfaisante et ta
plus rationnelle de la nature de l'étranglement.
Historique (t). — Jusqu'au milieu du xv« siècle, la plupart des chirurgiens
avaient considéré l'accumulation des matières intestinales comme la cause
presqu'unique des ac? idents herniaires. iPranco, le premier (1561), basant sur-
tout son opinion sur raittorité de ses propres observations, signala la présence
des gaz dans les hernies, et parla de l'irréductihilité comme' podvant "être
amenée sous l'influence de ce nouvel agent. Toutefofs, il est bon de noter qu'il
n'avait pas délaissé complètement lès vieilles doctrines, et pour lui les matières
fécales conservaient une part d'actio« égale à celle des gaz eux-mêmes : t Si
les intestins ou zirbus (répiploon) ne se pouvaient rèduii^een leur lieu à cause
de quelque matière fécale et ïlatuosités et antres choses venteuses, comme
bien souvent advient, les signes sont assez évidents. Car le scroton est rempli
de matière et dur plus que paravent »...
Peu de temps après, Roussel publia une observation où il indiqua la disten-
(4) Voir pour ces premiers détails, la thèse si savamment élaborée de M. Broca, p. 10
ctsuiv. * t
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MÉMOIRES KT OBSERVATIONS. 517
sion des intestins par des vents et des excréments. Gaspard Bauhin qui tra-
duisit en latin les observations de Rousset, en rapporta une qui lui était
propre, et où i^ est fait mention de 1^ distension de Tintestin par des gaz.
Au comrfnencement du xvii* siècle, Pigray conseille de pehcer le viscère avec
une aiguille, après l'ouverture du sac, afin de le vider de ses gaz, si on en
constatait la présence, etponr en faciliter aussi Topération. Suivant cet auteur,
les matières s'arrêtent parfois* parce que t le boyau est tourné > dans la hernie.
C'est ridée qu'ont reproduites depuis lors Scarpa et M. De Roubaix. Gomme
ses prédécesseurs, Pigray respectait toujours la théorie qui avait dominé toute
là pathologie herniaire, et les excréments durcis restaient encore la cause la
pins activé de l'étranglement.
Jusqu'à celte époque l'histoire des hernies s'était péniblement traînée à
travers le^ obscurités accumulées par les siècles; Gnursaud (1) essaya de pré-
ciser laquestjon; mais dans son travail, on ne voit plus la présence des gaz
signalée nulle part, et l'engouement par les matières reparait sur la $cène avec
plus d'autorité que jamais.
>^u commencement de ce siècle, A. Key (S), le savant commentateur des
œuvres chirurgicales d'A. Cooper, rattacha, dans un cas particulier, la per-
sistance des symptômes d'étranglement à une obstruction gazeuse. Mais ce fut
en 4858 que I action des gaz se remit vraiment en lumière, non plus cette fois
à litre d'élément passager et accidentel, mais bien au contraire avec la préten-
tion de dominer les phases diverses du mécanisme de l'étranglement. Cette
thèse, soutenue par O'Beirne, de Dublin, fut consignée dans le Journal des
sciences médicales de cette ville et reproduites dans les publications sçienli-
fiques de l'époque. (3)
Six ans plus tard (4), M. Gosselin adopta ces innovations qui, pour lui, à
l'heure qu'il est, n'ont guère perdu de leur valeur, puisqu'il les reproduit, en
les développant, dans ses Leçons sur les hernies (^).
En 1848, M. Michel Gnyton, de Nuits, publia un travail important (6) qui
ne contribua pas peu à faire entrer dans la pratique les vues ingénieuses du
chirurgien irlandais.
Enfin, dans la discussion qui eut lieu, dans ces dernières annexes, à l'Aca-
démie de Belgique (7), M. De Roubaix se fit le champion décidé de la doctrine
de l'engouement gazeux.
(1) Mémoire de l'Académie de chirurgie, XI« volume, p. 382. Edition en 15 volumes.
(2) Dans les OEuvreschir,, d*A. Cooper, p. 27.
(3) Arch, gén, de méd., i838, t. III.
(4) Th, pour l'agrégation. De l'étranglement dans les Hernies , 1844, p. 24.
, (S) Paris, 1865, p. i26.
(6) Mémoire sur rétrangl,, etc. Paris, 1848, p. 19 et suivantes.
(7) Lac. cit., année 4869. 3« série, t. III, n° 3.
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318 MÉMOIRES KT OBSERVATIONS.
Pour ces divers chirurgiens, dans ce genre d'étranglement qu'on a appelé
étranglement aigu, primitif^ mécanique, une anse intestinale est poussée vio-
lemment à travers une ouverture herniaire, sous l'impulsion des contractions
de la presse abdominale. Mais, en même temps qu'elle descend dans le sac,
celte anse est brusquement distendue par un courant gazeux, amené par
TefFort dans cette portion même du tube intestinal où la résistance est témoins
prononcée. Ces gaz s'accumulent de plus en plus, et se trouvent bientôt dans
rimpossibililé de franchir le bout opposé parce que les parois de celui-ci sont
fortement comprimées par la distension de l'^autre bout lui-même. Indépen-
damment de cet effet, Tair incarcéré ne peut plus repasser dans le bout d'ar-
rivée qu'au moyen d'une pression assez énergique. Cela raitqu^une hernie qui
aurait pu rester à l'aise dans son anneau, si elle avait été abandonnée à elle-
même, s'étrangle subitement par l'action trés-précise et très-nette de ce nouvel
agent. ,
Telle est la théorie : voyons sur quelles bases elle s'appuie. O'Beirne a relaté
onze observations de hernies qu'il a traitées en introduisant dans le rectum
une longue sonde destinée à aspirer les gaz qu'il supposai! contenus dans la
tumeur. Les résultats heureux qu*|l obtint de cette pratique le conOrma dans
sa manière de voir. Il fit plus néanmoins et il chercha un nouveau point d'ap-
pui à sa théorie dans une expérience qui met l'anse qu'on a séparée de la masse,
viscérale, dans des conditions analogues à celles que présentent les intérocèles
étranglées. Pour cela, on choisit une lame de carton offrant une certaine résis-
tance el on y pratique une oi^verture du diamètre d'une pièce de cinquante
centimes environ. Par cette ouverture, dn fait passer une anse d'intestin d«
quelques pouces de long, puis on pratique l'insufflation par l'un des bouts M
moyen d'tllne sonde lixée par une ligature, l'autre bout restant libre. Sous cette
impulsion, l'anse se dilate bientôt en .formant une saillie sphéroïdale derrière
l'anneau. Si le courant est peu* rapide, l'air s'échappe sans difSculté par le
bout resté ouvert: tout au contraire, si le jet se fait brusquement^ ce passage
devient imposslMe; la hernie se distend de plus en^plus et l'étranjglement se
produit aussitôt par le fait de l'application des parois intestinales contre le
contour de l'anneau. C'iest celte expérience que M. (xosselin dit avoir souvent
répétée devant ses élèves et toujours avec le même résultat. M. Guyton
croit qu'il vaudrait mieux fermer le bout laissé ouvert par O'fieirne, ou
bien insuffler par les deux bou.ls en même temps, parce que, dit-il, sous Tin-
fluence des contractions desmuscks abdominaux, la pression se répartit égale-
ment de chaque côté. Nous avons vu, dans plus d'une de nos expériences, qu'il
est imppssible d'admettre que les^gaz arrivant toujours en même temps et par
le bout supérieur et par le bout inférieur.
M. B. Ânger, partisan de l'engouement gazeux, quoiqu'il donne au gaz une
autre origine (v. plus haut), nous paraît avoir mal compris rex|)érieB<» de la
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 519
carte, puis que dans la fig. 8 de son travail (1), le tube d'insufflation pénètre
dans l'anse elle-ménie, taudis que pour O'Beirne, les gaz doivent franchir le
pédicule, Textrémité du tube restant dans l'un des bouts, en dehors de Tanse.
M. de Roubdix (S) qui a étudié d'une nnanière spéciale le mécanisme de
l'étranglement herniaire et qui accorde une importance capitale au rôle du
courant gazeux, n'avait d'abotd obtenu aucun des effets indiqués par O'Beirne,
mais après une série d'insufflations il finit par arriver aux mêmes résultats que
le chirurgien de Dublin. Seulement, il introduit au cTébat un nouvel élément
dont nous avons déjà parlé, la torsion (v. p. 72), C'est l'opinion de Pigray et
de Scarpa généralisée et cherchant sa base d'interprétation dans l'engouement
gazeux d'O'Beirne. '
On ne peut nier que la présence des gaz ne se soit maintes fois révélée dans
l'étranglement, soit avant, soit après la mise à nu du noyau herniaiTe ; ta sonorité
constatée par le plessimètre ainsi que la distension gazeuse, mise en évidence
après l'ouverture du sac, ne laissent aucun doute à cet égard. M-iis ce phéno-
mène est loin pourtant d'être aussi commun qu'on l'a dit, n)éme pour des
inlerocéles pures. Pour notre compte, nous l'avons rarement rencontré dans
1^ deux (circonstances signalées, et ce qu'on peut affirmer, c'est qu'où trouve
plus fréquemment de la matiléà la percussion; parfois même, on a rencontré
l'anse intestinale tout à fait aplatie (3). Nélatoo avait donc raison quand il
disait que la sonorité n'existe guère que dans les hernies volumineuses.
M. Gosselin, tout partisan qu'il soit de l'engouement gazeux, reste lui-même
dans le doute à cet égard; pour luiy l'état dans lequel il a habituellement
trouvé les anses intestinales pendant l'opération, l'empêche de considérer
la théorie comme irréfutable. Au surplus, si nous nous rappelons tout ce
qui a été dit précédemment sur la minime quantité de gaz contenue dans
le tube intestinal, sur sa concentration habituelle à l'extrémité de l'intes-
tin grêle, sur la malité de la région hypogastrique, constatée dans un grand
nombre de cas chez l'homme sain, nous n'aurons aucune peine à nous con-
vaincre que la présence des gaz, en quantité notable, dans une hernie étran-
glée, est loin d'être aussi fréquente qu'on le suppose généralement. Toutefois,
avouons-le, ce fait, tout palpable qu'il soit, ne prouve cependant pas que
l'accumulation gazeuse ne puisse parfois devenir la cause réelle des accidents
de l'étranglement herniaire. Certes, nous ne nions pas d'une manière absolue
la possibilité de l'^engouement, eu lui-même; mais nous pensons que les obser-
vations qu'on a invoquées pour établir la puissance de son intervention sont
loin d'être probantes. Nous trouvons, ça et là, dans les annales de la science,
des cas de dilatation, parfois considérables, qui ont nécessité des débridements
(i) Benj. Anger. Loc, cit., p. 22.
(â) BulL de VAcad, royale den^éd, de Belgique, année 1869, S*" série, t. III, n** 3.
(5) Goyrand. Encyclographie des sciences médicales, Bruxelles, 1837, livraison d'avril.
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320 MÉftlOIRES ET OBSEUVATIONS.
multiples et étendus. Mais si nous considérons ia facilité vraiment surprenante
avec laquelle nous sommes presque toujours parvenu à aplatir des anses très-
distendues et emprisonnées dans des anneaux parfois fort étroits^ force sera
bien d'admettre qu'une circonvolution pleine de gaz et étranglée par un
anneau toujours inférieur en diamètre à ceux de nos expériences, se réduirait
sans trop d'effort dans la majorité des cas, s'il nY^^ai^ P^s là une autre cause
d*irréductibililé. Je veux bien admettre, en effet, qu'une anse très-volumi-
neuse, dilatée par des gaz, fasse obstacle au taxis, même direct; mais, eu ce
cas, nous le demandons, sont-ce bien les gaz qu'il faut accuser, plutôt que
l'intestin jui-méme; et si celui-ci était vide, m'ais plus ou moins engorgé,
croit-on qu'il serait beaucoup plus facile de le réduire? Dans la négative, que
deviendrait cette influence si prépondérante de raccumulalion gazeuse? Âpres
tout, il ne nous en coûte nullement de faire une concession sur ce terrain ;
nous ne nous refusons pas à croire que celte cause puisse être en jeu jusqu'à
un certain degré et dans des circonstances particulières; mais ce que nous
avons voulu établir tout d'abord, c^est que les gaz n'ont pas l'importance qu'on
leur accorde. -
Si nous avons cru devoir laisser de côté l'examen séparé des diverses obser-
vations auxquelles nous venons de faire allusion,"^ nous ne pouvons négliger de '
reproduire la principale d'entre elles, celle qui les résume toutes et qui con-
stitue le type le plus saisissant de l'engouement gazeux. C'est, comme dit l'du-
teur auquel nous l'empruntons, presqu' « une expérience sur le vivant. (1) »
La voici in extenso, à cause de son importance : ; ^
« Le i24 juin, au soir, entre dans la salie Saint Corne, n« !24, à l'Hôtel-
» Dieu, an jeune homme de fo,rte constitution^ qui venait d^élre blessé. Une
» b,alle était entrée dans le flanc gauche à sa partie moyenne; elle avait péné-
» tré un peu obliquement et fait, un trou du diamètre ordinaire de la^ plaie
» d'entrée d'une balle de calibre; elle était restée dans le ventre; on voyait
» par cette ouverture la surface d'une anse intestinale sans lésion. On appliqua
1 un pansement ordinaire; les douleurs étaient très-vives. Le lendemain de
bonne heure, le malade fait appeler auprès de lui; les douleurs avaient
» beaucoup augmenté. O.i lève le bandage et on trauve une hernie de l'intestin
grêle. Il y a au dehors une anse d'environ 5 ))0uces de longueur, couchée au
» devant de l'abdomen ; elle est très-tendue, renitente ; la surface en rosée,
» injectée. Je portai de suite la main sur les parois du ventre; elles étaient
» fortement contractées, non dépressibles. Le chirurgien essaye immédiate-
« ment de réduire; il comprime l'intestin, cherche à faire rentrer les parties
» les plus voisines de l'ouverture. La hernie diminue un pou de volume sous
» la pression des doigts ; mais aussitôt qu'elle peut s'y soustraire en un point,
(!) Guyton. Loc.cit,^p. 17.
>
»
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 321
> la tension des gaz la gonfle de ce côté, et la tumeur prend ainsi une mobi-
» iité de forme qui la rend difficile à maîtriser. Je surveillais avec la main, la
> contraction des muscles abdominaux ; des douleurs très-vives l'augmentaient
» encore par instants et Ton voyait Tartse intestinale se distendre encore davan-
> tage. Deux fois, il y eut apparence de réduction* partielle, mais l'intestin
» s'était glissé sous la peau de Tabdomen et formait une tumeur au côté in-
» terne de la plaie. Le chirurgien introduisit le doigt avec précaution, parvint
> à une aponévrose qui faisait anneau, l'entama avec le bistouri boutonné,
> reprit le taxis et ne réussit pas encore. Il fallut débrider sur plusieurs
» points; alors la réduction fut obtçnue. » , ^
Après cette réduction, M. Guyton ajoute :
c L'ouverture de sortie était un anneau dépourvu de contraclilité; le chirur-
> gien constata avec le doigt qu'il était formé par une des aponévroses de
» l'abdomen ; les fibres musculaires coupées par la balle s'étaient rétractées
»et laissaient saillir cette espèce dç diaphragme au milieu du conduit qui tra-
» versait la paroi antérieure du ventre. »
Comme on le voit, il y a une grande analogie entre cette observation et
quelques-unes de nos expériences : annriau étroit, aponévrotique (l'anneau
musculaire s'était retracté); anse mise à nu, dilatée par des gaz; compression
de la masse viscérale; étranglement, difficulté de la réduction : tout s'y trouve.
Voilà un fait, très-sérieux, incontestable, d'engouement gazeux. Mais il y a dans
cette observation, comme il doit nécessairement exister pour la théorie géné-
rale défendue par M. Guyton, un élément spécial, la contraction musculaire
permanente qui entretient la dilatation et empêche la réduction ; or, celte con-
traction, hon-seulemenl permanente, mais même, intermittente, comme le veut
M. Bertholle(t), nous l'avons cherchée dans un« foule d'observations consi-
gnées dans les divers recueils scientifiques^ ainsi que dans bon nombre de
faits qui nous sont personnels; mais nous devons à la vérité de dire que nous
ne l'avons rencontrée qu'exceptionnellement (2). L'observation très^curieuse et
très-intéressante de M. Guyton ne prouve donc rien jusqu'ici quant à, la thèse
générale dç l'engouement gazeux, et reste encore elle-même une exception;
d'un autre côté, si npus la rapprochons des expériences où nous avons essayé
de réaliser des conditions identiques, y compris la compression énergique des
parois du ventre; si, en outre, nous nous souvenons de la facilité surprenante
avec laquelle l'anse intestinale étranglée s'affaissait sous les doigts, nous nous
demanderons si un ta^is méthodique et soutenu ne serait pas parvenu a faire
refluer dans l'abdomen les gaz empHsonnés. Pour nous, nous sommes tenté,
(i) Du mode d'action des muscles dansH* étrangle ment herniaire et de l'emploi du cMo-
rof, et de la syncope comme adjuvants du taxis» Paris, 1858.
(2) V. notre travail sur V Action des muscles dans l'étranglement herniaire^ m HuU,
de V Académie.
41
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522 iMjÈMOJRES ET OBSERVATIONS.
ici encore, d'altribuer la principale cause de rirréductibiiité à Tengorgement
du viscère lui-même dont c la surface est rosée, injectée i, et dont le volume
et la longueur (cinq pouces), ne^ouvaient s'accommoder d'un oriGce aussi
exij^u. L'engouement gazeux, dans la véritable acception du mot, ne peut donc
exister qu'à tilre exceptionnel.
Le mouvement de torsion que nous avons vu assez rarement se produire, dans
les circons(ances les plus variées, ne peut, lui-même, être invoqué comme ad-
juvant de l'action des gaz, car nous savons que le taxis d presque toujours
réussi à aplatir les anses tordues et dilatées; que serait-ce, en effet, qu'un
étranglement qui céderait aussi facilement à cette manœvre. Quand on consi-
dère enfin le peu d'obstacle que rencontre la circulation du double Courant
gazeux à travers les pédicules les plus 'étroitement comprimés, on ne peut plus
conserver le moindre doute sur* Tcxactitude de la doctrine qUe nous défendons.
Mais il y a bien plus encore : cette circulation elle-méne trouve son point
d'appui et son explication dans un phénomène curieux qui a été entrevu, mais
qui est resté lettre morte pour ^plusieurs de ceux qui l'ont rencontré; nous
voulons parler de cet amincissement presqu'rnstantané du pédicule par le fait
de là constrictioii ; et ce qui se passe, alors qu'il n'y a pas encore d'ulcération,
aura lieu h plus forte raison, quand un travail plus avancé dé désorganisation
sera venu compliquer la scène pathologique. M. Nicaise, dans différente
endroits de son livre, signale cette réduction d^ volume et la diminution
d'épaisseur des tuniques intestinales, mais il ne s'en occupe qu'au point
de vue du travail ulcératif dont elles sont le prélude. Quant aux conséquences
qui pourraient en résulter directement pour l'étranglement lui-même, il semble
ne pas les avoir remarquées; appréciant l'opinion de M. Ghassaignac sur
l'affaissement des tuniques en certains cas, il s'exprime ainsi : < Pour M. Ghas-
saignac, l'affaissement peut exister aussi dans la section partielle des tuniques
intestinales; il y aurait alors deux sortes d'affaissement, lun par cause méca-
nique, et l'autre sphacélique. Cette opinion n'est appuyée sur aucune observa-
tion, et pour qu'il y ait affaissement sans gangrène, l'existence d'une perfora-
lion paraît nécessaire. » (i)^
Cette diminution dans le calibre du pédicule, comment s'opère-l-elle? Il se
fait là, à n'en pas douter, un mouvement intime de résorption successive des
éléments qui composent les diverses tuniques; les liquides en sont d'abord
exprimés, puis la trame elle-même ne tarde pas à disparaître. Pour en arriver
là, il n'est pas nécessaire que l'anneau constricteur soit appliqué**d*une manière
très-inliine sur le pédicule, et ce qui le prouve, c'est que ce travail se continue
fatalement jusqu'à la perforation, bien qu'un commencement d'amincissement ou
d'ulcération doive rendre du jeu à l'intestin et fasse cesser le degré dexon^-
(1) Nicaisc. Loc. ciUy p. >iL
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 525
iricti.on qu'il subissait au début. Pour nous, cet effet, réellement remarquable,
a une importance majeure; il rend parfaitement compte de certains phéno-
mènes, restés inexpliquésjusqu*anjourd'hui. Ge-que M, €hassaignac a avancé(I)
, est bien réel, mais nous irons plus loin que l'ancien cbirurgien de Lariboisière,
em disant qu'il n'y a pas même besoin d'ulcération de la muqueuse seule, ou
de la muqueuse et de la musculeuse réunies, pour qu'une anse d'intestin re-
prenne une certaine liberté sous l'anneau et par suite fasse perdre aux symp-
tômes d'étranglement leur acuité primitive. En outre,' il est arrivé à tout le
monde de sentir une hernie plus ou moins volumineuse diminuer sous l'effort'
du taxis, en même temps que l'on conalalait le ramollissement de la tumeur et
que Ton percevait le jeu des liquides el des gaz traversant en partie le point
rétréci, et cela sans que la réduction put encore s'obtenir. Il y a plus; cette
réduction ellje-même peut avoir lieu en certains cas, comme nous l'établirons
dans un instant. D'un autre côté, n'a-l-on pas vu fréquemment des hernies
présentant tous les symptômes classiques de l'étranglement, sans que l'on con-
statât à l'autopsie ou pendant Popération une constriclion qui rendît compte et
de ces symptôfnes et des désordres analomiques; c'est qu'alors le pédicule était
considérablement réduit de volume et permettait une liberté relative de l'in-
testin dans l'anneau. Pour noire compte, nous pourrions citer à l'appui, plus
d'un fait de ce genre, observés dans notre pralique. Un bel exemple de cet
amincissement des tuniques est rapporté par Jobert, et emprunté à la clinique
de Richerand. Il s'agit d'une hernie inguinale étranglée depuis 24 heures,
rebelle au taxis el autres moyens. A l'ouverture du sac, l'intestin est noir, sans
adhérences; sa température est diminuée ; sa^ surface, malgré cela, était lisse
et luisante, (analogies avec Ijes côndilions de quelques-uneâ de nos expériences,
notamment la 7«), il avait évidemment triplé de volume, il résistait à la pres-
sion et conservait sa forme tubuleuse « La réduction fut assrz facile après
le débridement; certainement, on eût pu réduire ce viscère sans y avoir
recours, tant la constriction était peu considérable..,., >» (2)
0n rencontre des conditions analogues dans les étranglements internes, qui
en défînitive ne sont qu'une seule et même maladie avec les étranglements
herniaires proprement dits. Pour rendre plus frappant le phénomène que
nous signalons, nous reproduirons ici une planche fort bien faite que nous
rencontrons dans la thèse de M. Mony (3). (PI. 3.) Le texte ne dit presque
rien de celte liberté si apparente du pédicule, ce qui prouve que l'auteur n'y
a pas attaché grande importance. Pour nous, ce dessin, pris sur nature, se *
passe de commentaires et vaut toutes les descriptions.
(() Traité clinique et pratique des opérations chirurgicales. Paris, 1862, t. Il, p. 670.
(2) Traité des maladies chirurgicales du canal intestinal. Paris, 1829, t. II, p. 32.
(3) Mony. Considération sur l'étratiglement de l'intestin par leê brides periton, Paris,
HQ0,Thè8einaug,P. II.
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324 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Nous^ voyons, consignée dans un Iriavail plus récent (i), une expérience qui
complète notre thèse et qui cadre parfaiiement avec nos recherches person-
nelles. L'artèr^ et la veine fémorales sont comprises dans le même lien con-
stricteur qa*un intestin étranglé, gour prouver que cet intestin peut s'étran-
gler, sans que la circulation elle-même soit enrayée. L'expérience est faite ^
une. heure un quart; Tanimal meurt dans ^la nuit. L'anse est très-foncée, à
peu près noire; cette coloration s'arrête d'une manière brusque au niveau du
lien. « La compression que celui-ci exerce sur Tinteslin et les vaisseaux
réunis est plus faible que je ne Taurais cru. Je puis passer avec facilité, entre
ce lien et les organes qu'il entoure, simultanément une ^onde de femme et une
sonde cannelée, sans que ces deux instruments paraissent bien serrés ».Et
pourtant la constriction primitive avait, été assez forte, au point de laisser
simplen>€nt s'opérer la circulation dans les deux vaisseaux; f^our arriver à cet
effet, il faut nécessairement que le lien s'applique immédiatement sur les
parois des organes emprisonnés. '
Cette liberté relative du pédicule des hernies étranglées a servi d'argu-
ment aux défenseurs de la doctrine du pseudo-étranglement. Quand ils rencon-
trent un cas de ce genre^ ils prétendent qu'il n'y avait pas d'étranglement et
les exsudats constatés parfois sur l'anse herniée sont rapportés à un travail
inflammatoire primitif. Exemple, relaté par M. Broca {i) et emprunté à Pott.
Hernie congénitale étranglée. À l'opération, on trouve une anse, adhérente et
couverte de taches gangreneuses. Le doigt passé dans l'anneau ne constate pas
le plus léger degré d'étranglement. Nous savons maintenant quelle signification
il faut donner à pe défaut de constriction. Pour M. Broca, cette gangrène de
l'intestin est le résultat, non de Tétranglement, mais de l'inflammation.
Au point de vue des gaz et des liquides, quelle sera la conséquence de cette
liberté dont jouira le pédicule à un moment donné? Evidemment^ ils pourront
s'échapper plus ou moins facilement, soit sous le jeu des mouvements péristal-
tiques de l'inlestin, libre dans l'abdomen, soit sous l'influence du taxis. L'en-
gouement liquide ou gazeux devient donc de plus en plus impossible et la
persistance de l'irréductibilité doit incontestablement être rattachée à une autre
cause. Nous proposerions, dès maintenant, non pas précisément de rayer ces
agents, surtout les gaz, du cadre étiologique de rétranglement, mais de ne
plus leur accordeV qu'une valeur tout à fait secondaire, s'il ne nous restait à
. aborder un nouvel ordre d'objections dont nous ne nous dissimulons pas l'im-
portance. Depuis ces derniers temps, on a fait grand bruit d'une méthode de
traitement de l'étranglement, aussi prompte et facile qu'inoffensive. L'aspira-
tion des liquides et des gaz contenus dans l'anse herniée ne peut manquer de
V
(1) Bax. De Vétrang, dcAhem.parVann. crural. Paris, 1869. Th. inaug.y p. 24.
(2) Broca. Loc. cit,, p. 62.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 325
nous être opposée comme Id condamnation sans appel du point doctrinal que
nous avons lente de faire prévaloir.
Les premiers chirurgiens qui eurent la pensée deponctionner Tintestin dans
la hernie étranglée sont, au dire de Mérat (1), A. Paré, Pierre Lawe, Van
Zwieten. Nous avons déjà vu (p. 72) que Pigray avait donné le même conseil.
Pott avait au^si préconisé le même moyen (Tirman, p. 16.) Ils se servaient
d'aiguilles, qu'ils enfonçaient dans Tanse^ étranglée, mise à nu. Méral avait
déjà compris ce qu'il y avait de défectueux dans la simj>le acupuncture et il
avait proposé de substituer â t'aiguille un trocart fin qui permit le passage
facile du contenu du viscère au dehors. En 1825, Levrat réalisa cette idée
en faisant fabriquer une sorte de trocart explorateur pour la ponction
intestinale dans la tympanite. Ce ne fut, croyons-nous, qu'en 1855 qu'on
fit usage, pour la première fois, du trocart capillaire dans le traitement de
l'élranglement herniaire. Cet essai fut tenté par M. Long, dont l'observation
fQt publiée dans la Revue thérapeutique du Midi (2).
En 1858, Lenoir employa le même procédé à l'hôpital Necker (5).
Plusréeemmentencore, Néla(on(4), MM.GosseHn (5) et de Roubaix (6), indi-
quèrent les services que pourrait rendre cet instrument en pareilh^s circonstances.
Mais l'histoire de la ponction des hernies devait entrer dans une voie toute
nouvelle, le jour où M^ Dieulafoy présenta à TAcadémie de médecine ses appa-
reils et son mémoire sur l'aspiration souscutanéé. Quoique M. Duplouy de
Rochefort ait eu la bonne fortune d'employer le premier cet ingénieux instru-
ment, c'est bien à M. .Dieulafoy que revient tout Thonneur de la découverte.
En effet, c l'aspiration sous-cutanée, dit-il, est encore destinée â expulser le
gaz qui s'accumule en si grande quantité dans les occlusions intestinales et qui
devient dans d'autres circonstances, un des obstacles à la réduction de cer-
taines hernies > (7).
Nous avons réuni tout ce que nous avons pu d'observations dans lesquelles
cette méthode d'évacuation a été mise en œuvre. Nous les analyserons succes-
sivement au point de vue de la thèse que nous discutons, en commençant par
celles où le trocart sans aspiration a été employé.
(i) Autun. Traitement de la hernie étranglée par aspiration sous-cutanée, Th, Paris,
1871, p. 17.
(2) Brun-Buisson. De la ponction aspiratrice comme moyen de réduction dans les
hernies étranglées. Th. Paris, 187^, p.. 23.
(3) Bull, deja Soc, anal. 1858, p. !26,3 et dans la thèse de Ranioiid. Des causes de la
mort après f opération de la hernie étr. Paris, 1866, p, 22.
.(4) Elém. de pathol. chir. T. IV.
(5) Leçons sur les hernies .
(6} Bulletin de V Académie de médecine de Belgique. 1869.
(7) Séance du 2 novembre 1869. V. aussi la thèse de Lecerf. Trait, de l'éïr. hern. •
1872, p. 19.
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326 MËBfblRES ET OBSERVATIONS.
Obs. i. — Hernie inguinale étra^nglée dans un effort, c Tumeur volumi-
neuse, demi-molle, fluctuante. > Taxis réitéré, infructueux; « un trocart de
5 millim. de diamètre est enfoncé dans la partie moyenne de la tumeur : il
s'écoule 60 grammes de sérosité sanguinolente, noirâtre, semblable à une forte
décoction deicafé. De suite, et sans effort, la bernie rentre dans l'abdomen. »
Symptômes çholériformes. «Mort. (<)
Réflexions, -- Remarquons qu*à sa sortie, la tumeur est mollesse, nalle-
ment tendue. Elle contient un liquide, sanguinolent, sans trace de gaz. Ce dé*-
faut de tension sufïit pour nous prouver que le contenu n'était pas toute la
cause de l'étranglement ou de l'impossibilité de la réduction. Et puis la nature
du liquide indique qu'il ne s'est produit qu'après coup, par le fait de la cons>-
Iriclion; Tctranglement dépendait donc d'une autre cause. Au reste, il ne
pourrait être question ici que d'un engouement liquide; l'engouement gazeux
n'existe pas.
Nous apprécierons plus tard, d'une manière générale, te mode d'action de
la ponction, dans la rentrée plus ou moins rapide de la hernie en pareil cas.
Obs. il — Hernie crurale irréductible depuis sept ans. Etranglement avec
sensation de déchirure, dans un effort. La tumeur, du volume d'une ponrnie,
est très-dure. Un traitement antiphlogistique amène un soulagement marqué.
Quelques jours après, recrudescence. Signes de suppuration profonde.
Ponction avec le trocart explorateur. Sortie d'un verre de pus. Pas do gaz (I).
Réflexions, — Il y a eu dans ce cas déchirure d'une adhérence intrasaccu«-
laire; peut-être, une portion plus considérable d'intestin est-elle descendue
dans le sac. Il y a eu étranglement d'emblée et inflammation consécutive. Ici,
ni les gaz, ni les liquides intestinaux n'ont été en cause.- Le pus, apparemment,
était en dehors de la cavité et lors de la ponction les selles avaient repris leur
cours.
Obs. IIL — Hernie crurale, très-volumineuse, étranglée, formée en majeure
partie par une anse, fortement distendue par des gaz. Taxis répété resté ineffi-
cace; t la ponction est pratiquée; il jaillit par la canule 60 grammes environ
d'une matière roiigeâtre. A la siïite de cette opération dont la malade n'a* pas
eu conscience, réduction presque instantanée de l*anse herniée. • iMort le len-
demain (S).
Réflexions. — Quoiqu'on nous dise, que la tumeur était distendue par des
gaz, nous ne voyons sortir que du liquide ou pluldt une matière rougeâtre.
Cette matière rougeâtre. ne peut qu'être consécutive à l'étranglement; le con-
tenu intestinal n'a pas cette t,einte. Gomme dans l'observation précédente,
l'étranglement a préexisté.
(1) Brun-Buisson. Loccit.^ p. ^5.
(2) Brun-Buisson, p. 24.
(3) Brun- Buisson, p. 26.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 527
Oos. IV- — Hernie inguinale étranglée. Taxis infructueux. PoncUon avec le
troearl explorateur, u II sort un peu de gaz et un peu d'une bouillie noirâtre,
analogue à du mare de café et ayant Todcur fécale. Une seconde ponction ne
fait sortir ijuedç la sérosité sanguinolente provenant du sac. Le taxis n'amène
aucune amélioration et Topération est pratiquée sur-le-champ. » ^On trouve
c une masse énorme d'intestin distendu -par des gaz. La surface externe de ces
intestins est noire et dépolie en certains points. Il y a déjà gangrène de la
couche superficielle, surtout dans la portion du sac la plus Interne. > Etran-
gement très-serré; réduction encore impossible, elle ne s'obtient* que par un
double débridement. Mort le jour même (I).
Béflexians. — Cette hernie rentre^ dans la catégorie de celles que nous
examinons plus loin. En supposant que Tanse eût été complètement
vide, il est à présumer qu'elle n'eût pu repasser à travers un orifice aussi
étroit. C'était donc bien plutôt la masse elle-même des tuniques qui était en
cause; et ce qui srmbie le prouver, c'est i'insuccés de la ponction. Au surplus,
si les gaz avaient distendu énergiquenient l'intestin au point de causer l'étran-
glemeni par l'accollement intime des parois 4'une contre l'autre, ils se seraient
échappés tout aussitôt à travers l'issue qu'on leur présentait. Et s'il n'a pas été
possible de les refouler dans l'abdomen, il ne faut rapporter cet insuccès qu'à
la difficulté de manier une circonvolution aussi considérable et à l'insuffisance
probable de pression?, nécessitées par la gravité des lésions constatées. Nous
avons, en général, dans nos expériences, obtenu trop facilement le passage de
l'air ou des gaz à travers des pédicules d'aune étroitesse extrême pour que nous
conservions le moindre doute à cet égard .
(La fin au prochain nP.)
Grangrêng scorbutique ou purpurique, a htarche rapide, des membres infé-
rieurs CHEZ UN YIEILLARD DEPUIS LONGTEMPS INCOMPLÈTEMENT PARAPLÉGIQUE,
DONT LA PARALYSIE, ACCOMPAGNÉE DE DÉMENCE INCOMPLÈTE, TENDAIT A DEVENIR
GÉNÉRALE ; par le docteur Liégey, membre honoraire de la Société à Choisy-
le-Roi [Seine). '
Ce cas tout récent vient faire naturellement suite à celui auquel j'ai donné
pour titre : Dermatose gangreneuse scorbutique ou purpurique des mains.
OBSERVATION. — Le sujet de cette observation était un ancien capitaine
mort à l'âge de 75 ans, le 3 mars 1875, dans une localité toute voisine de
Choisy-le-Roi.
Quoique de petite taille, il était^ paraît-il d'une constitution primitive assez
forte. Né en Corse, il avait le tempérament et les ardeurs des habitants de ce
(i) Thèse de RamontJ, p. 22.
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328 ' MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
pays, que, cependant, il quitta jeune pour venir en France. Orphelin jeune
aussi, il entra dans les engagés volontaires à Tâge de 16 ans, fit 57 anâ de
service et 52 campagnes, la plupart en Afrique, où, aux causes nocives résul-
tant du climat et de la vie des camps, il ajoute, à un «haut degré, l'excès
d'absinthe, particulièrement nuisible dans un pays bhaud. Sous TinAuence de
cette dernière cause surtout, lorsqu'il était lieutenant, il fut pris d'une sorte
de manie, pour laquelle on avait été sur le point de le renvoyer dans ses
foyers, mais qui se dissipa après un séjour de trois mois à rhôpital. Il avait
renoncé tout à fait à Tusage de cette pernicieuse liqueur, mais il devait ea
ressentir toujours les effets. Ses membres inférieurs n'eurent plus la force
d'autrefois, et,, même étant encore sous les drapeaux, il lui arriva plusieurs
fois -de tomber par l'unique efiel de Taccroissement subit et passager de ta
faiblesse de ces membres, faiblesse surtout prononcée aux pieds. Bientôt, après
avoir quitté le service» il ne marcha iplus sans Taide d'une, puis de deux
cannes, qui^devinrent de moins en moins suffisantes pour le soutenir. Alors
aussi, depuis longtemps, il éprouvait parfois de la céphalalgie et des vertiges
passagers, et ses facultés mentales commençaient à s'affaiblir. En 1870, après
le chagrin causé par la perte récente de son épouse, il eut cruellement à
souffrir des misères de notre funeste guerre., Arraché de sa demeure, et jeté à
quelques lieues de là, par les Prussiens, dans une froide prison, il se vit sur
le point'd'étre fusillé, étant, bien à tort, regardé comme* espion. A son î-etour,
il trouva sa maison dévastée et, bientôt, il eut Tes ennuis d'un procès, dont il
ne devait pas voir la Gn. C'en était beaucoup trop pour son moral et son'
physique; aussi, en était-il arrivé à un état de démence incomplet, intermit^-
tent, mais qui ne pouvait que s'accrottre; aussi, depuis longtemps déjà, ne
pouvait-il plus marcher un peu, même dans son ^appartement, qu'à l'aide de
béquilles, et la paralysie, qui évidemment dépendait de l'altération des centres
nerveux cérébro-spinal, tendait-elle à devenir générale, ce que montraient
surtout la difficulté croissante, parfois très-grande, de la parole et certains
tics. La paraplégie, dans ces derniers temps, étant plus prononcée, sans
cependant être complète, et les vertiges étant aussi plus fréquents, les chutes
étaient également plus fréquentes. t
Le dernier jour de décembre dernier, ce vieillard, en tombant sur son
parquet, se fit, au pied droit, une entorse légère, dont, au bout d'une quin-
zaine, il ne restait qu'un peu de gonflement, non douloureux, au coude-pied.
Mais, à partir de cet accident, et coïncidemment avec des circonstances dont il
sera question dans une note servant d'appendice à celle ci, son état général
s^aggrava d'une manijère sensible : il ne put plus guère quitter le lit, il éprouva
une dysphagie croissante, dépendant à la fois de la paralysie et d'une éruption
d'aspect Scorbutique, éruption qui, bientôt, se manifesta aussi dans la bouche
et sur les lèvres, pendant que, dans les selles, rares et glaireuses, se montrait
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 329
parfois un peu de sang et que les paupières ctnient chassieuses el violacées.
Le malade ne prenait presque plus de nourriture e( n*accep(ait, pour boisson
et médicament, qu'un peu d'eau vineuse additionnée de sirop de quinquina.
Par moments, surtout la nuit, il accusait de vives douleurs à la région lombo>
sacrée, au bas de laquelle ne larda pas à se former une plaie gangreneuse; il
accusait aussi des douleucs fulgurantes dans les membres inférieurs et surtout
au pied droit, lequel, vers le 20 février, devint sensiblement plus tuméfié,
rouge violacé, et le siège d'une grande hypérest-hésie.
Le 26, je trouve ce pied froid comme le marbre, insensible au toucher et
offrant la dénudation du derme dans Tétendue de la paume de la main, Tépi-
derme formant phlyclène ayant été enlevé par le fro.tlemeni de l'autre pied,
qui commence à être froid aussi. Le froid s^étend, aux deux membres, jusqu'à
la partie moyenne des jambes, au-dessus de laquelle, ainsi qu'aux cuisses, à la
partie postérieure du tronc et à l'abdomen, se voient de larges suffusions san-
guines, et je constate, aux poignets et au dos des mains, de petites taches len-
ticulaires violacées également et semblables à celles dont, chez Thomme à la
dermatose gangreneuse des mains, les ecchymoses plus ou moins- larges des
membres inférieurs étaient entreniélées. Chez le vieillard, au dos de la main
gauche commençant à se tuméfier, existe, en outre, une petite bulle sanguine
assez semblable aussi à celles qui, chez cet autre malade, servaient comme de
satellites aux larges phlyctènes. Il y a suintement de sang par le bord des pau-
pières, et la salive que, ne pouvant plus Tavaler, le malade rejette péniblement
de temps en temps, est sanguinolente. Le pouls, variable de fréquence, se
laisse facilement déprimer; mais, malgré l'expression d'hébétude, l'expression
typhique et la prostration^ rinlelligence, chose digne de remarque, est, par
moments du moins, plus nette qu'elle ne l'était peu de temps avant l'invasion
de la gangrène, ce qiuc montrent surtout les gestes de la tète, qui ont presque
entîèremenl remplacé la parole, devenue presque incompréhensible.
Le 27^ large phlyctène au pied gauche, qui a la même algidilé que le droit,
algidité beaucoup montée; suintement sanguinolent entre les orteils. L'anaU
gésie des parties algides semble compensée par l'hypérésthésie de la' plupart
des autres' parties, notamment du dos de la main gauche, que Ton jie peut
même très-légèrement toucher sans arracher un cri perçant à l'infortuné
malade, qui, cependant^ sous l'influence des douleurs spontanées, heurterait
à tout moment cette main contre la léte de son bois de lit, si l'on n'avait
interposé un oreiller. Par moment, il a dans le membre supérieur gauche^
comme il a eu peu de temps auparavant dans le membre inférieur du, même
côté, une contracture tétanique invincible. Depuis plusieurs jours, il rend
tout sous lui, par l'effet de la paralysie des sphincters, ce qui me prive d'ana-
lyser l'urine.
Dans la nuit du 2 au 5 mars, à minuit, tout signe de connaissance et tout
42
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330 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS,
mouvement cesse de se produire : il tombe dans le coma, et, le 3, à onze
heures du matin, Tenflurç de la main s'affaisse tout à coup, puis il expire.
Immédiatement après la mort, on vit s'accentuer encore Taspect de la
décomposition qui, dans les derniers moments de la vie, faisait déjà ressembler
cet homme à un cadavre en grande voie de putréfaction, et il en fut de même
de* Todeur sui generis. Quand un flot de matière sajiguinolente, noirâtre, se
fut échappé de sa bouche au moment où on Tinclinail en l'ensevelissant, cette
odeur fut telle qu'un jeune homme, le domestique, présent à cette opération,
eut une syncope et que Tensevelisseur commença à défaillir lui-même. Partie
de la chambre mortuaire, où, à cause de l'apposition des scellés, on avait laissé
des couchages, l'abominable odeur, d'ailleurs transportée par le cercueil, qui
laissa écouler du liquide sur l'escalier intérieur, et par les draps du lit et
d'autres linges macérant dans l'eau ou séchant dans le petit jardin attenant à
la maison, était encore assez prononcée, malgré l'emploi du phénol, comme je
le constatai le 9, étant appelé pour des accidents évidemment causés par cette
émanation septiqiie. Ce domestique et sa sœur, restés, avec un enfant de deux
mois qu'elle allaite, seuls habitants de cette maison, éprouvaient un malaise
général, un sentiment de sécheresse de la bouche et du gosier, et de la diarrhée.
Le jeune homme, pour qui j'étais spécialement demandé, avait, en outre,
éprouvé plusieurs accès épileptiformes dont il n'avait^ assurait-il, jamais été
atteint auparavant, et, à tout moment, comme il le fit en ma présence, il accu-
sait, en portant les doigts vers son cou, un sentiment de constrîction laryn-
gienne, constriclion véritablement spasmodique. Un homme de 84 ans, qui,
après avoir veillé le mort jusqu'au moment de la cérémonie funèbre, va de
temps en temps à la maison mortuaire, se plaignait également de sécheresse
au gosier et de diarrhée, phénomènes qu'il ne se rappelait pas non plus avoir
jamais éprouvés. Enfin, la fille de celui-ci, laquelle s'occupe du linge sale,
éprouvait, également encore, un grand malaise. Chose remarquable, au milieu
de tout cela, la petite fille continuait à jouir d'une bonne santé; il est vrai
qu'oii la tenait dans la pièce où Todeur se faisait le moins sentir. Je recom-
mandai tout d'abord de se faire autoriser à éloigner de celte demeure au plus
vite les couchages et tous les objets infectés, de faire laver le parquet, l'escalier
avec l'eau phéniquée ou chlorurée, et d'aller le plus possible respirer l'air
pur; puis, à tous aussi, je conseillai l'usage du vin de quinquina; au jeune
homme, en plus, un vésicatoire formant demi-cravate à la partie antérieure du
cou, et, à cause d'une apparente périodicité dans la reproduction des accident»
épileptiformes, une dose quotidienne de 60 centigrammes de sulfate de qui-
nine. Mes recommandations furent suivies et, le 13, jour de ma dernière visite,
l'odeur n'était plus appréciable; tousse trouvaient mieux : le jeune homme,
notamment, n'avait plus que, de loin en loin^ avec un reste de sécheresse du
gosier, un peu de spasme laryngien.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 551
Rèflexiom. -— Il y aurait aussi à en faire beaucoup au sujet de ce cas ; mais
je me bornerai aux suivantes :
Si, par impossible, ce vieillard eût vécu encore quelques jours, la gangrène
serait devenue pour ainsi dire générale et parallèlement à la paralysie.
Lors même que Ton eût pu administrer des remèdes actifs, cette gangrène,
d*emblée profonde et à marche quasi-fdudroyante chez un homme aussi avancé
en âge, n'aurait pu élre arrêtée, parce qu'elle ne dépendait pas, comme la
gangrène superficielle de Tautre malade, simplement de l'association d'une
perturbation nerveuse fébrile avec raltération scorbutique ou purpurique du
sang, chose déjà grave, mais de la dualité de cette altération sanguine à son plus .
haut degré et de la cessation rapide de l'action nerveuse sur les vaisseaux par
l'effet de la myélite arrivée à sa dernière période.
Comme je l'ai dit, je n'ai pais été à même d'analyser l'urine. Y aurais-je
trouvé du sucre? C'est possible; mais, alors, la production de ce sucre eût
très-probablement été l'effet de la gangrène ou du scorbut; car, avant l'affec-
tion gangreneuse scorbutique, le malade n'avait absolument rien offert
qui pût faire penser à la glycosurie : jamais, par exemple, il n'avait eu ni
soif excessive, ni boulimie. Le résultat de l'analyse n'en eût pas moins été
intéressant.
J'avais déjà observé plusieurs cas de gangrène des membres inférieurs à
marche rapide. H s'en trouve deux dans mon Mémoire sur la Constitution
médicale d'une contrée de la Meurthe et des Vosges. (Journ. de la Société
royale des sciences méd, et nat. de Bruxelles, 1852, 1853.)
Voici, telle quelle, une de ces observations : *
t Une femme de 80 ans, vivant d'une manière misérable, jouissait néanmoins
généralement d'une bonne santé, à part des douleurs névralgiques rhumatis-
males auxquelles elle était sujette depuis quelques années. Au mois de juillet
1-851, après avoir éprouvé, pendant quelques jours, des douleurs le long de. la
jambe gauche, elle s'aperçut un malin en s'éveillant, que ce membre était
bleuâtre, froid comme le marbre, et insensible au toucher. Appelé près de
cette femme, j^emploie en vain les toniques et les stimulants à l'intérieur et à
l'extérieur; la réaction n'a pas lieu; tous les phénomènes de la gangrène:
phlyctèncs, momification du membre tout entier se produisent, et la malade
succombé en très-peu de temps, i
Dans^ un cas adressé en 1854 à la Société de médecine de Lyon, il est ques-
tion d'une femme très-âgée aussi, chez laquelle, en huit jours, les deux
membres inférieurs furent sphacélés. Je citais ce cas avec d'autres cas de gan-
grène, dans le but principalement de montrer la ressemblance existant entre
la gangrène que j'observais vers cette époque avec une fréquence relative, et
la gangrène résultant de Tergolisme, ressemblance que j'avais déjà indiquée à
l'article Étiologie du mémoire précité.
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535
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Chez le vieil officier, comme chez l'homme à la dermatose gangreneuse scor-
butique ou purpurique des mains, la gangrène était venue à Foccasion d'une
cause traumatique paraissant de peu d'importance (légère entorse du pied chez
Tun, et égratignures légères du dos des mains par des lapins, chez Tautre) ;
chez tous les deux aussi, c'est à Tendroit lésé qu'a commencé le mat.
iMais ce qui rapproche le plus les deux faits, c'est la circonstance de la pro-
duction de la gangrène dans le purpura hémorrhagique.
II. REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Médecine et Chirurgie.
Absorption des médîoaments chez les
nouveaux-nés par le lait de la nourrice.
— Certains principes introduits dans l'éco-
nomie de la fenime qui allaite peuvent être
éliminés par le lait; c'est là un fait qui
vient d'être mis hors de doute par le doc-
teur Lewald.
La relation des expériences entreprises
à ce sujet par ce médecin distingué a eu
lieu dans les Annali universalidi medicina
e chirurgia, du mois de mai 4875, et dans
le Lyon médical du 20 juin 1875.
Les substances que Tauteur a examinées
au point de vue de leur élimination par le
lait sont : le fer, le bismuth, l*iode et ses
composés^ farsenic, le plomb, le zinc, Tan-
timoine, le mercure^ l'alcool et quelques
narcotiques. Il s'est servi de la chèvre dans
' ses noinbreustîs expériences. Une dose
connue du médicament était administrée
a l'animal et quelque. temps après le lait
était méthodiquement examiné.
Voici les principales conclusions qui dé-
coulent des très- nombreuses expériences
de Tauteur :
i^ On peut administrer au nourrisson
une plus grande quantité de fer par le lait
de la mère que par quelque autre moyen
que ce soit ;
2° Le bismuth s'élimine également par
le lait ; on l'y trouve quelque temps après
ringéstion, mais en très petites quantités.
0° L'iode n'apparait dans le lait que
quatre-vingt-seize heures après son inges-
tion. L'iodure de potassium, donné à la dose
de 2,50 grammes, par jour, y.paralt quatre
heures après son ingestion et Ton continue
à l'y constater pendant onze jours ;
i** L'arseulc apparaît dans le lait au bout
de dix-sept heures, et son élimination n'est
complète qu'en soixante heures ;
5<' Quoiqu'une des préparations les plus
insolubles^ l'oxyde de zinc s'éhmine cepen-
dant par le lait, et il est probable qu'il en
est de même des autres composés de zinc ;
un gramme d'oxyde de zinc se retrouve
dans le lait au bout de quatre <à huit
heures, et il disparait aussi vite que le fer,
car après cinquante ou soixante heures on
n'en trouve plus dans la sécrétion mam-
maire ;
6<> L'élimination de l'antimoine est un
fait au^i incontestable ; il sera bon d'en
tenir compte dans l'allaitement. On peut
en dire autant des préparations mercu-
rielles;
7" Il n'est pas démontré que l'alcool et
lès narcotiques soient éliminés par le lait;
8** Le sulfate de quinine passe très- bien
dans le lait, on pourra, donc guérir un
nourrisson de la fièvre intermittente en
administrant le sel quinique à la noi^rice.
Nous venons de voir que d'après le doc-
teur Lewald les narcotiques ne seraient pas
absorbés par le lait, cependant le fait sui-
vant que nous rapporte le Scalpely d'après
le Journal de médecine et de chirurgie de
la Nouvelle- Orléans, tend à prouver que
les narcotiques peuvent parfaitement être
éliminés par la glande mammaire et même
déteroiiner des accidents graves.
Une nourrice soumise à des préparations
opiacées a doses assez fortes communiqua
à son nourrissoA de sept semaines un nar-
colisme qui dura. vingt- six heures et faillit
l'emporter.
Ce fait, ainsi que les expériences du doc-
teur Lewald, nous enseignent que nous ne
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
• 333
devons pas perdre de vue l*enfant de la
femme qui allaite lorsqu'il s'agit d'admi-
nistrer des médicaments d'une certaine
énergie. {Le Scalpel.)
De rantagonîsme entre les maladies
du oœur et ^ la tuberoulisation pulmo-
naire, par PÉTER. — La thèse de Tauleur
est que cet antagonisme n'a rien d'absolu ;
mais il n'en reconnaît pas moins que les
deux maladies sont rarement réunies. La
tuberculisalion pulmonaire est moins facile
chez le cardiopathique, parce que les lobes
supérieurs chez lui sont obligés de fonc-
tionner; c'est là un antagonisme pathogé-
nique qui n'a rien d'absolu. Pour M. Péter
la tuberculose est une forme d'expression
de la déchéance générale de l'organisnie ;
le processus essentiellement rétrograde qui
la caractérise doit donc atteindre les tissus
les moins vivants^ fonctionnant le moins.
Le tissu conjonctif est le moins vivant
(est-ce exact?), c'est lui que préfère le
tubercule ; le cancer préfère au contraire
ceux qui fonctionnent le plus. Le poumon
est surtout du tissu conjonctif, et, d'autre
part, c'est un organe,ne fonctionnant pas,
élénnentairement et vitaiement parlant, il
est passif, pour ainsi dire; c'est une
éponge, une membrane traversée par Tair,
par les gaz ; mais il n'intervient pas dans
les phénomènes de l'hétamose, il n'y par-
ticipe que par une action chimico-vitale*
Les sommets du poumon se prennent
d'abord, parce que c'est la partie du pou-
mon qui fonctionne le moins ; l'affection
cardiaque est un obstacle a la tuberculose,
en congestionnant les lobes inférieurs,
forçant par conséquent les lobes supérieurs
à fonctionner.
A la théorie de l'auteur doit être oppo-
sée celle qui regarde, au contraire, la
tuberculose plus fréquente au sommet,
parce que ce serait précisément le lobe
supérieur qui fonctionnerait le plus, ainsi
que celle de M. Pidoux, qui rapproche- de
la prédisposition des lohes supérieurs à la
tuberculose, le fait embryogénique que
ceux-ci apparaissent les premiers.
{Lytm médical,)
De l'action de la lobéline sur la oircu-
lation. — Le docteur Ott a fait quelques
expériences avec Talcaloïde de là Lobelia
inflàta dans le laboratoire du professeur
Bodwditch à l'Ecole médicale de Harvard.
C'est un liquide huileux, foncé, plus lourd
que l'eau, ayant un goût et une odeur de
tabac. Il le dissout dans de l'eau acidulée
par l'acide acétique, et neutralise exacte-
ment la solution avant de l'injecter. Six
expériences ont été faites sur des lapins
curarisés. Les résultats de. ces expériences
sont les su i vanta:
La lobéline, à petites doses, élève la
pression du sang en excitant le système
vaso-moteur périphérique, le pouls étant
d'abord ralenti, puis accéléré.
La lobéline a été déjà étudiée par Proc-
ter Reinch, Cothoum, William Bastick, etc.
Le docteur Barrallier, qui a fait paraître
en 1864, sur la Lobejtia inflata un travail
fort complet, a signalé l'action de cette
plante sur le cœur, et en particulier l'irré-
gularité du pouls et la diminution du
nombre des pulsations.
{Bulletin général de thérapeutique,)
Etude sur le mécanisme de l'action
de la digitale sur le cœur. — Le docteur
Berdheim, reprenant et discutant les nou-
velles ^ théories invoquées pour expliquer
l'action de la digitale sur le cœur, et en
particulier celle de Traube, démontre que
la digitale agit à la fois sur le système mo-
dérateur et sur la contractilité cardiaque.
A doses moyennes, l'action des 'muscles
l'emporte comme effet sur l'excitation dii
nerf vague, et malgré le ralentissement du
cœur, son travail est augmenté ; à dose
toxique, c'est aussi l'influence sur le mus-
cle qui domine dans la majorité des cas :
le cœur s'arrête en systole et lés nerfs va-
gues n'ont pas encore perdu leur irritabi-
lité. Dans certains cas moins fréquents, le
cœur s'arrête en diastole et meurt en dias-
tole (Vulpian, Mègevand) ; il semble qu'a-
lors l'influence sur le nerf vague soit do-
minante.
Quant à l'action de la digitale sur les
vaso-moteurs, les expériences positives
manquent pour l'affirmer. {Jbid.)
Du traitement de la chorée par
l'hyosciaminé, par OULMONT. — La
substance a été administrée par pilules du
0,00i milligr. ; deux pilules d'abord par
jour, une matin et soir ; augmenter tous
les jours d'une pilule jusqu'à amélioration
ou saturation. Arrivé à la dose de six
pilules, l'auteur n'augmente d'une pilule
que tous les trois jours; il n'a jamais
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534
REVIÎE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
dépassé dix pilales. L'amélioration appa-
raît le huitième ou le neuvième jour.
Malgré le commencement d*une améliora-
tion, Ton peut continuer d'augmenter la
dose. Les phénomènes de saturation sont :
sécheresse de la gorge, mydriase. La
churée parait à Fauteur la névrose agitante
le plus heureusement influencée par ce
médicament. (Lyon médical.)
Œdème malîn traité par l'aoîde phé-
nîque à l'intérieur et en injections
hypodermiques, par F. MÉPLAIN. —
Petite fille de cinq ans; Toedème siège sur
le dos du pied et de la jambe droite.
Injections hypodermiques avec une solu-
tion phéniquée au 50® dans de l'eau dis-
tillée, les injections le premier jour d'un
gramme de solution chacune (2 centi-
grammes d'acide), à 10 heures 1/2 du soir
en dififérents points de Tœdème (c'était le
lendemain du début) ; à Tinlérieur, une
cuillerée à soupe d'heure en heure d'une
potion phéniquée (acide phénique) 0,50,
infusion de tilleul 200, sîi'op de quinquina
50; 6 nouvelles injections à minuit et
demi, 8 injections à 6 heures du matin ;
alterner la potion phéniquée avec une
potion tonique; à 9 heures 6 injections, à
2 heures du soir 5, à 6 heures 5, à
10 heures A, h 7 heures du matin A, à
midi 3, à 4 heures 3, à 9 heures 3, à
9 heures du matin 5, à 2 heures du soir
-4, à 6 heures 4. Le soir, la marche enva-
hissante était déânitivement arrêtée. En
résumé, en trois jours, 63 injections
hypodermiques représentant 4,26 d'acide
et à l'intérieur 1. gramme 50 environ.
{Jbid,)
qui lui aussi avait employé de la rhubarbe
pendant 20 à 30 ans.
(Bévue de thérap. méd.-chir,)
Calcul- d'adide oxalique à la suite de
l'usage de la rhubarbe, par BIDENKAP.
-- Un vieillard de 70 ans qui prenait
depuis 25 ans de la rhubarbe à titre de
purgation, vit se produire des calculs
d'acide oxalique dans son urine : or, comme
la rhubarbe contient beaucoup d'oxalate
de chaux, l'auteur est disposé à rappro-
cher ces deux faits dans le rapport de
cause à efifet. Un de ses confrères a égale-
ment observé sur lui-même de Toxalate de
chaux à la suite de remploi de rhubarbe.
M. 0. Lind avait aussi en traitement un
vieillard de 70 ans, qui produisait de
l'oxalate de chaux par les mêmes voies, et
Le sirop de strychnine contre le
catarrhe pulmonaire. — M. Siredéy em-
ploie, dans les cas de catarrhe bronchique
avec emphysème, une médication que
M. Barthez avait préconisée chez les
enfants dans les cas où l'accuntulation des
mucosités dans les bronches trahissait une
insuffisance des muscles pulmonaires. Voici
la formule de Siredcy :
Sirop simple 100 gramtnef.
Sulfate de strychnine. 5 centigr.
Ce médicament est un excellent expec-
torant à la dose de deux à quatre cuillerées
à café par jour. (Lyon médiccU,)
• De la poudre de Goa dans certaines
maladies de U peau, par le docteur
Hbnry blanc. — L'herpès circiné désigné
en Angleterre sous le nom de ringworm, a
toujours été traité avec un plein succès au
moyen de la poudre de Goa par Heory
Blanc. Cet auteur faconte que dans un
voyage qui le ramenait de Chine, il em-
ploya sans trop de succès, sur un assez
grand nombre de soldats atteints de cette
maladie, plusieurs substances parasiticides
et parmi filés une solution de bichlorure
de mercure ; arrivé à la Pointe de Galles,
il put se procurer de la poudre de Goa, et
grâce à son emploi, tout le monde fut
guéri en peu de jours.
Le chloasmaf afifection que l'on ren-
contre fréquemment aux Indes, cède très-
bien à l'usage de la poudre de Goa. On
pourra sans doute expérimenter avec les
mêmes résultats la nouvelle poudre dans
les affections parasitaires de la peau, et
dans d'autres affections cutanées,- chro-
niques et rebelles, telles que l'eczéma, le
psoriasis, etc.
La poudre de Goà est une substance
végétale dont l'origine est encore entourée
de mystère» elle se fabrique à Goa et l'on
croit que c'est une espèce He lichen exporté
en grande quantité de Mozambique.
Presque insoluble dans Teau froide, elle
renferme des principes amers et une
notable quantité d'acide chrysophanique.
L'infusion chaude de cette poudre a une
couleur jaune et un goût amer.
Voici quel est son mode d'emploi : )a
partie malade est d'abord mouiHée avec de
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
335
Teau, et, pendant qu'elle est mouillée,
avec le doigt, on frotte légèrement un peu
de la poudre sur l'endroit malade, ayant
soin de l'appliquer partout. Cette applica-
tion doit être renouvelée matin et soir;
à la face, on la fera seulement pour la
nuit à cause de la coloration que produit
cette poudre. De plus, il faut éviter qu'elle
ne pénètre dans les yeux où elle produirait
une irritation avec vive injection de la
conjonctive.
Il est probable que Ton pourra tenter
l'usage interne de cette poudre, qui,
d'après Schroff, possède une action pur-
gative analogue à celle de la rhubarbe,
grâce à la présence de l'acide cbrysopba-
nique. (Ibid.)
Recherches comparées sur l'élîmina-
tîon des phosphates dans la chlorose
vraie et dans la phthîsîe oommençante ;
parle docteur TEÏSSÏER fils de Lyon. —
L'auteur a signalé un état pathologique
qui offrait, comme signes, comme marche
et comme accidents consécutifs, des points
de ressemblance intime avec le diabète
sucré;' il a donné à celte affection le nom
de polyure ou diabète phosphatique. Dans
cette note, il ne veut prendre qu'un point
limité de ce sujet ; il a cherché si Texamen
de l'excrétion des phosphates pouvait con-
duire au diagnostic de la chlorose vraie et
dé la phthisie à ses débuts. Voici les résul-
tats auxquels il est arrivé et les conclusions
qui lui paraissent découler de ses explora-
tions :
4» Toute chlorolique qui, sans être sou-
mise à un régime très-animalisé, présente,
même si elle maigrit, une diminution de
Texcrétion des phosphates, ne tournera
probablement pas à la phthisie pulmo*
naire.
2<> Toute chlorotique qui, abstraction
faite de rinfluencc du régime, présentera
une augmentation des principes phospho-
res, a de grandes chances de devenir phthi-
sique.
A l'état normal, les urines présentent
les proportions de 2 à 3 grammes par jour
pour les phosphates terreux, et de 2 gr.
pour Tacide phosphorique. Or, sur près
de 250 observations, M. Teissier a con-
staté que, chez les chlorotiqucs, les phos«
phates .terreux "ont oscillé de quelques
traces à 1 gr. 40 par litre et Tacide phos*
phorique de 20 centigrammes à i gr. 25.
D'autre part, chez les phthisiques^ l'excré-
tion des phosphates a atteint le chiffre de
3 à 6 granâmes par litre.
Ces observations ont été faites avec tout
le soin désirable ; l'urine était recueillie le
matin, en dehors de la période digestive^
examinée comme densité, alcalinité ou aci-
dité, et analysée par des procédés variés.
Le résultat a été toujours identique.
Pour contrôler ces faits d'observations,
et pour voir si le régime alimentaire in-
fluençait d'une certaine façon l'excrétion
phosphatique, M, Teissier s'est soumis
pendant cinq jours à un régime exclusive-
ment animalisé, et il a vu que les pho-
sphates augmentaient, mais dans une
proportion infiniment .moindre que chez
les phthisiques. Ce fait vient du reste con-
firmer les données cliniques ;un phthisique
se nourrit pour ainsi dire de sa propre
substance, et même en faisant la part du
régime, on voit qu'il y a chez lui déperdi-
tion considérable des phosphates.
L'auteur termine sa cpmmunication en
présentant plusieurs observations qui vien-
nent à l'appui des propositions énoncées
ci -dessus. {Ibid,)
Contribution à Tétude des lésions
syphilitiques des artères cérébrales,
par Fr. rabot. — Nous devons savoir
gré à M. Rabot de s'être attaqué à un des
sujets les plus intéressants, mais aussi les
plus obscurs de.la syphiliographie, et si de
nouvelles observations anatomiques et
cliniques sont encore nécessaires pour
fixer la science sur les lésions syphilitiques
des artères cérébrales^ la thèse que nous
analysons n'en constitue pas moins un
travail utile à consulter. Les noms des
deux anatomo-pathologistes qui l'ont ins-
piré, MM. Charcot et Lancereaux, sont de
sûrs garants de sa valeur.
Quelles lésions des artères cérébrales
doit-on dès aujourd'hui reconnaître comme
syphilitiques ? Les tumeurs gommcuses de
petit volume sont admises généralement,
surtout par les Anglais (Wilks, Hughlings,
Jackson, etc.). Nous croyons que des con-
sidérations d'âge et de siège sont un peu
insuflîsantes pour distinguer ces produc-
tions de néoplasmes' tuberculeux ou sim-
plement inflammatoires.
M. Rabot est beaucoup moins affirmatif
au sujet de i'endartérite. Il montre que
les partisans de l'endartérite syphilitique
s'appuient plus sur le raisonnement que
sur les faits, et arrive à rejeter jusqu'à
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356
REVDE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
noavel ordre ce genre de lésion.. Quant à
la périartérite, sa possibilité est démontrée
par une très -intéressante nécropsie de
M. Charcot, dont nous recommandons
spécialement la lecture.
Dans la partie clinique de son travail,
Tauteur décrit le ramollissement à; allures
banales survenant sous Tinfluence des
lésions artérielles syphilitiques et cherche
à faire le diagnostic différentiel de cette
affection avec la gomme cérébrale. Inutile
d'insister sur la difficulté, de ce sujet qu'il
nou^ semble un peu prématuré de résoudre.
L'auteur insiste sur le peu d'efficacité du
traitement spécifique dans un grand
nombre de cas de syphilis cérébrale, et
croit trouver un élément important pour
le diagnostic dont nous venons de parler.
Certains faits de syphilis cérébrale à
allure rapide, guéris complètement par le
mercure ou Tiodure^ bien qu'excluant la
possibilité d'une gomme, nous inspirent
quelques réserves à ce sujet. (Ibid,)
Névralgie épileptiforme de la faoe,
anesthétie par Injection intra- veineuse
de ohloral, section des deux nerfs nasal,
interne et nasal extertae ; succès, par
M. ORÉ. — Marie Mothe^ âgée de cin-
quante-un ans, admise à l'hôpital Saint-
André le 5 juillet i875^ est placée dans le
service de Al. le professeur Gintrac (salle 6,
lit 12).
Cette femme est déjîi venue deux fois
pour une névralgie épileptiforme dont le
début remonte à neuf ans et qui a son
siège sur le trijumeau. Malgré des moyens
médicaux nombreux et énergiques, les
crises devinrent si violentes et si rappro-
chées que la malade n'osait ni parler ni
manger dans la crainte de les rendre plus
fortes encore.
En 1872, M. le docteur Lande, profes-
seur suppléant de clinique médicale, se
décida à iqi faire la résection du nerf sus-
orbitaire, puis du nerf sous-orbitaire, à la
.sortie du trou de ce nom. Le calme qui-
suivit fut de courte durée; les douleurs
reparurent bientôt, avec une telle intensité
qu'il devint encore nécessaire de pratiquer
la résection du nerf ad fond de la gouttière
sous-orbitaire en enlevant la lamelle os-
seuse qui la couvre à ce niveau.
Sous l'influence de ces diverses résec-
tions, la malade resta huit mois sans souf-
frir. Mais alors les crises reparurent au
niveau de la lèvre supérieure, dans la bran-
che du nerf dentaire antérieur. M. Lande
ne pouvant atteindre sûrement le nerf à
l'aide d'une simple incision, rugina une
partie du maxillaire supérieur de manière
à comprendre le nerf dans la .portion d'os
enlevé.
Cette opération amena* un calme qui ne
fut que momentané, les douleurs ayant
reparu plus vives, la malade se décida à
entrer de nouveau, le 5 juillet, dans le
service de M. Gintrac. A son arrivée elle
se plaint d'une douleur partant de l'angle
interne de l'œil et s'irradiant en Las jus-
qu'à la lèvre supérieure. Celte douleur est
permanente, mais deux fois par jour il y a
des exacerbations, pendant lesquelles elle
porte violemment la . main à la figure et
comprime avec force le nerf au niveau des
points douloureux, en balançant sa tête
entre les mains; cela dure de 15 à 20 se-
condes, une minute au plus. La crise
passée, l'œil est rouge^ congestionné, lar-
moyant, et les douleurs violentes ont
cessé ; il reste toujours une douleur pro-
fonde et fixe.
Pour combattre ces symptômes, on pres-
crit une potion dans laquelle on associe
Phydrate de chloral au bromure de potas-
sium dans les proportions de i et 6 gr. par
jour.
Cette potion administrée pendant quinze
jours n'ayant produit aucun résultat avan-
tageux, M. Gintrac se décide à faire résé-
quer par M. Lande les nerfs nasal interne
et nasal externe ; il décide, en outre, que
l'anesthésie sera produite à l'aide d'une
injection intra -veineuse de chloral.
Convoqué auprès de la malade par mon
collègue et ami, je procédai le 35 juillet, i
9 heures 5 minutes du matin, à l'injection
de chloral dans les veines. Le bruit qui
s'est fait autour de cette opération par la-
quelle M. le professeur Gintrac devait ter-
miner, cette année, son enseignement
clinique, avait attiré une nombreuse assis-
tance, désireuse d'être témoin d'un fait
qu'elle n'avait jamais vu^ et de juger de
visu ce que l'on doit penser de toutes ces
objections faites à la méthode ; objections
sans portée que Von répète constamment
sans changement aucun, ni dans le fond
ni dans la forme; objections que M. Mau-
rice Perrin a de nouveau formulées dans le
dernier numéro du Bulletin thérapeutique
(50 juillet) en des termes *qui nécessitent
une réponse que nous ne saurions lui faire
attendre trop longtemps.
Je procédai donc à l'injection en pré-
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
337
sence de MM. les docteurs Mabit et Micé,
professeurs à TEcole de médecin'c; Le-
vieux, président du Conseil d*hygiène ;
Mauriac, Verdaie, Mandilion, DUrodié^
Berruyer, Solles, Vergely, médecin des
hôpitaux; Poinsot, chef interne de l'hô-
pital de Béribetjia, de Chappelie ; les
internes assistent à ropcration, ainsi qu^un
très- grand nombre d'étudiants en méde-
cine.
M. le docteur Poinsot examine le pouls ;
M. le docteur SoHes, la respiration ; M.' le
docteur Chappelie note toutes les particu-
larités de Topera tion*.
Une pile au bichromate en communica-
tion avec une forte bobine fonctionnant
bien est placée pr^s de moi, afin d*être
utilisée, s'il y a lieu.
L'injection titrée au cinquième (10 gr.
de chloral sur 60 grammes d'eau), a été
neutralisée par l'addition de 20 gouttes
d'une solution 'au JO^ de caVbonate de
soude.
L'injection'' est commencée à 9 heures
28 minutes ; à 9 heures 35 minutes^ 4 gr.
de chloral ont été injectés par la veine
médiane basilique droite : l'insensibilité est
absolue.
. Le docteur Lande pratique successive-
ment la section des nerfs nasal interne et
nasal externe. Le pouls à il6 au commen-
cement de l'opération est .tombé à 6-4, et
la respiration de 28 est descendue à 1 7
' par minute.
Pendant l'opération l'insensibilité a été
absolue, elle s'est prolongée longtemps
après, mais à un de^ré moindre, ainsi que
le sommeil qui a. duré jusqu'au soir. De
temps en temps la malade s'est réveillée.
On en a profité pour lui faire prendre du
bouillon et du vin sucré.
Le lendemain, tous les phénomènes pro-
pres au chloral avaient disparu.
Un mois après, il ne restait aucune trace
de l'injection, f[ n'y avait eu ni phUbitej
mcaillotSy ni hématurie.
C'est, ajoute M. Oré, la trente-septième
fois que l'injection intra-veineuse de chloral
a été employée pour produire l'anesthésie,
trente-six fois elle a réussi comme dans le
cas actuel. Une fois seulement le malade a
succombé, mais certaines particularités de
ce fait malheureux- signalées par MM. les
professeurs Deneffe et Van Wetter, prou-
vent que s'ils avaient eu à leur disposition
un appareil électrique fonctionnant bien, la
mort aurait été certainement évitée.
Rappelons à nos lecteurs et à M. Oré
lui-même un autre cas de mort, arrivé
celui-là entre les mains d'un dé ses élèves,
le docteur Lande. Dans ce fait les courants
d'une pile qui fonctionnait bien ne réveil-
lèrent pas les mouvements du cœur et la
malade mourut... d'hémorrhagic, disent
ceux qui ont assisté à l'opération.
Voilà donc une méthode anesthésfque
d'une application délicate et difficile qui à
ses débuts compte deux cas de mort sur
trente- huit applications. {Lyon médical,)
Du vaginisme, par BOUCHUT. —
D'après l'auteur, celui-ci recormaîtrait sou-
vent pour cause une petite fissure longitu-
dinale, étroite, longue d'un demi-cénti-
mètre, au niveau de la fourchette ; il a ob-
servé aussi chez des jeunes filles vierges,
leucorrhéiques, auxquelles on avait pres-
crit des injections, une espèce de vagi-
nisme consistant en une impossibilité d'in-
troduire la canule à cause de la douleur
qu'elle provoquait ; dans ces cas il consta-
tait une légère fissure de Thymen. Or,
dans ces deux formes de vaginisme, il s'est
bien trouvé de suppositoires à l'extrait de
ratanhia :
Beurre de cacao 5 grammes.
Extrait de ratanhia . ... 3 —
Incorporez avec soin. Un suppositoire
matin et soir; en outre, un bain de son tous
les jours. • (Ibid.)
Traitement de répîthéHoma du ool
utérin par les cautérisations à Taoide
ohron&ique. — M. Verneuil emploie avec
succès l'acide chromique dans les cautéri-
sations des épithéliomas du col. Voici un
cas qui montre les avantages de cette
méthode :
Il s*agit d'une femme de quarante ans
environ, atteinte depuis plus de deux ans
d'un épithélioma ulcéré et volumineux du
col utérin. Le pronostic était grave, et la
mort semblait prochaine à cause des hé-
ftiorrhagies répétées, et considérables qui
épuisaient la malade. Or, depuis dix-huit
mois, un traitement palliatif a tenu le mal
en échec ; on a pu détruire même toute
la partie saillante du col, arrêter complè-
tement les hémorrhagies et restaurer
d'une manière remarquable la santé géné-
rale.
L'épithélioma, certes, n'est pas guéri,
puisqu'il se prolonge encore à une hauteur
inconnue dans la portion profonde du col ;
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358
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
mais les accidents sont réduits au mini-
mum^ ce qui permet de compter encore
sur une certaine durée de la vie.
Ce résultat satisfaisant a été obtenu par
des attoucliements réitérés avec I^acide
chrqmique pur, porté sur les fongosités à
Taide d'un pinceau de charpie. Ces attou-
chements ont été faits en moyenne une
fois par semaine. Mais, à plusieurs repri-
ses, ils ont été interrompus pendant qua-
tre à six semaines de suite. Us n'ont jamais
déterminé d'accidents, mais à la vérité on
a toujours pris certaines précautions qu'il
' est utile de rappeler^ La première con-
siste à n'employer qu'une petite quantité
d'acide et à ne toucher que les fongosités,
pour ne pas laisser le caustique pénétrer
dans le col ni s'écouler dans le vagin.
Pour empêcher la cautérisation des pa-
rois vaginales, il faut appliquer un tam-
pon; mais il faut avoir soin d'enlever ce
tampon cinq ou six heures après l'opéra-
tion^ sans quoi la présence de ce tampon
jouerait le rôle de corps étranger entre
les parties et déterminerait des hémorrha-
gies. (Butlelin général de thérap.)
Sur deux cas de mort subite par des
bols alimentaires obstruant l'orifioe
laryxigé, par M. WEISS. — Le 4 mars
1874, on releva, rue Saint -Léon, le
cadavre d'un homme d'une, cinquantaine
d'années. Des passants l'avaient vu sortir
du restaurant économique, s'appuyer
contre le mur de l'hôpital et faire des
efforts de vomissements, trébucher ensuite
et tomber. Le prenant pour un ivrogne, .
on ne l'avait pas secouru. L'autopsie*
ordonnée par le parquet révéla que
risthme du gosier était obstrué par nn
morceau de viande de 42 centimètres de
longueur, 3 de largeur, 4 d'épaisseur et
pesant 42 grammes : oe morceau présen-
tait une partie cartilagineuse à l'une de ses
extrémités, était en partie dans la cavité
buccale, en partie dans le pharynx; il
maintenait Tépiglotté^ solidement abaissée*
sur l'ouverture laryngée. Les mâchoires
de cet individu ne présentaient plus que
peu de dents, presque toutes mauvaises.
Le deuxième fait a été observé avec
MM. Tourdes et Lallement. Un homme de
52 ans se fait préparer dans un petit res-
taurant du gras-double; il le dévore avec
voracité ; tout à coup il est pris de suffo*
cation, d'efiforts de vomissement et s'af-
faisse inanimé. A l'autopsie, Qn trouve
l'arrière-bouche entièrement fermée par
une masse volumineuse grisâtre, moulée
en haut sur la voûte palatine, en bas sur
la langue. L'extrémité supérieure soulevait
le voile du palais d'une part et plongeait
dans le pharynx par l'autre extrémité. Il
maintenait répiglotie relev^ée.et bouchait
l'ouverture du larynx. C'était un morceau
de gras-doublC; dur, mal cuit, replié sur
lui-même^ pesant 42 grammes, mesurant
10 centimères de longueur, 5 de largeur
et 22 millimètres d'épaisseur. Le larynx
contenait quelques mies de pain seule-
ment, mais dans les bronches, jusque dans
les divisions de 2® et Z^ ordre, s'en trou-
vaient en quantité. Les dents de ce sujet
étaient aussi généralement mauvaises.
La position vertical; de Tépiglotte et
la présence de grumeaux alimentaires
dans les • bronches montrent comment
l'accident est arrivé. Le bol alimentaire,
trop volumineux, a été arrêté au com-
mencement de l'œsophage ; de là, efforts
de vomissements qui ont amené rentrée
de matières étrangères dans le larynx.
Les faits de ce genre arrivent fréquem-
ment dans les hôpitaux de vieillards. 11
serait à désirer qu'à côté des instructiops
populaires concernant d'autres morts
(asphyxie par submersion, etc.), un cha-
pitre fût consacré à la suffocation par bols
alimentaires. En ouvrant la bouche du
malade et y regardant, on eût pu sauver
la vie par l'extraction de ces bols alimen-
taires.
M. Weiss cite deux faits où il a pu
venir en aide à des personnes victimes de
leur gloutonnerie. Il y a quelques années,
à Birkenholtz, près Fénétrange, il a pu
extraire, à l'aide d'un crochet de Grœfe»
une masse cartilagineuse; de trois travers
de doigt de long, arrêtée dans le pharynx
et très -adhérente. Dans un autre cas^ un.
fragment d'os, long de 9 centimètres et
demi sur ^2 millimètres, s'était arrêté
dans l'œsophage au niveau de l'extrémité
supérieure du sternum^ et nécessita l'œso-
phagotomic, qui fut faite avec succès. Un
enfant de quelques mois, sur le point
d'être étouffé par une dragée, fut sauvé
par le doigt ramenant la dragée.
(Lyon médical.)
De- l'hémorrbagîe par rupture d'une,
des racines du olitoris pendant le tra-
vail de r accouchement, par M. le docteur
LAROYENNE. — La pression de la tête
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
539
du fœtus dans son passage à travers Pan-
neau vulvaire peut ^^étermincr en avant
sur la vessie et Tufèthre, en arrière sur le
périnée et Torifice anal, de la cystite» une
déchirure du périnée, une fissure, etc.
Mais il est d'autres lésions plus rares que
les précédentes et produites par un méca-
nisme analogue. L'une d*elles, passée sous
silence dans nos traités d'obstétrique, est
mentionnée brièvement dans celui de Jou-
lin. On a quelquefois, dit-il, noté la con.
tnsion et même la rupture d'une dçs ra-
cines du clitoris. Ce sont précisément les
conséquences de cette rupture, dont il ne
parle pas, et faciles à pressentir, qu'il me
semble utiles de rappeler. Scanzoni n'a
garde d'omettre que les hémorrhagies de la
vulve siègent de préférence à sa partie su-
périeurey et que souvent elles sont rebelles
à l'jction des hémostatiques les plus éner-
giques. Mais la véritable cause de l'accident
qu'il constate lui échappe, et il parait Pat-
tribuer uniquement à la dilatation des
vaisseaux de la région. Il n'en est pas de
même d'autres observateurs, cités par
Scbrœder, professeur à Erlahgen.
D'après cet auteur, KIoproth, Winkél,
Poppel, P. MuUer et lui-même ont cons-
taté ces déchirures du tissu caverneux,
avec plusieurs cas d'anémie mortelle qui
qn. furent la conséquence. Cette triste
perspective vaut bien la peine qu'on s'oc-
cupe chez nous de cette lésion. Je l'ai ob-
servée six fois, toujours sur des primi-
pares et toujours d'un seul côté, dans deux
accouchements terminés naturellement,
dans trois à l'aide du furceps, et une fois
avec le céphalotribe. Ell« est suivie d'une
perte de sang qui n'a aucune tendance à
s'arrêter spontanément. La conlexture
éreclile du tissu lésé dans une étendue va-
riable explique suffisamment cette parti-
cularité qui est le principal objectif de ma
communication.
Lorsqu'on est prévenu de la possibilité
de cet accident, on peut le voir se produire
' sous ses yeux» s'il s'agit d'un travail qui
nécessite une intervention instrumentale,
ou dont la lenteur vous contraint à sur-
veiller de prés les derniers temps d'évolu-
tion. À ce moment, la circulation rétro-
grade est entravée par la compression du
fœtus sur les vaisseaux de retour, et les
corps caverneux tuméfiés sont pressés
contre l'arcade pubienne. Bientôt l'un
d'eux, disfendu et entraîné par la tête
qui tend à sortir, se rupture avec la mu-
queuse qui le recouvre sur un point plus
ou moins éloigné ou rapproche du clitoris.
Si la muqueuse résistait seule, il pourrait
se produire un hématome sous-muqueux
ou un Ihrombus de la vulve ou du vagin.
Mais je néglige cette complication que je
n'ai pas observée, pour m'en tenir à Thé-
morrbagie consécutive à la déchirure du
tissu ércctilc et de la membrane muqticuse
sus-jacente. Cette plaie fournit un écoule-
ment en nappe ; quelquefois eu écartant
les parties on la voit darder des jets arté-
riels très-fins. • Toujours est il qu'il faut
êlre prévenu de cette variété d'bémor-
rhagie pour qu'on puisse en soupçonner,
et en découvrir la source, sinon elle sera
mise sur le compte de la surface interne de
Tutérus ou seulement d'une déchirure de
son col, si la rétraction du corps de l'organe
est manifeste. On conçoit combien cette
erreur peut être 'préjudiciable à la nou-
velle accouchée dont la perte assez abon-
dante et incessante se perpétue irldéfini-
ment, méconnue et mal interprétée. Il est
facile de s'en rendre maître à l'aide d'une
pince compressive laissée h demeure, ou
de la forci pressure, comme on dirait à la
Société de chirurgie. Mon collègue M. Fo-
chier s'est contenté, chez une malade,
d'appliquer une serre-fine, moyen dont se
loue beaucoup Scanzoni.' Je l'enlevai douze
heures après son application, sans que le
sang ait réappf<ru. Ainsi, en cette cir-
constance'le diagnostic est le point impor-
tant, tant sont faciles* à remplir les indi-
cations pressantes du traitement.
J'ai perdu, à une époque où l'état sani-
taire de la Maternité laissait à désirer, une
des six accouchées dont je viens de parler.
Il ne m'a pas été possible de savoir si la
péritonite généralisée, constatée à l'au-
topsie, était ou non sous la dépendance de
la plaie intéressant un tissu si disposé à
devenir le point de départ d'accidents
septicémiques. Il importe donc, non-seu-
lement de connaître cette source d'hémor-
rhagie pour la combattre efficacement,
mais aussi pour prévenir la lésion qui en
est l'origine. Elle résulte surtout, ai-je dit,
de la résistance de l'anneau vulvaire, con-
séquemment les deux petites incisions la-
térales de P. Dubois, dont le but, en
agrandissant cet orifice, est de méniiger la
commissure périnéale, auront pour effet
de prévenir la déchirure de la commissure
pubienne si on a des motifs de l'appi^-
hender. 'Ces incisions, portant sur des
tissus relativement peu vasculaires, expo-
seront moins à une effusion de sang abon-
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340
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE
dante, et moins aussi à des accidents infec-
tieux.
{Revue de thérap. médico-chirurg ,)
Conduite à tenir dam lei aooouohe-
ment» difficiles des fœtus morts, par
M. HEIN. — Deux genres de difficultés
peuvent se présenter dans raccoucbement
de fœtus morts : d'abord l'état de déconit-
position du fœtus peut mettre obstacle aux
manœuvres obstétricales et rendre fort dif-
ficiles soit la version manuelle, soit l'appli-
cation du forceps ou du céphalotribe. En-
suite, il . arrive fréquemment que la ma-
trice soit affectée consécutivement et
réclame, de la part de raccoucheur, les
plus grands ménagements.
Aussi lorsque Taccoucbement d'un fœtus
mort ne se fait pas spohtanément^ Fauteur
conseille de réveiller les contractions uté-
rines,-non par radministrfttion de Pergot
de seigle^ impuissant en pareil cas^ mais
en appliquant un instrument analogue au
dilatateur de Tarnier et connu en Allema-
gne soûs le nom 'de kolpeurynther (1). Il
cite à Tappui de sa façon de voir deux ob-
servations personnelles où cette pratique
a été suivie de succès.
Dans la première observation, on avait
essayé en vain de pratiquer la version
pour amener un fœtus mort depuis une
quinzaine de jours, Tapplication du kol-
peufynther suiBt pour ramener de fortes
douleurs et raccoucbement se fit alors
spontanément. La femme; qui était de
faible constitution guérit au bout de trois
semaines, après avoir présenté quelques
symptômes légers de paramétritë du côté
droit.
Dans la deuxième observation, il s'agit
d'un cas analogue : la tête du foetus mort
était tellement ramollie que Ton ne pût
songer, en Tabsence complète de toute
douleur utérin», à procédera Tapplication
du forceps. L'introduction du kolpeuryn-
ther réveilla les douleurs, et la tète s'étant
présentée à la vulve, on ouvrit lé crâne
par une incision cruciale et l'on enleva la
substance cérébrale à l'aide d'injections
d'eau tiède. L'accouchement se termina
heureusement pour la mère. (Ihid.)
professe, sur le traitement des femmes en
couche, des idées très-opposée» a celles
qui sont reçues généralement. Il.encourage
ses malades à se lever aussitôt qu'elles s'y
sentent disposées» parce que, selon lui,
beaucoup d'objections très-sérieuses s'é-
lèvent contre la position horizontale pro-
longée. Le travail de raccoucbement étant
un acte purement physiologique, il n'y a
pas de bonne raison qui permette de le
transformer en maladie. La nature le
montre bien explicitement par ce fait que
nombre de femmes désirent se lever avant
que leur médecin le leur permette, et ce
désir doit être considéré comme une raison
suffisante pour qu'on les y autorise. En
second lieu, quelques médecins considèrent
que rien ne relâche la tonicité de la fibre
musculaire comme le confinement au lit.
D'après son expérience personnelle, le
docteur Goodell estime que les femmes se
sentent plus fortes le cinquième jour que
le neuvième si elles sont rigoureusement
maintenues sous les couvertures. Bien
plus, la position debout non-seulement
excite la contraction de l'utérus, mais, en
régularisant la circulation, diminue la
quantité des lochies et abrège la durée de
leur écoulement. Au contraire^ le décu-
bitus dorsal détermine une congestion
passive de tout Torgane, l'engorgemciit
de la paroi supérieure déjà hypertrophiée
au- point de l'insertion placentaire, toutes
choses de nature à empêcher les phéno-
mènes consécutifs de l'évolution utérine.
Une autre raison est tirée de ce que les
affections utérines sont presque inconnues
dans les pays où les femmes ont l'habitude
de se lever de bonne heure après leur
délivrance. D'après la lecture des clas-
siques, il parait évident que chez les
Grecs et chez les Romains, les femmes se
levaient très-peu de temps après leur
accouchement, souvent le jour même, pour
se plonger dans une eau courante. Enfin,
ce qui vaut mieux que toutes les théories,
une expérience suffisante et bien établie a '
prouvé au docteur Goodell qu'un semblable
traitement rendait la convalescence plus
prompte et plus sûre. (Lyon médical.)
Du repos au lit après l'aocouohement.
— Le docteur Goodell {de Philadelphie)
(1) Pessaire h air en caoutchouc vulcanisé(DO(e
de la rédaction).
. Pseudarthrose de l'extrémité infé-
rieure du fémur gauche, consolidée avec
l'acupuncture électrique. — Le docteur
Laurenzi rapporte dans un mémoire l'ob-
servation d'un homme d'une très- forte
constitution, qui était entré dans son ser-
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
341
vice pour une fracture oblique de Textré-
mité Inférieure du fémur gauche. La frac-
ture datait depuis le commencement de
novembre i^70. Cet bomme est entré dans
le service h 20 janvier 1874. Le profes-
seur Laurenzi réduisit le déplacement et
appliqua un appareifen plaire. Ayant ôlé
Tappareil cinquante jours après, H cons-
tata la persistance de la mobilité anormale.
Ayant employé inutilement tous les moyens
capables de produire la formation du cal,
il introduisit dans l'épaisseur de Tos cinq
aiguilles assez longues, quMl mit en com-
munication avec un appareil de Gaiffe; il
fit durer la séance quinze minutes, après
laquelle il appliqua Tappareil américain
pendant dix jours, et, s'étant aperçu que
Tossification avait lieu, il répéta la séance
électrique et appliqua encore une fois Tap-
pareil américain^rpcndant vingt jours ; le
cal se forma, et trente -cinq jours après le
malade pouvait marcher. Il sortit le 20
mai parfaitement guéri. (Laurenzi, Pseudo-
artrosi deWestremo infcriore dcl femore
sinistro consolidata con agopuntura elet-
tricà, {Bulktin génital de thérap,)
Chimie médicale et pharmaceutique.
Noùveiàu procédé pour le do f âge de
Toxygéne libre daoi l'urine; par M. D.
FREIRE. — Le procédé généralement em-
ployé pour doser Poxygène, ainci que les
autres gaz de Turinc, consiste à soumettre
le liquide à Taction du vide, au moyen de
la pompe à mercure. Les résultats «ont
cxucts, parce qu'on atteint un vide presque
barométrique ; mais ce moyen, d'une exé-
cution longue, réclame des soins spéciaux
et remploi d'un appareil dont le prix est
élevé.
J*ai réduit Testimation des gaz de Turinc
à une analyse v«lumétrique,au moins pour^
. Toxygènc. On pourra probablement appli-
quer le même procédé à d'autres liquides
que Turine : eau ordinaire, lait, sang, etc.,
avec quelques modifications.
La quantité d*oxygène libre, dans Turine,
ne dépasse pas quelques dixièmes de ceu-
timètres cubes par litre. Il fallait donc un
réactif très-sensible pour déceler et me-
surer exactement cette petite proportion de.
gaz. Je Tai trouvé dans Tacide pyrogal-
lique.
La proportion d'oxygène absorbé par
une quantité déterminée d'acide pyrogal-
lique est connue depuis les recherches de
Dœbereincr : 1 gramme de ce corps,, dis-
sous dans un excès d'ammoniaque, absorbe
58 centigrammes ou 260 centimètres cubes
d'oxygène. 0 gr.^ 002 du même acide
absorbent 0 gr., 82 d'oxygène.
J'ai fait une liqueur d'épreuve ou une
sorte de titrage, avec 0 gr., 002 d'acide
pyrogalliquc, dissous dans un excès d'am-
moniaque, que j'ai exposés pendant quel-
que temps à l'air, en remuant sur les parois
du vase, afin de les saturer d'oxygène.
L^absorption totale se fait en quelques mi-
nutes. Ensuite, j'ai *fait une solution de
4 gr., 4 de protocblorurc d'étain daas
100 centimètres cubes d'acide chlorhy-
drique moyennement concentré, dont j'ai
rempli une burette graduée. J'ai fait cou-
ler goutte à goutte cette liqueur sur celle
qui résultait du contact de l'acide pyro-
gallique et de l'ammoniaque, jusqu'à sa
complète décoloration. Le lîombre de divi-
sions de la burette nécessaire pour cet effet
correspond à la quantité réelle d'oxygène
absorbe par 0 gr., 002 d'acide pyrogal-
lique.
Cela fait, on prend 50 centimètres cubes
d'urine^ on ajoute 0 «^r., 002 d'acide py-
rugallique, après avoir étendu la liqueur
d'eau distillée, récemment bouillie, afin
d'avoir un liquide incolore ou presque
incolore, et l'on couvre immédiatement le
liquide d'une couche d'essence de téré-
benthine pure, épaisse de quelques centi-
mètres. Alors on ajoute un excès d'ammo-
niaque, en la faisant couler le long des
parois du vase. Le liquide, qui était inco-
lore, devient légèrement violacé ou jau-
nâtre, changement dû à Tabsorption de la
petite proportion d'oxygène renfermée
dans KO centimètres cubes d'urine. On
ajoute alors, goutte à goutte, la liqueur de
la burette à l'urine qu'elle décolore. Le
nombre de divisions nécessaires à la déco-
loration donne la quantité d'oxygène. La
difficulté de l'opération consiste à saisir le
moment précis de la décoloration, comme
dans toutes les analyses yolumétriques
fondées sur un changement de couleur de
la liqueur. (Journal de pharm. etdechim,)
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342
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Sur le lait; par. M. Al. SGHMIDT. -~
Si Yon soumet du lait à Paction d'un dia-
lysrur pendant trente à trente-six heures
seulement, en ayant le soin d'agiter frc-
quemoient le liquide externe pour empê-
cher la coagulation de la caséine, on trouve
dans le liquide interne du dialyseur une
solution neutre de caséine, exempte de
sucre de laît^ et ne renfermant plus, d'au-
tres sels que les phosphates de chaux et de
magnésie. Les acides en précipitent la ca-
séine. Il découle de l'expérience précé-
dente-que les sels solubles ne contribuent
pas à tenir la caséine en dissolution.
Si, au contraire, on laisse agir le dialy-
seur pendant un temps beaucoup plus long,
U caséine se coagule ; le liquide extérieur
contient alors de Talbumine et des phos-
phates de chaux et de ma(;nésie ; évaporé,
il laisse un résidu brun, azoté. Cette expé-
rience indique que la caséine est tenue en
dissolution par une substance cristalloïde
azotée qui exerce également son action
dissolvante sur le phosphate de chaux.
Le premier liquide dialyse, soumis à
l'évaporation, laisse un résidu coloré en
jaune à réaction toujours acide, bien que
le lait soit neutre jusqu'à la fin de l'expé-
rience. Ce liquide, neutralisé par un alcali,
redevient acide en un petit nombre d'heu-
res à la température de 55° ; l'cbullition
retarde l'apparition de la réaction acide,
mais ne l'empêche pas de se montrer.
Pour obtenir de la caséine pure.,
M. Schmidt conseille d'étendre le lait de-
cinq fois son volume d'eau distillée, de
l'aciduler avec de Tacide acétique, de laver
le précipité, de le diviser dans l'eau par
une vive agitation, enfin de l'y dissoudre
par une addition de soude caustique. La
solution filtrée est agitée avec de l'éther,
qui la dépouille de la matière grasse, puis
elle est sounltse à la dialyse. On filtre au
bout de vingt-quatre heures, et Ton obtient
un liquide limpide, neutre au papier de
tournesol, qui renferme toute la caséine
en dissolution. Une addition d'acide acé-
tique en sépare la caséine, identique à
celle du lait, insoluble dans Peau, soluble
dans la partie du lait qui traverse le dialy-
seur (après sa concentration), comme la
caséine spontanément séparée du lait
. aigri. Elle diffère de la caséine obtenue par
la présure, car cette dernière ne se dissont
pas dans le liquide externe du lait dialyse,
elle se dissout aussi plus difficilement dans
la solution de soude caustique que la ca-
séine précipitée par les acides.
On sait d'ailleurs que la présure coagule
le lait rendu alcalin par une addition de
soude comme elle coagule le lait naturel,
mais le lait alcalin ne se coagule qu'à une
température supérieure à celle du lait aci-
dulé.
L'expérience suivante met en relief le
rôle du sucre de lait dans l'acidification
spontanée du lait. On soumet du lait à la
dialyse ; quand le liquide dialyse ne con- .
tient plus de sucre de lait, on en prend une
partie et Ton y dissout une petite quantité'
de sucre de lait. Ce liquide, conservé pen-
dant quelques heures dans un endroit un
peu chaud, devient acide, tandis que le lait
dialyse et non additionné de sucre de lait
garde sa neutralité pendant un jour et
demi, à deux jours. La solution aqueuse du
sucre de lait se conserve sans altération
pendant cinq à huit jours. Il résulte de '
l'expérience précédente que le lait paraît
contenir un ferment qui transforme le
sucre de* lait en acide lactique. Voici une
autre expérience qui confirme cette ma-
nière de voir :-on verse une quantité suf-
fisante d'alcool dans du lait dialyse, on
sépare le précipité au i)out de quelques
jours, et on le dessèche dans le vide ; le
résidu sec, repris par l'eau, donne un so-
luté qui reste neutre pendant plusieurs
jours; mais Tadditionne-t-on de sucré de
lait, il est acide' en moins de sept heures.
.L'ébullition n'enlève pas au liquide ses
qualités férmeritescibles, le ferment est
alors moins actif, mais il n'est pas détruit ;
c'est pourquoi le lait bouilli devient moins
rapidement acide que le lait non bouilli.
X^'auteur n'a pas réussi à isoler ce fer-
ment. (Ibid.)
Dosage de l'azote dans les engrais ;
par M. LUND. -^ M. K. Lund propose de
doser l'azote des engrais à l'état d'ammo-
niaque et d'opérer la combustion, de la
façon ordinaire, en chauffant la prise
d'essai avec un mélange de bitartrate de
potasse et de chaux sodée. L'ammoniaque
est recueillie dans une solution alcoolique
d'acide tartrique: Le bitartrate d'amnio-
niaque est insoluble dans l'alcool, {/bid,)
Transfornaatîon de la bruoîne en
strychnine et réoiproquenaent ; par M.
F. L. SONNENSCHEIN. — Si Ton con-
sidère les divers alcaloïdes qui existent
dans une même plante, on remarque sou-
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REVUE AJVALYTIQUE ET CRITIQUE.
345
vent qu'il existe entre eux des relations
étroites de composition et même de pro-
priétés.
C'est ainsi, par exemple, que la conby-
drine G?«H"AzO* que l'on extrait du Co-
nium niaculaium présente une composi-
tion trcs-voîsine de la conicine C^H'^Az
que fournit la même plante : la conliy-
drine, qui renferme les éléments d'une
molécule d'eau en plus, peut perdre cette
eau sous Tinfluence de Tacide phospho-
rique anhydre et se transformer en coni-
cine. C'est ainsi encore que parmi les jiom- •
hreux alcalis que fournit Topium quatre
peuvent être considérés comme homolo-
gues les uns des autres, et que plusieurs
sont isomères. Les bases des différents
quinquinas sont dans le même cas : elles
forment deux séries d'isomères et quel-
ques unes ne diffèrent des autres que par
la quantité d'oxygène qu'elles contiennent.
L'harmaline du Peganum harmala ren-
ferme 2 équivalents d'hydrogène de plus
que rharmine C*^H"Az'0' existant dans
la même plante, et peut être transformée
en cette dernière par soustraction de H
sous l'influence des oxydants.
•Si l'on fait une comparaison de ce genre
entre les deux alcalis des Strychnos^ la
strychnine C"H"Az'0* et la brucine
C"H**Az*0*, on voit que la seconde ren-
ferme en plus 4 équivalents de carbone,
d'hydrogène et d'oxygône. M. Sonnen-
schein vien.t de montrer que ce ne sont
pas là de simples jeux de formules ; il a
été conduit par une série d'expériences à
reconnaître que sous l'influence de l'oxyda-
tion, la brucinc peut être transformée en
strychnine, le carbone, Thydrogène et
Toxygène qu'elle renferme en plus passant
à rétat d'acide carbonique et d'eau
C"H"AzW -+- 0»=:C"H"Az*0* -t-
Brucine. Stryehnlne.
2HW-t-2C»0*.
Cette réaction intéressante peut être
opérée sous l'influence de divers oxydants ;
l'acide azotique l'effectue bien dans les
conditions suivantes : on chauffe de la
brucine avec quatre ou cinq fois son poids
d'acide azotique étendu d'eau ; il se pro-
duit un dégagement d'acide carbonique
entraînant des vapeurs nitreuses. L'action
terminée, un concentre la liqueur rouge au
bain-maric, on la mélange avec un excès
de potasse et Ton agite le tout avec de
réther. Ce véhicule, recueilli et évaporé,
laisse une masse brune contenant, mélan-
gée à des matières eolorânfes et à une ré-
sine jaune, un alcali que Ton peut dissou-
dre dans un acide et obtenir pur à Tétat
cristallisé. La base ainsi préparée a les pro-
priétés de la strychnine dont elle fournit
tous les sels et toutes les réactions caracté-
ristiques. L'auteur a analysé son chlorhy-
drate et lui a trouvé la composition du
chlorhydrate de strychnine.
La possibilité de transformer la brucine
en strychnine présente en toxicologie un
intérêt pratique sérieux. L'aûtenr et
M. Brand l'ont observée en effet dans des
conditions utiles à rapporter. Si dans un
mélange de' matières organiques diverses
on ajoute simultanément du nitrate de
plomb et de la brucine et si l'on recherche
les bases organiques dans la massç par la
méthode de Stas, on obtient un alcali qui
possède les propriétés, non de la brucine,
mais de la strychnine^ alors même que Ton
s'est' assuré de l'absence dé toute trace de
strychnine dans la brucine employée.
L'action si manifeste exercée par la pré-
sence d'un nitrate dans le cas actuel,
s'exercerait d'une manière analogue dans
certaines circonstances en toxicologie.
Mais il y a plus. D'après M . Sonnenschein '
la strychnine peut répiproquement être
transformée en brucine. Si Ton maintient
au bain-marie pendant plusieurs mois des
tubes scellés renfermant de la strychnine
mélangée à une solution alcaline de po-
tasse, de soude ou de baryte, elle se trouve
«Eiodiflée et possède alors toutes les pro-
priétés qui caractérisent la brucine. Tou-
tefois ce côté des recherches de l'auteur a
besoin d'être confirmé par de nouvelles
expériences. (Ibid,)
Purification de l'apide salioylique ;
par M. A. RAUTERT. — L'acide salicy-
lique obtenu par le procédé de M. Kolbe a
toujours une couleur jaune plus ou moins
marquée. Pour avoir ce produit tout à fait
blanc^ M. Kolbe a conseillé de le transfor-
mer par les méthodes connues en éthers
salicyliques et de décomposer ceux-ci par
une solution de soude caustique. Mais,
ainsi que l'a observé M. Rautert, le poids
de l'acide salicylique que l'on recueille
après l'opération n'est plus guère que le
quart du poids de l'acide salicylique mis en
expérience. D'autre part, on ne peut pas
recourir à ta sublimation de lacide salicy-
lique sans le décomposer en acide carbo-
nique et en acide phénique.
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544
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
L'acide salicylîcfue peut, au contraire,
être volatilisé dans un espace rempli de gaz
ou de vapeurs, a une température infé-
rieure à celle de son point de fusion, sdns
subir de décomposition notable. Le pro-
cédé suivi par M. Rautert consiste à dis-
tiller Tacide salicylique dans un courant de
vapeur d'eau surchauffée sous la pression
ordinaire. L'acide salicylique est mis dans
un appareil distillatoire en cuivre muni*
d*un double fond; la cavité inférieure com-
prise entre les deux fonds de cuivre est
remplie par de la paraffine, au milieu de
laquelle on a fixé un thermomètre. Cette
paraffine est portée tout d'abord à une
température de 170» C. ; cela fait, on
amène dans la cavité supérieure contenant
Taclde salicylique un courant de vapeur
d'eau chauffée à i70<*; par son passage
dans un serpentin plongé dans Un bain de
paraffine porté à la même température.
L'acitle salicylique vient se condenser dans .
un tube d'étain de 5 centimètres de dia-
mètre au moins entouré par un réfrigérant
Liebig ; ce tube serait prompteriient obstrué
malgré le courant de vapeur d>au, si Ton
ne prenait la précaution d'engager dans
une tubulure spéciale soit une tige de
verre, soit une tige de sapin, qui permet
par un glissement facile de pousser à
Textrémité du tube l'acide salicylique con-
densé.
Vers la fin de l'opération, on est obligé
d'élever la température des deux bains de
paraffine à 185° C.
La distillation de 1 kilogramme d'acide
salicylique exige deux heures. Le produit
a l'odeur très-affaiblie de l'acide phénique ;
il a l'aspect d'une bouillie d'un blanc de
neige; on le soumet à la presse^ puis on le
fait bouillir dans l'eau distillée pour en dé-
gager les dernières traces d'acide phénique,
enfin on le fait cristalliser. Le résidu de la
distillation est une matière résiuoïde de
couleur noire..
Pour une fabrication plus importante, on
avait espéré remplacer la paraffine du bain-
marie par un courant de vapeur à haute
pression ; avec cinq atmosphères de pres-
sion, on a une température de 160*» C,
mais on n'obtient plus alors que des traces
d'acide salicylique. La distillation sous une
faible pression (1/2. atmosphère), donne, au
contraire, d'excellents résultats. L'agitation
continue de l'acide salicylique au moyen
d'un appareil hâte considérablement la
distillation. (Ibid.)
Sur Taoîde oymenoarbonîque ; par
MM. PATERNO et FILETl. — Lorsqu'on
distille du cymensulfate sodique sec avec
son poids de cyanure potassique, on ob-
tient une huile brune plus légère que l'eau
qui, chauffée dans un appareil à reflux avec
une solution alcoolique de potasse, se prend
en une masse brune cristalline après avoir
évaporé et ajouté de l'eau. En versant de
l'acide chlorhydrique dans le liquide
aqueux, on obtient une petite quantité
d'une huile que les auteurs n'ont pas pu
examiner. De la partie solide, au con-
traire, ils ont extrait, par des traitements
répétés à Teau bouillante, un composé qui
se sépare par le refroidissement, de la so-
lution aqueuse en belles aiguilles blanches.
On a fait cristalliser une seconde fois
dans l'eau bouillante la substance ainsi
préparée, afin de l'obtenir parfaitement
pure. Elle se présente en aiguilles blan-
cheS; très légères, très-peu solubles dans
l'eau froide, plus solubles dans l'eau
bouillante, très-solubles dans l'alcool,
l'éther et le chloroforme. Elle fond à la
température corrigée de 138-139». Elle
contient de l'azote et a donné à l'analyse
des résultats qui s'accordent a¥ec la for-
'mule
Îrj6i|7
C*0*,AzH«.
Les auteurs ne croient pas .improbable
que telle soit réellement la nature de la
substance obtenue par eux, quoiqu'ils trou-
vent un peu extraordinaire la résistance
de ce corps à l'action de la potasse alcoo-
lique. [Ibid.)
Sur rHibîsoufl esoulèntui ; par M. LAN-
DRIN. — L'Hibiscus csculentus forme la
base des préparations de nafé. C'est une
malvacée qui est connye sous le nom de
Gombo et qui croit dans les pays chauds,
notamment en' Syrie et en Egypte. Indé-
pendamment de son emploi en médecine,
l'Hibiscus esculentus sert à fabriquer des
cordages et des tissus, ainsi que du papier
très-beauet très- résistant pouvant rivaliser
avec les papiers de chiffons purs.
M. Landrin a fait l'analyse chimique da
gombn. L'eau enlève aux différentes par-
ties de la plante et même à l'enveloppe du
fruit une matière mucilagineuse très- abon-
dante qu'il a appelée Combine ; c'est ce
mucilage qui sert à préparer des pâtes pec*
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RfcVUB ANALYTIQUE ET CRITIQUE. ^ §45
(orales en pharmacie. La gonibine ne, elusion de^ deux faits suivants :!<> un dé-
donne pas diacide mucique par le traite- gagement d*hydrogène quand on aûaquc
ment au mQyeade Tacide azotique et n*cst Fessence par ta potasse j â** la production
pas attaquée par la potasse. Elle sçtrans- d*acide angéiique.
formcenglncoscsdusTinfluenoâ des acides. Cette eonclusîon, d'après M. Demarçay,
Cette réaction et la coloration violette que se trouve en défaut, le dégageaient d'hy*
.lui donne la teinture d'iode la rapprochent drogène n'existant pas. On peut, en effet,*
beaucoup de la dextrine dont) elle est, du décomposer Tessence sans observer la
restée i>n isomère. Outre cette substance, moindre trace de gaz tout en obtenant les
le gombo, renferme encore une résine qui mêmes produits de décomposition,
se colore en rouge sous rinfluence du L'essence de camomille a fourni à
chlore et des acides. M. Demarfay les résultats suivants relatif
En résumé, Tanalyse du gombo a pré- vement ^ux températures d'ébullition de
sente les résultsits suivants : ses différentes portions : à 150> l'cbullition
E3Q , 13 82 comipence, mais jusqu'à 173®, il ne pasàe
Gofflbine ,,..,., l 19-50 que quelques gouttes; de 473 à 185», il
CeHujose 60.75 passe 3*2 p. 100 de l'essence ; de 185 à
Stu~.-s mini-aies: '. l i l ifs ' ^^'^ P; l»».. «'.<»? ^^0 à 250». l? p.
Mtttidres non dosées . . . , 0,^5 100. Ce qui restait était brun, huileux, et
100.00 formait environ le dixième de Tcssence; il
La tige du gombo n'est pas la* seule semblait y avoir un commencement de dé-
partie utilisable de la plante; si Ton exa- composition.
raine, en effet, la composition chimique de Lowqu on redistille les porlions résul,-
la graine, on voit qu'elle contient une pro- ?"' ^" fractionnement, on observe un
portion notable d'huile : *?«^'* abaissement dans les points xi'ebulli-
'^ tion, et des points d arrêt marqués entre
gf"; -^-^î 477et 184.» vers 194 et 200»; au-dessus
Huile . , . lt>,00 , cktrn. •• < . .
Résine. l,ai «e 230» il passe a peine quelques gouttes,
Matières minérales. > . . . 6,38 I^ cornue renfermant alors un liquide
Matières non dosées njO épais en faible proportion.
100,00 L'essence de camomille, dissoute dans
L'huile que Ton extrait an moyen de son volume <jl'alcool, a été additionnée de
t'éther ou du sulfure de carbone, ou par sou poids de potasse en petits fragments,
compression, a une odeur et une saveur puis agitée avec cette base dans un vase
peu agréables, qui l'empêcheront d'être soigneusement bouché, jusqu'à dissolution
employée coiiome comestible. Elle pourra de cette dernière. Au bout de trente-six
être utilisée avantageusement dans la fabri- heures, le liquide, qui s'était pris en messe,
cation des acides gras et des savons. Enfin a été udditiouné de son volume d'eau. La
le tourteau épuisé constitue un excellent liqueur a été distillée alors au bain-marie,
engrais; il renferme 4,18 p. 100 d'azote puis à feu nu, jusqu'à ce qu'il ne passât
et 1,55 d'acide phoÂphorique. {Ibid.) plus que de l'eau; les produits des deux
■ distillations ont été réunis.
^ En traitant ce produit par du carbonate
. Sur l'estenoe de «amoinill« romaine; de potasse et en le soumettant à une distil-
par M. DEMAEÇAY. — L'cs&euce de ca- lation fractionnée, M. Demarçay a obtenu
momille, d'après Gerhardt, serait un mé- surtout deux liquides bonillanl, l'un entre
lange d'une petite quantité d'une matière 107 et 109«, l'autre entre 119 et 121». Le
résineuse, d'hydrure^d'angélyle et d'un premier a présenté les réactions et la cOm-
carbure d'hydrogène bouillant à 175^ iso- position de l'alcool butylique, et lui est
' mère de l'essence de térébenthine. Ger> identique. Le second est constitué par de
hardt admettait encore que Thydrure d'an- l'alcool amylique.
gélyle possédait un point d'ébullition très* Enfin, de l'ensemble de ses recherches,
rapproché de 175», et que cette circon- M. Demarçay a conclu que l'essence de
stance, jointe à la présence de la matière camomille romaine est un mélange de plu-
résiaeuse, expliquait, d'une part^ l'impos- sieurs éjlhers, parmi lesquels dominent les
sibilité de la séparation des différents prin- angelates et valérianates de butylc et^
cipes, de l'autre, l'élévation graduelle de d'amyie. {Ibid.)
son point d'ébullition. il appuyait sa con- — — •p....^
44
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5i6
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Faits relatiff à l'é&ude deis aleools.po^
lyatooiîqued pfO|>r«iinent dîtt. Applîoa-
tioo à un nouveau mode d'obtention de
l'aoide formique cristallîsable ; par M.
LORIN* -^ Nous avons fait confiaitr« deux
procédés de préparation industrieile de
1 auide foroiique proposée par M. Lorin.
Cp chimiste a complété ses expériences qui
lui ont periTiii^ d'obtenjr directement Tacide
formique cristallisabie, Il rappelle d'abord
une expérience qu'il a faite il y a plusieurs
années. Dans^ une cornue assez grande à
coi un peu effilé, on mit i kil.> iâO de
glycérine pure et 5 kiiogrammes- d*ecide
oxalique ordinaire en poudre; la réaction
9 été eontiotiée par des additions succes-
sives de cet acide, le matin et le soir, et en
quantités telles que le niveau primitif du
mélange fût atteint et autant qu« possible
^laintenju.On opérait à feu nu. 65 kil., 250
^ diacide oxalique ordinaire ont fourni
42 kil., 140 diacide formique, au titre
moyen 54,5 p. 100; et représentant
25 kil.\ 004 diacide formique vrai. Ce qui
est surtout digne de remarque dans cette
expérience, c'est que la propriété éthéri-
fiante du résidu liquide était loin d^être
épuisée. On obtient donc avec Tacide oxa-
lique et la glycérine , de Taeide formique
indéfiniment, comme l'alcool ordinaire
donne avec Tacide sutfurique de Téther
sulfurique indéfiniment. Cette eonltnuité
et Tabsencc de préeao tiens, en employant
un bain-marie, ete., en font un proeédé
véritablement industriel.
M. Lorin a obtenu avec la glycérine de
Tacide (ormiquede premier jeta 90 p. 100 ;
il a étendu depuis ses expériences à d*au*
très alcools polyatomi^uBs, la mannito et
rérythrite.
De tous les alcools polyatomiques^ la
mannite doit être préférée pour la prépa*
ration de Tacide formique à 56. Elle four-
nit un produit plus abondant, d*une lim-
pidité parfaite et n&laissant, par distilla-
tion, qu'une petite quantité de résida a
peine coloré. Elle donne, comme la glycé-
rine, de Tacide formique très^ concentré à
66,4ponri00.
L'érytbrite (i) a donné des résultats
inattendus avec Tacide oxalique désby-
(1) Onsaitqae Pérythrite, CsHioOs. a.élé dé-
couverte par M.'Slenbouse dans tes lichens. CVsl
un alcool tétratomiqtte que M Berlhelol a placé
entre la glycérine t alcool triatomiqne) et la man-
nite (alcool hexatomiqae). — Elle a une Faveur
sucrée faible et cristallise en prismes volumineux
trôs-aoiubles dans Teau et dans Talcool absolu
bouillant. P.
draté; 85 grammies de cetter substancc^et
2 kil., 400 d'a«ide oxalique ont produit
4,120 diacide formique aqueux, continuant
985 d*aeide formi()«ie vrai, d*où le titre
moyen 87,95. Par la distillation des der-
niers aeides briils^ dn a obtenn de Tacide
à un litre dépassant 98 p. 100. De tous les
alcools polyatomiques essayés, Târythrite
est eclni qui a donné sans contredît les ré-
sultats les» plus nets.
M. Lortn a préparé dineetevuent de
Tacide formique cristalk'sable par une dis-
tillation ménagée de Tacide fonniqne,
obtenu avec Térythrite et Toeide dxali<;fne
, déshydraté. C'est là un résultat fort inté-
ressant. {Ibid.)
Sur la présence du bîo^de d'hydro-
gène dans la sève des végétaux, par
M. J. CLERMONT. -^ Il résulte des re-
cherches de MM. Schônbein et Heissner
que la molécule d*oxygène, que ces sa-
vants considèrent comme diatomique, se
transforme sous TinOuence de Télectricité
en ozone ( -) et en antozone (-f-), Tun des
deux atomes composant la molécule se
chargeant d*électricité négative et Tsutre
d'électricité positive. L*antozone, ou oxy-
gène électro-positif, ne peut donc pas être
produit isolément et ne peut être obtenu
que parallèlement à Tozone électro*négatif,
ei vipe vertm.
M. Meissner a étaltli^ en outrc^ qne
Toxygèneéleetro -positif^ ou antozone, pos-
sédait seul la propriété de faire passer le
protoxyde d* hydrogène HO à né degré
d'oxydation supérieur HO*.
D'un autre eôté, il résulte des travaux
d'un grand nombre de savants^ et en par-
ticulier de M. Scout^tten, qâi a entreténu
l'Académie des sciences de ses recherches,
qu'une grande partie de l'oxygène dégagé
par les plantes se trouvait a ÎVtat d'ozone.
Je me suis demandé, dès lors^ oe que
devenait^ dans le phénomène de la respi-
ration des plantes, l'a'ntre terme de l'oxy-
gène, c'est-à-dire rant020Be, et si ce gaz
ne servait pas à faire passer à l'état de
btoxyde d'hydrogène une partie de V-e/àVL
<;onstituant la sève des plantes.
J'ai dû admettre a priori, et contraire-
ment à l'opinion de M. Meissne^^ que la
pol^irisation électriqU'O de l'oxygène s'ef-
feetoait dans le corps même du végétal.
'£n effet^ ce savant admet que ToEone re-
jeté par les plantes est le résultat de la
polatisation électrique de l'oxygène^ qui
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HISTOIRE NATURi^I.LE MËDlCaE.
5 '.7
procède 1^ coa^u»tion de$ matières orga*
niques qui se trouvent en contact avec les
racines des vpgétanx et que c'est avec les
matériaux provenant de cette conibusiion'
que Pozone pénètre dans ces mêmes
racines, pour être rejelé plus fard par les
or-ganes foliacés.
Jai donc entrepris une série d'expé-
riences, destinées à démontrer Tcxistencc
du bioxydè d'hydrogène dans la sève des
végéta uk. Ces expériences aot été répé*
tées sur une grande variété de plantes,
telles que le tabac/ la vigne, la salade,, un
grand nombre de labiétjs^ etc.
Dans le début, mes expériences ne fu-
rent pas heureuses, et ce ne fut que quand
j'eus renouvelé mes réactifs, qui doivent
toujours être fraîchement préparés, sous
peine d'insuccès, et que j'eua opéré sur la
sève fraîche également, que je pus con-
stater nettement la présence du bioxyde
d'hydrogène dans le liquidç soumis à pics
investigations.
Pbur obtenir le' liquide ,întfa-cellulaîre
aussi limpide que possible, les planti'3 ont
été écrasées rapidement dans un vase ren-
''fermant de l'eati distillée, qui servait de
véhicule h la sève. Cette eau* ensuKe, était
examinée à l'aide du réactif, dit de Schôn-
hein, réactif très -sensible et composé d'io-
dure de potassium; d'amidon et d'an sel
de protoxyde de fer.
Ce serait m'aventarer sur le terrain de
la spéculation que de me demander, ac-
tuellement, quel est le rôle réserve au
bioxyde d'hydrogè^ne, dans les phéno-
mènes de la AUtritian et de l'assiaiilalion.
Il m'est impossible également dç fournir
des notions sur la richesse relative, en-
bioxyde d'hy^irogène, des différents or-
ganes de la plante, ainsi que sur la quantité
de ce bioxyde contenue dans un ^i)lumc
donné de sève . (Rép . de phetrm . )
Séparélioil de la potasse et de la
saude. — La méthode de Schlœ^sing est
fondée sur l'insolubilité du perchlorate de
potasse dans l'alcool à 56 degrés. Pour
séparer un mélange dç nitrates.pu de chlo-
rures, on le dissout dans l'eau régale^ la
solution est additionnée de perchlorate
d'ammoniaque, puis évaporée. L'aeMe
perchlorique chasse tous les autres acides,
et, lorsque les fumées blanches apparais-
sent, il ne re^te plus que des perchtora'tes
mêlés à un excès diacide. On ajoute alors
l'alcool à 56 degrés, on jette le tout sur un
liUre, et on lave pour débarrasser la partie
insoluble du sel de sonde. Le n^el de po-
tasse est dissous sur le filtre, avec de l'eau
bouillante, puis évaporée à sec dans une
enpsufe taféé. Le sel de sonde est pesé à
l'état de ^.ulfate. {Ibid.)
HI»toi|!e naturelle médicale et pharmaceaUqpe.
Etude anatomique des dagines orpicniALEs; par H. Collri, pharmacien de
<»• classe^ membre correspondant â -Verdun. (Mémoire couronné par ia
Société royale des sciences médicales et naturelles de Brvxelées, au concours
de \S7b.){Suite et fin. — • yoir notre cahier de septembre^ p. 24i.)
Rhubarbes d'Autriche.
La rhubarbe cultivée^n Autriche fournit au commerce deux sortes d^ racines
connues sous les noms de rhubarbe de Moravie et de rhubarbe de Hongrie.
M. le professeur Schroff, de Vienne, qui a décrit avec soin ces différentes sortes,
a reconnu que les rhubarbes d'Autriche présenlenl, au point de vue de lu struc-
ture anatomique, une identité complète avec la rhubarbe de France.
Rhubarlia , angolaise i
D'après MM. Pereira e^ Rufus Usher, l'un des prinscipaoK ciirHi valeurs de la
rhubarbe en Angleterre, la vhubarb&aégiaise est produite par leRheumRha*
ponticiim qui «si cultivé dans les environs de Banbury, comté d^Oxford ; mais
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548 HISTOIRE NATURELLE MÉDICALE.
en'examinânl les earactères anatomiques de ce4(e rhubarbe, je oe puis qu*avec
peine me rallier à cette opinion.
Celte espèce de rliiibarbe n'étant décrite dans aucun ouvrage français, et se
rencontrant assez fréquemment dans le commerce^ j'en donnerai la description
.complète. > ' ■
La rhubarbe anglaise (Pi. IX, fîg. 55 et 54) se présenté en morceaux de
forme et de volume presque invariables qui sont parfaitement mondés ^'t
souvent perforés pour leur donner quelque ressemblance avec la rhubarbe
exotique. Tous les échantillons que j'ai vus en France et ceux qui m'ont été
envoyés de Londres ne portent pas de trous. Tous les morceaux proviennent de
racines qui ont été coupées dans le sens de leur longueur et présentent par
conséquent une face plane et une face convexe. Je n'ai pu rencontrer de
morceaux ronds ou ovoïdes; In face plane est devenue fortement concave par
la dessiccation; à l'extérieur, les morceaux sont couverts d'une poussière jaune
qui leur donne la couleur et l'aspecl^des rhubarbes de Chine; mais, si on
enlève cette poussière, on voit facilement apparaître la couleur jaune rougeâtre
ou rose œillet, caractéristique de cette racine. Sur la partie centrale dé la
surface plane cette couleur est beaucoup moins foncée et presque blanche.
Cette rhubarbe est très-hygrométrique et quand elle est conservée dans des
endroits humides, elle prend une couleur jaune foncé qui est très-caractéristique ;
elle est plus légère que la rhubarbe chinoise; elle est spongieuse, surtout vrrs
le milieu des morceaux larges; elle se laisse facilement entamer par l'ongle et
se réduit en pâte sous le pilon ; elle n'est que peu ou pas aromatique, sa saveur
est astringente, aV;ide et mucilagineuse. Quand on ta casse, celte rhubarbe
présente une structure bien plus régulière que la rhubarbe exotique; les
marbrures ne sont pas aussi nombreuses, et leur couleur rose œillet 1rs
dislingue de celles des autres sortes commerciales.
Sur une coupe transversale de la rhubarbe anglaise (PI. IX, iig. 55)on apr^rçoit
(rès-distinctement une zone centrale d'un rose œillet mélangé de blanc qui est
entouré à la périphérie par un cercle blanc coupé par les rayons médullaires
jaunes. Ces rayons médullaires, qui. sont parallèles, sont entrecoupés A une demi-
ligne du bord de la racine par un cercle ondulé brun noirAtre dont nous avons
déjà signalé l'existence iians les rhubarbes chinoises. En se rapprochant dé la
partie centrale^ ils viennent se fondre insensiblement avec le Lissu blanchâtre el
alors on ne peut plus suivre leur direction. Un peu au-dessous de ce point dç fusion
on aperçoit très-distinctement un cercle assez régulier fprmé de petites étoiles
jaunâtres. Chacune de celles-ci est entourée par un cercle blanchâtre à contour
'bien déGni. Quelquefois encore ces systèmes étoiles sont disposés très-régu-
lièrement sur plusieurs^ rangs et forment aussi des cercles concentriques. Sur
une coupe longitudinale on n'aperçoit pas distinctement les deux bandes longi-
udinales branes si visibles dans les rhubarbes chinoises, maison voit un ossez
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HISTOIRE NATU«EUE «ÉDIGALE. 5VÎ)
graQd nombre de peiits âyslèœes étoiles disposés assez régulièrement sur plu-
sieurs rangées horizontales (PI. IX, fig. 57).
Gomme on le voit d'après cet expoâé, toutes les rhubarbes indigènes — et la
rhubarbe anglaise en est une. — ne présentent pas la même structure auatomique,
ainsi que le prétend M. Gauvet. La rhubarbe anglaise présente, en effet, sur une
coupe horizontale une disposition toute différente de celle que nous avons
observée sur la coupe horizontale de la rhubarbe française. Nous n'y voyons
pas le cercle brun noirâtre si régulier et Taspect radié caractéristique des rhu-
barbes françaises. La rhubarbe anglaise parait plutôt se rapprocher de la rhu-
barbe chinoise par sa zone centrale, par la présence de petits systèmes étoiles
et par son anneau périphérique formé, de rayons médullaires sensiblement
parallèles, et entrecoupés par une* ligne ondulée brune. La face plane des rhu-
barbes anglaises plates semble également offrir les caractères que nous avons
observés sur la même partie dans les rhubarbes chinoises.
Si les deux bandes longitudinales sont rarement aussi nettement accusées que
dans la rhubarbe de Ghine, les systèmes étoiles sont presque aussi visibles que
dans cette dernière espèce. Gette ressemblance disparait complètement si on
examine la face convexe de la rhubarbe anglaise, car il est impossible d*y re-
trouver les caractères observés sur la face convexe des rhubarbes exotiques et
des rhubarbes européennes ; nous ne trouvons plus aucune ressemblance avec
l'aspect réticulé des unes, avec l'aspect ponctué des autres. Au lieu d*étre dis-
|M)sés si irrégulièrement, et sous la forme de points au milieu du tissu blan-
châtre, comme dans la rhubarbe de France, les rayons médullaires de la rhu-
barbe anglaise sont généralement très-gros et disposés a5^ec ordre; ils ne sont
plus ponctués, mais au contraire, ils forment sur la partie convexe des rhu-
barbes anglaises de grandes lignes jaunes sensiblement parallèles et doni on
peut suivre' la direction sur une longueur de plusieurs centimètres. Lès lignes
jaunes disposées si régulièrement au milieu du tissu blanchâtre ne 8*écartent
guère de leur direction rectiligne que pour encadrer les petites éminences
étoilées qui apparaissent quelquefois sur la face convexe des rhubarbes et qui
ne sont autres que la trace des radicules. Gette disposition n'a, comme nous le
voyons, aucun rapport avec l'aspect réticulé de la surface laieraledes rhu-
barbes de Ghine. Ges différences ressortent plus clairement encore quand on
examine au microscope les différentes parties de la rhubarbe anglaise (PI. X,
fig. 59),,
La partie centrale est presque entièrement composée d'un tissu cellulaire
lâche et spongieux, peu riche en matière colorante, en amidon et en oxalate
de chaux. A mesure qu'on s'éloigne du centre, la quantité de ces différents
principes parait augmenter sensiblement.
Si on examine la coupe transversale des petites étoiles répandues régultère-
jnent sur la* coupe horizontale de la rhubarbe anglaise, on observe que ces
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550 HISTOIRE NATURELLE MÉprCALE.
étoiles sont généralemeni composées de payons médullaires à une seule rajigée
de cellules presque carrées; quelquefois ces rayons méd allai res sont disposés
sur deux rangées, Très-raremenl les rayons médullaires sont disposés sur 4 ou
5 rangs : cependant on voit des systèmes étoiles dans lesquels les rayons
médullaires sont, à Textrémité de l^ur parcours, disposés sur là ou 13 rangs.
Le tissu cellulaire compris entre les rayons des étoiles est formé de cellules
remplies d'amidon. A mesure qu*on s'éloigne du centre, les cellules paraissent
se condenser: La ligne jaune ou brune qui limite le co>ntour des petites étoiles
qu'on observe dans, la rhubarbe anglaise, apparaît sur une coupe microsco-
pique, composée de 4 ou 5 rangs de cellules quadrilatères, plus épaisses que
les autres, et qui paraissent se rapprocher du tissu cribreux; Celte aone forme
un cercle bien défini qui est coupé en plusieurs endroits, par les rayons médul-
laires. En dehors de cette partie, apparaissent les faisceaux veseulaires disposa
assez régulièrement en cercle. '.
Les étoiles de Id rhubarbe anglaise, quoique représentant dans Tensemble de
leur structure la disposition des étoiles delà rhubarbe chinoine se distinguent
de celle-ci par la distribution régulière et Tabondance des corpuscules amylacés
par Tabsence des cristaux d*oxalate de chaux et par la structure des rayons
médullaires qui sont généralement cèmposés d'une seule rangée de cellules.
Si noua examinons maintenant Tanneau périphérique caractérisé par la direc-
tion sensiblement parallèle des rayons médullaires ; nous observons encore des
caractères bien tranchés qui nous permettent de reconnaître aisément la rhu-
barbe anglaise. En effet, les rayons médullaires (pL X, fig. 40), au lieu d*étre
disposés assez régulièrement sur 2 ou 5 rangées comme dans^les rhubarbes
chinoises, sont 'formés tantdt de i, 2, 5^ 4 ou 5 rangées de cellules un peu
allongées. Nous, ne trouvons dooe pas la régularité qui paraît caractérisa. le»
rhubarbes chinoises et françaises. L'amidon existe aussi en bien plus grande pr(^-
portion que dans les rhubairbçs chinoises '^ la proportion d'oxalote de chaux y
est, au contraire, bien moindre. Le carabiuro est représenté par 4 ou 5 rangées
de cellules assez petites, assez régulièrement superposées et dirigées tangen*
tiellement. A mesure qu'on s'approche du centre ou qu'on s'en éloigne en par-
tant du cambium, les cellules augmentent en dimension et deviennent plus
riches ep amidon. ...
La surface latérale des rhubarbes anglaises (PI. IX, fig. %ê) n'esl pas moins
intéressante à examiner au microscope. Elle se montre composée d'un certain
nombre d'amas de cellules presque arrondies, encadnés par des proportiops con-
sidérables d'amidon. Ces amasde cellules (coupe tangentielle des rayons médul-
laires) n'offrent aucune régularité dans kurdispositionnidans le nombre des élé-
ments qui les composent ; tantôt, comme dans le rhaponlio« les rayons médu^
laires apparaissent sur la surface latérale des rhubarbes anglaises composés
de 7 à 8 rangées de cellules superposées, tantôt, comme dans ^es rl^ubarbes
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BISTOIRE NATQReLLE MËmCALE. 35i
ciiinoiscs, ils se tuotUreiil composés de 7 oii 8 rangées dans le sens de ia hau-
tetfr et de 5 ou 5^ rangées dans le sens de la largeur. Ces amas de eeiiules
apparaissent trôsnettement m milieu des corpuscules amylaisés qui les
enlourent.
Aifisi) comme nous venons de le Toir d'après cel exposé, la rhubarbe
anglaise possède des caractères bien tranchés qui permettent toujours de la
reconnaître facileffient. Si elle oflfre sur une coupe transversale et sur la face
plane quelques-uns des caractères de la rhubarbe de Chtne, elle diffère corn-
pièlement de ceile-ei par son aspeei extérieur, sa richesse en amidon et la
rareté des cristaux d*oxalate de chaux ; mais elle diffère encore bien plus de la
rhubarbe française, et ce point est important à signaler, car, comme je i'iii dit
plus haut, des auteurs très-recommandafoles assurent que la drogue de l'Ox-
fordshire est produite par le Rheum^Rhaponticum. J'avoue pour ma part que
cette origine me parait douteuse.
Si j'ai tant insisté sur- les caractères extérieurs et intérieurs de la rhubarbe'
anglaise, c*est parce que cette drogue était presque complètement inconnue
eh^ez nous jusqu'en Tannée 1870; c'est .encore parce que cette drogue a joué et
joue encore actueiiemeni un rôle assez important dans le commerce dç nos
voisins d'outre Manche qui l'exportent dans tous les pays étrangers et surtout
en Amérique. J'ar tenu aussi à appeler l'attention des pharmacoiogistes sur
une espèce commerciale très-belle en apparence et d'une valeur thérapeu-
tique presque nulle, qui sert trèsrsouvent maintenant à adultérer la bonne
rhubarbe de Chine. En examinant chacun des caraetères que je v^iens de dé-
crire, soit à l'œil nn, soit ô la loupe, le pharmacien ne courra aucun risque
de venfdre sous le nom de rhubarbe de Chine une espèce de qualité tout à fait
inférie«ire, réeoltée par les Anglais.
BISTORTE.
Polygonum Bistorta.
La section transversale <ie là racine de Bislorte est généralement elliptique.
A un millimèlre environ de l'épiderme, se trouve une ligne elliptique plus~oii
moinsinterrompueforméedeponetuati(msbrunes,ducôté extérieur, et blanches
du coté intérieur. Cette ligne représente la réunion des faisceaux fibrovascu-
laires et toute la portion qu'elle limite est formée par un tissu uniforme dtns
sa structure et qui n'est marqué d'aucune ponctuation ni d'aucune radiation.
Examinée au microscope, cette racine présente une couche épidermique
composée de 5 ou 0 rangées de ct^llules tabulaires, remplies d'un pigment
brun rougeétre^ au-dessous desquelles existe une couche assez épaisse de tissu
ulriculaire formé de cellules arrondies, dont un grand nombre renferme des
cristaux d'oxalate de chaux. Les cel Iules qui composent cette couche paraissent
augmenter <*n dimension à mesul>e qu'on s'éloigne des cellules épidermiques.
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3o-i HISTOIRE NATURELLE MÉmCAT^B.
Au-dessous de cette zone se trouvent les faisceaux fibro-vasculaires composés
de vaisseaux réunis en très-grand nombre et disposés dans la direction radiale.
Ces vaisseaux sont séparés par quelques cellules fibreuses^ et leur, ensemble
est entouré dans la pnrtie qui regarde Técorce par une couche assez épaisse de
cellules libériennes, très-petites, très condensées qui vont se perdre dans la
partie la plus intérieure de l'écorce.
Au-dessous des faisceaux fibro-vasculaires existe la portion centrale de la
racine composée de cellules arrondies dont un grand nombre renferme des
cristaux d'oxalate de chaux. Cette partie de la racine, de même que la portion
corticale, ne renferme aucune trace d^amidon.
Les faisceaux fibreux ne forment pas dans la racine de bislorte une couche
.non interrompue. Ils sont réunis entamas qui soot séparés les uns des autres
par une portion de tissu cellulaire qui établit une communication entre la
partie centrale de la^ racine et la portion corticale. Les^ponctuations brunes
qu'on distingue à Toeil nu représentent les couches libériennes ) la partie
blanche représente les faisceaux fibro-vasculaires.
La disposition de ces éléments, Tabsence d'amidon et la présence des cristaux
d oxalate de chaux, sont d'excellen.ts caractères qui pernietteot de reconnaître
facilement cette racine.
PATIENCE.
Rumex Patîentîa.
La racine de Patience coupée transversalement présente une structure qui se
rapproche beaucoup de celle du Rhapontic et dans laquelle l'aspect radié est
peut-être uri peu moins visible, quoique très-apparent. Mise en contact avec
une solution d'iodure de potassium iodurée, la section transversale prend rapi-
dement une couleur bleu foncé^ indice de la présence de l'amidon.
Examinée au microscope, cette section présente de la circonférence au
centre :
i^ Quatre ou cinq rangées de cellules tabulaires remplies d'qne matière
colorante brune. C'est la partie épldérmique.
3<» Une couche épaisse de parenchyme dans laquelle les cellules voisines de
l'épiderme sont allongées langentiellement, tandis qu'elles deviennent assez
régulièrement polygonales à mesure qu'elles se rapprochent du cambium.
Dans la couche de parenchyme qui avoisiné l'épiderme, on distingue un certain
nombre de cellules à parois très-épaisses — Holzzellen des Allemands — qui
sont quelquefois isolées, tantôt réunies par groupes de quatre ou cinq.
5« Ua cambium composé de trois ou quatre rangées de petites cellules assez
régulièrement superposées.
4^ Un parenchyme composé de cellules assez régulièrement polygonales aa
milieu desquelles on aperçoit quelques cellules un peu plus allongées dans la
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'dîrt*«i<Wi f'érdiftie el rèprésenlàni les' t^aycm^' mcduïliifrès. C'ê«Vatf milrea de cig ,
pqreQchyiQ^ que sont disposés les ifaiscea^ix fibrô.-v^sçulâire^ composas de.
v»tôseéa<x>oeu mutés- en B%sez griin<4 nombre/ surtotHdaiis' l'a p«rtr« située'
imrnédialeméiil au-dessous du cambium. A mesuré qu'on s'éloigne de, celle
zom, lei)#inl>rie des vaisseaux dii»i«me et chaque faisceau n*est plus composé
que de deuX ou trois vaisseaux superposés. Les fafaceaui vasculâîres sont
entQuréi» de dqux ou 4rois touches de» cellules plus pelites^ q^e.le^,autrf9 ^ à
parms plus épaisses. Ces tellules sfe réttnissem aved les VaiMeaux pour cohslituep
les faisceaux fibro-vasçulaires qui yant ens'^élargissanLdcpuis la parlie centrale
jttsqif'é lazwie'cambjale.
Cette portion de la ralclne, de fnéhie qtie celle qui entoure le'cambium, est
^ très- riche en «ORptasaules.amylacési, «tt OQnnne toules ks autres, racines des
poiygbtiêes, die renferme tine notable profrortron de cristaux d'oxalale dO'
chaux.! .•.,.',
Comme'nous venons de le voir d'»près cet exposé, toutes les racines de poly-^
gonérs renferment une proportion très notable de sels calcaires.
ralfiilIcaÉtoi»», ete,
8ov one altérattea ipoiitaiiée du ohlo'»
r«»iormè; pan- M. JAILLÂRD, pharmacien
princîfMl de 2<> classe. — II est des cas <»yi
le cMoroforme, débarraasé de suhâtancds
étrangère», devieni premptement inipro^
pre ans usages chh'orgieaux : c*csf Iors«
qu-ii ^e décompose afiOliUiléneaten «cida
' cbtorhydriqb^» et on acide formiqiie, dé^
dttubleknent qui ii^a pas erieore été signalé^
et qwi se fiodml surtout lorsque le chlo**
roforaa<' reofcraie une petite quantité d*eau
•t qull est exposé pendant longtemps à
Taction de la lumière <in jour» i celle de >la
afa&loor.
Cette altération, que nous avons reû**
eontiréei bien des fois dans nos TÙsites de^
pharmati^ d« la cireonsoriptbn d'Algery
se recQsnait ai^raent de 'la manière suii
yantè : r
On )>vefld' une certaine quantité du H-
quidu. anestJiésique ; ou. i!agitc dans un
flftoon avec la moitié de sou volume !d*«ap
distillée; ou dulèTe ensuite eelle-oi avec une
' pipette, puis on la , traite par le nitnale
d*aFgent.,Donne-»t-elie lieu à un précîpitq
blaooy eaiHefaotté,. insotoble dans Taoide
a2otiqtie,.mièine.bouilkiflt,.elisoIuble dans
raiMBoniaque^ c'est là une p^ùve q^^'elie
rmfcrme fie l'aoide ehiorhydfiqae.
Oflla jettC' eiiiauite <sur un filtre, de ma**
oidreiiaéébarrasaerdu chloruni dlangeol
qu'elle a fourifii, puis on h soumet à
rébullition, après Tavoir additionnée d'un
excès du réactif argentique; Remarque -t-
on que ce dernier se décompose en formant
un précipité noir d'argeot métallique^ on
en conclut qu'elle «ontient ^e racide for-
mique.
L'existence de ces deux acides rend l'ap-
plieatio» du chloroforme exeessîvement
dangereuse; il est important d'en dcbar^
rasser cet anesthésique. Pour cela, on lé
lave soign(eu6emeRt avec une solution po-^
tasstque, pttisj après l'avoir décanté^ on^ le
distille sur du chlorure de calcium.
(Joùmaè éepharin^uTiû et de chimie.)
PhapmàtDtie.
•Sor le |S»op de Dâiimede ToIm ; par
A^' LALIEUr^'pharmaicien à Saint^Hubôrt;
membre correspondant de la Société.
Le n» de mai 187i de ce journal con-
tient un article sur le sirop de tolu. Depuis
lors, de 1)0» belles obsevvalicMis m'ont jMiru
de nature a justifier «ettr «etoade note.
Deux ratidifications sont à apporter inl
premier procédé : l'uiie ^coA cerné le mode
opéffataire, Pautre la proportion de iNiume.
On pourra Toir^ dana le pnemier article,
que je oooseiliais de verser l'àiDoblé de tolu
sur- des Buirceauk' de sucre, d'ajouter
cottxci ,à «tu sirop ainipto et «d'an aider la
45
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55«
R8VDB mLYTIQÇB BT CfUT^UB.
dissolatioo^au moy^ii de la chaleur. Dans
ce3 conditions, quoique Topération réus*
sisse bien, on remarque cependant que
Talcoolé est chassé trop rapidement de Tin-
térieur des morceaux de sucre et que le
baume par conséquent se précipite trop
vite.
J*ai'donc essayé, après avoir versé Tal-
coolé sur le sucre, de le laisser exposé à
l'air libre pendant 24 heures, dans un
endroit chaud» pour que l'alcool s'en éva- •
pore, et le baume se trouve ainsi former
une couché mince à l'a surface des petits
cristaux, tant de Tin térieur que de Texte-
rieur. Si, dans ces nouvelles conditions, on
plonge les morceaux dans le sirop préala-
blement chauffé, on remarque que la résine
n'arrive à la surface, qu*à mesure que la
dissolution du sucre s'opère et que celle-ci
se fait lentement. Pas une parcelle du
ban me ne peut ainsi échapper à l'action du
dissolvant; c'est au point qu'avec la quan-
tité de teinture que j'employais^ il se fait
une cristallisation très-abondante d'acide
cinnamique. On peut donc diminiiycr la
proportion de Talcoolé, lequel se prépare
avec de .l'alcool à 9$^
Voici le procédé que je crois pouvoir
recommander :
Pr. Sucre en morceaux. . .
Solution de tolu au tiers
Sirop simple ....
Eau . . . . . • .
650 grammes.
135 -
2000 —
Q.S. -
Pour 5 kilogrammes de sirop. Versez la
teinture sur les morceaux de suer« et
laissez Talcooi s'en évaporer. Après â4 heu-
res ajoutez le sucre au sirop préalablement
chauffé à 70^ ou SO^ dans une bassine
émaillée. La dissolution en éiaot faite,
ajoutez l'eau, couvrez le vase et, après
refroidissement, décantez le sirop dans une
bouteille pour le passer huit jours après.
Si le sirop n'est, ainsi terminé qu'après
une dizaine de jours, en somme il n'aura
exigé que peu de travail ; il y. a par consé-
quent économie de temps et de matière
première.
