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JOURNAL
DE PHARMACIE
ET DE CHIMIE
SIXIÈME SÉRIE
TOME SEPTIEME
nCPRIMBBIE E. FLAmiARION, 26, RUE RACINE, PARIS.
JOURNAL
DE
PHARMACIE ET DE CHIMIE
(FONDÉ EN 1809)
BÊDIGÊ PAR
MM. PLANGHON, RICHE, JUNGFLEISCH, PETIT, VILLEJEAN,
BOORQUELOT et MARTT
CONTENANT
LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE PARIS
DES SOCIÉTÉS ;DE THERAPEUTIQUE ET DE BIOLOGIE
UNE REVUE MÉDICALE
Par m. de BEURIAIIN A GHABRIN
ET
UNE REVUE DES TRAVAUX DE PHARMACIE ET DE CHIMIE PUBLIÉS A L*ÉTRANGER
Par h. JUHfiPLBlSCl, BaURQUELOT, TILLEJEAR A fiUllIOGHET
RifcDACTRUR PRINCIPAL .* M. RICHE
Sixième Série.
TOME SEPTIEME
»«0«<o*
PARIS
MASSON ET C'% ÉDITEURS
CIBn4.|RBS DB L'ACADÉMIB DB MÉDBCZNB
110, bouletard Saint-Germain.
i898
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JOURNAL
DE PHARMACIE
ET DE CHIMIE
VI* SÉRIE. — TOME VII. — ANNÉE 1898, 1" PARTIE.
TRAVAUX ORIGINAUX
Contribution à l'étude des glycérophosphates ; par M. A. As-
truc, interne des hôpitaux de Montpellier (!)•
En m'occupant du dosage acidimétrique de l'acide
phosphorique et des phosphates, en vue d'un travail d'en-
semble qui sera publié sous peu, j'ai été amené à déter-
miner les conditions dans lesquelles il faut se placer pour
doser rapidement, et d'une façon suffisamment exacte,
l'acide phosphorique des glycérophosphates.
Mes recherches ont porté sur le glycérophosphate de
chaux.
Le travail de M. Adrian, publié récemment dans' le
Journal de Pharmacie et de Chimie^ m'engage à indiquer
les résultats que j'ai obtenus jusqu'à ce jour.
Comme lui, j'ai étudié l'action des sels de l'acide gly-
cérophosphorique sur certains réactifs colorants; mais
j'ai cru devoir employer, et pour cause, l'héliantine et la
phtaléine.
M. Joly a indiqué l'action exercée par les divers phos-
phates sur l'héliantine, le tournesol et la phtaléine. Les
raisons qui lui ont fait rejeter l'emploi du tournesolpoul*.
(1) NoQS avons reçu cet article le 20 novembre 1897. L'abondance des ma-'
tières nous a empêchés de le faire paraître au mois de décembcc.
— 6 —
l'essai acidimétrique de Tacide phosphorîque et des phos-
phates m'ont déterminé aussi à renoncer à son usage.
Conjme M. Adrian, j'ai constaté que les glycérophos-
pliatt.^îi de chaux en solution sont alcalins au méthyl-
orange. Ils se montrent tantôt acides, tantôt alcalins à la
phtaléine. Les sels acides à ce réactif sont presque solu-
hïes sans résidu dans l'eau, les alcalins se dissolvent plus
jliiiicilement, et la solution est légèrement louche.
Si Ton admet que leur constitution correspond à la
formule :
PhO^O/^^
\0C H*— CHOH— Cn«OH
ces corps, que l'on pourrait comparer aux phosphates tri-
métalliques, devraient être alcalins à la phtaléine. Or,
même, pour ceux qui ont une réaction alcaline, il m'a suflTi
d ajouter à 10"^ d'une solution contenant 2«'' p. 100 de sel,
une à deux gouttes d'une solution d'acide sulfurique
à 5«',082 p. 1.000 pour amener le virage. L'alcalinité de ces
corps est donc toujours excessivement faible. Il faut re-
marquer, toutefois, que ceux qui sont acides exigent une
quantité notable de soude pour la neutralisation.
Il n'en est plus de même, si l'on détermine la quantité
d'acide sulfurique qu'il faut ajouter à 10" des solutions
de glycérophosphate, faites dans les conditions indiquées
plus haut, pour avoir une réaction neutre au méthyl-
orange.
En admettant la formule précédente, cette quantité
devrait être représentée par l'équation :
2 Ph 0^0 /^^ + 80» H» = 80' Ca
\0— C»H'0'
+ (PhO'C»H'0')'CaH'
eVst-à-dire qu'à une molécule d'acide sulfurique corres-
pondraient exactement deux molécules d'acide phospho-
rîque. C'est, en effet, exact, si on neutralise préalablement
le glycérophosphate à la phtaléine.
Mais, lorsqu'à une solution de glycérophosphate neu-
tralisée à rhéliantine par un acide minéral, on ajoute
goutte à goutte la quantité de soude nécessaire pour le
virage à la phtaléine, cette quantité est proportionnelle
à celle indiquée par Tune des deux formules suivantes
(PhO*C«FrO*)«CaH»
+ 2NaOH=:(PhO*CMrOVCaNa« + 2H*0
ou
(PhO*C«H'0«)«CaII«+2 NaOH
= PhO*C»H'0«Ca + PhO*C'H'0«Na*-|-2H*0
Dans Tun et l'autre cas, à une molécule d'anhydride
phosphorique doivent correspondre deux molécules de
soude.
. Ce sont ces réactions qui m'ont servi de base pour
l'évaluation très approximative de l'acide phosphorique
de ces sels.
A un volume déterminé d'une solution de glycérophos-
phate, j'ai ajouté sufRsamment d'acide sulfurique ou
chlorhydrique pour avoir une réaction neutre au méthyl-
orange ; ensuite, au moyen d'une solution titrée de soude,
j'ai évalué la quantité d'alcali à employer pour la neutra-
lisation à la phtaléine.
D'après mes formules, il est facile de déduire de là la
quantité de Ph'O* contenu dans la solution.
D'autre part, j'ai dosé l'acide phosphorique à l'état de
pyrophosphate de magnésium. Pour cela, j'ai calciné un
poids déterminé de glycérophosphate, j'ai épuisé les cen-
dres par de l'eau aiguisée d'acide chlorhydrique, et j'ai
effectué le dosage par la méthode ordinaire.
Les résultats obtenus par ces deux procédés sont ins-
crits dans le tableau ci-dessous :
Numéros d*ordre
Réaction
Quantité
Quantité
desglycérophosph.
de ces sels
dePh8O»p.l00
dePWOBp.lOO
essayés.
à la phtaléine.
parPhîQ-ïMgS.
par mon procédé.
I.
Acide.
3iS90
30i,8a
11.
Alcalin.
24S31
23«,72
III.
Acide.
2»',52
28«,10
IV.
Acide.
J2
28^55
V.
Alcalin,
6S50
25<,a5
— 8 —
En admettant donc les formules que j'ai indiquées, un
simple dosage acidimétrique permet d'évaluer la quantité
d'acide phosphorique contenue dans un glycérophosphate
de chaux.
Il est incontestable que si un glycérophosphate était
falsifié par du phosphate disodique, ce procédé, pas plus
que le dosage pondéral, ne mettrait sur la voie de la fal-
sification! Un de ces sels, contenant une quantité notable
do phosphate monocalcique, ou d'acide phosphorique,
serait au contraire assez fortement acide à la phtaléine,
et de plus, la quantité d'acide sulfurique nécessaire pour
virer au méthylorange serait loin <Vêtre équivalente à la
quantité de soude nécessaire pour ramener l'alcalinité
à la phtaléine.
Il est étrange, toutefois, de voir le glycérophosphate de
chaux se conduire vis-à-vis des réactifs précédents
comme les phosphates bimétalliques.
Aussi, ai-je entrepris avec M. Imbert, dans le labora-
toire duquel ce travail a été effectué, l'étude de la neu-
tralisation, par les alcalis, de l'acide glycérophosphorique
et d'un certain nombre d'éthers phosphoriques. Cette
étude nous a donné déjà quelques résultats intéressants
qui seront publiés plus tard. Dans le même laboratoire
est entreprise également la détermination des chaleurs
de neutralisation des éthers phosphoriques.
Conclusions :
1* L'acide phosphorique des glycérophosphates peut
être évalué très approximativement et très rapidement
par le procédé que j'ai indiqué ;
2* Les 'glycérophosphates de chaux paraissent se dé-
composer durant le cours de leur préparation. Cette
décomposition se traduit par l'acidité à la phtaléine ;
3® Il semble qu'un glycérophosphate de chaux non
décomposé devrait exiger, pour virer au méthylorange,
une quantité d'acide équivalente à la quantité de soude
nécessaire pour virer alcalimélriquement à la phtaléine
la même quantité de sel rendue neutre à l'héliantine.
9 —
Note complémentaire sur un nouveau mode de dosage
de la caséine des laits; par M. G. Denigès.
J'ai montré dans un précédent travail (1) qu'on pouvait
doser la caséine des laits, avec beaucoup de rigueur et
une extrême rapidité, en utilisant la méthode cyano-
hydrargymétrique que j'ai fait connaître (2) et déterçiinant
par reste le mercure non insolubilisé d'une solution
titrée d'iodure mercurico-potassique, en milieu acétique,
en présence d'une quantité mesurée de lait.
Ce procédé, appliquable à tous les laits connus, a
toutefois le léger inconvénient, pour ceux de ces liquides
qui sont riches en sels calcaires, de donner dans le
titrage définitif, après alcalinisation par l'ammoniaque, un
précipité floconneux pouvant empêcher un œil peu exercé
de saisir nettement le trouble qui doit marquer la fin do
la réaction.
J'ai bien indiqué, dans le mémoire cité, un moyen
simple pour opérer en liqueur limpide; mais ce moyen
nécessite une seconde ftllration et quelques mesurages
de liquides.
Je suis arrivé à éviter ce petit surcroît de travail par
l'addition au lait, dans le premier essai, d'un peu d'oxalate
d'ammoniaque qui, ainsi que je m'en suis assuré, ne
perturbe en rien les résultats du dosage.
J'ai ainsi adopté le manuel opératoire définitif suivant :
1* Mettre 25" de lait dans un matras jaugé de 200";
ajouter 5" d'une solution d'oxalate d'ammoniaque saturée
cl froid, 20" d'une solution N/iO d'iodure mercurico-po-
tassique (3), 2" d'acide acétique, compléter le volume à
(i) NouTeaa mode de dosage rapide et rigoureux de la caséine des laits. —
Bull, de la Soc. de Pharm. de Bordeaux, septembre 1896.
(2) Ibid., mai 1896.
(3) Cette liqueur, inaltérable, est faile en mettant dans un matras d'un
litre, i3«',55 de chlorure mcrcuriqne pur, pulvérisé, ajoutant environ 100*'
d*eau distillée froide et 36"^ d'iodure de potassium en cristaux. On agile
Jusqu'à dissolution totale et on complète le volume à l.OOO'' avec de Teau
distillée.
— iO —
•200*^* avec de Teau distillée et filtrer, en rejetant sur le
filtre les premières portions écoulées.
2* Mesurer lOO** du filtrat limpide et les verser dans un
vase à saturation d'environ 1/2 litre, placé sur un fond
noir et dans lequel on aura mis au préalable 10*"* d'une
solution de cyanure de potassium, équivalente à la
liqueur déci-normale argent ique (ou d'un titre approché)
et 12 à 15** d'ammoniaque.
3* Ajouter goutte à goutte au mélange, en agitant, de
lazotate d'argent ^/\0 jusqu'à trouble permanent : soit
rf^ ainsi employés.
4* D'autre part, mettre dans un autre vase à saturation
10*^ de la même solution de cyanure, 12 à 15^ d'ammo-
niaque, 10** d'iodure mercurico-potassique N/10 et 100**
d'eau. Verser la solution déci-normale d'argent jusqu'à
louche persistant malgré l'agitation : soit c** (1).
(g-c) correspond à la caséine du lait examiné.
5* On exprime cette quantité en dixièmes de centi-
mètres cubes et on se rapporte au tableau suivant établi
expérimentalement et dans lequel, en regard des diveres
valeurs de (q-c), se trouvent les doses de caséine corres-
pondantes.
Valeurs
deq-e
Caséine
Valeurs de q-e
Caséine
en
dixièmes
en grammes,
en
dixièmes
en grammes,
de centimètres cubes.
par litre.
de centimètres cubes.
par litre.
0. .
0
1
11.
12.
. . 9
!..
. .
. . 10
2. .
1,75
13.
11
3. .
2,50
14.
.12
4. .
3
3,75
15.
16.
. . 13
5. .
. . 14
6. .
4,50
17.
15
7. .
5,50
18.
16
8. .
6,50
19.
n
9. .
7,15
20.
M
10. .
8
21.
... 19
(1) Ce quatrième temps de ropération sera fait une fois pour toutes cl lo
coofficient c obtenu sera le même tant qu'on se servira de la môme solution
cyanurée, préparée selon nos indications, c'est-à-dire alcalinisée avec 1 p. 100
de lessive de soude; on n'aura besoin de le contrôler que tous les mois.
— Il
Valeurs de q-c
en dixièmes
de centiinètreB cubes.
22. .
Caséine
en grammes,
par litre.
20
23. .
. 2i
24.
22,25
25. .
23,50
SB. .
24,75
27. .
26
28. .
27
29. .
28
30.
31. .
. 29,25
30 75
32. .
33. .
. 32
33 50
34. .
. 35
Valeurs de q-e Caséine
en dixièmes en grammes,
de centimètres cubes. par litre.
35 37
36 39
37 40,50
38 42,75
39 45
40 47
41 49
42 51.50
43 54
44 57,20
45 60
46 62,50
Exemple : On a trouvé, avec un lait de vache, gssS''*',! :
d'autre part c = 4"',8 ; on pose (g-c) = 81-48 = 33.
En se rapportant au tableau, on trouve qu'à la valeur
de 33 correspond 33«',50 de caséine par litre de lait
essayé.
Sans avoir recours au tableau, et pour les besoins de la
pratique, on peut déduire facilement, comme suit, la dose
cherchée x de caséine à l'aide des valeurs de q-c.
Pour cela, quand (q-c) sera compris entre 9 et 24. on
prendra :
.x=(q-c) — 2,
c'est-à-dire qu'il suffira alors de retrancher la constante 2
du nombre de divisions (dixièmes de centimètres cubes)
d'azotate d'argent obtenu en retranchant c de q pour avoir
en grammes la proportion x de caséine contenue dans
1 litre de lait examiné. Quand (q-'c) sera compris entre
25 et 32 inclus, on aura :
x = 1,25 (qc) — 8.
Enfin, pour {q-c) égal ou plus grand que 33, on prendra :
jc=2 (q-c) — 33.
Les chiffres ainsi calculés ne diffèrent de ceux du
tableau de correspondance que de quantités inférieures
— 12 —
aux erreurs d'expérience, ainsi qu'il est facile de s'en
iTï^siirer.
Dciiis le cas où q-c est supérieur à 37, il est préférable
de dédoubler le lait, la méthode étant beaucoup plus sen-
sible pour les solutions diluées que pour les solutions
ront-i'iitrées de caséine.
Eii opérant ainsi qu'il vient d'être dit, un dosage de
caséine se fait en moins de cinq minutes.
Ex&men chimique de la salive dans un cas de sialorrhée
chez un épileptique; par M. E. Gérard.
Les travaux publiés jusqu'ici concernant l'examen chi-
mique de la salive dans certains cas pathogiqucs sont peu
Donibieux; nous croyons utile de relater les recherches
que imus avons faites dans ce sens pour un cas de sialor-
rhée chez un épileptique du service de M. le professeur
Mossé de Toulouse. C'est du reste sur sa demande que
nous avons procédé à cette étude.
M. U. Gautrand (1) a relaté dans une thèse intéres-
sante les travaux faits, en particulier, sur les modiflca-
titîijs du pouvoir saccharifiant de la salive provenant de
malades atteints de différentes affections. Ces recherches
cjnl été faites spécialement par MM. Salkowsky (-2), Ro-
maro [3), Coronedi(4),Schlesinger(5)etenfinparJawein(6),
mais les conclusions formulées par ces divers auteurs
sont quelquefois différentes, de là la nécessité de recueil-
lir de nouvelles observations qui doivent être dirigées
dans un sens à peu près identique pour fournir des données
utiles.
Pour le cas qui nous occupe, nous avons surtout déter-
(1) Du Chimisme salivaire, — Thèse de Lyon, 1895.
(S) Virchow's Archiv , t. CIX , 1887.
(3) Hiv. di Se, med. di Venezia, t. XI, p. 578, 1889.
(4) Bull, di Se. med. di Bologna, t. VU, p. 29 et 37.
(5) Virchow'a Archiv., t. XXV, p. 146.
(6) Wien. med. Presse, t. XXXHI, p. 577 et 621, 1892.
— 13 -.
miné, en plus de la composition chimique, le pouvoir
amyloly tique de la salive, comparé à celui de la salive
normale, en prenant comme base de cette action diasta-
sique les chiffres donnés par Jawein et sur lesquels nous
reviendrons plus loin.
. La salive du malade est recueillie dans un flacon conte-
nant quelques gouttes de chloroforme pour empêcher toute
altération ultérieure du liquide sous l'influence des
microorganismes.
Les quantités de salive sécrétées journellement et qui
ont servi à nos expériences sont les suivantes :
21 juin 1897 640-
22 — 915«
23 — 950-
24 - 745-
Propriétés et composition du mélange des diverses sécré"
tions :
Liquide à peine opalescent et fluide.
Densité à 15»=: 1,003.
Réaction alcaline (alcalinité correspondant à 0K'',3i8 de
carbonate de soude par litre).
Exti-ait sec 7k',85 par litre.
Sels fixes 4«%80 —
Matières organiques . 3«',05 —
Substances précipi tables par Talcool ^%30 —
Mueine, albumine traces.
Dans l'extrait alcoolique de la salive évaporée, nous
avons pu mettre en évidence la présence de l'acide sulfo-
cyanique, de l'urée et de l'acide butyrique.
Cette salive pathologique contient un ferment oxydant;
ce fait a déjà été démontré, du moins pour la salive
normale, par M. P. Carnot (C. IL Société de biologie,
29 mai 1896).
Détermination du pouvoir saccharifiant de la salive. -—
M. Jawein (1) a déterminé le pouvoir saccharifiant de la
(1) Loc, cU.y p. 626.
— 14 —
salive dkea rhoinme sain en dosant la quantité de maltose
produite sons l'influence du ferment salivaire dans les
conditions suivantes : On fait avec de Teau et de l'amidon
desséché à l'air un empois à 4 p. 100 ; on en prend 100** et
on y ajoute 4** de salive filtrée. Le mélange est exposé
pendant quinze minutes à une tempéralui-e de 39 à 40*.
Au bout de ce temps, on étend la solution à 200" et on y
dose le maltose. Pour le cas d'une salive sécrétée par un
homme sain, le liquide mis en expérience renferme
0«',368 à 0«',555 de maltose p. 100.
Pour que les résultats puissent être comparables dans
la détermination du pouvoir amyloly tique de la salive,
nous avons adopté le mode opératoire de M. Jaw^ein et les
chiffres qu'il donne pour la proportion de maltose produite
dans les conditions normales.
Nos expériences ont porté sur les salives du 21 et du
23 juin, les quantités de maltose formées ont été respec-
tivement de 0«%639 et 0«',603 p. 100.
Détermination de la température de destruction de la
ptyaline, — Cette recherche a été faite non pas directe-
ment sur la salive, mais sur la ptyaline précipitée par
l'alcool et mise en dissolution dans l'eau distillée. A cet
effet, nous avons suivi le procédé indiqué par M. Bour-
quelot (1). Nous sommes arrivés à cette conclusion, que
la ptyaline de la salive de notre malade, encore très
activé à 57", s'affaiblit vers 58* et 59*» et devient à peu près
inactive entre 60* et 61*.
C'est la température de destruction indiquée pour la
ptyaline de la salive normale.
De nos expériences, il résulte que le pouvoir amyloly-
tique de la salive sécrétée en abondance par cet épilep-
tique est sensiblement accru. De plus, la quantité de
matières salines que renferme ce liquide est supérieure à
celle de la salive mixte, ce qui vient de nouveau vérifier
la loi établie par Heidenhain, à savoir que plus la sécrétion
devient rapide, plus la proportion des sels augmente.
(i) Em. Boarqnelot. FermenU wlublet^ Paris, 1896; p. 136.
— 15
Nous devons ajouter que, par sa composition chimique,
sa consistance et sa densité, cette salive semble se rappro-
cher de la salive parolidienne.
Encore à propos de la conservation des limonades;
par M. JULLIARD (1).
L'Union pharmaceutique^ du 15 novembre 1897, publie
une étude de M. M. Mansier, sur les différents modes de
conservation proposés, pour obvier à Tinconvénient du
dépôt magnésien dans les limonades. J'ai lu cette étude
consciencieuse avec intérêt; mais je tiens à déclarer que,
jamais, je n'ai remarqué dans mes limonades, aucune
trace de dépôt ni de moisissure. Elles sont d'une con-
servation parfaite, et je pourrais presque dire indéfinie.
Le procédé que m'attribue mon honorable confrère et
compatriote M. Mansier, n'est pas celui que j'emploie et
que j'ai communiqué à la Société de pharmacie de Paris.
M. Mansier me fait dire que je verse la solution bouil-
lante sur le sirop aromatisé, préalablement placé dans
la bouteille; ce n'est pas ainsi que j'opère. Je fais
la solution de citrate de magnésie à chaud; je la filtre;
j'ajoute les 50«' de sirop de sucre ; je la remets sur le
feu et je la porte à l'ébullition. A ce moment, je la
verse bouillante, dans la bouteille contenant 1«' d'alcoola-
ture de citron, et je bouche instantanément.
Si, comme me le fait dire M. Mansier, je mettais le
sirop dans la bouteille, au lieu de sucrer la solution, on
comprend que cette solution bouillante, en contact avec
50«' de sirop froid, voie nécessairement sa température
s'abaisser, dans la bouteille ; et ce fait seul peut suffire à
laisser les moisissures se produire ; car, je le répète, il
faut que la limonade soit embouteillée, pasteurisée à
iOO*.
(I) Commanication laite à la Société de Pharmacie (Séance du 1* décem*
bro 1897).
— 16 —
Sur les propriétés toxiques du Diplotaxis erucoîdes (D. C);
pai' M. Louis Planchon, agrégé à l'École supérieure de
Pharmacie de Montpellier.
Vers 1880 ou 1881, des accidents, rapidement mortels,
furent signalés chez des moutons dans certaines régions
du Gard. Isolés sur quelques points, ces accidents devin-
rent parfois de véritables catastrophes, aux foires de Som-
mières, par exemple, où Ton vit jusqu'à 35 ou 40 moutons
périr en un jour dans un même troupeau. Dès l'abord, les
bergers et les marchands de bestiaux attribuèrent cet
empoisonnement à la malveillance, idée qu'il fallut bien-
tôt abandonner.
Deux vétérinaires, justement réputés dans la région,
MM. Montanari et Roussel, de Sommières, témoins de ces
cas étranges et voyant échouer entre leurs mains les
moyens employés ordinairement pour combattre les indi-
'gestions (éther, ammoniaque, etc.), recherchèrent la cause
de ces intoxications. Les paysans eux-mêmes, d'ailleurs,
avaient déjà remarqué la coïncidence de ces accidents
avec le développement énorme dans certaines cultures,
d'une plante jusqu'alors peu répandue dans la région.
Cette plante fut envoyée à mon père en 188i par M"' R.
de G.... propriétaire à Vic-le-Fesq, entre Quissac et
Sommières, et aussitôt déterminée Diplotaxis erucoîdes
(D.C.)(1).
Les autopsies faites par MM. Montanari et Roussel
(1) Le Diplotaxis erucoîdes (D. C.) a 0'°,20 à O-'^âO de haut. La racine
annuelle, pivotante, blanchâtre, porte des radicelles assez nombreuses. — La
tige rameuse offre des poils blancs rudes au toucher. — Les feuilles sont
profondément découpées, roncinées, lyrées, en rosette lâche k la base, les
caulinaires sessiles, rudes à la main. La tige florale forme une longue grappe
corymbiforme portant en bas des siliques longues et minces, écartées, à
pédoncule plus tïourt qu*elle, et, au sommet, un bouquet de fleurs assez
• grandes, peu étalées, de couleur blanche, violacée vei*s le bas des pétales,
surtout lorsque la fleur se fane.
Si Ton vient à mâcher un petit fragment de la plante, surtout du fruit, on
— 17 —
leur avaient démoDtré l'existence dans Testomac d'une
substance irritante : il devenait évident que la consom*
mation excessive de cette sorte de moutarde sauvage,
tapissait la muqueuse du rumen d'un véritable sinapisme.
 celte maladie, dont la cause était désormais connue, les
vétérinaires opposèrent un traitement par l'eau, qui donna
de bons résultats; mais surtout ils firent connaître autour
d'eux la plante, et, depuis lors, à Sommiëres du moins, les
accidents sont devenus infiniment moins nombreux. Mais
cette éducation des paysans et bergers est toute locale, et,
actuellement encore, les empoisonnements, dans l'Hérault
et dans le Gard, sont beaucoup plus nombreux qu'on
ne le pense. Le plus souvent, en effet, on ne remonte pas
à la vraie cause de la mort du mouton : on constate cette
mort sans l'expliquer, d'autant plus qu'on a presque tou-
jours affaire à des cas isolés ou peu nombreux, dans un
troupeau. J'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises, de cons-
tater que nombre de ces cas de mort rapide sont impu-
tables au Diplotaxis, et je crois utile de jeter un peu
l'alarme, afin d'éviter, si possible, des accidents déjà trop
nombreux et qui risquent de devenir plus fréquents
encore; en effet, le Diplotaxis erucoïdes se répand de plus
en plus en ce moment dans la région méditerranéenne.
Indiqué comme rare ou assez rare dans des Flores relati-
vement récentes, il couvre aujourd'hui de vastes espaces,
dont la teinte blanche uniforme, due aux fleurs de la
perçoit aussitôt la saveur de la moutarde. Cette saveur disparaît par la des-
siccation.
La présente note n'étant point un travail de botanique, on peut se borner
aux quelques indications ci-dessus, sans entrer dans une description dé-
taillée.
La présence des éléments de Tcssence de moutarde n'a rien qui doive sur-
prendre ici ; mais Tactivité très grande de cette espèce faisait supposer que
ces éiénoonts étaient particulièrement abondants. Cela est vrai surtout pour le
péricarpe, dans lequel les réactions microchimiques de Guignard démontrent
nettement de nombreuses cellules k myrosiae. — 11 en existe aussi dans
d'autres parties de la plante, mais beaucoup moins.
Les noms patois de la plante sont variables avec la localité : Rabiiscléy
Rabenassa, MalherbOy Erbo blanco, Roquéta, etc.
Journ. de Pkarm. et de Chim., 6- SÉRIE, t. VII. (1" janvier 1893.) 2
— 18 —
plante, attire de loin le regard. Pour la région montpel-
liéraine, en tous cas, Textcnsion augmente chaque année,
et Ton m'affirme qu'il en est de même dans TAude et en Pro-
vence. La plante abonde dans les vignes, très inégalement
répartie, d'ailleurs. Totalement absente dans certaines
vignes, elle foisonne littéralement dans d'autres, au point
d'y supplanter toutes les mauvaises herbes ordinaires.
Or, une fois les vendanges faites, c'est dans les vignes
que les troupeaux de passage obtiennent le plus facile-
ment Tautorisalion de pâturer. Souvent même les feuilles
de la vigne, étant déjà plus ou moins desséchées, le Diplo-
taxis demeure la seule nourriture offerte aux moutons,
et le berger ignorant le danger, choisira même, entre
toutes pour y mener son troupeau, cette vigne plus riche
que les autres en plantes fleuries et appétissantes.
Cette abondance, cette distribution inégale et spéciale
dans les cultures, rendent déjà la plante dangereuse parmi
tous les crucifères à essence de moutarde. Il faut y ajouter
encore :
Que la plante, bien qu'annuelle, vit longtemps, reste
plusieurs mois en fleurs et en fruits (or, ces fruits sont la
partie la plus active), et se montre en pleine végétation
pendant toute la saison froide ;
Que réellement les éléments formatifs de Tessence de
moutarde sont fort nombreux ici, spécialement dans le
péricarpe : si le goût ne suffisait pas à l'indiquer, les
réactions microchimiques, et en particulier le réactif de
Millon, le démontreraient pleinement;
Que les moutons, tout en évitant cette espèce quand ils
ont autre chose, la mangent pourtant sans trop de répu-
gnance, surtout dans certaines conditions qu'il nous reste
à indiquer.
En octobre et novembre, des foires importantes amènent
à Sommières, de quinze jours en quinze jours, des trou-
peaux considérables qui descendent de la montagne et qui,
peu et mal nourris en route, arrivent affaiblis, harassés
et affamés, se jettent avidement sur la première herbe qui
leur est offerte. Les bergers, ne connaissant ni la plante.
— 19 —
ni ses propriétés, conduisent leurs troupeaux dans les
vignes remplies exclusivement du Diplotaxis et les animaux
en avalent en quantité sans mélange d'autres herbes. Telle
est l'origine des intoxications en masse. En temps normal,
malgré Tabondance de la plante, les cas sont peu nom-
breux, parce que les moutons choisissent plus ou moins
leur nourriture et laissent de côté la Malherbe ou, en tous
cas, en mangent fort peu, car la faim seule les décide à
Taccepter.
Or, la question de quantité prime tout ici, et la preuve
est que les bergers, même avertis, n'hésitent pas, à Som-
mières, à mener leurs troupeaux dans les champs de
Diplotaxis, à la fin de la journée, alors que le rumen est
déjà plein ou à peu près.
Dans ces conditions, le toxique devient un condiment et
les accidents sont exceptionnels : la répugnance plus ou
moins grande de l'animal, Tabondance d'autres herbes à
l'endroit où il broute, peut-être une sensibilité variable
au poison, en voilà plus qu'il n'en faut pour expliquer
pourquoi, dans un même troupeau, quelques animaux
périssent, d'autres présentent des symptômes plus ou
moins graves pendant deux ou quatre jours; d'autres,
enfin, se montrent simplement un peu abattus, mais sans
cesser de manger.
Les symptômes sont d'une rare banalité. Peu de temps
après avoir mangé, les moutons présentent un grand abat-
tement, gémissent, refusant toute nourriture, salivent un
peu, mais sans qu'il y ait cette bronchorrhée si remar-
quable, indiquée plusieurs fois dans Tempoisonnemeut
des bestiaux par le Sinapis arvensis [1). La rumination est
arrêtée dès le début. Parfois, ballonnement assez fort,
mais non constant. L^animal reste assez longtemps de-
bout, immobile, puis s'affaisse et meurt bientôt après (de
6 à 24 heures après le repas, ordinairement 12 à 15heures).
D'après un paysan du Gard, qui a perdu en décembre der-
nier 6 moutons sur 40 dans son troupeau, les animaux
r(1) Voy. Cornevin. Des Plantes vénéneuses, p. 242.
— w —
malades gardent assez longtemps de l'inappétence pour le
sel.
L*autopsie démontre pleinement que l'on a affaire à un
poison irritant, corrosif. Les lésions sont toutes locales et
portent surtout sur le rumen, bien que les autres parties de
Testomac puissent être altérées.
M. Roussel a constaté souvent ces lésions, que j'ai pu
voir également. La muqueuse stomacale est rouge ou noi-
râtre, soit en totalité, soit par place; elle est corrodée, au
point qu'il suffit de promener à sa surface le dos du cou-
teau à autopsie pour la voir se détacher de la paroi stoma-
cale, et que les aliments Tentraînent parfois avec eux
lorsqu'on les retire. Au-dessous, la surface mise à nu est
rouge ou même noire. En dehors de ces lésions locales, on
ne trouve rien nulle part. La plante ingérée se retrouve
évidemment dans le rumen, mais très divisée, le mouton
broyant beaucoup ses aliments : avec de la patience,
on découvrirait dans la masse les petites graines de
Diplotaxis.
Je n'ai aucun fait se rapportant à d'autres herbivores.
Les moutons semblent seuls atteints : il est vrai de dire
qu'ils sont aussi les seuls à pâturer dans les vignes où
pousse la plante. J'ai ouï dire qu'à Sommières on donnait
couramment le Diplotaxis aux vaches et aux lapins sans
inconvénients. Pour les vaches, il est probable qu'il s'agit
de la plante sèche, et surtout d'un mélange d'herbes où
elle ne joue qu'un rôle fort secondaire, et nous savons
que, mêlée à d'autres en proportion faible, elle devient
inoffensive pour le mouton lui-même. Quant aux lapins et
aux cobayes, j'ai pu vérifier maintes fois qu'ils répugnent
beaucoup à en manger; mais, pressés par la faim, ils
s'y décident et, dans ce cas, ne paraissent pas en souf-
frir.
La cause du mal une fois connue, MM. Montanari et
Roussel eurent l'idée d'un remède fort simple et qui leur
réussit parfaitement. Ils firent absorber aux animaux
malades une grande quantité d'eau, sans peine d'ailleurs,
car les moutons intoxiqués sont fort altérés ; l'eau dilue le
— 21 —
principe caustique et en atténue de plus en plus l'action.
Si Ton s'y prend de bonne heure, avant que les lésions
soient irrémédiables, on sauve beaucoup de victimes.
C'est même là un des motifs pour lesquels, à Sommières,
on entend rarement parler d'accidents aujourd'hui; les
paysans, mis au courant, évitent d'abord la plante, et, si
leurs moutons s'intoxiquent, ils les traitent sans aller
chercher le vétérinaire. — Ce remède, à la portée de tous,
parait être jusqu'ici le plus efficace.
La prophylaxie consiste naturellement à faire connaître
le plus possible la plante autour de soi, et à éviter les
pâturages où elle se trouve.
Peut-on espérer résister à cet envahissement de notre
région et détruire cette mauvaise herbe ? La chose parait
difficile, mais non impossible. A Vic-le-Pesq, à un certain
moment, on avait supprimé l'espèce par l'arrachage. Je
ne sais si l'on a continué; en tous cas, il faudrait que la
mesure fut générale. Si dans la saison chaude, avant la
floraison^ on arrachait à la main ou à l'outil le Diplotaxis
des vignes, il ne faudrait sans doute pas plus de deux ou
trois ans pour s'en débarrasser tout à fait. En tout cas,
on n'en prend guère le chemin, car partout on le laisse
fructifier à pleines vignes et grainer à pleines siliques, en
sorte que cette mauvaise herbe risque de devenir bientôt
un véritable fléau, non seulement pour les bestiaux, mais
encore pour les cultures.
REVUE SPÉCIALE
DES PUBLICATIONS DE PHARMACIE ET DE CHIMIE.
Médicaments nouveaux.
Combinaisons iodées de la caséine; parM. A. Li£brecht(1).
— L'auteur obtient une première combinaison iodée de
la caséine de la façon suivante : On fait un mélange
intime de 80«' de caséine et de 20k' d'iode que l'on chaulTe
(i) Ueber lodderivaie toq Eiweisskôrpern (Caséîn) ; Ber, d, d. chem. Gesell"
chaft, XXX, p. 1824, 1897.
- - 2-2 -
au bain-inaric en ayant soin de remuer continuellement.
On obtient ainsi une poudre brune que Ton traite par
Têther dans l'appareil de Soxhlet. Si Ton emploie de
l>ther ne renfermant pas d'alcool, il passe incolore au
bout de quelques heures. Le résidu desséché à l'air ren-
ferme 17,8 p. 100 d'iode. A ce ccmiposé, l'auteur donne le
nom de periodo-caséine. Il se présente sous la forme d'une
poudre jaune sur laquelle l'eau froide est, pour ainsi dire,
sans action. Il est soluble dans l'alcool faible bouillant et
se précipite par refroidissement sous forme de flocons
bruns. Aussi peut-on l'obtenir encore en maintenant à
Tébullition de l'alcool à 70** dans lequel on a mis de la
caséine et de l'iode. La caséine se dissout peu à peu et la
caséine periodée se dépose par refroidissement.
La majeure partie de l'iode n'est fixée que faiblement.
Si on traite le produit par un hyposulfite alcalin, il perd
de l'iode et se décolore : si on lave le résidu avec de l'eau,
puis avec de l'alcool et de Téther, et si on dessèche, on a
une caséine iodée, dans laquelle l'iode est intimement
unie à la matière organique. A ce second produit l'auteur
donne le nom dCiodo-casèine. Cette iodo-caséine constitue
une poudre blanche insoluble dans les dissolvants ordi-
naires. Elle présente, comme la caséine, les caractères
d'un acide, se dissout dans les alcalis dilués pour se pré-
cipiter lorsqu'on acidifie la solution. Elle renferme du
phosphore et du soufre, et se distingue de la caséine par
son insolubilité dans le sulfite de soude. Elle contient, en
moyenne, 5,7 p. 100 d'iode.
M. Liebrocht a eu l'idée de faire subir à la periodo-
caséine le traitement à l'aide duquel E. liaumann a retiré
l'iodothyrine de la glande thyroïde, et il a obtenu ainsi
un produit que ses propriétés rapprochent de l'iodothyrine
elle-même. 100»' de periodo-caséine furent chauffés au
bain-marie pendant deux heures avec deux litres d'acide
sulfurique dilué (à 10 p, 100). Dans ces conditions la perio-
do-caséine s'est transformée en une poudre rouge-brun.
C.*elle-ci a été purifiée. Pour cela, on l'a d'abord dissoute
dans un alcali dilué. On l'a ensuite précipité par un
— 23 —
acide, et, finalement, on l'a traitée par de l'alcool à 70^
bouillant. Par refroidissement, il s'est précipité, sous
forme de flocons blancs, un troisième composé iodé que
Fauteur désigné sous le nom de caséo-iodine.
La caséo-iodine renferme 8,7 p. 100 d'iode en moyenne.
•Elle se dissout dans l'alcool dilué bouillant ; mais elle est
insoluble dans les dissolvants ordinaires. Elle donne lîi
réaction du biuret. L'iode est aussi intimement combiné
que dans l'iodothyrine. Si on met un peu de produit dans
un tube à essai, si on ajoute de l'acide sulfurique concen-
tré et si on chauffe on voit se dégager des vapeurs d'iode
comme avec l'iodothyrine.
Quelques essais thérapeutiques ont été faits avec la
caséo-iodine. Celle-ci parait, à ce point de vue aussi, se
comporter comme l'iodothyrine. Em. B.
lodogallicine (1). — Ce corps qui, par sa composition et
ses propriétés, se rapproche de l'airol (2), est obtenu en
faisant agir l'oxyiodure de bismuth sur l'éther méthy-
lique de l'acide gallique ou gallicine (3). Sa formule est
la suivante :
COOCIP
/OH
C'est une poudre légère, amorphe, gris foncé, insoluble
dans les dissolvants ordinaires. Les acides dédoublent
riodogallicine en ses composants. Elle renferme 23,6
p. 100 d'iode et 38,4 p. 100 de bismuth. On lui attribue
des propriétés antiseptiques. Em. B.
lodocrol (4). — Encore un prétendu succédané de l'iodo-
(1) Pharm, Cenlralhalle, XXXVIir, p. 604, 1897.
(2) Joum. de Ph. et de Ch, [6], I, p. 183, 1895.
(3) Joum. de Ph. et de Ch. [6]. I, p. 503, 1895.
(4) Pharm. Zeitung, XLII, 828, 1897.
- 24 —
forme. L'auteur de Tarticle auquel est emprunté ce résu-
mé donne, comme synonyme : carvacrol iodé; néanmoins
il indique qu'on le prépare avec le carvol, autre isomère
du thymol. ^Quoiqu'il en soit, il serait solubledans l'é-
ther, le chloroforme, le sulfure de carbone, le benzol, les
huiles grasses et volatiles et il réunirait à la fois les pro-
priétés antiseptiques de Tiode et du carvol. Em. B.
Sur la préparation de latannalbine; par M. R. ScHMiDT(i].
— La préparation de la tannalbine (tannate d'albumine
insoluble dans l'estomac), telle que l'a publiée Gottlieb (2)
est assez délicate. M. R. Schmidt donne sur ce sujet les
indications suivantes :
A 10 parties d'une solution d'albumine à 10 p. 100, on
ajo.ute 6 parties 5 d'une solution de tannin de même con-
centration ; on rassemble le précipité sur une toile, on le
lave, avec soin, on l'exprime et on le fait sécher à 30*. Le
produit est alors pulvérisé, passé au tamis fin, étalé en
couche mince et finalement chauffé pendant 6 heures à
120^
La tannalbine que l'on obtient ainsi est tout à fait sem-
blable à celle qu'on trouve dans le commerce. Mise à
digérer à 37-40* pendant 2 ou 3 heures dans une solution
de carbonate de soude à 1 p. 100, elle laisse 24 à 40 p. 100
de résidu. Celle du commerce en laisse de 31,5 à 39,5
p. 100.
Traitée par une solution acide de pepsine (!«'' de pep-
sine, 2«',5 d'acide chlorhydrique et 150«' d'eau) elle laisse,
dans les même conditions, de 35 à 51,5 p. 100 de résidu.
Elle se décompose donc très lentement dans le suc gas-
trique; par contre, elle se dissout pour la majeure partie
dans le suc intestinal. Em. B.
Essai de la tannalbine; par M. R. Tambach (3). — La
(1) Pharm, Zeiiung, XLII, 538, 1897.
(2) Joum. de Ph. et de Ch., [6], Hl, 494, 1896.
(3) Ueber die Wertbi^stimmiing des Tannalbios; Pharm, Centralhalle^
XXXVIU, 827i 1897.
— 25 —
tannalbine, d'après Tauteur, se présente sous forme d'une
poudre brunâtre, inodore et insipide. Elle n'abandonne
que des traces de matières à Teau froide et à Talcool froid.
Si Ton agite de la tannalbine avec de Teau froide et si Ton
filtre, le liquide filtré se colore cependant en bleu intense
par addition d'une goutte de perchlorure de fer. Si on
la soumet à l'actioii de l'eau bouillante, le décocté filtre et
refroidi précipite par addition d'une solution d'albumine.
Agite-t-on de la tannalbine avec de la lessive de soude, le
mélange se prend en gelée. Si on chauffe ensuite jusqu'ïi
la température d'ébuUition et si on sature avec de l'acide
chlorhydrique, il se dégage de l'hydrogène sulfuré recoti-
naissable à son odeur.
Pour compléter l'essai, on ajoute 2«' de tannalbine k
100** d'eau renfermant 20 gouttes d'acide chlorhydrique
et 0^,25 de pepsine. On mélange avec soin et on main-
tient le tout à la température de 40* pendant 3 heures. On
recueille le produit non dissout sur un filtre taré, on lave
à trois reprises avec 10** d'eau, on dessèche à 100* et on
pèse. Le poids ne doit pas être inférieur à 1 gramme,
Em. B.
Salitannol (1). — Si l'on fait agir l'oxychlorure de plïus-
phore sur un mélange à poids moléculaires égaux d'at ide
salicylique et d'acide gallique, on obtient un produit dt.^
condensation dont la composition répond à la formule
Qi*jjioQ7^ Ce produit, qui a été l'objet d'un brevet, est dé-
signé sous le nom de salitannoL II constitue une poudre
.blanche, amorphe, insoluble dans l'eau, l'éther, le chloio-
forme, le benzol; à peine soluble dans l'alcool; insoluble
. à froid dans les alcalis carbonates, mais très soluble dans
.les alcalis caustiques d'où il est précipité par addil iuu
d'acide. Il fond vers 210* en se décomposant.
Le salitannol serait un antiseptique tenant à la fois de
l'acide salicylique et de l'acide gallique. En raison de &>n
insolubilité et de ses caractères de corps chimiquenieiU
(I) Pharm. Zeiiung, XLII, p. 787, 1897.
i
— -26 —
neutre, on pourrait, d'après Tinventeur, l'employer
comme antiseptique dans le traitement des blessures.
Em. B.
Tannone (t). — On a désigné ainsi un produit de conden-
sation du tannin et de Turotropine (hexaméthylène-tétra-
mine), produit dont le D' Schreiber préconise l'emploi
dans certaines formes d'inflammation et de catarrhe de
l'intestin.
La composition de la tannone répond à 87 p. 100 de
tannin et 13 p. 100 d'urotropine. C'est une poudre brun
clair, légère, un peu hygroscopique, insipide, presque
insoluble dans l'eau, les acides étendus, l'alcool et l'éther,
mais se dissolvant lentement dans les alcalis étendus.
La tannone est dédoublée dans l'organisme, car l'urine
des malades qui prennent ce médicament donne, avec
l'eau saturée de brome, un précipité jaune orange qui est
caractéristique de Turotropine.
Doses : Le D' Schreiber prescrit la tannone à la dose
de 1«',3 à 4 fois par jour chez les adultes, et de 0*%2 à
0«',5 chez les enfants. Em. B,
Chimie.
Fermentation alcoolique sans cellules de levure (1'* note) ;
par M. Edouard Blchner (2). — On n'était pas jusqu'ici
arrivé à séparer de la cellule vivante de leviu*e l'agent
de la fermentation. Les expériences qui suivent résol-
vent cette question.
l.000««'de levure de brasserie, purifiée pour la prépa-
ration de la levure pressée, [mais non encore mélangée
de fécule de pommes de terre (3), sont mêlés soigneuse-
(1) Pharm. Zeitung, XLII, p. 828, 1897.
(2) Berichte der deutscken chemischen GetelUchaft, t. XXX, p. 117.
En raison de l'intérêt qui s'attache aux faits publiés par M. £. Buchner, nous
reproduirons in extenso, au moins dans leurs parties essentielles, trois
notes du même auteur, récemment parues sur ce sujet. (Rédaction.)
(3) Cette levure est tellement prlTée de Toau d'interposition, qu'une pres-
sion de 25 atmosphères ne fait pas rendre d'eau«
— 27 —
ment avec le même poids de sable quartzeux (I i, et 250»'
de kieselgiilir, puis broyées jusqu'à ce que la masse soit
devenue humide et plastique. La pâte est additionnée de
100»' d'eau; on l'enferme dans un linge et on la soumet à
une pression de 400 à 500 atmosphères. Il en résulte
300^'' de suc exprimé. Le tourteau est broyé à nouveau,
tamisé et mélangé avec 100»' d'eau, puis comprimé sous
la presse hydraulique, à la même pression; il donne
encore 150*^* de suc.
■ Avec 1^» de levure, on obtient ainsi 500'''' de suc ex-
primé, renfermant environ 300** de la substance contenue
dans les cellules. Pour enlever un léger trouble, le suc
est finalement secoué avec 4«' de kieselgûhr, et filtré sur
-papier, en reversant plusieurs fois sur le filtre les pre-
mières portions.
Le suc exprimé ainsi obtenu constitue un liquidejaune,
légèrement opalin, à parfum agréable de levure. La
densité à 17* a été trouvée une fois égale à 1,0416. Par
chauffage, il y a une abondante séparation de coagulum,
de sorte que le liquide se solidifie presque complètement.
La formation de flocons insolubles commence dés 35**-40*.
Déjà, auparavant, il y a formation de bulles gazeuses, pro-
duites probablement par l'acide carbonique dont le liquide
est saturé (2).
Le suc exprimé contient plus de 10 p. 100 de substance
sèche. Dans un échantillon préparé antérieurement, au
moyen d'un moins bon procédé, il y avait 6,7 p. 100 de
substance sèche, 1,15 p. 100 de cendres, 3,7 p. 100 d al-
bumine calculée au moyen de la teneur en azote.
La propriété la plus intéressante du suc consiste en ce
qu'il peut faire fermenter les hydrates de carbone. Par
•mélange avec le même volume d'une solution concentrée
de sucre de canne, il y a, déjà au bout d'unquart d'heure,
un dégagement régulier d'acide carbonique, qui dure une
(1) La poudre de verre est inoius convenable à cause de son action comme
alcali faible.
(2) Les botanistes physiologistes décideront si eet acide carbonique provient
du processus d'oxydation en relation avec la respiration.
— 28 —
juin liée entière. Le glucose, le lévulose et le maltose se
toniportent de même. Par contre, il n'y a pas de fermen-
laïion dans un mélange de suc de levure avec une solu-
tion saturée de lactose ou de mannite, substances que ne
fait pas non plus fermenter la cellule vivante de levure.
LeB mélanges d'extrait de levure et de sucres, depuis
plusieurs jours en fermentation dans un glacière, se trou*
hlent peu à peu, sans que Ton puisse y trouver d'orga-
nismes microscopiques. Cependant, à un grossissement
de 7lX) diamètres, on voit de nombreux coagulums albu-
jninoux, dont la séparation est vraisemblablement due
iiux acides qui se forment lors de la fermentation.
T. a saturation par le chloroforme du mélange de suc de
-levure et de solution sucrée n'empêche pas la fermen-
tait ion. Elle donne seulement lieu prématurément à une
faible séparation d'albumine.
La faculté de faire fermenter n'est pas davantage
enlevée au suc par filtra tion au travers d'un filtre stéri-
lisé de kieselgûhl de Berkefeldt, qui retient sûrement
ton tes les cellules de levure. Le mélange du produit filtré et
parfaitement clair, avec une solution stérilisée de sucre de
canne, entre en fermentation après un léger retard, au
bout d'un jour environ, même à la température de la gla-
cière. Si on suspend un sac de papier-parchemin, rempli de
!?uc de levure, dans une solution à 37 p. 100 de sucre de
canne, la surface du septum se recouvre, au bout de quel-
ques heures, de nombreuses petites bulles gazeuses. Natu-
rellement, on remarque aussi, à l'intérieur du sac, un
abondant dégagement gazeux, par suite de la diffusion
inlcriie de la solution sucrée. Des expériences ultérieures
devront décider si le substratum de l'agent de fermenta-
lion peut diffuser à travers le parchemin, comme les ap-
parences le donnent à penser.
Le pouvoir du suc de levure d'effectuer la fermenta-
tion se perd peu à peu avec le temps. Un suc abandonné
pendant cinq jours dans un flacon à demi rempli, placé
dans une glacière, se montre inactif vis-à-vis du saccha-
rose.
\
— 29 —
Il est remarquable giie, par contre, un suc mélangé de
sucre de canne, après avoir ainsi été soumis à une fermen--
tation, consei've au moins pendant deux semaines dans une
glacière le pouvoir défaire fermenter. On pourrait songer
à une action favorable de Tacide carbonique développé
par la fermentation, lequel écarterait Toxygène de Tair.
Le sucre, qui est facilement assimilable, pourrait aussi
contribuer à l'obtention de Tagent de la fermentation.
Les expériences instituées en vue de connaître la na-
ture delà substance active du suc de levure, sont encore
peu avancées. Par chauffage du liquide à 40^-50*, il y a
dégagement d'acide carbonique, puis séparation graduelle
de flocons d'albumine. Au bout d'une heure, on filtre en
repassant plusieurs fois. Le liquide filtré clair possédait
encore, dans une expérience, une faible puissance fer-
mentalive vis-à-vis du sucre de canne. Après un second
traitement semblable, toute activité avait disparu. La
substance active semble ainsi, ou bien perdre déjà son
action à cette température basse, ou bien s'agglomérer
et se précipiter.
Pour suivre un autre ordre d'idées, on a introduit 20'*
de suc de levure dans un volume triple d'alcool absolu,
recueilli le précipité et séché celui-ci dans le vide surSO*!!'.
Il en est résulté 2«' de substance sèche, dont une petite
partie seulement se redissout par digestion avec 10*^* d'eau.
Si on filtre cet essai, le liquide ne possède plus aucune
action fermentative sur le sucre de canne. Ces expériences
devront être répétées. En particulier, on devra chercher
à isoler la substance active au moyen du sulfate d'am-
moniaque.
En ce qui concerne la théorie de la fermentation, on
peut dès à présent tirer les conséquences suivantes :
d'abord, il faut remarquer que, pour la mise en œuvre de
la fermentation, un appareil aussi compliqué que celui que
présente la cellule de levure n'est pas indispensable.
Le principe dans lequel réside la puissance fermenta-
trice du suc est une substance dissoute, sans doute un
albuniinoïde, qui doit être désignée sous le nom de zymase.
— 30 —
L*opînion qu'un albuminoïde spécial, provenant de la
levure^ effectue la fermentation, a été exprimée par
Traube, en 1858, sous forme d'une théorie des enzymes
(Ht des ferments, et défendue plus tard en particulier
par Iloppe-Seyler. La séparation d'un enzyme de ce
l^onrc, en partant de la levure de bîére, n'avait pas
encore été réalisée.
Il reste encore à se demander si la zymase doit être
ionifjtée au nombre des enzymes depuis longtemps
connue.
Comme Naegeli(i) l'a déjà montré, il y a, entre l'action
de îa fermentation et l'action des enzymes ordinaires,
des différences importantes. La dernière réalise unique-
ment des hydrolyses, qui peuvent être effectuées sem-
]ilaMement par les procédés chimiques les plus simples.
lïiiMi que Baeyer (2) nous ait fait comprendre plus inti-
mement le processus chimique de la fermentation alcoo-
lique, il n'est pas moins vrai que la décomposition du
sucre en alcool et acide carbonique reste toujours dans le
domaine des réactions compliquées. Il y a là des ruptures
de liaisons entre les atomes de carbone, qui n'ont pas pu
être i>roduites jusqu'ici aussi complètement par d'autres
moyens. Il y a en outre une différence importante dans
les quantités de chaleur dégagées (3l
L'invertine peut se retirer, par l'eau, des cellules de
levui'e tuées par chauffage à 150* pendant une heure; on
la pr^'cipite ensuite par l'alcool, sous forme d'une poudre
soluhle dans l'eau. On ne parvient pas à obtenir de la
ni^me façon la substance qui provoque la fermentation ;
elle n'est plus présente dans les cellules de levure aussi
fortement chauffées. Par précipitation au moyen de l'al-
caoL cette substance se transforme, si les recherches rap-
portées plus haut permettent de tirer une conclusion, en
uîw modification insoluble dans l'eau. On ne doit guère se
(l) Théorie de la fermentalion^ Munich, 1879, p. 15.
\,t} Berichte der deuUchen chemUchen Gesellschaft^ 3, 73.
(j.i Le dégagement de chaleur qui apparaît dans le développement de la
levuLG a été fixé depuis peu par Bouffard, C /)., 121, 357.
]
— 31 —
tromper en admettant que la zymase appartient au groupe
des substances all3uminoïdes et possède, avec le proto-
plasma vivant, des rapports encore plus intimes que
rinvertine.
Le bactériologiste français Miquel a exprimé, à propos
de Turase, enzyme fabriqué par les bactéries de la fer-
mentation de l'urée, des idées analogues. Il la considère
directement comme du protoplasma qui se passerait de la
protection de la membrane cellulaire, agirait en dehors
de celle-ci et ne différerait essentiellement que par là du
contenu cellulaire (1).
Les recherches de Fischer et Lindner (2) relatives à
Taction de la levure Moniliacandida sur le sucre de canne,
sont du même ordre. Ce champignon fait fermenter le
saccharose. Il n'était cependant arrivé ni à Hansen, ni
aux auteurs susnommés, d'extraire par l'eau, de la levure
fraîche ou sèche, un enzyme invertissant, qui effectuât la
décomposition précédente en glucose et lévulose. 11 en fut
tout autrement quand Fischer et Lindner employèrent la
Monilia fraîche. Par broyage de celle-ci avec la poudre
de verre, une partie des cellules fut ouverte. L'action
invertissante ne put alors être méconnue. « L'agent de
cette action ne semble pas du reste être ici un enzyme
stable, soluble dans l'eau, mais une partie constituante
du protoplasma. »
La fermentation du sucre par la zymase peut dès lors
s'effectuer (3) à l'intérieur de la cellule de levure. Il est
cependant plus vraisemblable d'admettre que les cel-
lules de levure introduisent cette matière albuminoïde
(1) Du reste, il faut remarquer que la fermentation uréiqne, décomposition
de rurëe en ammoniaque et acide carbonique, diffère beaucoup, au point de
Tue cbimiqne, du processus de la fermentation proprement dite. A cause de
cela, beaucoup d'auteurs ne la considèrent pas comme une fermentation.
C'est une simple hydrolyse qui peut déjà être effectuée par l'eau à iîO*.
(2) Berichte der deutschen chemischen GeselUchafl, S28, 3037.
(3) Les phénomènes diosmotiques font paraître cela possible. Comparez
^'aegeli, loc, cit,, p. 39.
— 3-2 —
Expériences de Fermentation.
i
1
u
il
al
SOLUTION
sucrée
CKNTAGB
total
sucre.
K RATURE
de
>érience.
OBSERVATIONS
9
O fi
cent, cubes.
i '
i
30
Sicebtrwe 30
37
Glacière.
Après une heure, important dégagement
gazeux, qui n'est pas terminé au bout de
guinze jours. La portion écumease mesure,
finalement, 0*,01 de haut.
2
50
— 50
37
—
Fort dégagement gazeux et forte écume.
La solution, d'abord claire, devient opa-
line au bout de trois jours, sans précip té.
3
150
— 150
37
—
La portion écumeusc est, au bout de
trois jours, de 3/4 de centimètre.
4
20
— 20
37
Le désagement gazeux est visible au
bout de deux heures et n'est pas terminé
au bout de quinze jours. La solution, claire
au commencement, ne présente, k la fin,
qu'un faible trouble. Écume, 1 cent. 1/2
de haut.
5
30
- 30
37
Le dégagement gazeux commence au
bout d'un jour et n'est pas terminé an
bout d'une semaine. La solution est encore
complètement claire.
6
20
— 20
37
Chambre.
Au bout d'uuo heure, dégagement abon-
dant de gaz. Après deux semaines, encore
léger dégagement et faible trouble.
7
20
— 20
37
40«
Après deux heures, mousse haute de
0"".10. Après un jour, abondante sépara-
tion de coagulum. Le dégagement gâteux
est terminé.
8
30
— .^0
12
Glacière.
Au bout de six jours, dégagement ga-
zeux encore abondant. Ensuite, trouble
formé de coagulum finement divisé.
9
5
Maltosd 5
33
Au bout d'une heure, commencement
du dégagement gazeux, qui dure encore
douze jours après.
iO
10
— 5
26
—
Le dégagement gazeux est déjà extra-
ordinairement fort au bout de 3 heures.
11
10
OlQcose 10
33
D'abord, au bout de vingt heures, fort
dégagement gazeux, qui dure encore douze
heures après. Ecume haute de 3/4 de
centimètre.
12
10
— 10
26
Déjà, au bout d'une demi-heure, assez
fort dégagement gazeux, qui dure douze
jours. La solution est alors trouble et il y
a un peu de précipité.
13
10
fractose 10
37
Le dégagement gazeux est déjà très fort
au bout d'un quart d'heure, et marche
encore très fortement après trois jours.
La solution reste claire.
14
10
— 10
25
L'écume est déjà importante au bout
de quinze minutes et mesure 0",01 après
trois jours.
15
10
Lutose 10
Solution
saturée.
Chambre.
Aucun dégagement gazeux, même après
six jours.
16
10
lannite iO
10
"■
Comme pour le lactose.
'i'vyfT»
— 33 —
dans, la solution sucrée , où elle produit la fermenta-
tion (1). • • . ' '
D'après cela, le processus de la fermentation alcoo-
lique doit être considéré comme ua acte physiologique
alors seulement que ce sont les cellules vivantes de la
levure qui sécrètent la zymase. Naegeli et Lôw ont
monti'é (2) que dans une solution nutritive, rendue au
commencement faiblement alcaline (par K'PO*), et deve-
nant ensuite neutre, les cellules de levure laissent diffu-
ser, déjà après quinze heures à 30*, des quantités impor-
tantes d'albumindïdes coagulables par TébuUition. En
fait, il semble aussi, comme le montre Texpérience rap-
portée plus haut, que la zymase traverse le parchemin.
Remarques, — Dans l'essai I (voy. le tableau page .32),
le gaz développé fut, quatre heures après le commen-
cement du dégagement, conduit dans l'eau de chaux et
identifié comme acide carbonique.
Dans les essais .II et III, on a fait, après trois jours, la^
détermination de l'alcool formé par fermentation. Il s'est
produit dans l'essai. II, 1«',5 d'alcool éthylique; dans l'es-
sai III, 3«',3; de ces nombres, il faut retrancher les
quantités absorbées par la» levure lors de la préparation,
de la bière qui l'a fournie. Dans l'essai II, la levure fut,
avant l'expression du suc, lavée quatre fohs avec 5 litre»
d'eau. Dans les deux tiers, l'alcool fut dosé, le reste fut
converti en suc exprimé. D'après les essais, il y avait au
(i) Cela permet aussi ^'expliquer, avec quelque vraisemblance, les recher-
ches de J. ^e Rey-Pailhade (C. R.^ il8, 201)^ qui a préparé, au moyen de la
levure de bière, après addition d'un peu de glucose, un extrait faiblement
alcoolique (22 p. iOO). Après enlèvement des microorganismes par fiUration à
travers i^ne bougie d'Arsonval stérile, cet extrait sucré développa spontané-
ment de l'acide carbonique en l'absence d'oxygène.
{t)Loco ciiato, p. 9i. Les expériences ont été répétées avec le même résul-
tat. Elles ont seulement fait voir que les choses se passent dans les solutions
de lactose comme dans celles de saccharose. Les processus de diffusion ne
sont pas liés à l'acte de la fermentation, comme Fadmettent les auteurs sus-
nommés.
Journ. de Pharm, et de Ckim., 6" SÉRIE, t. VII. (1" janvier 1898). 3
— 34 —
plus 0»%3 d'alcool dans la levure erfiployée. Dans l'es-
sai III, on employa directement la levure du couimerce,
[)urifiée pour la préparation de la levure pressée, mais
l»âs encore mélangée de fécule.
La teneur en alcool de la levure nécessaire à la produc-
tion de 150** de suc, était, d'après les essais exécutés,,
de iK^2. Par suite, dans l'essai I, il y avait i«',2 d'alcool
dû à la fermentation; dans l'essai III, il y en avait 2»%!.
Dans tous les cas, l'alcool a été identilié par la réaction
de l'iodoforme, et linalement séparé de la solution aqueuse
au moyen de carbonate de potasse. Le produit recueilli
dans l'essai III passa complètement à la distillation entre
79<» à 81°, à 734'"'" de pression. Le liquide distillé était
incolore, inflammable et possédait l'odeur d'alcool éthy-
lique.
Examen microscopique, — On examina au microscope,
au point de vue du faible précipité, les essais II et III
après trois jours, VIII après six jours et XII après douze
jours. Dans tous les cas, on ne trouva pas d'organismes,
mais seulement un coagulum albumineux, qui était la
cause du trouble pins ou moins abondant.
Dans l'essai III, lors d'une interruption après une durée
rie trois jours, on fit six cultures sur plaques. Ainsi, 1** de
liquide fut employé pour ensemencer de la éélatiiic
liquéfiée chargée de moût de brasserie. l'n autre centi-
mètre cube fut employé de même, avec de la gélatine
liquéfiée contenant du bouillon de peptone.
Au bout de six jours, une des plaques à la gélatine au
moût présenta onze colonies. Les deux autres étaient stc-
rlles. Les trois plaques à la peptone montrèrent pareille-
ment de 50 à 100 colonies et étaient liquéfiées.
Si on considère les grandes quantités de liquide qui
servirent à ensemencer dans ces expériences, ces résul-
tats montrent que la fermentation n'est pas due à des
microorganismes, ce qui d'ailleurs était déjà indiqué par
la rapide évolution des phénomènes de fermentation.
Enfin, dans les essais IV et V, le suc fut passé sur un
tiltre stérile de kieselgiihr de Berkenfeldt. Dans Tessai V^
— 35 —
en outre, la solution de saccharose fut stérilisée à Tauto-
clàve et le mélange des deux liquides fut effectué suivant
les règles de Tasepsie.
On a reconnu que la méthode de pressage exposée
plus haut, est propre à l'obtention du contenu des cellules
bactériennes. Des recherches à ce sujet, appliquées à des
bactéries pathogènes, sont en cours à l'Institut hygié-
nique de Munich.
(Traduction de M. Marcel Delage.)
t<Yç
Sur la décomposition du chloroforme, du bromoforme et
du chloral par la potasse aqueuse; par M. A. Desgrez (1).
— Le chloroforme se décompose par la potasse aqueuse,
à froid, en donnant, comme produit principal, non plus
de Tacide formique, mais les générateurs de ce coi*ps,
l'oxyde de carbone et l'eau :
CHCl' +2K0H = 2KC1 + H«0 + 00 + HOl,*
CHCP + KOH = KC1+2H01+C0.
Tel est le mode principal de décomposition du chloro-
forme, quand on met en présence 10«' de ce corps avec
400»' d'eau, tenant en dissolution 50«' de potasse. L'oxyde
de carbone a été caractérisé par sa flamme bleue, sa com-
binaison avec le chlorure cuivreux en solution chlorhy-
drique, le réactif de M. Berthelot (azotate d'argent ammo-
niacal) et, enfin, l'analyse eudiométrique, 10 volumes de
gaz se combinent avec 5 volumes d'oxygène en donnant
10 volumes d'acide carbonique. La production de formiate
et de carbonate de potassium aux dépens d'oxychlorure
de carbone d'abord formé, n'est qu'accessoire.
La lumière solaire active, l'obscurité ralentit ce mode
de décomposition du chloroforme. Une chaleur modérée
l'accélère, comme la lumière, sans doute en augmentant
la solubilité du chloroforme. La potasse mise en contact
(1) Ac. d. «c, CXXV, 780, 15 nov. 1897.
-~ 36 —
avec ce corps, sans rintermédiaire de Teaii, ne donne
aucun dégagement gazeux.
Le méthyl et le phénylchloroforme ne donnent pas cette
réaction. Il en est de môme du chorure de méthylène el
du tétrachlorure de carbone. Le bromoforme se décom-
pose comme le chloroforme, mais plus lentement, en rai-
son de sa moindre solubilité. L'iodoforrae, insoluble dans
l'eau, n'est pas décomposé.
Le chloral, comme on devait s'y attendre; donne la
môme réaction que le chloroforme, mais plus rapidement. "
La chaleur dégagée dans la première phase de sa destruc-
tion, en formiate et chloroforme, rend plus active l'action
de la potasse sur le chloroforme d'abord formé.
Les carbonates et bicarbonates alcalins ne provoquent
pas de décomposition analogue. L'ammoniaq;ue est, de
même, sans action à froid.
On sait que la recherche toxicologîque du chloroforme
se fait, soit en recueillant dans une solution d'azotate
d'argent le chlore et l'acide chlorhydrique provenant de
sa décomposition par la chaleur, soit en provoquant la
formation d'une carbylamine. Ces deux réactions ne sonl
nullement caractéristiques. D'autres composés chlorés
volatils donnent] la première; l'iodoforme donne facile-
ment la seconde. La production de 90" d'oxyde de car-
bone, à froid, en solution alcaline étendue, aux dépens
du chloroforme, permet de reconnaître 1" de ce corps
dissous dans 400»'" d'eau. La Toxicologie pourra donc
mettre à profit cette réaction.
Sur la décomposition du chloroforme dans Torganisme;
par MM. A. Desgrez et Nicloux. — M. Desgrez a montré
que le chloroforme se décompose, în vitro, dès la tempé-
rature ordinaire, en solution alcaline aqueuse, avec
production d'oxyde de carbone. Comme la réaction géné-
rale de l'économie est alcaline, les auteurs ont recherché
si le chloroforme ne se décompose pas, dans l'organisme,
en donnant également naissance à de l'oxyde de carbone.
La fixation de ce gaz sur l'hémoglobine expliquerait
îf? '\^!fv\,'*:r^
-- 37 —
certains accidents consécutifs à Tanesthésie, accidents
que les analyses du chloroforme incriminé ne justifient
pas toujours.
On sait que le spectroscope ne donne que des résultats
incertains quand il s'agit de reconnaître une faible pro-
portion d'oxyde de carbone combiné avec le sang. La
sensibilité du grisoumètre de M. Gréhant est telle, au
contraire, qu'il permet de déceler et de mesurer la pro-
portion d'oxyde de carbone fixée par l'hémoglobine dans
une atmosphère n'en renfermant que «tÔôô* Les résul-
tats suivants ont été obtenus à l'aide de cet appareil.
Les expériences ont porté sur le chien dont le sang pré-
sente une alcalinité voisine de celle du sang humain,
quoique légèrement inférieure. Voici la méthode que
les auteurs ont adoptée :
L'animal étant fixé sur une gouttière, on pratique une
prise de sang sur l'artère fémorale. Les gaz sont extraits
au moyen de la pompe à mercure, à 100**, dans le vide, en
présence d'acide acétique. L'acide carbonique étant éli-
miné, le résidu gazeux est brûlé dans le grisoumètre avec
un excès d'air. La réduction observée correspond au gaz
combustible du sang.
On a d'abord déterminé, pour chaque animal, la réduc-
tion due au sang normal. Elle a été ensuite comparée
avec là réduction fournie par une égale quantité de sang
recueilli après anesthésie. Les résultats sont positifs et
concordants.
Si l'on rapporte les résultats précédents à un homme
pesant 65^« qui a 5"' de sang, comparaison autorisée par
la plus grande alcalinité du sang humain, on trouve
qu'une anesthésie, entretenue pendant deux heures
environ, comme il arrive dans certains cas, peut donner
naissance à 0",52x50=26''° d'oxyde de carbone. On doit
se demander si cette faible proportion de gaz toxique peut
être une cause de troubles pour l'organisme. Les recher-
ches de M. Gréhant permettent de l'affirmer. Elles
démontrent, en effet, que la capacité respiratoire, définie
par le volume d'oxygène que 100'** de sang peuvent
'P'^'W-^'
— 38 —
abBorJier, se trouve très sensiblement affaiblie dans une
atmosphère ne renfermant qu'un dix-millième d'oxyde
dacîirboDe.
L'rau chloroformée, soumise aux mêmes manipulations
prèp^iratoires que le sang analysé, ne donne aucune
réduriion au grisoumètre.
Quinones et hydroquinones; par M. Amand Valeur (i>
— Les quinones et hydroquinones ont été peu étudiées,
ail point de vue thermochimique; seules, la quinone ordi-
naire el Thydroquinone ont fait l'objet de déterminations
de n^ genre. L'auteur étudie dans cette note quelques
honujlogues de ces corps.
Les réactions thermiques suivantes expriment la réduc-
tion des quinones en hydroquinones :
CaL
Quinone ordinaire -)- H* = Hydroquinone. ... + ^3
Toluquinono 4- H* = Hydrotoluquinone +37,4
Thymoqainone + H* = Hydrotymoquinone. ... + 35,0
Le dégagement de chaleur qui accompagne la réaction
diminue donc à mesure que le poids moléculaire aug-
mente; en d'autres termes, des trois quinones considé-
rées, c'est la quinone ordinaire qui a le pouvoir oxydant
le plus marqué.
BIBLIOGRAPHIE
M- Charrin. — Notro très distingué collaborateur,
M- Charrin, médecin des hôpitaux, récemment nommé
directeur du laboratoire de médecine expérimentale, au
Collège de France, a ouvert son cours, le 8 décembre der-
nier, devant un nombreux auditoire de maîtres et d'é-
lèves.
Il expose dans cette première leçon les points princi-
paux du sujet traité cette année : Les défenses de Vorga.-
visme.
HJ Àc, d. 9C., CXXVI 872,29 noY. 1897.
— 39 —
Il montre qu'à côté de la cellule rriicrobienne qui, depuis
Pasteur, a détourné la plupart des recherchés, il y a
la cellule vivante de nos tissus à l'étude histologique,
physiologique et chimique de laquelle il faut de plus
en plus revenir.
Nous regrettons de ne pouvoir donner cette leçon ; voici
le parallèle de ces deux cellules dans lequel leurs ana-
logies sont mîlgistralement mises en lumière :
Le leucocyte est mobile, polymorphe à la manière de
la plupart des bactéries. Les globules du sang sont sphé-
riques, les épitheliums allongés, les fibres élastiques en-
roulées comme les microcoques, les bâtonnets courts, les
vibrions ; les cils vibratils qui se rencontrent sur la sur-
face de revêtement de quelques-unes de nos muqueuses
existent aussi sur quelques-uns de nos infiniments petits,
comme la virgule du choléra. Le noyau, absent des hé-
maties de Tadulte, est présent dans la plupart de nos
éléments anatomiques. Chez les bactériacées, il fait fré-
quemment défaut ; Butschli, cependant. Ta décrit chez
plusieurs espèces. Dans les deux groupes de cellules, le
protoplasme est albuminoïde, granuleux; il fixe avec
intensité les réactifs colorants s'il est en parfaite vitalité,
ou, au contraire, les retient avec peine s'il est en voie de
dégénérescence. Dans les deux groupes, également, vous
constatez la consommation d'oxygène, la production
d'acide carbonique, la vie suivant les processus aérobie
et ânaérobie ; vous enregistrez l'utilisation des principes
hydrocarbonés, des substances protéiques; de même, si
vous venez à prendre en considération les sécrétions tant
de nos cellules que des bactéries, vous pouvez constater,
d'un côté comme de l'autre, l'apparition des acides, sur-
tout des acides gras, la formation de l'urée ou des prin-
cipes ammoniacaux correspondants, la production de
pigments : sanguin, biliaire, prodigiosus, pigment vert,
pigment bleu; la genèse de diastases : ptyaline, pepsine,
trypsine, invertine ou d'éléments diastasiques dans la
diphtérie, le tétanos; la fabrication de leucomaïnes d'une
part, de ptomaïnes d'autre part.
^ M\ -
' Pour nos celhileî?*comme pour les bactériacées, au
poinl de* vue physiologique, les plus actives, parmi ces
sécrétions, sont en Tn^me temps les moins abondantes,
îl est encore permis de remarquer qu'on peut modifier
'tous ces aHn3>ut3 rehitifs au mouvement, à la, structure,
k ralîmenlation, aux sécrétions, comme aussi à la repro-
duction qui s'effectue daiiî> l^^s deux catégories d'êtres
vivants suivant des procédés analogues, en faisant inter-
venir des agents atmosphériques : lumière, variations
Iherniiques, ayant action et î^ur les microbes et sur.les
tissus.
Précis (ie chimie physiologique et pathologique; par
M. L. HuGOLSENy il). — Dans la préface, l'auteur s'applau-
dit que la ciLimie, dans les écoles de médecine, ne soit
■plus une élude préparatoire, mais qu'il y ait un enseigne-
ment de la clnTiiie médicale. Abstraction faite de quel-
ques 1res gi-ands esprits qui, à l'exemple de Lavoisier, de
Claude Bernai-d ou de Pasteur, ont mis au service de
leurs conceptions la préciï^ion rigoureuse des procédés
ctiimiques, mil ne peut se Hatter, et aujourd'hui moins
que jamais, de posséder hi double éducation du chimiste
et du physiologiste. De là découle la nécessité de créer,
dans cette grande science qu'est la physiologie, un do-
maine restreint j une spécialité où s'exerce l'activité des
chimistes.
En Allemagne, la chimie physiologique s'est constituée
en une discipline indépendante, ayant ses chaires, ses
laboratoires et ses recueils périodiques, possédant, en un
mol, toutes les ressources que comporte son développe-
ment* Le moment n'a jamais été plus favorable poiir réa-
liser en Fnmce le même progrés, et rien ne sera plus
facile si chacun veut apporter à cette œuvre l'esprit qu'il
(l) Ce IJTrc fjiit [larlie d'une coUcc^tloR intitulée . Nouvelle bibliothèque de
i'ciudiunl en médecine, auu^ la dirccUon du professeur L. Teslut, cher
0, Dûîn» a l*aria. — 1 vol gr, în-ltf rarlniîvié toile de 612 pages, avec lit fig.
daiïs le tcite, liont li ttrcea en couleurs tt une planche chromolithographique
liors teste» Prix : 8 fraiîM.
■rj^r?»*-'.'"''^
— 41 —
faut y apporter, j'entends l'esprit physiologique et, en un
mot aussi, l'esprit médical. .
Il a restreint, dans son livre, les notions chimiques à ce
qui est indispensable pour l'intelligence du sujet, et il a
développé, au contraire, tout ce qui peut directement ou
indirectement être utile à l'éducation professionnelle.
L'ouvrage est .divisé en cinq parties :
Première partie, — Principes immédiats de l'organisme :
alhuminoïdes, hydrates de carbone, matières grasses» mi-
néraleSj fermentations.
Deuxième partie. — Le milieu extérieur : chimie de
l'alimentation, salive, suc gastrique, liquides intestinaux,
fèces, respiration^ chaleur animale.
Troisième partie. — Le milieu intérieur : sang, lymphe,
transsudats, pus, tissus divers, chimie des organes, sécré-
tions, diverses.
Quatrième partie. — L'urine.
Cinquième partie. — Mutations de matières : à l'état
physiologique, variations pathologiques des échanges
nutritifs, chimisme microbien.
Ce livre comprend l'ensemble ' des connaissances que
doivent avoir aujourd'hui un jeune médecin et un jeune
pharmacien ; la cinquième partie renferme beaucoup de
notions peu connues, encore très clairement résumées.
Sur le phosphate bicalcique; par M. A. Barillé, phar-
macien principal de l'armée (i).
Le Codex a adopté, pour la préparation du phosphate
bicalcique, le procédé de M. Falières, qui consiste à pré-
cipiter une solution de phosphate disodique par une
chlorure de solution de calcium.
Ce procédé présente l'inconvénient de passer par le
phosphate disodique, ce sel résultant déjà de la décompo-
sition du phosphate acide de chaux par un excès de car-
bonate de soude.
(1) Le mémoire dont nous ne donnons ici qa'un simple extrait d'après les
Arch. de Méd. et de Pharm. milit.y a été honoré du prix de pharmacie
militaire en 1897.
rs^
— 4-2 —
Cette méthode indirecte donne en outre un produit
mal cristallisé, difficile à laver, mélangé généralement
d'une proportion plus ou moins grande de phosphate
bicalcique.
Il devenait donc nécessaire d'indiquer un moyen d'ob-
tenir directement le phosphate bicalcique dans un état de
pureté suffisante pour l'usage médical. Nous pensons
avoir atteint ce but.
La méthode que nous présentons nous paraît plus
rationnelle (1). D'une exécution rapide, «lie donne, à un
prix de revient moins élevé, un sel nettement cristallisé,
dont la formule, vérifiée par l'analyse, répond exactement
à celle du phosphate bicalcique à quatre équivalents
d'eau.
Formule de la préparation,
Pr : = Poudre d'os calcinés à blanc 1 kilogr.
Acide chlorhydriqne du commerce à 1,17. 1,454
Ammoniaque liquide à 0,925 0,442
Délayez la poudre d'os avec de l'eau chaude, de manière
à en faire une bouillie épaisse bien homogène, que vous
traiterez successivement par la quantité d'acide chlorhy-
driqne indiquée. Lorsque la réaction sera terminée,
ajoutez environ trois litres d'eau chaude. Le sel formé se
dissoudra et la liqueur deviendra à peu près claire. Versez
dans une jarre la solution chlorhydrique filtrée et amenée
au volume de dix litres. Précipitez-la lentement par
l'ammoniaque préalablement étendue de vingt fois son
poids d'eau.
La liqueur qui surnage le précipité formé de phos-
phate bicalcique doit, à la fin de l'opération, être encore
faiblement acide et ne donner qu'un trouble très léger
par l'addition de quelques gouttes d'ammoniaque.
Le précipité, recueilli sur un linge mouillé, sera lavé à
l'eau distillée, jusqu'à ce que les eaux de lavage, acidulées
par l'acide nitrique, ne précipitent plus par l'azotate
(1) Voir aussi un traTail de M. Cornélis sur les phosphates ealciques (Joum,
de Pharm. et Chim, [5], XllI, p. 29).
'•/»^,.
:'m
— 43 —
d'argent; il sera desséché rapidement à une température
de 60*^ environ et ne devra présenter à Texamen micros-
copique aucune trace de phosphate tricalcique amorphe.
Le phosphate bicalcique ainsi obtenu est en poudre
blanche brillante, très légère. Il cristallise en lamelles
transparentes, à apparence' hexagonale, qui sont mono-
réfringentes en lumière polarisée parallèle ou conver-
gente.
L'emploi de l'acide chlorhydrique du commerce, dans
la préparation du phosphate bicalcique, ne présente aucun
inconvénient. Le sel obtenu ne peut, en effet, contenir de
produits arsenicaux du moment que la solution à préci-
piter doit demeurer toujours acide.
On pourrait substituer le carbonate d'ammoniaque à
l'ammoniaque pour effectuer la précipitation; il se pro-
duirait alors un dégagement d'acide carbonique.
Le même procédé donnerait également du phosphate
bicalcique si l'on partait du phosphate de chaux précipité
des pharmaciens.
Mode de formation lente, sous cloche, du phosphate
bicalcique cristallisé. — Sous une cloche en cristal, repo-
sant sur une plaque de verre dépoli, plaçons, dans une
assiette creuse pleine d'eau distillée, un cristallisoir
contenant une solution chlorhydrique d'os calcinés au
dixième.
Si nous versons chaque jour, dans l'eau de l'assiette,
quelques gouttes d'ammoniaque, nous voyons, au bout
d'un certain temps, se former à la surface de la liqueur
phosphatique une croûte cristalline transparente qui
augmente graduellement d'épaisseur et est constituée par
du phosphate bicalcique pur.
Pour permettre à la réaction de se continuer, il est
indispensable de faire tomber cette croûte de temps à
autre au fond du cristallisoir.
L'expérience, pour être complète, exige une vingtaine
de jours environ. La liqueur restant dans le cristallisoir
ne contient que des traces d'acide phosphorique et donne
seulement les réactions du chlore, de l'ammoniaque et de
la chaux.
ri —
Ce mnde assez curieux de formation, par raction lente
ûc, vapours animoniacales très diffusées, serait réalisable
îndustrirllemenl dans des conditions pratiques et écono-
niiqiieijî, le chlorhydrate d'ammoniaque pouvant ètro
récupéré des eaux-mères à l'état d'ammoniaque.
Le phosphate Licalcique ainsi obtenu possède égale-
inent quatre équivalents d'eau de cristallisation. Au lieu
d'être en poudre opaque et légère, comme dans la prépa-
ration prérrdenle, avec une cristallisation reconnaissable
.seulement au microscope, il est cohérent, transparent, et
se prtîiseïite sous une texture visiblement cristalline.
Nou!^ avons pu runstater que, sous cet état, il cristalliise
dans le syï^tème munoclinique, sous forme de lamelles
parallrhïgrnnimiqucs bordées par un biseau de facettes.
De l'alcoolisme; par le docteur If. Barella, membre de
TAcadèniie i-oyale de Belgique (1). — L'auteur de ce petit et
Ms inttHessant livrt* lutte depuis vingt ans, par la parole
et la phime, contre Talcoolisme. Il y expose avec convic-
tiun et sanîii prétention, comme il le dit dans sa préface,
les qiiPï^lions diverses relatives à l'alcoolisme. C'est une
amvre de vulgarisation que chacun doit chercher à faire
pénetrf^r dans les populations.
' Manuel pratique iï analyse chimique appliquée à Vexa-
men des produits industriels et com/nerciaiu:;] par M. E.
Fleldent (2). — L'ouvrage de M. Fleurent est un Manuel
pratique destiné à sei*vir de guide à tous ceux qui ma-
nient leï^ produits chimiques, industriels et commer-
ciaux.
En écrivant son livre, l'auteur a cherché à réaliser un
triple \m\ :
Hxpoï^er. en les soulageant de tous les détails théori-
ques, les méthodes générales d'analyses minérales qua-
(1) 1 vol. ïn-l% de iS^ puges; Société belge de librairie, à Bruxelles.
^3) 1 vol. m-H"- écu de 5S2 pages, avec 101 figures, cartonné à l'anglaise
Priï : la fr. (Gcarifcs fourré et G. Naud, éditeurs, 3, rue Racine, Paris.)
'?- ■
^ 45 ~
lilaiive. et 'quantitative et l'analyse organique élémen-
taire.
Éviter des recherches trop longues à ceux qui sont
pressés par le temps ou qui n'ont pas pour cela 'des con-
naissances suffisantes, en ne donnant, pour l'examen de
chaque produit soumis au contrôle chimique, qu'une
seule méthode, 'quelquefois deux, devant conduire rapi-
dement au résultat qu'on envisage. Enfin, réunir dans un
même cadre Tétude des produits les plus impontants^en
même temps que les plus divers : Produits métalloïdi-
ques et métalliques, engrais minéraux et. organiques,
produits végétaux et animaux, boissons fermentées, etc.
De nombreux tableaux sont intercalés à la fin de cha-
que chapitre et donnent les résultats des applications des
méthodes développées dans le texte.
Comptes rendus de rAcadémie des Sciences (29 novembre 1897).
— * A Matrot : Sar la transformatioa de la sorbite en«8orbosc par le myco-
derma'yini.
— (6 décembre 1897). — A. Leduc : Dissociation présumée du chlore auit
températures élevées. — G. Sagnac : Sur la transformation des rayons X
par les métaux.' — A. Colson : Causes accidentelles d'irréversibilité dans les
réactions chimiques. — Wyrouboff et A. Vemeuil : Sur l'unité élémentaire
du corps appelé cérium, — H. Causse : Sur une réaction particulière aux
orthophénols-et sur les dérivés de l'anlimonyle-pyrocatéchine.^ Omékansky :
Sur un ferment de la cellulose.
Gauotta chimica iUliana, XXVU [1], Fasc. 5, 10 juin 1897. —
E, Carlin fanii: La trioScopic appliquée à l'analyse du lait. — F, Zecchini :
Action, sur le zinc, de racide chlorhydrique dissous dans des dissolvants
organiques.
. — Fascicule 6, 12 juillet 1897, — G. Ciamician et P. Silber : Sur la
composition de la curcumine. — G. Bruni: Sur la méta-dioxy-^-phénylcou-
marine.
— [U], Fasc. 1, 18 août 1897. — F. Canzoneri : Quelques observations
sur l'huile d'olive de la Pouillc. — A. Soldaini et -E. Berte : Analyse
de Tessence de citron. — D. Lo Monaco : Sur la formule de constitution de
Foxysantonine. — A. Cavalli : Recherche du nickel en présence du cobalt.
— Fascicule 2, 31 août 1897. « G. Oddo : Recherches sur le menthone ;
Notice sur quelques substances du groupe du ca/nphre. — xY. Tarugi* ci
G. NiochioUi : Ëtude de quelques réactions du fcrrocyanurc de potassium
^vec le glucose et de leur application à l'analyse volumétrique. — A. Sol-
daini ; Sur les alcaloïdes du lupin blanc.
. t -f
46
SOCIETE DE THERAPEUTIQUE
Séance du 8 décembre 1897. — M. Josias, président,
félicite, au nom de la Société de thérapeutique, M. le pro-
fesseur Pouchet à l'occasion de sa nomination de membre
de l'Académie de médecine.
M. Jasiewicz signale à l'attention des médecins une
spécialité de pilules à base de noix vomiques contre la
constipation^ dont l'emploi peut être cause d'accidents;
alors que le prospectus indique comme inoffensive la dose
de 6 pilules par jour, avec 3 seulement de ces pilules on*
observe quelquefois des phénomènes d'intoxication gra-
ves. Ces pilules ont déjà fait l'objet d'une communication
analogue de M. Duchesne.
M. Petit fait une communication sur Videntité de la digi-
taline et de la digitoxine.
J'ai l'honneur, dit-il, de présenter à la Société, en mon
nom et au nom de M. Polonowski, un échantillon de digi-
taline cristallisée en beaux cristaux. Elle fond très exac-
tement à 241* et présente toutes les réactions de la digita-
line absolument pure.
En cherchant des moyens d'identifier le produit , nous
avons pensé à examiner s'il avait une action sur la lumière
polarisée : il est dextrogyre.
Une solution à 2 p. 100 dans l'alcool à 95** nous a donné
à 18* un pouvoir rotatoire («)• = + 1 1®,8. Il est plus élevé
dans le chloroforme ; en solution à 2 p. 100 à 18* centigrades
(.)» = + i7V2.
Nous avons examiné une digitoxine allemande très bien
cristallisée. Elle nous a donné le même point de fusion,
le même pouvoir rotatoire en solution alcoolique et chlo-
roformique et les mêmes réactions chimiques.
Ces deux corps sont donc absolument identiques.
Il y a quelques années, l'un de nous a examiné la digi-
toxine provenant de la même maison. Elle commençait à
— 47
fondre vers 110*. La fusion complète avait lieu à 215*.
C'était un produit impur. •
M. Galloid lit un rapport sur le traitement du lympha-
tisme. Après une étude de la pathogénie de cette affection,
où l'auteur définit le lymphatisme une prédisposition à
le scrofule et émet cette opinion, que les virais lymphati-
ques sont des adénoïdiens, M. Gallois résume ainsi le
traitement du lymphatisme :
Faire l'ablation des végétations adénoïdes si elles sont
développées.
Traiter l'anémie par le fer, la dyspepsie par les amers
sous forme du sirop suivant :
Sirop de quinquina. .....•) j.^, ^^^,
Sirop de gentiane. . .
Teinture d'iode. . . .
lodurc de potassium.
* I àà !
Contre l'état septicémique ou auto-infeçtieux latent,
prescrire l'arsenic, l'iodoforme, l'huile de foie de morue.
Recommander autant que possible la vie au grand air,
au bord de la mer, la gymnastique, l'hydrothérapie.
Pour éviter le passage du lymphatisme à la scrofule,
qui se fait par la pénétration de microbes divers, et par-
ticulièrement le bacille de Koch, au niveau des lésions
adénoïdiennes du naso-pharynx, d'où production d'adé-
nite cervicale, il faudra éviter à ces sujets le contact de
malades atteints de lésions pulmonaires infectieuses
(grippe, rougeole, coqueluche, diphtérie, tuberculose) et
assurer l'antisepsie des fosses nasales et du pharynx au
moyen de pulvérisations boriquées et de gargarismes
antiseptiques.
M. Pouchet présente au nom de M*. Mignon une note
concernant un cas 4e susceptibilité particulière pour le
calomel. Une stomatite très intense fut provoquée chez un
homme de quarante-quatre ans, tuberculeux, par l'jnges-
tion d'une dose de 0»',50 de calomel prise en deux fois.
Ferd. Vigier.
^ 48 —
ACADEMIE DE MEDECINE
-Séance solennelle du 14 décembre 1897. — »■ M. Bergeron.
secrétaire perpétuel, a tracé de sa plume fine et élégante
l'éloge tie Caventou,- père du président de l'Académie
pour Tannée présente. Celui-ci Ta remercié, en termes
émus, de « la pensée pleine de délicatesse qui lui a fait
choisir cette séance qu'il avait . Thonnour insigne de
présider, pour retracer dans un langage élevé la vie
. de son vénéré père ».
Le prix Buignet a été attribué à M. Denigès, pour ses
nombreux et importants travaux; le prix Nativelle, à
M. Macquaire, pour ses recherches sur le maté
La Commission du prix Alva-renga a eu le regret de ne
pouvoir décerner le prix à MM. SchlagdenhaufFen et
Reeb pour ïeur ouvrage intitulé : Contribution à Oétude
du genre Coronilla^ parce que cette importante étude
n'était pas présentée dans les conditions matérielles
imposées par le- testateur.
Le prix Alvarenga a été partagé entre M. Moreigne et
M> Carrière.
VARIETES
Corps de santé militaire. — Par décret en date du 9 décembre 1897,
ont été nommés dans le cadre des officiers de réserve et de l'armée ^territo-
riale :
Au grade de pharmaoien aide-major de 2* classe de réserve : MM. les
pharmaciens de 1'* classe Legcndre, Barthès, Azaïs, Cabancl, Guillemot,
Savé, Beyègue, Souze, Dechaume, Cailleret; *
Au grade de pharmacien aide-major de 2* classé de l'armée territoriale :
MM. lef pharmaciens de 1'* classe Descudé et Chevretin.
Le Gérant : Georges MASSON.
PAftJS. — mP. B. FUMlUaiOM, auB RàCINB, 26.
■^ffj^^?*^.^
40
TRAVAUX ORIGINAUX
Transformation de la sorbite en sorbose par le « myco-^
derma vini »; par M. A. Matkot.
On a observé fréquemment l'oxydation biologique de**
héxites^: en particulier, Brown a transformé la mannite-
en lévulose à l'aide du Bacterium aceti; M. Bertrand à
changé la sorbite en sorbose par l'intervention d'une bac-
térie .analogue. Tout récemment, MM. Vincent et Dela-
chanàl ont produit de la lévulose à partir de la mannite
en employant la même bactérie que M. Bertrand. Les
bactéries considérées dans les expériences précitées ne
sont pas les seuls microbes capables d'effectuer de sem-
blables oxydations. Pasteur avait reconnu qu'une levure,
le Mycoderma vini détruisait un grand nombre de subs-^
tances hydrocarbonées.
J'ai observé qu'en abandonnant des jus de sorbes a
Fair comme le faisait Pelouze, pour oxyder la sorbite
qu'ils renferment et la changer en sorbose, on obtient,
suivant les circonstances, des résultats très discordants ;
cela m'a expliqué les difficultés et les contradictions que
l'on a rencontrées en répétant l'expérience initiale de
Pelouze. Dans un petit nombre de cas, cependant, la
production de Thexose est considérable; dans tous, le
liquide est recouvert d'un voile analogue à celui des
mycolevures.
Les levures aérobies pouvaient être, d'après cela, de&^
agents actifs d'oxydation de la sorbite. J'ai entrepris de
contrôler cette supposition et de rechercher parmi le&
mycodermes dont j'avais constaté la présence, l'agent ou
les agents de la fixation de l'oxygène de l'air. J'ai aussi?
cherché les conditions favorables au développement et à
l'action de ces microorganismes.
Le jus de sorbes est le liquide que j'ai employé le plu&
couramment pour mes cultures. Je l'ai préparé avec les
Journ. de Pharm. et de Chim., 6« SÉRIE, t. VU. (lo janvier 1898.) ^
— 50 —
baies du Sorbus aucuparia^ recueillies à Tarrière saison.
Celles-ci ont Hô. pressées, et le moût obtenu, soumis à la
fermentation alcoolique pour détruire les sucres fermen-
tescibles. 8a densité était d'environ 1.05.
J'ai abandonné à eux-mêmes, simultanément et dans
des conditions variées, plusieurs échantillons de jus de
sorbes. Au bout de quelques jours, j'ai dosé le sucre
réducteur dans chacun d'eux. J'ai trouvé la sorbose pré-
sente en assez grande proportion dans une expérience
pendant laquelle le liquide avait été exposé à une tem-
pérature de 25 à So**. Le voile qui recouvrait le liquide
riche en sorbose, examiné au microscope, était formé de
cellules analogues à celles des levures et de bactéries en
moindre abondance.
J'ai séparé ces deux espèces bien distinctes de micro-
organismes et je les ai ensemencées sur le liquide de
culture stérilisé. Les levures effectuaient l'oxydation ; les
bactéries ne la réalisaient pas. Il était donc impossible de
confondre ce ferment avec ceux étudiés par Brown et
par M. Bertrand. M. Bourquelot, dont on connaît la
compétence en cette matière, a bien voulu examiner ces
mycodermes oxydants ; il leur a trouvé toutes les appa-
rences des fleurs de vin.
J'ai alors ensemencé du jus de sorbes avec de la fleui* de
vin ordinaire, et j'ai obtenu, à 30®, une rapide production
de sucre réducteur. D'un autre côté, j'ai ensemencé de
même du vin avec le ferment recueilli sur la culture
riche en sorbose ; il a recouvert le liquide du voile carac-
téristique et son examen au microscope l'a montré formé
de cellules identiques à celles du Mycoderma vini. Enfin,
des essais variés de culture, effectués comparativement
avec les deux mycodermes, m'ont donné des végétations
de même apparence dans tous les cas. D'autre part, j'ai
extrait le sucre réducteur produit dans de nombreuses
expériences de ce genre. Je l'ai trouvé constannnent iden-
tique à lui-même, quel qu'ait été le ferment employé
dans l'oxydation.
J'ai dés lors, cru pouvoir admettre, dans une certaine
— 51 —
mesure, que le ferment que j'avais isolé sur le jus de
sorbes est identique au Mycoderma vini.
Il restait à caractériser plus précisément le sucre résul-
tant de l'oxydation. Celui-ci se comportait vis-à-vis des
dissolvants comme la sorbose obtenue par la méthode de
M. Bertrand. Combiné à la phénylhydrazine dans les con-
ditions adoptées par M. Maquenne (C.r. 1 12 — 799), le poids
d'osazone obtenu (0.84) correspondait au rendement
caractéristique de la sorbosazone ; le point de fusion du
produit (164*) était bien celui indiqué pour le dérivé de la
sorbose. Le sucre formé par l'oxydation était donc de la
sorbose.
Des fermentations faites à diverses températures m'ont
montré que la plus favorable était 30°. A cette tempéra-
ture, l'oxydation de la sorbite est réalisée par le Myco-
derma vini avec une rapidité beaucoup plus grande que
-j^ar les bactéries employées jusqu'ici. J'ai été conduit
ainsi à adopter la méthode suivante pour préparer la sor-
bose.
Le suc des baies est débarrassé par la fermentation
alcoolique des sucres capables de la subir. Il est ensuite
placé sous une faible épaisseur dans des vases à fond
large; on peut employer avec avantage des cuvettes pour
photographie. On ensemence largement de fleurs de vin
et on met à l'étuve à 30**. La marche de l'opération est
suivie à la liqueur de Fehling. L'oxydation est terminée
quand la réduction n'augmente plus. Sa durée varie sui-
vant la surface du liquide ; avec une surface de 3*** par
litre, la proportion de sorbose augmente d'environ 10*'
par vingt-quatre heures.
La fermentation terminée, on défèque le liquide par
l'acétate de plomb. L'excès de plomb est enlevé par l'acide
sulfurique, et le liquide est filtré. On évapore au bain-
marie ou dans le vide jusqu'à consistance de sirop ; la
sorbose cristallise par refroidissement. On la purifie par
recristallisation.
On peut obtenir la sorbose de la même manière avec
la sorbite pure ou avec les résidus incristallisables de la
— 52 —
préparation de celle-ci. On dissout ces substances dans du
vin ou dans un liquide nutritif artificiel. La proportion
de sorbite ne doit pas dépasser 10 p. 100. Il arrive par-
fois que le ferment ensemencé sur les solutions de ce
genre ne se développe pas. On tourne la difficulté en cul-
tivant le mycoderme sur un peu de vin ; lorsque le mi-
crobe recouvre la surface, on enlève le liquide sous-jacent
et on le remplace par la liqueur chargée de sorbite. La
fermentation se continue dès lors régulièrement.
En terminant, j'ajouterai quelques mots sur un autre
ordre de faits. J'ai remarqué que, suivant la nature des
liquides sur lesquels il est cultivé, et aussi suivant la
température, le Mycodemia vini se développe différem-
ment et prend des formes variées. Qu'il s'agisse là de
plusieurs formes, ou ce qui est moins vraisemblable, de
plusieurs espèces, l'action exercée sur les alcools poly-
atomiques par les végétaux de formes différentes est elle-
même difTérente.
Je poursuis l'étude de ces particularités que j'ai déjà
constatées dans un assez grand nombre d'expériences.
Ces recherches ont été faites et sont continuées au
laboratoire de M. Jungfleisch.
Nouvel uréomètre à eau; par A. Chassevant.
La réaction classique de l'hypobromite de soude sur
l'urée est la méthode la plus généralement employée pour
doser cet élément dans les mânes.
On mesure le volume d'azote dégagé pendant la réac-
tion et, soit par le calcul, soit au moyen de tables toutes
faites, soit en comparant ce volume avec celui
dégagé par une solution titrée d'urée dans les mêmes
conditions, on évalue la^proportion d'urée contenue dans
les urines.
Cette méthode de dosage est suffisamment précise, si
l'on mesure avec exactitude le volume de l'azote dégagé à
une pression et à une température exactement connue.
wr
— 53 —
Un bon uréomètre doit :
!• Être d'un maniement facile et simple;
2*» D'une étanchéité parfaite ;
3** On doit pouvoir y introduire le réactif et l'urine en
toute sécurité, sans que la réaction puisse commencer
avant qu'il ne soit fermé ; en un mot, la réaction doit se
faire en vase clos, pour qu'aucune partie de l'azote dégagé
ne puisse s'échapper;
4* Le tube mesureur doit être divisé en dixièmes de
centimètre cube, pour permettre d'évaluer le volume
gazeux dégagé avec cette approximation ;
5" On doit pouvoir ramener les gaz qu'il contient à la
même pression au commencement et à la lin de l'expé-
rience ;
6"* Cette température et cette pression doivent être les
mêmes dans toutes les parties de l'appareil.
Ces deux dernières conditions sont indispensables à
réaliser, pour qu'il n'y ait pas de variation du volume de
l'air primitivement contenu dans l'uréomètre, et pour
■que l'augmentation de volume gazeux représente exacte-
ment le volume de l'azote dégagé dans la réaction , à la
température et à la pression observées.
Les uréomètres à mercure permettent, dans une cer-
taine mesure, de réaliser ces conditions; mais leur
<?mploi nécessite une cuve à mercure, et leur manipulation
est assez délicate. En outre, ils ne répondent pas à la
troisième des conditions énoncées.
Les uréomètres à eau qui existent, plus faciles à
manier en général, ne permettent pas de réaliser les
■conditions nécessaires pour obtenir un dosage exact.
Pour réaliser ces desiderata, nous avons imaginé le
dispositif suivant :
Notre uréomètre se compose d'un tube, gradué en
dixièmes de centimètre cube, surmonté de deux boules
soufflées, lesquelles sont réunies entre elles par un
siphon latéral, ce qui transforme la boule supérieure en
vase de Tantale.
La disposition des tubes intérieurs permet aux gaz de
- 54 -
circuler libreineiil dans le tube gradué et dans les deux
l)oules, tout en empêchant les liquides contenus dans les
boules de se répandre dans le tube- gradué; ce dispositif
assure constamment Tégalité de pression dans toutes les
parties de Tappareil.
Les boules sont munies chacune d'une ouverture pour
permettre l'introduction dos réactifs et de l'urine; ces
ouvertures sont fermées hermétiquement par des bou-
chons en caolchouc.
L'uréomètre est lesté par une petite masselolte en
plomb, maintenue à la partie inférieure du tube mesu-
reur par deux bagues en caoutchouc. Celte masselotte est
destinée à assurer l'équilibre de l'appareil et à lui per-
mettre de s'enfoncer dans l'éprouvette remplie d'eau; elle
i
peut faire roffice de pied lorsque l'uréomètre est sorti de
Téprouvette. Sa forme spéciale permet à l'air de s'échapper
et empêche l'introduction de bulles gazeuses dans le tube
gradué lorsqu'on l'immerge.
Un fil de laiton disposé en anse permet de soulever
l'appareil sans le toucher avec les doigts.
Pour faire un dosage, l'uréomètre, muni de sa masse-
lotte de plomb et de l'anse en fil de laiton, est maintenu
verticalement; on met dans la boule inférieure un volume
connu d'urine, 2^*', par exemple, ou de la solution d'urée.
Dans la boule supérieure, on place un excès de réactif.
On ferme hermétiquement l'ouverture de la boule infé-
rieure, puis on plonge lentement l'appareil dans l'éprou-
vette remplie d'eau à la température du laboratoire,
jusqu'à ce que le niveau de l'eau qui monte dans le tube
gradué vienne affleurer une des divisions supérieures de
la graduation, le 4° ou le 5'' centimètre cube, par exemple.
On bouche alors hémétiquement l'ouverture de la boule
supérieure et l'on fait plonger complètement l'uréomètre
dans l'éprouvette; Teau doit être suffisante pour noyer
totalement l'appareil. On s'assure alors que les bouchons
sont hermétiques, en constatant qu'il ne se forme pas de
bulles gazeuses au niveau des ouvertures des boules;
puis on laisse la températiu-e des gaz contenus dans l'u-
réomètre s'équilibrer avec celle de l'eau environnante.
Cet équilibre est atteint lorsque deux observations suc-
cessives ont montré que le niveau de l'eau ne s'élève plus
dans le tube gradué, qui fait fonction de cloche.
On note alors la température de l'eau et la pression
atmosphérique; puis, soulevant lentement l'uréomètre
par son anse de laiton, on amène le niveau de l'eau dans
le tube gradué, à affleurer celui de l'eau contenue dans
l'éprouvette.
On note le point d'affleurement, 4",2, par exemple. On
replonge l'iu'éomètre dans l'eau ; puis on amorce lo
siphon en inclinant l'ensemble de l'appareil de façon à
ce que le niveau du liquide contenu dans la boule supé-
rieure atteigne le niveau de la courbure supérieure du
— 56 —
siplKin; *»n irtln'sse alors l'appareil. Le réactif passe
romplïH(?nifrt( tk' la boule supérieure dans la boule infé-
rieure: au facilite le mélange en agitant l'uréomètre sans
le sortir tle Vrnw, L'hypobromite réagit sur Turée, l'azote
:sê d église*
Lorsque la réaction est terminée, on note la tempéra-
Uu*e de Toau, ci. en ajoutant de Teau froide ou chaude,
<^n ramène leau de Tépi^ouvette à la température initiale.
On liiisise lu Ii^mpérature des gaz, contenus dans l'uréo-
mètre, qui i^f^ stïiH échauffés pendant la réaction, s'équili-
brer avec celle de l'eau environnante; cet équilibre est
atteint lori^fjiH^ doux lectures successives montrent qu'il
n'y a plus ascension de l'eau dans le tube gradué. On
soulève alors Turéométre par son anse de laiton, de façon
A amener le uivi^au de l'eau contenue dans le tube gradué
à aiUeuror cr^hn de l'eau contenue dans l'éprouvette. On
Ut le nouveau point d'afïleiu'ement : 18"". 4, par exemple.
La difr^renef t-nlre les deux lecturesdonne exactement le
volume ilaz^il** iJf'gagé par la réaction à la température
de leau el à la pression observée.
IV' r2 s<^i';ul dans l'exemple choisi le volume de l'azote
4iéga^^é.
L'i^vahialitîii i\v l'urée se fait alors par une des méthodes
classîquf*s : ral<"uis, tables, ou comparaison avec le volume
d'azote dégagé d;ms les mêmes conditions par un volume
connu d'une sululion d'urée titrée.
Pour faire des recherches de grande précision, on peut
opérer î^ur le mercure, en employant la cuve de Doyère,
qui prriin't d'évahier les volumes gazeux à température
el à pre5î4it»n connues et constantes. On peut alors sub-
slilner à Thypoliromite le réactif de Millon, qui dégage
à la fois Tamte ei l'acide carbonique de l'urée.
Cet aVpiïreil, outre son application au dosage de l'urée,
permet de faire le dosage de l'azote total, par la méthode
ri'Henninger. et aussi de mesurer avec exactitude les
volumes des gaz dégagés par l'action d'un liquide sur un
— 57 —
autre : par exemple, Tacide carbonique dans une solution
de carbonate, etc.
Lorsqu'on veut mesurer un dégagement gazeux con-
tenant des gaz solubles dans l'eau, Facide carbonique,
par exemple, et qu'on n'a pas à sa disposition de cuve à
mercure, il suffit de mettre dans l'éprouvette de la glycé-
rine au lieu d'eau, ou tout autre liquide qui ne dissolve
pas le gaz dégagé.
Note sur le tfol (pierre à savon des Arabes) et sur un pro-
cédé pour émulsionner Vhuile lourde de houille; par
M. Lahache, pharmacien-major à Constantine.
L'usage général que les Arabes font, en Algérie et en
Tunisie, du tfol, pour nettoyer leurs burnous, nous a sug-
géré d'essayer ce savon minéral à Témulsion de l'huile
lourde de houille.
Le tfol (pierre à savon des Arabes) se vend sur tous les
marchés indigènes, depuis Oran jusqu'à Tunis (i). C'est
une substance légèrement cireuse, onctueuse au toucher.
Des gîtes existent dans tous les départements algériens :
personnellement, nous connaissons celui de Sidi-Khaled
où s'approvisionnent les riverains de l'Oucd-Djedi et
quelques oasis des Zibans.
La couleur du tfol peut varier du rouge au gris et au
blanc d'albâtre, suivant les oxydes métalliques qu'il con-
tient. Sa composition n'est pas uniforme, mais les diffé-
rentes variétés renferment comme éléments essentiels :
Des silicates alcalins et terreux ;
Du carbonate de chaux ;
De la silice gélatineuse libre ;
De l'argile ;
Des sulfates et des chlorures alcalins et terreux (en
faible quantité).
La quantité de matières solubles dans^l'eau est trop
(1) Il est probable qu'on en trouTO sur les marchés do toute rAfrique
septentrionale.
— 58 —
faible pour qu'on puisse attribuer à des carbonates alca-
lins les qualités que les Arabes ont reconnues depuis
longtemps à cette roche.
Celle-ci a^it comme absorbant dans Faction du lavage.
M. le général de la Roque, commandant la division de
Constantine, a bien voulu nous faire remettre plusieui*s
échantillons de Ifol.
Il résulte des expériences faites dans notre laboratoire,
que, en moyenne, ^O»"" de ce savon minéral finement pul-
vérisé suffisent pour absorber complètement iOO«'' d'huile
lourde de houille, quelle que soit la densité de cette der-
nière; l'eau ajoutée en toutes proportions au mélange ne
détermine, en aucun cas, la séparation de l'huile. Par
agitation on obtient avec l'eau une émulsion ne salissant
pas le verre, dans laquelle on distingue, au microscope,
l'huile amenée à un état de division qui caractérise
l'émulsion.
Elle apparaît sous forme de globules variant de la gros-
seur d'un grain d'amidon de riz à la grosseur d'un gros
grain d'amidon de blé.
Nous proposons donc de transformer d'abord l'huile
lourde de houille on une pâte, avec le tfol. Cette pâte est
encore plus facile à employer si, dans sa préparation,
avant de verser l'huile sur la poudre, on humecte celle-ci
de son poids d'eau ; on obtient ainsi un produit très stable
sous forme d'une pAte brune légère, crémeuse, parfai-
tement homogène et de consistance demi-fluide. Cette
pâte est susceptible de donner extemporanément, par
addition d'eau et agitation, une émulsion parfaite et un
liquide antisepti(iue d'un litre déterminé, quel qu'il soit,
pouvant être utilement employé à l'arrosage du sol, à la
désinfection des latrines, au lavage de certaines parties
des bâtiments publics (écoles, casernes, hôpitaux, etc.).
Étant donnée la nature des éléments du tfol, qui sont
neutres et à peu près insolubles, nous ne croyons pas que
cette substance puisse diminuer la valeur antiseptique de
riuiile lourde de houille.
Enfin, si le tfol peut être utilisé dans le cas qui nous
— 59 —
occupe, il en résultera de par son peu de valeur commer-
ciale une grande économie pour TEtat, puisqu'il en coû-
tera seulement à ce dernier la peine de recueillir cette
roche dans les carrières dont il est le propriétaire.
Sur le pouvoir rotatoire du chlorhydrate de cocaïne;
par M. Henri IIérissey (1).
J'ai été amené récemment, sur les conseils de M. Bour-
(juelot, à examiner, dans un but de comparaison, le pou-
voir rotatoire de divers échantillons commerciaux de
chlorhydrate de cocaïne. Je dois dire dès l'abord que
cette recherche effectuée sur cinq produits différents m'a
donné des résultats sensiblement concordants (2i. Trois^
échantillons possédaient un pouvoir rotatoire identique;
ce dernier était de — 71**,66, en solution aqueuse à 2«''
pour 100''*; dans les mêmes conditions, le pouvoir rota-
toire des deux autres échantillons était de — TO'^.BS.
A première vue, ces chiffres élevés ne laissent pas que
de surprendre; le Supplément du Codex donne, en effet,
comme pouvoir rotatoire, en solution aqueuse, la valeur
«D = — 52**, 5, et, Ton trouve cette donnée reproduite dans
de nombreux livres. En cherchant la cause de cette con-
tradiction tout à fait en désaccord avec mes observations,
j'ai été naturellement amené à me reporter à un travail
publié par O. Antrick, en 1887 ^3) sur le ijouvoir rota-
toire de la cocaïne et de son chlorhydrate.
L'auteur a déterminé le pouvoir rotatoire de cinq chlor-
hydrates de cocaïne différents ; il a opéré dans des con-
ditions tout à fait spéciales, d'ailleurs très bien déter-
minées, sur lesquelles nous devons dire quelques mots :
(1) Communication faite à la Société de Pharmacie (Séance du l*' décem-
bre 1897).
(!2) Ces déterminations, ainsi que celles que j'ai faites dans la suite, ont
été effectuées à la température de 14-16*.
(3) Das optiscbe Verhallen des Gocaïns und eine Méthode zur Prûfung
seines salzsauren Salzes auf Reinheit; Ber. d, d. chem. Ges., 20, 1887,
p. 310.
— 60 —
Anlrick s'est servi, comme dissolvant, d'alcool étendu de
densité 0,93529 à 20* et la raison qu'il en donne est le
léger trouble observé dans les solutions aqueuses de cer-
tains produits examinés ; les solutions ont été faites à des
concentrations différentes; elles ont toutes été exami-
nées à la température de 20*.
Les rotations observées ont conduit aux formules :
«D = — [52,180 + 0,1588q]
et
«D = — [67,982 — 0,15827 c] ;
q est le poids d'alcool étendu contenu dans 100 parties
en poids de solution ; la valeur de c est exprimé par
l'égalité c = pd, p étant le poids de cocaïne contenu dans
100 parties en poids de solution et d la densité de cette
dernière à 20**.
Il est facile, d'après ces quelques données, de voir que
les résultats d'Antrick ont été faussement interprétés, et
qu'il est par suite inexact d'attribuer au chlorhydrate de
cocaïne le pouvoir rotatoire — 52*,5.
A ce point de vue, j'ai repris l'examen d'un des pro-
duits mentionnés au commencement de cette note; ce
produit, comme les quatre autres du reste, ne contenait
pas d'eau de cristallisation. J'ai d'abord opéré sur le pro-
duit tel qu'il se présentait. Dans ces conditions, pour une
solution à 2»'' pour 100*^% on a «d = — 71 ',66.
Mais j'ai constaté que par un séjour prolongé à l'étuvc
de Gay-Lussac et refroidissement sur l'acide sulfurique,
0«',670 de matière perdaient O^^^OOS. En tenant compte de
ce résultat, le pouvoir rotatoire devient : «0 = — 71°,95.
Le même échaiitillon a été recrislallisé dans l'alcool
absolu, puis séché sur l'acide sulfurique et on en a pris de
nouveau le pouvoir rotatoire; on avait eu soin de réserver
du produit une partie qui a servi à déterminer la perte
éprouvée par la matière à 100*. Le résultat a été, on peut
dire, le même que précédemment : pour une solution à
2«%712 pour 100, a» = — 71°,94.
Si l'on détermine le pouvoir rotatoire du chlorhydrate
— Gi-
de cocaïne en solution alcoolique, comme Ta fait Antrick,
on trouve des nombres un peu inférieurs aux précé-
dents. En solution à 2*' pour 100", on obtient avec un
alcool de la concentration de celui de Antrick le pouvoir
rotatoire — 69®,43, et avec un alcool à 80®, le pouvoir
rotatoire — 68^60.
La concentration fait également baisser le pouvoir rota-
toire; en solution aqueuse à 8"' pour 100", aD= — 69^15.
Tous ces nombres et en particulier ceux que nous
avons obtenus avec des solutions alcooliques sont tout à
fait comparables avec ceux trouvés par Antrick ; ils sont
seulement un peu plus élevés ; mais les produits essayés
par Antrick en 1887 étaient peut-être (c'est là du reste
une simple hypothèse), moins bien purifiés que ceux que
l'on peut trouver à l'heure actuelle; en tout cas, je n'ai
jamais observé le moindre trouble dans les solutions
aqueuses de chlorhydrate de cocaïne, circonstance qui
avait cependant obligé l'auteur allemand à se servir d'al-
cool étendu.
Je citerai en terminant une dernière observation rela-
tive à l'influence que peut avoir l'eau à la température
d'ébuUition sur le pouvoir rotatoire du chlorhydrate de
cocaïne en solution. Une solution à 2«'' de chlorhydrate de
cocaïne pour 100" a été divisée en deux parts; l'une a été
conservée comme témoin, l'autre a été versée dans un
ballon de 50" jusqu'au trait de jauge; le ballon a été
plongé ensuite jusqu'au col dans l'eau bouillante d'un
bain-marie, où on l'a maintenu pendant deux heures. On
a laissé refroidir, puis on a rétabli le volume primitif et
on a examiné la solution au polarimètre. La déviation a
été trouvée la même pour les deux liquides : «d = 2*',52.
Le pouvoir rotatoire n'avait donc été nullement in-
fluencé par ce traitement (1).
•'-, y-û
(1) Travail fait dans le Laboratoire de M. le professeur Bourquelot.
— 62 —
REVUE SPÉCIALE
DBS PUBLICATIONS DE PHARMACIE ET DE CHIMIE.
Hédicaments nouveaux.
Recherche de la kryotine dans rurine; par M. E. Schhei-
BER (1). — La kryoline est un produit de condensation de
la phéntHidine et de l'acide méthylglycolique (2) ; on Ta
préconisée comme antipyrétique. On la retrouve déjà dans
l'urine 15 à 20 minutes après Fingestion. Si Ton ajoute
du porchlorure de fer à l'urine, celle-ci prend une colo-
ration rouge brun qui se produit immédiatement si la
proportion de kryofine est assez élevée, et seulement au
bout de (juelque temps quand l'urine n'en renferme que
des traces. La réaction se fait très nettement si on ajoute
à l'urine, d'abord quelques gouttes de lessive de potasse,
puis un peu de perchlorure de fer et si l'on filtre ; le
liquide iiltré est rouge. L'urine préalablement filtrée sur
du noir animal ne donne plus la réaction. L'éther ou le
chloroforme agités avec l'urine, même si on l'a acidulée
ou alcalinisée, ne lui enlève pas la kryofine. Le liquide
que l'on obtient par distillation de l'urine acidulée avec
de l'acide sulfurique ne donne de réaction ni avec le per-
chlorure de fer, ni avec l'eau de brome.
Par contre, l'urine acide donne la réaction indiquée par
Ritsert comme caractéristique de la phénacétine : colora-
tion brune lorsqu'on ajoute 4 à 5 gouttes d'une solution
d'acide chromique à 3 p. 100 à 2" d'urine.
L'urine donne en outre les réactions suivantes :
1* l'urine additionnée de 2 gouttes d'acide chlorhydrique,
de 2 gouttes d'une solution de nitrite de soude à 1 p. 100
et de quelques gouttes d'une solution aqueuse alcaline de
naphtol «, puis rendue alcaline avec de la lessive de
(1) Apotheker Zeitung, 1897, p. 740.
(2) Journ, de Phami. et de Chim. [6], V, p. 567, 1897. — U y a liea de
penser que le mot kryofine vient du grec xpvo;, froid.
— 63 —
potasse, prend une coloration rouge qui passe au violet
par addition d'acide chlorhydrique; 2** si l'on fait bouillir
10*' d'urine avec 1 à 2" d'acide chlorhydrique concentré
et si, après refroidissement, on ajoute 3 à 5 gouttes d'une
solution aqueuse saturée de phénol et un peu de solution
filtrée d'hypochlorite de chaux, on obtient une coloration
rouge brique qui passe au bleu si on sature avec de l'am-
moniaque (réaction de l'indophénol).
Toutes ces réactions conduisent à cette conclusion que
l'urine, après ingestion de kryofine, renferme de la
phénétidine et du p-amidophénol. Em. B.
Protargol. — Depuis quelque temps, les pharmacolo-
gistes s'appliquent à chercher des combinaisons orga-
niques d'argent non précipitables par les liquides de
l'économie, et cela dans le but de combattre les catarrhes
gonorrhéiques plus efficacement qu'on ne le fait avec le
nitrate d'argent, par exemple.
Nous avons déjà cité Vargonine (1), combinaison sodico-
argentique obtenue par Liebrecht et Rôhmann, en préci-
pitant une solution de nitrate d'argent et de caséinate de
soude par l'alcool. L'argonine est soluble dans l'eau et la
solution, qui est neutre au tournesol, ne précipite ni par
le chlorure de sodium, ni par le sulfhydrate d'ammo-
niaque. L'argent se trouve donc masqué dans cette pré-
paration.
Nous pouvons citer encore Vargentamine^ qui est une
solution à 8 p. 100 de phosphate d'argent dans une solu-
tion aqueuse d'éthylène-diamine (2).
L'argentamine ne précipite pas non plus par le chlo-
rure de sodium.
Mais l'argentamine présente une réaction alcaline, ce
qui la rend caustique et en limite forcément l'emploi.
D'autre part, l'argonine est un corps peu stable que
les acides dédoublent avec la plus grande facilité en ses
(1) Joum. de Pharm. et de Chim. [6], II, p. 153, 1895.
(2) Apotheker Zeitung, 1895, p. 893.
/
— 64 —
cQinposants. M. A. Eichenp^rûn (1) assure avoir réussi à
j)r«-parer, avec certaines matières protéiques, une combi-
naison d'argent préférable aux précédentes, en ce sens
que, non seulement elle ne précipite pas par les sulfures
alcalins, mais encore qu'elle n'est décomposée ni par les
alcalis, ni par les acides. Il donne à cette combinaison le
nom de protargoL
C'est, dit-il, une poudre jaune clair qui se dissout faci-
lement dans l'eau, sans qu'il soit besoin de prendre des
précautions particulières. Les solutions sont de couleur
lirun clair; elles sont neutres et peuvent être chauffées
sans inconvénient, à la condition de ne pas chauffer trop
longtemps, auquel cas elles se foncent en couleur.
Elles ne sont pas précipitées par l'albumine, ni par le
sel marin. Elles précipitent, il est vrai, par addition
déicide chlorhydrique concentré; seulement, le précipité
ii\^rit pas du chlorure d'argent, mais du protargol qui se
redissout en étendant d'eau.
Le protargol renfermerait 8 p. 100 d'argent, tandis que
Targentamine n'en renferme que 6,3 et l'argonine
4,2 p. 100 seulement.
M. Eichenbrûn affirme que son produit a été essayé
dans la blenhorragie. On s'est servi d'abord de solutions
à 0^25 p. 100, puis de solutions à 1 et 1,5 p. 100, et même,
dans des cas d'uréthrite chez la femme, de solutions à
5 et 10 p. 100.
M. Eichengriin n'indique pas, dans sa note, comment
il prépare le protargol. Faut-il rapprocher de celui-ci les
composés que le professeur 0. Lœw (2) a obtenus en 1883
en chauffant pendant plusieurs heures de l'albumine avec
une solution ammoniacale de nitrate d'argent; c'est ce
que pense ce dernier; mais M. Eichengriin fait remarquer
que, tandis que le protargol est une poudre jaune clair,
soluble dans l'eau, les produits de M. 0. Lœw sont des
(l) Ueber Protargol, Pharmaceutische centralhalle, XXXYIII, p. 640,
1897.
(3) Chem. Ztg., 1897, p. 876; d'après Pharm, centralhalle, XXXVUI,
p, 739, 1897.
— 65 —
-corps rouges ou bruns, insolubles dans l'eau et décompo-
sables par les alcalis ou les acides faibles qui en séparent
de l'argent métallique (1).
Quoi qu'il en soit, d'après M. Feodor Miehle (2), les so-
lutions aqueuses de protargol ne s'obtiennent pas aussi
facilement que le disent les fabricants de ce produit.
Lorsqu'on l'agite avec de l'eau, il se forme une mousse
persistante dans laquelle de petites particules de protar-
gol se maintiennent en suspension et restent indissoutes.
Si l'on veut aller vite, il faut agiter l'eau et le composé
argentique dans un flacon un peu grand jusqu'à dissolu-
tion complète, puis séparer le liquide de la mousse.
L'emploi d'une douce chaleur facilite l'opération.
Em. B.
CaptoL — C'est le nom que donne le D' EichhofF (3)
à un produit de condensation du tannin et du chloral,
produit qu'il préconise comme antiséborrhéique. Le
captol se présente sous forme d'une poudre brun foncé,
hygroscopique, qui se dissout peu dans l'eau froide et
dans l'alcool. Il n'est pas modifié par les acides, mais les
alcalis le décomposent avec coloration brun foncé.
Chauffé avec de l'aniline et de la lessive de soude, il
donne la réaction de l'isonitrile.
Sa solution est colorée en bleu noir par les sels de fer,
mais la couleur disparait par addition d'un acide tel que
l'acide chlorhydrique ou oxalique.
Eichhoir recommande l'emploi de ce médicament contre
les pellicules et la chute des cheveux. Primitivement, il
le prescrivait en solution alcoolique à 1 ou 2 p. 100 pour
frictionner la tète. Depuis quelque temps, un parfumeur
de Cologne en a fait, sur ses indications, une spécialité
sous forme de teinture de captol composée (4).
(1) Pharm, ceniralhalle, XXXVIII, p, 777, -1897.
(2) Ueber die Anfcrtigung ?on ProlargollOsungen ; Apotheker Zeitung, 1897,
p. 832.
(3) Apotheker Zeitung, 1897, p. 682.
(4) Apotheker Zeilung, 1897, p. 734.
Jbarir. de Pharm. et de Chim., 6« BÂRIE, t. VH, (15 janvier 1898.) 5
■T^^^^r-
I
— 00 —
La loninilo do ccllo tcinlure serait, d'après Eichhoff :
Caplol 1
Hydrate de chlorul 1
Acide tarlrique i
Huile de ricin 0,5
Alcool à 65*> 100
Esseoee pour aronialiser Q. s.
L'analyse en a été faite par le ]y Aufrecht; elle ne
< iiiicorde pas complètement avec la formule ci-dessus (ij.
L(.' ir Aufrecht a trouvé, en effet :
Chlopal 0,76 p. 100 (anhydre).
Tannin 0,42
Alcool 54
Eau U- s. p. faire 100.
f'L en outre, de petites quantités non dosées, d'acide
I irtrique, d'huile de ricin, et d'huile essentielle. Le
( hloral a été dosé, après élimination de l'alcool, par ré-
duction avec l'acide acétique et la poudre de zinc. Il se
forme du chlorure de ziiuî que Ton dose à la manière
connue. Le tannin a été dosé par la méthode de Lôwen-
\\vaI Em. B.
Pharmacie.
Emploi du carragaheen pour émulsionner l'huile de foie
de morue; par M. Barbi i'2i. — L'auteur se sert, comme
sif^ent éinulsif, du carra ^^aheen mondé préalablement
des matières étrangères qui l'accompagnent et lavé. On
fait une décoction aqueuse d(^ ce produit à la dose de 15*'
de carragaheen pour 1 litre. Dans XhO^' de décocté
filtré, on dissout ^ôk"" de sucre blanc. Dans ce sirop, on
incorpore au mortier, ou même simplement en agitant
s ivement le mélange, 80*'" d'huile de foie de morue et l'on
obtient ainsi une émulsion dans laquelle on n'aperçoit
plus de gouttelettes d'huile, même à la loupe. Cette
(1) Pharm. Zeitung, i897, p. 883.
(S) Bollet. chimie, farmac, 1897, 485; d'après Ap, Zeitung, 1897,
813.
— 07 —
émulsion serait très stable et préférable aux autres pré-
parations analojçues d'huile de foie de morue.
Barbi insiste, à propos de ce travail, sur les falsifica-
tions dont riiuile de foie de morue est souvent l'objet et il
indique en particulier pour rechercher la colophane (!!;, le
procédé suivant (?) : On traite i«'' d'huile par 12»' d'éther à
16**. Si l'huile renferme de la colophane, le mélange se
trouble au bout de quelques minutes. Em. B.
Ëmulsions dlTerses d'huile de foie de morue. -- I. Dé-
coction de carragaheen (2 p. 100; 150, huile 240, glycé-
rine 60, poudre de chocolat 30, teinture de vanille q. s.
On triture le chocolat avec le mucilage et la glycérine,
puis on chauffe jusqu'à ce que le mélange soit devenu
homogène ; on laisse refroidir, on ajoute l'huile et on bat
de façon à obtenir une émulsion parfaite (1).
ÏI. Émulsion de Scott, — D'après une analyse récent e,
cette émulsion renfermerait pour 608'": huile de foie de
morue 35,5, glycérine 18,5, hyposulfite de chaux 3,1.
eau 2,9 et essence de cannelle q. s. pour aromatiser. Une
autre analyse indique pour lOO»"" : huile de foie de morue
42, glycérine 16, hypox)hosphite de calcium 1,2 et hypo-
phosphite de sodium 0,6. La gomme arabique serait la
substance énmlsive (2) .
III. Tritol. — E. Dieterich préconise, pour émulsion-
ner les huiles, l'extrait de malt diastasique; 25 parties
d'extrait suffiraient pour 75 parties d'huile. Il donne à
'ces préparations le noms tritols. C'est ainsi qu'il prépare
un tritol à l'huile de foie de morue, un tritol à l'huile de
ricin, etc. i3j.
Enfin, le suc pancréatique et, par conséquent, le produit
commercial appelé pancréatine pourraient être employés
pour émulsionner l'huile de foie de morue et donneraient
des émulsions parfaites. Em. B.
(1) Ap, Zeitung, 1897, 840.
• (2) Pharm. Ztg., 1897, 608, et Ap. Zeitung, 1897, 8*2.
(3) Pharm. centralhallc, 1897, 217.
'•^ ' ÎHI fIJWU 1*
— 68 —
Huile de foie de morue iodo-ferrée; par M. H. von Re*
NKssE (1). — Pour préparer une huile de foie de morue
rnnfermant 2^'^ d'iodure de fer par litre, on peut opérer
comme il suit. Dans une capsule de porcelaine, on met
0^',6 de limaille de fer, 2»' d'eau, puis, par petites por-
ïions, en agitant, l«^64 diode. Quant la réaction est ter-
minée, on évapore à sec, on triture Tiodure avec le fer
en excès et on ajoute, en triturant, 98»' d'huile. L'iodure
se dissout et Ton obtient un produit renfermant 2 p. 100
d'iodure. Le liquide est brun noir foncé ; en l'étendant
avec de nouvelle huile jusqu'à l.OOO'^'on a une huile à
1^ p. 1.000.
Si on triture l'iode avec le fer et '2{W d'huile, en ajou-
tant un peu d'éther, on ol)tient également im liquide
bi'un noir foncé. Mais on remarque que le mélange ne
s'i'chaufTe pas pendant la trituration. Aussi peut-on se
demander si la réaction chimique (jui donne naissance
mi protoiodiue de fer s'est accomplie. L'auteur n'est pas
fixé sur ce point. Em. B.
Sur la composition de l'huile de ricin; par M. H.
Mhyer i'2 . — Les produits de saponilication de l'huile
de ricin par la soude caustique étaient considérés jusque
dajis ces derniers temps comme ne renfermant que les
savons des acides suivants : stéari([ue, palmitique et
surtout ricinolique fricinique;. M. P. Juillard a réussi,
il y a déjà prés de trois ans i3i, à en retirer un qua-
trième acide : l'acide dioxystéarique qui a pour formule
€'"H^'(OH;VCOOH ou C'MI"0\ Pour cela, il a aban-
donné, à la température de 12**, l'acide ricinolique brut.
L'acide dioxystéarique s'est séparé peu à peu sous
foirme de précipité blanc que ce chimiste a purifié par
(1) Ap. Zeilung., 1897,831.
(S) Chemische Nolizcn ûber Ricinusôl; Archiv der Pharmacie [3],
XXXV, p. 184, 1897.
(a) Sur racidei dioxystéarique naturel et sur la Iriridnoléine; BulL Soc.
€Mm. [3], Xin, pp. 238 et 240, 1895. ;
I
— 69 —
cristallisation dans Talcool chaud et lavage au toluène*
chaud.
L acide dioxystéarique fond de 141 à 143*. Il est inso-
luble dans Téther, la ligroïne, la benzine, peu soluble
dans le toluène froid, davantage à chaud, soluble dans
l'alcool et Facide acétique bouillants. C'est un acide
saturé; il n'absorbe point d'iode. Par réduction, il donne
de l'acide stéarique. L'huile de ricin n'en renferme pas
plus de 1 p. 100.
M. H. Meyer a obtenu l'acide dioxystéarique en trai-
tant par le double de son volume d'éther l'acide ricino-^
lique brut provenant de la décomposition de so sel de
chaux à l'aide de l'acide chlorhydrique dilué. p]n laissant
la solution éthérée exposée au froid pendant douze
heures, l'acide dioxystéarique se sépare sous forme de
lamelles cristallines soyeuses. Par ce procédé, l'auteur
n'en a retiré que 1»',5 environ de V"^' d'huile.
M. Juillard a, d'autre part, publié un procédé de syn-
thèse de la triricinoléine. Cette synthèse s'effectuerait de
la façon suivante : On introduit dans un ballon de verre
200»' d'acide ricinolique pur et 42»' de glycérine des-
séchée, on chauffe à 120*, puis on plonge dans un bain
d'huile porté préalablement à 230* On détermine une-
agitation continue au sein du liquide, de manière que la
glycérine reste intimement mélangée à l'acide gras. Au
bout de six heures, on retire le produit de la réaction, on
laisse refroidir et on lave avec de l'eau, puis avec de la
ligroïne. M. Juillard conseille de ne pas s'écarter de ces
limites de températures, autrement d'autres corps se for-
ment en abondance. Il conclut d'ailleurs, de l'analyse
qu'il a faite du produit et de l'examen de ses propriétés
que celui-ci est un mélange de 2 molécules de triricino-
léine et de 1 molécule de diricinoléine.
M. Meyer rappelle qu'il a préparé déjà synthétique-
ment la triricinoléine à laquelle il attribue l'action pur-
gative de l'huile de ricin (1). — Il l'a obtenue en chauf-
(l) Journ, de Pharm, et de Chim. [5], XXU!, p. 160, 1891.
— 70 —
fant le mélange traversé par un faible courant d'acide
carbonique à une température comprise entre 180^ et
300°; par conséquent à une température plus élevée (jue
celle que recommande M. Juillard. L'opération doit être
continuée jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus que de
faibles quantités de vapeur d'eau. Le produit débarrassé
de la glycérine par lavage à l'eau était neutre et presque
incolore. Sa viscosité et sa saveur étaient celle de l'huile
de ricin. Comme cette dernière, il élait complètement
soluble dans son voUune d'alcool éthylique à 96° et d'al-
cool méthylique. Il a déterminé son indice de saponifica-
tion et Ka trouvé aussi voisin que possible de celui de
l'huile de ricin (177 à 181), etc.
Il a donc pensé pouvoir affirmer que la ricinoléine qu'il
a préparée par synthèse était l)ien de la triricinoléine :
(OHC"H"COO)*C'IP, et il ajoute, qu'il son avis, le pro-
duit o])tenu par M. Juillard serait plutôt d(^ la diricino-
léine pure qu'un mélange de di et de triricinoléine
Em. B.
Chimie.
Nouvelle méthode de préparation des carbures par Fac-
tion du carbure de calcium sur les oxydes; par M. Henri
MoissANfl). — Carbure d'aluminium. — Si Ton chauiVe
au four électrique un mélange à parties égales d'alumine*
et de carbure de calcium, on o])tient un culot fondu pré-
sentant une cassure cristalline très nette.
On peut distinguer à l'cril nu, dans cette matière fon-
due, de grandes lamelles jaunes du carbure d'aluminium
C Al*, mélangées de cristaux de carbure de calcium.
L'excès de carbure de calcium est détruit rapidement
par l'eau avec dégagement d'acétylène, puis la décompo-
sition lente des paillettes jaunes, produit du gaz méthane.
Après la décomposition complète du carbure d'alumi-
nium par l'eau, on a caractérisé Talumine hydratée qui
s'était formée.
(l) Ac. H. «c, CXX.V, 839,29nov. 1897.
— 71 —
Celle expérience établit donc que le carbure de calcium
en fusion décompose l'alumine avec formation de carbure
d'aluminium et de chaux. Cette chaux est ensuite rame-
née à l'état de carbure par le charbon du creuset. Cette
réaction est générale et s'étend à un ^rand nombre
d'oxydes.
Carbure de miinganèse. — On a chauffé au four élec-
trique différents mélan^^es. en proportions variables, de
carbure de calcium et d'oxyde de manganèse Mn'O*, en
faisant prédominer l'un ou l'autre des deux composés.
Dans tous les cas, on obtient du carbure de manganèse
en globules fondus disséminés dans du carbure de cal-
cium en fusion.
Lors(jue l'on traite les globules métalliques par l'eau,
il se produit, tout d'abord, un faible dégagement d'acéty-
lène dû à une très petite (juantité de carbure de calcium
qu'ils contiennent, mais, après quelques instants, ils four-
nissent un dégagement très lent et régulier de méthane
et d'hydrogène à volumes égaux, dégagement qui est
<*aracléristique du carbure de manganèse.
Carbure de chrome. — Ce carl)ure se prépare très })ien
cristallisé et avec facilité, de la façon suivante : on mé-
lange parties égales r2008'' environ, de sesquioxyde de
chrome et de carbure de calcium. Le tout est chauffé pen-
dant cinq minutes dans le four électritfuc avec un courant
de 900 ampères et 45 volts. On obtient ainsi, sous une
<*ouche de carbure de calcium en fusion, un culot métal-
lique bien rassemblé recouvert d'aiguilles cristallines du
carbure de chrome, C'Cr'.
L'auteur a obtenu par le même moyen les carbures de
molybdène, de tungstène et de titane.
Siliciure de carbone, — L'action réductrice du carbure
de calcium fondu peut s'appliquer à la silice aussi bien
qu'aux oxydes métalliques. On a chauffé au four élec-
trique un mélange de cristal de roche en poudre et de
carbure de calcium répondant à la formule SiO* + ^*^'*^
et, après fusion de la niasse et décomposition par l'eau,
on a séparé une grande ([uantité de cristaux bien nets et
— 72 —
faciles à caractériser de siliciure de carbone et de carbo-
rundum. Ces cristaux transparents sont incolores et légè-
rement bleutés.
Le carbure de calcium étant aujourd'hui un produit
industriel, cette réaction pourra peut-être s'appliquer à
la préparation du carborundum.
Dans ces doubles réactions, on n'a employé que des
composés oxygénés dont le corps simple, uni à l'oxygène,
était capable de fournir un carbure défini et cristallisé.
La réaction sera différente si Ton fait agir, sur ce carbure
de calcium, un oxyde métallique dont le métal ne produit
pas de carbure.
En chauffant au four Perrot 100»' de litharge et e»*" de
carbure de calcium, on obtient un culot de plomb de 65*''
et une scorie qui renfermait encore du métal disséminé
dans la masse.
Ce dernier corps agit donc ici encore comme réducteur,
mais comme le plomb ne fournit pas de carbure, le métal
seul est mis en liberté.
La réduction de l'oxyde de bismuth (315»**) par le car-
bure de calcium (43*') a donné de même un culot de bis-
muth métallique à cassure cristalline ne renfermant pas
de calcium.
45«' de bioxyde d'ètain et 12»', 5 de carbure de calcium
ont été chauffés pendant une demi-heure au four Perrot.
Après la réaction, il est resté un mélange de chaux et de
poussière d'étain très divisée et facilement oxydable que
l'on a réunie en un culot par fusion sous l'acide borique.
Recherche de petites quantités de plomb; par MM. Anto-
NY et Benelli (1). — Lorsqu'un liquide renferme seule-
ment des traces d'un sel de plomb dissous, comme c'est
par exemple le cas pour certaines eaux potables, le sul-
fure qui prend naissance sous riniluence de l'acide sul-
fhydrique est colloïdal et ne peut être rassemblé qu'avec
difficulté. Les auteurs ont employé avec succès l'artifice
(1) Gaz. chim. ital., ï. XXVI [1], p 218.
— 73 —
suivant : On ajoute à la dissolution du chlorure mercu-
rique et l'on précipite le mélange des deux métaux sous
forme de sulfure mixte. Ce mélange peut alors être
recueilli sur un filtre ; on le sèche ; puis on le chauffe de
façon à volatiliser le sulfure mercurique. Le résidu est
constitué par du sulfure de plomb que Ton transforme en
sulfate pour caractériser le métal qui en forme la base.
E. Leidié.
Dosage du mercure dans les dissolutions de ses sels; par
M. C. ScHUYTEN (1). — Lorsque Ton chauffe la dissolution
d'un sel mercurique avec une dissolution de peroxyde de
sodium, le mercure se précipite sous forme métallique.
Le sens de la réaction est exprimé par la réaction :
WO + HgO + Na'O* = Hg + 2NaH0 + O»
On recueille et on pèse le mercure comme dans le cas
de la réduction du chlorure mercurique par le protochlo-
rure d'étain. Mais la réduction par le peroxyde de sodium
offre sur celle effectuée par le protochlorure d'étain les
avantages suivants : d'abord, on n'introduit dans la
liqueur, comme métal étranger, que le sodium qui est
peu gênant dans les recherches analytiques ultérieures;
ensuite, il est facile de doser dans la liqueur employée
l'acide qui était combiné au mercure, et qui s'y trouve à
l'état de sel de sodium. E. Leidié.
Sur le carbonate de zinc; par M. Kuant (2). — On a
décrit un grand nombre de carbonates de zinc avec des
formules très différentes. D'après les recherches récentes
de M. Krant, il y a lieu de considérer deux cas, qui sont :
!• La réaction d'une solution d'un carbonate neutre ou
d'un bicarbonate alcalin sur une solution de sulfate de
zinc ; les carbonates neutres donnent naissance au carbo-
nate basique 5ZnO,2CO*,4H*0, etàun dégagement d'acide
(1) Chemic Zeitung, t. XX, p. 239.
(i) ZeU fur anorg, Chemic, t. XIII, p. 1.
■v.^-
— él —
carboiiiquo; les l)i-carbonat<?s doiiiient naissance au car-
]}()nate neutre cristallisé ZuCO'lIH). Les divers carbo-
nates (le zinc décrits par Houssin^auit. Wackenrotler,
H. Rose et A. Rose dériveraient tous de l'un ou de Taulre.
et leurs formules comprises entre ZnO,CO" et 5ZnO,CO'
tendent à faire croire qu'ils sont tous des niélanp:es des
carbonates 5ZnO,2CO' et ZnOCO* ci-dessus décrits.
2® La réaction du sulfate de zinc sur un carbonate
neutre ou acide. Il ne se fait alors presque que du carbo-
nate basi([ue et très peu de carbonate neutre avec dégage-
ment d'acide carboni([ue. Par une ébullilion longtemps
prolongée avec un excès de carbonate alcalin neutre il
.se fait uniquement du carbonate basique lequel se décom-
pose lentement juscjuVi ce que le précipité reste finale-
ment constitué par de Foxyde de zinc anbydre ZnO.
E. Leidiê.
Les huiles essentielles au point de vue chimique et
industriel ; par M. Duvk (1) [Suite). — Essence de santaL
— On trouve sur le marché des essences de santal de
provenances les plus diverses, de prix les plus variables :
l'essence dite des Indes orientales, la plus estimée; celle
des Indes occidentales; Tessence de santal allemande. La
première provient du santaluni album (santalacées), les
autres des S, freycinetianum, spicaluiiiy etc.
L'essence de santal pure est un liquide épais, coloré en
jaune plus ou moins foncé, légèrement dichroïque. Le
bois en contient 2 à 4 p. 100. Sa densité = 0.970 — 0.978
à 15^. Son pouvoir rotatoire [lèrogyre] égal, d'après
Haensel, à (a) D= — 41. i pour tube de 100"»'»; d'après
Ummey (a) D = — IG à — 20. Son indice de réfraction
= 1.49 (Haensel). L'odeur de l'essence est suave sans
être pénétrante; sa saveur, d'abord douce, devient bientôt
légèrement piquante. Elle se dissout dans six volumes
d'alcool à 70 p. 100(20'>C.)
(l) Joum. de Pharm. et de Ch, [6], IV, 38, 206, 303, 359, 453, 491,
499.
— /.) —
Les plus grandes portions de l'essence distillent entre
275 et 295* C. Ces portions sont composées presque
'exclusivement d'un alcool sesquiterpénique, le santalol
(C*'H"0), qui existe également dans d'autres essences de
santal et dans l'essence de cèdre, mais eu moindres pro-
portions.
Lorsqu'on ajoute à 5 ou 6 gouttes d'essence préalable-
ment déposées sur un verre de montre, 2 gouttes d'acide
sulfurique à 1.84, le mélange se colore presqu'instantané-
ment en brun marron très foncé, sans qu'il y ait grande
augmentation de la température du mélange. En outre,
le mélange s'épaissit fortement, à tel point qu'au bout de
quinze minutes on le trouve complètement solidifié.
Ces caractères n'appartiennent qu'à l'essence de santal
des Indes orientales.
Substitutions et falsifications. — Les essences de santal,
dites des Indes occidentales, et dans lesquelles on com-
prend l'essence d'Australie, sont presque toujours celles
que l'on délivre pour l'essence citée plus haut. Elles se
distinguent de la première notamment en ce qu'elles
devient la lumière polarisée à droite.
L'essence de santal, dite Allemande^ parait être un
mélange en proportions variables d'essence de santal
vraie et d'essence de cèdre.
-. Uessence de cèdre est le produit à l'aide duquel on
falsifie le plus fréquemment l'essence de santal. En
résumé, il est assez difficile de reconnaître des mélanges
de toutes ces essences; si l'on se base, d'une part, sur la
teneur en santalol du produit, on risque fort de com-
prendre comme purs des mélanges où entrent des
•essences de bois de cèdre et autres qui renferment aussi
des quantités plus ou moins fortes de cet alcool. On par-
vient à doser le santalol en faisant bouillir l'essence pen-
dant deux heures avec de l'anhydride acétique et de
l'acétate de soude anhydre, saponifiant le produit au
moyen de potasse alcoolique et calculant la quantité de
potasse absorbée au moyen de HCl^.
— 76 —
L'essence de santal pure renferme de 85 à 90 p. 100 de
santalol.
Une bonne essence de santal doit satisfaire aux condi*
tions suivantes :
!• Se dissoudre à 20* 0. dans 6 volumes d'alcool à 70»;
2* Être fortement lévogyre; .
3« Avoir un indice de réfraction = 1.49 ;
4* Se combiner à Tacide sulfurique en dégageant de
faibles quantités de chaleur; le mélange devra se soli*
difier promptement. Des mélanges d'essence pure et
d'essence de cèdre, d'essence de térébenthine, d'essence
de copahu et autres donnent lieu à un dégagement consi-
dérable de calorique, en donnant lieu à des vapeurs odo-
rantes.
5** Soumise à la distillation sous H*""" de pression, elle
ne peut bouillir. avant 155*. Avec la véritable essence, on
obtient 95.5 p. 100 de santalol bouillant de 155»— t70*.
Le sulfure de carbone dissout également bien l'essence
pure et ses succédanés.
Essence de Girofle. — Le giroflier (Caryophyllus aroma*
ticus^ myrtacées) est un arbre que l'on cultive en grand
aux îles Moluques et à Zanzibar pour la récolte de ses
fleurs non encore épanouies, qui séchées, prennent le nom
de clous de girofle.
Lorsque l'on distille les clous de girofle à l'aide d'un cou-
rant de vapeur, on obtient environ 20 p. 100 d'une huile
essentielle peu colorée et d'odeur désagréable, mais qui
s'affine par la suite, en même temps que le liquide se
fonce en couleur.
Cette huile possède une densité de 1,050 — 1,067 à^
15* C, sa réfringence est très grande; elle commence à
bouillir à 247» C.
L'eau avec laquelle on aura agité l'essence ne doit
présenter après filtration, qu'une acidité très faible et
ne donner sous l'influence d'un peu de perchlorure de fer,
qu'une coloration gris verdâtre, et non bleue ou violette
(phénol, acide salicylique). La recherche de Thuile de
ricin est relativement difficile à efl'ectuer par les procédés
— 77 —
ordinaires, la densité de Tesscnce ne variant pas sensible-
ment, môme après Taddition de 30 p. 100 d'huile.
Détermination du point critique de dissolution (Crismer),
— Si Ton introduit dans un petit tube de verre, fermé à
un bout, une dizaine de gouttes de Tessence à examiner,
puis une quantité un peu plus forte d'un dissolvant con-
venable (alcool à 50*), on observe qu'au lieu d'obtenir une
solution de l'essence dans l'alcool, ou réciproquement, les
deux liquides demeurent bien distincts.
Si, maintenant, on porte ce petit tube, préalablement
scellé à la lampe, à une température suffisamment élevée,
il arrive un moment où les deux liquides se mélangeront
facilement en donnant un tout homogène, une solution
parfaitement claire.
En ce moment, on laisse refroidir graduellement l'ap-
pareil et l'on observe attentivement le contenu de l'am-
poule; celui-ci louchit bientôt : on note la température;
le degré observé sera le point critique de dissolution de la
substance dans l'alcool à 50*. Chaque corps à l'état pur
possède ainsi sa température critique pour tel ou tel véhi-
cule ; au-dessus de cette température la solution s'est
opérée parfaite; en dessous, les deux liquides en présence
se séparent brusquement et c'est alors que le liquide se
trouble tout à coup.
Le procédé a le grand avantage de ne pas être long et
d'être fort peu dispendieux ; en outre, l'opération peut être
renouvelée un grand nombre de fois. Le petit tube scellé
est accolé à la boule d'un thermomètre moyennant de
petits liens de caoutchouc; ou introduit le tout dans un
long tube de verre pouvant être chauffé et rempli de
glycérine. En opérant ainsi, M. Duyk a observé que le
point critique de dissolution de l'essence de girofle de
bonne, qualité dans l'alcool à 50*, était situé vers 120*.
La moindre trace d'huile de ricin ajoutée à l'essence
empêche la dissolution tout au. moins jusqu'à 150*. L'Eu-
génol, partie constituante de l'essence de girofle, a un
point critique de dissolution (alcool à 50*) situé à 103*.
Si donc l'essence était uniquement composée de ce
— 78 —
corps, il deviendrait aisé d'iudiquer un point fixe tou*
jours le même correspondant à sa température critique
de dissolution; mais comme elle renferme en outre
un hydrocarbure en proportions variables, ne pouvant
cependant dépasser 10 p. 100, le point critique de dissolu-
tion pourra osciller de 103 à 120**. Ou considérera donc
comme suspecte toute essence de girofle dont le point cri-
tique de dissolution dépasserait 120*; on complétera alors
cet essai par un dosage de Teugénol qui sera basé sur les
considérations qui vont suivre.
Lorsque l'on traite l'essence de girofle par une lessive
concentrée de soude caustique, elle se prend en une
masse semi-solide, blanc-jaunâtre dont il se sépare un
liquide que l'on peut recueillir au moyen d'éther. Ce
liquide est un hydrocarbure, le caryophyllène, sesquiter-
pène possédant la formule C"H"*, que l'on rencontre
aussi dans les essences de copahu et de cubèbe.
La combinaison sodique étant dissoute dans Teau est
traitée par un acide fort qui en sépare une huile brun
foncé que Ton décante, distille dans un courant de vapeur,
pour robtenir incolore. Cette huile est VEugénol, com-
posé phénolique dont la formule :
/CH*-CH = CHM1) yCH=CH— CH»(I)
C«H»^OCH' (3) C'H'^OCH» (3)
\0H (4) \0H (4)
Eugénol. Isoeugénoï.
en fait un allylgaïacol, la modification iso en étant la
forme propénylique.
L'eugénol se présente sous l'aspect d*une huile dont la
densité = 1,069 ; il bout à 247«,5 ; il se combine facilement
avec les bases en formant des eugénates et avec les radi-
caux alcooliques en formant des produits de substitution.
L'anhydride acétique le transforme en acétyleugénol
difficilement saponifiable. Si Ton parvient à oxyder le
chaînon allylique ou propénylique de Teugénol ou de son
isomère, on obtient de la vanilline.
De grandes quantités de vanilline artificielle sont fabri-
— 79 —
quées maintenant en partant de Teugénol. A ce point de
vue Tessence sera d*autant plus estimée qu'elle renfer-
mera plus de ce dernier produit. Pour y arriver, le meil-
leur moyen consiste à le traiter par une solution aqueuse
de soude. La couche huileuse qui surnage est mesurée;
on évalue par différence la proportion d'eugénol.
{A suivre.)
De la nature des combinaisons de Tantipyrine avec les
aldéhydes; par M. G. Patein (1). — Pour les obtenir,
on chauffe en tubes scellés, pendant huit heures, à 1-20*,
Vantipijrine, Valdéhyde et Veau; après refroidissement il
se sépare une masse cristalline qu'on purifie par dissolu-
tion dans l'alcool niéthylique absolu (*t chaud. Les
combinaisons obteruies se comportent conmie des bases
donnant des sels avec l(»s acides.
D'autre part, on a décrit, sous le nom de formopyrine.
un corps obtenu par union directe à froid de Valdéhyde
formique et de Yantipyrine: sa constitution serait ana-
logue à celle de la monochloralantipyrine, c'est-à-dire que
la formopyrine résulterait de l'union, sans élimination
d'eaUy d'une molécule d'antipyrine et d'une molécule de
formol.
M. Patein a cherché : I** si réellement Tantipyrine
donnait, avec l'aldéhyde^ formique en particulier, et les
aldéhydes en général, deux genres de combinaisons:
2* si le chloral était capable aussi de donner deux genres
de combinaisons.
M. Patein s'est assuré que la formopyrine est le corps
décrit par Knorr.
Il a cherché ensuite s'il n'existait pas un moyen plus
simple et général de préparer les combinaisons de Tanti-
pyrine avec les aldéhydes.
U s'est arrèlé au suivant, qui donne un rendement ttiéorique : on mélange
avec de reau une molécule d'aldéhyde et deux molécules d'antipyrine, puis
on ajoute de l'acide chlorhydrique jusqu'à dissolution parfaite ; au bout de
quelques heures le tout se prend en masse cristalline , on alcalinise par
(1) Ac. d. se, CXXV, 956. 6 déc. 1897.
^r'^-^r-
— 80 —
l'ammoniaque étendue et l*on Gllre à la trompe ; le produit peut être purifié
par cristallisation dans Talcool à 50* C. bouillant. Il a obtenu do cette façon
les combinaisons de l'antipyrine avec les aldéhydes fomiiqucy éthyliqucy
heîizylique, salicylxque et paraoxybenzdique, et il a trouvé pour ces corps
It'â mêmes points de fusion que ceux indiqués par Knorr.
Ces composés se comportent comme des bases, quel-
ques-uns donnent des sels en se combinant à deux molé-
cules d'acide monobasique; l'antipyrine consei^e dans
l'fs combinaisons un certain nombre de ses propriétés,
f'utre autres celle de donner une coloration rouge avec le
perchlorure de fer. Quant à la fonction aldéhydique, elle
\\ disparu; ces composés ne réduisent pas la liqueur de
Fehling à l'ébullition.
On peut considérer tous ces corps comme des dérivés
du méthane ; c'est pourquoi M. Patein appelle le pre-
mier terme correspondant à l'aldéhyde formique : dianii-
pyrineméthane ; l'homologue supérieur sera le méthyl-
diantipyrineméthaney et ainsi de suite.
Si le chloral se comportait comme l'aldéhyde éthylique,
il devrait donner la combinaison
LUI ^"\cuH»Az'OH»().
Pour s'en rendre compte M. Patein a suivi le procédé
général indiqué plus haut.
Il a dissous 12>' de cbloral et 27"' d'antipyrine dans leur poids d*eau, mé-
langé les solutions et ajouté 5"'' d'acide cblorhydrique; au bout de vingt-quatre
ht'ares il a neutralisé par l'ammoniaque; il s'est formé deux couches qui ont
éU séparées; la couche supérieure aqueuse contenait 13^' d'antipyrine, soit la
moitié, qui n'était pas entrée en combinaison ; la couche inférieure s'est prise
&n masse cristalline de monochloralaniipyrine, ainsi que le montrent le
point de fusion (Bô^-ôS**) et la proportion de chlore dosée.
Il a ensuite remplacé H Cl par SO*II* en opérant de la
façon suivante :
Le mélange de chloral et d'antipyrine était placé dans un ballon avec cinq
à six fois leur poids d'acide sulfurique à 66^ et le tont était maintenu au bain-
marie à 106* pendant deux à trois heures. Après refroidissement, le liquide
était versé dans environ 1"\50 d'eau froide, puis on neutralisait par l'ammo-
— 81 —
niaque ; il se sépare des cristaux qui sont purifiés par crislallisation dans l'al-
cool à 95* C. bouillant. Le point de fusion de ces cristaux est 186'-i88* ; ils
possèdent les propriétés et la composition de la dihydrochloralantipyrine.
Il s'ensuit que l'acide sulfuirique n'agit que comme déshydratant et qu'on
obtient une combinaison, molécule à molécule^ dantipyrine et de Moral
anhydre.
Il a enfin étudié Faction du chloral et des phénols sur le
diantipyrineméthane et le mélhyldiantipyrineméthaney il a
constaté ainsi que, dans ces combinaisons, Tantipyrine
avait perdu la faculté de s'unir à froid aux phénols et au
chloral. En opérant dans l'acide sulfuricfue il en est autre-
ment, et il a obtenu ainsi des corps dont il compte faire
l'objet d'une nouvelle Note.
Conclusions. — 1** h'antipyrine se combine aux aidé"
hydes, l'union se fait par le carbone; c'est le seul mode de
combinaison; jamais elle ne se fait par Vazote.
2® Dans ces combinaisons, qui sont de véritables déri-
vés du méthane j l'atome d'azote uni au méthyle a perdu
la faculté de s'unir au chloral et aux phénols.
3* Le chloral^ ou aldéhyde trichlorée, ne peut s'unir à
Tantipyrine que par Vazote et jamais par le carbone
comme les aldéhydes non substituées.
Fermentation alcoolique sans cellules de levure; par
M. BûCHNER (1). (2* note. Voir aussi Joum. de Pharm. et
de Chim,, t. VII, p. 26.)
Par broyage de la levure de bière et expression des
cellules déchirées, on a obtenu un suc de levure qui, sans
le secours d'organismes, fait subir au sucre la fermen-
tation alcoolique. On était dès lors arrivé à séparer de
la cellule vivante de levure, l'agent de la fermentation
alcoolique. On a admis que le siJDstratum de cette puis-
sance fermentative était une matière albuminoïde, sem-
blable aux enzymes, la zymase. Quoique le suc de
levure ait pu être filtré sur du kieselgûhr et additionné
de chloroforme sans que la puissance fermentative fut
(1) Berichle der deutschen chemischen Gesellschaft, t. XXX, p. HIO.
Joum, de Pharm, et de Chim., 6« SÉRIE, t. Vil. {15 janvier 1898.) 6
— 82 —
détruite, quelques savants autorisés avaient avancé que,
peut-être, la décomposition du sucre était due à de petits
fragments de protoplasma vivant, pouvant subsister dans
le suc exprimé (1). Les nouvelles recherches qui vont
être décrites ne sont pas en faveur de cette hypothèse.
La préparation du suc a été faite par l'ancienne méthode.
Seulement, Taddition d'eau pour le pressage de 1'» de
levure peut être réduite à 50'^*', sans pour cela abaisser
le rendement total de 500" de suc pressé (2). Comme
levure, on a employé de nouveau la levure de bière basse
de Munich, produit accessoire des brasseries, telle qu'elle
se présente pour la fabrication de la levure pressée. Nous
avons constaté ce fait remacfuable, qu'une levure pressée
de céréales (tirée d'une fabrique badoise et employée en
grand pour la fabrication de la levure pressée, levure
qui est préférée par les boulangers qui la payent plus
cher que la levure de bière ordinaire), fournit un suc
qui n'a aucune action fermentative visible sur le sucre
de canne.
Stabilité du suc exprimé de levure. — Ce résultat est
rendu compréhensible par cette observation, que le suc
actif conservé dans la glace devient inactif au bout de
(1) Par exemple, Voit, Kuppfer, Mûnc/ien. vied. Wochenschr, 1897, n^ia.
(2) Errata de la note précédente (Rectifications de l'auteur)*
Joum. de Ch, et de Pharm.y t. VU, p. 27, ligne 6 à partir du haut,,
lisez : 350** de jus, à la place de : 300" de jus.
Id., p. 32, tableau des expériences de fermentation :
Lisez :
Au lieu de :
2 «
10
10
10
Centim. cubes
de
SOUTION SUCRÉE.
Glucose, 5
Fructose, 5
Mannile, 10
10
10
10
Centim. cubes
de
SOLUTION SUCRÉE.
Glucose. 10
Fructose, 10
Mannite, 10
— 83 —
2 jours, à la tempériature ordinaire au bout de 1 jour
seulement. L'absence ou la présence d'air est sans influ-
ence. La cause de l'altération doit vraisemblablement
être cherchée dans la présence dans le jus d'enzymes
peptiques. M. Hahn a pu constater la présence de ceux-
ci en versant le suc sur de la gélatine solidifiée (1). Les
enzymes peptiques ont déjà été plusieurs fois obsei-vés
chez les saccharomycètes (2j. En fait, par repos dans la
glace du suc devenu inactif et chauffé à 40*-45**, il ne se
sépare que quelques llocons d'albumine qui flottent dans
le liquide. Au contraire, le jus actif laisse déposer, dans
les mêmes conditions, de grandes quantités de coagulum.
La disparition de l'activité coïncide ainsi avec la dis-
parition de l'albumine coagulable.
Cette hypothèse explique aussi pourquoi le sucre de
canne concentré conserve en quelque sorte la zymase.
Du suc frais, mélangé de son volume de solution de sac-
charose à 75 p. 100, présente encore visiblement une
action fermentatrice après avoir été gardé pendant une
semaine dans une chambre, ou pendant 15 jours dans
la glace ; des recherches ont montré que l'action diges-
tive de la pepsine sur la carmin-fibrine à 37^ et en pré-*
sence de 0,3 p. 100 HCl, est prolongée par l'addition de
40 p. 100 de sucre de canne. Il est probable que l'alté-
ration occasionnée par les enzymes peptiques du suc de
levure est empêchée par l'addition de sucre.
Étant donné cette variabilité du suc exprimé et de la
quantité de zymase dans les celhiles de levure, zymase
qui peut même parfois manquer complètement comme le
montre l'expérience faite avec la levure de céréales de
provenance badoise, il faut s'attendre à des valeurs actives
du suc très différentes suivant les provenances.
Jusqu'ici, on n'a fait que deux essais de ce genre. Dans le
premier 1" de suc mélangé à l''*^ d une solution à 75 p.
(1) Communication privée.
(2) Comparez le travail de H. Will., Centralbl. fur Bactériologie, 1896.
Il Abth., p. 92.
- 84 -
100 de sucre de canne à la température de la chambre,
fournit en 20 heures, 3** d'acide carbonique recueilli sur
le mercure. Le second essai, dans les mêmes conditions,
fournit 4**.
Les parties actives du suc de levure sont-elles des débris
vivants de protoplasma ? — L'addition des antiseptiques,
de chloroforme, de benzène et, comme mon frère Hans
Bùchner (1) l'a fait, de 1 p. 100 d'arsénite de soude,
n'empêchent pas l'action fermentatrice du suc de levure.
Tous ces antiseptiques entravent la croissance des cellules
vivantes de levure. Ils doivent être encore beaucoup phis
nuisibles à des débris de plasma en suspension, non
défendus par une membrane.
On a reconnu que le suc pouvait être amené à sec
sans perdre son action. Étendu en couche mince, il fut
évaporé complètement en l'espace de 6 heures dans une
cloche sèdie à vide, à 30'*-35'* et sous une pression de
quelques millimètres de mercure. On obtint une masse
cassante, jaunfitre, ressemblant au blanc d'œuf sec et
représentant 9 à 10 p. 100 du poids du suc de levure. Il
se redissout à 30* dans 5 fois son poids d'eau, à l'excep-
tion d'un léger résidu. Repassé plusieurs fois sur un
même filtre en papier ordinaire, il donne un liquide
clair, qui, mélangé à son propre volume d'une solution
de saccharose à 75 p. 100, montre au bout de 6 à 10
heures, un dégagement gazeux, régulier, très visible, qui
dure une journée et conduit à la formation d'une mousse
abondante. Le suc ainsi desséché conserve son activité,
comme on Ta reconnu, pendant 20 jours ; il est vraisem-
blable qu'il la conserve encore plus longtemps.
Après plusieurs essais infructueux, on est arrivé une
fois à isoler la substance active par une précipitation au
moyen d'alcool. Pour cela, le suc exprimé fut versé
goutte à goutte dans 12 fois son volume d'alcool absolu,
le précipité fut recueilli à la trompe et rapidement séché.
La poudre blanche ainsi obtenue (3»',2 pour 50*^* de suc)
(1) Mûnchen, medic. Wockenschr.j 1897, n* 12.
— 85 —
fut mise à digérer avec 20** d'eau à 30*^; le liquide fut
séparé du résidu insoluble très abondant, par des illtra-
tions réitérées sur le même filtre. La solution claire fut
enfin mélangée à son propre volume d'une solution à
75 p. 100 de sucre de canne. Au bout de 5 heures, com-
mença un faible dégagement gazeux qui était dans toute
son activité au bout de 20 heures. Des essais de précipi-
tation par le sulfate d'ammoniaque n'ont donné encore
aucun résultat positif.
Ces recherches ne laissent presque plus de doute sur
ce fait que l'action fermentatrice du suc de levure est due
à une substance chimique, semblable aux enzymes et
non à de petits fragments de protoplasma. Cependant,
nous apporterons dans la suite de nouveaux arguments
en faveur de cette hypothèse.
Nouvelle preuve de Vexistence de la zymase. — La levure
de bière plusieurs fois lavée, débarrassée, autant qu'il
est possible, de l'eau adhérente par la presse hydrau-
lique, étendue en couche très mince pendant 1 ou 2 jours
à l'air, peut être séchée ainsi à 37* sans altération. On
obtient une poudre jaunâtre à odeur agréable de levure.
L'une des moitiés (A, 18^'") fut chauffée à 100® pendant
6 heures dans un ballon bouché avec de la ouate. Dans
ces conditions, la levure est détruite, comme le montrent
des cultures sur plaques et l'ensemencement de fortes
quantités sur du moût de brasserie stérile. La seconde
moitié (B) fut chauffée 1 heure à 140^-145®, ce qui tua
tous les microorganismes. Si maintenant on mélange,
suivant toutes les règles de l'asepsie, avec un poids
double d'une solution stérile de sucre de canne à 37 p. 100,
puis si on place les ballons dans l'eau à 37®, on remarque
dans A, au bout de 3 heures, une mousse abondante due
au dégagement d'acide carbonique ; même, au bout de
5 heures, la mousse déborde du ballon; cela cesse au
bout de 10 heures environ, bien que le contenu du ballon
soit encore sucré; 13, au contraire, ne subit aucune trans-
formation; aucun dégagement gazeux ne se montre.
La levure morte dans A possède encore une puissance
— 86 —
fermentatîve, évidemment par suite de la présence de la
zymase qu'elle contient (1). Par chauffage pendant une
heure à 140*^-145*', la zymase est détruite (essai B). La
zymase, en ce qui concerne son altération par la chaleur
•sèche, se place donc entre le plasma vivant de la cellule
'et l'invertine, qui, comme Ta montré Texpérience, peut
^ncoreTêtre extraite, à Tétat actif, d'une levure chauffée
pendant 1 heure à 145\
(Tradaction Marcel Delage.)
Fermentation alcoolique sans cellules de levure; par
MM. Edouard Buchner et Rudolf Rapp (2j. (3* note. Voir
aussi Journal de Pliamnacie et de Chimie^ t. Vil. p. 26 et
ci-dessus).
Dans deux communications (3), Tun de nous a décrit
une méthode qui permet d'obtenir, au moyen de la
levure, un suc exprimé faisant fermenter le sucre. La
méthode appliquée à la levure basse de Munich, levure
pressée employée fraîche, ne s'est jamais trouvée en
défaut dans trente expériences effectuées pendant une
année entière. 11 a été publié quelques notes exprimant
des doutes au sujet de ces résultats. Mais ces ol)jec-
tions, quand elles ne se réduisent pas à des mots ;4i,
reposent essentiellement sur des résultats expérimentaux
inexacts (5).
Cela doit être mis sur le compte d'un emploi défec-
(1) H. Will a fait des expériences très analogues sur la levure séchce à
très basse température et tuée par une conservation de neuf années. 11 a
cherché s*il n'était pas possible d'opérer la fermentation avec celte levure
morte et si l'on ne devait pas considérer comme Tagent de la fermentation,
seulement un enzyme fabriqué par la levure. Zeiischr. f. d, ges, Brauwe-
«en, 1896, XIX, p. 20, «f.
(2) Berichte der deuschen chemischen Gesellschaft^ t. XXX, p. i,66S.
(3) Berichte^ XXX, 117, 1110. Ges recherches ont été, comme les précé-
dentes, effectuées à l'Institut hygiénique de l'Université de Munich.
(4) Alfred Fischer : Leçons sur les bactéries; léna, 1897, p. 172. Il est,
au contraire, surprenant que le contraire se soit produit de divers côtés chez
des Français. (M -E. Duclaux, Ann. Pasteur, XI, 1897, p. 287.)
(5) H. Will. Zeiischr. ges, Brauwesen, 1897, n* 28, 363; Max DelbrQek^
Wochenschr. f. Brauerei, 1897, n'»29, 36i.
— 87 —
tueux de la méthode d'obtention du suc pressé, ou bien
de la nature de la levure employée.
L'opinion que le pouvoir fermentateur du suc serait
dû à des microorganismes restant dans le liquide, peut
être considérée maintenant comme réfutée. Tout d'abord,
un essai de 20*^'"'^ filtré plusieurs fois à travers une bou-
gie Chamberland, opération qui dura une demi-heure à
4 ou 5 atmosphères de pression, fournit un suc de levure
possédant une bonne activité. Pour essayer la bougie,
on filtra au travers une décoction de Bacterium Coli :
un centimètre cube du liquide servit à ensemencer un
bouillon gélatinisé; les plaques, maintenues à 22°, étaient
stériles au bout de quarante-huit heures; ainsi, la bougie
ne permettait pas le passage des bactéries.
Les expériences comparatives entre la puissance fer-
mentatrice du suc frais et celle du suc devenu inactif par
une longue conservation, et auquel on ajoute i«' de levure
pressée vivante, sont tout à fait convainquantes; la levure
et les bactéries présentes dans l'ancien suc n'agissent que
très lentement dans les mêmes circonstances ; elles n'agis-
sent pas du tout quand on ajoute de l'arsénite de soude.
Le suc frais, au contraire, est très actif.
Une autre preuve est fournie par la comparaison du
pouvoir fermentateur du suc frais et du suc conservé
un ou deux jours. Si les organismes étaient la cause de
la fermentation, l'activité devait être plus grande dans
le second et dans le troisième essai, car les microorga-
nismes auraient eu le temps de se multiplier. Au con-
traire, on constate une rapide rétrogradation du pouvoir
fermentateur, quand on conserve le suc de levure,
La première hypothèse, que la diminution de l'activité
est en rapport avec la présence d'un enzyme peptique
dans le suc pressé, peut être appuyée sur une nouvelle
.expérience. Trois tubes contenant 5" de suc pressé, furent
entourés de glace. Dans le premier, on ajouta préalable-
ment 0«',i de trypsine, dans le second, 0«%1 de papayo-
tine; le troisième fut conservé comme témoin. Au bout
de douze heures, on mit en dissolution, dans chaque tube,
— 88 —
2*' de sucre de canne pulvérisé. Le tube témoin entra for-
tement en fermentation ; les deux tubes auxquels on avait
ajouté des enzymes digestifs, ne présentèrent aucun
changement.
