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Full text of "Journal de pharmacie et de chimie"

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SCIENCE  CENTER  UBRAKY 


CHEHk^Y  LIBRARY 
HarvarSm^iversitï 


Dr,  E'PWABD  S.  WOOD, 

HARVARD  MKOlCAL  SCMOOk, 

BOSIOM. 


-ir^ 


JOURNAL 

DE    PHARMACIE 

ET    DE    CHIMIE 

SIXIÈME  SÉRIE 


TOME  SEPTIEME 


nCPRIMBBIE  E.  FLAmiARION,  26,   RUE  RACINE,  PARIS. 


JOURNAL 

DE 

PHARMACIE  ET  DE  CHIMIE 

(FONDÉ   EN   1809) 

BÊDIGÊ  PAR 

MM.  PLANGHON,  RICHE,  JUNGFLEISCH,  PETIT,  VILLEJEAN, 
BOORQUELOT  et  MARTT 

CONTENANT 

LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  PHARMACIE  DE  PARIS 

DES    SOCIÉTÉS  ;DE    THERAPEUTIQUE    ET    DE    BIOLOGIE 

UNE   REVUE  MÉDICALE 

Par  m.  de  BEURIAIIN  A  GHABRIN 

ET 

UNE  REVUE  DES  TRAVAUX  DE  PHARMACIE  ET  DE  CHIMIE  PUBLIÉS  A  L*ÉTRANGER 
Par  h.  JUHfiPLBlSCl,  BaURQUELOT,  TILLEJEAR  A  fiUllIOGHET 


RifcDACTRUR  PRINCIPAL  .*  M.  RICHE 


Sixième  Série. 


TOME   SEPTIEME 


»«0«<o* 


PARIS 
MASSON  ET  C'%  ÉDITEURS 

CIBn4.|RBS    DB    L'ACADÉMIB     DB    MÉDBCZNB 

110,  bouletard  Saint-Germain. 
i898 


I 


HARVȍ  UNfVERSrrr 

CHÊMlA4MB0R>^Tfl*V 


FEBÎ3  x> 


JOURNAL 

DE     PHARMACIE 

ET   DE    CHIMIE 


VI*  SÉRIE.  —  TOME  VII.  —  ANNÉE  1898,   1"  PARTIE. 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


Contribution  à  l'étude  des  glycérophosphates ;  par  M.  A.  As- 
truc,  interne  des  hôpitaux  de  Montpellier  (!)• 

En  m'occupant  du  dosage  acidimétrique  de  l'acide 
phosphorique  et  des  phosphates,  en  vue  d'un  travail  d'en- 
semble qui  sera  publié  sous  peu,  j'ai  été  amené  à  déter- 
miner les  conditions  dans  lesquelles  il  faut  se  placer  pour 
doser  rapidement,  et  d'une  façon  suffisamment  exacte, 
l'acide  phosphorique  des  glycérophosphates. 

Mes  recherches  ont  porté  sur  le  glycérophosphate  de 
chaux. 

Le  travail  de  M.  Adrian,  publié  récemment  dans'  le 
Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie^  m'engage  à  indiquer 
les  résultats  que  j'ai  obtenus  jusqu'à  ce  jour. 

Comme  lui,  j'ai  étudié  l'action  des  sels  de  l'acide  gly- 
cérophosphorique  sur  certains  réactifs  colorants;  mais 
j'ai  cru  devoir  employer,  et  pour  cause,  l'héliantine  et  la 
phtaléine. 

M.  Joly  a  indiqué  l'action  exercée  par  les  divers  phos- 
phates sur  l'héliantine,  le  tournesol  et  la  phtaléine.  Les 
raisons  qui  lui  ont  fait  rejeter  l'emploi  du  tournesolpoul*. 

(1)  NoQS  avons  reçu  cet  article  le  20  novembre  1897.  L'abondance  des  ma-' 
tières  nous  a  empêchés  de  le  faire  paraître  au  mois  de  décembcc. 


—  6  — 

l'essai  acidimétrique  de  Tacide  phosphorîque  et  des  phos- 
phates m'ont  déterminé  aussi  à  renoncer  à  son  usage. 

Conjme  M.  Adrian,  j'ai  constaté  que  les  glycérophos- 
pliatt.^îi  de  chaux  en  solution  sont  alcalins  au  méthyl- 
orange.  Ils  se  montrent  tantôt  acides,  tantôt  alcalins  à  la 
phtaléine.  Les  sels  acides  à  ce  réactif  sont  presque  solu- 
hïes  sans  résidu  dans  l'eau,  les  alcalins  se  dissolvent  plus 
jliiiicilement,  et  la  solution  est  légèrement  louche. 

Si  Ton  admet  que  leur  constitution  correspond  à  la 
formule  : 

PhO^O/^^ 

\0C  H*— CHOH— Cn«OH 

ces  corps,  que  l'on  pourrait  comparer  aux  phosphates  tri- 
métalliques,  devraient  être  alcalins  à  la  phtaléine.  Or, 
même, pour  ceux  qui  ont  une  réaction  alcaline,  il  m'a  suflTi 
d  ajouter  à  10"^  d'une  solution  contenant  2«''  p.  100  de  sel, 
une  à  deux  gouttes  d'une  solution  d'acide  sulfurique 
à  5«',082  p.  1.000  pour  amener  le  virage.  L'alcalinité  de  ces 
corps  est  donc  toujours  excessivement  faible.  Il  faut  re- 
marquer, toutefois,  que  ceux  qui  sont  acides  exigent  une 
quantité  notable  de  soude  pour  la  neutralisation. 

Il  n'en  est  plus  de  même,  si  l'on  détermine  la  quantité 
d'acide  sulfurique  qu'il  faut  ajouter  à  10"  des  solutions 
de  glycérophosphate,  faites  dans  les  conditions  indiquées 
plus  haut,  pour  avoir  une  réaction  neutre  au  méthyl- 
orange. 

En  admettant  la  formule  précédente,  cette  quantité 
devrait  être  représentée  par  l'équation  : 

2  Ph  0^0  /^^         +  80»  H»  =  80'  Ca 
\0— C»H'0' 

+  (PhO'C»H'0')'CaH' 

eVst-à-dire  qu'à  une  molécule  d'acide  sulfurique  corres- 
pondraient exactement  deux  molécules  d'acide  phospho- 
rîque. C'est,  en  effet,  exact,  si  on  neutralise  préalablement 
le  glycérophosphate  à  la  phtaléine. 


Mais,  lorsqu'à  une  solution  de  glycérophosphate  neu- 
tralisée à  rhéliantine  par  un  acide  minéral,  on  ajoute 
goutte  à  goutte  la  quantité  de  soude  nécessaire  pour  le 
virage  à  la  phtaléine,  cette  quantité  est  proportionnelle 
à  celle  indiquée  par  Tune  des  deux  formules  suivantes 

(PhO*C«FrO*)«CaH» 
+  2NaOH=:(PhO*CMrOVCaNa«  +  2H*0 
ou 

(PhO*C«H'0«)«CaII«+2  NaOH 
=  PhO*C»H'0«Ca  +  PhO*C'H'0«Na*-|-2H*0 

Dans  Tun  et  l'autre  cas,  à  une  molécule  d'anhydride 
phosphorique  doivent  correspondre  deux  molécules  de 
soude. 

.  Ce  sont  ces  réactions  qui  m'ont  servi  de  base  pour 
l'évaluation  très  approximative  de  l'acide  phosphorique 
de  ces  sels. 

A  un  volume  déterminé  d'une  solution  de  glycérophos- 
phate, j'ai  ajouté  sufRsamment  d'acide  sulfurique  ou 
chlorhydrique  pour  avoir  une  réaction  neutre  au  méthyl- 
orange  ;  ensuite,  au  moyen  d'une  solution  titrée  de  soude, 
j'ai  évalué  la  quantité  d'alcali  à  employer  pour  la  neutra- 
lisation à  la  phtaléine. 

D'après  mes  formules,  il  est  facile  de  déduire  de  là  la 
quantité  de  Ph'O*  contenu  dans  la  solution. 

D'autre  part,  j'ai  dosé  l'acide  phosphorique  à  l'état  de 
pyrophosphate  de  magnésium.  Pour  cela,  j'ai  calciné  un 
poids  déterminé  de  glycérophosphate,  j'ai  épuisé  les  cen- 
dres par  de  l'eau  aiguisée  d'acide  chlorhydrique,  et  j'ai 
effectué  le  dosage  par  la  méthode  ordinaire. 

Les  résultats  obtenus  par  ces  deux  procédés  sont  ins- 
crits dans  le  tableau  ci-dessous  : 


Numéros  d*ordre 

Réaction 

Quantité 

Quantité 

desglycérophosph. 

de  ces  sels 

dePh8O»p.l00 

dePWOBp.lOO 

essayés. 

à  la  phtaléine. 

parPhîQ-ïMgS. 

par  mon  procédé. 

I. 

Acide. 

3iS90 

30i,8a 

11. 

Alcalin. 

24S31 

23«,72 

III. 

Acide. 

2»',52 

28«,10 

IV. 

Acide. 

J2 

28^55 

V. 

Alcalin, 

6S50 

25<,a5 

—  8  — 

En  admettant  donc  les  formules  que  j'ai  indiquées,  un 
simple  dosage  acidimétrique  permet  d'évaluer  la  quantité 
d'acide  phosphorique  contenue  dans  un  glycérophosphate 
de  chaux. 

Il  est  incontestable  que  si  un  glycérophosphate  était 
falsifié  par  du  phosphate  disodique,  ce  procédé,  pas  plus 
que  le  dosage  pondéral,  ne  mettrait  sur  la  voie  de  la  fal- 
sification! Un  de  ces  sels,  contenant  une  quantité  notable 
do  phosphate  monocalcique,  ou  d'acide  phosphorique, 
serait  au  contraire  assez  fortement  acide  à  la  phtaléine, 
et  de  plus,  la  quantité  d'acide  sulfurique  nécessaire  pour 
virer  au  méthylorange  serait  loin  <Vêtre  équivalente  à  la 
quantité  de  soude  nécessaire  pour  ramener  l'alcalinité 
à  la  phtaléine. 

Il  est  étrange,  toutefois,  de  voir  le  glycérophosphate  de 
chaux  se  conduire  vis-à-vis  des  réactifs  précédents 
comme  les  phosphates  bimétalliques. 

Aussi,  ai-je  entrepris  avec  M.  Imbert,  dans  le  labora- 
toire duquel  ce  travail  a  été  effectué,  l'étude  de  la  neu- 
tralisation, par  les  alcalis,  de  l'acide  glycérophosphorique 
et  d'un  certain  nombre  d'éthers  phosphoriques.  Cette 
étude  nous  a  donné  déjà  quelques  résultats  intéressants 
qui  seront  publiés  plus  tard.  Dans  le  même  laboratoire 
est  entreprise  également  la  détermination  des  chaleurs 
de  neutralisation  des  éthers  phosphoriques. 

Conclusions  : 

1*  L'acide  phosphorique  des  glycérophosphates  peut 
être  évalué  très  approximativement  et  très  rapidement 
par  le  procédé  que  j'ai  indiqué  ; 

2*  Les  'glycérophosphates  de  chaux  paraissent  se  dé- 
composer durant  le  cours  de  leur  préparation.  Cette 
décomposition  se  traduit  par  l'acidité  à  la  phtaléine  ; 

3®  Il  semble  qu'un  glycérophosphate  de  chaux  non 
décomposé  devrait  exiger,  pour  virer  au  méthylorange, 
une  quantité  d'acide  équivalente  à  la  quantité  de  soude 
nécessaire  pour  virer  alcalimélriquement  à  la  phtaléine 
la  même  quantité  de  sel  rendue  neutre  à  l'héliantine. 


9  — 


Note  complémentaire  sur  un  nouveau  mode  de  dosage 
de  la  caséine  des  laits;  par  M.  G.  Denigès. 

J'ai  montré  dans  un  précédent  travail  (1)  qu'on  pouvait 
doser  la  caséine  des  laits,  avec  beaucoup  de  rigueur  et 
une  extrême  rapidité,  en  utilisant  la  méthode  cyano- 
hydrargymétrique  que  j'ai  fait  connaître  (2)  et  déterçiinant 
par  reste  le  mercure  non  insolubilisé  d'une  solution 
titrée  d'iodure  mercurico-potassique,  en  milieu  acétique, 
en  présence  d'une  quantité  mesurée  de  lait. 

Ce  procédé,  appliquable  à  tous  les  laits  connus,  a 
toutefois  le  léger  inconvénient,  pour  ceux  de  ces  liquides 
qui  sont  riches  en  sels  calcaires,  de  donner  dans  le 
titrage  définitif,  après  alcalinisation  par  l'ammoniaque,  un 
précipité  floconneux  pouvant  empêcher  un  œil  peu  exercé 
de  saisir  nettement  le  trouble  qui  doit  marquer  la  fin  do 
la  réaction. 

J'ai  bien  indiqué,  dans  le  mémoire  cité,  un  moyen 
simple  pour  opérer  en  liqueur  limpide;  mais  ce  moyen 
nécessite  une  seconde  ftllration  et  quelques  mesurages 
de  liquides. 

Je  suis  arrivé  à  éviter  ce  petit  surcroît  de  travail  par 
l'addition  au  lait,  dans  le  premier  essai,  d'un  peu  d'oxalate 
d'ammoniaque  qui,  ainsi  que  je  m'en  suis  assuré,  ne 
perturbe  en  rien  les  résultats  du  dosage. 

J'ai  ainsi  adopté  le  manuel  opératoire  définitif  suivant  : 

1*  Mettre  25"  de  lait  dans  un  matras  jaugé  de  200"; 
ajouter  5"  d'une  solution  d'oxalate  d'ammoniaque  saturée 
cl  froid,  20"  d'une  solution  N/iO  d'iodure  mercurico-po- 
tassique (3),  2"  d'acide  acétique,  compléter  le  volume  à 

(i)  NouTeaa  mode  de  dosage  rapide  et  rigoureux  de  la  caséine  des  laits.  — 
Bull,  de  la  Soc.  de  Pharm.  de  Bordeaux,  septembre  1896. 

(2)  Ibid.,  mai  1896. 

(3)  Cette  liqueur,  inaltérable,  est  faile  en  mettant  dans  un  matras  d'un 
litre,  i3«',55  de  chlorure  mcrcuriqne  pur,  pulvérisé,  ajoutant  environ  100*' 
d*eau  distillée  froide  et  36"^  d'iodure  de  potassium  en  cristaux.  On  agile 
Jusqu'à  dissolution  totale  et  on  complète  le  volume  à  l.OOO''  avec  de  Teau 
distillée. 


—  iO  — 

•200*^*  avec  de  Teau  distillée  et  filtrer,  en  rejetant  sur  le 
filtre  les  premières  portions  écoulées. 

2*  Mesurer  lOO**  du  filtrat  limpide  et  les  verser  dans  un 
vase  à  saturation  d'environ  1/2  litre,  placé  sur  un  fond 
noir  et  dans  lequel  on  aura  mis  au  préalable  10*"*  d'une 
solution  de  cyanure  de  potassium,  équivalente  à  la 
liqueur  déci-normale  argent ique  (ou  d'un  titre  approché) 
et  12  à  15**  d'ammoniaque. 

3*  Ajouter  goutte  à  goutte  au  mélange,  en  agitant,  de 
lazotate  d'argent  ^/\0  jusqu'à  trouble  permanent  :  soit 
rf^  ainsi  employés. 

4*  D'autre  part,  mettre  dans  un  autre  vase  à  saturation 
10*^  de  la  même  solution  de  cyanure,  12  à  15^  d'ammo- 
niaque, 10**  d'iodure  mercurico-potassique  N/10  et  100** 
d'eau.  Verser  la  solution  déci-normale  d'argent  jusqu'à 
louche  persistant  malgré  l'agitation  :  soit  c**  (1). 

(g-c)  correspond  à  la  caséine  du  lait  examiné. 

5*  On  exprime  cette  quantité  en  dixièmes  de  centi- 
mètres cubes  et  on  se  rapporte  au  tableau  suivant  établi 
expérimentalement  et  dans  lequel,  en  regard  des  diveres 
valeurs  de  (q-c),  se  trouvent  les  doses  de  caséine  corres- 
pondantes. 


Valeurs 

deq-e 

Caséine 

Valeurs  de  q-e 

Caséine 

en 

dixièmes 

en  grammes, 

en 

dixièmes 

en  grammes, 

de  centimètres  cubes. 

par  litre. 

de  centimètres  cubes. 

par  litre. 

0.  . 

0 
1 

11. 
12. 

.  .        9 

!.. 

.  . 

.  .       10 

2.  . 

1,75 

13. 

11 

3.  . 

2,50 

14. 

.12 

4.  . 

3 
3,75 

15. 
16. 

.  .      13 

5.  . 

.  .      14 

6.  . 

4,50 

17. 

15 

7.  . 

5,50 

18. 

16 

8.  . 

6,50 

19. 

n 

9.  . 

7,15 

20. 

M 

10.  . 

8 

21. 

...       19 

(1)  Ce  quatrième  temps  de  ropération  sera  fait  une  fois  pour  toutes  cl  lo 
coofficient  c  obtenu  sera  le  même  tant  qu'on  se  servira  de  la  môme  solution 
cyanurée,  préparée  selon  nos  indications,  c'est-à-dire  alcalinisée  avec  1  p.  100 
de  lessive  de  soude;  on  n'aura  besoin  de  le  contrôler  que  tous  les  mois. 


—  Il 


Valeurs  de  q-c 
en  dixièmes 
de  centiinètreB  cubes. 
22.  . 

Caséine 
en  grammes, 
par  litre. 
20 

23.  . 

.      2i 

24. 

22,25 

25.  . 

23,50 

SB.  . 

24,75 

27.  . 

26 

28.  . 

27 

29.  . 

28 

30. 
31.  . 

.       29,25 
30  75 

32.  . 

33.  . 

.      32 
33  50 

34.  . 

.      35 

Valeurs  de  q-e  Caséine 
en  dixièmes          en  grammes, 

de  centimètres  cubes.  par  litre. 

35 37 

36 39 

37 40,50 

38 42,75 

39 45 

40 47 

41 49 

42 51.50 

43 54 

44 57,20 

45 60 

46 62,50 


Exemple  :  On  a  trouvé,  avec  un  lait  de  vache,  gssS''*',!  : 
d'autre  part  c  =  4"',8  ;  on  pose  (g-c)  =  81-48  =  33. 

En  se  rapportant  au  tableau,  on  trouve  qu'à  la  valeur 
de  33  correspond  33«',50  de  caséine  par  litre  de  lait 
essayé. 

Sans  avoir  recours  au  tableau,  et  pour  les  besoins  de  la 
pratique,  on  peut  déduire  facilement,  comme  suit,  la  dose 
cherchée  x  de  caséine  à  l'aide  des  valeurs  de  q-c. 

Pour  cela,  quand  (q-c)  sera  compris  entre  9  et  24.  on 
prendra  : 

.x=(q-c)  — 2, 

c'est-à-dire  qu'il  suffira  alors  de  retrancher  la  constante  2 
du  nombre  de  divisions  (dixièmes  de  centimètres  cubes) 
d'azotate  d'argent  obtenu  en  retranchant  c  de  q  pour  avoir 
en  grammes  la  proportion  x  de  caséine  contenue  dans 
1  litre  de  lait  examiné.  Quand  (q-'c)  sera  compris  entre 
25  et  32  inclus,  on  aura  : 

x  =  1,25  (qc)  — 8. 

Enfin,  pour  {q-c)  égal  ou  plus  grand  que  33,  on  prendra  : 

jc=2  (q-c)  — 33. 

Les  chiffres  ainsi  calculés  ne  diffèrent  de  ceux  du 
tableau  de  correspondance  que  de  quantités  inférieures 


—  12  — 

aux  erreurs  d'expérience,  ainsi  qu'il  est  facile  de  s'en 
iTï^siirer. 

Dciiis  le  cas  où  q-c  est  supérieur  à  37,  il  est  préférable 
de  dédoubler  le  lait,  la  méthode  étant  beaucoup  plus  sen- 
sible pour  les  solutions  diluées  que  pour  les  solutions 
ront-i'iitrées  de  caséine. 

Eii  opérant  ainsi  qu'il  vient  d'être  dit,  un  dosage  de 
caséine  se  fait  en  moins  de  cinq  minutes. 


Ex&men  chimique  de  la  salive  dans  un  cas  de  sialorrhée 
chez  un  épileptique;  par  M.  E.  Gérard. 

Les  travaux  publiés  jusqu'ici  concernant  l'examen  chi- 
mique de  la  salive  dans  certains  cas  pathogiqucs  sont  peu 
Donibieux;  nous  croyons  utile  de  relater  les  recherches 
que  imus  avons  faites  dans  ce  sens  pour  un  cas  de  sialor- 
rhée chez  un  épileptique  du  service  de  M.  le  professeur 
Mossé  de  Toulouse.  C'est  du  reste  sur  sa  demande  que 
nous  avons  procédé  à  cette  étude. 

M.  U.  Gautrand  (1)  a  relaté  dans  une  thèse  intéres- 
sante les  travaux  faits,  en  particulier,  sur  les  modiflca- 
titîijs  du  pouvoir  saccharifiant  de  la  salive  provenant  de 
malades  atteints  de  différentes  affections.  Ces  recherches 
cjnl  été  faites  spécialement  par  MM.  Salkowsky  (-2),  Ro- 
maro  [3),  Coronedi(4),Schlesinger(5)etenfinparJawein(6), 
mais  les  conclusions  formulées  par  ces  divers  auteurs 
sont  quelquefois  différentes,  de  là  la  nécessité  de  recueil- 
lir de  nouvelles  observations  qui  doivent  être  dirigées 
dans  un  sens  à  peu  près  identique  pour  fournir  des  données 
utiles. 

Pour  le  cas  qui  nous  occupe,  nous  avons  surtout  déter- 

(1)  Du  Chimisme  salivaire,  —  Thèse  de  Lyon,  1895. 
(S)  Virchow's  Archiv  ,  t.  CIX ,  1887. 

(3)  Hiv.  di  Se,  med.  di  Venezia,  t.  XI,  p.  578,  1889. 

(4)  Bull,  di  Se.  med.  di  Bologna,  t.  VU,  p.  29  et  37. 

(5)  Virchow'a  Archiv.,  t.  XXV,  p.  146. 

(6)  Wien.  med.  Presse,  t.  XXXHI,  p.  577  et  621,  1892. 


—  13  -. 

miné,  en  plus  de  la  composition  chimique,  le  pouvoir 
amyloly tique  de  la  salive,  comparé  à  celui  de  la  salive 
normale,  en  prenant  comme  base  de  cette  action  diasta- 
sique  les  chiffres  donnés  par  Jawein  et  sur  lesquels  nous 
reviendrons  plus  loin. 

.  La  salive  du  malade  est  recueillie  dans  un  flacon  conte- 
nant quelques  gouttes  de  chloroforme  pour  empêcher  toute 
altération  ultérieure  du  liquide  sous  l'influence  des 
microorganismes. 

Les  quantités  de  salive  sécrétées  journellement  et  qui 
ont  servi  à  nos  expériences  sont  les  suivantes  : 

21  juin  1897 640- 

22  —      915« 

23  —      950- 

24  -      745- 

Propriétés  et  composition  du  mélange  des  diverses  sécré" 
tions  : 

Liquide  à  peine  opalescent  et  fluide. 

Densité  à  15»=:  1,003. 

Réaction  alcaline  (alcalinité  correspondant  à  0K'',3i8  de 
carbonate  de  soude  par  litre). 

Exti-ait  sec 7k',85  par  litre. 

Sels  fixes 4«%80      — 

Matières  organiques  . 3«',05      — 

Substances  précipi  tables  par  Talcool ^%30      — 

Mueine,  albumine traces. 

Dans  l'extrait  alcoolique  de  la  salive  évaporée,  nous 
avons  pu  mettre  en  évidence  la  présence  de  l'acide  sulfo- 
cyanique,  de  l'urée  et  de  l'acide  butyrique. 

Cette  salive  pathologique  contient  un  ferment  oxydant; 
ce  fait  a  déjà  été  démontré,  du  moins  pour  la  salive 
normale,  par  M.  P.  Carnot  (C.  IL  Société  de  biologie, 
29  mai  1896). 

Détermination  du  pouvoir  saccharifiant  de  la  salive.  -— 
M.  Jawein  (1)  a  déterminé  le  pouvoir  saccharifiant  de  la 

(1)  Loc,  cU.y  p.  626. 


—  14  — 

salive  dkea  rhoinme  sain  en  dosant  la  quantité  de  maltose 
produite  sons  l'influence  du  ferment  salivaire  dans  les 
conditions  suivantes  :  On  fait  avec  de  Teau  et  de  l'amidon 
desséché  à  l'air  un  empois  à  4  p.  100  ;  on  en  prend  100**  et 
on  y  ajoute  4**  de  salive  filtrée.  Le  mélange  est  exposé 
pendant  quinze  minutes  à  une  tempéralui-e  de  39  à  40*. 
Au  bout  de  ce  temps,  on  étend  la  solution  à  200"  et  on  y 
dose  le  maltose.  Pour  le  cas  d'une  salive  sécrétée  par  un 
homme  sain,  le  liquide  mis  en  expérience  renferme 
0«',368  à  0«',555  de  maltose  p.  100. 

Pour  que  les  résultats  puissent  être  comparables  dans 
la  détermination  du  pouvoir  amyloly tique  de  la  salive, 
nous  avons  adopté  le  mode  opératoire  de  M.  Jaw^ein  et  les 
chiffres  qu'il  donne  pour  la  proportion  de  maltose  produite 
dans  les  conditions  normales. 

Nos  expériences  ont  porté  sur  les  salives  du  21  et  du 
23  juin,  les  quantités  de  maltose  formées  ont  été  respec- 
tivement de  0«%639  et  0«',603  p.  100. 

Détermination  de  la  température  de  destruction  de  la 
ptyaline,  —  Cette  recherche  a  été  faite  non  pas  directe- 
ment sur  la  salive,  mais  sur  la  ptyaline  précipitée  par 
l'alcool  et  mise  en  dissolution  dans  l'eau  distillée.  A  cet 
effet,  nous  avons  suivi  le  procédé  indiqué  par  M.  Bour- 
quelot  (1).  Nous  sommes  arrivés  à  cette  conclusion,  que 
la  ptyaline  de  la  salive  de  notre  malade,  encore  très 
activé  à  57",  s'affaiblit  vers  58*  et  59*»  et  devient  à  peu  près 
inactive  entre  60*  et  61*. 

C'est  la  température  de  destruction  indiquée  pour  la 
ptyaline  de  la  salive  normale. 

De  nos  expériences,  il  résulte  que  le  pouvoir  amyloly- 
tique  de  la  salive  sécrétée  en  abondance  par  cet  épilep- 
tique  est  sensiblement  accru.  De  plus,  la  quantité  de 
matières  salines  que  renferme  ce  liquide  est  supérieure  à 
celle  de  la  salive  mixte,  ce  qui  vient  de  nouveau  vérifier 
la  loi  établie  par  Heidenhain,  à  savoir  que  plus  la  sécrétion 
devient  rapide,  plus  la  proportion  des  sels  augmente. 

(i)  Em.  Boarqnelot.  FermenU  wlublet^  Paris,  1896;  p.  136. 


—  15 


Nous  devons  ajouter  que,  par  sa  composition  chimique, 
sa  consistance  et  sa  densité,  cette  salive  semble  se  rappro- 
cher de  la  salive  parolidienne. 


Encore  à  propos  de  la  conservation  des  limonades; 

par  M.  JULLIARD  (1). 

L'Union  pharmaceutique^  du  15  novembre  1897,  publie 
une  étude  de  M.  M.  Mansier,  sur  les  différents  modes  de 
conservation  proposés,  pour  obvier  à  Tinconvénient  du 
dépôt  magnésien  dans  les  limonades.  J'ai  lu  cette  étude 
consciencieuse  avec  intérêt;  mais  je  tiens  à  déclarer  que, 
jamais,  je  n'ai  remarqué  dans  mes  limonades,  aucune 
trace  de  dépôt  ni  de  moisissure.  Elles  sont  d'une  con- 
servation parfaite,  et  je  pourrais  presque  dire  indéfinie. 
Le  procédé  que  m'attribue  mon  honorable  confrère  et 
compatriote  M.  Mansier,  n'est  pas  celui  que  j'emploie  et 
que  j'ai  communiqué  à  la  Société  de  pharmacie  de  Paris. 
M.  Mansier  me  fait  dire  que  je  verse  la  solution  bouil- 
lante sur  le  sirop  aromatisé,  préalablement  placé  dans 
la  bouteille;  ce  n'est  pas  ainsi  que  j'opère.  Je  fais 
la  solution  de  citrate  de  magnésie  à  chaud;  je  la  filtre; 
j'ajoute  les  50«'  de  sirop  de  sucre  ;  je  la  remets  sur  le 
feu  et  je  la  porte  à  l'ébullition.  A  ce  moment,  je  la 
verse  bouillante,  dans  la  bouteille  contenant  1«'  d'alcoola- 
ture  de  citron,  et  je  bouche  instantanément. 

Si,  comme  me  le  fait  dire  M.  Mansier,  je  mettais  le 
sirop  dans  la  bouteille,  au  lieu  de  sucrer  la  solution,  on 
comprend  que  cette  solution  bouillante,  en  contact  avec 
50«'  de  sirop  froid,  voie  nécessairement  sa  température 
s'abaisser,  dans  la  bouteille  ;  et  ce  fait  seul  peut  suffire  à 
laisser  les  moisissures  se  produire  ;  car,  je  le  répète,  il 
faut  que  la  limonade  soit  embouteillée,  pasteurisée  à 
iOO*. 

(I)  Commanication  laite  à  la  Société  de  Pharmacie  (Séance  du  1*  décem* 
bro  1897). 


—  16  — 


Sur  les  propriétés  toxiques  du  Diplotaxis  erucoîdes  (D.  C); 
pai'  M.  Louis  Planchon,  agrégé  à  l'École  supérieure  de 
Pharmacie  de  Montpellier. 

Vers  1880  ou  1881,  des  accidents,  rapidement  mortels, 
furent  signalés  chez  des  moutons  dans  certaines  régions 
du  Gard.  Isolés  sur  quelques  points,  ces  accidents  devin- 
rent parfois  de  véritables  catastrophes,  aux  foires  de  Som- 
mières,  par  exemple,  où  Ton  vit  jusqu'à  35  ou  40  moutons 
périr  en  un  jour  dans  un  même  troupeau.  Dès  l'abord,  les 
bergers  et  les  marchands  de  bestiaux  attribuèrent  cet 
empoisonnement  à  la  malveillance,  idée  qu'il  fallut  bien- 
tôt abandonner. 

Deux  vétérinaires,  justement  réputés  dans  la  région, 
MM.  Montanari  et  Roussel,  de  Sommières,  témoins  de  ces 
cas  étranges  et  voyant  échouer  entre  leurs  mains  les 
moyens  employés  ordinairement  pour  combattre  les  indi- 
'gestions  (éther,  ammoniaque,  etc.),  recherchèrent  la  cause 
de  ces  intoxications.  Les  paysans  eux-mêmes,  d'ailleurs, 
avaient  déjà  remarqué  la  coïncidence  de  ces  accidents 
avec  le  développement  énorme  dans  certaines  cultures, 
d'une  plante  jusqu'alors  peu  répandue  dans  la  région. 
Cette  plante  fut  envoyée  à  mon  père  en  188i  par  M"'  R. 
de  G....  propriétaire  à  Vic-le-Fesq,  entre  Quissac  et 
Sommières,  et  aussitôt  déterminée  Diplotaxis  erucoîdes 
(D.C.)(1). 

Les  autopsies  faites    par  MM.  Montanari  et   Roussel 


(1)  Le  Diplotaxis  erucoîdes  (D.  C.)  a  0'°,20  à  O-'^âO  de  haut.  La  racine 
annuelle,  pivotante,  blanchâtre,  porte  des  radicelles  assez  nombreuses.  —  La 
tige  rameuse  offre  des  poils  blancs  rudes  au  toucher.  —  Les  feuilles  sont 
profondément  découpées,  roncinées,  lyrées,  en  rosette  lâche  k  la  base,  les 
caulinaires  sessiles,  rudes  à  la  main.  La  tige  florale  forme  une  longue  grappe 
corymbiforme  portant  en  bas  des  siliques  longues  et  minces,  écartées,  à 
pédoncule  plus  tïourt  qu*elle,  et,  au  sommet,  un  bouquet  de  fleurs  assez 
•  grandes,  peu  étalées,  de  couleur  blanche,  violacée  vei*s  le  bas  des  pétales, 
surtout  lorsque  la  fleur  se  fane. 

Si  Ton  vient  à  mâcher  un  petit  fragment  de  la  plante,  surtout  du  fruit,  on 


—  17  — 

leur  avaient  démoDtré  l'existence  dans  Testomac  d'une 
substance  irritante  :  il  devenait  évident  que  la  consom* 
mation  excessive  de  cette  sorte  de  moutarde  sauvage, 
tapissait  la  muqueuse  du  rumen  d'un  véritable  sinapisme. 
  celte  maladie,  dont  la  cause  était  désormais  connue,  les 
vétérinaires  opposèrent  un  traitement  par  l'eau,  qui  donna 
de  bons  résultats;  mais  surtout  ils  firent  connaître  autour 
d'eux  la  plante,  et,  depuis  lors,  à  Sommiëres  du  moins,  les 
accidents  sont  devenus  infiniment  moins  nombreux.  Mais 
cette  éducation  des  paysans  et  bergers  est  toute  locale,  et, 
actuellement  encore,  les  empoisonnements,  dans  l'Hérault 
et  dans  le  Gard,  sont  beaucoup  plus  nombreux  qu'on 
ne  le  pense.  Le  plus  souvent,  en  effet,  on  ne  remonte  pas 
à  la  vraie  cause  de  la  mort  du  mouton  :  on  constate  cette 
mort  sans  l'expliquer,  d'autant  plus  qu'on  a  presque  tou- 
jours affaire  à  des  cas  isolés  ou  peu  nombreux,  dans  un 
troupeau.  J'ai  eu  l'occasion,  à  plusieurs  reprises,  de  cons- 
tater que  nombre  de  ces  cas  de  mort  rapide  sont  impu- 
tables au  Diplotaxis,  et  je  crois  utile  de  jeter  un  peu 
l'alarme,  afin  d'éviter,  si  possible,  des  accidents  déjà  trop 
nombreux  et  qui  risquent  de  devenir  plus  fréquents 
encore;  en  effet,  le  Diplotaxis  erucoïdes  se  répand  de  plus 
en  plus  en  ce  moment  dans  la  région  méditerranéenne. 
Indiqué  comme  rare  ou  assez  rare  dans  des  Flores  relati- 
vement récentes,  il  couvre  aujourd'hui  de  vastes  espaces, 
dont  la  teinte  blanche  uniforme,  due  aux  fleurs  de   la 

perçoit  aussitôt  la  saveur  de  la  moutarde.  Cette  saveur  disparaît  par  la  des- 
siccation. 

La  présente  note  n'étant  point  un  travail  de  botanique,  on  peut  se  borner 
aux  quelques  indications  ci-dessus,  sans  entrer  dans  une  description  dé- 
taillée. 

La  présence  des  éléments  de  Tcssence  de  moutarde  n'a  rien  qui  doive  sur- 
prendre  ici  ;  mais  Tactivité  très  grande  de  cette  espèce  faisait  supposer  que 
ces  éiénoonts  étaient  particulièrement  abondants.  Cela  est  vrai  surtout  pour  le 
péricarpe,  dans  lequel  les  réactions  microchimiques  de  Guignard  démontrent 
nettement  de  nombreuses  cellules  k  myrosiae.  — 11  en  existe  aussi  dans 
d'autres  parties  de  la  plante,  mais  beaucoup  moins. 

Les  noms  patois  de  la  plante  sont  variables  avec  la  localité  :  Rabiiscléy 
Rabenassa,  MalherbOy  Erbo  blanco,  Roquéta,  etc. 

Journ.  de  Pkarm.  et  de  Chim.,  6-  SÉRIE,  t.  VII.  (1"  janvier  1893.)         2 


—  18  — 

plante,  attire  de  loin  le  regard.  Pour  la  région  montpel- 
liéraine,  en  tous  cas,  Textcnsion  augmente  chaque  année, 
et  Ton  m'affirme  qu'il  en  est  de  même  dans  TAude  et  en  Pro- 
vence. La  plante  abonde  dans  les  vignes,  très  inégalement 
répartie,  d'ailleurs.  Totalement  absente  dans  certaines 
vignes,  elle  foisonne  littéralement  dans  d'autres,  au  point 
d'y  supplanter  toutes  les  mauvaises  herbes  ordinaires. 
Or,  une  fois  les  vendanges  faites,  c'est  dans  les  vignes 
que  les  troupeaux  de  passage  obtiennent  le  plus  facile- 
ment Tautorisalion  de  pâturer.  Souvent  même  les  feuilles 
de  la  vigne,  étant  déjà  plus  ou  moins  desséchées,  le  Diplo- 
taxis  demeure  la  seule  nourriture  offerte  aux  moutons, 
et  le  berger  ignorant  le  danger,  choisira  même,  entre 
toutes  pour  y  mener  son  troupeau,  cette  vigne  plus  riche 
que  les  autres  en  plantes  fleuries  et  appétissantes. 

Cette  abondance,  cette  distribution  inégale  et  spéciale 
dans  les  cultures,  rendent  déjà  la  plante  dangereuse  parmi 
tous  les  crucifères  à  essence  de  moutarde.  Il  faut  y  ajouter 
encore  : 

Que  la  plante,  bien  qu'annuelle,  vit  longtemps,  reste 
plusieurs  mois  en  fleurs  et  en  fruits  (or,  ces  fruits  sont  la 
partie  la  plus  active),  et  se  montre  en  pleine  végétation 
pendant  toute  la  saison  froide  ; 

Que  réellement  les  éléments  formatifs  de  Tessence  de 
moutarde  sont  fort  nombreux  ici,  spécialement  dans  le 
péricarpe  :  si  le  goût  ne  suffisait  pas  à  l'indiquer,  les 
réactions  microchimiques,  et  en  particulier  le  réactif  de 
Millon,  le  démontreraient  pleinement; 

Que  les  moutons,  tout  en  évitant  cette  espèce  quand  ils 
ont  autre  chose,  la  mangent  pourtant  sans  trop  de  répu- 
gnance, surtout  dans  certaines  conditions  qu'il  nous  reste 
à  indiquer. 

En  octobre  et  novembre,  des  foires  importantes  amènent 
à  Sommières,  de  quinze  jours  en  quinze  jours,  des  trou- 
peaux considérables  qui  descendent  de  la  montagne  et  qui, 
peu  et  mal  nourris  en  route,  arrivent  affaiblis,  harassés 
et  affamés,  se  jettent  avidement  sur  la  première  herbe  qui 
leur  est  offerte.  Les  bergers,  ne  connaissant  ni  la  plante. 


—  19  — 

ni  ses  propriétés,  conduisent  leurs  troupeaux  dans  les 
vignes  remplies  exclusivement  du  Diplotaxis  et  les  animaux 
en  avalent  en  quantité  sans  mélange  d'autres  herbes.  Telle 
est  l'origine  des  intoxications  en  masse.  En  temps  normal, 
malgré  Tabondance  de  la  plante,  les  cas  sont  peu  nom- 
breux, parce  que  les  moutons  choisissent  plus  ou  moins 
leur  nourriture  et  laissent  de  côté  la  Malherbe  ou,  en  tous 
cas,  en  mangent  fort  peu,  car  la  faim  seule  les  décide  à 
Taccepter. 

Or,  la  question  de  quantité  prime  tout  ici,  et  la  preuve 
est  que  les  bergers,  même  avertis,  n'hésitent  pas,  à  Som- 
mières,  à  mener  leurs  troupeaux  dans  les  champs  de 
Diplotaxis,  à  la  fin  de  la  journée,  alors  que  le  rumen  est 
déjà  plein  ou  à  peu  près. 

Dans  ces  conditions,  le  toxique  devient  un  condiment  et 
les  accidents  sont  exceptionnels  :  la  répugnance  plus  ou 
moins  grande  de  l'animal,  Tabondance  d'autres  herbes  à 
l'endroit  où  il  broute,  peut-être  une  sensibilité  variable 
au  poison,  en  voilà  plus  qu'il  n'en  faut  pour  expliquer 
pourquoi,  dans  un  même  troupeau,  quelques  animaux 
périssent,  d'autres  présentent  des  symptômes  plus  ou 
moins  graves  pendant  deux  ou  quatre  jours;  d'autres, 
enfin,  se  montrent  simplement  un  peu  abattus,  mais  sans 
cesser  de  manger. 

Les  symptômes  sont  d'une  rare  banalité.  Peu  de  temps 
après  avoir  mangé,  les  moutons  présentent  un  grand  abat- 
tement, gémissent,  refusant  toute  nourriture,  salivent  un 
peu,  mais  sans  qu'il  y  ait  cette  bronchorrhée  si  remar- 
quable, indiquée  plusieurs  fois  dans  Tempoisonnemeut 
des  bestiaux  par  le  Sinapis  arvensis  [1).  La  rumination  est 
arrêtée  dès  le  début.  Parfois,  ballonnement  assez  fort, 
mais  non  constant.  L^animal  reste  assez  longtemps  de- 
bout, immobile,  puis  s'affaisse  et  meurt  bientôt  après  (de 
6  à  24  heures  après  le  repas,  ordinairement  12  à  15heures). 
D'après  un  paysan  du  Gard,  qui  a  perdu  en  décembre  der- 
nier 6  moutons  sur  40  dans  son  troupeau,  les  animaux 

r(1)  Voy.  Cornevin.  Des  Plantes  vénéneuses,  p.  242. 


—  w  — 

malades  gardent  assez  longtemps  de  l'inappétence  pour  le 
sel. 

L*autopsie  démontre  pleinement  que  l'on  a  affaire  à  un 
poison  irritant,  corrosif.  Les  lésions  sont  toutes  locales  et 
portent  surtout  sur  le  rumen,  bien  que  les  autres  parties  de 
Testomac  puissent  être  altérées. 

M.  Roussel  a  constaté  souvent  ces  lésions,  que  j'ai  pu 
voir  également.  La  muqueuse  stomacale  est  rouge  ou  noi- 
râtre, soit  en  totalité,  soit  par  place;  elle  est  corrodée,  au 
point  qu'il  suffit  de  promener  à  sa  surface  le  dos  du  cou- 
teau à  autopsie  pour  la  voir  se  détacher  de  la  paroi  stoma- 
cale, et  que  les  aliments  Tentraînent  parfois  avec  eux 
lorsqu'on  les  retire.  Au-dessous,  la  surface  mise  à  nu  est 
rouge  ou  même  noire.  En  dehors  de  ces  lésions  locales,  on 
ne  trouve  rien  nulle  part.  La  plante  ingérée  se  retrouve 
évidemment  dans  le  rumen,  mais  très  divisée,  le  mouton 
broyant  beaucoup  ses  aliments  :  avec  de  la  patience, 
on  découvrirait  dans  la  masse  les  petites  graines  de 
Diplotaxis. 

Je  n'ai  aucun  fait  se  rapportant  à  d'autres  herbivores. 
Les  moutons  semblent  seuls  atteints  :  il  est  vrai  de  dire 
qu'ils  sont  aussi  les  seuls  à  pâturer  dans  les  vignes  où 
pousse  la  plante.  J'ai  ouï  dire  qu'à  Sommières  on  donnait 
couramment  le  Diplotaxis  aux  vaches  et  aux  lapins  sans 
inconvénients.  Pour  les  vaches,  il  est  probable  qu'il  s'agit 
de  la  plante  sèche,  et  surtout  d'un  mélange  d'herbes  où 
elle  ne  joue  qu'un  rôle  fort  secondaire,  et  nous  savons 
que,  mêlée  à  d'autres  en  proportion  faible,  elle  devient 
inoffensive  pour  le  mouton  lui-même.  Quant  aux  lapins  et 
aux  cobayes,  j'ai  pu  vérifier  maintes  fois  qu'ils  répugnent 
beaucoup  à  en  manger;  mais,  pressés  par  la  faim,  ils 
s'y  décident  et,  dans  ce  cas,  ne  paraissent  pas  en  souf- 
frir. 

La  cause  du  mal  une  fois  connue,  MM.  Montanari  et 
Roussel  eurent  l'idée  d'un  remède  fort  simple  et  qui  leur 
réussit  parfaitement.  Ils  firent  absorber  aux  animaux 
malades  une  grande  quantité  d'eau,  sans  peine  d'ailleurs, 
car  les  moutons  intoxiqués  sont  fort  altérés  ;  l'eau  dilue  le 


—  21  — 

principe  caustique  et  en  atténue  de  plus  en  plus  l'action. 
Si  Ton  s'y  prend  de  bonne  heure,  avant  que  les  lésions 
soient  irrémédiables,  on  sauve  beaucoup  de  victimes. 
C'est  même  là  un  des  motifs  pour  lesquels,  à  Sommières, 
on  entend  rarement  parler  d'accidents  aujourd'hui;  les 
paysans,  mis  au  courant,  évitent  d'abord  la  plante,  et,  si 
leurs  moutons  s'intoxiquent,  ils  les  traitent  sans  aller 
chercher  le  vétérinaire.  —  Ce  remède,  à  la  portée  de  tous, 
parait  être  jusqu'ici  le  plus  efficace. 

La  prophylaxie  consiste  naturellement  à  faire  connaître 
le  plus  possible  la  plante  autour  de  soi,  et  à  éviter  les 
pâturages  où  elle  se  trouve. 

Peut-on  espérer  résister  à  cet  envahissement  de  notre 
région  et  détruire  cette  mauvaise  herbe  ?  La  chose  parait 
difficile,  mais  non  impossible.  A  Vic-le-Pesq,  à  un  certain 
moment,  on  avait  supprimé  l'espèce  par  l'arrachage.  Je 
ne  sais  si  l'on  a  continué;  en  tous  cas,  il  faudrait  que  la 
mesure  fut  générale.  Si  dans  la  saison  chaude,  avant  la 
floraison^  on  arrachait  à  la  main  ou  à  l'outil  le  Diplotaxis 
des  vignes,  il  ne  faudrait  sans  doute  pas  plus  de  deux  ou 
trois  ans  pour  s'en  débarrasser  tout  à  fait.  En  tout  cas, 
on  n'en  prend  guère  le  chemin,  car  partout  on  le  laisse 
fructifier  à  pleines  vignes  et  grainer  à  pleines  siliques,  en 
sorte  que  cette  mauvaise  herbe  risque  de  devenir  bientôt 
un  véritable  fléau,  non  seulement  pour  les  bestiaux,  mais 
encore  pour  les  cultures. 

REVUE  SPÉCIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  PHARMACIE  ET  DE  CHIMIE. 


Médicaments  nouveaux. 

Combinaisons  iodées  de  la  caséine;  parM.  A.  Li£brecht(1). 

—  L'auteur  obtient  une  première  combinaison  iodée  de 

la  caséine  de  la  façon  suivante  :  On  fait  un  mélange 

intime  de  80«'  de  caséine  et  de  20k'  d'iode  que  l'on  chaulTe 

(i)  Ueber  lodderivaie  toq  Eiweisskôrpern  (Caséîn)  ;  Ber,  d,  d.  chem.  Gesell" 
chaft,  XXX,  p.  1824,  1897. 


-  -  2-2   - 

au  bain-inaric  en  ayant  soin  de  remuer  continuellement. 
On  obtient  ainsi  une  poudre  brune  que  Ton  traite  par 
Têther  dans  l'appareil  de  Soxhlet.  Si  Ton  emploie  de 
l>ther  ne  renfermant  pas  d'alcool,  il  passe  incolore  au 
bout  de  quelques  heures.  Le  résidu  desséché  à  l'air  ren- 
ferme 17,8  p.  100  d'iode.  A  ce  ccmiposé,  l'auteur  donne  le 
nom  de  periodo-caséine.  Il  se  présente  sous  la  forme  d'une 
poudre  jaune  sur  laquelle  l'eau  froide  est,  pour  ainsi  dire, 
sans  action.  Il  est  soluble  dans  l'alcool  faible  bouillant  et 
se  précipite  par  refroidissement  sous  forme  de  flocons 
bruns.  Aussi  peut-on  l'obtenir  encore  en  maintenant  à 
Tébullition  de  l'alcool  à  70**  dans  lequel  on  a  mis  de  la 
caséine  et  de  l'iode.  La  caséine  se  dissout  peu  à  peu  et  la 
caséine  periodée  se  dépose  par  refroidissement. 

La  majeure  partie  de  l'iode  n'est  fixée  que  faiblement. 
Si  on  traite  le  produit  par  un  hyposulfite  alcalin,  il  perd 
de  l'iode  et  se  décolore  :  si  on  lave  le  résidu  avec  de  l'eau, 
puis  avec  de  l'alcool  et  de  Téther,  et  si  on  dessèche,  on  a 
une  caséine  iodée,  dans  laquelle  l'iode  est  intimement 
unie  à  la  matière  organique.  A  ce  second  produit  l'auteur 
donne  le  nom  dCiodo-casèine.  Cette  iodo-caséine  constitue 
une  poudre  blanche  insoluble  dans  les  dissolvants  ordi- 
naires. Elle  présente,  comme  la  caséine,  les  caractères 
d'un  acide,  se  dissout  dans  les  alcalis  dilués  pour  se  pré- 
cipiter lorsqu'on  acidifie  la  solution.  Elle  renferme  du 
phosphore  et  du  soufre,  et  se  distingue  de  la  caséine  par 
son  insolubilité  dans  le  sulfite  de  soude.  Elle  contient,  en 
moyenne,  5,7  p.  100  d'iode. 

M.  Liebrocht  a  eu  l'idée  de  faire  subir  à  la  periodo- 
caséine  le  traitement  à  l'aide  duquel  E.  liaumann  a  retiré 
l'iodothyrine  de  la  glande  thyroïde,  et  il  a  obtenu  ainsi 
un  produit  que  ses  propriétés  rapprochent  de  l'iodothyrine 
elle-même.  100»'  de  periodo-caséine  furent  chauffés  au 
bain-marie  pendant  deux  heures  avec  deux  litres  d'acide 
sulfurique  dilué  (à  10  p,  100).  Dans  ces  conditions  la  perio- 
do-caséine s'est  transformée  en  une  poudre  rouge-brun. 
C.*elle-ci  a  été  purifiée.  Pour  cela,  on  l'a  d'abord  dissoute 
dans  un   alcali  dilué.  On  l'a   ensuite  précipité  par  un 


—  23  — 

acide,  et,  finalement,  on  l'a  traitée  par  de  l'alcool  à  70^ 
bouillant.  Par  refroidissement,  il  s'est  précipité,  sous 
forme  de  flocons  blancs,  un  troisième  composé  iodé  que 
Fauteur  désigné  sous  le  nom  de  caséo-iodine. 

La  caséo-iodine  renferme  8,7  p.  100  d'iode  en  moyenne. 
•Elle  se  dissout  dans  l'alcool  dilué  bouillant  ;  mais  elle  est 
insoluble  dans  les  dissolvants  ordinaires.  Elle  donne  lîi 
réaction  du  biuret.  L'iode  est  aussi  intimement  combiné 
que  dans  l'iodothyrine.  Si  on  met  un  peu  de  produit  dans 
un  tube  à  essai,  si  on  ajoute  de  l'acide  sulfurique  concen- 
tré et  si  on  chauffe  on  voit  se  dégager  des  vapeurs  d'iode 
comme  avec  l'iodothyrine. 

Quelques  essais  thérapeutiques  ont  été  faits  avec  la 
caséo-iodine.  Celle-ci  parait,  à  ce  point  de  vue  aussi,  se 
comporter  comme  l'iodothyrine.  Em.  B. 


lodogallicine  (1).  —  Ce  corps  qui,  par  sa  composition  et 
ses  propriétés,  se  rapproche  de  l'airol  (2),  est  obtenu  en 
faisant  agir  l'oxyiodure  de  bismuth  sur  l'éther  méthy- 
lique  de  l'acide  gallique  ou  gallicine  (3).  Sa  formule  est 
la  suivante  : 

COOCIP 

/OH 

C'est  une  poudre  légère,  amorphe,  gris  foncé,  insoluble 
dans  les  dissolvants  ordinaires.  Les  acides  dédoublent 
riodogallicine  en  ses  composants.  Elle  renferme  23,6 
p.  100  d'iode  et  38,4  p.  100  de  bismuth.  On  lui  attribue 
des  propriétés  antiseptiques.  Em.  B. 

lodocrol  (4).  —  Encore  un  prétendu  succédané  de  l'iodo- 


(1)  Pharm,  Cenlralhalle,  XXXVIir,  p.  604,  1897. 

(2)  Joum.  de  Ph.  et  de  Ch,  [6],  I,  p.  183, 1895. 

(3)  Joum.  de  Ph.  et  de  Ch.  [6].  I,  p.  503,  1895. 

(4)  Pharm.  Zeitung,  XLII,  828,  1897. 


-  24  — 

forme.  L'auteur  de  Tarticle  auquel  est  emprunté  ce  résu- 
mé donne,  comme  synonyme  :  carvacrol  iodé;  néanmoins 
il  indique  qu'on  le  prépare  avec  le  carvol,  autre  isomère 
du  thymol.  ^Quoiqu'il  en  soit,  il  serait  solubledans  l'é- 
ther,  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone,  le  benzol,  les 
huiles  grasses  et  volatiles  et  il  réunirait  à  la  fois  les  pro- 
priétés antiseptiques  de  Tiode  et  du  carvol.       Em.  B. 


Sur  la  préparation  de  latannalbine;  par  M.  R.  ScHMiDT(i]. 
—  La  préparation  de  la  tannalbine  (tannate  d'albumine 
insoluble  dans  l'estomac),  telle  que  l'a  publiée  Gottlieb  (2) 
est  assez  délicate.  M.  R.  Schmidt  donne  sur  ce  sujet  les 
indications  suivantes  : 

A  10  parties  d'une  solution  d'albumine  à  10  p.  100,  on 
ajo.ute  6  parties  5  d'une  solution  de  tannin  de  même  con- 
centration ;  on  rassemble  le  précipité  sur  une  toile,  on  le 
lave,  avec  soin,  on  l'exprime  et  on  le  fait  sécher  à  30*.  Le 
produit  est  alors  pulvérisé,  passé  au  tamis  fin,  étalé  en 
couche  mince  et  finalement  chauffé  pendant  6  heures  à 
120^ 

La  tannalbine  que  l'on  obtient  ainsi  est  tout  à  fait  sem- 
blable à  celle  qu'on  trouve  dans  le  commerce.  Mise  à 
digérer  à  37-40*  pendant  2  ou  3  heures  dans  une  solution 
de  carbonate  de  soude  à  1  p.  100,  elle  laisse  24  à  40  p.  100 
de  résidu.  Celle  du  commerce  en  laisse  de  31,5  à  39,5 
p.  100. 

Traitée  par  une  solution  acide  de  pepsine  (!«''  de  pep- 
sine, 2«',5  d'acide  chlorhydrique  et  150«'  d'eau)  elle  laisse, 
dans  les  même  conditions,  de  35  à  51,5  p.  100  de  résidu. 
Elle  se  décompose  donc  très  lentement  dans  le  suc  gas- 
trique; par  contre,  elle  se  dissout  pour  la  majeure  partie 
dans  le  suc  intestinal.  Em.  B. 

Essai  de  la  tannalbine;  par  M.  R.  Tambach  (3).  —  La 

(1)  Pharm,  Zeiiung,  XLII,  538, 1897. 

(2)  Joum.  de  Ph.  et  de  Ch.,  [6],  Hl,  494,  1896. 

(3)  Ueber  die  Wertbi^stimmiing  des  Tannalbios;  Pharm,  Centralhalle^ 
XXXVIU,  827i  1897. 


—  25  — 

tannalbine,  d'après  Tauteur,  se  présente  sous  forme  d'une 
poudre  brunâtre,  inodore  et  insipide.  Elle  n'abandonne 
que  des  traces  de  matières  à  Teau  froide  et  à  Talcool  froid. 
Si  Ton  agite  de  la  tannalbine  avec  de  Teau  froide  et  si  Ton 
filtre,  le  liquide  filtré  se  colore  cependant  en  bleu  intense 
par  addition  d'une  goutte  de  perchlorure  de  fer.  Si  on 
la  soumet  à  l'actioii  de  l'eau  bouillante,  le  décocté  filtre  et 
refroidi  précipite  par  addition  d'une  solution  d'albumine. 
Agite-t-on  de  la  tannalbine  avec  de  la  lessive  de  soude,  le 
mélange  se  prend  en  gelée.  Si  on  chauffe  ensuite  jusqu'ïi 
la  température  d'ébuUition  et  si  on  sature  avec  de  l'acide 
chlorhydrique,  il  se  dégage  de  l'hydrogène  sulfuré  recoti- 
naissable  à  son  odeur. 

Pour  compléter  l'essai,  on  ajoute  2«'  de  tannalbine  k 
100**  d'eau  renfermant  20  gouttes  d'acide  chlorhydrique 
et  0^,25  de  pepsine.  On  mélange  avec  soin  et  on  main- 
tient le  tout  à  la  température  de  40*  pendant  3  heures.  On 
recueille  le  produit  non  dissout  sur  un  filtre  taré,  on  lave 
à  trois  reprises  avec  10**  d'eau,  on  dessèche  à  100*  et  on 
pèse.  Le  poids  ne  doit  pas  être  inférieur  à  1  gramme, 

Em.  B. 

Salitannol  (1).  —  Si  l'on  fait  agir  l'oxychlorure  de  plïus- 
phore  sur  un  mélange  à  poids  moléculaires  égaux  d'at  ide 
salicylique  et  d'acide  gallique,  on  obtient  un  produit  dt.^ 
condensation  dont  la  composition  répond  à  la  formule 
Qi*jjioQ7^  Ce  produit,  qui  a  été  l'objet  d'un  brevet,  est  dé- 
signé sous  le  nom  de  salitannoL  II  constitue  une  poudre 
.blanche,  amorphe,  insoluble  dans  l'eau,  l'éther,  le  chloio- 
forme,  le  benzol;  à  peine  soluble  dans  l'alcool;  insoluble 
.  à  froid  dans  les  alcalis  carbonates,  mais  très  soluble  dans 
.les  alcalis  caustiques  d'où  il  est  précipité  par  addil iuu 
d'acide.  Il  fond  vers  210*  en  se  décomposant. 

Le  salitannol  serait  un  antiseptique  tenant  à  la  fois  de 
l'acide  salicylique  et  de  l'acide  gallique.  En  raison  de  &>n 
insolubilité  et  de  ses  caractères  de  corps  chimiquenieiU 

(I)  Pharm.  Zeiiung,  XLII,  p.  787,  1897. 


i 


—  -26  — 

neutre,    on    pourrait,    d'après    Tinventeur,   l'employer 
comme  antiseptique  dans  le  traitement  des  blessures. 
Em.  B. 

Tannone  (t).  —  On  a  désigné  ainsi  un  produit  de  conden- 
sation du  tannin  et  de  Turotropine  (hexaméthylène-tétra- 
mine),  produit  dont  le  D'  Schreiber  préconise  l'emploi 
dans  certaines  formes  d'inflammation  et  de  catarrhe  de 
l'intestin. 

La  composition  de  la  tannone  répond  à  87  p.  100  de 
tannin  et  13  p.  100  d'urotropine.  C'est  une  poudre  brun 
clair,  légère,  un  peu  hygroscopique,  insipide,  presque 
insoluble  dans  l'eau,  les  acides  étendus,  l'alcool  et  l'éther, 
mais  se  dissolvant  lentement  dans  les  alcalis  étendus. 

La  tannone  est  dédoublée  dans  l'organisme,  car  l'urine 
des  malades  qui  prennent  ce  médicament  donne,  avec 
l'eau  saturée  de  brome,  un  précipité  jaune  orange  qui  est 
caractéristique  de  Turotropine. 

Doses  :  Le  D'  Schreiber  prescrit  la  tannone  à  la  dose 
de  1«',3  à  4  fois  par  jour  chez  les  adultes,  et  de  0*%2  à 
0«',5  chez  les  enfants.  Em.  B, 

Chimie. 

Fermentation  alcoolique  sans  cellules  de  levure  (1'*  note)  ; 
par  M.  Edouard  Blchner  (2).  —  On  n'était  pas  jusqu'ici 
arrivé  à  séparer  de  la  cellule  vivante  de  leviu*e  l'agent 
de  la  fermentation.  Les  expériences  qui  suivent  résol- 
vent cette  question. 

l.000««'de  levure  de  brasserie,  purifiée  pour  la  prépa- 
ration de  la  levure  pressée,  [mais  non  encore  mélangée 
de  fécule  de  pommes  de  terre  (3),  sont  mêlés  soigneuse- 

(1)  Pharm.  Zeitung,  XLII,  p.  828,  1897. 

(2)  Berichte  der  deutscken  chemischen  GetelUchaft,  t.  XXX,  p.  117. 
En  raison  de  l'intérêt  qui  s'attache  aux  faits  publiés  par  M.  £.  Buchner,  nous 
reproduirons  in  extenso,  au  moins  dans  leurs  parties  essentielles,  trois 
notes  du  même  auteur,  récemment  parues  sur  ce  sujet.         (Rédaction.) 

(3)  Cette  levure  est  tellement  prlTée  de  Toau  d'interposition,  qu'une  pres- 
sion de  25  atmosphères  ne  fait  pas  rendre  d'eau« 


—  27  — 

ment  avec  le  même  poids  de  sable  quartzeux  (I  i,  et  250»' 
de  kieselgiilir,  puis  broyées  jusqu'à  ce  que  la  masse  soit 
devenue  humide  et  plastique.  La  pâte  est  additionnée  de 
100»'  d'eau;  on  l'enferme  dans  un  linge  et  on  la  soumet  à 
une  pression  de  400  à  500  atmosphères.  Il  en  résulte 
300^''  de  suc  exprimé.  Le  tourteau  est  broyé  à  nouveau, 
tamisé  et  mélangé  avec  100»'  d'eau,  puis  comprimé  sous 
la  presse  hydraulique,  à  la  même  pression;  il  donne 
encore  150*^*  de  suc. 

■  Avec  1^»  de  levure,  on  obtient  ainsi  500''''  de  suc  ex- 
primé, renfermant  environ  300**  de  la  substance  contenue 
dans  les  cellules.  Pour  enlever  un  léger  trouble,  le  suc 
est  finalement  secoué  avec  4«'  de  kieselgûhr,  et  filtré  sur 
-papier,  en  reversant  plusieurs  fois  sur  le  filtre  les  pre- 
mières portions. 

Le  suc  exprimé  ainsi  obtenu  constitue  un  liquidejaune, 
légèrement  opalin,  à  parfum  agréable  de  levure.  La 
densité  à  17*  a  été  trouvée  une  fois  égale  à  1,0416.  Par 
chauffage,  il  y  a  une  abondante  séparation  de  coagulum, 
de  sorte  que  le  liquide  se  solidifie  presque  complètement. 
La  formation  de  flocons  insolubles  commence  dés  35**-40*. 
Déjà,  auparavant,  il  y  a  formation  de  bulles  gazeuses,  pro- 
duites probablement  par  l'acide  carbonique  dont  le  liquide 
est  saturé  (2). 

Le  suc  exprimé  contient  plus  de  10  p.  100  de  substance 
sèche.  Dans  un  échantillon  préparé  antérieurement,  au 
moyen  d'un  moins  bon  procédé,  il  y  avait  6,7  p.  100  de 
substance  sèche,  1,15  p.  100  de  cendres,  3,7  p.  100  d  al- 
bumine calculée  au  moyen  de  la  teneur  en  azote. 

La  propriété  la  plus  intéressante  du  suc  consiste  en  ce 
qu'il  peut  faire  fermenter  les  hydrates  de  carbone.  Par 
•mélange  avec  le  même  volume  d'une  solution  concentrée 
de  sucre  de  canne,  il  y  a,  déjà  au  bout  d'unquart  d'heure, 
un  dégagement  régulier  d'acide  carbonique,  qui  dure  une 

(1)  La  poudre  de  verre  est  inoius  convenable  à  cause  de  son  action  comme 
alcali  faible. 

(2)  Les  botanistes  physiologistes  décideront  si  eet  acide  carbonique  provient 
du  processus  d'oxydation  en  relation  avec  la  respiration. 


—  28  — 

juin  liée  entière.  Le  glucose,  le  lévulose  et  le  maltose  se 
toniportent  de  même.  Par  contre,  il  n'y  a  pas  de  fermen- 
laïion  dans  un  mélange  de  suc  de  levure  avec  une  solu- 
tion saturée  de  lactose  ou  de  mannite,  substances  que  ne 
fait  pas  non  plus  fermenter  la  cellule  vivante  de  levure. 
LeB  mélanges  d'extrait  de  levure  et  de  sucres,  depuis 
plusieurs  jours  en  fermentation  dans  un  glacière,  se  trou* 
hlent  peu  à  peu,  sans  que  Ton  puisse  y  trouver  d'orga- 
nismes microscopiques.  Cependant,  à  un  grossissement 
de  7lX)  diamètres,  on  voit  de  nombreux  coagulums  albu- 
jninoux,  dont  la  séparation  est  vraisemblablement  due 
iiux  acides  qui  se  forment  lors  de  la  fermentation. 

T. a  saturation  par  le  chloroforme  du  mélange  de  suc  de 
-levure  et  de  solution  sucrée  n'empêche  pas  la  fermen- 
tait ion.  Elle  donne  seulement  lieu  prématurément  à  une 
faible  séparation  d'albumine. 