Dea •ztraîia flutdea pour la prépara-
tion du via de quiaquîaa ; par M. BER*-
' QUIER, pharmacien. — Par< ces temps de
vulgarisation, tout le monde veut être un
peu soa médecin, un peu son pharmaciei^;
chacun veut préparer son eau de goudron,
son vin de quinquina. Ces préparations ne
^ nécessitent d'ailleurs nî un outillage spë-
fiisA, ni une manipulation très-eMapliqnée;
mais, si simples qu'elk^s soient, le publia
veut les simpliOer encore. De* la le grand
succès des liqueurs de goudron et des
extraits Avides, pour la préparation iastan^
tanée du vin de quinquina, annoncés à
grand renfort de réclames. Sans chercher
si ces préparations remplissent bien emn^
plétement les conditions apnoocées, nous,
sommes obligés de reconnaître qn*elles
s'imposent aujourd'hui au pharmacien;
que celui, qui ne veut pas les proparer jui-
même est obligé de les vendre sous tel ou
tel cachet. Dans ces conditions, il est de
bonne guerre, eroyous^nous, de résister
a l'invasion des produits étrangers en leur
opposant ceux qu'on peut préparer soi-
ttéme dans d'aussi bonnes conditions.
C'est dans cet ordre d'idées .que noius
avons fait quelques 'essais pour obtenir une
liqueur pour la préparation instantanée dti
vin de quinquina. Nôtre produit .ooiis pa-
raissant être au moins Téquivalcnt de ceux
que les journaux prônent si pompeuse-
ment, nous croyons pouvoir être utile à
quelques confrères en leur indiquant notre -
procédé d^ préparation.
< Les extraits fluides pour la préparation
du vin de quinquina sont de deux espèces.
Les uns donnent avec le vin an précipité
abondant, et nécessitent une £ltrattoii ; Icq
autres donnent peu ou pas de précipité et
dispensent de cetl€ opération. Nous n'hé-
sitons pas à donner la préférence aux pre-
miers, comme donnant un produit beau«
coup plus riche et se rapprochant du via **
de quinquina du CodeSc; le^ public^ as
contraire, qui oherebé avant tout sa com*
modité, préfère les seconds. Nous dirnnei
rons un mode de préparation pour Tim êi
l'autre de ces extraits.
Dissoudre dans 60 grammes d'alcool à
^60 degrés toute, ou à peu près toute la
partie soluble de 50 grammes de quinquia»
Calisaya, telle est la formé sous laquelle se
présente le problème^ lorsqu'il. s'agit d'un
extrait précipitant le vin.
Si l'on cherche a obtenir ce' réstiitat en
traitant lentement par déplacement, le
quinquina en poudre grossière au moyea
de l'alcool à 60 degrés, il est facile de se
convaincre que, lorsqu'on a obtenu deux
parties de liquide pour une de quinifuina
employé, on a une teinture très-ehargée,
mais le quinquina est loin d'être épuisé.
La preuve en est que, si on continue à
faire passer de l'aleool sur ce quinquina,
on obtient encore une teinture assez riche.
J'ai oontifftté l'opération en reeueiUaat lea
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REVUE ANALYTItiOÊ ET GftlTlQtïB.
58b
]$rd4iriù sute^»9ifs âabs des bôntefll^s
nnriâârôléés; jti«qii^A ce qtie la qaaDtité
tolftle d^dlcooi employée fàt égale à dix
fois le poids du quinquina. A ce moment,
je remplaçai TalcooF par l'eau distillée, et,
après aroir tiré encore deux parties de
produit contenant Fa majeure partie de
rateool employé, j'arrêtai Popération, et
rejetai le qainquina qui sentait encore
I*aleool, ma>is était complètement dépouilté
d*ameHuroe* Dans ces conditions, là totalité
des produits obtenus contenait bien tonte,
ou à pen près toute la partie soloble du
^quinquina, mais il fallait la concentrer pour
la ramener au cinquième de son vo-
lume, tout en lui conservant son degré
alcoolique. Fallait-il avoir recours à la
distillation et à la concentration? Ceût été
nn mauvais procédé: i* parce que Faction
prolongée de la chaleui^; surtout au contact
dé Pair, altère plus ou moins profondément
les principes dissous ; 3<* parce que> Talcool
s^évaporant d'abord, les principes insolu-
bles dans Teaii pure se précipitent dans la
première partie de Popération, et ne se
redRSolVènt ensuite qti -en partie, lorsqu'on
ramène la liqueur au degré alcoolique pri-
mitif par r addition d*a1cool fort. J*ai pré-
féré avoir recours à ce qu'on pourrait
appeler la méthode des déplacements suc-
cessifs.
Une nouvelle dose de quinquina fut
> introduite dans Pappareil et traitée Comme
la première. Seulement, au Heu d'employer
de Palcool neuf à Pépuisement, j'employai
les produits précédents dans Pordre où ils
avaient été obtenus, en mettant toutefois
a Pécart les deux premières parties. Arrivé
aux produits résultant du déplacement par
Peau distillée, j'eus soin de les ramener à
60 degrés par Paddilion d'une quantité
convenâfble d'alcool à 91 degrés, et je ter-
minai avec de Palcool neuf h 60 degrés,
et enOn avec de l'eau distillée comme pré-
cédemment.
Je recommençai la même opération avec
une troisiènte, une quatrième, une cin-
quième do^e de quinquina. Les deux pre-
* miêres parties des quatre premières opé-
rations furent réunies/ et employées è la
préparation dei'éxïrait de quinquina jaune
repris par Peau ; les deux premières parties
de la cinquième opération constituaient Pex-
trait fluide de quinquina. La mise en train
de -ce procédé est tongne et compliquée,
mais nne fois qu'on aura obtenu la série
des liqueurs servant à Pépuisement, chaque
opération successive n'est plus qu'une lîxi-
Viation ordinaire. Chaque fois que j'ai
besoin d'extrait fluide de quinquina, j'in-
troduis dans mon appareil à déplacement
i kilogramme de quinquina en poudre
grossière, et je verse immédiatement sur
ce quinquina les deux premiers litres de
liqueurs provenant de Popératîon précé-
dente, après prélèvement de Pextrait
fiuide. Après vingt-quatre heures de con-
tact, j'ajoute le litre n« 3 et j'^ouvi^e le
robinet de manière à laisser couler goutte
à goutte. Le résultat de la lixiviation est
reçu dans un flacon jaugé portant iin trait
au niveau que doit atteindre le liquide
représentant 2 kilogrammes d'extrait
fluid«.'ToU8 les matins j'ajoute nn nou-
veau litre d<» liquide. Lorsque le produit
atteint le trait dans le flacon jaugé, ce qui
atrive après Paddition du litre n* 8, j'ar-
rête un instant Popération, je retire l'ex-
trait fluide après avoir agité le flacon, de
manière à mélanger les couches succes-
sives, puis je remets le flacon en place, et
je continue Pécoulement. Chaque matin, à
partir de ce moment, avant d'ajouter de
nouveau liquide, je vide le flacon dans les
litres portant les numéros 4, puis % puis 5,
et ainsi de suite. A partir du moment où
j'emploie de Peau distillée, j'ai soin d'in-
scrire sur les flacons lavage^ de manière
à rappeler que cet alcool est un degré
inférieur et qu'il sera nécessaire de le
ramener au titre.' Dans ces conditions,
l'opération, bien que longue, ne nécessite
qu'un travail insignifiant chaque matin.
Le produit obtenu est excessivement
chargé, et mérite réellement le nom d'ea;-
trait fluide. Le quinquina retiré de Pappa-
reil à la fin de Popération est bien complè-
tement épuisé, et il résulte du mode même
d'épuisement; que toutes les parties solu-
blés qui pn| été enlevées se retrouvent
nécessairement dans Pextrait fluide.
Cet extrait, mélangé avec le vin à la dose
de 60 grammes pour 1 litre, donne un
précipité abondant qui ne tarde pas à .
gagner le fond du flacon ; le liquide qui
surnage est complètement limpide. Il «st
très-amer et a la saveur caractéristique du
quiriquina,^lus que le vin préparé par ce
procédé du Codex. Il est moins décoloré,
nn peu plus alcoolique, bien que la dose
d'alcool employée soit la même, il est
d'une meilleure conservation. Si on a soin
de ne le filtrer que quelques heures après
sa préparation, Jl reste plus longtemps lim-
pide que le vin de quinquina du Codex, ce
dernier continuant à se dépouiller après
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356
MVUf ANÂ|.Y'NOQe ET CRITIQUSi
qtt*on Ta s^aré du maro. 4fl «roi«; q^-on
n^ peut demander plqf de ^ualitéfi sé^
rieuses, à un extrait pour la préparation
iostanlaoce du. vin de qui^qujoai jqiais il
ne remplit pas \e cUsideratum du ,pubKe,
il ne dispuense pas du, la fiUration..
Pour obtenir ufi extrait d«nnoat< immé-
diatement un vin de quiniquina limpide, il
reste à le dépouiller de la partie qiic le vtu
préqipite aiu 'moment duiméUagc. Cette
opéralioq ne peut se faire sans préjudice
pour la qualité du produit. Bn effiel, le
précipité formé n'est pas c|4 eXiCiusiTement
à la séparation. des matièreei résinoîdes du
quinquina» ces matières cntrain^nt tou-
jours avec elles d'autres éléments e;t une
Botabie partie dça alcaloïdes.. J*ai ohecche
h diminuer celte cause. 4*appauvris$emeat
en faisant intervenir un acide qui a<»g-
rnchte la solubilité de^ alcaloïdes, et j*>ai
choisi Tacldc du vin» Tacide tartriqqc^.qui
présente c» même temps cet avantage d'é-
liminer les sels de chaux et de séparer par
avance un précipita qui se ser^ijt pnoduit
dans le vjn. Après quelques tâtonncmenla,
je me suis arrêté au procédé de prépara-
tion suivant : . ,
Deux, kilogrammes d'extrait 0uido de .
.quinquina, sont introduits dans .un petjt
alambic el distillés au bajin marie jusqu'à
ce que la liqueur ne passe plus que goutte
à goutte ; à ce moment, le résidu. est retiré
du bain-marie et versé dans un ilaeo»,
additionné de H grammes d'pcide tartrique
eu solution dans une petite quantité d'eau
distillée, et agile vivement. Après qua-
rante-huit heures de contact, pendant
lesquelles on agite de tempes en temps, on
filtre^ OD réunit le produit à Talcool dis-
tiÛé, et on complète le poids de 'i ^kilo-
grammes avec un peu d'eau distilléci dont
on s'est servi pour laver le filtre.
L'fxtrait ainsi obtenu bisse encore dé«
poser pcndapt quelque temps un. précipité
blanc qui s'attache sur ^es parois du vase
en petits cristaux grenus^ croquant sous la
dent, que je crois être du tartrate de
chaux. Il est très facile d§ les séparer par
une simple décantation. .
Mélangé ave^c, le vin, il a^ trouble .pas
sa limpidité, au moins pendant. quelque
. temps A la longue, il. s'est produit un
trouble plus ou moins n>anifesto isuivant la
nature du vin.
Le vin .de quinquina ainsi préparé est
beaucoup moins amer et moins riçhç que
celui qui est fait avec, le premier extrait,
mais U.est.«iu moins réquivaleot de.cc^ui
x}«e m'ont «ionDié les divers quinquinas
49} .commerce ne préorpîtant pas Je vj«< Il
n'a pas, il est vrait le goût dejiehon qM*oD
rencontre dans un oertain nombril de ces
produits, ice qui tient exclusivement à oe
•qu'il est, préparé avec du quinquina eali*
saya plat^ entièrement dépAunvude lichens
fnar conséquent, £« remplaçant ce quin'-
q«ina par des qainquinas roulés ou des
jii|va, on aurait oe goÂt que .^uouup de
personnes cotiardèrent coinine caractéris-
tique du quinquinayet qui ^ppiirtient tout
:9us^i bien à l'écorcie de chêne ourà toute
autre éeoree à lichens. • .,
{BéperioiK^ de pharmacie, )
S«|r \a préf»ar«li9aA àm V<Mig«««t i
,1»Mriel; p^r M. WAL^ETr t- JW. Wallet,
pour obtenir ee médieamept, prend des
tpoid&'ég^u de mercure et 4'4\ong^ ré-
cfintç» .soit pure, soit durcie, p^r 1? cire,
comme l'indique le Codex, il met. d'abord
la totalité de Taxonge (1,K0Q grammes)
dans. un. grand .mortier, de fer de O^tSîiide
prokfondeuj^ et d'un diamètre intérieut de
^0"*,28 au fond. A pré^. a voir pisté J'axonge,
.il y fait, par intervalles successifs d'une
•minutç, et en remuapt vigoureusmeqt et
coj^stammen^ la. masse, des affqsions d'une
cinquantaine de grammes à la fois de mer-
rcure qui se met à l'instant en globules de
plus en plus divisés et s'éteint au bout de
peu, de temps d'une façon complète don-
nant un mélange de plus en pli^s apte, par
sa densité croissante, à recevoir des affu-
$|obs ultérieures. :.
Après vini^t-cinq a trenic affûtions sem-
blables, les i ,500 grammes dp. mercure
soAt incorporés, et il ne reste pJus qu'à
comploter l'extinction, but qu'on atteint
par une forte .trituration dp trois quarts
d'heure environ.
On obtient par ce moyeui ^n une heure
ou une heure et demie à peu près, 3 kilo-
grammes d'ongufnt mercuricl remplissant
toutes les conditions désirables^
M. Wallel. explique ce^ qui se passe dans
cette circonstance de la manière suivante :
La physique enseigne^ dit-il, quc'la pi^san-
teur l'cmportesuf la cohésion dans les 11-
.quides en ^usse» tandis que c'est l'inverse
qui a lieu sous un petit volume. Elle nous
n^ontre aussi que dans ce dernier oaslos
liquides affectent la /orme sphéroïdale et
que celte propriété est d'autant plus frap-
pante que le Jiquide ^^>uiUç moins- Or le
iftercure ^^t dans ce (;as ; il (kvj^ot donc
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KKVm i^àiTTIQUE ET CRITIQUE
587
éviéfnt i(yie..Ia pr^ar&|ion,;de Tonguent
loercuri^I 4pit étrç i*ésolue en QffaiblUsant
,eu partie ractioh de 1^ pesanteur, par
caQtre en exaltant la force de cohésion sur
le mercure dans la confection de ce pro-
duity car on divisera alors plus facilement
Je métal fluide en petits globules spbéroï-
daux de plus en plusténu^ et par suite
plus légers^ il la réunion desquels 3'oppor
sera par la viscosilé la graisse, qui les tien-
dra en suspension dans sa masse. Donc en
ajoutant à tobte l'axonge pure, ou durcie
par la cir<i le mercure métallique par pe-
tites portions,, on doit obtenir le meilleur
résultat . {Journal de pharm. et de chimie,)
ToiLicologle.
Sur U». projprîétâf tpxî(|itei de» aloooli
par fermentation ; par MM. DUJÂRDIN-
BEAUMETZ et AUDIG$. ~ Nous avons
ontreprifi, ^ur r^tude des actions pbysio-
logiques et thérapeutiques deSj alcools par
fermentation^ une série «Inexpériences dont
nous piibUaiis aujourd'hui les premiers ré-
sultats,^ ceux qui sont relatifs à leur action
toxique. v
Ud^ série d'alcools que nous avons étu-
diée est la suivfiote: alcool éthylique,
C*H«Q ; propylique, C'H«0 ; butylique,
C^H^Octamylique, C^HTO.
L« différence de solubilité que présen-
tent CCS divers alcools ,nous a forcés de
varier leur mode d'administrt^tion : aussi
nous avons dû comparativement, sur plus
de soixante chiens, les faire absorber, tan-
; tôt par restomac^ tantôt sous la peau, en
ayaut toujours soin de rapporter, aussi
rigoureuiiem,eiit que possible, la quantité
d'alcQol administré au poids de Tanimal en
expérience. Voici hs résultants auxquels
nous sommes arrivés :
< 1. a. L*alcool éthyliqve absolu, injecté
sons la peau à Tétat pur, détermine la
mort, chez les chiens, dans Tespacc de
trente-six à quarante huit heures, à la dose
de 6 à, 8 gravîmes par kilogramme du poids
du corps.
6. Lorsque cet alcool est dilué dans )a
glycérine neutre, Tuct^on toxique est plus
rapide : la mort surviejjit a^çrs dans Tes-
paoe 4^. vingt* quatre à trente-six heures,
à \a dose de 6 grammes a 7 gr.,.20 par ki-
logramme du poids du corps. ,
c. Enfin cette action toxique atteint son
maximum d'intenaité, pôu<r cet alçopl,
Içr^q^^ou l>dnii)istfe. par, Festomac; la
oport arriva a|er4 auibout de doUM à <fiiin|f e
heures, après ringcstioa de 5gr.,50 à
6gr.,50 par kilogramme du poids du corps.
2. fl. L'alcool propyliqw, injec|c pur
sous la peau, produit la ntort en quelques
heures, à la dose do ^ grammes à igr.ySO
par kilogramme du poids du corps*
6.^ Lorsqu'il est dilué avec de la glycé-
rine neutre, et introduit toujours par voie
i^ypodermique, Faction toxique, comme
précédemment, est augmentée; il suffit,
pour produira la mort en vingt- quatre à
trente-six heures, de 3 grammes à 3gr.^65
par kilogramme du poids du corps.
c. Enfin, lorsqu'il est introduit par Tes-
tomac, Taction toxique est encore légère-
ment augmentée: 5 grammes à 3gr.,30 de
cet alcool très-diUié, par kilogramme du
poids du corps, déterminent la mort dans
l'espace 4e douz<j heures environ.
5. L*alcool butylique est en/Qore plus
toxique que les préeédents.
a. Injecté sous le peau è. l'état pur, il
détermine la mort en six à sept heures, a
la dose de H grammes à 2gr.,50 par kilo-
gramme du poids du corps.
b. Lorsqu'il est dilué par la glycérine,
la mort arrive au bout de vingt quatre
heures, à la dose de lgr.,9â par kilo-
gramme du poids du corps.
c. Lorsqu'il est introduit par Testomac,
il suffit.de la dose de lgr.,76 par kilo-
gramme du poids du corps pour produire
des accidents mortels.
4. L'alcool amyliquç, expérimenté dans
les mêmes conditionis, donne les résultats
suivants :
^. Injecté pur sous la peau à la dose de
Jgr*,SO à 3gr.>29 par kilogramme du
poids du corps, il détermine la mort dans
un espace de temps qui varie de deux à
sept lieures/
^. Lorsqu'il e&t injecté à l'état de dilu-
tion, toujours da{is la glycérine, la dose ,
toxique, s'abaisse de 4gr,y50 à Igr., 65 par
kilogramme du poids du corps.
c. Enfin, lorsqu'on introduit par Testo-
mac, la dose toxique est de Igr. 4 4<) à lgr.,!î5
par kilogramme du poids du corps; elle
produit la mort dans un espace de temps
qui varie de trois à dix heures,
Pc toutes CCS expériences, nous croyons
pouvoir tire,r les conclusions suivantes :
i** Les propriétés toxiques dans la série
des alcools de« fermentation suivent d^une
façon mathématique, pour, ainsi dire, leur
composition atomique ; plus celle-ci est
représentée par des chiffres élevés, pliu
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558
RBVÏTI? ANALYt*Ot)fe Et ÉRfrtOtfe.
Taction kô^tqîie est considérable ; et (<fia\
aussi bi^n lorsqn^on les introddit par la
petfa cfiïc par Testomae.
2* Pour le même alcool^ Taction toxique
est plus cônsfdërabid k)rsiq)i'on 1 Introduit
par la voie gastrhfue que lorsqu'on l'admi-
nistre par la peau ; dans ce dernier cas, la
dilution de cet alcotil dans un Véhicule
étranger augmente ses prcypHélés toxiques.
3<* Les phénémè^es toxiques observés
paraissent en général fes mêmes, sauf le
degré d'intensité, quel qile soit raicodi
dont on fasse usage.
Quant aux lésions, elles suiVent aussi
une progression croissante, de Talcpol
éthylique à l'alcoot amyliqUe. Les lésions^
de la muqueuse intestinale, sui'tont dans
sa première fonction, sont tout aussi in-
tenses lorsqu'on administre les alcools par
la voie hypodermique qâe- lorsqu^on les
fait irtgérer par l'estomac.
Nous avons observé des congestions in-
testinales allant jusqu'à Thémorrhagie dans
les premières parties de Pfntestin grêle, et
cela aussi bien dans les cas ou Talcool avait
été administré par les voies digestives que
par la voie hypodermique.
Nous avons aussi noté que, avec le même
alcool, la congestion et Tapoplexie pulmo-
naires étaient plus fréquentes lorsque l'al-
cool avait été administré par festomac.
{Joum . dç pharm , et de chimie: )
Recherche de Taliin dans le pain- et
dan. la farine ; par M. J. G. THRESH. —
On prend un échantillon du poids 4Îe
i,â50 grains (81 gr., ^5) vers le milieiKdu
pain, ou un égal poids de farine: on le car-
bonise entièrement sur un disque de pla-
tine au moyen d'une lampe à gaz. Au char-
bon pulvérisé on ajoute de Tacidè chlorhy-
drique de façon à en faire une pâte de con-
sistance de crème, on verse sur le mélange
400 grammes d'eau et l'on fait bouillir le
tout pendant quelques kninutes. On verse
encore de l'eau de façon h compléter un
volume de 150 centimètres cubes, on filtre
et l'on recueille 430 centimètres cubes,
volume correspondant à 1,000 grains ou
65 grammes dé pain ou de farine. A ce
volume de liquide on ajoute de l'ammo-
niaque, on fait bouillir pendant quelques
secondes, on laisse déposer le précipité et
Ton décante le liquide surnageant. On dé-
laie le précipité avec de Teau distîNée, on
laisse déposer une seconde fois^ puis on
décante; afin de ne rien perdre du préci-
pité, on reçoit 1e Hqttidc sur un petit mire.
Lé ' précip^é' encore imparfaitement lavé
est chauffé doucement dans une solution
dé i gramMe'de potasse ou de .<oude caus-
tique pure ;* on filtre cette solution sur le
filtre qui a déjà servj à TecueîHir' les 'par-
celles de précipité entraînées pendant la
décantation. Le filtre est lavé ii Peau dis-
tillée, et Takimine est précipité de sa Solu-
tion alcaline par l'addition de quelques
gouttes d'acîde phosphorique dilué et un
excès d'acîde acétique pur. Le liquide et
le précipité sont portés à rébullition, pois
le précipité est recueilli, lavé, séché, porté
au rouge, enfin pesé. Du poids du phos-
phate d^alumine on déduit celui de l'alu-
mine. {Ibid.)
Qy^lène pnbllque. .
Quelques oon#îd6ratîon's sii^ lei baini
de mer sur les plages du "Nord, par le
D' LEMARCHAND.
A^ Becherche d'un logement. — -Choisir
pour les malades ^endroit le nrieut exposé '
et le plus à l'abri des vents régnants.-
2° Hygiène de la mer. — Il n'est pas
prudent de passer plusieurs heures à con-
templer les vagues, surtout si les vents
sonl/ermes. Lorsqu'on arrive à la mer, il
faut toujours avoir tin double vêtement à
se mettre sur les épaules pour parer aux
t^ariations de température. Avant et après
le bain il faut se promener pour aider à fa
réaction. Il faut se tenir en garde contre
un appétit formidable qui se développe
chez la plus grande partie dès baigneurs et
ne pas oublier que les forces digestives ne
sont pas toujours en harmonie avec le
développement de cet appétit. €'est pour
parer à cet inconvénient que les Anglais
purgent les malades qui prennent lés eaux
de mer.
3<» De l'emploi du bain de mer. ->- Une
saison de bains ne devrait jamais être com- .
mencée sans avoir pris conseil d^un méde-
cin compétent, un mauvais début est
toujours une chose ' fâcheuse pour un
malade.
A^ Application des bains,"— Ce n'est
pas par sa longue durée que le bain agit
favorablement j un bain d'une ou deux
minutes peut être trop long pour un ma-
lade et trop court pour un autre. Le bain
de mer doit être classé parmi les médica-
tions énergiques, quMl faut doser avec la
plus grande prudence. Quénd les bains ne
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PV^JB ANALYTIQUE £ï CRITIQU^.
559
peuvenjt pas étr^ tolérés au début, oo
essaie les lotions frofdes om fraîches très-'
ctourtes suivies de frictions sèches, les
douches écossaises. Alors que ces der-
nières spnt bien supportées, de là à la mer
il n*y a qu'un pas. , '.
b® De V heure du bain. — L*hçure du
bain n*est pas indifférente pour t,ous leç
baigneurs ; généralement, on peut se bai*-
gn.er % toute heure du jour, mais mieux
vaut le faire à jeun le matirif surtout,
-lorsque Pestomac est parçsseux et que, la
seconde digestion, e^t lente. Pour les
enfants et t^s ma]ade;$ débilité^; faire faire
un léger repas deux heures ay^nt le bain.
6® êîanière de prendre le jbain. — Divers
méflecins commencent un traitf.ment ma-
ritime par une série do bains chauds dont
ils diminuent la durée et la température
pour arriver à Teau froide. Cette méthode,
est vicieuse, le bain chaud congestionne
la peau, d*autant plus que. le bain a été
plus long et à une température , plus
élevée. . . ,
Au sortir du bain elle est accessible h
Teffet dju froid de la teippérature exté-
rieure, et la partie la plus exposée ^u vent
est celle qui se prend : de là rtiumaUsmes,
névralgies, etc. Oo comprendra facilement
que, Iç bain chaud prjéparera for.t»peu le
malade à supporter les bains froids, Au^sâ
airje dû renoncer à cette ix^anière de fajre
, dans Tintérét des malades.
Le bain froid au. contraire endurcit la
peau, et si vous rentre^ prompteujent dans
votre cabinç, vous pouvez,, après être
habillé, lutter .avantageusement contre
toutes lés variations de vent.
?• Nombre, de baim, r- ;Le nombre des
bains est relatif à Taction qu'on veut dé-
terminer et à la nature de Taffection qu*on
veut guérir. . .
8° Du bain chez les enfants. — Le bain
chez les enfants exige une foule de précau-
tions sans lesquelles, dans certains cas, il
peut devenir nuisible^ Généralement il ne
faut employer cette médication poujF epx
qiie lorsqu'ils ont atteint Tàge de six à sep^
ans, c'est-à-dire «près le commencement
de la seconde dentition ; mieux vaut encore
après son accomplissement.
L'air dé* là mer est presque toujours
suffisamment . trique et excitant pour
reconstituer leur santé* Presque tous, au^
bout de douze ou quinze jours, dovienn.ent
Insupportables, taquin$. 4^t turbulents; si
Tair de la mer se49i.l suffît à déterminer une
pareille aurexcit^iion, il. ne faut pa$ ajou->
ter à cettq cause déjà si énergique Veff^i
du bain.
9* Abus du bain. — Le -bain de mer
pour lc;s malades sérieux ne doit jamais
dépasser deux minutes. Appliqué avec
prudence, il ne comptera que des succès.
10* Différentes applications de l'eau de
mer. t- On peut l'administrer avec avan-
tage, à Tintérieur et à l'extérieur, en iblu-
tiotts ou en lotions chaudes et froides, en
douches ascendantes . et descendantes, en
injections, en lavements, quelquefois mépfie
sous forme de bains de sable artificiels sur
nos côtes froides, puis enfin sous celle de
bains chauds, de douches écossaises et^
alternantes.
, i\° A quelle, époque faut -il prendre les
bq^ins de mer? — Toute l'année, en prenant,
la précaution de les limiter à quelques so;.
coudes pendant Thiver. ;
i^" A quels signes peut on reconnaître,
l'intolérance des bains de mer? — A. une
lassitude général^ après le bain, à Tacca-
Internent du corps et de (a pensée, à la.
paresse à marcher, à l'engourdissement et
à de la somnolence au ,milieu.4u lour, si^r-
tout après le repus. Pendant ^a nuit, )ç
sommeil est plus profond, plus lourd q\i
même plus agité que de coutume, puis
enfin, après quelques bains trop longs, les
malades sppt moins bien et perdent leurs
forces.
' Le bain de durée convenable et agissant
fjftvorablement ne doit faii'e sentir ses
effets immédiats, par aucun symptôme apr
pjréciable.,
13* Dans quels cas les bains de mer sontr
Us appUcçMe^? . ^^ Faire réaumératioA de
tous les cas serait un travail très-long et
qui exigerait trop de développement. Maïs
ce que l'on peut avancer avec certitude,
c'est que le bain de mer est éminemment
reconstituant, , et qu'avec son aide on
bonrfie également l'état général et, on mo-
difie favoral^lement les symptômes pcirti-
culiers qui en dépendent.
i i» De certains effets produit^ par Veau
4e mer, ■— Souvent la mer .dct:ermine des '
poussées sur tel ou. tel organe^ elles peu-
vent être l'expression de deux états bien
distincts ; tantôt elles sont la mani(estation
de l'effet curatif des eaux,. 4'aut^es. fois
elles en traduisent l'intolérance. . ^
Le plus souvent elles se manifestent sur
la peau sous forme d'érythème plus ou
moins violents, et quelquefois aussi sur les
muqueuses.
19<> DuMîn d& vmr dèuud^ — Dans
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560
REVOê ANALYTIQOÉ JEf CftlTi^OÊ.
ptttsieurs circonstances, les bains froids ne
peuvent être supportés, on peut essayer
remploi des bains chauds. Mais générale-
ment sur nos côtes du Nord ils sont mai
supportés, à tel point que j'ai dû renoncer
à leur emploi chez les personnes sérieuse-
ment malades.
Dans le cas ou le bain froid ne peut être
employé, on le remplacera avec Un très-
grand avantage par les' douches écossaises
et même par les lotions froides.
16" Eau de mer à Vintérieur, — LVau
de mer est un des plus puissants toniques
que nous possédions.
Administrée à TinCérieuV à la dose de
quelques cuillerées à bouche tous les jours
avant le repas, elle C3t essentiellement
reconstituante ; comme fondant, on en re-;
tire aussi d*excell^nts effets.
47° De la stérilité. — Les causes de la
5téritlté, il faut'bten Tavouer, sont obscures,
par cela difficiles à saisir et presque tou-
jours mixtes. Peut -on affirmer aussi
qu'elles dépendent exclusivement de' hi'
femme?
Dans la stérilité comme dans beaucoup
d'autres affections, il faut envisager Teau
salée comme nn puissant toniquequi peut,
en modiOant favoriablement les organes dé
la reproduction, leur rendre Téquilibre
indispensable ou « la force dont ils man-
quent.
{%^ De l*kp(irothérapiè matilirrie. —
G*est chose trop compliquée au bord de la
mer, pour qu'on puisse en indiquer ici
Tusage. Chaque malade exige en quelque-
sorte un traitement spécial, les douches,
les abiutibns ne se ressemblent que par le
liquide qui les constitue. QuMt suffise de
savoir qu'aucune médication n*est plus
énergique et ne donne, quand elle est bien
dirigée, de meilleurs résultats ; mais aussi
que, abandonnée à la volonté capricieuse
des malades ou même aux salariés, eile
peut déterminer les accidents les plus
graves.
Concluàion, — Voilà en abrégé lèfs quel-
ques conseils indispensable^ qui peuvent
être saisis avec fruit par les malades qui
viennent chercher la satité au imrd de h
mer.
Somme toute, son effet principal est
d'agir comme un toniqne puissant.
(iiépert. de pharm.)
par M. LÂEfORDE. -^ Oti commence pat*
préparer tin •potage du Hapîocà'ipévL épais,
et on le laisse rè^fi^oidir sufl^samment poulr
qu'il ne puisse exerèer Siir la viande l'in-
fluence d'une cuissoA même modérée.
Puis, la viande étant Gnement et parfaite-
ment râpée, selon les règles que nous
avons données, on la délaie dans une quan- '
tité de bouillon froid^ jusqu'à ce que lè
mélange soit complet; ce mélange a Tas-
pect et &a consistance d'une belle purée de
tomates, il constitue; ejn réalité, une véri-
table purée de viande. Les choses étant en
cet état, ii né reste qu'à verser peu à petf
le potage au tapioca sur cette purée, en
ayant soin d» tourner constamment le Mé-
lange, à l'aide d'une cuiller, comme si Ton
faisait une crème. On obtient de la sorte
un potage parfaitement homogène, dan^
lequel, quand il est bien réussi; la viande
se trouve si bien dissimulée, qiié la per-
sonne qui la mange ne s''en d))erooit pas,*
si elle n'a pas été préalableMeni avertie.
Nous avons l'habitude de le prescrire et de
le faire servir aux mafades sous le nom de
potage ow tapioca médicinal, et nous erf
indiquons minutieusement la recçttè à la
personne chargée de le préparer, en loi
recommandant de ne point divulguer le
secret'au matade, en ce qui concerne l'înî-
tervention de la riande crue. '
Le stratagème réussit si bienf que nous
avons vu des malades ~ et des plus
délicats -r- redemander cux-mémeé de ce
potage, n est également bien apprécié
par les personnes en bonne santé, ce t)ue
démontre clairement la petite expérience
suivante : '
Nous avons eu l'idée de servir à' quel-
ques amfis non médecins, aruxquels nouis
donnions réceniment à dîner, un potage ati
tapioca dit médicinal, c'est-à-dire à la
vianide crue, préparée comme il vient
d'être dit. Nos convives qui, bien entendu,
n'étaient pas averttà de la composition dû
potage,- se sont extasiés à qui mieux mieux
sur son excellence, disant que de leur vie ^
ils n'avaient mangé potage si confortable et
en même temps sf délicat.
(Lyon médical,)
Sur un nouveau mode trés-avanta»
feux de préj^ratiofli de la iriand« orue,
Roug^e ' d'anîtiné pour . oolorer les
kttitei poUr les oheve'uzi -^ Nous appe->
lions dernièrement l'attention sur les dan*
géra dffS à l'usage du roogo d^mline pour
colorer les &lrops, les glaces, etc. ; nOûA
avons appris réoemment le désavantage et
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
561
Tj^mploi de ces couleurs pour un tout autre
usage. Beaucoup d.'hoiU's pour les cheveux
sont «uj!0ur<i*hui colorées avec du rouge
d*aniline au lieu de 1 -orcanellc que l'on
em^lt^yajl- depuis longtemps ; l^orcanctte
aUteigâaiibien le but: on devrait Éoutinuer
à sien servir ou au moins lui substituer uno
substance moins dangereuse que le rouge
d*9Atline*
Un eoilfcur avait Phabitude d'eaipl<»ycr,
pouj^fo toileUe de la chevelure de ses pra-
tiqueSf uiné htiile de casitor colorée avec du
rou,ge . d'aniline. Un fcabitué de cette
maison, qui de|>uis longtemps y allait plu-
aienrs. fois, par semai n 64 avait <^haque fois
eu recours à cette huile. Au bout d*un
certain temps, sa téie fut atteinte d^nne
éruption acciompagnée d'une démangeaison
dësagréablct très^semblable à ceUe pro-
duite par i 'arsenic. Après recherches,
cet accident fut attribué à Thuile pour les
cheveux qui contenait de rarseiiic dû à la
présence de. la couleur d'auHihe ; et en en
cessant Tusage, rérupMou disparut peu à
peu. Avis aux consommateurs d'huiles
pour tes cheveux brillamment colorées.
(iRépertoire de pharmcuiie»)
Médecine léjcaie*
Bxpérienoet s^ur la résîstttiiee de dSffé-^
reuts tii»us pendant 1« vie et après la
mMt. — Un des premiers^ €asper a sou-
levé la question/de savoir si la résistance
des tissus aux actions traumaiiques est la
même après la mort que penJant la vie.
Diapré» qu(>lqne$ expériences incomplètes,
il avai^conclttà une augmentation après la
mort. Il n'esl pas indifférent d'être fixé sur
ee poMi^ ear^4«ns des^ireonfttances, excep-
tionnelles il est vrai, il peut se faire que
les caractères qui servent ordinairement à
différencier les blessures survenues avant
et après la mort, manquent ou soient peu
marqués. Connaissant alors l'intensité de
Taction tirauoiatique, la granduur du dé;
sordns peut, jusqu'à un certain- point,
ajouter un élément de diagnostic. Mais, à
un autre point de vue il est beaucoup plus
important d*étre fixé sur ces faits ; c'est
quand on veiU appliquer au vivant des
données obtenues sur le cadavre. Le doc-
teur Falk (de Berlin) a repris celle ques<>
tioQ', ek ses expériences, quoique incom-
plètes et pas assez précises parfois, ne
manquent pas d'importance.
Il 9'£sl occupé surtout des muselés, des
tendons et des os ; ia structure spéciale de
la peau et ra()sence de graisse sous-cutanée
chez les animaux, les mettent dans des
conditions qui ne permettenl pas d'appli-
cation à l'homme. L'appareil employé était
très-simple: un levier de bois, fixé à une
extrémité et ehargé à l'antre d'un poids,
tombait de la même hauteur sur la partie
à essayer ; un arc de cercle divisé en de-
grés (9t)pour l'angle droit), le long duquel
glissait l'extrémité libre du levier, indi-
quait de combien ce dernier s'enfonçait
dans les tissus par la chute. Le lapin^ car
c'est M qui «<»rvait, étant convenablement
lié sur une planch('tte, on laissait tomber
la règle sur un muscle gàslro r.némien^ et
Toii notait rapidement le degré auquel elle
s'arrêtait. Sans" rie» déranger, l'animal
était tué par le chloroforme, et l'expé-
rience recommencée vingt quatre h«Mires
après. Toujours le levier .s'abaissait da-
vantage sur l'animal vivant que sur le
mort, en moyenne de \ degré 1/2, parfois
de â degrés: La différence ne pe^vt être at-
tribuée à une altération de structure cau-
sée par râetîon traumatiqiie, qui était trop*
faible; le levier avait 49 centimètres de
long, était ehargé à son extrémité d'un
poids de {"20 grammes, et tombait d'une
hauteur de 17 centimètres 1/2. D'ailleurs
l'absence de lésion était prouvée par •
l'examen microscopique. L'animal était tué
seulement une demi heure après la pre-
mière expérience, et pour surcroit de pré-
caution, la jambe intacte était essayée
après là mort comparativement à l'autre.
L'auteur recherche la cause de celte dif*
férence. Il met de côté la peau et le tissu
conjonetif dont les ^propriétés n'auraient
pu être modifiées que par rabaissement de
la température et par la dessiccation ; nous
savon«$ trop |)eu sur ce sujet, et le résultat
ne peut en être que minime. Il faut donc
s^adresser au muscle.
L'action nerveuse n'y est pour rien,
ainsi que le démontrent les résultats ob-
servés-après la section du sciatique; l'a-
baissement de la température a été trouve
sans action et il ne reste en dernière ana^
lyse que la rigidité cadavérique à examiner,
c'est à elle qu'il faut attribuer l'excès do
résistance du muscle mort. La contraction
galvanique du muscle augmente sa résis-
tance sans lui faire atteindre celle du
muscle rigido; néanmoins, la différence
est petite, elle est seulement d'un demi
degré en moyenne.
Le genre de mort n'avait nulle influence.
46
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562
BIBLIOGRAPHIE.
On f^ut se rendre compte de celte ac-
tion de la rigidité cadavérique par les
changements physiques que le muscle
subit dans cet état, à la suite des corps al-
buminoîdes de Tétat liquide à Tétat solide.
Les liquides qui imprègnent le muscle
vivant étant plus mobiles, un choc perd
moins de sa force vive et ébranle davan-
tage Tos .sous-jacent.
Il n*est pas dit que des expériences aient
été faites sur le muscle mort avant Tinva-
sion de la rigidité ou après sa cessation
artificielle par Textension forcée. Je ne
trouve qu'une seul^ asseAion sur ce point,
à savoir que le commencement de la pu-
tréfaction, même avant rétablissement de
la réaction alcaline, diminuait la résistance
du muscle ; or, cette époqiTe coïncide avec
la cessation spontanée de la rigidité.
Finalement; les os ont été soumis aux
mêmes investigations. L'expérience fu^
faite avec un appareil semblable au pré-
cédent; seulement le levier était en fer,
et, agissant comme un levier du second
genre (interrésistant), il pesait à faux sur
le tibia du lapin, soutenu seulement à ses
deux extrémités. La puissance était repré-
sentée par un seau, suspendu au bout
libre de la barre, et dans. lequel on versait
de Teau jusqu'à obtenir la fracture de Tos.
. La qiitàntité d'eau permettait alors d^éva-
tuer la différence des pressions obtenues.
Ici encore l'os mort exigeait pour sa
rupture une pression plus considérable.
Pour un os de 5 millimètres de diamètre,
cet excès était en moyenne de 2H0 centi-
mètres cubes,d*eau. Le résultat n'était mo-
difié ni par le périoste ni par les parties
musculaires ; même, dans ce dernier cas.
la différence était plus forte qu'en faisant
agir lu levier sur l'os dénudé.
Jamais* il n'a été obtenu de facture
comminutive sur l'os mort; c'était tou-
jours une fracture' transversale simple^
nullement oblique ni accompagnée de fis-
sures longitudinales comme on les obtenait
souvent sur le vivant.
é M. Falk attribue cette plus grande cohé-
sion surtout aux changements survenus
dans le canal médullaire, sans exclure
néanmoins l'influence du refroidissement
et de la dessiccation ; mais il n'entre pas
dans des explications détaillées.
La dureté de l'os mort est également
plus considérable que celle de l'os vivant.
Elle a été évaluée avec l'appareil précé-
dent, en fixant au levier de fer un clou
d'acier et mesurant la quantité d'eau né-
cessaire pour lui faire traverser l'os.
Quoique les expériences précédentes dé-
montrent une plus grande résistance de la
part des tissus morts, il ne faut pas né-
gliger un autre élément qui peut faciliter
les fractures sur le vivant : la contraction
musculaire volontaire et réflexe qui a sou-
vent lieu au moment de l'action d'une
cause traumatique, surtout sur les extré-
mités.
D'après ce qui précède, il est donc
permis d'a<lmeltre comme très probable,
que des lésions considérables d'os très-
solides et protégés par leur situation ont
été effectuées. «tir le iyivant, h moins qu'il
ne soit démontré que la cause traumatique
ait agi avec beaucoup, de violence et sur-
tout de rjipidité. Cette proposition est sur-
tout applicable aux fracture» de la base du
crâne. ( Annales d^ hygiène putdique. )
m. BIBlIOtîRAPHIL
Lei mîraoles devaat la loienCe, par le
docteur GOLLINËÂU. membre de la Société
médico- psychologique, de la Société de
médecine de Paris, de la Société d'anthro-
pologie ; secrétaire-général de la Société
médico-pratique de Paris ; lauréat de l'In-
stitut; etc.
Les moines ont trop d'ambition
et trompent trop souvent le
monde par des i^nmaces (Gdt
Patin. Lettres, Paris, 1707; 1. 1,
p. 334.)
Cette brochure mérite une sérieuse
attention, non-seulement parce qu'elle est
l'œuvre d'un médecin savant, d'un vrai
philanthrope (de l'amitié duquel je suis
fier) ; mais aussi parce qu'elle, indique, à
ceux qui les ignorent et les rappelle à ceux
qui les ont oubliées, des vérités, déivon-
trées par la science et admises par le plus
simple bon sens, au détriment^ il est vrai,
du fanatisme religieux et de là perversion
de rintelligence et du jugement.
Qui ne le sait, hélas ! ce fanatisme, fruit
de l'ignorance, est la cause principale du
scrvilismc du moyen âge et. de la déca-
dence actuelle de l'EspagnCî dans laquelle
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BIBLIOGRAPHIE.
363
on veut nous faire retomber, nous enfants
de 89 I Mais la science veille sur nous,
malgré Tinfâroe condamnation des Galilée
et Colomb, et le supplice de Ramus.
Chaque jour; elle démontre, à qui ne veut
être ni sourd ni aveugle, les erreurs des
livres sacrés et des fanatiques et nous met
à Tabri, pour jamais, de cet axiome :
. Omnia serviliter pro dominationet dont
Tapplication est le but principal, sinon
unique, «les disciples de Loyola.
Ma mission de bibliographe n*est pas
facile, car cette brochure, de Fauteur des
Lettres à met concitoyens ^ est un court
résumé de ces données scientifiques, re-
poussées, seulement, par des hallucinés,
des gens maladifs et, surtout, par les
égoïstes qui désirent le retour, à tout
jamais impossible, des mœurs d*un âge
hideux.
G*est pendant cette époque que fleuris-
saient, dans leur cruelle splendeur, le
despbtisme religieux et celui de la noblesse,
sur le peuple ignorant, corvéable et tail-
lable à merci. A celte époque régnaient la
sanguinaire Vehème, à la tête de laquelle
un pape . approuva la nomination d'un
évéqiie de Cologne, faite par le roi Wen-
ceslas; 1 horrible Inquisition, brûlant vifs,
en vertu d'un ordre de Constantin (4 ), de
TExode (2) et de la fameuse bulle du pape
Inftocent 111 (3), les Ramus, Giordano
Bruno, Lucien Vanini, la Pucelle d'Or-
léans, etc., etc.; emprisonnant les Galilée
et Colomb; torturant, par Teau, le fer
rouge, les coins, Thuile bouillante; enfin,
la Saint -Barthélémy, calculée et conseillée
par Catherine de Médicis, cette reine em*
poisonneuse, exécutée par son fils, ce roi
bigot qui, lui-même, arqoebusa son peuple,
et approuvée par le pape Pic V, digne
successeur d'un Alexandre VI.
Le docteur Cotlineau, aprAs avoir dé-
montré, par des faits, pris au hasard, dans
les annales de la. science ; facilement expli-
qués par les plus simples notions physiolo-
giques et thérapeutiques ; admis par tout
médecin praticien, loyal et quelque peu
instruit, rinanité- des miracles modernes,
(1) Codex, livre IV, titre XVlIf.
(S) Voir an verset da chapitre XXII.
(3) Sou^ Pinfluence de c<*tte l)uile, Gamns,
brûla, en 14H5, it femmes; en 1515, 500 per-
sonnes ()roteslanies furent exécutées : 48 autres,
è liavensburg; et, de 1580 è 1585, 900 personnes^
en Lorraine, le fureni par le savant inqui-siteur
RemigiuSj en Suède, on brûla 60 protestants,
dont 15 enfants; etc., etc., pour la gloire d'une
reliKioo d'uraûur ou.admajorem Deigloriam^
soivftDt le Père Loriquet !
dont pas un seul n*a lieu et n'aura jamais
lieu, suivant le désir de Voltaire et de tout
homme réfléchi, non fanatique ou maladif
et illuminé, devant rAcâdémie des sciences
et la Faculté de médecine de Paris; Tau- /
teur, 'dis--je, fait remarquer que- les neuf
dixièmes des miraculés sont des femmes
hystériques.
L'émotivité native de la femme, dit L.
Âsselline (i), ne la dispose que trop aux
perversions nerveuses du genre de celles
dont lethaumaturge s'empare pour donner
quelque vraisemblance à ses charlata-
nesqiies manifestations.
En effet, en étudiant les traités do l'hys-
térie, les plus autorisés (5), on est forcé
de reconnaître que cette maladie, dont
une des funestes conséquences est Tabru-
tissement de l'intelligence, constitue un
des tristes apanages de Marie Âlacoqae,
c qui vit dans le cœur ardent .de Jésus son
cœur uni à celui du jésuite La Colom-
bière t; de madame de Chantai, cette
amante spirituelle de Saint François de
Salles, comme, plus tard, la sœur Cornuan
la fut de Bossuet (6); et, même, des
saintes Gertrude, Thérèse, Catherine de
Sienne, etc.
Ecoutons le célèbre aliéniste Delasiauve :
1 Une sensibilité nerveuse^ la frayeur, le
fanatisme, Tenthousiasme sont, dit-il, les
éléments qui contribuent à l'imitation,
aux gramies épidémies des miraculés, des
convnlsionnaires ; telles, par exemple,
celles de la Pouille, des Camisards. »
On sait qu'il fallut un arrêté de police,
laneéau nom de Louis XI V — (cet auteur de
la révocation de l'Edit. de Nantes, des ,
Dragonnades), devenu cagot, dans ses vieux
jours, pour faire oublier son immoralité,
digne de celle de son successeur, — pour
couper court aux miracles et aux extrava-
gantes contorsions, dont le Clos Saint
Médard était le théâtre.
A ce sujet, donnons une petite histoire,
empruntée à un livre, écrit par un des
grands historiens de France,
11 y avait aux Carmélites de Lerma une
béate, appelée la Mère Agneda, qni gué-
rissait nuraculeusement. Un beau jour,' la
justice reconnut que cette sainte, dénoncée
par une nonne, sa nièce jalouse, avait ac-
couché de einq enfants, tués et enterrés
au moment de leur naissance. Le pro vin-
(4) Marie JUacoque Sacré-Cœur.
(.'S) Voir, par exemi>le, celui de Briquet.
(6 ) Voir le volume ioiiiolé:/;^ Plâtre, fa Femme
et ta Famille, par Michelet. •
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51)4
filBLIOGRAPBie
cial du convent, Jean de la Vega, avec
lecfuel la sainte Agueda avait enfretenu
flommerce charnel et qui arrangeait ses
miracles, passait pour être aus&i austère
et pénitonl que le bienheureux Jean d<ï la
Croix, et avait reçu l'argent de onze mille
huit cen(s messes qu'il n'avait pas dites.
J'ai parmi mes clientes une demoiselle,
qui pourrait être le. sujet d'un beau mi-
racle, comme le fut iM^^« de F.., en faveur
dû la cure de laquelle, un médecin, de ma
connaissance, a jugé convenable de signer
un c«frtii]cat« admirablement rétiigé; mais
prouvant que son auteur a failli, lourde^
mcîity en affirmant que la guérison est
miraculeuse, parce qu'elle a été prompte,
la nature ne procédant jamais qu'avec une
sage lenteur^
Compi'end-on qu'un doeteury surtout
bon pratici^eni ait consenti à approuver
cette héf ésie médicale (i ) !
Hipp«>cfatey mon Dieu, sait que je ne
souhaite rien de mal à qui que ce soit, pas
même à mes lâéhes calomniateurs et pla*
glaires^ et, oependanl, je demande à mon
confrère, si, par malheur, atteint d'une
bonne vérole, d'un cancer encore limité^
d'une fièvre pernicieuse, de tuberculose
commençante, etc., il aurait simplement
recours au quiddivinum de Lourdes? Une
guérison, subite en pareil cas, à Lourdes,
serait, cependant, miraculeuse ; aussi mes
os et ceux dé mon confrère seront^iis rede<
venus poussière depuis des^ siècles avant
qu'on ne l'ait vue^ avec les yeux de. la
science !
Ma cliente est hystérique à un tel degré
que, maintes fois, j'ai pu lui amener sa
crise de nerfs, soit en lui tâtant le pouls,
soit, H surtout, en exerçant une pression
sur Tapophyse épineuse de la septième
vertèbre cervicale, ou sur la paroi ab<lo-
minale qui correspond à l'ovaire gauobe.
Fréquemment, sous l'influence d'un
rêve, dit la joie, de la. frayeur, de la
crainte, d'une nouvelle fâeheuse,! en un
mot, d'une émotion, même simple pour
toute autre personne, elle est frappée, subi-
tement, d'apbonle complète, ou du besoin
irrésistible de pousser des cris aigus, dis*
cordants ou des éclats de rire de longue
durée; tantôt, d'une hypéresthésie; tantôt,
d'anesthésie ; un jour, «de la paralysie des '
mouvements des bras ; un autre jour, de
paraplégie complète, c'est-à-dire de la
paralysie du rectum, de la vessie et du
(\) Annales de N.-D, de Lourdes, 30 mai
1875.
mouvement des membres' abdominaux ;
enfin, d'autres fois, de vi^jlentés et géoé-
raies attaques éonyvlsivcs d*bystérie.
De même qu'une émotion, conhne je
viens de le dire, lui amène,' instaffitanément,
un ou plusieurs de ces accidents, et, sur-
tout, quelques jours avant ou pendant ou
après le cours des règles, ainsi une impres-
sion morale les fait disparaître en qaelqae^
minutes.
Eh bien 1 que l'on ebnduise à Loortfos,
cette fille croyante, peu fnstruile ou ayant
l'éducation d'une srmpte ouvrière*^ qu'on
la conduise, même sans lui avoir fait subir
aucune préparation oorfiorello (mortifica^
lion par jeûne, discipline^ pirivalioa de
sommeil) et sans que son imagination soit
exaltée par l'espoir, la frayeur, le fana-
tisme^ rillumintsme; qu'on ia conduise, en
cet état, à Lourdes, pendant une crise
4ierveùse ou quand -elle est i4teinte d*un
de ces accidents que j'ai indiqués, bien
oertainement, sous l'inâuèdèe d'«ne émo-
tion quelconque, elle sera débarrassée de
son mal ! Alors, en présence de cette cdré
5U6iïe, on criera au miracle. On trouvera
même des médecins qui \^ eerl^fieront,
avec la présomption de faire céder l'entê-
tement de l'incréduUté* Les Annales de
N*D, de. Lourdes, rédigées par les RR.
PP. missionnaires de Tlmmaculée Concept
tion, publieront, le prétendu niiracleyavec
certificats, habilement rédigés poàr gagner
les badauds, les Ignorants et les illuminés.
Et ces braves gens admettront, comme
parole d'Evangile, le dit nouveau miracle ;
tandis que d'autres, en pensant à eax,
répéteront ces paroles de l'Ecdiësiaste :
Beati pauperss spnritu ! :
Mais, à quoi boa .des miracles dans notre
siècle? Ne sait-on pas que. Saint Cbryso*
stôme (qui vaut bien le premier venu de
ses collègues) a dit : c Autrefois les dons
extraortlinaires étaient doniiés même aux
indignes, parce que l'Egliîse-^aleîrs cwait
besoin de miracles; mais, aujourd'hui, il
n'en est plus de même, parce que TEglise
n'en a plus besoin *?
Il parait que, maintenant. i'EgHse est
revenue où elle était ayant Saint Chryso-
stôme, s'il faut en croire les modernes
thaumaturges, qui se fâchent, tout rouges
contre qui, de par la science, n'a pas Foi
aux mystéres.^
M', le docteur Collineau a donc raison,
lorsqu'il dit, page 32 : tf A tout prendre,
Tagîtation fiévreuse, désordonnée^, à la-
quelle nous voyons les catholiques romains
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BIBLIOGRAPHIE.
565
se Itrrcf / porté nn earactgrè* de caducité, '
qui trahit la décadence de l'Eglise. »
Cette décadenca n*est-«lle pas^ en effet,
prouvée par la création de doux dogmes :
i Immaculée Conception ; Tlnfaillibilité du
pape, décrétée, efao^^e curieuse ! par des
hoqQmes qui se reçoit naisseot faillibles!
II y a lft-deasou8> ajoute Dotre< spirituel
auletlff.des allures prétentieudes, vieillotes
et du. grotesque.
Etk effet, après là Salette» sous les
jupons aux» couleurs variées de niadeAioi^
sel.ie La ^^oriière ; Loiirdes,, avec la care&r
sailte. pécheresse, en compagnie d*un
brillant officier. AprèsXounlés, Pontmain,
ave<e fe transpanei»! aux riches décors et la
lanterne qui éclairait trop et ne dissimulait
pas assez. Après eeux4«, un autre ; com-»
, ment le désigner? Sera-ee Notre-Dame du
ttosquetou de tout autre eodroic? .
Est-ce' que les symptômes présentés
par Louise Lateau et qoi oni tant, ému
certain m^ndç clérical, sont tous n«>uveaux,
inconnus? Ont-ils d^nc quelque chose de
surnature], ^e miraculeux, comme la gent
mystique voudrait le faire accroire?
Non, puisqu'ils appartiennent, en pro-'
pre, à une affection bien connue, Thystérie
grave.
Non, certaioemejU» puisque tous, moins
ceux inventés par la supercherie, sont
explicables par les lois do la physiologie
pathologique (I).
Si Tabstinence et ses conséquences (ra-
reté des garde-robes, diminution de Turine,
insomnie), sont choses assez communes
chez les hystériques; celle, si extraordi-
naire de celle fille et que la commission
de rAcadémie royale de médecine de
Bruxelles n'a pu observer, est un men-
spngé, une insigne fausseté*
La science, même telle qu'elle fut avant
Hippocrate» prouve qu'elle est impossible.
Enfin, M. le docteur Boëns, punissaift
ainsi le charlatanisme et Tescobarderie, a
affirmé, dans le Scalpel, que, parles intel-
ligences qu'il a nouées autour de la famille
Lateau, il est en mesure de prouver, par
enquête^ que Louise Latoou mange copieu-
sement et' qu'elle «ocomplit -les actes natu*
rets q^ii s-«a suivent ; que, etc;
Lecteurs! la main sur la conscience,
est*ee que toutes ces historiettes miraco*
leuses, dont les semblables sont fréquentes,
(1)Voir les (liscoufs prononcés, à ce sujet, à
PAcadétnie royale de médecine de Bruxelles et
la brochure du docteur Boarueviile.
' fir Ta' SSTpêlrîère, ne vous rappelleiit pM
cette sentence d'un savant médecin, qui
écrivait à l'époque de Maxarin, ce cham-
pignon rouge du Vatican : t Entre moines
et niomeries il n'y a guère, de différence i?
Qu'on médite eneore^ ce passage de
M. Collineau : t Le serpent veut ronger
la lime. La dent du serpent distille un
venin subtil. Mais Ja lime est trempée
d'un pur acier : lâ dent du serpent s^use.
La lime, o'est la Fraisée. Le serpent c'est
!e Gesu, » dont le ïml peculte est renfermé
dans cette maxime : Omnia scrvilîter pro
dominatîoney qui lui est propre.
Cest cet axiome jésuitique qui a fait
dire, par Guy Patin : « Je n^aime point les
Loyolites : c'est une cabale de fins et de
rasés politiques, qui font leurs affaires, per
fas et nefas, dans le monde, m nomÂne
domina et prœtesctu reiigwni», tfuam semper
et ubique ' ii*nuhtnt asiutè ^t tcUlidè. Ils
affectent puissnmnient de passer pour très^
prudents ; sed nimiaJUa ,pmtdentia dege*
nertt/- in versutiam prai)am ei mi^uam
qiuitn Grœci iravvp^fa dienat (2)« /
Qu'aurait dit Guy Patin, s'il eût «onnu
les curés Flixi Santa-Cruis et Févéque
Caixal, dignes soutiens de den Carlos,
ce représentant de la légitimité, ce défen-
seur, pillard et sanguinaire, de l'autel?
Qu'aurait-il dit de cet évéque qui^ après
les inondcitions du midi de la Franoe,'<|ui
ont causé la ruine, la désokition et la mort
de tant d'individus, a osé écrire, dans un
mandement : t Dieu devra encore nous
châtier pour nous ramener dans les voies
de lajustiee et du droit i?
AI. le docteur Collineau termine son
œuvre, éertte avee beaucoup de verve,
d'esprit, de fiuesse et de bon sens, par ee
conseil.:
f Aux proneursde faiiraelea, opposons les
connaissances que la seience moderne
nous livre, et, sans '.trêve ni relâche, dé-
masquons l'imposture. •
Je.ne, saurais mieux terminer ce compte*
rendu que par cette citation, à laquelle
j'applaudis, des deux mains, à l'exemple
des gavants, non maladifs on illuminés.
Lunéville, octobre 1875.
PUTBONAt.
d. n. e. p. , membre hondratre
de rAcadémie royale de mé-
decine et «te la SoHété royale
des selenoea roéUfealea da
BruxeUfs; correspondant
des Académies de médéctee
de Paris, Turin, etc.
(2;LC., t. î,p. 186.
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56»
ACADÉMIES ET SOCI^tS SAVANTES.
ly. ACADËNIBS BT SOCIÉTÉS SAVANTES.
Société Royale des Scienc»eft médiealei et
naturelle» de Bruxelle*.
Bulletin de la séance du i octobre 1875.
Président : M. L. Martin.
Secrétaire : M. van deN Corput.
Sont présents : AI M. Rommehiere, Sacré,
Crocq, Tirifahy, Cliaron, Lorge, Van de.
Vyvere. Pigeolel, . Ledeganck, van den
Corput. "
Le procès-verbal de la séance précé*
dente est lu et adopté.
La correspondance comprend : 1° Une
lettre de M. le docteur A. Bertherand, à
Paris, remerciant la Société du titre de
membre correspondant qui lui a été dé-
cerné. Par la même lettre, M. le docteur
Bertherand confirme le jugement porté
dans une précédente séance, par M. le pro-
fesseur Thiry sur les soi-disant résultats
thérapeutiques d*Hermann, de Vienne,
dans le traitement de la syphilis sans mer-
cure )et insiste sur la réfutation qu'il a déjà
faite des assertions du médecin viennois
dans une Note sur le traitement de la sy-
philis, dont il envoie plusieurs exemplaires
pour être distribués entre les membres de
la Société; â" Une lettre de N. le docteur
Dotreux, de Namur, qui se déclare l'au-
teur du mémoire intitulé : La virulence
et la spécificité de la phthisie pulmonaire,
mémoire auq^uel la Société a accordé une
mention honorable et Timpression dans
son journal; M. Dutreux, en remerciant
la Société pour la distinction qui a été ac-
cor<1ée à son travail, sollicite le titre de
membre correspondant et invoque à Tap-
pui les nombreuses récompenses accordées
à plnsieurs de ses travaux. La nomination
de M. Dutreux* appu>ée par M. le secré-
taire, est mise aux voix et adoptée. En con-
séquence, M. Dutreux est proclamé mem-
bre correspondant de la Société royalç des
sciences médicales et naturelles de Bru-
xelles; 3<* M. le docteur Tordeus présente
à Tappui de sa candidature au titre de
membre cff<*ctjf, un travail manuscrit :
Sur la dyspepsie des enfants. Renvoi pour
rapport à une commission composée de
MM. Charon, Pigeolet et Martin; 4" M. le
docteur Thiriar présente à Tappui de sa
candidature au titre de membre effectif un
travail manuscrit : Sur la variole et le
vaccin. Renvoi pour rapport è unft com-
mission composée de MM. Rommelaere,
Charon et f^edeganck ; 8" M. Pigeolet dé-
pose de la part de M. le docteur Mocllcr,
de Nivelles, à Tappui de sa candidature
au titre do correspondant^ un ouvrage
intitulé : Notions d'avatomie, de physioto^
gie et d'hygiène au point de vue de la gym-
nastique. Renvoi pour analyse et rapport à
M. Charon; M. le docteur Bouqué, de
6and, faft horomage d'une bhicluire inti.-
ttilée : Du traitement des fistules uro^yéni-^
taies de ha femme par union secondaire.
Renvoi pour compte-rendu à M. Sacré ;
7» M. Jacquet fait hommage d'une note
intitulée : Fracture du col fémoral; wie'-
thode pour la guérir sans roixàureissement.
Renvoi pour analyse à M. Sacré;
Ouvrages présentés :
\ . Birds of the Northwest. A Hand-book
of the Ornilhology of the Région drained
by the' Missouri by Elliott Cônes; Was-
hington 1874.
2. Listh of élévations in that portion of
the United States West of the Mississippi
Ri ver byffpnry Gannett. Washington, I87î$.
5. Catalogue of the |>ublications of the
United Slites geolôgical Survey of the ter-
ritorîes Hayden. Washington, 4874.
4. Memorie de la Società medrcochi*
rnrgica di Bologna. Vol. 8". Fâsc. Bolo-
gna, 1875. ^
5 à 95. Divers journaux et recueils
scientifiques et périodiques.
• Le premier objet à Tordre du jour est
le rapport verbal de M. van den Corput
sur la demande d'échange des Archives
belges de thérapeutique du docteur Deghi-
lage.
M.. VAN jxs CoRPut. Les premiers ou-
méiHts de cet^e publication avaient été
primitivement envoyés à Texamen de
M. Crocq; vous m*av^z chargé, ensoitc,
sur les inittances de t'auteorvde vous faire
rapport sur sa demande d'échange. Je
constate d'abord que M. le docteur Deghi-
l«ge, en entreprenant seul, à se& risques et
périls, la publication des Archives belges de
thérapeutique a posé véritablement un acte
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉjS SAVANTES.
367
méritoire et fait preuve d* un asèle scient! fi*
que qui le reciommande à nos encourage-
ments. Le journal que publie M. Oeght-
lage est un journal menauel par livraisons
d*Une trentaine de pages environ. Il est
consacré exclusivement à la thérapeutique.
Bien qtiMl ne contienne pas de travaux ori-
ginaux, ce. journal est intéressant. C'est
une revue (rès-complète de toutes les inno-
valions thérapeutiques qui chaque jour se
succèdent; ua compendium, non-seule-
ment des médicaments nouveaux qui n*ont
souvent^ il est vrai, qu^une^ vogue passa-
gère, mais aussi des diverses méthodes
tant chirargicales ' que 'médicales récem-
ment introduites d^nsTart de guérir. En
outre, M Deghilagc, poordenncr un ca-
chet de nationalité à son oenvre, y a intro-
duit^chdse Airt recommandable, une sorte
de ocunpte-rendu des méthodes thérapeu-
tiques les plus en usage par nos praticiens
belges les plus en renom.
Je suis, par conséquent, d*avis qu'il con-
vient d'admettre la demande réitérée de
M. Deghilage et d*échanger notre journal
avec la publication dont il s'agit. Il est à
remarquer, du reste, que la province du
Haipaut n'avait jusqu'ici aucun organe
médical. Le journal de M. Deghilage qui scj
publie à Mons, vient donc combler une
véritable lacune ; il est composé d'une suite
de petits articles concis que les praticiens
lisent aveo intérêt» Tout ce qui est inutile
au point de vue pratique en 4*81 élagué. Ce
journal a donc son utilité réelle et c'est à
ee litre que je vous propose d'échanger ce
journal avec le nôtre.
M. CaocQ. J'ai été chargé dans le temps,
lorsque ee journal nous est arrivé en pre-
mier lieu, de faire un rapport sur son
admission à l'échange avec- notre journaL
Je ne vous ai jamais fait ce*rapport et je
vais vous dire pourquoi. Ce n'est pas par
oubli, c'est parce que je croyais devoir,
eonolure négativement à la demande
d*échange. Et, voulant conclure négative*
mept, je croyais qo*il valait mieux ne pas
mentionner la chose et la passer en quef*
que sorte sous silence^
Mais maintenant, puisque cette demandé
est revenue sur le tapis, force est de la
discuter.
Or, Messieurs, notre honorable secré-
taire a fait tout à l'heure un magnifique
éloge de U publication^ de M. Dcghilage.
Moi, je vais pi'endre la contre- partie.
Ces Af*cliives belges de thérapeutique ^ M. le
secrétaire l'a constaté lui^-méme, ne con«
tiennent absolument rien d'original. G*est
une compilation qui ne contient rien
qui soit du cru du journaliste ou de ses
collaboi^ateurs ; c*est un journal qui est
fait à coups de ciseaux, au moins dans
les trois nnméros qui m'ont été con-
fiés à l'époque où Ton me demandait mon
avis. Dans ces trois numéros, il n'y a abso-
lument rien qui appartienne h la rédaction,
pas même la moindre appréciation. Je le
répèjle, c'est une publication qui est faite
à coups de ciseaux.
Je sais bien, Messieurs, ^qu'il y a des
journaux qui s'occupent spécialement de
thérapeutique. Mais cette tendance ^ s*oc-'
cuper uniquement et spécialement de tflé-
rapeutique est elle à encourager? Je crois,
qu'elle ne peut conduire qu'à lé polyphar-
macie et à l'empirisme.
• Pour ma part, je ne suis en aucune façon
de ce bord. Ne croyez pas, interprétant
mes paroles autiement qu'elles ne sont
dans mes Intentions^ que je dédaigne les
travaux sur la thérapeutique, sur Taction
physiologique et cnrativ^' des médicaments.
S il y avait dans le journal en question des
travaux originaux se rapportant soit h l'ac-
tion {>liysiologique, soit à l'action théra-
peutique des agents qui peuvent avoir une
influence sur l'orgaulsUie, je proposerais
l'échange.
Mais lorsqu'il! s^agit d'une compilation
dont le seul but ^era purement et simple-
ment de propager des idées qui aboutissent
à la polypharmacie et à rempirisme» je ne
s\û& plus du même avis. Je ne crois pas
que la chose soit suffisamment importante
pour faire d'un ramassis de données sem-
blables une publication à part.
Il est une autre considération que l'on
peut faire valoir.
Un médecin veut, sans qu'il lui en
coûte trop« obtenir tous les journaux
médicaux du* monde entier. Il publie
quelques cahiers dans le genre de ceux-ci
et les -échange avec les publications de
France, d'Allemagne, d'Angleterre, de
Belgique, d'Italie, de toutes les parties du
monde. Cela a été tollemcnt bien constaté
que les grands journaux de médecine de
la France et de l'Allemagne n'accordent
même plus l'échange à toutes ces publica-
tions d'une valeur plus ou moins douteuse.
Ainsi ni la Gazette médicale, n! la Gazette
' hebdomadaire n'échangent avec des publi-
cations semblables ; si elles y consentent^
c'est en général à la condition de payer la
différeace de prix. Ainsi, si M. Degbilage
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us
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
VoMlait éehaDger avec la Gazette médicale
4e Paris dont Tabonneinent est de ^0 fr.,
il devrait payer 35 fr.
Eb bien, messieurs, si .les grands jour-
naux ont pris cette mesure c'est qu'ils se:
sont aperçus que cela pouvait, à un cer-
tain moiaent, tourner à, l'exploitation,
puisqu'une foule de gens trouvaient moyen
de lire les.journaux sans s'y abonj>er* ,
Voilà quelles sont les raisons pour les*
qaeliles j'avais conclu négativement i la
demande d'échange.
M. LE PaiÊsiDSNT. M . le secrétaire a de-
mandé d'aoeorder réchange à titre d'ea-
couragement.
Al. Caocq. J'ai dit que c'est une simple
compilation. ,
M. iB Présipbnt. C'est l'œuvre d'un
compatriote.
M. VAN ŒN CoRPUT.> Je reconnais, avec
M. Crocq que le journal de M. Doghilage
ne renferme rien de bien original. Mais
enfin il y a déjà un certain mérite, à savoir
trier avec discernement parmi les innom-
brables médicaments nouveaux qui nous
encombrent, parmi les nombreuses métho-
des thérapeutiques auxquelles chacun s'in--
génie à attacher scn nom* ce qui réelle-
ment peut avoir quelque utilité; il est
aujourd'hui devenu nécessaire de pré-
munir nos praticiens sérieux contre râbos
de la pol y pharmacie qui est certainement
une des plaies de l'art de guérir et qui ré-
sulte précisément de l'indécision.
Je crois que si M. Crocq avait pris con-
naissance des numéros suivants du journal
qui nous occupe, il aurait pu se convaincre
que l'entreprise de M. DegbilaKe ne peut
avoir un but de spéculations car je suppç)se
que la publication de son journal lui coûte
plus qu*elle ne lui rapporte (l'abonnement
n'est que de 5 fr. par an pour un volume
qui comporte environ 500 pages à la fiji
de l'année.) Je suis convaincu, quant à
moi, que l'auteur n*a eu d'autre guide que
rintérét scientifique et ce qui me porte à
rencouragçr, c'est qu'il a surtout eu en
vue de vulgariser les méthodes thérapeu*
tiques de quelques-uns de nos. praticiens
nationaux. C'est ainsi, par exemple, que
danslr numéro que j*ai en mains, ilexpose U
méthode de M. De Roubaix pour la réduc-
tion des luxations de répaule et le traite-
ment de la fistule de Fan us au moyen de U
section linéaire, indiqué par M Félix.
Je crois en un mot, M. Deghilage un mér
dcQÎn sérieux. Sans doute^ il faut se mettre
en garde contre tout ce qui pourrait nous
conduire à la- polypbarimcie. Mais je suis
d'avis que l'on fait œuvre utile en démon-
trant, comme cherebe à. le faire le rédac-*
teur de la RevueUiérapeutîque^ les avantages,
de certains. uiédicaments^ et rineffioacitéde
certains autres»
M. PiftBOLBT. Je demanderai à M. van
déo Corput qui>a pris- oonoaissance du
journal, s'il y a trouvé des appréciations
propres à sou auteur;*
M. VAN DBN Corput. Il n'y a guère de
discussion.
M. PiGEOLET; Si l'autcur, disenlait les
procédés»..
M. VANOBN Corput. Il se borne à les*
rapporter tels que les exposent leurs au-
teurs ou aies réaumer.
M. LB Présiobht. Il est possible qu'à la
suite de cette discussion^ M. Deghilage
modifie sa publication. On pourrait peut-
être lui accorder l'échange conditionnelle-
nient et y renoncer plus tard si le travail
n'est pas satisfaisant»
M. VAN DEN Corput. Je vous ai proposé
d'aecorder rechange surtout, je le répète,
à titre d'encouragement pour Tauteur^qui
est Belge ett|ui est travailleur. Bien que
partageant au fond l'avis de M. Croeq, je
pense qu*il ne faiit pas que l'on puisse
croire que nous refusons d'enéôurager le
travail d'un coœpaitrîote.
M. SAcaé. Ne pourrait**on.fiBipe l'échange
avec le compte -rendu des «séànees qui se
publie tous les ans?
M. CrocqI Si vous accordez provisoire-
ment l'échange, je vous demanfle quels
sont les motifs que vous invoquerez» plus
tard pour le retirer.
M.. LE PRésiDKNT. Le jbumal, peut deve*
nir meilleur à la suite rie cette dhoussion
qui sera en quelque sorte «on ienseignemeot
•pour l'auteur.
M. Grocq. Un préopinant a dit tout-à^
l'heure que ce journal devait Qoàter de l'ar-
gent à M. D(*ghilage. Mais je n'avais pasi
remarqua que ce journal renferme une dou-
ble page d'annonetïs. Or, vous savez que,
ds^ns ce cas, ce sont les annonce^ qui eoi»*
vrenl les frais d'impression; par conséquent,
le journal ne coûte pe«tt-étre rien à l'auteur.
M. LB PaésiDENT. Je vois que la Société
n'est guère disposée à accorder l'échange*
M. LE SECRÉrAiRB.. En présenoe de ces
dispositions, je n'insiste pas.
M. LB Présioent. m. le secrétaire me
fait remarqtier que nous faisons Téchauge
avec des journaux qui ne valent pas celui
dont il est question .
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
3C9
M. PiGBOLBT» Je propose de leursupprl-
iner réchange à la fia de Tannée.
M. VAN DBN CoRPUT. C'est mon avis, nous
sommes trop larges ; les grands journaux
médicaux de France et d*AUemagnc ne
sont pas aussi généreux que nous.
^ — La proposition de M. Crocq tendante h
ne pas accorder rechange, ^est mise aux
Toix et adoptée.
— Un vote négatif est également émis
concernant la demande d'échange du Jour-
nal de médecine de Bordeaux. Renvoyé pour
rapport à M. Rommelaere.
La parole est à M. Charon pour donner
lecture de son rapport sur le travail de
MM. Deneffc et Van Wetter : DéVanesthé-
sie par injection intra veineuse de chloral.
M. Charon. Messieurs, dans le livre qui
porte pour titre ; De l'anesthésie par injec-
tion intror-veineuse de chloral', MM. V. De-
neffe et A. Van Wetter donnent d'une
façon détaillée la relation de trente -quatre
opér^ions chirurgicales plu« ou moins
graves, pratiquées à T^ide de Tanesthésie
obtenue par des injections intra-veineuses
de chloral. Sept observations sont emprun-
tées à la clinique de M. le professeur Oré,
de Bordeaux, inventeur de ce nouveau pro-
cédé; dans une opération d^ovariotomie,
- rinjection intra-veineuse fut pratiquée par
M. le docteur Laude, un des élèves les plus
distingués de M. Oré. Dahs tous les autres
cas relatés, M. Deneffe a lui-ritéme injecté
le chloral, toujours avec uo égal succès,
hormis dans une seule circonstance où la
mort survint pendant Tanesthésie. Il
s'agissait d'opérer d'une cataracte lenticu-
laire double, un sujet âgé de i5 ans, (rès-
anémîque; six grammes de chloral avaient
été injectés en quinze minuJLes dans la- mé-
diane basilique gauche, M. Van Wesemael
avait opéré l'œil droit par le procédé Von
Graefe; au moment où M'aliait opérer l'œil
gauche, les assistants constatent un arrêt
de la circulation et de la respiration ; immé-
diatement on a recours à l'appareil élec-
. trique de l'hôpital ; malheureusement la
machine fonctionne mal, les opérateurs
sont désarmés, le patient succombe.
C*est le seul fait malheureux observé
djins les nombreuses injections inlravei-
iieuses pratiquées par M. Deneffe ; l'auteur
l'expose, avec une bonne foi scientifique;
digne de tout éloge et qui fait immédiate-
ment apprécier l'entière créance que mé-
rite la relation de tous les autres cas qui
Vont clé que des succès.
La supériorité des injections veineuses
de chloral sur les inhalations de chloro-
forme consiste, suivant l'auteur, en ce
qu'on ne rencontre jamais de sujets réfrac-
taires à ce nouveau mode d'anesthésie,
tandis qu'on observe des malades qu*on ne
parvient pas à endormir ni par le chloro-
forme ni par l'éther ; jamais on ne constate
de nausées ni de vomissements chez l'opéré
qui est soumis aux injections de chloral ; il
est là sous la main du oh'irurgifin perinde
ac cadaver^ dit M. Deneffe ; l'anesthésie est
plus absolue qu'avec le chloroforme, aucun
mouvement réflexe ne se produit et si l'on
veut pousser aux dernières limites l'anes-
thésie,' la cornée même devient insensible ;
l'assoupissement est aussi plus durable,
plus prolongé, il permet les opérations les
plus longues, les plus^ laborieuses, sans
qu'on ait jamais besoin comme avec le
chloroforme de s'inquiéter du réveil du
patient, pendant la durée des manœuvres
chirurgicales.
Tous ces avantages sont indiscutables
mais tandis que les inhalations de chloro-
forme ne nécessitent aucun appareil, pour
pratiquer convenablement les injections de
chloral, il est nécessaire d'être muni de la
seringue de M. Oré; M. Cruveilhier fils
ayant voulu la remplacer par l'instrument
de Pravaz ne réussit pas et tran<%perça la
veine. Un grand nombre de précautions
sont à prendre ; on ne doit pas négliger de
s'assurer avec le papier de tournesol de la
réaction du chloral que l'on va injecter,
Talcaliniser si sa réaction est acide et
M. Deneffe nous apprend que le meilleur
chloral devient acide au bout de quinze
jourS; même quand il est placé a l'abri de
l'influence des rayons lumineux.
Il est indispensable d'avoir sous la main,
prêt è fonctronner en cas d'accident, un
appareil à courant intermittent, de la
marche régulière duquel on &*est assuré an
préalable, car c'est, parait il, le meilleur
mode d'intervention, si la circulation
s'arrête, si les troubles respiratoires devien-
nent inquiétants. Ne faut-il pas être doué
^de rhabileté chirurgicale de MM. Oré et
Deneffe et somme toute commencer par
accomplir une opération délicate ? Tontes
ces considérations empêcheront^ probable-
ment que ce nouveau procédé d'anesihésie
devienne jamais d'un emploi usuel, tandis
que le chloroforme est employé journelle-
ment par la généralité des praticiens.
11 est probable que les injections de'
chloral exigeront toujours le tact cbirur-
47
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370
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
gical «t Texpérience que Tonf reconnaît à
rinventeur M. Oré comme à Tardent pro-
moteur du procédé en Belgique, M. De-
neffe. Le tact cbirurgical de la part de
Tendormeur est d'autant plus nécessaire
que MM. Oré et Deneffc établissent que la
cipse de clilorai à injecter dans la veine ne
p«;ut pas être proportionnée au poids du
sujet auquel l'injection est pratiquée mais
la susceptibilité de chaque individu domine
la scène quand on opère sur Thomme; on
doit en conséquence surveiller attentive*
ment minute par minute sur la personne
que Ton endort^ les effets successifs de
chaque dose injectée.
MM. Héger etStienon, qui ont expéri-
menté les injections de chloral sur les ani-
maux, arrivent à la même conclusion: « Le
fait que rabaissement de pression n'est pas
toujours proportionnel à la dose injectée
nous .montre que, pour se tenir à Tabri de
tout danger, le praticien devra user de
doses modérées, prudemment graduées
d*après fétat du pouls; la tolérance indi-
viduelle devra être interrogée avec soin et
ep admettant que le chloral agisse de même
chez le chien et chez T homme, la dose
maxima à injecter ne pourra dépasser 2 à
3 centigrammes par kilogramme du
poids (I). »
Le lecteur qui tient compte de toutes les
conditions exigées pour pratiquer avec sé-
curité les injections de chloral, de toutes
les précautions dont il importe de s'en-
tourer au préalable, s'attendrait ii voir
M. Deneffe préciser dans son livre jusqu'à
quel point il importe de réserver ce mode
d'anesthésie pour les opérations très-lon-
gues, très-douloureuses ou excessivement
délicates mais au contraire nous voyons
que M. Deneffe a employé les injections
intra -veineuses dans des opérations assez
simples, en tout cas peu douloureuses
comme l'entropion et l'ectropion, qui
s'exécutent le plus^ souvent sans qu'on ait
ménle recours aux inhalations de chloro-
forme. Quelque beau, semble-t il, que soit
l'avenir réservé aux injections de chloral,
jamais leur emploi ne paraîtra opportun ni
justifié dans, des opérations qui s'exécutent
rapidement et sans provoquer de grandes
douleurs.
J'ai l'honneur. Messieurs, de vous pro-
poser le dépôt honorable de l'ouvrage de
MM. Deneffe et Van Wetter dans notre
(I) Action du chloral sdr 1rs nerfs vaso-mo-
teurs, par MM.Heger et Stienon (voir le cahier
de murs 1875, p. 204.)
bibliothèque. Les travaux de ce mérite et
de' cette nouveauté sont trop rares pour
quc^nous ne saisissions pas cette occasion
pour adresser des rcmerciments aux au-
teurs, dans Tespoir qu'ils continueront à
nous donner communication de leurs tra-
vaux.
M. CnoGQ. Je suis tout à fait d'accord
avec M. Charon quant à ses conclusions.
Seulement, si j'avais dû les formuler, je
l'aurais fait d'une manière encore plus
absolue.
Je crois que les injections intraveîneu-
ses de chloral ne sont à recommander dans
aucun cas. Vous trouvez que j'exprime mou
opinion d'une façon trop absolue ; je vais
tâcher de légitimer cette manière de voir.
Messieurs, quand on voit se produire
une action d'éclat, on est toujours tenté de
l'admirer, de se mettre du côté de celui
qui l'accomplit, de le considérer comme un ,
héros. Mais est-on toujours* dans le vrai en
procédant ainsi? Ne se laisse t-on pas en-
traîner par un certain enthousiasme qui,
involontairement, nous pousse à admirer
les choses extraordinaires? Je crois qu'en
toute matière on se laisse trop facilement
égarer par ce sentiment. Certainement
c'est une belle chose que de voir faire une
expérience hardie, de la voir réussir, de la
voir triompher de toutes les difficultés,
avec tous les honneurs de la guerre. On
est heureux de pouvoir dire que le patient,
l'opéré n'a rien senti et qu'aucun accident
ne lui est arrivé, qu'il est revenu à l'exis-
tence. Il y a certesHians tout cela quelque
chose qui doit provoquer notre admiration,
notre enthousiasme. i\lais je ne sais pas si
cela doit nous engager à imiter des faits
semblables. Ceci est une tout autre ques-
tion. Autant j'admire les expérimentateurs»
autant je me garderais de faire comtne eux.
Voici pourquoi.
D'abord, M. Denelfe a fait un grand
nombre d*injeçtions intra-veineuses de
chlo*til. Il a perdu un s^ijet alors qu'il
n'avait fait que 70 ou 80 opérations.
Un membre. Il a perdu deux malades snr
60 ou 70 opérations.
M. Grocq. Soit. £h bicn^ je vous de-
mande ceci : Si le chloroforme et l'éther
avaient fait perdre autant de malades dans
les premiers temps de leur application
n'auraiton pas repous.sé ces moyens d'anes-
thésie, comme foncièrement dangereux?
Il y a des autorités chirurgicales, telles
que Âl. Palasciano de Naples et l'école de
Lyon, qui mettent l'éther au dessus duchlo-
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ACADÉMIES feT SOCifrrÉS SAVANTES.
571
roformep Pourquoi? Parce que ces cbirur>
gîens prétendent qu'avec rélher ils n'ont
jamais vu survenir les accidents que pro-
duit le chloroforma. Eh bien, ces accidents
résultant du chloroforme n'ont pas la fré-
quence d'un sur 35 ou même d*un sur
cent, mais d*un &ur quelques mille cas.
J'iti peut être appliqué SOO fois Tanes-
théaîe par le chloroforme* et je n'ai jamais
vu succomber un malade. Et cependant^
Messieurs, il y a des chirurgiens qui re-
poussent le chloroforme, parce qu'ils le
trouvent trop dangereux. Que doit-on dire
de ces injections intra- veineuses de chloral
qui fournissent une statistique bien autre-
ment défavorable?
Dans le rapport de M. Charon, il y a en-
core quelque chose qui me frappe. Le pra»
ticien qui proitède à une injection intra-
veineuse doit se trouver dans un grand
embarras et cet embarras ne se présente
piks pour le pratipien qui fait, usage de
réther ou du chloroforme en inhalations.
Quand vous faites respirer de l'élber ou
du chloroforme à un malade, vous tenez
la main sur son pouls» vous voyez sa face^
vous examinez ses yeux. Si vous aper-
cevez quelque chose qui semble indiquer
l'apparence d'un danger, immédiatement
vous suspendez les inhalations et vous faites
respirer -quelques boiTffées d'air pur, ou
youB les cessez définitivement, si vous crai-
gtiez que la continuation pourrait offrir
quelques dangers.
Vous avez par cette manière de procéder
des garanties contre les accidents de ce
genre.
Mais si vous faites une injection intra-
veineuse, qui vous dit que vous avez em-
ployé le chloral à dose assez forte, que cette
dose est proportionnée à la susceptibilité de .
Tindividu ? Les phénomènes anesthésiques
ne sont pas toujours en rapport avec la
quantité injectée. La dose absolue n'existe
pas plus ici que pour tout aijtre médicament.
Vous ne sauriez dire quelle quantité de
chloroforme ou de ehloral il faut pour en-
dormir un tel individu donné, pas plus que
voi|8 ne sauriez dire quelle quantité de vin
il faut pour l'enivrer. Or, quand vous
faites une injection intra-veineuse de chlo-
ral, ^ous ne savez pas si la dose sera suffi-
sante pour amener l'anesthésie ou si elle
no le sera pas poiir produire la mort.
Cruelle incertitude que je comprends si
bien que je n'oserais, je crois, tenter l'ap-
plication d'un pareil moyen. On parle d'in-
jecter des doses de 5 ou de 10 grammes de
chloral. Mais ees doses, je n*oserais pas les
a<lministrer d'emblée par la bouche ou en
lavement, à un individu dont je n'aurais
pas tété la sensibilité. Il y a des individus
qui sont empoisonnés avec3 ou 4 grammes
de chloral; ne le seront-ils pas, parce que
le médicament aurait été injecté dans les
veines? Du reste, les expériences qui ont
été faites par MM. Héger et Stiénon vien-
nent précisément nous donner la raison
physiologique de c^* que je viens de vous
développer. D'après ces expériences, le
chloral a une action profonde sur la circu-
lation du sang et les mouvements du cœur.
Or, c'est là une chose avec laquelle nous
devons être très-prudents, lorsque nous
agissons sur l'homme, puisque si nous
poussons cette action un peu trop loin, la
mort s'en suit, sans qu'il existe aucun
moyen connu de ramener la vie qui s'en va.
Voilà quels sont les motifs qui légitiment,
je crois, Icb conclusions que je vous ai fait
pressentir d'une manière un peu prématu-
rée, eq disant loul-à l'heure que, pour ma
part, je n'admettais pas l'injection intra-
veineuse de chloral. Si elle pouvait être
tolérée, ce serait dans des cas exception-
nels, alors qu'on pourrait avoir certaines
garanties relativement à ces tolérances de
l'organisme. Tel est, par exemple^ le cas
où un individu aurait déjà auparavant in-
géré impunément une forte dose de chloral,
ce qui aurait démontré son immunité. Tel
est encore celui de certaines maladies qui,
comme le tétanos,- augmentent considéra-
blement cette tolérance. El encore dans ce
cas je me demanderais si l'injection ne
pourrait pas présenter des inconvénients
graves. Je sais bien que vis-â-vis de la
pratique, les considérations théoriques doi-
vent se taire; mais elles ont cependant
bien leur mérite, en nous faisant prévoir
les accidents possibles. Nous savons que
r hydrate de chloral est un coagulant. L*un
de nous^ l'an passé, a dû faire un rapport
sur un ouvrage d'un médecin italien rela-
tif au traitement des varices par les injec-
tions de chloral.
Je ne suis pas enthousiaste de ce procédé^
mais enfin les faits rapportés ont positive-^
ment démontré leur actioik coagulante.
Nous savons aussi qu'il conserve les piè-
ces anatomiques en coagulant les corps
albuminoïdes. Cette coagulation pourrait
donc se produire dans l'appareil, de la cir-
culation, la solidification de petites par-
celles (ibrineusea pourrait y déterminer
des caillots et il se formerait ainsi des em-
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372
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
bolies qui entraîneraient une mort lente
ou rapide.
Vous direz sans doute que le chloral en
solution ali;alisée ne produira pas cela. Je
n'en sais rien. Il est probable que dans la
plupart des cas il n'en sera pas ainsi. Mais
connaissons-nous la coagulabi^ité du sang
de chacun? N'y a-t-il pas des individus
dont le sang est plus coagulable qu'il ne .
Test habituellement. Et, dans un cas sem-
blable, n'irea-vous pas produire des caillots
fibrineux, des embolies? Du reste, je ne
connais rien qui puisse nous faire préjuger
cette circonstance chez un individu qui est
sur la t^ble d'opération.
Voilà, messieurs, quels sont les argu-
ments sur lesquels se base Tavls que j'ai
émis relativement à ces injections.
Les conclusions du rapport sont adoptées.
M. TiRiPAHV ftiil un rapport verbal sur
différentes brochures de M. le docteur
Nepveu de Paris, brochures qu'il serait
difficile d'analyser par la raison qu*clles ne
^•. renferment à peu près que dos observa-
tions d'ailleurs fort intéressantes mais qu'il
n'est guère possible de résumer.
Le rapporteur conclut au dépôt honora-
ble à la bibliothèque avec remerciments à
l'auteur.
— Adopté.
M . Lorge donne lecture de son rapport
sur un travail de M. Leyder membre cor-
respondant a Gembloux.
M. Lorge. Messieurs, le travail dont
M. Leyder, professeur à l'institut agricole
de Gembloux vient de faire hommage à la
Société royale des sciences médicales et
naturelles de Bruxelles est intitulé « Coup
d'œil sur la situation de notre produc-
tion animale à propos du concours national
d'animaux domestiques ouvert à Bruxelles
au mois de juin 1874. L'auteur y passe
^ successivement en revue les diverses es-
pèces et races animales qui figuraient au
susdit concours. Il fait ressortir, outre
les qualités et les défauts inhérents à cha-
cune d'elles, les tendances actuelles de
notre production animale. Il expose judi-
cieusement les moyens à employer pour
corriger les défauts prédominants des
races belges ; — et il nous donne une idée
exacte de notre production animale dans
son ensemble.
Ces différents |>oints sont traités^ dans le
travail qui nous occupe, avec beaucoup de
talent. Aussi, venons-nous vous proposer
de voter des remerciments à M. Leyder
pour l'envoi de sa brochure et vous prier
d'ordonner le dépôt de celle-ci dans la
bibliothèque de la Société»
Ces conclusions sont adoptées.
La parole est à M. Charon pour une
communication (4).
M. Charon. Messieurs, j'ai Tbonncurde
soumettre à votre examen un spéeimen ty-
pique de calcul mâral, que j'ai extrait de ,
la vessie d'un enfant.
Albort Henri, natif de Malines, âgé de
neuf ans, entre à l'hôpital Saint-Pierre,
I« 19 août 1875. Il présente- de violentes
douleurs au moment de la miction en même
temps que du ténesme rectal ; le seul ren-
seignement que nous parvenons h obtenir
de lui, c'est qu'il souffre depuis environ
quatre ans. En notre présence il est saisi
d'un ténssme vésieo-rectal des plus vio-
lents pendant lequel la muqueuse rectale
est poussée hors de l'anus, dans une éten-
due de deux à trois centimètres. Le ea-
tbétérismefut pratiqué et je tombai immé-
diatement sur un calcul, qui, autant qu'on
pouvait en juger par le frottement obtenu,
devait être dur et rugueux.
Les souffrances de ce malade lui arra-
ehaient fréquemment des cris et des gémis-
sements; sa santé générale ne laissait rien à
désirer, il était d'une robuste constitution ;
c*est pourquoi ayant pris avis de M. Tan
Volxem, nous décidâmes de pratiquer chez
ce sujet, l'opération de la taille bilatérale,
le lundi 25 août 1875.
La taille ne présenta d'autre complica-
tion que la section d'une artère, qui, d'a-
près sa situation médiane et profonde me
parut être la trans verse du périnée ; nne
simple torsion arrêta l'I^émorrhagie. L'é-
cartement des lames du lithotome fut porté
à âO millimètres, en vue de ne pas dé-
passer les limites de la prostate. A dater du
sixième jour, l'enfant commença à uriner
en partie par le canal de l'urèthre^ je dis
en^ partie, attendu que l'urine suintait en-
core par la plaie périnéale en voie de bour-
geonnement. L'urine rendue par Turèthre
fut recueillie ; elle était trouble, fétide,
ammoniacale, indiquant un état d'înflam--
mation de la muqueuse vésicale; elle s*est
éclaircie depuis, , et aujourd'hui, iX» jour^
depuis l'opération, l'enfant est tevé, se pro-
mène et prend part aux jeux de ses cama-"
rades.
Le défaut d'espace ne nous ayant pas perniis de
publier celte commnoication uiins la précédente
livraison, nous là donnons ici..
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
373
Un détail caractéristique à noter c^est
qu'<:nvoyé de IMalines par ses parents, il a
été opéré, il est guéri et |es auteurs de ses
jours n*ont pas ^encore donné» le moindre
signe d^exiitençe Ne soyons pas trop mi-
santhropes el mettons le fait sur le compte
d'une excessive 'misère.
Le calcul est un type parfait' de calcul
mural ; il pèse sept grammes ; à la vue, il
semble composé de couches alternées, les
unes brunes d*oxalate de chaux, les autres
crayeuses de phosphates alcalins.
Les aspérités dont il est hérissé sont très-
aiguës et expliquent la violence du ténesme '
vésJco-rectal qui tourmentait si doulourcu* '
sèment le sujet au moment de^la miction.
Comme tous les calculs muraux^ ce spé-
cimen est remarquablement dur, circon-
stance défavorable pour la lithoiritie mais
heureuse pour la lithotomie ; en effet ces
calculs ne s'écrasent pas sous la pression
des tenettes, il n'en reste pas le moindre
fragment dans la vessfe, ensuite les mu-
raux sont isolés, peu volumineux, Topé-
ration est facile et la convalf'scence, comme
dans ce cas, s'accomplit rapidement.
L'ordre du jour amène la discussion jsur
les affections régnanles. \
M . LE Président. Notre état sanitaire est
très- bon ; le dernier bulletin annonce très-
peu de décès.
M. Châron. Il y a dans lé service des en-
fants plusieurs cas, de coqueluche, mais
sans complication.
La séance est levée à 8 4/â heures.
▲oadémîe royale de médeoine de
Belgique.
Séance du 9 octobre <875.
(Président : M. Vlbminckxi)
t La séance est ouverte à 11 heures et
demie.
^ Sont présents ; MM. Borléc, Boulvin,
Bribosia, Chandelon , Cousot, Craninx,
Crocq, Delvi^art, Depaire, Foelen, Fossion,
Galiez, Gaudy, Gilte^ Cluge, Gouzée,
Hairion, Hubert, Kuborn, Lefcbvre, Le-
quime, Mascart, Ptgeolet, Rommelaere,
Tbiernesse, Van Kempen, Vleminckx et
Warlomont, membres titulaires; M. Laus-
sedat, membre honora; rt*.
Se sont excusés : MM. Bellefroid, De
. Roubaix, Soupart elSovet.
N*ont point motive leur absence :
MM. Burggra^ve^ Michaux et Thiry.
MM. Boddaert, Boëns, Hugues, Hyer-
naux, Janssens, Masoin, Van Bastelaer,
Van Wetler et Willième, corre^ppndants,
assistent à la séance.
Le procès -verbal de la dernière réunion
est adopté. <
M. le ministre de l'intérieur adresse un
exemplaire . avec 'annexe deâ Exposés de
la situation àchninistrative des provinces
pour 1875.
M. le ministre de la justice fait parvenir
pour la bibliothèque un exemplaire du
tom«! second du recueil des Coutumes de
Bruges elun exemplaire du tome ciuquièm€
des Coutumes du quartier d'Anvers compre-
nant les Coutumes de Kicl, de Deurne et de
Lierre, publiés par la Commission royale des
anciennes lois et ordonnances de la Belgique*
Donnant suite à la déci>ion prise dans
le comité secrjet de la dernière séance, le
Bureau a chargé MM. Vleminckx, Michaux
et Kuborn d'examiner les questions à mettre
au concours et de faire à l'Académie telles
propositions quMls jugeront convenir quant
aux termes dans lesquels elles seront con-
çues et quant aux conditions à insérer dans
le programme.
Le Bureau a renvoyé à l'examen de
MM. Fossion et Rommelaere le travail de
M. Lacompte, relatif à une fistule pan"-
créa tique chez l'homme..
M. Gluge, n'ayant pu se charger de
l'examen du mémoire de M. Miot sur l'in-
nervation dif cœur, a été remplacé par
M. Fossion.
M. Warlomont soumet à l'Académie,
de la part des auteurs, MM. les D'* Mauriac
et Verdalte, membres de la Société de mé-
decine et de chirurgie^ de Bordeaux^ un
mémoire imprimé, intitulé : Etude me-
dico psychologique sur un cas d'extase mys-
tique observé à Fontet, département de la
Gironde, Les auteurs de cet écrit se por-
tent candidats au titre de correspondant.
— Le travail de MM. Mauriac et Verdalle
étapt publié, l'Académie décide, confor-
mément au règlement, qu'il ne sera pas
fait de rapport, mais qu'il sera renvoyé,
comme titre à l'appui de leur candidature,
à la Commission de présentation.
En se portant également candidat au
titre de correspondant, M. le D' Abeille, à
Paris, offre deuji^ brochures intitulées,
l'une: Chirurgie conservatrice , l'autre :
Traitement des maladies chroniques de la
matrice, M. Abeille joint à son envoi une
note manu.<crite donnant un aperçu de sa
méthode de redressement des déviations
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374
ACADÉMIES ETSoraÈTËS SAVANTES.
utérines, exposée daos le second opuscule;
il demande que son résumé soit commu-
niqué à TAcadémie. — M. le président pro-
pose de renvoyer la note de AI. Abeille à
Tezamen d*une Commission à nommer par
le Bureau, après avoir fait observer que
telle est la marche que Ton a toujours sui-
vie lorAque des travaux manuscrits sont
adressés à la Compagnie. — Celte propo-
sition est adoptée.
M. Masoin présente, de la part de Tau-
teur, M. le D' Thonia, une brochure en
allemand sur la substance unissante des
épithéliums.
M. Gillc, au nom de M. Bruylants, phar-
macien^ un opuscule intitulé : Rcclitrches
sur les hydrocarbures de la formule gétiérale
M. Warlomont présente, de la part de
M. le professeur Cortèse, président du Co-
mité sanitaire de Tarmée U*ltalie, à Rome,
menibre honoraire de l'Académie, quatre
ouvrages dont les titres seront insérés dans
le bulletin en même temps que ceux de
plusieurs publications dont il est fait hom-
mage k la Compagnie. — Remcrclments
aux auteurs des travaux présentés.
Avant d*aborder Tordre du jour,' M. le
président fait connaître que le Bureau a
ajourné au 0 octobre la séance ordinaire
du mois de septembre, a cause d<; la ses-
sion du Congrès périodique international
des sciences médicales, qui a eu lieu à
Bruxelles du 1 9 au 'i^ du mois dernier.
M. le président propose ensuite d*a-
dresser des félicitations à M. Craninx, à
Toccasiop du rétablissement de sa santé et
de sa rentrée à l'Académie. (Applaudis-
semetits).
M. Craninx remercie vivement M. le
président ainsi que ses collègues des mar-
ques d*intérét qu^its veulent bien lui donner.
L*Académie entend ensuite les lectures
suivantes :
1. Rapport de M. Rommelacre sur la
communication de M. Verslraeten, inti-
tulée : Note sur le sang des malades atteints
de variole.
M. le rapporteur propose d'imprimer le
travail dans le Hulletin et d*adresser des
remerctments à Fauteur. — Adopté.
3. Note de M. le docteur Wasseige, cor-
respondant à Liège, sur le crochet mousse
articulé.
L*auteur de la note n'assistant pas à la
séance, M. Fossion se charge d'en donner
communication à la Compagnie.
M. Hyernaux demande à présenter quel-
ques observations. La parole lui est ac-
cordée.
La communication de M. Wasseige ainsi
que la réponse que M. Hyeruaux y a faite
ayant été imprimées dans le Journal de la
Société des sciences médicales de Bruxelles,
M. Fossion, conformément au règlement,
propose lie n'imprimer ni Tune ni l'autre
dans le Bulletin. — Cette proposition est
adoptée.
5. M. Lequime présente un travail de
M. Cambrelin, membre honorairr, intitulé :
Discours sur la contagiosité dd choléra, et
demande à pouvoir en donner lecture, au
nom de son collègue absent.
M . le président fait observer que cette
communication n'est pas portée à Tordre
du jour et que, du reste, les dispositions
réglementaires s'opposent à ce qu'il soit
donpé lecture d'un travail aussi étendu.
M. Lequime demande à pouvoir commu-
niquer le résumé qu'il en a fait — L'Aca-
demie en autorise la lecture.
A la suite de cette lecture, M. le prési-
dent fait remarquer qne la Compagnie, en
admettant M. Lequime à lire son résumé,
est sortie de la voie normale : qu'aux termes
des'dispositions réglementaires, le membre
qui présente un travail dont la lecture
pourrait durer plus d'une demi-heure,
doit en communiquer, en séance, un ex-
posé analytique destiné à être publié dans
le Bnllclln ; que le mémoire est envoyé
ensuite à une (Jommission appelée ù faire
à l'Académie, quant à la publication de
celui-ci, telles propositions quelle juge
convenir.
En présence de ces dispositions, M. le
présidîent demande : La Compagnie veut-
elle considérer 1^ résumé de M. Lequime
comme tenant lieu de l'exposé analytique
que M. Cambrelin aurait dû fournir et
renvoyer le travail à l'avis d'uiie Com-
mission ?
L'Académie décide que le résumé de
M. Lequime sera imprimé dans le Bulletin.
Al. Fossion propose de renvoyer la
communication de M. Cambrelin à l'examen
d'une Commission à nommer par le Bu-
reau. — Adopté.
4. Suite de la discussion des travaux
suivants ;
La stigmatisée d'Anvers, par M. Des-
guin. —Maladies des mystiques; Louise
Lateau, par AI. Charbonnier. — Rapport
de la Commission qui a été chargée d'exa-
miner le mémoire de M . le docteur Char-
bonuier, intitulé : Alaliidies et facultés di-
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
S75
verses des mystiques. — M. Warlomont,
rappomiir.
M. le président rappelle que la clôture
de la discussion, qui avait été demandée,
n*a pas été mise aux voix, dans la der*
niére séance, parce que TAcadémie a
jujgé convenable d'entendre M. Lcfebvre,
qui n'était pas présent; s'il témoignait le
désir de prendre la parole. Il donne eu-
..«oife lecture, des ordres du jour proposés
par MM. Kuborn et Crocq, dont la discus-
sion a été ajournée: pour le même motif.
M. le président ajoute que M. Tbieriiesse
a proposé la question préalable sur les
ordres du jour motivés.
M. le président fait observer, en outre,
que TAcadémie n*a pas tranché la question
desavoir si le mémoire de M. Charbonnier
sur les maladies et les facukés diverses des
mystiques fera Pobjct d'une discussion
spéciale, ou s'il sera discuté en même temps
que le cas de Louise Lateaù.
Selon M. Tbiernesse^ il a été convenu
qu'il n'y aurait qu'une seule discussion.
Après quelques observations présentées
par M. le président et M^l. Laussedat,
Boens et Crocq, la Compagnie, consultée,
décide que l'ordre du jour sera maintenu,
c*estii-dire que le mémoire de M. Chur-
bonnicr continuera à faire partie de la dis-
cussion qui est ouverte.
La parole est donnée à M. Lefebvre.
(En l'absence des deux vice-présidents,
empêchés^ M. Thiernesse, ancien viçe-
pr«siitent, est invité à remplacer M. Vle-
minckx, au fauteuil.)
MM. Vleminckx, Crocq, Lefebvre, Ma-
soin et Boëns sont successivement en-
tendus.
La clôture de la discussion générale esi
mise aux voix et prononcée.
M. le président rappelle que déjà, dans
une séance précédente, l'Académie a sta-
tué sur une première conclusion du rap-
port rédigé par M. Warlomont sur le mé-
moire de M. Chafbonnier, dout l'impres-
sion a été votée, contrairement à l'avis des
commissaires, et qu'il ne reste plus, par
conséquent, qu*à voter sur la dernière, à
savoir : des rcmerciments à adresser à
l'auteur.
Cette seconde conclusion est adoptée.
L*as9emblé est appelée à discuter les
ordres du jour de MM. Kuborn et Crocq.
M. Vleminckx fait observer que, puis-
que tous les accidents morbides ne s^expli-
quent pas par les lois connues de la phy-
siologie pathologique, il conviendrait de
modifier, dans cet ordre d*idées, Tune ou
l'autre des rédactions proposées.
M. Fossion propose l'ordre du jour sui-
vant :
« L* Académie royale de médecine dé-
clare qu« le cas de Louise Lateau n^est
pas complètement observe et ne peut ser-
vir de base à une discussion scicntiBque
sérieuse; en conséquence, elle clôt la dis-
cussion. »
M. Warlomont fait observer que la clô-
ture a ^té prononcée.
M. Crocq est d'avis que Tordre du jour
proposé par M. Fossion est un ordre du
jour pur et simple.
M. Laussedat estime qu*au point où en
sont les choses, l'Académie parait bien
positivement empêchée de reprendre et
maintenir le débat sur le terrain unique-
ment scicntifîque; ainsi qu*il le deman-
dait encore au commencement de cette
séance, la discussion étant sans cesse en-
tralnéejdu côté où, aux questions de science
semblent vouloir se substituer des ques-
tions de conscience ; il déclare que ce der-
nier ordre de questions n*appar(ient sous
aucune forme à l'Académie et qu'elles n*^u-
raient jamais dû y être produites. M. Laus-
sedat ne voit plus qu'un moyen de sortir
d*une situation essentiellement anomale :
c'est de rentrer dans l'étude des travaux
ordinaires de l'Académie, et c'est dans cet
esprit quMI appuie l'ordre du jour pur et
simple.
L'ordre du jour pur e( simple est mis
jiux VOIX et adopté.
La séance est levée à 2 heures et demie.
A.oadéinïe de Médeoîne de Parît.
Séance du i^ septembre 1876.
Présidence de M. Cbatin.
Myopie (suite do la discussion). — M. Gi-
raud-Teulon. m. Guérin, à Pappui de ses
opinions sur l'origine et le mécanisme de
la myopie, a lu deux observations que j'ai
demandé à étudier avant d'en entreprendre
la discussion.
Pénétré de l'Importance des acquisitions
de la science nouvelle sur cet important
sujet, il m'était interdit de fermer les yeux
sur l'objet de. l'intervention d'e M. Jules
Guérin dans cette discussion, à savoir : la
négation de la physiologie oculaire mo-
derne. L'esprit qui a présidé à son argu-
mcntatiofi dans la séance du 31 août se
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376
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
retroave dans les conclasions du mémoire
présenté dans la dernier*) séance.
La connaissance de la fausseté desdiles
conclusions était nécessaire pour Tintelli-
gence exacte de ces observations.
Les deux propositions fondamentales
énoncées dans ces conclusions sont effec-
tivement le contraire absolu de la vérité
objectivement démontrée.
Ainsi il est aujourd* hui directement
établi :
4"* Que les muscles droits, par leur con-
traction, pas plus que les muscles obliques,
n^ont aucune action directe sur le méca-
nisme de Tadaptation de rœil aux différ
rentes distances;
â* Que cette même a'iaptation est réa-
lisée par la seule et unique modification de-
la courbure des surfaces du cristallin, qui
ne change point de place ni de distance re-
lative, soit h la cornée, soit à la rétine,
pendant cette modification de forme.
Ces deux lois, le contraire mot pour
mot de la théorie de M. Guérin, sont
expressément établies, acquises comme une
des conquêtes de notre époque.
M. Giraud-Teulon s'attache a démontrer
d'abord cette première proposition : que
les muscles droits ne prennent aucune part
directe et mécanique dans Pacte de l'ac-
commodation.
Par contre, ajoute-t-il, on observe tous
les jours qiie rinstillatiou d'une forte so-
lution d'atropine, qui laisse parfaitement
intacte l'action des muscles moteurs de
Tœil, paralyse complètement le pouvoir
accommodaiif.
D'autre part, on voit journellement
encore l'effet inverse se produire sous Tin-
fluence de la fève de Calabar.
M. Giraud -Teulon démontre ensuite di-
rectement que cette adaptation, contraire-
ment a l'énoncé de la dernière proposition
de M. Jules Guérin, a lieu par une modi-
fication survenue dans le degré de cour-
bure de la lebtille et n'a lieu que par elle.
On peut donc rayer absolument du ta-
bleau de la science actuelle les deux pro-
positions de M. Jules Guérin. Le trrraiu
ainsi débarrassé, tiuuh pouvons aborder
l'examen des observations qui nous ont été
soumises.
Ici M. Giraud-Teulon examine les deux
observations en question, puis il continue
ainsi :
Mais nous pouvons opposer aux conjec-
tures de notre confrère autre chose que
des conjectures. M. Knapp, professeur à
Heidelberg, au lieu de a'arréter h la con-
ception du mécanisme, a cherché si les
faits y répondaient.
Sur vingt- neuf cas de strabisme, il a
mesuré les rayons de courbure du méridien
vertical et du méridien horizontal. Sur ces
vingt-neuf cas, voici ce qu'il a constaté :
4<* Contrairement h ce que pouvait faire
prévoir Tinduction, il n'a rencootré que
deux fois le rayon horizontal de la cornée,
plus petit que le vertical ;
2» Dans les cinq sixièmes de ces cas,
l'œil dévié présentait la même forme qae
l'autre ;
5° Dans le dernier sixième seulement,
l'œil dévié présentait une asymétrie patho-
logique.
La ténotomie n*a amené que deux fois
une modification dans la courbure de la
cornée.
Ainsi donc, si M. Jules Guérin persiste à
vouloir substituer aux lois de la physio-
logie, de la vision, qui font par leur préci-
sion l'honneur de notre époque, le méca-
fiisme qu'il proposait en 1841, il faut qu'il
coUîge de nouveaux faits, qu*il apporte des
mesures précises. Ceux que nous venons
de discuter viennent d'échouer, faute de
démonstration.
Sous l'apparence de vaines discassions
théoriques, dit en terminant M. Giraud-
Teulon, se trouvent ici débattus d'immen-
ses intérêts.
Je ne parlerai pas de la n/écessité où m'a
mis M. Guérin de défendre, quinze ans
après leur promulgation, les lois organi-
ques de la réfraction physiologique, les
bases mêmes de la constitution actuelle de
Tophthalmologie; ces lois n'avaient pas
besoin de défenseur, mais un de leurs co-
rollaires pouvait être ébranlé dans ce con-
flitj et les effets de cet ébranlement eussent
été des plus graves. Le point de doctrine
attaqué par M. Guérin a été la proposition
moderne qui présente la myopie, dans son
expression générale, comme une maladie
acquise résultant presque exclusivement
du travail rapproché. Je ne pouvais laisser
mettre en doute une loi aussi incontestable,
aussi indispensable à tout médecin.
On croit trop universellement que la
myopie est une simple condition do la ré-
fraction oculaire, et que cette condition
est plutôt favorable que contraire. Le ta-
bleau que j'ai présenté a dû édifier l'Aca-
démie sur la valeur de ce préjugé.
Or, la* myopie étant démontrée une ma-
ladie acquise, des plus sérieuses, pouvant
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ACADÉMIES ET SOCIÉJÉS SAVANTES.
577
être prévenue par des mesures prophylac-
tiques^ importe-t-il ou non que son méca-
nisme soit scientifiquement établi?
M. Jules GuÉRiN ne demandera pas,
comme M, Giraud-Teulon, une semaine
pour préparer sa réponse. Il se contentera '
de rappeler Torateurà la question.
M. Giraud-Teulun, dit-il, s'appuie sur la
nouvelle théorie de Taccommodation pour
combattre les faits que j'ai allégués. Or ces
fails sont pertinents, incontestables, et ils
se trouvent en parfaite contradiction avec
la formule de la théorie de Donders, qui
est la suivante : « Les divers troubles de
Taecommodalion (myopie, hypermétropie)
sont dus à des anomalies de la réfraction. »
II n'y a, dans cette formule, qu'un mot
à changer pour que nous soyons parfaite-
^roent d'accord : au lieu du mot réfraction,
mettons celui de rétraction musculaire, et
la théorie de Donders sera alors conforme à
la vérité.
Il résulte de tout ceci que Donders a pris
Teffet pour la cause. J'ai posé ce principe,
que le strabisme n'était, comme le pied-
bot et la plupart des déformations, que le
résultat de la rétraction musculaire. Or le
strabisme entraîne avec lui divers troubles
optiques; ce sont ces troubles que Don-
ders a parfaitement étudiés. Mais, si l'on
remédie au strabisme par la strabotomie,
on remédie par cela même à ces troubles
oculaires. Cela prouve bien' qu'ils ne sont
que la conséquence du strabisme.
M. Girâud-Teulon dit que la théorie de
Donders est aujourd'hui prouvée par dos
milliers de faits, tandis quL> celle que dé-
fend M. Jules Guérin depuis trente ans,
attend encore sa démonstration.
Séance du 21 septembre*
Présidence de M. Gosseun.
M. GosâËLiN présente, au nom de M. le
docteur Vergue, de la Châtre (Indre), une
note Intitulée : Sur un nouveau procédé de
rhinoplastiCf destiné à éviter la torsion du
lajnbeau. (C»mmis&ioa : MM. Giraldès et
Alphonse Guérin.)
— M. le secrétaire donne lecture des
extraits des testaments de MM. IXcsportes
et Demarquay, contenant les legs faits en
faveur de l'Académie.
Voici rextrait du testament de M. Des-
portes :
« Je lègue à l'Académie de médecine la
somme de 50,000 francs. Les intérêt^
annuels de cette somme seront employés
par elle à distribuer des prix et de simples
récompenses :
f i<* Les prix proposés auront pour
sujet la thérapeutique médicale pratique,
sujet qui lui sera suggéré par quelque dis-
cussion longue, laborieuse, sur une mala-
die grave, difficile à connaître, et plus dif-
ficile par conséquent encore à traiter raiion-
nellement et avec un succès plus probable
qu'on n'a pu jusqu'ici espérer.
« 2<» L'A,cadémie aura, chaque- année, à
employer une ou deux faibles sommes de
150 francs à 200 francs à remercier les
auteurs de quelque bon mémoire d'histoire
naturelle pratique: et thérapeutique. »
Voici l'extrait du testament de M. Dc-
marquay :
« Je donne par testament et en toute
propriété la somme de 100,000 francs à
l'Académie de médecine de Paris. Cette
somme est destinée à l'aider à se créer une
habitation digne d'elle. Dans le cas on le
gouvernement y pourvoirait, je prie l'Aca-
démie de créer un prix de la valeur du
revenu de la somme accordée, qui sera
donné chaque année à l'auteur du meilleur
ouvrage sur :
« l® L'analomie descriptive; 'Z" 'ou sur
le meilleur ouvrage d'anatoraie patholo-
gique ou hislologique, ou encore au meil-
leur ouvragle de pathologie interne ou
externe Ou d'hygiène. » '
- Après celte tommunication, M. le prési-
dent déclare qu'il n'y a rien à l'or/ire du
jour et lève la séance.
Séance du 28 septembre.
Présidence de M. Gosseun.
L'Académie n'a reçu aucune espèce de
correspondance ; elle est un peu plus nom-
breuse qu'aux séances précédentes.
M. Henri Roger lit, au nom de M. JoLLy,
un travail intitulé : La volonté considérée
comme puissance morale et comme moyen thé-
rapeutique. (Sera publié ultérieurement.)
M. Larrby, en félicitant M. Jolly de son
beau travail» prend hi liberté de lui signa-
ler comme complément de cette étude,
quelques recherches à faire sur l'influence
d'une volonté forte pour diminuer et pres-
que annihiler la douleur dans les opéra-
tions chirurgicales.
M. BouiLLAUD adresse également à
M. Jolly toutes ses félicitations; comme
M. Jolly, M. Bouillaud a eu plusieurs fois
l'occasion de constater l'influence de la vo-
lonté, d'une volonté ferme et persévérante,
4S
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578
VARIÉTÉS.
sur la guérison de certaines maladies ; mais
il faut dire aussi qu'il n*est pas donné à
tout, le monde d*avoir de la volonté et de
porter, par exemple, celle faculté à la hau-
teur où le grand Cornrille la représente
dans ces beaux vers qu'il met dans la bou-
che d'Augu&te, dans la tragédie de Cinna :
Je suis maitre de moi comme de Tunivers,
Je le suis, je veux Tétre. ......
M. Delasiauve lit un mémoire intitulé :
Discussiqn relative à la classification des
maladies mentales à propos d'une prétendue
monomanie religieuse.
L'auteur rappelle qu'il a établi en alié-
nation mentale une nomenclature qui a
suscité beaucoup de défiance, et qui a été
condamnée plutôt que réfutée. Or, M. De-
lasiaiive croit pouvoir dire que les fails et
la controverse, loin d'infirmer eVtte classi-
fication et la, théorie sur laquelle elle re-
posC; ont de plus en plus manifesté à ses
yeux révidence de Tune et de T^utre.
Il pense avoir en! revu, en même temps
que les conditions d'un classement plus
rationnel des folies, une systématisation
psychologique, susceptible de répandre un
jour tout nouveau sur l'horizon de la
science.
ft Ce qui saillit immédiatement chez
l'homme, dit M. Delasiauve, c'est la faculté
de penser, de raisonner, de vouloir et
d'agir. Si quelque chose se dérange dans
ce mécanisme, la lésion, évidemment, à
cause de «rincessance du travail mental,
aura pour signe la généralité et la perma-
nence ; rirrégularivé ou l'insuffisance se
trahiront à des degrés divers, sur tous les
sujets. De là un groupe d'aliénations géné-
rales, dans lequel sont venus se ranger
quatre genres principaux : excitation ma-
niaque, manie, démence avec ou sans pa-
ralysie progressive, et les innombrables
variétés d'obtusions psychiques, depuis la
stupidité la plus profonde jusqu'aux teintes
affaiblies du simple embarras intellectuel..
« Mais le pouvoir que nous avons appelé
syllogistique ne crée pas de toutes pièces.
Les idées qu*il conçoit, les émotions qui
l'impressionnent, les sentiments qu*il
éprouve deviennent les matériaux et les
mobiles de ses opérations. Ces éléments lui
sont extrinsèques; ne serait-il pas présu-
mable que certains ordres d'aliénations
mentales eussent ainsi leur ppint de départ
dans des impressions maladives, des con-
ceptions vicieuses, des sentiments altérés?
Elles auraient, en conséquence, une évo-
lution et des caractères spéciaux. La logi-
que, subsistante, fléchirait, -> non parfois
sans une résistance efficace, — sous l'as-
cendant des incitations pathologiques,
pour reprendre son empire en dehors de
leur action. C'est, en effet, ce qui a lieu.
< Les <lélires particuliers ont, sous ce
rapport, un cachet si saillant qu'on n'a pu
échapper à leur constatation. Mais le prin-
cipe en a ét^ méconnu, ce qu'atteste l'idée
comprise dans la définition suivante : Lé-
^ sion partielle de V intelligence. D'une sépa-
ration de fond, on n'a fait qu'une distioc*
tion de degré.
. « La première observation d'où pour
nous naquit la lumière, fut celle du sémi-
nariste Raimbaud, condamné à Aix pour
tentative de meurtre sur un de ses cama-
rades. D'accord sur l'irresponsabilité, les
experts hésitaient dans l'attribution du
cas ou au délire général, ou à la mono-
manie. Raimbaud n'avait ni idée fixe, ni
impulsion déterminée. Son affection se
composait d*uoe série de paroxysmes com-
parables à la rêverie de la veille et où sur-
gissaient, montant comme un flot et Sf,
croisant dans son esprit, des sensations
étranges, des conceptions bizarres, des
raisonnements fortuits. Ses sentiments
erraient au gré des pensées. Sortant de ces
crises, il se voyait avec effroi, étonné, sur
la pente du crime ou de la folie.
' c Ce n'était point de la monomanie, mais
une fascination oppressive, vague et incer-
taine. »
Y. VARIÉTÉS.
Nouveau crochet décollâteur articulé.
— Réclamation de M. le docteur Ferdipand
Veraroini. (Extrait des procès- verbaux de
la Société médico-chirurgicale de Bologne).
— Tradpit par M. le docteur Dubois.
( Après la lecture du procès-verbal par
notre honorable secrétaire le professeur
Brugnoli, j'ai entendu citer au nombre des
ouvrages reçus en hommage par notre So-
ciété la brochure de M. le professeur Hycr-
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VARIÉTÉS.
57î>
naux intitulée : d Latcroflexion du col
prise pour une i m perforation de Tulérus ;
aceouchemcnt laborieux terminé par la dé-
collation fœtale. Nouveau crochet mousse
articulé pour faciliter ce procédé d'em-
bryolomie et pouvant servir de porte lacs
et comme a^ènt de traction, v J'ai cru de
mon devoir de réclamer la parole pour bien
éclaircir les faits et pour revendiquer en
ma faveur la priorité tout entière vis-à-vis
du prétendu nouveau crochet articulé de
Taccoucheur belge.
J'ai reçu moi-même, honorés collègues,
de M. le professeur tiyernaux un exem-
plaire du travail susdit, extrait du Bulletin
de l'Académie royale de médecine de Bel-
giq'tCj tome IX, 5™« série; je sais beaucoup
de gré à Taulear de son attention flutteuse
que je rapporte en grande partie à l'envoi
que je lui avais fait de mon mémoire sur
un levier articulé et décollaleur de mon
invention, mémoire imprimé Tannée passée
dans notre Recueil périodique, qui a vu
d*abord le jour dans les t actes de Tlnstitut
des sciences » et qui a été traduit en fran-
çais et inséré dans le Journal ^e la Société
royale des sciences médicales et naturelles
dé Bruxelles vers la fin de l'année .der-
nière. Donc mon travail, à raison de ces
diverses particularités devait être bien
connu de M. le profeSs«eurHyernaux. Peut-
être aussi dois-je attribuer son hommage à,
ce que, ayant dû me citer dans son opus-
cule, il i'est montré désireux de m'en faire
connaître promptement la raison.
Or, dans le cours de sa brochure, arrivé
au point où il termine sa revue hjstorique
des instruments proposés pour opérer la
décollation ou la détroncation du fœtus,
après un examen critique de ces instru-
ments, il tîxprime à ses collègues sa grande
satisfaction de pouvoir heureusement leur
faire connaître qu'il a imaginé un méca-
nisme (lequel, je le dis tout de suite m'ap-
partient eu propre, et lui-même l'affirme)
qui réunit toutes les qualités désirables
pour réussir dans les circonstances qu'il a
signalées antérieurement et qui n'offre pas,
à ce qu'il lui semble, les inconvénients
inhérents à tous les instruments analogues.
Voici ce qu'il dit à la page* 13 de son
opuscule : a Mais je me hâte de recon-
naître à nouveau^ Messieurs, que dans ma
pensée j'ai eu des devanciers. M. Verar-
dini, professeur à Bolo;;»»;, a imaginé dans
ces derniers temps un levier à six pièces
plates articulées cl le long de là ligne mé-
diane duquel il a adapté un ressort léger,
fonctionnant comme celui de J. Vaust,
(ceci cet inexact ; c'est en quelque sorte la
sonde de Belloc que j'ai cherché à adapter
à mon levier) pour en faire un décollateur
au besoin ou plutôt un porte-ficelle. Je ne •
sais si cet instrument est assez solide pour
satisfaire à sa première et principale desti- •
nation ; j'aime à le croire puisque l'autaur
nous l'affirme. (L'épreuve a toujours par-
faitement réussi) ; mais, chose dont je
doute, c'est qu'il puisse réussir en toutes
circonstance»^, à porter la ficelle là ou elle
doit être pof^tce. En effet, l'extrémité de fa
lame a 3 centimètres de largeur, et c'est
beaucoup, c'est trop me semble t-il pour
repasser dans un sillon rétréci comme l'est
celui compris entre la tête et l'épaule supé-
rieure, par exemple, lorsque Tcnfant est
enfoncé et tassé dans le bassin. »
Eh bien ! pourquoi cetle critique de mon
levier et sans celte forme singulière? J'ai
déclaré dans mon mémoire avoir voulu
faire seulement à mon levier une addiiion
opportune, c'est-à-dire le rendre capable
de servir comme décollateur mais dans
certaines circonstances déterminées et tout
à fait convenables. Celte réserve suffit à
elle seule pour prouver manifestement que
je n'ai pas visé à en généraliser l'usage
d*une manière absolue, c'est-à-dire à faire
de mon levier un agent exclusif de décolla-
tion. Je ne pense donc pas que les objec-
tions de l'accoucheur belge, bien que cour-
toises, soient légitimes surtout si l'on tient
compte des courtes réflexions que j'émets
et qui ont échappé malheureusement à
M. le professeur Hyernaux.
. En effet, à la page i7 de mon mémoire
(voir Bulletin, etc., 1874, série V, volume
18, page 175 se trouve une note que je
transcris ici : « Actuellement je suis en
train de faire confectionntT un simple dé-
collateur séparé du levier et muni du même
mécanisme si facile que celui par lequel il
s'articule avec le levier. 11 présentera cette
particularité de pouvoir s'adapter beau-
coup mieux que les autres décollatours et
cela pour les raisons que j'ai indiquées plus
haut. Cette note me permet de prendre
date pour cettr idée dont j'ai fait part à
mon fabricant d'instruments. »
Si M. le professeur Hyernaux avait re-
marqué et apprécié à sa réelle valeur cette
déclaration explicite, je suis bien certain,
connaissant son honorabilité, qu'il ne se
serait pas attribué l'inventièn «lu crochet
mousse articulé et qu'il &e serait borné
tout simplement à démontrer à ses collé-
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380
VARIÉTÉS.
gués que : « ayant trouvé très- avantageux
le mode d'articulation du levier de Verar-
dini et ayant jugé également excellente
ridée manifestée par le chirurgien bolonais
de l'adapter à un instrument qui remplit
exclusivement .Toffice de décoller ou de
diviser te fœlus mort^ il a conçu la pensée
délicate de faire, le premier, construire un
exemplaire de cet instrument qu'il présente
à ses collègues Cn |eur déclarant que « le
crochet mousse articulé selon les idées de
M. Verardini de Bologne » est vraiment
réussi à merveifle et qu'il le regarde
comme supérieur à tous les autres jusqu'ici
connus, comme cela du reste a été^ sage-
ment soutenu par Verardini lui-même et
commenté dans son mémoire souvent cité.
Je suis si intimement convaincu que
M. le professeur Hyrrnaux est un parfait
gentleman, que je n'hésite pas à^affirmer ici
que, (après avoir vérifié ma note et con-
fronté les dessins existant soit dans m6n
mémoire, soit , dans sa brochure, et les
ayant trouves identiques dans ce qu'ils ont
d'essentiel, à proprement parler les deux
font la paire); il déclarera dans une séance
prochaine et d'une circonstance favorable
à ses collègues et publiera ensuite : « Que
ma note lui ayant échappé ainsi que les dif-
férentes remarques dispersées ça et là dans .
mon travail, il affirme que \e mécanisme
adopté par lui dans la construction du cro*
chet mousse m'appartient à moi seul et
qiCil fait connaître ouvertement quMl n'a
pas cette fois invente mais bien réalisé une
conception d'un de ses confrères italiens
qui l'avait indubitablement développée
soigneusement et sans conteste avant lui. »
Les choses étant ainsi éclaircies en face
de toute la république médico-chirurgicale
italienne et étrangère et bien persuadé que
de ce qui est arrivé, il ne faut accuser que
les circonstances indiquées par moi, dans
l'attente d'une prompte rétractation que je
réclame, je n'en dirai pas davantage sur
cette question qui m*a fouçni un thème
peu agréable pour mon discours.
liettre du docteur Hyernaux à M. le
docteur van den Gorput, rédacteur prin-
cipal du Journal de médecine, de chirur-
gie et de pharmacologie de Bruxelles^ en
réponse à la Note de M. le docteur
Verardini, de Bologne, concernant le
crochet décoUateur articulé.
Honoré confrère,
Merci de m'avoir passé la note que M. le
professeur Verardini, de Bologne, vous
adresse, pote dans laquelle celui-ei reven-
dique la paternité; sur moi, du crochet
décollateur articulé.
Je répéterai à notre honorable confrère
ce que je disais naguère à M. Wastseige(i):
qu'il se rassure, je ne veux^ rien ravir *à
qui que ce soit et, vraiment, je m'ingénie
à retrouver quelque part des traces de ce
qui peut donner lieu à semblable imputation.
11 y a quelques mois, j'eus l'honneur de
faire à notre Académie de médecine
ttomeJX, Z^ série, n'^i) une communica-
tion au sujet, entr'autres choses, d'un nou-
veau crochet mousse articulé. Je me suis
fait un devoir et un plaisir d'en, envoyer
un exemplaire à M. Verardini.
Dans cette communication, je déclare
loyalement que je n'ai fait que réaliser une
idée que d'autres ont réalitée avant moi,
mais d'une manière qui me parait moins
simple. Et c'était justice, puisque le pro-
fesseur de Bologne avait déjà publié un
Mémoire sur un nouveau levier articulé
décollateur que je décris et apprécie dans
ma notice t2) et qu'il est à la connaissance
de tous ceux qui s'occupent d'obstétrique,
que notre savant compatriote, le professeur
Wasseige, a imaginé, dès 186Î, un cro-
chet articulé, lequel est utili:)é par cet ha-
bile accoucheur pour la décollation fœtale.
Je regrette de devoir dire que je n'ai
jamais eu l'honneur de recevoir, de la part
de M. Verardini, le mémoire dont il parle
dans sa note ; sans aucun doute, c'est là
une irrégularité de la poste. Néanmoins, je
Tai dit, j'eus connaissance de son travail
(à moins qu'il ne s'agisse d'un autre) par le
Journal de la Société des sciences médicales
de /Bruxelles {iSlé, août et septembre).
Or, dans ce travail, je constate que l'au-
teur décrit on levier articulé de son inven-
tion et que moyennant quelques appropria-
tions, il s'en sert, le cas échéant, comme
décollateur ou porte- ficelle. Mais, nulle
part, dans cet article, je ne vois qu'il est
en train de faire confectionner un simple
décollateur, séparé du levier et muni du
même mécanisme que ce dernier^ Au sur-
plus, ceci ne nous ferait pas encore cod-
naitre exactement en quoi ce crochet con-
siste et ne permettrait pas d'en prendre le
calque.
Et pour terminer je dirai, si toutefois le
fabricant de M. Verardini a maintenant
(1) Voir, le cahier d'août 1875, de ce joarnal.
(â) BuUet. de CAcad. royale de méd. de Bel-
gique. Tome IX, 3« série, n» 4.
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VARIÉTÉS.
581
exécuté Tirlée dont il prend date par la
mention ci-dessus, je dirai que si, recour-
bés, nos deux crochets se ressemblent, ce
qui est un caractère commun à tous les
crochets indistincienient, incme aux non
articulés, ils sont évidemment dissembla-
bles par le mécanisme qui les fait fonc-
lionnt^r.
Agréez, etc. D' Hyernaux*
Lesves, le 4 octobre 1875.
A M. le>docleur VAN den Corput. rédacteur
du Journal de médecine, de chirurgie et
de pharmacologie de Br^sDeHeê', "^
Dans U numéro d*août du JourneU de
médecine, de chirurgie et de pharmacologie
de Bruxelles^ je lis une communication
sur la recherche du sang dans Turnie,
communication faite par M. Van de Vyvere
à la Société royale des sciences médicales
et naturelles à Bruxelles. M. Van de Vy-
vere dit avoir essayé le mélange de tein-
ture de gayac et d'essence de térébenthine
pour la recherche du sang dans l'urine et
n*avoir pu obtenir la coloration bleue ca-
ractéristique qu'avec le sang provenant des
reins. Ayant plusieurs fois employé ce
réaciif pour retrouver le sang dans des
urines et sur des étoffes, et ne rayant ja-
mais vu faillir, je m*étonnaîs des résultats
obtenus par M. Van de Vyvere. C*est ce
qui m*engagea à faire les essais qui vont
suivre et qui me donnèrent des résultats
tout à fait opposés à ceux annoncés par
M. Van de Vyvere.
J*ai employé : 1° urine renfermant du
sang menstruel ; %° sang provenant d*une
saignée au bras et ajouté à de T urine nor-
male \ S" sang provenant d'une piqûre au
doigt, ajouté également à de Turine nor-
male ; 4*^ sang provenant d'une morsure à
la langue et recueillie sur un mouchoir.
Je me sers d'essence de térébenthine
ozonisée et je prépare la teinture de gayac
avec la partie intérieure d'un morceau de
résine que je fais dissoudre dans une suf-
fisante quantité d'alcoolpour avoir une
teinture jaune brunâtre (plutôt jaune que
brune), traitée par ce mélange d'essence et
de teinture (à parties égales), Turine ren-
fermant du sang menstruel m'a donné une
belle teinte bleue. Il en a été de même de
l'urine normale additionnée de sang comme
je l'ai dit plus haut. Constamment j'ai
obtenu avec ces urines une belle colora-
tion'd'un bleu clair par l'agitation, et la
résine qui se séparait par le repos était
d'un beau bleu foncé. Le sang mêlé à de
leau distillée m'a donné les mêmes colora-
tions. Quant aux taches de saug, une partie
a été humectée avec le réactif et quelques
instants après s'est produit une très-belle
teinte bleue. Une autre partie des taches a
été traitée par l'eau distillée et le liquide
en résultant m'a offert la même coloration
caractéristique.
La teinture de gayac térébenthinée est
un réactif très-sensible pour la recherche
du sang, et bien que d'autres corps colo-
rant en bleu la teinture de gayac, je crois
qu'il peut être utile aux médecins, tout
en ne négligeant pas remploi du micros-
cope. En présence des résultats contradic-
toires obtenus par M. Van de Vyvere et
par moi, d'autres recherches .sont néces-
saires pour connaître |a valeur réelle du
réactif employé. Pour ma part, je les con-
tinuerai jusqu'à conviction complète. Ces
quelques observations que j'ai l^onneur
de vous communiquer, pouvant offrir
quelque intérêt à vos lecteurs, je vous
autorise et en faire tel usage que vous ju-
gerez convenable et vous prie d'agréer
mes sentiments les plus distingués.
JOS. LlNSSBN,
pharmacien à Lesves.
La lettre qui précède et qui résume
quelques expériences faites par M. Jos.
Linssen, de Lesves, tend à infirmer les
conclusions d'une note : Recherche du sang
dans Vurine, que nous avons eu Thonneur
de communiquer à la Société des sciences
médicales et naturelles dans la séance du
7juin 1875, et qui à été publiée dans le nu-
méro de juin du Journal de pharmacologie.
D'après M. Linssen, . un mélange d'es-
sence de térébenthine ozomsÉB et de tein-
ture de ga!ac prendrait une belle teinte
bleue dès qu'on y ajoute un liquide renfer-
mant quelques globules sanguins.
Nous sommes loin de vouloir contester
les résultats obtenus par M. Linssen, seule-
ment nous croyons qu'ils ne peuvent en rien
atténuer Texactitude de nos observations.
M. Almen recommande d'employer clc
l'essence de térébenthine fraîche, c'est-à-
dire de l'essence non ozonisée^ puisque,
d*2^près lui, le globule sanguin ozonifie
l'essencii qui alors colore en bleu la tein-
ture de gaiac. On sait que l'ozone a pour
effet de communiquer à cetle teinture une
coloration bleu -myosotis.
La réaction repose donc sur l'ozonifica-
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382
VARIÉTÉS.
tion, par le globule sanguin , de Tessence
de térébenthine très avide d*oxygène et
sur. la coloration subséquente de la teinture
de gaîac par la moditication- all(Aropique
de Toxygène. II ne faut donc point que
Tessence soit ozonisée, puisque le seul fait
de la présence de l'ozone a pour effet de
colorer en bleu la teinture de gaïac. M. AI-
nien ne parle que de la recherche du sang
dans les urines, il est probable qu'il se sera
servi d'urine, renfermant des globules san-
guins^ émise par un sujet atteint de né-
phrite.
Nous avons répété nos expériences de-
vant MM. les docteurs L. Bfartin et van den
Corput, respectivement président et secré-
taire de In Société royale des sciences mé-
dicales et naturelles de Bruxelles^ mem-
bre du comité de rédaction et rédacteur
principal du JourncU de pharmacologie; ces
messieurs^ peuvent témoigner de l'exacti-
tude de nos réactions.
Nous avons ajouté à de Turine renfer-
mant du sang menstruel, à de la salive
sanguinolente et h une. liqueur albumi-
neuse renfermant une certaine quantité de
sang, le mélange d'essence de térében>
/thine du commerce et dé teinture de gaïac
sans obtenir de coloration bleue. L'addition
à ces liquides d'une goutte d'eau oxy-
génée (i) donnait immédiatement la teinte
myosotis.
En ajoutant au réactif Almen une goutte
d'eau oxygénée, en l'absence de tout glo-
bule sanguin, on obtenait la même réaction.
Nous pouvons donc affirmer que con-
trairement aux affirmations de M. Linssen,
le mélange d'essence de térébenthine non-
ozonizée et de teinture de gaîac ne bleuit
pas toujours lorsqu'on le met en contact
avec des globules sanguins (2).
' Ajoutons que, comme l'ont prouvé MM.
(1) M. Schoenbein considère Teaa oxygénée
comme une combinaison de Teau avec Tozone.
(2) l^a diverg«*nce apparolnte des résullats d^oû
résulte ce débat, s'explique, selon moi, de la
manière la plus probable non-seuiement par
l'emploi de térébenibine ozonizée, mais surtout
par celte circonstance oue vraisemblablement
rexpérimenlateur a eu affaire d'une part à du
sang conlenanl de l'hémoglobine ozonisée, c'est-à-
dire préseniant les deux bandes d absorption do
Phémogtobine oxyj^énée, ou, en d'autres termes,*
à du sang artériel^ tandis que dans les secondes
expériences. Ton n'aura agi que sur l'ttéraogio*
bine réduite, c'esi-à-dire sur du snnf/ veineux.
Nous aurions donc dans remploi du réactif
Almen, un moyen préeieux, pour distinguer le
sau); actif ou u<tériel du sung réduit ou veineux,
fait important que m rinvcnieur ni les expéri-
mentateurs ne paraissent a Voir entrevu.
(Note du D' V. d. Corput,)
Gloêt et Schoenbein, l'essence de térében-
thine oxygénée possède la propriété de
bleuir le papier imprégné de teinture de
gaïac et la solution amidonnée d'iodnre de
potassium, de sorte qu'il ne faut pas même'
la présence de globules sanguins poui; pro-
voquer la réaction signalée par M. Almen.
11 est donc indispensable qu'on se serve,
comme le recommande Almen, iV essence
fraîche et non ozonisée afin que le globule
sanguin puisse ozonifîer l'essence de téré-
benthine qui dans ce cas provoque la colo-
ration de la teinture de gaïac.
E. Vanoe Vyvbrb.
Marie Leoomte, la cataleptique de
'l'hôpital Goohin. — La catalepsie qui
vient d'être observée dans l'un des princi-
paux hôpitaux de Paris, autour de laquelle
il y a eu assez de publicité pour que les
plus incrédules puissent vérifier ou faire
vérifier, ne manquera pas d'être un sujet
intéressant de méditations pour le méde-
cin, le philosophe et l'historien. II ne s'agit
point ici de ces faits que le mysticisme, la
religion ou la crédulité publique ont en-
tourés souvent de nuages, en leur prêtant
un côté merveilleux ou surnaturel, exploité
suivant les besoins du moment ; il s'agit
d'un fait pathologique exclusivement scien-
tifique.
Une malade, entrée dans le service du
docteur Desprès pour une affection chirur-
gicale, fut prise peu de temps après de
dysménorrhée et de vomissements incoer-
cibles; ces complications furent suivies à
leur tour d'aphonie nerveuse et de sup-
pression de l'excrélion urinaire, puis de
dérivation supplémentaire de l'urine par
les vomissements. Au commencement
d'avril, la fonction urinaire longtemps
suspendue se rétablissait, lorsque le lundi
15 avril, la malade tomba en léthargie; elle
respirait insensiblement, ses lèvres étaient
roses et son teint plutôt coloré que pâle, le
tronc et les membres étaient dans la résolu-
tion complète, te pouls était normal, les
mouvements involontaires même n'exis-
taient plus; par la bouche entr'ouverte, le
doigt porté sur la glotte, ce point le plus
sensible de l'économie, ne provoque ni
toux, ni mouvements. Aussi iVI. Desprès
prescrivit de ne point donner le moindre
aliment à la malade, même avec la sonde
employée pour nourrir les paralytiques, de
peur que les tentatives d'alinicnlation ne
devinssent une cause d^asphyxie.
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VARIÉTÉS.
5B5
Le 6 avril, tous les muscles de la ma-
lade étaient tendus et durs ; ils étaient con-
tractures. C'était ta rigidité cadavérique;
moins la mort, car le pouls battait soixante
et dix pulsations, et la température du
corps, prise avec un thermomètre placé
sous les aisselles, était de 38 degrés. A ce
moment, il y vivait catalepsie et la léthargie
persistait.
Cet. état dura six jours pleins, pendant .
lesquels la malade resta dans Tétât de
mort apparente et ne prit aucune nou rritun;*
Voici ce qui a clé observé pendant cette
attaque : £u premier lieu. Ton a constaté
la rigidité musculaire. Les membres étaient
dans Textension ; les bras, collés au tronc,
faisaient ressembler la malade au3t momies
antiques ; pour changer la position d'un
membre il fallait employer la force : les
membres, les mains et les doigts conser-
vaient les altitudes les plus bizarres qu'on
leur donnait pendant des heures entières,
puis peu à peu ils revenaient par saccades
se placer dans la position d'où on les avait
tirés, et ils y restaient aussi contractures
qu'auparavant. II n'y eut pas un instant
d*épuisement de la contracture musculaire.
A toute heure de nuit et de jour, la ma-
lade a été vue, et son état était toujours le
même. Plusieurs tentatives ont été faites
pour réveiller la malade, piqûres des points
les plus sensibles, Ijgcs rigides dans les
narines, rien n'a fait, et les médecins qui
ont employé ces moyens ont été convaincus
que l'abolition des mouvements réflexes
était bien réelle. M. Desprès a renouvelé
une expérience tendant à montrer que la
contracture musculaire était involontaire,,
épreuve concluante ; les muscles de l'ab-
domen, contractures comme ceux du reste
du corps', conservaient la fonne qu on leur
donnait. En appliquai>t fortement la main
sur l'abdomen, on déprimait les muscles,
et l'empreinte de la main restait visible
pendant trois minutes au moins. Ces mus-
cles restaient contractés dans la position
qu'on leur donnait, chose qui ne peut être
jamais obtenue par l'effort de la volonté; en
-aucune circonstance.
Le septième jour de la crise, la «malade
murmura quelques mots et demanda à
boire j elle but une petite quantité de café
noir et de bouillon, qu'elle vomit en partie
quelques heures après.
Le huitième jour, la ^malade retomba
dans l'état cataleptique. Cette nouvelle
crise dura quarante heures.
Le douzième jour, il y eut un nouveau
réveil incomplet. La malade appelait ses
voisines, les élèves du service et la sœur
sans reeonilaltre les personnes qu'elle avait
appelées, sans répondre aux questions qu'on
lui adressait ; elle but encore du bouillon
et du café, qu'elle vomit le lendemain.
Le treizième jour, rephute ; catalepsie^
et léthargie pendant seize heures.
Le jquatorzième jour, réveil incomplet,
puis catalepsie pendant huit heures envi*
ron durant la nuit.
Dans l'intervalle des crises, la malade
buvait du bouillon et dn café ; seulement,
comme elle vomissait ensuite une partie de
ce qu'elle avait pris l'abstinence l'avait no-
tablement maigrie^ et le pouls petit, élevé
à iOO, indiquait que le manque de nour-
riture produisait ses effets accoutumés.
A partir de ce moment, les crises de cata-
lepsie cessèrent. La malade demeura dans
un état de rêve-éveillé, c'est-à-dire de som-
nambulisme. Elle ne reconnaissait per-
sonne, mais pouvait néanmoins prendre
des boissons et eu particulier du café noir
ave,c un peu de lait.