Pour mesurer le pouvoir fermentateur du suc pressé
de levure, on s'est servi du procédé employé par Meissl(l),
pour déterminer la valeur active de la levure. On a uti-
lisé la perte de poids due au dégagement de l'acide car-
bonique. Les nombres ainsi obtenus sont très compa-
rables, mais ne présentent pas une exactitude absolue,
car Tacide carbonique, qui reste dissous à la fin dans le
suc, ne peut être chassé immédiatement, à cause de
la tendance incroyable du liquide à mousser. En fait,
les résultats obtenus ainsi sont un peu trop faibles, ce
qui est dû en partie à Tacide carbonique qui reste dans
le liquide. Dans une expérience, outre la détermination
de la quantité d'acide carbonique dégagé (6»%67 par
45()^ de suc en quarante heures, à 12® et avec addition
d'arsenic), on dosa en même temps l'alcool formé. La diffé-
renuo entre la quantité totale d'alcool et la quantité
ijui se trouvait absorbée au préalable dans la levure
employée (résidu déterminé expérimentalement), fut
trouvée égale à 7^',72.
Dans la fermentation alcoolique de 100 parties de sucre
de canne par la levure, il se forme, comme on sait, en-
viron 51 p. iOO d'alcool et 49 p. 100 d'acide carbonique^
c'est-à-dire approximativement des quantités égales.
L'erreur en moins, portant sur l'acide carbonique trouvé,
doit être attribué vraisemblablement à la méthode défec-
tueuse de détermination.
Les expériences de mesure du pouvoir fermentateur
ont permis de déterminer l'influence de la température,
rinfluence de l'addition d'arsenic et celle des diverses
concentrations du sucre, sur l'activité du suc de levure.
Les comparaisons entre les puissances fermentatives des
{I) Comparez H, Will., Ber. ûber 8 VersammL bayr, Chemiker, 1889^
— 89 —
sucs exprimés de diverses provenances, présentent en-
core plus d'intérêt. Tandis que la levure pressée d'une
fabrique de Munich fournissait dans 5 essais du suc
exprimé à peu près de même puissance fermentative, la
levure pressée d'une autre maison de Munich moins im-
portante, bien que provenant également d'une levure de
bière basse, fournit un suc exprimé beaucoup moins actif.
Le produit retiré d'une levure pressée de céréales, prove-
nant d'une fabrique de Basse-Bavière, ne présenta pres-
que aucune activité, résultat déjà remarqué avec un suc
de levure de céréales badoise.
Une expérience ultérieure effectuée sur une levure
pressée de Munich donna l'explication de ces faits.
Une certaine quantité de levure fraîche fut divisée en
deux moitiés. La première fut aussitôt convertie en suc
exprimé. La seconde ne fut pressée qu'au bout de trois
jours, la température étant maintenue à 7* ou 8**. Le suc
provenant de la première moitié était normalement actif;
celui qui provenait de la seconde ne l'était presque plus.
On peut en tirer cette conclusion que la levure conser-
vée ne fabrique plus la substance qui provoque la fer-
mentation; au contraire, celle qui s'y trouve présente
au commencement, se détruit très rapidement, proba-
blement sous l'influence d'enzymes peptiques. D'après
cela, il est vraisemblable d'admettre que l'inactivité des
levures pressées de céréales tient à ces causes. La méthode
de détermination du pouvoir fermentateur du suc per-
mettra peut-être de savoir à quelle époque de la vie de
la levure, la zymase se trouve en plus grande abon-
dance et s'il y a un certain enrichissement de la levure
en zymase.
Méthode de préparation du suc de levure, — Pour les
essais comparatifs du pouvoir fermentateur de sucs de
levure de diverses provenances, il était indiqué d'em-
ployer une même méthode de préparation. Cette méthode
différant un peu de celle primitivement employée, doit
être décrite. La levure pressée (1"**«.), débarrassée d'eau
par une compression à 50 atmosphères, est mélangée
— 90 —
avec du sable quartzeux (1^"««) et dukieselgùhr {200«''), puis
passée à travers un tamis pour que le mélange soit exact.
La masse, qui se présente sous la forme d'une pous-
sière sèche, est mise, par portions de 100 grammes, dans
la machine à broyer, actionnée par un moteur à gaz de
1 cheval. La poudre prend peu à peu un aspect humide,
puis une consistance pâteuse et enfin se réunit en boule.
L'opération dure ainsi deux heures environ, pour 1*^«' de
levure. La pâte est ensuite enfermée dans un double
linge et portée à la presse hydraulique. On augmente
graduellement la pression jusqu'à 500 atmosphères, et on
obtient au bout de deux heures environ, 320*'^ de suc
exprimé. Le tourteau est émietté, remis dans la capsule
du broyeur avec 140** d'eau et soumis de nouveau pendant
deux heures à une pression de 500 atmosphères, ce qui
fournit encore 180" de suc. Le rendement total est de
500«' de suc exprimé par kilogramme de levure. Un nou-
veau broyage et une plus longue pression avec addition
<l'eau augmenteraient encore un peu le rendement. On
s'est toujours arrêté jusqu'ici au rendement de 500** pour
avoir des résultats comparables. Le suc qui coule de la
presse est filtré directement à travers un filtre à plis
ordinaire. On peut le repasser encore une fois sur le
filtre. Il est réuni dans un récipient ' refroidi par de la
glace et, finalement, complètement mélangé.
Le IV Will, présent à un des essais les plus récents, a eu
l'obligeance d'examiner au microscope la nature du
contenu des cellules de levure.
Il signale ce qui suit :
a) Après le broyage. Dans deux essais, qui ont porté
sur 229 cellules de levure, il y en avait 31 p. 100 d'intactes,
31 p. 100 d'altérées, 38 p. 100 de cuticules vides.
b) Après le premier pressage du suc. On a compté
111 cellules, dont 21 p. 100 de cellules intactes, 40 p. 100
de cellules à des états intermédiaires (cellules qui par
suite d'une compression latérale avaient perdu leure
vacuoles) et de cellules franchement altérées, 39 p. 100
de cuticules vides.
— 91 —
c) État du tourteau après le second pressage, c'esl-à-
dire à la fin de l'opération toute entière. Sur 437 eel-
Jules comptées dans deux essais différents, on en a trouvé
4 p. 100 d'intactes, 13 p. 100 à des états intermédiaires,
26 p. 100 d'altérées, et 57 p. 100 de cuticules vides. Le
nombre des cuticules vides ne peut pas toujours être
déterminé avec certitude, car celles-ci sont réunies en
petites boules denses qui se laissent difficilement diviser.
Il est à remarquer que la levure primitive contient déjà
un certain nombre de ces cuticules vides.
La fin au prochain numéro. (Traduction Marcel Delage.)
BIBLIOGRAPHIE
Comptes rendus de rAcadémie des sciences, âO décembro 1897. —
R, Lespieau : Ébullioscopie de quelques sels en solution élhérée. — Bnu-
douard : Sur le cérium. — J. Rodriguez Mourelo : Durée du pouvoir phos-
phorescent du sulfure de strantium. — C. Matignon et Deligny : Différence
entre les substitutions nitrosces liées au carbone et à l'azote. — Action de
la pipéridine sur les étbers carboniques des phénols, formation d'uréthancs
aromatiques.
SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE PARIS
Séance extraordinaire du 32 décembre 1897.
Présidence de M. Sonnerat.
M. F. Vigier donne lecture du rapport de la conunis-
sion chargée d'examiner les thèses présentées pour le
prix des thèses dans la section des sciences naturelles.
Une seule thèse a été présentée par M. G. Dethan,
pharmacien de première classe; elle est intitulée : Étude
des Acanthacées médicinales,
La commission propose à la Société de décerner à
M. Dethan la médaille d or des sciences naturelles.
Les conclusions de la commission sont adoptées à
l'unanimité.
^i^ç-«prr-.-."i
— m —
Séaaec (anuuLle do 5 JanTicrl898.
La s*^«infe est ouverte à d<?iix heures sous la présidence
d<? M. Sonnerat t[ui, apri^s ^jiïelques mots de remercie-
mt^nls a la Sorièle^, cède le fauteuil de la présidence à
M. Bourquêlot H invite à prendre place au bureau
M. Leidié rn qualitt^ de vire-prêsident, et M. Bocquillon,
c^mine secrétaire annuel.
Le ïionveaii bureau ainsi constitué, M. Bourquelot,
après un discours très applaudi, cède la parole à M. Guî-
nocbet pour la lectiu^e du compte rendu annuel des tra-
vaux présentés à la ftocicté. Ce compte rendu, plein de
verve et dVsprit, est souligné par les nombreux applau-
tliï^scnif'nts de riissemblèe.
M. Houreu lit le rapport sur le prix des thèses dans la
section <îes srrences chimiques.
M, h\ Vigier donne connaissance de son rapport sur le
prix drs thf'ses dans la section des sciences naturelles.
\L Bouripielot reiïict aux deux lauréats, M. Dufau
[sciences chimiifues) et M. G. Dethan (sciences naturelles)
les médailles d'or qui leur ont été décernées par la
Société.
M. Bourquelot fait ensuite la lecture du travail de
M. Planchon. enipAché d'assister à la séance, sur Tensei-
fin en H.' Ht de h\ pharmacie au Jardin des Apothicaires.
Cette très intéressante lecture est saluée par les applau-
dissements de l'assemblée.
M. Marty demande que la Société adopte, dans le Jour-
nal de Pharmacie et de Chimie, l'insertion de l'éloge de
Cavenlou que vient de lire, à TAcadémie de Médecine, le
scortHaire perpétuel, M. Deri^eron. M, Marty pense qu'il
serait utile que la Société de pliarmacie fasse cette mani-
festatitm en rhonneur de Caventou et Pelletier au
moment où te corps phai'niaceutique tout entier organise
une souscriplion pour élever un monument à la mémoire
tic ces deux illustres pharmaciens. Cette proposition est
adoptée par acclamation,
M. Bourquelot donne lecture d'une lettre de M, Burcker,
ancien prèsidoat de la Société, demandant à échanger le
— 93 —
titre de membre titulaire contre celui de membre corres-
pondant, à cause de son prochain départ à Marseille.
La Société, regrettant le départ d'un de ses plus savants
membres, vote à l'unanimité la proposition d'échanger
pour M. Burcker son titre de membre titulaire contre
celui de correspondant.
La séance est levée à quatre heures.
SOCIÉTÉ DE THÉRAPEUTIQUE
Séance du 22 décembre 1897. — M. Smester préconise,
dans le traitement des affections de la bouche et du p/ia-
rj/ruc, l'emploi de siphons rappelant le siphon d'eau de
Seltz, dans lesquels on peut mettre sous pression des
solutions antiseptiques au titre voulu. Les effets obtenus
sont à la fois mécaniques et anesthésiques, carie jet pro-
jeté dans l'arrière-gorge nettoie parfaitement les mu-
queuses et l'acide carbonique provoque à l'anesthésie
locale,
M. Smester lit une seconde note sur le traitement
abortif du coryza aigu par de grands lavages des fosses
nasales. On fait passer 1 ou 2 litres de solutions médi-
camenteuses faibles, telles que du sublimé à 1/5000, de
l'acide phénique à 1/2000, du perchlorure de fer à 1/1000.
Ces lavages, faits dès les premiers symptômes, ont réussi
dans les trente cas où M. Smester les a essayés.
M. Bardet propose à la Société de nommer une com-
mission pour établir définitivement si la digitaline /ran-
çaise et la digitoxine allemande sont un même produit,
comme tend à le démontrer la récente communication de
M. Petit sur l'identité du pouvoir rotatoire de ces deux
corps. Il y aurait intérêt à être fixé une fois pour toutes
sur l'égalité de toxicité de ces agents thérapeutiques.
Les membres de cette commission sont : MM. Adrian,
Petit, Pouchet, Portes et Bardet.
M. Camescasse communique l'observation d'un malade
— 94 —
f|iû présenta, à la suite de Tingeslion de 0«',60 de calo-
ineL un érythème des plus intenses généralisé, qui fut
suivi de desquamation pendant quinze jours. Six mois
plus tard, Tadministration d'une nouvelle dose de calo-
mi»l provoqua les mêmes accidents, un peu moins accen-
tués.
M. lie Gendre rappelle que ces faits d'intolérance pour
lus sels de mercure ne sont pas rares. Il a vu un éry-
iliéiiie généralisé se déclarer chez un malade qui avait
[jris une seule pilule de 0»',01 de bichlorure de mercure.
M. Pouchet constate que ces symptômes sont en géné-
ral provoqués par l'ingestion de sels solubles. Il est
donc possible que le calomel qui produit ces accidents
m' î50it pas pur.
M. Gréquy se demande si l'intoxication par le calomel
trest pas due à la transformation en sublimé par un suc
li^iislrique très acide ou par l'ingestion du chlorure de
sodium.
M. Patein affirme qu'il est absolument inutile de pros-
crire le chlorure de sodium quand on administre du
calomel. Le sel de cuisinpoule suc gastrique n'ont jamais
(iporé la transformation du calomel en sublimé.
M. Gamescasse croit ,à une prédisposition individuelle.
Il cite le cas d'un malade qui ne pouvait toucher à \me
solution de sublimé sans voir se manifester un érythème
i*ur les mains et sur toutes les régions où il portait ses
mains mouillées. Dans un autre cas, l'administration de
psyllium à l'intérieur donnait lieu à des sensations de
bn'îlure dans l'œsophage, chez une malade qui était
atteinte d'érythème intense chaque fois qu'on lui appli-
qua Lt un cataplasme de farine de lin.
M. Bardet a la conviction que chez les arthritiques, qui
sont très souvent des dyscptiques, toute substance médi-
camenteuse ou alimentaire qui irrite la muqueuse gas-
iriiiue, peut provoquer un réflexe cutané qui, chez chaque
malade, sera toujours le même.
M. Hallopeau pense qu'au contraire les accidents cuta-
néii sont dllférents suivant les médicaments qui les eau-
— 95 —
sent et qu'ils sont dus à rélimination par la peau de
produits toxiques.
M. Gréquy rappelle l'influence morale. Il cite le cas
d'un de ses amis qui était pris d'urticaire lorsqu'il enten-
dait parler d'urticaire. Chez un autre, la vue seule de
fraises déterminait l'apparition d'un érythème.
M. Désesquelle présente un appareil permettant d'obte-
nir des ampoules exactement titrées.
Pour 1898, le Bureau est ainsi constitué :
Président HM.Pouchet.
Vice-président Portes.
Trésorier Duchesne.
Secrétaire-général Baidet.
Secrétaire^énéral adjoint, . Blondel.
C VOGT.
Secrétaires annuels } ^
C COURTADE.
Ferd. Vigier.
VARIETES
Légion d'honneur. — M. le professeur G. Bouchardat, notre très dis-
tingué eonfrëre, a été nommé chevaUer de la Légion d'honneur. Il y a bien
des années que nous aurions dû être à même de lui adresser nos félicitations
au sujet de cette distinction.
M. Gabriel Pouchet, professeur de pharmacologie à la Faculté de médecine
de Paris, a été élu membre de l'Académie de médecine en remplacement
de M. Schutzenberger.
Pharmacie militaire. — A été nommé chevalier de la Légion d'honneur
M. Rougnon, pharmacien-major de â* classe à Thôpital militaire de Tou-
louse.
Ont été promus :
Pharmacien principal de 'î^ classe, — (Choix.), M. Frizac, pharmacien-major
do l'* classe au ministère de la guerre (7* direction), en remplacement de
M. Raby, retraité. — Maintenu provisoirement à son poste actuel.
Pharmacien-major de \^ classe.— 2* tour (choix),M.Darricarrère, phar-
macien-major de S* classe aux hôpitaux militaires de la division d'Alger, «n
remplacement de M. Fritac, promu. — Maintenu à son poste actuel.
Pharmacien-major de ^ classe, — 1*' tour (ancienneté). M, Boutin,
pharmacien aide-major de 1'* classe, à l'hôpital militaire de Maubeuge, en
— 96 —
remplacement de M. Darricarrère, promu. — Maintenu à son poste actuel.
M. Bouillon, pharmacien principal de l** classe de la réserte des médi-
caments de Marseille, est désigné pour Thôpital militaire Saint-Martin, à
Paris.
M. Burcker, pharmacien princpal de 1" classe, professeur & l'École d'appli-
cation du service de santé militaire à Paris, est désigné pour la réserve des
médicaments de Marseille.
^fr^ M. Moissonnier, phrmacien principal de 2* classe k l'hôpital militaire de
Saint-Martin, est désigné pour Thôpital militaire d* Alger.
M. Girard, pharmacien-major de 2* classe & l'hôpital militaire de Versailles,
est désigné pour la direction de service de santé du 12 *corps et de la pharma-
cie régionale de Limoges.
M. Evesque, pharmacien-major de 2* classe des hôpitaux militaires de la
division de Gonstantine, est désigné pour l'hôpital militaire de Lille.
Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Touloiue. — Un con-
cours s'ouvrira, le 23 juin 1898, devant la Faculté mixte de médecine et de
pharmacie de l'Université de Toulouse, pour l'emploi de suppléant de la chaire
de pharmacie et de matière médicale à l'École préparatoire de médecine et
de pharmacie de Glermont.
Le registre d'inscription sera clos un mois avant l'ouverture dudit concours.
Le Gérant : G. MA8S0N.
upauiuuB B. vumuuoN, 16, ans eàginb, pams.
— 97
TRAVAUX ORIGINAUX
Sur un nouveau ferment des tartrates^ le Bacillus tartricus,
par MM. L. Grimbert et L. Ficquet.
Les travaux (1) publiés sur la fermentation des tartrates,
quoique assez nombreux, sont loin de donner des résul-
tats concordants, ce qui est dû vraisemblablement à ca
qu'aucun de leurs auteurs n'a eu entre les mains de se-
mence pure. En efiFet, tantôt les ballons étaient abandonnés
à eux-mêmes jusqu'à ce que le hasard se chargeât de les
ensemencer, tantôt ils étaient additionnés d'un liquide
organique quelconque en voie de décomposition, ou bien,
suivant la méthode de Fitz, de bouse de vache. Il en
résulte que divers organismes, capables d'attaquer les
tartrates, ont pu vivre ensemble dans le même milieu el
agir parallèlement, ou bien se prêter un mutuel concours
pour réaliser de ces associations microbiennes parfois si
fécondes en surprises.
Il importait donc, au début d'une nouvelle étude de la
fermentation des tartrates, d'isoler un des agents de cette
fermentation et de le cultiver à l'état de pureté avant de
s'en servir comme de semence.
Une fermentation anaérobie de tartrate de chaux mise
en train au moyen de quelques gouttes d'une macération
végétale abandonnée à elle-même à l'étuve à 35*, sans
précautions spéciales, fut le point de départ de nos recher-
ches. Après une série de cultures anaérobies sur tar-
trate, l'emploi combiné de tubes de gélatine roulée et du
vide nous permit d'isoler, au milieu d'autres espèces, une
bactérie nouvelle, ferment énergique du tartrate de chaux.
C'est cette bactérie que nous désignerons désormais sous
le nom de bacillus tartricus,
(i) Cf. : Pasteur, Études aur la bière; Paris, 1876, p. 274. —A. Gautier,
C B., t. LXXXVI, p. 1338 (1878). — fiiz.-Bericht. d. d. chem. Gesell.,
XII, p. 475. — Kdnîg, trf., 1881, p. 211 et 1882, p. 172.
Journ, de Pharm. et de Chim,, 6« SÉRIE, t. VII. (1" féTiier 1898.) 7
— 98 —
Il est fort possible que le hacillus tartricus ait déjA ùté
décrit sous un autre nom, mais tant que les auteurs ne
s'astreindront pas à suivre une marche méthodique dans
l'étude des propriétés biologiques d'un microbe en spéci-
fiant notamment les conditions dans lesquelles ils se sont
placés, en notant exactement la composition de leurs
milieux de culture et en multipliant surtout les expé-
riences sur les actions chimiques de ce microbe, on con-
tinuera à vivre au milieu d'un véritable chaos, du moins
en ce qui concerne les espèces saprophytes. Aussi avons-
nous renoncé à poursuivre l'identification du bacillus tar-
tricus avec les espèces décrites, tellement nous avons été
frappé du désordre qui règne dans la description de ces
espèces.
Caractères ^morphologiques et biologijjues. — Le D.
tartricus est un petit bacille d'environ 1 à 2 p. de long,
doué de mouvements très vifs, se décolorant par la mé-
thode de Gram. 11 est anaérobie facultatif.
Sur bouillon : trouble rapide, voile grumeleux se dislo-
quant facilement; dépôt muqueux, pas d'odeur.
Sur plaques de gélatine : colonies ressemblant un peu
à celles du coli-bacille, à bords irréguliers peu découpés ;
liquéfaction très lente, ne commençant que du dixième au
quinzième jour.
Sur gélatine en piqûre : trace finement granuleuse. Au
point d'inoculation à la surface, colonie irrégulière apla-
tie, au-dessous de laquelle se forme une zone nébuleuse,
point de départ de la liquéfaction future.
Sur gélose : trace mince, glacée, transparente, qui
s'étale en quelques jours sur toute la surface de la
gélose.
Sur pomme de terre : trace jaunâtre en saillie; la
pomme de terre prend une coloration foncée en vieillis-
sant.
Pas d'indol dans une solution de peptone.
Coagulation du lait vers le huitième jour, avec coagu-
lum granuleux.
— 99 ^
L'empois d'amidon n'est pas liquéfié.
L'albumine cuite n'est pas digérée.
Les nitrates sont transformés en nitrites.
Le B. tartricus attaque un grand nombre d'hydrates de
carbone, parmi lesquels nous citerons : le glucose, le
lactose, le maltose, le saccharose, la dextrine et la man-
nite.
Il est sans action sur la dulcite et la glycérine. Une
culture sur bouillon âgée de quelques jours est tuée par
une température de 50* maintenue pendant une demi-
heure.
Le B. tartricus est un ferment actif du tartrate de chaux
qu'il attaque indifféremment en cultures aérobies ou
anaréobies.
Dans nos premières expériences, le tartrate était intro-
duit dans des ballons renfermant comme milieu nutritif
la solution minérale de Pasteur (l), soit telle quelle, soit
additionnée de 2 millièmes de peptone. Le tout, après
stérilisation, était ensemencé au moyen d'une culture
pure sur bouillon, âgée de 24 heures, et maintenu à la
température constante de 36*.
Les produits de la fermentation (alcools, acides vola-
tils, acides fixes, etc.), ont été déterminés d'après les
procédés de M. Duclaux (2). D'une façon générale, on ne
trouve pas trace d'alcools, mais seulement deux acides :
l'un volatil, l'acide acétique ; l'autre fixe, l'acide succi-
nique. Il se dégage, en outre, de l'acide carbonique et de
l'hydrogène.
Une solution de tartrate d'ammoniaque à 1 p. 100 dans
le liquide minéral de Pasteur, additionnée de 2 millièmes
de peptone, ensemencée dans les mêmes conditions, se
trouble, mais aucun dégagement gazeux ne se manifeste.
Le tartrate est néanmoins consommé et donne comme
produits de l'acide acétique et de l'acide succinique sans
trace d'alcool. Il se conduit donc en tout point comme le
tartrate de chaux.
(1) Duclaux, Microbiologie f p. 599.
(2) Duclaux, Annales de Vlnstitut Pasteur, 1895.
*^^^^'
— 100 —
Ces résultats établissent nettement une différence
entre le B. tartricus et les autres ferments tartriques déjà
décrits.
Celui de Pasteur est un bacille long et flexueux, anaé-
robie^ décomposant le tartrate de chaux en acides pro-
pionique, acétique et carbonique, sans donner Thydro-
gèno.
C(?lui de A. Gautier, non isolé à l'état d'espèce définie,
donnait de l'acide tartronique avec le tartrate de potasse.
Dans ses fermentations de tartrate de chaux, Fitz
obtenait surtout de l'acide acétique accompagné de
Mites quantités d'alcool ordinaire, d'acide butyrique
et d'acide succinique.
L*iij-ganisme de Kônig est un ferment propionique du
t;u traie de chaux tandis qu'il donne de l'acide acétique,
de 1 :icide succinique et de l'acide formique avec le tar-
trate d'ammoniaque.
I^n résumé, le B, tartricus fait fermenter les tartrates
do rliaux et d'ammoniaque en donnant exclusivement de
Tacide acétique et de l'acide succinique avec dégage-
ment d'acide carbonique et d'hydrogène. C'est un anaé-
robie facultatif, présentant une prédilection pour la vie
aéro}tie.
Dans un prochain mémoire, nous reviendrons sur les
résultats que nous donne l'étude détaillée de ses pro-
priétés biologiques, notamment sur les variations de son
activité en fonction de la nature de l'azote alimentaire,
sur les modifications apportées dans ses cultures par la
présence ou l'absence d'oxygène et sur son action sur
les hydrates de carbone.
De l'emploi du carbure de calcium pour la préparation et
le contrôle de pureté de Valcool absolu; par M. P. Yvon.
Lorsque l'on met du carbure de calcium en poudre
gi*ossiére en contact avec de l'alcool concentré (90 à 95
centièmes) ce carbure est assez vivement attaqué et il
se dégage de l'acétylène aussi longtemps qu'il reste de
— IQl —
Teau dans Talcool; lorsque ce dernier est devenu an-
hydre, le dégagement gazeux cesse.
L'emploi du carbure de calcium permet donc de con-
stater si un alcool est anhydre; il suffit en effet de pla-
cer dans un tube à essai bien sec quelques centimètres
cubes d'alcool et d'y projeter une pincée de carbure de
calcium réduit en poudre grossière; si l'alcool est absolu,
on ne voit aucune bulle de gaz se dégager et par agita-
tion le liquide reste transparent. Si, au contraire, l'alcool
examiné renferme des traces d'eau, on voit de petites
bulles gazeuses se former et, si on agile, le mélange se
trouble et devient blanchâtre par suite de la formation
d'hydrate de chaux.
Pour préparer de l'alcool absolu, il suffit de placer dans,
un flacon de l'alcool à 90 ou mieux à 95* avec le quart de
son poids de carbure de calcium réduit en poudre gros-
sière. Le dégagement gazeux d'abord assez vif se ralen-
tit bientôt. On agite alors fréquemment pendant 2 à 3
heures, puis on laisse en repos pendant 12 heures. On
s'assure alors que l'agitation ne donne plus lieu à aucun
dégagement de gaz; dans le cas contraire, on prolonge
encore l'agitation et le contact de l'alcool avec le carbure ;
au besoin on ajoute encore une petite quantité de ce der-
nier; puis on transvase le mélange dans un appareil dis-
tillatoire et l'on procède à la séparation de l'alcool en
mettant à part les premières portions recueillies ; elles
renferment en dissolution une petite quantité d'acéty-
lène. Il est prudent de conduire loin du foyer les premières
vapeurs dégagées qui sont constituées par un mélange
d'alcool et d'acétylène. L'alcool condensé est anhydre si
l'opération a été bien faite.
Il est préférable de recueillir tout l'alcool dans le
même récipient et de l'agiter ensuite avec une petite
quantité de .sulfate de cuivre desséché qui s'empare de
tout l'acétylène tenu en dissolution. On procède alors à
une seconde distillation sans séparer l'acétylure de
cuivre qui s'est formé.
L'alcool absolu préparé par ce procédé ne précipite
— 102 —
pas par l'alcoolate de baryte. Le carbure de calcium est
donc un réactif aussi sensible que ce derniej* et permet
d'obtenir par une seule distillation, deux au plus, de Tal-
cool al)solu en prenant comme point de départ l'alcool à
95° et même à 90* centésimaux.
Sur quelques dérivés nouveaux de la pyrocatéchine ;
par M. H. Cousin (1).
1* DÉRIVÉS HALOGÈNES.
M. Zincke, le premier, a étudié l'action du chlore sur
la pyrocatéchine et décrit la pyrocatéchine télrachlorée
C*CÎ*(OH)»et la quinone correspondante C«C1^0«. En me
phiçant dans des conditions différentes, j'ai pu obtenir
une pyrocatéchine trichlorée.
Pxjrocatéchine trichlorée : CMI"C1'0» + IP0 — Je dis-
sous dans l'acide acétique 1 molécule, soit 11»'' pyrocaté-
chine et ajoute peu à peu une solution récente et dosée de
chlore dans l'acide acétique de façon qu'il y ait 6 atomes
de chlore pour une molécule de pyrocatéchine. L'acide
acétique est évaporé fortement et, après refroidissement,
j'ajoute de l'eau, qui précipite des cristaux que je purifie
par dissolution dans l'alcool étendu.
La pyrocatéchine trichlorée est en prismes bhincs se
colorants rapidement à la lumière, insoluble dans l'eau,
soluble dans l'alcool, l'éther; son point de fusion est 104"-
105°. Elle cristallise ave une molécule d'eau; placée dans le
vide sur l'acide sulfurique, elle perd une demi-molécule
d'eau et donne un nouvel hydrate C«H»C1"0«+ 1/2H*0,
qui fond à 134°- 135°.
Pyrocatéchine dibromée. — J'ai obtenu deux pyrocaté-
chines dibromées : l'une par l'action du brome sur la
pyrocatéchine, l'autre par voie indirecte.
(1) Cet article est le résumé d'une thèse soutenue fit la Faculté des sciences
de Paris en novembre 1897. — Beriiche, t. XX, p. 1779.
— 103 -
l^ Pyrocatéchiiiedibromée a: C^ 11^ By^O*, — Illasiwetz(l),
dans l'action du brome sur la pyrocat échine, a obtenu
une tétrabromopyrocatéchine. En faisant réagir sur une
molécule de pyrocatéchine en solution dans l'acide acé-
tique 1 molécules de brome, j'ai préparé une pyrocaté-
chine dibromée.
C'est un corps cristallisé en prismes incolores, se colo-
rant à la lumière, insolu})le dans l'eau, soluble dans l'al-
cool, Téther; son point de fusion est 92^-93*.
L'action de l'iodure de méthyle m'a donné un vératrol
dibromé identique à celui obtenu par Merck, par l'action
du brome sur le vératrol.
L'éther diacétique est en aiguilles blanches, fusibles à
à 109'»-110\
2» Pyrocatéchine dibromée ^: C« H»— Br— Hr— OH— OH.
l3) (5) (1) (2)
— Elle a été obtenue en partant d'un orthonitrophénol
dibromé C'H*— OH— AzO*— Hr— Hr, en remplaçant le
,(1) l4) (4) (6)
groupement AzO' par un groupement phénolique OH, ce
qui donne une pyrocatéchine dibromée. Pour cela, le
dérivé nitré est transformé en aminé par l'étain et l'acide
chlorhydrique, l'aminé diazotée par î'azotite de soude et
le dérivé diazoïque traité par l'eau bouillante en pré-
sence de poudre de cuivre.
La pyrocatéchine dibromée est en petits cristaux grou-
pés en feuilles de fougère, blancs et s'altérant rapidement ;
son point de fusion est 58°-60*.
L'éther diacétique est à lamelles aplaties, fusibles do
109* à no*.
2** DÉRIVÉS DES PYROCATÊCHINES MONONITRÉES
J'ai étudié d'abord l'action de l'iodure de méthyle sur
les deux pyrocatéchines mononitrées, puis l'action du
brome sur les pyrocatéchines mononitrées et sur les véra-
trols mononitrés.
Vératrol mo?ioni7rê 3 : C'H»— OC H»— OC H"— AzO". — J'ai
[\) v2j (3)
(1) Annales de Liebig, l. CXUI, p. 149.
— 104 —
obtenu ce corps dans Taction de Tiodure de méthyle et de
hi potasse sur la pyrocatéchine mononitrée volatile dans
la vapeur d'eau de Weselsky et Benedikt (1).
Il est en aiguilles aplaties et allongées jaune pâle, inso-
iijhle dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther et fusible
de 64^ à 65*»
Vératrol mononitré 4. — L'action de l'iodure de
méthyle et de la potasse sur la pyrocatéchine mono-
iiilrée-p (2) m'a donné un vératrol nitré identique à celui
janparé par Merck (3), dans l'action directe de l'acide azo-
î Jt|ue sur le vératrol et dont la constitution a été fixée par
M. Moureu (4).
L'étude de ces deux vératrols permet de fixer ces deux,
pyrocatéchines mononitrées :
!• Pyrocatéchine mononitréea:C'H>— AzO"— OH— OH;
(3) (1) Î2)
2*» Pyrocatéchine mononitréep:C«H»—AzO»— OH—OH.
(^) (1) (2)
Pyrocatéchine mononitrée d- monobr ornée - C^W — AzO"
(3)
— Br— OU— OH. — A une solution éthérée de 1 molé-
(1) (2)
riile de pyrocatéchine mononitrée, j'ajoute deux atomes
(le brome et laisse plusieurs jours en contact. Je détruis
*ilnrs l'excès de brome par l'acide sulfureux et évapore la
ï^i>lution éthérée dans le vide; je purifie par cristalli-
t^;iUon dans l'alcool et précipitation par l'eau.
Le corps se présente en petits prismes allongés en
Il urne de navettes de couleur jaune d'or; il fond à 109^-110*
l't est très altérable par la chaleur.
Pyrocatéchine mononitrée A-monobromée : C'H* — OH
— OH — AzO' — Br. — La préparation se fait comme celle
(2) (4)
*lu corps précédent, avec cette diÊTércnce qu'il suffit de
ItUre réagir le brome pendant douze heures.
<l) Monatshelle, t. 111, p. 386.
(â) Bénédiks. Berichte, t. XI, p. 3Sâ.
(3) Annales de Lieblg, t. CVIII, p. 60.
(1) Journ. de Pharm.y 6* série, t. IH, p. 364.
— 105 —
Il se présente sous forme d'aiguilles jaune d'or, inso-
lubles dans Teau, solubles dans l'alcool, l'éther; son point
de fusion est 138^-140^
Il donne avec les bases des sels rouge orangé.
J'ai préparé le sel de baryum en traitant à chaud une
solution du dérivé bromonitré par Ba Co*.
Vératrol monobromé mononitré, — L'action de l'iodure
de méthyle sur la pyrocatéchine nitrée 4-bromée m'a
donné un vératrol monobromé mononitré. Aiguilles
jaune pâle, fusibles à lll'*-112^
Vératrol mononitré S-dibromé : C*II. (OCH»)«— AzO»
(3)
— Br". — J'ai obtenu ce corps dans deux réactions diffé-
rentes :
1" Action du brome au réfrigérant à reflux et à la tem-
pérature du bain-marie sur une solution de vératrol
nitré 3- dans l'acide acétique ;
2* Action de l'acide nitrique fumant sur le vératrol
dibromé.
Le vératrol mononitré dibromé est en petits cristaux
prismatiques groupés en faisceaux ou en petites masses
dentelées de couleur jaune très pale.
Il est peu soluble dans l'alcool froid, plus à chaud. Son
point de fusion est 149**- 150*.
3** ACTION DE l'acide SULFURIQUE SUR LA PYROCATÉCHINE
J'ai fait réagir sur la pyrocatéchine l'acide sulfurique
ordinaire, puis l'acide sulfurique à 30 p. 100 d'anhydride;
dans le premier cas, j'ai obtenu un acide pyrocatéchine
monosulfurique ; dans le second cas, un acide pyrocaté-
chinedisulfonique.
Acide pyrocatéchinemonosulfonique : C*H* — OII — OH
— SO' — H. — J'ai obtenu ce corps en traitant une partie
(3)
de pyrocatéchine par deul parties d'acide sulfurique ordi-
naire, soit à la température ordinaire, soit au bain-marie.
Dans le premier cas, la réaction n'est terminée qu'au
— iÛ6 —
bout de quelques jours; dans le second cas, quelques
heures suffirent. Le mélange est dissous dans Teau et
traité à chaud par le carbonate de baryum qui élimine
l'acide sulfurique; la liqueur, filtrée et concentrée, donne
le sel de baryum disulfoné; avec ce sel, je prépare Tacide
au moyen de l'acide sulfurique.
L'acide est une masse radiée, très altérable, déliques-
cente ; le point du fusion est 52^-54**.
Le sel de potassium C®IPO* — 80*K est blanc, très
solublc dans l'eau, peu soluble dans l'alcool.
Le sel de baryum (C«irO* — S0';)'Ba + 4 H»0 est en
prismes incolores groupés en faisceaux; il est soluble
dans l'eau froide, plus dans l'eau chaude.
Constitution. — Barth et Schmidt (1) ont obtenu l'acide
C«H'0' — SO'H; d'autre part, comme il n'y a que deux
(4)
isomères possibles pour un acide pyrocatéchinemonosul-
fonique et que l'acide préparé par moi est différent de
celui de Bacth et Schmidt, l'acide que j'ai obtenu a pour
formule: C«H»0« — SO'Il.
(3)
Acide pyrocatéchinedisulfonique : C* II* 0" — SO* H
— SO'H. — Je chauffe au bain-marie 5»*" de pvrocatéchine
et 208' d'acide sulfuriqtie à 30 p. 100 d'anhydride, au bout
de quelque temps le mélange se prend en masse ; je trans-
forme le tout en sel de potassium par le carbonate de
potassium et sépare le sulfate de potassium par cristaUi-
sation dans l'alcool étendu, puis dans l'eau.
Le sel de potassium, traité par l'acide sulfurique, donne
l'acide qui forme une masse cristalline radiée très soluble
dans l'eau et altérable.
Le sel de potassium C'H*0*(SO»Kj« + II«0 est en
prismes allongés blancs, solubles dans l'eau.
Le sel de baryum C'H*0" — (SO')"Ba est en petits
prismes groupés en étoiles et presque insolubles dans
l'eau froide.
(1) Berichte, t. XIX, p. 1260.
— 107 —
REVUE SPÉCIALE
DES PUBLICATIONS DE PHARMACIE ET DE CHIMIE.
Pharmacie.
Sur la présence de glutamine et d*un corps azoté nou-
veau. « la ricidine », dans les pousses étiolées du ricin;
par M. E. Schulze (1). — On sait que l'asparagine
C*II'Az"0' se recontre dans les jeunes pousses d'un
grand nombre de végétaux; il en est de même de son
homologue supérieur : la glutamine C'H**Az'0* que
Schulze et Bosshard ont rencontrée d'abord dans le suc
de betterave, puis dans les pousses de citrouille (Cucur-
bita Pepoj, Schulze a constaté la présence de la gluta-
mine dans les pousses de beaucoup d'autres végétaux et
en particulier du ricin.
Mais, outre la glutamine, les pousses étiolées du ricin
renferment encore un composé azoté cristallisablc que
Schulze a désigné sous le nom de ricidine. Pour le pré-
parer, on épuise les germes desséchés et pulvérisés par
de l'alcool à 95® bouillant, on distille pour retirer l'alcool,
on reprend le résidu par l'eau, on clarifie le liquide
trouble par addition de tannin et de sous-acétate do
plomb, on filtre et après élimination du plomb à l'aide de»
l'hydrogène sulfuré, on évapore à un faible volume. Par
le repos, la ricidine se sépare sous forme de cristaux
jaunâtres ou brunâtres. On les purifie par cristallisation
dans l'eau en s'aidant du noir animal.
La ricidine cristallise en petits prismes incolores, fon-
dant à 193°. Sa composition centésimale répond à la for-
mule C"IP>Az»OV
La solution aqueuse de ricidine ne précipite ni par le
(1) Uebcr die Vcrbreitung des Glutamins in den Pflanzen ; Ber. d, d. chem.
Gessllsch.y XXIX, p. 1882, 1896, et Ueber einen stickstoffhalligcn Bestan-
.theil der keimpflanzen Ton Ricinus communia; Ber. d. d. chem., GeselUch.y
XXX, p. 2197, 1897.
— 108 —
nitrate mercurique, ni par le bichlorure de mercure, ni
par le nitrate d'argent. Elle ne précipite par l'acide phos-
photungstique qu'après addition d'acide chlorhydriquc.
La ricidine est très stable en présence des acides. 81
on la chauffe avec du bichromate de potasse et de l'acide
sulfurique, on sent une odeur d'acide cyanhydrique.
Elle se dissout seulement à chaud dans la lessive de
soude étendue; on ne remarque pas alors de dégagement
d'ammoniaque.
La ricidine existe en notable proportion dans les
pousses du ricin. Des pousses qui avaient végété quel-
ques semaines à l'obscurité ont donné un rendement de
3,5 p. 100 pour les cotylédons et de un peu plus de
1 p. 100 pour la partie hypocotylée et la racine.
Em. B.
Sur la présence de la bétaîne dans la racine de gui-
mauve; par M. N. Orlof (1). — En fait de principes azo-
tés, on n'a trouvé, jusqu'ici, dans la racine de guimauve
que de l'asparagine. L'auteur vient d'en extraire de la
bétaîne qui est, comme l'on sait, de la triméthylglyco-
lamine. Il l'a obtenue de la façon suivante :
On épuise la racine avec de l'eau, on concentre, on
précipite avec l'acétate basique de plomb, on enlève
l'excès de plomb avec l'hydrogène sulfuré. On évapore
jusqu'à un faible volume et on laisse reposer pendant
quelques jours. L'asparagine cristallise. On sépare celle-
ci et, dans le liquide, on ajoute de l'azotate mercurique
qui active la précipitation de l'asparagine. On élimine le
plomb en excès par l'hydrogène sulfuré et l'on additionne
le liquide d'acide azotique et de phosphomolybdade de
soude. Après deux jours de repos on rassemble le préci-
pité sur un filtre, on le lave avec de l'acide sulfurique
très étendu, on le décompose avec une solution aqueuse
de baryte caustique, on filtre, on enlève l'excès de
baryte par un courant d'acide carbonique et on évapore
(1) Betaïa als Besthandlheii der Wurzel von Althœa officinalis; Pharm.
Zeitschr, fr. Russland, XXXVI, p. 631, 1897.
i
— 109 —
à siccité le produit filtré. En reprenant le résidu par de
Talcool et en distillant, il reste une matière cristalline
que l'on purifie par cristallisation dans l'alcool. Cette
matière est la bétaïne. Em. B.
Sur la cosine; par MM. G. Daccomo et Malaguini (1).
— On a vu, dans un article précédent (2), que Leichsen-
ring, en 1894, avait confirmé quelques-uns des faits
publiés antérieurement par Flùckiger et Buri sur la
cosine, principe cristallin retiré par Merck des inflores-
cences de cousso. C'est ainsi qu'il avait établi définiti-
vement que, sous l'influence de l'acide sulfurique étendu
(à 15 p. ,100), la cosine donne l'acide isobutyrique. On a
vu aussi que, d'après ce même chimiste, les propriétés
tœnifuges du cousso devaient être rapportées non à la
cosine, mais à un autre principe qu'il a désigné sous le
nom de cosotoxine, principe qui, en se dédoublant sous
certaines influences, donnerait précisément naissance à
la susdite cosine.
MM. Daccomo et Malaguini viennent de reprendre
l'étude de la cosine, et le premier résultat de cette étude
a été de constater que le produit commercial désigné sous
ce nom, bien que cristallisé, est cependant un mélange
d'au moins deux principes immédiats. En effet, en trai-
tant ce produit par de petites quantités d'alcool (méthode
des dissolutions fractionnées), ils ont réussi à le partager
en deux fractions présentant, après purification par cris-
tallisation dans des véhicules appropriés, des différences
très nettes en ce qui concerne leur point de fusion. L'une
de ces fractions fondait à 105-111**, et l'autre, la princi-
pale, à 160-161®, tandis que le produit primitif fondait
à 149". Les auteurs n'ont étudié que la seconde de ces
fractions qui présente assez bien les caractères d'une
espèce chimique et à laquelle ils ont consei*vé le nom de
cosine. Voici les propriétés de ce corps :
(1) BoUetmo chimico farmaceuiico ; d'après Pharmaceutische Zeitung^
XLII, p. 778, 1897.
(S) Joum. de pharm. et de chim. [6], III, p. 24, 1896.
— rio —
La cosine cristallise en longues aiguilles jaune de
soufre. Si cependant elle est à l'état d'extrême division
comme lorsqu'on la précipite de ses solutions alcalines
par un acide, elle est complètement blanche.
La cosine est inodore et sa saveur, d'abord nulle,
devient araère au bout de quelques instants. Elle est
insoluble dans l'eau ; peu soluble dans l'alcool froid ; un
peu plus soluble dans l'alcool chaud ; très soluble dans
î'éther, le benzol, l'acide acétique, l'acétone, le sulfure
de carbone, le phénol, I'éther acétique et le toluol. Elle
fond à 161°. Chauffée sur une lame de platine, elle se
résout en un liquide rouge sang, qui, chauffé davantage,
répand des vapeurs à odeur d'acide butyrique; enfin,
elle brûle sans laisser de résidu.
La cosine se dissout en très petite proportion dans une
solution froide de carbonate de soude. Elle se dissout,
au contraire, abondamment à chaud et se précipite par
refroidissement. Elle se dissout très facilement dans la
lessive de soude, même fortement diluée, qui prend, au
bout de quelque temps, une teinte violette. Si Ton ajoute
un acide à cette solution, la cosine se précipite inaltérée.
Mais si on fait bouillir la solution alcaline et si on aci-
difie ensuite, on sent nettement l'odeur d acide butyrique,
ce qui indique que la cosine a été décomposée.
La solution alcoolique de cosine additionnée de per-
chlorure de fer prend une teinte violette qui passe rapi-
dement au rouge.
L'acétate de cuivre ne précipite pas la solution éthérée
de cosine. La cosine ne réduit pas la liqueur de Fehling,
mais réduit immédiatement la solution d'argent ammo-
niacale avec formation d'argent métallique qui fonne
miroir sur la paroi du tube.
La cosine ne réagit pas sur l'hydroxylamine, mais,
traitée à froid par la phénylhydrazine, elle donne des
produits de condensation.
Les auteurs ont réussi à préparer une triacétylcosine
et une tribenzoïlcosine.
En se basant sur la composition élémentaire de la
— 111 —
cosine et sur le poids moléculaire calculé d'après la mé-
thode cryoscopique, ils lui attribuent la formule C"II"0\
alors que Leichsenring avait donné C"H*"0'.
La cosine est facilement oxydée en solution alcaline
par les agents ordinaires d'oxydation. Avec le perman-
ganate de potasse, on obtient de l'acide oxalique, un acide
volatil à odeur d'acide butyrique et une substance rési-
neuse. Avec le brome, il se forme du bromoforme. de
l'acide isobutyrique et une substance résineuse à réac-
tion acide.
Il suit de là que la cosine se comporte comme l'acide
filicique, avec cette différence que ce dernier corps four-
nit, outre les produits d'oxydation susnommés, de l'acide
diméthylmalonique.
En résumé, la cosine se rapproche de l'acide filicique,
en ce sens que ces deux principes se comportent sem-
blablement en présence des acides, des alcalis, de la
solution d'argent ammoniacal, du perchlorure de fer, de
la phénylhydrazine et des agents d'oxydation.
Mais la cosine se distingue en ce qu'elle ne donne pas
la réaction des p-dikétones, qu'elle ne réduit pas la liqueur
de Fehling et ne réagit pas sur Thydroxy lamine.
On peut enfin conclure des faits ci-dessus énoncés que,
selon toute vraisemblance, la cosine renferme trois
hydroxyles et que, dans sa molécule, le radical isopro-
pyle est lié à un noyau kétonique. Em. B.
Nouvelle méthode d'essai de la pepsine; par M. A. H.
Allen (1). — L'auteur fait remarquer que la seule ma-
nière valable d'essayer une pepsine est de doser la quan-
tité de peptones, ou de peptones et d'albumoses formées
dans la digestion. Le mode opératoire qu'il préconise
pour arriver à ce résultat est basé sur un procédé nou-
veau de séparation des albuminoïdes des substances
azotées non albuminoïdes, procédé analogue à celui dé-
crit par MM. Rideal et Stewart (2). Mais tandis que ces
(1) PharmaceuHcal journal y 1897, p. 561.
(2) Analyst, 1897, p. 228.
-T^fie^
- 112 —
derniers précipitaient les albuminoïdes par un courant de
chlore, M. Allen remplace le chlore par l'eau bromée.
n a reconnu, en effet, que l'eau bromée, en milieu
lioUement acidulé par l'acide chlorhydrique , précipite
tous les albuminoïdes (albumine, syntonine, peptones),
Inndis que les corps azotés non albuminoïdes, tels que :
nvée, créatine, créatinine, tyrosine, leucine, etc., etc., ne
^ont pas précipités.
L'essai comprend trois opérations distinctes :
1" Digestion de V albumine par la pepsine en milieu
acide;
5" Séparation des divers produits de la digestion;
î^*^ Dosage de chacun d'eux.
1» On fait digérer à 40®, pendant trois heures, i^'d'al-
])umine de l'œuf avec 0«^^10 de pepsine à essayer dissous
(lims 20*"* d'eau et additionnés de 25** d'acide chlorhy-
drique décinormal ;
2* Au bout de ce temps, on ajoute une solution déci-
normale de carbonate de soude exactement équivalente à
1 ai'ide employé et on chauffe aubain-marie à 90** pendant
dix minutes. On laisse refroidir, on dilue à 100" et on
sfcpare le précipité par filtration. Ce précipité, retenu sur
le filtre, est la syntonine.
Dans 50" de liquide filtré, on précipite les albumoses
par addition de sulfate de zinc en poudre jusqu'à satu-
ration. On agite de temps en temps pendant une demi-
heure et on filtre. On a ainsi les albumoses mélangées à
la pepsine.
Les peptones restent dans le liquide filtré saturé de
Sbulfate de zinc. On les isole en acidulant le liquide avec
de l'acide chlorhydrique et ajoutant un grand excès d'eau
hromée. Le précipité qui se forme adhère assez rapide-
mentaux parois du vase. On décante au bout d'une demi-
Iieure en filtrant le liquide sur un tampon de coton de
verre ou d'amiante; on lave le précipité adhérent au vase
avec de l'eau distillée froide et, à la fin, on joint le tam-
— 113 —
pon de coton au précipité resté dans le vase pour le do-
sage ultérieur de l'azote.
Le liquide séparé du précipité des peptones peut
servir au dosage des substances azotées non albumi-
noïdes.
3** Le dosage de chacun des groupes de produits albu-
minoïdes se fait par la méthode bien connue de Kjeldahl.
On a eu soin de doser préalablement Tazote contenu
dans réchantillon de pepsine employée. On a vu plus
haut que la pepsine était précipitée en même temps que
les albumoses, le chiffre d'azote de la pepsine sera donc
à retrancher de celui trouvé pour les mélanges albumoses-
pepsine pour l'évaluation de la proportion d'albumoses.
B.
Sur les causes de la coagulation du lait par la chaleur;
par M. B. Bardach (1). — On sait que lorsqu'on chauffe
du lait pendant un certain temps, ce lait jaunit et se
coagule. A 100^, il faut de dix à quinze heures; à 130*, une
heure et à 150**, trois minutes, pour que la coagulation
se produise. Cazeneuve et Staddou (2) ont constaté que,
sous l'influence prolongée de la chaleur, le lait devient
acide. Ils ont même retiré de l'acide formique par distil-
lation de ce lait. Comme, d'autre part, ils ont établi
qu'en chauffant une solution de sucre de lait additionné
de phosphate bisodique, le sucre s'oxyde en se colorant
et en donnant de l'acide formique, ils en ont conclu, la
caséine n'étant pas altérée dans les mêmes conditions, que
le jaunissement et la coagulation du lait sous l'action de
la chaleur sont dus uniquement à l'oxydation du sucre
de lait en présence des sels alcalins du lait, oxydation
qui donne naissance à des acides et à des produits co-
lorés.
(i) Ucber die Gerinnungsarsache ehrilzter Milch. Sitz. der Wien Akad.,
1897; d'après Apoth. Zeilung, XII, p. 858, 1897.
(2) Journ. de pharm. et de chim, [6), II, p. 54, 1895.
Journ. de Pharm. et de Chim,, 6« SÉRIE, t. VII. (!•' février 1898.) 8
— 114 —
M. Bardach reconnnaît qu'en effet, en chauffant pen-
dant une heure à 130*, il se forme des acides volatils,
mais il affirme ([ue la quantité en est trop petite pour
amener la coagulation du lait. Il a constaté, d'autre part,
([u'en chauffant pendant une heure à 130<* des solutions
de sucre de lait et de phosphate disodique, et en ajou-
tant la solution devenue acide à du lait, on n'en déter-
mine pas la coagulation. Il en conclut que, selon toute
vraisemhlance, la formation des acides fixes ne peut pas
non plus expli([uer la coagulation du lait à 130*. Il a
observé aussi ([u'en chauffant des solutions de 4«' de
caséine, 0^',4 de phosphate disodique dans 40" d'eau à 130*
pendant une heure, il se sépare une masse épaisse, très
cohérente, au milieu d'un liquide très légèrement coloré,
conformément à une donnée d'nammarsten,très curieuse,
mais passée inaperçue; les solutions de caséine dans de
l'eau renfermant très peu de soude se comportent de
même. Enfin la coagulation de la solution de caséine est
encore plus complète si on la mélange avec un égal
volume d'une solution de sucre de lait à 10 p. 100 et si
on chauffe à 130*.
D'après cela et d'après queliiucs autres recherches, l'au-
teur estime que la coagulation du lait à 130* s'explique par
l'action des acides formés par oxydation du sucre de lait
sur la caséine, qui est devenue facilement coagulahle à
cette température. Donc il y aurait action combinée sur
le sucre de lait et la caséine. * Em. B.
Sur la transformation du lait de vache en un lait sem-
blable au lait de femme; par M. Backhaus (1). — C'est
un fait bien connu que le lait de vache est moins facile-
ment supporté par les enfants que le lait de la mère. Cela
tient à sa composition, qui diffère notablement de celle de
ce dernier, comme le montre le tableau suivant :
(1) Eine neue Méthode, die Kuhmilch der Frauenmilch &hnliclier za gcs-
talten. — Allg. m^d, centr. Ztg.; d'après ApotK Zeit., XI, p. 792.
— tl5 —
Lait de vache. Lait de femme.
Eau 88 p. 100 88,50 p. iOO
Caséine 9 0,79
Albumine '. 0,30 0,96
Beurre 3,50 èi 4 3,50
Lactose 4,50 6,00^ 6,25
Sels minéraux 0,70 0,20
La différence porte surtout sur la caséine et sur le lac-
tose. Ajoutons, ce qui rend encore la différence plus
grande, que, d'après plusieurs observateurs, la caséine
du lait de vache n'est pas la même que celle du lait de
feunne : la première étant plus difficile à digérer que la
seconde.
L'auteur est d'avis qu'un lait préparé avec le lait de
vache, si l'on veut qu'il convienne à l'enfant, ne devrait
pas renfermer plus de 0,50 p. 100 de caséine de ce lait, et
il pense que le reste des matières albuminoïdes, soit envi-
ron 1,*25 p. 100, pourrait être constitué par des matières
analogues aux peptones.
En conséquence, il propose de soumettre le lait de
vache aux traitements suivants :
l* Préparation d'un lait maigre à l'aide de l'essoreuse;
2'' Faire agir simultanément à 40^ sur ce lait de la
trypsine (ferment digestif du pancréas) et de la pré-
sure, la proportion à ajouter de chacun de ces deux
ferments ayant été étal)lie par des expériences préa-
lables, de telle sorte que, au bout de trente minutes, il
y ait peptonisation ou solubilisation del,25 p. 100 ide lait)
de matières albuminoïdes et coagulation du reste.
Pour favoriser l'action de la trypsine, il convient d'a-
jouter 0,50 p. 1000 de carbonate de soude (Na'CC), mais
pas davantage; autrement la présure n'agirait pas.
On porte alors le mélange à 80**, température à laquelle
les ferments sont détruits, et on sépare le coagulum. Au
liquide, on ajoute une quantité de crème telle que la pro-
portion de beurre se trouve portée à 3,5 p. 100, et celle de
caséine à 0,50 p. 100. Enfin on fait dissoudre 1 p. 100 de
sucre de lait et l'on a ainsi, d'après l'auteur, un lait
— 116 —
dont la composition se rapproche de celle du lait de la
femme.
Ajoutons que la coagulation de la caséine entraîne tou-
jours la précipitation d'une certaine proportion de sels
minéraux. Em. B.
Dosage de l'acidité des urines; par M. Joulie (1). — Les
dt'rniers progrès de la médecine ayant mis en lumière
1 utilité du dosage de l'acidité des urines, divers auteurs
Htit indiqué des manières d'opérer dont aucune n'a
iloiiné entière satisfaction.
Pour arriver à des résultats constants sur la même
lU'ine et comparables pour des urines diverses, M. H. Jou-
li<^ pharmacien honoraire des hôpitaux et savant bien
I oanu par ses belles recherches antérieures, a été con-
duit à adopter une technique nouvelle qui paraît appelée
;t *''claircr certaines questions d'hygiène et de médecine
rncore fort obscures.
Au lieu de soude ou de potasse caustiques qui exigent
I ^*mploi d'indicateurs colorés ou colorables, dont la sen-
>ihilité laisse beaucoup à désirer lorsqu'on opère sur les
urines plus ou moins colorées elles-mêmes et d'une aci-
ililé généralement très faible, M. Joulie emploie, pour
i^aturer l'urine, une dissolution de sucrate de chaux déci-
nurmale, c'est-à-dire contenant, par litre, 2»^80 de chaux,
^uit le dixième de l'équivalent de la chaux exprimé en
^q^ammes.
(Jette solution présente sur les alcalis caustiques, ordi-
iKiirement employés, plusieurs avantages précieux :
l"* Elle ne peut se carbonater, sous l'influence de l'air,
s;iîis se troubler. Si donc son titre vient à changer, on
rfj est averti. Il suffît, alors, de la filtrer et retitrer, pour
fjimvoir s'en servir sans aucune chance d'erreur;
'2* L'acidité de l'urine étant due, en grande partie au
II loins, à du phosphate acide de soude, le titrage à la solution
lift sucrate de chaux n'exige l'emploi d'aucun réactif coloré.
(t) Cotte note a été présentée par M. Prunier à l'Àcadcmic de médecine.
— 117 —
Lorsque les acides libres et le phosphate acide de soude
sont saturés par la chaux, un excès de celle-ci, si faible
qu'il soit, détermine la précipitation dune petite quan-
tité de phosphate insoluble qui trouble la limpidité de
Turine essayée. Ouest alors averti du point de saturation,
avec une précision qui ne laisse rien à 'désirer, pourvu
que l'urine essayée soit parfaitement limpide, ce qu'il
est toujours facile d'obtenir en la filtrant préalablement,
si cela est nécessaire.
La solution de sucrât e de chaux se prépare avec :
Chaux caustique en poudre 10 grammes.
Sucre 20 —
Eau distillée pour faire un litre.
Laisser en contact pendant vingt-quatre heures en agi-
tant fréquemment et filtrer ensuite. Si la chaiîx employée
est pure et bien caustique, cette solution doit être trop
forte. On en prend le titre au moyen de l'acide sulfurique
déci-normal et du tournesol et on Tétend d'eau distillée
bouillie en quantité suiTisante pour qu'elle sature exacte-
ment son volume d'acide déci-normal. Cette liqueur
correspond, par conséquent, à 4'"«%9 d'acide sulfurique
monohydraté par centimètre cube. Son titre peut être faci-
lement vérifié par précipitation de la chaux à l'état d'oxa-
late et pesée du précipité calciné à l'état de carbonate de
chaux ou de chaux caustique. Pour faire l'essai de l'urine,
on en prend 20** que l'on met dans un verre à saturation
et on titre avec la liqueur de sucrate, au moyen d'une
burette de Mohr, jusqu'à ce qu'une dernière goutte déter-
mine un trouble persistant, après agitation. Ce trouble
se saisit facilement si l'on opère sur une feuille de papier
noir.
La quantité de sucrate employée doit être d'au moins
5**, afin que l'erreur, qui ne peut être que d'une goutte,
ne dépasse pas le 1/100 de la quantité d'acide dosée. S'il
en était autrement, on ajouterait dans le verre 20** d'urine
et on continuerait l'essai. Si nous appelons S la quantité
de sucrate employée, V le volume d'urine sur lequel on
— 118 —
,1 op^ré et A Tacidité du litre d'urine exprimée en acide
monoliydraté (80*110), on aura A = — - •
Mais la proportion d'eau des urines est éminemment
v;iriable. tandis que la masse des déchets organiques qui
si^Iiminent par cette voie dans un temps donné est à peu
prés constante pour le même individu. Il en résulte que
Vi' n'est pas l'acidité du litre d'urine qu'il importe de
connaître, mais bien la proportion d'acide contenue dans
iti matière sèche de l'urine, et comme cette matière
SI che est elle-même proportionnelle A l'excès de densité
i\r l'urine sur la densité de l'eau, il suffira de multiplier
.' .1. . , ,. , r . 100 ^
lacidite trouvée, au litre, par la fraction p. - irjp.r.* Qî^^is
Inquelle D est la densité de l'urine prise au moyen d'un
ii^nsimètre très sensible, à la température même où se
trouve l'urine au moment de la prise d'essai pour le
n[rap:e acidimétrique. On obtient ainsi l'acidité pour c(Mit
de l'excès de densité de l'urine, et ce rapport est caracté-
ristique du tempérament de l'individu, s'il est en bonne
^H-mté. ou de son état pathologique, s'il est malade, A la
rondition bien entendu, que l'urine sur laquelle on a
opéré ait été convenablement choisie.
Chimie.
Bosage de rantimoine par voie volumétrique; par M. H.
Causse (l). — La méthode proposée par l'auteur ramène
le dosage de ce métalloïde à une détermination d'iode.
F'ile repose sur le fait suivant : Lorsque l'acide anti-
monieux, soit libre ou combiné, est mis en présence de
Tacide iodique, ce dernier est détruit, l'acide antimo-
nieux passe intégralement à l'état d'acide antimonique .
tandis qu'une quantité d'iode proportionnelle au poids
d acide iodique décomposé est mise en liberté :
5Sb»0« = 2P0» = 5Sb'05 + 2l\
(1) Ac. d, «c, CXXV, 20 déc. 1897.
— 119 —
D'après cette équation, 508 pailles d'iode correspon-
dent à 1.460 parties de Sb'0% et 1 partie à 2,874 de
Sb*0*, ou a 2,40 d'antimoine métalloïdique.
En désignant par P le poids d'iode trouvé, celui de
l'oxyde ou de l'antimoine sera obtenu par l'une des deux
relations ci-après :
P X 2,874 = Sb«0», P X 2,40 = Sb.
Les solutions nécessaires pour ce dosage sont :
1* Une solution d'acide iodique ; on l'obtient en dissol-
vant 508''de cet acide dans 250^*^ d'eau distillée; on laisse
reposer, on décante pour séparer l'iodate de baryum, qui
accompagne souvent l'acide iodique commercial;
2° Une solution déci-normale d'hyposulfite de so-
dium;
3** Une solution d'iodure de potassium au {-;
4® De l'emploi d'amidon récent.
Pratique de V opération. — L'appareil dont on fait usage
est celui de Mohr ou de Frésénius pour les dosages
d'iode.
On introduit dans le ballon 0,50 ou 0,60 d'oxyde d'an-
timoine, on ajoute 20''* à 25" de solution d'acide iodique,
on adapte le tube à boule et l'on verse dans le tube con-
denseur 10" de solution iodurée. On porte lentement à
l'ébullition, le liquide se colore en rose et de l'iode est
mis en liberté; on maintient l'ébullition jusqu'à ce que
le contenu du ballon soit incolore, et que la totalité des
vapeurs d'iode ait été condensée dans le tube. On déta-
che ensuite ce dernier, on ajoute 100" d'eau distillée,
2" à 3" d'empois d'amidon; la burette étant garnie d'hy-
posulfite, on laisse couler de ce réactif jusqu'à dispari-
tion de la couleur bleue ; on note le volume ; en le mul-
tipliant par le facteur 0,0127, on aura le poids P d'iode
correspondant. Il suffira alors de substituer à P le nombre
trouvé, dans l'une des deux relations précédentes, pour
avoir celui de l'oxyde ou de l'antimoine.
Une série de dosages, pratiqués sur l'oxyde pur ou sur
l'émétique, a donné de bon^ résultats.
'■^f^r^^'
— 120 —
Ce procédé s'applique à l'antimoine et à ses combinai-
f^(^ns. Celles-ci, en effet, peuvent être ramenées à l'état de
sulfure par Thydrogène sulfuré; le sulfure traité par
TiLcide chlorhydrique, et ultérieurement par le carbonate
iU sodium, après élimination de l'hydrogène sulfuré,
1; lisse de l'oxyde qui, débarrassé par lavage des chlo-
rures, sera traité directement par l'acide iodique.
îl est nécessaire d'éliminer tous les acides qui ont une
;m lion sur l'acide iodique, tels que les hydracides, l'acide
sulfureux, l'acide sulfhydrique ; on y parvient facilement
en passant par le sulfure, que l'on ramène à l'état
d'oxyde.
Enfin, il n'est pas indispensable que celui-ci soit dis-
sous; mais pour assurer la régularité de l'oxydation, on
peut le transformer en émétique; l'acide tartrique ou
le îdtartrate de potassium n'ont aucune action sur l'acide
indique.
Sur le dosage du brome et sa séparation d'avec le chlore.
— Quand on fait réagir sur le mélange d'un chlorure et
ci un bromure dissous, le permanganate de potassium, en
s»' iilaçant dans des conditions particulières, le chlorure
reste inattaqué tandis que le bromure est oxydée et trans-
fiirnié en bromate; celui-ci à son tour est décomposé en
diamant du brome qui peut être entraîné par un courant
d air ou volatilisé par distillation. Les conditions favo-
rables à cette séparation ont été étudiées à plusieurs
reprises.
Primitivement on opérait en liqueur rendue acide soit
p:tr le sulfate acide de potassium, soit par l'acide acé-
tique.
MM. H. Baubigny et P. Rivais (1) ont montré qu'on
donnait à cette méthode son maximum de sensibilité et
qu'on obtenait une séparation complète lorsqu'on opérait
eu présence du sulfate de cuivre et en liqueur neutre, le
(I) Compt. rend. Acad. d, se, t. CXXIV, p. 859 et p. 954; t. CXXV,
p, 607 et p. 654.
\
— 121 —
bromate de cuivre donnant facilement naissance à du
brome et à un sulfate basique de cuivre.
MM. P. Jannach et E. Kôlitz (1) ont été amenés récem-
ment à étudier le rôle que pouvait jouer dans cette réac-
tion les sels alcalins tels que les acétates les azotates et
les sulfates en solution soit neutre, soit acide.
Ils ont observée que la présence des sulfates ou celle des
azotates alcalins neutres n'entravent pas la mise en liber-
té du brome, mais qu'au contraire la présence des acér
tates alcalins neutres l'empêchent presque complètement.
Ils conseillent donc, lorsqu'on doit opérer en présence
d'un excès d'acide acétique et distiller le brome vers 60**
dans un courant d'air, de n'ajouter l'acide acétique qu'a-
près avoir préalablement (si la réaction du bromure n'est
pas acide) neutralisé la liqueur par l'acide azotique ou
l'avoir légèrement acidulée par l'acide sulfurique : de
cette façon la liqueur ne peut pas renfermer d'acétate
alcalin, elle ne renferme que de l'acide acétique libre.
E. Leidié.
Sur le dosage du permanganate de potassium; par
MM. II. N. Morse et A. D. Chambers (2). — Cette nouvelle
méthode est basée sur la réaction suivante déjà connue :
2KMnO* -f 3SH«0* -f SH«0* = 2MnS0* + SK*0* + SO'.
Si l'on emploie exactement deux molécules de perman-
ganate de potassium pour, trois molécules diacide sulfu-
rique et un excès d'eau oxygénée, on voit que lorsque la
réaction est terminée, par suite de la formation du sulfate
manganeux et de sulfate neutre de potassium, tout acide
libre a disparu de la liqueur; dans la pratique, on emploie
un excès connu d'acide sulfurique et on en dose la quan-
tité non employée. Voici la pratique de l'opération. On
prend un volume connu d'un acide sulfurique dilué (nor-
mal par exemple) que l'on a titré par la méthode du sul-
fate de baryum; on y ajoute un volume déterminé de la
(1) Zeit. fur anorg, Chemic, t. XV, p. 66 (1897).
(2) American Chemical Journal, i. XVIII, p 236.
— 122 —
solution de permanganate à titrer, puis de Teau oxygénée
neutre (obtenue en agitant l'eau oxygénée du commerce
avec de loxyde de zinc calciné puis filtrant sur de Ta-
mianthe). Si l'acide sulfuritjue et Teau oxygénée ont été
employés en excès, la liqueur, lorsque tout dégagement
d'oxygène aura cessé, devra être incolore (sinon on ajou-
terait un nouveau volume d'acide et de nouvelle eau oxy-
génée). Au moyen d'une solution titrée de soude, on dose
l'acide libre contenu dans la liqueur. Par une proportion
calculée sur l'équation, précédente on déduit la quantité
de permanganate d'après la quantité d'acide sulfurique
employé. E. Leidié.
Sur rexistence d*uii sulfate cuivreux; par M, A. Joan-
Nis (1). — On ne connaît qu'un petit nombre de sels cui-
vreux : quand on traite en effet par un acide l'oxydule
de cuivre, il se dédouble le plus souvent en cuivre
métallique et en oxyde cuivrique; d'autre part, les sels
cuivriques auxquels ne correspondent pas de sels cuivreux
connus ne sont pas réduits à cet état par une digestion
avec du cuivre métallique.
On peut cependant préparer une solution de sulfate
cuivreux et montrer l'existence de ce sel à l'aide des
expériences suivantes :
i. Dans un tube contenant une solution de sulfate de cuivre et du cuivre
•déposé par électrolyse sur une lame de platine, on fait arriver de l'oxyde de
carbone. Ce gaz est absorbé très lentement, en mémo temps que le cuivre
disparaît sur la lame de platine vers le niveau oti elle émerge de la solution,
mais un peu au-dessous. En outre, la solution devient incolore. La même
action se produit aussi, mais plus lentement, en présence d'un excès notable
d'acide sulfurique étendu.
2. La même expérience réussit encore si l'on remplace le cuivre électroly-
tique déposé sur la lame de platine par du cuivre précipité d'une solution de
sulfate de cuivre à raide de fer ou de zinc purs. L'absorption semble un peu
plus rapide que précédemment.
3, On peut encore remplacer le mélange de cuivre électroly tique ou préci-
pité et de sulfate de cuivre par le produit obtenu en traitant de l'oxydule do
cuivre par une quantité équivalente d'acide sulfurique étendu; on a ainsi un
mélange de sulfate de cuivre très divisé, en proportions bien connues.
(i) Ac. d. «c, CXXV, 948, 6 déc. 1897.
— 123 —
Toutes ces actions sont extrêmement lentes. L'oxyde de
carbone agit dans ces conditions pour faciliter la forma-
tion du sulfate cuivreux, parce qu'il est capable de se
combiner avec lui : il apporte ainsi une dose d'énergie
auxiliaire suffisante pour rendre possible la réduction du
sulfate cuivreux par le cuivre.
Les huiles essentielles au point de vue chimique et
industriel; par M. Duyk (1) (Suite),
yCOU (1)
Vanilliiip. — La vanilline C*H*^OCH' (3) est un corps
\0H (4)
dont les fonctions aldéhydiques sont prononcées : elle se
combine en effet aux bisulfites alcalins ; elle forme en
outre des hydrazones et des oximes avec les réactifs qui
engendrent ces corps. Cette substance se présente sous
Taspect d'aiguilles blanches, répandant une odeur suave
de vanille; c'est elle qui constitue, en grande partie, le
givre qui recouvre les gousses de vanille. Elle fond à
80-8 i^ et distille difficilement à 280^ Elle est très solu-
ble dans l'eau bouillante d'où elle se sépare à froid ; dans
l'alcool et Téther. Le perchlorure de fer la bleuit ; l'acide
azotique la transforme en un mélange d'acide oxalique et
d'acide picrique.
Pour la préparer, on peut partir de la conférine (alcool
coniferylique), du gaïacol, de l'eugénol, qui renferment
dans leurs molécules les éléments nécessaires à la consti-
-tution de la vanilline.
Le procédé qui a donné lieu au plus grand nombre de
brevets consiste en l'oxydation de l'eugénol ou même de
«on isomère, l'isoeugénol. Le meilleur moyen d'obtenir
celui-ci consiste, d'après Tiemann, à dissoudre 12«^5 de
potasse caustique dans l'alcool amylique, puis de faire
bouillir la solution filtrée pendant 16 à 20 heures à 140*
^vec b*^ d'eugénol. L'isoeugénol qui se précipite est lavé
(1) Joum. de Pharm, et de Chim. [6], IV, 38, 206, 303, 359, 453, 49i,
499; VII, 74.
^^■^'^^^w^^^
— 124 —
au carbonate sodique, puis distillé dans un courant de
vapeur. Redissolvant ce corps dans la soude, on traite le
sel ainsi formé par un agent oxydant actif, bioxyde de
sodium, permanganate de potasse, en présence d'alcali ou
de terre alcaline (Haarman et Reiraer) ; ou bien on ac^ti-
lifîe risoeugénol et on oxyde l'acide eugén(«l-acétique
produit, de façon à obtenir Tacide vanillin-acétique que
l'on saponifie ensuite sous pression par un alcali. Dans
les deux cas, Taldéhydate sodique formé est décomposé
par un acide fort qui précipite la vanilline qu'il est facile
de purifier ensuite.
Essence de sassafras. — Celte essence, que les phar-
macologues américains ont inscrite dans le Codex des
États-Unis, constitue la matière première servant à la
préparation du pipéronal connu en parfumerie sous le
nom d''héliotr opine.
On l'obtient en distillant les écorces, le bois et les
racines d'un arbre de la famille des laurinées le Laurus
sassafras. C'est un liquide très réfringent, jaune rougeâtre
à l'état brut, incolore lorsqu'il est récemment redistillé.
Sa densité est égale à 1,070 à 1,090; il est soluble dans
Talcoolet le sulfure de carbone; il doit ses propriétés à
un composé pbénolique, le safrol.
/(0O\
Le safrol ou sikmiol C II'^(2) O/^ qui existe
\(4) CH»KH=CH*
dans l'essence de camphre du Japon et dans le fruit
de Vlllicîum religiosum, est l'allyl-méthylène pyrocaté-
chine. Il constitue la presque totalité de l'essence de
sassafras, où il se trouve associé à une petite quantité
d'un hydrocarbure, le safrène (C***H*').
A l'état de pureté, il se présente sous l'aspect d'un
liquide incolore, fortement réfringent, sans action sur le
plan de polarisation de la lumière. Sa densité = 1,1141.
Il bout entre 231 — 235*. Le commerce fournit presque
toujours sous le nom d'essence de sassafras, du safrol
pur. Récemment, M. Moureu est parvenu à l'obtenir en
— 125 —
partant de Tacide homocaféique C«H*^2 0/
M CH=C— CO'H
I
CH»
préparé lui-même au moyen de pipéronal. Or, celui-ci à
son tour, en réagissant sur le perchlorure de phosphore,
donne naissance à un composé bichloré que TébuUiton
transforme en aldéhyde protocatéchique (Fittig et Remsen);
le safrol renferme donc les éléments de la pyrocatéchine.
De même que Teugénol, le safrol est facilement trans-
formé en l'isomère iso^ lorsqu'on le fait bouillir avec une
solution alcaline alcoolique. Le safrol n'est pas attaqué
par une solution aqueuse concentrée de soude caustique,
même à Fébullition. La solution caustique se colore
néanmoins fortement en brun.
Pipéronal. — C'est l'aldéhyde méthylène protocaté-
chique ou aldéhyde pipéronylique.
On le rencontre à l'état naturel dans les fleurs de l'hé-
liotrope, de là le nom d'héliotropine, sous lequel il est
connu dans le commerce. Il paraîtrait que Ton peut
retirer d'une quantité de fleurs croissant sur un hectare
de terrain, 6*»' d'héliotropine, revenant à 500 francs le
kilogramme. Depuis que Ton fabrique artificiellement ce
parfum, son prix a diminué de beaucoup. Dans le prin-
cipe, on l'obtenait en oxydant Vacide pipérique par une
solution alcaline de permanganate, à froid.
L'acide pipérique provient du dédoublement de la pipé-
rine, alcaloïde que l'on rencontre dans le poivre, sous
l'influence de la potasse à Tébullition; il se fait de la
pipéridine et de l'acide pipérique.
Actuellement, on attaque le safrol par le mélange chro-
mique à froid, le chaînon allylique est oxydé et il se
forme un mélange d'aldéhyde pipéronylique et d'aldé-
hyde ordinaire.
~ 126 —
On épuise au moyen de Téther, on évapore et on agite
le résidu avec du bisulfite de soude qui s'empare de Tal-
déhyde pipéronylique. On isole le pipéronal en traitant
sa combinaison bisulfitique par un acide dilué.
Le pipéronal est constitué par des cristaux en paillettes,
blancs, d'odeur très agréable. Il fond à 37° et bout à 263*.
Il est très soluble dans l'alcool et Téther.
On a signalé l'addition frauduleuse de Tantifébrine aux
parfums tels que la vanilline, Théliotropine, la couma-
rine. Pour rechercher ce corps, on utilisera d'abord la
propriété qu'il a de dégager une odeur infecte caracté-
ristique (phényl-isocyanide) lorsqu'on le chauffe avec du
chloroforme et de la potasse. On peut prendre ensuite le
point de fusion du produit suspect. (L'antifébrine fond
à 1120.)
Essence de persil. — Lorsque l'on traite les fruits du
persil, i4piu7TipefroseZinium, moulus et pulvérisés, pajua
courant de vapeur d'eau, on obtient de 5 à 6 p. 100 d'une
essence incolore, fortement réfringente, dont la densité
= 1,0515 à 12°. Elle est soluble dans tous les dissolvants
ordinaires des essences. L'eau en dissout à 15°, 2«'",30 par
litre. Les solutions alcalines ne l'attaquent pas; l'acide
sulfurique la colore en rouge sang.
Elle est composée d'un terpène (G*® H**) bouillant à 160-
Ifôo dont la densité à 12*= 0,865, le pouvoir rotatoire
(a) d = — 300,6 et d'un composé phénolique (stéaroptèue)
que l'on peut en séparer en soumettant l'essence à une
réfrigération suffisante. MM. Ciamician et Silber lui ont
attribué la formule
^ ^^ ^")0-CH»
(o — CH»
Ce qui en fait un dérivé méthylène diméthylé de Tallyl-
apionol, l'apionol étant un phénol tétratomique hypothé-
tique.
Ce composé, auquel on a donné le nom d'apioZ, cristal-
— 127 —
lise sous forme d'aiguilles blanches, fusibles vers 33* C,
inodores (contrairement à Popinion de Fluckiger qui lui
attribuait une forte odeur de persil) et insipides. C'est à
lui que l'essence doit de se colorer en rouge au contact de
Tacide sulfurique. On rencontre ce corps dans le com-
merce de la droguerie, où on le connaît sous le nom
d^apiol cristallisé.
Il faut se garder de le confondre avec Vapiol dit offi-
cinal qui est une préparation complexe, de composition
fort inconstante et constituée par un mélange d'essence
de persil, de matières grasses et de chlorophyle (1).
Microchimie de l'antifébrine de Texalgine, de la phéna-
cétine et de la méthacétine (2). — Antifébrine, — La
substance à examiner est d'abord dissoute dans la plus
petite quantité possible d'acide chlorhydrique. Une goutte
de cette solution est déposée sur la plaque de verre. Si on
ajoute à cette goutte une minime portion de bromure de
sodium en solution ainsi qu'un tout petit cristal de chlo-
rate de potasse, on voit se produire un précipité amorphe.
Par l'addition à ce précipité d'une goutte d'alcool à
20 p. 100, des gerbes de cristaux aiguillés apparaissent :
c'est lantifebrine.
Exalgine. — L'exalgine se reconnaît de la mjmière
suivante :
Lîi goutte de solution chlorhydrique est mise sur la
plaque en contact avec une solution saturée d'iodure de
potassium Un précipité amorphe se forme; on ajoute une
goutte d'eau qui dissout en partie ce précipité. Si la por-
tion insoluble prend une apparence cristalline avec lames
quadrangulaires, on peut être à peu près certain d'avoir
affaire à l'exalgine. Il est bonde confirmer cette certitude
par la contre-épreuve suivante :
En déposant une goutte d'acide chlorhydrique concen-
(1) Journ, de Pharm, et de Chim., («] V. .229, i897.
(2) A. Pannetier, Centre Médical, traduit du The National Druggist of
Saint'Louiê.
— 128 —
Irè sur la substance on voit, dans le cas de Texalgine, se
fornior sous l'objectif un groupement de paillettes cristal-
lines quadrangulaires ou rhomboïdales.
Phènacétine. — Si à la solution chlorhydrique on ajoute
mw goutte d'alcool à 20 p. 100, puis un petit cristal de
chlorate de potasse, au bout de quelques minutes un
nuage brillant apparaît d'où se dégagent des rosettes et
des Ot< aies cristallines formées par le phènacétine.
Cùnire-épreuve. — Si à une autre goutte de solution
chlorhydrique on ajoute une faible portion d'iodure de
potassium en solution concentrée, on voit bientôt se déve-
lo]ïpiM' de belles et brillantes aiguilles cristallines de
phènacétine.
Mèthacétine. — On dépose sur la goutte de solution
chlorhydrique une autre goutte de solution aqueuse
siUur<;e de bichromate de potasse ou d'acide chromique.
Bionlôt, une abondance de cristaux en forme de croix
s'clide sous le champ du microscope, c'est la mèthacétine.
(yu*^lijuefois, pour faire apparaître ces cristaux, il faut
Icgèninient chautFer, surtout si on opère dans une pièce
frui(h\'
Couire-épreuve. — Une goutte de la solution chlorhy-
drique, en présence d'une autre goutte de solution de
ferriiyanure de potassium concentrée, donne naissance
à des cristaux cubiques de couleur jaune d'or, si la subs-
laiicL' examinée est bien de la mèthacétine.
Fermentation alcoolique sans cellules de levure; par
MM. Edouard Buchner et Rudolf Rapp (1) (3® note, suite.
Voir Journal de Pharmacie et de Chimie, t. VII, pages
26, M et 8G).
Autres recherches sur la nature de la zymase. — De
nouveaux faits sont venus corroborer la première hypo-
lhés^^ que la puissance fermentative est due à une
oïiïyme du suc de levure (2). Nous n'avons pas à parler
(1) Brrichte der deutschen ckemischen Gesellschafty t. XXX, p. 2671.
{•â) M. E. Duclaux {Ann. Pasteur, XI, 1897, 348), pense que l'on doit
çneore admettre rexistcncc dans la levura d'enzymes spéciaux fournissant
■^f. ■•^■^T--r
— 129 —
(l'un véritable isolement de la zymase, car le suc exprimé
contient encore d'autres enzymes, en particulier l'inver-
tine et des enzymes peptiques. Cependant, on peut assu-
rer de nouveau que le précipité obtenu par introduction
du suc de levure dans 12 volumes d'alcool absolu et
débarrassé le plus rapidement possible dans le vide de
l'alcool, possède encore le pouvoir de faire fermenter. Si
la puissance fermentative ne diminuait pas beaucoup par
cette opération, comme cela semble malheureusement
être le cas, ce serait le premier pas vers un isolement
complet du corps actif. Le suc exprimé, desséché dans le
vide à 35* et enfermé dans un tube scellé à la lampe, où
on a fait le vide, conserve pendant cinq mois le pouvoii*
de faire fermenter. Comme on sait, la levure chauffée
pendant six heures à 30®, et qui, après ce traitement, n'est
plus capable dé se développer, conserve encore le pou-
voir de faire fermenter (1), ce qui est dû évidemment à la
zymase contenue dans la levure. M. W. Beijerinck (2)
conteste que cette levure soit morte. L'organisme total
est mort cependant, en tant qu'organisme, car il n'assi-
mile plus et ne se développe plus. Si nous le dissocions
en ses constituants, ceux qui sont le siège des fonctions
vitales, qui assimilent et se multiplient, sont tués.
11 semble que les autres constituants de la cellule, qui
ne participent pas directement à l'assimilation et à la
croissance, ne doivent pas être considérés comme vivants.
Pour ce qui est de l'action sur le suc exprimé, des réac-
la glycérine et Tacide succinique qai forment 4 p. 100 des produits de la fer-
mentation. En effet, suivant lui, la zymase décomposerait Traisemblablement
le sucre en alcool et acide carbonique, aussi nettement que les enzymes
bydrolysants effectuent leurs décompositions. Cependant, comme la décompo-
sition du sucre en alcool et acide carbonique est un processus beaucoup plus
compliqué que l'inversion du sucre de canne, par exemple, il me semble que
la présence régulière de produits accessoires n'est pas bien extraordinaire, car
cette présence est constante dans tous les processus chimiques compliqués.
(1) BericfUe, XXX, 1H3.
(2) Centralblatt f.^ Bactériologie, II, abth. 3, 1897, 454.
Journ. d€ Pharm. et de Chim., 6» séHiB, t. VII. (!•' février 1898 ) 9
-- 130 —
tifs qui empêchent la feimentation de la levure vivante,
les recherches déjà mentionnées de mon frère Ilans
Bûchner (1), ont montré que l'addition de sucre de canne
ou de glucose à du moût de brasserie, jusqu'à forma-
tion d'une solution à 44 p. 100, ce qui empêche l'action
à la température ordinaire de la levure vivante, n'en-
trave nullement la fermentation par le suc exprimé, même
si on porte la solution à 50 p. 100. 11 en est de môme avec
la glycérine : son addition au moût jusqu'à formation
d'une solution à 50 p. 100 empêche l'action de la levure
vivante, mais non celle du suc exprimé.
L'acide cyanhydrique agit sur la zymase comme sur
les autres enzymes, d'une façon très remarquable (i).
4*^* de suc actif furent mélangés avec 6** d'une solution
aqueuse à 2 p. 100 d'acide cyanhydrique. L'une des
moitiés a fut mélangée directement avec 3«' de sucre de
canne; la seconde moitié b ne subit le même traitement
qu'après avoir été traversée pendant une heure par un
courant d'air. Ensuite, les deux liquides furent placés
dans un petit tube en U fermé à un bout; a ne donna
pas de dégagement gazeux, même après vingt-quatre
heures; b, au contj'aire, commença à montrer un faible
dégagement au bout de cinq heures et, après vingt-quatre
heures, le côté fermé du tube en U était rempli de gaz.
Le suc exprimé, mélangé à l'acide cyanhydrique, se
comporte de môme vis-à-vis de l'eau oxygénée. Comme
les autres enzymes (3), ceux qui se trouvent dans le
suc exprimé provoquent un violent dégagement d'oxy-
gène, quand on y ajoute une solution commerciale d'eau
oxygénée. Mais si on ajoute au suc exprimé une solu-
tion d'acide cyanhydrique, il perd toute action sur l'eau
oxygénée et ne recouvre son activité que par passage
(1) Mûnch. medic. Wochenachr., 1897. 44.
(8) La première communication sur ce sujet est de C.-F. SchOnbein. Voycx
sur ce point la compilation de E. Schâr, ZeiUchr, Biologie, 1870, 467.
(3) Découvert .également par Schônbein.
— 131 —
prolongé d'un courant d'air. Il semble ainsi exister une
combinaison additive instable de l'acide cyanhydiique
et des enzymes du suc de levure, qui empêche Taction
de ce dernier, mais ([ui est détruite par passage de Tair
avec régénération de Tactivité. C'est peut-être sur ce point
que doivent porter les recherches sur l'individualité chi-
mique de la zymase.
Sur la puissance fermentative du suc de levure. — Dans
ce qui suit, on trouvera réunis les résultats des dosages
d'acide carbonique. Tous les essais (sauf quelques-uns du
tableau V), ont été effectués avec les produits d'une fabri-
que de levure pressée, de Munich. Ils ont également tous
été faits (sauf ceux du tableau I), dans de petits ballons
d'Erlemmeyer, de 120'* de capacité, avec 40" de suc. On y
ajoutait les quantités correspondantes de sucre de canne
finement pulvérisé et, s'il y avait lieu, une. solution arse-
nicale, puis on agitait environ pendant une minute, on
fermait et on pesait. La fermeture consistait en un bou-
chon de caoutchouc percé de deux trous. Dans l'un des
trous, il y avait un tube de verre descendant jusqu'à la
surface du liquide (ce tube servait à faire passer un cou-
rant d'air pour chasser l'acide carbonique du ballon
quand l'opération était terminée); dans le second trou,
était fixé un petit laveur contenant 2'"'' de SO*H* concentré,
muni à l'autre extrémité d'une petite soupape en caout-
chouc de Bunsen.
Déterminations comparatives de la puissance fermentative
d'un même suc exprimé, — Trois grands ballons d'Ei»-
lenraeyer, d'une contenance de 380**, furent préparés à
trois jours de distance, avec 150** de suc frais, 60»' de
sucre de canne (28 p. 100), et de l'arsenite. Dans les essais
1, 2, 3, on a employé 1 p. 100 d'arsenite de soude pulvé-
risé. Dans le§ essais 4, 5, 6, on a pris 1 p. 1(00 de As*0'
dissous dans le carbonate de potasse (soit 6,3** d'une solu-
tion de 50«' As*0' et 50«' K*CO' dans 150**). Dans les
essais 7, 8, 9, on a mis 2 p. 100 de As*0* dissous de la
même façon dans du carbonate de potasse. L'acide carbd-
k
'r^r^muFT^'
— 132 —
nique contenu dans l'espace vide du ballon fut chassé
]>ar un courant d'air, dans Tessai 1 , au bout de vingt-quatre
lieuresfon a trouvé 0«', 17 d'acide carbonique) ; dans l'essai 3,
au bout de soixante-quatre heures (0«%20 de CO*); dans
Fessai 4, après quarante-cinq heures (0«%135 de CO'),
dans l'essai 8, après quarante heures (0«%17 de CO').Ces
nombres se rapprochent beaucoup de. la moyenne 0,17.
On a tenu compte de ce nombre dans les autres re-
cherches où Ton n'a pas déterminé directement l'acide
carbonique contenu dans le ballon.
Le tableau suivant indique pour le même suc exprimé
des nombres très voisins pour le pouvoir fermentateur.
U montre que la méthode est applicable. On peut, au
moyen des nombres obtenus, calculer le pouvoir fermen-
tateur pour 10*^* de suc de levure et par heure.
Exprimé en grammes d'acide carbonique, il est en
moyenne de :
Basais,
1 à 16 heures,
16 à 24 heures,
24 à 40 heures.
40 à 64 heures,
1 à3
0,17
0,060
0,020
0,002
4k6
0,11
0.010
0,002
—
7 à9
0,08
0,016
0,004
—
11 faut remarquer la rapide diminution de l'action fer-
mentative, et cependant les nombres trouvés pour les
seize premières heures sont encore trop faibles, car, au
commencement, ce n'est pas de l'acide carbonique, mais
de l'air qui s'échappe du ballon. Si on compare, dans la
mesure du possible, la puissance fermentative du suc
-avec celle de la levure vivante, on remarque une très
grande différence. . !«' de bonne levure pressée fournit,
dans l'espace de six heures (à 30* et avec une solution à
8 p. 100 de sucre), environ 1«%4 d'acide carbonique. Comme
-100** de suc correspondent environ à 200«' de levure pres-
sée, on voit que la puissance fermentative du suc est
beaucoup plus faible! Il est très vraisemblable qu'il n'y a
pas, dans la levure, de ê;randes provisions de zymase ; dans
le suc exprimé, il ne se forme naturellement pas de
-nouvelle zymase, et celle qui^ existe se détruit rapidement.
k
— 133 —
Tableau 1/
NUM&RO
de
l'essai.
TEMPÉRA-
TURE.
ADDITION
d'arsenic.
ACIDE CARDONIUUE,
EN OKAMIISS, Âtnti
iSheures.
Slheures.
Wheures.
&iheures.
1
2
3
Chambre.
1 p. 100
d'arsénite
de soude.
4,13
3,90
4,08
4,75
4,75
4,84
>
5,27
5,28
»
5,34
5,35
4
5
6
Chambre.
1 p. 100 As» 0»
dissous
dansK*C03.
2,61
2,69
2,88
2,74
2,82
3,04
2,78
2,87
3,12
7
8
9
Cave
(12« à 14*).
2p.l00A8«O»
dissous
dansK^CO».
1,96
1,90
1,90
2,14
2,09
2,10
2,25
2,19
2,23
9
L'influence de la température sur la puissance fermen-
tative fut déterminée au moyen d'essais comparatifs à
12*»- 14® (température de la cave) et à 22° (température de
Tétuve).
Il est difficile d'essayer de plus hautes températures, à
cause de la mousse abondante développée par le rapide
dégagement gazeux. On employa une solution de 27 p. 100
de sucre de canne, avec 2 p. 100 As*0' dissous dans le
carbonate de potasse. L'acide carbonique contenu dans le
ballon ne fut pas expulsé.
Tableau II. — Influence de la température.
NUMÉRO
de l'essai.
TEMPÉRATURE
ACIDE CARBONIQUE, EN GRAMMES, APRÈS ||
6 heures.
21 heures.
21 heures.
48 heures.
10
11
12» h 14*
22»
0,43
0,76
1,11
1,01
1,14
1,02
1,20
1,07
Ce tableau montre qu'une température un peu élevée
accélère l'action de la zymase, mais favorise évidemment
la rapide décomposition de celle-ci.
• »'^^^^ynr^
— 134 —
An sujet de rififliience de Faddition d'arsénite de soude,
outro les résultats qui seront donnés plus tard dans le
lahlt^au VII, on peut donner ici un essai spécial. Celui-ci
roonlre que l'addition de 1 à 2 p. 100 d'acide arsénieux
ditisous dans un excès de carbonate de potasse, au moins
dans les premiers moments, reste sans influence nuisible.
On a opéré avec 26 p. 100 de saccharose, à la tempéra-
tare de la chambre.
Tableau III. — Influence de l'addition d'arsenic.
NIMÉRO
de Tcssai.
A8«0» p. 100
ACIDE CARBONIQUE, EN GRAMMES, APRÈS |
16 heures.
24 heures.
40 heures.
12
13
1
2
0,84
0,70
0,82
1,23
0,80
0,86
1,81
0,82
0,87
La concentration du" sucre a une grande influence sur
la puissance fermentative. Des trois concentrations,
16 p. 100, 24p. 100, 40p. 100, la première est la plus favo-
j'able, la dernière est déjà nuisible d'une façon évidente.
Cf.' fait important est compréhensible quand on re-
man[ue que les sels neutres eux aussi, par exemple
(AïlP)*SO*, CaCl*. agissent défavorablement sur la
Kyniase. L'acide carbonique ne fut pas expulsé du ballon.
L'acide arsénieux fut dissous dans le carbonate de potasse.
Tableau IV. — Influence de la concentration du sucre.
-1
15
îà
16
TEMPÉRA-
TURE
Aâ20»
piOO
SACCHAROSE
p. 100
ACIDE CARBONIQUE, EN GRA
MMES, APRÈS
40 heures.
16 heures.
24 heures.
Chambre.
1
16
27
37
1,33
0,70
0,60
1,46
0,80
0,72
1,48
0,82
0,74
17
18
10
Cave
(12* à 14»).
2
16
27
37
1,78
0,90
0,37
1,84
i,02
0,55
1,86
1,07
0.66
— 135 —
Pour la comparaison de la puissance fermentative des
sucs de levures pressées de diverses provenances, on a
réuni quelques essais( provenant aussi en partie d*autres
séries de recherches). Les six premiers, effectués avec une
levure provenant de la même fabrique de Munich, mais
à des jours différents, ont fourni des résultats très sem-
blables. Dans deux essais suivants (24 et 25), une partie
de la levure resta 3 jours dans une glacière (à 7**,2 ou
8°,6), comme cela eut lieu pour l'essai 23. Le suc pressé
ne contenait plus alors de zymase. Les essais 26 et 27 ont
été faits avec le produit d'une autre fabrique de levure
pressée de Munich; les essais 28 à 30 avec le .suc d'une
levure pressée de céréales de Basse-Bavière. Tous les
essais contenaient 27 p. 100 de saccharose, 2 p. 100 d'acide
arsénieux dissous dans un excès de carbonate de potasse
(qui ne fut supprimé que dans l'essai 30); ils furent effec-
tués à la température de la cave, 12^ à 14°. Il est à noter
que la levure de bière pressée employée dans les essais 22
et 23 fut lavée 15 heures avec de l'eau à la fabrique. Dans
l'essai 21, elle le fut pendant 39 heures. Cependant, ces
trois essais donnèrent du suc de même puissance fermen-
tative. Il en résulte que la zymase ne peut être retirée
par l'eau de la levure vivante. (A suivre).
(Traduction Marcel Delage.)
Sur Taldéhydate d'ammoniaque; par M. Marcel Delé-
FINE (1). — L'aldéhydate a pour formule (C*H'Az, H*0)' :
c'est l'hydrate de l'éthylidène-imine (C'ÏI'Az)', aupara-
vant inconnue. Ces polymères existent dans l'eau, l'alcool,
le chloroforme, le benzène; les états polymériques attestés
par la cryoscopie ont des valeurs un peu différentes que
l'étude du picrate ramène toutes deux aux formules
trimères; ces polymérisations sont graduellement dé-
truites dans les corps vaporisés, à mesure que la tempé-
rature s'élève.
Un réactif coloré de Taldhéhyde ordinaire; par M. Louis
(1) Ac. d. «c, CXXV, 951, 6 déc. 1897.
— 136 —
Simon (1). — L^aldéhyde éthylique ordinaire partage,
avec un grand nombre de corps aldéhydiques ou cétoni-
(juea, le propriété de fournir une belle coloration rouge,
avec le oitroprussiale de sodium et la potasse, avec ou
sans addition ultérieure d'acide acétique. (Réaction de
LegaL)
Au contraire, la réaction suivante parait être tout à
fait caractéristique :
Si, à une solution aqucuie élonduÊ d'aldéhyde, on ajoate quelques gouttes
àù tHméthylntnine aqueuse pui» quelques gouttes d*UDe solution étendue à
peine colorée t\ç ai trop ni asiate, il ac développe graduellement une belle
coloration bleue. Celle coloration biDue est très intense si la solution aldéhy-
diquf^ eât quelque peu coaceiilréD (1/1000). Elle est encore très nettement
visible pour la dilution 1/100<K» et parait avoir pour limite la dilution i/25000.
La sensibilité iU ctitte réacliun c^st beaucoup plus grande que celle de la
réaction de L^gat appliquée à TaM^liyde, et que celle de la coloration rouge
obtenue aveu une fucïisiue décolorée sans précautions spéciales.
Elle e!»t plus fuguue quo la coloralion de Schiff, c'est-à-dire qu'elle dispa-
raît ^n \ïû quart d' lie tire environ pour les dilutions dont il vient d'être ques-
tion.
Celle vtmcikm paruLtt Hre caractéristique de V aldéhyde
éiliyUque. E\hi n'est fournie par aucun des corps aldéhy-
dii^ues ou rrt(nii(jues î^uivnnts :
Paraldèbyde, cliloral; aldéhydes formique, propylique,
isobuLylique, ben^ynque : acétone, mélhyléthylcétone,
acéluphénout', a<*elo]^ljéii()ne bromée, benzophénone ;
acide phénylglyoxylique; glucose et camphe.
1* L'élber pur ne don no pas la coloration bleue ; mais
celle-ci se produit imnn^MÎiatement dès que Téther ren-
ferme ^^ d'aldéhyde et, par conséquent, avec l'éther
ordinaire du commerce.
5" L'ali'ool pur ne donne aucune coloration, mais de
ralcool addiliunnée d'aUbJhyde (1" pour 100^ d'alcool)
fournit une superbe coloration bleue avec le nitroprus-
siate et la tritnrthylamine. Cette coloration parait même
être un peu tîtable en présence de Talcool.
3* L'acétone pure donne, avec le réactif, une colora-
tion rouge; cette coloration est complètement masquée
{i} Ac. d, Rc, cxw. ao ûùc, U91,
A llIBl.Hl '."i^l.,<
— 137 —
par la coloration bleue due à Taldéhyde dès que celle-ci
se trouve dans la proportion de 1*^* par litre d'acétone.
La potasse déplace l'aminé et la couleur bleue fait
place à la couleur rouge, due à la réaction de Légal.
L'acide acétique fait disparaître la coloration après
avoir produit dans les solutions concentrées un virage
vers le violet.
Production d'acides gras volatils, au moyen des eaux de
désuintage des laines; par MM. A. et P. Buisine (1). —
Jusqu'à présent, dans les lavages de laines, on continue
à utiliser les eaux de désuintage uniquement comme
source du carbonate de potasse, qu'on obtient par évapo-
ration à sec de ces eaux et calcination du résidu qu'elles
fournissent.
Aujourd'hui, on entrevoit, pour ces acides volatils, des
applications industrielles qui peuvent devenir très impor-
tantes.
Le procédé d'extraction est simple. Il suffit de distiller,
dans un courant de vapeur d'eau, l'eau de désuintage fer-
mentée, acidulée par une proportion convenable d'acide
sulfurique. Les acides volatils sont entraînés par la va-
peur d'eau et condensés avec elle.
L'eau de désuintage, telle qu'elle arrive de l'atelier de lavage, marquant
généralement 10*-11<' Baume, est abandonnée à elle-même pendant quelques
jours dans des citernes spéciales. Une fermentation se déclare durant laquelle
prennent naissance, entre autres choses, des acides gras volatils, du carbonate
d'ammoniaque, etc. Ces eaux fournissent le meilleur rendement en acides
volatils après huit jours de fermentation.
Voici d'ailleurs la composition d'une eau de désuintage fermentée :
Par litre.
Densité 1079
Résidu sec 155,4
Ammoniaque (à Tétat de carbonate). • • 1,5
Azotetotal 4,5
Carbonate de potasse tout formé 7,6
Acides volatils (évalués en 80^ H*]. . . . 16,0
Matière, grasse 15,5
Salin brut (matière minérale) 77,4
Carbonate de potasse total 65,5
(1) Ac. d. «c, CXXV, 777, 15 nov. 1897.
^'^''T^^^aim^^M II I
1
— 138 —
Le liquide fermenté est porté à rébullition pour chasser TanimoDiaque,
^u.\& acidulé par une quantité couTenable d'acide sulfurique de façon à mettre
en liberté les volatils que l'on veut séparer. Il est ensuite chauffé dans un
«Durant de vapeur d'eau qui entraîne les acides Tolatils.
Vu ici la liste de ces acides et la proportion suivant laquelle ils entrent dans
le mélange, ainsi que le rendement rapporté au litre d'eau de désuintage et à
100 parties du résidu sec de ces eaux :
Par Pour
litre d'eau ' 100 parties
Pour de désuintage du résidu sec
100 parties à 153*' de l'eau
du mélange. du résidu sec. de désuintage.
Adde formique traces 9 »
— acétique 60 10,7 6,9
— propionique. ... 25 5,4 3,5
-* butyrique 5 1,3 0,8
— valérianique. . . . 4 1,2 0,7
— caproïque 3 1,0 0,6
— caprylique .... traces traces traces
— benzoïque 3 1,0 0,6
i^hénol traces traces traces
les eaux de désuintage provenant de diverses sortes de laines, prises dans
hb mômes conditions, varient très peu comme composition.
Entre autres applications, ce mélange brut d'acides gras volatils est parti-
eii|icrement convenable pour la production de l'acétone, de la méihylélhyl-
-trotojie et des acétones supéiicurs qui entrent dans le mélange qu'on désigne
sokis le nom à* huile cT acétone , qu'on préconise aujourd'hui pour la dénatura.
[ma. de l'alcool.
Oji peut isoler complètement ou en partie l'acide acétique du mélange.
Pour cela, il suffit d'ajouter au mélange des acides, en solution aqueuse,
ÂM carbonate de chaux en quantité convenable, de façon h saturer la propor-
Uon d'acide acétique qu'on désire séparer. La chaux se fixe, en effet, intégra-
lement sur l'acide acétique et, en traitant la solution par un courant de
vupt^ur d'eau, les acides volatils restés libres sont entraînés et Ton a comme
ri' si du de l'acétate de chaux pur.
On peut donc obtenir ainsi, au moyen des eaux de dé-
suintage des laineSf des mélanges d'acides gras volatils
directement utilisables pour certains usages particuliers,
on isoler de ce mélange, si Ton y trouve avantage, de Tacide
acétique pur, et cela en même temps que des quantités
notables d'ammoniaque et sans, perdre le carbonate de
potasse, qu'on peut retrouver intégralement.
La matière première est abondante. Dans les seuls
laviiges des laines de Roubaix et de Tourcoing, on pro-
— 139 —
duit journellement plus de 500*"'^ d'eau de désuintage. Le
traitement de ces eaux pourrait fournir environ 10^» d'a-
cide acétique pur, 5 à 6''« d'acide propionique, 20''* de sul-
fate d'ammoniaque par mètre cube, outre le salin de
potasse, seul produit qu'on retire aujourd'hui.
L*huile d'olives dans les conserves alimentaires ; par M. P.
Carles. — On caractérise les huiles étrangères dans
l'huile d'olives prmcipaZemeni : pour celle de sésame, les
réactions rouge de Baudouin et verte de Behrens ; pour le
coton, la réaction noire de Béchi ; pour l'arachide, les
réactions de Renard et de Blarez; pour l'œillette, la co-
loration changeante de Massie ; pour le colza, la colora-
tion rouge d'Hauchecorne.
L'huile d'olives se reconnaît à sa densité mise en relief
par Lefèvre, réchauffement avec l'acide sulfurique re-
commandé par Maumené, la coloration avec l'acide sul-
furique et, enfin, l'indice d'ode conseillé par Hubl...
Ce dernier caractère se présente avec une telle régu-
larité, que les chimistes l'invoquent de plus en plus, et
avec raison, pour établir la pureté et l'identité des
huiles.
Il est cependant des circonstances où l'huile d'olives
peut perdre ses caractères généraux et être réputée à tort
fraudée. Ce cas se présente, par exemple, lorque l'huile
d'olives est restée longtemps en contact avec le poisson,
ainsi que cela se passe dans les boîtes de conserves de
sardines en particulier. Dans ces conditions, en effet,
l'huile la plus pure acquiert les caractères d'un coupage
avec de l'huile de poisson. Pour s'en convaincre, il n'y a
qu'à prendre une huile d'olives type, répondant bien à
tous les caractères généraux décrits plus hauts, et à la
chauffer longtemps au bain-marie avec des sardines fraî-
ches convenablement bien salées. Si, dès que les pois-
sons sont cuits, on laisse refroidir, on filtre et on met la
nouvelle huile en parallèle avec le témoin, on cons-
tate qu'elle a perdu ses caractères primitifs et pris ceux
d'un coupage avec de l'huile de poisson. Ainsi, colora-
— 140 —
lion sulfurique, échaufifement au contact de cet acide,
densité, indice d'iode : tout a changé, tout s'est élevé.
C'est qu'en réalité l'anomalie n'est qu'apparente et que,
sous l'influence de la chaleur et du contact prolongé tous
les corps gras du poisson se sont dialyses, dans l'huile
d'olives et qu'on n'a plus affaire finalement qu'à un mé-
lange des deux.
La densité, de 9155, passe à 9165, et l'indice d'iode,
de 83, monte à 89, se rapprochant ainsi de 136, qui est
rindice appliqué par Merckling à l'huile de poisson.
Il est incontestable que, dans ces conditions, les réac-
tions spéciales à chacune des huiles végétales étrangères
ont seules une valeur réelle.
BIBLIOGRAPHIE
Traité de Microbiologie; par M. E. Duclaux (1). — Ce
livre est le tome l" d'un ouvrage qui comprendra trois
volumes. Il a pour titre : Microbiologie générale.
Le tome II comprendra l'étude des diastases, des
toxines et des virus, puis viendront, la fermentation
alcoolique et les autres fermentations.
Ce tome P' comprend quarante chapitres.
Après avoir fait l'historique des actions de fermenta-
lion et des différentes inlei:prélations données à ces phé-
nomènes depuis l'antiquité, l'auteur développe les travaux
et la théorie de Pasteur.
Ce livre constitue une étude philosophique de la
microbiologie qui, à peine née, possède déjà un nombre
immense de matériaux, disséminés dans un grand
nombre de publications et de revues, et dont les conclu-
sions sont souvent différentes.
M. Duclaux, avec la compétence qu'on lui connaît,
avec l'habileté d'analyste qu'il possède, les a réunis,
étudiés; il a fait un choix judicieux des expériences et
(1) Masson et G% éditeurs, 1898; 1 vol. in-8<', 632 pages.
— 141 —
des faits observés, et il les relie par des conceptions
théoriques.
La morphologie et Tétude des microbes y forment un
important chapitre.
Les méthodes de cultures et de coloration, Tétude et le
choix des milieux font l'objet de détails théoriques et
pratiques exposés avec la plus grande clarté.
La structure des microbes, leur nutrition, les variations
physiologiques, les changements sous Tinfluence des
milieux, la vie aérobie et anaréobie, font Tobjet de plu-
sieurs chapitres où sont exposées les théories de la nutri-
tion des microorganismes, et où Tauteur montre séparé-
ment et distinctement toutes ces influences, nous mettant
ainsi en garde contre les causes d'erreur toujours si
nombreuses en bactériologie, et les conclusions variables
qu'on en a tirées.
L'action des agents physiques, chaleur, lumière, élec-
tricité, tant au point de vue de leur activité vitale que
des modifications exercées sur les produits de leur
nutrition, est détaillée et discutée dans les chapitres XVI
à XXIV, qui sont très documentés. Puis, vient l'étude
microbienne du sol, suivie de la distribution des mi-
crobes dans le sol, l'air et les. eaux.
Les derniers chapitres, qui traitent de l'épuration des
eaux d'égout, de la purification des eaux potables, ren-
ferment des données scientifiques importantes pour
rhygiène.
L'auteur consacre le dernier chapitre à des conclusions
générales très abrégées qui portent sur les points sui-
vants : marche des idées dans le domaine de la fermen-
tation, de la pathologie, réaction contre l'idée de spéci-
ficité et de constance de l'action, microbienne, notion
d'espèce, acclimatation, accoutumance, hygiène micro-
bienne, hygiène individuelle, hygiène sociale.
Quand nous aurons dit qu'à la suite de chaque cha-
pitre on trouve une notice bibliographique de tous les
travaux se rapportant à ce sujet, il sera inutile d'ajouter
que ce livre se recommande aux savants par le nombre
— 142 —
considérable de renseignements qu*ils peuvent y puiser,
aux débutants par les détails pratiques des manipula-
. tions ; à tous par les théories énoncées, par Tenchaî-
nement des faits exposés, enchaînement qui rend ro
livre très intéressant.
Comptas rendus de rAGadémie des sdeACêS (ST décembre 1897).
— A. Haller et A. Guyot : Sur le vert phtftliqae, 1153. — G, Bauge : Car-
bonate double de soude et de protoxyde de chrome. — Wyrouboff' et A. Ver-
neuU : Poids atomiques du Cérium. — Cateneuve et Moreau : Diurélha-
nés aromatiques de la ptpérazine. — L, Baupeault : Sur l*acélylfurfuranc. —
G. André: Distillation d'un mélange de pyridine avec les acides propioniqac»
acétique et formique.
^3 janvier 1898. — A. Béhal : Sur une nouvelle cétone cyclique, la
métb^leyclohexénone.
— 17 janvier 1898. — Th, Schlœsing fiU : Déterminatiou de la densité
des gaz sur de très petits volumes. — A. Job : Sur de nouveaux composés
des métaux de la cérite. — De Forcrand ; Sur Taldéhydate d*ammoniaquc.
— Sur l'oxydation des ammoniaques composées par les ferments du sol.
VARIETES
Académie des sciences : Prii pour 1887. — Cette académie a décerné,
dans la séance du 10 janv^r 1898, les prix suivants :
Prix La Caze, -<- M. ^batier : Ses travaux et notamment son travaiU
en commun avec M. Sonderons, les métaux nîtrés.
Prix Jecker : M. Haller.
Prix Montagne {rapport de M, Guignard). — M. Bourquelot : Longue
et importante série de travaux sur la physiologie des Champignons. Par la
nature de ses travaux tntérfeurs, par ses connaissances en chimie et en
mycologie, M. Bourquelot, dit le rapporteur, était bien préparé pour aborder
ces questions délicates; on peut dire qu'il les a traitées avec une remarquable
habileté.
Prix Godard : MM. Beauregard et Boulard pour leurs recherches sur les
organes génilo-urinaires des Cétacés.
Prix Cahourê : MM. Lebeau, Hébert^ Tassilly Thomas.
Prix Saintour : M. G. Âr.dré.
Distinctions honorifiques. — Légion d'honneur. — A l'oceasion du
1" janvier, a été nommé Chevalier dans r4>rdre de Légion d'honneur :
M. Congoulat, pharmacien colonial.
Officier du mérite agricole, — M. Croutelle, pharmacien à Mantes.
— 143 —
SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE PARIS
Séance annuelle du 5 janYÎer 1898.
Allocution de M. Bourquelot, président.
Messieurs et chers collègues,
Dans ces temps derniers, on a dit beaucoup de mal
du stage pharmaceutique.
Pour ma part, aujourd'hui surtout, je ne puis en dire
que du bien. C'est pendant mon stage, en effet, à la
pharmacie de « La Truie qui file », à Sedan, il y a de cela
vingt-six ans, que j'ai entendu parler pour la première fois
de la Société de Pharmacie de Paris. Loret, mon pre-
mier maître, était un de vos correspondants nationaux.
Fier de son titre, il rappelait volontiers les travauXT qui
lui avaient valu vos suffrages. S'intéressant à vos dis-
cussions, il en faisait souvent le sujet de nos entretiens
et, le soir, quand la clientèle nous laissait quelque loi-
sir, c'était pour lui un plaisir de me dépeindre, en de
courtes biographies, les maîtres qu'il avait connus à
Paris.
Les débuts du stagiaire sont pénibles ; les premières
taches qu'on lui confie lui paraissent bien étrangères à
la science, et, parfois, comparant en lui-même sa situa-
tion à celle des camarades qu'il vient de quitter, qui
sont devenus d'élégants élèves de nos grandes écoles ou
de gais étudiants, il se prend à regretter qu'on lui ait
fait embrasser une profession en apparence si dépourvue
de prestige.
Aussi, étais-je heureux d'apprendre, dans ces conver-
sations répétées, les noms des maîtres qui, par leurs
recherches et leurs découvertes, en rehaussaient l'éclat.
C'est ainsi que Loret, insensiblement, faisait pénétrer
dans l'âme de ses élèves des sentiments élevés de soli-
darité professionnelle.
Quand le stage n'aurait d'autre résultat que d'entre-
— 144 —
tenir cette solidarité, — et il n'y a pas de solidarité sans
dignité^ sans honnêteté professionnelle, — cela seul
devrtiit empêcher d'y toucher. Ce sont là des qualités qui
ne s'acijuièrent pas, qui ne peuvent s'acquérir sur les
bancs de T Ecole où les relations ne sont ni assez fré-
quentes, ni assez étroites entre les maîtres et les élèves.
Mes chers collègues, à l'époque où un modeste prati-
cien m'initiait aux minutieuses opérations de la phar-
macie, j'ai fait, comme tous les jeunes gens, des rêves
de fortune. Je crois bien que je ne pensais qu'à devenir
na bon phannacien comme mon maître; à cela se bor-
nait inun ambition. Peut-être cependant ai-je rêvé que
cumitie lui aussi, je pourrais, un jour, être un de vos cor-
respondants nationaux. La réalité a dépassé tous mes
rêves. Dix ans après, vous m'acceptiez dans votre com-
patjfnie; un peu plus tard je devenais secrétaire annuel,
puis secrétaire général adjoint, et voici que vous m'avez
Jugé digne de diriger vos travaux.
C'est un ^rand honneur que vous m'avez fait ; il n'en
.est pas qui m'ait touché davantage et je vous remercie
du fond du cœur.
Mais je ne dois pas oublier que la tâche de votre pré-
sident est délicate à remplir; elle le sera particulière-
ment cette année, puisque nous aurons à nous occuper
de la revisifïQ de la Pharmacopée.
Rompant avec des errements anciens, la Commission
du Codex a. comme vous le savez, réclamé le concours
de toutes tes Sociétés de Pharmacie de France. C'est là,
à mon avis, une résolution excellente. Pour qui se rend
compte de la somme de travail que demande la revision
fVune Pharmacopée, il est clair que la Commission, à
elle seule, ne peut tout faire.
11 est question d'ajouter à la description de chaque
médicament un mode d'essai qui permette au pharmacien
de se rendre compte en quelques instants de la valeur de
ce médicament quand il l'achète. Il faudra, le plus sou-
vent, créer ce mode d'essai; il faudra, en tous cas, con-
irâler ceux qu'on a proposés jusqu'ici. C'est dans cet
— 145 —
ordre d'idées que les praticiens pourront être utiles à la
Commission du Codex et, par cela même, à leur profes-
sion.
Mes chers collègues, j'ai conservé mes impressions de
stagiaire. Je persiste à penser que tout pharmacien, par
ses observations de chaque jour, peut contribuer au pro-
grès des sciences pharmaceutiques, et je suis convaincu
que la contribution que vous apporterez à la revision de
notre Pharmacopée sera digne de la Société de Phar-
macie de Paris.
Rapport sur les thèses présentées à la Société de p/iar-
macie, section des sciences naturelles^ par une com-
mission composée de MM. Collin, Viron et Ferd.
ViGiER, rapporteur.
Dans la dernière séance de la Société de pharmacie,
notre collègue, M. Moureu, constatait avec inquiétude le
nombre toujours décroissant des thèses de chimie sou-
mises à notre appréciation. La commission chargée
d'examiner les thèses présentées dans la section des
sciences naturelles n'a pas été plus favorisée, aussi
partage-t-elle les mêmes appréhensions et entrevoit-
elle la disparition de ces travaux inauguraux dont quel-
ques-uns soutenus dans cette École ont été des œuvres
remarquables et beaucoup d'autres des monographies
intéressantes qu'on consulte toujours avec profit.
Une seule thèse nous a été présentée qui a pour titre :
Les Acayithacées médicinales et pour auteur M. Georges
Dethan.
Les Acanthacées sont des plantes peut-être plus con-
nues des architectes et des jardiniers que des phar-
macblogistes. Les contours festonnés et gracieux de
quelques espèces se retrouvent sur le couronnement des
colonnes si élégantes de l'ordre Corinthien. — Dans les
jardins botaniques, elles figurent presque toujom's parmi
les plantes ornementales. — Quant aux espèces médici-
nales, elles sont relativement peu nombreuses; elles
Journ. de Pharm. et Je Ckim.. 6- SÉRIE, t. VII. (!•' février 1898.) 10
— 14G —
0*^611 ont pas de propriétés qui leur soient communes et
i^elles qui sont particulières à quelques espèces sont peu
remarquables. L'importance scientifique de cette famille
ne s'est révélée que depuis qu'on a complété l'étude
morphologique des plantes par l'examen de leurs carac-
Ifires anatomiques. C'est alors que nous avons vu appa-
i; litre les observations intéressantes publiées sur cette
famille par MM. Radlkofer, Lindau, Vesque, lierait,
llobein, Chodat et Roulet.
Proposée en 1895 pour le concours du prix Ménier,
l'étude des Acanthacées médicinales fut traitée avec
ï*iiccès par M. Dethan, qui a complété son premier
mémoire par des observations nombreuses : aussi, son
Iravail nous montre-il toutes les ressources qu'un obser-
v;Ueur judicieux et méthodique peut tirer de l'étude
d'une famille qui occupe un des rangs les plus obscurs
dt^ la matière médicale.
Ce travail est divisé en deux parties.
Dans la première partie, l'auteur, après un court
aperçu sur la distribution géographique des Acantha-
cées, décrit les caractères morphologiques. Il reproduit
les observations si intéressantes publiées par M. Radl-
kufer et par M. Lindau sur le pollen des Acanthacées.
Aucune famille n'offre, en effet, aussi grande variété
dans la configuration des grains de pollen. Certaines
ftirmes sont même tellement caractéristiques que ces
deux auteurs ont basé leur système de classification sur
la structure du pollen. L'extrême variété et l'élégance
que ses grains présentent dans leur forme, la disposition
df! leurs plis et de leurs pores font de leur comparaison
un très curieux sujet d'observation microscopique.
Après avoir exposé les analogies qui rapprochent les
Acanthacées des Scrofularinées, des Bignoniacées et des
Sulanées, M. Dethan s'occupe de leur structure anato-
niiijue. Il examine successivement leurs caractères posi-
lifïj et négatifs et insiste particulièrement sur ceux, qui,
eu égard à leur constance, peuvent servir à établir la
raractéristique anatomique des plantes de cette famille.
\
— 147 —
Utilisant les données si précieuses et la méthode indi-
quée par M. Vesquc pour établir cette détermination, il
porte surtout ses recherches sur la sti-ucture des feuilles,
qui, de tous les organes des plantes, sont les plus riches
en caractères atanomiques de première importance.
Parmi les particularités les plus constantes que présen-
tent ces organes dans les Acanthacées, il relève une dis-
position toute spéciale et tout à fait caractéristique de
l'appareil stomatique, la présence de poils glanduleux,
sessiles et stipités, de poils lecteurs variés, jamais pluri-
sériés; Texistence d'un collenchyme de formes variées et
l'absence d'organes sécréteurs internes. Il insiste aussi
sur la présence dans les Acanthacées de deux particula-
rités anatomiques qui, quoique moins constantes que les
autres, paraissent appelées à jouer un rôle important
dans la classification des diverses espèces de cette
famille; je veux parler des Cystolithes si curieux dont
M. Hobein a fait une étude spéciale et des raphidines,
productions spéciales observées par MM. Vesque, Chodet
et Roulet et dont le mode de développement n'est pas
encore bien connu.
Après avoir exposé les anomalies de structure des
Acanthacées et les opinions émises sur leur origine par
MM. Vesque et lierait, M. Dethan reproduit les classifica-
tions les plus modernes et les plus généralement adop-
tées, puis il aborde, avec la deuxième partie de son
travail, qui en est la partie vraiment originale, Tétude
des Acanthacées médicinales.
Les espèces officinales de cette famille n'étant repré-
sentées en Europe que par VAcanthus mollis, la branche
ursine de nos ancêtres qui est un médicament populaire
sur le littoral méditerranéen, M. Dethan a dû emprunter
les éléments de son mémoire à la flore des régions tropi-
cales et surtout à celle de l'Inde où les Acanthacées sont
communément employées. A la description des espèces
qui figuraient dans les riches collections de l'École de
pharmacie, il a joint celle de plusieurs autres espèces
qu'il a pu se procurer dans les collections étrangères
— 146 —
Boil dans leur pays d'origine. A côté de quelques drogues
telles que ÏAndrographis paniculata^ YHygrophila spi-
nos^, VAdhaloda vasica qui ont été l'objet de recherches
chimiques publiées dans les journaux de pharmacie fran-
çais ou étrangers, il en décrit beaucoup d'autres qui sont
moins connues de nous, quoiqu'elles soient d'un usage
journalier dans les pays d'origine tropicaux, il s'est
rittaché autant que possible à recueillir et à examiner des
plantes appartenant à des genres différents. Chacune des
espèces décrites a été l'objet d'un examen microscopique
approfondi, qui, chaque fois que la chose a été possible,
;i i lé étendu à tous les organes de la plante ; les diverses
particularités observées ont été reproduites avec un cer-
lîtin art par l'auteur lui-même sur un grand nombre de
jjltiiiches dont nous avons pu constater la parfaite exacti-
tude.
Sans doute, l'importance de ce travail se serait notable-
ment accrue si son auteur avait pu, comme M. Pozzi l'a
fciit pour VAndrographis paniculata, établir la localisation
un principe actif dans les espèces le plus communément
employées. M. Dethan nous objectera probablement que
la <*i imposition chimique de ces drogues n'est pas mieux
dr'liuie que leurs propriétés physiologiques.
Quoiqu'il en soit, en réunissant et en classant métho-
diijuement tous les travaux publiés sur les Acanthacées
ausi^i bien en France qu'à l'étranger, en complétant ces
travaux par les longues recherches personnelles et une
bililiographie aussi complète que possible, M. Dethan a
produit une monographie intéressante de cette famille
qui est à peine mentionnée dans les traités de matière
médicale. Ce travail n'intéresse pas seulement le phar-
raaculogiste, il se recommande encore par le grand
nombre et l'exactitude des observations microscopiques
qui y sont consignées. Ces observations constituent
autant de matériaux nouveaux introduits dans le do-
maine de l'anatomie comparée des végétaux, cette
science qui eut pour principal initiateur un des anciens
directeurs de cette École, M. Chatin, et dont on apprécie
— 149 —
tous les jours de plus en plus Tutilité pour la classifica
lion des plantes. — C'est à ce double titre que nous vous
proposons de décerner une médaille d'or à M. Dethan,
espérant que vous voudrez bien ratifier nos conclusions
par votre vote.
La Société ayant adopté les conclusions du rapport de
la commission, une médaille d'or est décernée à M. Geor-
ges Dethan.
Compte rendu des travaux de la Société de Pharmacie
pendant Vannée 1897; par M. E. GmNOCHET.
Mes chers collègues,
Suivant un usage déjà bien ancien, votre secrétaire a
le devoir de retracer devant vous la vie de notre Société
pendant l'année qui vient de s'écouler, en vous rappelant
les travaux qui ont animé vos séances, ainsi que les
faits d'ordre scientifique ou professionnel qui ont attiré
votre attention.
M. Prunier nous a fait part de ces recherches sur deux
corps pourtant déjà longuement étudiés, l'éther acétique
et l'éther ordinaire, et il a su en tirer, ce qui ne saurait
nous étonner, étant connues la persévérance et l'habileté
de son expérimentation, ainsi que l'ingéniosité de ses
aperçus, des connaissances nouvelles non moins intéres-
santes au point de vue pratique pour le pharmacien
qu'au point de vue purement scientifique.
Il a examiné, devant nous, les conditions dans les-
quelles il convient de se placer pour la préparation et
l'essai de l'éther acétique. Après avoir rappelé le pro-
cédé du Codex et ceux qui servent au laboratoire et
dans l'industrie, il nous a fait voir que, dans ces divers
procédés, l'éther acétique prend naissance par suite de
la réaction de l'acide acétique sur l'acide sulfovinique et
sur l'éther neutre qui se forment simultanément au cou-
rant de l'opération. Il nous a annoncé de plus que cette
préparation peut se réaliser très facilement, et avec un
rendement théorique, en traitant à la température du
— i50 —
baîn-marie, le sulfovinate de soude sec par l'acide acé-
tique cristallisable.
Afin d'élucider d'une façon plus complète qu'on ne
l'avait fait jusqu'alors le mécanisme de la formation de
Téther ordinaire, M. Prunier a d'abord démontré que.
dans la préparation de ce corps, outre la présence de
l'acide sulfurique, de l'acide sulfovinique et de l'éther
sulfurique neutre (sulfate diéthylique) dont on avait
tenu exclusivement compte jusqu'à présent, il fallait
faire entrer en ligne de compte la présence des acides
sulfoniques et des dérivés sulfonés. Il a établi expéri-
mentalement leur présence, soit en chauffant vers 140*
de l'acide sulfovinique avec de l'acide sulfurique dilué
de 3 à 4 molécules d'eau et un peu d'alcool, soit, et alors
on obtient ces produits en plus grande abondance, en
chauffant au-delà de 140* et surtout en opérant avec de
l'acide sulfurique non dilué, ce qui est le cas de la pré-
paration classique de l'éthylène; ou encore en les
retrouvant en proportion considérable dans le liquide
complexe connu sous le nom d'huile douce de vin, et
dans les huiles qui ont sei^vi à la rectification du produit
brut. Pour caractériser les acides sulfoniques et les
dérivés sulfonés en présence de l'acide sulfurique et des
éthers sulfuriques mono et diéthyliques, on commence
par éliminer au moyen du chlorure de baryum l'acide
sulfurique libre; puis, après ébuUition prolongée en
liqueur aqueuse et acide, pour décomposer l'acide sulfo-
vinique et l'éther sulfurique neutre, on sature par l'eau
de baryte. La liqueur filtrée retient les dérivés sulfonés.
On évapore presqu'à sec et on attaque le résidu par le
permanganate et l'acide nitrique qui oxydent les sul-
fonés et font passer le soufre à l'état d'acide sulfurique,
facile à reconnaître et à doser sous forme de sulfate de
baryte.
La présence, en quantités plus ou moins grandes, des
dérivés sulfonés dans les divers produits recueillis au
courant de la préparation de l'éther ordinaire étant
ainsi bien établie, il a semblé à M. Prunier qu'il fallait
en tenir compte dans la théorie delà formation de l'éther.
- i51 —
On connaît la célèbre théorie de Williamson qui
explique, par deux phases formant un cycle complet, la
formation de Téther; dans la première, t molécule
d'acide sulfurique en réagissant sur 1 molécule d'al-
cool, donne 1 molécule d'acide sulfovinique et 4 molé-
cules d'eau; dans la seconde, la molécule d'acide sul-
fovinique ainsi formée réagit sur 1 nouvelle molécule
d'alcool, pour donner naissance à 1 molécule d'éther or-
dinaire et pour régénérer 1 molécule d'acide sulfurique.
Cette théorie suppose d'abord qu'il ne se forme pas d'au-
tres corps, et ensuite que l'acide sulfurique est constam-
ment régénéré. Tout d'abord on sait, qu'en pratique,
l'opération, loin de se continuer indéfiniment comme
l'exigerait cette théorie, se limite d'elle-même. D'autre
part, on peut opérer réthériiication de l'alcool en l'ab-
sence d'acide sulfurique libre, par exemple en présence
d'un excès de sulfovinate de baryte. Quant à Teau qui
prend naissance, ou elle passe à la distillation avec
Téther formé sans être arrêtée par l'acide sulfurique,
ce qui est peu vraisemblable, ou alors celui-ci s'hydrate
de plus en plus et ne peut plus dès lors donner avec l'al-
cool d'acide sulfovinique. On peut résoudre cette dernière
difficulté en remplaçant la théorie de Williamson par la
suivante :
Cni»O.SO'OH-f C»H»0H = 1P0 4-ÇMI»0.S0'CMI»0
Acide' sulfoYinique. 1" molécule d'alcool. Éther sulfurique neutre.
puis CVH'O.SO'C'H'O + C'H'OH =
Éther sulfurique neutre. 2* molécule d'alcool.
CMPO.CMÏ» -f c»H»o.so»on
Éther ordinaire. Acide sulfovinique.
théorie dans laquelle l'acide sulfurique, n'apparaissant
plus en nature, ne se trouve pas en présence de l'eau et
par conséquent ne s'hydrate pas forcément, sauf la pro-
portion qui résulte de Faction de l'eau sur l'acide sulfo-
vinique, ce qui conduit progressivement à la limitation
de l'opération.
L'interprétation des faits serait déjà plus satisfaisante;
mais dans cet ordre d'idées, on ne tient pas compte des
— 152 —
dérivés sulfonés. Ils existent pourtant en quantité no-
table.
On pourrait admettre le dédoublement, tout au moins
partiel, de Tacide sulfovinique en alcool et acide sulfu-
rique anhydre :
C«H»0. 80'OH = C«H»OH + 80»
Actde sulfovinique. Alcool.
L'acide anhydre, en présence d'alcool, formerait de
l'acide iséthionique par exemple, dont la stabilité est
supérieure (16 cal.) à celle de l'acide sulfovinique (14 cal.),
ou mieux encore, son éther éthylique neutre
OH.CH'CH*SO«OC«H»,
Iséthionate diéthylique.
puisque l'alcool est en excès. Celui-ci est un corps ins-
table qui distille vers 120** et se dédouble à 140** en acide
sulfureux et alcool, ce qui expliquerait le dégagement
d'acide sulfureux constaté expérimentalement; on com-
prend aussi l'entraînement des produits sulfonés passant
à la distillation.
D'autre part, Téther iséthionique neutre, pris comme
type de groupe, fournirait, en présence d'une molécule
d'alcool, l'éther ordinaire avec régénération d'acide isé-
thionique (ou analogue) :
OH.CH'CH»SO»OC*H» + C'IPOH =
Éther iséthionique neutre. Alcool.
C'H»O.C'H»+ OH.CIPCH»SO*OH
Éiher ordinaire. Acide iséthionique.
et le cycle des réactions serait de nouveau fermé.
En outre, l'existence d'un milieu réducteur, caractérisé
expérimentalement par la présence de l'acide sulfureux,
expliquerait au besoin la formation de dérivés de l'acide
iséthionique tels que C'H»C*H*SO»OH (ou polyéthyléni-
ques de même ordre).
Les différents dérivés sulfonés se formant pendant la
préparation de l'éther n'ayant pas encore été isolés et
caractérisés individuellement, l'acide iséthionique et ses
dérivés ont été pris seulement comme types de groupe
et à titre d'exemples.
— 153 —
D'ailleurs cette interprétation reçoit une confirmation
expérimentale directe de la fabrication, actuellement
assez répandue à l'étranger, de l'éther ordinaire au
moyen des acides sulfonés aromatiques, tels que l'apide
benzène sulfonique C*H*SO*OH qui, en présence d'alcool
et à une température convenable, donne, en effet, de
l'éther ordinaire.
Les considérations qui précédent rendent facilement
compte de la limite imposée à l'opération.
En résumé, dans la préparation usuelle, l'éther se
dégage, en vertu de sa grande volatilité, du sein d'un
milieu hétérogène instable et en perpétuelle transforma-
tion, mais la théorie de l'opération est plus complexe
qu'on ne l'avait cru d'abord.
Au lieu de prendre comme base la régénération conti-
nuelle de l'acide sulfurique à l'état libre, il paraît préfé-
rable d'admettre que l'alcool, ajouté peu à peu, porte
principalement son action sur les deux éthers sulfuri-
ques, et surtout sur leurs produits de décomposition, les
dérivés sulfonés, acides et neutres, qui constituent en
grande partie les résidus et permettent d'expliquer l'en-
semble des phénomènes connus.
M. Adrian nous fait communiquer par notre collègue
M. Bougarel, une note sur la glycérophosphate de chaux
qu'il a faite en collaboration avec M. Trillat. Ces Mes-
sieurs se sont d'abord livrés à l'examen d'un certain
nombre d'échantillons de glycérophosphates de chaux du
commerce; la solubilité, hi réaction au tournesol et à
l'hélianthine, la composition chimique variaient d'une
façon notable.
En traitant par l'alcool absolu bouillant les sels du
commerce, on leur enlève de la glycérine et de l'acide
phosphorique en proportions variables avec les échantil-
lons; la glycérine provenait surtout des glycérophos-
phates neutres au tournesol et l'acide phosphorique de
ceux qui contenaient un excès d'acide glycérophospho-
rique libre, lequel a été dédoublé par l'alcool en glycé-
rine et acide phosphorique.
Si l'on chauffe une solution aqueuse saturée à froid de
— 154 -
glycérophosphate de chaux, on constate qu'elle se trouble
dès la température de 32*; ce trouble devient très abon-
dant à 40*' et la presque totalité du sel se dépose à l'ébul-
lifion. MM. Adrian et Trillat ont basé sur ces remarques
un procédé de purification du sel : les analyses faites
avant et après précipitation sur le même sel, leur ont
montré qu'on pouvait obtenir ainsi un sel parfaitement
pur et que, contrairement cà l'opinion reçue, on pouvait
chauffer à 100**, même pendant plusieurs heures, un
glycérophosphate de chaux pur sans en altérer la compo-
sition chimique. Ils ont même réussi à obtenir du glycé-
rophosphate de chaux cristallisé, qui n'a d'ailleure
qu'une existence temporaire, puisqu'il se transforme
rapidement en poudre amorphe.
D'après eux, le glycérophosphate de chaux pur est uq
sel anhydre.
Ils ont déterminé sa solubilité dans l'eau qui serait, à
25** de 4,53 p. 100, chiffre un peu inférieur à ceux indiqués
précédemment, ce qu'ils expliquent en disant que ce sont
les petites quantités de glycérine et d'acide glycôrophos-
phorique libre des sels impurs qui augmentent cette solu-
bilité.
Enfin, ils donnent un nouveau mode de préparation du
glycérophosphate de chaux, basé sur l'emploi du phos-
phate tribasique de chaux au lieu du carbonate de chaux
pour saturer l'acide gycérophosphorique.
Us nous font prévoir une nouvelle note concernant
l'étude de la réaction de l'acide phosphorique sur la gly-
cérine, la composition de quelques glycérophosphates
minéraux et organiques, et l'analyse de l'acide glycéro-
phosphorique.
Ce sont là des sujets bien à l'ordre du jour, puisque
nous recevions, dans notre séance de décembre, un tra-
vail de M. Astruc, interne des hôpitaux de Montpellier,
sur les glycérophosphates, et que MM. Imbert, AstriTc et
Belugou viennent de publier dans les Comptes Rendus
des séances de l'Académie des Sciences, dos résultats très
intéressants sur la neutralisation de l'acide glycérophos-
phorique par les bases, el sur la chaleur de cette neutra-
— 155 —
lisation; mais je ne puis insister, puisque ce travail ne-
nous a pas été présenté.
M. Petit qui s'était déjà occupé des alcaloïdes du jabo-
randi, a repris dernièrement cette étude et nous a fait part
des nombreux et intéressants résultats qu'il a obtenus avec-
la collaboration de M. Polonowski. Ces messieurs ont isolé
à l'état de pureté la pilocarpine et la pilocarpidine et ont
même obtenu, pour la première fois, cette dernière sous
forme cristallisée en gros prismes obliques transparents
très hygrométriques , que nous avons été à même de voir,
et ont pu différencier d'une façon certaine ces deux corps
par leurs propriétés physiques, entre autre par leur pou-
voir rotatoire en solution aqueuse (a» = +106*» pour la
pilocarpine et i d = + 50<» pour la pilocarpidine, la concen-
tration des solutions étant de 2 p. 100 et la température
de 18"*), et surtout par les nombreux sels dont ils ont
comparé la composition, la forme cristalline, la solubilité
et le pouvoir rotatoire. Leurs recherches ont porté sur-
les sels suivants : nitrate, chlorhydrate, bromhydrate,
sulfate, salicylate, picrate, chloroaurates, iodométhylate.
En général, le pouvoir rotatoire des sels de pilocarpidine
est beaucoup inférieur à celui des sels correspondants de
pilocarpine.
Quant aux pouvoirs rotatoires de la pilocarpine et de
la pilocarpidine, ils présentent, en dehors de leur valeur
propre, d'autres caractères importants. Ces deux corps
gardent leur pouvoir rotatoire spécifique dans tous leurs
sels et ne paraissent pas être beaucoup influencés par la
nature de l'acide auquel ils sont combinés, de sorte que,
pour ces sels, la déviation n'est déterminée que par la
quantité de base et est, par conséquent, à peu près inver-
sement proportionnelle à leurs poids moléculaires; les^
carbonates et l'ammoniaque ne paraissent pas non plus,
modifier sensiblement leur pouvoir rotatoire.
Par contre, les alcalis fixes abaissent notablement,,
mais sans en changer le sens, le pouvoir rotatoire de la
pilocarpine, tandis que celui de la pilocarpidine passe de
+ 50^ à — 3^
Ces modifications proviennent de ce que les alcalis.
,-wy
— 156 —
fixes forment avec la pilocai'pine et la pilocarpidine des
combinaisons par hydratation; ce sont les sels d'acides
dont la pilocarpine et la pilocarpidine seraient les anhy-
drides, hypothèse déjà formulée par Hardy et Calmels.
MM. Petit et Polonowski ont réussi, après beaucoup
d'essais infructueux, à isoler les acides pilocarpique et
pilodarpidique , qui se présentent sous forme de masses
sirupeuses prenant à la longue Taspect de vernis; ils sont
solubles dans Teau et dans l'alcool, insolubles dans Téther,
le chloroforme et la benzine ; ils présentent une réaction
neutre à la phénolphtaléine et très alcaline au tournesol.
Ils régénèrent peu à peu au contact de Teau, mais instan-
tanément à sec au contact d'un acide, la pilocarpine et la
pilocarpidine.
L'acide pilocarpique, récemment préparé, a pour pou-
voir rotatoire + 23**,8 ; l'acide pilocarpidique est légère-
ment lévogyre.
Les analyses des chlorhydrate, bromhydrate et des
deux chloroaurates de chaque base donnent lieu de croire
que la pilocarpine et la pilocrapidine seraient purement
isomères, et non homologues, comme l'avaient admis
Hardy et Calmels.
Un autre point très intéressant, touché par MM. Petit
et Polonowski, est celui de savoir si la pilocarpidine
existe dans la plante tout comme la pilocarpine et ne se
forme pas par l'action de la chaleur sur ce dernier corps,
pendant les manipulations, comme le pensaient Hardy et
Calmels.
M. Petit et son collaborateur se fondent, pour affirmer
la présence réelle de la pilocarpidine dans la plante, sur
les considérations suivantes : !*• l'eau bouillante n'a
qu'une action faible sur la pilocarpine ; 2^ même en évi-
tant l'action de la chaleur, on obtient toujours une nota-
ble proportion de pilocarpidine; 3® en opérant dans les
mêmes conditions, on obtient, avec des plantes diffé-
rentes, un rendement en pilocarpidine qui varie de 5 à
75 p. 100 ; 4** les tiges donnent toujours plus de pilocar-
pidine que les feuilles de la même plante.
On sait que l'holocaïne résulte de la combinaison par
— 157 —
déshydratation de la phénacétine et de la phénétidine.
Ainsi qu'il était facile de le prévoir, la même réaction
donne naissance à des composés analogues dans lesquels
l'acide acétique de la phénacétine est remplacé par les
acides butyrique, lactique, succinique, citrique, etc.
M. Petit a attiré notre attention sur le dérivé butyrique
qui constitue une base énergique, plus soluble que l'holo-
caïne et qui parait douée de propriétés anesthésiques
supérieures.
Dans un tout autre ordi^e d'idées, M. Petit, et cette fois
en collaboration avec M. Terrât, nous a communiqué quel-
ques recherches sur le ferment oxydant des réceptacles
de l'artichaut. Le suc obtenu colore rapidement et forte-
ment en bleu la teinture de gaïac, et perd cette propriété
après ébullition. Il décompose le glycérophosphate de
soude, en mettant en liberté le phosphate de soude, dont
on peut suivre la formation au moyen de la mixture
ammoniaco-magnésienne .
M. Bourquelot nous a fait une très intéressante commu-
nication sur l'origine de la coloration de certaines gommes.
Ce travail n'est qu'un chapitre de tout un ensemble de
recherches sur les ferments oxydants, domaine dans le-
quel notre collègue est passé maître. C'est, en particulier,
la suite de ses notes sur la présence des ferments oxy-
dants dans un certain nombre de substances médicamen-
teuses, qu'il a illustrées devant nous par une série d'ex-
périences que nous n'avons pas oubliées.
On sait que, à côté de gommes, dites arabiques, qui
sont presqu'incolores, il y a certaines sortes commer-
ciales, par exemple, la gomme du Sénégal du haut du
fleuve, qui renferment des morceaux de couleur plus ou
moins foncée, des marrons, comme on les appelle; d'au-
tres gommes, en particulier les gommes du Cap, de l'Inde,
de l'Australie, du Brésil, et enfin les gommes de rosacées
de nos pays, sont presqu'en totalité composées de mor-
ceaux dont la couleur varie du jaune brunâtre au brun
foncé.
La gomme, avant de s'échapper au dehors, s'accumule
'"^^^^
— 158 —
dans des lacunes placées au voisinage de la zone géné-
ratrice.
D'après Trécul, elle se montrerait au pourtour de ces
lacunes sous forme de productions incolores, pouvant se
colorer ensuite en jaune ou en brun.
On s'est demandé, depuis longtemps, comment se pro-
duisait cette coloration; mais personne jusqu'ici n'a
donné du phénomène une explication satisfaisante. Celle
que propose M. Bourquelot est basée : 1® sur ce que toutes
les gommes contiennent un ferment oxydant; 2* sur ce
que la gomme, encore molle, ou ramollie par l'humidité,
peut se charger, au contact des parties mortifiées de
Fécorce qu'elle traverse, d'une faible proportion de subs-
tance astringente qui, sous l'influence du ferment oxy-
dant, se colore en brun foncé et lui communique sa cou-
leur. De là cette conséquence : toutes les fois que la
gomme s'échappe en temps humide ou reste un cei;tain
temps dans les fissures de l'écorce exposée à l'humidité,
le produit est coloré. On s'expliquerait ainsi que les
gommes blanches, pauvres en morceaux colorés, viennent
surtout des régions sèches, et les gommes colorées des
régions humides.
Et M. Bourquelot fait la double preuve nécessaire. 11
nous montre d'abord que toutes les gommes (ses expé-
riences ont porté sur les gommes du Sénégal, de Khar-
toum lévogyres ou de Gézireh dextrogyres, du Cap, du
Brésil, gommes de nos pays) renferment un ferment oxy-
dant. Leurs solutions aqueuses, en effet, possèdent la pro-
priété de colorer en bleu la teinture de gaïac ; elles oxy-
dent le pyrogallol, le gaïacol et l'acétylgaïacol, le crésol,
le naphtol-a, la naphtylamine-«, la vératrylamine, etc.
D'autre part, on a déjà signalé la présence d'un peu de
tannin dans certaines gommes foncées (gomme astrin-
gente de Geddah).
M. Bourquelot, en épuisant par l'alcool à 95® la poudre
de gomme du Brésil, a obtenu un liquide se colorant en
vert-noirâtre par addition de perchlorure de fer. Au
contraire, et c'est là la contre-épreuve, lorsqu'on soumet
des morceaux choisis de gomme blanche au même traite-
ÉÏ
— 159 —
ment, le liquide alcoolique que l'on obtient n'est pas
coloré par le perchlorure de fer.
Il est donc démontré : 1* que toutes les gommes renfer-
ment un ferment oxydant; 2** que les gommes colorées
renferment un tannin, tandis que les gommes incolores
n'en renferment pas.
Il reste à établir que les gommes, en agissant sur des
substances renfermant du tannin, oxydent celles-ci en
les colorant. Pour cela, M. Bourquelot a mélangé des
solutions de gommes avec des solutions très peu colorées
d'extraits hydroalcoolique et alcoolique d'écorce de quin-
quina calisaya, extrait alcoolique de quinquina rouge,
extrait aqueux de racine de bistorte, et dans tous les cas
le mélange s'est peu à peu coloré en rouge brunâtre, tan-
dis que des solutions de ces mêmes extraits, placées dans
les mêmes conditions, mais non additionnées de gommes,
ont conservé leur couleur pâle.
M. Léger a étudié l'action de rhypobroraite de sodium
sur les phénols. Avec le phénol ordinaire, en opérant à
froid et en laissant le contact se prolonger pendant deux
jours, le réactif étant en excès, on obtient plusieurs
corps bromes, parmi lesquels se trouve -le tétrabromure
de carbone.Tous les phénols ne se comportent pas de même.
Ces recherches ont amené M. Léger à nous mon-
trer une méthode sensible permettant de distinguer le
naphtol-a du naphtol-p. On prépare d'al)ord une solution
aqueuse saturée à froid de ces phénols, en en triturant
avec soin un excès dans un mortier avec de Teau et en
filtrant. D'un autre côté, on fait de l'hypobromite de
sodium en mélangeant 30" de lessive de soude à 30**B.
avec 100'=*' d'eau, puis 5" de brome. Les solutions de
phénols et l'hypobromite étant altérables, doivent être
préparés récemment.
Dans un tube à essais, on verse 10" de la solution
aqueuse naphtol, puis 2 gouttes d'hypobromite.
Avec la solution saturée de naphtol-a, il se produit une
coloration. et même un précipité violet sale; la coloration
se produit encore avec la solution précédente étendue de
9 volumes d'eau.
— 160 —
La solution saturée de naphtol-? donne une coloration
jaune qui, peu à peu, devient verdâtre, puis passe à la
teinte feuille morte, pour redevenir jaune; mais si la
solution est additionnée de 1 volume d'eau, la coloration
disparaît par l'agitation.
Si donc on opère sur un naphtol-,3 souillé de naphtol-«,
il suffira d'étendre de son volume d'eau la solution
aqueuse saturée, d'y ajouter 2 gouttes d'hypobromite,
et Ton obtiendra une coloration violette ou violet-rose;
cette coloration est sensible même pour un mélange de
1 partie de naphtol-a dans 100 parties de naphtol-p.
M. Léger, qui a publié d'intéressantes recherches sur
les aloïnes, nous a présenté des échantillons des pro-
duits qu'il a obtenus et nous a montré un certain
nombre de réactions colorées permettant de distin-
guer facilement l'une de l'autre chacune des espè-
ces d'aloïnes qu'il a préparées : barbaloïne, isobarba-
loïne et nataloïne. La solution sulfurique de ces trois
corps, exposée aux vapeurs de l'acide azotique fumant,
prend une coloration verte, et par places bleuâtre:
à l'extérieur, on observe une zone violacée. La réac-
tion, qui est très sensible avec la nataloïne, l'est beau-
coup moins avec l'isobarbaloïne et moins encore avec la
barbaloïne. Si l'on étend d'eau, la liqueur devient vio-
lette dans le premier cas, et rouge cerise pâle dans les
deux derniers. Si alors on ajoute un excès de lessive de
soude, la nataloïne fournit une liqueur d'un vert pâle
sale, tandis que l'isobarbaloïne donne une coloration
rouge violet foncé et la barbaloïne une coloration rouge
carmin foncé. Toutes ces réactions sont bien sensibles
et peuvent être exécutées avec quelques milligrammes
de matière.
En somme, M. Léger nous en a fait voir de toutes les
couleurs. (A suivre).
Le Gérant : Georges MASSON.
PAUS. — mP. B. FLÀMMAaiON, &UB RàCINB« M.
— 161 —
TRAVAUX ORIGINAUX
Action de Viode sur Vantipyrine. — Application au
dosage de Vantipyrine et au dosage de Viode; par
M. J. BOUGAULT.
M. Manseau (1) a étudié Taction de l'iode en solution
aqueuse dans Tiodure de potassium sur Tantipyrine. Il a
reconnu que lorsqu'on ajoutait goutte à goutte une solu-
tion N/10 d'iode aune solution aqueuse d'antipyrine, les
premières gouttes ajoutées étaient absorbées, l'iode deve-
nant insensible à l'empois d'amidon. Cette absorption
est faible; d'après l'auteur, l»* d'antipyrine absorbe dans
ces conditions, et à la température de 40* envii^on,
0,08636 d'iode. M. Manseau propose d'utiliser ces données
à l'essai approché de l'antipyrine.
Si, au lieu d'opérer en solution aqueuse, on 'opère,
comme je l'ai fait, en solution alcoolique et en présence
de sublimé, on constate une absorption d'iode beaucoup
plus considérable. La réaction est de plus instantanée et
quantitative.
J'ai fait un certain nombre d'essais dans le but de
déterminer les conditions dans lesquelles se produisait
cette absorption, et je suis arrivé à cette conclusion que
la réaction qui se passe en solution alcoolique entre les
corpâ : iode, sublimé et antipyrine, est telle qu'à une
molécule d'antipyrine employée correspond très exacte-
ment une absorption d'une molécule d'iode ; les propor-
tions de sublimé pouvant varier dans d'assez grandes
limites sans changer les résultats.
A l»* d'antipyrine correspond donc une absorption de
1«',351 d'iode.
Dosage de Vantipyrine. — En me basant sur ces faits.
(t) Buil. de la Soe. Pharm. de Bordeaux, 1889, p. 148.
Journ. de Pharm. tt it Chinu, G* SÉRIB, t. VII. (15 février 189S.) 1 1
— 162 —
je propose un dosage de Tantipyrine que l'on peut effec-
tuer comme suit :
Solutions à employer :
Iode chimiquement pur i^^M
Alcool à95» 100-
Bichlorure de mercure 2^,50
Alcool à 95» 100- !
Antipyrine l**
Alcool à 95* 100-
A 20" de la solution d'antipyrine, on ajoute 20** de la
solution de bichlorure de mercure, puis, goutte à goutle,
à l'aide d'une burette graduée, la solution d'iode jusqu'à
apparition d'une faible coloration jaune persistante indi-
quant la présence d'un excès d'iode. La réaction est ins-
tantanée et le dosage s'effectue aussi rapidement que le
dosage de l'iode par l'hyposulfite de sodium.
D'après le titre des solutions employées, on voit que
les solutions d'iode et d'antipyrine se correspondent exac-
tement, et que, par conséquent, si l'antipyrine à essayer
est pure, il faudra employer 20*' de la solution d'iode pour
atteindre le terme de la réaction; dans tous les cas, le
nombre de centimètres cubes employés, multiplié par 5,
donnera le nombre de grammes pour 100 d'antipyrine
pure contenue dans l'échantillon analysé.
Dosage de Viode. — On comprend sans peine qu'on
peut, inversement, avec de l'antipyrine pure, doser la
quantité d'iode pur contenu dans un iode quelconque.
Or, l'antipyrine est un produit qu'il est facile de se pro-
curer pur dans le commerce, ou que Ton peut purifier
soi-iuéme très facilement, grâce à sa solubilité particu-
lière dans des dissolvants variés; il n'y a donc aucune
difftculté à l'employer pour l'essai de l'iode.
Le dosage ne se fait pas différemment de celui de
l'antipyrine.
Il présente sur le dosage habituel par l'hyposulfite
l'avantage que la solution titrée d'antipyrine peut être
obtenue instantanémen^t par une simple pesée et jouit
i
— 163 —
d'une conservation indéfinie, tandis qu'on sait que l'hy-
posulfite de sodium est difficile à obtenir pur et sec et que
ses solutions s'altèrent lentement, surtout à la lumière.
L'ordre dans lequel on opère le mélange des solutions
n'a pas d'influence sur le résultat. On peut, par exemple,
tout aussi bien, mélanger d'abord la solution d'iode à la
solution de sublimé et ajouter la solution d'antipyrine
à l'aide de la burette graduée. Le terme de la réaction
est indiqué ici par la décoloration complète de la liqueur.
Voici quelques résultats obtenus par la méthode décrite
ci-dessus :
Solution d'iode pur contenant 2«',547 Trouté : 9^,^50
— — 3«',035 — 3^fiU
J'ai réussi à isoler le composé iodé de l'antipyrine qui
se forme dans cette réaction; je donnerai dans une note
suivante sa composition et ses propriétés.
Sur le dosage des phosphoglycérates ; par MM. Adrian
et Trillat(I).
Dans un précédent travail, concernant spécialement
l'étude du glycérophosphate de chaux, nous avions si-
gnalé les réactions des indicateurs, notamment celle de
l'héliantine, vis-à-vis les glycérophosphates, et nous avions
réservé pour un publication' ultérieure l'emploi de ces
indicateurs pour le dosage des glycérophosphates (2).
Dans la présente note, nous donnerons d'abord les
résultats que nous ont fournis les indicateurs pour le
dosage de ces sels; nous donnerons ensuite ceux aux-
quels nous sommes arrivés, soit par l'étude de l'acide
(1) Société de i^armaciey séanco de férrier.
(2) Depuis cette date, des notes de MM. Imbert, Astmc et Fallière ont été
publiées sur le dosage des phosphoglycérates de chaux et de Tacide phospho-
glycérique par remploi de l'héliantine; ainsi qu'on le verra plus loin» nous ne
croyons pas que, dans l'état actuel de nos connaissances sur l'acide phospho-
glycérique, on puisse fonder une méthode rigoureuse et certaine du dosage
de ce corps à l'état libre, étant donné son peu de stabilité»
— 164 —
phosphoglycérique, soit par Tétude de la réaction de la
glycérine sur Tacide phosphorique.
Dosage volumétrique des phosphoglycérates. — Lors-
qu'on ajoute de Tacide sulfurique de titre connu à une
dissolution aqueuse et froide d'un phosphoglycérale
neutre alcalino-terreux, en se servant de l'héliantine
comme indicateur, on remarque que le virage apparaît
dès qu'on a ajouté une demie molécule d'acide pour une
molécule de sel neutre. Ce fait indique que l'acide sul-
furique transforme le phosphoglycérate neutre en sel
acide et que ce dernier n'est plus décomposé par l'acide
sulfurique au moins à froid. La réaction est donc la sui-
vante :
2PhO/g>Ca ^^.g^,
O.C»H»(OH)*
/O.PhO.OH.O.C»H»(OH)*
= Ca<; -f-CaSO*
\O.PhO.OH.OC*H»(OH)*
On peut déduire de là un procédé rapide de dosage
des phosphoglycérates neutres à condition que ceux-cî ne
renferment ni phosphoglycérates acides ni phosphates,
ce dont on peut s'assurer par un examen préalable.
1" exemple. — 0«',2364 de phosphoglycérate de chaux
séché à 130* et répondant à la formule :
PhO*CaC>H»(OH)*-|.H*0
ont été dissous dans 300" d'eau froide. Après avoir
ajouté quelques gouttes d'une solution d'héliantine, on a
titré au moyen d'une solution d'acide sulfurique jusqu'au
virage rouge. Il a fallu 0^,9 d'acide sulfurique au titre
de 1*^,16 par litre, ce qui correspond à : Phosphoglycérale
de chaux,0«',238. Théorie, 0«',2364.
2* exemple. — On a dissout 1«',4596 de sel de baryum
répondant à la formule :
yO*Ba
Pho/ +H*0
\0C»H»(0H)«
— 165 —
dans 300** d'eau et on a ajouté de Tacide sulfurique
titré jusqu'à acidité à Théliantine. Il a fallu 4*«,2 d'acide
à 1*^,05 par litre; ce qui correspond à : Phosphoglycérate
de Ba, 1«',4332. Théorie, 1«',4596.
Mode opératoire, — Les exemples précédents permet-
tent d'adopter le procédé suivant pour titrer les phospho-
glycérates neutres en l'absence de phosphates.
On dissout 1«' environ du produit à analyser dans 400"
d'eau à froid. Après avoir ajouté quelques gouttes d'une
solution d'héliantine, on titre au moyen de l'acide sul-
furique normal, jusqu'à apparition du virage acide.
Si n représente le nombre de centimètres cubes em-
ployés, M le poids moléculaire du sel, P son poids effec-
tif, on aura, pour 100, la richesse du produit par
l'équation suivante :
Dosage volumétrique de l'acide sulfurique combiné; par
M. Fernand Telle, chimiste ou laboratoire munici-
pal de Reims.
La méthode imaginée par Wildenstein consiste à pré-
cipiter l'acide sulfurique par un excès d'une solution
titrée de chlorure de baryum ; puis cet excès de baryte
est dosé à l'aide d'une solution équivalente de chromatc
neutre de potasse; la fin de l'opération est indiquée par
la teinte jaune que conserve la liqueur, après le dépôt
du précipité.
Une modification de ce procédé consiste à ajouter un
excès de chromate, et à l'évaluer en mesurant la quan-
tité de solution nécessaire, pour produire une teinte
d'égale intensité, dans le même volume d'eau.
On a donné depuis des méthodes remplaçant ce dosage
colorimétrique par un dosage chimique. Quelques auteurs
emploient les sels ferreux : M. Windisch, l'oxydation de
— 166 —
Tacide arsénieux par le chromate et titrage, par Tiode,
de l'acide arsénieux non oxydé (1).
Nous proposons de doser l'excès de chromate en titrant,
par l'hyposulfite, Tiode qu'il est susceptible de déplacer,
en solution chlorhydrique.
Nous employons deux liqueurs titrées équivalentes de
chlorure de baryum et de dichromate de potasse non
neutralisé (2).
Nous précipitons l'acide sulfurique par un excès de
chlorure de baryum en liqueur acidulée par HCl. L'excès
de baryte est précipité par la solution de dichromate de
potasse en liqueur légèrement alcaline, enfin, l'excès de
ce chromate est dosé par l'iode déplacé et l'hyposulfite.
La précipitation de l'excès de baryte par le chromate
se fait suivant la formule :
2BaCl*2H«0 + Cr'O'^K* + 2AzH*0H = 2CrO*Ba -f
2 X 244 294,34
2KC1+ 2AzH*Cl-|-3H*0
La mise en liberté et le titrage de l'iode suivant la
formule :
294,34 6x127
K»Cr*0'' + 6KI + 14HC1 = 61 + Cr'Cl» + 8KC1 + 7H*0
et
6Na*S*0'5H'O + 61 = 6NaI + 3S*0«Na*
6X248 6x127
On voit d'après ces fornmles que 294,34 de K'Cr'O'^
mettent en liberté 6 X 127 d'iode et cet iode est absorbé
par 6 X 248 d'hyposulfite. Ce poids 6 X 248 d'hyposul-
fite correspond donc à 294,34 de bichromate et par con-
séquent à 2 X 244 de chlorure de baryum.
(1) MM. Marboutin et Molinié ont fait paraître une modification de celle
méthode consistant en remploi de liqaears de BaCi* et de GrO^K* non équi-
valentes. BulL Soc Ckim., 20 novembre 1897, p. 953.
(2) Nous ne neutralisons pas cette solution, comme certains autears l'indi-
quent, rexcès d'ammoniaque qu'on lui ajoute se prêtant à la carbonalation.
Gela est d'ailleurs inutile, puisque la précipitation de la baryte se fait en
liqueur légèrement alcaline.
— 167 —
Nous préparons des solutions contenant 1/40 des poids
indiqués dans les formules précédentes, soit donc :
A. Solution de chlorure de baryum pur cristallisé et
non effleuri renfermant 12»',20 de ce sel par litre. Cette
solution est déci-normale et correspond à 4«' d'SO* par
litre.
B. Solution de dichromate de potassium renfermant
7«',358 de sel cristallisé pur par litre. Cette solution est
équivalente, volume à volume, à celle de chlorure de
baryum:
C. Solution d'hyposullite de soude contenant 38«' de
ce sel par litre. Cette solution doit être titrée à Taide de
la solution B.
D. Solution d'iodure de potassium pur à 10 p. 100.
Titrage de la solution d' hyposulfite de soude. — Dans un
vase à titrage jaugé à environ 100''*' on laisse écouler 10"
de la solution B, on ajoute S*"* d'iodure de potassium, de
l'eau distillée jusqu'au trait de jauge, puis un excès
d'acide chlorhydrique ; l'iode est déplacé et colore la
liqueur en brun rouge. On verse aussitôt dans la liqueur,
la solution d'hyposulfite à titrer, à l'aide d'une burette
graduée jusqu'à ce que la teinte ait passé du brun au
jaune. On ajoute alore de l'eau amidonnée. Vers la fin
de la réaction la teinte du liquide devient bleu pur. On
ajoute alors avec précaution la solution d'hyposulfite
jusqu'à ce que cette teinte disparaisse, pour laisser au
liquide une teinte verte très pâle, presque incolore, pro-
duite par le chlorure de chrome. Le virage est très net,
une seule goutte d'hyposulfite suffit à le produire. Sup-
posons, pour fixer les idées, que l'on a employé 10^,2
de solution d'hyposulfite pour produire ce virage, on saura
alors que 1" d'hyposulfite correspond à j^ = 0",98
de solution de chroma te.
Nous ramènerons toujours le nombre de centimètres
cubes d'hyposulfite employé, au volume correspondant
de chromate ou de chlorure de baryum, à cause du titre
variable de l'hyposulfite.
— 1G8 —
On fera bien aussi de s'assurer que les liqueurs sont
équivalentes et voici comment on s'en assurera :
5*^*^ de la solution A seront mis dans un ballon gradué
de 110**, on ajoutera un peu d'ammoniaque exempte de
carbonate (1), puis 10" de solution B et de l'eau jusqu'à moi-
tié du ballon. On fera bouillir et complétera à 110** après
refroidissement; on filtrera et, de la liqueur filtrée, qui
doit être bien limpide, on prendra 100**= auxquels on ajou-
tera 5" de Kl à 10 p. 100, un excès d'HCl et de l'hyposulfite
avec la burette graduée comme on l'a fait précédemment.
On ajoutera 1/10 au résultat trouvé puisqu'on n'a opéré
que sur 100**, le volume total étant de 110**. On doit
obtenir un nombre de centimètres cubes d'hyposulfite
correspondant à 5*=*' de solution de dichromate.
Dosage de l'acide sulfurique dans les eaiLx. — On éva-
pore avec précaution 500*^** d'eau, acidulés par 4 4 5**
d'acide chlorhydrique, jusqu'à ce qu'il ne reste plus
qu'environ 10**^ de liquide. On transvase dans un ballon
gradué de 110**, on lave à plusieurs reprises avec le
moins d'eau possible, on ajoute 10*=*' de solution A et on
fait bouillir.
On alcalinise ensuite légèrement par l'anMnoniaque
non carbonatée ; on ajoute 100*=** de solution B, on fait de
nouveau bouillir et on complète à 110**, après refroi-
dissement sous un filet d'eau. On filtre sur un papier à
grain serré (2) et on prélève 100" du filtratum qui, vereés
dans un vase à titrage sont additionnés de 5** de solution
d'iodure, acidulés par IICl et titrés, par l'hyposulfite, de
la façon exposée plus haut.
On ajoute 1/10 au chiffre trouvé pour la même raison
que précédemment et on a, par un simple calcul, le
volume correspondant de dichromate, qui lui-même
équivaut à un volume égal de chlorure de baryum préci-
pité par les sulfates. En multipliant ce dernier nombre
(1) Poar cela, on ajoute à Tammoniaque à employer un peu de chlorure de
calcium pur, on filtre et on conserve dans un flacon bien bouché.
(2) Le liquide filtre facilement très limpide.
— 169 —
de centimètres cubes par 8 (1) on aura le poids en milli-
grammes d'anhydride sulfuiique contenu dans un litre
de Teau essayée.
Remarques, — Si Teau à essayer contient une forte
proportion de matières organiques, on y ajoutera, quand
le volume sera réduit à 50 ou 60", une pincée de chlorate
de potasse pur qui au contact de l'acide chlorhydrique
dégagera du chlore qui détruira ces matières organiques.
Il faudra évidemment chasser complètement ce chlore
par ébullition, et s'assurer que les vapeurs ne colorent
plus le papier ioduré amidonné ; car le chlore restant dé-
placerait plus tard l'iode de l'iodure de potassium et
fausserait le résultat.
10**^ de la solution de BaCP sont suffisants pour pré-
cipiter tout l'acide sulfurique d'une eau en contenant
moins de 80"«' par litre. Si le degré hydrotimétrique était
élevé, on ferait bien de s'assurer que le volume de solu-
tion A employé est suffisant et dans le cas contraire em-
ployer 20** de cette solution, autant de solution B et 10**^
de Kl dans la pratique du procédé.
On pourrait encore n'opérer que sur 250*' d'eau et, dans
ce cas, multiplier le volume trouvé par 16.
De même, si l'eau était très pauvre en sulfates, on opé-
rerait sur 1 litre et le volume serait multiplié par 4 pour
avoir le poids en milligrammes d' SO*.
Évaluation du plâtrage des vins, — Les cendres prove-
nant de Tincinération de l'extrait du vin sont dissoutes
dans un peu d' HCl pur.
On évapore l'excès d'acide au bain-marie, on reprend
par l'eau, et on transvase la solution et les lavages de la
capsule de platine dans un ballon de 110", on ajoute 10"
de solution de chlorure de baryum et on continue de la
même façon que pour l'analyse des eaux.
L'extrait des vins se faisant sur 25" et la solution A
étant équivalente à 8«',71 de sulfate de potasse par litre,
(1) Puisque roa opèro sur 500** d'eau et que 1** de la solution de BaCl*
équivaut à 4"«' d'SO*.
- 170 —
on aura la proportion en grammes de SO*K' par litre de
vin en appliquant la formule suivante :
8.71X.xX40_
OÔÔ -^0'3-*8^
X étant le nombre de centimètres cubes de solution bary-
tique consommé.
On voit d'après cette formule que 10*** de solution A
sont suffisants pour précipiter le sulfate de potasse des
vins en contenant moins de 3*',48 par litre.
Les résultats obtenus, pour le dosage de SO*K* dans le
vin sont un peu forts, à cause de la précipitation par la
baryte des traces d'acide phosphorique que le vin con-
tient. Si Ton voulait avoir un résultat absolument exact
il faudrait précipiter préalablement les phosphates à
l'aide du chlorure de calcium ammoniacal. Néanmoins,
en opérant comme il est dit plus haut, on obtiendra un
résultat suffisant pour la détermination de l'extrait
réduit, nécessaire au calcul du rapport alcool extrait.
Note sur l'analyse du sulfure de sodium brut^
par M. Ferdinand Jean.
Les cristaux ^du sulfure brut sont broyés grossière-
ment et rapidement, pour faire un échantillon moyen,
dont on pèse 10«% qu'on dissout dans un peu d'eau; on
tiltre pour séparer les matières insolubles et l'on étend
d'eau distillée de façon à faire un litre de solution.
A — 10" de cette solution sont additionnés d'empois
d'amidon, puis titrés à l'aide de la solution d'iode déci-
normale. Le volume de solution d'iode employé pour le
titrage correspond au sulfure, au soufre en excès et à
l'hyposulfite.
B — Dans 10** de la solution primitive, on ajoute une
solution de sulfate d'ammoniaque (à 6'7 par litre) en quan-
tité égale au nombre de centimètres cubes, de solution
— 171 —
d'iode employé en A, puis environ 30" d'eau, et on dis-
tille le tout dans un petit ballon muni d'un condensa-
teur, et l'on reçoit, dans 20" d'acide décinormal,
l'ammoniaque mis en liberté par le monosulfure de
sodium.
Lorsque l'opération est achevée, on porte la solution
acide décinormale à l'ébuUition, pour chasser l'hydrogène
sulfuré, puis on y titre l'excès d'acide, en présence du
tournesol comme indicateur. 1" 'acide décinormal saturé
par l'ammoniaque correspond à 0«'0039 de monosulfure
de sodium.
C — Le liquide restant dans le ballon après la distil-
lation, est passé dans un verre, additionné d'empois
d'amidon, puis titré, après refroidissement, avec la solu-
tion N/iO d'iode; 1" de solution d'iode correspond à 0,0079
d'hyposullite de soude.
En retranchant le volume d'iode correspondant à Thy-
posulfite trouvé en C, du volume d'iode employé en A, on
obtient, par différence, le volume d'iode correspondant
au soufre des sulfures et polysulfures, que l'on calcule en
monosulfure de sodium, sachant que 1" d'iode N/10=0,0039
de sulfure de sodium.
Le titre fourni par l'iode est toujours supérieur à celui
calculé d'après l'ammoniaque dégagé, puisque ce dernier
ne correspond qu'au monosulfure, tandis que dans le titre
par l'iode l'excès du soufre (soufre de poly sulfure), est
compté aussi comme monosulfure. En retranchant donc
le sulfure du sodium calculé d'après l'ammoniaque, du
sulfure calculé d'après le titre d'iode, on obtient un excès
de monosulfure que Ton calcule en soufre (100 de sulfure
de sodium = 41 de soufre).
Si le sulfure analysé ne contient que du monosulfure,
les titres calculés d'après l'iode et l'ammoniaque sont
semblables. Le titre obtenu, en titrant le sulfure au moyen
d'une solution ammoniacale de zinc, est le même que
celui fourni par l'iode, défalcation faite de l'hyposullite,
le soufre du polysulfure agissant sur le zinc comme
monosulfure.
— 172 —
Celte méthode permet de déterminer très rapidement
la teneur d'un sulfure brut en : monosulfure, soufre en
excès et hyposulfite.
Au cours des essais faits pour étudier cette méthode,
nous avons constaté deux faits, qui, à notre connaissance
du moins, n'ont pas été signalés : l'' lorsqu'on fait bouillir
une solution de monosulfure de sodium avec un excès
d'ammoniaque, une partie du soufre distille à l'état de
sulfure d'ammonium; 2^ si l'on fait bouillir une solution
d'hyposuliite de soude, avec un excès de sulfate d'ammo-
niaque, il y a dégagement de sulfure d'ammonium et
dépôt de soufre ; cette décomposition ne se produit pas en
milieu alcalin et dans les conditions indiquées dans la
méthode.