La  faculté  de  faire  fermenter  n'est  pas  davantage 
enlevée  au  suc  par  filtra tion  au  travers  d'un  filtre  stéri- 
lisé de  kieselgûhl  de  Berkefeldt,  qui  retient  sûrement 
ton  tes  les  cellules  de  levure.  Le  mélange  du  produit  filtré  et 
parfaitement  clair,  avec  une  solution  stérilisée  de  sucre  de 
canne,  entre  en  fermentation  après  un  léger  retard,  au 
bout  d'un  jour  environ,  même  à  la  température  de  la  gla- 
cière. Si  on  suspend  un  sac  de  papier-parchemin,  rempli  de 
!?uc  de  levure,  dans  une  solution  à  37  p.  100  de  sucre  de 
canne,  la  surface  du  septum  se  recouvre,  au  bout  de  quel- 
ques heures,  de  nombreuses  petites  bulles  gazeuses.  Natu- 
rellement, on  remarque  aussi,  à  l'intérieur  du  sac,  un 
abondant  dégagement  gazeux,  par  suite  de  la  diffusion 
inlcriie  de  la  solution  sucrée.  Des  expériences  ultérieures 
devront  décider  si  le  substratum  de  l'agent  de  fermenta- 
lion  peut  diffuser  à  travers  le  parchemin,  comme  les  ap- 
parences le  donnent  à  penser. 

Le  pouvoir  du  suc  de  levure  d'effectuer  la  fermenta- 
tion se  perd  peu  à  peu  avec  le  temps.  Un  suc  abandonné 
pendant  cinq  jours  dans  un  flacon  à  demi  rempli,  placé 
dans  une  glacière,  se  montre  inactif  vis-à-vis  du  saccha- 
rose. 


\ 


—  29  — 

Il  est  remarquable  giie,  par  contre,  un  suc  mélangé  de 
sucre  de  canne,  après  avoir  ainsi  été  soumis  à  une  fermen-- 
tation,  consei've  au  moins  pendant  deux  semaines  dans  une 
glacière  le  pouvoir  défaire  fermenter.  On  pourrait  songer 
à  une  action  favorable  de  Tacide  carbonique  développé 
par  la  fermentation,  lequel  écarterait  Toxygène  de  Tair. 
Le  sucre,  qui  est  facilement  assimilable,  pourrait  aussi 
contribuer  à  l'obtention  de  Tagent  de  la  fermentation. 

Les  expériences  instituées  en  vue  de  connaître  la  na- 
ture delà  substance  active  du  suc  de  levure,  sont  encore 
peu  avancées.  Par  chauffage  du  liquide  à  40^-50*,  il  y  a 
dégagement  d'acide  carbonique,  puis  séparation  graduelle 
de  flocons  d'albumine.  Au  bout  d'une  heure,  on  filtre  en 
repassant  plusieurs  fois.  Le  liquide  filtré  clair  possédait 
encore,  dans  une  expérience,  une  faible  puissance  fer- 
mentalive  vis-à-vis  du  sucre  de  canne.  Après  un  second 
traitement  semblable,  toute  activité  avait  disparu.  La 
substance  active  semble  ainsi,  ou  bien  perdre  déjà  son 
action  à  cette  température  basse,  ou  bien  s'agglomérer 
et  se  précipiter. 

Pour  suivre  un  autre  ordre  d'idées,  on  a  introduit  20'* 
de  suc  de  levure  dans  un  volume  triple  d'alcool  absolu, 
recueilli  le  précipité  et  séché  celui-ci  dans  le  vide  surSO*!!'. 
Il  en  est  résulté  2«'  de  substance  sèche,  dont  une  petite 
partie  seulement  se  redissout  par  digestion  avec  10*^*  d'eau. 
Si  on  filtre  cet  essai,  le  liquide  ne  possède  plus  aucune 
action  fermentative  sur  le  sucre  de  canne.  Ces  expériences 
devront  être  répétées.  En  particulier,  on  devra  chercher 
à  isoler  la  substance  active  au  moyen  du  sulfate  d'am- 
moniaque. 

En  ce  qui  concerne  la  théorie  de  la  fermentation,  on 
peut  dès  à  présent  tirer  les  conséquences  suivantes  : 
d'abord,  il  faut  remarquer  que,  pour  la  mise  en  œuvre  de 
la  fermentation,  un  appareil  aussi  compliqué  que  celui  que 
présente  la  cellule  de  levure  n'est  pas  indispensable. 

Le  principe  dans  lequel  réside  la  puissance  fermenta- 
trice  du  suc  est  une  substance  dissoute,  sans  doute  un 
albuniinoïde,  qui  doit  être  désignée  sous  le  nom  de  zymase. 


—  30  — 

L*opînion  qu'un  albuminoïde  spécial,  provenant  de  la 
levure^  effectue  la  fermentation,  a  été  exprimée  par 
Traube,  en  1858,  sous  forme  d'une  théorie  des  enzymes 
(Ht  des  ferments,  et  défendue  plus  tard  en  particulier 
par  Iloppe-Seyler.  La  séparation  d'un  enzyme  de  ce 
l^onrc,  en  partant  de  la  levure  de  bîére,  n'avait  pas 
encore  été  réalisée. 

Il  reste  encore  à  se  demander  si  la  zymase  doit  être 
ionifjtée  au  nombre  des  enzymes  depuis  longtemps 
connue. 

Comme  Naegeli(i)  l'a  déjà  montré,  il  y  a,  entre  l'action 
de  îa  fermentation  et  l'action  des  enzymes  ordinaires, 
des  différences  importantes.  La  dernière  réalise  unique- 
ment des  hydrolyses,  qui  peuvent  être  effectuées  sem- 
]ilaMement  par  les  procédés  chimiques  les  plus  simples. 
lïiiMi  que  Baeyer  (2)  nous  ait  fait  comprendre  plus  inti- 
mement le  processus  chimique  de  la  fermentation  alcoo- 
lique, il  n'est  pas  moins  vrai  que  la  décomposition  du 
sucre  en  alcool  et  acide  carbonique  reste  toujours  dans  le 
domaine  des  réactions  compliquées.  Il  y  a  là  des  ruptures 
de  liaisons  entre  les  atomes  de  carbone,  qui  n'ont  pas  pu 
être  i>roduites  jusqu'ici  aussi  complètement  par  d'autres 
moyens.  Il  y  a  en  outre  une  différence  importante  dans 
les  quantités  de  chaleur  dégagées  (3l 

L'invertine  peut  se  retirer,  par  l'eau,  des  cellules  de 
levui'e  tuées  par  chauffage  à  150*  pendant  une  heure;  on 
la  pr^'cipite  ensuite  par  l'alcool,  sous  forme  d'une  poudre 
soluhle  dans  l'eau.  On  ne  parvient  pas  à  obtenir  de  la 
ni^me  façon  la  substance  qui  provoque  la  fermentation  ; 
elle  n'est  plus  présente  dans  les  cellules  de  levure  aussi 
fortement  chauffées.  Par  précipitation  au  moyen  de  l'al- 
caoL  cette  substance  se  transforme,  si  les  recherches  rap- 
portées plus  haut  permettent  de  tirer  une  conclusion,  en 
uîw  modification  insoluble  dans  l'eau.  On  ne  doit  guère  se 

(l)  Théorie  de  la  fermentalion^  Munich,  1879,  p.  15. 
\,t}  Berichte  der  deuUchen  chemUchen  Gesellschaft^  3,  73. 
(j.i  Le  dégagement  de  chaleur  qui   apparaît  dans  le  développement  de  la 
levuLG  a  été  fixé  depuis  peu  par  Bouffard,  C  /).,  121,  357. 


] 


—  31  — 

tromper  en  admettant  que  la  zymase  appartient  au  groupe 
des  substances  all3uminoïdes  et  possède,  avec  le  proto- 
plasma vivant,  des  rapports  encore  plus  intimes  que 
rinvertine. 

Le  bactériologiste  français  Miquel  a  exprimé,  à  propos 
de  Turase,  enzyme  fabriqué  par  les  bactéries  de  la  fer- 
mentation de  l'urée,  des  idées  analogues.  Il  la  considère 
directement  comme  du  protoplasma  qui  se  passerait  de  la 
protection  de  la  membrane  cellulaire,  agirait  en  dehors 
de  celle-ci  et  ne  différerait  essentiellement  que  par  là  du 
contenu  cellulaire  (1). 

Les  recherches  de  Fischer  et  Lindner  (2)  relatives  à 
Taction  de  la  levure  Moniliacandida  sur  le  sucre  de  canne, 
sont  du  même  ordre.  Ce  champignon  fait  fermenter  le 
saccharose.  Il  n'était  cependant  arrivé  ni  à  Hansen,  ni 
aux  auteurs  susnommés,  d'extraire  par  l'eau,  de  la  levure 
fraîche  ou  sèche,  un  enzyme  invertissant,  qui  effectuât  la 
décomposition  précédente  en  glucose  et  lévulose.  11  en  fut 
tout  autrement  quand  Fischer  et  Lindner  employèrent  la 
Monilia  fraîche.  Par  broyage  de  celle-ci  avec  la  poudre 
de  verre,  une  partie  des  cellules  fut  ouverte.  L'action 
invertissante  ne  put  alors  être  méconnue.  «  L'agent  de 
cette  action  ne  semble  pas  du  reste  être  ici  un  enzyme 
stable,  soluble  dans  l'eau,  mais  une  partie  constituante 
du  protoplasma.  » 

La  fermentation  du  sucre  par  la  zymase  peut  dès  lors 
s'effectuer  (3)  à  l'intérieur  de  la  cellule  de  levure.  Il  est 
cependant  plus  vraisemblable  d'admettre  que  les  cel- 
lules de  levure  introduisent  cette  matière  albuminoïde 


(1)  Du  reste,  il  faut  remarquer  que  la  fermentation  uréiqne,  décomposition 
de  rurëe  en  ammoniaque  et  acide  carbonique,  diffère  beaucoup,  au  point  de 
Tue  cbimiqne,  du  processus  de  la  fermentation  proprement  dite.  A  cause  de 
cela,  beaucoup  d'auteurs  ne  la  considèrent  pas  comme  une  fermentation. 
C'est  une  simple  hydrolyse  qui  peut  déjà  être  effectuée  par  l'eau  à  iîO*. 

(2)  Berichte  der  deutschen  chemischen  GeselUchafl,  S28,  3037. 

(3)  Les  phénomènes  diosmotiques  font  paraître  cela  possible.  Comparez 
^'aegeli,  loc,  cit,,  p.  39. 


—  3-2  — 
Expériences  de  Fermentation. 


i 

1 

u 

il 
al 

SOLUTION 

sucrée 

CKNTAGB 

total 
sucre. 

K RATURE 

de 
>érience. 

OBSERVATIONS 

9 

O    fi 

cent,  cubes. 

i  ' 

i 

30 

Sicebtrwe  30 

37 

Glacière. 

Après  une  heure,  important  dégagement 
gazeux,  qui  n'est  pas  terminé  au  bout  de 

guinze  jours.  La  portion  écumease  mesure, 
finalement,  0*,01  de  haut. 

2 

50 

—      50 

37 

— 

Fort  dégagement  gazeux  et  forte  écume. 
La  solution,  d'abord  claire,  devient  opa- 
line au  bout  de  trois  jours,  sans  précip  té. 

3 

150 

—    150 

37 

— 

La  portion  écumeusc  est,  au  bout  de 
trois  jours,  de  3/4  de  centimètre. 

4 

20 

—      20 

37 

Le  désagement  gazeux  est  visible  au 
bout  de  deux  heures  et  n'est  pas  terminé 
au  bout  de  quinze  jours.  La  solution,  claire 
au  commencement,  ne  présente,  k  la  fin, 
qu'un  faible  trouble.  Écume,  1  cent.  1/2 
de  haut. 

5 

30 

-      30 

37 

Le  dégagement  gazeux  commence  au 
bout  d'un  jour  et  n'est  pas  terminé  an 
bout  d'une  semaine.  La  solution  est  encore 
complètement  claire. 

6 

20 

—      20 

37 

Chambre. 

Au  bout  d'uuo  heure,  dégagement  abon- 
dant de  gaz.  Après  deux  semaines,  encore 
léger  dégagement  et  faible  trouble. 

7 

20 

—      20 

37 

40« 

Après  deux  heures,  mousse  haute  de 
0"".10.  Après  un  jour,  abondante  sépara- 
tion de  coagulum.  Le  dégagement  gâteux 
est  terminé. 

8 

30 

—      .^0 

12 

Glacière. 

Au  bout  de  six  jours,  dégagement  ga- 
zeux encore  abondant.  Ensuite,  trouble 
formé  de  coagulum  finement  divisé. 

9 

5 

Maltosd       5 

33 

Au  bout  d'une  heure,  commencement 
du  dégagement  gazeux,  qui  dure  encore 
douze  jours  après. 

iO 

10 

—        5 

26 

— 

Le  dégagement  gazeux  est  déjà  extra- 
ordinairement  fort  au  bout  de  3  heures. 

11 

10 

OlQcose    10 

33 

D'abord,  au  bout  de  vingt  heures,  fort 
dégagement  gazeux,  qui  dure  encore  douze 
heures  après.  Ecume  haute  de  3/4  de 
centimètre. 

12 

10 

—      10 

26 

Déjà,  au  bout  d'une  demi-heure,  assez 
fort  dégagement  gazeux,  qui  dure  douze 
jours.  La  solution  est  alors  trouble  et  il  y 
a  un  peu  de  précipité. 

13 

10 

fractose    10 

37 

Le  dégagement  gazeux  est  déjà  très  fort 
au  bout  d'un  quart  d'heure,  et  marche 
encore  très  fortement  après  trois  jours. 
La  solution  reste  claire. 

14 

10 

—      10 

25 

L'écume  est  déjà  importante  au  bout 
de  quinze  minutes  et  mesure  0",01  après 
trois  jours. 

15 

10 

Lutose    10 

Solution 
saturée. 

Chambre. 

Aucun  dégagement  gazeux,  même  après 
six  jours. 

16 

10 

lannite    iO 

10 

"■ 

Comme  pour  le  lactose. 

'i'vyfT» 


—  33  — 

dans,  la  solution  sucrée ,  où  elle  produit    la  fermenta- 
tion (1).  •  •  .  '  ' 

D'après  cela,  le  processus  de  la  fermentation  alcoo- 
lique doit  être  considéré  comme  ua  acte  physiologique 
alors  seulement  que  ce  sont  les  cellules  vivantes  de  la 
levure  qui  sécrètent  la  zymase.  Naegeli  et  Lôw  ont 
monti'é  (2)  que  dans  une  solution  nutritive,  rendue  au 
commencement  faiblement  alcaline  (par  K'PO*),  et  deve- 
nant ensuite  neutre,  les  cellules  de  levure  laissent  diffu- 
ser, déjà  après  quinze  heures  à  30*,  des  quantités  impor- 
tantes d'albumindïdes  coagulables  par  TébuUition.  En 
fait,  il  semble  aussi,  comme  le  montre  Texpérience  rap- 
portée plus  haut,  que  la  zymase  traverse  le  parchemin. 

Remarques,  — Dans  l'essai  I  (voy.  le  tableau  page  .32), 
le  gaz  développé  fut,  quatre  heures  après  le  commen- 
cement du  dégagement,  conduit  dans  l'eau  de  chaux  et 
identifié  comme  acide  carbonique. 

Dans  les  essais  .II  et  III,  on  a  fait,  après  trois  jours,  la^ 
détermination  de  l'alcool  formé  par  fermentation.  Il  s'est 
produit  dans  l'essai. II,  1«',5  d'alcool  éthylique;  dans  l'es- 
sai III,  3«',3;  de  ces  nombres,  il  faut  retrancher  les 
quantités  absorbées  par  la»  levure  lors  de  la  préparation, 
de  la  bière  qui  l'a  fournie.  Dans  l'essai  II,  la  levure  fut, 
avant  l'expression  du  suc,  lavée  quatre  fohs  avec  5  litre» 
d'eau.  Dans  les  deux  tiers,  l'alcool  fut  dosé,  le  reste  fut 
converti  en  suc  exprimé.  D'après  les  essais,  il  y  avait  au 


(i)  Cela  permet  aussi  ^'expliquer,  avec  quelque  vraisemblance,  les  recher- 
ches de  J.  ^e  Rey-Pailhade  (C.  R.^  il8,  201)^  qui  a  préparé,  au  moyen  de  la 
levure  de  bière,  après  addition  d'un  peu  de  glucose,  un  extrait  faiblement 
alcoolique  (22  p.  iOO).  Après  enlèvement  des  microorganismes  par  fiUration  à 
travers  i^ne  bougie  d'Arsonval  stérile,  cet  extrait  sucré  développa  spontané- 
ment de  l'acide  carbonique  en  l'absence  d'oxygène. 

{t)Loco  ciiato,  p.  9i.  Les  expériences  ont  été  répétées  avec  le  même  résul- 
tat. Elles  ont  seulement  fait  voir  que  les  choses  se  passent  dans  les  solutions 
de  lactose  comme  dans  celles  de  saccharose.  Les  processus  de  diffusion  ne 
sont  pas  liés  à  l'acte  de  la  fermentation,  comme  Fadmettent  les  auteurs  sus- 
nommés. 

Journ.  de  Pharm,  et  de  Ckim.,  6"  SÉRIE,  t.  VII.  (1"  janvier  1898).         3 


—  34  — 

plus  0»%3  d'alcool  dans  la  levure  erfiployée.  Dans  l'es- 
sai III,  on  employa  directement  la  levure  du  couimerce, 
[)urifiée  pour  la  préparation  de  la  levure  pressée,  mais 
l»âs  encore  mélangée  de  fécule. 

La  teneur  en  alcool  de  la  levure  nécessaire  à  la  produc- 
tion de  150**  de  suc,  était,  d'après  les  essais  exécutés,, 
de  iK^2.  Par  suite,  dans  l'essai  I,  il  y  avait  i«',2  d'alcool 
dû  à  la  fermentation;  dans  l'essai  III,  il  y  en  avait  2»%!. 
Dans  tous  les  cas,  l'alcool  a  été  identilié  par  la  réaction 
de  l'iodoforme,  et  linalement  séparé  de  la  solution  aqueuse 
au  moyen  de  carbonate  de  potasse.  Le  produit  recueilli 
dans  l'essai  III  passa  complètement  à  la  distillation  entre 
79<»  à  81°,  à  734'"'"  de  pression.  Le  liquide  distillé  était 
incolore,  inflammable  et  possédait  l'odeur  d'alcool  éthy- 
lique. 

Examen  microscopique,  —  On  examina  au  microscope, 
au  point  de  vue  du  faible  précipité,  les  essais  II  et  III 
après  trois  jours,  VIII  après  six  jours  et  XII  après  douze 
jours.  Dans  tous  les  cas,  on  ne  trouva  pas  d'organismes, 
mais  seulement  un  coagulum  albumineux,  qui  était  la 
cause  du  trouble  pins  ou  moins  abondant. 

Dans  l'essai  III,  lors  d'une  interruption  après  une  durée 
rie  trois  jours,  on  fit  six  cultures  sur  plaques.  Ainsi,  1**  de 
liquide  fut  employé  pour  ensemencer  de  la  éélatiiic 
liquéfiée  chargée  de  moût  de  brasserie.  l'n  autre  centi- 
mètre cube  fut  employé  de  même,  avec  de  la  gélatine 
liquéfiée  contenant  du  bouillon  de  peptone. 

Au  bout  de  six  jours,  une  des  plaques  à  la  gélatine  au 
moût  présenta  onze  colonies.  Les  deux  autres  étaient  stc- 
rlles.  Les  trois  plaques  à  la  peptone  montrèrent  pareille- 
ment de  50  à  100  colonies  et  étaient  liquéfiées. 

Si  on  considère  les  grandes  quantités  de  liquide  qui 
servirent  à  ensemencer  dans  ces  expériences,  ces  résul- 
tats montrent  que  la  fermentation  n'est  pas  due  à  des 
microorganismes,  ce  qui  d'ailleurs  était  déjà  indiqué  par 
la  rapide  évolution  des  phénomènes  de  fermentation. 

Enfin,  dans  les  essais  IV  et  V,  le  suc  fut  passé  sur  un 
tiltre  stérile  de  kieselgiihr  de  Berkenfeldt.  Dans  Tessai  V^ 


—  35  — 

en  outre,  la  solution  de  saccharose  fut  stérilisée  à  Tauto- 
clàve  et  le  mélange  des  deux  liquides  fut  effectué  suivant 
les  règles  de  Tasepsie. 

On  a  reconnu  que  la  méthode  de  pressage  exposée 
plus  haut,  est  propre  à  l'obtention  du  contenu  des  cellules 
bactériennes.  Des  recherches  à  ce  sujet,  appliquées  à  des 
bactéries  pathogènes,  sont  en  cours  à  l'Institut  hygié- 
nique de  Munich. 

(Traduction  de  M.  Marcel  Delage.) 


t<Yç 


Sur  la  décomposition  du  chloroforme,  du  bromoforme  et 
du  chloral  par  la  potasse  aqueuse;  par  M.  A.  Desgrez  (1). 
—  Le  chloroforme  se  décompose  par  la  potasse  aqueuse, 
à  froid,  en  donnant,  comme  produit  principal,  non  plus 
de  Tacide  formique,  mais  les  générateurs  de  ce  coi*ps, 
l'oxyde  de  carbone  et  l'eau  : 

CHCl'  +2K0H  =  2KC1  +  H«0  +  00  +  HOl,* 
CHCP  +  KOH    =  KC1+2H01+C0. 

Tel  est  le  mode  principal  de  décomposition  du  chloro- 
forme, quand  on  met  en  présence  10«'  de  ce  corps  avec 
400»'  d'eau,  tenant  en  dissolution  50«'  de  potasse.  L'oxyde 
de  carbone  a  été  caractérisé  par  sa  flamme  bleue,  sa  com- 
binaison avec  le  chlorure  cuivreux  en  solution  chlorhy- 
drique,  le  réactif  de  M.  Berthelot  (azotate  d'argent  ammo- 
niacal) et,  enfin,  l'analyse  eudiométrique,  10  volumes  de 
gaz  se  combinent  avec  5  volumes  d'oxygène  en  donnant 
10  volumes  d'acide  carbonique.  La  production  de  formiate 
et  de  carbonate  de  potassium  aux  dépens  d'oxychlorure 
de  carbone  d'abord  formé,  n'est  qu'accessoire. 

La  lumière  solaire  active,  l'obscurité  ralentit  ce  mode 
de  décomposition  du  chloroforme.  Une  chaleur  modérée 
l'accélère,  comme  la  lumière,  sans  doute  en  augmentant 
la  solubilité  du  chloroforme.  La  potasse  mise  en  contact 


(1)  Ac.  d.  «c,  CXXV,  780,  15  nov.  1897. 


-~  36  — 

avec  ce  corps,  sans  rintermédiaire  de  Teaii,   ne  donne 
aucun  dégagement  gazeux. 

Le  méthyl  et  le  phénylchloroforme  ne  donnent  pas  cette 
réaction.  Il  en  est  de  môme  du  chorure  de  méthylène  el 
du  tétrachlorure  de  carbone.  Le  bromoforme  se  décom- 
pose comme  le  chloroforme,  mais  plus  lentement,  en  rai- 
son de  sa  moindre  solubilité.  L'iodoforrae,  insoluble  dans 
l'eau,  n'est  pas  décomposé. 

Le  chloral,  comme  on  devait  s'y  attendre;  donne  la 
môme  réaction  que  le  chloroforme,  mais  plus  rapidement.  " 
La  chaleur  dégagée  dans  la  première  phase  de  sa  destruc- 
tion, en  formiate  et  chloroforme,  rend  plus  active  l'action 
de  la  potasse  sur  le  chloroforme  d'abord  formé. 

Les  carbonates  et  bicarbonates  alcalins  ne  provoquent 
pas  de  décomposition  analogue.  L'ammoniaq;ue  est,  de 
même,  sans  action  à  froid. 

On  sait  que  la  recherche  toxicologîque  du  chloroforme 
se  fait,  soit  en  recueillant  dans  une  solution  d'azotate 
d'argent  le  chlore  et  l'acide  chlorhydrique  provenant  de 
sa  décomposition  par  la  chaleur,  soit  en  provoquant  la 
formation  d'une  carbylamine.  Ces  deux  réactions  ne  sonl 
nullement  caractéristiques.  D'autres  composés  chlorés 
volatils  donnent]  la  première;  l'iodoforme  donne  facile- 
ment la  seconde.  La  production  de  90"  d'oxyde  de  car- 
bone, à  froid,  en  solution  alcaline  étendue,  aux  dépens 
du  chloroforme,  permet  de  reconnaître  1"  de  ce  corps 
dissous  dans  400»'"  d'eau.  La  Toxicologie  pourra  donc 
mettre  à  profit  cette  réaction. 


Sur  la  décomposition  du  chloroforme  dans  Torganisme; 
par  MM.  A.  Desgrez  et  Nicloux.  —  M.  Desgrez  a  montré 
que  le  chloroforme  se  décompose,  în  vitro,  dès  la  tempé- 
rature ordinaire,  en  solution  alcaline  aqueuse,  avec 
production  d'oxyde  de  carbone.  Comme  la  réaction  géné- 
rale de  l'économie  est  alcaline,  les  auteurs  ont  recherché 
si  le  chloroforme  ne  se  décompose  pas,  dans  l'organisme, 
en  donnant  également  naissance  à  de  l'oxyde  de  carbone. 
La   fixation  de   ce   gaz  sur  l'hémoglobine   expliquerait 


îf?  '\^!fv\,'*:r^ 


--  37  — 

certains  accidents  consécutifs  à  Tanesthésie,  accidents 
que  les  analyses  du  chloroforme  incriminé  ne  justifient 
pas  toujours. 

On  sait  que  le  spectroscope  ne  donne  que  des  résultats 
incertains  quand  il  s'agit  de  reconnaître  une  faible  pro- 
portion d'oxyde  de  carbone  combiné  avec  le  sang.  La 
sensibilité  du  grisoumètre  de  M.  Gréhant  est  telle,  au 
contraire,  qu'il  permet  de  déceler  et  de  mesurer  la  pro- 
portion d'oxyde  de  carbone  fixée  par  l'hémoglobine  dans 
une  atmosphère  n'en  renfermant  que  «tÔôô*  Les  résul- 
tats suivants  ont  été  obtenus  à  l'aide  de  cet  appareil. 
Les  expériences  ont  porté  sur  le  chien  dont  le  sang  pré- 
sente une  alcalinité  voisine  de  celle  du  sang  humain, 
quoique  légèrement  inférieure.  Voici  la  méthode  que 
les  auteurs  ont  adoptée  : 

L'animal  étant  fixé  sur  une  gouttière,  on  pratique  une 
prise  de  sang  sur  l'artère  fémorale.  Les  gaz  sont  extraits 
au  moyen  de  la  pompe  à  mercure,  à  100**,  dans  le  vide,  en 
présence  d'acide  acétique.  L'acide  carbonique  étant  éli- 
miné, le  résidu  gazeux  est  brûlé  dans  le  grisoumètre  avec 
un  excès  d'air.  La  réduction  observée  correspond  au  gaz 
combustible  du  sang. 

On  a  d'abord  déterminé,  pour  chaque  animal,  la  réduc- 
tion due  au  sang  normal.  Elle  a  été  ensuite  comparée 
avec  là  réduction  fournie  par  une  égale  quantité  de  sang 
recueilli  après  anesthésie.  Les  résultats  sont  positifs  et 
concordants. 

Si  l'on  rapporte  les  résultats  précédents  à  un  homme 
pesant  65^«  qui  a  5"'  de  sang,  comparaison  autorisée  par 
la  plus  grande  alcalinité  du  sang  humain,  on  trouve 
qu'une  anesthésie,  entretenue  pendant  deux  heures 
environ,  comme  il  arrive  dans  certains  cas,  peut  donner 
naissance  à  0",52x50=26''°  d'oxyde  de  carbone.  On  doit 
se  demander  si  cette  faible  proportion  de  gaz  toxique  peut 
être  une  cause  de  troubles  pour  l'organisme.  Les  recher- 
ches de  M.  Gréhant  permettent  de  l'affirmer.  Elles 
démontrent,  en  effet,  que  la  capacité  respiratoire,  définie 
par  le  volume  d'oxygène   que   100'**   de   sang   peuvent 


'P'^'W-^' 


—  38  — 

abBorJier,  se  trouve  très  sensiblement  affaiblie  dans  une 
atmosphère  ne  renfermant  qu'un  dix-millième  d'oxyde 
dacîirboDe. 

L'rau  chloroformée,  soumise  aux  mêmes  manipulations 
prèp^iratoires  que  le  sang  analysé,  ne  donne  aucune 
réduriion  au  grisoumètre. 


Quinones  et  hydroquinones;  par  M.  Amand  Valeur  (i> 
—  Les  quinones  et  hydroquinones  ont  été  peu  étudiées, 
ail  point  de  vue  thermochimique;  seules,  la  quinone  ordi- 
naire el  Thydroquinone  ont  fait  l'objet  de  déterminations 
de  n^  genre.  L'auteur  étudie  dans  cette  note  quelques 
honujlogues  de  ces  corps. 

Les  réactions  thermiques  suivantes  expriment  la  réduc- 
tion des  quinones  en  hydroquinones  : 

CaL 
Quinone  ordinaire  -)-  H*  =  Hydroquinone.  ...     +  ^3 

Toluquinono  4-  H*  =  Hydrotoluquinone +37,4 

Thymoqainone  +  H*  =  Hydrotymoquinone. ...     +  35,0 

Le  dégagement  de  chaleur  qui  accompagne  la  réaction 
diminue  donc  à  mesure  que  le  poids  moléculaire  aug- 
mente; en  d'autres  termes,  des  trois  quinones  considé- 
rées, c'est  la  quinone  ordinaire  qui  a  le  pouvoir  oxydant 
le  plus  marqué. 

BIBLIOGRAPHIE 


M-  Charrin.  —  Notro  très  distingué  collaborateur, 
M-  Charrin,  médecin  des  hôpitaux,  récemment  nommé 
directeur  du  laboratoire  de  médecine  expérimentale,  au 
Collège  de  France,  a  ouvert  son  cours,  le  8  décembre  der- 
nier, devant  un  nombreux  auditoire  de  maîtres  et  d'é- 
lèves. 

Il  expose  dans  cette  première  leçon  les  points  princi- 
paux du  sujet  traité  cette  année  :  Les  défenses  de  Vorga.- 
visme. 

HJ  Àc,  d.  9C.,  CXXVI  872,29  noY.  1897. 


—  39  — 

Il  montre  qu'à  côté  de  la  cellule  rriicrobienne  qui,  depuis 
Pasteur,  a  détourné  la  plupart  des  recherchés,  il  y  a 
la  cellule  vivante  de  nos  tissus  à  l'étude  histologique, 
physiologique  et  chimique  de  laquelle  il  faut  de  plus 
en  plus  revenir. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  donner  cette  leçon  ;  voici 
le  parallèle  de  ces  deux  cellules  dans  lequel  leurs  ana- 
logies sont  mîlgistralement  mises  en  lumière  : 

Le  leucocyte  est  mobile,  polymorphe  à  la  manière  de 
la  plupart  des  bactéries.  Les  globules  du  sang  sont  sphé- 
riques,  les  épitheliums  allongés,  les  fibres  élastiques  en- 
roulées comme  les  microcoques,  les  bâtonnets  courts,  les 
vibrions  ;  les  cils  vibratils  qui  se  rencontrent  sur  la  sur- 
face de  revêtement  de  quelques-unes  de  nos  muqueuses 
existent  aussi  sur  quelques-uns  de  nos  infiniments  petits, 
comme  la  virgule  du  choléra.  Le  noyau,  absent  des  hé- 
maties de  Tadulte,  est  présent  dans  la  plupart  de  nos 
éléments  anatomiques.  Chez  les  bactériacées,  il  fait  fré- 
quemment défaut  ;  Butschli,  cependant.  Ta  décrit  chez 
plusieurs  espèces.  Dans  les  deux  groupes  de  cellules,  le 
protoplasme  est  albuminoïde,  granuleux;  il  fixe  avec 
intensité  les  réactifs  colorants  s'il  est  en  parfaite  vitalité, 
ou,  au  contraire,  les  retient  avec  peine  s'il  est  en  voie  de 
dégénérescence.  Dans  les  deux  groupes,  également,  vous 
constatez  la  consommation  d'oxygène,  la  production 
d'acide  carbonique,  la  vie  suivant  les  processus  aérobie 
et  ânaérobie  ;  vous  enregistrez  l'utilisation  des  principes 
hydrocarbonés,  des  substances  protéiques;  de  même,  si 
vous  venez  à  prendre  en  considération  les  sécrétions  tant 
de  nos  cellules  que  des  bactéries,  vous  pouvez  constater, 
d'un  côté  comme  de  l'autre,  l'apparition  des  acides,  sur- 
tout des  acides  gras,  la  formation  de  l'urée  ou  des  prin- 
cipes ammoniacaux  correspondants,  la  production  de 
pigments  :  sanguin,  biliaire,  prodigiosus,  pigment  vert, 
pigment  bleu;  la  genèse  de  diastases  :  ptyaline,  pepsine, 
trypsine,  invertine  ou  d'éléments  diastasiques  dans  la 
diphtérie,  le  tétanos;  la  fabrication  de  leucomaïnes  d'une 
part,  de  ptomaïnes  d'autre  part. 


^  M\  - 

'  Pour  nos  celhileî?*comme  pour  les  bactériacées,  au 
poinl  de* vue  physiologique,  les  plus  actives,  parmi  ces 
sécrétions,  sont  en  Tn^me  temps  les  moins  abondantes, 
îl  est  encore  permis  de  remarquer  qu'on  peut  modifier 
'tous  ces  aHn3>ut3  rehitifs  au  mouvement,  à  la,  structure, 
k  ralîmenlation,  aux  sécrétions,  comme  aussi  à  la  repro- 
duction qui  s'effectue  daiiî>  l^^s  deux  catégories  d'êtres 
vivants  suivant  des  procédés  analogues,  en  faisant  inter- 
venir des  agents  atmosphériques  :  lumière,  variations 
Iherniiques,  ayant  action  et  î^ur  les  microbes  et  sur.les 
tissus. 


Précis  (ie  chimie  physiologique  et  pathologique;  par 
M.  L.  HuGOLSENy  il).  —  Dans  la  préface,  l'auteur  s'applau- 
dit que  la  ciLimie,  dans  les  écoles  de  médecine,  ne  soit 
■plus  une  élude  préparatoire,  mais  qu'il  y  ait  un  enseigne- 
ment de  la  clnTiiie  médicale.  Abstraction  faite  de  quel- 
ques 1res  gi-ands  esprits  qui,  à  l'exemple  de  Lavoisier,  de 
Claude  Bernai-d  ou  de  Pasteur,  ont  mis  au  service  de 
leurs  conceptions  la  préciï^ion  rigoureuse  des  procédés 
ctiimiques,  mil  ne  peut  se  Hatter,  et  aujourd'hui  moins 
que  jamais,  de  posséder  hi  double  éducation  du  chimiste 
et  du  physiologiste.  De  là  découle  la  nécessité  de  créer, 
dans  cette  grande  science  qu'est  la  physiologie,  un  do- 
maine restreint j  une  spécialité  où  s'exerce  l'activité  des 
chimistes. 

En  Allemagne,  la  chimie  physiologique  s'est  constituée 
en  une  discipline  indépendante,  ayant  ses  chaires,  ses 
laboratoires  et  ses  recueils  périodiques,  possédant,  en  un 
mol,  toutes  les  ressources  que  comporte  son  développe- 
ment* Le  moment  n'a  jamais  été  plus  favorable  poiir  réa- 
liser en  Fnmce  le  même  progrés,  et  rien  ne  sera  plus 
facile  si  chacun  veut  apporter  à  cette  œuvre  l'esprit  qu'il 

(l)  Ce  IJTrc  fjiit  [larlie  d'une  coUcc^tloR  intitulée  .  Nouvelle  bibliothèque  de 
i'ciudiunl  en  médecine,  auu^  la  dirccUon  du  professeur  L.  Teslut,  cher 
0,  Dûîn»  a  l*aria.  —  1  vol  gr,  în-ltf  rarlniîvié  toile  de  612  pages, avec  lit  fig. 
daiïs  le  tcite,  liont  li  ttrcea  en  couleurs  tt  une  planche  chromolithographique 
liors  teste»  Prix  :  8  fraiîM. 


■rj^r?»*-'.'"''^ 


—  41  — 

faut  y  apporter,  j'entends  l'esprit  physiologique  et,  en  un 
mot  aussi,  l'esprit  médical.     . 

Il  a  restreint,  dans  son  livre,  les  notions  chimiques  à  ce 
qui  est  indispensable  pour  l'intelligence  du  sujet,  et  il  a 
développé,  au  contraire,  tout  ce  qui  peut  directement  ou 
indirectement  être  utile  à  l'éducation  professionnelle. 

L'ouvrage  est  .divisé  en  cinq  parties  : 

Première  partie, — Principes  immédiats  de  l'organisme  : 
alhuminoïdes,  hydrates  de  carbone,  matières  grasses»  mi- 
néraleSj  fermentations. 

Deuxième  partie.  —  Le  milieu  extérieur  :  chimie  de 
l'alimentation,  salive,  suc  gastrique,  liquides  intestinaux, 
fèces,  respiration^  chaleur  animale. 

Troisième  partie.  —  Le  milieu  intérieur  :  sang,  lymphe, 
transsudats,  pus,  tissus  divers,  chimie  des  organes,  sécré- 
tions, diverses. 

Quatrième  partie.  —  L'urine. 

Cinquième  partie.  —  Mutations  de  matières  :  à  l'état 
physiologique,  variations  pathologiques  des  échanges 
nutritifs,  chimisme  microbien. 

Ce  livre  comprend  l'ensemble  '  des  connaissances  que 
doivent  avoir  aujourd'hui  un  jeune  médecin  et  un  jeune 
pharmacien  ;  la  cinquième  partie  renferme  beaucoup  de 
notions  peu  connues,  encore  très  clairement  résumées. 


Sur  le  phosphate  bicalcique;  par  M.  A.  Barillé,  phar- 
macien principal  de  l'armée  (i). 

Le  Codex  a  adopté,  pour  la  préparation  du  phosphate 
bicalcique,  le  procédé  de  M.  Falières,  qui  consiste  à  pré- 
cipiter une  solution  de  phosphate  disodique  par  une 
chlorure  de  solution  de  calcium. 

Ce  procédé  présente  l'inconvénient  de  passer  par  le 
phosphate  disodique,  ce  sel  résultant  déjà  de  la  décompo- 
sition du  phosphate  acide  de  chaux  par  un  excès  de  car- 
bonate de  soude. 

(1)  Le  mémoire  dont  nous  ne  donnons  ici  qa'un  simple  extrait  d'après  les 
Arch.  de  Méd.  et  de  Pharm.  milit.y  a  été  honoré  du  prix  de  pharmacie 
militaire  en  1897. 


rs^ 


—  4-2  — 

Cette  méthode  indirecte  donne  en  outre  un  produit 
mal  cristallisé,  difficile  à  laver,  mélangé  généralement 
d'une  proportion  plus  ou  moins  grande  de  phosphate 
bicalcique. 

Il  devenait  donc  nécessaire  d'indiquer  un  moyen  d'ob- 
tenir directement  le  phosphate  bicalcique  dans  un  état  de 
pureté  suffisante  pour  l'usage  médical.  Nous  pensons 
avoir  atteint  ce  but. 

La  méthode  que  nous  présentons  nous  paraît  plus 
rationnelle  (1).  D'une  exécution  rapide,  «lie  donne,  à  un 
prix  de  revient  moins  élevé,  un  sel  nettement  cristallisé, 
dont  la  formule,  vérifiée  par  l'analyse,  répond  exactement 
à  celle  du  phosphate  bicalcique  à  quatre  équivalents 
d'eau. 

Formule  de  la  préparation, 

Pr  :  =  Poudre  d'os  calcinés  à  blanc 1  kilogr. 

Acide  chlorhydriqne  du  commerce  à  1,17.      1,454 
Ammoniaque  liquide  à  0,925 0,442 

Délayez  la  poudre  d'os  avec  de  l'eau  chaude,  de  manière 
à  en  faire  une  bouillie  épaisse  bien  homogène,  que  vous 
traiterez  successivement  par  la  quantité  d'acide  chlorhy- 
driqne indiquée.  Lorsque  la  réaction  sera  terminée, 
ajoutez  environ  trois  litres  d'eau  chaude.  Le  sel  formé  se 
dissoudra  et  la  liqueur  deviendra  à  peu  près  claire.  Versez 
dans  une  jarre  la  solution  chlorhydrique  filtrée  et  amenée 
au  volume  de  dix  litres.  Précipitez-la  lentement  par 
l'ammoniaque  préalablement  étendue  de  vingt  fois  son 
poids  d'eau. 

La  liqueur  qui  surnage  le  précipité  formé  de  phos- 
phate bicalcique  doit,  à  la  fin  de  l'opération,  être  encore 
faiblement  acide  et  ne  donner  qu'un  trouble  très  léger 
par  l'addition  de  quelques  gouttes  d'ammoniaque. 

Le  précipité,  recueilli  sur  un  linge  mouillé,  sera  lavé  à 
l'eau  distillée,  jusqu'à  ce  que  les  eaux  de  lavage,  acidulées 
par  l'acide  nitrique,   ne  précipitent   plus  par   l'azotate 

(1)  Voir  aussi  un  traTail  de  M.  Cornélis  sur  les  phosphates  ealciques  (Joum, 
de  Pharm.  et  Chim,  [5],  XllI,  p.  29). 


'•/»^,. 


:'m 


—  43  — 

d'argent;  il  sera  desséché  rapidement  à  une  température 
de  60*^  environ  et  ne  devra  présenter  à  Texamen  micros- 
copique aucune  trace  de  phosphate  tricalcique  amorphe. 

Le  phosphate  bicalcique  ainsi  obtenu  est  en  poudre 
blanche  brillante,  très  légère.  Il  cristallise  en  lamelles 
transparentes,  à  apparence' hexagonale,  qui  sont  mono- 
réfringentes  en  lumière  polarisée  parallèle  ou  conver- 
gente. 

L'emploi  de  l'acide  chlorhydrique  du  commerce,  dans 
la  préparation  du  phosphate  bicalcique,  ne  présente  aucun 
inconvénient.  Le  sel  obtenu  ne  peut,  en  effet,  contenir  de 
produits  arsenicaux  du  moment  que  la  solution  à  préci- 
piter doit  demeurer  toujours  acide. 

On  pourrait  substituer  le  carbonate  d'ammoniaque  à 
l'ammoniaque  pour  effectuer  la  précipitation;  il  se  pro- 
duirait alors  un  dégagement  d'acide  carbonique. 

Le  même  procédé  donnerait  également  du  phosphate 
bicalcique  si  l'on  partait  du  phosphate  de  chaux  précipité 
des  pharmaciens. 

Mode  de  formation  lente,  sous  cloche,  du  phosphate 
bicalcique  cristallisé.  —  Sous  une  cloche  en  cristal,  repo- 
sant sur  une  plaque  de  verre  dépoli,  plaçons,  dans  une 
assiette  creuse  pleine  d'eau  distillée,  un  cristallisoir 
contenant  une  solution  chlorhydrique  d'os  calcinés  au 
dixième. 

Si  nous  versons  chaque  jour,  dans  l'eau  de  l'assiette, 
quelques  gouttes  d'ammoniaque,  nous  voyons,  au  bout 
d'un  certain  temps,  se  former  à  la  surface  de  la  liqueur 
phosphatique  une  croûte  cristalline  transparente  qui 
augmente  graduellement  d'épaisseur  et  est  constituée  par 
du  phosphate  bicalcique  pur. 

Pour  permettre  à  la  réaction  de  se  continuer,  il  est 
indispensable  de  faire  tomber  cette  croûte  de  temps  à 
autre  au  fond  du  cristallisoir. 

L'expérience,  pour  être  complète,  exige  une  vingtaine 
de  jours  environ.  La  liqueur  restant  dans  le  cristallisoir 
ne  contient  que  des  traces  d'acide  phosphorique  et  donne 
seulement  les  réactions  du  chlore,  de  l'ammoniaque  et  de 
la  chaux. 


ri  — 


Ce  mnde  assez  curieux  de  formation,  par  raction  lente 
ûc,  vapours  animoniacales  très  diffusées,  serait  réalisable 
îndustrirllemenl  dans  des  conditions  pratiques  et  écono- 
niiqiieijî,  le  chlorhydrate  d'ammoniaque  pouvant  ètro 
récupéré  des  eaux-mères  à  l'état  d'ammoniaque. 

Le  phosphate  Licalcique  ainsi  obtenu  possède  égale- 
inent  quatre  équivalents  d'eau  de  cristallisation.  Au  lieu 
d'être  en  poudre  opaque  et  légère,  comme  dans  la  prépa- 
ration prérrdenle,  avec  une  cristallisation  reconnaissable 
.seulement  au  microscope,  il  est  cohérent,  transparent,  et 
se  prtîiseïite  sous  une  texture  visiblement  cristalline. 

Nou!^  avons  pu  runstater  que,  sous  cet  état,  il  cristalliise 
dans  le  syï^tème  munoclinique,  sous  forme  de  lamelles 
parallrhïgrnnimiqucs  bordées  par  un  biseau  de  facettes. 

De  l'alcoolisme;  par  le  docteur  If.  Barella,  membre  de 
TAcadèniie  i-oyale  de  Belgique  (1). — L'auteur  de  ce  petit  et 
Ms  inttHessant  livrt*  lutte  depuis  vingt  ans,  par  la  parole 
et  la  phime,  contre  Talcoolisme.  Il  y  expose  avec  convic- 
tiun  et  sanîii  prétention,  comme  il  le  dit  dans  sa  préface, 
les  qiiPï^lions  diverses  relatives  à  l'alcoolisme.  C'est  une 
amvre  de  vulgarisation  que  chacun  doit  chercher  à  faire 
pénetrf^r  dans  les  populations. 


'  Manuel  pratique  iï analyse  chimique  appliquée  à  Vexa- 
men  des  produits  industriels  et  com/nerciaiu:;]  par  M.  E. 
Fleldent  (2).  —  L'ouvrage  de  M.  Fleurent  est  un  Manuel 
pratique  destiné  à  sei*vir  de  guide  à  tous  ceux  qui  ma- 
nient leï^  produits  chimiques,  industriels  et  commer- 
ciaux. 

En  écrivant  son  livre,  l'auteur  a  cherché  à  réaliser  un 
triple  \m\  : 

Hxpoï^er.  en  les  soulageant  de  tous  les  détails  théori- 
ques, les  méthodes  générales  d'analyses  minérales  qua- 

(1)  1  vol.  ïn-l%  de  iS^  puges;  Société  belge  de  librairie,  à  Bruxelles. 
^3)  1  vol.  m-H"-  écu  de  5S2  pages,  avec  101  figures,  cartonné  à  l'anglaise 
Priï  :  la  fr.  (Gcarifcs  fourré  et  G.  Naud,  éditeurs,  3,  rue  Racine,  Paris.) 


'?-  ■ 


^  45  ~ 

lilaiive. et 'quantitative  et  l'analyse  organique  élémen- 
taire. 

Éviter  des  recherches  trop  longues  à  ceux  qui  sont 
pressés  par  le  temps  ou  qui  n'ont  pas  pour  cela 'des  con- 
naissances suffisantes,  en  ne  donnant,  pour  l'examen  de 
chaque  produit  soumis  au  contrôle  chimique,  qu'une 
seule  méthode,  'quelquefois  deux,  devant  conduire  rapi- 
dement au  résultat  qu'on  envisage.  Enfin,  réunir  dans  un 
même  cadre  Tétude  des  produits  les  plus  impontants^en 
même  temps  que  les  plus  divers  :  Produits  métalloïdi- 
ques  et  métalliques,  engrais  minéraux  et.  organiques, 
produits  végétaux  et  animaux,  boissons  fermentées,  etc. 

De  nombreux  tableaux  sont  intercalés  à  la  fin  de  cha- 
que chapitre  et  donnent  les  résultats  des  applications  des 
méthodes  développées  dans  le  texte. 


Comptes  rendus  de  rAcadémie  des  Sciences  (29  novembre  1897). 
— *  A  Matrot  :  Sar  la  transformatioa  de  la  sorbite  en«8orbosc  par  le  myco- 
derma'yini. 

—  (6  décembre  1897).  —  A.  Leduc  :  Dissociation  présumée  du  chlore  auit 
températures  élevées.  —  G.  Sagnac  :  Sur  la  transformation  des  rayons  X 
par  les  métaux.' —  A.  Colson  :  Causes  accidentelles  d'irréversibilité  dans  les 
réactions  chimiques.  —  Wyrouboff  et  A.  Vemeuil  :  Sur  l'unité  élémentaire 
du  corps  appelé  cérium,  —  H.  Causse  :  Sur  une  réaction  particulière  aux 
orthophénols-et  sur  les  dérivés  de  l'anlimonyle-pyrocatéchine.^  Omékansky  : 
Sur  un  ferment  de  la  cellulose. 

Gauotta  chimica  iUliana,  XXVU  [1],  Fasc.  5,  10  juin  1897.  — 
E,  Carlin fanii:  La  trioScopic  appliquée  à  l'analyse  du  lait.  —  F,  Zecchini  : 
Action,  sur  le  zinc,  de  racide  chlorhydrique  dissous  dans  des  dissolvants 
organiques. 

.  —  Fascicule  6,  12  juillet  1897,  —  G.  Ciamician  et  P.  Silber  :  Sur  la 
composition  de  la  curcumine.  —  G.  Bruni:  Sur  la  méta-dioxy-^-phénylcou- 
marine. 

—  [U],  Fasc.  1,  18  août  1897.  —  F.  Canzoneri  :  Quelques  observations 
sur  l'huile  d'olive  de  la  Pouillc.  —  A.  Soldaini  et  -E.  Berte  :  Analyse 
de  Tessence  de  citron.  —  D.  Lo  Monaco  :  Sur  la  formule  de  constitution  de 
Foxysantonine.  —  A.  Cavalli  :  Recherche  du  nickel  en  présence  du  cobalt. 

—  Fascicule  2,  31  août  1897.  «  G.  Oddo  :  Recherches  sur  le  menthone  ; 
Notice  sur  quelques  substances  du  groupe  du  ca/nphre.  —  xY.  Tarugi*  ci 
G.  NiochioUi  :  Ëtude  de  quelques  réactions  du  fcrrocyanurc  de  potassium 
^vec  le  glucose  et  de  leur  application  à  l'analyse  volumétrique.  —  A.  Sol- 
daini ;  Sur  les  alcaloïdes  du  lupin  blanc. 


.  t -f 


46 


SOCIETE  DE  THERAPEUTIQUE 


Séance  du  8  décembre  1897.  —  M.  Josias,  président, 
félicite,  au  nom  de  la  Société  de  thérapeutique,  M.  le  pro- 
fesseur Pouchet  à  l'occasion  de  sa  nomination  de  membre 
de  l'Académie  de  médecine. 

M.  Jasiewicz  signale  à  l'attention  des  médecins  une 
spécialité  de  pilules  à  base  de  noix  vomiques  contre  la 
constipation^  dont  l'emploi  peut  être  cause  d'accidents; 
alors  que  le  prospectus  indique  comme  inoffensive  la  dose 
de  6  pilules  par  jour,  avec  3  seulement  de  ces  pilules  on* 
observe  quelquefois  des  phénomènes  d'intoxication  gra- 
ves. Ces  pilules  ont  déjà  fait  l'objet  d'une  communication 
analogue  de  M.  Duchesne. 

M.  Petit  fait  une  communication  sur  Videntité  de  la  digi- 
taline et  de  la  digitoxine. 

J'ai  l'honneur,  dit-il,  de  présenter  à  la  Société,  en  mon 
nom  et  au  nom  de  M.  Polonowski,  un  échantillon  de  digi- 
taline cristallisée  en  beaux  cristaux.  Elle  fond  très  exac- 
tement à  241*  et  présente  toutes  les  réactions  de  la  digita- 
line absolument  pure. 

En  cherchant  des  moyens  d'identifier  le  produit ,  nous 
avons  pensé  à  examiner  s'il  avait  une  action  sur  la  lumière 
polarisée  :  il  est  dextrogyre. 

Une  solution  à  2  p.  100  dans  l'alcool  à  95**  nous  a  donné 
à  18*  un  pouvoir  rotatoire  («)•  =  +  1 1®,8.  Il  est  plus  élevé 
dans  le  chloroforme  ;  en  solution  à  2  p.  100  à  18*  centigrades 
(.)»  =  + i7V2. 

Nous  avons  examiné  une  digitoxine  allemande  très  bien 
cristallisée.  Elle  nous  a  donné  le  même  point  de  fusion, 
le  même  pouvoir  rotatoire  en  solution  alcoolique  et  chlo- 
roformique  et  les  mêmes  réactions  chimiques. 

Ces  deux  corps  sont  donc  absolument  identiques. 

Il  y  a  quelques  années,  l'un  de  nous  a  examiné  la  digi- 
toxine provenant  de  la  même  maison.  Elle  commençait  à 


—  47 


fondre  vers  110*.  La  fusion  complète  avait  lieu  à  215*. 
C'était  un  produit  impur.   • 

M.  Galloid  lit  un  rapport  sur  le  traitement  du  lympha- 
tisme.  Après  une  étude  de  la  pathogénie  de  cette  affection, 
où  l'auteur  définit  le  lymphatisme  une  prédisposition  à 
le  scrofule  et  émet  cette  opinion,  que  les  virais  lymphati- 
ques sont  des  adénoïdiens,  M.  Gallois  résume  ainsi  le 
traitement  du  lymphatisme  : 

Faire  l'ablation  des  végétations  adénoïdes  si  elles  sont 
développées. 

Traiter  l'anémie  par  le  fer,  la  dyspepsie  par  les  amers 
sous  forme  du  sirop  suivant  : 

Sirop  de  quinquina.  .....•)  j.^,  ^^^, 


Sirop  de  gentiane.  .  . 
Teinture  d'iode.  .  .  . 
lodurc  de  potassium. 


*  I  àà  ! 


Contre  l'état  septicémique  ou  auto-infeçtieux  latent, 
prescrire  l'arsenic,  l'iodoforme,  l'huile  de  foie  de  morue. 

Recommander  autant  que  possible  la  vie  au  grand  air, 
au  bord  de  la  mer,  la  gymnastique,  l'hydrothérapie. 

Pour  éviter  le  passage  du  lymphatisme  à  la  scrofule, 
qui  se  fait  par  la  pénétration  de  microbes  divers,  et  par- 
ticulièrement le  bacille  de  Koch,  au  niveau  des  lésions 
adénoïdiennes  du  naso-pharynx,  d'où  production  d'adé- 
nite cervicale,  il  faudra  éviter  à  ces  sujets  le  contact  de 
malades  atteints  de  lésions  pulmonaires  infectieuses 
(grippe,  rougeole,  coqueluche,  diphtérie,  tuberculose)  et 
assurer  l'antisepsie  des  fosses  nasales  et  du  pharynx  au 
moyen  de  pulvérisations  boriquées  et  de  gargarismes 
antiseptiques. 

M.  Pouchet  présente  au  nom  de  M*.  Mignon  une  note 
concernant  un  cas  4e  susceptibilité  particulière  pour  le 
calomel.  Une  stomatite  très  intense  fut  provoquée  chez  un 
homme  de  quarante-quatre  ans,  tuberculeux,  par  l'jnges- 
tion  d'une  dose  de  0»',50  de  calomel  prise  en  deux  fois. 

Ferd.  Vigier. 


^  48  — 


ACADEMIE  DE  MEDECINE 


-Séance  solennelle  du  14  décembre  1897.  — »■  M.  Bergeron. 
secrétaire  perpétuel,  a  tracé  de  sa  plume  fine  et  élégante 
l'éloge  tie  Caventou,-  père  du  président  de  l'Académie 
pour  Tannée  présente.  Celui-ci  Ta  remercié,  en  termes 
émus,  de  «  la  pensée  pleine  de  délicatesse  qui  lui  a  fait 
choisir  cette  séance  qu'il  avait .  Thonnour  insigne  de 
présider,  pour  retracer  dans  un  langage  élevé  la  vie 
.  de  son  vénéré  père  ». 

Le  prix  Buignet  a  été  attribué  à  M.  Denigès,  pour  ses 
nombreux  et  importants  travaux;  le  prix  Nativelle,  à 
M.  Macquaire,  pour  ses  recherches  sur  le  maté 

La  Commission  du  prix  Alva-renga  a  eu  le  regret  de  ne 
pouvoir  décerner  le  prix  à  MM.  SchlagdenhaufFen  et 
Reeb  pour  ïeur  ouvrage  intitulé  :  Contribution  à  Oétude 
du  genre  Coronilla^  parce  que  cette  importante  étude 
n'était  pas  présentée  dans  les  conditions  matérielles 
imposées  par  le-  testateur. 

Le  prix  Alvarenga  a  été  partagé  entre  M.  Moreigne  et 
M>  Carrière. 


VARIETES 


Corps  de  santé  militaire.  —  Par  décret  en  date  du  9  décembre  1897, 
ont  été  nommés  dans  le  cadre  des  officiers  de  réserve  et  de  l'armée  ^territo- 
riale : 

Au  grade  de  pharmaoien  aide-major  de  2*  classe  de  réserve  :  MM.  les 
pharmaciens  de  1'*  classe  Legcndre,  Barthès,  Azaïs,  Cabancl,  Guillemot, 
Savé,  Beyègue,  Souze,  Dechaume,  Cailleret;     * 

Au  grade  de  pharmacien  aide-major  de  2*  classé  de  l'armée  territoriale  : 
MM.  lef  pharmaciens  de  1'*  classe  Descudé  et  Chevretin. 

Le  Gérant  :  Georges  MASSON. 

PAftJS.  —  mP.   B.  FUMlUaiOM,  auB  RàCINB,  26. 


■^ffj^^?*^.^ 


40 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


Transformation  de  la  sorbite  en  sorbose  par  le  «    myco-^ 
derma  vini  »;  par  M.  A.  Matkot. 

On  a  observé  fréquemment  l'oxydation  biologique  de** 
héxites^:  en  particulier,  Brown  a  transformé  la  mannite- 
en  lévulose  à  l'aide  du  Bacterium  aceti;  M.  Bertrand  à 
changé  la  sorbite  en  sorbose  par  l'intervention  d'une  bac- 
térie .analogue.  Tout  récemment,  MM.  Vincent  et  Dela- 
chanàl  ont  produit  de  la  lévulose  à  partir  de  la  mannite 
en  employant  la  même  bactérie  que  M.  Bertrand.  Les 
bactéries  considérées  dans  les  expériences  précitées  ne 
sont  pas  les  seuls  microbes  capables  d'effectuer  de  sem- 
blables oxydations.  Pasteur  avait  reconnu  qu'une  levure, 
le  Mycoderma  vini  détruisait  un  grand  nombre  de  subs-^ 
tances  hydrocarbonées. 

J'ai  observé  qu'en  abandonnant  des  jus  de  sorbes  a 
Fair  comme  le  faisait  Pelouze,  pour  oxyder  la  sorbite 
qu'ils  renferment  et  la  changer  en  sorbose,  on  obtient, 
suivant  les  circonstances,  des  résultats  très  discordants  ; 
cela  m'a  expliqué  les  difficultés  et  les  contradictions  que 
l'on  a  rencontrées  en  répétant  l'expérience  initiale  de 
Pelouze.  Dans  un  petit  nombre  de  cas,  cependant,  la 
production  de  Thexose  est  considérable;  dans  tous,  le 
liquide  est  recouvert  d'un  voile  analogue  à  celui  des 
mycolevures. 

Les  levures  aérobies  pouvaient  être,  d'après  cela,  de&^ 
agents  actifs  d'oxydation  de  la  sorbite.  J'ai  entrepris  de 
contrôler  cette  supposition  et  de  rechercher  parmi  le& 
mycodermes  dont  j'avais  constaté  la  présence,  l'agent  ou 
les  agents  de  la  fixation  de  l'oxygène  de  l'air.  J'ai  aussi? 
cherché  les  conditions  favorables  au  développement  et  à 
l'action  de  ces  microorganismes. 

Le  jus  de  sorbes  est  le  liquide  que  j'ai  employé  le  plu& 
couramment  pour  mes  cultures.  Je  l'ai  préparé  avec  les 

Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim.,  6«  SÉRIE,  t.  VU.  (lo  janvier  1898.)         ^ 


—  50  — 

baies  du  Sorbus  aucuparia^  recueillies  à  Tarrière  saison. 
Celles-ci  ont  Hô.  pressées,  et  le  moût  obtenu,  soumis  à  la 
fermentation  alcoolique  pour  détruire  les  sucres  fermen- 
tescibles.  8a  densité  était  d'environ  1.05. 

J'ai  abandonné  à  eux-mêmes,  simultanément  et  dans 
des  conditions  variées,  plusieurs  échantillons  de  jus  de 
sorbes.  Au  bout  de  quelques  jours,  j'ai  dosé  le  sucre 
réducteur  dans  chacun  d'eux.  J'ai  trouvé  la  sorbose  pré- 
sente en  assez  grande  proportion  dans  une  expérience 
pendant  laquelle  le  liquide  avait  été  exposé  à  une  tem- 
pérature de  25  à  So**.  Le  voile  qui  recouvrait  le  liquide 
riche  en  sorbose,  examiné  au  microscope,  était  formé  de 
cellules  analogues  à  celles  des  levures  et  de  bactéries  en 
moindre  abondance. 

J'ai  séparé  ces  deux  espèces  bien  distinctes  de  micro- 
organismes  et  je  les  ai  ensemencées  sur  le  liquide  de 
culture  stérilisé.  Les  levures  effectuaient  l'oxydation  ;  les 
bactéries  ne  la  réalisaient  pas.  Il  était  donc  impossible  de 
confondre  ce  ferment  avec  ceux  étudiés  par  Brown  et 
par  M.  Bertrand.  M.  Bourquelot,  dont  on  connaît  la 
compétence  en  cette  matière,  a  bien  voulu  examiner  ces 
mycodermes  oxydants  ;  il  leur  a  trouvé  toutes  les  appa- 
rences des  fleurs  de  vin. 

J'ai  alors  ensemencé  du  jus  de  sorbes  avec  de  la  fleui*  de 
vin  ordinaire,  et  j'ai  obtenu,  à  30®,  une  rapide  production 
de  sucre  réducteur.  D'un  autre  côté,  j'ai  ensemencé  de 
même  du  vin  avec  le  ferment  recueilli  sur  la  culture 
riche  en  sorbose  ;  il  a  recouvert  le  liquide  du  voile  carac- 
téristique et  son  examen  au  microscope  l'a  montré  formé 
de  cellules  identiques  à  celles  du  Mycoderma  vini.  Enfin, 
des  essais  variés  de  culture,  effectués  comparativement 
avec  les  deux  mycodermes,  m'ont  donné  des  végétations 
de  même  apparence  dans  tous  les  cas.  D'autre  part,  j'ai 
extrait  le  sucre  réducteur  produit  dans  de  nombreuses 
expériences  de  ce  genre.  Je  l'ai  trouvé  constannnent  iden- 
tique à  lui-même,  quel  qu'ait  été  le  ferment  employé 
dans  l'oxydation. 

J'ai  dés  lors,  cru  pouvoir  admettre,  dans  une  certaine 


—  51  — 

mesure,  que  le  ferment  que  j'avais  isolé  sur  le  jus  de 
sorbes  est  identique  au  Mycoderma  vini. 

Il  restait  à  caractériser  plus  précisément  le  sucre  résul- 
tant de  l'oxydation.  Celui-ci  se  comportait  vis-à-vis  des 
dissolvants  comme  la  sorbose  obtenue  par  la  méthode  de 
M.  Bertrand.  Combiné  à  la  phénylhydrazine  dans  les  con- 
ditions adoptées  par  M.  Maquenne  (C.r.  1 12 — 799),  le  poids 
d'osazone  obtenu  (0.84)  correspondait  au  rendement 
caractéristique  de  la  sorbosazone  ;  le  point  de  fusion  du 
produit  (164*)  était  bien  celui  indiqué  pour  le  dérivé  de  la 
sorbose.  Le  sucre  formé  par  l'oxydation  était  donc  de  la 
sorbose. 

Des  fermentations  faites  à  diverses  températures  m'ont 
montré  que  la  plus  favorable  était  30°.  A  cette  tempéra- 
ture, l'oxydation  de  la  sorbite  est  réalisée  par  le  Myco- 
derma vini  avec  une  rapidité  beaucoup  plus  grande  que 
-j^ar  les  bactéries  employées  jusqu'ici.  J'ai  été  conduit 
ainsi  à  adopter  la  méthode  suivante  pour  préparer  la  sor- 
bose. 

Le  suc  des  baies  est  débarrassé  par  la  fermentation 
alcoolique  des  sucres  capables  de  la  subir.  Il  est  ensuite 
placé  sous  une  faible  épaisseur  dans  des  vases  à  fond 
large;  on  peut  employer  avec  avantage  des  cuvettes  pour 
photographie.  On  ensemence  largement  de  fleurs  de  vin 
et  on  met  à  l'étuve  à  30**.  La  marche  de  l'opération  est 
suivie  à  la  liqueur  de  Fehling.  L'oxydation  est  terminée 
quand  la  réduction  n'augmente  plus.  Sa  durée  varie  sui- 
vant la  surface  du  liquide  ;  avec  une  surface  de  3***  par 
litre,  la  proportion  de  sorbose  augmente  d'environ  10*' 
par  vingt-quatre  heures. 