Le dix-septième jour, il y eut un phé-
nomène nouveau. Dans son rêve, la ma-
lade se plaignit de ne point voir, et croyait
être aveugle. En. réalité, un objet brillant
placé devant ses yeux et même la lumière
du jour ne semblaient pas être perçus par
la malade. Celle-ci. par des mouvements
automatiques, contre lesquels on luttait en
vain, portait ses doigts à ses yeux et se les
frottait avec une rage ff'brile, au point que
l'on dut attacher ses mains.
Enfin le dix- huitième jour, la vue était
revenue; la malade reconnut quelques
personnes du service et put prendre des
aliments liquides d'une manière régulière.
Le vingt cinquième jour, la malade ne
vomissait plus; elle gardait la nourriture
qu'elle prenait ; elle était entièrement re-
venue à la santé et ne se plaignait que de
douleurs dans les membres, ce qu'elle com-
parait à de la fatigue.
Ltî trentième jour, elle put se lever, et
aujourd'hui 5 mai elle est entièrement
rétablie.
Les faits du genre de celui qui a été ob-
servé à l'hôpital Cochin ne sont psfs nou-
veaux, mais ils ont été rarement bien ob-
servés. On connaît, depuis les remarqua-
bles recherches du professeur Lasègue, la
catalepsie intermittente des hystériques et
des fous extatiques, et même des gens sains.
Clest un ;état que l'on provoque pour
ainsi dire à volontij ou qui surprend les
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284
VARIÉTÉS.
malades pendant un laps de temps assez
court. témoin le magistrat cité par Fchr(j),
et qui, injurié sur son siège, et s*étant
levé pour parler, resta le bras tendu, la
bouche béante, dans un état de catalepsie
qui dura plus d*un quart d*beure.
On connaît bien aujourd'hui la catalepsie
compliquée de somnambulisme chez les
hystériques, qui se présente par crises d'une
heure au plus et qui, si elle n*est pas simu-
lée, est au moins entretenue par la volonté
des malades où par une tendance à laquelle
elles pourraient réi:ister; si elles le vou-
laient. Cette catalepsie est presque exclu-
sivement le triste privilège du sexe féminin
et des prêtres (i). Les cataleptiques qui
ont exploité les superstitions religieuses et
que TEglise a quelquefois encouragés, ap-
partiennent au groupe de faits où la cata-
lepsie est compliquée de somnambulisme
ou d'extase. Louise Lateau est une catalep-
tique de ce genre. La cataleptique de Tbô-
pital Cochin offre une autre variété de ca-
talepsie : racoès déi)ute par le coma léthar-
gique, et vingt-quatre heures après sur-
vient la contracture n(iusculaire généra-
lisée. Au réveil, la malade est somnambule.
{a catalepsie, doublée de léthargie, dure
six jours pleins, pendant lesquels il y a
mort apparente. Après le réveil, il y a trois
rechutes, et le mal ne semble céder que
peu à peU; après des alternatives de réveil
et de léthargie pendant plusieurs jours.
' Il y a là ^ne maladie qui est désignée
aujourd'hui sous le nom de névrose et qui
est rattachée au tempérament hystérique,
où rien de merveilleux n'a été observe.
Marie Lecomtc est un enfant trouvé; elle a
yingt*quatre ans ; elle n*avait jamais quitté
l'hospice des Enfants- Assistés, et la ferme
où elle était placée. Simple et sage (car
elle est vierge), cette pauvre fille n'avait ni
idées religieuses exagérées, ni mœurs lé-
gères. Avant son attaque et après, pendant
i'état d'extase et de somnambuIi:»me qui a
suivi les six jt)urs de catalepsie, elle n*a
tenu aucune conversation suivie/ elle n'a
dit nulle prière ni prononcé le nom de
Dieu ; mais elle demandait à boire de l'eau
ou de la glace, appelait ses voisines de lit
qu'elle connaissait le mieuX; en un mot
elle parlait suivant ses goûts et ses habi-
tudes. Comme les hôpitaux de Paris, ou*
verts à tout le monde, sont généralement
(1) Fehr. ffiera picra seu de Âhsinlha^ 1867.
(2) Rondelet parle d'un préire qui lombaii en
fiataleptie extatique ft la lecture de la passion
{Methodus cur. morb , éd. 1.^83, lib. I, cap. xxj.
confiés à dos médecins qui ont l'expérience
des malades et, voient les choses du côté
positif, ainsi que le veut la science, on n'a
point cherché dans les paroles de la ma-
lade quelques mots prêtant au surnaturel.
L'observation de Marîc Lecomte, qui doit
être publiée avec tous les détails, devient
un fait scientifique qui, sous le rapport de
l'authenticité, l'emporte sur les faits du
seizième, du dix-septième et même du dix-
huitième siècle. A ces époques, en effet,
•les cataleptiques hystériques ou aliénés re-
ligieux passaient pour des élus de la Divi-
nité, et les cataleptiques extatiques ou
somnambules qui ne parlaient pas' de Dieu
étaient exorcisés et même brûlés.
Au point de vue de la léthargie et de
l'absence de nourriture, Marie Lecomte
n'est pas le type te plus remarquable. Il y
a des aliénés qui sont restés aussi long-
ten^ps dans l'état cataleptique ou léthar-
gique, mais la relation des faits est obscure,
et l'on ne dit point si pendant tout le temps
que l'accès semble avoir duré, le système:
musculaire était contracture, comme il l'a
été chez Marie Lecomte pendant àix jours
pleins. {Répertoire de pharmacie.)
Éphémérides médicales.
Année i594.
Philippe II, d'odieuse mémoire, ordonne
que h reddition des comptes de l'hôpital
Saint-Jean de Bruges doit se faire non
plus devant les magistrats de la ville, mais
devant Tévéque Rémi Druitius qui, peu à
peu, substitua des religieuses aux malades
pour lesquels l'hôpital était fondé.
Gérard Mercator démontre les erreurs
de Ptolémée et invente lej projections des
cartes marines.
22 octobre 1744.
Le prînce-évéque de Liège, Jean-Théo-
dore, publie un mandement défendant
< à peine de 15 florins d'or d'amende »
l'introduction et même le passage sur le
territoire de Liège du bétail tel que c co-
chons et aucunes bestes à cornes 4 >
D' V. D. CORPUT.
Une erreur s'est glissée à la p. 267 de la
livraison précédente ; l'^'col., 5® alinéa, au
lieu de : [voir notre cahier de mai, p. 478),
c'est : {voir notre cahier prochain, p. 372)
qu'il faut lire. {Note de la Bédaef.)
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JOURIAL
DE aiÉDECINE.
(NOVEMBIIE I875.K
I. NÉnOlRES ET OBSERVATIOKS.
De la rage spontanée (1), par le docteur Putêgnat, membre honoraire de la
Société, d'Lunévilie,
Non debemus adhœrere omnibus quœ
legimus et antfimus ; $ed nttf^nté debe-
mus mnjorum dicta et verba exami-
nare ut adâamus et corrigamus quœ
errata sunt. (Roger Bacon.)
LMioiinnar de notre science se trouve
lésé lorsque nous avons pour ropinion des
' autres une déférence si .i^engie qu'elle
nous enipéche de oouIB servir de notre
pritpre jugement, et de déclarer avec
liberté le rékultat de notre ex|»érienee.
(POTT.)
Est-il possible d'admettre, chez le chien, le développement spontané et
instantané du virus rabiqoe, localisé dans la salive?
tin chien peut-il, dans certaines circonstances, déterminer la rage, par la
morsure, et continuer, à partir de ce moment, comme auparavant, à jouir
d'une santé parfaite?
Tels soitt les problèmes que je vais essayer d'élucider, encouragé que je
suis par celte maxime de Malgaigne : « La science est avant tout l'œuvre du
temps et, à ce titre, elle est l'œuvre de tous > et guidé parcelle-ci, empruntée
à Jules Simon : c Ne rien recevoir en sa créance qui ne paraisse clairement et
évidemment vrai •. (2)
Ces problèmes, nombre de fois abordés par des observateurs consciencieux,
sont tellement difficiles à résoudre et, cependant, d'un si grand intérêt huma*
nitaire, que le lecteur voudra bien, je l'espère, du moins, excuser ce modeste
travail, arrivant après des écrits, dus à des savants, en télé desquels on voit
M. le professeur H. Bouley et M. le docteur Brouardel, auteurs des articles :
Rage, Rage chez l'homme^ dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences
médicales (5), dont l'ensemble constitue une vérilable monographie.
{{) Le Congrès international des sciences médicales, qui a entendu Panalyse de ce
mémoire, doit le publier, enlièrei^eot, dans son compte rendu général de la session
de Rruxeiles.
(3) La Religion naturelle, page 459. Edition de 1856.
(5) Troisième série, t. H, pages 55 à 346.
49
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58G MÉMOIRES ET OBSERVATICmS.
Quelque paisse être le résilKat de oc mémoire, fondé, principalement, sar
une observation, recueillie par moi-même et avec beaucoufi d'attention, j*ose
penser que tout lecteur^ qui connHti cette sentence de Baglif i : • Qaœ sensus
demomfrat, nulla œtas, riuUa audoritas infirmare potest » , le recevra comme
un louable effort d'un médecin, zélé pour sa profession et ami de Fbumanité,
et en excusera les affirmations.
fiîfn certainement, j'aurai atteint mon but ou je me croirai satisfait si mon
travail, quelque mince qu*il soit, peut contribuer, en quelque chose, à éclairer
des praticiens; à détruire des opinions pernicieuses; à donner une notion plus
exacte sur certains points de Tétiologie de la rage virulente; et si, ne m'asser-
vissant à aucune hypothèse et à aucune autorité, je parviens à confirmer, par
Tétiide dt* nombreux écrits et, principalement, par une observation, sur Tau-
thenticiléde laquelle on ne doit avoir aucun doute, certaines découvertes, qui
n'ont pas encore été suffisamment sanctionnées par Texpérience.
Voici le curieux fait de rage que j'ai observé avec tout le soin dont il est
digne. Cette observation mérite la sérieuse attention de MM. les vétérinaires et
les médecins, parce que, suivant un axiome de Zimmermann : « Une observa-
tion faite avec justesse conduit à des conclusions justes (1). Elle est citée assez
inexactement et commentée par les auteurs qui écrivent sur la rage spontanée.
Le 1«' janvier 1847, à dix heures du matin, NiccTlas Gadon, âgé de neuf ans
et demi, d'une robuste coiisHtution, dt-meurant chez son père, charron, au
n^ 106 du fiiubourg de Viller, à Lunêville, est mordu, à l'avani-bras gauche,
par un chien de haute taille, i;hassé,^à coups de bâton, du (ond de raliée d*une
maison de la rue de Viller, située en face du magasin militaire, où s'était
réfugiée une chienne en folie, "qu'il poursuivait avec ardeur et qui avait une
nouibreui^e suite de prétendants, petits et grands, tous plus ou moins irrités et
passionnés.
Appelé immédiatement, je reconnais, à ce petit garçon, deux plaies, ayant
chacune quatre centimètres de longueur, situées à l'avant bras gauche; Tune,
au niveau de Tarliculation radio-hnméraie; Tautre, du cô(é opposé.
Le chien, qu'on me dit connaître et que le petit blessé me montre se prome-
nant dans la rue, étant bien portant, selon le dire des assistants, et comme
les six mois suivants me le prouvèrent, je fais un simple pansement, ne me
préoccupe pas de l'avenir, et déclare qu'une seconde visite me semble inutile.
Le 18 février, dans la soirée, la mère de Nicolas G.adon vient chec
mpi, me demander quelques conseils pour lui, me disant que, depuis la veille
au soir, où promplement il a parcouru, à pied, environ dix kilomètre^, il se
plaint continuellement d'une grande lassitude et que, dans ce moment, il est
agité, a une espèce de délire, et accuse un mal de tête.
(1) Traité de l'Eitpérienee ; livre IV, chapitre V et livre V, chapitre II.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 587
Je conseille deux sangsues derrière chaque oreille, de l'eau froide sur la
téte^ un pédiluvf sinapisé, un lavemenl laxatif une lisane rafraîchissante, la
diète, le repos au lit et de maintenir la tête élevée sur un oreiller de crin
végétal.
Malgré ce traitement, exécuté soigneusement, la position de ce petit garçon
s*aggravant, le frère du malade vient me chercher, à cinq heures du matin.
Je IrouYe Nicolas Gadon, qui me reconnall et me tend la main, se plaignant
d'un violent mal de gorge, poussant des cris extraordinaires, ayant des grince-
ments de denrs/et des convulsions.
Tout d'abord, je persiste, tu pe^fo, à diagnostiquer une méningite aiguë;
mais, bientôt, je tombe dans le doute et, enfin, je reconnais, aux symptômes
suivants, la rage, que je n'avais poi,nt encore vue :
Constriction phar'yngienne; salivation irès-abondante ; bouche ouverte et
langue pendante; horreur de Teau, du vin, de la tisane et de tout liquide, de
la lumière, du brillant d'une glace et de celui des verres de mes lunettes;
frayeur et tressaillement à tout instant, au moindre bruit et à Taspect- des
hommes (son père, son frère et moi), qui sont dans la chambre; mouvements
convuUifs extraordinaires ; cris perçants, plaintifs et même espèce de hurle-
ment ; strabisme, tantôt supérieur, tantôt inférieur ou interne ou externe;
tranquillité pendant quelques minutes; puis', subitement, des frayeurs, des
soupirs, des cris, des sanglots et des convulsions, pendant lesquels plusieurs
personnes maintiennent difficilement le malheureux.
Gadon, qui a conservé son intelligence, reconnaît bien les personnes qui
sont dans la chambre, et, dans lYntervaile de ses crises, leur adresse la parole
ei répond sensément à leurs questions.
A neuf heures, les convulsions sont plus fortes, plus effrayantes ; les envies
de mordre s'annoncent; mais le patient se retient, comme il le dit lui-même.
Les symptômes d'asphyxie apparaissent : les pieds, les mains et les lèvres
deviennent bleuâtres, les yeux cernés, la figure bouffie.
Pas de délire, mais crainte d'un empoisonnement, qu'il croit conseillé par
moi, et conscience d'une mort prochaine.
At>nze heures, salivation plus abondante, faciès terreux, convulsions plus
effrayantes, extrémités froides. La figure est horrible : la bouche, grimaçante,
béante, est remplie d'écume; les pupilles sont dilatées. L'intelligence est
encore intacte entreMes criseâ. L'horreur du bruit le plus léger, de l'air, des
liquides, de la lumière et des objets brillants, subsiste toujours. La prostration
est très-grande dans l'intervalle des accès. Gadôn, dont les mouvements volon-
taires des membres sont paralysés, tient le dos tourné vers le jour et le tronc
incliné en avant; il soutient avec peine sa tête qui est penchée en avant.
C'est dans un de ces moments qu'il peut, enfin, après nombreuses tentatives,
me montrer le dessous de sa langue, où je ne remarque rien de particulier, et
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388 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
qu'il me permet d'examiner les dfiix cicatrices de son coude gauche, qui sont
violacées et, peut-être, un peu tuméfiées.
f Gadon me remercie des soins que je lui donne et témoigne un chagrin pro-
. fond à Taspect du désespoir de ses parents, auxquels j*ai révélé le nom de sa
maladie.
Je le quitte, dans le moment où le pouls est presque insensible, annonçant, à
la.famille, une (in très-prochaine.
A midi ou vingt minutes après mon départ, Nicolas Gadon meurt doucement,
à la suite d'une horrible convulsion générale, pendant laquelle il^ été tour-
menté par des envies de mordre, et il a eu des évacuations involontaires d'urine
et de matière fécale.
A deuji heures, le cadavre exhale déji^ une forte odeur de putréfaction et les
-membres, tièdes encore, commencent à devenir raides (I).
J'avoue n'avoir pas osé faire la nécropsie de Gadon (alors je ne savais pas
que Pautopsie d'un individu mort de la rage ne fut pas plus dangereuse que
celltï d'un antre cadavre), parce que, en 1837, pour avoir fait, malgré le con-
seil de quatre de mes collègues, et même avec des précautions très-grandes,
Tôuverture d'un enfant, mort d'une gangrène générale, je fus atteint d'une
maladie douloureuse et dangereuse, qui me retint, sur mon li^, durant trois
mois. '
Avant de tirer de celle observation la solution logique de chacun des pro-
blèmes, qui sont le but de ce travail, je dois voir si Gadon- a eu la rage ou,
autrement dit, si réellement il est mort de la rage.
Cette question préliminaire est d'une haute importance, car, et qui pourrait
le croire, après la lecture de mon observation ! la rage, chez le petit Gadon,
n'est pas démontrée aux yeux de quelques cliniciens très-sceptiques; ce qui
me rappelle cette sentence de Boerhaave : t Q(/ce seitstis demonsfra^, nuUa
» œtaSynuHaauctoritasinfirmarepotest^nisiscepticiimpugnare* etcelle ci, de
Deslandes : < Il faut savoir démêler la vérité des vraisemblances, la certitude
* des probabilités, Tévidence des fausses lueurs qui n'ont qu'un éclat pas-
» sager » (2).
(1) Celte observation, si intéressante sous plusieurs points de vue, et que je rapporte,
avec quelques variantes, à la page ^37 d'un roman intitulé : Aventures d*un MépaciN
(Paris, Ernest Leroux, éditeur), a été adressée, en 1847, à TAcadéuiie de médecine
de Paris. La conimission (composée de JoUy, Rayer et Renault), nommée pour en
rendre compte, D*a point fait son rapport.
Dix années auparavant, à la même Académie, une commission, composée de Lis-
franc et Adelon, a perdu, pour moi, un mémoire sur^riNTROoucTioN de l'a» dans les
VEINES PENDANT LES OPJÊRATIONS.
Ces dfux faits prouvent qu'on peut trouver à l'Académie de médecine de Paris des
commissions qui oublient, volontairement, leur devoir, même quand il s'agit de tra-
vaux importants, dus h des correspondants.
{%) Histoire de la philosophie, t. III.
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MÉIfOIRES ET OBSERVATIONS. 389
Voîei ce qne disent Valleix et Loratn (1) : • ^
c M. Ptitegiiat, de Lunéville, a observé un cas cje rage mortelle, commani-
» quéeà un enfant par la morsure d*un chien qui n*étail pas enragé, mais
> seulement furieux. On ne peut nier rexaetiludedu fait; mais n'est-ce pas lé
1 une de ces hydrophobies non rabiques^ causées par la frayeur? •
Avant d'aller plus loin^ que le lecteur remarque ceci : Valleix et Lorain,
après avoir écrit que le chien était seulement furieux, se demandent si la
mnla lie n'était pas un résultat de la frayeur. Singulière façon d'écrire de là
science, surtout quand on voit que lethien, effrayé et furieux, éprouvait de la
douleur et était excité par un extrême désir génital, interrompu ou non
satisfait, et quand on confond la rHge avec Thydrophobie non rabique!
Ecoutons maintenant H. Bauley (-2) :
c Dans Tobservation de M. Puiegnat, dit ce savant, il ne semble pas con-
• testable que la morsure, subie par Tenfunt, ait été le point de départ de la
» maladie à laquelle il a succombé. Mais cetti; maladie était-elle la rage ou
» n'en avait-elle que l^s apparences? Et, si c'était la rage, n*était-il pas pos-
» sible que l'enfant )»it subi une autre morsure sans qu'on rait$u?On est bien
» obligé de se poser ces questions, tant il répugne à la raison d'admettre le
s» dé\eloppement instantané d'un virus éphémère qui, naissant sous l'influence
» delà colère, disparaîtrait avec elle. >
Bien certainement, malgré le doute exprimé par Valleix et Lorain, Nicolas
Gadon a eu la véritable rage et point une hydrophobie non rabique. Hippo-
cr^te, merci! quoique petit et obscur praticien, je sais distinguer la rage con-
tagieuse de riiydrophobie) que j'ai vue, une fois, mortelle, sous forme inter-
mittente pernicieuse ; et deux de mes collègues, MM. les docteurs /Gueury et
Thomassin, ont donné, comme moi, le nom de rage à la maladie qui a tué
Nicolas Gadon.
Bien certainement, ce jeune garçon est mort de la rage et non, suivant la
supposition de M. Bouley, d'une maladie (hydrophobie, convulsions, téta-
nos, etc.), ayant les apparences de la rage.
Outre l'affirmation des^ trois docteurs qui ont vu, interrogé et examiné, avec
soin, Nicolas Gadon ; outre l'ensemble des symptômes, voici d'autres, renseigne-
ments, qui éclairent suffisamment le diagnosiiç.
D'abord, il y a euniorsured'un chien, quarante-huit jours avant l'appari-
tion des symptômes rabiques, donc incubation du virus, ce qui a toujours lieu
lorsque celui-ci est inoculé.
L'explosion des accidents ^ymptomatiques s'est montrée aussitôt après un
excès de fatigue : or l'on suit que divers auteurs, ainsi Portai (5), M* Brouar-
(i) Guide du médecin praticien^ 1870., t. V, p. 932.
{^)Loc, cit., 1. 11, p. 89.
(3) Obscrv(Uions sur la nature et le traitement de la rage* Alen^n, 1780.
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»39>0 MÉMOIBES ET OBSERVATIONS.
del {\)y etc., disent que, parmi les causes qui hèlent rapparitîon des symp«
lômes de la rage inoculée ou qui couve, il faut compter ies travaux pénibles.
Si Gailou avait horreur du liquide, par suite de la conslriclion pharyn-
gienne, il avait aussi horreur de la liimièie naturelle et artificielle et mèaiede
tout objet brillant. Le moindre bruit et la vue de certaines personnes le tour-
mentaieiU et même Tépoiivantaient Sa bouche, grimaçante et écun>eus«, était
entr*ouverle, et sa langue, tuméfiée et violacée, était pendante; symptômes de la
paralysie de certains muscles de la mâchoire inférieure et de la langue, bieo
décrits, dans la rdge canine, par iVIM. Youatt et Bouley (2).
Dès le début du mal, mais seulement dans les intervalles* des accès, ies
membres inférieurs ûéchissaient et la démarche était chancelante, par suite,
certainement, d'une affection spéciale de la partie lombaire de la moelle épi-
nière. Plus tard, la paralysie est devenue générale.
n^ins les intervalles des crises, Gadon parlait avec calme, en répondant aui
questions qu'on lui adr*>ssait vivement.
Gadon se plaignait beaucoup d'une grande constriction de la gorge : aussi
me priait-il, avec instance, de le débarrasser du morceau qui, suivant soa
expression, TétrangUii. .
Ce symptôme, indiqué, par Salins (3); confirmé par Césalpin (4); qui fil
dire, mais bien à tort, par Aromatarius (5), que la rage n'est autre chose
qu'une angine; adn)is, aujourd'hui, par tous les vétérinaires et médecins qui
ont eu Toceasion de voir plusieurs fois la rage, peut fair&nalire la pensée d'un
corps étranger arrêté dans l'œsophage et entraîner une exploration, toujotjrs
dangereuse, ainsi que le prouve la fin si malheureuse du vétérinaire Nicolin,
arrivée à Sous-le-Saunier, le ^6 septembre 1846. Moi-même, ignorant tout
d'abord, U maladie de Gadon; et voyant celuÎH^i .«'^opposer, avec énergie, à
l'exploration de son pharynx, à l'aide du manche d'une cuiller, j'aurais fait cet
examen, avec deux doigts, sans son refus formel ei heureux pour moi.
A tous ces symptômes si caractéristiques de la rage virulente, chez l'homme,
j'ajouterai la prompte arrivée de la putréfaction du cadavre, même un jour de
forte gelée ; phénomène déjà signalé par Boerhave, Van Swieieo (6), Mor-
gagni,(7), Enaux et Ghaussier (8), etc.
Ainsi, voiià bien établi, un point très-imfportant : Nicolas Gadon, quarante-
huit jours après une morsure, constituée par deux plaies, faite par un chien,
(J) Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, foc, cit., p. 205.
{% Recueil de médecine vétérinaire pratique, 4847, p. 2t23;
C^) De affect.part., caput X\X.
{^)^e Artemodicâ, liber \\\,capHtXXX\y.
(5) Dispfitatio de rahie. Pars prima.
(6) Opéra omnia, 1754, t. 111, p. 537.
(7) De sedibus etcansis morbornm, etc. Epist, VHI, § 31.
(8) Méthode de traiter la morsure des ontmauo?. Paris, 1785.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 391
dVn naturel hargneux et méchant; excité par la fureur vénérienne; en colère
et batiu, a été pris, à la suite d*un excès de fatigue, de la rage virulente, qu*il
couvnît et est mort dfe cette maladie. .^
Miiis, a dit M. le professf*ur Bouley (f ), ce jeune $rarçon, tout en admettant la
mort causée par la rage (cet aveu timide ne doit point être oublié), n^aurail il
pas été mordu, sans qu*on Tait su, avant de Tétre ou aprè$ l'avoir été, le
l*r janvier, parle chien appartenant eu sieur Gadon père, par un autre chien
inconnu, Irquel, alors, aurait été atteint de ta rage?
Je me suis assez sérieusement occupé de ce point très-important de Tétiologie
de la rage, pour ne pas me sentir ébranlé par une objection, suscitée par le
sceptici>iiie de vétérinaires et de médecins, même savants et dévoués, avant
tout, à la vérité et au bien de l'humanité, et je réponds, à cette question, par
un non très-caiégorique.
Pour moi donc, qui ai vu, de mes propres yeurx, le petit Gadon est mort,
le 18 février^ de la rage, inoculée par la morsure du chien de Ghailly, faite le
4 «'janvier. ,
Telle est ma conviction intime, que noll& objection né peut et ne pourra
détruire ni même ébranler, parce quelle est basée sur un fait authentique et
observé scrupuleusement : aussi ai-je le droit de dire, attendu que je le
pense : nutia œtas^ nvUu at^cloritaa hane uffinnationent ififirmare polest^
nisi Hceptici imp'ugnare.^
Est-Il indispensable d'ajouter que, longtemps avant la morsure de Gadon, il
n'y a pas eu de rage à Lunéville, et qu'on n'a point entendu parier de cette
maladie pendant Tannée qui a suivi la mort de ce jeune garçon ?
Du moment donc que le petit Gadon est mort de la rage, inoculée par la
seule morsure du chien de Ghailly, nécessairement il faut admettre, on vertu
de cet adage : Qui nihil habet nil polest dare^ que la sali\,e de ce chien, au
moment où celui ci blessait le garçon, contenait du Virus rabique.
- Tel est un nouveau point incontestable.
Mais, alors, comment donc le chien de Ghailly, indemne du virus rabique
jusqu'au i** janvier, à dix heures du maiin, et même depuis i)endant six mois,
comme on le verra plus loin, a-t il eu subitement, au moment où il mordait
?iieolas Gadon, la funeste propriété de pouvoir transmettre le virus de la rage,
par l'inoculalion de la salive, dans les plaies faites avec ses dents? Autrement
dit : quelle a pu être l'étiologie de ce virus, développé spontanément ou sans
inoculation, instantanément et localisé passagèrement dans la salive?
Me voici arrivé comme on le voit, en face de plusieurs points, très-impor-
tants, de Thistoire de ia rage canine, sur lesquels, cependant, on n*tit point
d'accord aujourd'hui, dans l'art vétérinaire et la médecine humaine.
(i) Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, loc\, ctï., p. 89.
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399 MÊMOIREiS ET OBSERVATIONS.
J'ai dit la race 'c/inine, car maintenant, malgré \es Affirmations de Cœlius
Aorelîanus, de F. Hoffmann ; malgré celles df Salins Ditersus, de Boerhave, de
Malpighi, de Pouteau et de beaucoup d'autres, la rage virulente, je ne dis
point rhydropho1)ie, ne uatl pas spontanément chez riiomnie; mais, toujours
ou en tout temps et en tout lieu, par inoculation de son virus.
Parmi les observateurs modernes, qui nient, et avec toute raison, la spon*
tanéité de la rage virulente, che2 Thomme, je dois me contenter, vu le plan de
ce modeste travail, de citer Villermé et Troltiet (1), les auteurs du Cùmpen-
dium de médecine pratique (2), le professeur Requin (5), Vaileix et Lorain (4). ^
Ainsi, voilà un second fait-axiome qiii, démontrant rimpossibililé absolue
de la spontanéité de la vraie rage, chez Thomine, prouve que le petit Gadon,
puisqu'il est réellement mort de cette maladie, a été inoculé avec le virus
rahique d*un chien, que je dis, et comme je vais le prouver, avoir été, sponta-
némeni, instantanément et passagèrement, en jouissance du virus rabique, .
localisé.
Voyons, maintenant les motifs qui me font admettre, avec une profonde
conviction, le développement spontané et instantané tlu virus de la rage, chez
le chien du jardinier Chailly.; puis nous donnerons eeux qui nous font penser
que ce virus est resté localisé ^)a$sagérement dans la salive de ce chien.
Ou le comprend : ces parties de Tbistoire de la rage sont d'une haute
importance, aussi ont-elles, surtout la première, fixé sérieusement l'attention de
nombreux vétérinaires et médecins, et feront-ellts excuser les quelques détails,
dans lesquels je me sens forcé d'entrer.
Tout d'abord, je dois citer les noms des observateurs qqi admettent la ppon*
tanéité de la rage virulente chez le chien , ceux qui la nient, ceux qui me
paraissent être dans le doute.
Le plan de mon travail ne me permettant pas un article bibliographique
bien étendu, à plus forte raison, complet, qui, d'ailleurs, serait au-dessus de
mes forces, je vais seulement donner quelques noms pris, surtout, et avec
intention, dans les auteurs contemporains.
Parmi les auteurs qui admettent le développement spontané de la rage viru-
lente, chez le chien, outre ceux que, déjà, j'ai indiqués, je nommerai les sui*
vants : Van Swieten, qui a écrit* cette phrase : Canes vidmiur frèquenlisnimè
in rabiem iitcidere à caueis internis (5), Bourgelat, Chabert (6), Huzard,
(i) Dictionnaire des sciences médicales, t. XLII, p. 45.
(2) T Vil. p. 292.
(3) Elémetits de pathologie interne, t. III, p. 377.
(4) Guide du médecin praticien, t. V, p. 932.
(3j Loc. cit,t p. 337.
(6) Réflexions sur la rage, 1778.
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MÉMOIRES ET OBSEliVATlONS. 395
Villermé et Trolliet (1), Monde vHie (â), Capelte (:>), Fleniining(4)vRocbo«]x (5),
Youall((î), Toffoli (7) et Putegnat (8). Je nommerai encore Renault (9), Donat
MaUon(10),Tardieu (11) Dei}roix(l!2), Lebhnc, père et Qls(i5), Percheron (14),
Felizet (15) el P. Simon, qui a écrit celle phrase : « Aujourd'hui, j*ai la con-
• viciion profonde que la rage natt spontanément chez le chien (fO)*
Dans les observateurs qui se prononcent contre le développement spontané
de la rage, chez le chien, je citerai seulement, quelques-uns pris dans les contem-
porains : ainsi Delabère Blaine (17), Boudin (18), le professeur Saint*Cyr (19),
te profi»seur Trasbot (20), MM. fiourrel (21), Tabouriti (:21), Weber (23).
Parmi le8 observateurs modernes, qui semblent douler du développement
spontané de la rage, chez le chien, je nommerai MM. Reynal (i^i), H. ^ouliy (â5),
Piètrement (2(i).
L*opiuion de ces vétérinaires, surtout celle de M. le professeur Bouley qui,
(4) Loc, cit.
(2) Thèse. Paris, 1824.
(5) A rchiws générales de médficinef \S^^»
(i) Edimburg aud surgical Journal, ISil . ^
(5) Répertoiri' général des sciences médicaUê^ t. XXVII, p. 184.
(6) Recueil de médecim vétérinaire pratique ^ mars i847, p. 222.
(7) Mémoire sur la rage canine y 1 843.
(8) Journal de médecine de Bruxelles, décembre 1847. Ce travail, reproduit en 1860,
par la Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie; dans les ouvragf^s de~R(>quin,
de Vallcix et Lorain ; dans un mémoire de M. De'cruix; dans différentes thèses, aritcles
et dictionnaires, Test encore, ainsi que je Tai dit, dans un roman intitulé, : Avemturbs
d'un médecin, publié par le docteur Putegnat.
(9) Recueil de médecine vétérinaire pratique, 1852.
(10) Thèse. Strasbourg, 1862.
(11) Dictionnaire d'hygiène publique et discitssion académique en 1865.
(12) Abeille médicale , 1863. Bulletin de la Société centrale de médecine v^érinairt',
1874, p. 148.
(13) Documents pour servir à l'histoire de la rage^ 1 873 ; etc.
(14) Recueil de médecine vétérinaire pratique, 1874, p. 488.
(15) Même journal, févHer 1875, p. 89.
V (16) Même journal, janvier 1872, p. 29.
(17) Pathologie c«»i/ie. Traduction de Delaguette. Paris, 1828.
(18) Annales de médec'ne et de chirurgie militaires, 186a.
(19) Journal de V école vétérinaire de Lyqn, 1866.
(20 Société centrale de médecine vétérinaire. Séance du 11 juin 1873.
(il ) Traité complet de la rage ehex le chien et le c/iat, 1874.
(22j Spontanéité des maladies contagieuses. Recueil de médecine vétérinaire pratique,
1874, n» de mai, p. 3^2.
(23) Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire , 1874, p. 93.
(24) Traité de la police sanitaire. ' ^
(25) Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, lac. cit,, p. 81 et Recueil de
médecine vétérinaire pratique, 1874, p. 329.
(26) Recueirde médecine vétérinaire pratique, 1874, p. 126.
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394 MÉMOIRES £T OBSERVATIONS.
jadis, admit la apontanéitéi sont si importantea qae je ne puii hésiter i les rap-
peler ici.
M. R4>ynal n'hésite pas à déclarer qae m La, part de la spontàinéité sur le
» développement de la ra^e e^ des plus minimes (une chose minime existe,
» soit dit en passant), car les enquêtes les plus minutieuses auxquelles nous
> nous sommes livré, dit>iU pour reconnaître Porigine de plus de deux mille
> cas de rage canine, nous ont fait connaître que tous, à part quelques excep-
» tions pour lesquelles le doute était commandé, se rattachaient à Tinocu-
> lation par morsut*e; nous sommes donc porté à conclure que nous ignorons
» à peu prés tout pour ce qui concerne Télioiogie'de la rage spontanée. •
Voici ceque pense, aujourd'hui, M. le professeur Bouley : ^ La rart'té exees-
» sive des cas de rage spontanée (donc celle-ci e^ciste, soit encore dit en pàs-
» sant), relativement à la fréquence des circonstances qui sont réputées efB-
> cacesà Ib> faire nallre, ne témoigne-t elle pas, à elle seule, que cette efficacité
» est au moins douteuse. »
Pour dire toute la vérité, ajoutons que, quelques lignes plus bas, M. Bou-
ley avoue s*étre rallié à TopiniondeM. Boudin, autrefois combattue par lui;
opinion qui n'admet pas la spontanéité de la rage virulente, chez le chien.
Ces variations dopnent, ce me semble, beaucoup à réfléchir,
M. Piètrement s'exprime ainsi : « Il parait donc permis d'admettre la pos-
> sibilité de révolution spontanée de la rage, jusqu'à ce que Tétiologie mieux
• connue de cette affection soit* venue fious donner, sur celte question, des
» documents plus précis et plus concluants que ceux dont nous pouvons dis*
> poser aujourd'hui. » , '
Dans la séance du 11 juin 1873 de la Société centrale de médecine Vétéri-
naire de Paris, M. Piétremeut a dit : < S'il n'est pas démoiitré scienliûquement
» que la rage se déieloppe encore spontanément, ii n'est pas davantage
• prouvé qu'elle n!apparait plus spontanément : il parait donc permis d'ad-
> mettre l'évolution spontanée de la rage. »
On le voit : plus ce vétérinaire avance, moins l'évolution spontanée de la
rage canine lui semble douteuse, dans certaines circonstances.
(Ira /{n au prochain n».)
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MÊMOÏRBS ET 0BSE»VATI0NS. 595
Etude gliniquë et EXPÉRiiiENTAhR SUR l'étranglement herniaire et en par-
ticulier SUR l'action des GAZ DANS LA PRODUCTION DE CET ACCIDENT ; par U
docteur Motte, de Dînant {Belgique). ^ Mémoire auquel la Société de Chi*
rurgie de Paris a accordé une récompense de 500 fr. au concours du prix
Lahorie (1873). (Suite et fin, — Voir notre cahier d^octobre^ page 316.)
Ob$. V. — (Observaiîon de M. Dotbeaii, lue à rAcadémie de médecine, le
5avril 187.1) (1)*Entérocèle inguinale, étranglée depuis plusieurs jours. Affec-
tion cardiaque contrindiquant Temploi du chlororornie. Élal général grave.
Tumeur dure et doulourtuse. Ponction aspirairîce. < Le^z et un liquide à
odeur stercorale montèrent dans le* tube; la tumeur s*était affaissée, mais elfe
était encore notable. Le taxis modéré permit de réduire Tintestin. » Le malade
meurt dans la journée.
Réflexion. — r Le Iaxis préalable n*ayant pas été employé, on ne peut rien
induire, quanti la cause de Tétranglement.
Obs. VI. — (Observation de M. Duplouy) (3). Hernie inguinale chez un
homme de 82 ans. Ëtranglenient. Tentatives inutiles de réduction, même aidéts
du chloroforme, c La lumeur grosse comme un c^uf de poule, plonge au fond
du scrotum; sans être très-dure, elle offre uae rénitence trés-n\arquée ; elle
est sonore à la percussion et donne à la pression une sensation très- manifeste
de gargouillement qui indique la- présence deffaz et de liq^iides... > < La ten-
sion est loin d'être considérable. > Ponction aspiratriee qui amené des gaz;
une secondD ponction extrait « une cuillerée h bouche de matières fécaloïdes
liquéfiées... • « une troisième application nous donne des' matières analogues à
peu près en égale quantité. La tiimeur est assouplie au point de permettre de
frotter les toniques intestinales. Tune contre l'autre et la réduction n'en est plus
qu'un jeu. '
Réflexions. — L'auteur ajoute, que, malgré ce succès, il est loin de conseiller
l'usage de Taspiratciur dans toutes les hernies, ,
< J'ai trouvé, dit-il, depuis- celte heureuse application, trois hernies crurales,
fortement serrées, d'un volume tiès-restreini, semblant contenir peu de gasK et
encore moins de liquides. Je ime suis décidé d'emblée pour l'opération san-
glante sans tenter l'aspiration. » Cet aveu est significatif et nous vient puissam-
ment en aide; il prouve qu'il y a souvent un tout autre élément que les gai et
les jiquifles, comme cause réelle de rétranglement. s
Pour nous en tei^ir aux termes de notre observation rappelons que la tumeur
est peu tendue, qu'elle gargouille, ce qui prouve que cette c tension est loin
d'être considérable. » Elle contient en somme plus de liquides que de gaz. Toutes
(^1) Autun Loc. cit., p. 49.
(3) Autun Loc. cit., p. 22.
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^96 MËHOIRES ET OBSERVATIONS.
ces conditions prouvent que le eonteno se. trouve plus on moins à Taise et ne
peul par conséquent délenniner Télranglernent.
Obs. VII. — (Seconde observation de M. Duplouy) (l). Hernie inguinale
étranglée chez un jeune soldat'. Le taxis aidé du chloroforme échoue entre plu-
sieurs mains. On « asprre peut-éire quelques g»z > par la ponction. Rentrée de
la hernie sous la simples exploration d*UQ assistant.
c Devons-nous, dit M. Duplouy, attribuer la réduction à une anesthésie
plus complète qu'au début, ou à IVxtraction d*une certaine quantité de gaz?
On ne saurait trop se garder d*illusions, dans la période expérimentale que
traverse l'aspirateur. »,
Nous prenons acte de celte réflexion, et elle nous suIBt pour cette observation.
Obs. VIII. — (Observation de M. Demarquay) ("2). Hernie inguinale congé-
nitale, étranglée. Volume d'un gros œuf de poule. Taxis répété, même avec
chloroforme, infructueux. Aspiration de iSO grammes d*un liquide jaune noi-
râtre, conteriantdes matières fécaloïdes et d*une quantité de gaz indéterminée.
On retire un peu Faiguille et un liquide plus clair est aspiré. Réduction spon-
tanée immédisrtettient après; la tumeur glisse entre les doigts de l'opérateur qui
l'exprore.
Réflexions. — Remarquons tout d'abord l'incompatibilité qui existe entre
cette quantité de plus de l!2H) grammes de liquides, sans compter les gaz, et la
capacité d'une anse intestinale moins grosse qa*un œuf de poule, puis quil faut
faire la part des enveloppes herniaires. Cette circonstance enlève à l'observation
tout cachet de précision et lui ôie beaucoup de sa valeur.
Obs. IX. — Hernie inguinale, volumineuse étranglée. Le malade Ta réduit*;
plusieurs fois en paVeille circonstance. Cette fois, ses efforts restent impuis-
sants. Cette tumeur est dure à son sommet. Le chirurgien n*est pas plus heureux
que le malade. La ponction ramène des < macosités intestinales sous forme de
boue rougt'âtre et la tumeur diminua sensiblement de tensioq, tout en élaoft
encore passablement rénitente. » Réduction facile (3).
RéfleifLwm, — Le sujet a réduit plusieurs fois sa hernie. Elle sort de nou-
veau; il essaie sans succès lors de ce dernier étranglement et cela immédiate-
ment après sa production, avant par conséquent l'exhalation de ce produit
rougeâtre qui ne doit entrer que pour une part très-secondaire dans les acef-
dents.
Quant aux gaz, il n'en est question nulle part.
Obs. X. — Hernie inguinale étranglée. Le taxis est répété sans, succès. Plu-
sieurs aspirations n'amenèrent aucun liquide, la tumeur diminue de volume.
Réjuctionr sans difficulté.
(1) Autun Loc. cit., p. 26.
(2) %run-BuissoD. Loc. cit, p. 28.
(5) Bran-Buisson. Loc. cit., p. 29.
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MÉMOmfiSrr observations. 3!»7
Dans les deux cas qui préfédent, dit raofeiir, « il n'est pas douteux que la
réduction a été favorisée par l'extraelion des gaz, qui^soni obtenus sans bruit,
tant à leur entrée qu'à leur sortie du corps de pompe. > (1)
Celte façon de raisonner est par trop commode. Nous eussions préféré qu'on
eut constaté d'une manfére indubitable la préï^encedes gaz.
Ob8. XI. —(Observation de M. Labbé, publiée dans le journal anglais The
Lancet, du 90 jiiillei 187'i) {2). Hernie inguinale étranglée, dans un effort de
toux. Tâvis répété inefficace. A la ponction avec Taspirileur, € il soi lit envi-
ron 10 grammes d'un liquide brunâtre avec une certaine quantité de gaz qu« je
ne puis évaluer exactement » réduction f.icile.
Béflexiom. -^ Toujours le même liquide brunâtre, et en somme peu de gaz.
Obs. XII. — Hernie inguinale étranglée. Tumeur du volume d'un gros œuf,
pédiculée, rênitente^ Le taxis est tenté inutilement, à plusieurs reprises.
« Aspiration de deux à trois cuillerées d*uu liquide coloré par du sang et tra-
versé par des g»z. La tumeur, maintenant flétrie, ne fut réduite toutefois
qa*aprés un tftxis de dix minutes de durée. > (5).
Réflexions, — Mettons en relief la naiure de ce contenu rougeâtre traversé
par des gaz et constaté le lendemain de la production de Tétranglement ; Il
serait, ici encore, intéressant de savoir ce que contient Tintestin^ imuiédiate-
ment après le début des accidents. Celte hernie, difficile à réduire après qu'elle
est flétrie par la ponction, est sans doute passée à travers une ouverture trop
étroite qui aura enrayé la circulation et produit un certain degré de turges-
cence. Et puis, ces gaz qui traversent le liquide, quelle eu est la quantité rela-
tivement au volume de la bernie?
Ob8. Xlli. — Hernie inguinale étranglée, rebelle au taxis, chez une femme
de 75 ans. Ponction aspiratrice. Issue de quelques grammes d'un liquide inco-
lore, provenant d'une poche kystique. Nouvelle ponction dans un point plus
déclive : liquide rouge brun, agité par des gaz. Affaissement marqué, mais
réduction encore trés^difficile (4).
Réflexion». — On aurait dû tenter hi réduction, après la première ponc-
tion; peut-être cette collection de liquide interposée faisait-elle pour son
compte obstacle à la réduction. Nous ferons, pour le reste, les mêmes re-
marques que nous avons faites, à propos dé l'observation précédente.
Obs. XIV. — Hernie inguinale irréductible. Syroptôiues d*étranglement.
Tumeur du volume du poing, très-^distenJue, sonore. Ponction, c li grammes
de liquide rouge ou même brun chocolat, assez épais, d'une odeur bien carac-
(i) Brun-Buisson. Loe, cit., p. 29.
(3) Brun-BuissoD. Loe. cU,, p. 30.
(3) Journal de médecine et de chirurgie pratiques, juillet 4879.
(i) Journal de méd. et de ehir. prat. Juillet 4872.
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5^ MÉMOIRES ET OBSERVATION.
ténstiqiie et des gaz abondants. AWaissement immédiat de la tummr. » Ré-
duciian impossible. Kélolom^e. Adhérencf*8. Giiérison (!).,
Rpflfxions, — GVsl la preinière fois qu*on nous signale la présence d'une
quantité de gaac considérable. Supposons qu'ils aient été pour quelque ehose
dans la production desaecidents; roaisencore devrions»nous faire nos réserves,
car la plupart des chirurgiens, notamment M. Gosselin, n'admettent pas
qu'une hernie irréductible par adhérences puisse s*élrang)er^ dans la véritable
acception du moL i
Obs. XV. ^ Hernie inguinale étranglée depuis seize heures. Le taxis n'est
pas essayé. L'aspiration retire 400 grammes environ d'un liquide rosé prove-
nant d'une hydrppiste du sac. On reconnaît l'existence d*une hernie de volume
moyen. Le taxis avec chloroforme écltoue. Une nouvelle ponclibn n'amène qu'un
peu de gas et de sang ; une troisième ne donne issue qu'à un peu de sang. Le
taxis reste de nouveau infructueux. Kélotomie. Guérison (2). *
Bèfiexion. — L'auteur croit qu' < on a'esl pas arrivé dans l'intestin puisqu'on
n'en a pas retiré les liquides et ks gaz •; et cependant, il avait dit qu' c il y
avait Sjur cet intestin trois perforations : une du deuxième coup de trooart,
deux du troinéme. L'intestin avait été traversé. de part en part. * ... ôe qui veut
dire q.u'apparemroent le coatenu de l'anse n'était que médiocrement en caoae
dans cet étranglement.
Obs. XVI. — Hernie inguinale étranglée, grosse comme le poings douiou-
reuse, distendue pard^'S gaz. Des tentatives de taxis aidé du chloroforme et de
la bande en caoutchouc n'aboutissent à aucun résultat. Une ponction aspira-
trice provoque la sortie d'un liquide à odeur.stercorale. Une nouvelle ponction
livre passage à une grande quantité de^gaz et de liquide (75 è HO, grammes en
tout).. On ne tente paa la réduction. Le» symptômes persistent; la hernie
reprend son volume Réiotomie. Mort par péritonite (3).
Réflexions. — Au point de vue de notre thèse, cette obsein^ation, toute inté-
ressante qu'elle soil, n'a aucune valeur, puisque nous ignorons si l'anse vîiiée
de son contenu serait rentrée, s6ns les etforts du taxts. Il manque» du reste, à
cet^égard, des détails importants sûr le degl*é de constriction et sur les propor-
tions de l'anse avec le diamètre de l'anneau.
Obs. XVM (de M. Dteuiafoy). --- Hernie ombilicale étranglée résistani à deux
tentatives de taxis. Gin<q ponctions successives amènent < une petite quantité de
liquide et une grande qnantité de gaz. Le taxis pratiqué seulement quelques
heures plus tard réduit la hernie (4).
Réflexion. Nous aurions préféré que le taxis eût été pratiqué immédiate*
«
(i) Brun-Buisson, p. 32.
(9) Brun -Buisson. Loc. «il., p. 34.
(3) Brun-Buisson. £dc. ctï., p. 33.
(4) Lccerf. Loc, cit., p, 39, " ' • - \
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HÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 399)
meni après la ponction. Celle eomlîtion n'ayant pas été ripmpHe, nous ne
sommes pas convaincu que la hernie ne serait • pas rentrée après ce laps de
tempd, sans qu'on leùl ponctionnée. On volt des étranglements résister à un
moment donné et céder un peu plus tard. Le malade qui fait le sujet de Tob-
servation XVl^ avait présenté ce phénomène^ entre les mdins de M.Parise.
Obs. XVIII. — Eira>)glement d'une hernie crurale, datant de ' deux jours.
Taxis inefficace. Volome d'un œuf de poule.
Ponction aspiratrice. Liquide sanguinolent (quatre cuillerées à café et des
gaz intestinaux annoncés par i'odeor.)
Le taxis échoue. On apprend que la hernie éCait irréductible (1).
Même réflexion que pour Tubservation XIV. Toulefois, nous ne faisons au-
cune difficulté pour admettre que^ dans eecas, les liquides et les gaz sont inter*
venus pour la production des accidents. Toutefois encore, comme nous le ferons
remarquer plus tard, rien ne prouve que Ut piqâire,en excitant les tuniques
intestinales, n'a pas rétabli le mouvement péristallique et fait cesser l'obstrut-
tion.
OfiS. XIX.(Obsepvation de M. Richet^. — Hernie crurale étranglée chez une
femme. Volume d'un œuf, marronnée.et dore. Taxis infructueux. Aspiration.
Liquide poiaseux filant, limpide, sans odeur. Sérosité sanguinolente : on ne tente
pas la réduction. La hernie qui a beaucoup diminué de volume, ne se réduit
pas spontanément. Kélotoniie.Guérison (2^).
Cette observation ne prouve ni pour, ni contre notre opinion, puisqa*après
la ponction on n'essaie pas de réduire.
OfiS. XX. — Hernie crurale, grosse comme un eeuf, étranglée. La tumeur
est tendue, élastique, sonore en avant et en dehors. Mate vers la partie
inlerne. Taxis infructueux. Aspiration. Liquide grii^âire et gaz. La hernie s'af-
faisse, mais se distend de nouveau. Taxis encore* inefficace à cause de cette
distension. Deux nouvelles ponctions sont faites; elles n'amènent que peu de
gaz; la tumeur ne diminue guère et ne peut être réduite. Rélotomie. l/anse
est fortement dilatée par des gaz. Débridement. Réduction. Guérison (5).
Réflexion, -^ Cette observation est Ufn beau cas d'engouement gazeux^ On
?oit les gaz affluer après l'aspliPation et reproduire Tétranglement et ses con-
séquences. V
Obs. XXI. -^ Hernie crurale étranglée. Kélotomie. Ponction inefficace à tra«>
vers le sac. Ponction directe de l'anse. Affaissement immédiat. Réduetioa
facile (4).
Obs. XXil. — (t>l»servation de JM. Devoarquay). Biranglement d'une hernie
(i) Brun- Buisson. Loe, cit., p. 42.
(S) GazetU des hôpitaux, 37 juillet 1872.
(3) Brun-Buisson. Loc. cit,, p. 44.
(i) Bru 11 -Buisson. léoe, cit., p. 4(i.
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400 MÉMOIRES ET OBSfiRVATiOIfS.
crurale. La tumeur, peu volumineuse, eâl sonore en eertains points» mate
dans d^Bulres. Le taxis a échoué.
Kélotomie. Ou découvre une entéro^épiplocèle. L'anse est peu volumineuse,
fortement congestionnée, de couleur violet foncé, mais sans gangrène. Ponc-
tion. Petite quantité d*un liquide sangifinolf nt. Réduction encore impossible (f ).
Cette observation se passe de commentaires.
Que faut-il conclure de l'analyse déiaillée à taifueile noas Venons de nous
livrer î
Au point de vue de l'évacuation du liquide pathologique, la ponoiion aspira-
trice est, sans contredit, l'une des conquêtes les plus fécondes réalisées dans le
domaine de la thérapeutique chirurgicale* Désormais, il ne pourra plus être per-
mis à tin seul chirurgien de priver ses malades du bénéfice de cette précieuse
innovation, qui, de prime saut, s'est mise au rang des opérations d'uRgence les
plus utiles. L'auteur de cette diicouverte eX ceux qui en sont les premiers vulga-
risateurs ont donc drqit à la reconnaissance de^totis ; et pour notre compte, nous
nous associons voloniiers à cette manifestation unanime. Mais nous devons envi-
sager cette imporlante questioa à un point de yue plus spécial et .voir ce que
peut Taspirs^tion en présence d*une hernie étranglée. >
Au fond de la plupart des observations qui nous, sont Classées sous les yeux,
il se présente un fait capital^ /|ue nous allons étudier et dont .nous i&eheroris de
trouver la signification dans ses rapports avec l'étiologie de rétraiiglement,
c'est la présence des gaz et des liquides dans Tan^ie hernièe. £a nmliié, rien de
plus naturel que de rattacher les accidents herniaire à cetledût^ble eause.^Une
hernie passe à travers un anneau trop étroit ; elle devient dure» rénitenle, plus
ou moins sonore. Son contenu est emprisonné dans sa cavité ; il n'a plus d issue
ni par le bout supérieur, ni par lé bout inférieur,,com primés par l'anneau. On
ponctionne cette anse, on la vide, elle s'affaisse tout aussitôt et elle se réduit
sans effort. Eh bien 1 pour nous, rien nVsi inoins^ proijvé, nialgré les appo^
renées, que cette influence presqu'exclUsive aitrtbuée aux gag et aux liqiiides
dans I étranglement Uerniaire. £t d'abord, laissant de côté les hernies adliér
renies qui ne doivent pas entrer en oause ici« les autres qui ont été .poi)<ction-
nées n'ont pas cédé totit^^ &u tai^Ls, après la ponctiouy qttoiqu'ellea restassent
affaissées, (xv*, xxii^"); d'autres ont résisté un certain temps et ont nécessité des
manœuvres plus ou moins longlles^ U y avait donc autre chose que le contenu
poiur s'opposer à la rentrée.du visii^re.
Mais ce liquide lui-même qu'on rencontre, quel est son aspect, sa nature? Pres-
que toujours, on a aspiré^un produit roiige-brun, dans lequel ou recounalt ma-
nifestement la présence d'un sang plus ou moins altéré. Or', comme nous l'avons,
du reste, fait remarquer, quand la hernie se précipite dans le sac, elle ne contient
(1) Brun-Buisson. Loc. cit., p. 46.
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I
MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 401
que le liquide normal, plus ou moins épais, delà cavité intestinale et nous savons
que ce liquide ne devient rongeAlre dans une hernie que quand celle-ci a été
plus ou moins longtemps étranglée; c*est alors le résultat de la stase sanguine
et de l'exhalation consécutive. Les expériences de Joberl, de M. Labbé et les
nôtres proores, ainsi que les observations de plusieurs chii*urgiens, notamment
de M. Gosselin, sont là pour confirmer notre assertion. Il n'est donc pas établi,
sans conteste qu'au moment où Tëtranglenient se produit, le liquide intestinal
soit en cf^use et s'il prend part au dèveloppem^ent de^ accidents, ce né peut
être que consécutivement, quand sa quantité a augmenté par suite de la com-
pression des vaisseaux.
Il nous reste maintenant à considérer la quantité relative de gaz contenue
dans l'anse étranglée. Ici encore, on ne sera pas peu surpris des points obscurs
que la qirestion laisse à résoudre.
En effet, que trouvons-nous?
Obs. I. -— Sérosité sanguinolente, noirâtre; pas de gaz par l'aspiration.
Obs. Il» — Un verre de pus ; pas de gaz.
OfiS. m. — Matière roug(*étre ; pas de gaz.
Obs. IV. — Un peu degnz et un peu d'une bouillie noirâtre.
Obs. V. — Gaz et liquide à odeur stercorale. Quantité non indiquée.
Obs. VI. — Gaz ei matières liquides fécaloïdrs (deux cuillerées à bouche).
Obs. VII. — On « aspire peut être quelques gaz. >
Obs. VIII. — Liquide, jaune noirâtre (120 grammes) et gaz en quantité
indéterminée.
Obs. IX. — fioué rougeâtre (quantité non indiquée); pas de gaz.
Obs. X. — Ni liquide ni gaz. La tumeur diminue néanmoins et se réduit
facilement.
O^s. Xi. — Liquide brunâtre (iO grammes) et une quantité de gaz non
évaluée.
OfiS. Xll. — Deux à trois cuillerées d'un liquide coloré par du sang et tra^-
versé par des gaz.
OfiS. XIII. — Liquide rouge brun, agité par des gaz (pas d'évaluation).
Obs. XIV. — Liquide rouge, brun (1:2 grammes); gaz abondants.
OfiS. XV. *- Un ptu de gaz et de sang.
Ob6. XVI. — Grande quantité de gaz et de liquide.
Obs. XVII. -— Petite quantité de liquide; grande quantité de|;az.
OfiS. XVIJI. ^ Quatre cuillerées à café de liquide sanguinolent et des gaz,
annoncés seulement par l'odeur.
OfiS. XiX. — Liquide poisseux, filant; sérosité sanguinolente, en quantité
non indiquée.
OfiS. XX. — Liquide grisâtre en quantité non évaluée; gaz abondants.
Obs XXI. — Il n'est fait mention ni des gaz ni des liquide»;
5t
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40â MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Obs. XXII. -^ Petite quantité d*UD liquide sanguinolent.
Un simple coup d*œti jeté sur ce tableau suffit amplement pour nous faire
voirie peu deprécision qui y règne, relativement à la nature des liquides età la
quantité des gaz contenus dans ces différents cas de hernies. Il n'y a, sur ces
vingt-deux observations, qu*un seul fait authentique d*engouement gazeux;
c'est le vingtième; d'autrfs noqs ont néanmoins offert des gaz en quantité
considérable (observations XIV, XVI et XVII). C'est autour de ces trois derniers
faits que va se concentrer noire discussion; toutefois les arguments que nous
ferons valoir, pourraient, à plus juste titre, s'appliquer aux autres cas, s*il en
était encore besoin après ce qui a été exposé.
Pourquoi donc telle hernie qui résiste à toute tentative de réduction, cède-
tnelle bientôt quand son contenu a été évacué? Pour nous, il nous parait
qu'on a complètement négligé, dans l'apprécialion des résultats fournis par la
ponction, un élément d'une haute importance qui rend compte, d'une manière
fort satisfaisante, de la diminution du volume de Tanse herniée, après Taspi-
ration des liquides et des gaz. Nous savoi.s, d'après les expèriences^de Jobert
et les nôtres, que les tuniques de l'intestin sont douées d'une sensibilité assez
vive, constatée par les piqûn*s ou d'aptres irritations quelconques. Cette sen-
sibilité, déjà appréciable sur l'organe sain, le sera bien davantage sur une
anse étranglée et enflaiitmée. Croit-on que ce n'est rien de plonger quatre ou
cinq fois un trocart ou une aiguille dans un viscère malade; et à moins qu'il
ne soit profondément altéré, presque frappé de gangrène, on ne peut se refuser
à admettre que ces .blessures ne provoquent bientôt toute une suite de con*
tractions tant sur l'anse elle-même que sur les parties voisines Ces mouve-
ments réflexes auront pour conséquences immédiates d'agir sur les liquides
et les gaz compris dans la hernie et demoditier les rapports de celle ci avec
l'anneau. D'un autre côté,* si ce contenu dont nous sommes loin de nier l'in-
fluence sur la paralysie de l'intestin, vient à être aspiré au dehors, il permet-
tra d'autant plus facilement aux Obres musculaires de reprendre leur jeu déjà
si fortement compromis par le fait de l'étrangleinent. Cela explique pourquoi
l'anse s'affaisse après là ponction et comment elle se réduit presque spontané-
ment, en certains cas. Au surplus, voyi z ce qui s'est passé dans h dixième
observation : on ne retire ni liquide^ ni gaz; et cependant la tumeur diminue
considérablement de volume et la réduction s'opère sans effort. Dans plusieurs
autres, il n'y a pas de gaz ou on n'en signale qu'une minime quantité.
De ces données et de ces résultats, il n'y a franchement qu'une seule conclu-
sion légiiimc à tirer : C*eit que les gaz et les liquides n'entrent que pour une
part tiès-secondaire dans la production de rotranglement des hernies.
Quelle est donc la vraie cause de rétranglement herniaire ?
Dans l'étranglement dit primitifs une anse d'intestin est poussée violemment
à travers un anneau des parois abdominales, trop petit pour la recevoir. L'ori •
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 403
ficp, par son exten^ihililé, se prête à ce passage, eii même temps que le tissu
du viscère se lasse sitr lui-même et que ses vaisseaux se vident du sang qu'ils
contiennent. Ces deux conditions permettent à Tintestin de traverser la filière;
mais il ne Ta |)as sitôt franchie que veines et artères, mises en liberté, non-
seulement reprennent leur calibre, mais il se fait que la constriction plus ou
moins énergique exercée sur le pédicule amène bientAl une congestion passive
qui augmente le volume de la hernie et ta rend, ipso factOy irréductible. Point
n*est besoin d'invoquer ici ni l'action des gas, ni la présence de valvules, ni
une} inflammation qui, du reste, n'a pas le temps de se produire. Nous avons
été témoin de ce fait dans quelques-unes de hos expériences; hotis avons vu une
anse intestinale franchissant une ouverture plus ou moins étroite, être ensuite
dilatée par des gaz, puis perdre ces mêmes gaz sous la simple pression des
doigts et rester néanmoins irréductible^ par la turgescence de ses tuniques. Au
reste, que deviendraient, en présence de l'engourment gazeux, l'étranglement
primitif, très-réel des épiplocéles ainsi que celui de l'épiploon qui accompagne
Pintestin dans les enteroépiplocèles? ^ <
Dans l'étranglement consécutifs c'est*à-dîre celui qui surrient dans dés
hernies habituellement au dehors, et traversant des anneaux relativement
larges, les uns admettent qu'ils se produit d'abord une inflammation plus ou
moins vive, et |)ar suite une augmentation de volume qui applique l'anse her-
niée contre les bords de l'ouverture de sortie; d'autres, ici encore, ne peuvent
croire à un développement assez considérable pour amener une disproportion
qui rende compte de l'étranglement, et dans ce cas^ c'est encore aux gaz qu'ils
ont recours pour expliquer les phénomènes (Gosselin).
Qu'il se produise dans ce genre de hernies un mouvement inflammatoire
sous l'influence d'un traumatisme quelconque, par la présence de corps, étran-
gers, etc., rien de plus clair ; mais ce qui est loin de nouâ être démontré, c'est
en pareils cas Tinflammalion primitive et fréquente, comme on ledit trop
généralement. Je sais bien que les affirmations ne manquent pas; je n'ignore
pas qu'on fournit des résultats nécroscopiques où les traces les plus évidentes
d'inflai;)mation ne laissent aucun doute sur la réalité de ce processus inorUde ;
je sais bien encore qu'on nous fait, en quelque sorte, toucher du doigt des pédi-
cules herniaires parfaitement libres dans leurs anneaux, en même temps qu^ofn^
nous montre des fausses membranes, des abcès, etc., attestant l'existence de la
phlogose ; mais tout cela ne nous prouve nullement que rélém(*nt inflammatoire
a été primitif etn'est pas le résultat de rétrangiement lui-même. En nn mot,
quelle est la cause, quel est l'effet de tous ces désordres?
En réalité, que s'est*il passé ?
Une tumeur, plus ou moins volumineuse, séjourne au-delà d'un anneav de
dimensions variables. Presque toujours, sans caus^ bien appréciable, cette
lameur augmente de volume ; elle devient douloureuse, irréductible. Pour noua,
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404 MÉMOIRE ET OBSERVATIONS.
il y a là une condition fort pm connue qui nous rend parfaitement compte du
début et de la marche des accidents de rétranglement. i
Les tissus du corps humain ont la propriété d'absorber, on quantité consi-
dérablej Thumidité de ^atmosphère; les muqueuses, en particulier^ la pos-
sèdent au suprême degré. Or, nous avons interrogé bon nombre de sujets,
porteurs de hernies habituellement au dehors, et ils nous ont invariablement
répondu que, chaque fois que le temps se ipetlait & la pluie, leur tumeur deve*
oait plus tendue, plus douloureuse, produisant des tiraillements pénibles;
quelques-uns même» nous ont dit que cette douleur se faisait parfois sentir on
arrière de l'anneaui lorsqu'il arrivait, en ces circonstances, que la hernie était
eu partie réduite. Cette remarqtie est, sans doute, fort intéressante et nous
donne la clef d'une foule d'interprétations coroplètemeni erronées. Si à un
moment donné, une hernie qui se trouve à Taise dans son anneau, prend, sous
rinfluence d'une variation atmosphérique, «4in développement plus considéra^
ble, son pédicule va s'appliquer contre le bord de Torifiee; si ce mouvement
augmente, et il pourra se faire qu'il n'ait pas besoin d'augmenter beaucoup,
l'étranglement surgit tout à coup. Cette douleur, ces trouble.^ divers qui sur-
viennent fréquemment chez certains sujets, sans accidents réellement graves,
sont déjà deséirangilements à leur début, quecerlains malades réduisent plus on
moins difficilem<>nt eux-mêmes, ils nous l'ont affirmé, ou qui n'arrivent pas à leur
summum d'intensité parce que les disproportions entre le pédicule et l'anneau
ne sont pas trop considérables. Ce sont là les pseudo-étranglements qui ont tant
passiofiné les chirurgiens et qui, pour nous, ne sont que la conséquence d'une
congestion par cause mécanique, amenant bientôt l'étranglement et toutes ses
conséquences, y compris l'inflammalion elle-même. Et si nous rapprochons de
ces donnée^ ce qui a été dit touchant Taction isolée du diaphragme ou des in-
spirations profondes, au point de vue de l'étiologie de l'étranglement, nous
aurons complété notre pensée et peut être fourni quelques jalons nouveaux pour
l'étude duméeanisme de cette grave complication.
Un dernier point d'une haute importance, .qui n'a pas reçu de solution jus*
qu'aujourd'hui^ nous reste à examiner.
Un étranglement commencé, augmente-t-il peu à peu pendant quelques
jours et est-il ensuite susceptible de diminuer, dans certains cas, de manière à
permettre la réduction jusque-là empêchée? C'est à peu près en ces termes
que M. Gosselin s'est posé la question à lui-même; il y répond de cette façon :
c Je tends à croire que l'étranglement augmente généralement pendani
» quelques jotH*s; mais en présence des faits, je suis obligé d'admettre aussi
» qu'il peut bien quelquefois (il faut dire rarement), diminuer après avoir aug*
> mente. Que voyons- nous, en effet, de temps en temps? Des hernies sont
> rebelles à la main du malade, à celle même d'un chirurgien peu expérimenlé,
> ou qui ne sait pas employer h chloroforme; elles restent avec les apparences
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 401$
» de rétranglement pendant deux, (rois et quatre jours; puis, an bout de ce
» temps, elU-s rentrent seules ou sous Tinfluence de la moindre pression.
> Que sVst-il passé dans ces cas singuliers? Les partisans du pseudo-étran-
> glement ne nnanquent pas de répondre qu*il n'y avait alors que de rinflam*
• malion ;que cette inflammation, pendant sa période d*augment,sVst opposée
I à ia réduction; qu'une fois la période de déclin arrivée, la hernie a pu
» rentrer. Cetteexplication est assez séduisante en effet ; mais je répète encore
» que je ne comprends pas l'inflammation empêchant la réduction sans donner
» réiranglement. J'ajoute qu'à ma connaissance, ces phénomènes se sont pro-
> dults chez des sujels, placés d'après M. Malgaigne^ dans les conditions les
» plus favorables à Tetrungh-meiit vrai, celles d'une hernie inguinale, peu
> volumineuse, maintenue habituellement, sortant rarement. J'almets, dans
» les cas de ce genre, un étranglement incontestable, lequel s.'amoindrii à un
t certain moment. J'ai une explication très-claire pour quelques-uns d'entre
» eux; je n'en ai pas d'évidente pour les autres. L'explication est, bien claire,
» lorsque l'anse étranglée vient à se perforer, alors le gnz qui la remplit
• sVpHncheen partie dans le sac, l'intestin diminue et rentre aisément, et la
» mort vient bientôt déniontrer ce qui s'est passé. L'explication manque pour
» les autres cas, ceux de réduction tardive, suivie de guérison. Est-ce parce
• que l'anse intestinale s'est déplacée, et a pris au niveau du collet une silua-
» tion qâi a permis à une portion du gaz de rentrer dans le bout inférieur?
» Est-ce jjarce que les parties étranglées présentaient un certain gonflement qui
» a diminué peu à peu, malgré la persistaVice de l'agent de l'étranglement dahs
» son état primitif? Est-ce enfin parce que l'anneau constricteur serait devenu,
» contrairement à ce qui s'observe d'ordinaire, plus mou et plus extensible,
» par suite de l'afflux des liqiHdes? Je ne puis rien affirmer parce que je ne
I puis rien démontrer. Je préviens seulement que ces faits là sont exception-
» nels, impossibles à pt*évoir dans la pratique, et je dirai plus loin qu'il serait
» imprudent de baser sur eux un précepte thérapeutique, t Gosselin, p. 136.
A notre sens, toutes ces obscurités se dissiperont bientôt si l'on veut bien se
souvenir et tenir compte des faits suivants. Ce sera notre réponse :
1*Une hernie énergiquement étranglée au début, peut, au bout d'un temps
plus ou moins long, reprendre en partie sa liberté, sous l'influence de Vamin-
cissfmenf, avec ou sans ulcération^ des tuniques qui composent son pédicule^
et cela sans qu'il y ait nécessairement une perforation à ce niveau. Ce change-
ment de rapports équivaut à un débridement ou à une dilatation. C'est ce que
nous avons péremptoirement démontré.
2* Celte hernie peut être inégalement appliquée sur les divers segments de
Tanneau (étranglement par vive arête) ; elle devient plus ou moins libre sur
l'un de ses bouts, pan l'auiincissemenl déjà signalé et qui n'est pas apparent
du côté de ia vive arête, à cause de l'application plus intime du viscère. Un taxis
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406 MÉMOIRES €T OBSERVATIONS.
pratiqué Sfinn Taxe du canal ou perpendiculairpinent à l'anneau, échoue
coniplètemenl. La manœuvre se pratique, inconsciente, obliquement, ou le
malade fait un mouvement qui ramène Panse au centre de Touverture : la
réduction s*opére aussitôt.
3<> Une hernie non rontenue, se congestionne en temps humide; elle se
trouve, par là même, à Tétroit dans Tanneau; elle reste étranglée plus ou moins
longtemps, pais se réduit spontanément ou sous le moindre effort, quand la
cause de la turgescence a disparu. Il est assez inutile d'ajouter que les hernies
non contenues et qui ne rentrent que l'arement seront classées dans la catégorie
des étranglements aigris, primitifs, si un eOort intervient pour augmenter leur
volume, soit Tti poussant dans le sac une anse plus considérable, soit en provo-
quant la sortie d'une seconde anse ou d'une portion (Pépiploon. Toiilefois, ^ous
devons ajouter que pour que des accidents graves s'ensuivent il faut qu^il y ail
une certaine disproportion entre le pédicule de la hernie el son anneau.
Explication des planehes.
Les deux premières représentent le constricteur réduit d'un tiers, ouvert el
fermé â différents degrés. . i
PI. III. A, Bride (agent de l'étrangtement).
B. Pédicule considérablemenl réduit.
C. Espace libre entre le pédicule et Tanneau constricteur.
Z). Perforation gangreneuse de Tanse, survenue malgré la liberté
du pédicule.
De i,a rétboversion de l'utérus pendant la cnossEssE, par M. le docteur
N. Charles, de Liège^ lauréat de l'Académie de mèdecim de Paris^ Membre
corretipondant de /a Société^ e(c, {Suite. — Voir nôtre cahier d'octobre,
fage 307.) .
5. ^ Affections utérines antérieures. •-* Leur influence, assez minime pour
certains auteurs, est regardée par quelques-uns, et surtout par les modernes,
comme excessivement importante et primant même toutes tes autres; au point
que, selon eux, Tiuimenbe majorité des rétroversions de l'utérus gravide ne serait
due qu'au maintien d'une déviation préexistante. (Barnes, Bernutz, Schrô-
der, etc.). '
' Rappelons, d*abord, que sur quarante autopsies, ^ran a constaté les^ résul-
tats suivants-:
NeuftiWes vierges de 17 à !^7 ans : six antéllexions on antécoorbures, dont
une avec inclinaison latérale droite et une avec inclinaison latérale gauche;
nue rétroversion avec adhérences' (fille de â7 ans) ; une on l'utérus était soudé
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PLANCHE
I
FlGUKE 4.
Instrument ouvert.
Figure 3. Figure 5.
Fermé au n** 1. Fermé au n« 7.
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PLANCHE II.
FlOtIRE 4.
Fermé au n°^ 8.
FlOUKB 5«
Fermé au n» 0.
Figure 6.
Fermé au n» 40.
FiGURB 7»
Fermé au nMO 4/3.
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PUNCHS lli.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 407
au reclum et au bassin du côté gauche; la dernière n*avail ni antéflexion, ni
anlècoiirbure, rutêrtis était bridé par d^^s adhérences.
Dix femmes nullipares : six anlêflexions trè^-prononcées avec on sans anté-
version; toutes âgées de moins de ai ans; deux anléversions (48 et 49 ans);
deux utérus presque droits, dont un avec un peu d'inclinaison droite (18 et
55 ans).
Yihgt et une uni- ou pluripares : sept antéflexions avec ousansantéyersion ;
deux rélroflexions, dont une avec adhérences; quatre dans Taxe du bassin;
cinq réiroversions; trois antéversions dont deux avec laléroversion droite.
On voit, d'après ce tableau que le déplacement en arrière est assez fréquent
chez les femmes qui ont eu des enfants (une fols sur trois, uni ou pluripares);
il ne s*est montré chez les nullipares ou les vierges que rarement et accom-
pagné d^adhérences (une sur neuf); ce qui vient à Tappui des opinions émises
plus haut. (Voir aussi les statistiques de Richel, Birnuiz et l'a'a). ,
Suivant Cruveilbier, Aran, etc., la position de Tutérus est quelquefois indif-
férente, l'organe est très-mobile sur son axe de suspension el^ressemble à une
balance folle que le moindre poids fait osciller et quitter son centre de gravité;
on trouve quelquefois le fond de Tutérus culbuté dans la concaviié du sacrum,
les intestins grêles reposant sur sa face antérieure : Ccfa se voit nurtoul chez
les femmes qui ont eu beaucoup (VenfantSj et chez lesquelles les ligaments de
Tutérus et en particulier les ligaments sus-pubiens ont éprouvé un affaissement
considérable.
On ne peut voir à ce point de vue d'observation plus remarquable que la
suivante :
Obs. XXXfl. — Antéversion^afitérieure à la conception; rétroversion d deux
mois de grossesse'; tnot)ilifé extraordinaire de la matrice; récidives fréquentes
du déplacement; conlinwttion de la grosaesse. — Bécidines remarquables dans
les grossesses suivantes; rédurtinn-f faciles par la seule position; heureux résul'
tats^ par M. le profisseur L J. Hubert (t). — M"* E. G. d'une taille moyenne
à peine, porte un bassin d'une amplitude exceptionnelle. Mariée trè^-jeune^
elle avait eu deux fausses couches dans la première année de sou mariage quand
mon collègue et ami, M. Michaux, me pria de I examiner. Je constatai une anté-
version trè<-pronàncée de la matrice et quoique le déplacement dans ce sens
empêche rartfment la grossesse de suivre son cours^ je lui attribuai les acci-
dents dont je ne voyais pas la cause ailleurs.
Il fut convenu qnVn cas de nouvelle conception, le repos absolu serait con-
servé jusqu'à ce que l'organe fût bien au dessus du bassin, et M"« E. extraor-
dinairenienl d«'sireuse de devenir mère, promit volontiers de se soumettre à celte
cpndiiion et de me faire venir au moindre acci<lent. Cela ne larda guère. Vers
six semaines deux mois d'une troisième grossesse, lise manifesta de ta gène
dans le bassin, <lu côté du rectum et surtout du côte de la vessie. Je fus appelé ;
(1) Observation buiticme de Af . Hubert.
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40S MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
mais au lieu d'une antéversionj c'est une rétroversion que je «onsiaUt. La ré-
duclion fut des plus fHciles Mais la noalrice jouissait d'une mobililé telle que
bien qu'aucune piécaulion ne fût négligrey je dus — malgré les quatre à cinq
lieues de diblancè — aller plu»it urs fuis la remelire en place pendant le troi-
sième mois. Comme on le conçoit la chose deveiicilt un peu moins facile à me-
sure que l'orgHne prenait plus de volume, mats elle n'offrit jamais de difficulté
réelle, parce qu'on avait toujours soin de me requérir à temps.
JVus la pensée de recourir à quelque moyen contenlif, mais on sait que les
corps étrangers introduits dans le vagin peuvent eux-mêmes devenir cause
d'avoriemeni et c'est ce qu'on voulait éviter à tout /irix.
A trois mois déjà, le déplacement, maigre la largeur extrême du tiassin et
la mobilité insolite de la matrice, n'était plus guère à craindre, car l'organe
était beaucoup plus gros que d'habitude à celte époque. Il contenait, en effet,
deux jumeaux et beaucoup d'eaiix. La distension excigérée amené Taccouche-
ment à sept mois et les enfants ne purent être conservés. Ce fut un grand cha-
grin, mais le mal ne tarda pas à se réparer.
Aux deux grossesses suivantes, je dus encore à plusieurs reprises, aller dans
les trois et demi premiers mois, remédier aux malaises occasionnés par une
rétroversion qui tendait à se reproduire avec une ténacité désespérante Ces gros*
sesses parvinrent à terme et donnèrent deux beaux enfants.
A la sixième, les mêmes aecideiits se reproduisaient avec.une plus gravide fré.
quence encore et Tulérus ballultaii tellement dans le bassin qu'un jour l'ayant
réduite mon arrivée — et ayant passé là qnel(|U(s heures — M"< E. me dit avant
mon départ : le déplacement s'est reproduit, je le sens, j'en suis $iûre, et c'était
effectivement exact. L'idée uïe. vint ulois de la placer sur les genoux et les coudes
et je constatai que cela suffisait pour ramener le fond de l'organe eo avant. Je
crus dès lors que je pouvais tirer parti de l'excès du mal pour y porter remède.
Je conseillai à la jeune dame de prendre de temps en temps — et surtout quand
elle ép/ouvait de la gène dans le bassin •— la position que je venais de lui
donner et si cela ne suffi>ait pas d'augmenter encore l'élévation du siège; ce
qu'elle fit, tantôt a\\ s'agenouillant sur un tabouret et s'appuyaiit les avant bras
sur le plancher, tHiilôt en se mettant à genoux au bord de son lit et se plaç^iut
les mains surine chaise basse, de manière à donner au tronc toute l'inclinaison
voulue. Elle avait immédiatement la sensation très-nette du mouvement de la
matrice. Quelquefois ce mouvement était un peu exagéré et il produisait une
envie d'uriner. Mais cette gène ne persistait pas comme l'autre — et la patiente
s'en préoccupait peu, parce qu'elle savait que l'antéversion est loin d'avoir U
même gravité que la rétroversion.
Grâce à ce moyen elle conduisit non-seulement cette grossesse mais encore
les quatre suivantes, à terme sans plus réclamer mon ministère, si ce n'est au
moment de ses accouchements.
Or, il est évident que de pareilles dispositions morbides produisent facile-
ment la rétroversion, ainsi que nous l'avons déjà vu dans le mécanisme.
S'il y a descente, l'utérus se développe plus que d'habitude dans le petit
bassin et peut éprouver quelque difficulté à franchir le promontoire, surtout si
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MÉMOrRES CT OBSERVATIONS. 409
ce dernier est assez proéminent. Ensuite, ta vessie peut être eomprimèe vers
son b08*fonJ et Turine être incomplètement évajcuée; le réservoir se distend
alors et pousse le fond utérin en arrière pendant que, en s*élevant, il enlratn«
en avant et en haut le eol de Tutérus. D'après Lacroix et Parent surtout, ce mode
de production serait le plus fréquent N. Barnes dit aussi qu'il a souvent ob-
servé que la rétroversion pendant la grossesse est la suite d*un prolapsus de
l'utérus, antérieur à la gestation. Mais, pour cet auteur, ainsi que pour la plu-
part des modernes, la cAuse la pius ordinaire de la rétroversion de Tutérus
gravide, c'est un déplacement antérieur : rétroversion ou rétroflexion primi-
tives ou consécutives à une grossesse ou à une inflammation péritonèale ter-
minée par des adhérences.
Dans sa thèse, M. Herbet avait déjà émis celte idée et signalé une observation
de Haselberg, de Berlin (18()8), où la rétroversion avartété constatée avant la
gestation. Il rapportait en ou|re te cas suivant : M. Pajot, consulté par une
dame atteinte de rétroflexion, lui conserlla la grossesse comme mjyen de gué-
rison. Cette dame devint enceinte, mais Tutérus gravide conserva sa direction
vicieuse durant les premiers temps. Un jour, en montant les marches d'un esca-
lier, la malade sentit une violente secousse dans le ventre et éprouva des dou-
leurs atroces. M. Pajot, appelé immédiat(>ment, constata que la réduction était
opérée; il combattit les accidents et la grossesse cantinua heureusement jusqu^à
terme. Mais la rétroflexion se reproduisit â l'état de vacuké.
Les anciens auteurs regardaient ta rétroversion et surtout la rétroflexion
•comme étant des obstacles presque invincibles à la conce)>tion; mais les obser-
vations modernes ont proMvéqoe ces 'déplacements n'exercent, à ce point de vue,
qu'une influence restreinte, et, qu'à moins d'être très-prononcés ou accom-
pagnés d'autres lésions, ils ne s'opposent pas à la fécondation; ils ne donnent
même lieu chez un grand nombre de femmes à aucune douleur, à aucun
trouble fonctionnel, et ne se révèlent qu'au toucher; si la grossesse survient,
l'organe se reclifle insensiblement, soil spontanément, soit sous l'influence de
moyens très simples (BernotE).
Amussat écrivait déjà en 1841$ qu'il avait vu plusieurs femmes atteintes de
rétroversion devenir enceintes, mais que généralement la matrice, en se déve-
loppant, remontait au delà du détroit supérieur et se réduisait pour ainsi dire
d'elle-même. Avant lui, Boivin et Dugès citaient une créole qui, mariée à
44 ans, sans jamais avoir été réglée, eut trois accouchements puis trois fausses-
couches de deux à quatre moi^. Boivin l'ayant alors examinée^ trouva l'utérus
en rétroflexion et conseilla une grossesse; mais un avortemeni nouveau survint
à trois mois.
M. Siadfeldi; directeur de la Maternité de Copenhague (1), n'a rencontré
aucun cas de stériiité chez trente«six femmes atteintes de rétroflexion.
(i) Hospital Tidende, Copcnhagae, juillet 1873.
5S
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4f0 . MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
M. Howîlz croil que les flexions ne rendent pas les. conceptions impossibles
mais plus ou moins difficiles : dix^neuf femmes atteintes d'antéflexion ont
donné naissance à trente c^nfaots vivants et ont eu nonante-iiuit avortements;
quatorze, affectées de rétrofl«xion, ont eu quinze enfants vivanU et un total de
trente-sept avorlements; presque toujours ces derniers sont survenus dans le
troisième et le quatrième mois.
M. Courty a vu des femmes atteintes de flexions utérines devenir grosses et
trouver dans la gestation, les unes le redressement de leur flexion, les autres
une augmentation de la maladie, surtout dans les cas de rétroflexion nécessi-
tant les secours de l'art pour en opérer la réduction. M. Cài^rty prétend du
reste (Association française pour Tavancement des sciences, congrès de Lille,
1874), qu*on n'établit pas suffisamment les différences qui existent entre les
réiroflexions, les déflexions cl les antéflexions. Pour ce savant auteur, Tanté-
flexion consiste en une courbure presque nor.nale et non en une flexion propre-
ment dite ; elle est fréquente chez le fœtus, chez les vierges et chez les femmes
non accouchées; la rétroflexion, au contraire, constitue une véritable cassure
utérine, caractérisée par une certaine altération des fibres musculaires, et elle
ne s^observe que chez les femmes mères.
En définitive, et sans avoir besoin dé citer tous les auteurs qui ont traité la
question, nous pouvons dire qu'il est généralement admis et prouvé aujour-
d'hui : i°Quc la plupart de^ femmes atteintes de certains déplacemems et dé-
viations de la matrice ne se plaignent nullement et ne sont atteintes d'aucun
trouble fonctionnel ; c'est surtout le cas des femmes ayanjl des antéversions ou
des antéflexions simples, congéniales on non ; â<* que le plus souvent ces
changements de situation n'empêchent pas la conceptions.
Mais les déplacements en arrière sont-ils aussi anodins? Je ne le perise
pas., D'abord la fécondation est plus difficile, à cause de )$ position du col
très en avant dans la rétroversion et surtout par la disparition plus ou moins
complète de la lumière utérine, à l'endroit de la flexion qui est souvent une
véritable cassure dans la rétroflexion et s'accompagne fréquemment d'une
modification de texture ^us»i bien dans le corps même de l'organe qu'à l'angle
de brisure. Ensuite, la pratique journalière dvmontreque, si les déplacements
en avant sont d'habitude simples et non remarqués des femmes, les déplace-
ments en arrière sont fréquemment compliqués et amènent différenlâ troubles
locaux qui ne passent point inaperçus : tels sont les- troubles menstruels, la
leuccorrhée, la pesanteur, et su^rtout une douleur siégeant à la région sacrée et
très-difficile à soulager.
Quoi qu'il en soit, il est certain que les femmes atteintes de rétroversion ou
de rétroflexion peuvent devenir enceintes ejt nous en citerons différents exem-
ples; mais ce qu'il importe de savoir, au point de vue spécial qui nous occupe,
c'est la fréquence, Timporlance de cette cause delà rétroversion pcndarvi la
grossesse.
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MÉMOIRES ET OBSERVATTONS. 411
Parlonsd'abord pour le principe.
n est chir que si une fcnfime alteinle de rétroversion ou de rétroflexion
devient enceinte, il y aura rétroversion ou flexion de Tuténis gravide; mais, si
la rectification se fait insensiblement, au fur et à mesure du ramollissement et
de Tamplialion de Torgane, tout se passera sans éveiller l'attention de per-
sonne, et le praticien n'a pas à s'en -occuper.
Ces cas sont-ils fréquenisî Quelques-uns l'affirment, et certainement je ne
puis dire le contraire. Mais j« me demande s'ils ont si souvent eu Toccasion
d'observer révolution en question. En eiïet, d'après eux, M. tkrnulz spéciale-
ment, la plu'pari des déplacements n'entraînent aucun trouble à Télat de vacuité
et la rectification de IMlérns se fait d'habitude si tranquillement que les
femmes n'y font pas la moindre altenlion. À quelle époque le médecin estit
donc si souvent appelé à constater un état qui« ne se révèle qu'au toucher? Il
faut, me semble-t-il, qu'on ait eu l'occasion d'examiner antérieurement, puis
d'apprendre que, malgré la lésion, une grossesse a été conduite à bon terme
sans rien présenter de particulier^ et ces cas ne. sont pas particulièrement nom-
breux dans la littérature médicale.
Il ne m'est donc pas prouvé que les déplacements en arrière soient anodins
et se rectifient si souvent et sans bruit au commencement de la grossesse :
nous avons vu en effet plus haut que si lès quatorze femmes observées par
M*. Howitz et alleinles de rétroflexion, avaient eu quinze enfants vivants, elles
avaient a\orlé, du troisième au quatrième mois, dans uh nombre plus que
double de grossesses; les trente-six femmes observées par M. Sladfeldl sont
toutes devenues enceintes, mais nous ignorons comnient toutes ces grossesses se
sont passées et terminées.
Du reste, si dans certains cas, nombreux mêmes si l'on veut, des femmes,
atteintes de rétroversion ou de rétroflexion, ont vu leur utértis gravide se
redresser insensiblement, sans troubles notables ni pour elles ni pour leur
enfant, nous pouvons citer des faits où des accidents plus ou moins sérieux se
sont présentés et où l*avortement s'est produit même avant un enclavement
véritable. Au point de vde pratique, la connaissance de ces faits est excessive-
ment importante pa^-ce qu'elle impose à l'accoucheur une surveillance pru-
dente et quelquefois une thérapeutique appropriée, préventive ou GOi>sécutive.
Nous avons relaté déjà dans ce chapitre le fait de M. Pajot el.celiii de Boivin
etDugès; en voici de plusremarquables et instructifs.
Obs. XXXirr. — Sîx avortements^ suites de rétroflexion de l'utérus ; appli-
cation d*un pessaire de ffodge ; grossesse nouvelle conduite à bon terme^ par
le D' Phillips, de l'hôpital de Guy (I). — Marie C, âgée de 36 ans, vint à
rhôpiial de Guy, le 15 août 1870. Elle était mère de six enfants et avait, de
(I) On rélrodexion ofthc utérus ^s a fréquent cause or< abortion, by D^ Phillips,
of Guy*s hospîtal. — Obs. â«. iTraduction de Fauteur.)
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Mi M^ÉMOIRBS ET 0BSERVATIONS.
plus^ avorté six fois dans I*espace de trois ans, entre la fin du deuxième et du
troisième mors. Elle éprouvait de la pesankur et des douleurs gravalives dans
le bassin, des difficultés pour aller à la selle et pour uriner. Ces symptômes
augmentaient chaque fois^qu'elle était enceinte.
Aucune cause générale ne pouvfiit expliquer ces accidents successifs, seule-
ment la malade était un peu pâle et paraissait oppressée, probablement à
caitse de ses nombreuses fausses couches. L'ulérus était en rélroflexlon. le col
paraissait sain, le corp$, de volume normal. M. Phillips rétablit To^gane dans
sa position naturelle et le soutint au moyen d'un pessait^e de H6dge.,
Bientôt cette femme devint enceinte et 8C présenta différentes fois à M. PhiU
Ups pendant les deux ou trois premiers mois, mais, comme elle souffrait^ peu de
ses sjmplômes habitueisgênanis, le chirurgien ne la revit^plUs qu'au sixième
mois de la gestation. Alors il trouva que l'utérus occupait sa position normale
dans Tabdomen et il retira le pessaire. La malade accoucha à terme et se pré-
senta ensuite à rhôpilal avec son enfant pour annoncer l'heureux résultat du
traitement. . '
Obs. XXXÏV. —Deux avortements; application d'un pessaire de Hodge;
grossesse nouvelle conduite à bon terme, par le D' Phulips, de Thôpitaf de
Guy (i). — Marie W., âgée de 55 ans, fut admise à Thôpital de Guy le 8 février
4JB70. Elle aussi était mère <ie six enfants, tous nés vivants et à terme. Elle
avait toujours joui d'une bonne santé, soit pendant sa vie de jeune fille, soit
depuis son mariage jusqu'à son dernier accouchement qui eut lieu en juillet
1868. En l'année I861>, elle avorta deux fois à la dixième semaine degeslalion,
en juillet et en novembre. Elle se plaignait de violentes douleurs dans le bassin
et de ménorrhagies. L'utérus fut trouvé engorgé et réirofléchi; un petit polype
muqueux existait à l'entrée du col; il fut enlevé et «on introduisît un pessaire
de Hodge. Trois smaines après, la malade quitta Thôpital. Après un certain
temps elle essaya d'enlever le pessaire, mais elle revint quinze jours après le
faire replacer. L'utérus était de nouveau réirofléchi.
Peu de temps après a^ir remis le pessaire, la malade devint enceinte;, elle
se sentit très peu gênée pendant les premiers mois. Entre le quatrième et le
cinquième^ M. Phillips constata que l'utérus atteignait la moitié de la distance
du nombril et il ôta le pessaire.
M. PhilUps a revu encore cette femme qui lui a déclaré de nouveau que sa
grossesse s'avançait naturelîement et qu'elle s'attendait à accoucher dans
quelques semaines.
Obs. XXXV. — Avortements nombreux^ suites de rétroflexions non traitées^
par le D' Phillips, chirufgien-adjoinl à l'hôpital de Guy {"2), — Marie W.,
âgée dé 51 ans, mariée depuis neuf ans, a eu trois enfantsà terme. Alors se sont
succédé au moins quatre ayortenoents entre le 5* et le 4« mois. Puis un enfant
vint à terme et vivant. Due grossesse suivante se termina de nouveau par un
avortement au troisième mois. Cette dame devint de nouveau enceinte et oon-
sUlta M. Phillips pour des pesanteurs insupportables et des souffrances dans le
(1) Loc. cit., obs. 3«. .
(2) Loc, cit., obs. 4".
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MÉMOIRES ET OBSKUVATlOîlS, 415
bassin, des incommodités et de riri'italion de la vessie : Vu 1er us fut trouvé en
rétroflexion complète et augmenté de volume. Jusqu hu troisième mois, Tor-
gane ne manifesla aucune leiidanc(' à s'élever au-dessus du détroit supérieur.
M. Pliillipps ne revit plusja malade, mais craint qu'elle n^dit de nouveau
avorté.
Celle femme disait que, depuis ses trois premières couches, elle était péni-
blement affectée par de la dysurie à toutes ses grossesses ; ce symftômese mon-
trait dans' le coiiunencement du deuxième et .cpntinuait jusqu'au troisième ou
au quatrième mois : survenait alors Texpulslon de Tœuf (excepté dans un
cas).
Obs. XXXVI. — Rétroversion antérieure à la gestation; complications au
quatrième mois; réduction à peu près complèfe^ quérison fumeurs de la paf-tie
pbstèro^inférieure de la matrice, par M. le professeur L. J Hubeut, de
Louvain (I). — M. J., d'Anvers, a d'abord eu deux fausses-couches probable-
ment produites par une rétroversion utérine. Elle est d'iine taille uu peu au-
dessous de la moyenne, mais son bassin est si large qu'une nouvelle grossesse
étant pénibfeme^nt arrivée à terme, tout l'oeif en bloc ftit expulsé une demi-
heure après le départ de l'accoucheur qui croyait avoir encore du temps devant
lui. Le mari eut heureusement (abonne inspiration de rompre les membranes et
sauva ainsi renfanirmais celui-ci était chétif et succomba au bout de quelques
jours. '
Une nouvelle grossesse très-pénible aussi, surtout dans les quatre premiers
moi», parviiit à terme et se termina par la naissance d'une petite tille, aujour-
d'hui âgée de huit ans. Mais la' mère ne se remit pc<s complètement de ses
couches; elle conserva un engorgement de la matrice avec rétroversion de Tor-
gane au premier degré, écoulement catarrhal abondant, constipation opiniâtre,
dysurie habituelle, etc. Ce fut alors que je fus appelé à lui donner des soins
avec son médecin ordinaire; Tengorgement se dissipa complètement, mais la
rétroversion subsista, la matrice formant en avant l'angle qu'elle doit former
en arrière, pa^ rapport à l'horizon. Cette déviation augmentait aux époques
cataméniales et rendait la marche à pied et le mouvement d'une voiture
pénibles outre mesure.
Les bains de mer ne produisirent qu'un soulagement incomplet et passager.
On peut dire que, depuis ses dernières couches. M™' J. n'a pas été un jour sans
spuffrir du côté du bassin, vers les lomb'S et les aines. Ces malaises et ces
souffrances ne firent qu*augmenter dans les quatre premiers mois d'une nou-
velle grossesse survenue en 1871, près de sept ans api es la précédente. Vers
trois mois trois quarts, la constipation et la difficulté d'uriner devinrent telles
que, le médecin plant malade, je fus appelé.
Je trouvai la matrice enclavée dans le petit bassin et serrée au point que
ravoriemei.it et les accidents intlainmatoires devaient bienlôl s'ensuivre, si la
réduction n'était pasopérée. Après avoir viilè la vessie, et administré un lavement
qui amena une selle très-copieuse, je plaçai donc la malade sur son côté droit
et de manière à relâcher les parois du ventre ; puis introduisant la main droite
(1) Obs. inédite, 7« de M. Hubert.
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414 MÉMOIRES ET OftSERVATIOrÇS.
dans le vagin, jusqu'à U racine da ponce (laissé à rextérieur), j'allai refouler
le fond de la nialrice, peu à peu, graduellement, y meilanl le temps, H je par-
vins n»>n sans peine, non sans causer une vive douleur, à le refouler au-dessas
du promontoire. Je ne parvins pas à le redresse/ complètement, mais il était
désenclavé, je le seniis, je le palpai à Thypogastre et il pouvait se développer
librement dans Tabdomen.
J'insistai de nouveau sur les précautions que j'avais déjà conseillées antérieu-
rement et la grossesse, quoique toujours un peu pénijble, parcourut son cycle
complet et se termina par la naissance d'une seconde petite fille asphyxiée,
mais que mon fils, appelé à la recevoir, parvint à ranimer. Cette petite fille est
aujourd'hui âgée de huit mois et bien portante.
ifi dois ajouter q«ie, grâce aux précautions prises après T^ccoucbement,
l'ulérus avait repris une direclion à peu prés norinale et que, pendant quelques
mois. M"' J. se Irouva notablement mieux, miais le cortège des misères est
bientôt revenu, et, dans deux visites récentes^ nous reconnu ttes, mon Gis et
moi, que la rétroversion au premier degré se compliquait de Texislente de deux
petites (umeurs dures et du volume d'un pois, se développant sur la partie
inférieure de la paroi utérine postérieure. J'espère qu'elles sont de nature
Gbreuse, mais, même a ce titr«, elles constituent une aggravation irès-réelle de
la situation.
Voilà certes des cas où l'utérus déplacé en arrière ne se redressait pas faci-
lement, ni sans encombre pendant la grossesse. Du reste, si M. Barnes déclare,
comme M. Bernulz, que la rélroflexion à l'état de vacuité est une cause fré-
quente de la rélroflexion pendant la grossesse, il est aussi d'avis,, ainsi que
MM, Braxton-Hickx et Phillips, que celle siluation vicieuse de l'organe est une
des causes les plus fréquentes de ravorlement; or, on sait si ce dernier est
commun. ' •
M. Bernulz, au contraire, croit que la rectification graduelle et insensible du
viscère est la terminaison la plus ordinaire, et il en trouve la raison dans la fré-
quence de la rétroversion à l'état de vacuité comparée à sa rareté relative pendant
la grossesse. Je me suis déjà expliqué à cetég^rdel je me contenté ici de rappe-
ler: t** La difficulté d'établir une statistique si les malades ne se plaignent pas,
donc défaut d'examen avant et pendant la grossesse; 2* la conception empêchée
dans quelques cas, surtout si le déplacement est très-accentué et accompagné
d'autres lésions de l'utérus (inflammation, engorgement, ulcérations, dégéné"
rescence, etc.); 5<» la terminaison par un avortement simple, dont la cause
reste méconnue.
Si, dans des cas plus ou moins nombreux, la n^iatrice, antérieurement pen-
chée en arriére, ne se redresse pas, c'est que vraisemblablement d'autres causée
interviennent; soit la forme du bassin, soit l'étal des ligaments et du tissu
utérin, soit l'action de la vessie, du rectum ou d'efforts, soit des adhérences
morbides : c'est à ces dernières que M. Bernulz accorde la plus large part;
nous en reparlerons dans les c-uises déterminantes.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 415
Une chose m*a surpris dins la dis* ussion qui a suivi la lecfure du rapport
sur ce travail à TAcadétnie de P«iris. M. Depaui, qui a pris là parole pour con-
damner ct^rlaines méthodes de traitement que j'avais cru devoir préconiser, n'a
nullement comhatlu les idées exclusives émises par M. Bernulz relativement à
Tétiologiedeia rétroversion de Tulérus gravide. Le savant et habile professeur
de clinique obstéiricale ne les partage crpendanl nullement, car il les cite à
peine dans son ouvrage paru en 1873, cl certainemtht personne n'est plus à
même que lui de les contréler.
Je ne veux pas abandonner ce sujet sans donner en résumé les indications
pralîqiies qui ressortent de la discussion à laquelle je viens de me livrer; elles
sont de la plus haute importance et doivent toujours être présentes à l'esprit du
médecin, s'il ne veut pas commettre des bévues graves cl préjudiciables à sa
réputation et à ses malades.
<» Les défdaceniepts de la matrice peuvent exister sans que les femmes en
éprouvent d'incommodité; en avant, ils sont souvent congéuiaux ; en arrière^
ils sont plus communs chez les pluripanes; celui qui mérite ie plus d'attention
est la rétro flexion,
2» Us n'empêchent pas la conception, mais la rendent difficile, surtout quand
le fond utérin est en arrière, et foripe un angle très prononcé avec le col.
5° Pendant la grossesse, l'organe peut se redresser spontanément, 7)iais il a,
dans, certains cas, de la tendance à expulser son^ contenu ou d s'enclaver dans
le petit bassin,
4» Il faut donc surveiller les femmes enceintes qui se trouvent dans les con-
ditions précitées et se tenir prêt à agir en cas de menaces d'avortement ou
d'entlavement,
5* Quand une femme est atteinte de fausses couches répétées, il est néces- •
saire de procéder à un examen local attentif pour s'assurer de la situation de
l'utérus.
Je terminerai ce paragraphe en signalant quelques observations où il est fait
mention d'autres affections utérines antérieures.
Dans le cas de Lynn, la femme était sujette depuis longtemps à un renverse-
ment du vagin ; M"*^ Pin ( I '* observation de Martin de Lyon) avait eu une chute
de matrice; la femme Htiet (8« du même) était affectée d'une chute de matrice
depuis dix ans; M"* Percy (10« au même) était affectée d'une descente de ma-
trice depuis sa seconde couche; la femme Mineau (l'« de P-uenl) était sujette à
une descente et à des fluenrs blanches; l'épouse Courlot (z^ du même) avait de
la leucorrhée; la seconde malade de Baudelocqiie était atteinte depuis cinq à
six semaines d'une descente de ntatrice; la quatrième de M. Hubert était sujette
aux flueurs blanches; M°>" E. G'., (8«du même) avait la malrice en antéversion
et excessivement mobile (c'est le seul cas, je pense^ où ce déplacement a été
constaté avant la rétroversion de Tutérus gravide); la femme Gornut (observa-
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416 , MÉMOIRES KT OBSERVATIONS.
tion de M. Gallard) éprouvait depuis sa fausse eoiiche plusieurs symptômes de
déplacement; la rt*mme Bogaerl (observation de Wautcrs) avait une descente
de matrice; M"^«C. (observation de Puzin) était sujette à des obliquités et à
des descentes de matrice.
(La suiie ofi prochain numérç )
Tuméfaction circonsckite du muscle sTËRNo-CLÉmo-MASToÏDiEN, par M, le
docteur ('.HAnoN, membre effectif de la Société,
II est fait mentloH de celte lésion dans Touvrage de Bouehut; il n'en«st pas
ptirlé, quf je sache, dans les autres traités de pathologie de Tenfance. G*ést un
état de myosite interstitiel^, limitée à une partie du muscle sterno-cléidoomas*
toïdien et qui survient ou plutôt qu'on remarque peu après la naissance. J'en
ai observé deux cas : dans le premier, nous avons fait pratiquer sur la tumei|r
des onctions avec, un onguent iodé, mais nous n*avons plus revu Tenfant. Le
second^ le voici : Oiton Jules*, âgé de quatre semaines, demeurant rue des
Slalades, n*» 12, est présenté àja consnitation des enfants, le 30 août 1875.
C'est un enfant bien conformé, d'une belle coloration rosée et assez bien eo
chair; il porte )a tête du côté gauche comme s'il était atteint de torticolis,
comme si le ntuscle sterno-masloïdien était contracture de ce côté. Or, il
n'existe pas de contracture à gauche, mais, vers la partie moyenne do muscle,
nous constatons la présence d'une tumeur cylindrique, de troia à quatre
centimètres de long et qui présente la dureté du cartilage.
Nous prescrivons des frictions journalières avec un onguent à Tiodure de
, pQt-assium et nous faisons recouvrir d'une couche d'ouate le côté gauche du
cou.
Cette altération n'avait frappé la mère que quinze jours après la naissance da
l'enfant, mais, comme elle en convint, cette tumeur avait pu exister auparavant,
sans qu'elle l'eût reinarquée.
L'enfant est revenu le 2 et le 6 septembre; la tumeur semblait diminuée de
volume, la télé n'était plus aussi inclinée du côté gauche.
Très-probablement, l'expectation pure et simple amènerait le même résultat
dans un cas de l'espèce; seulement il est important peut-étfe d'avoir connais-
sance de cette altération, car on pourrait prendre la chose pour plus sérieuse
qu'elle n'est et porter un pronostic défavorable que l'avenir ne justifierait nul-
lement.
M. Melchiori, dil^Bouchut, ne peut assigner à la maladie aucune cause bien
déterminée, mais il ped^e qu'elle pourrait être attribuée à la compression
du muscle et à la déchirure de quelques-unes de ses fibres pendant l'accou-
chement.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 417
Notons à ce propos que, dans U cas que nous venons de rapporter, la mère
nous a assuré que l*acco,uclien)enl sVfaU accompli prouiptement, facilement et
sans avoir nécessité aucune manœuvre, ni Temploidu forceps.
Ume question phvsiologiqùb dans un cas pathologique : ^ Un vieillard
ht 7S ans, incomplètement PARAPLÉcHfUE,- DfrDUIS L«>GTEHPS, PAR L*fFPËT
D't)Nf. MALADIE DE tA MOELLE ÉPINIÉRC EST IL CAPABLE DE FKOCRÉFR? p(fr U
docteur t.iÉGKY, membre honoraire de la Société, d Choisy te Bot (Seitte).
En sfptenibre 1874, une domestique, âjçée de vingt-neuf ans, vint me con-
sulter pour une suppression menstruelle de plusieurs mois, un gonnenieut de
Tilbdomen et des perturbiilious gastriques. Après Texamen^ je lui dis qu'elle
était plus qu'à mi terme d une grossesse. C'était, me dit-elle, sa première
grossesse, grossesse qui Télonnait beaucoup, et elle ajouta que cette grossesse
ne pouvait être que du fait de son uuiilre, ce qui, à mon tour, me causa aussi
un grand étoiinetneiit: Son jnattre était ce vieillard sujet de l'observation inti-
tulée : Gutigrètie scorbutique oupurpurique^ à marche rapide, des membres
inférieurs chez un v/eillurd depuis longtemps incomplètement paraplégique et
dont la paralysie, accompagnée de clémence croissante, tendait à devenir ,
générale» Ce vieillard n'était pas alors, bien eniendu, dans l'état qu'i^ulique
ce tilre; mais, depuis un certain nombre d'années, il était incomplèteuient
paraplégique, rt, depuis notre malheureuse guerre, ne pouvait plus quelque
peu marcher, même dans son appariemeiit, qu^avec deux béquilles, qui ne
Tempéchaienl pas toujours de faire des chutes, soit par le fait de vertiges, soit
par reffetde Ta^igmeutation subite et passagère de la paralysie. Un fréquent
sentinvnit dehniiliire dans la région lombaire indiquait que là était le princi-
pal siège de la paraplégie. Il'faut ajouter que, malgré une diminution progres-
sive des /orces générales, accompagnée d*un commenceineiit de démence, les
organes digestifs et urinaires fonctionnaient d'une manière presque normale
potir cet âge.
Cette fille m*ay»nt demandé ce qu'elle avait à faire dans la circonstance, je
lui répondis qu'elle devait d'abord faire part de sa situation à son maître, puis
préparer ce qui {ferait nécessaire à son enfiint et attendre l'événement.
Au bout de quelque temps, elle me fit dire qu'il consentait à ce qu'elle
accouchât chez lui et qu'elle me priait de l'assister.
Le 31 décembre, \(^rs la nuit, les douleurs ayant déjà commencé à être assez
fortes, je fus demandé en iffet auprès de cflte fille. L^ travail de l'accout be-
rnent, tout à fait naturel, se Itrmiua, le \*^ janvier, au fioiut du jour, par la
naissance d'une petite fille bien eoustiluée et bien vivHce. Eu paraissant à la
lumière, elle cria certainement plus fort que ne l'avait fait sa mère pendant ses
55
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418 MËMOIRES ET OBSERVATIONS.
plus fortes douleurs : c'est que celle ci, pour ne p^s troubler le repos du
vieillard, ou plutôt pour ne pas augmenter encore Tirrilation d(^jà biep grande
de cet homme couché dans la pièce voisine, avait littéralement mangé ses.
douleurs.
Lorsque cette fille, facilement délivrée, et son enf^int eurent reçu les soins
convenables, j*allai faire part à ce vieillard de ce que, daas les circonst|in<*es.
ordinaires, on apprend avec joie. Mais oe genre d'étrennes ne lui sour^ nulle-
ment, car il me dit, avec une ^xprc^i^sion d'amertume et de scepticisme : c On
crojra difficilement qu*un homme de mon âge et infirme cpmme je le suis, ait
pu taire un enfant! » Ef quand il fallut faire la déclaration de la naissance de
cette enfant, on eut la pins grande peine à obtenir qu'il lui donn/it, dans Tacte
civil, son nom bieniôt^répété dans Tacte religieux. Bientôt après, ce veuf, sans
enfant légitime et contre qui plaidait, sa belle-fille au sujet de la^succession de
la mère de celle-ci, institua pfliciellement cette enfant son héritière en laissant
tout à sa mère.
On sVtrofça aussi de le marier avec celle ci, mais il ne voulut absolument
point y consentir.
CVùi été véritablement un mariage in extremis^ car, sous l'influence d'une
chute faite la veille de l'accouchement et qui lui av-tit occasionné une entorse
du pied, sous rinfluence aussi et beaucoup plus encore, des secousses' morales
résultées de l'arrivée de l'enfant, le physique et le moral achevèrent de se
détraquer, de se ruiner. Comme je l'ai raconté, ce vieillard fut bientôt atteint
de purpura héinorrhagique et d'une gangrène des extrémités inférieures,
laquelle commençait à envahir aussi l'extrémité supérieure gauche, quand, le
3 mars, la mort eut lieu.
La paternité de ce vieillard fut mise en doute par beaucoup de personnes et
j'avoue que, moi-même, je conservai des doutes jusqu'au jour où l'ayant inaui-
festé à la fille eu question, elle me donna à penser, d'après ses renseignements,
que cet homme était en proie à de véritables accès de priapisrae c Si j*y eusse
consenti, me disait elle, il aurait, parfois, consommé Tacté deux fois en une
nuit. >
Si les choses ont eu véritablement lieu de celte manière, il faut en conclure,
je crois, que, dans le cas particulier, certain état pathologique a favorisé l'ac*
complissemeut de l'acte physiologique en question, de la procréation.
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RBVDB ANALYTHÎCB ET CRITIQUE.
419
II. REVIB ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
niédffrcine et Clilriirgle.
IVole sur l'effet de rexeîtatîon eller -
netÎTe des deux pneumogastriques sur
l'arrêt du oœur ; par MM. Jban TARCHA-
NOFF et G, PUELWA. ^ En éludiant le
phcnoiiiène de Tarrét du cœur chez les
niaiiiiuifères. nous avons rencontré un fait
qui nous parait assez important pour la
théorie de Taction des pDeunioga>triqnes
dans l*arrét du cœur« et sur lequel les
expérimentateurs n*out pas assez Bxé leur
atteiiliou.
Nous avons pensé que Ton pourrait
peut être maintenir le cœur du chien dans
tju arrél plus prolongé si Ton excitait aller-
nativement le|)out périphérique des pneu-
mogastriques Tun après l'autre.
Dans ce but nous mettions à nu les deux
pneumogastriques,. et nous prenions leurs
bouts périphériques à l*aide de ligatures.
Pour observer les battements -<iu cœur,
nous introduisions par un trou, fait entre
la cinquième et la sixième côte, un doigt
■dans la cavité du thorax, de manière a
sentir directement les mouvements du
cœur.
Cette méthode d*ohservation est préfé-
rable à eeUe fixité avec on manomètre,
puisque cette dernière est sujette à erreur,
à cause de la coagulation du sang dans les^
ednules.
Si Ton excit^ longtemps tm de$ pneumo-
gastriques du - chien avec des courants
foits jusqu'à épuiser complètement son
action sur le eœtiTy ce qui se manifeste par
le retour de ses battements et si Ton passe
immédiatement à l'excitation de l'autre on
n'obtient plus d'arrêt du cœur et même
on n'observe aucune altération de son
activité; et pourtant le nerf excité en der-
nier liiU n'est alors, on le conçoit, nulte-
ment épuisé.
Le fait inverse se proiloit's! Ton excite
ce dernier nerf pneumogastrique (non
épuisé) une à deux minutes après la ces-
sation fie Texcitation du premier. On ob-
serve immé'iiatement l'arrêt du cœur.
Cette expérience indique nettement que
chacun des pneumoga.strJques nicf en jeu
tout Tappareil modérateur, situé dans les
parois du cœur; et qn'uire fois cet appareil
épuisé par l'excitatioix d'un pneumogas-
trique, il ne peut être mis en activité par
l'excitation de Tautre.
Elle démontre m même temps que cet
état dVpuisemeni de Tappareil modérateur
du cœur disparait tit;s- rapidement par le
repos. {Archives âe physiologie,)
Des eentres vaso-moteurs et de leur
mode d'action ; par MM. \lASiUSet VAN-
LAJR. professeurs à l'Universilé de Liège.
( Méiuoire lu au Congrès de Bruxelles, dans
la séance du 'i'i septembre). ^ Des re-
cherches récentes instituées par Goitz ont
conduit ce physiologiiite à admettre lexis-
tence décentres toniques, situés à la péri-
phérie; il expliqua au mf»yen de ces cen-
tres, rinfluence vaso-dilatatrice immédiate
des sections du sciât ique et surtout le re-
tour ultérieur du tonus vasculaire quelque
temps après la section.
L*existence de ces centres étant contes-
tée par un grand nombre de physiologistes,
nbus avons entrepris à la suite de Putseys,
Tarchanoff et Huizinga, une série d'expé-
riences ayant pour but detrancherla ques-
tion. Nous avons été conduits par nos
recherches à partager IMpinion du physio-
logiste de Strasiiourg; nous avons aussi
' découvert d^s faits nouveaux qui ne peu-
vent guère trouver leur explication que
dans riiypolhèse de GoItz. C est surtout h
■ l'aide du thermomètre et sur le chien que
les expériences ont été laites. En voici les
résultats :
L'irritation électrique ou mécanique dé-
teitmine, dans la presque totalité des cas
et d'une façon presque toujours immédiate,
un effet vaso dilatateur. Cet effet ne s'est
pas produit seulement lorsqu'on a irrité le
houi périphérique ila sciatique, mais encore
lorsque l'irritation a porté sur le bout cen-
irai du nerf et même sur la moelle lom-
baire. La vaso dilatation s'e«t souvent
produite instantanément^ la suspension de
l'excitation, au contraire, n*a pas toujours
été immédiatement suivie de la rétraciton
des vaisseaux : ce qui s'explique par Tin-
tervention de la pression latérale du sang.
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420
REVUE ANÀLYtiQUE ET <ÎRfT!Ora.
Voicî un expmple de rinfluonce vaso-
dilaialrice de rélecirisation du nvrf scia-
tique : * '^
Chez un chien dont la moelle lombaire
avait été sectionnée, puis détruite dans
loi|t son si'gnxnt |io.stérie4ir depuis
ravant-veiUe, on faradise avec un fort
• courant le nerf sciatique gauche demeuré
inlact. La température ^\e r-extrémilé cor-
respondante coiunienee à monter après
deux minutes d'éleciri.salion et passe en
quelques instants de 55**5 à Sè^S. On
suspend Télectrisalion, et aus^ilot la lem-
' pérature s'abaisse ponr descendre en cinq
minutes jusqu'à 55»5. Une application
nouvelle de courants fait remonter la
colonne mereurirlle de 55"5 à 55"8 en une
minute. On interrompt de nouveau la fara-
dîsaiion; la temf)érature continue cette
iois h monter un peu pendant une demi-
minute, mais eile se met ensuite a décroî-
tre ji^isqu'à 55*'i . On faradi.se une troisième
fois; la température monte encor»' lâgère-
ment; puis, après quelques os«;iilHii<>ns
légères, elle reste If ^5"5. La fa^adisation
«st ators définilivement suspendue. Pen-
dant tous ces eirsai.<«, la température du côté
opposé est restée Ktalionnaire.
Dans d^autres cas, la faradisation a été
appliquée immédiairmrnt après une sec-
tion de nerf; non senlement elle n*a pas
empêché rasceusion de la colonne thcrrao-
métrique de se produire-, mais elle Ta sou-
vent encore activée.
La faradisation de la moielle a donné des
résultats analogues. Ede a été pratiquée de
préférf*nce sur les animaux dont u» nerf
sciatjque avait été sectionné plusieurs jours
auparavant. Pour éviter Tinfluence de la
section de la moelle elle même, Télectritio-
lion a été appliquée plusieurs'iours après
- la division de la nimelle et sur un segment
situé en arrière du niveau de la seciioh.
L'application du courant a fait monter la
température dans le m(»mfore postérieur
relié à la moelle par-un nerf intact, tandis
que la température du nerf paralysé restait
statioiinaîre.
La va.so dilatation ré/leste nVst pa» moins
fflanîfeste. Dans certains cas le thermomè-
tre montait par bonds chaque fois qu'on
tiraillait le bout central dû nerf sfiatique
coupé, la moelle ayant été sectionnée dans
la régii'ii lembaire depuis pUisieur<> jours.
L>xistrnce de fibres vaso dilatatrices cen-
tripètes découle manifestement .de oes
dernières observations.
Toutefois^ il a été eomlaté'que Texcita-
tîon de la moelle eî du bout central du
sciatique duii, ;pour fournir un résultat
don é, étr& plus énergique que celle du
bout périphérique (lu nerf.
La section du sciatique et celle de la <
moelle lontbatre ont été suivies, comme
rél<clrisalion et rirritrtiion mécanique,
d'effets vuso-dilatateurs dans lés régions
correspomianles. Il e.<«i donc bien vrai,
comme le prétend Goliz, que la secttoa
doit être coiksidérée, dans son iiiAuence
immédiate, comme un -agent irritant. Sea-
lenK'Ul, il est rare que les effets de la sec- ,
tibn médullaire^ à la limite des régions
lombaire et dorsale, amènent les môi»«s
efi«*ts dans I s'iiiembresimtiVrieurs ; Tactinn
a presque toiïjours été négative Ceci est
en désaeeo/d avec plusieurs faitâ signalés
par Goitz.
A i exemple de ce dernier, nous avons
-étn<iié les effets des sections multiples du
nerf. Nou^ avons constaté que celles-ci,
pratiquées sur le bout fiériphérique» exa-
gèrent manKesteinerit raclion vaso-dilnta-
trice il'une prertïière s<>oiiuri, aussi iden
quai>d l(>s névrutouiies se succèdent coup
sur coup, que dans les cas où elles o,n4 été
pratiquées à des intervalles plus ou moitis
longs. Les , sections > succe».sives du bont
centrai ont également augmenté, iruiis
irune façon moins mantieste, Thyperémie
du membre! opposé.
Un fait plus important encore estcelut-
cî : ' *
La section )du nerf sciatique •mène t n«>a-
.riahler^enî^ comme effet tard^f\ lin abaisse-
ment notalde de la température du membre
correspondant. Cet abaissement est tel que
la tetiipébaiure définitive est tonjonrs
inférieure à la température initiale. Elle
produis ce même résultat, mais d'une
manière marquée^ sur tes membres sains.
La «bute a toujours commencé daas ic
cours de la première femuine après la sec-
tion du sciatiq'ie, et il a toujours suffi
à*unmoi» pour faire redescendre* la tempé-
rature aa*de.<isous de la température
normale. L'abaissement progressif de la
température ne peut s'expliquer que par
la présence de centres périphériques qui,
au furet à mesure que Jes libres du seta-
tique dégénèrent, exercent une influepce
'de plus va plus active sur le tonus vasou-
laire.
- Le lait que la température définitive se
trouve constamment itiférieure h la tempé-
rature initiale est d'une. explication* faeite.
fia ébsk^ les ^vaso-diiatatttiirs dé|^érés
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JUVOT; ANÀlYTIQUe ET GRfTÎQOB.
4H1
rcils (oiiiqiirs périplicnques, ci ceux cî,
trotivatit ainsi le «liTimp librr, t()nt tomber
la ti*nipr rature du membre auHle&sous «te
sa teiiv|)épAtufc norinale. Enfin, quant au
refroidissement du niMntïre. sain, voici
oafumem on peut se rèndHe compte d<^
celte parriciiluritc : .
Dans Jes condidons normales, les appa-
reils vaso-<lil.ilateti4*s du cenJre spinal sont
coiis(un»iifeiit soHir4lés par des exotiaiinns
périphéiiqties et réagissent à la fois «ur les
deux nerfs sciatiq'jes. Que l'on vieline à
anéantir une partie de ces excitations en
séparant un des nerfs de la moelle, celle ci
par<Va né<«8>airenient de son pouvoir
vaso-dHatat4Mir De là une ehute de la
température dans le membre resté en
connexion de la moelle. Un argument
â*une grande valeur à raptiui de cette
interprétation est celui ci: presque ton-
Jours iii tenipéi*attM*e du Côti? s'Ait remmi>nce
a baisser • partir du jour thème: où la
-section est pr.aiquéo, c'esl-à'^dirc à dater
du mo<iient où les çxoiiaiions cutanées
cessent d'être ti'ansnnses de l'extrémité
. opérée au centre médullaire. On pourrait,
à la vérité, se demander pourquoi la
'len>f)é rature ne subit pas toujours immé-
«liatenienl toute la rcd-uetion dont elie est
susceptible; le motif en réside sans doute
dans rirrtfation résultant -du proeessii^
inAanrrmatoire qui &>iDpare du bout cin-
trai et qui ne disparaît qUe graduellement.
. En résumé <1onc, on peut considérer,
an^potut de vue de la composition physio-
logique, l'appareil vaso moteur comme
constitué par deux centres |>rincipaiix, et
par des fibres nerveuses iiont ia plupart
réunissent entre eux ces deux ("«filtres.
Les centres sont l'axe cérébro*!«pinal
d\ine part, et, de t'autre^ lensemble des
cellules ner^'euses distribuées à ia périphé-
rie du système va-^cuiaire {ci^ntres foniqnes
de Goliz, -^ centres vaiculaires de Hui-
zingat.
Les fibres unissantes 'Sont de deux
ordres : ce sont des fibres va sop-consl fic-
tives et des fibres vaso-dilatatrices, en
partie centripètes, en pai^tie oealrifuges.
les deux espères de fil»res sont s^ns
douté le plus souv nt réunies dans un
même nerf. Toutefois, les filets vaso-
dilatateurs sont V^éralement plus actifs
ou en |dus grau 1 nomb^. Ils relâchent les
parois «raseulaires en diminuant Tactivîté
des centres toniques. i
En outre, des âbres vasO'OOBstrietiTes
et vitsoidflâhitfieés partant delà pérîfihérlc
se rendent diree\enieift aux centres
toniques, et- ceux-ci émettent h leur tour
des fibres exeltisi^vemcnt consirietives,
qui se répandent dans les parois des
vaisseaux. ^
(Annafes de la Soc. de méd\ de Gandj,
01:|8ervation9 relatives à la physio-
logie du n«tff,vag«e, faites sur T homme
vivant; par M. le doctenr pASQrAiE M\r
4>ERBA. — ïl s'agit d'un capitaine entré à
l'hôpilal militaire de Naples, atteint d'un
abf*ès profitnd, q4ii, à la suite de gangrène
nosoeomi'de, avait mis à nu les régions
profondes droites du cou. ' Le doeleor Ma-
îerba« en faisant des irrigations dans la
plaie avec une soiiilrun froide de sultite d«
sonde, ct^ pins particulièrement en iniro-,
dirisant le bout de la seringue sous te mus-
ol«' sterno^eleito-niastof lien, avait remar-
que que le malade se plaigniit d*une forte
douleur k ta région occipiio-mastoldieiine
d^roite; et d'un tro«bi<* q:*ril ne- pouvait pas
s'expliquer. Ayant répété le jour suivant
riti)<^c<ii)n, ie-^docteur Mateiba^ qui aviiit
soupçonné l'excitatiog du nerf rague, tou- '
clia le pouls de ia radiale* et en eoitstata la
cessation absolue, suivie de pulsations plus
fortes après quidques secondes d'inter-
valle. L'trrigaiion sur le niôme point avait
produit^ quelques minutes après, un ralen-
tissement niHab'e.du pouls. Il nota encore,
que l'artère temporale droite avec ses ra-
mifications devenait plus grosse et tor-
tueuse, tandis que celle du côté opposé
était à peine vi^fble soosia peau, .phéno-
mène qu*ofi devait attribuer sans diaute à
une paralysie des nerfs vaso-moteurs de la
même artère, qui,^ quelques minutes a'près
le f>an«iefiient, reprenait son calibre nor-
mal. Le malade se plaignait aussi d'une
salivation continuelle et agaçantr, avec une
sécrétion' a biindan te et très-tenace. La dé-
glutition était trèî^-ditïicile, particulière-
mnil quand il voulait avaler des aliments
solides^ Le malade «lourul épuisé par ^a
suppuration.
Le docteur Malerba , se croit autorisé,
d'après ces faits^ à formuler les coim;! osions
suivantes :
i*> Le nerf qui était atteint par le bout
de la seringue était le nerf vague droit.
!:i<>L'excitation était provoquée, en grande
partie, par la température dn liquide
(excitation thermique), et pour ta moindre
part, par la force du jet (excitation méca-
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RBVUB ANAtYTIQVE IT CRITIQUB.
nique), et peut-être par le sulfite dn soude
(excitation chimiifue).
3« Le nerf vatfiie est modérateur des
mouvements du ccenir» parce que, s!il était
accélérateur, ce serait un coiilre-sens phy-
siologique de voir une excitation ralentir
les mouvements.
4® Peut-être, cher Thommc, le nerf va-
gue est il plus sensible que chez les ani-
maux.
H^ Le trouble que le ma fade éprouvait
peut être expliqtic par la suspen<«ion mo-
mentanée-de la circulation sanguine dans
le cerveau.
6° l/a*i};mehiation de vnln«iie de Tarière
temporale nous conduit à admettre que le
vague au cou contierit des fibres centri-
fuges (fU>rits de Ludwig et Cyon). dont
rexcitaiion |>eut suspendre rincîiâti'in nor-
male, qui ftnri des cellules du centre vaso-
moteur. de la ntt>elle allongée pour donner
le tonus auK libres musculaires de^ tuni-
ques artérirllcs*
7« Le ptynlismev qui tourmentait le ma-
lade, démontre aussi que Tirrilaiion do
vague au cou agit par voie réflrxe sur les
nerfs tropbiques des glandes s^livatres.
S" La douleur, que le mala le accusait à
la région mastoïdienne était un fait ner-
veux excenirique.
9<* La contrartJoR des muscles du pha-
rynx était due sans doute à Tahération des
branches pharyngiennes du vague.
(Archives de physiologie,)
>H6morrhagîe sous' le planohev du
quatrième ^rentrîoule ; albunninuric $ gl/-
oosurîe, par M. hUTR vIT, interne des
hôpitaux. - Variehon, âgé de tti ans,
entre à Saint Poihin le Î9 avril 1875.
Aucune mala lie antérienre. Depuis un
mois et demi, «liminution des forces, accès
de dyspnée. Rien aux poumons, rien au
cœur. Hébétude de la face. affi)il|)li«semefit
de riutellixence et de la sensitulité, lenteur
des mouvements, incertimle de Ja démar-
che, hésitation de U parole. L*enseinble
des symptômes fait écarter la |MirapléK«%
Tataxie locomotrice, Tatrophie musciildire
progressive. Ou croit à un début de remol-
iissement cérébral
Les riiatléoles |H>rt«nt enoore de .légères
traces d*un œdème notable survenu ilans
la premièi^ quinxaine d*avrit. Précipité
albumineux «Uns les urines.
3 m:ii L'appel ii voraoedu malade le porta
à reebercher la glycMe, et effeetiveinent
diverses néactions en révèlent une quantité
énorme. '
iOmai . L*inlelligenee continue H baisser.
La respiration devient' souvent bruyante.
Pendant les ^ crises, mouvements tumul-
tueux du CGBttr et des paroi^i thoracîqnes.
Néanmoins, il n'existe toujours aucun bruit
d*altérai(on organique.
22 juin, l/éiat s'agt^rave sans cesse ; le
maladie demande son exéat.
Le 2 août, on rapporte cet homme dans
nn état qui en impose pour une hémiplé-
gie. P.iralysie faciale «uni plète, p.irole en-
4rt*coupée, incompréhensible, respiration
siertoreuse, cyanose légère. Mais on remar-
que que la sensibilité, très- affaiblie. *per-
sisie ÉGALBMKNT dc choque côté. De plus,
en parlant à très haute voix^ on voi* que
deri mouvements volontaires, sans incoor-
dination, sont possibles. Cet état dure dé-
finis huit jours environ.
Après uit« amélioration de 8 on 10 heures,
les aeei lentscireuiuloireset respiratoires re-
doublant de violence (souvent cinq à six res-
pirations rapides, suivies de respirations
lentes ou d'un grand repos). Mort dans la
ipatinée du 4 ai^ût.
Aalnpsie. — Embonpoint conservé . stase
veilleuse très prononcée dans tous les or-
ganes sphinehniques,!i Texception du pou-
mon. .Celui-ei est entièrement sain, <ausst
hken que le cœur. Au premier abord, les
reifis semblent altérés, mais ils reprennent
un aspect normal sous un filet d>au.
Dans rencéphale,athécôme artériel eon-
-sidérable, hypi*rhémie méningée, état saMé
du c<»rvedu. D'ailleurs, aucun foyer d'hé-
morrhagte on de ramollis<*eMiei)t dans les
loh<*s, le corpsAptostrié, Tavant-mui*, etc.
Mais il y a <rn caillot dans te quatrième
ventricule Ce caillot, assec volumineux,
eom mu nique à travers une ouverture dé-
chiquetée, avec une vaste cavité située
sous le plancher du quatrième ventricule.
La cavité est irrégniière, plus étendue à
droite. Elle présente dans ses plus grindes
dimensions 0»,0j de longueur sur 0'*,02
de largeur, sur près de 0'».0I de profon-
deur.
Le eatllot est récent; mais du côté droit,
vers le fond de 'la cavité, est une autre
masse sanguine, de petit volume, mais plus
dure, ré^siant un peu à la diiacéralton, et
évidemment plus ancienne
Je tenais surtout à faire ressortir la coîn-
cïdence entre les troubles profonds de la
fonction rénale, Tiiitégrité apparente des
reins, les aeoidenis pneuroo-eardiaques, et
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE;^
425
le ppiot deTisjlhrne, rl^jà altéra, sati 5 ile»tc,'
où, à drux reprises en dix jours, .v«nl se.
produire des héniorrbtfgics d'une );ravt(é
extréoie. {Lyon médical.)
De l'évacuation iovolobtaîre des ma-
tîères dan^ l'état de santé apparente —
lU Kyoïis aitaeiie à ce sigue une grandie
importance diagimitliqjuç et la regarde
cpiufiie le synipiôuic le pMts pi'écoce des
tumeurs cért^itralrs^ H cite 1 histoire d*ufi
Jeuue hoiiinie qui, au .milieu du bal eut
ainsi une évaeiialioa iuvoloiilaire d^irine.
et de uiaiières fécales, sans avoir la moindre
conscience de ce qui lui étbit arrivé. Il
conlinuait sa conversalion, et ne coinpre^
uait |yas que ses amis vnuiusbenl iVniruuier
hors du salon/ L'aceident ne reparut i»as
pendant plusieurs mois, et aucun autre
trouble de la. santé n^apparut avant une
annér environ, où d'autres signes de lu*
meur cérébrale se montrèrent; Ce jrune;
homme mourut trois ans «près te premier
accident, et Ton trouva, à Ta io|>sie, une
^ tumeur du volun>e d'une noix, occupant
la base du cervec^u*. déprimant un />eu le
pont de Varole sans avoir détruit sa su4t-
slance.
Un autre fait semblable est celui d*un,
iné(|eein qui eut le même accident, se
trouvant en consultation av<>o M Lyons*
L*évacualion. fut aussi inconsciente', ac-
compagnée d'aucun autre trouble cérébral^
et sa santé demeura longtemps inlatte.
DeiFX ans après, le malade mourut avee
' tous les symptômes d^une tumeur céré*
brale. • (Ibid.)
Observation de tumeur du cervelet ;
par M NoKL (.UÉNEAU OÊ MUSSY.-- La
tumeur, d'un blanc opalin, bossjelée^,^ peu
près pyrifornie^ siégeait à la face ioÙTicure
de rbémisplièrc cérébelleux gauche : son
extrémité anlérienrei en forme de pointe,,
suivait le bord des pyramides latérales du
bulbe et était circonscrite en dehors par le
pédoncule eércbelieax moyen» en avant,
par le pont de Varole. On constata, en.
Fincisant, que cette tumeur ^lait consti-
tuée f»ar nn kyste.
Quant aux symptômes observés, voici
dans quel ordre ils se sont maHÎfe&tés :
Au début, légers vertiges qu^nd le mu-
lade regardait eu haut en FeiiVersani.la
tête en arrière : un peu plus ta«d, ver-
tiges plus inieiides avec perte de Téqui/i-
bre, trciublés intellectuels et embarras de>
la parole ; bientôt «tifin, vertiges épilepli-
forn»es.
Nansées et vomi^ements bilieux.
Céphalalgie, d'jibor<l occipitale, puîs>
plus hahitnjetlement fronlale, avec prédo-
minance da<n>^ le côté droit.
- Tintements d'oreitir, également à droite.
Plus tard, amblyopie, pseudoblep.de,:
hénkiopie, diplopi<', puis enfin cécité com-
plète ; faibjesse des membres, surtout à
droite, tiiubaiiion, inclinaison de la tête et
du tronc iUi pôié droit.
Le sujet de cette observation était on
ga.rçon de 17 an^, qui depuis Tài^e de
45, ans se livrait avec fureur à la mastur-*
balion; il est probable que la tumeur
trouvée à l'autopsie n'a pas été étrangère à
cette iléploralde habitude.
(Annafeg médico-psychologiques.)
De Taphasie ou perte de la parole
dans les «laladies cérébrales par M. le
docti'ur MATEMAN, trad. de Tatiglais, par
M. F. V'iiLAKD. — Voici les conclunions du
long et consciencieux travail de M. Bate-
man.
A. l/aphasie n'est pas invariablement
liée à la l<*sion du lobe autérieur gauche
du^<.*ervea«i ; >.
/i. L'inverse nVt pas vrai non plus, ï
savoir que lor^^qu'il existe une lc<ion posi-
tive du lobe antérieur gauche, Taphasie
est nécessairement un des symptômes;
C Kien qu%>n puisse «lire quelque chose
en faveur lie chacune des théories popu-
laires de la localisation de la parole, il
existe cependant de*si nombreuses excep-
tions à chacune d'elles, qu'elles ne pour-
raient supfiorter le contrôle d'un examen
désintéressé et îmfkartial.
O. \\ n'est nullement prouvé qu'il ^ ait
un. centre cérébral pour le langage arti-
culé; la parole eomnie râitie p<»urrait bien
être quelque chose dont la eonipréhension
est au-dotà des limites de notre intelligence
b»ruée. {Ihid,)
Un eas da guérîsott de nualadie d'Ad-
dfson, par M. le professeur SEMMOLA
(deNapleç). — Il s'agit d'un malade qui
avait contracté une- cachexie paludéenne
en chassant dans des endroits marécageux.
Un changement de climat et l'hydrothéra-.
pie .l'eu avaient débarrasiié. Mais peu de
temps apfès, les.Horoes du pialadc déelinè-
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41^4
aCVOI ANALYTIQUE Fr ORlTfQUR.
rent; son teinl (k^vint lûiit à faii brdnzé.
A la fin «lu Diiiis de. mars demiprv la eokn-
ration car.iclcrisliqtie s'était étemlne au
dos ot kA» région ôpigastriqae { on voyait
la partie interne- do ia bouche, sur les g<'n-
cives, 4es dépojts de ptgtnrnis ; iVtat géné-
ral était asthénique, la faiblesse si grande,
que le malade ne pouvait soukfver sa tète ;
le pouls était à peine perceptible;, la
température à 56",^yec une sensniion de
froid perninnenti* ; les troubles .gastriques
consiilérables, les voniissements incnërci*
blés; les urines étaient pates^ renfeniiaut
iO grammes d*urée par jour ; il n'y avait •
point de douleurs névralgiques. Considc^
rant cet ensemble de symplôuies comme
une paralysie de Tappan'il trophique-
Cgraml sympftihiqiie;, M. Semmola eut
recours H u eourant oonslant, appliqué de*
la nuqiM? aux lombes. Au bout de cinq
jours de celte application, il ne constata
aueune a'nélioration. Plaçiini alors lrs<leux
pôles. Ton au cou, Tauire au ereux de
l'estomac, il vit -les voniissetnents cesser.
Appliquant régulièrement toutes les douze
heures ee ménie courant, les troubles g»^-
triques disparurent peu à peu. Ih a eut ployé
aussi le snifiile de siryctinine jusqu'à la
dose de 8 uitliij^rammes par jour, et dussî
IModurede potassium à la dose de I gramme
parrour. Les résultats ont été les suivants :
disparition de la sensation de froid, de
rindîj^o des urines ; une dc^^quanuition en-
lanée a signalé, raniélioration. AujourPhui
le malade maniée qn kiloi^ramme de viande
par jour, se promène trois beurps à ehevid,
et n'a plus que la couleur d'un ictère en
Toie de guérison.
M. Marktrwilz croit qu'il y «liiun en
semble de symptôiues qui ne sont peul-ôtre
pas sous la dépen<lance d'une altérathm
des capsules surrénales. Il dit que toutes les
maladies à cachexie rapide, les fi<>vi<es pa-
lustres entre autres, peuvent conduire à
une hyperpigmentalion.
M. Seuinmla-répond que, dans le cas. il*
D*y avait point de tuuieur splénique, et
que d ailleurs on ne considère plus ati«'
jourd'hui raltéraliou des capsules comme
fondamentale ; que l'on tend plutôt à ad-
metlre une altération des fonotians du
grand sympathique, altération qui p'nit
être sous la dépendance du virus syiiîiili'^
tique, du miasnie palustre, etc.
Cette observation si instruotive me pa--
ratt être propre è afipeler rutt<ntlun tïei
mëdeoins sur les troubles tropbiques,
parmi t^squels je eitcrai la ohlorêse, dans
laquelle, è mes yeux, -on fait jouer aux
hÂutatii«s un' rote beatrcoup trop grand.
d*est une in(roduftl«ui k VéiM<\e des mala-
dies du grand sympathique. 'Extrait d*Hn
article de M. _][<ahi|puau AUX Je .Congrès de
Bruxelles,. {l^yon médical.)
Rcoherohet «ur quelque! variations
que présente- la nMsse totale du sanç;
par M. MALASSEZ. -^ La ricficsse et la
capacité globulaires sont moindres dans les-
espèces inférieures; niaix les dimensions,
par compensation, en Sîimt plu^ eonsidéra"
blés ; toutefois cette compensation est in-
damplèrr, et Watekeradit ingénieusement^
que les phénomènes respiratoires chez les
animaux supérieurs et chez les inférieurs
étaient entre eux comme deux feux dont
Tun serait enlreUmo avec du prtit bois
(anihiaux supérieurs) et Tau^re avec de
grosses branoîies (animaux inférieurs;. Ces
faits Sont favorables à cette assertion de
Ranvier, que le sang nVst '^u*un produit
de perfrctionnement dérivé de la lymphe.
Chi'Z les animaux inférieurs un seul liquide
intersliliel exi>te : l.rtymphc; en s'étevant
dans l'échelle animale. Ton %'oît le sang
app:irailre; et en continuant de s'élever,
Ton voit parallèlement le sang Se perf«*c-
tionoerj le sangdevenir plus Abondant^ sa
masse cellulaire augmenter^ et bi. surface
de la masse glid)ulaire s'accroître toujours.
La même loi se retrouve dans le dévelop-
pement de I embryon, la capiicité globu-
laire, ta rie.hessè globuhiire et b* volume
du sang augnienteni en même tem|>s que
le dianv^lre des }(h>buh;s diminu<*. 1^ ri-
chesse globiii^iire est plus grande chez le
mâle que chez la femelle. (Ibid.)
Note sur Temploi thérapeutique dv
bré'mhydi'ate d« quinitte^par M.GUBLER.
— Voici le ré.viimé des premiers résultats'
obtenus par Tanteur : /
i Le bromhydr^ite de quinine corres-
pondant au sulfate de la même' base est
plussobible et plus Herbe en atcal<Mlie que
ce dernier.
d** Il po^ède 1m' propriété» physiolo-
giques des sels de quinine on i^énéral, et
prolii)bh'raeni aussi li*$ v^irtus thérapeu-
tiques de 8(»f^ conjcénère olBeiNal.
- 5* (tepen^lB'it raeiion do brof)ibydrate
semble différeir du aulfsne de quinbie non-
seulemi*at> )>ar la nnidoration des syroptè^
mes d'ivresse quiuique, mais encore par
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
nii
une tendance marquée vers la sédaU'on
nerveuse et Thypnoiisme.
i^Cet ensemble de «qualités le désijrne
spécialement dans le traifement dos affec-
tions congcstives et fébriles qui atteignent
le système neryeux : névralgies, névrites,
névroses irritatives, hypérémfes encépha-
liques, etc., et contre lesquelles il m'atléjà
donné d^excell^nts résultats.
'5* Le bromhydrate^de quinine a mani-
festé une grande puissance ^ans un cas de
vomisfsements incoercibles ; il m'a rendu
de nombreux services dans une série de
casniftrbid('S.ordinairemcnl justiciables du
sulfate de quinine : fluxions viscérales on
articulaires, dWi^ine diathésique ou non,
rhumatismales^ goutletises ; fièvres symp^
tomatiques, à frigore, etc. '
6" Ce nouveau méfircament a été donné
aux doses de 0,40 centigrammes à I gralnme
par jour, par prises de 0,!20 centigrammes
tantôt sous forme pllulaire» tantôt en injec-
tions hypodermiques.
7" Porté dans le tissu ceMnIaire, le hrom-
hydrate de quinine se montre absolument
inoffensif.
Dans aucun cas, Tinjeclion hypodermi-*
que de 0. 20 centigrammes debromhydrate
de quinine, équivalent è environ 0,50 Cen-
tigrammes de sulfate, n*a ctôsuivie du plus
léger accident inflammatoire ; et le lende-
main on ne trouvait autour de la piqûre
ni rougeur ni tuméfaction d'aucune sorte.
8" Cette parfaite innocuité, jointe à une
solubilité plus grande, constitue une supé*
riorité incontestable en faveur de la nou^
velle combinaison de quinine et la recom-
mande particulièrement anx pr(^férences
des praticiens, toutes les fofs qu'il y aura
indication on nécessité d*adniinistrer la
quinine par la voie hypodermique.
[Ihid,)
cas, on administré avec succès trois à qua-
tre capsules de valérianalc d'ammoniaque
chaque jour; mais jamais il ne faut recou-
rir aux préparations de drgitale, qui, après
un soulagement monientané, provoque-
raient plus tard un redoublement des
symptômes morbides. ' (Ibid,)
Traitement des palpitations nerveu-
ses. — M. Péter administre aux personnes
anémiques qui éprouvent des palpitations
nerveuses la potion suivante par cuillerée
à bouche d'heure en heure:
Bromure de pbtassium S à 4 gmmmes.
Eau disliilée .... 100 grammes.
Sirop trécorces d*orange
iMuére : 30 —
On leur prescrit, en outre, le vin de
quinquina, les préparations ferrngineuses
et, entre autres, les pilules de valérianate
de fer, l'hydrothérapie, les bains de mer,
le séjour a hi campagne. Dan» certains
Recher<ili^ sur les propriétés physio-
logiques de l*aooBÎt et l'aconitine; par
il. le docteur A. GUILLAUI>. — l/auleur,
résumant ses recherches, distingue trois
périodes dan* l'empoisonnement par Taco-
nitîne : une période de contractions, une
période de résolution et une période de
mort musoulaire.
l/aconitine agit essentiellement sur les
centres de la moelle et du btilbe, en
augmentant d'abord leurs propriétés excîto-
motrices, comme la strychnine et surtout
comme les sels d'argent. Elle les paralyse
ensuite peu à peu. Dans Tencéphale^ les
centres des mouvements volontaires sont
atteints et très affaiblis, les Centres sensitifs
semblent respectes en partie.
1/aconitlnc paralyse ensuite successive-
ment les nerfs sensitifs^ les nerfs moteurs,
lé système nerveux sympathique, puis les
muselés.
L' élévation de la dose ne change pas la
marche et la nature de Penipoisonnenient;
elle ne fuit que précipiter et concentrer les
phénomènes.
Elle atteint la respiration par l'intermé-
diaire du buibe et non autrement. Par
suite de cette action sur les centres respi-
ratoires, elle amène la mort par asphyxie
chez les animaux supérieurs.
Elle-n*a également d'action sur le cœur
que par rintermcdiaire du système ner-'
veux. Elle n'arréto pas le cœur, -au début,
en agissant directement sur lui; cet organe
continue à battre^ quelle qi^e soit la dose
du^ poison, jusqu'après la suppression
complète de la sensibihté, des mouvements
réflexes et des mouvements volontaires.