Comparaison du gaïacol et de quelques-uns de ses éthers
par leur élimination urinaire; par M, le docteur Fonzes-
DlACON.
Les travaux de MM. Grasset, Imbert, Saillet, etc., ont
démontré que, contrairement à ce que l'on croyait jus-
qu'alors, la créosote s'élimine en majeure partie par les
reins, et, en très faible quantité, par les poumons.
Grâce à la coloration jaune plus ou moins intense que
prennent des solutions faibles de créosote quand on les
traite par l'acide nitrique et l'ammoniaque, M. Saillet (1)
a pu doser, par comparaison, la quantité de créosote que
l'on retrouve dans les urines après absorption d'un poids
déteraiiné de ce médicament.
J'ai repris ces expériences, en modifiant cette méthode
afin de la rendre plus sensible et plus précise, non plus
sur la créosote, mais bien sur le gaïacol, un de ses cons-
tituants, que l'on peut obtenir chimiquement pur.
En opérant sur moi-même, j'ai pu déterminer, dans
une première série d'expériences, qu'après absorption
d'un certain poids de gaïacol cristallisé, on en retrouve
(I) Saillet. Bull. Soc. tkér., 1892, p. 366.
— 173 —
très approximativement les trois cinquièmes dans les
urines ; j'ai pu également déceler avec beaucoup de net-
teté le gaïcol dans les sueurs abondantes de bacillaires
soumis au traitement créosote.
Cette première donnée expérimentale établie, je me
sms proposé de déterminer dans quelles proportions
s'élimine le gaïacol lorsqu'on Tabsorbe non plus à Tétat
de liberté, mais bien sous forme d'éther ; en effet, aujour-
d'hui, afin de pallier l'action irritante et toxique due à la
fonction phénolique libre de ces produits, on tend à rem-
placer la créosote et le gaïacol par leurs éthers, Or, il est
important de savoir si l'action de ces nouveaux médica-
ments est comparable à celle des produits primitifs ; il
m'a semblé qu'on pourrait arriver à résoudre cette ques-
tion en comparant leur élimination urinaire en gaïacol,
à celle que donnerait un poids de gaïacol égal à celui
contenu dans l'éther expérimenté.
Une première série d'expériences, toujours effectuées
sur moi-même, m'a permis d'établir que le carbonate de
gaïacol s'élimine dans des proportions tout à fait compa-
rables à celles du gaïacol pur. Il en est de même pour le
phosphite de gaïacol ; on retrouve dans les urines à peu
prés la même quantité de gaïacol que si on avait absorbé
ce dernier produit.
Mais les résultats analytiques sont tout différents quand
on expérimente le phosphate de gaïacol ; après absorption
de l^ de cet éther en suspension dans de l'eau (son inso-
lubilité fait qu'il n'a ni goût ni odeur), on ne retrouve
guère que 2-3'»' de gaïacol dans les urines de 24 heures ;
après ce laps de temps, on n'en retrouve plus trace.
Par conséquent, si l'éthérification du gaïacol, et par
suite de la créosote, peut donner naissance à des corps
très actifs, elle peut, par contre, créer de nouveaux com-
posés dont l'absorption par les muqueuses du tube digestif
soit insignifiante.
Beaucoup de ces médicaments créosotes ou gaïacolés
sont administrés aux malades par voie rectale ; il impor-
tait donc de vérifier si un éther facilement absorbé par la
— 174 ~
mtiqueuse de Tintestin grêle, le serait aussi facilement
par la muqueuse du gros intestin.
Or, après administration à un malade d'un lavement
renfermant 1«',20 de phosphite de créosote, j'ai pu re-
trouver dans les urines jusqu'à 0«',30 de créosote, bien
que le lavement n'ait été gardé que pendant une heure.
De plus, les urines, qui avaient été recueillies toutes les
3 heures pendant 24 heures, renfermaient des quantités
à peu près équivalentes de créosote. Donc, certains
éthers créosotes et la créosote sont des médicaments dont
l'absorption, par voie stomacale ou rectale, est rapide et
dont l'élimination est relativement lente.
Enfin, quelques essais sur les pilules de gaïacol prépa-
rées avec de la magnésie calcinée ou de la résine de tolu,
m'ont démontré que la première de ces préparations
donne une élimination en gaïacol moitié moindre de
celle que donne la seconde, qui, elle, est normale. Aussi,
j'estime que l'on doit rejeter d'une façon absolue l'addi-
tion de magnésie aux pilules de créosote ou dé gaïacol (1).
Sur la graisse retirée du liquide d'une âscite chyleuse;
par M. F. Martz, chef des travaux de clinique médicale
à la Faculté de Médecine de Lyon.
Les observations d'ascite chyleuse étant assez rares, et
les matières grasses qu'on y trouve n'étant pas encore
étudiées, j'ai cru bon de déterminer la constitution de ces
dernières; car, ayant eu à ma disposition une grande
quantité de liquide provenant d'une ascite chyleuse, j'ai
pu non seulement en faire une analyse très complète (2),
mais en extraire les matières grasses.
Voici le procédé que j'ai employé pour extraire les
graisses : 4 litres de liquide sont additionnés de sulfate de
soude et d'acide acétique, on coagule les albumines à chaud,
(1) Thèse pour le doctorat en médeciae. — Université de Montpellier, 1897.
(2) Sur deux cas d'ascite chyleuse par B. Lyonnet et F. Maris (Province
médicaley 1887).
— 175 —
on filtre et lave le précipité à Teau bouillante ; après avoir
laissé égoutter le filtre, on broie Talbumine coagulée avec
une certaine quantité de sable fin; on sèche le tout à
Tétuve; après pulvérisation, on épuise la masse par de
Téther sulfurique à plusieurs reprises. L'éther filtré, puis
distillé, laisse comme résidu la graisse.
La graisse ainsi obtenue se présente sous la forme
d'une matière semi-fluide, jaunâtre; cette coloration
jaune est due probablement à un lipochrome analogue à
celui de la graisse humaine; en effet, en traitant la graisse
par Talcool bouillant, on dissout une matière jaune que
l'eau ne précipite pas.
Son point de fusion pris sur le mercure est de 32°; le
point de fusion des acides gras est de 37®, Elle est com-
plètement soluble dans l'éther, la benzine, le sulfate de
cai'bone, le chloroforme et l'éther de pétrole.
L'alcool la dissout incomplètement en prenant une
teinte légèrement jaune. L'acide sulfurique concentré la
colore en pourpre, puis en marron, et enfin il se forme un
précipité marron.
L'acide azotique donne une coloration jaune grisâtre;
le mélange des acides sulfurique et azotique la colore en
jaune rougeâtre. L'acide chlorhydrique et l'acide phos-
phorique ne la modifient pas.
L'eau bromée la décolore.
La potasse et la soude la saponifient facilement à chaud^
et les savons qui en résultent sont solubles dans l'eau.
J'ai déterminé la composition de la graisse par le même
procédé que j'ai employé pour les graisses du foie (1).
Voici la composition et les chiffres d'identité de la
graisse : "
Acides gras 58,8 p. 100
Graisse 33,8 —
Cholestérine et pertes 7,4 —
100,0
(1) Étade chimiqae «vr les matières grasses du foiis. Thèse de doctorat.
f. HarU, Lyon, 1897).
• 'TV^
— 176 —
Indice de Hehner 85,7
Indice de saponification 29J
Indice d'iode 47,6
NaOU
Degré d'acidité en ^ ^^ pour i^ fi*,5
Indice de Reichert pour S,80 1*",8
Indice des acides gras solabies pour 2,50. . . . 50"
En résumé, cette graisse se rapproche des graisses ali-
mentaires par son indice de Hehner, son indice de sapo-
nification, son indice d'iode et de Reichert; mais l'indice
d'acidité montre une quantité relativement considérable
d'acides gras libres, comme on Ta vu dans la composition
de la graisse ; cette forte proportion d'acides gras libres
provient de ce que les corps gras sont en partie dédoublés
ou oxydés par les phénomènes digestifs ; les acides gras
qui en résultent forment des combinaisons salines peu
stables que les acides faibles détruisent pour mettre l'acide
gras en liberté. Comparée à la graisse humaine, elle en
diffère profondément par son indice de saponification qui
oscille pour cette dernière entre 501 et 622 (1), et par son
indice d'iode, qui varie pour la graisse humaine entre 61
et 71; quant aux indices de Reichert et d'acides gras
solubles, ils ne présentent pas grande différence; du reste,
je me propose de revenir plus tard sur ces rapports, qui
sont fort intéressants.
Sur la solubilité de la théohromine dans les solutions
aqueuses des sels à réaction alcaline; par M. Drisse-
MORET (2).
L'insolubilité de la théohromine dans les dissolvants
usuels n'est pas sans restreindre son emploi. On a essayé
d'utiliser la propriété que possède cet alcaloïde de se dis-
soudre dans les solutions de bases alcalines et alcalino-
terreuses, bases avec lesquelles il se combine par substi-
tution du métal à l'un de ses atomes d'hydrogène. Cet
---
(1) Thèse de DayeU Lyon, 1895.
(2) Société de pharmacie, séance de février.
— 177 —
essai n'a pas donné de résultats satisfaisants ; en effet, les
solutions de théobromine alcaline sont trop caustiques
lorsqu'elles ont été obtenues avec la soude ; de plus, elles
sont extrêmement instables, qu'elles aient été préparées
avec la soude ou avec l'eau de chaux ; l'acide carbonique
de l'air suffit à les décomposer.
J'ai recherché si la théobromine pouvait se dissoudre
dans les solutions aqueuses de sels à réaction alcaline.
Le carbonate de soude, les phosphates alcalins dimétal-
liques, le borate de soude officinal ne la dissolvent sensi-
blement pas ; par contre, les différents silicates de soude
et les phosphates alcalins trimétalliques la dissolvent en
solution aqueuse.
J'ai étudié la solubilité de la théobromine dans les solu-
tions aqueuses de phosphate trisodique.
A la température de + 15°, une solution de 14«',80 de
phosphate trisodique dans 80'* d'eau distillée peut dis-
soudre 3«',50 de théobromine. De prime abord, on pourrait
être tenté de croire qu'il y a combinaison entre le phos-
phate trisodique et la théobromine, car ces poids de
phosphate de soude et de théobromine sont entre eux
comme leur poids moléculaire, la combinaison corres-
pondant à la formule : 2 molécules de phosphate triso-
dique pour 1 molécule de théobromine.
En réalité, ce phénomène paraît se réduire à une disso-
lution de la théobromine dans l'alcali mis en liberté par
la dissociation que le phosphate de soude subit au contact
de l'eau ; ce qui tendrait à le prouver, c'est que la solubi-
lité de la théobromine dans les solutions aqueuses de
phosphate trisodique croit avec la dilution. Ainsi, la
solution précédente, portée à 250'^**, peut dissoudre 1«',20
de théobromine en plus; elle contient alors, pour 14«',80
de phosphate trisodique, 48',70 de théobromine, c'est-à
dire un poids d'alcaloïde correspondant très sensiblement
au rapport : 2 molécules de théobromine pour 3 de phos-
phate trisodique ; en d'autres termes, 1 molécule et demie
de l'alcali du phosphate trisodique parait utilisée pour
dissoudre 1 molécule de théobromine. Ce fait me parait
Journ. de Pharm, et de Chim., 6< SÉ1U£, t. VII. (15 féyrier 1898.) 1 2
_ 178 —
pouvoir être rapproché de la propriété bien connue que
possède l'acide orthophosphorique de devenir neutre au
tournesol dès que la moitié de ses trois fonctions acides
est saturée par une base.
Ces dissolutions de théobromine dans le phosphate tri-
sodique sont décomposées par les acides les plus faibles et
par les sels à réaction acide ; toutefois, leur stabilité, en
présence de Tacide carbonique de l'air, est de beaucoup
plus grande que celle des solutions de théobromine dans la
soude ou dans l'eau de chaux, et cette stabilité est encore
acciiie par la présence d'un léger excès de phosphate tri-
sodique sur lequel agit l'acide carbonique avant d'inter-
- venir pour décomposer la théobromine dissoute. De plus,
mises en contact avec les muqueuses, elles ne possèdent
pas l'action caustique des solutions de théobromine dans
les alcalis.
Cette propriété pourra donc permettre d'utiliser la
théobromine sous forme de solution aqueuse renfermant
très sensiblement 2 p. iOO de théobromine.
REVOE SPÉCIALE
DES PUBLICATIONS DE PHYSIOLOGIE, PHARMACIE ET CHIMIE-
Étude expérimentale de ralcoolisme chronique chez le
chien; par M. A. Joffroy, professeur à la Faculté de
médecine. — Dans une leçon faite à la clinique de
l'Asile Sainte- Anne, le professeur Joffroy (1) vient de
présenter les résultats actuels de ses recherches sur Tal-
coolisme chronique et le résumé des expériences ana-
logues tentées par ses devanciers sur difTérentes espèces
animales.
Après avoir établi que l'intoxication alcoolique chro-
nique diffère souvent totalement de l'intoxication alcolique
aiguë, il montre que cette intoxication chronique est
essentiellement variable. Puis, après avoir fait la critique
des travaux des différents auteurs qui l'ont précédé dans
(1) A. Joffroy. — L'alcoolisme chronique : Considérations étiologiqnes et
recherches expérimentales.
— 179 —
cette étude expérimentale, il expose les premiers résul-
tats qu'il a obtenus avec le concours de son élève, M. Ser-
vcaux, en soumettant des chiens à l'intoxication chronique
par l'alcool éthylique, l'alcool méthylique, l'alcool amy-
lique, l'aldéhyde et le furfurol.
Alcool éthylique. — M. Joffroy rapporte quatre exemples
intéressants d'intoxication alcoolique chronique par l'al-
cool éthylique.
Un chien a été soumis pendant 30 jours à l'action de
2*=%2 d'alcool éthylique par kilogramme et par jour. On a
dû suspendre l'expérience, car l'alcool avait déterminé
chez cet animal un tel état d'excitation, qu'il était devenu
dangereux. Après la suppression de l'alcool, le chien
revint à son état antérieur. C'est un cas analogue à la
manie et au délire alcooliques qui nécessitent l'inter-
nement d'un assez grand nombre de malades, lesquels
guérissent rapidement par le seul fait de la suppression
de l'alcool.
Le second animal est une jeune chienne qui prit, pen-
dant 1 mois, près de 2" d'alcool éthylique par kilogramme
et par jour. Puis, devenue en chaleur, elle fut prise d'une
attaque d'épilepsie procursive au cours de laquelle elle
succomba. Il est difficile de déterminer la part exacte de
l'alcool dans cette mort, mais son action a été attestée par
les lésions rénales et gastro-intestinales, constatées à
l'autopsie.
Un troisième a été soumis d'abord à l'ingestion de
2''*' d'alcool éthylique par kilogramme et par jour. Comme
il prenait très difficilement cet alcool, on ne réussit par
la suite à lui en administrer que de temps en temps. Il
se produisit un état pathologique d'origine alcoolique
caractérisé surtout par un amaigrissement considérable.
L'animal est mort cachectique après 8 mois et demi d'in-
toxication et à l'autopsie on a trouvé : des lésions conges-
tives et hémorrhagiques de l'estomac et de l'intestin, des
lésions rénales consistant en rétraction des glomérules
de Malpighi et épanchement albumineux entre ce glo-
mérule et la capsule de Boromann, enfin des lésions
hépathiques de cirrhose commençante.
— 180 —
Un quatrième chien, extrêmement vigoureux, actuelle-
ment en expérience, semble devoir supporter des doses
beaucoup plus considérables d'alcool. Il est intoxiqué
depuis la fin de mars 1897 et prend régulièrement, depuis
le !•' juin de la même année, 2**,5 d'alcool éthylique par
kilogramme et par jour. Il paraît supporter facilement
ces doses élevées d'alcool et on a noté seulement, pendant
certaines périodes, un peu d'affaiblissement musculaire
du train postérieur.
On voit donc que l'alcool éthylique est toxique, qu'il
diHermine des phénomènes physiques et psychiques
variés et que la mort peut se produire assez rapidement,
mùme avec une dose relativement peu élevée. Use déclare
notamment des lésions gastro-intestinales, rénales, hépa-
tiques, et parmi ces dernières, de la cirrhose indiscutable.
En outre, l'alcool éthylique donne de l'albuminurie, de la
congestion pulmonaire, de la sclérose des gros vais-
sLvaux, etc. Son action sur l'économie, même lorsqu'il est
inséré en quantités relativement faibles", est donc d'une
nocivité considérable.
Alcool méthylique, — M. Joffroy est aussi afiBrmatif en
ce qui concerne l'alcool méthylique, qui commence à
entrer dans la consommation dans certaines contrées, en
Irlande, par exemple. Un chien intoxiqué avec cet alcool
est mort d'urémie au bout d'un an d'intoxication, après
yvoir pris en moyenne l'*,46 d'alcool méthylique par
kilogramme et par jour.
Pendant l'expérience, le chien a présenté des phéno-
mènes psychiques : d'abord une grande excitation suivie
d'une dépression profonde; des phénomènes physiques :
vomissements, démarche incertaine, roideur des mem-
bres postérieurs, affaiblissement des membres antérieurs,
secousses convulsives, etc. A l'autopsie, on a trouvé des
It^ï^ions gastro-intestinales, des lésions hépatiques peu
accusées et des lésions rénales très accusées, consistant
en un exsudât albumineux entre les capsules de Boro-
mana et les glomérules de Malpighi, exsudation que Ton
retrouve dans les tubes contournés et dans un certain
nombre d'anses de Henle.
— 181 —
L'alcool méthylique et l'alcool éthylique ont donc tous
deux une action toxique qui parait s'exercer de la même
façon et porter sur les mêmes organes sans qu'on puisse
dire encore d'une façon définitive d'après les faits précé-
dents, quel est le plus actif de ces deux composés dans
l'intoxication chronique.
Alcool amylique. — L'alcool amylique parait donner
des résultats contraires à ceux qu'on aurait pu prévoir
d'après sa puissance toxique dans l'intoxication aigué, car
un chien intoxiqué avec cet alcool ingère très régulière-
ment depuis bientôt dix mois, 0**50 d'alcool amylique par
kilogramme et par jour, sans avoir présenté jusqu'à pré-
sent aucun phénomène appréciable.
Aldéhyde. — Au contraire un autre animal qui a pris
0"50 d'aldéhyde par kilogramme et par jour a été trouvé
mort un matin après six semaines de ce régime, présen-
tant des traces de morsures. On a pensé qu'il avait du
être étranglé par les autres chiens, mais quoiqu'il en soit,
il présentait des lésions très profondes et capables à elles
seules de déterminer la mort car à l'autopsie on a cons-
taté des altérations très prononcées du tube digestif :
ecchymoses de l'œsophage, de l'estomac, de l'intestin
grêle et du gros intestin. Le rein présentait dans toute
son étendue les mêmes lésions que celles rapportées plus
haut. Quant au foie, il était presque complètement
indemne.
Furfurol. — Enfin, le furfurol a donné à M. JofFroy
des résultats très extraordinaires. Deux chiens intoxi-
qués (un chien et une chienne) depuis près de deux ans
ont résisté à cette intoxication sans présenter de phéno-
mènes pathologiques appréciables, soit au point de vue
psychique, soit au point de vue physique. Le chien, par
exemple, prend régulièrement l'agent toxique depuis
le 8 mars 1896 et ingère en ce moment par jour 1" de
furfurol, c'est-à-dire, étant donné son poids, plus de la
moitié (exactement les 5/9) de la dose qui, introduite
directement dans le sang ou les muscles, déterminerait la
mort de l'animal.
— 182 —
Par conséquent, une dose de furfurol relativement beau-
coup plus forte que les doses d'alcool éthylique et méthy-
lique qui ont amené la mort rapidement, dose administrée
pendant fort longtemps, ne produit apparemment rien ou
presque rien. Et le furfurol qui est si nocif dans l'intoxi-
cation aiguë est bien supporté dans Tintoxication chro-
nique.
Ajoutons que ces deux chiens intoxiqués par le furfurol
ont eu des petits dont l'un actuellement vivant est en
bonne santé et ne présente rien de particulier.
Conclusions, — On voit donc d'après ces expériences
que le furfurol et l'alcool amylique sont mieux tolérés
dans l'intoxication chronique qu'on n'aurait pu le sup-
poser d'après l'étude de l'intoxication aiguë, tandis que
l'aldéhyde, l'alcool éthylique, l'alcool méthylique (ces
deux derniers relativement peu toxiques dans l'intoxi-
cation aiguë) déterminent avec des doses relativement
faibles des désordres graves qui amènent rapidement la
mort.
On ne peut donc pas déduire de la comparaison des
toxicités des corps dans les intoxications aiguës leur
puissance toxique dans l'intoxication chronique. On ne
connaît rien encore des lois générales qui relient l'em-
poisonnement lent et l'empoisonnement rapide, brutal et
il faut se résoudre pour le moment à continuer l'étude
expérimentale de l'intoxication chronique par chacfue
corps. Plus tard, on parviendra peut-être à mettre en
lumière les rapports qui relient les intoxications aiguës
et chroniques, mais, actuellement, nous ne pouvons
qu'avouer notre ignorance sur ce point.
Effets physiologiques et thérapeutiques de la spermine;
par M. Alexandre Poehl (1). — La spermine, qui répond
à la composition C'H^*Az*, est l'un des principes qui
président à l'oxydation des tissus. Elle se trouve dans
presque tous, mais plus particulièrement dans le testicule,
(1) Ac. d. «c, CXXV, 959, 6 déc. 1897.
— 183 —
l'ovaire, lecorps thyroïde, le pancréas surtout, le thymus, la
moelle, la rate, le sang normal, la lymphe. Cette base agit,
même à très faibles doses, en accélérant les oxydations,
tant organiques que minérales, à la façon d'un ferment.
Une série d'observations, dues au professeur Tarldia-
noff, ont établi l'action dynamogène de ce corps; les
observations cliniques ont démontré ses effets thérapeu-
tiques favorables dans toutes les maladies caractérisées
par une réduction des oxydations dans les tissus, un
ralentissement de l'assimilation, et une diminution de
l'alcalinité du sang.
Quelles que soient les manifestations variées appa-
rentes de ces nombreuses maladies, dans tous ces cas, les
effets de la* spermine se réduisent à relever le taux des
oxydations întra-organiques, à favoriser l'élimination
des produits de déchet et à détruire les toxines autonomes
ou microbiennes.
Sous son influence : 1® le rapport de l'azote de l'urée à
l'azote total (ancien coefficient d'oxydation, actuellement,
coefficient d'utilisation des substances azotées), rapport
qui est la meilleure mesure de la respiration et de la
vitalité des tissus, se rapproche, chez les malades, de la
normale; c'est-à-dire que la quantité d'azote uréique
augmente et que celle des produits intermédiaires offen-
sifs (leucomaïnes et toxines de M. A. Gautier) diminue. On
constate, en effet, à la fois, sous l'action de la spermine,
la diminution des leucomaïnes urinaires et des substances
extractives azotées.
2® Sous l'influence du môme agent, le rapport de l'urée
aux chlorures diminue malgré l'augmentation de la quan-
tité d'urée.
3° Le rapport de l'acide urique à l'acide phosphorique
des phosphates neutres (rapport qui, d'après Zerner,
mesure l'aptitude de l'acide urique à se précipiter dans
l'organisme) se rapproche très lentement de 0,4 (nor-
male 0,2 à 0,4).
4'* Le rapport de l'acide phosphorique total à l'acide phos-
phorique des phosphates neutres diminue sensiblement.
La spermiiie ne parait pas avoir d'influence directe sur
— 184 —
les fermentations intestinales; en fait, le rapport de
Tacide sulfurique total à Tacide snlfoconjugué ne paraît
pas modifié.
Les effets physiologiques et thérapeutiques de la sper-
mine sont donc bien uniformes : ils consistent à exciter
les phénomènes d'oxydation et à favoriser ainsi l'élimi-
nation, sous forme de produits inoflfènsifs, des divers
déchets organiques.
Recherche et dosage du plomb dans les fers-blancs et
dans les conserves alimentaires; par M. P. Carles (Ex-
trait) (1). — Fers blancs. ^— Quand on soumet à l'électro-
lyse une dissolution d'azotate de plomb, il y a longtemps
que M. le professeur A. Riche a démontré la facilité, la
rapidité et l'exactitude avec laquelle le métal se dépose
à l'état de bioxyde. M. Riche a fait voir encore que la
séparation se faisait avec la même aisance quand le
plomb était allié au cuivre et à l'étain. En présence
d'une grande proportion d'étain, la peroxydation complète
est nécessaire quand il s'agit d'étamages de boites de
conserves.
Dès que l'on introduit 5 p. 100 de fer dans un alliage
de plomb et d'étain, les séparations des métaux devien-
nent irrégulières par l'électrolyse, et si l'on élève le fer
à 10 p. 100, l'acide stannique reste en dissolution à
l'état de sel férrique.
Conserves. — L'auteur a observé qu'il faut, pour réus-
sir, réaliser les trois conditions suivantes :
Destruction absolue du charbon, élimination complète
des chlorures, dilution convenable des phosphates, sels
qui existent dans toutes les conserves.
Or, les pois secs renferment 2,10 p. 100 de cendres,
et ces cendres contiennent 30 p. 100 d'acide phosphorique,
soit 66 p. 100 de phosphate de chaux. Cent de pois secs
renferment donc 1,40 de phosphate calcaire.
100 de cendres de bœuf donnent 7,70 de cendres for-
mées presque en totalité de phosphates alcalins ou ter-
reux, en réalité 96 p. 100.
(1) Bull, de la Soc. de pharm, de Bordeaux.
— 185 —
Le chlorure de sodium abonde dans toutes les con-
serves de viandes et légumes.
Voie un exemple cité par l'auteur :
50 grammes de pois en grains secs sont arrosés dans
une capsule avec une solution plombique contenant 0,050
de métal, et, lorsque Tabsoption est totale, ils sont por-
tés à la mouile, dans une capsule de porcelaine plate à
bords verticaux et très bas et incinérés à moitié. A ce
moment, on les écrase au mortier de porcelaine et on les
lave à Teau azotique au 1/10 bouillante, de façon à obte-
nir après filtration de 50 à 60«' de liquide. Le char-
bon et le filtre bien essorés sont étendus dans la capsule,
desséchés, puis incinérés. On répète le lavage précédent
et on procède à une troisième incinération, absolue
cette fois.
On laisse refroidir, on ajoute les liquides précédem-
ment filtrés et devenus un peu troubles à froid, on les
additionne de 8 à 10«' d'acide sulfurique concentré et on
fait chauffer progressivement, jusqu'à disparition à peu
près complète de vapeurs sulfuriques, ce qui assure le
départ de tout chlorure. A ce terme on délaye le résidu
dans un liquide composé de :
Acide azotique, B**^; acide sulfurique 30"; eau dis
tiUée, 264.
Ce minimum d'acidité est nécessaire, sans quoi, selon
le degré d'acidité, le plomb se dépose partie au pôle né-
gatif à l'étal de métal, partie en PbO* à l'autre pôle, et
même quelquefois entièrement au pôle négatif.
A ce degré de dilution seulement le courant prend
bonne allure, la soutient, et le plomb se dépose à l'état
de bioxyde au pôle positif. S'il en est ainsi, c'est à cause
de la richesse des pois en phosphate de chaux ; la dose
de phosphate ne doit guère dépasser 0,100 à 0,150 par
50 grammes de liqueur.
Acides chromosulfochromiques. Chromosulfochromates
alcalins; par M. A. Recoura. — L'auteur a établi anté-
rieurement que le sulfate vert de chrome Cr*.3S0*, corps
•T^escç»^'
— 186 —
isomère du sulfate violet, mais qui n'est ni un sulfate,
ni un sel de chrome, possède une grande activité de
coniMnaison, et qu'en particulier il se combine très faci-
loiueat avec l'acide sulfurique ouïes sulfates métalliques,
en donnant naissance à des composés complexes qu'il a
appelés les acides chromosulfuriques et les chromosul-
fates métalliques.
l>aus un nouveau mémoire, il décrit des composés ana-
logues qu'on obtient par la combinaison du sulfate vert
de rhrome, non plus avec l'acide sulfurique et les sul-
fates, mais, avec l'acide chromique et les chromâtes. Ce
sont les acides chromosulfochromiques et les chromosulfo-
chromâtes.
Acide chomosulfochromique :
Cr«3S0* + CrO*H' = [Cr«.3SO*.CrO*]H«,
Acide chromo-sulfo-dichromique :
Cr»3S0* -I- 2CrO*H' = [Cr«.3SO*.2CrO*]H*,
Acide chromo-sulfo-trichromique :
Cr'3S0* + 3CrO*H' = [Cr'.3SO*.3CrO*]H*.
Pour isoler les acides chromo-sulfo-chromiques, il suf-
fil d'évaporer à siccité au bain-marie les liqueurs ren-
fermant, pour une molécule Cr'3S0*, une, deux ou trois
molèiîules d'acide chromique. On obtient ainsi des corps
brun foncé, amorphes, très solubles dans l'eau. Leur so-
lution est verte.
En remplaçant dans cette préparation l'acide chromique
par les chromâtes alcalins, on obtient les chromo-sulfo-
cliromates alcalins. Ceux-ci, à l'état solide, ont le même
aspect que les acides correspondants. A l'état dissous, le
sel a une molécule de chromate est vert jaunâtre, le sel à
deux molécules brun verdàtre, et le sel à trois molécules
brun ,
Ce dernier ne paraît pas d'ailleurs exister à l'état so-
lide. La masse brune que l'on obtient d'abord comme ré-
yuliat de la préparation se recouvre bientôt d'efilorescences
jaunes, dues au chromate alcalin qui se sépare.
\
— 187 —
Ces composés, comme les acides chromosulfuriques,
sont peu stables en dissolution et se dédoublent assez
facilement en sulfate de chrome et acide chromique.
Fermentation alcoolique sans cellules de levure; par
MM. Edouard Buchner et Rudolf Rapp (3« note, fin) (1).
Tableau V. — Puissance fermentative de divers sues de levure.
•>
ACIDE CARBONIQUE, 1
SN QRAM
ures.
MES, APRÈS
64 heures.
48 he
J
PROVENANCE
i
et
1
T
o
5
de la levure.
16
heures.
Si
heures.
acuatio
acide
nique.
acuatio
acide
nique.
acuatio
acide
nique.
acuatio
acide
nique.
M
^-:â
^•-8
■^■T-â
.^7^
au
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0) b
0) (^
Z
s-^g
g' g
g-^g
s-«g
s
è
s
a
10
»
1,U
1,20
20
0,89
0,96
1,00
1,01
18
convertie
en suc
0,90
1,02
»
21
Levure
encore
0,95
1,11
2,29
1,31
1,41
22
pressée
de
fraîche.
0,92
1,04
»
1,13
1,19
23
la même
fabrique
de
Uunich
0,91
1,02
»
1,11
1,18
convertie
24
en suc
0
0
0
0
25
après repos
de 3 jours
à 7- ou 8».
0
0
0
0
Levure pressée
26
d*une autre fabrique
de Munich
travaillée
0,59
0,66
0,72
0,79
»
27
0,57
0,65
0,70
0,78
encore fraîche.
28
Levure pressée
0
0
0
»
29
30(»)
de céréales
d'une fabrique
de Basse- Bavière.
0
0,01
0
0,01
0
0,02
0
0,04
(i)B
(ans l'essai 30, on n'a
pas mis d'arsenic.
(1) Joum. de Pharm. et de Chim., t. VU, pages 26, 81, 86 et 128.
— 188 —
La diminution de la puissance fermentative du suc
exprimé par conservation de ce suc dans une glacière
(à 7« ou 8*,6) est un fait important. Deux essais paral-
lèles, Tun avec, l'autre sans addition d'arsenite (2 p. 100
As'O' dissous dans un excès de carbonate de potasse)
permettent de conclure à ce sujet. On ajouta du sucre de
canne jusqu'à ce que la solution en contînt 27 p. 100.
L'acide carbonique fut chassé dans trois cas seulement.
Tableau VL .— DiminnUoii de la puiasance lermentatifê du suc
par sa conienration.
1
1
â
H
Q
1
AGIDB CAHBONIQUB EN GBAMMBS, Il
APR&8 II
1
î
9
1
5
"^64 he
I|î
1res.
&
31
Cave
(12 k 14)«.
»
Frais.
0,40
0,61
0,96
1,31
1,46
32
Après
24 heures
de repos.
0,14
0,19
0,27
0,36
0,44
33
Après
48 heures
de repos.
0,02
0,05
0,14
0,S2
0,31
34
Chambre.
2 p. 100.
Frais.
0,82
0,86
0,87
»
1
35
Après
24 heures
de repos.
0,49
0,55
0,56
>
9
1
Après
4 8 heures
de repos.
0,03
0,15
0,17
1
_
— 189 —
Du suc conservé 20 heures à 0* fournit par contre, dans
les mêmes circonstances, 1»',11 d'acide carbonique. Il
n'était donc pas notablement altéré.
Comparaison directe avec la puissance de la levure
vivante. — Ces essais montrèrent que, dans les mêmes
circonstances, la puissance fermentative du suc n'est
pas notablement modifiée par la présence de quelques
microorganismes. Dans une partie des essais, on ajouta
i«' de levure pressée fraîche à du suc exprimé devenu
inactif par la conservation. On a ajouté ou non de l'ar-
senic (2 p. 100 As'O* dissous dans un excès de K"CO').
Enfin, on a mis du saccharose jusqu'à ce que le titre de
la solution fût de 27 p. 100. Température, 12<» à 14^
Tableau VII.
— Comparaison avec la levure vivante
ACIDE CUUIONIQUB EN GRAMMES il
1
!
s
suc
de
leTure.
i!
5
É
o.
3
5
après î II
i
Xi
É
9
SANS EXPULSION \
de l'acide 1 Sl
carbonique, f s*
AVEC EXPULSION i n
de l'acide ]«
carbonique. /
31
Frais.
»
]>
0,50
0,73
1,34
1,73
1
ao
9
»
2
0,89
0,96
1,00
1,01
9
32
Ancien.
iet-
»
0,020
0,080
0,43
0,82
>
33
34
Inactif.
igr.
2
0,005
0,005
0,03
0,07
9
Frais.
»
»
0,40
0,61
1,10
1,31
1,46
31
35
»
>
2
0,95
0,11
1,29
1,31
1,41
Ancien.
Igr.
>
0,02
0,09
0,62
1,13
1,51
36
InacUf.
*gr.
2
0,00
0,00
0,00
0,00
0,02
La comparaison des essais 31 et 20 et des essais 34 et
21 de ce tableau fait ressortir que la puissance fermen-
— 190 —
tative du suc exprimé est au commencement fortement
augmentée (cela ne ressort pas des essais du tableau III;.
Vraisemblablement, Texcès de carbonate de potasse
ajouté avec l'arsenic (lors de la préparation de la solution
arsénieuse), doit être rendu responsable de faciliter
Taction chimique de la zymase, dans la décomposition du
sucre. Ainsi, M. E. Duclaux (1) a effectué la décompo-
sition alcoolique du sucre par la lumière du soleil, en
Ttibsence d'air, en solution alcaline.
Appendice, — D'après une récente notice de A. Sta-
venhagen (dernier cahier de ces Berichte^ p. 2422)), le suc
de levure filtré à travers une bougie Chamberland serait
sans action sur le sucre. Ce fait est en complète contra-
diction avec les essais mentionnés dans cette communi-
cation et reste sans valeur jusqu'à ce qu'on ait montré
que le suc en question possédait une forte action avant
là filtration.. Cette communication pèche par ce côté. Les
autres oppositions sont réfutées par les recherches dé-
crites plus haut.
(Tradaction Marcel Delage.)
Tûbingen cl Munich, 5 novembre 1897.
Les huiles essentielles au point de vue chimique et
industriel; par M. Duyk (2) (Fin).
Essence de thym, — L'herbe de thym (thymus vulgaris]
qui croit dans le midi de la France, renferme de 2 à 2,5
p. 100 d'une huile essentielle fort employée en phar-
macie. On cultive cette plante non seulement en France,
mais aussi en Allemagne (Saxe) et en Espagne.
L'essence brute est rougeâtre, mais rectifiée, elle est
blanche et alors elle possède les constantes physiques
suivantes : Densité = 0,890 ; indice de réfraction n [d] =
1,483. Pouvoir rotatoire + 10* à 12<>. Elle commence à
(l) Ann. Pasteur y X, 1896, 168. C'est le premier cas d'une décomposiUon
du sucre en alcool et acide carbonique sans le secours d'organismes. Ma pre-
mière communication {Bcrichte, XXX, 120) est à rectifier sur ce point.
(â) Journ. de Pharm. et de Chim, [6], IV, 38, 208, 303, 359, 453,491,
4U9; VII, 74, 123.
L
— 191 —
bouillir à 155*» — 165*; il distille successivement des
hydrocarbures tels que cymène, thymène, des phénols,
thymol, carvacrol, et de petites quantités de bornéol et de
de linalol.
Le thymol ou acide thymique est la partie la plus pré-
cieuse de Tessence de thym; il existe aussi dans les
essences de monarda punctata et de ptychotis ajovan. Sa
formule : -
y(l) CH»
C«H»^(4) C'H'
\(3) OH
en fait un méthyl propylphénol : 1* Pour le retirer de
l'essence, on agite celle-ci avec une solution concen-
trée de soude caustique. Le thymate sodique formé
reste dissous dans Teau; on le sépare des cyméne et
thymène, etc., inaltérés et on traite la solution alcaline
par un acide minéral; une huile se précipite constituée
par du thymol. On la dessèche sur du sulfate sodique
anhydre et on la fait cristalliser en y projettant un cristal
de thymol pur.
2* Pour l'obtenir synthétiquemenl, on part de l'aldé-
hyde cuminique nitrée. En traitant celle-ci par du per-
chlorure de phosphore, on obtient une huile qu'on sépare
de l'oxychlorure par lavage à l'eau et extraction à l'éther.
On la dissout dans l'alcool, puis on la traite par l'acide
chlorhydrique et le zinc à une température ne dépassant
pas 12*^; la réaction est terminée lorsqu'une prise d'essai
ne précipite plus par l'eau ; on laisse alors la température
s'élever.
Les groupes CHCl' et AzO* sont réduits et on obtient
de la cymidine dont le sulfate, traité à froid par le nitrite
sodique et l'acide sulfurique étendu, se convertit en
thymol, d'après l'équation suivante :
0'*H"(AzH«) + AzO«H = 0'°H"OH-|-Az»4-H*0.
On isole le thymol au moyen d'un acide, puis on le dis-
tille dans un courant de vapeur d'eau. . .
1
— 192 —
Le thymol fond à 44^, bout à 230^; il est très soluble
dans Téther et Talcool ; peu soluble dans l'eau.
Dissous dans l'acide sulfurique, puis traité par un
mélange de nitrite de sodium et d'acide sulfurique, il se
colore successivement en vert et en bleu.
L'essence de thym rectifiée que Ton rencontre habi-
tuellement dans le commerce est presque toujours privée
de thymol^ aussi lorsqu'on l'agite avec une lessive alca-
line ne diminue-t-elle pas de volume. Une bonne essence
doit cependant renfermer au moins 20 p. 100 de son
poids de thymol.
La présence de térébenthine, que fréquemment on
ajoute à l'essence de thym, sera facilement décelée en
examinant celle-ci au polarimètre, l'angle de rotation
sera dans ce cas, considérablement augmenté.
Essence de térébenthine. — Il existe trois sortes d'es-
sences, intitulées française, anglaise ou américaine,
russe ou suédoise, possédant chacune des propriétés
physiques particulières.
Essence de térébenthine.
FRANÇAISE
(gauche)
ANGLAISE
OU AMÉRICAINE
(droite)
RUSSE
ou SUÊDOISB
(droite)
Provenance ....
Composition • . .
Pouvoir rotatoire.
Densité
Point d'ébnllition.
Pinus maritima
— pinaster
Térébenthène ou
pinëne gauche
ad=— 60-
0.864—0.866
i56« k i63«
Pinus Australis
Australène
ou pinène droit
(a)d= + 14.55
0.864 à 20"
156 à 161
(suivant les auteurs)
Pinus sylvestris
— Ledebourii
Sylvestrène el
pinène droit
a d = + 3i-
0.860 à 20"
161 à 180 et au-dessus
(suivant les auteurs).
Ces trois variétés d'essences se différencient surtout
par Taction que chacune d'elles exerce sur le plan de
la lumière polarisée. Elles sont principalement consti-
tuées par du pinène ou térébenthène^ hydrocarb ure de la
formule 0"H".
— 193 —
L'essence ofBicinale (française) est très rarement falsi-
fiée; les falsificateurs en usent au contraire largement
pour la mélanger à des essences chères. Pure, elle n'of-
frira jamais une fluorescence bleue (huile de pétrole),
elle se volatilisera sans laisser de résidu appréciable
lorsqu'on la chauffe à la chaleur du bain-marie (huile de
résine).
Essence de genièvre. — On l'obtient en distillant les
baies de genièvre (Juniperus communis). Elle est soluble
dans 10 parties d'alcool à 80*.
Cette essence est composée presque exclusivement de
pinène et de cadinène, ce dernier est un sesquiterpène
que Ton retrouve dans Vhuile de cade, goudron obtenu en
soumettant le juniperus oxycedrus à la distillation sèche.
On rencontre aussi, dans l'essence de baies de genièvre,
de petites quantités d'un éther terpénique qui lui donne
son odeur propre.
Essence de sabine, — Cette essence [juniperus sabina,
conifères) est composée de pinène et de cadinène. Sa den-
sité = 0.91 à 0.94. Elle est soluble dans l'alcool à 90* qui
en dissout un volume. Pouvoir rotatoire («) j = +40 à 50*^.
Essence de romarin. — Les feuilles et les sommités
fleuries du romarin (Rosmarinus off. Labiées) fournissent
à la distillation des essences d'odeur plus ou moins
agréable. L'espèce la plus estimée nous vient du Midi de
la France.
L'essence de romarin est un liquide incolore, qui
s'oxyde rapidement au contact de l'air. Sa densité varie de
0,880 à 0,920. Son point d'ébuUition varie aussi de 150<»
(Bruylants) à 168» (Williams).
M. Bruylants a découvert dans l'essence de romarin : du
pinène en grandes quantités; un mélange de camphre
droit, de camphre gauche et de petites quantités de
bornéol.
L'essence de romarin est fréquemment falsifiée par
l'essence de térébenthine; la présence de petites quan-
tités de cet adultérant, dont la composition chimique se
rapproche de celle de l'essence de romarin pure, est fort
Journ, de Pharm, et de Chim., &* SÉRIE, t. VII. (15 février 1898.) 1 3
•-.lïs?^
— 194 —
difficile à déceler. On a signalé une fraude plus grossière:
Taddiiion d'huile de pétrole, mais on pourra facilement
déceler la présence de ce corps, à son odeur caractéris-
tique d'abord, à l'aspect fluorescent de Tessence et enfin à
la non complète disparition du produit soumis à la cha-
leur du bain-marie.
Essence de cèdre. — On la produit en traitant par un
courant de vapeur les copeaux de cèdre {juniperus virgi-
niana]. Cette essence a Taspect d*un liquide jaunâtre, de
eousistance épaisse, d'une densité de 0,984 à 14*,5; bouil-
lant déjà en-dessous de 280* à la pression ordinaire. Les
fractions passant vers cette température sont composées
en majeaie partie d*un hydrocarbure, le cédrène qui
donne avec Tacide chlorhydrique un chlorhydrate liquide;
les fractions supérieures (jusqu'à 295**) sont en petites
proportions. Elles renferment un composé alcoolique non
encore très bien défini, mais qui parait être identique au
santalol de Tessence de santal. Ce stéaroptène fait presque
complètement défaut dans l'essence de feuilles de cèdre.
Agitée avec du bisulfite de soude, Tessence de cèdre ne
doit rien lui abandonner.
L'essence de cèdre possède une certaine importance
en optique; on sait qu'elle est employée couramment
(épaissie à Tair) en microscopie. D'après Schimmel, Tin-
dice de réfraction d'une essence nouvelle = ^ = 1.50567 à
17* et celui de l'huile épaissie =5 = 1.51682 à 17^
En outre, on s'en sert fréquemment pour falsifier l'es-
sence de santal, ou même on la substitue complètement à
cette dernière.
Contribution à la chimie des tannins; par M. Hebmann
KuNï-Kit.vu'E (1). — L'auteur envisage tout dabord la
quvjï^ïiun de classification des tannins et pense qu'on peut
aller plui? loin que la division en combinaisons non gly-
cosidiques et combinaison glycosidiques. Il propose de
créer les groupes suivants :
(1) Bt'UrUfje sur Chemie. der sog. Gerbsàuren (Glykotannoïdes) Apoth.
teituntj, XII, 89, 1897, p. 734.
— 195 —
1<* Premier groupe comprenant les oxacides aromatiques
de la série du benzol et du styrol (tannogènes de Bramer) ;
2* Tannins cétoniques de nature non éthérée ou non
glycosidique, produits d'oxydation et de condensation des
oxacides précédemment nommés ;
3* Tannins de nature éthérée ou glycosidique.
Ce dernier groupe comprend lui-même des sous-
groupes; on y rattache entre autres les glucotannoïdes
et les phloroglucotannoïdes.
Un des représentants les mieux connus des glucotan-
noïdes est l'acide glycosyldioxycinnamique , qui est le
tannin du café ou du maté et dont la répartition paraît
très étendue dans le monde végétal.
Les glucotannoïdes de la série cinnamique sont carac-
térisés par toute une série de réactions générales : colo-
ration jaune de leurs solutions alcalines; précipité jaune
insoluble dans l'alcool, facilement soluble dans l'eau, en
présence du sodium en solution alcoolique; formation
de sels de plomb jaunes; production d'acide cyanhy-
drique dans le traitement par le réactif de Liebermann
à froid; formation de glucosazones par réaction avec la
phénylhydrazine.
L'acide glycosyldioxycinnamiijue, tannin du café et du
maté, forme, avec la phénylhydrazine une osazone fon-
dant à 180"* et se combine avec l'a-phénylènediamine ; il
dorme, avec l'acétate d'ui-ane, un précipité rouge-brun et
peut se combiner avec Thydrate de chloral en fournissant
un composé jaune assez peu stable. Le tannin lui-même
est très stable et très résistant vis-à-vis des acides. L'eau
de brome, même à froid, disloque sa molécule. Il se forme,
d'une part, un produit brome brun insoluble, et, d'autre
part, il reste du sucre en solution; bien que le dédouble-
ment ne soit pas complet, l'eau de brome pourrait cepen-
dant, peut-être plus facilement que les acides étendus,
fixer les idées sur la vraie nature de l'acide glycosyl-
dioxycinnamique.
L'auteur, en terminant, mentionne la possibilité du
dédoublement de Tacide glycosyldioxycinnamique par
— 196 —
fortaioe^ ^(^crétions glandulaires , comme la sécrétion
pîUKM'éatiijue, et il montre l'intérêt qui s'attacheaux études
etitrepriî^es dans cette direction, si l'on considère la pré-
ïience si répandue du tannin en question dans le monde
des végétaux. H.
Recherches sur Touabaïne ; ' pas M. Arnaud (I). —
L^ouaiiLiûie peut former, par cristallisation ou évapora-
tiuïi de t?es solutions aqueuses, au moins trois hydrates
crislïillii5<^s différents, prenant naissance respectivement à
la (température ordinaire (entre 10** et 20^, vers 30^
^Le premier de ces hydrates correspond à 9 molécules
d\^au, si Ton adopte la formule, C"H**0'V II contient,
li'aiU'ès les dosages effectués, de 20, 70 à 21, 35 pour 100
d'eau, suivant que la dissiccation est plus ou moins pro-
long*^e ; celle-ci ne devant pas excéder douze heures
k 125% car l'ouabaïne s'altère alors en brunissant à la
surface* l*our 9 molécules d'eau, le calcul indii|ue
21,31 pour 100. Quand on laisse cet hydrate sous le des-
siccateiir m présence de l'acide sulfurique, il perd
2 molécuitis d'eau et ne contient alors plus que 17,5 pour
!00 d'eau.
L'iiydrale qui se forme vers 30° contient environ 11,2
pour tÛO d'eau ; celui qui prend naissance à 60*, environ
9 r*our 100, Ces hydrates correspondent, sans doute, soit
à quiilre^ î^oit à trois molécules d'eau de cristallisation.
Le pouvoir rotatoire de l'ouabaïne en solution aqueuse
à 1 pour ino est : [a]D=— 30%6.
ijucîqui.^s essais ont été faits sur sa solubilité dans Teau
et ont conduit aux résultats suivants :
A W, lOO** d'eau contiennent. U%61 ouabaïne anbydro.
A U\5 — 0«',93 —
AS* — 0»',65 —
(!) Ac, d. *c., CXXVI, 346, 24 janv. 1898.
— 197 —
La tyrosine, vaccin chimique du venin de vipère ; par
M. C. Phisalix (1). — La cholestérine extraite des calculs
biliaires exerce, vis à vis du venin de vipère, une action
immunisante bien marquée. L'auteur a répété ses expé-
riences avec deux nouveaux échantillons de cholestérine.
L'un d'eux était de la cholestérine végétale, la carotte, et
fondant à 136*; l'autre de la cholestérine extraite des cal-
culs biliaires et fondant à 146<». Avec ces deux substances,
d'origine différente, on peut conférer aux animaux l'im-
munité contre le venin. La fusion à 146* n'enlève pas à
la cholestérine ses propriétés.
La substance blanche, entièrement formée de cristaux
de tyrosine, retirée par M. G. Bertrand des tubercules de
Dahlia, est très peu soluble dans l'eau, mais elle s'y
divise en particules si ténues qu'elle reste en suspension
dans le liquide auquel elle donne un aspect laiteux. Un
tel mélange, dans la proportion de 1 pour 100, peut être
inoculé facilement et sans danger sous la peau d'un
cobaye à la dose de 2" à 3". Il se produit un léger gonfle-
ment au point d'inoculation, mais il ne survient aucun
accident général. L'injection intra-péritonéale est moins
inoffensive : elle détermine un abaissement de tempéra-
ture de quelques degrés ; mais ce malaise est de courte
durée, et l'animal revient à l'état normal.
Les animaux qui ont rec^u cette émulsion de tyrosine
peuvent être éprouvés au bout de vingt-quatre ou qua-
rante-huit heures avec une dose de venin mortel en cinq
ou six heures pour les témoins : ils n'éprouvent pas de
symptômes généraux d'envenimation, leur température
ne s'abaisse pas ; toutefois, quelques accidents locaux
peuvent se manifester.
11 suffit de 5"» de tyrosine pour vacciner un cobaye,
mais on comprend que l'immunité est plus ou moins
forte et durable suivant la dose. En général, avec lO"» à
SO"», l'immunité est déjà très prononcée au bout de vingt-
quatre heures ; elle peut durer encore après vingt-cinq
(1) Ac, d. «c, CXXVI, 431, 31 janv. 1898.
— 198 —
jours : quelquefois cependant elle a disparu vers le quin
ïièine jtiur.
Injeclèe en même temps que le venin, mais dans un
point différent du corps, la tyrosine peut retarder la mort
(Ir plusi<;urs heures, mais elle n'est pas capable de Tem-
pécher : elle n'est donc pas antitoxique. Elle n'est pas
mm plus un antidote chimique ; mélangée au venin, elle
m* le ili^truit pas et le mélange est aussi toxique que le
vf'uin seul.
La tyrosine qui a servi à ces expériences peut être
considène, d'après la méthode de préparation employée.
Comme débarrassée de toute substance étrangère. D'autre
part, la tyrosine animale, dans la préparation de laquelle
toutes les substances albuminoïdes sont détruites, pos-
îfede aussi les mêmes propriétés antivenimeuses que la
tyrosine végétale. Ajoutons, dans le même ordre d'idées,
fjuo la tyrosine chauffée à 120** pendant vingt minutes ne
perd pas ses propriétés immunisantes.
Donc, la tyrosine peut être considérée comme un nou-
veau vaccin chimique du venin de vipère.
En ce qui concerne la tyrosine des tubercules de
Dalilia, il est naturel de penser que le suc des tubercules
où elle est en dissolution devait aussi se comporter
Foinme un vaccin.
C'est, en effet, ce qui a lieu. Il suffit de 1*'' à 2" de ce
suc fi'alchement exprimé, pour vacciner un cobaye
contre ime dose mortelle de venin. Or, si la tyrosine
seule agissait, il faudrait 10'^'= environ de ce suc, puisque,
d'après M. Bertrand, la tyrosine s'y trouve dissoute dans
la proportion de 0»%5 par litre et qu'il en faut S"***" pour
pnjduii'c l'état vaccinal. Il est donc probable que d'autres
substances confèrent au suc de Dahlia ses propriétés
antivenimeuses. La composition de ce suc est, du reste,
1res cuTJiplexe, et son étude physiologique exige de nou-
TcUes recherches. En attendant, il était intéressant de
sit^^naler ce fait comme le premier exemple connu d'un
végèliil dont le suc cellulaire est doue de propriétés inniiu-
nisantes contre un venin.
— 199 —
BIBLIOGRAPHIE
M. A. Lambert, pharmacien de l'Asile d'aliénés du
Rhône, dont ce journal a publié au fur et à mesure l'étude
critique des préparations galéniques de la Pharmacopée
française, vient de terminer cet important travail et de
le réunir en une brochure.
Nul doute que la Commission du Codex ne tienne un
grand compte des judicieuses observations de notre dis-
tingué confrère (1).
Dictionnaire de Chimie industrielle; par MM. Villon
et. P. GuiCHARD (2). —Le 17* fascicule vient de paraître :
ff de Engrais à Farine ».
Les articles : Engrais, Essences, Éthers, Explosifs sont
traités avec détails. L'article : Falsification contient la
législation sur les fraudes.
SOMMAIRES DES PRINCIPAUX RECUEILS DE MÉMOIRES ORIGINAUX
Comptes rendus de rAcadémie des Sciences. — 24 janvier 1898. —
Af. E. Biaise : Synthèse de racide térébique. — 31 janvier. M. I, H. Mou-
relo : Production dn sulfure stron tique phosphorescent. — A. Guillemare :
Acide phyllocyanique et phyllocy anales.
Pharmaceutische Post, XXK, septembre à décembre 1897. — E. Senfl :
Sur les lichens caractéristiques de Técorce de Rhamnus Purshiana, — Jos.
Moeller : Nouvelles recherches sur Torigine du storax.— Ca«. Strzysowski :
Empoisonnement par le phénol. —Jos. Moeller : Bois d'aloès et de linaloès.
Pharmaceutische Zeitung, XLII, septembre è. décembre 1897 — Fr.
Sibbers : Analyse de Taluminium. — D' Aufrecht : Sur le vasogène iodé. —
K, Dieterich : Sur Fessai quantitatif de la noix de kola et des extraits de
kola. — Ed. Schair : Nouvelles recherches sur la pâle de guarana. — F.
(i) Brochure de 115 pages. Association typographique, rue de la Barre (Lyon).
(2) Bernard Tignol, quai des Grands-Augustins, 53 6w, Paris.
— 200 —
Bietze : Sur les huiles essentielles de la Pharmacopée allemande. — D'
Schûrmayer : Sur le vasogëne. — H. Kunz-Krause : Gentribation à l'étude
chimique des glycotannoTdes. — K. Dieierich : Sur la kolanine. — M, Klar :
Remarques sur les propriétés et l'essai du saccharate do fer soluble ainsi que
sur l'essai du perchlorure de fer k l'aide de la liqueur d'amidon. — A. Bres-
towski : Sur la somatose du lait.
Pharmaceutische Gentralhalle, XXXVllI, septembre à décembre 1897.
— J, AUschul : Réactions et réactifs; liste par noms d'auteurs. — E. Rie-
gler : Nouveau dosage volumétrique de l'urée ; nouveau dosage du sucre dans
l'urine. — A, Eicheingrûn : Sur le protargol. — G. Kassner : Recherches
de traces de plomb dans le sucre de canne. — D' Schweissinger : Oxydation
de l'huile pbosphorée. — R. Tambach : Sur le dosage de la tannalbine. —
A, Brestowski : Sur la tannone, nouvel antidiarrhéique. — Ad. Beythien :
Snr la détermination de l'indice do saponifications à l'aide de l'alcoolatc de
soude.
Zeitschrif fur physiologische Ghemie» XXII, fasc. 6, 9 octobre 1897.
— P. Nolf : Sur la recherche de l'acide carbonique. — Em. Abderhalden :
Analyse quantitative du sang. — E. Nawratsky : Étude du liquide cérébro-
spinal. — Em, Hûusermann : Assimilation du fer.
— XXIV, fasc. 1 et 2, 13 novembre 1897. — J. Thesen : Sur la créatinine.
— E. SchuUze : Transformation des matières albuminoïdes dans les plantes
vivantes. — E. Hamach : Substances passant dans l'urine après ingestion de
tannin et d'acide gallique. — Th. Panzer : Étude du dédoublement de la
caséine par l'acide chlorhydrique. — Fr. Hofmeisler : Sur l'albumine de
l'œuf iodée.
— Fasc. 3, 22 décembre 1897. — A, Wroblewski : Sur la constitution
chimique de la diastase. — 0. Folin : Simplification de la méthode d'Hopkin
pour le dosage de l'acide urique. — Em. Pick : Recherches sur les matières
protéiques. — E. Schulze : Sur les produits de décomposition des matières
protéiques tirées des semencee de conifères.
ÂrchlY der Pharmacie [3], t. XXXV, fasc. 7, 15 octobre 1897. —
//. Pommerchne : Oxydation do l'élhylthéobromine par le chlorate de po-
tasse et l'acide chlorhydrique. — K. Gorter : Principes immédiats de la racine
de Baptisia tinctoria. — H. Geiger : Étude des feuilles de jaborandi. — //.
Beckurta et /. Troeger : Essence d'écorce d'angusture. — E, Schmidt : Sa-
licine et ses dérivés. — L. Visser : Produits de substitution halogéniques
de la salicino et de ses dérivés.
— Fasc. 8. 31 décembre 1897. — Th. van Waveren: Étude de l'hélicine.
— J. Gadamer : Sur l'acide sinapique : sur l'origino de l'isosulfocyanate d'ai-
lyle de la racine de raifort. — E. Gildmeister et K. Stephan : Sur les huiles
essentielles. — K. Schumann : Morphologie de quelques drogues — if.
Kubli : Essai de la quinine. — H. Beckurts et J, Troeger : Sur l'essence
d'écorce d'augusture.
— 201 —
Gaxzetta chimica italiana, \XVII (II), fasc. 3, 30 septembre 1897. --<
G. Ampola et E, Garino : Sur la déaitrification. — G. Minunni : Nou-
velles recherches sur Tisomérie des produits d'oxydation des hydrazones.
— Fasc. 4, 31 octobre. — M. Fileti ei A. de Gaspari : Action du zinc
sur l'éther chloromélbylique. — G. Fileti : Dérivés de l'acide béénique. —
C. Montemartini et D, Trascxatti : Dosage de la morphine dans l'opium. —
C. Montemartini : Action du chlore sur l'acide isovalérianique. — G. Cia^
mician et P. Silben : Principes aromatiques de l'essence d'àche.
— Fasc. 5, 30 novembre — G, Errera : Gondensatiun de la cyanacétamide
et du chloroforme. — M. Denuatedt : Simplification de l'analyse élémentaire
organique, — L. Sostegni : Sur la matière colorante des raisins rouges.
SOCIETE DE PHARMACIE DE PARIS
Séance annuelle du 5 janvier 1898.
Compte rendu des travaux de la Société de Pharmacie
pendant Vannée 1897; par M. E. Guinochet (Suite) (1).
M. Patein a continué à nous entretenir de ses expé-
riences sur les combinaisons de l'antipyrine.
Afin de démontrer expérimentalement que les phénols
se combinent à l'antipyrine en se fixant sur l'azote 2 lié
au groupe méthyle et le plus éloigné du carbonyle. il a
fait réagir le naphtol-P, la résorcine, Thydroquinone et
l'acide salicylique sur la monométhylphémjlpyrazolone
dans laquelle l'azote 1 est identique à celui de l'antipy-
rine, tandis que l'azote 2 a des liaisons différentes dans
les deux corps, et il a constaté qu'il n'y avait pas eu de
combinaison. Il en conclut donc que : 1** la monométhyl-
phénylpyrazolone ne se combine pas aux phénols à fonc-
tions simples et à fonctions mixtes ; 2^ des deux atomes
d'azote de l'antipyrine, l'azote 1 n'étant modifié en rien
dans la monométhylphénylpyrazolone, c'est par l'azote 2
que l'antipyrine s'unit aux phénols; 3* l'existence de
combinaisons de l'antipyrine avec les phénols est incon-
ciliable avec une supposition de E. van Meyer, d'après
(1) Journ. de Parm. et de Chim. [6], VII, p. 149.
— 202 —
laquelle Tantipyrine pourrait ^tre considérée et comme
une sorte de bétaïne; l'azote 2 ne posséderait plus aloi-s
ses deux valeurs supplémentaires libres.
Dans l'étude qu'il a faite de l'action de l'antipyrine sur
les aldéhydes, M. Patein a reconnu, en ce qui concerne
l'aldéhyde formique, que le corps obtenu par Knorr et
celui décrit en France sous le nom de foinnopyrine sont
identiques; ce n'est pas, ainsi qu'on Ta dit, un corps
résultant de l'union du formol et de l'antipyrine, analogue
au chloralantipyrine; mais il résulte, ainsi que Tavail
"admis Knorr, de la combinaison d'une molécule de for-
mol et de deux molécules d'antipyrine avec perte d'une
molécule d'eau, et sa formule est :
Az— C«H»
CH» — Az/ \C0 Co/Naz — CH»
en»— c t=c— CH*—c!==?c — en*— n»o
M. Patein lui a donné le nom de diantipyrine-méthayie
et a préparé des corps analogues, avec toutes les aldé-
hydes, par le procédé général suivant : il mélange, dans
de l'eau additionnée d'acide chlorhydrique, une molécule
<le l'aldéhyde et deux molécules d'antipyrine; au bout de
quelques heures, le tout est pris en masse cristalline for-
mée par un chlorhydrate que l'on décompose par l'am-
moniaque; le corps, essoré et lavé, est soumis à une dis-
tillation dans l'alcool bouillant.
Dans toutes ces combinaisons, les propriétés de l'aldé-
hyde ont disparu, tandis que celles de l'antipyrine sont
conservées.
M. Patein a pu obtenir ainsi un corps résultant de Tac-
lion du chloral sur l'antipyrine. Mais le chloral ne se
combine pas comme l'éthanal, il se fixe toujours siu-
l'azote, comme l'a dit M. Béhal. En opérant dans l'acide
sulfurique, au bain-marie à 100**, on obtient de la di/iy-
drochloral antipyrine et non pas de la diantipyrinetrichlo-
roéthane.
— 203 —
Enfin, M. Patein, dans un autre ordre d'idées, nous a
fait part d'un travail sur la médication martiale. Il résulte
de ses recherches : 1** que le fer à l'état normal sous
forme de fer hématique et de fer de réserve, celui-ci loca-
lisé, est destiné à la reformation des globules rouges à
mesure de leur destruction; 2*^ cjueles sels ferreux à acide
organique se transforment, dans l'estomac, en chlorure
ferreux sous l'influence du suc gastrique; 3** que, dans les
associations du fer et du quinquina dans les pilules, il y
a précipitation d'un tannate de fer, composé qui perd
son insolubilité s'il se trouve en présence de glycérine;
¥ quelle que soit la forme sous laquelle le fer est admi-
nistré, il va se fixer dans le foie, où il s'assimile et con-
court à la reformation d'hémoglobine.
M. Grimbert a continué ses études de microbiologie.
Dans un premier travail intitulé : Sur les diverses varié-
tés du pneumobacille de Friedlander isolées de Veau, il
décrit quatre nouvelles variétés de ce pneumobacille qu'il
étudie comparativement avec le pneumobacille dont il
s'est déjà occupé antérieurement. Ces microbes ont été
isolés de l'eau par la méthode de Péré, c'est-à-dire après
plusieurs passages en bouillon phéniqué et cultures sur la
gélatine. Sur ce dernier milieu, ils présentent l'aspect de
colonies rondes et saillantes d'un blanc mat, se distin-
guant ainsi des colonies de coli-bacille, toujours un peu
irrégulières et légèrement brunâtres par transparence,
quand elles n'affectent pas la forme classique de l'ile de
glace. Sur gélatine, en piqûre, ils donnent une culture en
forme de clou; sur gélose, une trace épaisse et glaireuse,
et sur pomme de terre une culture abondante, parfois
huileuse.
Sous le microscope, ils ont la forme de petits bacilles
courts, entourés d'une auréole très nette dans les cultures
sur gélose. Ils ne se colorent pas par la méthode de Gram.
Cultivés dans une solution de peptone, ils ne donnent pas
d'indol.
Ils sont pathogènes, à l'exception d'un seul, pour la
souris.
■.'J-'^c^'ç^i^^
— 204 —
On voit que Faspect des cultures, la forme microscopi-
que, l'action pathogène de ces microbes ne permettent
pas de les ditrérencier. Seules, les propriétés chimiques
conduisent sûrement au résultat.
M. Grimbert a étudié l'action de ces microbes à la tem-
pérature de 36^ sur la solution aqueuse des corps sui-
vants : lactose, saccharose, glucose, glycérine, mannite,
dulcite, dextrine. Sans entrer dans le détail des expé-
riences, rappelons seulement les résultats les plus sail-
lants :
1** Tous ces bacilles encapsulés, isolés de l'eau, ont fait
fermenter la glycérine, ce qui les distingue immédiate-
ment du pneumobacille de Friedlànder décrit par Frank-
land. Ils font tous fermenter le lactose, le saccharose, le
glucose et la mannite avec plus ou moins d'énergie ; deux
ne font fermenter ni la dulcite ni la dextrine.
2* Tous donnent de l'acide lactique gauche avec la gly-
cérine et de l'acide succinique avec le lactose. Un seul
donne de l'acide formique avec la glycérine. Enfin, tous
donnent de l'alcool éthylique et de l'acide acétique. Alais
les proportions de ces différents corps ne sont pas les
mêmes, quand on passe d'un pneumobacille à un autre.
Toutefois, connue le remarque M. Grimbert, les difTô-
rences observées soit dans la virulence, soit dans la coa-
gulation du lait, ainsi que celles signalées dans la fer-
mentation des sucres, ne peuvent être considérées comme
suffisantes pour créer des espèces distinctes : ce sont tout
au plus de simples variétés d'un même microbe. Ce qui
est vrai pour le pneumobacille de Friedlànder l'est aussi
pour le bactérium coli, dont on a décrit plusieurs varié-
tés, les unes, par exemple, faisant fermenter le saccha-
rose, et les autres, en plus grand nombre, ne l'attaquant
pas.
11 semble bien, par contre, qu'on puisse considérer
comme deux espèces nettement distinctes le pneumo-
bacille de Friedlànder et le l)acterium coli. En effet, ce
dernier microbe donne, dans les solutions de peptone,
de rindol et ne fait pas fermenter la glycérine, tandis que
— 205 —
le pneumobacille ne donne jamais d'indol et fail fer-
menter la glycérine.
Dans un second travail, fait en commun avec M. Fic-
quet, M. Grimbert nous a décrit un microbe isolé à l'état
de pureté d'une fermentation anaérobie de tartrate de
chaux mise en train au moyen de quelques gouttes d'une
macération végétale abandonnée à elle-même à l'étuve
sans précautions spéciales.
Ce microbe, qu'ils ont dénommé Bacillus tay^ricus, est
un petit bacille de 1 à 2 jjl de long, doué de mouvements
très vifs, se décolorant par la méthode de Gram. C'est un
anaérobie facultatif. Sur bouillon : trouble rapide, voile
granuleux se disloquant facilement; dépôt muqueux, pas
d'odeur. Sur plaques de gélatine : colonies ressemblant
à celles du coli-bacille, à bords irréguliers, peu découpés;
liquéfaction très lente du dixième au i|uinzième jour. Sur
gélatine en piqûre : trace finement granuleuse. Sur
gélose : trace mince, glacée, transparente, s'étalant en
quelques jours sur toute la surface de la gélose. Sur
pomme de terre : trace jaunâtre en saillie ; la ponmie de
terre prend une coloration foncée en vieillissant. Pas
d'indol dans une solution de peptone. Coagulation du lait
vers le huitième jour. Empois d'amidon pas liquéfié.
Albumine cuite pas digérée. Les nitrates sont transformés
en nitrites.
Ce microbe attaque le glucose, le saccharose, le lactose,
le mallose, la mannite, la dextrine, mais non la dulcite et
la glycérine. Enfin, c'est un ferment actif du tartrate de
chaux, avec lequel il donne les acides acétique, succi-
nique, carbonique et de l'hydrogène, sans trace d'alcool.
Ces résultats différencient donc nettement le bacillus
tartricus des autres ferments tartriques déjà décrits.
La pureté du chloroforme anesthésique ! Voilà une
question bien souvent traitée dans le sein de notre Société
et qui a cependant fourni à notre collègue, M. BéhaL et à
son coUaboratem-, M. François, Toccasion d'un travail très
original et fait avec la plus grande précision, travail qui
est destiné à donner au pharmacien de nouvelles armes
— 206 —
pour la constatation de la pureté d'un corps aussi impor-
tant que le chloroforme.
Ces messieurs rappellent d'abord les essais multiples
indiqués par le Codex. Malheureusement, aucun chloro-
forme du commerce ne répond victorieusement à tous ces
essais. Est-ce la faute du chloroforme? est-ce la faute du
Codex? C'est, ce qui n'est pas pour nous causer un très
grand étonnement. la faute du Codex. Par exemple,
celui-ci indique 60**,8 comme point d'ébullition du chloi-o-
forme ; aucun chloroforme du commerce ne bout à celle
température. La limpidité du chloroforme ne devrait pas
être altérée par un abaissement de température, tous les
chloroformes du commerce cristallisent plus ou moins
entre — 20** et — 40*. Le chloroforme ne devrait pas
verdir l'acide chromique cristallisé et devrait rester inco-
lore au contact d'un cristal de fuschine ou de binitrosul-
fure de fer ; tous présentent avec ces réactifs des phéno-
mènes de coloration.
D'où viennent ces différences? MM. Béhal et François,
par une série de recherches expérimentales très délicates
et très élégantes dont vous vous rappelez les détails trop
longs à consigner ici, nous l'ont appris. C'est que ces
réactions du Codex, indiquées pêle-mêle avec celles des-
tinées à révéler les impuretés du chloroforme, ne s'appli-
quent qu'à la présence de traces d'eau et d'alcool. Or.
non seulement ces deux corps ne doivent pas être consi-
dérés comme des impuretés, mais il est absolument im-
possible de posséder du chloroforme ne les contenant
pas, puisque, d'une part, très peu de temps après sa
préparation, le chloroforme, si court qu'ait été le temps
de son contact avec Tair, renferme assez d'eau pour étri^
décelable, par exemple, à la fuchsine. D'autre part, nous
savons tous que le chloroforme absolument privé d'al-
cool, s'altère très rapidement au contact de l'air et sous
l'influence de la lumière solaire, en donnant, entre
autres produits, un gaz à odeur suffocante, roxychlorurt^
de carbone. Il est donc nécessaire, pour en assurer la
conservation, d'y ajouter un peu d'alcool, ainsi que nous
— 207 —
l'ont appris les travaux classiques de MM. Regnauld et
Villejean. Grâce à la grande autorité de notre savant
collègue, M. Marty, cette pratique a été introduite dans
les hôpitaux militaires.
Il est bon de rappeler, avant de donner les conclusions
de MM. Béhal et François, que les huit chloroformes du
commerce sur lesquels ont porté leurs recherches ne
contenaient que des traces d'eau et d'alcool (3*^*" à 12*'', 5
par litre ou 1«%58 à 6«%61 par kilogramme), et qu'à part
ces deux corps, ils étaient chimiquement purs.
Voici comment ces messieurs proposent de formuler
à l'avenir l'essai du chloroforme :
Première partie, — Le chloroforme doit avoir une
odeur suave et ne pas laisser d'odeur désagréable après
évaporation sur un papier Berzélius. Il doit être neutre
au tournesol et ne pas précipiter le nitrate d'argent en
solution aqueuse à froid, ni le réduire à chaud. Agité
énergiquement avec l'acide sulfurique, ce dernier ne
doit pas se colorer, même au bout d'un certain temps.
Il ne doit pas se colorer non plus si on le soumet à
l'ébuUition avec la potasse solide.
Deuxième partie. — Le chloroforme privé de son alcool
par l'acide sulfurique, doit passer entièrement à la dis-
tillation à 60*,8 sous la pression ordinaire. Le chloro-
forme ainsi distillé doit avoir une densité de 1500 à
-f- 15** ou, ce qui serait plus commode à vérifier, de
1523 à 0**. Il ne doit pas cristalliser par un refroidisse-
ment de — 40*. 11 ne doit pas se colorer au contact de
l'acide chromique cristallisé et du dinitrosulfure de fer
solide.
Espérons que la Commission officielle du Codex vou-
dra bien s'inspirer du travail de MM. Béhal et François
de façon à permettre aux pharmaciens d'acquérir la
conviction qu'ils livrent du chloroforme absolument pur
aux chirurgiens, mais n'espérons pas que ceux-ci cesse-
ront d'incriminer ce médicament, quand ils auront
éprouvé quelque déboire pendant la chloroformisation.
M. Moareu, l'un des membres les plus laborieux de
— 208 —
notre Société, nous a, comme par le passé, tenu au cou-
rant de ses travaux de chimie organique.
Il nous a signalé un cas assez singulier de formation
de tribromure de phosphore. Lorsqu'on soumet à la dis-
tillation un mélange de camphre monobromé et d'anhy-
dride phosphorique, une réaction complexe se déclare.
11 se dégage des gaz en abondance, en même temps qu'il
distille un liquide fumant très fortement à Tair. La por-
tion bouillant entre 160** et 180** est constituée en grande
partie (40 à 50 p. 100) par du tribromure de phosphore.
En collaboration avec M. A. Chauvet, M. Moureu a
obtenu, directement et avec de bons rendements, le
propénylanisol de Perkin
/OCH'(l)
^ " \CH=CH— CH»(4),
identique à Tanéthol des essences d'anis, de fenouil, etc.,
en chauffant à reflux un mélange d'aldéhyde anisique,
d'anhydride propionique et de propionate de soude sec.
La méthode a pu être généralisée ; elle a permis de pré-
parer, notamment, deux homologues de l'anéthol, le
parabulénylanisol avec l'aldéhyde anisique, l'anhydride
butyrique et le butyrate de soude, et le paraisopenlé-
nylanisol avec Taldéhyde anisique, l'anhydride isovalé-
rique et l'isovalérate de soude.
L'anéthol et ses homologues ont tous l'odeur d'anis,
qui paraît tenir : 1** à la position en para de la chaîne
hydrocarbonée par rapport au groupement OCH'; 2*» à la
structure particulière de cette chaîne non saturée
— CH = CH — R.
M. Moureu a obtenu la vératrylènediamine en réduisant
le dinitrovératrol, préparé lui-même en nitrant le véra-
trol à 0*» au moyen de T acide nitrique fumant. La véra-
trylènediamine
\(AzH«)«
— 209 —
fond à 13i*-132^ C'est une diamine ortho. Elle fournit,
avec la phénanthrènequinone , une phénantrazine fon-
dant à 135**; avec l'acide acétique, une éthénylamine fon-
dant vers 170"*. La vératrylènediamine, chose curieuse,
est très soluble dans l'eau et presque insoluble dans
l'éther.
M. Moureu montre ensuite que, dans l'acide nitrique
fumant sur le vératrol, c'est toujours en position ortho
que tendent à se placer les deux groupements AzO* du
dinilrovalérol qui prend naissance. Si l'on raisonne d'a-
près les cas analogues déjà étudiés (dinitrogaïacol et
dinitrodiacétylpyrocatéchine), ce résultat est contraire
aux prévisions d'après lesquelles les deux groupements
auraient dû se placer en meta, l'un par rapport à l'autre,
et non en ortho.
Enfin, dans une quatrième communication, M. Moureu
nous a dit qu'ayant fait réagir le bromure d'éthylène
C'II*Br* sur l'aldéhyde protocatéchique
/OU (1)
CMI'^OH (2)
\CII0(4)
en présence d'un alcali, il avait obtenu l'éther éthylé*
nique correspondant
O— CH*(1)
Cqp^O — CH*(2)
CHO (4)
Cette aldéhyde nouvelle, qui se trouve être l'homo-
logue immédiatement supérieur du pipéronal et que,
pour cette raison, ^I. Moureu désigne sous le nom d'ho-
mopipéronal, cristallise dans l'eau bouillante en très
belles aiguilles blanches légères, soyeuses; ce corps est
lentement entraînable par la vapeur d'eau, fond à
50*-51%5 et distille sans décomposition à 298°-299^ Il
possède une odeur fine et agréable, rappelant celle du
Joum, it Pharm. et de CMm., 6« SÉRIE, t. VII. (15 lévrier 1898.) . ^^
— 210 —
pipéronal naturel. Ce composé n'a pas encore été ren-
contré dans la nature.
M. Julliard nous a apporté souvent, dans nos discus-
sions, les fruits de sa longue expérience de praticien
consommé et consciencieux.
C'est ainsi qu'il nous a fait remarquer que si Tacide
acétique officinal doit, d'après le Codex, contenir 50 p. 100
d'acide acétique cristallisable, celui du commerce n'en
renferme jamais que 40 p. 100. Avis aux rédacteurs du
nouveau Codex.
Il nous a lu plus tard une note sur la préparation des
- eaux distillées dans laquelle il s'élève contre la proposi-
tion faite par M. A. Lambert dans un rapport présenté à
la Société de pharmacie de Lyon, d'admettre la prépara-
tion des eaux distillées au moyen des essences. Il montre,
par quelque exemples bien choisis, les eaux distillées
de fleurs d'oranger, de rose, de menthe, de mélilot, que
les eaux préparées avec les essences ne seraient pas
identiques à celles préparées par distillation avec la plante
fraîche ou même sèche ; puis, que d'incertitudes dans le
produit obtenu, puisqu'on ne pourrait calculer exacte-
ment la quantité d'essence restée en dissolution dans l'eau
et celle arrêtée par le filtre. Et il en conclut que la com-
mission du Codex ferait bien de maintenir la prépa-
ration des eaux distillées aromatiques telles qu'elle est
indiquée au Codex actuel. Nous ne pouvons, je crois, que
nous associer à ces sages conclusions.
Enfin, M. Julliard, nous a donné d'utiles conseils sur
la préparation de la limonade au citrate de magnésie, et
surtout son mode de consei'vation par la pasteurisation.
M. Plauchon, notre sympathique secrétaire général,
qui est, on peut le dire, l'âme de notre Société, trouve
encore, malgré ses multiples occupations, le temps de se
faire l'historiographe de l'École et de la Société de phar-
macie de Paris; et, à notre grande satisfaction comme
pour notre réelle instruction, il évoque devant nous les
efforts dépensés par nos vénérables ancêtres pour créer,
au milieu de quelles difficultés et avec quelle admirable
i
— 211 —
ténacité, renseignement multiple dont peuvent profiter les
étudiants en pharmacie de la fin du XIX** siècle. Successi-
vement, M. Planchon nous a fait assister à la formation
du Jardin des Apothicaires, à la tenue de ces mêmes
apothicaires dans les cérémonies de parade, et, enfin, à
la création de renseignement de l'histoire naturelle des
médicaments, puis de la chimie au Jardin et au Collège
des apothicaires, faisant Thistoire de chacune des chaires
existant actuellement. Cette connaissance de l'histoire de
notre École ne peut qu'augmenter notre reconnaissance
pour les maîtres disparus qui, aussi bien par leurs tra-
vaux personnels et par leur enseignement que par leur
dignité, ont élevé peu à peu le niveau scientifique et moral
de l'École de pharmacie de Paris.
En dehors des communications des membres résidents
de notre Société, que je viens de rappeler devant vous,
un certain nombre de correspondants et de membres
étrangers ont bien voulu nous adresser leurs travaux. Je
ne puis que vous citer les titres de leurs Mémoires :
MM. Georges : Sur une nouvelle variété d'albumine
trouvée dans une urine ;
Barillé : Sur le phosphate bicalcique ;
Denoix : Essai des sulfovinates
Boulanger-Dausse : Action du gaïacol sur la germina-
tion des spores de l' Aspergillus fumigatus ;
Biaise : Remarques au sujet des réactions colorées de la
quinine;
Debuchy : Note sur la préparation des sparadraps médi-
camenteux;
Lépinois : Action de l'iode sur les matières albumi-
noïdes; Recherche de l'urobiline en présence des pig-
ments biliaires.
Cheyretin : Du danger que présentent les vases en cris-
tal pour la stérilisation des sérums artificiels ;
Coreil : Examen d'un faux café ;
Tardy : Note sur l'essence de fenouil amer;
Pesier : Instruction pour le dosage de la soude dans les
potasses ;
— 212 —
^.' G. Mingaud : Note sur la perte de poids à l'air du casto-
réum du Gardon ;
Comère : Notes sur quelques algues de l'eau sulfureuse
du Castera-Verduzan (Gers) ;
Terrât : Sur l'essai de la diastase de Forge ;
L. Planchon : Note sur le Diplotaxis erucoïdes;
Pannetier (de Commentry) : Notes sur quelques formes
médicamenteuses (cachets et capsules, tablettes, etc.);
Astruc : Sur les glycérophosphates ;
Hérissey : Sur le pouvoir rotatoire du chlorhydrate de
cocaïne.
Un certain nombre d'ouvrages, dus à la plume de nos
^ collègues, ont été offerts par ceux-ci :
Deux fascicules du tome II du Dictionnaire de chirnie
industrielle, de Villon et Guichard.
Le Dictionnaire des falsifications, de Chevalier et Bau-
drimont, nouvelle édition, pai'M. Héret;
Le tome II du Traité de chimie organique, de M. Béhal:
La Pratique pharmaceutique, par MM. JuUiard et Paul
Fumouse.
M. Roques, l'un des deux lauréats de la médaille d'or de
1896, nous a fait parvenir un échantillon de camphre
brut provenant du Tonkin.
Cette présentation d'échantillon m'a remis en mémoire
l'époque où le vénérable M. Stanislas Martin ne manquait
jamais, à chacune de nos séances, d'apporter quelques
substances intéressantes et contribuait ainsi à augmenter
la richesse des collections de matière médicale de l'École.
Après le compte rendu des travaux scientifiques qui
ont alimenté nos séances, il me reste à vous parler,. en
quelques mots, de la vie professionnelle de notre Société.
J'ai tout d'abord à vous rappeler la perte cruelle que nous
avons faite de deux membres qui ont tenu une place des
plus importantes dans notre Société, de deux anciens
présidents, MM. Vée et Bourgoin.
M. Sonnerat, notre président actuel, s'est fait un devoir
de représenter la Société à leurs obsèques et d'envoyer à
leurs familles ses sincères compliments de condoléance.
^213 ^
M. Prunier a rendu, à la mémoire de M. le professeur
Bourgoin, un dernier hommage dans un discours que
vous vous rappelez tous, au nom de l'École supérieure de
pharmacie et au nom de la Société de pharmacie.
Nous avons nommé comme membres résidents M. Son-
nié-Moret dans la séance d'avril, et M. Moreigne dans
celle de novembre.
Sur les propositions des deux commissions chargées
d'examiner les mémoires déposés pour le concours des
prix de thèses, vous avez décidé de décerner la médaille
d'or, section des sciences physiques, à M. Dufau et la
médaille d'or, section des sciences naturelles, à M. De-
than.
Deux congrès internationaux ont, cette année, attiré
votre attention. '
Un congrès international de pharmacie tenu à Bruxelles,
où vous aviez délégué MM. Petit, Crinon, Viron et Patein.
MM. Crinon et Viron nous ont, dans une de nos séances,
parle des fait les plus saillants qui s'y sont passé, et
M. Petit a publié un compte rendu détaillé de ce congrès
dans le Journal de Pharmacie, Vous avez vu que des
questions du plus haut intérêt, aussi bien au point de
vue scientifique qu'au point de vue professionnel, y ont
été débattues. Laissez-moi vous rappeler, entre autres, la
question toujours soulevée et jamais résolue de la phar-
macopée universelle, dont le principe a été une fois de
plus acclamé; le vote d'une proposition demandant que
les dénominations des médicaments ne puissent faire
l'objet d'une propriété privative, ni constituer à elles
seules une marque de fabrique; des résolutions, ayant
pour but d'unifier les méthodes de dosage des médica-
ments et de fixer leur teneur en principes actifs; une
série de vœux concernant l'enseignement théorique et
pratique de notre profession ; la question des spécialités a
été aussi, c'est le cas de le dire, agitée. Enfin, Messieurs,
il a été décidé que le neuvième Congrès international de
pharmacie se tiendrait à Paris en 1900, sur l'invitation
qui en a été faite au nom de l'Association générale des
— 214 —
pharmaciens de France par M. Petit, du Syndicat des
pharmaciens de la Seine par M. Crinon, de plusieurs
sociétés de province par M. CoUard, et de la Société de
pharmacie de Paris par M. Viron; nous vous rappellerons
que notre société avait pris cette résolution à Tunanimité
dans sa séance du mois de juillet.
Le second Congrès international, dont je dois vous
rappeler Texistence, est le douzième congrès de méde-
cine qui a été tenu à Moscou; il a mérité, à deux points
de vue surtout, d'attirer notre attention : d'abord, par
l'accueil tout spécialement chaleureux et quelque peu
prémédité avec lequel nos confrères russes ont accueilli
nos délégués, MM. Bourquelot, CoUin, ainsi que M.Vaudin,
notre correspondant national et ensuite parce que, pour
la première fois, on avait créé dans un congrès inter-
national de médecine, une section spéciale de pharma-
cognosie et de pharmacie, et cela, il faut le dire, grâce
aux efforts persévérants de M. le professeur Tikhomirof.
C'est M. Bourquelot qui s'est chargé de nous rendre
compte de ce congrès dans une de nos séances et dans
une série d'articles parus dans le Journal de Pharmacie,
Outre de très nombreuses communications scientifiques,
il y a été naturellement question de la pharmacopée
universelle; cette pauvre pharmacopée universelle est
toujours universellement adoptée, mais elle ne peut
jamais aller plus loin. A Moscou, comme à Bruxelles, on
a été d'accord pour demander l'unification des procédés
de préparation et des méthodes de dosage des médica-
ments; pour discuter, mais cette fois sans se mettre
d'accord, les questions de scolarité et de législation phar-
maceutiques.
L'année 1897 aura vu, en dehors de ces deux
congrès internationaux, se produire un fait tout parti-
culièrement intéressant pour notre profession, je veux
parler de la nomination d'une nouvelle commission
officielle chargée de la revision du Codex. Faisons
remarquer que sur les quatorze membres de cette com-
mission, huit sont des pharmaciens et que ces huit phar-
— 215 —
maciens font partie de la Société de pharmacie de Paris.
Et rappelons à ce propos que notre société va être
appelée, dans Tannée qui s'ouvre actuellement, à fournir
son contingent important au travail de la revision du
Codex. C'est une heureuse coïncidence que celle qui fera
présider nos séances par le professeur de pharmacie
galénique de TÉcole de Paris, appelé nécessairement à
avoir une voix autorisée dans la commission officielle.
Vous avez pu prendre connaissance, dans le numéro
du 15 décembre 1897 du Jouymal de Pharmacie, de la
répartition des membres de notre société entre treize
sous-coramissions, ainsi que de la nature du travail
assigné à chacune de ces sous-commissions.
Émettons le vœu que la commission officielle veuille
bien s'inspirer le plus possible du travail de la Société de
pharmacie de Paris.
Il est enfin un sujet sur lequel nos sentiments sont
unanimes et qui semble actuellement en bonne voie, c'est
la glorification de Pelletier et Caventou! Tout ce qui
touche à la médecine et à la pharmacie, sociétés savantes,
syndicats professionnels et particuliers, est aujourd'hui
en mouvement pour rendre à la mémoire de ces deux
pharmaciens, véritables bienfaiteurs de l'humanité, un
hommage digne de la grande découverte à laquelle ils ont
attaché leur nom.
Je voudrais, pour finir, vous laisser, Messieurs, sur une
bonne impression, en vous rappelant les succès remportés
par quelques-uns de nos membres.
M. le professeur Prunier s'est trouvé tout désigné par
sa haute situation scientifique, pour occuper le poste
de Directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux civils,
qui a toujours eu à sa tête des hommes considérables :
Soubeiran, Regnauld, Baudrimont et Bourgoin. Peut-être
pourrons-nous faire remarquer que tous appartenaient à
notre compagnie, dont ils avaient été les présidents.
Nous pouvons, avec notre sympathique collègue,
M. Bourquelot, marquer l'année 1897 parmi les années
heureuses pour lui! Il a été nommé professeur de phar-
— 216 —
.macie galéfaique à l'École de pharmacie, et l'on peut dire,
à Tunanimité des suffrages non seulement de ses collè-
gues à l'École, mais aussi de tous ses confrères, aussi
bien de la Ville que des hôpitaux, et même de tous les
étudiants qui ont accueilli cette nomination avec une
véritable joie. Tout le monde a senti que c'était la juste
récompense des nombreux et beaux travaux par lesquels
il s'est fait connaître, et tout le monde a compris aussi,
et c'est peut-être cela qui permet d'expliquer Tunani-
jçité de la satisfaction, que le nouveau professeur de la
chaire de pharmacie galénique était homme à ne pas se
désintéresser des questions professionnelles touchant les
pharmaciens.
Ce sont les beaux travaux dont je parlais plus haut
qui lui ont ouvert, et cette fois encore à l'unanimité, les
portes de l'Académie de médecine.
C'est tout cela, et un peu aussi les sentiments d'affec-
tueuse sympathie qu'il a su s'attirer parmi nous, qui
l'ont fait désigner comme président de notre société
pour 1898.
C'est assurément un titre modeste à côté des deux
précédents; mais je suis persuadé que ce n'est pas un de
ceux qui lui auront été le moins sensible, car il a mon-
tré combien il était attaché à notre compagnie en la
tenant au courant de tous ses travaux et par l'assiduité
qui ne lui fait manquer aucune de nos séances.
Au commencement de l'année 1897, M. Bocquillon avait
été nommé officier de l'instruction publique, et c'est avec
un véritable plaisir que nous venons d'apprendre la nomi-
nation de M. le professeur Bouchardat, comme chevalier
de la Légion d'honneur.
M. Planchon a été nommé membre associé de l'Acadé-
mie Royale de Médecine de Belgique et membre de la
Société Royale de Botanique de Londres.
Enfin, notre nouveau collègue M. Moreigne vient d'ob-
tenir un prix de l'Académie de médecine.
En terminant cet exposé, je tiens à vous adresser, mes
chers collègues, tous mes remerciements pour l'honneur
.— 217 —
que vous aviez bien voulu me faire en m'appelant àù
poste de secrétaire annuel, et à vous présenter toutes
mes excuses pour la lecture que je viens de vous infliger.
Séance du 2 février 1898.
Présidence de M. Bourquelot, Président.
. La séance est ouverte à deux heures.
La correspondance imprimée comprend : P/iarmaceu-
tical Journal; — American Journal ofPharmacy; — Mala-
dies de la nutrition; — Bulletin de la Société de pharma-
cie de Bordeaux; — Journal de pharmacie et de chimie;
-i- V Union pharmaceutique; — El Tabaco en Cuba; — Bul-
letin de la Société du Sud-Est; — Bulletin de l'Association
française de Vavancement des sciences; — Bulletin de la
Chambre syndicale des pharmaciens de la Seine; — V In-
termédiaire des biologistes.
La correspondance manuscrite : Invitation de l'Asso-
ciation française de Tavancement des sciences pour les
conférences de 1898; invitation au Congrès d'hygiène et
de démographie, en avril 1898, à Madrid.
Présentations : M. Guichard présente le fascicule 17 du
deuxième volume de son Dictionnaire de chimie indus-
trielle,
. La Société de pharmacie de la Grande-Bretagne envoie
son Annuaire.
. M. Planchon rectifie le procès-verbal de la précédente
-séance en disant que M. Burcker, quittant Paris, passe de
droit membre correspondant sans qu'il y ait lieu de voter.
En conséquence, une place de membre titulaire se trouve
vacante.
La vacance est déclarée ouverte, et les candidats au-
ront deux mois, à partir du 2 février 1898, pour faire acte
de candidature.
M. Bourquelot a étudié la liste des membres correspon-
dants étrangers de la Société et a constaté qu'il y avait
des erreurs; la liste se compose de 135 membres, dont
— 218 —
14 seulement furent admis dans les vingt dernières
années. Il propose que la liste soit rectifiée en maintenant
seulement ceux qui furent élus dans les vingt-cinq der-
nières années et ceux qui, élus avant cette date, sont
notoirement connus.
La liste comprendra les noms et adresses des membres
correspondants, ainsi que Tannée de l'élection.
La Société adopte cette proposition et vote, comme
addition à la liste des correspondants étrangers, l'admis-
sion de plusieurs pharmaciens qui ont assisté aux
Congrès de Bruxelles et de Moscou, ce sont :
M. le professeur Davidof , à Varsovie ;
M. le professeur Poehl, à Saint-Pétersbourg;
M. O.Wetterholz, président de la Société de Pharmacie
de Saint-Pétersbourg;
M. Bélohoubeck, professeur à l'Université de Prague ;
M. le professeur Ranwez, à Louvain ;
M. Derneville, président de la Société royale de phar-
macie de Bruxelles;
M. Bourquelot annonce que la Commission du Codex a
terminé ses travaux préliminaires pour la Pharmacie
galénique; elle s'est inspirée de la consultation demandée
aux sociétés de pharmacie de province. Il pense que le
moment est venu pour la Société de Pharmacie de Paris
de s'occuper activement de la question et il espère que
les commissions pourront bientôt apporter leurs rap-
ports. Après l'échange de plusieurs observations entre les
membres, il est convenu que dans la liste des commis-
sions qui a paru dans le Journal de phaiTuacie et de chi-
mie^ les noms ayant été placés par ancienneté, le premier
nom sera celui du président de la commission et le
dernier celui du secrétaire.
M. Bourquelot consulte la Société de Pharmacie pour
savoir si elle désire voir figurer au Codex une liste de
doses maxima des médicaments actifs. Cette liste figure
dans le formulaire militaire et dans presque toutes les
pharmacopées étrangères. Après échange d'observations
entre MM. Crinon, Julliard et Champigny, la Société de
— 219 —
Pharmacie vote, à runanimité moins une voix, Taddition
au Codex de la liste des doses maxima des médicaments.
M. Bougarel lit deux notes de MM. Adrian et Trillat,
Tune sur le dosage des phosphoglycérates, l'autre sur
Tacide glycérophosphorique ; il présente diverses combi-
naisons de cet acide avec des bases organiques et annonce
pour la prochaine séance une note sur ces composés et
leur mode d'obtention.
M. Béhal ajoute que M. Moncour, de Boulogne, lui a
présenté, il y a quelques mois, un glycérophosphate de
quinine; c'est un glycérophosphate basique de quinine,
très soluble dans Talcool chaud et soluble vers 157®.
M. Leidié présente, au nom de M. Brisenioret, une
note sur le mode d'administration de la théohromine.
Celle-ci se dissout dans les solutions aqueuses de cer-
tains sels à réaction alcaline, et en particulier dans le
phosphate trisodique.
Cette solution aqueuse présente les caractères d'une
combinaison définie et a l'avantage de n'être ni caus-
tique ni altérable comme les solutions dans la soude ou
dans l'eau de chaux.
M. Patein croit que la dose de 4«' de phosphate à ajouter
aurait peut-être une action thérapeutique exagérée.
M. Ch. Houreu a étudié l'action de l'oxychlorure de
carbone sur le camphre sodé ; c'est la formation d'acide
camphocarbonique par fixation d'acide carbonique sur le
camphre sodé (Baubigny), qui l'a engagé à faire cette
étude. Lorsqu'on traite la solution toluénique du camphre
sodé par le phosgène également en solution toluénique, il
y a immédiatement réaction à froid. Après distillation
du toluène et entraînement du camphre en excès par la
vapeur d'eau, on obtient un résidu solide, insoluble dans
les alcalis, lequel, purifié par deux ou trois cristallisa-
tions dans l'alcool à 95*, se présente sous la forme de
paillettes blanches, très légères, fusibles à 2l9*»-220*' (corr.),
sublimables sans décomposition, lévogyres en solution
dans le toluène à 4 p. 100 [«„ = — 16%27'|, et répondant,
d'après l'analyse, à la formule brute C«4I**0». Ce sont
— 220 —
là les caractères, au pouvoir rotatoire près, du carbonate
de bornéol ^^\r;o»0H*" ^^^'^ rencontré par M. Hallet
parmi les composés ascessoires qui se forment dans Tac-
tion du chlorure de cyanogène sur le camphre sodé.
Entre l'oxychlorure de carbone et le camphre sodé, le
carbonate de bornéol prend naissance par suite de la
présence du bornéol sodé C^'H^ONa dans le camphre
sodé brut. Dans quelques conditions que l'auteur ait opéré,
il n'a pu réussir à isoler un produit quelconque résultant
de l'action du phosgène sur le camphre sodé proprement
dit C*^ir*ONa, lequel résiste, d'ailleurs, ainsi que l'au-
teur s'en est assuré, aussi bien à l'action des chlorures
d'acides qu'à celle des anhydrides d'acides.
M. Planchon présente un travail de M. le D' O' Folio-
well sur la gaïacyl.
M. Planchon présente, au nom de M. G. Dethan^des
échantillons de Polygalacées du Venezuela et un travail
sur la structure et la forme de ces Polygalacées.
M. Planchon donne lecture de son travail sur l'histoire
de l'enseignement de la pharmacie galénique à l'École
de pharmacie de Paris. Cette lecture, très intéressante et
très documentée, est saluée par les applaudissements de
la Société.
M. Patein présente à la Société de pharmacie les tra-
vaux du Congrès international de chimie appliquée et
dépose sur le bureau les sept volumes de compte rendu
de ce Congrès. M. Patein, ayant été délégué. de la Société
de pharmacie, a remarqué que les travaux concernant la
pharmacie ont été très bien analysés.
M. Portes présente, au nom de M. Capdeville, d'Aix,
associé national, une traduction d'un travail de M. V.
Ghironc, professeur de pharmacologie expérimentale à
Padoue, sur les arômes et les parfums et leur influence
sur l'homme et la société.
M. Champigny, rapporteur de la commission des
finances, donne lecture de son intéressant rapport, qui
constate l'état prospère des IJnances et demande à la
— 221 —
Société de voter des félicitations à M. Leroy, trésorier. La
Société vote, à l'unanimité, les conclusions du rapport
de M. Champigny, et adresse à M. Leroy ses remer-
ciements.
La séance est levée à quatre heures.
H. BOCQUILLON.
SOCIETE DE THERAPEUTIQUE
Séance du i2 janvier 1898. — Présidence de M. Pouchet.
M. Ciourtade, à propos de la communication de M. Gallois
sur le traitement du lymphatisme, critique le rapport
constant que M. Gallois prétend établir entre le lympha-
lisme et les végétations adénoïdes. Si tous les scrofuleux
ont des manifestations rhino-pharingiennes, l'inverse
n'est pas vrai : tous les adénoïdiens ne sont pas des scro-
fuleux. L'hérédité joue un rôle capital dans l'étiologie du
lymphatisme.
M. Le Gendre s'attache à démontrer que la scrofule est
bien une maladie distincte, différente de la maladie de
Meyer. Chez les scrofuleux, la question des végétations
adénoïdes n'est qu'accessoire, puisque, ^près leur abla-
tion, le tempérament continue à évoluer. En enlevant les
végétations, on ne transforme pas le malade ; bien plus,
on peut créer à volonté des scrofuleux, en privant d'air,
de soleil et d'une alimentation tonique des enfants non
porteurs de végétations adénoïdes.
M. Desnos lit une communication sur la médication
générale dans la tuberculose génito-urinaire. La médication
générale est le plus souvent la seule applicable, et à elle
seule elle peut donner des résultats inespérés. Le climat
doit être différent, suivant qu'il s'agit de tuberculose géni^
taie ou de tubecrulose urinaire. Dans le premier cas, le
bord de la mer est très favorable ; dans le second, on pré-
férera la plaine, ou, s'il n'y a pas de tendance aux héma-
turies, la montagne.
Si la tuberculose est génitale, l'alimentation sera
— 222 —
tonique et reconstituante; si elle est urinaire, il faudra
exclure les aliments irritants.
Comme médicaments, le quinquina et les produits
créosotes sont les plus efficaces.
Séance du 26 janvier 1898. ' — M. Sanné, à propos du
rapport de M. Gallois sur le traitement du lymphatisme^
recommande, pour empêcher le lymphatique de devenir
scrofuleux ou tuberculeux, l'hygiène alimentaire (inter-
diction des aliments excitants ou de digestion difficile,
sucreries, charcuterie), Taérothérapie ou la climatothé-
rapie, associées à l'administration de médicaments toni-
ques (huile de foie de morue, quinquina, Colombo, iode,
phosphates). En été, les thermes sulfureux ou chlorurés
sodiques sont indiqués, ainsi que le séjour en montagne*
M. Créquy insiste particulièrement sur certaines pré-
cautions hygiéniques qu'il faut faire prendre aux malades:
tout le monde ne peut pas se déplacer et vivre au grand
air. A Paris, les logements exigus et défectueux qu'ha-
bitent les petits ménages sont souvent rendus plus défec-
tueux encore par certaines habitudes, comme la pose de
bourrelets aux portes et la fermeture des trappes de
cheminée.
Il y aurait lieu de recommander aux architectes d'em-
pêcher que la trappe puisse être fermée complètement,
pour que l'aération se fasse malgré le locataire.
M. Pouchet rappelle qu'à l'Exposition de 1889 on a pu
admirer des modèles de maisons hygiéniques. Malgré
leur utilité, ces beaux projets sont malheureusement
restés dans les cartons.
M. Gallois fait une communication sur l'emploi des
gelées à Vagar-agar en dermatologie. Ces gelées à la gélose
permettent de maintenir un médicament sur la peau
mieux qu'avec aucun autre pansement : elles n'échauffent
pas la peau comme les pommades et présentent sur les
colles à la gélatine l'avantage de ne pas être rétractiles.
Leur application est très facile : le malade en prend des
fragments qu'il écrase sur sa peau; la couche ainsi
— 223 —
étalée sèche assez rapidement. On peut renouveler les
applications plusieurs fois par jour et nettoyer la surface
malade par un simple lavage,
M. Gallois recommande la formule suivante dans le
traitement de Térysipèle en particulier :
Eau 100 grammes
Gélose 1 —
Sublimé K. ,^
Acide tarlrique \ ^ ^^ ^«"^»«r.
Contre Teczéma, il emploie une gelée à Toxyde de
zinc.
L*étude de tous les médicaments susceptibles de s'in-
corporer à cet excipient n'a pas encore été faite.
Ferd. Vigier.
VARIETES
Distinctions honorflqaes. — Ont été nommés : officier de Finstraciion
pobliqne : M. Gilbert, pharmacien, à Moulins. — Officiers d'académie :
MM. Bertrand, pharmacien, à Saiut-Brieuc; Bocquin, pharmacien, à Àix-les-
Bains; Busquet, pharmacien, à Riscle (Gers); GhoUey, pharmacien, à
Rennes; de FayoUe, pharmacien, à Bordeaux; Flour, pharmacien, à Rouen;
Gaillard, ancien pharmacien, à. Saint*André de Gubzac (Gironde); Gallot,
pharmacien, aux Andelys; Garrouste, pharmacien, à Sidi-bel-Abbës ; Lafont,
pharmacien, à Perpignan; Pannelier, pharmacien, à Gommentry; Paris,
pharmacien, à Yernet-les-Bains; Révil, pharmacien, à Ghambéi7; Roi,
pharmacien, à Laon; Tonnerie, pharmacien, à Montmorillon ; Tribaudini,
pharmacien, k Nice; Vasnier, pharmacien, à Creusny (GaWados).
École supérieure de pharmacie de Paris. — M. Radais, agrégé, est
chargé, en outre, pendant le second semestre de l'année scolaire 1897-1898,
d'un cours de cryptogamie à ladite école.
Palmarès des prix décernés aux lauréats de l'École supérieure de Pharmacie
de Paris, à la suite du Concours de l'année scolaire 1896-1897.
PRIX DE L'ÉCOLE
l** ANNÈB
l*' Prix (Médaille d'argent. — 30 francs de livres). — M. Broquin-Lacombê
(André-Louis).
2* Prix (Médaille de bronze. — 25 francs de livres). — Non décerné.
— 224 — -
â« ANNÉE
i" Prix (Médaille d'argent. — 75 francs de livres). — ^[M.Jooss (Frédéric).
2* Prix (Médaille de bronze. ~ 25 francs de livres). — M. Bcrlhon (Jacques-
Eugène).
Citations honorables, — MM. Damesnil (Ernest); Morean (Hippolyte).
3* ANNÉE
l«Pria? (Médaille d'or de 300 francs). — Non décerné.
2* Prix (Médaille de bronze. — 25 francs do livres). — Non décerné.
PRIX DES TRAVAUX PRATIQUES
1** ANNÉE. — CHIMIE GÊNÉBALE
Médailles d*argent. — MM. Broquin-Lacombe; Sequer.
Citations honorables — M"* Mazot (Henriette) ; MM. Ardely (Etienne) ; Moro
(Eugène) ; Leprestre (Alcide).
2* ANNÉE. — PHYSIQUE
Médaille d'argent. — M. Petit.
Citations honorables, — MM. Taillandier (Alexandre) ; Thibault (Paul).
2* ET 3* ANNÉES. — MICBOGBAPfllB
Médailles d'argent» — MM. Col; Guégucn.
Citations honorables. — MM. Guillaume (Paul); Sorel (Jules); Guillaume
(Georges) ; Rabonan (Eugène) ; Addc (Fernand) ; Cordonnier (Ernest).
GfllHIE ANALYTIQUE
Médailles d'argent. — MM. Biguet (Joseph-Emile); Blin (Henri).'
Citations honorables. — MM. Grenier (Victor) ; Dulertre (Julien) ; Clément
(Joseph); Dureuil (Pierre).
PRIX DE FONDATION
Prix Menier (600 francs. — Médaille d'argent). — M. Goris (Albert-Ernest).
Prix Laroze (500 francs). — Par délibération du 15 juillet 1897, sur la
proposition du jury, l'Assemblée de l'École a décidé de partager ce prix
par moitié entre :
M. Tassilly (Eugène), qui recevra 250 francs, et M; Vadam (Philippe),
qui recevra également 250 francs.
Prix Laillet (500 francs). — Non décerné.
Prix Lebeault {HOO francs). — M. Labbé (Émile-César).
Prix Desportes (558 francs). — M. Guéguen (Fernand).
Prix Henri Buignet. — !•' prix (600 francs). — M. Landrin (Pauiy.
— — 2* prix (400 francs). — M. Moreau (Paul-Louis).
Prix Gobley biennal (2.000 francs). — Par délibération du 15 juillet ISO?,
sur la proposition du jury, l'Assemblée a décidé d'attribuer sur le montant
du prix Gobley :
A M. Lutz (Louis), 1.200 francs; à MM. Dclépine (Marcel) et Eury
(Joseph), 800 francs.
Le Gérant : G. MA880N.
lUPaUdËaiB £. FLAMlfAlUON, 26, HUE iLACIME, PABIS.
— 2^25 —
TRAVAUX ORIGINAUX
Sur le dosage des phosphoglycérates ; par MM. Adrian
et Trillat {suite et fin) (1).
Dosage de Vacide phosphorique en présence d'un phos-
phoglycérate et de la glycérine. — Nous avons vérifié que
la glycérine ne gênait pas la titration par les indicateurs.
On sait que l'acide phosphorique exige une molécule
de potasse pour être neutre à Fhéliantine et une nouvelle
molécule de potasse pour être neutre à la phtaléine.
10** d'une solution d'acide phosphorique à O^'^SGOSO par
litre ont été dilués et mélangés à 10** d'une solution de
phosphoglycérate de chaux neutre avec quelques gouttes
de glycérine. La solution de potasse employée à la titra
tion était à 0"o>,8677 par litre.
Titration à rhéliantine. .... 6",9 Théorie 6",9
— à la phtaléine .... i3",9 ■— IS^jS
Dosage de Vacide phosphorique en présence de glycérine^
d'un phosphoglycérate neutre et d'un phosphoglycérate
acide ou vice versa. — On a préparé une solution de
phosphoglycérate acide de chaux. 10** de cette solution
exigeaient 0**, 5 de potasse pour la titration à l'hêliantine.
et 2**,2 pour la titration à la phtaléine. On a m(4angé :
10** de cette solution ;
10** de la solution d'acide phosphorique titré ;
10** de la solution de glycérophosphate acide et (Quel-
ques gouttes de glycérine.
Ce mélange a exigé :
Titration à l'hêliantine 7«»,3
— à la phtaléine 16",1
Or, d'après les données précédentes, la sonmie dos
acidités se répartit de la manière suivante :
(1) Journ, de Pharm, et de Chim., [6] VII. 163. 1898. Voir aussi ce nu-
mérO| p. 234.
Journ. de Pharm. et de Chim,, 6» SÉKIB, l. VII. (!•' mars 1888.) 1 5
— 226 —
Héliantiiie. Phlaléine.
Glycérophosphate acide 0"*,5 2'%2
Acide phosphorique 6*",9 iS'SS
Total 7~,4 i6«,l
On peut donc doser l'acide phosphorique en présence
de la glycérine, d'un phosphoglycérate neutre et d'un
phosphoglycératc acide, en opérant en solution diluée.
Réciproquement, on peut doser un phosphoglycérate
acide en présence de l'acide phosphorique libre en sous-
trayant de l'acidité à la phtaléine le double de l'acidité à
l'héliantine.
Étude de la réaction de Vacide phosphorique sur la
glycérine; par MM. Adrian et Tiullat.
Les méthodes de dosage que nous venons d'indiquer
sont utiles parce qu'elles permettent d'aborder l'étude
de l'action de l'acide phosphorique sur la glycérine.
Faisons remarquer de suite que ces réactions sont
beaucoup plus compliquées que nous le pensions au
début et que notre travail, commencé dans le but d'isoler
l'acide phosphoglycérique nous a conduit au contraire à
supposer qu'il était impossible de l'obtenir à l'état pur.
D'après Pelouze, on obtiendrait de l'acide glycérophos-
phorique en mélangeant la glycérine avec de l'acide phos-
phorique vitreux. Après avoir chauffé à 100*, le liquide
étendu d'eau et saturé au carbonate de baryte est filtré,
le glycérophosphate de bai-yte est ensuite traité par la
quantité exacte d'acide sulfurique pour précipiter la
baryte et mettre l'acide phosphoglycérique en liberté.
Nous avons cherché à préparer l'acide phosphoglycé-
rique par la méthode de Pelouze et nous avons obtenu
un produit analogue à de la cire blanche.
Soumis à l'analyse, nous avons reconnu que sa com-
position correspondait en partie à celle du glycérophos-
phate acide de baryte. Par cette méthode nous avons
toujours obtenu un résidu fixe à la calcination.
Nous avons essayé de décomposer le glycérophosphate
F?V-
— 227 —
de potasse par l'acide tartrique. Comme précédemment
nous avons obtenu une masse visqueuse, constituée, en
grande partie, par du glycérophosphate acide de potasse.
Enfin, nous avions pensé pouvoir régénérer l'acide
phosphoglycérique en décomposant par l'hydrogène sul-
furé les glycérophosphate de plomb et de cuivre. Ce pro-
cédé donne naissance à de l'acide phosphorique.
Il ressort donc de ces résultats que l'acide phosphogly-
cérique ne peut être obtenu à l'état chimiquement pur :
1** Parce que la concentration décompose cet acide;
20 Parce que l'on obtient des sels acides qui restent
dissous dans l'acide phosphoglycérique.
L'acide phosphoglycérique du commerce n'est qu'un
mélange, en solution aqueuse, d'acide phosphorique, de
glycérine, de phosphoglycérate acide et d'une quantité
variable d'acide phosphoglycérique, ainsi que le prou-
vent les analyses que nous en avons faites.
L'insuccès auquel nous a conduit la recherche de la
préparation de l'acide phosphoglycérique par les méthodes
précédentes nous a engagés à nous a dresser directement
au produit brut de la réaction de l'acide phosphoglycérique
sur la glycérine, de manière à éviter la dissolution d'une
matière minérale. Nous verrons plus loin que nous
n'avons pas isolé l'acide phosphoglycérique, mais un
produit dont la composition se rapprocherait plutôt de
celle d'un diéther formé d'une molécule d'acide phospho-
rique et de deux de glycérine, susceptible de régénérer
l'acide phosphoglycérique.
Décomposition de V acide phosphoglycérique. — Du gly-
cérophosphate de baryte a été dissous dans de Teau,
additionné en excès d'une solution titrée d'acide sulfu-
rique et ramené à l'état neutre par la potasse en présence
d'héliantine. Après l'addition d'acide sulfurique, le li-
quide était chaque fois porté à l'ébullition pendant des
espaces de temps variables.
après 5 min. api-ès une 1/2 h. après 1 h.
PhHSO^ régénéré provenant de
racide pbosphoglycériqne p. 100. â p. 100 11 p. 100 15 p. 100
— 228 —
Ces trois exemples démontrent qu'en chauffant les solu-
tions d'acide phosphoglycérique en présence d'un faible
excès d'acide sulfurique, il y a régénération d'acide phos-
phorique : il se forme en même temps de la glycérine
que l'on peut extraire par un traitement spécial.
Les mêmes résultats sont obtenus par la concentration
de l'acide phosphoglycérique dans le vide : il se forme
au fur et à mesure de l'acide phosphorique libre.
Action de tacide phosphorique sur la glycérine. — En
se servant de la méthode et des proportions indiquées
par MM. Portes et Prunier (1) pour la préparation du
phosphoglycérale de chaux et en effectuant sur la masse
des dosages après des espaces de temps variables, on
trouve que l'acide phosphoglycérique ou du moins l'éther
susceptible de le régénérer se forme immédiatement dés
le début en très petites quantités. Cette quantité aug-
mente avec la durée de chauffage, mais elle semble ne
pas dépasser une certaine limite analogue à une limite
d'éthérificalion. C'est ce que prouvent les essais suivants
effectués en tube scellé.
après S min. après 6 h. après ^ h. après i02 h
A. phosphoglycérique. . 0,9 p. 100 19 p. 100 20,5 p. 100 21,2 p. 100
Une remarque intéressante est la disparition de Tacide
phosphorique dans le titrage des produits de la réaction
de l'acide phosphorique sur la glycérine.
Si l'on dose d'une part l'acide phosphorique total au
moyen de la mixture magnésienne et si l'on effectue le
dosage de la même quantité de produit par les liqueurs
titrées au moyen des indicateurs, on peut constater qu'une
partie de l'acide phosphorique échappe à l'analyse dans
le dosage effectué au moyen de cette dernière méthode.
après 2 heures après 6 heures.
Acide phosphorique primitif ... 30 p. 100 30 p. 100
Acide phosphorique après réaction 27.85 p. 100 26,15 p. 100.
Cette disparition de l'acide phosphorique, qui ne se
manifeste plus aux indicateurs et qui s'accentue avec le
(1) Journ. de Pharm, et de Chim. 189*, p. 393. .
— 229 —
chauffage des produits mis en présence, permet d'acqué-
rir la notion de la formation d'au moins un éther neutre
aux indicateurs, probablement du diéther
/OH
PhO^OC»H*(OH)«
\0C>H»(0H)*
En effet, si Ton enlève par des dissolvants appropriés
l'excès d'acide phosphorique et de glycérine qui accom-
pagne le produit brut de leur réaction, on finit par
isoler un produit visqueux qui est neutre à l'héliantine
et qui donne à l'analyse les chiffres suivants qui se
rapprochent de la composition d'un diéther :
Éther Diéther
Trouvé
yOH
PhO-r-OH
\0C»H«(0H)»
/OH
PhO;-OHC»H»(OH)«
\OHC»H»(Ofl)«
c
H
Ph«
32,30
6,68
0»25,90
20,93
5,23
41,28
29,26
5,70
28.86
Si on traite ce produit par une solution de carbonate
de chaux à froid il ne se décompose que très lentement
en acide phosphoglycérique. En le chauffant en présence
de l'eau ou de l'alcool le produit devient fortement acide
à l'héliantine : il se forme de l'acide phosphorique, de
l'acide phosphoglycérique d'après les équations :
/OH /OH
Ph O^OC*H»(OH)« + H*0 = PH 0^0H+ C'H»(OH)»
\0C» H» (0H)« \o G* H» (0H)«
/OH /OH
Ph O^OH " +H*0=Ph O^OH + C>H»(OH)'
\0C*H»(0H)* \0H
L'ensemble de nos observations tend donc à démon-
trer que l'on ne possède pas encore une méthode per-
mettant d'obtenir l'acide phosphoglycérique à l'état pur;
que cet acide se décompose par la chaleur et même par
simple concentration, en régénérant l'acide phosphorique ;
que la réaction de l'acide phosphorique sur la glycérine
est complexe tout en restant limitée ; qu'il en résulte à
— 230 —
coté de l'acide pliosphoglycérique, au moins un diéther
neutre aux indicateurs, formé d'une molécule d'acide
pour deux de glycérine et très lentement décomposable à
froid par les carbonates alcalins en acide phosphoglycé-
ri(j[ue.
Note SU7' ^a séparation et le dosage du plomb, du cuivre
et de Varsenic. par M. Ferdinand Jean.
La méthode consiste à précipiter, par un courant d'hy-
drogène sulfuré, la solution chlorhydri(|uc contenant :
plomb, cuivre, arsenic, pour les séparer, à l'état de sul-
fures, des autres corps précipitables par le sulfure d'am-
monium.
Le précipité de sulfures mixtes, ainsi obtenu, est lavé
par décantation, puis il est mis à digérer à chaud avec
quel([ues gouttes d'eau de Javel concentrée, pour oxyder
les sulfures. Lorsque la solution est décolorée, on l'aci-
difie par quelques gouttes d'acide sulfuriquc, et on la
porte à l'ébullition pour chasser l'excès de chlore. On
laisse refroidir; on ajoute de l'alcool, pour insolul)iliser
le sulfate de plomb; on filtre, et, du poids du sulfate de
plomb trouvé, on calcule la teneur en polmb.
La liqueur filtrée, séparée du sulfate de plomb, est
chaulfée pour chasser l'alcool; puis on l'additionne d'am-
monia([ue en (juantité suffisante pour redissoudre le pré-
cipité d'arséniate de cuivre, qui se forme au début de la
neutralisation.
Le cuivre contenu dans cette solution ammoniacale est
alors titré au moyen d'une liqueur de sulfure de sodium.
Le point final du titrage s'observe en mettant une goutte
de solution alcaline de plomb sur un papier à filtre blanc,
à côté d'une goutte de la liqueur à essayer; dès que la
précipitation du sulfure de cuivre est achevée, il se forme
un arc brun sur les points où les deux couronnes humides
viennent se rencontrer.
Le titrage du cuivre étant achevé, on rend la solution
acide par l'acide chlorhydrique dilué, et l'on sépare le
— -231 —
«ulfure de cuivre par le filtre. Il est nécessaire d'acidilier
avant de filtrer, afin de séparer une petite quantité de
sulfure de cuivre soluble dans la liqueur alcaline. La
liqueur filtrée contenant l'acide arsénique est addition-
née de quelque cristaux de chlorate de potasse, puis con-
centrée à l'ébullition à environ 20"; on neutralise à peu
près l'acidité par l'ammoniaque; on ajoute 5*^* d'acétate de
soude et l'on titre l'acide arsénifjue, au moyen de la
liqueur dacétate d'urane, en opérant dans les mêmes
conditions que celles observées pour le titrage de l'acide
phosphorique par la méthode Joulie.
La méthode ci-dessus décrite, appliquée à Tanalyse
d'un mélange, a donné les résultats suivants :
Contenu. Trouvé.
Plomb 0«',122 Plomb 0»',12i2
Cuivre 0^,020 Cuivre 0«^,020
Arsenic 0«%0375 Arsenic 0»'.0370
Sur quelques dérivés nouveaux de Vhomopyrocatéchuie ;
par M. IL Cousin {Fin) (1).
L'homopyrocatéchine a été jusqu'ici peu étudiée; à
part quelques éthers (créosol, homovératrol) on ne con-
naissait aucun de ses dérivés. J'ai entrepris l'étude de ce
phénol et je rendrai compte rapidement, dans cet article,
des principaux résultats obtenus.
ÉTHERS DE l'hOMOPYROCATÊCHINE
/lésion de Viodure de méthyle, — En faisant réagir sur
1 molécule d'homopyrocatéchine, 1 molécule d'iodure de
méthyle en présence de potasse, j'ai obtenu un mélange
de créosol CH»— GMP— OCII»— OH et de son isomère
(3) (4)
CH»— C«IP— OH— OCIÏ». L'iodure de méthyle en excès
(3) (4)
donne Thomovératrol CH*— (OÇH')«.
L'iodure d'éthyle m'a mené à des résultats analogues.
(1) Voir Joum, de Ph., t898, p. 102.
— 232 —
Avec 1 molécule dïodure d'éthyle, j'ai obtenu un mé
lange des deux éthers monoétliyliques. Avec un excès
d'iodure, j'ai préparé l'éther diéthylique C'H«— (OC'HV
liquide incolore, bouillant de 227 à 230».
Éther diacétique C'H«—(OCOCH')«.— Obtenu dansTac-
tion de l'anhydride acétique sur rhomopyrocatéchine.
C'est un liquide incolore, visqueux, bouillant de 262 à
264*» avec décomposition partielle.
Éther dibenzoïque C'II« — (OCOCMï»)«. — Petites
aiguilles blanches, fusibles à 58*.
DÉRIVÉS HALOGÈNES DE l'hOMOPVROCATÉCHINE
I. Dérivés chlorés. — En traitant l'homopyrocatéchine
en solution acétique par un courant de chlore, j'ai pré-
paré deux corps chlorés :
1« Homopyrocatéchine trichlorée C'H«C1'0» + 2H*0. —
Aiguilles blanches, s'effleurissant à l'air et perdant leur
2 molécules d'eau dans le vide ; insoluble dans l'eau, soluble
dans l'alcool, Téther ; le corps anhydre fond à 179-180*.
2* Méthylorthoquinone chlorée C'H'Cl'O». — Obtenue
en partant du dérivé trichloré, soit par l'action prolongée
d'un courant de chlore qui enlève H*, soit par l'action de
Tacide azotique sur une solution acétique de l'homopyro-
catéchine trichlorée. Elle cristallise en petites lamelles
microscopiques rouge vif, peu solubles dans l'alcool, plus
dans l'acide acétique. Le point de fusion est 97-98"*. Les
réducteurs transforment ce corps en C'H'Cl'O*.
IL Dérivés bromes, — Homopyrocatéchine tribromée :
CH'Br'O". Préparée par l'action directe du brome sur
une solution acétique d'homopyrocatéchine. Aiguilles
blanches, soyeuses, fusibles à 162-164*. La quinone cor-
respondante C^II'Br'O* est une poudre cristalline brune,
fusible à 117-118*.
DÉRIVÉS NITRÉS DE l'hOMOPYROCATÉCHINE
J'ai isolé deux homopyrocatéchines mononitrées et les
homovératrols correspondants :
1* O'Xitrohomopyrocatéchine CH'O* — AzO*. — Obte-
(5)
~ 233 —
nue dans raclion de Facide nitrique fumant sur une solu-
tion éthérée d'homopyrocatéchine. Elle est entraînée dans
la vapeur d*eau et se présente en cristaux aplatis jaune
d'or, peu solubles dans l'eau, solubles dans l'alcool,
l'éther. Le point de fusion est 79-80*.
5-Nitrohomovératrol C^II' — (OCH»)«— AzO*. — Le
(5)
corps précédent chauffé avec un excès d'iodure de méthyle
en présence de potasse donne un éther diméthylique en
lames cristallines jaune pâle, fusibles à 58-60**. Cet éther
diméthylique oxydé par le permanganate de potasse en
solution acide m'a donné de l'acide 5-nitrovératrique
CO*H — C'H*— (OCH»)*— AzO*. Donc l'homovératrol nitré
(5)
a pour formuleOH» — C«H* — (OCH»)«— AzO*.
(5)
2* ià'NitrohomopyrocaLtéchine C'H» — fOH)*— AzOV —
(6)
Obtenue dans l'action de l'acide sulfurique sur une solution
aqueuse d'homopyrocatéchine et nitrite de soude. Elle
cristallise en aiguilles jaune pâle, peu solubles dans l'eau,
solubles dans l'alcool, l'éther, fond à 180*; elle donne
avec les bases des sels rouge orangé.
6-Nitrohomovératrol C'H»—(OCHV— AzO*. — Il a
(6)
été obtenu par méthylation du corps précédent ou dans
l'action de l'acide nitrique sur l'homovératrol. Aiguilles
jaune pâle, fusibles à 117*.
ACTION DE l'acide SULFURIQUE SUR l'hOMOPYROCATÉCHINE
En faisant réagir sur l'homopyrocatéchine soit l'acide
sulfurique ordinaire, soit l'acide à 30 p. 100 d'anhydride,
je n'ai obtenu qu'un seul dérivé sulfoné.
Acide homopyrocatéchine monosuif onique :
C'H»— (OHj*— SO'H. — C'est une masse cristalline déli-
quescente, très soluble, fondant à 93-94*. Le sel de baryum
(O^H'^O^SOV— Ba-|-3H*0 se prépare en saturant par le
carbonate de baryte le produit de la réaction de l'acida
sulfurique sur l'homopyrocatéchine. Il cristallise en petits
prismes incolores, solubles dans l'eau. Le sel de potasse
— 234 —
est en aiguilles blanches, très soluljles dans l'eau et dans
l'alcool bouillant.
Le sel de potasse chauffé en tube scellé avec de Tiodure
de méthyle et de la potasse alcoolique a donné un homo-
vératroisulfonate de potassium C'H» — (OCIPj* — SO'K.
Jai obtenu le même sel en saturant par le carbonate de
potasse un mélange d'homovératrol et d'acide sulfurique.
U cristallise en petits prismes blancs solubles dans Teau.
REVUE SPECIALE
DES PUBLICATIONS DE PHARMACIE ET DE CHIMIE.
Titrage des phosphoglycérates ; par M. E. Falières
(.Extrait) (ij. — On peut doser volumétriquement les glycé-
rophosphates en partant de cette observation faite presque
en même temps par MM. Falières (1), Imbert et Astruc ("2;.
(jue l'acide phosphoglycérique est bi-basique vis-à-vis
<le la phtaléine du phénol. Le virage est très net dès
(fu'un équivalent d'acide est saturé par deux équivalents
de potasse, de soude et de chaux. Chaque centimètre
/X\ 0«\0172
cube de K 0 II ( -1 correspond, par conséquent, à — - —
= 0»%0086 d'acide phosphoglycérique.
Acide phosphoglycérique: C'H'PO* = 172. — L'acide
phosphoglycérique, incristallisable, ne peut exister qu'à
l'état de solution plus ou moins concentrée dont il importe
de pouvoir vérifier facilement le titre.
On fait une solution de 2*'' d'acide phosphoglycérique
à analyser et eau distillée q. s. pour 100**.
A 10** de cette solution on ajoute quelques gouttes de
phénol -phtaléine et quelques grammes d'eau distillée.
En multipliant par 0,0086 le nombre de centimètres
cubes de K 0 H ( — \ employés pour amener la teinte
(1) Bulletin de la Soc. de Phann. de Bordeaux (novombre 1897).
(2) Comptes rendus de ^Académie des Sciences (13 décembre 1897).
■s*.', 'fr
— 235 —
rose de la phtaléine. on obtient la proportion cVacide
glycérophosphorique anhydre existant dans la prise
d'essai. En se servant du facteur 0,00355, on évalue
l'acide glycérophosphorique en anhydi-ide phosphorique.
Phosphoglycérate de chaux : Ca. C IF P 0* + "2 II- O. —
A l'état pur, le sel contient 69,9 p. 100 d'acide phospho-
glycérique et 22,76 de chaux. — Dans un hallon jaugé à
100*^, on introduit 0»%20 de glycérophosphate de chaux
à analyser avec quelques grammes d'eau. Après dissolu-
tion, on ajoute 20" de solution déci-norniale d'acide
oxalique et Ton complète le volume de 100''*' avec de l'eau
distillée.
Après quelques heures de repos, on filtre la liqueur
claire surnageant le précipité d'oxalate de chaux à travers
un papier Berzélius lavé à l'eau bouillante. Dans 50" de
de cette liqueur filtrée on dose l'acidité, due à l'acide
phosphoglycérique devenu libre et à l'excès d'acide oxa-
lique, au moyen de la liqueur décime de potasse avec la
phtaléine comme indicateur. On nuiltiplie par 2 le nombre
de centimètres cubes de liqueur alcaline employés et on
note ce nondjre nouveau N.
On recueille sur le filtre le précipité d'oxalate de chaux ;
on le lave, à plusieurs reprises h l'eau distillée et on le
dissout dans de l'acide azotique à 1/10. Cette liqueur
acide renferme toute la chaux de la prise d'essai (0»%20)
et l'acide oxalique qui a servi à la précipiter. On
titre au caméléon ( t^ |; on note le nombre P de centi-
&■
mètres cubes employés.
Chaque centimètre cube de permanganate correspond
à 0«',0028 de chaux et à 1" d'acide oxalique(-^| équiva-
lant lui-même à 1" de K 0 n( j- |. N + P égale, en centi-
mètres cubes de potasse (tt\ la quantité d'acide phospho-
glycérique et d'acide oxalique mise en expérience. Comme
la quantité d'acide oxalique est 20, [N f P) — 20 exprime.
— 236 —
en centimètres cubes de potasse l'acide phosphoglycérique
existant dans la prise d'essai (0«',20). [(N + P) — 20]
0,0086 X 5 X 100 exprime, en centièmes, la richesse du
glycérophosphate de chaux en acide phosphoglycérique.
D'un autre côté, le facteur Px0,0028 donne la chaux. On
a ainsi les éléments d'une analyse complète.
Voici les résultats obtenus avec cinq échantillons de
provenances diverses :
Chaux. Acide glycérophosphorique.
I 25,76 70,95
II 23,52 68,8
lU 20,41 63,22
IV 22,68 73,96
V 23,32 70,09
M. Falières a également imaginé une méthode de
dosage volumétrique des glycérophosphate s de potasse
et de soude et du glycérophosphate de magnésie. Nous
renvoyons au mémoire original.
La mélanose des mandarines ; par M. Trabut. — Les
mandarines sont souvent attaquées par la larve de la
mouche Ceratitis hisp&nica ; mais elles présentent aussi
une lésion qui a pu être confondue avec la piqûre de cet
insecte. Cette lésion est caractérisée par une tache noire
à l'intérieur, tache qui forme une dépression irrégulière
due à l'atrophie des glandes.
Quand on enlève la peau ainsi malade, on trouve à la
face interne, une tache verdâtre, qui s'étend sur le dos
des tranches correspondantes; cette tache a l'apparence
du Penicilium gl&ucum. Les tranches ainsi tachées ont
un goût très désagréable.
En dépouillant une mandarine tachée, il a découvert,
à la loupe, des pycnides noires d'un Septoria au milieu
des taches verdâtres. Ce Septoria est évidemment la
cause du mal : il détermine la tache verte, pénètre dans
le tissu aqueux de la tranche, y fait fermenter le sucre
et l'acide citrique et produit le mauvais goût signalé, qui
est une altération de parfum spécial à ce fruit.
— 237 —
Ce Septoria, que Tauteur désigne sous le nom de -S,
glaucescens, mérite une étude sérieuse, car il cause dans
les orangeries de vrais dégâts.
Sur la séparation et le dosage de Fiode, du brome et du
chlore; par M. Ad. Caknot (1). — l*» Iode, — La solution
neutre des sels, étendue à un volume de 200'''= environ,
est introduite dans un entonnoir à boule de 350*** à 400*^*^
de capacité, bien fermé, à la partie supérieure, par un
bouchon à l'émeri et, à la partie inférieure, par un ro-
binet de verre, à parois assez peu épaisses pour ne pas
risquer de se fendre lorsqu'on les chauffe au bain-marie.
On fait tomber dans la solution froide une dizaine de
gouttes d'acide sulfurique saturé de vapeurs nitreuses
(produites par la réaction de l'acide azotique concentré
sur Tamidon), puis on verse de 10" à 15" de sulfure de
carbone pur.
On fixe le bouchon de verre et l'on agite vigoureuse-
ment et à plusieurs reprises; on laisse alors le sulfure de
carbone se réunir, on agite un peu pour faire tomber au
travers du liquide les petites gouttelettes de sulfure qui
sont restées attachées aux parois de la boule. Le sulfure
de carbone est coloré en violet foncé, s'il y a une quan-
tité notable d'iode, en violet clair ou en rose, s'il y en a
très peu; il se distingue très aisément de la solution
aqueuse, et remplit la partie inférieure de la boule et le
tube fin jusqu'au robinet de verre. On ouvre doucement
le robinet et l'on fait écouler le sulfure coloré sur un
filtre de papier préalablement mouillé d'eau, on ferme
le robinet au moment où la solution aqueuse s'y pré-
sente. On ajoute de nouveau 10" environ de sulfure
de carbone et l'on agite comme précédemment : le
réactif n'est, en général, coloré que très faiblement par
l'iode; on fait tomber encore ti-ois ou quatre gouttes
d'acide sulfurique nitreux et, après nouvelle agitation,
qui ne doit produire aucun changement de teinte, si la
(I) Ac, à, se, CXXVI, 187, 17 janv. 1898.
— 238 —
première opération u été bien conduite, on laisse ras-
sembler et l'on fait écouler le sulfure de carbone sur le
même filtre, qu'on préserve de l'évaporation par une
plaque de verre.
L'introduction de 2" ou S**" de sulfure de carbone et
d'une ou deux gouttes d'acide sulfurique nitreux permet
de recueillir les fines gouttelettes de sulfure qui peuvent
être restées à la surface du liquide, de s'assurer que le
déplacement de l'iode est complet et de balayer la petite
quantité de sulfure faiblement coloré, contenue dans la
voie du robinet de verre.
Le sulfure de carbone, réuni sur le filtre mouillé, est
bien lavé à Teau froide. Les premières eaux seules sont
recueillies et ajoutées au liquide aqueux de la boule de
verre pour la suite de l'analyse. En perçant le filtre, on
fait passer le sulfure de carbone dans une petite fiole,
fermée à l'émeri, avec 30~ environ d'une solution à 1/2
p. 100 de bicarbonate de sodium. On verse alors, au
moyen d'une burette graduée, une solution d'hyposulfite
de sodium titrée (déci-normale ou centi-normale) jusqu'à
décoloration complète du sulfui^e de cai'bone. On agite
vigoureusement après chaque addition du réducteur. Le
phénomène est très net et l'exactitude des résultats est
aussi complète que possible, non seulement en présence
des chlorures, ainsi que l'avait observé Frésénius, mais
aussi en présence des bromui*es.
2® Brome. — Pour doser le brome, on verse dans la
boule de verre à robinet quelques centimètres cubes
d'acide chromique à 10 p. 100 et 3 à 4** d'acide sulfu-
rique étendu de son volume d'eau; on met aussitôt le
bouchon à Fémeri et l'on ferme solidement la boule,
qu'on place et qu'on laisse flotter dans un bain-marie à
100* pendant une demi-heure à une heure. On la sort
alors et on la laisse refroidir entièrement, puis on intro-
duit du sulfure de carbone et l'on procède, comme je l'ai
expliqué pour l'iode, par trois épuisements successifs.
Le sulfure de carbone est reçu sur un filtre mouillé,
puis lavé cl Teau froide, jusqu'à ce que celle-ci ne pré-
sente plus d'acidité.
— 239 —
On fait alors tomber le sulfure dans un flacon à
Témeri, où Ton ajoute un peu dïodure de potassium
en dissolution et 30" de bicarbonate de sodium. On agite
vigoureusement à plusieurs reprises. Le brome déplace
une proportion équivalente d'iode qui, devenu libre,
donne au dissolvant une coloration violette beaucoup plus
visible que ne l'était la teinte jaune brun produite par le
brome. La détermination de Fiode se fait, comme précé-
demment, par riiyposulfite de sodium titré et Ton n'a
plus, pour connaître le poids correspondant du brome,
qu'à multiplier le poids de l'iode parle coefficient -j^.
3** Chlore. — On le dose par les procédés ordinaires.
Pour une simple recherche qualitative de faibles quan-
tités d'iodure et de bromure, en présence d'un grand
excès de chlorure alcalin, on peut recommander la
marche suivante :
1* Séparer l'iode dans un peu de la solution neutre par
l'acide sulfurique nitreux et le rassembler dans quelques
gouttes de sulfure de carbone. La coloration violette ou
rose est extrêmement sensible.
2* L'iode ayant été éliminé, ajouter à la liqueur,
placée dans un petit ballon, un peu d'acide chromique
et d'acide sulfurique, puis chauffer jusqu'à ébuUition, en
plaçant à l'ouverture un papier jaune à la fluorescéine,
dont M. Baubigny a fait connaître la préparation et la
sensibilité pour des traces de brome. Les plus faibles
quantités de brome seront révélées par la teinte rot^o
caractéristique.
Points de timon de l'argent et de For; par M. D. Ber>
THELOT (1). — L'auteur a appliqué la méthode interféren-
tielle décrite par lui à la détermination des points de
fusion de ces métaux pour lesquels on a des nombres qui
ne sont pas très concordants.
La tableau suivant résume les résultats obtenus com-
parés à ceux qui ont été publiés antérieurement.
(1) Ac. d. Se, t. CXXVl, 483, 7 février 1888.
— 240
iNânl
Erhard
Holborn
lie E. Becquerel.
VioUe.
et Schertel
Barus.
et Wien.
D. Berlhelot
fii5>ion 1863.
i879.
1879
1894.
1895.
1898.
Arient . 960*
9W
954»
986*
97i*
9e2»
Or. . . . 1092»
law
1075»
1091*
1072»
1064*
Sur les conditions de formation des carbures alcalins,
des carbures alicano-terreux et du carbure de magnésium ;
parM. Henri Moissan (I). — Par l'action du gaz acétylène
froid ou par l'action de l'acé-tylène liquide, avec ou
sans pression, on peut obtenir les composés intermé-
iliaires ou acétylènes sodés et potassés à Tétat de pureté
i:nill et C»NaH.
Par une élévation de température, ces corps peuvent
se décomposer : ils produisent un dégagement d'acétylène
et ils laissent, comme résidus, les carbures C*K* et
C Na«.
Par une élévation plus grande de température, ces
rarbures sont dissociés en métal et en carbone. Le phé-
nomène est identique, bien qu'il se produise à une tem-
pérature plus élevée pour les carbures alcalino-terreux.
Il en est de même pour le carbure de magnésium.
La stabilité de ces carbures, pour des variations de
filus en plus grandes de température, ira donc en crois-
.<anl des métaux alcalins aux métaux alcalino-terreux.
Ces expériences établissent que les carlmres de potas-
sium, de sodium et de magnésium ne peuvent pas être
produits à la* température du four électrique.
Sur la préparation des alliages de glucinium. Alliages
de glucinium et de cuivre; par M. P. Lebeau ['2;, —
L'auteur a montré antérieurement que le carbone
tlrume un carbure de glucinium dont il a décrit la prépa-
ration et les propriétés. 11 a réussi à préparer des alliages
(le glucinium en opérant la réduction de l'oxyde de glu-
(t) Ac. d. «c, CXXVI, 302, 24 janv. 1898.
(2) Ac. d, «c, CXXV, 27 àéc, 1897.
— 241 —
cinium, en présence d'un autre oxyde ou d'un métal au
four électrique. A cet effet, on calcine un mélange d'azo-
tates provenant de la solution de quantités déterminées
des azotates de ces métaux.
Les alliages de cuivre et de glucinium ayant une teneur
voisine de 10 p. 100, sont jaune pâle, presque blancs.
Les alliages à 5 p. 100 sont plus jaunes, ils se liment
et se polissent facilement. On peut les marteler à chaud
et à froid. Ils ne s'oxydent pas à l'air, mais se ternissent
légèrement sous l'action de l'hydrogène sulfuré. L'acide
azotique les dissout très facilement,
Il est facile, en partant de ces alliages, d'obtenir des
alliages moins riches en glucinium ; pour cela, il suffit
de les fondre avec une quantité déterminée de métal; on
obtient un liquide qui se coule facilement et dont la
teneur peut être prévue.
A la dose de 0,5 p. 100, le glucinium change déjà nota-
blement l'aspect du cuivre et lui donne une grande
sonorité,
L'alliage renfermant 1,32 p. 100 de glucinium est d'un
jaune d'or et très sonore. Il se lime facilement et peut
être forgé.
L'auteur a préparé, en suivant une marche identique,
les alliages du glucinium avec les métaux usuels et avec
un certain nombre de métaux réfractaires tels que le
chrome, le molybdène, le tungstène, etc.
Sur les impuretés de raluminium et de ses alliages ;
par M. Ed. Defacqz (1). — Depuis quelques années, on
s'est beaucoup occupé des impuretés de l'aluminium,
celles-ci modifiant quelquefois profondément les pro-
priétés de ce métal. M. Moissan a montré quel rôle impor-
tant jouaient l'azole, le carbone et surtout le sodium ; ces
corps ne se rencontrent plus que rarement dans l'alumi-
nium industriel, mais on y trouve encore du silicium,
(1) Ac, d. se, CXXV, 1174, 27 déc. 1897.
Journ. dt Pharm. et de Chinu, 6* SÉRIE, l. VII. (!•' mars 1898.) 16
— 242 —
du fer et du cuivre ; Fauteur a recherché sous quelle
forme se trouvaient ces divers éléments.
Pour cela, il a choisi de l'aluminium préparé par élec-
Irolyse et aussi pur que possible et un alliage de ce
métal à 3 p. 100 de cuivre; il a traité ces échantillons par
les acides faibles (acide chlorhydrique au dixième ou au
cinquième, eau régale de même concentration) et il a
examiné les résidus.
Le résidu obtenu en dissolvant l'aluminium dans Tacidc
chlorhydrique possède les propriétés du siliciiun impur.
Celui qui est obtenu par l'action de l'eau régale
étendue sur l'alliage à 3 p. 100 de cuivre est de même
un silicium très impur.
Celui que l'on obtient par l'action de l'acide chlorhy-
drique au dixième sur le même alliage est un mélange
complexe, peu homogène, de cuivre, de silicium, de fer
et d'aluminium.
Les liqueurs contiennent de la silice provenant proba-
blement de la décomposition des siliciures de fer, de
cuivre et peut-être d'aluminium qui accompagnent, en
petites quantités, le métal.
En résumé, tous ces résidus sont des mélanges com-
plexes, leur oxydabilité est très grande ; certains fixent
l'oxygène de l'air sur le filtre même à la température
ordinaire ; de plus, dans l'attaque de l'aluminium ou de
ses alliages, ces impuretés du métal se divisent inégale-
ment entre le précipité et la partie liquide : on ne peut
donc songer à utiliser comme procédé de dosage cette
attaque de l'aluminium par les acides étendus.
Réaction colorée nouvelle de la phénylhydrazine; par
M. Louis Simon (1). — Le réactif spécifique de l'aldéhyde
indiqué par l'auteur (2) peut servir à déceler des traces
de phénylhydrazine libre ou sous forme de sels. Voici
comment il convient d'opérer :
(i). Ac. d, se. GXXVI, 7 féTrier 1898.
(t) Joum, de Pharm, et de Chim., !•• fév. 1898, page iSîJ.
— 243 —
On chauffe pendant quelques instants la solution de
phénylhydrazine avec quelgues gouttes de triméthyla-
mine aqueuse ; on ajoute quelques gouttes d'une solution
aqueuse de nitroprussiate de soude, puis de la potasse
en solution concentrée. Dès l'addition de nitroprussiate^
il se manifeste une coloration bleu franc, parfois ver-
dâtre s'il y a un excès de nitroprussiate ; cette coloration
se fonce notablement par addition de potasse. L'addition
d'une petite quantité d'acide acétique, avant ou après
celle de potasse, modifie la coloration bleue en la pous-
sant vers le bleu céleste sans paraître l'atténuer sensi-
blement. Ce réactif permet de déceler jusqu'à rooTô ^^
phénylhydrazine. La coloration est très foncée pour la
dilution ^^ elle est fugace, c'est-à-dire qu'elle disparaît
en un quart d'heure environ pour cette dernière dilution.
La présence des dissolvants organiques, tels que l'al-
cool et l'élher, ne semble pas gêner la réaction; au con-
traire le chloroforme et le benzène ont une action
fâcheuse, l'acétone donne sa réaction colorée propre
(coloration rouge de Légal).
La présence des acides minéraux ou organiques re-
larde l'apparition de la coloration jusqu'à l'addition de
potasse.
L'acide acétique, ajouté après l'apparition de la colo-
ration, la modifie comme il est dit plus haut; lorsque
l'on en ajoute un excès, il la fait disparaître après un
nouveau virage vers le rouge.
L'addition d'acide chlorhydrique au liquide bleu pro-
duit un virage vers le rouge puis la décoloration.
La présence d'ammoniaque ne gêne pas la réaction,
soit qu'elle préexiste dans la phénylhydrazine ou dans
la triméthylamine, soit qu'on l'ajoute après l'apparition
de la coloration.
Action de la chaleur. — La coloration bleue dont il
vient d'être question se produit par le mélange à froid
de phénylhydrazine, triméthylamine et nitroprussiate,
mais plus lentement et progressivement.
Si, la coloration une fois produite, on chaulfe sans
— 244 —
précaution, elle disparaît et est fmalemeut remplacée par
une coloration fixe, rouge franc (en présence de potasse),
jaune clair (si Ton n'avait pas ajouté de potasse).
Si, le mélange étant fait, mais la coloration bleue
encore faible, on chauffe, cette coloration apparaît plus
rapidement, mais disparaît ensuite si l'on ne s'arrête pas
et qu'on continue à chauffer, exactement comme dans
l'essai précédent.
Cette coloration bleue ne peut être confondue avec
celle que donne l'aldéhyde éthylique avec le même réac-
tif; la persistance de la coloration bleue actuelle en pré-
sence de potasse, d'ammoniaque et d'acide acétique, ne
laisse place à aucune ambiguïté.
M. Denigès a indiqué que la phénylhydrazine présente
la réaction de Légal (coloration rouge orangé avec le
nitroprussiate et la potasse, virant au rouge violacé par
addition d'acide acétique). M. Simon a constaté que celte
réaction, caractéristique des cétones et aldéhydes, est
très sensible avec la phénylhydrazine et permet d'en
caractériser des traces. Elle parait cependant moins sen-
sible que celle que l'on vient d'indiquer; elle est égale-
ment beaucoup moins spécifique, car, sans franchir les
limites du groupe de composés dont il s'agit ici, elle s'ap-
plique aussi bien à la méthylphénylhydrazine et aux
formyl- et benzoylphénylhydrazine qu'à la parabromo-
phénylhydrazine et aux autres phénylhydrazines substi-
tuées dans le noyau aromatique.
L'échauffement sulfurique appliqué à Texamen des
huiles essentielles ; par M. Duyk, pharmacien-chimiste à
Ixcllcs (i). — L'auteur s'est proposé de rechercher s'il
n'y aurait pas moyen d'appliquer réchauffement sulfu-
rique à l'examen des Imilcs essentielles et d'arriver ainsi
à déterminer avec une exactitude suffisante le degré de
pureté de ces produits naturels, tout au moins à mettre
(1) Acad, roy, de médecine de Belgique.
I
— 245 —
sxir la voie des nombreuses falsifications auxquelles ils
sont sujets.
Il a fallu renoncer à Tunion directe de l'essence et de
Tacide, d'abord parce que, à cause de l'emploi d'une quan-
tité relativement grande d'essence, l'expérience perd son
côté pratique, ensuite parce que l'action directe de l'acide
sulfurique concentré sur les huiles volatiles donne lieu
à un brusque dégagement de chaleur qui peut provoquer
une explosion et même l'inflammation de l'essence.
Mais les manifestations si violentes du phénomène
peuvent être considérablement atténuées si l'on prend la
précaution de diluer l'essence dans un liquide inerte,
indifférent vis-à-vis de l'acide sulfurique.
Le liquide inerte choisi est la paraffine liquide blanche
du commerce (1).
Ce coi-ps est un excellent dissolvant des essences; au
contact de l'acide sulfurique concentré, il ne s'échauffe
que d'une quantité négligeable. Partant de là, si l'on y
dissout une quantité connue d'essence et si l'on fait agir
sur cette mixture une quantité convenable d'acide sulfu-
rique concentré, il se produit un échauffement propor-
tionnel à la quantité d'essence dissoute et à la composi-
tion de celle-ci ; réchauffement n'est pas le même avec
les hydrocarbures terpéniques, les composés alcooliques,
aldéhydiques, acétoniques, phcnoliques, etc., qui entrent
dans la composition des huiles volatiles.
Marche de Vopération, — On introduit dans une fiole de
pharmacie d'une capacité de 15*"% pesant 30»% 4°* de pa-
rafiine liquide, puis l*'* d'essence prélevée à l'aide d'une
pipette ; une simple agitation suffit pour effectuer le mé-
lange homogène des deux liquides. On fait couler ensuite
avec précaution le long des parois de la fiole 2'* d'acide
sulfurique monohydraté pur, contenu dans une pipette
effilée. L'acide se rend dans le fond de la fiole sans se
mélanger à la solution d'essence dans la paraffine, beau-
(1) 4«' de paraffine liquide, traités par 2** SO*H* monohydralé = échaufTe-
ment i*C.
— 2i6 —
f oup plus légère ; on ferme la fiole au moyen d'un bou-
chon de liège percé d'un trou par lequel passe la lige
d'un thermomètre dont la boule plonge ainsi dans le
liquide. On note la température initiale du mélange; on
agite légèrement par un simple mouvement d'oscillation,
de manière à provoquer le mélange intime des deux
liquides et à opérer la réaction. La colonne mercurielle
s'élève et atteint bientôt un maximum. La différence
entre les températures finale et initiale représente ré-
chauffement sulfurique de l'essence dans les conditions
où Von a opéré.
Les résultats obtenus sont remarquables de concor-
dance ; l'augmentation de la température est constante
pour une même essence. Chaque opérateur pourra, en se
basant sur ces données, se constituer un ta])leau de tem-
pératures d'échauffement des produits purs, sur le(iuel
il pourra s'appuyer dans l'examen de produits douteux,
et en se plaçant dans des conditions toujours identiques.
Ainsi, on peut suspecter un échantillon d'essence de san-
lal dont l'indice d'échauffement serait inférieur à 28*,
une essence de citron dont l'indice serait moindre que
25", une essence de roses dont le dej^ré d'édiauffement
sulfurique serait inférieur à 34*. Il en osl de même de
l'essence de menthe, dans laquelle on exige avant tout
une teneur importante en menthol et élhors mentho-
liques; les essences qui ne renferment que des propor-
tions minimes de ces corps posséderont un indice d'é-
chauffement relativement élevé, etc.
Tableau indiquant réchauffement sulfurique de différentes huiles
essentielles et de certains de leurs composants, pour un mélange de
i'* d'essence, 4'* de paraffine blanche liquide et 2^"= d'acide sulfu-
rique monohydraté. (Flacon pesant 39«', jaugeant 15*'«'.)
CAnOURES TERPÈNIQUES
Cymène C**H'* de ressence de térébenthine 4*
Pinène C*<>H4« de l'essence de térébenthine 36^
Limonène G*<>Hi* de ressence de citron S6*
€arvène (Limonène) de ressence de carvi 26»
- 247 -
Tbymène C»*H*« de l'essence de thym 13*
€édrène C^^H*^ de l'essence de cèdre 15*
COMPOSAS OXYGÈNES
Anéthol de l'essence d'anis 22".
Thymol de l'essence de thym 7*
Safrol de l'essence de sassafras 33°
Garracrol de l'essence de thym 4».5
Apiol, camphre de l'essence de persil ' . . 32*
Eugénol de l'essence de girofle 27*
Oéraniol de l'essence de géranium. . 3lo,5
Menthol de l'essence de menthe 9*
Linalool de l'essence de linaloé 38*
Eucalyptol de l'essence d'eucalyptus 22*
Terpinol de l'essence de térébenthine 26*
Santalol de l'essence de santal 33*
Citral de l'essence de lemon grass 40*
Aldéhyde anisique 14^
Benzaldéhyde de l'essence d'amendes amères 9*
Menthone, oxydation du menthol il*'
Citronellone de l'essence de mélisse citronnelle 33<>
Carvol de l'essence de carvi 30*
HUILES ESSENTIELLES
Santal,
1* Essence dite des Indes orientales.
Dti raa
PROVENANCE, fabrication. S. Ct. C«. i {{]. T.
D.
B.
Échaffement. 30* 31* 28* 25° 28" 22",5 33*
31°
2* Essence dite des Indes occidentales.
PROVENANCE. (J. S. D.
T.
Échauffcmeut. 16* 12* 18*
12*
Cèdre.
PROVENANCE. J (vieille.) J (récente.) T.
Échaufferaent. 18* 18* 18*
D.
16*
Copahu, Gurgum,
24* 21*
(1) Cette essence renfermait 83 p. 100 de santalol.
— 248 —
Menlhe,
PROVENANCE.
Échauffeincnt.
Hitcham.
16»
Saxonne.
i3»
Crépue.
26»
Japonaise.
PROVENANCE.
Échauffement.
Lavande.
Française. Anglaise.
37»
Rose
pure turque.
34%5
Aspic J.
30»
Géranium
turque.
24*
Française. Française.
33« 34» 36»
Aspic T.
29*,5
Géranium
privée de composés hydrocarbures.
25»
Citron.
PROVENANCE. G. J. J. B.
Échauffement. 26*,5 26* 25*
Dépouillée de composés hydrocarbures.
29»
Petits grains.
33%5
Eucalyptus.
24*
Oranges Portugal. Fleurs d'oranger,
37« (neroly) 36«,5
Thym rouge. Thym rectifié,
23%5 22«,5
Girofle. Amandes amères. Cannelle Ceylan. Canelle Chine,
28« 9%5 20« 14*
Carvi française. Carvi allemande. Cumin.
28* 30» !?•
Aniê vert. Badiane, Fenouil,
ÎT 21'» i9»,5
La plupart des essences expérimentées proviennent de
source certaine.
Sur le dosage du suc gastrique; par M. L. Cordier (1).
— La méthode plus couramment employée en France,
dans les laboratoires, est celle de Hayem et Winter. On
dose Tacidité totale A, le chlore total T, le chlore combiné
(1) Ac. d. se, GXXVI, 353, 24 jany. 1898.
— 249 —
C et Tacide chlorhydrique libre H ; ce dosage comporte
tros incinérations successives et nécessite, pour l'obten-
tion de résultats rigoureusement comparables, un appren-
tissage assez long. Chaque dosage exige de plus un temps
très appréciable, une dizaine d'heure environ.
La méthode que l'auteur propose est basée sur l'obser-
vation suivante :
Un mélange de chlorure de sodium et de chlorure de
lithium, traité par un mélange à parties égales d'alcool
absolu et d'éther anhydre, cède complètement à ce véhi-
cule le chlorure de lithium ; le chlorure de sodium reste
indissous et peut être ensuite enlevé par de l'eau distillée
chaude.
Pour faire le dosage, on prélève S'"* de suc gastrique que Ton additionne
dans une pctilc capsule d*une solution saturée de carbonate de lithine pur
jusqu*à réaction alcaline au tournesol. On évapore à siccité à Tctuve à 100<* oa
mieux au bain-marie à Tair libre. L'acide cblorhydriquc libre et Tacide cblor-
hjdrique combiné se transforment en chlorure de lithium; les chlorures fixes
ne subissent aucune modification ; les acides organiques et les sels acides sont
neutralisés.
Après dessiccation, on incinère au rouge sombre en remuant continuellement
avec une baguette de verre et en évitant toute élévation de température, Tin-
cinération devant être juste suffisante pour obtenir ultérieurement une liqueur
incolore ou à peine colorée. Après refroidissement, on épuise le charbon
obtenu par le mélange à parties égales d'alcool absolu et d'éther, ajouté par
fractions successives. L'auteur s'est assuré que 60^ suffisaient à un
épuisement complet; en opérant avec la liqueur chaude, au bain-marie par
exemple, 40''' seulement sont nécessaires pour l'enlèvement total de tout le
chlorure de lithium.
On sépare ainsi, au moyen d'un petit filtre Berzélîus : d'une part, une solu-
tion étbéro-alcoolique ; d'autre part, un charbon résidu.
1. Dosage de HGl libre + HCI combiné = (H + G). ~ La solution
éthéro>alcoolique contient ainsi à l'état de chlorure de lithium tout le chloro
do l'acide chlorhydrique libre et le chlore des chlorures combinés. Cette solu-
tion est rigoureusement neutre au tournesol, complètement incolore et peut
servir directement au dosage du chlore par la méthode volumétrique au nitrate
d'argent.
Il suffit pour cela de la diluer de son volume d'eau, d'ajouter quelques
gouttes de chromate do potasse dissous et de procéder au titrage au moyen de
la solution déci-normale d'azotate d'argent ; le résultat exprimé en HGl et rap-
porté à 100** de suc gastrique, fait connaître la valeur de (H + C).
2. Dosage du chlore fixe F. — On reprend, par de l'eau chaude, le char-
— 250 —
t>on résidu qui reste dans la capsule, on acidulé par trois à quatre gouttes
d'acide azotique pur, ce qui désagrège le charbon, on porte à l'ébullition pour
chasser Tacido carbonique, puis on jette sur le filtre Diôme qui a servi à
séparer la liqueur éthéro-alcoolique. On épuise par une quantité suffisante
d'eau chaude, et les liqueurs réunies (50^ environ) sont ramenées, au moyen
de quelques gouttes d'une solution de carbonate de soude pur au dixième, à
une très légère alcalinité.
On procède ensuite au titrage du chlore comme précédemment, et le résul-
tat, rapporté à iO(K*^ de suc gastrique et exprimé en H Cl, fait connaître les
chlorures fixes F.
3. Dosage du chlore total T. — On l'obtient en faisant la somme
H + C + F = T.
Cette m<^thode présente plusieurs avantages :
a. Elle n'exige qu'une seule incinération et partant est
•assez rapide.
b. L'évaporalion ayant lieu en milieu alcalin, on n'a
pas à craindre de perte d'acide chlorhydrique, par suite
de l'action des acides organiques ou des sels acides
'phosphates acides) sur les chlorures du suc gastrique.
c. Elle permet d'effectuer un dosage très complet avec
une petite quantité de liquide ; elle pourra, de ce fait,
être avantageusement employée dans l'examen du liquide
retiré à jeun de l'estomac, le volume liltré du liquide
extrait à la sonde, dans ces conditions, variant entre 12"
<ît 15".
Toutefois cette méthode ne fait pas connaître la quan-
tité de IICl libre, mais seulement la valeur de 'Il t Ci.
Pour déterminer l'acide chlorhydrique libre, lorsque
les réactifs de Boas et de Gungsbourg en indiquent une
<juanlité notable, l'auteur procède A un dosage acidimé-
trique, au moyen de la solution déci-normale de soude,
•en déterminant la fin de la réaction au moyen du réactif
phloroglucine-vaiiilline.
Les résultats concordent avec ceux de la méthode
Havem et Winter.
Contribution à l'étude de Toxydase des raisins. Son utilité
dans la vinification; par MM. A. Bouffard et L. Semi-
— -251 —
CHON (1). — Préparation des vins blancs de raisiiis rouges,
— Dans la préparation ordinaire de ces vins, le foulage
des raisins donne un moût rosé que l'on décolore
avant ou après fermentation par une quantité sensible
d'acide sulfureux, qui donne souvent au vin un goût de
soufre désagréable. De plus, la couleur, masquée mais
non détruite, revient à mesure que les soutirages favo-
risent le départ et l'oxydation du gaz sulfureux. La vini-
fication par aération évite ces graves inconvénients.
Ce procédé comprend trois opérations ; 1** extraction du
moût; i^ coloration par l'air; 3** fermentation.
1* Les modes d'extraction du moût doivent être envi-
sagés au point de vue de la quantité d'oxydase qu'ils font
entrer en solution. Cet agent étant localisé dans le tissu
vasculaire du raisin, un foulage léger donne un moût
qui, pauvre en oxydase, se décolore péniblement ; un
foulage plus énergique décbire les fibres, donne un
moût riche et d'une décoloration facile. Quel que soit
le foulage, un moût, tenant' en suspension les parties
ligneuses de la pulpe, apporte assez de principe oxydant
pour se décolorer.
2* Par l'action coml)inéc de l'air et de l'oxydase, la
matière colorante, devenue insoluble, se précipite. Dans
■ce phénomène, la division du liquide et la durée du
contact ont plus d'influence que la quantité d'air. Cela
résulte d'expériences faites sur un moût franchement
rose, dans lequel on a fait varier tour à tour ces
trois facteurs. L'action décolorante était mesurée au
moyen d'une solution titrée d'acide sulfureux ( l"*=0«',09 1 ) ;
on a admis, après expérience, que la diflerence entre
les volumes de liqueur titrée nécessaires pour la
décoloration complète, avant et après action de l'air,
était sensiblement proportionnelle à la quantité de couleur
disparue. Ainsi un volume d'air égal au tiers du volume
•du moût est suffisant pour la décoloration après un quart
d'heure d'agitation; un excès d'air ne diminue pas la
(1) Ac. d. se, CXXVI, 4-23, 31 janv. 1893.
— 252 —
durée du phénomène. Pour une proportion donnée d'air
et de moût, la décoloration est sensiblement proportion-
nelle au temps. Ce moût, renfermé dans des flacons de
eo^'S se décolore d'autant plus vite que l'agitation mul-
tiplie davantage les contacts avec l'air confiné.
Une aération prolongée ou trop énergique fait passer
la couleur au jaune, puis au brun, nuances commercia-
lement mauvaises. Bien que l'air et la fermentation con-
courent à détruire l'activité de l'oxydase, il arrive parfois
qu'il en reste assez dans les vins faits pour les exposer
au brunissement. Il y a donc intérêt en pratique à limiter
l'aération et à empêcher toute action ultérieure à l'oxy-
dase.
On suivra la marche et les effets de l'aération en fil-
trant quelques centimètres cubes de moût ; celui-ci doit
passer, en fin d'opération, sans teinte sensible de rose ou
de jaune. Pour éviter, après décoloration, le brunisse-
ment, semblable, quant à sa cause, à la casse diastasique
des vins rouges, on se servira de faibles doses d'acide
sulfureux (2«' à 5«' par hectolitre). Cet agent, décolorant
indispensable dans la préparation ordinaire des vins
blancs, devient ici, en détruisant l'oxydase, un ennemi
de la fabrication par aération. On se gardera de l'em-
ployer avant décoloration complète par l'air.
h' extraction du jus se fera à l'aide d'appareils donnant
un foulage modéré, sans briser les parties vertes des
grappes ; lorsque cette extraction aura fourni 50 à 60 p. 100
de jus, le vin rouge obtenu par le cuvage des résidus sera
plus fin et moins âpre.
L'aérah'on s'effectuera par un barbotage d'air très di-
visé dans un volume de moût de 15" à 20**^ L'action du
courant d'air produit par un soufflet ou par une pompe
sera facilement surveillée et arrêtée au point voulu après
dix à trente minutes environ.
Le moût décoloré, prêt à fermenter, sera additionné
d'acide sulfureux sous forme de bisulfite de potasse. Le
retard apporté à la fermentation permettra un débour-
bage, s'il est avantageux.
— 253 —
3® La fermentation, favorisée par l'aération, sera conduite
comme à Tordinaire. Les flocons de matière colorante
oxydée et insoluble se déposeront avec les lies sans qu'il
soit nécessaire de filtrer.
Les vins blancs obtenus ainsi ont sur les vins décolorés
au soufre les avantages signalés plus haut ; leur compo-
sition analytique n'est pas modifiée. Ils sont en tous points
comparables aux vins de raisins blancs.
Dans la préparation des vins rouges, un foulage trop
énergique, accompagné d'une aération exagérée, est la
cause de la perte d'une partie de la couleur. Il est avan-
tageux d'ajouter à la sortie du fouloir un peu d'acide sul-
fureux (2«' à 5«' par hectolitre) qui, supprimant cet incon-
vénient, agira préventivement contre la casse.
Les vins rosés ont une teinte rose vif, sans mélange de
jaune; mais souvent ces vins, contenant de l'oxydasc,
passent à la nuance saumon des vins paillets. On rend
leur couleur stable en additionnant le moût, avant ou
après fermentation, des mêmes doses d'acide sulfureux.
La couleur, atténuée par ce fait, reprend, par aération,
son intensité et sa fixité qu'aucune oxydation ne peut
altérer.
Les vins paillets ont une teinte saumon, intermédiaire
entre le rose et le jaune. C'est encore loxydase qui
jaunit la couleur rose origninclle du moût. Il suffit de
quelques traces d'acide sulfureux, quand la nuance est
atteinte, pour la conserver.
Pour les vins blancs de raisins blancs, qui, pour la
même cause, brunissent au contact de l'air, on constate
encore le rôle conservateur de l'acide sulfureux.
Sur Foxydase du Botrjrtis cinerea; par M. J. Laborde.
— L'auteur a établi antérieurement que le Botrytls ci-
nerea, vivant en parasite sur le raisin, sécrète une oxy-
dase que l'on trouve dans le moût de raisin et dans le
vin après fermentation de ce moût ; c'est elle qui
provoque ensuite essentiellement, dans le vin exposé à
Tair, l'altération connue sous le nom de casse brune.
— 25i -
Pour étudier ces questions, il s'est appuyé sur la colo-
ration bleue que Ton obtient avec la teinture de gaïac, et
sur sa comparaison (au colorimètre Dubosc) avec la même
couleur que donne, avec la même teinture, 0"«',5 d'iode
pour 20*^^ de mélange ; l'intensité de celle-ci étant prise
pour unité.
Le Botrytis cinerea pur, ensemencé sur des raisins
blancB stérilisés, envahit d'abord leur pellicule qui bru-
nit complètement au bout de trois à quatre jours, en don-
nant naissance à quelques fructifications aériennes. La
quantité d'oxydase sécrétée est alors de trois unités
environ.
Au bout d'une semaine, lorsque les raisins sont cou-
verts de fructifications abondantes, la proportion d'oxy-
dase s'élève à cinq ou six unités; si l'on prolonge Tactioil
de la moisissure, elle peut atteindre trente unités au
moins.
Les solutions d'oxydase perdent graduellement, mais
lentement, toute activité par l'absorption de Toxygène
de l'air.
La chaleur détruit aussi l'oxydase, mais même après
chauffage à 75* et 80*, il reste encore de l'oxydase active;
cependant, l'action sur la couleur du vin rouge de cette
oxydase chauffée est beaucoup moins énergique que
celle d'une quantité correspondante d'oxydase fraîche.
En étudiant les variations de l'oxydase dans la fermen-
tation du moût de raisins moisis, on a observé ce qui
suit :
1* La quantité d'oxydase qui reste, toujours plus faible
que la quantité initiale, dépend de la dui»ée de la fer-
mentation ; elle est plus grande avec les levures plus
actives qu'avec les levures moins actives. Ainsi, la fer-
mentation ayant duré dix joure avec les premières et
quinze jours avec les secondes, il restait respectivement
50 et 35 p. 100 de la quantité initiale d'oxydase ;
2* Les températures habituelles de la fermentation
n'ont pas d'influence ; à 25* et à 36*, la perte d'oxydase a
été la même ;
— :255 —
3* Les ferments de maladie du vin, qui peuvent se-
développer en même temps que les levures, ne parais-^
sent pas agir sur Toxydase. Les résultats ont été les^
mêmes qu'avec les levures pures, bien que ces ferments
se fussent multipliés suffisamment pour produire 2«',5-
d'acidité volatile par litre dans un essai, et 3«',2 dans-
un autre.
Si, au lieu de se trouver dans les conditions de la fer-
mentation des vins blancs, comme dans les expériences
ci-dessus, on se place dans celles de la fermentation des
vins rouges, on observe que la proportion d'oxydase
restante est plus grande; il peut en rester, par exemple,.
80 p. 100 de la quantité initiale. Cela s'explique, si Ton
considère que, dans ces conditions, l'aération du liquide-
est plus faible, grâce à la formation du chapeau, et
qu'une certaine quantité d'oxydase qui n'existait pas dans
le moût au début, s'y est diffusée, pendant la fermen-
tation des cellules de la moisissure portée par les
raisins.
Les résultats précédents ne peuvent avoir d'intérêt pra-
tique que si l'on connaît les effets de la quantité d'oxy-
dase prise pour unité. En mélangeant, à un vin rouge
stérilisé, un volume convenable d'une solution d'oxydase
de richesse connue, et en exposant ensuite ce vin à l'air
pendant un temps suffisant, on a trouvé que la quantité
de matière colorante précipitée par l'unité d'oxydase est
voisine de 1«' par litre. Mais l'action de l'oxydase ne se
borne pas là ; la couleur non précipitée est complètement
jaunie, le vin peut être considéré comme perdu.
En somme, on voit combien sont dangereux les effets-
du. Botrytis cinerea qui a envahi une récolte ; si au moment
des vendanges, on a 1/3 de cette récolte atteint de pour-
riture grise, même peu développée, il peut exister dans-
le vin une quantité d'oxydase assez grande pour le faire
casser complètement.
— 250 —
Sur l'oxydation des ammoniaques composées par les fer-
ments du sol; par M. E. Demoussy (i). — L'étude de la
nitrification dans la terre arable conduit à admettre que
la matière humique passe à l'état d'ammoniaque avant de
pouvoir être nitrifiée, et que c'est la résistance qu'elle
offre aux agents de décomposition qui est la cause de la
lenteur de la formation des nitrates dans les terres. Il est
établi que la fermentation ammoniacale du sol doit être
attribuée à des ferments figurés d'espèces diverses. Les
travaux de MM. Berthelot et André ont fait voir que la
matière organique de la terre présente des propriétés la
rapprochant des amides : d'où Ton peut déduire que
l'ammoniaque prend naissance par la fixation de l'eau
sur cette matière organique du sol. On sait d'ailleurs
que des agents d'hydi'olyse existent dans le sol : en ense-
mençant avec de la terre des solutions d'urée ou d'albu-
mine, qui renferme des noyaux amidés, on observe,
après quelques jours, la formation d'ammoniaque.
La matière azotée de la terre, semblable en cela à Tas-
paragine, doit renfermer vraisemblablement aussi des
corps de fonction aminé.
L'auteur a recherché comment les aminés se compor-
tent en présence des ferments de la terre arable.
La mononiéthylamine dans ces conditions se trans-
forme d'abord en ammoniaque ; c'est seulement ensuite
qu'apparaissent les acides nitreux et nitrique.
Si l'on considère la formule de la monométhylamine,
AzIPCIP, on est conduit à penser que c'est par oxyda-
tion que disparaissent le carbone et l'excès d'hydrogène:
c'est ce que l'auteur a pu vérifier. En effet, d'une part,
les ferments du sol n'agissent pas sûr l'aminé lorsque les
cultures sont maintenues dans le vide ; d'autre part, en
atmosphère confinée, il y a formation d'un peu d'ammo-
niaque avec absorption d'oxygène et dégagement d'acide
carbonique.
Ces faits étant établis pour l'aminé la plus simple, on
(1) Ac. d, se, CXXVI, 253, 17 janv 1898.