La  fermentation  terminée,  on  défèque  le  liquide  par 
l'acétate  de  plomb.  L'excès  de  plomb  est  enlevé  par  l'acide 
sulfurique,  et  le  liquide  est  filtré.  On  évapore  au  bain- 
marie  ou  dans  le  vide  jusqu'à  consistance  de  sirop  ;  la 
sorbose  cristallise  par  refroidissement.  On  la  purifie  par 
recristallisation. 

On  peut  obtenir  la  sorbose  de  la  même  manière  avec 
la  sorbite  pure  ou  avec  les  résidus  incristallisables  de  la 


—  52  — 

préparation  de  celle-ci.  On  dissout  ces  substances  dans  du 
vin  ou  dans  un  liquide  nutritif  artificiel.  La  proportion 
de  sorbite  ne  doit  pas  dépasser  10  p.  100.  Il  arrive  par- 
fois que  le  ferment  ensemencé  sur  les  solutions  de  ce 
genre  ne  se  développe  pas.  On  tourne  la  difficulté  en  cul- 
tivant le  mycoderme  sur  un  peu  de  vin  ;  lorsque  le  mi- 
crobe recouvre  la  surface,  on  enlève  le  liquide  sous-jacent 
et  on  le  remplace  par  la  liqueur  chargée  de  sorbite.  La 
fermentation  se  continue  dès  lors  régulièrement. 

En  terminant,  j'ajouterai  quelques  mots  sur  un  autre 
ordre  de  faits.  J'ai  remarqué  que,  suivant  la  nature  des 
liquides  sur  lesquels  il  est  cultivé,  et  aussi  suivant  la 
température,  le  Mycodemia  vini  se  développe  différem- 
ment et  prend  des  formes  variées.  Qu'il  s'agisse  là  de 
plusieurs  formes,  ou  ce  qui  est  moins  vraisemblable,  de 
plusieurs  espèces,  l'action  exercée  sur  les  alcools  poly- 
atomiques  par  les  végétaux  de  formes  différentes  est  elle- 
même  difTérente. 

Je  poursuis  l'étude  de  ces  particularités  que  j'ai  déjà 
constatées  dans  un  assez  grand  nombre  d'expériences. 

Ces  recherches  ont  été  faites  et  sont  continuées  au 
laboratoire  de  M.  Jungfleisch. 


Nouvel  uréomètre  à  eau;  par  A.  Chassevant. 

La  réaction  classique  de  l'hypobromite  de  soude  sur 
l'urée  est  la  méthode  la  plus  généralement  employée  pour 
doser  cet  élément  dans  les  mânes. 

On  mesure  le  volume  d'azote  dégagé  pendant  la  réac- 
tion et,  soit  par  le  calcul,  soit  au  moyen  de  tables  toutes 
faites,  soit  en  comparant  ce  volume  avec  celui 
dégagé  par  une  solution  titrée  d'urée  dans  les  mêmes 
conditions,  on  évalue  la^proportion  d'urée  contenue  dans 
les  urines. 

Cette  méthode  de  dosage  est  suffisamment  précise,  si 
l'on  mesure  avec  exactitude  le  volume  de  l'azote  dégagé  à 
une  pression  et  à  une  température  exactement  connue. 


wr 


—  53  — 

Un  bon  uréomètre  doit  : 

!•  Être  d'un  maniement  facile  et  simple; 

2*»  D'une  étanchéité  parfaite  ; 

3**  On  doit  pouvoir  y  introduire  le  réactif  et  l'urine  en 
toute  sécurité,  sans  que  la  réaction  puisse  commencer 
avant  qu'il  ne  soit  fermé  ;  en  un  mot,  la  réaction  doit  se 
faire  en  vase  clos,  pour  qu'aucune  partie  de  l'azote  dégagé 
ne  puisse  s'échapper; 

4*  Le  tube  mesureur  doit  être  divisé  en  dixièmes  de 
centimètre  cube,  pour  permettre  d'évaluer  le  volume 
gazeux  dégagé  avec  cette  approximation  ; 

5"  On  doit  pouvoir  ramener  les  gaz  qu'il  contient  à  la 
même  pression  au  commencement  et  à  la  lin  de  l'expé- 
rience ; 

6"*  Cette  température  et  cette  pression  doivent  être  les 
mêmes  dans  toutes  les  parties  de  l'appareil. 

Ces  deux  dernières  conditions  sont  indispensables  à 
réaliser,  pour  qu'il  n'y  ait  pas  de  variation  du  volume  de 
l'air  primitivement  contenu  dans  l'uréomètre,  et  pour 
■que  l'augmentation  de  volume  gazeux  représente  exacte- 
ment le  volume  de  l'azote  dégagé  dans  la  réaction ,  à  la 
température  et  à  la  pression  observées. 

Les  uréomètres  à  mercure  permettent,  dans  une  cer- 
taine mesure,  de  réaliser  ces  conditions;  mais  leur 
<?mploi  nécessite  une  cuve  à  mercure,  et  leur  manipulation 
est  assez  délicate.  En  outre,  ils  ne  répondent  pas  à  la 
troisième  des  conditions  énoncées. 

Les  uréomètres  à  eau  qui  existent,  plus  faciles  à 
manier  en  général,  ne  permettent  pas  de  réaliser  les 
■conditions  nécessaires  pour  obtenir  un  dosage  exact. 

Pour  réaliser  ces  desiderata,  nous  avons  imaginé  le 
dispositif  suivant  : 

Notre  uréomètre  se  compose  d'un  tube,  gradué  en 
dixièmes  de  centimètre  cube,  surmonté  de  deux  boules 
soufflées,  lesquelles  sont  réunies  entre  elles  par  un 
siphon  latéral,  ce  qui  transforme  la  boule  supérieure  en 
vase  de  Tantale. 

La  disposition  des  tubes  intérieurs  permet  aux  gaz  de 


-  54  - 

circuler  libreineiil  dans  le  tube  gradué  et  dans  les  deux 
l)oules,  tout  en  empêchant  les  liquides  contenus  dans  les 
boules  de  se  répandre  dans  le  tube- gradué;  ce  dispositif 
assure  constamment  Tégalité  de  pression  dans  toutes  les 
parties  de  Tappareil. 
Les  boules  sont  munies  chacune  d'une  ouverture  pour 


permettre  l'introduction  dos  réactifs  et  de  l'urine;  ces 
ouvertures  sont  fermées  hermétiquement  par  des  bou- 
chons en  caolchouc. 

L'uréomètre  est  lesté  par  une  petite  masselolte  en 
plomb,  maintenue  à  la  partie  inférieure  du  tube  mesu- 
reur par  deux  bagues  en  caoutchouc.  Celte  masselotte  est 
destinée  à  assurer  l'équilibre  de  l'appareil  et  à  lui  per- 
mettre de  s'enfoncer  dans  l'éprouvette  remplie  d'eau;  elle 


i 


peut  faire  roffice  de  pied  lorsque  l'uréomètre  est  sorti  de 
Téprouvette.  Sa  forme  spéciale  permet  à  l'air  de  s'échapper 
et  empêche  l'introduction  de  bulles  gazeuses  dans  le  tube 
gradué  lorsqu'on  l'immerge. 

Un  fil  de  laiton  disposé  en  anse  permet  de  soulever 
l'appareil  sans  le  toucher  avec  les  doigts. 

Pour  faire  un  dosage,  l'uréomètre,  muni  de  sa  masse- 
lotte  de  plomb  et  de  l'anse  en  fil  de  laiton,  est  maintenu 
verticalement;  on  met  dans  la  boule  inférieure  un  volume 
connu  d'urine,  2^*',  par  exemple,  ou  de  la  solution  d'urée. 
Dans  la  boule  supérieure,  on  place  un  excès  de  réactif. 
On  ferme  hermétiquement  l'ouverture  de  la  boule  infé- 
rieure, puis  on  plonge  lentement  l'appareil  dans  l'éprou- 
vette  remplie  d'eau  à  la  température  du  laboratoire, 
jusqu'à  ce  que  le  niveau  de  l'eau  qui  monte  dans  le  tube 
gradué  vienne  affleurer  une  des  divisions  supérieures  de 
la  graduation,  le  4°  ou  le  5''  centimètre  cube,  par  exemple. 
On  bouche  alors  hémétiquement  l'ouverture  de  la  boule 
supérieure  et  l'on  fait  plonger  complètement  l'uréomètre 
dans  l'éprouvette;  Teau  doit  être  suffisante  pour  noyer 
totalement  l'appareil.  On  s'assure  alors  que  les  bouchons 
sont  hermétiques,  en  constatant  qu'il  ne  se  forme  pas  de 
bulles  gazeuses  au  niveau  des  ouvertures  des  boules; 
puis  on  laisse  la  températiu-e  des  gaz  contenus  dans  l'u- 
réomètre s'équilibrer  avec  celle  de  l'eau  environnante. 
Cet  équilibre  est  atteint  lorsque  deux  observations  suc- 
cessives ont  montré  que  le  niveau  de  l'eau  ne  s'élève  plus 
dans  le  tube  gradué,  qui  fait  fonction  de  cloche. 

On  note  alors  la  température  de  l'eau  et  la  pression 
atmosphérique;  puis,  soulevant  lentement  l'uréomètre 
par  son  anse  de  laiton,  on  amène  le  niveau  de  l'eau  dans 
le  tube  gradué,  à  affleurer  celui  de  l'eau  contenue  dans 
l'éprouvette. 

On  note  le  point  d'affleurement,  4",2,  par  exemple.  On 
replonge  l'iu'éomètre  dans  l'eau  ;  puis  on  amorce  lo 
siphon  en  inclinant  l'ensemble  de  l'appareil  de  façon  à 
ce  que  le  niveau  du  liquide  contenu  dans  la  boule  supé- 
rieure atteigne  le  niveau  de  la  courbure  supérieure  du 


—  56  — 

siplKin;  *»n  irtln'sse  alors  l'appareil.  Le  réactif  passe 
romplïH(?nifrt(  tk'  la  boule  supérieure  dans  la  boule  infé- 
rieure: au  facilite  le  mélange  en  agitant  l'uréomètre  sans 
le  sortir  tle  Vrnw,  L'hypobromite  réagit  sur  Turée,  l'azote 
:sê  d église* 

Lorsque  la  réaction  est  terminée,  on  note  la  tempéra- 
Uu*e  de  Toau,  ci.  en  ajoutant  de  Teau  froide  ou  chaude, 
<^n  ramène  leau  de  Tépi^ouvette  à  la  température  initiale. 

On  liiisise  lu  Ii^mpérature  des  gaz,  contenus  dans  l'uréo- 
mètre, qui  i^f^  stïiH  échauffés  pendant  la  réaction,  s'équili- 
brer avec  celle  de  l'eau  environnante;  cet  équilibre  est 
atteint  lori^fjiH^  doux  lectures  successives  montrent  qu'il 
n'y  a  plus  ascension  de  l'eau  dans  le  tube  gradué.  On 
soulève  alors  Turéométre  par  son  anse  de  laiton,  de  façon 
A  amener  le  uivi^au  de  l'eau  contenue  dans  le  tube  gradué 
à  aiUeuror  cr^hn  de  l'eau  contenue  dans  l'éprouvette.  On 
Ut  le  nouveau  point  d'afïleiu'ement  :  18"". 4,  par  exemple. 
La  difr^renef  t-nlre  les  deux  lecturesdonne  exactement  le 
volume  ilaz^il**  iJf'gagé  par  la  réaction  à  la  température 
de  leau  el  à  la  pression  observée. 

IV' r2  s<^i';ul  dans  l'exemple  choisi  le  volume  de  l'azote 
4iéga^^é. 

L'i^vahialitîii  i\v  l'urée  se  fait  alors  par  une  des  méthodes 
classîquf*s  :  ral<"uis,  tables,  ou  comparaison  avec  le  volume 
d'azote  dégagé  d;ms  les  mêmes  conditions  par  un  volume 
connu  d'une  sululion  d'urée  titrée. 

Pour  faire  des  recherches  de  grande  précision,  on  peut 
opérer  î^ur  le  mercure,  en  employant  la  cuve  de  Doyère, 
qui  prriin't  d'évahier  les  volumes  gazeux  à  température 
el  à  pre5î4it»n  connues  et  constantes.  On  peut  alors  sub- 
slilner  à  Thypoliromite  le  réactif  de  Millon,  qui  dégage 
à  la  fois  Tamte  ei  l'acide  carbonique  de  l'urée. 

Cet  aVpiïreil,  outre  son  application  au  dosage  de  l'urée, 
permet  de  faire  le  dosage  de  l'azote  total,  par  la  méthode 
ri'Henninger.  et  aussi  de  mesurer  avec  exactitude  les 
volumes  des  gaz  dégagés  par  l'action  d'un  liquide  sur  un 


—  57  — 

autre  :  par  exemple,  Tacide  carbonique  dans  une  solution 
de  carbonate,  etc. 

Lorsqu'on  veut  mesurer  un  dégagement  gazeux  con- 
tenant des  gaz  solubles  dans  l'eau,  Facide  carbonique, 
par  exemple,  et  qu'on  n'a  pas  à  sa  disposition  de  cuve  à 
mercure,  il  suffit  de  mettre  dans  l'éprouvette  de  la  glycé- 
rine au  lieu  d'eau,  ou  tout  autre  liquide  qui  ne  dissolve 
pas  le  gaz  dégagé. 


Note  sur  le  tfol  (pierre  à  savon  des  Arabes)  et  sur  un  pro- 
cédé pour  émulsionner  Vhuile  lourde  de  houille;  par 
M.  Lahache,  pharmacien-major  à  Constantine. 

L'usage  général  que  les  Arabes  font,  en  Algérie  et  en 
Tunisie,  du  tfol,  pour  nettoyer  leurs  burnous,  nous  a  sug- 
géré d'essayer  ce  savon  minéral  à  Témulsion  de  l'huile 
lourde  de  houille. 

Le  tfol  (pierre  à  savon  des  Arabes)  se  vend  sur  tous  les 
marchés  indigènes,  depuis  Oran  jusqu'à  Tunis  (i).  C'est 
une  substance  légèrement  cireuse,  onctueuse  au  toucher. 
Des  gîtes  existent  dans  tous  les  départements  algériens  : 
personnellement,  nous  connaissons  celui  de  Sidi-Khaled 
où  s'approvisionnent  les  riverains  de  l'Oucd-Djedi  et 
quelques  oasis  des  Zibans. 

La  couleur  du  tfol  peut  varier  du  rouge  au  gris  et  au 
blanc  d'albâtre,  suivant  les  oxydes  métalliques  qu'il  con- 
tient. Sa  composition  n'est  pas  uniforme,  mais  les  diffé- 
rentes variétés  renferment  comme  éléments  essentiels  : 

Des  silicates  alcalins  et  terreux  ; 

Du  carbonate  de  chaux  ; 

De  la  silice  gélatineuse  libre  ; 

De  l'argile  ; 

Des  sulfates  et  des  chlorures  alcalins  et  terreux  (en 
faible  quantité). 

La  quantité  de  matières  solubles  dans^l'eau  est  trop 

(1)  Il  est  probable  qu'on  en  trouTO  sur  les  marchés  do  toute  rAfrique 
septentrionale. 


—  58  — 

faible  pour  qu'on  puisse  attribuer  à  des  carbonates  alca- 
lins les  qualités  que  les  Arabes  ont  reconnues  depuis 
longtemps  à  cette  roche. 

Celle-ci  a^it  comme  absorbant  dans  Faction  du  lavage. 

M.  le  général  de  la  Roque,  commandant  la  division  de 
Constantine,  a  bien  voulu  nous  faire  remettre  plusieui*s 
échantillons  de  Ifol. 

Il  résulte  des  expériences  faites  dans  notre  laboratoire, 
que,  en  moyenne,  ^O»""  de  ce  savon  minéral  finement  pul- 
vérisé suffisent  pour  absorber  complètement  iOO«''  d'huile 
lourde  de  houille,  quelle  que  soit  la  densité  de  cette  der- 
nière; l'eau  ajoutée  en  toutes  proportions  au  mélange  ne 
détermine,  en  aucun  cas,  la  séparation  de  l'huile.  Par 
agitation  on  obtient  avec  l'eau  une  émulsion  ne  salissant 
pas  le  verre,  dans  laquelle  on  distingue,  au  microscope, 
l'huile  amenée  à  un  état  de  division  qui  caractérise 
l'émulsion. 

Elle  apparaît  sous  forme  de  globules  variant  de  la  gros- 
seur d'un  grain  d'amidon  de  riz  à  la  grosseur  d'un  gros 
grain  d'amidon  de  blé. 

Nous  proposons  donc  de  transformer  d'abord  l'huile 
lourde  de  houille  on  une  pâte,  avec  le  tfol.  Cette  pâte  est 
encore  plus  facile  à  employer  si,  dans  sa  préparation, 
avant  de  verser  l'huile  sur  la  poudre,  on  humecte  celle-ci 
de  son  poids  d'eau  ;  on  obtient  ainsi  un  produit  très  stable 
sous  forme  d'une  pAte  brune  légère,  crémeuse,  parfai- 
tement homogène  et  de  consistance  demi-fluide.  Cette 
pâte  est  susceptible  de  donner  extemporanément,  par 
addition  d'eau  et  agitation,  une  émulsion  parfaite  et  un 
liquide  antisepti(iue  d'un  litre  déterminé,  quel  qu'il  soit, 
pouvant  être  utilement  employé  à  l'arrosage  du  sol,  à  la 
désinfection  des  latrines,  au  lavage  de  certaines  parties 
des  bâtiments  publics  (écoles,  casernes,  hôpitaux,  etc.). 

Étant  donnée  la  nature  des  éléments  du  tfol,  qui  sont 
neutres  et  à  peu  près  insolubles,  nous  ne  croyons  pas  que 
cette  substance  puisse  diminuer  la  valeur  antiseptique  de 
riuiile  lourde  de  houille. 

Enfin,  si  le  tfol  peut  être  utilisé  dans  le  cas  qui  nous 


—  59  — 

occupe,  il  en  résultera  de  par  son  peu  de  valeur  commer- 
ciale une  grande  économie  pour  TEtat,  puisqu'il  en  coû- 
tera seulement  à  ce  dernier  la  peine  de  recueillir  cette 
roche  dans  les  carrières  dont  il  est  le  propriétaire. 


Sur  le  pouvoir  rotatoire  du  chlorhydrate  de  cocaïne; 
par  M.  Henri  IIérissey  (1). 

J'ai  été  amené  récemment,  sur  les  conseils  de  M.  Bour- 
(juelot,  à  examiner,  dans  un  but  de  comparaison,  le  pou- 
voir rotatoire  de  divers  échantillons  commerciaux  de 
chlorhydrate  de  cocaïne.  Je  dois  dire  dès  l'abord  que 
cette  recherche  effectuée  sur  cinq  produits  différents  m'a 
donné  des  résultats  sensiblement  concordants  (2i.  Trois^ 
échantillons  possédaient  un  pouvoir  rotatoire  identique; 
ce  dernier  était  de  —  71**,66,  en  solution  aqueuse  à  2«'' 
pour  100''*;  dans  les  mêmes  conditions,  le  pouvoir  rota- 
toire des  deux  autres  échantillons  était  de  —  TO'^.BS. 

A  première  vue,  ces  chiffres  élevés  ne  laissent  pas  que 
de  surprendre;  le  Supplément  du  Codex  donne,  en  effet, 
comme  pouvoir  rotatoire,  en  solution  aqueuse,  la  valeur 
«D  =  —  52**, 5,  et,  Ton  trouve  cette  donnée  reproduite  dans 
de  nombreux  livres.  En  cherchant  la  cause  de  cette  con- 
tradiction tout  à  fait  en  désaccord  avec  mes  observations, 
j'ai  été  naturellement  amené  à  me  reporter  à  un  travail 
publié  par  O.  Antrick,  en  1887  ^3)  sur  le  ijouvoir  rota- 
toire de  la  cocaïne  et  de  son  chlorhydrate. 

L'auteur  a  déterminé  le  pouvoir  rotatoire  de  cinq  chlor- 
hydrates de  cocaïne  différents  ;  il  a  opéré  dans  des  con- 
ditions tout  à  fait  spéciales,  d'ailleurs  très  bien  déter- 
minées, sur  lesquelles  nous  devons  dire  quelques  mots  : 

(1)  Communication  faite  à  la  Société  de  Pharmacie  (Séance  du  l*'  décem- 
bre 1897). 

(!2)  Ces  déterminations,  ainsi  que  celles  que  j'ai  faites  dans  la  suite,  ont 
été  effectuées  à  la  température  de  14-16*. 

(3)  Das  optiscbe  Verhallen  des  Gocaïns  und  eine  Méthode  zur  Prûfung 
seines  salzsauren  Salzes  auf  Reinheit;  Ber.  d,  d.  chem.  Ges.,  20,  1887, 
p.  310. 


—  60  — 

Anlrick  s'est  servi,  comme  dissolvant,  d'alcool  étendu  de 
densité  0,93529  à  20*  et  la  raison  qu'il  en  donne  est  le 
léger  trouble  observé  dans  les  solutions  aqueuses  de  cer- 
tains produits  examinés  ;  les  solutions  ont  été  faites  à  des 
concentrations  différentes;  elles  ont  toutes  été  exami- 
nées à  la  température  de  20*. 
Les  rotations  observées  ont  conduit  aux  formules  : 

«D  =  —  [52,180  +  0,1588q] 
et 

«D  =  —  [67,982  —  0,15827  c]  ; 

q  est  le  poids  d'alcool  étendu  contenu  dans  100  parties 
en  poids  de  solution  ;  la  valeur  de  c  est  exprimé  par 
l'égalité  c  =  pd,  p  étant  le  poids  de  cocaïne  contenu  dans 
100  parties  en  poids  de  solution  et  d  la  densité  de  cette 
dernière  à  20**. 

Il  est  facile,  d'après  ces  quelques  données,  de  voir  que 
les  résultats  d'Antrick  ont  été  faussement  interprétés,  et 
qu'il  est  par  suite  inexact  d'attribuer  au  chlorhydrate  de 
cocaïne  le  pouvoir  rotatoire  —  52*,5. 

A  ce  point  de  vue,  j'ai  repris  l'examen  d'un  des  pro- 
duits mentionnés  au  commencement  de  cette  note;  ce 
produit,  comme  les  quatre  autres  du  reste,  ne  contenait 
pas  d'eau  de  cristallisation.  J'ai  d'abord  opéré  sur  le  pro- 
duit tel  qu'il  se  présentait.  Dans  ces  conditions,  pour  une 
solution  à  2»''  pour  100*^%  on  a  «d  =  —  71 ',66. 

Mais  j'ai  constaté  que  par  un  séjour  prolongé  à  l'étuvc 
de  Gay-Lussac  et  refroidissement  sur  l'acide  sulfurique, 
0«',670  de  matière  perdaient  O^^^OOS.  En  tenant  compte  de 
ce  résultat,  le  pouvoir  rotatoire  devient  :  «0  =  —  71°,95. 

Le  même  échaiitillon  a  été  recrislallisé  dans  l'alcool 
absolu,  puis  séché  sur  l'acide  sulfurique  et  on  en  a  pris  de 
nouveau  le  pouvoir  rotatoire;  on  avait  eu  soin  de  réserver 
du  produit  une  partie  qui  a  servi  à  déterminer  la  perte 
éprouvée  par  la  matière  à  100*.  Le  résultat  a  été,  on  peut 
dire,  le  même  que  précédemment  :  pour  une  solution  à 
2«%712  pour  100,  a»  =  —  71°,94. 

Si  l'on  détermine  le  pouvoir  rotatoire  du  chlorhydrate 


—  Gi- 
de cocaïne  en  solution  alcoolique,  comme  Ta  fait  Antrick, 
on  trouve  des  nombres  un  peu  inférieurs  aux  précé- 
dents. En  solution  à  2*'  pour  100",  on  obtient  avec  un 
alcool  de  la  concentration  de  celui  de  Antrick  le  pouvoir 
rotatoire  —  69®,43,  et  avec  un  alcool  à  80®,  le  pouvoir 
rotatoire  —  68^60. 

La  concentration  fait  également  baisser  le  pouvoir  rota- 
toire; en  solution  aqueuse  à  8"' pour  100",  aD= — 69^15. 

Tous  ces  nombres  et  en  particulier  ceux  que  nous 
avons  obtenus  avec  des  solutions  alcooliques  sont  tout  à 
fait  comparables  avec  ceux  trouvés  par  Antrick  ;  ils  sont 
seulement  un  peu  plus  élevés  ;  mais  les  produits  essayés 
par  Antrick  en  1887  étaient  peut-être  (c'est  là  du  reste 
une  simple  hypothèse),  moins  bien  purifiés  que  ceux  que 
l'on  peut  trouver  à  l'heure  actuelle;  en  tout  cas,  je  n'ai 
jamais  observé  le  moindre  trouble  dans  les  solutions 
aqueuses  de  chlorhydrate  de  cocaïne,  circonstance  qui 
avait  cependant  obligé  l'auteur  allemand  à  se  servir  d'al- 
cool étendu. 

Je  citerai  en  terminant  une  dernière  observation  rela- 
tive à  l'influence  que  peut  avoir  l'eau  à  la  température 
d'ébuUition  sur  le  pouvoir  rotatoire  du  chlorhydrate  de 
cocaïne  en  solution.  Une  solution  à  2«''  de  chlorhydrate  de 
cocaïne  pour  100" a  été  divisée  en  deux  parts;  l'une  a  été 
conservée  comme  témoin,  l'autre  a  été  versée  dans  un 
ballon  de  50"  jusqu'au  trait  de  jauge;  le  ballon  a  été 
plongé  ensuite  jusqu'au  col  dans  l'eau  bouillante  d'un 
bain-marie,  où  on  l'a  maintenu  pendant  deux  heures.  On 
a  laissé  refroidir,  puis  on  a  rétabli  le  volume  primitif  et 
on  a  examiné  la  solution  au  polarimètre.  La  déviation  a 
été  trouvée  la  même  pour  les  deux  liquides  :  «d  =  2*',52. 

Le  pouvoir  rotatoire  n'avait  donc  été  nullement  in- 
fluencé par  ce  traitement  (1). 


•'-,  y-û 


(1)  Travail  fait  dans  le  Laboratoire  de  M.  le  professeur  Bourquelot. 


—  62  — 

REVUE  SPÉCIALE 
DBS  PUBLICATIONS  DE  PHARMACIE  ET  DE  CHIMIE. 


Hédicaments  nouveaux. 

Recherche  de  la  kryotine  dans  rurine;  par  M.  E.  Schhei- 
BER  (1).  —  La  kryoline  est  un  produit  de  condensation  de 
la  phéntHidine  et  de  l'acide  méthylglycolique  (2)  ;  on  Ta 
préconisée  comme  antipyrétique.  On  la  retrouve  déjà  dans 
l'urine  15  à  20  minutes  après  Fingestion.  Si  Ton  ajoute 
du  porchlorure  de  fer  à  l'urine,  celle-ci  prend  une  colo- 
ration rouge  brun  qui  se  produit  immédiatement  si  la 
proportion  de  kryofine  est  assez  élevée,  et  seulement  au 
bout  de  (juelque  temps  quand  l'urine  n'en  renferme  que 
des  traces.  La  réaction  se  fait  très  nettement  si  on  ajoute 
à  l'urine,  d'abord  quelques  gouttes  de  lessive  de  potasse, 
puis  un  peu  de  perchlorure  de  fer  et  si  l'on  filtre  ;  le 
liquide  iiltré  est  rouge.  L'urine  préalablement  filtrée  sur 
du  noir  animal  ne  donne  plus  la  réaction.  L'éther  ou  le 
chloroforme  agités  avec  l'urine,  même  si  on  l'a  acidulée 
ou  alcalinisée,  ne  lui  enlève  pas  la  kryofine.  Le  liquide 
que  l'on  obtient  par  distillation  de  l'urine  acidulée  avec 
de  l'acide  sulfurique  ne  donne  de  réaction  ni  avec  le  per- 
chlorure de  fer,  ni  avec  l'eau  de  brome. 

Par  contre,  l'urine  acide  donne  la  réaction  indiquée  par 
Ritsert  comme  caractéristique  de  la  phénacétine  :  colora- 
tion brune  lorsqu'on  ajoute  4  à  5  gouttes  d'une  solution 
d'acide  chromique  à  3  p.  100  à  2"  d'urine. 

L'urine  donne  en  outre  les  réactions  suivantes  : 
1*  l'urine  additionnée  de  2  gouttes  d'acide  chlorhydrique, 
de  2  gouttes  d'une  solution  de  nitrite  de  soude  à  1  p.  100 
et  de  quelques  gouttes  d'une  solution  aqueuse  alcaline  de 
naphtol  «,  puis  rendue   alcaline  avec  de  la  lessive  de 

(1)  Apotheker  Zeitung,  1897,  p.  740. 

(2)  Journ,  de  Phami.  et  de  Chim.  [6],  V,  p.  567,  1897.  —  U  y  a  liea  de 
penser  que  le  mot  kryofine  vient  du  grec  xpvo;,  froid. 


—  63  — 

potasse,  prend  une  coloration  rouge  qui  passe  au  violet 
par  addition  d'acide  chlorhydrique;  2**  si  l'on  fait  bouillir 
10*'  d'urine  avec  1  à  2"  d'acide  chlorhydrique  concentré 
et  si,  après  refroidissement,  on  ajoute  3  à  5  gouttes  d'une 
solution  aqueuse  saturée  de  phénol  et  un  peu  de  solution 
filtrée  d'hypochlorite  de  chaux,  on  obtient  une  coloration 
rouge  brique  qui  passe  au  bleu  si  on  sature  avec  de  l'am- 
moniaque (réaction  de  l'indophénol). 

Toutes  ces  réactions  conduisent  à  cette  conclusion  que 
l'urine,  après  ingestion  de  kryofine,  renferme  de  la 
phénétidine  et  du  p-amidophénol.  Em.  B. 


Protargol.  —  Depuis  quelque  temps,  les  pharmacolo- 
gistes  s'appliquent  à  chercher  des  combinaisons  orga- 
niques d'argent  non  précipitables  par  les  liquides  de 
l'économie,  et  cela  dans  le  but  de  combattre  les  catarrhes 
gonorrhéiques  plus  efficacement  qu'on  ne  le  fait  avec  le 
nitrate  d'argent,  par  exemple. 

Nous  avons  déjà  cité  Vargonine  (1),  combinaison  sodico- 
argentique  obtenue  par  Liebrecht  et  Rôhmann,  en  préci- 
pitant une  solution  de  nitrate  d'argent  et  de  caséinate  de 
soude  par  l'alcool.  L'argonine  est  soluble  dans  l'eau  et  la 
solution,  qui  est  neutre  au  tournesol,  ne  précipite  ni  par 
le  chlorure  de  sodium,  ni  par  le  sulfhydrate  d'ammo- 
niaque. L'argent  se  trouve  donc  masqué  dans  cette  pré- 
paration. 

Nous  pouvons  citer  encore  Vargentamine^  qui  est  une 
solution  à  8  p.  100  de  phosphate  d'argent  dans  une  solu- 
tion aqueuse  d'éthylène-diamine  (2). 

L'argentamine  ne  précipite  pas  non  plus  par  le  chlo- 
rure de  sodium. 

Mais  l'argentamine  présente  une  réaction  alcaline,  ce 
qui  la  rend  caustique  et  en  limite  forcément  l'emploi. 

D'autre  part,  l'argonine  est  un  corps  peu  stable  que 
les  acides  dédoublent  avec  la  plus  grande  facilité  en  ses 

(1)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Chim.  [6],  II,  p.  153, 1895. 

(2)  Apotheker  Zeitung,  1895,  p.  893. 


/ 


—  64  — 

cQinposants.  M.  A.  Eichenp^rûn  (1)  assure  avoir  réussi  à 
j)r«-parer,  avec  certaines  matières  protéiques,  une  combi- 
naison d'argent  préférable  aux  précédentes,  en  ce  sens 
que,  non  seulement  elle  ne  précipite  pas  par  les  sulfures 
alcalins,  mais  encore  qu'elle  n'est  décomposée  ni  par  les 
alcalis,  ni  par  les  acides.  Il  donne  à  cette  combinaison  le 
nom  de  protargoL 

C'est,  dit-il,  une  poudre  jaune  clair  qui  se  dissout  faci- 
lement dans  l'eau,  sans  qu'il  soit  besoin  de  prendre  des 
précautions  particulières.  Les  solutions  sont  de  couleur 
lirun  clair;  elles  sont  neutres  et  peuvent  être  chauffées 
sans  inconvénient,  à  la  condition  de  ne  pas  chauffer  trop 
longtemps,  auquel  cas  elles  se  foncent  en  couleur. 

Elles  ne  sont  pas  précipitées  par  l'albumine,  ni  par  le 
sel  marin.  Elles  précipitent,  il  est  vrai,  par  addition 
déicide  chlorhydrique  concentré;  seulement,  le  précipité 
ii\^rit  pas  du  chlorure  d'argent,  mais  du  protargol  qui  se 
redissout  en  étendant  d'eau. 

Le  protargol  renfermerait  8  p.  100  d'argent,  tandis  que 
Targentamine  n'en  renferme  que  6,3  et  l'argonine 
4,2  p.  100  seulement. 

M.  Eichenbrûn  affirme  que  son  produit  a  été  essayé 
dans  la  blenhorragie.  On  s'est  servi  d'abord  de  solutions 
à  0^25  p.  100,  puis  de  solutions  à  1  et  1,5  p.  100,  et  même, 
dans  des  cas  d'uréthrite  chez  la  femme,  de  solutions  à 
5  et  10  p.  100. 

M.  Eichengriin  n'indique  pas,  dans  sa  note,  comment 
il  prépare  le  protargol.  Faut-il  rapprocher  de  celui-ci  les 
composés  que  le  professeur  0.  Lœw  (2)  a  obtenus  en  1883 
en  chauffant  pendant  plusieurs  heures  de  l'albumine  avec 
une  solution  ammoniacale  de  nitrate  d'argent;  c'est  ce 
que  pense  ce  dernier;  mais  M.  Eichengriin  fait  remarquer 
que,  tandis  que  le  protargol  est  une  poudre  jaune  clair, 
soluble  dans  l'eau,  les  produits  de  M.  0.  Lœw  sont  des 

(l)  Ueber  Protargol,  Pharmaceutische  centralhalle,  XXXYIII,  p.  640, 
1897. 

(3)  Chem.  Ztg.,  1897,  p.  876;  d'après  Pharm,  centralhalle,  XXXVUI, 
p,  739,  1897. 


—  65  — 

-corps  rouges  ou  bruns,  insolubles  dans  l'eau  et  décompo- 
sables  par  les  alcalis  ou  les  acides  faibles  qui  en  séparent 
de  l'argent  métallique  (1). 

Quoi  qu'il  en  soit,  d'après  M.  Feodor  Miehle  (2),  les  so- 
lutions aqueuses  de  protargol  ne  s'obtiennent  pas  aussi 
facilement  que  le  disent  les  fabricants  de  ce  produit. 
Lorsqu'on  l'agite  avec  de  l'eau,  il  se  forme  une  mousse 
persistante  dans  laquelle  de  petites  particules  de  protar- 
gol se  maintiennent  en  suspension  et  restent  indissoutes. 
Si  l'on  veut  aller  vite,  il  faut  agiter  l'eau  et  le  composé 
argentique  dans  un  flacon  un  peu  grand  jusqu'à  dissolu- 
tion complète,  puis  séparer  le  liquide  de  la  mousse. 
L'emploi  d'une  douce  chaleur  facilite  l'opération. 

Em.  B. 


CaptoL  —  C'est  le  nom  que  donne  le  D'  EichhofF  (3) 
à  un  produit  de  condensation  du  tannin  et  du  chloral, 
produit  qu'il  préconise  comme  antiséborrhéique.  Le 
captol  se  présente  sous  forme  d'une  poudre  brun  foncé, 
hygroscopique,  qui  se  dissout  peu  dans  l'eau  froide  et 
dans  l'alcool.  Il  n'est  pas  modifié  par  les  acides,  mais  les 
alcalis  le  décomposent  avec  coloration  brun  foncé. 
Chauffé  avec  de  l'aniline  et  de  la  lessive  de  soude,  il 
donne  la  réaction  de  l'isonitrile. 

Sa  solution  est  colorée  en  bleu  noir  par  les  sels  de  fer, 
mais  la  couleur  disparait  par  addition  d'un  acide  tel  que 
l'acide  chlorhydrique  ou  oxalique. 

Eichhoir  recommande  l'emploi  de  ce  médicament  contre 
les  pellicules  et  la  chute  des  cheveux.  Primitivement,  il 
le  prescrivait  en  solution  alcoolique  à  1  ou  2  p.  100  pour 
frictionner  la  tète.  Depuis  quelque  temps,  un  parfumeur 
de  Cologne  en  a  fait,  sur  ses  indications,  une  spécialité 
sous  forme  de  teinture  de  captol  composée  (4). 

(1)  Pharm,  ceniralhalle,  XXXVIII,  p,  777,  -1897. 

(2)  Ueber  die  Anfcrtigung  ?on  ProlargollOsungen  ;  Apotheker  Zeitung,  1897, 
p.  832. 

(3)  Apotheker  Zeitung,  1897,  p.  682. 

(4)  Apotheker  Zeilung,  1897,  p.  734. 

Jbarir.  de  Pharm.  et  de  Chim.,  6«  BÂRIE,  t.  VH,  (15  janvier  1898.)        5 


■T^^^^r- 


I 


—  00  — 
La  loninilo  do  ccllo  tcinlure  serait,  d'après  Eichhoff  : 

Caplol 1 

Hydrate    de  chlorul 1 

Acide  tarlrique i 

Huile  de  ricin 0,5 

Alcool  à  65*> 100 

Esseoee  pour  aronialiser Q.  s. 

L'analyse  en  a  été  faite  par  le  ]y  Aufrecht;  elle  ne 
<  iiiicorde  pas  complètement  avec  la  formule  ci-dessus  (ij. 
L(.'  ir  Aufrecht  a  trouvé,  en  effet  : 

Chlopal 0,76  p.  100  (anhydre). 

Tannin 0,42 

Alcool 54 

Eau U-  s.  p.  faire  100. 

f'L  en  outre,  de  petites  quantités  non  dosées,  d'acide 
I  irtrique,  d'huile  de  ricin,  et  d'huile  essentielle.  Le 
(  hloral  a  été  dosé,  après  élimination  de  l'alcool,  par  ré- 
duction avec  l'acide  acétique  et  la  poudre  de  zinc.  Il  se 
forme  du  chlorure  de  ziiuî  que  Ton  dose  à  la  manière 
connue.  Le  tannin  a  été  dosé  par  la  méthode  de  Lôwen- 
\\vaI  Em.  B. 


Pharmacie. 


Emploi  du  carragaheen  pour  émulsionner  l'huile  de  foie 
de  morue;  par  M.  Barbi  i'2i.  —  L'auteur  se  sert,  comme 
sif^ent  éinulsif,  du  carra ^^aheen  mondé  préalablement 
des  matières  étrangères  qui  l'accompagnent  et  lavé.  On 
fait  une  décoction  aqueuse  d(^  ce  produit  à  la  dose  de  15*' 
de  carragaheen  pour  1  litre.  Dans  XhO^'  de  décocté 
filtré,  on  dissout  ^ôk""  de  sucre  blanc.  Dans  ce  sirop,  on 
incorpore  au  mortier,  ou  même  simplement  en  agitant 
s  ivement  le  mélange,  80*'"  d'huile  de  foie  de  morue  et  l'on 
obtient  ainsi  une  émulsion  dans  laquelle  on  n'aperçoit 
plus  de    gouttelettes  d'huile,   même  à  la   loupe.    Cette 

(1)  Pharm.  Zeitung,  i897,  p.  883. 

(S)  Bollet.  chimie,  farmac,  1897,  485;  d'après  Ap,  Zeitung,  1897, 
813. 


—  07  — 

émulsion  serait  très  stable  et  préférable  aux  autres  pré- 
parations analojçues  d'huile  de  foie  de  morue. 

Barbi  insiste,  à  propos  de  ce  travail,  sur  les  falsifica- 
tions dont  riiuile  de  foie  de  morue  est  souvent  l'objet  et  il 
indique  en  particulier  pour  rechercher  la  colophane  (!!;,  le 
procédé  suivant  (?)  :  On  traite  i«''  d'huile  par  12»'  d'éther  à 
16**.  Si  l'huile  renferme  de  la  colophane,  le  mélange  se 
trouble  au  bout  de  quelques  minutes.  Em.  B. 


Ëmulsions  dlTerses  d'huile  de  foie  de  morue.  --  I.  Dé- 
coction de  carragaheen  (2  p.  100;  150,  huile  240,  glycé- 
rine 60,  poudre  de  chocolat  30,  teinture  de  vanille  q.  s. 
On  triture  le  chocolat  avec  le  mucilage  et  la  glycérine, 
puis  on  chauffe  jusqu'à  ce  que  le  mélange  soit  devenu 
homogène  ;  on  laisse  refroidir,  on  ajoute  l'huile  et  on  bat 
de  façon  à  obtenir  une  émulsion  parfaite  (1). 

ÏI.  Émulsion  de  Scott,  —  D'après  une  analyse  récent e, 
cette  émulsion  renfermerait  pour  608'":  huile  de  foie  de 
morue  35,5,  glycérine  18,5,  hyposulfite  de  chaux  3,1. 
eau  2,9  et  essence  de  cannelle  q.  s.  pour  aromatiser.  Une 
autre  analyse  indique  pour  lOO»""  :  huile  de  foie  de  morue 
42,  glycérine  16,  hypox)hosphite  de  calcium  1,2  et  hypo- 
phosphite  de  sodium  0,6.  La  gomme  arabique  serait  la 
substance  énmlsive  (2) . 

III.  Tritol.  —  E.  Dieterich  préconise,  pour  émulsion- 
ner  les  huiles,  l'extrait  de  malt  diastasique;  25  parties 
d'extrait  suffiraient  pour  75  parties  d'huile.  Il  donne  à 
'ces  préparations  le  noms  tritols.  C'est  ainsi  qu'il  prépare 
un  tritol  à  l'huile  de  foie  de  morue,  un  tritol  à  l'huile  de 
ricin,  etc.  i3j. 

Enfin,  le  suc  pancréatique  et,  par  conséquent,  le  produit 
commercial  appelé  pancréatine  pourraient  être  employés 
pour  émulsionner  l'huile  de  foie  de  morue  et  donneraient 
des  émulsions  parfaites.  Em.  B. 

(1)  Ap,  Zeitung,  1897,  840. 
•     (2)  Pharm.  Ztg.,  1897,  608,  et  Ap.  Zeitung,  1897,  8*2. 
(3)  Pharm.  centralhallc,  1897,  217. 


'•^  '  ÎHI  fIJWU  1* 


—  68  — 

Huile  de  foie  de  morue  iodo-ferrée;  par  M.  H.  von  Re* 

NKssE  (1).  —  Pour  préparer  une  huile  de  foie  de  morue 
rnnfermant  2^'^  d'iodure  de  fer  par  litre,  on  peut  opérer 
comme  il  suit.  Dans  une  capsule  de  porcelaine,  on  met 
0^',6  de  limaille  de  fer,  2»'  d'eau,  puis,  par  petites  por- 
ïions,  en  agitant,  l«^64  diode.  Quant  la  réaction  est  ter- 
minée, on  évapore  à  sec,  on  triture  Tiodure  avec  le  fer 
en  excès  et  on  ajoute,  en  triturant,  98»'  d'huile.  L'iodure 
se  dissout  et  Ton  obtient  un  produit  renfermant  2  p.  100 
d'iodure.  Le  liquide  est  brun  noir  foncé  ;  en  l'étendant 
avec  de  nouvelle  huile  jusqu'à  l.OOO'^'on  a  une  huile  à 
1^  p.  1.000. 

Si  on  triture  l'iode  avec  le  fer  et  '2{W  d'huile,  en  ajou- 
tant un  peu  d'éther,  on  ol)tient  également  im  liquide 
bi'un  noir  foncé.  Mais  on  remarque  que  le  mélange  ne 
s'i'chaufTe  pas  pendant  la  trituration.  Aussi  peut-on  se 
demander  si  la  réaction  chimique  (jui  donne  naissance 
mi  protoiodiue  de  fer  s'est  accomplie.  L'auteur  n'est  pas 
fixé  sur  ce  point.  Em.  B. 


Sur  la    composition   de  l'huile  de   ricin;   par  M.   H. 

Mhyer  i'2  .  —  Les  produits  de  saponilication  de  l'huile 
de  ricin  par  la  soude  caustique  étaient  considérés  jusque 
dajis  ces  derniers  temps  comme  ne  renfermant  que  les 
savons  des  acides  suivants  :  stéari([ue,  palmitique  et 
surtout  ricinolique  fricinique;.  M.  P.  Juillard  a  réussi, 
il  y  a  déjà  prés  de  trois  ans  i3i,  à  en  retirer  un  qua- 
trième acide  :  l'acide  dioxystéarique  qui  a  pour  formule 
€'"H^'(OH;VCOOH  ou  C'MI"0\  Pour  cela,  il  a  aban- 
donné, à  la  température  de  12**,  l'acide  ricinolique  brut. 
L'acide  dioxystéarique  s'est  séparé  peu  à  peu  sous 
foirme  de  précipité  blanc  que  ce  chimiste  a  purifié  par 


(1)  Ap.  Zeilung.,  1897,831. 

(S)  Chemische  Nolizcn  ûber  Ricinusôl;  Archiv  der  Pharmacie  [3], 
XXXV,  p.  184,  1897. 

(a)  Sur  racidei  dioxystéarique  naturel  et  sur  la  Iriridnoléine;  BulL  Soc. 
€Mm.  [3],  Xin,  pp.  238  et  240,  1895.  ; 


I 


—  69  — 

cristallisation  dans  Talcool  chaud  et  lavage  au  toluène* 
chaud. 

L  acide  dioxystéarique  fond  de  141  à  143*.  Il  est  inso- 
luble dans  Téther,  la  ligroïne,  la  benzine,  peu  soluble 
dans  le  toluène  froid,  davantage  à  chaud,  soluble  dans 
l'alcool  et  Facide  acétique  bouillants.  C'est  un  acide 
saturé;  il  n'absorbe  point  d'iode.  Par  réduction,  il  donne 
de  l'acide  stéarique.  L'huile  de  ricin  n'en  renferme  pas 
plus  de  1  p.  100. 

M.  H.  Meyer  a  obtenu  l'acide  dioxystéarique  en  trai- 
tant par  le  double  de  son  volume  d'éther  l'acide  ricino-^ 
lique  brut  provenant  de  la  décomposition  de  so  sel  de 
chaux  à  l'aide  de  l'acide  chlorhydrique  dilué.  p]n  laissant 
la  solution  éthérée  exposée  au  froid  pendant  douze 
heures,  l'acide  dioxystéarique  se  sépare  sous  forme  de 
lamelles  cristallines  soyeuses.  Par  ce  procédé,  l'auteur 
n'en  a  retiré  que  1»',5  environ  de  V"^'  d'huile. 

M.  Juillard  a,  d'autre  part,  publié  un  procédé  de  syn- 
thèse de  la  triricinoléine.  Cette  synthèse  s'effectuerait  de 
la  façon  suivante  :  On  introduit  dans  un  ballon  de  verre 
200»'  d'acide  ricinolique  pur  et  42»'  de  glycérine  des- 
séchée, on  chauffe  à  120*,  puis  on  plonge  dans  un  bain 
d'huile  porté  préalablement  à  230*  On  détermine  une- 
agitation  continue  au  sein  du  liquide,  de  manière  que  la 
glycérine  reste  intimement  mélangée  à  l'acide  gras.  Au 
bout  de  six  heures,  on  retire  le  produit  de  la  réaction,  on 
laisse  refroidir  et  on  lave  avec  de  l'eau,  puis  avec  de  la 
ligroïne.  M.  Juillard  conseille  de  ne  pas  s'écarter  de  ces 
limites  de  températures,  autrement  d'autres  corps  se  for- 
ment en  abondance.  Il  conclut  d'ailleurs,  de  l'analyse 
qu'il  a  faite  du  produit  et  de  l'examen  de  ses  propriétés 
que  celui-ci  est  un  mélange  de  2  molécules  de  triricino- 
léine et  de  1  molécule  de  diricinoléine. 

M.  Meyer  rappelle  qu'il  a  préparé  déjà  synthétique- 
ment  la  triricinoléine  à  laquelle  il  attribue  l'action  pur- 
gative de  l'huile  de  ricin  (1).  —  Il  l'a  obtenue  en  chauf- 

(l)  Journ,  de  Pharm,  et  de  Chim.  [5],  XXU!,  p.  160,  1891. 


—  70  — 

fant  le  mélange  traversé  par  un  faible  courant  d'acide 
carbonique  à  une  température  comprise  entre  180^  et 
300°;  par  conséquent  à  une  température  plus  élevée  (jue 
celle  que  recommande  M.  Juillard.  L'opération  doit  être 
continuée  jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  dégage  plus  que  de 
faibles  quantités  de  vapeur  d'eau.  Le  produit  débarrassé 
de  la  glycérine  par  lavage  à  l'eau  était  neutre  et  presque 
incolore.  Sa  viscosité  et  sa  saveur  étaient  celle  de  l'huile 
de  ricin.  Comme  cette  dernière,  il  élait  complètement 
soluble  dans  son  voUune  d'alcool  éthylique  à  96°  et  d'al- 
cool méthylique.  Il  a  déterminé  son  indice  de  saponifica- 
tion et  Ka  trouvé  aussi  voisin  que  possible  de  celui  de 
l'huile  de  ricin  (177  à  181),  etc. 

Il  a  donc  pensé  pouvoir  affirmer  que  la  ricinoléine  qu'il 
a  préparée  par  synthèse  était  l)ien  de  la  triricinoléine  : 
(OHC"H"COO)*C'IP,  et  il  ajoute,  qu'il  son  avis,  le  pro- 
duit o])tenu  par  M.  Juillard  serait  plutôt  d(^  la  diricino- 
léine  pure  qu'un  mélange  de  di  et  de  triricinoléine 

Em.  B. 

Chimie. 

Nouvelle  méthode  de  préparation  des  carbures  par  Fac- 
tion du  carbure  de  calcium  sur  les  oxydes;  par  M.  Henri 
MoissANfl).  —  Carbure  d'aluminium. —  Si  Ton  chauiVe 
au  four  électrique  un  mélange  à  parties  égales  d'alumine* 
et  de  carbure  de  calcium,  on  o])tient  un  culot  fondu  pré- 
sentant une  cassure  cristalline  très  nette. 

On  peut  distinguer  à  l'cril  nu,  dans  cette  matière  fon- 
due, de  grandes  lamelles  jaunes  du  carbure  d'aluminium 
C  Al*,  mélangées  de  cristaux  de  carbure  de  calcium. 

L'excès  de  carbure  de  calcium  est  détruit  rapidement 
par  l'eau  avec  dégagement  d'acétylène,  puis  la  décompo- 
sition lente  des  paillettes  jaunes,  produit  du  gaz  méthane. 

Après  la  décomposition  complète  du  carbure  d'alumi- 
nium par  l'eau,  on  a  caractérisé  Talumine  hydratée  qui 
s'était  formée. 

(l)  Ac.  H.  «c,  CXX.V,  839,29nov.  1897. 


—  71  — 

Celle  expérience  établit  donc  que  le  carbure  de  calcium 
en  fusion  décompose  l'alumine  avec  formation  de  carbure 
d'aluminium  et  de  chaux.  Cette  chaux  est  ensuite  rame- 
née à  l'état  de  carbure  par  le  charbon  du  creuset.  Cette 
réaction  est  générale  et  s'étend  à  un  ^rand  nombre 
d'oxydes. 

Carbure  de  miinganèse.  —  On  a  chauffé  au  four  élec- 
trique différents  mélan^^es.  en  proportions  variables,  de 
carbure  de  calcium  et  d'oxyde  de  manganèse  Mn'O*,  en 
faisant  prédominer  l'un  ou  l'autre  des  deux  composés. 

Dans  tous  les  cas,  on  obtient  du  carbure  de  manganèse 
en  globules  fondus  disséminés  dans  du  carbure  de  cal- 
cium en  fusion. 

Lors(jue  l'on  traite  les  globules  métalliques  par  l'eau, 
il  se  produit,  tout  d'abord,  un  faible  dégagement  d'acéty- 
lène dû  à  une  très  petite  (juantité  de  carbure  de  calcium 
qu'ils  contiennent,  mais,  après  quelques  instants,  ils  four- 
nissent un  dégagement  très  lent  et  régulier  de  méthane 
et  d'hydrogène  à  volumes  égaux,  dégagement  qui  est 
<*aracléristique  du  carbure  de  manganèse. 

Carbure  de  chrome.  —  Ce  carl)ure  se  prépare  très  })ien 
cristallisé  et  avec  facilité,  de  la  façon  suivante  :  on  mé- 
lange parties  égales  r2008''  environ,  de  sesquioxyde  de 
chrome  et  de  carbure  de  calcium.  Le  tout  est  chauffé  pen- 
dant cinq  minutes  dans  le  four  électritfuc  avec  un  courant 
de  900  ampères  et  45  volts.  On  obtient  ainsi,  sous  une 
<*ouche  de  carbure  de  calcium  en  fusion,  un  culot  métal- 
lique bien  rassemblé  recouvert  d'aiguilles  cristallines  du 
carbure  de  chrome,  C'Cr'. 

L'auteur  a  obtenu  par  le  même  moyen  les  carbures  de 
molybdène,   de  tungstène  et  de  titane. 

Siliciure  de  carbone,  —  L'action  réductrice  du  carbure 
de  calcium  fondu  peut  s'appliquer  à  la  silice  aussi  bien 
qu'aux  oxydes  métalliques.  On  a  chauffé  au  four  élec- 
trique un  mélange  de  cristal  de  roche  en  poudre  et  de 
carbure  de  calcium  répondant  à  la  formule  SiO*  +  ^*^'*^ 
et,  après  fusion  de  la  niasse  et  décomposition  par  l'eau, 
on  a  séparé  une  grande  ([uantité  de  cristaux  bien  nets  et 


—  72  — 

faciles  à  caractériser  de  siliciure  de  carbone  et  de  carbo- 
rundum.  Ces  cristaux  transparents  sont  incolores  et  légè- 
rement bleutés. 

Le  carbure  de  calcium  étant  aujourd'hui  un  produit 
industriel,  cette  réaction  pourra  peut-être  s'appliquer  à 
la  préparation  du  carborundum. 

Dans  ces  doubles  réactions,  on  n'a  employé  que  des 
composés  oxygénés  dont  le  corps  simple,  uni  à  l'oxygène, 
était  capable  de  fournir  un  carbure  défini  et  cristallisé. 
La  réaction  sera  différente  si  Ton  fait  agir,  sur  ce  carbure 
de  calcium,  un  oxyde  métallique  dont  le  métal  ne  produit 
pas  de  carbure. 

En  chauffant  au  four  Perrot  100»' de  litharge  et  e»*"  de 
carbure  de  calcium,  on  obtient  un  culot  de  plomb  de  65*'' 
et  une  scorie  qui  renfermait  encore  du  métal  disséminé 
dans  la  masse. 

Ce  dernier  corps  agit  donc  ici  encore  comme  réducteur, 
mais  comme  le  plomb  ne  fournit  pas  de  carbure,  le  métal 
seul  est  mis  en  liberté. 

La  réduction  de  l'oxyde  de  bismuth  (315»**)  par  le  car- 
bure de  calcium  (43*')  a  donné  de  même  un  culot  de  bis- 
muth métallique  à  cassure  cristalline  ne  renfermant  pas 
de  calcium. 

45«'  de  bioxyde  d'ètain  et  12»', 5  de  carbure  de  calcium 
ont  été  chauffés  pendant  une  demi-heure  au  four  Perrot. 
Après  la  réaction,  il  est  resté  un  mélange  de  chaux  et  de 
poussière  d'étain  très  divisée  et  facilement  oxydable  que 
l'on  a  réunie  en  un  culot  par  fusion  sous  l'acide  borique. 


Recherche  de  petites  quantités  de  plomb;  par  MM.  Anto- 
NY  et  Benelli  (1).  —  Lorsqu'un  liquide  renferme  seule- 
ment des  traces  d'un  sel  de  plomb  dissous,  comme  c'est 
par  exemple  le  cas  pour  certaines  eaux  potables,  le  sul- 
fure qui  prend  naissance  sous  riniluence  de  l'acide  sul- 
fhydrique  est  colloïdal  et  ne  peut  être  rassemblé  qu'avec 
difficulté.  Les  auteurs  ont  employé  avec  succès  l'artifice 

(1)  Gaz.  chim.  ital.,  ï.  XXVI  [1],  p  218. 


—  73  — 

suivant  :  On  ajoute  à  la  dissolution  du  chlorure  mercu- 
rique  et  l'on  précipite  le  mélange  des  deux  métaux  sous 
forme  de  sulfure  mixte.  Ce  mélange  peut  alors  être 
recueilli  sur  un  filtre  ;  on  le  sèche  ;  puis  on  le  chauffe  de 
façon  à  volatiliser  le  sulfure  mercurique.  Le  résidu  est 
constitué  par  du  sulfure  de  plomb  que  Ton  transforme  en 
sulfate  pour  caractériser  le  métal  qui  en  forme  la  base. 

E.  Leidié. 


Dosage  du  mercure  dans  les  dissolutions  de  ses  sels;  par 

M.  C.  ScHUYTEN  (1).  —  Lorsque  Ton  chauffe  la  dissolution 
d'un  sel  mercurique  avec  une  dissolution  de  peroxyde  de 
sodium,  le  mercure  se  précipite  sous  forme  métallique. 
Le  sens  de  la  réaction  est  exprimé  par  la  réaction  : 

WO  +  HgO  +  Na'O*  =  Hg  +  2NaH0  +  O» 

On  recueille  et  on  pèse  le  mercure  comme  dans  le  cas 
de  la  réduction  du  chlorure  mercurique  par  le  protochlo- 
rure d'étain.  Mais  la  réduction  par  le  peroxyde  de  sodium 
offre  sur  celle  effectuée  par  le  protochlorure  d'étain  les 
avantages  suivants  :  d'abord,  on  n'introduit  dans  la 
liqueur,  comme  métal  étranger,  que  le  sodium  qui  est 
peu  gênant  dans  les  recherches  analytiques  ultérieures; 
ensuite,  il  est  facile  de  doser  dans  la  liqueur  employée 
l'acide  qui  était  combiné  au  mercure,  et  qui  s'y  trouve  à 
l'état  de  sel  de  sodium.  E.  Leidié. 


Sur  le  carbonate  de  zinc;  par  M.  Kuant  (2).  —  On  a 
décrit  un  grand  nombre  de  carbonates  de  zinc  avec  des 
formules  très  différentes.  D'après  les  recherches  récentes 
de  M.  Krant,  il  y  a  lieu  de  considérer  deux  cas,  qui  sont  : 

!•  La  réaction  d'une  solution  d'un  carbonate  neutre  ou 
d'un  bicarbonate  alcalin  sur  une  solution  de  sulfate  de 
zinc  ;  les  carbonates  neutres  donnent  naissance  au  carbo- 
nate basique  5ZnO,2CO*,4H*0,  etàun  dégagement  d'acide 

(1)  Chemic  Zeitung,  t.  XX,  p.  239. 

(i)  ZeU  fur  anorg,  Chemic,  t.  XIII,  p.  1. 


■v.^- 


—  él  — 

carboiiiquo;  les  l)i-carbonat<?s  doiiiient  naissance  au  car- 
]}()nate  neutre  cristallisé  ZuCO'lIH).  Les  divers  carbo- 
nates (le  zinc  décrits  par  Houssin^auit.  Wackenrotler, 
H.  Rose  et  A.  Rose  dériveraient  tous  de  l'un  ou  de  Taulre. 
et  leurs  formules  comprises  entre  ZnO,CO"  et  5ZnO,CO' 
tendent  à  faire  croire  qu'ils  sont  tous  des  niélanp:es  des 
carbonates  5ZnO,2CO'  et  ZnOCO*  ci-dessus  décrits. 

2®  La  réaction  du  sulfate  de  zinc  sur  un  carbonate 
neutre  ou  acide.  Il  ne  se  fait  alors  presque  que  du  carbo- 
nate basi([ue  et  très  peu  de  carbonate  neutre  avec  dégage- 
ment d'acide  carboni([ue.  Par  une  ébullilion  longtemps 
prolongée  avec  un  excès  de  carbonate  alcalin  neutre  il 
.se  fait  uniquement  du  carbonate  basique  lequel  se  décom- 
pose lentement  juscjuVi  ce  que  le  précipité  reste  finale- 
ment constitué  par  de  Foxyde  de  zinc  anbydre  ZnO. 

E.  Leidiê. 


Les  huiles  essentielles  au  point  de  vue  chimique  et 
industriel  ;  par  M.  Duvk  (1)  [Suite).  —  Essence  de  santaL 
—  On  trouve  sur  le  marché  des  essences  de  santal  de 
provenances  les  plus  diverses,  de  prix  les  plus  variables  : 
l'essence  dite  des  Indes  orientales,  la  plus  estimée;  celle 
des  Indes  occidentales;  Tessence  de  santal  allemande.  La 
première  provient  du  santaluni  album  (santalacées),  les 
autres  des  S,  freycinetianum,  spicaluiiiy  etc. 

L'essence  de  santal  pure  est  un  liquide  épais,  coloré  en 
jaune  plus  ou  moins  foncé,  légèrement  dichroïque.  Le 
bois  en  contient  2  à  4  p.  100.  Sa  densité  =  0.970  —  0.978 
à  15^.  Son  pouvoir  rotatoire  [lèrogyre]  égal,  d'après 
Haensel,  à  (a)  D=  — 41. i  pour  tube  de  100"»'»;  d'après 
Ummey  (a)  D  =  —  IG  à  —  20.  Son  indice  de  réfraction 
=  1.49  (Haensel).  L'odeur  de  l'essence  est  suave  sans 
être  pénétrante;  sa  saveur,  d'abord  douce,  devient  bientôt 
légèrement  piquante.  Elle  se  dissout  dans  six  volumes 
d'alcool  à  70  p.  100(20'>C.) 

(l)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Ch,  [6],  IV,  38,  206,  303,  359,  453,  491, 
499. 


—  /.)  — 

Les  plus  grandes  portions  de  l'essence  distillent  entre 
275  et  295*  C.  Ces  portions  sont  composées  presque 
'exclusivement  d'un  alcool  sesquiterpénique,  le  santalol 
(C*'H"0),  qui  existe  également  dans  d'autres  essences  de 
santal  et  dans  l'essence  de  cèdre,  mais  eu  moindres  pro- 
portions. 

Lorsqu'on  ajoute  à  5  ou  6  gouttes  d'essence  préalable- 
ment déposées  sur  un  verre  de  montre,  2  gouttes  d'acide 
sulfurique  à  1.84,  le  mélange  se  colore  presqu'instantané- 
ment  en  brun  marron  très  foncé,  sans  qu'il  y  ait  grande 
augmentation  de  la  température  du  mélange.  En  outre, 
le  mélange  s'épaissit  fortement,  à  tel  point  qu'au  bout  de 
quinze  minutes  on  le  trouve  complètement  solidifié. 

Ces  caractères  n'appartiennent  qu'à  l'essence  de  santal 
des  Indes  orientales. 

Substitutions  et  falsifications.  —  Les  essences  de  santal, 
dites  des  Indes  occidentales,  et  dans  lesquelles  on  com- 
prend l'essence  d'Australie,  sont  presque  toujours  celles 
que  l'on  délivre  pour  l'essence  citée  plus  haut.  Elles  se 
distinguent  de  la  première  notamment  en  ce  qu'elles 
devient  la  lumière  polarisée  à  droite. 

L'essence  de  santal,  dite  Allemande^  parait  être  un 
mélange  en  proportions  variables  d'essence  de  santal 
vraie  et  d'essence  de  cèdre. 

-.  Uessence  de  cèdre  est  le  produit  à  l'aide  duquel  on 
falsifie  le  plus  fréquemment  l'essence  de  santal.  En 
résumé,  il  est  assez  difficile  de  reconnaître  des  mélanges 
de  toutes  ces  essences;  si  l'on  se  base,  d'une  part,  sur  la 
teneur  en  santalol  du  produit,  on  risque  fort  de  com- 
prendre comme  purs  des  mélanges  où  entrent  des 
•essences  de  bois  de  cèdre  et  autres  qui  renferment  aussi 
des  quantités  plus  ou  moins  fortes  de  cet  alcool.  On  par- 
vient à  doser  le  santalol  en  faisant  bouillir  l'essence  pen- 
dant deux  heures  avec  de  l'anhydride  acétique  et  de 
l'acétate  de  soude  anhydre,  saponifiant  le  produit  au 
moyen  de  potasse  alcoolique  et  calculant  la  quantité  de 
potasse  absorbée  au  moyen  de  HCl^. 


—  76  — 

L'essence  de  santal  pure  renferme  de  85  à  90  p.  100  de 
santalol. 

Une  bonne  essence  de  santal  doit  satisfaire  aux  condi* 
tions  suivantes  : 

!•  Se  dissoudre  à  20*  0.  dans  6  volumes  d'alcool  à  70»; 

2*  Être  fortement  lévogyre;  . 

3«  Avoir  un  indice  de  réfraction  =  1.49  ; 

4*  Se  combiner  à  Tacide  sulfurique  en  dégageant  de 
faibles  quantités  de  chaleur;  le  mélange  devra  se  soli* 
difier  promptement.  Des  mélanges  d'essence  pure  et 
d'essence  de  cèdre,  d'essence  de  térébenthine,  d'essence 
de  copahu  et  autres  donnent  lieu  à  un  dégagement  consi- 
dérable de  calorique,  en  donnant  lieu  à  des  vapeurs  odo- 
rantes. 