L^aeonitine n'exerce aussi d'action sur
rœil et la pupille que par le système ner-
veux, surtout celui de la vie organique.
Un fait qui domine tout, comme on le
voit, c'est que Paconitinc agtt\sur le sys-
tème nerveux centKil, ainsi que l'avaient
déj^ reconnu Hottot et Lié«reois. On ne
sajt pas au fond comment elle agit sur ce
système. Une action sur les vaso-moteur»
de la moelle et une congestion de cet organe
no sont pas soutenables comme cause
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
essentielle. Cest plutôt en modifiant la nu-,
trilion «les organes centraux par son naé-
lange avec le sang et le plasma ntitrilif qui
les baigne directement que s^exerce Tin*
flucnce de Paconitine.
( A rchives de physiologie . )
Antagonisipe, 4u oliloral. eft de la
slryohnine. — Le chlor^l diminue l'-exci-
tabiiité de la moelle ëpioière, el de cette
façon M tend à enrayer le développement
des convuhions létani^j^ues qui.&e produis
sent dans un empoisonnement par 1a<
strychnine. Celle-ei, de siHi cote combat
raction stupéfiante du clilural sur la
moelle épinière» et remédie ainsi à une
partie des iiccidents causés par le médica-
ment de. 1 iebreich. Nallieiireusement, la
strychnine n*a pas d'action sur Tencéphale ;
aussi n\'St-elle qn*un antidote très-impar-
fait du chloraly et^ . si elle empêche le
malade de succomber aux accidents dus à
la suppression des fonctions médullaires»
elle ne le garantit en rien contre les aeci->
dents i)ui portent sur les fonctions céré-
brales.
De là résuite que si la strychnine peut
rendre quelques services dans Tempoison-
neinent par le chloral, \i ne faudra pas
compter toujours sur elle, surtout quand
la dose toxique aura été excessive,; 'd'autre
part, lecliloral, en s'oppo^anl aux convul-
sions qu'amène lastryehniue, pourra sou-
lager et sauver . un certain nombre des
sujets exposés à Taetion de cette substance;
mais lorsque la dose du poison aura été
trop forte, on ne pourra donner une dose
suffisante de contre- poison sans s'exposer
à voir le malade succomber à l'action
exercée par le cbloral sur le cerveaux
[Lyon médical.)
Des visages thérapeutique* du nitrite
• d'amyle. — Dans son travail, le docteur
Albert Marsat examine les différentes appli-
cations que Ton a faites du nitrite d'amyle,
dans les affections tboiraçiques^ dans los
maladies nerveuses et dans les syncopes
chloroforiiiiq.oes.
Dans l'asthme essentiel, Je nitrite d'a-
myle a donné à MM. Amez-Ur«z» W.
Muro, Jasirowitz, Kournevitle, ete., quel-
ques bons résultats; dans l'épilepsie^ si
l'emploi du nitrite d amyle ne s*oppose pas
à de nouvelles attaques, il .peut,, dans jcer-
tains cas, comme le montre Al. Bourneville,
arrêter l'accès à son début. Enfin, on eom*
prend que Ton ait son<;é à employer la
propriété congostive que possède ce corps
pour combattre la syncope chJoroformique
déterminée si souvent par l'anémie céré-
brale; aussi Dabncy» Schiller, Bussal, ont-
ils conseillé, dps ce cas, son emploi. H faut
reconnaître qu'aucun fait, probant chez
r homme n'a encore été enregistré à l'actif
de cette médieation.
A propos .du mode d'application et des
doses, le docteur Marsat «'exprime ainsi :
« Solger recommande l'.usaj^e de larges
tub<'S capillaires contenant chacun 3 à 5
gouttes.^JU doivent être remplis de nitrite
d'amyle et fermés aux doux extrémité».
Lorsqu'on veut s'en servir, |l faut enve-
lopper ufj tube dans un morceau de linge,
et le briser avec les moins, il se produit
toujours une quantité suffisante de vapeur.
» Le docteur James A. Philip, pour faire
inhaler le nitrite d'aniyle à. ses épileptî*
ques, se servait d'un cône de soie huilée
avec papier buvard de l'autre côté.
» Les doses varient : le plus souvent,
cependant, les expérimcHiateurs se sont
contentés de 4 à \0 gouttes. Le docteur.
Janeway, après avoir fait inhaler ^V\ gouttes
de nitrite d'amyle à un malade qui avait
perdu connaissance, pose domme règle qu'il
ne faut jamais ado^inistrer de si fortes
doses.
» Cette règle nous parait trop absolue.
Si dans la majorité sdes cas une dose scm-
blabie ejt suffisante^ il arriv&.quelquefois»
en particulier chez leshystéro épilcptiques,
qni>, pour mettre fin à l'attaque, il est né-
cessaire de dépasser 25 gouttes, et d'aller
même de 35 à 40 gouttes. Dans ces circon-
stances, il convient d# n'agir ique progrès-
sivemciiit. Ainsi on fera d'abord respirer
les vapeurs d'une dizaine de gouttes ; puis,
si les accidents ne cessent pas, on ajoutera
10 autres gouttes^ et ainsi de suite.
B D'une façon géiïérate, il convient d'être
très-prudent lorsqu'on ad un' ni^lre le nitrite
d'amyle. surtout lorsque, le niafade est
soumis à ce médicament pour là première
fois • {BuUetin général de thérap,)
Des propriétés thérapeutiques de t'ai-
laute glanduleuse. ••- ÙAilantut gtanétu-
loaa^ connu en Europe .sous le nom de
vernis du Ja on, a été déjà employé oouime
antthelmintiquc par Héiet^ et-contri' la dy-
seutej'ieparRvbert^Dujurdin^Beaumets.ete.
Le docteur Giraud rend compte des expé-
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQOE.
4^i7
nViicPs qui ont été faites avec cette plante
è rhopftal Safnt-Mahdrter (Tonton). Darts
vingt-neuf cas éé diarrhée et t\é dysenterfe
Tailante a donné dix sept fois <ie6 rcMullats
avantageux: dans tes autres faits, l'amé-
lioration n*a été que passagère.
Voici cornent on odministre Taiiante
glanduleuse : ^
Vitifnséf employé contre la diarrhée et
la dysenlcrie éc prépare avec Téborce de
la racine fraîche. Lorsqu'on n'a à sa dispo-
sition qoe de la racihe desséchée, la quan-
tité doit en être ^liminuée d'un tiers.
L'on prend 250 grammes d'ccorce de
racine fraîche quo l'on coupe ^n morceaux
très 'fins; on lf*s mH dans im niorl<fer, et
on verse dessus 75 grammes d'eau chaude,
on frilure un instant pour mieux ramollir
récoree^ puis on passe à travers un linge.
C'est celte forte infusion qui est adminis-
trée à la dose d'une «dillerée è café, matin
et soir, pure ou dans nnetiasse de thé. En
gériéral, les homnies pi^féraient la boire
pure. Pour notre f»art, dit ic docteur
Giraudy nous atons c^nMalé que k dégoût
qifon à pont ce médicament s*atténue
beaucoup, si Ton y ajc^ulede l'eau de fleurs
d'oranger. Noù^ proposoAis Uonc la potidn
suivante è prendre en deux on trois fbis
dans la journée :
Infusé <i'ailiintf> 15 à 20 gr.
Hyitrolal <ie fleurs dVanger . » iM
Sirop de sucre .».<.. » 20
On doit administrer l'infusé dans la
di'arrhée chronique et la dysenterie, pen-
dant trois ou quatre jours de suite. Par la
voie reciale, on peut te donner à la dose
de 20 grammes dans un quart de lavement.
{Ibid.)
De raoliôa diurétique de la digitale.
— Le docteur Julien Lozes a voulu répon-
dre à cette question : La digitale est-elle
diurétique? Pour résemirc ce problème
pathologique, M. Lozes a employé, suivant
le conseil de M. le professeur Loratn, la
balance; il. a pose comparativement les
malades hydropiques, et les urines qu'ils
rendaient, et voi«i à quels résultat» il est
arrivé :
f" Le poids d'un hydropiqae varie en
raison inverse du volume de t'urine qu'il
omet, parce que le malade relient dans ses
tissus l'eau del'urme qu'il n'excrète point ;
U<* L'action physiologique de la digitale
est semblable à son action tlb^rapeu'ttqve ;
elles sollicitent et activent les fonctions de
la' diorè«e;
3<* La digitale agit comnte diurétique
non seulement dans les hydropisics cardia-
q(ies; mais encore, quoique plus rarement,
dans les hydroptsiesou ascites par cirrhose,
par néphrite aibufolnease, et affections
organiques de la screasc ou des viscères
abdomrnnux ;•
'4' Les hydroplsies, sans distinetion
d'origine, dans hfsqnelles la digitale de-
motirera sans eff<'( pourront être prévues
toutes les fois qu'avec de 'Tantirie persis-
tante, un œdème excessif, <on aura observé
que le poids du malade est représenté par
une courbe horizon taie, pendant les jours
qui précèdent le traitement ;
\ 2^ Si, tontes choses étant égales d'ail-
leurs, par le 'moyen de la digitale on amène
la quantité de l'urine à un chiffre élevé,
('urée émise en vlngt*quatre heures n'é-
prouvera aucune augmentation.
M. Lorain emploie dans ces cas la poudre
de digitale à la dose^ de ^-5 à 50 centi-
grammes. Le docteur Lozes recommande
cette prépartion ainsi que l'infusion. Mais
il oublie la macération, qui est, de toutes
lés préparations de la digitale, celle qui
donne les effets diurétiques jes plus positifs
et les plus certains. {Jbid.)
Du traitement^ de la dysenterie des
pay« chauds par le sulfate de soudb.
^ Le docteur Mesy, médecin de la marine,
a employé contre la dysentcrie^à'bord des
navires où il était attaché, le sulfate de
soude, de la façon suivante :
Ce sol a été pris sous la forme de potion :
sulfate de soude, 20 à i5 gramnves le pre-
- mier jour. La dose était ensuite successi-
vement * abaissée jusqu'à i grammes y ^f^
roé.ne 2 grammt«s seulement. Le véhicule
employé était l'eau distillée du b*>rd ; la
quantité variait^ suivant la dose ^u sulfate,
d^ 80 à 4IK) grammes. La potion devait
être prise en quatre fois le premier jouir,
quand elle eontenait dO gramme» de sul-
faté sodique.' Les jours suivants, elle était
prise par petites gorgées dans les vingt-
quatre heures. Malgré la saveur^désagréa-
'bledu médicament, les malades l'enlt tou-
jours pHs assez facilemeot. Les différents
-correctifs, du reste ^ ' rendent, 'par leur
association, le goût de la dissolution sulfa-
tée encore plus désagréable.
Voici les conclusions que M. Mesy tire
«les fa»t9 qu'il a observés :
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428
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
1"» Le sulfate de soude diminue et fait
même tomber la fièvre complclement. A
ce titre, il remplit le^ mêmes indications
qtie les émissions sanguines qui nous pa-
raissent devoir être proscrites complète-
ment dans le traitement de la dysenterie,
même à Tctat aigu ;
S** Il diminue le nombre des selles et
' change leur nature; Les selles, de mueo-
sanguines, deviennent d'abord séro-bilieu-
ses^ puis prenrienl peu a peu de la consi-
stanee et Je caractère des selles fécales ;
S** Le ténesmc, si douloureux et si diffi-
cile à combattre par la plupart des autres
moyens, cède facilement à la médication
sulfatée; v
4° Si la miction estdilBcilo, douloureuse,
si ie« urines sont rendues en très-petite
quantité, c*est encore au sulfate, de soude
à petites doses qu'il faudra recourir pour
combattre ces symptômes;
5" Les. douleurs abdominale^ sont atté-
nuées et cessent uiéuie coAiplétoment après
la première potion sulfatée,. donnée à la
dose de 20 grammes.
Enfin, il est bien entendu que cette mé-
dication doit toujours être aid^e par les
plus grandes précautions hygiéniques et
par une alimentation appropriée.
Quoique les résultats obtenus par
M Alesy spienl encourageants, nous per-
sistons à croire que^'ipée^i, ad minière sous
la forme de macération au d'infusion, est
encore le meilleur remède à employer
contre la dysenterie. {Jbid.)
Ii»jeotio»t BOtts-Dutanéet d'eau pure.
— Ce procédé, déjà connu depuis quelque
temps, n'est pas enirc sufiisamment dans
la pratique. Au moment où il terminait ses
études à Paris, AL Lafiîte a vu soulager
rapidement un malade aileint d'un rhuma-
tisme articulaire des pluis aigus auquel on
faisait des injections d'eau dans le voisi-
nage des articulations douloureuses.
L'apai«ement fut .presque instantané/ et
les mouvements devinrent possibles.
M. Lailite a obtenu, depuis qu'il. exeroe la
médecine, des succès remarquables par les
injections d'eau. Il cite notamment le cas
d'une femme en proie aux douleurs très-
violentes d'un lumbago, qui fut immédia-
tement soulagée par l'Injection, de quatre
seringu<*s de Pravaz d'eau pure»
Notre confrère a également obtentv des
succès, quelquefois incomplets mais .sou-
vent aussi défînitifs, dans des cas de né-
vralgie faciale, de plearodynie, de sciati-
que, etc. ; il a réussi même à soulager
beaucoup un malade dont les douleurs
étaient causées par un phlegmon de la ré-
gion parotidieonfe. M, Lafllite ajoute que si
les résultats qu'il a obtenus sont constants,
comme il le croit, la thérapeutique se sera
«nrichie d'un agent aussi efficace que ia
morphine et ne présentant pas les mêmes
dangers.
(Revue de thérapeutiq, ntédico-chirurg ,)
Du frômifsement d<» la voix dans la
pleurésie et ia pneumonie. ^~ Nos au-
leurs classiques donnent comme signe dif-
férentiel de la pleurésie et de la pneumonie
le frémissement des parois thoraciques,
« nul dans la pleurésie, conservé, parfois
seulement amoindri, cl parfois aussi un peu
exagéré, lorsque le poumon c&t hépatisô »
(Grisolle). Le docteur E.-G. Janeway, de
New York, trouve que l'oii attribue à ce
signe une valeur beaucoup trop grande
dans le^diagnostic des dcu^ affections, et,
dans un article du Médical Record ^5 juin),
il cite un certain nombre de eas de pleuré*
sic aveo épanchumenl où le frémissement
existait au niveau du liquide, et d'autre
part des cas de pneumonie où ce signe
manquait. Aussi, il donne à son article les
conclusions suivantes :
i<* Le frémissement de la voix manque
généralement au niveau d'un épancbement
pleurélique.
2" Lorsqu'il existe, il peut être du à des
adhérences du poumon aux parois de la
poitrine au dessous du niveau du liquide;
de même ce fréniissement peut se propa-
ger au travers do liqiûde, et dans ce cas,
il peut cire plus faible ou plus intense que
du côté opposé. , Dans quelques cas il
n'existe pas ou ile^t très-faible, à la partie
inférieure du poumon du côté sain ; alors
son absence^ du côté malade perd àe sa
valeur.
3<^ Le frémissement de la voix est géné-
ralement augmenté dans la pneumonie.
4^ Cependant il peut être amoindri ou
même il peut manquer entièrement, soit
par suite de l'oblitération de la bronche
par compression ou par l'accumulation
dans sa cavité de quelque substance, du
sang coagulé, par exemple, eoinme l'auteur
en a observé un cas ; soit par la présence
d'une quantité considérable de liquide
dans le sac (deural-.
5° Le frémissement de la voix peut
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REVUE ANALYTIOHE IT CRITIQUE.
429
manquer du c6(c soin; dans çrs eià% PexU-
toiicc de vibrations cousitlérablos du eôtë
malade fc*ra inch'nor très- forte ment du côlé
de la pneumonie.
Le professeur Flint appelle é^^alcment
Tatteniion sur la plus grande valeur.de
.Tahsence des vibrations Ihoraciques du
côté droit, comme sègne des rpanchemenls
pleurétiqiies, <( sur la plus grande valeur
de leur exagération du e6i^ gauche comme
signe de la pneumonie, à cause de la dif-
férence qui existe dans les vibrations ilio-
raciqnes, à IViat normal, de Tun et de
lautrc côté. Il est évident que Ton ne peut
rechercher avec autunt de soin les diverses
modifications de ce symptôme que lorsque
les signes fournis par l'inspection, la per-
cussion et Tauscuiiation sont insudisants
pour déierminer le diagnostic.
Dans les cas douteux rauteur fait ^ à Bel-
levue Hospitaly des pondions exploratrices,
oon pas avec un appareil aspirateur, mais
simplement avec une petite seringue h
injections sous-cntanées, qui n'eiïraie nul<
lement les malades, et qui est sullisanle le
plus souvent pour conduire au diagnostic.
(/ôid.)
De. remploi de réIeotrîoHé oomne
mojren de diagnottio dans quelques af-
fections nerveuses et musculaires ; pnr
AL ledoctenr ONIMUS. - Voici les conclu-
sion» que Tauteur a cru devoir tirer de ses
expériences et des faits cliniques qu'il a
observés :
A . Quand les courants induits donnent
des contractions normales, ni les muscles,
ni les nerfs périphériqu«S| ni ^a portion de
la morllc dont partent les nerfs qui se ren-
dent aux muscles paralysés ne sont lésés.
B Quand la contraclililé farado-^muscu
laire (colorant induit) est diminuée et la
contractitité gnivano- musculaire (courant
continu) est normale ou augmentée, le
système moteur seul est altéré, mais Tal-
téralion est l«*nte ot incomplète.
C. Quand la contractililé farado*muséu*
laire est abolie, et la contractililé galvuno-
musculaire augmentée, les nerfs moteurs
sont complètement détruits et la paralysie
est périphérique.
D, Quand la eontraelilitéfarado-muscu-
lalre est abolie et la eontraclilité galvano
musculaire conservée mais très faible, il
y a lieu de diagnostiquer la destruction
rapide des différentes espèces dp filets
nerveux ou des cellules de la substance
grise de la moelle et des lésions graves des
musch's.
E. Lorsque la rontranirlité farado-mus-
ciilttire et là contractilité galvano-muscu-
l<iîrc sont toutes deux abolifs, on doit
pronostiquer la destruction complète du
système nerveux et du système muscu-
laire.
( A nnafes médian psychologiques . )
De la phospbaturîe à forme diabé«
tique. — M. Joseph Tcissier, méi'ecin des
hôpitaux de Lyon, étudie* les troubles nu-
tritifs qui peuvent survenfr à la suite d'une
production trop considérable de phosphate
terreux dans Turinc. A Tétat normal, d'a-
près Vogel, Neubiiuer, Lebmanu Levraud,
la quantité normale de phosphate terreux
qui se trouve dans \vs urtnes. après vingt-
quatre heures, osrille entre 75 centigram- ^
mes et 5 gri^mmes. Lorsque le chiffre
atteint les proportions de 12, SO et
30 grammes, on peut observer un ensemble
de symptômes trr>s- comparables à ceux du
diitbète, et, sans vouloir faire de cet état
une entité morbide, M. Teissier n'hésite
pas à affirmer qu'il existe nne polyurie
phosphatiquc qui ressemble au dial>èle et
peut s'arcompagner comme lui de troubles
divers, la cataracte en particulier.
(Bulletin général de thérap.)
Des effets de la foudre. — M. le doc-
teur Vincent (de Guéret), dans un mé-
moire sur ce sujet, rapporte un certain
npiiibre d'observations qui lui ont permis
d'étU'Iier les effets produits par la foudre
sur l'homme et les animaux. Il les résume
ainsi :
1° RautURfiS à <o«i« les degrés, qui con-
stituent la lésion extérieure la plus com-
mune. Nous avons vu, dil-il, dans im cas,
que cette lésion pouvait être plus pro-
fonde que ne seuibl^iient l'indiquer les
apparences extérieures du premier mo-
ment.
2« Déchirures multiples du foie avec
pertes de substance.
5* CoNOBSTiON passive du même organe
ainsi que des organes thoraciques, propre
à la mort par asphyxie.
4^ Raidrur cadavérique à développe-
ment rapide,.
5" Cyanose de la peau, hémoptysie,
dyspnée; symptômes dénotant chex le
vivant une congestion pulmonaire.
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i30
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
6" Hémo^itysie, hémarrhngie nasale avec
sang non écuaiettx, ecchymoses soiis-ctita-
néesj iniiiqdant une rupture de vaissenux
capillrtiros, soil par IXîi'l de la secousse
éleclri.fue, soil sous rinflucnce de la
congestion asphyxique.
7« Tremblement nerveux involontaire de
la jambe, engourdissement
8® Néorose du grand sympathique,
9" Douleurs dos membres «vec affaiblis-
sement plus ou niQÎns considérable de
Taction musculaire; effet qui me parait
devoir être des plus fréquents et que le
médecin doit être souvent appelé à com-
battre.
10*» Troubles gastro intestinaux : dou-
leurs épigastriques,/ naiïsées^ vomkse-
mcntS; méicorisme.
H" Paralysie, soit momentanée, soit
tf^mporaire cl hémiplégique, soit paraplé-
gique,
<2** Enfin, un des effets les plus curieux,
est une fièvre intermittente né^algique,
affectant exclusivement la moitié du corps
paralyse dans le principe, et ayant résisté
pendant dix huit lïiois à tous les traite-
ments enoployés.
(Gaz. méd, de Paris.)
Obiervatîons sur la digestion de l'al-
bumine oiiet les nouveaux-nés ; par
M. Olof HAMMARTSEPf. .— Aussitôt
après la mort de Taninial, il fait macérer la
muqueuse stomacale è la température de
la chambre dans de f^au acidulée avec
f/1000 d*8ci(le chlorhydrique. La puis
sance digestive du liquide est mise à
répreute à l'aide de la fibrine et de iVlbti-
mine de Tœuf, à la température de 36® à
L'auteur dit n'avoir pas trouvé de diffé-
rence notable sous le rapport de leur con-
tenu en pepsine entre les estomacs d'ani-
maux à jeun et d'animaux qiii venaient de
téter. Se fondant sur un bon nombre
d'expériences, il établit que, la première
seitiaine, l'estomac du chien ne contiteht
pas de pepsine. C'est seulement dans le
cours de la deuxième scmaïutt qtr'ellc com-
mence à apparaître. A la troisième ou qua-
trième semaine, restoriiac en contient sen-
siblement autant que chez Tantmal adulte.
Il y a d*ailleurs quelque» différences sui-
vant l'état des anirhaux. Plus fainimal est
fort, plus Tapparition de la pepsine est
précoce.
La question qui se pose alors est celle
de savoir comment l'albumine du lait peut
être digérée dans tes pfi'mîers temps lie la
vi«. L'auteur y répond par des expérienres
prouvant que l'infusion du pancréasHligère
parfaitement l(i fibrine ; elle exerce aussi
une action de dcdoUbleinent sur les grais-
ses neutres; car, en peu d'instants, du
beurré au contact d'une info«inn dir pan-
créas d'un chien âgé de f !2 heures rougît le
papier de tournesol. On perçpit alors une
odeur d'acide butyrique.
Chez les chats, tes résultats ont été les
mêmes que chez les chiens, avec ta diffé-
rence que l'estomac d'animaux âgé^ seu-
lement de huit jours contient manifeste-
ment des traces de pepsine.
Chez le lapin, l'apparition de la pepsine
est aussi plus hâtive : car, au commence-
ment de la seconde semaine, l'estomac eo
contient de notables quantités.
L'estomac de Peu faut nouveau-né peut
parfois renfermer de la pepsine ; il contient
de plus uo fermenl coagulant du lait, car
le lait de femme est difficilement coagulabic
par les acides seuls.
[Ibîd,)
Sur l'anesihésîe locale ; par M. S. CAR-
DENAL. — On connaît les difficultés quel-
quefois insurmontables contre lesquelles le
chirurgien se heurte quand il V4>nt obtenir
Tanesthésie locale, difficultés que n'a pu
vaincre l'emploi des meilleurs appareil.^,
par exemple de l'appareil de Richardson.
Ainsi, dans certains cas, il est impossible
de produire rane.sthésie locale ; lorsque cet
état existe, on ignore à quel moment il est
survenu ; enfin on use des quantités eoti-
sid^érables d'étber tout en provoquant des
phénomènes nervenx qo'il est utile
d'éviter.
Pour le professeur LetafnêndM'ànestbé-
sic locale est le spasme extrême et absofu
du système nerveux v iso-moteur, et l'isché-
mie qui en résulte le strietum ùbsoiuUtm
des éléments vasculaires. Le premier effet
sensible dn froid produit par l'étbcr s<ir
1rs ti<sus étant le Relâchement, et par con-
conséquent la dilatation vasculaire, celle-
ci continue à augmenter sotjs rinfluenee
de la projection eontinnrile-du jet d^éther.
Or, pour obtenir l'anesthétsio H faut déter-
miner un mouvement de réaction des capil-
laires dilatés, mouvement qat transfor-
mera leur état de dilatation exagérée en
eon^tricHon extrém». On peut obtenir
quelquefois ce dernier eflet an moyen de
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RKVIJE ANALYTïi^rF. ET CHITIQIE.
43 f
rii*rig»(ton prolongée d'éther . pulvérisé^
mais, la plupart du temps, les vaisseaux
restent dans Tétat d'épuisement ex(rénu>,
d*atonie et'dc rolàcbement qui accomiiagnc
rbypcrcmie. M. Letani€niii a comparé cet
clat senii«-pai'aly tique des vaisseaux dila-
tés, gor^çés de sang, à Tétat de paralysie
tnaosiloire de la vessie qui, dislenduc par
rurine,.ne peut plus se contracti^r pour
expulser le liquide qu*elle contient. On
sait que, dans ce... cas, il suffît, souvent
d'extraire <de la Tes.sie quelques gouttes
dlqriue pour que Torgane momentanément
impuissant reprenne sa contractilitc nor?
maie. Une légère déplétion sanguine des
vaisseaux congestionnés, ou bien une faible
agguftçtilalion de ta tension nerveuse du
résttau capillaire causées Tune comme
l'autre par riucision (les tégumejits bypé-
rémJés, ne pourrait elle pas aussi amener
la ooniraclion. instantanée du système vas«- '
Gulaire? Telles est Tidée qui a conduit
M. Letamendi à inciser la pi-au conges-
tionnée par 1 effet de Tirrigation d'étber
pulvérisé; les faits lui ont donné pleine-
ment rajson.
. J!il. Cardenal pense que la décharge de
la tension nerveuse des vaso dilate urs pro-
duite par une petite inci>ion, ou la légère
irritation causée parle tranchant d'un bis-
tourii et tout à fait différente de celle que
détermine lo froid, suffisent pour faire
entrer en activité les fik'ts nerveux vaso-
constricteurs en leur rendant Ténergie ac^
cumulée pendant tout le temps qu ils ne
pouvaient agir, énergie au moyen de
laquelle iU donnent lieu à la véritable
ischémie de la région.
{Archives de physiologie.)
£:(tirpaftîon du larynx par le oouteau
g^vanique. -> Dans Tintéressante com-
munication faite % TAcadémie royale de
médecine de Turin, par M. le docteur Bot-
tini, au sujet d*une extirpation totale du
larynx, on p<'ut voir qu'un «les pins graves
dangers dans cette opération est rbémor-
rbagre. Le couteaMf galvanique, d'après le
docteur Bottini, pourrait la prévenir. Ce
chirurgien propose de se servir d'un bis-
touri dont la lame, au lieu d*ctre en ader,
est i'n platine et fenestrée ; l'un des bonis
est mince et mousse ; l'autre, plus épais,
est. cylindrique.
L'opération comftrend trois temps :
i^ UécouKrir le l^rynx^,
2<^ L'isoler de.i organes voisins ;
3® L'extirper.
Pour découvrir le larynx on peut faire
simplement une incision médiane étendue
du milieu de Tos hyoïde jusqu'au premier
anne£^u île la trachée, ou une incision en T
composée parla première et une deuxièhne.
parallèle aux grandes cornes deTos hyuïde,
de façon à obtenir deux lambeaux triangu-
laires que l'on dissèque avec soin. — ' Sur
les ariiiiiaux, Tincision médiane suffit; ja-
mais le docteur Bottini ne s'est trouvé
arrêté par le manque d'espace.
On isole l'organe en incisant toutes les'
parties molles qui le recouvrait et en le
séparant complètement du pharynx, de
l'œsophage, de l'os hyoî^le, des plexus
vasculo nerveux. Pour cela, on saisit avec
une j)ince les parties molles et on les place
sur la lame du couteau, avec lequel on
les divise par des mouvements de va-et-
vient.
L'extirpation s'obtient en introduisant
une sonde sous la trachée ; sur cette sonde,
qui sert de guide, on divise ce canal ; on
saisit ensuite le larynx avec un crochet
double, on le soulève do bas en haut, dé*
tachant au fur et à mesure avec le couteau
galvanique lej liens qui le retiennent.
En opérant ainsi sur des chiens, le doc-
teur Bottini n'a jamais eu d'hémorrhagie,
soit primitive, soit consécutive.
(Galette médicale de. Paris,)
Hernie étranglée ; réduction au naoyen
de la main introduite dans le oolon ; par
M. Al. HADDEN ^New-York). - Il s'agit
d'une femme de quarante- cinq ans qui Ht
appeler M. Hadden le 14 juin pour des^
nausées et îles douleurs abdominales; dans
l'aine gauche on. trouve une tumeur du
volume d'un œuf de cane; ilont la malade,
s'était aperçue depuis longtemps, maïs qui
rentrait diiabitnde ; c'était une hernie
inguinale dure. douioureu.«ie au toucher, et
irréductible malgré la chloroformisation.
Le 14, et le 15, appliealiun d'une vessie de
glace sur la tumeur, et de temps en temps
tentative de réduction qui amènent plu-
sieurs fois une diminution du volume ; la
malade avait refusé l'intervention opéra-
toire. Les .vomissomenl.s ayant augmenté,
le 16 au matin, M. Hadden et ses trois
aides, aprf-s avoir cliloroformisé la ma-
lade, ..fout chacun de vains efforts pour
réduire la hernie. Alais, avant d'en venirà
la kélotooiic, M. Hadden proposa d't ssaycr
la réduction en introduisant la ^ main par
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45-i
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
le reclum dans le colon, et essayant à Ira-
vers la paroi de ce dernier de faire sur
rintestin hernie des toactions suffisantes
pour le déga{>er.
La malade bien chloroformisce fut placée
sur la poitrine et les genoux et maintenue
dans eettc position. Le chirurgien intro-
duisit ses doigis dans le rectum, puis passa
doucement sa main jusque dans le eolou;
il eut un pe^ de difficulté à suivre Tintestin
au niveaiu du promontoire ; mais cet obsta-
cle une fois franchi, la main trouva la voie
libre, li put alors sentir très bien rintestin
engorgé» et fit sur lui des trat-tions douces
pour ne pas le déchirer, en même ''temps
qu'il faisait le Iaxis externe aVec Tautre
main. Le résultai cherché fut obtenu en
dix ou douze minutes. Après la réduction
on fît étabîir un bandage compressif sur
Tanneau inguinal, et le vulrc fut tenu
serr^ au moyen d'un large bandage circu:
laire; injection sous cutanée de morphine.
Les vomissements cessèrent. Pendant les
premières vingt quatre heures, la malade
se plaignît de douleurs colo rectales et de
.vives cuissons à l'anus. Le lendemain de
Topéralion, selle abondante. Suites simples
et guérisou eomplèie.
{Lyon médical,)
longue course* six mois avant le début de
ces douleurs, de l'eau d'un étang dans le-
quel on avait jeté le corps it*un mouton
mort d'hydatides. Les deux camarades
qu'il avait avec lui burent de cette eau,
mars sans en rien ressentir. La plupart des
cas que Ton observe chez les enfants de
Melbourne peuvent éire rapportés k cette
cause, que ces derniers ont bu de Pcan
d'un élang ; les filles paraissent pins
sujettes aux hydalides que les garçons;
dans un âge plus avancé, c*est l'inverse
qui a lieu. Le froid et l*humidiié parais-
sent activer le développement des tumeurs
hydatiques. Si l'on place les malades dans
un bain d*eau chaude, les hydalides aug-
mentent de volume; si, au ecnlraîre, on
place le malade dans un, bain d*Air ehaud,
et qu'on produise ch«z lui uneMran«ipira-
tion abondante en l'empêchant de boire, le
volume du kyste diminuera. Sur 100 cas
d'hydalides observés, on en trouve à peu
prés 70 pour le foie et 4â pour le pou-
mon .
(Revue de thérapeutiq. médico-chirurg .)
lié» hydatîdes de» poumon» en Aut>
traite. — Dans aucuns pays, sauf eu Is-
land<", d'après le Melbourne Médical Record
du 6 mars, les hydalides ne sont aussi nom-
breuses quVn Australie. C'est raffection
qui est la plus commune dans cette contrée.
Elle s*observe surtout dans les bergeries
parmi les nègres, parce que ceux-ci man-
gent de la viande crue ou trop peu cuite
et parce qu'ils boivent, sans avuir pris la
précaution de la faire bouillir, de Peau
des mares dans lesqueltes vienncnt»e désai-
térer les chiens de lierger ou d'autres ani-
maux. Dans les débuts de la colonie, cette
affection faisait un grand nombre de vic-
times. L*eau des étangs et la viande conte-
nant des>hydati<ies ne constituent pas la
seule source de Taffection. Il n'est pas
sans danger de manger tes plantes, par
exemple le cresson, qui cnussent dans des
mares ou dans des fossés fréquentés par les
moutons, les porcs ou les chiens.
Dans quelques cas les ma'ades peuvent
indiquer le moment où les hyiiatides ont
pénétré dans leur économie. Par exemple,
un malade qui.se plaignait de douleurs
vives et d*une tumeur, avait bu après une
Fistule reoto - vag^tnale ; parturîtton
inachevée par Tanus, par GUhfiES (de
Lisbonne). — Ce fait curieux a été relaté
par Raniiro Guedes. le |3 février, à la
Société médicale de Lisbonne. Le 20 avril
i87i, il av^il été appelé près d'une femme
de trente-cinq ans, enceinte pour la troi-
sième fois. Premier accouchement très-
long, suivi de la naissance d'un (^nfant
mort; dans le seeond, le médecin dut
extraire l'enfant qui était mort, et il
résulta de l'intervention une fistule reeto-
vaginale. Quand Guedes vit la femme, le
soir du 2(> avril, le travail ayant débuté la
nuit précédente, il la trouva avec ju langue
sèche, des vomis.scments bilieux répétés,
l'abdomen très -distendu par le fœtus et
par du météorisme, et trèsdouloureux à
la plus légère pression, le pouls impercep-
tible, la respiration anxieuse et fréquente;
ténesme vésical et rectal; contractions
utérines énergiques et très^rapprochées.
L*examen local montre les lèvres gonflées,
rouges et douloureuses, ainsi que tout le
périnée; le tloigt ne pouvait pénétrer dans
' le va^in h plus d'un pouce et demi à cause
du gonflement général des tissus et de la
présence de deux plans ré>istants, un en
avant formé par l'arcade pubienne, l'autre'
en arrière par la tcto fœtale; celle-ci se
présentait à l'anus un peu dilaté. Aucune
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KEVIJK ANALYTIQUIi ET CHITIQUE.
435
force n*étai( capabre de faire abandonner à
la léte celte position.
La malade étant atteinte d'une périto-
nite intense, Guedes jugea inutile de la
délivrer par la pérînéotomic ou par tout
autre opération. Elle mourut le lendemain ;
Pautopsie fut refusée.
Pans la discussion qui suivit, M. Alvcs
Branco dit qu*en pareil cas on devait faire
la périnéotomie si Tenfanl était vivant.
M. Guedes répondit qu'il ne Tavait pas
faîte parce que la femme était moribonde
et que l'enfant était mort.
(Lyon médical.)
Cliimie médicale et ph»rinaeeiiti(|ite.
Sur la matière colorante de rurînre
appartenant au groupe de Tindiço ; par
M. MGGELËR. — L'indîcan, qui appar-
tient au groupe de l'indigo, existe normale-
ment dans Tu ri ne de Thomme et des carni-
vores. Cette substance augmente considé-
rablement dans les cas de carcinome du
foie l'I de constipation opiniâtre. Sa con-
stitution chicîique parait se rattacher à
celle de Tindol, et en effet, en injectant
Ogr.,i53 fnnd(d sons la peau d'un lapin,
l'auteur a extrait O^OiOS d'indigo bleu de
Turine.
Traité par les acides, Tindican se décom-
pose, et parmi ses produits de décomposi-
tion, on trouve une matière colorante
rouge, l'indigotinc on indirubine. Cette
substance peut se trouver en quantité
considérable dans les urines pathologi-
ques : l'auteur en a rencontre un exempte
remarquable dans un cas de lésion de la
moelle cervicale.
Il a recherché les produits de la trans-^^
formation de Tisatine dans l'économie. Il a
fait manger de l'isatine à des chiens pen-
dant plusieurs jours. Leur urine, traitée
par Tacide chlorhydrique, se colorait forte-
ment et donnait, après plusieurs heures,
un dépôt amorphe de matière colorante.
Ce dépôt (^tait pres(|ue entièrement solubic
dans l'alcool, et après évaporalion il restait
une poudre rouge d'un brillant métallique,
solublc en rouge carmin dans l'alcool et
l'acide acétique. Traitée par les solutions
alcalines à l'ébullition, celle matière colo-
rante se décompose et se dissout. La solu-
tion précipitée par l'acide chlorhydriquc
donne une poudre noire d'un éclat métal-
lique. L'urine qui contient cette matière
, colorante réduit la liqueur de F^hling.
L'auteur conclut de ce fait que l'isatine
est la source d'une substance qui se com-
bine avec, un {{lucoside pour former un
corps analogue à l'indican.
{Journal do pharmacie d'Anvers),
Gatéchine dans l'uriue d*un enfant ;
par MM. W. EB8TEIN et MULLER. , - Il
s'agit d'un enfant de quatre moi^ qui fut
pris, au deuxième jour d£ sa naissance,
d'un ictère considérable qui dura de dix à
douze jours. Bientôt après se montra une
altération très-spéciale de l'urine.
L*urine, incolore à son émission,
n'éproqve aucun changement si Ton a soin
d'empêcher son contact avec l'air atmo-
sphérique. Dans le cas contraire, elle
devient peu à peu d'un rouge intense,
pareil à celui du vin de 'Bourgogne. La
potasse la colore en brnn ; la chaleur et
l'acide nitrique ne produisent pas de pré-
cipité d'albumine.
A l'âge de quinze mois, l'enfant est
encore en bonne santé : il pèse iO kil.,2K ;
seulement son visage est très pâle. L'urine
a conservé ses principaux caractères, à cela
près qu'elle se colore en brun' au lieu de
roqgir. La densité est IjOSO-LOiS; la
réaction est acide.
Le corps anormal contenu dans l'urine
possédait trois propriétés caractéristiques :
la coloration en brun par I.-i potasse, la
réduction immédiate de l'azotate d'argent,
la réduction à chaud de l'oxyde de
cuivre en solution alcaline. En traitant
Aecessiveraent le résidu de j'évaporation
de 200 centimètres cubes d'urine par l'eau,
l'alcool et l'éther^ on obtinl une masse
jaune, sirupeuse, qui donna lieu à des
réactions très- précises, et qui ne laissèrent
aucun doute sur sa nature : c'était de la
catéchiue ou oxyde caléchique que l'on
trouve dans le cachou, le kino, etc., et qui
est considéré comme un congénère du
tannin. Il est impossible de se rendre
compte de sa genèse. Suivant Hoppc-
Seyier, si l'on chauffe, en tube clos quatre
il cinq heures, h 200", 280", de l'ami. Ion,
de la cellulose et des sucres, on obtient
toujours une certaine quantité de caté-
chiue. L'urine dont il .s'agit ne contenait
55
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434
KEVUE ANALYTIOUK ET CRITigUE
aucun de ces corps. Stœdeler considère
comme constant dans. l*urioe Tacide phé-
nique, qui ne diffAre delà caiécbine (acide
oxyphciiiquc} que par un atome .d'oxy-
gène ; mais il ne s'agirait que de quantités
très -mini mes, ce qui n'a pas lieu dans le
cas décrit plus haut.
{Journal de pharm. et de chimie).
Analyse des divers morceaux de
viande de bœuf, vendus couramment à
la halle de Paris^ en 1873; par M. Cu,
MÈNE. — Voici comment les analyses ont
été effectuées : d*&bord on a séparé les os,
puis choisi une certaine qi^antité de chair
que Ton a découpée en un certain nombre
de morCi*aux d*un poids égal et que l'on a
soumis au traiiement : 1* du sulfure de
carbone pour enlever les matières grasses ;
2*>au bain marie à 100 degrés pour doser
rhumiditc et Peau de composition; o° par
Teau froide (sur de la viande hachée), ad-
ditionnée d'acide chlorhydrique, puis par
l'ammoniaque pour eh retirer Talbuniine
et la fibrine; 4" à l'incinération dans le
mouille d'un fourneau à coupelle pour ob-
tenir les sels minéraux ; ^° par l'eau bouil-
lante, pendant une heure, pour en extraire
la gélatine ; 6" cl finalement pour en enle-
ver le tissu cellulaire, les filaments et les
nerfa. Une autre série d'analyses a été
faite par la chaux sodée, l'oxyde de cui-
vre, etc., pour avoir l'azole^ le carbone,
'l'hydrogène, etc., c'est-à-dire la compo-
sition élémentaire. Les divers nombres
obtenus sont consignés dans un tableau
joint à la note.
Ces résultats montrent que la composi-
tion de la matière viande n'est pas la même
dans toutes les parties d'un mén^e animal,
et que, pa«* conséquent, il y a des portiops
qui sont plus ou moins riches en certain!
principes, mais que ne justifie pas toujours
le prix de la vente au point de vue nutri-
tif; tels sont: le filet, la cervelle, etc.. etc.
(Gazette médicale de Paris.)
L'ammoniaque dans l'atmosphère. —
L*a2ote, malgré son nom, joue dans le
monde organise un rôle considérable : sa
présence dans un corps complexe trahit
une origine, une existence antérieure
aux<]uelles ont prési<ié les forces vitales.
Si donc ce gaz est impropre à maintenir
la vie des animaux et des végétaux, alors
quUl est dégagé de toute combinaison, il
est, au coniraire, pour les autres un
élément nécessaire d'entretien, d'alimenta-
tion, quand il a revêtu les formes qui se
prêtent à l'absorption. Du moment oii ces
conditions ont été établies expérimentale-
ment, on a voulu connaître les moyens
qu'employait la nature pour satisfaire à cet
énorme avidité d'azote manifestée par tous
les être» qui vivent à 'la surfaee du globe,
et la présomption humaine, souvent justi-
fiée d'ailleurs par les résultats déjà obte-
nus, est allée jusqu'à tenter de résoudre
ce difficile problème, de seconder les forces^
naturelles en les imitant.
Ce but a été atteint. L'analyse a donné
les moyens de coAnaitré la composition des
corps dont il s'agissait de favoriser le déve-
loppement; des expériences innombrables
ont précisé les codibinaisons chimiques
qui assuraient l'assimilation de l'azote. Ces .
progrès sont rflativement tout récents,
mais ils ont donné à Tagriculturc priuci-
palement, soit au point de vue de la pro-
duction végétale, soit au point de vue de la
production de la viande, un essor rapide vt
permanent. Ils n'ont pas nioins profité à
l'alimentation générale et à la thérapeu-
tique, directement intéressées dans la
question.
Ces faits acquis, il restait un côté tout
spéculatif du problème, qui n'avait pas
reçu de solution satisfaisante : sachant que
les nitrates et l'ammoniaque étaient char-
gés de la diffusion de l'azote dans l'uni-
vers, il devenait intéressant de chercher
sous quelles influences, par quelles lois,
ces corps prenaient naissance. Or ces
influences et ces lois sont multiples, si bien
que les hypothèses les plus opposées peu-
vent être également justifiées, et qu'une
• certaine confusion persiste, quelles que
soient les explications qu'on ait données
jusqu'alors.
Préoccupé de cet état de choses, M.
Schlœsing a entrepris de nouveau la solu-
tion du problème, et il présentait der-
nièrement à l'Académie les considérations
générales d'après lesquelles il a voulu
éclairer et guider son travail. Ces considé-
rations sont assez intéressantes pour
mériter une analyse.
Les principes azotés que les êtres
organisés assimilent sont des produits
dérivés de l'ammoniaque et de l'acide
nitrique et reproduisent ces corps, quand
ils entrent en décomposition. Dans la
succession de ces phénomènes, une. cer-
taine quantité d'azote, abandonnant ses
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REVUK ANALYTÎQIIE ET CRITIQUE
45H
conibin;«isons, devi«nt libre et rentre dans
]c' mond<' inorganique, de sorte que la
somme des composes azotés nécessaire à
Tenl retien de Ja vie h la surface de notre
planète irait toujours diminuant et fini-
> rail par s'anéantir tout à fait, si diverses
causes naturelles, en faisant entrer de
nouveau Tazote gazeux en combinaison,
ne réparaient incessamment ces pertes.
On a attribue successivement à Tatroo-
sphère, aux plantes et au sol la propriété
de régénérer les composés assimilables. '
Lesr: ciierches de M. Boussingault, com-
plétées par celles de MM. Houzeau et
Thénard, ont établi l]ue réleclricité,
agissant par décharges brusques ou par
effluves, donnait naissance à Tacide
nilrique'aux dépens des éléments de Tair.
En ce qui concerne les plantes, on parait
9Voir renoncé complètement h la théorie
qui leur faisait absorber Tazote gazeux
pour le faire entrer dans les combinaisons
organiques. Ce qui se passe dans, le sol est
encore très controversé. Il n'a pas été
possible de démontrer que la combustion
lente des matières organisées répandues à
la surface de la terre fût accompagnée de
Tunion parallèle de Tazote avec Toxygènc
ou rhydrogène; les expériences directes
ne permettent pas d'accepter la théorie de
M. Oehérain, qui suppose que Tazote de
Tair se combine avec les matières carbonées
du sol. Ce qui parait mieux établi, c*est
qu'en somme les composés azotés, après
avoir subi diverses transformations, laissent
' échapper une certaine quantité d'azote
libre, qni retourne au réservoir commun :
l'atmosphère.
En résumé* il n'y a qu*urte force répa-
ratrice dont les effets soient certains, c'est
réicctricité. Cependant elle semblerait
insuffisante, si Ton compare entre elles
les quantités d'azote fournies au sol par les
pluies d'une part, et d'autre part enlevées
k par les récoltes ou les eaux souterraines.
M. Schlœsing pense que cette insuffisance
n'est qu'apparente. D'abord il conteste
quç les météores aqueux apportent au soi
toute la production nitreuse de l'atmo-
sphère ; il observe en outre que la surface
des continents est le siège de phénomènes
d'oxydation permanente et qu'il s'y déve-
loppe une abondante nitrification, comme
le prouve t'analyse des eaux de drainage
et de rivières, plus riches en nitrates qu'en
ammoniaque. Une partie des compo^s
ainsi charriés à travers le sol concourt à la
végétaliori, une autre est emportée à la mer.
• Dans les eaux terrestres les nitrates sont
beaucoup plus abondants que l'ammo-
ninque, c'est le contraire qui s'observe
dans Teau de mer. Â quoi tient cette diffé-
rence qui tout d'abonl parait singulière?
Simplement, d'après l'auteur, à ce que la
décomposition des êtres organisés qui
produit du nitre sur les continents est une;
source d'ammoniaque dans un milieu aussi
peu oxygéné que l'est l'eau de mer. Les
ftitrates sont d'ailleurs détruits par la
végétation sous-marine « On doit donc se
représenter toute une circulation d'acide
nitrrqne et d'ammoniaque à la surface du
globe. L'acide nitrique produit dans l'at-
mosphère arrive tôt ou tard k la mer : là,
après avA)ir passé dans les êtres organisés,
il est converti en ammoniaque ; dès lors le
composé azoté a pris l'état le plus propre à
sa diffusion ; il passe dans l'atmosphère
en voyageant avec elle, va, comme Tacide
carbonique* à la rencontre des êtres privés
de locomotion, à Ja nutrition desquels il
doit contribuer. Dans sa route, il est fixé là
où il trouve les feuillages des végétaux,
ou bien des terres arables préparées à Tab-
sorption par les labours et par la présence
du terreau. Ainsi, production nitreuse
dans l'air, apports nitreux de l'air aux
continents et à la mer, retour des nitrates
des continents dans la mer, transformation
de ces sels en ammoniaque dans le milieu
marin, passage de l'alcali dans ratmospjière
et transport aux continents, telle doit être
la circulation des composés minéraux de
l'azote. »
Il n'est donc pas nécessaire que les com-
posés nitreux do l'atmosphère soient
formés sur place et vetëés directement sur
le soi par les pluies, pour que les végétaux
puisent dans le milieu ambiant les quantités
dont ils ont besoin. Dii moment qu'un
réservoir immen2»e fournit incessamment à
l'air l'ammoniaque qu'il tient en dissolu-
tion, les courants atmosphériques renou-
vellent d'une manière continue les provi-
sions qui tendent à s'épuiser. Il reste à
étayer cette séduisante théorie sur des
expériences positives ; c'est ce que M.
Schlœsing se propose de faire dans un
prochain travail.
(Journal de pharmacie d'Anvers.)
Produits d'oxydation de l'hydrate
d'etsenoe de térébenthine; par M. C.
HËMPEL. — D'après plusieurs travaux
récents, l'oxydation de l'essence de téré*
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45()
REVUE ANALYTIQUE ET CRITÎQUJS.
Lenthinc ne proiiiiit ni acide tolnique, ni
acifl»? têréphtnlique ; d'après d'autres, an
contraire, elle donne ces deux acides.
Comme on a montré >quc l'e/;sence de téré-
hendiine se transforme facilement en cy-
mène sous diverses influences, on peut se
(jemander si ces divergences ne seraient
pas dues à la présence du cymône dans
plusieurs des échantillons d'essence em-
ployés. «
Pour éclaircir ce point, M. Hcmpel a
oxydé, non pas l'essence elle-même, mais
son hydrate cristallisé, la terpine, que Ion
peut avoir facilement à lelat de pureté. U
admet que les produits d'oxydation de la
terpine sont identiques à ci'ux du térébcn-
thène.
Sous rinflucnce de Facide azotique
étendu, la terpine s*oxyde en produisant
les acides térébique, toluique, et téraphta-'
lique : ces trois- corps ont été isolés et ob-
tenus à rélat de pureté, ce qui a permis
de les caractériser nettement. L'oxydation
s'effecluant asec facilité, . plus rapidement
que celle du cymène, M. Hempel consi-
dère comme ii)admissible la formation
intermédiaîi^e du carbure.
L'action exercée par un mélange d'acide
sulfurique et de bichromate de potasse est
toute différente. L'oxydation s'effectue
avec énergie, la réaction est tumultueuse ;
si Ton a employé un excès d'acide chro-
mique, il se dégage de Taride carbonique
et l'on ne retrouve que de l'acide acétique
dans la liqueur. Par une oxydation ména-
géC; on obtient un coniposc acide, soluble
dans l'eau, restant après évaporation de
son dissolvant sous forme d'un liqnide
sirupeux, ne donnant que des sets incris-
tallisables. M. Hempel s'occupe de l'étude
de ce nouvel acide.
(Journal de pharmacie et de chimie,)
Action de l'ozone sur les jus Sucrés ;
action des sels acides -^ sur le sucre; par
BI. MAUMENÉ. — 4 litre de jus de bette-
rave peut absorber l'ozone de plusieurs
litres d'oxygène ozone {h 55 ou 36 milli-
grammes par litre) sans altération du
sucre : l'odeur de l'ozone disparait immé-
diatement, et la couleur du jus parait
seule détruite ; quand l'odeur se conserve,
le sucre commence à être rapidement
inverti. ^
Les sels acides, notamment les bisul-
fates, n'ont presque pas d'action pour
invertir le sucre. Des dissoUilions bouillant
à feu nu ne présentent pas d'inversions
sensiblement plus rapides que les dissolu-
tions aqueuses pures. La moindre trace
d'acide en excès produit l'inversion en
quelques minutes. Les masses cuites qui
conscrvenf de la chaux et, par suite, de la
potasse et de la soude libre, peuvent rece-
voir assez d'acide sulfurique pour changer
les alcalis en bisulfates sans éprouver une
inversion rapide. Une trace d'acide en
excès rend l'inversion immédiate. Il est
facile de voir comment les cuites acides de
M. Margueriite peuvent offrir une résis-
tance à l'inversion qui a d'abord causé de
la surprise.
{Journal de pharmacie et de chimie.)
Sur quelques composés de l'aldéhyde ;
par M. NËNCKI. — L'aldchy<ie ordinaire,
C*fi*0*, qui, comme on sait, est le premier
produit d'oxydation de l'alcool, G^H*0*,
peut se combiner avec divers corps; ainsi
elle forme avec l'ammoniaque une sub-
stance eristniltséc, l'aldéhyde-ammoniaque,
C*H'0*,AzH\ elle s'unit aux bisulfites al-
calins et produit dos combinaisons cristal-
Jisées. M.Neiicki a fait des recherches
dans cette dir(*ction et a. obtenu d'autres
composés intéressants.
1*' Si l'on fait un mélange de bcnzamiilft
et d'aldéhyde, et si l'on y ajoute. quelques
gouttes d'acide chiorhydrique étendu, la
benzamide se dissout avec élévation de
température et par le refroidissement^ on
obtient une masse cristalline qui constitue *
Vélhylidène'beuisamidv, C^'E'^O^Az*.
Ce composé est peu soluble dans l'eau
bouillante, soluble, au contraire^ dans
l'éther et dans l'alcool bouillant ; il cristal-
lise en aiguilles rhombiquès, blanches et
fusibles à 188°. 11 se dédouble à chaud en
aldéhyde et en. benzamide sous l'influence
des acides.
2'ï L'uréthane se combine également
avec l'aldéhyde. L'autéqr prépare le pre-
mier de ces corps en soumettant à la tem-
pérature de 120 à 130° le nitrate d'urée à
l'action de l'alcool. Le nitrate d'urée se
décompose en nitrate d'ammoniaque et en
urélhane que Ton sépare »u moyen <fc
l'éther.
Lorsqu'on dissout l'uréthane dans l'al-
déhyde il se dépose un produit qui cris-
tallise au bout de quelques jours, ou
immédiatement si l'on ajoute quelques
gouttes d'acide chiorhydrique. Ce corps
est soluble dans Télher, Talcool et Tcau
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REVUE ANALYTIQUR ET CRITIQUE.
438 1
bouillanfe, cristallise en aiguilles fusibles
à lî26°, el se dédouble en aldéhyiic et nré-
Ihanc par raclion des acides étendus^ en
fixant un cquivalcnl d'eau. C'est Véthyii-
dme-«rrï//a»e C'«H•«0^\z*4-H'0^
5" M. Reynolds, en chauffant en vase
clos un mélange «l'urée sulfurée el d'aldc-
hyde, ayait obtenu Vétfiylidène-suffurëe
C'S"
C«H*S'Az^=
CW
Az«H'
l/autcura nhauffc, au contraire, dans une
capsule une solution d'urcc sulfurée et
d'aldchydalc d'qnimoniaquo, et il a eu un
compose {)eu soluble dans IVau bouillante,
ipsoiuble dans l'alcool froid et dans réther,
fusible à iSO" et se dédoublant, par une
cbuUition prolongée dans Tcau, en aldé-
hyde, urée sulfurée et ainmoiliaque; ce
corps a pour formule C'**H"Az'S et peut
être considéré comme la combinaison am-
moniacale de la diéthylidène- sulfurée
(C*IP)'
c*s-
{fbid.)
Az-AzH'
Note sur les sûlfooarbonates , par
M. GEI.IS. — On- suppose î^énéralemeul
que Paciion du sulfure de carbone Sur les
polysulfures alcalins donne dessulfocarbo-
nates avec précipitation de soufre ; cepen-
dant une partie du polysulfure échappe à
ia réaction. }], Gélis s'est proposé <réclair-
cir ce point douteux. H a préparé par syn-
thèse des sulfures théoriqueutenl purs, en
combinant des poids calculés de soufre
avec des quantités connues de sulfhydrates
alcalins, et il a observé que les polysul-
fures alcaliils ne donnent pas avec le sul-
fure de carbone des sulfocarbonatcs à base
. de monosulfure, CS*, îMS, mais à base de
bisulfure alcalin dotit la formule est CS*,
MS^. Un équivali^t de sulfure de sadium
cristallisé et un équivalent de soufre, hu-
mectés de i5 grammes d'eau, donnent en
quelques instants, à la tem|)ératurc du
bain marie, une solution de bisulfure de
sodium qui ne tarde pas à cristalliser. Si
Ton ajoute à ces cristaux un équivalent de
sulfure de carbone, tout le sulfure de car-
bone est absorbé, tout le soufre reste dis-
sous et Ton obtient une liqueur limpide.
Si au lieu d'un bisulfure, on prend un
trisuifure ou un quadrisulfure de sodium,
il se dépose dans le premier cas un équi-
valent de soufre et, dans le second, deux
équivalents ; mais tout le suffure de car-
bone est absorbé. C'est toujours un sulfo-
cîirbonate rU» bisulfure que l'on obtient.
La quantité de chaleur produite dans
cette réaction est considérable, aussi ne
doit-on pas négliger la précaution de re-
froidir le mélange.
Les sulfocarbonatcs ordinaires à base de
monosulfure diffèrent des sulfocarbonatcs
à base de bisulfure. LVau ne forme aucun
dépôt avec ces derniers, l'alcool les dissout
entièrement, le sulfure de carbone ne leur
enlève pas de soufre, tandis que les sulfo-
carbonatcs de monosulfure sont très peu
solubles dans Talcool même étendu. Ce
moyen peut cire employé pour les dis-
tinguer.
Il est du reste facile de confondre ces
deux ordres de sels. La couleur des préci-
pités qu'ils donnent avec les sels métalli-
ques est à peu près la même. {Ibid,)
Note sur roxydatton du soufre; par
M. POLLACCI. - M. Pollacci a prouve
par diverses expériences que le soufre
exposé au contact de l'air à des températu-
res peu élevées peut se combiner avec Toxy-
gène et ?e transformer en acide sulfur»que.
I. Il a déposé, dans trois capsules en
verre des quantités égales de fleur de
soufre absolument exempt d'acide sulfu-
rique, et il a ajouté assez d'eau distillée
pour convertir le soufre en une pâte
molle. Ces trois capsules ont été exposées
ensuite à une température peu élevée
variant de — 3° à -f 16* et après un cer-
tain nombre de jours, on y a trouvé de
raci<ic sulfurique.
II. Dans une deuxième expérience dis-
posée comme les précétlentes, on introdui-
sit le soufre dans une capsule et on le
plaça dans une des serres de T Université
de Pavie à la température de 4" à 20".
Pendant quelques heures le soufre fut
exposé aux rayons solaires, et le lendemain
la présence de l'acide sulfurique devint
manifeste.
III. Du soufré provenant d'un polysul-
'fure alcalin fut lavé avec le plus grand
soin, puis délayé dans de l'eau distillée ; on
y plongea un tissu dç lin, qu'on exposa,
après l'avoir exprimé, aux rayons solaires,
à la température de 35 à 38". Le tissu fut
humecté plusieurs fois avec de l'eau
distillée, et au bout de cinq heures, l'auteur
reconnut qu'il contenait de l'acide sulfu-
rique.
IV. Une pèle préparée comme précé-
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458
RFVUE ANALYTIQUE ET CRfTIOC^R
demment, avec le soufre et Téau distillée,
fut exposée ou soleil à la température de
58 à 40; ou l'bumocla une foi^, et après
trois heures environ, on constata par
l'analyse qu'elle renfermait de l'acide
sulfurique. Celle expérience fut répétée
plusieurs fois.
V. On a fait passer pendant deux heures
un courant d'air chauffé de 45 à 50° sur
de la filasse de lin disposée dans un tube
et humectée avec de IVau distillée conte-
nant de h fleur de soufre, et l'on a con-
staté qu'il s'était produit de l'acide sulfu-
rique. 65 à 70 minulcs suffisent à la tem-
pérature de 65 à 70".
11 résulte de ces expériences que la con-
version du soufre en acide sulfurique,
très-lente à une basse température, est
plus active de 55 à 40" et rapide de 65
à 70«
Suivant M. Polacci, ces expériences
expliquent la formation des sulfates natu-
rels, la présence de l'acide sulfurique dans
le Rio Viuaigre, dans les grottes <le l'Etna-
et d'Aix en Savoie, et la conversion de
rhydrogène sulfuré en eau et en acide
sulfurique, lorsqu'il est mêlé avec dej'air
humide.
Il résulte aussi de quelques expériences
décrites par l'auteur que le soufre sec
donne également de 1 acide sulfurique^
au contact de l'air, pourvu que ce dernier
ne soit pas privé de sa vapeur aqueuse.
(Journal de pharmacie d'Anvers),
diverses, dans le service 6e M. Charcot,
on en a obtenu des résultats satisfaisants.
[Journ. de pharm. et de chim.)
Préparation du camphre monobromé
cristallisé, par M. CLLN — M. Clin a pré-
senté à TAcadémic des sciences de beaux
échantillons de camphre monobremé cris-
tallisé, C'°H'^BrOS qu'il avait obtenus par
Taction directe à 100", du brome sur le
camphre, sans pression et sans distillation^
Ce composé est un véritable produit de
substitution dans lequel un équivalent de
brome a pris dans le camphre C*"H**0' la
place d'un'équi\ aient d'hydrogène.
M. Bouriïcville a fait'avec le camphre
monobromé, employé en injection sous-
cutanées, plusieurs expériences sur des
grenouilles, dés cobayes, des lapins et des
chats. Ce corps diminue le nombre des bat-
tements du cœur et des inspirations, il
abaisse la température d'une façon régu-
lière, parait posséder des propriétés séda-
tives et ne produit aucun trouble sqr les
fonctions digéstives. Administré à des ma-
lades atteints d'affections nerveuses très-
I Pf oduotion de l'acide paralaotique par
fermentation, par M.* AlALY. — Eu main-
tenant à une température comprise entre
5()<' eliOo une solution sucrée dans laquelle
on a plongé des fragments de muqueuse
gastrique, le sucre se transforme peu à peu
en acide lactique; mais la liqueur deve-
nant acide, la .réaction s*arrcle bientôt; si
l'on vient à neutraliser exac|ement la
masse, la transformation s'effectue de nou-
veau. La muqueuse gastrique vivant
n'exerce pas la même action; celle-ci est
due à un ferment qui a été trouvé identi-
que au ferment lactique onlinaire. Ce fait
ne présenterait donc i*ien de particulier si
son étude n'avait conduit l'auteur à l'ob-
servation suivante.
L'acide lactique formé dans ces condi-
tions est de l'acide lactique ordinaire ou de
fermentation accompagné dans la moitié
des expériences par ;ton isomère, Taeide
paralactique ; l'auteur a même observé un
cas où le produit obtenu était de l'acide
paralactique ne contenant pas d'acide lac-
tique ordinaire. La nature <\\i sucre em-
ployé ne parait pas avoir d'influence sur la
formation prédominante de l'un ou de
l'autre i\v.s isomères; on a obtenu des ré-
sultats analogue*^ avec le sucre de cannef
le glucose, et le sucre de lait.
Quant à l'identité de l'acide paralactique
ainsi formé, elle a été établie d'abord par
son action sur la ludiière polarisée, puis
par les propriétés de snn sel de zinc qui
cristallise av;.'.c 4 équivalents d'eau et qui
est beaucoup plus soluble dans l'eau que
le laclate de zinc ordinaire. (Ibid.)
Sur l'élatérioe, par M. POWER. —
Pour obtenir l'élatérine, M.Power conseille
de reprendre par Ta Icool- bouillant l'extrait
alcoolique de l'éiatérium, de^ filtrer la
liqueur, de la concentrer et de la verser
encore cliaude dans une solution étendue
dé potasse caustique également chaude;
par le refroidissement, Télutérine se dépose
sous la forme de petites croates ou de
grains cristallins. La matière résineuse est
retenue par la potasse. 50 parties d'élaté-
rium en fournissent 7 d'élatérine.
L'élatérine, ainsi obtenue, relient encore
des traces de résine dont on la débarrasse
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REVUli ANAtYTIOUE ET CRITIQUE.
439
en la lavant à Teau froide, pnis en la dis-
solvant dans Talcool bouillant auquel on
ajoute de la benzinv qui dissout ta matière
verte. Par rcvapoialion,ralcool abandonne
réialérine en beaux cristaux aiguillés in;-
coiores.
On peut encore obtenir réialérine,
d'après M. Power, sans avoir recours à Id
potasse caustique, en metlant à proHt son
insolubilité prcâquc complète dan.s la ben<
zine; il su f][irait alors de traiter par Talcool
bouillant et ensuite par la benzine, l'extrait
alcoolique d*élatérlum débarrasse, au moyen
de Teaii, de toutes les substances solubles
dans ce dissolvant.
D'après Zweiiger, Télatérine est insolu-
ble dans les acides et les alcalis étendus.
Elle se dissout «dans l'acide sutl'uriquc avec
une teinie louge foncé} Teau l'en précipite
sous la forme d'une matière brune.
D'après M. Power, 1 clatérine colore en
ronge foncé Tacide suifurique ; l'addition
d'un fragment de bichromate do potasse
fait prendre au mélange une teinte brun
foncé qui devient finalement vert clair.
L'acide cl>lorhydri(|ue, à chaud couMiie à
froid, no produit aucune réaction colorée
avec l'élatérine. Après quelques heures de
contact à froid avec l'acide nitrique, l'éla-
térine prend une teinte rosée. Les solutions
alcooliques de taunin ne précipitent pas la
solution alcoolique d'élatérine. (Ihid.)
méthode proposée par M. Krell pour doser
Talcool méihylique dans l'esprit de bois
brut, m*^thode qui consiste à transformer
l'alcool en élher iod hydrique par l'iodure
de phosphore, conduit à «les résultais in-
exacts, la présence de l'acétone venant
fausser les chiffres obtenus. (Ibid.)
Alcool allylique dans les produits de
la distillation sèche du bois, par Ai . B.
ARONHEIM. — Recherches sur Tesprit
de bois, par MM. Al. GRODSRl et G.
KRAEMER. — En fractionnant l'esprit de
bois brut cl en isolant h s produits qui
bouillent vers 97°^ on peut isoU-r, d'après
m. Aronheim, une petite quantité d'alcool
allyliquc. Ce composé a été transformé en
bibroiiiure et en iodure d'allylc; il se
trouve ainsi nettement caractérisé. D'ail-
leurs Mi>l. Grodski et Kraemer l'ont isolé
également dans les portions les moins vola-
tiles de l'esprit de bois. D'après un fabri-
cant, M. Krell, l'esprit dé bois brut en ren-
fermerait environ !2 nn'ilièmes.
En dehors de Tticide acétique, les pro-
duits solublis dans l'eau qui accompagnent
l'alcool méihylique dans l'esprit de bois
brut sont surtout racétone et l'éther, mé-
Ihylacétique. On y trouve aussi de^ déri-
vés de racétone, de la phorone, de l'oxyde
de mésityle, etc.
D'après MM* Grodski et Rraenier^ la
Présence de l'alcool éthylique dans
l'esprit de bois, par M. VITTËMiLlAN. -
L'auteur a isolé pur distillation fractionnée
plusieurs centaines de grammes d'aleool
ordinaire d'un échantillon d'acéione extrait
par un fabricant deTesprit de bois brut. Il
a caractérisé cet alcool très nettement,
notamment en le transformant en divers
éthers. 11 est permis cependant de coiiser^
ver quelques doutes sur ce sujet, le pro-
duit ayant passé par le commerce. Depuis
longtemps déjà, M. Berlhclol a montré à
reconnaître le m«^l2ngede l'alcool éibylique
à l'esprit <ic bois et depuis longtemps aussi
les fabricants de la couleur d'aniline sont
intére:nsé» à essayer l'esprii de bois qu'ils
emploient, les dérivés éthylés donnant
dans leurs fabrications des nuances diffé-
rentes,de celles que fournissent les dérivés
méihylés : or, jamais la présence de l'al-
cool ordinaire n'a été signalée dans l'esprit
de bois qu'après addition frauduleuse. On
doit donc attendre sur ce point de nou-
velles expériences exécutées sur un pro-
duit d'origine plus certaine. {Ibid.)
Sur Tacide salicylique et ses sels. —
L'acitJe salicylique, tel qu il est livré par le
commerce, est uoe matière pulvérulente,
d'un \)\ifnc jaunâtre, quelquefois plus ou
moins mêlée d'impuretés, inodore, d'une
saveur 3ucrée et balsamique : introduite
par une forte aspiration, dans les narines
elle provoque lastoux et l'éternument.
L'acide salicylique est presque insoluble
dans l'eau froide, plus soluble dans
Teau chaude, qui le laisse déposer par
refroidissement i-un bon moyen de prépa-
rer une solution aqueuse de cet acide est
de le dissoudre dans un peu d'alcool et
d'ajouter alors l'eau bouillante. L'acide
salicylique est trcs-soluble dans l'alcool et
l'éther, ins(duble. par contre, dans le chlo-
roforme et le sulfure de carbone. Chauffé à
l'air il se liquctie à 150" et peut se sublimer
en aiguilles fines, mais les vapeurs qu'il
émet étant inflammables, il brùle, le plus
souvent; avec une flamme fuligineuse,
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440
R£VUK ANALYTIQUE, ET CRITIQUE.
produisant des vapeurs aromatiques et
acres, analogues à celles de Tacide ben-
zoîque ; le résidu est du charbon.
Les acides chlorhydrique et nitrique offi-
cinaux ne i^attaqtienl pas à froid (d'après les
auteurs, l'acide nitrique concentré le trans-
formerait en acide nitrosalicylique, puis,
par une action prolongée, en acide picri-
quc.) L*acide sulfunque concentré ie dis-
sout : la solution est jaune et laisse précipiter
Tacide saiycilique par l'adjonction d'eau.
La solution d'acide salicyliqne dans Tal-
cool devient d'un violet magnifique sous
rjnfluence du perchlorure de fer; le
bichlorure de mercure, l'acide su If hy-
drique, la morphine par contre, sont sans
action sur elle ; l'acétate de plomb y déter-
mine un précipité blanc, redis^olublc par
l'agitation, lorsqu'on a eu soin de n^en
point trop employer (de Tacétale).
L'acide salicylique se dissout dans l'am-
moniaque liquide et passe à l'état de salicy-
late d'ammoniaque : c'est un liquide jau-
nâtre d'une saveur ammoniacale et sucrée,
ensuite.. Les acides azotique, sulfurique
et chlorliydriqui> en séparent de l'acide
salicylique. Chauffée la sutution de salicy-
late d'ammoniaque devient rouge et finale-
ment se décompose. ,
En versant de l'acétate de plomb, dans
la solution de salicylate d'ammoniaque, il
'se forme un précipité dense desalicyhite de
plomb. Ce salicylate de plomb est très-solu-
bie dans l'acide nitrique : la solution pos-
sède les caractères des sels plomli jues.
Chauffé sur une lame de platine ce sel se
décompose en vapeurs aromatiques^ en
charbon et en oxyde de plomb.
En traitiinl la solution de salicylate
d'ammoniaque par le protosulfate de fer
on obtient un précipité, d'un beau vert-
ardoise solubie sans coloration dans Tacide
chlorhydrique : ce précipité d'abord vert,
brunit rapidement en absorbant de l'oxy-
gène. La liqueur surnageant le précipité
est d'un rouge de sang, limpide d'nhord
puis se troublant peu à peu. Cette liqueur
et le précipité présentent tous deux tes
caractères des sels ferreux.
En traitant le salicylate d'ammoniaque
par le chlorure ferrique on obtient une
liqueur, d'aliord rouge, mais qui passe
intméiliatemenl au violet. Cette couleur
est détruite par l'acide chlorhydrique, qui
donne à la solution une couleur jaune,
sans doute, en tran.sformant le salicylate
fcrrique en chlorure.. La solution possède
les caraclères des sels ferriques. r
Le nitrate d'argent détermine dans les
solutions de salicylate d*ammoniaque un
précipité blanc rosaire, solnble dans l'acide
nitrique ; la solution présente lés réactions
des sels argentiques.
Le sulfate de zinc produit avec le sali-
cylate d'ammoniaque un précipité gélati-
tineux solubie dans l'acide nitrique : ce
précipité est décomposé, par l'acide sulfu-
rique concentré en acide salicylique et en
sulfate de zinc.
Le sulfate de cuivre, versé dans le sali-
cylate d'ammoniaque y produit un pré-
cipité glauque, volumineux. Si l'on a soin
de n'employer que peu de sulfate de
cuivre, le précipité se redissout en colorant
la liqueur en vert intense.
Le salicylate de cuivre est solubie sans
coloration dans les acides nitrique et sul-
furique : il possède les caractères des sels
de cuivre.
Le protonitrate de mercure produit
dans les solutions de salicylate d'ammo-
niaque un précipité d'oxyde noir de mer-
4îure.
Les persels de mercure y produisent un
précipité dense, insoluble dajis l'acide
nitrique, solubie dans l'eau régale, à froid,
sans décomposition.
Le salicylate d'ammoniaque ne produit
de précipité, ni dans la solution de sulfate
de magnésie, ni dans celle de pitrafe de
baryte.
. Les salicy latcs alcalins et alcaline -
terreux sont donc solublcs dans l'eau, les
salicyliles métalliques y sont insolubles,
mais, par contre, ces derniers sont solubles
dans les acides nitrique, chlorhydrique ou
chioro-azotique; Tacifle sulfurique en
décompose quelques-uns en sulfates el'en
acide salicylique.
{J-ourn. de pharmacie d'Anvers.)
Hifl»l. nal. médicale el pbarin.
Les Asa fœtîda du marché de Bombay,
par M. W. DYMOCK, professeur de ma-
tière médicale, à Bombay. — Trois sortes
distinctes d'Asa fœlida se trouvent sur le
marché des drogues de Bombay, et sont
connues des mareh.mds sous les noms
d'il bushaheree /Jing, Kandaharee e t Uln gra .
On eu rencontre de nombreuses qualités,
plus ou moins mélangées ou adultérées;
cet article ne comportera que les variétés
pures.
L'espèce nommée Abushaheree Hing
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Qoo^z
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
441
provient des ports du golfe Persîque, prin-
cipalement d'Abushaher et Blinder Abbas;
elle est produite dans le Kfaorassan et le
Kir ma n pîîr le Ferula cUliac^a de Boissier.
Des échantillons de la plante auxquels
adhérait de la gomme-résine^ m'ont été
fournis par Tcntremise obligeante d'une
perr«onnedTezd,et ces échantillons garnis
de fleurs et de fruits en grand nombre et
en pleine maturité, furent expédies à
M.Haubury ; celui ci les soumit à Texamen
de M. Boissier, et envoya des paquets de
graines aux jardins botaniques de Kew,
Edimbourg, Oxford, Paris, Saint-Péters-
bourg, Berne, Strasbourg, Florence, Pise,
Naples, Palerrae, Athènes, et à des ama-
teurs de botanique habitant la côte de la
mer Méditerranée, l'Afrique méridionale
et quelques autres endroits encore.
Les échantillons envoyés à M. Hanbury
ont été récoltés aux environs de Yezd et
Kirman ; ils ont une hauteur de 3 pieds et
demi à 4 pieds ; les racines de quelques
jeunes plantes qui n'avaient jamais encore
fleuri étaient encore bien fraîches lors-
qu'elles arrivèrent à Bombay; lorsqu'on
les coupait, il en exsudait un liquide
laiteux épais qui, au bout d'un ou deux
jours devenait brun et translucide.
Il n'y a que celte drogue qui arrive à la
douane de Bombay sous le nom de Hing
ou Asa fœtida; les autres espèces passent
sous lo nom d'Uingra, L'espèce Hing varie
d'aspect suivant son âge ; lorsqu'elle est
tout h fait récente elle est molle et de la
consistance de îa mélasse, d'une couleur
olivfttre; brun sombre, et d'une pure
odeur d'ail ; elle est mélangée avec son
volume environ de débris de racines ; au
bout de quelque temps de conservation, la
gomme-résine devient dure et translucide,
et d'une couleur brun-jaunâtre.
En 1872-1873, 3,367 quintaux anglais
(171,000 kilogrammes) environ de cette
drogue ont été apportés du golfe Persique.
La méthode que l'on suit pour la recol-
ler ressemble à celle que l'on a précédem-
ment décrite pour l'asa fœtida^ excepté que
l'on mêle au suc de la plante les débris de
la racine.
L'espèce Randaharee hing est un article
beaucoup plus rare et qui n'apparaît sur le
marché que par intervalles. Elle est en-
voyée de Kandahar, enveloppée dans des
peaux de bouc garnies de leurs poils,
cousues en forme de sacs irrégulièrement .
obtongs. Gel asa fœtida, lorsqu'il est à
l'état frais, se présente en morceaux ccail- •
leux imprégnés d'huile essentielle, d'une
couleur jaune, opalescente, et possédant
une odeur qui se rapporterait à un mélange
d'ail et de carvi. Lorsqu'il est recueilli 4e-
puis quelque temps, il se dessèche et de-
vient peu à peu d'une transparence par-
faite, et d'une couleur jaune d'or; son
odeur perd aussi de son arôme, et se rap-
proche de celle des meilleures sortes d'asa
fœtida du commerce d'Europe. Le Randa-
haree hing est peu connu à Bombay, et
n'est pas vendu dans les boutiques de dé-
tail. Il vaut le double du prix de l'Abus-
haheree, et encore ne pt^ut on pas toujours .
en trouver ; il est employé comme condi-
ment par la classe riche de l'Inde septen-
trionale.
L'Hingra ou asa fœtida du commerce
européen, est expédié en grandes quan-
tités à Bombay, de deux endroits difl^é-
rents : la Perse du Sud et l'Afghanistan.
Celui qui vient de Pei'se se rencontre sous
deux formes ; soit en larmes plus ou moins
agglutinées ensemble, soit en masses
molles, blanches et visqueuses. Celte
espèce arrive renfermée dans des caisses
ou cousue dans des peaux; le plus souvent
elle est exportée en Europe ; il n'y a que
la classe la plus pauvre qui l'emploie un
peu comme médicament et comme condi-
ment. Cette gomme-résine est {'anghuzeh-
i'iari des Perses, et il n'y a pas l'ombre
d'un doute qu'elle ne soit produite par la
plante de Raempfer, quelle qu'elle puisse
être; son prix est très-variable.
L'asa fœtida afghan diffère quelque peu
du persan par son aspect et son odeur. Les
échantillons de la plus belle qualité se
présentent sous forme de larmes ou de
fragments aplatis sur l'une des faces des-
quels adhèrent des grains de sable, comme
si la gomme résine avait coulé sur le sol
autour de la racine ; ces fragments sont
très-durs et secs, d'une couleur blanc-jau-
nâtre à l'extérieur, et offrent une cassure
conchoïdale et d'un blanc laiteux.
On trouve des caisses qui, sous le nom
d'asa fœtida kandaharee, contiennent un
mélange de la gomme opaque qui vient
d'être décrite, avec des fragments opales-
cents jaunâtres et humides souillés par de
la terre ; on trie les plus belles larmes, et
le reste, comprimé en masses, forme une
seconde sorte d'asa fœtida.
L'adultération de fespèee hing est pra-
tiquée à Bombay : elle consiste simplement
à la mélanger de gomme arabique et à
écraser le tout ensemble ; le mélange est
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442
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
ensuite emballé dans des peaux qui ont
l'aspect de colis d^origine. On en prépare
diverses qualités qui contiennent des pro-
portions de gomme différentes.
L'espèce hingra est falsifiée dansTAfgha-
nistan et la Perse par Taddition d'une ma-
tière terreuse un peu blanche. L'article
adultéré qui vient de Perse est en masses
sableuses d'un blanc sale, et devient très-
dur avec le temps. Celui qui vient de
l'Afghanistan est en petites masses arron-
dies, d'une couleur brune, qui se réduisent
facilement en poudre par la pression ; sui-
vant Bellew, c'est avec le gypse et la
farine qu'on le .falsifie.
De l'examen d'un grand nombre de
caisses d'hingra frais, j'ai conclu que la
variété persane d'asa fœtida est produite
par une plante différente de celle qui le
fournit dans l'Afghanistan. Il est probable
que le Scorodosma fœtidum produit l'asa
fœtida de Perse, et le Narthex de Falconer,
celui de l'Afghanistan.
{Répertoire de pharmacie.)
Sur Pécoroe de Goto, par M. WITT-
ST£IN. ~ Cette écorce vient de la Bolivie
(Amérique du Sud), d'où vient aussi le
quinquina, et coûte par hasard le même
prix. Elle est employée en poudre ou en
teinture alcoolique pour la diarrhée et les
coliques, contre les névralgies dentaires et
la teinture conlre les rhumatismes et la
goutte. M. Martens pense que cette écorce'
appartient à une espèce de cinchona ; pour-
tant ses propriétés chimiques, physiques
et thérapeutiques la rapprochent plutôt des
laurinées et des térébinthacces. On ne
pourra être fixé à ce sujet que quand on
connaîtra les feuilles, les fleurs et les fruits.
Cette écorce se présente en morceaux de
20 à 50 centimètres ou plus courts, à cas-
sure irrégulière, plats ou à peine courbés,
d'épaisseur variable de 8 à 44 millimètres;
sa couleur est brune- rougeâtre, le côté de
l'aubier est d'un bruu plus foncé ; odeur
très-aromatique qui rappelle le camphre,
le cardammome et l'huile de cajeput avec
une faible odeur de cannelle.
Sa saveur tient du poivre^ du camphre
et du cajeput, faiblement amère, ni muci-
lagineuse ni astringente.
Elle contient une huile essentielle, un
alcaloïde semblable à la propylamine ou
i la triméthylamine, une résine molle,
jaune brune, aromatique, d'une saveur pi-
quante ; elle reste molle même après un
séjour de plusieurs semaines au soleil ; elle
est facilement soluble dans l'alcool, l'éther,
le chloroforme, difficilement dans la ben-
zine, elle est insoluble dans le sulfure de
carbone. ^
Les solutions sont acides ; elle est solu-
ble dans les alcalis fixes et dans l'ammonia-
que et en est précipitée par les acides.
L'écorce en contient le septième de son
poids. On trouve aussi une résine dure,
brun foncé, cassante, sans saveur ni odeur,
facilement soluble dans l'alcool (la solution
est amère et acide), insoluble dans l'éther,
la benzine, le chloroforme et le sulfure de
carbone, soluble dans les alcalis let précipi-
tée par les acides. L'écorce en contient un
dixième de son poids.
En outre, elle contient de l'amidon, de
la gomme, du sucre, de l'acide oxalique
(oxalatn de chaux), acide tannique ^verdis-
sant le fer); des acides formique^butyriquc,
acétique.
Tous les principes sont très-solubles dans
l'alcool, aussi c'est la teinture qui est la
meilleure préparation, on la prépare avec
i partie d'écorce pulvérisée et 9 d'alcool à
85 degrés.
L'écorce laisse 1,48 pour 400 de cendres,
les trois quarts sont du carbonate de chaux
et le reste est formé de potasse, soude,
magnésie^ alumine, oxyde de fer, manga-
nèse, acides sulfurigue, phosphorique, si-
!icique et chlorhydrique.
Le docteur Gietl l'a employée sous
forme de poudre et de teinture pour la
diarrhée : la poudre, à la dose de 5 déci-
grammes répétée quatre à six fois par jour,
la teinture, à la dose de 40 gouttes toutes
les deux heures.
Il conclut d'un grand nombre d'expé-
riences que nous ne pouvons rapporter ici,
que cette écorce est un spécifique contre
les diarrhées de toute nature. {fbid.)
ValsiAcaAions, etc.
Coloration dea eaux^de-vie. — M. P.
Caries indique les moyens suivants pour
découvrir cette sophistication :
Chacun sait que les qualités qu'acquiert
l'eau-de-vie avec l'âge, se développent sur-
tout dans les futailles de bois et qu'une des
modifications les plus sensibles qui se mani-
festent pendant ce séjour, réside dans la
couleur qui se fonce dé plus en plus en
Jaune, avec le temps, par suite d'une lente
dissolution de principes extractifs du bois
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REVUE ANALYTIQtJE ET CRITIQtJE.
dans la liqueur spiritueuse. Aussi la fraude
la plus commune des eaux-de-vie, pour
faire croire à leur vétusté, consisle-lelle à
les jaunir artificiellement.. Le caramel de
sucre est dans ce but trop souvent em-
ployé.
Les palais exercés sont certainemeut
susceptibles de deviner cette supercherie,
surtout en agissant par comparaison ; mais
quelquefois la distinction, si la fraude est
légère, devient fort difficile pour les dé-
gustateurs de profession et à plus forte
raison pour le vulgaire consommateur.
Aussi avons-nous chercbé des réactifs
simples et à la portée de tous qui pussent
permettre de vérifier la pureté d'une eau-
devic. L'albumine d'œuf et le sulfate de
fer nous ont paru remplir ces conditions.
Albumine, — Lorsque dans deux eaux-
de-vie, Tune de couleur pure, l'autre de
couleur jaune artificielle, on ajoute du
blanc d'œuf dans la proportion d'un sixième
environ, on remarque que dans les deux
cas, après violente agitation, le liquide s'est
fortement troublé. Si on abandonne l'un et
l'autre au repos,il vient surnager dans cha-
cun d'eux, un liquide limpide, mais qui
conserve sa'coulcurdans le cas d'une eau-
de vie caramélisée, tandis qu'au contraire
le liquide est complètement incolore pour
le cas d'une eau-de-vie jaunie naturelle-
ment par le bois. Si par la filtralion on
sépare les liquides du dépôt, la différence
est beaucoup plus sensible.
Sulfate de fer, — Vitriol vert, couperose
verte, — Ce sel que l'on trouve très-com-
munément dans le commerce, permettra
tout aussi facileniient de découvrir la so-
phistication. Il suffit pour cela d'en faire
dissoudre un cristal dans un peu d'eau et
de mélanger quelques gouttes de cette dis-
solution avec l'caude-vié suspecte. A-t-on
affaire à du trois-six dédoublé et jauni? Le
sulfate de fer ne produira aucun phéno-
mène ; tandis qu'il se manifestera de suite
une couleur vert- noirâtre avec une eau-
de-vie naturelle vieillie dans les tonneaux.
Bien mieux, cette coloration, toutes
choses égales d'ailleurs, sera d'autant plus
intense que la liqueur spiritueuse sera plus
vieille, de telle sorte que le degré de colo-
ration noire pourrait devenir un moyen
de désigner l'âge d'une eau-de vie en agis-
sant surtout par comparaison avec des
types.
La même action s'applique an rhum,*
tafia, etc. {Journ, depharm . d'A nvers,)
445
Falsification du ohooolat. — Il est
rare, aujourd'hui, de rencontrer du cho-
colat qui ne contienne ni farine ni amidon
à côté du cacao. M. Breichmann conseille
un procédé facile, pour reconnaître cette
fraude. Les petits grains de l'amidon du
cacao ne donnent avec l'iode qu'une colo-
ration violette, tandis que les farines et les
amidons qui servent à le falsifier donnent
toujours une coloration bleue intense.
{Répertoire de pharmacie).
Pharmacie.
Sur la solubilité du phosphore dans
Talcooi. — M. Ashburton Thompson
accepte comme un chiffre constant que
l*&lcool absolu dissout 1/520 de son poids
de phosphore. Pour obtenir celte teinture
saturée de phosphore, il chauffe l'alcool
dans un matras, ajoute le phosphore et
maintient le liquide en ébullition pendant
plusieurs minutes. Cela fait, il ferme le
flacon, et laisse déposer pendant vingt-
quatre heures l'excès de phosphore dissous,
en ayant le soin d'agiter la liqueur de
temps en temps pendant son refroidisse-
ment. Après quoi, il décante l'alcool
phosphore en évitant autant que possible
le contact de l'air et le conserve dans un
flacon de verre de couleur* pour prévenir
l'action de la lumière. Cette liqueur con-
tient i gramme de phosphore par 520
grammes d'alcool absolu si l'on a employé
de l'alcool rigoureusement déshydraté et
un vase absolument sec, car quelques
gouttes d'eau modifient profondément la
puissance dissolvante de l'alcool.
A ce liquide saturé, j'aurais préféré une
solution d'un poids déterminé de phos-
phore dans, un poids également û\é d'alcool
à 95"* C, car, dans le cas précédent, la
saturation peut n'être pas atteinte par un
manipulateur inhabile, et, d'autre part, il
n'est jamais prudent d'user d'un liquide
saturé puisque l'abaissement de la tempé-
rature en modifie sensiblement le titre.
Enfin chacun sait combien il est difficile
de se procurer de l'alcool rigoureusement
anhydre.
La maladresse de l'opérateur peut modi-
fier à un si haut degré la proportion du
phosphore libre de la teinture alcoolique,
qu'une maison de Bristol a envoyé à
M. Ashburton Thompson une teinture de
phosphore qu'on disait contenir 0 gr,, 065
de phosphore libre par 4 drachmes
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444
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
(14cc, 16), richesse que l'alcool seul ne
pouvait donner ; c'est probablement parce
que. ce liquide contenait de l'acide phos-
phorique ou quelque autre composé oxy-
gène de phosphore dosé comme phosphore
libre.
Une faible addition d'eau à cette tein-
ture saturée en précipite du phosphore ;
son addition à une potion détermine la
séparation immédiate de tout le phosphore
à l'état solide ; la liqueur se trouble immé-
diatement et le phosphore divisé rougit
rapidement à la lumière. Pour parer h cet
inconvénient, M. Ashburton Thompson a
d'abord employé la mixture suivante :
ce
Teinture saturée de phosphore . . 11,22
Alcool rectifié 10.62
Ëau distillée de menthe 169,44
Mais^ en arrivant dans l'estomac, cette
mixture dépose encore du phosphore
solide, provoque des vomissements et des
éructations désagréables. C'est alors que
le savant chirurgien de Royal Materniiy
Charity a eu recours au mélange suivant
qu'il considère comme la pluj élégante
dissolution de phosphore {it is the
most elcgant fluid préparation of phospho-
ru8) :
Teinture saturée de phosphore . « 11,22
Glycérine 45,51
Esprit de menthe 0,30
Ce mélange est limpide, à la condition
d'employer de la glycérine bien dépouillée
d'eau. Le sixième du volume de cette mix-
ture renferme 1/12 de grain (0 gr., 00504)
de phosphore; c'est la dose habituelle
pour un jour.
M. Robert H. Cowdrey a fait divers essais
sur la solubilité du phosphore. A la tem-
pérature ordinaire, l'alcool de densité
0,82^2 dis.sout 0,2« p. 106 de son poids de
phosphore. L'alcool de densité 0,835 n'en
dissout plus que 0,18 p. 100 de son poids.
La glycérine de densité 1,26 dissout 0,17
p. 100 de son poids.
M. Cowdrey reconnaît aussi que la so-
lution alcoolique de phosphore subit faci-
lement Faction oxydante de l'air, surtout
sous l'influence de la lumière ; aussi faut-
il la protéger du contact de l'air et la con-
server dans des flacons opaques. JElle peut
être mélangée à la glycérine et non pas
aux liquides aqueux qui en précipiteraient
immédiatement la plus grande partie du
phosphore.
{Journal de pharmacie et t/c chimie,)
Sur la solubilité du borate, de soude
dans la glycérine; par M. GANDOLPHE.
— La glycérine médicinale peut, d'après
M. Gandolphe, dissoudre, à froid, son
poids de borate de soude, tandis que
100 grammes d'eau distillée à la même
température ne dissolvent que 8 gr., 55 de
ce même sel.
Pour obtenir cette solution du borate de
soude dans la glycérine, on prend 100
grammes de borate de soude pulvérisé et
100 grammes de glycérine; on triture le
tout dans un mortier jusqu'à ce que la so-
lution soit complète. On peut rendre plus
prompte la solution du borate de soude en
plaçant le mélange dans une étuve, ou,
l'introduisant dans un flacon, soumettre
celui-ci au bain-marie : alors la dissolution
du borate se fait rapidement, et cette solu-
tion n'abandonne aucune partie dn sel par
le refroidissement.
Il résulte de ces observations que les
médecins pourraient faire entrer le mé-
lange dans les collutoires à parties égales
de glycérine et de borate de soude, auquel
ils ajouteraient une certaine quantité de
miel blanc ou de miel rosat. Ils auraient
par ce moyen une solution définie et beau-
coup plus active, car la glycérine se mêle
très- bien au miel et aux sirops. En pres-
crivant 10 grammes de ce mélange, ils au-
raient 5 grammes de borate de soude.
Cette solution peut se préparer d'avance ;
elle se conserve très- bien.
L'acide borique est aussi plus soluble
dans la glycérine que dans l'eau distillée,
mais cependant il l'est moins que le borate
de soude. (Jhid.)
Poudre cosmétique inofiTensîve. —
MM. Hans et Wilder annoncent que les
pharmaciens de Copenhague se sont enten-
dus pour substituer une composition inof-
fensive aux nombreuses préparations
toxiques employées pour le visage.
Ils emploient les proportions suivantes :
Poudre blanche d'oxyde de zinc fonce, 3! gr.
Amidon de blé 9 onees, 280 —
Essence de roses ..... 3 g"**.
Poudre rose carminée ... 1 once, 51 gr.
Carbonate de magnésie ... 4 onces, 124 ~
{Répertoire de pharmacie).
Toxicologie
Sur un nouvel antidote de la strych-
nine; par M. VALEîNTA Y VIVO. ~
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REVUE ANALY'îlQrK ET CRITIQUE.
445
L*autcu'r a soumis des chiens à des expé-
riences sur Taction du camphre seul dis-
sous dans Talcool ; le résultat a été de la
salivation, du tremblement, des convulsions
cloniques, et à la suite un mouvement
circulaire.
Dans d^autres expériences, on a fait in-
gérer à des chiens un mélange à parties
égales de camphre et de bromure de po-
lassium^ et il y a eu salivation, tremble-
ment, prostration, somnolence et peu de
convulsions.
Dans une troisième série d'expériences,
Fauteur a employé le sulfate de strychnine
à une dose qui aurait du déterminer la
mort ; mais il a fait ingérer simultanément
le bromure de camphre, et les résultats ont
été pareils à ceux de la deuxième série
avec prédominance des troubles de la loco-
motion et de la sensibilité. Il y avait ensuite
collapsus et somnolence.
De ces expériences, M. le docteur Va-
lenta conclut qu'il faut conseiller le bro-
mure de camphre pour remédier aux acci-
dents tétaniques chez Thomme, à la dose
de 4 à 6 grajiumes par jour, en solution
dans Talcool étendu d'eau et fractionne en
plusieurs prises.
{Journal de pharmacie et de chimie,)
H>giène publique.
Hyg^iène de la chevelure. — Dans un
article du Dictionnaire encyclopédique des
sciences médicales, M. Bazin fait remarquer
que cette hygiène sq réduit à l'étude des
influences locales et directes sur la cheve-
lure, les influences générales dont faction
peut lui être nuisible pouvant toutes se
ramener à ce grand fait pathologique, la
débilitation ; or, quand on en est arrivé à
ce point, les soins de la chevelure devien-
nent secondaires, c'est à la santé générale
qu'on s'adresse tout d'abord.
Dans les circonstances ordinairçs^ les
soins à donner à la tète consistent simple-
ment à favoriser le départ des résidus et
poussières qui se forment à la surface du
cuir chevelu, Chez les enfants très-jeunes,
on remplace l'emploi du peigne et de la
brosse par des lotions simples, vinaigrées
ou alcalines, ou bien faites avec un corps
gras quelconque, coid-cream, huile d'aman-
des douces, etc. ; si les croûtes tardaient h
tomber, on les ramollirait avec des cata-
plasmes ; si des poux viennent à se déve-
lopper sur la tète, oq doit lc$ détruire
sans retard avec des onctions d'onguent
napolitain, ou mieux, des lotions de su-
blime au cinq centième. Quant h la pra-
tique qui consiste à laver fréquemment les
cheveux à l'eau tiède ou froide, elle est
essentiellement mauvaise, parce qu'elle !es
rend secs, cassants^ ternes^ et leur fait
subir des modifications qui amènent leur
chute prématurément. Chez les femmes^
les dispositions plus ou moins compliquées
qu'on donne à la chevelure obligent à
serrer les cheveux, à les tourmenter, à les
tirailler dans tous les sens, toutes choses
très-défavorables à leur nutrition.il faudra
donc persuader aux femmes que les che-
veuX; pour être insensibles à la douleur,
ne sont pas une chose inerte et sans vie et
que la coiffure qui leur conviendra le
mieux sera celle qui leur laissera une
liberté plus grande, les laissera accessibles
à Pair et permettra de les faire reposer
fréquemment. Chez l'homme, M. Bazin
constate que si l'habitude de porter les
cheveux très-longs est mauvaise parce que
le temps fait défaut pour les soigner, celle
de les porter ras est détestable et absolu-
ment contraire au but de la nature. Chez
l'enfant, cette habitude est encore plus
blâmable et couper ses cheveux sous pré-
texte d'en favoriser la croissance est un
préjugé que rien ne justifie. Si la section
périodique des cheveux, pratiquée avec
mesure, est sans inconvénient, cette opé-
ration trop souvent répétée peut amener
une excitation du cuir chevelu qui peut
être au moins inutile, et rien ne prouve
qu'il en résulte un développement consé-
cutif plus considérable. M. Bazin pense au
contraire, avec M. Cazenave, que les plus
belles chevelures sont celles que le ciseau
n'a jamais touchées. Au contraire, la pra>
tique qui consiste à rafraîchir la cheve- ,
lure, c'est-à-dire à en couper de temps en
temps une portion minime, peut être indi-
quée lorsque les cheveux sont grêles, chc-
tifs, clairsemés^ lorsqu'ils languissent et
tombent, sans qu'on puisse accuser aucune
cause pathologique générale ou locale.
L'emploi du rasoir doit toujours être évité
et même lorsqu'il est indique de couper les
cheveux très courts, comme dans certains
cas d*alopécie survenant dans la convales-
cence des maladies graves, on doit lui pré-
férer les ciseaux. L'épilation pratiquée
pour enlever les cheveux blancs ne fait que
hâter les progrès de la canilie.
L'emploi des cosmétiques, au lieu d'être
d'un usage banal, ne devrait être permis
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446
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
que dans certains cas ; aux personnes qui
ont les cheveux naturellement gras dans
rétat de santé; on recommandera des
lotions très affaiblies de sous- borate de
soude, de chlorate de soude ou de potasse,
et mieux imcore de simples lotions ammo-
niacales (8 à 40 gouttes d'ammoniaque
pour 250 à 500 grammes d'eau distillée) ;
à celles au contraire qui ont les cheveux
arides et secs, des lotions huileuses, des
onctions additionnées d'une petite quantité
de turbith minéral et légèrement aroma-
tisées. On prescrira, par exemple :
Moelle de bœuf préparée . oO grammes.
Huile d'uroandes amères . 10 —
ou bien :
Moelle de bœuf préparée . 60 grammes.
Graisse de veau préparée. '60 —
Baume du Pérou. ... 4 —
Vanille 2 —
Huile de noisettes ... 8 ~
Sans avoir grande confiance dans les
moyens destinés à empêcher la chute des
cheveux, M. Bazin pense cependant que
Ton doit les essayer dans certains cas.
Chez un homme encore dans la force de
rage, lorsque la calvitie est à son début et
prématurée, on pourra conseiller certaines
pommades comme la suivante :
Suéde eiti-oo 4 grammes.
Extrait de quinquina . . 8 —
Teinture de cantbarides . 4 —
Hiiile volatile de cédrat . 1,30 centigrammes.
Huile de bergamote. . . 0.30 —
Moelle de bœuf .... 60 grammes,
en onctions sur la tête préalablement lavée
à Teau de savon.
Les préparations destinées à la teinture
des cheveux sont divisées par M. Bazin en
deux catégories : les unes, comme la noix
de galle, les infusions de fèves de noyer,
de grenade, etc., sont à peu près inoffen-
sives, mais ne donnent que des résultats
tout à fait incertains et instables ; les au-
tres, qui ont pour base la chaux, Tazotate
d'argent, le plomb, le sulfate de fer, etc.,
réussissent assez bien, mais sont d'un
emploi dangereux.
{Répertoire de pharmacie,)
Recherches de M. Fordos sur le» éta-
mages. — Dans un second mémoire pré-
senté à l'Institut, M. Fordos a étudié
l'action de l'acide acétique sur les poteries
d'étain ; et il a démontre d'une manière
évidente qu'il se formait de l'acétate de
plomb. Les pots en étain sur lesquels a
expérimenté l'auteur contenaient de 10 à
48 p. i 00 de plomb. Grâce aux. nombreu-
ses expériences faites par ce savant chi-
miste, on comprend facilement comment
et dans quelles circonstances les liquides
alimentaires, tels que vinaigre, vin, bière,
cidre, deviennent plus ou moins plombi-
fères par leur passage ou leur séjour dans
les poteries d'étain contenant di| plomb.
Les recherches de M. Fordos sont applica-
bles aux étaraages. Il a constaté, eu effet
que tous les étamages renferment une plus
ou moins grande quantité de plomb. Dans
une casserole en fer battu, de la capacité
de 5 litres, étamée à l'ctaîu fin, au dire de
l'étameur (M. Fordos avait reecmmandé
d'employer de l'étain fin), il a mis 50 gr.
de solution d'acide acétique à % p. 100;
au bout de S4 heures, le liquide a été re-
tiré, en ayant soin de dissoudre le sel de
plomb formé sur les parois, et on a eu
une liqueur qui précipitait abondaoïment
en jaune par l'iodure de potassium. La
même expérience faite avec de l'eau vinai-
grée (vinaigre 10, eau 40) a donné le
même résultat.
M. Fordos a dosé le plomb dîssou.s dans
les expériences précédentes, et il a obtenu
sulfate de plomb 0 gr. 065 — 0 gr. 078 —
0 gr. 058.
L'auteur a expérimenté de la même ma-
nière un poêlon en cuivre, étamé dans
une maison qui doit inspirer toute con-
fiance, et les résultats ont été semblables.
L'introduction du plomb dans les éta-
mages peut présenter quelquefois un vé-
ritable danger ; car dans beaucoup de pré-
parations culinaires on emploie le vin, le
vinaigre et autres produits acides ; le sel
marin lui-même, qui entre dans tous nos
aliments, peut attaquer le plomb allié à
l'étain. Il en résulte que beaucoup de nos
aliments renferment du plomb. Si des acci-
dents ne sont pas plus fréquemment obser-
vés; cela tient à ce que la quantité dé
plomb enlevée aux vases n'est pas ordi-
nairement bien considérable, et que, lors-
que des accidents se produisent, on leur
attribue une autre cause, ou Ton n'en
cherche pas l'origine. Le plomb, d'ailleurs,
est un poison subtil dont les effets. ne se
font souvent sentir qu'à la longue.
Tout récemment, cependant, des indis-
positions graves se sont montrées dans un
de nos grands établissements scolaires, et
il a été reconnu qu'elles étaient occasion-
nées par des aliuients cuits dans des vases
étamés avec de Tctain plombifère. L'ana-
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
447
lyse de rétaruage a donné 55 p. iOO de
plomb.
La conclusion I tirer des faits consignés
dans ce travail» c*est que le plomb devrait
être exclu, d*une manière absolue, des
poteries d*étain. Si l*étain ne peut pas être
employé seul, on cherchera à lui associer
un ou plusieurs des métaux suivants : fer,
nickel, bismuth, cuivre, antimoine. Ces
deux derniers entrent déjà dans quelques
alliages d*étain ; il reste, toutefois, à recher-
cher jusqu'à quel point ils sont inoffensifs à
l'état d'alliage.
Quant aux étamages, les règlements de
police exigent qu*ils soient faits à l'étain
fin. Il reste donc à exercer une surveil-
lance plus active et plus effective. Ne
pourrait-on pas aussi établir des pénalités
plus fortes, assimiler par exemple à une
tentative d'empoisonnement, \t plomb
étant un poison, Tintroduction de ce métal
dans les étamages?
{Journal de pharmacie d'Anvers,)
Les effets de la vaccination obliga*
toîre en Angleterre. — Dans le service
de la santé publique, dit Lyon Playfair,
membre de la Chambre des Communes
pour rUniversitc d^Edimbourg, le gouver-
nement devrait avoir pour occupation non-
seulement de guérir les maux survenus,
mais surtout de les prévenir.
Au point de vue de la variole, les résultats
acquis par les lois anglaises sont très-
remarquables. Au dernier siècle en Angle-
terre, avant que la vaccination fut em-
ployée, la mortalité annuelle générale due
à la variole était d'environ 3,000 par mil-
lion. La moyenne durant la dernière épi-
démie n*a été que de 92S par million. Mais
la différence est surtout remarquable pour
les jeunes enfants, parce que la vaccination
n*est obligatoire que depuis peu ; avant les
lois coercitives, la mortalité des enfants
au-dessous de cinq ans comptait pour les
trois quarts des cas ; dans la dernière épi-
démie ils n'ont donné que moins d*un
tiers de la mortalité, en Angleterre, et
moins d*un quart en Ecosse et en Irlande.
L*expériencc apprend que la vaccination
devrait être renouvelée à Tépoque de la
puberté. Autrefois le chiffre de la morta-
lité était plus élevé dans les villes anglaises
que dans les villes étrangères; en 1870
les grandes villes d'Ecosse ont perdu
700 par million ; Londres, 1,180; Berlin,
3.448 ; Hambourg, 5,717; Leipzig, 6,455.
Le résultat général des lois protectrices
contre la variole a été celui-ci : avec la
mortalité du siècle dernier, 70,000 habi-
tants mouraient de cç mal annuellement ;
aujourd'hui on n'a perdu que 5,000 en
moyenne et jusqu'à la dernière épidémie
cette moyenne n'était que de 3,500.
{Lyon médical.)
niédecine léj^ale.
Remarques sur les réactions de l'hé-
moglobine et de ses dérivés ; examen
médico-légal des taches de sang ; par
M. HÉNOCQUE. — La recherche des ta-
ches de sang est d'une importance si grave
dans les expertises médico légales que nous
ne saurions laisser passer sans les signaler
les travaux qui peuvent apporter des élé-
ments nouveaux de diagnostic. 11 y a long-
temps que Teichmann avait indiqué la for-
mation de cristaux par l'action de chlorure
de sodium et d'acide acétique sur le sang
comme un caractère permettant d'affirmer
la présence du sang dans une tache. Au-
jourd'hui, M. C. Husson, ayant étudié une
réaction souvent employée par les micro -
graphes, présente la réaction de l'iode sur
le sang comme un des moyens les plus cer-
tains de reconnaître l'hémine etThématine.
L'hémoglobine, en absorbant Tiode, se
dédouble en bématine et en globuline, et
l'on peut suivre directement sous le micros-
cope la formation des cristaux d'hémine
iodée, d'iodhydrate d'hématine ; pour cela
il suffît, après avoir traité le sang par
riode, d'ajouter une goutte d'acide acéti-
que et de chauffer le porte -objet.
Ces caractères, auxquels M. C. Husson
en a joint d'autres également importants,
donnent plus de précision aux recherches
du sang par l'examen microchimique.
Celui ci est souvent le seul applicable pour
les taches dans lesquelles les globules du
sang ont été détruits, et d'ailleurs il peut
servir de complément alors même qu'on
peut reconnaître les globules. On sait com-
bien il faut accumuler de preuves en pa-
reil cas, et les examens spectroscopique,
microchimique et micrographique doivent
être employés concurremment.
L'examen micrographique est d'ailleurs
encore considéré comme le plus certain ;
mais il n'est pas infaillible à tous égards.
D'une haute valeur pour reconnaître le
sang, mettant en évidence les globules et
souvent la fibrine ou des mucosités, ou des
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448
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
tissus, le microscope peal, dans bi^n des
cas, fournir les preuves {.es plus rigoureu-
ses ; il a pu même servir à distinguer le
sang de I^homme de Celui des oiseaux ou .
des reptiles. Mais d'autre part on ne sau-
rait oublier les réserves prudentes que re-
commandent Vircbow, Casper, Robin, et à
propos desquelles a eu lieu récemment une
discussion fort intéressante entre Richard-
son et Woodward. Celui-ci a eu pour point
de départ un travail où Richardson mettait
surtout en relief les conditions d*évidence
que présente Texamen micrographique.
M. Woodward s*esl placé a un point de vue
en quelque sorte opposé, en montrant
quelles sont les bornes que Texamen ne
saurait faire franchir. Divers articles ont
été publiés à ce sujet dans le Menthfy mi-
croscopical Journal (novembre 4874, fé-
vrier, mai 1875), et nous les signalons aux
experts.
Nous ne voulons pas insister sur cette
discussion, ni même la résumer; car le'
sujet demande à être examiné très-sérieu-
sement, et, comme le font remarquer Ri-
chardson et Woodward, il y a une grande
responsabilité à traiter pareille matière.
Puisque là discussion a eu un assez grand
retentissement en Amérique, nous pouvons
indiquer la conclusion principale sur la-
quelle les deux auteurs sont restes d*accord,
à savoir :• qu'avec du sang desséché, la
mensuration des globules rouges ne permet
pas de distinguer avec la certitude néces-
saire aux conclusions d'expertise le sang
de* riiomme du sang des animaux domes-
tiques mammifères.
Nous ne croyons pas que Texamen mi-
crochimique puisse, quant à présent,
donner des indications plus précises ; M. C.
Husson ne nous dit pas qu'il y ait des dif-
férences entre Théminc iodée des divers
animaux, et tout nous porte à croire qu'il
n'y en a pas« ou du moins qu'on n'a pas
encore trouvé dans les cristaux du sang
des caractères propres aux diverses espèces.
(Journal de pharmacie et de chimie.)
111. 4GADÉNIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
Société Royale des Sciences médicales et
naturelles de Bruxelles.
Bulletin de la séance du 8 novembre 1875.
Président ; M. L. Martin.
Secrétaire : M. van den Corput.
Sont présents : MM. Tirifahy, Sacré,
L. Martin, Crocq, Rommelaere, Spaak,
Gille, Vande Vyvere, Schuermans, We-
henkeU Ledeganck, van den Corput.
Le procès-verbal de la séance précédente
est lu et adopté.
La correspondance comprend : i° Une
lettre de la Fédération des Sociétés scienti-
fiques de Belgique, invitant la Société
royale des sciences médicales et naturelles
de Bruxelles à se faire représenter à la
session préparatoire qui doit avoir lieu le
28 novembre prochain. Sur la proposition
de M. Crocq, l'assemblée délègue le Bureau
pour assister à la séance du 28; 2° Lettre
de M. Pigeolet informant la Société qu'une
indisposition ne lui permet point d'assister
à la séance; 3° Lettre de M. le docteur
Bertherand, membre correspondant à
Alger, accompagnée de l'envoi d'un travail
manuscrit sur le goyavier, son analyse
chimique et la découverte de son alcaloïde
par M. Jules Léon, ex-pharmacien en chef
des hôpitaux de Paris. M. Bertherand» en
faisant parvenir la partie chimique de
l'histoire du goyavier, annonce le prochain
envoi de la partie botanique et thérapeu-
tique de ce végétal dont il a fait usage de-
puis plusieurs années dans le traitement de
diverses maladies; i° Lettre de M. le doc-
teur Putzeyç,.de Waremme, qui remercie
la Société de l'avoir associé à ses travaux;
5° Lettre de M^^» De Moerloose, maîtresse
sage-femme à la maternité de Bruxelles,-
qui fait hommage d'un exemplaire de sa
traduction française de l'ouvrage du pro-
fesseur Lados, intitulé : Lessen overde Ver-
loskunde; 6<» M. le docteur da Costa Alva-
renga, membre honoraire à Lisbonne, fait
hommage du nouvel ouvrage qu'il vient de
publier : do Silicato de potassa no trata-
mento da erysipela, ainsi que de la traduc-
tion allemande de cet ouvrage par le doc-
teur Ullerspcrger. Renvoi pour analyse
à M. van den Corput ; 7° M. le docteur
Stokvis, membre correspondant à La Haye,
fait hommage d'un opuscule intitulé :
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
449
Bijdragen tôt de kennis der phosphoor-
zuurintscheiding hij arthritisS Renvoi
pour analyse à M. Ledeganck ; 8" M. Hé-
raud fait hommage «le deux exemplaires
de son a Nouveau dictionnaire des plantes
médicinales . tt Renvoi pour analyse à
M. Ledeganck; 9° M. le docleur Berretta
fait hommage d'une brochure : Nuove
fascc preparate per fa pronta applicazione
degli apparecchi amovo-inamovibilî . Re-
mis à M. Spaak pour analyse.
Des remcrciments sont votés aux auteurs
de ces différents envois.
Ouvrages présentés :
1 . Storia di un asccsso epalico da epah'te
suppurativa aperlosi nel pulmone dcl dot.
F. Verardini. Bologna. 1875.
2. De l'habitude du tabac, par le docteur
A. Berlhcrand. Paris, 1874..
3. Du traitement simple et du traite-
ment spécifique des accidents vénériens,
par le docteur A. Bertherand. Paris, 1873.
4. The Anglo-Australian, vol. 1, n*» 1.
London, 1875.
t). Rivista sperimentale di Froniatria e
di medicina légale, anno i", Reggio, 1875.
Fascic. ÏV e V.
6. Annales de TObservaloire royal de
Bruxelles. Avril, mai, août, 1875.
7. Mémoires et publications de la Société
des sciences des arts et des lettres du
Hainaut. Mons. 1875.
8. Journal d*hygiène et de climatologie,
par le docteur de Pietra- Santa. l'<> année,
n® 1. Paris, 1875.
9. Mémoires couronnés et autres mé-
moires publiés par TAcadémie royale de
médecine de Belgique. Fasc. iïl. Bruxelles,
H. Manceaux, 1«75.
10. Bulletin de TAcadémie loyale de
médecine de Belgique. 3® série, tome IX,
n»« 6 et 7. Bruxelles, H. Manceaux, 1875.
il. Bulletin de TAcadémie royale des
sciences, des lettres et des beanx arts de
Belgique. 44« année, 2« série, t. XXXIX,
n«» 5, 6 et 7. Bruxelles, 1875.
12. Fracture du col du fémur. Méthode
pour la guérir sans raccourcissement, par
M. Jacquet, chirurgien à Braine-Ie-Comte.
Bruxelles, 1875.
13. Du traitement des abcès des gan-
glions lymphatiques par les ponctions ca-
pillaires, par M. le docteur Crocq. Bruxel-
les, 1873.
14. De la parotidite consécutive aux ma
ladies aiguës graves, par le docteur Crocq.
Bruxelles, 1874.
15. De la folie paralytique et de ses rap-
ports avec la civilisation, par M. le docteur
Crocq. Bruxelles, 1874.
16. Louise Lateau devant la physiologie
et la pathologie, par le docteur Crocq.
Bruxelles, H. Manceaux, 1875.
17 à 88. Divers journaux et recueils .
scientifiques et périodiques.
La parole est à M. Rommelaere pour
donner lecture du rapport de la commis-
sion nommée dans la précédente séance
pour Texamen du mémoire et des titres
de M. le docteur Thirisr, qui sollicite
Tafliliation à la Société.
M. RoMMELABRE. M. J. Thirîar, médecin
du bureau de bienfaisance dlxelles, a pré-
senté à la Société un travail manuscrit inti-
tulé : Variole et vaccin ; note sur Vépldémie
qui a régné dans le has-îxelles au prin-
temps de 1875. Vous avez renvoyé l'exa-
men de ce travail à une commission com-
posée de MM. Ledeganck, Charon et
Rommelaere ; j'ai rhonncnr de déposer le
rapport de cette commission.
Le but que notre bonorable confrère a
eu en vue, en rédigeant son travail, est de
réagir contre les préjugés qui régnent en-
core aujourd'hui au sujet des rapports qui
existent entre la variole et le vaccin. Il est
peu de questions d'un intérêt pratique
aussi majeur; il en est peu au sujet des-
quelles on ait accumulé un aussi grand
nombre de données positives. Dans l'état
actuel de la science, Tulililé réelle du vac-
cin, comme agent prophylactique de la va-
riole, est établie sur des bases incontesta-
bles ; nous n^ayons pas à insister sur ce
point, tant les enseignements de la clinique
et de la physiologie pathologique viennent
hautement affirmer cette vérité.
La variole n'existe en foyers épidé-
miques que par la négligence ou le mau-
vais vouloir de Pcspèce humaine : de toutes
les maladies aiguës, c'est la seule qu'il soit
en notre pouvoir d'extirper de Thumanité
et la ligue que le regretté Simpson d'Edim-
bourg avait voulu fonder pour arriver 6 ce
but. poursuivait une œuvre dont le résultat
n'était paô douteux.
Et cependant la variole continue à sévir ;
elle ne sévit pas seulement comme affection
sporadique, elle exerce des ravages épou-
vantables, encore aujourd'hui, sous forme
d'épidémies, dont la dernière a laissé dans
notre esprit , des souvenirs trop tristes
pour que nous ayons besoin d'insister sur
ce point.
57
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450
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
A quoi lient cette étrange situation?
Comment se fait-il que rhurnanité soit en-
core décimée par un poison épidcraique,
alors qu'elle n'a qu*à étendre la main pour
s*assurer du contre-poison?
Cette situation lient à deux causes : elle
lient d'abord à Tignorauce cl aux préjugés
du public; elle tient encore malheureuse-
ment aux préjugés de quelques médecins
qui appuient de leur nom Popposition
aveugle de la foule, et qui, franchissant
les limites assignées aux débats scicnti-
fiqoeSf vont porter dans les journaux po-
litiques, et soumettre à on public incom-
pétent, l'expression de préjugés funestes
qbe la science réprouve comme contraires à
l'observation rigoureuse des faits.
C'est contre cette double tendance que
l'honorable M. Thiriar a voulu réagir en
rédigeant son travail.
Pour arriver à ce but, il a tiré parti des
enseignements précieux que lui a fournis
l'observation d'une épidémie de variole qui
a sévi dans le bas-fxelles au printemps de
1875. Appelé par la position qu'il occupe
à ïxelles, à observer de près les foyers épi-
démiques qui se produisent, M. Thiriar a
eu l'occasion d'étudier la marche de l'épi-
démie pendant toute sa durée, et malgré
les efforts louables qu'il a faits pour la limi-
ter, il a pu cependant, du 5 avril au
29 juillet dernier, observer 164 sujets
atteints de variole.
Nous ne suivrons pas Tauteur dans la
description qu'il donne du développement
de la maladie ; qu'il nous su/Iise de rendre
hommage au zèle et aii dévouement dont il
a fait preuve en celte circonstance, et qui
ont été à la hauteur de son amour pour la
science.
Dans cette partie de son travail, l'auteur
expose les particularités qu'il a observées
dans la marche de la maladie chez diffé-
rents malades; il fait ressortir les effets
modificaieurs que le vaccin a exercés sur
le processus morbide. Ces effets ressortcnl
déjà des résultats obtenus dans cette épi-
démie. En effet, des i64 sujets qu'il a
traités, 1 (6 étaient vaccinés et ont fourni
3 décès, soit 2 i/2<»/o; 48 n'étaient pas
vaccinés et ont fourni 20 décès, soit
41.7 ^If,. Ces chiffres, conformes aux
moyennes observées, ont une éloquence
assez grande pour qu'ils puissent se passer
de commentaires.
Après avoir examiné à un point de vue
critique les causes qui ont amené la mor-
talité constatée, M. Thiriar rappelle les
discussions qui ont régné dans la science
au sujet des rapports entre la variole et le
vaccin ; il admet avec la majorité des cli-
niciens, une distinction radicale entre les
deux états morbides. L'une des parties les
plus intéressantes de son travail est c^lle
dans laquelle M. Thiriar expose les re-
cherches qu'il a entreprises, pour établir la
réalité de la différence radicale qui existe
entre la variole et le vaccin. Il a recueilli
sur des sujets laitteints à la fois de variole et
d'affection vaccinale, le produit de pus-
tules vaccinales; il a inoculé le premier à
un sujet non vacciné, renouvelant ainsi
pour ce sujet, les conditions de l'inocula-
tion ancienne; il n'a observé qu'une vario-
loïde discrète et bénigne. 11 a inoculé^
d'autre part, le produit des pustules vac-
cinales à quelques sujets et chez aucun
d'eux, il n'a observé autre chose que de la
vaccine, bien que le vaccin ait été recueilli
sur un sujet en pleine éruption variolique.
Ces recherches originales de l'autour
sont très-importantes pour établir la diffé-
rence essentielle qui existe entre la variole
et le vaccin.
M. Thiriar consacre la fin de son travail
h déduire de ces faits, les conclusions lo-
giques qu'ils comportent. Il insiste parti-
culièrement sur la nécessité de la vaccina-
tion et de la revaccination dans le .cours des
épidémies de variole pour en enrayer le
(téveloppemcnt, et combat par les armes
d'une logique serrée les préjugés de ceux
qui s'opposent à l'introduction du seul
moyen radical dont nous disposions pour
arrêter la marche de ces épidémies.
Il termine son travail par la relation dé-
taillée d^in cas de variole hémorrhagique
terminé par guérison.
Le travail de M. Thiriar, est l'œuvre
d'un praticien consciencieux et intelligent ;
absorbé par les soins d'une nombreuse
clientèle^ dans un des faubourgs les plus
importants de Bruxelles^ notre honorable
confrère se réserve cependant une part de
son temps pour la vie scientifique et con-
sacre ses loisirs à rédiger les observations
intéressantes qu'il lui est donné d'obser-
ver. Ajoutons que le caractère de Thoniaie
est à la hauteur de son intelligence.
La commission estime que ce sera faire
œuvre utile, que d'associer M. Thiriar à
nos travaux ; elle vous propose :
1° D'imprimer son travail dai^s notre
journal ;
2** De décerner à l'auteur le titre de
membre titulaire.
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES-
451
M. ScuuERMANS. Jc dcsirerais savoir si
les personnels que M, Thiriar a vaccinées
étant atteintes de la variole ou de ses
prodromes, ont succombé à raffection.
M. RoMMELÂERE. Non, cIlcs n'ont pas suc-
combé; la marche de la maladie a été fa-
vorable.
iM. ScHUERMANS. Lorsquc j'étais mé-
decin des pauvres, je n'ai jamais vu non
plus succomber les malades qui ont été vac-
cinés dans ces conditions c^ c'est ce que
j'ai signale dans un travail qui a été publié
il y a déjà pluseurs années dans le journal'
de la Société.
M. RoMMELAERE. C'cst CD effet au travail
que vous avez publié à ce sujet que M. le
docteur Thiriiir fait allusion.
M. Sacré Je dirai un mot pour appuyer
les conclusions du rapport. M. Thiriar est
Tun des jeunes médecins les plus capables,
les plus instruits et les plus zélés qui soient
sortis de nos hôpitaux. Je crois qu'il sera
très utile pour la Société de l'associer à ses
travaux.
M. LE Présidem. Avant de passer au
vole,j*ai une observation à présenter. L'un
des membres commissaires n'a pas signé
le rapport de M. Rommelacre. Je crois
cependant que nous pouvons passer outre
en prés»fnce de ce rapport et de la déclara -
lion de 51. Sacré.
M. GiLLE. l/absence de signature n'est
pas le résultat du refus de signer?
M. RoMMELAERE. En aucunc façon.
5f. Crocq. m. Charron, qui est le mem-
bre auquel on fait allusion, a dii voir
figurer, à Tonlre du jour le rapport de
M. Rommclaere. Or, s'il avait eu des ob-
servations à présenter il aurait, sans nul
doute, assisté à la séance.
Les conclusions de M. Rommelaere,
appuyées par M. Sacré, sont mises aux
voix et adoptées a l'unanimité. En consé-
quence, M. Thiriar est proclamé membre
effectif de la Société rayale des sciences
médicales et naturelles de Bruxelles.
M. h président accorde ensuite la parole
à M. Crocq pour donner lecture^ de ses
analyses de deux opuscules de 'M. Da*
vreux.
M. Crocq. L*anasarque suite de rétention
d'urine ; par le docteur Davreux, de Liège.
Messieurs, J. Franck et Boyer ont de-
puis longtemps noté la rétention d'urine
parmi les causes de l'anasarque. Cette re-
marque avait toutefois été perdue de vue,
lorsqu'en 1864, le docteur Ronvaux, de
Namur, dans un travail publié par la So-
ciété médico-chirurgicale di* Liège, men-
tionna de nouveau l'anasarque par réten-
tion d'urines. Il l'attribue à l'hydrémic
résultant de la suppression de la sécrétion
urinaire, qui survient, dès que le liquide
accumulé dans .les uretères» acquiert une
pression de 7 h 8 millimètres de mercure.
Il paraît toutefois ne pas l'avoir observée.
Quebfue temps uprès , Trousseau don-
nait sur cette variété d'anasarque une
leçon clinique. M. Davreux en a observé
deux cas, un en i86o et un en iSC^. Il en
cite aussi trois cas tires de l'Abeille médi-
cale et de la Gazette médicale de Paris. Il
rapporte un cas, rencontré par le docteur
Ronvaux, chez une femme enceinte affectée
d'une rétention due à un déplacement
utérin.
La première des observations de M. Da-
vreux, recueillie on 1863, est relative à un
jeune homme de 28 ans, atteint de réten-
tion d'urine consécutive, à une hypertro-
phie de la prostate. Lorsque l'auteur le vit,
il le trouva extrêmement oppressé ; le
pouls était petit, dépressible et accéléré ;
la peau était sèche et il y avait téucsmc
vcsical et douleur sourde à l'hypogastre.
Il y avait une anasarque très développée.
L'abdomen était énorme, et son augmen-
tation de volume était due à la distension
démesurée de la vessie. Le cathélérisme
évacua i 3/4 litres d'une urine foncée, lé-
gèrement ammoniacale et non albumi-
neuse. La sonde fut laissée à demeure. Il
y avait une ascite très-considérable et un
peu d'épanchement dans les plèvres. II n'y
avait aucune lésion au cœur ni aux pou-
mons. Six jours après le cathétérisme,
l'anasarque et les hydropisies viscérales
avaient disparu. Malheureusement, quinze
jours plus tard, le malade succomba à une
hémoptysie foudroyante, dont la cause
n'est pas indiquée, et l'autopsie ne put être
pratiquée.
La seconde observation se rapporte à un
enfant de 3 ans^^^ qui lit une chute du haut
d'un escalier très élevé. A la suite se dé-
clara une rétention d'urine, puis bientôt
une anasarque énorme. M. Davreux le vit
dans cet état, quatre jours après l'accident.
II essaya de son<!er l'enfant avec une sonde
en gomme, mais il n'y parvint pas. Il
ordonna alors un bain, puis une friction à
l'hypogastre avec l'extrait de belladone, et
un quart d'heure après le bain, il put in-
troduire la sonde enduite d'extrait. 11 éva-
cua deux litres d'urine ammoniacale non
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4o2
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
albumineuse. La sonde fut laissée h de-
meure, et deux jours après cette opération,
rhydropisie avait complètement disparu.
Elle ne se reproduisit plus, et l'enfant fut
délinitivemcnt guéri.
Ces observations sont très-inléressantes,
et tout à fait convaincantes. Il n'y a bien
évidemment que l'interruption de la sécré-
tion par l'excès de pression qui puisse
expliquer ces faits, et elle l'explique par-
Cfiitement.
On a objecté que par les procé lés expé-
rimentaux, par la ligature des artères ou des
uretères, ou par la néplirotomie double,
on ne parvenait pas à produire Tanasarqne.
Mais les conditions sont ici bien diffé-
rentes; il y a une violence et un trauma-
tisme énorme qui amènent rapidement la
mort de ranimai, sans laisser aux consé-
quences ultérieures le temps de se pro-
duire. Pour réaliser des conditions sem-
blables, il faudrait lier ou boucher le canal
de Turètre, ce qui, à ma connaissance n'a
jamais été tenté. Et même, si à la suite de
cet essai Tanasarque ne survenait pas, on
ne pourrait rien en conclure, les différences
d'organisation qui séparent l'homme de
l'animal, pouvant parfaitement motiver
dans ce cas, des différences dans les ma-
nifestations niorbides.
La nature et le diagnostic de cet ana-
sarque^ ressortent parfaitement des deux
observations produites par M. Davreux ; le
traitement consiste à faire disparaître la
cause par le cathétérisme, dont l'emploi
fuit cesser proniptement les accidents.
M. Crocq. Choléra et cimetières ; par
M. le docteur Davreux.
En 1874, M., le docteur Bidlot, de
Liège, présenta à la Société médico-chirur-
gicale de cette ville, un trav.iil relatant
deux cas de transmission du choléra par
les cadavres. Dans la première^ il s'agit
d'un fossoyeur qui contracta cette maladie
en avril 1867, en jardinant sur la tombe
d'un cholérique mort l'anhée précédente.
Dans la seconde, c'est un jardinier qui fut
atteint du choléra à A heures de Taprès-
tù'idï, alors qu'à 10 heures du matin il
avait assisté à l'exhumation d'une reli-
gieuse enterrée deux ans auparavant. Les
deux malades guérirent. M. Bidlot n'a pas
«lécrit les symptômes présentés par ces
deux malades. Un autre membre de la
Société do Liège, M. Romiée, ne trouva
pas ces faits suffi&amment concluants, et
n'y vit que des cas de choléra nostras dé-
veloppés sous rinfluence des méphitismes
cadavériques.
Dans le travail que j'analyse, M. Davreux
discute ces deux faits et ces deux opinions.
Le premier fait ne lui parait pas assez bien
décrit pour qu'on puisse en tirer une con-
clusion. Il n'en est pas de même du second
dont l'imporlance est beaucoup plus
grande. Il examine successivement les
trois objections que lui oppose M. Romiée.
La première, c'est qu'une «lizainc d'autres
personnes présentes à l'exhumation ne
furent pas atteintes. M. Davreux répond,
avec raison, que le choféra ne frappe pas
tous ceux qui s'exposent à le contracter.
La seconde porte sur la possibilité du dé-
veloppement d'un choléra nostras; iM. Da-'
vreux répond, avec M. Bidlot, que le
choléra nostras ne doit pas être confondu
avec le choléra indien sporadique. Celui-
ci ne peut provenir que du poison cholé-
rigène, tandis que le premier nait sponta-
nément. Je sais bien. Messieurs, que ceci
est conforme aux idées qui ont cours ac-
tuellement, et d'après lesquelles le choléra
asiatique serait une maladie spécifique,
sans analogie, toute différente du choléra
nostras. Toutefois, je ne dois pas vous
cacher que j'ai observé deux cas de cho-
léra tout spontané, offrant tous les carac-
tères du choléra asiatique, en dehors de
toute possibilité d'action épidémique ou
contagieuse.
La première, c'était en 1847, à une
époque où personne ne parlait plus du
choléra^ deux ans avant la grande épidé-
mie de 1849. Le second, c'était en mars
1874; ces deux malades n'ont pas guéri,
comme ceilx de M. Bidlot, tous deux sont
morts; le premier au bout de vingt- quatre
heures, le second après quarante- huit
heures. Dans les denx cas, l'autopsie m*a
fait constater les lésions caractéristiques
du choléra ; celle du dernier a été faite en
présence de nombreux élèves et de plu-
sieurs médecins^ parmi lesquels je citerai
notre honorable président, M. Martin. Le
choiera dit asiatique peut donc chez nous
se développer de toutes pièces spontané-
ment.
La troisième objection de M. Romiée,
c'est que la question de la transmission du
choléra par les cadavres n'est nullement
prouvée^ et ii cite à l'appui M. Fauvel. Ici,
M. Davreux n'est pas beaucoup pius^aflîr-
matif que lui. Cependant il constate dans
une note que la conférence internationale
de Vienne a reconnu; à runanimité, la
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
455
Iransmission du choléra par les cailavres.
J'ajouterai à cela qu'avant cette conférence
la plupart des auteurs avaient reconnu ce
mode de propagation : je citerai ici Huze-
inau, Worms, Marchai de Calvl, Jaccoud,
Kûchennieister, Griesinger. Quant à sa
raison d'être, elle est évidente. L'observa-
lion et rexpérimciilation ont fa il* constater
que les déjections cholériques constituent
le véhicule du virus. Comme les cadavres
renferment ces déjections et en laissent
échapper, ils doivent aussi transmettre la
maladie. C'est ce que Griesinger exprime
eu ces termes : « La puissance d'infection
»des cadavres, bien plus accusée que
«celle des vivants, me parait devoir être
> rapportée aux matières excrémentitielles
»qui y adhèrent si souvent. » La transmis-
sion dix choléra par les cadavres est donc
un fait prouvé et accepté par presque tous
les auteurs, et le plus ou moins de valeur
des faits de M. Hidiot ne peut rien y chan-
ger. Le point relativement auquel ils sont
importants c'est la conservation du virus
pendant un temps plus ou moins long ; le
second fait surtout prouverait que, pen-
dant deux ans au moins, il pourrait con-
server sa vertu contagieuse.
Ne nousltûlons toutefois pas de tirer des
conclusions de ce fait isolé; ce que je vous
ai dit précédemment prouve qu'il a pu être
tout fortuit, d'autant plus qu'il 'ne parait
pas avoir eu une grande intensité.
M. LB Président. M. Crocq m'a fait
l'honneur de nie citer dans son rapport à
propos de l'autopsie qu'il a faite à Tbôpital
St-Jean, laquelle^ je me plais à le recon-
naître, a été pratiquée avec un soin minu-
tieux et la plus rigoureuse exactitude.
Je me permettrai, à ce propos, de faire
remarquer à l'honorable collègue que le
sujet autopsié, ouvrier terrassier, habitant
temporairement Molenbeek-St-Jean, où il
était en logement, était originaire d'une
commune des environs d'Anvers, de Ta-
mise, je pejise. Or, je crois me rappeler
que, vers cette époque, des cas de choléra-
asiatique ont été signalés sur les rives de
l'Escaut^ où ils auraient été importés par
un navire de provenance Danoise ou Ham-
bourgeoise.
La Commission médicale a fait des re-
cherches pour savoir d'où pouvait venir
le cas dont il s'agit, et c'est la direc-
tion de rhôpital St-Jean qui lui a fourni
les renseignements qui précèdent.
Il me parait donc que M. Crocq, avant
de consigner déiinitivement, dans son tra-
vail, ce fait d'une importance majeure au
point de vue de l'étiologie du choléra-
asiatique, ferait bien de se livrer à de nou-
velles investigations pour qu'aucun doute
ne puisse s'élever sur son authenticité.
M. Crocq. D'abord, comme le dit très-
bien M. te Président, on a constaté que
l'individu venait de Molenbeek-St-Jean,
qu'il habitait cette commune, d'après ce
que l'on m'a dit, depuis un temps assez
long. J'ai fait quelques recherches j j'ai
pris quelques informations et il en est
résulté qu'il n'y avait aucun malade dans
ces parages, que Ton se trouvait donc en
présence d'un cas tout -à-fait isolé qui
avait surgi au milieu d'une population
saine ; cet homme prend le choléra comme
on prend un rhume de cerveau,sans aucun
antécédent.
En ce qui concerne l'importation du
choléra à cette époque (c'était en mars
1864), par un navire danois, je mets la
chose en doute, fl doit y avoir une con-
fusion à ce sujet. Au surplus ni en Dane-
mark, ni dans aucune partie de l'Europe
le choléra ne régnait alors. Si le choléra
n'existait nulle part, le cas dont il s^agit
est donc spontané.
M. LE Président. Si mes souvenirs sont
exacts, il doit cependant y avoir eu quel-
ques cas de choléra avant cette époque.
M. Crocq. Deux ou trois années avant;
du reste ce que dit M. le Président, méri-
terait de faire l'objet de quelques recher-
ches. Il faudrait savoir ^uand il y a eu des
cholériques à Anvers. Il faudrait savoir
aussi en consultant les registres de la
police combien de temps l'individu dont il
s'agit a habité Molenbeek, et d'où il venait.
M. LE Président. Je crois qu'il venait
des bords de l'Escaut. Je me permets de
faire cette observation, parce que vous
constatez avec une certaine certitude la
spontanéité du cas.
M. Crocq. Je me rappelle ces deux cas.
Le premier date de 1 84-7 ; or, remarquez
qu'en 1847 personne ne parlait du cho-
léra. Il y avait eu en 1852 une épidémie qui
avait régné sur la plus grande partie de
l'Europe, et qui s'était prolongée ju.squ'en
183^» ou 1856; mais quinze ans après, en
1847, personne ne parlait plus du choléra.
J'étais alors interne à l'hôpital St-Jean.
C'est en cette qualité que j'ai pratiqué
l'autopsie dont il s'agit. Le malade en
arrivant à T hôpital présentait les carac-
tères que j'ai observés en 1849; il y avait
froid de la peau, cyanose complète, pouls
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454
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
filiforme, vomissements^ selles blanches
riziformes,' crampes, bref, tout ce que
j*a\ais vu dans les livres, tout ce que
j'avais entendu décrire comme phéno-
mènes du choléra.
Cet individu est mor( 24 heures après
son entrée à rhôpilal. Voilà donc un indi-
vidu qui a eu un choléra parfaitement ca-
ractérisé et* rapidement mortel, a une
époque où le choléra était éteint depuis
une période de 15 années.
M. LK Président. Vous croyez que de-
puis 15 ans, il n'y avait plus eu de choléra ?
M. Crocq. Pas d'épidémie.
F/épidémIe avait eu lieu en 1832, et
avait eu une queue qui avait duré quelque
temps après.
M. 1,1? Présipent, Avant répidémie de
48id, des cas de choléra asiatique s'étaient
déjà manifestes à Bruxelles.
M. Crocq. Cela est postérieur au cas qui
nous occupe; en 1847, je le répète, per-
sonne ne parlait plus du eholéra et on
avait le plus grand espoir qu'il ne serait
jamais revenu.
M. ScHUERMANS. Lo choléra sporadique
ne peut-il pas être complique d'embolies
et ne peut il pas être par la cyanose sem-
blable au choléra asiatique?
M. Lfi Président. Dans le cas dont parle
M. Crocq > il n'y avait pas do doute pos-
sible. L'autopsie l'a démontré.
Je me rappelle en avoir fait part immé-
diatement à SI. le bourgmestre. Le fait pré-
sentait une certaine'gravité au point de vue
de la santé publique de la ville de Bruxelles.
M, ^çQVfi^itiA^fi. Je ne veux pas contester
le diagnostic ; cependant il y a ceci à dire au
point de vue de la contagion : c'e&t que
pour les deux cas dont il s'agit, on n'a
pris aucune précaution d'isolement et que
la maladie ne s'est pas propagée.
M. LE Président. On a pris des précau-
tions ; on s'est rendu iiimiédiatement à
Moienbeek dans l'impasse habitée par cet
individu ; on y a pratiqué toutes les mesures
d'assainissement voulues.
M. ScBOKRiMANS. Après son envoi à l'hô-
pital^ où sans doute il a été placé dans la
salle commune? t
M. Lfi Président. Oui. .
M. CfLOCQ. M. Scbuermans vient de s«>u-
levcr une question relative à la contagion ;-
mais il faut considérer d'abord que dans
tous les cas on n'observe pas la transmis-
sion. Il faut un terrain préparé pour qu'elle
ait lieu.
il est à remarquer que certaines naa-
ladies constituent une immunité au poiat
de vue du choléra. C'est ainsi que pendant
la grande épidémie de 1866, je n'ai pas
vu un seul phthisique contracter le cho-
léra. Les individus atteints de maladies
organiques du cœur ont quelquefois le
choléra ; mais ce sont des cas très-rares j
ce sont des exceptions. Une maladie quel-
conque existant dans l'organisme con-
stitue uiie immunité. Un malade placé
dans une salle commune, peut donc très-
bien ne pas transmettre la maladie^ surtout
si la salle est bien aérée.
La discussion étant elose, la parole est
ensuite à M. Gillc pour donner lecture de
son analyse d'une brochure de M. le
docteur Wittstein, de Munich.
M. GiLLB. Messieurs, le travail de M.
Wittstein a pour titre : Recherche de quel-
ques matières étrangères employées à ta falsi-
fication des bières. En voici la substance :
« Les matières dangereuses, nuisibles à
la santé, employées dans la fabrication des
bières sont principalement : le colchique
d'automne, la coque du Levant, la noix
vomique et l'acide picrique.
Voici le procédé à suivre pour découvrir
ces substances :
Evaporer un litre de la bière suspecte jus-
qu'à consistance sirupcu$e,verser le produit
de révaporalion dans un vase cylindrique et
y ajouter cinq fois son volume d'alcool de
1)5 9 5« C, agiter et laisser reposer pendant
vingt-quatj'e heures : la gomme, la dex-
trine, les sulfates, phosphates et chlorates
se déposent; décanter la partie liquide.
Ajouter au résidu une nouvelle quantité
d'alcool ; opérer comme eu premier lieu ;
réunir les deux liquides, filtrer et évaporer
à une douce chaleur de nouveau, jusqu'à
consistance sirupeuse.
a. Mélanger une petite partie de ce der-
nier pfpduit avec trois fois son volume
d'eau et y bJongcr une bandelette en laine
blanche, la reliVer une heure après et la
laver dans l'eau claiVP- ^^ '^ *^>n^ 8^»"^® ^»
couleur blanche, c'est un Ji^g^e que la bière
ne renferme pas d'acide pio7'^"®» '^^"on
elle serait devenue jaune.
b. Agiter l'autre partie du liquide aJ*"""
peux avec six fois son volume de benzinb
pure, incolore à SO**, décanter et recom-
mencer la même opération : réunir les
deux liquides, dont le premier seul a une
teinte jaune, et évaporer à une douce cha-
leur ; le produit de l'évaporation peut ren-
fermer de la brucine, de la strychnine ou
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
41)5
de la colocynthîne. Pour s*cn assurer, il
faut en faire trois paris j mcllre chacune
d'elles dans une capsule en porcelaine et
ajouter dans la première de Tacide azo-
tique d'une pesanteur spécifique de 1.55 h
1.40; dans la seconde, de Tacide sulfu-
rique concentré et dans la troisième de
Tacide sulfurique également et quelques
grains de chromale de potasse rouge. Une
couleur rouge avec l'acide azotique dénote
la présence de la brucine, et une couleur
violette avec le même acide, la présence
.de la colchicino; une couleur rouge avec
l'acide sulfurique îrahil la colocynthine et
une couleur violette- [»ourpre avec Tacide
sulfurique et le bichromate de potasse
rouge, la strychnine. Dans l'un ou Tautre
de ces cas, la liqueur falsifiée doit avoir un
goût amer particulier, tandis que, si elle
ne contient aucun des principes vénéneux
dont nous venons de parler, elle aura la
saveur amère du houblon.
c, La liqueursirupcuse que nous avons ob-
tenue plus haut, peut après avoir été traitée
par la benzine, servir encore à d'autres re-
cherches. Il suflfitde la.chauffer à une douce
chaleur : la benzine se volîdilisera. On agi-
tera à deux reprises différentes le liquide
débarrasse de la benzine qu'il contenait
avec de ralcool amylique pur et incolore.
On laissera reposer, et après séparation
des deux liquides, on observera l'alcool amy-
lique. S'il a pris une teinte jaunâtre et une
saveur amère, on pourra en conclure que
la bière renferme de Paloèsou de la picro-
toxine, car les principes amers du houblon,
de l'absinthine et de la quassine, ne se dissol-
vent pas dans l'alcool amylique. Pour dis-
tinguer la picrotoxinc de Paloès, on verse
une partie de l'alcool amylique qui a servi
à l'opération ci-dessus dans un vase plat,
et on laisse évaporer à une température
ordinaire. La formation de petits cristaux
blancs dénotera la picrotoxine ; si, au con-
traire, c'était de l'aloès, il y aurait un ré-
sidu jaunâtre d'une odeur particulière.
d, La liqueur sirupeuse déjà traitée par
la benzine et l'alcool amylique, sera débar-
rassée de la petite quantité d'alcool qu'elle
pourrait encore renfermer, au moyen de
papier à filtrer. On l'agitera ensuite avec
de léther anhydre qui s'emparera de
l'amer du houblon et de l'absinthine.
L'arôme de celte dernière matière, est ca-
ractéristique. De pins, avec l'acide sulfu-
rique concentré , elle doit donner une
solution jaune rougeâtre, passant immé-
diatement au bleu d'indigo.'
e, La liqueur sirupeuse traitée par
l'éther, peut renfermer encore de la gen-
tipîcrine, de la menyanlhineet de la quas-
sine. Pour distinguer ces trois substances,
on chasse l'éther, on dissout le sirop dans
l'eau, on y ajoute une certaine quantité
d'une forte solution ammoniacale d'argent.
Si le liquide reste clair, on en concluera
qu'il renferme de la quassine ; s'il se forme
à la surface un miroir d'argent, on pourra
être persuadé qu'il contient de la gentipi-
crine ou de la menyanthine. Pour distin-
guer l'une «le l'autre, on desséchera une
partie de la solution dans une capsule
en porcelaine, et l'on y ajoutera de l'acide
sulfurique concentré. Si le liquide ren-
ferme de la gentipicrine, il ne changera
pas de couleur à froid, et en chauffant, il
se colorera en rouge carmin ; s'il prend
une teinte jaune passant peu à peu au vio-
let, il contiendra de la menyanthine. i
J'ai résumé ce qui m'a paru le plus in-
téressant dans ce travail et je vous propose
de publier ces quelques lignes dans notre
journal. ».
— Ces coiiclusions sont adoptéosw
M. le Président accorde la parole à
M. Wehenkel pour donner lectcure ie son
compte rendu de l'ouvrage de M. Gour-
rler.