— -257 —
a cherché comment se comporte un composé un peu plus
complexe, la triméthy lamine. Ce n'est que treize jours
après Fensemencement que le liquide renferme des traces
d'ammoniaque indiquées par le réactif de Nessler, qui ne
donne qu'un louche insignifiant avec la triméthylamine.
Le dix-huitième jour l'analyse eudiométrique montrait
que la matière carbonée n'était pas encore complètement
transformée, mais quelques jours plus tard on a pu obte-
nir un gaz ne renfermant que de l'ammoniaque.
Des cultures dans le vide ont prouvé que l'oxygène est
nécessaire pour que l'ammoniaque puisse apparaître.
L'oxydation de la triméthylamine est beaucoup plus
lente que celle de la monométhylamine ; la plus grande
complexité de la moUécule suffît pour expliquer cette
résistance ; mais on peut aussi attribuer le retard observé
à une action nuisible de la triméthylamine sur les fer-
ments du sol; en effet, une faible quantité de sulfate de
cette base, introduite dans des solutions de sulfate d'am-
moniaque ensemencées d'un peu de terre, retarde l'appa-
rition des nitrites.
On n'a jamais observé la formation de monométhylamine
pendant l'oxydation de Tamine tertiaire, les trois groupes
méthyl sont donc attaqués simultanément ; on sait qu'il
n'en est pas de même quand on oxyde la triméthylamine
par des réactifs chimiques : il se fait un peu d'aminé
primaire
On a encore fait agir les microorganismes du sol sur
des bases encore plus complexes, sur l'aniline, la pyri-
dine et la quinoléine. Prévoyant que ces corps devaient
être peu favorables au développement des ferments, on a
préparé deux séries de solutions : dans la première, le
poids d'aminé introduit représentait lO"*»' d'azote pour
100" de liquide ; cette quantité était réduite à 5™»' dans
la seconde série.
L'oxydation a été très lente ; ce n'est qu'après dix-huit
jours que des traces d'ammoniaque se sont montrées
dans les solutions d'aniline les plus étendues, et après un
Journ. de Pkarm. et de Chim., 6* SÂfUE, t. VII. (1"' mars 1898.) H
— 258 —
mois seulement que sa présence a été hors de doute.
Pour les solutions plus concentrées la réaction de l'am-
moniaque n'a été bien visible cju'après deux mois.
La pyridine est encore plus résistante : il a fallu
attendre deux mois pour voir apparaître Tammoniaque
dans les solutions étendues, et plus de trois mois quand
les solutions présentaient une concentration double. Dans
ces conditions il devient d'ailleurs difiQcile d'obsei^ver
l'ammoniaque par suite de sa nitriflcation, retardée, il
est vrai, par l'action toxique de Tamine non transformée.
La quinoléine enfin n'a donné naissance à des traces
d'ammoniaque qu'après plus de quatre mois.
En résumé, sous l'influence des ferments de la terre,
les aminés sont simplifiées et, par oxydation, deviennent
de l'ammoniaque qui seule peut passer directement à
l'état d'acides azoteux et azotique. La transformation est
d'autant plus pénible que la molécule de l'aminé est plus
complexe ; on conçoit donc que l'ammonisation, puis la
nitrification de la matière azotée du sol, extrêmement
condensée, se fasse avec une très grande lenteur.
Revue de chimie organiqxxe; par M. Moureu»
Sur le diazométhane ; par M. von Pechmann. —
On connaît les beaux travaux de M. Curtius (î) sur
l'éther diazoacétique CH Az'— CO'CMI», et on se rappelle
qu'en partant de ce composé, qui prend lui-même nais-
sance dans l'action de l'acide azoteux sur l'éther acétique
du glycocolle, l'auteur obtint pour la première fois
l'hydrazine AzH*— AzH* et l'acide azothydrique Az'H.
Si on envisage la formule de l'éther diazoacétique, on
voit qu'elle découle de celle d'un corps plus simple, d'une
subtance- type, le diazométhane CIPAz', avec lequel il
présente les mêmes relations que l'éther acétique
OH»CO*C*H» avec le formène CIP.
(1) Joum, de Pharm. et de Chim, (Revue de chimie organique, par
M. Jungfleisch (1893), t. H, p. 419.)
— 259 —
Le diazométhane était inconnu jusqu'à ces derniers
temps. C'est à M. von Pechmann que revient l'honneur
de la découverte. Comme nous le verrons au cours de cet
article, ce nouveau corps est un gaz extrêmement curieux
par ses diverses propriétés et réactions. Mais aussi,
disons-le dès maintenant, il est très toxique, et son ma-
niement des plus da;ngereux.
Préparation. — a) M. von Pechmann a obtenu tout
d'abord le diazométhane en décomposant par la soude la
nitrosométhylbenzamide (1). Il y a, dans cette réaction,
formation de benzoate de soude et de diazométhane, en
même temps que mise en liberté d'une molécule d'eau.
C»H'.CO<;^^^^" + NaOH=C*H»CO'Na-hH»0 + CH«Az*
Nitrosométhylbenzamide. Diazométhane.
Il se dégage un gaz jaune, qui n'est autre que le diazo-
méthane.
5) Aulieu de nitrosométhylbenzamide, on peut employer
encore d'autres composés renfermant à la fois un groupe-
ment méthyle CH* et un groupement nitrosyle AzO
CH*
reliés à un atome d'azote — ^^\x n (^)' P^^ exemple la
/Az/CH'
nitrosométhylurée C0<^ \AzO, et le nitrosométhyl-
\AzH«
yAz /Cil»
iiréthane CO<f \AzO. C'est ce dernier composé qui
\OCMI»
a fourni à M. von Pechmann les meilleurs résultats.
Voici d'ailleurs la suite des opérations :
On commence par préparer le méthyluréthane en fai-
sant réagir le chloroformiate d'éthylesur laméthylamine :
(i) Beriehle d, deutseh-Chem. GeseUy t. XXVII, p. I8GS*
(2) Von Pechmann, Berichte, t. XXYIH p. 855.
^* -
— -260 —
2 (CH'.AïH')+ Cl— CO-OC»H'=CO<^^^"^"'
Méthylamine + Chloroformiate d'éthyle. Méthyluréthane.
+ CII».AzMlCl.
-\- Chlorhydrate de
raéthy lamine.
Le raéthyluréthane, traité ensuite par le nitrite de
soude et l'acide sulfurique, ou encore soumis à Taction
des vapeurs rutilantes en solution éthérée, fournit le
nilrosQinéthyluréthane, qui donne enfin le diazométhane
sous l influence de la potasse.
Cctto dernière phase de la préparation est conduite de
la manière suivante :
On chauffe, au hain-marie, dans un petit hallon relié à
im réfrigérant descendant, un faible volume (de 1 à 5") de
nilrosométhyluréthane dissous dans 40 à 50" d'éther pur,
avec un volume de solution à 25 p. 100 de potasse dans
ralcoul méthylique supérieur de 1/5 au volume de nitroso-
méthyluréthane mis en œuvre. Aussitôt, tout se colore
en jaune, liquide du ballon, vapeurs qui le remplissent,
ainsi que le réfrigérant, et éther qui passe. On arrête
l'opéra lion loi*sque tout est décoloré, aussi bien ce qui
passe que ce qui reste dans le ballon.
Le rendement est d'environ 50 p. 100 (1*^*= de nitrosomé-
thylurethane fournit généralement 0«,2 de diazométhane).
c) MM. Bamberger et Renauld (1) ont obtenu le diazo-
méthane d'une façon toute différente, en faisant réagir
Ihydroxylamine sur la dichlorométhy lamine. L'équation
suivante rend compte de la formation de diazométhane
dans celle réaction :
CIl^AzCl» +AzHVOH = CH«Az« + H*0 + 2HCL
IMcîW'iiMjmiîthy lamine -f Hydroxy lamine = Diazométhane
D'après les auteurs, on dissout le chlorhydi-ate d'hydro-
xylaminedans l'alcool méthylique; on ajoute à la solu-
tion, on refroidissant, une solution concentrée de méthy-
(I) Serichte d. deutsch-Chemie Geselly t. XXVIII, p. i68«.
k
— 261 —
late de sodium dans l'alcool méthylique, et on fait tomber
goutte à goutte dans cette liqueur la dichlorométhylamine
dissoute dans l'éther absolu. Le gaz se dégage bientôt,
colorant tout Tappareil. L'opération est terminée lorsque
l'éther qui distille passe incolore.
Les rendements, dans cette préparation, ne sont que de
18 p. 100. Il suit de là que le meilleur procédé de prépa-
ration du diazométhane actuellement connu est celui de
M. von Pechmann, que nous avons décrit plus haut, et
qui consiste à décomposer par la soude le nitrosométhyl-
uréthane.
Propriétés. — a) Le diazométhane est un gaz jaune,
qui se liquélie dans le voisinage de 0*^.
Ce gaz est extrêmement toxique, de même que le nitro-
sométhyluréthane qui sert à le préparer, et irrite forte-
ment les organes respiratoires. On ne saurait trop re-
commander d'être prudent quand on manipule ces corps.
Son action sur les diverses substances chimiques est
très remarquable.
b) Les acides étendus décomposent immédiatement le
diazométhane, en mettant le gaz azote en liberté. Avec
l'acide chlorhydrique, par exemple, il y a production de
chlorure de méthyle et dégagement d'azote :
CH*Az« + HCl = CH»01 + Az«
diazométhane. Chlorure de
méthyle.
Comme cas particulier et intéressant, l'acide cyanhy-
drique se transforme en acétonitrile
HCAz 4- CH«Az« = CH'CAz + Az«
Acide + Diazométhane. Acétonitrile.
cyanhydrique.
Les phénols sont le plus souvent convertis en éthers
méthyliques par le diazométhane. Exemple :
f CMI»— OH + CII'Az* = c«H»— 0 — CH» + Az»
Phénol ordinaire. 4- Diazométhane. Anisol.
— 262 —
Acide picrique -f Diazométhane. Trinitroanisol.
ou trinilrophénol.
De même, le diazométhane fournit, avec les bases orga-
niques, les bases méthylées correspondantes. La parato-
luidine (l)Cn'— C«ÏP— AzII»(4),' par exemple, donne la
méthylparatoluidine (1)CH»— C«H»— AzHCH'(4).
Les faits qui précèdent suffisent à montrer que le dia-
zométhane, en somme, est un puissant agent de méthy-
lation. Comme tel, il peut rendre des services dans un
certain nombre de cas où les procédés usuels ne sont pas
satisfaisants. C'est ainsi, par exemple, que la méthyl-
phtalinidine C*II*<^p^\\zCH* se forme très facilement
et en quantité théorique dans l'action du diazométhane
sur la phtalinidine C*H*<^p^yAzH.
c) L'iode en solution éthérée décolore la solution de
diazométhane en se décolorant lui-même; il y a forma-
tion d'iodure de méthylène et dégagement d'azote
Cn»Az«+ I«=:CHM«+Az«.
Celte réaction s'effectue quantitativement, molécule à
molécule ; elle constitue un procédé de titration très
simple des solutions de diazométhane.
d) Le diazométhane peut fixer de Thydrogène sous Tin-
fluence de l'amalgame du sodium et de l'alcool; le com-
posé qui prend naissance dans la réduction est un dérivé
de l'hydrazine de Curtius, la méthylhydrazine :
CH»Az«-}-H* = CIPAz'H»
Diazométhane. = Méthylhydrazine.
Il s'unit intégralement à un. certain nombre de com-
posés non saturés. Avec le fumarate de méthyle, par
exemple, il donne l'éther méthylique de l'acide pyrazo-
line-dicarbonique :
— 263 —
CO»CH»— CH CO'CH»— CH— en
Il + Az'CH' = I II
CO»CH'— Cil - CO'CH»— CH— Az
Fumarate de raélhvle. -\- Diazométhane. \/
AzH
Éther rnéthylique de l'acide
pyrazoline-dicarbonique.
Ce dernier corps, qui fond à 97*, est décomposé par
Tacide chlorhydrique étendu à l'ébullition, avec forma-
tion de chlorhydrate d'hydrazine AzH* — AzH* — H Cl.
e) Vis-à-vis du nitrate d'argent et de la liqueur de
Fehling, le diazométhane se comporte comme l'éther
diazoacétique de Curtius, en le réduisant avec une grande
facilité,
L'oxyde mercurique est également réduit, même à la
température ordinaire.
Si nouveaux <jue soient les résultats que nous venons
d'exposer, l'industrie chimique a déjà commencé à en
tirer parti. Ce sont surtout les propriétés méthylantes du
diazométhane dont nous avons parlé qu'on utilise dans la
fabrication de divers composés méthyliques, difficiles à
obtenir par les voies ordinaires. Le seul obstacle sérieux
à son emploi en grand sera toujours son extrême toxicité,
qui oblige à s'entourer des plus minutieuses précautions,
si l'on veut éviter de graves accidents.
L'homologue immédiatement supérieur du diazomé-
thane est le diazoéthane CH* — CHAz*. Ce composé a déjà
été obtenu par M. Von Pechmann, qui a employé à cet
effet une méthode analogue à celle qui l'a conduit à la
découverte du diazométhane. L'étude du diazoéthane
n'est pas encore terminée.
BIBLIOGRAPHIE
Formulaire des médicaments nouveaux^ pour 1898, par
M. H. BocQuiLLON-LiMOusiN (1). — On sait que l'autour
(1) Paris, J.-B. Baillièrc et fils, l vol. in-l8 de 300 pages, 3 francs.
~sr^T^n
— 264 —
avait eu déjà la pensée heureuse de condenser en un
petit volume tous les renseignements qui peuvent éclairer
le médecin et le pharmacien sur la nature, la valeur
thérapeutique et la posologie de ces trop nombreuses
nouveautés qui envahissent chaque jour le domaine de
la matière médicale. M. }3ocquillon offre aujourd'hui la
8* édition de son Formulaire, édition établie avec l'apti-
tude professionnelle, Tardeur et la conscience scienti-
fiques qu'on lui connaît. Les praticiens y trouveront de
plus nombreux détails sur des produits qui ont déjà con-
quis officieusement leur place dans la thérapeutique et
des renseignements utiles sur ceux qui ne constituent
encore que des nouveautés peu connues.
La méthode qui a présidé à la confection de ce petit
volume apporte une grande clarté dans sa rédaction; la
table, elle-même, indique pour un grand nombre de pro-
duits, le mode d'emploi le plus usuel et le plus exacte-
ment dosé. Cette nouvelle édition du Fo7*mulaire de
M. H. Bocquillon-Limousin sera certainement accueillie
avec la même faveur que les éditions précédentes.
Tarif des douanes de France. — Il comprend quatre
volumes de l'Imprimerie Nationale, au millésime 1897.
Le premier est le Tarif lui-même. Le second est intitulé :
Observations préliminaires, règles générales; il comprend,
dit M. Pallain, l'éminent directeur général des Douanes, six
subdivisions qui y ont été établies sous les titres ci-après :
Règles générales; — Régimes spéciaux; — Traités de com-
merce et de navigation; — Cabotage et emprunt du ten*i-
toire étranger ; — Impôt du sel et pêches maritimes ; —
Droits accessoires. On a, en outre, indiqué dans un Appen-
dice les mesures auxquelles la douane concourt en ce qui
concerne les Primes à la marine marchande, la Police sani-
taire du bétail^ les prohibitions et restrictions concernant
le Phylloxéra et le Doryphora.
Les deux autres ont pour titre : Notes explicatives du
tableau des droits ; elles servent de règles aux employés.
On y trouve la description détaillée d'un très nombre
— 265 —
de marchandises. Ces notes ont aussi pour objet, soit de
déterminer les conditions de l'application des taxes, soit
de spécifier les produits réunis sous une dénomination,
soit d'indiquer les assimilations légalement ordonnées.
C'est une œuvre considérable où l'on rencontre à la fois
la haute compétence de celui qui a présidé à son organi-
sation, et le travail intelligent et minutieux de ceux à qui
il a été confié et qui l'ont si bien exécuté.
Comptes rendus de rAcadémie des Sciences. — 7 février 1898. —
if. Cazeneuve et Moreau : Urétbanes aromatiques de la conicine. —
Jf. Th, Sclœsing fils : Détermi nation de ia densité des gaz sur de très petits
▼olumes. — 14 féTricr 1888. A. Etard et G. Meker : Sur un bydrure de
dicamphène cristallisé. — M. H. Imbert : Action de la cyanamide sur le
bromanile en présence de la potasse. — M, A, Lacroix : Formation d'anby-
drite par calcination du gypse à baute température : à une température moins
élevée le gypse se transforme en un sulfate anbydre diiTérant de l'anhydrite
par ses propriétés eristallograpbiques et pbysiques.
SOCIETE DE PHARMACIE DE PARIS
Séance annuelle du 5 janvier 1898.
Rapport sur les prix de thèses (section des sciences physi-
ques)y lu dans la séance du mercredi !•' décembre 1897,
par M. Ch. Moureu, rapporteur, au nom de la Com-
mission. (MM. Bucker, président; Voiry, Moureu.
Messieurs,
C'est avec un vif regret que nous constatons combien
peu l'honneur d'être lauréat de la Société de Pharmacie
a été sollicité cette année : un seul travail, en effet, pré-
senté par M. Dufau, a été soumis à l'examen de votre
commission. Si, comme nous le verrons plus loin, la
thèse de M. Dufau est de celles, — non inconnues d'ail-
leurs ici, loin de là — qui, par leur nature, peuvent
jusqu'à un certain point compenser la pénurie par la
qualité, l'état de choses sur lequel j'appelle spécialement
votre attention n'en est pas moins fâcheux; et, s'il se
prolongeait, il y aurait peut-être lieu de s'en inquiéter.
— 266 —
et de voir s'il ne renferme pas quelque enseignement
utile pour l'avenir.
La thèse de M. Dufau a pour titre : Sur quelques oxydes
doubles cristallisés obtenus à haute température.
Les oxydes métalliques sont des composés fort curieux.
Tout n'a pas été dit ni fait sur ces corps, pourtant à la
Jjase même de la chimie, et qui ont occupé à la fois les-
esprits les plus sagaces et les plus habiles expérimenta-
teurs depuis Lavoisier jusqu'à nos jours. Leur étude
nous réserve encore de belles découvertes, et peut-être
de grandes surprises. On en a comme une sorte d'in-
tuition, quand on songe aux différences essentielles dans
Tes; propriétés physiques et chimiques de- ces composés,
suivant les circonstances dans lesquelles ils sont obtenus,,
suivant leur état d'hydratation, suivant la température
et aussi suivant la pression à laquelle on les soumet à
Texpérience.
Chacun sait que l'oxyde mercurique, jaune lorsqu'il esl
fi réparé par précipitation, est rouge lorsqu'il est obtenu
Itiw voie sèche. Celui-ci est à peine attaquable par l'acide
oxalique et par le chlore ; celui-là se dissout à froid dans
lacide oxalique, et l'action du chlore sur ce produit est
très énergique.
Traitez un sel de cuivre en solution par la potasse, vou&
obtenez un précipité bleu. Portez le tout à l'ébuUition, ce
précipité devient noir en restant amorphe. Soumettez-le',,
au contraire, à la congélation, comme l'a fait naguère
noire collègue M. Villiers, il cristallise au bout de quel-
ffues heures dans toute la masse.
Enfin, dernièrement, qui de vous n'a lu avec pleine
îHHlisfaction le remarquable travail de M. Engcl sur les
composés de l'étain, dans lequel ce savant a si bien mis^
en lumière les différents acides stanniques, jusque-là
n peine entrevus, et en tout cas mal définis?
Je pourrais multiplier les exemples, si ceux qui pré-
cèdent ne suffisaient amplement à faire ressortir toute
l'importance'et tout l'intérêt que présente l'étude métho-
«lique et rationnelle des oxydes métalliques.
8i l'on se demande à quoi peuvent tenir, au fond, toutes^
— 267 —
ces variations dans les propriétés essentielles, selon les
conditions, d'un seul et même oxyde, on est logiquement
conduit à considérer les diverses modifications comme
différant les unes des autres par les quantités de chaleur
qu'elles renferment et par leurs condensations molécu-
laires.
L'isomérie, ou plus exactement la polymérie, nous
apparaît dès lors naturellement et avec toutes ses consé-
quences, entraînant avec elle - des différences fondamen-
tales dans l'aspect extérieur, la stabilité, l'aptitude à
réagir sur d'autres corps, etc. Le jour n'est peut-être pas
éloigné où nous pourrons, grâce aux progrès de la chimie
physique et de la chimie des hautes temératures, prati-
quer commodément, par ce qu'on pourrait appeler un
paradoxe calorifique, la cryoscopie du rouge et du rouge
blanc, comme cela a d'ailleurs été fait déjà dans un petit
nombre de cas. Ce jour-là, nous mesurerons couramment
dans nos laboratoires la grandeur moléculaire de la plu-
part des composés minéraux et en particulier des oxydes,
dont l'état de condensation nous est presque toujours
inconnu. Ce jour-là, nous comprendrons pourquoi l'oxyde
de chrome préparé à basse température, par exemple, est
très soluble dans l'acide chlorhydrique, tandis que l'oxyde
cristallisé obtenu au rouge y est complètement insoluble ;
et cela, tout aussi aisément que nous comprenons aujour-
d'hui pourquoi l'aldéhyde formique présente de si loin-
tains rapports avec l'arabinose, le glucose ou le lévulose,
qui possèdent cependant une composition centésimale
identique à la sienne.
Messieurs, c'est dans le vaste champ d'expériences
offert par les oxydes métalliques que s'est engagé M. Du-
fau, sur les conseils de notre collègue M. Moissan. Son
travail nous fait précisément connaître, entre autres
choses, quelques cas nouveaux et frappants de ces isomé-
ries d'oxydes dont nous parlions tout à l'heure, isoméries
qui se manifestent visiblement par des vaiations dans
les capacités de saturation des oxydes, suivant la tempé-
rature à laquelle ils sont portés.
Avant M. Dufau, d'ailleurs, il est juste de le dire,
— 268 —
M. Viard et M. Rousseau avaient mis en évidence l'im-
portance du degré de la température sur le mode de com-
binaison de certains oxydes acides. L'emploi de fondants
et d'intermédiaires, en dépit des beaux résultats qu'il
avait fournis à Ebelmen, Daubrée, Sainte-Claire-Deville,
pour ne citer que les principaux, limitait nécessairement
les conditions thermiques des expériences; et, d'ailleurs,
la chaleur fournie au mélange réagissant n'avait jamais
dépassé la chaleur blanche.
M. Dufau s'est proposé de voir comment les oxydes
métalliques se comporteraient les uns vis-à-vis des autres
aux températures élevées que l'électricité permet d'at-
teindre, et d'étudier les oxydes particuliei-s qui pour-
raient résulter de leur combinaison.
L'idée dont il est parti — l'auteur nous l'explique dés
le début de son travail — a sa source dans une observa-
tion faite par M. Moissan au cours de ses belles recher-
ches sur la chimie des hautes températures, à savoir que
certains oxydes métalliques se combinent très facilement
dans le four électrique avec la chaux du four.
M. Dufau divise son travail en cinq parties, dans les-
<[uelles il étudie successivement l'action des oxydes de
chrome, de fer, de manganèse, de nickel et de cobalt sur
les oxydes alcalino-terreux et sur la magnésie.
Tout d'abord, montrons comment, d'une façon générale,
ont été conduites les expériences. Ce point, par sa nou-
veauté, ne manque pas d'intérêt.
Parmi les modèles de fours électriques proposés par
M. Moissan, c'est le four en carbonate de chaux qui a été
choisi : il est à peine besoin de faire remarquer que, dans
le cas actuel, l'usage des creusets en charbon, qui eût
réduit les oxydes, était formellement interdit. Le mélange
des oxydes pui*s et anhydres, préalablement calciné au
four Perrot, est introduit directement dans la cavité du
four électrique, en ayant soin de la séparer des parois
par une couche épaisse et fortement lassée d'oxyde basi-
que, de façon à éviter l'intervention de la chaux du four
dans la réaction. On fait aussitôt jaillir l'arc électrique.
L'expérience terminée, on isole le produit et on l'analyse.
— 269 —
Voyons maintenant les résultats. Je me bornerai, mes-
sieurs, à vous en faire un résumé succinct. Je craindrais,
en effet, si je les exposais avec trop de détails, de fatiguer
votre attention.
Indépendamment de la reproduction par synthèse d'un
certain nombre de corps connus, dont il a complété
Tétude, tel que le chromite de magnésium Cr*0'.MgO et
le chromite de calcium Cr'O'.CaO, M. Dufau a obtenu
les composés nouveaux suivants :
1* Le tétrachromite de barium 4 Cr'O*. BaO, type abso-
lument inconnu jusqu'aujourd'hui, dont l'existence éta-
blit que le chrome possède, comme l'étain et le silicium,
la propriété de s'accumuler dans une molécule ;
2* Le manganite tricalcique Mn 0^,3 C^O^ qui vient
compléter la série des manganiles de calcium obtenue
par M. Rousseau ;
3* Le cobaltite neutre de magnésium MgO,CoO*, qui
porte à trois le nombre des cobaltites actuellement connus ;
4* Le dinickelite de barium 2 Ni 0*, BaO, confirmant
les hypothèses faites sur l'existence du bioxyde de
nickel NiO* analogue au bioxyde de cobalt CoO*.
L'auteur, embrassant ensuite dans un coup-d'œil d'en-
semble ses propres résultats et ceux de ses devanciers,
en déduit quelques conclusions intéressantes, au point
de vue théorique, conclusions directement liées aux
phénomènes d'isomérie.
Il nous montre d'abord que les sesquioxydes de fer et
de chrome, oxydes indifférents, qui perdent leur caractère
basique entre 900 et 1.000"*, conservent leur propriété
acide aux plus hautes températures que l'on puisse actuel-
lement atteindre, et se combinent directement, sans
aucun besoin d'intermédiaire, avec les oxydes basiques
tels que la magnésie, la chaux et la baryte,
L'auteur explique ensuite comment la capacité de satu-
ration du sesquioxyde de chrome subit, à ces hautes
températures, des variations intéressantes, dont le sens
semble dépendre à la fois de la nature de l'oxyde basi-
que et de l'intensité de l'arc employé.
Rapprochant enfin le manganèse, le nickel et le cobalt
— 270 —
par l'existence d'un bioxyde à caractères acides pour
chacun de ces trois métaux, il établit que la stabilité va
en décroissant régulièrement des manganites aux nicke-
lites.
Tout cela s'enchaine logiquement et vient apporter une
clarté nouvelle sur les relations et les affinités des divers
métaux étudiés.
Messieurs, ce qui précède ne saurait vous donner qu'une
idée imparfaite de la thèse de M. Dufau. L'auteur, en
effet, au cours de son laborieux travail, a eu à surmonter
des difficultés de toute nature qui se sont présentées à
tout moment.
Les conditions de chauffe pour chaque cas n'ont été
<léterminées qu'après de nombreux tâtonnements. Les
courants utilisés étaient d'intensité variable, et la durée
de l'expérience variait nécessairement avec la fusibilité
■des oxydes en présence, et aussi avec l'intensité et la
force électromotrice des courants employés. L'expérience
terminée, il fallait, au milieu d'une masse souvent très
complexe, isoler et purifier le produit de la réaction.
Chaque cas exigeait un procédé particulier, parfois fort
minutieux et délicat, certains des composés obtenus étant
facilement altérables.
Malgré ces obstacles matériels, l'auteur a obtenu des
composés bien cristallisés, dont il a effectué avec exacti-
tude les analyses souvent difficiles et toujours très lon-
gues et étudié avec soin les diverses propriétés physiques
et chimiques. Il est arrivé, pratiquement et théorique-
ment, à des résultats qui, pour n'être pas très nombreux,
n'en constituent pas moins, par leur netteté et leur pré-
cision, une importante contribution à l'histoire des
oxydes métalliques envisagés aux hautes températures.
Messieurs, à l'unanimité, votre commission vous propose
■de décerner la médaille d or de notre Société à M. Dufau.
Elle espère que vous voudrez bien ratifier par votre vote
ses conclusions. Ch. Moureu.
— 271 —
SOCIÉTÉ DE THÉRAPEUTIQUE
Séance du 9 férvier 1898.
M. Bocquillon présente une note sur les gelées d'agar-
agar complétant celle que M. Gallois a lue à la dernière
séance. Pour préparer cette gelée, on met 10 grammes
de gélose sèche dans un litre d'eau qu'on laisse pendant
une demi-heure à la température ambiante, puis on porte
à l'ébuUition et on filtre à travers une étamine.
Voici la liste des médicaments qu'on peut incorporer
à Tagar-agar et de ceux qu'on ne peut lui associer :
1** Substances miscibles à l'agar-agar. — A) substances
solubles : l'eau de chaux, le sel marin, le bicarbonate de
soude, le borax, l'acide pyrogallique , le vinaigre, le
chlorydrate de cocaïne, la résorcine, l'iodure de potas-
sium, la créosote, l'iclithyol, le nitrate d'argent, l'arsé-
niate de soude, le perchlorure de fer, le tannin, l'anti-
pyrine, le phénol, l'argotine, les extraits aqueux, etc.
B) Substances insolubles : le sous-nitrate de bisnmth.
le dermatol, presque tous les hydrargyriques, le sulfate
de chaux, le naphtol camphré, l'oxyde camphré, l'oxyde
de zinc, le talc, etc.
2* Substances non miscibles, — L'acide salicylique, le
menthol, le thymol, l'iodol, l'airol, l'aristol, riodoforme,
riode, le camphre, l'acide chrysophanique, l'essence de
Wintergreen, le naphtol, l'huile de foie de morue, le
soufre sublimé et lavé, l'essence de térébenthine, etc.
On peut obtenir, en ajoutant 10 p. 100 d'alcool, la
miscibilité pour le camphre, l'acide chrysophanique, le
thymol, l'acide salicylique, le menthol.
L'addition de 2 grammes de poudre de savon permet
d'incorporer à la gélose de l'huile de cade.
M. Poulet (de Plancher-les-Minesj envoie une note
concernant les avantages du tubage momentané de la
glotte dans le croup. Le tubage permanent demandant à
être étix)itemenl surveillé par un personnel bien stylé,
peut être remplacé par le tubage momentané pratiqué soit
avec un tube d'O'Dwyer, soit avec une sonde uréthrale
— -272 —
de calibre convenable. On peut, eu laissant en place
pendant cinq minutes une sonde entourée d'une mèche
fine imbibée d'une solution de nitrate d'argent, com-
battre le spasme et permettre au petit malade de respirer
et d'expulser ensuite des fausses membranes.
M. Gouguenheim, à propos du traitement du lymphatisme^
retrace les caractères cliniques qui différencient le scro-
fuleux de l'adénoïdien. L'aspect dn scrofuleux, nez épaté,
lèvres épaisses, chapelets ganglionnaires, diffère sous
tous les rapports de celui de l'adénoïdien. Le traitement
chirurgical qui, chez les adénoïdiens, donne presque tou-
jours d'excellents résultats, est quelquefois contre indi-
qué chez les scrofuleux.
M. Petit est chargé de réunir les sections de pharmacie
et des sciences accessoires pour décider de la conduite à
tenir dans le cas où certains médicaments usuels sont
prescrits sous un nom déposé : le médecin ayant pres-
crit de l'antipyrine, par exemple, le pharmacien a-t-il
le droit de délivrer le produit étiqueté dans son officine
diméthyloxyquinizine ou analgésine; le inédecin a-t-il
eu l'intention de prescrire le produit de Knorr, et le phar-
macien est-il obligé de donner cette antipyrine à l'ex-
clusion de toute autre ? De même pour l'exalgine, etc.
Ferd. Vigier.
VARIÉTÉS
M. Béhal, agrégé à l*Ëeole supérieure de Pharmacie de Paris, a été Dominé
maître do conférences à la Faculté des Sciences de Paris.
Ont été nommés :
Officiers de rinstruction publique :
MM. Grinon;
Ësmenard, pharmacien à Paris; — Ferdinand Jean, chimiste à Paris; —
Tissot, pharmacien à Paris; — Wurtz, pharmacien à Paris.
Officiers fV académie :
MM. Bidet dit Paul Talber, pharmacien à Paris; — Dumoulhiers, phar-
macien à Paris ; — Geoffrion, pharmacien à Paris ; — Josset, pharmacien à
Paris; — Lafay, pharmacien à Paris; — Monfet, pharmacien à Paris; —
Mousnier, pharmacien à Sceaux; — Preudhomme, pharmacien à Paris; —
Rocques, chimiste au laboratoire municipal de Paris; Froidevaux, chimiste
au laboratoire municipal de Paris; — Rousseau Langwelt, pharmacien à
Paris; — Vernade, pharmacien à Paris; — Viellard, pharmacien à Paris.
Le Géf-ant : Georges MA8SQN.
PAtlS. — DCP. B. FLAIOIAIUON, Wm lAGIIfl, 16.
— 273 —
TRAVAUX ORIGINAUX
Le service pharmaceutique militaire à VÉtranger;
par M. Leroy (1).
En lisant dans les Débats parlementaii^es officiels du
26 janvier 1898, Taffirmation apportée par le rapporteur
du budget de la guerre que le nombre des pharmaciens
militaires français était considéré comme excessif depuis
plusieurs années, il m'a semblé qu'une étude du service
pharmaceutique dans les armées étrangères, au point de
vue de l'organisation et du personnel employé, mérite-
rait d'attirer l'attention de la Société de Pharmacie et de
tous les pharmaciens de France.
800 de nos confrères font, en effet, partie soit de la
réserve, soit de l'armée territoriale.- A ce titre, ils ne
peuvent manquer de s'intéresser aux organismes divers
institués par les dift'érentes nations pour assurer la
distribution des médicaments aux malades militaires.
En France, le nombre des pharmaciens militaires est
actuellement de 114; c'est ce personnel « excessif « qui est
chargé d'assurer le service pharmaceutique en France, en
Corse, en Algérie et en Tunisie, et, n'en déplaise à l'hono-
rable rapporteur du budget de la guerre, il n'y parvient
qu'avec les plus grandes difficultés. i
Ce chiffre de 114 est sensiblement inférieur, toutes
proportions gardées, à celui des pharmaciens militaires
de la plupart des autres nations européennes, notamment
de l'Allemagne.
L'Allemagne, en effet, emploie 217 pharmaciens mili-
taires pour 20 corps d'armée et 98 hôpitaux ou autres
services, tandis que la France compte seulement 114 phar-
maciens militaires pour 20 corps d'armée et 75 établisse-
ments hospitaliers ou autres services.
(1) Société de Pharmacie,
Journ. de Phann. et Je Chi:n., G* SâRIE. t. VM. (15 mars
18
— -274 —
De l'examen comparé du service pharmaceutique des
deux nations résulte cette conclusion (qui devient Tévi-
dence même en présence de la nécessité d'assurer le
service des 34 hôpitaux militaires dispersés de l'autre
côté de la Méditerranée en Algérie et en Tunisie), que ce
nombre de 114 pharmaciens militaires constitue, pour la
France, la limite minima qu'on ne saurait franchir sans
compromettre gravement le fonctionnement du service
sanitaire tout entier.
Les documents suivants, qui viennent à l'appui de ces
considérations, sont tirés de sources authentiques; ils
donnent un aperçu succinct, mais précis, des organisa-
tions étrangères.
Allemagne. — Temps de paix. — Deux services phar-
maceutiques distincts : 1" pour le ministère de la guerre
3t les offices sanitaires des corps d'armée; 2* pour les
hôpitaux militaires.
1* Ministère de la guerre et offices sanitaires des corps
d'armée. — Le service y est assuré par un cadre de
21 pharmaciens : 1 pharmacien-major de l'état-major et
20 pharmaciens-majors de corps d'armée.
Le pharmacien-major de l'état-major fait partie de la
section médicale du ministère de la guerre prussien. Il
traite toutes les questions techniques relevant de sa spé-
cialité, et aussi les questions de personnel concernant les
pharmaciens de l'armée active et de la réserve.
Les vingt pharmaciens-majors de corps d'armée sont
« conseils » du médecin-chef du corps d'armée. Ils pren-
nent part aux travaux de l'office sanitaire (personnel
pharmaceutique de l'armée active et de la réserve, appro-
visionnements du corps d'armée, examen des comptes). Ils
sont les chefs du laboratoire de chimie. Ils visitent au
moins une fois tous les deux ans, toutes les pharmacies
des hôpitaux et des postes de médicaments du corps
d'armée.
2* Hôpitaux militaires. — Le service pharmaceutique
des hôpitaux militaires est assuré par les pharmaciens
— 275 —
Tolontaires d'un an, qui, en même temps, reçoivent l'ins-
truction nécessaire pour remplir les fonctions de phar-
maciens de campagne.
Pour être admis comme volontaires d'un an, les phar-
maciens doivent avoir passé l'examen d'approbation (der-
nier examen). Ils sont placés dans les hôpitaux militaires
au nombre de 1 à 3 et même 5.
Les appels sont faits le plus souvent en avril et en
octobre, toujours de manière à ne pas renouveler tout le
personnel d'un même hôpital à la même époque.
Le chef militaire désigné pour diriger le service phar-
maceutique de l'hôpital, est un médecin-major de la gar-
nison, nommé pendant une année par la direction de
santé, à l'exclusion de tout autre service ou conjointe-
ment, suivant l'importance de l'hôpital.
Il y a en Allemagne 98 hôpitaux ou services, dans les-
quels sont employés 196 pharmaciens diplômés, volon-
taires d'un an (1); ce qui représente, avec les 21 pharma-
ciens-majors du cadre, 217 pharmaciens qui concourent à
l'exécution du service pharmaceutique en temps de paix.
Après une année de service, les volontaires d'un an
sont appelés à subir un examen d'aptitude. S'ils sont
reconnus aptes, ils passent dans la réserve avec le titre
de « pharmacien sous-aide ». Ces pharmaciens sous-aides,
après un minimum de deux ans de grade, si leur conduite
a été irréprochable, sont nommés « pharmaciens supé-
rieurs » (employés militaires supérieurs).
Temps de guerre. — Les 20 pharmaciens-majors de
corps d'armée conservent en campagne leurs attributions
du temps de paix : ils sont les « conseils » des directeurs
du service de santé et ils ont la surveillance du service
pharmaceutique de toutes les formations sanitaires du
corps d'armée mobilisé.
Les pharmaciens supérieurs de réserve sont employés :
!• A l'intérieur, dans les directions de corps d'armée en
(1) Du service pharmaceutique' dans V armée et la marine allemandes ,
par le docteur Salzinann, pharmacien-major de corps d'armée (corps de la
Garde). Berlin, 1894.
— 276 —
remplacement des pharmaciens-majors des corps d'araiée
mobilisés ;
2® Comme pharmaciens de campagne, dans toutes les
formations sanitaires sans exception (détachements sani-
taires, hôpitaux de campagne et d'étapes, dépôts de ré-
serve d'hôpitaux, dépôt général d'approvisionnements);
3* Comme pharmaciens de forteresse.
Dans les hôpitaux de l'intérieur du temps de paix ou de
nouvelle formation, le service est fait : l^par les phar-
macieng sous-aides de réserve; 2** par les pharmaciens
imilitar'apotheker) qui n'ont pu satisfaire à l'examen
d'aptilude après leur volontariat; 3* par les volontaires
d'un an; 4° au besoin par des requis.
Cette organisation allemande que nous venons de
^jlonner avec quelques détails est loin d'être à l'abri de
toute critique. On ne peut s'empêcher de constater que ce
renouvellement perpétuel de pharmaciens volontaires
d'un an sous les ordres d'un directeur-médecin, qui n'est
en réalité qu'un chef militaire et qui ne peut être en tout
cas un guide dans l'exercice de la profession, ne doit pas
être favorable à la bonne exécution du service pharma-
ceutique et doit surtout être un obstacle à l'amélioration
de ce service.
Il faut tout l'esprit de discipline allemand pour obtenir
des résultats suffisants au moyen d'une telle institution,
où l'on voit que directeurs et subordonnés sont des hôtes
de passage sans autre contrôle professionnel supérieur
qu'une inspection qui n'a lieu que tous les deux ans.
Mais cette organisation spéciale résulte de la législa-
tion pharmaceutique civile. En Allemagne, le nombre
des pharmacies est limité; beaucoup de pharmaciens
reçus attendent pendant longtemps la vacance d'une offi-
cine, et les notes qu'ils obtiennent soit comme pharma-
ciens volontaires, soit comme pharmaciens supérieurs,
soit même comme pharmaciens-majors, leur constituent
des titres qui leur permettent de devenir plus facilement
titulaires d'une pharmacie vacante.
Il en résulte que les pharmaciens militaires allemands
\
— 277 ~
sont pour ainsi dire des pharmaciens temporaires de
l'armée, dont le stage militaire s'est plus ou moins pro-
longé, et cela est si vrai que, parmi les 2i pharmaciens-
majors du cadre essentiel, un seul a actuellement plus de
dix années de service.
En France, où le concours de quelques pharn\aciens
requis est déjà extrêmement difficile à obtenir, on ne
pourrait appliquer cette organisation qu'en renonçant à
des traditions séculaires et en bouleversant toute notre
législation pharmaceutique.
Nous allons passer plus rapidement en revue le service
pharmaceutique des autres nations.
Autriche -Hongrie. — Temps de paix* — Le service
du temps de paix comporte : 1* une direction des médi-
caments du ministère de la guerre ; 2* un dépôt de médi-
caments à Vienne ; 3** 26 hôpitaux de garnison pouiTus
d'une pharmacie ; 4° il pharmacies de garnison.
Le service est assuré par 81 pharmaciens militaires,
secondés par les pharmaciens volontaires d'un an qui
sont nommés pharmaciens de réserve s'ils sont reconnus
aptes.
Temps de guerre. — Encampagne, le service est assuré
par les pharmaciens du cadre et par les pharmaciens de
réserve ; et, si c'est nécessaire par ceux de la Landwehr
et du Landsturm.
Comme en Allemagne, à toutes les formations sanitaires
sont affectés des pharmaciens du cadre ou de la réserve.
Italie. — Temps de paix, — Le cadre des pharmaciens
militaires est de i06 ; ils sont employés : 1* à l'inspec-
tion sanitaire au ministère de la guerre ; 2^ à la pharma-
cie centrale militaire de Turin ; 3" dans les hôpitaux mi-
litaires.
Les pharmaciens des hôpitaux ont comme aides des
« adjudants de pharmacie » qui reçoivent une instruction
spéciale.
Temps de guerre. — Un pharmacien en chef et trois
pharmaciens sont affectés à chaque direction sanitaire ;
<-T?^2^
— 278 —
les trois dernière sont à la disposition du directeur pour
combler les vides qui peuvent se produire dans les hôpi-
taux lie campagne.
Dans les formations sanitaires il y a un pharmacien
par li<>pital de campagne ; un pharmacien par hôpital de
montagne (50 lits); un pharmacien par train sanitaire;
deux pharmaciens par dépôt de réserve d'hôpital.
L'institution des pharmaciens de réserve n'existe pas
en It;tlie ; le temps de service est pour tous de trois ans,
et la faculté très onéreuse de ne faire qu'un an est réser-
vée à quelques privilégiés.
Rr ssïE. — Temps de paix. — Le cadre du temps de paix
est du 130 pharmaciens militaires. Ils sont employés dans
les dépots de médicaments, dans les hôpitaux et dans les
lazan-ths.
ïl t xiste 6 dépôts de médicaments : Saint-Pétersbourg,
Moscou, Kiew, Bobrouisk, Stawropol et Tiflis.
Leîi hôpitaux sont divisés en 4 classes : ceux de l""* et
de 2" classe ont 2 pharmaciens, ceux de 3® et de 4® classe
en ont 4 ; les lazareths n'en ont d'ordinaire qu'un seul.
Lcii pharmaciens militaires sont secondés par les volon-
taires- d'un an « aides suppléants », et par des infirmiers
spéciaux qui arrivent à prendre rang dans la 14* classe
des employés.
Eu quittant le service les aides suppléants sont nommés
pharmaciens de réserve.
Temps de guerre, — En campagne, un pharmacien de
corps l'st attaché à chaque corps d'armée, et un pharma-
cien th' division à chaque division. On place de préférence
les ph;irmaciens de l'armée active dans les hôpitaux de
campa^'ue et ambulances et leurs emplois du temps de
pnix sont occupés par des pharmaciens de réserve.
Espagne. — Le cadre est actuellement (annuaire de 1898)
de 170 pharmaciens (Espagne, 77; Cuba, 66; Philip-
pines. 27).
HuKLANDE. — En temps de paix et en campagne pour
rarmée, la marine et les colonies, il y a un cadre de 83
— 279 —
pharinaciens et en plus des « servants de pharmacie »
comme aides.
Belgique. — En temps de paix et en campagne, un cadre
de 37 pharmaciens militaires et un personnel en sous-
ordre comprenant 25 pharmaciens suppléants ou auxi-
liaires, au total 62 pharmaciens.
Suisse. — La Suisse n'ayant pas d'armée permanente
n'a pas d'hôpitaux militaires. Par suite, il n'y a en temps
de paix qu'un pharmacien d'état-major, directeur du
service pharmaceutique attaché au département de la
guerre.
Pour le temps de guerre, l'armée suisse dispose d'un
cadre de 49 pharmaciens.
NoRwÈGE. — Comme en Suisse, le service militaire est
réduit à de courts exercices. 11 n'y a en conséquence en
temps de paix qu'un pharmacien d'état-major conseiller
du a général sanitaire ».
En état de guerre la Norwège mobilise trois détache-
ments sanitaires et dans chacun 15 hôpitaux de campagne.
Il y a un pharmacien par hôpital de campagne, soit 45
pharmaciens, plus 2 pharmaciens et 3 élèves au dépôt
médical qui, avec le pharmacien d'état-major, forment
un cadre de 48 oflRciers.
Angleterre. — En Angleterre, l'exercice de la phar-
macie civile est libre, et dans l'armée de terre, les phar-
maciens militaires n'existent pas. Il n'y a ni pharmacie
centrale, ni dépôt de médicaments. Les pharmacies mi-
litaires dirigées par des médecins, tirent à grands frais
leurs médicaments, préparés et divisés à l'avance, de deux
grandes maisons de droguerie. Pour l'exécution du ser
vice, les médecins sont aidés par des compounders, simples
infirmiers, sans instruction professionnelle sérieuse.
Par contre, dans les hôpitaux de la marine, le service
pharmaceutique est dirigé et exécuté par des pharmaciens
de la marine au nombre de 14.
— 280 —
En somme, à l'exception de Tarmée anglaise qui se
trouve dans une situation particulière et dont le système
est très onéreux pour le Trésor, toutes les armées euro-
péennes possèdent un service pharmaceutique militaire
sérieusement organisé.
. L'Allemagne a une organisation ingénieuse en rapport
avec ses lois sur l'exercice de la pharmacie et reposant
sur le concours permanent d'un grand nombre de phar-
maciens et aussi de médecins militaires distraits, à cet
effet, de leur service normal.
Dans les autres armées, le personnel pharmaceutique
est représenté par un cadre proportionné à l'importance
des effectifs ; les Pharmaciens du cadre sont en général
secondés par des pharmaciens volontaires d'un an ou par
des aides spéciaux, comme les adjudants de pharmacie
en Italie.
D'ailtre part, toutes les armées, l'armée anglaise excep-
tée, constituent elles-mêmes leurs approvisionnemenls
de médicaments: la France a pour ce semce la Pharmacie
centrale militaire de Paris et la. Réserve de Marseille ;
l'Allemagne a une section de médicaments par corps d'ar-
mée; l'Autriche, un dépôt de médicaments à Vienne;
l'Italie, une pharmacie centrale à Turin ; la Russie, six
dépôts de médicaments ; la Belgique, la Pharmacie cen-
trale d'Anvers ; la Hollande, les Instituts centraux
d'Amsterdam et de Batavia ; l'Espagne, la Pharmacie
centrale militaire de Madrid.
. Enfin, dans toutes les armées, excepté en Russie où il
existe un corps spécial, les pharmaciens militaires sont
comme en France les experts chimistes de l'administra-
tion de la guerre.
En résumé, pour conclusion définitive, on peut dire
que toutes les nations européennes se sont inspirées de
cette simple et claire maxime, devenue tout à coup obs-
cure, parotît-il, au clair soleil de notre France, que pour
faire* de la Pharmacie, môme militaire et même en temps
de paix, il était indispensable avant tout, d'avoir des
pharmaciens.
— 281 —
■ Essais des bronzes monétaires; par M. Alf. Riche (i).
b*' de bronze sont dissous à chaud, dans la plus faible
quantité possible d'acide nitrique. La liqueur étendue
d'eau est jelée sur un filtre et Pacide métastannique lavé
et dosé par lès moyens ordinaires.
On dilue la solution ôllrée de façon à en constituer un
demi-litre exactement : on en mesure 50"» qu'on verse dans
le creuset eu platine de Tappareil électrolytique décrit
dans mon mémoire; on ajoute 6 à 8 gouttes d'acide
sulfurique et on soumet le liquide à un courant de 2
volts. Le cuivre se dépose sur le cône en platine formant
la cathode; sa surface immergée est de 40 à BO^'*.
La source électrique indiquée dans ce travail était un
élément de pile Bunsen ou Dulaurier, et nous l'avons
employée jusqu'à, ces temps derniers. L'ampèremètre
marque au début 2 à S/IO'* d'ampères, puis on descend peu
à peu vers 0^. Avec deux creusets marchant à la fois, ou a
4 à4,5/iO« d'ampères. Avec trois creusets, on atteint un
demi-ampère.
L'usage de ces piles a des inconvénients multiples : les
acides sont d'un maniement incommode et désagréable,
les vapeurs en sont nuisibles. Les zincs doivent être
amalgamés; l'usure des acides en exige le renouvelle-
ment fréquent.
Nous leur substituons aujourd'hui, en attendant que
l'électricité mécanique soit à notre disposition, trois élé-
ments Daniell, chargés à là solution de sel ordinaire, qui
représente un volt environ chacun. Cette pile est propre,
sans acides ni vapeurs, de longue durée : huit jours au
moins sans qu'on y touche; les zincs ne sont pas amal-
gamés, la constance est plus grande; enfin cette pile est
très économique.
L'opération ne dure que trois, quatre ou cinq heures.
On l'arrête lorsque quelques gouttes de liqueurs électro-
(1) C. R. de rAc. d. Se, et Ann. de Chim. et de Pkys, 4- série,- t. XXX,
p. 351.
— 282 —
lysée ne se colorent plus en brun-rougeâtre par l'addition
d*une goutte de solution de bicarbonate de soude suivie
de celle d'une goutte de ferrocyanure de potassium. I/am-
péremètre, qui marque au début 4/10* d'ampères, indique
à la fin 3,5 à 3,8. Le poids du cuivre est exact.
On sait que le bronze monétaire est formé de 95 partien
de cuivre, 4 parties d'étain et 1 partie de zinc.
Pendant le temps qu'exige la détermination de Pétain
et du cuivre, nous dosons le zinc par le procédé dit de la
cémentation, qui est dû à Péligot, mon prédécesseur à la
direction des essais à la Monnaie.
A cet effet, on pèse 1«^ de bronze et 0«%5 d'étain fin
qu'on introduit dans un petit creuset de charbon de
cornue à gaz. On place un, deux ou trois de ces creusets,
munis de leur couvercle en charbon, dans une caisse en
terre réfractaire, qui est remplie de poussier de charbon,
et on la lute avec de la terre forte.
Cette caisse est portée dans le moufle du fourneau de
coupelle et chauffée au rouge pendant toute une journée.
Le lendemain, on retire les creusets, dans lesquels se
trouve un petit culot homogène, très lisse, formé de
cuivre et d'étain ; le zinc s'est évaporé peu à peu par la
chaleur. Si l'on ajoute de Tétain, c'est pour que l'alliage
fonde facilement à la chaleur du moufle, qui ne dépasse
guère le point de fusion de l'or.
Lorsque les moutles ne sont pas libres, nous faisons
cette cémentation par le même moyen, dans un chalu-
meau à gaz de l'éclairage et à air. Dans ce cas, la tempé-
rature est assez haute pour qu^on ne soit pas obligé d'y
ajouter de Pétain.
On y gagne en vitesse, car la volatilisation du zinc est
complète en deux heures et demie à trois heures, tandis
qu'il faut une chauffe de huit à neuf heures dans le moufle.
Le procédé de dosage du zinc par l'électrolyse, que j*ai
publié en même temps que celui du cuivre, réussit bien,
mais nous ne l'employons pas parce qu'il n*a pas la rapi-
dité des deux précédents en raison de la circonstance sui-
vante : la solution dont nous avons indiqué plus haut la
préparation, et de laquelle on a séparé le cuivre, est
^ 283 ~-
nitrique, et il faut, pour être certain du succès, chasser
Tacide nitrique par Tévaporation à sec en présence d*acide
sulfurique, saturer par l'ammoniaque, ajouter un sel
ammoniacal et électrolyser la liqueur après l'avoir rendue
faiblement acide.
Ces temps derniei's encore (1), M. A. HoUard a publié
une variante de cette méthode après beaucoup d'autres.
Elle doit donner les mêmes bons résultats; mais, comme
elle est aussi longue, on n'a pas d'intérêt à l'employer.
La méthode électroly tique possède un double avantage:
elle n'exige pas la présence de l'opérateur et elle donne le
résultat sous forme métallique, comme l'or dans le procédé
de l'inquartation.
Dosages volumétriques simultanés de l'acide sulfurique et
de la chaux dans les eaitx, par M. Lucien Robin, chi-
miste au Laboratoire municipal de Paris.
J'ai cherché à doser rapidement l'acide sulfurique et la
chaux dans les eaux, ces deux élé-
ments étant d'une grande importance,
tant au point de vue de la potabilité
que de l'alimentation des chaudières.
On prélève 100" de l'eau à analyser
dans un ballon d'une forme particu-
lière, on ajoute 1/2'^* ou \'% selon que
l'eau est plus ou moins chargée, de
la solution alcaline qui sert au traite-
ment préalable pour le dosage de l'am-
moniaque par le réactif Nessler (2),
puis on porte à une douce ébuUition
pendant 5 minutes environ; on fait
refroidir sous un courant d'eau, puis on ramène à 100";
(1) C. R, de l'Ac. d. Se, 2i juin 1897.
(2) Carbonate de soude pur cristallisé . . • 100 grammes
Soude caustique à l'alcool 50 —
Eau distillée 300 —
— 284 — ••
on mélange en impriniant un rapide mouvement circu-
laire au ballon, puis on filtre exactement 50*^. Le filtre
et son entonnoir sont placés sur le ballon spécial.
Dosnge de Vacide sulfurique. — On emploie la méthode
déjà ronnue, de la précipitation par une quantité déter-
minée de chlorure de baryum, puis addition de chromate
et mesure de l'excès.
Voici comment il convient d'opérer : les 50*^* de liqueur
filtrée sont additionnés de 2 gouttes de tournesol et acidi-
fîêsi pnr 5 à 10 gouttes d'acide chlorhydrique pur et on
pfirio ii l'ébuUition pendant 3 ou 4 minutes pour chasser
l'acide rarbonique ; on verse alors quelques gouttes d'am-
moniaque pour neutraliser et sans retirer du feu, on verse
exactement 10" de liqueur ^ de BaCl'2H'0, on retire du
feu (^t laisse déposer au moins 15 minutes; on reporte h
N
IVljiillition et verse 10*=*= de liqueur — de chromate (1);
après quelques instants d'ébuUition on fait refroidir sous
un courant d'eau et on filtre; on lave deux fois le ballon
avec at?scz d'eau pour remplir chaque fois le filtre.
Le lîllratum est additionné de 20" d'une solution de
sulfate ferreux (lO*' de sel et 20" d'acide sulfurique par
litre) (-2!. puis on titre avec le permanganate décime nor-
mal Fexcès de sel ferreux; supposons que nous ayons
employé ainsi 3",3.
D'une part, et une fois pour toutes, on prélève 5" de
liqueur de chromate auxquels on ajoute 20" de la solution
ferreuse et on détermine la quantité de permanganate
correjàpondant au sel ferreux non oxydé par le chromate,
soit : 16'^
(1) On fii^se exactement 3«%690 de bichromate de potasse, on dissout dans
TeaUj an Sjilurepar l'ammoniaque pure et complète au litre. II faut s'assurer
quL^ |{K' de cette liqueur correspondent exactement à 10"« de solution de
bâr}uiij, ce qui est facile.
(^) Cette liqueur peut être la même que celle que Ton emploie pour le
à^^gc dus matières organiques. (Méthodes du comité consultatif d'hygiène.)
— 285 —
D'autre part, on cherche la quantité de permanganate
nécessaire pour oxyder 20** de liqueur ferreuse, soit :
19*«,5.
Donc, 19",5 — 16=3",5 correspondant au fer oxydé (i).
Ceci étant donné, supposons que dans un dosage nous
ayons employé B'^SS de permanganate, nous dirons :
19*%5 — 3",3 = 16",2, qui représentent la quantité de
permanganate correspondant au sel ferreux oxydé par le
chromate en excès, d'où nous déduirons
x=-
5x16,2
3,5
X étant le nombre de centimètres cubes de chromate en
excès, d'où : xx;0,068=OaOSO* par litre d'eau; en effet,
le nombre de centimètres cubes de chromate en excès
représente celui de liqueur de baryum qui a servi à pré-
cipiter l'acide sulfurique.
Dosages comparatifs en milligrammes par litre :
Par pesée.
Volumélriquement.
Ox;
y gène
consommé (2),
11
9
1,0
70
72,2
*,i
349
343
i
396,4
398,4
3,8
641,3
639,2
6,3
Dosage de la chaux, — Le filtre qui a servi à la filtra-
tion pour le dosage de l'acide sulfurique est arrosé avec
5** d'acide chlorhydrique au demi et lavé en emplissant
deux fois le filtre d'eau chaude ; on rend légèrement am-
moniacal puis on ajoute 10*^* d'une solution d'oxalate d'am-
moniaque normal décime, on complète à 100^% et après
agitation on laisse déposer une demi-heure au moins.
Après ce repos on peut :
1* Doser dans une partie aliquote, 50**, par exemple.
(1) Co chiffre 3*%5 est inYariable, bien entendu.
(2) Nous donnons rO correspondant à la matière organique pour faire voir
que cette dernière influence peu les résultats.
— 286 —
Tacide oxalique en excès, après les avoir filtrés puis acidi-
fiés par un peu d'acide azotique pur ;
2* Doser Tacide oxalique dans le précipité après avoir
filtré puis lavé deux fois à l'eau ammoniacale, puis à l'eau
chaude. Le filtre placé sur la fiole où s'est faite la préci-
pitation est arrosé par trois fois avec 5" d'acide azotique
pur au demi et tiède; après dissolution de l'oxalate, on
lave deux fois à l'eau bouillante en remplissant chaque
fois le filtre, et dans la liqueur on dose l'acide oxalique
après l'avoir portée vers 60*, le nombre de centimètres
cubes de permanganate décime employé x 0,028, donne
la quantité de chaux totale contenue dans 1 litre d'eau.
Dosages comparatifs en milligrammes par litre :
Par pesée. Volumétriquemeat.
9,6 8,5
80,0 77
247 2il
Si Teau était très chargée, il suffirait d'augmenter le
volume des réactifs ; si on ne dispose pas de fiole spéciale,
on fait bouillir dans une fiole jaugée de 200''* et on com-
plète à ce volume; on filtre alors 100*^ au lieu de 50" pour
l'acide sulfurique.
On peut, à l'aide de cette méthode, déterminer, en
moins d'une heure les quantités d'acide sulfurique et de
chaux et mener de front plusieurs dosages.
Recherche du Rocou dans le lait; par M. A. Leys,
chimiste au laboratoire municipal de Paris.
La coloration artificielle du lait est une pratique qui
commence à devenir courante à Paris. Des négociants
peu scrupuleux, dans le but de donner à leur marchandise
l'apparence de qualités qu'elle -n'offre pas en réalité, lui
donnent une légère teinte jaune par l'addition d'une faible
quantité de matière colorante.
-^RTS^
— 287 —
On s'en rend compte d'une façon grossière en laissant
le lait se coaguler de lui-même ou en produisant cette
coagulation par la présure. On jette le tout sur un filtre et
on laisse écouler le petit-lait. Le. caséum qui reste retient
énergiquement la matière colorante avec laquelle il forme
une véritable teinture et présente une couleur différente
de celle qu'il offre à Fétat naturel.
Dans le présent travail nous nous sommes proposé d'ex-
traire et de caractériser le Rocou employé pour la colora-
tion des laits.
Nous traitons 50** du lait suspect dans une boule à
décantation, par un volume double du mélange éthéro-
alcoolique suivant :
Alcool à 93' s. 400 cent. c.
Éthor 3.200 —
Eau 200 —
AmmoDiaqae, densité 0,92 80 —
Ce mélange est celui qui nous sert pour doser le beurre
par la méthode Adam.
Après agitation, on abandonne au repos, et le liquide
ne tarde pas à se séparer en deux couches. La couche
supérieure est une solution éthérée de la matière grasse
du lait, l'autre opalescente tient la caséine et les autres
éléments en solution dans l'eau éthéro-alcoolisée ammo-
niacale. La matière colorante du Rocou passe presque
entièrement dans ce liquide ammoniacal qu'elle colore
en jaune verdâtre.
Après un repos de vingt minutes, on recueille cette
couche inférieure dans une deuxième boule à décantation
et on lui ajoute par petites fractions la moitié de son
volume d'une solution à 10 p. 100 de sulfate de sodium
en retournant la boule sans agiter après chaque addition.
Il se forme un précipité qui ne tarde pas à s'agglomérer
en grumeaux assez volumineux blancs qui remontent à la
surface.
Grâce à ce procédé, on parvient à séparer la majeure
— 288 —
partie de la caséine sans entraîner la matière colorante
qui reste en solution dans Teau alcoolisée ammoniacale.
On peut alors songer à l'extraire par Talcool amylique,
ce qui eût été impossible auparavant vu l'affinité de la
caséine pour le colorant.
Quand tous les grumeaux se sont rassemblés et que le
liquide qui les baigne s'est éclairci, on décante celui-ci
au-dessus d'une toile métallique et on le répartit dans
quatre tubes à essais que l'on remplit aux deux tiei*s. On
complète chaque tube avec de l'alcool amylique convena-
blement décoloré et on agite fortement. Il se produit une
émulsion stable de l'alcool et pour la détruire on est
obligé d'employer le tour de main suivant.
On plonge les quatre tubes dans un vase de Bohême
renfermant de l'eau distillée froide jusqu'à mi-hauteur et
on le porte au bain-marie. La température s'élève lente-
ment dans les tubes et l'alcool amylique remonte peu à
peu à la surface. Quand l'eau atteint 80*, l'opération est
ordinairement terminée.
L'alcool s'est rassemblé entraînant la matière colorante
et au-dessous le liquide a pris une teinte rougeâtre en
même temps qu'il laisse échapper de fines bulles de
vapeur. On retire les quatre tubes et on rassemble dans
une capsule l'alcool amylique que l'on fait évaporer.
Le résidu jaune foncé que l'on obtient est repris par
de l'eau chaude ammoniacale et faiblement alcoolique.
On y plonge une bande de tissu de coton convenablement
blanchi et on évapore presque complètement au bain-
marie.
On retire le coton teint en jaune, on le lave légèrement
et on le plonge dans une solution d'acide citrique ou d'un
autre acide faible. Le tissu vire instantanément au rose
dans le cas où le lait était coloré au Rocou.
Un lait non coloré soumis à ce traitement donne bien
au coton une légère coloration jaune, mais jamais on
n'observe de virage par un passage en acide citrique. 11
en est de même quand, au lieu d'avoir affaire au Rocou,
— 289 —
on se trouve en présence de safran, de curcuma ou de la
matière colorante des fleurs de souci.
Le virage au rose du coton teint en jaune est donc
caractéristique et indique la présence du Rocou dans le
lait.
Sur la préparation du gentianose;
par MM. Em. Bourquelot et L. Nardin.
Le gentianose, sucre ayant beaucoup d'analogie avec
le sucre de canne, a été découvert, en 1881, dans la
racine de gentiane ( Gentiana lutea^ L.), par Arthur
Meyer (1). Bien que la gentiane soit une plante très com-
mune, au moins dans certaines contrées de l'Europe, et
que Meyer avoue n'avoir pu élucider certains points de
ses recherches, parce qu'il a manqué de produit, il ne
semble pas qu'on ait tenté, depuis cette époque, soit de
vérifier les observations du chimiste allemand, soit de
compléter son travail.
Il nous a paru que cela tenait à ce qu'on ne disposait
pas d'ime bonne méthode de préparation du gentianose.
En réfléchissant aux conditions biologiques dans les-
quelles se trouvent en général les polysaccharides au sein
des tissus, nous avons été amenés à imaginer le procédé
suivant, auquel on ne peut recourir que si l'on a à sa dis-
position de la racine de gentiane fraîche et récoltée de-
puis quelques heures seulement.
On met de l'alcool à 95** dans un ballon et on chauffe
au bain-marie jusqu'à l'ébullition. On découpe alors la
racine fraîche en tranches minces, que l'on fait tomber
au fur et à mesure dans l'alcool bouillant. Après quoi on
relie le ballon à un réfrigérant ascendant et on continue
à faire bouillir pendant vingt à vingt-cinq minutes.
En opérant ainsi, on est assuré, si la racine de gentiane
renferme un ferment soluble capable d'hydrolyser le
(1) Ueber gentianose ; Zeitschr. /. physioL ChemiCf VI, p. 135.
Journ. de Pharm, et de Chim,, 6' SÉRIE, t. VII. (15 mars 1898.) 19
V fp.^^'^'
— 290 —
gentianose, de détruire ce ferment, de telle sorte que le
sucre ne peut être décomposé.
Après refroidissement, on exprime, on filtre et on dis-
tille pour retirer Talcool. Comme le liquide restant dans
la cornue est acide, on Tagite avec une petite quantité de
carbonate de chaux précipité et on filtre de nouveau.
Enfin on évapore au bain-marie en consistance d'ex-
trait.
Si on abandonne cet extrait à lui-même, on voit, au
bout d'un temps assez long, se former des cristaux dans
toute la masse. Sans tenir compte de la présence de ces
cristaux, d'ailleurs difficilement séparables, on dissout au
])ain-marie l'extrait dans la plus petite quantité d'eau
possible (la moitié de son poids), puis on ajoute, toujours
à chaud, de l'alcool à 95° ((juatre fois et demi le poids de
l'extrait). L'opération doit se faire dans un ballon. On
laisse reposer à la température du laboratoire pendant
une quinzaine d'heures, puis on décante le liquide dans
lin autre ballon, pour le séparer d'un précipité visqueux
qui reste déposé sur les parois du premier.
La cristallisation commence sitôt après ; elle se fait
très lentement et ne peut être considérée comme com-
plète qu'au bout d'une quinzaine de jours. Les cristaux
forment une croiite blanche adhérente aux parois du
ballon. On les purifie en les faisant cristalliser à nou-
veau dans l'alcool à 95°.
En appliquant ce procédé à ^OO»"" de racine de gentiane,
récoltée aux environs de Belfort, dans le courant du mois
de juillet, nous avons obtenu 24»'' d'extrait, dont nous
avons pu retirer près de 5*'' de gentianose. On voit ainsi
que l'^^^le racine fraîche pourrait donner aisément de 25
à IW de ce sucre.
Pi'opriétés du gentianose, — Le gentianose se présente en
cristaux lamelleux complètement blancs et ne renfermant
pas d'eau de cristallisation. Il se dissout facilement dans
l'eau en donnant des solutions incolores. Il fond à la
température de 207-209° (chiffre corrigé) ; Arthur Meyer
avait trouvé 210°.
— 291 —
Chauffé sur une lame de platine, il fond d'abord, puis
brûle sans laisser de résidu.
Il est dextrogyre. Voici les chiffres se rapportant à deux
déterminations du pouvoir rotatoire :
1. Poids du gentianose desséché à lOO*". Oo%4i80
Volume de la solution SS**'
Longueur du tube 0'",2
a (moyenne de plusieurs lectures). 1»7, ou 1%1166
d'où
1,1166 X 25 , ,^^^^
'°= 2X0,448 = + ^^M^-
H Poids du gentianose desséché à IW. O^STiSS
Volume d» la solution 25"^*
Longueur du lubc 0",2
a 1»52, = 1^866
d'où
1,866 X 25
ao = -! Z2 = ^ 31%27.
2 X 0.7i58 ^ '
Le pouvoir rotatoire est le même, qu'on le prenne
immédiatement après la dissolution du sucre dans l'eau
ou après avoir attendu plusieurs heures, ou encore
lorsqu'on effectue la dissolution à chaud. Le gentianose
ne présente donc pas de phénomène de birotation. Ces
observations sont en désaccord avec celles qu'a pul)liées
Arth. Meyer, qui aurait trouvé pour un échantillon de son
composé dissout à 100° : «d = + 65°, 7 et pour un autre
échantillon dissout à froid et dont la solution avait été
cependant abandonnée à elle-m(*^me pendant une nuit
«D = + 33°, 36. Mais il convient d'ajouter que ce chi-
miste, manquant de produit, n'a pu répéter ses obser-
vations.
Le gentianose ne réduit pas la liqueur cupro-polassique.
Il est très facilement interverti par les acides minéraux
étendus bouillants. Le produit que l'on obtient est réduc-
teur et lévogyre, comme l'établit Texpériencc suivante.
A 20"=* de solution de gentianose à 0*5',448 pour 25", on
ajoute 3 gouttes d'acide sulfurique ; on fait chauffer d'a-
bord une heure à 80° puis deux heures au bain-marie à
100°; on laisse refroidir et on rétablit le volume primitif.
— 292 —
Le liquide, examiné au saccharimètre (tube de 0",2), a
donné une rotation à gauche de cinquante minutes, ce
qui correspond à un pouvoir rotatoire de l'ensemble des
sucres produits supérieur à 20^ à gauche. La réduction
de la liqueur cupro-potassique, par ce liquide, exprimée
en sucre interverti, correspondait à Ok',413 pour 25", ce
qui laisse supposer que l'hydrolyse n'était pas complète
on qu'une petite portion des sucres réducteurs avait été
détruite.
REVUE SPÉCIALE
DES PUBLICATIONS DE PHARMACIE ET DE CHIMIE.
Les inhalations de chloroforme déterminent-elles la pro-
duction d'oxyde de carbone dans le sang? par M. L. de
Saint-Martin (1). — Dans une Note récente (2), MM. De-
grez et Nicloux ont annoncé que le sang de chiens long-
temps maintenus sous le chloroforme, traité par l'acide
acétique, dégage de l'oxyde de carbone (environ 5" par
litre). Ils ont conclu à l'existence de ce gaz dans le sang
des sujets anesthésiés, et attribué sa formation à la
décomposition du chloroforme par les liquides alcalins
de l'organisme.
L'auteur a repris cette étude, car, dit-il, si elle était
reconnue exacte, on pourrait justement l'invoquer comme
contre-indiquant l'emploi du plus précieux et du plus
usité des agents anesthésiques.
Il a substitué, à la méthode indirecte du grisoumètre,
l'emploi du spectroscope et le dosage direct de l'oxyde de
carbone au moyen du chlorure cuivreux. A cet effet, il a
combiné deux procédés qu'il a fait précédemment con-
naître pour la recherche, dans le sang, de traces de gaz
rares ou anormaux (oxyde de carbone, hydrogène proto-
carboné), et il a fait porter ses expériences non seule-
(1) Ac. d. S., CXXVl, 533, 14 février 1898.
(2) Journ. de pharm. et de chim. [6], VII, 35 et 36, l" janvier 1898.
— 293 —
ment sur le sang d'animaux anesthésiés, mais aussi sur
le sang normal.
rOO°<^ de sang sont introduits dans le ballon-récipient d'une pompe à mer-
cure a?ec iO^* d*huile, et épuisés» à la température de 45*, des gaz que le
iride employé seul peut enlever, d'abord à Taide de la trompe à eau et fina-
lement en manœuvrant la pompe. Ces gaz ne sont pas recueillis. Quand la
pompe ne ramène plus que des traces d'acide carbonique entièrement absor-
bable par la potasse, on ajoute au sang la moitié de son volume, soit 250^,
d'une solution saturée d'acide tartrique récemment bouillie et bien exempte
d'acide sulfurique libre. Puis, au moyen de quelques coups de pompe, on
extrait les gaz dégagés par l'action de l'acide sur le sang, et on les rassemble
dans une éprouvctte pleine de mercure. Pour terminer, on fait passer dans le
récipient 5**^ d'une solution de carbonate de soude soc à 1 p. 100; les 10*"
d'acide carbonique qu'ils renferment sont immédiatement mis en liberté, et
on les réunit, par un dernier épuisement, aux gaz déjà recueillis.
On obtient de la sorte dans l'éprouvette 30'^ à 40"** de gaz, qu'on soumet
successivement à l'action de la potasse qui en absorbe environ les neuf
dixièmes, puis de l'bydrosulfite de soude pour éliminer l'oxygène, s'il en
existe, le résidu, composé d'oxyde de carbone, d'azote et peut-élre de traces
d'hydrogène et d'hydrogène protocarboné, est d'abord agité avec une dilution
de sang de chien à ^ de centimètre cube, qu'on a pris soin de priver de gaz
tout en réduisant l'hémoglobine, en la maintenant longtemps à 40* et en la
soumettant alternativement, à plusieurs reprises, à l'action du vide et d'un
courant d'hydrogène.
Ces 2" de sang étendu peuvent absorber au maximum 0**,05 d'oxyde do
carbone, et en absorbent en réalité moins de la moitié dans les conditions de
Texpérience, l'oxyde de carbone n'existant dans le mélange gazeux qu'en
proportion d'un tiers au plus. On sépare la dilution sanguine du résidu
gazeux, et on la soumet à l'examen spectroscopique, après addition d'une
goutte de sulfhydratc d'ammoniaque, dans une petite cuve close exactement
remplie et bien bouchée. L'oxyde de carbone est ensuite dosé dans le mélange
gazeux, par absorption au moyen du chlorure cuivreux en solution chlorhy-
drique.
Voici les résultats obtenus par cette méthode, chaque
expérience ayant toujours porté sur 500" de sang :
Expérience I. — Chien de 30*», trachéotomisé, canule dans la trachée,
aneslhésié avec un mélange titré èi 10^' de chloroforme par hectolitre d'air,
maintenu ensuite endormi pendant deux heures avec un mélange à 8^' par
heetolitre, et sacrifié par hémorragie. Le sang a été recueilli sur de l'oxalato
de potasse (1*') pour empêcher sa coagulation.
La dilution sanguine, agitée avec le résidu gazeux, présentait à un haut
degré la réaction spectroscopique de l'oxyde de carbone : les déterminations
spectrophotométriques y accusaient 73 p. 100 de l'hémoglobine à l'étal oxy-
carboné.
— 294 —
Oxyde de carbone dans le gaz restant : 0*%9f , soit 1",82 par litre.
Expérience IL — Sang de bœuf normal, recueilli à l'abattoir, défibriné
par battage en Vabsence de toute fumée de tabac.
Réaction spectroscopique très nette de l'oxyde de carbone.
Oxyde de carbone : 0°*,4, soit 0~,8 par litre.
Expérience IIL — Fort chien, soumis aux inhalations de chloroforme
conime dans l'expérience I.
L'essai speclroscopique n'a pas été pratiqué.
Le résidu gazeux a fourni 1**,2 d'oxyde de carbone, soit 2^,4 par litre de
sang.
Expérience IV. — Sang normal d'un chien de grande taille, exclusircmcnt
nourri au lait pendant six jours, quelque peu anémié. (Hémoglobine par litre
de sang : i3V\) Sacrifié par hémorragie.
La dilution sanguine présente très nettement les caractères spectrosco-
piques de l'hémoglobine oxycarbonée.
Oxyde de carbone : 0^,6, soit 1~,2 par litre de sang.
Expérience V. — On fait pénétrer, dans le récipient vidé d'air de la
pompe h. mercure, 250~ de la solution d'acide tarlrique employée pour les
expériences précédentes, 10"^ d'huile, ^' d'oxalate neutre de potasse et 20*"' de
la solution de carbonate de soude à 1 p. 100, et l'on procède èi Tépuisement à
chaud.
Les gaz recueillis, traités comme ci-dessus, ne renferment pas trace d'oxyde
de carbone.
Les petites quantités de ce gaz, dosées dans les expériences 1 à IV, viennent
donc bien des échantillons de sang et non des réactifs employés.
En résumé, dit Tauteur, on voit que le sang normal,
de même que le sang des animaux soumis aux inha-
lations de chloroforme, dégage, lorsqu'on le traite
dans le vide à 40°, par un acide organique, de petites
quantités d'oxyde de carbone, comprises entre 0,08
et 0,2 p. 100. Ce gaz préexiste-t-il dans le sang? Je
ne le pense pas et je crois plutôt qu'il prend nais-
sance par l'action de l'acide sur une substance conte-
nue dans le sang, et cela par un mécanisme analogue à
celui qui produit des traces d'oxyde de carbone lors du
dosage de l'oxygène au moyen des pyrogallates alcalins.
Sur les glycérophosphates de quinine; par M. E. Fa-
LiÈREs (1). — Le glycérophosphate de quinine tendant à
remplacer le sulfate de quinine, par suite de sa plus
(1) Bull, de la Soc. de Pharm. de Bordeaux (Exlrait).
— 295 —
grande solubilité et des propriétés particulières de Tacide
phosphoglycérique, l'auteur s'est proposé de fixer les
conditions de préparation et de contrôle d'un produit
pur.
La théorie prévoit. et l'expérience confirnne l'existence
de deux glycérophosphates de quinine correspondant
aux deux sulfates ou chlorhydrates connus (sel ba-
sique, sel neutre).
Glycêrophosphate basique :
u H u ^^\o(c«oip*Az»0'+ '^^ ^
On ne réussit pas à obtenir ce sel pur, par double décora-
position d'un glycêrophosphate alcalin et d'un sel ba-
sique de quinine. Le glycêrophosphate de quinine, même
après des lavages prolongés renferme toujours des sul-
fates ou des chlorures. Le procédé suivant donne un
produit pur, de composition constante :
Dans 400 ou 500«'d'éther à 0,720 on fait dissoudre 75«%6
(2/10*' de molécule en poids) de quinine cristallisée. On
ajoute à cette solution 17«^2 (1/10* de molécule en
poids) (1) d'acide phosphoglycêrique bien privé de glycé-
rine et dissous dans 50 ou 60*' d'alcool à 96°. Il se pro-
duit un abondant précipité blanc qui se rassemble rapi-
dement au fond du vase : Il est constitué par de longues
et fines aiguilles. Le liquide surnageant ne contient que
des traces d'acide phosphoglycêrique et de quinine.
On agite fréquemment le mélange pendant quelques
heures : le précipité est recueilli sur un filtre et lavé
à deux ou trois reprises avec 40 ou 50«' d'éther. Quand la
masse peut se détacher convenablement du filtre, on
l'élale sans pression sur des plaques de porcelaine dé-
gourdie où elle achève de se dessécher spontanément à
l'air libre.
La dessiccation est complète quand on ne perçoit plus
l'odeur de l'éther.
(1) Soit 34»',4 d'acide à 50 p. 100.
— 296 —
Le glycérophosphate de quinine ainsi obtenu se pré-
sente sous la forme d'une poudre cristalline très blanche,
légère, inaltérable à l'air, facilement soluble dans l'acide
phosphorique étendu, insoluble dans Téther. 1 partie se
dissout dans 353 parties d'eau distillée à +15*, dans
26 parties d'alcool absolu et dans 28 parties de glycé-
rine officinale. Ce sel renferme exactement 1 molécule
d'acide, 2 molécules de quinine et 7 molécules d'eau, soit
68,68 p. 100 de quinine et 18,22 p. 100 d'acide.
Sel neutre : C»H»PO«.C"n**Az*0*+ 10H*O. — Poudre
cristalline, légèrement jaunâtre, humide au toucher,
d'aspect corné quand on la prive d'une partie de son eau
de cristallisation, solul)le dans 145 parties d'eau et dans
16 parties d'alcool absolu. On prépare ce sel de la même
manière que le glycérophosphate basique, mais en pre-
nant 1 molécule de quinine seulement pour 1 molécule
dacide phosphoglycêrique.
Le véritable sel officinal sera le glycérophosphate ba-
sique; il présente toutes les garanties de pureté et de
conservation qu'on doit demander aux médicaments chi-
miques et se prête aux formes d'administration les plus
variées.
Essai du glycérophosphate de quinine. — Dans un bal-
lon en verre contenant 50 à 60«'' d'un mélange à parties
égales d'eau distillée et d'alcool à 95° bien neutre, on in-
troduit 1»' du glycérophosphate à essayer avec quelques
gouttes de phtaléine du phénol. On porte le tout à l'ébul-
lition : le glycérophosphate se dissout. On ajoute de l'eau
distillée (25 ou 30«') et l'on verse de la potasse déci-nor-
male jusqu'à production d'une teinte rose persistante :
soit, par exemple, 2i",2.
21,2x0,0086 = 0,1823, c'est-à-dire 18,23 p. 100 d'an-
hydride phosphoglycêrique.
Si l'on a affaire à un sel pur, comme celui qui est pré-
paré dans l'éther, le dosage par la potasse fait connaître
en même temps la quantité de quinine contenue dans la
prise d'essai :
21,2 X 0,0324 = 0,6868, soit 68,68 de quinine p. 100.
— 297 —
Comme la base, ou l'acide, peuvent être en excès dans
les produits commerciaux, il y a lieu, après titrage de
l'acide, de doser aussi la quinine. Pour cela, on porte à
l'étuve, dans une capsule tarée, !«' de glycérophosphate
de quinine dont on connaît le titre en acide phosphogly-
cérique. Le sel ne tarde pas à entrer en fusion : on main-
tient la masse pendant une heure à la température de
130*». La perte de poids, à laquelle on ajoute le poids de
l'acide phosphoglycérique, fait connaître, par différence,
la proportion de quinine.
Recherches sur le phosphore organique; par M. L. Joly(1).
— La substance à étudier étant bien homogène de com-
position, on la divise en deux parties égales : la première
est desséchée, puis incinérée progressivement sans aller
jusqu'à la disparition complète du charbon. Celui-ci, pul-
vérisé, est épuisé par l'acide chlorhydrique dilué bouil-
lant ; l'acide phosphorique est précipité à l'état de phos-
phate ammoniaco-magnésien. Séparé par filtration, ce
précipité est redissous et l'acide phosphorique est dosé
par la solution uranique.
La seconde partie est oxydée à chaud par un grand
excès d'acide nitrique pur jusqu'à décoloration complète
de la masse. Vers la fin, on ajoute quelques grammes de
nitrate de potasse pur, afin que l'oxydation soit parfaite.
La masse, desséchée, puis calcinée, est traitée comme ci-
dessus.
La différence entre les deux quantités d'acide phospho-
rique trouvées à l'analyse permettra de déterminer le
phosphore organique.
Sachant que les phosphates minéraux calcinés en pré-
sence du charbon perdent une partie de leur acide phos-
phorique qui, d'abord transformé en phosphure métal-
lique, disparaît ensuite à l'état de phosphure d'hydrogène,
quand la masse calcinée est traitée par l'acide chlorhy-
drique pour séparer les phosphates, l'auteur a fait les
expériences suivantes :
(1) Ac, d. se, CXXVI, 550, 14 février 1898.
4Ji
— 298 —
V 20s' de légamine sèche ont été calcinés sans aucune addition ; on a
retiré :
Acide phosphorique 0,090
S" 20^ de même substance ont été additionnés de ^ de bicarbonate de
soude pur disssous. La masse est gonflée, sans trace de dissolution après
vingt-quatre heures de contact. Séchée, puis calciuée, elle adonné :
Acide phosphorique 0,135
d** Une autre quantité égale de légumine a été additionnée de l^ de soude
caustique pure dissoute. Après vingt-quatre heures, la masse est devenue pâ-
teuse, gluante, comme dissoute. Desséchée, puis calcinée, on trouve :
Acide phosphorique 0,280
. Ces résultats indiquent que les substances à étudier doivent élre calcinées
en présence d*un excès d'alcali caustique.
À** iO<^ de légumine sont traités à chaud par un grand excès d*acide
nitrique pur jusqu'à décoloration. Vers la fin de l'évaporation effectuée lente-
ment, la masse est additionnée de 4b' de soude caustique, puis desséchée avec
grande précaution et enfin calcinée lentement afin d'éviter une déflagration
vive avec projection de matière. Le résultat a été :
Acide phosphorique 0,280
Le gluten soumis à deux traitements identiques a fourni les résultats sui-
vants :
1* 20^ non oxydés renferment : aeide phosphorique 0,030
2® 20"' oxydés donnent : acide phosphorique 0,030
Les substances animales qui ont servi à ces analyses
ont été empruntées au mouton : cerveau et chair muscu-
laire (gigot).
Une cervelle de mouton du poids de 110<"a été réduite en pulpe homogène
et divisée en deux parties de oO»' chacune.
La première, additionnée de 4^ de soude caustique, évaporée, puis calci-
née, a donné :
Acide phosphorique 0,225
La seconde, traitée par Tacide nitrique et la soude caustique, comme il
est dit plus haut, a donné :
Acide phosphorique 0,225
Un fragment de chair musculaire de mouton a été haché finement, afin
que la masse soit aussi homogène que possible, et divisé en deux parties de
50«' chacune.
La f*, calcinée en présence de la soude, donne : acide phosphorique 0,140
La 2*, oxydée puis calcinée avec soude, donne : » 0.140
— 299 --
Le cerveau de mouton est presque deux fois plus riche
en acide phosphorique que son tissu musculaire.
Ces analyses ne confirment donc pas l'existence du
phosphore métalloïdique non oxydé intégré dans une
molécule organique.
Elles faciliteront la démonstration prochaine que les
expériences de MM. Lépine et Aubert, publiées en 1884,
ne permettent pas d'affirmer qu'il y a élimination par la
voie urinaire de phosphore incomplètement oxydé.
Dosage du carbone urinaire; par M. F. Chappelle (i). —
L'auteur emploie le procédé à l'acide chromique de M. J.
Barnes, qui semble transformer aussi complètement que
possible le carbone en acide carbonique et permet de
titrer l'excès d'acide chromique non utilisé et de doser
parla même l'acide carbonique.
1<» Solution d'acide chromique, — Dissoudre 6«^20 de
bichromate de potasse dans de l'eau distillée, ajouter 50"
d'acide sulfurique pur et compléter le volume à un litre.
L'addition d'acide sulfurique permet d'éviter l'incon-
vénient que présentent généralement les solutions ordi-
naires de bichromate de potasse, qui ne mouillent pas le
verre, en sorte que leur emploi dans les titrages volumé-
triques devient très difficile.
2<» Solution de sulfate ferreux, — Dissoudre 18«' de sul-
fate ferreux cristallisé dans un mélange de 100*=* d'acide
sulfurique concentré et 200^^ d'eau distillée. Lorsque le
liquide est froid, on complète son volume à 500'*^
En mélangeant 10" de cette solution et 10" de la solu-
tion chromique, on doit obtenir une liqueur contenant
encore un peu de sel ferreux en excès. L'emploi d'un grand
excès d'acide sulfurique dans la préparation de la solution
de fer a pour but de maintenir son titre plus constant.
N
3* Solution de permanganate de potasse, — -• — On me-
sure 50" de la solution à essayer ; si l'on opère sur une
(1) Bull, de pharm. de LyoUj février ihOS.
— 300 —
moins grande quantité, il faut toujours compléter le
volume à 50*' avec de Teau distillée. (Nous prenons 1"*
d'urine et 49*^* d'eau distillée.) On verse le liquide dans
une fiole de 400" et Ton ajoute 25** d'acide sulfurique
pur (1). On agite le mélange et on le verse dans 10** de la
solution chromique. On couvre la fiole au moyen d'un
verre de montre et on la place sur un bain-marie où elle
doit séjourner pendant une heure. Après refroidissement,
on ajoute 10** de la solution de sulfate ferreux, on verse le
tout dans un demi-litre d'eau distillée froide et on achève
le titrage au permanganate.
Il est indispensable de faire un essai à blanc en opé-
rant sur 50** d'eau distillée, de façon à déterminer la
quantité de permanganate nécessaire à la coloration du
N
liquide. Pour cet essai, il faut 1**,5 de caméléon — : par
conséquent, dans chaque dosage du chifi're de centimètres
cubes de caméléon employés, il faudra retrancher 1**,5
comme constante. Dans les chiffres que l'on citera plus
bas, cette défalcation est faite. Il faut s'arrêter dans
l'appréciation de la limite atteinte, dès l'apparition de la
teinte franchement rose.
Du volume de solution de caméléon en centimètres
cubes on déduit l'oxygène absorbé, et de cette quantité
d'oxygène, la quantité de carbone.
L'auteur donne un grand nombre de résultats, et il en
conclut ce qui suit, tout en disant que ces recherches ont
besoin d'être poursuivies pour permettre de donner des
conclusions fermes :
1^ L'urine de l'adulte contient en normal, dans son
déchet organique, de 10 à i2«' de carbone par litre ;
2*» L'urine de l'enfant contient plus de carbone orga-
nique que l'urine de l'adulte ;
3° Le carbone du déchet organique de l'urine varie
peu dans l'espace de 24 heures ; il est un peu plus abon-
dant pendant la digestion ;
(1) Par petite fraction, en évitant réchauffement de la masse.
— 301 —
4* Ce carbone reste constant chez le même sujet, et le
régime restant le même, il ne varie pas d un jour à l'autre ;
5* Le carbone organique de l'urine augmente dans les
albuminuries, les auto-intoxications, dans certaines aifec-
tions du foie, dans certaines affections de Testomac où
il y a hypochlorhydrie ;
6* Dans le diabète sucré, le taux du carbone organique
peut atteindre plus de 100*' par 24 heures. L'auteur n'a
pas voulu donner les chiffres du carbone trouvés dans les
urines sucrées, parce qu'il se propose de publier à ce
sujet un travail d'ensemble où il conseillera de rejeter
l'usage en urologie du réactif de Fehling et de n'employer
que le dosage du carbone pour suivre la marche du dia-
bète sucré.
Diagnose rapide du pigment des sables intestinaux;
par M. Denigês (1). — La connaissance de la matière
colorante fixée aux sables intestinaux permet souvent de
soupçonner et parfois même d'affirmer l'origine biliaire
ou purement intestinale de ces concrétions.
Le procédé suivant, application des faits que l'auteur
a publiés au sujet de l'urobiline et des calculs biliaires,
permet une diagnose facile du pigment cherché :
1*» On met dans un tube à essai gros comme une len-
tille du sable à essayer, 2" d'eau et une égale quantité
de sulfate mercurique obtenu en dissolvant 5«' d'oxyde
mercurique dans un mélange de 100" d'eau et 20" d'acide
sulfurique pur.
On porte le contenu du tube à TébuUition pendant
environ une minute et on filtre.
Si le liquide filtré est jaune rougeàtre ou rouge et pré-
sente au spectroscope une bande d'absorption dans le
])leu, le sable examiné est coloré par de l'urobiline. 8i ce
liquide ne présente pas ces caractères, on peut conclure à
l'absence de ce pigment.
2** On introduit dans un autre tube à essai autant de
(1) Bull, de la Soc. de pharm. de Bordeaux, janvier 1898.
— 302 —
substance à analyser que dans Texpérience précédente
et 2" d'acide acétique cristallisable, puis on fait bouillir
le tout pendant une minute.
Si au bout de ce temps le liquide surnageant est inco-
lore, c'est qu'il nV a pas de pigments biliaires dans le
sable essayé; s'il est coloré, ^a teinte peut être due à de
l'urobiline (elle est alors plus ou moins rougeâtre) ou à
des pigments biliaires (elle est, dans ce cas, jaune ou ver-
dâtre) ou enfin à un mélange de ces divers colorants.
Pour s'assurer de la présence des pigments biliaires,
on partage à la décantation, Tacide acétique de Fessai
dans deux autres tubes.
L'une des portions est additionnée de quelques gouttes
d'eau oxygénée et chauffée à Tébullition ; elle deviendra
verte si le sable intestinal est coloré par des principes de
la bile.
L'autre part, refroidie à la température ambiante, est
traitée par une goutte d'azotite de sodium à 1 p. 100, les
pigments biliaires se décèleront par l'apparition d'une
teinte d'abord verte, puis rapidement bleuâtre et enfin
rose violacé.
Les sables intestinaux ne renfermant que de l'urobiline
(stercobiline) sont d'origine purement intestinale; ils sont
le plus souvent formés de phosphates magnésiens et cal-
caires, avec ou sans carbonate de chaux, associés très fré-
quemment à des cellules végétales (cellules pierreuses de
poire ou de pomme). Leur couleur est brune ou grisâtre;
l'acide acétique, même bouillant, ne les attaque qu'en
partie.
Les sables biliaires, généralement jaunes, renferment
du bilirubinate et du carbonate de chaux accompagnés ou
non de cholestérine ; l'acide acétique les dissout aisément
à chaud.
Les nouveaux pigments biliaires; par MM. A. Dastre et
N. Floresco. — Il n'y a pas dans la bile naturelle que
les deux pigments bilirubine et biliverdine, ce dernier
dérivant du premier par une simple oxydation.
— 303 —
Les auteurs admettent Texistence d'autres pigments
qu'ils nomment intermédiaires ou biliprasiniques.
L'existence de ces pigments est mise en évidence par
les plus simples expériences, à savoir les virages que
déterminent : 1® l'action de l'acide carbonique ; 2° l'action
alternative des acides (acide acétique cristallisable) et des
alcalis (soude 30 p. 100) ; 3* l'action du vide.
Le pigment biliprasinique jaune, jaune brun (bilipra-
sinate sodique) est celui qui donne à la bile du veau sa
couleur jaune. Il existe dans les autres biles jaunes. Il
se dislingue du pigment bilirubinique par les caractères
suivants : i* le courant d'acide carbonique le colore en
vert (biliprasine) ; 2** de même l'acide acétique cristalli-
sable et en général tous les acides, surtout en présence
de l'alcool ; 3*» il n'est pas stable dans le vide, il s'y déco-
lore sous l'action de la lumière. Il résulte de là entre
autres conséquences et contrairement à ce qui a été
soutenu que la bile jaune peut devenir bile verte sans
oxydation nouvelle.
Le second pigment biliprasinique est vert 'biliprasine).
Il constitue le pigment ordinaire de la bile fraîche du
bœuf, du lapin. Il existe dans les autres biles. Il se dis-
tingue de la biliverdine par les caractères suivants :
t« l'addition de quelques gouttes d'alcali le fait passer au
jaune (biliprasinate) ; 2® le vide fait passer au jaune (bili-
rubine). Le pigment jaune est la solution alcaline (sel
alcalin) du pigment vert (acide). L'acide l)iliprasinique
est déplacé par CO', tandis que pour la bilirul)ine et la
biliverdine, c'est, au contraire, le pigment qui déplace
l'acide carbonique des carbonates.
Les pigments biliprasiniques sont intermédiaires aux
deux autres au point de vue de l'oxydation et de l'hydra-
tation. Quand on réalise l'oxydation ménagée de la bili-
rubine au moyen de la solution alcoolique diode, on
trouve le stade biliprasine avant le stade biliverdine.
Il en est de môme dans l'oxydation spontanée à Fair, sous
l'influence de la lumière ou de la chaleur. Le vide qui
dissocie lentement la biliprasine est sans effet sur le
— 304 — ^
stade plus avancé, biliverdine. Tous ces pigments dé-
rivent d'ailleurs de la bilirubine, pigment fondamental
originel. Les auteurs ont étudié les transformations spon-
tanées de ce pigment et leurs conditions. Ces transfor-
mations dépendent de quatre facteurs. Le facteur indis-
pensable (sauf pour la transformation des pigments bili-
prasiniques l'un dans l'autre), c'est l'oxygène. Les autres
sont adjuvants, à savoir : la réaction du milieu, la cha-
leur, la lumière.
Toutes choses égales d'ailleurs, l'alcalinité marquée
est défavorable à la formation des pigments biliprasi-
niques ; elle contribue donc à la stabilité des bilirubi-
nates. La neutralité ou l'acidité favorisent l'apparition
précoce du pigment vert, biliprasine.
La chaleur ménagée favorise extrêmement la transfor-
mation du bilirubinate en biliprasinate ; elle favorise
encore, mais à un degré beaucoup moindre, le passage
de ce dernier au stade déflnif (biliverdine, biliverdinate).
La lumière (dans toutes les parties du spectre) fait
passer rapidement le pigment originel à l'état de pig-
ment biliprasinique et également celui-ci à l'état de
pigment définitif.
Il est possible que la transformation, oxydation, hydra-
tation du pigment originel (bilirubine) commence dans
la cellule hépatique et les canalicules biliaires. Dans
tous les cas, elle se poursuit dans la vésicule. Or, les
conditions artificielles de cette transformation (oxygène,
lumière, chaleur) n'y sont pas réalisées. De là l'hypothèse
d'une condition particulière ou d'un agent particulier
d'oxydation dans l'organisme^ intervenant dans le foie et
passant en partie, dans la bile.
Analyse des poudres de réglisse; par M. 0. Kinzey (1).
— La valeur des extraits de réglisse dépend surtout de
la quantité de glycyrrhizine présente.
(l) Amer, Journ. ofPharm,, 1898, p. 23; d'après ^nn. de chim, analyl.^
févr. 1898.
— 305 —
L'auteur a reconnu que la méthode suivie ordinaire-
ment, pour le dosage de la glycyrrhizine, a le défaut de
dissoudre partiellement les matières amylacées, les-
quelles bouchent les pores des filtres et retîirdent beau-
coup le dosage. ...
Il propose la méthode d'analyse suivante :
Humidité. — On pèse dans un creuset ' de porcelaine
environ 1«' d'extrait et on dessèche à 100-11Û\
La perte de poids donne la quantité d'eau présente;
Cendres. — Le résidu provenant de l'opération préc^fe^
dente est calciné au rouge sombre sur un bec Bunsen,
jusqu'à poids constant,
Matières insolubles. — !«' de l'extrait est épuisé par 25^*
du dissolvant suivant :
Eau mnmoniacale 40<^* '
Alcool officinal. • 240««
Eau. 7«K*
Le mélange d'extrait et de dissolvant est agité à inter-
valles rapprochés pendant une heure, puis on laisse
reposer pendant 12 heures. Le liquide surnageant est*
alors décanté sur un filtre taré, et le résidu est traité de:
nouveau par 5** du dissolvant. On laisse reposer, puis on
décante comme précédemment. Finalement, on passe les
matières insolubles sur le filtre et on lave jusqu'à obten-
tion d'un filtrat incolore. Le résidu est desséché à. 100-
110*, puis pesé.
Glycyrrhizine. — Le liquide filtré obtenu dans l'opération
précédente est acidifié avec SO*H* dilué, qui précipite la
glycyrrhizine en flocons brun foncé, qui se rassemblent,
par le repos. On filtre sur un filtre taré, on lave avec de
l'eau légèrement acidulée avec de l'acide acétique, jus-
qu*â élimination complète de 80* H*; puis on dessèche «
à. une température maxima de 105*, la glycyrrhizine se
décomposant au-dessus.
Le tableau suivant représente la composition de plu^
Journ. Je Pkarm, et de Chim,, «• s(lUS, t. VII. (15 mare 189S.) 20 l
— 306
sieurs écha
intillons de
poudres
de régliss
e d'origine
diverse :
Matières
Origine.
Humidité.
Cendres.
insolubles.
Glycyrrhizine.
Espagne. .
6,52
3,70
36,52
6,40
Grèce. .
6,26
8,18
22,06
14,39
Espagne.
. • • 5,00
5,51
25,54
10,75
Amérique
5,62
6,79
12,27 ,
7,63
Espagne.
7,08
6,52
29,20
5,28
—
; . . " 6,96
6,56
20,35
10,41
Grèce. .
6,71
7,82
9,65
18,59
—
7,96
5,77
15,21
8,90
—
8,25
5,54
7,40
27,78
—
8,46
4,67
19,41
9,50
—
9,19
6,76
11,12
8,94
■~"
5,78
7,49 -
5,95
11,63
Sur la composition de l*air en divers lieux et la densité
des gaz; par M. A. UedIx (f).* '
'Okygène
sur 1000. Moyennes.
taris. 2318 à 2323 2320
Kice, Nîmes, Alger» on été, vent sud-ouest. . . 2321 à 2324 2323
f lage ▼oisine de Dieppe, brise nord en juillet. 2316 ^ ■ aoêt
— — Iç 1*' avril. 2307 ! *^"
frontière belge, vent nord-est, en été 2317 )
— ^ en hiver .... 2309 ) **"
llpes (2.060*), 7 octobre, vent violent descendant 2305
-r 8 o,ciobro, briso ascendante . • » 2323
Ivy de Dôme, 29 novembre, temps calme. ... 2317
' — 22 novembre, vent sud-ouest fort. ' 2323
On peut reconnaître dans ces nombres l'influence
de la saison; de- l'altitude, du voisinage de la mer et
jeut-être aussi de la latitude.
11 résulte d'une récente Communication de lord Ray-
leigh à la Société Royale que l'air moyen de Londres ne
eontient que 231 millièmes d'oxygène.
M. Leduc propose donc de rapporter désormais les den-
sités à Voxygène.
^) Ac. d. «c, GXXVI, 413, 31 janvier 1898.
i"-*"',--
— 307 —
Par rapport à l'air d'après
Gaz.
Oxygène
Azote atmosphérique
Atote
Oxyde de earbone. •
L* Rayleigh.
1,10535
0,97209
0.96737
0,96716
A. LeduC'
1,10523
0,97203
0,96717
0,96702
Anhydride carbonique. 1,52909 1^2874
Par rapport à Toxygène
L' Rayleigh. A. Leduc.
1 1
0,87944 0,87948
0,85507 0,87568
0,87498 0,87945
1,3883 1,3832
Les densités, par rapport à Tair, de ce tableau résultent
des moyennes expérimentales directes. Mais, avant de
passer aux densités par rapport à Toxygène, l'auteur a
fait subir deux légères corrections aux nombres de lord
Rayleigh : Tune, sur l'acide carbonique, parce que sa
densité a été prise à une pression un peu supérieure à la
normale ; l'autre, un peu plus importante, sur l'azote chi-
mique, pour le motif suivant :
Le nombre adopté par l'auteur est la moyenne de cinq
séries de résultats correspondant à cinq préparations
différentes. Or, lune de ces séries (décomposition du
bioxyde d'azote), surpasse de jô^Stô ^^l moyenne des
quatre autres, qui sont beaucoup plus concordantes.
L'écart est trop grand pour n'être point systématique :
il convient donc de rejeter cette série commune entachée
d'erreur.
Le nombre 0,96717 paraissait à M. Leduc approché par
excès et, considérant qu'on ne peut prétendre à une
précision supérieure à ,ooô^» ^^ ^ adopté, pour densités
des gaz précédents par rapport à l'air, les nombres
1,1052, 0,9720, 0,9671, 0,9670, 1,52,87.
Recherche et dosage rapides du manganèse dans les
plantes et les terres végétales par une méthode colorimé-.
trique; par M. P. Pichard (1). — Lorsque la terre renferme
des quantités notables de manganèse, la fusion avec le
carbonate alcalin donne une coloration verdâtre, carac-
téristique, et que confirme la couleur rosée qui se
manifeste par l'addition seule d'acide nitrique.
(f) Ac. d. Se., t. CXXVI, 531, 14 février 1898.
— 308 —
Recherche du manganèse dans les terres végétales, — La
terre, Bêchée et pulvérisée finement, est incinérée, au
rouge sombre, dans une petite capsule de platine, puis
calcinée avec du carbonate de soude ou de* potassé dess**-
ché et pulvérisé. On opère sur 0'%5 ou 1«' de terre^ suivant
que la coloration est plus ou moins foncée après Tinciné-
ration ; on mélange intimement 2 parties de carbonate
alcalin. On détache la masse vitreuse ou opaque qui s'est
produite, en ajoutant un peu d'eau acidulée d'acide
azotique. On introduit le tout dans un tube d'essai ; on
ajoute 0«',5 environ de minium ou de bioxyde puce de
plomb. On verse 4" d'eau, puis 2" d'acide azotique pur.
On chauffe à l'ébuUition, sur une lampe à alcool, de
manière à réduire le volume liquide à moitié. On laisse
cléposerles matières insolubles. La liqueur qui surnage
est rosée, si la terre renferme des traces de manganèse.
Recherche du maiiganèse dans les matières organiques.
— La matière organique est desséchée, puis moulue
finement, incinérée, calcinée avec le carbonate alcalin et
traitée comme il a été dit pour la terre végétale. Lïnci-
nération doit se faire à une température peu élevée, pour
éviter la fusion des cendres qui rendrait l'opération plus
longue. Quelques décigrammes de cendres suffiront pour
l'essai. La calcination avec le carbonate alcalin se fera
au rouge vif.
Dosage du manganèse. — Le principe consiste à trans-
former le manganèse en permanganate dissous dans un
liquide qu'il colore en rose, et à comparer la teinte de la
liqueur 'avec celle d'une liqueur type renfermant un poids
connu de manganèse. Les liqueurs sont placées dans des
tubes ou éprôuvettes graduées, de même calibre, et addi-
tionnés d'eau distillée jusqu'à égalité de teintes.
Fabrication des persulfates, percarbonates, permanga-
nates et bichromates alcalins (Extrait) (Il — Persulfates,—
L'acide persulfurique découvert par M. Berthelol donne
(I) Bcv. de càim indust.^ février 1898.
— 309 —
des sels dont le pouvoir oxydant est très considéral)le.
Aussi ces corps, et principalement le persulfate d'aiii-
moniaque, sont-ils souvent employés de préférence à
Teau oxygénée. L'acide persulfurique S'O'H* se forme
dans l'électrolyse de l'eau acidulée par Tacide sulfurique;
son anhydride S'O' prend naissance par Taclion de Fef-
iluve sur un mélange d'acide sulfureux et d'oxygène.
Le mode de prodticlion de cet acide a surtout ét<».
étudié par M. EUen qui en a rendu la préparation indus-
trielle.
L'électrolyte employé est fonné par une dissolution de
sulfate d'ammoniaque (compartiment positif) dans laquelle
plonge la cathode en plomb, et par une solution d'acide
sulfurique à 50 p. 100 (compartiment négatif) qui contient
l'anode en platine. Il faut opérer avec une grande densité
de courant et ne pas dépasser 20^, température au-delà de
laquelle le persulfate se décompose.
Par suite de l'électrolyse, l'ammoniaque du sulfate se
porte dans le compartiment négatif et sature une portion
de l'acide sulfurique, tandis que l'acide sulfurique de la
cathode se porte sur le sulfate d'ammoniaque et forme du
persulfate qui se dépose. Il faut avoir soin de maintenir
l'acidité du compartiment négatif, le sulfate d'ammo-
niaque formé rentrant dans la fabrication; de même, on
maintient la saturation de la solution de sulfate du com-
partiment positif, quant au persulfate on le sépare aus-
sitôt.
On voit que l'on peut rendre l'opération continue, et
c'est ainsi que l'on opère à la société d'électrochimie de
Vallorbes qui est à peu près la seule fabriquant des per-
sulfates par voie électrolytique.
. Percarbonate de potasse. — De même que les sulfates
donnent des persulfates, les carbonates donnent égale-
ment des percarbonates.
Ce sont des corps également très oxydants. MM. Cons-
tans et Hausen qui ont les premiers obt^mi- le percarl)o-
fiate de potasse électrolysent une solution saturée do
carbonate neutre et maintiennent à — 10*C. Dans ces
^-^IT'^^'fcj^DJK-L
— 310 —
conditions, au lieu d'obtenir un dégagement d'oxygène,
il se forme un précipité cristallin de percarbonate de
potasse.
Dans aucun cas, la température ne doit dépasser O* et
le rendement est le meilleur à — 15*C(1).
Permanganate de potasse. — Le peimanganate de po-
tasse peut également s'obtenir par l'électrolyse d'une
solution de manganate de potasse. Il se passe probable-
ment la réaction
MnO*K*=:K+MnO*K.
On peut opérer avec ou sans diaphragme.
On peut aussi obtenir du permanganate de potasse en
<!;'lettrolysant une solution de potasse caustique, les
anodes étant en manganèse métallique ou plus simple-
ment en ferro-manganèse.
Bichromate de potasse. — Se basant sur le même jeu de
réaction, M. Hœussermann obtient industriellement des
bichromates par l'électrolyse d'une solution de chromate
neutre. Sous l'influence du courant, l'acide chromique
miâ en liberté se combine au chromate non transformé
et donne du bichromate.
On peut également l'obtenir par l'électrolyse d'une
sohition alcaline au moyen d'anodes au chrome et en
feiTO-chrome.
Le raffinage du nickel en Amérique (1). — Les mines du
Canada contiennent 20-25 p. 100 de cuivre, 18-23 p. 100
de nickel, 25-35 p. 100 de fer, 20-30 p. 100 de soufre. Les
méthodes diffèrent suivant qu'il s'agit d'obtenir un
alliage de nickel-cuivre ou d'obtenir les métaux à l'état
de pureté.
Dans le premier cas, la matte est concentrée au Bes-
semer et la matte enrichie qui en résulte est grillée, puis
réduite.
Pour obtenir le nickel pur, la matte brute est fondue
(t) Zeitêchrift fur electro^hemie, février 1898, d'après Rev, de chinu
indu» t.
- 311 —
avec du sel bi*ut et du coke. Il y a fpnnalion de sulfure
de sodium qui ramasse ensuite pas mal de fer et de
cuivre. Le sulfure de sodium se forme aux dépens du
soufre du nickel. Bien entendu, l'opération ne s'effectue
pas en une seule phase; pour avoir le nickel pur, on
répète à plusieurs reprises avec variantes.
Sur uue oxyptomame; par M. Œschner de Coninck. —
L'auteur a fait connaître une ptomaïne pyridique, pos-
sédant la composition d'une coUidine (G* H*' Az).
La facile oxydabilité de cette ptomaïne l'a engagé à
essayer l'action de l'eau oxygénée.
Il a employé une eau oxygénée très étendue, qui a été
laissée au contact de la ptomaïne pendant plusieurs se-
maines, dans une fiole conservée à l'abri de la lumière,
afin d'éviter la production de résines qui ont plusieurs
fois faussé les résultats analytiques. La fiole était agitée
de temps à autre, puis replacée dans l'obscurité. Il se
forme peu à peu une masse jaunâtre, solide et dure, qui
est dissoute dans HCl étendu. La liqueur acide est agitée
avec l'éther, qui enlève quelques produits résineux et des
matières colorantes.
Après décantation, la liqueur aqueuse est traitée par
un léger excès de potasse en lessive, et la base est
extraite au moyen du chloroforme. L'évaporation spon-
tanée abandonne celle-ci sous forme d'une masse solide,
légèrement jaunâtre et amorphe. Un second et un troi-
sième traitement permettent d'obtenir un produit blanc,
d'aspect cristallin.
Desséché à l'étuve à 1 10*, il a fourni à l'analyse les nom-
bres suivants : C = 69,78 ; H = 8,24 ; Az = 10,30 {la
théorie pour la formule C" H*> Az O exige : G = 70,0T;
H = 8,03; Az= 10,22).
L'oxyptomaïne ainsi obtenue n'est pas déliquescente;
un peu soluble dans l'eau chaude, à laquelle elle commu-
nique une réaction nettement alcaline, elle est tout à fait
insoluble dans l'eau froide; elle se dissout assez bien à
froid, beaucoup mieux à chaud, dans l'éther absolu et
>y-' vsn
— 312 —
d«ns Talcool absolu ; son principal dissolvant est le chlo-
roforme, qui la prend rapidement, même à basse tempé-
rature.
' Elle se ramollit vers 250* et fond un peu au-dessus, vei-s
260*, en se décomposant brusquement; la masse se char-
bonne, en dégageant l'odeur bien connue des bases pyri-
diques.
- Elle se combine aux principaux acides minéraux et
organiques.
Chauffée à haute température, à l'abri de l'oxygène de
Ifaii*, avec un excès de poudre de zinc, la base est ré-
duite, et il y a régénération de la collidine ayant sei-vi
de point de départ :
C»H*«AzO + Zn = ZnO+ CMP'Az.
Ce corps est donc une oxycoUidine, ou coUidone,
^ . CMP^(OH)Az.
Sur la préparation des vins blancs à Taide des raisins
ronges; par M. V. Martinand. — L'oxygène de l'air déco-
lore le moût obtenu par le pressurage de la plupart des
variétés de raisins rouges, et cela contrairement aux faits
enseignés et publiés : que l'air avive et augmente l'inten-
sité colorante du moût et du vin.
L'auteur déduit de ce fait un procédé nouveau de pré-
paration des vins blancs, qui consiste : 1* à extraire des
raisins la plus grande quantité de moût possible; 2* à
arrêter la fermentation du moût par le refroidissement ;
3f à aérer le moût jusqu'à sa décoloration; 4* à séparer
par décantation ou filtration le moût des parties solides;
5? à faire fermenter le moût.
Ce procédé s'applique à la vinification en blanc de
toutes les variétés de raisins dont le moût est décolorable
par l'air.
Le moût en fermentation, lorsqu'il s'est formé déjà
plusieurs volumes pour 100 d'alcool, ne se décolore pas
par l'aération ; le moût décoloré se recolorc par la fer-
■^■«5t:-
^ 313 -^
mentation, si on ne le sépare pas des pulpes et des pro-
duits oxydés.
BIBLIOGRAPHIE
M. Dehérain vient de publier un volume intitulé : Les
Plantes de grande culture.
Il traite du blé ; de la pomme de terre; des betteraves
fourragères, de distillerie, à sucre (I).
Le remarquable talent d'exposition du savant qui signe
ce livre, sa haute compétence, rendent inutile Téloge de
cet ouvrage. Citons seulement le passage suivant :
« La marche en avant a été continue. Ainsi qu'il a été
dit au début de celte préface, les produits agricoles ré-
coltés actuellement représentent une somme double de
celle qui était obtenue il y a cinquante ans. Malgré ces
progrès incessants, la situation des cultivateurs n'est pas
aussi prospère qu'on pourrait le désirer. Le prix de vente
des denrées agricoles a considérablement décru depuis
dix ans; on a attribué cette baisse à la concurrence
étrangère, et les clameurs des cultivateurs ont entraîné
tout notre système économique dans la voie de la protec-
tion; elle n'a présenté qu'une médiocre eflftcacité. D'année
•en année, la baisse du prix du blé s'est accentuée et l'élé-
vation des droits de douane a eu une influence d'autant
moindre que, grâce aux progrès de la culture, nous re-
cueillons dans les bonnes années de quoi subvenir à notre
consommation. Il ne semble donc pas que ce soit en
essayant de surélever artificiellement les prix de vente,
qu'on trouvera le salut, mais bien en diminuant les frais
de production, en abaissant les prix de revient.
« Pour y réussir, il faut tirer de notre sol toutes les res-
sources qu^il renferme et tout d'abord, il faut savoir le
iravailler. En général, les cultivateurs y sont habiles,
(1) i vol. in-8« de 288 pages, très bien édité par G. Carré et G. Naud,
éditeurs, 3, rue Racine, Paris»
— 314 -
bien qu'ils soient guidés exclusivement par Fempirisme
et que naguère encore on sût à peine quel but on veut
alteindre en ameublissant la terre. Ce but, je crois l'avoir
miKitré récemment, c'est d'assurer au sol un large
approvisionnement d'eau. Une terre bien travaillée
ai>surbe infiniment plus d'eau qu'une terre non ameublie,
et la conserve mieux ; elle se dessècbe moins aux ardeui-s
du soleil, et enfin s'égoutte plus aisément pendant l'hiver.
Or, non seulement les plantes qui croissent sur ces terres,
bi*;ii approvisionnées d'eau, ne souffrent pas de la séche-
resse, mais elles sont, en outre, mieux nourries. Dans
une terre meuble, l'air circule facilement et la combus-
tion de l'humus fournit de l'acide carbonique dissolvant
des phosphates, de la chaux, de la potasse.
a La combustion porte également sur l'ammoniaque pro-
venant de la décomposition des matières azotées de l'hu-
mus et les nitrates apparaissent. Les analyses d'eau de
tbainage, que j'ai exécutées pendant ces dernières années,
m'ont montré qu'une terre en jachère fournit parfois,
dans l'espace d'un an, la valeur de plus de 1.000 kilos.
de nitrate de soude, c'est-à-dire infiniment plus que
n'en exigent les récoltes les plus abondantes. Il est
bien loin d'en être ainsi pour les terres emblavées et,
même en supposant que tout l'azote contenu dans les.
rt'i oltes ait été pris dans le sol sous forme de nitrate, on
trouve que la nitrification a été infiniment moins active
dans les terres ensemencées que dans les terres en
jachère. »
Comptes rendus de rAcadémie des sciences, 21 février 1898. — Sur
leâ dérivés de la einchonine; par M. E, Grimaux (note théorique). — Pro-
duction de substance noucinolde par MM. A.Charrin et A, Desgrex, — Sur
l'amertume des YÎns; par MM. J. Bordas, Joulin et Rackowski : les auteurs.
ont i^lé d'un vin amer un ferment qui, ensemencé dans un vin filtré à la
bougie Chamberland, lui communique en six mois un goût amer très
prononcé.
^ février 1898. — Propriété et cristallisation du sulfure de baryum
anhydre; par M. A. Mourlot. — Action de Toxyde de carbone sur le chlorure.
piJladeux; par M. E, Fink, — Sur l'hydrocinnamide; par M. U, Delépine^
— Action de la fleur du vin sur la sorbite; par H. G. Bertrand,
\
— 315 —
SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE PARIS
Séance du 2 mars 1898.
Présidence de M. Leidié, Vice-président,
La séance est ouverte à deux heures.
Le procès-verbal de la précédente séance est adopté.
La correspondance imprimée comprend : Journal de
pharmacie et de chimie (2 exemplaires) ; — The P/iarma-
ceutical Journal (4 exempL); — Bulletin des travaux de
la Société de pharmacie de Bordeaux; — Bulletin de la
Société de pharmacie de Lyon ; — la Pharmacie française
(2 exempl.) ; — Bulletin de la chambre syndicale des phar-
maciens de la Seine; — Revue des maladies de la nutrition
(2 exempl.) ; — Intermédiaire de VAfas; — Bulletin de la
pharmacie centrale de France (2 exempl.) ; — Bulletin de
pharmacie du Sud-Est.
Présentation : MM. Baucher et Dommergue présentent
leur Traité d^analyse chimique et microbienne.
Candidature : M.George, pharmacien-major de 1'® classe,
présente sa candidature à la place vacante de la Société.
Correspondance manuscrite : lettre de M. Fernand
Ranwez, professeur à TUniversité de Louvain, remer-
ciant la Société de pharmacie de l'avoir élu membre
correspondant.
M. Jungfleisch demande l'adjonction de deux commis-
saires à la 3* sous-commission de revision du Codex.
MM. Moureu et Léger sont élus, et l'adjonction de trois
commissaires à la 13* sous-commission. MM. Grimbert,
Guinochet et Leidié sont élus membres de cette 13* sous-
commission.
M. Planchon fait une commimîcation sur les rhu-
barbes.
M. Ch. Moureu, au cours des expériences qu'il a effec-
tuées en vue de la synthèse de l'estragol
/OCH'(l)
^ " \CH» — CH =
\CH» — CH = CH»(4)'
>^çw-.i
— 316 —
:îi été conduit à faire réagir le chlorure d'allyle sur Tani-
•sol en présence du chlorure d'aluminium. Il ne se forme
pas d'estragol dans cette réaction ; ou plutôt, ce composé
prend bien naissance, mais il fixe immédiatement IICl, et
le produit chloré €• II* <^^j,jjep, formé réagit aussitôt sur
une deuxième molécule d'anisol avec élimination de HCL
-de sorte que le nouveau composé résulte de Taddition
d'une molécule d'anisol à une molécule d'estragol. Ce
<:orps fond à 68*-69* et distille dans le vide à 204«-206«.
C'est un dianisylpropane, dans lequel la chaîne latérale
commune C'H* se trouve située en position para par rap-
port à chacun des deux noyaux aromatiques, ainsi que le
montre l'oxydation, qui ne fournit que de Tacide anisique
/OCH' (1)
C*H*\^Q,„ ;,!. Il en résulte, pour le dianisylpropane,
le schéma suivant :
OCIl» (4) — CMP (1) — C'H« 1 1) _ CMP (4) — OCII»,
qui représente sa constitution chimique.
M. Planchon montre à la Société la graine du Cola cor-
'difolia, que lui a envoyée M. Heckel, et communique, au
nom de ce savant, les renseignements suivants :
Cette graine est intéressante en ce qu'elle reproduit
-en miniature la graine du Cola acuminata. Les pharma-
<*iens pourraient s'y méprendre. Mais il y a un moyen
très simple de la reconnaître, c'est d'en couper un coty-
lédon transverealement au grand axe; aussitôt on voit
apparaître très évidemment, même sur la graine sèche,
•des lacunes mucilagineuses visibles à l'œil nu et qui font
-;iibsolument défaut dans la graine du Cola acuminata. Il
-4?st bon de ne pas confondre ces deux graines, parce
*que je suis convaincu qu'il n'y a dans cette graine de
m'iaba, ni caféine, ni théobromine, ni colanine. C'est ma
<onviction résultant de l'emploi de cette graine. Néan-
moins les indigènes du Soudan la mâchent quand ils
n'ont pas mieux à mettre sous la dent et ils doivent tout
-au plus se remplir la bouche d'un abondant mucilage.
Le m'iaba est recouvert par un arille qui, à l'état frais,
•"^^V
— 317 —,
est sucré et succulent. Les indigènes du Soudan en font
leurs délices.
M. Béhal présente une note de M. Moncour, sur le.
glycérophosphate de quinine et demande l'insertion au
Jowmal de Pharmacie.
M. Leroy fait une communication sur le service mili-
taire pharmaceutique à l'étranger: il démontre, en s'ap-
puyant sur des documents authentiques, que le nombre
des pharmaciens militaires chargés d'assurer le service
est proportionnellement supérieur chez les nations^
étrangères, à celui des pharmaciens militaires fran-
çais, notamment en Allemagne. Il lui paraît impossible
de diminuer le cadre actuel, qui comprend 114 pharma-
ciens, sans compromettre gravement le service militaire
pharmaceutique français.
Cette lecture, saluée des applaudissements de rassem-
blée, sera insérée dans le Journal de pharmacie et de
chimie,
M. Marty adresse ses remerciements à M. Leroy et dit
que les pharmaciens militaires seront très reconnaissants-
à leur ancien camarade, M. Leroy, du travail qu'il vient de
présenter et des recherches qu'il a bien voulu faire en
vue de prouver que dans les armées étrangères, et sur-
tout en Allemagne, le service pharmaceutique, quoiqu'on .
en ai dit, est plus largement assuré, comme personnel,
que dans l'armée française.
M. Quesneville demande que le travail de M. Leroy soit
porté à la connaissance des députés et du ministre de la .
guerre.
M. Lafay donne les conclusions d'un travail de
M. P. Terrât établissant l'existence d'un enzyme hydro-
lytique dans le suc d'artichaut. Ce ferment, que M. Terrât
est parvenu à isoler, possède entre autres propriétés-
caractéristiques celle de décomposer les glycérophos-
phates, avec production de glycérine et d'un phosphate.
M. Julliard dit qu'il a lu dans des journaux profession-
nels que M. Patein a fait une étude sur le calomel, qui
tend à détruire la légende de Mialhe et qu'il serait bon
que cette communication fut reproduite dans plusieurs
-^'-^r«
— 318 —
sociétés, de façon à ce que tout le monde fut averti qull
n'y a aucun danger à faire prendre des aliments salés,
après remploi du calomel.
M. Pateia a fait l'expérience sur deux chiens en leur
faisant prendre 1«' de calomel et en faisant l'analyse de
leurs aliments vomis il n'a trouvé aucune trace de
sublimé.
Cette communication donne lieu à un échange d'obser-
vations entre MM. Yvon, Petit, Crinon, Viron, Thibault
et Leidié.
M. Villiers indique un procédé de recherches et de
dosage du lait fondé sur la constance du pouvoir réfrin-
gent du petit lait, constance que l'on constate toujours
malgré la grande diversité de la composition du lait.
La séance est levée à trois heures et demie.
SOCIÉTÉ DE THERAPEUTIQUE
Séance du 23 féTrier 1898.
M. Duhourceau lit une note sur le traitement du lympha-
tisme. Admettant, avec M. Gallois, que les végétations
adénoïdes sont une des conditions et parfois la cause
occasionnelle du lymphatisme et de la scrofule, il estime
que les eaux minérales chlorurées ou sulfureuses per-
mettent de traiter l'affection naso-pharyngée, de traiter
l'état lymphatique et de prévenir les infections secon-
daires.
La cure par les eaux sulfureuses ne peut être, malheu-
reusement, qu'un traitement de malade riche. Il n'en est
pas de même pour les eaux chlorurées. Le traitement
classique au bord de la mer donne de bons résultats, à
condition d'être prolongé. Une médication sulfureuse en
est quelquefois le complément indispensable.
M. Camescasse fait jouer au staphylocoque un rôle im-
portant dans la pathogénie du lymphatisme. Cette maladie
semble n'être qu'une conséquence d'infections diverses,
staphylococciques particulièrement, de la peau et des
muqueuses des premières voies respiratoires et diges-
■■.Ifj
— 319 —
tives. Si ces infections sont intenses ou répétées, le lym-
phatisme devient la scrofule. Le caractère spécial du
lymphatisme réside dans la dilatation du réseau lympha-
tique du derme, dilatation normale dans la première
enfance, mais qui persiste chez le lymphatique plus long-
t-emps que chez Tindividu normal. L'infection staphylo-
coccique agit en causant un retard dans la régression
normale du tissu lymphatique.
M. Jacqaet donne lecture d'un travail concernant
le traitement du psoriasis et de V eczéma par les scarifica-
tions. Il croit être le premier qui ait employé cette mé-
thode d'une manière systématique dans ces affections.
Ce procédé thérapeutique est particulièrement indiqué
dans les cas où existent des lésions isolées et limitées,
occupant un siège gênant pour les malades (les mains, le
visage ou, chez les femmes, la poitrine et les épaules).
Dans deux cas de psoriasis, jusque-là rebelles à tout
traitement, la guérison totale a été obtenue, sans macula-
ture consécutive, par des scarifications faites après déca-.
page soigné des placards et répétées deux fois par semaine
pendant deux mois. Ces résultats se maintiennent depuis
plus de deux ans pour le plus ancien de ces cas.
Pour l'eczéma, la méthode n'a été appliquée qu'à des
lésions très tenaces et limitées, soumises en vain à des
traitements antérieurs. Les onze cas traités et guéris se
décomposent ainsi : trois cas d'eczéma lichénoïde du dos,
des mains ou des pieds, un cas d'eczéma pré-aùricuiaire,
sept cas d'eczéma de la face dont quatre chez des enfants.
• M. Jacquet procède de la façon suivante : Les surfaces
à'scarifîer sont, avant et après l'opération, recouvertes de
cataplasmes refroidis de fécule de pomme de terre, pré-
parés sans addition d'aucune substance antiseptique. Le
malade se présente couvert du cataplasme qu'on n'enlève
qu'au montent d'intervenir. On scarifie suivant des lignes
parallèles, sans quadrillage ni entre-croisement. On laisse
saigïier les petites plaies ; on lavé à l'eâù bouillie et on
applique à nouveau des cataplasmes pendant trois à quatre
jours, jusqu'à la séance suivante.
Après la séance, la plaie présente un peu de rougeur et
— 320 —
de cuisson : ces phénomènes sont bientôt suivis d'une
détente notable.
Les scarifications sont plus désagréables que doulou-
reuses. Elles sont en général bien supportées, même par
les enfants.
En six à seize séances on obtient la guérison parfaite.
Les eczémas chroniques résistent, cela va sans dire,
beaucoup plus longtemps que les eczémas aigus. On
obtiendrait peut-être des résultats plus rapides en asso-
ciant aux scarifications les enveloppements caoutchoutés.
Ferd. Vigier.
VARIÉTÉS
Corps de Santé militaire. — - Réserve et armée territoriale, — Par
décret du 17 février 1898^ les pharmaciens de première classe dont les noms
snirent ont été nommés :
Pharmaciens aides-majors de deuxième classe de réserre ; MX. Beanfortr
Ëloy, Martin, Gisclard, Grossel, Blonin, Seignenry, Serbourse, Dissaux,
Chappon, Godin, Sanson, Dalle, Baillct, Fleurant, Charbonneau, Dédieu,
Léfour, Défemmes, Ramez, Soulard ;
Pharmaciens aides-mi^ors de deuxième classe de l'armée territoriale :
MM. Roger et Lancelot. .
Ont été nommés :
Officier de l'Instruction publique : nôtre dévoué collaborateur, M. Ferdinand
Vigier, adjoint an maire du \* arrondissement, délégué cantonal.
Officiers d'académie : MM. Andt, pharmacien à Valencieones; Blaneard,
pharmacien à Paris; Grandvaux, pharmacien à Vincennes; Haguier-Tmetle,
pharmacien à Troyes ; Barthelat, pharmacien à Paris, lauréat de l'école sapé-
riçure de pharmacie de Paris; Verwaest, Tïce-président de la comoMsaion
d'hygiène du V* arrondissement de Paris; Voiry, pharmaden à Paris.
Jury dn Concoiirt de Tlntemat. ~ 14 mars courant. — Préeideni .
M. Lutz; Juges : MM. Léger, Gasselin, Cousin, Lachartré. Sonncrat, Fiéret.
RECTlFlCATlOiN.
Au sujet de la note que nous ayons publiée, dans le Journal de Phar-*
macie (n* du 15 février), sur le dosage des glycérophosphates, M. Falièrcs
fait remarquer qu'il n'a jamais empbyé l'hélianthine, mais bien la phtaléine
pour ce môme dosage. Nous noua faisons un devoir de rectifier cette inexac-
titude due à une erreur dans la rédaction de la note. (Adrian et Trillat).
Le Gérant : Q. MA8S0X.
ntraiHBaiB i. rLAioiAiiaN, 10, aui lAttv, pam|. .
321 —
TRAVAUX ORIGINAUX
Sur une nouvelle falsification des vins: les vins blancs fabri-
qués au permanganate de potasse^ par M. L. Hugounenq.
La pratique de la vinification devient de plus en plus
compliquée : elle nécessite pour être comprise, des con-
naissances chimiques de plus en plus étendues. Le fait
suivant pourrait, à cet égard, convaincre les plus scepti-
ques.
J'ai eu, ces temps derniers, à examiner un vin blanc
qui présentait la composition suivante :
Alcool 7«,13
g ... J soc à -f 100» 17,10 par litre.
dans le vide 22,27 —
Cendres 3,59 —
Alcalinité des cendres, i ^^ carbonate de potasse. . 1,16 -
f en crème uc tartre 3,15 —
Sulfate dépotasse 1,14 —
f totale (en S0»H«) 4,25 —
^^**^''* ( volatil (en G«H*0«). ... 1,23 —
Crème de tartre 5,69 —
Matières réductrices (en glucose) 1,47 —
Glycérine 1,07 —
Je ne m'arrêterai pas à relever les anomalies que pré-
sente ce vin au point de vue de la somme acide-alcool,
du rapport de la glycérine à l'alcool, etc., etc.
Un seul point important mérite d'attirer l'attention, il
est relatif aux cendres.
Quand on incinère ce vin à la moufle, on constate que
rincinération se fait très rapidement, mais qu'elle laisse,
au lieu des cendres ordinaires blanches ou grises, un
résidu spongieux rouge brun très foncé, présentant tous
les caractères de l'oxyde manganoso-manganique, et dont
la solution dans les acides permet de reproduire aisément
toutes les réactions du manganèse.
Il ne s'agit pas d'une trace de composé manganique
Journ. de Pkarm. et de Ckim., 6* SÂaiK, t. VII. (!•' avril 1898.) 2 1
f-^-,-:^-
— 322 —
comme on en trouve naturellement dans certains vins ;
mais d'une proportion relativement élevée qui a été dosée
par deux méthodes : le procédé de M. Riche par voie
ôlectrolytique ; le dosage à l'état de sulfure transformé en
carbonate finalement en oxyde salin.
Les deux opérations ont donné, par litre de vin :
MnO ,
I
0«',59
II
Les cendres contenaient en outre une trace de fer.
Il est évident qu'une si forte proportion de manganèse
ne saurait avoir une origine naturelle. Il s'agit en réalité
d'un vin rouge, ou plus probablement d'une piquette déco-
lorée par un mélange de noir animal et de permanganate
de potasse. Sij'en crois certains renseignements, c'est là
un procédé qui serait pratiqué sur une assez vaste échelle
depuis que les vins blancs jouissent de la faveur publique
et qu'ils bénéficient sur le marché d'une majoration de
prix assez sensible.
Beaucoup de producteurs trouvent plus avantageux
d'écouler leur récolte sous forme de vin blanc : de là
ces décolorations artificielles qui, est-il besoin de le dire?
soulèvent des questions multiples que je me propose
d'étudier prochainement avec de plus grands détails.
Pour le moment, je me bornerai à donner un procédé
commode pour la diagnose rapide des vins manganèses.
On peut incinérer le vin ou en détruire les matières
organiques, par l'acide nitrique ; mais il est beaucoup plus
simple d'opérer comme suit :
A 10'* de vin blanc suspect on ajoute 1 ou 2'* de lessive
de soude et l'^*^ d'eau oxygénée commerciale, on agite : la
liqueur prend immédiatement une coloration rouge acajou
très intense.
Dans les mêmes conditions les vins blancs normaux ne
virent pas ; leur teinte reste jaunâtre un peu plus foncée
seulement.
A défaut d'eau oxygénée, on peut se contenter de
soude, en versant dans un verre à pied le vin et un excès
— 323 —
(le solution alcaline, on agite et on abandonne au repos*
Au bout (le quelques minutes, on aperçoit à la surface du
liquide une mince couche brune très foncée, qui, peu à
peu, gagne la profondeur du liquide. Ce changement de
teinte est dû à la suroxydation, au contact de Toxygène
atmosphérique, de l'oxyde manganeux mis en liberté par
Talcali.
Sur la présence constante d'un principe alcaloîdique dans
les vins naturels; par M. G. Guérin.
En 1868, M. J. Oser (1) avait isolé des produits de la
fermentation du sucre, sous l'influence de la levure de
bière, un alcaloïde répondant à la formule C*'II"Az*, et
dont le chlorhydrate séché dans le vide se présentait
sous forme d'une masse feuilletée, blanche, hygrosco-
pique, brunissant à l'air, de saveur brûlante et amère.
L'auteur pensait que le même alcaloïde devait exister
dans le vin, la bière, etc.
J'ignore si la démonstration en a été faite, mais je puis
dire, en ce qui concerne le vin, que cette prévision de
M. J. Oser était fondée. Un de mes confrères du dépar-
tement de l'Aube m'avait prié d'examiner un vin qu'il
supposait, avoir produit les symptômes d'intoxication
qu'il croyait reconnaître chez un de ses clients. Cette
recherche ayant abouti à la découverte d'une très mi-
nime quantité de substance donnant nettement les réac-
tions des alcaloïdes, mais paraissant dépourvue de
toxicité, au moins à faible dose, ce qui ne semblait pas
justifier la suspicion dont ce vin était l'objet, j'ai cru
devoir à cette occasion étendre mes recherches sur un
grand nombre de vins marchands de bon aloi, et dans
tous j'ai pu constater que le même principe alcaloîdique
s'y trouvait contenu.
J'ai fait application pour ce travail de la méthode de
Stas en opérant sur' 1.000^*' de vin pour chaque essai
(I) Bulletin de laSoûUié^ chimique, t. X, p. 295.
— 324 —
(fualitatif, ce qui est suffisant. Le vin additionné d'un
cristal d'acide tartrique était évaporé au bain-marie,
jusqu'à disparition de l'alcool; le liquide refroidi, rendu
-ilcalin par un peu de potasse en excès, était agité avec
fie l'éther pur dans un entonnoir à boule, et celui-ci,
décanté après repos convenable et filtré, abandonnait par
t^vaporation spontanée un résidu qui, repris par quel-
ques gouttes d'eau légèrement acidulée d'acide sulfu-
rique, précipitait les réactifs généraux des alcaloïdes.
Ce résidu se montrait toujours altérable et se résini-
flait facilement au contact de l'air.
Le Gaïacyl ; par M. C. André, pharmacien de 1'* classe,
ancien interne des hôpitaux.
Le mode d'anesthésie locale par le gaïacol, pratiqué
:iu moyen de l'huile gaïacolée en injections sous-cutanées,
il eu, dès les premiers temps de son apparition, ses parti-
ï^ans et ses détracteurs. Parmi les derniers s'est trouvé
.\[, le professeur Reclus dont les arguments, tirés de
Tétude des actions parallèles et simultanées du gaïacol et
de la cocaïne, ont rallié la majorité des suffrages en faveur
liu dernier.
Il m'a paru cependant qu'il était possible de formuler
une critique quant aux conditions mêmes des expériences
(le Reclus. Ces expériences consistaient à pratiquer les
deux anesthésies sur le même sujet, pour la même opéra-
tion : une partie de la surface opératoire était anesthésiée
au gaïacol, l'autre partie à la cocaïne. Or, si l'on élimine,
[)ar ce moyen, toutes les causes qui, chez le malade, sont
s^QSceptibles d'influer sur l'eifet observé, il n'en est pas
Tiioins vrai qu'il reste une différence considérable dérivant
de la nature des dissolvants employés pour l'un et l'autre
;tnesthésique.
L'absorption du médicament est un facteur important
tliias la production de l'anesthésie. Or, pense-t-on que la
rapidité d'absorption soit la même pour l'huile et pour
— 325 —
Teau distillée ? et n'est-il pas permis de dire qu'il y a là
un élément favorable à la cocaïne ?
Deux choses tendent à me confirmerdans cette manière
de voir. Les premiers expérimentateurs qui ont dit avoir
obtenu de bons résultats par le gaïacol, ont précisément
rapporté des opérations pratiquées en courtes surfaces :
extractions de dents, ablations de loupes, ouvertures de
phlegmons, etc.; là, où une rapide absorption et par suite
une extension rapide de l'anesthésie étaient moins indis-
pensables. Mais ce qui me paraît encore plus probant-,
c'est l'effet produit par le gaïacol sur les brûlures. Quand,
sur le derme dénudé (brûlures du 2" degré), on applique
un topique gaïacolé à 1 p. 100, il se produit une anesthé-
sie presque instantanée et complète ; c'est du moins ce
que j'ai observé sur moi-même et c'est ce qui a été observé
après moi par le D' Roux et par d'autres. Or, ici, le fac-
teur « absorption » n'intervient pas, et l'anesthésie suit
immédiatement le contact du médicament avec la région
douloureuse. Voilà un effet qui m'a semblé, dès le prin-
cipe, caractéristique du pouvoir anesthésique du gaïacol
et qui possède encore aujourd'hui pour moi la valeur d'un
critérium.
Si donc nous accordons au dissolvant une influence
appréciable, ce que nous venons de dire appelle une
conclusion : c'est d'amener le gaïacol à un état tel qu'il
soit soluble dans l'eau, tout en conservant une complète
innocuité. L'occasion de réaliser ce desideratum s'est tout
naturellement présentée à moi lorsque, il y a quelque
temps, M. O'FoUowel est venu m'apprendre qu'il dé-
sirait choisir pour sa thèse inaugurale un sujet se
rapportant à l'anesthésie locale. La combinaison que j'ai
préparée, dont le D' O'FoUowel a fait une étude intéres-
sante en l'appelant par abréviation le gaiacyl, est le
sel calcique du dérivé monosulfoné du gaïacol ou
acide gaïacylsulfureux ; la formule du gaïacyl est donc
(CHJO'.SO')' Ca. Voici, en quelques mots, comment
j'exécute sa prépartion.
J'introduis dans un matras 100«' de gaïacol pur, je le
"■TT-r-'-piçs*:'
— 326 —
liquéfie à une douce chaleur, je radditionne peu à peu de
100«' d'acide sulfurique pur et concentré, en évitant une
trop brusque élévation de température, et je laisse la
réaction s'effectuer pendant 48 heures à la température
ordinaire. Après ce temps, le contenu du matras a pris
une teinte rose et une consistance de sirop de glucose
épais. Je dilue le mélange de 6 à 7 fois son poids d'eau
distillée, je le porte à 80** environ au bain-marie, je le
sature de carbonate de chaux par petites additions suc-
cessives, je filtre et j'évapore à siccité. Le résidu repris
4 à 5 fois par son poids d'alcool à 90<* qui sépare une
petite proportion de substances insolubles, évaporé à
nouveau, constitue, après pulvérisation, une poudre de
nuance gris-mauve, très soluble dans l'eau et dans l'al-
cool, insoluble dans l'huile : c'est le gaïacyl.
Comme on le voit, cette préparation est calquée sur
celle de l'acide phénylsulfureux, et on arrive à un com-
posé de constitution identique, ce que Ton peut traduire,
pour l'acide gaïacylsulfureux, par la formule
y on
\so»ii
Il est facile de démontrer qu'il en est ainsi. On peut, en
effet, effectuer sur un mélange de gaïacyl et de potasse
caustique la réaction de la chaleur qui introduit dans la
masse un composé sulfureux d'où l'on peut, après refroi-
dissement, dégager aiî moyen d'un acide, le gaz sulfureux
qui se catactérise par ses réactifs ordinaires. Cette réac-
tion accuse la présence de dérivés sulfonés ; pour montrer
qu'il s'agit du dérivé monosubtitué, on dose; le carbonate
de chaux obtenu en précipitant la solution d'un poids
connu de gaïacyl, soit 1«% par un excès de carbonate de
soude pur (0,80 à U^]; on obtient ainsi un chiffre voisin
du chiffre théorique égal à 0,448.
Pour ses expériences d'anesthésie, le D^ O'FoUowell a
fait usage des solutions à 1/10 et à 1/20 de gaïacyl dans
l'eau distillée, et les deux solutions lui ont donné sensi-
— 327 —
blement les mêmes résultats. Ce n'est pas ici la place, et
il ne m'appartient pas d'entrer dans des développements
sur les observations qu'il a consignées dans son travail (1).
Je lui laisse la parole pour donner lui-même les conclu-
sions de ses expériences en art dentaire et en petite
chirurgie.
Pour les extractions de dents, voici ce qu'il dit :
« Sur trente-deux observations, vingt-deux fois l'anes-
thésie a été suffisante, sept fois elle a été incomplète,
deux fois elle a été nulle, et, dans un cas, nous n'avons pu
nous prononcer.
« Ces résultats, pour satisfaisants qu'ils soient, si l'on
n'examine que les chiffres, deviennent plus encourageants
encore si l'on veut étudier de près les cas où le but
cherché n'a pas été atteint ou ne l'a été qu'incomplètement.
« Si donc nous éliminons, d'une part, le malade qui n'a
pu nous donner aucun renseignement sur les sensations
qu'il avait éprouvées ; si, d'autre part, on veut bien consi-
dérer que dans les cas de succès incomplets, les conditions
propres à amener l'auesthésie n'ont pas été toutes rem-
plies, qu'il est par conséquent naturel que celle-ci n'ait
pas été nettement produite, on obtient cette proportion,
qui doit être considérée comme la vraie, de 24 opérations
suivie 22 fois d'anesthésie. »
En petite chirurgie :
« Sur 11 opérations, 5 fois l'anesthésie a été complète,
5 fois elle a été très suffisante, une fois elle a été nulle,
soit plus de 90 p. 100 de succès. »
Les essais du D' O'Followell tenteront-ils de nouveaux
expérimentateurs et ses résultats seront-ils confirmés ?
C'est là évidemment une question intéressante, car même
en admettant la supériorité anesthésique de la cocaïne, il
n'en reste pas moins que le gaïacyl est tout à fait inoffen-
sif, qu'il joint à cette qualité celle d'être antiseptique, et
que, pour ces deux raisons, il peut recevoir des applica-
tions interdites à la cocaïne.
(1) D' 0' Followel : VAnesthéaie locale par le gaiacol, le carbone de
gaïacol et le gatacyl. Thèse de Paris, 8 juillet 1897.
— 328 —
On peut encore se demander si le gaïacyl a un pouvoir
anesthésique égal à celui du gaïacol. Il serait prématuré
de se prononcer là-dessus. Mais indépendamment de cela,
je crois qu'il y a lieu de faire une remarque intéressante.
Nous retrouvons dans le gaïacyl les deux fonctions chi-
miques du gaïacol : la fonction phénolique et la fonction
éther mixte. On sait que beaucoup de phénols ont des pro-
priétés anesthésiques faibles, il est vrai, mais néanmoins
très réelles ; il en est de même pour les éthers mixtes,
témoin l'éther ordinaire.
Il paraissait donc légitime, a priori, d'espérer que le
gaïacyl serait anesthésique, et c'est sur cette donnée théo-
rique que je me suis appuyé pour conseiller les expé-
riences du D*" O'FoUowell.
Cette première remarque en appelle une seconde. Le
gaïacol est un dérivé bisubstitué du benzène, tandis que le
gaïacyl est un dérivé trisubstitué ; il y a donc entre eux
une différence importante. Or, ne serait-il pas rationnel
de chercher, par une réaction appropriée, à introduire à
la place du groupe SO*H de l'acide gaïacylsulfureux, un
autre groupe plus propre à favoriser les propriétés thé-
rapeutiques des deux autres fonctions ? Je crois, par
exemple, que, par la substitution du groupe AzH' qui
donnerait un dérivé de la classe des aminés, on aurait
de bons résultats à attendre et c'est ce que je me propose
d'étudier.
Semoules et pâtes alimentaires; par M. Balland.
On comprend généralement sous le nom de pâtes
alimentaires le vermicelle, le macaroni, les nouilles et les
petites pâtes pour potages, de formes très variées (lettres,
étoiles, croix, lentilles, etc.), désignées encore sous le
nom de pâtes d'Italie, bien que, depuis longtemps, nous
ne soyons plus tributaires de ce pays. C'est en s'inspi-
rant des remarquables travaux de Millon sur les blés
d'Algérie (1851-1854) que M. Bertrand, de Lyon, à partir
— 329 —
de 1855, a utilisé exclusivement les blés durs d'Afrique
à la fabrication des pâtes alimentaires. L'impulsion
donnée parce grand industriel ne s'est pas ralentie et les
pâtes fabriquées à Lyon et à Marseille, avec des semoules
algériennes, rivalisent aujourd'hui en qualité et l'em-
portent en valeur alimentaire sur les plus belles pâtes
d'Italie...
Les semoules, beaucoup moins affleurées que les fari-
nes, s'obtiennent en traitant les blés suivant un mode de
mouture spécial : elles représentent principalement cette
partie gruauteuse du grain qui est comprise entre les
couches centrales, moins azotées, et les enveloppes exté-
rieures si riches en matières salines, grasses et cellulo-
siques. Aussi, leur composition diffère-t-elle notablement
de celle des farines ordinaires : il y a plus d'azote, mais
moins d'amidon, de graisse, de cellulose et de cendres.
Les pâtes, qui ne sont que de la semoule pétrie avec
de l'eau bouillante, moulée puis desséchée, ont exacte-
ment la composition des semoules employées à leur
fabrication. Elles reprennent de l'eau, à froid et à chaud,
en conservant leur forme ; toutefois, si l'on en fait des
pâtons après les avoir broyées ou pulvérisées, on cons-
Matiëres
Eau azotée
p. 100. p. 100.
Macaroni (1895) 11,60 10,98
Macaroni (1896) li,10 12,10
Macaroni (1897) 12,00 10,89
Nouilles (1897) 11,90 11,58
Vermicelle (1896). . . . 10,90 11,74
Vermicelle (1897). . . . 10,00 12,51
Pâtes d'Italie (1896). . 12,20 12,12
Pfttcs d'IUlie (1897). . . 10,40 12,51
Semoule (1895) 9,20 13,50
Semoule (1896) 9,20 10,42
Semoule (1896) 10,50 12,74
Semoule (1897) 10,50 11,96
Semoule de riz (1898). 10,80 7,34
Tapioca exotique (1897) . 12,80 0,00
Tapioca indigène (1897). 16,00 0,45
grasse
amylacc
p. 100.
p. 100.
0,45
76,05
0.85
74,27
0,65
75,70
0,60
75,21
0,50 .
75,74
0,80
75,51
Ô,.35
74,61
0,80
75,23
0,85
75,45
0,55
78,63
1,00
74,61
0,60
75,79
0,30
80,96
0,20
86,88
0,15
82,95
Cellulose
p. 100.
0,28
0,33
0,26
0,26
0,38
0,28
0,18
0,30
0,50
0,45
0,50
0,50
0,40
0,08
0,00
Gendres
p, 100.
0,64
0,25
0,50
0,45
0,74
0,90
0,54
0,76
0,50
0,75
0,65
0,65
0,20
0,04
0,45
— 330 —
tate que le gluten, plus ou moins coagulé par Teau bouil-
lante, a perdu l'élasticité qu'il avait au début dans les
semoules et qu'il ne se rassemble que très difficilement.
Dans les analyses de semoules et de pâtes françaises
que nous présentons, la qualité des denrées est généra-
lement en rapport avec leur teneur en matières azotées.
Nous y avons ajouté, à titre de comparaison, des analyses
de semoules de riz, de tapioca exotique, et de tapioca fac-
tice fabriqué en France avec de la pomme de terre.
REVUE SPÉCIALE
DES PUBLICATIONS DE MÉDECINE, PHARMACIE ET CHIMIE.
Médecine.
Rapport sur la radiographie et la radioscopie dans les
établissements hospitaliers, fait au nom d'une commission
de l'Académie de médecine composée de MM. Bucquoy,
FouRNiER, Laborde, et Gariel rapporteur. — M. le mi-
nistre de l'intérieur, dans une lettre du 24 janvier 1898,
a demandé à l'Académie de médecine de donner son
avis sur le point de savoir dans quelle mesure, en
l'état actuel de la science, il conviendrait de recomman-
der aux établissements hospitaliers, dans l'intérêt du
traitement des malades pauvres, l'application des nou-
velles découvertes de la radiographie et de la radios-
copie.
Lorsqu'un fait scientifique nouveau est découvert, il
s'écoule souvent un assez long temps avant qu'il puisse
être pratiquement utilisé d'une manière courante ; aussi,
en général, n'est-ce qu'avec une grande circonspection
qu'il convient de recommander l'emploi de méthodes
nouvelles.
Mais la radiographie et la radioscopie, basées sur les
découvertes toutes récentes du professeur Rôntgen, sont
d'une assez grande simplicité pour qu'il n'y ait pas lieu
de penser qu'elles puissent être améliorées, si ce n'est
— 331 —
dans quelques détails. Elles ont d'ailleurs fait leurs
preuves, et considérable déjà est le nombre des cas dans
lesquels ces méthodes d'examen ont apporté aux méde-
cins et aux chirurgiens de précieux éléments de dia-
gnostic; pour s'en convaincre, il suffit de parcourir les
comptes rendus des séances de l'Académie de médecine,
sans parler des cas très nombreux où la radiographie a
été avantageusement utilisée dans les hôpitaux ou dans
la pratique civile.
Aussi, en se basant, d'une part, sur l'état de perfec-
tion déjà avancé auquel sont parvenues la radiographie
et la radioscopie, et, d'autre part sur les résultats avan-
tageux qu'on est en droit d'en attendre d'après ceux
qu'elles ont déjà fournies, l'Académie de médecine est
d'avis qu'il conviendrait de recommander aux établisse-
ments hospitaliers, dans l'intérêt du traitement des ma-
lades pauvres, Tapplication de ces nouvelles méthodes.
Peut-être même serait-il intéressant et utile d'aller
plus loin et de créer un centre où ces méthodes seraient
étudiées pour être développées et perfectionnées au point
de vue spécial des applications médicales. L'Académie
de médecine serait toute désignée pour être le siège
d'un laboratoire particulier ayant cette destination, et
qui pourrait, en outre, être utilisé pour permettre aux
malades pauvres de Paris non hospitalisés de bénéficier
des ressources que fournissent pour le diagnostic la
radiographie et la radioscopie.
Nous proposons donc à l'Académie, comme conclusions
de ce rapport :
1* De répondre à M: le ministi'e de l'intérieur qu'il
conviendrait de recommander aux établissements hospi-
taliers, dans l'intérêt du traitement des malades pauvres,
l'application de la radiographie et de la radioscopie ;
2* D'émettre le vœu qu'un laboratoire spécial de radio-
graphie et de radioscopie soit fondé à l'Académie de
médecine.
— 332 —
Pharmacie.
L'essence de santal citrin et ses falsifications; par M. W.
DuLiÈRE (1). — Voici d'abord les conclusions :
L'essence de santal citrin a une composition spéciale et
• des caractères bien distincts qui permettent de la difFé
rencier facilement des autres essences et des huiles
grasses avec lesquelles on la mélange.
Le dosage du santalol peut se faire aisément et avec
une faible quantité d'essence.
Il permet d'apprécier les moindres falsifications de l'es-
sence de santal vraie.
La détermination du chiffre de saponification de l'es-
sence telle quelle est, doit précéder le dosage du santalol.
On peut reconnaître à l'indice de saponification s'il y a
présence d'huiles grasses et on peut, dans l'affirmative,
doser celles-ci avec beaucoup d'exactitude.
L'indice d'iode et réchauffement sulfurique sont des
constantes qui ont une grande importance lorsqu'il s'agit
de déterminer la nature d'une falsification.
Les réactions de coloration peuvent être aussi d'une
grande utilité dans ce cas.
Il résulte des recherches nom})reuses et des expériences
auxquelles l'auteur s'est livré, que l'on peut résumer,
dans les données suivantes, le critérium de l'essence de
santal citrin vraie.
Densité « + 15* : 0,973 à 0,976.
Solubilité dans Valcool à 70* : 1 pour 5, si ressonce est récente on bien
conservée ; i pour 15 dans le cas contraire.
Indice de saponification : 12,6 au maximum.
Proportion de santalol : 94 p. 100.
Action de l'acide sulfurique concentré : solidification en une masse
sèche et friable.
Échauffement sulfurique (dans les conditions indiquées) : 78* à 8(* G.
Indice d'iode y après trois heures (dans les conditions indiquées) :
157,60 à 159,25.
Coloration nulle ou à peu près sous l'action du réactif de Dra^endorff
(1) Extrait du Bulletin de V Académie royale de Belgique^ 1S97.
— 333 —
(brome et chloroforme), d'une solution chlorhjdrique do chlorure de zinc et
du réactif de Gonrady.
RÉACTIFS COLORANTS
A) Solution chloroformique du brome. — Ce réactif est
indiqué par la pharmacopée hollandaise et par Dra-
gendorff.
M. Dulière fait usage d'une solution contenant 2''* de
brome pour 40" de chloroforme ; il verse goutte à goutte
la solution de brome jusqu'à ce qu'il se produise une
coloration spéciale.
Sous l'action de ce réactif, l'essence de santal citrin se
teinte très légèrement en rose lilas, coloration qui ne
tarde d'ailleurs pas à disparaître.
Une seule essence, celle de bois de cèdre, pourrait
passer inaperçue à cet essai; elle se colore en jaune rosé,
à peine sensible.
Les autres essences, servant à falsifier l'essence de
santal citrin, prennent des colorations spéciales plus ou
moins intenses qui ne permettent aucune confusion. L'es-
sence des Indes occidentales prend une coloration de
fleurs de colchique, qui passe vite au lilas bleuâtre foncé,
puis lentement au bleu verdâtre.
L'essence de copahu vraie, de Para, se colore en gris
verdâtre, passant lentement au vert olive.
Une autre essence de copahu, que tous les essais ont
montrée différente de la précédente (elle ^a cependant
été garantie pure par le fabricant), se colore en lilas
violet, puis en vert bleuâtre, puis en vert outremer.
. L'essence de gurjun prend une coloration violette in-
tense, qui dure très longtemps sons se modifier.
B) Réactif de Hendrix, — Il consiste en une solution de
3 parties d'acide phénique pur dans 1 partie d'alcoel.
On prend 2^ de ce réactif, on ajoute 1 demi-gramme
d'essence ; on mélange et on pèse 1 demi-gramme d'acide
chlorhydrique concentré qu'on ajoute sans agiter ; l'acide
gagne le fond et on observe ce qui se produit à la zone
de contact des deux liquides d'abord, puis dans le liquide
surnageant.
— 334 —
Pour Tessence de santal pur, il se pmduit, à Tintersec-
tion des deux liquides, une coloration jaune qui passe
vite au rouge intense.
Pour l'essence de bois de cèdre, il se produit une colo-
ration brunâtre à Tintersection et il se forme, dans le
liquide surnageant, un trouble nuageux de quelques
millimètres.
L'essence de copahu se comporte tout autrement : le
liquide surnageant se colore entièrement, après quelques
instants, en violet intense.
L'essence de gurjun se comporte comme l'essence de
copahu, mais la coloration produite est d'un rouge jau-
nâtre intense.
L'essence de santal des Indes occidentales donne lieu
également à la coloration immédiate de tout le liquide
surnageant, qui prend une teinte rouge bordeaux très
foncée.
C) Solution chlorhydrique de chlorure de zinc. — M. Du-
lière fait usage d'une solution chlorhydrique à parties
égales d'acide chlorhydrique concentré et de chlorure
de zinc fondu.
Ce réactif vaut les précédents par les indications qu'il
donne et il n'exige que peu d'essence et peu de solution.
M. Dulière compte 2 gouttes d'essence dans un verre de
montre et 4 gouttes de solution zincique ; il mélange avec
une baguette de verre et il observe les phénomènes qui
se produisent.
Les colorations consignées dans son tableau se rappor-
tent à l'action immédiate du réactif et aux modifications
qui surviennent dans l'espace de dix minutes au plus tard.
L'essence de santal se colore en jaune faible, devenant
im peu rosé.
L'essence de santal des Indes occidentales se colore en
jaune citron, passant rapidement au brun, puis au rouge
violacé sale, peu intense.
L'essence de bois de cèdre fournit une réaction assez,
capricieuse : M. Dulière a obtenu plusieurs fois, au début,
une coloration jaune rosé passant lentement au brun.
— 335 —
Plus tard, cette essence lui a donné une teinte verdâtre
qui se modifiait en vert brunâtre; d'autre fois encore,
c'est la teinte rosée qui s'est manifestée ; il lui a semblé
que l'essence se colore en vert si elle a été exposée à l'air,
tandis que c'est la coloration rose qui apparaît si le flacon
est resté bouché.
L'essence de copahu de Para se colore en jaune gomme-
gutte, puis en brun sale.
L'essence de gurjun prend une coloration rouge in-
tense, qui passe vite au rouge violacé, puis au rouge
brun foncé.
Les essences que M. Dulière considère comme des mé-
langes se sont comportées différemment.
D) Réactif de Conrady. — Ce réactif est un mélange de
180" d'acide acétique glacial et de 20*^* d'acide chlorhy-
drique fumant.
Pour l'employer, on ajoute 2 gouttes d'essence à 7" 1/2
du réactif et on agite ; on observe la coloration produite
immédiatement, après dix minutes et après deux heures.
L'essence de santal citrin prend une teinte légèrement
jaune, qui n'est guère appréciable que par réflexion; cette
teinte ne s'accentue pas beaucoup avec le temps.
L'essence des Indes occidentales se colore tout de suite
en rouge violacé très pâle, qui s'accentue un peu après
dix minutes et augmente encore, sans devenir bien intense
cependant, après deux heures.
L'essence de bois de cèdre se colore tout de suite en
rose à peine sensible, qui s'accentue un peu après dix
minutes et devient rouge violacé faible après deux
heures.
L'essence de gurjun se colore immédiatement en rouge
jaunâtre intense, qui se fonce fortement après dix mi-
nutes, à tel point qu'il n'est plus possible de constater un
changement dans la suite.
L'essence de copahu de Para se colore en rose violacé
faible, qui n'est guère plus intense après dix minutes et
qui s'accentue un peu après deux heures.
Quant à l'emploi de ce réactif spécial pour déceler
— 33G —
(l'une façon certaine Tessence de cèdre, M. Dulière dé-
clare n'avoir rien observé de pareil à ce que Tauteur
indique.
Chimie.
Actions chimiques exercées par Teffluve électrique ; par
M. Berthelot (Extrait) (1). — L'auteur vient de faire un
nombre extrêmement considérable de nouvelles expérien
ces sur les actions chimiques de l'effluve électrique, et en
particulier sur la fixation de l'azote parles composés orga-
niques, questions également intéressantes au point de vue
de la Chimie pure et de la Physiologie végétale. Ces
expériences font suite à celles qu'il a publiées à plusieurs
reprises, depuis quarante années, sur les mêmes sujets,
et qui se trouvent résumées dans son Essai de Mécanique
chimique (2), expériences qui l'ont conduit à la décou-
verte de la synthèse totale de l'acétylène, de l'acide
cyanhydrique, de l'acide persulfurique et congénères,
ainsi qu'à celle de la fixation incessante de l'azote libre
de l'air, par l'électricité atmosphérique, sur les principes
immédiats des végétaux dans leur état naturel.
L'auteur s'est proposé d'étudier méthodiquement la
fixation électrique de l'azote, celles de l'hydrogène, de
l'oxyde de carbone et, plus généralement, les transfor-
mations des principes organiques isolés, ainsi que leurs
actions réciproques.
Ses expériences sont complètes, dès à présent, sur plus
de cent vingt systèmes.
Il a étudié les principes typiques des fonctions fon-
damentales : carbures d'hydrogène, alcools et dérivés
éthérés, aldéhydes, acides, amides, alcalis et composés
azoïques; il a envisagé spécialement les corps isomères
et homologues.
Il a opéré, toutes les fois que la chose a été possible,
sur dès systèmes entièrement gazeux, ou susceptibles de
prendre cet état dans le cours de l'expérience ; de façon à
(1) Ac, d. «c, GXXVl, 561, 2 féTr. 1898.
(2) T. n, p. 368-400.
— 337 —
déflnir, d'une manière exacte, les proportions des élé-
ments dans les produits transformés. Il s'est attaché sur-
tout à établir la limite des transformations, dans des
conditions de temps et d'intensité bien définies.
Il place les corps destinés à subir la réaction, dans
Tétat isolé ou mélangés, au sein d'un espace étroit, annu-
laire ou de toute autre forme, de façon à leur faire jouer
le rôle de diélectriques, incessamment traversés par les
décharges d'un appareil à haute tension, tel qu'une
bobine d'induction.
Il a employé, dans la plupart des cas, un appareil de
Ruhmkorff, muni d'une bouteille de Leyde, jouant le
rôle de condensateur extérieur, et d'un interrupteur
Marcel Deprez, produisant plusieurs centaines d'inter-
ruptions par seconde. Les décharges sont alternatives.
L'appareil est alimenté par une batterie de 5 accumula-
teurs, développant une tension de 12 volts en moyenne et
donnant lieu, dans les conditions de ces expériences, à
un débit de 2 ampères environ, débit soutenu pendant
vingt-quatre heures consécutives. La longueur des étin-
celles de la bobine, munie de son condensateur extérieur,
et fonctionnant avec l'interrupteur défini plus haut, était
de 12'"" à 15"*" environ. La durée complète a été de vingt-
quatre heures ; mais, dans chaque expérience et à di-
verses reprises, il a examiné les produits intermédiaires.
Les substances influencées étaient placées, en géné-
ral, dans l'espace annulaire qui sépare deux tubes
concentriques de verre, distants de 1"™ environ, très
usités aujourd'hui. Il a également employé des . piles
de plateaux et capsules minces de verre, cylindiiques et
à fond plat, superposés, lesquels renfermaient des
liquides ou des solides et étaient garnis, à leur face
inférieure, de feuilles métalliques, mises en communica-
tion soit avec les pôles d'une pile de plusieurs centaines
d'éléments Leclanché, soit avec ceux d'une bobine d'in-
duction : de façon à constituer des champs électriques, à
charge fixe et de sens constant dans le cas de la pile, à
Journ, de Pharm. et de Chim., 6« SÉRIE, t. VII. (1" avril 18î)8.) 22
— 338 —
charge incessamment variable et de sens alternatif dans
le cas de la bobine. Les plateaux et capsules sont empilés
au sein de grandes conserves de verre, où Ton peut, à
volonté, faire le vide ; ou bien faire pénétrer à demeure,
ou bien encore faire circuler, soit un gaz, soit un mé-
lange de gaz déterminés.
Les réactions étudiées ont été exercées entre gaz, li-
quides et solides. L'action réciproque des gaz est le cas
type, ainsi qu'il a été dit plus haut. On y ramène le cas
d'un liquide agissant sur un gaz, lorsque ce liquide pos-
sède une tension de vapeur considérable à la tempéra-
ture ordinaire, comme dans le cas de Téther diéthylique
agissant sur l'azote, par exemple. Pour les cas où la ten-
sion est trop faible pour permettre des mesures de
volume rigoureuses de la vapeur, il pèse le liquide dans
une très petite ampoule, contenant, par exemple, 50"*«'
ou 60"»' du composé, et il écrase l'ampoule au sein du
gaz, pris sous un volume connu, dans la région supé-
rieure, entre les deux tubes concentriques de l'appareil à
effluve.
Si le liquide offre une tension de vapeur très faible ou
nulle (les huiles grasses, par exemple), on peut encore
réaliser des essais qualitatifs; mais il est difficile, sinon
presque impossible, d'atteindre la limite des réactions,
à cause de l'imperfection des contacts; les liquides étant
amenés à s'écouler jusqu'au bas des éprouvettes, à la
surface du mercure, là où les actions diélectriques ne
s'exercent plus guère.
A fortiori, en est-il de même pour les systèmes hétéro-
gènes formés par un gaz et un solide, dont la surface
seule subit des réactions.
Quant aux dissolutions aqueuses, alcooliques, ou au-
tres, elles se prêtent mal aux réactions d'effluve : d'une
part, à cause de l'imperfection du. contact entre le corps
dissous et le gaz qui surmonte la dissolution, et, d'autre
part, à cause de l'intervention propre du dissolvant : par
exemple, lorsque l'eau préexiste, ou prend naissance
durant la réaction de l'azote sur un composé organique,
irC'V
— 339 —
cette eau est susceptible de produire, pour son propre
compte, de l'azotite d'ammoniaque.
Les carbures d'hydrogène et les composés peu oxygé-
nés, fournissent d'abord un peu d'acétylène; mais ce gaz
disparaît ensuite, par l'effet de condensations, combinai-
sons et métamorphoses consécutives. Les composés très
hydrogénés, tels que le formène, mis en présence de
l'azote, fournissent au début du gaz ammoniac, qui dispa-
raît plus tard. L'oxyde de carbone, l'acide carbonique,
fournis d'abord par les composés très oxygénés, sont
résorbés ultérieurement. De même, le formène. Par suite
de ces circonstances, il arrive fréquemment qu'un sys-
tème soumis à l'action de l'effluve dégage pendant les
premières heures un volume de gaz considérable; vo-
lume qui diminue ensuite, par l'effet des réactions des
produits formés tout d'abord, soit entre eux, soit avec les
substances primitives.
L'équilibre final est déterminé par la formation de
composés à molécule condensée, solides ou résineux,
mauvais conducteurs de l'électricité et peu susceptibles
de mobilité relative. Quand le composé initial est faible-
ment hydrogéné, tous les gaz peuvent demeurer absor-
bés; tandis que s'il est plus riche en hydrogène, une
portion plus ou moins notable de ce dernier devient
libre. Les choses se passent ici comme dans la réaction
de l'effluve sur les hydrures minéraux : hydrogène sul-
furé, sélénié, phosphore, arsénié, etc., d'après ses an-
ciennes expériences : un hydrure condensé et solide
demeurant fixé à la surface du verre, dans toutes ces
réactions, tandis que l'excès d'hydrogène se dégage.
Lorsque l'effluve agit sur des composés organiques ter-
naires, les effets sont plus complexes. Ainsi, dans le cas
des composés riches en oxygène, il se forme d'abord de
l'oxyde de carbone, de l'acide carbonique et de l'eau,
composés susceptibles d'exercer certaines actions réci-
proques, dont il a fait une étude spéciale.
Quant aux composés azotés, la plupart d'entre eux
absorbent l'azote, en formant des composés plus azotés;
■^j^fSy^^f^mr?^^^^' ■ ■■ ^'^^^^ .^"^^r^FZT'
— 340 —
cependant il en est quelques-uns qui, en raison de leur
richesse en azote ou de leur constitution azoïque, sont
susceptibles de dégager de l'azote.
En général, l'azote fixé sous l'influence prolongée de
l'effluve paraît l'être à l'effet de dérivé ammoniacal, c'est-
à-dire amidé ou aminé, spécialement de polyamine. On
n'a jamais observé de dérivé azoïque ou nitrosé, ou
nitré, ou hydrazinique. Il n'apparaît pas davantage
d'acide cyanhydrique libre, ou de cyanhydrate d'ammo-
niaque ou d'autre base ; ce qui contraste avec la forma-
tion de l'acide cyanhydrique par l'action de l'étincelle.
Tels sont les résultats généraux observés en étudiant
les réactions de l'effluve. Ils se résument en un double
mouvement : l'un de décomposition des principes mis en
expérience tendant à séparer l'hydrogène et les composés
binaires les plus simples; l'autre de condensation ou
polymérisation, avec formation de composés complexes
de l'ordre le plus élevé.
Il est digne de remarque que ce double mouvement se
retrouve également au début des actions pyrogénées;
pourvu que les produits soient soustraits, par un refroi-
dissement brusque, aux décompositions totales qui ré-
sultent de l'action prolongée des hautes températures. A
un point de vue non moins général, peut-être est-il per-
mis de rapprocher les actions de l'effluve des transforma-
tions chimiques accomplies dans le cours de la nutrition
et de l'évolution des êtres vivants; transformations pen-
dant lesquelles les combinaisons venues du dehors, à
titre d'aliments, tendent à se résoudre d'abord en prin-
cipes plus simples, qui se recombinent aussitôt pour
constituer les principes immédiats, nécessaires à l'entre-
tien de la vie.
L'action chimique de l'effluve électrique mérite, à cet
égard, une attention toute particulière; surtout si l'on
tient compte des phénomènes et courants électriques dé-
veloppés incessamment dans les tissus des animaux vi-
vants.
M. Berthelot donne ensuite le détail de ses expériences
- 341 —
sur le formène, Thydrure d'éthylène, Téthylène, l'acéty-
lène, le propylène, le triméthylène, Tallylène, etc. Nous
reproduirons seulement ses essais sur le formène.
Formène pur. — Vingt-quatre heures d'effluve.
Gaz iniUal CH* = 100«»
Gaz final H«=:105'»',a
CH*=: 4'V
Le formène a perdu la moitié de son hydrogène et
même un peu plus, sa décomposition étant presque accom-
plie.
Rapports exacts des éléments condensés : C H**»*, ou
Dans d'anciennes expériences (1877), le formène avait
formé un carbure à odeur d'essence de térébenthine; tan-
dis que le térébenthène avait fixé l'hydrogène dans les
rapports C'° H" -f IF»', en se polymérisant.
Au début, le formène produit un peu d'acétylène, qui
disparaît ensuite en se condensant.
Formène et azote, — Vingt-quatre heures : CH* + Az',
vol. égaux.
Gaz initial : CH*=^ 100'«*
Gaz final : H« = H5,7
CH*= 3,4
Âz absorbé = 25,9
Rapports des éléments condensés :
CMPAz ou C*H(AzH«)\
On peut regarder ce produit comme une tétramine
C'H"Az*, se rattachant au précédent carbure C'IP*; le-
quel dérive du formène, c'est-à-dire des résidus Cil et
CH* de ce dernier.
Ce produit est soluble et bleuit le papier de tournesol
humide. Il a la formule d'une acétylénamine polymé-
risée : on connaît, en effet, quelques dérivés appartenant
à ce type.