5**  Soumise  à  la  distillation  sous  H*"""  de  pression,  elle 
ne  peut  bouillir. avant  155*.  Avec  la  véritable  essence,  on 
obtient  95.5  p.  100  de  santalol  bouillant  de  155»—  t70*. 

Le  sulfure  de  carbone  dissout  également  bien  l'essence 
pure  et  ses  succédanés. 

Essence  de  Girofle.  —  Le  giroflier  (Caryophyllus  aroma* 
ticus^  myrtacées)  est  un  arbre  que  l'on  cultive  en  grand 
aux  îles  Moluques  et  à  Zanzibar  pour  la  récolte  de  ses 
fleurs  non  encore  épanouies,  qui  séchées,  prennent  le  nom 
de  clous  de  girofle. 

Lorsque  l'on  distille  les  clous  de  girofle  à  l'aide  d'un  cou- 
rant de  vapeur,  on  obtient  environ  20  p.  100  d'une  huile 
essentielle  peu  colorée  et  d'odeur  désagréable,  mais  qui 
s'affine  par  la  suite,  en  même  temps  que  le  liquide  se 
fonce  en  couleur. 

Cette  huile  possède  une  densité  de  1,050  —  1,067  à^ 
15*  C,  sa  réfringence  est  très  grande;  elle  commence  à 
bouillir  à  247»  C. 

L'eau  avec  laquelle  on  aura  agité  l'essence  ne  doit 
présenter  après  filtration,  qu'une  acidité  très  faible  et 
ne  donner  sous  l'influence  d'un  peu  de  perchlorure  de  fer, 
qu'une  coloration  gris  verdâtre,  et  non  bleue  ou  violette 
(phénol,  acide  salicylique).  La  recherche  de  Thuile  de 
ricin  est  relativement  difficile  à  efl'ectuer  par  les  procédés 


—  77  — 

ordinaires,  la  densité  de  Tesscnce  ne  variant  pas  sensible- 
ment, môme  après  Taddition  de  30  p.  100  d'huile. 

Détermination  du  point  critique  de  dissolution  (Crismer), 
—  Si  Ton  introduit  dans  un  petit  tube  de  verre,  fermé  à 
un  bout,  une  dizaine  de  gouttes  de  Tessence  à  examiner, 
puis  une  quantité  un  peu  plus  forte  d'un  dissolvant  con- 
venable (alcool  à  50*),  on  observe  qu'au  lieu  d'obtenir  une 
solution  de  l'essence  dans  l'alcool,  ou  réciproquement,  les 
deux  liquides  demeurent  bien  distincts. 

Si,  maintenant,  on  porte  ce  petit  tube,  préalablement 
scellé  à  la  lampe,  à  une  température  suffisamment  élevée, 
il  arrive  un  moment  où  les  deux  liquides  se  mélangeront 
facilement  en  donnant  un  tout  homogène,  une  solution 
parfaitement  claire. 

En  ce  moment,  on  laisse  refroidir  graduellement  l'ap- 
pareil et  l'on  observe  attentivement  le  contenu  de  l'am- 
poule; celui-ci  louchit  bientôt  :  on  note  la  température; 
le  degré  observé  sera  le  point  critique  de  dissolution  de  la 
substance  dans  l'alcool  à  50*.  Chaque  corps  à  l'état  pur 
possède  ainsi  sa  température  critique  pour  tel  ou  tel  véhi- 
cule ;  au-dessus  de  cette  température  la  solution  s'est 
opérée  parfaite;  en  dessous,  les  deux  liquides  en  présence 
se  séparent  brusquement  et  c'est  alors  que  le  liquide  se 
trouble  tout  à  coup. 

Le  procédé  a  le  grand  avantage  de  ne  pas  être  long  et 
d'être  fort  peu  dispendieux  ;  en  outre,  l'opération  peut  être 
renouvelée  un  grand  nombre  de  fois.  Le  petit  tube  scellé 
est  accolé  à  la  boule  d'un  thermomètre  moyennant  de 
petits  liens  de  caoutchouc;  ou  introduit  le  tout  dans  un 
long  tube  de  verre  pouvant  être  chauffé  et  rempli  de 
glycérine.  En  opérant  ainsi,  M.  Duyk  a  observé  que  le 
point  critique  de  dissolution  de  l'essence  de  girofle  de 
bonne,  qualité  dans  l'alcool  à  50*,  était  situé  vers  120*. 
La  moindre  trace  d'huile  de  ricin  ajoutée  à  l'essence 
empêche  la  dissolution  tout  au. moins  jusqu'à  150*.  L'Eu- 
génol,  partie  constituante  de  l'essence  de  girofle,  a  un 
point  critique  de  dissolution  (alcool  à  50*)  situé  à  103*. 
Si  donc  l'essence   était  uniquement    composée    de   ce 


—  78  — 

corps,  il  deviendrait  aisé  d'iudiquer  un  point  fixe  tou* 
jours  le  même  correspondant  à  sa  température  critique 
de  dissolution;  mais  comme  elle  renferme  en  outre 
un  hydrocarbure  en  proportions  variables,  ne  pouvant 
cependant  dépasser  10  p.  100,  le  point  critique  de  dissolu- 
tion pourra  osciller  de  103  à  120**.  Ou  considérera  donc 
comme  suspecte  toute  essence  de  girofle  dont  le  point  cri- 
tique de  dissolution  dépasserait  120*;  on  complétera  alors 
cet  essai  par  un  dosage  de  Teugénol  qui  sera  basé  sur  les 
considérations  qui  vont  suivre. 

Lorsque  l'on  traite  l'essence  de  girofle  par  une  lessive 
concentrée  de  soude  caustique,  elle  se  prend  en  une 
masse  semi-solide,  blanc-jaunâtre  dont  il  se  sépare  un 
liquide  que  l'on  peut  recueillir  au  moyen  d'éther.  Ce 
liquide  est  un  hydrocarbure,  le  caryophyllène,  sesquiter- 
pène  possédant  la  formule  C"H"*,  que  l'on  rencontre 
aussi  dans  les  essences  de  copahu  et  de  cubèbe. 

La  combinaison  sodique  étant  dissoute  dans  Teau  est 
traitée  par  un  acide  fort  qui  en  sépare  une  huile  brun 
foncé  que  Ton  décante,  distille  dans  un  courant  de  vapeur, 
pour  robtenir  incolore.  Cette  huile  est  VEugénol,  com- 
posé phénolique  dont  la  formule  : 

/CH*-CH  =  CHM1)  yCH=CH— CH»(I) 

C«H»^OCH'  (3)  C'H'^OCH»  (3) 

\0H  (4)  \0H  (4) 

Eugénol.  Isoeugénoï. 

en  fait  un  allylgaïacol,  la  modification  iso  en  étant  la 
forme  propénylique. 

L'eugénol  se  présente  sous  l'aspect  d*une  huile  dont  la 
densité  =  1,069  ;  il  bout  à  247«,5  ;  il  se  combine  facilement 
avec  les  bases  en  formant  des  eugénates  et  avec  les  radi- 
caux alcooliques  en  formant  des  produits  de  substitution. 
L'anhydride  acétique  le  transforme  en  acétyleugénol 
difficilement  saponifiable.  Si  Ton  parvient  à  oxyder  le 
chaînon  allylique  ou  propénylique  de  Teugénol  ou  de  son 
isomère,  on  obtient  de  la  vanilline. 

De  grandes  quantités  de  vanilline  artificielle  sont  fabri- 


—  79  — 

quées  maintenant  en  partant  de  Teugénol.  A  ce  point  de 
vue  Tessence  sera  d*autant  plus  estimée  qu'elle  renfer- 
mera plus  de  ce  dernier  produit.  Pour  y  arriver,  le  meil- 
leur moyen  consiste  à  le  traiter  par  une  solution  aqueuse 
de  soude.  La  couche  huileuse  qui  surnage  est  mesurée; 
on  évalue  par  différence  la  proportion  d'eugénol. 

{A  suivre.) 

De  la  nature  des  combinaisons  de  Tantipyrine  avec  les 
aldéhydes;  par  M.  G.  Patein  (1).  —  Pour  les  obtenir, 
on  chauffe  en  tubes  scellés,  pendant  huit  heures,  à  1-20*, 
Vantipijrine,  Valdéhyde  et  Veau;  après  refroidissement  il 
se  sépare  une  masse  cristalline  qu'on  purifie  par  dissolu- 
tion dans  l'alcool  niéthylique  absolu  (*t  chaud.  Les 
combinaisons  obteruies  se  comportent  conmie  des  bases 
donnant  des  sels  avec  l(»s  acides. 

D'autre  part,  on  a  décrit,  sous  le  nom  de  formopyrine. 
un  corps  obtenu  par  union  directe  à  froid  de  Valdéhyde 
formique  et  de  Yantipyrine:  sa  constitution  serait  ana- 
logue à  celle  de  la  monochloralantipyrine,  c'est-à-dire  que 
la  formopyrine  résulterait  de  l'union,  sans  élimination 
d'eaUy  d'une  molécule  d'antipyrine  et  d'une  molécule  de 
formol. 

M.  Patein  a  cherché  :  I**  si  réellement  Tantipyrine 
donnait,  avec  l'aldéhyde^  formique  en  particulier,  et  les 
aldéhydes  en  général,  deux  genres  de  combinaisons: 
2*  si  le  chloral  était  capable  aussi  de  donner  deux  genres 
de  combinaisons. 

M.  Patein  s'est  assuré  que  la  formopyrine  est  le  corps 
décrit  par  Knorr. 

Il  a  cherché  ensuite  s'il  n'existait  pas  un  moyen  plus 
simple  et  général  de  préparer  les  combinaisons  de  Tanti- 
pyrine  avec  les  aldéhydes. 

U  s'est  arrèlé  au  suivant,  qui  donne  un  rendement  ttiéorique  :  on  mélange 
avec  de  reau  une  molécule  d'aldéhyde  et  deux  molécules  d'antipyrine,  puis 
on  ajoute  de  l'acide  chlorhydrique  jusqu'à  dissolution  parfaite  ;  au  bout  de 
quelques  heures  le  tout  se   prend  en  masse  cristalline ,  on  alcalinise   par 

(1)  Ac.  d.  se,  CXXV,  956.  6  déc.  1897. 


^r'^-^r- 


—  80  — 

l'ammoniaque  étendue  et  l*on  Gllre  à  la  trompe  ;  le  produit  peut  être  purifié 
par  cristallisation  dans  Talcool  à  50*  C.  bouillant.  Il  a  obtenu  do  cette  façon 
les  combinaisons  de  l'antipyrine  avec  les  aldéhydes  fomiiqucy  éthyliqucy 
heîizylique,  salicylxque  et  paraoxybenzdique,  et  il  a  trouvé  pour  ces  corps 
It'â  mêmes  points  de  fusion  que  ceux  indiqués  par  Knorr. 

Ces  composés  se  comportent  comme  des  bases,  quel- 
ques-uns donnent  des  sels  en  se  combinant  à  deux  molé- 
cules d'acide  monobasique;  l'antipyrine  consei^e  dans 
l'fs  combinaisons  un  certain  nombre  de  ses  propriétés, 
f'utre  autres  celle  de  donner  une  coloration  rouge  avec  le 
perchlorure  de  fer.  Quant  à  la  fonction  aldéhydique,  elle 
\\  disparu;  ces  composés  ne  réduisent  pas  la  liqueur  de 
Fehling  à  l'ébullition. 

On  peut  considérer  tous  ces  corps  comme  des  dérivés 
du  méthane  ;  c'est  pourquoi  M.  Patein  appelle  le  pre- 
mier terme  correspondant  à  l'aldéhyde  formique  :  dianii- 
pyrineméthane  ;  l'homologue  supérieur  sera  le  méthyl- 
diantipyrineméthaney  et  ainsi  de  suite. 

Si  le  chloral  se  comportait  comme  l'aldéhyde  éthylique, 
il  devrait  donner  la  combinaison 

LUI       ^"\cuH»Az'OH»(). 

Pour  s'en  rendre  compte  M.  Patein  a  suivi  le  procédé 
général  indiqué  plus  haut. 

Il  a  dissous  12>'  de  cbloral  et  27"'  d'antipyrine  dans  leur  poids  d*eau,  mé- 
langé les  solutions  et  ajouté  5"'' d'acide  cblorhydrique;  au  bout  de  vingt-quatre 
ht'ares  il  a  neutralisé  par  l'ammoniaque;  il  s'est  formé  deux  couches  qui  ont 
éU  séparées;  la  couche  supérieure  aqueuse  contenait  13^'  d'antipyrine,  soit  la 
moitié,  qui  n'était  pas  entrée  en  combinaison  ;  la  couche  inférieure  s'est  prise 
&n  masse  cristalline  de  monochloralaniipyrine,  ainsi  que  le  montrent  le 
point  de  fusion  (Bô^-ôS**)  et  la  proportion  de  chlore  dosée. 

Il  a  ensuite  remplacé  H  Cl  par  SO*II*  en  opérant  de  la 
façon  suivante  : 

Le  mélange  de  chloral  et  d'antipyrine  était  placé  dans  un  ballon  avec  cinq 
à  six  fois  leur  poids  d'acide  sulfurique  à  66^  et  le  tont  était  maintenu  au  bain- 
marie  à  106*  pendant  deux  à  trois  heures.  Après  refroidissement,  le  liquide 
était  versé  dans  environ  1"\50  d'eau  froide,  puis  on  neutralisait  par  l'ammo- 


—  81  — 

niaque  ;  il  se  sépare  des  cristaux  qui  sont  purifiés  par  crislallisation  dans  l'al- 
cool à  95*  C.  bouillant.  Le  point  de  fusion  de  ces  cristaux  est  186'-i88*  ;  ils 
possèdent  les  propriétés  et  la  composition  de  la  dihydrochloralantipyrine. 
Il  s'ensuit  que  l'acide  sulfuirique  n'agit  que  comme  déshydratant  et  qu'on 
obtient  une  combinaison,  molécule  à  molécule^  dantipyrine  et  de  Moral 
anhydre. 

Il  a  enfin  étudié  Faction  du  chloral  et  des  phénols  sur  le 
diantipyrineméthane  et  le  mélhyldiantipyrineméthaney  il  a 
constaté  ainsi  que,  dans  ces  combinaisons,  Tantipyrine 
avait  perdu  la  faculté  de  s'unir  à  froid  aux  phénols  et  au 
chloral.  En  opérant  dans  l'acide  sulfuricfue  il  en  est  autre- 
ment, et  il  a  obtenu  ainsi  des  corps  dont  il  compte  faire 
l'objet  d'une  nouvelle  Note. 

Conclusions.  —  1**  h'antipyrine  se  combine  aux  aidé" 
hydes,  l'union  se  fait  par  le  carbone;  c'est  le  seul  mode  de 
combinaison;  jamais  elle  ne  se  fait  par  Vazote. 

2®  Dans  ces  combinaisons,  qui  sont  de  véritables  déri- 
vés du  méthane j  l'atome  d'azote  uni  au  méthyle  a  perdu 
la  faculté  de  s'unir  au  chloral  et  aux  phénols. 

3*  Le  chloral^  ou  aldéhyde  trichlorée,  ne  peut  s'unir  à 
Tantipyrine  que  par  Vazote  et  jamais  par  le  carbone 
comme  les  aldéhydes  non  substituées. 

Fermentation  alcoolique  sans  cellules  de  levure;  par 

M.  BûCHNER  (1).  (2*  note.  Voir  aussi  Joum.  de  Pharm.  et 
de  Chim,,  t.  VII,  p.  26.) 

Par  broyage  de  la  levure  de  bière  et  expression  des 
cellules  déchirées,  on  a  obtenu  un  suc  de  levure  qui,  sans 
le  secours  d'organismes,  fait  subir  au  sucre  la  fermen- 
tation alcoolique.  On  était  dès  lors  arrivé  à  séparer  de 
la  cellule  vivante  de  levure,  l'agent  de  la  fermentation 
alcoolique.  On  a  admis  que  le  siJDstratum  de  cette  puis- 
sance fermentative  était  une  matière  albuminoïde,  sem- 
blable aux  enzymes,  la  zymase.  Quoique  le  suc  de 
levure  ait  pu  être  filtré  sur  du  kieselgûhr  et  additionné 
de  chloroforme  sans  que  la  puissance  fermentative  fut 

(1)  Berichle  der  deutschen  chemischen  Gesellschaft,  t.  XXX,  p.  HIO. 
Joum,  de  Pharm,  et  de  Chim.,  6«  SÉRIE,  t.  Vil.  {15  janvier  1898.)       6 


—  82  — 

détruite,  quelques  savants  autorisés  avaient  avancé  que, 
peut-être,  la  décomposition  du  sucre  était  due  à  de  petits 
fragments  de  protoplasma  vivant,  pouvant  subsister  dans 
le  suc  exprimé  (1).  Les  nouvelles  recherches  qui  vont 
être  décrites  ne  sont  pas  en  faveur  de  cette  hypothèse. 

La  préparation  du  suc  a  été  faite  par  l'ancienne  méthode. 
Seulement,  Taddition  d'eau  pour  le  pressage  de  1'»  de 
levure  peut  être  réduite  à  50'^*',  sans  pour  cela  abaisser 
le  rendement  total  de  500"  de  suc  pressé  (2).  Comme 
levure,  on  a  employé  de  nouveau  la  levure  de  bière  basse 
de  Munich,  produit  accessoire  des  brasseries,  telle  qu'elle 
se  présente  pour  la  fabrication  de  la  levure  pressée.  Nous 
avons  constaté  ce  fait  remacfuable,  qu'une  levure  pressée 
de  céréales  (tirée  d'une  fabrique  badoise  et  employée  en 
grand  pour  la  fabrication  de  la  levure  pressée,  levure 
qui  est  préférée  par  les  boulangers  qui  la  payent  plus 
cher  que  la  levure  de  bière  ordinaire),  fournit  un  suc 
qui  n'a  aucune  action  fermentative  visible  sur  le  sucre 
de  canne. 

Stabilité  du  suc  exprimé  de  levure.  —  Ce  résultat  est 
rendu  compréhensible  par  cette  observation,  que  le  suc 
actif  conservé  dans  la  glace  devient  inactif  au  bout  de 


(1)  Par  exemple,  Voit,  Kuppfer,  Mûnc/ien.  vied.  Wochenschr,  1897,  n^ia. 

(2)  Errata  de  la  note  précédente  (Rectifications  de  l'auteur)* 

Joum.  de  Ch,  et  de  Pharm.y  t.  VU,  p.  27,  ligne  6  à  partir  du  haut,, 
lisez  :  350**  de  jus,  à  la  place  de  :  300"  de  jus. 
Id.,  p.  32,  tableau  des  expériences  de  fermentation  : 


Lisez  : 


Au  lieu  de  : 


2   « 


10 

10 
10 


Centim.  cubes 
de 

SOUTION  SUCRÉE. 


Glucose,  5 
Fructose,  5 
Mannile,    10 


10 
10 
10 


Centim.    cubes 
de 

SOLUTION  SUCRÉE. 


Glucose.  10 
Fructose,  10 
Mannite,   10 


—  83  — 

2  jours,  à  la  tempériature  ordinaire  au  bout  de  1  jour 
seulement.  L'absence  ou  la  présence  d'air  est  sans  influ- 
ence. La  cause  de  l'altération  doit  vraisemblablement 
être  cherchée  dans  la  présence  dans  le  jus  d'enzymes 
peptiques.  M.  Hahn  a  pu  constater  la  présence  de  ceux- 
ci  en  versant  le  suc  sur  de  la  gélatine  solidifiée  (1).  Les 
enzymes  peptiques  ont  déjà  été  plusieurs  fois  obsei-vés 
chez  les  saccharomycètes  (2j.  En  fait,  par  repos  dans  la 
glace  du  suc  devenu  inactif  et  chauffé  à  40*-45**,  il  ne  se 
sépare  que  quelques  llocons  d'albumine  qui  flottent  dans 
le  liquide.  Au  contraire,  le  jus  actif  laisse  déposer,  dans 
les  mêmes  conditions,  de  grandes  quantités  de  coagulum. 

La  disparition  de  l'activité  coïncide  ainsi  avec  la  dis- 
parition de  l'albumine  coagulable. 

Cette  hypothèse  explique  aussi  pourquoi  le  sucre  de 
canne  concentré  conserve  en  quelque  sorte  la  zymase. 
Du  suc  frais,  mélangé  de  son  volume  de  solution  de  sac- 
charose à  75  p.  100,  présente  encore  visiblement  une 
action  fermentatrice  après  avoir  été  gardé  pendant  une 
semaine  dans  une  chambre,  ou  pendant  15  jours  dans 
la  glace  ;  des  recherches  ont  montré  que  l'action  diges- 
tive  de  la  pepsine  sur  la  carmin-fibrine  à  37^  et  en  pré-* 
sence  de  0,3  p.  100  HCl,  est  prolongée  par  l'addition  de 
40  p.  100  de  sucre  de  canne.  Il  est  probable  que  l'alté- 
ration occasionnée  par  les  enzymes  peptiques  du  suc  de 
levure  est  empêchée  par  l'addition  de  sucre. 

Étant  donné  cette  variabilité  du  suc  exprimé  et  de  la 
quantité  de  zymase  dans  les  celhiles  de  levure,  zymase 
qui  peut  même  parfois  manquer  complètement  comme  le 
montre  l'expérience  faite  avec  la  levure  de  céréales  de 
provenance  badoise,  il  faut  s'attendre  à  des  valeurs  actives 
du  suc  très  différentes  suivant  les  provenances. 

Jusqu'ici,  on  n'a  fait  que  deux  essais  de  ce  genre.  Dans  le 
premier  1"  de  suc  mélangé  à  l''*^  d  une  solution  à  75  p. 


(1)  Communication  privée. 

(2)  Comparez  le  travail  de  H.  Will.,  Centralbl.  fur  Bactériologie,  1896. 
Il  Abth.,  p.  92. 


-  84  - 

100  de  sucre  de  canne  à  la  température  de  la  chambre, 
fournit  en  20  heures,  3**  d'acide  carbonique  recueilli  sur 
le  mercure.  Le  second  essai,  dans  les  mêmes  conditions, 
fournit  4**. 

Les  parties  actives  du  suc  de  levure  sont-elles  des  débris 
vivants  de  protoplasma  ?  —  L'addition  des  antiseptiques, 
de  chloroforme,  de  benzène  et,  comme  mon  frère  Hans 
Bùchner  (1)  l'a  fait,  de  1  p.  100  d'arsénite  de  soude, 
n'empêchent  pas  l'action  fermentatrice  du  suc  de  levure. 
Tous  ces  antiseptiques  entravent  la  croissance  des  cellules 
vivantes  de  levure.  Ils  doivent  être  encore  beaucoup  phis 
nuisibles  à  des  débris  de  plasma  en  suspension,  non 
défendus  par  une  membrane. 

On  a  reconnu  que  le  suc  pouvait  être  amené  à  sec 
sans  perdre  son  action.  Étendu  en  couche  mince,  il  fut 
évaporé  complètement  en  l'espace  de  6  heures  dans  une 
cloche  sèdie  à  vide,  à  30'*-35'*  et  sous  une  pression  de 
quelques  millimètres  de  mercure.  On  obtint  une  masse 
cassante,  jaunfitre,  ressemblant  au  blanc  d'œuf  sec  et 
représentant  9  à  10  p.  100  du  poids  du  suc  de  levure.  Il 
se  redissout  à  30*  dans  5  fois  son  poids  d'eau,  à  l'excep- 
tion d'un  léger  résidu.  Repassé  plusieurs  fois  sur  un 
même  filtre  en  papier  ordinaire,  il  donne  un  liquide 
clair,  qui,  mélangé  à  son  propre  volume  d'une  solution 
de  saccharose  à  75  p.  100,  montre  au  bout  de  6  à  10 
heures,  un  dégagement  gazeux,  régulier,  très  visible,  qui 
dure  une  journée  et  conduit  à  la  formation  d'une  mousse 
abondante.  Le  suc  ainsi  desséché  conserve  son  activité, 
comme  on  Ta  reconnu,  pendant  20  jours  ;  il  est  vraisem- 
blable qu'il  la  conserve  encore  plus  longtemps. 

Après  plusieurs  essais  infructueux,  on  est  arrivé  une 
fois  à  isoler  la  substance  active  par  une  précipitation  au 
moyen  d'alcool.  Pour  cela,  le  suc  exprimé  fut  versé 
goutte  à  goutte  dans  12  fois  son  volume  d'alcool  absolu, 
le  précipité  fut  recueilli  à  la  trompe  et  rapidement  séché. 
La  poudre  blanche  ainsi  obtenue  (3»',2  pour  50*^*  de  suc) 

(1)  Mûnchen,  medic.  Wockenschr.j  1897,  n*  12. 


—  85  — 

fut  mise  à  digérer  avec  20**  d'eau  à  30*^;  le  liquide  fut 
séparé  du  résidu  insoluble  très  abondant,  par  des  illtra- 
tions  réitérées  sur  le  même  filtre.  La  solution  claire  fut 
enfin  mélangée  à  son  propre  volume  d'une  solution  à 
75  p.  100  de  sucre  de  canne.  Au  bout  de  5  heures,  com- 
mença un  faible  dégagement  gazeux  qui  était  dans  toute 
son  activité  au  bout  de  20  heures.  Des  essais  de  précipi- 
tation par  le  sulfate  d'ammoniaque  n'ont  donné  encore 
aucun  résultat  positif. 

Ces  recherches  ne  laissent  presque  plus  de  doute  sur 
ce  fait  que  l'action  fermentatrice  du  suc  de  levure  est  due 
à  une  substance  chimique,  semblable  aux  enzymes  et 
non  à  de  petits  fragments  de  protoplasma.  Cependant, 
nous  apporterons  dans  la  suite  de  nouveaux  arguments 
en  faveur  de  cette  hypothèse. 

Nouvelle  preuve  de  Vexistence  de  la  zymase.  —  La  levure 
de  bière  plusieurs  fois  lavée,  débarrassée,  autant  qu'il 
est  possible,  de  l'eau  adhérente  par  la  presse  hydrau- 
lique, étendue  en  couche  très  mince  pendant  1  ou  2  jours 
à  l'air,  peut  être  séchée  ainsi  à  37*  sans  altération.  On 
obtient  une  poudre  jaunâtre  à  odeur  agréable  de  levure. 

L'une  des  moitiés  (A,  18^'")  fut  chauffée  à  100®  pendant 
6  heures  dans  un  ballon  bouché  avec  de  la  ouate.  Dans 
ces  conditions,  la  levure  est  détruite,  comme  le  montrent 
des  cultures  sur  plaques  et  l'ensemencement  de  fortes 
quantités  sur  du  moût  de  brasserie  stérile.  La  seconde 
moitié  (B)  fut  chauffée  1  heure  à  140^-145®,  ce  qui  tua 
tous  les  microorganismes.  Si  maintenant  on  mélange, 
suivant  toutes  les  règles  de  l'asepsie,  avec  un  poids 
double  d'une  solution  stérile  de  sucre  de  canne  à  37  p.  100, 
puis  si  on  place  les  ballons  dans  l'eau  à  37®,  on  remarque 
dans  A,  au  bout  de  3  heures,  une  mousse  abondante  due 
au  dégagement  d'acide  carbonique  ;  même,  au  bout  de 
5  heures,  la  mousse  déborde  du  ballon;  cela  cesse  au 
bout  de  10  heures  environ,  bien  que  le  contenu  du  ballon 
soit  encore  sucré;  13,  au  contraire,  ne  subit  aucune  trans- 
formation; aucun  dégagement  gazeux  ne  se  montre. 

La  levure  morte  dans  A  possède  encore  une  puissance 


—  86  — 

fermentatîve,  évidemment  par  suite  de  la  présence  de  la 
zymase  qu'elle  contient  (1).  Par  chauffage  pendant  une 
heure  à  140*^-145*',  la  zymase  est  détruite  (essai  B).  La 
zymase,  en  ce  qui  concerne  son  altération  par  la  chaleur 
•sèche,  se  place  donc  entre  le  plasma  vivant  de  la  cellule 
'et  l'invertine,  qui,  comme  Ta  montré  Texpérience,  peut 
^ncoreTêtre  extraite,  à  Tétat  actif,  d'une  levure  chauffée 
pendant  1  heure  à  145\ 

(Tradaction  Marcel  Delage.) 

Fermentation  alcoolique  sans  cellules  de  levure;  par 

MM.  Edouard  Buchner  et  Rudolf  Rapp  (2j.  (3*  note.  Voir 
aussi  Journal  de  Pliamnacie  et  de  Chimie^  t.  Vil.  p.  26  et 
ci-dessus). 

Dans  deux  communications  (3),  Tun  de  nous  a  décrit 
une  méthode  qui  permet  d'obtenir,  au  moyen  de  la 
levure,  un  suc  exprimé  faisant  fermenter  le  sucre.  La 
méthode  appliquée  à  la  levure  basse  de  Munich,  levure 
pressée  employée  fraîche,  ne  s'est  jamais  trouvée  en 
défaut  dans  trente  expériences  effectuées  pendant  une 
année  entière.  11  a  été  publié  quelques  notes  exprimant 
des  doutes  au  sujet  de  ces  résultats.  Mais  ces  ol)jec- 
tions,  quand  elles  ne  se  réduisent  pas  à  des  mots  ;4i, 
reposent  essentiellement  sur  des  résultats  expérimentaux 
inexacts  (5). 

Cela  doit  être  mis  sur  le  compte  d'un  emploi  défec- 

(1)  H.  Will  a  fait  des  expériences  très  analogues  sur  la  levure  séchce  à 
très  basse  température  et  tuée  par  une  conservation  de  neuf  années.  11  a 
cherché  s*il  n'était  pas  possible  d'opérer  la  fermentation  avec  celte  levure 
morte  et  si  l'on  ne  devait  pas  considérer  comme  Tagent  de  la  fermentation, 
seulement  un  enzyme  fabriqué  par  la  levure.  Zeiischr.  f.  d,  ges,  Brauwe- 
«en,  1896,  XIX,  p.  20,  «f. 

(2)  Berichte  der  deuschen  chemischen  Gesellschaft^  t.  XXX,  p.  i,66S. 

(3)  Berichte^  XXX,  117,  1110.  Ges  recherches  ont  été,  comme  les  précé- 
dentes, effectuées  à  l'Institut  hygiénique  de  l'Université  de  Munich. 

(4)  Alfred  Fischer  :  Leçons  sur  les  bactéries;  léna,  1897,  p.  172.  Il  est, 
au  contraire,  surprenant  que  le  contraire  se  soit  produit  de  divers  côtés  chez 
des  Français.  (M  -E.  Duclaux,  Ann.  Pasteur,  XI,  1897,  p.  287.) 

(5)  H.  Will.  Zeiischr.  ges,  Brauwesen,  1897,  n*  28,  363;  Max  DelbrQek^ 
Wochenschr.  f.  Brauerei,  1897,  n'»29,  36i. 


—  87  — 

tueux  de  la  méthode  d'obtention  du  suc  pressé,  ou  bien 
de  la  nature  de  la  levure  employée. 

L'opinion  que  le  pouvoir  fermentateur  du  suc  serait 
dû  à  des  microorganismes  restant  dans  le  liquide,  peut 
être  considérée  maintenant  comme  réfutée.  Tout  d'abord, 
un  essai  de  20*^'"'^  filtré  plusieurs  fois  à  travers  une  bou- 
gie Chamberland,  opération  qui  dura  une  demi-heure  à 
4  ou  5  atmosphères  de  pression,  fournit  un  suc  de  levure 
possédant  une  bonne  activité.  Pour  essayer  la  bougie, 
on  filtra  au  travers  une  décoction  de  Bacterium  Coli  : 
un  centimètre  cube  du  liquide  servit  à  ensemencer  un 
bouillon  gélatinisé;  les  plaques,  maintenues  à  22°,  étaient 
stériles  au  bout  de  quarante-huit  heures;  ainsi,  la  bougie 
ne  permettait  pas  le  passage  des  bactéries. 

Les  expériences  comparatives  entre  la  puissance  fer- 
mentatrice  du  suc  frais  et  celle  du  suc  devenu  inactif  par 
une  longue  conservation,  et  auquel  on  ajoute  i«'  de  levure 
pressée  vivante,  sont  tout  à  fait  convainquantes;  la  levure 
et  les  bactéries  présentes  dans  l'ancien  suc  n'agissent  que 
très  lentement  dans  les  mêmes  circonstances  ;  elles  n'agis- 
sent pas  du  tout  quand  on  ajoute  de  l'arsénite  de  soude. 
Le  suc  frais,  au  contraire,  est  très  actif. 

Une  autre  preuve  est  fournie  par  la  comparaison  du 
pouvoir  fermentateur  du  suc  frais  et  du  suc  conservé 
un  ou  deux  jours.  Si  les  organismes  étaient  la  cause  de 
la  fermentation,  l'activité  devait  être  plus  grande  dans 
le  second  et  dans  le  troisième  essai,  car  les  microorga- 
nismes auraient  eu  le  temps  de  se  multiplier.  Au  con- 
traire, on  constate  une  rapide  rétrogradation  du  pouvoir 
fermentateur,  quand  on  conserve  le  suc  de  levure, 

La  première  hypothèse,  que  la  diminution  de  l'activité 
est  en  rapport  avec  la  présence  d'un  enzyme  peptique 
dans  le  suc  pressé,  peut  être  appuyée  sur  une  nouvelle 
.expérience.  Trois  tubes  contenant  5"  de  suc  pressé,  furent 
entourés  de  glace.  Dans  le  premier,  on  ajouta  préalable- 
ment 0«',i  de  trypsine,  dans  le  second,  0«%1  de  papayo- 
tine;  le  troisième  fut  conservé  comme  témoin.  Au  bout 
de  douze  heures,  on  mit  en  dissolution,  dans  chaque  tube, 


—  88  — 

2*'  de  sucre  de  canne  pulvérisé.  Le  tube  témoin  entra  for- 
tement en  fermentation  ;  les  deux  tubes  auxquels  on  avait 
ajouté  des  enzymes  digestifs,  ne  présentèrent  aucun 
changement. 

Pour  mesurer  le  pouvoir  fermentateur  du  suc  pressé 
de  levure,  on  s'est  servi  du  procédé  employé  par  Meissl(l), 
pour  déterminer  la  valeur  active  de  la  levure.  On  a  uti- 
lisé la  perte  de  poids  due  au  dégagement  de  l'acide  car- 
bonique. Les  nombres  ainsi  obtenus  sont  très  compa- 
rables, mais  ne  présentent  pas  une  exactitude  absolue, 
car  Tacide  carbonique,  qui  reste  dissous  à  la  fin  dans  le 
suc,  ne  peut  être  chassé  immédiatement,  à  cause  de 
la  tendance  incroyable  du  liquide  à  mousser.  En  fait, 
les  résultats  obtenus  ainsi  sont  un  peu  trop  faibles,  ce 
qui  est  dû  en  partie  à  Tacide  carbonique  qui  reste  dans 
le  liquide.  Dans  une  expérience,  outre  la  détermination 
de  la  quantité  d'acide  carbonique  dégagé  (6»%67  par 
45()^  de  suc  en  quarante  heures,  à  12®  et  avec  addition 
d'arsenic),  on  dosa  en  même  temps  l'alcool  formé.  La  diffé- 
renuo  entre  la  quantité  totale  d'alcool  et  la  quantité 
ijui  se  trouvait  absorbée  au  préalable  dans  la  levure 
employée  (résidu  déterminé  expérimentalement),  fut 
trouvée  égale  à  7^',72. 

Dans  la  fermentation  alcoolique  de  100  parties  de  sucre 
de  canne  par  la  levure,  il  se  forme,  comme  on  sait,  en- 
viron 51  p.  iOO  d'alcool  et  49  p.  100  d'acide  carbonique^ 
c'est-à-dire  approximativement  des  quantités  égales. 
L'erreur  en  moins,  portant  sur  l'acide  carbonique  trouvé, 
doit  être  attribué  vraisemblablement  à  la  méthode  défec- 
tueuse de  détermination. 

Les  expériences  de  mesure  du  pouvoir  fermentateur 
ont  permis  de  déterminer  l'influence  de  la  température, 
rinfluence  de  l'addition  d'arsenic  et  celle  des  diverses 
concentrations  du  sucre,  sur  l'activité  du  suc  de  levure. 
Les  comparaisons  entre  les  puissances  fermentatives  des 

{I)  Comparez  H,  Will.,  Ber.  ûber  8  VersammL  bayr,  Chemiker,  1889^ 


—  89  — 

sucs  exprimés  de  diverses  provenances,  présentent  en- 
core plus  d'intérêt.  Tandis  que  la  levure  pressée  d'une 
fabrique  de  Munich  fournissait  dans  5  essais  du  suc 
exprimé  à  peu  près  de  même  puissance  fermentative,  la 
levure  pressée  d'une  autre  maison  de  Munich  moins  im- 
portante, bien  que  provenant  également  d'une  levure  de 
bière  basse,  fournit  un  suc  exprimé  beaucoup  moins  actif. 
Le  produit  retiré  d'une  levure  pressée  de  céréales,  prove- 
nant d'une  fabrique  de  Basse-Bavière,  ne  présenta  pres- 
que aucune  activité,  résultat  déjà  remarqué  avec  un  suc 
de  levure  de  céréales  badoise. 

Une  expérience  ultérieure  effectuée  sur  une  levure 
pressée  de  Munich  donna  l'explication  de  ces  faits. 

Une  certaine  quantité  de  levure  fraîche  fut  divisée  en 
deux  moitiés.  La  première  fut  aussitôt  convertie  en  suc 
exprimé.  La  seconde  ne  fut  pressée  qu'au  bout  de  trois 
jours,  la  température  étant  maintenue  à  7*  ou  8**.  Le  suc 
provenant  de  la  première  moitié  était  normalement  actif; 
celui  qui  provenait  de  la  seconde  ne  l'était  presque  plus. 
On  peut  en  tirer  cette  conclusion  que  la  levure  conser- 
vée ne  fabrique  plus  la  substance  qui  provoque  la  fer- 
mentation; au  contraire,  celle  qui  s'y  trouve  présente 
au  commencement,  se  détruit  très  rapidement,  proba- 
blement sous  l'influence  d'enzymes  peptiques.  D'après 
cela,  il  est  vraisemblable  d'admettre  que  l'inactivité  des 
levures  pressées  de  céréales  tient  à  ces  causes.  La  méthode 
de  détermination  du  pouvoir  fermentateur  du  suc  per- 
mettra peut-être  de  savoir  à  quelle  époque  de  la  vie  de 
la  levure,  la  zymase  se  trouve  en  plus  grande  abon- 
dance et  s'il  y  a  un  certain  enrichissement  de  la  levure 
en  zymase. 

Méthode  de  préparation  du  suc  de  levure,  —  Pour  les 
essais  comparatifs  du  pouvoir  fermentateur  de  sucs  de 
levure  de  diverses  provenances,  il  était  indiqué  d'em- 
ployer une  même  méthode  de  préparation.  Cette  méthode 
différant  un  peu  de  celle  primitivement  employée,  doit 
être  décrite.  La  levure  pressée  (1"**«.),  débarrassée  d'eau 
par  une  compression  à  50  atmosphères,   est  mélangée 


—  90  — 

avec  du  sable  quartzeux  (1^"««)  et  dukieselgùhr  {200«''),  puis 
passée  à  travers  un  tamis  pour  que  le  mélange  soit  exact. 

La  masse,  qui  se  présente  sous  la  forme  d'une  pous- 
sière sèche,  est  mise,  par  portions  de  100  grammes,  dans 
la  machine  à  broyer,  actionnée  par  un  moteur  à  gaz  de 
1  cheval.  La  poudre  prend  peu  à  peu  un  aspect  humide, 
puis  une  consistance  pâteuse  et  enfin  se  réunit  en  boule. 
L'opération  dure  ainsi  deux  heures  environ,  pour  1*^«'  de 
levure.  La  pâte  est  ensuite  enfermée  dans  un  double 
linge  et  portée  à  la  presse  hydraulique.  On  augmente 
graduellement  la  pression  jusqu'à  500  atmosphères,  et  on 
obtient  au  bout  de  deux  heures  environ,  320*'^  de  suc 
exprimé.  Le  tourteau  est  émietté,  remis  dans  la  capsule 
du  broyeur  avec  140**  d'eau  et  soumis  de  nouveau  pendant 
deux  heures  à  une  pression  de  500  atmosphères,  ce  qui 
fournit  encore  180"  de  suc.  Le  rendement  total  est  de 
500«'  de  suc  exprimé  par  kilogramme  de  levure.  Un  nou- 
veau broyage  et  une  plus  longue  pression  avec  addition 
<l'eau  augmenteraient  encore  un  peu  le  rendement.  On 
s'est  toujours  arrêté  jusqu'ici  au  rendement  de  500**  pour 
avoir  des  résultats  comparables.  Le  suc  qui  coule  de  la 
presse  est  filtré  directement  à  travers  un  filtre  à  plis 
ordinaire.  On  peut  le  repasser  encore  une  fois  sur  le 
filtre.  Il  est  réuni  dans  un  récipient  '  refroidi  par  de  la 
glace  et,  finalement,  complètement  mélangé. 

Le  IV  Will,  présent  à  un  des  essais  les  plus  récents,  a  eu 
l'obligeance  d'examiner  au  microscope  la  nature  du 
contenu  des  cellules  de  levure. 

Il  signale  ce  qui  suit  : 

a)  Après  le  broyage.  Dans  deux  essais,  qui  ont  porté 
sur  229  cellules  de  levure,  il  y  en  avait  31  p.  100  d'intactes, 
31  p.  100  d'altérées,  38  p.  100  de  cuticules  vides. 

b)  Après  le  premier  pressage  du  suc.  On  a  compté 
111  cellules,  dont  21  p.  100  de  cellules  intactes,  40  p.  100 
de  cellules  à  des  états  intermédiaires  (cellules  qui  par 
suite  d'une  compression  latérale  avaient  perdu  leure 
vacuoles)  et  de  cellules  franchement  altérées,  39  p.  100 
de  cuticules  vides. 


—  91  — 

c)  État  du  tourteau  après  le  second  pressage,  c'esl-à- 
dire  à  la  fin  de  l'opération  toute  entière.  Sur  437  eel- 
Jules  comptées  dans  deux  essais  différents,  on  en  a  trouvé 
4  p.  100  d'intactes,  13  p.  100  à  des  états  intermédiaires, 
26  p.  100  d'altérées,  et  57  p.  100  de  cuticules  vides.  Le 
nombre  des  cuticules  vides  ne  peut  pas  toujours  être 
déterminé  avec  certitude,  car  celles-ci  sont  réunies  en 
petites  boules  denses  qui  se  laissent  difficilement  diviser. 
Il  est  à  remarquer  que  la  levure  primitive  contient  déjà 
un  certain  nombre  de  ces  cuticules  vides. 

La  fin  au  prochain  numéro.  (Traduction  Marcel  Delage.) 


BIBLIOGRAPHIE 

Comptes  rendus  de  rAcadémie  des  sciences,  âO  décembro  1897.  — 
R,  Lespieau  :  Ébullioscopie  de  quelques  sels  en  solution  élhérée.  —  Bnu- 
douard  :  Sur  le  cérium.  —  J.  Rodriguez  Mourelo  :  Durée  du  pouvoir  phos- 
phorescent du  sulfure  de  strantium.  —  C.  Matignon  et  Deligny  :  Différence 
entre  les  substitutions  nitrosces  liées  au  carbone  et  à  l'azote.  —  Action  de 
la  pipéridine  sur  les  étbers  carboniques  des  phénols,  formation  d'uréthancs 
aromatiques. 

SOCIÉTÉ  DE  PHARMACIE  DE  PARIS 


Séance  extraordinaire  du  32  décembre  1897. 

Présidence  de  M.  Sonnerat. 

M.  F.  Vigier  donne  lecture  du  rapport  de  la  conunis- 
sion  chargée  d'examiner  les  thèses  présentées  pour  le 
prix  des  thèses  dans  la  section  des  sciences  naturelles. 

Une  seule  thèse  a  été  présentée  par  M.  G.  Dethan, 
pharmacien  de  première  classe;  elle  est  intitulée  :  Étude 
des  Acanthacées  médicinales, 

La  commission  propose  à  la  Société  de  décerner  à 
M.  Dethan  la  médaille  d  or  des  sciences  naturelles. 

Les  conclusions  de  la  commission  sont  adoptées  à 
l'unanimité. 


^i^ç-«prr-.-."i 


—  m  — 
Séaaec  (anuuLle  do  5  JanTicrl898. 

La  s*^«infe  est  ouverte  à  d<?iix  heures  sous  la  présidence 
d<?  M.  Sonnerat  t[ui,  apri^s  ^jiïelques  mots  de  remercie- 
mt^nls  a  la  Sorièle^,  cède  le  fauteuil  de  la  présidence  à 
M.  Bourquêlot  H  invite  à  prendre  place  au  bureau 
M.  Leidié  rn  qualitt^  de  vire-prêsident,  et  M.  Bocquillon, 
c^mine  secrétaire  annuel. 

Le  ïionveaii  bureau  ainsi  constitué,  M.  Bourquelot, 
après  un  discours  très  applaudi,  cède  la  parole  à  M.  Guî- 
nocbet  pour  la  lectiu^e  du  compte  rendu  annuel  des  tra- 
vaux présentés  à  la  ftocicté.  Ce  compte  rendu,  plein  de 
verve  et  dVsprit,  est  souligné  par  les  nombreux  applau- 
tliï^scnif'nts  de  riissemblèe. 

M.  Houreu  lit  le  rapport  sur  le  prix  des  thèses  dans  la 
section  <îes  srrences  chimiques. 

M,  h\  Vigier  donne  connaissance  de  son  rapport  sur  le 
prix  drs  thf'ses  dans  la  section  des  sciences  naturelles. 

\L  Bouripielot  reiïict  aux  deux  lauréats,  M.  Dufau 
[sciences  chimiifues)  et  M.  G.  Dethan  (sciences  naturelles) 
les  médailles  d'or  qui  leur  ont  été  décernées  par  la 
Société. 

M.  Bourquelot  fait  ensuite  la  lecture  du  travail  de 
M.  Planchon.  enipAché  d'assister  à  la  séance,  sur  Tensei- 
fin  en  H.' Ht  de  h\  pharmacie  au  Jardin  des  Apothicaires. 
Cette  très  intéressante  lecture  est  saluée  par  les  applau- 
dissements de  l'assemblée. 

M.  Marty  demande  que  la  Société  adopte,  dans  le  Jour- 
nal de  Pharmacie  et  de  Chimie,  l'insertion  de  l'éloge  de 
Cavenlou  que  vient  de  lire,  à  TAcadémie  de  Médecine,  le 
scortHaire  perpétuel,  M.  Deri^eron.  M,  Marty  pense  qu'il 
serait  utile  que  la  Société  de  pliarmacie  fasse  cette  mani- 
festatitm  en  rhonneur  de  Caventou  et  Pelletier  au 
moment  où  te  corps  phai'niaceutique  tout  entier  organise 
une  souscriplion  pour  élever  un  monument  à  la  mémoire 
tic  ces  deux  illustres  pharmaciens.  Cette  proposition  est 
adoptée  par  acclamation, 

M.  Bourquelot  donne  lecture  d'une  lettre  de  M,  Burcker, 
ancien  prèsidoat  de  la  Société,  demandant  à  échanger  le 


—  93  — 

titre  de  membre  titulaire  contre  celui  de  membre  corres- 
pondant, à  cause  de  son  prochain  départ  à  Marseille. 

La  Société,  regrettant  le  départ  d'un  de  ses  plus  savants 
membres,  vote  à  l'unanimité  la  proposition  d'échanger 
pour  M.  Burcker  son  titre  de  membre  titulaire  contre 
celui  de  correspondant. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures. 


SOCIÉTÉ    DE   THÉRAPEUTIQUE 


Séance  du  22  décembre  1897.  —  M.  Smester  préconise, 
dans  le  traitement  des  affections  de  la  bouche  et  du  p/ia- 
rj/ruc,  l'emploi  de  siphons  rappelant  le  siphon  d'eau  de 
Seltz,  dans  lesquels  on  peut  mettre  sous  pression  des 
solutions  antiseptiques  au  titre  voulu.  Les  effets  obtenus 
sont  à  la  fois  mécaniques  et  anesthésiques,  carie  jet  pro- 
jeté dans  l'arrière-gorge  nettoie  parfaitement  les  mu- 
queuses et  l'acide  carbonique  provoque  à  l'anesthésie 
locale, 

M.  Smester  lit  une  seconde  note  sur  le  traitement 
abortif  du  coryza  aigu  par  de  grands  lavages  des  fosses 
nasales.  On  fait  passer  1  ou  2  litres  de  solutions  médi- 
camenteuses faibles,  telles  que  du  sublimé  à  1/5000,  de 
l'acide  phénique  à  1/2000,  du  perchlorure  de  fer  à  1/1000. 
Ces  lavages,  faits  dès  les  premiers  symptômes,  ont  réussi 
dans  les  trente  cas  où  M.  Smester  les  a  essayés. 

M.  Bardet  propose  à  la  Société  de  nommer  une  com- 
mission pour  établir  définitivement  si  la  digitaline  /ran- 
çaise  et  la  digitoxine  allemande  sont  un  même  produit, 
comme  tend  à  le  démontrer  la  récente  communication  de 
M.  Petit  sur  l'identité  du  pouvoir  rotatoire  de  ces  deux 
corps.  Il  y  aurait  intérêt  à  être  fixé  une  fois  pour  toutes 
sur  l'égalité  de  toxicité  de  ces  agents  thérapeutiques. 

Les  membres  de  cette  commission  sont  :  MM.  Adrian, 
Petit,  Pouchet,  Portes  et  Bardet. 

M.  Camescasse  communique  l'observation  d'un  malade 


—  94  — 

f|iû  présenta,  à  la  suite  de  Tingeslion  de  0«',60  de  calo- 
ineL  un  érythème  des  plus  intenses  généralisé,  qui  fut 
suivi  de  desquamation  pendant  quinze  jours.  Six  mois 
plus  tard,  Tadministration  d'une  nouvelle  dose  de  calo- 
mi»l  provoqua  les  mêmes  accidents,  un  peu  moins  accen- 
tués. 

M.  lie  Gendre  rappelle  que  ces  faits  d'intolérance  pour 
lus  sels  de  mercure  ne  sont  pas  rares.  Il  a  vu  un  éry- 
iliéiiie  généralisé  se  déclarer  chez  un  malade  qui  avait 
[jris  une  seule  pilule  de  0»',01  de  bichlorure  de  mercure. 

M.  Pouchet  constate  que  ces  symptômes  sont  en  géné- 
ral provoqués  par  l'ingestion  de  sels  solubles.  Il  est 
donc  possible  que  le  calomel  qui  produit  ces  accidents 
m'  î50it  pas  pur. 

M.  Gréquy  se  demande  si  l'intoxication  par  le  calomel 
trest  pas  due  à  la  transformation  en  sublimé  par  un  suc 
li^iislrique  très  acide  ou  par  l'ingestion  du  chlorure  de 
sodium. 

M.  Patein  affirme  qu'il  est  absolument  inutile  de  pros- 
crire le  chlorure  de  sodium  quand  on  administre  du 
calomel.  Le  sel  de  cuisinpoule  suc  gastrique  n'ont  jamais 
(iporé  la  transformation  du  calomel  en  sublimé. 

M.  Gamescasse  croit  ,à  une  prédisposition  individuelle. 
Il  cite  le  cas  d'un  malade  qui  ne  pouvait  toucher  à  \me 
solution  de  sublimé  sans  voir  se  manifester  un  érythème 
i*ur  les  mains  et  sur  toutes  les  régions  où  il  portait  ses 
mains  mouillées.  Dans  un  autre  cas,  l'administration  de 
psyllium  à  l'intérieur  donnait  lieu  à  des  sensations  de 
bn'îlure  dans  l'œsophage,  chez  une  malade  qui  était 
atteinte  d'érythème  intense  chaque  fois  qu'on  lui  appli- 
qua Lt  un  cataplasme  de  farine  de  lin. 

M.  Bardet  a  la  conviction  que  chez  les  arthritiques,  qui 
sont  très  souvent  des  dyscptiques,  toute  substance  médi- 
camenteuse ou  alimentaire  qui  irrite  la  muqueuse  gas- 
iriiiue,  peut  provoquer  un  réflexe  cutané  qui,  chez  chaque 
malade,  sera  toujours  le  même. 

M.  Hallopeau  pense  qu'au  contraire  les  accidents  cuta- 
néii  sont  dllférents  suivant  les  médicaments  qui  les  eau- 


—  95  — 

sent  et  qu'ils  sont  dus  à  rélimination  par  la  peau  de 
produits  toxiques. 

M.  Gréquy  rappelle  l'influence  morale.  Il  cite  le  cas 
d'un  de  ses  amis  qui  était  pris  d'urticaire  lorsqu'il  enten- 
dait parler  d'urticaire.  Chez  un  autre,  la  vue  seule  de 
fraises  déterminait  l'apparition  d'un  érythème. 

M.  Désesquelle  présente  un  appareil  permettant  d'obte- 
nir des  ampoules  exactement  titrées. 

Pour  1898,  le  Bureau  est  ainsi  constitué  : 

Président HM.Pouchet. 

Vice-président Portes. 

Trésorier Duchesne. 

Secrétaire-général Baidet. 

Secrétaire^énéral  adjoint, .  Blondel. 

C  VOGT. 

Secrétaires  annuels }  ^ 

C  COURTADE. 

Ferd.  Vigier. 


VARIETES 


Légion  d'honneur.  —  M.  le  professeur  G.  Bouchardat,  notre  très  dis- 
tingué eonfrëre,  a  été  nommé  chevaUer  de  la  Légion  d'honneur.  Il  y  a  bien 
des  années  que  nous  aurions  dû  être  à  même  de  lui  adresser  nos  félicitations 
au  sujet  de  cette  distinction. 

M.  Gabriel  Pouchet,  professeur  de  pharmacologie  à  la  Faculté  de  médecine 
de  Paris,  a  été  élu  membre  de  l'Académie  de  médecine  en  remplacement 
de  M.  Schutzenberger.  

Pharmacie  militaire.  —  A  été  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur 
M.  Rougnon,  pharmacien-major  de  â*  classe  à  Thôpital  militaire  de  Tou- 
louse. 

Ont  été  promus  : 

Pharmacien  principal  de 'î^  classe,  — (Choix.),  M.  Frizac,  pharmacien-major 
do  l'*  classe  au  ministère  de  la  guerre  (7*  direction),  en  remplacement  de 
M.  Raby,  retraité.  —  Maintenu  provisoirement  à  son  poste  actuel. 

Pharmacien-major  de  \^  classe.—  2*  tour  (choix),M.Darricarrère,  phar- 
macien-major de  S*  classe  aux  hôpitaux  militaires  de  la  division  d'Alger,  «n 
remplacement  de  M.  Fritac,  promu.  —  Maintenu  à  son  poste  actuel. 

Pharmacien-major  de  ^  classe,  —  1*'  tour  (ancienneté).  M,  Boutin, 
pharmacien  aide-major  de  1'*  classe,  à  l'hôpital  militaire  de  Maubeuge,  en 


—  96  — 

remplacement  de  M.  Darricarrère,  promu.  —  Maintenu  à  son  poste  actuel. 

M.  Bouillon,  pharmacien  principal  de  l**  classe  de  la  réserte  des  médi- 
caments de  Marseille,  est  désigné  pour  Thôpital  militaire  Saint-Martin,  à 
Paris. 

M.  Burcker,  pharmacien  princpal  de  1"  classe,  professeur  &  l'École  d'appli- 
cation du  service  de  santé  militaire  à  Paris,  est  désigné  pour  la  réserve  des 
médicaments  de  Marseille. 
^fr^  M.  Moissonnier,  phrmacien  principal  de  2*  classe  k  l'hôpital  militaire  de 

Saint-Martin,  est  désigné  pour  Thôpital  militaire  d* Alger. 

M.  Girard,  pharmacien-major  de  2*  classe  &  l'hôpital  militaire  de  Versailles, 
est  désigné  pour  la  direction  de  service  de  santé  du  12  *corps  et  de  la  pharma- 
cie régionale  de  Limoges. 

M.  Evesque,  pharmacien-major  de  2*  classe  des  hôpitaux  militaires  de  la 
division  de  Gonstantine,  est  désigné  pour  l'hôpital  militaire  de  Lille. 


Faculté  mixte  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Touloiue.  —  Un  con- 
cours s'ouvrira,  le  23  juin  1898,  devant  la  Faculté  mixte  de  médecine  et  de 
pharmacie  de  l'Université  de  Toulouse,  pour  l'emploi  de  suppléant  de  la  chaire 
de  pharmacie  et  de  matière  médicale  à  l'École  préparatoire  de  médecine  et 
de  pharmacie  de  Glermont. 

Le  registre  d'inscription  sera  clos  un  mois  avant  l'ouverture  dudit  concours. 


Le  Gérant  :  G.  MA8S0N. 


upauiuuB  B.  vumuuoN,  16,  ans  eàginb,  pams. 


—  97 


TRAVAUX   ORIGINAUX 


Sur  un  nouveau  ferment  des  tartrates^  le  Bacillus  tartricus, 
par  MM.  L.  Grimbert  et  L.  Ficquet. 

Les  travaux  (1)  publiés  sur  la  fermentation  des  tartrates, 
quoique  assez  nombreux,  sont  loin  de  donner  des  résul- 
tats concordants,  ce  qui  est  dû  vraisemblablement  à  ca 
qu'aucun  de  leurs  auteurs  n'a  eu  entre  les  mains  de  se- 
mence pure.  En  efiFet,  tantôt  les  ballons  étaient  abandonnés 
à  eux-mêmes  jusqu'à  ce  que  le  hasard  se  chargeât  de  les 
ensemencer,  tantôt  ils  étaient  additionnés  d'un  liquide 
organique  quelconque  en  voie  de  décomposition,  ou  bien, 
suivant  la  méthode  de  Fitz,  de  bouse  de  vache.  Il  en 
résulte  que  divers  organismes,  capables  d'attaquer  les 
tartrates,  ont  pu  vivre  ensemble  dans  le  même  milieu  el 
agir  parallèlement,  ou  bien  se  prêter  un  mutuel  concours 
pour  réaliser  de  ces  associations  microbiennes  parfois  si 
fécondes  en  surprises. 

Il  importait  donc,  au  début  d'une  nouvelle  étude  de  la 
fermentation  des  tartrates,  d'isoler  un  des  agents  de  cette 
fermentation  et  de  le  cultiver  à  l'état  de  pureté  avant  de 
s'en  servir  comme  de  semence. 

Une  fermentation  anaérobie  de  tartrate  de  chaux  mise 
en  train  au  moyen  de  quelques  gouttes  d'une  macération 
végétale  abandonnée  à  elle-même  à  l'étuve  à  35*,  sans 
précautions  spéciales,  fut  le  point  de  départ  de  nos  recher- 
ches. Après  une  série  de  cultures  anaérobies  sur  tar- 
trate, l'emploi  combiné  de  tubes  de  gélatine  roulée  et  du 
vide  nous  permit  d'isoler,  au  milieu  d'autres  espèces,  une 
bactérie  nouvelle,  ferment  énergique  du  tartrate  de  chaux. 
C'est  cette  bactérie  que  nous  désignerons  désormais  sous 
le  nom  de  bacillus  tartricus, 

(i)  Cf.  :  Pasteur,  Études  aur  la  bière;  Paris,  1876,  p.  274.  —A.  Gautier, 
C  B.,  t.  LXXXVI,  p.  1338  (1878).  —  fiiz.-Bericht.  d.  d.  chem.  Gesell., 
XII,  p.  475.  —  Kdnîg,  trf.,  1881,  p.  211  et  1882,  p.  172. 

Journ,  de  Pharm.  et  de  Chim,,  6«  SÉRIE,  t.  VII.  (1"  féTiier  1898.)         7 


—  98  — 

Il  est  fort  possible  que  le  hacillus  tartricus  ait  déjA  ùté 
décrit  sous  un  autre  nom,  mais  tant  que  les  auteurs  ne 
s'astreindront  pas  à  suivre  une  marche  méthodique  dans 
l'étude  des  propriétés  biologiques  d'un  microbe  en  spéci- 
fiant notamment  les  conditions  dans  lesquelles  ils  se  sont 
placés,  en  notant  exactement  la  composition  de  leurs 
milieux  de  culture  et  en  multipliant  surtout  les  expé- 
riences sur  les  actions  chimiques  de  ce  microbe,  on  con- 
tinuera à  vivre  au  milieu  d'un  véritable  chaos,  du  moins 
en  ce  qui  concerne  les  espèces  saprophytes.  Aussi  avons- 
nous  renoncé  à  poursuivre  l'identification  du  bacillus  tar- 
tricus avec  les  espèces  décrites,  tellement  nous  avons  été 
frappé  du  désordre  qui  règne  dans  la  description  de  ces 
espèces. 

Caractères  ^morphologiques  et  biologijjues.  —  Le  D. 
tartricus  est  un  petit  bacille  d'environ  1  à  2  p.  de  long, 
doué  de  mouvements  très  vifs,  se  décolorant  par  la  mé- 
thode de  Gram.  11  est  anaérobie  facultatif. 

Sur  bouillon  :  trouble  rapide,  voile  grumeleux  se  dislo- 
quant facilement;  dépôt  muqueux,  pas  d'odeur. 

Sur  plaques  de  gélatine  :  colonies  ressemblant  un  peu 
à  celles  du  coli-bacille,  à  bords  irréguliers  peu  découpés  ; 
liquéfaction  très  lente,  ne  commençant  que  du  dixième  au 
quinzième  jour. 

Sur  gélatine  en  piqûre  :  trace  finement  granuleuse.  Au 
point  d'inoculation  à  la  surface,  colonie  irrégulière  apla- 
tie, au-dessous  de  laquelle  se  forme  une  zone  nébuleuse, 
point  de  départ  de  la  liquéfaction  future. 

Sur  gélose  :  trace  mince,  glacée,  transparente,  qui 
s'étale  en  quelques  jours  sur  toute  la  surface  de  la 
gélose. 

Sur  pomme  de  terre  :  trace  jaunâtre  en  saillie;  la 
pomme  de  terre  prend  une  coloration  foncée  en  vieillis- 
sant. 

Pas  d'indol  dans  une  solution  de  peptone. 

Coagulation  du  lait  vers  le  huitième  jour,  avec  coagu- 
lum  granuleux. 


—  99  ^ 

L'empois  d'amidon  n'est  pas  liquéfié. 

L'albumine  cuite  n'est  pas  digérée. 

Les  nitrates  sont  transformés  en  nitrites. 

Le  B.  tartricus  attaque  un  grand  nombre  d'hydrates  de 
carbone,  parmi  lesquels  nous  citerons  :  le  glucose,  le 
lactose,  le  maltose,  le  saccharose,  la  dextrine  et  la  man- 
nite. 

Il  est  sans  action  sur  la  dulcite  et  la  glycérine.  Une 
culture  sur  bouillon  âgée  de  quelques  jours  est  tuée  par 
une  température  de  50*  maintenue  pendant  une  demi- 
heure. 

Le  B.  tartricus  est  un  ferment  actif  du  tartrate  de  chaux 
qu'il  attaque  indifféremment  en  cultures  aérobies  ou 
anaréobies. 

Dans  nos  premières  expériences,  le  tartrate  était  intro- 
duit dans  des  ballons  renfermant  comme  milieu  nutritif 
la  solution  minérale  de  Pasteur  (l),  soit  telle  quelle,  soit 
additionnée  de  2  millièmes  de  peptone.  Le  tout,  après 
stérilisation,  était  ensemencé  au  moyen  d'une  culture 
pure  sur  bouillon,  âgée  de  24  heures,  et  maintenu  à  la 
température  constante  de  36*. 

Les  produits  de  la  fermentation  (alcools,  acides  vola- 
tils, acides  fixes,  etc.),  ont  été  déterminés  d'après  les 
procédés  de  M.  Duclaux  (2).  D'une  façon  générale,  on  ne 
trouve  pas  trace  d'alcools,  mais  seulement  deux  acides  : 
l'un  volatil,  l'acide  acétique  ;  l'autre  fixe,  l'acide  succi- 
nique.  Il  se  dégage,  en  outre,  de  l'acide  carbonique  et  de 
l'hydrogène. 

Une  solution  de  tartrate  d'ammoniaque  à  1  p.  100  dans 
le  liquide  minéral  de  Pasteur,  additionnée  de  2  millièmes 
de  peptone,  ensemencée  dans  les  mêmes  conditions,  se 
trouble,  mais  aucun  dégagement  gazeux  ne  se  manifeste. 
Le  tartrate  est  néanmoins  consommé  et  donne  comme 
produits  de  l'acide  acétique  et  de  l'acide  succinique  sans 
trace  d'alcool.  Il  se  conduit  donc  en  tout  point  comme  le 
tartrate  de  chaux. 

(1)  Duclaux,  Microbiologie f  p.  599. 

(2)  Duclaux,  Annales  de  Vlnstitut  Pasteur,  1895. 


*^^^^' 


—  100  — 

Ces  résultats  établissent  nettement  une  différence 
entre  le  B.  tartricus  et  les  autres  ferments  tartriques  déjà 
décrits. 

Celui  de  Pasteur  est  un  bacille  long  et  flexueux,  anaé- 
robie^  décomposant  le  tartrate  de  chaux  en  acides  pro- 
pionique,  acétique  et  carbonique,  sans  donner  Thydro- 
gèno. 

C(?lui  de  A.  Gautier,  non  isolé  à  l'état  d'espèce  définie, 
donnait  de  l'acide  tartronique  avec  le  tartrate  de  potasse. 