M. Wehenkbl. Messieurs, l'ouvrage dont
j'ai à vous entretenir un instant, m'a été
renvoyé il y a près d'un an. Depuis long-
temps j'aurais dû vous en rendre compte;
mais chaque fois que je me disposais à en
faire l'analyse j'avais à me demander si, en
présence de l'art, i" de notre règlement,
nous pouvions nous occuper d'un travail
qui ne me parait guère destiné à concourir
aux. progrès des sciences médicales et- natu-
relles. Au risque d'abuser un peu de vos
moments je me suis finalement décidé à
vous présenter u
publication.
M. Courrier
membre de diye
littéraires et agr
des concours et
France, etc., p<
progrès qui doit
sa vigueur pri
bientôt toute n
représentée par
et de l'intelligcn
Courrier — les I
lité et conceptioi
de la Méthode
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456
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
l'union conjugale qui doit sauver l'espèce
humaine d*une perte imminente. L'auteur
de ce travail commence par jeter un coup
d'œil sur différentes opinions qui ont eu
cours sur la cause des sexes et il conclut en
disant que cette cause a été recherchée un
peu partout et principalement là où elle
n'existe pas ; sans s'arrêter aux diverses
opinions émises, il reprend l'examen de la
question de Tunion conjugale et de la con-
ception en recherchant les lois qui régis-
sent la création des êtres animés et inani-
més. Dans cet examen et dans ces recher-
ches, M. Courrier nous parait être trop
imbu d'idées téléologiques en permettant,
entr'autres, à dame nature de choisir parmi
différentes éventualités celle qui lui con-
vient le mieux, ou bien en la chargeant de
veiller, par exemple, à Tentretien et à Taug-
mentation numérique de ses sujets dans la
mesure de la fertilité et des ressources du
globe et de pourvoir à leur remplacement
dans la mesure de leur extinction.
Le sujet le plus faible, le plus débile,
c'est-à*dire celui dont la vitalité est la plus
affaiblie, ou la plus compromise au moment
de l'acte générateur étant celui des con-
joints qui, dans l'ordre naturel, a le plus
besoin d'être remplacé, M. Courrier ad-
met que la propagation du genre s'opère
tout naturellement par celui des conjoints
qui a le plus besoin de veiller à la conser-
vation de son individu ; c'est lui qui fournit
le sexe. Dans cet ordre d'idées il avance
le fait — qui n'est certes pas sans exception
— qu'un arbre maladif, un arbre qui va
mourir, est chargé de fruits outre mesure.
Messieurs, nous ne poursuivrons pas
dans cette analyse les idées de M. Courrier
dans tout lé développement qu'il leur
donne, mais nous ne pouvons nous empê-
cher de dire que parfois nous ne compre-
nons que fort incomplètement le langage
de cet auteur : tel est le cas, par exemple,
lorsque M. Courrier nous indique comme
iffreuses des types
anguins, le manque
es sexuelle ou autre^
rs les ovaires de la
de Vaura seminalis;
is dit, à la page Gl,
rruption, les vices et
les virus sont moins profonds mais qu'ils
gagnent en surface ce qu'ils ont perdu en
intensité. Nous ferons encore remarquer
que la nature qui, aux dires de M. Cour-
rier, ne veut quu l'équilibre en tout et qui
pour y arriver et s'y maintenir, choisit
pour la. cuivre la nécessité la plus impé-
rieuse (p. 36); celle nature qui n'a rien
confondu et qui a tout prévu (p. i06), nous
fait l'effet d'avoir agi en personne bien
myope lorsqu'elle choisit comme éléments
de son triocopulateur : les phthisiques^les
syphilitiques et les rachitiques (p. 51).
Quoiqu'il en soit des prémisses du travail
de M. Courrier, il arrive dans le sixième
chapitre de son livre à la recherche du
moyen par lequel il veut forcer la main d
la nature et la contraindre à produire. Ce
moyen consiste, d'après lui, h amener la
nature h avoir besoin de reproduction; il
faut l'affaiblir afin de la forcer à réagir. Con-
séquent à sa manière de voir, M. Courrier
considère le sexe de Tenfant comme une
preuve irréfragable de la faiblesse relative
de la vitalité de son auteur ou des besoins
de remplacement de la branche qui le
fournit ; le sexe de l'enfant, dit-il, prouve
que ce côté de l'édifice humain avait, alors,
besoin de réparation et de secours.
De crainte de rendre d'une manière
incomplète des idées que parfois nous
n'avons probablement comprises qu'impar-
faitement, nous nous bornerons à vous
dire que dans les chapitres suivants
M. Courrier s'occupe entre autres :
Des conditions de la conception et de la
production des sexes ;
De l'influence des épidémies, des armées,
de l'état de paix et de Pétat de guerre sur
la sexualité, etc.
Arrivé à la mise en pratique de sa
méthode de réglementation, M. Courrier
formule les conseils qu'il croit devoir don-
ner aux époux qui attachent une certaine
importance au choix des sexes :
Lorsque le mari fort et la femme faible
demandent une fille il y a lieu de laisser
agir la nature : celle ci ne se trompera
jamais et comblera le vœti des époux ; il en
est de même lorsque le mari faible et la
femme forte demandent un garçon.
Si le mari faible et la femme forte
veulent un garçon, il faut légèrement affai-
blir celui des époux dont on désire le sexe
et relever la vitalité de l'autre.
Si, au contraire, la même vitalité existe
chez les deux époux on obtiendra le résultat
voulu en affaiblissant légèrement celui des
époux dont on désire obtenir le sexe.
Voilà, Messieurs, les mesures pratiques
que le docteur Courrier recommande dans
ce livre dont un rapporteur! de l'Académie
de médecine» (de Paris, je suppose), a dit
« qu'il n'était pas de ceux dont on pouvait
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âgadëmies et sociétés savantes.
457
» faire rapport. Qa*on ne saurait en pareille
» matière se prononcer sans avoir été
f témoin d'expériences sur la loi très-
» importante que nous formulons et qui
» explique le maintien de Tégalité des deux
» sexes malgré les influences perturba-
» trices. Qu'il n'appartient à personne de
f nous contredire ni de nous approuver
» sans preuves. Que tout est au mieux
i puisque nous continuons à nous occuper
f de ce sujet auquel nous pouvons donner
» tous les développements qu'il com-
» porte. » (p. 51.)
Tout en acceptant les réserves de ce rap-
porteur nous pensons que dans bien des
cas les partisans de la théorie de Courrier
devront, pour ne pas trouver leur principe
en défaut, recourir non à la force ou à la
faiblesse réelle des reproducteurs, mais au
degré d* énergie viid^le de chacun de ceux-ci
au moment de Vacte générateur, et qu'ils
avoueront avec nous qu'il sera difficile de
constater, qu'en ce moment, le degré de
vitalité relative des deux époux est en cou-
eordance avec les lois qui, d*après Cour-
rier, régissent le sexe de l'enfant qui naîtra
de cet accouplement.
A notre avis, le livre de M. Courrier n'a
pas le caractère sérieux, le caractère de posi-
tivisme que nous recherchons aujourd'hui
dans toute publication réellement scientifi-
que. Il nous semble que M. Courrier a, en
écrivant son travail, voulu un peu se recréer
des fatigues et des travaux sévères auxquels
il8*est nécessairement trouvé astreint par les
fonctions de membre des jurys des con^
court et expositions régionales de France,
dont il fait partie (voir la couverture de
son livre). Il a lancé son imagination à
pleine carrière et il est parvenu à construire
un échafaudage fantaisiste sur une base
— la téléologie — qui est en rapport avec
la nature du travail qu'il s'était proposé de
faire. M. Courrier n*a pas négligé d'enjo-
liver un peu cet échafaudage en l'ornant
de quelques idées ou conceptions qui ne
manquent pas d'une certaine poésie :
c La science est, pour M. Courrier, une
> réaction contre le refroidissement r dans
» les affections de l'âme, dit-il, la réaction
» 5*opère en notre cœur, en notre cerveau,
> dans nos sentiments, dans nos passions >
et, les larmes sont, pour M. Courrier, « le
lauréat de la prime d'honneur régionale de
PAude (voir la couverture du livre), le cri
arraché par la joie, par la frayeur, par la
douleur. »
Messieurs, le travail de délassement du
docteur Courrier nous parait être une de
ces publications qui seraiejit innocentes si
elles n'avaient le tort de donner une piètre
opinion de la science et des études scienti-
fiques actuelles ; ceux qui acceptent en
toute confiance les assertions de M. Courrier
ne récolteront bien souvent que des décep-
tions. C'est pour ces motifs que nous vous
proposons d'en faire le dépôt à notre biblio-
thèque et de voter des remerciments à
l'auteur de ce livrn.
M. Crogq. Je suis parfaitement d'accord
avec M. le rapporteur, lorsqu'à la fin de
son travail, il nous dit qu'il ne considère
pas cela comme un ouvrage sérieux. Ce
n'£st pas de la science, c'est de la fantaisie
ou de la plaisanterie au point de vue scien-
tifique. Voyez vous ce mari qui voulant
obtenir un rejeton mâle se fait pratiquer
une saignée, se soumet à un régime léger,
ne boit plus que de l'eau, afin de ne pas
avoir une force trop considérable, et d'ar-
river à fabriquer uu garçon. .
M. Wbhenkbl. L'auteur prescrit cela
tout au long.
M. Crocq. Je me demande si en nous oc-
cupant de cela nous n'entrons pas tout à fait
dans le domaine de la charge. Je me de-
mande même si le compte rendu si con-
sciencieux, si bien fait de M. Wehenkel
doit paraître intégralement dans le journal.
Ne faut- il pas éviter de donner à ce livre
une importance quelconque.
M. LG Président. Je suis de l'avis de
M. Crocq. Cet ouvrage n'est pas sérieux;
mais nous ne pouvions le savoir avant -le
rapport de M. Wehenkel.
M. VAN OEN CoRpuT. J'iusistc pour l'in-
sertion du travail de M. Wehenkel préci-
sément pour éviter que l'on prenne l'ou-
vrage de M. Courrier trop au sérieux. Le
rapport de M. Wehenkel a été fait très-
consciencieusement, mais trop sérieuse-
ment peut-être; il conviendrait d'y intro-
duire, dès le commencement, un correctif
ironique montrant bien que M. le rapporteur
ne prend pas un roman pour de la science.
M. Sacré. 11 me semble. Messieurs, que
le correctif donné par M. Crocq et appuyé
par l'unanimité des membres de la Société
éclairera suffisamment les lecteurs de notre
journal et saura les mettre en garde contre
ce qu'ils peuvent prendre au sérieux dans
cet ouvrage. Nous pouvons donc publier
le rapport de M. Wehenkel qui fait du reste
ressortir le but fantaisiste de ce travail.
— L'assemblée décide que le rapport
sera publié avec quelques modifications.
58
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458
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
M. Vande Vyvere donné ensuite lecture
de son rapport sur la note de M. Henrotte,
pharmacien à Liège» au sujet de la prépa-
ration du sirop de tolu.
M. Vandr Vyvere. Messieurs, M. Hen-
rolte-Davreux, pharmacien à Liège, nous
a adresse une note « sur le sirop de tolu »
avec prière de vouloir la soumettre à Texa-
men de notre honorable Société.
Le sirop de tolu est une de ces prépara-
tions pharmaceutiques qui ont eu le privi-
lège d*exciter Témulation de divers prépa- ''
rateurs.
On s'est demande : Faut-il ou ne faut- il
pas laisser la matière résineuse dans le
sirop ?
Dans le premier cas, quel est le meilleur
procédé pour céder au sirop de sucre les
substances aromatiques du tolu ?
Dans le second cas, quel est le mode
opératoire le plus propre à tenir en sus-
pension la matière résineuse?
La pharmacopée belge indique deux
préparations, la première ne renferme pas
la matière résineuse Ja seconde la renferme
à rétat de teinture alcoolique.
M. Deletter avait, dans le temps, signale
à la Société de pharmacie de Bruxelles,
les inconvénients qui peuvent résulter de
la latitude que laisse le codex d'employer
deux sirops qui diffèrent beaucoup Tun de
l'autre ; il avait saisi Toccasion pour expri-
mer le désir de voir cette Société se pro-
noncer pour Tune ou l'autre préparation
afin d'avoir de l'uniformité dans toutes les
officines.
La majorité se prononça pour le sirop
avec teinture, tout en regrettant Tinconvé-
nient qu'il a de laisser séparer la résine
après quelques temps et de contenir des
flocons dûs à la matière résineuse.
Plusieurs membres proposèrent d*obvier
à ces inconvénients par les procédés sui-
vants :
M. Hauchamps faisait bouillir quelques
instants le sirop ; la plus grande partie de
la résine se séparait immédiatement.
M. Delchevalerie recommandait d'em-
ployer un isirop de sucre très-consistant et
d'y ajouter la teinture.
M. Finoelst de triturer la teinture avec
du sucre puis d'ajouter le sirop.
£es trois modus faciendi ont des incon-
vénients, le premier de séparer la résine
et de ramener le sirop à un produit ana-
logue au premi<;r mode opératoire. Les
deux autres^ de donner des sirops trop con-
centrés et sujets à cristalliser. Les pro-
cédés des pharmacopées belge et fran-
çaise, ainsi que ceux décrits par Monier,
Laronde, Duménil, Letoret, fils, Breton,
Desailly, de Grand-Pré« Bouffay d'Attichy,
Montané de Moissac et Lalieu, donnent tous
un sirop qui renferme très peu de matière
résineuse.
11 est donc inutile de les comparer au
produit de M. Henrolte qui a surtout pour
mérite de préparer un sirop qui renferme
toute la matière résineuse du baume.
Le second procédé décrit dans le formu-
laire, officiel belge sous le nom de sirop
extemporané donne un sirop qui renferme
la partie résineuse du tolu incorporé par
simple mélange. Mais, comme on l'avait
déjà observé, ce sirop n'est pas stable et se
débarrasse bien vite de la -résiné qu'il ren-
ferme. C'est pour obvier à ces inc<mvé-
nîents que M. Henrotte propose d'ajouter
pour i,O0O gr. de sirop, 10 gr. de poudre
de gomme adragante et d'opérer comme
suit : On divise parfaitement iO gr. de
poudre de gomme adragante pulvérisé
avec Q. S. de sirop, quand le mucilage
est b^n uniforme, on ajoute 40 gr. de
teinture de tolu, on émulsionnc puis on
ajoute le restant du sirop simple pour par-
faire i^OOO gr. de produit.
Grâce à l'intermède de la gomme adra-
gante, M. Henrotte obtient un sirop qui se
conserve indéfiniment sans que la résine
se sépare.
M. f^eroy et M. Latour avaient dans le
temps^ proposé la gomme arabique pour
arriver au même but.
M. Leroy triturait ensemble O.iO gr. de
tolu et 1 gramme de gomme arabique.
Quand le mélange était réduit en poudre
impalpable, il y versait 3 gr. d'alcool, tritu-
rait encore quelques minutes et enfin y
ajoutait petit à petit 50 grammes de sirop
simple.
M. Latour, sous le nom de sirop résine*
balsamique de tolu, fait prendre 100 gr. de
tolu, 300 gr. sucre et 100 gr. de gomme
Sénégal. On triture le tout ensemble, et lors-
qu'on a obtenu un mélange intime et fine-
ment pulvérisé, on le met dans une bassine
en cuivre étamé et préalablement chaufiTée
à i 00 degrés; on ajoute 3,400 gr. sirop
simple, additionnés de 600 gr. d'eau
bouillante, par quantités fractionnées, et on
verse sur une étamine pour séparer les
impuretés.
Nous leur préférons le sirop de M. Hen-
rotte et cela parce que celui ci ne chauffe
pas et ensuite parce que la gomme adragante
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
459
émuisionne mieux et a pour avantage d*em-
pécherTintroduction d'une quantité beau-
coup moindre de substances étrangères.
Nous avons préparé du sirop d*après la
formule de M. Henrotte, elle nous a donné
un produit rccommandable. Nous n*avons
qu'une légère objection à faire au mode
opératoire. La poudre impalpable de
gomme adragante se mélange très-mal au
sirop et forme souvent de petites masses
globuleuses qu'il est difficile ensuite de
diviser; cet inconvénient est évité en tritu-
rant au préalable la gomme avec un peu de
sucre, aussi conseillerons- nous de triturer
au préalable, avant l'addition du sirop, la
gomme avec iO grammes de sncrc, afin
d'éviter ce petit désagrément.
Sauf cette légère modification, nous,
croyons pouvoir recommander le procédé
de M. Henrotte comme fournissant une
bonne préparation qui se conserve indéfi-
niment sans perdre de ses propriétés thé-
rapeutiques.
En conséquence. Messieurs, nous avons
l'honneur de vous proposer : i" d'adresser
des remerciments à M. Henrotte; 2° d'insé-
rer sa noté dans le journal de la Société.
— Ces conclusions sottt mises aux voix
et adoptées.
M. le Trésorier expose ensuite la situa-
tion de la caisse dont les comptes sont ap-
prouvés,
La séance est levée h '9 heures.
Académie royale de médeoine de
Belgique .
Séance du W octobre i875.
(Président : M. Vleminckx.)
La séance est ouverte à i i heures et
demie.
Sont présents : MM Bellefroid, Borlce,
Boulvin, Chandelon^ Cousot^ Craninx, De!-
wart, Depairc, De Roubaix, Foelen, Fos-
sion, Gallez^Gaudy, Gille,Gluge, Gouzée.
Hairion, Kuborn, Lefcbvre^ Lequime,
Mascart; Michaux, Rommelaere, Soupart,
Thiernesse, Thiry, Van Kempen, Vle-
minckx et Warlomont, membres titulaires;
MM. Laussedat, Pétry oX Somers, mem-
bres honoraires.
A propos du procès-verbal de la dernière
réunion, M. Warlomont demande la parole
et s'exprime comme suit :
t Je me permettrai de faire une obser-
vation sur le retard qui a été apporté à la
publication du procès- verbal au Moniteur,
où il n'a paru que huit jours après la
séance. Pendant ce temps, à défaut d'un
document authentique officiel sur lequel il
lui fut permis de s'appuyer, l'opinion pu-
blique a pu s'égarer sur la signification à
donner à la clôture pure et simple de la
discussion qui s'y est terminée et elle ne
s'en est pas fait fauto.
« C'est ainsi que nous avons trouvé,
dans un journal considérable et considéré,
l'appréciation suivante : Le résultat de
cette longue lutte est le triomphe de la science
catholique. Si ce journal avait eu connais-
sance du procès- verbal officiel de la séance
du 9 octobre, il n'aurait pas exprimé une
semblable opinion qui n'y trouve aucun
appui.
c L'Académie, si elle avait justifié une
semblable interprétation de l'esprit de ses
débats soit- dans le cours de la discussion,
soit dans la façon dont elle Ta close, aurait
manqué à sa mission^ qui est essentielle-
ment scientifique, et ce reproche, elle ne
l'a pas encouru. Elle n'a rien fait et ne
pouvait rien faire pour le triomphe ou
pour l'abaissement d'une science catholique,
dont le nom exclusif n'a pas de place mar-
quée à son frontispice.
€ J'exprime mon regret de ce retard et
Tespoir que^ dans des circonstances analo-
gue*, il ne se reproduira pas. »•
M. Tbiernesse obtient la parole et, après
avoir fait remarquer que c'est apparem-
ment d'un journal catholique que M. War-
lomont a voulu parler, déclare qu'il a lu la
thèse contraire dans un journal libéral. A
son avis, l'Académie n'a pas à s'occuper
des comptes rendus des séances que pu- .
blîent les journaux politiques. M. Thier-
nesse fait, du reste, observer que la publi-
cation du procès verbal officiel n'a pas été
plus tardive que d'ordinaire ; il ajoute que
l'ordre du jour pur et simple qui a été voté
n'est en définitive que la question préala-
ble qu'il avait proposée.
M. Warlomont déclare qu'il n'entend
pas faire intervenir les journaux de telle
ou telle nuance et constate que ce que vient
de dire M. Thiernesse ne fait que mettre
davantage en évidence l'utilité de la me-
sure qu'il réclame; il exprime de nouveau
le vœu que le procès-verbal officiel soit
publié plus tôt.
M. Vleminckx cède le fauteuil de la pré-
sidence à xM. Soupart et fait connaître qu'il
n'admet pas l'interprétation donnée par
M. Thiernesse de l'ordre du jour pur et
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i(iO
ÂGADtMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
simple qui a été voté, attendu que Tordre
du jour signifie simpleirient que Ton cesse
de discuter et que Ton passe à un autre
objet, tandis que la question préalable veut
dire qu*il n'y a pas lieu à délibérer.
M. VIeminckx rappelle que son honorable
collègue, dans la réunion du 10 juillet der-
nier, avait proposé la question préalable
sur les ordres du jour motivés de MM. Ku-
born et Crocq, mais que la proposition n'a
pas été maintenue dans la séance du 9 octo-
bre, vu que les ordres du jour ont été dis-
cutés.
L'observation de M. Warlomont et les
considérations auxquelles elle a donné lieu
seront mentionnées au procès-verbal de la
séance.
Après l'adoption du procès-verbal de la
réunion précédente, il est donné lecture
du résumé des pièces reçues.
Satisfaisant à la demande qui lui a été
adressée, au nom de l'Académie, à la suite
de la proposition de MM. Kuborn et Mas-
cart, tendante à faire étendre le cercle des
connaissances exigées des sages-femmes,
afin de les mettre à même, en cas d'urgence
et en l'absence d'un praticien, de faire des
applications de forceps dans les cas simples,
AI. le ministre de Tintérieur fait parvenir
les renseignements qui lui ont été fournis
par les commissionj médicales provin-
ciales sur L'enseignement théorique et pra-
tique donné aux accoucheuses.
Donnant suite aux décisions prises par
la Compagnie, le Bureau a chargé MM. VIe-
minckx, Kuborn et Pigeolet d'examiner la
proposition prérappelée, relative aux sages-
femmes ; il a désigné MM. Crocq et Lefeb-
vre pour l'avis à émettre, au point de vue
' des dispositions réglementaires, sur le tra-
vail de M. Cambndin, intitulé : Discours
sur la contagiosité du choléra. M. Hubert
est appelé à examiner le résumé donné par
M. Abeille d'une méthode de redressement
des déviations utérines.
A Toccasion de la discussion qui a eu
lieu à l'Académie sur Louise Lateau, M. le
baron Frédéric de Thielmann, à Bonn,
adresse une lettre dans laquelle il expose
qu'il a VU; dans sa jeunesse, une fille
d'environ 20 ans qui portait, dès sa nais-
sance, des stigmates aux mains, aux pieds,
à la tête et au côté. Il ajoute que si Ton
désire d'autres renseignements, il s'em-
pressera de les donner.
M. Depaire soumet a l'Académie, au nom
de l'auteur, M. Vande Vyvcre, pharma-
cien à Bruxelles, une observation relative
à la présence de l'alloxantine dans Tintes-
tin d'une personne empoisonnée par de
l'acide oxalique. — Renvoi à une eommis-
sion à nommer par le bureau.
M. Hicguet présente, de la part de M. le
docteur Ch. Horion, a Liège, on travail
manuscrit intitulé : Kyste purulent de
l'ovaire; uvariotomie; guérîson. — Opé-
ration césarienne; guérison; — Même
décision.
5) me [)e MoerloQse, sage- femme en chef
de la Maternité de Bruxelles, offre un
exemplaire d'un ouvrage intitulé : Instruc-
tions théoriques et pratiques sur Vart de$
accouchements, qu'elle a traduit du flamand
sur la nouvelle édition du cours d'accou-
chements donné à l'Ecole de la maternité
de Gand par M. le docteur Lados.
M. Warlomont offre deux brochures»
l'une, sur la chromatopseudopsie, l'autre,
qu'il a publiée avec la collaboration de
M. le docteur Nuel, sur le muscle ciliaire.
M. De Roubaix présente, de la part de
M. le docteur Von Langcnhcck, membre
honoraire de la Compagnie, à Berlin, une
brochure contenant une observation d'ex-
tirpation totale du larynx avec l'os hyoïde,
d'une partie de la langue, du pharynx et
de l'œsophage.
11 est encore fait hommage à TAcadémie
de quelques autres publications dont les
titres seront insérés au Bulletin. —- Re-
merciments aux auteurs des travaux pré-
sentés.
L'Académie entend ensuite lecture des
travaux suivants :
1 . Rapport de la Commission chargée de
l'examen de la communication de M. le
docteur Lacomple, intitulée : Observation
d'une fistule pancréatique chez l'homme.
— M. Rommelaere, rapporteur.
Le travail de M. Lacompte ayant été
présenté au Congrès périodique interna-
tional des sciences médicales de Bruxelles,
la Commission, en présence de l'article 94
du règlement, émet l'avis qu'il n'y a pas
lieu de faire rapport et propose de passer à
l'ordre du jour.
Après un débat auquel prennent part
MM. Alasoin, Rommelaere, Gluge et Thier-
nesse, les conclusions du rapport sont
mises aux voix et adoptées.
M. Lefebvre déclare s'être abstenu parce
qu'il n'a pas assisté à la discussion.
2. Recherches expérimentales sur la
part qui revient au degré de perméabilité
des voies lymphatiques dans la production
de l'œdème, par M. Boddaert.
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4GADËM1ES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
461
L*lionorabIe corre3poDciant communique
U première partie de son travail, qu'il ter-
mine par la conclufiiou suivante : i Chez
les jeunes animaux au moins, le degré de
perméabilité des voies lymph}*tiqucs a une
influence r/elle sur la production de Tœ-
dème. »
La communication sera imprimée dans
le Bulletin.
5. Présentation d*un amputé de Tavant-
bras, porteur d'un appareil (avant-bras
artificiel) qui lui permet de continuer son
inétier de forgeron, par M. Boëns, cor*
respondant.
M. Boëns met sous les yeux de ses col-
lègues Parmature à Taide de laquelle Tou-
vrier qui a été amputé, et qui est présent,
bat du marteau à deux mains, bêche, fait
en UD mot les métiers les plus fatigants.
Il dépose aussi sur le bureau les dessins
dés appareils à Paide desquels cet homme
peut prendre des objets très-petits et faire
à peu près tout ce que Ton peut exécuter
avec la main naturelle.
fiCS dessins des appareils seront repro-
duits dans le Bulletin.
i. Suite de la discussion des communi-
cations de MM. Crocq, Kuborn, Segers, et
de tous les autres travaux relatifs à Tcpi-
démie de choléra de 186f), soumis i la
Compagnie.
Après avoir entendu MM. Lequime,
Vleminckx et Depaire, 1>* Académie décide
que la discussion sera continuée dans la
prochaine séance.
Conformément à Tarticle 48 du règle-
ment, les sections se sont réunies à Tcffet
de se choisir respectivement un président
et un secrétaire pour la prochaine année
^adémique.
Ont été élus :
Première section. — Président : M. Fos-
sion ; secrétaire : Rommelaere.
Troisième section. — Président : M. Sér-
iée ; secrétaire : Gallez.
Cinquième section, — Président : M.
Gille; secrétaire : M. Chandelon.
Sixième section. — Président: M. Gaudy ;
secrétaire : Foelen.
La nomination des présidents et des se-
crétaires des deuxième et quatrième sec-
tions est ajournée à la prochaine réunion.
L'Académie se forme en comité secret à
i heure trois quarts.
L'ordre du jour appelle la nomination du
président et des vice-présidents de la Com-
pagnie pour Tannée 1876.
M. Vieminckx est réélu président et
M. Soupart est nommé premier vice-pré-
sident, l'un et Vautre par acclamation. .
Le scrutin ouveH pour la seconde vice-
présidence donne la majorité absolue à
M. Hairion.
La séance est levée à 2 heures.
▲oadémie de Médecine de Pari».
Séance du 5 octobre 1875.
Présidence de M. Gosselin.
M. PoGoiALB présente le premier numéro
du Journal d*hygiène de M. le docteur
Piétra Santa.
Réclamation. - M. J. Guérin, relève
deux méprises que renferme la réponse de
M. Giraud-Teulon à sa communication
sur l'acte de l'accommodation de l'œil, et
sur la myopie mécanique.
M. Giraud-Teulon me prête l'idée que
les muscles droits de Pœil, en se contrac-
tant, ont pour effet d'allonger le globe ocu-
laire; et toute son argumentation se ré-
sume â démontrer que « de toute nécessité
ce serait un raccourcissement de l'axe
antéro postérieur qu'on en devrait atten-
dre ; i mais c'est précisément ce que j'ai
dit, et c'est en effet ce qui est. En lisant
plus attentivement le texte de nia commu-
nication, notre eollègue y aurait vu, à la
suite de ma proposition générale dont il a
renversé les termes, ces lignes complémen-
taires qui le lui auraient fait mieux com«
prendre, t J'ai eu Thonneur de présenter
à M. Aragounjeun« homme de vingt-huit
ans, sur lequel les mouvements alternatifs
de retrait et de relâchement de l'œil corres-
pondant à la vision, à courte et à longue
distance, étaient appréciables sans le se-
cours d*aucun instrument. »
Voici la seconde méprise de notre collè-
gue. J'avais cité deux cas de myopie la
mieux caractérisée : chez Tun la myopie
était compliquée d'un léger strabisme ;
chez l'autre elle était simple; chez tous
deux la myopie a disparu presque immé-
diatement après la section des muscles
droits internes et externes.
Voici ce que je disais textuellement du
second fait : « Je citerai encore un jeune
homme kgé de dix-huit ans, fUs d'une mère
myope dont la mère avait également la
même infirmité (trois générations de myo-
pes). Ce jeune homme a été présenté à
M. Arago avant Topératiou. Il ne pouvait
pas distinguer les caractères cicero à plus
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462
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
de 4â centimètres, et lisait couramment k
la même distance et h une dislance plus
éloignée avec des lunettes n" 7. Trois
jours après la section des deux droits
internes et externes, il commençait à lire
sans lunettes à la même dislance, etc. i
Voici la traduction de M. GiraudTeiv-
Ion :
« Un jeune homme de dix-huit ans, fils
d'une mère myope atteinte de la même in-
firmité (le strabisme sans doute, ajoute
notre collègue). Que TAcadémie veuille
bien le remarquer mon texte porte i fils
d'une myope, dont la mère avait égale-
ment la même infirmité » . Non content
d'avoir supprimé cette circonstance, aussi
intéressante que décisive^ à savoir que la
mère de la mère de mon myope était,
myope elle-même comme sa fille, M. Gi-
raud-Teulon traduit ces mots : « avait
également la même infirmité la {myopie) ; »
sur ces mots : « le strabisme sans doute, »
Ces redressements sommaires donneront
le temps d*a(tendrc ceux que je dois ap-
pliquer à l'ensemble des idées que M. Gi-
raud-Teulon professe, et qu'il considère
comme t expressément établies, acquises,
acclamées, et comme une des plus fermes
conquêtes scientifiques de notre çpoque. »
On verra bien.
M. Girâud-Teulon. Je n'ai eu d'autre
but dans mon argumentation que de dé-
montrer Terreur de la théorie qui attribue
une influence à l'action musculaire externe
sur la réfraction. Cette doctrine a été dé-
montrée fausse par les observations et les
expériences les plus précises faites depuis
quinze ans et contrôlées par tous lés oph-
thalmologistes. Quand j'ai voulu en faire
la démonstration graphique, on m'a arrêté
en me disant que c'était là une vérité de*
venue classiqu.e ou élémentaire. Je n'ai
pas à y revenir. Que M. J. Guérin apporte
des faits^ et si un seul de ces faits rentre
dans sa théorie je passe condamnation.
Faux abcès des os et ostéite névralgi-
que. — M. GossELiN donne lecture d'un
mémoire sur les faux abcès des os et Vos^
téite à forme névralgique qui les accom-
pagne ou les simule.
M. Gossélin résume ce travail par les
trois propositions suivantes :
i" Dans les os longs condensés par one
ancienne ostéite, il peut exister des cavi-
tés qui ne sont pas des abcès et des dou-
leurs à forme névralgique qm ne tiennent
pas à la présence de ces cavUcs ;
2" L'ostéite à forme névralgique peut
même exister sans aucune cavité acciden-
telle, mais toujours dans un os hypertro-
phié par une ancienne ostéite ;
3<* La trépanation peut être utile et est
peu dangereuse dans ces cas d'hypérostose
avec ostéo- névralgie.
Théorie de la migraine. — M. Piorry
commence la lecture d'un long travail snr
ce sujet, qu'il se propose de terminer dans
la sénnce prochaine. Nous résumons ce
travail quand h lecture en aura été faite
complètement.
Séance du iSL octobre.
Présidence de M. Gosselin.
Vertige, migraine, etc. — M. Piorry
continue la lecture de son mémoire sur le
vertige, suivi de considérations sur la mi-
graine et d'autres névropathies (épilepsiç,
hystérie, rage, etc.).
Le but de ce travail est la recherche des
causes anatomiqnes et physiologiques, ainsi
que de siège réel de cette erreur d*optique
et de cette sorte d'hallucination que l'on
désigne communément sous le nom de
vertige.
L'un des plus grands obstacles qui se
sont opposés au progrès réel des sciences
médicales^ dit M. Piorry, c'est la confusion
qui a de tout temps été faite, d'une part
entre le mal lui-même, l'état pathologique
ou la roonorganie principale, et de l'autre,
la multitude de circonstances qui peuvent
précéder , ou même souvent déterminer
cette monorganie. On s'est presque tou-
jours borné à dire qu'elle consistait en une
espèce de congestion cérébrale.
Les faits conduisent à une explication
toute différente.
Ce phénomène consiste en une vibration
morbide des nerfs qui joue un si grand
rôle dans la pathologie nerveuse et que j'ai
appelée névropallie.
Parfois, dans Pétat de santé et lorsque
rien ^'annonçait l'invasion du mal, il sem-
ble que les objets qui nous entourent se
déplacent, s'élèvent ou s'abaissent, se por-
tent à droite ou à gauche, tournent autour
de soi. Quand le mal est intense et de
quelque durée, il arrive, comme dans la
migraine ou Irisalgie, que des nausées sur-
viennent et que des vomissements se dé-
clarent.
Pendant le vertige l'intelligence n'est
pas compromise, la personne qui l'éprouve
a toute sa lucidité d'esprit.
Pendant que se manifeste le déplace-
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES,
463
ment apparent de Timage des obj>ts si-
tués près de soi, le globe oculaire se livre
souvent et peut-être toujours à un mou-
vement de vibratiiin , d'oscillation dans
divers sens, qui persiste et se reproduit
alors que la sensation de ce déplacement
reparait avec quelque intensité.
Pour bien comprendre ce qu'est le ver-
tige en lui-même, il convient avant tout
de le rapprocher de Tirisalgie.
Dans les deux cas, une excitation de
riris en est la cause productrice; dans
Tun comme dans Tautre, les premiers acci-
dents consistent en une sensation qui res-
semble à une sorte d'hallucination.
Du parallèle que M. Piorry établit ici
entre le vertige et la migraine, il en con-
clut à une analogie complète, et, d'après
les considérations précédentes, le vertige
et la migraine seraient de la même famille ;
ils ont leur siège ordinairement dans un
seul œil ; ils consistent Tun et l'autre dans
une vibration qui a lieu^ pour la migraine,
dans riris et les nerfs sensîtifs ciliaires ou
iridicns, et qui produit un phosphène et une
trépidation qui apparaît sous la foi me de
Tare irisalgique, et se propage, comme il a
été dit, aux ramifications de la cinquième
paire; tandis que, dans le vertige, c'est
sur les muscles de l'œil que la vibration a
lieu, et elle s'étend aux filets moteurs qui
se rendent à ces muscles, et de là aux par-
ties des mêmes paires nerveuses, qui pré-
sidant au mouvement, faisant contracter
les mêmes muscles, entraînent le globe
oculaire dans la direction qu'ils lui impri-
ment en santé.
II s'agit donc dans le vertige d'une con-
traction involontaire des muscles de l'œil ;
et comme la vibration morbide se porte
alors sur des filets moteurs et se propage
(comme cela arrive pour des filets sensitifs
dans l'irisalgie) aux fibres motrices de la
cinquième paire, et de leurs divisions et
par des anastomoses au sous-occipital,
aux cordons moteurs de la moelle verté-
brale, c'est alors que se déclarent des trou-
bles dans les mouvements que les membres
inférieurs sont chargés d'exécuter dans la
marche et dans la station.
Quant à la thérapeutique, on doit sur-
tout éviter de fixer longtemps de suite, et
avec trop d'attention, les objets qui stimu-
lent vivement les yeux.
Tout aussitôt que le vertige commence,
il fai^t fermer les yeux et cesser tout dé-
placement de lu tcte et du corps, etc. ^
Un moyen qui réussit très-bien è pré-
venir la migraine, c'est de provoquer au
début du mal l'action physiologique de l'es-
tomac en prenant quelques cuillerées à bou-
che d'un vin de bonne qualité.
M. Leroy. DE Mérigourt pense que c'est
aller trop loin que de vouloir rattacher
toujours le vertige à des troubles visuels.
11 existe, suivant lui, certaines variétés de
vertige dont l'origine ne peut être rappor-
tée à ces troubles de la vue. Le mal de
mer, par exemple, peut exister en dehors
de ces trouble^o, et ce qui le prouve, c'est
que les aveugles peuvent être atteints du
mal de mer.
Myopie (suite de la discussion). — M. Mau-
rice Pbrrin. — On peut distinguer deux
parties principales dans le travail de M. Gi-
raud-Teulon : l'une est en quelque^ sorte
un programme de questions posées ; dans
l'autre. M, Giraud-Teulon compare ce qu'il
croit être le fonctionnement des conseils
de révision avec ce qu'il désirerait qu'il fût.
M. Maurice Perrin entre ici dans la dis-
cussion des diverses propositions émises
par M. Giraud-Teulon ; il fait ressortir les
inconvénients du procédé employé par
M. Giraud-Teulon pour déterminer le rap-
port qui existe entre le degré de la myopie
et lé degré de Tacuité de la vision au point
de vue du recrutement de Tarmée.
Ecarter les myopes de l'armée, c'est la
priver d'un très-grand nombre de jeunes
gens studieux et instruits dont vous avez
si grand besoin pour le recrutement des
cadres. Le port des lunettes vous permet
de remédier à cet état de choses.
Mais, malgré toute l'importance de cette
question ^et tous les avantages que l'on
tirerait de cette légère modification aux
lois du recrutement, AI. Maurice Perrin
ne se dissimule pas toutes les difficultéis
qu'il doit rencontrer, et la pire de toutes,
la sainte routine. Toutefois il espère pou-
voir triompher du ridicule préjugé qui con-
damne les lunettes avec l'uniforme ; et
tout homme dont la myopie peut être faci-
lement corrigée par des verres ne devra
plus être écarté du service actif de l'armée.
M. Giraud-Teulon propose l'emploi de
l'ophthalmoscope, et demande que l'on ait
recours au procédé par l'image renversée
pour apprécier le degré de m>opie. Ce
procédé n'est pas pratique.
M. Perrin met sous les yeux de l'Acadé-
mie un instrument' sur lequel il a déjà ap-
pelé son attention il y a quelques années ;
c'est un optomètre. Cet instrument remplit
toutes les conditions pour déterminer le
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404
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
degré de la myopie. Il y a une dizaine
d*années, M. dt; Graefe, alors à Paris,
disait à M . Perrin en lui présentant le pre-
mier optomèlre : t Voilà un instrument
qui vous rendra de grands services pour
vos conseils de révision. »
Depuis ce temps, M. Perrin a travaillé à
le rendre plus pratique et aussi parfait
que possible.
Les médecins de Tarmée n*ont pas at-
tendu pour s*QCcuper de ces questions
rinitialive de M. Giraud-Teulon, qui en-
gage TAcadémle à i remercier Tadminis-
tration de la guerre de la libéralité avec
laquelle elle ouvre une porte pour Pcx-
pertise scientifique des cas douteux, avec
adjonction des lumières spéciales qui pour-
ront être réclamées par les médecins ex-
perts. »
Depuis trop longtemps je suis témoin
des efforts faits par mes collègues de Tar-
mée pour quMI me soit possible de laisser
ainsi suspecter gratuitement leur compé-
tence.
M. GirauD'Teulon proteste contre les
assertions qui lui ont été prêtées à Pégard
du corps de santé militaire.
Séance du 19 octobre.
Présidence de M. Gossblin.
Correspondance. — M. le Secrétaire
ANNUEL présente un nouveau compresseur
des artères, fabriqué par M. Mathieu, sur
les indications de M. le docteur Benjamin
Anger.
Médecine légale. — M. Gallard donne
lecture d*un travail ayant pour titre : Note
sur l€f dispositions législatives qu'il con-
viendrait de prendre , afin de protéger effi-
cacement la société contre tes actes violents
des aliénés et des épileptiques reconnus dan-
g^ireux. — De nombreuses et ardentes dis-
cussions, qui ont été soulevées à diverses
époques, soit devant les tribunaux ou les
cours d*assises, soit au sein des diverses
sociétés savantes, et, en dernier lieu, au
sein de la Société de médecine légale de
France, relativement à la responsabilité
des actes criminels ou délictueux commis
par les aliénés et les épileptiques, ont
montré combien sont grandes les diver-
gences d'opinion qui séparent sur ce point
le corps médical, plus spécialement repré-
senté par les médecins aliénistes, et les
magistrats plus particulièrement chargés
de veiller à la sécurité des citoyens. C'est
que chacun d*eux, se plaçant à un point de
vue tout différent, semble ne se préoccu-
per que du côté de la question qui se rat-
tache à ses étudé« spéciales. Ainsi le mé-
decin, ne voyant que«rétat morbide sous
rinfluence duquel Taliéné a commis Pacte
qui lui est reproché, ne se préoccupe que
du soin de faire reconnaître son irresponsa-
bilité, sans s'inquiéter des conséquences
ultérieures qui pourront résulter de la
situation qui sera faite à cet individu par
suite de son acquittement. Le magistrat»
au contraire, s'inquiète, non sans raison,
de ce que pourra devenir plus tard cet
individu qui, avec un luxe de précautions
témoignant d'un raisonnement suivi, avec
une logique souvent rigoureuse, a commis
un deâ crimes les plus monstrueux et les -
plus froidement calculés que Pimagination
puisse rêver.
PROJET DE LOI.
Article 4". — L'article 66 du Code pé-
nal est complété par la disposition addi-
tionnelle suivante, qui en formera le second
paragraphe :
f Lorsque, par suite de Pétat mental de
l'accusé, il aura été décidé qu'il est irres-
ponsable, il sera acquitté ; mais il devra
être conduit dans une maison de santé ou
un hospice déterminé par le jugement,
pour y être soigné et détenu jusqu'à son
entier rétablissement.
« Ce jugement entraînera nécessaire-
ment Pinterdiction de Paccusé, dont la
mise en liberté ne pourra être ordonnée
que par un autre jugement, rendu suivant
les formes exigées par la loi pour la main-
levée de l'interdiction. »
Article 2. — L'article 340 du Code
d'instruction criminelle est complété par
la disposition additionnelle suivante, qui
en formera le second paragraphe :
« Si, dans le cours des débats, il est
élevé un doute relativement à Pétat mental
de Paccusé, le président, s'il en est requis,
posera, à peine de nullité, celte question :
L'accusé était-il en état de démence ? »
Article 5. — Mention du jugement ou
de Parrét qui ordonnera Pinterncment d'un
aliéné dans un asilo spécial, en exécution
de l'article 66 § 2 du Code pénal, sera faite
sur les registres tenus par le directeur de
cet établissement, conformément au pres-
criptions de la loi du 50 juin 1838.
(Ce travail est renvoyé à une commis-
sion composée de MM. Baillarger, Dtrge-
ron et Devcrgie.)
M. Henri Roger, au nom d'une commis-
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
465
sion composée de MM. Legouest et Mar-
rotte, commence la lecture d'un rapport
sur une Observation de paracentèse du péri-
carde, communiquée à TAcadémie par le
docteur Chairou, médecin en chef de l'asile
du Vésinet.
M. Roger conclut d'une manière géné-
rale, de l'observation de M. le docteur
Chairou, qu'il n'en est pas de la ponction
du péricarde comme de celle de la plèvre,
el qu'il y a deux conditions nécessaires, à
savoir, la grandeur de l'épanchement péri-
cardique et l'imminence des accidents.
Il se propose ensuite d'examiner en dé-
tail : I<> quelles sont les indications et les
contre-indications de la paracentèse du
péricarde ; 2<* quel est le meilleur mode
opératoire ; 5° quels ont été les résultats
de l'opération et quelle en est la valeur
thérapeutique?
Tboublbs de la vision (suite de la dis-
cussion). — M. Giraud-Tbulon. Des deux
questions partielles sur lesquelles se divi-
sait Tobjet fondamental de cette discussion^
l'une est résolue, l'accord étant fait sur
elle ; la seconde est peut étro, malgré les
apparences, plus près du même accord
qu'on ne doit Timaginer depuis notre der-
nière séance.
Ces deux questions partielles étaient les
suivantes :
En premier lieu, nous nous proposions
d'obtenir : 1° la détermination des degrés
ou coefficients d'acuité visuelle au loin, de-
vant servir de limite à l'incorporation dans
l'armée : cette délimitation étant envisa-
gée, tant dans l'amblyopie proprement
dite, que dans les anomalies de la réfrac-
tion.
â^» Ces éléments étant déterminés, régler
les méthodes d'examen ou d'épreuves pro-
pres à les réaliser dans le recrutement de
l'armée.
De ces deux questions, la première est
aujourd'hui en partie résolue. C'est elle
qui a fait les frais des délibérations du
congrès de Bruxelles, et les conclusions de
ces discussions, quoiqu'elles reflètent en-
core des divergences d'avis qui s'y sont
fait jour, forment une base, un point de
départ commun auquel chacun a pu se
rallier et s'est rallié.
Or^ lorsque je formulai devant l'Acadé-
mie la première conclusion de mon travail,
je ne me flattai assurément pas d'obtenir
une salisfactioii relativement aussi grande^
ni surtout aussi prompte.
Celte conclusion était ainsi conçue :
1'* Emettre le vœu que 1c département
de la guerre veuille bien faire déterminer
par des commissions spéciales : a le coeffi-
cient d'acuité visuelle inilispeusabic pour
le service actif; 6 le degré de l'anomalie de
réfraction correspondant à ce même coef-
ficient; c le degré d'imperfection conci-
liable avec le service.
Comme tous les vœux exprimés dans
celte conclusion se trouvent implicitement
satisfaits par les résolutions du congrès de
Bruxelles, comme ces résolutions ont été
adoptées par M. Pcrrin, j'avais donc quel-
que raison de vous dire qu'à cet égard
l'accord était fait.
Ce sont donc ces résolutions même que je
soumettrai à l'approbation de l'Académie,
au lieu et place de ma première conclu-
sion.
Vient maintenant la question des voies
et moyens, celle de l'application de cette
première partie du problème, aujourd'hui
résolue, c'est-& dire la détcrniinalion de la
nature des épreuves propres à faire^ dans
le contingent, le départ des incorporés et
des exemptes. — Ici M. Giraud Tculon
entre dans des développements très-éten-
dus qu'il ne nous serait pas possible de
reproduire ni même de résumer en ce
moment.
Arrivant ensuite à la fin de l'argumen-
tation de M. Perrin^ M. Girnud-Teulon se
défend contre des assertions qu'il trouve
aussi nouvelles qu'éloignées de soii senti-
ment, etc.
Pour qu'il fût entré dans ma pensée, dit-
il, de jeter un soupçon de défiance contre
le corps de santé militaire^ il eût fallu
d'abord que je pusse voir en moi un germe
tout prêt à se développer en ce sens.
Je ne reproduirai pas les témoignages
directs accumulés dans mon travail, et
bien avant de prévoir une semblable accu-
sation et qui devaient la faire spontané-
ment éloigner de l'esprit de mon contra-
dicteur.
Si, entrant dans l'esprit de mon travail,
on reconnaît qu'une critique s'y fait jour,
elle s'adresse non pas au médecin expert,
mais à l'institution même du conseil, dont
les éléments pèsent sur lui.
Séance du 26 octobre.
Présidence de M. Gossblin.
M. GossELiN offre en hommage, au nom
de M. Hardy, une brochure intitulée : De
59
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466
ACADÉMIES BT SOCIÉTÉS SAVANTES.
quelques modifications à introduire dans
l'enseignement médical officiel.
Troubles de la vision dans leurs rap-
ports AVEC LE SERVICE MILITAIRE (suite de la
discussion). — M. Legoùest n*a pas Pin-
tention de discuter les théories de M. Gi-
raud-Teulon au point de vue scientifique;
quant au point de vue administratif, ii ne
s*y arrête que pour faire observer à M. Gi-
raud-TeuIon que te conseil de santé n*a pas
attendu que le conseil de révision autorisât
le médecin qui Tassiste à rechercher Topi-
nion d*un médecin autre que Tun de ses
confrères de Tarmée, et que, dans sa pen-
sée, ce dernier devait être le médecin en
chef du corps d*armée. Le conseil de santé
a eu beaucoup de peine à faire admettre un
délai d*examen et une double garantie pour
les intéressés. L'idée de recourir à des lu-
mières spéciales, en dehors de ces condi-
tions, ne lui est pas même venue, d^une
part, parce qu'il ne le jugeait pas néces-
saire, d'autre part, parce que toutes les
instructions ministérielles relatives à la
formation des contingents ont toujours re-
commandé de ne choisir pour assister les
conseils de révision que des médecins mi-
litaires, ayant au moins le grade de major.
M. Legoùest félicite M. Giraud-Teulon
d'avoir atténué dans son dernier discours
les conclusions relatives à la création de
commissions spéciales et à l'adjonction
d'experts en oculistïquc aux militaires ap-
pelés par les préfets aux conseils de révi-
sion, il ressortait, en effet, de ces conclu-
sions une impression défavorable à l'instruc-
tion du conseil de santé des armées et au
corps tout entier des médecins militaires-
L'intervention de M. Perrin et celle, aujour-
d'hui, de M. Legoùest, ne doivent donc
pas surprendre M. Giraud-Teulon.
Si j'ai bonne mémoire, M. Giraud-Teu-
lon a jadis administré un de nos départe-
ments ; eh bien, c'est à l'ancien professeur
que j'en appelle du savant oculiste.
Je suppose qu'une commission spéciale
.telle que celle qu'il demande aujourd'hui
lui eût été accordée : comment l'aurait-il
composée? Je pense qu'il eût fait l'honneur
au conseil de santé de ne pas lui chercher
des tuteurs autre part que dans celte en-
ceinte. Or les orateurs qui jusqu'ici ont
pris part à la discussion scientifique pen-
dante me paraissent tellement différer
d'opinion, qu'avant d'attendre qu'ils soient
d'accord, je crois que M. le ministre de la
guerre fera sa^^cment de s'en tenir aux avis
de son conseil médical ordinaire.
Mais ce ne sont plus des commissions
spéciales, c'est l'adoption des résolutions
du congrès de Bruxelles que M. Giraud-
Teulon propose de substituer à l'instruc-
tion du conseil de santé. L'adjonction
, d'experts spéciaux aux médecins militaires
assistant les conseils de révision, notre
collègue l'a expliquée en stipulant que
Pexpertise spéciale serait confiée a un
médecin militaire ; mais la proposition qui
devait être présentée auxémînentsophthal-
mologistos assemblés au congrès de Bruxel-
les était plus radicale.
Je ne veux pas examiner avec M. Giraud-
Teulon si les exigences du service de santé
de l'armée permettraient de donner suite
aujourd'hui à sa proposition, et je passe à
l'un des desiderata de notre collègue que
je ne saurais assez énergiquement repous-
ser, je veux parler de son espoir de voir
un jour le conseil de révision lui-même
composé de trois médecins, au lieu et place
des fonctionnaires incompétents suivant
lui, qui le constituent.
Ici M. Legoùest, rappelant le rôle que
toutes les lois sur le recrutement ont dé-
parti aux médecins, montre le peu de fon-
dement que peut avoir l'espérance de voir
un jour entrer trois médecins dans le con-
seil de révision avec voix délibérative.
N'est-il pas admis eti droit administratif
que la qualité d'expert ne peut être con-
fondue dans la même personne avec la
qualité de juge? Quoi de plus sage et ga-
rantissant mieux l'honorabilité des méde-
cins? Du jour^ en effet, où les médecins
experts entreraient aux conseils avec voix
délibérative, leur honorabilité serait soup-
çonnée, sans qu'il en résultât grand avan-
tage pour les jeunes gens appelés.
Enfin une question me reste à faire.
L'Académie est-elle en droit d'examiner et
de voter des propositions touchant les lois
ou règlements établis, sans avoir été con-
sultée par le gouvernement? Je pense que
cette question doit être résolue négative-
ment.
M. Perrin aurait eu quelques considé-
rations à présenter sur le dernier discours
de Al. Giraud-Teulon; mais, M. Giraud-
Teulon étant absent, il croit devoir réser-
ver ce qu'il aurait à dire pour la prochaine
séance.
M. J. GuERiN avait aussi l'intention de
reprendre le point incident de la discussion
qu'il a soulevée.
La parole est réservée à MM. Perrin et
J. Guérin pour la séance prochaine.
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES,
467
A quatre heures, rAcadémie se forme
en comité secret pour entendre un rapport
de Ai. Hirlz sur !es candidats aux places
vacantes de correspondants.
Séance du 2 novembre.
Présidence de M. Gosselin.
Pi^RACENTÉse. — 51. Henri Roger termine
la lecture de son rapport sur une observa-
■ lion de ponction du péricarde, par M. le
docteur Chairou.
Après avoir rappelé queiqfies erreurs
dans le diagnostic des grands épanchemcnts
du péricarde, commises par des médecins
ou chirurgiens éminents, et avoir cité de
nouveau des faits de paracentèse malheu-
reux^ après avoir examiné \ts indications
de Topération tirées de' la quantité de Té-
panchement péricardique, le rapporteur
analyse celles qui ressortent de la nature
du liquide, et il place à côté les contre-
indications,
La ponction lui semble contre-indiquée
dans les hydropisics actives du péricarde,
dans les épanchemcnts sanguins (qui sont
d*ailleurs tout à fait exceptionnels), et enfin
dans les collections purulentes quand elles
sont liées à une infection générale. C'est
surtout dans les vastes épanchements delà
péricardite que rinlervention chirurgicale
peut être opportune et salutaire (avec
toutes les réserves que commande la gra-
vité même de la péricardite, en raison de
ses nombreuses complications , soit aiguës
(endocardite, myocardite, pleurésies, etc.),
soit chroniques (affections organiques du
cœur, surtout des poumons^ fréquemment
tuberculeux). C'est très souvent la tuber-
culose qui donne lieu aux vastes épanche-
mcnts de la péricardite chronique et elle
aggrave dingulièrement la prognose ulté-
rieure des épanchements, une foi la para-
centèse pratiquée.
M . Roger se demande ensuite quel est le
meilleur procédé opératoire pour assurer
le succès de la paracentèse du péricarde.
Il détermine d'abord le lieu d'élection,
qui doit être le cinquième espace intercos-
tal, dans un point intermédiaire entre le
sternum et le mamelon^ un peu plus près
de ce dernier, en ayant soin d'ailleurs de
se guider toujours d'après la pointe du
cœur, lequel pourrait être déplacé et prin-
cipalement abaissé par des adhérences \ il
montre co.'nbien, en dehors de ee point
indiqué, il serait facile de léser avec le
trocart les organes environnants ; il prouve
par des faits la fréquence des blessures du
cœur, mémn avec des instruments capil-
laires, et du reste, ces faits eux-mêmes
démontrent, ainsi que les expériences d'a-
cupuncture, l'innocuité parfaite des pi-
qûres cardiaques : dans aucun cas elles
n'ont donné lieu à des accidents constatés.
Il va sans dire que la blessure des or-
ganes du point où pénètre Tinstrument
sera d'autant moins fréquente et ipoins
grave que cet instrument sera plus. petit,
et, sous ce rapport, les trocarts capillaires
des récents appareils d'aspiration sont in-
finiment préférables aux anciens instru-
ments, lesquels doivent être abandonnés.
L'opération trouve rarement son appli-
cation par suite des complicatiojis concomi-
tantes ou ultérieures de ces épanchements ;
elle est et sera toujours difficile, bien que
sas difficultés soient notablement dimi-
nuées par l'emploi des instruments capil-
laires; elle est incomplète, c'est-à-dire
qu'elle ne peut guère être répétée plu-
sieurs fois, ni soutenue, comme dans la
thoracocentèse » par des moyens acces-
soires; mais elle n'en est pas moins com-
mandée dans certaines circonstances, et,
par exemple, dans les grands épanchements
aigus ou chroniques du rhumatisme, et
aussi dans les épanchements chroniques
dont la nature tuberculeuse n'est pas dé-
montrée.
L'opération n'a point, sauf exceptions,
de vertu" curative; mais elle est formelle-
ment indiquée comme moyen palliatif et
elle constitue parfois une ressource su-
prême.
Le rapporteur propose à l'Académie de
voter des remerciements à l'auteur de l'ob-
servation, M. le docteur Chairou, et de
déposer honorablement snn travail aux
archives. (Adopté.)
Troubles de la vision dans leurs rap-
ports AVEC LE SERVICE MILITAIRE (suite dc la
discussion). — M. Giraud-Teulon. M. Le-
gouest me reproche d'avoir jeté le doute,
sans motifs sérieux, sur la valeur d'un
document administratif qui doit servir de
guide dans l'application de la loi sur le
recrutement. M. Legouest n'a pas songé
qu'il est la reproduction stéréotypée de
toutes les fins de non recevoir opposées
depuis le commencement du siècle à toute
critique d'un abus existant. J'ai développé
à satiété les motifs qui m'ont conduit dans
une communication précédente. Je ne les
reproduirai pas. Je ne m'appesantirai pas
sur le jugement sommaire plus ou moins
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46«
VARIÉTÉS.
détestable porte par notre collègue en ma-
tière de philosophie .scîenliGi|ue générale.
L'opposition de .11. Perrin n'a point
porté sur autre chose que sur le soupçon,
qui le poursuivait, d'une velléité de ma
part d'introduire Télénimt soit civil, soit
spécialiste de profession dans les conseils
de révision. Mais aucune question (ioclri-
nule non plus que d'application ne s*est
élevée entre nous.
L'opinion que M. Legouest a négligé de
nous faire connaître, serait-elle Tensemblc
de conceptions vagues et nébuleuses qui
constituaient le bagage incohérent de la
science en France, il y a quarante années?
On pourrait le croire.
L*enseignement de M. Perrin, comme le
mien, est Fex pression fi<lèle des lois mo-
dernes de la vision, dérivées des mêmes
sources de l'école dUlrecht et de l'école
d'Allemagne , et professées aujourd'hui
partout.
M. Legouest ne considère pas les règle-
ments et les précédents de l'Académie
comme autorisant la conipagnie à prendre
aucune initiative auprès du gouvernement.
Tout le monde sait pourtant que l'Acadé-
mie a été instituée pour donner des con-
seils au gouvernement.
Après quelques explications de M. Per-
rin, la séance est levée à cinq heures.
IV. VARIÉTÉS.
A propos des Sociétés des Secours
Mutuels. — Nous extrayons du Journal
des connaissances médicales les observa lions
très-jusies que publie au sujet de ces
Sociétés, en son style concis et énergique,
notre vénérable confrère le docteur Caffe :
Les médecins doivent à leur ineptie, à
leur défaut absolu d'entente, l'exploitation
honteuse dont ils sont victimes, et dont
aucune autre catégorie sociale ne se lais-
serait souiller; ils consentent à se mettre
à la discrétion des Sociétés diverses, pour
un salaire que n'accepterait pas le dernier
des goujats, au lieu de sauvegarder leur
indépendance et leur dignité en donnant
volontairement et gratuitement leurs soins
et leurs conseils dès qu'ils ne peuvent pas
être honorés convenablement.
Les médecins s'illusionnent en croyant
que le titre de médecins de ces sortes de
sociétés leur amènera une clientèle lucra-
tive ; ils se trompent ; leur jeunesse se
dépense en vain espoir, mais c'est souvent
trop tard quand il« s*en aperçoivent.
Je possède une foule de lettres con6den-'
lieilos à ce sujet. Un de nos plus illustres
professeurs, démissionnaire d'un bureau
de charité^ me disait que les dames de la
haute société lui adressaient des malades
pauvres, mais ne le consultaient jamais
pour elles-mêmes. Un autre confrère, au-
jourd'hui âgé de CO ans, instruit et zélé,
qui traite tous les clients pauvres avec
cette conscience et ce dévouement auquel
ne croyait pas l'archevêque de Paris Dubcl-
loy, qui prévenait son médecin Bouvard
de ne pas le traiter comme tous ces gueux
de l'Hôtel Dieu. « Monseigneur, lui répli-
qua Bouvard, tons mes malades de THôtel-
Dieu sont de.s cardinaux pour moi, et vous
n'êtes qu'un archevêque. » Mon déjà vieux
confrère m'avoue avoir perdu ce qui lui
restait de riches clients, pour leur avoir
donné des poux, en revenant d'ausculter
avec soin des cfients gratuits plus sales
que malheureux.
Transmission de la scarlatine par la
poste. — The Lancet publie, dans ces
numéros. des 9 et 16 janvier, trois lettres
do médecins anglais qui démontrent la
possibilité de ce singulier mode de trans-
mission. Le docteur Land, d'Exmouth, n'a-
vait dans sa clientèle aucun cas de scarla-
tine^ il n*y en avait aucun dans la clientèle
de ses confrères du voisinage, lorsqu'il
reçut une lettre d'un de ses amis lui an-
nonçant la perte de son enfant, mort de
cette maladie. Une semaine après environ,
le docteur Land ressentit les premiers
symptômes d'une scarlatine bénigne. L'en-
fant était mort d'une scarlatine très-grave,
qui avait déterminé une petite épidémie
dans son entourage.
Le 5 décembre dernier, le docteur Hyatt
fui appelé auprès d'une enfant présentant
le rash scarlalineux avec une fièvre trè?-
vivc. 11 n'y avait aucun cas de scarlatine
dans tous les environs. Eu cherchant la
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VARIÉTÉS.
469
cause ih raffecljon, le docteur Hyatt vit
que les parents de reiifant avaient reçu,
(f un pays dans lequel régnait la scarlatine,
et mêrae d'amts dans la famille desquels il
y avait des cas de scarlatine, de ces cartes
que les Anglais ont Thabitude de s'envoyer
pour répoque de Noël.
De même le docteur Knight vit un en-
fant mourir en un jour d^nne fièvre scar-
latine maligne, après avoir joué pendant
quelques heures avec une lettre que ses
parents avaient reçue le matin même d'une
famille où un enfant venait de mourir de
la même maladie. Ici encore il n'y avait
pas de scarlatine dans tous les environs.
[Reviie de Ihérap. médico-chirurgicale.)
Moyen simple et facile de oonterver
la viande en été. — Les principales causes
d'altération des substances alimentaires
sont : la chaleur, Vair et l'humidité. Les
marchands de comestibles et les méaagcres
savent très bien qu'en les soustrayant à
ces trois causes, ils les conservent plus
longtemps sains et propres à Talimenta-
tion.
Dans les ménages, bien qu'on suive Tun
ou Tautrc des procédés recommandés pour
cela,onn*oblient pas souvent de bons résul-
tats, parce qu'on n'exécute pas exactement
la recette ou parce que les spécifiques em-
ployés, tout en préservant les aliments de la
putréfaction, leur communiquent de mau-
vaises qualités, telles que dureté, odeur
et saveur désagréables.
Pour réussir, il faut que le procédé soit
simple quant aux spécifiques i employer
et quant h son exécution.
Voici celui que nous conseillons :
La viande fraîche sera d'abord frottée
avec un linge propre et sec, puis flambée
comme la volaille et saupoudrée de poivre,
s'il n'y a pas d'inconvénient pour Tusage
auquel on la destine ; ensuite on l'enfer-
mera dans un garde-manger exposé au
nord, dans un endroit sec et à l'abri des
mouches ; si on peut le placer dans la cave
au chauffage, ce ne sera que mieux.
Pendant les canicules, la viandeet toutes
les denrées alimentaires s'aitérant plus
(1) Vitra si non frangerentor; mallcoi mihi
quam nurum ; nonc aotem vilia sunt.
« Fuit lameo taber^ qai fecit pbialam vitream,
quse non frangebalur. 4dmis»ui» erga Caesareio
rsl cum suo inunerc : deimie fecit reporrigere
(^eeisareo). et illam in pavinienturo projecit. Cœsar
non pôle vaii'iiiis, quam expaverit; al ille sus-
tulil phialam de lerrà, collisa eral, tanquara
proniptcmcnt encore que pendant les au-
tres époques de l'année, il conviendra de
placer une solution d'hyposulfite sodique
dans le milieu où on les conservera, e'est-
à-dire dans le garde^manger, le fruitier,
les chambres aux provisions, etc., afin d'é-
viter la propagation des germes et leur
action putréfiante.
{Journal de pharmacie d'Anverê.)
Le verre malléable ou trempé à l'épo-
que romaine. — Dans un moment où l'on
fait tant de bruit du verre malléable ou
trempé, nous croyons intéresser le lecteur
en transcrivant le chapitre Ll du Saiyri-
con, poème de l'auteur latin Arbitbr Pe-
TBONB qui écrivait au comaiencement du
premier siècle de notre ère. On verra que
le : nil novi sub sole, rien de nouveau sous
le soleil, est éternellement vrai. Je laisse
la parole à l'écrivain de l'antiquité :
c Si le verre était malléable, je le préfé-
rerais à l'or même : tel qu'il' est, on le
méprise aujourd'hui.
« Il y eut cependant autrefois un ou-
vrier qui fabriqua un vase de verre que
Ton ne pouvait briser. Il fut admis à l'hon-
neur de l'offrir en don à César. Ensuite,
l'ayant repris des niaiiis de l'empereur, il
le jeta sur le pavé. Le prince, à cette vue,
fut effrayé au-delà de toute expression ;
mais lorsque l'ouvrier ramassa le vase, il
u*était que légèrement bossue, comme l'eut
été un vase d'airain. Tirant alors un petit
marteau de sa ceinture, notre homme,
sans se presser, le répara avec adresse et
lui rendit sa forme première. Cela fait, il
crut voir l'olympe devant lui, surtout lors-
que l'empereur lui dit : « Quelque autre
< que toi sait -il l'art de fabriquer de verre
« semblable? Prends bien garde à ce que
c tu vas dire ! » L'ouvrier ayant répondu
que lui seul possédait ce secret, César lui
fit trancher la tête, sous prétexte que, si
cet art venait à se répandre, Tor perdrait
toute sa valeur (1). i>
Et voilà comment le secret du verre
malléable resta perdu jusqu'en 1875.
D. A. V. B {Ibid).
vasum KneuiB. Deinde roallpolum de sinu protu-
lit, et phialam otio belle correxit. Hoc facto,
pulabat se cœium Jovis lenere,- utique, postquain
illi dixit : « Nuniauid alius scit hanc condiluram
n vilr'oram? Vide modo. » u Po»iquam negavil,
jussil ilhiro Cœsar decoUari ; quia enim, si sci-
lum essel. aurum pro lulo tiabercoius. >^
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470
VARIÉTte.
Fleurs ; emploi du eamphre pour les
empèoher de faner (i). — Tout le monde
connaît Taction du camphre sur la santé ;
ce qui est moins connu, c*est Taction très-
énergique du camphre sur la végétation.
Le chroniqueur scionlifique du Bulletin
françaii donne sur remploi du camphre
comme moyen d'empêcher les fleurs de se
faner et de bâter le développement des
graines, des détails curieux.
A vrai dire, Paction stimulante du cam-
phre remonte, sauf erreur de notre part,
an moins à Tannée 1798. Benjamin Barton
eut l'idée en ce temps-là de placer une
tulipe dans une solution de camphre. La
tulipe végéta vigoureusement et dépassa
largement ses voisines mises dans de Teau
ordinaire. Un iris jaune se fanait : Barton
Tarrosa avec de Peau camphrée^ et vite
riris de revenir à la vie.
M. Vogel, de Munich, a repris ces essais
sous une nouvelle forme et en a communiqué
les résultats è TAcadémie de Munich.
Il a jeté' de la poudre de camphre dans
de Teau distillée, et cette eau ainsi chargée
de camphre devient pour le végétal un to-
nique d^une extrême énergie. Deux bran-
ches de seringat en fleur, de taille et de
vigueur égales, furent introduites, Tune
dans de Teau ordinaire, Tautre dans de
l'eau camphrée. Une différence considé-
rable fut vite remarquée. Au bout de douze
heures, la branche qui plongeait dans Peau
pure se penchait et était presque fanée ; la
branche placée dans Teàii camphrée se te-
nait droite et ne paraissait nullement se
faner; quelques-uns de ses boutons
s'étaient même développés. Ce n*est qu'au
bout de trois jours que cette branche com-
mença i laisser tomber ses feuilles. Dans
une autre série d'expériences, une branche
de seringat, qui était presque morte, fut
placée dans de Peau camphrée ; il y eut
quelques heures un retour h la vie très-
marqué, qui fut d'une certaine durée.
M. Vogel pensa alors à arroser des se-
mences avec l'eau de camphre. Il choisit
des graines déjà vieilles qui ont une
force gcrminative plus faible que les
graines jeunes. Ces semences germèrent
sous Pinfluence du traitement, incompara-
blement plus vite que celles qui avaient été
plongées dans de l'eau pure. Il ne serait
(1) L^expérimeotaleur n'oublie qu'un détail,
c'est que le cfeiophre ôte ft la fleur son parfuio et
lui communique sa pénéiranle odeur. N. D. L. R.
donc pas douteux qu'on ne pui«se hâter
ainsi le développement des graines et
donner de la force à des plantes maladives.
(/6;d.)
Éphémérides médioales.
Année 1595.
Fondation à Upsala, par Charles IX, de
la première chaire de médecine établie en
Suède.
André Ou Laurens, d'Arles et J. Gqille-
meau se distinguent en France, le premier
comme médecin à Montpellier, le second
comme chirurgien et accoucheur a Paris.
D'après Grégoire Horslius [De morbis
eorumque causit, Giesscn 16i2 in- 4°), une
épidémie d'ergoiisme ou de raphanie au-
rait régné cette année dans la Hcsse.
20 novembre 1834.
Fondation de PUniversité libre de Bruxel-
les, le sanctuaire de la science indépen-
dante en Belgique.
D' V. O. CORPUT.
JXKr.iuii.tHiii
Le docteur Jahr, le disciple d'Hahue-
mann, vient de mourir à peu près ignoré,
à Bruxelles ; il était âgé de 75 ans. A Paris
ont succombé M. le docteur Ségalas, connu
surtout par ses travaux sur la litholritie,
et M. le professeur Lorain qui s'était acquis
une juste popularité dans PUniversité de
Paris.
L'enseignement et la pratique médicale
viennent d'éprouver en Angleterre une
perte . considérable par la mort de sir
Hughes Bbnnbtt, le célèbre professeur
d'Edimbourg. La Société royale des scien-
ces médicales et naturelles de Bruxelles lui
avait décerné le titre de membre honoraire
le 7 juillet 1873. Nous avons à enregistrer,
en outre, la mort de MM. Boissiére, docteur
eu médecine à Lyon ; Fatard, pharmacien
de i'^ classe à Paris, et Verbueken, phar-
macien à Anvers, l'un des membres fonda-
teurs de la Société de pharmacie de cette
ville.
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FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE.
Goinple-rendu de TAssemblée générale et annuelle tenue dans
la Salle académique de l'Unirersité libre de Bruxelles^ le
30 septembre 1875.
Président : M. J. Grocq. — Secrétaire : M. Feigneaux.
Ln séance est oiiverle à tine heure.
M. LE Secrétaire fait Tappel des niembros du Conseil central de la Fédéra-
tion. Les honorables conseillers qui répondenl à Kappel sonl :
MM. Deridder (Société de médecine de Courtrai) ; Maesen {Société de médecine
d'Alost); S. Croeq {Société royale des sciences médicales et naturelles de
Bruxelles); Van Parys {Société médicale de Louvain)\ Mayer {Société de
médecine d'Anvers); Gravez {Société des médecins des charbonnages du Centre);
Feigneaux (Association de la Caisse de prévoyance du Brabant); Thibaux
(Société de médecine de Grand- Rosière); Descaoïps (Société de , médecine de
f^erviers); Goffin (Société centrale des médecins belges).
MM. les délégués à l'Assemblée générale qui ont signé la liste de présence
sont :
MM. Bercheni (Soctélé de médecine d'Anvers); Y andenbrviel {Société médi»
cale de la banlieue de Bruxelles); Dewindt {Société de médecine d'Àlost);
Claus (idem); Merjens (Société de médecine d'Anvers); Pourbaix {Société de
tpédecine des charbonnages du Centre); Coppln (idem) \ Liinbourg {Société
de médecine de la Flandre orientale) Vuye {Société centrale des médecins
belges); Laussedat (Association de la Caisse de prévoyance du Brabant);
Mayer (Société de médecine d'Anvers); Bessems (idem); Beydier (Société cen-
trale des médecins belges) Delecosse (Société médicale de la banlieue de
Bruxelles); Quinlin ; Wibo {Société de médecine d'Alost) ; Thomas {Société de
médecine de Charleroy); Pigeolel (Société royale des sciences médicales et na-
turelles de Bruxelles); Rommelaere (La Caisse de prévoyance médicale de
Gand) ; Devos (Société de médecine d'Alost).
M. le Secrétaire donne lecture du procés-verbal de la dernière séance du
Conseil central qui est adopté après les observations suivantes.
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47!2 FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE.
M. Hatbr. — Je dois faire rémarqui^r quil a été décidé l*année dernière
que l'un aurait porté à Tordre du jour d'une prochaine réunion, la ques-
tion proposée par la Société de médecine d'Anvers, rplalivi» aux in€d«»cins
ambulants. Je demanderai au Bureau pourquoi il nà pas été donné suite à
cette résolution ?
M. LE Secrétaire. - Cette question est complémentaire de celle pjortée à
Tordro du jour. Dans la pensée du Bureau, elle était implicitement comprise
dans sa rédaction. Elle sera rendue plus explicite.
M. HayER. — On m'a déjà reproché de n*avoir pas fait ce que je devais an
sujet de la mise à l'ordre du jour de cette question. Or la discussion en est
d'autant plus opportune qu'il existe une circulaire en français et en flamand
que Ton répand à profusion à Anvers et que Ton affiche même dans les tavernes.
Elle est très-courte, messieurs ; je vous demande la permission de vous en
donner lecture, et de la déposer sur le Bureau pour qu'elle puisse servir dans
une discussion ultérieure :
« Guérison radicale de VEpilepaie^ Hystérie^ Chorée, Paralysie et uutres
maladies nerveuses, par la méthode découverte par le docteur Auguste Del-
BOYIER, ancien prosecteur d*Anatomie Pathologique et Lauréat à l'Université
de Liège.
«< Demeurant actuellement à Bruxelles rue des Moineaux 6, ou il reçoit tous
les dimanche et lundi.
c A dater de samedi 7 août il se rendra de quinze en quinze jours à Anvers,
Hôtel La Couronne, rue des Israélites n* 6, de 1 à i heures de relevée.
«. Des faits nombreux datant de plus de vingt ans, attestent Tefficacité de
sa découverte.
Brochure iVi-8", prix : 50 centimes. »
Je demande, en tous cas, qu'il soit acte au procès-verbal que j'ai demandé
que cette question fût portée à Tordre du jour.
M. LE Président. — H sera fait mention au procès-verbal de voire obser-
vation; cependant, je dois vous faire remarquer que la question dont vous
entretenez l'assemblée n'est pas neuve et que depuis bien des années déjà
M. Delbovier figure à la quatrième page des journaux comme guérisseur de
maladies épileptiques. Dès que l'on se trouve dans de semblables conditions
on a franchi la limite qui sépare le médecin honnête du charlatan.
M. Descamps. — A l'appui de ce qui vient d'être dit, je pourrais envoyer au
Bureau une petite brochure que M. Delbovier a publiée cl qu'il donne à toutes
les personnes qui le consultent. Dans le principe, il exploitait le charlata-
nisme à Sainl-Séverin, près de Huy, mais sans fruit pour lui. Il est venu
alors s'abattre sur Bruxelles. Je remettrai au Burenu la collection de ces bro-
chures, elle pourra, peut être, lui être utile.
Digitized by
Cooglc
FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE. 475
M. LB Président. ~ Si l'on voulait recueillir toutes les pièces du même genre,
on n'en finirait pas. M. Delbovier n'est du reste pas isolé : il en est malheu-
reusement d'autres qui font la même chose que lui.
L'incident est clos.
M. LB Secrétaire. — Donne lecture de la correspondance :
i"* Lettre de M. Lagae, s'excusant de ne pouvoir assistera la séance, une
indisposition le retenant chez lui. Contre-temps qu'il regrette d'autant plus
qu'il est l'auteur d'une proposition, portée à l'ordre du jour.
^^ Lettre du cercle médical d'Anvers demandant l'affiliation de cette nouvelle
société.
M. LE Secrétaire. — Cette lettre est arrivée après la séance du comité cen-
tral; les formalités d'agréation n'ont donc pu être remplies par lui. Je ne
doute pas. Messieurs, que vous donniez votre approbation la plus complète,
à cette affiliation, et que vous approuviez la convocation qui a été adressée
aux délégués d'Anvers, à la séance de ce jour.
Ils font tous partie du Cercle médical et de la Société de médecine d'Anviers.
[Approbation.)
M. le Secrétaire. - Voici une lettre qui nous est adressée par la Société
de médecine d'Alost :
A MM. le Président et les membres du Bureau de là Fédération
médicale belge.
Messieurs et honorés Confrères,
La Fédération médicale a bien voulu désigner le siège de notre Société pour
y réunir sa dernière Assemblée générale. Cette réunion empruntait un incon-
testable éclat aux circonstances, au nombre et à la distinction des hommes qui
l'ont honorée de leur présence. Nous prions l'honorable Président de la Fédé-
ration d'être notre interprète dans la première Assemblée générale subsé-
quente et de remercier, au nom de la Société d'Alost, tous les confrères qui
ont daigné répondre à notre cordial appel.
Dans la lâche que nous avions assumée d'organiser cette fête confraternelle,
nous avons rencontré la coopération la plus zélée et la plus efficace dans le
concours si largement octroyé de M. Crocq, président; M. Féigneaux, secrétaire
de la Fédération et M. Goffin, secrétaire de |a Société centrale.
Notre Association a fait parvenir à chacun de ces trois honorés collègues un
simple hommage, modeste comniémoratif de leur généreuse intervention. Elle
exprime la satisfaction qu'elle éprouverait si, dans la prochaine séance de
TAssemblce générale, lecture fût donnée du rapport de M. Rommelaere, lu dans
60
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474 FÉDÉRATION MÉDICALE BEL6Ç.
la séance du Bureau fédéral du 21 décembre 1874 et relatif à la transmission
des hommages susdits.
Espérant, Messieurs, que vous voudrez bien obtempérer à nos désirs, nous
vous prions de recevoir, avec l'assurance de notre considération, l'expression
de nos sentiments les plus confraternels.
Pour le bureau de la Société de médecine d'Alost :
Le Président,
Le Secrétnire, Ch. Masen, dojteur.
D'F. Clai's.
M. LE Président. — Vous vous rappelez, Messieurs, comment la Fédération
médicale a été reçue à Alost par l'Autorité communale et par la Société de
médecine. C'est à nos confrères de cette Société que nous devons cette récep-
tion brillante. Ils ont bien mérité du corps médical tout entier. (Applaudisse-
ments,)
M« le Président s'adresse à l'Assemblée en ces termes :
Messieurs,
Voilà un an que nous célébrions avec pompe le 10" anniversaire de la
Fédération médicale belge. C'est là une preuve suffisante de la vitalité de notre
institution, une preuve qu'elle répond à une nécessité de notre existence. Le
médecin ne peut accomplir convenablement sa mission scientifique et sociale
que s'il occupe dans la société un rang convenable, que s*il est entouré de
l'estime et du respect de tous. Pour en venir là, il doit commencer par s'estimer
et se respecter lui-même, dans sa personne et dans celle de ses confrères* Il
ne doit sans doute pas négliger ses intérêts personnels; mais les intérêts géné-
raux de la science et de la profession doivent toujours avoir le pas sur ceux-ci.
Ce qu'il fait, il doit le faire non en vue du bénéOce qu^il pourra en tirer, mais
du bien qui en résultera. Tels sont, Messieurs, les grands principes de la
moralité professionnelle du médecin, principes qu'il ne doit jamais perdre de
vue, sous peine de glisser plus ou moins rapidement et plus ou moins complé-.
tement sur la pente de l'industrialisme et du charlatanisme. L'observation de
ces principes n'est d'ailleurs dépourvue, ni de sanction, ni de récompense :
elle emporte l'estime du corps médical et du public, tandis que leur oubli
provoque des sentiments tout opposés. Plus les médecins s'y conformeront,
plus le corps médical occupera un rang élevé dans la considération publique.
C'est à faire prévaloir ces principes que la Fédération médicale doit s'attacher.
En agissant ainsi,«lleaura beaucoup plus fait,mérafe pour nos intérêts matériels,
que par n'importe quelle revendication : car on paie les hommes d'autant
plus qu'on les estime davantage.
Un point qui mérite au plus haut degré notre attention. Messieurs, c'esi la
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féoébahon médicale belge. 475
répression et rexlinclion du charlalanisme, celle lèpre de noire belle profes-
sion. 11 est de deux espèces : il y a le charlatanisme extra-médical et le char-
latanisme médical. Le premier, le charlatanisme des empiriques et des rebou-
teurs, nuit au médecin matériellement, en le frustrant de revenus qui de droit
lui reyiennent, et moralement, parce que le public est toujours tenté de le
confondre avec ces êtres ignorants et grossiers. Il est encore plus nuisible aux
malades, auxquels il fait perdre un temps précieux, quand il ne provoque pas
directement leur perte par remploi de procédés absurdes etde traitements irra-
tionnels. Rien de plus étonnant que la confiance avec laquelle le public donne dans
le panneau de ces exploitants. Use défie souvent du médecin qui a consacré de
longues années à Tétude et qui a suivi les hôpitaux pour acquérir son diplôme;
et il se laisse duper par le premier venu qui exploite un emplâtre, un onguent
ou une drogue qu*il prétend seul connaître. Nos lois condamnent ces manœuvres,
qui constituent de véritables escroqueries, ces individus promettant des choses
qu'ils savent parfaitement ne pas pouvoir obtenir. Mais souvent les autorités
judiciaires sont trop molles et trop peu attentives vis-à-vis de ces faits. Il est
du devoir des médecins de les poussera faire exécuter la loi, soit en leur signa-
lant les faits délictueux, soit même, comme cela se pratique en France, en
intentant à ces industriels une action civile. Pour éviter toute récrimination
personnelle et tout soupçon malveillant, il convient que ces poursuites soient
provoquées ou intentées non par les particuliers, mais par les Associations
médicales. Vous cherchez, Messieurs, le moyen de réprimer le charlatanisme ;
je vous l'indique. Réunissez-vous tous en Associations; tâchez d'obtenir des
preuves de Texercice illégal de Tari de guérir; signalez- les aux Associations; que
celles-ci les dénoncent aux Commissions médicales, et que ces dernières pro-
voquent les poursuites. Luttez vigoureusement pour exécuter ces conseils, et je
crois que vous réprimerez efficacement Tempirisme.
Le charlatanisme médical est bien autrement nuisible que celui dont je viens
de vous entretenir. Quels que soient ses procédés, la loi. ne peut Tatteindre,
parce qu*il s'abrite derrière le diplôme. Assimilé par cflui-ci aux médecins
honnêtes, le médecin charlatan parvient facilement à se mettre à leur niveau;
et lorsqu'il est apprécié comme il le mérite, une partie de la honte qui lui
revient légitimement rejaillit sur le corps tout entier auquel le défaillant est
censé appartenir. Dans cette catégorie nous rencontrons les inventeurs et les
marchands de remèdes secrets, les médecins qui s'affichent à la quatrième
page des journaux, les médecins d*urines, .et tous ceux qui, tâchant d'initier
le public à leurs idées, proclament bien haut qu'ils suivent un système diffé-
rent de celui de tous les autres, comme le font en général les homœopathes.
Leur but, en se conduisant ainsi, c'est de tromper le public et de faire de l'ar-
geirt par tous les moyens. Ce sont donc bien des charlatans, et ils se rendent
indignes du diplôme qu'ils portent. Il serait utile que la loi permit de les
atteindre, tout au moins par des peines disciplinaires. Jusqu'à présent nos
législateurs n'ont pas réalisé ce but. Nous devons donc nous préserver nous-
mêmes, en refusant tout rapport et tout contact avec des hommes si peu sou-
cieux do la dignité professionnelle. Ici encore, l'Association doit nous venir
puissamment en aide, en dévoilant ces manœuvres indélicates, et en excluant
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47G FÉDÉRATION MÉDICALE BEIGE.
de son sein ceux qui s'y livrent. Vous pouvez ainsi, Messieurs, discréditer le
charlatanisme médical, le décourager, et çn même temps empêcher qu*on
irattribue au médecin honnête aucune solidarité avec ceux qui emploient ces
moyens.
La réunion des médecins en Associations et celle des Associations en une
Fédération forte et respectée, offrent ainsi aux pointa de vue que je viens d'exa-
miner d'inappréciables avantages. Si tous les médecins dignes de ce nom les
comprenaient, cela seul devrait suffire pour les engager à s'affiliera ces Asso-
ciations. Ne soyons donc pas étonnés si, au bout dç i \ années d'existence, la
Fédération médicale est encore pleine de vjc et de vigueur; soyons le plutôt de
voir que tant de médecins encore en restent éloignés. {Applaudissements.)
M. LE Président. -— Messieurs, afin-de gagner du temps, M. le secrétaire ne
vous donnera pas lecture de son rapport sur les travaux de la Fédération médi-
cale pendant l'année 1875, cette pièce ayant été imprimée et distribuée.
Ce rapport est mis aux voix et adopté.
Nous le reproduisons ici :
Messieurs,
Le rapport que j'ai à vous présenter, au nom du Conseil central, offrira
moins d'intérêt que ceux des années précédentes. D'une part, la réunion du
Comité central était peu nombreuse; d'autre part^ un grand nombre de mem-
bres ont cru devoir s'abstenir de paraître. Quoi qu'il en soit, ses travaux
ont une portée incontestable; les uns, au point de vue professionnel, et les
autres, à celui de la Fédération médicale elle-même.
Le Conseil central, dans sa séance du 14 juillet 4874, avait adopté la pro-
position de M. Gravez, relative au taux des honoraires des médecins agréés^
par l'administration des chemins de fer de l'Ëtat, complétée par une décision
qui fut transmise en ces termes aux sociétés affiliées :
FÉDÉRATION MÉDICALE Bruxelles, le 2 septembre 1874.
Messieurs,
Le Conseil central, dans sa séance dernière, a adopté la proposition suivante
de M. Gravez, relative à la question du tarif des chemins de fer, particulière-
ment au point de vue des honoraires des médecins agréés par l'administration
des chemins de fer de l'Etat :
c Si contre toute attente, le Gouvernement maintient le statu quo et ne fait
point droit aux réclamations qui lui ont été faites par les médecins agréés,
ceux-ci s'entendront pour refuser leur concours à ce service public, à dater
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FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE. 477
du {«'janvier prochain; dans le cas où à cette époque M le ministre n*niiralt
pas fait droit à leurs réclamations, et afin qu'il puisse remplacer les titulaires,
ils préviendront l'autorité compétente, trois mois d'avance. »
Afin que cette proposition puisse avoir force d'action, le Conseil a décidé de
prier [es Sociétés affiliét^s de donner pleins pouvoirs à leurs délégués pour
voter dans le sens affirmatif de cette proposition.
Veuillez prendre en conséquence, Messieurs, les mesures nécessaires pour
que la décision du Conseil central soit mise à exécution.
Agréez l'assurance de nos meilleurs sentiments de confraternité.
Pour le Bureau :
Le Secrétaire, Le Président, '
D' Feigneaux. D' J. Crocq.
Il vous souvient. Messieurs, que dans l'Assemblée générale de 1874, à la
suite de la discussion soulevée par M. Gravez, vous avez décidé que, si le tarif
de rémunération pour ce service ne subissait pas de modification, il serait
continué par les médecins agréés, sur le pied actuel, jusqu'au !«' janvier 1875;
qu'à partir de celte époque, et jusqu'à solution du conflit, le traitement des
ouvriers des chemins de fer rentrerait dans le droit commun ; qu'avis, de cette
décision, serait donné à M. le Ministre des travaux publics. En exécution de
cette décision, la lettre suivante lui fut adressée, par les soins du Conseil central.
FÉDÉRATION MÉDICALE Bruxelles, le là novembre 1874.
BELGR.
MONSIEUR LE MINISTRE DBS TRAVAUX PUBLICS.
Monsieur le Ministre,
La Fédération médicale belge, dans la séance de son Assemblée générale du
^i septembre dernier, s'e»t occupée, de nouveau, du redressement des griefs
dont se plaignent les médecins agréés de l'Administration des chemins de Ter
de l'Etat, relatifs à la rémunération du service médical de ce service public et
aux obligations variées qui incombent à leurs titulaires.
Elle a décidé de recourir à votre sollicitude et de vous prier de prendre
sn demande en considération. Espérant, M. le Ministre, que vous voudrez
bien vous intéresser à cette question et lui donner une solution compatible
autant avec les intérêts des médecins agréés qu'avec ceux de l'Administration,
nous avons Thonneni* de porter à votre connaissance, la décision suivante prise
par la Fédération :
m Les médecins agréés des clirmins de fer de TEtal, prient la Commission
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478 FÉDÉRATION MÉDICALF; BELGE.
administrative de la Caisse de retraite et de secours d*adopter un nouveau tarif
de rémunération pour le service médical des chemins de fer. Ce tarif serait
débattu de commun accord entre l'Administration et une Commission de mé-
decins agréés à nommer par le Bureau de la Fédération : Il serait en rapport
a^ec {'augmentation des salaires depuis Télaboration du tarif actuellement en
vigueur et Taugmentation générale des choses nécessaires è tn \v).
c Le service médico-chirurgical serait continué sur le pied actuel jusqu'au
1«r janvier 1875. A partir de cette époque, et jusqu'à solution du conflit, le
traitement des ouvriers du chemin de fer rentrerait dans le droit commun. >
Agréez, M. le Ministre, l'assurance de notre haute considération.
Par ordre du Conseil central :
Le Secrétaire, Le Président^
D' Feignraux. D' Crocq.
Cette lettre fut suivie de la réponse, négative^ suivante :
MINISTERE BruxHht, le 23 décembre t874.
des
TRAVAUX PUBLICS.
ADMINISTRATION
'des
chemiDS de fer postes et télégraphes.
l'e DiRBCTlON.
No 1055. .
À Messieurs les Présideiil et membres de éa Fédération médicale belge^ d
Bruxelles.
Messieurs,
Comme suite à la requête du là novembre dernier, par laquelle vous renou-
velez la demande de révision de Torganisation du service de santé des chemins
de fer de l'Etat, j'ai l'honneur de vous informer que de l'avis conforme de la
Commission administrative de la Caisse des ouvriers, je ne puis que me référer
à la réponse déjà faite à ce sujet par l'un de mes prédécesseurs, sous la date du
26 juin I8H8.
Si, comme vous le faites pressentir, des médecins agréés refusaient leurs ser-
vices à partir du I*' janvier 1875, ils seraient considérés comme démission-»
naires, et il serait immédiatement pourvu à leur remplacement, de nombreuses
demandes d'agréation étant actuellement en instance à l'administration.
Ces demandes prouvent suffisamment que la majeure partie des médecins,
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FÉDÉRATION MËDIGALB BELGE. 479
malgré l'exiguité du larif, prêtent volontiers leur concours à la Caisse des
ouvriers qui est une véritable institution de bienfaisance, ayant droit, à ce
titre, à leur sympathie et à leur dévouement.
Veuillez agréer^ Messieurs, Tassurance de ma considération distinguée.
Le Minisire des Travaux publics ^
K, Beernaert,
En présence de cette situation, le Conseil central s*en réfère à vos décisions
sur ce qui resterait à faire.
M. Lagae, membre de la Société de médecine de Couftrai, avait manifesté,
dans votre réunion du 22 septembre 1874, Tespoir de voir la Fédération
médicale^ verser dans la Caisse de la Caisse des pensions^ une somme à fixer
par elle, dam le but d'affirmer ses sympathies pour Vœuvre,
Ce désir a pris aujourd'hui le caractère d'une proposition formelle; c'est
vous, Messieurs, qui êtes appelés à la résoudre.
En vertu de l'article 21, titre IV, du règlement, le Bureau a sollicité les
Sociétés affiliées de lui faire connaître le résultat, de leurs délibérations, sur
les questions d'intérêt général, auxquelles elles s'étaient livrées pendant l'année
écoulée, et celles qu'elles désiraientvoirdiscuter à l'Assemblée générale de 1875^
Ces questions, qui ont été examinées par le Conseil, et qu'il soumet à votre
discussion, out été formulées en ces termes :
< \^ Au nom de la Société de médecine d'Anvers, par M. Desguin, révision du
règlement, tendant d faire décider, chaque année^ par CÀssembUe générale,
en quel lieu elle se réunira l\vtnée suivante ;
"2.^ Au nom de la Société de médecine d'Aavers et de la Société de médecine
de la banlieue de Bruxelles, par MU. Meyer et Sehoenfeld : Discussion des
mesures à prendre pour empêcher l'exercice illégal de l'art de guérir, par des
pharmaciens, par des personnes étrangères et non diplômées en Belgique;
Enfin S"" au nom de la Société de médecine de Cureghem, par M. Descamps;
Examen des modifications à apporter à l'indemnité médieo4égale, accordée
aux médecins de campagne requis par l'autorité judiciaire en qualité de médc"
cins légistes.
Si cette année les travaux de la Fédération out été moins suivis ; si son aeti*
vite 8*est ralentie et si nous avons eu à dépJorer des défections, en revanche.
Messieurs, l'esprit d'Association professionnelle progresse. Depuis notre fête
anniversaire deux Sociétés médicales se sont constiluées et se sont affiliées à la
Fédération médicale. L^une, la Société de médecine de Lierre, présidée par
M. A. Ranc de Grobbedonck*, composée de 17 membres ; l'autre, la Société de
médecine de Saint- Josse-ten-Noode, présidée par M. Ragmey et composée de
1!) membres. Le chiffre numérique de la Fédération est de 900 men>bres, environ,
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480 FÉDÉRATION MËOICÂLB BELGE.
représentés par 33 Sociétés médicales. Cette situation rend hommage à la
Fédération et se passe de commentaires.
Le Secrétaire,
D' Fbigneaux.
Bruxelles, le 30 août 1875.
L'Assemblée aborde son ordre du jour.
i^ Communication sollicitée par la Société de médecine d'Alost du procès-
verbal de la séance du Bureau de la Fédération du^Ii décembre 1874.
M. Maesbn communique le document suivant rédigé par M. Rommelaere :
Séance du Bureau du 21 décembre 1874.
La séance est ouverte à 8 heures du soir.
Présents : MM. Grocq» président; Rommelaere, trésorier; Feigneaux, secré-
taire.
MM. Pigeolet etMaesen s^excusent de ne pouvoir assistera la séance.
M. LB D'GoFPiN^ délégué de la Société de médecine d'Alost, est introduit
pour faire une communication au nom de la Société de médecine qu'il repré •
sente.
L'Association médicale d'Alost a tenu a honneur de saisir Toccasiou offerte
par la célébration du 10" anniversaire de l'existence de la Fédération, pour
présenter un témoignage de reconnaissance à ceux des membres qui, par leurs
efforts incessants, ont soutenu et fait progresser la Fédération. Parmi ces
membres, la Société d'Alost en distingue surtout deux : M. Grocq, président, et
M. Feigneaux, secrétaire de la Fédération. Ces deux honorables collègues ont
rendu des services inestimables à la cause de la Fédération médicale belge ;
c*est en témoignage de reconnîaissdnce que la Société d'Alost a prié son délégué,
M. le D'Goffin, de remettre à MM. Grocq et Feigneaux un momument durable
qui leur rappelle les services qu'ils ont rendus et la gratitude légitime de leurs
confrères de la Fédération.
. M. le D'GoFPiM remet ensuite à MM. Grocq et Feigneaux un exemplaire splen*
didement relié du compte-rendu de la fête d'Alost avec dédicace et suscription
personnelle à chacun d'eux. M. le D' GoflBn ajoute que la Société d'Alost lui a
remis u» exemplaire identique en souvenir des services qu'il a rendus en se
chargeant de l'organisation d'une large part de la fête d'Alost.
M. RoMMELAERB s'assocte aux sentiments de reconnaissance si bien exprimés
par M. Goffin ; il félicite, au nom du Bureau de la Fédération, ses collègues du
témoignage qui vient de leur être décerné en reconnaissance des services qu'ils
ont rendus à la cause de la Fédération. Mieux que personne, il est à même de
pouvoir reconnaître ta justice de cette distinction, parce que sa position de
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FÈDËHATfON M^ICALE BELGE. 481
memiyre da Bureau lui a perutis de reèonnahre le zète el le dévouement mloU
ligentsdeses honorables collègues.
Il est heureux de pouvoir applaudir également à la distinction accordée à
M. Goffin et il le félicite au nom du Bureau de ce témoignage spontané de ses
confrères d*Alost.
La séance est levée à 9 1/â heures.
2® Renouvellement partiel du Bureau >
M. LE PaÉsiDENT. — C'est par erreur que cet objet a été porté à Tordre du
jour. Le Bureau a été partiellement renouvelé vers 1874. Ce n*est qu'en 1876
que la seconde moitié du Bureau doit sortir.
Z^ Examen des mesures à prendre au sujet de la réponse négative de M. le
Ministre des travaux publics 4 la demande de révision de Inorganisation du
service médical des chemins de fer de VÉtat.
M. LE Président. — Vous avez tous reçu la réponse de M. le Ministre des
travaux publics; elle est reproduite dans le rapport de M. leSeerélaire. Depuis
que celte réponse nous est parvenue, nous n'avons plus rien reçu; la question
n*a donc pas fait un pas depuis tors.
M. Delecosse. — Messieurs, quand nous avons eu l'honneur d-étre reçus par
M. le Ministre de l'inférieur au raout qu'il a offert aux membres du Congrès
médical, j'ai eu l'occasion de voir M. Beernaert, Ministre des travaux public s
et de lui rappeler de nouveau cette intéressante question, du traitement des
médecins attaches à l'Administration des chemins de fer. M. le Minisire m'a
fait exactement la môme réponse que celle que nous ont faite tous ses honora-
bles prédécesseurs; c'est-à-dire, qu'il est plein de bonnes intenlionSy au sujet
deTobjet dont nous l'avons entretenu; qu'il est le premier à reconnaître que
les médecins du chemin de fer sont payés d'une façon dérisoire. (Je me sers à
dessein des expressions qu'a employées l'honorable Ministre.) Il a ajouté que
cette question est du domaine de la Caisse des pensions; que les administra-
teurs de cette caisse ont seuls plein pouvoir pour fixer le tarif d'après lequel le
service des médecins doit être rémunéré et que, par conséquent, ce n'est pas à
lui, Ministre des travaux publics, que nous devons adresser nos réclamations
mais bien aux membres formant le Bureau administratif de la Caisse des
pensions.
J'ai demandé à M. le Minisire s'il m'autorisait à répéter textuellement les
paroles qu*il m*adressaitdans la conversation toute particulière que j'avais avec
loi; M^ le Ministre m'y a autorisé.
Dans ces conditions, Messieurs, je crois qu'il est parfaitement inutile que
nous continuions à nous adresser à M. le Ministre des travaux publics. Per-
sonnellement, il se dit animé des meilleures intentions à l'égard de la Ihèse que
nous soutenons : e(, d'autre part, nous échouons contre le mauvais vouloir de
certaines personnes formant le Bureau administratif de la Caisse des pensions.
61
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48â FÉDÉRATION MÉDICiiLE BELGE.
Je crois donc que si le Bureau de la Fédération juge que de nouvelles tenta-
tives doivent être faites, il devra s^adresser à M. Lepère qui, para!t-il, est placé
à la tétc de TÂdministration de la Caisse des pensions.
J'ai lâché de renforcer les arguments qne j'ai fait valoir à M. le Ministre en
lui disant que les médecins de TÂdministralion avaient l'intention de se mettre
en grève, que des confrères avaient l'intention de refuser leurs services; M. le
Ministre m*a répondu qu'il pouvait m'assurer qne chaque fois qu'une place de
médecin devenait vacante, il se présentait dix candidats pour l'obtenir; que
l'offre dépassait de beaucoup la demande, et que Tadministralion n'était nulle-
menl émue de cette mesure de grève, parce qu'elle était certaine d'avoir tou-
jours à sa disposition plus de postulants qu'il n'en faudrait pour réorganiser,
du jour au lendemain iin nouveau service médical, dans le cas où le service
actuel viendrait à faire défaut. Il m'a fait remarquer, que dans ces conditions,
nous n'arriverions jamais à organiser une grève sérieuse; qu'il valait mieux,
pour nous, essayer dé nous entendre avec la caisse des pensions elle-même, et
qu'aussi longtemps que celte caisse ne prendrait pas une bonne résolution, nous
serions condamnés à faire de l'agitation stérile.
M. Descamps. — Notre association s'est occupée dii tarif médical des chemins
de fer. Dans la séance du 17 mars dernier, elle avait adopte en principe ce
qui avait été fait par la Fédération. Elle a adressé à tous les membres do
Tassociation de l'arrondissement de Verviers, une lettre d'après laquelle elle
engageait les médecins à ne pas accepter les fonctions des médecins démis-
sionnaires du chemin de fer; ceux-ci^ à leur tour, devaient s'engager à
ne reprendre leurs fonctions qu'aux conditions stipulées par la Fédération
médicale. La plupart d'entre eux, sauf deux ou trois, ont répondu à cette lettre.
Depuis lors, la Société médicale d'Alost a adopté différentes propositions et
dans la réunion du 16 de ce mois, nous avons adoj)té sous réserve les cinq
articles qui nous avaient été proposés plus un sixième article qui est celui-ci ;
« Tout médecin qui contreviendra aux précédentes dispositions sera signalé
c au corps médical et exclu de l'association de Verviers, dont les membres
« cesseront avec le délinquant toute relation médicale.
» Nous avons ajouté : application de l'art. 4 sera faite à tout médecin qui,
» ne faisant pas partie de l'Association, conserverait les fonctions de médecin
» agréé, ou accepterait les places des démissionnaires. »
Cette résolution a été prise, parce que, dans la réunion du 17 mars qui
n'était pas des plus nombreuses, tout les membres avaient été d'accord de
donner leur démission de médecin agréé et de ne plus accepter le renouvel-
lement de ces fonctions. L'un d'eux a donné sa démission; un second a
demandé à réfléchir en posant comme condition de sa démission que tous les
nicdocins la donnassent; un troisième qui s'était prononcé très-fortement en
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FÉDÉRATION MÉDICALE BBLGE. 483
faveur de la décision prise a accepté «fne candidature, après qu'elle lui avait été
offerte ; c*est possible, mais j'en doute.
Nous avons reçu une lettre d'un médecin qui avait donné sa démission et
dans laquelle il dit :
Vepviers, le 28 juillet 1875.
■ Monsieur le Président de l'Association médicale de
l'Arrondissement^ en ville.
> Dans notre séancd du i" avril dernier, tous les membres présents ont,
> oitisi que vous le savez, adopté, à runanimité, la proposition par laquelle
» ils^ s'engageaient à ne pas demander, et à ne pas accepter la place de médecin
» agrégé du chemin de fer aux conditions actuelles ; que si ces conditions venaient
» à être modifiées, aucun autre praticien ne devait offrir ses services que dans
» le cas de désistement des titulaires actuels.
• Un confrère présent à cette séance, dans laquelle même il prit aussi la pa-
» rôle en faveur de cette mesure, a, malgré cet engagement commun et réci-
> proque, osé solliciter et a accepté la place laissée vacante par la démission
> que ysicrude mon devoir de donner, vu le maintien d'un tarif humiliant et
> la parole donnée.
» En présence de cet acte, qui justiGe encore malheureusement trop bien te
> défi porté au Corps médical, je viens vous informer que je ne pourrai rester
» membre de votre Association si justice n'est faite par celle-ci d'une conduite
* qu'il est inutile de qualifier.
> J'ose espérer cependant que la Fédération tiendra avant tout à sauve-
» garder la dignité professionnelle qui en est le but essentiel et qui dépend
> surtout de la délicatesse confraternelle.
» Agréez, » (Signé) D' L. »
C*est en présence decette situation que nous avonscru convenable d'introduire
UQ cinquième article qui dit : Application de l'art. 4 sera faite à tout médecin
qui^ ne faisant pas partie de l'Association conserverait les fonctions de médecin
agréé, ou accepterait tes places des démissionnaires.
« Notre Société, ajoute la circulaire dont je parle, croit que ce n'est qu'à ce
prix qu'elle pourra sauvegarder la dignité médicale et répondre victorieuse-
ment au défi jeté aux médecins agréés et au corps médical tout entier par la
Commission administrative de la caisse de retraite et de secours.
« C'est afin de trancher cette question qu'elle vous convoque à une réunion
générale le mardi 1^ octobre prochain. >
Cette circulaire a été d'abord adoptée; mais, comme toute la Société n'était
pas réunie, nous avons cru convenable d'en adresser une seconde.
M. Thomas. —Si la Fédération décidait de poursuivre ses démarches auprès de
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484 FÉDÉRATION MÉeiCALE BfiLGE.
N. le Ministre des travaux pvbliesou auprès des admioistrateors de la eaisse des
pensions du chemin de fer, il est essentiel de signaler, avanttoul, que les con-
frères qui ne tiennent pascompte des protestations du corps médical, et qui
offrent leurs services à Tadministration, ne mettent pas la oiéme délicatesse
dans leur manière d*agir que ceux qui refusent leurs services. En effet, au lieu
de donner aux employés malades les soins rigoureusement réclamés par leur
état; ils ne se font pas faute de doubler le nombre de leurs visites ; et ils tou-
chent de la sorte des indemniléis plus considérables. C'est là une façon d'agir
qui vient complètement contrebalancer les défauts du tarif et qui leur permet
d'accepter ces fonctions aux conditions actuelles.
Telle est la réponse qu'il faut opposer à ceux qui prétendent que la service
n'est jamais en souffrance, et qu'il y a toujours plus de postulants que de
places vacantes.
M. PouRBAi}. - Je regrette de devoir prendre la parole en cette circon-r
stance; d'autant plus que j'ai à demander compte au Bureau de la Fédération,
de sa conduite, de même que de celle d'une foule de médecins agréés des
chemins de fer. Cependant l'intérêt de la Société me guide et me fait dire :
Fais ce que dois, advienne que pourra.
11 y a un an que nous naos sommes trouvés réunis en Assemblée générale à
Alost. Il s'agisi»aJt de payer une dette de reconnaissance à la Société médicale
de cette localité, à cette Société qui défend si vaillamment les intérêts de notre
profession.
Il fut décidé à cette réunion que communication serait faite à M. le Ministre
des travaux publics de la proposition de l'honorable M. Gravez. Cette communi-
cation a été faite ; mais elle Ta été deux mois après que l'Assemblée s'était
réunie. Ce retard a considérablement refroidi l'ardeur des médecins ; de sorte
que lorsque les délégués de la Fédération ont donné communication de la réso-
lution dont il s'agit à leurs Sociétés respectives, l'exercice était commencé; de
là une foule d'inconvénients; et lorsqu'il s'est agi pour les médecins agréés de
l'administration des chemins de fer de donner leur démission, parmi ceux qui
en avaient pris l'engagement, un grand nombre a reculé. Je pense, en effet,
qu'il y a très-peu de médecins agréés qui ont donné leur démission.
Je demande au Bureau de la Fédération quelles mesures il a à nous proposer
pour sortir de l'impasse où nous sommes.
Il y a longtemps, il y a trop longtemps déjà que cette question est pendante,
et je me demande si nous devons en poursuivre la solution ou si nous devons
l'abandonner.
M. Desgamps. -> On demande un moyen d'arriver à la solution de la ques-
tion? Il est trouvé, c'est un confrère deStavelot qui me l'a fait connaître* Il
est médecin des chemins de fer et en même temps médecin de la douane : on
lui a demandé s'il consentirait à traiter les malades du chemin de fer au prix
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F^DËRATIOn HtolCAtE BËLGt:. 4%^
auquel H trèfle ecux <de Iti douane; il y a consenti, c'est-à-dire qu'il perçoit
annuellement une somme de 9 francs par léle; mais après, on a trouvé ses
prétentions exagérées et Ton n'a plus voulu maintenir les conditions qu'on lui
avait proposées. Il a donaé.sa. démission €t il l'a maintenue* Aujourd'hui, il est
totjours employé à Spa, è Slavelot, à Fraii«Ofeh»nips^ et bhaqii« trimestre il
remet la note de ses honoraires' qui lui sont payés inligralement safisla moindre
ebiervation. ;. . «
Ml GtAVfiz. -^ Il étail seul.
Hi PoimBAix. '^ Voici 06 qiii sie passe à La boû^Ute : >des démarches ont été
faites auprès de certains médedns éés localité» vioistnés pour les engagera
remplacer leurs confrères démission naires; mèis daiis fes eae urgents Tadmi-
nî>»lratk>n doit avoir reconra à ces derniers^qUI fon« renirer lie tràlteoi^nt des
ouvriers du chemin de fer dans le droit connnon.
M. Gravez. ^ Je suis tout à fait de* ravis de l'hononible M^ Poorbaix. La
qiMStion du tarif de chemin de fer, représente une médaille à deux revef9,d'un
côté ce sont les sociéftés affiliées ; 4e l'aairé k'BuTeau de la Fédération.
M. t% SBCMÉTAtRE. — Lo Burcdu est déaffttéressé dans la question^
M. Gravez. — Pardon, Messieurs, }e ii^«i eneore rien dit.
Dand quelle situation noua aomm«8-nous frouTés?
Une seule société, la nôtre, avait marché de l'avant et eUe avait pris les
résolutions qui vous ont été communiquées, el qui ont été ratifiées en assem*
blée générale à Alost.
Il est vrai que nous avons eu contre noos^ les représentants du Cercle médical
de Mons. Mais ceux-ci^ comme vous le verrez plus loin, n'avaient nulle qualité
pour repousser notre proposition, puisque le cercle qu'ils étaient venus repré-
senter n'avait pas pris de délibération à ce sujet.
Nous avons eu contre nous la Société médtcaie de Verviers. MaisM.I>eseamps
n'avait en ce moment, ni litre, ni qualité pour parler en son nom; elle était
dissoute.
Quant à l'Association nouvelle de Verviers, j*ai appris, il y a peu de jours,
que plusieurs médecins avaient donné leur démission, mais que d'autres s'é-
taient présentés aussitôt pour les remplacer. M. Descamps nous avoue, du reste,
qu'à peine' la moitié des membres d<i la Société se sont trouvés présents à la
réunion.
M. LB Président. — C'est comme ici aujourd'hui.
M. Gravez. — Aujourd'hui c'est bien autre chose.
Quant au Cercle médical d'Anvers, j'avais écrit à mon honorable collègue et
amt M. Kums, poursatolr où en était/dans cette Société, la question du tarif
médical des chemins de fer, à la suite des promesses de concours que nous en
avions obtenues à Alo9t, l'an dernier.
M. Kums nous répond à la date du 29 juin dernier :
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486 FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE.
Anvers, le 35 jain 18175.
Mon cher Collègue,
Vous n*étes pas (eut à fait au couranl de ce qui s'est passé à Anvers, je vais
vous rapprendre. Dans une séanee du Cercle médical, nouvelle Société qui
venait de se constituer, et (|ain*est pas encore affitiée à la Fédération, (la dépu-
lation que vous avez rencontrée à Alost est celle de la Société de médecine d'An-
vers) dans une séance du Cercle médical d'Anvers» composé de pressas tous
les médecins delaviUe, il fut fait fmenUoa de la proposition que vous' alliez
faire à Alost, et spontanément TAsserobiée décida à Tunanimité, qiie si les
médecins du chemin de fer, à Anvers», donnaient leur démission pour motifs
d'honoraires, aucun membre duCercie. n'accepterait tes places vacantes. C'est ce
que nous sommes venus déclarer à Alost«
Je viens de m'adresser à un médecin du chemin de fer, notre ancien compa-
gnon d'étude, M. Déle, qui a fait en son particulier et à diverses reprises des
instances auprès du Miaistre.et des Inspecteurs généraux pour faire augmenter
les honoraires. Il en a conféré avec ses collègues,et il a touchéla question delà
démission ; mais ils reculent ton^devànt ee moyen, sûrs qu'ils sont d'être rem*
placés par les quelques médecins qui ne font pas partie du Cercle. M. Dèie fait
observer que l'administration des chemins de fer aura toujours une grande
facilité de se procurer des médecins dans les vijles, tandis qu'à la campagne
elle est obligée d'agréer les médecins de l'endroit qui peuvent plus facilement
imposer leurs conditions.Je pense qu'il est indispensable que vous vous mettiez
en rapport avec les médecins du chemin de fer de tout le pays.
A la fin trop hâtée et un peu confuse de la séance d'Alost, M. Desguin a fait
une proposition consistant à s'adresser aux collectivités pour solliciter des
adhésions; cette proposition n'a pas été soumise à un vote, j'y attire votre
attention.
Quant au choix d'Anvers pour l'Assemblée générale prochaine, nous y avons
renoncé à cause du Congrès médical qui se lient à Bruxelles. Je crois cependant
que l'idée est heureuse de changer de temps en temps le lieu de nos réunions.
C'est le seul moyen pratique d'y faire participer des membres qui n'assiste-
raient jamais à une seule séance. Ce que nous avons vu à Alost doit nous
encourager.
Recevez, mon cher Collègue, l'assurance de mes meilleurs sentiments.
A. Koais.
Voilà la réponse faite par M. Kums qui assistait t'anuée dernière à notre
Assemblée.
Il y a loin de là, Messieurs, vous le voyez, à la déclaration qui est consignée
dans le rapport do notre Assemblée de l'année dernière.
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FÉDÉRATION MÉDICALE BËLG£. 487
M. Bessems. ~* Je déclare qu« M. Kum» nous a laissé ignorer la letlre qu'il a
écrite à M, Gravez
M. Gravez. — Revenons aa Cercle de Mons.
Je vous ai présenté, à Aiosl, les résolmions de la Société des charbonnages
du Centre, j'avais plein pouvoir pour cela.
Après la réception de la réftonsedeM. le Ministre des travaux publics, notre
Association s'est réunie. On a décidé de donner suite aux résolutions d'Alost.
H. Leroy de Baume s'est retiré. MM. Courtoy, de Bracquegnijes etScouper-
manne d'Havre ont refusé de s'exécuter^ malgré la parole d'honneur, qu'ils
avaient donnée. Dans une séance ultérieure, notis avons prononcé leur exclu-
sion, tout en leur demandant les motifs de leur conduite et voici leur réponse :
Braequegnies, le 26 juin 1875.
A Memeurs les Préludent et Secrétaire de la Société des médecins des
charbonnages du Centre,
. Messieurs,
J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre letlre du 19 juin courant.
L'année dernière, j'ai adhéré à la résolution prise par la Société des médecins
des charbonnages du Centre d'envoyer notre démission de médecin agréé de
l'administration des chemins de fer de TEiat, ensuite de la proposition de
l'honorable docteur Gravez. Aujourd'hui, ma manière de voir s'est modifiée,
je me rallie aux principes qui ont déterminé la Société des médecins de l'ar-
rondissemenl de Mons, à repousser la proposition de l'honorable M. Gravez.
Je vous prie d'agréer, Messieurs^i rexpression de mes sentiments de confra-
ternité. D. COURTOT.
Ce sont donc tes principes de la Société de Mons, qui ont dirigé un de nos
collègues et qui l'ont engagé à ne pas donner sa démission.
Je me suis donc adressé à Mons pour savoir quels principes dirigeaient cette
Société dans cette question des chemins de fer, et M. Descamps, secrétaire, a
bien voulu me répondre ceci :
ASSOCIATION Mons, le 40 septembre 1875.
des
MÉDECINS DE L*ARRONDISSBMENT
de
MONS.
Mon cher Confrère,
En réponse ù votre lettre du 4 de ce mois, j'ai l'honneur de vous faire
connaître :
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us FÉDÉRATION MÉDICALE^ BBL6B.
Qae rAssocialion des médeeins de ràrrondissement de Hons, après atoir
entendu à la séance du 21 août 1874, les développements exposés par vous, de
votre proposition relative au service médical des ehemins de fer, a décidé
immédiatement de provoquer une Ass(emblée générale extraordinaire, à l'effet
de discuter cette proposition.
Cette AssemMée a été fixée aa il septembre 1874, mais huit membres seu-
lement se sont rendus à la convocation. L'article âS de notre régkment exi-
geant, pour qu'une décision puisse être prise valablement, la présence d*au
moins le quart des membres de l'Association, M. le Président s'est vu dans
Timpossibilité de faire émettre un voio sur votre proposition. Veuillez rece-
voir, mon cher confrère, l^assuranee.demes sentiments de confraternité.
Votre tout dévoué,
Descamps,
âecr^tr^/l«»8Socjatioa.de8 médeetiis
de Parrondissemeut de Mons.
Huit membres seulement et ils sont soixante !
Ainsi voilà Mons, Verviers, Anvers et Charteroi.
Bf. Thomas est-il venu parler aii nom de la Société de médecine de Char-
leroi? A Charleroi le Cercle médical de cette localité ne s'est même pas occupé
de la question.
Dans le Centre, tous les médecins font partie de notre Association, hormis
un jeune médecin qui fraîchement débarqué, en 1870, n'a rien irouvé de mieux
pour se façonner une clientèle, que de s'associer un repris de justice, le petit
sorcier, qui a mis à sa disposition ses amuletlesr, ses passes magnétiques et
autres moyens bizarres, propres à agir sur les masses. Celui-là, que notre Asso-
ciation a depuis longtemps jugé indigne d'avoir avec nous des rapports profes-
sionnels, celui-là s'est empressé de recueillir notre succession au chemin de
fer.
Voilà ce que nous avons fait dans le centre.
Nous faisons tous partie de Sociétés de médecine; il ne devrait donc y avoir
personne pour reprendre notre place, et cependant vous trouvez là un confrère
qui s'est amusé à courir la clientèle, et il est parvenu à s'y créer une jolie posi-
tion. C'est celui-là qui« notre démission étant donnée, s'est fait nommer médecin
du chemin de fer.
Voilà où nous en sommes arrivés dans le Centre.
Maintenant, le second revers de la médaille, c'est le Bureau.
La question des chemins de fer n'avait pas été convenablement indiquée à
l'ordre du jour de l'année dernière. C'est ainsi que le i sepl .* I re 1874, alors
que la séance d'Alost devait avoir lieu le 23, (ce n'est que pi >:; tard que l'épo-
que de la réunion a été fixée), le Bureau nous a adressé celte circulaire-ci :
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FÉOÉRATrON MRDTCALR BELGE. 480
FÉDÉRATION MÉDICALE Bruxelles, le ^2 septembre 187i.
BELGR.
Monsieur,
Le Conseil central^ dans sa séance dernière^ a adopté la proposition suivante
de M. Gravez, relative à la question du tarif des chemins de fer, particulière-
ment au point de vue des honoraires des luédecins agréés par Tadministration
des chemins de fer de TEtat :
« Si contre toute attente, le gouvernement maintient le atatu quo et ne fait
point droit aux réclamations qui lui ont été faites par les médecins agréés,
ceux-ci s'entendront pour refuser leur concours à ce service public, à dater
du i*^'' janvier prochain; dans le cas où, à cette époque, M. le Ministre n'aurait
pas fait droit à leurs réclamations, et afin qu'il puisse remplacer les titulaires,
ils préviendront l'autorité compétente, trois mois d'avance. »
Afin que cette proposition puisse avoir force d'action^ le Conseil a décidé de
prier les Sociétés affiliées de donner pleins pouvoirs à leurs délégués pour
voter dans le sens affirmatif de celte proposition.
Veuillez prendre en conséquence. Monsieur, les mesures nécessaires pour
que la décision du Conseil central soit mise à exécution.
Agréez l'assurance de nos meilleurs sentiments de confraternité.
Pour le Bureau :
Le Secrétaire^ Le Président,
D' Feigneaux. nW. Crocq.
Je pose en fait, tout le monde voudra le reconnaître avec moi, que s*adres-
sant le â septembre aux Sociétés affiliées, il était impossible d'espérer une
résolution de leur part, vingt jours plus tard. On ne se réunit pas si facilement
à la campagne, quand les circonscriptions sont trés-étendues; il faut prendre
le temps.
Voilà en quoi le Bureau central a péché.
Ensuite, comme l'a dit M. Pourbaix, il est certain que le Bureau pouvait
très-bien^ quand l'Assemblée d'Alost avait eu lieu le !27, ne pas attendre le
12 novembre pour communiquer les résolutions prises, aux Sociétés inté-
ressées.
Il était évident aussi que, n'ayant eu avis que le 2 janvier de la décision
ministérielle, nous devions entrer dans l'exercice 1875, avant de prendre une
résolution qui, d'après la décision prise à Alost, devait avoir ses effets le f«' jan-
irier. Il est évident pour moi, que le Bureau n'a pas fait ce qu'il aurait pu faire.
J'ai reçu le 5 décembre la communication que m'a faite M. Feigneaux. Je ne
sais s'il l'a transmise à tout le pays.
62
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490 FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE.
M. LE Secrétaire. — J*ai à répondre, Messieurs, à deux reproches adressés
au Bureau par M. Gravez. Je lui dirai, d'abord, que la communication de la
réponse du iMinislre, que je lui ai faite était toute officieuse, attendu que
l'Assemblée dans sa séance du 24 septembre 1874, n'avait pris aucune déci-
sion dans TéventMalité.de cette réponse^ et ensuite que TAssemblée n'avait
pas voté renvoi de ce document, soit aux médecins agréés dont j'ignorais les
noms et la demeure, soit aux Sociétés affiliées qui n'avaient aucune ligne de
conduite tracée dans une question qui n'avait pas reçu de solution.
MM. Gravez et Pourbaix reprochent au Bureau d'avoir envoyé le 2 septembre,
seulement, aux Sociétés affiliées la circulaire qui vous a été lue, alors que la
séance de l'Assemblée générale devait avoir lieu le 2:2 septembre; espace de
temps insuffisant, disént-il, pour réunir les médecins à la campagne.
Le Bureau ignore les époques des réunions des Sociétés médicales de In pro-
vince, et d'ailleurs, c'est à celles ci à apprécier l'opportunité de leurs réunions
extraordinaires, en raison de l'importance des communications qui leur sont
faites par le Bureau.
M. Gravez. — Le Bureau de la Fédération est là pour prendre des résolutions
dans le courant de Tannée pour les points qui intéressent la Fédération. Il n'est
pas nécessaire que la Fédération prévoie tous les cas qui peuvent se présenter ;
il faut qu'il use de son initiative. Toutes les Sociétés doivenf être informées de
la décision prise, afin de pouvoir à leur tour prendre telles résolutions que de
droit.
M. LE Secrétaire. -- C'est ainsi que le Bureau a toujours agi, lorsque les
questions portées à Tordre du jour du Conseil central ou de l'Assemblée géné-
rale avaient été suivies d^un vote. Dans ce cas, seulement, le Bureau use d'ini*
tiative et s'autorise à transmettre par circulaire aux présidents, aux secrétaires
ou aux délégués, les décisions prises, si celles-ci ont un intérêt d'actualité qui
nécessite une action immédiate.
Le Bureau dans le cas présent, n'a rien négligé pour donner communication
de la situation de la question dos chemins de fer. S'il y a eu un retard d'envoi
indépendant de sa volonté, il a^faii, cependant, je crois ce qu'il a pu faire, et
n'aurait pu aller au delà.
Le Bureau de la Fédération doit exécuter^ après avoir reçu l'impulsion des
deux autorités fédérales, et dans les questions de l'espèce, il doit avoir un rôle
d'exécution et non d'initiative.
M. Gravez. — Je me demandais pourquoi tous les bureaux des Sociétés affi-
liées n'avaient pas reçu communication. En tous cas, Messieurs, il ne faut pas
se le dissimuler^ depuis quelque temps, le Bureau de la Fédération ne
brille plus.
Les intérêts de la Fédération médicale ont été remis par la Société d'Alost
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FÉDÉRATION MÉDICALE BELGB. 491
entre les mains du Bureau actuel, dans des conditions oxtraordinairement
prospères.
On se rappelle encore les séances du Comité central, siégeant plusieurs fois
à VhàUil des Postes, dont les salons étaient trop petits.
Aux assemblées générales, la salle des mariages de l'hôfel de ville, avait peine
à contenir la foule des délégués. Et maintenant c'est à peine si nous nous
trouvons en nombre pour prendre des résolutions efficaces, légales même, sur
les questions dont nous sommes saisis.
La Société Fédérale ne fournit aucun document qui soit de nature à nous
éclairer; nous n*avons eu jiisqu*ici que quelques données personnelles. Eh bien,
pouvonsnous marcher ainsi?
Il me souvient fort bien que dans un temps qui est déjà fort éloigné d*icl,
M. Feigneaux demandait l'ajournement de Padoption des conclusions relatives
au traitement des médecins dès pauvres^ dans lë$ campagnes, parce que, sur
3i Sociétés affiliées, 17 seulement avaient envoyé leurs rapports. Il disait
qu*il fallait remettre la décision dans Tespoir que les Sociétés en retard pussent
fournir leurs rapports Nous ne sommes donc pas en état de continuer les tra-
vaux de la Fédération quand nous sommes aussi peu nombreux.
Je me demande si Ton prendra des mesures pour remédier à cet état de
choses que je considère comme essentiellement nuisible aux intérêts de la
Fédération. Pour, moi, il n*y aurait qu'un moyen trés-énergique qui pourrait
sauver la situation.
M. Bëssens. — Je tiens à relever, dans le discours de M. Gravez, une
allégation que je considère comme capitale; elle concerne le Cercle médical
d'Anvers.
M. Gravez nous a lu une lettre de M. Kumps, qui ne représente pas le
Cercle médical d'Anvers. Il a écrit celte lettre en son nom personnel ; cela
est si vrai que le Bureau de la Fédération a complètement ignoré l'existence de
cette lettre. S'il l'avait communiquée, je vous certifie. Messieurs, que le Cercle
aurait agi différemment qu'il ne l'a fait; mais si cependant celui ci n'a pas agi
comme le veut M . Gravez, il n'est pas resté inactif. Dans cette question, il y avait
deux voies à suivre. La première incombait au Bureau : c'était de négocier
avec le ministre ou avec les autorités compétentes pour arriver é une révision
générale du tarif. Cette voie a été suivie depuis l'année dernière. Ce n'est que
lorsque l'on s'est aperçu que l'on ne pouvait aboutir, que Ton a pensé en second
lieu que les associations particulières pourraient utilement intervenir. Dès lors la
route était tracée. Or, le Cercle médical d'Anvers n'a appris que le 15 janvier,
par une communication officieuse de M. Mayer, l'insuccès des démarches faites
auprès de M. le Ministre des travaux publics par le Bureau de la Fédération.
C'est alors que le Cercle médical d'Anvers a pris l'initiative, comprenant que
son action devait se faire sentir. Il a fait circuler parmi ses membres une liste
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492 FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE.
sur laquelle s'inscrivirent, non-seulement les mennbresdu Cercle, mais encore
tous les membres du corps médical, et par laquelle ilss*engagaientà n'accepter
aucune position dans l'administration des chemins de fer. Jusqu'à présent, les
médecins auxquels elle a été présentée l'ont signée; aucun d'eux ne s'y est
refusé; par conséquent, d'ici à peu de jours, le Cercle médical d'Anvers don-
nera suite à son projet et tes membres qui le composent et qui sont attachés à
l'administration des chemins de fer donneront leur démission. Telle est la
seule voie à suivre.
Je ne crois pas que le Bureau de la Fédération médicale, et la Fédération
elle-même réunis, puissent prendre une mesure générale, parce qu'il faut tenir
compte des localités. Il en est où il n'y a qu'un seul médecin qui doit être for-
cément celui de l'administration des chemins de fer. Il peut dicter la loi; mais
là où il en est plusieurs il faut que l'entente règne entre eux et il faut que cette
entente s'établisse entre les médecins de toutes les localités. Ni le Bureau, ni
l'assemblée générale ne peuvent décréter cette entente.
M. Gravez. — Alors la Fédération ne sert à rien.
M. Bbssems. — Je vous demande pardon.
M. le PnÉsiDENT. — Je proteste d'abord contre les paroles que vient de pro-
noncer M. Gravez. Le discours de l'honorable membre n'a été autre chose
qu'une charge à fond de train contre le Bureau de la Fédération et c'est contre
cette charge que je dois protester, parce qu'elle est injuste et imméritée.
D*abord Thonorâble membre fait ressortir, et il l'avait déjà fait dans une
autre réunion, que la résolution de l'assemblée générale aurait été trop tardi-
vement adressée aux Sociétés affiliées.
D'abord, ta chose n'a pas pu être faite plus tôt. Ce retard est tout à fait indé«
pendant de notre volonté.
Vous croyez qu'il n'y avait rien à faire qu'à écrire un petit avis, qu'à l'adresser
aux intéressés. Mais si cela devait être fait aussi régulièrement, il ne suffirait
plus d'avoir un secrétaire dévoué comme celui que nous possédons, remplis-
sant ses fonctions au milieu de ses nombreuses occupations personnelles, il
faudrait un bureau et des commis ne faisant rien d'autrc,et rétribués. Quant à
moi, je puis vous dire que notre secrétaire e^t,à coup sûr, l'homme le plus
dévoué que nous puissions rencontrer; vous le remplaceriez même difficile-
ment; mais l'activité humaine a des bornes; un homme ne peut pas tout
faire.
Mais ce retard dont on se plaint, a-t-il changé quelque chose? Absolument
rien. Que vous ayez écrit plus tôt ou plus tard, la réponse du Ministre eut été
absolument la même. Il n'y a rien à y changer; cette réponse est rationnelle;
elle est raisonnable, elle ne peut pas être autre que ce qu'elle est, et vous
aurez beau retourner chez le Ministre, il vous donnera toujours la même
réponse. Vous vous trouvez devant une difficulté tout à fait insurmontable.
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FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE. 493
Maintenant, M. Gravez a fait contre nous une charge à Tond. Non-seulement
il nous a blâmés à raison du retard apporté dans Tenvoi de ces pièces, de ce
retard qui est absolument sans conséquence, car la réponse du Ministre eût été
la même à quelque époque quelle se fût produite; mais encore M. Gravez
nous a accusés de laisser péricliter la Fédération médicale, de ne pas faire ce
qu'il faut pour elle.
Or, si la Fédération existe encore vous ne devez Tattribuer qu'à nous; sans
votre Bureau, la Fédération serait dissoute et oubliée. Savez-vous, Messieurs,
ce qui aurait produit ce résultat? Votre inertie, votre insouciance, votre indif-
férence. {ApplaudissenenH.)
Ceci n*est pas un reproche personnel, mais un reproche que j'adresse à tout
le corps médical fédéré. Je vais expliquer mes paroles.
On s*est plaint de ce que nous n'avions pas expédié en temps la réponse de
M. le Ministre à toutes les Sociétés, à tous les membres de la Fédération. Si la
plupart des Sociétés ne connaissent pas celte réponse, la faute ne doit en être
imputée qu'à elles-mêmes et non pas à nous. En effet, il y a trois mois une
assemblée du Conseil général a eu lieu ; dans cette réunion on a lu la lettre du
Ministre.
Qu'est-ce que le Conseil général ? C'est la réunion de toutes les associations
représentées par leurs délégués qui viennent au Conseil pour y examiner les
documents. Ils en prennent connaissance et ils retournent chez eux, ou ils
vont communiquer ces documents aux membres des autres associations.
Devons-nous avoir un commis chargé de tenir une correspondance en règle?
Non, Messieurs, cela n'est pas nécessaire; vous êtes convoqués, les pièces vous
sont communiquées, c'est à vous à les examiner; vous êtes appelés, Messieurs,
à une séance qui a pour objet la communication des documents, et c^est à vous
de les transmettre.
Maintenant, à cette séance du Conseil fédéral, trois ou quatre Sociétés
étaient représentées; les autres n'ont rien pu savoir puisque leurs délégués
étaient absents. Nous ne pouvons pas requérir la gendarmerie pour nous
amener ceux qui ne se rendent pas à nos convocations; nous n'avons aucun
moyen de coercition à employer contre eux; notis n'avons pas même de jetons
de présence à leur offrir. Il faudrait peut-être^ pour rendre la besogne plus
facile aux membres du Conseil fédéral, que nous passions notre temps à rédiger
des pièces et a les expédier. Mais cela est d'autant plus impossible que si on le
faisait on rendrait inutiles cl impossibles les assemblées générales, car qui dit
association dit réunion.
Je ii'aecepte donc nullement le reproche que Ton adresse au Bureau, et je le
retourne à ceux qui Tout lancé.
Maintenant prenons la question en elte-iViôme.
Je dois vous dire qu'en poursuivant la voie dans laquelle vous êtes entrés,
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494 FÉDÉRATION MÉDICALE BBLGE.
Messieurs, vous n'obtiendrez rien ; il y a pour cela plusieurs raisons. La première
je la puise dans la réponse du minisire ei dans les conversations que j*ai eues
avec différents fonctionnaires du département des travaux publics. Parlez au
minisire de la question, il voua dit : je suis de voire avis; vous êtes irop peu
payés ; vous êtes ridictilemeiil rétribués^ mais cufi i moi je n'y puis rien; cela
concerne le Conseil de surveillance de la caisse des pensions.
Par conséquent, Messieursr intervenez auprès du ministre; adressez-lui
lettres et pélilions; demandez-lui des audiences, et vous n'obtiendrez jamais
rien, parce qu'il se déclarera toujours incompétent.
Voilà un motif tiré de la personne môme à laquelle vous vous adressez.
Prenons le second motif. Gomme vous ne trouvez pas à faire valoir vos justes
réclamations, vous dites : rien de plus simple, quand les ouvriers n'ont pas
leur travail suflBsamment rétribué, ils se mettent en grève ; faisons-en autant.
Oui, Messieurs, cela est très-bien théoriquement; mais ce n'est pas pratique
du tout, car il suffit que parmi les médecins il s'en trouve 5, 6, 10 qui ne soient
pas de l'avis de leurs confrères pour que tout l'échafaudage s'écroule.
Et d'abord, Messieurs, tout le monde n'est pas obligé de partager votre avis;
des médecins peuvent ne pas partager votre manière de voir pour différentes
raisons : les uns par question de principe, les autres par intérêt personnel.
C'est mal qu'il en soit ainsi ; mais il faut prendre les choses comme elles sont,
vous aurez des médecins faisant de la médecine à prix réduit, et ils vous diront
qu'en agissant ainsi, ils ne font pas autre chose que des actes de bienfaisance.
Il suflSt que quelques médecins aient cette idée pour que la grève n'aboutisse
pas.
Vient maintenant la question de délicatesse.
Tel médecin suivra telle ligne de conduite, parce qu'il ne tiendra pas à poser
un acte de bonne confraternité à l'égard d'un confrère non moins honorable
que lui. Je sais que ce sont là des choses qui ne devraient pas exister, mais
enfin il faut bien les constater.
Mais, l'indifférence du corps médical est un motif plus puissant que tous ceux
que je viens d'énumérer. Je vous ai parlé d'idées systématiques; mais elles
sont l'exception, et l'indifférence est la règle; la preuve de l'indifférence se
retrouve partout. M. Gravez lui-inème nous l'a prouvé en disant qu'il y avait si
peu de monde ici. C'est là une chose à laquelle nous ne pouvons rien.
Cette même indifférence a été constatée partout pour la question des che-
mins de fer. Â Mons 8 membres sur 60 se sont présentés à la séance; com-
ment, dès lors voulez-vous obtenir des engagements sérieux?
Je vois dans cette question, tetle qu'elle est posée devant vous, Messieurs,
un si grand nombre de diflicultés qui doivent nous faire échouer, que je n'en-
trevois aucune solution satisfaisante, et je me demande comment vous ep sorti-
rez. D'ailleurs, essayez un peu, et vous verrez.
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FÉDÉRATION MÉDICALE BELGR. 495
Je vGus ai parlé tout à Theure du charlatanisme des médecins, et non pas
seulement de Tempirisme grossier qui vient du dehors. J'ai à vous parler main-,
nanl de Tégoïsmo. Eh bien, Messieurs, je vous assure que vous allez leur venir
puissamment en aide.
En effet que rencontrez vous? des médecins qui s'affichent, qui regardent à
travers les urines. Eh bien, Messieurs, connaissez-vous un moyen de réprimer
ces écaris qui déshonorent le corps médical ? Je n'en connais qu'un seul, c*est
de cesser tous rapports avec eux. Mais si vous allez mettre hors la loi un con-
frère parce qu'il a accepté telle position au lieu de tel autre, uiic foule de gens
indifférents croiront que vous faites cela par idée de concurrence, et ils ne ver-
ront rien de déshonorant dans l'acte que vous voudrez réprimer. Eh bien. Mes-
sieurs, quelles difiicuités ne rencontrerez-vous pas alors pour réprimer le
charlatanisme, et quelle difficulté n'y aurait-il pas à l'empêcher de se produire.
Vous me direz peut-être : il n'y a donc rien à faire? Cependant nous ne
pouvons pas demeurer^ans cette position; nous ne devons pas la conserver.
Je reconnais que nous pouvons émettre des vœux, mais ce n^est pas avec
cela que l'on obtiendra une solution. Que faut-il donc faire? Eh bien, il faut
voir où l'on peut s'adresser, par quels moyens on peut arriver. Le ministre a
dit que cela ne le concernait pas; qu'il fallait que nous nous adressions à la
Commission administrative de la caisse dos pensions. S'adresser au ministre
c^esl faire fausse roule; il faut tâcher de s'adresser à la Commission; il faut
tâcher de la convaincre, il faut tâcher de rencontrer dans cette administration
des gens qui comprennent les faits, qui les exposent à leurs collègues et les
leur fassent saisir.
Je vais vous citer un exemple qui mettra en même temps en relief le mérite
d'un confrère qui se trouve parmi nous.
Les médecins des pauvres étaient payés d'une manière ridicule à Bruxelles ;
je dirai que leur position était plutôt onéreuse que lucrative. Grâce à l'un de
nos confrères qui est conseiller communal, la position des médecins des
pauvres de Bruxelles est devenue convenable, elle n'est plus ridicule comme
elle l'était autrefois. Parfois ces Messieurs ont protesté, mais jamais ris n'au-
raient abouti, s'ils n'avaient trouvé au Conseil communal un défenseur qui
connût à fond la légitimité des griefs qu'ils articulaient, et qu'il connaissait d'au-
tant mieux qu'il avait été lui-même médecin des pauvres.
Ce n'est que lorsque M. Delecosse est arrivé au Conseil communal qu'il est
parvenu à y faire redresser un abus dont on se plaignait à juste titre.
M. Delecosse. — La chose n'est pas votée, mais elle est décidée en principe.
M. LE Président. -Vous avez tellement bien fait comprendre la chose qu'on
devait adopter votre manière de voir.
Voilà comment on peut aboutir, par la persuasion, par des considérations
bien présentérs, beaucoup mieux qu'en entrant dans une voie violente, telle
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49i» FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE.
que celle dans laquelle on senrible vouloir entrer et par laquelle on n'arrivera
à rien.
M. le Secrétaire. — Je ne répondrai pas aux reproches personnels que
m'adresse M. Gravez. J*ai la conscience d'avoir fait, dans ta mesure de mes
forces, tout ce que j'ai pu et tout ce que j'ai dû faire pour la Fédération. Gela
me sufBt.
Mais il y a dans les paroles de M. Gravez, certaines allégations que je ne
puis laisser passer sous silence parce qu'elles atteignent directement le Bureau
et la Fédération elle-même.
La Fédération, nous dit M. Gravez, n'a pas de raison d'être. Parce que
M. Thomas croit que la Fédération ne peut prendre une mesure géné-
rale, parce qu'il faut tenir compte des localités, .et que les médecins doivent
sVntendre; entente que la Fédération ne peut décréter, eux seuls pouvant
l'établir.
Si chaque fois que, pour une question qui n'arrive pas# recevoir une solution,
on raisonnait de la sorte, hi ' Fédération n'existerait plus depuis longtemps.
Qu'auraient dû dire les médecins de campagne qui ont contribué à élaborer
notre contre-projet de loi sur Part de guérir et qui comptaient sur l'influence
de la Fédération pour presser la discussion législative du projet du gouverne-
ment? Et les partisans de la réforme du service médico-rural et de la régle-
mentation de la vaccination qui tous attendent la solution gouvernementale?
Si la Fédération n'a pas toujours vu ses espérances réalisées elle n'en a pas
moins sa raison d'être.
N'y eut-il dans le sein de la Fédération que la commission médico-légale
consultative, dont les services qu'elle a rendus attestent l'utilité professionnelle,
que ce motif seul suffirait pour affirmer la nécessité de Texistence de la Fédé-
ration.
La Fédération périclite, dit M. Gravez. 11 semble en attribuer la faute au
Bureau. Quant à moi, j'ai la conviction que la Fédération ne périclite pas; j'en
trouve la preuve dans le rapport publié en 1874 sur les travaux de la Fédéra-
tion pendant dix ans. Mais voici, Messieurs, pourquoi nos travaux sont moins
suivis que dans le principe. A l'origine, les questions,, dont s'occupait la Fédé-
ration se rattachaient à des intérêts professionnels incontestables. La loi sur
l'art de guérir, la réforme du service médico-rural^ la création de la caisse des
pensions, toutes ont été l'objet de rapports et de longues discussions. Ges ques-
tions d'intérêt général n'existant plus, elles ont fait place à d'autres qui ont
pu ne pas présenter le même intérêt.
Plusieurs années se sont écoulées avant que la caisse de pensions eût pris son
essor et avant qu'elle fût ce quVlle est aujourd'hui. Le désir de la voir un jour
grandir et prospérer faisait que tout le monde assistait aux discussions de nos
assemblées en vue d'arriver à la création de la caisse des pensions; et nos
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FÉDÉRATION MÉDICALE BËL6B. 497
assemblées se ranimèrent. La création de la caisse des pensions fut votée, mais
dans la pensée de plusieurs, la Fédération et la caisse des pensions devaient
faire une seule et même institution.
Elles sont restées séparées et nus séances ont été moins fréquentées. Nous pou-
vions cependant poursuivre le même but fédéral, tout en étant eu désaccord au
point de vue des bases financières de la caisse des pensions et de la fusion des
deux institutions. Je ne sais pourquoi la méfiance d'une part et l'hostilité de
l'autre ont grandi et pourquoi particulièrement elles ont été dirigées contre le
Bureau de la Fédération.
Cet état de chose s est perpétué, et enfin on a trouvé un prétexte pour nous
accuser de manquement à nos devoirs.
€e que j*avance repose sur des faits, Messieurs, et les voici :
Quand Tannée dernière nous nous disposions à célébrer le X« anniversaire de
la Fédération, le Bureau pensa que pour donner à cette fête tout le caractère
de confraternité compa,tible avec les circonstances, il fallait ramener l'union
entre la caisse des pensions et la Fédération, et faire disparaître le niAlentendu
entre les deux institutions. ^
J'écrivis donc à cet efi^et et dans ce sens à un de nos excellents confrères^ dont
vous me permettrez de taire le nom. Voici cequ'it me répondit le 28 août 1874 :
« Il y aurait hostilité de la part de quelques membres de la caisse des pen-
sions à l'égard de ta Fédération. Ce fait m'est toutà fait inconnu ....
Ce que je sais, c'est que l'on a l'opinion que les membres du Bureau de la
Fédération sont hostiles à la caisse, d'abord parce qu'aucun n'a voulu en faire
partie
Les deux institutions défendent des intérêts différents, et l'un ne peut géuer
l'autre. La Fédération, surtout, au début pouvait beaucoup aider la caisse, < l
un lui reproche avec juste raison, de ne l'avoir pas fait. >
A la même époque, le iâ septembre, le méoie confrère m'écrivait ces mots
dictés par un esprit de louable conciliation :
« Je souhaite l'union et je la prêcherai toujours
> Pour cimenter une union solide entre les deux Associations, il faudrait
pousser à la souscription à la caisse, et, séance tenante réunir des adhésions.
Cela serait très-facile. Le discours du Président pourrait s'y prêter. Il ne faut
pas perdre de vue ceci : la caisse est fondée. Elle est sûre de vivre. Elle agglo-
mère sans cesse de nouveaux éléments, et si on voulait un peu s'en occuper,
elle se multiplierait beaucoup plus encore. Elle est d'un intérêt immédiat. Si
la Fédération veui vivre, elle doit s appuyer sur elle; hors de là, je ne pense
pas quelle puisse subsister. Les deux peuvent s'entr'aider. *
Encore à la veille de notre réunion d'Alost, j'exprimais le même espoir à un
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498 FâDÉRiTION UémCMAi BSL6B.
autre eonfrère, dont Je caractère nous est sympathique à tous. Voici dans quels
termes il me répondit ie 25 août :
< Eh bien! non, je n*irai pas (d'autres que moi n'iront pas), à la réunion
d*Alost. Notre abstention doit être considérée comme une réponse à la conduite
peu généreuse des chefs de la Fédération à l'égard de la caisse des pensions
du corps médical.