En résumé, sous l'influence de l'effluve :
1^ Les carbures acétyléniques, C'H*'*"*, se changent en
polymères condensés, sans perte notable d'hydrogène.
2^ Les carbures éthyléniqnes, C**H**, se polymérisent
T^^T^-
— 342 — ^
aussi, mais en perdant une dose d'hydrogène répondant à
une fraction d'équivalent par molécule de carbure ; c'est-
à-dire qu'il se forme des dérivés (C'H*'')"'— II*, m étant
égal à 4 ou 5 (ou multiple) : ce qui rapproche ces derniers
de la composition centésimale des camphènes. Ils repré-
sentent sans doute des carbures cycliques.
3® Les carbures forméniques, C**!!*"^*, perdent en plus
deux atomes d'hydrogène par molécule; en formant des
dérivés qui semblent identiques avec ceux des carbures
éthyléniques, dont les carbures forméniques représentent
les hydrures.
4° Tous les carbures étudiés fixent de l'azote, en for-
mant des composés alcalins de Tordre des polyamines,
probablement cycliques.
5** Ces polyamines semblent : des tétramines, avec les
carbures éthyléniques et forméniques; des diamines,
avec les carbures acétyléniques.
Elles dérivent de l'association de l'azote et des carbu-
res polymérisés, d'ordinaire avec perte d'hydrogène, sous
l'influence de l'effluve.
Il y a là toute une famille de composés nouveaux, très
riches en azote, remarquables par leur origine, leur for-
mation directe au moyen de l'azote libre et les méca-
nismes électriques de leur synthèse. (A suivre.)
Préparation d'un phosphate ferrique soluble; par
M.W.-A.Purckner(I). — Dans une note présentée à l'As-
sociation américaine pharmaceutique, l'auteur donne le
procédé suivant pour préparer le phosphate de fer soluble :
On mélange 20*=* d'acide sulfurique avec 240" d'eau et on
ajoute 15C«' de sulfate ferreux, on chauffe doucement
jusqu'à dissolution complète. Le sulfate ferreux est oxydé
par 12»'' de chlorate de potasse et on continue à chaufler
pendant une demi-heure. Le mélange est ensuite addi-
tionné de 340«' d'ammoniaque que l'on verse en agitant
continuellement ; au bout d'une demi-heure le précipité
(1) Phartn. Journ., [4], t. VI, p. 67, 1898.
— 343 —
est déposé, le liquide surnageant est décanté et le préci-
pité est lavé à six reprises différentes par de Teau bouil-
lante. Au précipité humide, on ajoute i20«'' d'acide
citrique et 200«' de phosphate de soude non efllorescent,
on chauffe doucement le mélange jusqu'à solution com-
plète et on évapore au bain-marie, à une température ne
dépassant pas 60*^, jusqu'à ce qu'on obtienne 500«' de
produit. On Tétend sur des assiettes plates et on évapore
lentement à siccité. 2" de la solution, évaporée à 500»%
renferment i^' de phosphate de fer soluble.
E. Gérard.
Dosage chimique deToxyde de carbone contenu dans Tair,
môme à l'état de traces; par M. Maurice NicLoux(i).—
L'auteur commence par rappeler le principe du procédé
de M. Gréhant : fixation de l'oxyde de carbone par le sang
d'un mammifère vivant, extraction des gaz d'un volume
déterminé de sang, analyse de ce gaz au grisoumètre. La
proportionnalité entre l'oxyde de carbone fixé par le sang
et l'oxyde de carbone contenu dans le milieu résout le
problème du dosage.
Son procédé repose sur deux faits connus ;
1* L'oxyde de carbone est oxydé par l'acide iodiquc
anhydre à la température de 150* en donnant de l'acide
carbonique, et l'iode est mis en liberté en quantité cor-
respondante ;
2** L'iode peut être facilement dosé : au -J centième de
milligramme près si la quantité d'iode est inférieure à
0"«% 1 ; à j^ de milligramme près, entre O"»', 1 et 0"«', 2
d'iode; à ^J^ de milligramme près si la quantité d'iode est
supérieure à 0'°»', 2 (entre 0"»' et 0"»% 4), cela en em-
ployant le procédé donné par M. Rabourdin :
Mise en liberté de Fiodc de Tiodurc de potassium par racide sulfuriquc
nitrenx; dissolution de Tiode dans un volume connu de chloroforme et
comparaison de la teinte ainsi obtenue avec celle que l'on obtient dans les
mêmes conditions avec une solution titrée d'iodure de potassium.
(1) Ac, d. se, CXXVI, 746, 7 mars 1898.
— 344 —
Appareil, — On prond trois petits tabès en U à tabulures latérales, sem-
blables à ceux qui servent à l'analyse organique. Dans le premier on intro-
duit de la potasse en pastilles, dans le second de la ponce sulfurique, dans
le troisième âS'' à 40^ d*acide iodique anhydre. On a tenu fermées à la lampe les
deux branches de ce dernier pour éviter Tinlroduction de matières orga-
niques. À la suite du tube à acide iodique on place un tube de Will conte-
nant 5*^ de lessive de soude pure d'une densité de 1,3, que l'on additionne de
5^ d'eau distillée. Enfin une aspiration, réglée à raison de 10" par minute
au maximum et produite par un vase de Mariette, pourra faire circuler les
gaz dans le sens du premier tube vers le tube de Will.
Le tube en U contenant l'acide iodique est introduit dans un verre cylin-
drique de Bohême rempli d'huile.
Les gaz à analyser (!"* suffira pour le dosage, si la quantité de CO est
égale ou supérieure à tôtôïï)» contenu dans un petit sac de caoutchouc ou un
aspirateur gradué, circule dans les deux premiers tubes contenant potasse et
ponce sulfurique; dans le premier, il se débarrasse de GO', de H>S de SO*;
H' S et se donneraient la même réaction que l'oxyde de carbone si, étant
contenus dans l'air à analyser, ils n'étaient pas retenus; dans le second, il se
débarrasse de la petite quantité d'eau qu'il pourrait retenir. Le gaz arrive
ensuite au contact de l'acide iodique anhydre maintenu à 150" au moyen
du bain 'd'huile. CO s'oxyde; la vapeur d'iode entraînée par le courant
gazeux est retenue parla solution alcaline du tube de Will. Le gaz ayant en-
tièrement circulé, on en chassera les dernières traces de l'appareil en faisant
une aspiration d'air atmosphérique.
Le dosage s'effectue comme Ta indiqué M. Rabourdin :
La solution alcaline contenant l'iode est rendue acide par l'acide sulfu-
rique; on ajoute quelques centigrammes de nitrite de soude, 5"* do chloro-
forme ou mieux de sulfure de carbone, on agite fortement : l'iode mis en
liberté se dissout dans l'un de ces dissolvants en leur communiquant une
teinte rose que l'on compare à celle obtenue dans les mêmes conditions avec
uoc solution titrée d'iodure de potassium à O"*^,! de Kl par centimètre
cube.
Le calcul de la réaction
5C0 + 210«H=5C0« + H«0+I*
montre que, si Kl est exprimé en milligrammes, le volume do GO en centi-
mètres cubes, à 0* et 760""", est donnée par la formule
Kl
GO = 5-0= et pratiquement
Kl
C0=-^
L'erreur maximum est à peine de 10 p. 100; même
dans ces conditions le procédé est à môme d'avoir quel-
ques applications grâce à sa simplicité et à sa rapidité,
les quantités de gaz à faire circuler étant relativement
petites : 1"* environ ; 2"* à 3*»* au maximum.
— 345 —
Il est nécessaire de faire marcher l'appareil à blanc
plusieurs heures, à cause des traces de matières organi-
cfues qui peuvent avoir été entraînées dans l'acide iodi-
que au moment du montage de l'appareil et qui par leur
oxydation donnent de l'iode libre.
De 2"* à 3"' d'air atmorphérique n'ont pas donné trace
d'iode en les faisant circuler dans l'appareil.
Ni l'hydrogène, ni le méthane dans les mêmes condi-
tions ne donnent de réaction analogue.
Préparation du glucinium par électrolyse; par M. P.
Lebeau (1). — Marignac a étudié au point de vue cristal-
lographique les fluorures doubles que forme le fluorure
de glucinium avec les métaux alcalins, et a obtenu les
composés de la forme GF*, 2MFetGF*MF. Les sels de
sodium notamment, GF, 2NaF et GF, NaF, conviennent
parfaitement; le premier fond vers 350* en donnant par
refroidissement une masse vitreuse transparente ; le se-
cond, qui fond vers le rouge sombre, fournit au contraire
une masse blanche à cassure cristalline. Ce dernier sel,
étant moins résistant, sera choisi de préférence lorsqu'on
ne disposera que d'un courant assez faible.
L'électrolyse se fait très commodément dans un creu-
set de nickel qui sert de pôle négatif, l'électrode positive
étant constituée par une lame ou une baguette de charbon
graphitique qui ne se désagrège pas sous l'influence du
courant.
On commence par fondre le sel au moyen d'un brû-
leur Bunsen, puis l'on fait passer le courant ; on cesse
alors de chauffer. La masse se maintient en fusion, il
faut éviter une trop grande élévation de température et
ne pas dépasser le rouge naissant.
L'auteur avait à sa disposition le courant produit par
une petite dynamo destinée à la charge des accumula-
teurs et donnant normalement 20 ampères sous 80 volts.
Pendant l'expérience le courant était de 6 à 7 ampères
(l) Ac, d. «c, CXXVI, 744, 7 mars 1898.
— 346 -^
sous 35 à 40 volts. Après quarante-cinq minutes de mar-
che environ, en employant un creuset pouvant contenir
une centaine de gramme du sel GF*, Na F, on obtient sur
le creuset de nickel, surtout vers la région médiane, un
dépôt métallique formé par un feutrage cristallin non
adhérent que Ton isole en traitant la masse par l'eau
bouillante. Après des lavages prolongés la désagrégation
devient complète et Ton recueille une poudre formée
uniquement de cristaux assez irréguliers, comme on en
rencontre souvent dans les dépôts électrolytiques, et qui
est du glucinium pur ne renfermant pas de nickel, ni de
fer. Au microscope, il est d'un blanc métallique très
brillant ; il ne contient pas trace de matière amorphe.
Emploi de la coagulation dans les travaux de labora-
toire; par M. G. Fabris (1). — L'agglomération en flocons
de l'argile mise en suspension dans l'eau est un phéno-
mène analogue à la coagulation des colloïdes par les
corps cristallisables.
Le nitrate d'ammoniaque peut être employé avec
succès pour la précipitation du sulfate de baryte, du
phosphomolybdate d'ammoniaque.
Dans les dosages volumétriques par le chlorure d'ar-
gent, le nitrate d'alumine active le dépôt du chlorure.
Le ferricyanure de cobalt, le sulfure de nickel en
liqueur ammoniacale sont complètement précipités et
peuvent être filtrés par l'addition d'un excès de sel ammo-
niac.
Une partie de l'agent de coagulation est entraîné par
le précipité et ne peut plus ensuite être enlevé par des
lavages prolongés à l'eau pure. Mais, en employant une
dissolution d'un autre sel soluble, il y a déplacement
réciproque, de telle sorte que par un lavage final avec
une solution saturée d'un sel ammoniacal, on pourra
enlever un sel iixe et soluble qui aura été primitivement
fixé sur le précipité. C'est là un fait important pour l'ana-
(1) Soc. chem. Ind., t. XVI, p. 872-873; 30, 11, 97.
-^ 347 —
lyse pondérale, qui peut être mise à profit dans les do-
sages par le sulfate de baryte.
Les alcalis, les carbonates, les phosphates et les oxa-
lates alcalins, les sulfures et les polysulfures s'opposent
à la coagulation. Il faut donc éviter d'employer en excèiv
ces réactifs pour obtenir des précipités faciles à recueillir.
Formation des antitoxines; par M. H. -A. Cummins (1). —
M. A. Cummins prétend que la formation des antitoxines
(substances alcaloïdiques ou autres) dans les plantes a pour
but de protéger ces dernières contre Faction des bactéries
nuisibles qui sont renfermées dans le sol. Cette assertion
est confirmée, dit l'auteur, par ce fait que la production
des principes toxiques dans une même espèce végétale
varie avec la nature du sol. C'est ainsi que la ciguë
vireuse^ récoltée dans les environs d'Edimbourg, n'est
pas toxique, tandis que VAgaricus campestris^ provenant
de certaines contrées de l'Italie, renferme des substances
nocives expliquant l'interdiction de la vente de ce cham-
pignon sur les marchés d'Italie.
D'après M. Cummins, les antitoxines seraient le ré-
sultat d'une irritation des cellules causées par les micro-
organismes qui envahissent la plante et qui produisent
la fermentation des sucs; les antitoxines ainsi formées
viendraient ultérieurement annihiler l'action du microbe.
E. Gérard.
Action de Facide nitrique sur le triphénylméthane; pai^
M. E. S. Smith ("2;. — Le procédé de préparation du trin-
trotriphénylméthane par l'action de l'acide nitrique fu-
mant sur la triphénylméthane a été décrit par Fischer(3).
Dans une expérience faite pour préparer ce produit,
l'auteur n'a pas suivi les indications précises données
(1) Pharm. Journ.y [4], t. VI, p. 68, 1898, d'après Proc, Asiatic soc. y
Bengal, 1897, p. 15.
(2) Chemical NewSy t. LXXVI, p. 192, 1897, d'après American Chemical
Joum., t. XIX, p. 702.
(3) Ann, Chem. Liebig, t. CXCIV, p. 254.
• ^^•^i^'.'wî^
— 348 —
par Fischer et il a obtenu une substance qui, après
analyse, répond à la formule du triphénylcarbinol
(C'H')'COH. Voici comment M. Smith a procédé: Il met
dans un flacon une certaine quantité, qui n'a pas été
pesée, de triphénylméthane récemment cristallisée dans
la benzine et renfermant probablement encore un peu de
ce dissolvant, et il ajoute une proportion non déterminée
décide azotique de D = l,34 et un peu d'acide azotique
fumant. Le mélange est abandonné à lui-même pendant
un temps très court, puis on chauffe quelque temps au
hanc de sable. Quand la réaction est achevée, on addi-
tionne le tout d'une grande quantité d'eau, on obtient un
précipite jaune rougeâtre qu'on recueille sur un filtre. Le
jï['é<ipité, fortement exprimé, laisse écouler un peu
d huile rouge possédant l'odeur de la nitro-benzine. On le
purifie par cristallisation, d'al)ord, dans un mélange
d'at'ide acétique cristallisable et de benzène, ensuite dans
1+' benzène et enfin dans ralcool.
Le produit purifié est blanc, il ressemble au triphényl-
carbinol. Son point de fusion est de 161* (non corrigé). Il
ne renferme pas d'azote dans sa molécule.
Analyse :
Calculé pour
triphénylcarbinol. Trouvé.
C 87,80 88,10
H 6,15 6,22
0 6,15 »
L'auteur a essayé de répéter cette expérience, il n'a pu
la reproduire même en variant les conditions d'opéra-
lion, les degrés de l'acide, les temps de chauffée, etc. Dans
un seul cas, il a pu obtenir une très petite quantité d'une
matière rougeâtre qui, après des cristallisations succes-
sives, fondait à 161*.
L'acide nitrique de D= 1,42 n'a aucune action sur le
triphénylméthane tant que la température n'a pas atteint
100' et le produit obtenu, dans ces conditions, est une
t^ubstance visqueuse de couleur saumon et incristalli-
sable.
k
— 349 —
M. Smith n'a pas trouvé décrit un semblable pinDCédé
de préparation du triphénylcarbinol qui s obtient ordinai-
rement par l'oxydation de ce composé à Taide de Tacide
chromique. E. Gérard.
Sur la décomposition partielle du chloroforme dans l'or-
ganisme; par MM. A. Desgrez et m. Nicloux (1). — Lesanji
normal donne, il est vrai (2), à l'analyse une faible propor-
tion d'oxyde de carbone. Comme ce gaz augmente notable-
ment dans le sang des animaux anesthésiés par le chloro-
forme, on ne pourrait pas, même en l'acceptant pour le
sang normal, étendre l'hypothèse de M. de Saint-Martin
jusqu'à expliquer ces augmentations par l'influence de
l'acide acétique sur le sang. Ce serait supposer, en effet,
que cette influence est fonction directe de Paneslhésie.
Les chiffres donnés par M. de Saint-Martin et ceux qui
résultent des nouvelles expériences des auteurs, confir-
ment les conclusions d'abord obtenues, par eux, avec le
grisoumètre, à savoir que le chloroforme se décompose,
dans l'économie, en donnant de l'oxyde de carbone.
Emploi de Tacétone comme dissolvant; par M. E . -T. Il ahn (3) .
— L'emploi de l'acétone, substitué à celui de l'alcool,
comme dissolvant, pour l'extraction des résines de jalap,
de podophylle, de scamonée, a donné à l'auteur un ren-
dement bien supérieur. C'est ainsi que la poudre de jalap
commerciale épuisée par de l'alcool donne seulement
6,5 p. 100 de résine, alors que par l'acétone le rendement
est de 7,5 p. 100. Pour la poudre de podophylle, l'alcool
extrait 4 p. 100 de résine et l'acétone 4,5 p. 100. Pour la
scamonée, par le traitement à l'alcool bouillant, on retire
60 p. 100 de produit et, par l'acétone, 63 p. 100.
Il n'existe aucune différence de composition dans les
produits, provenant d'une même drogue, extraits par les
(1) Ac. d. se. CXXVI, 758, 7 mars 1898.
(2) Journ, de Ph. et Ch.y numéro précédent, 292. M. de Saint-Martin.
(3) Pharm. Journ,, [4], t. VI, p. 67, 1898; d'après Amer. Journ.
pharm., t. XX, p. 2!.
— 350 —
deux dissolvants, ce qui semble bien démontré par le fait
qu'ils sont également solubles dans ralcool et dans
l'acétone. E. Gérabd.
Détermination de la glycérine dans les vins sucrés ; par
M. G. Fabris (1). — Le vin mélangé de chaux ne doit pas
(Ure évaporé trop à sec (seulement jusqu'à consistance
semi-liquide); le résidu insoluble dans l'alcool doit être
bien lavé à l'alcool, 200** suffisent ; la distillation de l'al-
cool doit être effectuée avec précaution ; si la quantité de
glycérine atteint plus de 0,5 p. 100, il faut refaire Topé-
ration sur une plus petite quantité de vin.
Dosage du sucre et de l'acide phénique dans les savons ;
par M. HuRST (2). — Dosage du sucre. — Pour doser le
sucre (savons de toilette), on pèse 5«' de savon, que l'on
dissout dans l'eau, on décompose par un léger excès d'il Cl.
Les acides sont filtrés et lavés avec un peu d'eau chaude,
les eaux de lavage étant ajoutées au filtrat. On fait bouillir
ce dernier 5 à 10 minutes et on titre par la solution cupro-
potassique.
Dosage de V acide phénique, — On dissout 5«' de savon
dans l'eau et on rend alcalin par la soude caustique, puis
on agite avec de l'éther dans un entonnoir à séparation.
On laisse reposer, on fait écouler le liquide aqueux et on
ajoute du chlorure de sodium afin d'éliminer le savon,
on filtre et on lave à l'eau salée. On complète le filtrat et
les eaux de lavage à un litre. On prélève 500'* ; on rend
légèrement acide par SO*H* dilué, et un peu d'eau bromée
est ajoutée, jusqu'à apparition d'une faible coloration
jaune. La quantité ajoutée est notée.
On titre ensuite l'eau bromée de la manière suivante :
5«' de bon savon sont dissous avec 0,5 d'acide phénique,
et cet échantillon est traité comme le premier. La quan-
(1) Ann, del, lab, délie Gabelle Roma; mai 1897,
(2) OU and Colourman*9 j Joum,, 1897, p. 1997; d'après Ann, de
chim. analyt., févr. 1898,
— 351 —
tité d'eau bromée ajoutée correspond donc à 0,5 d'acide
phénique, ce qui permet de calculer ce dernier dans
Féchantillon à analyser.
Fabrication de Fhuile d'acétone, en particulier de la mé-
thyléthylcétone, au moyen des eaux de désuintage des
laines; par MM. A. et P. Buisine (1). — Pour obtenir
l'huile d'acétone au moyen des eaux de désuintage des
laines, on prend les acides gras volatils, isolés de ces
eaux comme nous l'avons indiqué (2) ; on les sature par
la chaux et l'on évapore la solution à siccité. Les sels de
chaux parfaitement secs sont ensuite soumis à la distilla-
tion sèche.
Le matériel à employer pour sécher et distiller les sels de chaux est tout à
fait analogue à celui qui est usité dans la fabrication de r acétone.
On obtient ainsi de 45 à 50 p. 100 du poids des sels de chaux d'un liquide
légèrement coloré, ayant une odeur particulière pénétrante et très persistante,
une saveur acre et brûlante.
Sa densité est 0,838. H est soluble en grande partie dans reau, qui en
dissout 80 p. 100 environ. 11 est soluble en toute proportion dans Tacoool et
réther.
Une première rectification de ce liquide a fourni les résultats suivants :
De 56«» k 75-, il passe 18 p. 100
De 75« à 85» — 59 —
De 85» à 100» — 5 —
De 100» à 150* — 8 —
De 150» à 200» — 5 —
Au-dessus de 200* — 5 —
100
Par des rectifications répétées, on a pu séparer du mélange plus de
60 p. 100 de mélhyléthylcétone. La proportion élevée de la méthjléthylcétono,
contenue dans cette huile d'acétone, tient à ce que le mélange des acides
gras volatils des eaux de désuintage des laines est riche en acide propioniquc.
Cette source d'huile d'acétone, et en particulier de
mythyléthylcétone, est extrêmement abondante et son
exploitation serait très économique. Le rendement en
(1) Ac. d. sc.y CXXVI, 351, 24 janv. 1898.
(2) Joum. de Pharm. et de Ch. [6], VH, 137, 1« févr. 1898.
— 352 —
huile d'acétone est de 15"* environ par mètre cube d'eau
de désuintage à 11» Baume. On pourrait obtenir, par le
traitement de la totalité des eaux de désuintage produites
actuellement dans les villes de Roubaix et de Tourcoing,
environ 10.000^« d'huile d'acétone par jour.
L'huile d'acétone, jusqu'ici sans application, com-
mence maintenant à être utilisée, notamment pour la
dénaturation de l'alcool.
Ce produit était rare et difficile à obtenir. La fabrica-
tion de l'acétone ne donne, en effet, qu'un faible rende-
ment en huile d'acétone, 10 pour 100 de l'acétone brute,
dit-on, et le procédé d'obtention par l'oxydation des
fusels, qui fourniraient de 20 à 25 pour 100 d'huile d'acé-
tone, est extrêmement laborieux. Par suite, l'emploi de
ce produit n'a pas pu se généraliser.
Nos lecteurs ont été, plusieurs fois, mis au courant de
la question de la dénaturation de l'alcool. Us savent que
les fabricants français de produits à base d'alcool payaient
37 fr. 50 de droits de dénaturation et que le prix de
l'alcool est notamment accru par le valeur considérable
du dénaturant qui renferme 15 p. 100 d'alcool méthylique,
ce qui revient à dire que nos nationaux sont dans un
état d'infériorité tel, vis-à-vis des étrangers, qu'il équi-
vaut à une véritable prohibition de la production de beau-
coup de composés organiques, industriels et pharmaceu-
tiques.
L'Administration est entrée dans la voie des conces-
sions, au double point de la taxe de dénaturation que
M. le Ministre des finances a abaissée à 3 francs, et du
prix du dénaturant qui a été diminué parce que, sur la
proposition d'une commission, la proportion d'alcool mé-
thylique a été ramenée à 10 p. 100, laquelle pourra être
réduite encore : ce qui serait à désirer parce qu'elle
accroît notablement la valeur de l'alcool.
11 est d'autant plus nécessaire de diminuer la valeur de
l'alcool que la distillerie française est dans un état de
crise continuel par suite de la superproduction qui en
— 353 —
abaisse la valeur, état qui exige que Ton trouve à Talcool
des débouchés industriels en même temps qu*il est de
notre devoir de lutter contre l'alcoolisme en diminuant
la consommation de bouche des produits alcooliques.
Il y a lieu de penser qu'on est sur une bonne piste, qui
consiste dans l'emploi de l'alcool pour l'éclairage et le
chauffage. En Allemagne on commence à s'en servir
couramment dans des lampes spéciales.
Ce serait un débouché considérable pour toutes les
industries qui arrivent finalement à la production de l'al-
cool, et le tribut que nous payons à l'Amérique pour le
pétrole n'irait plus en croissant et, au contraire, diminue-
rait.
Mais, dans le cas où ce problème serait résolu indus-
triellement, il ne deviendrait applicable que si l'on pou-
vait se procurer cet alcool à peu près exempt de droits;
or, la lutte contre l'alcoolisme et l'intérêt du Trésor exi-
gent qu'il ne soit pas détourné pour la boisson et d'autres
usages. Il y a là une très grosse difficulté à l'étude de
laquelle il n'est que temps de se mettre.
Parmi les dénaturants, il en est un qui parait réunir
toutes les conditions désirables, c'est la méthyléthyl-
cétone que M. le I)'" Lang, chimiste en chef de la régie
fédérale des alcools à Berne, fait entrer comme le prin-
cipal élément du dénaturant suisse. Il présente sensible-
ment le point d'ébuUition de l'alcool, ce qui ne permet
pas de l'en séparer par la distillation. Son odeur n'est
pas assez désagréable pour empêcher d'employer l'alcool,
ainsi dénaturé, de servir aux usages domestiques, mais sa
saveur tenace communique à l'alcool dilué un goût insup-
portable.
Si — ce qui parait vraisemblable — le procédé Buisine
fournit un procédé pratique et économique de fabriquer
la méthyléthylcétone, la question de la dénaturation de
l'alcool à bon marché et avec sécurité n'est pas éloignée
d'une solution avantageuse. A. R.
Joum. de Pharm. et de Ckim., 6» SÉRIE, t. VU. (!•' avril 1898.) 23
354 ^
BIBLIOGRAPHIE
Docteur E. Barral, professeur agrégé à la Faculté de
médecine et de pharmacie de Lyon. — Résumé et tableaux
d'analyse qualitative minérale (1).
Des poudres alimentaires et de V alimentation des enfants
du premier âge; par M. Cyrille Vallée, préparateur de
chimie organique à la Faculté de médecine de Lille [2).
Notre confrère, M. Bocquillon-Limousin vient de pu-
blier deux brochures intéressantes (3).
La première intitulée : Eaux minérales et climatologie,
comprend l'étude des eaux minérales de nos colonies —
Algérie, Réunion, Martinique, Guadeloupe, Nouvelle-
Calédonie — avec la composition chimique de ces eaux,
dont un certain nombre ont été analysées par M. Boc-
quillon.
La deuxième est une histoire détaillée des recherches,
publiées jusqu'à ce jour, sur le Condurango de VÉqua-
leur : examen botanique, analomique, physiologique;
étude chimique, action thérapeutique; diverses formes
pharmaceutiques sous lesquelles on l'emploie.
Comptes rendus de rAcadémie des sciences, 7 mars 1898. —
A, Ditte : Actioa du sulfate de chaux sur le chlorure, le bromure, riodure
de potassium, le chlorure de sodium. — P. Janet : Température des lampes
à incandescence. — Ch. Ed, Guillaume : Aciers au nickel. — E. Dumont :
Propriétés magnétiques de ces aciers. — Gin et Leleux : Dissociation des
carbures de barium et de manganèse. — E. Biaise : Préparation et éthérifi-
(1) G. Carré et G. Maud, éditeurs, rue Racine, 3, 1898.
(2) Thèse de pharmacie de la Faculté de Lille. Le Bigot frères, rue
Nicolais Leblanc, Lille.
(3) Imprimerie Regnault, Paris.
— 355 —
cation de Tacide dimétbylsaccinique dissymétrique, — G, Bouchardat et
7. Lafont : Isobornéols de synthèse, leur identité avec les alcools fénoîliques.
— CA. Lepierre : Mncine produite par un bacille fluorescent pathogène. «-*
G, Bertrand : Action de la bactérie du sorbose sur les alcools pluri-
valents.
14 marB, — A, CoUon : Sur les causes du déplacement réciproque des
deux acides. — Ch. Zeiiel : Nouveau siliciure de chrome, SiCr^. —
G. Urbain : Fractionnement des terres yltriqucs. — CEschner de Coninck :
Sur deux modes de décomposition de quelques éthers sulfocyaniqucs. —
F. Bodroux : Éthers oxydes du B-naphtol. — J, Hausser : Stérilisation des
liquides par filtration à travers la terre d'infusoires, calcinée au dessous de
son point de fusion. — G. Bertrand : Produit d'oxydation de la glycérine
par la bactérie du sorbose; cette bactérie agit sur la glycérine comme sur la
sorbite et la mannite : elle lui enlève deux atomes d'hydrogène et la trans-
forme en un véritable sucre cétonique en C, la dioxycétone.
Âpotheker-Zeitang, XII» septembre à décembre 1897. — Van Ledden
Hulsebosch : Examen microscopique des excréments. — C. Schaerges :
Étude du chloroforme anesthésiquo. — C. Hartwich : Gomme à'Angra pe-
quena. — J. Gadamer : Sur l'emploi de l'oxyde de zinc dans la préparation
de Tacide lactique. — D' StôA/i: Recherche sur la sursaturation. — F.
Miehle : Sur la préparation de sirops stériles. — L, Spiegel : Sur l'yohim-
bine. — F. Miehle : Essai du sulfate de cocaïne. — A, Roder feld : Prépa-
ration des suppositoires et bougies. — H, Kunz-Krause : Sur la chimie des
tannins. — K. Dielerich : Contribution k l'essai rationnel des baumes, ré-
sines et gommes-résines. —P. Madsen : Dosage de la digi toxine dans les feuilles
de digitale de Norvège. — G. Cohn : Emploi de l'hexaméthylènetétramine. —
M. Bottier : Action des alcalis sur les copals africains.
Pharmaceutische Zeitschrift fur Russland, XXXVI, septembre à décem-
bre 1897. — M. Frischmuth : Sur l'extrait de son de blé. — E. Lemport :
Sur la peptone des amandes douces. — Ad, Javorovsky : Sur la question
de l'emploi du phénol comme réactif du cuivre. — A . Lidow : Sur la pro-
portion d'azote contenu dans la lanoline. — M. Frischmuth : Recherches sur
la gomme de la gomme ammoniaque. — Ad. Jawrovsky : Falsification de la
rhubarbe avec du curcuma ; sur une nouvelle réaction de la sanlonine. —
"N, Orloff : Présence de la bétaïnc dans la racine de guimauve. — Ad»
Javorovsky : Recherche du cobalt en présence du nickel. — M. Bialobro^
zeski : Malatc de fer. — N, Orlof : Sur un principe azoté des bourgeons do
pin.
356 —
SOCIETE DE PHARMACIE DE PARIS
V enseignement de la pharmacie au Jardin
des Apothicaires,
I
Aux temps de la Corporation et du Collège. — Enseignement dans
l'officine. — Chaires élablies à l'École gratuite. — Professeurs : Trasson,
Morelot, Nacbet.
Pendant que renseignement de la botanique et de
l'histoire naturelle pharmaceutique trouvait des maté-
riaux d'étude dans les plantes du Jardin des Apothicaires
et les drogues du cabinet de matière médicale, pendant
que celui de la chimie tâchait, à travers bien des obsta-
cles et des fortunes diverses, de s'établir dans l'amphi-
théâtre de la rue de l'Arbalète, les officines des apothi-
caires offraient aux élèves toutes les ressources de l'art
pharmaceutique.
Les patrons initiaient leurs apprentis aux connais-
sances nécessaires à l'exercice de la profession : ils le
faisaient avec une conscience scrupuleuse, dont les tra-
ditions tendent malheureusement à se perdre, et cette
sérieuse éducation technique, où la théorie se liait inti-
mement à la pratique, rendait à peu près inutile, il faut
bien l'avouer, un enseignement public de la pharmacie
proprement dite. Aussi ne trouvons-nous, dans l'histoire
de la corporation, aucune trace, aucune tentative mémo
d'un cours de pharmacie. L'enseignement officiel n'exis-
tait qu'à la Faculté de médecine : il y était fait, au point
de vue théorique, par le professeur en titre de la Faculté,
appuyé par les démonstrations des apothicaires qu'y dé-
léguait la corporation; mais il était destiné aux candi-
dats en médecine, et non aux aspirants à la maîtrise
pharmaceutique. Pour ces derniers, tout se passait dans
le laboratoire du pharmacien.
— 357 —
Des ouvrages remarquables pour l'époque servaient de
direction aux maîtres apothicaires dans leur mission
éducatrice. Des pharmcopées très importantes, signées de
noms célèbres, se succédaient assez régulièrement, reflé-
tant fidèlement les progrès successifs de la pharmacie,
depuis les anciens antidotaires de Nicolas et de Mésué
jusqu'aux traités de pharmacie du commencement de ce
siècle (1).
Cet état de choses dura fort longtemps, même après la
fondation du Collège et rétablissement de démonstrateurs
officiels. La botanique, l'histoire naturelle, la chimie,
eurent des cours publics et réguliers confiés à des maî-
tres spéciaux : l'enseignement de la pharmacie ne fran-
chit pas encore le seuil de l'officine ; il y resta enfermé,
sous la direction du patron.
Ces vieux errements continuèrent jusqu'en 1796, jus-
qu'à la fondation de la Société libre des pharmaciens de la
Seine et de son École gratuite. Alors, pour la première
fois, à côté des professeurs titulaires et adjoints des
autres sciences, furent désignés des professeurs de phar-
macie : Trusson et Morelot, titulaires, avec Nachet pour
adjoint (2).
(1) Aa XVII" siècle, le Dispenêarium do Lesploigney ; YEnchirid ou Ma-
nipol des Micropolea de Michel Dusseau ; la Paraphrase sur la Pharma-
copée de Bauderon, en usage pendant tout le WII* siècle; au WII* siècle, la
Pharmacopée raisonnée do Sch rôder; la Ph, Royale de Charas; la Phar-
macopée universelle de Lemery, restée en usage pendant tout le XYUI* siè-
cle; au XVIU* siècle» la Pharmacie de Baume, et tout k fait h la fin, le
Manuel du pharmacien de Demachy.
(2) Ce jourd'hui 25 vendémiaire an V de la République (16 octobre
1796), rassemblée générale convoquée par lettre en la manière ordinaire en
exécution du règlement pour la nomination des professeurs. La séance s'est
ouverte par le Directeur, qui a dit qu'il était question, en vertu de l'ar-
ticle 19 du règlement, de procéder à la nomination des professeurs ; aussitôt,
le scrutin ayant été ouvert, on a procédé k la nomination de deux professeurs
pour la chimie par bulletin de deux noms; les suffrages se sont réunis en
faveur des citoyens Vauquelin et Bouillon-Lagrange, qui à Tinstant ont été
proclamés par le Directeur, professeurs de chymie de l'École gratuite de phar-
macie; de suite on a passé à un second scrutin pour la nominalion d'un pro-
fesseur adjoint; le résultat du scrutin a été en faveur du citoyen Bouriat
•p^
— 358 —
Trusson (I) était, à cette époque, un des maîtres
apothicaires en renom. La Société libre l'avait nommé
son directeur : elle se rappelait que, dans des circons-
tances difficiles, il avait défendu, à la barre de la Con-
vention, l'existence du jardin et des bâtiments du Collège.
Il avait publié divers travaux, et, chose importante à
cette époque ('en 1793), obtenu du salpêtre en décomposant,
au moyen des cendres de bois, le nitrate de chaux retiré
par le lessivage des gravois et des terres salpétrées.
Ses biographes vantent l'étendue de ses connaissances,
la sûreté de son jugement, la facilité de son élocu-
tion (2).
Il fit à plusieurs reprises la démonstration publique
de la préparation de la thériaque et aussi de l'eau de
mélisse des Carmes. Mais nous ne savons pas grand'chose
sur son enseignement. Il est probable qu'il s'occupa prin-
cipalement d'administration pendant que Morelot et
surtout Nachet (3) se chargeaient des le^'ons aux
élèves.
En qualité de directeur, Trusson présida la séance
publique, pour l'ouverture des cours, le 28 ventôse
an V (18 mars 1797). Il y annonija l'ouverture de quatre
cours publics et gratuits, dont le premier de pharmacie.
qui» de môme, a été proclamé par le Directeur. La nomination des professeurs
de pharmacie a suivi et le mode désigné cy-contre a été suivi; le scrutin a
été en faveur des citoyens Trusson et Morelot, qui, de suite, ont été pro-
clamés professeurs de pharmacie. On a passé ensuite à la nomination d*un
professeur adjoint et le citoyen Nachet ayant été admis par scrutin, le Direc-
teur la proclamé. {Délibér. du Collège de pharmacie^ N» 44 des ArchiveSy
p. 176.)
(1) Trusson (Jean-Nicolas), né k Euville, près Commercy en 1715, maître
Il 1781, prévôt du Collège en 1793, directeur de la Société libre en 1796,
professeur do pharmacie à la même époque, directeur adjoint de l'École
spéciale en 1803, mort en 1811. — Portrait à r Écolo.
(2) Voir en particulier, Cap. in Journ, de Ph. et de Ch, [3], IV, p. 56,
1843.
(S) Nachet (Louis-Isidore), né à Laon en 1757, matirc en 1787, prévôt du
Collège en 1799 et 1800, professeur de la Société libre en 1796, de rÊcole
spéciale en 1804, mort en 1832. — Portrait à l'École.
— 359 —
et voici les termes dans lesquels il en donna le pro-
gramme :
a Le cours de pharmacie commencera dans les premiers
jours de germinal. Le développement des principes et la
description des vaisseaux et ustensiles nécessaires à une
pharmacie, feront l'objet des premières séances. On expo-
sera les substances qui devront entrer dans les composi-
tions pharmaceutiques, après l'histoire naturelle de
chacune d'elles. On indiquera le choix qu'on doit en
faire pour servir aux usages de la pharmacie. On exé-
cutera sous les yeux des élèves les diverses préparations
et compositions employées à l'usage des malades. On
enseignera les procédés qu'on doit suivre pour la con-
servation des médicaments, en indiquant, à l'égard de
ceux qui ne se conservent pas longtemps, l'époque à
laquelle on doit les renouveler. On expliquera enfin par
des exemples les principes qui établissent l'ordre qu'il
faut observer dans les formules ou prescriptions, en
ayant soin de faire remarquer les inconvénients qui pour*
raient résulter du mélange de diverses substances, dont
la combinaison fournirait de nouveaux composés tout
différents de celui qu'on se propose d'obtenir. »
Dans la même séance, Nachet lut un discours sur le
mode du cours de pharmacie proprement dite, sur la
nécessité d'eu démontrer exactement tous les procédés
opératoires aux élèves et sur les avantages que ceux-ci
doivent retirer d'un pareil cours, qui ne leur a encore
été présenté sous celte forme dans aucun établisse-
ment (1).
A côté du cours théorique, l'École avait conçu le
louable mais difficile dessein de créer un laboratoire,
dans lequel les préparations seraient exécutées en grand
par les professeurs, conjointement avec les membres de
la société, et cela dans le but « de compléter l'instruc-
(1) Voir la séance en question dans le Registre des délibérations du
Collège^ p. 180, verso, et dans le Joum. de la Société des Pharmaciens
de Paris, n* i, pages 1 et 3.
— 360 —
tion des élèves et porter au plus haut degré de perfection
les cours de l'École. » Les produits devaient être vendus
pour Tusage de la médecine. « Ainsi, les médecins, ceux
surtout des petites communes de la République, devaient
être assurés d'obtenir l'avantage, inappréciable pour les
malades, de n'employer que des médicaments sûrs et
uniformes, surtout à l'égard de ceux qui jouissent, à la
plus petite dose, d'une grande activité sur nos or-
ganes » (1).
Cette conception, trop grandiose, ne put point aboutir,
et les élèves durent recourir, comme par le passé, pour
leur éducation théorique, à l'ofRcine de leurs patrons. Ils
durent également y retourner pour leurs études spéciales
de pharmacie. Le cours qu'avait établi la Société ne fut
pas de longue durée : les temps étaient fort durs ; il fal-
lait faire des économies; le 9 germinal an VI (29 mars
1798), le directeur proposa de ne faire qu'un cours de
chimie pharmaceutique au lieu d'un cours particulier de
pharmacie (2), et l'assemblée générale adopta cette réso-
lution. Ce ne fut, en réalité, qu'à partir de l'an XII que
les leçons de pharmacie se firent régulièrement à la rue
de l'Arbalète.
II
Aux temps de l'Ecole.-^ Chaires établies à récolc. — A.-L Brongniart, —
Nachct et Bouriat. — Lecanu et Chevalier — Séparation de la pharmacie
chimique et de la pharmacie galénique. — Baudrimont. — Bourgoin.
Par arrêté du premier consul, du 15 vendémiaire an XII
(8 octobre 1803j, qui organisa l'enseignement à l'École
(1) Voir note I, p. 359.
(2) Ce jourd'huy 24 ventôse an VI de la République (U mars I7S8),...
le Directeur a proposé et soumis k la délibération d'engager les profes-
seurs de présenter un plan d'organisation des cours tant sur les moyens de
les faire avec plus d'économie et d'en abréger le temps qui, s'étant prolongé
l'année dernière l'espace de cinq mois sont trop honneureux pour les élèves
et le Collège, qu'il était urgent que les professeurs voulussent entrer dans ces
considérations.
11 a été arrêté que les professeurs se concerteraient pour donner un tru-
— 361 —
spéciale de pharmacie de Paris, Brongniart était nommé
professeur titulaire de pharmacie, avec Bouriat pour
adjoint.
Brongniart (Antoine-Louis) était l'ancien professeur de
chimie du Collège qui, en 1780, avait abandonné rensei-
gnement de la rue de l'Arbalète pour passer au Jardin
des Plantes. Il revint à l'École pour bien peu de temps;
il mourut, en effet, quelques mois après sa nomination.
Le 10 ventôse an XII (29 février 1804), pour le rempla-
cer, l'Ecole présenta Nachet, à l'unanimité des voix. Ce
n'était pas un étranger pour les professeurs : il avait été
adjoint à l'Ecole gratuite : il se retrouva comme aupara-
vant, à côté de Bouriat, et pendant vingt-neuf ans, ils
représentèrent à eux deux l'enseignement pharmaceu-
tique.
Le rôle actif appartint, pendant cette longue période,
à Nachet, que son titre désignait d'ailleurs à la première
place.
D'après toutes les traditions qui nous sont parvenues,
Nachet était un pharmacien de grande valeur. Venu de
Laon à Paris, il avait été l'élève de Tassart, et lui avait
succédé dans son officine, qu'il avait abandonnée pour se
donner à la préparation des produits chimiques. Il a peu
écrit — un certain nombre de bons articles dans le Grand
Dictionnaire des sciences médicales, le résultat de quel-
vail qui corresponde à rcconomie du Collège et à la facilité des élèves sans
rien négliger de l'inslniction.
Ce jourd*huy 5 germinal an VI (25 mars 1798), le Comité assemblé le
citoyen Norelot a fait un rapport au nom des professeurs sur l'orUrc k suivre
dans les cours pour la présents année.
Après une légère, discussion, il a été arrêté de proposer à rassemblée
du 9 prochain, de réunir la chimie et la pharmacie, de donner à ce cours
le litre de Chimie pharmaceutique et qu'on joindra à celluy d'histoire natu-
relle le mot matière médicale
Ce jourd'huy 9 germinal an VI (29 mars 1798), le Directeur a ensuite
proposé de ne faire qu'un cours de chimie pharmaceutique au lieu d'un cours
particulier de pharmacie. L'assemblée adhère à ce changement,... ainsv qu'à
la DOUTelle dénomination de celuy d'histoire naturelle médicale et pharma-
ceutique (Livre des Délibérât, du Collège, N» 4i des Archives, p. 311).
■V7:>-
— 362 —
ques analyses de produits médicamenteux, — maïs il
exerçait une grande et heureuse influence sur les nom-
breux élèves qui suivaient ses leçons; la plupart des
pharmaciens des trente premières années du siècle ont
été formés par lui. Son excellente physionomie,* pleine
de bonté et de modestie, telle qu'elle nous apparaît sur
son portrait de notre salle des Actes, répond bien au
fond de son caractère et explique la sympathie qu'avaient
pour lui ses élèves et ses collègues (1).
Nous n'avons pas le programme du cours de Nachet.
et il n'a publié aucun ouvrage qui résume son enseigne-
ment, mais nous pouvons nous en faire une idée par la
nature des questions posées chaque année aux élèves
concourant pour les prix de pharmacie. Elles roulenl
généralement sur la définition des diverses formes phar-
maceutiques, — électuaires, sirops, conserves, pastilles,
emplâtres, etc., etc., — sur la préparation détaillée de
certains médicaments officinaux, — sirop antiscorbu-
tique , électuaire catholicon double , emplâtre dia-
palme, etc. — C'est surtout de la pharmacie galénique.
Cependant, Nachet faisait aussi de la pharmacie chi-
mique; il paraît même avoir cédé parfois à l'entraîne-
ment, contre lequel ont quelque peine à se défendre bien
des professeurs de pharmacie : celui d'étendre leur en-
seignement au-delà de ses limites naturelles et d'empié-
ter plus ou moins sur le programme de leurs collègiies,
et surtout des professeurs de chimie. Cela résulte bien
évidemment du passage suivant des délibérations do
l'École : a M. Nachet présente le programme de son cours
et de suite, après lecture faite, la discussion s'établit
sur l'ensemble de son enseignement : il résulte de cette
discussion que le cours de pharmacie de M. Nachet ne
paraît pas assez spécial ; que le professeur y traite un
grand nombre de points dont la connaissance est, il est
vrai, indispensable pour la pharmacie, mais que ces
(1) Voir notice nécrologique sur M. Nachet in Joum. de Pharm, et de$
Sciences acceasoirey t. XVill, p. 588, année 1832.
^ 363 —
points rentrent dans renseignement du professeur de
chimie, d'histoire naturelle et de botanique, que, pour
éviter des redites, il est surtout nécessaire que les pro-
fesseur de chimie et de pharmacie s'entendent entre
eux, qu'il faut, dans une école de pharmacie, un cours
spécial de pharmacie très étendu et riche de faits
pharmaceutiques et appuyé de nombreux exemples do
manipulations. M. Nachet, s'empressant de se rendre aux
observations qui lui sont faites, s'engage à présenter..
dans huit jours, un programme de leçons conçu dans cet
esprit » (Ij. On voit avec quelle bonne grâce Nachet
accepte les observations de ses collègues, tous plus jeunes
que lui.
Il n'est pas douteux que presque tout le poids de l'en-
seignement ne retombât sur Nachet. Son adjoint Bou-
riat (2) ne jouait qu'un rôle fort secondaire. C'était
cependant un homme de valeur. Après de bonnes études
faites à Poitiers, il était venu à Paris et s'était fait le
disciple et l'ami de Vauquelin. Il avait participé avec les
hommes les plus distingués de cette époque : Parmen-
lier, Chaptal, de Candolle, BerthoUet, etc., à la fondation
de la Société d'encouragement, qui fut si importante pour
le pays au moment du blocus continental, et il avail
publié de nombreux rapports dans ses bulletins. Il était
membre de l'Académie de médecine depuis sa création.
Mais à la rue de l'Arbalète, nous ne trouvons pas trace
de son activité. Ce n'est qu'en 1831 (3) qu'il demande à
faire une partie du cours de pharmacie. L'assemblée
nomme une commission pour répondre h cet objet. Puis,
quand la commission a déterminé la part qui peut lui
revenir, il hésite à s'en charger, et c'est finalemen Na-
chet qui prend sur lui cette besogne (4). On soupçonne,
(1) Livre des Délibérât, de VÊcole. — Séance du 7 janvier 1831.
(2) Bouriai (Denis-Placide), né à Poitiers, en 1764, pharmacien en
1795, professeur à l'École libre en . 1796, k TJÊcole spéciale en 1803, relire
en 1832, mort en 1853. — Buste à l'Académie de médecine.
(3) Livre des Délibér. de VÉcole. — Séance du 29 janvier 1831,
(4) Ibid. Séances du 10 mars et du 28 mai 1831.
— 364 —
dans toute cette période, comme un mécontentement
latent, qui finit par la demande faite à FÉcole par Bou-
riat, en 1832, d'être remplacé dans son titre et ses fonc-
tions. L'École, tout en témoignant tous ses regrets de
perdre un si ancien et si bon collègue, se rend aux rai-
sons qu'il allègue et accepte sa démission (1). Elle décide
en même temps que sept jours, après elle procédera à
la présentation d'un candidat à la chaire vacante.
En effet, le 24 mars 1832 (2), M. O. Henry est proposé au
ministre du commerce, et le 21 juillet suivant, le direc-
teur donne lecture à l'assemblée d'une lettre ministé-
rielle qui nomme Lecanu (3) à la place du professeur
adjoint de pharmacie. L'adjoint devait devenir bien vite
titulaire. Nachet mourait en effet quelques mois après et
Lecanu, présenté à l'unanimité par l'École en octobre 1832,
était nommé à sa place, laissant son titre à Eugène Sou-
beiran (4). (A suivre).
SOCIETE DE THERAPEUTIQUE
Séance du 9 mars 1898. — M. Gallois lit, en son nom et
au nom de M. Bonnel, une note sur VEmploi de Veau oxy-
génée comme moyen de traitement des vomissements incoer-
cibles de la grossesse et de la tuberculose. Prescrite depuis
trois ans dans ces cas particuliers [car elle ne réussit pas
lorsqu'il existe des troubles gastriques), elle n'a donné
que de très rares insuccès. On l'emploie coupée dans la
proportion d'une cuillerée à soupe pour un litre d'eau
qu'on môle à du vin ou du lait. Il faut éviter de mettre
l'eau oxygénée en contact avec des cuillers d'argent. On
(1) Livre des Délibér. de r École. — Séance du H mars 1832.
(2) Ibid. Séance du 2i oclobre 1832.
(3) Le Ganu (Louis-Réné), né à Paris en 1800, pharmacien en 1826,
professeur adjoint do pharmacie eu 1832, titulaire en 1833, membre de
l'Académie de médecine en 1838, mort en 1871. Portrait à l'École.
(4) Ibid, Séance du 5 janvier 1833.
— 365 —
doit quelquefois poursuivre le traitement pendant deux
ou trois semaines pour empêcher les vomissements de
réapparaître.
On serait tenté de rapprocher le mode d'action de l'eau
oxygénée de celui de la potion de Rivière et d'admettre
que c'est par suite du dégagement de gaz dans l'estomac
que les vomissements s'arrêtent. Mais ce dégagement
d'oxygène ne semble pas provoquer un effet mécanique
suffisant. De plus, cette eau n'agit souvent qu'au bout de
deux ou trois jours.
Peut-être y a-t-il lieu d'admettre une action antitoxique
qui neutraliserait quelque ptomaïne, l'eau oxygénée
étant un produit éminemment antiseptique.
M. Patein demande si M. Gallois n'a pas observé des
phénomènes d'amaigrissement chez les obèses soumises
au traitement par l'eau oxygénée.
M. Gallois répond que, parmi ses malades, une seule
obèse a été soumise au traitement, qu'elle n'a d'ailleurs
suivi que peu de jours.
M. Mathieu attache une grande importance à la prédis-
position névropathique dans la pathogénie des vomisse-
ments incoercibles de la grossesse, ce qui explique les
succès qu'on obtient par la suggestion et l'insuccès pos-
sible de tous les modes de traitement connus.
M. Blonde! rappelle qu'il suffit parfois de supprimer le
spasme utérin dont les vomissements sont la manifesta-
tion réflexe, et dans ce but de pratiquer des badigeonna-
ges cocaïnés ou la dilatation du col de l'utérus.
M. Créquy recommande, en cas de vomissement incoer-
cibles, de supprimer toute alimentation par la bouche et
d'administrer des lavements nutritifs.
M. Bardai dépose une note de M. Renaut (de Lyon)
sur les injections rénales d'arsenic. Cette méthode, préco-
nisée en 1896 par M. Vinay, bien supérieure au mode
d'administration par voie buccale, permet d'injecter dans
le rectum, et cela à plusieurs reprises dans la même
journée, 5 grammes d'une solution arsenicale ainsi for-
mulée :
"'S'jr^T''^
— 366 —
Liqueur de Fowler 4 grammos.
Eaa distillée 56 —
Si le malade a reçu trois injections rectales de 5~, il a
absorbé 1«^ de liqueur de Fowler, soit 0«',01 d'acide arsé-
nieux, dose qu'aucun estomac ne supporterait au-delà de
quelques jours. Ces injections peuvent être parfaitement
tolérées pendant plusieurs semaines.
Cette médication d'épargne est indiquée dans tous les
processus morbides où la désassimilation déperditive est
nettement accusée et, en première ligne, dans la tuber-
culose, le diabète, la maladie de Basedow.
Dans la tuberculose, la méthode à suivre est la sui-
vante : pendant cinq jours, matin et soir, on fait une in-
jection de 5'"'' de la solution arsenicale. Pendant les cinq
jours suivants on donne trois injections par jour, puis
(fuatre pendant cinq jours encore. On interrompt pen-
dant cinq jours et on reprend comme précédemment.
Parfois, il se produit un peu d'irritation rectale ou de
diarrhée : il suffit alors d'ajouter à chaque injection
une goutte de laudanum.
En même temps qu'on modifie ainsi la nutrition, on
prescrit la suralimentation que supporte plus facilement
un estomac qui n'est pas fatigué par les médicaments.
Dans la tuberculose au début, tous les symptômes
iinissent par disparaître. Dans la phtisie confirmée, l'ac-
tion est très favorable sans être toutefois curative.
Dans le diabète, le taux du sucre diminue, les forces
se relèvent.
Dans la maladie de Basedow enfin, l'arsenic agit
comme antidéperditeiu^ et sédatif du système nerveux,
M. Blondel, au nom de M. Laran, lit une note sur le
Vanadium et ses composés. L'acide vanadique jouit de la
propriété de pouvoir servir d'intermédiaire d'oxydation,
propriété que M. Laran cherche à appliquer à l'hémoglo-
bine. Il y a nécessité à employer dans l'expérimentation
l'acide vanadique sous une forme bien déterminée, et
non les sels de vanadium, en raison de leur instabilité.
— 367 —
M. Pouchet fàil remarquer que les sels de manganèse
ont une action absolument analogue à Faction des sels de
vanadium, mais avec cette différence qu'ils ne sont pas
toxiques et coûteux comme ces derniers.
Ferd. Vigier.
VARIETES
Ëcole préparatoire de médecine et de pharmacie de Besançon. —
M. Marceau, licencié es sciences naturelles, est institué, pour une période de
neuf ans, suppléant de la chaire d'histoire naturelle.
École préparatoire de médecine et de pharmacie de Caen. —
M. Frémont, docteur en médecine, pharmacien de première classe, licencié
es sciences physiques, est chargé, pour trois ans, des fonctions de suppléant
de la chaire de pharmacie et matière médicale en remplacement de M. Gi*a-
mond, démissionnaire.
M. Ghevrel, docteur es sciences naturelles, est chargé d'un cours d'his-
toire Qfiturelle en remplacement de M. Pihier, démissionnaire.
FORMULAIRE
Gelées & l'agar-agar dans la thérapeutique dermatologique
en particulier.
Eau 100 grammes.
Gélose 1 gramme.
Sublimé ) ^ nn, Mn
• aa ©"'.lO
Acide lartrique ^
Prendre des fragments de cette gelée et les écraser sur les régions occu-
pées par l'érysipèle. La gelée ainsi étalée en couche mince se sèche assez
rapidement. Renouveler au besoin les applications plusieurs fois par jour.
L'application de la gelée donne une sensation de fraîcheur permanente à la
peau.
Ces gelées ne produisent pas des tiraillements et des fissures comme les
gelées à la gélatine.
La gelée au sublimé s'emploie également pour lubrifier les sondes
uréthralcs. Le revêtement mucilagineux dont elles sont ainsi recouvertes est
— 368 —
antiseptique et possède l'avantage de ne pas dissoudre la gomme ou le
caoutchouc dont sont faites les sondes.
La gélose peut incorporer des matières pulvérulenlcs :
Exemple :
Eau 200 grammes.
Gélose 2 —
Oxyde de zinc 20 —
Très bonne dans les cas d*eczémas non suintants.
Des substances, comme l'acide picrique, ne paraissent pas aptes à former
gelée avec l'agaragar parce qu'elles le précipitent.
Les gelées à l'agar-agar répondent à un desideratum, celui de maintcuir au
médicament fixé sur la peau sans rintcrvcnlion d'aucun pansement encom-
brant ou incommode. Les diverses formules indiquées jusqu'ici sont en géné-
ral assez complexes et sont relativement assez difficiles à retenir pour an
médecin non spécialiste qui n'en fait pas un emploi journalier.
Une gelée s'obtient en ajoutant à de l'eau une proportion de 1 à 2 p. 100
de gélose.
11 est inutile de la chauffer préalablement, ce qui est nécessaire avec les
colles à base de gélatine. L'enduit, formé par la gelée d'agar k la surface de la
peau, a en outre cette propriété de résister assez énergiquemcnt aux frotte-
ments et, par contre de s'enlever avec la plus grande facilité par un simple
lavage.
Solation claire de cocaïne et de sublimé corrosif pour injections
hypodermiques.
Chlorhydi*ate de cocaïne 10 cent. c.
Bichlorure de mercure 20 —
Chlorure sodique 75 —
Glycérine 7 gr.
Eau stérilisée Q- s. p. 20 cent. c.
Mettre un peu d'eau distillée dans deux tubes ; dans l'un on dissout la
cocaTne, dans l'autre les chlorures. Le contenu de ce dernier tube est chauffé
à rébullilion, puis versé dans la glycérine. Ajouter ensuite en un mince filet
la solution de cocaïne, agiter constamment et parfaire les 20*^ avec de l'eau
distillée bouillie.
RECTIFICATION
Au sujet du service pharmaceutique militaire à l'étranger par M. Leroy
(n* du 15 mars 1898) :
Russie Temps de paix : Le cadre des pharmaciens militaires de
l'armée active russe est de 233 et non de 130.
Le Gérant : Georges MAS80N.
PAUS. — WP. B. FLUIMàUON, RUB BjLCINB, 26.
^"^yf^r^p^r
369 —
TRAVAUX ORIGINAUX
Sur la physiologie du gentianose; son dédoublement par
les ferments solubles; par M. Em. Bourquelot.
Les faits que nous avons ^exposés, M. Nardin et moi,
dans une note antérieure (1), montrent déjà qu'il y a beau-
coup d'analogie, au point de vue chimique, entre le gen-
tianose et le sucre de canne. Cette analogie se retrouve
encore au point de vue physiologique.
Le sucre de canne forme, comme cela est bien connu,
un aliment de réserve dans la racine de betterave. Durant
la seconde période végétative de la betterave, période
correspondant à la formation des graines, il est dédoublé
en sucres assimilables (dextrose et lévulose) par un fer-
ment soluble, rinvertine, et peut alors être utilisé par la
plante. Un dédoublement analogue du gentianose doit se
produire dans la gentiane, ainsi que l'établissent les expé-
riences suivantes :
I. — De la racine fraîche de Gentiana lutea est trilurée avec du sable
dans un mortier de porcelaine. Le mélange est lavé à l'alcool à 90" de façon à
enlever toutes les substances solubles dans ce véhicule, puis séché à l'air. On
fait d'autre part une solution de gentianose dans de l'eau thymoHsée, on Tad-
ditionne d'un peu de produit desséché et on porte dans une étuvo dont la
température est réglée entre 30 et 35<».
Au bout de vingt-quatre heures, le liquide est essayé à la liqueur de Feh-
ling, il ne réduit pas, donc il n'y a pas eu dédoublement du gentianose.
Cette expérience aurait dû être complétée par un essai
de la partie aérienne de la gentiane jaune sur le gen-
tianose. Mais cette partie aérienne n'existant pas encore
à l'époque où ces recherches ont été faites (6 février), j'ai
pensé à me servir, dans le même but, d'une espèce de
(1) Sur la préparation du gentianose, Joum, de Pharm. et de Chim. [
t. YII, p. 289, 1898 et Comptes rendus, 1898, p. 280.
Jour», de Pharm. et de Chim., 6* SÂRIK, t. VII. (15 avrU 1898.) 24
'^'l'
• — 370 —
gentiane plus précoce, le Gentiana acaulis, dont j'ai em-
ployé la plante entière, ainsi qu'il suit :
II. — Cette plante est d'abord traitée comme l'ayait été la racine de gen-
tiane jaune, puis quelques décigramnies de la poudre obtenue sont ajoutés à
une solution aqueuse thymolisée de gentianose. L'expérience est du reste la
répétition de celle décrite ci-dessus.
Cette fois on constate une réduction très nette de la liqueur de Fehliog,
preuve manifeste que le gentianose a été dédoublé (7 février).
Il paraissait vraisemblable que ce dédoublement était
déterminé par un ferment soluble. Toutefois, pour lever
toute incertitude à cet égard, un second essai a été fait
en employant de la poudre de Gentiana acauhs, addi-
tionnée d'un peu d'eau et portée à 100^. Cette poudre a été
sans action sur le gentianose.
Ainsi donc, il était démontré qu'il existe un ferment
soluble possédant la propriété d'hydrolyser le gentianose.
Restait à savoir si le ferment était un ferment spécifique
ou s'il faisait partie de ceux que nous connaissons.
Pour étudier la question, il n'y avait qu'à essayer suc-
cessivement l'action de chacun des ferments solubles
hydrolysants des hydrates de carbone et des glucosides
sur le gentianose : c'est ce qui a été fait dans les expé-
riences suivantes.
I. — Ferments solubles de VAspergillus niger : On s'est
servi dans cette expérience d'eau distillée ayant séjourné
trois jours sous une culture mûre d'Aspergillus, chargé
par conséquent des ferments solubles que secrète cette
moisissure.
Gentianose desséché 0«',S168
Liquide à*AspergxUus 25 c. c.
Thymol pulvérisé Q. s. pour saturer.
On met à Tétuve à 25-30*. Au bout de vingt-quatre heures, on essaie à la
liqueur de Fehling et Ton trouve que 10^ de cette liqueur sont réduits par
5*^,6 de liquide, ce qui correspond à la formation de 0"',23 de sucre réducteur
(exprimé au sucre interverti).
Le liquide d'aspergillus détermine donc une hydrolyse
du gentianose qu'on peut regarder comme complète, que
— 371 —
Ton considère ce sucre comme un triglucose ou même
comme un polyglucose plus condensé : les différences
accusées parle calcul rentrant dans des limites des erreurs
d'expérience.
IL Émulsine. — On ajoute quelques centimètres cubes
d'une solution d'émulsine très active à une solution
thymolée de gentianose, et on abondonne le mélange
à Fétuve à 25-30® pendant vingt-quatre heures. — Pas de
réduction; donc l'émulsine n'agit pas .sur le gentianose.
III. Saîive et diastase, — Même résulats négatifs avec la
salive et la diastase.
IV. Invertine. — La solution d'invertine est préparée
avec de la levure traitée comme il suit : on triture au
mortier 30«' de levure de fermentation basse avec 30»' de
sable lavé et desséché; on délaie dans 100*^* d'alcool à 95*,
on jette sur un filtre et on fait sécher à 30-35*. Ce produit,
traité par. l'eau froide, donne une solution très active. Je
me suis servi d'une solution obtenue en faisant macérer,
pendant quelques heures, 2»' de poudre sèche dans 30^*
d'eau thymolée demi-saturée et fitrant.
Voici un de mes essais que j'ai fait porter simultanément^ à titre do compa-
raison, sur le gentianose et sur le sucre de canne :
A| Gentianose. ...... 0"%60 Aj Saccharose 0^,60
Macéré de levure ... 5^ Macéré de levure. ... 5**
Eau thymolée . pour Eau thymolée pour
compléter 3(K* compléter 30"*
Les mélanges sont abandonnés à la température du laboratoire qui est
de 15^. Un premier examen a lieu au polarimètre sur une partie de chacun
des deux liquides au bout de vingt-quatre heures ; il donne avec le tube de
2 décimètres les résultats suivants (température de Tobservation, 13 à 15*) :
Pour le gentianose a = — 26'
— saccharose as — 52^
Au bout de trois jours, on trouve :
Pour le gentianose a = — 1*
— saccharose a = — 52'
On voit par là : 1® que l'invertine agit de la même façon
sur le gentianose et sur le sucre de canne, c'est-à-dire en
— 372 —
produisant une interversion de la rotation primitive, rota-
tion qui passe à gauche ; 2* que l'action du ferment est
moins rapide sur le premier sucre que sur le second el
3* que la rotation gauche à laquelle on aboutit finalement
(a ne change plus après le troisième jour), est un peu plus
forte pour le gentianose que pour le saccharose.
Au surplus, l'examen à la liqueur de Fehling montre
que si l'hydrolyse du sucre de canne est complète, elle
n'atteint qu'une partie du produit pour le gentianose.
En effet, au moment où l'action du ferment est arrêtée,
c'est-à-dire à la fin du troisième jour, on constate que 10"
de liqueur cuivrique sont réduits par 3",2 à 3**^,3 de la
solution A,, ce qui correspond à la formation d'environ
0«',46 de sucre réducteur pour 0*%60 de gentianose em-
ployé. Au contraire, avec la solution A, (saccharose), 2*^,4
suffisent, ce qui indique qu'il s'est formé environ 0*',62de
sucre réducteur.
V. Dans une dernière expérience , on a fait agir la
poudre de Gentiana acaulis sur du saccharose ; celui-ci a
été dédoublé, ce qui prouve que cette plante renferme de
l'invertine.
Si l'on veut résumer cette seconde série d'expériences,
on voit que l'invertine n'hydrolyse le gentianose que par-
tiellement, tandis que le liquide d'Aspergillus en déter-
mine l'hydrolyse complète. Or, nous savons que ce
dernier liquide, outre de l'invertine, renferme d'autres
ferments hydratants, des polyglucoses. Il parait donc
vraisemblable que les glucoses se trouvent dans la molé-
cule de gentianose en partie sous forme de saccharose
que dédouble l'invertine, et pour le reste, sous forme
d^un polyglucose que peut dédoubler l'un de ferments de
VAspergillus.
Sur les cholestérines des végétaux inférieurs ;
par M. E. Gérard.
J'ai montré que les cholestérines retirées de certains
végétaux cryptogamiques étaient bien distinctes de la
w3F^^i"S';"ywf-*?
— 373 —
cholestérine animale et de la phytostérine (cholestérine
des végétaux supérieurs) et qu'elles se rapprochaient, par
leurs propriétés particulières, de Tergostérine de M. Tan-
ret, et que quelques-unes même étaient complètement
identiques avec cette dernière. C'est ce qui m'avait conduit
à dire que les cholestérines existant dans les végétaux in-
férieurs appartiennent toutes à un groupe bien spécial :
le groupe de l'ergostérine.
Les végétaux cryptogamiques qui ont [été étudiés fai-
saient partie des Basidiomycètes, des Myxomycètes, des
Ascomycètes, des Ooaiycètes et des Lichens. Dans ce nou-
veau travail, je me propose de relater mes observations
sur les cholestérines retirées, d'une part, d'une espèce
microbienne, le Staphylocoque^ blanc, d'autre part, d'une
Algue, le Fucus crispus,
I. Cholestérine du Staphylocoque blanc. — Pour pouvoir
en retirer môme des traces de cholestérine, on a dû faire,
pendant des mois entiers, des cultures de Staphylocoque
sur bouillon de peptone, en opérant chaque fois sur 1"* du
milieu nutritif . Dans les cultures développées, on ajoutait
40*' d'acide chlorhydrique par litre de bouillon, et l'on
portait le tout à l'ébullition.
Suivant l'observation de Nencki, par l'action de l'acide
et de la chaleur, les microbes se réunissent en gros flocons
faciles à séparer par le filtre. Les masses zoogléennes
ainsi obtenues sont ensuite lavées à l'eau distillée, essorées,
traitées par l'alcool bouillant. Après distillation de l'alcool,
le résidu est repris par de l'éther qui abandonne, par éva-
poration, une matière huileuse à odeur putride très pro-
noncée, dans laquelle on a recherché la cholestérine. Pour
cela, la matière grasse est saponifiée par de la soude en
solution alcoolique; le savon obtenu est dissous dans
l'eau, et la liqueur est agitée avec de l'éther. Le résidu
de Tévaporation de la couche éthérée est dissous dans
l'alcool bouillant. Par refroidissement, il se forme quel-
ques cristaux qui, examinés au microscope, se présentent,
comme la cholestérine, en petites lamelles rectangu-
laires.
— 374 —
Mais les proportions infinitésimales de ce produit que
j'ai pu ainsi préparer ne m'ont pas permis ds déterminer
ses constantes physiques. Toutefois, je suis arrivé à eifec-
tuer sur cette substance les réactions qui permettent de
la difTérencier de la cholestérine animale et de la phytos-
térine et qui la rapprochent de Tergostérine de M. Tanret
et des cholestérines que j'ai isolées des autres Cryptoga-
mes. Voici ces réactions :
1® Une parcelle du produit se dissout complètement
dans l'acide sulfurique concentré en le colorant en rouge
sang, et l'agitation immédiate de cette solution avec le
chloroforme laisse ce dernier incolore.
2° La solution sulfurique étendue d'eau donne un pré-
cipité verdâtre et non blanc comme pour les cholestérines
ordinaires.
3° On ajoute, à une solution de quelques cristaux de
cette cholestérine dans le tétrachlorure de carbone, de
l'acide sulfurique concentré ; on obtient ainsi une colora-
tion rouge sang et le tétrachlorure se sépare avec une
belle coloration verte.
Autre point important qui montre bien que la choles-
térine retirée du protoplasma des microbes appartient au
groupe de l'ergostérine : elle s'altère à l'air en se colorant
comme les cholestérines des organismes inférieurs.
II. Cholestérine du Fucus crispus (Cholestérine d'Ai-
guës).— 2^«de fucus sont épuisés par de l'alcool bouillant ;
la liqueur alcoolique est distillée à sec. Le résidu est
repris par l'éther ; après évaporation on obtient une ma-
tière grasse de consistance butyreuse, brun foncé, que
l'on, saponifie par de la potasse alcoolique. Le savon est
dissous dans l'eau et la solution est agitée avec l'éther. La
liqueur éthérée, décantée et évaporée, donne quelques
cristaux aiguillés nageant dans une matière huileuse très
colorée ; on soumet le tout à une nouvelle saponification
en présence d'un grand excès de potasse, le produit est
dissous dans l'eau et la solution, très alcaline, -est agitée
avec du chloroforme. Le résidu provenant de l'évapora-
tion de la liqueur chloroformîque est redissous dans
— 375 —
l'alcool bouillant. Par refroidissement, il se dépose quel-
ques lamelles cristallines présentant toutes les réactions
des cholestérines des Cryptogames et bien différentes de
celles que donnent, dans les mêmes conditions, la choles-
térine animale ou la phytostérine.
En résumé, les cholestérines retirées soit des espèces
microbiennes, soit des Algues, appartiennent par leurs
réactions particulières, aussi bien que par leur facile alté-
rabilité à Tair, au groupe de l'ergostérine comme celles
des Basidiomycètes, des Myxomycètes, des Ascomycètes,
des Oomycètes et des Lichens que j'ai étudiées dans les
notes antérieures. Dans aucun cas je n'ai pu trouver un
produit se rapprochant de la cholestérine animale ou des
cholestérines des végétaux supérieurs.
Sur VipécacuanhsL strié majeur; par M. G. Dethan,
préparateur à l'Ecole supérieure de pharmacie de Paris.
L'ipécacuariha strié majeur est fourni par le Psychotria
emetica, Mutis, qui croit dans la Colombie ou Nouvelle-
Grenade.
Description. — La racine, dont le diamètre varie entre
3 et 6 millimètres, est généralement coupée en fragments
assez longs, de 5 à 10 centimètres, et conserve sur toute
sa longueur un diamètre sensiblement égal; elle ne pos-
sède ni ondulations, ni épaississements, mais est pourvue
de longues stries longitudinales qui sillonnent sa surface ;
sa cassure est noirâtre ou rouge violacé ; le cylindre cen^
irai, très adhérent à Vécorce, ne s'en sépare jamais.
Assez souvent, les racines sont mêlées à des fragments
de rhizomes, quelquefois à des tiges brunâtres, lisses,
ligneuses, peu ramifiées. La figure 1 représente un
échantillon prélevé sur le droguier de l'École de phar-
macie de Paris et qui montre précisément la racine, le
rhizome et la tige sous leur aspect le plus caractéris-
tique.
En vue de faciliter l'identification de l'ipéca strié ma-
— 376 —
jeur du commerce, nous croyons utile de compléter l'é-
tude des caractères de structure interne des différentes
parties qui peuvent le composer.
Fig. 1
Ipéca strié majeur, aspect.
Structure anatomique. — On a tenté quelquefois de
baser une classiflcation des ipécas sur la proportion de
bois et d'écorce qu'ils contiennent.
L'examen auquel nous nous sommes livré, sur les nom-
breux échantillons du droguier de l'École de pharmacie
de Paris, prouve qu'il est impossible de fonder sur ce
caractère une classification quelconque.
Dans le cas présent, le schéma suivant (fîg. 2, L),
montre que si Vépaisseur totale de la racine varie peu sur
tout son parcours, le cylindre central diminue^ au contraire,
dans de très notables proportions. En CC il y a donc plus
de bois que d'écorce, en DD' plus d'écorce que de bois.
AA' et BB' montrent en quelles proportions peuvent va-
rier l'ècorce, le bois et la moelle dans la tige et le rhi-
zome.
La caractéristique des tiges, rhizomes et racines est de
ne posséder ni amidon dans Vécorce, ni vaisseaux dans le
bois.
La racine présente d'abord un suber de 4 à 8 assises de
cellules allongées, remplies d'une matière biiinàtre. Les
cellules du parenchyme cortical vont en diminuant de
dimension et en s'arrondissant vers le centre; l'anneau
libérien est continu et bien développé; des raphides
remplissent abondamment l'écorce et le liber et appa-
raissent en plus grand nombre dans le parenchyme cor-
tical proche du tissu libérien ; ces raphides se présentent
soit sous forme de paquets d'aiguilles lorsqu'ils sont cou-
pés dans le sens de la longueur, soit sous forme de ma-
— 377 —
tière granuleuse lorsqu'ils sont coupés transversalement.
Le bois est constitué par un massif de trachées, disposées
Fig. 2
Ipéca strié majeur, caractères de strnciare (G. Delhan del.)-
généralement en files radiales; des rayons médullaires
unis ou bi-sériés traversent ce massif ; les cellules ont à
— 378 —
peu près la même dimension que les autres, mais leurs
parois sont ponctuées; çà et là, des îlots de cellules, irré-
gulièrement disposées, coupent les rayons médullaires et
rompent l'harmonie du tissu.
Le rhizome montre, sous un suber peu épais, un hypo-
derme de quelques rangées de cellules légèrement coUen-
chymateuses ; Tendoderme est très net ; les cellules
périphériques de moelle ont les parois épaisses et ponc-
tuées ; les cellules centrales ont les parois minces et lais-
sent entre elles d'assez larges méats.
Dans les tiges, les cellules épidermiques sont allon-
gées, la cuticule peu épaisse ; Thypoderme est plus mar-
qué et plus coUenchymateux ; le parenchyme cortical
diminue considérablement d'épaisseur; les raphides de-
viennent de plus en plus rares.
Nous avons représenté en B" une coupe transversale du
rhizome qui fournit la totalité des caractères anato-
miques que nous avons décrit.
Étude critique des procédés de dosage volumétriques
des glycérophosphates ; par MM. H. Imbert et J. Pages.
L'un de nous a montré en collaboration avec MM. As-
truc et Belugou que l'acide glycérophosphorique se
conduit à l'héliantine et la phtaléine du phénol aussi
bien que thermochimiquement comme l'acide phospho-
rique lui-même. M. Astruc, après avoir appliqué ces
données aux glycérophosphates de chaux, en a déduit un
procédé d'essai de ces sels.
Depuis lors, M. Falières a confirmé ces résultats en ce
qui concerne les réactions à la phtaléine et MM. Adriau
et Trillat en ce qui concerne les réactions à l'héliantine.
Ces derniers ont en outre indiqué que l'essai alcaliraé-
trique à l'héliantine de ces sels-éthers permettait d'en
déterminer la richesse.
Leur méthode est d'ailleurs la même que celle de
M. Astruc; mais ils ont opéré sur un glycérophosphate
— 379 —
pur qu'ils ont préparé avec le plus grand soin. Il semble
même résulter de leur travail que ces sels sont neutres
à la teinture de tournesol.
Or, si l'on cherche à neutraliser Tacide glycérophos-
phorique à cet indicateur, on se heurte à la difficulté
signalée par M. Joly à propos de Tacide phosphorique.
L'observation du virage est toujours très incertaine.
Inversement , si l'on a un glycérophosphate alcalin à la
teinture de tournesol (et nous verrons plus loin que
dans la pratique le cas peut se présenter), et qu'on
cherche à le neutraliser par un acide, le virage manque •
de netteté. Le procédé d'essai tel que l'indiquent ces
auteurs ne peut donc être applicable qu'à un sel neutre
théoriquement. Or, MM. Adrian et Trillat ont montré
que les produits commerciaux étaient tantôt neutres,
tantôt acides, tantôt alcalins au tournesol. M. Astruc a
trouvé d'autre part que les uns sont acides, les autres
alcalins à la phénolphtaléine. Il en résulte que la quantité
d'acide exigée pour la neutralisation à l'héliantine sera
variable suivant l'acidité ou l'alcalinité du produit. Et
Ton ne peut songer à neutraliser préalablement au tour-
nesol.
Le procédé Astruc, au contraire, en fixant le point de
neutralisation à la phtaléine, détermine des conditions
de milieu toujours identiques et faciles à. réaliser. Bien
plus, modifié comme l'indique son auteiu*, il permet de
doser très approximativement soit l'acide phosphorique
dans l'acide glycérophosphorique , soit un phosphate
soluble dans les glycérophosphates.
Le travail de MM. Adrian et Trillat, aussi bien que
celui de MM. H. Imbert et Astruc, montre qu'une solu-
tion d'acide glycérophosphorique ou de glycérophosphate
neutralisé à l'héliantine par un alcali dans le premier'
cas, par un acide dans le second, contient tout l'acide
éther à l'état d'éther sel monométallique de la formule :
,0M
PO— OH
\OC»H»(OH)*.
— 38a —
La quantité de soude à ajouter k la solution ainsi pré-
parée pour neutraliser la liqueur ;\ la phénolphlaléine
est très sensiblement de une mol^^eule pour une diacide.
Cet essai acidimé trique montre que, lorsqu'il s*agit d'acide
glycérophcisphorique la quantité de soude nécessaire pour
neutraliser à rhélianlinc est la même que celle exigée
pour la neutralisation â la phtalèine du glycérophos-
phate monomélalïique formé. D'autre part, la quantité
d*aride nécessaire pour neutraliser à riièliantinc im
glycérophosphate neutre â la phénolpJitali''iae est pro-
portionnel ;\ la quantité d akali exigée par la réaction
inverse. Mais les phosphates se conduisent de la même
façon suivanl le travail de M. Joly; de telle sorte que
dans un mélange de glycérophosphate et de phosphate,
on dosera Tacide phosphorique total.
Toutefois, si a un phosphate monomélallûiue. c*est-a-
dire neutre à riiélinntiue, on ajoute du chlorure de
calcium en excès, puis un alcali jusqu':t neutralisation h
la phtalèine^ la quantité de hase sera de deux molécules
pour une d'acide phosphori(|ne. La réaction correspond
donc à Téquation :
3P0^0fl-|-3CaCl*-i-4MOH = (PÔ*)«Ca3-J-6MCl^4H»0
Avec un glycérophosphate monométallique^ la quantité
de soude exigée pour la ucutraiisalion î1 lu phtaléiae est
indépendante de la présence ou de Tabsenre du chlorure
de calcium et représentée par la formule :
y™ /0\
ÎPO — OH +âCaa'-hïïM0H=3P0— 0^^* ^-IMCI^IH^O
^0C^H»(0U)i ^OC^ H* (011)1
En opérant sur un mélange de phosphate et de glycé-
i-opliospliate monométalliques successivement sans CaCl'
et avec CaCl'^ on aura respectivement les deux systèmes
d*éqiiations :
^:-
— 381 —
Sans CaCl* :
/OM yOM
PO— OH + MOH=PO~OM + H*0
y OM y OM
PO— OH +MOH=PO— OM +H»0
^ 0C3H»(0H)« ^ OC«H«(OH)«
et avec CaCl* :
yOM
2P0^0H + 3CaCl« + 4M0H=(P0*)«Ca3 + 6MCl + 4H»0
yOM y^\c
2P0— OH +2CaCl« + 2M0H=.2P0^0/^* +4MCl-i-2H»0
^ OC» H» (0H)« ^ 0 C3 H» (0H)«
Ce qui montre que la présence des phosphates entraîne,
dans le second cas, la nécessité d'un excès d'alcali, dû à
la précipitation de ces corps à l'état de sel tricalcique. Cet
excès de soude est proportionnel à la quantité d'acide
phosphorique contenue dans la solution à l'état de phos-
phate soluble, une molécule d'alcali correspondant à
PO* H».
Il faut cependant remarquer que si on ajoute un alcali à
un phosphate monométallique en présence de Ca Cl' jus-
qu'à neutralisation à la phénolphtaléine la quantité a
employer est supérieure à deux molécules pour PO* H'.
La coloration rosée, qui se produit d'ahord, disparait len-
tement par formation de phosphates polycalciques signa-
lés par M. Blarez. Mais on peut obvier à cette difficulté
par le manuel opératoire suivant : A un volume déterminé
d'une solution de phosphate, on ajoute un excès de CaCP
et on neutralise par un acide à l'héliantine. On met ensuite
an volume déterminé et en excès de solution alcaline
titrée et quelques gouttes de phtaléine. Au moyen d'une
burette graduée, on verse alors une solution titrée acide
jusqu'à apparition de la coloration jaune paille de l'hélian-
tine.
Si, à ce moment, on prélève, au moyen d'un agitateur,
— 382 —
une forte goutte de liquide et qu'on la laisse tomber sur
une goutte de solution alcoolique de phtaléine, placée sur
i:ii fond blanc, le réactif indique encore une légère alca-
linité. L'addition d'acide doit être continuée aussi long-
ti^mps que la coloration rosée se produit dans les condi-
tions indiquées. De la quantité d'acide employée, on
d*:^duit l'excès d'alcali et par différence on a la quantité
nécessaire à la précipitation du phosphate monométallique
à l'état de phosphate tricalcique. M. Astruc a montré qu'une
molécule de PO*H« correspond ainsi à l-'^SO-l^'^^QO d'al-
cali, sensiblement deux molécules. L'opération doit être
menée de la même façon lors de l'essai du glycérophos-
phate en présence de sel calcique.
Cette méthode, appliquée à un acide glycérophosphori-
qiie du commerce, a démontré que la solution ne conte-
nait pas de PO* H* en quantité appréciable, résultat con-
firmé par l'essai à la mixture ammoniaco-magnésienne.
Pour établir la limite de sensibilité du procédé, nous
avons mélangé de l'acide phosphorique en quantité
connue à notre solution d'acide glycéro-phosphorique, et
nous avons essayé de le doser. Nous réunissons ci-dessous
en un tableau les quantités introduites et celles retrou-
vées expérimentalement rapportées à 100*' d'acide glycé-
rophogphorique supposé pur et sec.
Quantités de PO* H» pour 100«' de PO^ OH
\0C»H»(0H)*
Quantités introduites. Quantités trouTées.
40,4 10,2
4,1 3,9
4,18 3,99
2,15 2.11
Les mêmes opérations ont été effectuées sur un glycé-
rophosphate de soude du commerce sensiblement neutre
a la phtaléine et ne donnant qu'un très léger louche parla
mixture magnésienne. Nous donnons comparativement les
quantités de PO* H* introduites et retrouvées :
— 383 —
Quantités de PO'' H* pour 100 de sel de sodium supposé pur et sec.
Quantilés introduites. Quantités retrouyées.
3,17 2.95
1,24 1,07
Ces expériences montrent qu'un phosphate ou de
l'acide phosphorique peuvent être dosés dans l'éther-
acide ou dans ses sels. En étudiant ainsi un sel potassi-
que du commerce précipitant nettement par la mixture
ammoniaco-magnésienne et donnant par AzO'Ag un
précipité légèrement jaunâtre, nous avons pu évaluer à
1,90 de PO* H' pour cent de glycérophosphate supposé
pur et sec la quantité de phosphate mélangé.
Nous avons ensuite opéré sur d'autres sels de potasse
et nous passerions ces expériences sous silence si nous
ne nous étions butés à une difficulté qu'il convient de
signaler. Deux des échantillons du commerce étudiés
étaient fortement alcalins à la phtaléine. L'alcalinité était
due à du carbonate en excès. Dans ce cas particulier, la
neutralisation du liquide au tournesol ne donne que des
résultats très incertains, même si on de s'aide la chaleur
pour chasser l'anhydrique carbonique. En nous servant,
au contraire, de phtaléine, nous avons pu évaluer très
facilement la teneur en carbonate et titrer le glycéro-
phosphate. Nous avons ainsi trouvé 6,90 et 0,86 de carbo-
nate mélangé à 100«' de glycérophosphate supposé pur
et sec.
Le procédé est d'ailleurs très général. Il nous a permis
d'essayer les combinaisons de lithium, de sodium, de
potassium, de calcium, de magnésium et môme de fer.
Dans ce dernier cas, il suffit de précipiter le métal par
un excès de potasse en s'aidant d'une très légère élévation
de température.
On filtre pour séparer l'hydrate ferrique, on lave le
précipité, on porte à un volume connu et on neutralise à
la phtaléine une partie aliquote de la solution. Le dosage
se conduit dès ce moment comme il a été indiqué.
Il est évident toutefois que des sels se comportant
— 384 —
comme les glycero-phosphates pourront fausser les résul-
tats c'est ce qui arrive malheureusement avec les silicates
et les borates. Le chlorure de calcium ne permet même
plus de déceler ces corps comme les phosphates. Il y a
donc lieu d'envisager le cas où des silicates alcalins ou
du borax auraient été introduits frauduleusement. Les
premiers ne pourraient être mélangés qu'aux solutions
de glycerophosphates alcalins, les borates pourraient être
ajoutés même aux sels alcalino-terreux. Il est vrai que ces
corps sont fortement alcalins à la phtaléine ; mais un frau-
deur avisé saurait neutraliser à ce réactif. L'analyse qua-
litative en vue de la recherche de l'acide borique et de la
silice doit, dans ce cas, précéder l'essai quantitatif.
Conclusions. — 1* Le procédé d'essai des glycerophos-
phates de MM. H. Imbert et Astruc est général et suffi-
samment rigoureux.
2* Grâce à l'emploi du chlorure de calcium, on peut
doser les phosphates en présence de glycerophosphates,
surtout si la quantité s'élève au moins à 5 p. 100 du mé-
lange. Au dessous de cette limite, l'opération devient un
peu délicate.
3** Les borates et les silicates ne sont pas décelés et
doivent faire l'objet d'un essai qualitatif spécial.
Du glycérophosphate de quinine; par M. Moncour.
L'élément le plus important des sels de quinine est
sans contredit la quinine qui demeure toujours le fébri-
fuge par excellence : les divers acides auxquels l'alcaloïde
est combiné ne jouent qu'un rôle secondaire en ce sens
qu'ils se bornent à modifier la solubilité.
On s'explique pourquoi ces acides n'ont guère attiré
l'attention des thérapeutes, exception faite évidemment
de quelques acides particuliers tels que les acides brom-
hydrique, valérianique, dont les sels quiniques visent
des applications spéciales.
Il n'en va pas de même pour le glycérophosphate de
quinine : ce sel présente un double intérêt, car l'action
r,»^ j ,w ■ w ,- - -.^«f^i-
— 385 —
de son acide vient se juxtaposer à celle de la quinine.
"L'existence de Tacide glycérophosphorique dans les léci-
thines, ses rapports avec la substance nerveuse consti-
tuent des faits d'ordre trop classique pour qu'il suffise de
les signaler ici. ïl est aujourd'hui également démontré
que l'acide glycérophosphorique fournit le phosphore
sous forme de combinaison naturelle et assimilable ca-
pable d'accélérer énergiquement la nutrition et de com-
battre la dépression nerveuse. De plus, les propriétés
thérapeutiques des divers glycérophosphates déjà connus
ont été exposées dans de si nombreux travaux qu'il est
difficile de ne pas admettre à priori que l'acide glycéro-
phosphorique soit capable d'adjoindre son pouvoir propre
à celui de la quinine lorsqu'on combine ces deux corps.
Ce sont les considérations précédentes qui ont déter-
miné l'auteur à vérifier cette hypothèse et à présenter
ce nouveau sel de quinine.
Pour cela, il a cherché si le sel en question n'existait
pas dans le commerce; sur sa demande, il put se procu-
rer un prétendu glycérophosphate de quinine, produit
amorphe, déliquescent, à odeur rance, ne répondant à
aucune combinaison définie : l'analyse a démontré qu'il
s'agissait d'un mélange dans lequel le glycérophosphate
n'entrait qu'en très faible proportion, le reste étant formé
de sel de quinine étranger, d'acide phosphorique et de
glycérine. Cette pénible constatation faite, il devenait
indispensable de préparer le sel défini, d'établir sa con-
stitution et de déterminer ses propriétés ; c'est l'objet de
ce qui va suivre.
Préparation, — Le glycérophosphate de quinine a été
obtenu par deux méthodes différentes : 1** en neutralisant
une solution titrée d'acide glycérophosphorique par
une quantité équivalente de quinine ; 2** en pratiquant la
double décomposition entre deux solutions, l'une de sel
de quinine, l'autre de glycérophosphate de chaux, solu-
tions employées toutes deux en proportions équivalentes.
Propriétés, — Les deux méthodes permettent d'obtenir le
Journ, de Pharm. et de Chim., 6* SÉRIE, t. Vil. (15 avril 1898.) 25
\â
■^fî^SWI
— 386 —
même composé qui se présente sous forme de fines ai-
guilles blanches dont Taspect rappelle assez celui du sul-
fate de quinine officinal. Ce corps est inodore, amer,
mais son amertume est très atténuée et elle est beaucoup
plus supportable que celle du sulfate de quinine.
Le glycérophosphate de quinine est peu soluble dans
Teau, même bouillante; ainsi, 100 parties d'eau dissolvent
un peu moins de 1/2 partie de sel à 15* et environ 1 partie
1/2 à TébuUition. La solubilité dans l'alcool est intéres-
sante : vers 15®, 100 parties d'alcool à 95** dissolvent un
I peu moins de 3 parties de sel, tandis que celui-ci se dis-
! sont, au contraire, en toutes proportions dans ralcool
bouillant. Presque insoluble dans l'éther, il se dissout
I avec d'autant plus de facilité dans la glycérine que celle-
ci est moins hydratée : les solutions dans la glycérine,
saturées et obtenues en dissolvant le sel par la chaleur,
se forment en masse gélatiniforme par refroidissement,
masse qui repasse à l'état liquide par une légère élévation
de température.
Avant de terminer ce qui a trait à la la solubilité du
glycérophosphate de quinine il convient de remarquer
que le faible pouvoir dissolvant de l'eau pour ce corps ne
peut être considéré comme un sérieux inconvénient, soit
pour l'administration du médicament, soit pour son ab-
sorption dans l'économie. En effet, il suffit d'une très
petite addition d'acide soit organique, soit minéral (acide
citrique ou chlorhydrique par exemple) pour obtenir des
solutions relativement chargées de glycérophosphate.
Enfin, et c'est là un détail important, ce nouveau sel de
quinine n'est modifié dans sa composition ni par dilution
de ses solutions, ni par l'action de la chaleur sur celle-
ci, contrairement à ce qui a lieu pour d'autres glycéro-
phosphates et en particulier pour le glycérophosphate de
chaux, c'est donc un composé très stable.
Il fond à 154<».
Composition et constitution. — D'une part la théorie
permet de prévoir l'existence de deux glycérophosphates
répondant aux formules suivantes :
— 387 —
1*» Sel neutre : 0 = P— OH.O"H**Az'0*
O.C'H'O'
2"" Sel basique : 0 = P — OH.C"H**Az*0*
D'autre part, l'analyse du nouveau composé donne les ré
sultats ci-après :
Perte d'eau sur 1"^ de sel après disseccation \h 100". O^^OSO
Quinine sur O^'.QaO de sel anhydre 0^,716
Anhydride phosphorique sur 0<^,920 de sel [anhydre. C,077
La théorie exigeait, sur le même poids de sel anhydre :
Quinine 0»^,600
Pour la 1** formule. \
Pour la 2* formule. \
Anhydride phosphorique . . . 0^^,131
Quinine 0«",727
Anhydride phosphorique . • . 0^^,079
Comme on voit, les chiffres de l'analyse correspondent
à ceux de la seconde formule et non à ceux de la première.
Quant à l'eau de cristallisation éliminée à 100°, le cal-
cul montre que les 0«',080 de perte représentent exacte-
ment 4 H*0 dans la formule admise et vérifiée.
Par conséquent, le glycérophosphate de quinine étudié
est un sel basique qui a pour formule définitive :
O = P^OH.C"H"Az«0« + 4 H»0
^OH.O"H«*Az*0«
Il répond à la composition centésimale suivante :
Quinine 72,M p. 100.
Acide glycérophosphorique .... 49,28 —
Eau 0,09 ^
Rapproche-t-on maintenant la teneur en quinine du
glycérophosphate de celles des autres sels de quinine,
voici ce que Ton observe :
La richesse en quinine est très voisine de celle des
— 388 —
différents sels employés en thérapeutique : elle est
supérieure à celle du sulfate neutre qui titre 59,1 p. 100
et elle est sensiblement égale à celle du sulfate officinal
qui titre 74,31 p. 100.
Caractères, — Ce sont ceux des sels de quinine et de
glycérophosphates : La quinine est caractérisée, soit par
la coloration verte que l'on obtient avec l'eau chlorée et
l'ammoniaque, soit par la coloration rouge que donnent
l'eau bromée et l'ammoniaque étendue, coloration que
l'ammoniaque concentrée fait virer au vert.
L'acide glycérophosphorique est caractérisé par ce
qu'il ne précipite pas directement le molybdate d'ammo-
niaque, ni la liqueur ammoniaco-magnésienne, ni la
liqueur d'urane. Il précipite, au contraire, par ces réac-
tifs après calcination préalable en présence de nitrate et
de carbonate alcalin.
Essai. — La précipitation directe par le molybdate
d'ammoniaque décèle la présence d'un phosphate mé-
langé.
La glycérine se retrouve facilement par un lavage à
l'eau.
L'acide sulfurique et la chaux se recherchent par les
moyens habituels.
D'ailleurs tout produit qui ne fond pas à la tempéra-
ture indiquée plus haut est suspect : il convient de pro-
céder à son dosage.
Dosage, — On porte à l'étuve à 100* un poids connu de
sel : la perte représente l'eau de cristallisation. Le sel est
dissous dans l'eau aiguisée d'acide chlorhydrique, puis
la solution obtenue est additionnée d'alcali qui précipite
la quinine que l'on pèse après lavage. La liqueur filtrée
sert au dosage de l'acide glycéro-phosphorique : elle est
concentrée, puis le résidu est incinéré en présence de
nitrate et de carbonate de potasse. On reprend par l'eau,
et dans la solution on dose l'acide phosphorique soit par
l'ui'ane, soit à l'état de pyrophosphate de magnésie.
Le poids de l'acide phosphorique étant connu, il est
— 389 —
facile de calculer celui de l'acide glycérophosphorique
qui lui correspond.
Pharmacologie, — Le glycérophosphate de quinine,
ayant sensiblement la même richesse en quinine que le
sulfate officinal, se prescrit aux mômes doses et de la
même façon : cachets, capsules, pilules, paquets. Il peut
être ingéré plus facilement que le sulfate puisque son
amertume est moins marquée.
Comme le sulfate, il peut être administré en solution :
une trace d'acide organique assure la dissolution.
REVUE SPÉCIALE
DES PUBLICATIONS DE PHARMACIE ET DE CHIMIE.
Pharmacie.
Rapport fait à la Chambre des députés au nom de la
commission chargée d'examiner la proposition de loi
adoptée par le Sénat, sur l'exercice de la pharmacie ; par
M. Maurice Bourbillon, député. — La Commission
chargée de Tétude de la loi relative à l'exercice de la
pharmacie, Iprévoyant l'impossibilité de faire adopter
dans cette législature le projet qu'elle a élaboré, a
sagement pensé, qu'il y aurait lieu de disjoindre de cette
loi les articles relatifs à la suppression du grade de phar-
macien de seconde classe.
Historique, — M. Dubost, conseiller d'État, déclare
dans son rapport du 13 novembre 1880 « qu'à l'avenir les
pharmaciens, sans distinction de classe, pourront exercer
leur professions dans toutes les portions du territoire de
la République... On a fait, dit-il, valoir à Tappui de cette
innovation que cette différence, justifiée sous l'empire
des anciens règlements, établissant une dissemblance
profonde dans les conditions de stage et dans le mode
d'examen des deux catégories de pharmacies, n'avait
plus de raison d'être sous le régime des nouveaux, qui
obligent les pharmaciens de seconde classe à faire preuve
d'un savoir plus réel. »
~ 390 —
Le Conseil d'État a cependant, dans un projet définitif
du 8 mars 1881, maintenu le diplôme de seconde classe
parce que « cette mesure constituait une modification
indirecte de la partie de la loi de germinal relative à
l'enseignement de la pharmacie, puisque, en réalité, une
pareille disposition équivalait à la suppression des classes
établies par cette loi et confirmée par tous les décrets sur
la matière ».
On peut donc dire que le Conseil d'État, voulant régle-
menter seulement l'exercice de la pharmacie, a repoussé,
mais sans se prononcer sur le fond de la question, la
suppression des pharmaciens de seconde classe, sur une
simple et un peu étroite appréciation de la procédure à
suivre.
La proposition de M. Hippolyte Paure, du 6 juin 1882,
demande que les pharmaciens de seconde classe ne
puissent s'établir et exercer leur profession que dans des
localités d'une population inférieure à 10.000 habitants et
séparées par plus de 2 kilomètres d'une localité possé-
dant cette population.
M. Naquet, dans son rapport déposé au nom de la
Commission de la Chambre le 9 juin 1883, propose, à
l'article 2, que « désormais il ne soit plus délivré de
diplôme de pharmacien de seconde classe ». Il s'appuie
sur l'absurdité qu'il y a à conserver deux catégories entre
les praticiens qui suivent les mômes cours, reçoivent la
même instruction à peu de chose près.
La proposition déposée le 28 novembre 1885 par
M. César Duval et plusieurs de ses collègues demande
aussi la suppression du grade de seconde classe.
Le projet du Gouvernement, de MM. Lockroy, Demôle
et Goblet (21 octobre 1886), à l'article 2, propose que «les
pharmaciens de seconde classe ne puissent s'établir, ni
dans les chefs-lieux de département et d'arrondissement,
ni dans les villes dont la population dépasse 10.000 habi-
tants; ils ne peuvent, ajoutait le projet, exercer les fonc-
tions d'experts près des tribunaux, ni celles de pharma-
ciens des hôpitaux et hospices ». Ce projet s'appuie sur
— 391 —
ravis du Comité consultatif d'hygiène publique de France
qui, sur un rapport très étudié de MM. Brouardel et
Regnauld, avait adopté la rédaction ci-dessus. Ce rapport
exprime surtout la crainte de voir le recrutement des
pharmaciens entravé par la suppression du diplôme de
seconde classe et, par suite, de voir Texercice illégal se
développer encore.
Il ne parait pas que les craintes du Comité consultatif
soient justifiées puisque, par suite de la vulgarisation
toujours croissante du diplôme de bachelier, les aspirants
au grade de seconde classe diminuent tous les jours et
puisque, depuis plus de dix ans que le rapport de
MM. Brouardel et Regnauld a été publié, le nombre des
officines nouvelles ouvertes en France a augmenté de
près de 2.000, dont le plus grand nombre est dirigé par
des pharmaciens de première classe.
Le projet du Gouvernement et la proposition de
M. César Duval furent examinés par la Commission de
la Chambre dont le rapporteur, M, Alfred Letellier
(17 juillet 1889), dit que « depuis que le diplôme de
pharmacien de seconde classe a cessé d'être délivré par
les jurys départementaux, on ne s'explique plus guère
que l'on interdise aux pharmaciens qui en sont pourvus
de sortir du département auquel ils sont, pour ainsi dire,
affectés ».
Le projet ne fut pas discuté pendant cette législature
(1885-1889), mais, quand il revint à la législature sui-
vante, le rapporteur, M. César Duval, avec la Commis-
sion, « estimait qu'il est temps de faire disparaître une
anomalie qui n'existe plus que dans notre pays ». Le
Parlement lui donna raison. En effet, la Chambre, le
Sénat ensuite adoptent sans discussion les articles relatifs
à la suppression du grade de pharmacien de seconde
classe. Nous devons mentionner, en terminant ce rapide
exposé, les conclusions du rapport très intéressant, sur ce
point particulier surtout, de M. le sénateur Cornil :
<t II n'y a pas de raisons, dit-il, aujourd'hui, pour con-
server l'exercice de la même profession à deux ordres de
*i-^rffîiP5rfl
— 392 —
pharnmcicnSi ni pour laisser supposer que les habitants
des campagnes peuvent se contenter de praticiens moins
iostruiLs, offrant moins de garanties que ceux des
villes, »
Il y a tout lieu de croire qu'aujourd'hui comme précé-
demmenU le S(^nat et la Chambre adopteront sans débat
une rt^fnime empreinte d'un esprit de justice et d'égalité
aussi évident.
Il ne nous reste plus qu'à résumer en quelques mots
les arguments qui plaident en faveur de cette réforme,
renvoyant aux rapports si concluants de MM. Naquet,
César Duval el Cornil, les personnes qui hésiteraient à
partager notre opinion.
l'* Elle n^enlravera pas le recrutement, puisque le
nombre des pharmaciens de première classe va toujours
en croissant, à mesure que le nombre des officines
ouvertes augmente.
2* Elle ne niûra pas à l'installation des pharmaciens
dans les campagnes, puisqu'il l'heure qu'il est les phar-
maciens de sei'OEule classe ont une tendance de plus en
plus marquée à i?e porter vers les centres, et ceci par
une raison que Ton ne connaît pas assez et qui n'en est
pas moins très vieille : c'est qu'un jeune homme, sur le
point de pas!5cr son dernier examen pour le grade de
pharmacien de seconde classe, est tenu de déclarer dans
quel déparlement il doit exercer sa profession; or, comme
il lui est interdit d'acheter une officine avant d'avoir
obtenu son diplAme, il désigne le plus souvent, et bien
naturellement, le riépartement où il y a les plus gi^andes
ag^lonif:*ratiMJis et où il espère, pour cette raison, trouver
plus aisément un postera acquérir; ainsi le maintien du
dipl(^me actuel de seconde classe va donc à l'encontre de
rinlenlitm du législateur, qui était de favoriser l'installa-
tion de ces pharmaciens dans les campagnes.
Z° A une époque où les bacheliers, si nombreux, sont
souvent embarrassés de l'emploi de leur diplôme, on ne
peut redouter de manquer de candidats et, en exigeant
ce diplôme île î'èludiant en pharmacie, chez lequel on
— 393 —
trouvera par suite une culture intellectuelle supérieure,
on élèvera le niveau scientifique du corps des pharma-
ciens, résultat heureux et désirable, surtout pour toutes
les professions où la science et Thonorabilité du prati-
cien sont les seuls garants du public.
4® Nous pensons enfin que le projet du Gouvernement,
qui limitait aux petites localités les points du territoire
où pourraient s'installer les pharmaciens de seconde
classe, créerait pour les populations rurales une infério-
rité contre laquelle protestait, dans son rapport au Sénat,
M. le professeur CorniL
C'est au contraire dans les campagnes, dans les com-
munes éloignées de tout centre scientifique, qu'il est
nécessaire d'avoir des pharmaciens aussi instruits que
possible afin de pouvoir suppléer aux laboratoires spé-
ciaux qui leur manquent, pour les analyses, les secours
urgents en cas d'empoisonnement, les questions d'hy-
giène si nombreuses, les épidémies, les épizooties, ana-
lyses d'eaux potables, denrées alimentaires, engrais
chimiques, etc., etc.
Il y aurait aussi un fâcheux inconvénient à favoriser
l'installation, dans de modestes communes, de pharma-
ciens qui, s'y trouvant dans l'impossibilité de vivre, se
livreraient, sans aucun doute, à l'exercice illégal de la
médecine et rendraient encore plus âpre la division, si
regrettable et cependant si fréquente, des corps médical
et pharmaceutique. Ajoutons que, trop nombreux dans
les campagnes, ils e«ipécheraient l'installation dans les
villes voisines des pharmaciens de première classe dont
le rayon de clientèle serait par trop restreint. Nous pen-
sons encore que, pour les petites localités, le médecin,
autorisé par la loi à fournir les médicaments à ses
malades quand il n'y a pas de pharmacien dans la com-
mune, suffit à assurer les secours aux malades des cam-
pagnes.
Le projet ci-dessous ne fait que reproduire le texte de
l'article "2, les dispositions transitoires, et deux articles
— 394 —
dont le vote est demandé par le Comité consultatif d'hy-
giène publique de France :
Proposition de loi. — Article premier. — Désormais
il ne sera pluss dt^livré qu'un seul diplôme de pharma-
cien, correspondant au diplôme de première classe exis-
tant lors de la promulgation de la présente loi.
11 n'est rien innové en ce qui touche le diplôme supé-
rieur de pharmacien de première classe créé par le décret
du liiïjuiUet !878.
Art. 2. — Les pharmaciens reçus à l'étranger, quelle
que soit leur nationalité, ne pourront plus exercer la
pharmacie en France qu'à la condition d'avoir obtenu le
dipiunie de pharmacien délivré par le Gouvernement
f ranimais, à la suite d'examens subis devant un établisse-
ment d'enseignement supérieur de pharmacie de l'Etat.
Tout étranger, quoique muni du diplôme de pharma-
cien français, ne pourra exercer la pharmacie en France
que si, par réciprocité, un Français, pourvu du diplôme
de pharmacien délivré par le pays auquel appartient cet
étranger, peut exercer la pharmacie dans ce pays.
Art. 3, — Les étudiants étrangers qui postulent le
diplôme de pharmacien en France sont soumis aux
mêmes règles de stage, de scolarité et d'examens que les
étudiants français.
Un diplôme spécial pourra être délivré aux étudiants
étrangers sans leur conférer le droit d'exercer la phar-
macie sur aucune partie du territoire français.
Les étudiants aspirant à ce diplôme seront soumis aux
mêmes règlements et examens que les étudiants fran-
çais.
Toutefois il pourra leur être accordé en vue de l'ins-
cription réglementaire, soit la dispense des grades fran-
çais requis pour l'inscription, soit l'équivalence des grades
obtenus par eux à l'étranger ainsi que des dispenses
partielles de scolarité correspondant à la durée des études
faites par eux à Tétranger.
Dispositions transitoires, — Pendant un délai de deux
— 395 —
ans, à partir de la promulgation de la présente loi, les
étudiants pourront être admis à s'inscrire au stage en
vue du titre de pharmacien de seconde classe, conformé-
ment aux règlements en vigueur.
Un règlement d'administration publique fixera l'époque
à laquelle le diplôme de pharmacien de seconde classe
cessera d'être délivré.
Les pharmaciens pourvus du diplôme de seconde
classe pourront exercer sur tout le territoire de la Répu-
blique.
Ce projet de loi partiel a été voté par la Chambre des
députés dans la séance du 28 mars dernier, puis ratifié
par le Sénat ; il est donc définivemenl' voté.
Chimie.
Actions chimiques exercées par Teffluve électrique ; par
M. Berthelot(I). — Tous les alcools étudiés fixent de
l'azote, en formant des composés condensés de nature
amidée et spécialement alcaline (amidines et corps con-
génères).
Cette fixation d'azote est accompagnée, dans le cas des
alcools de la série grasse C*H*'*'^*0, par une perte d'hy-
drogène, s'élevant à 2 atomes pour les alcools éthylique et
propylique; à 1 seul atome pour l'alcool méthylique, qui
fait exception.
Cette perte d'hydrogène doit être rapprochée de celle
qu'éprouvent les carbures saturés CH* et C* H*, soit libres,
soit en présence de l'azote ; lesquels carbures perdent pré-
cisément 2 atomes de carbone sous la même influence.
Au contraire, l'alcool allylique, type des alcools Ç*H*'*0,
ne perd pour ainsi dire pas d'hydrogène, tandis que ses
élénaents s'unissent à l'azote : ceci le rapproche de l'acé-
tylène et de l'allyléne, au point de vue des réactions de
l'efQuve.
Une molécule des alcools de la série grasse fixe 1 atome
d'azote pour 2 atomes d'hydrogène éliminés. 1 atome d'azote
(1) Voir Joum, de Pharm, et de Chim.y [6] VII. 336. !•' SYiil 4898.
-'^^^^W^W^UlfSS^'
— 396 —
est fixé pour 2 molécules d'alcool méthylique ; tandis que la
même fixation répond à peu près à 1 seule molécule des
alcools éthylique et propylique, lesquels se comportent
de la même manière. Mais pour Talcool allylique, qui ne
perd presque pas d'hydrogène, il faut 3 molécules de Tal-
cool pour 2 atomes d'azote.
Ces relations doivent être rapprochées de la fixation de
Fazoteparles carbures d'hydrogène générateur des alcools.
Pour le formène et l'alcool méthylique, le rapport entre
le nombre d'atomes de carbone et celui de l'azote est le
même.
Pour l'éthane (ou l'éthylène), ce rapport est, au con-
traire, à peu près la moitié de celui observé avec l'alcool
éthylique. La môme observation s'applique au propylène,
comparé aux alcools propyliques : ce qui prouve qu'il ne
s'agit pas d'une relation purement individuelle.
1 molécule d'alcool allylique fixe également plus d'azote
qu'une molécule d'allylène ; cette fois dans le rapport de
3 : 5 ; ce qui montre d'ailleurs que la diversité de réaction
par rapport à l'azote, constatée entre l'allylène et les
carbures C^H"*"^* etC'*lP'*, se retrouve entre les alcools
correspondants.
Les phénols fixent l'azote sous l'influence de l'effluve.
Cette fixation a lieu avec des vitesses et des propor-
tions inégales, suivant leur constitution et leur valence.
Les phénols ne perdent pas d'hydrogène en proportion
notable pendant le cours de cette fixation, pas plus que
les carbures benzéniques dont ils dérivent.
Ce fait mérite surtout d'être noté pour l'hydroquinon,
si facile à séparer de 2 atomes d'hydrogène par une mul-
titude de réactions.
La fixation électrique de l'azote sur les corps isomères
a lieu suivant les mêmes rapports sur les deux alcools
propylique normal et isopropylique ; précisément comme
sur le propylène et le triméthylène.
Au contraire, les trois phénols diatomiques ont pré-
senté, à cet égard, des diversités considérables; lesquelles
tiennent peut-être, en partie du moins, à la vitesse inégale
-trr—r'-'j^^-^- r\-
— 397 —
de Fabsorption de l'azote par des composés solubles de
cohésion différente.
En poursuivant ses recherches relatives à Faction de
Teffluve électrique sur les systèmes mixtes, formés de gaz
et de liquides, M. Berthelot a été conduit à faire quel-
ques essais sur l'action du même agent, intervenant en
présence de systèmes complètement liquides. Il s'est
occupé des composés organiques, lesquels à l'état pur
sont de mauvais conducteurs de l'électricité, et intervien-
nent dès lors comme diélectriques, dont la résistance est
comparable à celle du verre lui-même.
Térébenthine. — L'essence avait été desséchée avec
soin par son contact avec la potasse, et rectifiée à tempé-
rature fixe quelques instants avant l'expérience, afin de
prévenir tout commencement d'altération sous l'influence
de l'air. L'action de l'efiluve a été mise en œuvre dans
les conditions ordinaires des autres essais et prolongée
vingt-quatre heures. Les tubes sont lumineux dans l'obs-
curité. Il ne s'est développé aucun gaz, l'élévation de
température du liquide étant faible dans ces conditions.
A la fin le liquide n'était pas coloré. Il a été extrait de
l'appareil et rectifié aussitôt, dans une cornue de petites
dimensions, en évitant autant que possible l'action de
l'air. L'essence est en majeure partie inaltérée. Cepen-
dant on a isolé 3 centièmes de ditérébenthène, c'est-à-
dire d'un polymère.
Huile d'olive, — Cette huile, soumise à l'action pro-
longée de l'efiluve électrique dans les mêmes conditions,
éprouve également une altération, faible à la vérité, et qui
se manifeste par la formation d'une couche de matière
noirâtre, sur la paroi du tube de verre intérieur. Cette
matière est insoluble dans l'étlier, dans l'huile et dans
tous les dissolvants ; elle résulte évidemment d'une con-
densation polymérique. Une matière analogue, blanche
et gélatineuse, se développe lorsqu'on fait réagir l'huile
d'olive et l'azote dans les tul)es à efiluve.
Alcool absolu, — L'alcool, soumis aux mêmes épreuves,
— 398 —
ne donne lieu à aucun phénomène spécial pendant les
premières heures. Cependant, à la longue, il s'y déve-
loppe des gaz. En opérant sur 10" d'alcool liquide, on a
obtenu, après vingt-quatre heures d'effluve, 34*^"' de gaz.
D'après analyse et après élimination de la vapeur d'al-
cool, ce gaz a été trouvé formé de la façon suivante :
Hydrogène H«=30««,l
Éthane C«H«= S^d
Le liquide a été l'objet d'un examen -spécial. Il rédui-
sait l'azotate d'argent ammoniacal (aldéhyde et corps
congénères). On l'a distillé; les premières gouttes con-
tiennent en effet de l'aldéhyde. Le thermomètre est resté
stationnaire presque tout le temps, au point d'ébullition
de l'alcool ; mais à la fin, il est resté une goutte huileuse,
jaunâtre, constituée en grande partie par l'huile de vin.
C'était sans doute, comme d'ordinaire, un carbure moins
hydrogéné qu'il ne conviendrait à la formule C" H*«.
Ces résultats montrent que l'effluve agit sur les liqui-
des organiques, comme sur les gaz, en produisant des
polymérisations et des séparations d'hydrogène. Mais
l'action est bien plus lente et plus pénible, en raison du
défaut de conductibilité générale et de mobilité particu-
lière des liquides mis en présence.
Rapport au Conseil d'hygiène de la Seine sur la fabri-
cation du cyanure de potassium; par M. Alf. Riche.
On fabrique exclusivement aujourd'hui ce sel par la
calcination du pnissiate de potasse et nous sommes tribu-
taires de l'Allemagne et de l'Angleterre, pour la presque
totalité du ferrocyanure et du cyanure.
Une Société industrielle vient de breveter un procédé
de fabrication du cyanure de potassium qui est l'applica-
tion industrielle d'une réaction indiquée par. Wohler,
consistant à chauffer vers 600** du borax (1 p.) avec du
chlorhydrate d'ammoniaque (i 1/2 à 2 p.). Il se produit
un corps insoluble, l'azoture de bore, et du chlorure de
sodium.
Cette opération sera faite dans des creusets en plom-
— 399 —
bagine de 50*«', dont le couvercle luté est percé d'un trou
qui donnera issue aux vapeurs de chlorhydrate d'am-
moniaque employé en excès.
Ces vapeurs se dirigeront vers la cheminée après
avoir passé à travers des chambres de condensation en
grès, refroidies par Tair extérieur ; d'après l'inventeur du
procédé, M. Moyse, leur condensation sera complète.
Le chauffage des cornues, au nombre de neuf, sera
réalisé dans un foyer Siemens, par la combustion de
l'oxyde de carbone au moyen de l'air, chauffés tous les
deux.
La matière se retire du creuset très aisément. On la
traite par l'eau pour dissoudre le chlorure de sodium et
le borax non attaqué. Le résidu de ce lessivage est l'azo-
ture de bore qui se présente sous forme d'une substance
blanche, pulvérulente, ayant l'aspect du talc lorsqu'il est
sec.
La Compagnie se propose de le transformer en cyanure
de potassium ou en cyanure de sodium par la calcination
avec du carbonate de potassium ou de sodium et du char-
bon de bois, intimement mélangés, dans des creusets en
fer portés à 500** environ.
L'opération précédente durera une heure à peine et
celle-ci une heure et demie.
Le résidu de cette seconde calcination est un mélange
de cyanure, de borate et de carbonate alcalin. S'il s'agit
du sel de potassium on en extraira le cyanure par un
lessivage méthodique avec de l'alcool, suivi d'une cris-
tallisation en vase clos (le borate et le carbonate étant
insolubles, industriellement parlant, dans ce dissolvant).
S'il s'agit du sel de sodium, on fera le lessivage et la
cristallisation avec de Teau à basse température qui ne
dissout que de minimes quantités de borax.
L'étude du nouveau procédé parait avoir été faite avec
soin; c'est ce qui résulte, du moins, de l'examen fait
au bureau impérial des brevets, en Allemagne, qui se.
termine par la phrase suivante :
a Comme l'instance précédente l'a expliqué avec raison,.
— 400 —
la combinaison des réactions, connues en elles-mêmes,
constitue une invention dont lulilisation technique ne
paraît pas douteuse et à laquelle on ne peut pas, en rai-
son du fboix habile des différentes phases du procédé»
nier Tavantage de hi plus grande simplicité sur d'autres
méthodes de la fabrication du cyanure de potassium.
Sur la présence de la choline et de la trigonelline dans
les semences de Strophantus et sur la prëparatien de la
strophantiue ; par H. Thoms (1), — Les différentes espèces
de Slrophantus fournissent des produits immédiats de
composition et d'action très différentes. Les premiers
travaux sur le principe actif de la drogue ont été faits par
Hardj^ et Gallois, et par Fraser. Arnaud a isolé des se-
mences du Stroph^nlus Kombe une stropîmntine cristal-
lisée, de formule C"H*'0*'. Le même auteur a retiré di]
Sirophiintus glaber un glucoside auijuel il a attribué la
composition C"H**0*' et (fu'il a identiûé avec Vouabaltie.
Le Sirophsintus hispidiui n'a pu fournir, jusqu'à présent,
qu'un glucoside amorphe.
Cette dernière sorte est celle qui est utilisée dans le
commerce pour obtenir la strophantine. Les pr<^*paratioa3
commerciales sont amorphes et présentent des propriétés
chimiques dliféreûtes- certaines sont acides, la plupart
contiennent île Tazote en quantité variable. Le procédé de
préparation le plus généralement suivi est celui qui a été
indiqué par Fraser : les semences àxx Sirophantus hispidm,
débarrassées d'huile grasse, sont épuisées par de ! alcool
à 70"; on évapore la liqueur; on reprend le résidu par Je
Teau; on précipite par le tannin sans etnployer un excès
de ce dernier; le précipité est séclié en présence d'oysde
de plomb, puis ti^aité par l'alcool qui dissoul la strophan-
tine; on précipite cette dernière par addition d'éther.
Le produit ainsi obtenu contient de ra3oteî Thoms
a réussi à séparer la strophantine de la matière azjttec
(1) Uebvrfias Vorkommcn. t\on Choiin und Trigoi^ellin in SiropfwftluM-
Samai utid ûùer die Darstetlun'j von Sirûphanlhùi; Utf. d. li. Chcm.
Ges., KXXl, IH98, r.271.
— 401 —
qui la souille en ajoutant à la solution aqueuse du sulfate
d'ammoniaque pur et finement pulvérisé ; la strophantine
est précipitée en flocons qui se rassemblent sur les pa-
rois du vase ; il n'y a plus qu'à la reprendre par Talcool
absolu et à la précipiter par Téther pour la débarrasser
complètement du sulfate d'ammoniaque qui l'imprègne.
Thoms a déterminé, en outre, la nature des combi-
naisons azotées qui accompagnent la strophantine : les
semences débarrassées d'huile par expression et au
moyen d'éther de pétrole sont épuisées à froid par de
l'alcool à 70"; on évapore, on reprend par l'eau, on préci-
pite par l'acétate de plomb; on filtre, on ajoute du sulfate
d'ammoniaque qui précipite le plomb en excès, ainsi que
la strophantine ; on filtre de nouveau et on précipite par
une solution d'iodure de bismuth et de potassium. Le
précipité, ainsi obtenu, est lavé, puis traité par le carbo-
nate d'argent et l'acide chlorhydrique. Le liquide, filtré
et évaporé, fournit les bases à l'état de chlorhydrates.
L'alcool absolu froid permet de séparer ces chlorhy-
drates, car il dissout seulement une partie du résidu.
La fraction soluble a été caractérisée comme chlorhy^
drate de choline par l'analyse de chloroplatinate.
La partie insoluble dans l'alcool absolu froid a été
purifiée par recristallisation et la base a été régénérée
au moyen du carbonate d'argent. Cette base possède la
CH«
composition de la bétaïne pyridique C'U'Az^ /CO,
mais n'est pas identique à cette dernière; elle possède,
par contre, toutes les propriétés de la méthylbétaïne de
Vacide nicotique, qui n'est autre que la trigonelline
isolée par Jahns des semences du Trigonella fœnum
grœcum. La base isolée avec la choline des semences de
Strophantus hispidus est donc de la trigonelline; en effet,
traitée par les alcalis, elle dégage de la triméthylamine ;
chauffée en tube scellé avec de l'acide chlorhydrique
fumant, elle donne de l'acide nicotique; son chlorhy-
Journ. de Pharm. et de Chim,, 6- 8ÉRUB, t. VII. (15 avrU 1898.) 26
— 402 —
drate donne, avec le chlorure d'or, des sels doubles sem-
blables à ceux que Jahns a décrits pour la trigonelline.
H.
BIBLIOGRAPHIE
Comptes rendus de TAcadémie des Sciences, 21 mars 1898. —
Détermination de la densité des gaz de très petits volumes; par M. Th. Schlœ-
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mélanges grisouteux; par MM. H. Couriot et J. Meunier. — Propriétés du
auiruro de strontium phosphorescent ; par M. J. Rodriguez Mourelo. — Sur
To^vilation de quelques composés amidés et thio-amidés.
— â8 mars 1898. — M. Arm. Gautier : Étude préliminaire du dosage de
Tûxydc de carbone dilué de Tair, par l'acide iodique. L'auteur a observé que
ccHains hydrocarbures, Tacétylène, l'éthylène entre autres réagissent par-
tiellement sur l'anhydride iodique pour donner aussi de l'acide carbonique et
dégager son iode. Il a constaté de plus que l'éthylène, mélangé à l'oxyde de
cai'bone en diminue sensiblement l'oxydabilité. — M. D. Berthelot : Sur la
détermination rigoureuse des poids moléculaires des gaz en partant de leurs
densités. — M, M. Delépine : Bases quinoléiques au point de vue thermo-
cbjoiïque. — M. D. Tombeck : Combinaisons des bases organiques avec
divers sels.
SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE PARIS
Séance du 6 avril 1898.
Présidence de M. Bourquelot, Président.
La séance est ouverte à deux heures.
he procès-verbal de la précédente séance, mis aux voix,
est adopté.
Correspondance imprimée :. Journal de pharmacie et de
chimie (2 exemplaires); — Bulletin des travaiLx de la
Société de pharmacie de Bordeaux; — Bulletin com^
mercial de la Pharmacie centrale; — Journal de Pharma-
cologie du Collège de pharmacie de New-York ; Alumni"
report du Collège de Philadelphie, Pharmaceutical Journal
(5 exempl.); — Bulletin de pharmacie du SudSst; —
întermédiaire de VAfas; — Société des pharmaciens de
— 403 —
VAveyron; — Bulletin de la chambre syndicale des phar-
maciens du département de la Seine ; — Revue des mala-
dies de la nutrition; — la Pharmacie française; — la
Viabilidat légal y la fisiologia de la Havane,
Présentation : Bulletin du Congrès de V avancement des
Sciences, session de Saint -Etienne. — Extrados fluidos,
du docteur Ramon Lodina Langlin, de Barcelone. —
D' E. Bavial, Résumé et Tableaux d"* analyse minérale qua-
litative.
Correspondance manuscrite : Lettre de M. Choay po-
sant sa candidature à la place titulaire vacante de la
Société. — Lettres de M. Derneville de Bruxelles, M. le
professeur Davidoff de Varsovie, M. le professeur
A. Belohoubek de Prague, remerciant la Société de leur
nomination au titre de membre correspondant étranger.
La commission, nommée pour Texamen des candida-
tures, composép de MM. Marty, JuUicard et Guinochet,
rapporteur, aura à examiner les titres de MM. George et
Choay comme candidats à la place vacante de membre
résident et ceux de M. Guillot, pharmacien militaire, qui
demande à être nommé membre correspondant national.
Correspondants étrangers : Sur la proposition de
M. Bourquelot, la Société vote les nominations de
M. Duyk, de Bruxelles; M. Rice (Charles), de New-York;
M. Keller (C. C), de Zurick; au titre de membre corres-
pondant étranger,
M. Bourquelot, au nom de M. Hérissey et en son nom,
fait une conmiunication sur la matière mucilagineuse de
la racine de gentiane. On sait que les préparations
aqueuses de gentiane se font à froid, parce que l'eau
chaude dissout un principe mucilagineux, sans action
thérapeutique, qui trouble les liquides et rend leur fil-
tration difficile. Certains pharmacologistes rapprochent
ce principe des mucilages, tandis que d'autres le rangent
parmi les produits pectiques. C'est, en réalité, une pec-
tine. Pour la préparer, MM. Bourquelot et Hérissey
épuisent d'abord la poudre de gentiane avec de l'alcool;
puis ils traitent le résidu à l'autoclave 4 110** par dix fois
— 404 —
son poids d'eau. On filtre chaud et, dans le liquide filtré,
on précipite la pectine par de l'alcool additionné d'une
petite quantité d'acide chlorhydrique. Le précipité est
lavé à Talcool, puis à Téther et finalement desséché dans
le vide. Un kilogramme de gentiane renferme environ
75 grammes de produit. Celui-ci présente toutes les pro-
priétés de la pectine. En effet, une solution à 1 p. 100 se
prend en gelée lorsqu'on l'additionne d'eau de baryte,
d'eau de chaux, de perchlorure de fer, d'acétate de plomb.
Il en est de même lorsqu'on l'additionne de suc de carotte.
Dans ce dernier cas, c'est un ferment, la pectase^ qui pro-
duit la coagulation, car le même suc bouilli ne donne
plus cette réaction.
Les vrais mucilages, par exemple, ceux de fucus ou de
lin, ne se coagulent pas avec ces réactifs.
Les auteurs ont constaté, d'autre part, que la pectine
de gentiane donne de l'acide mucique lorsqu'on la traite
par de l'acide nitrique à 1.15, ce qui laisse supposer
qu'elle est en partie formée d'un anhydride du galactose.
Ils ont enfin réussi, en hydrolysant, à l'aide de l'acide
sulfurique étendu, la poudre de gentiane épuisée par
l'alcool, à obtenir de l'arabinose parfaitement cristallisé.
M. Ch. Houreu a pu préparer d'une façon avantageuse
l'éthyléne-p^yrocatôchine de Vorlander C' ^ï*\o_CH* 2'
composé intéressant par la présence d'un noyau bioxy-
géné doublement lié à un noyau aromatique. Il a étudié
avec soin ce composé et établi la constitution de ses prin-
cipaux dérivés.
L'étylène-pyrocatéchine résiste à la plupart des agents
d'oxydation; seul l'acide chromique la détruit complète-
ment. L'acide iodhydrique ordinaire l'attaque à peine à
l'ébuUition.
Le dérivé mononitré obtenu par nitration directe fond
à 121**. L'aminé provenant de sa réduction distille à 173*
(11=19'""), et donne un chloroplatinate fondant à 213'
(corr.). Le nitrile qui en dérive par l'action du cyanure
J
':m
— 405 —
cuivreux sur le diazoïque fond à 105**, et Tacide à 137**;
le nitrile est identique à celui qui provient de la déshy-
dratation de l'homopiperonaloxime fusible à 75", ce qui
fixe en (4) la position de tous ces groupes substituants
dans le noyau aromatique, et définit par là l'influence
du noyau bioxygéné de la molécule sur le noyau aro-
matique.
L'auteur a obtenu, en outre, des produits de substi-
tution dans le noyau oxygéné. Le composé alcoolique
^0 — CH — CH'OH, qui se forme dans l'action et la
dibromhydrine symétrique de la glycérine sur la pyro-
catéchine en présence des alcalis, fond à 90**, est distillé
à 285^ son éther acétique distille à 187*> (11=30'»"»). Le
corps C«H*( I
^O— CH— OC*H', qui bout à 247<» (corr.) sous
la pression normale, a été obtenu dans une réaction
complètement différente sur laquelle Fauteur reviendra
plus tard.
M. Bourquelot présente une note de M. Choay sur Pac-
tivité des pancréatines. L'auteur a comparé l'action d'un
extrait aqueux de pancréas préparé par macération puis
évaporation dans le vide à 38° avec l'activité d'une pan-
créatine commerciale, d'une part, et, d'autre part, d'une
pancréatine préparée par lui conformément aux indi-
cations du Codex. Il a constaté que son extrait aqueux
ainsi que la pancréatine du Codex agissaient très active-
ment sur la fibrine et l'amidon, tandis que la pan-
créatine commerciale était à peu près dépourvue d'acti-
vité. Il en conclut avec raison qu'il est important de faire
l'essai des pancréatines qu'on achète.
La communication de M, Choay donne lieu à un
échange d'observations entre MM. Yvon, Bourquelot,
Petit, Patein, P. Vigier, Portes et Grimbert.
Prix DubaiL — Le prix Dubail triennal sera décerné
en4898 et il est destiné à récompenser le meilleur tra-
vail manuscrit ou imprimé sur une question de pharma-
;|
— 406 —
cie pratique. Le prix Dubail est de trois cents francs. Les
candidats devront envoyer leurs titres au plus tard à la
séance d'octobre de la Société de Pharmacie.
Sous-commissions de revision du Codex, — MM. Petit,
Tvon et Vigier demandent que les rapports des sous-com-
missions soient autographiés et distribués à chaque mem-
bre afin de procéder à une discussion fructueuse.
La Société adopte à l'unanimité cette proposition.
M. Delpech demande que la Société ait un plus grand
nombre de séances lors de la discussion de ce rapport,
deux séances par mois par exemple.
M. Bourquelot appuie la proposition de M. Delpech,
mais demande que les réunions extraordinaires n'aient
pas lieu à jour fixe, qu'elles aient lieu au fur et à me-
sures que les travaux seront terminés.
La Société adopte cette proposition à l'unanimité.
La première sous-commission composée de MM, Marty,
Bougarel, Chastaing, Moissan et Leidié rapporteur, a ter-
miné son rapport. La Société vote l'autographie de ce
travail.
M. Grimbert fait observer que la sixième et la dixième
sous-commission ont à s'occuper toutes les deux de l'étude
des poudres; les rapporteurs de ces deux sous-commis-
sions se réuniront pour qu'il n'y ait ni double emploi ni
contradictions.
L'enseignement de la pharmacie au Jardin
des Apothicaires; par M. Planchon. (Suite.) (1)
Soubeiran, nous avons eu l'occasion de le dire, était
admirablement qualifié pour l'enseignement de la phar-
macie; aux vues générales du savant, il joignait les con-
naissances spéciales du praticien consommé, mais, par une
bizarre combinaison des circonstances, ce ne fut point à
la rue de l'Arbalète, dans son milieu naturel, qu'il fut
appelé à occuper une chaire de pharmacie. Ce fut la
Faculté de médecine, qui bénéficia, pour son plus grand
(1) Joum. de Pharm. et de Chim. [6], VU, 356.
— 407 —
profit, des qualités maîtresses de ce professeur émérite.
A défaut de son activité professorale, il laissait du moins
aux élèves de notre École, son Traité de Pharmacie^
guide merveilleux dans Tart qu'il connaissait si bien (1).
L'École présenta encore une fois 0. Henry (2) à la
nomination du gouvernement, mais, une fois encore, le
ministre choisit un autre candidat, Chevallier, qui,
dans le scrutin de TÉcole, avait presque contreba-
lancé la fortuné de son concurrent (3). — En 1835, les
chaires de pharmacie étaient pourvues d'une manière
définitive et devaient rester pendant de longues années
entre les mains des deux professeurs : Lecanu et Che-
vallier.
Lecanu avait déjà publié, dès 1821, des travaux inté-
ressants, seul ou en collaboration avec Serbat et avec
Bussy. Ses recherches, fort originales pour l'époque, sur
le sang et sa matière colorante, avaient été fort remar-
quées dans le monde pharmaceutique et dans le monde
médical; il les continua après sa nomination à l'École et
les résuma en 1837, dans sa thèse pour le doctorat en
médecine, intitulée Étude chimique du sang. Mais, au point
de vue de son enseignement, ce qui nous intéresse tout
spécialement, c'est son Cours complet de pharmacie (4),
Les divers chapitres, nous dit-il lui-même dans son livre,
sont pour la plupart de simples reproductions des leçons
que j'ai faites à l'École de pharmacie depuis bientôt dix ans.
Ce livre n'est point un traité de pharmacie comme
celui de Soubeiran : c'est un véritable cours, devant ser-
vir de direction aux élèves sans les faire pénétrer dans
le détail des formules, se préoccupant surtout des don-
nées rigoureuses de la science et tâchant de rattacher
les détails des phénomènes aux théories générales.
(1) Soubeiran. — Nouveau Traité de Pharmacie théorique et pra*
tique. — Paris,2 yoI. in-8% 1836.
(1) Livre des Délibér. de VÊcole. — Séance du 30 décembre 1834. —
M. Henry obtient six Yoix, M. Chevallier, cinq.
(Z)lb%d. Séance du 21 mars 1835.
(4) Lecanu (L.-R.). — Cours complet de Pharmacie^ 2 toI. in-8*. —
Paris, J.-B. Baillière, 1842.
— 408 —
et L'auteur, nous dit Bussy, eût pu sans doute, mieux
que beaucoup d'autres peut-être, se donner le facile
mérite de critiquer les pharmacopées existantes, de
proposer des modilications plus ou moins utiles à tel ou
tel procède; simplifier, à tort ou à raison, des recettes
coEinues et attacher son nom à de nouvelles formules.
11 a dédaigné ce moyen de succès; il a compris qu'il
falhiit snriirdn crrcle étroit et vicieux des modifications
perpùUi elles et sans portée.
B C'est incontestablement le premier pas pour Tintro-
ductioiK dans la thérapeutique, de l'esprit des méthodes
rigoureuses? d>xpérimentation, auxquelles la chimie doit
les immenses progrès qu'elle a faits depuis un demi-
siècle.
« Kt sll etît vrai, comme on n'en saurait douter, que la
pharmacie ait été le berceau de la chimie; que de ses
laboratoires soient sortis la plupart des hommes distin-
gut^s (|ui ont etuitribué à ses perfectionnements ; la
science, par un juste retour, acquitte aujourd'hui sa dette
'ënvfirs elle, en rérlairanl de sa lumière, en réfléchissant
sur elle Téclat dont elle brille, et en ouvrant une carrière
nouvelle à ses recherches » (1).
Cette façon de irjmprendre l'enseignement, en le main-
tenant aU'deï^sus des minuties de détail, cadrait parfai-
tement avec les qualités d'exposition du professeur.
Distingué dallure et de physionomie, aimable de ma-
nières, d'une élocution brillante, préparant ses leçons
avec la plugi scrupuleuse conscience, il exerçait une
l^rande action snr un auditoire que sa bienveillance,
autant que son inthite, lui rendait sympathique.
Pendant les ilix premières années de son professorat,
il avait traité toutes les parties du cours, la pharmacie
galénique comme la pharmacie chimique. Quant au pro-
fesseur adjoint, il expliquait les formules inscrites au
Codex, en se plaçant surtout au point de vue pratique.
Ce complément au cours principal permettait au titu-
(1) Ftussj, — Joum. de Ph. et de Ch, [3], I, p. 364, 1842.
iUfilll
5;-^ . ^m
— 409 —
laire de rester dans des généralités, qui auraient pu
sans cela être un peu trop théoriques pour de futurs pra-
ticiens.
Peu à peu, cependant, la division du cours entre les
deux professeurs s'accentuait. Déjà, en 1838, Soubeiran
propose a qu'avant la fm de Tannée scolaire, MM. les
professeurs présentent à l'assemblée de l'École un pro-
gramme d'un cours complet de pharmacie qui serait
partagé entre les deux professeurs », et cette proposition
est adoptée (l).l
Fut-elle immédiatement exécutée? la chose n'est nul-
lement certaine ; le contraire est même plus probable,
si Ton s'en rapporte à l'assertion de Lecanu que nous
avons citée à propos de son cours de pharmacie.
En tout cas, en 1856, les deux enseignements sont
parfaitement distincts et portent des titres différents :
Lecanu présente son programme de pharmacie chi-
mique^ Chevallier celui de pharmacie galénique. Nous
reviendrons un peu plus tard sur ce dernier; pour le
moment, poursuivons l'histoire de la chaire confiée à
Lecanu.
« L'assemblée des professeurs accepte la direction
scientifique donnée à ce programme, l'ordre et la nature
des matières qui y sont traitées. Après quelques expli-
cations données sur le point de contact de ce cours avec
ceux des autres professeurs, l'assemblée s'en rapporte
à M. Lecanu pour éviter tout ce qui pourrait faire
double emploi avec les autres cours, spécialement avec
celui de chimie » (2).
Pendant de longues années, Lecanu continua ses
leçons, conservant dans sa verte vieillesse les remar-
quables qualités de ses jeunes années. A diverses reprises,
il sentit cependant le besoin du repos et confia son cours
d'abord à M. Lutz, que ses connaissances étendues et
variées rendaient si apte à cet enseignement, puis à
(1) Livre des Délib, de VÉcole, — Séance du 31 mars 1838.;
(2) Ibid, Séance du 5 avril 1856.
— 410 —
Baudrimont, qu'il regardait déjà comme son futur héri-
tier.
Baudrimont était depuis quinze ans son préparateur (1) ;
en 1865, il était devenu son agrégé, et, dès cette époque,
il fut chargé du cours de pharmacie chimique. Son succès
n'était pas douteux. Ses dons naturels développés par un
travail opiniâtre, ses conférences aux candidats à Tin-
ternat, aux élèves des travaux pratiques, ses leçons
publiques à la Société philomatique avaient fait de lui
un professeur remarquable, avant qu'il en eût officielle-
ment le titre. Aussi, quand Lecanu se décida, en 1871, à
demander sa retraite, les suffrages unanimes de l'École
désignèrent-ils Baudiimont, à la nomination du ministre.
Le 2 mars 1872, il fut officiellement installé dans sa
chaire.
Son influence sur son auditoire fut considérable. Il faut
lire, dans le bel éloge (2) que M. Prunier a fait de son
prédécesseur, le tableau plein d'intérêt et de pittoresque
d'une leçon de Baudrimont : la voix, calme et posée au
début, s'élevant peu à peu ; la physionomie s'éclairant
par degrés; les faits se coordonnant, les arguments se
pressant; lés difficultés se résolvant avec une aisance
qu'on n'aurait point soupçonnée, et à la fin, au moment
psychologique, paroles, geste, toutes les séductions de
l'art oratoire se réunissant pour convaincre les audi-
teurs.
« C'est ainsi qu'il savait animer les questions les plus
ardues, les varier, les renouveler, les approprier à cet
auditoire qu'il connaissait si bien et avec lequel il était
en communication intime et complète. Dans ces mo-
ments-là, il s'élevait à la véritable éloquence, sa voix
vibrante, son débit chaleureux et entraînant rendaient
son sujet vivant et comme tangible pour tout un amphi-
théâtre.
(1) Baudrimont (£rnest), né à Compiègne en 1821, pharmacien des
hApitaux en 1852, agrégé en 1855, professeur en 187i, membre de l'Aca-
démie de médecine en 1881, mort en 1885.
(2) Séance de rentrée de TÉcole de pharmacie en 1887.
— 411 —
« Avec lui, plus de question aride, confuse ou embrous-
saillée, tout devient clair, tout est limpide et évident. —
Quelle séduction pour un public français! — Et quand,
par hasard, la question, hérissée de difficultés, paraissait
faire résistance, alors, c'était une attaque en règle, l'épée
à la main, au besoin à la baïonnette; son animation
devenait extrême, sa parole rappelait le ,clairon sonnant
la charge, et, la brèche une fois ouverte, il ne se repo-
sait qu'après s'être établi dans la place, lui et ceux qui
l'avaient suivi.
a Car il était suivi, Messieurs, et cette manière enthou-
siaste d'enlever les difficultés éveillait de profonds échos
parmi les jeunes gens qui l'écoutaient, et, de la sorte, il
parvenait à frapper leurs intelligences, à les attirer à lui
pour, ensuite, les donner à la science elle-même. »
Je n'ai pas résisté au plaisir de citer tout ce passage,
parce qu'il peint bien l'entraînement exercé sur la jeu-
nesse par cette passion pour la cause de la science. Bau-
drimont était, en effet, un passionné — et c'était une
partie de sa force. Peut-être cette passion le poussait-
elle parfois en dehors de son domaine, en des incur-
sions sur les terres du voisin, — mais c'était péché bien
véniel et dont le pire inconvénient se réduisait à quel-
ques répétitions bien innocentes de ce que ses collègues
avaient déjà enseigné dans leurs propres leçons.
Son autorité tenait aussi à ses travaux nombreux et
variés. Des recherches sur les eaux minérales, sur le
phosphore et ses bromures, sur les monosulfures alca-
lins, sur le soufre mou, la constitution de la bru-
cine, etc., etc., démontrent son activité scientifique.
Ajoutons à ses mémoires originaux, parmi les publica-
tions sorties de sa plume, le Dictionnaire des Altérations
et Falsifications, dont les premières éditions étaient dues
à Chevallier, mais qui, complètement refondu dans les
deux dernières, était vraiment l'œuvre personnelle de
Baudrimont.
Cette activité devait malheureusement être bientôt
arrêtée. En 1885, il était enlevé par une mort préma-
— 412 —
tiirée. L'École, appelée à présenter son successeur, porta
ses suffrages sur M. Prunier, chargé du cours d'analyse
chimique (1). Notre collègue, que ses originales et im-
portantes recherches sur les carbures incomplets des
pétroles — les glycérines et la quercite ont depuis long-
temps mis en évidence, continue dignement les tradi-
tions de science et d'enseignement des maîtres qui l'ont
précédé.
Il nous faut maintenant revenir en arrière, pour
reprendre à ses débuts l'histoire de la chaire de phar-
macie galénique.
Chevallier (2) était préparé, par ses travaux anté-
rieurs, aux nombreuses exigences de son enseignement.
Avec une indomptable énergie, il avait triomphé des
obstacles qu'avaient apportés à ses débuts la pauvreté et
l'isolement : il s'était lui-même frayé sa voie et attiré la
sympathie et l'appui d'hommes tels que Vauquelin, qui
avaient connu eux-mêmes les difficultés de la vie : il
avait suppléé aussi bien qu'il l'avait pu à l'insufïisance
d'une instruction première. En 1823, déjà reçu pharma-
cien, il publiait un Traité des réactifs : en 1824, son
Manuel du Pharmacien^ bien fait pour diriger les jeunes
praticiens au sortir de leurs études et leur servir de guide
dans l'officine, puis un Dictionnaire des Drogues et, dans
toutes les publications pharmaceutiques, une foule d'ar-
ticles, que nous ne pouvons songer à rappeler ici.
Chargé d'une chaire à l'École, il fit profiter les élèves
de ses connaissances variées. A la pharmacie galénique
praprement dite, il ajoutait toute une partie spéciale sur
les Altérations et Falsifications, qu'il avait particulière-
ment étudiées dans sa carrière de praticien et dans ses
nombreux rapports au Conseil d'hygiène, dont il faisait
(1) Livre des Délib, de VEcole. — Séance du 5 décembre 1885.
(2) Chevallier (Jean-Bapliste-Alphonse), né k Langrcs en 1793, pharmacien
en 1823, membre de l'Académie de médecine en 1824, professeur adjoint
de pharmacie en 1835, mort en 1879. Portrait à l'École.
CTT^:'^
A lA^ J if jr»»»;j t ■ tr
' .T'
— 413 —
partie depuis 1831 (1). C'était la base de son Traité des
Falsifications dont nous avons déjà fait mention.
Le professeur nous a lui-même défini la matière de
son enseignement dans les lignes suivantes, que nous
extrayons du Livre des Délibérations de l'École : « La
préparation des médicaments simples, telle que la pul-
vérisation, l'extraction des sucs et autres produits immé-
diats des végétaux et des animaux, la préparation des
médicaments composés, dont le résultat est un produit
complexe non soumis aux préparations simples et définies
des corps chimiques proprement dits. »
M. Chevallier ajoute : « Dès que le nouveau Codex sera
publié, le professeur s'empressera de modifier son cours
en profitant de tout ce que cet ouvrage offrira d'amélio-
ration sur celui de 1837, qui est encore la règle dont il
n'est pas permis de s'éloigner dans la pratique » (2).
Chevallier professait simplement, sans prétentions,
sans aucune recherche d'effet oratoire. Les élèves goû-
taient volontiers cet enseignement, qui ne dépassait pas
un niveau moyen, mais qui les mettait en contact avec
les mille détails de la pratique journalière. La bonhomie
dominait dans ces leçons, où le maître, par une allure
paternelle, attirait la sympathie des élèves, auxquels il
prodiguait sans compter et très familièrement les fruits
de son expérience personnelle.
(A suivre).
'- '-Vl
SOCIETE DE THERAPEUTIQUE
Séance du 23 mars 1898. — M. Linossier signale, pour
la première fois, des accidents éruptifs dus à l'emploi de
Vexalgine. Il s'agit d'une femme hystérique et arthritique,
âgée de trente-cinq ans, atteinte de lithiase biliaire et
ne présentant dans ses urines ' ni sucre ni albumine,
L'antipyrine ayant toujours provoqué chez cette malade
(1) Délibérât, de VÉcole. — Séance du 5 avril 1856.
(t)./6û/.. Séance da.27 mars 1863.
— 414 —.
des éruptions caractéristiques, elle préféra prendre un
jour, pour atténuer un accès de migraine, un cachet de
0«',25 d'exalgine. L'ingestion de cette dose unique pro-
voqua au bout de peu de temps, sur la peau et les mu-
queuses anale et vaginale, l'apparition d'une éruption
généralisée, se présertant sous l'aspect de papules, de
plaques d'un rouge vif et, en certains points, de larges
bulles contenant de la sérosité claire. Cet érythème, qui
dura quatre jours, était douloureux à la pression, mais
non prurigineux; sur le trajet du tube digestif la malade
éprouvait la sensation d'une douleur intense.
M. Bardet fait remarquer à propos de cette observation
que les doses inscrites dans les divers formulaires pour
l'exalgine sont trop élevées. La dose maxima qu'il con-
vient de donner en vingt-quatre heures, doit être pour
l'homme de 0«',25, pour la femme de 0»',i5.
M, G. Lyon donne lecture de son rapport sur le traite-
ment de l'ulcère de Vestomac. Au point de vue thérapeu-
tique, il importe de distinguer le traitement de l'ulcère
non compliqué, de l'ulcère compliqué et des séquelles de
l'ulcère.
Ulcère non compliqué. — 1® L'indication première est
de faciliter la cicatrisation de l'ulcère. A cet effet, on
prescrira : le repos au lit, le régime lacté ou, dans les cas
graves, pour supprimer l'irritation provoquée par les in-
gesta, l'alimentation par le rectum. Le lavement nutritif
doit être ainsi formulé :
Lait« un Terre.
Jaune d'œuf n"* 2.
Chlorure de sodium • une pincée.
Laudanum quelques gouttes.
On doit donner quatre à six de ces lavements par jour,
et, en plus, des lavements désaltérants d'eau simple tiède
(200 à 300 gr.).
Les peptones ont l'inconvénient de provoquer facile-
ment de la rectite, qui est Técueil de cette médication.
De tous les traitements médicamenteux un seul mérite
— 415 —
d'être employé : c'est le pansement au sous-nitrate de
bismuth, obtenu en faisant ingérer, après lavage de l'es-
tomac, 10 à 15«' de ce produit en suspension dans 200«'
d'eau ou de lait. Le seul inconvénient de cette méthode
est de produire de la constipation.
Le nitrate d'argent en solution de 0«^20 à 0«',40 pour
120«' d'eau, à prendre à la dose de 2 ou 3 cuillerées à
soupe par jour, paraît donner quelques bons résultats.
2' Pour traiter la cause, l'hyperchlorhydrie, qui peut
aller jusqu'à 6 p. 100 d'acide chlorhydrique libre, on
prescrira les compresses chaudes sur la région épigas-
trique, et l'emploi du sel de Carlsbad naturel ou artificiel,
qu'on pourra ainsi formuler : prendre chaque matin un
verre d'eau chaude additionné d'une (puis de deux) cuil-
lerée à café du mélange suivant :
Bicarbonate de soude. ....
Sulfate de soude
Chlorure de sodium 20
> àà 40 grammes.
3* Il faut traiter les symptômes. On prescrira : contre
les hémorrhagies, la glace, la diète, l'opium, et, dans les
cas graves, la ligature de la racine des membres, les in-
jections de sérum artificiel, d'éther, de caféine ;
Contre la douleur, les narcotiques exceptionnellement,
plus souvent les alcalins à haute dose (10 à i5«'); il est
vrai que le bicarbonate de soude a le double inconvénient
d'exagérer l'hyperchlorhydrie et de produire du tympa-
nisme; on l'associera à la craie, la magnésie, le sous-
nitrate de bismuth;
. Contre l'anémie, le fer, l'arsénîc, Taérothérapie à la fin
du traitement.
4<* En cas d'insuccès, on aura recours au traitement
chirurgical : la gastro-entérostomie de préférence à l'exci-
sion de l'ulcère. Ferd. Vigier.
CORRESPONDANCE
Après la lecture du numéro du 1*' avril dernier, notre
confrère et ami, M. Cables, nous a envoyé l'article sui-
— 416 —
vanl tju*il a puljlié, le 17 mars dernier, dans la Feuille
vinicole de la Gironde :
Fraude des Tins blancs par le manganèse.
lîûas aTnnà ru pluiiii'itrsfois en main, arrivant, croyons-nous, de Tétranger,
du^ Yinâ blanti^ qui^ quoique ne rougissant pas au contact des acides forts,
avaient copendoul les allures de vins rouges décolorés et renfermaient des
proporlîtins très ctinsidcrables de sel de manganèse.
Quoique le maTi^un^se existe, mais seulement à Tétat de traces, dans la
plupart des vins naturels et surtout dans les vins rouges, nous croyons que la
pr^âcnce des proportions que nous avons constatées est susceptible d'entrat-
mr de grès inconvénients. D'abord, à notre avis, il rend le vin non naturel et
dans tous Lcï cas non loyal, c'est-à-dire non marchand. Il porte aussi atteinte
à ae:* qualités hjyiénu|ues.
Il est vrai que, 5i l'attention du chimiste n'est pas éveillée sur ce point, le
manganèae peut passer inaperçu ; mais sos conséquences chimiques n*ensont
paa moins graves comme on va le voir. Ainsi, quand on prend le degré d'aci-
dit(^ d'un vin, par k méthode ordinaire dans laquelle la précipitation des
phûsphalc-s indique la lin de l'opération, le manganèse ajouté avance de moitié
environ la liiuHe de saturation. Ce détail a de l'importance en ce sens qu'il
diminue notablement la somme acide-alcool et peut faire réputer mouillé [un
rm qui no l'eat pas. On sait que la loi punit aujourd'hui sévèrement la vente
et mttmG la mîso en circulation des vins mouillés.
Vaitk où lions conduit l'abus passager de la mode aux vins blancs! Sous
prétexte de ne pas boire de la fuchsine avec les vins rouges, genre de colo-
ration que les cliÊmii^tes n'ont plus revu depuis quinze ans, on force les viti-
culteurs de vignes blanches qui ne peuvent suffire aux besoins de la consom-
mation, à décolorer les vins rouges. Pauvres vins [rouges 1 à cause de leur
Beule couleur imLur&lle et bien saine ils restent injustement invendus. Et
cependant plus nous allons et plus les faits nous donnent raison. SMl est une
esp&ce de vin qui aaL sujette à la fraude ce ne sont pas les vins rouges mais
i@s vins blancs. IL ei>t bon que les médecins initiateurs et propagateurs de la
mode aux vins blancs ne l'ignorent pas.
VARIETES
École pratique des Hautes Études. — M. Charon (Lucien-Ernest),
charg*^ dca fonctions tifl chef des travaux près le laboratoire de chimie orga-
nique, difigd par M. Friedcl à TËcole pratique des Hautes Études (section
des sciences pliYsîco-cbimiques), est nommé titulaire de cet emploi, en rem-
placement de M. Griner, démissionnaire.
Le Gérant : G. MASSON.
atfawBMB K. FLuiluaiOM, 26, aui a^cmE, paris.
^417 —
TRAVAUX ORIGINAUX
Du dosage de Vacide succinique en présence des acides
tartrique et lactique; par MM. F. Bordas, Joulin et de
Raczkowski.
Lorsqu'on ajoute une solution concentrée d'azotate d'ar-
gent dans un liquide contenant ces trois acides à l'état de
sels neutres solubles, l'acide succinique se précipite in-
tégralement, l'acide tartrique partiellement, tandis que
l'acide lactique reste en solution, par suite des diffé-
rences de solubilité de ces trois sels d'argent.
Ceci étant donné, voici comment nous effectuons le
dosage :
La solution contenant ces trois acides est exactement
neutralisée à l'aide d'une solution normale décime de po-
tasse. On note le nombre de centimètres cubes néces-
saires, puis on ajoute un excès d'une solution concentrée
d'azotate d'argent. Le précipité est filtré puis lavé jusqu'à
ce qu'une goutte du fîltratum ne précipite plus par le
chromate neutre de potasse.
Dans ces conditions, le succinate d'argent seul est resté
sur le filtre, car le tartrate d'argent a été complètement
dissous par les eaux de lavages.
On fait tomber, à l'aide d'un jet de pissette le précipité
ainsi lavé, dans une fiole, et on ajoute deux gouttes d'une
solution de chromate neutre de potasse qui, décomposant
le succinate d'argent en suspension, forme du chromate
d'argent. On ajoute alors une quantité de chlorure de
sodium en solution normale décime, telle que le précipité
devienne blanc et que le liquide prenne une teinte jau-
nâtre. Il suflit de verser ensuite une solution d'azotate
d'argent également normale décime, jusqu'à ce que le
liquide commence à prendre une coloration rose-brun.
En retranchant du nombre de centimètres cubes de
Journ. de Pharm. *t de Chittu, 6' SÉRIE, t. VU. (!•' mai 1898.) 27
— 418 —
solution de chlorure de sodium N/10 celui de l'azotate
d*argent, on obtient le volume de la solution normale
décime d'azotate d'argent nécessaire pour précipiter la
quantité d'acide succinîque contenue dans la liqueur,
l'* de cette solution correspond à 0,0059 d'acide succi-
nique.
Comme il est facile de doser, d'autre part, Tacide tar-
trique on obtiendra l'acide lactique par différence.
Sur Vactivité des Pancréatines ; par M, Eug. Choay (1).
Au cours des recherches que je poursuis en collabora-
tion avec MM. Gilbert et Carnot, j'ai eu l'occasion de
préparer un certain nombre d'extraits d'organes et en par-
ticulier de l'extrait aqueux de pancréas de porc.
Le procédé que j'ai adopté pour la préparation de cet
extrait ne diifère de celui que donne le Codex pour la
pancréatine que sur le fait suivant : c'est que le macéré
pancréatique, au lieu d'être évaporé à l'air libre et à une
température dont la limite maxima est de 45^, est évaporé
dans le vide et à T < 38^
L'extrait obtenu est en belles paillettes jaune-pâle.
Afin d'apprécier la valeur de cet extrait, j'ai été naturel-
lement conduit à déterminer l'activité des trois ferments
du pancréas, c'est-à-dire à mesurer les pouvoirs protéoly-
tique, amylolytique et lipasique. Pour les deux premiers,
j'ai suivi les modes d'essais indiqués par le Codex. Pour
le troisième, j'ai eu recours à la méthode de M. Hanriot,
à défaut d'indications du Codex qui ne mentionne, dans la
pancréatine médicinale, que l'existence de la trypsine et
de la diastase.
Je rappelle que la méthode de M. Hanriot consiste, en
principe, à faire agir la substance contenant le ferment
saponifiant sur une solution titrée de monobutyrine peu*
dant un temps donné et à une température déterminée.
(i) Note présentée à la Société de Pharmacie (séance du 6 avril).
— 419 —
puis à évaluer ultérieurement la quantité d'acide buty-
rique libre à Taide d'une solution alcaline, dosée de telle
façon qu'une goutte corresponde à un millionnième de
molécule d'acide butyrique. Le nombre de gouttes néces-
saires à la saturation mesure l'activité lipasique.
Il m'a semblé intéressant de faire comparativement les
trois séries de déterminations sur cet extrait aqueux et
sur une pancréatine médicinale.
Pour cela, j'ai choisi une marque commerciale très répan-
due dans les pharmacies : on verra, par ce qui suit, que
je n'ai pas eu la main heureuse.
Voici les résultats que j'ai obtenus :
Pouvoir protéoly tique. — L'extrait dans le vide pepto-
nise en moins de six heures 50 fois son poids de fibrine,
comme l'exige le Codex. On peut même arriver, en six
heures, à lui faire dissoudre 100 fois son poids de fibrine,
mais la peptonisation n'est pas complète. Je n'ai pas cher-
ché à aller plus loin ni à établir les limites d'action.
La pancréatine commerciale, essayée simultanément et
placée dans des conditions d'expérimentation identiques,
n'a, au contraire, presque rien dissous : la perte de poids
en fibrine, même en prolongeant la durée de la digestion,
ne dépasse pas 0«'.50 ; quant au liquide filtré, il se trouble
par addition d'acide azotique.
Cette pancréatine commerciale titre à peine 2,5 tandis
que l'extrait accuse un titre très supérieur à 50.
Pouvoir amyloly tique, — L'empois d'amidon additionné
d'extrait aqueux est rapidement fluidifié, le liquide obtenu
filtre avec facilité ; il faut 2**^,5 de cette liqueur filtrée
pour réduire 10" de liqueur de Fehling.
Au contraire, l'empois additionné de pancréatine com-
merciale n'est pas encore complètement fluidifié au bout
de 8 heures, le liquide obtenu filtre très difficilement ; il
faut 5** de liqueur filtrée pour réduire 10" du réactif
cupro-potassique.
Si l'on veut, avec les données ci-dessus, exprimer en
glucose le pouvoir réducteur des deux solutions amyla-
cées — ce qui n'est pas absolument exact puisque, soui*
— 420 —
l'actioa du ferment, ramidon est transformé en dextrines,
maltose et glucose, on trouve que la première corres-
pond à une richesse en glucose de 20«' par litre, la se-
conde à une richesse de 10»' par litre. Donc, transforma-
tion incomplète dans le second cas et puissance réductrice
deux fois plus faible que dans le premier cas.
Pouvoir lipasique. — Avec l'extrait préparé dans le
vide :
Un premier essai demande 104 goattes.
Un deuxième essai demande. • • • 102 —
Avec la pancréatine commerciale deux essais successifs
exigent 10 gouttes. Donc le pouvoir saponifiant de la
pancréatine commerciale est 10 fois plus faible que celui
de l'extrait.
Voilà les faits : Dès lors, fallait-il attribuer les difiTé-
rences d'activité au mode opératoire ou bien se diemander
si la pancréatine employée méritait réellement Tépithète
de médicinale ? Il m'a paru prudent de réserver toute
conclusion avant d'avoir procédé à de nouvelles détermi-
nations faites, cette fois, non plus avec un échantillon
commercial, fùt-il de la meilleure marque, mais avec une
pancréatine médicinale, préparée par moi, en me plaçant
dans les conditions exigées par le Codex. Malheureuse-
ment celui-ci ne précise pas toujours : ainsi, il ne fait
connaître ni la teneur en chloroforme de l'eau destinée à
la macération, ni la durée de cette dernière.
En possession du produit médicinal, j'ai repris les
essais comparatifs qui m'ont donné les résultats sui-
vants :
1® Action sur la fibrine. — La dissolution marche éga-
lement bien et avec la même vitesse dans les deux cas :
Avec 100 parties de fibrine les résultats sont, de part et
d'autre, ceux que j'ai signalés plus haut pour l'extrait
aqueux.
Donc activité égale.
2^ Action sur Vamidon. — Les deux empois sont fluidi-
fiés avec la même rapidité et les deux liqueurs filtrent
aussi facilement. Il faut 2'*.5 de l'une ou l'autre des deux
— 421 —
solutions pour réduire 10** de réactif cupro-potassique.
Donc, même pouvoir réducteur.
3* Action sur les matières grasses. — Deux essais effec-
tués sur la pancréatine du Codex accusent un titre de 60,
alors que le titre de Textrait est de 104.
Donc, le pouvoir saponifiant de la pancréatine du Codex
est sensiblement égal aux 3/5 de celui de Textrait.
En résumé, les deux préparations ne diffèrent que par
l'activité lipasique. Quelle est la cause de cette diffé-
rence ? Est-ce parce que le Codex fait évaporer le macéré
pancréatique jusqu'à la température maxima de 45* alors
que rextrait aqueux est évaporé à T < 38*, ou bien, est-ce
parce que l'évaporation est effectuée à Tair et non dans
le vide ?
Il semble difficile d'admettre la première hypothèse, car
il résulte des observations de M. Hanriot que la lipase
garde intacte son activité jusqu'à 55*, température qui
n'est atteinte dans aucun des deux procédés de prépara-
tion.
Convient-il d'objecter que cette différence résulte de ce
que les pancréas employés, venant d'animaux placés dans
des conditions inégales d'alimentation, peuvent ne pas
avoir la même richesse en ferments ? Non, car c'est la
même pulpe d'organes qui a servi à faire les deux prépa-
rations.
Reste donc la seconde hypothèse relative à l'action de
l'air. Je pose simplement la question, estimant qu'il fau-
drait tenter d'autres essais pour la résoudre.
Quant aux conclusions qu'il est permis de tirer de cette
étude, c'est :
1* Qu'il est extrêmement important de faire l'essai des
pancréatines ;
2® Que l'extrait aqueux de pancréas, concentré dans le
vide à basse température, est une excellente préparation ;
3* Que la pancréatine préparée soigneusement, d'après
les indications du Codex — préparation que tout pharma-
cien peut exécuter — a la même activité que l'extrait
aqueux sur les matières protéiques et amylacées.
.f
— 422 —
Elle ne diffère du produit préparé dans le vide que par
son pouvoir saponifiant qui est moins élevé.
Note sur le salicylate de méthyle; par M. Adriân.
Depuis les travaux de MM. Linossier et Langlois sur
l'absorption cutanée des médicaments et en particulier
du salicylate de méthyle (1), ce produit est couramment
employé en thérapeutique ; il nous a donc paru utile de
résumer dans une courte note les renseignements divers
que nous avons pu recueillir sur ce produit, notamment
sur ses caractères physiques et chimiques, ainsi que sur
les altérations et falsifications qu*il peut subir dans le
commerce (2).
En présence des divergences sur le point d'ébullilion
donné par les divers auteurs, nous avons cru devoir faire
des distillations fractionnées sur deux échantillons : lun
d'essence de Wintergreen, Tautre de salicylate de mé-
thyle, ayant la certitude de l'absolue pureté de ces deux
types.
Salicylate
Essence
de méthyle.
Quantité distillée
Densité
Uuantite distillée
Densité
1.000 gr.
à 13-
1.000 gr.
à «•
Un peu d'eau (5»') passe au-
Un peu d'eau (5«0 passe au-
dessous de 150*.
dessous de 220*.
Passe au-dessous de 220*(pres-
1,1785
que tout à 219«) . . . IIO"'
1,173
Passe de 2â0 à 222 . . 105
1,178
Passe de 220 à 222 . . 615"
1,185
~ de 222 à 223 . . 155
1,179
— de 222 à 223 . . 190
I
— de 223 à 225 . . 350
1,180
— de 223 à 225 . . 85
B
— de 225 à 230 . . 185
— de 225 à 230 . . 50
•
Résidu 90
Reste 55
Total ..... l.OOO"
ToUl LCOO""
(1) Voir ce numéro, page 434.
(2) Nous tenons à remercier ici particulièrement MM. Brigonnet et NayiHc,
des indications qu'ils ont bien voulu nous fournir à ce sujet.
~ 'r23 —
On peut donc dire que le salicylate de méthyle pur
distille entre 220 et 223* et que sa densité à 15^ est de
1,15 à 1,20. Il est à peu près insoluble dans Teau et se
dissout facilement dans Talcool et dans Téther. Il se
colore en violet par l'addition de perchlorure de fer en
solution aqueuse étendue. Cet éther est un véritable
acide qui se combine avec la potasse en formant un sel
qui cristallise en paillettes nacrées. Si Ton fait agir un
excès de potasse, surtout sous Finfluence de la chaleur, il
se décompose et se transforme en alcool méthylique et en
salicylate dans lequel l'addition d'un acide régénère
Tacide salicylique.
Si l'on place dans un flacon bouché un volume d'éther
méthyl-salicylique, et cinq ou six volumes d'une solu-
tion concentrée d'ammoniaque, l'éther disparaît au bout
de quelque temps ; la liqueur étant évaporée et le résidu
distillé, on obtient une masse jaune qui cristallise en
aiguilles par dissolution dans l'eau bouillante. Cette
substance est la salicylamide qui, par l'action des acides,*
régénère de l'ammoniaque sous forme de sel, et de l'acide
salicylique. Enfin, en faisant tomber l'éther méthyl-sali-
cylique sur de la chaux ou de la baryte anhydre, il se
forme des carbonates de ces bases et de l'anisol recon-
naissable à son odeur.
La densité et le point d'ébullition sont surtout des
indices importants de pureté, le salicylate de méthyl
pouvant contenir, soit de l'alcool méthylique non éthéri-
fié si le produit n*est pas lavé, soit de l'alcool méthy-
lique ou éthylique ajouté par fraude. La présence de
ces corps étrangers abaisserait notablement la densité,
et le point initial de la distillation; un simple. lavage à
l'eau distillée suffirait à en débarrasser le produit.
On pourrait également falsifier ce corps avec une huile
fixe, mais, dans ce cas, la densité serait aussi abaissée, et,
il resterait après la distillation à 220"*, un résidu duquel
une chaleur plus forte ferait dégager des vapeurs acres
caractéristiques de l'acroléine.
Les essais physiologiques ayant démontré la supério-
— 424 —
rite du salicylate de méthyle sur Tessence de Winier-
green naturelle, dont l'action est assez excitante et caus-
tique sur la peau, il est bon de différencier ces deux
corps ; non que nous ayons à craindre l'addition fraudu-
leuse de Tessence naturelle à Téther artificiel, le prix de
ce dernier étant la moitié de celui de Tautre, mais le
mélange pourrait être le résultat d'une erreur acciden-
telle.
Les tableaux précédents montrent que la distillation
fractionnée ne permettrait guère cette différenciation, la
quantité de terpène contenue dans l'essence étant très
minime, 2 à 3 pour 100. Nous avons alors examiné com-
parativement l'action de l'acide sulfurique sur l'essence
naturelle et sur le salicylate de méthyle. En mettant dans
un tube à expérience 5" de salicylate de méthyle ou d'un
des fractionnements bien desséché et versant dessus
volume égal d'acide sulfurique, on ne constate pas d'élé-
vation de température, et l'éther se colore faiblement en
jaune, on ne constate même aucune coloration dans la
partie distillant au-dessus de 222*.
En opérant de la même manière avec l'essence natu-
relle et surtout avec le produit de celle-ci passant de 220
à 222*, c'est-à-dire contenant le terpène appelé Gaulthé-
rylène, on voit la température s'élever d'une façon
notable et le mélange se colorer immédiatement en rose,
puis en rouge vineux qui, à la longue, fonce de plus en
plus jusqu'au rouge brun.
La réaction est beaucoup moins nette avec la partie
distillant au-dessus de 222«.
Cet essai est le vrai moyen de différencier les deux
essences : naturelle et artificielle. Cette dernière ne doit
pas s'échauffer et se colorer par mélange avec l'acide sul-
furique.
— 425 —
REVDË SPÉCIALE
DES PDBUGÂTIONS DE PHARMACIE, TOXICOLOGIE, CHIMIE.
Pharmacie. Toiicologio.
Sur le mode d'action du chloral dans Torganisme vivant;
par M. A. Belohoubek (1). — A l'heure actuelle, on n'ad-
met plus guère, comme le prétendait Liebreich, que le
chloral agit dans l'organisme en se décomposant en
chloroforme et acide formique ; l'organisme ne contient
pas suffisamment d'alcali libre pour pouvoir décomposer
de cette façon des doses médicinales d'hydrate de chlo-
ral.
Plusieurs théories ont été successivement proposées
pour remplacer celle de Liebreich. L'auteur en donne
une nouvelle fondée sur l'action des aminés sur l'hydrate
de chloral. Avec la potasse et l'ammoniaque en solutions
aqueuses, l'hydrate de chloral donne du chloroforme, de
l'acide formique et aussi de l'oxyde de carbone ; ce der-
nier fait n'avait pas encore été constaté. En présence de
solutions aqueuses, mêmes étendues d'aminés primaires,
comme l'éthylamine, le propylamine, le butylamine, on
constate la formation de chloroforme, de carbylamine
correspondante et d'oxyde de carbone, si l'on envisage
les produits les plus importants ; on n'avait pas jusqu'à
présent signalé la production de carbylamine en partant
de l'hydrate de chloral, au moyen de solutions aqueuses
d'aminé, en l'absence d'alcalis fixes et d'alcool.
Si la décomposition ainsi observée se fait déjà à la
température ordinaire, il est bien évident qu'elle s'effec-
tuera encore plus facilement à 37®, c'est-à-dire à la tem-
pérature normale du corps humain. Or, l'organisme con-
(i) Ueber die Einwirkung der Aminé auf Chloralhydrat Eine
ehemuche Erklàrung der Wirkungeweiêe des Chloralhydrates im lebenden
Organismus; ZeiUchrîft des Allgem ôsterr. Apotheker-Vereines, n~ 4 et
5, 1896.
ff^!??^^ "^V--TW*^f«5SIR— -^
— 426 —
tient effectivement des aminés et en particulier des
aminés primaires ; les éléments nerveux présentent con-
stamment une réaction alcaline.
. On sait que là plus grande quantité de l'hydrate de
chloral ingéré passe à l'état d'acide urochloralique ou
acide trichloréthylglycuronique, inactif au point de vue
physiologique; on conçoit ainsi que les aminés n'agissent
que sur une très faible proportion du chloral ingéré et
soient par là même en quantité suffisante pour pouvoir
provoquer, aux dépens de ce dernier, dans l'organisme
vivant, la formation de chloroforme, de carbylamines et
d'oxyde de carbone. H.
Sur riodure d'amidon; par M. C. O. Harz (1). — L'au-
teur a fait des recherches sur trois espèces d'amidon dans
le but d'établir combien d'iode peuvent absorber ces ami-
dons, soit à l'état cru, soit à l'état d'empois. Il a suivi la
méthode suivante : on délaie 2»'" d'amidon dans l'eau, on
ajoute 25" de solution normale d'iode au dixième, puis
20«' de sulfate de magnésie cristallisé ; on étend à 500"
puis on laisse au repos pendant 24 heures.