Dans  ses  fermentations  de  tartrate  de  chaux,  Fitz 
obtenait    surtout    de   l'acide    acétique    accompagné  de 

Mites  quantités  d'alcool  ordinaire,  d'acide  butyrique 
et  d'acide  succinique. 

L*iij-ganisme  de  Kônig  est  un  ferment  propionique  du 
t;u  traie  de  chaux  tandis  qu'il  donne  de  l'acide  acétique, 
de  1  :icide  succinique  et  de  l'acide  formique  avec  le  tar- 
trate d'ammoniaque. 

I^n  résumé,  le  B,  tartricus  fait  fermenter  les  tartrates 
do  rliaux  et  d'ammoniaque  en  donnant  exclusivement  de 
Tacide  acétique  et  de  l'acide  succinique  avec  dégage- 
ment d'acide  carbonique  et  d'hydrogène.  C'est  un  anaé- 
robie  facultatif,  présentant  une  prédilection  pour  la  vie 
aéro}tie. 

Dans  un  prochain  mémoire,  nous  reviendrons  sur  les 
résultats  que  nous  donne  l'étude  détaillée  de  ses  pro- 
priétés biologiques,  notamment  sur  les  variations  de  son 
activité  en  fonction  de  la  nature  de  l'azote  alimentaire, 
sur  les  modifications  apportées  dans  ses  cultures  par  la 
présence  ou  l'absence  d'oxygène  et  sur  son  action  sur 
les  hydrates  de  carbone. 


De  l'emploi  du  carbure  de  calcium  pour  la  préparation  et 
le  contrôle  de  pureté  de  Valcool  absolu;  par  M.  P.  Yvon. 

Lorsque  l'on  met  du  carbure  de  calcium  en  poudre 
gi*ossiére  en  contact  avec  de  l'alcool  concentré  (90  à  95 
centièmes)  ce  carbure  est  assez  vivement  attaqué  et  il 
se  dégage  de  l'acétylène  aussi  longtemps  qu'il  reste  de 


—  IQl  — 

Teau  dans  Talcool;  lorsque  ce  dernier  est  devenu  an- 
hydre, le  dégagement  gazeux  cesse. 

L'emploi  du  carbure  de  calcium  permet  donc  de  con- 
stater si  un  alcool  est  anhydre;  il  suffit  en  effet  de  pla- 
cer dans  un  tube  à  essai  bien  sec  quelques  centimètres 
cubes  d'alcool  et  d'y  projeter  une  pincée  de  carbure  de 
calcium  réduit  en  poudre  grossière;  si  l'alcool  est  absolu, 
on  ne  voit  aucune  bulle  de  gaz  se  dégager  et  par  agita- 
tion le  liquide  reste  transparent.  Si,  au  contraire,  l'alcool 
examiné  renferme  des  traces  d'eau,  on  voit  de  petites 
bulles  gazeuses  se  former  et,  si  on  agile,  le  mélange  se 
trouble  et  devient  blanchâtre  par  suite  de  la  formation 
d'hydrate  de  chaux. 

Pour  préparer  de  l'alcool  absolu,  il  suffit  de  placer  dans, 
un  flacon  de  l'alcool  à  90  ou  mieux  à  95*  avec  le  quart  de 
son  poids  de  carbure  de  calcium  réduit  en  poudre  gros- 
sière. Le  dégagement  gazeux  d'abord  assez  vif  se  ralen- 
tit bientôt.  On  agite  alors  fréquemment  pendant  2  à  3 
heures,  puis  on  laisse  en  repos  pendant  12  heures.  On 
s'assure  alors  que  l'agitation  ne  donne  plus  lieu  à  aucun 
dégagement  de  gaz;  dans  le  cas  contraire,  on  prolonge 
encore  l'agitation  et  le  contact  de  l'alcool  avec  le  carbure  ; 
au  besoin  on  ajoute  encore  une  petite  quantité  de  ce  der- 
nier; puis  on  transvase  le  mélange  dans  un  appareil  dis- 
tillatoire  et  l'on  procède  à  la  séparation  de  l'alcool  en 
mettant  à  part  les  premières  portions  recueillies  ;  elles 
renferment  en  dissolution  une  petite  quantité  d'acéty- 
lène. Il  est  prudent  de  conduire  loin  du  foyer  les  premières 
vapeurs  dégagées  qui  sont  constituées  par  un  mélange 
d'alcool  et  d'acétylène.  L'alcool  condensé  est  anhydre  si 
l'opération  a  été  bien  faite. 

Il  est  préférable  de  recueillir  tout  l'alcool  dans  le 
même  récipient  et  de  l'agiter  ensuite  avec  une  petite 
quantité  de  .sulfate  de  cuivre  desséché  qui  s'empare  de 
tout  l'acétylène  tenu  en  dissolution.  On  procède  alors  à 
une  seconde  distillation  sans  séparer  l'acétylure  de 
cuivre  qui  s'est  formé. 

L'alcool  absolu  préparé  par  ce   procédé  ne  précipite 


—  102  — 

pas  par  l'alcoolate  de  baryte.  Le  carbure  de  calcium  est 
donc  un  réactif  aussi  sensible  que  ce  derniej*  et  permet 
d'obtenir  par  une  seule  distillation,  deux  au  plus,  de  Tal- 
cool  al)solu  en  prenant  comme  point  de  départ  l'alcool  à 
95°  et  même  à  90*  centésimaux. 


Sur  quelques  dérivés  nouveaux  de  la  pyrocatéchine ; 
par  M.  H.  Cousin  (1). 

1*    DÉRIVÉS    HALOGÈNES. 

M.  Zincke,  le  premier,  a  étudié  l'action  du  chlore  sur 
la  pyrocatéchine  et  décrit  la  pyrocatéchine  télrachlorée 
C*CÎ*(OH)»et  la  quinone  correspondante  C«C1^0«.  En  me 
phiçant  dans  des  conditions  différentes,  j'ai  pu  obtenir 
une  pyrocatéchine  trichlorée. 

Pxjrocatéchine  trichlorée  :  CMI"C1'0»  +  IP0  —  Je  dis- 
sous dans  l'acide  acétique  1  molécule,  soit  11»'' pyrocaté- 
chine et  ajoute  peu  à  peu  une  solution  récente  et  dosée  de 
chlore  dans  l'acide  acétique  de  façon  qu'il  y  ait  6  atomes 
de  chlore  pour  une  molécule  de  pyrocatéchine.  L'acide 
acétique  est  évaporé  fortement  et,  après  refroidissement, 
j'ajoute  de  l'eau,  qui  précipite  des  cristaux  que  je  purifie 
par  dissolution  dans  l'alcool  étendu. 

La  pyrocatéchine  trichlorée  est  en  prismes  bhincs  se 
colorants  rapidement  à  la  lumière,  insoluble  dans  l'eau, 
soluble  dans  l'alcool,  l'éther;  son  point  de  fusion  est  104"- 
105°.  Elle  cristallise  ave  une  molécule  d'eau;  placée  dans  le 
vide  sur  l'acide  sulfurique,  elle  perd  une  demi-molécule 
d'eau  et  donne  un  nouvel  hydrate  C«H»C1"0«+  1/2H*0, 
qui  fond  à  134°- 135°. 

Pyrocatéchine  dibromée.  —  J'ai  obtenu  deux  pyrocaté- 
chines  dibromées  :  l'une  par  l'action  du  brome  sur  la 
pyrocatéchine,  l'autre  par  voie  indirecte. 

(1)  Cet  article  est  le  résumé  d'une  thèse  soutenue  fit  la  Faculté  des  sciences 
de  Paris  en  novembre  1897.  —  Beriiche,  t.  XX,  p.  1779. 


—  103  - 

l^ Pyrocatéchiiiedibromée  a:  C^  11^ By^O*,  —  Illasiwetz(l), 
dans  l'action  du  brome  sur  la  pyrocat échine,  a  obtenu 
une  tétrabromopyrocatéchine.  En  faisant  réagir  sur  une 
molécule  de  pyrocatéchine  en  solution  dans  l'acide  acé- 
tique 1  molécules  de  brome,  j'ai  préparé  une  pyrocaté- 
chine dibromée. 

C'est  un  corps  cristallisé  en  prismes  incolores,  se  colo- 
rant à  la  lumière,  insolu})le  dans  l'eau,  soluble  dans  l'al- 
cool, Téther;  son  point  de  fusion  est  92^-93*. 

L'action  de  l'iodure  de  méthyle  m'a  donné  un  vératrol 
dibromé  identique  à  celui  obtenu  par  Merck,  par  l'action 
du  brome  sur  le  vératrol. 

L'éther  diacétique  est  en  aiguilles  blanches,  fusibles  à 
à  109'»-110\ 

2»  Pyrocatéchine  dibromée  ^:  C«  H»— Br— Hr— OH— OH. 

l3)        (5)        (1)  (2) 

—  Elle  a  été  obtenue  en  partant  d'un  orthonitrophénol 
dibromé   C'H*— OH— AzO*— Hr— Hr,  en  remplaçant  le 

,(1)  l4)  (4)         (6) 

groupement  AzO'  par  un  groupement  phénolique  OH,  ce 
qui  donne  une  pyrocatéchine  dibromée.  Pour  cela,  le 
dérivé  nitré  est  transformé  en  aminé  par  l'étain  et  l'acide 
chlorhydrique,  l'aminé  diazotée  par  î'azotite  de  soude  et 
le  dérivé  diazoïque  traité  par  l'eau  bouillante  en  pré- 
sence de  poudre  de  cuivre. 

La  pyrocatéchine  dibromée  est  en  petits  cristaux  grou- 
pés en  feuilles  de  fougère,  blancs  et  s'altérant  rapidement  ; 
son  point  de  fusion  est  58°-60*. 

L'éther  diacétique  est  à  lamelles  aplaties,  fusibles  do 

109*  à  no*. 

2**   DÉRIVÉS    DES   PYROCATÊCHINES   MONONITRÉES 

J'ai  étudié  d'abord  l'action  de  l'iodure  de  méthyle  sur 
les  deux  pyrocatéchines  mononitrées,  puis  l'action  du 
brome  sur  les  pyrocatéchines  mononitrées  et  sur  les  véra- 
trols  mononitrés. 

Vératrol  mo?ioni7rê  3  :  C'H»— OC  H»— OC  H"— AzO".  — J'ai 

[\) v2j  (3) 

(1)  Annales  de  Liebig,  l.  CXUI,  p.  149. 


—  104  — 

obtenu  ce  corps  dans  Taction  de  Tiodure  de  méthyle  et  de 
hi  potasse  sur  la  pyrocatéchine  mononitrée  volatile  dans 
la  vapeur  d'eau  de  Weselsky  et  Benedikt  (1). 

Il  est  en  aiguilles  aplaties  et  allongées  jaune  pâle,  inso- 
iijhle  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool,  l'éther  et  fusible 
de  64^  à  65*» 

Vératrol  mononitré  4.  —  L'action  de  l'iodure  de 
méthyle  et  de  la  potasse  sur  la  pyrocatéchine  mono- 
iiilrée-p  (2)  m'a  donné  un  vératrol  nitré  identique  à  celui 
janparé  par  Merck  (3),  dans  l'action  directe  de  l'acide  azo- 
î  Jt|ue  sur  le  vératrol  et  dont  la  constitution  a  été  fixée  par 
M.  Moureu  (4). 

L'étude  de  ces  deux  vératrols  permet  de  fixer  ces  deux, 
pyrocatéchines  mononitrées  : 

!•  Pyrocatéchine  mononitréea:C'H>— AzO"— OH— OH; 

(3)  (1)         Î2) 

2*»  Pyrocatéchine  mononitréep:C«H»—AzO»— OH—OH. 

(^)  (1)         (2) 

Pyrocatéchine  mononitrée  d- monobr ornée  -  C^W — AzO" 

(3) 

— Br— OU— OH.  —  A  une  solution  éthérée  de  1  molé- 

(1)  (2) 

riile  de  pyrocatéchine  mononitrée,  j'ajoute  deux  atomes 
(le  brome  et  laisse  plusieurs  jours  en  contact.  Je  détruis 
*ilnrs  l'excès  de  brome  par  l'acide  sulfureux  et  évapore  la 
ï^i>lution  éthérée  dans  le  vide;  je  purifie  par  cristalli- 
t^;iUon  dans  l'alcool  et  précipitation  par  l'eau. 

Le  corps  se  présente  en  petits  prismes  allongés  en 
Il  urne  de  navettes  de  couleur  jaune  d'or;  il  fond  à  109^-110* 
l't  est  très  altérable  par  la  chaleur. 

Pyrocatéchine  mononitrée  A-monobromée  :  C'H* — OH 
—  OH — AzO' — Br.  —  La  préparation  se  fait  comme  celle 

(2)  (4) 

*lu  corps  précédent,  avec  cette  diÊTércnce  qu'il  suffit  de 
ItUre  réagir  le  brome  pendant  douze  heures. 


<l)  Monatshelle,  t.  111,  p.  386. 

(â)  Bénédiks.  Berichte,  t.  XI,  p.  3Sâ. 

(3)  Annales  de  Lieblg,  t.  CVIII,  p.  60. 

(1)  Journ.  de  Pharm.y  6*  série,  t.  IH,  p.  364. 


—  105  — 

Il  se  présente  sous  forme  d'aiguilles  jaune  d'or,  inso- 
lubles dans  Teau,  solubles  dans  l'alcool,  l'éther;  son  point 
de  fusion  est  138^-140^ 

Il  donne  avec  les  bases  des  sels  rouge  orangé. 

J'ai  préparé  le  sel  de  baryum  en  traitant  à  chaud  une 
solution  du  dérivé  bromonitré  par  Ba  Co*. 

Vératrol  monobromé  mononitré,  —  L'action  de  l'iodure 
de  méthyle  sur  la  pyrocatéchine  nitrée  4-bromée  m'a 
donné  un  vératrol  monobromé  mononitré.  Aiguilles 
jaune  pâle,  fusibles  à  lll'*-112^ 

Vératrol   mononitré    S-dibromé  :  C*II.  (OCH»)«—  AzO» 

(3) 

—  Br".  —  J'ai  obtenu  ce  corps  dans  deux  réactions  diffé- 
rentes : 

1"  Action  du  brome  au  réfrigérant  à  reflux  et  à  la  tem- 
pérature du  bain-marie  sur  une  solution  de  vératrol 
nitré  3-  dans  l'acide  acétique  ; 

2*  Action  de  l'acide  nitrique  fumant  sur  le  vératrol 
dibromé. 

Le  vératrol  mononitré  dibromé  est  en  petits  cristaux 
prismatiques  groupés  en  faisceaux  ou  en  petites  masses 
dentelées  de  couleur  jaune  très  pale. 

Il  est  peu  soluble  dans  l'alcool  froid,  plus  à  chaud.  Son 
point  de  fusion  est  149**- 150*. 

3**    ACTION    DE    l'acide     SULFURIQUE    SUR    LA    PYROCATÉCHINE 

J'ai  fait  réagir  sur  la  pyrocatéchine  l'acide  sulfurique 
ordinaire,  puis  l'acide  sulfurique  à  30  p.  100  d'anhydride; 
dans  le  premier  cas,  j'ai  obtenu  un  acide  pyrocatéchine 
monosulfurique  ;  dans  le  second  cas,  un  acide  pyrocaté- 
chinedisulfonique. 

Acide  pyrocatéchinemonosulfonique  :  C*H* — OII — OH 

—  SO' — H.  —  J'ai  obtenu  ce  corps  en  traitant  une  partie 

(3) 

de  pyrocatéchine  par  deul  parties  d'acide  sulfurique  ordi- 
naire, soit  à  la  température  ordinaire,  soit  au  bain-marie. 
Dans  le  premier  cas,  la  réaction  n'est  terminée  qu'au 


—  iÛ6  — 

bout  de  quelques  jours;  dans  le  second  cas,  quelques 
heures  suffirent.  Le  mélange  est  dissous  dans  Teau  et 
traité  à  chaud  par  le  carbonate  de  baryum  qui  élimine 
l'acide  sulfurique;  la  liqueur,  filtrée  et  concentrée,  donne 
le  sel  de  baryum  disulfoné;  avec  ce  sel,  je  prépare  Tacide 
au  moyen  de  l'acide  sulfurique. 

L'acide  est  une  masse  radiée,  très  altérable,  déliques- 
cente ;  le  point  du  fusion  est  52^-54**. 

Le  sel  de  potassium  C®IPO* — 80*K  est  blanc,  très 
solublc  dans  l'eau,  peu  soluble  dans  l'alcool. 

Le  sel  de  baryum  (C«irO*  —  S0';)'Ba  +  4  H»0  est  en 
prismes  incolores  groupés  en  faisceaux;  il  est  soluble 
dans  l'eau  froide,  plus  dans  l'eau  chaude. 

Constitution.  —  Barth  et  Schmidt  (1)  ont  obtenu  l'acide 
C«H'0'  — SO'H;  d'autre  part,  comme  il  n'y  a  que  deux 

(4) 

isomères  possibles  pour  un  acide  pyrocatéchinemonosul- 
fonique  et  que  l'acide  préparé  par  moi  est  différent  de 
celui  de  Bacth  et  Schmidt,  l'acide  que  j'ai  obtenu  a  pour 
formule:  C«H»0«  — SO'Il. 

(3) 

Acide   pyrocatéchinedisulfonique   :     C*  II*  0"  —  SO*  H 

—  SO'H.  —  Je  chauffe  au  bain-marie  5»*"  de  pvrocatéchine 

et  208'  d'acide  sulfuriqtie  à  30  p.  100  d'anhydride,  au  bout 
de  quelque  temps  le  mélange  se  prend  en  masse  ;  je  trans- 
forme le  tout  en  sel  de  potassium  par  le  carbonate  de 
potassium  et  sépare  le  sulfate  de  potassium  par  cristaUi- 
sation  dans  l'alcool  étendu,  puis  dans  l'eau. 

Le  sel  de  potassium,  traité  par  l'acide  sulfurique,  donne 
l'acide  qui  forme  une  masse  cristalline  radiée  très  soluble 
dans  l'eau  et  altérable. 

Le  sel  de  potassium  C'H*0*(SO»Kj«  +  II«0  est  en 
prismes  allongés  blancs,  solubles  dans  l'eau. 

Le  sel  de  baryum  C'H*0"  — (SO')"Ba  est  en  petits 
prismes  groupés  en  étoiles  et  presque  insolubles  dans 
l'eau  froide. 

(1)  Berichte,  t.  XIX,  p.  1260. 


—  107  — 

REVUE  SPÉCIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  PHARMACIE  ET  DE  CHIMIE. 


Pharmacie. 


Sur  la  présence  de  glutamine  et  d*un  corps  azoté  nou- 
veau. «  la  ricidine  »,  dans  les  pousses  étiolées  du  ricin; 

par  M.  E.  Schulze  (1).  —  On  sait  que  l'asparagine 
C*II'Az"0'  se  recontre  dans  les  jeunes  pousses  d'un 
grand  nombre  de  végétaux;  il  en  est  de  même  de  son 
homologue  supérieur  :  la  glutamine  C'H**Az'0*  que 
Schulze  et  Bosshard  ont  rencontrée  d'abord  dans  le  suc 
de  betterave,  puis  dans  les  pousses  de  citrouille  (Cucur- 
bita  Pepoj,  Schulze  a  constaté  la  présence  de  la  gluta- 
mine dans  les  pousses  de  beaucoup  d'autres  végétaux  et 
en  particulier  du  ricin. 

Mais,  outre  la  glutamine,  les  pousses  étiolées  du  ricin 
renferment  encore  un  composé  azoté  cristallisablc  que 
Schulze  a  désigné  sous  le  nom  de  ricidine.  Pour  le  pré- 
parer, on  épuise  les  germes  desséchés  et  pulvérisés  par 
de  l'alcool  à  95®  bouillant,  on  distille  pour  retirer  l'alcool, 
on  reprend  le  résidu  par  l'eau,  on  clarifie  le  liquide 
trouble  par  addition  de  tannin  et  de  sous-acétate  do 
plomb,  on  filtre  et  après  élimination  du  plomb  à  l'aide  de» 
l'hydrogène  sulfuré,  on  évapore  à  un  faible  volume.  Par 
le  repos,  la  ricidine  se  sépare  sous  forme  de  cristaux 
jaunâtres  ou  brunâtres.  On  les  purifie  par  cristallisation 
dans  l'eau  en  s'aidant  du  noir  animal. 

La  ricidine  cristallise  en  petits  prismes  incolores,  fon- 
dant à  193°.  Sa  composition  centésimale  répond  à  la  for- 
mule C"IP>Az»OV 

La  solution  aqueuse  de  ricidine  ne  précipite  ni  par  le 

(1)  Uebcr  die  Vcrbreitung  des  Glutamins  in  den  Pflanzen  ;  Ber.  d,  d.  chem. 
Gessllsch.y  XXIX,  p.  1882,  1896,  et  Ueber  einen  stickstoffhalligcn  Bestan- 
.theil  der  keimpflanzen  Ton  Ricinus  communia;  Ber.  d.  d.  chem.,  GeselUch.y 
XXX,  p.  2197,  1897. 


—  108  — 

nitrate  mercurique,  ni  par  le  bichlorure  de  mercure,  ni 
par  le  nitrate  d'argent.  Elle  ne  précipite  par  l'acide  phos- 
photungstique    qu'après  addition  d'acide  chlorhydriquc. 

La  ricidine  est  très  stable  en  présence  des  acides.  81 
on  la  chauffe  avec  du  bichromate  de  potasse  et  de  l'acide 
sulfurique,  on  sent  une  odeur  d'acide  cyanhydrique. 
Elle  se  dissout  seulement  à  chaud  dans  la  lessive  de 
soude  étendue;  on  ne  remarque  pas  alors  de  dégagement 
d'ammoniaque. 

La  ricidine  existe  en  notable  proportion  dans  les 
pousses  du  ricin.  Des  pousses  qui  avaient  végété  quel- 
ques semaines  à  l'obscurité  ont  donné  un  rendement  de 
3,5  p.  100  pour  les  cotylédons  et  de  un  peu  plus  de 
1  p.  100  pour  la  partie  hypocotylée  et  la  racine. 

Em.  B. 

Sur  la  présence  de  la  bétaîne  dans  la  racine  de  gui- 
mauve; par  M.  N.  Orlof  (1).  —  En  fait  de  principes  azo- 
tés, on  n'a  trouvé,  jusqu'ici,  dans  la  racine  de  guimauve 
que  de  l'asparagine.  L'auteur  vient  d'en  extraire  de  la 
bétaîne  qui  est,  comme  l'on  sait,  de  la  triméthylglyco- 
lamine.  Il  l'a  obtenue  de  la  façon  suivante  : 

On  épuise  la  racine  avec  de  l'eau,  on  concentre,  on 
précipite  avec  l'acétate  basique  de  plomb,  on  enlève 
l'excès  de  plomb  avec  l'hydrogène  sulfuré.  On  évapore 
jusqu'à  un  faible  volume  et  on  laisse  reposer  pendant 
quelques  jours.  L'asparagine  cristallise.  On  sépare  celle- 
ci  et,  dans  le  liquide,  on  ajoute  de  l'azotate  mercurique 
qui  active  la  précipitation  de  l'asparagine.  On  élimine  le 
plomb  en  excès  par  l'hydrogène  sulfuré  et  l'on  additionne 
le  liquide  d'acide  azotique  et  de  phosphomolybdade  de 
soude.  Après  deux  jours  de  repos  on  rassemble  le  préci- 
pité sur  un  filtre,  on  le  lave  avec  de  l'acide  sulfurique 
très  étendu,  on  le  décompose  avec  une  solution  aqueuse 
de  baryte  caustique,  on  filtre,  on  enlève  l'excès  de 
baryte  par  un  courant  d'acide  carbonique  et  on  évapore 

(1)  Betaïa  als  Besthandlheii  der  Wurzel  von  Althœa  officinalis;  Pharm. 
Zeitschr,  fr.  Russland,  XXXVI,  p.  631,  1897. 


i 


—  109  — 

à  siccité  le  produit  filtré.  En  reprenant  le  résidu  par  de 
Talcool  et  en  distillant,  il  reste  une  matière  cristalline 
que  l'on  purifie  par  cristallisation  dans  l'alcool.  Cette 
matière  est  la  bétaïne.  Em.  B. 


Sur  la  cosine;  par  MM.  G.  Daccomo  et  Malaguini  (1). 
—  On  a  vu,  dans  un  article  précédent  (2),  que  Leichsen- 
ring,  en  1894,  avait  confirmé  quelques-uns  des  faits 
publiés  antérieurement  par  Flùckiger  et  Buri  sur  la 
cosine,  principe  cristallin  retiré  par  Merck  des  inflores- 
cences de  cousso.  C'est  ainsi  qu'il  avait  établi  définiti- 
vement que,  sous  l'influence  de  l'acide  sulfurique  étendu 
(à  15  p.  ,100),  la  cosine  donne  l'acide  isobutyrique.  On  a 
vu  aussi  que,  d'après  ce  même  chimiste,  les  propriétés 
tœnifuges  du  cousso  devaient  être  rapportées  non  à  la 
cosine,  mais  à  un  autre  principe  qu'il  a  désigné  sous  le 
nom  de  cosotoxine,  principe  qui,  en  se  dédoublant  sous 
certaines  influences,  donnerait  précisément  naissance  à 
la  susdite  cosine. 

MM.  Daccomo  et  Malaguini  viennent  de  reprendre 
l'étude  de  la  cosine,  et  le  premier  résultat  de  cette  étude 
a  été  de  constater  que  le  produit  commercial  désigné  sous 
ce  nom,  bien  que  cristallisé,  est  cependant  un  mélange 
d'au  moins  deux  principes  immédiats.  En  effet,  en  trai- 
tant ce  produit  par  de  petites  quantités  d'alcool  (méthode 
des  dissolutions  fractionnées),  ils  ont  réussi  à  le  partager 
en  deux  fractions  présentant,  après  purification  par  cris- 
tallisation dans  des  véhicules  appropriés,  des  différences 
très  nettes  en  ce  qui  concerne  leur  point  de  fusion.  L'une 
de  ces  fractions  fondait  à  105-111**,  et  l'autre,  la  princi- 
pale, à  160-161®,  tandis  que  le  produit  primitif  fondait 
à  149".  Les  auteurs  n'ont  étudié  que  la  seconde  de  ces 
fractions  qui  présente  assez  bien  les  caractères  d'une 
espèce  chimique  et  à  laquelle  ils  ont  consei*vé  le  nom  de 
cosine.  Voici  les  propriétés  de  ce  corps  : 


(1)  BoUetmo  chimico  farmaceuiico  ;  d'après  Pharmaceutische  Zeitung^ 
XLII,  p.  778,  1897. 
(S)  Joum.  de  pharm.  et  de  chim.  [6],  III,  p.  24, 1896. 


—  rio  — 

La  cosine  cristallise  en  longues  aiguilles  jaune  de 
soufre.  Si  cependant  elle  est  à  l'état  d'extrême  division 
comme  lorsqu'on  la  précipite  de  ses  solutions  alcalines 
par  un  acide,  elle  est  complètement  blanche. 

La  cosine  est  inodore  et  sa  saveur,  d'abord  nulle, 
devient  araère  au  bout  de  quelques  instants.  Elle  est 
insoluble  dans  l'eau  ;  peu  soluble  dans  l'alcool  froid  ;  un 
peu  plus  soluble  dans  l'alcool  chaud  ;  très  soluble  dans 
î'éther,  le  benzol,  l'acide  acétique,  l'acétone,  le  sulfure 
de  carbone,  le  phénol,  I'éther  acétique  et  le  toluol.  Elle 
fond  à  161°.  Chauffée  sur  une  lame  de  platine,  elle  se 
résout  en  un  liquide  rouge  sang,  qui,  chauffé  davantage, 
répand  des  vapeurs  à  odeur  d'acide  butyrique;  enfin, 
elle  brûle  sans  laisser  de  résidu. 

La  cosine  se  dissout  en  très  petite  proportion  dans  une 
solution  froide  de  carbonate  de  soude.  Elle  se  dissout, 
au  contraire,  abondamment  à  chaud  et  se  précipite  par 
refroidissement.  Elle  se  dissout  très  facilement  dans  la 
lessive  de  soude,  même  fortement  diluée,  qui  prend,  au 
bout  de  quelque  temps,  une  teinte  violette.  Si  Ton  ajoute 
un  acide  à  cette  solution,  la  cosine  se  précipite  inaltérée. 
Mais  si  on  fait  bouillir  la  solution  alcaline  et  si  on  aci- 
difie ensuite,  on  sent  nettement  l'odeur  d  acide  butyrique, 
ce  qui  indique  que  la  cosine  a  été  décomposée. 

La  solution  alcoolique  de  cosine  additionnée  de  per- 
chlorure  de  fer  prend  une  teinte  violette  qui  passe  rapi- 
dement au  rouge. 

L'acétate  de  cuivre  ne  précipite  pas  la  solution  éthérée 
de  cosine.  La  cosine  ne  réduit  pas  la  liqueur  de  Fehling, 
mais  réduit  immédiatement  la  solution  d'argent  ammo- 
niacale avec  formation  d'argent  métallique  qui  fonne 
miroir  sur  la  paroi  du  tube. 

La  cosine  ne  réagit  pas  sur  l'hydroxylamine,  mais, 
traitée  à  froid  par  la  phénylhydrazine,  elle  donne  des 
produits  de  condensation. 

Les  auteurs  ont  réussi  à  préparer  une  triacétylcosine 
et  une  tribenzoïlcosine. 

En  se  basant  sur  la   composition  élémentaire  de  la 


—  111  — 

cosine  et  sur  le  poids  moléculaire  calculé  d'après  la  mé- 
thode cryoscopique,  ils  lui  attribuent  la  formule  C"II"0\ 
alors  que  Leichsenring  avait  donné  C"H*"0'. 

La  cosine  est  facilement  oxydée  en  solution  alcaline 
par  les  agents  ordinaires  d'oxydation.  Avec  le  perman- 
ganate de  potasse,  on  obtient  de  l'acide  oxalique,  un  acide 
volatil  à  odeur  d'acide  butyrique  et  une  substance  rési- 
neuse. Avec  le  brome,  il  se  forme  du  bromoforme.  de 
l'acide  isobutyrique  et  une  substance  résineuse  à  réac- 
tion acide. 

Il  suit  de  là  que  la  cosine  se  comporte  comme  l'acide 
filicique,  avec  cette  différence  que  ce  dernier  corps  four- 
nit, outre  les  produits  d'oxydation  susnommés,  de  l'acide 
diméthylmalonique. 

En  résumé,  la  cosine  se  rapproche  de  l'acide  filicique, 
en  ce  sens  que  ces  deux  principes  se  comportent  sem- 
blablement  en  présence  des  acides,  des  alcalis,  de  la 
solution  d'argent  ammoniacal,  du  perchlorure  de  fer,  de 
la  phénylhydrazine  et  des  agents  d'oxydation. 

Mais  la  cosine  se  distingue  en  ce  qu'elle  ne  donne  pas 
la  réaction  des  p-dikétones,  qu'elle  ne  réduit  pas  la  liqueur 
de  Fehling  et  ne  réagit  pas  sur  Thydroxy lamine. 

On  peut  enfin  conclure  des  faits  ci-dessus  énoncés  que, 
selon  toute  vraisemblance,  la  cosine  renferme  trois 
hydroxyles  et  que,  dans  sa  molécule,  le  radical  isopro- 
pyle  est  lié  à  un  noyau  kétonique.  Em.  B. 

Nouvelle  méthode  d'essai  de  la  pepsine;  par  M.  A.  H. 

Allen  (1).  —  L'auteur  fait  remarquer  que  la  seule  ma- 
nière valable  d'essayer  une  pepsine  est  de  doser  la  quan- 
tité de  peptones,  ou  de  peptones  et  d'albumoses  formées 
dans  la  digestion.  Le  mode  opératoire  qu'il  préconise 
pour  arriver  à  ce  résultat  est  basé  sur  un  procédé  nou- 
veau de  séparation  des  albuminoïdes  des  substances 
azotées  non  albuminoïdes,  procédé  analogue  à  celui  dé- 
crit par  MM.  Rideal  et  Stewart  (2).  Mais  tandis  que  ces 

(1)  PharmaceuHcal  journal  y  1897,  p.  561. 

(2)  Analyst,  1897,  p.  228. 


-T^fie^ 


-  112  — 

derniers  précipitaient  les  albuminoïdes  par  un  courant  de 
chlore,  M.  Allen  remplace  le  chlore  par  l'eau  bromée. 

n  a  reconnu,  en  effet,  que  l'eau  bromée,  en  milieu 
lioUement  acidulé  par  l'acide  chlorhydrique ,  précipite 
tous  les  albuminoïdes  (albumine,  syntonine,  peptones), 
Inndis  que  les  corps  azotés  non  albuminoïdes,  tels  que  : 
nvée,  créatine,  créatinine,  tyrosine,  leucine,  etc.,  etc.,  ne 
^ont  pas  précipités. 

L'essai  comprend  trois  opérations  distinctes  : 

1"  Digestion  de  V albumine  par  la  pepsine  en  milieu 
acide; 

5"  Séparation  des  divers  produits  de  la  digestion; 
î^*^  Dosage  de  chacun  d'eux. 


1»  On  fait  digérer  à  40®,  pendant  trois  heures,  i^'d'al- 
])umine  de  l'œuf  avec  0«^^10  de  pepsine  à  essayer  dissous 
(lims  20*"*  d'eau  et  additionnés  de  25**  d'acide  chlorhy- 
drique décinormal  ; 

2*  Au  bout  de  ce  temps,  on  ajoute  une  solution  déci- 
normale  de  carbonate  de  soude  exactement  équivalente  à 
1  ai'ide  employé  et  on  chauffe  aubain-marie  à  90**  pendant 
dix  minutes.  On  laisse  refroidir,  on  dilue  à  100"  et  on 
sfcpare  le  précipité  par  filtration.  Ce  précipité,  retenu  sur 
le  filtre,  est  la  syntonine. 

Dans  50"  de  liquide  filtré,  on  précipite  les  albumoses 
par  addition  de  sulfate  de  zinc  en  poudre  jusqu'à  satu- 
ration. On  agite  de  temps  en  temps  pendant  une  demi- 
heure  et  on  filtre.  On  a  ainsi  les  albumoses  mélangées  à 
la  pepsine. 

Les  peptones  restent  dans  le  liquide  filtré  saturé  de 
Sbulfate  de  zinc.  On  les  isole  en  acidulant  le  liquide  avec 
de  l'acide  chlorhydrique  et  ajoutant  un  grand  excès  d'eau 
hromée.  Le  précipité  qui  se  forme  adhère  assez  rapide- 
mentaux  parois  du  vase.  On  décante  au  bout  d'une  demi- 
Iieure  en  filtrant  le  liquide  sur  un  tampon  de  coton  de 
verre  ou  d'amiante;  on  lave  le  précipité  adhérent  au  vase 
avec  de  l'eau  distillée  froide  et,  à  la  fin,  on  joint  le  tam- 


—  113  — 

pon  de  coton  au  précipité  resté  dans  le  vase  pour  le  do- 
sage ultérieur  de  l'azote. 

Le  liquide  séparé  du  précipité  des  peptones  peut 
servir  au  dosage  des  substances  azotées  non  albumi- 
noïdes. 

3**  Le  dosage  de  chacun  des  groupes  de  produits  albu- 
minoïdes  se  fait  par  la  méthode  bien  connue  de  Kjeldahl. 

On  a  eu  soin  de  doser  préalablement  Tazote  contenu 
dans  réchantillon  de  pepsine  employée.  On  a  vu  plus 
haut  que  la  pepsine  était  précipitée  en  même  temps  que 
les  albumoses,  le  chiffre  d'azote  de  la  pepsine  sera  donc 
à  retrancher  de  celui  trouvé  pour  les  mélanges  albumoses- 
pepsine  pour  l'évaluation  de  la  proportion  d'albumoses. 

B. 


Sur  les  causes  de  la  coagulation  du  lait  par  la  chaleur; 

par  M.  B.  Bardach  (1).  —  On  sait  que  lorsqu'on  chauffe 
du  lait  pendant  un  certain  temps,  ce  lait  jaunit  et  se 
coagule.  A  100^,  il  faut  de  dix  à  quinze  heures;  à  130*,  une 
heure  et  à  150**,  trois  minutes,  pour  que  la  coagulation 
se  produise.  Cazeneuve  et  Staddou  (2)  ont  constaté  que, 
sous  l'influence  prolongée  de  la  chaleur,  le  lait  devient 
acide.  Ils  ont  même  retiré  de  l'acide  formique  par  distil- 
lation de  ce  lait.  Comme,  d'autre  part,  ils  ont  établi 
qu'en  chauffant  une  solution  de  sucre  de  lait  additionné 
de  phosphate  bisodique,  le  sucre  s'oxyde  en  se  colorant 
et  en  donnant  de  l'acide  formique,  ils  en  ont  conclu,  la 
caséine  n'étant  pas  altérée  dans  les  mêmes  conditions,  que 
le  jaunissement  et  la  coagulation  du  lait  sous  l'action  de 
la  chaleur  sont  dus  uniquement  à  l'oxydation  du  sucre 
de  lait  en  présence  des  sels  alcalins  du  lait,  oxydation 
qui  donne  naissance  à  des  acides  et  à  des  produits  co- 
lorés. 


(i)  Ucber  die  Gerinnungsarsache  ehrilzter  Milch.  Sitz.  der  Wien  Akad., 
1897;  d'après  Apoth.  Zeilung,  XII,  p.  858,  1897. 
(2)  Journ.  de  pharm.  et  de  chim,  [6),  II,  p.  54,  1895. 

Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim,,  6«  SÉRIE,  t.  VII.  (!•'  février  1898.)         8 


—  114  — 

M.  Bardach  reconnnaît  qu'en  effet,  en  chauffant  pen- 
dant une  heure  à  130*,  il  se  forme  des  acides  volatils, 
mais  il  affirme  ([ue  la  quantité  en  est  trop  petite  pour 
amener  la  coagulation  du  lait.  Il  a  constaté,  d'autre  part, 
([u'en  chauffant  pendant  une  heure  à  130<*  des  solutions 
de  sucre  de  lait  et  de  phosphate  disodique,  et  en  ajou- 
tant la  solution  devenue  acide  à  du  lait,  on  n'en  déter- 
mine pas  la  coagulation.  Il  en  conclut  que,  selon  toute 
vraisemhlance,  la  formation  des  acides  fixes  ne  peut  pas 
non  plus  expli([uer  la  coagulation  du  lait  à  130*.  Il  a 
observé  aussi  ([u'en  chauffant  des  solutions  de  4«'  de 
caséine,  0^',4  de  phosphate  disodique  dans  40"  d'eau  à  130* 
pendant  une  heure,  il  se  sépare  une  masse  épaisse,  très 
cohérente,  au  milieu  d'un  liquide  très  légèrement  coloré, 
conformément  à  une  donnée  d'nammarsten,très  curieuse, 
mais  passée  inaperçue;  les  solutions  de  caséine  dans  de 
l'eau  renfermant  très  peu  de  soude  se  comportent  de 
même.  Enfin  la  coagulation  de  la  solution  de  caséine  est 
encore  plus  complète  si  on  la  mélange  avec  un  égal 
volume  d'une  solution  de  sucre  de  lait  à  10  p.  100  et  si 
on  chauffe  à  130*. 

D'après  cela  et  d'après  queliiucs  autres  recherches,  l'au- 
teur estime  que  la  coagulation  du  lait  à  130*  s'explique  par 
l'action  des  acides  formés  par  oxydation  du  sucre  de  lait 
sur  la  caséine,  qui  est  devenue  facilement  coagulahle  à 
cette  température.  Donc  il  y  aurait  action  combinée  sur 
le  sucre  de  lait  et  la  caséine.  *        Em.  B. 


Sur  la  transformation  du  lait  de  vache  en  un  lait  sem- 
blable au  lait  de  femme;  par  M.  Backhaus  (1).  —  C'est 
un  fait  bien  connu  que  le  lait  de  vache  est  moins  facile- 
ment supporté  par  les  enfants  que  le  lait  de  la  mère.  Cela 
tient  à  sa  composition,  qui  diffère  notablement  de  celle  de 
ce  dernier,  comme  le  montre  le  tableau  suivant  : 

(1)  Eine  neue  Méthode,  die  Kuhmilch  der  Frauenmilch  &hnliclier  za  gcs- 
talten.  —  Allg.  m^d,  centr.  Ztg.;  d'après  ApotK  Zeit.,  XI,  p.  792. 


—  tl5  — 

Lait  de  vache.  Lait  de  femme. 

Eau 88        p.  100  88,50  p.  iOO 

Caséine 9  0,79 

Albumine '.        0,30  0,96 

Beurre 3,50  èi  4  3,50 

Lactose 4,50  6,00^  6,25 

Sels  minéraux 0,70  0,20 

La  différence  porte  surtout  sur  la  caséine  et  sur  le  lac- 
tose. Ajoutons,  ce  qui  rend  encore  la  différence  plus 
grande,  que,  d'après  plusieurs  observateurs,  la  caséine 
du  lait  de  vache  n'est  pas  la  même  que  celle  du  lait  de 
feunne  :  la  première  étant  plus  difficile  à  digérer  que  la 
seconde. 

L'auteur  est  d'avis  qu'un  lait  préparé  avec  le  lait  de 
vache,  si  l'on  veut  qu'il  convienne  à  l'enfant,  ne  devrait 
pas  renfermer  plus  de  0,50  p.  100  de  caséine  de  ce  lait,  et 
il  pense  que  le  reste  des  matières  albuminoïdes,  soit  envi- 
ron 1,*25  p.  100,  pourrait  être  constitué  par  des  matières 
analogues  aux  peptones. 

En  conséquence,  il  propose  de  soumettre  le  lait  de 
vache  aux  traitements  suivants  : 

l*  Préparation  d'un  lait  maigre  à  l'aide  de  l'essoreuse; 

2''  Faire  agir  simultanément  à  40^  sur  ce  lait  de  la 
trypsine  (ferment  digestif  du  pancréas)  et  de  la  pré- 
sure, la  proportion  à  ajouter  de  chacun  de  ces  deux 
ferments  ayant  été  étal)lie  par  des  expériences  préa- 
lables, de  telle  sorte  que,  au  bout  de  trente  minutes,  il 
y  ait  peptonisation  ou  solubilisation  del,25  p.  100  ide  lait) 
de  matières  albuminoïdes  et  coagulation  du  reste. 

Pour  favoriser  l'action  de  la  trypsine,  il  convient  d'a- 
jouter 0,50  p.  1000  de  carbonate  de  soude  (Na'CC),  mais 
pas  davantage;  autrement  la  présure  n'agirait  pas. 

On  porte  alors  le  mélange  à  80**,  température  à  laquelle 
les  ferments  sont  détruits,  et  on  sépare  le  coagulum.  Au 
liquide,  on  ajoute  une  quantité  de  crème  telle  que  la  pro- 
portion de  beurre  se  trouve  portée  à  3,5  p.  100,  et  celle  de 
caséine  à  0,50  p.  100.  Enfin  on  fait  dissoudre  1  p.  100  de 
sucre  de  lait  et  l'on  a  ainsi,  d'après  l'auteur,  un  lait 


—  116  — 

dont  la  composition  se  rapproche  de  celle  du  lait  de  la 
femme. 

Ajoutons  que  la  coagulation  de  la  caséine  entraîne  tou- 
jours la  précipitation  d'une  certaine  proportion  de  sels 
minéraux.  Em.  B. 


Dosage  de  l'acidité  des  urines;  par  M.  Joulie  (1).  —  Les 
dt'rniers  progrès  de  la  médecine  ayant  mis  en  lumière 
1  utilité  du  dosage  de  l'acidité  des  urines,  divers  auteurs 
Htit  indiqué  des  manières  d'opérer  dont  aucune  n'a 
iloiiné  entière  satisfaction. 

Pour  arriver  à  des  résultats  constants  sur  la  même 
lU'ine  et  comparables  pour  des  urines  diverses,  M.  H.  Jou- 
li<^  pharmacien  honoraire  des  hôpitaux  et  savant  bien 
I  oanu  par  ses  belles  recherches  antérieures,  a  été  con- 
duit à  adopter  une  technique  nouvelle  qui  paraît  appelée 
;t  *''claircr  certaines  questions  d'hygiène  et  de  médecine 
rncore  fort  obscures. 

Au  lieu  de  soude  ou  de  potasse  caustiques  qui  exigent 

I  ^*mploi  d'indicateurs  colorés  ou  colorables,  dont  la  sen- 
>ihilité  laisse  beaucoup  à  désirer  lorsqu'on  opère  sur  les 
urines  plus  ou  moins  colorées  elles-mêmes  et  d'une  aci- 
ililé  généralement  très  faible,  M.  Joulie  emploie,  pour 
i^aturer  l'urine,  une  dissolution  de  sucrate  de  chaux  déci- 
nurmale,  c'est-à-dire  contenant,  par  litre,  2»^80  de  chaux, 
^uit  le  dixième  de  l'équivalent  de  la  chaux  exprimé  en 
^q^ammes. 

(Jette  solution  présente  sur  les  alcalis  caustiques,  ordi- 
iKiirement  employés,  plusieurs  avantages  précieux  : 

l"*  Elle  ne  peut  se  carbonater,  sous  l'influence  de  l'air, 
s;iîis  se  troubler.  Si  donc  son  titre  vient  à  changer,  on 
rfj  est  averti.  Il  suffît,  alors,  de  la  filtrer  et  retitrer,  pour 
fjimvoir  s'en  servir  sans  aucune  chance  d'erreur; 

'2*  L'acidité  de  l'urine  étant  due,  en  grande  partie  au 

II  loins,  à  du  phosphate  acide  de  soude,  le  titrage  à  la  solution 
lift  sucrate  de  chaux  n'exige  l'emploi  d'aucun  réactif  coloré. 

(t)  Cotte  note  a  été  présentée  par  M.  Prunier  à  l'Àcadcmic  de  médecine. 


—  117  — 

Lorsque  les  acides  libres  et  le  phosphate  acide  de  soude 
sont  saturés  par  la  chaux,  un  excès  de  celle-ci,  si  faible 
qu'il  soit,  détermine  la  précipitation  dune  petite  quan- 
tité de  phosphate  insoluble  qui  trouble  la  limpidité  de 
Turine  essayée.  Ouest  alors  averti  du  point  de  saturation, 
avec  une  précision  qui  ne  laisse  rien  à  'désirer,  pourvu 
que  l'urine  essayée  soit  parfaitement  limpide,  ce  qu'il 
est  toujours  facile  d'obtenir  en  la  filtrant  préalablement, 
si  cela  est  nécessaire. 
La  solution  de  sucrât e  de  chaux  se  prépare  avec  : 

Chaux  caustique  en  poudre 10  grammes. 

Sucre 20       — 

Eau  distillée  pour  faire  un  litre. 

Laisser  en  contact  pendant  vingt-quatre  heures  en  agi- 
tant fréquemment  et  filtrer  ensuite.  Si  la  chaiîx  employée 
est  pure  et  bien  caustique,  cette  solution  doit  être  trop 
forte.  On  en  prend  le  titre  au  moyen  de  l'acide  sulfurique 
déci-normal  et  du  tournesol  et  on  Tétend  d'eau  distillée 
bouillie  en  quantité  suiTisante  pour  qu'elle  sature  exacte- 
ment son  volume  d'acide  déci-normal.  Cette  liqueur 
correspond,  par  conséquent,  à  4'"«%9  d'acide  sulfurique 
monohydraté  par  centimètre  cube.  Son  titre  peut  être  faci- 
lement vérifié  par  précipitation  de  la  chaux  à  l'état  d'oxa- 
late  et  pesée  du  précipité  calciné  à  l'état  de  carbonate  de 
chaux  ou  de  chaux  caustique.  Pour  faire  l'essai  de  l'urine, 
on  en  prend  20**  que  l'on  met  dans  un  verre  à  saturation 
et  on  titre  avec  la  liqueur  de  sucrate,  au  moyen  d'une 
burette  de  Mohr,  jusqu'à  ce  qu'une  dernière  goutte  déter- 
mine un  trouble  persistant,  après  agitation.  Ce  trouble 
se  saisit  facilement  si  l'on  opère  sur  une  feuille  de  papier 
noir. 

La  quantité  de  sucrate  employée  doit  être  d'au  moins 
5**,  afin  que  l'erreur,  qui  ne  peut  être  que  d'une  goutte, 
ne  dépasse  pas  le  1/100  de  la  quantité  d'acide  dosée.  S'il 
en  était  autrement,  on  ajouterait  dans  le  verre  20**  d'urine 
et  on  continuerait  l'essai.  Si  nous  appelons  S  la  quantité 
de  sucrate  employée,  V  le  volume  d'urine  sur  lequel  on 


—  118  — 
,1  op^ré  et  A  Tacidité  du  litre  d'urine  exprimée  en  acide 

monoliydraté  (80*110),  on  aura  A  =  —       -   • 

Mais  la  proportion  d'eau  des  urines  est  éminemment 
v;iriable.  tandis  que  la  masse  des  déchets  organiques  qui 
si^Iiminent  par  cette  voie  dans  un  temps  donné  est  à  peu 
prés  constante  pour  le  même  individu.  Il  en  résulte  que 
Vi'  n'est  pas  l'acidité  du  litre  d'urine  qu'il  importe  de 
connaître,  mais  bien  la  proportion  d'acide  contenue  dans 
iti  matière  sèche  de  l'urine,  et  comme  cette  matière 
SI  che  est  elle-même  proportionnelle  A  l'excès  de  densité 
i\r  l'urine  sur  la  densité  de  l'eau,  il  suffira  de  multiplier 

.'     .1.  .  ,  ,.  ,     r       .  100         ^ 

lacidite  trouvée,  au  litre,  par  la  fraction  p.  -    irjp.r.*  Qî^^is 

Inquelle  D  est  la  densité  de  l'urine  prise  au  moyen  d'un 
ii^nsimètre  très  sensible,  à  la  température  même  où  se 
trouve  l'urine  au  moment  de  la  prise  d'essai  pour  le 
n[rap:e  acidimétrique.  On  obtient  ainsi  l'acidité  pour  c(Mit 
de  l'excès  de  densité  de  l'urine,  et  ce  rapport  est  caracté- 
ristique du  tempérament  de  l'individu,  s'il  est  en  bonne 
^H-mté.  ou  de  son  état  pathologique,  s'il  est  malade,  A  la 
rondition  bien  entendu,  que  l'urine  sur  laquelle  on  a 
opéré  ait  été  convenablement  choisie. 


Chimie. 

Bosage  de  rantimoine  par  voie  volumétrique;  par  M.  H. 

Causse  (l).  —  La  méthode  proposée  par  l'auteur  ramène 
le  dosage  de  ce  métalloïde  à  une  détermination  d'iode. 
F'ile  repose  sur  le  fait  suivant  :  Lorsque  l'acide  anti- 
monieux,  soit  libre  ou  combiné,  est  mis  en  présence  de 
Tacide  iodique,  ce  dernier  est  détruit,  l'acide  antimo- 
nieux  passe  intégralement  à  l'état  d'acide  antimonique . 
tandis  qu'une  quantité  d'iode  proportionnelle  au  poids 
d  acide  iodique  décomposé  est  mise  en  liberté  : 
5Sb»0«  =  2P0»  =  5Sb'05  +  2l\ 

(1)  Ac.  d,  «c,  CXXV,  20  déc.  1897. 


—  119  — 

D'après  cette  équation,  508  pailles  d'iode  correspon- 
dent à  1.460  parties  de  Sb'0%  et  1  partie  à  2,874  de 
Sb*0*,  ou  a  2,40  d'antimoine  métalloïdique. 

En  désignant  par  P  le  poids  d'iode  trouvé,  celui  de 
l'oxyde  ou  de  l'antimoine  sera  obtenu  par  l'une  des  deux 
relations  ci-après  : 

P  X  2,874  =  Sb«0»,  P  X  2,40  =  Sb. 

Les  solutions  nécessaires  pour  ce  dosage  sont  : 

1*  Une  solution  d'acide  iodique  ;  on  l'obtient  en  dissol- 
vant 508''de  cet  acide  dans  250^*^  d'eau  distillée;  on  laisse 
reposer,  on  décante  pour  séparer  l'iodate  de  baryum,  qui 
accompagne  souvent  l'acide  iodique  commercial; 

2°  Une  solution  déci-normale  d'hyposulfite  de  so- 
dium; 

3**  Une  solution  d'iodure  de  potassium  au  {-; 

4®  De  l'emploi  d'amidon  récent. 

Pratique  de  V opération.  —  L'appareil  dont  on  fait  usage 
est  celui  de  Mohr  ou  de  Frésénius  pour  les  dosages 
d'iode. 

On  introduit  dans  le  ballon  0,50  ou  0,60  d'oxyde  d'an- 
timoine, on  ajoute  20''*  à  25"  de  solution  d'acide  iodique, 
on  adapte  le  tube  à  boule  et  l'on  verse  dans  le  tube  con- 
denseur 10"  de  solution  iodurée.  On  porte  lentement  à 
l'ébullition,  le  liquide  se  colore  en  rose  et  de  l'iode  est 
mis  en  liberté;  on  maintient  l'ébullition  jusqu'à  ce  que 
le  contenu  du  ballon  soit  incolore,  et  que  la  totalité  des 
vapeurs  d'iode  ait  été  condensée  dans  le  tube.  On  déta- 
che ensuite  ce  dernier,  on  ajoute  100"  d'eau  distillée, 
2"  à  3"  d'empois  d'amidon;  la  burette  étant  garnie  d'hy- 
posulfite, on  laisse  couler  de  ce  réactif  jusqu'à  dispari- 
tion de  la  couleur  bleue  ;  on  note  le  volume  ;  en  le  mul- 
tipliant par  le  facteur  0,0127,  on  aura  le  poids  P  d'iode 
correspondant.  Il  suffira  alors  de  substituer  à  P  le  nombre 
trouvé,  dans  l'une  des  deux  relations  précédentes,  pour 
avoir  celui  de  l'oxyde  ou  de  l'antimoine. 

Une  série  de  dosages,  pratiqués  sur  l'oxyde  pur  ou  sur 
l'émétique,  a  donné  de  bon^  résultats. 


'■^f^r^^' 


—  120  — 

Ce  procédé  s'applique  à  l'antimoine  et  à  ses  combinai- 
f^(^ns.  Celles-ci,  en  effet,  peuvent  être  ramenées  à  l'état  de 
sulfure  par  Thydrogène  sulfuré;  le  sulfure  traité  par 
TiLcide  chlorhydrique,  et  ultérieurement  par  le  carbonate 
iU  sodium,  après  élimination  de  l'hydrogène  sulfuré, 
1; lisse  de  l'oxyde  qui,  débarrassé  par  lavage  des  chlo- 
rures, sera  traité  directement  par  l'acide  iodique. 

îl  est  nécessaire  d'éliminer  tous  les  acides  qui  ont  une 
;m  lion  sur  l'acide  iodique,  tels  que  les  hydracides,  l'acide 
sulfureux,  l'acide  sulfhydrique  ;  on  y  parvient  facilement 
en  passant  par  le  sulfure,  que  l'on  ramène  à  l'état 
d'oxyde. 

Enfin,  il  n'est  pas  indispensable  que  celui-ci  soit  dis- 
sous; mais  pour  assurer  la  régularité  de  l'oxydation,  on 
peut  le  transformer  en  émétique;  l'acide  tartrique  ou 
le  îdtartrate  de  potassium  n'ont  aucune  action  sur  l'acide 
indique. 

Sur  le  dosage  du  brome  et  sa  séparation  d'avec  le  chlore. 

—  Quand  on  fait  réagir  sur  le  mélange  d'un  chlorure  et 
ci  un  bromure  dissous,  le  permanganate  de  potassium,  en 
s»'  iilaçant  dans  des  conditions  particulières,  le  chlorure 
reste  inattaqué  tandis  que  le  bromure  est  oxydée  et  trans- 
fiirnié  en  bromate;  celui-ci  à  son  tour  est  décomposé  en 
diamant  du  brome  qui  peut  être  entraîné  par  un  courant 
d  air  ou  volatilisé  par  distillation.  Les  conditions  favo- 
rables à  cette  séparation  ont  été  étudiées  à  plusieurs 
reprises. 

Primitivement  on  opérait  en  liqueur  rendue  acide  soit 
p:tr  le  sulfate  acide  de  potassium,  soit  par  l'acide  acé- 
tique. 

MM.  H.  Baubigny  et  P.  Rivais  (1)  ont  montré  qu'on 
donnait  à  cette  méthode  son  maximum  de  sensibilité  et 
qu'on  obtenait  une  séparation  complète  lorsqu'on  opérait 
eu  présence  du  sulfate  de  cuivre  et  en  liqueur  neutre,  le 

(I)  Compt.  rend.  Acad.  d,  se,  t.  CXXIV,  p.  859  et  p.  954;  t.  CXXV, 
p,  607  et  p.  654. 


\ 


—  121  — 

bromate  de   cuivre  donnant  facilement  naissance  à  du 
brome  et  à  un  sulfate  basique  de  cuivre. 

MM.  P.  Jannach  et  E.  Kôlitz  (1)  ont  été  amenés  récem- 
ment à  étudier  le  rôle  que  pouvait  jouer  dans  cette  réac- 
tion les  sels  alcalins  tels  que  les  acétates  les  azotates  et 
les  sulfates  en  solution  soit  neutre,  soit  acide. 

Ils  ont  observée  que  la  présence  des  sulfates  ou  celle  des 
azotates  alcalins  neutres  n'entravent  pas  la  mise  en  liber- 
té du  brome,  mais  qu'au  contraire  la  présence  des  acér 
tates  alcalins  neutres  l'empêchent  presque  complètement. 
Ils  conseillent  donc,  lorsqu'on  doit  opérer  en  présence 
d'un  excès  d'acide  acétique  et  distiller  le  brome  vers  60** 
dans  un  courant  d'air,  de  n'ajouter  l'acide  acétique  qu'a- 
près avoir  préalablement  (si  la  réaction  du  bromure  n'est 
pas  acide)  neutralisé  la  liqueur  par  l'acide  azotique  ou 
l'avoir  légèrement  acidulée  par  l'acide  sulfurique  :  de 
cette  façon  la  liqueur  ne  peut  pas  renfermer  d'acétate 
alcalin,  elle  ne  renferme  que  de  l'acide  acétique  libre. 

E.  Leidié. 


Sur   le   dosage   du  permanganate   de   potassium;  par 

MM.  II.  N.  Morse  et  A.  D.  Chambers  (2).  —  Cette  nouvelle 
méthode  est  basée  sur  la  réaction  suivante  déjà  connue  : 
2KMnO*  -f  3SH«0*  -f  SH«0*  =  2MnS0*  +  SK*0*  +  SO'. 
Si  l'on  emploie  exactement  deux  molécules  de  perman- 
ganate de  potassium  pour,  trois  molécules  diacide  sulfu- 
rique et  un  excès  d'eau  oxygénée,  on  voit  que  lorsque  la 
réaction  est  terminée,  par  suite  de  la  formation  du  sulfate 
manganeux  et  de  sulfate  neutre  de  potassium,  tout  acide 
libre  a  disparu  de  la  liqueur;  dans  la  pratique,  on  emploie 
un  excès  connu  d'acide  sulfurique  et  on  en  dose  la  quan- 
tité non  employée.  Voici  la  pratique  de  l'opération.  On 
prend  un  volume  connu  d'un  acide  sulfurique  dilué  (nor- 
mal par  exemple)  que  l'on  a  titré  par  la  méthode  du  sul- 
fate de  baryum;  on  y  ajoute  un  volume  déterminé  de  la 


(1)  Zeit.  fur  anorg,  Chemic,  t.  XV,  p.  66  (1897). 

(2)  American  Chemical  Journal,  i.  XVIII,  p    236. 


—  122  — 

solution  de  permanganate  à  titrer,  puis  de  Teau  oxygénée 
neutre  (obtenue  en  agitant  l'eau  oxygénée  du  commerce 
avec  de  loxyde  de  zinc  calciné  puis  filtrant  sur  de  Ta- 
mianthe).  Si  l'acide  sulfuritjue  et  Teau  oxygénée  ont  été 
employés  en  excès,  la  liqueur,  lorsque  tout  dégagement 
d'oxygène  aura  cessé,  devra  être  incolore  (sinon  on  ajou- 
terait un  nouveau  volume  d'acide  et  de  nouvelle  eau  oxy- 
génée). Au  moyen  d'une  solution  titrée  de  soude,  on  dose 
l'acide  libre  contenu  dans  la  liqueur.  Par  une  proportion 
calculée  sur  l'équation,  précédente  on  déduit  la  quantité 
de  permanganate  d'après  la  quantité  d'acide  sulfurique 
employé.  E.  Leidié. 

Sur  rexistence  d*uii  sulfate  cuivreux;  par  M,  A.  Joan- 

Nis  (1).  —  On  ne  connaît  qu'un  petit  nombre  de  sels  cui- 
vreux :  quand  on  traite  en  effet  par  un  acide  l'oxydule 
de  cuivre,  il  se  dédouble  le  plus  souvent  en  cuivre 
métallique  et  en  oxyde  cuivrique;  d'autre  part,  les  sels 
cuivriques  auxquels  ne  correspondent  pas  de  sels  cuivreux 
connus  ne  sont  pas  réduits  à  cet  état  par  une  digestion 
avec  du  cuivre  métallique. 

On  peut  cependant  préparer  une  solution  de  sulfate 
cuivreux  et  montrer  l'existence  de  ce  sel  à  l'aide  des 
expériences  suivantes  : 

i.  Dans  un  tube  contenant  une  solution  de  sulfate  de  cuivre  et  du  cuivre 
•déposé  par  électrolyse  sur  une  lame  de  platine,  on  fait  arriver  de  l'oxyde  de 
carbone.  Ce  gaz  est  absorbé  très  lentement,  en  mémo  temps  que  le  cuivre 
disparaît  sur  la  lame  de  platine  vers  le  niveau  oti  elle  émerge  de  la  solution, 
mais  un  peu  au-dessous.  En  outre,  la  solution  devient  incolore.  La  même 
action  se  produit  aussi,  mais  plus  lentement,  en  présence  d'un  excès  notable 
d'acide  sulfurique  étendu. 

2.  La  même  expérience  réussit  encore  si  l'on  remplace  le  cuivre  électroly- 
tique  déposé  sur  la  lame  de  platine  par  du  cuivre  précipité  d'une  solution  de 
sulfate  de  cuivre  à  raide  de  fer  ou  de  zinc  purs.  L'absorption  semble  un  peu 
plus  rapide  que  précédemment. 

3,  On  peut  encore  remplacer  le  mélange  de  cuivre  électroly tique  ou  préci- 
pité et  de  sulfate  de  cuivre  par  le  produit  obtenu  en  traitant  de  l'oxydule  do 
cuivre  par  une  quantité  équivalente  d'acide  sulfurique  étendu;  on  a  ainsi  un 
mélange  de  sulfate  de  cuivre  très  divisé,  en  proportions  bien  connues. 

(i)  Ac.  d.  «c,  CXXV,  948,  6  déc.  1897. 


—  123  — 

Toutes  ces  actions  sont  extrêmement  lentes.  L'oxyde  de 
carbone  agit  dans  ces  conditions  pour  faciliter  la  forma- 
tion du  sulfate  cuivreux,  parce  qu'il  est  capable  de  se 
combiner  avec  lui  :  il  apporte  ainsi  une  dose  d'énergie 
auxiliaire  suffisante  pour  rendre  possible  la  réduction  du 
sulfate  cuivreux  par  le  cuivre. 

Les  huiles  essentielles  au  point  de  vue  chimique  et 
industriel;  par  M.  Duyk  (1)  (Suite), 

yCOU  (1) 

Vanilliiip.  —  La  vanilline  C*H*^OCH'  (3)  est  un  corps 

\0H  (4) 
dont  les  fonctions  aldéhydiques  sont  prononcées  :  elle  se 
combine  en  effet  aux  bisulfites  alcalins  ;  elle  forme  en 
outre  des  hydrazones  et  des  oximes  avec  les  réactifs  qui 
engendrent  ces  corps.  Cette  substance  se  présente  sous 
Taspect  d'aiguilles  blanches,  répandant  une  odeur  suave 
de  vanille;  c'est  elle  qui  constitue,  en  grande  partie,  le 
givre  qui  recouvre  les  gousses  de  vanille.  Elle  fond  à 
80-8 i^  et  distille  difficilement  à  280^  Elle  est  très  solu- 
ble  dans  l'eau  bouillante  d'où  elle  se  sépare  à  froid  ;  dans 
l'alcool  et  Téther.  Le  perchlorure  de  fer  la  bleuit  ;  l'acide 
azotique  la  transforme  en  un  mélange  d'acide  oxalique  et 
d'acide  picrique. 

Pour  la  préparer,  on  peut  partir  de  la  conférine  (alcool 
coniferylique),  du  gaïacol,  de  l'eugénol,  qui  renferment 
dans  leurs  molécules  les  éléments  nécessaires  à  la  consti- 
-tution  de  la  vanilline. 

Le  procédé  qui  a  donné  lieu  au  plus  grand  nombre  de 
brevets  consiste  en  l'oxydation  de  l'eugénol  ou  même  de 
«on  isomère,  l'isoeugénol.  Le  meilleur  moyen  d'obtenir 
celui-ci  consiste,  d'après  Tiemann,  à  dissoudre  12«^5  de 
potasse  caustique  dans  l'alcool  amylique,  puis  de  faire 
bouillir  la  solution  filtrée  pendant  16  à  20  heures  à  140* 
^vec  b*^  d'eugénol.  L'isoeugénol  qui  se  précipite  est  lavé 

(1)  Joum.  de  Pharm,  et  de  Chim.  [6],  IV,  38,  206,  303,  359,  453,  49i, 
499;  VII,  74. 