» Les deux institutions auraient pu marcher, en s'appuyant Tune sur l'autre,
on ne l'a pas voulu,
> La Fédération a abandonné la caisse; la caisse avertit la Fédératioa. —
Plus tard elle avisera. Songez à ce qui arrivera le jour où les affiliés à la caisse
se retireront de la Fédération. Cependant cette solution est probable, elle est
prochaine el déjà, elle serait un fait accompli, si votre serviteur et d'autres
confrères n'étaient intervenus activement.
Croyez-moi quoiqu'il arrive, etc. ...»
Vous voyez, Messieurs, par cette correispondance, que toutes les démarches,
du Bureau n'avaient qu'un but : l'union et l'entente.
Je pourrais encore vous lire bien d'autres lettres; mais celles-ci suffisent
pour vous prouver qu'il n'est jamais entré dans la pensée du Bureau d'être
hostile à la caisse des pensions.
Mais, je vous demanderai si l'absence du secrétaire de la caisse des pensious
et de ses membres les plus influents, à la séance d'aujourd'hui, alors qu'il
s'agit de discuter une question posée par l'un des bienfaiteurs de cette insti-
tution, n'est pas de nature à faire douter de l'alliande entre la caisse des pen-
sions et la Fédération médicale ; et ne sommes-nous pas en droit de craindre
que ce qui nous a été prédit se réalise?
J'ai la conviction, Messieurs, que si nous sommes moins nombreux à nos
réunions qu'autrefois, ce n'est pas A un manque d'activité de la Fédération qu'il
faut l'attribuer, mais à des influences indépendantes de sa volonté.
Quoiqu'il en soit, je vous en fais la déclaration publique, jamais ni la Fédé-
ration, ni son Bureau tout entier n'ont été hostiles à la création de la caisse
des pensions; et j'affirme devant vous, que le Bureau a tout fait pour l'aider à
se constituer el pour qu'elle réussisse; seulement il ae lui a pas donné son
adhésion individuelle, parce qu'il n'avait, pas confiance dans la base première
sur laquelle elle est établie.
La Fédération n'a rien fait contre elle ; au contraire, elle a tout fait pour elle;
la preuve en est dans nos archives ; nous avons tout fait pour l'aider, non-seu-
lement de notre travail, mais eacore de nos deniers.
J'espère qu'après ce que je viens de dire, M. Gravez, sera convaincu que la
Fédération ne périclite pas, et s^il en était ainsi, contre toute attente, le corps
médical perdrait l'influence d'une Association protectrice de ses intérêts
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FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE. 499
moraux, poor rester en présence cl*une autre, protectrice de ses intérêts maté-
riels dont il n*a pas encore fait l'expérience des mécomptes.
M. Delecosse. — Je crois qu!il est inutile de prolonger plus longtemps les
récriminations d*une part et la défense de l'autre. Pour moi, j'ai la conviction
intime que le Bureau de la Fédération fait tout ce qu'il peut; que notamment
vis-à-vis de la caisse des pensions, il se trouve dans la même position que moi.
En effet, je désire vivement qu'elle réussisse, mais je n'ai pas de confiance dans
la base sur laquelle elle est établie : et, tout en lui souhaitant le succès, je
n'ai pas cru devoir m'engager dans une entreprise où je prévois beaucoup de
mécomptes.
Il serait très mauvais, je crois, d'interpréter d'une façon malveillante
l'abstention de ceux qui n'ont pas pris part à l'organisation de cette caisse et
de considérer leur manière d'agir comme un acte de mauvaise confraternité.
Pour ma part, je n'ai aucune espèce d'hostilité contre cette caisse, et je suis
même intimement lié avec bon nombre de ses affiliés.
Maintenant, il me reste et remercier M. Crocq de l'éloge flatteur qu'il a bien
voulu m'adresser au sujet du résultat que j'ai obtenu au Conseil communal de
Bruxelles. Ce résuUat n'est pas encore consacré par un v^ole; toutefois, le
Conseil est tout disposé à porter de 500 à 1 ,200 francs le traitement des
médecins des pauvres. C'est un premier pas de. fait. Eh bien, poursuivons cette
voie, au lieu de nous user dans des discussions stériles; prenons parmi les
nôtres ceux que nous considérons, sinon comme les plus dignes, du moins
comme ceux qui sont les plus aptes à remplir des mandats électifs; et en-
voyons ces confrères défendre nos intérêts dans toutes les assemblées délibé-
raiites, dans les conseils communaux et provinciaux, et dans les Chambres
législatives. C'est le seul moyen d'arriver à un résultat pratique. Souvent les
gens sont animés de très-bonnes intentions, mais ne peuvent se décider à
prendre une décision sur des questions qui ne sout pas de leur compétence et
que l'on ne s'est pas donné la peine de leur expliquer. De même que beaucoup
de membres du Conseil communal de Bruxelles ne connaissaient nullement la
question relative au traitement des médecios des pauvres, de même, j'en suis
persuadé^ beaucoup de fonctionnaires supérieurs du département des travaux
publics ne savent pas ce que nous demandons. M. le minlsti*e des travaux pu-
blics lui-même s'esi déclaré incompétent dans cette question, et il m*a conseillé
d'en référer à M. Lepère^ président de la caisse des pensions des chemins de
fer.
Je trouve qu'au lieu de nous avancer davantage dans uae tentative de grève,
à laquelle j'aurais peut-être fini par prendre part pour faire preuve de bonne
confralerniléy nous devons charger une députation de se rendre auprès du pré-
sident de la caisse des secours des chemins de fer, aGn de lui exposer sérieuse-
ment la situation des médecinsagréés et de lui demander les réformes dont nous
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500 FÉDÉRATION MÉDICALE BELGB.
proclamons tous la nécessité. Si nous rencontrons de la mauvaise volonté, si
nous n'obtenons aucun résultat favorable, je serai le premier à recommencer
une campagne en règle contre l'aclministration.
Je formulerai donc une proposition dans ce sens, c'est-à-dire de charger une
commission spéciale de sVntendre avec le comité administratif de la caisse des
pensions des chemins de fer et de lui exposer nos griefs, dVntendre sa réponse
et de la faire connaître aux intéressés.
M. PouRBAix. — Après la croisade de plusieurs années que nous avons entre-
prise pour amener nos confrères, qui étaient attachés à Tadministration des
chemins de fer, à se retirer, nous ne pouvons pas laisser les choses au point où
elles en sonl. Beaucoup ont fait preuve de zèle, beaucoup y ont mis du dévoue-
ment et ils nous demandent une solution convenable. Je crois donc qu'il y au-
rait certaines mesures à prendre. Ainsi, quand un confrère vient au détriment
d'un autre faire de la médecine au rabais, formulons une accusation en règle,
et agissons contre lui, puisqu'il fait acte de mauvaise confraternité.
M. Deliôosse. — 11 faudrait sauvegarder les intérêts de nos confrères qui
ont pris des engagements dont ils ont été victimes et, si l'on parvient à s'en-
tendre avec les administrateurs de la caisse de pensions, nous arriverons bien
facilement à faire réintégrer dans leurs positions ceux qui se sont sacrifiés dans
l'intérêt de leurs collègues et qui, dans ce. but, ont donné leur démission.
M. GoFFiN. — Il me senibie que nous ne pouvons pas nous séparer, sans
protester contre les paroles prononcées par M. Gravez et sans rendre hom-
mage au zèle et à Taclivité des membres du Bureau. Ces Messieurs ont fait tout
ce quDs pouvaient et» s'il est vrai que la Fédération périclite, il faut recon-
naître qu'ils ont déployé toute l'énergie dont ils sont capables pour la maintenir
à un niveau qui ne s'est jamais abaissé.
M. PovRBAix. — Avant de lancer la pierre à Thonorable docteur Gravez et à
la Société des médecins de charbonnages du Centre, que les médeeins-agréés
donnent leur démission! Alors seulement, la question des chemins de fer sera
tranchée!
M. Delecosse. — Il est convenable de ne pas soulever plus longtemps ces
questions de personnes. Les paroles q<i'a prononcées tout à l'henre M. Gravez
ont pu aller un peu loin, mais il faut tenir compte du sentiment qui les a
inspirées. Je demande donc que l'on ne prenne pas en considération la propo-
sition de M. Goffin et que l'on mette fin à cet incident.
M. le Président. — Il est inutile de faire plus longtemps mention de cet
incident. Nous ne sommes d'ailleurs nullement offensés par les attaques qui
ont été dirigées contre nous; nous les avons réfutées ; c'était notre droit, mais
je crois que nous devons nous borner à cela.
M. Delecosse. — Ma proposition a été indiquée par le Ministre lui-même.
M. le Président. — Elle est rationnelle.
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FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE. 301
M. Dblecosse. — Je ne fais pa? de lonjç plaidoyer pour la faire accepter; il
me suffît, me semble-t-il^ de vous dire que ma proposition se justifie et s'èxpli*
que par la conversation que j'ai eue avec M. le ministre. Si vous la trouvez
bonne aeceptez-là ; si vous U trouvez mauvaise, indiquez-moi, je vous prie, le
moyen de sortir d'embarras.
Il y a des gens pour qui la question d'amour-propre est capitale et qui
diront qu'en acceptant ma propositioîi vous ferez bon marché de votre dignité,
à cela je répondrai qu'entre la dignité et l'entêtement, il y a un juste milieu,
qui est possible pour tout le monde. Mettons donc notre notre amour-propre de
côté; songeons à l'intérêt de nos confrères, et si Ton nous accuse d'avoir
manqué d*énergie et de fermeté en cette circonstance, nous trouverons facile*
ment notre consolation et notre justification dans le sentiment du devoir accom-
pli et dans la conviction d'avoir cherché à rendre service à nos collègues.
M. le Président. ^- Il n'y a pas de difl'érence radicale entre la proposition
de M, Delçeosse et celle que vous avez adoptée Tannée dernière : au contraire,
elle tend au même but : améliorer la position des médecins du chemin de fer.
Vous avez décidé, Messieurs, de vous abstenir au cas où la position ne serait
pas améliorée, et si vous nommez une commission pour démontrer que l'amé-
lioration du sort des médecins est une nécessité, vous ne vous contredites
nullement. Vous dites le but de la démarche qui a été faite l'année dernière, et
vous tâchez de faire comprendre qu'il faut rendre justice au corps médical.
La commission peut ouvertement faire valoir la décision qui a été piMse l'année
dernière. Je crois que nous pouvons discuter et vot^er la proposition de
M. Detecosse, puisqu'elle consiste à nommer une commission qui sera chargée
de s'entendre avec les membres de l'administration de la caisse des pensions
des chemins de fer, pour obtenir une amélioration à la position des médecins.
M. Delegosse. — - Cette même commission se souviendrait des confrères qiif
ont fait le sacrifice de leur position, et, si nous arrivions à un arrangement,
nous ferions tous nos efforts pour faire réintégrer ces confrères dans leur
position.
M. Gravez. — La nomination d'une commission de l'espèce, donnerait en
quelque sorte raison au défi qui nous a été jeté l'an dernier, par M. le Mi-
nistre des travaux publics, en ces termes : votis ne »aurie% vous entendre.
Elle constituerait un aveu de faiblesse ou d'impuissance. Ce serait le corps mé-
dical abandonnant toute dignité en tendant la main.
M. le Président. — Voici la proposition de M. Delecosse :
Une commission, nommée par le Bureau de la Fédération, et composée de
médecins agréés et de médecins nonagréés de TAdministration des chemins de
fer, postes et télégraphes, aura pour mission :
i° De se mettre en rapport avec le Comité -directeur de la caisse des pensions
et secours des ouvriers de la dite Administration.
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502 FÉWeRATION iMÉMCALE BELGE.
2«» D'exposer à ce Comité-directeur la situation qui est faite, aux médecins-
agréés, par les tarifs et les règlements actuellement en vigueur.
3» De s'efforcer d'obtenir, de ce comité, le redressement complet et immédiat
des griefs légitimes qui ont été si souvent signalés, par le corps médical belge,
au sujet de l'insuffisance dérisoire de la rémunération accordée aux médecins-
agréés de rAdministraiion.
— Cette proposition est mise aux voix ; elle est adoptée.
M. LR Président. — Il sera donc nommé une Commission que Ton chargera
de s'bcctiper de la question.
N. Delecosse. — Je demande que le Bureau soit chargé de poursuivre la
réalisation du vœu.
M. LE Président. - Il ne peut pas s'en charger à lui tout seul, parce que
il ne peut assumer h responsabilité de ce qui peut arriver. Ensuite, le Bureau
désire que cette commission soit composée, sinon en totalité^ du moins. en partie
de médecins agréés, car ceux qui ne le sont pa*s ne sauront jamais faire valoir
convenablement des griefs qu'ils ne connaissent pas.
M. Mayer. — Je propose que le Président fasse de droit partie d€ la Com-
mission.
M. Delecosse. - Ainsi que le Secrétaire.
M. Descamps. — M. Delecosse doit en faire partie.
~- MM. Crocq, Delecosse, Dele (Anvers), Feigneaux, Goffin, Gravez (Hou-
deng), Mayer (Anvers), sont désignés pour faire partie de cette Commission.
L'ordre du jour appelle VExamen de la proposition de M. Lagae tendant à
ce que la Fédération médicale verse à la caisse des pensions une somme à fixer
par elle^ dans le but d'afflrmer ses sympathies pour l^œuvre.
Un membre. — En Tabsence de M. Lagae, il serait bon d'ajourner celte ques-
tion, qui, du reste, parait-tl, soulève quelques' observations de la part de
M. Feigneaux.
M. FeiCneacx. — Dites donc de la part d^ plusieurs membres.
Un membre. — Je répète en tout cas qu'il serait convenable d'ajourner cette
question jusqu'à fa prochaine réunion.
M. Delecosse. -- Je demandé que même en l'absence de M. Lagae nous pre-
nions une résolution. Le meilleur moyen que la Fédération ait de montrer
qu'elle est animée d'excellentes intentions à l'égard de la caisse des pensions,
c'est de faire ce que l'on a demandé à l'Assemblée d'Alost : réaliser la pro«
position de tVL Lagae.
Je demande que cette proposition soit discutée, mise aux voix et adoptée à
l'unanimité.
M. Dewinne. — J'appuie la proposition de M. te docteur Lagae.
M. Lagae, établi dans les Flandres depuis plus d'un demi siècle, en rapport
constant avec les médecins de sa province, a plus que tout autre pu apprécier
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Tuiilité, je dirai même plus, la nécessité d'unfi caisse de pensions pour le corps
médical. Il a dû voir de vieu% médecins, épuisés par la fatigue d'une carrière
laborieuse, ne plus suffire à leur entretien et à celui de leur famille; il a dû
voir des médecins jeunes, frappés d'infirmités, tomber dans la misère, parce
qu'ils se trouvaient incapables d'exercer leur profession; il a dû vair des mé-
decins mourir à la force de Tâge et laisser des veuves et des enfonts sans
ressources.
Et ce qu'il a été à même de voir, nous tous qui pratiquons dans les pe(iXes
villes et dans les villages, nous avons pu le voir, ^on cœur s'est ému au spec-
tacle de ces misères. C'e&t pourquoi il s'est montré toujours le champion ardent
d'une caisse de pensions; toujours et dans toutes les circonstances nous l'avons
vu, avec son caractère charitable prendre le parti des médecins peu fortunés
et de leurs familles.
Sa proposition n'a d'autre but que de rendre l'existence de la caisse des pen-
sions plus solide, et de faire profiter le plus grand nombre des biens qu'elle
peut procurer.
Dans plus d'une occasion la Fédération a affirmé ses sympathies pour la
caisse des pensions; elle a fait plus, elle a provoqué sa naissance. Sans la Fédé-
ration la caisse des pensions n'aurait peut-être jamais vu le jour. C'est d'elle
et par elle que la caisse est née. C'est elle qui a fourni les premiers fonds pour
les frais de premier établissement. On lui demande aujourd'hui de faire pour
la consolidation de la caisse, ce qu'elle a fait naguère pour sa création ; on lui
demande de montrer d'une manière évidente ses sympathies (K>ur la caisse, et
ainsi, d'encourager les médecins à adhérer à une institution qui doii procurer
des bienfaits d'autant plus grands qu'elle sera plus solidement établie.
La caisse des pensions du corps médical a son existence assurée ; elle compte
au delà de 500 membres, elle a actuellement un capital de 225,000 fr., qui,
dans quatre ans, sera plus que doublé — déjà, dès maintenant, elle donne
quelques pensions à des familles nécessiteuses. En 1880 le service des pen-
sions sera régulièrement établi, et on partagera entre les ayant-droit, les
intérêts du capital ajoutés aux 5/6 des cotisations annuelles.
Le capital lui même ne fera qu'augmenter d'année en année, Usera constitué
des cotisations accumulées avec leurs intérêts des dix premières apnées, du
sixième des cotisations annuelles, et des dons faits à la caisse par des méde-
cins généreux.
Ce qu'on demande à la Fédération, c'est de recommander la caisse des pen-
sions, c'est de faire une bonne action.
En entrant dans cette voie, la Fédération remplira un des btits en vue des-
quels elle a été elle-même créée.
En tête de ses statuts, on lit que la Fédération a pour but t de donner
aide et protection à ses membres^ d'entretenir la bonne coûfraternité, de tra-
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504 FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE.
vailler en commun au développement des intérèls matériels de la profession. »
Quel autre but a donc la caisse des pensions? et si ce but lui est commun
avec la Fédération, ne se doivent-elles pas aide et secours dans toutes tes
circonstances?
Nous venons d'entendre» dans la discussion précédente, que malgré les
conditions défavorables du tarif des chemins de fer, beaucoup de médecins
agréés ne donnent pas leurs démissions et que d'autres médecins postulent les
places vacantes.
Certes, il est largement prouvé que ce tarif est insuffisant, indigne des méde-
cins et indigne de l'Administration qui l'a imposé, et que ceux qui s'y sou-
mettent obéissent à des considérations qui ne sont pas d'accord avec leur
intérêt bien entendu.
Qu'est-ce qui les pousse dans cette voie? Il en est qui ne donnent pas leur
démission parce qu'ils n'ont pas confiance dans leurs confrères, et malheureu-
sement, il n'est que trop vrai, qu'on compte beaucoup de ces confrères qui,
foulant aux pieds toute dignité personnelle, se trouvent toujours prêts à s'em-
parer de ce qui ne leur revientâ aucun titre; mais, il en est d'autres, qui se
trouvent dans le besoin, qui n'ont pas la riche clientèle, et qui sont heureux
de trouver à faire des visites aux conditions du tarif des chemins de fer.
Pour ces médecins, souvent chargés d'une nombreuse famille, l'institation
de la caisse des pensions est un grand bienfait ; que ceux qui sont favorisés de
la fortune ne se placent pas à leur point de vue particulier; qu'ils envisagent
les choses au point de vue de ces confrères malheureux, et ils se feront membres
de la caisse des pensions, ils s'en feront les protecteurs, et alors, ils entraîne-
ront avec eux, stimulés par leur exemple ceux qui n'ont pas confiance dans la
caisse, parce qu'ils voient que ceux qu'ils investissent de hautes fonctions ne
donnent pas leur appui, tout leur appui à la caisse.
Ils feront de la bonne confraternité, de la vraie fraternité, en favorisant
une œuvre qui a pour but de venir au secours de confrères que l'âge empêche'
de se livrer à leurs occupations professionnelles, au secours de confrères
infirmes, incapables de suffire aux besoins de leurs familles et de l'éducation
de leurs enfants, au secours de veuves et d'orphelins, délaissés par la mort
prématurée d'un époux, d'un père, emporté avant l'âge par une maladie
contagieuse.
L'institution d'une caisse de pensions en faveur des médecins, administrée
par des médecins, ne mériterait-elle donc aucune confiance? La Fédération
instituée pour veiller aux intérêts des médecins pourrait-elle la négliger? Peut-
elle l'abandonner à elle-même. N'est-elle pas obligée à en avoir plus de soucis
que le Gouvernement, qui, jusqu'ici, malgré toutes les démarches qu'on a
faites, ne veut pas lui reconnaître une existence légale!
Non, Messieurs; j'ai la ferme conviction qu'il n eu sera pas ainsi. Je suis
certain que ceux parmi les médecins qui sont arrivés à la richesse par Texer-
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FfeDfilîATlON MÉDICALE BELGE. 505
cice de ta profession médicale, ne voudront pas manquer Poccasion de se
rendre utiles à leurs confrères qui n*ont pas eu comme eux le bonheur d'arriver
à la fortune, et qu'ils favoriseront de tout leur pouvoir une œuvre confraternelle
et humanitaire.
. M. LB Président. — M. Delecosse dit que sans doute nous voterons h l'una-
nimité la proposition de M. Lagae. Eh bien^ il n'en sei'a pas ainsi, parce que
ponr ma part, je déclare que je voterai contre. Vous voyez. Messieurs, que je
ne cache nullement ma manière de voir, bien que je sache qu'on m'en fera un
grief. Pourtant, je ne suis que logique et conséquent avec moi-même en agissant
ainsi. Rappelez-vous que je me sois opposé i la création de la caisse des pen-
sions. Je voulais une autre institution que je crois seule utile, vous ne l'avez pas
voulue, le ne puis pas m'associer à une chose que je considère comme mauvaise.
On me demande si je suis ou non sympathique à la caisse? Non, Messieurs, je
n'y suis pas sympathique et pourtant je n'y suis pas antipathique non plus, pas
plus que je ne suis sympathique ou antipathique à la Banque nationale ou à la
xBanque de Belgique. J'apprécie le bilan de ces institutions financières et voilà
tout.
La question de sentiment n'a rien à voir ici, absolument rien. Une caisse
des pensions n'est pas une institution de bienfaisance ou de prévoyance,
comme l'honorable préopinant a voulu nous le faire croire. Il a parlé de méde^
cins malheureux, de malheureuses veuves, de malheureux enfants, et W a cru
que l'on a fait quelque chose d'utile pour eux en créant la caisse des pensions,
Ce n'est pas mon avis. Je vais vous le démontrer.
Vous créez une caisse de pensions, vous vous cotisez pour l'alimenter, tout
le monde a le droit d'y toucher des pensions. Le médecin qui à iO ou 50 mille
francs de revenu aura une pension absolument comme le médecin pauvre et
louchera comme lui 250 à 500 francs. D'autres plus compétents que moi sont
arrivés au même résultat. Cette caisse ne sera donc pas autre chose qu'une
espèce de compagnie d'assurance entre médecins, et ne pourra fournir que
des résultats défavorables. Voilà la caisse des pensions. Est-ce bien là ce que
doit être une semblable institution ?
Une institution philanthropique doit viser à l'infortune et non ailleurs.
Mais, me direz-vous, est-ce que le médecin qui a 50 mille livres de rente tou-
chera 500 francs? Et pourquoi pas, c'est son droit. Peut-être bien, le médecin
riche fera abandon à la caisse, afin d'aider un confrère qui n'est pas tout aussi
bien loti que lui, mais il peut ne pas le faire, et alors les médecins moins riche
que lui qui auront agi ainsi, se seront dépouillés en sa faveur. C'est là, en tout
cas, une question fort délicate. Pour ma part je ne ferai aucun don à ta caisse
des pensions, parce qu'elle n'est pas une institution de bienfaisance, pas plus
que je ne ferai un don à une compagnie d'assurance quelconque. Avez-Vous
jamais vu un ingénieur verser à la caisse des pensions des ingénieurs ou bien
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506 FÉDÉRATION MËDIGf^LE BELGE.
refuser de toucher une pension qui lui revient de droit? Pas le moins du
monde. L'ingénieur riche aime à toucher une pension tout comme celui qui n*a
rien. Au lieu de la caisse des pensions il fallait créer une institution de bien-
fnisance, qui aurait. agi bien plus efficacement que celle que Ton vous expo-
sait tout à rheure, parce que, qui dit bienfaisance sollicite des dons gratuits.
Vous auriez eu alors des pensions de 600, 800 ou 1000 francs, tandis que
maintenant vous avez des pensions de 250 ou 300 francs. Vous comprenez dès
lors pourquoi je ne pujs pas encourager la caisse des pensions, et pourquoi jç
vote contre Tencouragement que Ton veut donner à une institution qui ne
répond nullement aux besoins qu'elle est appelée à desservir, et que je crois
plutôt nuisible qu'utile. Du reste ce n'est pas par des sentiments non avouables
à regard de la caisse des pensions que j'ai été amené à prendre la parole. Je
vous l'ai dit déjà, je n'ai en vue que de prouver que ma manière de voir est
restée la mémr, et qu'aucun argument n'est venu la modifier.
M. LE Secrétaire.— Conséquent avec moi-même, aujourd'hui comme autre-
fois, je reste partisan des Caisses de prévoyance etjenepuis me rallier aux par-
tisans de la Caisse des pensions, n'ayant pas confiance dans la base sur laquelle
elle est établie. Ne voulant pas me rendre solidaire des mécomptes qui pour-
raient en résulter, je voterai contre la proposition de M. Lagae. Je vous ferai
remarquer d'ailleurs que l'article 16 de notre règlement s'oppose à ce que
nous appliquions autrement nos deniers qu'à des frais d'administration. Le
conseil central, dans ses séances des 7 et 20 mai 186D, a pris une décision
dans ce sens. Voici les termes du procès-verbal du 7 mai : c Le 2« article à
l'ordre du jour ayant rapport au moyen de mettre en pratique la caisse de
pensions, est mise en discussion. Il soulève quelques observations adressées au
bureau par M. Bomal, relativement à la publication des statuts et s'adressant
au conseil, il sollicite en faveur de l'institution, l'intervention financière de la
Fédération pour subvenir aux premiers frais d'installation. >
te M. Crocq, répondant au nom du Bureau, affirme de son entier dévouement
à l'œuvre votée par la Fédération, et déclare ne pouvoir, cependant, admettre
en principe, et en présence des termes de l'art. 16 du règlement, que le conseil
affecte les deniers de la Fédération à la création de quelque institution que ce
soit, en eût-elle reconnu et voté l'utilité. »
« Ce serait, dit-il, établir un mauvais précédent, que d'autres associations,
prenant naissance au sein de la Fédération, seraient en droit de réclamer pour
elles. »
c MM. Feigneaux, Montigny et V. (Jytterhoeven partagent l'opinion de M. le
président; ils la défendent à des points de vue différents et déclarent ne pou-
voir se rallier à la proposition de M. Bomal qui est mise aux voix et rejetée. >
« Le 20 mai de In même année, la question fut remise à l'ordre du jour, du
Conseil central, voici les termes du procès- verbal :
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FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE. 507
« L*examen de la proposition de MM. Demarbaix et Hamoir, relative à la
création des fonds nécessaires à tous tes frais d'installation de la Caisse de pen-
sion ainsi conçue :
c |o Demander l'avance des fonds à la Caisse de la Fédération;
« 2o De faire un appel à tous les membres de la Fédération,
soulève un débat auquel prennent part MM/Bougard, Crocq, Feigneaux,
Laval, Dewindt et Bomal. >
Le Conscil/à la suite de ce débat, rejette la première proposition, appuyant
sa décision sur l'article 16 du règlement. Quant à la seconde, l'assemblée
l'adopte, amendée par M. Bornai en ces termes : « faire un appel de fonds à
tous les membres de la Fédération par une circulaire dont le coût ne devrait
pas dépasser 100 francs et qui serait supporté h titre de prêt par la Caisse de
la Fédération. »
Vous voyez, Messieurs, que non-seulement l'article 16 du règlement est
formel, mais qu'il a été l'objet d'une interprétation également formelle de la
part du Conseil central, alors même que l'on demandait un versement de fonds
pour couvrir les frais d'installation de la Caisse des pensions. Je crois donc
qu'eu présence de Tarticle 16 nous ne pouvons pas passer outre:
M. Dewindt. — Je regrette beaucoup le^ difficultés qui sont survenues entre
la Fédération et la Caisse des pensions. Il est certain que ces deux institutions,
au lieu de se combattre, devraient se donner la main et marcher ensemble;
il est certain que si nous voulons faire de la bonne confraternité, au lieu de
nous combattre, nous devons nous aider. La Caisse des pensions a été instituée
dans le but pour lequel la Fédération a été créée, c'est-à-dire dans un but de
fraternisation, dans le but d'arriver ensemble au développement des intérêts
matériels de la profession. Or, je le demande, une Caisse des pensions, instituée
comme elle Test, avec les éléments dont elle dispose, avec les fonds qui y sont
déjà, avec les dons que Ton y ajoute continuellement , a une existence assurée
et je ne comprends pas que Ton dise qu'elle ne soit pas utile. Cela peut être
l'appréciation personnelle du président ou du secrétaire.
M. LE Président. — J'ai émis mon avis personnel.
M. Dewindt. — Vous parlez comme président de la Fédération et comme
tel vos paroles ont plus de puissance que cellesde toute autre personne. Je dis
donc, Messieurs, que la caisse des pensions est solidement établie ; dans quel-
ques années elle servira des pensions à ses membres.
Indépendamment de ce qu'elle est caisse des pensions elle est aussi caisse de
prévoyance. Mais Messieurs, je trouve que tout médecin doit être heureux de
pouvoir, le cas échéant, recourir à semblable Caisse.
Tout le monde n'est pas riche, tout le monde n'est pa^ dans l'aisance ; il y a
des médecins qui sont dans l'indigence et d'autres médecins aussi seront heureux
de trouver à la lin de leur carrière une pension qu'ils se sont, en déGnilive,
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1)08 FÉDÉRATION MÉDICALE BBLGE*
préparée eux-mêmes. Messieurs, au lieu de Topposition qui règne entre la
Fédération et la Caisse des pensions, il faudrait de Tunion, et c*esl pourquoi je
demande que Ton vote à Tunanlmitè la proposition de M. Lagae. On ne vous
demande, du reste, qu*une seule chose; c*est de poser un acte de sympathie à
regard de la caisse des pensions. Cette démonstration serait un encourage*
menl. J'appuie donc les paroles que vient de prononcer M. Delecosse et j'invite
rassemblée à voter dans le sens de ces paroles.
M. MiiESEN. — Messieurs, je partage l'avis de 3f . Croeq en ce qui concerne
l'existence et le succès de la caisse des pensions ; au début de cette association»
la presque totalité des membres qui en faisaient parlie ont préféré l'existence
d'une caisse de prévoyance et de secours mutuels. J'ai été de cet avis avec tout
le Bureau de la Fédération médicale. Maintenant que la caisse des pensions
existe, qu'elle demande simplement une manifestation de sympathie de la part
de la Fédération» je pense que nous ne pouvons pas la lui refu&er. Je serais
donc d'avis de lui accorder ce qu'elle demande, dans le but surtout de la rap-
procher de la Fédération, et pour lui prouver qqe les membres du Bureau ne
lui sont pas hostiles. D*ailleurs, elle appartient à tout le monde, chacun doit
être libre d'y adhérer ou de ne pas y adhérer. Nous ne la désapprouvons pas,
elle est établie, elle peut gérer ses affaires librement.
Quant à nous reprocher, à nous, ixiembres du Bureau^ de ne pas faire parlie
de la Caisse, on ne le peut pas. Nous entendons à cet égard maintenir la
liberté la plus complète.
Ce que je désire, c'est que la caisse des pensions ne soit pas éloignée de la
Fédération, c'est pour ce motif que j'adhère à la proposition de M. Delecosse^
qui consiste à faire une manifestation sympathique en faveur de la caisse.
M. PiGEOLBT. — Messieurs, la caisse est créée eJti dehors de la Fédération,
elle est prospère; les trois quarts des membres fédérés y ont souscrit, elle
possède beaucoup d'argent; pourquoi faudrait-il demander à la Fé^dération
de ne pas respecter son règlement en venant au secours de cette associa-
tion ?
Faulil donner de l'argent pour donner une preuve de sympathie ?D*ailleurs,
personne ne blâme l'existence de TAssociation, personne ne doute que tes
membres affiliés ne soient satisfaits de sa gestion. Tout y est parfait; mais
vous voulez que l'expression de la sympathie des membres qui ne font pas
partie de la Caisse des pensions se manifeste par de l'argent? Cela n'est pas
nécessaire. Nous ne pourrions pas, du reste, vous donner une somme assez
importante* Je ne puis donc m^associer à la proposition, d'autant plus, je le
répète, que notre règlement s'y oppose.
Nous ne pouvons employer nos fonds à couvrir d'autres charges que celles
qui sont nécessitées par les frais d'administration. Du reste, la Fédération a
déjà fait un apport d'argent en faveur de la Caisse des pensions lors de son
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FÉDÉRATION MÈDICAiE BELGE. $09
înslallation. De sorte que, sous ee rapport même, et au point de vue pécu-
niaire^ la Fédération a fait ses preuves; je nepuisdone pas adopter la proposi-
tion de M. Lagac, dans les termes où elle est conçue.
M. Dblbgossb. — Messieurs, j*ai confiiaencé par dire tantôt que je n'avais .
pas adhéré à la Caisse des pensions parce que je ne croyais pas qu'elle répondit
au but pour lequel elle était créée. C'est une des raisons qu'a exprimées
M. Crocq. Il disait qu'il ne fallait pas ici se laisser guider par des questions de
sentiments, mais bien par le raisonnement.
Permettez-moi de dire, qu*au contraire, il ne s'agit pas ici de questions de
-raisonnement, mais bien de sentiment. Nous voulons démontrer, même aux
plus incrédules, que, ni parmi les membres du Bureau, ni parmi ceux de cette
association, il n'y a pas le moindre esprit d'hostilité contre cette institution.
L'honorable M. Pigeolet dit : « Nous n'avons pas besoin de voter ce crédit
pour donner à cette institution une preuve de notre sympathie puisque nous la
lui donnons en paroles, on peut nous croire. » Mais enfin, messieurs, il faut
prendre les gens comme ils sont.
La Caisse des pensions s'imagine qu'il y a hostilité de notre part. Elle dit :
c Donnez*nous un subside, si minime qu'il soit, et alors nous ne croirons plus
à cette hostilité, t Elle dit : « La sympathie qui n'agit pas est une sympathie
morte. »
Pour ma part, quand MM. Crocq et Pigeolet disent quelque cho^e, je les
crois sur parole ; mais la confiance que l'on a en eux peut ne pas exister en tant
qu'ils parlent comme administrateurs de la Fédération.
En ce qui me concerne, pour en arriver à la paix et à la conciliation, je
demande que la Fédération vote un subside pour démontrer d'uiie manière
incontestable que nous n'avons contre la Caisse des pensions aucune espèce
d'hostilité. Encore une fois, Messieurs, ce n'est pas le raisonnement qui me fait
agir ainsi, c'est très-bien le sentiment.
M. GoFFiN. -- Avant de consentir à la proposition de M. Lagae, j'examinerai
d'abord la question de convenances. Or, je dis que cette proposition est tout à
fait inutile. Aucun médecin ne s'affiliera à la Caisse des pensions, par ce motif
que la Fédération lui aura donné une somme d'argent. C'est là une idée absolue
chez moi, c( je me demande pourquoi la Caisse des pensions demande que la
Fédération traduise ses sympathies par une preuve matérielle ; par de l'argent?
La parole donnée ne suffit-elle donc pas? Du reste, je n'approfondirai pas ce
côté de la question.
Pour faire cesser tout malentendu, il serait désirable que la Caisse de pen-
sions discontinuât ses demandes réitérées, qui lie font qu'entretenir un dissenti-
ment entre la Fédération et la Caisse des pensions.
M. Lagae dit que la Caisse des pensions est une fille à doter. En cela, son
appréciation est erronée, Ce n'est plus une fille^ elle est en ménage. Je dirai
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5i0 FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE.
même plus : c*est qu'elle a des protecteurs, car tout le monde lui a déjà donné.
Je propose donc de voter contre la proposition de M. Legae.
M. RoMMELAERE. — Je doîs déclarer également que je suis de l'avis de
M. Crocq. Je suis sympathique à la Caisse des pensions mais, comme Ta dit
M. Crocq, c'est là une institution purement financière, et le vote que Ion de?
mande à la Fédération a une portée beaucoup plus grande que la somme d'ar-
gent que nous pourrions voter en faveur de cette institution.
La Caisse des pensions est dans des conditions financières telles, dit-on^ qu'elle
est capable de rendre^ plus tard, des services sérieux â ceux d'entre nous qui en
auront besoin^ c'est-â-dire à ceux qui seront plus tard, dans le besoin; mais il
n'est pas démontré que la CaisseJes pensions soit constituée sur des bases finan-
cières telles qu'elle puisse rendre plus tard ces services. Dans ces conditions,
je crois qu'il importe à la Fédération médicale belge de ne pas émettre un vote
sur cette question de principe et de s'abstenir complètement de marques de
sympathie ou d'antipathie à l'égard de la Caisse des pensions, attendu que c'est
préjuger une question financière qucla Fédération n'a pas suflBsamment exa-
minée. Des études consciencieuses, faites par des hommes spéciaux, ont établi
qu'au point de vue financier la Caisse des pensions n'est pas appelée à rendre
de sérieux services à ceux qui en auront besoin. Pourquoi donc la Fédération
prendrait-elle sur elle d'encourager une œuvre dont les effets avantageux sont
douteux?
Quant à la question de fait, je dirai comme trésorier, que le subside devrait,
en tout état de cause, s'élever à très-peu de chose; en effet, nous nous trou-
vons en présence d'un budget qui n'est pas très-brillant et qui diminue même
an peu chaque année. En ce moment, l'encaisse ne s'élève qn'à 'iTO francs.
Dans ces conditions là, le subside que l'on pourrait donner ne s'élèverait qu'à
très-peu de chose.
Mais c'est là une question accessoire; ce que Ton demande ne se réduit pas
à une question pécuniaire, mais comporte une question de principe. Or, cette
question est beaucoup plus importante qu'on ne le croit, car sa solution dans
un sens affirmatif peut engager bien des praticiens à s'affilier à la Caisse des
pensions, alors que celle-ci n'est peut-être pas constituée au pointdevue finan-
cier, d'une façon suffisante pour pouvoir les rémunérer plus tard.
M. Dewindt. — Je remarque avec un certain chagrin, je dois le dire, l'oppo*
sition que fait le Bureau à la Caisse des pensions.
M. LE Président. — Il n'y a pas d'opposition.
M. Dewindt. — De l'indifférence si vous voulez. La Fédération a créé la
Caisse des pensions, par conséquent nous devons la respecter. L'opposition
que vient faire tout le Bureau à la proposition de M. Delecosse ne me semble
pas fondée du tout. Il y a une grande différence entre un acte de sympathie
platonique et de sympathie réelle et je crois pour ma part que la Caisse des
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FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE^ 511
*
pensions ne se contenterait pas d'un acte de sympathie platonique. Elledemande,
par Torgane de M. Lagae, que la Fédération intervienne pécuniairement.
Quant à la question soulevée par H. Rommelaere, celle qui concerne Fétat
financier de la Fédération, je crois qu*elle ne doit pas être prise en considéra-
tion.
Voulant faire acte de bonne confraternité eavers la Caisse des pensions, tout
en maintenant nos réserves sur les questions de principe qui ont servi de base
à l'organisation de cette caisse, nous proposons à la Fédération d'accorder à
cette caisse une somme de deux cents francs ,à titre de don.
M. Mayer. — Je voudrais que l'on ne prit pas de décision aujourd'hui
sur la proposition et que l'on en remit le vote à l'année prochaine. Je crois
également que l'article 16 du règlement s'oppose à l'adoption de cette propo-
sition. Changeons-le et après cela nous pourrons prendre une décision.
M. Thomas. — Je crois qu'en présence de la somme, quelque minime qa^elle
soit, que la Fédération pourrait donner à la Caisse des pensions et en présence
du règlement auquel nous devons tenir avant tout, il serait préférable d'ajour-
ner la proposition. Si les administrateurs de la Caisse des pensions ne veulent
absolument pas comprendre que nous ne sommes animés d'aucun sentiment
d'hostilité à leur égard, ce ne sera pas une somme minime qui les fera changer
d^opinion. Il est donc préférable que tous ceux qui sont ici aujourd'hui et qui
auront l'occasion de rencontrer des Administrateurs de la Caisse des pensions,
sauront leur faire comprendre qu'il n'y a de notre part aucune hostilité, aucun
parti pris et que ce n'est pas avec quelques francs que l'on fait de la conciliation.
Le respect du règlement est notre premier devoir.
M. Meyer. — Pour simplifier la question, je demanderai Tajournement pur
et simple.
Cet ajournement est mis aux voix et prononcé par 15 voix contre 1^4.
L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de M. Desguin ten-
danià faire décider chaque année, par rassemblée générale, en quel lieu elle
se réunira Vannée suivante,
M. Mayer. — Je suis chargé d'inviter la Fédération à se réunir l'année pro-
chaine à Anvers.
M. Maesen. - Messieurs, le règlement est formel, l'Assemblée doit se tenir
à Bruxelles.
La proposition de M. Desguin tend à nous rendre libres de décider la ville
où doivent avoir lieu les réunions. Or, il faudrait prendre, à cet égard, u,ne déci-
sion chaque année. J'ai donc l'honneur de vous proposer de maintenir l'ar-
ticle 18 du règlement et de lui donner la rédaction suivante :
Tous les ans, dans le mois de septembre, la Fédération tient à Bruxelles une
assemblée générale. Toutefois^ l'Assemblée générale peut fixer une autre loca-
lité pour sa réunion subséquente. Cette assemblée est présidée par le président
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m FÉDÉRATION MÉDICALE BtlGÈ.
de la Fédération, assisté par le Conseil central, qui prend place au bureau.
L'article ainsi modifié est adopté.
M. Mater. — L'assemblée générale ne pourrait-elle pas se prononcer
aujourd'hui quant à Angers. Je vous propose de nous réunir dans cette dernière
localité Tannée prochaine. — Adopté.
La discussion des septième et' huitième objets à Tordre du jour est ajournée
à la séance de Tassemblée générale de 1876.
H. RoMMELAERE donnc le compte-rendu de la situation financière de la Fédé-
ration médicale pendant Tannée 1874-75.
L'assemblée adopte les comptes de sa gestion et se sépare à 4 heures.
FÉDÉRATION MÉDICALE BELGE
Situation générale de la Caisse pendant Vannée J 874-4875.
RSGSTTSS.
En caisse au 22 septembre 1874 ...... fr. 552/1*6
Reçu du 22 septembre 1874 au ^1 septembre 1875 . 450,00
Total fr. " 1)88,4 «
D:ÉPB1I8ES.
Frais d'impression fr. 382,97
Frais de sténographie 75^00
Divers 54,06
Total fr. 5i2,05
Reste en caisse le 22 septembre 1875 fr. 476,43
Je dis quatre cent soixante-seize francs, quarante-trois centimes.
Le présent compte a été approuvé en Assemblée générale de ce jour.
Bruxelles, ce 22 septembre 1875.
Le Président^
Le Trésorier, D' J. CROCQ.
D' W. RoMMELAEne.
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JOURNAL
DE MÉDECINE.
(DÉCEMBRE 1875.»
I. MÉMOIRES BT OBSERVATIONS.
Db la rage spontanée, par le docteur Putegnat, membre honoraire de la
Société y à Lunéville» {Suite et fin. — Voir notre cahier de novembre
p. 385.)
Maintenant que j*ai exposé les trois opinions qui régnent sur la possibilité
du développement spontané du virus rabique, dans la race canine; après avoir
ctairemt^nt démontré, à ceux qui ne sont pas systématiques, que Nicolas Gadou
est mort de la rage, qui lui a été inoculée par la morsure du chien de Chailly,
indemne du virus rabique un peu avant la morsure (et même après, pendant six
mois), il me reste à rechercher comment ce chien a pu gagner son privilège, si
funeste au petit Gadon ; autrement dit, il me faut rechercher quelles influences
ou quelles circonstances qui, subitement et même passagèrement, ont pu pro-
duire, dans sa bave, le \irus rabique, lequel, introduit dans une plaie de mor-
sure, a transmis la rage au jeune Gadon.
Cet examen, écourté comme Tordonne le plan de ce modeste mémoire,
suffira, cependant, à faire voir non-seulement, ce qui, déjà, est de toute
évidence, la transmission du virus rabique, à Nicolas Gadon, par la morsure
du chien de Chailly; mais aussi lesquels sont dans le vrai ou ceux qui admet-
tent, dans certaines circonstances, la spontanéité du développement du virus
rabique, chez le chien ou ceux qui la nient, absolument, eo tous lieux, temps
et circonstances.
« Mais pourquoi donc la rage ne se reproduirait-elle pas spontanément, chez
» le chien? dit M. Simon (1). Est-ce que, dans Téchelle animale, chaque race
» ne possède pas le triste privilège de donner naissance à des maladies parti-
» culières, sous l'influence de causes déterminées? Est-ce que la morve et le
» farcin ne se développent pas spontanément chez le cheval, et n*ont points
» comme la rage, le funeste privilège d'être transmissibles à Thomme? »
Parmi les nombreuses causes, auxquelles tes observateurs modernes et
anciens^ attribuent le développement spontané de la rage virulente, chez le
(I) Recueil de médecine vétérinaire pratique^ p. 50 du n" de janvier 1874.
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514 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
chien, seules les plus importantes vont m'occuper, parce qu'elles existent dans
mon observotion.
Je passerai donc sous silence les influences climalôriques ; celles des saisons,
de la soif, de la faim, de ralimenlation, du sexe, de Pâj^e et de la race. Je ne
m'arrêterai que sur celles dites : Frayeur^ Douleur^ Colère, Orgasme génital.
Remarquons, tout d'abord, que le chien de Chaiily, reconnu hargneux, d'un
naturel méchant^ c'est à-dire, vulgairement, rageur (circonstance qu'il ne faut
pas oublier), a subi, en môme temps, la frayeur, la douleur, la colère et la furie
vénérienne non satisfaite.
En effet, au moment où il est réfugié au fond d'une allée obscure, qu'il juge
propice à la satisfaction de son extrême désir vénérien, il est effrayé, subite-
ment, à la vue d'un homme, armé d'un manche à balai. Presque en même
temps, il éprouve de la douleur, sous les coups qu*ii reçoit et une furieuse
colère d*êlre ainsi troublé, alors qu'il commence à sentii* la suprême jouis-
sance, après laquelle il a couru, pendant des heures; pour laquelle il a
enduré plusieurs horions et coups de dents, précédés de menaces et impitoya*
blement administrés par quelques-uns des nombreux et passionnés adorateurs
de la chienne en rut.
Frayeur. Elle ne contribue pas seulement à faire apparaître brusquement
les symptômes de la rage virulente, qui couve chez l'homme, à la suite de
l'inoculation produite par la morsure d'un chien enragé; mais encore au
développement spontané du virus rabique, chez le chien.
Parmi les faits cités à l'appui de ce point de l'étiologie de la rage du chien,
je donnerai le suivant, que Mim. Laquerrière et Decroix rapportent, d'après
H. fiouUy, qui, lui-même, l'a emprunté à Flemming.
Un petit chien, dormant en wagon, fut brusquement éveillé par le bruit stri-
dent d'un train, qui passait en sens contraire. Dès ce moment, il se mit à
pousser des hurlements extrêmes; les symptômes de la rage se développèrent,
et le lendemain le chien mourut de cette affection.
Mais, dira peut être M. Bouley, qui oserait affirmer que ce chien, au moment
où il fut subitement effrayé, ne couvait pas la rage, inoculée auparavant?
A celte objection, je répondrai : toute cause, même désespérée, trouve un
habile avocat pour la défendre; et l'on voit la frayeur blanchir subitement les
cheveux.
Douleur» M. le professeur Ta rdieu parle d'un chat, devenu enragé à la suite
de la douleur infligée par une large brûlure.
Ce fait, quoique donné comme authentique, est contesté par M. Bouley,
parce que, dit ce professeur, la rage s'est développée instantanément; parce
que la douleur ne rend pas enragés les animaux torturés dans l'amphiihéàtre.
Je réviendrai sur ces deux points de l'étiologie de la rage, chez le chien.
Colère, Parmi les causes, que les observateurs, anciens et moiernes, indî-
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 515
quent comme des plus capables de produire la spontanéité de la rage virulente,
chez le chien, on cite la colère extrême.
J. Hoffmann a écrit cette phrasé : c Rabies extrema et continua iraseentia
est {\), > Pouteau (i), Sauvages^S), Chabert (i) acceptent celte cause.
M. Bouley, dans son article ragb du Dictionnaire encyclopédique des
sciences médicales (5), n^admet pas celte cause de la rage, dans le fait de
M. Tardieu.
Voici ses raisons: la rage s'est développée subitement; un pareil fait est 1res-
exceptionnel et il contraste, par sa rareté, comme ceux où Ton admet la
douleur capable de produire la sponlanéité de la rage canine, avec les cas
fréquents où la rage trouverait l'occasion de se développer, si la fureur était
efficace à la produire.
Disons, d'abord, que cet argument est emprunté à Trolliet, qui l'a exposé en
ces termes : t Si les morsures des animaux furieux étaient une cause de rage,
les chiens, etc., qui se battent avec acharnement, se la donneraient souvent
par les blessures qu'ils se font (6). >
On le reconnaît : M. Bouley, pas plus que Trolliet et Rochoux, n'ajoute con-
fiance, ici, à cette maxime de Zimmermann rOn ne voit que trop souvent,
dans les maladies, des particularités très singulières (7).
Je ferai remarquer, cependant, que M. Bouley, dans ce cas, n'ose pas nier
la possibilité du développement spontané et intantané du virus rabique, puis-
qu'il déclare « qu'un pareil fait est très-exceptionnel ». Cet aveu est bon à
conserver ; c'est un soupir de la conscience.
Orgasme génital. — Commençons par rappeler un fait, bien connu : c'est
une altération spéciale de la chair de quelques animaux, pendant la période
du rut. Qui ne sait aussi que la chair de certains poissons, notamment du
barbeau, à l'époque du frai, peut être un aliment dangereux!
La passion vénérienne, que les anciens désignaient sous le nom d'œstrum
venerisy a été signalée par Caelius-Aurelianus (8), par S. Hildebrand (9),
comme une cause pouvant engendrer la rage non inoculée ou spontanée, chez
le chien.
Depuis lors, nombreux observateurs ont cité des faits à l'appui de cette
(i) I». c, Pars seeunda, page 195, § VI.
(2) Essai sur la rage.
(5) Nosologie, 4771, t. II, page 704.
(4) fiéflexions sur la rage.
(5).L. c, page90.
(6) L, c, page 49.
(7) Traité de l'expérience, livre I, chapitre lll.
(8) Locdt., p. 219, c. IX.
(9) Voir Sprengel. Histoire de la.mcdecine, t. VI, p. 419.
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516 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
opinion. Parmi eux, je nommerai seulement Gorry (f), Capelloet Grève (2),
Toffoli (5), Brachelelet Froussard (4), MM. Leblanc, père et fils (5), Fitte (6),
Simon (7).
MM. Brachelet et Froussard soutiennent (opinion très-exagérée), que la cause
de la rage réside uniquement^ lorsque celle-ci est spontanée, dans la privation
de la fonction génératrice.
Aux questions, dit M. Leblanc père, que j'adresse toujours aux personnes
qui me conduisent des chiens enragés, il est très-rare qu*on ne me réponde
pas que ces chiens ont manifesté le vif désir de couvrir des chiennes.
En présence de cesaffinnalions, dues à des observateurs instruits et conscien-
cieux, le scepticisme deM.Bouley est ébranlé et l'ori voit ce professeur revenir,
forcément, à celle qu'il a soutenue, avec ardeur, contre M. Boudin, c'est-à-dire
à la possibilité du développement spontané de la rage virulente, chez le chien.
En effet, voici ce qu'il a écrit, dans le Dictionnaire cité :c Quelques faits ont
» été publiés, qui, rapprochés de ceux de Toffoli, donnent â réfléchir, et s'ils
» ne sont pas encore suffisants, pour résoudre la question d'une manière
» décisive, il serait imprudent, croyons-nous, de ne pas admetltre comme
» possible Tinfluence de la circonstance étiologique dont ils paraissent témoi-
» gner. »
A la page suivante, il dit : c En définitive, si le doute est encore permis,
» à l'endroit de Tiiifluence de l'orgasme génital, ••... cependant la prudence
» exige que, dès maintenant, on se Irienne en garde contre elle. » Cette opi-
nion est encore exprimée dans le Recueil de fK^édeeine vétérinaire pratique (H).
Quand on voit M. le professeur Bouley ne pas nier h possibilité du dévelop-
pement spontané de la rage, par suite d*un violent accès de colère, ou le
regarder comme un fait très^exceptionnel ; quand on lit les passages de
M. Bouley, que je viens de rapporter, aii sujet de Tinfluence possible de l'or-
gasme génital sur le développement spontané et instantané de^ lavage, chez le
chien, on est en droit de se demander pour quels motifs ce professeur a pu éle-
ver des doutes sur la nature du mal qui a tué Gadon, surtout après Texposé
des symptômes que j'en ai fait. On se demande pourquoi M. Bouley est porté à
soupçonner que ce garçon a pu être mordu par un autre chien que celui de
Chailly; pour quelle couse il lui répugne d'admettre le développement spon-
tané du virus rabiqne, chez un chien, tourmenté, en même temps, et au
(4) Journal de médecine de Corvi tarif etc., 4807, t. III.
(2) Archives générales de médecine, 1834, n« de juillet.
(3) Journal vétérinaire et agricole de B>lgique, t. XI, p. 426.
{i) Causes de la rage et moyens d'en préserver Vhumanité. PariS; 4857.
(6) Bulletin de r Académie de médecine de Paris.
(6) Recueil de médecine vétérinaire pratique, 187i, n* de janvier, p. 6.
(7) Mêmes Journal et numéro, p. 29.
(8) Année 4875, p. 88 du n<» de février.
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MÉMOIRES ET OBSERVA'HONS. 517
suprême degré, par la frayeur, U colère et la furie vénérienne, dont il a été
contraint, par la douleur, résultat des coups de bâlon, dMnterrompre la satis-
faction, au moment où il commençait à réprouver.
Si M. le professeur Bouley n*a pas été convaincu, par son examen de mon
observation, son motif, ce me semble, est facile à connaître.
En effet, pourquoi donc ce professeur n*a-t-il vu : ici, que Vorgaame génital;
là, Vextréme colère? Pourquoi donc, deux fois, cet exclusivisme, favorable à sa
doctrine actuelle, lorsque mon observation renferme quatre causes : frayeur^
douleur, extrême colère et fureur erotique ?
Est-ce que, sous le rapport de l'influence de Torgasme génital, mon obser-
vation n'a pas une très-grande ressemblance avec celle de cet artisan de
Venise, qui, ayant séparé deux chiens accouplés, fut mordu par Tun d'eux et
atteint, quelques jours après, de la rage, dont il mourut? (1)
Et quand même j'aurais simplement indiqué la colère, dans mon observation,
cette cause ne suffirait-elle pas, comme je l'ai démontré ci-dessus, à permettre
d'admettre, dans certaines circonstances, la possibilité du développement spon-
tané et instantané du virus rabique, dans la salive du chien ?
Ecoutons, à ce sujet, F. Hoffmann : c Non modo rabies, sed etiam vehemen-
tiores animi affectas in corpore humano, ut terror et ira, totam lymphœ
massam qualitate imbuunt, id quod clarissimè ex eo apparere pato, quod
infantes, ex assumpto lacté nutricis quœ brevis atite ira vel terrore percussa
fait, in yravissimà pathemalhà, convulsivà epiUpticà, et sœvissimè alvi
termina incident^ non secus ac si veneni quid iliis propinatur (2). »
Voilà donc un fait que, maintenant, rien ne peut ébranler : soupçonné dans
les temps anciens, démontré de nos jours et même avoué {sic fata voluerunt), j
timidement il est vrai, par le plus savant de nos spontanéistes, lequel, jadis,
s'était énergiquement prononcé pour la spontanéité, le développement spontané
de la rage peut avoir lieu et a lieu, dans certaines circonstances, chez le chien.
L'on sait que, depuis 1847, je soutiens cette doctrine, basée sur mon obser-
vation, inattaquable à mes yeux, je le répète, par sa véracité et parle soin
extrême qiie j'ai mis à l'étudier et à la recueillir.
Dès maintenant, le lecteur connaît la juste valeur de cette sentence de
Rochoux (auteur d^habitude trop tranchant, comme le prouvent, par exemple,
ses discours académiques, niant, contre l'évidence, la propagation, par la con-
tagion, de la lièvre typhoïde, dans certaines circonstances) : Les faits, dans
lesquels on a cru voir la rage naître indépendamment de toute inoculation, ont
été admis par des hommes, chez qui l'esprit critique n'a jamais été la qualité
dominante; témoin Marc. »
Je ne remplirais pas la lourde tâche, que je me suis imposée, avec i hono-
(i) Histoire de ta Société royale de médecine, 1785, â« partie, p. 9i.
(2) Opéra omnia, 1760, t. I, p. 196, Schol. du § VH.
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518 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
rable encouragement de M. H. Bouley, si je terminais ce travail sans avoir
répondu à deux autres objections, formulées, timidement il est vrai, par ce
professeur de l*Ecole d*Alfort (i).
Ces deux objections reposent sur Tinstantanéité de l'apparition du virus
rabique, dnns la rage spontanée du chien et sur la prompte disparition de ce
virus, dans quelques cas.
Parlons, d*abord, de Tinstantanéité.
Quoi ! s*écrie-t-on , un état de virulence qui naîtrait instantanément!
Si le virus varioleux, si le virus vaccinal, si le virus du charbon, si celui du
chancre induré ont besoin, chacun, après Tinoculation, d'une période d'incu-
bation, variable suivant nombreuses circonstances, pour faire sentir, apparaître
et reconnaître leurs conséquences particulières; si le virus rabique, lui-même,
lorsqu'il est inoculé, exige une incubation de quarante jours environ (2), pour
montrer ses funestes, effets, est-ce donc une raison suffisante pour que sa créa-
tion, dans certaines circonstances, et sous rinfluence, indéniable maintenant,
de causes connues, ne puisse avoir lieu instantanément?
Est-ce que le lait de la femme nourrice n*est pas instantanément modifié
sous l'influence d'une terreur, d'un accès de colère, comme le témoignent la
jaunisse, les convulsions et l'insomnie, dont est atteint l'enfant qui a lété pen-
dant ou tout de suite après la crise maternelle? Quel est le médecin praticien
qui, maintes fois, n*a point observé Tictère chez un individu (une femme spé-
cialement, comme, encore j'en ai la preuve sous les yeux), qui a eu, il y a
quelques moments, un violent accès de colère ou de rage, comme on le dit
vulgairement? Est ce que l'on ne sait pas que, sous l'influence d'une violente
frayeur, les cheveux de Thomme peuvent blanchir? Eh bien! pourquoi donc
un chien, d'un naturel méchant, sous l'influence d'une grande frayeur, de la
douleur, soit d'une extrême colère ou de la fureur vénérienne et, surtout, sous
l'influence de ces causes réunies, comme dans mon observation (circonstances,
dont M. Bouley, à tort suivant moi, n'a pas tenu compte), ne jouirait-il pas du
privilège, funeste aux hommes, à ses semblables^ etc., de voir sa salive, seu-
lement^ contenir du virus rabique, formé instantanément; puisqu'il est reconnu
et admis, même par M. Bouley, que, exceptionnellement, il peut être atteint de
la rage spontanée, dans quelques circonstances, point ignorées aujourd'hui!
Au surplus, à quoi bon, à nton avis du moins, tant discuter sur cette instan-
tanéité, du moment que la spontanéité est reconnue pouvant avoir lieu dans des
(1) Reciteil de médecine vétérinaire pratique, avril 4874, p. 246.
(2) Le Cœur, Essai sur la rage, 1857 ; avant lui, Enaux etChaussier.— Chez le chien,
la période moyenne d*incubatîon de la rage, après inoculation du vîms, est suivant
Renault, Leblanc, Saint-Cyret Haubner, de deux mois. Elle est de trois à sept semaines,
suivant Delabère-BIaîne, et de six semaines, dit Youatt. On a coutume, a Alfort, disent
les auteurs du Compendinm de médecine pratique, de ne rendre, à leurs propriétaires,
les animaux suspects, que quarante jours après avoir été mis en observation.
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MÉMOIRES £T OBSERVATIONS. 519
certains cas, excepUoniiels il est vrai, et comme le prouve d'une manière inat-
taquable, robservation de Gadon!.
Maintenant que nous avons démontré, par des faits bien vus et bien observés,
par des considérations physiologiques, connues de tout médecin praticien, que
te virus de la rage, dans certaines circonstances ou sous l'influence de certaines
conditions, admises, aujourd'hui, même par les sceptiques, peut apparaître,
non-seulement spontanément, mais encore instantanément, chez le chien,
voyons jusqu'à quel point il peut répugner de reconnaître sa présence, seule-
ment dans la salive et qu'elle y soit passagère.
Voici, sur ce point, d'une très-haute importance étiologique, l'opinion de
M. le professeur Bouley. Je l'extrais, mot pour mol, d'une lettre qu'il m'a fait
l'honneur de m'écrire (1) :
c Je ne crois pas que la rage, c'est-à-dire une maladie qui implique l'exis-
» tence d'un virus tout élaboré, au moment où elle se manifeste, puisse ne
> durer que le temps d'un éclair dans l'organisme d'un chien ; et passer de
» cet organisme dans un autre où il donue lieu à toutes ses terribles consé-
> quences. »
Avant de donner une réponse à cet argument qui, au premier coup d'œit,
semble irréfutable, écoutons ce que Gorry a écrit (û) :
< Pendant le rut, la morsure d'un chien peut être dangereuse même pour
» les animaux de son espèce (ainsi, ce me semble, peuvent être expliquées ces
» apparitions, en même temps, de nombreux cas de rage canine); mais elle
» Test davantage pour l'homme, qui succombe à un principe inoculé, qui n'a
» encore aucune propriété délétère pour l'animal qui l'a engendré. Dans cet
» état il peut transmettre la rage et lui-même échapper à la maladie, s'il par-
» vient à satisfaire ses désirs eifrénés, car alors, les humeurs rentreront dans
» l'ordre normal, et le levain de la ragé pourra être détruit, si, à cette salis-
» faction, s'ajoute quelque autre condition qui change l'état du sang. »
MM. Tardieu, Decroix et M. Bourrel (3), s'appuyant en grande partie sur le
fait de Gadon, pensent qu'un chien peut donner la rugé, par la morsure, et
continuer à juuir d'une bonne santé.
Telle est ma conviction ; de là vient que, en 18i7, j'ai écrit ceci : « Un chien
» qui n'est pas enragé, peut, dans certaines circonstances, donner la rage par
1 sa morsure. »
Maintenant, voyons la valeur de Targument de M. Bouley.
Le virus rabique, chez le chien Chailly, engendré spontanément et instanta-
nément, a été localisé seulement, avons-nous dit, dans la salive, liquide orga-
nisé,, qu'il ne faut pas confondre avec l'organisme du chien ou ensemble des
(1) Le 6 avril 1875.
(S) Journal de médecine de Corvisàrtf etc., 1807, t. XHI, p. 83.
(3) Traité complet de la rage chez le chien et le ch*itf 1874, p. 29.
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530 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
fonctions des organes de cet animal (1). Cette distinction est trës-rmportante,
car, dans le dernier cas, le virus est fatalement mortel pour l'animal; tandis
que, dans Tautre, seulement localisé, il peut n'en être pas de même. Il n'est
donc pas étonnant que nous ne soyons pas d'accord avec M. Bouley.
Allons plus au fond de celte question si grave.
Le chien, qui a blessé Gadon, le i^ janvier et qui, plusieurs fois, a été
caressé par celui-ci, entre ce jour et le 4K février, n'a point été malade, non-
seulement pendant ces quarante-huit jours, mais encore pendant six mois, à
partir du l**' janvier : donc, il n'a point été enragé ou son organisme n'a point
été atteint; donc, de toute évidence, il a eu simplement la salive (ou un liquide
organisé) renfermant du virus rabique, pendant quelques instants, c'est-à-dire
au moment delà morsure faite à l'enfant; donc, enfin, ce virus, spontané,
instantané et localisé, n'a eu qu'une durée éphémère.
Si, au bout de six mois, pendant lesquels je l'ai vu maintes fois et fait obser-
ver, ce chien a été tué d'après mon consefi, réitéré, donné à la police de la ville
et à son propriétaire, c'est que celui-ci et l'administration municipale, bien
renseignés, par moi, sur le triste et funeste privilège, dont ce chien avait joui
le !«' janvier, ont, enfin, apprécié la grave responsabilité morale et pécuniaire
qui pesait sur eux.
MM. Tardieu et Decrotx sont donc dans la voie du vrai, lorsqu'ils inclinent
à penser, comme le dit M. Bouley : « qu'un chien peut déterminer la rage par
» sa morsure et continuer à jouir d'une parfaite santé. »
L'observation que j'ai rapportée (sur laquelle, avec raison, s'appuient
MM. Tardieu et Decroix) et les considérations dans lesquelles je viens d'entrer,
démontrent clairement, à mes yeux du moins, que, fort de lotinion de M. Hur-»
trel d'Arboval (2) et de, cet axiome : c II n'y a pas d'effet sans cause >, H. Piè-
trement (3), qui n'afjn^et pas que le chien deChailly, point enragé, ail pu, par
la morsure, déterminer la rage, bien caractérisée, dont est mort Nicolas Gadon;
commet, suivant mon humble appréciation, une grave erreur, par sa fausse
interprétation, du fait Gadon, cependant bien clair.
En effet, le chien de Chailly n'était pas enragé ou, mieux, son organisme
n'était point infecté de la rqge au moment oiî il a blessé le jeune Gadon, et,
cependant, il a donné. la rage i ce jeune garçon, par la morsure, parce que. le
virus rabique, développé spontanément et subitement, n'était encore que loca-»
lise dans la salive. Un homne, sans aucun symptôme syphilitique, ne peiitil
pas engendrer un enfant vérole?
Si, après la morsure, qui a eu lieu le !«' janvier, il A^est pas devenu enragé,
c'est que le virus, localisé tlans la salive, a disparu avec la cessation des causes
(1) Dictionnaire de l'Académie, t. H, p. 3 i 3. Dictionnaire de Littré^ t. III, p. 81(6.
(â) Dictionnaire de médecine et de chirurgie vélérinair et, Paris, 4838.
(3) Recueil de médecine vétérinaire pratique. i87i, p. 120, n° deJuiUet.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 521
qui Tavaient engendrée, comme Tinfluence pernicieuse du lait de la femme, sur
son no^urrls.«on, cesse peu après la disparition de la crise (colérique, hysté-
rique, épilepiique, elc), qui a altéré le lait.
Je n*ai pas jugé convenable de rappeler, dans ce mémoire, le fait, publié par
Marc, dans lequel on dit qu'un enfant est mort de la rage pour avoir été mordu
par un chien, dont la bonne santé ne s'est pas démentie ensuite ; parce que je
n'ai pu me le procurer, malgré l'indication donnée par Rochoux, dans le Réper-
toire des sciences médicales (l).
Il résulte de l'observation du jeune Gadon ; des conséquences justes et rigou-
reuses qu'on est en droit d'en tirer, suivant cet axiome de Baglivi : ^ Ex veri- ^
taie quid aliud sperare nisi Veritas »(:2); de l'étude impartiale et bien réfléchie
des auteurs qui ont écrit sur la rage, et quoique M. Boutey m'ait dit : a Votre
> fait est inexplicable, il y existe une inconnue. Mais, à coup sûr, il ne saurait
I servir de base h une loi > , que je puis terminer ce mémoire par les conclu-
sions suivantes, dont tout un chacun appréciera l'extrême importance, et qui
constitueront ta solution des problèmes, que j'ai posés en commençant ce travail.
I. La rage virulente dii chien reconnaît, quelquefois, sous l'influence d'une
et, surtout, de plusieurs causes, particulières, réunies, une ètiologie autre que
celle de l'inoculation du virus rabique.
II. Le chien, dans certaines circonstances, peut inoculer le virus de la rage^
par la morsure; et quoique pouvant encore jouir d'une bonne santé pendant
les six mois qui suivent le jour où a eU lieu la morsure ; celle-ci ayant été faite
alors que le virus rabique, né spontanément et subitement, était localisé seule-
ment dans la salive.
D'aucuns diront peut-être : ces conclusions sont tellement graves, effrayantes,
et extraordinaires qu'on hésite à les admettre.
A ces sceptiques, médecins ou vétérinaires^ je répondrai, en leur rappelant
cette sentence deZimmermann : c On ne voit que trop souvent^ dans les mala-
» dies, des particularités très-singulières » et en leur citant ces paroles de
M. le professeur Bouley : u 11 y a bien des choses qui sont, et dont il faut bien
« admettre l'existence, toutes inexplicables qu'elles nous paraissent (5). »
La connaissance de ces vérités, incontestables depuis quatre cents avant la
chrétienté, c'est-à-dire depuis Hippocrate, m'a fait écrire, en 1850, dans un
ouvrage, deux fois couronné, cette phrase : c En pathologie, l'absolue identité
de condition ne peut exister, à cause de la diversité des organismes et des
(1) Tome XXVIÎ, p. 483. En effet, à la page 440 du tome XIII (année i827) des
Archivée générales de médecine, on lit seulement : < Académie royale de médecine de
Paris. Séance du 15 février I8â7. Marc rappelle Tobservatiôn de rage qu'il a publiée. »
Mais où et quand?
(â) Opéra omnia. Prœfatio, p. 30.
(3) Rpcueilde fnédecine vétérinaire pratiquii, a^v fil 1S7 A ^ p. 2i-2.
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522 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
influences; en dehors des lois générales, il y a, réellement, de nombreuses
exceptions, ainsi que, chaque jour, tout praticien en a des preuves, quand il
rencontre des individus qui ne contractent point, margré certaines circonstan-
ces, la nnorve, le vaccin, la variole, la syphilis, etc. (1)
Communication sur deux cas de tétanos après traumatisme ; par M, le
docteur Wautby, /)' M, P.^ à Courcelles-Chàrleroi.
Le 5 mai dernier la femme 6...^ de Courcelles, vint me prier d*assisler à
une opération qu*elle devait subir pour une tumeur squirrheuse du sein droit.
Cette tumeur, datant de 4 à 5 ans, était ulcérée en deux endroits différents ; de
plus IVxamen me fît constater un ganglion ulcéré dans Taisselle correspondante.
L'opération^ exécutée par M. le docteur Decorte le 6 mai, marcha bien; on
enleva largement au delà du mal et on fît un pansement sec qui. ne devait être
enlevé qu*avec les progrés de la suppuration. Celle-ci commença à s'établir
vers Taisselle et à s'étendre vers le reste de la plaie, excepté à la partie supé-
rieure, au niveau du sternum où il n'y eut pas une goutte de pus et où l'enlè-
vement de la charpie fut difficile. Les choses marchèrent bien pendant quelques
jours; déjà la fem<ne espérait une prompte guérison.
Le 14 mai elle accusa une sensation de gène, de resserrement à la gorge, un
peu de dysphagie. L'examen de l'arriére bouche ne me montra rien d'anormal et
je conseillai des gargarismes émollients. Ces symptômes augmentèrent le lende-
main, et le l() je fus appelé en toute hâte vers 4 heures du matin. Je trouvai la
malade dans un état assez grave : les mâchoires hermétiquement fermées, les
niiasséters douloureux; la langue remuant difficilement, la respiration un peu
bruyante, le cou raide, saillant en avant, le dos arqué en arriére ; la dysphagie
était complète; on ne faisait plus qu'arroser les lèvres avec, un peu d*eau
vineuse.
Je me trouvais donc en présence d'un cas de tétanos.
Je fîs administrer des lavements de l:iudanum à haute dose; en même temps
je lotionnai la plaie avec une forte solution de chlorhydrate de morphine.
Mon honorable collègue, M. Carnière, mandé par moi, arriva bientôt, confirma
mon diagnostic et (ne conseilla de remplacer l'administration du laudanum par
celle du chloral à haute dose.
Vers 10 heures et demie M. Decorte enleva la charpie, ce qui occasionna de
fortes douleurs lesquelles aboutirent à un accès de tétanos : contraction des
muscles de la face, trisnius, rire sardonique; puis contraction des muscles de
ta nuque et du dos^ opi>thotonos des membres; respiration bruyante, râlante»
sueurs fortes, t)ouls à 150, 140 et plus. Ces symptômes diminuèrent peu à peti
(1) Nature^ contagion et génie épidémique de la fièvre typhoïde, Paris, I85Ô, p. 2S.
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MEMOIRES ET OBSERVATIONS. 525
et laissèrent la femme très abattue. DansTaprës-midionpiit faire avaler un peu
(Feau vineuse; on en proBia pour donner le chloral. Mais il ne nous procura
aucun bénéfice, car vers 7 heures du soir, un second accès survint, puis un
troisième qui fut plus long et plus violent et amena la mort de la malheureuse.
Voici le deuxième cas :
Le 5 août je suis appelé le soir chez la femme F..., de Ponl-â-Celles. Elle
porte au-devant de la malléole externe du pied droit une plaie triangulaire à
base inférieure et dont chaque côlé mesure environ 4 cenlimètres. Une dent de
fourche pénétrant à la profondeur de 5 à 6 centimètres a fait bascule et a
arraché le tégument. Je ne parviensà réunir qu*un des côlés de la plaie à cause
d*nne trop grande rétractilité de la peau, et le troisième jour je dois enlever le
lambeau gangrené; puis dans le double but de nettoyer la plaie et d'activer la
suppuration je fais un pansement au styrax. L'inflammation envahit bientôt la
plaie et les tissus voisins sont gonflés, rouges, douloureux surtout vers la mal-
léole, symptômes qui diminuent avec l'apparition de la suppuration et bientôt
la femme, peu inquiète des suites de cette blessure, reprend ses occupations
journalières.
Le 13 août la blessée accuse de la gène dans la déglutition, sécheresse dans la
bouche, symptômes que je prends pour les premiers signes d*une angine débu-
tante ; traitement : gargarismes émoilients.
Deux jours après je suis rappelé et je trouve la malade au lit dans le décu-
bitus dorsal : les mâchoires sont à demi rapprochées, la parole est difficile, la
respiration bruyante; il y a des douleurs dans les articulations de la mâchoire
inférieure, dans la nuque et le dos, de temps en temps des grincements de dents.
Je fais appliquer des sangsues à la nuque; je conseille un bain de vapeur
prolongé pour les deux pieds et jambes. Vers minuit les symptômes s'amendent;
on en profite pour donner dii chloral à haute dose : 6 grammes.
Le l«5, la femme est dans un meilleur état : la parole est plus facile ainsi
que la déglutition, toutefois les dents sont encore rapprochées, les douleurs
reviennent de temps en ternps dans les masseters, le dos reste arqué en arrière.
Le traitement institué est continué.
Voulant m*entourer de toutes les précautions çt m'aider de l'expérience de
plus mûrs que moi dans la pratique, j'appelle M. le docteur XavicH* Houtart en
consultation. Il confirme mon diagnostic, approuve mon traitement en me priant
seulement de cesser Tusage du chloral. Nous ordonnons du bouillon, du vin
coupé et un bain général si possible.
Le 18 aoiit la malade a de fortes douceurs dans l'abdomen et dans le membre
'inférieur droit : l'état général est mauvais. Je fais administrer un fort lavement
pour lever la constipation : aussitôt les douleurs cessent et depuis ce moment
les phénomènes pathologiques diminuent de jour en jour : la raideur tétanique
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524 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
diminue, la déglutition devient plus facile pour les aliments solides; enfin un
beau jour je trouve la femme levée.
Quant à la plaie, elle a été un peu douloureuse à certains moments, mais la
suppuration s'y est toujours maintenue et la cicatrisation a marché, lentement
il est vrai.
Aujourd'hui 22 septembre, la plaie est cicatrisée et la femme jouit d*une santé
excellente.
Voilà deux cas bien différents quant aux symptômes et à la terminaison. Da
premier je tire quelques conclusions : d.*abord, avant toute mutilation, il faut
fortifier son malade et calmer son état nerveux surexcité. Ensuite ne pas s'ab-
stenir de chloroformer sous le prétexte que le chloroforme retarde le travail de
réparation. Ce retard je ne l'ai jamais vu se produire et pourtant j'ai vu plus
de trois cents cas d'application du chloroforme dans le service des chirurgiens
Michaux, Deroubaix, Van Voixem, Coppez, etc.
Enfin, dans toute opération grave, renouveler le pansement le plus tôt possible
et avec les précautions convenables.
Le deuxième fait nous apprend que dans un cas de tétanos après traumatismj;,
le traitement local, s'il est institué assez rapidement et énergiquement, pourra
nous rendre maître d'une maladie qui ne pardonne pas souvent.
De LA RÉTROVERSION DE l'UTÉRUS PENDANT LA GROSSESSE, par M. le docteur
N. Charles, de Liège, lavréat de T Académie de médecine de Paris, Membre
correspondant de la Société, etc. {Suite. — Voir notre cahier de novembre,
page 406.)
4'. — Déplacements aux grossesses précédentes. — Si une femme a été atteinte'
de rétroversion pendant une grossesse, doit-on .craindre une récidive à la
même gestation ou dans les grossesses suivantes? La réponse n'est pas douteuse.
La prédisposition est même plus grande puisque les ligaments ont élè fortement
tiraillés ou même déchirés. Si les récidives ne sont pas signalées plus fréquem-
ment,c'cst que toutes les femmes n'ont pas une matrice aussi mobile que M"»« E.G. . .
ou ne sont pas aussi imprudentes que la femme M...; elles prennent des pré-
cautions qui les garantissent dans Tavenir.
Quand la matrice occupait une situation vicieuse avant la grossesse, elle
reprend souvent la même position après l'accouchement, comme dans Tobser-
valion de M. Pajot, rapportée en résumé plus haut d'après M. Herbet. Si donc
la théorie de M. Bernutz avait une portée assez étendue, les récidive» devraient
être, semble-t-il, assez fréquentes. Ce n'est pas cependant le cas et elles sont
assez rarement signalées.
J'ai déjà cité les récidives de la femme M... et celles plus nombreuses de
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. 325
M"«E. G...et des malades de MM. Barnes et Phillips; les deux malades
d'Amussat eurent également une récidive à la grossesse suivante; de même une
malade de Négrier. M"* P. N .. (obs. 3« de M. Hubert) ne mena à terme les
cinq grossesses suivantes qu'en suivant un traitement convenable, car la ma-
trice se porta souvent en rétroversion dans les trois premiers mois ; elle eut
même une rétroversion après un de ses accouchements et une autre pendant
une métrite exColiative. Les malades des 10« et 4 Inobservations de. M. Hubert
eurent des récidives aux grossesses suivantes, et la première eut de plus deux
récidives pendant ta même grossesse, ce qui ne l'empêcha pas d'arriver à
terme.
La récidive eut lieu quelques heures ou quelques jours après la réduction
dans quelques autres cas encore, ainsi dans ceux de Bartlett, Chapplain, Witlich,
dans les 4« et 9« de Martin (de Lyon), dans les 2«» de Godefroy et de Parent, etc.
Voici les trois intéressantes observations de M. Hubert, dont je viens de
parler.
Obs. XXXVH. — Rétroversion à deux mois et demi de grossesse, avorte-
ment; menaces de rétroversion dans les cinq grossesses suivantes conjurées par
le traitement prophylactique; rétroversion po$t partum; rétfoversion avec
métrite exfoliative; par M. le professeur L. J. Hubert (I). — M"»« P. N... a
l'excavation pelvienne large et une matrice Irès-disposéé à basculer en arrière.
Elle eât accouchée une première fois à sept mois, d*un enfant putride. Je ne
sais par quelles causes, car je ne lui donnais pas encore des soins à cette
époque.
 deux mois et demi d*une seconde grossesse, elle perdit un peu de sang
pâle et me fit appeler. Elle éprouvait des envies fréquentes d'uriner et par
moment de petits tiraillements aux a!nes et aux lombes. Je voulus pratiquer le
toucher, mais il répugnait vivement à la jeune dame et j'eus le tort de ne pas
insister. Je prescrivis un lavement, le repos, un air frais, ta diète, des boissons
acidulés et une potion contenant 60 grammes de sirop diacode.
G'étail le matin; je fus rappelé le soir parce que la perte et les douleurs
avaient augmenté. J'eus cette fois recours au toucher el je trouvai l'utérus
couché parallèlement au plan du détroit supérieur, le museau de tanche corres-
pondait à peu près au milieu de la symphyse pubienne. Tout l'organe conser-
vait une notable mobilité.^ J'engageai la malade à se mettre sur son côté
gauche, et comme le col était long et ferme, il me suffît de l^accrocher avec
l'index et le médius droits pour le reporter en arrière et remettre le viscère
dans sa situation normale. Mais il était trop lard, l'avoriemenl, qu'une réduc<
tion faite le malin aurait peut-être prévenu, eut lieu la nuit à une heure.
Dans les trois premiers mois des cinq grossesses suivantes, la matrice se
porta souvent en rétroversion, occasionnant des tiraillements vers le sacrum et
surtout aux aines, des envies fréquentes d'uriner et parfois de la difficullé
dans la miction.
(1) Obs. inédite; S*' de M. Hubert.
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526 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Mais le dëplacement ne dépassait pas le premier degré et grâce aux précau-
tions indiquées plus haut et observées jusqu'à environ quatre mois et demi,
M"* P... accoucha chaque fois heureusement à terme; Une de ses couches
faillit cependant se compliquer. Elle était au onzième jour, quand un matin un
de ses enfants, laissé un moment seul sur une carpette près de son lit, se mit à
pleurer. Elle se baissa pour le prendre, le soulever et le coucher auprès d^elle.
Elle ressentit à l'instant même une vive douleur dans les aines, une pression
sur le fon<iement, un besoin illusoire d'aller à la selle et d'uriner, hfentôt des
nausées et une grande anxiété. Je fus appelé en hâte. Les conditions dans les-
quelles les accidents s'étaient produits, leur nature, te boulet de canon que la
patiente accu2>ait dans le bassin, l'espèce de vide laiàsé à l'hypogastre, me met-
taient sur la voie d'un diagnostic q\n* IVxploralion vaginale vint confirmer. Le
fond de la matrice se trouvait dans la concavité du sacrum. Je mis M"*" P... sur
son flanc droit, et au moyen des quatre doigts de la main droite je repoussai,
non sans rencontrer de résistance et non sans causer quelque douleur, le fond
de la matrice au-de&susdu promontoire; le point dépassé, il mesuffit dereporter
deux doigts vers le col et d*appuyer un peu dessus pour compléter le redresse-
ment. Les accidents se dissipèrent à l'instant. Pour éviter leur reproduction, je
renouvelai relativement au décubitus, au soin d'uriner souvent et d'éviter tout
efibrt, des conseils qu'elle connaissait déjà. Mais la femme est oublieuse et
nitimur in vetitum semper. Je dis nitimur car il y aurait de l'injustice à
l'accuser seule.
M"» P... mère de cinq enfants nés à terme, comme je viens de le dire, avait
en ses règles du f au 7 mai 18(i8, et paraissait avoir ses raisons de croire
qu'elle avait de nouveau conçu le 8. Deux mois plus tard, le 9 juillet, elle alla
en soirée et y dansa. Dans la nuit, vers le matin elle perdit un peu de sang,
puis dans la journée et le lendemain un peu de liquide jaunâtre. Le l!2au
matin un peu de sang ayant reparu je fus appelé. Il n'existait pas de douleur
et je ne constatai que le premier degré de la rétroversion. Le col était ferme et
long, de sorie qu'il me suffit d'agir sur lui pour faire basculer la matrice entière
et la remettre dans Paxe du détroit supérieur. Pour prévenir la fausse couche,
je pratiquai une petite saignée, je fis passer un lavement, j'administrai deux
grains d'opium et recommandai le décubitus latéral et de temps en temps la
pronation complète.
Le i4, vers 3 heures du matin, récoulement sanguin devint plus abondant,
il s*y joignit des douleurs et une envie continuelle d'uriner qui ne pouvait être
satisfaite.
La vessie contenait cependant peu de li(juide. Je rencontrai d'abord dans le
vagin un corps que je pris pour l'œuf et que j'amenai au dehors — mais sans
me donner le temps de l'examiner, je fis coucher M^^P... sur son côté gauche
et je réintroduisis deux doigts de la main droite pour procéder à la réduction
de la matrice qui se trouvait rélroversée au second degré. L'opération fut faite
et très-peu douloureuse, car l'organe n'était pas bien volumineux et il avait
conservé une grande mobilité; de sorte qu'il me suffit d'agir d'abord sur le fond
pour le relever au-dessus du promontoire, puis sur le col pour compléter le
redressement du viscère. Tout rentra immédiatement dans Tordre.
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MÉMOIRES El OBSERVATIONS. 527
Le corps expulsé n'était pas un œuf, mais la muqueuse utérine, plus épaisse
dans certains points que dans d*aiitres, complélement exfoliée et sortie intacte
avec ses trois orifices bien distincts (le cervical plus largo que les tu ha ires), avec
sa surface interne lisse et sa surface externe chagrinée et tomentêusc.
Obs. XXXVIII. — Rétroversion à trois wiois, de grossesse, hémorrhagie,
réduction par le procédé de Martin^ avortement ; récidive à la grossesse sui-
vantèj réduction^ deux récidives, g uériaon ;^dir M. le professeur L. J. Hu-
bert (I)* — - Madame M. J... s'est mariée jeune et à 51 ans, elle était mère de
huit enfants nés h terme et bien portants. A la fin de mars et au commence-
ment d'avril 1872, elle était entre deux et demi et trois mois d'une neuvième
grossesse, quand, à la suite de fatigues causées par un déménagement, elle
éprouva des douleurs autour du bassin, des envies fréquentes d'uriner, un peu
de gène et un peu de cuisson dans la miction. Comme elle est très courageuse,
elle ne cessa pas de se livrer aux travaux, mouvements et efforts qu*entrâine
Tinstallation d'un grand ménage dans une nouvelle demeure. Bientôt les ma-
laises allèrent en augmentant, des contractions utérines survinrent et il se
déclara une hémorrhagie. Mon fils trouva ta matrice couchée presque horizon-
talement dans le bassin, et il en opéra la réduction sans grande difficulté en
agissant sur le fond d'abord, puis sur le col ; mais la perte était assez grave
pour exiger le tamponnement, et le lendemain un œuf d'environ trois mo^s
était retrouvé au-dessus du tampon, c^esl-à-dire au haut du vagin.
Outre les précautions ordinaires conseillées pour éviter le retour du dépla-
cement, mon fils recommanda à M"°^ J... de laisser h la matrice un repos dont
elle avait bien besoin. Ce qu'elle fit effectivemeiU jusqu'au 10 août, date
assignée à une nouvelle conception et d'une manière si précise, que dès les
premiers moments et toujours M"**^!... me demanda si elle pouvait compter
sur moi pojir le 10 mai \H7^,
Elle était donc très-sûre d'être à deux mois et neuf jour^ de sa dixième con-
ception quand, éprouvant — moins les contractions utérines et la perte de
sang — tous les phénomènes avant-coureurs de sa fausse couche, elle me fit
appeler le 18 octobre 1872.
J'opérai la réduction sans peine^ mais elle ne se maintint pas, je dus recom-
mencer le W et le 23^ et exiger cette dernière fois un repos absolu de quelques
jours, avec les précautions relatives au décubitus, à l'émission des urines et
' au cours des selles.
Le déplacement n'avait pas duré assez longtemps et la manœuvre n'avait pas
offert assez de difficulté pour apporter dés troubles notables dans la circula- .
tion utérine et fœtale. Aussi la grossesse reprit-elle sa marche régulière et se
termina le 8 mai 1873, par la naissance d'une fille qui pesait 41 1/3 kilogr.
Obs. XXXIX. — Trois grossesses compliquées de rétroversion utérine
entre deux et demi et trois mois; deux avortements; par M. le professeur
L. J. Hubert (^). — M^"^ Van..., grande femme, aux couleurs roses, au bassin
large et à la fibre molle, a eu un premier accouchement à terme, puis une
(1 • Obs. inédite; iO» de M. Hubert. '
(â) Obs. inédite j 11« de M. Hubert.
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5S8 MÉMOIRES £T OBSERVATIONS.
fausse couche, puis encore trois accouchements à terme, puis de nouveau tout
récemment, le 8 mai 1873, une nouvelle fausse couche —en tout six gros-
sesses.
De ces six grossesses, trois, la deuxième, la cinquième et la sixième se sont
compliquées de rétroversion utérine entre deux et demi et trois mois. La réduc-
tion se fit sans grande difficulté et presque sans douleur dans deux cas, mais
Tavortement ne s*en suivit pas moins parce qu'il existait déjà, au moment où
je fus appelé, des contractions utérines et iine perte de sang assez abondante ;
dans le dernier cas d'ailleurs il était inévitable puisque les eaux étaient écoulées
et que Tembryon était dissous, de manière que je ne retrouvai qu'un petit
.bout de cordon«sur le point de Tœuf correspondant au placenta.
Dans le troisième cas (cinquième grossesse), à la suite d'un effort, Tutérus à
trois mois se trouvait couché horizontalement dans le bassin et gênait notable-
ment le cours des fèces et des urines. Aussi dus-je placer la femme sur son
côté droit et introduire quatre doigts de la main droite darrs le vagin pour
refouler, non sans causer une douleur assez vive, le fond de Torgane au-dessus
du détroit supérieur. La grossesse arriva heureusement à terme.
5. ~ Volume de l^utérus. — On comprend que ce volume doit exercer la
plus grande influence : le petit bassin est inextensible, Tutérus ne peut donc
y tomber que si son grand axe n'est pas supérieur au diamètre du détroit qu'il
doit traverser, et le plus souvent, sinon toujours, c'est par un diamètre oblique
ou la ligne sacro pubienne qu'il passe. Si la gestation est pelvienne et que le
fond utérin ne dépasse pas le promontoire, les accidents graves se présenteront
quand les diamètres du contenant et du contenu seront à peu près égaux.
Martin (de Lyon) pensait que la rétroversion ne pouvait avoir lieu, si l'uté-
rus n'était pas engorgé, que dans les bassins dont l'excavation avait peu d'éten-
due < car, dit-il, la matrice soumise à l'influence des causes qui renverseraient
son fond en arriére, ne pourrait rester fixée dans cette vicieuse position, «on
diamètre n^étant pas égal au diamètre antéro-postérieur de l'excavation. »
Désormeaux et P. Dubois disent qu'avant le deuxième mois de la grossesse,
l'utérus ne parait pas assez volumineux pour obéir aux causes qui pourraient
le renverser, et Capuron de même que Dugès semblent du même avis.
Mais il faut distinguer Tenclavement de la rétroversion ; évidemment, si
l'utérus n'est pas engorgé, si la grossesse n'a pas atteint uno époque suffisante,
il ne peut pas être fixé dans l'excavation, son enclavement ne peut exister;
mais la rétroversion est possible et se maintient si les causes qui l'ont amenée
continuent à agir (dilatation de la vessie, pression des intestins,. tumeur du
segment ujlérin postérieur, adhérences, lésions des ligaments, etc., etc.)
Rappelons, pour arriver à la limite supérieure, les. dimensions du bassin et
deTutérus pendant les premiers mois de la gestation. Les diamètres de l'ex-
cavation sont de 12 centimètres; au détroit supérieur, te sacro pubien a
Il centimètres, les obliques t2 et le tranversal 15 1/2. A trois n>ois de gros-
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MÉIiO!B£S ET OBSERVATIONS. 529
sesse, l'iiitêrQs mesure environ 7 centimètres dans toales ses directions, plus
5 à 4 centimètres pour le eo); à quatre mois, les diamètres sont de iM/â à
10 centimètres et à cinq mois le diamètre du fond au col est long de 15 à i 6 cen-
timètres, mais les autres n'en ont encore que 12 à 15. Mais il faut remarquer
que les diamètres du bassin sont un peu diminués par les parties molles, et
d'un autre côté que Tutérus est compressible, qu'un de ses diamètres peut
diminuer d'étendue pendant qu^)n autre augmente, qu'il peut se présenter
par un de ses bords, se recourber sur son col ou même sur lui-même en fer à
cheval, qu'il présente quelquefois assez de flaccidité pour permettre à un seg-
ment quelc6nque de descendre, de s'affaisser dans l'excavation.
On voit qu'il est aussi difficile de fixer la limite supérieure que la limite
inférieure.
On peut cependant dire que la rétroversion est un accident de la première «
moitié de la gestation et que, dans la très-grande majorité des cas, c'est entre
trois et quatre mois qu'il apparaît.
Si le fond utérin ne s'élève pas directement en haut, ou qu'il soit pressé,
insensiblement de haut en bas de façon enfin à ne pas dépasser le promontoire,
les organes du petit bassin, spécialement la vessie et le rectum, ne subiront de
compression importante que vers le troisième mois de la grossesse, parce
qu'alors le grand axe utérin, col compris, a environ H centimètres, c'est-à-dire
qu'il est égal à peu près aux diamètres de l'excavation. Avant cette époque le
fond utérin peut être porté en arrière, mais il n'est pas enclavé.
Les circonstances sont un peu différentes dans les cas où une cause subite
projette le fond de la matrice au-dessous du promontoire; avant l'époque que
nous venons de déterminer, le fond reprendra sa position dès que la cause
aura cessé d^agir, à moins toutefois que les ligaments ronds et les ligaments
utéro-sacrés n'aient été rompns ou fortement endommagés; mais après trois
mois, le fond pourra être retenu, accroché par l'éminence sacrée, et les con-
tractions des ligaments musculaires ne parviendront pas d'habitude à remettre
la matrice en place, surtout que bientôt les effets du déplacement devien-
dront causes à leur tour (dilatation de la vessie et des intestins.)
Plus serti grand le volume de l'utérus, plus devra être considérable la force
qui sera nécessaire pour abaisser le fond sous l'angle sacro-vertébral et plus
seront rapides les symptômes d'incarcération.
Il est difficile d'admettre qu'à certain moment la rétroversion puisse encore
s'effectuer; ainsi après le cinquième mois, toutes les dimensions de l'organe
gestateur sont supérieures aux diamètres de l'excavation, tandis qu'auparavant,
son grand axe seul était disproportionné, et te bassin n'était pas rempli dans
ses diamètres iransverse et obliques. On doit plutôt supposer, si l'accident se
produite cinq mois, des dimensions exagérées du bassin ou une petitesse ano-
male du produit de la conception. Après six mois, une rétroversion vraie, le
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530 MÉAIOIRES ET OBSfiRVATKMS.
fœtus ë(ant vivant, ne peut plus se produire ; ce nVst plus qu*un affaissement
du segment postérieur de rntèrus, une obliquité postérieure»
Dans toutes ces appréciations, il faut tenir compte évidemment des dimen-
sions du bassin, de la quantité du liquide amniotique, de la flexion du col, etc.
Ainsi, un enclavement pourra être plus prononcé à deux mois dans un bassin
rétréci, s'il y a beaucoup dVau, si Tembryon est très-développé ou dans la'
grossesse gémellaire^ si Us parois utérines sont fortement engorgées, qu'à
quatre mois dans des conditions opposées et avpc flexion du col.
Avant d'arriver aux faits, voyons l'opinion de quelques auteurs.
Pour iM. Moreau la rétroversion ne peut s'effectuer quedansles quatre ou cinq
premiers mois c jamais au-delà, car, passé ce terme, le diamètre longitudinal
de l'utérus élaiit supérieur à l'étendue du diamètre sacro-pubien, elle devient
Jmpossible. »
Capuron et Gardien prétendent que le renversement n'est plus possible après
le quatrième mois, parce qu'après cette époque la longueur de Tutérus sur-
passe celle du bassin mesurée du pubis au rectum. Baudelocque et Murât sont
du même avis, mais ne sont pas aussi affiimatifs parce qu'ils connaissaient
l'observation de Smellie.
Pour Boivin et Dugès, Maygrier, Cazeaux, Martin (de Lyon), Joalin,
Chailty, etc., l'accident se présente d'habitude entre trois et quatre mois.
M. Depaul est du même avis.
Désormaux et P. Dubois n'admettent pas, ainsi que nous l'avons déjà vu,
qu'il puisse se produire avant le deuxième mois. Ces auteurs pensent de plus
qu'après le quatrième mois, l'utérus ne peut plus se loger dans l'excavation, à
cause de la tiop grande étendue de son diamètre longitudinal. Dans les obser-
vations de Smellie et de Mecki^l, disent ils, il est question du cinquième mois,
mais ce mois commence dès la fin du quatrième.
Négrier est d'avis que c'est vers le quatrième mois que le déplacement a
toujours lieu.
Pour Elleaume, la rétroversion ne peut plus se produire après cinq mois.
M. Stoitz dit simplement qu'on la rencontre dans les premiers mois de la
gestation.
D'après M. Saboia, elle peut survenir en tout temps de la grossesse mais
plus fréquemment dans les trois ou quatre premiers mois.
Jacquemier pense que l'amplitude du bassin, le volume de l'œuf et son
arrêt de développement expliquent les cas où le déplacement est survenu pen-
dant le cinquième et même le sixième mois, mais qu1l survient d'ordinaire
entre le troisième et le quatrième.
Pour Nœg<'lé, il se fait d'habitude dans le troisième mois et pour Churchill,
avant la dix-huitième semaine.
Denman émet la même opinion et ajoute que « si ia matrice est peu élargie
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MÉMOIRES ET OBSERYATIONS. 551
ou si elle Test au^deli d*on ceplain point, il est difficile que la réf roversion se
fasse ; car dans le premier cas, si la cause de la rétroversion existe, le poids
pour in produire manque dans le fond, et dans l'autre la msitrico se sera
élevée au-dessus de la projeclion du sncrum et supportée par Tépine. »
Biirns est d*avis que dfans les cas ordinaires Taccident survient pendant le
troisième ou le quatrième mois, mais qu'il peut se présenter dans le cinquième
si le bassin est large et le liquide amniotique peu abondant, surtout s'il y a
flexion du col.
M. Barnes admet que la rétroversion subite se produit vers trois ou quatre
mois.
Les auteurs belges, MN. Hubert; Hyernaux, Van Leynseele partagent la
même opinion.
M. Salmon tire des faits qu'il cite les conclusions suivantes : 1" La rétrover-
sion a lieu ordinairement du troisième au quatrième mois; !2o elle peut avoir
lieu avant cette époque, mais très-rarement; elle peut avoir lieu aussi entre le
quatrième et le cinquième mois, mais moins rarement qu'avant le troisième;
4<» excf*plionnellement, elle peut avoir lieu plus tard, mais sans qu'on doive
l'expliquer nécessairement par la mort du fœtus ou par l'amplitude du bassin.
On voit que les opinions nediiïèrent que sur des détails : tous les auteurs ad-
mettent que ta plus grande fréquence se montre du troisième au qtiatrième
mois; seulement certains d'entre eux ne pensent pas que la rétroversion soit
possible avant que l'utérus n'ait atteint un certain volume, ou quand il a dépassé
certaines limites que quelques-uns fixent à quatre mois, d'autres à cinq, d'au-
tres plus tard encore.
Interrogeons maintenant les faits, mais remarquons qu'ils doivent être inter-
prétés et non-seulement comptés.
Il n*est pas toujours facile de déterminer l'époque où la rétroversion s'est
produite; quand la forme est lente, c'est même impossible et on doit souvent
s'en rapporter au moment où les accidents se sont montrés avec une certaine
intensité, à moins qu'on ail eu l'occasion d'examiner auparavant; dans la forme
subite, on peut encore être embarrassé, quand par exemple un certain inter-
valle a séparé l'apparition des symptômes et l'accident au quel on cnorr devoir
RAPPonTER le déplacement. Ou pouri*a, du reste, facilement contrôler ma ma-
nière de faire et constater qu'elle est conforme à une consciencieuse interpré-
tation. Les cas où le dé|>lacement était antérieur à la grossesse ne doivent être
examinés qu'au point*de vue de l'enclavement, qui est le principal pour la cli-
nique; c'est dire qu'ils sont comptés, comme les autres cas à forme lente, au
moment où les accidents ont inquiété les patientes.
Ln rétroversion s'est faite à six semaines dans la deuxième observation de
Martin, (de Lyon); elle paraît remonter à la même époque dans les observa-
tions de Jonrel et de Craninx.
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532 MÊlfOIRBS BT OfiSfi^VATlOMS.
Elle a eu lieu à deux mois dans les cas de Gongis, Gosselin, Guichard et de
Multéi (500*); elle datait probablement du même moment chez la femme
Bourget (deuxième observation de Viricel) et chez la malade de Bell; la récidive
de M* G. dans la seconde observation d^Amussal eut lieu aussi à deux mois
de gestation.
Elle est survenue à deux mois et demi danç les observations de Delaharpe
et de Pingault (fait cité par M. Salmon), dans la septième de Martin» (de Lyon),
dans les troisième, quatrième et cinquième de M. Hubert ; les premiers sym-
ptômes se manifestèrent chez M" Ë. G. (huitième observation de M. Hubert)
vers six à huit semaines et dans cette grossesse gémellaire Tutérus ne tomba
avec la plus grande facilité en rétroversion que jasqu^à trois mois, tandis que
cela continua jusqu'à trois mois et demi dans les suivantes. La deuxième rétro-
version de M« J... (dixième observation de M. Hubert) se montra à deux mois
et neuf jours (accouchement d*u ne grosse fîlle); c'est vers le même moment
qu^appnrurent les symptômes fort incommodes de la malade de M. Bernutz.
On rapporte Taccident entre deux et demi et trois moisdans les observations
de Chapplain et Curie; il survint à la même époque chez la femme Joskin,
dans le premier cas de M« J... et dans les trois cas de M** Van... (observations
sixième, dixième et onzième de M. Hubert).
Les femmes étaient à trois mois de gestation dans les observations de Garîn,
Ramsbotbam, Schmitl, Wllczek, Villeneuve^ Charles, Guyot, Dussausois,
Estor, Gougis, Wauters, Moreau, Puzin, Priou, Cazeaux, Grenser, Palanie,
Pajoty Balp, Ronvaux, Moldenhaner, dans la première de Vignard, dans les
deux de France, dans la première, la troisième et la cinquième de M. Depaul,
dans les première, quatrième, cinquième, sixième, neuvième et dixième de
Martin (de Lyon), dans la deuxième de Parent, dans les deuxième et troisième
de Baudelocque, dans les deux d'Amussat (avec une récidive, dans la première,
à la même époque), dans la sixième au moins de Godefroy, et peut-être aussi
dans la première du même auteur, dans la deuxième au moins de M. Chan-
treuil et probablement aussi dans la première; le déplacement semble n*avoir
été complet qu*à trois mois également dans le cas de Billi. Ajoutons les faits de
Mazier (de Laigle) et de Van Hengel, cités par M. Sainvon.
A trois mois et demi, nous avons les observations de Bamberger, Desgraoges,
Vandorpe, Davreux, Wasseige, Mayor, Hunter, Courtois, la septième de M. Hu •
bert, lu troisième de Négrier, la huitième de Martin (de Lyon), la première de
Parent, la deuxième de M. Godefroy, la deuxième de M» Depaul, les deuxième
et troisième de 111. Vignard. A quatre mois se trouvent les cas de Gérard, Lynn,
Macléod, Morris, Richter, Reynick, Rolland, Barnes, Siollz, Virante, Witticli,
Wall, Gooch, Barrier, B'irih, Blundell, les quatrième et cinquième de M. Go-
defroy, les troisième (récidive), quatrième, cinquième et sixième de Négrier, le
quatrième de M. Depaul et celui de M. Garnier (quatre mois et dçmi moins
I
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-MiWOlRfiS m OBSBRVATtONS. 5113
trois semaines). Âj(Hi(on& les fails de Flafiii», Whitehaed et Roussilhe, cités
par M. Salmon.
A quatre mois et demi se rapportent les observations de M. Gallard, de
Baynham, la neuvième de M. Hubert, la troisième de M.Godefroy, la première
de Viricel, la seconde de Martin (de Tonneins) et de plus le fait de Pingault
(de Poitiers) cité par M. Salmon. Je ne puis m'arréter au dernier cas, n'en con-
naissant pas les détails, mais je dirai un mot des autres.
Dans Tobservation de M. Galiard, en comptant du jour de. raccouchement,
16 noveuibre, au jour où la rétroversion s'est faite, "2^ juin, on trouve que
celle dernière a eu lieu à quatre mois et six jours. Anna Martin (obs. de
Baynham) était au sixième mois de sa grossesse et Tèccident datait de six
semaines ; or, le sixième mois commence à la fin du cinquième, de sorte que
l'époque ne semble pas plus avancée dans ce cas que dans le précédent.
Ph. Corlin (obs. de Viricel) n'était plus réglée depuis quatre mois et demi;
mais elle avait déjà été traitée auparavant, de sorte que Taccident datait posi-
tivement do plusieurs jours. La femme Surtewargen (obs. de M. Hubert) se
disait enceinte de quatre mois et demi au moment de l'accident; mais rien ne
prouva que la grossesse fut véritable, puisqu'à terme elle expulsa une masse
ressemblant à du sang décomposé et que nul débri fœtal n'est signalé. La
femme M... (obs. de M. Godefroy) se disait enceinte de quatre mois et demi,
mais on sait combien facilement les femmes se trompent, de quelques jours
surtout ; du reste, le bassin était large. Enfin la malade de Martin (de Tonneins),
était enceinte de quatre mois et demi quand ce chirurgien fut appelé, mais
évidemment le déplacement remontait à plusieurs jours.
Quant aux observations de Smellie, de Meckel et d'Evrat, il est question du
cinquième mois, mais je dirai, avec Desormaux et P. Dubois, que ce mois
commence dès la fin du quatHème.
c Nous ne connaissons, dit M. Salmon, que trois observations dans lesquelles
on ne puisse guère mettre en doiite l'existence de la rétroversion après le
cinquième mois. » Ce sont, d'après cet auteur, les faits de Négrier, de Bayn-
ham et de Billi. J'ai déjà parlé de ces deux derniers et montré qu'ils s'étaient
produits à quatre et à trois mois.
Quant au premier, il datait évidemment de longtemps puisque la femme était
malade depuis bien des années et qu'à trois mois son hypogastre était encore
tout à fait plat, au point de donner des doutes au médecin sur l'état de gros-
sesse ; du reste ici il s'agit plutôt d'un prolapsus ou descente avec enclavement,
car le col était au centre de l'excavation; on en jugera mieux encore en lisant
l'observation.
Obs. XL. — Utérus gravide enclavé dans l* excavation ; mort ; par Nbisrier,
d'Angers (\). — M"»« ***, âgée de 20 ans, délicate de poitrine est de taille ordi-
(1) Mémoire, obs. i^*.
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55i MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
noire et a le bassin bien développé. Ses règles disparurent le deuxième mois
après son mariage, puis elle éprouva des nausées el des vomissements qui
augnienlèrenl peu à peu ; bientôt IVstOiiiac devint douloureux et ne supporta
plus aucun aliment.
Au trois ème mois de la grossesse, Thypogastre n'offrant aucune tumeur, le
médecin eut de3 doutes sur la gestation, mais la malade se refusa au loucher.
Le 9 mai 1840, six mois après la disparition des règles, Négrier fut appelé
en consultation.
La malade depuis longtemps ne se levait plus; elle était très amaigrie, avait
les commettes rouges, la respiration courte, une loux fréquente, le pouls à 120,
la peau chaude cl sèche, la transpiration et riialeine fétides. L*air Cf pendant
pénètre dans toute léteudue drs poumons. Le ventre est plat dans ses deux
tiers supérieurs; il est tendu et empalé vers l'Iiypogastre el douloureux à la
pression Les urines el les selles sortent facilement. Par le loucher, on constate
que le vagin est raccourci de moitié el occupé par un segment de tumeur rem-
plissant toute l'excavation pelvienne. Cette tcimeur, élastique au toucher, est
formée par rulérus renfermant un fœtus vivant el assez développé pour faire
percevoir plusieurs mouvements spontanés liès-disiinrts. Les parois de Tulérus
semblent amincies, tant le fœtus parrill voisin du doigt explorateur. Le col n*a
éprouvéaucunedévialion; il occupe le centre de l'excavation et est seulement
beaucoup abaissé; son oriHce est fort pelil el clos»; en arrière, ou louche une
portion sphérique de Tuiérus qui remplit loute la concavité du sacrum. La
pression sur la partiede rulérus qui dépasse le pubis de trois doigts, est fort
douloureuse. En tentant de soulever l'organe par le vagin, Tauire main placée
sur Thypogaslre ne ressent aucun soulèvemenl. La vessie est vide ; le rectum
contient quelques matières durcies.
Les battements du cœur fœtal ne sont pas perceptibles. Le diagnostic est
porté : gestation de cinq à six mois; utérus retenu dans l'excavation par une
cause inconnue, car le diamètre sacro-puhien a il centimètres, et rien n'auto-
rise é croire à une saillie du promontoire ni à une tumeur osseuse quelconque.
Lulérus n'est pas renversé; son col,que le doigt peut circon8crire,ne présente
aucune courbure, il se perd directement dans la tumeur utérine.
La tumeur élanl absolument immobile, la perforation de l'œuf est proposée.
On la refuse. Létal de la malade s'aggrave et la mort survient le 1 8 mars 1840.
L'autopsie ne peut être faite.
Celle observation est incomplète ; d'après Négrier, comme on l'a vu, elle ne
se rapporte pas à la rétroversion ; les symptômes de ce déplacement ne parais-
sent pas du resté avoir existé.
Mais une observation extraordinaire est bien la suivante, où l'accident s'est
produit au septième mois et a même récidivé quelqties jours après la réduction.
Obs. XLI. — Déplacement de l'utérus au septième mois de la grossesse;
réduction an moyen de la main introduite dans le vagin; récidive, guérison;
par Williams Bartlett (I): - >!•"• F. S , 25 ans, délicate, ap septième mois
(1) Bibliothèque médicale, t. LXXVI, p. Iâ5.
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MÊUOIRBS ET OBSERVATIONS. 535
de gros.S€$se, fut prise le5aoât, de fréquentes envies d'uriper et d*a)ler à la
selle; nprès cinq ou six heures de souffrances, et taudis qu'elle marchait dans
sa chauihre, il lui sembla tout à coup qu elle avait perdu sou veutre. Bienlôt
suppression d'urines, douleurs dans les lomhes, l'ahdoineu, lesatues; ou croit
à un accouchement prématuré. M. Barlletl, en louchant, vit sou doigt arrêté,
dés qu'il eut franchi la vulve, par une tumeur conique, et eu cherchant le col
il sentit distinctement, à travers les parois utérines, les pieds du fœrus, dont
les talons étaient tournés vers les parties- internes de la génération. Le doigt
passait facilement entre la tumeur et le pubis sans pouvoir atteindre le museau
de tanche et, vers le sacrum, il éprouvait de la résistance de la partie posté-
rieure du vagin.
La portion de h tu leur comprimée par le sacrum était irréguliére et faisait
éprouver au doigt une sorte de chevauchement que présentent souvent les
pariétaux dans la dernière période du travail. De plus, anxiété de la face, pouls
vif et irritable, peau chaude, céphalalgie, nausées; région hypogastrique sen-
sible au toucher, mais molle et flasque et ne ressemblant en rien à l'abdomen
d'une femme arrivée au septième mois de sa grossesse.
Les deux jours suivants, Tétat s'aggrave ; malgré le cathétérisme renouvelé,
la saignée, l'upium, le repos, etc., il survient du délire, des vomissements, de la
céphalalgie.
On essaie alors la réduction par le procédé de Grégoire, mais inutilement; là
main est ensuite introduite dans le vagin et parvient à opérer la rédiictiou com-
plète, après une ou deux pressions de quelqu>s minutes. Les accidents cessent
aussitôt. Au bout de quelques jours, M"»* F. S. se lève et une nouvelle rétrover-
sion a lieu, à laquelle du reste .M. Bartletl remédie facilement.
La malade, dés lors plus docile, reçut le conseil de se tenir une fois ou deux
par jour sur les coudes et sur les. genoux et de garder cette position le plus
longtemps possible.
Tout alla bien et Taccouchemenl eut lieu à terme.
Quelques auteurs citent ce fait sans cherchera s'en rendre compte(Elleaume,
Cazeaux, etc.); mais Bol vin et Dugès ne le regardent pas comme ui^ rétrover-
sion véritable, le rapprochent des faits de Merriman et le rangent, avec ces
derniers, dans les obliquités postérieures oa positions sus-pubiennes : Tutérus
se déforme, se raccourcit, pour s'enfoncer dans le bassin. J'ai déjà parlé de
cette disposition et je me rallie compléteineut à l'avis des illustres praticiens
que je viens de citer*
En résumé, sur cent quatorze cas, la rétroversion ou les symptômes d'encla-
vement se sont manifestés :
A 6 semaines dans 3 eaa.
A 2 mois — 7 _
A 2 1/â mois — 8 — (plus ceux de M« E. G.).
Entre 2 4/2 et 3 mois — 7 —
A3 - ^i4 -
A 3 1/2 — - 15 —
A4 - - 27 -
Dans le «• — — 10 —
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5S6 MÉMOIMS ET OBSERVATtOffâ.
Il faut ajouter que les six avortements de Marie €... (observation XXXITI) se
sont faits entre la fin du deuxième et du troisième mois; que les deux de
Marie W.,. (observation XXXIV) ont eu lieu vers la dixième semaine, et que
M« W... (observation XXXV] a eu cinq fausses couches entre le troisièute et le
quatrième mois.
On voit donc que la rétroversion vraie est bien un accident de la première,
moitié de la gestation ; qu'après quatre mois et demi il ne peut plusse produire
et que la plus ^ande fréquence de sa manifestation et de sa production (trois
quarts des cas au moins) tombe de trois à quatre mois, c'est à-dire au moment
où les diamètres du contenu et du contenant sont à peu près égaux et où te
fond utérin, s*il vient à éire précipité dans Texcavation, peut y être rapidement
enclavé.
On comprend que les rétroversions à forme lente et spécialement celles qui
préexistent à ta grossesse, doivent souvent s'annoncer plus loi, mais leurs m»^
nifestations inquiétantes sont rares avant celte époque. On comprend également
qu'on pourra observer des rétroversions après quatre et demi et cinq mois de
grossesse; nous en avons cité des exemples à six mois et plus; mais, ce qu*it
importe de connaître, c'est que l'accident ne se produit plus après quatre mois
et demi (ce que l'on ne pourrait admettre que si l'on avait affaire à un avorton).
Les rétroversions swrseniïes subifement avant deux mois et demi sont rares et
peut-être ne peuvent-elles arriver que dans des circonstances spéciales (bassin
rétréci, projection du promontoire, grossesse gémellaire, fœtus volumineux,
grande quantité de liquide amniotique, tumeur du bassin ou de l'utérus, etc.).
6. — Age de la femme* — M. Salmon a cru trouver ici une cause prédispo-
sante importante : la plus grande fréquence de la rétroversion tomberait de 50
à 40 ans.
Nous ailotts rechercher ce qu'il peut y avoir de vrai dans cette assertion ;
commençons par relever quelques observations où l'âge est indiqué.
Trois en dessous de :25 ans : observatioh de M. Davreux, 17 1/â ans; cin*
quiéme de M. Godefroy, ^^ ans; celle de Jourel, 25 ans.
Vingt €t une de 25 à 50 ans; — six deSoans : observations de Bartlett, Cour-
tois et Balp, troisième de Vignard, dixième de Martin (de Lyon), deuxième de
Godefroy; trois de "Hy ans : observations de Gongis,de Reynick etdeBernulz ;
trois de 27 ans : observation de Wltc2ek,Delaharpe et première de Cbantreuil ;
cinq de 28 ans : observations de Wittich, d'Ëstor, de Bilii, deuxième de Martin
(de Tonneins) et premier de Viricel ; qtiaire ée -29 ans : observations de Chap-
plain, de Palante» de Rolland et deuxième de Vignard.
Vingt-quatre de 50 à 55 ans; — sept de 30 ans : observations de Gallard,
Baynham, de Garnier, première de Vignard, cinquième de Martin (de Lyon),
troisième et quatrième de Négrier; deux de 31 ans : observation de Wasseige
et dixième de Hubert; neuf de 52 ans : observations de Pajot, Mayor, deuxième
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MÉMOIRES BT OB^RVATIONS. Ul
d« Chantreuil, lroi»ièfne de Hubert, troisième de God^^ffoy, quatrième et ein-
quième de Depatil, premier et neuvième de Martin (de Lyon); cinq de 55 ans :
observations de Gougis, Craninx^ Moldenbaner, septième de Martin (de Lyon)^
deuxième d'Amussat; une de 54 ans : Charles.
' Seize de 35 à 40 ans; — une de 55 ans : ob<>ervation de Wauters; cinq de
56 ans : observations de Puzin, Bamberger, Gérard, Carie et sixième de Gode-
froy; deux de 57 ans . observation de Guyot et première de Parent; cinq de
58 ans : observations de Barth, Garin, Dussaussois, deuxième de Viricel et pre-
mier d*Amussat; trois de 59 ans : observation de Barrier, troisième de De«
paul et deuxième de Parent.
Onze au-delà; ~ cinq de 40 ans : observations de Macléod, Lynn, Hunter,
Gosselin, Ronvaux; une de 41 ans : Ramsboiham ; trois de 42 ans : observation
de B»rnes, sixième de Négrier, sixième de Martin (de Lyon); une de 44 ans :
cinquième de Négrier el une de 45 ans : observation de Slavjansky.
Sur ces soixante-quinze observations, le maximum de fréquence est, en di-
visant par périodes qumquennales, entre 50 et 5a ans (vingt-quatre cas). Si
l'on prend 10 ans à la fois, comme M. Salmon, on a ei»core plus de cas entre
25 et 35 ans (quarante-cinq cas) que entre 50 et 40 ans (quarante cas).
En dessous de 25 ans et au-delà de 40, les cas sont peu nombreux.
Enfin si Ton additionne tous ces âges et que Ton divise par 75, on aura une
moyenne de 52 5/10 ans.
Elleaume avait déjà dit que cette moyenne était entre 3â et 53 ans.
Or, cet âge est aussi Tâge moyen de Tactivité sexuelle et de la période
pendant laquelle les femmes engendrent ordinairement.
Je ne puis admettre que Tâge soit une cause prédisposante, et, si la rétro-
version a sa plus grande fréquence entre trente et trente-cinq ans, c'est que,
ainsi que nous l'avons vu, elle ne survient pas d'habitude à une première, mais
bien plus souvent à une seconde et surtout à une troisième grossesse.
7. — Condition» gértérale$ de santé^ professiona, — Les femmes de santé
délicate, de constitution molle, lymphatiques, scrofuieuses, cblorotiques,
usées par les privations ou la débauche, ont en général les tissus aponévro-
tiques et musculaires lâches, peu résistants, il est donc naturel que les liga-
ments de l'utérus soient aussi moins forts, plus extensibles et se laissent plus
facilement déchirer, surtout que souvent dans ces cas il y a des écoulements
leucorrliéiques persistants.
On pourrait donc regarder ces conditions générales comme des causes pré-
disposantes. Je dois dire cependant qu'elles sont signalées dans assez'peu
d'observations et que dans plusieurs autres on pourra voir que ks femmes
étaient au contraire d'une bonne constitution et jouissaient d'une forte santé.
Je ne m'arrêterai pas non plus aux professions. I) est certain que les femmes
ayant des travaux pénibles, des occupations exigeant des fatigues et de vio-
G8
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538 MÉMOIAES Et OBSERVATIONS.
lenles contracUons muscjulaires sont plus souvent atteintes; d*abord parce
que ces causes peuvent produire une rétroversion subite et en second lieu
parce que les femmes de cette catégorie prennent peu de soin de leur per-
sonne après leurs accouchements et surtout après les avortenients, ce qui
amène souvent chez elles divers déplacements de la matrice et des affections *
utérines et périulérines variées.
8. — Forme et dimension du bassin. — La configuration du contenant
inflexible doit évidemment exercer une certaine influence sur les déplacements
du contenu. Si les déplacements en arrière du fond utérin pendant la grossesse
sont plus fréquents et plus graves que les déplacements en avant, la cause s'en
trouve dans la forme même du bassin, d^ns la direction de la surface interne
du corps des pubis et dans l'existence en arriére d'une courbure surplombée
par une saillie osseuse. Cette saillie ou promontoire peut dans certaines cir-
constances accrocher le fond utériU) IVmpôcher de monter dans la cavité abdo-
minale ou le retenir fortement lorsqu'une cause fortuite Taura fait brusquement
repasser en -dessous de la ceinture pelvienne peu de temps après qu'il l'aura fran-
chie. Cette saillie est la diOieulté importante aussi dans la réduction artificielle,
car l'utérus qui s'est développé dans l'excavation doit traverser le détroit supé*
rieur et précisément son grand axe se trouve dans un diamètre moins étendu :
de là certains conseils dans les manœuvres, que nous étudierons plus loin.
Une saillie exagérée du promontoire doit rendre le déplacement d'autant
plus facile, plus durable et plus irréductible. Cette affirmation n'est pas con-
testable et se comprend par les dominées les plus élémentaires de la méca-
nique. Il est singulier de constater que, signalée par quelques auteurs, elle ait
eu si peu de succès. Si cette saillie ei»t accompagnée du rétrécissement deb dia-
mètres transverse et obliques du détroit supérieur, la prédisposition sera d'au-
tant plus grande.
l/excès de courbure du sacrum rentre évidemment dans le même cadre.
Ces opinions avaient déjà été émises par Callisen, Capurou, fioivin et Dugès,
Saxtroph, Jourdan, Mural, Godefroy, Désormeaux et P. Dubois.
Pour M. Saboia, la rétroversion lente est généralement due à la diminution
du diamètre antéro postérieur du bassin par suite de la saillie considérable du
promontoire, contre lequel le fond utérin vient heurter et qu'il ne peut franchir.
M. Depaul professe également < que le rétrécissement du détroit supérieur,
s'il est accompagné d'une concavité exagérée du sacrum, puisse retenir l'utérus
dans l'excavation et qu'une rétention d'urine qui survient fasse basculer Tor-
gune ainsi retenu. •
IVI. Kamsbotliam, ayant observé que dans quatre des huit cas relatés par
lui, la rétroversion coïncidait avec un rétrécissentent du détroit supérieur,
pense que ce vice de conformation peut apporter un obstacle à l'élévation de
la matrice développée par la gestation.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIOm. 5S9
Si Tutéras est antérieurement couché en arriére et se développe dans cette
situation vicieuse jusqu'à un certain degré^ il est clair qu'il aura d*autant plus
de peine à se rectifier que la disproportion sera plus grande entre Texcavation
et le détroit supérieur. M. Bernutz, qui regarde lu première cause comme la
plus fréquente de la rétroversion pendant la grossesse, ne parle pas de la
seconde. Il doit cependant y avoir des motifs pour que dans certains cas parti-
culiers seulement la rétroversion antérieure à la gestation ne se réduis«^ pas
spontanément^ car les adhérences n'existent pas toujours.
Le bassin œqualit«T justo miiror ne semble pas devoir exercer d'influence.
Mais s'il est trop éiendu, il peut faciliter la rétroversion en permettant à l'uté-
rus de se développer plus que de coutume dans l'excavation; le fond n'éprou-
vera pas plus de difliculté à franchir le promontoire puisque dans ce cas nous
supposons le détroit abdominal également plus développé^ mais Tutérus moins
bien soutenu, plus lourd, pourra descendre plus que de raison, comprimer
l'urètre et le rectum et être soumis à la double influence de la rétention d*urine
et des matières fécales. Si le détroit supérieur ne participe pas é l'excès d'am-
ptitudedu reste du bassin, nous en revenons au premier cas examiné.
. Le bassin large est cité comme prédisposant à la rétroversion par Ghailly,
Hyernaiix, Moreau, Burns, Denman, Cazeaux, Hubert, Baudelocque, Gardien,
Maygrier, etc. Mais il ne faut pas être exclusif et le rétrécissement du détroit
abdominal, avec ou sans rétrécissement de l'excavation, doit être regardé plus
encore comme cause prédisposante de rétroversion. C'est à celte dernière con-
formation que Boîvin et Dugès attribuent les accidents observés par le profes-
seur D^Outrepont, à Wurizbourg, chez une femme dont trois grossesses succes-
sives furent l'occasion d'autant de rétroversions dans leurs premiers mois.
Dans les observations, on parle peu des dimensions du bassin, soit que les
auteurs y attachent une importance minime, soit qu'ils n'aient trouvé aucun
vice de conformation notable.
Nous av-ons déjà vu dans la quatrième observation de M. Godefroy que M* G...
avait une saillie énorme de l'angle sacro-vertébral et une concavité exagérée du
sacrum ; de même la femme Mineau avait le bassin d'une grande capacité, mais
l'angle sacro-vertébral faisait une saillie considérable ; voici un cas où le bassin
était aussi fort vicié.
Obs. XLIl. — Rètroflexion grave à trois mois et demi de grossesse; femme
rachitiqve ; plaques gangreneuses ; réduction^ avortem eut; par M. le professeur
Wasseige, de Liège (t). -r- Le 22 novembre 1872, à deux heures de relevée, est
admise à la maternité de Liège, la nommée G. P... âgée de 51 ans, couturière,
primipare. Cette fille qui est régulièrement menstruée depuis l'âge de 12 ans,
est de petite taille et a commencé à marcher à 18 ans; c'est un vrai type de
(i) Obs. inédite.
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540 BIÈIIOIRBS EY OBSERVATIONS.
racbilisme. Ses dernières règles ont paru le i7 jutliet, et sa grossesse ii^a pas
présenlé de Iruiibles avant Je moment actuel ; la malade accuse cependant avoir
eu, il y a quatre semaines, une descente de l'utérus, provoquée, dit-elle, par
des efforts de défécation et d*émission d*urine.
Depuis huit jours, elle n*u plus uriné; le inèdecia qui nous radresse,a vaine-
ment lente de la sonder.
A son entrée A la clinique, on constate un œdème considérable des uiembres
inférieurs^ des parois abdominales el des parties génitales; la vessie distendue
remonte à deux travers de doigt au-dessus de Tombilié; Taiviis, largement
ouvert, laisse voir la muqueuse rectale fortement congestionnée. A la vutve^
considérablement distendue, se présentent trois bourrelets volumineux, consti-
tués, les deux latéraux par les grandes lèvres inliltrées; le médian, transversal,
par la lèvre postérieure du col utérin qui y lait hernie tRndis que la lèvre anté-
rieure, refoulée derrière et au-dessus des pubis, n'est pas visible; le périnée
tendu bombe comme au passage de la tête fœtale sur le plancher du bassin. Le
toucher ne permet Tintroductiou que de deux phalanges, le doigt se trouve
bientôt arrêté dans un cul-de-sac formé par la plicature du coi de Tutérus; des
plaques gangreneuses superficielles de la muqueuse vaginale sont visibles à tra-
vers la vulve entr'ouverte. L'état général est fébrile; la constipation, opiniâtre.
En présence de ces circtmstances, on se propose de soulager d'abord la
femme, dont l'état est intolérable, en pratiquant le cathétérisme, et ensuite de
tenter la réduction de l'utérus.
Une sonde de gomme est introduite dans le méat urinaire qui se trouve re-
foulé derrière le pubis; il s'écoule trois litres et demi environ d'urine trouble,
couleur chocolat, mêlée de sang et de pus. Cette opération prdrcure un grand
soulagement à la malade qui, depuis une semaine, ne voyait suinter que rare-
ment quelques gouttes de son urine.
La réduction est alors entreprise : Tindex gauche est introduit par l'orifice
externe du col dans le cul de-sac dont II est parlé plus haut et tend à abaisser
celte partie, tandis que quatre doigts de la niaiu droite, portés sur la face pos-
térieure de l'utérus, qui est ici devenue inférieurci tâchent de la soulever pour
la remettre dans sa position normale. Le succès couronna la manœuvre, et,
après quelques petits efforts, la matrice fut redressée.
On ordonne alors à la femme de se coucher sur le côté, lui interdisant le
décubitus dorsal.
L'expulsion prématurée du produit de la conception, suite inévitable de l'état
des parties et des manœuvres employées, fut abandonnée à la nature. C'était,
au surplus, à désirer, en présence de Tétendue du rétrécissement.
Déjà le même jour, vers sept heures du soir, la femme accuse une améliora-
tion très-grande dans son état; l'infiltration a considérablement diminué.
Crahay est atteinte d'incontinence d'urine, et la quantité qu'elle en rend, est
très-grande.
Le25,rœdémediminuedeplusenplus; les urines expulsées sont toujours très-
abondantes; il y a un peu de réaction, la faiblesse de la femme étant très-grande.
Le !2i, l'avortement a lieu et donne issue à un fœtus masculin du poids de
575 grammes. Crahay est ensuite transportée à l'hôpital de Bavière.
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MiMOIRliS EY OfiSËRVATIOffS. 541
Le rachitisme exislail au&si daRs le cas snivanl.
Obs. XLHI. — Rétroversion à trois mois de grosses^ie avec rectoeèle vagi-
nale; insuccès du traitement de Denman^ réduction par te vagin, avor terne ni ;
par M.Ghantrbuil (1). — l/épouse Bertrand, ôgée de 5^ ans, a eu deux enfants;
te dernier, né niorl et avant terme, a été difficilement extrait par le forceps.
Cette femme est petite, rachitique, à tibias incurvés, mais sans déviation de la
colonne.
Enceinte de (rois mois environ, et éprouvant quelque difficulté pour uriner,
elle prit un bain. Immédiatement après, elle vit grossir son ventre considéra-
blement. Elle fit encore une course de deux heures, el ressentit pendant ce
temps des envies fréquentes d'uriner, et une douleur en barre au dessous de
Tombitic.
Huit jours après, le d mars 1870, eHe entre à Thôpitat des cliniques. La
constipation est alors opiniâtre et la rétention d*urine complète. On trouve, à
Texamen, un prolapsus de la paroi postérieure du vagin et du rectum (rectoeèle
vaginale) ; le col utérin est en avant sous te pubis et appliqué contre la paroi
postérieure de la symphyse; en arrière, on sent le corps de la motrice appli-
qué contre le rectum. Par le palper, on constate une tumeur fluctuante,
conique, remontant jusqu'à quatre travers de doigt en-dessous de Tappendice
xyphoïde. Le diagnostic n*est pas douteux. On pratique le cathétérisme, on
prescrit des cataplasmes et de la tisane de graine de tin.
Le 4. On retire encore par la sonde deux litres d*urine; mais le cathétérisme
est plus difficile, les douleurs augmentent; Tappélit çsl conservé cependant et
\\ n*y a aucun symptôme général.
Le 5. Nouvelle évacuation de deux litres d'urine.
Le (i. La rétroversion ne disparaissant pas par le seul fait du cathétérisme,
M. Chantreuil fait placer la malade sur les coudes et les genoux, repousse un
peu te fond utérin, réduit la rectoeèle et place dans le vagin un tampon de
ouate imbibe de glycérine pour maintenir le tout. Le soir, la femme étant
couchée naturellement sur le dos, le sjége élevé, M. Chatntreuil complète la
réduction en plaçant deux doigts dans le vagin, l'indicateur accrochant le col et
le faisant basculer en arrière; le médius appuyant sur le corps et le fond et le
repoussant en avant et en haut, au dessus de Tangle sacro-vertébral, qu*il est
facile d'atteindre, vu le rétrécissement du diamètre sacro pubien.
La rétroversion est réduite^ mais malgré les opiacés et les émoflienis à l'in-
térieur et à l'extérieur, les contractions utérines s'éveillent ; la malade perd de
l'eau et du sang; les douleurs dtviennent de plus en plus violentes et, le 13,
la matrice expulse un fœtus de quatre mois environ (sept jours après la ré-
duction.
Le 30^ exéat.
Quelque temps après, M. Chantreuil trouva encore l'utérus en rétroversion
quoique à l'état de vacuité.
Dans le cas suivant, IVngle sacro-vertébral faisait une saillie notable égale-
ment, puisqu'elle s'opposa au redressement direct du fond utérin,
(i) /rer6ef, thèse, p. :a3.
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542 MÉMOIRES ET OBSERVATIONS.
Obs. XLIV. — Rétroversion de l'utérus d trois mois et demi de grossesse;
insuccès du procédé de Grégoire^ réduction par le rectum en suivant une ligne
oblique; récidive: guérison ; \iHr Pa^eht^ de Beaiine (<). — La Te m me Cour tôt,
39 ans, lymphatique, leucorrhéiqiie, mère de deux enfants vivants, n*ayant
jamais eu de déplacement de matrice, éprouva, sans cause connue, au troi-
sième mois de sa troisième grossesse, dans la nuit du 4 au 5 mars 1826, une
impossibilité subite et complète d*uriner, qui disparut dans la matinée en ne
laissant que quelques douleurs vagues et passagères. Quinze jours après, cette
femme soulève avec effort un fardeau très-pesant sans en ressentir aucun effet
immédiat. Mais la nuit suivante, s'éveillanl comme d'habitude, et s*agenouillant
pour uriner, Turine ne sort que goutte n goutte. L*état s'aggrave, les urines se
suspendent, les douleurs utérines deviennent vives et fréquentes, les selles
impossibles. Une sagé-lemme annonce une fausse- couche. P<)rent appelé cinq
jours après, constate : tuméfaction, st^nsibilité, tension considérable du ventre,
respiration courte et difficile, douleurs expulsives fortes et fréquentes, sensi-
bilité hypogastrique, rétention complète d'urine, constipation, soif, fréquence
du pouls, insomnie, impossibilité de rester au lit. Toute Texcavation est obstruée
par le fond utérin, qui repose sur le périnée, entre le vagin et le rectum dont il
a détruit les adhérences ; en le refoulant, quelques gouttes d*urine s*écoulenl
par regorgement; le col es! fort difficile à atteindre en haut et en arriére du
pubis, il est effilé, ramolli, recourbé en ferme de denù*cercle, un doigt esl
introduit difficilement dans l'anus.
La sonde donne issue à cinq, ou six litres d^irine fétide et colorée. La malade
est alors placée comme pour l'opération de la taille; Parent introduit deux
doigts de chaque main dans ie vagin et le rectum pour agir simultanément en
sens inverse sur le col et sur le fond, mais c'est sans succès. On en vient à la
position sur les genoux et les coudes et la main de l'opérateur est introduite en
entier dans le rectum, et cela sans grande douleur; elle peut ainsi embrasser
et soulever peu à peu la tumeur Mais l'angle sacro-vertébral fait une saillie très-
prononcée; alors Parent, profitant de la très grande laxité des ligaments larges
qu'il reconnaît distinctement et de la dilatabilité du rectum, suit le conseil de
Capuron et imprime à la matrice un mouvement de rotation : son fotid est
refoulé à droite, élevé, puis ramené au centre du bassin. Pour le soutenir
mieux, il l'appuie en antéversion sur le pubis, à l'aide de quelques doigts intro-
duits dans le vagin.
Mais le lendemain, la rétroversion s'est reproduite, la vessie est dilatée et
les douleurs ont reparu.
Le même procédé de réduction donne un nouveau succès. Cette fois une
sonde est mise à demeure pendant trois yiurs. On tient le ventre libre et au
bout d'une quinzaine de jours la femme Gourtot est rétablie. Accouchement à
terme.
Dans la quatrième observation de M. Depaul, il est dit atissi que la femme
Thomas avait la concavité sacrée exagérée et le promontoire saillant.
(1) Gazette médicale de Paris^ 1832, p, 428.
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MÉMOIRES ET OBSERVATIONS. UH
Nous verrons plus loin, dans la première de mes observations personnelles,
que la femme Lovinfosse avait également Tangle sacroverlébral saillant et le
détroit supérieur rétréci.
Dans le cas de M. Garin, la malade avait eu quatre enfants, tous extraits
par le forceps et les deux derniers avaient sur les côtés du front un enfoncement
de près d'un centimètre, avec fracture de l'os : donc, vice du bassin.
Quoique Caih. Uolling fût d'une slatare assez élevée, M. Craninx constata à
Taulopsie que la courbure du sacrum était plus prononcée qu'à l'état normal..
Dans une observation de Flamm, citée par M. Salmon, on parle d'un bassin
ample. De même M"" P. N., DeL, E. G., et Van... (3% 4% 8« et <1«obs. de
M. Hubert) avaient Texcavâlion large et le bassin bien développé. Dans la cin-
quième observation du même auteur nous voyons que M'B'N. P. était de grande
taille; cependant la saillie du promontoire opposa aux manœuvres de réduction
une résistance assez grande que l'opérateur parvint à surmonter en plaçant la
malade sur le ventre: la saillie était donc prob^ibiement exagérée. Les circon-
stances paraissent avoir été les mêmes chez M"* J. (7« ohs. de M, Hubert.)
Le bassin était large dans la troisième observation de M. Godefroy; il est
cité comme étant normal dans les cas de M. Barrier, de IM. Barlh et de
M. Cliapplain: la patiente de ce dernier avait cependant été accouchée une fois
par le forceps.
On trouve donc dans ces observations des exemples iïes diverses conforma-
tions que nous avons examinées.
(La tuile au prochain numéro )
Tuméfaction du muscle stebno-cleïdo mastoïdien cuez les enfants; par le
docteur Moeller, de Nivelles.
Dans le cahier de novembre de ce Journal, M. le docteur Charon cite deux
cas de celte affection assez rare. J'en ai rencontré également un cas bien carac-
térisé Tannée dernière. Il s'agit du second enfant d'une mère irès-frèle de
santé et qui est sur le point de succomber victime de la ))hlhisie pulmonaire. Je
fus appelé par le s parents peu d heures après la naissance de cet enfant ; je
constatai une tuméfaction dure, comme cartilagineuse qui occupait au moins
les trois quarts du muscle sterno-cieïdo-masloïdien. Celle tuméfaction ne me
parut pas douloureuse à la pression ; elle n'avait amené aucune déviation de la
tête. J'avoue que je fus assez embarrassé à la vue de cette affection que je
n'avais jamais rencontrée. Je prescrivis des frictions iodurées. Un mois après
ma visite, la tuméfaction avait presque totalement disparu.
J'ai revu l'enfant ces jours ci, on ne constate plus aucune trace de Taffec-
tion dont il a été porteur. J'ajoute que l'accouchement avait été des plus natu-
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$44 REVUB ANALrriQUB ET CRITIQUE.
rels. Je ne pense pas qu'on paisse trouver de cause syphilitique du côté des
parenls. L*alné des enfants est venu au monde porieur d'un becde-lièv^re com-
pliqué. Je suis aussi de Tayis de M. le docteur Charon que ces tuméfactions du
muscle sterno-cleïiio-masloïdien disparallraient sponlanément et que le pro-
nostic en est toujours favorable.
II. aEVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Iilé4eelae et Ghirnpgle.
Sur la Fîlaire de Médina ; traduit par
le docteur WEHENKEL^ membre e£fectif
de la Socipté.
Le docteur Weisbach, «Urecteur <4e Thô-
pital auslro - hongrois à Coustantinople^
rapporte cinq cas ijè maladie dus à ce pa-
rasite. La présence du Filaria medinensis
n*ayant eucore été que rarement constatée
en Europe, le rcdacieur des Mittheilungen
des wiener medic. Doctoren - coUegiumi
a cru devoir reproduire les cinq observa-
tions du docteur Weisbach.
Ce parasite n'est pas originaire de TEu-
rope ; on ne le rencontre chez nous que
lorsqu'il a été importé des contrées tropi-
cales ou des pays voisins de ces contrées.
C*est anx voyages réguliers du Lloyd au-
trichien dans la mer Rouge que Weisbach
doit d'avoir pu étudier en partie la maladie
que ce parasite occasionne ; c'est sur les
matelots de ce navire qu*il a rencontré
le filaire. Le développement de ce parasite
parait être lent, car tous ceux qui ont été
attaqués par ce nématoîde avaient déjà fait
plusieurs voyages a Janibo, à Oschedda,
a Confida et à Hudeida en Arabie; ce n'est
que dans le courant de cette année
qu'ils ont présenté des manifesta lions
dénonçant la présence de cet hôte peu
agréable.
La voie par laquelle ce parasite a pénétré
dans les tissus de ces matelots n'a pu être
déterminée, mais, en so basant sur le fait
que ceux-ci n'ont jamais été à terre nu-
pieds. Weisbach conclut que ce ver n'a
pu pénétrer directement a travers la
peau ; peut-être est-ce avec les boissons
qu'il est ingéré.
Weisbach n'a pas eu à constater les pre-
mières manifestations provoquées par le dé-
veloppement de ce nématoide datas la sub-
stance inter-musoulaîre et dans le Hissa
conjonctif sous-cutané; ses malades ne lui
ont signalé que les derniers symptômes'
qui peut-être ne surviennent que lorsque
le filaîre est parfaitement développé.
Le premier phénomène qu'on lui a indi-
qué consiste en une inflammation circon-
scrite qui, dans les cinq cas, se trourait
localisée aux membres (quatre fois i un
membre inférieur); celte phlegmasie arrive
rapidement à suppuration et la peau ne
tarde pas à être perforée.
L'ouverture ainsi produite continue à
fournir du pus, elle se change en une fis-
tule à bords renversés, épaissis et durs-;
l'orifice de cette fistule est généralement
petit et arrondi j le canal, plus ou moins
long, permet de constater Ja présence dii
ver.
il n'est pas rare de voir l'un de ces ori-
fices se fermer mais il se produit alors plus -
on moins tôt une autre ouverture; plusieurs
parasites peuvent du reste se rencontrer
chez le même individu.
Si le processus inflammatoire aigu est
terminé, on constate à travers la peau qui
est d'une coloration normale, une indura-
tion plus ou moins considérable, sen.sible
à la pression, située soit à une certaine
distance, soit dans le plus proche voisi-
nage de l'orifice île la fistule; cette indu-
ration présente parfois une configuration
telle que l'on doit supposer qu'elle est due
à la présence du ver enroulé sur lui-
même.
Weisbach dit ne pas savoir Combien de
temps l'altération peut persister dans cet
état ; d'après Pruner Bey, le ver s'enkyste
et est plus tard r»5orbé. Au moment de leur
entrée dans l'hôpital les malades de Weis-
bach présentaient déjà ces foyers inflam-
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RBVDB ANALYTIQUE BT CRiTlQOB,
545
matoires depuis six semaines et la guérisim
ne fut obtenue qu*aprçs un traitement
moyen de 64 jours.
La marche de Tinflammation o*est pas
toujours^ bénigne, car de ces cinq cas trois
se sont compliqués de pseudo-érysipèje
considérable avec suppuration, et un, de
phlébite (de la (grande saphène).
Le traitement est simple. Suivant leis
indications de Pruner Bey, Weisbach a
préconisé le décocté d'ail, remède vulgaire
employé par les Abyssiniens ; il a imprégné
de ce liquide la charpie destinée aux pan-
sements ainsi que les compresses dont
il recouvrait tes parties malades. Si le ver
vient à apparaître à rextérieur,on cherche
à le fixer sur une pelite baguette autour
de laquelle on Tenroule avec prudence, de
façon à ne pas le^ déchirer; dans ce but,
on doit suspendre toute manœuvre dès
qu'on sent la moindre résistance.
Si on déchire le ver, la partie restée dans
les tissus se retire et occasionne une inflam-
mation violente et étendue. Si Ton parvient
à enlever tout le parasite, la cicatrisation
complète ne se fera guère attendre. Vlémc
s'il n'y a qu*uu petit morceau du parasite qui
sort de Touverture et qui se trouve mal-
heureusement arraché^ Fail aura sur le
restant du ver une influence mortelle et la
résorption ne tardera pas à faire dispa-
mitre toute trace du ver. La benzine et
l'acide phcnique paraissent avoir moins
d'action sur le filaire que l'ail.
4) La vaccination — de même qu'une
atteinte antérieure de la variole — o«
préservant pas d'une manière absolue de
toute atteinte ultérieure de variole, les
personnes non vaccinées étant atteintes de
cette affection en nombre plus considé-
rable que les vaccinées et la maMie
présentant chez celles-là une gravité plus
grande que chez celles-oi^ il est évi^
dent que les personnes non vaccinées con-
stituent pour les vaccinées un danger per-
manent qui ne fait qu'augmenter en cas
d'épidémie.
5) Plus le nombre d'individus vaccinés
avec succès est considérable dans une cir-
conscription déterminée, plus est grande
l'immunité contre la variole dont joîjîssent
les habitants de cette circonscription ; par
contre, plus le nombre des personnes non
vaccinées est grand^ plus seront grandes,
ccBtei*'t8 paribiii, l'extension et la gravité de
la maladie non-seulement parmi les non-
vaccinés mais encore parmi les vaccinés.
En négligeant de se fair« vacciner on
n'expose paj seulement sa propre personne
à un danger plus ou moins grand, mais on
compromet encore la sécurité des autres;
rintervention de l'Etat est donc parfaite-
ment justifiée en cette circonstance et la
vaccination obligatoire ne devra pas seule-
ment se trouver inscrite dans la législation
de qu«dques rares pays, mais elle devrait
faire l'objet d'une toi internationale.
. De la valeur de la vaooînatîoi» ; par le
docteur WEHENKEL, membre effectif de
la Société.
Dans un travail intéressant qu'il vient
de publier dans les MiUheiluttgen des
toîener medic. - Doctoren - cpitegiutnt , le
docteur Joseph Schneller arrive aux con-
clusions suivantes :
4) Le nombre des personnes vaccinées
atteintes de variole est proportionnidle-
ment de beaucoup inférieur à celui des
personnes non vaccinées atteintes de cette
maladie.
5) Si des personnes vaccinées avec suc-
cès sont néanmoins atteintes de cette affec-
tion, celle-ci aura en moyenne une durée
moins longue et une gravité moindre chez
elles que chez des personnes non vaccinées.