On mesure alors un volume déterminé du liquide clair
et on dose l'iode en excès à l'aide d'une solution normale
au dixième d'hyposulfite de soude en se servant d'un peu
d'amidon soluble comme indicateur.
Voici les résultats trouvés par l'auteur, ils sont expri-
més par rapport à l'amidon anhydre :
Amidon. Iode abftorbé p. 100.
Riz à rétat cru 6,i4
— d'empois 17,61
Pomme de terre à l'étal cru 6,73
— d*cmpois S0,86
Blé à réUl CPU 7,62
— d'empois 20,72
Payen a donné comme formule de son iodure d'amidon :
{CMr^O«)«»I, ce qui correspond à 7,2 p. 100 d'iode. Ce
(1) D*après Apotheker Zeitung, 1898, p. 260.
— 427 —
chiffre se rapproche de ceux qui ont été trouvés pour l'a-
midon cru. La formule de Mylius 4 [(C»H«^0')*I] + HI,
exige une proportion d'iode beaucoup plus élevée, soit
19,6 p. 100. Elle se rapporterait à l'iodure obtenu avec
l'empois. Em. B.
La peptone des amandes douces ; par M. E. Lem-
PORT (1). — Cette peptone a été préparée par l'auteur de
la façon suivante : on fait avec les amandes douces mon-
dées et de l'eau une émulsion qu'on laisse reposer pendant
un jour. Au liquide décanté, on ajoute de l'acide picrique
on excès pour précipiter les matières albuminoïdes (con-
glutine et émulsine). On filtre et on précipite la peptone
avec de l'acide phosphotungstique. On lave le précipité
avec de l'eau faiblement acidulée avec de l'acide sulfu-
rique, après quoi on le triture avec de la baryte et de
Teau, ce qui met la peptone en liberté. On filtre et, dans
le liquide filtré, on précipite l'excès de baryte à l'aide
d'un courant d'acide carbonique. On porte à Tébullition
pour décomposer le bicarbonate de baryte qui est en
solution: on filtre de nouveau et on évapore à siccité.
Le produit que l'on obtient ainsi se pulvérise facile-
ment. Il se présente alors sous forme d'une poudre jaune
insoluble dans l'alcool et dans l'éther mais soluble dans
l'eau. La solution aqueuse précipite par le tannin et
donne la réaction du biuret ; elle dévie à gauche le plan
de la lumière polarisée.
Le rendement, par ce procédé a été de 0,25 p. 100.
Em. B.
Sur la transformation des sels mercureux en sels mer-
curiques (2). — La transformation des sels mercureux
en sels mercuriques est considérée comme résultant
presque toujours d'un phénomène d'oxydation.
D'après S. Hada, cette transformation doit être expli-
(1) Pharm. Zeitschr. f. Hussland, XXXVI, p. 527, 1897.
(î) S. Hada. Chemical NewSy t. LXXIV, p. 277.
— 428 —
quée différemment suivant les circonstances dans les-
quelles elle se produit. Ainsi, il y aurait lieu de considé-
rer deux cas :
!• A la température ordinaire, et sous la pression nor-
male, c'est un phénomène de dissociation qui peut être
représenté par la formule générale suivante (R étant
un élément ou un radical monovalent quelconque) :
Hg«R« = HgR« + Hg
Le mercure mis en liberté peut être séparé du sel
mercurique ainsi formé en soumettant le mélange renfer-
mant les éléments de la dissociation à une température
de 40* dans le vide : le mercure se volatilise.
2* Lorsqu'on élève la température en même temps que
la pression auxquelles le sel est soumis, par exemple en
le chauffant avec de Teau, en vase clos, à la températiu'e
de 150®, en présence d'une atmosphère d'oxygène, c'est
un phénomène d'oxydation qui a lieu ; l'oxyde mercureux
Hg*0 passant à l'état d'oxyde mercurique HgO.
Ainsi donc, l'oxyde mercureux Hg*0 pourrait se chan-
ger en oxyde mercurique HgO tout aussi bien à la tem-
pérature et à la pression ordinaires par perte de mercure :
Hg*0 = HgO -f Hg, que dans des conditions particu-
lières par absorption d'oxygène : Hg*0 -|-0 = 2 HgO.
L'auteur a étudié particulièrement les sels oxygénés,
nitrates, sulfates, phosphates, acétates, ces derniers sont
ceux qui se prêtent le plus facilement à l'étude de ces
transformations. E. Leidié.
Les alcaloïdes, les leucomaines et les ptomaînes (Étude
historique); par M. Louis Huart, pharmacien (Extrait) (1).
— Méthode de M. Bruylants (2). — Instruit par une longue
expérience, M. Bruylants a su tirer habilement parti des
travaux de ses devanciers, élaguant les défauts des pro-
cédés en usage, tout en y introduisant d'heureuses
(i) Ann, de Pharm. de Louvain
(2) Annaleê de médecine légale. Affaire J. 1895, p. ii7.
— 429 —
modifications : celles-ci portent surtout sur la manière
de préparer la liqueur d'analyse.
Le viscère est broyé sous un léger filet d'alcool, et la
bouiUie obtenue, acidulée d'acide tartrique, est rendue
fluide par addition d'alcool. Après avoir chauffé au bain
d'eau, pendant vingt-quatre heures, de 50 à 60*, on ex-
prime autant que possible et on reprend par de Tacool aci-
difié d'acide tartrique. Après digestion de vingt-quatre
heures et expression, on renouvelle cette extraction une
troisième et une quatrième fois. Les liquides mélangés
sont laissés au repos pendant vingt-quatre heures, puis
jetés sur un filtre lavé à l'alcool. On distille dans le vide
à une température ne dépassant pas 40 à 45**. Le résidu
aqueux, après vingt-quatre heures de repos, est débar-
rassé des graisses par filtration au papier mouillé, puis
concentré de nouveau par distillation dans le vide.
Au cours de la concentration, on précipite une partie
de l'acide tartrique par addition de tartrate neutre de
potasse et on sépare la crème de tartre par filtration.
Les liquides aqueux sirupeux sont évaporés jusqu'à
extrait fluide, à une température non supérieure à 50*.
Cet extrait est mélangé de sable quartzeux pur et séché.
Le résidu pulvérisé est épuisé à chaud par de l'alcool
fort et le nouveau liquide alcoolique, filtré après repos
de vingt-quatre heures, est évaporé dans le vide, jusqu'à
disparition d'alcool. L'extrait obtenu est repris par de
l'eau distillée. Après filtration, on agite à deux reprises
avec la pétroléine, qui n'enlève aucun principe alcaloï-
dique (sauf la capsicine et des traces de pipérine), mais
débarrasse la liqueur de presque toute la matière grasse.
Cette liqueur est alcalinisée par le bicarbonate de
soude, et épuisée à quatre reprises par l'éther. On dis-
tille, et le résidu aqueux, acidulé d'acide tartrique, est
traité par les dissolvants de DragendorfT. Ce môme
traitement est également effectué en solution alcaline.
Grâce aux nombreuses et minutieuses manipulations
préliminaires, on dispose, après le traitement par la pé-
troléine, puis par l'éther en grande quantité, d'une
— 430 —
liqueur bien conditionnée pour subir Faction des dissol-
vants carbonés. Elle est, en effet, débarrassée des matières
étrangères, des substances grasses, albuminoïdes, qui
produisent ces émulsions si laborieuses, signalées dans la
méthode de Dragendorff.
Importance des ptomaines dans les expertises chimico-
LÉGALES. — L'importance des ptomaïnes dans les recher-
ches toxicologiques repose sur les faits suivants :
1) Les ptomaïnes sont des alcaloïdes au même titre
que les bases végétales.
2) Leur présence est constante dans les produits de la
putréfaction, surtout dans les viscères conservés depuis
huit à vingt jours, aux températures moyennes.
3) Certaines réactions des ptomaïnes présentent une
similitude déconcertante avec celles qui caractérisent
quelques alcaloïdes végétaux. Parfois les réactions
propres à certains alcaloïdes (par exemple : la nicotine
et la cicutine), se confondent, pour ainsi dire, avec celles
des bases cadavériques.
4) Enfin certains alcaloïdes (par exemple : la musca-
rine), peuvent être rangés indifféremment, parmi les
bases végétales, physiologiques ou pathologiques, sans
que l'analyse la plus minutieuse puisse en déterminer
la véritable origine.-
Étude des moyens propres a éviter les erreurs. —
L Avant l'opération. — Le chimiste expérimenté ne doit
négliger aucun moyen pour éviter ou éliminer les pto-
maïnes et, dès le premier moment de l'autopsie, sa pré-
voyance doit être en éveil. De là les précautions suivantes :
A) Séparation absolument nécessaire des viscères en cinq
groupes : 1** l'estomac et son contenu; 2* l'intestin et son
contenu; 3* le foie, le sang qui s'en écoule, la rate, les
reins; 4* les poumons et du sang; 5* de l'urine.
L'examen de chaque groupe doit être fait séparément,
et accompagné d'un rapport spécial, de telle sorte qu'une
recherche chimico-légale comporte, en réalité, cinq ana-
lyses approfondies.
— 431 —
Outre des raisons étrangères à ce sujet, la séparation
en cinq groupes s'impose pour les raisons suivantes :
«) Les fermentations sont différentes suivant les organes,
donc les ptomaïnes seront diflPérentes, suivant les viscères
putréfiés dans lesquelles elles ont pris naissance ;
p) Certains poisons se localisent dans tels organes, plu-
tôt que dans tels autres. L'expert perdrait donc l'avan-
tage de ces indications si tous les viscères étaient mélan-
gés ;
t) Si l'on opère sur tous les organes, les difficultés que
présente la purification de la base extraite sont telles, que
la strychnine elle-même se refuse à cristalliser;
8) Enfin il est une dernière considération d'une impor-
tance capitale : dans les intestins^ la présence des pto-
maïnes est constante; au contraire, dans l'estomac, les
bases cadavériques n'existent pas de suite après la mort.
Leur apparition dans ce dernier organe ne se manifeste
qu'après la disparition de la réaction acide, c'est-à-dire
un temps assez long après l'inhumation.
C'est ainsi que dans l'affaire J. l'estomac du cadavre
d'A. A., exhumé neuf jours après décès, présentait une
réaction encore franchement acide (1). Aussi le rapport
constate-t-il l'absence de ptomaïnes (2). Est-il nécessaire
d'insister sur tout le parti que le chimiste peut tirer de
cette absence de ptomaïnes dans l'estomac adde, alors
que ces bases existent régulièrement dans les intestins ?
B) L'expert a toujours soin de vérifier la pureté absolue
des dissolvants qu'il doit employer. Ces liquides, pris
dans le commerce, renferment des impuretés et notam-
ment des bases pyridiques.
Chacun des dissolvants doit donc être scrupuleusement
analysé avant l'usage, afin de ne pas introduire soi-même,
dans les organes suspects, des substances pouvant donner
lieu à des méprises.
IL Pendant Vopération. — Il est un point bien établi :
(1) Bruylants et Druyts, Annale$ de médecine légale, 1895, p. 118.
(«) Ibid., pp. 127, 133.
— 432 —
c'est que, si certaines ptomaïnes brutes^ complexes
ont fourni des réactions comparables à celles de plusieurs
alcaloïdes végétaux, il n'en est plus de môme des bases
purifiées. Il y a donc là une différence capitale, dont on
doit profiter. Voici comment cette purification peut se
faire.
III. Après l'opération. — Supposons que Texpert-chi-
miste retire des viscères une substance alcaloïdique —
donc précipitant par le réactif de Bouchardat. — Admet-
tons Vhypothèse d'un alcaloïde végétal^ mélangé à une pto-
maïne.
On contatera la présence de cette dernière, en étalant
la substance sur un verre de montre et en Texposant,
sous une cloche, aux vapeurs d'acide chlorhydrique : il y
a production d'une coloration rouge ou rouge-violacée.
Comment éliminer la base cadavérique et purifier en
même temps Valcaloïde végétal?
Les ptomaïnes sont fort oxydables, L'évaporation les
décompose déjà, et les transforme en produits difficile-
ment solubles dans Teau acidulée. De plus l'acide chlorhy-
drique fumant, qui laisse les alcaloïdes végétaux intacts,
résinifie, au contraire, les ptomaïnes.
On utilise ces données, en opérant comme suit :
La substance est traitée par l'acide chlorhydrique
fumant. On évapore au bain-marie, puis l'on reprend par
l'eau distillée, qui enlève le chlorhydrate d'alcaloïde et
laisse comme résidu une première partie de ptomaïne
résinifiée. On répète ce traitement plusieurs fois, jusqu'à
ce que l'alcaloïde soit assez purifié pour produire des
réactions nettes et caractéristiques.
M. Bruylants a employé, avec succès, le procédé ci-
après : Le résidu est dissous dans de l'eau légèrement
acidulée d'acide acétique. Le résidu brunâtre, lavé à l'eau,
donne avec le réactif de Frœhde, une coloration brun-
foncé. La solution jaunâtre ainsi obtenue est filtrée,
traitée à deux reprise par de l'alcool amylique froid, puis
alcalinisée au bicarbonate sodique et épuisée à quatre
reprises par de l'alcool amylique chaud.
— 433 —
Les liqueurs amyliques sont réunies, évaporées au
quart, traitées à deux reprises par quelques gouttes d'eau
distillée et évaporées à siccité. Le résidu, encore coloré,
a été repris par de Teau acidulée d'acide acétique, et la
solution, traitée par quelques gouttes de sous-acétate de
plomb, a été mise au repos pendant vingt-quatre heures.
Le produit de la réaction a été séparé par filtration, le
précipité lavé à Talcool, et cette liqueur de lavage, ajoutée
à la solution filtrée, est traitée par un excès d'H'S, filtrée
évaporée en partie au bain-marie et desséchée sur SO*H*
concentré.
La purification doit être poussée aussi loin que pos-
sible. Théoriquement, on pourrait même obtenir un pro-
duit absolument pur, en multipliant les traitements. Mais
on perd, évidemment, chaque fois, une partie de l'alca-
loïde ; or la quantité de toxique dont on dispose est d'or-
dinaire si minime, que le nombre de purifications est
forcément limité.
La séparation des ptomaïnes rCest donc jamais absolue.
Ne va-t-il pas en résulter un trouble dans les réactions
caractéristiques? En d'autres termes, les réactions dis-
tinctives de certains alcaloïdes ne sont-elles pas altérées
au point de devenir douteuses?
Considérons l'expert placé dans les conditions les plris
défavorables, c'est-à-dire n'ayant pas la moindre indica-
tion sur laquelle il puisse se guider; les symptômes qui
ont précédé la mort n'ont pu être observés ; l'autopsie n'a
relevé aucune lésion caractéristique.
Les viscères renferment-ils une substance toxique, ou
encore une substance capable, soit de provoquer des acci-
dents, soit de déterminer la mort.
L'expert pourra déterminer la quantité totale de
toxique, mais il se gardera bien d'en tirer un argument
quelconque, ou encore d'émettre des considérations
étrangères à ses fonctions. (A suivre,)
Disparition de rempoisonnement saturnin par la substi-
tution partielle de l'acide métastannique à la potée d'itain
Joum. dt Pkarm, €t de Cfcim., 6' SÉRIB, t. VII. (!•• mai 1898.) 2ft
■ ^.«li'iiiH.'^ffi^y
- 434 —
dans le polissage du cristal; par M. L. Guéroult, direc-
teur de la verrerie de Folembray (Aisne). — L'auteur a
publié en 1891 une série d'observations sur les résultats
favorables qu'il avait obtenus à la cristallerie de Bac-
carat, par la substitution partielle de l'acide métastan-
nique à la potée d'étain ordinaire pour le polissage du
cristal. Il rappelle qu'avant l'emploi de l'acide méta-
stannique, en soixante-dix-neuf mois, de novembre 1884 à
juillet 1891, sur 200 tailleurs de cristaux il y eut, à Bac-
carat, 39 malades, dont plusieurs avec récidives. Un suc-
comba : 4 furent empêchés dans leur travail, de sept
mois à quatre années, par suite de paralysie saturnine ;
' 34 firent en tout 1.333 journées de maladie à l'hôpital. Au
contraire, du 1" juillet 1891, date où fut employée la nou-
velle potée, à novembre 1892, c'est-à-dire en dix-huit
mois, on ne put constater, à la cristallerie, où se faisait
l'expérience, un seul cas d'intoxication saturnine sur les
ouvriers tailleurs de cristal.
Après six ans et demi le succès est resté complet.
Le produit primitif (potée d'étain ordinaire) contenait
62 p. 100 de plomb. Le produit substitué n'en contient
plus que 20 p. 100, et il est difficile d'abaisser davantage
le taux du plomb par addition d'acide raétastannique,
celui-ci adhérant alors trop fortement au cristal après
polissage.
11 est bien remarquable (1) de constater que, quoique
encore plombifère, la nouvelle potée est devenue entiè-
rement inolTensive ainsi que le constate la lettre sui-
vante de M. le D"" J. Schmitt, médecin de la cristallerie
de Baccarat, qui confirme ces faits :
I Je n'ai pas eu à constater depuis 1891, c'est-à-dire
depuis six ans et demi que vous avez substitué la nou-
velle potée à l'ancienne, un seul cas d'intoxication satur-
nine chez les tailleurs de cristaux : ce résultat peut
n'avoir rien de bien surprenant chez les tailleurs qui
n'avaient jamais été intoxiqués, mais il est absolument
(1) On peut même dire que ce fait est bien surprenant.
. =r- 435 —
remarquable que je n'aie jamais eu à constater un acci-
dent aigu chez les anciens saturnins.
« Plus de paralysies saturnines, relativement fréquen-
tes autrefois, et, en général, plus de symptômes d'empoi-
sonnement sous aucune forme.
« Bien entendu, nous avons toujours des artério-sclé-
reux, des emphysémateux et, chez beaucoup, des indices
de sénilité prématurée, mais ces lésions ont surtout pour
cause l'alcoolisme et une hygiène défectueuse.»
Sur rabsorption cutanée de Tiode, de riodoformie, de
riodure d'éthyle et du salicylate de méthyle ; par MM. (}.
LiNossiER et M. Lannois (Extrait). — Après un badigeon-
nage de teinture d'iode sur la peau saine, on trouve
constamment une petite quantité de ce métalloïde dans
l'urine. De nombreux observateurs l'ont dès longtemps
démontré (Ménager, Rohrig, llabuteau, Binz, etc.), il
est facile de le vérifier, et on peut considérer ce fait
comme acquis, malgré quelques expériences contra-
dictoires (Braune, Rilter, Fleischcr, Du Mesnil...). 11 en
est de même après l'application de coton iodé (Dechambrei.
Quelle est la voie de cette absorption? L'iode, comme
corps volatil, est-il capable de traverser la peau saine»
(liabuteau) ? La franchit-il grâce à la désorganisation de
l'épiderme (Gubler) ? ou bien pénètre-t-il par la voie pul-
monaire comme on Ta prétendu pour le mercure (Merget;,
et d'autres corps volatils ? Quelle est l'intensité de lab-
sorption? Est-elle suffisante pour qu'on puisse l'utiliser
en thérapeutique ?
De leurs études sur l'absorption cutanée du gaïacol et
du salicylate de méthyle, MM. Linossier et Lannois ont
conclu que la peau saine absorbe très facilement certaines
substances (1).
Les corps qui se prêtent le mieux à l'absorption épider-
mique sont ceux qui, avec un point d'ébuUition élevé,
(1) Joum. de Pharm. et de Chwu [6], III, 443, i896; Linossier et Lan-
nois, et même recueil [6], IV, 1896, 397; Guinard et le présent numéro, p. 42â.
- 436 —
présentent dès la température ordinaire une certaine
tension de vapeur. L'iode, bouillant au-dessus de 200%
'et faiblement volatil dès la température ordinaire, réalise
ces conditions, mais il présente en outre deux propriétés
capables d'apporter un certain trouble dans le phénomène
de l'absorption :
!• Il modifie Tépiderme ;
2* Il contracte avec les substances albuminoldes de la
peau une combinaison, qui le fixe momentanément, et
ne le livre à l'absorption qu'au fur et à mesure de la disso-
ciation ou de la décomposition de la combinaison iodo-
albumineuse.
Quelques expériences étaient donc utiles pour préciser
les conditions de l'absoption.
Les auteurs ont appliqué à divers sujets, et sur diflférentes
parties du corps, des badigeonnages de teinture d*iode,
et ils ont dosé l'iode éliminé par l'urine à la suite de ces
applications. Ils ont employé, d'une manière constante,
4'* de teinture d'iode du Codex pour chaque badigeon-
nage. Dans une première série d'expériences, la partie
badigeonnée a été laissée à l'air libre ; dans une seconde,
elle a été recouverte d'une enveloppe imperméable de
gutta-percha laminée. Pour le dosage, l'urine était cal-
cinée en présence d'un excès de soude, le résidu repris
par Tacide sulfurique, l'iode mis en liberté par très peu
d'azotite de potassium, extrait de la solution aqueuse par
le chloroforme et dosé colorimétriquement.
La quantité minime d'iode, dans certaines des expé-
riences, excluait tout autre procédé de dosage.
On a opéré aussi sur du coton iodé maintenu à
distance.
Ils ont tiré de ces expériences les conclusions suivantes :
Après un badigeonnage abandonné à l'air libre, la
quantité d'iode qui s'élimine par l'urine est minime et ne
dépasse pas quelques milligrammes. Elle est très irrégu-
lière. Parmi les influences qui la font varier, la princi-
pale semble être la facilité plus ou moins grande de
l'évaporation. Ainsi, chez un sujet alité, c'est sur la poi-
trine que Tabsorption est la plus faible ; sur le dos elle
atteint son maximum et elle est comparable à celle que
Ton observe après un badigeonage enveloppé, et en effet
les conditions sont à peu près les mêmes.
Après un badigeonnage enveloppé, l'absorption est
beaucoup plus active : sept fois et même douze fois plus,
dans des expériences comparatives sur le même malade. La
quantité diode éliminée par Turine a atteint, dans un
cas, près dutiei'S de la quantité déposée sur la peau. Elle
est aussi très irrégulière suivant les cas ; on ne peut donc
compter sur les badigeonnages, même enveloppés, comme
moyen de faire une thérapeutique iodurée interne.
L'intensité bien plus grande de l'absorption, quand le
badigeonnage est hermétiquement enveloppé, prouve bien
que la peau est la voie principale de pénétration, et que
la respiration des vapeurs diffusées ne joue qu'un rôle
tout à fait secondaire.
La rapidité de l'absorption montre que la combinaison
de l'iode avec la peau ne retarde guère la pénétration.
C'est dans les premières heures que l'urine est la plus
riche en iode.
Quel rôle joue l'altération de l'épiderme ? La question
est délicate, et, à coup sûr, l'iode se prête fort mal à la
démonstration qui a été faite pour d'autres corps de la
perméabilité de la peau saine pour certains médicaments.
Au premier abord, il semble même qu'il existe une rela-
tion entre l'absorption et l'altération cutanée. C'est après
les badigeonnages enveloppés que toutes deux sont le
plus marquées. Nous ferons observer, toutefois, que la
désorganisation de la peau parait assez lente, et que
l'absorption est le plus active pendant les premières
heures, avant qu'elle soit appréciable à la vue, si bien
que cette altération serait l'effet et non la cause du pas-
sage de l'iode, et qu'une fois constituée, elle semblerait
plutôt un obstacle qu'une condition favorable à l'ab-
sorption.
lodoforme et iodure d'éthyle. — Il résulte des précé-
dentes recherches que toute combinaison iodée volatile
, M4 i'^W ■■«
— 438 —
pourra être utilisée en vue d'introduire de l'iode dans
l'organisme par la voie cutanée. Les auteurs ont vérifié
le fait pour ces deux corps.
Donc, riode appliqué en badigeonnages est absorbé
par la surface cutanée. Cette absorption, minime quand
la partie badigeonnée est abandonnée à l'air libre, devient
beaucoup plus active quand elle est hermétiquement
enveloppée. Le maximum d'absoi'ption a lieu au début
de Tapplication.
L'altération superficielle de l'épiderme produite par la
teinture d'iode, quand elle ne va pas jusqu'à la destruc-
tion de la couche cornée, semble plutôt agir comme un
obstacle à l'absorption qu'en être la cause favorisante.
Même dans les conditions les plus favorables, cette
absorption est trop irréguliére pour qu'on puisse utiliser
les badigeonnages de teinture d'iode en vue d'une médi-
cation iodurée générale.
"L^lodoforme, l'iodure d'éthyle sont absorbés par la peau
saine ; ce dernier corps en assez grande quantité pour
pouvoir être utilisé, le cas échéant, en vue d'une médica-
tion générale iodurée.
MM. Linossier et Lannois sont revenus récemment sur
les applications locales de salicylate de méthyle (1).
Au point de vue pratique, les auteurs avaient pré^ii
que le salicyhite de méthyle. se saponifiant dans le sang
et s'y transformant en salicylate de soude, agirait comme
ce dei-nier corps, tout en ayant sur lui l'avantage de ne
pas irriter l'estomac et d'exercer, en dehors de l'action
générale des salicylates, une action analgésique locale.
C'est ce que Texpérience a vérifié.
Au point de vue des indications, dans le rhumatisme
articulaire aigu, l'influence du salicylate de méth^^le sur
l'évolution de la maladie semble la même que celle du
salicylate de soude (Lemoine). La douleur est plus vite
calmée, de deux à six ou huit heures après l'application,
mais peut reparaître au bout de douze heures, d'où l'indi-
(1) Ac. d. méd. fS], XXXIX, 22 mars i898.
— 439 —
cation de prati([uer deux badigeonnages par jour. Le seul
motif de préférer le salicylate de méthyle au salicylate
de soude est Tinlolérance des voies digestives. Dans une
maladie générale infectieuse, comme le rhumatisme arti-
culaire aigu, l'action locale du médicament est en effet
peu importante ; cela est si vrai que, pour éviter de
remuer des articulations malades, on peut, sans modifier
sensiblement les résultats, faire l'application sur un point
quelconque, non douloureux de la surface cutanée.
Dans la plupart des formes subaiguês, dans les poussées
aiguës des formes chroniques du rhumatisme, l'affection
étant mieux localisée, le salicylate de méthyle offre, au
contraire, sur le salicylate de soude, une supériorité
marquée. C'est, dit M. Siredcy, le médicament de choix.
A l'action générale des salicylates, il joint une action
locale, qui peut devenir prépondérante : quand plusieurs
articulations sont atteintes, le soulagement se manifeste
surtout, et parfois exclusivement, au niveau de l'articu-
lation badigeonnée.
Dans les rhumatismes infectieux (])Iennorragie, scarla-
tine, éry thème noueux), l'action est le plus souvent favo-
rable, mais moins constamment que dans le rhumatisme
subaigu ou chronique. 11 est utile de recourir à des doses
élevées (Siredey..
Dans les arthrites goutteuses, le salicylate de méthyle
est un des meilleurs calmants de la douleur.
Contre les névralgies et névrites, il a été employé
souvent avec succès ; [les observations de sciatique trai-
tées par le salicylate de métliyle sont déjà nombreuses
et concluantes. On a réussi également dans les névrites
des typhiques, des tuberculeux, des alcooliques ; on l'a
essayé avec un bon résultat dans un cas de zona (Cham-
bard-Hénon).
Enfin, comme analgésique, le salicylate de méthyle
a rendu des services dans beaucoup d'affections doulou-
reuses. On a obtenu quelques succès contre les douleurs
fulgurantes du tabès, pseudo-névralgies du mal de Pott,
points pleurétiques des tuberculeux (Siredey).
— 440 —
Enfin, Duquaire a utilisé les propriétés de pénétration
du salicylate de méthyle pour poursuivre le gonocoque
dans l'épaisseur de la muqueuse urétrale. Jouin a publié
quelques bons résultats obtenus dans Tendométrite, sur-
tout blennorragique.
La dose de 4«' a été portée par M. Lemoine jusqu'à
24»' dans le rhumatisme articulaire aigu ; mais cet auteur
même a considéré cette proportion comme inutile, li^ lui
ont toujours paru suffisants. Par contre, M. Siredey a
employé avec succès, dans les rhumatismes chroniques,
des quantités moins fortes (2 à 3«'). Cela prouve que les
doses peuvent varier dans une large mesure, puisque de
très faibles ont pu, dans certains cas, se montrer suffi-
santes, et que de très fortes ont été sans inconvénient.
Dans la pratique, on pourra débuter par des doses faibles,
mais ne déclarer le médicament inutile qu'après les avoir
sensiblement augmentées. 4«^ peuvent être admis comme
une dose moyenne généralement suffisante dans les rhu-
matismes subaigus et chroniques. Dans le rhumatisme
articulaire aigu, dans les rhumatismes infectieux, on
devra la porter à 8*' et même à 12«^
Quelques cliniciens ont substitué au salicylate de mé-
thyle Tessence de Wintergreen naturelle, qui renferme
90 p. 100 de ce corps. Il n'y a à cette substitution que
des inconvénients. L'essence de Wintergreen n'est pas
un médicament toujours identique à lui-même ; elle ren-
ferme des substances dont l'action physiologique est
inconnue; son odeur est plus pénétrante, plus tenace,
que celle du salicylate de méthyle pur ; elle est parfois
irritante pour la peau.
Dans ces derniers temps, plusieurs auteurs ont rem-
placé le badigeonnage enveloppé par l'application de-
pommades au salicylate de méthyle; aucun ne s'est
préoccupé de rechercher ce que devient l'absorption dans
ces nouvelles conditions. MM. Linossier et Lannois
avaient vu que, après l'incorporation de 4»' de salicylate
de méthyle à 15*' de vaseline ou d'axonge, la quantité
d'acide salicylique dans l'urine n'était plus que de 0«',42;
IJ
— 441 —
0«',18; 0«',14, au lieu de 0«%8 à 1«'. Ils ont repris cette
étude sur quatre malades semblant présenter des condi-
tions identiques d'absorption cutanée (même taille, même
âge, même couleur de cheveux, même aspect du tégu-
ment). Ils ont appliqué à trois d'entre elles, sur l'avant-
bras gauche, une pommade renfermant 2»'',50 de salicylale
de méthyle incorporé à 30»' d'excipient, vaseline, axonge
ou lanoline, et ils ont enveloppé hermétiquement le
membre avec plusieurs feuilles de gutta-percha. La qua-
trième a reçu la même pommade à base de vaseline, mais
sans enveloppement imperméable.
Les urines ont été recueillies après 24 heures, et l'ana-
lyse a donné les résultats suivants :
Acide salicylique
Volume ^ '■ - — *
Nature de l'excipient. d'urine. p. litre. p. Si heures.
Pas d'excipient 1000 0,30 0,30
Axonge 1M0 0,125 0,19
Lanoline 900 0,18 0,16
Vaseline 1050 0,14 0,15
Vaseline (sans développement). 1700 moins do 0,01
L'incorporation du salicylate de méthyle aux excipients
habituels n'a, au point de vue de la commodité de l'em-
ploi, aucun avantage. Les pommades à l'axonge et à la
vaseline notamment sont fluides, difficiles à appliquer et
4 maintenir sur le membre en quantité suffisante. Quant
à l'absorption, on voit qu'elle est diminuée dans une
large mesure, quand on pratique l'enveloppement, et
qu'elle est nulle si la pommade reste à Tair libre.
La nécessité d'un enveloppement hermétique n'est
donc pas douteuse.
Chimie.
Sur la chaux vive; par M. IIerzfeld (1). ~ Les princi-
pales conclusions des recherches de l'auteur sont les
suivantes :
(1) ZeiUchr, Rûbenzucker-Industrie, 1897, p. 817; d'après Apotheker-
leitung, 1897, p. 750*
— ii2 —
1** 11 existe vraisemblablement un hydrate de chaux à
1 molécule d'eau de cristallisation; mais il n'en existe
pas qui renferme une proportion plus grande d'eau;
2*^ Pour dissoudre une partie de chaux (CaO), il faut :
à 15% 776 parties d'eau; à 20^ 813 parties; à 25% 848;
à 30% 885; à 35% 924; à 40% 9G2; à 45% 1.004; à 50% 1.04i:
à 55% 1.108; à 60% 1.158; à 65% 1.244; à 70% 1.330; à 75%
1.410; à 80% 1.482 parties;
3^ La température de décomposition du carbonate de
chaux pur est située entre 900 et 950®. A cette tempéra-
ture, tout l'acide carbonique se trouve expulsé en quel-
ques heures; si l'on chauffe dans un courant d'acide car-
bonique, la décomposition n'est pas encore possible à
900°, mais elle est complète en une heure à 1.030°;
4° En ce qui concerne l'hydrate de chaux, il commence
à se décomposer vers 470°, beaucoup plus bas par consé-
quent;
5° La chaleur spécifique de 1 hydrate de chaux pure est
0,323, et dans la formation de l*"" d'hydrate de chaux,
151 calories deviennent libres; de telle sorte que la tem-
pérature maximale d'extinction de la chaux dans l'eau
s'élève à 486°;
6° La chaux vive fond à 1.600-1.650* en donnant, dans
l'espace de huit heures, une masse vitreuse se dissolvant
lentement dans l'acide chlorhydrique et s'éteignant dans
l'eau froide seulement en huit jours. Em. B.
Fabrication et propriétés du carborundum ; par M. C.-A.
KoKN (1). — Cette matière préparée dans une des usinet^
électriques du Niagara se compose de :
Coke 31,2
Sable. . 54,2
Sciure de bois 9,9
Sel marin 1,7
Le sel marin donne de la fusibilité et facilite les réac-
(1) Soc. chem, Ind , t. XVI, p, 863-868; 30, 11, 97.
— 4î;^ —
lions ; la sciure donne de la porosité et facilite le
dégagement de CO. Son .prix est descendu à 1 fr. 50 le
kilog.
Blanchiment électrolytique. — Procède Hermite (1). —
M. Hermite électrolyse un mélange de chlorure de so-
dium et de chlorure de magnésium; ce mélange peut
dans certains cas particuliers être remplacé avantageu-
sement par de l'eau de mer.
L'appareil consiste en une cuve en fonte possédant à
la partie inférieure un tuhe perforé amenant le liquide.
Les cathodes sont formées par des discjues en zinc mon-
tés sur deux arhres parallèles tournant lentement. Les
électrodes positives fixes sont placées entre les disques
en zinc; elles sont formées par des cadres en éhonite
supportant une ou plusieurs toiles métalliques en pla-
tine. Le liquide arrivant par en has est en mouvement
continuel et s'échappe par la partie supérieure de l'ap-
pareil.
Procédé Keîlncv '^j. — M. Kellner part d'une solution
de sel à 10 p. 100 et ol)tient des liquides contenant
1 p. 100 de chlore actif. Son appareil consiste en une
boîte fermée dont les parois latérales sont munies de
liteaux rainés et disposés en chicane. Dans ces liteaux se
trouvent ahernativemenl des plaques en charbons et en
métal platiné servant d'électrodes. Le liijuide entre par
un des côtés de l'appareil, et en sort par la face opposée.
Production de Vhydrosulpte de soude, — M. Villon a
proposé comme liquide décolorant une solution d'iiydro-
sullite de soude obtenue par l'hydrogénation directe des
bisulfites au moyen de l'électrolyse.
L'appareil dans lequel se fait cette opération consiste
en une cuve en bois de sapin divisée en deux comparti-
ments au moyen d'une cloison poreuse en terre de
(1) Brevet anglais (1883), ii* 5160, d'après Hev. de chim. indusl,
(2) Brevet anglais, 10.200 (1892), d'après Rev. de chim. indusi.
' >^-i'
pipe. Dans chacun d'eux, sont disposées verticalement
des plaques en charbon de cornue ou en cuivre doré.
Dans le compartiment négatif, on introduit une solu-
tion de bisulfite de soude à 35* B ; dans le compartiment
positif, de l'acide sulfurique au 1/10*. On refroidit les
liquides à 0* et on fait passer le courant;, au bout de
vingt-quatre heures on obtient ainsi une solution saturée
d'hydrosulfite de soude.
Recherche de Thuile de coton dans les huiles comes-
tibles; par MM. Tortelli et R. Ruggeri. — L'action du
nitrate d'argent sur l'huile de coton a été signalée par
Becchi qui a proposé ce sel pour caractériser la présence
de l'huile de coton dans les huiles comestibles. En opé-
rant non pas sur les corps gras neutres, mais sur leurs
acides gras, M. Millau est parvenu à rendre cette réac-
tion plus nette, sans toutefois lui donner un caractère de
certitude absolue, car il arrive que certaines huiles
comestibles exemptes de coton réduisent le nitrate d'ar-
gent, tandis que d'autres, qui n'en renferment que de
petites quantités, restent indifférentes à l'action du
réactif.
MM. Tortelli et Ruggeri proposent une nouvelle modi-
flcation de ce procédé, qui, au dire des auteurs, fait
disparaître les caractères douteux de cette réaction et
permet d'établir, en toute certitude la présence ou l'ab-
sence de celte huile. Il faut, à cet effet, opérer non plus
sur les acides gras totaux, mais seulement sur les acides
liquides. La séparation s'effectue en formant les sels de
plomb et traitant par l'éther qui dissout seulement les
sels de plomb des acides liquides. Ceux-ci sont décom-
posés par l'acide chlorhydrique et, les acides liquides,
mis en liberté, sont lavés à l'eau et soumis à l'action du
nitrate d'argent.
Voici les proportions qu'il convient d'employer et le
détail du mode opératoire :
Dans un ballon de 250**, on place 3«' d'huile, 30** d'une
solution alcoolique de potasse (potasse 60»% alcool à 90*,
— 445 —
1.000**), on ferme par un bouchon traversé d'un tube de
70* de long, courbé à angle obtus et étiré à son extrémité
supérieure, on chauffe au bain-marie pendant vingt
minutes. On ajoute quelques gouttes de phtaléine et on
neutralise exactement avec de Tacide acétique à 10 p. 100.
Le savon de potasse est transformé en sel de plomb en
le versant peu à peu dans une solution bouillante de 5*'
d'acétate de plomb dans 250** d'eau, et en agitant sans
cesse. On refroidit dans un courant d'eau froide, en
imprimant au vase un mouvement de rotation pendant
dix minutes. On sépare le liquide que l'on jette et on
lave trois fois les sels de plomb, solides, avec 200** d'eau
à 60-70*. On laisse refroidir, on enlève avec du papier
buvard les gouttes d'eau adhérentes au sel fixé sur les
parois du vase et on traite par 100^* d'éther redistillé; par
agitation le sel se détache, on recueille l'éther et l'inso-
luble dans un petit ballon qu'on chaufie au réfrigérant
ascendant pendant vingt minutes, on refroidit dans
l'eau froide ou la glace pendant trente minutes, on filtre
Téther sur un double filtre à plis et on le recueille
dans un entonnoir à robinet dans lequel on verse aussi
60** d'acide chlorhydrique à 10 p. 100. On agite forte-
ment, puis, après quelques minutes de repos, on sépare
par décantation la couche aqueuse acide et le chlorure
de plomb précipité. On recommence encore une fois
cette opération, après quoi on lave deux fois avec 50**
d'eau distillée, en n'agitant pas trop pour éviter l'émul-
sion.
La solution éthérée est filtrée et Téther distillé.
Le résidu est traité par 10*« d'alcool à 90* purifié et (1)
1** d'une solution aqueuse d'azotate d'argent à 5 p. 100. Le
(t) Préparation de V alcool pur. — Chauffer pendant ane heure, au réfri-
gérant à reflux, 1 litre d'alcool à 66* avec 3"* d'azotate d'argent à 5 p. 100, puis
distiller. Ajouter à cet alcool assez de permanganate de potasse pour qu'il
derlenne rosé d'une façon persistante. Abandonner Tingt-quatre heures en
agitant de temps à autre, filtrer, ajouter au liquide 2>' de potasse pure, Cure
bouillir deux heures au réfrigérant à reflux, distiller et ramener à 90* avec
de l'eau distillée.
— 446 —
tout est versé dans un gros tube à essais que l'on chauffe
à 70-80** dans un bain d'eau. En l'absence de coton, la
^liqueur reste jaunâtre, mais, en présence de cette huile.
«'il se forme de suite une réduction qui est complète en
peu de minutes. Dans ce cas, la solution devient d'aboixi
jaune, rougeâtre, puis rouge, brune en même temps
qu'elle se trouble.
On a pu, de celte façon, caractériser jusqu'à 1 p. 100
d'huile de coton dans un mélange.
Les auteurs signalent, comme ayant réduit le nitrate
d'argent employé suivant le procédé Millau, ou ayant
donné une réaction douteuse, des huiles d'olives pui'es
de Grèce et d'Espagne (1).
Action des sulfites alcalins sur les sels chromiques; par
M, A. Recoura. — Le composé complexe, qui prend
immédiatement naissance quand on ajoute à un sel
chromique un excès de sulfite de sodium, composé com-
plexe dans lequel l'hydrate chromique est dissimulé,
provient de la formation d'un sulfite basique de chrome
qui s'unit avec un certain nombre de molécules de sul-
fite de sodium, nombre qu'il n'a pas été possible de
déterminer, ce corps étant incristallisable. Mais ce com-
posé n'est pas très stable et, pour qu'il puisse résister
à l'action décomposante des réactifs qui tendent à préci-
piter l'hydrate chromique, il est nécessaire que la liqueur
renferme un excès de sulfite de sodium.
(1) Co procédé permet de concentrer la substance réductrice et par consé-
quent de donner plus de sensibilité à la réaction tout en éliminant un cerlaio
nombre de substances étrangères qui peuvent influencer la réacUon, mais
celle-ci reste inapplicable anx huiles qui, comme le lin, agissent sur les sels
des métaux précieux, de sorte que, dans ce cas, le procédé que M. Halphen a
fait connaître reste seul applicable et sa sensibilité peut être accrue aussi par
concentration du principe actif, mais d'une façon plus simple grâce à l'em-
ploi des sels de zinc {Journ, de pharm. et de chim, [6], VI, 390, 1897).
ACADEMIE DE MEDECINE
La cirrhose des buveurs et le plâtrage^
par M. Alf. Riche (1).
Je vous demande la permission de vous soumettre
(juelques observations sur une question de médecine, la
cirrhose des buveurs, soulevée par M. Lancereaux, et
discutée contradictoirement par M. Vallin et M. Laborde.
Les deux points de l'argumentation de M. Lancereaux
sont :
i* La cirrhose hépatique est engendrée par les excès de
vin et non par Tabus des spiritueux ;
2^ Les sels de potasse et surtout les sulfates sont la
cause de la cirrhose des buveurs de vin.
1. — Examinons d'abord la seconde de ces conclu-
sions :
M. Roche, médecin du département de l'Yonne, affirme
que la cirrhose ne s'observe pas chez les habitants des
campagnes où Ton consomme surtout du cidre et de l'eau-
de-vie de marc, tandis qu'elle est fréquente chez les
ouvriers des viles qui boivent des vins blancs acides du
pays ainsi que des apéritifs.
La statistique, dflnnée par M. Lancereaux lui-même,
n'est pas favorable à sa thèse, car les vins des bords du
lac de Genève, ceux d'Anjou, de la Vendée, du pays nan-
tais, où il signale la îréquence de la cirrhose, ne sont pas
plâtrés.
Une observ^ation de M. le D' Berthet (du Croisic), qui
porte sur la cirrhose, à l'époque de son internat à Nantes,
est absolument topique ; dans la presque totalité des cas,
il s'agissait, dit-il, de buveurs de vins blancs, boisson
locale exclusive à l'époque.
M. le D"" Lejeune (de Meursault) écrit à M. Laborde
que la cirrhose est commune dans cette région bourgui-
(1) Extrait du Bullet. de VAc, de médecine^ séance da âS mars 1898.
'':fc?3''î^
— 448 —
gûonne où le plâtage n'existe pas plus que dans les
autres contrées du Centre ; il ajoute que le vin blanc
parait plus actif que le rouge.
D'après M. Lancereaux, la cirrhose serait fréquente en
Allemagne, en Angleterre, dans les pays à bière en un
mot, et il l'attribue à la grande quantité consommée qui
amène l'ingestion d'une forte proportion de sels de po-
tasse.
Je ne puis l'admettre, parce que la bière contient, par
litre, 0«',10, 0«',15, 0«',20, rarement plus de sulfate de
potasse ; ce serait moins de 1'' pour un homme qui boi-
rait 4 litres de bière dans sa journée.
Il est regrettable que notre collègue n'ait pas été mis
à même de donner, à l'appui de son opinion, une statis-
tique de la fréquence de la cirrhose dans le Midi, où le
vin a été si longtemps plâtré à haute dose et où il contient
encore 1«' à 1«',50 de sulfate de potasse par litre.
Ses observations portent sur le vin à Paris; d'après
lui, ce vin, qui est ordinairement plâtré, renferme 4 à 6«'
de sulfate potassique par litre.
Cette affirmation, portée à votre tribune, a eu le reten-
tissement ordinaire, et M. le D' Barattier n'a pas hésité
à dire, en citant son auteur, que le vin plâtré renferme
5 à 6»' de sulfate de potasse au litre.
De pareilles assertions, faites en toute bonne foi, je le
reconnais, ont un grave inconvénient ; elles jettent un
discrédit, aussi fâcheux qu'immérité, sur notre industrie
vinicole qui — comme tant d'autres d'ailleurs — subit
une lutte difficile avec les exportations des vins d'Espagne
et d'Italie à l'étranger, et surtout avec les imitations
frauduleuses de nos divers crus préparées dans les offi-
cines allemandes.
C'est pourquoi je considère comme très utile de faire
connaître des renseignements authentiques.
Une loi du 27 mars 1851 avait fixé à 2«' par litre le
maximum de sulfate potassique qui serait toléré dans les
vins plâtrés ; on sait que les vins naturels renferment, au
maximum, l**" de ce sulfate.
Une circulaire du ministre de la justice, à la date du
— 449 —
27 juillet 1880, a rappelé cette loi qui n'avait pas été
exécutée.
En 1888, TAcadémie de médecine, consultée, sur un
rapport très documenté de notre collègue, M. Marty, émit
le vœu que le sulfate potassique ne dépassât pas la limite
de 2»' au litre.
Enfin, après de nouveaux atermoiements, le gouverne-
ment a promulgué, le 11 juillet 1891, une loi sur cette
base. Cette loi (dite loi Griffe) porte :
La mise en vente des vins ordinaires et des vins de
liqueur, surplâtrés de façon à contenir plus de 2^' de sul-
fate de potasse ou de soude par litre, est interdite.
Les déclarants peuvent provisoirement être admis à
prendre possession des vins plâtrés au-dessus de 2«' à la
condition qu'ils soient ramenés à la limite légale, ou
moins, sous la suiTcillance du service des douanes.
On ne consomme guère en France que des vins natio-
naux ou d'origine espagnole, parce que les vins italiens
ne jouissent pas des bénéfices du tarif minimum.
A la suite d'une mission officielle, on 1891. pour Tétude
de la nature des vins d'Espagne, il a rti» analysé de nom-
brux vins espagnols à mon laboratoire du Ministère du
commerce :
4i échantillons renfermaient moins de 1 gramme de sulfate,
y — — de 1 à 2 grammes.
12 — — de 2 à 3 —
3 — — de3à4 —
5 — — de 4 à 5 —
3 — - de5à6 —
1 — — 6 gr. 33.
L'état des choses s'était singulièrement amélioré déjà
à cette époque, car en 1888, 1889 et 1890, les vins espa-
gnols, analysés à ce laboratoire, se décomposaient ainsi :
M.jins Po 1
T)e2
Des
1 gr. à 2 ar.
à 3 gr
. à4gr.
De 4 à 7 grammes.
1888 47 37
30
23
5 sont à 5 grammes,
l est à 7 gr. 50.
1889 80 39
23
3t
28 sont de 3, 5 à 6 grammes
1890 89 40
25
62
36 sont de 4 à 5 grammes.
36 sont de 5 k 6 grammes.
10 sont du 6 k 7 grammes.
Journ. Je Pharm. et de Chim.,
6« SÉRIE, t.
VII. (l« mai 1898.) 29
■' '3PWrai
— 450 —
Il est juste d'ajouter que les vins qui nous arrivent sont
tous suspects et destinés à des coupages.
Depuis 1891, nous n'avons, pour ainsi dire, plus de vins
plâtrés au-dessus de 2»'.
Les résultats suivants, que je dois à M. Magnier de la
Source, à M. Jay et à M. Ch. Girard, directeur du labora-
toire municipal, à M. Sanglé-Ferrière et à M. Portes,
confirment et complètent mes résultats.
M. Magnier de la Source. — Les vins de consommation
courante à Paris, n'ont jamais renfermé, en moyenne,
plus de 28^50 de sulfate de potasse avant la loi de 1891.
Depuis cette époque, la moyenne est tombée à 1«',40
environ. Les vins du Midi plâtrés le sont de 1«',60 à 2»'.
L'année dernière, sur 396 échantillons, analysés à la
requête du Parquet de Paris, 1 1 vins seulement étaient
plâtrés au-dessus de 2«'.
M. Jay. — Du 1" janvier au 31 mai 1892, il a été ana-
lysé 768 vins :
624 n'étaient pas plâtrés.
135 étaient plâtrés de 1 à 2«',
9 — — au-dessus de 2«'.
Du !«■• septembre 1897 au 1" février 1898, sur 837 vini? ;
474 n'étaient pas plâtrés,
316 l'étaient de 1 à 2«'.
46 — 3 à 4«'.
Laboratoire municipal. — En 1889, sur 6.450 vins :
85 étaient plâtrés au-dessus de i^\
La proportion moyenne de sulfate a été de 3«^50;
4 à 5 p. 100 de ceux-ci au maximum atteignaient 5 à 6'^
En 1897, sur 8.325 vins :
85 étaient plâtrés au-dessus de 2«^
La moyenne de sulfate, dans ceux-ci, était _de 2«',40 et
un seul a atteint 3«^
— i5t —
M. Portes, pharmacien en chef de V hôpital Saint-Louis^
— Sur 571 vins rouges, essayés en 1897 et 1898 :
280 renfermaient moins de l*"" de sulfate,
218 — de 1 à 2«%
V2 — de 2 à 3«%
1 — au-dessus de 3*'.
En conséquence, le vœu par lequel M. Lancereaux ter-
minait sa comnmnication a été comblé ; la proportion de
sulfate qui n'était que de 2 gr. 50 avant 1891, est descen-
due à 1 gr. iO depuis la loi; nous sommes loin des 4 à
6 grammes !
Lorsqu'on se rapporte aux expériences publiées par
M. Laborde, sur Tingestion, par des chiens, de vin plâtré
et de bisulfate de potasse (1); lorsque Ton voit que
M. Lancereaux est arrivé, en mettant dans la nourriture
de chiens, de lapins, de cobayes, sans en amener la
mort, de 2 à 7 grammes par jour de bisulfate potassique
pendant six à dix-huit mois, ce qui représenterait —
comme l'a fait remarquer M. Vallin — 60 à 350 grammes
de ce sel par jour pour un homme, on est en droit de
penser qu'il est peu de matières aussi faiblement toxi-
ques.
Que sont ces quantités, même réduites à la moitié, au
(juart, comparées à celles qui existent dans deux et trois
litres de vin, même avant l'application de la loi de 1891?
Si le sulfate de potasse était la cause réelle de la cir-
rhose du foie chez les buveurs de vin, on aurait vraisem-
blablement signalé une diminution de la fréquence de
cette affection, depuis les sept années qu'une expérience
se poursuit sur la population entière de toute la France.
Je crois pouvoir conclure des faits précédents, que si le
vin est susceptible de déterminer, par lui-même, une
cirrhose liépatique, cet effet n'est pas altribuable aux
sulfates alcalins qu'il contient on si minime proportion.
Il semble résulter, au contraire, des ol)servations des
(1) Bull, de VAcad. de méd , 2 et 19 octobre 1897.
docteurs Hochet (de rVonnei, Berthet (du Croisic), Lejeune
(de Meursault), que racidité du vin paraît jouer un rôle
dans la genèse de la cirrhose des buveurs. {a suivre).
BIBLIOGRAPHIE
Traité pratique d'analyse chimiqueet microbienne des eaux
d'alimentation; par MM. F. Baucher et G. Dommergue (1 ,
— 1° Analyse chimique : Manuel pratique donnant exac-
tement la méthode dite du Comité consultatif d'hygiène
de France ;
2° Analyse microbienne : Indications claires et précises
sur les divers modes opératoires.
La fin des généralités donne une idée nette de l'opinion
des auteurs, opinion très juste à notre avis.
Dans presque tous les cas, la chimie seule peut parfai-
tement révéler la souillure présente ou ancienne d'une
eau; on peut dire qu'une eau riche en nitrate et très pau-
vre en oxygène libre est une eau malsaine, même si elle
ne contient que peu de microbes La preuve chimique de
la contamination d'une eau peut être faite également par
Tévaluation de la chaux laissée par les matière fécales.
Le dosage du chlore et des phosphates permettra de con-
clure à la présence de l'urine et des fumiers, quand la
proportion dépassera le chiffre trouvé dans les eaux pures
de la région.
Nous n'insisterons pas davantage sur ces considérations
générales relatives à la biologie des eaux. Ces notes écri-
tes au laboratoire sont loin d'être toujours originales; mais
elles offrent l'avantage de résumer fidèlement, souvent
en les simplifiant, les méthodes employées par les chi-
mistes de profession ; et de donner les acquisitions bacté-
riologiques les plus récentes ayant fait leurs preuves. On
n'y trouvera pas la démonstation de la nécessité d'un nialè-
riel encombrant ; mais plutôt la recommandation de
l'emploi de méthodes simples, rapides et précises, capa-
Ides de concilier la théorie et la pratique courantes et
(1) Petit livre de 104 pages.
— 453 — .
pouvant être employées dans tous les laboratoires ordi-
naires de chimie.
Ainsi conçu, nous pensons que ce travail peut rendre
des services aux médecins, pharmaciens, vétérinaires,
hygiénistes, ingénieurs et municipalités qui ont à étu-
dier et à résoudre le grave problème de l'approvision-
nement d'une ville en eau potable.
Comptes rendus de rAcadémie des sciences, 4 avril 1898. —
M. Délépine : Isoquinoléine et tétrahydroisoquinoléine, thermochimie. —
L, de Saint-Martin : Sar le dosage de petites quantités d'oxyde de
carbone dans rair et dans le sang. — G. Denigès : Combinaison obtenue
avec Tazotate de mercure et le Iriméthyicarbinol. — Bordas^ Joulin et de
Raczkowski : Sur les microrganismes des vins dilS; tournée.
12 avril \H9S. — Berthelot : Observations relatives k raction de l'oxy-
gëno sur le sulfure de carbone et k rinfluence chimique de la lumière. —
Af* Sk. Curie : Rayons émis par les composés de l'uranium et du tborium.
— G. André : Combinaisons de la pyridine et do la triméihylamine avec
les acides formiqne et acétique.
NECROLOGIE
Mort du professeur DRAGENDORFF
Les journaux pharmaceutiques allemands annoncent
la mort du professeur George Dragendorff. Né à Rostock en
1836, Dragendorif avait commencé sa carrière scientifique
en 1860 comme assistant du professeur Fr. Schultze. En
1862, il quitta sa ville natale pour Saint-Pétersbourg où il
remplit pendant deux ans les fonctions de rédacteur à la
Pharmaceuiische Zeitschrift fur Russland. En 1864, il fut
nommé directeur de l'Institut pharmaceutique de l'Uni-
versité de Dorpat et professeur ordinaire de ph-armacie.
Il travailla là pendant près de trente ans. Lors de la
transformation de l'Université de Dorpat en Université
russe, renseignement devant se faire en langue russe, il
quitta cette ville et revint à Rostock où il est mort dans
la nuit du 7 au 8 avril d'une maladie de cœur.
Dragendorff était membre correspondant d'un grand
nombre de Sociétés scientifiques et, en particulier de la
Société de Pharmacie de Paris. Em. B.
LISTE DES MEMBRES
QUI COMPOSENT
LA SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE PARIS.
- • -gSL-O-
MEMBRES RESIDENTS
DATRS
(le la
nominalion. NOMS ET ADRESSES.
!860 Adrian, il, rue de la Perle.
1864 P. Vigier, 70, rue du Bac.
Janvier 1865 Delpech, SO, rue du Bac.
Mars 1865 Marcotte, 90, rue du Faubourg-Saint-Honoré.
Janvier 1868 Planchon, 4, avenue de TObscrvatoire.
Juillet 1868 Guichard, 21, rue de la Bourgogne, Mcudon.
— 1869 Jungflcisch, 74, rue du Llierche-Midi.
— 1870 Petit, 8, rue Favart.
Mars 187â Duqucsnel, 6, rue Dolaborde.
Avril 1872 F. Vigier, 12, boulevard Bonne-Nouvelle.
Août 1872 Fr. Wurtz. 41. boulevard des Batîgnolles.
Janvier 1876 Yvon, 26, avenue de rObservaloirc.
Mars 1876 Boymond, 154, boulevard Haussinann.
Octobre 1876 Marty, 10, avenue Bosquet.
— 1878 Bougarel, 10 i, rue d'Assas.
Avril 1879 Julliard, 72, rue Montmartre.
Juin 1879 Prunier, Pharmacie centrale des hôpitaux.
Août 1879 Champigny, 19, rue Jacob.
Dec. 1879 Cbastaing, hôpital de la Pitié.
Janvier 1880 Landrin, 21, inie Simon-Lefranc.
Février 1880 Portes, hôpital Saint-Louis.
Mars 1880 Leroy, 3, rue de Gluny.
Juin 1881 Schmidt, 21, boulevard du Temple.
Juillet 1881 Crinon, 45, rue de Turenno.
Nov. 1881 Thibaut, 76, rue des Petits-Champs.
Janvier 1882 Lextreit, hôpital Saint-Antoine.
— 1882 Schaeuffèle, 13, rue de Paris, à Livry.
Dec. 1882 VlUiers, 30, avenue de TObservaloire.
Février 1883 Bourquelot, hôpital Laénnec.
— 1H83 Guinochet, hôpital de la Charité.
DATES
delà
nomination.
FéTriêr 1883
—
1883
—
1883
Avril
1883
Mai
1883
Avril
1884
Mai
1884
Juin
1884
Dec.
1884
Janvier 1885
Mars
1885
Mars
1886
Mai
1886
Juillet
1886
Avril
1887
Février 1888
Mars
1888
Juillet
1888
Juillet
1889
Nov.
1889
Dec.
1889
Dec.
1891
Dec.
1893
Dec.
1894
Dec.
1895
Avril
1896
Dec.
1896
Avril
1897
Nov.
1897
— 455 —
NOMS ET ADRESSES.
Hogg, 62, avenue des Cbamps-Élysées.
Leidié, hôpital Necker.
Moissan, 7, rue Yauquelin.
Quesneville, asile Sainte-Anne.
Boucbardat, 108, boulevard Saint-Germain.
CoUin; 41 bis, rue de Paris, à Colombes.
Sonnerat, 18, rue Gailion.
Preudhomme, 29, rue Saint-Denis.
Léger, hôpital Beaujon.
Grignon (Eug.), 2, rue Dupbot.
Rousseau, 54, rue de Rome.
Yiron, hôpital de la Salpétrière.
Bocquiilon, 2 biSy rue Blanche.
Beauregard, 49, boulevard Saint-Marcel.
Patein, hôpital Lariboisière.
Grimbert, hôpital Cochin.
Thomas, 48, avenue d'Italie.
Morellet, 44, rue Sévigné.
Dumoulhicrs, 19, rue de Bourgogne,
Béhal, hôpital du Midi.
Berlioz, 7, rue de la Feuillade.
Lafont, Maternité.
Héret, hôpital Trousseau.
Villejean, hôpital de l'HôteUDieu.
Moureu, hospice de Villejuif.
Lafay, 54, rue de la Ghaussée-d*Antiii.
Voiry, 1, boulevard de Courcellcs.
Sonnié-Moret, hôpital des Enfants-Malades.
Moreigne, 55, boulevard Pasteur.
MEMBRES HONORAIRES
MM.
Chatin.
Comar, 1886.
Hottot.
MM.
Lcbaigue. 1883.
Sarradin. 1895.
Vincent.
MEMBRES ASSOCIÉS
MM. Berthelot, membre de l'Institut.
Bornet, membre de l'Institut.
Gautier, membre de l'Institut.
Milnc Edwards, membre de l'Institut.
w
^
— 456 —
MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX
MM.
Albenquo, à Rodez.
Andouard, à Nantes.
Ânlboine, à Cbàleauroux. 1894.
Arnould, à Ham. 1893.
Aubin, à Marseille.
Balland, à Paris. 1877.
Bardy, k Saiut-Dié.
Barillé, à Marseille. 1893.
Bartbe, à Bordeaux. 1893.
Bécbaoïp, à Paris. 1890.
Benoit, k Joigny. 1876.
Bernbard, à Étrepagny. 1893.
Bemou, à Chateaubriand. 1888.
Boudier, à Montmorency.
Bouyssouie, à Brives.
Bretet, k Vichy. 1873.
Bruneau, à Lille. 1892.
Biirker, à Marseille. 1898.
Capdeville, à Aix. 1887.
Carette, à Orsay. 1893.
Caries, à Bordeaux. 1873.
Carpentier, à Saint-Quentin. 1889.
Causse, à Lyon. 1894
Cazeneuve, à Lyon. 1877.
Comère, à Toulouse. 1893.
Corcil, à Toulon. 1896.
Cotton, à Lyon. 1874.
David, à Marseille. 1892.
Denigés, à Bordeaux. 1895.
Domergue, à Marseille. 1892.
Dominé, à Paris.
Duboys, à Limoges. 1878.
Dupuy (Edm.), à Toulouse. 1887.
Dupuy (B.), à Paris. 1888.
Eyssartier, k Uzerches.
Ferrer, k Perpignan. 1887.
Fleury, k Nantes. 1876.
Gascard, à Rouen. 1894.
Gautrelet, à Paris. 1893.
Gay, à Montpellier. 1888.
Georges, à Bohain. 1882.
MM.
Gérard, à Lyon. 1887.
Gérard, k Toulouse. 1892.
Girard, k Belfort. 1892.
Gonod fils, k Glcrmont-Ferrand.
Gondard, k Lizy-sur-Ourcq. 1882.
Grandval, à Reims. 1881.
Gui non, k Cbàteauroux.
Gury, k Paris.
Hardy, à Fougères. 1872.
Hérail, à Alger. 1890.
lluguct, à Clermont-Ferrand. 1888.
Jacquemin, à Nancy. 1888.
Lacour, au Mans. 18^1.
Lacroix (Antoine), à Màcon.
Lajoux, à Reims. 1881.
Lamotbc, k Gariin.
Lebeuf, à Rayonne. 1871.
Lepetit, à Caen.
Leprince, à Paris. 1888.
Lieutard, à Marseille.
Lotar fils, k Lille.
Mallat, k Beaurcgard. 1895.
Magnes-Lahens, à Toulouse.
Magen, k Agcn.
Masse, k Vendôme. 1886.
Monceaux, à Auxerre.
Mordagne, k Castelnaudary. 1887.
Nardin, à Belfort. 1893.
Pannetier, k Commentry. 1896.
Patrouillard, k Gisors. 1876.
Plancbon (Louis), k Montpellier. I89â.
Planchud, à Forcalquier. 1877.
Prothière, à Lyon. 1895.
Rabot, à Versailles.
Rabourdin, à Orléans.
Raby, k Moulins, 1887.
Rambaud, à Poitiers. 1892.
Régis, à Carcassonne. 1896.
Rœser, à Tunis. 1892.
Roman, à Lyon. 1894.
Schmidt, à Lille. 1875.
— 457 —
MM. MM.
Schlagdenbauffen, à Nancy. 1876. Verne, à Grenoble. 1892
Simon, à Lyon. 1888. Vidal, à Ecully.
Tarie, (?). 189iS. Vizern, à Marseille. 1892.
Vaudin, à Fécamp. 1892.
MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS
Allemagne.
MM. MM.
Giorgino, à Colmar. Mielck (W.-H.), à Hambourg.
Liebreich, à Berlin. 1893. Rammelsberg, à Berlin.
Marggraff, à Berlin. 1867. Scbaer, à Strasbourg. 1893.
Merck (senior), à Darmstadt. Scbmidt (Ernest) Marbourg. 1893.
Amérique du Snd.
Sanpaïo. à Saint-Paul (Brésil). 1889.
Autriche.
Bélohoabeck, à Prague. 1898. Waldheim (Shurer von), & Vienne. 1867.
Fi'agner, à Prague. 1892. Vogl, à Vienne.
Belgique.
Derneville, à Bruxelles. 1898. Lalieu, à Saint-Hubert. 1881.
Buyk, à Bi-uxciles. 1898. ftanwez (F.), à Louvain. 1898.
Gilio, à Bruxelles. 1867.
Grande-Bretagne.
Altfield, à Londres. 1867. Griffith, à Dublin. 1876.
Garteigho (J.), à Londres. 1867. Redwood, à Londres. 1867.
Danemark*
MôUor, H. J. à Gopenbague. Schleisner, à Copenhague. 1867.
— 458 —
Espagne.
MM. MM.
Figueroa de (Dolorès), à Cuba. 1888. Ferrari (Don Carlos), à Madrid. 1867.
Figueora de (Eloîse), à Cuba. 1888. Rais del Cerro, à Madrid. 1867.
Iniguez (Francisco), à Madrid. 1888. Vasquez, à Santiago. 1876.
ÉUU-Unis.
Fabcr (John), à New-York. 1867. Reminglon (Jos.), à Philadelphie. 1893.
Jenkins (Thomas), à New York. 1867. Ricc (Charles), à New York. 1898.
Hollande.
De Vrij (J.-E.), à La Haye.
Italie.
CerisoUe, à Turin. 1867. Pavesi, à Milan. 1867.
Luigi U'Emilio, à Naples. 1885. Vitali, à Bologne. 1891.
Mosca, à Turin. 1867.
Portugal.
Andrade, à Porto. 1874. Ferrera da Silva, à Porto. 1892.
Estaccio, à Lisbonne. 1884.
Roumanie.
Torjcscu, à Bucharost. 1892.
Russie.
Davidof (D.), à Varsovie. 1898. Tikomirof à Moscou. 1893.
Poehl(Al.),àSaint-Pétersbourg. 1898. Weiterholz, à Saint-Pétersbourg. 1898.
Trapp (D' von), à Saint-Pétersbourg.
Suède et Norvège.
Tisell, à Stockholm. 1867.
Suisse.
Kellcr, C. C, à Zurich. 1898. Tschirch, à Berne. 1893.
Studer, à Berne. 1867.
Turquie.
Apery, à Constantinople. 1891. Panas, à Smyrne. 1887.
Bonkowski, à Constantinople. 1898.
— 450 —
COMPOSITION DU BUREAU
DE LA
SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE PARIS
DEPUIS L'ANNÉE 1824
Secpétairos
Années. Présidents (1). Secrétaires annuels, généraux. Tpésorieps (î).
Moringlane.
1824
Laugier.
Boutron.
Robiquet. M
1825
Boullay.
Blondeau.
Henry.
1826
Robiqaet.
Robinet.
—
1827
Pelletier.
Guibourt.
—
1828
Boudct neveu.
Bussy.
Robiquet.
1829
Sérullas.
Dublanc jeune.
—
1830
Virey.
Soubeiran.
—
1831
Udibert.
Henry fils.
—
1832
Robinet.
Lecanu.
—
1833
Bajet.
Chevallier.
— ■
1834
Chéreau.
i. Pelouze.
—
1835
Rcymond.
Cap.
—
1836
Bussy.
F. Boudet.
—
1837
Dizé.
Vallet.
1838
Cap.
Dubail.
—
1839
Fauché.
Hotlot.
—
1840
Soubeiran.
Vée. 1
Robiquet. )
Soubeiran. ^
18il
Guibourt.
Quévenne.
—
1842
Pelouze.
Desmarcst.
—
1843
Bouti'on-Charlard.
Foy.
—
1841
Bonastre.
Bouchardat père
—
1845
Frémy père.
Mialhe.
—
Martin.
Tassard.
(1) Le président de chaque année étant le vice-président de Tannée précé-
dente, les noms de ceux-ci n'ont pas eu besoin d'être portés.
(2) Pour compléter le bureau, il y a lien d'indiquer les archivistes :
Avant 1866. . .
De 1866 à 1875.
Réveil.
Baudrimont.
De 1876 à 1890
Depuis 1891. .
Fr. Wurlz.
Scbmidt.
Enfin, le poste de secrétaire général-adjoint a été créé en 1891 et est occupé
depuis par M. Bourquelot.
— 460 —
Années.
1846
1847
1848
18i9
1850
1851
1852
1853
1854
1855
1856
1857
1858
1859
18S0
1861
1862
1833
1864
1865
1866
1867
1868
1869
1870
li71
1872
1873
1874
18'i5
Présidents.
Secrétaires annuels.
Secrétaires
généraux.
Trésoriers.
1877
1878
1879
1880
1881
1882
1883
1884
1885
1886
1887
Vée.
Gaultier de Claubry.
Bouligny.
Blondeau.
Uoltot.
Félix Boudet.
Vuaflard.
Bouchardat père.
Cadct-Gassicourl.
Buignet.
DubaiU
Soubeiran.
Chalin.
Foy.
Dublanc.
Gobley.
Poggiale.
Schaeuffèle père.
Boudet fils.
Robinet.
Tassard.
Guibourt.
Bussy.
Mayel père.
Mialhe.
Lcfort.
Stanislas Martin.
Grassi.
RcgnauUl.
Planchon.
1876 Coulier.
Marais.
Méhu.
Blondeau.
Bourgoin.
Petit.
P. Vigier,
Jungtlciscb.
Marty.
Sarradin.
Prunier.
Desuoix.
Buignet.
Véron.
Deschamps.
Grassi.
Huraut.
Robiquct fils.
Mayet père.
Ducom.
Réveil.
Paul Blondeau.
Lcfort.
Regnauld.
Baudriraont.
Hottot fils.
Léon Soubeiran.
A. Vée.
Latour.
Le baigne.
Hébert.
Roussi n.
Marais.
Adrian.
?
Coulier.
Méhu.
Mortreux.
Bourgoin.
P. Vigier.
Duquesnoi.
F. Wurtz.
F. Vigier.
Peut.
Marty.
Vidau.
Guiebard.
Yvon.
Deipech.
Prunier.
Boymond.
Champigny.
Portes.
Thibaut,
Soubeiran. Tassard.
Buignet.
Desnoix.
^ Buignet
t PlanchoD
.-.. I -
Dreyer.
461 —
Secrétaires
Années.
Présidents.
Secrétaires annuels.
1888
Delpech.
Bourquelot
1889
Bonchardat.
Schmidt.
1890
F. Vigier.
Grimbert.
189!
Moissan.
Léger.
1892
Portes.
Lcidié.
1893
Bûrcker.
Bcbal.
1894
Boymond.
Leroy.
1895
Julliard.
Patein.
1896
Viliicrs.
Vixon.
1897
Sonnerat.
Guinochet.
1898
Bourquclot.
Bocquilion.
Planchon. Dreyer.
- I
Leroy.
L'enseignement de la pharmacie au Jardin
des Apothicaires; par M. Planxhon (Suite) (1).
A côté de ces cours théoriques faits dans Tamphi-
théatre, on avait songé à des travaux pratiques de phar-
macie, analogues à ceux de physique et de chimie.
L'École avait adopté la proposition faite dans ce sens par
un de ses membres (•2). Mais, malgré cette décision ferme,
nous ne voyons pas qu'on ait jamais donné suite à ce
projet. On s'étonne, au premier ahord, qu'une pareille
idée n'ait jamais abouti à un résultat. Elle a été reprise
bien des fois, jusque dans ces dernières années; on a tou-
jours reculé devant la somme des dépenses, et aussi de-
vant la difficulté de faire dans un temps relativement
restreint des opérations fort longues, et qui d'ailleurs,
pour être convenablement exécutées, demandent plus de
tranquillité qu'on ne peut en trouver dans les salles livrées
à la foule des élèves. C'est dans le calme de l'officine
que le jeune étudiant doit s'exercer à ces prépara-
tions, qui n'ont d'utilité que si elles sont parfaitement
faites.
(1) Joum. de Pharm. et de Chim. [6], VU, 356, 406.
(i) Délibérât, de VÉcole. — Séance du 30 juin 1836.
-r^^^
— 462 —
Chevallier continua jusqu'à un âge avancé ses leçons
de pharmacie galénicjues : sa forte constitution lui per-
mit de braver pendant de longues années les fatigues
de renseignement. Ce ne fut qu'en 1882, que, cédant
enfin aux avertissements de la vieillesse, il demanda
à son agrégé de le remplacer dans ses fonctions actives.
L'agrégé, depuis 1869, était Bourgoin (1), que ses tra-
vaux sur l'électrolyse des alcaloïdes avaient fait connaître
du monde scientifique, et qui apportait à ses nouvelles
fonctions l'influence légitime du savant et les qualités
maîtresses du professeur. Il avait compris que cette partie
de la pharmacie, sous peine de n'être qu'un ensemble de
procédés et de recettes empiriques, devait être régénéré
par la science : il avait l'autorité voulue pour élargir les
anciens cadres, pour transformer en formules ration-
nelles les recettes vieillies. Peu à peu, sans briser avec
les traditions, il insufflait un esprit nouveau dans cet
enseignement et l'élevait à un niveau supérieur. Des
dons naturels, une grande facilité d'élocution, une parole
abondante, puissante et colorée, assuraient le succès de
ces leçons. Aussi, lorsque Chevallier, en 1877, demanda
sa retraite, définitive, son suppléant avait pris en fait
possession de la chaire, et l'École (2;, en le présentant à
l'unanimité, ne fit que donner la sanction officielle à cette
situation.
L'enseignement de la pharmacie galénique est un des
plus importants de l'École, mais aussi l'un des plus déli-
cats et des plus difficiles. Il doit résumer, pour les faire
passer dans le domaine de la pratique, les connaissances
apportées par toutes les sciences pharmaceutiques : il est
le point de contact le plus immédiat de l'École et de l'of-
ficine, les élèves auxquels il s'adresse, étant presque au
seuil de la profession. Il doit, tout en respectant le passé.
(1) Bourgoin (Edme-Alfred), né à Saint-Cyr-les-Colons (Yonne) en 1836,
pharmacien en ebef des hôpitaux en 1862, agrégé en 1869, professeur en
1877, directeur de la pharmacie centrale des hôpitaux en 1884, mort en
1897. — Portrait à rficolc.
(2) Délibérai, de r École. — Séance du 30 octobre 1877.
— 463 —
les mettre en garde contre la routine, et orienter peu à
peu les études suivant les transformations, de nos jours
si rapides de la thérapeutique. Maître de son enseigne-
ment par sa nomination au titulariat, Bourgoin applicjua
ces principes dans ses leçons et dans le livre qui les
résume sous le titre de Traité de pharmacie galénique. Il
eut trop peu de temps pour compléter son œuvre; les
préoccupations de la politique Tavaient engagé dans
d'autres voies lorsqu'une mort imprévue vint brutale-
ment terminer, en 1897, une trop courte carrière. M.Bour-
quelot l'avait suppléé, pendant qu'il remplissait à la
Chambre ses devoirs législatifs. L'Ecole lui a confié, d'une
manière définitive, cet enseignement, qu'en digne conti-
nuateur de son maître, et grâce à ses connaissances
étendues dans les divers domaines de la science actuelle,
il saura diriger d'une main sûre dans les voies toutes
nouvelles qui s'ouvrent à la pharmacie de l'avenir (1).
IH
Tableau snccincl de renseignement, dans les diverses périodes de
la Corporation, du Collège et de l'Ëcole.
Nous avons passé en revue l'enseignement des diverses
sciences pharmaceutiques à la rue de l'Arbalète. Il nous
sera permis, en terminant, de grouper les données prin-
cipales en un tableau d'ensemble, qui nous donnera la
physionomie générale de cet enseignement aux diverses
époques de son histoire.
Ce qui domine au début, ce sont les tentatives d'éman-
cipation de la corporation des apothicaires, toujours en-
travées et finalement arrêtées par la Faculté de médecine.
Cette lutte ne doit pas nous surprendre; elle est dans
l'esprit du temps et des institutions. Toute profession où
intervient le travail manuel, est une profession servile et
dégradante. La chirurgie et la pharmacie sont, à cel
(1) Délibérât, de VÊcole. — Séance du 15 juillet 1897.
— 464 —
égard, également méprisables aux yeux des docles
membres de la Faculté.
« En plein XVIII* siècle, si un chirurgien, honteux
de son humble position, voulait obtenir la licence en
médecine, il était tenu de s'engager, par acte dressé de-
vant notaires, à ne plus faire aucune opération, car,
disent les statuts de la Faculté, « il convient de garder
« pure et intacte la dignité de Tordre des médecins. » Ce
grand principe dominait tout, passait bien avant l'in-
térêt des malades. Le fameux orfèvre Germain en fit
l'expérience à la fin de 1748; il avait été frappé d'apo-
plexie, et Dumoulin, son médecin, ordonna deux saignées
qu'il se garda de pratiquer, laissant ce soin à un chirur-
gien, qui arriva trop tard (1). »
De même le pharmacien, qui n'était que le docile exé-
cuteur des ordonnances du médecin, ne pouvait être qu'un
artiste : c'était le terme adouci qu'on lui appliquait pour
ne pas dire artisan. Il devait rester dans les régions infé-
rieures de la démonstration, qui ne nécessitait que
l'usage des sens. Dans les leçons publiques, le docteur
était professeur; l'apothicaire, démonstrateur; le principe
était parfaitement établi, accepté des deux côtés, et quand,
dans son désir de s'adresser au public, la corporation
instituait des leçons, elle se gardait bien d'employer,
pour les maîtres, le titre de professeurs, pour les audi-
teurs le nom d'élèves, et pour son établissement la déno-
mination d'école. Elle aurait immédiatement appelé sur
elle les foudres de la Faculté. — Les vrais centres d'ins-
truction pour ses apprentis, c'était d'abord l'officine,
où se faisaient alors toutes les préparations nécessaires
à la profession, puis le Jardin des apothicaires, où les
jeunes gens trouvaient les plantes officinales: enfin le
Cabinet des drogues, qui s'augmentait graduellement et
complétait les lacunes que pouvaient présenter les collec-
tions particulières des pharmaciens.
(i) Alfred Franklin. — La Vie privée a' autrefois. — Les Chirurgiens,
— Paris, Pion, 1893. — 1 vol. in-12.
^^T^r
— 465 —
Eq réalité, la bonne part, je veux dire la part féconde,
que peut seule donner Fexpérience, revenait au démons-
trateur, en contact permanent avec les faits : il restait
au professeur le monde des théories, des argumentations,
des discussions à perte de vue (de questionibus, argumen-
tiSj disputationibus)^ ce qui nous permet de comprendre
des scènes semblables à celles que nous rapporte Cap,
dans son intéressant article sur Rouelle (1). Bourdelin
était à cette époque, professeur au Jardin des Plantes, et
Rouelle son démonstrateur. « La leçon du professeur
finissait oi-dinairement par ces mots : « Tels sont, mes-
sieurs, les principes et la théorie de cette opération,
ainsi que M. le démonstrateur va vous le prouver par
ses expériences » ; mais le plus souvent Rouelle se plai-
sait à démentir, au contraire, les doctrines du profes-
seur par des démonstrations tout à fait opposées à ses
principes, et malheureusement pour Bourdelin, le dé-
menti de Rouelle était ordinairement complet et sans
réplique. » (2;
De tout ceci résultait que les vrais savants, les disciples
fidèles de l'observation et de l'expérimentation sortaient
en nombre considérable des officines de l'époque. La
base sur laquelle étaient établies leurs connaissances
était d'ailleurs aussi large que solide, ils se cantonnaient
bien peu dans une science déterminée : ils suivaient
certainement de préférence la direction de leur choix, les
uns plus volontiers naturalistes, les autres chimistes,
mais ils avaient des connaissances étendues, sur tout ce
que contenait rofficine. Moyse Charas écrivait à la fois
son livre sur la Vipère et sa Pharmacopée royale : Lemery
publiait avec une égale compétence son Traité de chimie.
son Dictionnaire des drogues simples et sa Pharmacopée;
(i) Cap. Joum, de Ph. et de Ch., [3], H, 1842, p. 238.
(2) M. Bertrand dans son ouvrage lur l'Académie des Sciences
raeonte les mêmes traits d'ane façon plus tive : a Rouelle, prenant alors la
parole, au lieu de faire les expériences annoncées, disait : a Messieurs, tout
ce que M, le professeur vient de vous dire est absurde, comme Je vais
vous le prouver » (21, op. cit. p. 238).
Journ. de Pharm. et de Chim., 6" SÉRIE, t. VII. ((•' mai 1898 ) 30
rr^iMiy^^
— 466 —
Geoffroy (François-Etienne), sa Table des affinités et son
Traité de matière médicale; Rouelle démontrait à la fois
la chimie et les drogues des trois règnes de la na-
ture, etc., etc.
Toutes ces connaissances n'étaient point perdues pour
le public, les laboratoires particuliers de ces hommes
de mérite étant ouverts à ceux qui avaient le désir de
venir s'y instruire.
Ce qui était plus difficile à faire accepter de la Faculté,
c'était renseignement régulier et officiel. La chimie seule
put en profiter par intervalles — nous avons vu avec
quelles difficultés. On ne pouvait songer à charger les
démfonstrateurs de fonctions permanentes ; il est probable
que la Faculté s'y serait opposée; les maîtres étaient
délégués pour une seule session et changeaient toutes les
années; nous ne voyons pas le même nom revenir deux
fois sur la liste que nous avons pu reconstituer. Il y avait
peut-être, dans ce renouvellement du personnel ensei-
gnant, une satisfaction donnée aux maîtres qui étaient
appelés à y participer à tour de rôle — peut-être aussi
quelque intérêt pour les auditeurs, dans la variété d'opi-
nions et d'allure, emmenée par la diversité des démons-
trateurs, mais on ne peut nier que cette excessive mobi-
lité ne fut un grand inconvénient dans une matière où
le succès ne s'acquiert que par une longue expérience.
Ce fut bien pire quand, les leçons d'une même année
furent confiées non à un seul maître, mais à une asso-
ciation et qu'à chaque séance un démonstrateur différent
se présentait devant l'auditoire. Il est vtai que le pro-
gramme avait été arrêté en commun, que les le(;ons
étaient rédigées par la société, et qu'il ne s'agissait guère
que de les lire; mais, outre que cette méîbodé enlevait
aux cours toute élasticité et toute souplesse, il devait fata-
lement se trouver parmi les membres de la société
quelqiie indépendant, impatient de la règle coriimune,
apportant le trouble et lu discorde. Ce fut le cas, nous
l'avons vu; ce fut aussi la lin de l'entreprise des apothi-
caires et le triomphe de la Faculté.
r. 'V^y,'^^^).^^^;:,'*^ ' -^^
— 467 —
Heureusement, cette Faculté intransigeante, obstinée
dans ses préjugés, avait à faire à d'autres adversaires
qu'à la corporation des apothicaires. L'opinion publique
était devenue, au XVIII* siècle, une puissance avec laquelle
il fallait compter; sous son influence, l'autorité souve-
raine intervenait pour réagir contre les excès des privi-
lèges ou des ùionopoles. Les hommes distingués sortis
des rangs des chirurgiens et des apothicaires étaient de
vivants arguments contre l'abusive tyrannie de la Fa-
culté, qui voulait les maintenir dans une humiliante pos-
ture. Les rois vinrent à leur aide, et Louis XVI, en
fondant le Collège de pharmacie, émancipa les apothi-
caires et leur donna le droit d'instruire publiquement
leurs élèves. Si leurs délégués à l'enseignement n'eurent
pas le titre de professeurs, réservé aux membres de
l'Université, ils en exercèrent toutes les fonctions. Le
Collège avait d'ailleurs une grande liberté d'allure — il
nommait lui-même ses démonstrateurs. Le contrôle très
bienveillant du lieutenant de police n'était point pour le
gêner. Aussi l'enseignement se développe-t-il sans en-
trave dans la voie scientifique, sans rien perdre du
caractère pratique qui le caractérise ; les herborisations,
qui s'organisent déjà sous la direction de Buisson, s'ajou-
tent aux exercices du jardin; les collections augmentent
peu à peu, sous l'influence de De Machy; enfin Deyeux
veille avec un soin minutieux aux expériences du cours
de chimie. (A suivre).
^■iA
CORRESPONDANCE
Note rectificative à propos du titrage de Tacide phospho-
glycérique; par M. Falières. — Je prends la liberté de
jfaire observer que ce n'est pas à la suite du travail de
MM. Imbert et Astruc (1) que j'ai constaté la bi-basicité
de l'acide phosphoglycérique vis-à-vis de la phtaléine du
phénol, mais que j'ai annoncé cette propriété qui sert de
(1) Voir Duméro précédent du journal.
••v riKT»
— 468 —
base aux procédés volumélriques, avant toute publication
à ce sujet.'
Mon Mémoire : Titrage des glycérophosphates^ a été
inséré dans le numéro de novembre 1897 du Bulletin de
la Société de Pharmacie de Bordeaux , distribué le !•' dé-
cembre.
La communication de MM. Tmbert et Astruc à l'Acadé-
mie des Sciences, est du 13 décembre 1897.
D'ailleurs, l'un des auteure, M. Astruc, passant en
r^vue (1), par ordre de publication, les procédés proposés
jusqu'à ce jour, indique :
Procédé Petit et Polonowski. — Dosage de P'O* à Turane après ealcination.
— Adrian et Trillat. — Précipitation par le nitro-molybdate d'ammo-
niaque.
Procédé Falières. — Fondé sar la bi-basicité de Tacide pbosphogiycériqne à
la phtaléine.
Procédé Astruc. —
De plus, on lit la note suivante à la page 28 de la thèse
de M. Astruc, intitulée : De Vacidimétrie de Vacide phos-
phorique : ses applications (Montpellier, 1898. Imprimerie
G. Firmin et Martane.
« Au moment où nous faisions ce travail, dit M. Astruc,
« et où j'adressais au Journal de Pharmaie et de Chimie,
« une note sur les glycérophosphates, paraissait dans le
« Bulletin de la Société de Pharmacie de Bordeaux une
« communication de M. Falières sur le même sujet, dans
« laquelle il montrait que l'acide glycérophosphorique
« est bibasique à la phtaléine, confirmant ainsi une
« partie de nos résultats ».
VARIETES
Université de Paris.
RÈGLEMENT DU 28 MARS 1898, RELATIF A LA CREATION ET
A LA RÉGLEMENTATION DU DOCTORAT DE l'uNIVERSITÉ DE
PARIS.
Le Conseil de VUyiivorsilé de Pari«, vu l'article 15 du
(1) Sur un nouveau procédé de titrage du glycérophosphate de chaux, par
M. Astruc. Bullet. de pharm. du Sud-EU^ février 1898, p. 85.
— 469 —
décret du 21 juillet 1897 : les Universités, en dehors des
grades établis par TÉtat, peuvent instituer des titres
d'ordre exclusivement scientifique.
Ces titres ne confèrent aucun des droits et privilèges
attachés aux grades par les lois et règlements, et ne peu-
vent, en aucun cas, être déclarés équivalents aux grades.
Les études et les examens qui en déterminent la collation
sont l'objet d'un règlement délibéré par le Conseil de
rUniversité et soumis à la section permanente du Conseil
supérieur de l'instruction publique, et les diplômes sont
délivrés, au nom de l'Université, .par le président du
Conseil, en des formes différentes des formes adoptées
pour les diplômes délivrés par le gouvernement.
Délibère :
/. — Dispositions générales.
Article premier. — Il est constitué un doctorat de
l'Université de Paris.
Art. 2. — Les aspirants à ce titre doivent se faire
inscrire sur un registre spécial au Secrétariat de la
Faculté ou de l'École dont ils veulent suivre les études.
Ils présentent, en vue de l'inscription, leurs diplômes,
attestations d'études ou titres scientifiques.
Ils sont tenus d'accomplir la scolarité qui sera déter-
minée plus loin.
Us subissent des épreuves publiques.
Art. 3. — Ils sont soumis au régime scolaire et disci-
plinaire de l'Université.
Art. 4. — Le diplôme porte la mention des matières de
l'examen. — Il est signé par les membres du Jury et par
le doyen de la Faculté ou le directeur de l'École devant
laquelle ont été subies les épreuves. — Il est délivré sous
le sceau et au nom de l'Université de Paris, par le prési
dent du Conseil de l'Université.
••'^:«
//. — Dispositions particulières.
Art. 5. — A la Faculté des Lettres, les aspirants, doi-
*,7.Wi '-*» -Vr^iTf IPV,*
,M m^ii^f:
— 470 —
vent, s'ils sont Français, présenter le diplôme de licencié
es lettres, la Faculté se réservant toutefois de les en dis-
penser en considération d'autres titres ; s'ils sont étran-
gers, des attestations d'études de la valeur desquelles la
Faculté est juge.
La durée de la scolarité est de quatre semestres au
moins.
Elle peut être accomplie, soit à la Faculté, soit dans
un des grands établissements scientifiques de Paris, soit
en partie dans une Université de France ou de l'étranger.
La durée peut en. être abrégée par décision de la
Faculté.
Les épreuves comprennent : 1® La soutenance d'une
thèse, écrite en français ou en latin ; 2® Des interrogations
sur des questions choisies par le candidat et agréées par
la Faculté,
Art. 6. — A la Faculté des Sciences, les aspirants doi-
vent produire deux des certificats suivants d'études supé-
rieures : calcul différentiel et calcul intégral ; mécanique
rationnelle, astronomie, analyse supérieure, géométrie
supérieure, mécanique céleste, physique mathématique,
mécanique physique et expérimentale, physique géné-
rale, chimie générale, minéralogie, chimie biologique,
zoologie, botanique, géologie, physiologie générale, géo-
graphie physique.
La durée de la scolarité est d'un an.
Les épreuves comprennent la soutenance d'une thèse
contenant des recherches personnelles et des interroga-
tions sur des questions proposées par la Faculté.
Art. 7. — A l'École supérieure de Pharmacie, les aspi-
rants doivent, s'ils sont Français, produire le diplôme de
pharmacien de l*"* classe; s'ils sont étrangers, deux certi-
ficats d'études : le premier, d'études de pharmacie chimi-
que et de toxicologie; le second, d'études de pharmacie
galénique et de matière médicale.
L'École, se réserve d'admettre des équivalences.
La durée de la scolarité est d'une année au moins.
La scolarité est accomplie à l'École.
— 471 —
L'épreuve consiste dans la soutenance d'une thèse con-
tenant des recherches personnelles.
Art. 8. — Le présent règlement sera mis à exécution à
partir de Tannée scolaire 1897-98.
Ajoutons que le diplôme de docteur de l'Université de
Paris pourra être délivré aux étudiants étrangers qui
ont obtenu de faire leurs études et de subir leurs examens
à la Faculté de Médecine de Paris, avec dispense du
grade de bachelier.
École préparatoire de médecine et de pharmacie de Besançon. —
Un concoars s'ouvrira, le 7 novembre 1898, devant TÉcoIc supérieure de
pharmacie de l'Université de Nancy, pour l'emploi de suppléant de la chaire de
pharmacie et matière médicale à l'École préparatoire de médecine et de phar-
macie de Besançon.
Le registre d'inscription sera clos un mois avant l'ouverture desdits con-
cours.
M. Astier, pharmacien, membre de la Chambre syndicale, a été nommé
vice-président du Conseil municipal de Paris.
M. i. Labélonye; M. Pouchin, pharmacien à Rouen, ont été nommés
officiers d'Académie.
M. Dupuy, professeur à la Faculté mixle de médecine et de pharmacie de
Toulouse, vient d'être élu membre du Conseil de TUniverailé de Toulouse,
et nommé assesseur de la Faculté.
École préparatoire de médecine et de pharmacie de Ronen. — Un
concours s'ouvrira, le 3 novembre 1898, devant l'École supérieure de phar-
macie de l'Université de Paris, pour remploi de suppléant des chaires de
physique et de chimie à l'École préparatoire de médecine et de pharmacie de
Roueii.
Le registre d'inscription sera clos un mois avant l'euvcrture dudit
concours.
Concours pour l'invention d*nn dénaturant pour l'alcool. — Le
Syndicat de la parfumerie Française a décidé d'ouvrir, entre tous les
chimistes français, un Concours pour VInvention d*un dénaturant de
V Alcool susceptible d'être employé dans la fabrication des produits de la
parfumerie.
Il nous demande de l'annoncer à nos lecteurs : ce que nous nous empres-
sons de faire.
Un prix de cinquante mille francs sera attribué au chimiste français
qui aura, le premier, avant le 15 juin prochain^ trouvé et fourni le meilleur
moyen de dénaturatiou.
^ 472 —
L'bIcooI dénaturé par le procédé demandé devra répondre à toutes les
exigences de la fabrication de la parfumerie et pouvoir être employé même
par les eaux dentifrices.
A titre de simples renseignements, le Syndicat de la Parfumerie Française
indique que le dénaturant à trouver devra être incolore. Il ne devra en aucnoe
façon modifier Todeor ni le goût de Taleool. Il devra être dénué de toule
action chimique en général, afin de n'altérer ni l'alcool ni les parfums. Il ne
devra pas atténuer le pouvoir dissolvant de l'alcool pour les essences ni pour
toute autre matière employée en parfumerie.
11 ne devra pas être toxique, ni nocif.
Son prix devra être suffisamment bas pour que la dénaturation ne soit pas
onéreuse et dans le cas où Tinventeur se réserverait la fabrication ou Tes-
ploitation du produit dénaturant, il devrait indiquer le prix maximum auquel
il s'engagerait à vendre et fournir à tous les fabricants de parfumerie de
France, pendant au moins quinze ans, ledit produit.
Au point de vue fiscal, il sera nécessaire que ce dénaturant, une fois
incorporé dans l'alcool, ne puisse pas en être séparé pratiquement et écono-
miquement par un moyen chimique ou physique et qu'une opération ou une
réaction simple puisse déceler facilement dans tout liquide alcoolique la
présence de ce témoin de la dénaturation.
Les chimistes qui auraient à proposer un dénaturant devront le soumettre
à Texamen du bureau du Syndicat qui l'étudiera de concert avec son inven-
teur.
Les mémoires de proposition devront être déposés au secrétariat du Syn-
dicat, 13 rue d'Enghien, avant le IS/utn 1898.
Qu'il nous soit permis de faire une simple observation.
L'Administration exige une dénaturation pour qu'on ne puisse pas intro-
duire l'alcool dans la consommation de bouche. Que devient la garantie
demandée par TAdministration, si la dénaturation n'a pas modiié le goût,
l'odeur, la couleur de l'alcool, et ne l'a rendu ni toxique ni nocif?
FORMULAIRE
Naphiol camphré.
Naphtol finement pulvérisé 100 grammes.
Camphre — 200 —
Chauffer modérément, dans une capsule, le mélange des deux substances
jusqu'à fusion complète. Filtrez et conservez le liquide obtenu dans des
flacons en terre jaune, bien bouchés.
Cette préparation constitue un liquide onctueux au toucher, insoluble
dans l'eau mais miscible aux huiles fixes et volatiles, à l'alcool, à l'éther et
au chloroforme. (Bullet. de Thérapeut,)
/.e Gérant : Cteorges MASSON.
PARIS. — IMP. B. FUMMAaiON, aUl EACOfl, t6.
— 473 —
TRAVAUX ORIGINAUX
Sur la matière gélatineuse [pectine) de la racine
de gentiane; par MM. Emile Bourquelot et H. Hérissey.
I. La plupart des pharmacopées prescrivent, pour pré-
parer rextrait aqueux ou la tisane de racine de gentiane,
de recourir à la macération. Lorsqu'on opère par décoc-
tion, ou même par infusion, on dissout une matière géla-
tineuse sans propriétés thérapeutiques qui rend difficile
la filtration des liquides et s'oppose à leur clarification.
Cette matière gélatineuse a été étudiée autrefois par
Poumarède et Figuier (1) qui lui ont trouvé les propriétés
de la pectine. Pour l'isoler, ces savants, après avoir
épuisé la racine divisée, d'abord par l'eau distillée froide,
puis par l'eau aiguisée d'acide acétique, la faisaient digé-
rer pendant 3/4 d'heure, à 80-90**, dans de l'eau acidulée
par l'acide chlorhydrique. Ils exprimaient ensuite et pré-
cipitaient en ajoutant, au liquide décanté, de l'alcool
à 90**. La gelée ainsi obtenue était exprimée dans un
linge tin, lavée à l'alcool, puis redissoute dans l'eau et
précipitée à nouveau par l'alcool. Après un dernier lavage
à l'éther, le produit était essoré entre des feuilles de
papier à filtrer et desséché à l'air.
Il ressort de là que Teau froide, qui n'enlève pas la
matière gélatineuse à la racine de gentiane, la dissout
pourtant lorsqu'elle a été extraite par l'acide chlorhy-
drique dilué. Poumarède et Figuier tentaient d'expliquer
ce fait en disant que la matière en question se trouve à
l'intérieur des tissus « dans un état de contraction qui
empêche sa dissolution, peut-être par suite de la présence
de quelque corps insoluble ou d'une action vitale ». Cet
état de contraction serait détruit par l'acide chlorhy-
drique dilué froid ou chaud.
(1) Mémoiro sur le ligneux et sur quelques produits qui lui sont isomères.
Journ. de Pharm. et de Chim,, [3], XII, p. 81, 1847.
Journ. de Pharm, et de Chim.. 6« SÉRIE, t. Vll. (15 mai 1898.) 3 1
— 474 —
On sait que des observations analogues ont été faites
sur la pectine des fruits par divers expérimentateurs, en
particulier par Fréray et par Soubéiran. Ces derniers,
toutefois, ont exprimé quelques doutes quant à la nature
du produit obtenu par Poumarède et Figuier, et se sont
demandés si, réellement, ce produit était une pectine (1^.
C'est surtout dans le but de fixer les idées sur ce point
que nous avons entrepris le travail exposé ci-après.
II. Formation de la matière gélatineuse soluble de la
gentiane. — Dans une première série d'expériences, nous
avons étudié l'action de l'eau froide sur la poudre de
racine desséchée et sur la racine fraîche de gentiane.
lO»' de poudre de gentiane ont été mis à macérer dans
10()«' d'eau pendant 24 heures. Le liquide tiltré ne donnait
qu'un louche très léger par addition d'alcool. Il n'avait
donc pas passé de matière gélatineuse en dissolution dans
l'eau.
80«^ de racine fraîche ont été triturés avec du sable et
80*'' d'eau. Le liquide exprimé et filtré ne précipitait pas
non plus par l'alcool.
A supposer que la matière gélatineuse fut à l'état so-
luble dans les tissus, on ne pouvait guère expliquer ces
résultats négatifs qu'à l'aide de Tune des deux hypothèses
suivantes :
i*» Présence, dans la racine de gentiane, de matières rési-
neuses capables d'empêcher la dissolution dans l'eau.
2* Présence, dans la racine, de peclase ^susceptible de
transformer, pendant la dessiccation ou la trituration, la
pectine soluble en acide pectique insoluble.
Pour examiner la première hypothèse, de la poudre de
gcmtiane épuisée préalablement par l'alcool à 90* froid,
puis desséchée à l'air, a été mise à macérer dans l'eau pen-
dant 24 heures. Le liquide filtré ne précipitait pas par
l'alcool.
(1) Société de Pharmacie, séance du 6 octobre 1847. Journ. de Pharm,
et de Chim., '3]. XIÏ, p. 363, 1817.
1
— 475 —
Mêmes résultats négatifs avec la racine fraîche pilée.
Donc cette première hypothèse devait être écartée.
Pour examiner la seconde, des macérations aqueuses
de poudre et de racine fraîche pilée ont été ajoutées, dans
des conditions convenables, à des solutions de pectine de
carotte. Dans aucun cas, il n'y a- eu coagulation. Il n'y
avait donc pas lieu non plus de retenir la seconde
hypothèse.
Nous avons alors essayé l'action de l'eau à diverses tem-
pératures :
!• à Si^-oS'* — 20«' de poudre de gentiane délayée dans
200«'" d'eau ont été maintenus pendant 6 heures à une tem-
pérature comprise entre 55 et 58". Le liquide filtré, addi-
tionné de 2 volumes d'alcool à 90°, ne donnait qu'un léger
précipité se rassemblant au fond du tube.
2<* à 70**. — Un même mélange de poudre de gentiane et
d'eau a été porté lentement (il a fallu 3/4 d'heure) à 70*
puis refroidi. Le liquide filtré, additionné de 2 volumes
d'alcool, donnait un précipité gélatiniforme assez abon-
dant montant à la partie supérieure du liquide.
3° à 100°. — Un même mélange a été porté à Fébul-
lition, puis traité comme ci-dessus. Mêmes résultats qu'à
70°, le coagulum paraissant toutefois un peu plus volu-
mineux.
Ces faits présentent une grande analogie avec ceux que
nous connaissons relativement à l'action de l'eau sur
Tamidon cru. On sait, par exemple, que la fécule de
pomme de terre ne commence à se transformer en empois
(amidon hydraté) que vers 54**. Encore la transformation
est-elle à peine appréciable à cette température, et
n'est-ce guère qu'au dessus de 60' qu'elle se manifeste
nettement d).
En raison de ces analogies, nous pensons qu'il existe
dans la racine de gentiane un principe insoluble dans
l'eau (pectose de Fremy?) qui peut, par une première
(1) Em. Bourqaelot : Sur quelques points relatifs à la composition du
grain d'amidon. Journ. de Pharm, et de Chim., [o], XV, p. 172, 1887,
^ 476 —
hydratation comparable à celle qui change Tamidon en
empois, se transformer en matière gélatineuse soluble.
L'eau peut effectuer cette hydratation, du moins en pré-
sence de l'acide organique que donne à la macération de
gentiane, sa réaction ; mais il faut pour cela la faire agir
à une température d'au moins 60°.
III . Préparation de la matière gélatineuse soluble (pec-
Une), — Au cours de nos premières recherches, nous
avions observé incidemment que l'hydratation dont nous
venons de parler peut être obtenue, au moins en partie, en
maintenant pendant un certain temps de la poudre de
gentiane dans de l'alcool à 80»» porté à l'ébullition. En
d'autres termes, de la poudre de gentiane commerciale
traitée par cet alcool bouillant, puis desséchée, abandonne
à l'eau froide de la matière gélatineuse soluble. Il y avait
donc tout avantage à épuiser d'abord la poudre de gentiane
par l'alcool bouillant avant de la soumettre à l'action de
l'eau ou de l'eau acidulée pour en retirer cette matière
soluble. Aussi tous nos essais de préparation ont-ils été
faits sur de la poudre ainsi épuisée :
1<*. Par macération aqueuse. — On a fait macérer 15^'
de cette poudre dans 150«' d'eau distillée, pendant
24 heures. On a filtré et additionné 50" du liquide
obtenu de 100" d'alcool à 95*. Il y a eu coagulation. Le
coagulum a été exprimé, lavé à l'alcool, puis desséché
dans le vide; il pesait 08',27. Comme lOO^' de poudre de
gentiane commerciale perdent environ 40«% lorsqu'on
épuise par l'alcool à 80°, on voit, en faisant le calcul, que
ces 100»' de poudre cèdent à l'eau, dans ces conditions,
3«',25 de matière gélatineuse soluble.
2° Par décoction. — L'opération a été faite dans un
ballon muni d'un réfrigérant à reflux, avec 80»' de poudre
épuisée par l'alcool et 800" d'eau. Après deux heures
d'ébullition, on a filtré. 300" de liquide ont donné 2«%90
de matière précipitable par l'alcool à 95°. Donc, pour
100^' de poudi*e commerciale, on a obtenu, par ce pro-
cédé, 5«',8 de matière gélatineuse soluble.
— 477 —
3* Par digestion à 110** dans l'autoclave. — La poudre
délayée dans 10 fois son poids d'eau, a été maintenue
pendant 2 heures dans un autoclave à la température de
105-1 10**. On a filtré chaud, puis précipité par 2'^* d'al-
cool à 80** renfermant 10" d'acide chlorhydrique officinal
par litre. Le coagulum a été jeté sur un filtre, exprimé,
trituré et lavé à plusieurs reprises avec de l'alcool, traité
deux fois par de l'alcool à 95° bouillant, exprimé une der-
nière fois entre des feuilles de papier à filtrer, agité avec
de l'éther, et desséché dans le vide.
Dans une opération portant sur une petite quantité de
poudre, on a pu enlever 7«^',4 p. 100 (rendement rapporté à
la poudre commerciale) de matière gélatineuse soluble.
Tous les produits obtenus par ces trois premiers pro-
cédés sont faiblement teintés de jaune ; ils sont complète-
ment solubles dans l'eau en donnant un liquide légèrement
opalescent. Mais tandis que les deux premiers donnent
une proportion notable de cendres, le troisième qui a été
purifié par l'alcool acidulé, n'en donne que 0,80.
4° Par macération dans Veau acidulée. — Macération de
24 heures dans 20 parties d'eau renfermant 2*'' d'acide
sulfurique p. 100. Précipitation et lavage avec l'alcool à
95°, dessiccation dans le vide. Poids du produit dissout
pour lOO**" de poudre commerciale : 6«^7.
5» Par digestion à 80° dans Veau acidulée. — On a dé-
layé la poudre dans 10 fois son poids d'eau acidulée
(acide sulfurique : 2 p. lOOj préalablement portée à 80°,
puis on a laissé au repos pendant 24 heures. La masse
étant trop visqueuse, on a été obligé, pour la filtrer, de
l'additionner de son volume d'eau. La précipitation, la
purification et la dessiccation ont d'ailleurs été faites
comme ci -dessus. Poids du produit dissout rapporté à
1008'' de poudre commerciale : 11«',6.
Ces deux derniers produits sont blancs, mais incom-
plètement solubles dans l'eau. Lorsqu'on reprend le cin-
quième par 100 fois son poids d'eau, même chaude, on
n'arrive à en dissoudre, tiprès un long contact, que les
— 478 —
deux tiers environ. Il fournit d'ailleurs une forte propor-
tion de cendres.
IV, Propriétés de la matière gélatineuse soluble de la.
racine de gentiane (pectine). — Tous ces produits pos-
sèdent la propriété suivante : Si, k une solution à 1 p. 100,
on ajoute volume égal de suc de carotte (solution de pec-
tase), le mélange se prend en gelée dans l'espace de
40 minutes environ. Si le jus de carotte a été préalable-
ment porté à rébullition (destruction de la pectase), la
coagulation ne se produit pas. Cette propriété est carac-
téristique de la pectine. On peut donc dire que la matière
gélatineuse soluble de la racine de gentiane est une
véritable pectine, les mucilages vrais (graine de lin,
fucus, par exemple) n'étant pas coagulés par la pectase.
J/oici d'ailleurs une série de réactions présentées par
une solution à 1 p. 100 du produit obtenu par le troi-
sième procédé (autoclave) :
1* Si à 2^^ de cette solution, on ajoute 2" d'eau de chaux,
il y a prise en gelée dans l'espace de 1 minute ;
2* Avec l'eau de baryte employée dans les mêmes con-
ditions, la prise en gelée est immédiate ;
3* Si, à 2**^ de la solution, on ajoute 6 à 7 gouttes de
lessive de soude au dixième, puis 2 à 3 gouttes d'acide
chlorhydrique, il y a prise en gelée immédiate, par suite
de la séparation de l'acide pectique insoluble qui s'est
formé sous l'influence de la soude.
4* Il y a également prise en gelée de la solution si on
l'additionne de quelques gouttes de solution d'acétate
neutre de plomb, d'extrait de Saturne ou de perchlorurc
de fer.
5* La solution ne précipite pas lorsqu'on l'additionne
de cristaux de sulfate de soude à saturation; mais elle
donne un précipité flaconneux avec le sulfate de magnésie
et le sulfate d'ammoniaque.
6** La solution ne réduit pas la liqueur cupropotas-
sique.
7° Elle dévie à droite le plan de la lumière polarisée.
— 479 —
Comme il est admis généralement, d'après Frémy (1),
que la pectine est inactive, nous avons essayé de détei^
miner le pouvoir rotatoire spécifique l**du produit obtenu
X l'autoclave, 2° du produit obtenu par l'eau acidulée
employée à 80*.
Pour rendre limpide et incolore une solution du pre-
mier de ces produits, nous avons dû la clarifier par
l'albumine à l'ébuUition.
Après lecture au polarimètre, on a déterminé la pro-
portion de matière sèche dissoute dans un volume donné
de la solution, et par incinération, le poids de cendres
correspondant, ce qui a permis de calculer la quantité
de matière organique active sur la lumière polarisée.
Voici les chifi'res se rapportant à cette opération :
a=+ f,06; r = 100; p =0«^644; 1 = 2
d'où «» = + 82°, 3
Avec le deuxième produit, on n'a employé que la partie
soluble, qui donnait, d'ailleurs, une solution incolore et
limpide, et on a obtenu en opérant comme ci-dessus :
«!)=+ i45',3.
On voit par là qu'avec l'acide minéral on obtient un
produit qui diffère par plusieurs propriétés de celui qu'on
obtient avec l'eau seule. Il est possible que, dans le pre-
mier cas, on ait une pectine mélangée d'hydrates de
carbone fortement dextrogyres que l'acide enlève à la
membrane cellulaire.
Formules permettant de doser facilement par la méthode de
M, DucLAUX, les acides volatils produits dans une fer^
mentation ; par MM. F. Bordas et de Raczkowski (2).
Figurons dans le tableau suivant les résultats d'une
distillation fractionnée. :
(1) Recherches sur les matières gélatineuses des végétaux* Joum. dt
Pharm. et de Chim,, [3], XII, p. 13, i847.
(2) Travail fait au Laboratoire municipal.
480
1
2
3
4
5
FRACTIONNE-
MENT.
C« d'eau
de chaux
VOLUME TOTAL
d'eau de chaux
RAPPORT
i»ioXiOO
N
rapport
NXiOO
10"
»i
^i
'•i
at
20
«t
"i + "i
'•t
at
30
"t
«1 + 1,4- «s
»•«
a
40
«4
Wi + W,+
n
«4
50
»»»
W|+ +
»•»
a»
60
'«e
n,+ +
»*6
«s
70
«1
n,+ +
''7
'ï?
80
Wê
ni+ +
^8
"8
90
"i
^1+ +
R
«»
iiOO
WlO
ni + n,... = N
100,00
A
Nt représente le volume de chaux qui serait nécessaire
pour saturer Tacidité des acides contenus dans le ballon à
distiller.
La nature de l'acide ou des acides, dans le cas d'un
mélange, se trouve caractérisé par l'examen des chiffres
de la colonne 4.
On a tous les éléments permettant d'établir ces for-
mules.
Cas d'un acide, — On sait que
NX 100 . V • V xT^ ^00
•= A d ou Nt = N X — 7—
Nt a
si on désigne par n le volume d'acide sulfurique nor-
mal décime nécessaire pour neulraliser exactement 20**
de l'eau de chaux employée, par ?n le poids moléculaire
de l'acide considéré.
Le poids de l'acide contenu dans ces 110** soumis à la
distillation est donné par l'expression :
Nx 0,00014 Xn Xm
28 X A
— 481 —
^ ^ , 0,00014 X m
Le facteur ■ : — — est constant . pour cnague
A X 28 ^ ^
acide; désignons le par F, l'expression devient :
F X n X N.
Cas de deux acides. — Déterminant les volumes d'eau
de chaux N' et N" correspondantes à chacun des acides
contenus dans les 100" distillés, on retombe dans le
cas précédent, puisque chaque acide distille comme sll
était seul.
N
n',»X
100
N'
"'ioX
100
= R' d'où n\ 0 =
= ir d'oiin'io =
100
100
N" '~ ^ *^ 100
Comme n\^ + n'Io = n,o NR = N'R' + N"R".
D'autre part N' + N"^ N.
On a donc deux équiitions :
(1) NR = N'R' + N''R"
(2) N = N' + N"
desquelles on lire les valeurs de N' et N"
y =
R' — R"
N" =
N ;r' — R)
R' — R'
1
R— R '
est constant pour chaque mélange d'acide.
Nous posons F' =
0.014 X m'
2S X A'
1
^,,^ 0,014 X m- ^
R — R"
1
28 X A" R — ir
Les formules prennent la forme simple, A et B dési-
i
— 182 —
gnant les proportions respective de chacun de ces acides
dans les 110":
A = F' X n X N (R — R")
B = F"X nx N (R'— R).
APPLICATIONS
Cas d'wi acide : A = F X n X N. — Dans cette
expression les lettres ont les significations suivantes :
A quantité d'acide contenue dans les IIO'^ de liquide
que Ton avait soumis à la distillation fractionnée.
F facteur constant avec chaque acide calculé ci-des-
sous.
^^e nombre de centimètres cubes d'acide sulfurique
normal décime nécessaire pour neutraliser exactement
20" de l'eau de chaux employée.
N le volume total d'eau de chaux employée pour neu-
traliser les dix fractionnement.
/ Acide formique = 0,00039
Valeurs de F pour \ ^ *^*^"^^« = ^»^37
quelques acides. ) " V^^^^m^^ = 0,00038
/ — butyrique = 0,00045
l — valérianiqne . . . . = 0,00051
('as de deux acides :
A' = F' X n X N (R — R")
A"=F"XnxN(R'— R).
A', F', y et A", F", N" ont respectivement pour chaque
acide, les significations précédentes. De même pour n
et N.
R, R', R" sont les rapports trouvés pour le mélange et
ceux qui correspondent à chaque acide.
Pour savoir à quels acides correspondent A' et A' et
pour avoir les valeurs de chacune des lettres pour un
mélange de nature connue, il suffît de se reporter au ta-
bleau I ci-après qui a été établi pour les mélanges les
plus fréquents.
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REVUE SPÉCIALE
DES PUBLICATIONS DE CHIMIE, DE PHARMACIE, D'HYGIÈNE.
Chimie, Pharmacie.
Fabrication de la céruse au moyen d'un procédé nouveau
(Rapport de M. Riban au Conseil d'hygiène de la Seine).
— L'installation comprend six cuves carrées en grès,
contenant un mélange de solutions de carbonate et de
chlorate de sodium. Dans ce liquide sont plongées une
série de lames de plomb verticales, disposées parallèle-
ment, et séparées les unes de autres par un petit inter-
valle. Cette disposition rappelle, à s'y méprendi^e, celle
de la plupart des accumulateurs. Les lames d'un certain
ordre, les paires par exemple, sont réunies au pôle posi-
tif d'une source électrique, les autres au pôle négatif-
L'électricité est fournie par les accumulateurs de la Com.
pagnie Parisienne d'air comprimé, qui a donné asile à
ces essais de fabrication.
Lorsque le courant passe, il se fait vraisemblablement
à l'anode, où se rend l'action chlorique, du chlorate de
plomb et consécutivement, avec le carbonate alcalin ea
solution, de l'hydro-carbonate de plomb, ou céruse, tandis
que la soude se porte à la cathode. Des baguettes de bois,
intercalées entre les lames de plomb et implantées dans
un axe commun qui leur communique un mouvement
oscillatoire, ont pour but, non seulement de maintenir
l'homogénéité des bains par agitation, mais encore de
racler, à mesure de la production, la céruse adhérente
aux lames de plomb. La céruse tombe ainsi au fond des
vases. On la retire mécaniquement, au moyen de pompes,
pour la débarrasser, à l'aide d'un filtre-presse, de la ma-
jeure partie de l'eau et on la livre en pâte à la consom-
mation. Les eaux restées dans les cuves, ou s'écoulant
des -filtre-presses, sont refoulées dans un petit réservoir,
où un courant de gaz carbonique régénère le carbonate
— 485 —
de sodium, aux dépens de la soude qui avait été mise en
liberté par le courant
On revient, de la sorte, au mélange primitif de carbo-
nate et chlorate de sodium. Le gaz carbonique est fourni
par une bombe en acier, qui le contient liquéfié.
On le voit, dans ce procédé extrêmement rapide, toutes
les opérations, pour ainsi dire automatiques, s'effectuent
au sein de l'eau, particulièrement le raclage de la céruse
des lames par les baguettes oscillantes. Il n'y a donc pas
de poussières, si ce n'est celles qui pourraient résulter de
la dessiccation, sur le sol de l'atelier de la céruse délayée
échappée accidentellement des appareils ; mais le sol de
l'atelier est imperméable et muni d'une rigole, des asper-
sions d'eau sont, dans ce cas, toujours possibles. La quan-
tité de céruse fabriquée journellement, dans cette petite
installation, atteint à peine une dizaine de kilogrammes ;
un seul ouvrier y suffit. La matière est livrée actuelle-
ment en pâte aqueuse; si les résultats sont satisfaisants,
le développement de cette industrie comportera alors un
moulin, pour obtenir la céruse à l'huile plus propre à la
rente.
Sur l'absorption de rozygône par le pyrogallate de po-
tasse; par M. Berthelot (i). — On sait que Liebig a pro-
posé de doser l'oxygène dans les mélanges gazeux en
l'absorbant au moyen du pyrogallate de potasse : ce pro-
cédé très commode et expéditif est demeuré en usage,
quoique moins exact que l'analyse par détonation. Son
principal défaut consiste dans la formation simultanée
d'une petite quantité d'oxyde de carbone, d'abord mé-
connue. D'après les observations des auteurs, elle s'élève
dans certaines conditions jusqu'à 3 et 4 centièmes du
volume de l'oxygène absorbé, pour tomber dans d'autres
à 1 centième et même à 0,6, sans que les conditions qui
président à ces variations soient connues.
Il résulte des expériences de M. Berthelot que, pour
(1). Ac. d. 8c, CXXVI, 12 avril 1898.
— 486 —
ne donner naissance qu'à des quantités négligeables
d'oxyde de carbone, l'absorption de l'oxygène par le
pyrogallale de potasse doit être effectuée en présence d'un
excès notable de potasse et avec une dose de pyrogallol
capable d'absorber, pour être saturée, quatre à cinq fois
autant d'oxygène que le mélange mis en expérience en
renferme.
On réalise ces conditions avec une solution très concen-
trée, capable d'absorber par exemple quatre-vingt-dix fois
son volume d'oxygène, employée sous un volume supé-
rieur au vingtième du volume gazeux analysé. Après
ravoir introduite dans les tubes destinés à l'analyse, on
y ajoute soit de la potasse en solution aqueuse saturée ;
soit, et mieux, de petites pastilles de potasse solide, en
proportion convenable, lesquelles se dissolvent rapide-
ment dans la liqueur et déterminent, en quelques minutes,
l'absorption complète de l'oxygène.
Ces expériences donnent lieu A une autre observation,
qui n'est pas sans intérêt pour la connaissance même de
la réaction chimique, accomplie par le fait de la fixation
de l'oxygène sur le pyrogallate de potasse. En effet, il
résulte des faits observés que la réaction est la même
pour des dilutions extrêmement différentes et qu'elle
donne lieu h une même absorption d'oxygène, soit à 10*,
soit à 62*; c'est-à-dire qu'elle demeure la même entre des
limites de température très étendues. Elle est également
la même depuis 1 équivalent de potasse jusqu'à 3 équi-
valents et plus; tandis qu'au dessous d'un équivalent elle
est proportionnelle au poids de la potasse. Enfin, quand
elle atteint sa limite, elle produit une fixation de
3 atomes d'oxygène ; ce qui repond à la formule
C'MI'KO*, ou plus simplement, en faisant abstraction
du potassium : CMPO*. Ces rapports représentent soit
la fornmle du composé résultant, soit celle des produits
de sa décomposition, telle que celle d'un oxyquinon.
CMPO', formé avec séparation de II'O. Ce corps peut
être isolé, en agitant la liqueur avec de Téther après
l'avoir rendue acide.
— 487 —
Nouvelle réaction très sensible et spécifique de Tacide
citrique; par M. G. Denigès (1). — L'auteur résume
d'abord les réactions connues :
A. Insolubilité a chaud du citrate de calcium : 1® Soit
par un excès d'eau de chaux ; 2" soit par le chlorure de
calcium, en milieu ammoniacal.
B. Transformation de l acide citrique en produits
cÉTONiQUES. — 1* Par les oxydants manganiques. — Le
produit citrique est chauffé avec MnO* ou avec MnO*K,
dans ce dernier cas jusqu'à décoloration. Dans le liquide
ainsi traité, on décèle les composés cétoniques soit à
l'état de dérivé brome, blanc, par addition d'eau de
brome; soit par transformation en iodoforme, avec un
peu d'iode et d'un alcali caustique; soit à l'aide de la
réaction de Légal (nitroprussiate de sodium, soude,
puis acide acétique) qui fournit, comme on sait, une
coloration rouge carmin. Cette application de la réaction
de Légal ne paraît pas encore avoir été faite.
2® Par Vhypobromile de sodium. — On chauffe le
liquide renfermant l'acide citrique, libre ou combiné,
avec un peu d'hypobromite de sodium jusqu'à décolora-
tion de ce dernier, puis on ajoute goutte à goutte de
l'acide acétique jusqu'à coloration très faiblement rou-
geàtre ; on laisse refroidir et dans le cas de la présence
de l'acide citrique on observe la formation d'un précipité
blanc, se résolvant, lors([u'il est abondant, en goutte-
lettes de bronioforme. Ce précipité est, en effet, produit
par une Une émulsion de ce corps (réaction inédile).
30 Par Vacide sulfurique concentré. — Dans ce procédé,
indiqué par A. lierg et C. Gerber pour la recherche de
l'acide citrique dans les végétaux, ce corps doit être
amené à une notable concentration sous forme de sel
ammoniacal, après traitement successif du suc aqueux
de la plante par l'acétate de plomb, l'hydrogène sulfuré,
l'eau de chaux et l'oxalate d'ammoniaque.
Le produit linalemenl obtenu, évaporé à sec ou presque
(I) Bullei. de la soc. de Pharm. de Bordeux (Extrait).
— 488 —
à siccité, est placé dans un tube à essais et chauffé, pen-
dant environ une heure à une heure et demie, à une
température comprise entre 50° et 60* avec cinq à six fois
son poids d'acide sulfurique pur à 66* B.: Tacide citri-
que est ainsi transformé en acide acétone dicarbonique.
On refroidit ensuite le mélange et on lui ajoute, en le
maintenant dans l'eau froide, cinq à six fois son volume
d'eau. Après cette dilution, on agite avec de l'éther et on
décante soigneusement ce dernier. La solution éthérée
est divisée en deux parties que l'on évapore dans des
capsules.
Le premier résidu est repris par un peu d'eau et addi-
tionné d'une solution étendue de perchlorure de fer qui
donne une coloration violet rougeâtre avec l'acide acé-
tone dicarbonique.
Le second est additionné d'une solution récente très
étendue de nitroprussiate de soude, puis d'une goutte de
soude concentrée; il doit se produire une tache rouge
intense et par agitation le mélange, tout entier, se
colore en rouge orange.
Il n'est pas besoin d'insister pour montrer combien ce
procédé est long et pénible, sans offrir des garanties cer-
taines de spécificité absolue.
G. Réaction colorée empirique. — En chauffant pen-
dant six heures, à 110-120°, dans un petit tube épais,
scellé à la lampe, un mélange d'acide citrique et de dix
fois son poids d'ammoniaque, puis, après refroidisse-
ment, abandonnant à l'air le liquide, placé dans une
capsule, on obtient, comme Sarandinaki l'a montré, une
coloration bleue ou verte intense.
De ces diverses réactions celles de la première caté-
gorie, les plus classiques, sont fort peu sensibles et diffi-
ciles à appliquer dans un mélange ; quant aux autres, ou
bien elles ne sont pas spécifiques, ou bien leur difficulté
d'obtention les rend pratiquement inapplicables, au
moins dans le cas général.
D. Méthode de l'auteur. — Présence de Vacide citrique
dans une solution aqueuse de cet acide ou d'un citrate. —
— 489 —
Soit, par exemple, une solution aqueuse d'acide citrique
à 1 ou 2 p. 100.
On mettra dans un tube 5" de cette solution et l*^*' de
sulfate mercurique ainsi composé :
Oxyde mercurique (jaune ou rouge). . . 5 grammes.
Aicdc sulfuriquo concentré SO cent, cubes.
Eau distillée iOO —
On portera à l'ébuUition et, retirant du feu, on ajou-
tera cinq ou six gouttes d'une solution à 2 p. 100 de per-
manganate de potassium. Le mélange se décolorera bien
vite et aussitôt après il se formera un trouble, puis un
précipité blanc. Pour les liqueurs très étendues, il suf-
fira d'une goutte de permanganate ; on peut ainsi déceler
moins d'un demi-milligramme d'acide citrique dans la
prise d'essai.
Présence de Vacide citrique dans un suc végétal (jus de
citron ou d'orange, par exemple). — On met dans un
tube quelques gouttes de jus de citron ou d'orange, on
ajoute 4 à 5" d'eau et on opère comme dans le cas d'une
solution aqueuse d'acide citrique.
Pour le jus de citron ou d'orange, on peut sans incon-
vénient ajouter cinq à six gouttes de permanganate ; on
diminue la dose de ce réactif pour les sucs plus pauvres
en acide citrique.
Petites quantités diacide citrique en présence de grandes
quantités d'acide tartrique. — Supposons qu'on ait à essayer
un échantillon donné d'acide tartrique au point de vue
de la présence possible d'acide citrique. On opérera
comme il suit :
Peser \^' d'acide tartrique à essayer [échantillon
moyen), dissoudre à chaud dans 50*^'' d'eau (1). Mettre
dans un tube 5" de la solution refroidie, ajouter rapi-
dement 1" de la solution à 2 p. 100 de permanganate et
chauffer jusqu'à ce que le mélange prenne une teinte
brune et dégage quelques bulles gazeuses; à ce moment,
(1) Pour cet essai, il ne faudra jamais opérer sur des solutions renfermant
plus de 2 p. i 00 d'acide tartrique.
Journ, de Pharm. et de Chim., 6* SÉRIE, t. VII. (15 mai 1898.) 32
— 490 —
retirer du feu et attendre que le liquide soit entièrement
décoloré, ce qui est très rapide.
Ajouter alors 1^* de sulfate mercurique et porter juste
à l'ébuUition. On obtiendra un trouble blanc très net,
avec un 1/2 p. 100 et même moins d'acide citrique. Dans
le cas d'absence de cet acide, le liquide chauffé resterait
incolore et limpide.
Acide citrique dans le vin. — Depuis un certain temps,
on ajoute fréquemment de l'acide citrique aux vins, sur-
tout aux blancs, non seulement parce que cet acide n'a
pas, comme l'acide tartrique, l'inconvénient de précipiter
de la crème de tartre, mais surtout parce qu'on le consi-
dère conmie indécelable aux analyses courantes et qu'il
permet ainsi de faire passer comme normaux et naturels
des vins dont la somme acide-alcool est inférieure aux
moyennes légales et qu'on rehausse en acidité par
l'acide citrique pour faire rentrer cette somme dans la
normale.
Pour cela, que le vin soit blanc ou rouge, on en addi-
tionne 10*^*^ de !«'• à l'%50 de bioxyde de plomb, on agite
vivement, on ajoute 2** de sulfate mercurique, on agile
encore quelques instants et on filtre, en repassant les
premières portions toujours troubles par du bioxyde de
plomb en suspension.
5 à 6" du filtrat sont portés à Tébullition, on retire du
feu ; puis, aussitôt après, on ajoute une goutte de per-
manganate potassique à 2 p. 100 et on agite ; après déco-
loration, on ajoute une autre goutte de caméléon dans les
mêmes conditions, et ainsi de suite jusqu'à dix gouttes.
Les vins normaux, ainsi traités, ne donnent qu'un
louche extrêmement faible et encore pas toujours immé-
diat ; ce louche est dû aux traces d'acide citrique (5 à 6'*'
par litre, en moyenne) que renferment tous les vins, fait
non encore signalé.
S'il y a eu addition d'acide citrique, déjà à la dose de
0«%10 par litre, le trouble est nettement accusé; il va
en croissant avec la quantité de cet acide et, à partir de
0«',iO par litre, il est accompagné d'un précipité flocon
— 491 —
neux. L'opération se fait en quelques minutes à peine.
L'intensité de l'opalescence obtenue permet de juger
approximativement de la quantité d'acide ajoutée.
Acide citrique dans le lait. — L'étude des concrétions
que présentent fréquemment les laits condensés et dans
la composition desquelles entre surtout du citrate de
chaux, a conduit Soxhlet (1), puis Ilenckel [2), à recher-
cher l'acide citrique dans le lait de vache, où il se trouve,
d'après ces auteurs, à la dose d'environ l*"" par litre.
Schciber (3) a également étudié cette question.
La méthode suivie par ces auteurs pour déceler l'acide
citrique était longue, pénible, et nécessitait qu'on opé-
rât sur une grande masse de liquide d'essai. Elle ne se
prétait pas à la recherche de cet acide dans les laits dont
on ne possède que de petites quantités ; quant au dosage,
il était très approximatif.
Plus tard (4). L. Vaudin a confirmé les faits indiqués
par les auteurs précédents et indiqué que la dose d'acide
citrique par litre était de i*'" à l8',r)0 dans le lait de
vache, de 0»^60 à 0«^80 dans le lait de jument. Il a de
plus prouvé que l'acide citrique, qui se trouve a l'état de
sel alcalin dans le lait, contribue pour la plus grande
partie, sinon entièrement, à maintenir en dissolution le
phosphate de chaux du sérum lacté.
Dans ses expériences, Vaudin a été également obligé
d'opérer sur de grosses quantités de lait ; c'est ainsi que
la recherche de l'acide citrique dans le lait de vache a été
effectuée de la façon suivante :
20 litres de lait frais, écrémé à la machine centrifuge,
sont coagulés par la présure.
Le sérum obtenu est traité par 4 à 5«' d'acide acétique,
clarifié avec du blanc de Meudon en faisant bouillir
quelques instants et filtré. On traite par de l'acétate de
"t
(1) Landtc. Versuchst., p. 101, 1888.
(2) Ibid., p. 143, 1889.
(3) Ibid., p. 153, 1889.
(4) Annales de Vlnstitut Pasteur, p. 502, 25 juillet 1894.
— 492 —
plomb le liquide obtenu; il se forme un précipité qui est
recueilli sur un filtre, lavé, délayé ensuite dans l'eau dis-
tillée et soumis à un courant prolongé d'hydrogène sul-
fui*é. Le sulfure de plomb est séparé par filtration et le
liquide clair, après concentration dans le vide à une
basse température, est traité par un excès d'éther à 65^
On laisse en contact plusieurs jours en agitant fré-
quemment; on décante ensuite la couche éthérée et on
distille. Le résidu aqueux est placé dans le dessiccateur.
On obtient ainsi des cristaux légèrement colorés qu'on
essore et qu'on purifie par de nouvelles cristallisations
avant de les identifier par leurs propriétés physico-chi-
miques.
Le procédé Denigès permet, avec très peu de lait, de
montrer en quelques instants, à un cours, la présence de
l'acide citrique dans le lait de vache, de rechercher cet
acide dans les autres laits et d'en faire un dosage suffi-
samment approché par la méthode diaphanométrique, en
opérant par comparaison.
Pour l'appliquer, on met dans un tube 10** de lait (1 ,
2** d'une solution de métaphosphate de soude à 5 p. 100
et 3** de sulfate mercurique ; on agite et on filtre en
rejetant les premières portions écoulées, le plus souvent
louches.
On porte à l'ébuUition 5 à C*^*" du filtrat, on enlève du
feu et on ajoute goutte à goutte, en agitant chaque fois,
du permanganate de potassium à 2 p. 100. Dans le cas du
lait de vache, on obtient, après addition de quatre ou cinq
gouttes, un trouble blanc très marqué; puis, en conti-
nuant de verser le caméléon, il se forme, vers huit à dix
gouttes, un précipité blanc floconneux accompagné de
coloration jaunâtre lorsqu'il y a un léger excès de per-
manganate. On peut faire disparaître cette coloration jau-
nâtre par quelques gouttes d'eau oxygénée.
Dans tous les essais qui précèdent, on s'est assuré que
(1) Pour le lait de vache, dont on a facilement une grande quantité, on
peut doubler les doses indiquées.
— 493 —
les substances qui peuvent accompagner Tacide citrique :
acides acétique, tartrique, malique, succinique, lacti-
que, etc., glycérine, gommes, glucose, saccharose, lac-
tose, étaient négatives au point de vue de cette réaction.
Ceux de ces corps qui sont les plus facilement oxydables,
notamment les acides tartrique, malique et lactique, pro-
tègent seulement un peu Tacide citrique contre l'attaque
par le caméléon, aussi faut-il en leur présence, pour
avoir des résultats positifs, forcer la dose du réactif.
Un excès de chlorures, bromures et iodures ou des
acides binaires correspondants, gêne la réaction, aussi
convient-il de s'en débarrasser par agitation avec du sul-
fate d'argent.
Enfin, dans le cas où l'acide citrique serait accompagné
d'acides actifs par eux-mêmes sur SO*Hg, tomme l'acide
oxalique, ou bien on forcerait un peu la dose de ce réac-
tif et on filtrerait après avoir porté à l'ébullition et avant
d'ajouter le caméléon, ou bien on oxyderait d'abord le
mélange à chaud, en milieu acétique, par un léger excès
de caméléon qu'on réduirait par quelques gouttes de
H*0", ou d'acide tartrique, et on ferait agir le sulfate
mercurique pour avoir le trouble ou le précipité cherché.
Essai de la pepsine, par M. Allen (1). — Le procédé
proposé par M. Allen repose sur la propriété que pos-
sède l'eau bromée , en milieu acidulé par HCl , de pré-
cipiter tous les albuminoïdes (albumine, albumoses,
peptone), sans précipiter les autres corps azotés (urée,
créatine, créatinine, leucine, tyrosine, etc.).
Mode opératoire. — On fait digérer pendant trois heu-
res à une température de 40°, l»*" d'albumine d'œuf
avec 10*«' de la pepsine à essayer, dissous dans 20** d'eau
et additionnés de 25** d'HCl décinormal.
Lorsque les trois heures sont écoulées, on neutralise
au moyen de 25** de solution décinormale de carbonate de
(i) Pharm, Joum,, 1897, p. 551, d'après Ann. de Chim. Analyt,,
15 avril 1898.
^'X
— 494 —
soucie, et on chauffe au hain-maric à 90* pendant dix
minutes ; on laisse refroidir ; on complète 100^* et on
tiltrc ; le précipité retenu sur le filtre est la syntonine,
qu'on dose par la méthode Kjeldahl.
On prend 50" du filtratum dans lequel on ajoute du
sulfate de zinc en poudre jusqu'à saturation, afin de
précipiter les alhumoses ; après un contact d'une demi-
heure, on filtre, pour séparer les alhumoses qui sont
mélangés à la pepsine. On dose encore ces alhumoses par
la méthode Kjeldahl ; mais on a soin de retrancher du
résultat ohtenu la quantité d'azote provenant de la pep-
sine, ce qui est facile, si on a eu la précaution de doser
préalablement l'azote dans la pepsine à essayer.
La peptone se trouve dans le liquide filtré saturé de
sulfate de zinc ; on la précipite par l'eau hromée en
excès après acidulation par l'HCl; on filtre sur un en-
Immoir garni d'un tampon d'ouate, et, après lavage du
précipité, on y dose l'azote par le procédé Kjeldahl, en y
joignant le tampon d'ouate qui retient une certaine por-
tion du précipité.
Le liquide séparé ne contient plus que des sul)stances
azotées non alhuminoïdes.
Hygiène.
Recherche de la sciure de bois dans les farines; par
M. G. -A. Le Roy. — La recherche de l'adultération, par
là sciure de bois, des farines de froment de qualité
inférieure, connues industriellement sous le nom de
recoupes^ etc., et celle des farines d'orge, d'avoine, elc.
qui contiennent normalement des débris cellulosiques
provenant du grain lui-même, est assez difiicile à éta-
blir. L'auteur a tenté d'appliquer à la divulgation de
cette falsification les réactions colorées produites sur la
cellulose par différentes substances telles que l'orcine,
Fanïidol, la diméthylparaphénylènediamine, la phloro-
glucine, réactions connues mais non appliquées jus-
qu'alors dans ce but spécial. La phloroglucine employée
— 495 —
en solutions alcooliques, fortement acidifiée par Vacide
phosphorique, a donné d'excellents résultats. Une telle
solution, dont on imbibe la farine suspecte, donne, après
un chauffage très léger, une coloration intense rouge car-
miné aux particules de sciure de bois ; la coloration qu'elle
produit sur les matières cellulosiques provenant du grain
lui-n!éme est nulle ou à peine marquée, du moins dans
les premiers temps : les particules d'amidon restent in-
colores. L'observation peut se faire à l'œil nu, ou mieux
avec une forte loupe. La solution chlorhydrique de phlo-
roglucine agit dans les mêmes conditions trop énergi-
quement ; la différence de coloration entre les particules
de cellulose-bois et de cellulose-grains est moins tran-
chée.
Sur remploi du chlorure de palladium pour la recherche
dans l'air de très petites quantités d'oxyde de carbone et
sur la transformation de ce gaz, à la température ordi-
naire, en acide carbonique; par MM. Potain et Drouin (1).
— La présence de l'oxyde de carbone dans l'air, même en
proportions très petites, peut être constatée à l'aide du
chlorure de palladium. 11 suffit de faire passer l'air vicié
en bulles très fines à travers une solution étendue de ce
sel à la température ordinaire.
Les auteurs se sont servis, pour obtenir ce résultat,
d'un long tube effilé à son extrémité et plongeant, par
cette extrémité, dans un autre tube de calibre peu différent,
fermé à sa partie inférieure et contre le fond duquel la
pointe du premier vient appuyer. L'espace compris entre
les deux tubes est hermétiquement fermé en haut par
une bague en caoutchouc. Le tube extérieur possède une
tubulure latérale par laquelle on peut établir une aspira-
tion. L'autre, coudé à sa partie supérieure, est mis en
communication avec la source de l'air à examiner.
Dans cet appareil on introduit, avant de le clore, 10^*'
d'une solution de chlorure de palladium à 1/1000, conte-
Ci) Ac. d. Se, CXXVI, 938, 28 mars 1898.
7---^"«XTï^
— 496 —
nant par conséquent 1"**' de chlorure et acidifié par
Taddition de 2 gouttes d'acide chlorhydrique.
Lorsqu'on établit, par un moyen quelconque, une aspi-
ration sur la tubulure du tube extérieur, l'air pénètre
par l'extrémité effilée du tube intérieur et ses bulles, s'é-
crasant sur la surface à laquelle celle-ci est appliquée,
traversent le liquide dans une étendue de O^jSO sous la
forme d'une véritable poussière de bulles gazeuses qui
multiplient les surfaces de contact.
Pour peu que cet air contienne de l'oxyde de carbone,
le chlorure est en partie décomposé et du palladium se
dépose en couche noirâtre sur les parois du tube. Ce dé-
pôt témoigne de la présence d'un gaz réducteur et, dans
le cas particulier, de l'oxyde de carbone. Il n'est aisé-
ment appréciable qu'autant que Toxyde de carbone se
trouve dans l'air en quantité assez sensible, et il ne sau-
rait d'ailleurs en indiquer la proportion, même d'une façon
approximative. Mais, par suite de la décomposition du
chlorure, la solution, primitivement d'un jaune très
accentué, se décolore progressivement. Si, après avoir
fait passer dans l'appareil une quantité d'air déterminée,
on verse le liquide filtré dans un petit tube à fond plat et
si, à côté de celui-là, on en place un autre semblable,
contenant une partie de la même solution n'ayant point
subi le contact du gaz, on constate aisément, en regardant
le liquide par sa face supérieure, une différence de colo-
ration proportionnelle à la quantité de chlorure de palla-
dium qui a disparu. Après avoir égalisé les teintes, en
faisant varier le niveau de liquide, il suffit de mesurer
la hauteur de celui-ci, dans chacun des tubes, pour avoir
une mesure assez exacte de la quatité de chlorure dé-
composée.
Cette quantité est très éloignée de celle qu'indiquerait
la théorie pour une quantité déterminée d'oxyde de car-
bone traversant l'appareil, si la réaction était complète
et si tout Toxyde de carbone était transformé. La plus
grande partie échappe, et c'est sulement d'une façon
empirique qu'on peut déterminer la quantité d'oxyde de
— 497 —
carbone que représente une certaine quantité de chlorure
disparue, c'est-à-dire le coefficient de Tappareil. Quand
on opère d'une façon toujours identique, ce coefficient
varie très peu.
Par cette méthode on distingue très aisément et avec
assez de précision la présence de 1** d'oxyde de carbone dans
10 litres d'air, c'est-à-dire à l'état de dilution de 1/10000.
Avec une quatité d'air plus grande, on peut reconnaître
des proportions d'oxyde de carbone beaucoup moindres.
11 est difficile, toutefois, d'obtenir empiriquement un
coefficient pour le cas de dilution extrême, qui exige une
opération prolongée, et cela parce qu'on ne saurait con-
server longtemps un pareil mélange gazeux sans altéra-
tion. Enfermé dans un espace clos avec de l'air atmo-
sphérique à la température ordinaire, l'oxyde de carbone
disparaît et, à sa place, on trouve de l'acide carbonique.
Le 2 août de l'année dernière, on a enfermé dans des
ballons de verre, de la contenance de 5 litres à 10 litres,
de l'air atmosphérique, sec ou humide, mais dans les
deux cas débarrassé complètement d'acide carbonique,
et une proportion d'oxyde de carbone de 1/1000. Ces bal-
lons, soigneusement fermés, ont été laissés dans le labo-
ratoire à l'abri du soleil. Quarante-deux jours après, on
n'y a plus trouvé aucune trace d'oxyde de carbone, mais
de l'acide carbonique en quantité à peu près équivalente.
11 semble donc que, même à la température ordinaire,
l'oxyde de carbone s'oxyde.
Ayant à la même époque enfermé dans un ballon sem-
blable la même proportion d'oxde de carbone avec de
l'azote, on a retrouvé (une fois au bout de quarante-deux
jours, une autre fois au bout de soixante-quatorze jours)
la quantité d'oxyde de carbone que l'on y avait mise, et
il n'y avait pas de traces sensibles d'acide carbonique.
La disparition de l'oxyde de carbone s'opère progressi-
vement. Tandis que du trente-neuvième au quarante-
deuxième jour il n'existait plus dans les ballons de traces
appréciables d'oxyde de carbone, dans un cas il n'y en
avait déjà plus au vingt-neuvième jour que 1/10 environ
— 498 —
do la quantité introduite. La diminution est ordinaire-
mont rapide dans les premiers jours, et se ralentit peu à
peu ; si bien que la perte ayant été trouvée le quatrième
jour de 27 p. 100, le vingt-deuxième elle n'était encore
que de 54 p. tOO.
La raison qui ralentit ainsi progressivement la trans-
formation de l'oxyde de carbone, malgré la présence d'une
quantité d'oxygène toujours sensiblement égale , paraît
être la présence même de l'acide carbonique produit.
1^ On peut donc, à l'aide du chlorure de palladium,
reconnaître la présence dans l'air de très petites quan-
tités d'oxyde de carbone.
2° Ce procédé permet un dosage approximatif qui, dans
la pratique, suffirait à fournir des indications utiles au
point de vue de l'hygiène.
3* L'oxyde de carbone mélangé à Tair en petite quan-
tité et à la température ordinaire se transforme lentement
en acide carbonique. Cette transformation est retardée et
limitée par la présence même de l'acide carbonique.
4° Elle explique sans doute comment, malgré les quan-
tités considérables d'oxyde de carbone produites inces-
samment dans imo grande ville comme Paris, on n'en
trouve cependant pas de traces notables dans l'air, si ce
n'est au voisinage même des sources de production.
Rapport sur les boissons alcooliques (extrait), présenté
par une sous-commission à la commission extra-parle-
mentaire du Monopole de l'alcool; M. Duclaux, rappor-
teur, 1898.
Votre sous-commission de l'hygiène s'est uniquement
préoccupée, dans ses premières séances, de ce qu'on
pourrait appeler le côté physiologique du problème do
l'alcoolisme. Tous les projets de monopole ou de rectifi-
cation publiés jusqu'ici visent avant tout une réforme
hygiénique ; c'est la valeur morale et sociale qu'on leur
supposait sous ce rapport, bien plus que leur incertaine
valeur fiscale, qui leur a fait rapidement tant et de si
chauds partisans. Il a paru à votre sous -commission
— 499 —
qu'elle se devait et qu'elle vous devait d'attirer Tattention
du public sur le degré de solidité de ces espérances hy-
giéniques, de dresser le bilan de ce qu'on pouvait attendre
dans cette voie, des mesures proposées, d'indiquer les
barrières naturelles devant lesquelles toute action légis-
lative devint impuissante, bref, d'établir les principes
dont les pouvoirs publics ne peuvent faire autrement que
de s'inspirer sous peine d'échouer dans leur œuvre.
Tout d'abord une question préliminaire s'est posée de-
vant elle. Avait-elle le droit, au nom des principes, de
proscrire Talcool sous toutes ses formes, même sous celle
de vin, de bière, de cidre? Il lui a paru que cet ostra-
cisme absolu n'était pas autorisé. Le vin a une histoire
hygiénique remplie de vicissitude. Les vieux médecins
le prônaient. Il était encore très en honneur il y a qua-
rante ans. On en médit aujourd'hui. C'est peut-être qu'en
moyenne il est plus mauvais qu'autrefois et qu'il y entre
moins de raisin. Mais ce qui prouve que ce n'est pas là
la seule cause, c'est que beaucoup des médecins qui pros-
crivent la vin rouge acceptent le vin l)lanc, qui est en-
core plus facile à falsifier. Quoi qu'il en soit, il y a contre
le vin un courant d'opinion provo(|ué par les mauvais
vins, mais qu'il serait injuste d'étendre aux bons, l'ne
Commission, instituée en juillet 1895 auprès du ministère
de l'Instruction publique, et dont faisait partie notre col-
lègue le docteur Lancereaux, a été bien inspirée de dire
que « l'usage modéré des boissons fermentées produit une
légère stimulation du système nerveux. Le cidre déter-
mine une augmentation de la sécrétion urinaire; la bière
à petites doses excite la faim; le vin agit plus particuliè-
rement comme stimulant. » Mise en présence de la même
question, votre sous-commission a cru devoir être encore
pliis prudente; elle n'a pas voulu parler des avantages de
la consommation du vin, de la bière, du cidre, du poiré:
elle a seulemant exprimé l'opinion que leur usage modéré
est sans inconvénient.
Il est entendu que le terme modéré n'est pas défini,
parce qu'il n'est pas définissable. Il faudrait faire entrer
"•V
— 500 —
dans sa définition à la fois celle du vin et celle du con-
sommateur, et cela n'est pas possible. Mais chaque con-
sommateur sait ce que représente pour lui une dose mo-
dérée, et tout ce qu'a voulu faire la sous-commission est
de tranquilliser ce consommateur sur les suites pro-
chaines ou éloignées de son penchant, à la condition
qu'il se modère. Elle y est autorisée, au nom de la science
qui ne nous montre dans le vin et la bière bien préparés
aucun principe nocif, au nom de Texpérience qui, pen-
dant des siècles, a témoigné que l'usage modéré de ces
boissons était inofPensif, au nom de l'intérêt agricole
des cultures qui aboutissent au vin, à la bière et au cidre,
au nom enfin (mais je mets cette considération en dernier
lieu) du danger qu'il y a à se montrer intransigeant dans
une affaire, même quand on la traite au nom des prin-
cipes. Il faut accorder quelque chose au consommateur
quand on veut obtenir de lui quelque chose.
Ce premier point établi, le terrain était déblayé.
L'alcool se présente à la consommation non seulement
dans les boissons fermentées mais aussi dans les eaux-
de-vie qu'on en retire, ou bien encore dans les flegmes
provenant de la distillation des moûts fermentes de bette-
raves, de grains et de fruits de diverse nature. Dans ces
flegmes et eaux-de-vie, l'alcool est à un degré de concen-
tration qui en change l'effet sur l'organisme.
Il est absorbé plus rapidement dans l'estomac, passe en
plus grande abondance dans la circulation générale, et
l'effet d'excitation qu'il amène lorsqu'il est en petite
quantité augmente et peut devenir dangereux lorsque cet
effet est porté trop haut chez celui qui s'énivrc ou lors-
qu'il se répète trop souvent chez celui qui prend l'habi-
tude de l'alcool. Or, toute sensation, même la plus agréable,
même la plus utile, lorsqu'elle est trop exaltée, devient
un danger. Il en est de même pour l'excitation alcoolique
qui, même produite au moyen d'alcool tout à fait pur, est
nuisible à la santé, dès qu'elle devient trop violente ou
trop fréquente.
Ce n'est pas tout : les flegmes et eaux-de-vie contien-
— 501 —
nent tous, en proportions variables, des aldéhydes, des
alcools supérieurs et d'autres produits provenant soit des
fermentations variées dont le moût a été le siège, soit des
matières premières qui ont servi à les obtenir. Toutes ces
substances, que nous appelons du nom impropre d'impu-
retés, sont toxiques, bien plus toxiques à volume égal que
Talcool. C'est ce que nous ont montré les premières, les
belles expériences de MM. Laborde et Magnan, et ce qui
a été confiraié depuis par une foule de physiologistes. Le
danger propre de ces substances s'ajoute au danger de
l'alcool qui les a entraînées avec lui, de sorte qu'il y a
plus d'inconvénients à boire un alcool chargé d'impuretés
qu'un alcool au même degré qui n'en contiendrait pas.
C'est de cette conséquence très juste que sont partis
tous les projets qui visent à résoudre hygiéniquement le
problème de l'alcoolisme en améliorant la rectification.
Supprimons ces impuretés, ont-ils dit, et nous obtien-
drons un alcool à peu près inoffensif, que le consomma-
teur pourra absorber et l'État vendre en grandes quanti-
tés, et qui enrichira le trésor sans appauvrir la race. Ce
serait l'idéal; mais votre sous-commission était obligée
de s'en tenir aux réalités.
Elle a d'abord établi comme principe qu'il n'y a aucun
alcool distillé qui soit hygiénique, et qu'au delà d'une
certaine limite l'alcool éthylique le plus pur devient dan-
gereux. Cette limite est, il est vrai, assez élevée pour lui,
plus élevée que pour les autres alcools et les substances
qualifiées d'impuretés. Mais il a paru inutile de la fixer,
parce que l'alcool tout à fait pur est imbuvable. Le con-
sommateur ne le recherche ou ne l'accepte qu'accompa-
gné de quelques-unes de ces impuretés qui lui donnent
son goût, son parfum ou son cachet; de sorte que si en
rectifiant Talcool on le rend plus inoffensif, on lui enlève
d'un autre côté sa clientèle...
Conclusions, — 1° L'alcool, lorsqu'il est consommé à
l'état de vin, de bière, de cidre, de poiré, etc.... est une
substance dont l'usage modéré est sans inconvénients
lorsque ces boissons sont bien préparées.
— 502 —
•2* Aucun alcool distillé n'est hygiénique, et, au delà
d'une certaine limite, l'alcool le plus pur devient dange-
reux.
3* Les impuretés naturelles qui accompagnent à la dis-
tillation l'alcool de fermentation ajoutent leur danger
propre au danger de l'alcool qui les contient.
i^ Dans les alcools livrés à la consommation, même les
plus mal rectifiés, l'action nocive des impuretés est loin
d'égaler l'action nocive de l'alcool qui les contient.
5° Le danger est beaucoup plus grand avec les essences,
bouquets et autres ingrédients artificiels qu'on ajoute à
l'alcool pour on faire les vermouths, apéritfs, absinthes du
commerce, etc. L'action nocive de ces substances, même
lorsqu'elles sont les plus pures et les mieux choisies, peut
augmenter dans une large mesure l'action nocive de
l'alcool qui les contient.
6* On ne connaît aucune substance qui soit agréable au
goût, capable de donner à l'alcool pur une des saveui*s
réclamées par le consommateur, et qui ne soit pas en
même temps une substance dangereuse pour qui la con-
sonmie habituellement.
7° En ce qui concerne les alcools de distillation, il est
souhaitable de les voir ramenés à un taux de pureté qui
les rende le plus inoffensifs possible ; mais on ne peut
espérer trouver la solution du problème de l'alcoolisme
dans l'amélioration de ces produits.
En ce qui concerne les liqueurs alcooliques fabriquées
avec des bouquets ou des essences, elles présentent un tel
danger pour la santé pu])lique qu'il faut chercher autant
(jue possible à en restreindre l'usage ; on doit essayer
aussi de rendre plus inolTensifs les ingrédients qui ser-
vent à les fabriquer; mais on n'en connaît pas qui satis-
fassent à la fois le consomnuiteur et soient sans action
nocive sur ses organes.
8° Toute réforme qui veut être hygiénique doit s'atta-
cher d'abord et surtout à diminuer la quantité d'alcool
consonuné, et, en second lieu, à en améliorer la qualité.
503
BIBLIOGRAPHIE
Revue des médicaments nouveaux et de quelques médica-
tions nouvelles; par M. C. Crinox.
Ce livre est un répertoire de médicaments introduits (1)
dans la thérapeutique depuis une dizaine d'années. Parmi
ceux qui ont été ajoutés dans cette nouvelle édition,
nous signalerons VActol, VAnilipyrine, VApolysine^ VAi-go-
nine, la Benzacétine^ le Bismal, le Chinosol, le Chlorosalol^
le Citrophène^ la Crésochyne, la Cryofîne^ les Eucaïnes A
et B, VEuquinine, la Formopyrine, la Glucine, le Glutol^
VHémol, Vllolocaïne, V Hydrargyrol ^ VHydrargyroseptol,
Vlchtalhine^ Ylodothyrine^ Vitrai, ÏOrphol, VOrthoforme,
rOrarine, les Phosphate et Phosphite de gaïacol^ le Pyra-
midon, la Pyrantine, la Saliformine^ le Sanoforme, la Sa-
matose, la Tannalbine, les Tannoformes, la nouvelle Tuber-
culine de Koch et le Xéroforme,
L'article ayant pour titre : Aldéhyde formique, a été
complètement refait et mis au courant des derniers tra-
vaux sur ce corps.
En ce qui concerne les médicaments qui n'ont eu ou ne
paraissent avoir qu'une existence éphémère, l'auteur se
contente de les signaler et de leur consacrer quelques
lignes. Les développements, donnés à chacun, paraissent
très hien proportionnés à l'importance de la sul)stance à
laquelle l'article est consacré.
Ce volume s'adresse aux pharmaciens comme aux méde-
cins.
Comptes rendus de l'Académie des sciences, GXXVI, i8 avril 1898.
— Jarry : Bromures d'argent ammoniacaux. — J, Cavalier : Monoéthers
phosphoriques. — G. Denigès : Réaction générale des carbures élhéniques;
combinaisons mercuriques correspondantes. — A. Valeur : chjileur de
formation de quelques quinones à poids moléculaire élevé. — G. Belugou :
(i) Petit volume de 400 pages, 5» édition, chez MM Rueflf et C'%
106 boulevard Saint-Germain, i francs cartonné, Paris.
— 504 —
Chaleurs de neutralisation de l'acide étbylphospborique. — F. E. Biaise :
Nouvelle synthèse de l'acide diméthyl 3, 3. — peutano i, 5. — A. de Gra-
mont : Analyse spectrale des composes non conducteurs par les sels fondus.
25 avril 1898. — A. Valeur : Sur les quinonoximes ; thermochimic.
— V, Thomas : Action chloruranle du chloi*ure ferrique dans la série aro-
matique. — J. Cavalier : Sur les diélbers phosphoriques. — /. Laborde :
ferments des maladies des vins.
Annales de pharmacie de Louvain. ~ Avril 1898. — Long et inté-
ressant travail, de M. Schocpp, traduit et résumé du hollandais, sur la
recherche et l'essai par voie microchimiquo de l'antifébrine, de Texalgine, de
la phénacétine et de la mélhacélinc, avec figures.
Annales de chimie anal7tiq[Qe. — 15 avril 1898. — J. Froidetaux :
Recherche de quelques matières colorantes, ajoutées au lait et plus parUcu-
lîèrement du rocou. — A, Ru f fin : Là chicorée, sa fabrication, ses altéra-
tions, SCS falsifications.
Moniteur scientifique. — Mai 1898. — Notions actuelles sur l'électrolysc
et l'élcctrosyn thèse des composés organiques. Ce travail très étendu, quoique
n'étant qu'un résumé, est très complet, il embrasse un nombre considérable
de substances organiques.
ACADEMIE DE MEDECINE
Prophylaxie de la tuberculose ; par M. Grancher, rap-
porteur d'une commission de l'Académie de médecine.
Ce rapport, aussi remarquable dans la forme que par
le fond, est trop étendu pour que nous puissions le repro-
duire en entier. Nous donnerons seulement aujourd'hui
le but de ce travail saisissant et ses conclusions, sauf à
en étudier les diverses parties dans des numéix3s sui-
vants.
Le savant auteur, après avoir rappelé, que ViUemin, de
1865 à 1869, a établi la contagiosité de la tuberculose,
que la découverte du bacille tuberculeux par M. R. Koch,
en 1882, a conlirmé les recherches de Villemin, déclare,
dans un historique rapide, que tout le monde est con-
vaincu de cette contagiosité; que, comme il Ta dit depuis
longtemps, la tuberculose est curable et évitable et il
— 505 —
demande que rAcadémie de médecine suscite partout
Fapplication des mesures d'hygiène qu'il convient d'oppo-
ser au bacille tuberculeux.'
La commission désire que l'Académie pénètre avec elle
dans chacun des milieux sociaux, dise pour chacun d'eux
quelles mesures sanitaires sont immédiatement appli-
cables, et qu'après avoir fixé la formule, l'Académie,
dans la mesure du possible en surveille et dirige l'exé-
cution.
Pour M. Grancher et la commission, l'heure n'est pas
venue de solliciter des pouvoirs publics une législation
sanitaire nouvelle parce que cette loi nouvelle, si on l'ob-
tenait, rencontrerait tant de difficultés, tant d'impossibi-
lités même qu'il vaut mieux ne pas faire intervenir
le législateur.
Voici les conclusions générales proposées au vote de
l'Académie :
1* L'Académie confirme le sens de ses conseils et de
son vote de 1890 qui visent trois mesures de prophylaxie :
a) Recueillir les crachats dans un crachoir de poche
ou d'appartement contenant un peu de solution phéni-
quée à 4 p. 100 et colorée, ou au moins un peu d'eau.
b] Eviter les poussières en remplaçant le balayage par
le lavage au linge humide.
Cj Faire l)ouillir le lait, quelle que soit la provenance,
avant de le boire.
2*» En ce qui concerne la famille, l'Académie recom-
mande aux médecins l'application soutenue de ces
mesures de défense dès que la tuberculose est ouverte ;
elle leur recommande aussi de maintenir, si possible, la
tuberculose à l'état fermé, par un diagnostic précoce et un
traitement approprié.
3^ Pour l'armée, l'Académie demande la réforme tempo-
raire qui convient aux tuberculeux du premier degré
avant l'expectoration bacilliaire, et la réforme définitive
dès que les crachats contiennent le bacille de Koch. Et
elle fait appel à l'entente cordiale du commandement et
Journ. de Pharm. et de Chim., G* SKRIK, t. VII. (15 mai 1898.) 33
— 506 —
du service de santé pour Tapplication dans toutes les
casernes, des trois mesures énoncées plus haut.
4" L'école, l'atelier, le magasin, etc., relevant de lïn-
stituteur, du patron, du chef d'industrie, etc., l'Académie
ne peut que leur rappeler l'importance de cette question
d'hygiène et la simplicité, la facilité des moyens qui
suffisent à la réaliser, c'est-à-dire à combattre efficace-
ment l'extension de la tuberculose qui menace toutes les
familles.
S*' L'Académie approuve les conclusions du travail de
la commission hospitalière en ce qui concerne les malades
et l'hygiène de nos hôpitaux, à savoir :
a) Isolement des tuberculeux dans des pavillons ou
salles séparées, en attendant la création de nouveaux
sanatoria.
"~ b) Antisepsie des salles des tuberculeux, et des salles
comnumes, nolammenl par la réfection des planchers et
la suppression du balayage.
c) Amélioration du coi'ps des infirmiers par une paye
plus haute, un meilleur recrutement et une retraite.
dj Création d'un corps d'infirmiers sanitaires.
6** L'Académie approuve aussi les restrictions de la li)i
^■n projet et des arrêtés nouveaux concernant la chair
musculaire des animaux tuberculeux.
La saisie totale et la destruction de cette chair doivent
être réservées à des cas assez rares de tuberculose géné-
ralisée et d'hecticité. Elle recommande aux cultivateurs
l'emploi diagnostique de la tuberculine. et l'élimination,
par la boucherie, de leurs animaux légèrement tubercu-
leux et partant, inoffensifs.
V Enfin, l'Académie, voulant marquer l'intérêt excep-
tionnel qu'elle attache à la continuité de son action en
faveur de la prophylaxie de la tuberculose, créé une nou-
velle commission permanente dite Commission de la pro-
phylaxie de la tuberculose, qui aura pour objet d'encou-
rager et de coordonner tous les efforts contre l'envahisse-
iiient du bacille tuberculeux.
— 507 —
La cÙThose des buveurs et le plâtrage;
par M. Alf. Riche [fin) (1).
II. — En discutant la deuxième proposition de M. Lan-
cereaux, j'étais sur un terrain solide, parce que mon ar-
gumentation repose sur des faits d'expérience de Tordre
de ceux que j'étudie journellement, pour lesquels jai
acquis une certaine compétence.
11 en est tout diiféremment au sujet de sa première
proposition :
« La cirrhose hépathique est engendrée spécifiquement
par l'ahus du vin. »
Je n'aurais pas la témérité d'en entreprendre la discus-
sion, si j'étais réduit à mes propres lumières, mais je vais
le faire, soutenu, non pas par une voix amie — elle est
éteinte — mais par un souvenir, très présent encore, de
mes conversations sur ce sujet avec un médecin de haute
valeur, le D' Ilanot, si fatalement et si prématurément
enlevé à la science.
D'ailleurs, ma conclusion sera seulement de susciter de
nouvelles expériences.
On trouvera la doctrine de Hanot développée dans un
remarquable rapport qu'il a présenté, en 1895, au
Congrès français de médecine à Bordeaux (2).
Il y rappelle que M. Lancereaux admet une action spé-
ciale du vin dans les phénomènes de l'alcoolisme; que
M. Lafitte (3) et M. Létienne (4) ont établi par l'expérience
qu'il n'y a pas lieu de considérer la cirrhose alrophique
du foie comme une manifestation de l'alcoolisme parce
que des animaux, auxquels on a fait absorber pendant un
certain temps des liquides alcooliques divers, présentent
des lésions du foie qui n'ont pas de ressemblance avec la
cirrhose atrophique.
(1) Joum. de Pharm. et de Chim. [6], VU, «7, 1898.
(2) Chez Gounoulhou, me Guiraude, It, Bordeaux.
(3) Thèse de la Fac. de médec, Paris, février 1891.
(i^ Médecine moderne, n"" 15, 1894.
'"l^nîT
— 508 —
ïlanot en avait conclu que de nouvelles expériences
étaient nécessaires et il les avait confiées à son interne,
M. Boix (1). De ces expériences, il s'estimait en droit
d'affirmer que l'alcool ne constitue pas à lui seul la raison
palhogénique des cirrhoses du foie ; que Ton rencontre
fréquemment chez les dyspeptiques, en dehors de toute
habitude alcoolique, un état pathologique qui se traduit
par l'augmentation du volume de cet organe.
Il faut, d'après lui, tenir compte, dans l'étiologie des
cirrhoses du foie, de diverses substances qui prennent
naissance, par des fermentations, durant la digestion et
surtout pendant les digestions anormales. Il cite les acides
acétique, butyrique, valérianique et lactique, M. Boix
ayant constaté que ces substances produisent sur le foie
une cirrhose atrophique, comparable à celle de Laënnec,
tandis que Talcool agit sur les cellules hépatiques en pro-
voquant la dégénérescence graisseuse.
L'alcool ne serait donc pas le seul coupable dans l'étio-
logie des cirrhoses du foie.
Il ajoute que ces expériences donneraient l'explication
de l'action spéciale du vin, signalée par M. Lancereaux,
parce que cette boisson, comme la bière et le cidre, '
s'acétifie rapidement lorsqu'elle est mal préparée.
Hanot considère donc qu'il y a lieu de distinguer avec
le vin une action spéciale en dehors de l'action générale
et fatale de l'alcool éthylique et des autres alcools. Ils ne
(liff'érent que par un point de moindre importance, la
cause de cette action. Pour l'un, ce sont des substances
de fermentation, notamment les acides volatils de la
série chimique, dite série grasse; pour l'autre, ce sont
les sulfates : or, je crois qu'on ne peut pas l'attribuer à
la minime proportion des sulfates du vin, de la bière et du
cidre.
Au contraire, la conception de ïlanot semble justifiée
par les expériences de M. Boix. par les observations sur
les vins acides dues aux docteurs Roche, Berthet et Le-
jeune.
;1) Thèse de la Fac. de médec. de Paris, 1895.
— 509 —
Le plâtrage a, en effet, pour résultat daccroîlre Taci-
dité du vin par le mécanisme suivant : le plâtre attaque
la crème de tartre pour donner du tartrate de chaux inso-
luble, de l'acide tartrique et du sulfate neutre de potasse
soluLles.
L'acide tartrique met en liberté une petite quantité
d'acide sulfurique qui transforme le sulfate neutre en
sulfate acide.
M. Magnier de la Source a établi que le plâtre réagit
aussi sur les sels organiques de potasse, à réaction faible-
ment acide, de la pellicule du raisin; la potasse se com-
bine à l'acide sulfurique du plâtre, et la chaux s'unit aux
acides organiques pour donner des sels insolubles.
D'après notre collègue, M. A. Gautier, chaque gramme
de sulfate de potasse par litre de vin augmente son aci-
dité de 0«',25 calculée en acide sulfurique.
L'acidité produite active le fermentation et la dépouille
du vin ; sa couleur en est avivée et sa conservation mieux
assurée.
Le tableau suivant montre à la fois ce développement
de l'acidité par le plâtrage et la grande acidité naturelle
des petits vins de l'Yonne, du Loir-et-Cher et de la Bour-
gogne.
VINS BOUGES
Yonne Loir-et-Cher Côle-d'Qp.
Moyenne 5.09 5.24 5.31
M&zimum 8.88 9.08 8.72
Minimum 3.38 3.92 3.22
YISS BLANCS
Moyenne 5.15 8.00 5.79
Maximum 7.35 12.25 7.25
Minimum 2.52 3.51 4.45
VINS aOlTQBS
Hérault. Aude. Pyrénés-Oriontalea.
Non Plâtrés. Non Plâtrés Non Plâtréd.
plâtrés. 1 â 2 gr. plâtrés. 1 à t gr. plâtrés. 1 à 2 gr.
Moyenne.. . 4.87 4.95 4.85 4.94 4.49 4.32
Maximnm. . 6.32 9.65 6.41 7.44 5.50 5.55
Minimum. • 3.50 3.09 3.29 3.25 3.88 2.05
• '.-■Wi jp'
— 510 —
VINS BLANCS
Moyenne.. .4.31 » 4.32 » 3.68 >
Maximum.. 5.89 » 5.13 d 4.90 »
Minimum. . 2.96 > 3.74 » 3.07 »
Le plâtrage à la dose ordinaire ne suffit pas à commu-
niquer aux vins des contrées chaudes une acidité aussi
forte que celle des vins du centre de la France. Comme,
en outre, ils sont plus chargés de matières organiques,
ils peuvent devenir le siège d'une acétification plus ou
moins forte et d'autres fermentations anormales, acides,
si la fermentation laisse à désirer, comme en Espagne, en
Algérie surtout.
Aujourd'hui, dans nos laboratoires, nous dosons, outre
l'acidité totale, l'acidité volatile du vin, et on a constaté
que celle-ci arrive à représenter quelquefois, en Espagne
et en Algérie, le quart et même le tiers de l'acidité totale.
Depuis la suppression du plâtrage intensif, les viticul-
teurs méridionaux recourent quelquefois à l'acidification
directe des vins. J'ai vu s'établir, en 1891, sur les bords
de l'Èbre, à la Rioja, une fabrique d'acide tartrique; plu-
•eieurs ont été installées en France. On commence même
à ajouter de l'acide citrique aux vins dans certaines
régions.
C'est la préparation défectueuse du vin qui rend sou-
vent ces pratiques utiles. Les viticulteurs éclairés et soi-
gneux parviennent à s'en passer. Je suis autorisé à citer
l'un d'eux, M. Teissonnière, viticulteur près de Béziers ;
par un choix judicieux des cépages, par l'échelonnage de
l'époque des vendanges, il est arrivé, depuis plus de vingt
ans, à ne pas plâtrer ses récoltes et à ne pas acidifier.
11 ne semble pas impossible que l'acidité trop forte du
vin, que les fermentations acides interviennent dans les
altérations du foie sous l'influence exagérée du vin et
aussi de la bière et du cidre.
Ce serait à éclaircir ; c'est pourquoi j'estime, avec
M. Lancereaux, que M. Boix et M. Létienne ont entrepris
une tâche très utile en organisant xmreferendum près des
— 511 —
médecins de toute la France : le travail de M. le D' Roche
pour FYonne, en est la première page.
SOCIÉTÉ DE PHARMACIE DE PARIS
Séance du 4 mai 1898.
Présidence de M. Bourquelot, Président.
La séance est ouverte à deux heures.
Au procès-verbal de la séance précédente doivent être
ajoutées les observations suivantes, faites par M. P. Vi-
gier, sur la pancréatine et la peptone.
M. Pierre Vigier : Comme membre de la Commission
du Codex de 1884, j'avais été chargé de l'étude d'un cer-
tain nombre" d'articles, parmi lesquels étaient ceux de
pepsine, diastase, pancréatine.
Mon premier soin fut d'examiner tous les produits four-
nis par le commerce, puis de faire des expériences per-
sonnelles. J'acquis bien vite la conviction que, non seule-
ment, il était impossible d'instituer des vins et élixirs de
diastase et de pancréatine stables ; mais même que ces
produits à l'état d'extrait ou en poudre amylacée ne se
conservaient pas bien.
Le prix de la diastase rend bien chère la digestion d'un
peu de fécule. J'ai trouvé, qu'à ce point de vue un peu
de salive valait mieux que nombre de préparations dias-
tasiques.
Notre président Bourquelot a démontré que le suc gas-
trique détruisait le ferment diastasique dans l'estomac ;
j'ai remarqué d'autre part qu'il détruisait la pancréatine.
Bien plus : ayant mis à digérer dans 60*' d'eau pure
pendant 6 h. à 50*, 4«' de pancréatine amylacée active
avec 1 seul gramme de pepsine amylacée, j'ai vu cette
pancréatine perdre la propriété de digérer la fibrine dans
un milieu neutre.
Alors, à quoi bon prendre de la pancréatine, puisqu'elle
est forcée de traverser l'estomac et de s'y anéantir.
Il n'en est pas de même de la pepsine. Là le terrain
— 512 —
est .ferme sous nos pas, et on n'a pas plus de diffi-
cultés que s'il s'agissait d'un produit chimique défini.
Je ne reviendrai pas sur le procédé de dosage que j'ai
fait adopter pour le Codex, et qui a obligé les fabricants
à livrer une pepsine 6 fois plus active qu'auparavant;
nos collègues ici présents n'ont certainement pas oublié
mes communications à ce sujet. Je dirai seulement qu'il
m'a fallu deux années d'expériences pour faire accepter
de Vulpian l'introduction au Codex du vin et de l'élixir
de pepsine. Sachant que la pepsine était précipitable par
l'alcool, il ne comprenait pas qu'on put établir une pré-
paration contenant de l'alcool.