^^■^'^^^w^^^ 


—  124  — 

au  carbonate  sodique,  puis  distillé  dans  un  courant  de 
vapeur.  Redissolvant  ce  corps  dans  la  soude,  on  traite  le 
sel  ainsi  formé  par  un  agent  oxydant  actif,  bioxyde  de 
sodium,  permanganate  de  potasse,  en  présence  d'alcali  ou 
de  terre  alcaline  (Haarman  et  Reiraer)  ;  ou  bien  on  ac^ti- 
lifîe  risoeugénol  et  on  oxyde  l'acide  eugén(«l-acétique 
produit,  de  façon  à  obtenir  Tacide  vanillin-acétique  que 
l'on  saponifie  ensuite  sous  pression  par  un  alcali.  Dans 
les  deux  cas,  Taldéhydate  sodique  formé  est  décomposé 
par  un  acide  fort  qui  précipite  la  vanilline  qu'il  est  facile 
de  purifier  ensuite. 

Essence  de  sassafras.  —  Celte  essence,  que  les  phar- 
macologues  américains  ont  inscrite  dans  le  Codex  des 
États-Unis,  constitue  la  matière  première  servant  à  la 
préparation  du  pipéronal  connu  en  parfumerie  sous  le 
nom  d''héliotr opine. 

On  l'obtient  en  distillant  les  écorces,  le  bois  et  les 
racines  d'un  arbre  de  la  famille  des  laurinées  le  Laurus 
sassafras.  C'est  un  liquide  très  réfringent,  jaune  rougeâtre 
à  l'état  brut,  incolore  lorsqu'il  est  récemment  redistillé. 
Sa  densité  est  égale  à  1,070  à  1,090;  il  est  soluble  dans 
Talcoolet  le  sulfure  de  carbone;  il  doit  ses  propriétés  à 
un  composé  pbénolique,  le  safrol. 

/(0O\ 

Le  safrol  ou  sikmiol  C  II'^(2)  O/^  qui  existe 

\(4)  CH»KH=CH* 
dans  l'essence  de  camphre  du  Japon  et  dans  le  fruit 
de  Vlllicîum  religiosum,  est  l'allyl-méthylène  pyrocaté- 
chine.  Il  constitue  la  presque  totalité  de  l'essence  de 
sassafras,  où  il  se  trouve  associé  à  une  petite  quantité 
d'un  hydrocarbure,  le  safrène  (C***H*'). 

A  l'état  de  pureté,  il  se  présente  sous  l'aspect  d'un 
liquide  incolore,  fortement  réfringent,  sans  action  sur  le 
plan  de  polarisation  de  la  lumière.  Sa  densité  =  1,1141. 
Il  bout  entre  231  —  235*.  Le  commerce  fournit  presque 
toujours  sous  le  nom  d'essence  de  sassafras,  du  safrol 
pur.  Récemment,  M.  Moureu  est  parvenu  à  l'obtenir  en 


—  125  — 

partant  de  Tacide  homocaféique  C«H*^2  0/ 

M  CH=C— CO'H 
I 

CH» 
préparé  lui-même  au  moyen  de  pipéronal.  Or,  celui-ci  à 
son  tour,  en  réagissant  sur  le  perchlorure  de  phosphore, 
donne  naissance  à  un  composé  bichloré  que  TébuUiton 
transforme  en  aldéhyde  protocatéchique  (Fittig  et  Remsen); 
le  safrol  renferme  donc  les  éléments  de  la  pyrocatéchine. 

De  même  que  Teugénol,  le  safrol  est  facilement  trans- 
formé en  l'isomère  iso^  lorsqu'on  le  fait  bouillir  avec  une 
solution  alcaline  alcoolique.  Le  safrol  n'est  pas  attaqué 
par  une  solution  aqueuse  concentrée  de  soude  caustique, 
même  à  Fébullition.  La  solution  caustique  se  colore 
néanmoins  fortement  en  brun. 

Pipéronal.  —  C'est  l'aldéhyde  méthylène  protocaté- 
chique ou  aldéhyde  pipéronylique. 

On  le  rencontre  à  l'état  naturel  dans  les  fleurs  de  l'hé- 
liotrope, de  là  le  nom  d'héliotropine,  sous  lequel  il  est 
connu  dans  le  commerce.  Il  paraîtrait  que  Ton  peut 
retirer  d'une  quantité  de  fleurs  croissant  sur  un  hectare 
de  terrain,  6*»'  d'héliotropine,  revenant  à  500  francs  le 
kilogramme.  Depuis  que  Ton  fabrique  artificiellement  ce 
parfum,  son  prix  a  diminué  de  beaucoup.  Dans  le  prin- 
cipe, on  l'obtenait  en  oxydant  Vacide  pipérique  par  une 
solution  alcaline  de  permanganate,  à  froid. 

L'acide  pipérique  provient  du  dédoublement  de  la  pipé- 
rine,  alcaloïde  que  l'on  rencontre  dans  le  poivre,  sous 
l'influence  de  la  potasse  à  Tébullition;  il  se  fait  de  la 
pipéridine  et  de  l'acide  pipérique. 

Actuellement,  on  attaque  le  safrol  par  le  mélange  chro- 
mique  à  froid,  le  chaînon  allylique  est  oxydé  et  il  se 
forme  un  mélange  d'aldéhyde  pipéronylique  et  d'aldé- 
hyde ordinaire. 


~  126  — 

On  épuise  au  moyen  de  Téther,  on  évapore  et  on  agite 
le  résidu  avec  du  bisulfite  de  soude  qui  s'empare  de  Tal- 
déhyde  pipéronylique.  On  isole  le  pipéronal  en  traitant 
sa  combinaison  bisulfitique  par  un  acide  dilué. 

Le  pipéronal  est  constitué  par  des  cristaux  en  paillettes, 
blancs,  d'odeur  très  agréable.  Il  fond  à  37°  et  bout  à  263*. 
Il  est  très  soluble  dans  l'alcool  et  Téther. 

On  a  signalé  l'addition  frauduleuse  de  Tantifébrine  aux 
parfums  tels  que  la  vanilline,  Théliotropine,  la  couma- 
rine.  Pour  rechercher  ce  corps,  on  utilisera  d'abord  la 
propriété  qu'il  a  de  dégager  une  odeur  infecte  caracté- 
ristique (phényl-isocyanide)  lorsqu'on  le  chauffe  avec  du 
chloroforme  et  de  la  potasse.  On  peut  prendre  ensuite  le 
point  de  fusion  du  produit  suspect.  (L'antifébrine  fond 
à  1120.) 

Essence  de  persil.  —  Lorsque  l'on  traite  les  fruits  du 
persil,  i4piu7TipefroseZinium,  moulus  et  pulvérisés,  pajua 
courant  de  vapeur  d'eau,  on  obtient  de  5  à  6  p.  100  d'une 
essence  incolore,  fortement  réfringente,  dont  la  densité 
=  1,0515  à  12°.  Elle  est  soluble  dans  tous  les  dissolvants 
ordinaires  des  essences.  L'eau  en  dissout  à  15°,  2«'",30  par 
litre.  Les  solutions  alcalines  ne  l'attaquent  pas;  l'acide 
sulfurique  la  colore  en  rouge  sang. 

Elle  est  composée  d'un  terpène  (G*® H**)  bouillant  à  160- 
Ifôo  dont  la  densité  à  12*=  0,865,  le  pouvoir  rotatoire 
(a)  d  =  —  300,6  et  d'un  composé  phénolique  (stéaroptèue) 
que  l'on  peut  en  séparer  en  soumettant  l'essence  à  une 
réfrigération  suffisante.  MM.  Ciamician  et  Silber  lui  ont 
attribué  la  formule 

^  ^^       ^")0-CH» 
(o  — CH» 

Ce  qui  en  fait  un  dérivé  méthylène  diméthylé  de  Tallyl- 
apionol,  l'apionol  étant  un  phénol  tétratomique  hypothé- 
tique. 
Ce  composé,  auquel  on  a  donné  le  nom  d'apioZ,  cristal- 


—  127  — 

lise  sous  forme  d'aiguilles  blanches,  fusibles  vers  33*  C, 
inodores  (contrairement  à  Popinion  de  Fluckiger  qui  lui 
attribuait  une  forte  odeur  de  persil)  et  insipides.  C'est  à 
lui  que  l'essence  doit  de  se  colorer  en  rouge  au  contact  de 
Tacide  sulfurique.  On  rencontre  ce  corps  dans  le  com- 
merce de  la  droguerie,  où  on  le  connaît  sous  le  nom 
d^apiol  cristallisé. 

Il  faut  se  garder  de  le  confondre  avec  Vapiol  dit  offi- 
cinal qui  est  une  préparation  complexe,  de  composition 
fort  inconstante  et  constituée  par  un  mélange  d'essence 
de  persil,  de  matières  grasses  et  de  chlorophyle  (1). 


Microchimie  de  l'antifébrine  de  Texalgine,  de  la  phéna- 
cétine  et  de  la  méthacétine  (2).  —  Antifébrine,  —  La 
substance  à  examiner  est  d'abord  dissoute  dans  la  plus 
petite  quantité  possible  d'acide  chlorhydrique.  Une  goutte 
de  cette  solution  est  déposée  sur  la  plaque  de  verre.  Si  on 
ajoute  à  cette  goutte  une  minime  portion  de  bromure  de 
sodium  en  solution  ainsi  qu'un  tout  petit  cristal  de  chlo- 
rate de  potasse,  on  voit  se  produire  un  précipité  amorphe. 
Par  l'addition  à  ce  précipité  d'une  goutte  d'alcool  à 
20  p.  100,  des  gerbes  de  cristaux  aiguillés  apparaissent  : 
c'est  lantifebrine. 

Exalgine.  —  L'exalgine  se  reconnaît  de  la  mjmière 
suivante  : 

Lîi  goutte  de  solution  chlorhydrique  est  mise  sur  la 
plaque  en  contact  avec  une  solution  saturée  d'iodure  de 
potassium  Un  précipité  amorphe  se  forme;  on  ajoute  une 
goutte  d'eau  qui  dissout  en  partie  ce  précipité.  Si  la  por- 
tion insoluble  prend  une  apparence  cristalline  avec  lames 
quadrangulaires,  on  peut  être  à  peu  près  certain  d'avoir 
affaire  à  l'exalgine.  Il  est  bonde  confirmer  cette  certitude 
par  la  contre-épreuve  suivante  : 

En  déposant  une  goutte  d'acide  chlorhydrique  concen- 

(1)  Journ,  de  Pharm,  et  de  Chim.,  («]  V.  .229,  i897. 
(2)  A.  Pannetier,  Centre  Médical,  traduit  du  The  National  Druggist  of 
Saint'Louiê. 


—  128  — 

Irè  sur  la  substance  on  voit,  dans  le  cas  de  Texalgine,  se 
fornior  sous  l'objectif  un  groupement  de  paillettes  cristal- 
lines quadrangulaires  ou  rhomboïdales. 

Phènacétine.  —  Si  à  la  solution  chlorhydrique  on  ajoute 
mw  goutte  d'alcool  à  20  p.  100,  puis  un  petit  cristal  de 
chlorate  de  potasse,  au  bout  de  quelques  minutes  un 
nuage  brillant  apparaît  d'où  se  dégagent  des  rosettes  et 
des  Ot<  aies  cristallines  formées  par  le  phènacétine. 

Cùnire-épreuve.  —  Si  à  une  autre  goutte  de  solution 
chlorhydrique  on  ajoute  une  faible  portion  d'iodure  de 
potassium  en  solution  concentrée,  on  voit  bientôt  se  déve- 
lo]ïpiM'  de  belles  et  brillantes  aiguilles  cristallines  de 
phènacétine. 

Mèthacétine.  —  On  dépose  sur  la  goutte  de  solution 
chlorhydrique  une  autre  goutte  de  solution  aqueuse 
siUur<;e  de  bichromate  de  potasse  ou  d'acide  chromique. 
Bionlôt,  une  abondance  de  cristaux  en  forme  de  croix 
s'clide  sous  le  champ  du  microscope,  c'est  la  mèthacétine. 
(yu*^lijuefois,  pour  faire  apparaître  ces  cristaux,  il  faut 
Icgèninient  chautFer,  surtout  si  on  opère  dans  une  pièce 
frui(h\' 

Couire-épreuve.  —  Une  goutte  de  la  solution  chlorhy- 
drique, en  présence  d'une  autre  goutte  de  solution  de 
ferriiyanure  de  potassium  concentrée,  donne  naissance 
à  des  cristaux  cubiques  de  couleur  jaune  d'or,  si  la  subs- 
laiicL'  examinée  est  bien  de  la  mèthacétine. 


Fermentation  alcoolique   sans  cellules   de  levure;  par 

MM.  Edouard  Buchner  et  Rudolf  Rapp  (1)  (3®  note,  suite. 
Voir  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  t.  VII,  pages 
26,  M  et  8G). 

Autres  recherches  sur  la  nature  de  la  zymase.  —  De 
nouveaux  faits  sont  venus  corroborer  la  première  hypo- 
lhés^^  que  la  puissance  fermentative  est  due  à  une 
oïiïyme  du  suc  de  levure  (2).  Nous  n'avons  pas  à  parler 

(1)  Brrichte  der  deutschen  ckemischen  Gesellschafty  t.  XXX,  p.  2671. 
{•â)  M.  E.  Duclaux   {Ann.   Pasteur,  XI,   1897,  348),  pense  que   l'on  doit 
çneore   admettre  rexistcncc  dans  la  levura    d'enzymes  spéciaux  fournissant 


■^f.  ■•^■^T--r 


—  129  — 

(l'un  véritable  isolement  de  la  zymase,  car  le  suc  exprimé 
contient  encore  d'autres  enzymes,  en  particulier  l'inver- 
tine  et  des  enzymes  peptiques.  Cependant,  on  peut  assu- 
rer de  nouveau  que  le  précipité  obtenu  par  introduction 
du  suc  de  levure  dans  12  volumes  d'alcool  absolu  et 
débarrassé  le  plus  rapidement  possible  dans  le  vide  de 
l'alcool,  possède  encore  le  pouvoir  de  faire  fermenter.  Si 
la  puissance  fermentative  ne  diminuait  pas  beaucoup  par 
cette  opération,  comme  cela  semble  malheureusement 
être  le  cas,  ce  serait  le  premier  pas  vers  un  isolement 
complet  du  corps  actif.  Le  suc  exprimé,  desséché  dans  le 
vide  à  35*  et  enfermé  dans  un  tube  scellé  à  la  lampe,  où 
on  a  fait  le  vide,  conserve  pendant  cinq  mois  le  pouvoii* 
de  faire  fermenter.  Comme  on  sait,  la  levure  chauffée 
pendant  six  heures  à  30®,  et  qui,  après  ce  traitement,  n'est 
plus  capable  dé  se  développer,  conserve  encore  le  pou- 
voir de  faire  fermenter  (1),  ce  qui  est  dû  évidemment  à  la 
zymase  contenue  dans  la  levure.  M.  W.  Beijerinck  (2) 
conteste  que  cette  levure  soit  morte.  L'organisme  total 
est  mort  cependant,  en  tant  qu'organisme,  car  il  n'assi- 
mile plus  et  ne  se  développe  plus.  Si  nous  le  dissocions 
en  ses  constituants,  ceux  qui  sont  le  siège  des  fonctions 
vitales,  qui  assimilent  et  se  multiplient,  sont  tués. 

11  semble  que  les  autres  constituants  de  la  cellule,  qui 
ne  participent  pas  directement  à  l'assimilation  et  à  la 
croissance,  ne  doivent  pas  être  considérés  comme  vivants. 

Pour  ce  qui  est  de  l'action  sur  le  suc  exprimé,  des  réac- 


la  glycérine  et  Tacide  succinique  qai  forment  4  p.  100  des  produits  de  la  fer- 
mentation. En  effet,  suivant  lui,  la  zymase  décomposerait  Traisemblablement 
le  sucre  en  alcool  et  acide  carbonique,  aussi  nettement  que  les  enzymes 
bydrolysants  effectuent  leurs  décompositions.  Cependant,  comme  la  décompo- 
sition du  sucre  en  alcool  et  acide  carbonique  est  un  processus  beaucoup  plus 
compliqué  que  l'inversion  du  sucre  de  canne,  par  exemple,  il  me  semble  que 
la  présence  régulière  de  produits  accessoires  n'est  pas  bien  extraordinaire,  car 
cette  présence  est  constante  dans  tous  les  processus  chimiques  compliqués. 

(1)  BericfUe,  XXX,  1H3. 

(2)  Centralblatt  f.^  Bactériologie,  II,  abth.  3,  1897,  454. 

Journ.  d€  Pharm.  et  de  Chim.,  6»  séHiB,  t.  VII.  (!•'  février  1898  )         9 


--  130  — 

tifs  qui  empêchent  la  feimentation  de  la  levure  vivante, 
les  recherches  déjà  mentionnées  de  mon  frère  Ilans 
Bûchner  (1),  ont  montré  que  l'addition  de  sucre  de  canne 
ou  de  glucose  à  du  moût  de  brasserie,  jusqu'à  forma- 
tion d'une  solution  à  44  p.  100,  ce  qui  empêche  l'action 
à  la  température  ordinaire  de  la  levure  vivante,  n'en- 
trave nullement  la  fermentation  par  le  suc  exprimé,  même 
si  on  porte  la  solution  à  50  p.  100. 11  en  est  de  môme  avec 
la  glycérine  :  son  addition  au  moût  jusqu'à  formation 
d'une  solution  à  50  p.  100  empêche  l'action  de  la  levure 
vivante,  mais  non  celle  du  suc  exprimé. 

L'acide  cyanhydrique  agit  sur  la  zymase  comme  sur 
les  autres  enzymes,  d'une  façon  très  remarquable  (i). 
4*^*  de  suc  actif  furent  mélangés  avec  6**  d'une  solution 
aqueuse  à  2  p.  100  d'acide  cyanhydrique.  L'une  des 
moitiés  a  fut  mélangée  directement  avec  3«'  de  sucre  de 
canne;  la  seconde  moitié  b  ne  subit  le  même  traitement 
qu'après  avoir  été  traversée  pendant  une  heure  par  un 
courant  d'air.  Ensuite,  les  deux  liquides  furent  placés 
dans  un  petit  tube  en  U  fermé  à  un  bout;  a  ne  donna 
pas  de  dégagement  gazeux,  même  après  vingt-quatre 
heures;  b,  au  contj'aire,  commença  à  montrer  un  faible 
dégagement  au  bout  de  cinq  heures  et,  après  vingt-quatre 
heures,  le  côté  fermé  du  tube  en  U  était  rempli  de  gaz. 
Le  suc  exprimé,  mélangé  à  l'acide  cyanhydrique,  se 
comporte  de  môme  vis-à-vis  de  l'eau  oxygénée.  Comme 
les  autres  enzymes  (3),  ceux  qui  se  trouvent  dans  le 
suc  exprimé  provoquent  un  violent  dégagement  d'oxy- 
gène, quand  on  y  ajoute  une  solution  commerciale  d'eau 
oxygénée.  Mais  si  on  ajoute  au  suc  exprimé  une  solu- 
tion d'acide  cyanhydrique,  il  perd  toute  action  sur  l'eau 
oxygénée  et  ne  recouvre  son  activité  que  par  passage 


(1)  Mûnch.  medic.  Wochenachr.,  1897.  44. 

(8)  La  première  communication  sur  ce  sujet  est  de  C.-F.  SchOnbein.  Voycx 
sur  ce  point  la  compilation  de  E.  Schâr,  ZeiUchr,  Biologie,  1870,  467. 
(3)  Découvert  .également  par  Schônbein. 


—  131  — 

prolongé  d'un  courant  d'air.  Il  semble  ainsi  exister  une 
combinaison  additive  instable  de  l'acide  cyanhydiique 
et  des  enzymes  du  suc  de  levure,  qui  empêche  Taction 
de  ce  dernier,  mais  ([ui  est  détruite  par  passage  de  Tair 
avec  régénération  de  Tactivité.  C'est  peut-être  sur  ce  point 
que  doivent  porter  les  recherches  sur  l'individualité  chi- 
mique de  la  zymase. 

Sur  la  puissance  fermentative  du  suc  de  levure.  —  Dans 
ce  qui  suit,  on  trouvera  réunis  les  résultats  des  dosages 
d'acide  carbonique.  Tous  les  essais  (sauf  quelques-uns  du 
tableau  V),  ont  été  effectués  avec  les  produits  d'une  fabri- 
que de  levure  pressée,  de  Munich.  Ils  ont  également  tous 
été  faits  (sauf  ceux  du  tableau  I),  dans  de  petits  ballons 
d'Erlemmeyer,  de  120'*  de  capacité,  avec  40"  de  suc.  On  y 
ajoutait  les  quantités  correspondantes  de  sucre  de  canne 
finement  pulvérisé  et,  s'il  y  avait  lieu,  une. solution  arse- 
nicale, puis  on  agitait  environ  pendant  une  minute,  on 
fermait  et  on  pesait.  La  fermeture  consistait  en  un  bou- 
chon de  caoutchouc  percé  de  deux  trous.  Dans  l'un  des 
trous,  il  y  avait  un  tube  de  verre  descendant  jusqu'à  la 
surface  du  liquide  (ce  tube  servait  à  faire  passer  un  cou- 
rant d'air  pour  chasser  l'acide  carbonique  du  ballon 
quand  l'opération  était  terminée);  dans  le  second  trou, 
était  fixé  un  petit  laveur  contenant  2'"''  de  SO*H*  concentré, 
muni  à  l'autre  extrémité  d'une  petite  soupape  en  caout- 
chouc de  Bunsen. 

Déterminations  comparatives  de  la  puissance  fermentative 
d'un  même  suc  exprimé,  —  Trois  grands  ballons  d'Ei»- 
lenraeyer,  d'une  contenance  de  380**,  furent  préparés  à 
trois  jours  de  distance,  avec  150**  de  suc  frais,  60»'  de 
sucre  de  canne  (28  p.  100),  et  de  l'arsenite.  Dans  les  essais 
1,  2,  3,  on  a  employé  1  p.  100  d'arsenite  de  soude  pulvé- 
risé. Dans  le§  essais  4,  5,  6,  on  a  pris  1  p.  1(00  de  As*0' 
dissous  dans  le  carbonate  de  potasse  (soit  6,3**  d'une  solu- 
tion de  50«'  As*0'  et  50«'  K*CO'  dans  150**).  Dans  les 
essais  7,  8,  9,  on  a  mis  2  p.  100  de  As*0*  dissous  de  la 
même  façon  dans  du  carbonate  de  potasse.  L'acide  carbd- 


k 


'r^r^muFT^' 


—  132  — 

nique  contenu  dans  l'espace  vide  du  ballon  fut  chassé 
]>ar  un  courant  d'air,  dans  Tessai  1 ,  au  bout  de  vingt-quatre 
lieuresfon  a  trouvé  0«',  17  d'acide  carbonique)  ;  dans  l'essai  3, 
au  bout  de  soixante-quatre  heures  (0«%20  de  CO*);  dans 
Fessai  4,  après  quarante-cinq  heures  (0«%135  de  CO'), 
dans  l'essai  8,  après  quarante  heures  (0«%17  de  CO').Ces 
nombres  se  rapprochent  beaucoup  de.  la  moyenne  0,17. 

On  a  tenu  compte  de  ce  nombre  dans  les  autres  re- 
cherches où  Ton  n'a  pas  déterminé  directement  l'acide 
carbonique  contenu  dans  le  ballon. 

Le  tableau  suivant  indique  pour  le  même  suc  exprimé 
des  nombres  très  voisins  pour  le  pouvoir  fermentateur. 
U  montre  que  la  méthode  est  applicable.  On  peut,  au 
moyen  des  nombres  obtenus,  calculer  le  pouvoir  fermen- 
tateur  pour  10*^*  de  suc  de  levure  et  par  heure. 

Exprimé  en  grammes  d'acide  carbonique,  il  est  en 
moyenne  de  : 


Basais, 

1  à  16  heures, 

16  à  24  heures, 

24  à  40  heures. 

40  à  64  heures, 

1  à3 

0,17 

0,060 

0,020 

0,002 

4k6 

0,11 

0.010 

0,002 

— 

7  à9 

0,08 

0,016 

0,004 

— 

11  faut  remarquer  la  rapide  diminution  de  l'action  fer- 
mentative,  et  cependant  les  nombres  trouvés  pour  les 
seize  premières  heures  sont  encore  trop  faibles,  car,  au 
commencement,  ce  n'est  pas  de  l'acide  carbonique,  mais 
de  l'air  qui  s'échappe  du  ballon.  Si  on  compare,  dans  la 
mesure  du  possible,  la  puissance  fermentative  du  suc 

-avec  celle  de  la  levure  vivante,  on  remarque  une  très 
grande  différence. .  !«'  de  bonne  levure  pressée  fournit, 
dans  l'espace  de  six  heures  (à  30*  et  avec  une  solution  à 
8  p.  100  de  sucre),  environ  1«%4  d'acide  carbonique.  Comme 

-100**  de  suc  correspondent  environ  à  200«' de  levure  pres- 
sée, on  voit  que  la  puissance  fermentative  du  suc  est 
beaucoup  plus  faible!  Il  est  très  vraisemblable  qu'il  n'y  a 
pas,  dans  la  levure,  de  ê;randes  provisions  de  zymase  ;  dans 
le  suc  exprimé,  il  ne  se  forme  naturellement  pas  de 

-nouvelle  zymase,  et  celle  qui^  existe  se  détruit  rapidement. 


k 


—  133  — 
Tableau  1/ 


NUM&RO 

de 
l'essai. 

TEMPÉRA- 
TURE. 

ADDITION 

d'arsenic. 

ACIDE  CARDONIUUE, 

EN  OKAMIISS,  Âtnti 

iSheures. 

Slheures. 

Wheures. 

&iheures. 

1 

2 
3 

Chambre. 

1  p.  100 
d'arsénite 
de  soude. 

4,13 
3,90 
4,08 

4,75 
4,75 
4,84 

> 
5,27 
5,28 

» 

5,34 
5,35 

4 
5 
6 

Chambre. 

1  p.  100  As»  0» 

dissous 
dansK*C03. 

2,61 
2,69 
2,88 

2,74 
2,82 
3,04 

2,78 
2,87 
3,12 

7 
8 
9 

Cave 
(12«  à  14*). 

2p.l00A8«O» 

dissous 
dansK^CO». 

1,96 
1,90 
1,90 

2,14 
2,09 
2,10 

2,25 
2,19 
2,23 

9 

L'influence  de  la  température  sur  la  puissance  fermen- 
tative  fut  déterminée  au  moyen  d'essais  comparatifs  à 
12*»- 14®  (température  de  la  cave)  et  à  22°  (température  de 
Tétuve). 

Il  est  difficile  d'essayer  de  plus  hautes  températures,  à 
cause  de  la  mousse  abondante  développée  par  le  rapide 
dégagement  gazeux.  On  employa  une  solution  de  27  p.  100 
de  sucre  de  canne,  avec  2  p.  100  As*0'  dissous  dans  le 
carbonate  de  potasse.  L'acide  carbonique  contenu  dans  le 
ballon  ne  fut  pas  expulsé. 

Tableau  II.  —  Influence  de  la  température. 


NUMÉRO 

de  l'essai. 

TEMPÉRATURE 

ACIDE  CARBONIQUE,  EN  GRAMMES,  APRÈS           || 

6  heures. 

21  heures. 

21  heures. 

48  heures. 

10 
11 

12»  h  14* 

22» 

0,43 
0,76 

1,11 

1,01 

1,14 

1,02 

1,20 
1,07 

Ce  tableau  montre  qu'une  température  un  peu  élevée 
accélère  l'action  de  la  zymase,  mais  favorise  évidemment 
la  rapide  décomposition  de  celle-ci. 


•  »'^^^^ynr^ 


—  134  — 

An  sujet  de  rififliience  de  Faddition  d'arsénite  de  soude, 
outro  les  résultats  qui  seront  donnés  plus  tard  dans  le 
lahlt^au  VII,  on  peut  donner  ici  un  essai  spécial.  Celui-ci 
roonlre  que  l'addition  de  1  à  2  p.  100  d'acide  arsénieux 
ditisous  dans  un  excès  de  carbonate  de  potasse,  au  moins 
dans  les  premiers  moments,  reste  sans  influence  nuisible. 
On  a  opéré  avec  26  p.  100  de  saccharose,  à  la  tempéra- 
tare  de  la  chambre. 

Tableau  III.  —  Influence  de  l'addition  d'arsenic. 


NIMÉRO 

de  Tcssai. 

A8«0»  p.  100 

ACIDE  CARBONIQUE,  EN  GRAMMES,  APRÈS       | 

16  heures. 

24  heures. 

40  heures. 

12 
13 

1 

2 

0,84 
0,70 
0,82 

1,23 
0,80 
0,86 

1,81 

0,82 
0,87 

La  concentration  du"  sucre  a  une  grande  influence  sur 
la  puissance  fermentative.  Des  trois  concentrations, 
16  p.  100,  24p.  100,  40p.  100,  la  première  est  la  plus  favo- 
j'able,  la  dernière  est  déjà  nuisible  d'une  façon  évidente. 

Cf.'  fait  important  est  compréhensible  quand  on  re- 
man[ue  que  les  sels  neutres  eux  aussi,  par  exemple 
(AïlP)*SO*,  CaCl*.  agissent  défavorablement  sur  la 
Kyniase.  L'acide  carbonique  ne  fut  pas  expulsé  du  ballon. 
L'acide  arsénieux  fut  dissous  dans  le  carbonate  de  potasse. 
Tableau  IV.  —  Influence  de  la  concentration  du  sucre. 


-1 

15 
îà 

16 

TEMPÉRA- 
TURE 

Aâ20» 
piOO 

SACCHAROSE 
p.  100 

ACIDE  CARBONIQUE,  EN  GRA 

MMES,  APRÈS 

40  heures. 

16  heures. 

24  heures. 

Chambre. 

1 

16 
27 
37 

1,33 
0,70 
0,60 

1,46 
0,80 
0,72 

1,48 
0,82 
0,74 

17 

18 
10 

Cave 

(12*  à  14»). 

2 

16 
27 
37 

1,78 
0,90 
0,37 

1,84 
i,02 
0,55 

1,86 
1,07 
0.66 

—  135  — 

Pour  la  comparaison  de  la  puissance  fermentative  des 
sucs  de  levures  pressées  de  diverses  provenances,  on  a 
réuni  quelques  essais(  provenant  aussi  en  partie  d*autres 
séries  de  recherches).  Les  six  premiers,  effectués  avec  une 
levure  provenant  de  la  même  fabrique  de  Munich,  mais 
à  des  jours  différents,  ont  fourni  des  résultats  très  sem- 
blables. Dans  deux  essais  suivants  (24  et  25),  une  partie 
de  la  levure  resta  3  jours  dans  une  glacière  (à  7**,2  ou 
8°,6),  comme  cela  eut  lieu  pour  l'essai  23.  Le  suc  pressé 
ne  contenait  plus  alors  de  zymase.  Les  essais  26  et  27  ont 
été  faits  avec  le  produit  d'une  autre  fabrique  de  levure 
pressée  de  Munich;  les  essais  28  à  30  avec  le  .suc  d'une 
levure  pressée  de  céréales  de  Basse-Bavière.  Tous  les 
essais  contenaient  27  p.  100  de  saccharose,  2  p.  100  d'acide 
arsénieux  dissous  dans  un  excès  de  carbonate  de  potasse 
(qui  ne  fut  supprimé  que  dans  l'essai  30);  ils  furent  effec- 
tués à  la  température  de  la  cave,  12^  à  14°.  Il  est  à  noter 
que  la  levure  de  bière  pressée  employée  dans  les  essais  22 
et  23  fut  lavée  15  heures  avec  de  l'eau  à  la  fabrique.  Dans 
l'essai  21,  elle  le  fut  pendant  39  heures.  Cependant,  ces 
trois  essais  donnèrent  du  suc  de  même  puissance  fermen- 
tative. Il  en  résulte  que  la  zymase  ne  peut  être  retirée 
par  l'eau  de  la  levure  vivante.  (A  suivre). 

(Traduction  Marcel  Delage.) 

Sur  Taldéhydate  d'ammoniaque;  par  M.  Marcel  Delé- 
FINE  (1).  —  L'aldéhydate  a  pour  formule  (C*H'Az,  H*0)'  : 
c'est  l'hydrate  de  l'éthylidène-imine  (C'ÏI'Az)',  aupara- 
vant inconnue.  Ces  polymères  existent  dans  l'eau,  l'alcool, 
le  chloroforme,  le  benzène;  les  états polymériques  attestés 
par  la  cryoscopie  ont  des  valeurs  un  peu  différentes  que 
l'étude  du  picrate  ramène  toutes  deux  aux  formules 
trimères;  ces  polymérisations  sont  graduellement  dé- 
truites dans  les  corps  vaporisés,  à  mesure  que  la  tempé- 
rature s'élève. 

Un  réactif  coloré  de  Taldhéhyde  ordinaire;  par  M.  Louis 

(1)  Ac.  d.  «c,  CXXV,  951,  6  déc.  1897. 


—  136  — 

Simon  (1).  —  L^aldéhyde  éthylique  ordinaire  partage, 
avec  un  grand  nombre  de  corps  aldéhydiques  ou  cétoni- 
(juea,  le  propriété  de  fournir  une  belle  coloration  rouge, 
avec  le  oitroprussiale  de  sodium  et  la  potasse,  avec  ou 
sans  addition  ultérieure  d'acide  acétique.  (Réaction  de 
LegaL) 

Au  contraire,  la  réaction  suivante  parait  être  tout  à 
fait  caractéristique  : 

Si,  à  une  solution  aqucuie  élonduÊ  d'aldéhyde,  on  ajoate  quelques  gouttes 
àù  tHméthylntnine  aqueuse  pui»  quelques  gouttes  d*UDe  solution  étendue  à 
peine  colorée  t\ç  ai  trop  ni  asiate,  il  ac  développe  graduellement  une  belle 
coloration  bleue.  Celle  coloration  biDue  est  très  intense  si  la  solution  aldéhy- 
diquf^  eât  quelque  peu  coaceiilréD  (1/1000).  Elle  est  encore  très  nettement 
visible  pour  la  dilution  1/100<K»  et  parait  avoir  pour  limite  la  dilution  i/25000. 

La  sensibilité  iU  ctitte  réacliun  c^st  beaucoup  plus  grande  que  celle  de  la 
réaction  de  L^gat  appliquée  à  TaM^liyde,  et  que  celle  de  la  coloration  rouge 
obtenue  aveu  une  fucïisiue  décolorée  sans  précautions  spéciales. 

Elle  e!»t  plus  fuguue  quo  la  coloralion  de  Schiff,  c'est-à-dire  qu'elle  dispa- 
raît ^n  \ïû  quart  d' lie  tire  environ  pour  les  dilutions  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion. 

Celle  vtmcikm  paruLtt  Hre  caractéristique  de  V aldéhyde 
éiliyUque.  E\hi  n'est  fournie  par  aucun  des  corps  aldéhy- 
dii^ues  ou  rrt(nii(jues  î^uivnnts  : 

Paraldèbyde,  cliloral;  aldéhydes  formique,  propylique, 
isobuLylique,  ben^ynque  :  acétone,  mélhyléthylcétone, 
acéluphénout',  a<*elo]^ljéii()ne  bromée,  benzophénone  ; 
acide  phénylglyoxylique;  glucose  et  camphe. 

1*  L'élber  pur  ne  don  no  pas  la  coloration  bleue  ;  mais 
celle-ci  se  produit  imnn^MÎiatement  dès  que  Téther  ren- 
ferme ^^  d'aldéhyde  et,  par  conséquent,  avec  l'éther 
ordinaire  du  commerce. 

5"  L'ali'ool  pur  ne  donne  aucune  coloration,  mais  de 
ralcool  addiliunnée  d'aUbJhyde  (1"  pour  100^  d'alcool) 
fournit  une  superbe  coloration  bleue  avec  le  nitroprus- 
siate  et  la  tritnrthylamine.  Cette  coloration  parait  même 
être  un  peu  tîtable  en  présence  de  Talcool. 

3*  L'acétone  pure  donne,  avec  le  réactif,  une  colora- 
tion rouge;  cette  coloration  est  complètement  masquée 

{i}  Ac.  d,  Rc,  cxw.  ao  ûùc,  U91, 


A   llIBl.Hl  '."i^l.,< 


—  137  — 

par  la  coloration  bleue  due  à  Taldéhyde  dès  que  celle-ci 
se  trouve  dans  la  proportion  de  1*^*  par  litre  d'acétone. 

La  potasse  déplace  l'aminé  et  la  couleur  bleue  fait 
place  à  la  couleur  rouge,  due  à  la  réaction  de  Légal. 

L'acide  acétique  fait  disparaître  la  coloration  après 
avoir  produit  dans  les  solutions  concentrées  un  virage 
vers  le  violet. 

Production  d'acides  gras  volatils,  au  moyen  des  eaux  de 
désuintage  des  laines;  par  MM.  A.  et  P.  Buisine  (1).  — 
Jusqu'à  présent,  dans  les  lavages  de  laines,  on  continue 
à  utiliser  les  eaux  de  désuintage  uniquement  comme 
source  du  carbonate  de  potasse,  qu'on  obtient  par  évapo- 
ration  à  sec  de  ces  eaux  et  calcination  du  résidu  qu'elles 
fournissent. 

Aujourd'hui,  on  entrevoit,  pour  ces  acides  volatils,  des 
applications  industrielles  qui  peuvent  devenir  très  impor- 
tantes. 

Le  procédé  d'extraction  est  simple.  Il  suffit  de  distiller, 
dans  un  courant  de  vapeur  d'eau,  l'eau  de  désuintage  fer- 
mentée,  acidulée  par  une  proportion  convenable  d'acide 
sulfurique.  Les  acides  volatils  sont  entraînés  par  la  va- 
peur d'eau  et  condensés  avec  elle. 

L'eau  de  désuintage,  telle  qu'elle  arrive  de  l'atelier  de  lavage,  marquant 
généralement  10*-11<'  Baume,  est  abandonnée  à  elle-même  pendant  quelques 
jours  dans  des  citernes  spéciales.  Une  fermentation  se  déclare  durant  laquelle 
prennent  naissance,  entre  autres  choses,  des  acides  gras  volatils,  du  carbonate 
d'ammoniaque,  etc.  Ces  eaux  fournissent  le  meilleur  rendement  en  acides 
volatils  après  huit  jours  de  fermentation. 
Voici  d'ailleurs  la  composition  d'une  eau  de  désuintage  fermentée  : 

Par  litre. 
Densité 1079 

Résidu  sec 155,4 

Ammoniaque  (à  Tétat  de  carbonate).  •  •  1,5 

Azotetotal 4,5 

Carbonate  de  potasse  tout  formé 7,6 

Acides  volatils  (évalués  en  80^  H*].  .  .  .  16,0 

Matière,  grasse 15,5 

Salin  brut  (matière  minérale) 77,4 

Carbonate  de  potasse  total 65,5 

(1)  Ac.  d.  «c,  CXXV,  777, 15  nov.  1897. 


^'^''T^^^aim^^M  II  I 


1 


—  138  — 

Le  liquide  fermenté  est  porté  à  rébullition  pour  chasser  TanimoDiaque, 
^u.\&  acidulé  par  une  quantité  couTenable  d'acide  sulfurique  de  façon  à  mettre 
en  liberté  les  volatils  que  l'on  veut  séparer.  Il  est  ensuite  chauffé  dans  un 
«Durant  de  vapeur  d'eau  qui  entraîne  les  acides  Tolatils. 

Vu  ici  la  liste  de  ces  acides  et  la  proportion  suivant  laquelle  ils  entrent  dans 
le  mélange,  ainsi  que  le  rendement  rapporté  au  litre  d'eau  de  désuintage  et  à 
100  parties  du  résidu  sec  de  ces  eaux  : 

Par  Pour 

litre  d'eau         '    100  parties 
Pour  de  désuintage        du  résidu  sec 

100  parties  à  153*'  de  l'eau 

du  mélange.       du  résidu  sec.       de  désuintage. 

Adde  formique traces  9                          » 

—  acétique 60  10,7  6,9 

—  propionique.  ...  25  5,4  3,5 
-*    butyrique 5  1,3  0,8 

—  valérianique.  . .   .  4  1,2  0,7 

—  caproïque 3  1,0  0,6 

—  caprylique  ....  traces  traces  traces 

—  benzoïque 3  1,0  0,6 

i^hénol traces  traces  traces 

les  eaux  de  désuintage  provenant  de  diverses  sortes  de  laines,  prises  dans 
hb  mômes  conditions,  varient  très  peu  comme  composition. 

Entre  autres  applications,  ce  mélange  brut  d'acides  gras  volatils  est  parti- 
eii|icrement  convenable  pour  la  production  de  l'acétone,  de  la  méihylélhyl- 
-trotojie  et  des  acétones  supéiicurs  qui  entrent  dans  le  mélange  qu'on  désigne 
sokis  le  nom  à* huile  cT acétone ,  qu'on  préconise  aujourd'hui  pour  la  dénatura. 
[ma.  de  l'alcool. 

Oji  peut  isoler  complètement  ou  en  partie  l'acide  acétique  du  mélange. 

Pour  cela,  il  suffit  d'ajouter  au  mélange  des  acides,  en  solution  aqueuse, 
ÂM  carbonate  de  chaux  en  quantité  convenable,  de  façon  h  saturer  la  propor- 
Uon  d'acide  acétique  qu'on  désire  séparer.  La  chaux  se  fixe,  en  effet,  intégra- 
lement sur  l'acide  acétique  et,  en  traitant  la  solution  par  un  courant  de 
vupt^ur  d'eau,  les  acides  volatils  restés  libres  sont  entraînés  et  Ton  a  comme 
ri' si  du  de  l'acétate  de  chaux  pur. 


On  peut  donc  obtenir  ainsi,  au  moyen  des  eaux  de  dé- 
suintage des  laineSf  des  mélanges  d'acides  gras  volatils 
directement  utilisables  pour  certains  usages  particuliers, 
on  isoler  de  ce  mélange,  si  Ton  y  trouve  avantage,  de  Tacide 
acétique  pur,  et  cela  en  même  temps  que  des  quantités 
notables  d'ammoniaque  et  sans,  perdre  le  carbonate  de 
potasse,  qu'on  peut  retrouver  intégralement. 

La  matière  première  est  abondante.  Dans  les  seuls 
laviiges  des  laines  de  Roubaix  et  de  Tourcoing,  on  pro- 


—  139  — 

duit  journellement  plus  de  500*"'^  d'eau  de  désuintage.  Le 
traitement  de  ces  eaux  pourrait  fournir  environ  10^»  d'a- 
cide acétique  pur,  5  à  6''«  d'acide  propionique,  20''*  de  sul- 
fate d'ammoniaque  par  mètre  cube,  outre  le  salin  de 
potasse,  seul  produit  qu'on  retire  aujourd'hui. 


L*huile  d'olives  dans  les  conserves  alimentaires  ;  par  M.  P. 

Carles.  —  On  caractérise  les  huiles  étrangères  dans 
l'huile  d'olives  prmcipaZemeni  :  pour  celle  de  sésame,  les 
réactions  rouge  de  Baudouin  et  verte  de  Behrens  ;  pour  le 
coton,  la  réaction  noire  de  Béchi  ;  pour  l'arachide,  les 
réactions  de  Renard  et  de  Blarez;  pour  l'œillette,  la  co- 
loration changeante  de  Massie  ;  pour  le  colza,  la  colora- 
tion rouge  d'Hauchecorne. 

L'huile  d'olives  se  reconnaît  à  sa  densité  mise  en  relief 
par  Lefèvre,  réchauffement  avec  l'acide  sulfurique  re- 
commandé par  Maumené,  la  coloration  avec  l'acide  sul- 
furique et,  enfin,  l'indice  d'ode  conseillé  par  Hubl... 

Ce  dernier  caractère  se  présente  avec  une  telle  régu- 
larité, que  les  chimistes  l'invoquent  de  plus  en  plus,  et 
avec  raison,  pour  établir  la  pureté  et  l'identité  des 
huiles. 

Il  est  cependant  des  circonstances  où  l'huile  d'olives 
peut  perdre  ses  caractères  généraux  et  être  réputée  à  tort 
fraudée.  Ce  cas  se  présente,  par  exemple,  lorque  l'huile 
d'olives  est  restée  longtemps  en  contact  avec  le  poisson, 
ainsi  que  cela  se  passe  dans  les  boîtes  de  conserves  de 
sardines  en  particulier.  Dans  ces  conditions,  en  effet, 
l'huile  la  plus  pure  acquiert  les  caractères  d'un  coupage 
avec  de  l'huile  de  poisson.  Pour  s'en  convaincre,  il  n'y  a 
qu'à  prendre  une  huile  d'olives  type,  répondant  bien  à 
tous  les  caractères  généraux  décrits  plus  hauts,  et  à  la 
chauffer  longtemps  au  bain-marie  avec  des  sardines  fraî- 
ches convenablement  bien  salées.  Si,  dès  que  les  pois- 
sons sont  cuits,  on  laisse  refroidir,  on  filtre  et  on  met  la 
nouvelle  huile  en  parallèle  avec  le  témoin,  on  cons- 
tate qu'elle  a  perdu  ses  caractères  primitifs  et  pris  ceux 
d'un  coupage  avec  de  l'huile  de  poisson.  Ainsi,  colora- 


—  140  — 

lion  sulfurique,  échaufifement  au  contact  de  cet  acide, 
densité,  indice  d'iode  :  tout  a  changé,  tout  s'est  élevé. 
C'est  qu'en  réalité  l'anomalie  n'est  qu'apparente  et  que, 
sous  l'influence  de  la  chaleur  et  du  contact  prolongé  tous 
les  corps  gras  du  poisson  se  sont  dialyses,  dans  l'huile 
d'olives  et  qu'on  n'a  plus  affaire  finalement  qu'à  un  mé- 
lange des  deux. 

La  densité,  de  9155,  passe  à  9165,  et  l'indice  d'iode, 
de  83,  monte  à  89,  se  rapprochant  ainsi  de  136,  qui  est 
rindice  appliqué  par  Merckling  à  l'huile  de  poisson. 

Il  est  incontestable  que,  dans  ces  conditions,  les  réac- 
tions spéciales  à  chacune  des  huiles  végétales  étrangères 
ont  seules  une  valeur  réelle. 


BIBLIOGRAPHIE 


Traité  de  Microbiologie;  par  M.  E.  Duclaux  (1).  —  Ce 
livre  est  le  tome  l"  d'un  ouvrage  qui  comprendra  trois 
volumes.  Il  a  pour  titre  :  Microbiologie  générale. 

Le  tome  II  comprendra  l'étude  des  diastases,  des 
toxines  et  des  virus,  puis  viendront,  la  fermentation 
alcoolique  et  les  autres  fermentations. 

Ce  tome  P'  comprend  quarante  chapitres. 

Après  avoir  fait  l'historique  des  actions  de  fermenta- 
lion  et  des  différentes  inlei:prélations  données  à  ces  phé- 
nomènes depuis  l'antiquité,  l'auteur  développe  les  travaux 
et  la  théorie  de  Pasteur. 

Ce  livre  constitue  une  étude  philosophique  de  la 
microbiologie  qui,  à  peine  née,  possède  déjà  un  nombre 
immense  de  matériaux,  disséminés  dans  un  grand 
nombre  de  publications  et  de  revues,  et  dont  les  conclu- 
sions sont  souvent  différentes. 

M.  Duclaux,  avec  la  compétence  qu'on  lui  connaît, 
avec  l'habileté  d'analyste  qu'il  possède,  les  a  réunis, 
étudiés;  il  a  fait  un  choix  judicieux  des  expériences  et 

(1)  Masson  et  G%  éditeurs,  1898;  1  vol.  in-8<',  632  pages. 


—  141  — 

des  faits  observés,  et  il  les  relie  par  des  conceptions 
théoriques. 

La  morphologie  et  Tétude  des  microbes  y  forment  un 
important  chapitre. 

Les  méthodes  de  cultures  et  de  coloration,  Tétude  et  le 
choix  des  milieux  font  l'objet  de  détails  théoriques  et 
pratiques  exposés  avec  la  plus  grande  clarté. 

La  structure  des  microbes,  leur  nutrition,  les  variations 
physiologiques,  les  changements  sous  Tinfluence  des 
milieux,  la  vie  aérobie  et  anaréobie,  font  Tobjet  de  plu- 
sieurs chapitres  où  sont  exposées  les  théories  de  la  nutri- 
tion des  microorganismes,  et  où  Tauteur  montre  séparé- 
ment et  distinctement  toutes  ces  influences,  nous  mettant 
ainsi  en  garde  contre  les  causes  d'erreur  toujours  si 
nombreuses  en  bactériologie,  et  les  conclusions  variables 
qu'on  en  a  tirées. 

L'action  des  agents  physiques,  chaleur,  lumière,  élec- 
tricité, tant  au  point  de  vue  de  leur  activité  vitale  que 
des  modifications  exercées  sur  les  produits  de  leur 
nutrition,  est  détaillée  et  discutée  dans  les  chapitres  XVI 
à  XXIV,  qui  sont  très  documentés.  Puis,  vient  l'étude 
microbienne  du  sol,  suivie  de  la  distribution  des  mi- 
crobes dans  le  sol,  l'air  et  les.  eaux. 

Les  derniers  chapitres,  qui  traitent  de  l'épuration  des 
eaux  d'égout,  de  la  purification  des  eaux  potables,  ren- 
ferment des  données  scientifiques  importantes  pour 
rhygiène. 

L'auteur  consacre  le  dernier  chapitre  à  des  conclusions 
générales  très  abrégées  qui  portent  sur  les  points  sui- 
vants :  marche  des  idées  dans  le  domaine  de  la  fermen- 
tation, de  la  pathologie,  réaction  contre  l'idée  de  spéci- 
ficité et  de  constance  de  l'action,  microbienne,  notion 
d'espèce,  acclimatation,  accoutumance,  hygiène  micro- 
bienne, hygiène  individuelle,  hygiène  sociale. 

Quand  nous  aurons  dit  qu'à  la  suite  de  chaque  cha- 
pitre on  trouve  une  notice  bibliographique  de  tous  les 
travaux  se  rapportant  à  ce  sujet,  il  sera  inutile  d'ajouter 
que  ce  livre  se  recommande  aux  savants  par  le  nombre 


—  142  — 

considérable  de  renseignements  qu*ils  peuvent  y  puiser, 
aux  débutants  par  les  détails  pratiques  des  manipula- 
.  tions  ;  à  tous  par  les  théories  énoncées,  par  Tenchaî- 
nement  des  faits  exposés,  enchaînement  qui  rend  ro 
livre  très  intéressant. 

Comptas  rendus  de  rAGadémie  des  sdeACêS  (ST  décembre  1897). 

—  A.  Haller  et  A.  Guyot  :  Sur  le  vert  phtftliqae,  1153.  —  G,  Bauge  :  Car- 
bonate double  de  soude  et  de  protoxyde  de  chrome. —  Wyrouboff'  et  A.  Ver- 
neuU  :  Poids  atomiques  du  Cérium.  —  Cateneuve  et  Moreau  :  Diurélha- 
nés  aromatiques  de  la  ptpérazine. —  L,  Baupeault  :  Sur  l*acélylfurfuranc.  — 
G.  André:  Distillation  d'un  mélange  de  pyridine  avec  les  acides  propioniqac» 
acétique  et  formique. 

^3  janvier  1898.  —  A.  Béhal  :  Sur  une  nouvelle  cétone  cyclique,  la 
métb^leyclohexénone. 

—  17  janvier  1898.  —  Th,  Schlœsing  fiU  :  Déterminatiou  de  la  densité 
des  gaz  sur  de  très  petits  volumes.  —  A.  Job  :  Sur  de  nouveaux  composés 
des  métaux  de  la  cérite.  —  De  Forcrand  ;  Sur  Taldéhydate  d*ammoniaquc. 

—  Sur  l'oxydation  des  ammoniaques  composées  par  les  ferments  du  sol. 


VARIETES 


Académie  des  sciences  :  Prii  pour  1887.  —  Cette  académie  a  décerné, 
dans  la  séance  du  10  janv^r  1898,  les  prix  suivants  : 

Prix  La  Caze,  -<-  M.  ^batier  :  Ses  travaux  et  notamment  son  travaiU 
en  commun  avec  M.  Sonderons,  les  métaux  nîtrés. 

Prix  Jecker  :  M.  Haller. 

Prix  Montagne  {rapport  de  M,  Guignard).  —  M.  Bourquelot  :  Longue 
et  importante  série  de  travaux  sur  la  physiologie  des  Champignons.  Par  la 
nature  de  ses  travaux  tntérfeurs,  par  ses  connaissances  en  chimie  et  en 
mycologie,  M.  Bourquelot,  dit  le  rapporteur,  était  bien  préparé  pour  aborder 
ces  questions  délicates;  on  peut  dire  qu'il  les  a  traitées  avec  une  remarquable 
habileté. 

Prix  Godard  :  MM.  Beauregard  et  Boulard  pour  leurs  recherches  sur  les 
organes  génilo-urinaires  des  Cétacés. 

Prix  Cahourê  :  MM.  Lebeau,  Hébert^  Tassilly  Thomas. 

Prix  Saintour  :  M.  G.  Âr.dré. 


Distinctions  honorifiques.  —  Légion  d'honneur.  —  A  l'oceasion  du 
1"  janvier,  a  été  nommé  Chevalier  dans  r4>rdre  de  Légion  d'honneur  : 
M.  Congoulat,  pharmacien  colonial. 

Officier  du  mérite  agricole,  —  M.  Croutelle,  pharmacien  à  Mantes. 


—  143  — 
SOCIÉTÉ    DE    PHARMACIE    DE    PARIS 


Séance  annuelle  du  5  janYÎer  1898. 


Allocution  de  M.  Bourquelot,  président. 

Messieurs  et  chers  collègues, 

Dans  ces  temps  derniers,  on  a  dit  beaucoup  de  mal 
du  stage  pharmaceutique. 

Pour  ma  part,  aujourd'hui  surtout,  je  ne  puis  en  dire 
que  du  bien.  C'est  pendant  mon  stage,  en  effet,  à  la 
pharmacie  de  «  La  Truie  qui  file  »,  à  Sedan,  il  y  a  de  cela 
vingt-six  ans,  que  j'ai  entendu  parler  pour  la  première  fois 
de  la  Société  de  Pharmacie  de  Paris.  Loret,  mon  pre- 
mier maître,  était  un  de  vos  correspondants  nationaux. 
Fier  de  son  titre,  il  rappelait  volontiers  les  travauXT  qui 
lui  avaient  valu  vos  suffrages.  S'intéressant  à  vos  dis- 
cussions, il  en  faisait  souvent  le  sujet  de  nos  entretiens 
et,  le  soir,  quand  la  clientèle  nous  laissait  quelque  loi- 
sir, c'était  pour  lui  un  plaisir  de  me  dépeindre,  en  de 
courtes  biographies,  les  maîtres  qu'il  avait  connus  à 
Paris. 

Les  débuts  du  stagiaire  sont  pénibles  ;  les  premières 
taches  qu'on  lui  confie  lui  paraissent  bien  étrangères  à 
la  science,  et,  parfois,  comparant  en  lui-même  sa  situa- 
tion à  celle  des  camarades  qu'il  vient  de  quitter,  qui 
sont  devenus  d'élégants  élèves  de  nos  grandes  écoles  ou 
de  gais  étudiants,  il  se  prend  à  regretter  qu'on  lui  ait 
fait  embrasser  une  profession  en  apparence  si  dépourvue 
de  prestige. 

Aussi,  étais-je  heureux  d'apprendre,  dans  ces  conver- 
sations répétées,  les  noms  des  maîtres  qui,  par  leurs 
recherches  et  leurs  découvertes,  en  rehaussaient  l'éclat. 

C'est  ainsi  que  Loret,  insensiblement,  faisait  pénétrer 
dans  l'âme  de  ses  élèves  des  sentiments  élevés  de  soli- 
darité professionnelle. 

Quand  le  stage  n'aurait  d'autre  résultat  que  d'entre- 


—  144  — 

tenir  cette  solidarité,  —  et  il  n'y  a  pas  de  solidarité  sans 
dignité^  sans  honnêteté  professionnelle,  —  cela  seul 
devrtiit  empêcher  d'y  toucher.  Ce  sont  là  des  qualités  qui 
ne  s'acijuièrent  pas,  qui  ne  peuvent  s'acquérir  sur  les 
bancs  de  T  Ecole  où  les  relations  ne  sont  ni  assez  fré- 
quentes, ni  assez  étroites  entre  les  maîtres  et  les  élèves. 

Mes  chers  collègues,  à  l'époque  où  un  modeste  prati- 
cien m'initiait  aux  minutieuses  opérations  de  la  phar- 
macie, j'ai  fait,  comme  tous  les  jeunes  gens,  des  rêves 
de  fortune.  Je  crois  bien  que  je  ne  pensais  qu'à  devenir 
na  bon  phannacien  comme  mon  maître;  à  cela  se  bor- 
nait inun  ambition.  Peut-être  cependant  ai-je  rêvé  que 
cumitie  lui  aussi,  je  pourrais,  un  jour,  être  un  de  vos  cor- 
respondants nationaux.  La  réalité  a  dépassé  tous  mes 
rêves.  Dix  ans  après,  vous  m'acceptiez  dans  votre  com- 
patjfnie;  un  peu  plus  tard  je  devenais  secrétaire  annuel, 
puis  secrétaire  général  adjoint,  et  voici  que  vous  m'avez 
Jugé  digne  de  diriger  vos  travaux. 

C'est  un  ^rand  honneur  que  vous  m'avez  fait  ;  il  n'en 
.est  pas  qui  m'ait  touché  davantage  et  je  vous  remercie 
du  fond  du  cœur. 

Mais  je  ne  dois  pas  oublier  que  la  tâche  de  votre  pré- 
sident est  délicate  à  remplir;  elle  le  sera  particulière- 
ment cette  année,  puisque  nous  aurons  à  nous  occuper 
de  la  revisifïQ  de  la  Pharmacopée. 

Rompant  avec  des  errements  anciens,  la  Commission 
du  Codex  a.  comme  vous  le  savez,  réclamé  le  concours 
de  toutes  tes  Sociétés  de  Pharmacie  de  France.  C'est  là, 
à  mon  avis,  une  résolution  excellente.  Pour  qui  se  rend 
compte  de  la  somme  de  travail  que  demande  la  revision 
fVune  Pharmacopée,  il  est  clair  que  la  Commission,  à 
elle  seule,  ne  peut  tout  faire. 

11  est  question  d'ajouter  à  la  description  de  chaque 
médicament  un  mode  d'essai  qui  permette  au  pharmacien 
de  se  rendre  compte  en  quelques  instants  de  la  valeur  de 
ce  médicament  quand  il  l'achète.  Il  faudra,  le  plus  sou- 
vent, créer  ce  mode  d'essai;  il  faudra,  en  tous  cas,  con- 
irâler  ceux  qu'on  a  proposés  jusqu'ici.  C'est   dans  cet 


—  145  — 

ordre  d'idées  que  les  praticiens  pourront  être  utiles  à  la 
Commission  du  Codex  et,  par  cela  même,  à  leur  profes- 
sion. 

Mes  chers  collègues,  j'ai  conservé  mes  impressions  de 
stagiaire.  Je  persiste  à  penser  que  tout  pharmacien,  par 
ses  observations  de  chaque  jour,  peut  contribuer  au  pro- 
grès des  sciences  pharmaceutiques,  et  je  suis  convaincu 
que  la  contribution  que  vous  apporterez  à  la  revision  de 
notre  Pharmacopée  sera  digne  de  la  Société  de  Phar- 
macie de  Paris. 

Rapport  sur  les  thèses  présentées  à  la  Société  de  p/iar- 
macie,  section  des  sciences  naturelles^  par  une  com- 
mission composée  de  MM.  Collin,  Viron  et  Ferd. 
ViGiER,  rapporteur. 

Dans  la  dernière  séance  de  la  Société  de  pharmacie, 
notre  collègue,  M.  Moureu,  constatait  avec  inquiétude  le 
nombre  toujours  décroissant  des  thèses  de  chimie  sou- 
mises à  notre  appréciation.  La  commission  chargée 
d'examiner  les  thèses  présentées  dans  la  section  des 
sciences  naturelles  n'a  pas  été  plus  favorisée,  aussi 
partage-t-elle  les  mêmes  appréhensions  et  entrevoit- 
elle  la  disparition  de  ces  travaux  inauguraux  dont  quel- 
ques-uns soutenus  dans  cette  École  ont  été  des  œuvres 
remarquables  et  beaucoup  d'autres  des  monographies 
intéressantes  qu'on  consulte  toujours  avec  profit. 

Une  seule  thèse  nous  a  été  présentée  qui  a  pour  titre  : 
Les  Acayithacées  médicinales  et  pour  auteur  M.  Georges 
Dethan. 

Les  Acanthacées  sont  des  plantes  peut-être  plus  con- 
nues des  architectes  et  des  jardiniers  que  des  phar- 
macblogistes.  Les  contours  festonnés  et  gracieux  de 
quelques  espèces  se  retrouvent  sur  le  couronnement  des 
colonnes  si  élégantes  de  l'ordre  Corinthien.  —  Dans  les 
jardins  botaniques,  elles  figurent  presque  toujom's  parmi 
les  plantes  ornementales.  —  Quant  aux  espèces  médici- 
nales, elles  sont   relativement    peu    nombreuses;   elles 

Journ.  de  Pharm.  et  Je  Ckim..  6-  SÉRIE,  t.  VII.  (!•'  février  1898.)  10 


—  14G  — 

0*^611  ont  pas  de  propriétés  qui  leur  soient  communes  et 
i^elles  qui  sont  particulières  à  quelques  espèces  sont  peu 
remarquables.  L'importance  scientifique  de  cette  famille 
ne  s'est  révélée  que  depuis  qu'on  a  complété  l'étude 
morphologique  des  plantes  par  l'examen  de  leurs  carac- 
Ifires  anatomiques.  C'est  alors  que  nous  avons  vu  appa- 
i; litre  les  observations  intéressantes  publiées  sur  cette 
famille  par  MM.  Radlkofer,  Lindau,  Vesque,  lierait, 
llobein,  Chodat  et  Roulet. 

Proposée  en  1895  pour  le  concours  du  prix  Ménier, 
l'étude  des  Acanthacées  médicinales  fut  traitée  avec 
ï*iiccès  par  M.  Dethan,  qui  a  complété  son  premier 
mémoire  par  des  observations  nombreuses  :  aussi,  son 
Iravail  nous  montre-il  toutes  les  ressources  qu'un  obser- 
v;Ueur  judicieux  et  méthodique  peut  tirer  de  l'étude 
d'une  famille  qui  occupe  un  des  rangs  les  plus  obscurs 
dt^  la  matière  médicale. 

Ce  travail  est  divisé  en  deux  parties. 

Dans  la  première  partie,  l'auteur,  après  un  court 
aperçu  sur  la  distribution  géographique  des  Acantha- 
cées, décrit  les  caractères  morphologiques.  Il  reproduit 
les  observations  si  intéressantes  publiées  par  M.  Radl- 
kufer  et  par  M.  Lindau  sur  le  pollen  des  Acanthacées. 
Aucune  famille  n'offre,  en  effet,  aussi  grande  variété 
dans  la  configuration  des  grains  de  pollen.  Certaines 
ftirmes  sont  même  tellement  caractéristiques  que  ces 
deux  auteurs  ont  basé  leur  système  de  classification  sur 
la  structure  du  pollen.  L'extrême  variété  et  l'élégance 
que  ses  grains  présentent  dans  leur  forme,  la  disposition 
df!  leurs  plis  et  de  leurs  pores  font  de  leur  comparaison 
un  très  curieux  sujet  d'observation  microscopique. 

Après  avoir  exposé  les  analogies  qui  rapprochent  les 
Acanthacées  des  Scrofularinées,  des  Bignoniacées  et  des 
Sulanées,  M.  Dethan  s'occupe  de  leur  structure  anato- 
niiijue.  Il  examine  successivement  leurs  caractères  posi- 
lifïj  et  négatifs  et  insiste  particulièrement  sur  ceux,  qui, 
eu  égard  à  leur  constance,  peuvent  servir  à  établir  la 
raractéristique  anatomique  des  plantes  de  cette  famille. 


\ 


—  147  — 

Utilisant  les  données  si  précieuses  et  la  méthode  indi- 
quée par  M.  Vesquc  pour  établir  cette  détermination,  il 
porte  surtout  ses  recherches  sur  la  sti-ucture  des  feuilles, 
qui,  de  tous  les  organes  des  plantes,  sont  les  plus  riches 
en  caractères  atanomiques  de  première  importance. 
Parmi  les  particularités  les  plus  constantes  que  présen- 
tent ces  organes  dans  les  Acanthacées,  il  relève  une  dis- 
position toute  spéciale  et  tout  à  fait  caractéristique  de 
l'appareil  stomatique,  la  présence  de  poils  glanduleux, 
sessiles  et  stipités,  de  poils  lecteurs  variés,  jamais  pluri- 
sériés;  Texistence  d'un  collenchyme  de  formes  variées  et 
l'absence  d'organes  sécréteurs  internes.  Il  insiste  aussi 
sur  la  présence  dans  les  Acanthacées  de  deux  particula- 
rités anatomiques  qui,  quoique  moins  constantes  que  les 
autres,  paraissent  appelées  à  jouer  un  rôle  important 
dans  la  classification  des  diverses  espèces  de  cette 
famille;  je  veux  parler  des  Cystolithes  si  curieux  dont 
M.  Hobein  a  fait  une  étude  spéciale  et  des  raphidines, 
productions  spéciales  observées  par  MM.  Vesque,  Chodet 
et  Roulet  et  dont  le  mode  de  développement  n'est  pas 
encore  bien  connu. 