3) La mortalité due à la variole est,
parmi les personnes vaccinées avec succàs,
le quart de ce qu'elle est parmi les per-
sonnes non vaccinées.
De la oure dei oalouli arinaîrei an
moyen dei dÎMolvanIs ohimiquei, par le
docteur POLIJ. — L'auteur, après avoir
étudié la compo!»iiioo chimique des calculs
urinaircs, résume ainsi les moyens à em-
ployer pour les dissoudre chimiquement :
4" Une nourriture auinialisée, surchar*
géant l'économie de- principes azotés,
donne quelquefois naissance à la formation
de gravelles et de calculs urinaires. La
privation d'un tel régime pourra donc être
un moyen de guérison.
3° Jusqu'à un eertain point l'urine est
un meilleur dissolvant de l'acide urique
que le serait l'eau simple à la même tem-
pérature; par conséquent, toutes les bois-
sons qui augmenteront la sécrétion ori-
naire, non-seulement faciliteraient l'expul-
sion des petites concrétions, mais encore
pourraient favoriser ta dissolution des cal-
culs urinaires.
Zp Les sels neutres formés par la eom-
binaison d'un acide végétal avee la potasse
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546
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
ou avec la soude passent dans les urines à
rétat de carbonates alcalins, et sont ainsi
des dissolvants de l'acide uriquc, qui se
précipiterait sans eux s*il était en excès.
Par conséquent, Tusa^o prolongé des fruits
sera indiqué dans le traitement des calculs
urinaires, puisque les fruits contiennent
en quantité plus on moins grande les sels
neutres végétaux dont nous parlons.
4<^ Les carbonates de potasse ou de
soude, ou les alcalis caustiques à l'état de
savon ou dissous dans une suffisante quan-
tité d'eau, sont éliminés par l'urine, la
rendent alcaline et y dissolvent l*acide
urique et Turate d'ammoniaque, si ces
deux corps se trouvent dans les voies
urinaires à Tctat de sédiments ou de cal-
culs.
5" On peut faire alterner avec avantage
le bicarbonate et if. sous-carbonate de
chaux, la magnésie, Teau de Falconer, le
sodawater, avec les carbonates alcalins
dans les cas de concrétions uriques.
6° Les acides citrique, acétique, phos-
pborique, chlorhydrique^ nitrique, etc.,
sous forme de limonades édulcorées avec
une petite quantité de sirop, peuvent
rendre Turine acide, et par conséquent y
dissoudre tous les précipités des sous-scis
terreux.
^^ Les calculs d*oxalate de chaux, mé-
langés avec de Tacide urique et des ma-
tières animales, doivent d'abord être trai-
tés par les alcalins, puis avec lej acides; et
s*ils résistent à ce double traitement, ils
réclament Tintervention chirurgicale.
8" Quand on a affaire à de gros calculs
vésicaux, il convient de pratiquer des
injections vésicales av%c une certaine dose
du dissolvant indiqué en solution dans une
grande quantité d'eau. Ces injections faites
au moyen de la seringue de Holes permet-
tent au calcul de se trouver en contact
avec une suffisante quantité du principe
médicamenteux. {Lyon médical.)
De» effeti du oafé sur les quadrupèdes.
— Dans le supplément de fin septembre
dernier, réservé^ comme tous les bulletins
mensuels, à la revue des sciences, de t)hy-
siulogie et de pathologie zoologiques,
V Abeille médicale a publié un article de
M. Cornevin sur Tutilité du café chez les
animaux malades. Ce médecin vétérinaire,
très-distingué, fait part à ses collègues des
bon» résultats qu*ii a obtenus en 4873 sur
deux génisse;» qui, ayant été lotionnées
avee du jus de tabac, avaient présenté tous
les phénomènes d'uiie intoxication nicoti-
que. L'auteur précité guérit les deux ma- '
lades avec un litre de café.
En confessant tout d'abord mon incom-
pétence en matière d'hygiène et de thérapie
vétérinaire, ayant assez à me débrouiller
avec les iuRmiitcs de mes semblables, j'ai
pensé entrr en communauté d'idées
avec M. Cornevin, en faisant connaître aux
vétérinaires en particulier et aux zootech-
nistes en général ce que j'ai retiré de Vn-
sagc du caré sur la race canine.
J'aime les chiens, comme Richelieu
aimait les chats {trahit sîm quemque volup-
tas); aussi j'en ai eu de toutes les espèces:
carlin, lox, king-charles, levrette, hava-
nais, etc., etc. De par la loi qui a faK le
chien contribuable, je paie aujourd'hui
l'impôt pour un terrier de la pure espèce.
Lorsqu'il est devenu ma propriété, cet
intéressant animal aux oreilles de loup et
à la robe de zèbre était affligé du tœnia.
En moins de trois semaines, par l'usage du
café, dont il reçoit tous les jours sa part à
l'heure de mon déjeuner, il a été complè-
tement débarrassé du parasite.
Tous les chiens, ainsi que le savent les
personnes qui en élèvent, sont tributaires,
après deux mois de sevrage,, d'une sorte
de maladie. P<»ur ces pauvres bétes, comme
pour les maladies des enfants. Dieu sait
combien de conseilleurs, et combien de re-
cettes ! Les uns vous disent du soufre, les
autres du sel, etc., etc.
Ce que j'ai voulu dire dans ces quelques
lignes, qui me sont suggérées par celles du
praticien vétérinaire, c'est que, dé tous les
chiens que j'ai élevés — la médecine ruraie
me donne ce loisir^ — pas un n'a été atteint
de la moindre affection. Le café donné au
chien doit être, dans les premiers jours,
saturé de sucre, à la dose d'une soucoupe.
Ainsi^ l'animal y prend goût ; si bien qu'il
finit, comme les vrais amateurs, à le
prendre presque pur. Toutes les personnes
à qui j'ai fait part de cette précaution à
prendre dès que l'animal est sevré, en ont
retiré lesinémes avantages.
{L'Abeille médicale,)
Le rhumatisme oérébral et les bains
froids. ~ Nous trouvons dans le Lyon tne-
dical, une observation du docteur Coirat,
concernant un nouveau cas de rhumatisme
cérébral traité par les bains froids. Le ma-
lade a guéri. C'était un homme de trente -
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Ut
quatre ans, non alcoolique, bien portant,
ayant eu douze ans auparavant une atta-
que de rhumatisme aigu généralisé. Au
dixième jour de la maiadii', la tempéra-
ture, qui avait atteint progressivement le
chiffre de 39 ,5« monta brusquement à
41 degrés et le délire se manifesta avec
violence dans la nuit. Le malade fut traité
parfalcool. Au quatorzième jour, la tem-
pérature était à 4t%7, le pouls à 128. Las
deiix poignets étaient tuméfies et doulou-
reux. Le délire avait fait place au coma.
Carpbologie, langue sèche. Rien au cœur.
A ce moment Tétat du malade parais-
sant des plus graves, il fut transporté dans
le service voisin de M le docteur t'.ha-
vanne, où on le soumit au traitement par
les bains froids. Le malade prit six bains
en vingt-buit heures. La température des
bains était de iO degrés, Le malade y était
laissé pendant cinq minutes et soumis à
des ablutions sur la face. Après chaque
bain, la température s'abaissa do \ degré
environ. On cessa les bains i\ès qu-clle ne
dépassa plus le chiffre de 58",b. j\ ce mo-
ment le coma avait cessé ; le délire était
tranquille ; il n'y avait plus de carpbologie.
Le détire ne disparut que deux jours après
le dernier bain. La tuméfaction et la dou-
leur persistèrent dans un genou pendant
six semaines. Au bout de ce temps, le ma-
lade sorti/ complètement guéri.
Nous remarquons dans cette observation
la courte durée des bains, rabaissement
rapide et déBnilif de la température accom-
pagné de Tatlônuation des phénomènes
nerveux^ La fluxion articulaire survécut
longtemps aux accidents cérébraux. Au-
cune complication ne se manifesta du côté
du cœur et des poumons.
Si nous consultons la statistique de
M. Ducastel (thèse d'agrégation, 4875),
nous voyons que sur 53 cas de rhumatisme
dit cérébral, publiés dans le travail de
M. Wilson Fox M 866), 19 malades furent
traités par les moyens ordinaires et 14 par
la balnéation froide. Les 19 malades sou-
mis à des médications diverses moururent.
Sur les 14 malades traités par les bains
froids, 10 ont guéri.
Nous nous contenterons aujourd'hui de
présenter à Tétat brut cette statistique que
nous analyserons quelque jour dans ses dé-
tails ; analyse qui sera loin d'en infirmer
la valeur.
Si nous remarquons que les malades
soumis au traitement par les bains froids
étaient tous dans un état grave^ souvent
désespéré, que le traitement n'a été géné-
ralement appliqué qu*à la dernière extré-
mité, on conviendra que de pareils résul-
tats, s'ils n'imposent pas le traitement
dans les cas graves de rhumnti&me hyper-
pyrétique avec complications cérébrales,
sont tout au moins fort encourageants*
Les premiers faits publiés en France,
par MM. Raynaud, Féréol et par moi,
n'ont pas reçu partout un accueil encoura-
geant. On a cru que nous voulions faire de
la balnéation froide un traitement applica-
ble à tous les cas de rhumatisuie à marche
très-aiguë. Nous n'avions certes à ce mo-
ment d'autre intention que de faire con-
naître les résultats du traitement dans des
cas absolument désespérés où toute théra-
peutique avait échoué, et où nous nous
trouvions débordés par des accidents re-
doutables. On a même pensé que la publi-
cation de pareils faits pouvait offrir quel-
que danger en mettant aux mains de pra-
ticiens peu expérimentés une médication
qu'ils pourraient appliquer sans indication
précise. Il est évident que beaucoup de
procédés admis dans la thérapeutique se-
raient passibles de pareilles réserves. C'est
au médecin à se rendre compte des indica-
tions et à apprécier la médication qui con-
vient à un cas donné. Dans les cas. que
nous avions rencontrés, tous les moyens
ordinairement employés avaient échoué.
Nous avions eu recours alors à une médi-
cation dont le succès nous avait surpris
tout les premiers, et il était de notre de-
voir de mettre ces observations dans le
domaine médical. A mesure que les faits
se multiplient, les Indications deviennent
plus précises, et la médication par les
bains froids sera adoptée par l'a majorité
des médecins dans des cas de rhumatisme
hyperihermique compliqués d'accidents
cérébraux, dont l'issue a été jusqu'à ce
jour presque constamment fatale.
On est depuis longtemps renseigné sur
les dangers qui accompagnent une éléva-
tion considérable et prolongée de la tem-
pérature dans les maladies.
En 1866, Liebermeis'ter, s'appuyant sur
des faits empruntés à la physiologie expé-
rimentale et à la clinique, prétendit dé-
montrer que ce qu'on appelle malignité
n'était le plus souvent que l'expression des
effets provoqués par une élévation consi-
dérable de la température. Les troubles
circulatoires et nerveux sont en général,
dans les maladies fébriles, en proportion
avec la température. Comme il avait en
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REYtJE ANALYTIQim BT CRITIQOE.
outre observé que dans les maladies fébri-
les graves les principaux organes offraient
souvent une dégénéri'Scence graisseuse
plus ou moins marquée, il avait cru de-
voir établir un rapport causal entre cette
stéatose et rèlévalion de la température :
conclusion manifestement exagérée. On
sait^ en t>ffel; que la stéatose se rencontre
de préférence, en dehors de certaines
intoxications, dans lés maladies à marche
chronique, cancer, scrofule osseuse, tu-
berculose, où rhyperthermie, quand elle
etiste, ne joue qu*uii rôle très secondaire.
Quand on soumet un sujet bien portant
à une température élevée et prolongée, on
voit se manifester des accidents nerveux
inquiétants dès que le thermomètre s*élève
dans le rectum de 2 ou S degrés.
Si Ton pousse rexpérienee plus loin
chez les animaux, comme l*a fait M. Cl.
Bernard, on constate que les animaux suc-
combent au moment où leur température
s'élève d*une quantité ordinaireiinent fixe
pour chaque espèce animale. Les oiseaux
ne supportent pas une augmentation de
plus de 5 degrés ; les mammifères résistent
davantage et meurent vers 44 on 45 de-
grés.
Les phénomènes observés sont succes-
sivement : une accélération des mouve-
ments respiratoires et une augmentation
de la transpiration, une prostration crois-
sante h laquelle succèdent les convulsions
et le coma.
M. le professeur Hirtz n'a vu qu'excep-
tionnellement les malades survivre à une
température maintenue pendant quelques
jours au-dessus de 41*,9. Il ettt évident
que la durée d*une température élevée
influe beaucoup sur la gravité du pro-
nostic.
Il faut ranger dans les cas tout à fait
exceptionnels ceux oà la guérison survient
après que le thermomètre a atteint 43 et
même 44 degrés. Notons que» dans ce der-
nier cas (liirlz), cette hypertherniie exces-
sive fut de courte durée. Il s'agissait d'un
cas de fièvre intermittente. Nous ne par-
lons pas de ce fait extraordinaire, et jus-
qu'ici unique, relaté dans un des derniers
numéros de la Ga^gette, où la température
dépassa 50 degrés centigrades. De quel-
que garantie qu'il s'enlourC; un pareil fait
soulève bien des doutes.
De rétude de tous ces cas, réunis dans
le travail de M.Oucastel, on peut légiti-
mement conclure à ila noôuité extrême «les
hautes températures dans les maladies fé-
briles. G*esl en partant de ees notions
acquises à ia science que des médeeins,
observant dans le cours du rhumatisme
des accidents anormaux dont auetine lé-
sion apparente ne leur rendait compte,
accidents qu'accompagnait toujours une
hyp'Tlhcrmie plus ou moins élevée, se
sont directement attaqués à cet élément
morbide, le seul qui fût accessible à la mé-
dication, et ont vu leur intervention cou-
ronnée de succès. Tous les moyens qui
s'offrent à noiis en pareilles eirconstances
ont leurs inconvénients et leurs dangers.
Les antipyrétiques habituels : digitale,
antimoine, vératrine, ne répondent pas à
l'urgence des indications, et en outre on
sait que dans ees circonstances les condi-
tions d'absorption sont singulièrement mo-
difiées. De toutes ces médications ration-
nelles, la balnéation froide est certaine-
ment celle qui remplit le mieux l'indica-
tion et offre le moins de danger. Nous ne
liions pas formellement qu'elle n'ait ses
inconvénients.
Nous .connaissons le cas de Southey, où
le malade soumis aux bains froiils contracta
une bronche pneumonie a laquelle il sac-
comba au bout de six semaines. D'autres
cas analogues viendront peut-être se ranger
à côté de celui-ci et apporteront des modi-
difications dans renifiloi du traitement.
Mais il n'en est pas moins vrai que dès au-
jourd'hui le traitement du rhumatisme cé-
rébral par le bain froid, tel qu'il est employé,
nous fournit une moyenne de 40 guérisons
sur l4nKilades, et qu'en pareille matière
un tel chiffre piaille mieux en faveur de la
médication que toutes les théories dont on
pourrait i'étayer et répond à toutes les
objections. {Ibid,}
Traitement de la «oqaelaoha par l'a-
cide phénique'; par U. DoMiNGOs CAHLOS
(de Bahial. — La coqueluche est une ma-
ladie assez fréquente dans les climats
chauds et humides, tels que le nôtre. Ici,
on voit très -sou vent des épidémies de ttuêis
conwtlsiva (c'est le nom vulgaire) aussi nom -
breuses qu'intenses, surtout à l'automne.
Ces épidémies sévissent ordinairement sur
les enfants, mais la maladie n'est pas rare
chez les adultes.
J'ai donc rencontré de nombreuses oc-
casions d'étudier cette affection, et dVs-
sayer les médications qui m'ont semblé les
plus rationnelles.
Depuis quelque temps, je supposais que
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lUSVUE ANALYTIQUB £T CRITIQUE.
549
la coqueluche reoonnatt une cause parasi-
taire^ il(*s spores, n*i ni porte de qnrilc
espèce de champignon capable de produire
des altérations assez importantes sur la
muqueuse des bronches.
Eu partant de ce point de vue, au mois
de mai 1874, j*ai résolu de faire, pour la
première fois chez nous, un essai avec Ta-
oide phénique. J'ai choisi un cas qui résis-
tait aux moyens, presque tous empiriques,
que possède la théra^Ksutique médicale.
Ce malade, âgé de 2 ans, venait a ma
clinique, il y avait à peu près deux semai-
nes, et son état, chaque jour, s*aggravait
sensiblenvent . J'avais épuisé, sans aucun
résultat, le long culalogue des substances
connues à la pratique comme les p4iis
avantageuses pour combattre cette ma-
ladie.
J'eus recours alors à la formule sui-
vaate :
Acide pliénique eristallisé . 25 centigr.
Hydrolal de fleurs «i oranger 5 grammes.
JuJep gommeux. .... 50 —
L*eAfant a pris celte préparation à la
dose de 4 à 6 cuillerées à oafé par jour, et
rien autre chose.
Après avoir, pendant trois jours, fait
usage de ce médicament, il est riîvenu à la
consuliation; mais, cette fois, son état gêné
rai était bien différent : la toux s'était pres-
que éteinte ; pas de fièvre ; Ta p petit se mon-
trait excellent; la joieét»it revenue avec la
diminution d4's prÎAcipaux phénomènes.
Depuis ce bel et imprévu résultat, j*ai
continué à prescrire Taciile phénique contre
la coqueluche, toujours avec les plus grands
avantages ; qui ont décidé plusieurs de
mes confrères à en faire usage.
(Ibid.)
Trftiteaienl de* la lous férine par les
inhalationi d'aoide phénique. — On
prépare une solution contenant de I kilog.
à 2 <*/o d'acide phénique, que Ton fait éva
porer par rébullilion. On fait arriver ces
vapeurs, qui sont dirigées vers la bouche
du malade, le vase qui contient le liquide
étant tenu à environ 20 cent, de distance.
Cette opération se répète trois fois par
jour, et pendant deux ou trois minutes, en
ayant soin que le malade fasse de profondes
inspirations, afin que la vapeur pénètre en
aussi grande abondance que possible dans
les voies aériennes.
L'auteur a employé ce traitement sans
inconvénient, même chez les enfaats de
deux ans. Deux ou troi.« jours de ce traite-
ment suffisent pour faire disparaître de
violents accôs de toux, et procurer, en
huit on dix jours, la giiérison du catarrhe
simple. Il donne lieu à des rrsuliats non
moins satisfaisants dans les affnctions ca-
tarrhalcs des cordes vocales, et dans la
bronchite chronique.
{Revue de thérap, médicochiriiry .)
Variole transmise par des ohiffonS
pour papier ; par le docteur LEWIS (de
Watertown). — Vingt balles de vieux chif-
fons pour faire du papier furent reçues de
Californie dans une des manufactures de
New -York, savoir : dix le 28 janvier et dix
le 5 février. Ces chiffons étaient humides,
ils répandaient une odeur pnrticulicrcment
désagréable, et l'on constatait parmi eux
des débris de linges de corps, des pièces de
pansements, des linges à cataplasmes, etc.,
un grand nombre étaient tachés comme
s'ils avaient servi à des malades. De plus,
on siit plus tard que le navire qui les avait
apportés à New- York n'avait pas subi de
quarantaine à son arrivée.
Ces chiffons furent choisis et taillés dans
une grande salle par vingt-une jeunes
filles ; sept tombèrent malades à peu près
en même temps. D'autres personnes qui
travaillaient dans la même salle, mais sur
d'autres matériaux, furent aussi atteintes ;
enfin, quelques ouvriers qui étaient entrés
dans l'atelier seulement pour une commis-
sion, mais qui n'y travaillaient pas habi-
tuellement, furent également affectés.
Quarante personnes furent atteintes en
tout, et sur ce nombri;. treize ou quatorze
sont mortes. La mortalité a porté surtout
sur les premiers atteints.
La mala lie a consisté en une fièvre érup-
tive manifestement contagieuse et ayant de
grandes ressemblances avec la variole, mais
avec une variole modifiée et mélangée
d'une autre éruption. L'auteur parle de
taches purpuriques, de taches rubcoliques
ou même de taches . scarlatinîformes, en
même temps que de pustules ; la vaccina-
tion antérieure parut avoir peu d'effet pré-
servatif; enfin, dans quel^ques cas l'érup-
tion parut avoir certaines analogies avec
le rœlheln.
Les observations rapportées par l'auteur
sont si concises et si incomplètes qu'il est
difficile d*è(rc fixé sur le diagnostic; il res-
sort cependant de son travail que les chif •
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550
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQOE.
fons pour papier peuvent servir de véhi-
cules au contagium des fièvres tVuptives.
(Lyon médical.)
Des Injections sons cutanées de mor-
phine; par Emile VIBERT (du IMiy). —
L'auteur commence par établir que Tétat
de la pupille peut être considéré comme un
manomètre devant être à chaque instant
consulté. Le resserrement de l'iris n'a rien
de particulier ni de capital^ c'est à-dire ne
prouve pas un effet toxique ; il se montre
dès qu'il y a action modincairiee heureuse
de l'économie sous riiifluence de la mor-
phine \ mais, une fois ce resserrement
commencé; son degré est proportionné à la.
quantité de morphine injectée, en même
temps que rimpr'e.ssionnabilité à la lumière
diminuera de plus en plus, et le cercle pu-
pillaire atrésié finira par être immobilisé,
même dans le cas de passage de la pleine
lumière à Tobscuritc. En sorte que tant que
Pûtrésie pupillaire complète avec immobi-
lisation n'est pas obtenue, une nouvelle
dose de morphine peut être injeetf^e s'il
n'y a aul soulagement produit ; et d'autre
part, tout phénomène morbide nouveau,
des vomissements, par exemple, survenant
après rinjection^ si cette atrcsie pupillaire
manque^ ne doit pas être attribué à l'injec-
tion, n'est donc pas une contre-indication
à une nouvelle injection. Et, je le répète,
M. Vibert va non-seuloment jusqu'à l'atré-
sic pupillaire, muis jusqu'à Tatrésie pupil-
laire persistant dans l'obscurité. Cette
action sur la pupille se produit au bout de
quinze à vingt minutes environ. L^* seul
point désirable dans ce mode de traitement,
c'est Tim possibilité de décider préalable-
ment du degré d'impressionnabilité à la
morphine. Donc, dans le cas où les corn-
. mcmoratifs font défaut, l'on ne doit injec-
ter que 0,002 à 0,003 milligrammes, puis
attendre alors un quart d'heure, interroger
la pupille, et faire une seconde injection
s'il y a lieu.
Les injections sous- cutanées de mor-
phine peuvent guérir presque instantané-
ment un accès d'asthme, pendant lequel,
d'ailleurs, la pupille est dilitée. C'est même
cette dilatation pupillaire qui a conduit
M. Vibert à essayer des injections hypo-
dermiques morphinées, et les faits qu'il
cite sont on ne peut plus concluants ; quel-
que graves que fussent les cas, le soulage-
ment a toujours suivi parallèlement les
progrès de i'atrésic ; soulagement qui com-
mence, an bout de dix à vingt minutes,
par une sensation agréable de chaleur in-
time, interstitielle, générale. Ici la mor-
phine, ainsi employée, réalise pour l'au-
teur l'idéal de l'excitant diffusible.
Les lésions cnrdiaques, la complication
d'anasarque et d'épanchement pleural, ne
sont pas dos contre indications à l'emploi
de la morphine par la méthode ondermi-
que contre l'oppression.
Les injections de morphine sont très-
efTicaces contre le délirium tremens; mais
la dose doit être considérable, jusqii*à
0,08 centigrammes en quelques heures
par injections successives. Contre la manie
aiguë, l'auteur a réussi deux fois, échoué
trois fois. C'est dans la forme de délire dite
par M. Gubler asthêniquc, ischémique, où
il y a défaut d'incitation (œil pâle, pupille
large) et qui indique les excitants, que les
injections de morphine réussissent. Dans
la deuxième forme, délire hypersthénique,
hyperhémique, irritatif (état eongestif du
globe oculaire, étroitesse de la pu pille) sont
indiqués les émissions sanguines, la quinine,
la digitale, le bromure de potassium.
La grande puissance avec laquelle la
' morphine en injections manifeste ses effets
comme cxcitamt diffusible et anodin, la
rend souveraine contre la cholérine spora-
dique avec coliques violentes; et l'auteur
en a obtenu aussi les meilleurs résultats
contre la dyssenlerie.
Pour enrayer une fausse couche, les in-
jections de morphine sont préférables aux
potions ou aux lavements opiacés, à cause
de la facilité que l'on a de doser le médi-
cament.
L'emploi des injections sous-cutanées
de morphine contre les coliques néphré-
tiques, bépdtiques, contre la plcurodynie
et toute douleur de côté, symptomatique
ou non d'une pleurésie; d'une pneumonie,
est déjà connu.
L'hypodermie roorphinée réussit admi-
rablement contre la colique de plomb;
mais la dose doit être assez forte, 0^02 à
0,01 centigrammes environ ; elle peut
favoriser la réduction d'une hernie étran-
glée.
Quoique que se louant beaucoup des
injections de morphine contre les névral-
gies, l'auteur insiste sur ce point qn*jci
elles constituent un traitement seulement
symptomatique ; la névralgie du zona cède
très bien à ce mode de traitement. Les
crises hystériques sont justiciables de cette
médication; l'auteur a injecté jusqu'à
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Revue analytique et critique.
351
0,07 cenligrammes de morphine, dans
Tespace fie cinq à six heures.
M. Vibert raconte Pobservation d'une
demoiselle à laquelle depuis sept ans il in-
jecte en moyenne 0,t20^ 0,-25 de morphine
pour une angoisse douloureuse, horrible,
éprouvée à répigastre.
Insuccès complet dans le tétanos, succès
-bien mince dans la. paralysie agitante.
L'autt^ur supplée aux injections de mor
phine par Tapplication à demeure d'un
emplâtrjc coinposé de deux mouches de
Milan auxquelles il fait incorporer 4 à
8 centigrammes de cblorhy<lratc de mor-
phine et qu'il fait ramener à la dimension
d'une pièce île 5 centimes. Lai.sser i'em-
plàtre plusieurs jours, se borner h changer
les linges.
L'auteur insiste sur la supériorité qu'ont
les injections de morphine, au point de
vue du tube digestif sur les préparations
d'opium données à l^intérieur.
M. Vibert emploie une solution d'acétate
ou de chlorhydrate de morphine au 20",
préfère pour le âucon un bouchon en
caoutchouc vulcanisé, regarde les aiguilles
creuses en acier comme supérieures à celles
en or, pique la peau perpendiculairement^
avant de pousser l'injection, sépare la se-
ringue pour voir s'il ne s'écoule pas de sang,
afin d'éviter l'injection directe dans le sys-
tème circulatoire, considère comme insi-
gnifiant d'injecter quelques bulles d'air,,
nie l'action locale, en conséquence a choisi
comme lieu d'élection le tissu sous cutané
abdominal, lu peau du ventre étant la
moins sensible, et plus particulièrement
les cicatrices qu'elle peut présenter, les
vergétures de la grossesse.
M. Vibert cite deux faits malheureux;
l'enseignement qu'il en retire est qu'une
cyanose avec stase veineuse très-pronon-
cée annule l'aci ion de la morphine sur le
phénomène oppression.
L'auteur rejette, en terminant, de la
médication antinévralgique les injections
sous-cutanées d'atropine.
ilbid,)
Des injections parenohymateuses d'îo-
dure de potassium dans le« «as d'adénite
syphilitique. — Dans ce travail, l'auteur,
M. le docteur Franiz, après avoir essayé
les inj(*ctions d'iodure de potassium pour
combattre l'hypertrophie chronique des
amygdales, expose comment il s'est décidé
à employer le même moyen peur hâter la
résolution, des adénites d*origine syphili-
tique, i'iodure de potassium, qui jouit de
propriétés très actives comme fon<lant et
n'est pas irritant, croit-il, et par consé-
quent permet la guérison sans réaction
inflammatoire. Jusqu'à ce jour il ne pos-
sède que deux observations qu'il fait con-
naître, mais il continue ses recherches*
Dans le premier cas,. il s'agit d'un gan-
glion inguinal gauche syphilitique de la
grosseur d'un œuf d'oie. L'iodure de po-
tassium à rintérieur, les pommades sur la
peau, la compression, n'amenèrent aucun
résultat. Cependant la résolution était ré-
clauiée avec insistance. Dans ces condi-
tions, Jakubowilz fil dans le ganglion Tin-
jectioii suivante : il introduisit obliquement
la canule de la seringue de Pravaz, de
manière que l'ouverture cutanée et celle
de l'envel^oppe du ganglion ne se corres-
pondissent pas; il perfora la coque gan-
glionnaire et injecta alors la moitié du
contenu de sa seriugue. A ce moment, il y
eut dans le ganglion une tension qui s'op-
posa à la pénétration du liquide, l'aiguille
fut poussée de manière à perforer une
cloison transversale, et il put alors injecter
un quart de la seringue ; une nouvelle
cloison ayant été perforée, il put faire
pénétrer le reste du contenu. Au moment
où il retira l'aiguille, il ne sortit ni li-
quide ni sang. La piqûre fut indolente,
l'injection fut très douloureuse et suivie
dans ia même gournée d'un peu de rou-
geur à la peau; d'elle ci avait disparu le
lendemain. Dè-s le lendemain également la
tumeur avait diminué. L'auteur fit trois
nouvelles injections à deux jours d'inter-
valle. Au bout de huit jours la tumeur
était du volume d'une noisette, et en
quinze jours elle avait totalement disparu.
En tout, le malade avait reçu 9 cenligram-
mes d'iodure de potassium et 5 centigram-
mes d'iode.
Dans le second cas, il s'agissait d'une
adénite traitée inutilement depuis cinq
semaines. Une injection fut faite tous les
jours. Le septième jour^ la tumeur était
réduite au quart et tellement dure, qu'il
semblait impossible de faire une nouvelle
injection ; on fit alors deux nouvelles in-
jections dans le tis.>u cellulaire vois^in, et
la glande se réduisit jusqu'à la grosseur
d'un haricot. Dans ce second cas, le ma-
lade reçut en tout :à^2 centigrammes d'io-
dure de potassium en injections.
La solution employée par l'auteur est
composée comme il suit : Eau, 50 gram-
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552
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
mes; iodure de potassium^ 90 contîgram-
mes ; teinture d'iode; 5 gouttrs.
{Bévue de thérap, médico-chirurgicale,)
Traitement de l'orohite par l'arnioa,
par le «loclcur H.-G. KNÂGGS ~ Depuis
plusieurs années Tauteur se loue beaucoup
du traitement suivant :
Il maintient sur la partie malade, d*une
manicte plus ou moins constante (au moins
pendant le n-pos au lit), des compresses
imbibées d'un mélanj^edeteinlurt? d'arnica
et d'eau dans la proportion d'une partie
d'arnica pour six dVau. En même temps il
fait faire deux ou trois fois par jour, sur le
trajet du cordon, des onctions avec un li-
m'nient cora,j6sé de liniment savonneux et
de teinture d^arnica, au tiers ou à la moi-
tié. A rintéricur, quand il a de la fièvre, le
malade prend de la tdnture d'arnfca à la
dose de sept gouttes arlditionnées de deux
à trois gouttes de teinture de fleming d'a-
conit et d'acétate d'ammoniaque.
Ce traitement procure la guérison en
qofnze jours ou moins. Aux doses indi*
quées, le médicament ne produit pas d'ir-
ritations cutanées; il faut savoir cependant
que, tandis que certains malades sont tout
à fait .insensibles à des applications de
teinture d'arnica même pure, il en est
d'au.tres dont la peau présente une impres-
sfonuabilité incroyable à cette substance ;
de sorte qu'il est bon de se tenir sur ses
gardes pour parer aux accidents, si quel*
que inflammation érysipélateuse tendait à
survenir. {Lyon médical.)
Traitement du vaginisme par l'iodo-
fbrme. Fissure à l*anus, iodolbrme. —
M. Tarnier attirail dernièrement l'attention
de ses élèves sur un mode de pansement
qui lui avait réussi d'une façon presque
inespérée dans un cas remarquable de va-
ginisme (1 ). Il s'agissait d'une jeune femme
de trenle-deux ans, mariée depuis dix sept
ans et affectée d'une hypéresthésie ex-
trême de la vulve. Cette jeune femme se
plaignait de douleurs vives dans la mar-
che; et les rapprochements sexuels étaient
un véritable supplice qu'elle évitait le plus
possible. Elle ne présentait aucune lésion
(1) Il y a de nombrenses années qne ce mode
de puns^ment a élé employé el reeonimandé ilaiis
&es U>çoiis. par ^^. le professeur vuiideo Corpal.
de Bruxelles. non*seulemeul dans les ctis, dé
vaginisaie, mais aussi dans la fissure à l'anus.
de iè vuhr« ni du col de l'utérus. Le seul
contact d'un stylet sur une des petites lè-
vres faisait pousser des cri<i. Elle n'était
jamais accouchée, nruiis avait fait à dix-
sept ans Une fausse couche cle six mois.
M. Tarnier eut l'idée de saupoudrer To-
rifice vulvaire et les petites lèvres de pou-
dre d'iodoforme, et quelques heures après
l'orifice vulvaire était insensible. Pendant
deux jours les douleurs disparurent pour
revenir, mais moins intenses. M. Tarnier
appliqua le même pansement en écartant
roritice vnlvaire et plaçant un tampon de
ouate entre les lèvres couvertes de la
poudre.
Des (e second pansement la sensibilité
était tellement diminuée que l'on pouvait
toucher la vulve sans causer de douleur.
Le coït avait été pratiqué i8 heures après
l'application du pansement; il avait été
infiniment moins douloureux qu*aupara-
vaut M., Tarnier conseilla de le pratiquer
le sotr même après le pansement. En agis-
sant ainsi prouressivement, en profilant
chaque fois du bénéfice acquis par le pan-
sement, il est probable qu'on arrivera à
faire dispamltre complètement les phéno-
mènes douloureux et l'infirmité qu'ils en-
traînent.
C'est un point de pratique très-intéres-
sant, car tous nos confrères savent que
ce» phénomènes douloureux vulvaires ne
sont pas très-rares^ créent aux femmes
souvent une vie insupportable ; outre que
les douleurs spontanées sont assez vives
pour entraver les mouvements, la niarehe
et faire croire a des maladies graves du
petit bassin.
L'iodoforme a du reste été conseillé dans
une foule de cas comme topique. On l'ap-
plique de préférence sur des plaies dont la
cicatrisation marche mal, mais on Ta con-
seillé aussi pour les plaies douloureuses,
comme doué de certaines propriétés anes-
thé&iqiies. M. Tarnier en a (ait tout récem-
ment une application très-heureuse sur
une fisMirc à Tanus. 11 s'aiçissait d'une
dame qui souffrait depuis deux mois d'une
fissure à l'anus absolument intolérable.
Après chaque selle se produisait la douleur
classique qui durait plusieurs heures. On
avait employé les narcotiques et les astrin-
gents usités en pareil cas, et on s'apprêtait
à pratiquer la dilatation malgré que la pa-
tiente fût dans un état marqué de faiblesse
et d'excitation nerveuse. M. Tarnier con-
seilla de pratiquer sur l'anns un panse*
ment identique à celui qui avait été fait
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REVUE ANALYTIQUE ET OUITIQUE.
555
la valve de la femme atteinte de vagi-
•nisme ; dès le jour môme la giiérison fut
obtenue, et depuis deux mois elle s'est
parfaitement maintenue.
Revue de thérap, médico chirurgicale.)
Du vagmlsme. — jtf. Trélat considère
cette affection comme liée à des causes
très- diverses et comme très-souvent symp-
tomatique d*un<^ lésion utérine très -légère.
C'est véritablement une contracture et non
pas une contraction spasmodique du va-
gin. Il en résulte qu'on ne doit se déciiler
à faire d'opération importante, comme les
grauiies incisions de Sim<«y qu'à la dernière
extrémité, et après avoir tenté la guérison
de la lésion dont le vaginismc n'est qu'un
symptôme. M. Trélat cite à l'appui de son
opinion irois faits très-concluants. Une
première fumme présentait une lésion ul-
céralive du col, mais la contracture était
telle que le loucher même était presque
impossible. Aussi fallut- il beaucoup de
temps et de patience pour arriver a guérir
cette ulcération. Au bout de six mois le
vaginisme, qui durait depuis deux ans,
avait disparu. Dans te second cas, c'était
une ulcération du col et un léger écoule-
ment leucorrhéique qui avait déterminé le
vaginisiiie. La guérison survint au moyen
d'un siuiple glycérolé de tannin. Enfin,
dans un troisième fait où les douleurs
étaient extraordinaircmenl vrves, une cau-
térisation de nitrate d'ar^^ent et des tam-
pons glycérines amenèrent la guérison en
quatre jours.
{Journal de rnéd, et de chirurg, pratiques.)
▲pplioatîon du tampon de ouate dam
le vagin pour diverse» affection» utérines.
— On pratique beaucoup depuis quelques
années des pansements dans le vagin, sur
le col de l'utérus, à l'aide de tampons, de
sachets médicamenteux, de substances di-
verses dont on remplit plus ou moins le
vagin. Saus nier l'influence de quelques
topiques portés sur le col de l'utérus, «ou
sur la paroi vaginale, M. Tarnier pense
que la plupart de ces tampons agissent par
leur consistance et leur volume, par la
pression qu'ils exercent et le soutien qu'ils
fournissent à Tutérus appesanti par la con-
gestion. Après avoir usé des applications
médicamenteuses, .M. Tarnier ne fait plus
guère que iïes applications de tampon sec.
Dans tous le.) cas où l'utérus est volumi-
neux, l'écoulement abondant, le col ulcéré,
après avoir fait des cautérisations ou attou-
chements avec des topiques divers, s'il est
nécessaire, M. Tarnier place dans le vagin
un gros tampon de ouate. Il fait fixer avec
un fil par le milieu un tampon allongé et
résistant, rinlroduit suivant Taxe du vagin
puis le retourne au-dessous du col et le
place en travers. Cett« application sera
renouvelée deux ou trois fois par semaine,
selon les cas.
En effet, M. Tarnier suit cette pratique
pour une foule de cas différents. Il l'a ré-
connue bonne empiriquement. Il a vu que
dans des cas une compression dans le
fonti du vagin, sur l'utérus, exerçait une
influence favorable. On voit des femmes
qui cessent de souffrir après l'application
d'un pessaire. Quelques semaines ou quel-
ques mois plus tard on supprime le pes-
saire et les douleurs ne reviennent pas.
Pendant l'accouchement même, chez cer-
taines femmes qui souffrent beaucoup,
l'application du doigt dans le vagin et la
pression sur le col soulagent singulière-
ment. Dans un cas même, chez une femme
enceinte, la pression d'un tampon a sufiî
pour arrêter des vomissements incoerci-
bles. Enfin, d'une manière générale, les
tampons médicamenteux couverts de gly-
cérine, de glycérolé de tannin, de glycé-
rolé de belladone soulagent d'autant mieux
que le tauïpon est gros. Depuis que M. Tar-
nier emploie la ouate sèche, seule et sans
topiques, il a obtenu !es mêmes résultats
qu'avec ces derniers. Il en conclut que
quelle que soit l'explication du mode
d'action du tampon compressif, il agit
très favorablementsùrtout contre l'élément
douleur, s'ap'plique plus particulièrement
lors de lésions chroniques ou suhaiguës de
l'utérus, accompagnées d'augmentation'
partielle ou totale du volume de l'organe
et causant des douleurs plus ou moins
yiyes.
[Revue dethérap, médico^chirurgieale,)
Pleurésie avec gangrène pulmonaire
du professeur Dolbeau. — Après quel-
ques semaines de malaise plus ou moins
fébrile, douleur du côté gauche du 25 au i7
mars 1870; pendant ces deux jours le
diagnostic de M. Millard èKvàiple^irodynie ;
le 27, un léger épanchement e&t constaté ;
il augmente les jours suivants, s'accoinpa-
gnant d'une douleur atroce qui résista à
tout* Le ^ avril, M. Béhier se joint à
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5S4
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
M. Millard ; ils sont frappés du non dëpla^
cément du cœur; M. Millard admet une
pleurésie sèche avec abondantes fausses
membranes; AI. Kéhier inclinait vers une
pneumonie corticale. Le 6, M. Barlh con-
clut à un vaste épanchcment, et à cause-
des douleurs atroces et protongées, soup-
çonne une gangrène pulmonaire, il con-
clut en faveur d*une ponction^
Le soir même. M. Dieulafoy faisait deux
ponctions successives sans résultat ; la pré-
sence dans le corps de pompe de sang
rutilant mêlé de bulles d*air et une expec*
toralJon sanguinolente prouvaient que Ton
avait pénétré dans le poumon. Nul accident
grave iie survint. Le 45, expectoration de
matières désagréables au goût et légère*
ment fétides, à odeur et aspect purulent
plus que gangrcmux ; à la suite de quintes
dt.' toux très* fatigantes Toppression a aug-
menté. Les signes de pneumo-thorax font
défaut. Le 19, existaient tous lessymptômes
de lu lièvre hectique.
M. Miilanl , auquel s'étaient joints
MM. Nélaton, Béhier, Potain, Denonvii-
1ers, Sappey, s'acconient sur Pexisience
d*une pleurésie enkystée ou intorlobaire
ouverte dans les bronches. Une aiguille
aspirutrice est enfoncée dans le septième
espace intercostal, un peu en arrière de la
ligne axillaire ; du pu» parait immédiate-
ment dans le récipient. S\. Nélaton substi
tue immédiatement un trocart de plus fort
calibre, â kilugrammes 450 grammes de
pus d'une fétidité repoussante s'écoulent ;
le diagnostic de M. Barth est vériHé; un
tube de caoutchouc est placé; Itivagesavec
de Teau aromatisée d'acide thyniique. Les
jours suivants, médiocre amélioration, et
même bientôt enflure des mains, des pieds,
des jambes; Torifice où est placé le tube
' s'enflamme, Tétat hectique reparait, les la-
vages sont de plus en plus difficiles ; aussi le
4 mai, Tempyème était pratiqué pur Néla-
ton. Ici deux particularités à signaler : une
ligature artérielle, et cet autre Tait : Néla-
ton avait incisé en dehors et allait prolonger
son incision en dedans; il introduit préala-
blement le doigt dans la plaiv, le cœur est
là battant immédiateuient sous le doigt ;
^inci.^ion ne pouvait être prolongée de ce
côté sans atteindre nécessairement le cœur.
Par rincision sortent en abondance des
lambeaux noirâtres, infects, constitués
-par du tissu pulmonaire gangrené. Cette
fois, une amélioration se pro'iuisit immé-
diatement, se confirma de plus en plus.
Le 15 mai, convalescence. Le 15 juin >
M. Dolbean était transporté à Auteail, et
peu à peu la guérison a été complète r
nulle oppression, pas de douleurs au ni-
veau de la cicatrice, pas de rétraction ap-
préeiiible, bruit respiratoire normal, et le
malade a gagné à cette épreuve que ses
migraines sont beaucoup plus rares-, son
appétit moins capricieux, ses digestions
plus fiiciles ; il a pris de plus un notable
embonpoint. Fait singulier, la convales-
cence a %ié traversée par Tapparition de
deux ongles incarnés.
(Lyon médical.)
. Mort ftubîte par embolie de la veine
oave înférteure, à la «uite de varices de
la jambe, par. M. Thomas HROWNE. ~
Un homme de cinquante ans se présente à
Fauteur^ le 5 janvier 1874, pour une con-
tusion de la jambe gauche. La lésion pa-
raissait sans importance. Comme le malade
avait de nombreuses varices et que la
contu^ion semblait les avoir rendues plus
proéminentes^ on recommande au malade
de prendre la position horizontale. Au
bout de peu de jours, il quitte l'hôpital,
muni d'un bas élustlT|ne 11 revint è Thôpi-
tal, le 19 janvier, sa jambe en très bon
état. Surpris par une forte averse en quit-
tant Phôpital, il courut pour se mettre à
l'abri. Pre>que aussitôt il se sentit pris de
langueur et ne put continuer sa route. Un
chirurgien, qui le vit à ce moment, le
tronva anxieux ; le pouls faible intermit-
tent; la respiration libre et régulière.
1 lacé dans la position horizontale. Affu-
sions froides sur la face. Alcool et eau.
Revenu à loi il déclara n'éprouver aucune
douleur, mais un s<^ntiment pénible de
constriction à la base du thorax. Les lèvres
et les oreilles devinrent bleues ; la face
grippée. Il fil en vain des efforts de défé-
cation. La vessie fonctionnait bien. Alcool
à l'intérieur, rejeté presque aussitôt avec
des efforts de vomissement. Pouls sensi-
blement égal. R 44 à la minute. Tout à
coup il fit un effort de vomissement; la
face, la tête et le cou devinrent livides ;
le cœur ces.sa de battre. Il fît deux ou trois
respirations profondes : après quoi l'action
du cœur cessa. Il mourut trois quarts
d'heure après le début cle l'accident, sans
avoir perdu connaissance.
Autopsie vin«t quatre heures après. — •
Rigidité. cadavérique; la veine cave infé-
rieure, conservée, contenait un caillot
d*ttn jaune grisâtre, commençant an-dessus
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
355
de roreillette droite et s*é(cndant en bas
juiiqu'à la veine iliaque primitive. La par-
tie inférieure de ce caillot était Hure et
fibroïie; on en trouvait de semblables au
voisinage des varice?^.
(L'A beille médicale.)
Extirpation du larynx. — C*est bien
de rexlirpali6n4ularynx« complète encore,
et chez l'homme, qu'il s'agit. On se de-
mande s'il est un organe, une profondeur
à laquelle ne s'attaquera pas le couteau
chirurgical.
Deux opérations dVxtirpation du larynx
viennent d'être pratiquées, Tune a Berlin,
Tautre à Turin. Elles portent h six le nom-
bre de ces tentatives audacieuses qui comp-
tent maintenant quatre succès.
Celle dont nous donnons le résumé a été
pratiquée par Langenbeck. sur un homme
de cinquante-sept ans, atteint de cancer
du. larynx et sur lequel on avait déjà pra-
tiqué la trachéotomie eu novembre 187i.
La respiration se faisait par la canule tra-
chéale. La dégénérescence cancéreuse
s*étant étendue à la iangue et au pharynx,
le 21 juillet, Topéruticni suivante fut pra-
tiquée.'Après uvoir chloroformisé le ma-
lade par la fistule de la trachée, au moyen
de la canule-tampon de Trendelenburg, de
manière à empêcher toute introduction du
sang dans les voies respiratoires, Langen-
beck Ht à la peau une incision tnnsversale
s'étendantdu bord interne du sternomastoï-
dien droit au ga<iche, à "1 centimètres au-
dessus de Vos byoïlc. Au milieu de cette
incision, il en fit une seconde, verticale,
passant au milieu du cou, sans intéresser la
cicatrice trachéale. Lt'S deux lambeaux la-
téraux de la peau furent séparés des parties
sous-jacentes, laissant à nu le larynx.
L'extension du cancer aux parties voisines
ne peruiettant pas de .«cparer le larynx du
pharynx, Langenbeck ouvrit ce dernier,
qu'il attira en bas et en avant au moycn^
d'une érigne fixée au niveau de l'os
hyoïde. La langue fut en même temps
attirée près de la bouche par un fil passé
dans sa pointe, et sectionnée à la base par
la plaie du cou, à 2 centimètres environ
au dessus de l'os hyoïde. Les artères thy-
roïdiennes supérieures furent ensuite liées
et la paroi du pharynx coupée des deux
côtés* ainsi que l'arc du pharyngopalaiin.
Puis les carotides externes furent liées et
sectionnées entre deux ligatures. Les nerfs
hypoglosse et lingual avaient été isolés et
coupés au moment où Ton sectionnait la
langue. Enfin le larynx fut détaché de la
trachée au-dessous du cartilage cricoïde.
Durant toute la durée de l'opération, le
malade resta dans l'anesthésie la plus par-
faite.
Apr^^s Topéralion, les lambeaux furent
simplement appliqués sur la plaie, et l'on
introduisit-une grosse canule dans la tra-
chée. La fièvre fut modérée; elle avait
cessé le 28 juillet*
Le cancer avait envahi l'os hyoïde, Tépi-
glotte et la partie supérieure du larynx.
La face interne des cartilages cricoïde et
thyroïde était également atteinte, depuis
la partie supérieure de l'espace compris
entre le larynx et la base de la langue.
{Ibid.)
De la luxation du pouoe enf arriére. —
M. Tillaux fait l'analyse d'un travail fort
important de M Farabeuf sur ce sujet.
L'auteur, ayant produit, sur plus de cent
cadavres, la luxation du pouce en arrière
et ayant fait une dissection minutieuse de
toutes les parties qui avoîsineut Tariicu-
lation, est arrivé à celte conviction, que
l'obstacle à la réduction tient, non pas aux
mu.«cles et aux ligaments, mais bien à l'in-.
terponition entre les surfaces articulaires
de l'os sésamoïle externe qu'embrasse le
ligament glénoïdien. Cette luxation peut,
d'après 91. Farabeuf, présenter trois varié-
tés : dans la première, qu'il appelle luxa-
tion incomplète, la phalange seule est luxée
et il n*y a pas de déplacement des os sésa-
moïdes ; la luxation dite des collégiens en
est un exemple. La seconde variété, la
luxation complète^ est caractérisée par le
déplacement des os sésamoïd(*$ qni sont
montés sur le dos du métacarpi«*n. Enfin,
la luxation complexe, qui constitue la troi-
sième variété, n'e>t qu'une transformation
de la seconde ; elle peut être le résultat
d'un traumatisme complexe, mais le plus
souvent elle est produite par des tractions
qui sont exercéçs pour la réductinii du
pouce, soit par le malade, soit par le chi-
rurgien. Eu rabattant le pouce, on ne
ram«^ne pas en place l'os sésamoï le, on ne
fait que le retourner dans la position vi-
cieuse qu'il a prise ; pour que la réduction
fut possible, il faudrait produire entre les
surfaces articulaires, phaiangienne et mé-
tacarpienne, un écart supérieur à la lon-
gueur de l'os sésamoïle, ce que rendent
Impossible les ligaments latéraux.
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556
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
Cette luxation peut cependant être ré-
duite à Taide de certaines manœuvres,
M. .Faraljeuf commence d'nbord par reitres-
ser le ponce, puis dans cette position per-
pendiculaire au métacarpien qu'occupe la
phalange, il sdisil celte dernière et, grâce
à elle, repouss*^ le Itgainent glénoïdien et
son os sésarnoîdc jusqu'à ce que les deux
surfaces articulaires soient en contact. 11 a
du reste imaginé, à cet effet, une pince qui
lui permet de prendre un point d*appui
plus solide sur la phalange.
M. Le Fort fait observer que, dans les
cas où la luxation est ancienne, la réduc-
tion n'est possible qu'après la section du
ligament latéral ext<'rne.
{Bulletin général de thérapeutique.)
GruérSson d'un anévrysme poplité par
oooipresffio* au moyen de la bande d'Es-
maroh. - Un homme de Irente^sept ans
avait un anévrysme de Tartère poplitée
gauche, sacciforme, de volume considé-
ble, animé de fort» battements et survenu
depuis trois semaines, à la suite d'un
effort.
La flexion, puis la compression mécani-
que au pli de Taine, en deux points^ n'ayant
amené aucune, amélioration le docteur
Walter Reid se décida à employer le pro-
cédé dit d'Esmarch, pour produire Tisché-
mie des membres.
Le H septembre il roula la bande élas-
tique depuis Texl rémité des orteils jusque
vers le tiers inférieur de la cuisse, en ayant
soin de ne pas serrer au niveau de Tané-
vrysme, pour n'y pas déterminer de com-
pression. Puis il relira la bande de bas en
haut, jusqu*au dernier tour, qu'il laissa en
place. La circulation était complètement
arrêtée au-dessous du lien; le membre
avait une pâleur cadavérique et la tempé-
rature baissa peu à peu; t'anévrysme avait'
son volume ordinaire et ne battait plus.
Au bout de cinquante minutes, le malade
accusant des douleurs vives au-dessus du
siège de la constriction, on appliqua un
« compresseur de Carte > sur l'artère h
l'arcade du piibis, et on enleva la bande de
caouiehouc. Quelques minutes après on
enleva le compresseur lui-même; l'ané-
vrysme ne battait plus, et plusieurs petits
vaisseaux animés de fortes pulsations se
montraient autour du genou indiquant que
la circulation collatérale était en bonne
voie de formation. Néanmoins, on laissa le
compresseur en place jusqu'au lendemain
soir, en permettant au malade de l'enlever
de temps en temps. On ne sentit plus de
pulsations dans la tumeur, qui commença
à diminuer de volume les jours suivants.
La guéri>on parut assurée. Il n'y eut pour
tout accident qu'uno sensation d'engour-
dissement dans les trois derniers orteils et
quelques douleurs intermittentes dans le
côté externe de la jambe.
L'auteur s*applaudit de st>n procédé, qui
détermine en peu de temps la coagulation
du sang resté dans le sac au moment de la
compression. La détermination exacte de
ce temps sera à rechercher par des faits
ultérieurs.
Il est prudent aussi de lai<iser un com-
presseur en place après avoir enlevé la
bande élastique, enfin de ne pas exposer
les caillots nouvellement formés à être
chassés par le courant sanguin.
(Ibid.)
Greffe dermique. — Pour que cette
greffe donne de bons résultats, il faut que
la surface sur laquelle on l'applique soit
bien granuleuse. M. Ollier emploie des
lambeaux larges de cinq à six centimètres
et comprenant toute l'épaisseur de la peau ;
ils adhèrent rapidement et deviennent vas-
culaires dès le secoiid jour. Ces lambeaux
peuvent être pris sur des membres amputés
ou sur des sujets ayant succombé à une
mort violente ; enlevés huit heures après
la mort, ils ont encore pu reprendre. Ils hâ-
tent la cicatrisation non-seulement lorsqu'ils
se conservent intégralement, mais aussi
lorsqu'ils se résorbent, ce qui arrive sou-
vent. Les petits lambeaux moindres qu'un
centimètre carré sontd'un emploi beaucoup
moins ulîle. Lorsque l'on veut employer la
greffe dans les auloplasties, pour éviter la
rétraction des partiej, il est important de
le faire de très-bonne heure, alors que le
tissu inodulaire n*est pas encore formé.
«. {Journal de méd. et de chir, pratiq,)
Dénu dation de la carotide primitive.
— M. Verneuil rapporte le fait suivant au
nom de M. Nepveu. Un homme très vigou-
reux était atteint d'un énorme lympliado-
nôme du cou. dont on lui fit l'ablation avec
le galvano- cautère et Técraseur. Après
cette opération, la carotide se trouva dé-
nudée sur une étendue de trois centimè-
tres ; cependant le mala<le alla bien jusqu'au
treizième jour où survint unehémorrhagie.
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
557
Celle-ci fiit d'abord arrêtée par la compres-
sion digitale à la suite de laquelle survint
une hciiiiplègie avec état (riiébétudc pro-
foude^ puis, par Tapplication de pinces hé-
noostaiiques sur le vuissrau. Le malade
mourut un jour après, et à Taiitopsie, on
trouva un petit caillot au-dessus de la pince
et un autre dans la carotide interne au mo-
ment où elle traverse le rocher. Il est proba-
ble que lé cadiot s'ciait df^tyçhéau moment
où on faisait la compression digitale. Aussi^
iVl. Verneuil conr.hil-il que dans les cas
de dénudalion éten<lue de la caroli<le pen-
dant une opération» il est préférable d'en
pratiquer immédiatepent la ligature. .
{Ibid.)
Chimie médicale et pharmaceutique.
De la putréfaetion produite par les
bactéries y en présence des nitrates alca-
lins ; par M. MEUSEL. — On a admis jus-
qu'ici que la préseuce des nitritcs dans cer-
taines eaux naturrlles est due à une oxy-
dation de Tammoniaque.
J*ai rencontré récemment une eau qui,
fraîche, ne présentait pas traces d'ammo-
niaque ni même de nitrites. et qui, après
quelque temps, manifestait la présence ties
nitrites. Comme elle ne contenait, à Tétat
frais, aucune autre combinaison azotée que
Tacide nitrique, je ne pus attribuer la pré-
sence des nitrites qu'à une réduction <le
Taeide nitrique lui-même. Cette réduction
était produite par les animalcules connus
sous le nom de bactéries, que je pus ob-
server au microscope : aussi la réduction
cessa-t-elle dès que j'njnutai à cette eau de
l'acide phéniqur, salicylique ou benzoïque,
de l'alun ou même du sel de cuisine en so-
lution concentrée.
Pour vérifier le fait^ j'eus recours aux
expériences suivantes :
Je pris d'iibord de l'eau pure qui ne con-
tenait que quelques bactéries, et j'y ajoutai
des nitrates alcalins : je n'observai point
de réduction. J'ajoutai alors différents
corps organiques, comme de l'acide oxa-
lique, citrique, tartrique, etc. ; la réduc-
tion fut si lente, qu'elle n'était presque
pas manifeste.
Le phénomène fut tout autre lorsque, au
lieu de combinaisons acides, j'introduisis
des corps organit|ues du groupe des hydra-
tes de carbone, tels que la matière amyla-
cée, la cellulose, les sucres, etc. La pré-
sence de différentes espèces de sucre pro-
duisit surtout une réduction rapide : cette
réduction cessa dès que j'ajoutai de l'acide
phénique, de l'acide salicylique, etc.
De l'eau récemment distillée, mêlée avec
du sucre et des nitrates alcalins, puis
chauffée dans un ballon dont le col fut
fermé à la lampe pendant l'ébullition,
n'offrit aucune réduction, même après'des
semaines entières : il y avait absence de
bactéries.
Je crois pouvoir formuler, dès mainte-
nant, les conclusions suivantes :
1° La présence des nitrites dans l'eau
ordinaire est due à la présence des bacté-
ries, lorsque cette eau contient des nitrates
et des corps organiques, principalement
du sucre, une matière amylacée, de la cel-
lulose, etc.
2" Les bactéries sont les. agents de
transmission de l'oxygène, même lorsqu'il
est engagé dans une combinaison chimi-
que : c'est probablement à catise de la con-
sommation d'oxygène qu'ils effectuent que
ces animalcules sont si dangereux pour
l'homme.
3** Les nitrates sont utiles comme en-
grais, non-seulement par l'azote qu'ils
contiennent, mais aussi par l'oxygène à
l'aide duquel les bactéries détruisent la
cellulose.
4^ Il y a là sans doute aussi l'indication
d\\n nouveau point de vue auquel on peut
envisager l'étude de la putréfaction des
végétaux. [Journ. de pharm. et de chim.)
Sur la localisation de l'arsenic dans
les divers tissus des animaux empoi*
sonnés; par M. SCOLOSUBOFP, de Mos-
cou. — Il résulte des expériences de ce
savant que l'arsenic, loin de se localiser
dans les muscles, se condense tout spécia-
lement dans le tissu nerveux et qu'il n'en-
vahit que consécutivement le foie et les
muscles.
Les recherches ont été faites sur des
chiens, des lapins, des cobayes, des gre-
nouilles. Les animaux en expérience pre-
naient leur nourriture ordinaireadditionnée
d'un volume connu de solution titrée d'ar-
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!^»8
REVIJK ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
séniate de soude. M. Scolosuboff a remar-
qué que les chiens peuvent ab^^urber impu-
nément des quantités énormes d'acide arsé-
nienx qui .sont, pour nn mémo poids
d'animal, inofifensives h des doses de quinze
à dix -huit fois plus fortes que les doses
mortelles pour Thomme.
Pour retirer Tarsenic des tissus, Tauteur
a eu recours à la nouvelle méthode qui a
été indiquée récemment par M. A. Gau-
tier. Elle consiste, on le sait, à dissoudre
la matière organique dans Tacide nitrique
mêlé d'un peu d'acide snlfurique, à dessé-
cher presque, à ajouter alors un peu
d'acide sulfurique, a chauiïer jusqu'à ce
que les vapeurs d'acide sulfurique com-
mencent à se dégager, et à ajouter alors,
-goutte à goutte, de l'acide azotique pur.
Cela fait, on chauffe jusqu'à commence-
ment de carbonisation, et l'on épuise le
tout par IVau bouillante ; la liqueur, traitée
à chaud et longtemps par rhydro<;rne sul-
furé, laisse précipiter le sulfure d'arsenic,
que Ton transfornie par les moyens ordi-
naires en acide arséniqué et qu'on verse
dans l'appareil de Marsh.
C'est surtout dans la substance nerveuse
que se concentre, avons-nous dit, le poison.
Ainsi, chez le chien, la quantité d'arsenic
retirée de 100 grammes de muscles frais
étant égale à 1, celle de 100 de foie égale
10,8; celle de 100 de cerveau, 56,5; celle
de 100 de moelle égale 37,3.
Les. résultats sont plus frappants peut-
être dans les empoisonnements aigus. On
les obtenait en injectant sou.< la peau de
l'animal des doses connues d'arséniate de
soude.
L'arsenic se localise donc tout spéciale-
ment dans le tissu nerveux des animaux
empoisonnés, et dans les empoisonnements
aigus, qui sont les plus fréquents, l'expert
légiste devra r^-chereher ce mélalloïde sur-
tout dans le cerveau des victimes, le foie,
quand les accidents ont été très-rapides,
pouvant quelquefois n'en point contenir.
D après M. Scolosuboff. c'est parTaclion
des centres nerveux sur les organes péri-
phériques que doivent s^expliquer, chez
les individus .soumis aux arsenicaux, l'atro-
phie et la paralysie musculaire. ain.si que
les aberrations de sensibilité que Ton ob-
serve surtout sur les extrémités des sujets
soumis à Tact ion de ce terrible poi.son.
La localisation de l'arsenic diins le tissu
nerveux pourrait s'expliquer peut-être par
la substitution de ce métalloïde au phos-
phore dans les lécitbines cérébrales, {ibid,)
Note sur la nanîère 4e séparer la
oholestérine des matiéret grasses ; par
M. A. COMMAILLE. — On éprouve de la
dilBculté à séparer la chole.>«térîn!' des ma-
tières grasses. On lit souvent dans les ana-
lyses : « Matières grasses et ^holc^térine, s
parce qu'on n'a pas pu isoler celle-ci de
celles-là. Voici un procédé qui m'a parfai-
tement réu*<si. Il est basé sur la propriété
que possède la choleslériae de résister à
l'action des alcalis même concentrés et
bouillants.
J^avais à rechercher si la matière hui-
leuse extraite d'un foie malade ne conte-
nait pas de clndcstérine;. matière qui avait
été enlevée à Taide de l'éiher ordinaire et
qui se dissolvait entièrement dans l'alcool
à 85».
Pour enlever la cholestérine, j'ai sapo-
nifié la matière grasi^e par la soude caus-
tique et, après refroidissement et dissolu-
tion de .la masse savonneuse dans Tcau,
j'ai agité avec de l'éther. Celui ci, séparé
et évaporé, a donné de nombreuses lames
de choleslérine.
La séparation de ces substances, souvent
très-difficile, devient ainsi des plus nettes.
(Ibid.)
Note sur le dosage de la caféine et la
solubilité de cette substance ; par M A.
CO>LM AILLE. — Le dosage de la caféine
a présenté Jusqu'ici une certaine difficulté.
J'ai obtenu des résultats excellents et
prompts de la manière suivante.
J'opère sur 5 grammes seulement de
poudre de café, passée au tamis de soie
n" 60. La poudre est intimement mêlée à
i gramme de magnésie calcinée; avec ce
mélange, je forme une pâte presque ferme,
qui devient de suite jaune, puis verte, au
contact de l'air; cette pâte est ab.mdonnce
pendant vingt -quatre heures. On l'étalé
alors sur une soucoupe, qui est placée sur
l'eau bouillante : en très-peu de temps,
on a une masse solide qu'on triture et
tamise. Cette poudre verte est introduite
dans un petit ballon et traitée, comme l'in-
dique Lieventhal, à trois reprises, par du
chloroforme anhydre (100 grammes, en
trois fois, suffi.^ent pour l'épuisement),
qu'on porte à rébul|ilion pendant une
demi heure chaque fois, en plongeant le
ballon dans de l'eau maintenue chaude.
Le chloroforme reflue dans le ballon, en
employant simplement le réfrigérant de
Liebig rempli d'eau et relevant Textréaiité
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REVUE ANALYTIQUE ET CKITIQUE.
559
«pposée à celle où est attaché le ballon.
La liltralioii du chlorofonue pofroMi est
des plus rapides. Le liquide, parfaiiemont
incolore, est reçu dans un ballon ayant le
col de même diamètre que celui qui a svrvi
à rè|)ui>emont, afin qu'il puisse s*adap(er
aisément au bouchon flxé aii réfri<{érant.
On ttistille le chloroforme en abaissant
• rextrémité qui éiait primitivement relevée.
Quand le cidorurorme esl évaporé, on
détache le ballon, <'t l'on chasse h's der-
nières parties du liquide, en introduisant
dans le goulot, la douille d*un soufflet,
qu*on fait jouer en maintenant le ballon
dans l'eau bouillante. Il reste une matière
à peine colorée, assez volumineuse, formée
de maiière»i grasses et cireuses et de caféine,
qui crislalll,se sur les p:irols du ballon et
présente à la loupe de longues ai;;uilles.
On verse de Peau dans ce ballon, et,
pour que la masse grasse se détache et se
délaie facilement, j'ajoute iO f^rammes de
verre pilé, livé à l'acMe chlorhy«irique et
de la grosseur de la poudre qui sert à sé-
cher l'encre, ce qui coupe court aux re-
proches de Wurihner sur la dilliculté qu'on
éprouve à épuiser le résidu chloroformique
de la caféine qu'il contient. On chauffe ce
mélange, en Tagitant continuellement sur
la flamme d'une lampe à alcool. Quand
Peau entre en ébulliîion, on ferme le fla-
con avec du liège, et l'on secoue vigou-
reusement. Les parois se nettoient parfai-
tement et souvent toute la matière grasse
vient s'agglutiner au verre pilé, en produi-
sant de petites boules. On jetie sur un
filtre mouillé le liquide, qui est reçu dans
une capsule tarée En renouvelant trois
fois l'aciion de IVan bouillante, on enlève
toute la caféine. Eu évaporant l'eau au
bain marie, il reste de la caféine blanche
et cristallisée, qu'on n'a plus qu'à peser,
après l'avoir séchée convenablement. J'ai
dosé ainsi la caféine dans 8D cafés, appar-
tenant à p'.us de 50 espèces.
Solubilité. — Les auteurs ne s'entendent
pas sur la solubilité de la caféine. Pfaff la
dit insoluble dans l'éther; mais la plupart
des auteurs donnent 1/1 9i pour sa solubi-
lité dans ce liquide. On Ta dit soluble dans
98 parties d'eau et 97 d'alcool. On admet
que le meilleur dissolvant est le chloro-
forme. Les chiffres que j'ai obtenus, avec
la caféine très- blanche, parfaitement cris-
tallisée, extraite du thé, sont résumés dans
le tableau ci -après.
100 grammes
deUauiile
dissolV' nt,
ài.V 17», en caféine
CoefBeient de
solubilité,
à 15' 17» de la
cafél'Ue.
100 grammes
de lii|iiideiiissolvent
à l'ébiillUion
en caréini'.
Coefficient
desolubitéà
IVbuhiiion
d<' lacafd'iA
Hyuiaiee. Âuii)die. Hydratée. Aalijdre. Hydratée. Aiiuydre. Hydrjiee. Anuydre.
Chloroforme.' . . .
Alcool à 85». . . .
Eau (il
Alcool absolu . . .
Etherdu commerce.
Sulfure de carbone.
Eihcr purifié et an-
hydre . . . . .
Essence de pétrole.
2,51
1,47
»
0,!2i
12,97
2,30
f,35
0,61
0,19
0,0585
0,0437
0,0'25
40
1
68
»
476
7,72
_[_
44,4
J^
74,2
1
164,7
1
5-26
J
1709
1
2388
I
40U0
» 19,02
» »
49,73 45,55
» 3,12
» 0,454
* 0,36
2,01
1
5,25
»
1
2,19
J_
3â
277
Si le laeille'ur dissolvant de la caféine,
h froid, est le chloroformé à rébùliition,
l'eau en dissout beaucoup plus, puisqu'à
65 degrés température à laquelle je me
suis arrêté, faute d'une quantité suffisante
de caféine, niais qui se rapproche du point
d'ébullilion du chloroforme, l'eau dissout
(1) LVaa était à 65 degrés et non bouillante.
50 pour 100 de caféine et le chloroformé
20 pour 100 environ. On voit que les
nombres qui sont indiqués ici diffèrent
totalement de ceux qui sont admis. Ainsi,
j'ui trouve, pour solubilité dans l'eau,
1/08 au lieu de 1/28; pour soluhililé dans
l'alcool, 1/164 au lieu de 1/97, et pour
solubilité dans l'éther, 1/2288 au lieu de
1/194. Conformément à Topinion de Pfaff,
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560
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
la caféine est à peine soluble dans l'^ther
pur.. Il est présuiuable que les auteurs ont
opéré avec des liquides ou des caféines im-
pures.
(Répertoire de pJiarmacie,)
Sur l'aotion physiologique du cuivre
et de tes oomposët sur les aoimaux ; par
MM. BURQ et DUCOM. — Dans une pre-
mière noie coiitniuniquée à la Société de
pharmacie, dans sa dernière séanite» nous
avons eu l'honneur d exposer sommaire-
ment : 1<> Taction du cuivre mélaliiqne et
de ses oxydes sur les chiens ; 2" Taction
sur les mêmes animaux, des aliments con-
servés dans des vases de cuivre non étajnés.
Nous venons aujourd'hui soumettre à la
Société le résumé de nos expériences con-
cernant l'aciion sur les chiens, des sels sp-
lubles di' cuivre.
Nous avons essayé l'action des sels solu-
bles de cuivre sur huit chiens, en nous
plaçant dans les conditions établies dans
notre première noie ; il importe, surtout
ici, de dissimuler aux animaux la présence
des sels de cuivre qu'on leur administre,
car ces sels, mélangés simplement aux ali-
ments, leur communiquent une saveur si
désagréable, que les chiens les refusent
avec opiniâtreté et ne les absorbent qu'à la
dernière extrémité.
Les sels solubles de cuivre que nous
avons administrés sont : le sulfate, Tacé-
tate neutre et le chlorure double de cuivre
et d*ammoniU(ii.
Nous résumerons les résultats que nous
avons obtenus de la manière suivante :
Les sels solubles de cuivre donnés aux
chiens progressivement, depuis la dose de
10 centigrammes jusqu'à 4 graumie par
jour, sont facilement tolérés et n'amènent
en général aucun accid^?nt ; lorsqu'on dé-
passe la dose de 1 gramme et qu'on Téiève
à 2, 5, i grammes par jour, les animaux
sont encore bien portants et ils mangent
bien leur pâtée; mais le plus souvent, au
bout d'une heure ou deux, ils vomissent
une partie plus ou moins importante de
leur ration ; on peut néanmoins continuer
le plus souvent à leur fiire prendre, dans
ces conditions, ^, 3 et 4- grammes de sel
de cuivre par jour; mai:» il arrive un mo-
ment où les chiens refusent obstinément le
bol enivré d'aburd, puis la pâtée qui ne
contient pas de cuivre; ils maigrissent
alors rapidement, et finissent par succoni -
ber au bout de quelques jours sous l'in-
fluence évidente du régime auquel ils oot
été soumis.
Dans nos premières expériences, sur six
chiens soumis à faction des sels sol u blés
de cuivre, trois ont succombé, deux après
avoir pris de l'acétate neutre, le troisiènbe
après avoir pris du chlorure de cuivre et
d'ammoniurii ; les trois autres, trés-amai-
gris, ont été pendus pour être soumis à
l'autopsie.
Dans une nouvelle série d'expériences
portant sur deux chiens, et qui dure en-
corCrnous sommes arrivés progressivement
à donner à chacun d'eux, 4 grammes de
sulfate de cuivre par jour ; ils vomissaient
plus ou moins abondamment chaque jour,
mais ils ne paraissaient pas malades, et
après ai'oir pris du 8 au 31 juillet 1875,
le premier 23 gr., 60, le secon>i 27 gr., 50
de sulfate de enivre, ils avaient conservé
leur gaieté et leur appétit^ remis à leur
régime ordinaire depuis le l«'août, ils pa-
raissent être aujourd'hui dans un état de
santé parfaite.
Ajoutons, en terminant, que dans les
viscères des douze chiens mis en expé-
rience dans la première phase dé notre
travail, nous avons constaté la présence
d'une quantité mttable de cuivre (f ).
[Journal de pharmacie et de chimie.)
De quelques propriétés du peroblo-
rure de fer; par M. le docteur Hbnri
ALMÉS. — L'auteur attribue au distingué
chimiste Carlo Pavesi la constatation i\es
propriétés qu'il signale et qu'il a vérifiées
par ses propres expériences.
I" Le perchlorure de fer préserve de la
putréfaction la viande et le poisson qui ont
été plongés dans une solution étendue de
ce sel et qui, ensuite, exposés à l'air, se
durcissent et se conservent exempts de
mauvaise odeur.
2" Une petite quantité de perchlorure
de fer dans du lait en précipite la caséine
et conserve le sérum et le beurre contre
toute décomposition pendant très 'long-
temps.
3* L'urine additionnée d'une petite pro-
portion de perchlorure de fer donne immé-
diatenient un dépôt blanchâtre, et, bien
qu'elle reste exposée à l'air, le dédoubte-
(1) Des expériences semblables suivies de ré-
sultats ana'ugues aviiienl été <lcjù Tailes et pu-
b.iée^ il y H plus de 15 ans par M le doclsur
Ë. Pelikan de Saiot-Pélersbouig.
Dr T. 0. rORPUT.
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
561
ment de Turéc en ammoniaque se trouve
empêché el le liquide se iiiaîu^ient ino-
dore.
4° Le sang récemment extrait de la
veine et additionné d'un pou de perchlo*
rure de fer forme imméiliatcment un coa-
gulum épais, et expoé à Tair, il se con>
serve exempt de fermenlaiion putride.
tt" Les graines des céréales qui ont subi
pendant douzv heures une immersion dans
le perchlorure de fer sont inaptes à la ger-
minatiitn.
6" Une solution de perchlorure de fer à
laquelle on ajoute de Tammoniaque pur.
en excès, donne un précipité Je peroxyde
de fer avec déj^agement d^ammoniaque.
Il se forme, outre le précipité de peroxyde
ferrique, de l'hydrocldorate d*ammoniaque
qui reste en solution et dont Podeur se fait
sentir jusqu'à ce q.ie l'excès d'ammouiaque
soit neutralisé par le perchlorure.
7« La solution de perchlorure de fer
versée sur un papier imprégné d'iodure de
potassium donne trcs-promptement la co-
loratiun bleue, sur le papier imprégné de
teinture de gaî:ic Iq coloration azurée. Ces
réactions sont produites, selon l'auteur,'
par Tozone ou oxygène mo lifîé qui exerce
une grande influence hygiénique sur l'or-
ganisme anim il en le préservant des mias-
mes contagieux de plusieurs maladies infec-
tieuses.
8» La graine de moutarde et les amandes
anièrcs réduites eji pâle et mises en con-.
tact avec le perchlorure de fer perdent la
faculté de produire Thuile essentielle qui
leur est propre.
0» La solution de perchlorure mêlée à
la farine de froment et au levain empêche
la fermentation panaire; mêlée au moàt
de raisin elle empêche la fermeutaiion
vineuse ; mêlée au miel ou au sucre, elle
prévient la fermentation alcooliifue.
40" Le perchlorure de fer mêlé au mer-
cure métallique et à Taxonge destinés à
faire de la pommade mercurlellr: donne en
moius d'un quart d'heure de trituration un
onguent hyilrapgyrique très bien fait.
C'est une méthode artificielle à employer
pour obtenir cette préparation en très- peu
de temps.
La médecine et la chirurgie ont dans le
perchlorure de fer un médicament qui
non-seulement est un hémostatique, un
astringent et un anti fermcni.itif, mais qui
de plus, est antiseptique, reconstituant et
désinfectant, i/auteur le recommande à ces
divers titres dans le traitement des plaies
et généralement contre toutes le» maladies
internes infectieuses.
{Journal de pharmacie d'Anvers.)
Sur la pilooarpîne et sur l'etsenoe de
Pilooarput pîanatut (jaborandi); par
M. le docteur Ernest HARDY. — Les
feuilles et les tiges du Pilocarpus pinnatus
contiennent un alcaloflé, 1j pilocarpine,
qui donne à celte plante ses propriétés
physiologiques et thérapeutiques particu-
lières, une essence, el divers sels qui. n'ont
poi'it été examinés. La meilleure manière
pour obtenir la pilocarpine consiste a faire
une infusion des feuilles de la plante, éva-
porer en consistance sirupeuse, mélanger
avec un excès de magnésie, évaporer à sec,
reprendre le mélange parle chloroforme;
on reprend par l'eau ; on évapore le chlo-
-roforuie en plaçant la solution dan<« le vide ;
l'eau se <léga:;e et on obtient la pilocarpine
libre, sous une forme sirupeuse, soluble
dans l'eau et dans l'alcool, et donnant,
avec les acides chlorhydrique, azotique,
sulfuriqiie, des sels cristallisés.
So<imises h la ilislillalion avec de l'eau,
les feuilles du PUocnrpus pinnatus fournis-
sent une essence qu'il est facile de recueil-
lir dans un récipient florentin. Dix kilogr.
de feuilles ont donné 56 grammes «l'essence
brute. Celte essence a une composition
complexe; elle renferme un carbure d'hy-
drogène bouillant à I7S degrés, une sub-
stance passant à ilSO et un troisième produit
qui distille à une température plus élevée,
et se prend après quelque temps en une
masse solide, incolore et transparente ; ces
deux derin'ères matières n'ont pas été l'ob-
jet d'études ultérieures.
Le carbure d'hydrogène bouillant à 178
degrés, le pilocarpènC; est un liquide in-
colore^ transparent, mobile, d'une odeur
spéciale, as*«ez agréable, plus léger que
l'eau ; sa densité à 18 degrés est de 0,85:2,
il dévie la lunn'ère polarisée à droite, son
pouviur rotatoirc est -h 1,21. Sa composi-
tion correspond à la formule C"^H".
Il forme avec l'acide chlorhydrique un
bichlorhydrate solide, et un bichlorhydrate
liquide, C"H*«2HCI On les obtient en fai-
sant passer un courant d'acide chlorhydri-
que sec dans le pilocarpène libre ou mé-
langé d'éther.
Le chlorhydrate solide est un corps cris-
tallisé, incolore, transparent fondant à
45^,5. 11 cristallise immédiatement quand
on ajoute à ses solutions saturées un crisial
71
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56^
BBVUB ANALYTIQUE £T GAlTlQUfi.
de chlorhydrate de térébenthine; ildonne,
avec les solutions de perchloriirc de fer»
la coloration succcssivemefit rose, ronge,
bleue, caractériNliquo des bichlorhydratcs.
On s'rsl assuré que daus la réaction il ne
se produisait pas de uiouochinrhydrale, ou
can)phre artificiel. l/cssenc«* de PiJocarpm
pinnaius prc.seni(^ bciiuroup d*aiialogie avec
Tessence de cilron ; elle ne parait pas avoir
d^action physiologique.
Je remercie MM Rigault et Dusart de
Tobligcauce avec laquelle ils nroni fourni les
n^atières nécessaires pour ces recherches.
Ce travail a été fait à TEcolc de méde-
cine, dans le laboratoire de M. Jules Ré-
gna u i t . ( Répertoire de pharmacie.)
Sur uinç nouvelle réaction des îodates
et dea iodurei ; p.'ir M. CORNE. - Si à
une solulion d'un iodate dans Teau distillée-
on fijouie de Tcmpois d'amidon éi quelques
gouth'S d*uuc Ciiu qui a séjourné sur du
phosphore, on obtient une coloration bjcue
très- intense.
H m'a paru intéressant de reehrrcher :
1" Si celte réaction était particulière à
rioilale, ou bien si «die é^iit le résultat
dNin mélange de cet iodale avec un autre
corps ; 'Â" qi.irls étaient les corps qui pou-
vaient empêcher la réar^tiou de se pro-
duire ; 5® enfin qntdic est la composition
de celte eau phosphorée, e.t h quel éléuM'Ut
1^ rcdurtion «levait être attribuée. El c'est
à, ce tti|de point de vue que j ai réa.lisé les
expériences suivantes.
Après avoir préparé de Tiodat^e chimi-
quement pur rt de Tiolure égalemept
exempt di> toute impureté, j'ai pu consta-
ter que riodate au contact de ramiilon et
dç l'eau plio>phorée déyebippa^t ipsianta-
nément la coloration bh-ue, taD«lis que l'io-
dure placé dans les méq^es eopditioi^ pe
donnait pas t,race d([> coloration.
J'ai mélangé riodate succe^siv.enxent avec
des ari.les, des bM-'fs, des sels, et après
avoir opéré coin me précé leuimi»»t, j'ai pu
nrassiirer que toutes les fois que les agents
çni|>loyés n*a.vajeut pas fait subir «le trans-
formation à riodate, le réactif s'c^t toiijt^iurs
njpntré tel q^e dans la réaction pure.
Je me suis dei^andé quel était le cor;)sré-.
dy/:teurqui p(»uvait mettre l'iode en liberté.
L'agent principal de la liqueur ei»L ce que
l'on désigne en chimie sous le nom d acide
phosphulique ; c'est un composé en pro-
portion inégale et variuble d*acide phos-
pborique et d'acide phosphoreux ; après
avoir constaté que Taeide phoa^horique ne
produisait pas la réaction, tandis que r«-
cide phosphoreux la produisait au plus
haut degré, j'en ai conclu que le phéno-
mène de coloration était du à l'acide phos-
phoreux.
Un chimiste italien, M. Pollacci» pense
que lorsqu'on met une lamelh* de phos-
phore en contact avec un iodate. la réac-
tion se produit ; mais ct-ttc interprétation
(\i*& faits ne me semble pas exacte. En effet,
si l'on a soin de mettre dans la liqueur un
moiceau de phosphore lavé et desséché
dans du papier Joseph, aucune réaction ne
se produit tout d'abord, mais elle a lieu à
la longue, et si ce chimiste a obtenu im-
médiatement la coloration bleue, cela tenait
à ce qu'il n'avait pas pris les prr>eautions
que je viens d'indiquer, et que le morceau
de phosphore était imprégné d'eau phos-
phorée.
J'ai pu vérifier par des expériences faites
«vec le plu.s grand soin que le réaoïif pbos-
pjia tique est san$ action sur les bromates
et les chJor.-ites.
Son action sur les arséniAtes est égale-
ment nuille.
L'eau phodphoréc peut égalcmciit être
utilisée pour la recherche «lies iodures. Ou
sait depuis longtemps que si Ton ajoute
quelques goutter d'une s(dution d'hypo-
chlorite à un mélange d*ludure etd'ami«loQ,
ou a iuiDicd internent une roloratiou bleue;
rpais dans le cas où il y^ a ewsès d'hypo-
chioritc, la coloratiun n'est que pa*^sftgè«e
et dans plusieurs circonstances, elle peut
même ne pas se produire. J'ai pu cunsiater
que toutes les causes d'erreur potuvaient
Cire évitées en faisan.! usagç de l'eau pbos-
pjl^orée et en agissant de I9 w^J^nipre sui-
vante. On preQd la liqueur à ana^&çr^ o«
y ajoute quelques gouttes d'hypocblorite
de soude, onfailbQuiJiir pendant quelques
minuti!^; rhypochlorite transforme î'io-
dure en iodaie q,ui avec, l'eau pjifosphorée
et l'amidon produit U coloration bb'ue.
Cette manière d'opéier m'a peniMH de dé-
celrr la pnsen/ce d'un,e goutte de solution
d'iodurc de potassium au i|. Q tlaiQ& un
Litre d'eau. Ce réactif m'a pMru plus sen-
sible et plus sur que tous les réaciiX». am-
ployés ju,squ'aiors.
{•lournfUi, de pharniwie et de cAt.«iie«)
QnaoUtéa d'aaote et 4*»gNa»onjaqma
qonteQwef, d,aas 1|Bs betl^ravai.j par MM,
CHAMPION et PELiST, ^ Oo peut
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RSVBB ANALYTIQUE ET CRITIQUE
563
déduire des exp^mnces des auteurs les
eonci unions suivantes :
i*» Pour un incme terrain et pour une
même dose «razote dans l'engrais, l(>s bet-
teraves coniif'iinent d'autunl |dns d'azote
qu'elles sont plus riches en sucre.
2* Pour une même richesse saccharine,
les betteraves contiennent d'autant plus
d'azote que Tengrais était plus azoté.
3*' La proportion li'aiiimoniaque, dans
les betteraves, diminue lorsque la richesse
aujzmente.
Ces mêmes relations ont lieu pour la
canne. (Ibid,)
Sur la struetore intérieure du grêlon
ai ton mode de fornation probable; par
M. A ROSENSTIEHL. — En poursuivant
si'S études sur les mouvements de Tatuio-
sphère terrestre, M. Paye a été conduit à
s'occuper de la formation de la grêle. La
lecture de cet expose si luride me rapp^^lie
une observation que j'ai faite sur la struc-
ture «intérieure du grêlon, et qu'il n'est
peut être pas sans intérêt de faire connaître
aetueUemeHt : elle vient appuyer, tians sa
partie essentielle, l'explication donnée par
réminent astronome.
C'était lors ^i'un orage à grêle, qui s'est
déehargé sur Mulhouse, le 19 mai I87i,
entre une et drux heures de l'après-midi.'
Les gréions ét:ii4'nt toiiibés en grande abon-
dance, et en peu d'insianis. le sol «k* mon
petit jat-din avait'été couvert d'une couche
de grêle qui, par places, avait 10 centi-
mètres d'épaisseur. Les grélotis étaient de
plusieurs dimensions; le plus grand nom-
bre mesurait lO à 15 millimètres; mais
beaut;oup avai<*nt 4 à 5 centimètres de
diamètre C'est la seule fois que j'aie été
témoin d'un orage à farcie \ aussi en ai je
observé quelques déiaih avec un vif inté-
rêt. Les petits gréions étaient sensiblement
sphériques ; les gros, au contraire, étaient
fortement aplatis^ et leur surface, loin
d'être unie, élait entièrement couverte de
mamelons d'au moins 1 centimètre de dia-
mètre ; on aurait ilit une ag^^lootératlon de
petits grêlorïs : c'est là l'impression que
produit généralement l'aspect des gros grê-
lons, et on la trouve énoncée dans la plu •
part des orages à gréie; mais telle n'est
point cependant leur structure intérieure.
Comme j'avais abandonné plusieurs beaux
exemplaires sur le plateau d'une balance,
après en avoir déterminé le poi<ls moyen,
qui était de 55 grammes, il arriva que la
face en eontact avec te méf al conducteur
du plateau fondit plus rapidement que ta
face opposée ; l'épaisseur en fut réduite de
Oiottié, de sorte que, en retuurnaht les
gréions, j'eus sous les yeux une coupe
faite par leur milieu, coupe à surface par-
faitement polie et d'nn fort bel aspect ; à
première vue on y distinguait des cercles
concentriques, qui, d'une forme presque
régulière vers le centre, se déformaient en
«'agrandissant et tendaient à devenir paraN
lèles aux cont<Mirs ext»Mieurs du giêion.
Les zones ainsi limitées étaient d'une opa-
cité diffén-nte ; en outre, et c est là le fait
sur lequel je désire appeler l'attention, je
reconnus distînctem«'nt des fibres, qui par-
taient d'un noyau intérieur et se diri«reaient
vers la circonférence en ligne «Iroiiè, comme
les rayons d'une roiie ; ces fib»'es se pro-
longeaient dans les mamelons cl s'y éta-
laient en éventail, en rayonnant vers l'ex-
térieur. La masse entière dp grêlon était
ainsi finement fîhreuse.
Il résulte d*abord de cette description
qu'il try a fias eu agglomération de plu-
sieurs petits grêlons, ainsi que l'aspect
extérieur pouvait le faire croire, mais que
le gros grêlon ne constitue qu'un seul in-
dividu.
Avant celle époque, j'avais eu assez
fréquemment l'occasion de répéter les ex-
périences fondamentales sur les solutions
salines sursH.turées et les corps à l'état de
surfusion ; on sait que si, dans un pareil
milieu, on introduit subitement un germe
cristallin d'une nature appropriée, on voit
partir, de ce noyau cninme centre, îles
houppes d'aiguilles qui s'élancent dans
toutes les directions : l'ensemble, d'une
forme >phérique ati début, se déforme ra-
pi«lemrnt à meâure que lés ai;ruilles s'al-
longent; peu tl'instanls avant que le con-
tenu liquide du vase ne soit entièrcaiént
pris en masse solide, faspeet général est
celui d'une portion de sphère a surface
mamelonnée. L'analogie entre la structure
des grêlons et eelie d'une masse eristidline
formée dans un milieu à l'état de siirfu-
sion est si frappante, qtte je considère
cette comparaison comme le eonipléméirt
de la description.
Si je n'ai pas fait connaître plus tôt le
résultat de mon observation, ce n'était pas
la difficulté de coneevoir un tiuage en état
de surfusron : s'il est possible de refroidir
de l'eau liquide à 10" au-dessus de son
point de congélation, sans qu'il y ait chan-
gement d'état, n'est -il pas permis de croire
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564
REVUE ▲NAITTIQUE ET CRITIQOË.
que la temp<^ratiiré d*un nuage, qui est un
amas de fine poussière (Peau en suspension
dans Tair, puisse s*abnisser, dans ccrtaiusS
cas, de manière à se trouver dans cet état
si propice à une congélation rapide? La
difficulté résidait dans rimpossibilité où
j*étais de nie ren«ire compte de l'apparition
subite de germes cristallins dans le sein
d*un nuage. La lecture cte la dernière com-
munication de AL Paye me parait montrer
par qurile. voie cette intro«iuction. peut se
faire. Que Ton se figure, au-dessus d'une
nappe de nuages à Tctat de surfusion, des
ciriîius composés de fines aiguilles <<e glace,
ainsi que Péminent académicien le décrit,
et entraînés vers le bas par le mouv<?ment
tourbitlonnaire qui accompagne les orages;
à Tjnstant même où les aiguilles, de glace
pénétreront dans le nuage refroidi, la
cristallisation commencera sur toute la sur-
facti lie contact ; autour de chaque glaçon,
quelque petit qu'il soit, comme centre, se
grouperont, dans tous les sens, des fais-
ceaux cristallins dont Tensemble consti-
tuera le grêlon, et dont Taccrpissement
sera d'autant plus rapide que la tempéra-
ture du nuage aura été plus basse. (Ibid.)
Le verre trempé, par son aspect, ne dif-
fère pas du verre recuit : cependant on y
observe plus fréquemment que dans ce
dernier la présence de bulles, qui atteignent
parfois un volume considérable. Les au-
teurs ont observé que ces bulles se forment
presque subitement, au moment de la
trempe, dans du verre en apparence bomo-
gëne. En opérant sur de grosses boules en
verre, de Saint Gobain. on remarque
qu'elles laissent déj^ager, au moment de
leur brusque solidification à l'uir, àes
bulles assez nombreuses qui restent empri-
sonnées dans leur masse. Si l'on diauffe
Texlrémité d'une baguette en verre plus
fortement que l'autre, on constate que la
partie la plus fortement trempée renferme
des bulles d'un volume plus grand que
celle qui a été moins trempée. Ce sont donc
les bulles très-petites contenues dans le
verre qui subissent, par le fait de la
trempe, la dilatation énorme qui les amèoe
au volume qu'on observe dans le verre
trempé.
Au moment où le verre se trempe, sa
densité diminue et son volume augmente.
Des bulles à peu près spliériques acquièrent
ainsi un volume très considérable. (Ibid.)
Recherche • sur le verre trempé ; par
MM. DE LUYNES et FEIL. - La cassure
du verre treqipé présente de l'analogie
avec celle des larmes baiaviques ; cepen-
dant dans quelques cas particuliers, il est
possible <le le scier ou de le percer sans
déterminer sa rupture. Ainsi un disque
peut être percé à son centre sans éclater.
Une plaque carrée de glace de Saint- Go-
bain trempée montre, lorsqu'on l'examine
à l'aide de la lumière polarisée, une croix
noire dont les branches sont parallèles aux
côtés du carré. 11 est toujours possible île
scier la plaque suivant ces directions sans
qu*elie se brise; mais en dehors de ces
lignes, on ne peut pas parvenir à scier ou
à percer la plaque sans la briser.
En regardant à la lumière polarisée les
deux fragments provenant d'une plaque
carrée sciée en deux, on aperçoit Aes
bandes noires et des franges colorées dont
la disposition prouve que l'état moléculaire
des fragments n'est plus le même qu'avant
le sciage. Avec des plaques très-minces, la
trempe est plus uniforme, et, la tension
étant plus forte suivant les petites dimen-
sions, la brisure est plus régulière que
dans les blocs et les plaques d'une certaine
épaisseur.
Hiait. nat. médicale et pharn.
De rhuile de Bankoul ; pnr le docteur
E. HECKEL, professeur agrégé à T Ecole
supérieure de pharmacie de Montpellier.—
Depuis les communications récentes de
M. Gorenwinder à l'Acatiémie des sciences,
les hommes spéciaux s'intéressent au ban-
koulier [Aleurites triloba Forsier, Aleuritet
umbimix Person, Croton moluccanum L.)
et de rhuile que son amande fournit en
abondance. Le savant chimiste de Lille a
présenté ce produit comme offrant des
avantages sérieux au point de vue médirai
et économique : or, comme pendant deux
années passées en Nouvelle Calédonie(1868
et 69), j'ai eu à m'occuper de ce produit
très-commun dans le pays, comme d'autre
pari je n'ai pas confirme les assertions de
M. Corcnwinder après une étude très -sui-
vie, je crois de mon devoir de venir rap-
peler et développer les observations que
j*ai déjà eu l'ocnasion de faire connaître
dans une de mes publications {\). Je serai
(1) Histoire médicale et pharmaceutique
des prtncionux agents méiiramenleux «n-
iroduitt en thérapeutique ftepu's ces dix der-
nières années . Bruxelles, H. Manceaax, 1874.
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RBVUfi ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
d6S
beurfoz 81 j*8rrive par ce moyen i^teindr<9
certaines e^ppranct's cliiiiieriquos qui pour-
raient se buser sur des opinions hasaniées
et qtii ne «ont certsinenusnt paâ le fruit de
FeJipénnienlaiion.
Le noyer de bankùul ou noyer des Molu-
questsi un grand arbre de la famille des
Eupkorbiacées très -répandu dans les pays
tropicaux. Il croit spontanément et a
profusion dans les Moluques et dans le
plus grand noinbic. des îles de TOcéanie
(Sandwich, Tahiti, Nouvelle-Calcdonie,
Fidji, etc.), il a été naturalisé aux Antilles
et à la Réunion, ses produits nous vien*
nent surtout de ces deux colonies.
La partie la plus employée et la plus in-
téressante est le fruit qui ressemble ass€*z à
une noix (de là le nom de Tarbre) et dnnt
Tamande fournit avec abondance une huile
que Pon dit purgative. Beaucoup d'auteurs
se sont occupés de ce produit, mais les
travaux Irs plus importants sur la matière
sont dus à MM. Cuzenl, O'Rorke, Payen,
de iMondcsir et Serres. M. Corcnwinder
a répété après ces auteurs que cette hnile
est drafiiqne. Mes expériences sur ce
produit ont été assez prolongées pour que
je puisse me permettre de me pronon-
cer avec maturité, et je ne crains pas
d'aflirmcr que cette huili' ne peut en au-
cune Caçon, dans les conditions normales,
être couMdérée comme agissant ii la façon
de rhulle de riein, par exemple. Pendant
près d'une année, à l'hôpital militaire de
Nouméa, ayant manqué de ce dernier pur-
gatif, je dus y suppléer par remploi de
celle du bankoul que je préparais moi-
même et avec des noix les plus fraîches
possible. Dans aucun cas je n'ai bhtena
d'effet sérieux sans eropl«»yer la dose de
80 /grammes : à 60 grammes elle n'agissait
que comme laxatif très-léger. Peut on
-réellement dire qu'à cette dose.nne huile
agisse aul rement que comme corps gras?
L'huile d'olive, d^amandes douces, agirait-
elle autrement dans les mêmes conditions ?
L'huile de bankoul obtenue par pression ne
renferme, d'après mes recherches, aucun
des principes résineux dont on a constaté
l'existence dans les huiles de Croton tiglinm^
de Jatropha Curcas et dfint j'ai indiqué les
propriétés dans le Fontainea Pancheri (I ) :
c'est à l'absence de cette substance dans
l'huile ainsi préparée que j'attribue son
(1) Etude, a a pnint de vue botanique et tbéra-'
peiiliqiie »ur le Fontafwa PmcMri (Heckel).
(Ttièse de dociorat en médecine. Montpellier,
1870.)
innocenté «tottoli oommé agent émè^ue et
son impuissance' comme purgatif. J'adopte
donc et j'explique ainsi qu'il va suivre
l'opinion formulée par O Rorke sur ce pro-
duit : à savoir que le pirincipc contenu dans
dans la graine n^esi pas émet /que, mais
purgatif seulement. Il est reniar.piable, en
effet y que courine pour le ricin et l'é mrge,
r huile obtenue par pression (c'est le pro-.
cédé le plus usuel; n'est pas drastique
tandis que l'emploi des semences f|ui l'ont
fournie, même en petite quantité devient
dangereux. On sait qu'une graine seule
de ricin peut occasionner des rffets pur-
gatifs qui ne résulteraient pas de l'emploi
de 50 grammes d'huile. Ce fait s'explique,
pour ce qui concerne le bankoul, par la
séparation du corps gras d'avec la résine
qui demeure presque en totalité dans le
marc d'où j'ai pu la retirer en traitant le
tourteau par l'alcool. Le produit do ce
traitement distillé laissait un fésidu qui,
mêlé à l'huile obtenue par simple pression^
exaltait les vertus purgatives d<' cette der-
nière. J'ai montré dans mon étude sur le
Fontainea Pancheri que le même fait se
produisait et qu'il existe une grand«' diffé-
rence entre l'huile obtenue par expression
et le même corps résultant d'un traitement
par un dissolvant alcoolique ou éihéré (2).
Sans vouloir établir de généralisation pré-
maturée (il faudrait faire les mcm<*s re-
chiTches sur \e ricin. Vépnrge ci \e jatropha
cnrcas)^ je veux répéter ici encore ce que
j'ai dit à propos de l'huile de Fonluinea, que
les pharmaciens ne doivent pas perdre de
vue la p''obabiliié de l'influence du mode
de préparation sur la valeur des purgatifs
huileux drastiques.
J'ai eu également à m'occuper de cette
huile au point de vue éoonomique, et à ce
sujet j'ai à signaler un fait curieux et im-
portant tout à la fois. L'administration
coloniale en Nouvelle Calédonie, heureuse
de trouver dans un produit indigène abon-
dant le moyen de renoncer à l'aehat des
huiles de c<dza qu'il fallait demander à la
niétropoli* et fair»» expéilier chèrement par
la voie de Bordeaux (f \ustralie ne pouvant
les fournir), résolut d'employer l'huile de
bankoul comme combuatiblc, particulière-
ment pour les usages du phare. Malgré
. tous ses efforts, cette tentative est restée
(2) La première e^^t surtout un agent «^raptif
quand il est appliqué sur h peau, la serond» un
purualif plus assuré. C'est probableinenl k ces
différences de préparation qu'il faut «Itribuer
Vineonstance bien connue de l'huile de croton*
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566
RIVUB ANALYTIQUE Et CRITIQOB.
infraetvfitse :eotte hmie présenle l« singu-
lier inconvénient «i'iisi'r trcs-rapiflenient
les tuyaux de moche en fc^r-hlanc ; on les
fit en platine, ils résii^lèrent ilavanlage,
mais furent attaqués à la longue. L^ailnii-
nistraiion nravait chargé de rechercher
quel principe il failail éliminer du corps
gras pour éviter cet inconvénient : je ne
pus résoudre le pnihléme pas pins que les
pharmaciens qui m'avaifnl précédé ilans la
colonie, et Ton dut renoncer à Temploi de
cette sobstanci!. — On voit par là comme
nous sotrimes loin de remploi possible an-
noncé par M Corenwinder, eomme com-
busHble sans épurai ion préalable ! Mais je
suis convaincu qu*il nura sufli de signaler le
fait pour que la diUicnlté soit rapidement
vaincue par Thabile chimiste qui a fait de
rhuile <ie bankoul t'oiijet de ses éludes.
Tel est mon but et mon désir eu publiant
ces observations.
(Journal de pharmacie et chimie.)
PbMrmacle*
Note aur la préparation du tîrop de
tolu; par Al. HENIIOTTE, pharmaciin à
Liège ^1».
Le baume de tolu est un stimulant em-
ployé tous U*s jours avec succès, il possède
le double avantage d être d*nne adminis-
tration facile, et d*:imener souvent des
améliorations très-mnrqué<>s dans les affec-
tions contre lesquelles on rntilise.
Il est compose diacide benzoTque, de
résine et d'huiTe volatile. Il est soinble
dans l'alcool el l'élher, il cède à l'eau son
' acide bonzoîque.
J^ajonterai à ces préliminaires que
Texpérience a démontré que la ntaiièrc ré-
sitiense c>t ta partie aciive dn hatime de
tolu. Au nombre des préparations les plus
usuelles de ce corps, nous remarquons sur-
tout les tablettes et le sirop.
C*csl celte dernière préparation que je
me propose de traiter dans cette note.
Les recettes pour préparer le sirop de
tolu sont nombreuses, mais presque toutes
et parmi celles-ci on doit ranger celle de
la Pharmacopée belge, reposent sur un
même principe irrationnel, le traitement
du baume de tolu par l'eau.
En effet, par le traitement par Teau, le
baume de tolu ne cède que de Tacide ben-
(I) Voir le Ripportde M. Vaude Vyvere sal* èe
travail, eahier de novembrv, p. i38.
z»!qne, plus tin peu d*huile esaentiéltê, et
Ton rejette la matière active, la partie i^-
sineuse.
La Pharmacopée belge nous donne une
seconde recette de sirop de loin extern-
poranét qu'on prépare ftvee la teinture et
le. sirop simple.
Sous cette dernière forme la partie rési-
neuse du tohi se trouve incorporée au
sirop par simple mélange Partant du
princi|)e posé plus haut que la résine du
bail me de lolu csi seule aetive, le sirop tie
tolu ex'emporané est une des lionnes
formes sous lesquelles on administra oe
médicament.
Seulement^ pouf qu'une préparation soit
ralionnelto, il faut que les proportions
prescrites restent invariables, el qu'après
un temps plu> ou moins long, la composi-
tion du produit n'ait pas changé.
Cette eondilion n'est pas remplie par le
sirop de lolu ext<Mnporané, qui, au botit
de quelques jours se dét>arpasse peu à peu
de la résine, laquelle s'attache aux parois
des flacons ou reste à la surface dn sirep.
J'ai même observé qu'un sirop de tolu
préparé depuis deux niois avait tellement
éliminé la résine, qu'il avait repris l'a, pa>
renée <run sirop de sucre un peu louche.
il est évident que ce défaut résulte de ce
que la densiié du sirop simple ne suffit pas
à retenir en susp<>nston la substance rési-
neuse. Il fallait donc modifier cette densité
et pour cela il se présentait deux moyens :
i^ Coneentrf*r davantage k sirop;
!2" Modifier la densité au moyen d'un
intermède.
Le premier moyen serait eertainement
le meilleur, si Ton ne s'exposait à avoir un
sirop qui cmtaltiserait inévitablement.
Il ne restait donc t^ue le moyen d'un
intermède, «utant que possilde facile à
employer, agissant sous un petit volume et
ne communiquant au sirop ni saveur ni
propriétés différentes.
le ne pouvais mieux m'adresser qu'à la
gomme adraganle, qui réunit toutes les
qualités requises pour le but que je me
proposais.
Gk*âee è cet intermède, je prépare le
sirop de tolu extern ponmé comme suit :
Pr. (iomme a«lra|^ant« pulvéHsëe. 10 i^rtraimes.
Sii «p simple 956 -^
Teinture tît; tolu 40 —
Divisez parfaitement la gomme avec q. s.
de sirop, quand le mueriage est bien uni-
forme, aj(»uU'z la teinture, émulsioanes
puis ajoutez-le restant du sirop.
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RBVUË ANALYll4jilE ET CRITIQUE.
»67
^n agissant ainsi, j'obtiens un sirop qui
se fODserve ouléfinimcut $an$ que la résilie
se séparo.
Sur Ici pvèp^raAîon étA Mrops ; par
M. HUMSTOCK, ((ra<i. par M. Pàtaovil-
LARD). -- M. Flimistoclc^ (l«ns le but
d'obtenir des sirops p<>.<«sc<laut un aspect
agréable, une slabililé et une consi>tttnee
parfiiites, propos; U» les préparer pai? la
niitbo<Je de percolatitin, ou de défildcc-
menl. On opère de la manière suivante :
le sucre, grossièrement granulé, est intro- ,
duit dans in appaieii a dépliicrnu^nt dont
Torifice d*écoiilementest d'abord fiTmé; on
y verse ensuite le liqiàde qui doit étro
converti en sirop, et l'appareil, ainsi garni,
est laissé dau4$ un eiviroit moiléiémeiit
cbaud jusqu'à ce que le sucre, & étant di;<-
sous en partie^ n'pecupc plus que la i»4<diié
environ du voru^uc qu'il avait au commen-
cement <ie Topération. C'est alors qu'on
permet au liquide de s.'éçonlef goutte à
goutte en ouvrant l'onTuje inférieur de
Tappareil à dépLicemeat; loraque l'i^coule-
ment a cessé, s'il reste du sucre qui n'a pa^
encore été dissous, on reverse le 14q'\iide
dans l'appareil. Si I opi'raiion a été- bien
conduitf. il est rare qu'on soii obligé de faiie
passer Je sirop une troisième fois dans le
percobiieur. Il ne faut pjuint Se servir de
sucre en poudre fine, ca<* 1 écoulem«*nt du
liquide serdt rendu presque impiissible.
Les vébicules que lou empluiergii devront
toujours être ifcs- limpides; c'esi^ là une
condition absolument nécessaire pour ob-
tenir des sirops p<»'>sédaut la môme qu.diié^
M. Hnmsiock prépare <ie cc^tte manièrei
tous \v$ sirops de la Pbanuaoopée des
Etals Unis suns exc«'piion; mémit le sirop
d.'iodure de fer sa fait en versant sur le
sucre une dis!»>lulion d'ialure de fer.
La méthode de picparationi des sirops
par dcplaceuient se range daiis celle que
les pharmacologisles français désignent,
sons la qualification de méthode par fimpte
solution; le sirop simple, eux qui sont
faits avec les eaux distillées pourraient
s'obtenir facilement par dé plaoi* nient.
Quant à la majorité des ajulres, sirops,
rado4>tion d'uni? ^elle méthode, si elie olTrc
la commodité qu'on lui accorda, aurait
pour grand, avantage de soustraire complè-
tement le. sucre à l'action de lu chaleur.
Mais il serait néc<'&saire tfamener préala-
blem«-nt Les liqueurs de.stinées à servir de
vébieules à un état de eoncontration con*
venable par l'évaporation, et aussi de les
elariëer d'après les méthodes ordinaires ;
oe n'est qu'après avoir été ainsi traitées
qu'eltes pourraient être versées sur le
suere; ou peut parfaitement négliger de
clarifier les sirops eux mêmes, pourvu
qu'on s'astreigne à n'employer que des su-
erea raffinés de la meilleure qualité. Le
procédé par déplacement devra être très-
avantageux aussi avec les sirops qui, à
l'exemple du sirop de rhubarbe composé,
de celui (k\s cinq racines, do., sont d'abord
cuils au-delà «lu di*gré ordinaire, puis ra-
menés à ce degré par l'addition d'une cer-
taine quantité de liquide chargé de prin-
cipes artnuatiqucs et volai îKs, que Ton veut
soustraire à Tact ion de ta oha-leur; c'est
alors surtout que l'on évitera rhifliience
d'une élévation de température trop pro-
longée sur le sticre.
M. le professeur Maiseb s'élève contre
le procédé adopté par la Pharmacopée des
Etats-Unis pour la préparation des eaux
médifibiates en général, excepté eelles de
fltnirs d'oranger et de roses, qu'il prescrit
de faire par distillalion avec des fleurs
fraîches. Ce prooéilé, qui est formelleoicnt
condamné en Piance, caosisleà trHnrer les
huiles vol'ililes avec dir carbonate de ma>g-
nésieet di» loan; «r, do seinblahles prépa-
rations ont la fâclieune propriété <iie dé-
camposer les sels d'alcaioîiles et d'en pré-
eipiter la hase ; aussi plusieurs pharma-
ciens; américains^ dans l'intentioi* de remé^
d'iier à cet inroa veulent capital*, «nt pro-
posé, soit d'ajouter à l'eau médicinale une
petite quantité d'un acide* organique, soit
do remplacer le carbonate de magnésie pap
d'autres substances, telles que Ivs poudires
6nes de kaolin^ die veirre, de silex, de
pierre pon«e ou de craje, toutes facilitant '
U division des. huisti^s- essentiel le», et pan
conséquent leur :4olubilité dans L'eau, sans
s,e dissoudre elle^-mé hcs dans ee vébieule.
On proposa aussi, comme' agents de divi-
sion, la pâte à papier, le charbon animal;
enfin un d(^rnier procéilé, qui doit inspirer
une conlianee fort rvslndntf aux praticiens,
c'est la liissukiiion des huiles essentielles
dann l'eau chau4le.
En Grande-Bretagne, on avait jus-
qu'alors préparé l«s eaux méi^ietnales
comme elles, te sont entforo à |H*é9ei%taux
Etats Unis; Uestpreserii de les préparer
aujourd'hui pir <listiilation avec les sub-
stances fraîches ou sèches ; une seule
exception 4» été admise à coté de ci^tte règle
générale, pour l'eftu de menibe poivrée,
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5fiS
REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
sans qu'on en puisse connaître la raison;
car c'est un fait bien éiiibli que IVau de
menthe poivrée, préparée par distillation
avec la plante, a un arôme bien supérieur
à celle que Ton obtient avec l'Iiuile 4>8sen-
tielle, même la plus fine, et qu'elle est
d'une conservation au moins aussi facile
que celle de la plupart des eaux distillées
des pharmacopées européennes. C'est en
se fun'Iant sur ces considérations que M. le
professeur Maisch propose d'adopter, dans
la prochaine édition de la Pharmacopée «les
Etats-Unis, la méthode par distillation,
pour la préparation de toutes les <*anx mé-
dicinales qui conlienni'nt des huiles vola-
tiles, en conservant toutefois la méthode
par trituration pour celles dont remploi
est rare et la conservation, par conséquent,
difficile ; il rejette compléiement l'emploi
du carbonate de magnésie comme ag<>nt de
division. {Répertoire de pharmacie.)
Sur le lupuHn ; par M. SARRAZIN. -^
Le Inpulin du conim<>rce est rarement
exempt de sable. Pour le séparer, M. Sar-
razin a eu recours à des tamis h mailles de
difl'érentes dimensions, mais il n'a pu y
arriver par ce moyen. Il a eu alors recours
au lavage. Puur cria, il a pris 50 grammes
de lupuiin du commerce, ei il Ta agite avec
500 grammes d'eau environ, puis il a dé-
canté vivement de manière à ne laisser
que le sable au fond du vase. Le lufmlin a
été recueilli sur un filtre et séché à 25
ou 50«*.
M. Sarrazin a séparé ainsi de 51 h 54
pour 100 de lupultn, mais en évaporant
l'eau de lavage, il a obtenu â à 5 pour 100
d'extrait. H a pensé alors, et avec raison,
qu'il était préférable d'avoir recours à la
préparation d'extrait alcoolique. 50 gram-
mes de Inpulin ont été nds à macérer dans
100 grammt'S d'alcool, et apn>s deux jours,
le tout a été jeté sur un filtre. Le résidu
a été mis en contact avec âOO grammes
d'eau bouil ante, et Tinfiisé évaporé au
bain marie. Le liquide alcoolique a été
également évaporé, et le mélange des deux
extraits concentré à la température de 45
à 50».
1 gramme de cet extrait correspond à
5 grammes de lupultn du commerce.
{Journal de pharmacie et de chimie.)
TranftformatMn du ■ang; en poudra
■olobla; ptoprlétéi ohimiquei, {^hyii-
quai ai allnantaîrai de oatia poudra ;
par M. G LE BON. - Lorsqu'on réduit
le sang en poudre par éva|>oration, on ob-
tient une |)oudre à peu près aussi insoluble
dans l'eau que pourrait 1 être du sable, et
dont riiidigestibililé complète est démon-
trée par ce fait, qu'elle peut macérer
vinfl;t qiiatre heures dans une solution aci-
difiée de pepsine chauffée à 40» sans être
attaqm*e. Quant aux préparations qu'on
trouve dans les phirmacies sous le nom
iVextrari de nang, elles ne sont p' qt être
pas tout à fait aussi insolubles que le sang
. en poudre ordinaire : mais il est facile de
constater, au speciroscope, qu'el](*s ne con-
tiennent pas d'iiéiyoglobine^ substance qui
forme, comme on le sait, les Hfi/lOO des
globules. Ayant eu besoin, il y a deux ans,
d'une grande quantité de sang pour des re-
cherches sur ce liquide, j'iii cherché à le ré-
duire en poudre sans modifier sa compost
tion ni ses propriétés; je-crois y être par-
venu en opérant à basse pression à une
température qui *ne dépasse pas celle da
corps et en faisant usage d un appareil
particulier dont la description détaillée en-
traînerait trop loin.
LVchantillon que je joins à cette note a
été préfiaré il y a dix huit mois; il suflit
de Tagilcr pentlant quelqu(*s minutes dans
re:iu et de filtrer la solution pour avoir
un liquide d'un beau rouge, ayant exacte-
ment les propriétés du sang défibrîné,
précipitant comme lui par la chaleur et
donnant au spectroscope les deux bandes
d'absorption de l'hémoglobine, réaction
abstdument caracléristiitue. Soluble dans
l'eau, te sang en poudre, préparé comme,
je viens de lindiquer. Test également dans
une solution acidifiée de pepsine, ce qui
indique ss parfaite digestibitité.
Je me bornerai à faire remarquer que
ce sang, privé par conséquent des 4/6 d'eau
qu'il contient, forme l'aliment le plus nu-
tritif sous le moindre volume et. par suite,
pourrait être utilisé avantageusement pour
les armées en campagne, en raison de la
facilité extrême de son transport. On
pourrait, par exemple, Passocier à des fa-
rines ife diverses légumineuses et en pré-
parer ainsi un aliment phy<^tologiquement
complet et au^si transportable que le riz
et le biscuit, auxquels il serait infiniment
supérieur. On a fait récemment, en An-
gleterre, en Suède et en Russie, divers
aliments avec le sang liquide, surtout pour
les troupes ; les résultats, au point de vue
hygiénique, ont paru excellents ; mais la
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
569
difficulté de conserver le sang avait empê-
ché jusqu*ici de généraiiser Temploi de
cette substance. J'ajouterai que le sang en
poudre soluble pourrait, en raison de sa
richesse en fer et de ses propriétés toni-
ques, être utilisé par la thérapeutique.
[IbicL)
Toxlcolog^ie.
De^ rinnocuîté de la petite ciguë
(jEthusa Cynapium), par le docteur J. H AR-
LEY. — Cette planic de la famille des
ombellifères, qui a de si grandes ressem-
blances avec sa parent^ la grande ciguë,
Conium maculahim, passe pour avoir
comme elle des propriétés vénéneuses et
par conséquent thérapeutiques très-mar-
quées. C'est contre cette opinion que s'élève
M. Harley, dans un travail important que
public le Report of St. Thomas* hospilal.
Dans une première partie de son mé-
moire, Pauteur passe en revue les obser-
vations de soi disant empoisonnements par
VJËthtLsa Cynapium , et il démontre que
dans ces cas la mort doit être attribuée à
tout autre cause qu'à la plante incriminée.
Dans la. seconde partie, il relaie un
grand nombre d'expériences qu'il a faites
sur lui-même et sur d'autres, et qui ont
toujours donné des résultats nuls. Il s'est
servi dans ces expériences du jus de la
plante fraîche et de la teinture de semences
vertes ou mûres : il est allé jusqu'à prendre
trois onces de jus frais, ee qui équivaut à
six onces de la plante, quantité plus forte
que toutes ccUes qui auraient déterminé
les empoisonnements susdits. La dose
maxinia de la teinture de semences mûres
fut une once^ soit quatre grammes et demi
de la graine mûre; la dose de la teinture
desecienccs vertes fut portée jusqu'à deux
onces, soit quinze grammes de fruits verts.
Dans tous ces cas, on ne constata aucun
effet physiologique ni immédiat ni consé-
cutif, pas mémo un peu d'irritation gastri-
que. La légère contraction de la pupille
qu'on observe dans certains cas peut être
mise sur le compte de la dose assez notable
d'alcool, qui entre dlins la composition de
la teinture.
Ces résultats, tout négatifs qu'ils sont,
n'en ont pas moins une certaine impor-
tance au point de vue de la médecine
légale et de la thérapeutique, étant données
les idées erronées qui ont cours actuelle-
ment dans la science au sujet des pro-
priétés toxiques de la petite ciguë, et qui
sont d'autant plus dangereuses, qu^elles
s'abritent derrière l'autorité incontestée
de Linnée, Haller et autres.
Ajoutons que M. Harley n'a pu trouver
la plus petite trace do conine ou de cyna-
pine dans l'iËthusa.
{Annales de la Société de médec, de Gand.)
Conduite de l'appareil de Marth; son
application au dosage de l'arsenic con-
tenu dans les matières organiques v par
M. Arm. GAUTIER. — Dans une précé-
dente Note, j'ai montré que Ton peut tou-
jours, en détruisant les tissus successive-
ment par l'acide nitrique, l'acide sulfurique
et l'acide nitrique, extraire, sans perte, du
résidu charbonneux la totalité de l'arsenic :
On sait que ce métalloïde^ peut être alors
transformé par des méthodes connues en.
sulfure d'arsenic, puis en acide arsénique,
et versé enfin dans l'appareil de Marsh.
Cette pratique, en général, suivie par les
toxicologistes pour déceler l'arsenic, serait
plus précieuse encore si elle permettait de
reconnaître et de peser en même temps ce
métalloïde. En effet, les méthodes de do-
sage dé l'arsenic ià l'état d'arséniate
ammoniâco-magnésien ; d'arséniate basi-
que de fer ; par les sels d'or, d'urane; par
liqueurs titrées, etc.) ne peuvent s'appli-
quer dans la plupart des cas dont nous
nous occupons, parce qu'une faible quan-
tité de matière organique accompagne le
plus souvent l'arsenic, parce qu'on ne dis-
pose que de très-miniiites quantités du
corps à doser, mais surtout parce qu'il est
avant tout important de pouvoir affirmer
l'exisience ou l'absence de l'arsenic, et
que seul l'appareil de i>Iarsh résout cette
question d'une manière sûre. Malheureuse-
ment la plupart des auteurs paraissent ne
pas avoir réussi à transformer entièrement j
par l'hydrogène naissant, les acides arsé-
nieux ou arsénique en hydrogène arsénié
volatil, et plusieurs admettent que Tarseniç
métalloïde se dépose en partie dans l'ap-
pareil de Marsh ou passe à l'état d'hydrure
solide. C'est cette dernière opinion
qu'adopte Dragendorff dans sa Toxicologie j
se fondant surtout sur ce qu'il n'a pu
réussir à recueillir tout Tarsomc versé
dans lappareil, même en continuant à
faire lentement marcher le courant d'hy-
drogène durant une journée entière.
Mes expériences sont contraires à ces
théories, car je suis parvenu à obtenir des
72
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570 REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE.
anneaux d^arsenic correspondant, à moins 5 grammes diacide sulfuriqne pur ; je jette
de i décimilligramme près, au poids do alors peu à peu cette solutio'n sur le zinc;
celui qu'on versait dans Tappareil. enfin je mêle, à 25 grammes du même
Je me sers d'un flacon de i 80 à 200 cen- acide dilué, 42 grammes d'acide sulfu-
timètres cubes de capacité, plongeant dans rique normal, et je verse encore dans
de Peau froide et dans lequel j'introduis l'appareil de Marsh. Je me suis assuré
25 grammes de zinc pur. L'hydrogène et qu'en agissant ainsi on dilue le moins pos-
les gaz qui s'en dégagent, par l'action de sible la liqueur suspecte, on n'a jamais
l'acide sulfurique, passent sur un tampon d'échauffemcnt du contenu ni de produc-
d'amiante, puis dans un tube de verre tion d'acide sulfureux et d'hydrogène sul-
vert de 2 millimétrés de diamètre, entouré furé, enfin qu'on parvient à extraire tout
de clinquant sur 20 à 25 centimètres et l'arsenic dans l'espace de deux heures et
chauffe, dans cette partie, par des char- demie à trois heures,
bons. L'acide sulfurique que j'emploie au Quand la liqueur du flacon ne contient
début est de l'acide pur, dilué de cinq fois plus que des traces des composés arseni-
son poids d'eau ; je l'appellerai acide dilué eaux soiubles^ les dernières portions ne se
normal. Lorsque, grâce au dégagement transforment en ÂsH^ qu'avec une exccs-
d'hydrogènc, que j'excite en versant quel sive lenteur, ce qui doit faire exclure
ques gouttes de chlorure de platine, tout l'usage de l'acide sulfurique étendu de dix
l'air a été chassé de l'appareil, je dissous fois ou de huit fois son volume d'eau,
la. liqueur arsenicale, provenant des traite- comme le veut Draggcndorf. On devra se
menCs indiqués dans ma précédente note, garder surtout de suivre le conseil du
dans 45 grammes de cet acide dilué, et même auteur, qui veut que. lorsque, grâce
j'ajoute au tout 5 grammes d*acide sulfu- à l'emploi d'un acide trop dilué, le flacon
rique pur; je verse par petites portions de l'appareil se trouve rempli de liquide,
cette liqueur refroidie dans l'appareil, de on jette le contenu pour recommencer
façon à n'avoir jamais trace de taches avec de nouvelles portions, comme si Ton
arsenicales, sur une soucoupe. Une heure débutait. Agir ainsi, c'est rr^jeter le corps
est nécessaire, pour verser ainsi Og., 005 du délit et perdre d'autant plus -d'arsenic
d'acide arséuieux, quantité plus grande que que la liqueur est plus diluée et son vo-
celle qu'on retire généralement de 200 lume plus grand.
grammes de matière suspecte. Gela fait En suivant ces précautions, j'ai obtenu
j'ajoute h 25 grammes d'acide dilué normal les nombres suivants :
Quantités d^arsenic versées daDsTappareil Poids de l'anneau Poids théorique
de Marsh. arsenical obtenu. de l'anneau.
5 milligrammes de As^O^, avec 5 gouttes
de PtCI* au vingtième . . . . . 0 gr. 00577 0 gr. 00379
5 milligrammes de As*0^ avec 2 gouttes
de Pt'Cl* au vingtième 0 gr. 00567 0 gr. 00379
5 milligrammes de As^O' , transformé
d'abord en acide arsénique, avec
4 gouttes de PtCl* 0 gr. 00375 0 gr. 00379
5 milligrammes de As'O^ mêlés à
100 grammes de muscles, repris par
ma méthode, As'O^ versé dans l'appa-
reil 0 gr. 00372 0 gr. 00379
2 milligrammes et demi de As'O^, mêlés
à 100 grammes de sang, traités de
même 0 gr. 00178 0 gr. 00188
Ainsi, je puis affirmer qu'il ne se fait obvier au difficile dégagement d'hydro-
pas trace d'hydrogène arsénié solide, ni gène que donne le zinc pur, on verse dans
d'arsenic, et que cette méthode permet de l'appareil quelques gouttes d'une solution
doser Tarsenic, même en présence d'une de sulfate de cuivre. Cette pratique doit
faible quantité de matière organique, qu'il être rejetée. Quelque soin que l'on prenne
soit h l'état d'acide arsénieux ou même dans ce cas, et quelque temps qtw l'on
d'acide arsénique. fasse marcher Vappareîly la perte d'arsenic
Il est loin d'en être ainsi lorsque, pour recueilli sou& forme d'anneau s'élève, pour
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REVUE ANALYTIQUE ET CRITIQUE. 571
4 à 40 milligrammes d'acide arsénieux, au tilé versée dans le flacon. Voici le résumé
tiers et quelquefois au quart de la quan- de mes expériences à cet égard :
Quantité du composé arsenical Poids de Panneau Poids théorique
versé dans Tappareil. arsenical obtenu. de Panneau.
5 milligrammes de As'O' avec 5 gouttes
de SO*Cu au dixième 0 gr. 00296 0 gr. 00379
10 milligrammes de As^O^avec quelques
gouttes de SO*Cu au dixième ... 0 gr. 0048 0 gr- 00758
5 milligrammes de As*0' avec 4-5 gouttes
de SO*Cu au dixième 0 gr. 00277 0 gr. 00579
5 milligrammes de As'O^ transformé au-
paravant en As*0^, avec 3 goultes de
SO*Cu au dixième 0 gr. 0023 0 gr. 00379
Je dois ajouter que, non-seulement les renseigné^ versât alors les matières suspec-
sels de cuivre diminuent le poids de Tan- tes, mais non arsenicales, dans Pappareil.
neau arsenical, mais qu'ils augmentent Grâce à la très-lente formation de Panneau
foeaacoiip^ surtout avec des liqueurs di- en présence du cuivre, dans ces liqueurs
luées, le temps qui lui est nécessaire pour très- étendues, Parsenic dont on pourrait
apparaître. Il pourrait se faire, dans ces alors recueillir des traces serait attribué
conditions, que des traces d'arsenic qui se aux dernières substances versées dans Pap-
trouveraient dans le zinc on Pacide sulfu- pareil, tandis qu'il proviendrait en réalité
rique ne donnassent pas d'anneau, même de celui qui était contenu dans les réactifs,
au bout d'une demi-heure d'essai â blanc, {Répm^toire de pharmacie,)
cl que l'expert, se croyant suffisamment
ayfl^iène pabllqae.
Prophylaxie dea épidémies de fièvre
typhoïde dans lei^éooles, par le docteur
J. L. LECONTE. — Une épidémie de fièvre
typhoïde ayant éclaté à Burlington (New-
Jersey), dans un pensionnat de jeunes
iSlles, le docteur Leconte fut chargé d'en
étudier les causes et les moyens à lui op-
poser. Voici ce qu'un examen attentif des
choses lui apprit :
Deux grandes citernes étaient placées
près de Pécole ; elles fournissaient seules
Peau dont on avait besoin. En les construi-
sant on avait été obligé de ménager dans
leurs parois des ouvertures qui se trou-
vaient au-dessous du niveau des eaux de
drainage souterrain. Ces ouvertures furent
bouchées ensuite, mais une année après,
pour quelque motif, on les déboucha.
Plus tard on construisit des lieux d'ai-
sance, dont l'une des fosses fut imprudom-
ment placée à une douzaine de pieds en-
viron de Pune des citernes. M, Leconte
pensa que des matières s'étaient peu à peu
infiltrées, qu'elles avaient contaminé le
sol de proche en proche, jusqu'à ce qu'elles
aient gagné les citernes dont elles avaient
fini par corrompre les eaux. En effet, aus-
sitôt que, sur Pavis des médecins, on rem-
plaça Peau des citernes par Peau de la
rivière, Pépidémie s'arrêta. On remarqua
de plus que les domestiques avaient été
épargnés par la maladie; or, on sut qu'ils
ne s'étaient pas servis de Teau des citernes,
excepté pour leur thé et leur café, c'est-à-
direajorè^ l'avoir fait bouillir, tandis que la
majorité des jeunes filles atteintes, n'étant
pas amateurs de thé ou <le café, avaient bu
de Peau non bouillie.
L'auteur conclut en demandant, comme
moyens prophylactiques des épidémies
futures, qu'on adopte désormais les me-
sures sanitaires suivantes :
i*' Avant que les plans de tout établis-
sement scolaire ou autre soient définitive-
ment arrêtés, un expert, ayant des con *
naissances spéciales en hygiène, sera
commis pour diriger l'architecte dans tout
ce qui concerne la ventilation, le drainage
et la distribution ou l'aménagement des
eaux ;
2<> Quand les bâtiments auront été ache-
vés, aucune raodilicalion intéressant ces
différents points ne pourra être entreprise
sans Pavis d'un expert hygiéniste ;
5° Deux fois par an le médecin hygié-
niste fera^ dans chaque établissement, une
inspection au point de vue de Phygiène ;
et après avoir approuvé ou corrigé Pétat
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57 -i
ACADÉMIES ET SOCrÉTÉS SAVANTES.
des choses, donnera un certificat qui sera
publié dans la circulaire ou dans les feuilles
d'annonce de l'école;
A° A rinvasion de toute affection zymo-
tique dans Tinstitution, on prendra immc-
dintement Pavis du médecjn hygiéniste,
afin que des mesures convenables soient
mises en usage. (Lyon médical.)
III. ACADÉIIIRS ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
Société Royale des Soienoes médicales el
naturelles de Bruxelles.
Bulletin de la séance du 8 décembre 1875.
Président : i\I. L. Martin.
Secrélarre : M. van den Corput.
Sont présents : MM. Sacré, Tirifahy, L.
Martin, Gille, Rommclaere, Wehenkel,
Carpentier, Pigeolel, Ledeganck, Schuer-
mans, Lorge, Vande Vyvcre, Charon, van
den Corput.
M. Melsens, membre honoraire à Bru-
xelles, et M. Putzcys, membre correspon-
dant à Waremmc (Liège), assistent h la
séance.
Le procès • ver bril de la séance précédente
est lu et adopté.
La correspimdancc comprend : 1" Une
lettre de M. le docteur Jos. De. Smelh, in-
formant M. le Secrétaire qu'un anthrqx le
met dans l'impossibilité d'assister à la
séance; 2« Lettre de M. Thiriar, remer-
ciant la Société de l'avoir admis au nombre
de ses membres effectifs ; 3° Lettre de.
ftl. le docteur Dutreux, de .Namur, remer-
ciant la Société du titre de correspondant
qui lui a été décerné; i<* M. le doctpur
Mayet; de Lyon, informe la Compagnie
qu'il travaille à un ouvrage intitulé : Sta-
tistique médicale des hôpitaux de Lyon, et
propose à la Société de concourir aux frais
de cette publication en souscrivant pour
un exemplaire. La Société décide que, ne
. connaissant pas cet ouvrage, qui d'ailleurs
ne semble pas devoir offrir pour elle un
intérêt direct, il y a lieu d'ajourner toute
décision à l'égard de la souscription; 5°
M. le docteur Félix Putzcys, de Liège, fait
hommage d'un opuscule: Ueber Abeigenesis
fluizinga's. Renvoyé à M.Wçhenkcl pour
analyse; 6° M. Wittslein, membre corres-
pondant à Munich, fait hommage d'une
brochure ; Chemische Gcschichte des Lolium
temulentum . Renvoi pour analyse à
M. Vande Vyverc; 7" La Société reçoit
encore un opuscule intitulé : huiugura-
zlone dvl monumento a G. /i. Morgagni.
Renvoi pour compte-rendu à MM. Pigeoict
et Spaak.
Ouvrages présentés.
1. Do silicato de potassa no tratamento
da erysipcla-pelo, D"" P. da Costa Alva-
renga. Lisboa, 1875.
2. Bydragen tôt de kennis der phos-
phoorzuuruitscheiding bij arthritis, door
prof. B. Stokvis.
3. Nouveau dictionnaire des plantes
médicinales, par A. Heraud. J. 6. Bail-
lière, Paris, 1875.
4. Nuove fasce preparate per la pronta
applicazione degli apparecchi amovo-ina-
movibili. Nota del doit. P. Berretta Guif-
frida. Catanla, 1875.
5. In commemorazione del defunto sena-
tore prof. Luigi Porta. Pavia, 1875.
6. Bulletin de la Société de médecine
mentale de Helgique, n° 6. Gand et Leipzig,
1875. •
7. Paris médical, par le docteur Fort,
n« 1. Paris, Bruxelles, 1875.
8. La médecine des 'ferments, par le
docteur Déclat, n* 5. Paris, 1875.
i). Maladies et facultés diverses ties
mystiques, par le docteur Charbonnier-
Debatly. Bruxelles, Manceaux, 1875.
10. Instructions théoriques et pratiques
sur l'art des accouchements, par Henriette
de Moerloosc, sage femme en chef h la
Maternité de Bruxelles. Gand, 1875.
il. Mitthcilungcn des wicner roedici-
nischen doctoren Coltegiuras , n» 20.
Wien, 1876.
12 à 89. Divers journaux et recueils
scientifiques et périodiques.
Avant d'aborder l'ordre du jour, M. le
président accorde la parole à M. le docteur
Putzeys; de Waremme, qui présente à
l'assemblée un jeune garçon de 10 ans,
atteint d'unedivision congénitale du voile
du palais et chez lequel il a pratiqué, avec
le concours de M. Flieguet, la slaphylora-
phie avec un plein succès.
M. Putzeys, après avoir fait examiner
l'opéré aux membres de la Société, ren<l
compte en ces termes de l'opération :
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ACADEMIES ET SOCIETES SAVANTES.
573
Cbarlier-, Amand, âge de 10 ans, était at-.
feint d'une division congénitale du voiltidii
palais. La division empiétait d'uncentimètre
environ sur le palais osseux, en arrière elle
séparait la luette en deux moitiés égales.
Le voile du palais était augmenté d'éten-
due d'avant en arrière; les piliers anté-
rieurs et postérieurs étaient caccourcis de
chaque côté.
La voix était fortement nasonnée ; la pa-
role à peine distincte. Les muscles du
voile du palais existent et ont conservé
chacun leurs fonctions, ce dont on s'assure
en engageant le patient à faire certains
mouvements de Torgane et en provoquant
des excitations de la muqueuse slaphyline.
L'opération est faite le 20 mai 1875
d'après le procédé de M. Sedillot; le pa-
tient est assis sur une chaise en face d'une
fenêtre; un aide lui tient la tête légère-
ment renversée, pendant qu'un autre aide
déprime la langue avec un abaisse-langue
ordinaire; nous procédons d'abord à la
section des muscles péristaphylins internes
d'après le précepte de M. Sedillot ; un bis-
touri à long manche fait une incision obli-
que en avant et en dedans d'un centimètre
d'étendue et cela à un centimètre en avant
et en dehors de la base des deux moitiés
de la luette ; l'avivement est ensuite exé-
cuté comme suit :fpn fait une ponction
avec un bistouri pointu sur chaque bord
de la division du voile^ un peu en arrière
de l'angle de cette division et à un milli-
mètre du bord, puis on remplace le bis-
touri pointu par le bistouri boutonné qui
enlève une bande d'un millimètre le long
du bord du voile, jusqu'à l'extrémité de
la luette; pendant l'avivement, chaque
moitié du voile est tendue au moyen d'une
longue pince à dents de souris, coudée sur
le plat et appliquée vers la partie moyenne
de la luette.
Reste l'angle de la division ; nous pro-
cédons à son avivement au moyen d'un
bistouri pointu à long manche en portant
l'avivement sous forme d'angle aigu à
5 millimètres plus en avant que la division,
ensuite nous détachons de l'os du palais,
avec la rugine dcM. Ollier^les deux bords
de l'angle à 2 centimètres environ de pro-
fondeur; cela fait, les musiîles glosso sta-
phylins ou les piliers antérieurs sont ten-
dus et attirés en dedans avec un crochet
iiigu et sectionnés vers leur partie moyenne
avec les ciseaux coudes de iM. Broca ; le
muscle pharyngo-staphylin droit est coupé
de la même façon, mais son homonyme ou
le pilier postérieur gauche est difiRcileraent
:icce>sible derrière l'amygdale; aussi la
/Section est-elle remise à un autre jour.
Ces différentes opérations ont amené un
écoulement de sang peu notable; après
chaque incision, l'opéré se gargarise avec
de l'eau fraîche, cela suffît pour mettre fîn
à l'hémorrhagie ; . avant de procéder à la
suture, nous laissons reposer quelque
temps l'opéré, les sections des différents
muscles précités du voile ont amené une
détente de l'organe; les bdrds de la divi-
sion se sont rapprochés et les dimensions
antéro-postérieures du voile moindres. Les
points de suture sont passes, non sans dif-
ficultés , avec l'aiguille chasse -^fîl de
i\I. Matthieu^ de Paris. Nous nous servons
de l'aiguille coudée et courbée latéralement
à sa tige, et de la suture métallique en argent.
Chaque moitié du voile est tendue d'ar-
rière en avant avec une longue pince à
dents de souris, l'aiguille est enfoncée à
7 millimètres environ du bord avivé gauche
d'avant en arrière et au point correspon-
dant de l'autre bord d'arrière en avant.
Nous plaçons ainsi quatre longues anses
de fil d'argent, une cinquième, l'antérieure
et supérieure, est placée à l'aide de l'ai-
gnille courbe ordinaire de Roux, à cause
(lu peu d'étendue que présente à ce niveau
la cavité buccale; nous tordons ensuite les
deux extrémités de chaque anse pour évi-.
ter la confusion des fils passés.
f^a première anse est passée en arrière
près de la base de la luette ; avant de ser-
rer ces points de suture, on enlève, au
moyen de petites éponges, les caillots qui
adhèrent aux bords avivés; deux points
où l'avivement laissait à désirer sont avivés
plus largement au moyen de ciseaux
courbés sur le plat.
Les différentes anses sont ensuite suc-
cessivement tordues en commençant par
la postérieure. Nous nous servons, à cette
fin, du tord-fil de Dcnonvillers ; la torsion
des trois anses postérieures amène un
affrontement complet, il existe cependant
à leur niveau une certaine tension, preuve
de la division incomplète des péristaphy-
lins internes qu'un nouveau coup de bis-
touri vient achever. Quant aux deux anses
antérieures, nous éprouvons la plus grande
«liffîculté pour obtenir la eoaplation, ce
n'est qu'à l'aide de profondes incisions
latérales à un centimètre des bords, et en
opérant le décollement de la muqueuse au
moyen d'une spatule coudée, que nous
parvenons à affronter celui-ci.
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574
A<]ADÉM1ES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
Aucun point de suture n*est appliqué
sur la luette, vu qu'une partie de cet or-
gane bifide a été enlevée par l'avivement,
et se trouve à peu près réduit à rien.
Nous nous assurons de nouveau que les
surfaces avivées sont régulièrement en
contact, puis nous coupons les extrémités
des fils ; Topération avait exigé près de
quatre heures ; celte longue durée des
manœuvres est due en grande partie aux
vomissements du patient, qui a montré,
soit dit à sa louange, pendant tout le temps
un courage et une patience peu communs
à pareil âge.
L'opéré est placé au lit au repos le plus
absolu et à la diète pendant trois jours; le
quatrième jour, il prend une nourriture
liquide, lait, bouillon à Taide du biberon.
La nuit qui a suivi l'opération a été assez
calme; le jour suivant, il y a eu une lé-
gère réaction fébrile vers la soirée.
Le 26 mai,nous enlevons les trois points de
suture antérieurs ; Tangle est parfaitement
réuni, ainsi qi>e la partie postérieure, sur
une étendue de 20 millimètres environ,
mais la réunion fait défaut dans le tiers
moyen sur une étendue de 7 millimètres;
le i<" juin, les deux fils postérieurs sont
enlevés à leur tour; la réunion à ce niveau
est complète. Par suite des progrès de la
rétraction cicatricielle des bords de l'ou-
verture, celle-ci est réduite à une longueur
de 6 millimètres; des cautérisations intra-
fistulaires pendant plusieurs jours n'ayant
pas réduit cette ouverture, nous nous dé-
cidons 8 procéder à un nouvel avivement
sur rétendue de la fistule. Celte opération
complémentaire fut faite le "11 juillet;
l'avivement est long et difficile ; deux
points de sulure sont placés, l'antérieur
avec l'aiguille de Péan, le postérieur au
moyen d'une aiguille coudée et courbe
chasse-fil de Matthieu. Au moment de la
torsion de l'anse antérieure, le fil se brisa
et dut être remplacé, ce qui ne se fît pas
sans grande difficulté. Pour obtenir une
coaptalion exacte des bords avivés, et
empêcher la section des lèvres trop tendues
de la fistule, nous pratiquons à un centi-
mètre des fils et de chaque côté, une inci-
sion anléro-postcrieuré libératrice et qui
intéresse presque toute l'épaisseur du voile
du palais ; cette manœuvre fit cesser le
tiraillement des parties molles et amena
un rapprochement exact des bords de la
plaie; un peu de réaction suivit cette se-
conde opération ; l'aliuientation consista en
lait, bouillon additionné plus tard d'un
jaune d'œuf et ingérés à Taide du biberon.
Le i" août, les fils sont enlevés et l'o-
péré est guéri. Quant au résultat de l'opé-
ration, il est des plus heureux pour l'enfant;
pour celui-ci, l'action de siffler, de souffler
était impossible ; la déglutition était eonsi-
dérablemenl gênée; aujourd'hui, ces trois
fonctions sont parfaitement établies.
La parole, mobile principal de l'opéra-
tion^ est beaucoup améliorée; il ne reste
plus que certaines consonnes dures que
l'opéré éprouve de la peine à prononcer.
Nous avons conseillé aux parents de lui
chercher un précepteur habile, et nous ne
douions nullement qu'il parvienne à parler
et à se faire comprendre aisément ; il s'agit
ici d'un organe nouveau qu'il a fallu. créer
de toutes pièces, pour ainsi dire; la chi-
rurgie a fait sa part, le temps et l'exercice
feront le reste.
M. LE Président. Quelqu'un demande-t-
il la parole à propos de l'intéressante com-
munication de M. le docteur Putzeys?
M. Sacré. J'ai demandé la parole d'abord
pour féliciter M. Putzeys du beau succès
qu'il a obtenu, et ensuite pour faire res-
sortir les avantages des incisions latérales
recommandées par M. Sédillot et auxquelles
notre confrère a eu recours.
Ces incisions facilitent beaucoup le rap-
prochement des bord# avivés et .prévien-
nent la section par les fils, tandis qu'elles
n'offrent aucun inconvénient. Quand leur
étendue n'excède pas un centimètre et
demi, ces 'plaies ne restent pas un instant
béantes, parce que les glandes sous mu-
queuses, si abondantes dans le voile du
palais, comblent immédiatement la solution
de continuité. Si les incisions ont une
longueur plus grande, leurs bords peuvent
rester écartés après la suture, mais cet
écartement ne persiste pas; au bout de
quelques heures l'ouverture se trouve
comblée par la saillie des glandes et par le
gonflement des parties. Ces plaies sont
généralement cicatrisées le troisième ou
quatrième jour.
La section des piliers du voile est sou-
vent inutile.
Pour Tapplication des sutures, l'aiguille
avec coche latérale et fixée sur un manche,
offre des facilités plus, grandes qu'aucun
autre instrument, sans en excepter celui
de M. de Pierrîs. *
— Des remerclmcnts sont votés à
M. Putzeys pour sont intéressante com-
munication.
M. le Président accorde ensuite lu parole
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
575
à M. Carpentier pour donner lecture de
son rapport sur le travail de M. le docteur
Ed. De Smet, présenté comme candidat au
litre die membre effectiC.
M. CAaPENTiEa. Le travail que M. De
Smct nous soumet à Tappui de sa candida-
ture, est Texposc des principales affections
oculaires qui ont été traitées à Thôpital
St Pierre pendant Tannée 1874.
Formant le résume d'un traité pratique
des affections de Torgane visuel, ce travail
ne m'a pas semblé susceptible d'une ana-
lyse utile à vous soumettre. La tâche du .
rapporteur eût consisté à reprendre point
par point les multiplet sujets traités par
l'auteur ; elle n'aurait abouti qu'à un tra-
'vail aride, insipide, rendant tout au plus
la pensée de l'auteur dont le méinoirc doit
être lu dans son entier.
Le but de M. De Smet a été d'appuyer
par des faits cliniques les points importants
de l'ophthalmologie, et riotamment quel-
ques affections sur la nature desquelles
Ton n'est pas bien d'accord.
L'auteur a-t-il porté la conviction dans
l'esprit de ses- lecteurs? Il vous suffira,
Messieurs, de parcourir les observations
citées à l'appui de ses principes. Après
avoir exposé ses procédés chirurgicaux,
ses moyens thérapeutiques découlant tou-
jours de la véritable nature de l'affection,
il vous fait assister à leur application, à
leur succès. Si celui-ci ne répond pas à
son attente, il vous en montre la raison et
fait encore ressortir tout ce qui milite en
faveur de sa manière de voir.
Quoi de plus utile enfin que ces travaux
qui résumont la clinique d'une année? Il
ne s'agit plus d'idées théoriques appuyées
souvent sur l'hypothèse ; ce sont les faits
que l'on nous expose, faits basés sur l'ob-
servation de tous les jours et partant sur
l'expérience. Pour le praticien comme
pour rélève, la revue clinique du service
opbthalmologique de l'hôpital St-Picrre est
un sérieux enseignement.
Nous avons donc l'honneur. Messieurs,
de vous proposer son insertion dans nos
publications, et en outre de proclamer son
auteur, M. le docteur Edouard De Smet,
membre effectif de la Société.
— Ces conclusions sont mises aux voix
et adoptées à l'unanimité .