Je dois avouer qu'il se rendit de très bonne grâce
quand il connut le résultat de mes recherches, et il fut
même touché de ce que j'avais été forcé de doubler la
dose de pepsine dans le vin et l'élixir, pour répondre au
mode d'essai adopté; preuve, pensait-il, que l'alcool dé-
truisait la moitié du ferment.
J'ai d'ailleurs partage cette opinion jusqu'au jour où
notre collègue Portes nous a dit qu'en enlevant l'alcool de
l'élixir à une basse température, au moyen de la trompe,
on constatait que le ferment existait entièrement et avait
conservé toute sa puissance digestive.
Avec cette addition, le procès-verbal est adopté.
Correspondance imprimée, — Journal de Pharmacie et
de Chimie (2 exempl.). — The Pharmaceutical Journal
(4 exempl.). — La Pharmacie française (2 exempl.). —
Union pharmaceutique. — Répertoire de pharmacie, —
American Journal of Pharmacy (2 exempl.). — Bulletin de
la Chambre syndicale des pharmaciens de la Seine, —
Bulletin de pharmacie de Lyon, — Bulletin de pharmacie
du Sud'Est (2 exempl.). — Association française de l'avan-
cement des sciences, — Revue des maladies de la nutrition.
— Bulletin des travaux de la Société de pharmacie de Bor^
deaux, — Le Bulletin de la Presse (2 exempl.). — Revision
du Codex^ par M. le professeur Gay, de Montpellier.
Correspondance manuscrite. — Lettre de remerciements
de M. le professeur Keller, de Zurich, à la Société de
— 513 —
Pharmacie, pour son élection au titre de membre corres-
pondant.
M. le président annonce que MM. Planchon, de Mont-
pellier; Vaudin, de Fécamp; et Carrette, d'Orsay, mem-
bres correspondants nationaux, assistent à la séance.
M. Bourquelot annonce que le Comité de préparation
doit se former. Le Congrès international des médecins
pour 1900 s'est déjà réuni ; il demande si les Sociétés des
pharmaciens français pensent devoir se joindre à ce
Congrès ou faire un [Congrès de pharmacie distinct et
autonome.
Le Bureau de la Société de pharmacie s'entendra avec
le Bureau de l'Association générale des pharmaciens de
France pour s'occuper de cette question et de l'organisa-
tion de ce Congrès, qui est décidé en principe.
M. Bourquelot dit qu'on vient de créer le titre de doc-
torat universitaire en pharmacie. Ce nouveau titre va
faire un changement dans le prix des thèses de la Société de
pharmacie, car les candidats qui auraient préparé une
thèse pour le titre de pharmacien de 1" classe, présente-
ront leur travail pour le titre de docteur universitaire en
pharmacie.
M. Bourquelot consulte la Société pour savoir s'il y a
lieu d'accepter ces thèses pour le prix des thèses de la
Société.
La Société décide que l'on admettra au prix des thèses
toutes les thèses passées par des pharmaciens de 1^* classe.
M. Bougarel présente au nom de MM. Adrian et Trillat
une note sur les phosphoglycérates acides. Après avoir
décrit le mode d'obtention de ces sels, les auteurs éta-
blissent leur constitution et donnent leurs principales
propriétés ainsi qu'une méthode de dosage.
M. Bourquelot résume une note de M. Javillier sur les
propriétés de l'huile de Croton. L'auteur établit par des
expériences précises que si les divers spécimens d'huile
de croton du commerce présentent des propriétés diffé-
rentes, cela tient à ce que ces huiles ne sont pas prépa-
rées par le même procédé. Si l'on prépare de l'huile de
— 51i —
l'i'oton par pression, par épuisement à l'aide de l'éther
ou de l'alcool à 95**, on a des huiles qui ne présentent
pas les m<^mes indices d'iode, d'acidité et de saponifica-
tion.
M. Ch. Moureu, poursuivant son étude sur les dérivés
de la pyrocatéchine, a fait réagir le bibromure et le
télrabromure d'acétylène sur la pyrocatéchine disodée.
Ce travail sera puljlié.
M. Guinochet donne lecture du rapport sur les candida-
tures à une place de membre résident. La commission
<Hait composée de MM. Marty, JuUiard, Guinochet. rap-
porteur. Le classement des candidats est le suivant :
Première ligne : M. Georges.
Deuxième ligne : M. Choay.
L'élection aura lieu à la prochaine séance.
M. Guinochet donne lecture du rapport sur la candida-
ture de M. Louis-Léon Guillot, de Lyon, au titre de
membre correspondant national. Sur [le rapport favorable
de la commission, M. Guillot est nommé membre corres-
pondant national.
M. G. Planchon présente à la Société divers objets ou
substances provenant du Gabon, et qui lui ont été remis
par le père Trilles, missionnaire dans ces régions :
l** Un plat en bois d'Ohoube, qui sert à broyer le fruit
de VOba {Irvingia Gabonensis)^ pour on faire le pain
d'Odika ou Ndorh,
2* Un pilon servant à piler le manioc, fait avec le bois
d'Andork. Ces deux objets sont exclusifs aux femmes;
jamais un homme n'y met les mains.
3<» Un morceau de Ndork (aussi nommé pain d'Odika)
(jui sert à faire des sauces pour les bananes et les pois-
sons.
i*» Un morceau de substance rouge, dont les hommes
.se teignent avant le combat.
M. Louis Planchon fait une communication au sujet de
la fréquence du Pénicillium glaucum (et surtout de la
forme crustaceum) dans les végétations cryptogamiques
qui se développent dans les solutions chimiques, les eaux
J J
— 515 —
distillées et les liquides pharmaceutiques divers. Il a
constaté que ces organismes qu'il étudie en ce moment
au point de vue morphologique, sont très variés, mais
que le Pénicillium glaucum se rencontre d'une façon
à peu près constante, du moins dans les liquides exa-
minés et déjà nombreux et fort divers. Les cultures de
champignon sur milieux stérilisés ne donnent d'ordinaire
la forme vigoureuse normale qu'après quelques semis
successifs.
M. Beauregard a fait une étude sur les moisissures de
l'ambre gris, et il a trouvé un Sterigmatocystis qui se
développe particulièrement bien dans les milieux alca-
lins, mais qui, dans les essais sur la liqueur de Raulin
ou sur d'autres acides (bouillons d'ambre gris, etc.), est
très rapidement envahi par le Pénicillium ou Sterigmato-
cystis nigra^ Aspergillus glaucus^ etc. La liqueur de
liaulin, renfermant un grand nombre de sels (sulfate de
zinc, sels de magnésie, de potasse, etc.), est comme un
mélange des solutions salines dont parle M. Planchon.
Les observations de M. Beauregard concordent bien
avec celles de M. Planchon.
Revision du Codex. — M. Sonié-Moret, rapporteur,
donne lecture du rapport de la 8' sous-commission ; la
sous-commission se compose de M. Delpech, président;
deMM.Schmidt, Guinochet, membres, et M. Sonié-Moret,
rapporteur.
La séance est levée à quatre heures et demie.
L'enseignement de la pharmacie au Jardin
des Apothicaires; par M. G. Planchon (fin) (1).
Les seules difficultés après la Révolution proviennent
de la dureté des temps : de la pénurie des ressources, qui
impose de sérieuses économies, de la nécessité des sacri-
fices que réclame la défense nationale. Les savants,
comme tous les citoyens, doivent avant tout songer à la
(1) Joum. de Pharm. et de Chim. [6], VII, p. 356, 406, 461.
— 516 —
patrie. Une partie de leur temps se passe à lui créer des
ressources; de la poudre et des armes: ils paient aussi de
leur personne, en apportant aux armées leur talent et
leur expérience. Puis, à mesure que la stabilité tend à se
rétablir dans les institutions, les esprits sont en éveil
pour la meilleure organisation de la profession et des
études. Le gouvernement lui-même pousse à ces recher-
ches. De là un mouvement quelque peu tumultueux, qui
ne prend fin qu'à Ti^^tablissement des écoles spéciales (1).
A partir de ce moment, l'enseignement entre dans une
période de grande prospérité. Dirigé par des hommes de
grand mérite, exercé par des professeurs remarquables,
qui ajoutent à leur talent de professeur Téclat d'impor-
tantes découvertes, cet enseignement nous offre en même
temps le spectacle d'une harmonie précieuse à son déve-
loppement. C'est, en effet, un des traits caractéristiques
des assemblées de l'École, que cette discussion confrater-
nelles des programmes des cours. Les observations, tou-
jours courtoises, mais d'une grande franchise, y sont
toujours acceptées avec une grande déférence par les inté-
ressés; nous en avons cité plus d'un exemple et la lecture
des procès-verbaux montre que c'était la règle constante,
au grand bénéfice de l'enseignement, dont les diverses
parties restaient à leur vraie place, sans lacunes et sans
empiétements réciproques. Ces traditions entretenues par
des hommes d'un grand sens et d'une grande sagesse font
la force de TÉcole. Elle obtient les chaires qui lui sont
nécessaires, développe toujours plus l'enseignement pra-
tique — herborisations et travaux de laboratoire, — et lors-
que, en 1841, elle entre dans le corps de l'Université de
France, elle y introduit des éléments de succès que les
autres Facultés n'avaient point développés à ce degré.
Les agrégés que la nouvelle organisation introduit dans
son sein lui apportent une force nouvelle. Par leurs sup-
(1) Nous résumons ici en quelques lignes cette histoire de 1796 à
l'tn III, qu'il est un peu difficile de suivre dans les procèt-Terbsux de
rëpoque : La Société libre se constitue le 30 ventôse an lY (90 mars 1796),
le Directoire confirme, le 3 prairial an V (22 mai 1796), l'École gratuite de
^ 517 —
pléances fréquentes, par leur participaliou à la direction
(les travaux pratiques, ils sont des aides précieux, en
même temps qu'ils forment une pépinière féconde pour le
recrutement des futurs professeurs.
Pharmacie, et le i8 ventôse an Y (18 mars 1797) les cours s'ouvrent avec
Ici professeurs suivants :
Pour la Chimie : Yanquelin, Bouillon- Lagrange, Bouriat, adjoint.
Pour la Pharmacie : Horelot, Trusson, Nachet, adjoint.
Pour l'Histoire naturelle : De Maeby, Dizé, Martin, adjoint.
Pour la Botanique : Guiart père, Sagot, Guiart fils, adjoint.
Le 8 nivôse an Yl (28 décembre 1797), le Conseil assemblé, un membre
représente c qu'il est nécessaire de former un comité d'instruction, afin
d'éviter un des inconvénients qui est arrivé dans les démonstrations de
Tan V oii des professeurs incertains de la marche qu'ils avaient à suivre,
s'étaient mutuellement gênés dans leurs opérations: il propose que ce
(Comité soit formé pour établir l'ordre et la forme des leçons, et que non seu-
lement les professeurs en exercice en fassent partie, mais encore les anciens
professeurs comme honoraires, qui jouiront des mêmes droits que les profes-
seurs. 9
Le Conseil adopte la proposition et décide que pour être honoraire il faudra
avoir exercé pendant douze ans. 11 déclare en même temps que le citoyen
Deyeux, ayant plus que le temps requis par l'arrêté, jouira dès à présent du
droit des professeurs honoraires.
Le 9 germinal an YI (29 mars 1798), le Cours de Pharmacie est supprimé et
partagé entre celui de Chimie, qui devient le Cours de Chimie pharmaceu-
tique, et celui d'Histoire naturelle, auquel on ajoute la dénomination de médi-
cale et pharmaceutique, en y transportant la matière médicale.
Le 5 messidor anYIll (25 juin 1800), on pense qu'il est temps a do revenir
à l'ordre ordinaire et de remettre en vigueur les statuts et règlements du
Collège, surtout dans un moment où Tordre public commence k se rétablir
et à se consolider, et on arrête qu'il sera procédé au 1*' vendémiaire de
l'an IX (23 septembre 1800), à la nomination de quatre prévôts, de douze
membres du Comité, d'un trésorier et des professeurs dans la forme voulue
par lesdits statuts et règlements ». {Livre des Délit, du Collège^ n» 75, des
Archives, p. 335.)
Enfin, le 5 pluviôse an IX (27 décembre 1800), l'assemblée générale nomme
professeurs honoraires les citoyens De Machy, Guiart père, Deyeux et Yau-
quelin et les professeurs en exercice sont nommés au scrutin dans l'ordre
suivant :
Pour la Chimie pharmaceutique : les citoyens Bouillon- Ugrange et Nachet.
Pour niistoire naturelle : les citoyens Morelot et Bouriat.
l^our la Botanique : les citoyens Sagot et Guiart fils, qui, d'après les statuts
et lèglcments du Collège se trouvent nommés pour six années. {Livre des
Délia, du Collège, u» 75 des Archives, p. 346.)
^ '«i'rr
— 518 --
Telles sont les transformations successives qu'a traver-
sées notre enseignement pharmaceutique. Aupoint où nous
en sommes, la voie s'ouvre librement (levant nous. Dans
le renouvellement qui se prépare au sein de nos Univer-
sités et qui doit donner à notre enseignement plus do
souplesse et d'élasticité, et par suite une plus grande
expansion. l'Ecole de pharmacie est en mesure de jouer
son rôle à l'égal des autres Facultés, ses émules, et (h*
foiu-nir aux futurs pharmaciens, avec toujours plus de
lumières, les armes loyales dont ils ont besoin dans la
lutte pour l'existence.
SOCIÉTÉ DE THÉRAPEUTIQUE
Séance du '21 avril 1898. — M. Frémont présente une
note sur les applications thérapeutiques du suc gastrique.
îl a employé avec succès le suc gastrique de chien dans
un cas d'entérite aigu?, un cas de choléra nostras. un
cas de grippe à prédominance gastro-intestinale, et un
grand nombre de gastropathies. Ce sont les hypopepti-
ques et les dilatés qui retirent le plus de bénéfices du
traitement.
Une des meilleures preuves de l'efficacité du suc gas-
trique est raugiiientation du poids des malades. L'un
d'eux augmenta de 10 kilogrammes en six mois, un
autre de 20 kilogrammes en 10 mois, un troisième de
26 kilogrannnes en douze mois. Un malade qui ne pesait
plus que 33 kilogrammes avec une taille de 1 m. 60, a vu
cesser ses vomissements, sa diarrhée et a augmenté de
16 kilogrammes en sept semaines. Ces résultats sont
probants.
Le suc gastrique, d'après les essais de M. Frémont,
serait contrc-indiqué chez les hyperchlorhydriques et les
cancéreux.
M. Mathieu demande sous quelle forme et à quelle dose
M. Frémont fait absorber ce médicament. Il serait inté-
ressant de savoir par quel mécanisme le suc gastrique
de chien, ingéré en nature, arrive à supprimer la dou-
— 519 —
leur et les autres symptômes de dyspepsie. La quantité
de suc qu'il est possible de faire ingérer est sans doute
inférieure à celle qui serait nécessaire pour digérer les
aliments que contient l'estomac. En dehors de son pou-
voir digestif propre, le suc gastrique exerce donc une
action sur l'estomac. Agit-il sur la sécrétion de la mu-
queuse gastrique ou sur la motricité des éléments
musculaires ? La suggestion elle-même ne joue-t-elle pas
un grand rôle ? Un régime alimentaire ou d'autres médi-
caments ont-ils été prescrits concurremment avec le suc
gastrique ?
M. Mathieu ne croit pas que la médication soit contre-
indiquée chez les hyperchlorhydriques. Ses dernières
recherches lui ont en effet démontré que l'administration
d'acides peut diminuer et faire cesser l'hyperchlorliy-
drie.
M. Frémont répond qu'il administre le suc gastrique
au cours du repas, dans de la* bière ou du vin, à ime dose
variant de 50 à 500 grammes par jour.
On ne peut attribuer au régime ni à la suggestion les
résultats obtenus, car nombre de malades n'ont pas mo-
difié le régime qu'ils suivaient, d'ailleurs sans succès, le
jour où le traitement a été entrepris, et, d'autre part,
presque tous ignoraient la nature du remède j)res-
crit.
Ferd. Vigieh.
CORRESPONDANCE
Nous avons donné dans le numéro précédent un extrait du travail Ircs
intéressant de MAI. Tortelli et Ruggebi sur la recherche de Thuile de colon
dans les huiles comestibles. Ces savants nous écrivent au sujet de la note ilc
la page 446 où l'auteur de cette note dit que leur réaction doit être inappli-
cable a aux huiles qui, comme le lin, agissent sur les sels des métaux préineux. »
Nos honorables con'espondants, affirmant que leur réaction s'applique à
rhuile de lin et aux autres huiles végétales, Tobjection contenue dans la note
précitée perd sa valeur.
L'auteur de la note nous fait cependant observer ceci : une huile de lin,
qui avait été reconnue pure et qui, depuis trois années, était conservée dans
un flacon incomplètement plein, a fourni, avec le nitrate d'argent, une
réaction au moins comparable à celle qu'aurait donnée l'huile de coton pure.
— 520 —
11 est juste d'ajouter que deux huiles de lin plus récentes n'ont fait que
brunir légèrement dans les mêmes conditions. Cette propriété réductrice
n'aurait d'ailleurs, pas lieu de surprendre, étant donnée son action éner-
gique sur le chlorure d'or.
Ces divergences dans les résultats observés ne seraient-elles pas attribuables
au degré d'oxydation des huiles expérimentées, celles qui ont subi l'oxyda-
tion étant plus aptes à réduire le nitrate d'argent que les autres? Ces faits ont
dû certainement être constatés puisque les auteurs les plus autorisés, qui ont
employé avec succès la réaction de Millau pour la recherche du coton dans
les huiles comestibles, ne l'indiquent pas pour la recherche du coton dans le
lin (i).
VARIETES
Université de Bordeaux. — Cette Université vient de créer une chaire
de chimie biologique; M. Donigès en a été nommé titulaire. Les lecteurs du
journal penseront, comme nous, qu'on ne pouvait pas faire un meilleur choix.
Corps de Santé militaire. — Par décret du 20 avril 1898, ont été
nommés dans le cadre des officiers de réserve, au grade de pharmacien
^tnajor de l" classe : M. Worms, pharmacien major de 1" classe de l'armée
active, retraité;
Au grade de pharmacien, aide-major de 2* classe : MM. les pharmaciens
de 1'* classe Failourd, Turié, Debachy, Bancourt.
Nous avons le regret de communiquer l'avis suivant relatif au concours
pour l'emploi d'élève en pharmacie du service de Santé.
c Par décision ministérielle du 1*' mai 1898, il a été arrêté que le con-
cours pour l'admission à l'emploi d'élève en pharmacie du service de santé
militaire, prévu à l'article 1*' du décret du 14 novembre 1891, relatif au
recrutement des pharmaciens militaires, n'aurait pas lieu en 1898. »
Nous avons montré dans divers articles l'intérêt qu'on attache, chez les
nations voisines, à une forte organisation du service pharmaceutique dans les
armées.
L'administration militaire française, reniant ou plutôt ignorant le passé
glorieux de nos pharmaciens militaires, ne se rendant pas compte des
services éclairés que le corps pharmaceutique peut rendre et rend en temps
de paix au point de vue de l'hygiène, prend au contraire à tâche, dans toutes
les circonstances, d'affaiblir son organisation. {
Le nombre des pharmaciens militaires est réduit de 185 à 115 : 1 phar-
macien inspecteur; 4 pharmaciens principaux de 1" classe; 5 pharmaciens
principaux de 2* classe; 30 pharmaciens majors de 1** classe; 45 pharmaciens
majors de 2* classe; 20 pharmaciens aides-majors de 1" dasse; 10 pharma-
ciens aides-majors de 2* classe. À. R.
(1) Voir en particulier Ferdinand Jean, Chimie analytique des matières
grasses; Baudrimont et Chevallier, nouvelle édition de M. Héret.
Le Gérant : G. MASSON.
uuauuaii a. njkMMAaiOM, 20, aua kaclne, l'Aais.
— 521 —
TRAVAUX ORIGINAUX
Essai de la théobromine ; par M. Maurice François.
La théobromine étant nouvellement employée en thé-
rapeutique, on a peu écrit jusqu'à ce jour sur l'essai de
ce médicament, qui est cependant de ceux qui, par leur
prix élevé, sont susceptibles d'être falsifiés. Ayant cou-
ramment à essayer de la théobromine, à la Pharmacie
centrale des hôpaitux, nous avons dû nous faire un pro-
cédé en cherchant, parmi les propriétés de ce composé,
celles qui nous fourniraient de la façon la plus précise,
des données sur son identité et sa pureté. — Les réac-
tions de la théobromine, comme celles de la caféine,
basées sur Toxydation, étant difficiles à réaliser, nous
donnerons deux ou trois réactions d'identité, en indiquant
minutieusement au pharmacien la marche à suivre et
les quantités à employer pour réussir d'une façon cer-
taine. — Pour l'essai de la pureté, nous nous sommes
basés sur la très faible solubilité de la théobromine dans
Talcool fort. — La falsification la plus probable de la
théobromine étant une addition de caféine, nous avons
déterminé exactement la solubilité de la caféine dans
l'alcool à 95° pour la température de 21**, et comparati-
vement la solubilité de la théobromine pour la même
température.
Réactions d'identité. — 1° Dans un tube à essai, dis-
soudre à chaud 0»',iO de théobromine à essayer dans le
mélange de l*'*' d'acide azotique et 2" d'eau; ajouter
10" de solution d'azotate d'argent à 10 p. 100. — Il se
produit un trouble. On chauffe jusqu'à obtenir une liqueur
limpide. Par refroidissement, il se dépose des cristaux
incolores en aiguilles, remplissant presque complètement
le tube;
2** Dans un petit matras, dissoudre à chaud 0«',10 de
Journ. dt Pkarm, et de Chim., 6« SéRIB, t. VH. (1" juin 1898.) 34
— 5â2 —
théobromine dane le mélange de 2** d'eau et 1" d'acide
chlorhydrique. Ajouter 10**d'eaubromée saturée (exempte
d'acide sulfuriçpuje). Peser le JOBÉras et son contenu.
Chauffer à Tébullition pour chasser l'excès de brome et
jusqu'à ce que le liquide soit devenu sensiblement inco-
lore. KétabUr le .poids primitif avec de l'eau distillée.
La liqueur refroidie teint la peau en rouge.
2* de cette liqueur, additionnée d'une goutte (exacte-
ment) de solution de sulfate ferreux à 5 p. 100 et de 2 à
3 gouttes d'ammoniaque, prennent une très belle et très
intense coloration bleu indigo. (Réaction commune à la
caféine) 5
3* I>ans un tnbe à essai, dissoudi'e à chaud (J^^tê àe
théobromine dans un mélange de 2*^ d'eau et t** d'acide
chlorhydrique. Ajouter 10«^ de solution décinormale dïode
(Iode, t2«^7 — iodure de potassium 20»' : Emi pour
1 litre). Il se forme un précipité lioir dense, qu'on lai^ee
déposer pendant quelques minutes.
Décanter le liquide surnageant, soit les deux tiers
enviTon. Ajouter sur l-e précipité 10~ de solution aqueuse
d'iodure de pota-ssium à 10 p. 100 et chauffer vers BO* jus-
qu'à di-ssolution du précipité ; par le refroidissement, il
se dépose des cristaux noir-Terdâtre en aiguilles de 1 à
2 millimètres, occupant la moitié du tube (Tétraiodui'e de
théobromine de Joergensen).
B^sai. : On procède aux opérations suivantes :
Calcination dans une capsule de platine. Ne doit p^s
laisser de résidu.
Point de fusion. — Il est bien difficile de prendre exac-
tement dans la pratique un point de fusion si élevé
(338^-3400).
Détermiyiatiœi de la solubilité. — A la température
ordinaire, de préférence vers 20**, mettre 2«'',50 de théo-
bromine à essayer dans un matras jaugé de 50" ; ajouter
de l'alcool à 95* jusqu'au trait 50. Agiter fréquemment
pendant 24 heures pour saturer le liquida filtré. Prélever
10" du liquide filtré et les évaporer dans un petit cristaî-
lisoir taré, sous une cloche garnie d'acide siilfurique.
— 5?8 —
On ne doit pas obtenir nn résidu d'évapoTation pesant
plus de^%0©5.
Les matières minérales étant décelées par la calcina-
tîon, les substances organiques, complètement insolubles,
comme Tamidon, par Tinsolubilité dans Facide chlorhy-
drique dilué ; l'essai à Falcool, si simple qu'il soit, per-
mettra de reconnaître non seulement la caféine, mais la
presque totalité des substances organiques (alcaloïdes,
glucosides, sucres, etc.), qui sont toutes notablement
solubles dans l'alcool.
Nous avons déterminé avec soin les solubilités de la
caféine et de la théobromine dans l'alcool à ■95* pour la
température de 21*. — On maintenait dans une étuve à
température bien constante et réglée à 21®, l'alcool à 95^
en présence d'un grand excès de théobromine; après qua-
rante-huit heures et agitations fréquentes, on iiltrait et on
prélevait 10" de liquide qui étaient évaporés sous cloche
sur l'acide sulfurique. On pesait le résidu d'évaporation.
On renouvelait la détermination sur la théobromine
restée non dissoute. Pour cela, l'alcool saturé était dé-
canté et«éparé de la théobromine en excès, on le rempla-
çait par de l'alcool neuf et on procédait comme précé-
demment. On a trouvé des chiffres constants :
10" d'alcool à 95*, saturé de théobromine à la tempéra-
ture de 21*, contiennent 0«',0045 de théobromine en
solution.
10" d'alcool à 95°, saturé de caféine à la température de
21 % contiennent O«',093O de caféine.
Si une théobromine contenait 5 p. 100 de caféine, le
petit essai ci-dessus à l'alcool donnerait un résidu d'éva-
poration pesant 08^0290 au lieu de 0«S0045.
Une théobromine à 10 p. 100 de caféine donnerait
0«',0550 au lieu de 0«'",0045. De plus, les résidus d'évapo-
ration sont cristallisés en longues aiguilles permettant de
reconnaître immédiatement la caféine.
524 —
Note sur V huile de croton; par M. Javillier.
Les pharmacopées des divers pays et les traités de
pharmacie donnent sur quelques-uns des caractères
physiques (la solubilité dans l'alcool, par exemple) et sur
les constantes chimiques (indices d'iode, de saponifica-
tion, d'acidité) de l'huile de croton des renseignements
contradictoires.
Ces divergences tiennent surtout à ce que les auteurs
ont opéré sur des huiles obtenues par des procédés diffé-
rents. C'est ce qui ressort des expériences que voici.
Trois huiles ont été préparées : la première, par pres-
sion simple, — la deuxième, par lixiviation avec de
l'éther à 0,758 (ces deux procédés sont ceux du Codex
de 1884), — la troisième, par double digestion à 75** C.
dans l'alcool à 95°.
L'huile par pression est ambrée ; l'huile par l'élher est
blonde ; l'huile par l'alcool est très brune, presque noire.
Notons de plus que les rendements sont très différents :
Pression (avec petite presse à teinture) .... 12,5 p. iOO (1).
Lixiviation par réther 38 —
Digestion dans l'alcool à 95* 12 —
SOLUBILITE DANS L ALCOOL
Huile par pression, — 1 volume de cette huile et une
quantité d'alcool absolu inférieure à 1 volume se mélan-
gent intimement.
Dès que les volumes sont égaux, la précipitation com-
mence et, pour une plus grande addition d'alcool, le
liquide se sépare nettement en deux couches.
Lorsqu'on chauffe 1 volume d'huile avec 2 volumes
d'alcool absolu au bain-marie, on obtient une solution
complète à 75**; au-dessous de cette température, de
l'huile se sépare, et quand le mélange est revenu à la
température ambiante, la partie de l'huile séparée est
égale à près des 8/10 du volume initial.
(1) 28 p. 100 dans r industrie.
— 525 —
Huile par Véther. — Elle donne lieu aux mêmes re-
marques.
Huile par Valcool, — Elle est entièrement soluble à
froid.
HaroldSenier(l) a antérieurement observé la plupart des
faits relatifs à la solubilité ; il a de plus montré que celle-
ci pouvait varier avec l'âge de Thuile.
POINT DE CONGÉLATION
L'huile obtenue par pression et Thuile par Téther sont
complètement congelées à — 7**; l'huile par l'alcool à
environ — 8**; mais elles commencent à s'épaissir bien
avant cette température (avant 0**).
CONSTANTES CHIMIQUES
' Indice d'iode. — L'indice d'iode a été déterminé par la
méthode de Ilûbl (2).— On pèse exactement 0«',50 d'huile;
on dissout dans 10" de chloroforme ; on verse dans un
flacon à large ouverture bouchant à l'émeri; on ajoute
20** de sohition alcoolique d'iode (3) et 20*^* de solution
alcoolique de bichlorure de mercure (4) ; on laisse en repos
pendant deux heures. On a préparé en même temps un
flacon témoin sans huile, contenant :
Chloroforme 10 cent. e.
Solution d*iodc 20 —
Solution d'HgCl» 20 —
On laisse reposer le même temps,
Au contenu du premier flacon on ajoute 20" de solution
(1) Pharmaceutische Zeitschrift fur Rtuslandy d'après Journ. de
Pharm, et de Chim.y [4] XX VIII, 74 (1878).
Pharmaceutical /oMrna/,d' après Journ. de Pharm. et de Chim.^ [5],
IX, 225 (1884).
(2) Encyclopédie der Pharmacie, Article Felte, IV, 318.
Dieterich; Ilelfenberger Annaleny 1886 à 1896, pasêim,
Schlagdenhauflfen et Braun. Étude critique de la méthode de Hiibly
Union pharmaceutique, 31 janvier, 15 et 25 février 1895,
(3) Iode pur 25»^ Alcool à 95». . . 500«
(4) Bichlorure de mercure. . . SO»* Alcool & 95«. . . 500"
— sas —
d'iodave de |K)ia&sMiiii au dixième et 50^ d'eau diatiltée.
On titre l'iode en excès par Thyposuliite de soude.
Ou fait uûe opératicka analogue aur le couteau du
deuxième flacon.
La différence permet de calculer la quautiiè d'iode
absorbé. Ou rapporte à lOC d'huile. Le chiffre trouvé est
l'indice diode.
Indicés.
Huile par pMasioA 109
Huile par Téthcr 106
Huile par l^nlootl 91,2
L huile du comjnerce a ua indice généralement égal
à 102; elle est fréquemment préparée par le procédé
mixte qu'indiquaient les Codex de 1837 et 1866 : pression
suivie d'une digestion dans Talcool à 80**.
Indice de saponification ou Indice de Kœttstorfer (1). —
Un poids (5^1 exactement pesé d'huile est saponifié au
bain-marie avec ^iY"^ d'une solution alcoolique normale de
potasse. La saponifleation se fait rapidemeat, en moias
d'une demi-heure.
L'alcool est distillé ; le savon desséché est repris par
150" d'eau bouillaate.
La solution du savon est très foncée. Il est nécessaire
de retendre à 1.000*^'. On dose alors l'alcali en excès, en
opérant sur 50" de cette liqueur, avec une solution nor-
male au 1/5 d'acide sulfurique (indicateur : phtaléine).
Les chiffres suivants en raison de-la couleur foncée des
liquides ne sont qu'approchés ; ils expriment le nombre
de milligrammes de potasse nécessaires pour saponifier
t«' d'huile.
Indices (2).
Huile par pression 192,9
Huile par Téther 194,5
Huile par l'alcool 260,6
Huile commerciale 205,6
(t) Encyclopédie der Pharmacie , loo. eit, et ûieéeriek; Ifel/nàerper
Annalen, 1886-1806, pauim.
(2) Lewkovitch a donné des indices de aapoiilficiilioii d*hiiito de crokon
— SBÎ —
hsi méthodie de HEenriques- (1.) («apomâcatioa àt froid: de
rhuile dissouite dans- de la benzxaie de. pétrole) est difficile
à aj^liquer à Thuile de craton.
Indice d'aciddié. — Un poids esBactement pesé d'huile
est'difisou& dan& de rélher^pur; on.titre directement, dans
N
cette solution, les acides libres avec une solution — de
potasse alcoolique (Indicateur : phtaléine).
Indioeff.
Huile par prossion ST,3
Huile par l'éther 30,9
Huile par l'aicool 60,1
Les chiffres expriment le nombre de milligrammes de
potasse nécessaires pour saturer les acides libres conte-
nus dans l*' d'huile.
La méthode de Bûrstynn (agitation de l'huile avec de
l'alcool qui dissout les acides libres) donne des résultats
plus faibles que les résultats ci-dessus.
On voit, en résumé, que les indices de l'huile par l'al-
cool s'éloignent considérablement des indices des deux
autres huiles. Ceux de ces dernières se rapprochent sans
toutefois se confondre (2).
Sur les phosphoglycérales acides; par MM. Adrian
et TniLLAT.
De même que l'acide phosphorique, l'acide phospho-
glycérique peut donner une série des sels acides.
Lorsqu'à une solution aqueuse d'un glycérophosphate
acétylée. En en retranchant les indices d'acëtyle, on obtient des chiiTres de
saponification Yoisins de ceux qne nous donnons en premier lieu.
Contribution à l'analyse dis corps gras par M. J. Lewkovitcb {The
Jjoumal of tke Society of Chemical Industry 1897, 503) dans Moniteur
acieniifiquej avril 1898.
(t) Karl Dicterich. Helfenberger Annalen 1897, p. 124 et 330, Uber
kalte Verset fung von Fetten und Olen.
(S) Ce travail a été fait au laboratoire de M. le professeur Bourquelot.
— 528 —
de baryte, on ajoute de Tacide sulfurique étendu, on voit
se former un précipité de sulfate de baryte, tandis que
la liqueur reste neutre à l'hélianthine. Le précipité con-
tinue à se former jusqu'à ce qu'il y ait excès d'acide
sulfurique, ce qui est indiqué par le virage de lïndica-
teur. Cette réaction ne donne pas de l'acide phospho-
glycérique libre mais un sel acide d'après l'équation :
0\ 0 - Ba - 0.
Vl) 2Pli0^0/' +H«S0*=BaS0* + Pli0~0H -^OPh
^0C»H«(0H}* ^0C3H»(0H)« (0H)»C»H»0'^
Cette équation représente le premier mode de forma-
tion des phosphoglycérates acides.
Si on traite le sel précédent par un sulfate soluble, il
se produira une double décomposition, d'après l'équa-
tion :
r /^^ T r y^^ T
^2) Ba 0Ph0\ +MgS0*=BaS0* + Mg 0Ph0<'
L 0C»H»(0H)«J L ^0C3HS(0H)«J
Ces deux réactions indiquent que l'on peut obtenir les
glycérophosphates acides par deux méthodes :
1° Par la décomposition d'un glycérophosphate neutre
par l'acide sulfurique ;
2** Par double décomposition entre un glycérophos-
phate acide et un sulfate soluble.
Le premier cas est applicable pour la préparation des
sels acides de baryum, strontium, etc., c'est-à-dire des
métaux dont les sulfates sont insolubles; le deuxième
cas peut être utilisé pour les métaux dont les sulfates
sont solublcs.
Nous donnons quelques exemples de préparations de
ces sels acides.
Sel acide de baryum. — On dissout 15 à 20*'' de sel
neutre pur dans 1 litre d'eau distillée, puis on ajoute de
l'acide sulfurique dilué jusqu'à ce qu'un papier à l'hé-
lianthine vire très faiblement au rouge. On ajoute alors
une petite quantité d'alumine pure fraîchement précipi-
tée et on chauffe cinq à dix minutes à rébullition pour
— 529 —
aggloméi-jer le sulfate de baryte, on filtre et on précipite
le liquide clair refroidi par une grande quantité d'alcool.
Le phosphoglycérate acide de baryum se précipite sous
forme d'une masse gélatineuse qu'on filtre : on le redis-
sout dans un peu d'eau, on le précipite de nouveau par
l'alcool et on sèche à 120-130^
Le sel se présente à cet état sous forme de masse
blanche que Ton peut mettre en poudre, mais qui est
extrêmement hygrométrique. Il est très soluble dans
l'eau qui en dissout à froid environ 40 p. 100 de son poids
et soluble dans l'alcool dilué.
Analyse. — 0»^2323 et 0«%3110 de substance sécliée à
120-130* ont donné à l'analyse 08^1146 de sulfate de
baryte et 0«^1401 de pyrophosphate de magnésie.
Théorie pour Ba (Ph 0« C^ H»)* Trouvé
Ph»0» . . . 28,6 2), 01
Ba 29,6 2d,81
Sel acide de zinc. — On dissout lo*"" de phosphoglycé-
rate neutre de baryum dans un demi litre d'eau froide et
on ajoute de l'acide sulfurique dilué jusqu'à acidité par
l'hélianthine comme dans le cas précédent. La liqueur
non filtrée est additionnée de suite d'une solution de
sulfate de zinc. On ajoute d'abord les neuf dixièmes de la
quantité théorique calculée d'après l'équation (2) en une
seule fois ; on continue lentement goutte à goutte jusqu'à
ce qu'une prise d'essai bouillie et filtrée commence à
précipiter par le chlorure de baryum. On introduit alors
un peu d'alumine dans le liquide et on continue comme
dans le cas du sel acide de baryum. Comme on se trouve
en présence d'un léger excès de sulfate de zinc, il est
nécessaire de redissoudre le précipité au moins une
fois dans la plus petite quantité d'eau possible et de
précipiter de nouveau par l'alcool. On sèche ensuite à
120-130^
Le glycéroplîosphate de zinc se présente sous la forme
d'une poudre blanche amorphe très soluble dans l'eau
alcoolisée.
AiwALYSB. — 0»',5001 de subetaace ont donné :
Pyrophosphate de magnéBie 0,2671
Surfure de zioe 0,1200
ThÂortt pour Zn (Ph O^-G^ R^)* Troaré
Ph«0* . . . 34,9 34,2
Zn lA,» i6,7
La même méthode a permis de préparer le sel acide de
magnésie qui a donné les résultats suivants à l'analyse.
Sel acide de magnésie. — Poudre blanche amorphe, très
soluble dans l'eau et dans Talccol étendu. 0^ 3701 de
substance ont donné O'"" 2314 de pyrophosphate de magné-
sie
Théorie pour [Pb0«GS&*]*Hg Trowé
Ph«0» . . . 38,8 38,1
L'écai-t qui existe entre les chiffres théoriques et les
chiffres trouvés indique que les sels acides renferment
une petite quantité de sel neutre qu'il est impossible
d'enlever.
Propriétés des glycérophosphates acides, — Le& deux
réactions que nous avons signalées nous ont permis de
préparer un certain nombre de sels acides.
Desséchés à 130°, ils paraissent être anhydres d'après
l'analyse fjue nous en avons faite, comme d'ailleurs les
sels neutres préalablement desséchés à cette température.
Immédiatement après la dessiccation, ils peuvent être
réduits en poudre ; mais comme ils sont extrêmement
hygrométriques, cette poudre ne tarde pas à s'agglomérer
et à prendre une apparence vitreuse d'une consistance
analogue à celle de la cii^e.
Ce qui les dijférencie immédiatement des sels nen-
I res, c'est leur grande solubilité dans l'eau froide ainsi
que dans Teau additionnée d'alcool. Celui-ci ne les- préci-
pite que difficilement de leur solution aqueuse : le pré-
cipité obtenu se présente comme une masse gélatineuse
et translucide. La chaleur ne les précipite que faible-
ment ; on sait qu'au contraire dans le cas des solutions
— 53i —
de &el& neutres une tempéiature peu élevée suSX déjà
pour séparer la presque totalité du ael dissous.
La chaleui: ne les décompose pafi seosibleuient, mais
en sokiiiou aqueuse oa peut coiQstater après uae demi-
heure d'ébuUitioa^ des propûrtiojos déjà notables d'acide
phosphorique libre. Afroid, ladéeampositioan'alieu que
très lentemeuL
Les glycérophosphates acides se distinguent des phos-
phates neutres et acides par les mêmes réactions que les
glycérophosphates neutres.
Le molybdate d'ammoniaque ne donne un précipité
qu'avec une ébullition prolongée. Il en est de même pour
l'acétate d'urane.
L'acétate de plomb donne un précipité blanc soluble
dans l'acide acétique.
Le nitrate d'argent et le chlorure ferrique ae donnent
pas de précipité.
Le nitrate acide de bismuth ne doûne pas de précipité
eu solution azotique.
Enfin les sels acides peuvent être distingués des sels
neutres en ce qu'ils ne précipitent pas par les chlorures
de baryum ou de calcium en soululion concentrée.
Les glycérophosphates acides peuvent être employés
pour préparer les glycérophosphates organiques. Us ne
présentent pas l'inconvénient de l'emploi de l'acide phos-
phoglycêrique qui contient de l'acide phosphorique en
plus ou moins grande quantité. C'est par ce procédé
que nous avons pu préparer les dérivés organiques de
la quinine, cocaïne, pyiidine, phénylhydrazine, etc.,
que nous avons présentés à la Société de Pharmacie.
La réaction se passe entre une molécule de la base
organique et une molécule de sel acide ; il en résulte
une molécule de sel neutre organique et une molécule de
sel neutre minéral. Nous ferons connaître dans une
prochaine note la liste de sels ainsi obtenus et leurs
pi-opriétés.
Dosage des phosphoglyeérates acides, — Les glycérophos-
phates acides peuvent être dosés par titration au moyen
T^V£^'
— 532 —
des indicateurs soit au moyen de Thélianthine, soit au
moyen de la phtaléine.
Dans le cas de la phtaléine, le produit (environ 1 à 2^)
est dissous dans 50** d'eau préalablement bouillie ; le
liquide est filtré et étendu du double de son poids
d'eau. La titration se fait au moyen d'une solution nor-
male de potasse. La quantité de sel acide est donnée par
l'équation suivante :
Ba 0
.OH y /0\ /OK
Pli0<^ +2K0H=H«0-f-Ph0Tr-0/*^* +Ph0^0K
^ OC» H» (0H)« J ^ 0 C» H» (0H)> ^ OC'H«(OH)«
Vérification. — 0«%727 de glycérophosphate de baryte
répondant à la formule Ba (Ph C* O* H* )' ont été dissous
dans environ 80" d'eau et titrés en présence de la phta-
léine par la potasse normale. Il a fallu 3'* de potasse pour
amener le virage de la phtaléine.
En' calculant d'après l'équation précédente on trouve
que la quantité correspondante de sel acide est égale à
0«^718. Théorie 0«%727.
Si on représente par M le poids moléculaire du sel,
P son poids effectif et N le nombre de centimètres cubes
employés, on aura en pour 100 la richesse du produit par
l'équation suivante :
Mn X 100 Mn
X =
2X1000XP 20 P
Sur Vipécacuanha ondulé, par M. G. Dethan, préparateur
à l'École supérieure de pharmacie de Paris.
L'ipéca ondulé est fourni par le Richardsonia Brasi-
liensis Gomez (R. scabra S' Hil.), qui croît aux environs
de Rio-de-Janeiro.
Description. — Qu'elle provienne d'un rhizome ou
d'une tige aérienne, cette racine présente généralement
la forme d'un fuseau^ ainsi que nous l'indiquons dans
la Fig. 1, C et D. L'épaisseur la] plus considérable ne
— 533 —
dépasse jamais celle d'une plume d'oie; elle va en dé-
croissant progressivement et simultanément vers cha-
cune des extrémités, si bien qu'il est très difficile de
reconnaître l'orientation de la racine (Fig. 1, C). Seuls,
quelques fragments munis encore d'un petit bouquet de
feuilles (Fig. 1, E), ou surmontés' d'une tige mince et
Fig. 1
Racines de Richardsonia Brasilicnsis.
rampante (Fig. 1, D), permettent de différencier les par-
ties inférieures des parties supérieures.
Cette forme en fuseau n'a pas été bien connue jusqu'ici,
car les fragments qui nous parviennent dans le com-
merce sont toujours plus ou moins mutilés : tantôt, c'est
l'une ou l'autre des extrémités du fuseau qui fait dé-
faut (Fig. 1, A); tantôt ce sont les deux extrémités à la
fois. Nous verrons cependant en étudiant la structure
anatomique, l'importance considérable de ce caractère.
En outre de cette forme générale en fuseau, les racines
de Richardsonia Brasiliensis Gomez présentent des ondu-
— 584 —
lations t?elles qu'à une partie convex-e ocwrespeflad 4e
r»ntrc côté une dépression pwrfowde. !!>e piuB, towt le
long de la Tacine, courrent des stries plus (na nteins
fines et apparentes. Quant à k ctwik^T de la racine, elle
peut varieT depuis le gris clair jusqu'an bran Sonoé.
Le cylindre central est génèralemeiit plus adUiêrent à
Técorce que dans le Cephœlis /pecaotcan/ia A. Rich. et le
Polygala violacea S' Hil. On rencontre rarement ces bri-
sures diamétrales dont nous avons relaté pi'écédemment
la fréquence.
Structure anatomiqu'e, — On a tenté quelquefois de
baser une classification des ipécas sur la proportion de
bois e* d'écorce qu'ils contiennent.
L'examen auquel nous nous sommes livré, sur les
nombreux spécimens du Droguier de la Collection de ma-
tière médicale à VÉcole supérieure de pharmacie de Paris,
prouve qu'il est impossible de fonder sur ce caractère une
classification quelconque. Ainsi que doit le faire prévoir
en effet la description précédente, la forme en fuseau est
liée à une disproportion constante entre Vécorce et te bois.
Le schéma suivant montre en coupe longitudinale la
marche du faisceau qui va sans cesse en dim^inuant
d* épaisseur jusqu^k V extrémité de la racine, tandis que
Vécorce, à peine développée dans les parties proches du
collet^ atteint sa plus grande épaisseur vers le milieu de la
racine, pour dimimier ensuite progressivement.
Si nous faisons aux différentes hauteurs des coupes
transversales, nous voyons qu'en A répaisseur de
l'écorce est à peine du quart de l'épaisseur totale; en B
et en D, il y a à peu près autant de bois que d'écorce ;
en C, il y a trois fois plus d'écorce que de bois.
La stinicture générale de la racine d'ipéca ondulé est
la suivante :
Sous un suber peu épais, parenchyme cortical dont les
cellules s'arrondissent et diminuent de dimension en ap-
prochant du lil>er; ce dernier fonne un anneau C/ontinn,
légèrement collenchyniateux, sans cônes libériens.
• Le parenchyme cortical, surtout dans les parties pro-
— 5iS —
ches du liibec, est abiMidaiimient pourvu àe raphàâes qui
occupent de» cellules Ji)e»ucoup plus grandes qae les
Fig. 2.
Richardsonia Brasilicnsis.
autres; dans les parties supérieures de la racine, voisi-
nes du collet, les raphides apparaissent jusque dans le
— 536 —
liber. Ces cristaux aiguillés sont orientés dans les diffé-
rents sens et se montrent souvent, en section transver-
sale, sous la forme d'une matière granuleuse brunâtre.
Une quantité considérable de grains d'amidon^ rem-
plit tout le parenchyme cortical et le liber. Dans la
figure 2, nous n'avons pas représenté les grains d'ami-
don, car le nombre en est si grand, qu'ils obscurcissent
sur la coupe tout le tissu, si l'on ne prend pas soin de les
éliminer par un traitement préalable.
Le massif ligneux est très irrégulier, coupé de rayons
médullaires plurisériés qui vont en s'amincissant vers le
centre et sont en voie de lignification ; ces coins de tissu
non lignifié, qui s'enfoncent plus ou moins profondément
dans le bois, donnent fréquemment au cylindre central
Yaspect étoile. En outre de ces rayons médullaires pluri-
sériés, d'autres, ujûsériés^ à paroi épaisse et lignifiée,
vont jusqu'au centre du massif. De nombreux vaisseaux
sont répartis inégalement dans ce tissu, tantôt isolés^ tan-
tôt réunis par 2, 3 et 4, et de dimension variable.
Dans les parties proches du collet, où le parenchyme
cortical est très peu développé, on trouve, en outre des
raphides qui occupent les plus grandes cellules, d'innom-
brables mâcles qui remplissent les petites. Au fur et à
mesure qu'on s'éloigne du collet, ces mâcles diminuent
rapidement de nombre et disparaissent bientôt.
La présence de ces mâcles n'avait pas été signalée jus-
qu'ici dans les racines d'Ipéca. Cette observation prend
une réelle importance pour la détermination des falsifi-
cations de la poudre d'Ipéca.
Il est à remarquer que les mâcles, très nombreuses
dans les feuilles et les jeunes tiges de Polygala violacea.
S. Hil, deviennent de plus en plus rares dans les tiges
âgées, alors qu'on les rencontre encore dans les parties
supérieures de Richardsonia Brasiliensis Gomez.
— 537 —
Su?' la fréquence du a Penicilium glancum Link, », dans
les liquides chimiques et phannaceutiques altérés; par
M. L. Planxhon, agrégé à TÉcole supérieure de phar-
macie de Montpellier.
On sait que les liquides pharmaceutiques, surtout les
eaux distillées, et même de nombreuses solutions chimi-
ques peuvent contenir au bout de quelque temps des
flocons d'abord blanchâtres, puis souvent colorés plus ou
moins, variés d'aspect, parfois volumineux, d'ordinaire à
développement très lent, et qu'on a reconnus être des
champignons filamenteux. Le genre Hygrocrocis créé pour
ces organismes n'est plus accepté depuis longtemps; les
filaments microscopiques sont le mycélium de diverses
mucédinées.
Je n'ai pas l'intention d'exposer ici les résultats de
recherches encore en cours sur la morphologie de ces
êtres en rapport avec le milieu où ils vivent. Il me suffit
actuellement de signaler la fréquence extrême et très
remarquable dans les liquidés examinés soit à Montpel-
lier, soit surtout à Paris, du Pénicillium glaueumhink . et
plus spécialement de la forme P. crustaceum Fr. consi-
dérée parfois comme une espèce.
En cherchant quelles spores pouvaient être spontané-
ment semées dans les flacons des pharmacies et des labo-
ratoires, il était naturel de supposer à priori, qu'on
trouverait les moisissures vulgaires, partout contenues
dans l'air abondamment, et qui, placées dans des condi-
tions toutes spéciales de milieu ^immersion, présence de
corps chimiques divers dans le liquide) se modifiaient
profondément dans leur forme. Cette hypothèse se réa-
lise en efî'et d'ordinaire, mais parmi les moisissures
vulgaires, aucune n'est aussi fréquente, aussi géné-
rale peut-on dire, dans les solutions que le Pénicillium
glaucum.
Si Ton place avec les précautions d'usage un peu du
• Journ, de Pharm. et de CkUtu, 6' SÉRIE, t. VII. (!•' juir t898.) 35
— 538 —
mycélium immergé sur un fragment de pomme de terre
stérilisé et mis à Tétuve à température favorable, on voit
se développer rapidement : des microbes dont on se
débarrasse d'ordinaire assez facilement (semis successifs,
acidité des milieux, etc., etc.), et des champignons. S'il
s'agit du Pénicillium pur, il apparaît sur la pomme de
terre sous forme d'une sorte de petite éminence blan-
châtre, tomenteuse, d'aspect velouté qui d'ordinaire fait
saillie assez fortement. Bientôt elle s'étend, et le centre
prend une teinte vert-bleuâtre, puis verte, puis vert-gri-
sâtre, le liseré du bord restant blanc; puis les taches
deviennent confluentes, le fragment de pomme de terre
est envahi complètement et la culture devient souvent
comme mamelonnée. Des spores vont même d'ordinaire
végéter sur l'eau dans le fond du tube, et la plante fruc-
tifie à la surface.
L'examen microscopique caractérise bien ce Penici^
Hum dont le mycélium suivant sa vigueur peut varier
dans son diamètre, dans ses ramifications et dans l'abon-
dance de ses cloisons, et dont les pinceaux se montrent
de bonne heure. La description détaillée des diverses
parties sortirait du cadre de cette note : je la réserverai
donc pour la donner plus tard en même temps que les
modifications morphologiques dues au milieu. Je dirai
seulement que, ainsi que M. Ray l'a constaté pour un
Sterigmatocystis, les modifications par le changement de
milieu ne sont pas brusques, ni complètes d'ordinaire
dès la première culture. Il est vrai que le mycélium
transporté du liquide primitif sur pomme de terre y
donne dos conidies tout de suite, mais la plante est
très souvent peu vigoureuse dans toutes ses parties.
les filaments assez minces, les branches fructifères
peu ramifiées, les stérigmates peu nombreux, les bou-
quets de spores assez maigres. Ces mêmes spores par
une deuxième culture donnent une forme plus voisine
du type normal, tel qu'on l'observe sur le pain moisi
ou sur d'autres milieux naturels. Par quelques cultures
successives, on obtient complètement ee type normal.
— 539 —
J'ai obtenu ce champignon avec à peu près tous les
liquides dont j'ai semé les moisissures et qui sont pour-
tant fort variés de constitution chimique : eaux distillées
(menthe, tilleul, etc.), sulfate d'ammoniaque et de fer,
tartrate de magnésie avec excès d'acide, chlorure de
sodium, bromure de sodium, acide citrique, liqueur de
Pearson, acide tartrique, chlorure d'ammonium, azotite
de potassium, sulfate d'alumine, etc., etc.
Dans la solution de glycérophosphate de chaux, le
développement est très abondant, ainsi qu'on pouvait le
prévoir facilement, et la détermination devient parfois
des plus simples, car le champignon vient souvent fruc-
tifier à la surface du liquide, sous formes de larges
plaques vertes. Du reste, c'est cette espèce ou ses formes
qu*on a trouvées déjà dans des milieux quelquefois
étranges, comme le sulfate de cuivre par exemple. Une
note succincte, parue il y a quelques jours dans le Bul-
letin de la Société mycologique de France, nous montre
que M. Gueguen a obtenu aussi cette espèce en cultivant
des Hygrocrocis. Enfin, comme il fallait s'y attendre, elle
pousse dès qu'on sème les poussières déposées sur le
goulot des flacons.
Du reste, elle n'est pas seule en cause dans l'altération
des liquides chimiques et pharmaceutiques par les cham-
pignons. D'autres ont été indiquées ça et là, et l'isole-
ment, la détermination et l'étude morphologique de
diverses autres moisissures obtenues dans des conditions
analogues, sont l'objet de mes recherches actuelles. Mais
le Pénicillium que M. Gueguen a obtenu après quelque
temps de végétation, s'est toujours montré dès le début
dans mes cultures, et d'une façon à peu près constante,
au moins dans les solutions déjà nombreuses que j'ai eu
l'occasion d'examiner.
Dosage de la trypsine dans le sang, par M. F. Martz. ■
Pour doser la trypsine dans le sang, on défibrine le
sang au sortir du vaisseau, puis on dose les albumines
— 540 —
totales sur 5«^ D'autre part, on pèse dans un petit ballon
S»* de sang qu'on maintient pendant 5 heures dans une
étuve chauffée à 37* ; au bout de ce temps, on dose les
albumines totales. La différence entre le deuidème
poids et le premier constitue la quantité d'albumine
digérée par la trypsine du sang et donne la mesure du
pouvoir trypsique.
REVUE SPÉCIALE
DES PUBLICATIONS DE PHARMACIE, CHIMIE ET HYGIÈNE.
Pharmacie.
Falsification de la rhubarbe, par M. E. Sayre (1). —
Dans ce travail, l'auteur étudie, au point de vue chi-
mique et microscopique, les différences existant entre la
rhubarbe officinale [Rheum officinale)^ ordinairement con-
sidérée comme fournissant la vraie rhubarbe, le Rheum
raponticum ou rhubarbe européenne et le canaigre.
Les éléments caractéristiquos de la rhubarbe pulvéri-
sée sont les grains d'amidon, les cristaux d'oxalate
de chaux et les masses de cristaux aciculaires d'acide
chry sophanique .
Dans les deux variétés de Rheum signalées, ces carac-
tères sont semblables. Pour différencier des spécimens
purs, Fauteur emploie l'ammoniaque. La poudre de
Rheum officinale, humeciée d'ammoniaque, devient rouge
brique foncé, tandis que celle de Rheum raponticum de-
vient rouge saumon.
Le canaigre donne une couleur brunâtre. Les falsifica-
tions avec le canaigre peuvent être décelées par la pré-
sence caractéristique de longs grains d'amidon.
(1) Amer, Joum. of pharm.y 1898, p. 129, d'après Ann.. de CMm^
Analyt., 15 avril 1898.
— 541
Chimie.
Sur la liquéfaction de Thydrogëne et de Thélium ; par
M. James Dewar (1). — L'auteur donne un historique de
la question, et arrive à ses dernières et très intéressantes
recherches sur Thydrogène.
Après ses expériences sur la liquéfaction de grandes
quantités d'air, M. Dewar avait résolu de construire un
appareil plus important et de prendre des dispositions
nouvelles pour la réfrigération et rétablissement des ser-
pentins... Les défaites et les insuccès n'ont pas besoin
d'être détaillés...
Enfin, le 10 mai, en opérant avec de l'hydrogène,
refroidi à — 205^ 0. et sous une pression de 180 atmo-
sphères, s'échappant continuellement à l'extrémité d'un
tube en serpentin, avec une très grande vitesse, dans un
vase vide doublement argenté et de construction spéciale,
entièrement entouré d'un espace vide spécial maintenu
au-dessous de — 200*» C, l'hydrogène liquide commença
à couler de ce vase vide dans un autre vase doublement
isolé par un troisième vase vide. En cinq minutes environ,
20*** d'hydrogène liquide furent recueillis; à ce moment,
le jet d'hydrogène se solidifia par suite de l'accumulation
dans les tubes de l'air mélangé à l'hydrogène impur.
Le rendement en liquide fut environ 1 p.. 100 du gaz.
L'hydrogène à l'état liquide est clair et incolore, ne
montre aucun spectre d'al)sorpti()nel le ménisque est aussi
bien défini que dans le cas de l'air liquide. Le liquide
doit avoir un indice de réfraction et une dispersion très
élevés et la densité semble être aussi plus élevée que dans
la densité théorique, c'est-à-dire 0,18 à 0,12, que l'on
déduit respectivement du volume atomique des com-
posés organiques et de la densité limite trouvée par
M. Amagat pour le gaz hydrogène sous pression infinie.
On peut cependant se trouver ici en présence d'une
illusion due à la grande dispersion de ce liquide. Les
(1) Ac. d, sc.y GXXYI, 1408, 16 mai 1898.
— 542 —
anciennes expériences de M. Dewar sur la densité de
l'hydrogène dans le palladium donnent une valeur
de 0,62 pour Thydrogène combiné, et il sera intéressant
de déterminer la densité réelle du corps liquide à son
point d'ébuUition.
N'ayant pas actuellement les dispositifs nécessaires
pour déterminer le point d'ébuUition, il a fait plusieurs
expériences pour montrer que le liquide bouillant est à
une température extrêmement basse. D'abord, un long
tube de verre scellé à une extrémité, et ouvert à l'auti-e,
est refroidi en plongeant rextréniité fermée dans Thydro-
gëiio, liquide ; le tube se remplit immédiatement, au point
refroidi, d'air solide. Un petit tube renfermant de l'oxy-
gène liquide fournit de suite un solide bleu.
La seconde expérience fut faite avec un tube contenant
de l'hélium.
Le Cracow Academy Bulletin de 1896, contient un
Mémoire du professeur Olszewski intitulé : Recherches
sur la liquéfaction de l'hélium, La méthode qu'il employait
était identique à celle de ses expériences antérieures sur
l'hydrogène qui ne donna jamais ou ne put donner autre
chose qu'une mousse d'un instant. 11 dit : « Aussi loin
que mes expériences peuvent eHre poussées, l'hélium
reste un gaz permanent et il est apparemment plus diffi-
cile à liquéfier que l'hydrogène.
Dans un Mémoire publié par M. Dewar, dans les Pro^
ceedings of the chemical Society (1896-1897), dans lequel la
séparation de l'hélium fut effectuée par une méthode
basée sur la liquéfaction, il était indiqué que la volatilité
de rhydi'ogène et celle de Thélium seraient probablement
voisines l'une de l'autre, conmie celle du fluor et de l'oxy-
gène. Ayant un échantillon de cet hélium purifié, scellé
dans un petit ballon terminé par un tube étroit, ce der-
nier fut placé dans l'hydrogène liquide ; on vit alors un
liquide distinct se condenser. D'après ce résultat, il sem-
ble qu'il n'y a pas une grande différence entre les points
d'ébuUition de l'hélium et de l'hydrogène.
Cette expérience a été répétée le 12 mai dans les mêmes
— 543 —
conditions, et on a recueilli en quelques instants SO*^ d'hy-
drogène liquide. Du coton trempé dans ce liquide puis
enflammé a brûlé avec une grande flamme d'hydrogène.
Ce coton, imbibé d'hydrogène liquide et placé entre
les pôles d'un électro-aimant puissant, se montre forte-
ment magnétique, non à cause de l'hydrogène qu'il con-
tient, mais parce qu'il se forme immédiatement à sa sur-
face une couche d'air solide.
D'ailleurs, pendant tout le temps de Tévaporation de
l'hydrogène liquide, on voit se produire, au milieu du
vase, un nuage d'air solide qui s'accumule dans le fond
sous forme d'un dépôt blanc. Lorsque tout l'hydrogène
est évaporé, ce précipité blanc,, cet air solide, devient
liquide, puis disparaît à son tour. Comme dans l'expé-
rience précédente, l'hydrogène, avant d'être exposé à
l'air, était absolument transparent.
Tous les gaz connus ont donc été maintenant condensés
en liquides, susceptibles d*étre manipulés à leur point
d'ébullition, sous la pression atmosphérique, dans des
vases à double paroi séparée par un espace vide.
Avec l'hydrogène employé comme réfrigérant, on arri-
vera à 20* ou 30* du zéro absolu et son emploi ouvrira un
champ entièrement nouveau aux recherches scientifiques.
Un savant tel que James Clerk Maxwell avait des doutes
sur la possibilité de la liquéfaction de l'hydrogène (1).
Nul ne peut prédire les propriétés de la matière au voi-
sinage du zéro absolu : Faraday liquéfia le chlore en 1823:
soixante ans après, Wroblewski et Olszewski produi-
sirent l'air liquide, et maintenant, après un intervalle de
quinze ans, les gaz dits permanents tels que l'hydrogène
et l'hélium se montrent à l'étal de liquides statiques.
Comparaison des valeurs des poids atomiques de Thy-
drogène, de l'azote et du carbone, déduites de données
physiques avec les valeurs déduites de l'analyse chimique ;
(1) Scientific Papers, vol. U, p. 412.
— 544 —
par M. Daniel Berthelot (1). — Il résulte de la discus-
sion des divers travaux publiés sur cet important sujet,
que le calcul des volumes atomiques et des poids ato-
miques, uniquement fondé sur les deux déterminations
physiques de la densité et de la compressibilité, permet
de confii-mer et, dans certains cas, de préciser les résul-
tats donnés par l'analyse chimique.
Emplois de TOzone. — (Extrait du Manuel d' Électrochimie
de Backer dont le journal rend compte dans ce numéro.)
A Stettin, on emploie Tozone, c'est-à-dire Teffluve élec-
trique dans Fair ou dans l'oxygène, depuis 1881, au vieil-
lissement des bois destinés à la fabrication des instru-
ments de musique. On sait que pour rendre les bois
propres à cette fabrication, on les laissait auparavant
sécher pendant des années sous des hangars. 11 paraît
que les instruments fabriqués avec des bois artificiel-
lement vieillis, ont une grande sonorité et résistent
mieux aux variations de température.
. Mais les applications les plus importantes de l'ozone
sont, sans doute, celles qui ont été faites en Allemagne»
par la maison Siemens et Halske. Cette maison a introduit
l'ozone dans l'usine de blanchiment de Greifenberg, en
Silésie. Il est vrai qu'on y blanchit les toiles et les fils,
pon par l'ozone seul, mais par l'action successive des
hypochlorites et de l'ozone. Dans une autre usine, l'ozone
a été appliqué par eux au blanchiment et au raffinage des
amidons et autres matières amylacées. On obtient ainsi
des produits très estimés. Une usine de Londres se sert
de l'ozone pour le blanchiment des gommes et huiles sic-
catives destinées à la fabrication de vernis.
L'ozone est aussi grandement utilisé pour le vieillisse-
sement des alcools. Une maison de Boston, traite, parait-
il, chaque jour, de fortes quantités de whisky par Tozone.
Pour le vieillissement des spiritueux, il faut employer
(1) Ac. d. se, CXXVI, 1030, 15 avril 1898.
— 545 —
de Toxygène ozonisé et non pas de l'air, car la plus petite
trace de composé nitrcux y est nuisible.
Ce procédé peut aussi s'appliquer à certains vins; le
Porto, par exemple, subit rapidement l'effet de l'ozonisa-
tion. Quelques jours suffisent pour l'éclairer et lui donner
l'aspect d'un vin ayant passé quelques années en bouteilles.
Une autre utilisation de l'ozone est la préparation des
clégras pour les cuirs. Par l'oxydation de diverses huiles
animales, on obtient, en effet, un produit d'un prix
moins élevé que le dégras et qui rend absolument les
mêmes services.
M. M. Otto, qui s'est spécialement occupé de la prépa-
ration de l'ozone et de ses applications, a décrit de la
manière suivante un procédé de préparation de la vanil-
line en partant de l'iso-eugénol :
« L'opération peut se faire en dissolvant 100«' d'iso-eu-
génol dans t .000«'' d'acide acétique et en faisant passer dans
le mélange un courant d'air ozone. L'ozone réagit nette-
ment, même à froid; mais il vaut mieux opérer au bain-
marie. On a soin de surmonter le ballon d'un long réfrigé-
rant à reflux pour condenser les vapeurs d'acide acétique.
« En employant un courant gazeux circulant à la vitesse
de 400 litres à l'heure et contenant 5"*»' d'ozone par litre,
l'oxydation est terminée au bout de vingt-quatre heures.
On distille au bain-marie et dans le vide l'excès d'acide
acétique; le résidu est dissous dans l'éther; on agite la
solution éthérée avec du bisulfite de sodium à40**B., qui
s'empare de la vaniline.
« La combinaison bisulfitique formée ne peut, en général,
«'isoler à l'état solide. Il lui est arrivé cependant de l'obte-
nir. Dans la majeure partie des cas, elle reste en solution
dans l'excès de bisulfite.
« Pour séparer la combinaison bisulfitique de la solution
éthérée, on décante simplement la couche inférieure au
moyen d'un entonnoir à robinet. Décomposée à 50° par de
l'acide sulfurique étendu de son volume d'eau, elle laisse
surnager une couche huileuse qui n'est autre que de la
vanilline.
— 546 —
« On refroidit et Ton recueille toute la vanilline produite
par une S(^rie d'épuisements méthodiques à l'éthcr; ce
dernier laisse par évaporation de la vanilline brute que
Ton purifie par distillation et que Ton fait cristalliser.
« La vanilline obtenue se présente sous forme d'une
masse soyeuse blanche. Elle fond à 80*», bout à 280' à la
pression normale en se ramifiant partiellement. Sous un
vide de 20"", elle distille à 170*. Elle est peu soluble dans
Teau froide, très soluble dans l'eau chaude, dans l'alcool
et dans Téther. »
La vanilline produite par le procédé de M. M. Otto est
identique à celle que l'on obtient par épuisement des
gousses de vanille ; ses solutions jaunissent à l'air et il
est très difficile de Tavoir en cristaux bien blancs.
Un procédé analogue serait utilisé à la fabrique de
parfums d*^ C'ourbevoie (Seine).
L'ozone est un bactéricide énergique, et la désinfection
deviendra très probablement une de ses applications les
plus importantes. Des essais faits sur une grande échelle
pour l'assainissement des eaux, ont donné d'excellents
résultats.
Du reste, une installation est en voie de construction à
Paris, pour la stérilisation des eaux de Seine au moyen
d'appareils de Tyndall et van der Sleen. On compte pou-
voir stériliser 5.000 litres d'eau par cheval-heure. Si.
après quelques mois d'essais, le rendement et le prix de
revient répondent aux prévisions, la concession accordée
provisoirement sera rendue définitive.
Étude des phosphures métalliques; par M. A. Giian-
GEu (1). — L'auteur fait connaître les nombreuses
observations contradictoires, obtenues par un grand
noml)re de savants; il a constaté souvent des résultats
difiTérents de ceux (jui ont été publiés et souvent aussi des
faits, varial)les dans ses propres expériences, suivant le
mode opératoire et notanmieiit la température de réaction.
(1) Ann. chim, et phys., mai 1898. Travail détaillé de 90 pages.
~ 547 —
Il a examiné à fond l'action des combinaisons halogénées
du phosphore sur les métaux et celle du phosphore sur les
chlorures métalliques.
Parmi les procédés déjà connus, il a examiné de préfé-
rence ceux qui paraissaient les plus propres à être uti-
lisés pratiquement.
L'analyse des phosphures et la séparation de l'acide
phosphorique d'avec les métaux ont fait aussi l'objet de
recherches spéciales.
Il a montré l'existence de plusieurs phosphures de pla-
tine :
Le biphosphure de platine PtP>
Le phosphure de platine Pt^ P>
Le sous-phospliure de platine Pt'P
Le protophosphnre de chrome GrP
et isolé à l'état de pureté :
Le phosphure de manganèse Mn^P*
Le phosphure de fer Fe^P'
Le sesquiphosphure de fer Fe'P'
Le sous-phosphure de nickel Ni*P
Le sesquiphosphure de nickel Ni'P^
Le sous-phosphure de cobalt Co'P
Le sesquiphosphure de cobalt Co^P^
Le phosphure pentacuivrique Cu*P'
Le sous-phosphure de cuivre Cu*P
Le phosphure cuivreux Cu'P'
Le biphosphure de cuivre CuP*
Le phosphure de mercure Hg*P^
Le biphosphure d'argent AgP*
Le sulfophosphure d'étain Sn^S'P
Le phosphure d'or Au*P*
Il a décrit la préparation et les propriétés de divers
phosphures obtenus purs et cristallisés :
De rensemble de ce travail, il résulte qu'au point de
vue de leur action sur le phosphore les métaux peuvent
être partagés en trois classes :
Un premier groupe comprend l'aluminium, le plomb, le
bismuth et le ineirure, qui ne s'unissent pas directemenl
au phosphore. Les trois premiers ne donnent pas de com-
posés établis ; le dernier, seul, donne un phosphure défini.
-- 548 —
Ensuite viennent Tor et l'argent qui peuvent absorber
directement le phosphore et le retenir, en donnant, dans
des conditions spéciales, des phosphures facilement dé-
composables.
Enfin, en dernière ligne, sont le potassium, le sodium,
le magnésium, le zinc, le nickel, le cobalt, le chrome et
le manganèse, qui se combinent facilement au phosphore,
et dont les phosphures présentent une certaine inaltéra-
bilité, surtout ceux qui correspondent au groupe de fer-
Nouveaux procédés pour caractériser Tammoniaque dans
une atmosphère galeuse; par M. G. Denigès. — La pré-
sence simultanée d'aminés de la série grasse enlève de
sa spécficité à l'iodure mercurico-potassique en solution
alcaline : la mononiélhy lamine et la monoéthylamine
donnent en effet des précipités colorés avec ce réactif et
les aminés secondaires méthylique et éthylique, pour ne
citer que les plus connues, contractent aussi des combi-
naisons mercuriques insolubles.
M. Denigès applique à cette détermination les réactions
suivantes.
La première consiste à plonger dans l'atmosphère ga-
zeuse à essayer l'extrémité d'un agitateur de verre im-
bibée d'hypobromite de soude ; au contact du gaz ammo-
niac, la portion mouillée de cette baguette laisse dégager
une multitude de bulles gazeuses d'azote, extrêmement
petites et dont l'ensemble forme comme une gaine blan-
châtre, très apparente, autour de l'extrémité de l'agita-
teur. En même temps, l'hypobromite se décolore.
Cette propriété de réagir ainsi sur l'hypobromite sodi-
que n'appartient qu'au gaz ammoniac : avec ce réactif, en
effet, les aminés primaires fournissent un précipité jau-
nâtre, tandis que les autres aminés grasses ne donnent
lieu à aucun phénomène sensible.
Les deux autres réactions appartiennent, comme celle
de l'azotate mercureux, autant aux aminés de la série
grasse qu'au gaz ammoniac.
— 549 —
L'une est la réaction invertie du formol : on la réalise
en portant une goutte de formol du commerce au con-
tact des vapeurs ammoniacales, puis en la plongeant
dans 1 centimètre cube d'eau bromée acidulée par une
goutte d'acide acétique. On obtient aussitôt un trouble
ou un précipité jaune, produit par un dérivé brome de
l'hexaméthylène tétramine.
L'autre est basée sur la coloration carmin intense
qu'une goutte d'une solution aqueuse d'hématoxyline ou
encore d'extrait de campéche prend au contact de quan-
tités, même très faibles, d'ammoniac gazeux.
Au point de vue de leur degré de spécificité, on pourrait
classer ainsi les principaux réactifs de l'ammoniaque et
des aminés grasses.
i* Hypobromite de sodium. — Dégage des bnlles de gaz azote sous
rinfluence de rammoniaqne. Donne avec les aminés grasses, primaires, des
combinaisons jann&tres insolubles. N'agit pas sensiblement sur les aminés
secondaires et tertiaires.
2» Réactif de Nessler. — Donne un précipité rouge kermès avec Tammo-
niaque; un précipité jaune avec la monométhlamine ; un précipité blanc, avec
la monoétbylamine. Ce dernier précipité jaunit rapidement si le réactif est en
excès et redevient blanc par un excès de l'aminé.
11 fournit avec la dimétbylamine et la diélbylamine un précipité blanc;
avec ce dernier corps le précipité est soluble dans un excès d'aminé.
Enfin, avec la trimétbylamine, il donne, surtout par un excès d'aminé, un
précipité blanc, brunissant assez rapidement.
3» Azotate mercureux, Hématoxyline, Formol. — Le premier de ces
corps, dissous, noircit au contact de vapeurs ammoniacales ou d'aminés
grasses.
Le second devient de couleur carmin et le troisième fournit de l'hexamé-
thylène tétramine qui précipite en jaune l'eau bromée acidulée d'acide
acétique.
Extraction industrielle de l'iode (1).— Ce procédé réa-
lise l'extraction de l'iode en lessivant les plantes fraîches
ou desséchées à l'air, mais non calcinées. L'iode passe
entièrement dans les eaux d'épuisement, et les goémons
conservent le pouvoir fertilisant qu'ils doivent à leur
azote (3,73 p. 100) et à leur potasse (10 p. 100) environ.
(I) Rev, de Chim. industr.f mars 1898.
— 550 —
Voici la pratique de l'opération : Oa chaule de l'eau de
mer à raison de 8^«' de chaux par mètre cube pour donner
une réaction alcaline et précipiter la magnésie. Cette
solution est versée sur les goémons dans la proportion de
2 à 1. On laisse en contact douze heures ; 60 à 65 p. 100
de riode passent en solution, la quantité restante est
extraite presque totalement par deux nouveaux lessivages
avec de l'eau de mer chaulée. Les dernières eaux sont
assez pauvres et en conséquence on les met de côté pour
effectuer le premier épuisement d'une autre opération.
Le lessivage est ainsi rendu méthodique.
La seconde partie de l'opération comprend Textraciion
particulière de l'iode maintenant réuni dans l'eau de mer
chaulée. On sépare d'ahord toutes les matières organi-
ques mucilagineuses par l'addition de sulfate ferreux à la
dose de 3^«' par mètre cube. L'hydrate ferreux précipité
avec les matières organiques est facilement séparé par
décantation, et réuni aux goémons d'un traitement sub-
séquent. Quant à la solution restante, elle est limpide et
incolore, on l'amène dans de vastes cuves de bois, on la
neutralise par de l'acide sulfurique à raison de 2^«' d'acide à
06" B. par mètre cube, et on met finalement l'iode en liberté
au moyen d'acide nitrique nitreux(1.500«' par tonne) ou
tout autre réactif approprié (persulfates, etc.). L'iode mis
en liberté est finalement séparé au moyen de l'huile de
pétrole employée en deux fois à raison de 30''«' par mètre
cube. L'huile de pétrole abandonne son iode à une les-
sive alcaline de soude ou de potasse, d'où l'iode peut être
alors obtenu pur, puis sublimé et livré au commerce.
Sur le traitement industriel de l'émeraude au four élec-
trique; par M. P. Lebeau (1). — On a mélangé environ
50^* d'émeraude finement pulvérisée avec 50^» de carbure
de calcium également en poudre grossière. Le tout a été
placé dans un four à carbure et chauffé une heure et
demie avec un courant de 1.500 ampères. La masse refroi-
(1) Ac. d. «c, CXXVl, laOÎ, 25 ayril 1898;
— 551 —
die retirée du four était, en appaience, assez Homo-
gène et bien fondue. Elle pesait 31^*, 500 et était accom-
pagnée de 58^*200 de mélange encore pulvérulent n'ayant
pas suffisamment subi l'action calorifique.
La matière fondue présente une teinte gris verdâtre.
Elle se délite lentement à l'air en donnant une poussière
de même coloration dans laquelle on distingue facilement
des cristaux de siliciure de carbone. Un fragment de cette
même substance décompose l'eau un peu plus lentement
que le carbure de calcium en donnant au début de l'acé-
tylène pur. Après quelques jours, on constate dans le gaz
dégagé la présence du méthane, provenant des carbures
d'aluminium et de glucinium qui se sont formés au mo-
ment de la réduction. Quelques parties métalliques bien
cristallisées sont disséminées dans la masse, elles sont
formées par un siliciure double de fer et de cuivre.
Après avoir essayé l'action des divers acides sur le pro-
duit brut résultant de l'action du carbure de calcium sur
l'émeraude ù haute température, l'auteur a choisi, de
préférence, les procédés suivants :
La matière concassée est abandonnée à l'air humide ;
elle se délite et se pulvérise ainsi d'elle-même. Dans ce
produit d'altération, le glucinium et l'aluminium sont
sous forme d'oxydes hydratés ou de carbures non encore
décomposés, c'est-à-dire facilement attaquables par les
réactifs. On a pu extraire une notable quantité de glu-
cine par simple digestion de ce produit avec le carbonate
d'ammonium en solution saturée, mais ce traitement
exige un contact très prolongé. L'emploi de l'acide fluor-
hydrique ou de l'acide sulfurique est préférable, il per-
met d'extraire rapidement environ 90 à 95 p. 100 de la
glucine contenue dansl'émeraude.
Sur un iodure de tungstène; par M. Ed. Defacqz (1). —
Préparation, — Le métal fondu, préparé au four élec-
trique par la méthode de M. Moissan, est placé dans une
(1) Ac. d. Se, t. CXXVI, 962, 28 mars 1898.
;/-:
— 552 —
nacelle au milieu d'un tube de verre vert traversé par un
courant de chlore; on chauffe au rouge sombre et, en
employant les précautions indiquées par M. Roscoe, on
obtient l'hexachlorure pur sublimé; on chasse alors le
chlore de Tappareil par un courant d'acide carbonique
sec, puis on fait passer Tacide iodhydrique gazeux sec en
chauffant pendant une heure environ vers 400* la partie
du tube où s'était déposé primitivement l'hexachlorure.
Au commencement de la réaction il y a un abondant
dépôt d'iode ; on obtient finalement une masse infusible
brune : on la lave d'abord au sulfure de carbone pur et sec
pour lui enlever un peu d'iode libre, on sèche à l'air, on
reprend par l'alcool à 95** et l'on sèche définitivement à
l'étuve à 110^
Cette préparation exige quelques précautions : il ne
TàUt pas chauffer au-dessus de 500*, pour éviter un com-
mencement de réduction par l'acide iodhydrique à cette
température, et il est préférable d'opérer sur l'hexachlo-
rure sublimé plutôt que sur le fondu.
Analyse. — On place l'iodure dans une nacelle disposée
dans un tube de verre et Ton chauffe en faisant passer
lentement un courant d'air; l'iode qui provient de la
décomposition est entraîné et reçu dans un récipient conte-
nant une solution aqueuse d'acide sulfureux; on le dose
à l'état d'iodure d'argent ; on le transforme ensuite en
chlorure, comme vérification; l'acide tungstique qui
reste dans la nacelle est pesé; de son poids on déduit la
quantité de métal.
L'auteur a trouvé :
Trouvé. Calculé
■"! * '" pour Tul».
Tu 42,16 42, âO 42,24 42,01
1 » 56,82 57,40 57,99
99,02 99,64 100,00
Propriétés. — L'iodure de tungstène TuP se présente
sous la forme d'une poudre brune amorphe, insoluble
dans Teau, le sulfure de carbone et l'alcool.
Il est infusible, n'est pas volatil sans décomposition, en
— 553 —
donnant, au contact de Tair, de l'iode et de l'acide tung
s tique.
Sa densité est 6,9 à 18^
L'hydrogène est sans action jusque vers 500**; au-dessus
de cette température l'iodureest réduit avec départ d'iode.
Le chlorure l'attaque vers 250* pour donner le chlorure
correspondant; si l'on élève la température il se forme
les composés plus chlorés.
Le brome ne donne le bromure correspondant que
vers 350^
Le soufre et le phosphore fournissent des composés
sulfurés et phosphores.
L'eau n'agit que très lentement à froid et plus rapi-
dement à Tébullition; en vapeurs il se forme l'oxyde
bleu.
L'acide carbonique n'a d'action que vers 500** et donne
alors un corps brun, non volatil, infusible, qui, sous l'in-
fluence d'une légère élévation de température, brûle
à Tair comme de l'amadou pour donner de l'acide tung-
stique.
L'acide iodhydrique gazeux agit comme l'hydrogène
vers 500» à 600°.
Les solutions aqueuses d'acide chlorhydrique, d'acide
fluorhydrique ne l'attaquent que très lentement; l'acide
azotique, l'acide sulfurique, l'eau régale le décomposent
à l'ébuUition et laissent un résidu d'acide tungstique.
L'iodure de tungstène est facilement attaqué par la po-
tasse aqueuse, et très vivement, avec départ d'iode, par la
potasse fondue, ainsi que par les carbonates alcalins fon-
dus et les mélanges d'azotate et de carbonate.
Dosage du santalol; par M. W. Dulière (1). — L'es-
sence de santal citrin a une composition toute spéciale,
qui permet d'apprécier facilement sa pureté, lorsque l'on
a à sa disposition une quantité sufBsante du produit.
Cette essence renferme en effet un alcool monoatomi-
(1) Joum, de Pharm. et de Chim. [6], VII, 332, 1898.
Journ. de Pharm. et de Chim., 6* SÉRIK, t. VU. {V juin 1898.) 36
— 554 —
que bien défini, répondant à la formule C"H"0 et que Ton
a appelé santaioL Le titrage du santalol se fait aisément en
transformant d'abord cet alcool en éther, en acétate de
santalol et en dosant ensuite par saponification Tacétate
de santalol formé ; de la quantité de potasse nécessaire
pour saponifier un poids donné d'acétate, on déduit la pro-
portion de santalol contenu dans Tessence acétylée et dans
l'essence primitive.
L'éthérification se fait à l'aide de l'anhydride acétique,
en présence de l'acétate de soude anhydre ; celui-ci n'in-
tervient pas dans la réaction et n'a d'autre but que d'ab-
sorber l'eau résultant de l'éthérification.
Les choses se passent comme il suit :
2X222 102 2X264 18
2C,5H^0 -f gjgj^ > 0 = 2ciiH^o':roC^+ n,0.
264 56 222 98
C^HjsO- OCjHj + KOH =C,5H„- OH + C,H,K0,.
Voici les détails de l'opération (1) :
On mesure 5 à 6" d'essence que l'on verse dans
un matras à long col et à fond bien plat et peu étendu;
on mesure une égale quantité d'anhydride acétique
qui sert au rinçage de l'éprouvette et que Ton verse
aussi dans le matras; on mélange. Il faut que le fond du
matras soit couvert d'une couche de 1" au moins ; on
ajoute 30 à 40^'^'' d'acétate de soude anhydre ; on place le
matras sur une toile métallique, on le recouvre d'un petit
entonnoir surmonté d'un verre de montre et on chauffe
en réglant la flamme de façon à avoir une ébullition tran-
quille ; on évite ainsi toute déperdition et l'on n'est pas
incommodé par les vapeurs acétiques qui se condensent
dans la partie supérieure du matras. Au bout d'une heure,
l'éthérification peut être considérée comme finie; le
produit de la réaction se prend en masse cristalline
par refroidissement; on ajoute lOO*"*" d'eau environ.
(1) Ce procédé est celui que Parry a publié dans le PharmaceuHcal
Joumalf sauf que ce dernier opérait sur iO^ d'essence.
— 555 —
additionnée de quelques grammes de carbonate sodique
et on fait passer le tout dans un entonnoir à boule muni
d'un bouchon à Témeri et d'un robinet de décantation.
On agite vigoureusement et on laisse reposer pour que
l'essence acétylée se rassemble au-dessus; on sépare
l'eau par décantation et on recommence à trois reprises
le lavage à l'eau distillée ; on recueille l'essence qui est
trouble ; on la chauffe au bain-marie pour décomposer
l'émulsion ; l'essence devient ainsi limpide et les goutte-
lettes d'eau se rassemblent au fond ; on verse sur un
petit filtre pour éviter les pertes. L'expérience a prouvé
que l'essence ainsi séparée peut servir directement au
dosage, sans être déshydratée par le sulfate de soude sec,
comme le recommande Schimmel.
En opérant ainsi, on recueille assez d'essence acétylée
pour faire deux dosages d'après les indications suivantes :
On tare un matras de 200*® environ ; on y pèse 2«' d'es-
sence acétylée ; on y ajoute 25**" de solution alcoolique
demi-normale de KOH ; on chauffe au bain-marie pendant
un quart d'heure, en ayant soin d'adapter au matras un
réfrigérant à reflux. La saponification finie, on ajoute
100" d'eau distillée, un peu de phénolphtaléine et on dose
l'excès de potasse à l'aide d'une solution demi-normale
monovalente de SO*H*.
On déduit le nombre de centimètres cubes d'acide em-
ployé des 25" de solution potassique et on multiplie par
0.111 pour avoir la quantité de santalol contenu dans les
2«' d'essence acétylée ; on calcule aussi la quantité d'acé-
tate de santalol contenu dans ces 2«'' en multipliant le
nombre de centimètres cubes de KOH en excès par 0.132.
On déduit le premier résultat du second pour savoir la
quantité d'acide acétique qui était en combinaison ; retran-
chant maintenant le poids de l'acide combiné des 2»' d'es-
sence acétylée, on a le poids réel d'essence pure corres-
pondant à ces 2«'" et l'on peut ainsi rapporter les résultats
à l'essence primitive.
Voici les chiffres :
— 556 —
NATURE DE L ESSENCE.
Essence de santal ci tri n de
Schimmel
Essence pure de fabrication
française
Essence pnre préparée par Faut.
Essence type de santal des
Indes occidentales
Essence type de bois de cèdre.
(Schimmel)
Essence de copahn garantie
pure
Essence type de baume de gurjun.
Essence de santal citrin préle-
vée dans une pharmacie . . ,
Essence de santal provenant
d'une droguerie en gros . . .
Essence de capsules de santal
prélevées dans une pharmacie.
Nombre
de cent, cubes
deKOH
demi - normale
absorbée
dans la
saponification,
14,5
14,7
7,0
i,3
i,4
8,8
3,7
1,2
P.C.
d'acétate
de
santalol
de
l'essence
acélylée
95,70
97, (tt
95,04
46,ao
15,84
8,58
9,24
57,58
24,42
7,92
P. c.
de
santalol
de
l'essence
acétylée.
80,97
81,58
79,92
38,85
13,32
7,21
7,77
48,84
20,53
6,66
P.C.
de
santalol
de
l'essence
primitive.
94,95
96,45
94,14
41,93
13,6a
7,35
7,88
53,5t
21,36
6,74
Il résulte de ces chiffres que Ton peut exiger de l'es-
sence de santal une teneur de 94 p. 100 de santalol et que
la moindre falsification par une essence quelconque se
traduira par une diminution notable de ce facteur si im-
portant, dont le dosage n'exige pas une grande quantité
d'essence et se fait sans difficultés.
La préparation de la vanille (1). — Dans la plus grande
partie des plantations de sucre de l'île de la Réunion, on
cultive la vanille sur une plus ou moins grande échelle,
et, dans un certain nombre de districts, il existe de grands
fermiers qui ne s'occupent que de cette culture.
On attache une attention toute particulière au séchage
(i) Impérial InatUute Journal, d*après Moniteur scientifique.
I
de la gousse au moyen du chlorure calcique. Le point
essentiel, dans le traitement auquel on soumet la vanille»
est d'obtenir un produit résistant, et de développer etî
même temps l'arôme qui en fait la valeur.
Le succès de ces manipulations dépend, en grande
partie, de l'état de maturité des gousses. Arrachées trop
tôt, elles sont, après dessiccation, minces et pauvres, se
conservent mal, et leur arôme n'est que faiblement déve-
loppé ; cueillies trop tard, elles sont bien développées,
possèdent une forte odeur, mais elles sont cassantes et
perdent ainsi beaucoup de leur valeur commerciale. En
thèse générale, les fruits sont mûrs lorsque leurs parties
inférieures commencent à jaunir, et, alors, le premiei-
traitement auquel on les soumet est l'action de l'eau
chaude. Le jour même de la cueillette, ou, au plus tard,
le lendemain, les gousses, réunies en bottes assez serrée^s.
sont enfermées dans des caisses en étain doublées de
laine, et ces caisses sont placées dans des fûts, dans
lesquels on verse une quantité d'eau chaude suffisanlr^
pour les recouvrir entièrement ; pour empêcher un refroi-
dissement trop rapide, le tout est entouré de sacs. L**
lendemain matin, les fruits sont retirés de ce bain, el
exposés, pendant un certain temps, à l'action de l'air, ih
sont ensuite enroulés dans une couverture de laine, mis
dans des caisses en bois et exposés, pendant deux ou trois
jours, en pleine lumière solaire. Vient alors l'opératloii
la plus importante, le séchage proprement dit. Ancien-
nement, cette opération se faisait dans des étuves à air
chaud, mais elle entraîne une perte en matières aroma-
tiques et nécessite, en outre, une trop forte dépense du
travail. Actuellement on a recours au chlorure calcique,
et voici comment on procède.
L'opération est faite dans des caisses en fer galvanisé
pourvues d'une porte fermant hermétiquement. Chacuno
de ces caisses renferme onze tiroirs, dont l'inférieur et le
sixième sont destinés à recevoir les plateaux contenant le
chlorure calcique (environ 18 k«), les autres recevant la
vanille (environ 47 k^\ 11 Hiut veiller surtout à ce que le
— 558 —
bois sur lequel repose la vanille ne renferme aucune
substance odorante, résine, etc., car la vanille absorbe
très avidement ces produits.
Les tiroirs chargés, on ferme la porte, mais tous les
deux ou trois jours la vanille est soigneusement examinée,
et le chlorure renouvelé, s'il y a lieu. Au bout de vingt-
cinq à trente jours, l'opération du séchage est terminée.
Lorsque la vanille a été imparfaitement desséchée, elle
se conserve mal et favorise le développement de petits
vers. Trop fortement desséchée, elle se conserve bien,
mais elle est trop fragile, et, par suite, sa valeur est
moindre. Ce n'est que l'expérience qui peut indiquer à
quel moment précis la vanille a acquis le degré de séche-
resse voulu. Ce point atteint, la vanille est étalée sur de
petits rayons, dans une salle bien aérée, où elle reste
plusieurs jours, avant de passer dans des caisses en.
étain, dont chacune en reçoit environ 25 k«. Elle y
séjourne plusieurs semaines ; tous les deux ou trois jours
elle est examinée, et tout défaut qui aurait pu se produire
est soigneusement enlevé. Finalement, elle est soumise à
un lavage. A cet effet, 20 k« de vanille sont jetés dans
27 litres d'eau parfaitement pur et chauffée à 60*» C. ; après
ce bain, les gousses, légèrement essuyées et séchées à
l'ombre, sont assorties et classées suivant la longueur et
le degré de finesse, réunies en petites bottes et enfermées
dans des caisses en étain à couvercle, chaque caisse con-
tenant 4 à 5 k». Mais, même alors, la vanille n'est pas
encore jugée en état de supporter le transport par mer, et
elle est encore surveillée pendant un mois. Toute gousse
présentant la moindre trace d'humidité est immédiate-
ment enlevée. Quant aux gousses avariées, elles subissent
un traitement spécial et sont alors vendues comme pro-
duits de qualité inférieure.
La fabrication de la cocaïne aux Indes (1). — On com-
mence à cultiver le coca (Erythroxylon coca), sur une
(1) Impérial Institute Journal, d'après Moniteur scienHfique,
— 559 —
grande échelle, dans le gouvernement de Madras. C'est ^n
1870 que le jardin botanique de Kew avait introduit h\
plante à Ceylan, et il est probable que les plants cultivés
à Madras proviennent de la même source. Ce pays ^*'.
prête, du reste, admirablement à la culture du coca, et. il
n'y aurait aucune difficulté à isoler l'alcaloïde, la cocaÛK\
dans les vastes laboratoires que possède le départemeiil
médical. En 1890, lorsque le premier rapport touchîiul
cette question a été présenté, le prix du chlorhydrate (!<'
cocaïne s'élevait à 20 shilings l'once (25 fr. les 28 1/3 gr.; ;
mais, d'un autre côté, par suite de la demande locale trr^
restreinte — à peine trois livres par an, — le gouvens ri-
ment n'a pas cru devoir entreprendre des essais en vii<t
de la fabrication du chlorhydrate de cocaïne dans le pays
même. Comme les expériences faites trois ans plus tard.
à Sikkim, n'ont point donné des résultats favorables, un
a abandonné l'idée première delà culture rationnelle iln
coca. Mais, en 1894, le gouvernement de Madras a i (-
sollicité de nouveau et invité à faire faire des expérienrf's
de culture dans les régions basses du Nilgiris, les esï^ju's
faits à Sikkim n'ayant pas réussi, à cause de la ivi)\\
grande altitude de cette région et à cause du climat défa-
vorable à ce genre de culture. Aussi, le gouvernemeiil.
tout en émettant l'avis que les demandes locales soiil
restreintes pour justifier la fabrication de la cocaïne,
avait ordonné de procéder à une série d'expériences. Lrs
résultats que l'on vient de publier sont très satisfaisanl-.
et le rapport rédigé par les savants attachés aux janlf n-
botaniques du Nilgris est très favorable à tous les poirM-
de vue; de sorte que le gouvernement de Madras — If-
demandes locales ayant fortement augmenté en ces doi*-
niers temps — estime qu'il serait de l'intérêt des coin ri-
de s'occuper activement de la culture du coca.
On peut se faire facilement \ine idée de l'énorme cuu-
sommalion de cocaïne, si Ton considère que le Pérou n
la Bolivie produisent annuellement 22 1/2 millions *li'
livres de feuilles sèches, ce qui représente sensiblemçfii
55.000 livres de cocaïne.
\
— 500 —
Certes, deux produits synthétiques tiennent également
le marché, mais il n'est pas aisé de dire jusqu*à quel
point ils peuvent suppléer l'alcaloïde naturel.
Il est certain que la cocaïne indienne, fabriquée avec
toutes les précautions voulues et tous les soins désirables,
trouvera en Europe un débouché, et pourra lutter avec
avantage contre le produit de l'Amérique du Sud.
Hygiène.
Nouveaux aperçus sur répuration des eaux d'égont ;
par M. Bechmann, M. Vallin(I). — M. Dibdin, ancien chi-
miste du Conseil du Comté de Londres, vient de publier
un livre d'un grand intérêt sur ce sujet à propos d'expé-
riences en grand qui se font à Barking, Sutton, Exeter.
etc. et qui vont peut-être donner naissance à un mode
nouveau d'épuration des eaux d'égout, qu'on peut appeler
la filtration intermittente, ou l'épuration par les bacté-
ries. Il se substiturait aux divers traitements chi-
miques, qui ont comme inconvénient, jusqu'à ce jour
insurmontable, la production de boues de peu de valeur,
et très encombrantes.
Ce procédé n'est au fond, — dit très justement M. Val-
lin, — qu'un perfectionnement du système d'épuration
par aération intensive des filtres préconisé et appliqué
depuis 1889 par Laurence (États-Unis), par Waringà New-
port près New- York en 1894 et par Lowcock près de
Birmingham en 1895. Ces derniers injectaient de bas en
haut de grandes quantités d'air à travers la couche filtrante
à l'aide de pompes à vapeur (2).
M. Bechmann décrit le nouveau procédé sans s'avancer
sur son application, possible pratiquement, aux eaux usées
de la ville de Paris, de façon à réduire les milliers d'hec-
(1) Revue d'hygiène, 20 avril 1898.
(2) On devrait citer aussi les essais entrepris autrefois par M. Laulh, alors
membre du conseil municipal de Paris, et l'épuration des eaux résiduaires au
moyen d'irrigations intermitentes par M. Gérardin. A. R.
— 561 —
tares, nécessaires pour l'épandage, à quelques centaines :
espérons que les ingénieurs de la Ville font entreprendre
des essais. Les expériences de M. Dibdin datent de IS93.
Des filtres de 16 métrés carrés de superficie environ,
formés de cailloux cassés, de mâchefer, de terre cuite, de
fragments de coke, de sables et de graviers, reçurent
simultanément Teau des égouts de Londres traitée par la
chaux et le sulfate de fer, telle qu'on la rejette, encore
impure mais à peu prés clarifiée, dans le fleuve. Après
quelques tâtonnements, ces filtres, dans lesquels on intro-
duisait l'eau par intermittence et qu'on laissait reposer
dans les intervalles, ont permis de réaliser une épuraLion,
dont le coefiicient, résultant de la proportion d'oxygène
absorbée par les échantillons d'eau avant et aprèï^ le
traitement, s'est élevé àê 43 à 60 p. 100. »
Encouragé par ce premier succès, M. Dibdin résolut
ûe faire un essai pratique à grande échelle avec un Hltre
d'une superficie d'un acre (4.046''*7^), garni de coke en
fragments. L'épaisseur de la couche de coke est de 3 pieds,
et au-dessus règne une couche de gravier de 3 pot i ces
d'épaisseur, 1 mètre en tout environ. Au-dessous essl dis-
posé un réseau de drainage aboutissant à un contiuit
unique d'évacuation muni d'un obturateur.
L'emploi de ce filtre, commencé avec prudence^ poiu-
suivi ensuite dans des conditions variées, a fini pyr m
régulariser, et s'est continué finalement par périodes de
•8 heures, dont 2 consacrées au remplissage, 1 au repos,
5 àl'égouttement, de sorte qu'on fait trois opérations dans
!es 24 heures. Après 6 jours d'activité, le filtre e^i mis
au repos pendant une journée.
Lorsque, l'an dernier, les résultats obtenus au aiin en
du filtre de Barking ont été livrés à la publicité, ils éludent
consacrés déjà par une pratique ininterrompue de plas
d'une année, ce qui leur donne une valeur sérieuse et a
permis à M. Dibdin de déclarer que la durée du fonction-
nement d'un filtre ainsi aménagé et conduit semlJait
devoir être en fait à peu près illimitée. Ajoutons que,
durant cette période, sont survenues les gelées persis-
— 562 —
tantes de janvier et février 1895 qui n'ont apporté aucune
perturbation dans la marche des opérations.
Or, pendant tout ce temps, le coefficient moyen d'épu-
ration s'est maintenu à 78 p. 100 et la dose traitée par
jour a été constamment de 1.000.000 de gallons, soit
4.500 mètres cubes par la superficie d'un acre, ou plus
d'un mètre cube par mètre carré de filtre.
Presque en même temps, le même expérimentateur
faisait une autre tentative, à Sutton, sur des eaux d'égouts
amenées au filtre sans traitement préalable, et obtenait
des résultats tout à fait analogues, mais par un double
filtrage, d'abord à travers une couche de mâchefer dis-
posée dans un ancien bassin de précipitation chimique,
puis sur un filtre à coke.
Il s'est cru dès lors autorisé à conclure que des filtrages
intermittents à travers des couches poreuses, composées
de matériaux de grosseur convenable, permettent d'ob-
tenir une épuration qu'on se propose de réaliser, et' que
si l'on se contente du coefficient de 75 p. 100, admissible
dans la majorité des cas, on est de la sorte en mesure
d'obtenir le traitement de 1 mètre cube d'eau d'égout par
mètre carré de filtre et par jour.
C'est 10.000 mètres cubes par hectare, et pour 300 jours
de travail par an 3.000.000 de mètres cubes. A ce compte,
une surface de 75 hectares suffirait pour le traitement
artificiel de la totalité des eaux d'égout de Londres.
Les objections présentées au cours des discussions
auxquelles ces conclusions ont donné lieu n'ont pas
porté sur le principe du procédé et n'ont point infirmé
ces chiff'res.
Dans le même temps, mais sur un autre point, à Exeter,
M. Cameron tentait également de substituer l'épura-
tion par les bactéries au traitement chimique. Il faisait
passer l'eau d'égout brute, sans aucun dégrossissîige
préalable, dans une cuve fermée dite fosse septique, où
elle séjournait assez longtemps pour subir la fermentation
putride et en ressortir par siphonnement après liquéfac-
tion complète des matières organiques en suspension.
— 563 —
Le liquide ainsi obtenu subissait ensuite une filtration
intermittente destinée à réaliser l'épuration des sub-
stances dissoutes.
Il résulte de la discussion à laquelle les procédés ont
donné lieu qu'ils ne diffèrent théoriquement qu'en un
point : M. Dibdin a demandé la liquéfaction des matières
organiques solides en suspension à des microbes aérobies,
tandis que M. Oameron mettait en œuvre d'autres mi-
crobes anaérobies capables de réaliser le même objet ;
mais pour la combustion finale, qui ne peut avoir lieu
qu'en présence de l'oxygène, il n'y a plus le choix, ce
sont des microbes aérobies seuls qui la déterminent.
Au reste, la rapidité de l'épuration a été peu diffé-
rente dans les deux procédés et le coefficient presque
identique.
Quoi qu'il en soit, le second procédé semble n:ioins
séduisant que le premier ; comme l'ont déclaré sans am-
bages plusieurs des hygiénistes qui l'ont discuté, il serait
peut-être fâcheux de voir reparaître, sous le nom d'ailleurs
assez malheureux de fosse septique, la vieille fosse de nos
pères.
D'ailleurs les matières minérales inertes, le sable,
etc., qui se déposent dans la cuve fermée, doivent eu
être extraites de temps à autre ; ne se produira-t-il pas,
au moment de ces opérations de vidange, d'épouvantables
odeurs, des dégagements de gaz infects?
BIBLIOGRAPHIE
Die Saûren der Rindergalle und der Menschengalle (Les
acides de la bile de bœuf et de la bile de l'homme) ; par
le professeur Lassar-Cohn (1). — L'auteur a résumé soi-
gneusement dans cette brochure, tous les travaux publiés
depuis 1800 sur ce sujet, et il y a ajouté l'exposé de
ses propres recherches sur la constitution des acides?
(1) Leipsig, Verlag von Léopold Voss, 1898.
— 564 —
biliaires. Il montre que la bile humaine diffère de la
bile de hœni en ce qu'elle contient de Tacide fellique
auquel il attribue la formule C*'H"0* ce qui en fait un
homologue inférieur de Tacide choléique C"H**0*.
Em. B.
Praxis der H&manalyse; par M. le professeur Lassar-
CoHN (1). — Petite brochure de quarante pages dans
laquelle l'auteur a résumé les procédés les plus simples
et les plus précis qui aient été proposés pour rechercher
et doser les principes qu'on rencontre dans Turine nor-
male ou pathologique. Elle renferme, en outre, un cha-
pitre consacré à l'analyse du suc gastrique.
Em. B.
H. Becker. — Manuel dCélectrochimie et d' électrométal'
lurgie (2). — L'auteur s'est proposé de faire un manuel à
la portée des personnes qui s'intéressent à l'électrochimie
et à Télectrométallurgie.
Après un aperçu général sur les définitions, et des
renseignements sur les dynamos, les piles diverses, les
accumulateurs, l'auteur traite, dans une première partie,
des effets chimiques du courant électrique : extraction de
Taluminium, du magnésium, du sodium; affinage du
cuivre, du plomb, de l'argent, traitement électroly tique
des minerais de cuivre, d'or, d'argent, de zinc, d'anti-
moine, de nickel, fabrication de la soude, des hypochlo-
rites, des chlorates, blanchiment, désinfection, analyse
électro-chimique.
Dans une seconde partie, il étudie Tutilisation des effets
thermiques du courant électrique : fonte et soudure des
métaux, transformation du carbone en graphite, fabrica-
tion du carborundum, du corindon, du rubis, du carbure
de calcium.
Un dernier chapitre est consacré à l'application de Tef-
(1) Hamburg, Verlag von Léopold Voos («• édit., 1898). Prix : 1 mark.
(2) J. Fritsch, 30 rue da Dragon, Paris, 1 vol. de 521 pages cartonné arec
140 figures dans le texte et deux planches.
— 565 —
fluve électrique, à la préparation et à remploi de Tozone.
L'auteur a atteint le but qu'il s^est proposé : faire
connaître et apprécier cette science qui, née d'hier,
étend de jour en jour, avec rapidité, son champ d'action,
dont l'ampleur actuelle fait préjuger l'importance dans
l'avenir. '
Comptes rendus de rÂoadémie des sciences, 2 mai 1898. — Balland :
A'voines chocolatées. — Bordas^ Joulin et de Raczowski : Amertume des
Tins. — J. -y. Andeer: Ramollissement des os par la phloroglucine. — J. Ca-
valier : Sur les monoéthers phosphoriques.
— 9 mai 1898. — P. -P. Dehérain : Sur les pertes d*ammoniaqne qui
accompagnent la fabrication du fumier de ferme. — Aimé Girard et Lindei :
Recherches sur le déTeloppoment progressif de la grappe du raisin. — P. Le-
beau : Sur un borocarbure de glucinium : sa formule est C^Bo'Gl* soit
Bo*G.2GGP. — V. Thomas : Sur quelques sels halogènes du plomb; chloro-
iodurcs. — F. 0»mond : Microstructure des alliages de fer et de nickel. —
Massol : Déri?és thermiques relatifs à Tacide éthyl-malonique. — Léo
Vignon : Formation du furfarol par la cellulose et ses dériirés oxy et hydro.
SOCIETE DE PHARMACIE DE PARIS
Fin de la séance du A mai 1898.
M. Houreu. — Le bibromure C*H*Br' réagit énergique-
.0— Cil
ment; mais au lieu d'éthène-pyrocatéchine C*H*\ ||
^O— Cil
composé encore inconnu, il y a formation du gaz acétylène
brome C'IIBr. Ce travail a fourni à l'auteur l'occasion
de rechercher un procédé de préparation pratique de
bibromure d'acétylène. On obtient aisément ce composé,
en ajoutant avec précaution un excès de poudre de zinc
au tétrabromure d'acétylène dissous dans l'alcool, filtrant,
précipitant par l'eau, et rectifiant.
Le tétrabromure C'IPBr*, en réagissant sur la pyrocaté-
chine en présence d'un excès d'alcali, donne, avec de faibles
O .0
rendements, le composé 0« H* <; >CH— CHC >C«H*,
^0 ^O
— 566 —
qui cristallise dans l'alcool en minces feuillets blancs,
légers, brillants, fusibles à 89* et est très lentement en-
trainable par la vapeur d'eau. Ce corps s'hydrolyse par
l'acide sulfurique dilué, avec formation d'un produit
fusible à 125*,5, assez soluble dans l'eau, donnant avec
le chlorure ferrique une coloration bleu d'indigo, qui
disparaît par addition de carbonate de soude, paraissant
pouvoir être représentée par la formule de constitution
^ " \0— CHOH— CHO
SOCIETE DE THERAPEUTIQUE
Séance du 11 mai 1898. — M. Bardet, à propos de la
récente communication de M. Prémont sur Vemploi théra-
peutique du suc gastrique de chien contre V hypochlorhy^
drie, demande si, en raison de la diflBiculté qu'on a en
pratique à obtenir ce suc gastrique, il n'y aurait pas lieu
de le remplacer par du suc gastrique artificiel. Une solu-
tion chlorhydro-peptique (et c'est à la pepsine en paillettes
qu'il faut donner la préférence), préparée en se basant
sur les chiffres de dosage des sucs gastriques employés
par M. Frémont, ne produirait-elle pas les mêmes effets,
surtout si on l'associe à un régime alimentaire appro-
prié?
Quant à l'opinion de M. Mathieu, qui croit pouvoir
traiter Thyperchlorhydrie par l'administration d'acide
lactique, elle va à rencontre des faits observés par
M. Bardet, qui a toujours constaté que la fermentation
lactique était extrêmement, douloureuse.
M. Mathieu répond qu'il ne prétend pas traiter tous les
hyperchlorhydriques par l'acide lactique. Mais, dans
certains cas, l'acide lactique bien administré peut rendre
des services. Si on le donne au moment où l'estomac est
en pleine activité, il est certain que le résultat sera désas-
treux ; mais si on le donne au moment où la sécrétion
— 567 —
gastrique n'est pas encore en mouvement, c'est-à-dire
pendant les périodes de repos de l'estomac, on observera
un phénomène d*inhibition sur les glandes gastriques,
qui sécréteront beaucoup moins.
D'ailleurs, une idée analogue a déjà été mise en pra-
tique par un médecin hollandais, Talma, qui prescrit avec
succès l'acide chlorhydrique dans le traitement de l'ul-
cère rond.
M. Frémont ne pense pas que le suc gastrique naturel
puisse être remplacé par du suc gastrique artificiel, et il
cite à ce propos une observation dans laquelle, le suc
gastrique de chien venant à manquer, on fit prendre à la
malade, que Je traitement par le suc naturel améliorait
rapidement, du suc gastrique artificiel qui n'amena
aucun soulagement.
M. Petit pense qu'un suc gastrique artificiel peut être
tout aussi efiicace qu'un suc naturel à la condition que les
proportions de pepsine et d'acide chlorhydrique soient
égales dans les deux liquides. Aujourd'hui, rien n'est plus
facile que de doser exactement ces produits, et les résul-
tats qu'annonce M. Frémont doivent pouvoir être obtenus
avec des liquides artificiels convenablement dosés.
M. Bilhaut se demande si le suc gastrique ne contient
pas une substance analgésique particulière. Il rapporte
à ce propos deux cas qu'il observa jadis dans le service de
M. Tillaux. Le premier concerne un zouave qui soufl'rait
d'une névralgie intercostale si rebelle qu'on dut le réfor-
mer. M. Tillaux lui fit faire loco dolenti une injection
sous-cutanée unique de 1" de suc gastrique de chien, qui
guérit radicalement le malade. Le second cas est celui
d'une femme atteinte de cancer du sein ; des injections
semblables la soulagèrent beaucoup mieux que les injec-
tions de morphine.
M. Chassevant ne croit pas que le suc gastrique artifi-
ciel soit capable de produire les mêmes effets que le suc
naturel. Car, dans celui-ci, à côté des pepsines solubles,
seules connues dans le commerce, il existe Une pepsine
insoluble dont le rôle biologique parait être important.
':K?r i \iWi^i-
— 568 —
L'acide chlorhydrique lui-même existe dans le suc gas-
trique sous une forme spéciale qui modifie sans doute
son action. Ferd. Vïgier.
VARIETES
Circulaire relatlTe aux phannaciens de deuxième classe. — Aux
termes de la loi du 19 avril 1898, les pharmaciens de 2* classe ont le droit
d'exercer désormais sur tout le territoire de la République.
En conséquence, les aspirants à ce titre n'auront plus à déclarer, comme
précédemment, le département dans lequel ils se proposent d'exercer, et
mention de ce département ne sera plus faite sur leur diplôme.
Bulletin de pharmacie de Lyon, mars-avril 1898. — Questions d'intérêts
professionnels. Suite et fin de la revision du Codex, par M. Lambert. — Les
onguents des pharmacies au XVII* siècle, par M. Gilbert.
Cercle pharmaceutique de la Marne. ^ Comptes rendus de Vannée
1897. — Questions d'intérêt professionnel. Combinaisons du camphre avec les
phénols et leurs dérivés ; des modifications à apporter au Codex ; par MH. La-
joux et Grandval.
Bulletin de Pharmacie du Sud- Est. — Questions d'intérêt profession-
neL Étude critique et revue des travaux précédents pour la revision du
Codex : gazes médicamenteuses, par M. Fr. Gay.
École de plein exercice de médecine et de pharmacie de Hantes.
— Un concours s'ouvrira, le 7 novembre 1898, devant l'École supérieure de
pharmacie de l'Université de Paris, pour un emploi de suppléant de la (haire
d'histoire naturelle à l'École de plein exercice de médecine et de pharmacie
de Nantes.
Le registre d'inscription sera clos un mois avant l'ouverture du concours.
FORMULAIRE
Vin de phosphoglycérate de fer (Merck).
Phosphoglycérate de fer 10
Glycérine 50
Vin blanc 980
Le Géf^ant : Georges MASSON.
PAUS. — DO. B. rLÂMMAEIOlf, âUB BAjOHI, f6.
— 569 —
TRAVAUX ORIGINAUX
Sur la valeur de la teinture de gaïac comme réactif des
agents d'oxydation; par M. Pierre Bueteau (1).
La résine de gaïac qui bleuit au contact de certains
agents d'oxydation est en particulier indiquée comme
réactif sensible du sang, du sulfate de cuivre, de l'acide
cyanhydrique, du phosphore, des oxydases, etc., soit par
action directe, soit en faisant intervenir l'essence de
térébenthine.
Nous croyons avoir observé que ce bleuissement de la
teinture de gaïac peut se produire dans des circonstances
encore non signalées, qu^il peut prêter à des confusions
d'abord, et ensuite qu'il perd de son importance en raison
même de la multiplicité des circonstances où nous
l'avons constaté.
Inversement, le phénomène du bleuissement dépend de
conditions mal appréciées, de telle sorte qu'en faisant
varier légèrement ces conditions, le réactif peut être
infidèle. Sa valeur en est d'autant diminuée.
Rappelons les faits observés par nos prédécesseurs et
contrôlons-les.
Schœnbein a signalé que « si Ton mêle à volumes
« égaux de la teinture de gaïac et du térébenthène aéré
« et qu'on agite avec de l'eau, le précipité blanc de résine
« prend une coloration bleue très intense. »
Nous avons observé que cette réaction ne se produit
pas infailliblement et, de plus, que le bleuissement ne se
produit jamais si l'on procède d'une façon un peu diffé-
rente, c'est-à-dire en ajoutant du térébenthène aéré à un
mélange d'eau et de teinture de gaïac.
Ni une agitation énergique et prolongée, ni une éléva-
tion de la température ne déterminent le bleuissement,
(1) Laboratoire de M. le professear Cazeneuva.
Journ. i9 Phamu et di Ckim., «• SBRIB, t. VII. (15 juin 1898.) 37
— 570 —
pas plus que le passage d'un courant d'air ou d'oxygène
dans le mélange.
Schœnbein a signalé également que l'addition d'une
trace de sang au mélange d'essence de térébenthine et de
teinture de gaïac détermine le bleuissement immédiat;
Van Deen a basé sur ce fait une méthode pour la
recherche d'une petite quantité de sang.
Nous avons repris cette expérience sur le sang.
L'essence de térébenthine que nous avons employée
était très vieille.
La teinture de gaïac était faite à 2 p. 100 de résine.
Nous avons fait usage d'eau distillée exempte de toute
trace de cuivre et d'alcool absolu. MM. Bourquelot et
Bougault ont en effet montré que certaines eaux dis-
tillées bleuissent souvent la teinture de gaïac par la pro-
portion infinitésimale de cuivre qu'elles peuvent con-
tenir (1).
A quelques centimètres cubes d'eau distillée, on ajoute
une goutte de sang, puis un peu de teinture de gaïac ; on
agite vigoureusement. Aucun phénomène ne se produit.
L'addition d'une seule goutte de térébenthène aéré déter-
mine un bleuissement foncé, immédiat.
C'est la réaction de Van Deen. Le fait est exact. Mais
cette réaction est-elle spéciale à l'oxy hémoglobine?
A une certaine quantité de sang frais défibriné, on
ajoute son volume d'eau distillée puis, après quelque
temps, un grand excès d'alcool absolu. On filtre; on essore.
La poudre sèche est ensuite épuisée par Teau distillée.
La solution aqueuse est additionnée d'un peu d'acide
tartrique pour enlever les traces d'oxyhémoglobine
dissoute.
La solution acide, ainsi obtenue, est incolore; on y
verse quelques gouttes de teinture de gaïac; après
agitation, on ajoute une goutte d'essence de térében-
thine : bleuissement au bout de quelques secondes, mais
cependant un peu moins intense qu'avec le sang hémo-
globine.
(1) Joum. de Pharm, et de Ckim., !•' août 1897.
— 571 —
La solution, même portée à rébuUition, donne encore
la réaction.
Le bleu est stable fort longtemps ; la présence d'acides
minéraux, de sulfate de quinine, entrave le phéno-
mène.
Nous avons appliqué ^le même traitement à du sang
putréfié, à du sang coagulé par la chaleur (100*^), nous
avons toujours réussi à déterminer le bleuissement de
la teinture de gaïac comme avec le sang frais.
Dans le sang il existe donc, à côté de Toxyhémoglobine.
une substance très stable, pouvant bleuir la teinture de
gaïac. Mais le lait va nous offrir le même phénomène.
A 5" de petit lait, fait à froid à Taide d'acide tartrique,
on ajoute de la teinture de gaïac, puis une goutte du
térébenthène; après une agitation vigoureuse, on obtient
le bleuissement de la teinture de gaïac. S'il n'y a pas
excès d'acide, rébullition n'entrave pas le phénomène.
Nous ne sommes nullement fixés sur le principe du
petit lait qui détermine le bleuissement. Cette recherche
serait à poursuivre. Dans tous les cas, l'oxalate d'ammo-
niaque entrave la réaction, sans que la précipitation des
sels de chaux par ce réactif puisse l'expliquer ; l'addition
ultérieure de sel calcique au petit lait ne lui restitue
pas sa faculté de bleuir la teinture de gaïac.
Si le petit lait est susceptible de bleuir la teinture de
gaïac, tout comme le sang, on voit de suite naître les
confusions possibles qui enlèvent à ce réactif toute
importance.
La gélatine, l'albumine de l'œuf, la salive ne donnent
cependant aucun résultat.
Nous avons vérifié ce que l'on savait déjà sur l'action
de traces de sels de cuivre.
MM. Bourquelot et Bougault ont montré, en effet,
qu'une solution très étendue de sulfate de cuivre
(1/500.000) bleuit la teinture de gaïac lentement à froid,
plus rapidement à 40**.
Mais nous avons observé de plus que le bleuissement
devient instantané, à froid, si on fait intervenir, comme
— 57^ —
pour le sang ou le pelit-lail, Tessence de térébenthine.
Voilà donc des traces de cuivre qui se comportent comme
les liquides organiques.
Chose également à noter, nous avons rencontré de
Téther ordinaire, de l'alcool, du benzène, bleuissant la
teinture de gaïac en présence de l'essence de térében-
thine. Parfois, ces mêmes dissolvants ne nous ont rien
donné dans les mêmes conditions. La présence d'impu-
retés, traces de cuivre ou autres, détermine sans doute
le phénomène.
On voit encore ici le peu de valeur qu'il faut accorder
à ce phénomène du bleuissement de la résine de gaïac.
Le noir animal bleuit facilement la teinture de gaïac,
en présence d'essence de térébenthine. Le rôle oxydant,
déjà signalé, du noir explique suffisamment ce phéno-
mène.
Mais ce qui est plus grave, c'est le rôle du papier lui-
même dans ce phénomène du bleuissement.
Nous avons préparé du « papier de gaïac » en impré-
gnant du papier, lavé aux acides chlorhydrique et
fluorhydrique, de teinture fraîche de résine de gaïac.
On sait, depuis longtemps, que si on plonge un tel
papier dans l'atmosphère d*un flacon au fond duquel on a
mis un peu d'eau et des morceaux de phosphore, ce
papier ne tarde pas à se colorer en bleu.
L'air ozonisé déterminerait ce phénomène. Or, il paraît
plus probable que c'est le papier lui-même qui détermine
la coloration.
En effet, si dans l'air ozonisé, dit-on, par l'oxydation
lente du phosphore, on plonge un fragment de porcelaine
mouillé par un mélange d'eau et de teinture de gaïac, ou
le même mélange maintenu par capillarité dans des tubes
étroits, le bleuissement n'a jamais lieu.
D'autre part, l'observation démontre que ce « papier de
gaïac » bleuit si on le met simplement dans l'atmosphère
d'un flacon au fond duquel se trouve un peu d'essence
de térébenthine (même fraîche), qui a été maintenue
quelque temps à lOO**.
— 573 —
La teinture de gaïac, employée comme réactif du phos-
phore, paraît donc absolument illusoire, et le rôle du
papier est indubitable.
On emploie aussi le papier de gaïac imprégné d'un sel
de cuivre, pour déceler l'acide cyanhydrique.
Or, ce même papier, additionné d'une très faible quan-
tité d'un sel de cuivre, bleuit énergiquement au sein de
l'atmosphère térébenthinée, sans qu'il y ait trace d'acide
cyanhydrique.
Quel fondement faire sur un tel réactif dans les re-
cherches toxicologiques !
Cette action oxydante du papier sans colle a été cons-
tatée souvent par les chimistes dans les lîltrations de
substances oxydables. Il joue vis-à-vis la teinture de
gaïac, avec le concours du térébenlhène, un rôle non
douteux, qui peut engendrer des erreurs.
Un papier à filtrer, imprégné de teinture de gaïac, sur
lequel on a versé une goutte d'essence de térébenthine,
laisse apparaître rapidement une auréole bleue tout
autour de la goutte.
Que devient l'emploi du papier de gaïac pour déceler le
sang? Ce dernier ne donne en effet la réaction qu'en
présence de Tessence de térébenthine, quoi qu'on en ait
dit. Or, cet hydrocarbure seul en présence du papier,
donne la réaction. Le papier de gaïac, réactif du sang, est
le résultat d'une pure illusion.
Le rôle du papier n'est pas douteux, car nous rappe-
lons que le térébenthène n'agit pas sur le mélange eau et
teinture de gaïac, par agitation dans un tube.
Poursuivant cette étude de contrôle sur la teinture de
gaïac employée comme réactif de certaines matières oxy-
dantes , nous nous sommes demandé , avec d'autres
chimistes, si l'ozone intervient dans le phénomène du
bleuissement.
Nous avons fait à ce propos, l'expérience suivante :
Un courant d'air ozonisé, par décharge silencieuse,
dans un mélange d'eau et de teinture de gaïac, n'agit que
faiblement; on obtient lentement l'apparition d'un bleu
z^ff.
— 574 —
pâle, peu stable, car il disparaît peu à peu, si on
interrompt Taction de Teflluve électrique.
La présence, dans le mélange, de sang privé d'oxyhémo-
globine, de petit-lait, de cuivre, n'augmente pas la
réaction.
L'oxygène « convoyé » dans les réactions produites
avec le térébenthène n'est donc pas à l'état d'ozone.
Nous avons montré le rôle du papier dans la recherche
du phosphore, à l'aide du papier de gaïac. Là encore, il
n'est pas exact de dire que la réaction a lieu sous
rinfluence de l'air ozonisé.
Kingzett a établi qu'il n'existe pas d'ozone dans
Tessence de térébenthène aérée (1).
Pour M. Bcrthelot, l'oxygène actif existe dans le car-
bure, à l'état de combinaison oxygénée, peu stable, qui
céderait aisément son oxygène apte à oxyder un grand
nombre de corps que l'oxygène libre ne peut oxyder (2).
Quel est donc le rôle de nos « convoyeurs d'oxygène
apte à oxyder ».
On peut admettre que ces corps enlèvent l'oxygène peu
stable, fixé sur l'essence de térébenthine, qu'ils lui im-
priment une qualité oxydante spéciale, lui créent un état
particulier, que ne possède pas d'ailleurs l'oxygène
libre.
Ce qu'il y a de certain, c'est que les corps les plus
banals, noir animal, papier à filtre, jouent ce rôle singu-
lier, en même temps que certaines substances renfermées
dans le sang, le lait, etc.
Certains corps, d'autre part, les ferments oxydants,
[oyydases) bleuissent directement la teinture de gaïac,
sans intervention de térébenthène; c'est cette action
directe surtout qui a de l'importance et qui doit fixer plus
spécialement l'attention.
Toutes les fois, au contraire, où l'intervention de
Pessence de térébenthine sera nécessaire comme intermé-
(1) Journal of the chemic. «oc, juin 1874, mars 1875.
(2) Annales de Phys, et de Chim. [3], t. LYUl, p. 426.
— 575 —
diaîre pour le bleuissement de la teinture de gaïac, il ne
faut se prononcer qu'avec la plus grande réserve, vu les
circonstances multiples et fréquentes où le phénomène
peut être constaté.
Méthode de dosage des nitrites dans les eaux; par M. Lucien
Robin, chimiste au laboratoire municipal de Paris.
Ce procédé est basé sur ce fait, que lorsqu'on ajoute à une
solution d'un azotite, de l'iodure de potassium pur, puis
de l'acide acétique et qu'on abandonne pendant un cer-
tain temps, la quantité d'iode mise en liberté est tou-
jours la même pour une quantité donnée d'acide nitreux;
si l'on a soin de se placer toujours dans des conditions
identiques. L'iode libre est dosé par une solution faible
d'hyposulfite de soude.
Modus operandi, — Si l'eau n'était pas limpide, il fau-
drait la filtrer; si elle était colorée, on l'additionnerait suc-
cessivement de sulfate d'alumine, puis de carbonate de
soude, comme dans la méthode à la métaphénylène-
diamine, ou on en mesure 100** qui sont additionnés de 2^^
d'acide acétique cristallisable et on en recueille 50** à la
distillation.
Enfin, dans le cas où l'eau contiendrait de l'hydrogène
sulfuré, on en traiterait 125** par un peu de sulfate d'ar-
gent, puis, après en avoir filtré 100**, on distillerait
comme il est dit plus haut.
Quoiqu'il en soit, on ajoute à 50** de l'eau à examiner
2** d'une solution d'iodure de potassium chimiquement
pur à 20 p. 100, puis, après agitation, 2** d'acide acétique
cristallisable, on agite et on laisse en repos pendant une
demi -heure exactement. Après avoir ajouté un peu
d'empois d'amidon, on dose l'iode libre avec une solution
d'hyposulfite de soude pur, préparée en étendant à un
litre, 50** de la solution décinormale (à 24«',764 par litre).
On cherche ensuite dans la table ci-dessous la quantité
d'acide azoteux par litre, d'après la quantité d'hyposul-
fite employée.
Si la teinte devenait de suite janne brun, il faudrait
— 576 —
préalablement diluer l'eau à essayer. D'autre part, il
faudra s'assurer que Tiodure employé est bien exempt
d'iodate, en faisant une fois pour toutes un essai à
blanc.
On reconnaît ainsi et on peut doser 0"8',005 d'acide
azoteux dans 50**^, soit 0"«%1 par litre.
Celte méthode a l'avantage de ne nécessiter ni tubes
gradués, ni colorimètre, pas plus que de réactifs spéciaux
comme cela est nécessaire avec les méthodes au réactif
iodo-zincique amidonné, à la métaphénylène-diamine,
ou au réactif acéto-phéniqué; ce dernier, du reste, ne
peut être employé ([ue si l'eau à examiner ne renferme
pas de nitrates, ces derniers étant en partie décomposés
en présence des nitrites et c'est une condition des plus
rares. Sa sensibilité est très grande et supérieure à celle
de la métaphénylène-diamine. Sur un très grand nombre
d'essais que j*ai faits, la différence la plus grande avec
les chiffres types a été de 3/10" de milligrammes par litre
et cela sur les eaux les plus diverses.
Table donnant en milligrammes par litre la quantité diacide
nitreuz contenue dans un litre, d'après le nombre de centimètres
cubes de liqueur d'hyposulfite de soude employés^ la prise d'essai
étant de 50 centimètres cubes.
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16,4
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0,2
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13,7
2,2
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3,2
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0,3
8,8
*,3
14,2
2,3
16,6
3,3
2,1
0,4
9,6
!,♦
14,4
2,4
16,8
3,*
2,7
0,5
10,6
1,5
14,9
2,5
17,0
3,5
3,5
0,6
11,1
1,6
15,2
2,6
17,3
3,6
*,3
0,7
11,6
1,7
15,5
8,7
17,4
3,7
*,9
0,8
11,9
1,8
15,8
2,8
17,5
3,8
5.9
0,9
12 2
1,9
16,0
2,9
47,6
3,9
6,6
1.0
12,7
2,0
16,3
3,0
17,7
4,0
— 577 —
Les chiffres de la table ont été établis en employant de
l'eau distillée additionnée de doses croissantes de nilrite
de soude et quatre dosage effectués pour chaque quan-
tité; j'ai ensuite pris la moyenne.
Nota. — Si, pour une raison ou une autre, on ne pouvait
efiFectuer le titrage à l'hyposulfite aussitôt la demi-heure
écoulée, il serait nécessaire d'arrêter l'action décompo-
sante de l'acide acétique sur les nitrites et par suite de la
mise en liberté d'iode, en ajoutant 10'^'= d'une liqueur con-
centrée de carbonate de potasse pur.
Sur la présence de Véinulsii^e dans les lichens;
par M. H. Hérissey.
Dans leur travail sur la formation de l'essence
d'amande amère, Liebig et Wôhler (1), après avoir
étudié le mode de décomposition de l'amygdaline, men-
tionnent des recherches effectuées sur un grand nombre
de sucs végétaux dans le but de déceler, chez ces der-
niers, une substance agissant sur l'amygdaline à la façon
de l'émulsine des amandes. Comme leurs recherches
étaient toutes négatives, ces savants en avaient conclu
qu'il paraissait suivre de là que l'albumine des amandes
seule peut décomposer l'amygdaline.
Depuis cette époque, cette conclusion a reçu plusieurs
démentis et la présence de l'émulsine a été signalée, en
particulier, dans un grand nombre de plantes de la
famille des Rosacées.
En 1893, M. Bourquelot (2) a montré que VAspergillus
niger produit un ferment analogue, sinon identique à
l'émulsine elle-même. M. Gérard (3) a trouvé le même
ferment dans le Peincillium glaucum. Enfin, en 1894,
(1) Ueber die Bildung des BittermandelÔls ; Ann. d. Pharm., XXII,
1837, p. 17.
(2) Bull. Soc, BioL, 1893, p. 651.
(3) Bull. Soc. Biol.y 1893, p. 563.
— 578 —
M. Bourquelot a établi (1) que beaucoup de champignons,
et en particulier ceux qui sont parasites des arbres ou
vivent sur le bois sécrètent un ferment capable d'hydro-
liser les glucosides et d'agir par conséquent comme
Témulsine.
Ces derniers faits m'ont inspiré l'idée de rechercher
Témulsine dans les lichens. On admet, en effet, que ces
végétaux sont constitués par une association d'algues et
de champignons. Il est naturel de penser que, par suite,
ils doivent présenter, au point de vue physiologique, cer-
taines ressemblances avec ces derniers.
En réalité, j'ai pu déceler la présence d'un ferment
agissant sur l'amygdaline dans les espèces suivantes,
faciles à se procurer, et qui sont les seules que j'ai étu-
diées jusqu'à présent :
Cladonia pyxidata Ach. Physcia ciliaris DC.
Evemia furfuracea Ach. Ramalina fasHgiata Pers.
Parmeiia caperata DC. Ramalina fraxinea L.
Peltigera canina Ach. Usnea barbata L.
Pertusaria amara Nyl.
La méthode suivie dans ces expériences a une impor-
tance capitale au point de vue des résultats trouvés et
doit être décrite en quelques lignes. Le procédé employé
généralement dans la recherche des ferments solubles,
qui consiste à faire une macération aqueuse de la subs-
tance considérée et à essayer le pouvoir fermentaire de
la macération obtenue, donne, dans le cas présent, des
résultats nuls ou très défectueux : si, par exemple, l'on
fait macérer dans de l'eau thymolée le lichen préalable-
ment broyé avec du sable, le macéré filtré n'agit pas sur
l'amygdaline ou met tout au moins un très long temps à
agir. Il en est tout autrement si le lichen broyé est mis
en contact direct avec la solution de glucoside; l'action
est, dans ce cas, beaucoup plus nette et beaucoup plus
rapide. Il semble donc que le ferment soit fixé sur le
tissu du végétal et qu'il ne puisse se diffuser qu'avec
(1) Bull. Soc. MycoL de France^ X, 1894, p. 49.
— 579 —
difficulté dans le liquide ambiant. A ce point de vue, la
macération faite à une température supérieure à la
température ordinaire, à 35° par exemple, paraît favo-
riser dans une certaine mesure la diffusion du ferment.
Quoiqu'il en soit, cette dernière reste toujours extrê-
mement faible.
D'une façon générale , j'ai opéré en mettant un
poids déterminé du lichen broyé en contact avec une
solution de 0«%20 d'amygdaline dans 20" d'eau Ihymolée
saturée ; le poids du lichen a varié suivant les espèces de
0«^40 à i«^20. J'abandonnais à l'étuve à 35° avec un tube
témoin sans glucoside. La recherche de l'acide cyan-
hydrique était ! effectuée le lendemain et les jours sui-
vants en distillant une petite portion de la liqueur
additionnée d'eau et cherchant à provoquer dans le pro-
duit distillé la formation du bleu de Prusse. La recherche
était le plus souvent terminée par un dosage dti glucose
formé, au moyen de la liqueur de Fehling. L'expérience
ainsi conduite m'a donné des résultats positifs avec tous
les lichens examinés. Le Ramalina fraxinea et le Rama-
lina fasligiata sont ceux qui paraissent avoir la plus
faible activité.
Plusieurs des lichens examinés étaient frais ou dessé-
chés depuis relativement peu de temps; d'autres échan-
tillons étaient déjà anciens : le Ramalina fraxinea et
VUsnea bai^bata en particulier étaient en herbier depuis
deux ans au moins; la deuxième espèce s'est cependant
montrée très active.
Je me suis assuré sur quelques-uns des lichens
examinés que le corps susceptible d'agir sur l'amygda-
line était détruit, en milieu humide, à la température
d'ébuUition de l'eau et rentrait bien ainsi dans la caté-
gorie des ferments solubles.
En outre, comme l'émulsine, ce ferment n'agit pas
seulement sur l'amygdaline, mais aussi sur d'autres glu-
cosides. Avec VEvevnia furfuracea par exemple, j'ai pu
dédoubler la salicine et la coniférine. Le dédoublement
était alors mis en évidence par la présence du sucre
— 580 —
réducteur en quantité supérieure à celle, du reste très
faible, qui existe normalement dans les lichens (1).
REVUE SPÉCIALE
DES PUBLICATIONS DE MÉDECINE, PHARMACIE ET CHIMIE.
Médecine.
Prophylaxie de la tuberculose; par M. Grancher. —
Nous avons résumé l'historique (2) de ce grave sujet et
nous avons fait connaître les conclusions de cet impor-
tant rapport.
M. Grancher, dans des chapitres successifs, étudie et
précise les mesures à prendre dans les divers milieux —
famille, armée, école, atelier. — Résumons aujourd'hui
les dispositions à adopter au sein de la famille.
Au lieu de rester hypnotisé devant le péril, en pensant
à l'hérédité et à l'incurabilité de la tuberculose, le mé-
decin doit agir en prenant pour objectif la notion
moderne de la curahîlité fréquente par enkystement et
transformation fibreuse. Mais il faut un diagnostic pré-
coce et un traitement énergique et alors la guérison
devient presque la règle : ce qui nécessite le consente-
ment et le vouloir guérir du malade; et, on ne peut l'ob-
tenir, que par un traitement sévère et prolongé, exigeant
qu'on lui ait ouvert les yeux.
Pour le médecin, le devoir est strict quand les cra-
chats contiennent des bacilles et les dispositions sui-
vantes sont de rigueur : usage habituel du crachoir de
poche et d'appartement, désinfection des crachoirs chaque
soir par ébuUition ou par un lavage antiseptique ; pro-
preté rigoureuse de la chambre du malade qui sera lavée
et non balayée.
a Est-ce donc là quelque chose de si difficile à faire et à
(1) Travail fait au laboratoire de M. le professeur Bourquelot.
(2) Joum. de Pharm. et de Ch. [6], VU, 50i, 15 mai 1898.
— 581 —
obtenir, dit M. Grancher ! J'ai soigné déjà bien des tuber-
culeux dans toutes les positions sociales; eh bien! il m'a
été presque toujours possible de dire à chacun d'eux ou
toute la vérité ou assez de la vérité pour obtenir une
complète obéissance...
« Il arrive fréquemment que le malade veut être éclairé
et le dit franchement, mais le plus souvent, malades et
familles ne sont ni si timorés ni si courageux, ils sont
ignorants et maintenus dans l'ignorance voilà tout. En
les éclairant prudamment et doucement, on rend un
grand service à tout le monde. »
Pendant longtemps le signe de certitude, la présence
du bacille dans les crachats fait défaut, dans les formes
à début pleurétique et dans la forme pulmonaire. Il ne
faut pas attendre cette élimination dei? bacilles, et même
la submatité et les craquements pour reconnaître la tu-
berculose pulmonaire. A ces conditions, la thérapeutique
sera vraiment efficace et la contagion supprimée. Dans
toute cette phase qui précède la destruction et le ramollis-
sement des tissus, il suffit de tenir les gens en éveil et de
les prémunir contre les fautes qu'ils peuvent commettre.
On n'est pas encore assez éclairé pour employer le
diagnostic de la tuberculine, pour recourir à l'emploi des
sérums, pour se confier aux rayons Rontgen. Le médecin
doit compter avant tout sur les moyens d'iniques qui ont
fait leurs preuves.
On n'aura rien fait tant qu'on n'aura pas modifié radi-
calement les habitudes traditionnelles de pessimisme et
d'abandon dans le milieu familial, et on ne peut les atta-
quer que par le médecin. Une déclaration obligatoire
n'est pas possible actuellement.
Quant à la désinfection de la maison, elle n'est uti-
lisable pratiquement qu'après le décès ou l'évacuation
des malades. On est arrivé aux meilleurs résultats dans
les sanatoria: crachoir de poche réglementaire, défense
de cracher sur le sol sous peine d'exclusion, balayage
rigoureusement interdit, et remplacé partout par le
— 582 —
lavage à l'éponge, à la serviette ou à la serpillière
humide.
Les statistiques de Brehmer, de Rorapler, de Nahm sur
la mortalité de la population des villages voisins, avant
et après la création des Sanatoria, prouvent que ce voisi-
nage est plutôt salutaire, car la mortalité par la tuber-
culose et la mortalité générale ont progressivement-
diminué. Il est loin d'en être de même dans les stations
hivernales de la Méditerranée, h Thôtel, «^ côté du théâtre
du Casino, des lieux de plaisir.
Il est clair que le pharmacien n*a pas à sortir de son
rôle ordinaire comme doit le faire le médecin, mais il
conviendrait qu'il se préparât à cette nouvelle thérapeu-
tique.
« J'ai demandé des crachoirs de poche, dit M. Vallin,
dans une vingtaine de pharmacies les plus renommées et
dans les quartiers centraux de Paris ; on n'en connaissait,
presque partout, pas même l'existence. Dans une seule
pharmacie, on m'a dit qu'on en avait vu la description
dans un prospectus, mais qu'on n'en avait pas fait venir
parce que jamais les malades ni les médecins n'en
demandaient. »
Stérilisation des instruments de chirurgie par le cyanure
de mercure (i). — M. Maréchal a constaté que les instru-
ments- en fer , en nickel et en acier ne subissaient
aucune altération, lorsqu'ils étaient plongés dans une
solution alcalinisée à 2 p. 100 par le borate de soude, le
benzoate de soude, le carbonate de soude.
M. Denigès a remarqué que les mêmes solutions alca-
lines permettaient de conserver les instruments plongés
dans du cyanure de mercure, il t'ait usage de la solution
suivante :
Eau distillée 1 litre.
Cyanare de mercure de 2 à 5 grammos.
Borate de soude 10 grammes.
Ou bien : Carbonate de soude. 14 —
(i) Floersheim, J, des Prat., nov. 1897.
— 583 -
D'après M. Denigès, le borate de soude est préférable;
mais, peut-être, le bicarbonate [de soude pourrait lui être
avantageusement substitué, car on lui a reconnu des pro-
priétés antiseptiques.
Enfin, le cyanure de mercure n'étant pas plus toxique
que le sublimé, étant tout aussi antiseptique que lui et
sans causticité, les chirurgiens pourraient peut-être se
servir utilement de cette solution cyanurée, dans les
applications du sublimé.
Pharmacio.
Sur la proportion de sucre contenue dans les fleurs de
bouillon blanc; par M. A. Schneegans (1). — Les recher-
ches de l'auteur avaient pour objet de contrôler des ana-
lyses déjà anciennes de Kebling, d'après lesquelles les
fleurs de bouillon blanc renfermeraient 11 p. 100 de
sucre.
Les fleurs furent d'abord desséchées à 100*» et perdirent
ainsi 10 p. 100 d'eau. Elles furent ensuite traitées, à plu-
sieurs reprises, par l'eau bouillante. Après précipitation
des matières albuminoïdes par l'acétate de plomb et éli-
mination du plomb en excès par le carbonate de soude, on
fit le dosage du sucre à l'aide de la liqueur de Fehling.
Schneegans a trouvé, en moyenne, 10,4 p. 100 de sucre
réducteur.
Les fleurs de bouillon blanc renferment en outre de
petites quantités de sucre de canne.
Si on les épuise par Téther, on obtient 1,5 p. 100 d'un
extrait constitué par de la graisse, un peu d'acides gras
libres et des traces d'une huile essentielle.
Dans les semences, se trouve, à l'état de traces, une
substance basique précipitant avec les réactifs ordinaires
des alcaloïdes. L'étude de cette substance reste à faire.
Em. B.
(i) Joum. d. Pharm. r. EU, Lotkr.^ p. 17, 1898; d'après Ap. Zeitung,
p. 77, 1898.
— 584 —
Sur de nouvelles moisissures donnant de l'acide citri-
que; par M. C. Wehmer (1). — Wehmer a publié,
comme on sait, dès 1893, d'intéressantes observations
sur deux moisissures {Citromyces) qui, se développant
dans des milieux sucrés, produisent de l'acide citrique.
Dans un travail récent, il en signale deux autres qui
possèdent la même propriété. L'une est une espèce nou-
velle qu'il nomme Pénicillium luteum; l'autre serait le
Mucor piriformis d'Alfred Fischer.
La première a été trouvée sur des glands moisis ré-
coltés dans les bois. Cultivée dans des solutions conte-
nant de 10 à 15 p. 100 de sucre, elle donne une quantité
d'acide citrique qui ne dépasse pas 2 à 3 p. 100, par cette
raison (jue la moisissure consomme l'acide libre. Celui-ci
est facile à déceler même en petite quantité, car son sel
de chaux présente des caractères microscopiques très
nets; il cristallise en aiguilles groupées à la façon des
raphides. L'auteur pense même que les raphides que
l'on rencontre dans les tissus végétaux, et qu'on consi-
dère généralement comme de l'oxalate de chaux, peuvent
être du citrate de chaux.
Le Pénicillium luteum est encore intéressant en ce sens
qu'il donne naissance à trois matières colorantes; une
verte dans les conidies, une jaune citron sous forme de
granulations résineuses dans les hyphes, et une matière
rouge sang qui colore le liquide de culture.
La seconde moisissure, le Mucor piriformis, qui pro-
duit plus d'acide, se rencontre fréquemment sur les
taches de pourriture des fruits trop mûrs. Lorsqu'on la
cultive sur du riz cuit, on constate quïl se forme, outre
l'acide, un produit à odeur éthérée.
La production d'acides par les moisissures n'est pas
très répandue. Jusqu'ici, on n'a signalé que les acides
citrique et oxalique. La production des acides malique et
tartrique, acides que l'on rencontre cependant dans le
(1) Chem. Zeitung, 1897, p.. 1022; d'après PAarm. CentralhalU, XXXIX,
p. 67, 1898.
— 585 —
suc de beaucoup de plantes, n'a pas encore été observée.
Em. B.
Sur la préparation de Feau chloroformée ; par M. M.
Mansier (1). — L'eau chloroformée est, depuis quelques
années, journellement prescrite, mais une formule offi-
cielle, qui permette de la préparer d'une façon uniforme,
manque encore. Plusieurs praticiens s'en sont déjà préoc-
cupés, et les avis sont partagés.
Les uns (M. P. Vigier), la veulent saturée; les autres
(M. Yvon), la veulent titrée à l/i50«. Enfin, Dorvault et
M. Serée la préfèrent à 1/200'.
L'auteur a d'abord étudié la solubilité du chloroforme
dans l'eau, et il s'est assuré qu'elle varie en raison
inverse de la température, le maximum de solubilité
étant vers 0*.
Pour se rendre compte de la teneur exacte en chloro-
forme des solutions employées, il a cherché un réactif
quantitatif. L'addition des acides minéraux ou orga-
niques augmente d'une façon appréciable la solubilité
du chloroforme dans l'eau ; la potasse ou la soude, par
contre, devaient la diminuer. Il a trouvé dans le carbonate
de potasse la sensibilité désirée; la solution de ce sel
dans son poids d'eau distillée permet de comparer entre
eux des liquides, même très dilués, par la simple obser-
vation de la teinte lactescente, indicé de la sursaturation
du nouveau milieu obtenu.
A 12*, pour arriver à la teinte déterminée par la préci-
pitation du chloroforme en très fines goutelettes :
2<* d'eau chloroformée saturée ont exigé i/10 de cent, cube de réactif potassique.
h 0^,80 p. 100»'
- 2/10
0"%70 —
— 3/10
0»',60 —
- 5/10
0<",50 -
- 6/fO
Oi',40 -
~ 9/10
0»',30 -
— !«•
4
(1) CommauicaUoa faite k la Société do Gaaaat dans la séance du 5 avril.
J<mm. d* Pkarm. tt d* Chim., 9' StMB, t. VII. (15 juin 1898.) 38
Fï'ygrvî
*- 586 —
- Dans tous ces essais, le mélange de l'eau et du réactif
a été fait avec un grand soin, pour ne pas déterminer la
volatilisation d'une partie du chloroforme.
L'eau chloroformée, quel que soit son titre, est extrê-
mement instable. Ainsi, une solution à 0«%80 de chlo-
roforme pour 1.000**, placée dans un flacon bouché, aux
deux tiers plein, à la température de 12* à 14', n'en
renfermait plus, quinze jours après, que 0'',40 (sans que
le flacon ait été agité). Une solution de 0«',80, placée
dans un flacon trois fois plus grand que ne le deman-
dait son volume, ne titrait que 0«',60 après quelques
violentes secousses.
Une eau chloroformée, saturée à une température quel-
conque, cesse de l'être (quoique étant en contact avec un
excès de chloroforme), si l'on vient à déboucher le flacon
pendant quelques instants. Il est indispensable d'agiter
de nouveau pour rétablir la saturation.
On peut obtenir facilement une eau saturée, par une
agitation rapide de quelques minutes, sans être obligé
de la prolonger pendant plusieurs joure, comme on Ta
proposé.
La quantité de vapeur de chloroforme nécessaire pour
saturer l'air étant connue, il est facile de donner à l'eau
chloroformée un titre exact. La dissolution peut commo-
dément s'effectuer dans un flacon plein aux 9/10. L'emploi
de la chaleur doit être évité ; il semble, en effet, lorsqu'on
opère à une température un peu inférieure au point d'é-
bullition du chloroforme, de 40* à 60® par exemple, (jue
la dissolution se trouve rapidement faite , mais on ne
tarde pas, si on maintient le flacon bouché jusqu'à com-
plet refroidissement, à s'apercevoir qu'il n'en est rien.
A la température ordinaire, l'eau dissout une proportion
de chloroforme, sensiblement égale à celle que l'air exige
pour être saturé de sa vapeur. A une température plus
élevée, il n'en est plus de môme, la solubilité du chloro-
forme décroît légèrement, alors que, au contraire, l'air
exige, pour être saturé, une proportion de chloroforme
double et même triple ; il s'en suit que la presque totalité
— 587 —
du chloroforme vaporisé se mélange à l'air chaud pour
se condenser avec le refroidissement à la surface de Teau,
en globules allongés qui ne tardent pas à gagner le fond
du flacon.
M. Mansier estime que, pour avoir un produit toujours
semblable à lui-même, dans toutes les Pharmacies, et
sur lequel les médecins puissent compter, sans avoir à
tenir compte de la température, on doit laisser de côté
la solution saturée qui, dans la pratique, ne le sera certai-
nement pas toujours, et dans tous les cas aura un titre
plus élevé en hiver qu'en été, et qu'on doit donner la pré-
férence à la solution à 0«',50 pour 100 grammes.
Le modu5 faciendi pourrait être :
Chloroforme 4«',dO
Eaa disUUée SOO"
Placez, dans un flacon d'un litre, l'eau, puis le chloro-
forme (qui aura été pesé dans un flacon de petite capacité)
et agitez jusqu'à disparition complète des globules.
10 centigrammes de chloroforme étant attribués à la
saturation de l'air du flacon, cette solution renferme sen-
siblement 0«%50 de chloroforme pour 100 grammes.
L'eau chloroformée sera conservée dans des flacons
complètement pleins et dont les dimensions varieront
avec le débit présumé.
Analyse complète d'une salive dans on cas de sialoirhée ;
par M. G. Denigès (1). — M. E. Gérard, de Toulouse, a
publié récemment (2) les résultats qu'il a obtenus dans
Texamen chimique de la salive, dans un cas de sialor-
rhée chez un épileptique.
Ainsi que le fait remarquer ce chimiste, les travaux
publiés jusqu'ici, concernant l'analyse de la salive dans
certains cas pathologiques, sont assez peu nombreux pour
qu'il y ait intérêt à recueillir siur ce point de nouvelles
(f) Bulltt. de ta Soc de Phann.jie Borrieaur^ nars 1898.
^^2) Joum. de Phamu et de Chim,, 1* janvier 1893». -
lîfc^
1}
— 588 —
observations en les dirigeant dans un sens à peu pi'ès
identique pour fournir des données utiles.
Ayant eu, ces jours derniers, Toccasion d'examiner une
salive émise abondamment par un épileptique dans une
période de crise, il en a fait l'analyse dont les résultats
sont très rapprochés de ceux de M. Gérard.
Dans le tableau suivant, il met en regard les chiffres
de M. Gérard et les siens :
Nature Analyse Analyse
des déterminations. personnelle. de M. E. Gérard.
Densité à + 15« 1,003 1,003
Extrait sec 6»' 65 7«' 85
Sels fixes 485 480
Cblorarcs (en ClNa) 3 10 Non dosés.
Carbonates (en GO^Na^). . . 1 32 0 318
Phosphates (en P0^Na*H). . 0 34 Non dosés.
Sulfocyanates (en CSAxK). . 0 074 Non dosés.
Matières organiques 1 80 3 05
Substances précipilables par
ralcool 160 230
Pouvoir saccharifiant (en mal-
tose) 0 57 0 60
Essai du sirop de framboises; par M. Riegel (1). — La
couleur du sirop dilué de 3 à 4 volumes ne doit pas être
modifiée par addition d'une solution d'iode; ce réactif
décolore le suc de myrtilles. En agitant 10** de sirop
dilué de son volume d'eau avec une pincée de magnésie
calcinée, on obtient un précipité gris clair, et le liquide
filtré, coloré en vert, rougit par SO*H* dilué. Ce liquide
se colore en brun par addition de chlorure ferrique,
tandis qu'une coloration violette indique la présence
d'acide salicylique. L'acide benzoïque employé comme
conservateur produit un trouble ou même un précipité
de teinte Isabelle. Le précipité est bleu grisâtre, si le suc
de framboises contient du suc de cerises. Un brin de
laine, chauffé dans une capsule de porcelaine avec lO** de
(1) Joum, de Pharm. de Liège^ mai 1897, p. 151; d'après Pharm.
ZeU.y 1897, p. 247, ;•
— 589 —
suc dilué de 2 à 3 volumes et acidifié par l'aciie lartri-
que, ne doit pas être coloré après plusieurs lavages à
Teau ; les colorants dérivés de l'aniline se fixent, au con-
traire, sur la laine et ne peuvent être enlevés par lavage.
L'auteur propose les méthodes suivantes pour la re-
cherche du sirop de fécule et de l'alcool :
En présence du sirop de fécule, il se forme un préci-
pité par addition de nitrate de baryte, tandis que le sirop
de framboises dilué ne donne qu'une faible opalescence.
On recherche le sirop de fécule par le dosage du sucre
réducteur avant et après inversion. On polarise après
inversion et après fermentation pour voir si le liquide
est dextrogyre. Pour faire fermenter, on ajoute à 100^*^ de
sirop dilué (1 : 5) 10*^* HCl dilué; on chauffe une heure au
bain-marie; on neutralise exactement, et on ajoute un
peu de levure pressée et exempte d'amidon. Quand la
fermentation a cessé, on ajoute 1/10 de volume d'acétate
basique de plomb et 2/10 de carbonate de' soude; on
agite; on clarifie avec le talc, et on polarise. Si le liquide
est dextrogyre, c'est que le sirop renfermait du sirop de
fécule.
On constate la présence de l'alcool par distillation ; on
ajoute à une partie du liquide distillé quelques gouttes de
solution d'iode, puis une quantité de soude caustique
diluée telle que le liquide reste coloré en jaune. En pré-
sence de l'alcool, il se forme un notable dépôt d'iodo-
forme ; on détermine alors le poids spécifique du distillât.
L'addition d'essence de fruits est décelée par l'odeur du
liquide distillé.
D'après l'auteur, la recherche des matières colorantes
dans le sirop de framboises par l'alcool amylique ne
donne pas de résultats concluants, car on trouve dans le
commerce des colorants « framboise » qui ne sont pas
enlevés par l'alcool amylique.
Pigments hépatiques chez les Vertébrés; par MM. A.
Dastre et N. Floresco (1). — La teinte fauve que présente
(i) Ac, d. «c, CXXVI, 1421, 25 avril 1898.
— 590 —
le foie débarrassé du sang par une injection de solution
physiologique de sel (Na Cl 7 à 9 p. 100) est due à deux
sortes de ferments ; les uns aqueux, un autre soluble dans
le choro forme.
On peut s'assurer, en comparant les résultats de la
digestion papaïnique, de la digestion gastrique et de la
macération alcaline du tissu du foie, que le pigment
aqueux est un mélange de deux parties : une partie prin-
cipale, constituée par un composé ferrugineux nouveau
que les auteurs appellent ferrine^ et une partie accessoire
formée de nucléo^albuminoides ferrugineux connus.
Ces pigments sont solubles dans l'eau légèrement alca-
linisée par le carbonate de soude, et dans la liqueur
neutre de la digestion papaïnique. Ils sont insolubles
dans l'alcool et le chloroforme. Leur couleur varie dans
la gamme du jaune au rouge, suivant la concentration.
Ils sont retenus par le charbon animal sur lequel on les
filtre.
Ils contiennent à peu près tout le fer du foie.
La ferrine s'obtient intégralement par la digestion
papaïnique du foie frais. C'est un composé organo-mélal-
lique très voisin de la ferratine de Marfori et Schmiede-
berg, mais s'en distinguant en ce que le fer y est moins
dissimulé que dans celle-ci. Les réactions avec le ferro-
cyanure de potassium et le sulfhydrate d'ammoniaque
sont plus rapides à s'y produire. La ferrine est une com-
binaison encore plus voisine que la ferratine de la forme
saline ou minérale du fer ; elle contient de l'hydrate fer-
rique combiné à un albuminoïde ayant les caractères des
protéoses. Elle est plus facilement soluble dans les acides
que la ferratine ; elle s'en distingue encore en ce qu'elle
décompose instantanément l'eau oxygénée et en ce que,
lorsqu'elle a été préalablement chauffée à l'ébullitioD,
elle possède sur le sang un pouvoir, anticoagulant remar-
quable.
Examiné au spectroscope, le pigment aqueux ferru-
gineux donne un spectre continu, sans bandes d'absorp-
tion, qui s'éteint seulement aux deux extrémités rouge et
— 591 —
violette. Ses trois traits distinctifs sont, en résumé : la
solubilité, la richesse en fer, le spectre continu.
Le second pigment est soluble dans le chloroforme,
moins soluble dans l'alcool; il est peu soluble dans
l'éther, insoluble dans l'eau. Intermédiaire, par ses carac-
tères, aux lipochromes et aux pigments biliaires, les au-
teurs le nomment choléchrome. Sa couleur est jaune
rouge; son spectre d'absorption est de même sans
bandes. Son peu de solubilité dans Téther le rapproche
des pigments biliaires. Les procédés d'oxydation et de
déshydratation le poussent au rouge et non-^oint vers le
bleu ou le vert ; les procédés de réduction le ramènent à
l'état initial.
Les deux catégories .de pigments, très différentes à
tous égards, qui donnent au foie des Vertébrés sa teinte
n'ont donc en commun que le caractère de la couleur
(gamme jaune rouge dans les deux cas) et l'analogie des
spectres d'absorption, sans bandes et présentant seule-
deux plages sombres vers les deux extrémités, particuliè-
rement vers le rouge.
Chimie.
Récapitulation des poids atomiq^ios calculés par la mé-
thode des densités limites; par M. Daniel Berthelot (1).
— Les calculs de l'auteur conduisent à cette conclusion,
que l'hypothèse d'Avogadro, d'après laquelle : volumes
égaux de tous les gaz renferment même nombre de molé-
cules, est une loi limite qui se vérifie exactement pour
de très faibles pressions. Par suite, les poids molécu-
laires des gaz sont proportionnels à leurs densités limites.
Ces densités limites s'obtiennent en multipliant les den-
sités normales (c'est-à-dire prises à 0* et sous la pression
atmosphérique) par le facteur 1 — t qui représente l'écart
de la compressibilité du gaz par rapport à celle d'un gaz
parfait entre 0'»" et 1"»'» (2).
(i) Ac. d. êc.y CXXVI, 1501, 23 mai 1898.
(S) Dans le cas où la compressibilité du gaz n'a pas été étudiée expérimen-
talement, il suffit de connaître ses constantes critiques pour calculer i -* c
d'une manière approchée, comme il a été montré pour Targon.
rri^^Tsra
— 592 —
On obtient ainsi les poids atomiques :
0. H. C. Az s. Cl. Ar.
16 1,0074 12,005 14,005 32,046 35,479 39,882
Celle méthode purement physique pour la détermina-
tion des poids atomiques rivalise de précision avec les
méthodes chimiques dans les cas où celles-ci sont directes
(synthèse d'un composé oxygéné tel que H*0, CO*,
P*0', etc.). Elle l'emporte sur elles dans les cas (Cl, S,
Az, etc.) où elles sont indirectes.
Action de Tacide nitrique sur Taluminium; par M. T.-E.
Stillman (1). — L'aluminium est attaqué assez facilement
par l'acide azotique à condition que le métal soit pris en
lames très minces. Les résultats ol)tenus dans ces condi-
tions avec de l'aluminium titrant 99, 6 p. 100 et 100 fois
son poids d'acide ont été :
Densité Durée Proportion
Température. de l'acide. de l'allaquc. d'Al. dissous.
20» 1.15 7 jours 94.2
20 1.35 7 — 89.0
20 1.46 7 — 12.0
100 1.15 20 minutes 100.0
100 1.35 30 — 100.0
100 1.46 2 heures 100.0
Le métal en feuilles épaisses est lentement attaqué à
chaud et ne l'est pour ainsi dire pas à froid.
MM. Lunge et Schmidt ont indiqué déjà l'action de
Tacide azotique sur l'aluminium.
Sur riodure de glucinium; par M. P. Lebeau (2). —
Pour préparer facilement cet iodure, on dispose un tube
de verre de Boliéme de 20™" ou 22"*'" de diamètre sur une
petite grille à analyse. Ce tuhe doit avoir une longueur
égale à deux fois celle de la grille. Le carbure de gluci-
nium pulvérisé (5«'' à 6«'') est placé dans une nacelle de
porcelaine ou dans le tube même. On fait passer un cou-
(1) Am. chem. Soc, t. XIX.
(2) Ac. d. Se, t. CXXVJ, 1272, 2 mai 1898.
— 593 —
rant de gaz iodhydrique , puis Ton chauffe au rouge
cerise. L'attaque du carbure se produit d'une façon
régulière, l'iodure distille et se condense dans la partie
froide du tube en un feutrage de cristaux.
Lorsque le carbure est bien pur, on obtient de suite un
iodure parfaitement blanc que l'on recueille dans un
récipient rempli de gaz carbonique sec. S'il est coloré en
jaune par une petite quantité d'iodure de fer, il suffit de
le sublimer dans un courant d'acide carbonique sec : l'io-
dure de fer est entraîné dès le début et l'iodure de gluci-
nium se sublime ensuite en très beaux cristaux.
Ce corps répond à la formule GlI? ou G1*P suivant que
l'on prend pour poids atomique du glucinium le nombre
9,08 ou bien 13,8.
L'iodure de glucinium se présente en cristaux incolores
très altérables à l'air humide. Sa densité à 15° est voisine
de 4,20. Il fond vers 510** et se sublime déjà notablement
avant de fondre. Sa température d'ébullition est comprise
entre 585* et 595*.
L'eau réagit violemment sur l'iodure de glucinium en
donnant un iodure hydraté soluble. Cette propriété rend
le maniement de ce corps un peu délicat, la moindre trace
d'eau le décomposant partiellement. Fondu, il est beau-
coup moins altérable.
Il distille dans un courant d'hydrogène sec sans altéra-
tion. Le chlore et le brome le décomposent en donnant
les composés correspondants avec mise en liberté d'iode.
Le fluor l'attaque en produisant des fluorures d'iode et
de glucinium.
Chauffé dans l'oxygène, l'iodure de glucinium prend
feu au-dessous du rouge. Sa vapeur brûle au contact de
l'air. Le soufre le transforme en sulfure fixe au rouge
vif et décomposable par l'eau.
Le sodium réduit l'iodure de glucinium vers -}- 350*; le
potassium et le lithium réagissent aussi avec incandes-
cence vers la même température. Il se forme des iodures
alcalins et du glucinium. Le magnésium donne vers 450*
de l'iodure de magnésium et du glucinium. L'aluminium,
— 594 —
l'argent, le cuivre et le mercure sont sans action au-des-
sous de la température de ramollissement du verre.
Le gaz ammoniac est absorbé à froid très rapidement et
donne une poudre blanche beaucoup moins altérable que
riodure et répondant d'après les analyses à la formule
2 GIP. 3 AzH\ En chauffant légèrement il se produit une
nouvelle absorption d'ammoniac et la substance fond en
un liquide incolore cristallisant par refroidissement. Un
contact prolongé donne également naissance à un corps
plus riche en ammoniac.
L'iodure de glucinium réagit sur un grand nombre de
composés organiques.
Sur les sulfoantimonites alcalins; par M. Pouget (1).
— Sulfoantimonites de sodium. — Sel normal: SbS'Xa*. —
Le sulfure d'antimoine se dissout dans le sulfure de
sodium. Une liqueur, renfermant Sb*S'+3Na*S, évapo-
rée dans le vide sec à la température ambiante, s'oxyde
partiellement et donne une matière noire amorphe et
deux espèces de cristaux incolores, parmi lesquels se
trouve le sulfoantimonite normal SbS'Na*.
On l'obtiendra pur en effectuant la dissolution du sul-
fure ainsi que la concentration et la filtration de la liqueur
dans une atmosphère d'hydrogène. Par refroidissement,
il se forme des aiguilles cristallines, agissant fortement
sur la lumière polarisée. L'analyse conduit à la formule
SbS»Xa» + 9H«0.
Chauffés dans un courant d'hydrogène, ces cristaux ne
se déshydratent complètement qu'à une température su-
périeure à 150*; ils donnent ainsi une poudre rouge. Sous
pression réduite, en présence d'acide sulfurique, la
déshydratation n'est que partielle et en même temps il
y a fixation d'oxygène.
Ce corps, en effet, est très facilement oxydable. Sa
dissolution jaune se transforme très rapidement à l'air en
sulfoanlimoniate qui cristallise en tétraèdres très caracté-
(1) Ac. d. se, CXXYl, i\U, 18 avril 1898.
— 595 —
ristiques. Il suffit de quelques heures pour que la trans-
formation soit complète dans une liqueur un peu concen-
trée. Si Ton concentre la solution, soit dans le vide, soit
à chaud, il se produit, en même temps que le sulfoanti-
moniate, une substance noire de composition
Sb*S»Na' = 2Sb*S» + 3Na*S.
Métasulfoantimonite de sodium. — Le pyrosulfoanti-
monite de potassium s'obtient en évaporant, à froid, une
solution de sulfure de potassium saturée de sulfure d'an-
timoine.
En opérant de même avec le sulfure de sodium, on ne
peut éviter, pendant Tévaporation à froid dans le vide,
l'oxydation de la liqueur, et on obtient uniquement des
cristaux tétraédriques de sulfoantimoniate, sans trace de
pyrosulfoantimonite.
Concentrées à chaud, ces dissolutions se comportent
comme celles de potassium : il y a dédoublement en
orthosulfoantimonite, qui reste dans la liqueur, et en
métasulfoantimonite SbS'Na, qui se précipite sous
forme d'une poudre noire.
Les dissolutions étendues, évaporées dans le vide,
laissent déposer de petits cristaux rouges, en même
temps que des cristaux tétraédriques, dont on les sépare
facilement par lixiviation. Ces cristaux constituent un
sulfoantimonite plus condensé Sb*S'Na* + 2 H*0, ana-
logue à celui qu'avait obtenu M. Ditte, dans des condi-
tions identiques avec le sulfure de potassium
Sb*S'K* + 3n'0.
Sulfoantimonites d'ammonium, — L'action du sulfure
d'ammonium est différente de celle des sulfures de
sodium et de potassium.
Lorsqu'on traite à froid le sulfure d'antimoine par une
dissolution concentrée de sulfure d'ammonium, en pro-
portion telle que la composition du mélange soit
Sb«S'-t-3[Azn*ps,
— 596 —
la dissolution n'est que partielle ; le résidu se transforme
rapidement en une masse volumineuse de petits cristaux
jaune verdâtre.
La dissolution qui surnage ces cristaux contient du
sulfoantimonite normal : SbS'(Azn*)'; il précipite par
addition d'alcool en une poudre blanche cristalline,
soluble dans l'eau, s'altérant facilement en dégageant du
sulfure d'ammonium.
Les cristaux jaunes constituent le métasulfoantimonite,
SbS*AzH*, insoluble. On ne peut le dessécher sans qu'il
s'altère : il se transforme, soit à l'air libre, soit par l'ac-
tion de la chaleur, soit encore par un excès d'eau, en
petits cristaux rouges de formule Sb*S'[Az H*]'. Ces der-
niers sont stables ; ils se formeront seuls si, au lieu
d'opérer la dissolution du sulfure d'antimoine à froid, on
l'effectue à chaud, ou bien si l'on se sert d'une dissolution
étendue de sulfure d'ammonium (moins de 0""'*,15 par
litre).
Analyse des eaux de Châtel-Guyon ; par M. Magnier
DE LA Source.
COMPOSITION ÉLÉMENTAIRE t E L'EAU DE CHATEL-GUTON.
{Analyse pour un litre d'eau minérale).
Acide carbonique 2«',918
Chlore . 2«%1593
Acide sulfurique 0«%3516
Acide phosphoriqae Traces.
Acide borique Traces.
Acide arsénique Traces.
Silice 0»',iia8
Sodium 0«%9035
Magnésium 0>%3950
Calcium O'seSiS
Polassium 0»%0990
Lithium 0>%0(«0
Fer 0",0li8
\ Aluminium Traces.
— 597 —
GROUPEMENT HYPOTHÉTIQUE DE L'EAU DE CHATBL-GCYON
{Analyse pour un litre d'eau minérale).
Gaz acide carbonique libre I«'yll20
Chlorure de magnésium 1«',5630
Chlorure de sodium 1»',6330
Bicarbonate de calcium 2"%1769
Bicarbonate de sodium 0>',9550
Bicarbonate de fer 0»',0685
Bicarbonate de lithium 0^,0194
Bicarbonate de potassium (K',2538
Sulfate de chaux 0>',4990
Silice 0«%1108
Ar:ienic Traces.
Acide phosphorique Traces.
Acide borique Traces.
Alumine Traces.
Total 8«",3014
Les alcaloïdes, les leucomaïnes et les ptomaînes [Étude
historique et chimico-légale) ; par M. Louis Huart, phar-
macien (1).
PARALLÈLE ENTRE LES PTOMAÏNES
ET LES PRINCIPAUX ALCALOÏDES VÉGÉTAUX (Extrait) [suite).
Strychnine, — Plusieurs ptomaînes donnent des réac-
tions assez semblables à celles de la strychnine. On a vu
des experts se tromper et conclure à la présence de la
strychnine, alors qu'ils n'avaient, en réalité, retiré qu'une
ptomaïne.
La strychnine présente des réactions de coloration, et
des phénomènes physiologiques : l'ensemble de ces carac-
tères est tellement spécifique, qu'il rend toute confusion
impossible.
Parmi les bases cadavériques assimilées à la strychnine,
les unes donnent une coloration violacée avec le bichro-
mate de potasse; d'autres ont une action tétanisante. Mais
jamais la même ptomaïne n'a présenté simultanément les
(1) Joum, de Pharm. et de Chim, [6], VU, 428. Annal, de pharm, de
liOuvain.
j-r^'ïï^
— 598 —
deux phénomènes ; jamais non plus, une ptomaîne puri-
fiée n'a fourni la réaction chromatique avec la même net-
teté, la même rapidité que la strychnine.
Cette base possède encore les réactions suivantes :
1) Oxyde de cérium : coloration violette.
2) Réactif de Mandelin (sulfovanadate) : coloration vio-
lette intense, devenant rouge par addition d'eau et de
potasse.
Tout récemment, M. Bruylants a trouvé une nouvelle ré-
action caractéristique (encore inédite), destinée à devenir
classique. L'acide iodique, employé dans certaines condi-
tions, forme la base de ce réactif, qui donne avec la stry-
chnine une coloration lilas persistante,
La strychnine se trouve dans les seuls résidus alcalins
du pétrole ou de la benzine. De plus, il est aujourd'hui
bien établi que ce toxique se localise dans le foie exclusi-
vement.
Dans toute analyse chimico-légale , Tessai chimique
doit toujours être accompagné de Texpérimentation phy-
siologique, lorsque l'alcaloïde identifié possède une action
spécifique constante sur l'organisme. — La conclusion
ne peut être affirmative, que si les deux épreuves sont
concordantes. Si l'une des deux fait défaut, l'expert doit
s'abstenir.
Si donc la substance extraite des viscères est de la
strychnine, elle donnera, après purification, la coloration
violette, tant avec le bichromate qu'avec l'oxyde de
cérium, et de plus, elle provoquera des contractions téta-
nisantes bien marquées.
Les tracés myographiques seront notés et conservés
(comme pièce à conviction) au moyen des appareils enre-
gistreurs de M. Marey.
Brucine. — La brucine se retrouve dans le résidu de la
solution alcaline de benzine.
Elle se colore en rouge intense sous l'action de l'acide
azotique-.
Un grand nombre de ptomaïnes donnent avec le même
acide nitrique, une coloration jaune ou orangée; mais
j
— 599 —
cette teinte ne peut être comparée avec la vivacité, Téclat
de la coloration rouge fournie par la brucine.
L'expérimentation physiologique devra corroborer l'es-
sai chimique. Les contractions tétaniques n'ont pas, il est
vrai, la violence observée avec la strychnine ; mais elles
ont cependant, unies à Fessai chimique, une valeur carac-
téristique réelle.
Morphine, — Selmi a appris à ne pas la confondre avec
les ptomaïnes.