Après  avoir  exposé  les  anomalies  de  structure  des 
Acanthacées  et  les  opinions  émises  sur  leur  origine  par 
MM.  Vesque  et  lierait,  M.  Dethan  reproduit  les  classifica- 
tions les  plus  modernes  et  les  plus  généralement  adop- 
tées, puis  il  aborde,  avec  la  deuxième  partie  de  son 
travail,  qui  en  est  la  partie  vraiment  originale,  Tétude 
des  Acanthacées  médicinales. 

Les  espèces  officinales  de  cette  famille  n'étant  repré- 
sentées en  Europe  que  par  VAcanthus  mollis,  la  branche 
ursine  de  nos  ancêtres  qui  est  un  médicament  populaire 
sur  le  littoral  méditerranéen,  M.  Dethan  a  dû  emprunter 
les  éléments  de  son  mémoire  à  la  flore  des  régions  tropi- 
cales et  surtout  à  celle  de  l'Inde  où  les  Acanthacées  sont 
communément  employées.  A  la  description  des  espèces 
qui  figuraient  dans  les  riches  collections  de  l'École  de 
pharmacie,  il  a  joint  celle  de  plusieurs  autres  espèces 
qu'il  a  pu  se  procurer  dans  les   collections  étrangères 


—  146  — 

Boil  dans  leur  pays  d'origine.  A  côté  de  quelques  drogues 
telles  que  ÏAndrographis  paniculata^  YHygrophila  spi- 
nos^,  VAdhaloda  vasica  qui  ont  été  l'objet  de  recherches 
chimiques  publiées  dans  les  journaux  de  pharmacie  fran- 
çais ou  étrangers,  il  en  décrit  beaucoup  d'autres  qui  sont 
moins  connues  de  nous,  quoiqu'elles  soient  d'un  usage 
journalier  dans  les  pays  d'origine  tropicaux,  il  s'est 
rittaché  autant  que  possible  à  recueillir  et  à  examiner  des 
plantes  appartenant  à  des  genres  différents.  Chacune  des 
espèces  décrites  a  été  l'objet  d'un  examen  microscopique 
approfondi,  qui,  chaque  fois  que  la  chose  a  été  possible, 
;i  i  lé  étendu  à  tous  les  organes  de  la  plante  ;  les  diverses 
particularités  observées  ont  été  reproduites  avec  un  cer- 
lîtin  art  par  l'auteur  lui-même  sur  un  grand  nombre  de 
jjltiiiches  dont  nous  avons  pu  constater  la  parfaite  exacti- 
tude. 

Sans  doute,  l'importance  de  ce  travail  se  serait  notable- 
ment accrue  si  son  auteur  avait  pu,  comme  M.  Pozzi  l'a 
fciit  pour  VAndrographis  paniculata,  établir  la  localisation 
un  principe  actif  dans  les  espèces  le  plus  communément 
employées.  M.  Dethan  nous  objectera  probablement  que 
la  <*i  imposition  chimique  de  ces  drogues  n'est  pas  mieux 
dr'liuie  que  leurs  propriétés  physiologiques. 

Quoiqu'il  en  soit,  en  réunissant  et  en  classant  métho- 
diijuement  tous  les  travaux  publiés  sur  les  Acanthacées 
ausi^i  bien  en  France  qu'à  l'étranger,  en  complétant  ces 
travaux  par  les  longues  recherches  personnelles  et  une 
bililiographie  aussi  complète  que  possible,  M.  Dethan  a 
produit  une  monographie  intéressante  de  cette  famille 
qui  est  à  peine  mentionnée  dans  les  traités  de  matière 
médicale.  Ce  travail  n'intéresse  pas  seulement  le  phar- 
raaculogiste,  il  se  recommande  encore  par  le  grand 
nombre  et  l'exactitude  des  observations  microscopiques 
qui  y  sont  consignées.  Ces  observations  constituent 
autant  de  matériaux  nouveaux  introduits  dans  le  do- 
maine de  l'anatomie  comparée  des  végétaux,  cette 
science  qui  eut  pour  principal  initiateur  un  des  anciens 
directeurs  de  cette  École,  M.  Chatin,  et  dont  on  apprécie 


—  149  — 

tous  les  jours  de  plus  en  plus  Tutilité  pour  la  classifica 
lion  des  plantes.  —  C'est  à  ce  double  titre  que  nous  vous 
proposons  de  décerner  une  médaille  d'or  à  M.  Dethan, 
espérant  que  vous  voudrez  bien  ratifier  nos  conclusions 
par  votre  vote. 

La  Société  ayant  adopté  les  conclusions  du  rapport  de 
la  commission,  une  médaille  d'or  est  décernée  à  M.  Geor- 
ges Dethan. 


Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  de  Pharmacie 
pendant  Vannée  1897;  par  M.  E.  GmNOCHET. 

Mes  chers  collègues, 

Suivant  un  usage  déjà  bien  ancien,  votre  secrétaire  a 
le  devoir  de  retracer  devant  vous  la  vie  de  notre  Société 
pendant  l'année  qui  vient  de  s'écouler,  en  vous  rappelant 
les  travaux  qui  ont  animé  vos  séances,  ainsi  que  les 
faits  d'ordre  scientifique  ou  professionnel  qui  ont  attiré 
votre  attention. 

M.  Prunier  nous  a  fait  part  de  ces  recherches  sur  deux 
corps  pourtant  déjà  longuement  étudiés,  l'éther  acétique 
et  l'éther  ordinaire,  et  il  a  su  en  tirer,  ce  qui  ne  saurait 
nous  étonner,  étant  connues  la  persévérance  et  l'habileté 
de  son  expérimentation,  ainsi  que  l'ingéniosité  de  ses 
aperçus,  des  connaissances  nouvelles  non  moins  intéres- 
santes au  point  de  vue  pratique  pour  le  pharmacien 
qu'au  point  de  vue  purement  scientifique. 

Il  a  examiné,  devant  nous,  les  conditions  dans  les- 
quelles il  convient  de  se  placer  pour  la  préparation  et 
l'essai  de  l'éther  acétique.  Après  avoir  rappelé  le  pro- 
cédé du  Codex  et  ceux  qui  servent  au  laboratoire  et 
dans  l'industrie,  il  nous  a  fait  voir  que,  dans  ces  divers 
procédés,  l'éther  acétique  prend  naissance  par  suite  de 
la  réaction  de  l'acide  acétique  sur  l'acide  sulfovinique  et 
sur  l'éther  neutre  qui  se  forment  simultanément  au  cou- 
rant de  l'opération.  Il  nous  a  annoncé  de  plus  que  cette 
préparation  peut  se  réaliser  très  facilement,  et  avec  un 
rendement  théorique,  en  traitant  à  la  température  du 


—  i50  — 

baîn-marie,  le  sulfovinate  de  soude  sec  par  l'acide  acé- 
tique cristallisable. 

Afin  d'élucider  d'une  façon  plus  complète  qu'on  ne 
l'avait  fait  jusqu'alors  le  mécanisme  de  la  formation  de 
Téther  ordinaire,  M.  Prunier  a  d'abord  démontré  que. 
dans  la  préparation  de  ce  corps,  outre  la  présence  de 
l'acide  sulfurique,  de  l'acide  sulfovinique  et  de  l'éther 
sulfurique  neutre  (sulfate  diéthylique)  dont  on  avait 
tenu  exclusivement  compte  jusqu'à  présent,  il  fallait 
faire  entrer  en  ligne  de  compte  la  présence  des  acides 
sulfoniques  et  des  dérivés  sulfonés.  Il  a  établi  expéri- 
mentalement leur  présence,  soit  en  chauffant  vers  140* 
de  l'acide  sulfovinique  avec  de  l'acide  sulfurique  dilué 
de  3  à  4  molécules  d'eau  et  un  peu  d'alcool,  soit,  et  alors 
on  obtient  ces  produits  en  plus  grande  abondance,  en 
chauffant  au-delà  de  140*  et  surtout  en  opérant  avec  de 
l'acide  sulfurique  non  dilué,  ce  qui  est  le  cas  de  la  pré- 
paration classique  de  l'éthylène;  ou  encore  en  les 
retrouvant  en  proportion  considérable  dans  le  liquide 
complexe  connu  sous  le  nom  d'huile  douce  de  vin,  et 
dans  les  huiles  qui  ont  sei^vi  à  la  rectification  du  produit 
brut.  Pour  caractériser  les  acides  sulfoniques  et  les 
dérivés  sulfonés  en  présence  de  l'acide  sulfurique  et  des 
éthers  sulfuriques  mono  et  diéthyliques,  on  commence 
par  éliminer  au  moyen  du  chlorure  de  baryum  l'acide 
sulfurique  libre;  puis,  après  ébuUition  prolongée  en 
liqueur  aqueuse  et  acide,  pour  décomposer  l'acide  sulfo- 
vinique et  l'éther  sulfurique  neutre,  on  sature  par  l'eau 
de  baryte.  La  liqueur  filtrée  retient  les  dérivés  sulfonés. 
On  évapore  presqu'à  sec  et  on  attaque  le  résidu  par  le 
permanganate  et  l'acide  nitrique  qui  oxydent  les  sul- 
fonés et  font  passer  le  soufre  à  l'état  d'acide  sulfurique, 
facile  à  reconnaître  et  à  doser  sous  forme  de  sulfate  de 
baryte. 

La  présence,  en  quantités  plus  ou  moins  grandes,  des 
dérivés  sulfonés  dans  les  divers  produits  recueillis  au 
courant  de  la  préparation  de  l'éther  ordinaire  étant 
ainsi  bien  établie,  il  a  semblé  à  M.  Prunier  qu'il  fallait 
en  tenir  compte  dans  la  théorie  delà  formation  de  l'éther. 


-  i51  — 

On  connaît  la  célèbre  théorie  de  Williamson  qui 
explique,  par  deux  phases  formant  un  cycle  complet,  la 
formation  de  Téther;  dans  la  première,  t  molécule 
d'acide  sulfurique  en  réagissant  sur  1  molécule  d'al- 
cool, donne  1  molécule  d'acide  sulfovinique  et  4  molé- 
cules d'eau;  dans  la  seconde,  la  molécule  d'acide  sul- 
fovinique ainsi  formée  réagit  sur  1  nouvelle  molécule 
d'alcool,  pour  donner  naissance  à  1  molécule  d'éther  or- 
dinaire et  pour  régénérer  1  molécule  d'acide  sulfurique. 
Cette  théorie  suppose  d'abord  qu'il  ne  se  forme  pas  d'au- 
tres corps,  et  ensuite  que  l'acide  sulfurique  est  constam- 
ment régénéré.  Tout  d'abord  on  sait,  qu'en  pratique, 
l'opération,  loin  de  se  continuer  indéfiniment  comme 
l'exigerait  cette  théorie,  se  limite  d'elle-même.  D'autre 
part,  on  peut  opérer  réthériiication  de  l'alcool  en  l'ab- 
sence d'acide  sulfurique  libre,  par  exemple  en  présence 
d'un  excès  de  sulfovinate  de  baryte.  Quant  à  Teau  qui 
prend  naissance,  ou  elle  passe  à  la  distillation  avec 
Téther  formé  sans  être  arrêtée  par  l'acide  sulfurique, 
ce  qui  est  peu  vraisemblable,  ou  alors  celui-ci  s'hydrate 
de  plus  en  plus  et  ne  peut  plus  dès  lors  donner  avec  l'al- 
cool d'acide  sulfovinique.  On  peut  résoudre  cette  dernière 
difficulté  en  remplaçant  la  théorie  de  Williamson  par  la 
suivante  : 

Cni»O.SO'OH-f  C»H»0H  =  1P0  4-ÇMI»0.S0'CMI»0 

Acide'  sulfoYinique.      1"  molécule  d'alcool.       Éther  sulfurique  neutre. 

puis  CVH'O.SO'C'H'O    +   C'H'OH  = 

Éther  sulfurique  neutre.         2*  molécule  d'alcool. 

CMPO.CMÏ»  -f  c»H»o.so»on 

Éther  ordinaire.  Acide  sulfovinique. 

théorie  dans  laquelle  l'acide  sulfurique,  n'apparaissant 
plus  en  nature,  ne  se  trouve  pas  en  présence  de  l'eau  et 
par  conséquent  ne  s'hydrate  pas  forcément,  sauf  la  pro- 
portion qui  résulte  de  Faction  de  l'eau  sur  l'acide  sulfo- 
vinique, ce  qui  conduit  progressivement  à  la  limitation 
de  l'opération. 

L'interprétation  des  faits  serait  déjà  plus  satisfaisante; 
mais  dans  cet  ordre  d'idées,  on  ne  tient  pas  compte  des 


—  152  — 

dérivés  sulfonés.  Ils  existent  pourtant  en  quantité  no- 
table. 

On  pourrait  admettre  le  dédoublement,  tout  au  moins 
partiel,  de  Tacide  sulfovinique  en  alcool  et  acide  sulfu- 
rique  anhydre  : 

C«H»0. 80'OH  =  C«H»OH + 80» 

Actde  sulfovinique.  Alcool. 

L'acide  anhydre,  en  présence  d'alcool,  formerait  de 
l'acide  iséthionique  par  exemple,  dont  la  stabilité  est 
supérieure  (16  cal.)  à  celle  de  l'acide  sulfovinique  (14  cal.), 
ou  mieux  encore,  son  éther  éthylique  neutre 

OH.CH'CH*SO«OC«H», 

Iséthionate  diéthylique. 

puisque  l'alcool  est  en  excès.  Celui-ci  est  un  corps  ins- 
table qui  distille  vers  120**  et  se  dédouble  à  140**  en  acide 
sulfureux  et  alcool,  ce  qui  expliquerait  le  dégagement 
d'acide  sulfureux  constaté  expérimentalement;  on  com- 
prend aussi  l'entraînement  des  produits  sulfonés  passant 
à  la  distillation. 

D'autre  part,  Téther  iséthionique  neutre,  pris  comme 
type  de  groupe,  fournirait,  en  présence  d'une  molécule 
d'alcool,  l'éther  ordinaire  avec  régénération  d'acide  isé- 
thionique (ou  analogue)  : 

OH.CH'CH»SO»OC*H»  +  C'IPOH  = 

Éther  iséthionique  neutre.  Alcool. 

C'H»O.C'H»+  OH.CIPCH»SO*OH 

Éiher  ordinaire.  Acide  iséthionique. 

et  le  cycle  des  réactions  serait  de  nouveau  fermé. 

En  outre,  l'existence  d'un  milieu  réducteur,  caractérisé 
expérimentalement  par  la  présence  de  l'acide  sulfureux, 
expliquerait  au  besoin  la  formation  de  dérivés  de  l'acide 
iséthionique  tels  que  C'H»C*H*SO»OH  (ou  polyéthyléni- 
ques  de  même  ordre). 

Les  différents  dérivés  sulfonés  se  formant  pendant  la 
préparation  de  l'éther  n'ayant  pas  encore  été  isolés  et 
caractérisés  individuellement,  l'acide  iséthionique  et  ses 
dérivés  ont  été  pris  seulement  comme  types  de  groupe 
et  à  titre  d'exemples. 


—  153  — 

D'ailleurs  cette  interprétation  reçoit  une  confirmation 
expérimentale  directe  de  la  fabrication,  actuellement 
assez  répandue  à  l'étranger,  de  l'éther  ordinaire  au 
moyen  des  acides  sulfonés  aromatiques,  tels  que  l'apide 
benzène  sulfonique  C*H*SO*OH  qui,  en  présence  d'alcool 
et  à  une  température  convenable,  donne,  en  effet,  de 
l'éther  ordinaire. 

Les  considérations  qui  précédent  rendent  facilement 
compte  de  la  limite  imposée  à  l'opération. 

En  résumé,  dans  la  préparation  usuelle,  l'éther  se 
dégage,  en  vertu  de  sa  grande  volatilité,  du  sein  d'un 
milieu  hétérogène  instable  et  en  perpétuelle  transforma- 
tion, mais  la  théorie  de  l'opération  est  plus  complexe 
qu'on  ne  l'avait  cru  d'abord. 

Au  lieu  de  prendre  comme  base  la  régénération  conti- 
nuelle de  l'acide  sulfurique  à  l'état  libre,  il  paraît  préfé- 
rable d'admettre  que  l'alcool,  ajouté  peu  à  peu,  porte 
principalement  son  action  sur  les  deux  éthers  sulfuri- 
ques,  et  surtout  sur  leurs  produits  de  décomposition,  les 
dérivés  sulfonés,  acides  et  neutres,  qui  constituent  en 
grande  partie  les  résidus  et  permettent  d'expliquer  l'en- 
semble des  phénomènes  connus. 

M.  Adrian  nous  fait  communiquer  par  notre  collègue 
M.  Bougarel,  une  note  sur  la  glycérophosphate  de  chaux 
qu'il  a  faite  en  collaboration  avec  M.  Trillat.  Ces  Mes- 
sieurs se  sont  d'abord  livrés  à  l'examen  d'un  certain 
nombre  d'échantillons  de  glycérophosphates  de  chaux  du 
commerce;  la  solubilité,  hi  réaction  au  tournesol  et  à 
l'hélianthine,  la  composition  chimique  variaient  d'une 
façon  notable. 

En  traitant  par  l'alcool  absolu  bouillant  les  sels  du 
commerce,  on  leur  enlève  de  la  glycérine  et  de  l'acide 
phosphorique  en  proportions  variables  avec  les  échantil- 
lons; la  glycérine  provenait  surtout  des  glycérophos- 
phates neutres  au  tournesol  et  l'acide  phosphorique  de 
ceux  qui  contenaient  un  excès  d'acide  glycérophospho- 
rique  libre,  lequel  a  été  dédoublé  par  l'alcool  en  glycé- 
rine et  acide  phosphorique. 

Si  l'on  chauffe  une  solution  aqueuse  saturée  à  froid  de 


—  154  - 

glycérophosphate  de  chaux,  on  constate  qu'elle  se  trouble 
dès  la  température  de  32*;  ce  trouble  devient  très  abon- 
dant à  40*'  et  la  presque  totalité  du  sel  se  dépose  à  l'ébul- 
lifion.  MM.  Adrian  et  Trillat  ont  basé  sur  ces  remarques 
un  procédé  de  purification  du  sel  :  les  analyses  faites 
avant  et  après  précipitation  sur  le  même  sel,  leur  ont 
montré  qu'on  pouvait  obtenir  ainsi  un  sel  parfaitement 
pur  et  que,  contrairement  cà  l'opinion  reçue,  on  pouvait 
chauffer  à  100**,  même  pendant  plusieurs  heures,  un 
glycérophosphate  de  chaux  pur  sans  en  altérer  la  compo- 
sition chimique.  Ils  ont  même  réussi  à  obtenir  du  glycé- 
rophosphate de  chaux  cristallisé,  qui  n'a  d'ailleure 
qu'une  existence  temporaire,  puisqu'il  se  transforme 
rapidement  en  poudre  amorphe. 

D'après  eux,  le  glycérophosphate  de  chaux  pur  est  uq 
sel  anhydre. 

Ils  ont  déterminé  sa  solubilité  dans  l'eau  qui  serait,  à 
25**  de  4,53  p.  100,  chiffre  un  peu  inférieur  à  ceux  indiqués 
précédemment,  ce  qu'ils  expliquent  en  disant  que  ce  sont 
les  petites  quantités  de  glycérine  et  d'acide  glycôrophos- 
phorique  libre  des  sels  impurs  qui  augmentent  cette  solu- 
bilité. 

Enfin,  ils  donnent  un  nouveau  mode  de  préparation  du 
glycérophosphate  de  chaux,  basé  sur  l'emploi  du  phos- 
phate tribasique  de  chaux  au  lieu  du  carbonate  de  chaux 
pour  saturer  l'acide  gycérophosphorique. 

Us  nous  font  prévoir  une  nouvelle  note  concernant 
l'étude  de  la  réaction  de  l'acide  phosphorique  sur  la  gly- 
cérine, la  composition  de  quelques  glycérophosphates 
minéraux  et  organiques,  et  l'analyse  de  l'acide  glycéro- 
phosphorique. 

Ce  sont  là  des  sujets  bien  à  l'ordre  du  jour,  puisque 
nous  recevions,  dans  notre  séance  de  décembre,  un  tra- 
vail de  M.  Astruc,  interne  des  hôpitaux  de  Montpellier, 
sur  les  glycérophosphates,  et  que  MM.  Imbert,  AstriTc  et 
Belugou  viennent  de  publier  dans  les  Comptes  Rendus 
des  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  dos  résultats  très 
intéressants  sur  la  neutralisation  de  l'acide  glycérophos- 
phorique  par  les  bases,  el  sur  la  chaleur  de  cette  neutra- 


—  155  — 

lisation;  mais  je  ne  puis  insister,  puisque  ce  travail  ne- 
nous  a  pas  été  présenté. 

M.  Petit  qui  s'était  déjà  occupé  des  alcaloïdes  du  jabo- 
randi,  a  repris  dernièrement  cette  étude  et  nous  a  fait  part 
des  nombreux  et  intéressants  résultats  qu'il  a  obtenus  avec- 
la  collaboration  de  M.  Polonowski.  Ces  messieurs  ont  isolé 
à  l'état  de  pureté  la  pilocarpine  et  la  pilocarpidine  et  ont 
même  obtenu,  pour  la  première  fois,  cette  dernière  sous 
forme  cristallisée  en  gros  prismes  obliques  transparents 
très  hygrométriques ,  que  nous  avons  été  à  même  de  voir, 
et  ont  pu  différencier  d'une  façon  certaine  ces  deux  corps 
par  leurs  propriétés  physiques,  entre  autre  par  leur  pou- 
voir rotatoire  en  solution  aqueuse  (a»  =  +106*»  pour  la 
pilocarpine  et  i  d  =  +  50<»  pour  la  pilocarpidine,  la  concen- 
tration des  solutions  étant  de  2  p.  100  et  la  température 
de  18"*),  et  surtout  par  les  nombreux  sels  dont  ils  ont 
comparé  la  composition,  la  forme  cristalline,  la  solubilité 
et  le  pouvoir  rotatoire.  Leurs  recherches  ont  porté  sur- 
les  sels  suivants  :  nitrate,  chlorhydrate,  bromhydrate, 
sulfate,  salicylate,  picrate,  chloroaurates,  iodométhylate. 
En  général,  le  pouvoir  rotatoire  des  sels  de  pilocarpidine 
est  beaucoup  inférieur  à  celui  des  sels  correspondants  de 
pilocarpine. 

Quant  aux  pouvoirs  rotatoires  de  la  pilocarpine  et  de 
la  pilocarpidine,  ils  présentent,  en  dehors  de  leur  valeur 
propre,  d'autres  caractères  importants.  Ces  deux  corps 
gardent  leur  pouvoir  rotatoire  spécifique  dans  tous  leurs 
sels  et  ne  paraissent  pas  être  beaucoup  influencés  par  la 
nature  de  l'acide  auquel  ils  sont  combinés,  de  sorte  que, 
pour  ces  sels,  la  déviation  n'est  déterminée  que  par  la 
quantité  de  base  et  est,  par  conséquent,  à  peu  près  inver- 
sement proportionnelle  à  leurs  poids  moléculaires;  les^ 
carbonates  et  l'ammoniaque  ne  paraissent  pas  non  plus, 
modifier  sensiblement  leur  pouvoir  rotatoire. 

Par  contre,  les  alcalis  fixes  abaissent  notablement,, 
mais  sans  en  changer  le  sens,  le  pouvoir  rotatoire  de  la 
pilocarpine,  tandis  que  celui  de  la  pilocarpidine  passe  de 
+  50^  à  —  3^ 

Ces  modifications   proviennent  de  ce  que  les  alcalis. 


,-wy 


—  156  — 

fixes  forment  avec  la  pilocai'pine  et  la  pilocarpidine  des 
combinaisons  par  hydratation;  ce  sont  les  sels  d'acides 
dont  la  pilocarpine  et  la  pilocarpidine  seraient  les  anhy- 
drides, hypothèse  déjà  formulée  par  Hardy  et  Calmels. 

MM.  Petit  et  Polonowski  ont  réussi,  après  beaucoup 
d'essais  infructueux,  à  isoler  les  acides  pilocarpique  et 
pilodarpidique ,  qui  se  présentent  sous  forme  de  masses 
sirupeuses  prenant  à  la  longue  Taspect  de  vernis;  ils  sont 
solubles  dans  Teau  et  dans  l'alcool,  insolubles  dans  Téther, 
le  chloroforme  et  la  benzine  ;  ils  présentent  une  réaction 
neutre  à  la  phénolphtaléine  et  très  alcaline  au  tournesol. 
Ils  régénèrent  peu  à  peu  au  contact  de  Teau,  mais  instan- 
tanément à  sec  au  contact  d'un  acide,  la  pilocarpine  et  la 
pilocarpidine. 

L'acide  pilocarpique,  récemment  préparé,  a  pour  pou- 
voir rotatoire  +  23**,8  ;  l'acide  pilocarpidique  est  légère- 
ment lévogyre. 

Les  analyses  des  chlorhydrate,  bromhydrate  et  des 
deux  chloroaurates  de  chaque  base  donnent  lieu  de  croire 
que  la  pilocarpine  et  la  pilocrapidine  seraient  purement 
isomères,  et  non  homologues,  comme  l'avaient  admis 
Hardy  et  Calmels. 

Un  autre  point  très  intéressant,  touché  par  MM.  Petit 
et  Polonowski,  est  celui  de  savoir  si  la  pilocarpidine 
existe  dans  la  plante  tout  comme  la  pilocarpine  et  ne  se 
forme  pas  par  l'action  de  la  chaleur  sur  ce  dernier  corps, 
pendant  les  manipulations,  comme  le  pensaient  Hardy  et 
Calmels. 

M.  Petit  et  son  collaborateur  se  fondent,  pour  affirmer 
la  présence  réelle  de  la  pilocarpidine  dans  la  plante,  sur 
les  considérations  suivantes  :  !*•  l'eau  bouillante  n'a 
qu'une  action  faible  sur  la  pilocarpine  ;  2^  même  en  évi- 
tant l'action  de  la  chaleur,  on  obtient  toujours  une  nota- 
ble proportion  de  pilocarpidine;  3®  en  opérant  dans  les 
mêmes  conditions,  on  obtient,  avec  des  plantes  diffé- 
rentes, un  rendement  en  pilocarpidine  qui  varie  de  5  à 
75  p.  100  ;  4**  les  tiges  donnent  toujours  plus  de  pilocar- 
pidine que  les  feuilles  de  la  même  plante. 

On  sait  que  l'holocaïne  résulte  de  la  combinaison  par 


—  157  — 

déshydratation  de  la  phénacétine  et  de  la  phénétidine. 
Ainsi  qu'il  était  facile  de  le  prévoir,  la  même  réaction 
donne  naissance  à  des  composés  analogues  dans  lesquels 
l'acide  acétique  de  la  phénacétine  est  remplacé  par  les 
acides  butyrique,  lactique,  succinique,  citrique,  etc. 
M.  Petit  a  attiré  notre  attention  sur  le  dérivé  butyrique 
qui  constitue  une  base  énergique,  plus  soluble  que  l'holo- 
caïne  et  qui  parait  douée  de  propriétés  anesthésiques 
supérieures. 

Dans  un  tout  autre  ordi^e  d'idées,  M.  Petit,  et  cette  fois 
en  collaboration  avec  M.  Terrât,  nous  a  communiqué  quel- 
ques recherches  sur  le  ferment  oxydant  des  réceptacles 
de  l'artichaut.  Le  suc  obtenu  colore  rapidement  et  forte- 
ment en  bleu  la  teinture  de  gaïac,  et  perd  cette  propriété 
après  ébullition.  Il  décompose  le  glycérophosphate  de 
soude,  en  mettant  en  liberté  le  phosphate  de  soude,  dont 
on  peut  suivre  la  formation  au  moyen  de  la  mixture 
ammoniaco-magnésienne . 

M.  Bourquelot  nous  a  fait  une  très  intéressante  commu- 
nication sur  l'origine  de  la  coloration  de  certaines  gommes. 
Ce  travail  n'est  qu'un  chapitre  de  tout  un  ensemble  de 
recherches  sur  les  ferments  oxydants,  domaine  dans  le- 
quel notre  collègue  est  passé  maître.  C'est,  en  particulier, 
la  suite  de  ses  notes  sur  la  présence  des  ferments  oxy- 
dants dans  un  certain  nombre  de  substances  médicamen- 
teuses, qu'il  a  illustrées  devant  nous  par  une  série  d'ex- 
périences que  nous  n'avons  pas  oubliées. 

On  sait  que,  à  côté  de  gommes,  dites  arabiques,  qui 
sont  presqu'incolores,  il  y  a  certaines  sortes  commer- 
ciales, par  exemple,  la  gomme  du  Sénégal  du  haut  du 
fleuve,  qui  renferment  des  morceaux  de  couleur  plus  ou 
moins  foncée,  des  marrons,  comme  on  les  appelle;  d'au- 
tres gommes,  en  particulier  les  gommes  du  Cap,  de  l'Inde, 
de  l'Australie,  du  Brésil,  et  enfin  les  gommes  de  rosacées 
de  nos  pays,  sont  presqu'en  totalité  composées  de  mor- 
ceaux dont  la  couleur  varie  du  jaune  brunâtre  au  brun 
foncé. 

La  gomme,  avant  de  s'échapper  au  dehors,  s'accumule 


'"^^^^ 


—  158  — 

dans  des  lacunes  placées  au  voisinage  de  la  zone  géné- 
ratrice. 

D'après  Trécul,  elle  se  montrerait  au  pourtour  de  ces 
lacunes  sous  forme  de  productions  incolores,  pouvant  se 
colorer  ensuite  en  jaune  ou  en  brun. 

On  s'est  demandé,  depuis  longtemps,  comment  se  pro- 
duisait cette  coloration;  mais  personne  jusqu'ici  n'a 
donné  du  phénomène  une  explication  satisfaisante.  Celle 
que  propose  M.  Bourquelot  est  basée  :  1®  sur  ce  que  toutes 
les  gommes  contiennent  un  ferment  oxydant;  2*  sur  ce 
que  la  gomme,  encore  molle,  ou  ramollie  par  l'humidité, 
peut  se  charger,  au  contact  des  parties  mortifiées  de 
Fécorce  qu'elle  traverse,  d'une  faible  proportion  de  subs- 
tance astringente  qui,  sous  l'influence  du  ferment  oxy- 
dant, se  colore  en  brun  foncé  et  lui  communique  sa  cou- 
leur. De  là  cette  conséquence  :  toutes  les  fois  que  la 
gomme  s'échappe  en  temps  humide  ou  reste  un  cei;tain 
temps  dans  les  fissures  de  l'écorce  exposée  à  l'humidité, 
le  produit  est  coloré.  On  s'expliquerait  ainsi  que  les 
gommes  blanches,  pauvres  en  morceaux  colorés,  viennent 
surtout  des  régions  sèches,  et  les  gommes  colorées  des 
régions  humides. 

Et  M.  Bourquelot  fait  la  double  preuve  nécessaire.  11 
nous  montre  d'abord  que  toutes  les  gommes  (ses  expé- 
riences ont  porté  sur  les  gommes  du  Sénégal,  de  Khar- 
toum  lévogyres  ou  de  Gézireh  dextrogyres,  du  Cap,  du 
Brésil,  gommes  de  nos  pays)  renferment  un  ferment  oxy- 
dant. Leurs  solutions  aqueuses,  en  effet,  possèdent  la  pro- 
priété de  colorer  en  bleu  la  teinture  de  gaïac  ;  elles  oxy- 
dent le  pyrogallol,  le  gaïacol  et  l'acétylgaïacol,  le  crésol, 
le  naphtol-a,  la  naphtylamine-«,  la  vératrylamine,  etc. 

D'autre  part,  on  a  déjà  signalé  la  présence  d'un  peu  de 
tannin  dans  certaines  gommes  foncées  (gomme  astrin- 
gente de  Geddah). 

M.  Bourquelot,  en  épuisant  par  l'alcool  à  95®  la  poudre 
de  gomme  du  Brésil,  a  obtenu  un  liquide  se  colorant  en 
vert-noirâtre  par  addition  de  perchlorure  de  fer.  Au 
contraire,  et  c'est  là  la  contre-épreuve,  lorsqu'on  soumet 
des  morceaux  choisis  de  gomme  blanche  au  même  traite- 


ÉÏ 


—  159  — 

ment,  le  liquide  alcoolique  que  l'on  obtient  n'est  pas 
coloré  par  le  perchlorure  de  fer. 

Il  est  donc  démontré  :  1*  que  toutes  les  gommes  renfer- 
ment un  ferment  oxydant;  2**  que  les  gommes  colorées 
renferment  un  tannin,  tandis  que  les  gommes  incolores 
n'en  renferment  pas. 

Il  reste  à  établir  que  les  gommes,  en  agissant  sur  des 
substances  renfermant  du  tannin,  oxydent  celles-ci  en 
les  colorant.  Pour  cela,  M.  Bourquelot  a  mélangé  des 
solutions  de  gommes  avec  des  solutions  très  peu  colorées 
d'extraits  hydroalcoolique  et  alcoolique  d'écorce  de  quin- 
quina calisaya,  extrait  alcoolique  de  quinquina  rouge, 
extrait  aqueux  de  racine  de  bistorte,  et  dans  tous  les  cas 
le  mélange  s'est  peu  à  peu  coloré  en  rouge  brunâtre,  tan- 
dis que  des  solutions  de  ces  mêmes  extraits,  placées  dans 
les  mêmes  conditions,  mais  non  additionnées  de  gommes, 
ont  conservé  leur  couleur  pâle. 

M.  Léger  a  étudié  l'action  de  rhypobroraite  de  sodium 
sur  les  phénols.  Avec  le  phénol  ordinaire,  en  opérant  à 
froid  et  en  laissant  le  contact  se  prolonger  pendant  deux 
jours,  le  réactif  étant  en  excès,  on  obtient  plusieurs 
corps  bromes,  parmi  lesquels  se  trouve -le  tétrabromure 
de  carbone.Tous  les  phénols  ne  se  comportent  pas  de  même. 

Ces  recherches  ont  amené  M.  Léger  à  nous  mon- 
trer une  méthode  sensible  permettant  de  distinguer  le 
naphtol-a  du  naphtol-p.  On  prépare  d'al)ord  une  solution 
aqueuse  saturée  à  froid  de  ces  phénols,  en  en  triturant 
avec  soin  un  excès  dans  un  mortier  avec  de  Teau  et  en 
filtrant.  D'un  autre  côté,  on  fait  de  l'hypobromite  de 
sodium  en  mélangeant  30"  de  lessive  de  soude  à  30**B. 
avec  100'=*'  d'eau,  puis  5"  de  brome.  Les  solutions  de 
phénols  et  l'hypobromite  étant  altérables,  doivent  être 
préparés  récemment. 

Dans  un  tube  à  essais,  on  verse  10"  de  la  solution 
aqueuse  naphtol,  puis  2  gouttes  d'hypobromite. 

Avec  la  solution  saturée  de  naphtol-a,  il  se  produit  une 
coloration. et  même  un  précipité  violet  sale;  la  coloration 
se  produit  encore  avec  la  solution  précédente  étendue  de 
9  volumes  d'eau. 


—  160  — 

La  solution  saturée  de  naphtol-?  donne  une  coloration 
jaune  qui,  peu  à  peu,  devient  verdâtre,  puis  passe  à  la 
teinte  feuille  morte,  pour  redevenir  jaune;  mais  si  la 
solution  est  additionnée  de  1  volume  d'eau,  la  coloration 
disparaît  par  l'agitation. 

Si  donc  on  opère  sur  un  naphtol-,3  souillé  de  naphtol-«, 
il  suffira  d'étendre  de  son  volume  d'eau  la  solution 
aqueuse  saturée,  d'y  ajouter  2  gouttes  d'hypobromite, 
et  Ton  obtiendra  une  coloration  violette  ou  violet-rose; 
cette  coloration  est  sensible  même  pour  un  mélange  de 
1  partie  de  naphtol-a  dans  100  parties  de  naphtol-p. 

M.  Léger,  qui  a  publié  d'intéressantes  recherches  sur 
les  aloïnes,  nous  a  présenté  des  échantillons  des  pro- 
duits qu'il  a  obtenus  et  nous  a  montré  un  certain 
nombre  de  réactions  colorées  permettant  de  distin- 
guer facilement  l'une  de  l'autre  chacune  des  espè- 
ces d'aloïnes  qu'il  a  préparées  :  barbaloïne,  isobarba- 
loïne  et  nataloïne.  La  solution  sulfurique  de  ces  trois 
corps,  exposée  aux  vapeurs  de  l'acide  azotique  fumant, 
prend  une  coloration  verte,  et  par  places  bleuâtre: 
à  l'extérieur,  on  observe  une  zone  violacée.  La  réac- 
tion, qui  est  très  sensible  avec  la  nataloïne,  l'est  beau- 
coup moins  avec  l'isobarbaloïne  et  moins  encore  avec  la 
barbaloïne.  Si  l'on  étend  d'eau,  la  liqueur  devient  vio- 
lette dans  le  premier  cas,  et  rouge  cerise  pâle  dans  les 
deux  derniers.  Si  alors  on  ajoute  un  excès  de  lessive  de 
soude,  la  nataloïne  fournit  une  liqueur  d'un  vert  pâle 
sale,  tandis  que  l'isobarbaloïne  donne  une  coloration 
rouge  violet  foncé  et  la  barbaloïne  une  coloration  rouge 
carmin  foncé.  Toutes  ces  réactions  sont  bien  sensibles 
et  peuvent  être  exécutées  avec  quelques  milligrammes 
de  matière. 

En  somme,  M.  Léger  nous  en  a  fait  voir  de  toutes  les 
couleurs.  (A  suivre). 


Le  Gérant  :  Georges  MASSON. 

PAUS.  —  mP.   B.  FLÀMMAaiON,   &UB  RàCINB«  M. 


—  161  — 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


Action    de   Viode   sur    Vantipyrine.    —   Application    au 
dosage   de   Vantipyrine  et   au    dosage   de   Viode;    par 

M.    J.    BOUGAULT. 

M.  Manseau  (1)  a  étudié  Taction  de  l'iode  en  solution 
aqueuse  dans  Tiodure  de  potassium  sur  Tantipyrine.  Il  a 
reconnu  que  lorsqu'on  ajoutait  goutte  à  goutte  une  solu- 
tion N/10  d'iode  aune  solution  aqueuse  d'antipyrine,  les 
premières  gouttes  ajoutées  étaient  absorbées,  l'iode  deve- 
nant insensible  à  l'empois  d'amidon.  Cette  absorption 
est  faible;  d'après  l'auteur,  l»*  d'antipyrine  absorbe  dans 
ces  conditions,  et  à  la  température  de  40*  envii^on, 
0,08636  d'iode.  M.  Manseau  propose  d'utiliser  ces  données 
à  l'essai  approché  de  l'antipyrine. 

Si,  au  lieu  d'opérer  en  solution  aqueuse,  on  'opère, 
comme  je  l'ai  fait,  en  solution  alcoolique  et  en  présence 
de  sublimé,  on  constate  une  absorption  d'iode  beaucoup 
plus  considérable.  La  réaction  est  de  plus  instantanée  et 
quantitative. 

J'ai  fait  un  certain  nombre  d'essais  dans  le  but  de 
déterminer  les  conditions  dans  lesquelles  se  produisait 
cette  absorption,  et  je  suis  arrivé  à  cette  conclusion  que 
la  réaction  qui  se  passe  en  solution  alcoolique  entre  les 
corpâ  :  iode,  sublimé  et  antipyrine,  est  telle  qu'à  une 
molécule  d'antipyrine  employée  correspond  très  exacte- 
ment une  absorption  d'une  molécule  d'iode  ;  les  propor- 
tions de  sublimé  pouvant  varier  dans  d'assez  grandes 
limites  sans  changer  les  résultats. 

A  l»*  d'antipyrine  correspond  donc  une  absorption  de 
1«',351  d'iode. 

Dosage  de  Vantipyrine.  —  En  me  basant  sur  ces  faits. 

(t)  Buil.  de  la  Soe.  Pharm.  de  Bordeaux,  1889,  p.  148. 

Journ.  de  Pharm.  tt  it  Chinu,  G*  SÉRIB,  t.  VII.  (15  février  189S.)  1 1 


—  162  — 

je  propose  un  dosage  de  Tantipyrine  que  l'on  peut  effec- 
tuer comme  suit  : 
Solutions  à  employer  : 

Iode  chimiquement  pur i^^M 

Alcool  à95» 100- 

Bichlorure  de  mercure 2^,50 

Alcool  à  95» 100-  ! 


Antipyrine l** 

Alcool  à  95* 100- 

A  20"  de  la  solution  d'antipyrine,  on  ajoute  20**  de  la 
solution  de  bichlorure  de  mercure,  puis,  goutte  à  goutle, 
à  l'aide  d'une  burette  graduée,  la  solution  d'iode  jusqu'à 
apparition  d'une  faible  coloration  jaune  persistante  indi- 
quant la  présence  d'un  excès  d'iode.  La  réaction  est  ins- 
tantanée et  le  dosage  s'effectue  aussi  rapidement  que  le 
dosage  de  l'iode  par  l'hyposulfite  de  sodium. 

D'après  le  titre  des  solutions  employées,  on  voit  que 
les  solutions  d'iode  et  d'antipyrine  se  correspondent  exac- 
tement, et  que,  par  conséquent,  si  l'antipyrine  à  essayer 
est  pure,  il  faudra  employer  20*'  de  la  solution  d'iode  pour 
atteindre  le  terme  de  la  réaction;  dans  tous  les  cas,  le 
nombre  de  centimètres  cubes  employés,  multiplié  par  5, 
donnera  le  nombre  de  grammes  pour  100  d'antipyrine 
pure  contenue  dans  l'échantillon  analysé. 

Dosage  de  Viode.  —  On  comprend  sans  peine  qu'on 
peut,  inversement,  avec  de  l'antipyrine  pure,  doser  la 
quantité  d'iode  pur  contenu  dans  un  iode  quelconque. 
Or,  l'antipyrine  est  un  produit  qu'il  est  facile  de  se  pro- 
curer pur  dans  le  commerce,  ou  que  Ton  peut  purifier 
soi-iuéme  très  facilement,  grâce  à  sa  solubilité  particu- 
lière dans  des  dissolvants  variés;  il  n'y  a  donc  aucune 
difftculté  à  l'employer  pour  l'essai  de  l'iode. 

Le  dosage  ne  se  fait  pas  différemment  de  celui  de 
l'antipyrine. 

Il  présente  sur  le  dosage  habituel  par  l'hyposulfite 
l'avantage  que  la  solution  titrée  d'antipyrine  peut  être 
obtenue  instantanémen^t  par  une  simple  pesée  et  jouit 


i 


—  163  — 

d'une  conservation  indéfinie,  tandis  qu'on  sait  que  l'hy- 
posulfite  de  sodium  est  difficile  à  obtenir  pur  et  sec  et  que 
ses  solutions  s'altèrent  lentement,  surtout  à  la  lumière. 

L'ordre  dans  lequel  on  opère  le  mélange  des  solutions 
n'a  pas  d'influence  sur  le  résultat.  On  peut,  par  exemple, 
tout  aussi  bien,  mélanger  d'abord  la  solution  d'iode  à  la 
solution  de  sublimé  et  ajouter  la  solution  d'antipyrine 
à  l'aide  de  la  burette  graduée.  Le  terme  de  la  réaction 
est  indiqué  ici  par  la  décoloration  complète  de  la  liqueur. 

Voici  quelques  résultats  obtenus  par  la  méthode  décrite 
ci-dessus  : 

Solution  d'iode  pur  contenant    2«',547  Trouté  :  9^,^50 

—  —  3«',035  —        3^fiU 

J'ai  réussi  à  isoler  le  composé  iodé  de  l'antipyrine  qui 
se  forme  dans  cette  réaction;  je  donnerai  dans  une  note 
suivante  sa  composition  et  ses  propriétés. 


Sur  le  dosage  des  phosphoglycérates ;   par  MM.   Adrian 
et  Trillat(I). 

Dans  un  précédent  travail,  concernant  spécialement 
l'étude  du  glycérophosphate  de  chaux,  nous  avions  si- 
gnalé les  réactions  des  indicateurs,  notamment  celle  de 
l'héliantine,  vis-à-vis  les  glycérophosphates,  et  nous  avions 
réservé  pour  un  publication'  ultérieure  l'emploi  de  ces 
indicateurs  pour  le  dosage  des  glycérophosphates  (2). 

Dans  la  présente  note,  nous  donnerons  d'abord  les 
résultats  que  nous  ont  fournis  les  indicateurs  pour  le 
dosage  de  ces  sels;  nous  donnerons  ensuite  ceux  aux- 
quels nous  sommes  arrivés,  soit  par  l'étude  de  l'acide 

(1)  Société  de  i^armaciey  séanco  de  férrier. 

(2)  Depuis  cette  date,  des  notes  de  MM.  Imbert,  Astmc  et  Fallière  ont  été 
publiées  sur  le  dosage  des  phosphoglycérates  de  chaux  et  de  Tacide  phospho- 
glycérique  par  remploi  de  l'héliantine;  ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin»  nous  ne 
croyons  pas  que,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  sur  l'acide  phospho- 
glycérique,  on  puisse  fonder  une  méthode  rigoureuse  et  certaine  du  dosage 
de  ce  corps  à  l'état  libre,  étant  donné  son  peu  de  stabilité» 


—  164  — 

phosphoglycérique,  soit  par  Tétude  de  la  réaction  de  la 
glycérine  sur  Tacide  phosphorique. 

Dosage  volumétrique  des  phosphoglycérates.  —  Lors- 
qu'on ajoute  de  Tacide  sulfurique  de  titre  connu  à  une 
dissolution  aqueuse  et  froide  d'un  phosphoglycérale 
neutre  alcalino-terreux,  en  se  servant  de  l'héliantine 
comme  indicateur,  on  remarque  que  le  virage  apparaît 
dès  qu'on  a  ajouté  une  demie  molécule  d'acide  pour  une 
molécule  de  sel  neutre.  Ce  fait  indique  que  l'acide  sul- 
furique transforme  le  phosphoglycérate  neutre  en  sel 
acide  et  que  ce  dernier  n'est  plus  décomposé  par  l'acide 
sulfurique  au  moins  à  froid.  La  réaction  est  donc  la  sui- 
vante : 

2PhO/g>Ca  ^^.g^, 

O.C»H»(OH)* 
/O.PhO.OH.O.C»H»(OH)* 
=  Ca<;  -f-CaSO* 

\O.PhO.OH.OC*H»(OH)* 

On  peut  déduire  de  là  un  procédé  rapide  de  dosage 
des  phosphoglycérates  neutres  à  condition  que  ceux-cî  ne 
renferment  ni  phosphoglycérates  acides  ni  phosphates, 
ce  dont  on  peut  s'assurer  par  un  examen  préalable. 

1"  exemple.  —  0«',2364  de  phosphoglycérate  de  chaux 
séché  à  130*  et  répondant  à  la  formule  : 

PhO*CaC>H»(OH)*-|.H*0 

ont  été  dissous  dans  300"  d'eau  froide.  Après  avoir 
ajouté  quelques  gouttes  d'une  solution  d'héliantine,  on  a 
titré  au  moyen  d'une  solution  d'acide  sulfurique  jusqu'au 
virage  rouge.  Il  a  fallu  0^,9  d'acide  sulfurique  au  titre 
de  1*^,16  par  litre,  ce  qui  correspond  à  :  Phosphoglycérale 
de  chaux,0«',238.  Théorie,  0«',2364. 

2*  exemple.  —  On  a  dissout  1«',4596  de  sel  de  baryum 
répondant  à  la  formule  : 

yO*Ba 
Pho/  +H*0 

\0C»H»(0H)« 


—  165  — 

dans  300**  d'eau  et  on  a  ajouté  de  Tacide  sulfurique 
titré  jusqu'à  acidité  à  Théliantine.  Il  a  fallu  4*«,2  d'acide 
à  1*^,05  par  litre;  ce  qui  correspond  à  :  Phosphoglycérate 
de  Ba,  1«',4332.  Théorie,  1«',4596. 

Mode  opératoire,  —  Les  exemples  précédents  permet- 
tent d'adopter  le  procédé  suivant  pour  titrer  les  phospho- 
glycérates  neutres  en  l'absence  de  phosphates. 

On  dissout  1«'  environ  du  produit  à  analyser  dans  400" 
d'eau  à  froid.  Après  avoir  ajouté  quelques  gouttes  d'une 
solution  d'héliantine,  on  titre  au  moyen  de  l'acide  sul- 
furique normal,  jusqu'à  apparition  du  virage  acide. 

Si  n  représente  le  nombre  de  centimètres  cubes  em- 
ployés, M  le  poids  moléculaire  du  sel,  P  son  poids  effec- 
tif, on  aura,  pour  100,  la  richesse  du  produit  par 
l'équation  suivante  : 


Dosage  volumétrique  de  l'acide  sulfurique  combiné;  par 
M.  Fernand  Telle,  chimiste  ou  laboratoire  munici- 
pal de  Reims. 

La  méthode  imaginée  par  Wildenstein  consiste  à  pré- 
cipiter l'acide  sulfurique  par  un  excès  d'une  solution 
titrée  de  chlorure  de  baryum  ;  puis  cet  excès  de  baryte 
est  dosé  à  l'aide  d'une  solution  équivalente  de  chromatc 
neutre  de  potasse;  la  fin  de  l'opération  est  indiquée  par 
la  teinte  jaune  que  conserve  la  liqueur,  après  le  dépôt 
du  précipité. 

Une  modification  de  ce  procédé  consiste  à  ajouter  un 
excès  de  chromate,  et  à  l'évaluer  en  mesurant  la  quan- 
tité de  solution  nécessaire,  pour  produire  une  teinte 
d'égale  intensité,  dans  le  même  volume  d'eau. 

On  a  donné  depuis  des  méthodes  remplaçant  ce  dosage 
colorimétrique  par  un  dosage  chimique.  Quelques  auteurs 
emploient  les  sels  ferreux  :  M.  Windisch,  l'oxydation  de 


—  166  — 

Tacide  arsénieux  par  le  chromate  et  titrage,  par  Tiode, 
de  l'acide  arsénieux  non  oxydé  (1). 

Nous  proposons  de  doser  l'excès  de  chromate  en  titrant, 
par  l'hyposulfite,  Tiode  qu'il  est  susceptible  de  déplacer, 
en  solution  chlorhydrique. 

Nous  employons  deux  liqueurs  titrées  équivalentes  de 
chlorure  de  baryum  et  de  dichromate  de  potasse  non 
neutralisé  (2). 

Nous  précipitons  l'acide  sulfurique  par  un  excès  de 
chlorure  de  baryum  en  liqueur  acidulée  par  HCl.  L'excès 
de  baryte  est  précipité  par  la  solution  de  dichromate  de 
potasse  en  liqueur  légèrement  alcaline,  enfin,  l'excès  de 
ce  chromate  est  dosé  par  l'iode  déplacé  et  l'hyposulfite. 

La  précipitation  de  l'excès  de  baryte  par  le  chromate 
se  fait  suivant  la  formule  : 

2BaCl*2H«0  +  Cr'O'^K*  +  2AzH*0H  =  2CrO*Ba  -f 
2  X  244  294,34 

2KC1+  2AzH*Cl-|-3H*0 
La  mise  en  liberté  et  le  titrage  de  l'iode  suivant  la 
formule  : 
294,34  6x127 

K»Cr*0''  +  6KI  +  14HC1  =  61  +  Cr'Cl»  +  8KC1  +  7H*0 

et 

6Na*S*0'5H'O  +  61  =  6NaI  +  3S*0«Na* 
6X248        6x127 

On  voit  d'après  ces  fornmles  que  294,34  de  K'Cr'O'^ 
mettent  en  liberté  6  X  127  d'iode  et  cet  iode  est  absorbé 
par  6  X  248  d'hyposulfite.  Ce  poids  6  X  248  d'hyposul- 
fite  correspond  donc  à  294,34  de  bichromate  et  par  con- 
séquent à  2  X  244  de  chlorure  de  baryum. 

(1)  MM.  Marboutin  et  Molinié  ont  fait  paraître  une  modification  de  celle 
méthode  consistant  en  remploi  de  liqaears  de  BaCi*  et  de  GrO^K*  non  équi- 
valentes. BulL  Soc   Ckim.,  20  novembre  1897,  p.  953. 

(2)  Nous  ne  neutralisons  pas  cette  solution,  comme  certains  autears  l'indi- 
quent, rexcès  d'ammoniaque  qu'on  lui  ajoute  se  prêtant  à  la  carbonalation. 
Gela  est  d'ailleurs  inutile,  puisque  la  précipitation  de  la  baryte  se  fait  en 
liqueur  légèrement  alcaline. 


—  167  — 

Nous  préparons  des  solutions  contenant  1/40  des  poids 
indiqués  dans  les  formules  précédentes,  soit  donc  : 

A.  Solution  de  chlorure  de  baryum  pur  cristallisé  et 
non  effleuri  renfermant  12»',20  de  ce  sel  par  litre.  Cette 
solution  est  déci-normale  et  correspond  à  4«'  d'SO*  par 
litre. 

B.  Solution  de  dichromate  de  potassium  renfermant 
7«',358  de  sel  cristallisé  pur  par  litre.  Cette  solution  est 
équivalente,  volume  à  volume,  à  celle  de  chlorure  de 
baryum: 

C.  Solution  d'hyposullite  de  soude  contenant  38«'  de 
ce  sel  par  litre.  Cette  solution  doit  être  titrée  à  Taide  de 
la  solution  B. 

D.  Solution  d'iodure  de  potassium  pur  à  10  p.   100. 
Titrage  de  la  solution  d' hyposulfite  de  soude.  —  Dans  un 

vase  à  titrage  jaugé  à  environ  100''*'  on  laisse  écouler  10" 
de  la  solution  B,  on  ajoute  S*"*  d'iodure  de  potassium,  de 
l'eau  distillée  jusqu'au  trait  de  jauge,  puis  un  excès 
d'acide  chlorhydrique  ;  l'iode  est  déplacé  et  colore  la 
liqueur  en  brun  rouge.  On  verse  aussitôt  dans  la  liqueur, 
la  solution  d'hyposulfite  à  titrer,  à  l'aide  d'une  burette 
graduée  jusqu'à  ce  que  la  teinte  ait  passé  du  brun  au 
jaune.  On  ajoute  alore  de  l'eau  amidonnée.  Vers  la  fin 
de  la  réaction  la  teinte  du  liquide  devient  bleu  pur.  On 
ajoute  alors  avec  précaution  la  solution  d'hyposulfite 
jusqu'à  ce  que  cette  teinte  disparaisse,  pour  laisser  au 
liquide  une  teinte  verte  très  pâle,  presque  incolore,  pro- 
duite par  le  chlorure  de  chrome.  Le  virage  est  très  net, 
une  seule  goutte  d'hyposulfite  suffit  à  le  produire.  Sup- 
posons, pour  fixer  les  idées,  que  l'on  a  employé  10^,2 
de  solution  d'hyposulfite  pour  produire  ce  virage,  on  saura 

alors  que   1"  d'hyposulfite   correspond  à   j^  =  0",98 

de  solution  de  chroma  te. 

Nous  ramènerons  toujours  le  nombre  de  centimètres 
cubes  d'hyposulfite  employé,  au  volume  correspondant 
de  chromate  ou  de  chlorure  de  baryum,  à  cause  du  titre 
variable  de  l'hyposulfite. 


—  1G8  — 

On  fera  bien  aussi  de  s'assurer  que  les  liqueurs  sont 
équivalentes  et  voici  comment  on  s'en  assurera  : 

5*^*^  de  la  solution  A  seront  mis  dans  un  ballon  gradué 
de  110**,  on  ajoutera  un  peu  d'ammoniaque  exempte  de 
carbonate  (1),  puis  10"  de  solution  B  et  de  l'eau  jusqu'à  moi- 
tié du  ballon.  On  fera  bouillir  et  complétera  à  110**  après 
refroidissement;  on  filtrera  et,  de  la  liqueur  filtrée,  qui 
doit  être  bien  limpide,  on  prendra  100**=  auxquels  on  ajou- 
tera 5"  de  Kl  à  10  p.  100,  un  excès  d'HCl  et  de  l'hyposulfite 
avec  la  burette  graduée  comme  on  l'a  fait  précédemment. 
On  ajoutera  1/10  au  résultat  trouvé  puisqu'on  n'a  opéré 
que  sur  100**,  le  volume  total  étant  de  110**.  On  doit 
obtenir  un  nombre  de  centimètres  cubes  d'hyposulfite 
correspondant  à  5*=*'  de  solution  de  dichromate. 

Dosage  de  l'acide  sulfurique  dans  les  eaiLx.  —  On  éva- 
pore avec  précaution  500*^**  d'eau,  acidulés  par  4  4  5** 
d'acide  chlorhydrique,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  reste  plus 
qu'environ  10**^  de  liquide.  On  transvase  dans  un  ballon 
gradué  de  110**,  on  lave  à  plusieurs  reprises  avec  le 
moins  d'eau  possible,  on  ajoute  10*=*'  de  solution  A  et  on 
fait  bouillir. 

On  alcalinise  ensuite  légèrement  par  l'anMnoniaque 
non  carbonatée  ;  on  ajoute  100*=**  de  solution  B,  on  fait  de 
nouveau  bouillir  et  on  complète  à  110**,  après  refroi- 
dissement sous  un  filet  d'eau.  On  filtre  sur  un  papier  à 
grain  serré  (2)  et  on  prélève  100"  du  filtratum  qui,  vereés 
dans  un  vase  à  titrage  sont  additionnés  de  5**  de  solution 
d'iodure,  acidulés  par  IICl  et  titrés,  par  l'hyposulfite,  de 
la  façon  exposée  plus  haut. 

On  ajoute  1/10  au  chiffre  trouvé  pour  la  même  raison 
que  précédemment  et  on  a,  par  un  simple  calcul,  le 
volume  correspondant  de  dichromate,  qui  lui-même 
équivaut  à  un  volume  égal  de  chlorure  de  baryum  préci- 
pité par  les  sulfates.  En  multipliant  ce  dernier  nombre 

(1)  Poar  cela,  on  ajoute  à  Tammoniaque  à  employer  un  peu  de  chlorure  de 
calcium  pur,  on  filtre  et  on  conserve  dans  un  flacon  bien  bouché. 

(2)  Le  liquide  filtre  facilement  très  limpide. 


—  169  — 

de  centimètres  cubes  par  8  (1)  on  aura  le  poids  en  milli- 
grammes d'anhydride  sulfuiique  contenu  dans  un  litre 
de  Teau  essayée. 

Remarques,  —  Si  Teau  à  essayer  contient  une  forte 
proportion  de  matières  organiques,  on  y  ajoutera,  quand 
le  volume  sera  réduit  à  50  ou  60",  une  pincée  de  chlorate 
de  potasse  pur  qui  au  contact  de  l'acide  chlorhydrique 
dégagera  du  chlore  qui  détruira  ces  matières  organiques. 
Il  faudra  évidemment  chasser  complètement  ce  chlore 
par  ébullition,  et  s'assurer  que  les  vapeurs  ne  colorent 
plus  le  papier  ioduré  amidonné  ;  car  le  chlore  restant  dé- 
placerait plus  tard  l'iode  de  l'iodure  de  potassium  et 
fausserait  le  résultat. 

10**^  de  la  solution  de  BaCP  sont  suffisants  pour  pré- 
cipiter tout  l'acide  sulfurique  d'une  eau  en  contenant 
moins  de  80"«'  par  litre.  Si  le  degré  hydrotimétrique  était 
élevé,  on  ferait  bien  de  s'assurer  que  le  volume  de  solu- 
tion A  employé  est  suffisant  et  dans  le  cas  contraire  em- 
ployer 20**  de  cette  solution,  autant  de  solution  B  et  10**^ 
de  Kl  dans  la  pratique  du  procédé. 

On  pourrait  encore  n'opérer  que  sur  250*'  d'eau  et,  dans 
ce  cas,  multiplier  le  volume  trouvé  par  16. 

De  même,  si  l'eau  était  très  pauvre  en  sulfates,  on  opé- 
rerait sur  1  litre  et  le  volume  serait  multiplié  par  4  pour 
avoir  le  poids  en  milligrammes  d' SO*. 

Évaluation  du  plâtrage  des  vins,  —  Les  cendres  prove- 
nant de  Tincinération  de  l'extrait  du  vin  sont  dissoutes 
dans  un  peu  d' HCl  pur. 

On  évapore  l'excès  d'acide  au  bain-marie,  on  reprend 
par  l'eau,  et  on  transvase  la  solution  et  les  lavages  de  la 
capsule  de  platine  dans  un  ballon  de  110",  on  ajoute  10" 
de  solution  de  chlorure  de  baryum  et  on  continue  de  la 
même  façon  que  pour  l'analyse  des  eaux. 

L'extrait  des  vins  se  faisant  sur  25"  et  la  solution  A 
étant  équivalente  à  8«',71  de  sulfate  de  potasse  par  litre, 

(1)  Puisque  roa  opèro  sur  500**  d'eau  et  que  1**  de  la  solution  de  BaCl* 
équivaut  à  4"«'  d'SO*. 


-  170  — 

on  aura  la  proportion  en  grammes  de  SO*K'  par  litre  de 
vin  en  appliquant  la  formule  suivante  : 

8.71X.xX40_ 

OÔÔ -^0'3-*8^ 

X  étant  le  nombre  de  centimètres  cubes  de  solution  bary- 
tique  consommé. 

On  voit  d'après  cette  formule  que  10***  de  solution  A 
sont  suffisants  pour  précipiter  le  sulfate  de  potasse  des 
vins  en  contenant  moins  de  3*',48  par  litre. 

Les  résultats  obtenus,  pour  le  dosage  de  SO*K*  dans  le 
vin  sont  un  peu  forts,  à  cause  de  la  précipitation  par  la 
baryte  des  traces  d'acide  phosphorique  que  le  vin  con- 
tient. Si  Ton  voulait  avoir  un  résultat  absolument  exact 
il  faudrait  précipiter  préalablement  les  phosphates  à 
l'aide  du  chlorure  de  calcium  ammoniacal.  Néanmoins, 
en  opérant  comme  il  est  dit  plus  haut,  on  obtiendra  un 
résultat  suffisant  pour  la  détermination  de  l'extrait 
réduit,  nécessaire  au  calcul  du  rapport  alcool  extrait. 


Note  sur   l'analyse  du  sulfure  de  sodium    brut^ 
par  M.  Ferdinand  Jean. 

Les  cristaux  ^du  sulfure  brut  sont  broyés  grossière- 
ment et  rapidement,  pour  faire  un  échantillon  moyen, 
dont  on  pèse  10«%  qu'on  dissout  dans  un  peu  d'eau;  on 
tiltre  pour  séparer  les  matières  insolubles  et  l'on  étend 
d'eau  distillée  de  façon  à  faire  un  litre  de  solution. 

A  —  10"  de  cette  solution  sont  additionnés  d'empois 
d'amidon,  puis  titrés  à  l'aide  de  la  solution  d'iode  déci- 
normale.  Le  volume  de  solution  d'iode  employé  pour  le 
titrage  correspond  au  sulfure,  au  soufre  en  excès  et  à 
l'hyposulfite. 

B  —  Dans  10**  de  la  solution  primitive,  on  ajoute  une 
solution  de  sulfate  d'ammoniaque  (à  6'7  par  litre)  en  quan- 
tité égale  au  nombre  de  centimètres  cubes,  de  solution 


—  171  — 

d'iode  employé  en  A,  puis  environ  30"  d'eau,  et  on  dis- 
tille le  tout  dans  un  petit  ballon  muni  d'un  condensa- 
teur, et  l'on  reçoit,  dans  20"  d'acide  décinormal, 
l'ammoniaque  mis  en  liberté  par  le  monosulfure  de 
sodium. 

Lorsque  l'opération  est  achevée,  on  porte  la  solution 
acide  décinormale  à  l'ébuUition,  pour  chasser  l'hydrogène 
sulfuré,  puis  on  y  titre  l'excès  d'acide,  en  présence  du 
tournesol  comme  indicateur.  1"  'acide  décinormal  saturé 
par  l'ammoniaque  correspond  à  0«'0039  de  monosulfure 
de  sodium. 

C  —  Le  liquide  restant  dans  le  ballon  après  la  distil- 
lation, est  passé  dans  un  verre,  additionné  d'empois 
d'amidon,  puis  titré,  après  refroidissement,  avec  la  solu- 
tion N/iO  d'iode;  1"  de  solution  d'iode  correspond  à  0,0079 
d'hyposullite  de  soude. 

En  retranchant  le  volume  d'iode  correspondant  à  Thy- 
posulfite  trouvé  en  C,  du  volume  d'iode  employé  en  A,  on 
obtient,  par  différence,  le  volume  d'iode  correspondant 
au  soufre  des  sulfures  et  polysulfures,  que  l'on  calcule  en 
monosulfure  de  sodium,  sachant  que  1"  d'iode  N/10=0,0039 
de  sulfure  de  sodium. 

Le  titre  fourni  par  l'iode  est  toujours  supérieur  à  celui 
calculé  d'après  l'ammoniaque  dégagé,  puisque  ce  dernier 
ne  correspond  qu'au  monosulfure,  tandis  que  dans  le  titre 
par  l'iode  l'excès  du  soufre  (soufre  de  poly sulfure),  est 
compté  aussi  comme  monosulfure.  En  retranchant  donc 
le  sulfure  du  sodium  calculé  d'après  l'ammoniaque,  du 
sulfure  calculé  d'après  le  titre  d'iode,  on  obtient  un  excès 
de  monosulfure  que  Ton  calcule  en  soufre  (100  de  sulfure 
de  sodium  =  41  de  soufre). 