En conséquence ^M. Ed. De Smet est
proclamé membre titulaire de la Société
royale des sciences médicales et naturelles
de Bruxelles.
La parole est à M. Ledeganck, pour
donner lecture de son compte-rendu de
Touvrage biographique de M. Haaxman,
sur Van Leeuwcnhock.
M. Ledkgânck. Antony van Leeuwen-
HOEK, de ontdekker der Infusorien^ door
P.-J. Haaxman. Lciden 1875.
Messieurs^ l'ouvragQ de notre collègue,
M. Haaxman, membre correspondant à Rot-
terdam, a vu le jour à l'occasion des fêtes
organisées par la ville de Dcift, pour célé-
brer le 200* anniversaire de la découverte
des infusoires par Van Leuwenhoek. C'est
une oeuvre biographique des plus com-
plètes, qui nous apprend à connaître le
père de la science micrographique, et.
comme homme et comme savant.
Comme savant, comme inventeur de
nouveaux instruments, comme investiga-
teur infatigable, comme créateur d'une
science toute nouvelle, la réputation de
Van Leeuwenhoek nous semble inférieure
encore à ses mérites. Lorsque nous lisons,
dans la biographie de VI. Haaxman, quel
nombre prodigieux d'instruments il a pro-
duit de toutes pièces ; à quel degré de per-
fection il a poussé la préparation des
infiniment petits ; avec quelle sagacité il a
pu étudier le faible champ d'observation
que lui fournissjiient ses instruments —
qui après tout n'étaient que des loupes
montées, — on est saisi d*admiration pour
l'homme qui par ses propres moyens, par
les seules ressources de son intelligence
s'est élevé à une telle perfection dans l'art
d'observer la nature. On possède encore
aujourd'hui le catalogue de la collection
de microscopes délaissée par Leeuwen-
hoek ; le nombre des instruments qui y
figurent atteint le chiffre incroyable de
527. Parcni ceux-ci, il y a 3 microscopes
en or, 14-4. en argent, et 380 en cuivre !
Tous ces microscopes furent vendus aux
enchères et atteignirent des prix considé-
rables pour l'époque. La Société Royale de
Londres possède encore un certain nombre
de microscopes qui lui furent offerts de
son vivant par Leeuwenhoek lui-même.
Pour s'expliquer le nombre prodigieux de
ces instruments, il faut savoir que Leeu-
wenhoek, chaque fois qu'il faisait une
découverte nouvelle^ laissait l'objet, con-
venablement préparé et mis au foyer,
définitivement fixé à l'instrument, puis le
serrait dans sa collection. De sorte que
chaque objet intéressant avait son instru-
ment propre, dont il n'était plus séparé.
L'habileté merveilleuse de Leeuwenhoek
dans la fabrication des lentilles rendait
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576
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
seule possible, une telle productivité. Il
fabriquait dts lentilles au moyen de grains
de quartz, de diamants, etc., et le n° 126
du catalogue de la vente porte cette re-
marque naïve : « que la lentille est faite
d'un grain de sable et Tobjet qu'on y voit
est aussi un grain de sable. »
' Mais ce sont surtout les préparations
d'histologie qui peuvent nous donner une
idée juste de la perfection que Leeuwen-
hoek avait atteinte dans l'analyse microsco-
pique des tissus. Dans le catalogue déjà
cité, nous voyons figurer : Les globules
sanguins de l'homme. — Fibres musculai-
res de poisson, de cétacé, et fibres du cœur
chez l'oiseau. — Coupe transversale de la
vessie de. l'homme et de celle du bœuf. —
Structure du foie chez le porc— Cristallin
du bœuf. — Papilles de la langue. Ce sont
autant de préparations qui exigent des
manipulations extrêmement délicates et
que nous ne parvenons à bien étudier qu'à
l'aide de forts grossisseibents ; et pourtant,
le microscope le plus puissant que Leeu -
. wenhoek nous ait laissé, est un micros-
cope en argent , conservé au musée
d'Utrecht, d'un pouvoir amplifiant de
270 diamètres !
Nous disions, en commençant que la
renommée de Leeuwenhoek ne nous
semble pas à la hauteur de ses mérites,
mais autant les documents scientifiques
réunis dans le travail de M. Haaxman
tendent à rehausser la figure du savant,
autant les détails biographiques qui s'y
trouvent nous enlèvent nos illusions à cet
égard. Leeu>venhoeck n'ét»it pas un savant
en us, comme pourrait le faire croire la
perruque altière dont il est coiffé sur tous
ses portraits. Il ne fut jamais ni docteur
ni professeur. Issu d'une ancienne famille
de brasseurs à Delft, il y vivait du patri-
moine acquis par ses ancêtres dans Pindus-
trie, et remplissait les modestes fonctions
d'huissier de salle en la chambre du Conseil
échevinal de sa ville natale. Leeuwenhoek
n'avait jamais fait d'études classiques. La
seule langue qu'il connût, c'était sa langue
maternelle. Pour correspondre avec la
Société Royale de Londres dont il devint
membre^ il lui fallait recourir à 'un ami
obligeant, qui traduisit seslelties du néer-
landais en latin, afin que les savants de
la Société de Londres pussent les lire. Les
connaissances scientifiques de Leeuwen-
hoek devaient naturellement s'en ressentir.
Comme il arrive souvent dans ces cas, il
se retrancha dans son propre savoir^ sui-
vant toujours la voie qu'il s'était tracée, au
risque de s'y fourvoyer à tout instant,
n'admettant pas la contradiction, dédai-
gnant toute discussion, et s'oubliant jusqu'à
jeter le ridicule sur toutes les découvertes
contemporaines qui n^élaient pas siennes.
Jl faut lire sur quel ton de mépris il parle
des travaux de son contemporain Bonte-
koe, touchant la génération ; le dédain qu'il
affecte pour les « prétendus ovaires i et
« ces machines qu'on appelle ovules. »
Mais laissons la parole à un de ses contem-
porains, le célèbre Hartsoeker, qui fut
l'objet constant delà jalousie et de la haine
de notre savant :
Voici comment Hartsoeker, déjà connu
de Leeuwenhoek par ses écrits, nous
raconte une visite qu'il lui fit incognito:
c J'y fus la deuxième fois vers la
1» fin de l'année 4679, à mon retour de
» Paris. Cette visite que je lui rendis^ moi-
» tié dans la rue et moitié à l'entrée de sa
» maison, m'attira son disgrâce et m'en
» fit un ennemis capital, à cause que je
» lui fis sur ses ridicules anatomies quel-
» ques objections auxquelles il ne pouvoit
» me répondre. Comptent faites- vous lui
1» disoîs-je pour disséquer une puce, et
* qui plus est, une mite, pour tirer les
» testicules de leur corps ; pour ouvrir
» ces testicules et en ôter la semence , enfin
» pour voir que cette semence est remplie
» de petits animaux en forme de petites
» anguilles fort longues et fort minces?
» De quels couteaux vous servez- vous?
» Celui qui auroit le tranchant le plus fin
» et le plus aigu écraseroit le vaisseau
» plutôt que de l'ouvrir et là dessus
» s'ennuiant sans doute des mes objec-
» tiens, il me congédia assez brusquement
» disant qu'il avait d'autres affaires *. »
La troisième visite de Hartsoeker, fut
moins heureuse encore ; c'était en 4697; il
s'était fait accompagner du bourgmestre de
Delft et avait prié celui-ci de ne pas dévoiler
son incognito au savant ombrageux. Leeu-
wenhoek, à qui la visite d'un étranger avait
été annoncée, avait rangé sur la table quel-
ques instruments et quelques préparations.
Une malheureuse distraction du bourgmes-
tre vinî tout compromettre. Ayant présenté
nominalement le visiteur à Leeuwenhoek
a celui-ci, dit Hartsoeker, me regardant
B avec un air dédaignei^x et d'un œil d'in-
» dignation et de mépris, serra d'abord
» toute la boutique, sans vouloir nous
(1) Harlsocker ; Essai critique des lettret de
M. Leeuwenhoeck.Lïk Haye, 1750.
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
577
» faire voir la moindre chose^ et peu s'en
» fallut qu'il ne nous mit par les bras hors
n de sa maison. »
Leeuweiihoek. comme on ie voit, n'était
pascommunicatif.Ce n'était pas seulement
chez lui manque d'affdbilité ^ mais il faut
croire qu 'on se faisait à cette époque une
idée bien singulière de la coopération
scientifique. La diffusion et la vul{];arisation '
des notions acquises, que nous considérons
aujourd'hui comme un devoir, il ne s'en
préoccupait nullement. Il entoura ses in-
ventions et ses procédés, d'un mvsière
jaloux. Liebnitziui ayant écrit, à ce sujet;
et lui ayant demandé s'il ne comptait pas
former quelques élèves, il osa répondre
au grand philosophe par le faux fuyant
que voici : c ... D'ailleurs je suis bien cou-
» vaincu que sur mille personnes il ne
> s'en trouvera pas une seule capable de
» se livrer à de semblables études ; on y
» perd beaucoup de temps ; on gaspille
» beaucoup d'ari^ent; et pour arrivera
» quelque résultat, il faut y consacrer
« toutes ses pensées. Et puis, la plupart des
» hommes n'ont pas le goût d'apprendre;
V bien plus, quelques uns dont on ne de-
» vrait pas attendre une telle indifférence
» von( jusqu'à dire : à quoi bon apprendre
» tout cela?» (1).
Celte imiifférence des contemporains
pour ses découvertes parait avoir aigri, au
delà de toute mesure, le caractère de notre
savant déjà si enclin à la mélancolie et la
misanthropie. Dans un grand nombre de
ses lettres ; ce sentiment s'exhale en
plaintes amères ; il se plaint de n'être pas
suffisamment apprécié; de ne trouver
parmi ses concitoyens que la plus froide
indifférence ; il fait même entendre que les
autorités en ne le récompensant pas pour
SCS travaux assidus ont manqué à tous leurs
devoirs. Mais ce qui le chagrine le plus et,
ici (lu moinS; ses sentiments sont à la hau-
teur de son génie, ce qui le chagrine le
plus, disons -nous, c'est de voir, même
dans le monde scientifique; ses plus belles
découvertes accueillies avec déûance, les
résultats obtenus contestés sans contrôle,
enfin, sa bonne foi mise en suspicion. C'est
qu'il ne savait pas, combien il en coûte de
battre en brèche les préjugés et les anti-
ques traditions doctrinales. N'est ce pas le
sort de tous les i^iinovateurs d'être plutôt
ridiculisés que discutés? Que n'a-t-oh pas
écrit contre Vésale et contre Harvey ! Et
(1) 18' Sendbripf, p. 109.
lui, le naturaliste illettré, l'huissier de salle
du Collège échevinal, le fils des brasseurs
de Deift, lui l'homme simple, dépourvu de
cet éclat extérieur que donnent Térudition
et l'abondance des termes savants, pouvait-
il raisonnablement espérer d'éluder la loi
commune e( d'échapper à la contradiction?
Que n'a-t-il vécu en plein xix" siècle,
dans une ville universitaire, pour y en-
tendre répéter, du haut de la chaire pro-
fessorale, la vieille boutade : u dans le
microscope on voit tout ce qu'on veut! »
Deux siècles avant nous, Leeuwenhoek y
répondait par cette autre boutade non
moins brutale : « dans mes microscopes,
on est forcé de voir^ même ce que l'on ne
veut pas*. « V eût été plus digne d'un
savant de répondre par le mépris pur et
simple, mais comme nous l'avons vu,
Leeuwenhoek ne brillait pas par l'amé-
nité du caractère.
S'il cul des mécomptes et des déboires,
il faut reconnaître aussi qu'il eut de larges
compensations. On est même étonné de voir
à celle époque de publicité si restreinte, où
le seul intermédiaire scientifique qu'il eût à
sa disposition, était la Société Royale de
Londres et ses Philosopfiical Transactions,
on est étonné, disons noùS; de voir le
grand nombre de personnages importants
qui sont mis au courant de ses découvertes
et qui viennent expressément à Delfl pour
voir de leurs propres yeux Us merveilles
dont on parlait tant. C'étaient surtout les
illustrations scientifiques de l'Angleterre
qui montraient de l'empressement à venir
se rendre compte des nouvelles décou-
vertes. Robert Hooke, Francis Aston ;
Christopher Wren. Hans Sloane, Nehe-
miah Grew, tous membres <le la Soeiélé .
Royale, vinrent lui ren«lre visite. On cite
parmi les personnages princiers qui s'ar-
rêtèrent à Delfl pour voir Leeuwenhoek,
le duc de Brunswick ; les rois d'Angleterre
Charles II et Georges \" ; le landgrave de
Hesse ; Auguste, roi de Pologne ; Frédé-
ric 1", roi de Prusse ; réiecleur Palatin ;
le prince de Lichtenstein, qui l'invita, au
nom du roi d'Enpagiie, h se rendre à La Haye»
pour lui montrer ses microscopes ; la reine
Anne d'Angleterre, enfin le czar de Russie,
Pierre !•'.
C'étaient là, certes, des distinctions
flatteuses pour un savant. Mais, tout aussi
glorif>ux pour lui était le coinmcrcc intime
do ce groupe compact d'illustrations scien-
tifiques qui l'honoraient de leur amitié, et
entretenaient avec lili une correspondance
73
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S78
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
suivie : Grew, Swammerdam, les deux
Huyghens, De Graaf, Hcynsius, Riiysoh.
Boerhaevc, Rrga,. Leibiiiiz.. .. furent an
nombre de ses amis, et il eut le bon esprit
de se montrer plus fier de leur amitié que
des attentions royales et princières dont il
fut Tobjet.
Messieurs, j*ai peut-être abusé de votre
bienveillante attention, en vous entrete-
nant si longuement de ce sujet. Je m'arrête
ici, mais a regret. Le livro de M. Haaxman
contient tant de documents nouveaux
concernant le père de la micrographie,
tant de données positives sur les origines
de cette branche des sciences ; il nous pré-
sente le célèbre Leeuwenhoek sous un
aspect si nouveau pour nous, qi^e je n*ai
pu résister au désir de vous reproduire les
traits principaux de cette grande figure
scientifique.
Je vous propose d'adresser à notre col-
lègue M. Hnaxmann, nos remerciments .
pour son intéressant envoi, et d'ordonner
le dépôt de son ouvrage dans notre biblio-
thèque.
— Ces conclusions sont adoptées.
M Sacré obtient ensuite la parole pour
la lecture de son îtnalyse du travail de
M. le docteur Jacquet^ de Braine-le-
Comte.
M. Sacré. M. Jacquet, chirurgien à
Rraine le-Comte, a fait hommage à la
Société d'une brochure portant pour titre :
Fracture du eol du fémur, méthode pour la
guérir sans raccourcissement.
L*aut<'Ur expose d'abord par quel méca-
nisme le raccourcissement du membre est
produit dans les fractures du col du fémur;
il attribue ce raccourcissement à l'action
exclusive exercée sur le fragment inférieur
par les muscles pelvi-trochantériens.
Partant de là, il a cherché un moyen
qui puisse placer et maintenir ces muiicles
hors d'état d'exercer leur action. Ce moyen
il l'a trouvé dans une compression énergi-
que exercée par un bandage de corps serré
autour du bassin et de la partie supérieure
des cuisses.
Ce bandage, fait en toile très solide, me-
sure, pour un adultc,vingt cinq centimètres
de largeur; il est garni de trois boucles à
l'une de ses extrémités et de trois cour-
roies à l'autre.
Le patient étant placé sur un lit, dans la
position du dé^^ubitus dorsal, le chirurgien
glisse le bandage sou» le siégf, pendant que
le membre fracturé c^t ramené à la même
longueur que le membre sain; à l'aide de
Textension et dé la contre-extension prati-
quées par des aides. D«'S compresses sèches
pitées en six ou huit doubles sont placm
sur la partie externe du bassin, de manière
à couvrir tous les muscles environnant
la fracture, afin d'empêcher le bandage de
mortifier les parties molles qui recouvrent
l'épine iliaque antérieure et supérieure.
Les jambes sont ensuite rapprochées l'une
de l'autre et la longueur identique des
membres étant encore une fois vérifiée, le
chirurgien serre fortement le bantlage.
Le membre abandonné a lui-même con-
serve dès lors la position dans laquelle il a
été placé, c'est .à -dire sa longueur natu-
relle. Les pieds sont attachés l'un à
l'autre.
Par cette méthode nouvelle, M. Jacquet
a trait'^ deux blessés qui ont guéri l'un et
l'autre sans raccourcissement.
Cet heureux résultat a pu être constaté
par les membres de r Académie de méde-
cine auxquels M. Jacquet a présenté ses
fracturés.
Le premier cas est relatif à un ouvrier
âgé de 58 ans, d'un tempérament sanguin,
maigre et affaibli par les privations et par
un labeur excessif. Tombé d'un lieu élevé
de six mètres, il se fractura le col du fémur
gauche. La jambe gauche était plus courte
de huit centimètres que la droite ; la pointe
du pied était tournée en dehors et le talon
se trouvait au niveau de la malléole interne
du côté droit.
Le bandage fut appliqué le 1 8 août 1875,
et aussitôt après son application le mem-
bre conserva la longueur qui lui avait été
donnée.
Le troisième jour, M. Jacquet resserra
le bandage qui semblait s'être relâché, mais
sans que, néanmoins, le membre se fût
raccourci.
Le huitième jour, nouveau resserrement
du bandage, qui est bien supporté.
Le malade conserva le déeubitus dorsal
et riromobilité presqu'absolue jusqu'au
trente-deuxième jour. Alors, il lui fut
permis, pour la première fois, de se placer
sur l'un ou l'autre côté et en même temps
le pied gauche fut dégagé du pied droit.
M. Jacquet n'enleva l'appareil qu'après
six semaines. Il eut la satisfaction de
constater la consolidation de la fracture,
sans raccourcissement du membre, et
l'absence de toute esehare, malgré la lon-
gue durée de la compression et malgré la
souillure du bandage par les matières fé-
cales. Quelques jours suffirent au malade
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
57a
pour recouvrer Tusage complet du membre
fracturé.
Dans le deuxième cas, il s*agît d*un
ouvrier de 2<i ans. d'une bonne constitu-
tion, qui fut atteint de fracture du col du
fémur gauche a la suite d*unc violente pres-
9ion subie au niveau du bassin seulement^
entre une locomotive et la porte d'entrée
d'un atelier de la station de Braine-le-
Comte.
Comme lésions secondaires, on observait:
de la tuméfaction au niveau du grand
trochanter gauche ; une plaie coutuse su-
perficielle, longue de quatre centimètres,
au dessous de la crête iliaque droite;
enfin, une forte entorse tarso métatar-
sienne du pied gauche qui était tuméfié et
très-douloureux.
Le bandage fut applFqué avec le même
succès que dans le cas précédent. Il fut
resserre les quatrième et sixième jours.
Dixième jour. — Le bandage dé-
chiré est remplacé par un autre plus
solide.
Seizième jour. — Guérison de la plaie
superficielle.
Vingt- et-vnième jour. — Le malade,
qui jusqu'ici a gardé le décubitus dorsal et
Timmobilité complète, est autorisé à se
coucher sur Pun ou l'autre côté.
Trentième jour. — L'appareil est en-
levé et remis après quelques instants, mais
serré avec moins de force qu'auparavant.
Quarantième jour. — Guéridon sans
raccourcissement.
Au bout de seize jours, le malade mar-
che sans béquilles, mais le pied reste dou-
loureux.
Instruit par l'expérience, M. Jacquet
croijt qu'on pourrait, sans inconvénients,
relâcher le bandage dès le quinzième jour
et l'enlever définitivement après trois se-
maines, mais toujours sans autoriser les
mouvements.
Telle est, Messieurs, la méthode établie
par M. Jacquet. L'expérience seule pourra
décider ultérieurement si elle est plus
avantageuse que les méthodes anciennes^
car les deux succès obtenus ne suffisent
pas pour juger la que>tion. En effet, l'ex-
tension continue, les différents bandages
ihamovibles aidés ou non de l'extension
permanente, ont tous donné des résultats
non moins brillants que ceux relatés par
l'habile praticien de Brainele-Comte.
Néanmoins, le raccourcissement plus ou
moins prononcé du membre est encore la
règle, la guérison sans claudication, ou du
moins sans aucun raccourcissement, l'ex-
ception.
Toute méthode qui ferait de la guérisou
radicale la règle, serait un véritable bien-
fait pour l'humanité.
Aussitôt que j'eus pris connaissance du
travail de M. Jacquet, je me proposai de
soumettre sa méthode à une expéritmco
plus décisive, en choisissant un cas moins
favorable que ceux rapportés par notre
estimable confrère.
J'étais persuadé que l'occasion ne se fe-
rait pas attendre longtemps, les fractures
du col du fémur étant assez fréquentes à
l'hospice des vieillards où le service chi-
rurgical mVst confié.
Le traitement par les bandages, tout
comme celui par l'extension continue oi;
par le double plan incliné, est presque ^q.u-
jours suivi de claudication chez lei vieil-
lards^ surtout s'ils sont gâteux. Di« plus, le
décubitus dorsal détermine souvent cï\ç^
eux des eschares qui peuvent étfe suivies
de mort.
Le 2:2 septembre dernier, pendant que
je remplaçais à l'hôpital Saint Jean, MM.
Deroubaix et Van Hoeter, chefs de service,
entra dans mes salles la nommée Vande-
velde Elisabeth, âgée de 74 ans. Cette
femme venait de se fracturer le col du fé-
mur droit, en tombant de l'escalier de sa
demeure.
Le raccourcissement du membre a em-
mené le talon droit immédiatement au-
dessus de la malléole interne du côté
gauche ; le pied reposa sur son bord
externe; le moindre mouvement imprimé
au membre provoque une vive douleur
dans le siège de la fracture; la crépitation
est très- manifeste.
Malgré son grand âge, la femme Van-
develde est d'une rare énergie, d'une viva-
cité et d'une irrascibiliié peu communes.
Elle déclare avoir toujours joui d'une
bonne santé; sa maigreur est assez grande.
Elle n'offre aucune lésion secondaire. Je
résolus de lui appliquer l'appareil de
M. Jacquet.
Le premier bandage ayant été mal con-
fectionné et le second étant fait d'une toile
trop peu solide, je ne pus commencer le
traitement que le 48 septembre.
Le bandage, large de vingt-cinq centi-
mètres, fut appliqué en suivant minutieu-
sement les indications fournies par M. Jac-
quet. Le membre fracturé conserva la
même longueur que le membre sain. Une
heure après > je constatai que l'élongation
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580
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
s*était maintenue et que le bandage n*occa-
sionnail que de la gène, mais point de dou-
leur vcrilable.
29 septembre. — Malgré mes pressantes
recommaniialiuns^ la patiente sVst agitée
dans son lit et il en est résulté un raccour-
cissement de trois centimètres. Le bandage,
déjà infîltré d*urinc est resserré, après
extension du membre.
30 teptembre, — La malade a été relati-
vement plus calme ; néanmoins, un rac-
courcisM'nif nt aussi étendu que celui d'hier
s'est encore produit Nouvelle réduction,
nouveau resserrement.
i«f octobre. — La malade a eu une selle ;
son agitation a été très-grande. Raccour-
cissement d*environ cinq centimètres. Le
bandage sali par les matières fécales est
nettoyé et les compresses fortement imbi-
bées d*urine sont changées.
2 oclolre, — Le membre a conservé sa
longueur naturelle.
5 octobre. — A partir de ce jour nous
constatons chaque matin un raccourcisse-
ment variant de un à cinq centimètres,
malgré l'énergie de la eompression.
Il octobre. — Le bandage et les com-
presses sont fortement imprégnées d*urine.
En voulant les renouveler nous constatons
la production d'eschares entre le grand
trochanter et la crête iliaque, sous les com-
presses. Le bandage est abandonné.
Cet insuccès reconnaît plusieurs causes.
La reproduction persistante du raccourcis-
sement doit évittemmrnt être attribuée à
rindocilité de la malade. Il s'en faut de
beaucoup que nous ayons pu obtenir d'elle
cette immobilité à laquelle se sont si pa-
tiemment prêtés les blessés soignés par
M. Jacquet.
Notre malade n'ayant jamais desserré
une boucle de son bandage, Cf'liii-ci doit
être reconnu insuffisant par lui-même
pour maintenir félongation du membre;
son action exige le concours d'une immo-
bilité presqu'ubsolue.
Il est aisé de se rendre compte de celte
insuffisance : en admettant que l'action de
tous les muscles pclvi trochantériens ex-
ternes soit annihilée par la compression,
il est d'autres muscles, et des plus puis-
sanis, sur lesquels cette compression cir*
culaire n'agit que peu ou point. Ce sont
les trois muscles adducteurs de la cuisse,
le pectine et le psoas-iliaque.
L'effet produit par la contraction volon-
taire de ces muscles n'est pas entièrement
contrebalancé par la compression, et le
fragment inférieur subit un mouvement
ascensionnel.
La méthode de M. Jacquet lera donc
souvent inefficace chez les malades indoci*
les, les aliénés et peut-être même chez les
enfants.
J'apprends, en effet, qu'un de nos plus
habiles confrères de Bruxelles n'a pu évi-
ter la claudication chez une petite fille
traitée par l'appareil de M. Jacquet.
Les eschares sont incontestablement le
résultât de l'action combinée de la com-
pression et de l'infiltration urineuse. Chez
l'homme, il est facile d'éviter que l'appa-
reil ne soit souillé par l'urine, mais cela est
absolument impossible chez la femme.
La méthode de M. Jacquet ne semble
donc pas pouvoir être appliquée avec le
même succès chez la femme que chez
l'homme.
Nous croyons aussi que l'amoindrisse-
ment de la vitalité de la peau chez les
vieillards, amènera presque toujours chez
eux la production d'eschares sous l'in-
fluence d'une compression ériergique et
prolongée.
Nous sommes cependant convaincus que
l'appareil de M. Jacquet est appelé à
rendre de grands services dans le traite-
ment des fractures de l'extrémité supé-
rieure du fémur, mais seulement chez
les hommes doués d'assez d'énergie pour
supporter patiemment la gêne résultant
d'une longue compression et d'une malpro-
preté amenée par la difficulté de la déféca-
tion.
La méthode de M. Jacquet remporte
sur toutes les autres par sa simplicité et
par la facilité de son application.
Comme Ta fait remarquer M. le profes-
seur Soupart elle pourra s'étendre au trai-
tement de toutes les fractures et luxations
de la région pMvienne et particulièrement
deseoxarthrocaces à leur début.
J'ai l'honneur de vous proposer, Mes-
sieurs, d'adresser des remerciments à
M. Jacquet et de déposer très-honorable-
ment son travail dans les archives de la
Société.
— Adopté.
M. LB Présidbnt. L'ordre du jour amène
l'analyse, par M. Charan, de l'ouvrage de
M. Moeller. La parole est au rapporteur.
M. Charon. Notions d*anatomie, de phy-
siologie et d'hygiène au point de vite de la
gymnastique. — L'ouvrage de M. Moeller
est spécialement destiné aux élèves institu-
teurs j l'auteur a eu en vue d'en faire des
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
381
hommes capables de soigner l'éducation
physique des écoliers qui leur seront plus
tard confiés. Il s*esl contenté de leur pré-
senter les éléments d'analomie et de phy-
siologie nécessaires pour qu'ils deviennent
aptes à diriger convenablement les leçons
de gymnastique. L*hygiène étant une
science qui intéresse directement tous les
hommes est traitée moins brièvement;
M. Mocller est pénétré de Tidée que Tinsti-
tuteur doit parfaitement la connaître puur
en réaliser sans cesse les bienfaits au pro6t
lies élèves dont il dirigera Téducalion. Il
dit avec raison dans son livre que la gym-
nastique scolaire a une utilité hygiénique
pour deux motifs : d'abord à cause de Tâge
de ceux qui î^*y livrent, en second lieu à
cause des inconvénients de la vie scolaire
' au point de vue de la santé. Ces inconvé-
nients sont au nombre de quatre : en pre-
mier lieu, le séjour dans un^ir renfermé ;
â» la surexcitation du système nerveux;
3** la position vicieuse de l'écolier ; 4" une
immobilité trop prolongée. Les exercices
gymnastiquês doivent venir journellement
interrompre cette longue immobilité ; mais
il faut qu'ils soient pratiqués avec méthode
et selon les règles indiquées par Phygiène
et par la connaissance de Tanatomie et de
la physiologie.
Vous voyez qu'en se proposant pour
but^ par la publication de son livre, de
former des professeurs imbus de sembla-
bles idées, M. Moeller a rendu un véritable
service à i*humanité,car il concourt à nous
préparer une génération d'hommes ro-
bustes, sains de corps et d'esprit.
J'ai l'honneur de vous proposer le dépôt
de Touvrage de M. Moeller dans notre bi-
bliothèque et d'agréer l'auteur comme can-
didat au titre de membre correspondant
de notre Société.
— Ces conclusions sont adoptées.
La Société entend ensuite une communi-
cation de M. Melsens relative à la question
de la crémation. L'honorable membre dé-
pose sUr le Bureau les statuts d'une Société
qui vient d'être fondée dans le but de
populariser la crémation en Hollande, et
jouissant dans ce pays de la personnification
eivile. c'est-à-dire olBciellement reconnue
par l'Etat. — Remcrclments.
La séance est levée à 9 heures.
Académie royale de médeeine de
' Belgique.
Séance du 'il novembre 1875.
Président : M. Vleminckx.
Secrétaire : M. Sovet.
La séance est ouverte à H heures et
demie.
Sont présents : MM. Bcllefroid , Borlée,
Boulvin, Bribosia, Cousot, Craninx, Crocq,
Deiwart, Depaire, De Roubaix. Gallez,
Gaudy, Gille, Gluge, Gouzée, Hairion,
Hubert, Knborn, Lefebvre, Lequime, Mas-
cart, Michaux , Pigeolet . Hommelaere,
Soupart, Sovet, Thiernesse, Thiry, Van
Kempen, Vleminckx et VVarlouiont, mem-
bres titulaires; MM. Kupfferschlaeger,
Laussedat et Somers, membres honoraires.
Se sont excusés : MM. Foeien et Fos-
sion.
N'ont point motivé leur absence :
MM. Burggraeve et Chandelon.
MM. B.irelld, Boddaert, Boêns, Bulckens,
Desguin , Hambursin. Hicguet, Hyernaux,
Janssens, Masoin, Van Bastelaer et Van
Welter^ correspondants, assistent à ta
séance.
Le procès-verbal de la dernière réunion
est lu et adopté.
Le Bureau, chargé de la nomination des
commissaires qui auront à examiner les
communications présentées dans la der- •
nière séance, a renvoyé à l'appréciation de
M. De Rouhaix le mémoire de M. le docteur
Horion, intitulé : Kyste purulent de l'o-
vaire; ovariotomie ; guérison ; — Opéra-
tion césarienne ; guérison ; il a désigné
MM. Depaire et Gillc pour le rapport à
faire sur l'observation de M. Vande Vy-
vere, relative à la présence de Talloxantine
dans l'intestin d'une personne empoison-
née par de l'acide oxalique.
M. Warsage, médecin vétérinaire, répé-
titeur de zootechnie et d'histoire naturelle
à rinstitut agricole de l'Etat. à (lembloux,
ayant remarqué que les animaux reproduc-
teurs, achetés par le gouvernement belge
et tenus à la disposition des éleveurs, n'a-
vaient pas donné les résultats qu'on en
attendait, estime que les connaissances in-
suffisantes en zootechnie des campagnards
sont cause, en grande partie, de la non-
réussite des mesures adoptées.
Dans le but de contribuer à l'instruc-
tion des i^leveurs,il soumet à l'appréciation
de l'Académie un mémoire manuscrit inti-
tulé : Aperçu de zootechnie générale ou
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582
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
notions sur Téducation des animaux do-
mestiques. — Renvoi à une Commission à
nommer par le Hureau.
M. le (loclenr Heyfrlder, correspondant
de rAcadémie de Saint- Pélersbourg. offre
un ouvragti qu'il vient de publier sous le
litfe de Manuel de chirurgie de guerre;
traduit en français par le docteur R»pp.
M. Masoin présente, au nom de Tauteur,
M. le docteur Thpma, prîvat-doccnt à Hei-
delbcrg« une brochure en allemand intitu-
lée : Contribution à la technique du mi-
croscope.
M. Leqiiime présente, de la part de
M. le docteur StanNki, à Paris, une publi-
cation intitulée : Un mot à propos de la dis-
cussion à r Académie de médecine de Paris
sur le choléra de 1873.
M. Borlée offre, au nom de M. Davreux,
une brochure sur la contagion du choléra
par tes cadavres des cholériques.
M. le docteur Janssens, correspondant,
présente des tableaux graphiques résu-
mant la statistique sanitaire de la ville (fe
Bruxelles pendant la période décennale
1864 1873 et pendant Tannée dernière,
ainsi que det» cartes lopographiques de la
densité de la population et de la mortalité,
en 1874, dans les diverses subdivisions de
Tagglomération bruxelloise.
11 est encore fait homnia«c à l'Académie
de quelques autres publications dont les
titres seront insérés au bulletin. — Remer-
ciments aux auteurs des travaux présentés.
Le comité pour Térection d*un monu-
ment à d*Omalius d'Halloy adresse une
liste de souscription et exprime Tespoir
que TAcadémie voudra bien s'associer aux
efforts qui sont faits pour rendre un hom-
mage durable à Thomme illustre que la
Belgique vient de perdre.
M. Crucq obtient la parole pour une
motion d'ordre qui aboutit à la proposition
suivante, M. ie président et MM. Hairion,
Rellefroid,Thiernesse, De Roubaix. Gluge,
Thiry, Lefebvre ayant été entendus :
t L*Acadéinie émet le vœu qu'à l'avenir
le gouvernement prenne des mesures pour
que les universités soient mises a même de
se recruter facilement sans devoir recourir
à l'étranger. »
La prise en considération de la proposi-
tion de M. Crocq est mi^e aux voix et
adoptée. Elle est renvoyée à l'examen d'une
Commission à nommer par le Bureau.
L'Académie entend ensuite lecture des
rapports suivants :
1. Rapport de M. Crocq sur le mémoire
de M. le docteur Véra traitant delà fièvre
jaune.
M. le rapporteur propose d'adresser des
remerciraents à l'auteur et de déposer ho-
norablement son travail aux archives. —
Adopté.
2. Rapport de la commission qui a exa-
miné le travail de AI. le docteur Lambert
intitulé : Contribution à l'étude de la
phthisie tuberculeuse et de l'emphysème
pulmonaire.' M. Crocq, rapporteur.
Conclusions du rapport : Remerciments
à M. le (lecteur Lambert et publication de
sa note dans le bulletin. — Elles sont
adoptées.
3 Avis émis par M. Lefebvre, au nom
de la Commission des épidémies sur les
rapports de la Commission d'enquête insti-
tuée par l'administration de la ville de
Bruxelles pour rechercher les causes de la
fièvre typhol^p qui a régné, en 1869, dans
la capitale.
Le travail de M. Lefebvre sera imprimé
dans le Bulletin et porté à Tordre de jour
pour être discuté en même temps que plu-
sieurs autres communications relatives à
la fièvre typhoïde, dont la discussion a été
ajournée.
4. Note sur le plessimètre métallique,
par M. Crocq.
Cette communication sera imprimée
dans le Bulletin.
L'heure fixée pour l'ouverture du comité
secret étant son ujée., les discussions portées
à Tordre du jour sont ajournées à la pro-
chaine séance, fixée au f8 décembre pro-
chain, à cause de la Noël qui tombe le
dernier samedi du mois.
Les procès- verbaux remis par les 2« et
4*^ sections, appelées à renouveler leurs
bureaux pour Tannée prochaine, consta-
tent que M. Pigeoiel est nommé président
et M. Warlomont. secrétaire de la deuxième
section, et que M. Bellefroid est élu prési-
dent et M. Kuborn, secrétaire de la qua-
trième.
1. L'Académie décide qu'il y a lieu de
procéder à Télection d'un membre pour oc-
cuper la place du titulaire vacante par suite
du décès de M. Poelman et que la pre-
mière section sera convoquée, à bref délai,
pour procéder au choix îles candidats.
2. M. Kuborn donne lecture du rapport
quMl a fait, au nom d'une Commission, sur
les questions à mettre au concours.
L'Académie statuera dans le prochain
comité secret.
3. M. Cousot dépose le rapport de la
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
583
Commission chargée d'apprécier les tra-
vaux présentés en 1873 par des praliciens
beiges et qui peuvent mériter les prix de
300 francs.
L'Académie entendra la lecture du rap-
port dans la prochaine séance et se pro-
noncera sur les conclusions formulées par
la Commission.
' i. Nomination de la Commission insti-
tuée par Particle 16 des statuts.
MM Bellefroid, Depaire et Thiernesse,
nommés membres de la Commission, Tan-
née dernière, sont maintenus dans leurs
jfonctions par acclamation.
5. Sur la proposition du Bureau, la
Compagnie décide qu'il y a lieu d'impri-
mer un supplément au catalogue des livres
de la bibliothèque publié en 1867.
M. le président propose, à cette occa-
sion, de faire paraître dorénavant, tous les
cinq ans, un supplément au catalogue. —
Cette proposition est adoptée.
La séance est levée à 2 heures et demie.
▲oftiiéilAie de Médecine dé P«ri».
Séance du 9 novembre 1875.
Présidence de M. Gosselin. •
Election. — L'Académie procède, par
la voie du scrutin, à l'élection d'un mem-
bre correspondant étranger pour la pre-
mière division.
M. Schwann de Liège ayant obtenu la
majorité, est proclamé élu.
Hystérotomie. — M. Dknucé donne lec-
ture d'un travail ayant pour titre : Note
sur V ablation du corps de la matrice dans
l'inversion irréductible, Hystérotomie ex-
terne.
Myopie (Suite de la discussion). —
M. Jules Guérin. Il importe desavoiravant
tout si 1rs modiOcaiions demandées par
M. Giraud-Tculon dans l'instruction des
conseils de révision, si les proi^rès qu'il
donne comme devant être acceptés par
ces conseils Kont bien réellement les modi-
Gcations qu'il faut demander, les progrès
t\u^i\ faut imposer à l'administration mili-
taire. La question scientifique prime donc
ici la question administrative. M. Guérin
reconnaît l'importance des recherches qui
ont été entreprises sur les altérations des
milieux de Tœil. Mais en regard des lé-
gitimes prétentions de l'école moderne, il
croit pouvoir opposer des recherches et
des travaux auxquels M. Gîraud-Teulon
lui même a rendu pleinement justice.
L'accommodation est le résultat de deux
ordres d'action, l'un se rapportant au
système muscutaire de l'œil, l'autre aux
'modifications qui peuvent cire imprimées
aux milieux dioptriques eux mêmes. Au-
jourd'hui M. Giraud Teulon veut ne tenir
compte que de ces derniers ; c'est donc là
un premier point sur lequel porte un com-
plet désaccord. M. Giraud-Teulon nie, en
outre, l'influence des changements qui
peuvent survenir dans la cornée. M. (^ué-
rin l'admet, au contraire.
Envisageant la question sous un point
de vue général, l'orateur soutient qu'il en
est de l'origine du strabisme comme de
celle de toutes les difformités qui sont dues
à la rétraction musculaire.
c Avant 183Î$, l'étude des difformités
constituait une sorte de chaos, dans lequel
leur véritable origine était complètement
méconnue. Or, j'ai, le premier, démontré
qu'il existait entre toutes ces ditTormités
un lieu commun qui les rapprochait entre
elles. J'ai montré que, toutes, elles étaient
dues n une altération du système nerveux
agissant sur te système musculaire. Or,
l'œil est un organe très- richement muni de
muscles ; il est donc soumis aux lois de la
rétraction musculaire;, Le pied représente
les mêmes particularités; il est pourvu
aussi d'un riche système musculaire. Ce
qui a lieu pour l'un a donc lieu pour l'au-
tre, et c'est là ce qui m'a fait dire que le
strabisme était le pied bot de l'œil. Rien
n'est plus facile, en effet, que d'appliquer
à l'œil toutes les démonstrations que j'ai
données relativement au pied.
« J'ajouterai toutefois que l'œil est un
organe bien , autrement compliqué, bien
autrement délicat que le pied et que, par
conséquent, les troubles qui résulteront
pour lui de la même cause, de la rétraction
musculaire, seront d'autant plus com-
plexes. Un savant dont je reconnais et ap-
précie tout le mérite, dont je ne saurais
trop louer les recherches et les travaux,
M. Donders a le premier émis cette propo-
sition, que c'était dans les modifications
survenues dans les milieux dioptriques de
l'œil qu'il fallait rechercher l'origine de
tous les troubles fonctionnels observés
dans l'organe de la vision ; c'est au retour
d'un voyage dans le pays oii règne ce sa-
vant, que M. Giraud-Tculon a adopté et
défendu à son tour cette même doctrine,
en abandonnant complètement celles qu'il
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584
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
avait soutenues tt enseignées jusque-là ;
mais je m^efforcerai de lui démontrer que
ce sont précisément ces liernières qui pré-
vaudront, parce qu*elles s^appuient sur
des faits positifs, indiscutables, que ne
peuvent expliquer, ni infirmer en quoi que
ce soit les doctrines dites modernes, par
oppositfon aux nôtres qu'on appelle an-
ciennes, le strabisme est, sans contredit,
le produit de la rétraction convulsive de
rœil >
Ici M. J. Guérin cite divers passages
d'un travail de Bonnet (de Lyon», et du
Hvre de M. GiraudTeulon.qui confirment
pleinement les données établies par lui,
relativement à plusieurs points de This-
toire du strabisme.
Il arrive à cette conclusion, que de la
rétraction des muscles de rœil résulte une
déformation de ce dernier^ caractérisée par
une dépression latérale du côté correspon-
dant'au muscle rétracté et par une sorte
de bombement, au contraire, du côté op-
posé. Or il est impossible de ne pas ad-
mettre, comme conséquence de cette dé-
formation, de notables changements dans
la direction de Taxe optique, qui, évidem-
ment, en pareil cas, ne traverse plus les
diverses membranes de l'œil par leur cen-
tre, comme il doit le faire à l'état normal.
(I en résultera donc une action sur la
fonction de l'organe, sur la vision ; un
très'grand nombre d'étals visuels qui va-
rient incessamment, mais qui résultent
tous d'une même cause, qui reconnaissent
tous la même origine. La précision d'un
cas particulier n'a pas grande importance
devant ie grand nombre de cas que l'on
peut citer à l'appui de cette manière de
voir.
M. Jules Guérin conclut en disant que
les résultats fournis par la myotomie sont
la démonstration la pitis complète de la
doctrine qu'il soutient.
Séance du 1 6 décembre.
Présidence de M. Gossslin.
Correspondance — M. Broca présente au
nom de M. le secrétaire perpétuel, le
deuxième volume de la Statistique pour la
France de Vannée 1872. Il signale tableau
suivant du Mouvement de l'aliénation men-
tale d'après Us trois derniers recensements :
BEÙBRSB-
POPULATION.
AI
.lénis.
PBOPORTIOIf
HBRT.
à dom telle.
dans tes asiles.
Total.
par
40,000 habit
De 1861.
De 1866.
De I87i.
.•=»7..'î86,313
38,067.064
37.IOi?,9âl
53.160
5«,707
51.004
31,054
35,97*
36,964
8'4,214
90,670
87,968
28.4
23,8
24,4
Or. le rapport â4,i est erroné ; le vrai
rapport pour 187:2 est â3,7, un peu moin-
dre par conséquent qu'en 1866.
— M. le docteur Delpech présente, au
nom de l'inventeur, M. Legrand, un ap-
pareil hydrotliérapîque pour doucbes de
toutes sor'es a domicile. Cet appareil con-
siste en un récipient de tôle d'acier très-
solide, contenant 45 litres d'eau ; ou le
charge à plusieurs atmosphères en quel-
ques secondcâ au moyen d'une pompe d'un
maniement trcs-fucile. Un manomètre in-
dique la pression obtenue.
Le petit volume de cet appareil —
0"60 de hauteur sur 0™iO de diamètre,
— la simplicité de son mécanisme place h
l'extérieur, et par-dessus tout sa pression
continue, offrent des avantages incontes-
tabJes qu'aucun appareil de ce genre n'a-
vait jusqu'à ce jour.
Phthisie. — M. le docteur Metzquer (de
Montbozon (lit un deuxième mémoire Sur
la non-inoculabilité des phthisies.
* En résumé, dit l'auteur, j'ai l'honneur
de soumettre o l'Académie 31 expériences
prouvant qu'avec des matières non tuber-
culeuses, on peut produire des lésions
identiques à celles que détermine l'inocu-
lation du tubercule; 43 expériences prou-
vent que ces nodules se résorbent. Ce total de
44 observations, ajoutées aux expériences
de mon premier mémoire, donne le chiffre
de 130 expériences contrôlées pour la
plupart parMid. Morel, Michel et Feitz.
c Messieurs, je crois avoir montré par
ces expériences que les nodules produits
par les inoculations peuvent se résorber
et, dans la majorité des cas, se résorbent
en effet. J'ai prouvé que l'on pouvait pro-
duire à volonté les altérations pulmonaires
ou, plus généralement, organiques, que
l'on avhit regardées à tort comme tubercu-
leuses Il suffisait pour cela d'inoculer une
matière solide d'un volume ass(>z considé-
rable, se désagrégeant facilement, et pu-
tride par elle même ou imprégnée de
liquide putride. »
M. Metzquer, après avoir critiqué les
expériences de M. Villemin et les interpré-
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ACArDËMIËS ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
b85
talions que Tauteur a cru devoir donner,
conclut.
« M'appuyant sur plus de 130 expé-
riences, j'o^e donc affirmer aujourd'hui
que les nodules développés à la suite des
ipoculàtious ne ressemblent en rien aux
tubercules :
n V Parce qu^ils se résorbent dans la
majçrité des cas ;
f 2* Pai*ce qu'ils peuvent être produits
par ÏMnocuhtîon de différentes substances ;
f 3** l^arce que, dans Tinoculation de
substance tuberculeuse , Texpérience ne
donne de résultat qu*auiant que la matière
employée est.à un degré assez avancé de
décomposition. » — (t!om. MM. Villemin,
Hcrard, Colin, Henri Roger. J. Guérin,
HIrtz, Béhier.)
Digestion stomacale. — M. le docteur
Leven, médecin en chef de Thôpital de
Rothschild, lit un travail intitulé : Des
mouvements et de la fonction de l'eitomac.
L^auieur se propose de démontrer :
1*» Que le rôle de Festomac n'est pas de
peptoniser les matières azotées ;
â*^ Que si le suc gastrique peut convertir
les matières albuminoîdes en.peptones, ce
n*est pas dans restomac que la conversion
se fait ;
3" Que Peslomac n'a pour fonction que
d'emmagasiner les aliments, de les chasser
dans l'intestin si^ à Tétat naturel, ils sont
divisés comme le lait et l'œuf cru ; si, au
contraire, ils ne le sont pas, la viande, par
exemple, il est char<[;é de les diviser, puis
de les chasser dans l'intestin ;
A^ Qu'il n'est pas exact de dire que le
seul rôle des fibres musculaires soit de
mettre Taliment en contact avec le suc
gastrique.
Après avoir exposé le résumé des nom-
breuses expériences qu'il m faites sur le
chien, l'auteur termine par les conclusions
suivantes :
t En résumé, le lait et l'œuf cru ne
restent pas dans l'estomac : ils en sont
chassés sans aucune modification.
I Si la viande y séjourne plusieurs
heures, c'est qu'elle est massive ; elle n'en
peut sortir que si elle est réduite; nous
avons reconnu qu'elle arrive dans l'intes-
tin non transformée. La réduction, la di-
vision de la viande est due à la fois au suc
gastrique et à la membrane nuisculeuse. Le
suc gastrique facilite le rôle de la mem-
brane muscuieuse.
« Si, dans la théorie actuelle, le rôle de
la moscuJeuse n'est comiiâéré qae comme
secondaire, c'est que les expérimentateurs
s'étaient placés dans de mauvaises condi-
tions pour la voir bien fcftictionner. S'ils
ont accordé au suc gastrique un i:ôle
essentiel, c'est que, ne connaissant qu'une
partie du sujet, ils se sont exagéré l'im-
portance de celui qu'ils ont étudié.
« Nous avons dit, au commencement de
ce travail, que jamais ils n'ont pu retrou-
ver dans l'estomac les peplones qu'il était
censé faire.
« Leur théorie n'est donc fondée que
sur des hypothèses.
< Que le suc gastrique dont sont impré-
gnées les fibriles de la viande contribue à
les peptoniser danà l'intestin avec les au-
tres liquides digestifs qui s'y déversent,
cela est probable.
« Mais, dans restomac, le suc gastrique
avec la membrane muscuieuse ne fait autre
chose, pour les aliments non divisés, que
ce que fait le chimiste quand il veut agir
sur une substance; il la triture, et alors
dans l'intestin les liquides sécrétés par le
pancréas et le foie pourront agir chimi-
quement sur elle. *
Séance du 23 novembre.
Présidence de M. Gossblin.
M. Giraud-Teulon présente un ophthal-
moscope métrique, destiné à déterminer la
réfraction de l'œil, qui se distingue des
instruments analogues.
Il renferme une série de verres à inter-
valles de réfraction réguliers, tandis que
dans les instruments jusqu'à présent usités
on a été contraint, à cau.se du nombre res-
treint des verres, de choisir des intervalles
irréj^uïiers et forcement arbitraires.
M. B^RGERON offre à l'Académie, de la
part de MM. les docteurs Efojardin-Beau-
metz et Audigé, une brochure qui a pour
titre : Recherches expérimentales sur les
alcools par fermmtation, c'est à-dire, les
alcools éthylique ou esprit de vin, propy-
lique, butylique et amylîqtie.
Ces recherches, en effet, ont pour but
d'étudier Taction des alcools administrés,
non plus à doses toxiques, mais à petites
doses, plus ou moins longtemps continuées.
Ellcb doivent donc répondre à un desidera-
tum que j'ai exposé, il y a cinq ans. devant
l'Académie, et que, sur ma proposition, la
Société de tenrpérance à donné depuis
comme sujet de concours, à savoir, la re-
cherche, à l'aitle de l'expérimentation, à
défaut d'observation cliniqu'*, des diffé-
74
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586
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
rences que pourraient présenter, dans leur
action sur l'organisme, d'une part, Talcool
éthyiique ou espcit <1c vin, et, d'autre part,
les alcools extraits de la betterave, des
grains ou des pommes de terre, qui renfer-
ment en proportion variable les alcools
propylique, butylique et amylique.
Pour les alcools de diverses provenances,
il peut exister des différences que Tanalyse
la plus habile est impuissante h révéler ; et
n*est-cc pas répéter une banalité^ que dire
que quelque fins, quelque sensibles que
soient les réactifs dont usent les chimistes,
il y en a un plus fin encore et plus sensi-
ble, qui est Tétre vivant. C'est à ce réactif
que MM. Beaumetz et Audigé ont demandé
la solution du problème.
Myopie (suite de la discussion). — M. Gi-
RÀLDÈs. M. Jules Guérin a divisé ses collè-
gues en deux camps, Ton qu'il appelle le
camp des physiologistes ou des chirurgiens,
dont il s'honore de faire partie, l'autre le
camp des opticiens ou oculistes, dans lequel
il range ses adversaires.
Les premiers, a-t-il ajouté, ont cet avan-
tage sur les seconds qu'ils guérissent leurs
malades par des opérations chirurgicales,
tandis que les seconds n'ont à opposer à
leurs affections que des lunettes. Or, mal-
gré ces avantages, AI.* Giraldès croit pou-
voir affirmer â M. Guérin que tous les chi-
rurgiens pasieront, avec armes et bagages,
dans le camp des oculistes.
M. Jules Guérin nie les progrès réalisés
dans la science par les ophthalmologistes,
qui ont démontré que les troubles de Tac-
commodation étaient liés à des change-
ments de courbure dans les faces anté-
rieure et postérieure du cristallin ; de
l'autre côté, il affirme que ces troubles
sont le résultat de changements de rapports
déterminés dans les milieux réfringents
par une cause unique, la rétraction mus-
culaire. Mais tandis que les ophlhainiolo-
gistes appuient leur doctrine sur des mil-
liers de faits, parfaitement observés, sur
des recherches très- nombreuses, sur des
observations très-fines et empreintes d'une
rigueur mathématique, sur quoi M. Guérin
basc-t-il sa théorie ? Sur une opinion an-
cienne, aujourd'hui complètement aban-
donnée.
M. Giraldès combat successivement tous
les arguments invoqués par M. J. Guérin â
l'appui de cette opinion qpe tous les trou-
bles de la vision sont le résultat de la ré-
traction musculaire.
L'orateur repousse cette opinion que le
changements de courbure de la cornée, les
staphylomes, etc., puissent prédisposer à
la myopie Ces choses n'ont entre elles au-
cun rapport, puisque la distance focale est
moins longue que l'axe antéro- postérieur
de l'œil, et que les modifications survenues
dans le segment antérieur de l'œil ne peu-
vent exercer aucune influence sur cette
distance focale elle-même. Quant à l'action
des muscles droits, ajoute M. Giraldès; si
elle pouvait exercer une influence sur les
troubles de la vision, au lieu de produire
la myopie, les muscles, en se rétractant,
devraient, au contraire, produire de l'hy-
permétropie, puisqu'ils raccourciraient
l'axe antéro postérieur de l'œil.
Les altérations de forme de l'œil n'ont
également aucun rapport avec le stra-
bisme ; ce sont là des altérations concomi-
tantes dans lesquelles il ne faut voir au-
cune relation de cause à effet. Enfin, en
présence des nombreux arguments accu-
mulés par M. J. Guérin, et reposant tous
sur de pures hypotliès»*s, M. Giraldès n'a
pu s'empêcher de dire avec le fabuliste :
Le nioindre gratu de mil ferait mieux mon affaire.
En terminent, l'orateur fait observer à
M. J. Guérin qu'il a laissé échapper, au
congrès de Bruxelles, une belle occasion
d'exposer une doctrine qu'il dit être dé-
montrée. M. Donders et bien d'autres n'au-
raient pas mieux demandé que de pouvoir
apprécier, discuter même celte doctrine;
mais M. Guérin, qui pourtant était à
Bruxelles en ce moment-là, n'a pas paru à
la section d'ophthalmologie.
M. Jules Guérin n'avait pas l'intention
de prendre la parole aujourd'hui, mais il
ne peut laisser passer sans réponse l'argu-
mentation de M. Giraldès, qui est une cri-
tique anticipée portant surtoqt sur ce que
M. Guérin n'a pas encore dit. La première
partie de son argumentation avait unique-
ment pour but d'établir les bases sur les-
quelles il étdblit la doctrine qu'il n'a pas
encore exposée.
M. Giraldès considère comme admis,
comme démontré, que l'aecommodatioa
est due à d.es changements de courbure
des faces antérieure et postérieure du
cristallin. Rien n'est moins démontré, sui-
vant M. Guérin, et ceux là même qui sou-
tiennent cette théorie avouent leur incer-
titude, (ci M. Jules Guérin cite deux pas-
sages, l'un du livre de M. Maurice Perrin,
l'autre de M. Giraud-Teulon, dans lesquels
ces auteurs révèlent les obscurités qui
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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.
587
régnent encore sur le mécafiisme par le-
quel se produisent les changements de
courbure du cristallin.
M. GiRALDÈs fait observer que M. Jules
Guéri» confond ici deux choses bien diffé-
rentes : le fait en lui même de racconimo-
dation qui est absolument démontré et le
uiccanisme par lequel se produit ce fait
qui est encore inconnu. M. Jules Guérin
n'a pu confondre ces deux choses avec
une enlicre bonne foi.
M. Jules Guérin met au défi tous ceux
qui soutiennent celte théorie, de lui mon-
trer un cristallin courbé. Il n'y a rien
d'élastique ni de contractile dans le cris-
tallin.
M. GikaudTeulon ne peut laisser passer
de pareilles assertions; il ne faut pas que'
^Académie paraisse les accepter. Les chan-
gements de courbure du cristallin sont un
fait aujourd'hui aussi bien démontré que
le carré de Thypothéniise. Quant au mode
d'action du muscle ciliaire, cette question
est, en effet, encore entourée d'obscurité.
Mais le défaut d'explications du fait ne
peut empêcher que le fait existe.
Séance du 30 novembre.
Présidence de M. Gosselin.
M. Tarnier fait hommage à TAcadémie
d'une brochure qu'il vient de publier sous
le titre de : Réponse de M. Tarnier aux
critiques dont il a été l'objet au Congrès médi-
cal de Bruxelles , à propos du forceps- scie,
M. Larrey offre en hommage, au nom
de M. le docteur MandI, un ouvrage ayant
pour titre : Hygiène de la,voix.
Al. LE •Président annonce la mort de
M. Giraidès. M. Alph. Guérin donne lec-
ture du dicours qu'il a prononcé, au nom
de l'Académie, sur la tombe de ce regretté
collègue.
M. Dechaux (de Montluçon) donne lecture
(l'un travail sur le lymphatisme de la
femme, (Ce travail est renvoyé à la com-
mission des correspondants nationaux.)
Causes de l'insalubrité de là Bibvrb. —
M. PoGGiALB donne lecture d'un rapport
qu'il a fait au nom d'une commission dont
il faisait partie avec MM. Boudet elDelpech
an conseil d'hygiène publique et de salu-
brité de la Seine, sur les cause de l'insalu-
brité de la Bièvre et les mesures qui pour-
raient être prises pour l'assainir.
Voici le résumé et les conclussions de ce
rapport. £n résumé, dit M. Poggiale, il est
permis de déduire les conclusions suivantes
des recherches que j'ai faîtes sur le cours
de la Bièvre et sur l'aliération de ses eaux,
des nombreux renseignements que j'ai
recueillis, des plaintes incessantes des rive-
rains, des préoccupations des hygiénistes
et de l'administration et des travaux d<yà
exécutés.
i° Les eaux de la Bièvre, généralement
assez claires et inodores dans le départe-
ment de Seine-et-Oise, deviennent de
plus en plus troubles et hifectes depuis
Anthony jusqu'à Tégoût collecteur. Elles
dégagent, surtout pendant les chaleurs de
l'été, des gaz d'une odeur intolérable. Des
écumes blanchâtres^ des plaques noires et
épaisses flottent à la surface de l'eau. Les
bopes qui remplissent le lit de la rivière
renferment une quantité ass^'z considérable
de débris animaux. Les herbes vertes,
abondantes jusqu'à Antony, disparaissent
complètement au-delà de cette localité.
2'^ Les gaz qui se dégagent deTeau ren-
ferment piesque 6 pour i(»0 d'acide suif hy-
drique. Depuis Cachan l'eau est entière-
ment dépouillée d'oxygène et renferme,
au contraire, une proportion notable d'am-
m.oniaque.
5" Les émanations de la Bièvre exercent
une influence fâcheuse sur la santé des
riverains ou sont pu moins pour tous une
cause grave d'incommodité.
4° Les plaintes si nombreuses et si sou-
vent renouvelées des habitants de Cachan,
d'Arcueil, de Gentilly, du 13° et du 5® ar-
rondissenient, son donc fondées.
5** L'infection de (a Bièvre est due, d'une
part, aux établissements classés, aux
buanderies de Cachan , d'Arcueil et de
Gentilly, d'autre part, aux égouts et aux
eaux ménagères des communes et du
\^° arrondissement.
6° On ne saurait empêcher les industriels
de faire écouler les eaux infectes dans la
rivière. Les conditions qu'on leur impose
sont le plus souvent insuffisantes ou mal
exécutées, malgré la surveillance des agents
de la préfecture de police.
7» Il importe d'exercer une surveillance
active sur les barrages et sur tout le cours
de la Bièvre et de veiller à la conservation
des eaux.
'8° Il est très- désirable que le curage
.<oit effectué au moins deux ou trois fois par
an jusqu'à Tégout collecteur, par des chas-
ses, comme dans les égouts de Paris. Il est
nécessaire, en attendant, d'interdire le dé-
pôt des produits du curage sur les pro-
priétés riveraines.
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588
ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTE^
90 Nous proposons de combler la rivière*
morte à partir do Gentilly, ainsi que des ma-
rais de la Glacière, et de poursuivre la ca-
nalisation de la fiièvre depuis le boulevard
d'Italie jusqu'à Cacban, et de lui donner
une pente rapide.
' lO° Pour assainir complètement les
bords de la Bicvre^ il est indispensable que
cette rivière, qui n'est qu'un égout à ciel
ouvert, soit couverte d'une voûte comme
tous les égouts de Paris.
M. Depaul fait observer que M. Poggiale,
dans son rapport^ a laissé de côté un
moyen d'assainissement des eaux qui a
donné de bons résultats à Saint-Denis;
il veut parler du colmatage des eaux.
M. Poggiaie, en outre, suivant lui, n'a
pas assez fait ressortir l'influence des
usines et des blanchisseries sur l'infec-
tion des eaux de la Bièvre et a peut-être
attaché trop d'importance aux égouts et
aux eaux ménagères.
M. PoGGiALE répond que le colmatage est
certainement un moyen qui mérite d'être
étudié, bien que les résultats obtenus
jusqu'ici laissent beaucoup à désirer. Ce
moyen, d'ailleurs, serait absolument Inap-
plicable au cours de la Bièvre, faute de
terrains.
Il fait observer» en outre, qu'entre An-
thony et les fortifications, où les eaux de
la Bièvre sont déjà très-infectées, il y a
très peu d'usines.
C'est donc surtout aux blanchisseries et
aux égouts que doit être attribuée l'infec-
tion de ces eaux dans cette partie de son
cours.
Lvpus DE ik MAIN. — M. Després pré-
sente une malade âgée de quarante-deux
anS; atteinte depuis huit ans d'ui.e atTec-
tiori ulcéreuse de la peau de l'avant bras
et des doigts annulaire, auriculaire et in-
dicateur de la main gauche. Ces trois doigts
ont été successivement et progressivement
détruits par un petit ulcère commençant
sur le bout des doigts et creusant en sur-
face et en profondeur; seub'ment les parties
molles et l'os se sphacélent par portion en
progression de l'ulcération de la peau. Il y
a sur le bras sept ou huit ulcères de même
nature, mais les doigts ne sont atteints
que depuis un an.
La malade a des antécédents scrofuleiix
des mieux confirmés.
(Renvoyé à Texamen de MM. Hardy,
Devergie et Hillairet).
Séance du 4°' décembre.
Présidence de M. Gossblin.
CoRRESPONnANCB. — Lettre de M. le doc-
teur Peter, qui.se porte comme candidat à
la place vacante dans la section de patho-
logie interne.
Lettre de M. Decroix, vétérinaire prin-
cipal, qui se porte comme candidat à une
place de membre correspondant dans la
section de médecine vétérinaire. A cette '
lettre est jointe une série de brochures,
ainsi que l'exposé des titres scientifiques
de l'auteur.
M. le docteur Bedoin, médecin major,
présente un travail intitulé : Considérations
élémentaires sur l'hygiène de l'enfance.
M. Dechambrb présente une brochure
intitulée: Hystérie et catalepsie; la cata-
leptique de l'hôpital Cochin, par M. Paul
Perdenel, interne des hôpitaux.
îVIyopie. (Suite .de la discussion.) —
M. Jules Guérin se propose de démontrer:
1" Que la myopie n'est qu'un état per-
manent de l'accommodation de l'œil à la
vision des objets rapprochés.
2° Que l'accommodation de l'œil aux
différentes distances du champ de la vision
distincte est un phénomène auquel parti-
cipe tout) le système musculaire de l'œil,
et qui résulte, secondairement, de l'appro-
priation de toutes les parties du globe
oculaire modifiées par ce système.
5° Que la doctrine des changements de
forme de cristallin est contredite par tous
les degrés, toutes les modalités de Tacconi-
modation, dentelle a maintenu une partie
et supprimé plusieurs autres.
4" Que l'origine, les caractères, les com-
plications et le traitement de la myopie
font voir qu'elle n'est plus qu'une modifi-
cation de forme du strabisme, comme les
autres anomalies de la vision désignées
sous les noms d'astigmatisme, d'astéaopie
musculaire, d'ambliopie, etc., ne sont
elles-mêmes que des variétés de forme de
la myopie ; les unes et les autres produites
par différents modes, différents degrés, de
différentes distributions de la rétraction
musculaire.
Dans l'accommodation de l'œiL la plu-
part des muscles de cet organe jouent un
rà\e, on peut le prouver par des faits de
différents ordres :
1*^ La diplopie, que peut produire le
redressement de l'œil dans les légers stra-
bisiues ; et aussi le strabisme optique
résultant de l'effort que fait un malade.
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ACAOËMIBS El SOGIÈTRS SAVANTES.
l>89
dont Taxe visuel est întcreçptc, pour per»
cevoîr eo «Icliors de lui les rayons visuels;
2^' I^ diplopie momentanée, qui suc-
cède souvent à des opénitions de stra-
J>isme ;
3" La déformation de Toeil et le trouble
visuel par défaut d*accommodation, que
les opérations du strabisme peuvent ame-
ner, et qui guérissent lorsqu'on a fait
disparaître le déchaussement de rœil par
une nouvelle opération, souvent exécutée
par M. Jules Guérin dans le strabisme
consécutif ainsi produit ;
4° Enfin, la diminution considérable de
la myopie dès le troisième jour d'une opé-
ration de strabisme. M. Jules Guérin en a
déjà cité plusieurs exemples. £n pareil cas,
la vision distincte est reportée sur un
point très distant avant même que les
muscles se soient cicatrisés, et que la fa-
culté de voir également q diverses distances
se soit par suite rétablie.
51. Jules Guérin passe en revue les dif-
férents muscles qui peuvent concourir
dans Taccommoilalion; bien que les muscles
droits, et surtout le droit interne, y jouent
un rôle très important, il pense qu<^ ce ne
sont pas les seuls eu jeu. A la théorie de
Taceommodatiou par la seule action du
muscle ciliaire, il objecte un fait d'obser-
vation, c'est que le punctnm remntum n'est
pas dans la réalité fixe et invariable corn nie
il devrait l'être d'après cette doctrine.
Avec un peu d'effort on peut voir encore
le gibier qui fuit lorsqu'il est à perte de
vue, on arrive à déchiffrer des caractères
placés au delà de ce qui semblait la limite
de la vision distincte. Dans la prochaine
séance M. Jules Guérin se propose de faire
l'étude directe de la myopie dans ses rap-
ports avec la doctrine courante de l'accom-
modation.
. M. Maurice Perrin dit que M. Jules
Guérin, dans le travail qu'il vient de lire à
l'Académie, n'a pas touché à la question
de Taccommudation ; il a confondu l'adap-
tation avec l'accommoiialion, c'est-à-dire
• deux choses complètement différentes.
L'adaptation comprend en effet toutes
les conditions diverses qui concourent à la
vision à distance; tandis que l'accommo-
dation est l'adaptation des distances de
chacun des deux yeux.
La théorie de l'accommodation telle
qu'elleest enseignée aujourd'hui, et qu'elle
a été exposée devant l'Académie par M . Gi-
raud-Teulon, repose sur des bases iné-
branlables que M. Do.nders a eu la gloire
de poser le premier. Ces bases sont des
faits d'optique aussi simples que la mesure
de la courbure d'un miroir^ et que tout le
monde peut vérifier.
Il est donc de certitude absolue que rao*
commodatioD résulte du changement de
courbure du cristallin et non d'autre
chose. Une expérience le démontre de la
façon la plus absolue. Si l'on enlève tous
les muscles de l'œil et que Ton soumette le
cristallin à l'action de l'élasticité, on recon-
naît par la mensuration jque les dimensions
des images obtenues à l'aide d'un pareil
cristallin varient suivant les différences de
courbure de la lentille.
La myopie se rattache d'une manière
intime au phénomène de raccommoda-
tion.
L'œil est un appareil d'optique, une
sorte de chambre noire. Dans l'œil myope,
la rétifie se trouve placée au delà du point
focal principal. L'axe an téro -postérieur se
trouve allongé; c'est-à-dire que l'écran
est reculé, d'où le trouble de la vision.
Il y a donc déformation de l'œil dans la
myopie. En outre, en examinant les mem-
branes de 1 œil par Tiulérieur, on trouve
une plaque d'atrophie, autour du nef opti-
que. C'est ce qui constitue essentiellement
l'altération anatomi.^ue de l'œil myope.
Cette observation a été faite des milliers
de fois et a toujours conduit aux mêmes
résultats. Il ne s'agit plus ici de théories
médicales et d'hypothèses:, mais de faits
positifs dont le génie de Donders a établi
la réalité, eonfirniée depuis par tous les
observateurs.
Mais la myopie dont il vient d'être parlé
ici, et qui constitue la myopie véritable,
n'est pas la saule. 11 y a des fausses myo-
pies, dont une espèce est, en effet, pro-
duite par la rétraction musculaire. C'est la
myopie de M. Jules Guérin, que cet obser-
vateur a eu le mérite de bien faire con-
naitre, et, mieux encore de guérir à l'aide
de la myotomie. Il est d'autres myopies,
ou plutôt d'autres états myopiques dus par
exemple, soit à raplatissemeat de l'œil
en travers, soit à une sorte d'état tétanique
du muscle de Taccommodation , soit à
l'existenee de .staphylôme de la cornée,
soit à la Luxation du cristallin projeté dans
là chambre antérieure. Il y a des personnes
qui sont adaptées dé près en permanence.
Enfin, on peut créer avec de l'éscrine des
myopies artificielles et temporaires.
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S90
ACADÉMIES ET SlKîlÉTÉS SAVANTES.
Séance du 14 décembre.
Présidence de M. Gosssun.
Nouvelle pings pour extraire les poly-
pes DES fosses nasales postérikurbs. —
M. Ch. Fauvbl pr<Mentc à rAcailêmte une
nouvelle pince construite par M. Mathieu
sur ses in<1ications et dont la forme permet,
en passant par la bouche, derrière le voile
du palais, d*aller arracher les gros polypes
des fosses nasales postérieures.
L*cxtrémité des branches fortement re-
courbées en crochet est terminée par des
mors fenêtres et garnis de fortes dents ; les
branches, vers les anneaux, sont coudées
de façon à laisser libre le champ visuel.
De l*aconit, de ses préparations, et de
l'aconitine. — M. OuLMONT, frappé de
rinégaliié d*action des diverses prépara-
tions d^aconit, et des dangers qu'elle pou-
vait faire courir aux praticiens peu habi-
tués à manier un médicament aussi éner-
gique, a entrepris une sorte de révision des
propriétés pharmaco-dynamiques et théra-
peutiques de ce mé<iicament.
Il a trouvé que Taction de Taconit était
variable : i® Suivant la partie de la plante
employée, sans parler des conditions par-»
ticulières de localités, de saison favorable,
de dessiccation, etc. ; 2* Suivant la prove-
nance de la plante ; 3° Suivant les prépa-
rations.
On peut dire, en général, que les feuil-
les, les fleurs, tes tiges, les semences, ont
une action incertaine et presque nulle ;
que les racines renferment les principes
actifs, et que les racines diffèrent d'activité
suivant ta provenance. L'aconit des jardins
est moins actif que celui des montagnes,
celui des Vosges moins actif que celui de
Suisse.
Les alcoolatures de feuilles fraîches, de
tiges, de fleurs et de semences d*aconit
sont à peu près inertes à doses faibles ; on
peut les porter chez les animaux à 30 et
40 grammes, et chez l'homme à 45 et
20 grammes, «ans produire d'effets appré-
ciables.
Les alcoolatures de racines fraîches sont
beaucoup plus actives et doivent n'être
prescrites qu'à faible dose à raison de leur
inégalité d'action, qui est due à ta présence
de l'eau de végétation dans les racines.
Les teintures d'aconit sont des prépara-
tions actives. La teinture de racines l'est
plus que la teinture de feuilles sèches.
L'aconit du Dauphiné. et surtout celui
de Suisse^ doivent être rejetés à cause de la
violence de lenr action et de la difiîcnlté
qu'on éprouve à les doser.
L'aconitine est un médicament d'une
grande énergie. Elle exerce des effets phy-
sioioi^iques et thérapeutiques à la dose de
un quart de mllligr. ; elle peut^ néanmoins
quand on procède graduellement, être
portée jusqu'à la dose de un et même deux
milligr. par jour sans provoquer d'acci-
dents.
Myopie (suite de la discussion). —
M. GuÉRiN continue le discours qu'il avait
commencé mardi dt^rnier. Il rappelle qu'au
début de la discussion il avait admis deux
espèces de myopie, la myopie optique et la
myopie mécanique. C'était celte dernière
qu'il avait eu surtout en vue et qu'il avait
combattue avec succès par la myotomie
oculaire.
L'existence de la myopie mécanique
avait semblé être mise en doute par les
contradicteurs de M. J. Guérin; elle avait
du moins été considérée comme exception-
nelle. Mais M. Maurice Perrin, dans l'im-
provisation brillante qu'il a faite dans la
dernière séance, a donné son opinion ; il a
accordé une part considérable à la myopie
mécanique tout en faisant des réserves.
Mais ce n*est pas assez pour satisfaire
M. J. Guérin; pour lui, la myopie méca-
nique n'est pas un accident, une fausse
myopie, comme Ta prétendu M. Maurice
Perrin. C'est, au contraire, la myopie nor-
male, fondamentale, la vraie myopie en
un mot.
La myopie, suivant l'orateur, est un état
permanent d'une phase particulière de
{accommodation. Celle-ci étant, comme
M. J. Guérin pense Ta voir démontré, le ré-
sultat d'une des modiOcalions, non de la
courbure du cristallin, mais de l'action des
muscles de l'œil, la myopie n'est que la
conséquence de la rétraction des mêmes
muscles.
Tout changement de rapport des milieux
de l'œil implique le changementde la forme
des images. Tous les myopes ont des images
visuelles de dimension plus grande que
lorsqu'ils ont été opérés par la myotomie.
Le rapprochement du cristallin et de la
cornée change également les dimensions
des images. Or, ce rapprochement, qui est
la conséquence de l'action musculaire, est
admis par les contradicteurs de M. Jules
Guérin, ainsi que l'orateur cherche à le
démontrer par des citations empruntées à
MM. Perrin et Giraud-Teulon.
Voilà donc deux conditions capitales
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VAAIËTÉS.
59i
conformes à la doctrine de M. Jules Guénn,
que, Torateur trouve implicitement con-
tenue dans los livres de ses contradicteurs.
M. JuIcsGuérin ne veut pas méconnaUre
les progrès que Técole de Dondrrs a fait
faire à rophthalinologie. mais, suivant lui,
ces progrès sont d'ordre secondaire.
M. Jules Guérin, répondant à Tobjection
que la myopie mécanique serait ^ne espèce
de myopie excepiionneile. déclare que ces
cas de myopie prétendus exceptionnels se
comptent par centaines.
Alors qu'il avait une clinique, il a eu
Toccasion d'en observer un très- grand
nomt^re, dont les observations ont été re-
cueillies par M. Dechambre, membre de
celte Académie.
Des résultats analogues ont été obtenus
et publiés par M. Bonnet, de Lyon, Guépin,
de Nantes Philipp, etc.
M. Giraud-Teuion, de son côté, déclare
que, dans iOO cas de strabisme, il a observé
7S fois la myopie; dans iOO cas de stra-
bisme divergent, il a observé 70 cas de
myopie et d'hypermétropie. Enfin, dans
tous les cas, il y avait raccourcissement
musculaire ou plutôt, dit-il, simple dispro-
portion de longueurs entre les muscles sains.
Qu'est-ce donc, s'écrie Porateur, que
cette disproportion de longueur si ce n'est
une véritable rétraction musculaire?
11 y a des myopies acquises par l'accom-
modation habituelle de la vue à courte dis-
tance ; il se fait alors dans les muscles de
rœil une modification, un raccourcissement
qui, avec le temps, devient permanent et
produit la myopie.
Il y a des myopies héréditaires que la
myotomie guérit ou améliore d'une ma-
nière remarquable.
Quant à la myopie optique, M. Jules
Guérin l'admet, bien qu'il n'en ait jamais
vu un seul exemple.
Il conclut en disant que la myopie méca-
nique n*esi pas un accident mais constitue
la myopie normale fondamentale, la myopie
véritable, susceptible de se modffier selon
les variations de la rétraction musculaire.
IV. VARiÉTéS.
Corps étrangers introduits dans les
narines. — Pour extraire les corps étran-
gers que les enfants s'introduisent quel-
quefois dans les narines, tels que pois, ha-
ricots, etc., M; Petit, médecin à Aubignan,
emploie le p^rocédé que voici :
Au lieu d'essayer de se servir de pinces,
qui ont l'inconvônienl quelquefois de pous-
ser plus profondément le corps étranger, il
bouche d'une main la narine opposée à
telle qui contient le corps, et sai.sit. avec
ces doigts de l'autre main, les lèvres de
l'enfant de manière à l'empêcher de res-
pirer. Se sentant ainsi saisi et gêné, il se
met en colère et fait de graiids efforts
d'expiration, qui ne manquent pas d'expul-
ser le corps obstruant.
Ce procédé, facile à employer, a réussi
plusieurs fois à M. Petit. {Abeille médicale,)
Les instituts pathologiquies et physio-
logiques. — Le pemier institut patholo-
gique a été fondé par Virchow ; les travaux
du célèbre histologi^te, ses cours et ses le-
çons pratiques ont jeté un vif éclat sur
l'école de Berlin. Les étudiants trouvaient
là des éléments d'instruction qui n'exis-
taient pas encore ailleurs ; mais depuis lors
les instituts pathologiques se sont multi-
pliés en Allemagne d'abord puis dans un
grand nombre d'Universités des autres
pays, qui ont profité de l'expérience déjà
acquise pour faire mieux encore. De telle
sorte qu'aujourd'hui Berlin est bien dé-
passé et que le flot des étudiants cesse do
se porter principalement vers la capitale
prussienne, pour se répandre dans d'autres
écoles dont les progrès sont plus récents, et
notamment à Leipzig. £n Angleterre, il
faut signaler la nouvelle Ecole de Thôpital
Saint- Thomas, à Londres, et bien d'autres ;
en Ecosse, 1 Université de Glasgow; en
Hollande, l'Université de Leyde; aux
Etats-Unis, le Collège de l'hôpital de Bel-
levue et l'University collège, tous deux à
New- York. Partout l'enseignement médical
ouvre des laboratoires aux élèves, mais au-
cun pays n'a autant fait que la Suède,
d'abord pour renseignement primaire,
puis pour les Ecoles secondaires et les Uni-
versités (1).
L'établissement de Stockholm contient
(1) V. D' van «len Corput, De Torgnnisation
des Ecoles pratiques en Allemagne, en Suède
et en Russie, Paris. E. Lacroix, 1866.
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nn
VAmÈrés.
non-seulement des salles de dissection et
d*aiitopsie, des laboratoires d*histoIogie» de
physiologie, de cfainiic, de physique et
d'histoire naturelle, mais encore la morgue,
une salle d'autopsie et un amphithéâtre de
leçons ponr les cas de médecine légale.
(Lyon médical,)
Influenee de la lumière «ur la végéta-
tion. — L'effet de la lumière, considérée
comme cause du réveil de la vie dans le
règne végétal, vient d'être observé près
d^Âibènes, par le professeur von Hendreich,
dans des circonstances bien curieuses. On
sait que les mines dû Laurium^ qui ont
donné lieu à de si longs et si vifs débats
diplomatiques, consistent pour une grande
' partie en scories provenant dcrexploitalion
par les anciens Grecs, mais qui contien-
nent encore beaucoup d'argent, que Ton
extrait aujourd'hui par les procédés per-
fectionnés de Part moderne.
Or, sous ces scories^ dit le Médecin de la
famille, depuis au moins quinze cents ans
dtyrnnrit ia semence d^unc papavéracée du
genre Glaucium. Depuis qu'on les a enle-
vées pour les porter aux fourneaux, sur
tout l'espace qu'elles recouvraient ont
poussé et fleuri les jolies corolles jaunes de
cette fleur qui était incoimue à la science
moderne, mais qui se trouve décrite dans
Pline et Dioscoridc. Elle avait donc disparu
de la surface du globe depuis quinze ou
vingt siècles.
Un fait analogue s'est produit pour le
blé que l'on trouve dans les anciennes sé-
pultures égyptiennes. Ces graines de blé
mises en terre donnent un blé magnifique
haut de ^ mètres et avec des épis trifur-
qués cfaargûs de (^raines abondantes.
(Répertoire de pharmacie, )
lorsque les couleurs arsenicales sont défec-
tueusement fixées sur le papier, mais qu'il
ne doit plus se produire lorsque les pein-
tures ont été préparées à l'huile et qu'une
fols étendues, elles ont été recouvertes de
vernis.
Mais il n'en est pas ainsi, et un grand
nombre d'empoisonnements ont pu «voir
lieu dans des chambres où les couleurs du
papier arsenical avaient été préparées à
l'huileetoù elles étaient recouvertes par un
autre papier peint complèt-^ment inoffensif.
11 parait probable que, dans ces cas, le
composé vénéneux qui se forme est un
corps gazeux, un arséniure d'hydrogène,
qui se mêle à l'air respirable et s'introduit
ainsi dans l'organisme.
Le docteur Hemberg désirant répétera
ce sujet les expériences de Flecq, a analysé
l'air contenu dans Un appartement dont
les parois étaient garnies de papief arse-
nical. La pièce était vaste et bien aérée,
les papiers qui garnissaient les murailles
étaient parfaitement secs , hMir mise en
place datait de vingt-cinq à trente ans, et
les personnes qui y avaient habité n'avaient
point éprouvé d'accidents toxiques. Cepen-
dant, malgré toutes ces circonstances qui
semblaient témoigner de Tinnocuité des
peintures arsenicales, une minutieuse ana-
lyse de l'air y fit connaître la présence de
Tarscniure d'hydrogène gazeux.
[Le Mouvement médical,)
Atmosphère des appartements tapissés
de papiers aux oouleurs arsenicales. —
On sait que les papiers peints dont les
couleurs sont dues à des sels arsenicaux
ont souvent été la cause d'accidents toxi-
ques, pour les habitants des appartements
oi^ ils sont tendus. Taylor, Bunsen, Pet-
tenkofcr expliquent cet empoisonnement
par la présence dans l'air de particules
arsenicales détachées du papier par une
cause mécanique queleonque et pénétrant,
par la respiration, dans les voies aériennes.
De cette interprétation on devait conclure
que cet inconvénient ne peut exister que
Empoisonnement par le lait de ohé-
vre. — Les journaux italiens et allemands
rapportent l'histoire d'une petite épidémie
observée aux environs de Rome,, et dont ia
source est assez curieuse.
Un grand nombre d'habitants étaient
atteints d'une irritation gastro-intestinale,
caractérisée par de la diarrhée, des vomis-
sements, une soif intense et une diminution
notable datis la température et la fré-
quence du pouls.
Âpres quelques recherches, les méde-
cins arrivèrent à soupçonner le lait de
chèvre, qui est d'un usage général dans le
pays. Les animaux furent examinés par le
vétérinaire et déclarés sains. Le lait fut
analysé, ainsi que les déjections des mala-
des, et l'on n'y trouva aucune tracé de
poison métallique.
Les soupçons se portèrent alors sur la
pÂture ordinaire des chèvres, et celle-ci se
trouva contenir quatre plantes plus ou
moins vénéneuses : Clematis vïtalba, Co-
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VARIÉTÉS,
595
nîum maoulatum, Colchkam antamnale,
Plumbago europœa. Les vomissements et
le lait ayant été analysés de nouveau pré-
sentèrent les réactions ehimiqucs propres
a la colchicine.
(Annales de médecine vétérinaire,)
PRIX PROPOSES.
Société médîoo-ohîrurgicale de Liège.
Conoouri. — f. La Société médicoahirur"
gicale de Liège aecordera un prix de cinq
cents francs et le titre de membre cor-
respondant à Tauteur du meilleur mémoire
sur un sujet librement choisi de la méde-
cine, de la chirurgie; des accouchements
ou de la pharmacie.
Le mémoire couronné sera publié dans
les Annales delà Société.
Les auteurs nq doivent pas présenter
des travaux d'une étendue excédant cinq
feuilles d*improssion (soit 80 pages format
\n-S^ des Annales),
Il est interdit aux auteurs des mémoires de
se faire connailre, soit directement, soit in-
directement; le mémoire doit être accompa-
gné d'une devise répelée dans un pli cacheté
contenant le nom, les qualités et le domi-
cile de Tau leur.
Lès travaux devront être remis avant le
1" août 1876 à M. le D' Davreux, secré-
taire général de la Société, rue de la Cas-
quette, 33, à Liège.
H. La Société médico^chirurgicale de
Uége décernera une médaille d'&r à Tétu-
diant d'une des universités belges, auteur
du meilleur travail sur un sujet librement
choisi, eoncernant ranatomie, la pbysio-
iogie, la médecine, la chirurgie, les accou*
ebements ou la pharmacie.
Les travaux devront être remis avant le
4K octobi'e 1876 au Secrétaire général de la
Société.
(Conditions ordinaires des concours.)
Programipe dei quetiîons mîtes *au
eonoour» par l' Académie royale de
médeoine de Belgique.
1878-1877.
c Quels sont les rapports entre rémi-
gration des globules du sang el Tinflam-
mation? »
La réponse doit être basée sur de nou-
velles expériences et, au besoin, sur de
nouvelles démonstrations.
Prix : Une médaille de 1000 francs. —
Clôture du concours : 1«' mars 1877.
c Indiquer la valeur relative des ampu-
tations et des résections dans les tumeurs
blanches ; exposer les indications et les
contre-indications. »
Prix : Une médaille de 4000 francs. —
Clôture du concours : 1«>^ juillet 1877.
1875-1878.
« De la détermination des principales
maladies endémiques qui régnent en Bel-
gique, mises en rapport avec la consti-
tution géologique des lieux où elles sévis-
sent. »
Prix : Une médaille de ISOO francs. —
Clôture du concours : 1«' juillet 1878.
L^Acailcmie se réserve, au outre, de dé-
cerner, chaque année, deux médailles de
300 francs chacune aux auteurs des deux
mémoires manuscrits relatifs aux sciences
médicales, qu*elle jugera dignes de ces
récompenses.
Les. médecins briges de naissance ou par
naturalisation sont seuls admis à participer
à cette faveur.
La formule usitée pour le concours
n'est point requise dans la présentation de
ces mémoires.
Conditions du concours.
Les mémoires, écrits lîsiblementen latin,
en français ou en flamand, seront seuls
admis h concourir; ils devront être adres-
sés, francs de port^ au secrétaire de l'Aca-
démie, place du Musée, n* i, à Bruxelles.
Les planches qui seraient jointes aux
mémoires doivent être également manus-
crites.
L'Académie, exigeant la plus grande
exactitude dans les citations, demande aux
auteurs d'indiquer les éditions et les pages
des livres qu'ils citeront.
Les auteurs ne mettront point leur nom
à leur ouvrage, mais seulement une devise
qu'ils répéteront à Textérieur d'une enve-
loppe cachetée, renfermant leur nom et
leur adresse.
Les billets attachés aux écrits non cou-
ronnés ne seront ouverts que sur la de-
mande dés auteurs.
Prix à décerner en 1876. — La Société
de Médecine do Saint-Etienne et de la
Loire met au concours la question sui-
vante : c De l'Anémie chez les Mineurs. »
La Société dcccriicra un prix de la Va-
leur de 800 francs, au mois de décembre
1876, à l'auteur du meiHeur mémoire iné-
dit sur ee sujet.
75
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594
VARIÉTÉS.
Les mémoires, éerits en français ou en
latin, porteront une épigraphe reproduite
dans un pli cacheté contenant le nom et
redresse de leur auteur. Ils devront être
parvenus avant le 50 septembre 1876, à
M. le docteur Sautbreau, Secrétaire de la
Société, rue Traversière, 6, à Saint-Etienne
(Loire).
FAITS DIVERS.
La séance annuelle de rAssoci4TioN mé-
dicale DU Brabamt {Caisse de prévoyance),
a eu lieu le 25 décembre dernier à rhôtel-
de-ville de Bruxelles, sous la présidence du
docteur Louis Martin. Il résulte du compte
de gestion que, tous frais déduits (pen-
sions temporaires et frais d^administra-
lions), le capital social s*élève à la somme
fr. 25,078,50.
£n conséquence, le droit d*admission,
pour les praticiens exerçant dans la pro-
vince du Brabant, est porté à 35 fr. (un
franc par mille francs du capital social). La
rétribution annuelle reste invariablement
ûxée k(r. U.
Tout membre, après cinq ans révolus de
participation à la Caisse ou ayant versé, au
moment de son entrée, une somme globale
de 500 fr.,a droit, le cas échéant, à un se-
cours ou pension temporaire pouvant
s*élever à 400 fr. Tan. Les mêmes avantages
sont réservés aux veuves et aux orphelins
qui se trouvent dans les conditions de
Part. 20 des statuts.
I*m o«rte de ▼tsite
IMPROMPTU BN
COUPLETS POUR LE JOUR
DE l'an.
Un petit carré de carton.
Où Ton grave, — c'est de bon ton —
Le nom d*un homme de mérite
Ou rétiquette d'un pied>plat,
Voilà
La carte de visite.
C'est en guise de compliment
Qu'on envoie, au conimencement
De l'an, cette étrenne bien vite;
Votre portier vous dit : — Holà !
Voilà
La carte de visite !
Gela tient lieu du bel habit
Qu'on n'a pas, même de l'esprit
Qu'il faudrait tirer hors du gîte ;
On est sûr qu'on reçoit cela :
Voilà *
La carte de visite.
Cela tient lieu de l'amitié
Dont on feint au moins la moitié ;
Vrai lambeau du masque hypocrite
Dont le monde un jour s'affubla !
Voilà
La carte de vi.«itc.
Dans les cartes d'un vieux mari.
Madame fouille ; elle a souri :
Ne demandez pas qui l'agite
Devant un des noms qui Hoot là ?
Voilà
La carte de visite.
Vous, cher lecteur de ce journal,
Que Dieu vous garde de tout mal !
Que votre médecin s'irrite
De l'effet de ce souhait là !
Voilà
Ma carte de visite.
(Le Moniteur de Lyon), E. B.
Éphéméridet médicales.
Année 1596.
La raphanie se déclare dans la Hesse,
tandis que la peste sévit à Hambourg.
» •
Établissement des Jlollandais au Cap de
Bonne-Espérance.
50 décembre 1644.
Mort de Jean-Baptiste Van- Helmoot,
Seigneur de Mérode, d*Aerschot, de Pei-
Unes, etc., Tillustre médecin- chimiste ne
à Bruxelles en 1577. Il mourut des suites
d'une pneumonie à Vilvonle, ou il s'était
retiré après de longs voyages dans presque
toutes les contrées deJ'Europe.
D' V. D. CORPUT.
NECROLOGIE.
La Société royale des sciences médicales
et naturelles de Bruxelles vient de perdre
l'un de ses membres les plus érudits, M. le
docteur A. Giraldès, praticien d'un grand
mérite et qui possédait à fond plusieurs
langues. M. Giraldès, d'origine portugaise ;
s'était tixé à Paris où il jouissait d'une juste
considération. Il ^ avait été élu correspon-
dant de la Société royale des sciences mé-
dicales et naturelles de Bruxelles le 7 août
1857.
FIN DU SOIXANTE-ET-VNlitfE VOLUME.
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- TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE ei"" VOLUME.
Abadie. — Hcmiopie, 46.
Abcès des os <Faux) et ostéite névralgique,
462.
Absorption des médicaments chez les nou-
veau-nés par Je lait de la nourrice,
332.
Académie royale de médecine de Belgique
(Séances de \\ 81, 373, 459, hSi.
— de médecine de Paris (Séances de F),
83, 84, 86, 472, 174, 17H, 176, 267,
269, 378, 377, 378, 461, 462, 464,
465, 467. 583, 584, 585, 587, 588,
590.
Accouchement (Du repos au lit après P),
340.
Accouchements difficiles des fœtus morts
(Conduite à tenir dans \es\^ 340.
Acétonémte (Un cas mortti d') chez une
femme diabétique, 125.
Acide (Sur le partage d'un) entre plusieurs
bases dans les dissolutions, 239.
— carbonique (Guérison de la migraine à
Taide de P), i^9.
— — libre (Réactif de P) des eaux pota-
bles, 237.
— cbromique (Traitement de Pépithélioma
du col utérin par les cautérisations à P),
337.
— cymencarbonique (Sur P), 344.
— iod hydrique (Action de P) sur Tacide
santonique : Méta^santonine, 446.
— oxalique (Traitement de la dipbthérie
par P) et par le sulfophénate de quinine,
226.
— phénique (OEdème malin traité par P)
à Pintéricur et en injections hypoder-
miques, 334.
— ■— (Traitement de la coqueluche par
P), 548.
— — (Traitement de la toux férine par
les inhalations d'), 549.
— salicylique (Conservation des sangsues
par P), 249.
— — (De I') dans la diphthérie, 135.
— — (Des pansements à P), 133.
— — pour conserver les jus dé limons
(V), 249.
(Purification de P), 343.
Acide salicylique (Recherches sur P), 53.
— — (Sur P), 54.
— — (Sur P), et ses sels, 439.
— vonillique (Sur P), 234.
Acitles sulfureux et suPurique dans le
traitement de la diphthérie (Des). 226.
— (Sur les) contenus dans les pétroles
bruts, 235. .
Aconit (Reclierches sur les propriétés phy-
siologiques de P) et de Paconitine, 425.
Aconitine (Recheiches sur les propriétés
physiologiques de Paconit et de P), 425.
Acuponcture électrique (Pseudarthrose de
Pextrémité inférieure du fémur gat.cbe,
consolidée avec P), 340.
Adénite cancéreuse de nature encépha-
loîde développée chez un enfant de
cinq ans, 89.
— syphilitique (Des injections parenchy-
maieoses d'iodure de potassium dans les
cas d'), 551 .
Affections gastiîques (Traitement de di-
verses) 21 u moyen de la pompe stoma-
cale, 227.
— nerveuses et musculaires (De PempSoi
de Pélectricité comme moyen de dia-
gnostic dans quelques), 429.
— — (Les connexions hcrédilaires entre
certaines), 130.
— régnantes (Discussion sur les), 80^
267, 373.
— utérines (Application du tampon de
ouate dans le vajiin pour diverses), 553.
Ailante glanduleuse (D(>s propriétés théra-
peutiques de P), 4"26.
Air (An.-ilyse de P) dans les appartements
temlus do papier peini arsenical, 152.
^^ comprimé (Action physiologique de P)
sur la tension artérielle, 219.
Albumine (Do^a.e de P) par le tnnnin, 50.
-^ (Obs«'r\ ations sur la dgestion de P;
chez les nouveaux-nés. 430. -
Alcool allyliqiie dans les produits de la dis-
.tillHâon sèctie du bois, 439.
— amyliqiie (Rechorche de P) dans Pal-
cool or iinaire, 249.
— (Dilution de P) à un degré déterminé,
249.
— (Sur la solubilité du phosphore dans
P), 443.
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o96
lABiîB AxjI*iI AbbTiQUE
Alcool roéfhylique (Action de I*) sur le
chiot hydi-Hted^ammnnique, i47.
Alcools par fermentai ion (Sur les pro-
priétés IDX ques des«, 557.
— l'olyatomiques proprement dit-^ (Faits
relatifs à réinde des). Application à un
nouveau mode d'otitmtion de Tacidc
formk(|ue cristullisable, 346.
Aldéhyde (Sur quelques composés de i\
436.
Almès. — D'' quelques propriétés du per-
chlorure de fer, 560.
Alun (Ri ctifTche de T) dans le pain et dans
la farine, 358.
Ammoniaque dans l^ntmosphère (L*), 434.
— du commerce (Recherche des matières
goudronneuses dans T), 55.
Andrews, '-^ Des dangers comparés de
Tanesibésie proiuite |>ar Téther. le
chloroforme, le bichloride de méthylène
9t le proi oxyde d'azote, 46.
Adestliésie (Des dangers comparés de V)
produite par Té hcr, le chloroforme, le
bichloride de méthylène et le protoxyde
d*azote, 46.
— locale (Sur V), 430.
Afiévrysme poplité (Guérison d*un) par
cofii|irt-ssion au moyen de la bande
d'Esmarch; 556.
Angine ttiberculense (Sur 1'), 44.
Angleterre (Les effets de la yaoeination
obligatoire en), 447.
Aniline (Rùiige d*) pour colorer les huiles
pour les cheveux, 300.
— (Notice sur les couleurs d*), 151.
Ansfiê, — Les connexions héréditaires
entre certaines affections nerveuses,
130.
Aphasie (De V) ou perte de la parole dans
les maladies cérébrales, 4â3.
Aplionie nerveuse (Observation d*) guérie
par des inhalations de chloroforme,
223.
Appareil de Marsh (Conduite de 1'); son
appltoat on au dosage de Parsenio con-
tenu dans les matières organique^;, 569.
Aricine (Sur T). 234.
Arnica (La teinture d*) condamnée, 1S8.
— Traitement de rorcliili* par P), 552.
Aronheim, ~ Alcool allylique dans les
produits de la distillation sèehe du bois,
439.
Arsenic (Sur la localisation de r> dans les
divers tissus des animaux empOi>*onnés,
557.
Arsenicaux (Recherches des composés)
dans les sels alcalins et alcalino-terreux
employés en pharmacie, 238.
Arsenicaux (Tapts muges), 250.
Artère*^ cérébrales (Cootrîbu*ion à Tétnde
de^ lésions syphiliiiques des), 335.
Arthritisiii^ (De 1 herpélisuie et de V) de
la gorge et des premièn-S Voic^, 219.
Asa fœtida dn marchéde Bombay (Les),440.
Ashhrst. — De la laparotomie ou section
abdominale comme moyen de traite-
ment derintus>usception, 138.
Asphyxie (1/) par Técume bronehique ou
angia'ra) hro&ie, 177.
Atmosphère des appartements tapissés de
papiers aux couleurs arsenica!es, 592.
Asote (Do.«^ge de V) dans \es engrais. 342.
— (Quantités d') et d'ammoniaque conte-
nues dans les betteraves, 562.
Bactéries (De la putréfaction produite par
les), en présence des nitrates alcaltBs),
857.
Bains ehauds (Des), 127.
-^ de mer (Quelques considérât ions sur
les) sur les plages du Nord, 358.
— froids (Le rhumatisme cérébral et les),
546.
Burnoumn. — Sur la préparation des sup-
positoires, 149.
fiafeman» — De Tapba^ie ou perte de la
parole dans les maladies cérébrales, 423.
Béguin, — Sur Tétat de la cantbaridine
dans les insectes vivants, 233.
Belladone (Traitement de la transpiration
profuse par la), 2:24.
Bergmeisttr. — Des chomïdites et de leur
influence sur la f icullé visuelle, 47.
Bernard, — La base de la médecine fu-
tnre, <80.
Berquer, — Des exti'aits fluides pour la
préparation du vin de qniufuiua, 354.
Berquieti — Dilution de Talcool à un de-
gré déterminé, 249.
Bert, — Il fluence de Tair comprimé sur
les fermentations, 233.
Berthelot, — Sur le partage d*un acide
entre plusieurs bases dans les dissolu-
tions, â3t).
Btrtherand, — De quelques aecidents
grav es, souvent mortels, consécutifs aux
grandes brûlures, 19.
^er(i. — Un ca< mortel d*acét>némie chez
une femme diabétique, 1!25.
Betteraves (Quantités d'azote et d'ammo-
niaque contenues dans les), 562.
Bicarbonate de soude contre le mal de
dent, 135.
Bidenkap. — Calcul d*acidc oxalique à la
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Df^S MA11ERES.
597
suite de Ttisage de l« -riinbarbf, 354>.
Bièvre (Causes d'insalubrité de la), 887.
Bi»g, -^Décomposition de Tiodure de po-
tassium dans ToifaniMne, 44.
Bioxyde d hydrogène (Sur la pré.seacedu)
dans In sève des végétaux, 3i6.
Bistortp, 351.
Bktne. — De la poudre de Goa dans cer-
taines maladies de la peau, 334.
Bhtideau» — Propriétés tœnictdes du ka* .
oiala, 43.
Boehm it Knie, — Action physiologique
de i^acide pi ussique, 63.
Bottger, — Action du pho.^phore dissous
sur le chloraie de potasse, 237.
Bottger. — Extraction de Tor des liquides
pauvres, li>().
Botïinù — Extirpation du larynx par le
couteau galvanique, 431.
Bouchut, — Du xaginisme, 337.
BournerUle. — Ellels ihérapeutiques du
fûtrite d'amyle dans Tépiiepsic et Thys-
téio épilepsie, 220.
Bronkliydratc de quinine (Note sur Tem-
ple»! thérapeutique du), 4i, 424.
— neutre d^ésérinc (Sur le), iiê, •
fironiofonue(Siir le), 39.
Brewne, — Mort subite par embolie de la
veine cave inférieure, à U\ suite de va-
rices de U jambe, ë34.
Bruciue (Transformation de la) en strych-
nine ei réciproqoi ment, 342.
Brûlures (De quelques accidents graves,
souvint mortels, consécutifs aux gran^
d«s), ID.
Bruit de flot hydro-aérique dans une tu-
meur sans communication avec Texte-,
rieur, 472.
Brun» — Notice sur les couleurs d'aniline,
151.
Burq et Ducom. — Sur Taction physiolo-
nique du cuivre et de ses composés sur
les animau^K, 560.
Café-chicorée (Empoisonnement de quatre
personnes par le), 150.
Café (Des effets du) sur les quadrupèdes,
546.
Caféine (Note sur le dosage de la) et la
solubilité de cette substance, 558.
Ca/fr. — A propos des sociétés de secours
mutuels, 468.
Calcul d'acide oxalique à la suite de Tusage
de la rhubarbe, 334.
Calculs urinaires (De la cure des) au
moyen des dissolvants cliniques, 545.
Camphre monobromé cristallisé (Prépara-
tion du), 438.
Cannizzaro et Amafo. — Action de Taciile
iodhydrique sur Tacide santonique :
Métasanlonine, 146.
Cantharidinc (Sur Tétat de 1«) dans les
insectes vivants, ^33.
Cardinal. — Sur TanesChésie locale, 430.
Ctirlos. — Traitement de la coqueluche
par Tacide phénique, 548.
Carotide primitive (Déauddti on delà), 55<>»
tarpentier. — Rapport sur le travail de
M. le docteur Ed. De Smet : Principales
affections oculaires traitées à Thôpital
Saint-Pierre, pendant Tannée 1874,
575.
Carptntier, — Rapport sur les mémoires
de concours, 77.
Carte de \iite (La), 504.
Caspari. -*- Du nitrate de soude contre la
dyssenterie, 231.
Casse et Thiemess*'. — Du traitement de
Tempoisonnemcnt par le phosphore au
moyen des injections in tra veineuses
d'oxy;:cne, 136.
Cataleptique (;>larie Lecomte, la) de Thô-
pital Coiihin, 382.
Catarrhe pulmonaire (le sirop de strych-
nine contre le), 334.
(latéehine dans Turine d'un enfant, 433.
Caulef, — De la suralcalisation du sang et
des urines sous Tinfluence de la ehaux
et de la magnésie, 225.
Cécité chez les fumeurs, 87.
Centres vaso-moteurs (Des) et de leur mode
d'action, 41 9.
Champion et Peltet. — Quantités d'azote
et d^ammoniaque contenues dans les bet-
teraves, 562.
Charles. — De la rétroversion de l'utérus
pendant la grossesse, 3, 93, 198, 307,
406, 524.
Cbaron. — Analyse de Touvrage de M.
Moeller., intitulé : Notions d'anatomie,
de physiologie et d'hygiène, au point de
vue de la gymnastique, 580.
Chtvum. — Communication sur un calcul
mural, 372.
Charon. — Rapport sur le travail de
MM. Deneffe et Van Wetter, sur Tanes-
th'sie par injection intra-vemeuse de
chloral, 369.
Chamn, — 'Tuméfaction circonscrite du
muscle sterno-cleido mastoïdien, 416.
Charon et Ledfganck. — Adénite cancé-
reuse de nature encéphaloïde déve-
loppée chez une enfant de cinq ans, 89,
Chevelure (Hygiène de la), 445,
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598
TABLE ALPHABÉTIQUE
Cbloral (Action du) sur la muqueuse de
Testomac, 250.
— ( Anta^ionisme du) et de la strych-
nine, 4-26.
— (Injection întra-veincuse de); mort,
184.
— (Névralgie épileptiforme de la face,
anpsthésie par injection intra-veineuse
de), section des deux nerfs nasal interne
et nasal externe ; succès, 336.
— (Traitement du mal demrrparle), 482.
Chlorate de potasse (Action du phosphore
dissous sur le), 257.
Chlorhydrate d'nmmoniaque (Action de
Tacidc méthylique sur le), 147.
Chloroforme (Observation d'aphonie ner-
veuse guérie par les inhalations de),
223.
— (Sur une altération spontanée du), 353.
Chlorose vraie (Recherches comparées sur
réltmination des phosphates dans la) et
dans la phthisie commençante., 335.
Chocolat (Falsification du), 443.
Choléra 84, 86, 173 174,175.
— en Syrie (Le), 183.
— (La théorie tellurique de la dissémi-
nation du), 126.
Cholestérine (Note sur la manière de se*
parer la) des matières grasses, 558.
Chorée (Du traitement de la) par Thyos-
ciamine, 335.
Choroîdites (Des) et de leur influence sur
h faculté visuelle, 47.
Cianciosi* — Un cas de hernie lombaire,
158.
Ciguë (De rinnocuité de la petite), 569.
Cleaoer, — Sur le dosage des matières
grasses dans le lait, 233.
Clermont, — Sur la présence du bioxyde
d'hydrogène dans la sève des végétaux,
346.
Clin. — Préparation du camphre mono-
bromé cristallisé, 438.
Clouet, — Empoisonnement de quatre per-
sonnes par le café-chicoréer 450.
Coagulation sponUnée du sang (Des causes
de la) à son issue de Torganisme, 424.
Cœur (Arrêt du) par Texcitation des
pneumo-gastriques, 38.
— (Etude sur le mécanisme de Taction de
la digitale sur lei, 333.
— (Note sur Teffet de Texciiation alter-
native des deux pneumogastriques sur
Farrêtdu), 449.
Collin, — Etude anatomique des racines
officinales, 241, 347;
Coma (Du délire et du) digitaliques, 43.
Commftilfc, — Note sur la manière de sé-
parer la cholestérine des matières grasses,
558.
Connnaiile. — Note sur le dosage de la
caféine et la solubilité de cette sub-
stance, 558.
Congrès périodique international des
sciences médicales. 271 .
Connexions héréditaires (Les) entre cer-
taines affections nerveuses, 130.
(Coqueluche (Du traitement de la), 226.
— (Traitement de la) par Tacide phénique,
548.
Corne. — Sur une nouvelle réaction des
iodates et des iodures, 562.
Corps étrangers introduits dans les nari-
nes, 591.
Couleurs arsenicales (Atmosphère des ap-
partements tapissés de papiers aux),
592.
<]rochet mousse articulé, 478.
Crocq. — Analyse d'un opuscule de M. Da-
vreux, intitulé : Choléra et cimetières,
452.
Crocq, — Analyse d'un opuscule de M. Da-
vreux, intitulé : L'anasarque, suite de
détention d'urine, 451.
Cuivre ('^ur l'action physiologique du) et
de ses composés sur les animaux, 560.
David, — Observations sur des urines
réduisant la liqueur de Fehliug sans
dévier au polarimèlre, 49.
Délire (Du) et du coma digitaliques, 43.
De Luym'8 et Fed. — Recherches sur le
verre trempé, 564.
Demarçay. — Sur l'essence de camomille
romaine, 345.
Deneffe et Van Witter. — Injection intra-
veineuse de chloral ; mort, {M,
Dénuda tion de la carotide primitive, 556.
Dermatose gangreneuse scorbutique sur-
venue aux mains dans de singulières
circonstances, liéflexions et citations
diverses au sujet de ce cas, 26, 443.
Dextrine (Sur la présence de la) dans
l'urine, 141.
D'HerbeUtt. — De la vue distincte ; appli-
cations à la méd cine légale, 69.
Diabète sucré (Etudes sur le traitement
du), 222.
Digitale (De l'action diurétique de la),
427. •
— (Etude sur le mécanisme de l'action
de la) sur le cœur, 333.
Diphthérie (De l'acide salycilique dans la),
133.
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DES MATIÈRES.
599
Dlphthérie {Des acides sulfureux et sui-
furiqiie dans le traitement de la), 226.
— (Traitement de la), 452.
— • (Traitement de la) par l'acide oxalique
et le sulfophénate de quinine, 226.
Ditte, — Sur In solubilité du nitrate de
soude et de sa combinaison avec Teau,
U().
Dolbeau (Pleurésie avec gangrène pulmo-
naire du professeur), 5 ->3.
DotuUh, ~ Sur les substances qui contri-
buent à la réaction acide de Turitie, 49.
Dreger. — Note sur un nouveau mode de
préparation de Pean de goudron, 149.
Duhue. — Du phimosis consécu if à Ther-
pés du prépuce chez les diabétiques,
135.
Durkworth» — Bicarbonate de soude contre
le mal de dent, i35.
Dujwrdin-Beaumetz et Àudigé» — Sur les
propriétés toxiques des alcools par fer-
mentation, 357.
Dutnénîl, — Paralysie unilatérale du voile
du palais, d'origine centrale, 44.
Du Mesnil, — Les différents procédés de
conseï vation des viandes, leurs avan^
tages et leurs inconvénients, 152, 251.
Dvq*iesnel. — Sur le bromhydrate neutre
d'ésérine, 146.
Durozier, — Du délire et du coma digi-
taliques, 43.
DutraiL — Hémorrhagie sous le plancher
du quatrième ventricule ; .albuminurie ;
glycosurie, 422.
Dut' eux. — La virulence et la spécificité
de la phlhisie pulmonaire devant Tex-
périmen ation et devant la clinique,
185,297.
Dymock. — Les asa fœtida du marché de
Bombay, 440.
Dysenterie (Du traitement de la) des pays
chauds par le sulfate de soude, 4:27.
Dyssenterie (Du nitrate de soude contre
la), 231.
E
£au de goudron (Note sur un nouveau
mode de préparation de T), 149.
— pure(lnjecti ns sous cutanées d*), 428.
Ëaux-de-vie (Coloration des), 442.
Eaux sulfureuses (De Torigine des sul-
fures des), 237.
Ebêt in et MuïUr, — Catéchine dans
Turlne d*iin enfant, 433.
Ecorce de coto (Sur 1), 442.
Eczéma (Du traitement de V) chez les en-
fants, 23â.
Ë:iatérine(Surr), 438.
Electricité (De remploi de V) comme
moyen de diagnosiic dans quelques
affections nervou^es et musculaires,
429.
— (Du tracement de Tocclusion intesti-
nale interne par T), 139.
Emtiolie de la veine cave inférieure (Mort
subite par), à la suite de varices de la
jambe, 554.
Empoisonnement. Voyez : Café- chicorée.
Lait de chèvre. Phosphore.
Endncardiie aiguë (De V) dans la granulie,
220.
Enfants (Du traitement de Teczéma chez
les), 232.
— CDu traît''ment de Tépilepsie et de
réclamp^ie chroniques chez les), 221.
— (Tuméfaction du muscle sterno-cleïdo-
mastoïdien chez lest, 543.
Enqel, — Sur les caractères du glycocollc;
143.
Engrais (Dosago de Taz'-te dans les), 342.
Ephéméridcs médicales, 88, 184, 296,
384, 470, 594.
Epilep^ie (Du traitement de V) et de
réclampsie chroniques chez les enfants,
221.
— (Effets thérapeutiques du nitrite d*a-
myle dans V) et Thystéro-épllepsie,
220.
— (Recherches physiologiques et ihéra-
peuti(|ues sur la picro oxine. Applica-
tions au traitement de 1'), 221.
Epiihéli'ima du col u érin (Traitement de
V) par les cauiérisalions à Tacide chro-
mique, 337.
Esmarch (Guérjson d*un anévrysme po-
plité \^T compression au moyen de la
bande d'), 55().
Esprit de bois (Recherches sur T), 439.
Essence de camomille romaine (Sur 1*),
345.
— de «iroflo (Une falsification de T), 148.
Etamages (Recherches de M. Fordos sur
les), 44H.
Eiranglement herniaire (Etude clinique et
expérimentale sur V) et en particulier
sur Taction des gaz dans la production
.de cet accident, 11, 103, 207, 316,
395.
Evacnaiion involontaire des matières fé-
cales (De V) dans Tétat de santé appa-
rente, 423.
Extirpaiiou «lu larynx, .^55,
par le couteau galvanique, 431.
Extraits fluides (Des) pour lu préparation
d(i vin de quinquina, 354.
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.600
TABLE ALPHABÉTIQUE
Faits diverS; 59i.
Falsifici lions. Voyez : Alcool amylique.
Chloroforme. Chocolat. Eaux-de-vic.
Essence de girofle. Séné. Vinaigre zin-
cifère.
Fédération des sociétés scientifiques de
Belgique (Statuts de Li), 185.
— médicale belge. Compte rendu de
rassemblée générale du 30 septembre
1875, i71.
Fer (De Taétion du) sur la nu'rition, 38.
' Fermentations (Influence de Pair comprimé
, sur les). 1*33.
Ferrini, — Traitement de la diphthérie,
432.
Fièvre puerpérale à Londres (La). 183.
— — (Du traitement préyentif de la),
— typhoïde v^^u luvcment froid ^ son
actii*n physiologique et son emploi thé-
rapeutique dans la). 224.
— — (Prophylaxie des é|>i(iémies dv)
d:ins les écoles, 571.
Filait e de Aledine (Sur I<>); r)44.
Fistule recto- vaginale ; parlurition inachc-
Tre par Tanûs, 432.
Forceps (Emploi du) lour extraire la télé
du fœtus après la sortie du tronc, 48.
Foudre (Des effets de la). 429.
Freire, — Nouvrau procédé p/>ur le dosage
de Toxygène libre dans Turine, 341.
Frémissement de la voix (Du) dans la pleu:
ré^ie it la pneu uonic 428.
Fumeurs (Cécité chez les), 87.
Gangrène scorbutique ou purpurique, i
marche rapûle^ des membres inférieurs
chez un vieillard depuis longtemps
. iacorapléteroenl paraplégique, dont la
paralysie, accompagnée de démence
incomplète, tendait à devenir générale,
327.
irmtimond» ^ De Tbymen et de son ira*
portance en médecine légale, 158, 254.
Crautir. — Conduite de Tappareil de
JMarsh ; son application an dosage de
Farsenic contenu dans les matières orga-
niques, 569.
GéïU, — Note sur les sulfocarbonates,
437.
Gerher, — Recherches sur le lait, 51 .
GiUe» — Analyse d'une brochure de
M. Wiitstein, intitulée : Recherdies de
quelques matières étrangères employées
à la falsification des bièrej, 454.
Glénard. — Physiologie animale. Des
causes de la coagulation .spontanée du
sang à son issue de Torganisme, 124.
Glycérine cristallisée (Sur la), 145.
— (Nouvelle propriété de la), 53.
Glycocolle (Sur les caractères du), i43.
Gad f^roy, -^ Nouvelle propriété de la
glycérine, 53.
Gomme adragante (Sur la production de
la), 56.
Granulie (De rendoearéite aiguë dans la),
220.
Grefie dermique, 556.
Grêlon (Sur la structure intérîpure du)
et son mode de formation probable, 563.
Grofhki et Kraetner, — Recherches sar
Tesprit de bois, 439.
Grossesse (De la rétroversion de Tntéras
pendant la), 3, 93^ 198,307,406, 524.
GMer, — Note sur l'emploi thérapeutique
du bromhydrate de quinine, 41 , 424.
Gudes. — Fistule recto- vaginale; parlu-
rition inachevée par Tanus, 432.
Guénaud de Muuy, — Observation 4tt tu-
meur du cervelet. 423.
GHtllaud, — Recherches sur les proprié-
tés physiologiques de Taconit et de
Taconitine, 425.
Guynn, — Production spontanée de cris-
taux dans les œufs sans développement
d'organismes, 142.
Hadden. — Hernie étranglée^ rédaction
au moyen de la main introdaite dans
le colon, 431 .
Hamberg, — Analyse de Pair dans les
appa déments tendus de papier peint
arsenical. 152.
HammarUen, — Observations sur la di-
gestion de Talbumine chez les nouveaux-
nés, 430.
Hardy» — Sur la pilocarpine et sur Tes-
sence de pilocarpus pinnatus (jabo-
randi), 561.
Harley. — De Tinnocuité de la petite
ciguë, 569.
Harslen. — Hédérino ; nouvel élément do
lierre commun, 53.
Hartnack, Bidfour, Ktts<matU, -^ Etudes
sur le traitement du diabète sucré. 222.
Heckel. — De Tbiiilede Bankoul, 564.
Hédérine ; nouvel élément du lierre com-
mun, 53.
Hein. — Conduite à tenir dans les aeeou-
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DES MATIÈRES.
601
chements difficiles des fœtus morts, 340.
Held et Mehnger, — Sur les acides coDte-
Dus dans les pétroles bruts» 335.
Hémiopie, 46.
Hémoglobine (Remarques sur les réactions
de V\ et de ses dérivés; examen médico-
légal de^ taches de sanu» 447.
Hémoptysie cardiaque (De la forme hé>
moptoîque des maladies du cœur ou de
1'), 225.
Hémorrhagie (De V) par rupture d'une des
racines du clitoris pendatit le travail de
raccoucbement, 338.
— sous le plancher du quatrième ventri-
cule, albuminurie; glycosurie, 422.
Hempel. — Produits d*oxydatîon de Phy-
drate d'essence de térébenthine, 435.
Hetminger. — Sur la glycérine cristalli-
sée, 145.
Héitoeque. — Remarques sur les réactions
de rhémoglobine et de ses dérivés^
examen médico-légal des taches de sang,
447.
ffpfirotle» — Note sur la préparation du
sirop de tolu, 566.
Hernie lombaire (Un cas de), 138.
— (Simple note sur un ou deux points
éminemment pratiques de Popération
delà), 231. .
Herpétisme (De V) et de Tarthritisme de
la gorge et des premières voies, 219.
Hibiscus csculentus (Sur F). 344.
Howard, — Sur Taricine, 234.
Huile de Bankoul (De T), 564.
-~ de foie de morue à la quinine, 62.
Humstock. — Sur la préparation des si-
rops, 567.
Hydarthrose du genou (De la compression
dans F), 48.
Hydatides des poumons en Âustialie (Les),
432.
Hydrate d'essence de térébenthine (Pro-
duits d^oxydation de 1*), 435.
Hyemaux. — Lettre à M. le docteur van.
den Corput, en réponse à la note de
M. le docteur Verardini, concernant le
Cl ochet décoUateur articulé, 380.
Hyemaux, — Un mot de réponse aux ré-
flexions de M. Putegnat re'ativement à
ma conférence sur le forceps-scie,
295.
Hyernaux et Wasseige. — Lettres à M. le
docteur van den Corput, à propos du
crochet mousse articulé^ 178.
Hymen (De T) et de son importance en
médecine légale, 158, 254.
Hyosciamine (Du traitement de la chorée
par r), 333.
Injections parenchymateuses d'iodure de
potissiuiu (Des) dans les cas d^adénite
syphilitique, 551.
— sous-cutanées d'eau pure, 428.
— — de morphine (Des), 550.
Insalubrité de la Bièvre (Causes de T),
587.
Insectes vivants (Sur l'ctat de la canthari-
dine dans les), 233.
Instituts })athologiques et physiologiques
(Les), 591.
Intussusception (De la laparotomie ou sec-
tion abdominale comme moy^ n de trai-
tement de r); 138.
lôdates (Sur une nouvelle réaction des) et
des iodures, 562.
lodoforme (Traitement du vaginisme par
V), Fissure à l'anus, iodoforme, 552.
lodure de fer (Préparation des pilules à 1')
148.
— de potassium (Décomposition de 1')
dans l'oî-ganisme, 41 .
— — (Des inj<'ctions parenchymateuses
d') dans les cas d'adénite syphilitique,
551.
Isambert, — De la tuberculose miliaire
aiguë pharyngo-laryng'e, 132.
fsamheri, — De l'hcrpétisme et de Par-
thritismc de la gorge et des premières
voies, 219.
Isambert, -— Sur l'angine tuberculeuse,
44.
Jacquemin, — Une falsification de Tes-
sence dc> girofle, 148.
Jailla d, — Sur une altération spontanée
du < hloroforme, 353.
Jus de limons (L'acide salicylique pdur
conserver les), 249.
Ramala (Propriétés tœaicides du), 43.
Knnggx, -. Traitement de l'orchite. par
l'arnica. 552.
Kupefi-rschfaeger, — Recherche des ma-
tières goudronneuses dans l'ammoniaque
du commerce, 55.
Laborde, — Sur un nouveau mode irès-
avantageux de préparation de la viande
crue, 360.
76
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602
TABLE ALPHABETIQUE
Laffite, — Injections sous-cutanées d*eau
pure, 4S8.
Laitier, — Etude sur la margarine au point
de vue de Thygiène alimentaire, 65.
Lait de chèvre. (Empoisonnement par le),
592.
— de la nourrice (Absorption des médi-
caments chez les nouveau-nés par le),
332.
— (Recherches sur le), 332.
— (Sur Ic), 342.
— ($ur le dosage des matières grasses
dans le), 233.
Lalieu, — Sur le sirop.de baume de tolu,
353.
Landouzy. — De ]a sciatique et de Patro-
phie musculaire qui peut la compliquer,
46.
Landrin, — Sur THibiscûs esculentus,
344.
Laparotomie (De la) ou section abdominale
comme moyen de traitement de Pintus-
susceptîon; 138.
Laroyettne. — De Thémorrhagie par rup-
ture d*une des racines du clitoris pen-
dant le travail de raccouch'>ment, 338.
Larynx (Extirpation du), 555.
— (Extirpation du) par le couteau galva-
nique, 431.
Lasègue, ^ Des bains chauds, 127.
Lavde, — Action du chloral sur la mu-
queuse de Testomac, 230«
Lavement froid (Du) ; son action physiolo-
logique et son emploi thérapeutique
dans la fièvre typhoïde, 224.
Le Bon. — Transformation du sang en
poudre soluble; propriétés chimiques,
physiologiques et alimentaires de cette
poudre, 568.
Leconte, — Prophylaxie des épidémies
de fièvre typhoïde dans les écoles, 571 .
Ledeganck. — Compte-rendu de Touvrage
biographique de M. Haaxmann, sur
Van Leeuwenhoek, 575.
Ledeganck, — Rapport sur un mémoire
de concours intitulé : Etude anatomique
des racines oflScinales, 79.
Ledeganek et Choron. — Adénite cancé-
reuse de nature encéphaloïde dévelop-
pée chez une enfant de cinq ans, 89.
Lemarchand. — Quelques considérations
sur les bains de mer sur les plages du
Nord, 358.
Lewis. — Variole transmisé par des chif-
fons de papier, 549.
Liégey. — Causerie médicale. Dermatose
gangreneuse scorbutique survenue aux
mains dans de singulières circonstances.
Réflexions et citations diverses au sujet
de ce cas, 26. 113.
Liégey. — Gangrène scorbutique et pur-
purique, à marche rapide, des membres
inférieurs chez un vieillard depuis long-
temps incomplètement paraplégique,
dont la paralysie, accompagnée de dé-
mence incomplète, tendait à devenir
générale, 327.
Liégey. — Une question physiologique
dans un cas pathologique. Un vieillard
de 75 ans, . incomplètement paraplégi-
que, depuis longtemps par Peffet d'une
maladie de la moelle épinière, est-il
capable de procréer? 417.
Limouein et Uelpech. — Du sucre-tisane,
60.
Linsen. -> Lettre à M. le docteur van den
Corput au sujet de la recherche du sang
dans Turine, 381.
Lobéiine (De Taction de la) sur la circula-
tion, 333.
Lorge. — Rapport sur un travail de
M. Leyder, intitulé : Coup d*œil sur la
situation de notre production animale à
propos du concours national d*anima^x
domestiques ouvert à Bruxelles au mois
de juin 1874, 372;
Lorin. — Faits relatifs à Tétude des al-
cools polyatomiques proprement dits.
Application à un nouveau moded'obten-
tention de Tacide formique cristallisa-
ble, 346.
Lorrain. — Paradoxes médicaux; 232.
Lozen. — De Taction diurétique de la digi-
tale, 427.
Lumière (Influence de la) sur la végéta-
tion, 592.
Lund. — Dosage de Tazotc dans les en-
grais, 342.
Lupulin (Sur le), 568.
Luxation du pouce en arrière (De la), 555.
Lyone, — De Tévacuation involontaire
■ des matières fécales dans Pétat de santé
apparente, 423.
Mal de dent (Bicarbonate de soude contre
le), 135.
— de mer (Traitement du) par le chloral,
182.
Maladie d*Addison(Uncas deguérisonde),
423.
— de Ménièrc. 38.
Maladies de la peau (De la poudre de Goa
dans certaines), 334.
— • du cœur (De Pantagonisme entre les)
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DES MATIERES.
605
et la tuberculisation pulmonaire, 335.
Maf assez. — Recherches sur quelques va-
riations que présente la masse totale du
sang, iâi.
Malerba. — Observations relatives à la
physiologie 4u nerf vague, faites sur
r homme vivant, 421.
Margarine (Etude sur la) au point de vue
de rhyuiène alimentaire 65.
Marie Lecomte, la cataleptique de Thôpital
Cochin. 5«2.
Masim et Vautair. — Des centres vaso-
moteurs et de leur mode d'action,
Matières goudronneuses (Rechei'ches des)
dans Tammoniaque du commerce, 55.
— sucrées ("^ur quelques réactions peu
connues des)^ 144.
Muuitiené. — Action de Tozone sur les jus
sucrés; action des sels acides sur le
sucre, 456.
Médecine future (La base de la), 180.
— légale. 464.
Médicaments (Absorption des) chez les
nouveau -nés par le lait de la nourrice,
352.
Mène. — Analyse de divers morceaux de
viande de bœuf, vendus couramment k
la halle de Paris, en 1875, 454.
Mdplain, — OEdème malin traité par
Tacidc phénique à Pintéricur et en injec*
tions hypodermiques, 554.
Mesy. — Du traitement de la dysenterie
des pays chauds par le sulfate de soude,
427.
Méthode d*£$march jugée par les Anglais,
47.
MeuseL — De la putréfaction produite
par les bactéries, en présence des ni-
trates alcalins, 557.
Migraine (Guérison delà) à Faide deTacide
carbonique, 129.
MiUot et ifaqupnne, -^ Sur le phosphate
ammoiiiacomagnésien, 51 .
Moeîler. — Tuméfaction du muscle sterno-
cleïdo-mastoïdien chez les enfants, 545.
Morphine (Des injections sous-cutanées
de), 550.
Mort subite causée par une injection de
perchlorure de fer, 62.
— — (Sur deux cas de) par des bols ali-
mentaires obstruant Torifice laryngé,
558.
Motte. — Etude clinique et expérimentale
.sur Pétranglement herniaire et en parti-
culier sur Taction des gaz dans la pro-
duction de cet accident^ 11, 105, 207,
516, 595.
MûUer, — Recheh'ches sur l'acide salicy-
lique, 55.
Muqueuse de Testomac (Action du chloral
sur la), 250.
Musfle sterno-rleïdo-mastoîdien (Tumé-
faction circonscrite du), 416.
Myopie, 267, 269, 575, 465, 585, 586,
588, 590.
m
Narines (Corps étrangers introduits dans
les), 591.
Nécrologie, 184, 296,470, 594.
Nencki, — Sur quelques composés de
Taldéhyde, 436.
Nerf vague (Observations relatives à la
physiologie du), faites sur Thomme vi-
vant« 421.
Névralgie épileptiforme de la face, anes-
thésie par injection intra- veineuse de
chloral, section des deux nerfs nasal
interne et nasal externe ; succès, 556.
Niggeler. — Sur la matière colorante de
Turine appartenant au groupe de l'in-
digo^ 455.
Nitrate de soude contre la dyssenterie (Du),
251.
(Sur la solubilité du) et sa combi-
naison avec Teau, 146.
Nitrates alcalins (De la putréfaction pro-
duite par les bactéries, en présence
des), 557.
Nitrite d*amylc (Des usages thérapeutiques
du) dans Tépilepsie et Thystéro-épilep-
sie, 220.
Nouveau-nés (Observations sur la diges-
tion de Talbumine chez les), 450.
Nutrition (De Faction du fer sur la), 38.
Occlusion intestinale interne (Du traite-
ment de V) par Félectricité, 159.
OEdème malin traité par Facide phénique
à Fintérieur et en injections hypoder-
miqufss, 554.
OEufs (Production spontanée de cristaux
dans les) sans développement d'orga-
nismes, 142.
Onguent mcrcuriel (Sur la préparation de
F), 556.
Onimus, — De Fempioi de Félectricité
comme moyen de diagnostic dans quel-
ques affections nerveuses et musculaires,
429.
Or (Extraetion de F) des liquides pauvres,
5^.
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604
TABLE ALPHABÉTIQUE
Orchîte (Traitement de V) par l'arnica,
Oré, — Névralg cépileptiformede la face,
anesthésie par injection intraveineuse
de chloraL section des deux nerfs nasal
interne (t nasal externe; succès, 536.
Orlile. — Du traitement de la coque-
luche. 226.
Oulmont. — Du traitement de la chorée
par i'hyosciamine. 553.
Oxyde nitrrux (Gaz hilariant), 150.
Oxygène libre dans Turine (Nouveau pro-
cédé pour le dosage de V), 541 .
Ozone (Action de T) sur les jus sucrés;
action des sels acides sur le sucre, 436.
Palpitations nerveuses (Traitement des),
428.
Pansement ouaté, '268. 269.
Pansements à Tacide salicylique (Des);
155.
Papier peint arsenical (Analyse de Pair
dans les appartements tendus de), 132.
Paracentèse^ 467.
Paradoxes médicaux, 252.
Paralysie unilatérale du voile du palais,
d'origine centrale, 44.
Pasteur, — Sur une distinction entre les»
produits organiques naturels et les pro-
duits organiques artificiels, 256.
Pafemn et Filed. — Sur l'acide cymen-
carbonique, 544.
Pat'cnce, 552.
Palronillard, — Recherches des composés
arsenicaux dans Ifs sels alcalins et alca-
lino-terreux employés en pharmacie,
258.
Perchlorure de fer (De quelques proprié-
tés du). 5r)0.
— — (Mort subite causée par une injec-
tion de), 62.
Péricarde (Ponction du), 157.
Péter. — De l'antagonisme entre les ma-
ladies du cœur et la tuberculisation pul-
monaire, 555.
Pétroles bruts (Sur les acides contenus
dans les), 255.
Pettenkofer, — La théorie tellurique de la
dissémination du choléra, 126.
Phimosis (Du) consécutif à l'herpès du pré-
pnce chez les diabétiques, 155.
Phipson. -— RégianinC; 254.
Phosphate ammoniaco-magnésien (Sur le),
51.
Phf>spha(e$ (Recherches comparées sur
rélimination des) dans la chlorose vraie
et dans la phtfaisie commençant e, 535.
Phosphaturie à forme diabétique (De la),
420.
Phosphore (Du traitement de l'empoison-
nement par le) au moyen des injections
intra-veineusts d'oxygène, 156.
— (Sur la solubilité du) dans l'ai ool, 445.
— d ssous (Action du) sur le chlorate de
potasse, ^257.
Phthisie 584.
— pulmonaire (La virulence el la spéci-
ficité de la) devant l'expérimentation et
«texant la clinique, 185. 297.
Picrotoxine (La) : propriétés chimiques,
action physiologique, 59.
— (Recherches physiologiques et théra-
peutiques sur la), 127.
— (Recherches physiologiques et théra-
peutiques sur la). Applications au trai-
tement de l'épilepsie, 224 .
Pilocarpîne (Sur la) et sur l'essence de
pilocarptis piunatus (jaborandi), 561.
Pilules à l'iodure de fer (Préparation des).
148.
Plaie pénétrante de la poitrine^ 86.
Pliinat, — Recherches physiologiques et
thérapeutiques sur la picrotoxine, 127.
Pfnnat. — Recherches physiologiques eJ
thérapeutiques sur la pi rotovine. Ap-
plications au traitement de l'épilepsie,
221.
Pleurésie avec gangrène pulmonaire du
professeur Dolbeau^ 555.
Pneumogastriques (Note sur l'effet de
l'excitation alternative des deux) sur
l'arrêi du cœur, 419.
Pollacci. — De l'origine des sulfures des
eaux sulfureuses, 257.
Pol'acci, — Note sur l'oxydation du soufre,
457.
Polfi. — De la cure dea calculs urinaires
au moyen des dissolvants chimiques,
545.
Pompe stomacale (Traitement de diverses
affections gastriques au moyen de la),
227.
Ponction du péricarde, 157.
Potasse (Séparation de la) et de la soude,
547.
Poudre cosmétique inoffensive, 444.
— de Goa (De la) dans certaines ma-
ladies de la peau, 554.
Power, — Sur l'élatérine, 458.
Prix proposés, 595.
Procréer (Une question phvsiologique dans
un cas pathologique. Un vieillard de
75 ans, incomplètement paraplégique,
depuis longtemps par l'effet d'une ma*
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DES >lATfÈRi:S.
605
ladie Hela moelle épinière, est-il capa-
ble de)? 447.
Produits organiques naturels (Sur une dis-
tinction entre les) et les produits orga-
niques artificiels, 236.
Prota-Giwin et Francesco. — Traitement
de la diphthcrie par Facide oxalique et
par le sulfophénate <le quinine, â!26.
Pseudarthrose de rextrémité inférieure du
fémur g.-iuche, consolidée avec Tacu-
pucture électrique, 340.
Putegnat, — Analyse bibliographique de
la brochure du docteur Collineau, inti-
tulée : Les miracles devant la science,
362.
Pntegnat. — De la conférence sur le for-
ceps scie, faite par M. Hyernaux, au
Congrès international des sciences mé-
dical<s, à Bruxelles, 292.
Putrgnat, — De la rage spontanée, 385.
Putzeyê. — Division congénitale du voile du
palais j staphyloraphie ; guérison, 572.
Quadrupèdes (Des effets du café sur les),
546.
Quinine (Huiie de foie de morue à la), 62.
Rabot. — Contribution à Tétude des lé-
sions syphilitiques des artères cérébrales,
335
Rahuteau, — De Taction du fer sur la nu-
trition, 38.
Rabàteau. — Sur le bromoforme, 39.
RabuteaH. — Transformation de la matière
colorante Jaune de Turine en uroéry-
ttirine. 14 i .
Racine de srenadier (Du meilleur mode de
préparer la décoction de). 58.
Racines officinales (Etudi> anatomique des),
244,347.
Rage spontanée {De la). 38IS, 513.
Rauttrt, — Purification de l'acide salicy-
lique, 343.
Régianine, 254.
RcichardL — Sur la présence de la dcx-
trine dan<< Turine, 141.
ReichiirdL — Tapis rouges arsenicaux,
250.
Repoâ au Ut après Paocouchement (Du),
3i0.
Résection de Tomoplatè (Sur la), 140.
— du sternum et des côtes (Cinq cas de),
140.
Rétroversion de Putérus pendant la gros-
sesse (De la), 3, 93. 198, 307, 406,
524.
Rhubarbe (Calcul d'acide oxalique à la
suite dePusage de la). 334.
Rhubarbes (Les), 241, 347.
Rhumatisme cérébral (Le) et les iNHns
froids, 546.
Ridder (de). — Observation diaphonie
nerveuse guérie par les inhalations de
chloroforme, 223.
Rigaud. — Simple note sur un ou deux
points éminemment pratiques de Popé-
ration de la hernie, 231 .
Rommelaere. — Rapport sur le travail de
M. Thiriar, intitulé : Variole et vaccin ;
note sur Pépidémie qui a régné dans le
basixelles au printemps de 1875, 449.
RosentœhL — Sur la structure intérieure
du grêlon et son mode de formation
probable, 563.
91
Sacré. — Analyse d'une brochure de M. le
docteur Jacquet, intitulée : Fracture du
col du fémur, méthode pour la guérir
sans raccourcissement, 578.
San;; (De 1h circulation du) et des urines
sous Pinfluencedc la cha:ix et de la ma-
gnésie, 225.
— (Des causes de la coagulation sponta-
née du) à son issue de l'organisme, 124.
— (Recherches sur quelques variations
que présente la masse totale du), 424.
— Remarques sur les réactions de Phé-
' moglobine et de ses dérivés; examen
médico-légal des taches de), 447.
— (Transformation du) eft poudre solu-
blc; propriétés chimiques, physiologi-
ques et alimentaires de cette poudre,
568. •
Sangsues (Conservation des) par l'acide
salicylique, 249.
Sarrazin. — Sur le lupulin, 568.
Scarlatine (Transmission de la) par la poste,
468.
Schliep. — Traitement de diverses affec-
tions gastriques au moyen de la pompe
stomacale, 227.
Schmidt, — Sur le lait, 342.
Schuetmans, — Communication d*un per-
forateur trsicteur pour les cas d'angustie
du bassin, 259.
Sciatique (De la) et de Patrophie muscu-
laire qui peut la compliquer, 46.
Scolosuboff, — Sur la localisation de Par-
senic dans les divers tissus des animaux
empoisonnés, 557.
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TABLE ALPHABÉTIQUE
Sée* — De la forme hémoptoîque des ma-
ladies du cœur ou de rhémoptysie car-
diaque, 225.
Sels alcalins et alcalino terreux employés
en phHrmacic (Rocherches des composés
arsenicaux dans les), S58.
Semmofa. — Un cas de guérison de mala-
die d'Addison, 423.
Séné (Falsific^lion du), 58.
Sève des végétaux (Sur la présence du
bioxyde d'hydrogène dans la), 346.
Sirop de baume de toiu (Sur le), 353.
— de strychnine (Le) contre le catarrhe
pulmonaire, 334.
— de tolu (Note sur la préparation du),
566.
Sirops (Sur la préparation des), 567.
Smith. — Sur Tyaupon ou thé de la Caro-
, line, 447.
Société royale des sciences médicales et
naturelles de Bruxelles (Compte-rendu
des séances de la), 75, 163, 258, 366,
448, 572.
Sociétés de secours mutuels (A propos des),
468.
Sonnenschein. — - Transformation de la
brucine en strychnine et réciproque-
ment, 342.
Soude (Séparation de la potasse et de la),
347.
Soufre (Note sur Toxydation du), 437.
Spina bifida (Nouveau cas de) guéri par
des injections, i^9.
Stilùs. — Huile de foie de morue à la qui-
nine, 62.
Strychnine (Antagonisme du chloral et de
la), 426.
— (Sur un nouvel antidote de la), 444.
— (Transformation de la. brucine en) et
réciproquement, 342.
Sucre-tisane (Du), 60;
Sulfate de soude (Du traitement de la dy-
senterie des pays chauds par le), 427.
Sulfocarbonaies (Note sur les), 437.
Sulfures (De Torigine des) des eaux sulfu-
reuses, 237.
Suppositoires'(Sur la préparation des), 449.
Suralcalisation (De la) du sang et des
urines sous Tinfluence de la chaux et
de la magnésie, 225.
Syphilitiques (Contribution à ]*étude des
lésions) des artères cérébrales, 335.
Tannin (Dosage de Talbumine par le)^ 50.
Tapis rouges arsenicaux, 250.
Tamier. — Application du tampon de
ouate dans le vagin pour diverses affec-
tions utérines. 553.
Taxis (Procédé du docteur Daniel-Leasure
pour faciliter la réussite du) au moyen
de la position donnée au malade, 136.
Teissier, — De la phosphaturie à forme
diabétique, 429.
Teissier, fils. — Recherches comparées sur
Télimination des phosphates dans la
chlorose vraie et dans la phthisie com-
mençante, 335.
Tétanos (Communication sur deux cas de)
après traumatisme, 522.
Thierntsse et Cassa, — Du traitement de
l'empoisonnement par le phosphore au
moyen des injections intra -veineuses
d'oxygène, 436.
Thresh, — Rercherche de Falun dans le
pain et dans la farine, 358.
Ttemann. — Sur Tacide vanillique, 254.
Ti.>sus (Expériences sur la résistance de
différai its) pendant la vie et après la
mort^ 364.
V Totix férine (Traitement de la) par les
inhalations d'acide phénique.. 549.
Transpiration profuse (Traitement de la)
par la belladone, 224.
Ttélat, — Du vaginisme, 553.
Tubcrculisation pulmonaire (De Tantago-
nisme cotre les maladies du eœur et la),
333.
Tuberculose miliaire aiguë pharingo-laryn-
gée, 432.
Tuméfaction circonscrite du muscle ster-
no-cléido- mastoïdien, 446.
— du muscle sterno • cléido-mastoî'iien
chez les enfants, 543.
Tumeur du cervelet (Observation de), 423.
Turchanoff et Puetma, — Note sur l'effet
de l'excitation des deux pncumogastri-
sur Tarrét du cœur, 419.
Urine (Nouveau procédé pour le dosage de
Toxygènc libre dans !'), 344.
— d'un enfant (Catéchine dans P), 433.
— (Sur la matière colorante de 1') appar-
tenant au groupe de l'indigo, 435.
— (Sur la présence de la dextrine dans 1'),
444.
— (Sur les substances qui contribuent à
la réaction acide de T), 49.
— (Transformation de la mat'ère colo-
rante jaune de V) en uroérythrine, 441.
Urines (De la suralcalisaiion du sang et
des) sous l'influence de la chaux et de
la magnésie, 225.
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DES MATIERES.
607
Urines (Observations sur des) réduisant la
liqueur de Fehliftg sans dévier au pola-
riniétre, 49.
Uroérythrine (Transformation de la ma-
dère colorante jaune de Turine en), 441 .
Vaccination (De la valeur de la), 545.
— obligatoire en Angleterre (Les effets
de la), 447.
Vaginisme (Du) 357, 555.
— (Traitement du) par riodoforme. Fis-
sure à Fanus, iodoforrae, 552.
Valenfu y Vivo. — Sur un nouvel antidote
de la strychnine, 444.
Valerius. -- Préparation des pilules à
riodure de fer, 148.
Van den Corput. — Compte-rendu de la
situation de la Sociétp royale des sciences
médicales et naturelles de Bruxelles,
76.
Van den Corput, — Ephémérides médi-
cales, 88, 184, 296, 584, 470, 594.
Van den Corput, — Rapport verbal sur la
dem^tnde d*échange des Archives belges
de thérapeutique, 566.
Vande Vyvfre, — Observations au sujet de
la lettre de M. Linssen sur ia recherche
du sang dans Turine, 581.
Vande Vyvere, — Rapport sur 1 > note de
M. Henrotte, au sujet de la préparation
du sirop de tolu, 458.
Vanlair et Masius, — Des centres vaso-
moteurs et de leur mode d*action, 419.
Van Wetter e» Deneffe, — Injection intra-
veineuse de chloral ; mort, 181 .
Variole transmise par des chiffons de pa-
pier, 549.
Végétation (Influence de la lumière sur la),
592.
Verardini. — Nouveau crochet décollateur
articulé, 578.
Verre malléable ou trempé (Le) à Pépoque
romaine, 469.
— trempé (Recherches sur le), 564.
Vertige, migraine, etc., 442.
Viande (Moyen s>mple et facile de conser-
ver la) en été, 469.
— crue (Sur un nouveau mode très-
avantageux de préparation de la), 560.
— de bœuf (Analyse des divers morceaux
(ie), vendus couramment à la halle de
Paris, en 1875, 454.
Viandes (Les différents procédés de con-
servation des), leurs avantages et leurs
inconvénients, 1 52, .251 .
Vibcrt. — Des injections sous-cutanées de
morphi-ne, 550.
Videau, — Sur quelques réactions peu
connues des matières sucrées, 144.
ViUeneuve^ fils. — Ponction du péricarde,
i57.
Vincent, — Des effets de la foudre, 429.
Vin de quinquina (Des extraits fluides pour
la préparation du), 554.
Vision (Troubles de la) dans leurs rapports
avec le service militaire, 465. 4H6, 467.
Viltemilian, — Présence de l'alcool éthy-
lique dans Tesprit de bois, 459.
Voix (Du frémissement de la) dans la pleu-
résie et la pneumoni'*, 4^8.
Von Pe'terkofer. — Réactif de l'acide car-
bonique libre des eaux potables, 257.
Vue distincte (De la); applications à la
médecine légale, 69.
Wagner, — De l'acide salycilique dans la
diphthérie, i55.
Wa'lct, — Sur la préparation de l'onguent
mercuriel^ 556.
Wasseige et Hyernaux, — Lettres à M. le
docteur van den Corput, à propos du
crochet mousse articulé, 478.
Wauthy, — Communication sur deux cas
de tétanos après traumatisme, 522.
Wehenkel. — Compte-rendu de Touvrage
de M. Gourrier, 455.
Wehenkel, — De la valeur de la vaccina-
tion. 545.
Wfhenkil. — Sur le Pilaire de Medine,
544.
Weiss, — Sur deux cas de mort subite par
des bols alimentaires obstruant l'orifice
laryngé, 558.
Weith. — Action de l'alcool méthylique
sur le chlorhydrate d'ammoniaque, 147.
White, — La teinture d'arnica condam-
née, 128.
WiUftein, — Surl'écorce de Coto, 442.
Yaupon (Sur 1') ou thé de la Caroline,
147.
Yvon, — Du meilleur procédé pour pré-
parer la décoction de racine de grena-
. dier, 58.
PIN DE LA TABLE ALPHABETIQUE DBS MATIERES
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