Réaction de Huseman. — Elle est caractéristique, mais
nécessite une quantité suffisante de substance. C'est une
erreur de croire que l'action prolongée de la chaleur soit
nécessaire. Au contraire les résultats sont faussés, 2 à
3 minutes de chauflFe suffisent.
Perchlorure de fer, — Les ptomaïnes n'ont jamais donné
de coloration bleue avec ce produit qui constitue un réac-
tif caractéristique ; mais il doit être neutre et de densité
déterminée; de plus une morphine très pure est néces-
saire.
Réactif de Schneider-Arnold (morphine et sucre). — Les
ptomaïnes n'agissent pas.
Sulfosélénite d'ammoniaque, — Ce réactif n'a aucune
valeur, au point de vue de l'identification, mais lorsque la
réaction obtenue concorde avec les autres, son importance
est réelle.
Atropine. — L'atropine est isolée par la solution alca-
line de benzine.
Zuelzer et Sonnenschein ont découvert dans les muscles
putréfiés, une base analogue à l'atropine et qu'ils dénom-
mèrent ptomatropine.
On éliminera la ptomat)*opine à l'aide des dissolvants :
cette substance est isolée par l'éther et l'alcool amylique,
tandis que l'atropine reste dans la solution alcaline de
benzine.
Seulement, il y a des complications d'un autre ordre. Il
faut tenir compte de ce fait, qu'avec les alcalis, les acides,
ou encore avec les agents de la putréfaction, l'atropine
peut être transformée en tropine et acide tropiquis.
— 600 —
D'un autre côté, il est incontestable que par évapora-
tion, on peut perdre une partie de la substance qui se
volatilise.
La recherche de l'atropine dans les cadavres, présente
donc des difficultés très sérieuses.
La réaction physiologique est le phénomène le plus
sensible et le plus important. Même avec une goutte d'une
solution d'atropine à 1/130.000, la pupille se dilate d'une
façon marquée.
Aconitine — Il n'existe aucune réaction colorée.
La moindre trace d'aconitine produit des fourmille-
ments dans la face. L'absorption d'une dose assez élevée,
sans cependant être toxique, provoque après quelques
heures une paralysie qui peut persister pendant plusieurs
jours.
Même à la dose de 1/10 de milligr., l'aconitine cristal-
lisée peut parfois produire des effets redoutables. Quel-
ques milligrammes suffisent pour amener la mort.
Une autre constatation importante, c'est que Vaconitine
ne se localise dans aucun organe^ mais se diffuse dans
toutes les parties du corps.
La recherche de l'aconitine est à peu près impossible.
On n'aura quelque vague espoir de la retrouver, que si
les symptômes physiologiques ont pu être constatés avant
la mort. Cette indication permettra au chimiste de faire
directement une analyse spéciale, en prenant les précau-
tions minutieuses que comporte la recherche de cet alca-
loïde.
Vératrine. — Elle reste dans les résidus alcalins du
pétrole ou de la benzine. MM. Brouardel et Boutmy ont
extrait du. cadavre d'un noyé, une ptomaïne donnant, de
même que la vératrine, une coloration rouge, soit avec
l'acide sulfurique, soit avec le réactif de Frôhde. Ces
deux réactifs ne peuvent donc plus servir pour l'identifi-
cation de la vératrine.
Le résidu, mélangé avec six fois son volume de sucre,
puis placé sur une plaque de porcelaine, est additionné
d'acide sulfurique aussi peu que possible. Il se produit
— 601 —
une coloration jaune, virant successivement au vert, au
bleu et enfin au violet sale.
La vératrine exerce une double action sur l'organisme :
Tune est locale et provoque des effets inflammatoires sur
la peau et les muqueuses. L'autre est générale et se
porte sur les terminaisons nerveuses. Elle détermine cliez
la grenouille, un allongement, très marqué, de la courbe
de la contraction musculaire. {A suivre)
Sur la saccharification de ramidon par Famylase du
malt; par M. Henri Pottevin (1). — Les conclusions qui
paraissent se dégager de ses expériences sont :
1* La transformation de Tamidon en maltose est le
résultat de deux opérations distinctes ; l'amidon donne
d'abord de la dextrine qui donne à son tour du maltose.
2* Il n'existe entre les diverses dextrines que des diffé-
rences d'état physique.
3* La gêlatinisation atténue les différences qui existent
naturellement entre les diverses parties du granule
d'amidon, mais ne les fait pas disparaître : les portions les
plus fortement agrégées du granule donnent un empois
plus difficile à dextriniser et une dextrine plus difficile à
convertir en maltose.
Quant on traite l'empois par la diastase, les transfor-
mations marchent avec une inégale rapidité pour les
diverses parties de la masse ; certaines sont à l'état de
maltose alors que d'autres sont encore à l'état de dextrine,
d'autres môme sont à peu près intactes : ces notions
rendent compte des principales particularités de la
saccharification, sans qu'il soit nécessaire de recourir
aux explications compliquées données jusqu'ici à ce
phénomène.
Action des alcalis sur Touabaïne; par M. Arnaud (2). —
Les alcalis, potasse, soude ou baryte, en solutions aqueu-
(1) Institut Pasteur et Ac, d. «c, 12i8, 55 avril 1898.
(2) Ac. d. «c, CXXVI, 4280, 2 mai 4898. - ^
Journ, dt Pkarm, et de Chinu, 6- SÉRIE, t. VII. (15 juin 1898) 39
— 602 —
ses ou alcooliques, n'hydrolysent pas Touabaïne, même à
l'ébuUition; elles donnent naissance à un dérivé d'hy-
dratation formé sans dédoublement et sans qu'il y ait pro-
duction de sucre réducteur. En tube scellé à 140*», la
réaction est absolument identique, même avec des solu-
tions alcalines concentrées.
Le corps ainsi formé est un acide monobasique, qui
décompose les carbonates alcalins ou alcalino-terreux,
qui rougit la teinture de tournesol bleue et qui donne des
sels en général très solubles dans Teau et difficilement
cristallisables.
Pour préparer cet acide, qu'on peut appeler Vacide
ouabaîque, on chauffe pendant 12 heures, à rébuUition,
1 partie d'ouabaïne cristallisée avec 3 parties de stron-
tiane hydratée dissoute dans 10 parties d'eau.
Le produit de la réaction, sursaturé à chaud par le gaz
carbonique, filtré, donne un liquide qui est évaporé dans
le vide, à consistance de sirop, puis versé peu à peu dans
dix fois son volume d'alcool absolu.
Le sel strontique se sépare d'abord en flocons ^blancs
qui deviennent peu à peu microcristallins. Le sel essoré,
dissous dans l'eau, est décomposé par la quantité stricte-
ment nécessaire de SO*H'. Le liquide filtré concentré
dans le vide donne l'acide ouabaïque.
C'est un corps amorphe, blanc jaunâtre et qui ressemble
à de la gomme ; il est très soluble dans l'eau et dans l'al-
cool, qui le dissolvent cependant avec lenteur ; insoluble
dans l'éther. Cet acide fond peu nettement vers 235', en
se décomposant avec émission de gaz à odeur de caramel;
il possède un pouvoir rotatoire lévogyre qui a été déter-
miné pour le sel de baryum. Traité par les acides miné-
raux étendus et bouillants, il s'hydrolyse en donnant du
rhamnose et une résine ayant beaucoup d'analogie avec
celle qui prend naissance dans l'hydrolyse directe de
fouabaïne.
La formule de l'acide ouabaïque C''H*'0*' a été dé-
duite de l'analyse de ses sels. Les ouabaïates de sodium
et de potassium peuvent être obtenus facilement en dis-
— 603 —
solvant 1 molécule d'ouabaïne hydratée dans 10 parties
d'alcool à 97° et en ajoutant à cette dissolution chaude
1 atome de Na ou de K également dissous dans l'alcool ;
le sel se précipite bientôt en microcristaux.
Les ouabaïates alcalins et alcalino-terreux sont très
solubles dans l'eau et ne cristallisent pas par évaporation
de la solution aqueuse, ils sont solubles dans l'alcool
même bouillant.
L'ouabaïate de plomb est très soluble dansTeau, mais le
sous-acétate de plomb précipite les dissolutions d'oua-
baïates ou d'acide ouabaïque en donnant un précipité
blanc volumineux et amorphe, insoluble dans l'eau.
L'acide ouabaïque peut prendre naissance directement
par l'action de l'eau sur l'ouabaïne sans l'intervention des
alcalis
Il suffit de chauffer l'ouabaïne en solution aqueuse, en
tube scellé, à 180°: le liquide devient fortement acide et
contient une notable proportion d'acide ouabaïque.
Note sur la cire d'abeilles en Tunisie, par M. Bertain-
GHAND, directeur de la station agronomique de Tunis.
Résumé. — Les cires de Tunisie ont une composition qui
diffère notablement des cires européennes et, si Ton
adoptait les moyennes fournies jusqu'ici par les auteurs
qui se sont occupés de la question, les cires pures de
Tunisie seraient taxées de fraude. Le rapport entre
l'indice d'éthérification et l'indice d'acidité libre est plus
élevé que pour les cires françaises et anglaises; pour
l'indice d'iode, la moyenne de 8 à 9 ne peut s'appliquer
aux cires de la Régence.
L'auteur signale ces résultats afin de mettre les chi-
mistes en garde contre l'application de moyennes analy-
tiques qui sont exactes pour les cires d'Europe, mais qui
sont, d'après lui, complètement erronées pour les cires
d'origine tunisienne.
— 604 —
Sur la constitution des pétroles de Pensylvanie, de TOhio
et du Canada (Étude de la portion bouillant entre 150 et
220*); par M. Charles F. Mabery (1). — La portion du pë-
trole pensylvanien qui bout entre 150 et 220® est constituée :
Par le décane normal bouillant, de . . . 173 à 174*
— un décane secondaire — ... 183 à 184*
— un undécane — ... 196 à 197*
— un dodécane — ... 214 à 216*
On y trouve aussi des carbures aromatiques (mésîtylène,
cumène, pseudocumène, cymène, isocymène, durène et
isodurène). — La composition du pétrole de VOhio est
sensiblement la môme ; on trouve toutefois une plus
grande quantité de carbures aromatiques d'où une den-
sité plus grande de l'huile minérale, et des produits sul-
furés. — Le pétrole Canadien renferme les mêmes carbures
saturés, et en plus une certaine quantité de naphtènes
C"H»» qui bouillent entre 196 et 214«.
Tannage électrique (2). — A. Procédé Worms et Balé, —
Dans ce procédé, les peaux sont placées dans de grands
tambours en bois possédant un mouvement de rotation
de 9 à 10 tours à la minute. A l'intérieur de ces tam-
bours et suivant les génératrices sont placées des lames
qui constituent un réseau négatif et un réseau positif
qui s'entrecroisent sans jamais se toucher.
Il résulte de la disposition même de l'appareil que
lorsque le tambour est en mouvement, le circuit est
fermé par les peaux et le liquide tannant. Dans ces con-
ditions le tannage est réduit de 24 à 108 heures suivant
les peaux à traiter.
L'action du courant n'est pas bien définie, mais tou-
jours est-il que l'action mécanique et l'action électrique
doivent être simultanées pour donner de bons résultats.
Quant au cuir obtenu, il est d'une qualité équivalente à
celle du cuir obtenu par les anciens procédés.
(1) Am, chem, Joum,, t. XIX, p. 419; 13.6.97,
(2) Revue de Ckim. indust.^ mars 1898.
-— 605 —
B. Procédé Groth{\), — Dans ce procédera cuve est fixe et
les pefiux sont attachées aux bras d'un arbre central qui
tourne dans la cuve contenant les jus tannants. Cette
cuve est traversée par un courant de 1 à 16 volts. Dans
ces conditions le tannage paraît être plus parfait et plus
régulier.
L*acide sulfureux dans les vins; par M. X. Rocques.
— On sait que le soufrage est une pratique employée cou-
ramment dans le commerce pour assainir les futailles et
favoriser la conservation des vins. Dans le Bordelais, où
Ton désire conserver aux vins blancs une certaine dose
de sucre, on soufre ceux-ci à plusieurs reprises pour en
arrêter la fermentation. Enfin, le soufrage a été récem-
ment préconisé pour préserver les vins de la maladie
connue sous le nom de « casse ».
Le rôle de l'acide sulfureux est donc multiple. Il serait
utile d'assigner une limite à la dose de cet antiseptique,
dont l'action physiologique ne doit pas être négligeable,
surtout quand il atteint une proportion exagérée. Il est
vrai qu'on peut objecter à cela que la dose d'acide sulfu-
reux qu'on peut introduire dans le vin est forcément
limitée par l'odeur intense de cet acide, et que le consom-
mateur refuserait certainement un vin qui serait soufré
avec exagération.
Dans certains pays, en Allemagne et Suisse, on a ce-
pendant fixé une limite maxima à la dose d'acide sulfu-
reux qui peut se trouver dans le vin. Cette dose est de
20"*«' par litre pour l'acide sulfureux libre, et de SOO""*'
pour l'acide sulfureux total.
L'acide sulfureux libre est celui qui est directement
décelable dans le vin par la liqueur d'iode; l'acide, sous
cette forme, ne peut être dosé que dans les vins blancs,
car on ne peut effectuer une réaction colorée dans un
milieu fortement coloré lui-même, tel que l'est un vin
rouge.
(1) Ann. de Ch. analyt.
yipà ■igjyg^'^vvUJ
— 606 —
Vins rouges. — On emploie la méthode de la distillation.
Le produit distillé est recueilli dans une liqueur titrée
d'iode ; le dosage de l'iode restant permet de calculer la
quantité d'acide sulfureux contenu dans le vin. On peut
aussi, dans cette liqueur iodée, précipiter, au moyen du
chlorure de baryum, l'acide sulfurique formé par l'oxy-
dation de l'acide sulfureux et peser le sulfate de baryte
produit.
Vins blancs. — Acide sulfureux libre (Procédé Ripper), —
On introduit dans un matras d'environ lOO" de capacité,
à col suffisamment large, 50" de vin, à l'aide d'une pipette
que l'on tient très prés du fond du matras. Puis on ajoute
50" d'acide sulfurique dilué au tiers, un peu de solution
d'amidon, et l'on introduit, aussi rapidement que pos-
sible, de la solution d'iode N/50, en agitant souvent, jus-
qu'à ce que la couleur bleue de l'iodure d'amidon persiste
pendant quelques instants, malgré l'agitation du liquide.
De la quantité employée de solution d'iode, mesurée à
l'aide d'une burette, on obtient la proportion d'acide sul-
fureux libre contenu dans le vin. En multipliant le nom-
bre de centimètres cubes par 12.8, on obtient directe-
ment la teneur en milligrammes par litre.
Acide sulfureux total. — Dans un matras d'environ
200", on introduit 25" de solution de potasse caustique, à
peu prés normale, puis 50" de vin, que l'on laisse couler
lentement de la pipette, dont l'extrémité doit toujours
plonger dans la potasse caustique. On laisse agir la po-
tasse caustique sur le vin pendant quinze minutes ; on
ajoute ensuite 10" d'acide sulfurique dilué au tiers, un
peu de solution d'amidon, puis on titre comme précédem-
ment pour le dosage de l'acide sulfureux libre. Le calcul
est aussi le même. La quantité d'acide sulfureux combiné
s'obtient par soustraction de l'acide sulfureux libre du
total trouvé.
En appliquant cette méthode à des vins français,
M, Rocques a trouvé, dans certains cas, des teneurs en
acide sulfureux assez élevées et supérieures à celles ad-
mises par les chimistes suisses.
-- 607 --
Voici quelques-uns de ces résultats :
Acide sulfureux
en milligr. par litre
libre total
Haut Sauterne 1890. 56 284
— 1893 10 276
Barsac 47 274
Graves 89 352
— 86 256
Pouilly 5 184
Chablis 5 59
— Milly 5 55
— Moutonne 7 72
— — 7 92
On admet, en général, que Tacide sulfureux qui n'est
plus dans le vin à l'état de liberté s'est combiné à l'aldé-
hyde. Or, M. Rocques a eu occasion d'examiner un moût
fortement muté à l'acide sulfureux, qui n'avait pas fer-
menté, et ne renfermant pas trace d'aldéhyde. Ce moût
a donné :
Acide sulfureux total 402 milligr. par litre.
— libre. 200 —
D'autres éléments que l'aldéhyde, le sucre notamment,
peuvent donc se combiner à l'acide sulfureux. Afin de
vérifier ce fait, l'auteur a fait les expériences suivantes :
Expérience A, — Il a ajouté la même dose de solution
aqueuse d'acide sulfureux aux trois liquides suivants :
1* Eau bouillie,
2® Solution de glucose à 150^' par litre.
3* Solution d'aldéhyde à 5 p. 100 dans l'alcool à 90%
250"; eau bouillie, 750".
Ces trois solutions ont été titrées à plusieurs reprises.
Voici les résultats obtenus :
Solution Solution Solution
aqueuse sucrée aldchydique
S 02 s 02 s 02 SO* SOS
Nombre libre
de jours ou total libre total libre total
0 62o»K' 615"8» — 200"5' 610°»'
5 550 375 610-*' traces 590
14 413 324 562 — 530
22 120 220 400 _ 505
—608 -r
Expérience B, — On a ajouté la même dose d'une Solu-
tion de bisulfite de soude à trois solutions renfermant :
1" Eau distillée bouillie seule;
2^ Eau distillée bouillie alcoolisée à 10*;
3** Eau distillée bouillie contenant par litre : 160^
glucose; 6«'' acide tartrique.
L'analyse, faite à plusieurs reprises, a donné :
Eau alcoolisée
Solution
Eau
à iO»
sucrée
Nombre
S0«
S 02
s 08
SOî
de jours
libre ou total libre ou total
libre
total
0
iOO-s'
392»R'
385-«'
385T
2
378
378
225
382
3
362
375
217
—
7
325
362
180
330
16
250
335
140
275
24
110
275
23
117
Expérience C. —
On a préparé
deux
solutions
tenant :
Solution E. Eau distillée bouillie ; .
. . . .
gso'»
con-
Solution aqueuse d'acide sulfureux. . . 10
Solution F. Eau disliliéc bouillie 900
Solution très concentrée de glucose. . . 90
Solution aqueuse d'acide sulfureux ... 10
On a conservé une partie de ces solutions dans un
flafîon plein et bien bouché ; l'autre partie a été placée
dans un flacon à moitié plein seulement, qui a été agité
de temps en temps.
' Le titrage de l'acide sulfureux libre et total a été effec-
tué à des intervalles de temps assez éloignés.
. Voici quels ont été les résultats obtenus pour les fla-
cons dont le liquide était .maintenu au contact de l'air:
Solution aqueuse Solution sucrée
so«
s 02
S0«
Nombre
libre ou total
libre
total
de jours
milligr. par litre
milligr. par
litre
milligr. par litre.
0
649
647
—
1
642
565
645
6
558
477
602
45
272
277
397
^ 609 —
Le titrage opéré, au bout de quarante-cinq jours, sur
les solutions conservées dans les flacons pleins et bien
bouchés, a donné :
808 s 02
libre total
Solution aqueuse 600 600
— sucrée 467 612
Ces expériences montrent :
1** Que Tacide sulfureux ajouté au vin se combine rapi-
dement à l'aldéhyde, et que, sous cette forme, il n'est
plus dosable directement par la liqueur d'iode ;
2° Que l'acide sulfureux se combine partiellement aussi
au sucre. Mais cette combinaison se forme beaucoup
plus lentement ; elle n'est pas intégrale comme celle que
forme l'aldéhyde;
3° Que l'acide sulfureux, combiné, soit à l'aldéhyde,
soit au sucre, disparaît beaucoup moins rapidement que
l'acide sulfureux libre, toutes conditions égales d'ailleurs.
BIBLIOGRAPHIE
Helfenberger Annalen, 1897 (1). — Depuis 1886, la
fabrique de produits chimiques d'IIelfenberg, près de
Dresde, publie chaque année ime brochure dans laquelle
se trouvent relatés les travaux scientifiques effectués
dans son laboratoire de recherches. Cette brochure est
rédigée par Eugen Diéterich, dont le nom est bien connu
des pharmacologues ; et ce qui la rend intéressante pour
les pharmaciens, c'est qu'on y trouve l'exposé de tous
les essais qui ont été faits pour étudier la valeur des
procédés d'analyse des préparations galéniqucs au fur
et à mesure de leur publication.
Le tome XII, ou deuxième de la seconde série se divise
en trois chapitres :
i.'TravaiÀX originaux et résultats d* analyses; 2. Méthode
(i) Berlin, Verlag von Jalius Springer, 1898.
■?^?T?ÎF^
— 610 —
d'essai des préparations pharmaceutiques; 3. Travaux du
laboratoire spécial de radiographie.
Dans le premier chapitre, se trouvent un travail sur les
indices d'acétyle de quelques résines : térébenthine, san-
daraque, résine de gaïac, sangdragon, dammar, copal;
une série de recherches sur Tapplication des nouvelles
méthodes d'analyses des résines à Tessai des baumes de
copahu, de Maracaïbo et de Para, du baume du Pérou,
des benjoin de Sumatra et de Siam, du copal, du styrax
et de la myrrhe ; une note sur la fluorescine et le rouge
de gambir, une autre sur la saponification à froid des
graisses et des huiles, une autre sur l'essai des noix
de kola et de son extrait; enfin un long travail relatif à
l'essai de la cire d'abeille.
Dans le même chapitre sont exposés les résultats des
analyses efi'ectuées au laboratoire pendant Tannée 1897.
Ces analyses se rapportent à des médicaments de la
pharmacopée allemande et de la pharmacopée autri-
chienne ; elles donnent une idée des variations (jue Ton
peut rencontrer dans la composition de ces médicaments.
Ainsi, par exemple, pour les extraits mous de belladone
de la première de ces pharmacopées la proportion d'eau
a varié de 17,55 p. 100 à 23,68 p. 100 et la proportion
d'alcaloïdes de 0,93 à 1,21p. 100.
Dans le second chapitre, nous trouvons les méthodes
d'essai. Ainsi, pour l'essai du baume du Pérou, l'auteur
donne successivement les procédés auxquels il a eu re-
cours pour déterminer l'indice d'acidité, l'indice de sapo-
nification, l'indice éther, la partie insoluble dans l'éther.
le dosage des matières aromatiques et volatiles (cinna-
méine, etc.), le dosage de l'éther résineux et enfin le
poids spécifique.
Dans le troisième chapitre, l'auteur décrit les appa-
reils de radiographie qu'a fait construire la fabrique
d'Helfenberg. Vingt reproductions photographiques ter-
minent le volume. Em. B.
— 611 —
Essai de classification des médicaments chimiques orga-
niques; par M. Edmond Dupuy, professeur à la Faculté
de médecine et de pharmacie de Toulouse (1).
Ce petit livre, résumé de l'étude de ces médicaments
qui a été faite dans le, tome II, fascicule 11 du Cours de
Pharmacie de Tauteur, est un sommaire précis contenant
la formule, la synonymie, l'identification, les caractères de
contrôle, les incompatibilités, les préparations galéni-
ques, des notions sur l'action physiologique et thérapeu-
tique, les modes d'administration, les premiers secours à
donner dans les cas d'empoisonnement.
Annuaire des Eaux minérales, stations climatériques,
sanatoria de France et de VÉtranger, publié par la Gazette
des Eaux (40® année) (2).
Cet Annuaire est ainsi divisé :
Renseignements administratifs, liste des médecins,
statistique.
Nomenclature générale des stations de France : tableaux
de la thermalité, des proportions de chlorure de sodium,
de sulfure de sodium, de fer, d'oyde de lithium.
Stations d'hiver, d'été ; sanatoria; bains de mer.
Sources minérales de l'Étranger.
Indications thérapeutiques; notices descriptives sur
quelques stations.
Les Nouveautés chimiques pour 1898; par M. C. Pou-
lenc, docteur es sciences. — Nouveaux appareils de
laboratoires, méthodes nouvelles de recherches appli-
quées à la science et à l'industrie (3).
Polarisation et saccharimétrie ; par M. Sidersky (4). —
(1) Â.Maloine, 21, rue de rÉcole-de-Médccine, Paris, 1 yol.in-12,80 pages.
(2) Librairie Maloino, 21 place de r£cole-de>Médecine, Paris.
(3) Poulenc frères, boulev. Saint-Germain, 122, Paris; 117 figures dans
le texte.
(4) Collection des aide-mémoire^ scclion de ringénicnr, Gaulbier-Villars.
Masson.
— 612 —
Est divisé on deux parties : la première, théorique et
descriptive, contient un exposé sommaire des propriétés
de la lumière polarisée, du pouvoir rolatoire spécifique,
la description des principaux appareils de polarisation. La
seconde partie est consacrée à l'application des constantes
de rotation dans l'analyse quantitative des diverses ma-
tières sucrées, des alcaloïdes. On y trouvera tous les
détails nécessaires et des tables qui facilitent l'applica-
tion des procédés décrits.
Comptes rendus de rAcadémie des Sciences, 23 mai 1898. — Alb.
Colson : Sur les zones de réaction. — J. Rodriguez Mourelo : Sur les
mélanges phosphorescents formés par le sulfure de strontium. — H, Ia Cha-
lelier et 0. Boudouard : Limites dMnflammabiiité des Tapeurs combustibles.
A. de Gramont : Analyse spectrale des minéraux non conducteurs, en les
exposant^ pulrtTisés et fondus avec un carbonate alcalin, à Tnclion de Tétin-
celle condensée. — G.-F, Jaubert : Synthèse do la safraninc. — A, Mou-
neyrat : Action du chlore en présence du chlorure d'aluminium sur le chloral
anhydre. — Léo Vignon : Dosage de l'acide phosphoriquo dans les super-
phosphates. — M. Nicloux : Sur l'oxyde de carbone contenu normalement
dans le sang,
— 31 mai 1898. — G. Baugé : Action de quelques carbonates sur Tacé-
late chromeux. — G. Charpy : Sur les états d'équilibre du système ter-
naire : plomb, élain, bismuth. — P. Cazeneuve et Moreau : Sur la
diméthylpipérazine et quelques combinaisons phénoliques de celte base. —
Chaleurs de neutralisation de l'acide phénylphosphorique. — A. Collet:
Dérivés halogènes de l'élhylphénylcétono.
SOCIETE DE PHARMACIE DE PARIS
Séance du 1*' juin 1898.
Présidence pe M. Bourquelot, Président.
M. Bourquelot signale une erreur commise dans la
rédaction du procès-verbal de la précédente séance ; en
effet, ce procès-verbal porte l'élection de M. Guillot
coumie membre correspondant national, tandis que l'élec-
tion n'a lieu que dans la séance qui suit la lecture du
rapport, d'après les statuts de la Société.
Le procès-verbal de la précédente séance, mis aux
voix, est adopté.
— 613 —
M. Crinon, à propos du procès-verbal, dit que la 8* sous-
commission de revision du Codex n'a pas fait mention
d'une formule d'élixir de Terpine, préparation qui est
souvent demandée. M. Crinon adressera une formule de
préparation qu'il emploie et qui est une modification de
la formule de M. Vigier.
Présentation. — M. Bocquillon présente à la Société
deux brochures, l'une : Étude analytique des eaux miné-
rales des colonies françaises; l'autre : Étude botanique^
chimique et pharm^acologique du Condurango de Loxa.
M. Bemou présente une brochure : Action nuisible des
eaux séléniteuses du Nord-africain.
Correspondance manuscrite. — Le bureau du troisième
Congrès de chimie appliquée, qui aura lieu à Vienne
en 1898, invite la Société de pharmacie à désigner des
délégués à ce Congrès. La Société désigne MM. Patein
et A. Petit comme délégués.
Correspondance imprimée. — Journal de Pharmacie et
de Chimie (2 exempl.) ; American journal of Pharmacy
(2 exempl.); Pharmaceutical journal (4 exempl.); Bulletin
des travaux de la Société de Pharmacie de Bordeaux;
L'Union pharmaceutique; Bulletin commercial de la P/iar-
macie centrale ; Revue des maladies de la nutrition; But-
letin de la Presse; Intermédiaire de VAfas.
Revision du Codex. — M. Leidié, rapporteur de la
1" sous-commission, donne lecture de son rapport.. Cette
sous -commission, composée de M. Marty, président,
MM. Moissan, Chassaing, Bougarel, Leidié, avait pour
étude les acides et bases inorganiques.
Élections. — On procède aux élections à une place de
membre résidant. Le nombre des votants est de 33 ; ma-
jorité absolue, 17. M. Georges obtient 20 voix, M. Choay
12 voix. M. le président proclame M. Georges élu comme
membre résidant.
On procède à l'élection d'un membre correspondant
national. M. Guillot est élu.
- La séance est levée à quatre heures un quart.
^y^'^^m^^
614 —
SOCIETE DE THERAPEUTIQUE
Séance du 25 mai 1898. — M. Linossier (de Lyon)
envoie une note concernant V action du formol sur la di^
gestion. Ce produit est un des meilleurs antiseptiques
intestinaux; il est également précieux pour assurer la
conservation de certaines substances alimentaires.
M. Linossier a constaté qu'il exerce une influence re-
tardante sur la digestion pancréatique des matières albu-
minoïdes, mais qu'il n'entrave pas sensiblement, aux
doses thérapeutiques, l'action de la salive et du sue gas-
trique.
M. Legrand a traité avec un insuccès complet par Vextrait
de chélidoine une femme atteinte de cancer du sein.
M. Soupault lit une note de M. Mathieu sur le traite-
ment de Vulcère simple de Vestomac, M. Mathieu cite quel-
ques pratiques dangereuses dont M. G. Lyon, dans son
rapport, n'a pas assez signalé les inconvénients; par
exemple, l'emploi de la sonde ou la prescription de per-
chlorure de fer après une hémorrhagie. En pareil cas, la
seule conduite à tenir est la suivante : supprimer toute
alimentation buccale, alimenter le malade par le rectum.
Les lavements alimentaires exigent quelques précau-
tions : le premier jour, on n'injectera que 200 à 300*''
d'eau salée; puis on essaiera d'y ajouter un œuf bien
battu, et peu à peu on remplacera l'eau par du lait.
M. Mathieu se prononce nettement contre l'interven-
tion chirurgicale au moment de l'hémorrhagie ; le siège
de la lésion est souvent impossible à découvrir, et les
résultats sont désastreux.
M. Soupault, en son nom personnel, précise les indica-
tions de l'intervention chirurgicale en cas de sténose
pylorique. Si la sténose pylorique et la stase stomacale
qui en résulte, sont dues à un spasme du pylore, il faut
recourir à la médication interne. Si au contraire la sté-
nose est due à une cicatrice d'ulcère localisé dans la ré-
— 615 —
gion du pylore, le traitement médical est impuissant, le
malade dépérit et la gastro-entérostomie est indiquée.
M. Barbier présente une note sur le traitement médical
de la diphérie. Il recommande les doses élevées de sérum
antiloxique chez les malades fortement intoxiqués, et il
rappelle que l'étendue de la fausse membrane n'est pas
le critérium du degré de l'infection.
Outre les injections de sérum, il est bon de prescrire
les lavages aux antiseptiques faibles et le phénol sulfo-
riciné.
Enfin, il faudrait pouvoir isoler les diphtériques à ma-
nifestations septiques dont le voisinage est, pour les
diphtériques purs, une menace incessante de complica-
tions graves. Ferd. Vicier.
VARIETES .
Classement des Candidats à rinternat de pharmacie de Paris. .
1. Coron. — 2. Sommelet. — 3. Coulon. — 4. Chevalier. — 5 Fort. —
6. Sermant. — 7. Aumasson. — 8. lourton. — .9. Dubat. — 10. Dalleû
— 11. Despré. — 12. Marguery. — 13. Robais. — 14. Lebarbier. —
15. Desforges.— 16. Planchard — 17. Salle. — 18. Delairc. —19. Léger,
— 20. Caplain. — 21. Lcfebvre. — 22. Couronnet. — 23. Esnault. —
24. Guelorget. — 25. Cbampigny. — 26. Hersent. — 27. Cbauvin. —
28. Bardy. — 29. Mauclin. — 30. Morcau. — 31. Fontaine. — 32. Chante-
lou. — 33. Salmon. — 34. Gantelet — 35. Binei. — 36. Moulin. —
37. Langlois. — 38. Laumônier. — 39 Leral. — 40. Bornot. — 41. Lefèvrc.
— 42. Héritier. — 43 Bellay. — 44. Raoux.. — 45. Rolland. — 46. Gallol,
— 47. Perraud. — 48. Bonneau. — 49. Angot. — 50. Vidal. — 51. Ihou-
venin. — 52. Leroux.
FORMULAIRE
Benzoate double de sodium et de caféine (l). — Ce sel est employé
parfois en solution concentrée pour l'usage hypodermique. Pour faciliter la
solubilité du benzoate de soude et do la caféine, l'emploi de la chaleur ei»t
tout indiqué, mais on rencontre un désagrément pendant le refroidissoment
du liquide il se forme souvent un préripité. 11 provient de l'impureté du
benzoate de soude préparé commercialement par la neutralisation d'une solu-
tion chaude de carbonate sodique à l'aide de l'acide benzoïque. De la sorte ^
il reste du carbonate libre que l'on peut reconnaître à Taide d'un acide. Pour
obvier à cet inconvénient, M. Bolla préconise l'addition de quelques centi-
grammes d'acide benzoïque k la solution encore chaude du benzoate sodico-
caféique. De cette façon, le soluté reste limpide pendant un temps indéfini.
{Vj Bolleitino chimico-farmaceuticOy d'après Jowrn. de Pharm. d'Anvers,
— 616
TABLE DES AUTEURS
N. B. — • Les « Renseignembnts », compris entre les deax feuilles de coa-
yertare de chaque livraison, sont indiqués dans les tables qui suiTenL
Les chiffres arabes renvoient aux pages du volume; les chiffres romains,
aux pages des feuillets de « Renseignements ».
Pages
Adrian. — Note sur le salicylale de méihyle 422
Adrian et TriUat. — Sur le dosage des phosphoglycérates. 163, 225
— — Étude de la réaction de l'acide phosphorique sur la gly-
cérine 226
Sur les phosphoglycérates acides 527
Allen. — Nouvelle méthode d'essai de la pepsine 111, 493
André. — Le gaïacyl 324
Antony et Benelli. — Recherche de petites quantités de plomb. 72
Arnaud. — Recherches sur l'ouabaîne 196
— Action des alcalis sur Touabaîne 601
Astmc. — Contribution à l'étude des glycérophosphates 5
Backaus. — Sur la transformation du lait de vache en un lait
semblable au lait de femme 114
Balland. — Semoules et pâtes alimentaires 328
Barbi. — Emploi du carragahcen pour émulsionner l'huile de
foie de morue 66
Bardach. — Sur les causes de la coagulation du lait par la
chaleur 113
BartUé. — Sur le phosphate bicalcique 41
Bechmann. — Nouveaux aperçus sur l'épuration des eaux
d'égout , 560
Belohonbek. — Sur le mode d'action du chloral dans l'orga-
nisme vivant 42a
Belacrou. — La vérification des poids et mesures et les phar-
maciens XV
Benelli. — Voir Antony et Benelli 72
— 617 —
Pages
Bertlielot ( D.). — Points de fusion de l'argent et de l'or. ... 239
— Comparaison des valeurs des poids atomiques de l'hydrogène,
de l'azote et du carbone 543
— Récapitulation des [poids atomiques calculés par la méthode
des densités limites 591
Berthelot (M.). — Actions chimiques exercées par l'effluve élec-
trique 336, 395
— Sur l'absorption de l'oxygène par le pyrogallate de potasse. . 485
Bertainchand. — Note sur la cire d'abeilles en Tunisie 603
Bolton. — Sur les progrès de l'alchimie aux États-Unis. . . . XVII
Bordas, Joalin et Raczkcwskl. — Du dosage de l'acide succi-
nique en présence des acides tarlrique et lactique 417
— et Raczkcwski. — Formules permettant de doser facilement
par la méthode de Duclaux les acides volatils produits dans
une fermentation 479
Bouffard et Semichon. — Contribution à l'élude de l'oxydase
des raisins. Bon utilité dans la vinification 250
Boucrault — Action de l'iode sur l'antipyrine. Application au
dosage de l'antipyrine et au dosage de l'iode 161
Bonrcpielot. — Allocution à la Société de pharmacie 143
— Sur la physiologie du gentianose; son déboublement par les
ferments solubîes 369
— et Hérlssey. — Sur la matière gélatineuse (pectine) de la
racine de gentiane 473
— et Nardln. — Sur la préparation du gentianose 289
Bonrrlllon. — Rapport fait à la Chambre des députés au nom
de la Commission chargée d'examiner la proposition de loi
adoptée par le Sénat, sur l'exercice de la pharmacie 389
Bretean. — Sur la valeur de la teinture de gaïac comme réactif
des agents d'oxydation 569
Brissemoret. — Sur la solubilité de la théobromine dans les
solutions aqueuses des sels à réaction alcaline . 176
Bnclmer et Aapp. — Fermentation alcoolique sans cellules de
levure 26, 81, 86, 128, 187
Bnlsine (A. et P.)- — Production d'acides gras volatils au moyen
des eaux de désuintage des laines 137
— Fabrication de l'huile d'acétone, en particulier de la méthyl-
éthylcétone, au moyeu des eaux de désuintage des laines .... 351
Caries. — L'huile d'olives dans les conserves alimentaires. ... 139
— Recherche et dosage du plomb dans les fers-blancs et dans les
conserves alimentaires 184
— Fraude des vins blancs par le manganèse 416
Gamot. — Sur la séparation et le dosage de l'iode, du brome
et du chlore 237
Journ. de Pkarm. et de Chim., 6' SÉRIE, t. VII. (io juin 4898 ) 40
m-
i^---
— 618 —
Pages
Gansse. — Dosage de Tant! moine par voie volu métrique 118
Ghambers. — Voir Morse et Chambers 121
Ghappelle. — Dosage du carbone urinaire 299
Gharrin, — Les défenses de l'organisme 38
Chasse vant. — Nouvel uréomètre à eau 52
Ghoay. — Sur l'activité des pancréatines 418
Gordler. — Sur le dosage du suc gastrique 248
Gonsln. — Sur quelques dérivés nouveaux de la pyrocaté
chine • 102
— Sur quelques dérivés nouveaux de Tiioroopyrocatéchine .... 23!
Gronsel. — Le vieillissement des eaux-de-vie de fruits V
Gummins. — Formation des antitoxines 347
Daocomo et Blalagulnl. — Sur la cosine 109
Dastre et Floresco. — Les nouveaux pigments biliaires .... 302
Pigments hépatiques chez les vertébrés 589
DeflEusqz. — Sur les impuretés de l'aluminium et de ses
alliages 241
— Sur un iodure de tungstène 551
Deléplne. — Sur l'aldéhydate d'ammoniaque 135
Demoussy. — Sur l'oxydation des ammoniaques composées par
les ferments du sol 256
Denisrés. — Note complémentaire sur^ un nouveau mode de
dosage de la caséine des laits 9
— Diagnose rapide du pigment des sables intestinaux 301
— Nouvelle réaction très sensible et spéciflque de Tacide ci-
trique 487
— Nouveaux procédés pour caractériser l'ammoniaque dans une
atmosphère gazeuse 518
— Analyse complète d'une salive dans un cas de sialorrhée. . . . 587
Dessrres- — Sur la décomposition du chloroforme, du bromo-
forme et du chloral par la potasse aqueuse 35
— et Nicloux. — Sur la décomposition du chloroforme dans
l'organisme 36, 349
Dethan. — Sur l'ipécacuanha strié majeur 375
-~ Sur l'ipécacuanha ondulé. . 532
Dewar. — Sur la liquéfaction de l'hydrogène et de l'hélium. . . 541
Drouln. — Voir Potain et Drouin 495
Itaolaïuc. — Rapport sur les boissons alcooliques 498
Dulière. — L'essence de santal citrin et ses falsifications .... 332
— Dosage du santalol 553
Dayk. — Les huiles essentielles au point de vue chimique et
industriel 74, 123, 190
— L'échaulTement sulfurique appliqué à l'examen des huiles
essentielles 244
— 619 —
Pages
Fabrls. — - Emploi de la coagulation dans les travaux de labo-
ratoire 346
— Détermination de la glycérine dans les vins sucrés 350
Falières. — Titrage des phosphoglycérates 234
— Sur les glycérophosphates de quinine 294
— Note reclitlcative à propos du ti^trage de Tacide phosphoglycérique 467
Flcqnet. — Voir Grimbert et Ficquet 97
Floresco. — Voir Dastre et Floresco 302
Fonses-Diaoon. — Comparaison du gaiacol et de quelques-uns
de ses éthers par leur élimination urinaire 172
François. — Essai de la théobromine 521
GalUeni (Lettre du général) au D' Legrain XXIV
Garlel. — Rapport sur la radiographie et la radioscopie dans les
établissements hospitaliers 330
Gérard (E.). — Examen chimique de la salive dans un cas de
sialorrhée chez un épileptique 12
— Sur les cholestérines des végétaux inférieurs 372
Granoher. — Prophylaxie de la tuberculose 504, 580
Grancrer. — Étude des phosphures métalliques 546
Gréhant. — Le grisoumètre I
Grimbert et Flccpiet. — Sur un nouveau ferment des tartrates,
le Bacillus tartricus 97
Guérln. — Sur la présence constante d'un principe alcaloîdique
dans les vins naturels 323
Gnéronlt. — Disparition de Tempoisonnement saturnin par la
substitution partielle de l'acide métastannique à la potée d'étain
dans le polissage du cristal 434
Gulnochet. — Compte rendu des travaux de la Société de Phar-
macie 149, 201
Halm. — Emploi de l'acétone comme dissolvant 349
Hara. — Sur l'iodure d'amidon 426
Hérlflsey. — Sur le pouvoir rotatoire du chlorhydrate de cocaïne. 59
— Sur la présence de l'émulsine dans les lichens 577
— Voir Bourquelot et Hérissey 473
Rerzfeld. — Sur la chaux vive 441
Hnart. — Les alcaloïdes, les leucomalnes et les ptoma'ines. 428, 597
HacTPiuienqi- — Sur une nouvelle falsiûcation des vins : les vins
blancs fabriqués au permanganate de potasse 321
Hurst. — Dosage du sucre et de l'acide phénique dans les savons. 350
Imbert et Pages. — Étude critique des procédés de dosage vo-
lumétriques des glycérophosphates 378
— 620 —
Pages
JaTllller. — Note sur Thuile de croton 524
Jean (Ferdinand). — Note sur l'analyse du sulfure de sodium
brut 170
— Note sur la séparation et le dosage du plomb, du cuivre et
de l'arsenic 230
Joannls. — Sur l'existence d'un sulfate cuivreux !22
Jofflroy. — Étude expérimentale de l'alcoolisme chronique chez
le chien 178
Joly. — - Recherches sur le phosphore organique 297
Jonlie. — Dosage de l'acidité des urines . . . 116
Jonlln. — Voir Bordas, Joulin et Raczkowski -417
Jolllard. — Encore à propos de la conservation des limonades. 15
Kinspsr. -r Analyse des poudres de réglisse 304
Kokn. — Fabrication et propriétés du carborundum 442
Kraut. — Sur le carbonate de zinc . 73
Kon^-ffjra'we..— Contribution à la chimie des tannins 194
Z«abl»é. — Statistique citée dans un discours au Sénat XIX
Laborde. — Sur l'oxydase du Botryiis cinerea 253
I^aliaclie. — Note sur le tfol (pierre à savon des Arabes) et sur
un procédé pour émulsionner l'huile lourde de houille 57
Lannois. — Voir Linossier et Lannois 435
Lebean. — Sur la préparation des alliages de glucinium. Alliages
de glucinium et de cuivre 240
— Préparation du glucinium par électrolyse 345
— Sur l'iodure de glucinium 592
— Sur le .traitement industriel de l'émeraude au four élec-
trique 550
Ledac. — Sur la composition de l'air en divers lieux et la
densité des gaz. 306
Lemport. — La peplone des amandes douces 427
Leroy. — Le service pharmaceutique militaire à l'étranger. . . 273
Le Roy. — i Recherche de la sciure de bois dans les farines. . . 494
Leys. — Recherche du rocou dans le lait 286
LJebl*echt. — Combinaisons iodées de la caséine 21
Linossier et Lannois.— Sur l'absorption cutanée de l'iode, de
l'iodoforme, "de l'iodure d'éthyle et du salicylate de méthyle. . . 435
Mabery. — Sur la constitution des pétroles de Pensylvanie, de
rOhio et du Canada 604
Macrnler de la Sonrce. — Analyse des eaux de ChâteUGuyen. 596
Malagnlnl/ -^-Voir Daccomo-el Malaguini 109
— 621 —
Page»
Mansler. — Sur la préparation de l'eau chloroformée 585
Martlnand. — Sur la préparation des vins blancs à Taide des
raisins rouges 312
Maria. — Sur la graisse retirée du liquide d'une ascite chy-
leuse 174
— Dosage de la trypsine dans le sang. . 539
Matrot. — Transformation de la sorbite en sorbose par le my-
coderma vini 49
Meyer. — Sur la composition de l'huile de ricin 68
Moissan. — Nouvelle méthode de préparation des carbures par
l'action du carbure de calcium sur les oxydes 70
— Sur les conditions de formation des carbures alcalins, des
carbures alcalino-terreux et du carbure de magnésium 240
Moncoiir. — Du glycérophosphate de quinine 384
Morse et Ghambers. — Sur le dosage du permanganate de po-
tassium 121
Monren. — Revue de chimie organique 258
— Rapport à la Société de pharmacie sur les prix de thèses. . . 2G5
Nardin. — Voir Bourquelot et Nardin 289
Nlolonx. — Dosage chimique de l'oxyde de carbone contenu
dans l'air, même à l'état de traces 343
— Voir Desgrez et Nicloux 36, 349
Œsclmer de Gonlnok. — Sur une oxyptomaïnc 311
Orlof. — Sur la présence de la bélaîne dans la racine de gui-
mauve 108
PaflT^s. — Voir Imbert et Pages 378
Pateln. — De la nature des combinaisons de Tantipyrine avec
les aldéhydes 79
Pechmann. — Sur le diazométhane 258
Phlsallx. — La tyrosine, vaccin chimique du venin de vipère. . 197
Plchard. — Recherche et dosage rapides du manganèse dans
les plantes et les terres végétales par une méthode colorimé-
trique 307
Planchon (G.). — L'enseignement de la pharmacie au Jardin
des Apothicaires 356, 406, 461, 515
Planchon (Louis). — Sur les propriétés toxiques du Diplotaxis
erttcoïdes D. G 16
-^ Sur la fréquence du Pénicillium glaucum Link dans les li-
quides chimiques et pharmaceutiques altérés 537
Poehl. — Effets physiologiques et thérapeutiques de la spermine. 182
— 622 —
Pages
Potain et Dronin. — Sur remploi du chlorure de palladium
pour la recherche dans l'air de très petites quantités d'oxyde de
cnrbone et sur la transformation de ce gaz, à la température
ordinaire, en acide carbonique 495
Poitevin — Sur la sacchariAcation de l'amidon par Tamylase du
malt 601
Foaerot. — Sur les sulfoantimonites alcalins 594
PiLTCkner. — Préparation d'un phosphate ferrique soluble. . . . 342
Hacskowskl. — Voir Bordas et Raczkowski 417, 479
Rapp. — Voir Buchner et Rapp 26, 81, 86, 128, 187
necoura. — Acides chromosulfochromiques. Chromosulfochro-
mates alcalins 185
— Action des sulfites alcalins sur les sels chromiques 446
Renesse. — Huile de foie de morue iodo-ferrée 68
Htban. — Fabrication de la céruse au moyen d'un procédé nou-
viau 484
Rlcbe (Alf.). — Essais des bronzes monétaires 281
— Rapport au Conseil d'hygiène de la Seine, sur la fabrication
du cyanure de potassium 398
— La cirrhose des buveurs et le plâtrage 447, 507
Blegel. — Essai du sirop de framboises 588
Robin. « Dosages volumétriques simultanés de l'acide sulfu-
rir[ue et de la chaux dans les eaux 283
— Méthode de dosage des nitrites dans les eaux 575
Koccpies. — L'acide sulfureux dans les vins 605
Rugfferl. — Voir Tortelli et Ruggeri 444, 519
Saint-Martin (L. de). — Les inhalations de chloroforme déter-
minent-elles la production d'oxyde de carbone dans le sang?.. 292
Sayre. — FalsiÛcation de la rhubarbe 540
Scïbmidt (R.). — Sur la préparation de la tannalbine 24
Schnee^ans. — Sur la proportion de sucre contenue dans les
Meurs de bouillon blanc 583
8chrelber. — Recherche de la kryoflne dans l'urine 62
Schalze. — Sur la présence de glutamine et d'un corps azoté
nouvau, la ricidine, dans les pousses étiolées du ricin 107
Scbayten. — Dosage du mercure dans les dissolutions de ses
îiels 73
Semichon. — Voir BouflTard et Semichon 250
Simon. — Un réactif coloré de l'aldéhyde ordinaire 135
— Réaction colorée nouvelle de la phénylhydrazine 242
8mith. — Action de l'acide nitrique sur le triphénylmétbane. . 347
Btillman. — Action de l'acide nitrique sur l'aluminium ..... 592
— 623 —
Tambach. — Essai de la tannalbine *1]
Telle. — Dosage volumétrique de l'acide sulfurique combiné • . Vl-)
Thoms. — Sur la présence de la choline et de la trigonelline
dans les semences de Slrophanlus et sur la préparation de la
strophantine )'i(l
Tortelli et Rnggerl. — Recherche de Thuile de coton dans les
huiles comestibles 44i, 5Hi
Trabnt. — La mélanose des mandarines TSï
Trlllat. — Voir Adrian et Trillat 103, 225, 226, ,'».*:
Valeur. — Quinones et hydroquinones \s
Vallln. — Nouveaux apen^us sur l'épuration des eaux d'égout. 'jiii)
ViflTler (Ferd). — Rapport sur les thèses présentées à la Société
de pharmacie 1 Ti
Welimer. — Sur de nouvelles moisissures donnant de l'acide
citrique ^f^^
Tvon. — De l'emploi du carbure de calcium pour la prépara-
tion et le contrôle de pureté de l'alcool absolu fm)
— 624 —
TABLE DES INATIÈRES
Pages
Absorption cutanée de l'iode,
etc 435
Académie de médecine. 48, 504
Académie des sciences. . . 142
Acétone comme dissolvant. 349
— (Fabrication de l'huile
d') 138, 351
Acide citrique (Nouvelle ré-
action de 1') 487
— citrique (Moisissures don- t,
nant de 1') 584
— métastannique substitué à
la potée d'étain 433
— nitrique (Action de 1') sur
le triphénylméthane .... 317
— nitrique (Action de V) sur
l'aluminium 592
— phénique dans les savons. 350
— phosphorique ( Réaction
de Y) sur la glycérine. . . 226
— succinique (Dosage de l'). 417
— sulfureux dans les vins. . 605
— sulfurique (Dosage de 1')
combiné 165
— sulfurique (Dosage de 1')
dans les eaux 283
— thymique 191
Acides chromosulfochromi-
ques 185
— gras volatils (Production
d') 137
— tartrique et lactique (Do-
sage de l'acide succinique
en présence des) 417
Pages
Acides volatils (Dosage des)
des fermentations 479
Actions chimiques exercées
par l'eflluve électrique 336, 395
Agar-agar (Gelées à 1'). ... 367
Air (Composition de V) en
divers lieux 306
Alcaloïde dans les vins . . . 323
Alcaloïdes 428, 597
Alchimie aux États-Unis. XVII
Alcool absolu 100
— (Dénaturation de 1"). 138,
351, 352, 471, XX
— (Déceptions du monopole
de 1') en Russie XXI
— (Éclairage par V) VII
— (Influence de 1') sur le
travail musculaire . . . XVIII
Alcooliques (Rapport sur
les boissons) 498, XXiV
Alcoolisme expérimental chez
le chien 178
Aldéhydate d'ammoniaque . 135
Aldéhyde (Réactif coloréde P). 135
Aldéhydes (Combinaisons de
l'antipyrine avec les). ... 79
Aluminium substitué au cui-
vre en électricité. . . . XVIII
— (Impuretés de V) et de ses
alliages 241
— (Action de l'acide nitrique
sur l') 592
Amandes (Peptone des) dou-
ces 427
— 625 —
Pages
Amidon (lodure d') 426
— (Sacchariflcalion de V) . . 601
— (Action de Tanhydride
sulfureux sur V) IV
Ammoniaqne (Procédés pour
caractériser V) dans une at-
mosphère gazeuse. . ; . . . 548
Ammoniaques (Oxydation
des) composées par les fer-
ments du sol 256
Amylase du malt 601
Antifébrine (Microchimie de
1') 127
Antimoine (Dosage de 1'] . . 118
Antipyrine (Action de Tiode
sur 1') 161
— (Combinaisons de 1') avec
les aldéhydes 79
— (Dosage de V) . \ 161
Antitoxines (Formation des). 347
Apothicaires ( L'enseigne -
ment de la pharmacie au
Jardin des). 356, 406, 461, 515
Arabes (Pierre à savon des). 57
Argent (Point de fusion de
l') 239
Arsenic (Séparation et do-
sage du plomb, du cuivre
et de 1') 230
Ascite chyleuse (Liquide
d*une) 174
Aspidiote pernicieux. . . XXIII
Association générale des
Pharmaciens XX
A20te (Poids atomique de 1'). 543
Bacillns tariricus 97
Bétaine dans la guimauve. . 108
Benzoate double de sodium
et de caféine 615
Bibliographie. Annuaire des
eaux minérales 611
— Barella. De V alcoolisme, . 44
— Barillé. Sur le phosphate
bicalcique 41
Pages
— Baucher et Dommergue.
Traité pratique d'analyse
chimique et microbienne des
eaux d'alimeihtation 452
— Becker. Manuel d*électrO'
chimie et d' électrométallur-
gie 564-
— Bocquillon - Limousin.
Formulaire des médica-
ments nouveaux 263
— Crinon. Revue des médi-
caments nouveaux. ..... 503
— Dehérain. Les Plantes de
grande culture 313
— Duclaux. Traité de micro-
biologie 140
— Dupuy. Essai de classifi-
cation des médicaments chi-
miques organiques 611
— F]e\ireni. Manuel pratique
(f analyse chimique appli-
quée à Vexamen des pro-
duits industriels et com-
merciaux 4i
— HelfenbergerAnnalen 1897. 609
— Hugounenq. Précis de chi-
mie physiologique et patho-
logique 40
— Lassa r-Cohn. Die Sœuren
der Bindergalle und der
Menschengalle 563
Praxis der Hamanalyse. 564
— Poulenc. Les nouveautés
chimiques pour 1898. ... 611
— Sidersky. Polarisation et
sacchaHmétrie 611
— Tarif des douanes de
France 264
— Sommaires. 45, 91, 142,
199, 265, 314, 354, 402, 453,
503, 565, 612
Bichromates alcalins (Fabri-
cation des) 308
Biliaires (Pigments) 302
Blanchiment électroly tique. 443
— 626
Page»
Botrytis cinerea ( Oxydase
du). 253
Bomllon blanc (Sucre con-
tenu dans les fleurs de) . . 583
Brome (Dosage du) et sa sé-
paration d*avec le chlore. . 120
— (Séparation et dosage de
Fi ode du) et du chlore. . . 237
Bromoforme (Décomposition
du) par la potasse aqueuse. 35
Bromes (Essais des) moné-
taires 281
Caféine provenant des thés. XI
Gaontchoao à Madagascar. XXIV
Gaptol 65
Carbonate de zinc 73
Carbone (Dosage du) uri-
naire 299
-— (Poids atomique du). . . . 543
Carborundom 442
Carbure de calcium (Action
du) sur les oxydes 70
— de calcium pour la prépa-
ration et le contrôle de pu-
reté de Talcool absolu. . . 100
— de magnésium (Forma-
tion du) 240
Garbures (Préparation des). . 70
— alcalins (Formation des)
et des alcalino-terreux. . . 240
Carragaheen pour émul-
sionner Thuile de foie de
morue 66
Caséine (Combinaisons iodées
de la) 21
— (Dosage de la) des laits. . 9
Cémse (Fabrication de la). . 484
Chambre syndicale des pro-
duits chimiques de Paris. XI
Chàtel-Gnyon (Analyse des
eaux de) 596
Chaux vive 441
— (Dosage de la) dans les
eaux 283
Pages
Chloral (Action du) dans
l'organisme 425
— (Décomposition du) par la
potasse aqueuse 35
Chloralose XIII
Chlore (Brome séparé d'avec
le) 120
— (Séparation et dosage de
Tiode, du brome et du) . . 237
Chlorhydrate de cocaïne. . . 59
Chloroforme (Décomposition
du) par la potasse aqueuse. 35
— (Décomposition du) dans
l'organisme 36, 349
— (Le) produit-il de l'oxyde
de carbone dans le sang? 292
Chloroformée (Préparation de
l'eau) 585
Chlorure de palladium pour
la recherche de l'oxyde de
carbone 495
Cholestérines des végétaux
inférieurs 372
Çholine dans le Strophantus. 400
Chromiqaes (Action des sul-
fites alcalins sur les sels). 446
Chromosulfochromates alca-
lins 185
Cire d'abeilles de Tunisie . . 603
Cirrhose des buveurs et plâ-
trage 447, 507
Coagulation (Emploi de la)
dans les travaux de labo-
ratoire 346
Coca (Dangers des vins de). XXIV
Cocaïne (Chlorhydrate de). . 59
— ( Fabrication de la ) aux
Indes 558
— et sublimé pour ii^ections
hypodermiques ....... 368
Congrès international d'hy-
giène et de démographie de
Madrid XH
Consenres ( Huile d'olives
dans les) 139
627 —
Pages
Conserves (Plomb dans les). 184
Corps de santé militaire. . . VII
Gosine 109
Cristal (Polissage du). . . . 434
Cuivre (Alliages de gluci-
nium et de) 240
•^ (Séparation et dosage du
plomb, du) et de l'arsenic . 230
Guivrenz (Sulfate) 122
Cyanure de mercure (Stérili-
sation des instruments de
chirurgie par le) 582
Cyanure de potassium (Fa-
brication du) 398
Défenses (Les) de l'organisme 38
Dénaturation de l'alcool. 138,
351, 352, 471, XX
Désuintage (Eaux de) des
laines. 137, 351
Diasométhane 258
Diplotazis erucoïdes (Pro-
priétés toxiques du). . . . 16
Doctorat d'université .... 468
Eau (Approvisionnement de
Paris en) II
— chloroformée 585
Eaux (Dosage de l'acide sul-
furique dans les). . . 168, 283
— (Dosage des nitrites dans
les) 575
— ( Température des ) de
l'océan Pacifique du Nord.
XVIII
— de Châlel-Guyon 596
— de désuintage des laines.
137, 351
— d'égout (Épuration des). . 560
Eau- de -vie (Vieillissement
des) de fruits V
Éclairage par l'alcool VII
Électrique (Actions chimi-
ques exercées par l'ef-
nuve). 336, 395
Pages
Électriques (Aluminium
substitué au cuivre dans
les canalisations). . . . XVIII
Électrolytique (Blanchi-
ment) 443
Émeraude (Traitement in-
dustriel de 1') au four élec-
trique 550
Emulsine dans les lichens. . 577
Enseignement de la pharma-
cie au Jardin des Apothi-
caires. . . . 356, 406, 461, 515
Essence de cèdre 194
— de genièvre 193
— de girofle 76
— de persil 126
— de romarin 193
— de Sabine 193
— de sanUl 74, 332» 553
— de sassafras 124
— de thym 190
Essences au point de vue
chimique et industriel. 74,
123, 190
—- (L'échaulTement sulfuri -
que appliqué à l'examen
des) 244
Ëtain (Acide métastannique
substitué à la potée d'). . . 433
Ezalgine (Microchimie de 1'). 127
Exposition internationale des
produits industriels et ali-
mentaires à Prague. ... XI
Farines (Recherche de la
sciure de bois dans les). . . 494
Fer-blanc (Plomb dans le^. . 184
Ferment des tartrates. ... 97
Fermentation alcoolique sans
cellules de levure. 26, 81,
86, 128, 187
Fermentations (Dosage des
acides volatils des). .... 479
Ferments du sol 256
— 628 —
Pages
Ferments solubles ( Dédouble-
ment du gentianose parles^. 369
Fomialaire . . 367, 472, 568, 615
Galac (Teinture de) réactif
des agents d'oxydation . • . 569
Gaiacol (Comparaison du) et
de ses élhers par leur éli-
mination urinaire 172
Gaïacyl 324
Gelées à Tagar-agar 3G7
Gentiane (Matière gélati-
neuse de la racine de). . . 473
Gentianose 289, 369
Glucinium (Alliages de) . . . 240
— (lodure de) 592
— (Préparation du) 315
GItttamine dans le ricin. . . 107
Glycérine (Réaction de
Tacide pbosphorique sur
la) 226
— dans les vins 350
Glycérophospliate de fer
(Vin de) 568
Glycèrophosphates. 5, 163,
225, 234, 320, 378, 467, 527
— de quinine 29i, 384
Graines (Vitalité des) .... VI
Graisse d'une ascite cbyleuse. 174
Grisoumètre I
Guimauve (Bétaïne dans la). 108
Hélium (Liquéfaction del> . 511
Hépatiques (Pigments). ... 589
Homopyrocatéchine (Dérivés
de l'j 231
Huile d'acétone 138, 351
— de croton 524
— de foie de morue (Carra-
gaheen pour émulsionner
1') 66
(Émulsions diverses d'). 67
iodo-ferrée 68
Hnile lourde de houille . . .
— d'olives dans les conser-
ves . . .
— de ricin (Composition de T).
Huiles comestibles ( Huile
de coton dans les). . 444,
— essentielles. V. Essences.
Hydrogène (Liquéfaction de
V)
— (Poids atomique de 1'). . .
Hydrocpiinones
Pages
57
139
68
519
541
543
38
Internat en pharmacie. V,
XVII, 320, 615
Intestinaux (Sables) 301
Iode (Absorption cutanée de
1) 435
— (Action de 1') sur l'anli-
pyrine 161
— (Dosage de 1) 161
— (Extraction industrielle de
1) 549
— (Séparation et dosage de
1'), du brome et du chlore. 237
Iodées (Combinaisons) de la
caséine 21
lodocrol 23
lodoforme (Absorption cu-
tanée de V) 435
lodogallicine 23
lodure d'amidon 426
— d'élhyle (Absorption cu-
tanée de 1') 435
— de glucinium 592
— de tungstène 551
Ipécacuanha strié msjeur. . 375
— ondulé 532
Kryofine dans l'urine. ... 62
Laines (Eaux de désulntage
des) 137, 351
-- 629 —
Pages
Lait (Dosage de la caséine du) 9
— coagulé par la chaleur. . 113
— de" vache transformé en
lait de femme 114
— (Recherche du rocou dans
le). ' 286
Leucomaines 428, 597
Leyure (Fermentation alcoo-
lique sans cellules de). 26,
81, 86, 128, 187
Lichens (Emulsine dans les) 577
Limonades (Conservation
des) 15
Liquide d'une ascite chy-
leuse 174
Liquides {Pénicillium glau-
cum dans les) pharmaceu-
tiques altérés 537
Lt>i sur Texercice de la phar-
macie XV, 389
Malt (Amylase du) 601
Mandarines (Mélanose des). 236
Manganèse (Minerais de). . . III
— dans les plantes et les
terres végétales 307
— (Fraude des vins blancs
par le) 416
Marqnes de fabrique phar-
maceutiques XIII
Médecins militaires VII
Mélanose des mandarines . . 236
Mercure (Dosage du) .... . 73
Mercnrenz (Transformation
des sels) en sels mercuri-
ques 427
Méthacétine ( Microchimie
de la) 127
Méthyléthylcétone 351
Militaire (Corps de santé) . . VII
— (Service pharmaceutique)-
à l'étranger . ; . . ^ ; . . . 273
Ministre du commerce (Ré-
ponse du) à M. Adrian. . . XI
Pages
Moisissures donnant de IV.
cide citrique 584
Monétaires (Essais des
bronzes) 281
Mycoderma vini 49
Naphtol camphré 472
Nécrologie : Dragendorff. . . 453
Nickel (Raffinage du) en Amé-
rique 310
Nitrites (Dosage des) dans
les eaux • 575
Octroi (Solution des contes-
tations avec V) XXI
Or (Point de fusion de 1'). 239
Organisme( Les défenses de V) 38
Ouabalne 196, 601
Oxydase du Botrytis cinerca. 253
— des raisins 2.50
Oxydation des ammoniaques
composés par les ferments
du sol 256
— (Teinture de gaîac, réactif
des agents d') 569
Oxyde de carbone dans le
sang 292
— de carbone contenu dans
l'air : . . . 343, 495
Oxygène (Absorption de V)
parlepyrogallate de potasse 485
Oxyptomaine. . 311
Ozone (Emplois de 1') ... . 544
Pacifique (Température des
eaux de l'Océan) du Nord.
XVIII
Palmarès des prix de TÉcole
de pharmacie de Paris. . 223-
Pancréatines (Activité des). 418
Paris (Approvisionnement de)
en eau Il
-^ 630 —
427
308
121
321
308
Pages
Pâtes alimentaires 328
Pectine de la racine de gen^
tiane 473
Pénicillium glaucumàans les
liquides pharmaceutiques
altérés 537
Pepsine (Essai de la). .111, 493
Peptone des a mandes douces.
Percarbonates alcalins (Fa-
brication des)
Permanganate de potassium
(Dosage du)
— de potasse (Vins blancs
au)
— aicalins (Fabrication des).
Persulfates alcalins (Fabri-
cation des) 308
Pétrole 604. III, XVII
-^ solidiflé VI
Pharmaceutique ( Service )
militaire à |rétranger. ... 273
Pharmacie centrale de France
contre l'octroi et la régie. XXI
— centrale des hôpitaux. Con-
cours XI
— (L'enseignement de la) au
Jardin des Apothicaires,
356, 406, 451,
Phamaciens militaires, 48,
95, 320,
Phénacétine (Microchimie de
la)
Phénylhydraxine (Réaction
colorée de la)
Phosphate ferrique soluble.
Phosphoglycôrates. Voir Gly-
cérophosphates
Phosphore organique ....
Phosphures métalliques. . .
Pigment des sables intesti-
naux
Pigments biliaires 302
— hépatiques des vertébrés. 589
Pipérenal 125
Plâtrage des vins, 169, 447, 507
515
520
127
242
342
297
546
301
591
434
35
Pages
Plomb (Recherche du) . . . 72
— (Séparation et dosage du),
du cuivre et de rarsenic. . 230
^ dans les fers-blancs et les
conserves 184
Poids (Vérification des) et me-
surée XV
— atoml<|ues (Récapitulation
des)
Polissage du cristal
Potasse aqueuse (Décomposi-
tion du chloroforioe, du
bromoforme et du chleral
par la)
Poudres de réglisse 304
Prix décernés aux lauréats
de l'École de pharmacie. . 223
Protargol 63
Ptomalnes 428, 597
Pyrocatéchine (Dérivés de
la) m
Pyrogaliate de potasse (Ab-
sorption de l'oxygène par
le) 485
Quinones 38
Radiographie et radioscopie
dans les hôpitaux 330
Raisins (Oxydase des). ... 250
Rayons Rœntgen et la végé-
tation X
Régie (Solution des contesta-
tions avec la) XXI
Réglisse (Analyse des pou- I
dres de) 304
Rhubarbe ( Falsification de
la). . ' 540
Ricidine dans le ricin. ... 107
Ricin (Glutamine et ricidine |
dans le) 107
Rocou (Recherche du) dans
le lait m
— 631 --
Pages
Rotatoire (Pouvoir) du chlor-
hydrate de cocaïne 59
Sables intestinaux 301
Saccharification de Tamidon. 601
Salicylate de méthyle, 422, 435
Salitannol 25
Salive (Analyse de). ... 12, 587
Sang ^ Oxyde de carbone dans
le) 292
— (Dosage de la trypsine
dans le) 539
SanUlol (Dosage du) 553
Savon (Pierre à) des Arabes. 57
— au sable (Préparation du). IV
Savons (Dosage du sucre et
de Facide phénique dans
les) 350
Semoules 328
Sirop de framboises (Essai du) 588
Société de pharmacie (Compte
rendu des travaux de la),
149, 201
— de pharmacie (Comptes
rendus de la), 91, 217, 315,
402,511, 565, 612
— de pharmacie (Liste des
membres de la) 454
— de pharmacie. Séance an-
nuelle du 5 janvier, 143,
201, 265
— de thérapeutique (Comptes
rendus de la), 46, 93, 221,
271, 318, 364, 413, 518, 566, 614
Sorbiie (Transformation de
la) en sorbose 49
Spécialités ( Réglementation
de la vente des) XIII, XXIII
Spermine 182
Statistique citée par M. Lab-
bé XIX
Stérilisation des instruments
de chirurgie par le cyanure
de mercure 582
Pages
Strophantine ( Préparatior^
de la) 400
Strophantns (Choline et tri-
gonelline dans le) 400
Sublimé et cocaïne pour in-
jections hypodermiques. . 368
Suc gastrique (Dosage du) . 248
Sucre dans les savons. ... 350
— dans les fleurs de bouillon
blanc 583
Sulfate cuivreux 122
Sulfites alcalins (Action des)
sur les sels chromiques. .. 446
Sulfoantimonites alcalins . . 594
Sulfure de sodium (Analyse
du) brut 170
Sulfureux (Action de Tanhy-
dride) sur l'amidon IV
Tannage électrique 604
Tannalbine(Préparationdelaj 24
— (Essai de la) 24
Tannins 194
Tannone 26
Tartrates (Ferment des). . . 97
Terres (Manganèse dans les) 307
Tfol (Pierre à savon des Ara-
bes) 67
Thé (Déchets dei XI
Théobromine (Essai de la). . 521
— (Solubilité de la) 176
Thèses (Catalogue des) de
pharmacie IX
— présentées à la Société de
pharmacie 145, 265
Thymol 191
Trigonelline dans le Siro'
phantus 400
Triphénylméthane ( Action
de l'acide nitrique sur le) 347
Trypsine (Dosage de la) dans
le sang 539
Tuberculose (Prophylaxie de
la) 504, 580
~ 632
Paires
Tnngstâna flodure d^u ... 551
Tyro^ine, vaccin du venin
de vipère . 197
Uréomàtra k e.iu. 52
UriuAlrû iDos^iS^edu carbone) 299
— (CoiTipfiniisfin du galacoi
et dtî ses élhers pur leur
élinnnation) 172
Urine (KryoAne dans V). . . 6Î
Urines (Dasage de r»ridîK<
défi)* 110
Vanille (Prépara Lion de lau 556
Vanillinfl 123
Variétés. . ^8, 95, 142, 2î3,
272, 320, 3G7j 416, 471,520,
568, 61a
Vératrols . 103
Vérification des poids et me-
sures» XV
Tin de phosphoglycérate rïe
fer- 568
Vinifioation. ,,...... 250
Vins (Fsd^iricution des). - . - 321
— (Actfle siilfar*^ux dans le*^) 6Û5
— I Glycérine dans les). - . . 350
— (Plùlrage des). . 169, 447, 507
— ^Principe alealoîdique
dans les), .........* Z"}1
— blancs préparés avec des
FAisUis rouges 312
— blancvi au permanganate
de potasse 321
— Iilanctj (Fraude dei?) par le
luanuranèse. ,...*.... -116
Vipère rt'vi'osi'nej vae^rin du
venJu de). , rj7
Ztsc (Carbonate de) ^ ... - 73
Gravares daiïs le texte, pages 54, ï&3^ 376, 377, 533, h^h.
Le Gérant : G. MASSON.
m['aiNEkl£ I. rUHMAUQH, Itf, KUA RACIJfK, 7 A US.
Jonmal de Pharmacto
N* f. —I— I" Janvier 1898
RENSEIGNEMENTS
L6 Grlsoumètre par M. N. Grôhant. — J'ai beaucoup perfectionné cet instramciit qui a
été inventé par M. Coquillon.
L'oxyde de carbone fait encore plus de victimes que le grisou, d'où Timportancc des recherches
qui m'ont permis de découvrir la loi d'absorption de l'oxyde de carbone par le sang d'un
animal vivant.
J'ai fait respirer pondant une demi -heure à un chien un mélange d'air et d'oxyde de carbone
titré à 1 p. 1.000; 100 litres d'air renfermaient 100 centimètres cubes d'oxyde de carbone pur;
pour préparer ce mélange titré, j'emploie le gazomètre à rainure de M. de Saint-Martin ; on
trouve que 100 centimètres cubes de sang de l'animal qui a respiré pendant une demi-heure,
introduits dans le vide de la pompe à mercure et traités par l'acide acétique qui convertit
l'hémoglobine en hématine, laissent dégager des gaz qui sont analysés au grisoumètre et qui
renferment 5««,5 d'oxyde de carbone.
Si Ton fait respirer à l'animal, le lendemain, un mélange à 1/2.000, on trouve dans 100 cen-
timètres cubes de sang, 2««,7 d'oxyde de carbone; dans un mélange k 1/4.000, 1*',35; dans un
mélange à 1/10.000, 0^,55.
Il y a donc proportionnalité exacte entre le volume d'oxyde de carbone que Ton trouve dans
le sang et celui qui existe dans Tair, mais notre liquide nourricier est un puissant condensateur
d'oxyde de carbone.
Si, au lieu de faire respirer à un animal de l'oxyde de carbone mélangé avec l'air pendant une
demi-heure, on le fait respirer plus longtemps, la proportion de l'oxyde de carbone dans le sang
augmente beaucoup.
Chez un chien qui respirait un mélange à 1/1.000, iOO centimètres cubes de sang ren-
fermaient :
Au bout d'une heure, 8*'',3 d'oxyde de carbone ;
Au bout de deux heures, 10 centimètres cubes;
Au bout de trois heures, 18«»,3.
Cette proportion, de 18" ,3, est déjà très dangereuse; elle serait certainement mortelle chez
l'homme, surtout pendant le sommeil.
Rien n'est plus fréquent que l'empoisonnement des hommes par l'oxyde de carbone.
Ce ne sont pas seulement les pauvres qui se chauffent avec des appareils défectueux dans
lesquels les produits de la combustion, au lieu de se dégager dans la cheminée, refluent par eu
has dans l'air qu'ils respirent, qui sont exposés aux accidents causés par la vapeur de charbon,
c'est-à-dire par l'oxyde de carbone, ce sont aussi les riches.
M. et M"» X., au mois de décembre 1896 ont été pris dans la journée de nausées, de vomisse-
ments, de faiblesse musculaire, de violents maux de tôte; jle médecin appelé diagnostiqua un
empoisonnement aigu par l'oxyde de carbone causé par l'air chaud d'un calorifère de cave, et
il ordonna à ses clients d'aller immédiatement habiter un hôtel du voisinage. Des experts
médecins, des experts architectes furent nommés : un médecin expert me pria d'intervenir et
d'étudier expérimentalement la question.
Je fis allumer le calorifère de cave en demandant d'élever le plus possible la températui*c de
l'air des appartements, et après deux jours de chauffage intense jour et nuit, je tls prendre
au niveau d'une bouche de chaleur, dans un grand sac de caoutchouc, 300 litres d'air que
j'analysai dans mon laboratoire : j'y trouvai trois fois plus d'acide carbonique que dans l'air
pur, un millième environ; mais ayant fait respirer l'air du sac à un chien pendant une demi-
heure, je n'ai pas trouvé dans le sang la moindre trace d'oxyde de carbone.
Ce résultat négatif a fait abandonner toute idée de procès et les choses se sont arrangées
à l'amiable.
Toutefois, un autre accident, survenu chez un médecin de mes amis, et qui ne pouvait être
attribué qu'à un calorifère de cave, m'a fourni un résultat positif : j'ai trouvé au niveau d'une
bouche de chaleur de l'air renfermant 1/2.000 d'oxyde de carbone, proportion qui est loin d'iUre
négligeable.
Une longue série de recherches entreprises sous les auspices du Conseil municipal de Paris,
qui a bien voulu voter en ma faveur une allocation spéciale, ce dont je lui suis ti'ès reconnaissant,
m'a conduit à découvrir un fait important : c'est que la surface extérieure de la fonte portée a»-
rouge décompose l'acide carbonique de l'air ambiant et le réduit en oxyde de carbone; j
installé dans une »alle de mon laboratoire un poêle dit le corps de garde, qaa j^ fait eotoarer
d*un cylindre de tôle muni d'une tubulure supérieure : en faisant passer autour du poêle porté an
rouge un courant d'air chargé d'acide carbonique, j'ai pu empoisonner un animal astreint à
respirer les gaz refroidis, qui est mort avec le sang oxycarboné (1).
il faut donc, à l'aTenir, éviter de chauffer les poêles jusqu'au rouge, ou il faut établir an
dispositif tr'ès simple qui permette de rejeter au dehors l'air qui circule autour des parois ronges.
Voici un résamé des expériences que j'ai faites sur ce gaz :
Un mélange d'acétylène et d'air contenant 40 p. 100 de carbure et 21 p. 100 d'oxygène produit
de l'agitation chez un chien qui le respire; l'animal meurt au bout de 51 minutes; il feal dose
une très forte dose d'acétylène pour empoisonner un animal.
J'ai composé une série de mélanges d'acétylène et d'air que j'ai comparés à des mélanges de
gaz d'éclairage et d'air; l'inflammation avait lieu k l'aide d'un fil de platine porté au ronge :
Acétylène. Air. Acétylène. Gaz. Air. 6a< d'éclairage.
t 1 Brûle, flamme fuligineuse . . 1 1 ne brûle pas.
1 3 Détonation I 2 —
Dépôt de charbon 1 3 détonation.
1 5 Forte détonation 1 5 forte détonation.
1 7 Très forte détonation 1 7 détonation un peu moins forte.
1 9 Tube brisé 1 11 faible détonation.
1 14 Détonation moins forte. ... 1 12 plus d'inflammation.
1 20 Inflammation sans détonation.
1 25 —
ÏA flamme de l'acétylène est très éclairante, il faut protéger les yeux qui sont trop vivement
impressionnés par son éclat.
A propos de l'approvisionnement de Paris en ean (2). — M. A. Gadand , rapporteur
de celte question à la Ghambes des députés, laisse entendre qu'après avoir capté les eauiduLoing
et du Luuain, la ville de Paris se verra bientôt amenée à réclamer Toxpropriation d'autres sources.
OU ira*t-elle porter son choix? Sera-ce sur le Loiret ou sur quelque autre cours d'ean? On ne
sait; mais ce qui semble certain, c'est que si Ton continue à appliquer le aystème des pe^
paquets^ toutes les vallées dans un rayon grandissant autour de Paris, seront successivement
desséchées pour alimenter d'eau la capitale.
- Mv-Ged^ud dit cependant qu'il a été question de puiser 17 millions de mètres cubes d'esnpu:
jour dans le lac de NeuchAtel ; mais la dépense de 300 à 400 millions lai paraît trop élevée.
Cependant il oublie de parler de la quantité de force utilisable à Paris et sur le |tarcours qae
donnerait ce travail.
Ce n'est cependant pas une quantité négligeable.
La différence de niveau entre le lac de Neuchâtcl et la Seine k Paris est de 404 mètres. Pour
17 millions de mètres cubes, cela donne 6.868 milliards de kilogrammètres ou 1.059.000 eheviui-
vapeur disponibles.
Kn admettant une perte de force de 25 p. 100, il resterait encore 791.000 chevaux utilisablf^^.
Si l'on doit se servir pour l'alimentation de Paris du quart des 17 millions de mètres cubes.
soit 4.250.000 mètres cubes ou sept à huit fois sa consommation actuelle et qu'on les mette d^ns
des réservoirs à 100 mètres au-dessus du niveau de la Seine, il resterait encore 741000 chewM-
Connue le cheval-vapeur exige pour sa production environ an kilogramme de charbon p»
heure, ou 24 par jour, et que ce charbon coûte 15 francs les 1.000 kilogranimea, on tron^erait
donc \k une force équivalente à celle que produiraient 6.491.160 tonnes de charbon parsn. ou
97.367.400 francs.
Quoique les turbines hydrauliques exigent pour leur installation et leur entretien bien nioias
de frais que les machines à vapeur, vous jugerez que je compte trop sur des clients disposés s
user d'une si grande force.
Diminuez des trois quarts si vous le voulez le prix du cheval • vapeur , cela ferait encore
24.300.000 francs par an, ce qui est bien plus que suffisant pour amortir les frais de premier
établissement.
On procurerait ainsi aux industries électriques naissantes la force li bon marché dont elles ont
besoin, et qui leur donnerait un essor considérable.
Je ne compte pas le grand bénéfice que procurerait k la salubrité de Paris le déversement d'not
si énorme quantité d'eau pure, dans la capitale et dans la Seine.
(1) II. Saint«-Claire Deville, le gérerai Morin ont fait, il y a longtemps [déjà, des erpérieaeei eooeltwnt??
de cet ordre. A, ft.
(2) Rev. seùtttif. 1» septembrr. [Extrait-)
Journal Aé Pharmacie
NO 2. — m — 15 Janvier 1808.
RENSEIGNEMENTS
Les minerais de mangaAèse. — D'après, une récente statistique, le poids total de man-
ganèse extrait annuellement dans le monde entier est d'environ 500.000 tonnes. Près de la moitié
de ce total, 240.181 tonnes, viennent de. la. Russie, principalement du Caucase.
Les principaux producteurs qui viennent ensuite .sont l'Allemagne (41.000 tonnes), la France
(30.385 tonnes), le Chili et la Colombie (ensemble 20.900 tonnes), le Japon (16.000 tonnes),
rinde (15.800 tonnes), la Turquie (15.000 tonnes), la Bosnie (12.500 tonnes), enfin la Suède
(3.000 tonnes).
L'Ile de Cuba, dont la partie sud-est est très riche en minerais de manganèse, en a exporté
autrefois jusqu'à 22.000 tonnes. Suivant Geological Survey, Texploilation, presque complète-
ment arrêtée depuis l'insurrection, ne donnait, en 1895, que 1.394 tonnes.
lA prodnctloii da pétrole. — Voici, d'après le Bulletin de statistique et de législation
comparée, quelles sont les quantités qu'on a extraites dans les dernières années des principaux
centres de production. Ces statistiques se rapportent, pour la plupart, à l'année 1895; quelques-
unes seulement ont trait à l'année 1894.
D'après ce travail, la Prusse a produit 1.600 tonnes dont la valeur sur place était estimée
229.000 francs; les autres pays d'Allemagne, 15.400 tonnes estimées 955.000 francs; la Hongrie
(et Croatte-Slavonie), 111,900 tonnes valant 8.066.000 francs; l'Italie, 3.600 tonnes estimées
930.000 francs; les Indes et possessions anglaises en Asie, 41.000 tonnes en 1894; le Japon,
13.000 tonnes en 1853. Le Canada a produit 103.000 tonnes estimées 6.222.000 francs. A côté de
ces pays, la Russie et les États-Unis conservent la supériorité que nous avons déjà signalée. La
production des États-Unis atteint, en 1865, 8.191.000 tonnes évaluées, sur place, à la somme
énorme des 298.841 .000 francs, ce qui met le prix moyen de la tonne à 36 fr. 48. La production
russe, qui était de 4.798.000 tonnes en 1892, est do 4 millions 880 000 tonnes en 1894.
La Russie et surtout les Étals-Unis sont les grands fournisseurs de pétrole du monde. Voici,
pour ce qui concerne la France, comment ses achats se répartissent entre ces deux pays. Si l'on
considère les chiffres du commerce général pour 1896» c'est-à-dire les quantités arrivées, on voit
que la France a reçu, en huiles brutes de pétrole et de schiste (les tableaux des douanes ne font
pas de distinction), de Russie, 34.602.536 kilos et des États-Unis, 239.909.521 kilos. Les quan-
tités d'huiles raffinées et essences de pétrole et de schiste reçues de ces deux pays ont atteint,
en 1896, 44.788 hectolitres pour la Russie et 239.281 hectolitres pour les États-Unis. La Franco
a reçu, en outre de Russie, 33.467.275 kilos d'huiles lourdes et résidus de pétrole et 21 millions
9(52.477 kilos d'autres pays.
Au point de vue de la valeur des quantités livrées à la consommation, on trouve pour les huiles
brutes de pétrole et de schiste, pour l'année 1896, 29.356.328 francs, au lieu de 29.491.044 francs
pour 1895. La valeur des quantités d'huiles raffinées et essences de pétrole et de schiste livrées à
la consommation est bien moindre, elle n'atteint que 4.8-40 772 francs.
La quantité considérable d'huile brute de pétrole introduite en France indique que ropérallon
du raffinage est surtout pratiquée au lieu de consommation, et en effet, bien qu'il existe d'énormes
raffineries de pétrole aux États-Unis, la France en possède un certain nombre. Le raffinage du
pétrole donne le» résultats suivants : l'éther de pétrole ; l'essence minérale- qui sert à l'éclairage,
mais qu'on ne peut employer que dans les lampes à éponge, en raison du danger que présente-
rait la présence d'une certaine quantité de ce liquide dans la lampe ; l'huile lampante appelp-^
Tulgairement pétrole; l'huile lourde; la paraffine; des goudrons; du coke de pétrole; et enf^i
— IV —
la vaseline, substance molle et onctuease, aujourd'hui aussi connue que la paraffine el fort
employée k des usages très divers.
Préparation du savon an sable (i). — Le savon au sable sert an récurage de rèlûn et
du fer-blanc ainsi qu'au nettoyage des tables dé bois, de marbre et enfin à entretenir i l'état de
propreté les éviers, dallages et pierres de foyer. C'est un excellent savon pour tous ceux qui
travaillent au feu, au fer, k la forge, etc., il enlève promptement les maculatures produites par
la suie, sans qu'il puisse avoir d'action sur la peau«
D'après Moride, on le prépare au moyen d'un simple savon d'empàtage en employant :
Huile de coprah 100 kilogrammes.
Lessive de soude éaustique à 22* B 160 ^
Solution de carbonate de potasse à25*B 100 —
Solution de chlorure de potassium à 13* B 400 —
Sel de soude Solvay, 90*/9a* 20 —
Ce savon est mis à sécher, coupé en copeaux, puis fondu avec le moins d'eau possible, dus
une chaudière à double fond, chauffée par la vapeur.
La p&te étant très liquide, on introduit en chaudière du sable blanc fin, et on opère an bras-
sage énergique de la masse à l'aide d'un mélangeur mécanique.
Lorsque l'homogénéité est parfaite, on coule aussitôt dans des moules, où la sotidificatiea
s'opère rapidement.
Le journal < Les corps gr<u induêtrieU » donne d'après le Seifensieder-Zeitung le mode de
préparation suivant : saponifier 100 kilogrammes huile de coco avec 180 kilogrammes de lessive
caustique à 20* B., dès que la cuite est arrivée à clair, couper avec un peu d'eau salée et, siii
pâte est trop molle, ajouter 1 à 2 kilogrammes de carbonate de sodium sec.
~ tTÔilVlIr ia chaudière pendant quelques heures, puis écumer la surface de la cuite et conler en
mise.
Entre temps, peser 60 à 80 kilogrammes de sable fin sec. Pendant qu'un ouvrier ràble le sivon
dans la mise, on y projette par portion le sable et l'on continue k ràbler jusqu'à ce que le savon
commence k se refroidir suffisamment pour qu'il ne soit plus possible de brasser la masse dr
savon.
Action de l'anhydride snlftirenx snr l*amldon. — M. Âlberf Berge a fait, k la sertioa
de chimie biologique de V Association belge des chimistes une communication fort intéressante
relative k l'action de l'anhydride sulfureux sur l'amidon.
Lorsqu'on met de l'amidon sec en présence d'anhydride sulfureux liquéfié k une température
inférieure k 0*, l'amidon s'imprègne uniquement du liquide, mais l'aetion est purement physique,
car l'amidon débarrassé de l'acide est absolument semblable k celui qui n'a pas été soumis à
l'opération.
Mais en élevant la température, soit en opérant en vase clos, soit en faisant passer un eoaraot
de gaz dans la masse d'amidon chauifée, il y a transformation en amidon solnble, puis en dex-
irine, qui est complète entre 135 et 140*. A une température supérieure k 140* le produit jauni-
rait. En ne dépassant pas 115*, il ne se forme que très peu de dextrine et l'amidon se convertit
en amidon soluble. Lorsqu'on opère sur des produits parfaitement privés d'eau, U n'y a jamais
production de glucose; mais il s'en forme en présence de l'humidité.
On sait qu'il est difficile de fabriquer de la dextrine privée de glucose, or, par l'action de l'anhy-
dride sulfureux parfaitement sec sur l'amidon anhydre,' on peut arriver k un résultat industriel.
M. Albert Berge a obtenu de la dextrine ne renfermant que des quantités inférieures k 0,10 p. 100
de glucose en chauffant k 140* de l'amidon anhydre en présence d'acide sulfurenx également
anhydre. Pour réaliser ces conditions, il a d'un côté chauffé l'amidon k 120* pendant six heoreâ.
de l'autre fait passer lentement dans de l'acide sulfurique k 66* le gaz sulfureux provenant d'aa
cylindre d'anhydride liquéfié.
' (1) lier, de Chim, «ndÉttr., S octobre 1897.
N» 3. —V— 1" Févrifi- 1898.
RENSEIGNEMENTS
Concours pour la nomination anx places d'élèves internes en pbarmftcle
vacantes an !•' Juillet 1898 dans les hôpitaux et hospices civils de Paris. —
Le lundi 14 mars 1898, à deux heures précises, il sera ouvert dans l'amphithéftlro île la phar-
macie centrale de l'administration de l'Assistance publique k Paris, quai de la Tourne! Le, 47, un
concours pour la nomination aux places d'élèves internes en pharmacie qui seront vacantes ûan%
les hôpitaux et hospices au l*' juillet 1898.
Les élèves qui désireront prendre part à ce concours seront admis k se faire inscrire au sc<?ré-
tariat général de l'administration, tous les jours, les dimanches et fétcs exceptés, de oiue heures
à trois heures, depuis le mardi l*' février jusqu'au lundi 28 du même mois incIusivciai'nL
IjC vieillissement des eaux->de-vie de firuits; par M. Ed. Crouzel, ex-pré pu in tour rtc la
Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Bordeaux, pharmacien k la Réole (h. — Chacun
sait que l'eau-de-vie provenant de la distillation du jus fermenté des fruits secs (raisins, pommes^
prunes, poires, etc.) acquiert en vieillissant certaines propriétés qui la font rechcrehrr û^%
lïODSommateurs. Ces propriétés sont dues à la formation du bouquet constitué {>ai- dfs élhers
et des huiles essentielles. Les éthers se produisent aux dépens de l'alcool par racliuTi stir r^^luWL
de certains acides volatifs ou fixes, préexistant dans les fruits ou ayant pris naissant)^ pendant ta
fermentation alcoolique. Quant aux éthers tanniques, ils se forment pendant la. fermenUtion et
aussi par suite de l'action sur l'alcool du tannin des futailles.
Je me suis proposé dan s ce travail de déterminer l'action des rayons solaires et de la chaleur
dans les modifications chimiques (vieillissement) qui se produisent dans l'eau-de-vie^
J'ai placé un échantillon d'eau-de-vie à 60* dans un endroit à température peu vanablt: (una
cave) et deux autres échantillons du même liquide dans une cage en fil de fer suspnndite h un
mur exposé au midi; l'un des deux flacons était enveloppe d'un papier opaque inliivcfUunt tes
rayons solaires et l'autre était libre de toute enveloppe. Pour pi*océder au dosage du h^niq^ii^t des
trois flacons, j'ai ramené Teau-de-vie à 10® par addition d'eau distillée. J'ai isolé k h' aquit au
moyen de l'éther sulfurique par Tévaporation spontanée de celui-ci dans un tube gradue du trè^
petit calihre.
J'ai constaté que l'échantillon provenant du flacon exposé à la lumière solaire, sans en^plr^ppe,
renfermait la plus forte proportion du bouquet. L'échantillon du flacon enveloppé et placé dans
les mêmes conditions de température venait après; le flacon de la cave fermait la série d(««eeu*
dante. Les proportions respective étaient i, — 0,9, — 0,65.
Je dois dire, bien que ce moyen d'investigation et d'appréciation soit d'une valeur Uès dlscu*
table, que l'échantillon placé dans une demi-obscurité est le plus agréable. Cette dilTori-nt e i^crn*
blerait témoigner de la violence plus grande des réactions effectuées sous l'action de la chaleur et
de la lumière, mais il n'en est pas moins manifeste que ces derniers agents influent réetlement
sur la production du bouquet.
Ces phénomènes qui, du moins à ma connaissance, n'avaient pas encore été étudiés, pouvaient
être prévus par induction, en s'appuyant sur les faits d'ordre chimique observés déjà dans des
circonstances analoguçs. L'industrie pourrait, je crois, tirer parti de ces observations pour doiiuer
rapidement à l'eau-do-vie les qualités qu'on laissait jusqu'ici au temps le soin de produire, avec,
comme résultat, des capitaux importants immobilisés et une perte très considérable dc^ mali^ri^
par le fait de Tévaporation dans les futailles.
(1) BuU. de la Soe, de Pharm. de Bardtâus.
■ ^ " ---^v^ >•*• ...
Voici un mode opératoire, basé sur les résultats de mes expériences qu'on pourut adopter,
dans la pratique, dans ses grandes lignes, en lui faisant subir les modifications indiquées par 1«
nécessitées industrielles.
Employer des fûts en verre blanc exposés à la lumière solaire, maintenus k une températaw
* voisine de iO", remplis d'eau-de-vio, dans lesquels on aurait introduit, par compression, de lair,
^ ou mieux ilu l'oxygène. Imprimer k ces fûts des mouvements rotatoires rapides au moyen dcméca-
' LiisnuB il p propriés.
I* lie ct-Lk façon les réactions chimiques (étUérisation, oxydation, etc.) produisant le vieillisse-
l inenl, Hiraieiit mises directement sous l'influence des principales causes qui les produisent (chi-
^ leur, rajrjtïïi solaires), mouvement facilitant des contacts réitérés des molécules liquides el de
A. B. — U séjour de l'eau-de-vie dans le bois est indispensable pour obtenir la coloration, U
produdiDri dt's éthers tanniqucs et la dissolution de l'extractif de bois. Mais ce séjour, trop pro-
longe, timinc l'abaissement du degré par déperdition de l'alcool qui entraîne la plus grande parlie
du bouiiina. Dans ce cas et contrairement à ce qu*on admet, en général, il ne reste qu'une sorte
de triiiture de bois presque sans valeur.
Pétrole solidifié. — M. Jos Kohlendorfcr a imaginé le procédé suivant pour transformer les
r^'ïsidus ilo pétrole en un produit solide de manutention facile propre à servir de combustible éco-
uornii^uL". Voici, d'après Gluckauf, comment on le prépare: On fait chauffer k l'abri de l'air ou
* aviic fk k vapeur surchauffée dix parties de lessive de soude et dix parties d'une matière grasse,
par c\i'mplo, du suif, de l'huile de palme, etc., et on y ajoute quatre-vingte parties de pétrole. On
chttutTo pindaut une heure k une température inférieure au point d'ébuUi lion du pétrole; de
t-ranth'^ quantités d'huile volatile sont fixées dans la saponification; après refroidissement, 1»
mJi-^sc A la consistance du suif solide. On peut aussi y incorporer du poussier du charlM)n,des
copeaux, (les balayures. Si l'on désire des produits moins consistants, on remplacera la graisse
]var ilf la réfltne. On obtient ainsi des produits contenant plus de 90 p. 100 de matière combustible
rt uiuiri^ de 5 p. 100 de résidu fixe.
La vitalité des graines (1). — A propos des expériences récentes faites sur la résislaDfc
des i^r^um ;* à l'action des grands froids, M. Brown signale dans Nature deux travaux important^
sur la queiïtion.
Le pieEiiicr, dû k M. Kochs, remonte k 1890; il fut publié dans le Biologisches Centralblatl
et rauleur y établit que des graines séchées, placées pendant plusieurs mois dans le vide d'un
Lube di^ r.cissler, n'émettent pas une quantité d'acide carbonique ou d'azote appréciable par
l'eitaiijeu .^ijectroscopique du contenu du tube, circonstance qui exclut toute idée d'étolation
^'ti^eu'^L' pur « respiration intermoléculaire ».
Le ^L^tîLHïd est une communication de M. Giglioli qui examina des graines de àfedico^o Sahta
placées iluns des conditions déterminées, d'une façon continue pendant une période de plus de
sei^e Luniétiîi et constata qne certaines graines conservaient leur vitalité même dans une attno-
ïiptiLre irazole, de chlore, d'hydrogène, d'hydrogène arsénié ou d'acide nitreux ; la simple immer-
f^lùii piihiiiril la môme période de seize ans, dans l'alcool concentré ou dans une solution alcoo-
Utyim '.U' - lilorure de mercure, laisse un grand nombre de graines susceptibles de germination.
M. r.i-iiali ajoutait d'ailleurs que ses expériences le portaient k croire que la vitalité laten
pouvalL .iatL-r indéfiniment, pourvu que les précautions soient prises pour empêcher tout écban§e
uviC Ut ijiilieu ambiant. «U y a des raisons de croire maintenant, écrivait-il, que la matière
vivaiH' a ^ ul exister dans un état complètement passif, sans aucun changement chimique e
qu'elle |.i ut consener ses propriétés spéciales pendant un temps indéfini, comme c'est le cas ponr
les mini niux et toute la matière inanimée. » M. Giglioli concluait k la possibilité d'une ongict
<!\ti*a-li riesLre de la vie sur la terre par l'intermédiaire de météorites.
Journal de Pharmacie
N* 4. —vu — 15 Février 1898
RENSEIGNEMENTS
Le oorps de santé militaire en France et en Allemagne (i). — La situation du
service de santé militaire en France devient de plus en plus critique.
Depuis 1888, une réduction de trente-quatre médecins a été effectuée sur reffectif des officiers
du corps de santé» alors que le cadre fixé par la loi du 16 mars 1882, et qui n'a jamais été atteint,
serait h peine suffisant pour parer aux exigences du service, tant sur le pied de paix qu'en cas de
mobilisation.
Malgré toutes les promesses faites par les divers ministres de la guerre pour remédier à cette
situation, il n'y sera apporté aucune modification, les ressources budgétaires, paralt-il, ne le per-
mettant pas.
M. Noél, dans le Bulletin médical, montre que si l'on fait peu do cas en France du service ide
santé et de son personnel , de toutes parts, à l'étranger, on s'occupe d'améliorer ce service.
En Angleterre, une délégation constituée par les sommités du corps médical militaire a été auto-
risée à exposer, en baut lieu, les doléances de la corporation.
En Italie, on s'occupe de réorganiser les compagnies de santé.
L'effort le plus considérable vient d'être fait en Allemagne : Teffectif des médecins militaires
sera dorénavant de 1.630 en Prusse, 245 en Bavière, 142 en Saxe, 86 en Wurtemberg; soit un
total de 2.103.
En France, l'effectif théorique des médecins militaires est de 1.300, mais il faut en défalquer
les vacances réglementées par mesure budgétaire parmi les majors de première classe et les prin-
cipaux de première classe.
La comparaison entre les effectifs des médecins, dans ces deux armées, suffit pour juger dans
quelles conditions précaires le service de santé doit fonctionner dans notre pays, surtout si l'on
songe aux prélèvements opérés sur notre corps de santé pour faire face aux besoins des troupes
qui expédition nent dans nos colonies. Elle suffit aussi pour mettre en pleine évidence le parti pris
auquel obéit le ministre en repoussant les demandes de la commission du budget.
Ainsi que le remarque avec raison le Progrès militairey les chefs de l'armée se placent en
France et en Allemagne à des points de vue différents pour apprécier le râle des médecins militaires :
c En Allemagne, on sait, parce que le bon sens l'indique, comme l'expérience l'a démontré, que
le service de santé militaire a pour mission essentielle la conservation des effectifs. En Franco,
on a rbabitude de n'envisager dans le médecin militaire que son rôle de praticien auprès de
l'homme malade, rôle très important assurément, qui nécessite de vastes connaissances, mais rôle
moins essentiel que celui d'hygiéniste toujours à l'affût des causes morbides pouvant amener les
épidémies dans les centres militaires, et surtout pour conseiller, en temps opportun, au comman-
dement, les mesures propres à fortifier les hommes et à prévenir les maladies. »
Si cette situation continue, les garanties de bon fonctionnement que toute famille est en droit
d'exiger quand il s'agit de la santé de ses enfants auront bientôt cessé d'exister dans notre armée^
La qinestlon de l'éclalragre par l'aloool en Allemagn^e (2). — La quantité d'alcool
dénaturé, employée en novembre dernier, s'élève, d'après la statistique officielle allemande, à
79.281 hectolitres. Ce chiffre accuse une nouvelle augmentation due au développement de l'éclai-
rage par l'alcool. Si nous établissons la moyenne générale par mille habitants, nous trouvons
qu'elle ressort à 129 litres; mais, en réalité, la consommation moyenne atteint, dans certaines
régions, le chiffre de 275 litres, tandis qu'elle ne dépasse pas quatre litres dans d'autres parties
de l'Empire. Cet écart souligne les chances d'extension du nouveau débouché.
Les prineipales difficultés que rencontre, en Allemagne, la généralisation de Téclairege par
l'alcool résultent de la cherté relative de ce produit, du manque d'uniformité et de l'instabilité
du prix de vente, et enfin de Tim perfection des nouvelles lampes à alcool.
(1) fietme seietifique, 15 janvier 1898.
(3} La iiitUUrie frmtçaise.
Vlil —
A Berlin, les prix actuels sont de 22 pfennigs pour Talcool à 86* et de 27 pfennigs pour Ttlcool
à 96*. Dans d'autres localités, ces prix varient entre 30 et 60 pfennigs. Cas dilTérences Uenoent,
d'une part, aux frais de transport très élevés en Allemagne, où l'alcool dénaturé est assimilé aai
alcools de consommation. Nous avons parlé, l'année dernière, d'une pétition demandant la rédac-
tion des tarifs de transport ; la question, toujours en suspens, a soulevé depuis de vives protes-
tations dans l'Ouest, où les distillateurs craignent la concurrence de l'alcool de pommes de terre.
Les prix de détail sont aussi influencés par le bénéfice des intermédiaires. Pour réaliser l'anifor-
mité des prix, on a émis, de diiférents côtés, le principe de la vente par l'État de l'aleool
dénaturé.
L'imperfection des lampes actuelles s'explique; elle tient à la nouveauté du proMèoe. Us
constructeurs se chargeront de combler cette lacune. En attendant la solotioB prstiqne, on
cherche à utiliser l'alcool comme matière éclairante, sans le concours des manchons à incaodes-
conce. Des recherches ont été faites récemment sur l'efficacité de certains carbures d'hydrogène
tirés du goudron de houillo, tels que benzine, xylène, cumène, naphtaline. Les résultats forent
négatifs pour l'alcool à faible degré, dans lequel la dissolution de ces produits est incomplète; le
pouvoir éclairant du mélange fut sensiblement Inférieur à celui du pétrole. Dans Talceol k 96',
certaines carbures ont donné d'excellents résultats ; le plus reeommandable parait éUre la beniine
qui, mélangée dans la proportion de 25 p. 100, donne à la lumière un éclat que ne possède pas
la flamme du pétrole. Enfin, ces expériences ont fait ressortir que l'addition à l'alcool de eertains
carbures d'hydrogène réduit la consommation des lampes à incandescence dans la mesare de
26 p. 100. Pour terminer, nous empruntons à la Chemiker Zeiiung un tableau comparatif des
prix de revient des diverses sources de lumière. Nous avons modifié ce tableau en prenant pour
bases les prix pratiqués en France et rapportant le coût de chaque mode d'éclairage à celai des
lampes à alcool.
^'1
h
i ^
par nnité
AOÉB
toUle
paix
de rooité
Npeaie
par
hêwe
m
Gaz d'éclairage, bec pa-
i
pillon
30
339 litres
h. 995
0.065
0.063
Gaz d'éclairage , bec
i 1
rond
20
200 - Il u.aùt= U.OOO
] 5.000 oalorios [
1 m. cube
0.05
O.OTS I
Gaz d'éclairage, bec ré-
générateur. .....
111
406-1 \2.0»
=r0.25
0.101
0.0S7
Oaz d'éclairage, incan-
1
descence
50
100 - '
/ 500
0.025
0.015
Alcool, lampes à incan-
ikiloalcoel=
descence
90
0.067
7.000 c.
318
0.00 le litre
0 034
O.08I
Pétrole, brûleur ordi-
naire
30
0.10TJ
11.000 »
900
050 -
0.053
O.0S3 i
Pétrole, brûleur à in-
candescence. .....
40
0.06
M
550
0.50 —
0 025
0.019 ,
Acétylène
60
36 litres
ikilo=l2.000
534
0.20 0/0 m.
0.072
0.036
Électricité, lampes à
acétylène
incandescence. . . .
16
48 watt
—
41.4
0.750/ooWttt
0.04
0.0T«
Electricité, lampes h arc
eoo
258
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029
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i
Journal de Pharmacie
N« 5. — IX — 1" Mars 18983
CATAI.OGUE DES THÈSES DE PHARMACIE
SOUTENUES EN FRANCE
PENDA:«T L'ANNÉE SCOLAIRE 1896-1897
IV.-B. — Le chiffre romain (I) signifie pharmacien de 1" classe; les lettres (DS), diplôme
supérieur, .r.>^J
I. -^ ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE DE PARIS
nethan (Georges), né à Paris le 3 octobre 1868.
(l) Des Acanthacées médicinales. Paris^ F. Jourdan^ 1896, in^*> de viii-186 pages (26 dé-
cembre 1896, n» 1).
TttMSlIly (Eugène), né à Paris le 5 décembre 1867.
(I) Sur le dosage de la caféine. Paris, Société d'ééiHons scientifiques, 1897, in-i" de 86 pages
.6 mai 1897, n» 2).
I>afaa (Loai»-Émile-René), né à Paris le 12 noTembre 1870.
(I) Sur quelques oxydes doubles cristallisés obtenus à haute température. Paris^ Gauthier^
Villars et fils, 1897, in-4» de iv-32 pages (13 mai 1897, n» 3).
II. ~ ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHARMACIE DE MONTPELLIER
Ponzes-Diaeon (H.), né à Montpellier le 10 avril 1868, chef des travaux de chimie et
de pharmacie à l'École de pharmacie de Montpellier.
(DS) Contribution à l'étude des sels doubles baloîdes. Sels haloTdes doubles de plomb et d'am-
monium. MonipellieTy Gustave Firmin et Montane, 1896, in-4^ de 55 pages (novembre 1896.
DS n« 10).
Boardln (François).
(1; Ombellifères Tireuses et potagères. Anatomie comparée de la feuille. Montpellier, G. Fir-
min et Montant, 1897, in-i"* de 88 pages et 1 tableau (15 janvier 1897, n* 595).
€3€9tte (Jules), né à Marseille.
(I) De Tabsorption de l'alcool perdu pendant les fermentations et du dosage chimique de Talcool.
Montpellier, Serre et Roumégous, 1H97, in-4» de 63 pages (juin 1897, n« 596).
MjutmouramL (Femand).
il) Solubilité dans l'eau des acides de la série oxalique. Montpellier, G. Firmin et Montane^
1897, in-4» de 31 pages et 1 planche (24 juillet 1897, n» 597).
M^ca«flierfl*e ^Jean), né à Montbel (Ariège).
^1) Action de l'acide a.aminobcnzoîque sur la mono et la dichloroquinone. Montpellier, Serve
et Roumégous, 1897, in-4« de 25 pages (29 juillet 1897, n* 598).
m
III. — FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
Cbeylad (Jacques-Marie-Émile), né à Mural (Canlal) le 21 ayril 1869, pharmacien â U
Roche-Chalais (Dordogne).
(1) Histoire de la Corporation des Apothicaires de Bordeaux, de l'enseignement et de l'exercire
de la pharmacie dans cette ville (1355-1802^, d'après des documents inédits. Bordeaux, G Del-
masy 1897, in-8» de 139 pages et 4 planches (23 juillet 1897).
Dapouy (Jacques-Raoul), né à Bordeaux le 22 féTrier 1870.
(DS) Étude des propriétés oxydantes de certains laits et remarques sur remploi de la résine de
gaïac comme réactif des agents d'oxydation. Bordeaux^ G. GounouUhou, 1897, in-^ de 7* pages
(29 juillet 1897).
rV. — FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE LILLE
Domlnlfiae (Êmile-Léon-Joseph), né à Audruicq (Pas-de-Calais), le 25 juin 1858.
(DS) NouYelle méthode d'analyse rapide des eaux potables. Application à Tessai des Eaui
d'Emmcrin. Lille, Liégeois-Six, 1897, in-8* de 42 pa^es (26 juillet 1897).
IjOb rayons Rœntgen et la véir^tation (1). — M. G.-F. Atkinson, de Comell UnÎTer-
sity, a fait une série d'expériences pour se rendre compte de Tinfluence que peuvent exercer ks
rayons Rœntgen sur les phénomènes de la végétation. Le résultat en est intéressant, bien que
principalement négatif.
M*. Atkinson a d'abord voulu voir si les rayons exercent une action nuisible sur le* plantes.
Il a donc exposé un Caladium à l'action des rayons pendant une heure et dix-huit minutes :
~^~!recnn effet nuisible n'a été observé. Mais ce temps d'exposition n*est-il pas un peu court, et tir
pcutril y avoir quelque variabilité dans la résistance selon les espèces?
C'est en partie pour répondre à cette objection qu'on a ensuite fait Texpérience sur de jeune-
plautules, sur des plantes en voie de développement, peu de temps après la germinmtion d-j
graines de blé, avoine, millet, tournesol, radis. Le temps d'exposition fut de dix heures : et auc«r
résultat défavorable ne se manifesta. Des plantes un peu plus âgées, qui avaient poussé dans u&f
rbambre obscure, de sorte qu'elles étaicnts étiolées, résistèrent tout aussi bien à une épreuve d*.
cinq heures de durée. 11 en fut de même pour une fleur de bégonia, exposée pendant cinq beun-5.
à 10 centimètres de distance de Tampoule.
De très jeunes plantes — parfois à peine levées — exposées à l'action des rayons pendant
quarante-cinq heures en cinq jours, manifestèrent quelques troubles dans leur déTeloppemeB^
ultérieur, consistant en un léger retard : elles cessèrent un peu moins vite que les témoias d
présenter les signes d'étiolement dus à ce que la lumière du jour était exclue. Dans une expé>
riencc oii la lumière ne fut pas exclue, on n'observa aucun effet nuisible. On savait déjà que If^
rayons Rœntgen ne produisent point d'héliotropisme ; M. Atkinson a pu constater que ce fait e>l
exact.
Les rayons n'accélèrent pas la croissance des Mucédinées; ils n'exercent aucune influence siît
différentes bactéries chromogènes, ni sur la Bacillus communU; ils n'attirent ni ne repoussent
ceux-ci, dans un milieu où ils peuvent se déplacer.
Nulle influence non plus sur des Oscillariées, ni sur la Scnsitive. Et pourtant, les raji-c*
pénètrent les tissus végétaux, comme il est facile de s'en assurer. U est vrai qu'ils ne sont p3>
arrêtés, ou du moins ils ne le sont qu'en partie.
La conclusion générale est que, dans les conditons du moins oh l'expérience a été faite, \f:-
rayons Rœntgen n'exercent aucune influence sur les phénomènes de la vie végétale. Mais ne
ne prouve qu'avec une action plus longue, on n'observerait pas quelques résaltats positifs.
(J) Rfv.hdeitlif,
Jonrnai de Pharmacie
N« 6. — XI — 15 Mars 1898
RENSEIGNEMENTS
Gonooiim pour la nomliiatlon à la place de sove-clief dee laboratoires de la
Pharmaole centrale des hApltauz et hospices oItUs de Paris. — Un concours
pour la nomination à la place de sons-chef des laboratoires de la Pharmacie centrale des hôpitaux
et hospices cîtîIs de Paris sera ouvert le mercredi 20 ami 1898, à midi, dans Tamphithéitre de
l'Administration générale de l'Assistance publique, aTenne Victoria, 3.
Les personnes qui Tondront concourir devront se fairs inscrire au secrétariat général de
r Administration, depuis le lundi 21 mars jusqu'au samedi 2 avril inclusivement, de onze heures
à trois heures.
Exposition Internationale de produits Industriels et alimentaires, à Praffae,
en 1898. — Cette exposition, qui est la première internationale de ee genre, se tiendnt du 15
au 22 mai de cette année, à Prague, et elle embrassera les produits induatrieb, alimentaires
tels que comestibles, boissons diverses, produits hygiéniques et pharmaceutiques, articles de
sport, et en général les inventions. Le Comité, qui se compose de membres de la munieipslité
de la chambre de commerce, des consuls de Suisse, d'Angleterre, eto«, fait surtout appel à ceux
qui ont des spécialités indigènes pour L'alimentation, L'exposition a, comme caraetère. distinctil,
qu'elle inaugure l'ère des consulats européens dans la capitale de la Bohème. Pour la Fraaee, le
comité a nommé, comme membres d'honneur, M. Ant. Germot, ingénieur, ancien élèvede l'Éeole
centrale, à Levallois-Perret, et M. Julien Derône, pharmacien de l'* classe, à Nuits-Saint-Geoiiges.
Les Intéressés peuvent envoyer leurs adhésions au directeur de l'Exposition, M. Arthur Gobiet, &
Prague-Karlin.
Ghamlire syndicale des produits ol&imiqaes de Paris. — M. Adrien (1) avait fait
remarquer que l'on pourrait fabriquer de la caféine en France, si l'on obtenait que le droit de
douane considérable qui frappe le thé ne fût pas appliqué aux déchets de thé. H. le ministre du
Commerce a répandu ce qui suit. :
Par lettre du 16 décembre 1897, vous vous êtes pourvu auprès de mon Département à l'effet
d'obtenir : 1* que les thés et déchets de thés destinés à la fabrication de la caféine soient appelés
à bénéficier du régime de l'admission temporaire; 2f que la caféine provenant des thés et déchets
de thés admis temporairement puisse, après sa constitution en entrepèt, être livrée à la consom^
matioii sous le payement du droit applicable au produit fabriqué.
Je sois tout: disposé è, mettre à l'étude la demande de la chambre syndicale dos produits chir
miques, et je viens d'entretenir de la question M. le ministre des Finances. Hais, comme vous le
savez, les thés ne figurant pas dans l'énumération limitative des produits admis au bénéfice de
l'admissiou temporaire, qui est inscrite dans l'article 13 de la loi du li janvier 1892, et, au
termes du § 1** du dit article, le bénéfice de l'admission temporaire no peut être accordé ^.
aucune industrie qu'en vertu d'une disposition législative^ après avis da Geinité cousultatif des
aria et manufactures.
On a envoyé de Calcutta les renseignements suivants :
hes déchets de thé consistent en balayures des murs et planchera des factoreries et généraler
ment ne valent pas la. peine d'être ramassés.
(1) Jmr». de Pkerm. et Ck. [6J t. VI. Rsnseignsments^ 1" octobre i897.
— XII —
Il faudrait que nous ayons des ordres formes à pouvoir transmettre aux factoreries pour
qu'elles prennent la peine de recueillir les déchets de thé et de les envoyer à Calcutta.
La valeur la plus approximative est actuellement d'environ Rs. 4 à 8 en sacs par maund de
80 livres, soit 33 fr. les iOO kilos Marseille emballés en caisses.
VMqaû factorerie pourrait recueillir environ 3 ou 4 maunds à la fois, mais, avec des demandes
BMiit fur te», on pourrait obtenir des quantités relativement importantes, à certaines époques de
Où pourrait également se procurer des déchets de thé en achetant les colis avariés par eaa
diïDcc dans le trajet des plantations à Calcutta; on pourrait parfois en trouver une forte quantité.
Lu m a le 11 an dise est alors en caisse, et le séchage qu'elle nécessite occasionne quelques frais.
U séchage au soleil est suffisant et nous pourrions le faire sur les toits de nos magasins.
Les frais de séchage varieraient suivant les circonstances.
Nous vous envoyons un type de thé avarié et desséché, tel qu'il pourrait intéresser vos amis.
Nous vous envoyons également un échantillon, marqué c Tea dust A », de poussière de thé de
qualiié très bonne qui, nous le pensons, remplirait très bien le but de vos amis.
CgL échantillon vaut 7 à 8 Rs. par maund, soit 44 fr. les 100 kilos MarseiUe; mais malheu-
reusement m ne peut s'en procurer qu'une faible quantité.
Nûus \m pouvons pas, pour le moment, vous procurer d'échantillons de t déchets de thé >,
mais on nous dit que tous les lots contiennent des matières étrangères.
Les courtiers ne veulent Jamais garantir de réassortir exactement un échantillon de poussière
de thé, déchet de thé, ou tlié desséché. Us s'engageraient seulement à procurer une qualité à peo
près équivalente.
L'érhanLiUon marqué c ordinary dust » (poussière ordinaire) coûterait maintenant 69 fr. les
100 kiks Marseille, et celui marqué c common dust » 48 fr. les 100 kilos. Nous ne pouvoiu
pah vu us indiquer aujourd'hui la valeur des échantillons marqués c tea dust À » et c Water
damaged lea dust B ».
Nou^ vous envoyons un échantillon de déchet de thé coûtant environ 35 fr. les 100 kilos
MaraeMlu,
CongrèB International d'hyg^léne et de démogrraphle de Madrid. — Le IX* cod-
grès inL^rriûlional d'hygiène et de démographie se tiendra cette année à Madrid, du 10 au 17 avril.
Ic^ mé^l^cins, les architectes, les ingénieurs, les statisticiens et tous ceux qui, par leurs études et
leurs roncLiuus, s'intéressent aux questions d'hygiène, de salubrité et de démographie, sont invités
à y ptvn^r*^ part.
Lu congrès d'hygiène de Madrid est placé sous le patronage de S. M. le roi Alphonse Uli et
de S. M. Ja ri'ine régente. Il sera présidé par S. E. M. le ministre de l'intérieur.
Pour Hn membre du congrès, il faut adresser à M. le sénateur J>' Amalio Gimeno, secrétaire
géiiéral eu comité d'organisation (ministère de l'intérieur, Madrid), une demande accompagnée du
moiUunL de la cotisation, qui est de i5 pesetas (environ 20 fr.). Envoyer cette somme sous foroH
d'uT) ctitr^uu sur le Crédit lyonnais k l'ordre de M. Pablo Ruis de Yelasco, président de U
obamhrc d^ commerce de Madrid et trésorier du comité d'organisation. Il sera délivré aux con*
grcssifites un bulletin d'identité.
Le Gortgrcs ost divisé en dix sections pour l'hygiène, et trois sections pour la démographie. U|
membres du congrès qui désirent faire des communications doivent en envoyer soit le texte, soi
un sommai ro analytique, avec leurs conclusions, avant le 15 mars. .
En même temps que le congrès, sera inaugurée une exposition internationale d'hygiène et 4
déTI]0K1'^l'îli4^ dont la durée sera de trois mois. Les demandes d'admission doivent être adressé^
à M. le ir Amalio Gimeno, avec la mention de ce que l'on désire exposer et avec l'indication^
Te m pi aee m uni jugé nécessaire.
Los t^oTn^aagnies de chemins de fer espagnols ont accordé un rabais de 80 p. 100 sur les d
des ÏAtih urdinaires aux congressistes et à leurs familles; le même rabais a été consenti pf
le tran^iioi'L des objets destinés à l'exposition. Le comité français fait en ce moment les démard
tié4:esetaird5 pour obtenir de semblables avantages des compagnies françaises.
Journal de Pharmacie j^^^^^^^^^H
N" 7. — XIII — I" Avril 1898.
RENSEIGNEMENTS I
Réirlementatlon de la vente dee spécialités. — Nos lecleurâ savent que rAssoniatiûn ]
générale a fait tous ses efforts pour amener les spécialistes à prendre dçs mesurer contre L*atîlis-J
sèment du prix des spécialités. ._ i
Ces efforts sont sur le point d'aboutir au résultat désiré. ^
Les spécialistes avaient demandé que 5.000 pharmaciens adhérassent en principe à U réforme
projetée.
Ce nombre d'adhésions avant été obtenu, chaque pharmacien Ta V4:c-i^voir les el1gllgl^mcnts
signés par les spécialistes adhérents à la combinaison et qui sont déjà nu immbri» de 51,
Les pharmaciens auront à leur retourner un engagement analogue avant In l" mai et la mise
en vigueur de Tarrangement convenu commencerait le 1*' juillet prochain.
Nous avons la conviction que l'adhésion sans réticences de la majorité des pharmacie&s
permettrait de mettre un terme à ces rabais déplorables sur le prix m«ri]ué, qui nVtaienl qu'un
moven de lutte entre confrères et supprimaient tout bénéfice sur une partifi toujoui^ croissante
de la vente dans les officines.
Nous publions les noms des 51 spécialistes adhérents afin de permettre k nos lecteurs de juger
de l'importance de leurs maisons :
Allié et C»v — Angendre. — Bailly et C". — Blancard et C *. — Blotlière. ^
Bocqmllon. — Bretonnean. — Catillon. — Gayaillés. — ChasBeTant. — Gognet.
— Coirre. — Comar et fils. — Deglos. — Dehant et C '. -- Debniéres, —
Dethan. — Dupny. — Duriez. — Engéne Foormer. — Le D^ G. Fouruier. —
Frandin. — Freyssinge. — Fumonse frères. — Panl Gage. ^ GigoE. —
Girard et C**. — Gnérin Delangrenier. — Hondé. — Joubert. -* Lachartre.
— Leprince. — Logeais. — Midy. — Montagn. — Mousnier. — Naad. —
Nitot. — Pantanberge. — Petit. — Polaillon. — A. Roy. — Th Roy* —
Sabatier. — Sicre. — Snran. — Swann. — Troncin-Leroy. — Trouetta. —
Vanthier-Marcq. — Labélonye.
Nous publions un jugement très intéressant relatif aux marques dt^ hhriquc i>n matière
pharmaceutique.
On verra que la Cour d'appel a décidé que le nom sous lequel un produit miidicacnenteux a
été porté à la connaissance du public et qui est devenu son nom usuel ne puut fuire Tobjet d'unie
propriété privative et constituer une marque de fabrique conformément à la loi de 1B57,
Dans notre prochain numéro, nous donnerons un autre jugement relatif k la dénotniii&tjuii
c Salol » dont le Cour d'appel a ordonné la radiation comme marque de fabrique.
COUR D'APPEL, Cour de Paris (£• ch). Présidence de M. Hareî, prêêident,
{Audience du 8 février 1898.)
MARQUES DE FABRIQUE. — REMÈDE NOUVEAU. — DÉNOMINATION NÊCE!J>SAIRR KHPRLNTÊE A LA
SUBSTANCE MÊME. — ABSENCE DE PROPRIÉTÉ EXCLUSIVE. — H CULOKALOSe ».
La découverte d*un remède nouveau ne peut donner lieu à um cxplùiifition ^selusive,
garantie par un brevet d'invention; il n'est pas permis d'éluder cette loi d'intéréi
public par un moyen détourné en cherchant à s'abriter sous la proitclion accordée
aux marques de fabrique.
Sans doutCf celui qui se livre plus spécialement à la fabrication d\m remède peut prendre
comme marque de fabrique une dénomination de fantaisie afin d'empêcher ta confusion
des produits de sa fabrication avec les produits similaires de ses coiteurrert£s^ mais te
nom donné par Vinventeur à un corps nouveau doué de propriétés thérapeutiques
s'incorpore avec lui et devient une désignation nécessaire alors fju'il ne s'en offre pas
à V esprit d^ autre plus simple ou plus naturelle et que ce nom, tùin d'être purement
arbitraire, est emprunté à ta substance qui fait^ Vêlement principal et actif du remède:
dans ces circonstances y la propriété du nom équivaudrait à la propriété de la chose
elle-même.
La Cour,
Considérant qu'à la fin de l'année 1892, les docteurs Henriol et RitheL aut découvert les
propriétés thérapeutiques d'un produit résultant de la combinaison du choral et du glucose;
— XIV —
Qu'ils cuuunuuiqucroQl leur dûcouvcrlc à rAcadcmie des sciences par une note lue à la séance
du i) janvier 1893, dans laquelle on remaraue les passages suitants : < Nous ayons obtcoa
d'excellonts résultats avec un corps qui résulte de la combinaison du chloral avec le glucose
unhydroglucochloral que nous proposons d'appeler c Ghloralose »; ce corps avait déjà été indiqué
par M. Heffer, qui en avait décrit quelques propriétés, mais qui ne l'ayant sans doat« pas
ubtoQu à Pétat de pureté suffisante, l'avait considéré comme très toxique... Les propriétés
physiologiques du chloralose sont très intéressantes, car c'est une substance qui a deni effets
qui jniraissont contradictoires; elle est bypnotique et elle augmente l'excitabilité de la moelle
éi»iiu«'re » ;
(lousidorant que Bain et Fournier, chimistes qui avaient aidé les inventeurs dans leurs mani*
pulaliuiis, ont, avec leur assentiment et à la date du 27 décembre 1892, fait le dépdt d'une
marque de fabrique consistant seulement dans la dénomination de Chloralose;
CoMï^idèrant que, quelques mois plus tard. Petit, pharmacien, a mis en vente un article
indiqué sur les prospectus sous le nom de c Chloralose v, accompagné des mots c glaco-
chloral )) ;
Quo Bain et Fournier ont* assigné Petit devant le tribunal civil de la Seine pour loi faire
inleivlirc l'usage absolu du mol Chloraloso et môme de la mention c gluco-cbloral > synonyme
a chloralose » ;
Que cette demande a été accueillie par un jugement qui ne saurait être confirmé;
(.0 II sidérant que la découverte d'un remède nouveau ne peut donner lieu à une oxploitation
exclusive, garantie par un brevet d'invention ; qu'il n'est pas permis d'éluder cette loi d'inlértl
]iublic par un moyen détourné en cherchant à s'abriter sous la protection accordée aux marques
(le fabrique;
Ouc, sans doute, celui ^ui se livre plus spécialement à la fabrication d'un remède peut prendre
coinuic marque de fabrique une dénomination de fantaisie afin d'empêcher la confusion des
produits de sa fabrication avec les produits similaires de ses concurrents;
Mais que pour avoir su, quelques jours à l'avance, que la découverte d'un nouveau médicament,
allait être communiquée à l'Académie des sciences et divulguée sons le vocable de «Chloralose»
<t pour avoir fait le dépôt anticipé de ce mot comme marque de fabrique, les intimés n'ont pas
I*u se ( réér le droit exclusif de vendre ce remède sous le nom qui a servi à le faire connaître
au iiiKiuie savant, et qui depuis lors n'a cessé d'être employé comme le terme générique d'nne
classe de produits:
Que lo nom donné par l'inventeur à un corps nouveau doué de propriétés thérapeutiques
s'incorpore avec lui, et devient une désignation nécessaire, alors qu'il ne s'en offre pas à l'esprit
«l'autre plus simple ou plus naturelle, et que ce nom, loin d'être purement arbitraire est emprunté
a la substance qui fait l'élément principal et actif du remède:
i)uc, dans les circonstances de la cause, la propriété du nom équivaudrait à la propriété de la
chose elle-même, et que réserver à Bain et Fournier le droit exclusif de se scnir du mol
a Chloralose s, serait leur accorder pour l'annonce et le débit de ce médicament un monopole
que la loi leur refuse;
Cou sidérant que l'examen des prospectus lancés par les intimés démontre que tel était bien le
but qu'ils se flattaient d'atteindre au moyen du dépôt d'une marque de fabrique; que pv ^^
disposition des caractères typographiques et par des mentions habilement combinées, ils sVtn-
' diaieut à faire croire qu'ils s étaient assurés la fabrication et l'exploitation exclusive d'an corps
nouveau, découvert par MM. Hcnriot et Richet et désigné sous le nom de c Ghloralose »;
Cou sidérant qu'outre la réformation du jugement, l'appelant réclame la somme do 2.000 francs
à titre de dommages intérêts ;
Que cette demande n'est pas justifiée et que la condamnation des intimés aux dépens sera
une re{)aration suffisante du préjudice que le procès a pu lui faire éprouver;
Par ces motifs.
Faisant droit à l'appel de Petit;
Infirme le jugement attaqué;
Décharge l'appelant des dispositions et condamnations contre lui prononcées;
Kt, statuant à nouveau,
Dit (|ue Bain et Fournier n'ont pas le droit d'interdire k Petit l'emploi du mot « Ckloralose >
pour designer le produit susvisé;
ordonne la restitution de l'amende;
Et, pour tous dommages-intérêts, condamne les intimés aux dépens de première instance et
d'appel.
Journal de Pharmacie
N» 8. _ XV — 15 Avril 1898.
RENSEIGNEMENTS
Aux Étadiants en pharmacie. — Noas avons eu, le 20 décembre d^ruler, à MontpetLiefi
une réunioQ provoquée par quelques-uns de nos camarades, pour étudier Le projet de loi stir
Texercice de la pharmacie, réunion tenue dans un amphithéâtre de l'école, et où: plubieurs de nos
professeurs avaient tenu à assister.
La commission d'initiative avait eu, du reste, la bonne idée de faire eoIni:U1cr cette réunioii
avec le passage, à Montpellier, d'un des hommes qui donnent, pour le triomphe de nos revendi-
cations, leur temps, leur activité et leur grande intelligence, M. CoUard.
Faite au pied-levé, la conférence spontanée de M. CoUard a été un véritable succès et yaur le
conférencier et pour la cause défendue. Servi par une éloquence tour à tour ei^rhmméc et mor-
dante, plus mordante même qu'enflammée, mais toujours respectueuse et soucieuse de Ja vérité
des faits, M. Collard a développé devant plus de cent de nos camarades les critiques nombreuses
et légitimes que soulève la situation actuelle de la spécialité, accaparée le plus souvent par les
syndicats de la finance et de l'agiotage, au détriment des inventeurs diplômé» et f^oDscicncleux.
Suceessivement M. CoUard a traité les questions de l'inspection des pharmacies et dis chambres
de diseipline, de la Umitation, du droit de fermeture des officines et divers auU'Ëi^ poiTits qu'il
n'a pu qu'effleurer. Les applaudissements ne lui ont pas été ménagés, et lorsque, $a <-o»rérence
finie, M. CoUard s'est assis, il a été salué par un ban unanime autant que vigoureux.
A l'unanimité, l'ordre du jour suivant a été adopté :
<c Les étudiants en pharmacie de l'Université de Montpellier, réunis le âO di^cÊuibre tB97,
pour étudier le projet de loi sur l'exercice de la pharmacie, après avoir entendu M. CoUard» lui
adressent leurs féUcitations les plus vives et, tout en lui promettant leur eoncour!^ Le jrlui actif,
l'engagent à poursuivre son utile propagande ;
« D'autre art, décident qu'il y a lieu :
1* De protester de la manière la plus énergique contre le retard apporté par le Park-riieut dans
le vote d'une loi d'intérêt général;
2* Do prier les représentants de la région de l'Université de Montpellier^ d'u^ipuyçr tes veeuT
présentés par le dernier Congrès de pharmacie, les considérant, notamment suc La queslioi) des
spécialités, comme le minimum des revendications professionnelles ;
3* De transmettre aux étudiants de toutes les autres écoles les vœux qu'ils ont émis et de les
inviter à les seconder dans leur campagne en faveur des réformes indispensat^kâ à la phar*
macie. »
Cet appel, nous espérons que nos camarades l'eniendroat et y répondront.
LitL ▼érlflcatlon des poids et mesures et les phax*maolens ; par M. G^ Belugon,
chef des travaux chimiques à l*École supérieure de pharmacie de Montpellier,
Depuis quelques années, dans notre région, la vérification des poids et mesures ao muntre
rigoureuse vis-à-vis de nos confrères en ce qui concerne les balances de précision.
J'ai cru qu'il était bon d'appeler l'attention sur les inconvénients qui peun'nl réi^uUtT d*iin<!
interprétation trop étroite des règlements de la part de l'administration.
L'ordonnance de 1839 prescrit la vérification périodique des instruments de mesure chez lis
commerçants assujettis à la taxe. Cette vérification doit porter sur tous les iml rumen îs piacén
dans les magasins^ boutiques ou ateliers des dits assujettis; à ce titre, h phanimcieu nu
saurait se soustraire au règlement et je ne songe certes pas à soulever une ëiaoussiun itiulîlo
en ce qui concerne les balances ordinaires des officines. Mais il me semble que cette loi ne
saurait être applicable aux balances de précision et si elle n'est pas modifiée en Mi par rinter*
prétaliou des agents préposés à la vcHriciiiUoii, ^Llc «si en conlrâdicUon iT(*e butes Us lit:'
sceutifiques et avec l'inlérét même du public. La chose est si évidente qn'uae lettre ministérk-lle.
qui malheureusement, à ce qu*on m'a dit, n'a pas force de loi, avait parfaitement prévu le cas.
Mais il est temps d'indiquer les conditions rigoureuses de vérification auxquelles sont soumis
les instruments de mesure et que l'on ignore en général.
Les balances des assujettis à la taxe (eu conséquence des pharmaciens) doivent être présentées
par le constructeur à une commission spéciale qui les examine et après acceptation applique an
poinçon dit de vérification première. L'emploi de ces seuls instruments poinçonnés est autorisé
par la loi chez les assujettis.
L'industrie fabrique de plus en plus des balances de précision portant des molettes mobiles
destinées à permettre de ramener sur la verticale, passant par le point d'appui du fléan, If'
centre de gravité lorsque pour une cause quelconque il s'est déplacé. L'utilité de ces pelileN
masses additionnelles est démontrée, non seulement par l'enseignement officiel de nos professeurs,
mais encora par la faveur de plus en plus grande qu'on accorde à ces balances ainsi moditléo
dans les laboratoires de chimie et de physique. Les pharmaciens familiarisés avec les loi>
scientifiques ont suivi le progrès et un grand nombre a fait l'acquisition de ces in^tnimen^
indispensables pour les opérations délicates effectuées dans les officines.
Mais ces appareils n'ont pas été présentés par les constructeurs à la commission de inétroiogi<
chargée d'en accepter le modèle, ils no sont pas poinçonnés et les vérificateurs des poids il
mesures sont en droit d'en opérer purement et simplement la saisie et dresser procès-verbal.
Le pharmacien se trouve donc dans celte pénible alternative d'être en couti'avcutîon , sii
possède l'appareil de précision qu'il a choisi sur les conseils de ses maîtres, ou, s'il est d'accord
avec la loi, de ne posséder qu'un instrument médiocre au point de vue scientifique.
Toutefois, pendant un certain temps, les vérificateurs se sont contentés de fermer les yeM.
comprenant parfaitement l'utilité des molettes et d'ailleurs couverts par une lettre ministéricilt
en date du 11 avril 1878, indiquant que les trébuchels et poids de fantaisie {lisez : balances cl
yHôufs Je' précision non conformes aux modèles officiels) placés sous cage échappent à la
vérification comme instruments destinés à assurer la sécurité de public et du pharmacien dool
la responsabilité est engagée par le seul fait du dépôt du diplôme. C'était là incontestablement
une modificatiorT heureuse de la loi, donnant pleine satisfaction aux praticiens soucieux de sr
montrer hommes de science plus que commerçants.
relie lettre, je l'ai dit, n'a pas force de loi. Sur des instructions plus récentes, nos vérifi-
cateurs ont dû la considérer comme non avenue et mettre en demeure les pharmaciens muiùj
de véritables appareils de précision d'avoir à faire disparaître les molettes.
Celle loi, si rigoureuse vis-à-vis de nos confrères, n'est cependant pas appliquée au médecin
délivrant des médicaments (1). C'est donc une preuve que toute loi peut être interprétée àias
son application.
11 est vrai que nos confrères peuvent soustraire leurs balances à la vérification en lespiaç^n^
.dans leurs laboratoires.
N'est-ce pas là une de ces bizarreries qu'il suffira de signaler pour la faire modifier en hjal
lieu? On ne peut arguer, en efFet, qu'on assure par ce moyen l'honnêteté commerciale de 1»
pharmacie.
Aussi je demanderai que la question soit examinée à nouveau et que tout en respectant la ioi.
c'est-à-dire tout en soumettant les modèles au poinçon de vérification première, on i'élargi^^'
en ce qui concerne la vérification périodique et que l'idée émise dans cette lettre ministérielle
si sensée du 11 avril 1878, soit remise en vigueur et vienne heureusement modifier la loi.
On donnera ainsi satisfaction au pharmacien, en vue des opérations scientifiques et au public.
en ce qui concerne les instruments servant aux transactions commerciales.
G. Belugoc.
(1) Le D' Joûon, de Brain-aur-l'Autbion (Maine-et-Loire), frappé de la taxe de Térifteation, en aobteos
décharge après réclamation du conseil de préfecture.
{Bulletin officiel de l'Union des Syndicats médicaux 4e France. ~ Paris. — N* du 5 mars 1698. p. 69.)
Journal de Pharmacie r^^
V 9. — xvii — I" Mai 1898.
RENSEIGNEMENTS
AVIS. Banqnet de Tlnternat en Pharmacie. — Le banqucl de l'Internat en phar-
macie aura lieu le 15 mai prochain» chez Marguery.
Traitement du pétrole et de ses homologrnes en yue de leur solidification,
de leur liquéfaction après solidification et de la séparation de leurs éléments
constitutifs. Brevet Lothammer (1). — On prépare d'abord une décoction de bois de
Panama, en le faisant bouillir à l'air libre ou en un vase clos, k feu nu ou au bain-maiie, jusqu'à
ce qu'on se trouve en présence d'une lessive d'environ 10 à 15 degrés. Cette lessive est destinée
à jouer le rôle de saponifiant vis-à-vis du pétrole. Elle est ensuite mélangée au pétrole ou à
l'huile dans la proportion de 1 p. 100; le tout est malaxé ou brassé convenablement, à la tem-
pérature ambiante, jusqu'à l'obtention d'une masse gélatineuse.
Sous cette forme qu'ils conservent jusqu'à une température de 60" C, le pétrole et les huiles
minérales sont plus transportables; de plus, févaporation est réduite à néant.
Pour l'emploi de cette matière solidifiée, il suffit de la mettre en présence, à la température
ambiante, d'un métal quelconque brut ou poli, de préférence du fer ou de l'acier. La liquéfaction,
qui résulte de ce contact, se produit sur environ 2 millimètres d'épaisseur et se continue ainsi
jusqu'à l'épuisement total de la masse.
Au lieu d'employer directement le pétrole ou les huiles minérales solidifiées, on peut en séparer
les deux éléments fondamentaux, dont l'un d'eux n'est inflammable qu'à une très haute tem-
pérature.
A cet effet, on enflamme, par un moyen quelconque, la masse solide disposée sur une plaque
métallique en dos d'&ne, ou sur une couche plus ou moins épaisse de sable.
Pendant la combustion, l'élément, qui n'est inflammable qu'à une très haute température, se
sépare de la masse pour être recueilli dans un récipient spécial.
Le môme résultat est obtenu en introduisant, en un point quelconque de la masse solidifiée,
soit une plaque métallique chauffée au rouge foncé, soit un foyer alimenté par des combustibles
sans flamme et en communication avec l'extérieur pour l'admission de l'agent comburant et
l'éconlement des produits de la combustion, soit un foyer chauffé à l'aide d'un courant éloctri«iuc'.
Dans tous les cas, l'huile, ou élément inflammable, est recueillie comme cj-dcssus et peut être
employée en chimie générale, tandis que les vapeurs, ou gaz dégagés, sont recueillies dans des
vases où elles sont convenablement condensées pour être utilisées extérieurement.
Sur les progrés de Talchlmle aux État-Unis; par M. H.-C. Bolton. — Un certain
nombre de chimistes aux États-Unis travaillent encore le vieux problème des alchimistes, lu
transmutation des métaux communs en or. Il est inutile d'ajouter qu'en présence d'un contrôle
expérimental sérieux tous les résultats annoncés se sont évanouis. Ce n'est pas moins l'indice
d'un état d'esprit intéressant à signaler.
Le D' S. A. Emmens, chimiste connu de New- York et auteur de recherches intéressantes sur
les explosifs, prétend arriver à augmenter progressivement la densité de l'argent de façon à le
transformer en or (2).
M. E. C. Brin, de Chicago, prétend transformer l'antimoine en argent et or. Une élude long-
temps suivie de son procédé faite par une commission de chimistes et d'essayeurs montra que
l'or et l'argent obtenus en petite quantité préexistaient dans l'antimoine employé.
[i) ReP. de Chim. indmtr., février 1808.
i II annonce ne réussir qu'avec l'argent do Mexique; oq sait qu'il contient généralement un peu l'or. A. P
xvin —
f Bnbstitnttoii de l^alamlnium an culTre dans les canalisations électriques
^ — Jf. Aifred E. Hunt, de Pittsburg, publie, dans Vlron Affe du 24 février, un article relatif
ïiu% avantage !i de remploi de l'aluminiuin dans les canalisations électriques, article que le Génie
civii analyse comme il suit : On sait que le cuivre rouge a été choisi comme coaducteur élec-
tn^iue^ à caDâc de sa grande conductibilité, sa facile conscnation, la facilité avec laquelle on
]K'Ut lo Aoudcr ou le braser, sa maléabilité et sa résistance à la tension. L'auteur, partant de ce
que le ra{)|Hirt centre les poids d'un même volume de cuivre et d'aluminium est de 3,332, eu déduit
d'abord quPt pi^ur une même section, le prix de l'aluminium serait seulement les 0,62 du
pii\ du uuivff^, La conductibilité de l'aluminium n'est que les 63 centièmes de celle du cuivre;
iriais si l'on donne au conducteur d'aluminium une section suffisante pour obtenir la même con-
tlurlîbilité qu'itvtic un Gl de cuivre de section moindre, on obtient encore une économie en faveur
*h ralumiiiiuin quand on prend pour bases les prix au kilo de 2 fr. 90 pour Taluminium cl
I ff. 40 prmr le cuivre. La résistance de l'aluminium pur est moindre que celle du cuivre, mais
on peut l'atigmenter par un alliage convenable. Quant à la conservation du métal, elle est plus
longue pour i'^iluminium que pour le cuivre. La soudure de l'aluminium peut ôli*e facilitée par
dilfércnt^ niinnn:! qu'indique l'auteur. Enfin, pour ce qui concerne sa malléabilité, elle est pluH
gniii(|p qui' f rlle du cuivre. La métallurgie de ce dernier est compliquée et délicate; raluminium
s'oblitnl, uu ron traire, facilement à l'état de pureté dans le rapport de 99,51 p. 100.
L*ftutcur t'Mnpare également l'aluminium uu laiton et le trouve plus avantageux an point de
rue des ajtplit-ations aux machines électriques.
Innnence de l*alcool sur le trayall mnsculalre (1). — M. E. Destrée a entrepris
d'intcrfi^âântrs recherches pour élucider la question, eneore controversée, desavoir si l'absorption
de l'ilcool csl un excitant de la fonction musculaire. Il est incontestable en effet que, quelques
dmilc!^ u|iros ringcstion d'un liquide alcoolique, on a la sensation d'une vigueur musculaire
itnot'Mmli\ id un besoin d'action manifeste. Mais il fallait donner exactement le sens de ces
3£iiMlion.^, ri mesurer les effets qui en étaient le résultat.
En tipoi'Qïil sur lui-même, par le procédé des mesures dynamométriques, H. Désirée a pu
élablir les points suivants : 1** que l'alcool a certainement un effet favorable sur le rendeuient eu
IruTail, qu+; ir muscle soit fatigué ou non: 2" que cet effet est presque immédiat, mais très
moijiontané; 3^ que, consécutivement, l'alcool à un effet paralysant très marqué, le rendemeul
muïît nlaire, environ une demi-heure après administration d'alcool, arrive à un minimum que lU-
niMi vêliez âo&Ki d'alcool élèvent difficilement; 4** que l'effet paralysant de l'alcool compeD>e
t'<>vrilâtLO[i momentanée, et que, somme toute, le rendement de travail obtenu avec l'emploi
d'aUuoliqueii lâl inférieur à celui que l'on obtient en se privant d'alcool.
Ainsi se trouve établi une fois de plus l'inutilité et l'action fâcheuse de l'alcool, en toutes
cÎFCosïslaiifcs, puisque même son influence sur le rendement musculaire est illusoire et se traduit
*'ii îtotrinït" ]nir un déficit.
La température des eaux de l'océan Pacifique du Nord (2). — Il résulte des publications
iki senicx' knilio-^raphique des États-Unis que la région la plus froide (pour les eaux de surfacei de
la pjirlie &c'pttjnlrionale de l'océan Pacifique est celle comprise entre 55 et 60* de latitude nord
d'une ]ï[ivi el 15ri et 180® de longitude ouest d'autre part. Dans cette région, la température
m<^yentie pi>ui les mois de mai à septembre est de 6%1 ; la région la plus chaude se IrouM^
pai' ^it a ^6" lie latitude, de 140 à 165" de longitude ouest, où la température moyenne est
d() atr C. Or&t dans la région 35 à 40» latitude et 150 k 180» longitude ouest que les variatimis
men^uclie^ ^out les plus marquées et par 30 à 35*» de latitude et 115 k 145" de longitude ou^^st,
qu'elles ie smit l<* moins.
ilt lirvur sricnfififpie.
(2) Rft'tfc sL'ientifique.
Jonrnal de Pharmacie
N* 10, — XIX — îr. Mai ms
RENSEIGNEMENTS
Statistique citée par M. Labbâ <de rAca.dèml« de médecine) dans un
t discours au Sénat et observatioas de notre coUésQe.
<L'UniTersité crét^ i.OUti ilcoiidi!» pur an pour âlH) ou 30(J j>Lacff^ va^^ante^ dans» 'les Lycéoj^,'
l'Érolo polj techiiicîuû ollre iiim ^Joyr^^ne aïinuelle ilc I.HOO caîïdidah pour âSO j>lBCres; rÉrolc
^ »iilrale produtl chiîqui^ anni<c 800 à 9(H) ingénif'ur^, «k>nl lus pont» et clmui^s^ea et tes i!Oinp»i-
pies do chiT^min» de fer ffllienn^nl quclquc!i-unï, le riiste d^^voul se raser dauJ» riuditALriâ mi ils
la^ut^nt mailla que eerUiits ouvriers d'ëlitc ^ dans r<;us{>i^TLcment primafiv>, ?,ur irk(M)<iO inatiln-»
I kiir^ ou iiistitiilritreK ayâuL leur diplâme, il y eu i t(k>.(KK> dan<{ nue gi^uo tH^R rniîiiue du Ju
niFiièrr, 15^000 conddiats pour 150 pLgtre!^ vacanluï, par cxeiupk^ daniï loti écolejï de Paria; ks
autres, par milliers, veut aux magaitius, homuie^ ^u femmes, et cdlt^ï^ei^ hélas! souvent à in
liMstitulî^n : à It préfecture*, de poïr«v, il j a eu eu IH^B, j^our 40 pi ne es, *î,300 caiidîdal!^, 1 1
I k resmtance publique on eompie 350 conifîrtats pour 8 emploi a â donitf'rH A l'aris^ suri! ,Mh»
médeclnSf la luoUîé ne gagne pas de quoi se tireir d'à (Ta ire, etc,]»
f Je n'insi^le pas sur rette situation toute pat-ticuliËrc et di<pturabto que je conuais ^i hiiiu
' * M^îs, ïïicssiours, it t^l iSifideulque colle surproduction 4e dîptùmes a (l«5i'on séquences terri-
bles, et je pu.is dire, qu'elle soulève deux qucstiouii principales :
i t* Une question économique, car la jeunesse diplûmée ne peut trouver dans 1â hiérareliÎL:
administrative tes plaeea^ h s situati^nâ que, par $uite do la posseKsion de ses diplémijs, lilr
eroraît pouvoir obtenir ;
«t* Une question politique, far tous les Uceneiési et tous les nnrcj;ès sonsebaire vont grossir
fûmmera dit autrefois M. Jaurès : «t l'état-major et les cadres» des forres anlisoi^inlcs.
« On me dira qu'il faut à tout prix former une élite intcllectuetle. Je suis de cet avis; scvMe-
mentf je ne comprends pas rom me tout le monde t'éllte intellectuelle. Je crois qu'il n'est pu*
oéressaire d'avoir un dipliVme de bachelier es lettres, d'avoir pnssé huit ou neuf ans sur h^
Ijanrs d'où lycée ou d'uu rollèj^e pour faire partie de rêlit^^ JntelîecUetle. Jo suis eonvairn u
qfle parmi les industriels et les nigoeianis, les agriculteurs, les grands ouvriers d'art qui u'oni
pas de diplèmesj on peut trouver nombre d'bottimes qu'il faut al>solumcnl classer dans l'clitr
irtltllectoelle pratique et utile au pays.
f^U est évident quelessecritîces conseotis par le Gonvemement ne sont pas en rapport avetî li?^
résultats obtenus. 11 faut donc modifier^ à mon avis, l'usage des crédits, que je n** trouve pas
trop c on a id Érables, que je demanderais, au contraire, au ÏKSoin, h augmenter, non pas au . hn-
pitre du ministère de rinsdniction publique, mais dans une direction tout à fait dif t;rent<ÏH, t'ni i
4 fait nouvelle : aut chapitres du ministère dn commerce,
< Aujourd'hui que la lutte commerciale devient de plus en plus intense, aujourd'bui que l'état
de la France se modifie si complÊtement avec son empire colonial, il fnut diriger nos jeunes
i;cus dans une voie différente de celle où ils sont engages depuis vingt-cinq ou trente ans ju'in-
cipttîemcût. {Très bien ! trèn bien 1}
itiïeaucoup d'entre iious ont poussé des jeunes gens 4i entrer dans loî* lycées àPaide de bour-^es
qai l&uront été accordées; puis ces jeunes gens, une fois bacheliers, viennent nou* trouver il
nous demander ce qu'ils peuvent faire, JVn sais pour mou compte quelque chose par les visites
que j'ai reçues d'un certain nombre de mes compatriotes, ftls de gens des plus bonorahles qui sti
sont saignéa aui quatre memt>rea pour conduire leur fila jusqu'à la fin d^- leurs iHua- s r| qui
— XX —
n*ofil [ilus aiJcunt; espèce ^e ressource b. mcUro à leur lili^po^iliûii [tonr Içi études siip£ri«urF^.
Et alors <;'G.<it ut) dt^sêspoir complel et, il faut te dire, c'e&t \inf souctse de décLft^sés*
il Eb bien» quel serait le remède? Noua enLcndona dïir tous les jours par eeui aaxquds ^t
demande ïcar avi» : if Maî& aujourd'hui nous û^oqs riudo-Chine^ nous avons Msdftj^nscart nnm
aTon^ des colonies dans tous les coEns du ïi^onde ; allez aux colonies, d Et qo'ast-es que tou^
vottlei qu'aillent faire aux colomes de brayes Jeunes geon auquels ou a enseigné peudatit dix iqï
du grec et du lalin^et auxquels ou n'a rieo appris de la nia pratique 7
n Dans ees eonditions, je dis qu'il faut absolumf^nt que le GouTernemeût ctian^^ la direeliû»
im|mmèe k nolré jcuiies^a^ ot il me parait que le conseil que j'ti à douuer est bien simple et
deTi^iti^Lre suivi. Je n'ai pas la preti?nLion qu*ll vi (tu ne de moi seul- je lo tire de ce qui se paise
dc|it]iiî quelques aT]ni,H^& autour dp nous d'une r«!.'r>n si remarquable.
a Que voyons-nous en cfTel dans ce moment-ci? Nous voyons les résultats déjà obtenus par
rUnion coloniale avec MM. Mci*sct et Cbailly-Bcrt, etc., par le comité Dupleix, arec M. Bonvalut
et autres.
<( La chambre de commerce de Lyon n*a-t-clle pas donné de son c6ié le magnifique exemple
d*avoir créé des bourses pour faciliter des explorations géographiques et des études commercia-
les en Chine, résultat remarquable qui a ramené de Chine, celte année même, des jeunes gens
au courant de ce que peuvent donner ces contrées éloignées au profit de la fortune de la France. >
Association g^énérale des Pharmaciens. — Les Sociétés pharmaceutiques de France,
agrégées à TAssociation générale des Pharmaciens de France, ont procédé au renouTellcment des.
membres du bureau arrivés au terme de l'expiration de leur mandat.
M. Petit, président, a décliné toute canditatare et il a maintenu cette décision malgré les ins-
tances qui lui ont été faites. H a été nommé par acclamation président d*hoDneur.
M. Rièlhe, dont chacun connaît le dévouement et l'activité, a été élu président.
M. Trinon, dont la compétence est exceptionnelle, a été réélu secrétaire général.
M. Viaud (de Nantes), M. Antheaume (de Provins) sont nommés vice-présidents.
Les conseillers élus sont :
MM. Dehognes (de ChatellerauU), Deleuvre (de Lyoni, Demandre (de Troyes), Lejcune (do
Reims), Mcrlhe (de Port-Bail), Verne (de Grenoble), Barrucl (d'Orléans) et Gollin (Seine) en
remplacement de M. Rièthe.
Dénatnration des alcools en Allemagne (1).
I. Préparations générales. — Alcool contenant 2 p. 100 d'alcool méthylique et 1 p. \0i) *\
pyridine.
II. Préparation des alcaloïdes. — Alcaol contenant 0,50 p. 100 d'essence de tcrébenthifi^
et 0,035 p. 100 d'huile animale.
III. — Alcool contenant 0,50 p. 100 d'essence de térébenthine pour Textraction des résines é-
jalap et de scamonée et la fabrication des vernis.
IV. — Alcool contenant 0,025 p. 100 d'huile animale, pour la préparation des anilines, é\
chloroforme, de l'iodoforme, de l'éther sulfurique, de l'hydrate de chloral et de rantipyrieî
fabriquée avec de l'éther acétique.
V. — Alcool contenant 10 p. 100 d'éther sulfurique pour la fabrication du coUodioQ, du tanîL.
de l'acide saiycilique et des salicylates.
VI. — Alcool contenant 0,25 p. 100 d'huile animale pour la préparation de raeétato et au
carbonate de plomb.
(1) Revue scientifique.
N<» 11.
Journal de Pharmacie
— XXI —
1" Juin 1898.
RENSEIGNEMENTS
Solution des Contestations élevées par la Pharmacie Centrale de France à
propos des droits d'Octroi et de Régie.
Depuis 1893 jusqu'à maintenant, la Pharmacie centrale de France n'a cessé d'opposer aux pré»
tentions de Toclroi de Paris et de la régie, à propos des droits appliqués à certains produits
médicamenteux, ses protestations, et sa volonté, à défaut d'une solution amiable, d'obtenir des
trihonaux le règlement de la question.
A cet effet, lorsqu'une première discussion n'a pas été suÎTie de la concession espérée, la
Pharmacie centrale de France, prenant la Toie la plus expéditive, s'est fait dresser procès-verbal
par les agents de l'administration pour transport d'objets sujets aux droits sans Taccomplisse-
ment des formalités imposées par les lois et sans acquittement des taxes.
Dans le cours de ce conflit, le Tribunal correctionnel de la Seine a rendu plusieurs jugements
aux dates des 28 avril 1894, 25 mai 1895, 14 mars et 16 mai 1896 et 22 mai 1897. Des arrêts de
la Cour de Paris ont suivi le 11 février et 2 décembre 1897. Enfin, un arrêt de la Cour de cas-
sation est intervenu le 22 juillet de la présente année.
Voici ta série des objets reconnus maintenant exempts des droits et formalités de régie et d'octroi :
I 1. — Médicaments à base de vin ou d'alcool
Àlcoolatnre vulnéraire.
Alcool camphré.
Élixir du D' Paul Gage.
-^ de Soughton.
Vin de Bogeaud.
— Ossian Henri.
— ferrugineux de Dusart.
— lactophosp** chaux id.
— Aroud au quinquina.
— — ferrugineux.
— de gentiane.
— antiscorbutique.
— aromatique.
En ce qui louche le dernier article c vin de quinquina », il se peut que la régie, repoussée
jusqu'à présent en première instance et en appel, veuille tAter de la Cour de cassation. Mais elle
ne parait pas pouvoir tirer un meilleur parti de cette dernière ressource.
Vin d'Arluison.
— Colombo Chapes.
— de la>Charité.
— ferrugineux.
— de Trousseau.
— de Southoul.
— de rhubarbe.
— de peptone.
— de valériane.
— iodo tannique.
— de Sé^in.
— de quinquina officinal au bordeaux.
{ 2. — Médicaments à base d'huile
Huile de jus(|uiame.
Onguent basilicum.
— de pied.
Baume tranquille.
Emplâtre diachylon.
— simple.
Huile de belladone.
A ces derniers il faut ajouter c l'Emulsion Scott », sur laquelle la Cour de cassation (Chambre
des requêtes) s'est prononcée également dans le sens do l'affranchissement, le 7 juillet dernier,
à l'occasion d'une affaire étrangère à la Pharmacie centrale de France.
§ 3. — Médicaments divers, notamment :
Coaltar sponiné Le Bœuf.
Extrait alcoolique de kola.
Apiol.
Sparadraps.
Thapsias.
Liqueur d'Hoffmann.
Baume de Gurgum.
Huile empyreumatique.
Pommade épispastiqne.
Capsules gélatineuses d'huile de foie de morue.
Z«e8 déceptioiui dn Monopole de l'Alcool en Rnssie (1). » Les raisons qui ont pro-
voqué l'établissement du monopole dans l'Empire russe ont été surtout fiscales. L'administra-
tion a nettement insisté, pour justifier sa décision, sar la nécessité «de rendre aux recettes
Emplâtre poix de Bourgogne.
— diapalme.
Cérat.
(1) Bévue vMicoie.
— xxn —
l'élasliciié quo celte branche de rcssoarccs budgétaires est en train de perdre et d'éUblir, par
une voie désormais sûre et à l'abri de tout mécompte, des procédés de Tente exempts de fnnde,
de supcrcberic et d*cxeitalion à la fraude ».
En 1895, le monopole a répondu, jusqu'à un certain point, aux espérances financières de ses
promoteurs dans les quatre gonTcrnements d'Oufa, de Perm, d'Orenboarg et de Samara.
Dans ces quatre gouvernements, I*État, sous le régime de Taccise, avait encaissé^ en 1S93,
12.691.000 roubles pour 1.199.000 wedros d'alcool absolu; il a reçu, en 1895, sons le Tégime do
monopole, 16.739.081 roubles pour 1.160.000 wedros d*akool absolu. La consommation a légère-
ment décru comme quantité, mais les recettes ont progressé d'environ 30 p. 100.
Notons que l'admiiiislratioa du monopole russe s'entend au trafic de Tacool. Elle doit Tamè-
lioration de ses recettes au bon marché de ses produits. Elle varie ses prix suivant le degré
d'épuration des alcools (1^ moins purs sont pour le peuple) et suivant la pauvreté ou la ri-
chesse de telle ou telle région; elle vend en bouteille de l'eau-de-vie médiocrement épnrée, très
inférieure à notre alcool de commerce français, au point de vue des impuretés qu'elle rontient.
Cette eau-de-vie du monopole, qui est de consommation générale, se livre aux amateurs à on
prix très modique, qui représenterait quatre centimes un quart par petit verre de deai centi-
litres et demi et elle se contente d'un bénéfice d'un demi centime par petit verre. C'est ainsi qne
l'administration russe réalise un boni de 8 millions de francs au milieu d'une jMtpnlaUoii de
10 millions d'habitants, ce qui représente 0.60 par léte. 2.8i5 débits officiels ont remplacé,
dans ces gouvernements les 7.109 cabarets d'autrefois, sans qu'on ait pu constater le moins du
monde une diminution quelconque de l'alcoolisme.
Avant le monopole, l'ensemble des ventes donnait une moyenne annuelle de 2.066 litres d'aeool
par cabaret; il a donné, en 1895, une moyenne de 5.092 litres dans les établissements of&eiels.
Des épiciers, dos fruitiers, des restaurants autorisés font aussi le trafic de l'alcool.
Les bonnes intentions n'ont point manqué aux organisateurs du monopole, et les précautions
contre les tentations ont été multipliées par eux. Point d'alcool consommé sur place, pins df
(rabarcticrs libres et joyeux ; rien que des employés corrects, graves derrière leurs guichets, et
débitant leur alcool avec une impassibilité parfaite, sans aménité aucune, sans pousser d'ane
façon quelconque à la consommation. Résultat final : une aggravation de l'alcoolisme.
Un correspondant de Horodko, petite ville du gouvernement de Vitebsk, écrit à un journal de
Saint-Pétersbourg :
« Dans la rue oii se trouve le bureau do l'État, une foule de buveurs et de longues files tic
chariots empêchent toute circulation. On y transporte les bouteilles par centaines, et l'eau-de-Tie
est ingurgitée sans l'aide de verres. Un coup sec habilement donnée fait sauter le bouchon... U
père, la mère, les enfants, tout le monde boit, la bouteille collée aux lèvres, et Ton boit bien
plus qu'avant l'introduction du monopole; car l'eau-de-vie de TËtat est à bon marché, d'angoftt
agréable et non mélangée d'eau... etc. »
Mêmes orgies dans la grande rue de Kiew :
«Autour des bureaux, écrit un autre correspondant, s'établissent des gargotiers, des ba^ear^
remplissent les boutiques voisines : en un mot, l'atmosphère du cabaret, renfermée autrefois et
retenue dans l'enceinte de rétablissement, gagne et remplit aujourd'hui tout le quartier awi-
sînant. b
Ainsi les marchands d'alcool ont été inutilement changés et remplacés par des fonctionnaire^i-
Les clients sont restés les mêmes, aussi épris d'alcool qu'avant le monopole ; ils n'y ont rleti
gagné que de payer plus cher.
C'est ce qui se passerait aussi en France, mais une observation s'impose comme conclusion,
pour prévenir les rappruchemcuts intéressés, autant qu'absurdes, des disciples de M. Algiave.
La Russie ne produit, par tête d'habitant, que trois litres de vin, généralement consommés sof
place et trois litres de bière; elle n'est donc n'y paralysée ni gênée dans sa tentative par li
nécessité de concilier les intérêts contradictoires que fait naître en France la variété des bois-
sons. Du moment oii ces conditions favorables laissent place aux déceptions que la pressées^
I)éenne signale constamment à propos des d( buts du monopole en Russie, on doit se demanda
ce qu'il adviendrait en France de cette mesur.> et comment on éviterait ici la concurrence (^
les boissons alcooliques de toute nature ne niaiiiueraient pas de faire à l'alcool du monopole.
Journal de Pharmacie
N* 12. — xxiii — 15 Juin 1898.
RENSEIGNEMENTS
ReléTemaiit dn prix de Tente des spécialités (1). — 5,000 pharmaciens avaient
adhéré au prineipe de la combinaison devant avoir pour effet le relèvement du prix de la spé*
cialité pharmaceutique ; le jour ob Tadhésion au principe a dû se transformer en adhésion défi-
nitive, près do 1,000 défections se sont produites et il ne s'est plus rencontré que 4,150 confrères
disposés k signer les engagements qui leur avaient été adressés. A quoi doit-on attribuer ces dé-
fections? Tout d'abord, il s'est trouvé un certain nombre de pharmaciens qui, mécontents de la
clause relative à. la vente des similaires^ ont espéré jusqu'au dernier moment que cette clause
disparaîtrait des contrats ; ceux-là se faisaient de vaines illusions, car il leur avait été dit, dès
le principe, lors du précédent référendum, que le traité définitif serait conçu dans les mêmes
termes que le projet qui leur était soumis. D*autres ont mal compris la portée de l'engagement
qu'ils prenaient au sujet des similaires. Quelques-uns se sont appliqués à prévoir tous les abus,
toutes les difficultés d'application qui pourraient se produire dans la pratique et ont préféré
s^abstenir immédiatement plutôt que de tenter une expérienee d'une année et d'attendre qu'on
eftt pu remédier aux imperfections qui se seraient révélées.
Enfin, un certain nombre ont suivi les conseils qui leur avaient été donnés par certains Syn-
dicats pharmaceutiques, qui étaient hostiles à toute entente avec les spécialistes et qui ont fait
campagne pour recommander aux pharmaciens de refuser la signature qui leur était
demandée.
Quoi qu'il en soit, c'est par un échec que s'est terminée la tentative de l'Association générale.
Les 5,000 signatures exigées par les spécialistes n'ont pas été recueillies, et ces derniers, après
avoir refusé de proroger jusqu'à la fin du mois le délai fixé au 15, ont repris leur liberté.
Nous regrettons personnellement de nous être donné inutilement le mal que nous nous sommés
donné pour essayer de faire abouUr une réforme que beaucoup d'excellents confrères considé»
raient depuis longtemps comme très désirable.
Depuis que l'Association générale a dirigé ses efforts dans le sens d'une entente loyale avec les
spécialistes, elle a fait, sans compter, les frais d'une campagne qui devait, à ses yeux, profiter
kvL corps pharmaceutique, et elle a dépensé, de ce chef, une somme de 15,000 francs environ ;
en retournant les engagements signés par eux, les pharmaciens adhérents ont acquitté une légers
eonlribution de 2 francs, qui a contribué à diminuer l'importance du sacrifice fait par sa caisse,
qui est malheureusement assez médiocrement pourvue ; les sommes qu'elle a reçues de ce chef
combleront à peine la moitié de sa dépense totale.
li'aspidiote pernicieux. — La Société des Agriculteurs de France, émue de la
nouvelle de la possibilité de l'importation de l'aspidiote pernicieux par le moyen des plantes et
des fruits verts importés d'Amérique, à la suite de l'importation qui en a été faite en Allemagne,
et des mesures de protection que celle-ci a cru devoir prendre pour ses propres vergers, a émis
un vœu terrant à l'établissement de mesures de protection pour les cultivateurs et agriculteurs
français. tf\le a demandé qu'il soit fait une inspection minutieuse des envois de plantes vivantes,
d'einballa|ges de végétaux frais, de barils ou de boites, et surtout, de fruits frais d'origine
<iiméricai]ie,^dans les ports des côtes occidentales de la France, pour empêcher l'importation de
fruits où végétaux contaminés. Elle a demandé aussi que lo service entomologique de l'Institut
agronomique c fasse entendre un cri d'alarme » à la première invasion de l'aspidiote c ou de
ses congénères > sur le sol français; enfin, elle demande que la frontière du nord, sur la
Belgique, soit aussi surveillée au point de vue spécial dont il s'agit. 11 est certain que nous
n'avons aucun besoin de voir s'acclimater chez nous l'insecte déprédateur, et après ce que
nous avens dit de ses faeultés d'expansion aux Etats-Unis,, après le fait constaté que Taspidlote
a été trouvée en Allemagne sur des fruits en provenance des États-Unis, il est certain aussi
que l'importation de l'insecte chez nous est . chose très possible. Toutefois, il est bon de faire
observer que les risques sont moindres pour nous que pour les Allemands : relaliveiiicnt à ces
derniers, nous n'importons qu'une très petite quantité de fruits américains.
(1) Bépert. de Vkarm., 10 juin 1898.
— XXIV -^
Les dangers des vins de cooa. — M. Snow^ de Bourncmouth, a dénoncé, dans un
discours à la Société britannique de balnéologie, les dangers qui résultent de Ténorme consom-
mation des vins de coca. Ces dangers ne sont pas on effet limités aux malades et aux conra-
lescents : ils atteignent toutes les classés de la Société, et les femmes et lo$ enfants sont les
principales victimes. Tous les vins examinés par M. Snow étaient fortement alcooliques; ils
marquaient de 18 à 30 p. 100 d'alcool. D*autre part, ils sont fabriqués, soit avec des feuilles,
soit avec des extraits liquides de coca. Quelques-uns mêmes contiennent simplement du
chlorhydrate de cocaïne.
Les dangers de telles drogues sont nombreux; non seulement le consommateur acquiert le
goût de Talcool, mais encore il devient victime de ce que M. Ertenmeyer nomme le troisième
fléau lie l'humanité, à savoir le cocaïnisme. Les premiers effets sont légers et passent inaperçus,
m^h peu h peu le cocaïnomane devient nerveux, il tremble, il perd le sommeil et Tappétit ; et
gnalem^nt il échoue dans la neurasthénie.
Le^ ^ins du coca, comme beaucoup de vins médicamenteux, sont consommés par des personnes
qai ao corv s [lièrent comme des abstentionnistes complets, et il n*est pas rare d'entendre une mère
de familtl^ qui prétend interdire tout stimulant à ses enfants, dire qu'elle leur donne matin et
soir ua vcne de vin de coca.
tin Document. — Le général Gallieni à Af. le D' Legrain. a Je vous remercie profondé-
ment de Li [iémarche, qne vous avez bien voulu faire auprès de moi et je serai très heureux de
«omptoi' parmi les membres honoraires de votre société, il m'a été permis de participer, depuis
vini^tcinq uns, aux expéditions et entreprises qui nous ont valu notre nouvel empire colonial du
Soudard, du Tonkin et de l'Iudo-Ghine. J'ai pu me rendre compte, à la suite de cette longue expé-
rleiice de n<>:i guerres coloniales, que la privation des boissons spiritueuses était peut-être, sous
les clj niais tropicaux, la cause la plus essentielle du maintien de nos forces physiques et morales.
G'e^i ainsi qu'eu ce qui me concerne, j'ai été amené à ne plus boire que de Veau et ce breu-
vage, ju y ni (employé dans toutes les circonstances, quelle que fut souvent l'apparence impure
qu'il pouvait avoir : c'est ainsi que j'ai bu également de l'eau prise dans les marais boueux du
Soudan ou ilans les rizières du Tonkin. Ici même, malgré la mauvaise réputation qu'a l'eau de
TananarivE], jo ne la mélange jamais avec aucun autre liquide. Je puis dire on somme, que je ne
me Kuî» jamais mal trouvé de ce régime, etc. »
Le général a pris l'arrêté suivant :
Tful ni' pcuL vendre au détail des boissons alcooliques quelles qu'elles soient à consommer sur
pl^iiQ, s'il n't;st muni d*une autorisation, appelée licence, émanant des autorités locales.
Les resLaui-ateurs, hôteliers ou aubergistes, peuvent cumuler avec leur commerce, soit dans
le n^^mo locale soit dans des locaux communiquants, la vente au détail des boissons alcooliques.
Ce cumul e>t interdit avec tout autre genre de commerce.
L'autoriaaUon de gérer ne sera en aucun cas accordée à des indigènes.
Tananarive, le 29 janvier 1898.
I^e oaontctLono à Madagascar. — La Revue des Cultures coloniales donne des ren-
seignemeuls intéressants sur l'exploitation du caoutchouc à Madagascar. Une partie de ce
caoutchùui^ [iro vient d'une liane, qui a souvent 40 mètres de long, sur 2 centimètres de diamètre ;
d'aatris^ lianes, du reste, eu fournissent aussi, mais de qualité inférieure. La récolte s'^ fait
dans des i^oiuUUons déplorables : les indigènes partent par bandes de cinq ou six, avec «ne hache,
dePacidc ^nirurique ou des citrons, du riz, des marmites. Ils s'enfoncent dans la forêt, jusqu'à
ce qu'ik aient découvert le Vaht/f — car tel est le nom local do la liane, ils le découpent alors
en fragmenL^ de deux pieds de long, et font couler le suc dans la marmite; quelques gouttes
d*acûJe, ou dd jus de citron, font coaguler la matière précieuse. Une fois une liane exploitée, des
racines à la pointe extrême, on passe à une autre. La plante est tuée, et elle ne peut reprendre
vie. he» lianes disparaissent donc rapidement.
L'eitploiLation des arbres, qui fournissent le rjste du caoutchouc, n'est pas moins imprévoyante
àtructnce. A ce compte, on aura vite Tuit d'exterminer ces végétaux si utiles, et U serait
besom de réglementer le mode d'exploitation.
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