Si  le  sulfure  analysé  ne  contient  que  du  monosulfure, 
les  titres  calculés  d'après  l'iode  et  l'ammoniaque  sont 
semblables.  Le  titre  obtenu,  en  titrant  le  sulfure  au  moyen 
d'une  solution  ammoniacale  de  zinc,  est  le  même  que 
celui  fourni  par  l'iode,  défalcation  faite  de  l'hyposullite, 
le  soufre  du  polysulfure  agissant  sur  le  zinc  comme 
monosulfure. 


—  172  — 

Celte  méthode  permet  de  déterminer  très  rapidement 
la  teneur  d'un  sulfure  brut  en  :  monosulfure,  soufre  en 
excès  et  hyposulfite. 

Au  cours  des  essais  faits  pour  étudier  cette  méthode, 
nous  avons  constaté  deux  faits,  qui,  à  notre  connaissance 
du  moins,  n'ont  pas  été  signalés  :  l''  lorsqu'on  fait  bouillir 
une  solution  de  monosulfure  de  sodium  avec  un  excès 
d'ammoniaque,  une  partie  du  soufre  distille  à  l'état  de 
sulfure  d'ammonium;  2^  si  l'on  fait  bouillir  une  solution 
d'hyposuliite  de  soude,  avec  un  excès  de  sulfate  d'ammo- 
niaque, il  y  a  dégagement  de  sulfure  d'ammonium  et 
dépôt  de  soufre  ;  cette  décomposition  ne  se  produit  pas  en 
milieu  alcalin  et  dans  les  conditions  indiquées  dans  la 
méthode. 


Comparaison  du  gaïacol  et  de  quelques-uns  de  ses  éthers 
par  leur  élimination  urinaire;  par  M,  le  docteur  Fonzes- 

DlACON. 

Les  travaux  de  MM.  Grasset,  Imbert,  Saillet,  etc.,  ont 
démontré  que,  contrairement  à  ce  que  l'on  croyait  jus- 
qu'alors, la  créosote  s'élimine  en  majeure  partie  par  les 
reins,  et,  en  très  faible  quantité,  par  les  poumons. 

Grâce  à  la  coloration  jaune  plus  ou  moins  intense  que 
prennent  des  solutions  faibles  de  créosote  quand  on  les 
traite  par  l'acide  nitrique  et  l'ammoniaque,  M.  Saillet  (1) 
a  pu  doser,  par  comparaison,  la  quantité  de  créosote  que 
l'on  retrouve  dans  les  urines  après  absorption  d'un  poids 
déteraiiné  de  ce  médicament. 

J'ai  repris  ces  expériences,  en  modifiant  cette  méthode 
afin  de  la  rendre  plus  sensible  et  plus  précise,  non  plus 
sur  la  créosote,  mais  bien  sur  le  gaïacol,  un  de  ses  cons- 
tituants, que  l'on  peut  obtenir  chimiquement  pur. 

En  opérant  sur  moi-même,  j'ai  pu  déterminer,  dans 
une  première  série  d'expériences,  qu'après  absorption 
d'un  certain  poids  de  gaïacol  cristallisé,  on  en  retrouve 

(I)  Saillet.  Bull.  Soc.  tkér.,  1892,  p.  366. 


—  173  — 

très  approximativement  les  trois  cinquièmes  dans  les 
urines  ;  j'ai  pu  également  déceler  avec  beaucoup  de  net- 
teté le  gaïcol  dans  les  sueurs  abondantes  de  bacillaires 
soumis  au  traitement  créosote. 

Cette  première  donnée  expérimentale  établie,  je  me 
sms  proposé  de  déterminer  dans  quelles  proportions 
s'élimine  le  gaïacol  lorsqu'on  Tabsorbe  non  plus  à  Tétat 
de  liberté,  mais  bien  sous  forme  d'éther  ;  en  effet,  aujour- 
d'hui, afin  de  pallier  l'action  irritante  et  toxique  due  à  la 
fonction  phénolique  libre  de  ces  produits,  on  tend  à  rem- 
placer la  créosote  et  le  gaïacol  par  leurs  éthers,  Or,  il  est 
important  de  savoir  si  l'action  de  ces  nouveaux  médica- 
ments est  comparable  à  celle  des  produits  primitifs  ;  il 
m'a  semblé  qu'on  pourrait  arriver  à  résoudre  cette  ques- 
tion en  comparant  leur  élimination  urinaire  en  gaïacol, 
à  celle  que  donnerait  un  poids  de  gaïacol  égal  à  celui 
contenu  dans  l'éther  expérimenté. 

Une  première  série  d'expériences,  toujours  effectuées 
sur  moi-même,  m'a  permis  d'établir  que  le  carbonate  de 
gaïacol  s'élimine  dans  des  proportions  tout  à  fait  compa- 
rables à  celles  du  gaïacol  pur.  Il  en  est  de  même  pour  le 
phosphite  de  gaïacol  ;  on  retrouve  dans  les  urines  à  peu 
prés  la  même  quantité  de  gaïacol  que  si  on  avait  absorbé 
ce  dernier  produit. 

Mais  les  résultats  analytiques  sont  tout  différents  quand 
on  expérimente  le  phosphate  de  gaïacol  ;  après  absorption 
de  l^  de  cet  éther  en  suspension  dans  de  l'eau  (son  inso- 
lubilité fait  qu'il  n'a  ni  goût  ni  odeur),  on  ne  retrouve 
guère  que  2-3'»'  de  gaïacol  dans  les  urines  de  24  heures  ; 
après  ce  laps  de  temps,  on  n'en  retrouve  plus  trace. 

Par  conséquent,  si  l'éthérification  du  gaïacol,  et  par 
suite  de  la  créosote,  peut  donner  naissance  à  des  corps 
très  actifs,  elle  peut,  par  contre,  créer  de  nouveaux  com- 
posés dont  l'absorption  par  les  muqueuses  du  tube  digestif 
soit  insignifiante. 

Beaucoup  de  ces  médicaments  créosotes  ou  gaïacolés 
sont  administrés  aux  malades  par  voie  rectale  ;  il  impor- 
tait donc  de  vérifier  si  un  éther  facilement  absorbé  par  la 


—  174  ~ 

mtiqueuse  de  Tintestin  grêle,  le  serait  aussi  facilement 
par  la  muqueuse  du  gros  intestin. 

Or,  après  administration  à  un  malade  d'un  lavement 
renfermant  1«',20  de  phosphite  de  créosote,  j'ai  pu  re- 
trouver dans  les  urines  jusqu'à  0«',30  de  créosote,  bien 
que  le  lavement  n'ait  été  gardé  que  pendant  une  heure. 
De  plus,  les  urines,  qui  avaient  été  recueillies  toutes  les 
3  heures  pendant  24  heures,  renfermaient  des  quantités 
à  peu  près  équivalentes  de  créosote.  Donc,  certains 
éthers  créosotes  et  la  créosote  sont  des  médicaments  dont 
l'absorption,  par  voie  stomacale  ou  rectale,  est  rapide  et 
dont  l'élimination  est  relativement  lente. 

Enfin,  quelques  essais  sur  les  pilules  de  gaïacol  prépa- 
rées avec  de  la  magnésie  calcinée  ou  de  la  résine  de  tolu, 
m'ont  démontré  que  la  première  de  ces  préparations 
donne  une  élimination  en  gaïacol  moitié  moindre  de 
celle  que  donne  la  seconde,  qui,  elle,  est  normale.  Aussi, 
j'estime  que  l'on  doit  rejeter  d'une  façon  absolue  l'addi- 
tion de  magnésie  aux  pilules  de  créosote  ou  dé  gaïacol  (1). 


Sur  la  graisse  retirée  du  liquide  d'une  âscite  chyleuse; 

par  M.  F.  Martz,  chef  des  travaux  de  clinique  médicale 

à  la  Faculté  de  Médecine  de  Lyon. 

Les  observations  d'ascite  chyleuse  étant  assez  rares,  et 
les  matières  grasses  qu'on  y  trouve  n'étant  pas  encore 
étudiées,  j'ai  cru  bon  de  déterminer  la  constitution  de  ces 
dernières;  car,  ayant  eu  à  ma  disposition  une  grande 
quantité  de  liquide  provenant  d'une  ascite  chyleuse,  j'ai 
pu  non  seulement  en  faire  une  analyse  très  complète  (2), 
mais  en  extraire  les  matières  grasses. 

Voici  le  procédé  que  j'ai  employé  pour  extraire  les 
graisses  :  4  litres  de  liquide  sont  additionnés  de  sulfate  de 
soude  et  d'acide  acétique,  on  coagule  les  albumines  à  chaud, 

(1)  Thèse  pour  le  doctorat  en  médeciae.  —  Université  de  Montpellier,  1897. 

(2)  Sur  deux  cas  d'ascite  chyleuse  par  B.  Lyonnet  et  F.  Maris  (Province 
médicaley  1887). 


—  175  — 

on  filtre  et  lave  le  précipité  à  Teau  bouillante  ;  après  avoir 
laissé  égoutter  le  filtre,  on  broie  Talbumine  coagulée  avec 
une  certaine  quantité  de  sable  fin;  on  sèche  le  tout  à 
Tétuve;  après  pulvérisation,  on  épuise  la  masse  par  de 
Téther  sulfurique  à  plusieurs  reprises.  L'éther  filtré,  puis 
distillé,  laisse  comme  résidu  la  graisse. 

La  graisse  ainsi  obtenue  se  présente  sous  la  forme 
d'une  matière  semi-fluide,  jaunâtre;  cette  coloration 
jaune  est  due  probablement  à  un  lipochrome  analogue  à 
celui  de  la  graisse  humaine;  en  effet,  en  traitant  la  graisse 
par  Talcool  bouillant,  on  dissout  une  matière  jaune  que 
l'eau  ne  précipite  pas. 

Son  point  de  fusion  pris  sur  le  mercure  est  de  32°;  le 
point  de  fusion  des  acides  gras  est  de  37®,  Elle  est  com- 
plètement soluble  dans  l'éther,  la  benzine,  le  sulfate  de 
cai'bone,  le  chloroforme  et  l'éther  de  pétrole. 

L'alcool  la  dissout  incomplètement  en  prenant  une 
teinte  légèrement  jaune.  L'acide  sulfurique  concentré  la 
colore  en  pourpre,  puis  en  marron,  et  enfin  il  se  forme  un 
précipité  marron. 

L'acide  azotique  donne  une  coloration  jaune  grisâtre; 
le  mélange  des  acides  sulfurique  et  azotique  la  colore  en 
jaune  rougeâtre.  L'acide  chlorhydrique  et  l'acide  phos- 
phorique  ne  la  modifient  pas. 

L'eau  bromée  la  décolore. 

La  potasse  et  la  soude  la  saponifient  facilement  à  chaud^ 
et  les  savons  qui  en  résultent  sont  solubles  dans  l'eau. 

J'ai  déterminé  la  composition  de  la  graisse  par  le  même 
procédé  que  j'ai  employé  pour  les  graisses  du  foie  (1). 

Voici  la  composition  et  les  chiffres  d'identité  de  la 
graisse  :  " 

Acides  gras 58,8  p.  100 

Graisse 33,8    — 

Cholestérine  et  pertes 7,4    — 

100,0 

(1)  Étade  chimiqae  «vr  les  matières  grasses  du  foiis.  Thèse  de  doctorat. 
f.  HarU,  Lyon,  1897). 


•  'TV^ 


—  176  — 

Indice  de  Hehner 85,7 

Indice  de  saponification 29J 

Indice  d'iode 47,6 

NaOU 
Degré  d'acidité  en   ^  ^^  pour  i^ fi*,5 

Indice  de  Reichert  pour  S,80 1*",8 

Indice  des  acides  gras  solabies  pour  2,50.  .  .  .      50" 

En  résumé,  cette  graisse  se  rapproche  des  graisses  ali- 
mentaires par  son  indice  de  Hehner,  son  indice  de  sapo- 
nification, son  indice  d'iode  et  de  Reichert;  mais  l'indice 
d'acidité  montre  une  quantité  relativement  considérable 
d'acides  gras  libres,  comme  on  Ta  vu  dans  la  composition 
de  la  graisse  ;  cette  forte  proportion  d'acides  gras  libres 
provient  de  ce  que  les  corps  gras  sont  en  partie  dédoublés 
ou  oxydés  par  les  phénomènes  digestifs  ;  les  acides  gras 
qui  en  résultent  forment  des  combinaisons  salines  peu 
stables  que  les  acides  faibles  détruisent  pour  mettre  l'acide 
gras  en  liberté.  Comparée  à  la  graisse  humaine,  elle  en 
diffère  profondément  par  son  indice  de  saponification  qui 
oscille  pour  cette  dernière  entre  501  et  622  (1),  et  par  son 
indice  d'iode,  qui  varie  pour  la  graisse  humaine  entre  61 
et  71;  quant  aux  indices  de  Reichert  et  d'acides  gras 
solubles,  ils  ne  présentent  pas  grande  différence;  du  reste, 
je  me  propose  de  revenir  plus  tard  sur  ces  rapports,  qui 
sont  fort  intéressants. 


Sur  la  solubilité   de    la  théohromine  dans  les   solutions 
aqueuses  des  sels  à  réaction  alcaline;  par  M.  Drisse- 

MORET   (2). 

L'insolubilité  de  la  théohromine  dans  les  dissolvants 
usuels  n'est  pas  sans  restreindre  son  emploi.  On  a  essayé 
d'utiliser  la  propriété  que  possède  cet  alcaloïde  de  se  dis- 
soudre dans  les  solutions  de  bases  alcalines  et  alcalino- 
terreuses,  bases  avec  lesquelles  il  se  combine  par  substi- 
tution du  métal  à  l'un  de  ses  atomes  d'hydrogène.  Cet 

--- 

(1)  Thèse  de  DayeU  Lyon,  1895. 

(2)  Société  de  pharmacie,  séance  de  février. 


—  177  — 

essai  n'a  pas  donné  de  résultats  satisfaisants  ;  en  effet,  les 
solutions  de  théobromine  alcaline  sont  trop  caustiques 
lorsqu'elles  ont  été  obtenues  avec  la  soude  ;  de  plus,  elles 
sont  extrêmement  instables,  qu'elles  aient  été  préparées 
avec  la  soude  ou  avec  l'eau  de  chaux  ;  l'acide  carbonique 
de  l'air  suffit  à  les  décomposer. 

J'ai  recherché  si  la  théobromine  pouvait  se  dissoudre 
dans  les  solutions  aqueuses  de  sels  à  réaction  alcaline. 
Le  carbonate  de  soude,  les  phosphates  alcalins  dimétal- 
liques,  le  borate  de  soude  officinal  ne  la  dissolvent  sensi- 
blement pas  ;  par  contre,  les  différents  silicates  de  soude 
et  les  phosphates  alcalins  trimétalliques  la  dissolvent  en 
solution  aqueuse. 

J'ai  étudié  la  solubilité  de  la  théobromine  dans  les  solu- 
tions aqueuses  de  phosphate  trisodique. 

A  la  température  de  +  15°,  une  solution  de  14«',80  de 
phosphate  trisodique  dans  80'*  d'eau  distillée  peut  dis- 
soudre 3«',50  de  théobromine.  De  prime  abord,  on  pourrait 
être  tenté  de  croire  qu'il  y  a  combinaison  entre  le  phos- 
phate trisodique  et  la  théobromine,  car  ces  poids  de 
phosphate  de  soude  et  de  théobromine  sont  entre  eux 
comme  leur  poids  moléculaire,  la  combinaison  corres- 
pondant à  la  formule  :  2  molécules  de  phosphate  triso- 
dique pour  1  molécule  de  théobromine. 

En  réalité,  ce  phénomène  paraît  se  réduire  à  une  disso- 
lution de  la  théobromine  dans  l'alcali  mis  en  liberté  par 
la  dissociation  que  le  phosphate  de  soude  subit  au  contact 
de  l'eau  ;  ce  qui  tendrait  à  le  prouver,  c'est  que  la  solubi- 
lité de  la  théobromine  dans  les  solutions  aqueuses  de 
phosphate  trisodique  croit  avec  la  dilution.  Ainsi,  la 
solution  précédente,  portée  à  250'^**,  peut  dissoudre  1«',20 
de  théobromine  en  plus;  elle  contient  alors,  pour  14«',80 
de  phosphate  trisodique,  48',70  de  théobromine,  c'est-à 
dire  un  poids  d'alcaloïde  correspondant  très  sensiblement 
au  rapport  :  2  molécules  de  théobromine  pour  3  de  phos- 
phate trisodique  ;  en  d'autres  termes,  1  molécule  et  demie 
de  l'alcali  du  phosphate  trisodique  parait  utilisée  pour 
dissoudre  1  molécule  de  théobromine.  Ce  fait  me  parait 

Journ.  de  Pharm,  et  de  Chim.,  6<  SÉ1U£,  t.  VII.  (15  féyrier  1898.)  1 2 


_  178  — 

pouvoir  être  rapproché  de  la  propriété  bien  connue  que 
possède  l'acide  orthophosphorique  de  devenir  neutre  au 
tournesol  dès  que  la  moitié  de  ses  trois  fonctions  acides 
est  saturée  par  une  base. 

Ces  dissolutions  de  théobromine  dans  le  phosphate  tri- 
sodique  sont  décomposées  par  les  acides  les  plus  faibles  et 
par  les  sels  à  réaction  acide  ;  toutefois,  leur  stabilité,  en 
présence  de  Tacide  carbonique  de  l'air,  est  de  beaucoup 
plus  grande  que  celle  des  solutions  de  théobromine  dans  la 
soude  ou  dans  l'eau  de  chaux,  et  cette  stabilité  est  encore 
acciiie  par  la  présence  d'un  léger  excès  de  phosphate  tri- 
sodique  sur  lequel  agit  l'acide  carbonique  avant  d'inter- 
-  venir  pour  décomposer  la  théobromine  dissoute.  De  plus, 
mises  en  contact  avec  les  muqueuses,  elles  ne  possèdent 
pas  l'action  caustique  des  solutions  de  théobromine  dans 
les  alcalis. 

Cette  propriété  pourra  donc  permettre  d'utiliser  la 
théobromine  sous  forme  de  solution  aqueuse  renfermant 
très  sensiblement  2  p.  iOO  de  théobromine. 

REVOE  SPÉCIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  PHYSIOLOGIE,  PHARMACIE  ET  CHIMIE- 


Étude  expérimentale  de  ralcoolisme  chronique  chez  le 
chien;  par  M.  A.  Joffroy,  professeur  à  la  Faculté  de 
médecine.  —  Dans  une  leçon  faite  à  la  clinique  de 
l'Asile  Sainte- Anne,  le  professeur  Joffroy  (1)  vient  de 
présenter  les  résultats  actuels  de  ses  recherches  sur  Tal- 
coolisme  chronique  et  le  résumé  des  expériences  ana- 
logues tentées  par  ses  devanciers  sur  difTérentes  espèces 
animales. 

Après  avoir  établi  que  l'intoxication  alcoolique  chro- 
nique diffère  souvent  totalement  de  l'intoxication  alcolique 
aiguë,  il  montre  que  cette  intoxication  chronique  est 
essentiellement  variable.  Puis,  après  avoir  fait  la  critique 
des  travaux  des  différents  auteurs  qui  l'ont  précédé  dans 

(1)  A.   Joffroy.  —   L'alcoolisme  chronique  :  Considérations  étiologiqnes  et 
recherches  expérimentales. 


—  179  — 

cette  étude  expérimentale,  il  expose  les  premiers  résul- 
tats qu'il  a  obtenus  avec  le  concours  de  son  élève,  M.  Ser- 
vcaux,  en  soumettant  des  chiens  à  l'intoxication  chronique 
par  l'alcool  éthylique,  l'alcool  méthylique,  l'alcool  amy- 
lique,  l'aldéhyde  et  le  furfurol. 

Alcool  éthylique.  — M.  Joffroy  rapporte  quatre  exemples 
intéressants  d'intoxication  alcoolique  chronique  par  l'al- 
cool éthylique. 

Un  chien  a  été  soumis  pendant  30  jours  à  l'action  de 
2*=%2  d'alcool  éthylique  par  kilogramme  et  par  jour.  On  a 
dû  suspendre  l'expérience,  car  l'alcool  avait  déterminé 
chez  cet  animal  un  tel  état  d'excitation,  qu'il  était  devenu 
dangereux.  Après  la  suppression  de  l'alcool,  le  chien 
revint  à  son  état  antérieur.  C'est  un  cas  analogue  à  la 
manie  et  au  délire  alcooliques  qui  nécessitent  l'inter- 
nement d'un  assez  grand  nombre  de  malades,  lesquels 
guérissent  rapidement  par  le  seul  fait  de  la  suppression 
de  l'alcool. 

Le  second  animal  est  une  jeune  chienne  qui  prit,  pen- 
dant 1  mois,  près  de  2"  d'alcool  éthylique  par  kilogramme 
et  par  jour.  Puis,  devenue  en  chaleur,  elle  fut  prise  d'une 
attaque  d'épilepsie  procursive  au  cours  de  laquelle  elle 
succomba.  Il  est  difficile  de  déterminer  la  part  exacte  de 
l'alcool  dans  cette  mort,  mais  son  action  a  été  attestée  par 
les  lésions  rénales  et  gastro-intestinales,  constatées  à 
l'autopsie. 

Un  troisième  a  été  soumis  d'abord  à  l'ingestion  de 
2''*'  d'alcool  éthylique  par  kilogramme  et  par  jour.  Comme 
il  prenait  très  difficilement  cet  alcool,  on  ne  réussit  par 
la  suite  à  lui  en  administrer  que  de  temps  en  temps.  Il 
se  produisit  un  état  pathologique  d'origine  alcoolique 
caractérisé  surtout  par  un  amaigrissement  considérable. 
L'animal  est  mort  cachectique  après  8  mois  et  demi  d'in- 
toxication et  à  l'autopsie  on  a  trouvé  :  des  lésions  conges- 
tives  et  hémorrhagiques  de  l'estomac  et  de  l'intestin,  des 
lésions  rénales  consistant  en  rétraction  des  glomérules 
de  Malpighi  et  épanchement  albumineux  entre  ce  glo- 
mérule  et  la  capsule  de  Boromann,  enfin  des  lésions 
hépathiques  de  cirrhose  commençante. 


—  180  — 

Un  quatrième  chien,  extrêmement  vigoureux,  actuelle- 
ment en  expérience,  semble  devoir  supporter  des  doses 
beaucoup  plus  considérables  d'alcool.  Il  est  intoxiqué 
depuis  la  fin  de  mars  1897  et  prend  régulièrement,  depuis 
le  !•'  juin  de  la  même  année,  2**,5  d'alcool  éthylique  par 
kilogramme  et  par  jour.  Il  paraît  supporter  facilement 
ces  doses  élevées  d'alcool  et  on  a  noté  seulement,  pendant 
certaines  périodes,  un  peu  d'affaiblissement  musculaire 
du  train  postérieur. 

On  voit  donc  que  l'alcool  éthylique  est  toxique,  qu'il 
diHermine  des  phénomènes  physiques  et  psychiques 
variés  et  que  la  mort  peut  se  produire  assez  rapidement, 
mùme  avec  une  dose  relativement  peu  élevée.  Use  déclare 
notamment  des  lésions  gastro-intestinales,  rénales,  hépa- 
tiques, et  parmi  ces  dernières,  de  la  cirrhose  indiscutable. 
En  outre,  l'alcool  éthylique  donne  de  l'albuminurie,  de  la 
congestion  pulmonaire,  de  la  sclérose  des  gros  vais- 
sLvaux,  etc.  Son  action  sur  l'économie,  même  lorsqu'il  est 
inséré  en  quantités  relativement  faibles",  est  donc  d'une 
nocivité  considérable. 

Alcool  méthylique,  —  M.  Joffroy  est  aussi  afiBrmatif  en 
ce  qui  concerne  l'alcool  méthylique,  qui  commence  à 
entrer  dans  la  consommation  dans  certaines  contrées,  en 
Irlande,  par  exemple.  Un  chien  intoxiqué  avec  cet  alcool 
est  mort  d'urémie  au  bout  d'un  an  d'intoxication,  après 
yvoir  pris  en  moyenne  l'*,46  d'alcool  méthylique  par 
kilogramme  et  par  jour. 

Pendant  l'expérience,  le  chien  a  présenté  des  phéno- 
mènes psychiques  :  d'abord  une  grande  excitation  suivie 
d'une  dépression  profonde;  des  phénomènes  physiques  : 
vomissements,  démarche  incertaine,  roideur  des  mem- 
bres postérieurs,  affaiblissement  des  membres  antérieurs, 
secousses  convulsives,  etc.  A  l'autopsie,  on  a  trouvé  des 
It^ï^ions  gastro-intestinales,  des  lésions  hépatiques  peu 
accusées  et  des  lésions  rénales  très  accusées,  consistant 
en  un  exsudât  albumineux  entre  les  capsules  de  Boro- 
mana  et  les  glomérules  de  Malpighi,  exsudation  que  Ton 
retrouve  dans  les  tubes  contournés  et  dans  un  certain 
nombre  d'anses  de  Henle. 


—  181  — 

L'alcool  méthylique  et  l'alcool  éthylique  ont  donc  tous 
deux  une  action  toxique  qui  parait  s'exercer  de  la  même 
façon  et  porter  sur  les  mêmes  organes  sans  qu'on  puisse 
dire  encore  d'une  façon  définitive  d'après  les  faits  précé- 
dents, quel  est  le  plus  actif  de  ces  deux  composés  dans 
l'intoxication  chronique. 

Alcool  amylique.  —  L'alcool  amylique  parait  donner 
des  résultats  contraires  à  ceux  qu'on  aurait  pu  prévoir 
d'après  sa  puissance  toxique  dans  l'intoxication  aigué,  car 
un  chien  intoxiqué  avec  cet  alcool  ingère  très  régulière- 
ment depuis  bientôt  dix  mois,  0**50  d'alcool  amylique  par 
kilogramme  et  par  jour,  sans  avoir  présenté  jusqu'à  pré- 
sent aucun  phénomène  appréciable. 

Aldéhyde.  —  Au  contraire  un  autre  animal  qui  a  pris 
0"50  d'aldéhyde  par  kilogramme  et  par  jour  a  été  trouvé 
mort  un  matin  après  six  semaines  de  ce  régime,  présen- 
tant des  traces  de  morsures.  On  a  pensé  qu'il  avait  du 
être  étranglé  par  les  autres  chiens,  mais  quoiqu'il  en  soit, 
il  présentait  des  lésions  très  profondes  et  capables  à  elles 
seules  de  déterminer  la  mort  car  à  l'autopsie  on  a  cons- 
taté des  altérations  très  prononcées  du  tube  digestif  : 
ecchymoses  de  l'œsophage,  de  l'estomac,  de  l'intestin 
grêle  et  du  gros  intestin.  Le  rein  présentait  dans  toute 
son  étendue  les  mêmes  lésions  que  celles  rapportées  plus 
haut.  Quant  au  foie,  il  était  presque  complètement 
indemne. 

Furfurol.  —  Enfin,  le  furfurol  a  donné  à  M.  JofFroy 
des  résultats  très  extraordinaires.  Deux  chiens  intoxi- 
qués (un  chien  et  une  chienne)  depuis  près  de  deux  ans 
ont  résisté  à  cette  intoxication  sans  présenter  de  phéno- 
mènes pathologiques  appréciables,  soit  au  point  de  vue 
psychique,  soit  au  point  de  vue  physique.  Le  chien,  par 
exemple,  prend  régulièrement  l'agent  toxique  depuis 
le  8  mars  1896  et  ingère  en  ce  moment  par  jour  1"  de 
furfurol,  c'est-à-dire,  étant  donné  son  poids,  plus  de  la 
moitié  (exactement  les  5/9)  de  la  dose  qui,  introduite 
directement  dans  le  sang  ou  les  muscles,  déterminerait  la 
mort  de  l'animal. 


—  182  — 

Par  conséquent,  une  dose  de  furfurol  relativement  beau- 
coup plus  forte  que  les  doses  d'alcool  éthylique  et  méthy- 
lique  qui  ont  amené  la  mort  rapidement,  dose  administrée 
pendant  fort  longtemps,  ne  produit  apparemment  rien  ou 
presque  rien.  Et  le  furfurol  qui  est  si  nocif  dans  l'intoxi- 
cation aiguë  est  bien  supporté  dans  Tintoxication  chro- 
nique. 

Ajoutons  que  ces  deux  chiens  intoxiqués  par  le  furfurol 
ont  eu  des  petits  dont  l'un  actuellement  vivant  est  en 
bonne  santé  et  ne  présente  rien  de  particulier. 

Conclusions,  —  On  voit  donc  d'après  ces  expériences 
que  le  furfurol  et  l'alcool  amylique  sont  mieux  tolérés 
dans  l'intoxication  chronique  qu'on  n'aurait  pu  le  sup- 
poser d'après  l'étude  de  l'intoxication  aiguë,  tandis  que 
l'aldéhyde,  l'alcool  éthylique,  l'alcool  méthylique  (ces 
deux  derniers  relativement  peu  toxiques  dans  l'intoxi- 
cation aiguë)  déterminent  avec  des  doses  relativement 
faibles  des  désordres  graves  qui  amènent  rapidement  la 
mort. 

On  ne  peut  donc  pas  déduire  de  la  comparaison  des 
toxicités  des  corps  dans  les  intoxications  aiguës  leur 
puissance  toxique  dans  l'intoxication  chronique.  On  ne 
connaît  rien  encore  des  lois  générales  qui  relient  l'em- 
poisonnement lent  et  l'empoisonnement  rapide,  brutal  et 
il  faut  se  résoudre  pour  le  moment  à  continuer  l'étude 
expérimentale  de  l'intoxication  chronique  par  chacfue 
corps.  Plus  tard,  on  parviendra  peut-être  à  mettre  en 
lumière  les  rapports  qui  relient  les  intoxications  aiguës 
et  chroniques,  mais,  actuellement,  nous  ne  pouvons 
qu'avouer  notre  ignorance  sur  ce  point. 


Effets  physiologiques  et  thérapeutiques  de  la  spermine; 

par  M.  Alexandre  Poehl  (1).  —  La  spermine,  qui  répond 
à  la  composition  C'H^*Az*,  est  l'un  des  principes  qui 
président  à  l'oxydation  des  tissus.  Elle  se  trouve  dans 
presque  tous,  mais  plus  particulièrement  dans  le  testicule, 

(1)  Ac.  d.  «c,  CXXV,  959,  6  déc.  1897. 


—  183  — 

l'ovaire,  lecorps  thyroïde,  le  pancréas  surtout,  le  thymus,  la 
moelle,  la  rate,  le  sang  normal,  la  lymphe.  Cette  base  agit, 
même  à  très  faibles  doses,  en  accélérant  les  oxydations, 
tant  organiques  que  minérales,  à  la  façon  d'un  ferment. 

Une  série  d'observations,  dues  au  professeur  Tarldia- 
noff,  ont  établi  l'action  dynamogène  de  ce  corps;  les 
observations  cliniques  ont  démontré  ses  effets  thérapeu- 
tiques favorables  dans  toutes  les  maladies  caractérisées 
par  une  réduction  des  oxydations  dans  les  tissus,  un 
ralentissement  de  l'assimilation,  et  une  diminution  de 
l'alcalinité  du  sang. 

Quelles  que  soient  les  manifestations  variées  appa- 
rentes de  ces  nombreuses  maladies,  dans  tous  ces  cas,  les 
effets  de  la*  spermine  se  réduisent  à  relever  le  taux  des 
oxydations  întra-organiques,  à  favoriser  l'élimination 
des  produits  de  déchet  et  à  détruire  les  toxines  autonomes 
ou  microbiennes. 

Sous  son  influence  :  1®  le  rapport  de  l'azote  de  l'urée  à 
l'azote  total  (ancien  coefficient  d'oxydation,  actuellement, 
coefficient  d'utilisation  des  substances  azotées),  rapport 
qui  est  la  meilleure  mesure  de  la  respiration  et  de  la 
vitalité  des  tissus,  se  rapproche,  chez  les  malades,  de  la 
normale;  c'est-à-dire  que  la  quantité  d'azote  uréique 
augmente  et  que  celle  des  produits  intermédiaires  offen- 
sifs (leucomaïnes  et  toxines  de  M.  A.  Gautier)  diminue.  On 
constate,  en  effet,  à  la  fois,  sous  l'action  de  la  spermine, 
la  diminution  des  leucomaïnes  urinaires  et  des  substances 
extractives  azotées. 

2®  Sous  l'influence  du  môme  agent,  le  rapport  de  l'urée 
aux  chlorures  diminue  malgré  l'augmentation  de  la  quan- 
tité d'urée. 

3°  Le  rapport  de  l'acide  urique  à  l'acide  phosphorique 
des  phosphates  neutres  (rapport  qui,  d'après  Zerner, 
mesure  l'aptitude  de  l'acide  urique  à  se  précipiter  dans 
l'organisme)  se  rapproche  très  lentement  de  0,4  (nor- 
male 0,2  à  0,4). 

4'*  Le  rapport  de  l'acide  phosphorique  total  à  l'acide  phos- 
phorique des  phosphates  neutres  diminue  sensiblement. 

La  spermiiie  ne  parait  pas  avoir  d'influence  directe  sur 


—  184  — 

les  fermentations  intestinales;  en  fait,  le  rapport  de 
Tacide  sulfurique  total  à  Tacide  snlfoconjugué  ne  paraît 
pas  modifié. 

Les  effets  physiologiques  et  thérapeutiques  de  la  sper- 
mine  sont  donc  bien  uniformes  :  ils  consistent  à  exciter 
les  phénomènes  d'oxydation  et  à  favoriser  ainsi  l'élimi- 
nation, sous  forme  de  produits  inoflfènsifs,  des  divers 
déchets  organiques. 

Recherche  et  dosage  du  plomb  dans  les  fers-blancs  et 
dans  les  conserves  alimentaires;  par  M.  P.  Carles  (Ex- 
trait) (1).  —  Fers  blancs.  ^—  Quand  on  soumet  à  l'électro- 
lyse  une  dissolution  d'azotate  de  plomb,  il  y  a  longtemps 
que  M.  le  professeur  A.  Riche  a  démontré  la  facilité,  la 
rapidité  et  l'exactitude  avec  laquelle  le  métal  se  dépose 
à  l'état  de  bioxyde.  M.  Riche  a  fait  voir  encore  que  la 
séparation  se  faisait  avec  la  même  aisance  quand  le 
plomb  était  allié  au  cuivre  et  à  l'étain.  En  présence 
d'une  grande  proportion  d'étain,  la  peroxydation  complète 
est  nécessaire  quand  il  s'agit  d'étamages  de  boites  de 
conserves. 

Dès  que  l'on  introduit  5  p.  100  de  fer  dans  un  alliage 
de  plomb  et  d'étain,  les  séparations  des  métaux  devien- 
nent irrégulières  par  l'électrolyse,  et  si  l'on  élève  le  fer 
à  10  p.  100,  l'acide  stannique  reste  en  dissolution  à 
l'état  de  sel  férrique. 

Conserves.  —  L'auteur  a  observé  qu'il  faut,  pour  réus- 
sir, réaliser  les  trois  conditions  suivantes  : 

Destruction  absolue  du  charbon,  élimination  complète 
des  chlorures,  dilution  convenable  des  phosphates,  sels 
qui  existent  dans  toutes  les  conserves. 

Or,  les  pois  secs  renferment  2,10  p.  100  de  cendres, 
et  ces  cendres  contiennent  30  p.  100  d'acide  phosphorique, 
soit  66  p.  100  de  phosphate  de  chaux.  Cent  de  pois  secs 
renferment  donc  1,40  de  phosphate  calcaire. 

100  de  cendres  de  bœuf  donnent  7,70  de  cendres  for- 
mées presque  en  totalité  de  phosphates  alcalins  ou  ter- 
reux, en  réalité  96  p.  100. 

(1)  Bull,  de  la  Soc.  de  pharm,  de  Bordeaux. 


—  185  — 

Le  chlorure  de  sodium  abonde  dans  toutes  les  con- 
serves de  viandes  et  légumes. 

Voie  un  exemple  cité  par  l'auteur  : 

50  grammes  de  pois  en  grains  secs  sont  arrosés  dans 
une  capsule  avec  une  solution  plombique  contenant  0,050 
de  métal,  et,  lorsque  Tabsoption  est  totale,  ils  sont  por- 
tés à  la  mouile,  dans  une  capsule  de  porcelaine  plate  à 
bords  verticaux  et  très  bas  et  incinérés  à  moitié.  A  ce 
moment,  on  les  écrase  au  mortier  de  porcelaine  et  on  les 
lave  à  Teau  azotique  au  1/10  bouillante,  de  façon  à  obte- 
nir après  filtration  de  50  à  60«'  de  liquide.  Le  char- 
bon et  le  filtre  bien  essorés  sont  étendus  dans  la  capsule, 
desséchés,  puis  incinérés.  On  répète  le  lavage  précédent 
et  on  procède  à  une  troisième  incinération,  absolue 
cette  fois. 

On  laisse  refroidir,  on  ajoute  les  liquides  précédem- 
ment filtrés  et  devenus  un  peu  troubles  à  froid,  on  les 
additionne  de  8  à  10«'  d'acide  sulfurique  concentré  et  on 
fait  chauffer  progressivement,  jusqu'à  disparition  à  peu 
près  complète  de  vapeurs  sulfuriques,  ce  qui  assure  le 
départ  de  tout  chlorure.  A  ce  terme  on  délaye  le  résidu 
dans  un  liquide  composé  de  : 

Acide  azotique,  B**^;  acide  sulfurique  30";  eau  dis 
tiUée,  264. 

Ce  minimum  d'acidité  est  nécessaire,  sans  quoi,  selon 
le  degré  d'acidité,  le  plomb  se  dépose  partie  au  pôle  né- 
gatif à  l'étal  de  métal,  partie  en  PbO*  à  l'autre  pôle,  et 
même  quelquefois  entièrement  au  pôle  négatif. 

A  ce  degré  de  dilution  seulement  le  courant  prend 
bonne  allure,  la  soutient,  et  le  plomb  se  dépose  à  l'état 
de  bioxyde  au  pôle  positif.  S'il  en  est  ainsi,  c'est  à  cause 
de  la  richesse  des  pois  en  phosphate  de  chaux  ;  la  dose 
de  phosphate  ne  doit  guère  dépasser  0,100  à  0,150  par 
50  grammes  de  liqueur. 

Acides  chromosulfochromiques.  Chromosulfochromates 
alcalins;  par  M.  A.  Recoura.  —  L'auteur  a  établi  anté- 
rieurement que  le  sulfate  vert  de  chrome  Cr*.3S0*,  corps 


•T^escç»^' 


—  186  — 

isomère  du  sulfate  violet,  mais  qui  n'est  ni  un  sulfate, 
ni  un  sel  de  chrome,  possède  une  grande  activité  de 
coniMnaison,  et  qu'en  particulier  il  se  combine  très  faci- 
loiueat  avec  l'acide  sulfurique  ouïes  sulfates  métalliques, 
en  donnant  naissance  à  des  composés  complexes  qu'il  a 
appelés  les  acides  chromosulfuriques  et  les  chromosul- 
fates métalliques. 

l>aus  un  nouveau  mémoire,  il  décrit  des  composés  ana- 
logues qu'on  obtient  par  la  combinaison  du  sulfate  vert 
de  rhrome,  non  plus  avec  l'acide  sulfurique  et  les  sul- 
fates, mais,  avec  l'acide  chromique  et  les  chromâtes.  Ce 
sont  les  acides  chromosulfochromiques  et  les  chromosulfo- 
chromâtes. 

Acide  chomosulfochromique  : 

Cr«3S0*  +  CrO*H'  =  [Cr«.3SO*.CrO*]H«, 

Acide  chromo-sulfo-dichromique  : 

Cr»3S0*  -I-  2CrO*H'  =  [Cr«.3SO*.2CrO*]H*, 

Acide  chromo-sulfo-trichromique  : 

Cr'3S0*  +  3CrO*H'  =  [Cr'.3SO*.3CrO*]H*. 

Pour  isoler  les  acides  chromo-sulfo-chromiques,  il  suf- 
fil  d'évaporer  à  siccité  au  bain-marie  les  liqueurs  ren- 
fermant, pour  une  molécule  Cr'3S0*,  une,  deux  ou  trois 
molèiîules  d'acide  chromique.  On  obtient  ainsi  des  corps 
brun  foncé,  amorphes,  très  solubles  dans  l'eau.  Leur  so- 
lution est  verte. 

En  remplaçant  dans  cette  préparation  l'acide  chromique 
par  les  chromâtes  alcalins,  on  obtient  les  chromo-sulfo- 
cliromates  alcalins.  Ceux-ci,  à  l'état  solide,  ont  le  même 
aspect  que  les  acides  correspondants.  A  l'état  dissous,  le 
sel  a  une  molécule  de  chromate  est  vert  jaunâtre,  le  sel  à 
deux  molécules  brun  verdàtre,  et  le  sel  à  trois  molécules 
brun , 

Ce  dernier  ne  paraît  pas  d'ailleurs  exister  à  l'état  so- 
lide. La  masse  brune  que  l'on  obtient  d'abord  comme  ré- 
yuliat  de  la  préparation  se  recouvre  bientôt  d'efilorescences 
jaunes,  dues  au  chromate  alcalin  qui  se  sépare. 


\ 


—  187  — 

Ces  composés,  comme  les  acides  chromosulfuriques, 
sont  peu  stables  en  dissolution  et  se  dédoublent  assez 
facilement  en  sulfate  de  chrome  et  acide  chromique. 


Fermentation   alcoolique  sans  cellules  de  levure;  par 
MM.  Edouard  Buchner  et  Rudolf  Rapp  (3«  note,  fin)  (1). 


Tableau  V.  —  Puissance  fermentative  de  divers  sues  de  levure. 


•> 

ACIDE  CARBONIQUE,  1 

SN  QRAM 

ures. 

MES,  APRÈS 

64  heures. 

48  he 

J 

PROVENANCE 

i 

et 

1 

T 

o 

5 

de  la  levure. 

16 

heures. 

Si 

heures. 

acuatio 

acide 

nique. 

acuatio 

acide 

nique. 

acuatio 

acide 

nique. 

acuatio 

acide 

nique. 

M 

^-:â 

^•-8 

■^■T-â 

.^7^ 

au 

«^ 

0)  b 

0)  (^ 

Z 

s-^g 

g' g 

g-^g 

s-«g 

s 

è 

s 

a 

10 

» 

1,U 

1,20 

20 

0,89 

0,96 

1,00 

1,01 

18 

convertie 
en  suc 

0,90 

1,02 

» 

21 

Levure 

encore 

0,95 

1,11 

2,29 

1,31 

1,41 

22 

pressée 
de 

fraîche. 

0,92 

1,04 

» 

1,13 

1,19 

23 

la  même 
fabrique 

de 
Uunich 

0,91 

1,02 

» 

1,11 

1,18 

convertie 

24 

en  suc 

0 

0 

0 

0 

25 

après  repos 
de  3  jours 
à  7-  ou  8». 

0 

0 

0 

0 

Levure  pressée 

26 

d*une  autre  fabrique 
de  Munich 
travaillée 

0,59 

0,66 

0,72 

0,79 

» 

27 

0,57 

0,65 

0,70 

0,78 

encore  fraîche. 

28 

Levure  pressée 

0 

0 

0 

» 

29 
30(») 

de  céréales 

d'une  fabrique 

de  Basse- Bavière. 

0 
0,01 

0 
0,01 

0 
0,02 

0 
0,04 

(i)B 

(ans  l'essai  30,  on  n'a 

pas  mis  d'arsenic. 

(1)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Chim.,  t.  VU,  pages  26,  81,  86  et  128. 


—  188  — 

La  diminution  de  la  puissance  fermentative  du  suc 
exprimé  par  conservation  de  ce  suc  dans  une  glacière 
(à  7«  ou  8*,6)  est  un  fait  important.  Deux  essais  paral- 
lèles, Tun  avec,  l'autre  sans  addition  d'arsenite  (2  p.  100 
As'O'  dissous  dans  un  excès  de  carbonate  de  potasse) 
permettent  de  conclure  à  ce  sujet.  On  ajouta  du  sucre  de 
canne  jusqu'à  ce  que  la  solution  en  contînt  27  p.  100. 
L'acide  carbonique  fut  chassé  dans  trois  cas  seulement. 

Tableau  VL .—  DiminnUoii  de  la  puiasance  lermentatifê  du  suc 
par  sa  conienration. 


1 

1 

â 

H 

Q 

1 

AGIDB  CAHBONIQUB  EN  GBAMMBS,      Il 
APR&8                                  II 

1 

î 

9 

1 

5 

"^64  he 

I|î 

1res. 

& 

31 

Cave 
(12  k  14)«. 

» 

Frais. 

0,40 

0,61 

0,96 

1,31 

1,46 

32 

Après 
24  heures 
de  repos. 

0,14 

0,19 

0,27 

0,36 

0,44 

33 

Après 
48  heures 
de  repos. 

0,02 

0,05 

0,14 

0,S2 

0,31 

34 

Chambre. 

2  p.  100. 

Frais. 

0,82 

0,86 

0,87 

» 

1 

35 

Après 
24  heures 
de  repos. 

0,49 

0,55 

0,56 

> 

9 

1 

Après 
4  8  heures 
de  repos. 

0,03 

0,15 

0,17 

1 

_ 

—  189  — 

Du  suc  conservé  20  heures  à  0*  fournit  par  contre,  dans 
les  mêmes  circonstances,  1»',11  d'acide  carbonique.  Il 
n'était  donc  pas  notablement  altéré. 

Comparaison  directe  avec  la  puissance  de  la  levure 
vivante.  —  Ces  essais  montrèrent  que,  dans  les  mêmes 
circonstances,  la  puissance  fermentative  du  suc  n'est 
pas  notablement  modifiée  par  la  présence  de  quelques 
microorganismes.  Dans  une  partie  des  essais,  on  ajouta 
i«'  de  levure  pressée  fraîche  à  du  suc  exprimé  devenu 
inactif  par  la  conservation.  On  a  ajouté  ou  non  de  l'ar- 
senic (2  p.  100  As'O*  dissous  dans  un  excès  de  K"CO'). 
Enfin,  on  a  mis  du  saccharose  jusqu'à  ce  que  le  titre  de 
la  solution  fût  de  27  p.  100.  Température,  12<»  à  14^ 


Tableau  VII. 

—  Comparaison  avec  la  levure  vivante 

ACIDE  CUUIONIQUB    EN  GRAMMES        il 

1 

! 
s 

suc 

de 

leTure. 

i! 

5 

É 

o. 

3 
5 

après  î                          II 

i 

Xi 

É 

9 

SANS  EXPULSION  \ 

de  l'acide      1  Sl 
carbonique,     f  s* 

AVEC  EXPULSION  i  n 

de  l'acide       ]« 
carbonique.     / 

31 

Frais. 

» 

]> 

0,50 

0,73 

1,34 

1,73 

1 

ao 

9 

» 

2 

0,89 

0,96 

1,00 

1,01 

9 

32 

Ancien. 

iet- 

» 

0,020 

0,080 

0,43 

0,82 

> 

33 
34 

Inactif. 

igr. 

2 

0,005 

0,005 

0,03 

0,07 

9 

Frais. 

» 

» 

0,40 

0,61 

1,10 

1,31 

1,46 

31 
35 

» 

> 

2 

0,95 

0,11 

1,29 

1,31 

1,41 

Ancien. 

Igr. 

> 

0,02 

0,09 

0,62 

1,13 

1,51 

36 

InacUf. 

*gr. 

2 

0,00 

0,00 

0,00 

0,00 

0,02 

La  comparaison  des  essais  31  et  20  et  des  essais  34  et 
21  de  ce  tableau  fait  ressortir  que  la  puissance  fermen- 


—  190  — 

tative  du  suc  exprimé  est  au  commencement  fortement 
augmentée  (cela  ne  ressort  pas  des  essais  du  tableau  III;. 

Vraisemblablement,  Texcès  de  carbonate  de  potasse 
ajouté  avec  l'arsenic  (lors  de  la  préparation  de  la  solution 
arsénieuse),  doit  être  rendu  responsable  de  faciliter 
Taction  chimique  de  la  zymase,  dans  la  décomposition  du 
sucre.  Ainsi,  M.  E.  Duclaux  (1)  a  effectué  la  décompo- 
sition alcoolique  du  sucre  par  la  lumière  du  soleil,  en 
Ttibsence  d'air,  en  solution  alcaline. 

Appendice,  —  D'après  une  récente  notice  de  A.  Sta- 
venhagen  (dernier  cahier  de  ces  Berichte^  p.  2422)),  le  suc 
de  levure  filtré  à  travers  une  bougie  Chamberland  serait 
sans  action  sur  le  sucre.  Ce  fait  est  en  complète  contra- 
diction avec  les  essais  mentionnés  dans  cette  communi- 
cation et  reste  sans  valeur  jusqu'à  ce  qu'on  ait  montré 
que  le  suc  en  question  possédait  une  forte  action  avant 
là  filtration..  Cette  communication  pèche  par  ce  côté.  Les 
autres  oppositions  sont  réfutées  par  les  recherches  dé- 
crites plus  haut. 

(Tradaction  Marcel  Delage.) 

Tûbingen  cl  Munich,  5  novembre  1897. 


Les  huiles  essentielles  au  point  de  vue  chimique  et 
industriel;  par  M.  Duyk  (2)  (Fin). 

Essence  de  thym,  —  L'herbe  de  thym  (thymus  vulgaris] 
qui  croit  dans  le  midi  de  la  France,  renferme  de  2  à  2,5 
p.  100  d'une  huile  essentielle  fort  employée  en  phar- 
macie. On  cultive  cette  plante  non  seulement  en  France, 
mais  aussi  en  Allemagne  (Saxe)  et  en  Espagne. 

L'essence  brute  est  rougeâtre,  mais  rectifiée,  elle  est 
blanche  et  alors  elle  possède  les  constantes  physiques 
suivantes  :  Densité  =  0,890  ;  indice  de  réfraction  n  [d]  = 
1,483.  Pouvoir  rotatoire  +  10*  à  12<>.  Elle  commence  à 


(l)  Ann.  Pasteur  y  X,  1896,  168.  C'est  le  premier  cas  d'une  décomposiUon 
du  sucre  en  alcool  et  acide  carbonique  sans  le  secours  d'organismes.  Ma  pre- 
mière communication  {Bcrichte,  XXX,  120)  est  à  rectifier  sur  ce  point. 

(â)  Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim,  [6],  IV,  38,  208,  303,  359,  453,491, 
4U9;  VII,  74, 123. 


L 


—  191  — 

bouillir  à  155*»  —  165*;  il  distille  successivement  des 
hydrocarbures  tels  que  cymène,  thymène,  des  phénols, 
thymol,  carvacrol,  et  de  petites  quantités  de  bornéol  et  de 
de  linalol. 

Le  thymol  ou  acide  thymique  est  la  partie  la  plus  pré- 
cieuse de  Tessence  de  thym;  il  existe  aussi  dans  les 
essences  de  monarda  punctata  et  de  ptychotis  ajovan.  Sa 
formule  :  - 

y(l)  CH» 
C«H»^(4)  C'H' 
\(3)  OH 

en  fait  un  méthyl  propylphénol  :  1*  Pour  le  retirer  de 
l'essence,  on  agite  celle-ci  avec  une  solution  concen- 
trée de  soude  caustique.  Le  thymate  sodique  formé 
reste  dissous  dans  Teau;  on  le  sépare  des  cyméne  et 
thymène,  etc.,  inaltérés  et  on  traite  la  solution  alcaline 
par  un  acide  minéral;  une  huile  se  précipite  constituée 
par  du  thymol.  On  la  dessèche  sur  du  sulfate  sodique 
anhydre  et  on  la  fait  cristalliser  en  y  projettant  un  cristal 
de  thymol  pur. 

2*  Pour  l'obtenir  synthétiquemenl,  on  part  de  l'aldé- 
hyde cuminique  nitrée.  En  traitant  celle-ci  par  du  per- 
chlorure  de  phosphore,  on  obtient  une  huile  qu'on  sépare 
de  l'oxychlorure  par  lavage  à  l'eau  et  extraction  à  l'éther. 
On  la  dissout  dans  l'alcool,  puis  on  la  traite  par  l'acide 
chlorhydrique  et  le  zinc  à  une  température  ne  dépassant 
pas  12*^;  la  réaction  est  terminée  lorsqu'une  prise  d'essai 
ne  précipite  plus  par  l'eau  ;  on  laisse  alors  la  température 
s'élever. 

Les  groupes  CHCl'  et  AzO*  sont  réduits  et  on  obtient 
de  la  cymidine  dont  le  sulfate,  traité  à  froid  par  le  nitrite 
sodique  et  l'acide  sulfurique  étendu,  se  convertit  en 
thymol,  d'après  l'équation  suivante  : 

0'*H"(AzH«)  +  AzO«H  =  0'°H"OH-|-Az»4-H*0. 

On  isole  le  thymol  au  moyen  d'un  acide,  puis  on  le  dis- 
tille dans  un  courant  de  vapeur  d'eau.        .     . 


1 


—  192  — 

Le  thymol  fond  à  44^,  bout  à  230^;  il  est  très  soluble 
dans  Téther  et  Talcool  ;  peu  soluble  dans  l'eau. 

Dissous  dans  l'acide  sulfurique,  puis  traité  par  un 
mélange  de  nitrite  de  sodium  et  d'acide  sulfurique,  il  se 
colore  successivement  en  vert  et  en  bleu. 

L'essence  de  thym  rectifiée  que  Ton  rencontre  habi- 
tuellement dans  le  commerce  est  presque  toujours  privée 
de  thymol^  aussi  lorsqu'on  l'agite  avec  une  lessive  alca- 
line ne  diminue-t-elle  pas  de  volume.  Une  bonne  essence 
doit  cependant  renfermer  au  moins  20  p.  100  de  son 
poids  de  thymol. 

La  présence  de  térébenthine,  que  fréquemment  on 
ajoute  à  l'essence  de  thym,  sera  facilement  décelée  en 
examinant  celle-ci  au  polarimètre,  l'angle  de  rotation 
sera  dans  ce  cas,  considérablement  augmenté. 

Essence  de  térébenthine.  —  Il  existe  trois  sortes  d'es- 
sences, intitulées  française,  anglaise  ou  américaine, 
russe  ou  suédoise,  possédant  chacune  des  propriétés 
physiques  particulières. 

Essence  de  térébenthine. 


FRANÇAISE 

(gauche) 

ANGLAISE 
OU  AMÉRICAINE 

(droite) 

RUSSE 
ou  SUÊDOISB 

(droite) 

Provenance .... 

Composition  •  .  . 

Pouvoir  rotatoire. 

Densité 

Point  d'ébnllition. 

Pinus   maritima 

—      pinaster 

Térébenthène  ou 

pinëne  gauche 

ad=— 60- 

0.864—0.866 

i56«  k  i63« 

Pinus  Australis 

Australène 

ou  pinène  droit 

(a)d=  + 14.55 

0.864  à  20" 

156  à  161 

(suivant  les  auteurs) 

Pinus  sylvestris 

—    Ledebourii 

Sylvestrène  el 

pinène  droit 

a  d  =  +  3i- 

0.860  à  20" 

161  à  180  et  au-dessus 

(suivant  les  auteurs). 

Ces  trois  variétés  d'essences  se  différencient  surtout 
par  Taction  que  chacune  d'elles  exerce  sur  le  plan  de 
la  lumière  polarisée.  Elles  sont  principalement  consti- 
tuées par  du  pinène  ou  térébenthène^  hydrocarb  ure  de  la 
formule  0"H". 


—  193  — 

L'essence  ofBicinale  (française)  est  très  rarement  falsi- 
fiée; les  falsificateurs  en  usent  au  contraire  largement 
pour  la  mélanger  à  des  essences  chères.  Pure,  elle  n'of- 
frira jamais  une  fluorescence  bleue  (huile  de  pétrole), 
elle  se  volatilisera  sans  laisser  de  résidu  appréciable 
lorsqu'on  la  chauffe  à  la  chaleur  du  bain-marie  (huile  de 
résine). 

Essence  de  genièvre.  —  On  l'obtient  en  distillant  les 
baies  de  genièvre  (Juniperus  communis).  Elle  est  soluble 
dans  10  parties  d'alcool  à  80*. 

Cette  essence  est  composée  presque  exclusivement  de 
pinène  et  de  cadinène,  ce  dernier  est  un  sesquiterpène 
que  Ton  retrouve  dans  Vhuile  de  cade,  goudron  obtenu  en 
soumettant  le  juniperus  oxycedrus  à  la  distillation  sèche. 
On  rencontre  aussi,  dans  l'essence  de  baies  de  genièvre, 
de  petites  quantités  d'un  éther  terpénique  qui  lui  donne 
son  odeur  propre. 

Essence  de  sabine,  —  Cette  essence  [juniperus  sabina, 
conifères)  est  composée  de  pinène  et  de  cadinène.  Sa  den- 
sité =  0.91  à  0.94.  Elle  est  soluble  dans  l'alcool  à  90*  qui 
en  dissout  un  volume.  Pouvoir  rotatoire  («)  j  =  +40  à  50*^. 

Essence  de  romarin.  —  Les  feuilles  et  les  sommités 
fleuries  du  romarin  (Rosmarinus  off.  Labiées)  fournissent 
à  la  distillation  des  essences  d'odeur  plus  ou  moins 
agréable.  L'espèce  la  plus  estimée  nous  vient  du  Midi  de 
la  France. 

L'essence  de  romarin  est  un  liquide  incolore,  qui 
s'oxyde  rapidement  au  contact  de  l'air.  Sa  densité  varie  de 
0,880  à  0,920.  Son  point  d'ébuUition  varie  aussi  de  150<» 
(Bruylants)  à  168»  (Williams). 

M.  Bruylants  a  découvert  dans  l'essence  de  romarin  :  du 
pinène  en  grandes  quantités;  un  mélange  de  camphre 
droit,  de  camphre  gauche  et  de  petites  quantités  de 
bornéol. 

L'essence  de  romarin  est  fréquemment  falsifiée  par 
l'essence  de  térébenthine;  la  présence  de  petites  quan- 
tités de  cet  adultérant,  dont  la  composition  chimique  se 
rapproche  de  celle  de  l'essence  de  romarin  pure,  est  fort 

Journ,  de  Pharm,  et  de  Chim.,  &*  SÉRIE,  t.  VII.  (15  février  1898.)  1 3 


•-.lïs?^ 


—  194  — 

difficile  à  déceler.  On  a  signalé  une  fraude  plus  grossière: 
Taddiiion  d'huile  de  pétrole,  mais  on  pourra  facilement 
déceler  la  présence  de  ce  corps,  à  son  odeur  caractéris- 
tique d'abord,  à  l'aspect  fluorescent  de  Tessence  et  enfin  à 
la  non  complète  disparition  du  produit  soumis  à  la  cha- 
leur du  bain-marie. 

Essence  de  cèdre.  —  On  la  produit  en  traitant  par  un 
courant  de  vapeur  les  copeaux  de  cèdre  {juniperus  virgi- 
niana].  Cette  essence  a  Taspect  d*un  liquide  jaunâtre,  de 
eousistance  épaisse,  d'une  densité  de  0,984  à  14*,5;  bouil- 
lant déjà  en-dessous  de  280*  à  la  pression  ordinaire.  Les 
fractions  passant  vers  cette  température  sont  composées 
en  majeaie  partie  d*un  hydrocarbure,  le  cédrène  qui 
donne  avec  Tacide  chlorhydrique  un  chlorhydrate  liquide; 
les  fractions  supérieures  (jusqu'à  295**)  sont  en  petites 
proportions.  Elles  renferment  un  composé  alcoolique  non 
encore  très  bien  défini,  mais  qui  parait  être  identique  au 
santalol  de  Tessence  de  santal.  Ce  stéaroptène  fait  presque 
complètement  défaut  dans  l'essence  de  feuilles  de  cèdre. 
Agitée  avec  du  bisulfite  de  soude,  Tessence  de  cèdre  ne 
doit  rien  lui  abandonner. 

L'essence  de  cèdre  possède  une  certaine  importance 
en  optique;  on  sait  qu'elle  est  employée  couramment 
(épaissie  à  Tair)  en  microscopie.  D'après  Schimmel,  Tin- 
dice  de  réfraction  d'une  essence  nouvelle  =  ^  =  1.50567  à 
17*  et  celui  de  l'huile  épaissie  =5  =  1.51682  à  17^ 

En  outre,  on  s'en  sert  fréquemment  pour  falsifier  l'es- 
sence de  santal,  ou  même  on  la  substitue  complètement  à 
cette  dernière.  

Contribution  à  la  chimie  des  tannins;  par  M.  Hebmann 

KuNï-Kit.vu'E  (1).  —  L'auteur  envisage  tout  dabord  la 
quvjï^ïiun  de  classification  des  tannins  et  pense  qu'on  peut 
aller  plui?  loin  que  la  division  en  combinaisons  non  gly- 
cosidiques  et  combinaison  glycosidiques.  Il  propose  de 
créer  les  groupes  suivants  : 

(1)  Bt'UrUfje  sur  Chemie.  der  sog.  Gerbsàuren  (Glykotannoïdes)  Apoth. 
teituntj,  XII,  89,  1897,  p.  734. 


—  195  — 

1<*  Premier  groupe  comprenant  les  oxacides  aromatiques 
de  la  série  du  benzol  et  du  styrol  (tannogènes  de  Bramer)  ; 

2*  Tannins  cétoniques  de  nature  non  éthérée  ou  non 
glycosidique,  produits  d'oxydation  et  de  condensation  des 
oxacides  précédemment  nommés  ; 

3*  Tannins  de  nature  éthérée  ou  glycosidique. 

Ce  dernier  groupe  comprend  lui-même  des  sous- 
groupes;  on  y  rattache  entre  autres  les  glucotannoïdes 
et  les  phloroglucotannoïdes. 

Un  des  représentants  les  mieux  connus  des  glucotan- 
noïdes est  l'acide  glycosyldioxycinnamique ,  qui  est  le 
tannin  du  café  ou  du  maté  et  dont  la  répartition  paraît 
très  étendue  dans  le  monde  végétal. 

Les  glucotannoïdes  de  la  série  cinnamique  sont  carac- 
térisés par  toute  une  série  de  réactions  générales  :  colo- 
ration jaune  de  leurs  solutions  alcalines;  précipité  jaune 
insoluble  dans  l'alcool,  facilement  soluble  dans  l'eau,  en 
présence  du  sodium  en  solution  alcoolique;  formation 
de  sels  de  plomb  jaunes;  production  d'acide  cyanhy- 
drique  dans  le  traitement  par  le  réactif  de  Liebermann 
à  froid;  formation  de  glucosazones  par  réaction  avec  la 
phénylhydrazine. 

L'acide  glycosyldioxycinnamiijue,  tannin  du  café  et  du 
maté,  forme,  avec  la  phénylhydrazine  une  osazone  fon- 
dant à  180"*  et  se  combine  avec  l'a-phénylènediamine  ;  il 
dorme,  avec  l'acétate  d'ui-ane,  un  précipité  rouge-brun  et 
peut  se  combiner  avec  Thydrate  de  chloral  en  fournissant 
un  composé  jaune  assez  peu  stable.  Le  tannin  lui-même 
est  très  stable  et  très  résistant  vis-à-vis  des  acides.  L'eau 
de  brome,  même  à  froid,  disloque  sa  molécule.  Il  se  forme, 
d'une  part,  un  produit  brome  brun  insoluble,  et,  d'autre 
part,  il  reste  du  sucre  en  solution;  bien  que  le  dédouble- 
ment ne  soit  pas  complet,  l'eau  de  brome  pourrait  cepen- 
dant, peut-être  plus  facilement  que  les  acides  étendus, 
fixer  les  idées  sur  la  vraie  nature  de  l'acide  glycosyl- 
dioxycinnamique. 

L'auteur,  en  terminant,  mentionne  la  possibilité  du 
dédoublement   de   Tacide   glycosyldioxycinnamique   par 


—  196  — 

fortaioe^  ^(^crétions  glandulaires ,  comme  la  sécrétion 
pîUKM'éatiijue,  et  il  montre  l'intérêt  qui  s'attacheaux études 
etitrepriî^es  dans  cette  direction,  si  l'on  considère  la  pré- 
ïience  si  répandue  du  tannin  en  question  dans  le  monde 
des  végétaux.  H. 


Recherches  sur  Touabaïne  ;  '  pas  M.  Arnaud  (I).  — 
L^ouaiiLiûie  peut  former,  par  cristallisation  ou  évapora- 
tiuïi  de  t?es  solutions  aqueuses,  au  moins  trois  hydrates 
crislïillii5<^s  différents,  prenant  naissance  respectivement  à 
la   (température  ordinaire    (entre    10**    et  20^,  vers  30^ 

^Le  premier  de  ces  hydrates  correspond  à  9  molécules 
d\^au,  si  Ton  adopte  la  formule,  C"H**0'V  II  contient, 
li'aiU'ès  les  dosages  effectués,  de  20,  70  à  21,  35  pour  100 
d'eau,  suivant  que  la  dissiccation  est  plus  ou  moins  pro- 
long*^e  ;  celle-ci  ne  devant  pas  excéder  douze  heures 
k  125%  car  l'ouabaïne  s'altère  alors  en  brunissant  à  la 
surface*  l*our  9  molécules  d'eau,  le  calcul  indii|ue 
21,31  pour  100.  Quand  on  laisse  cet  hydrate  sous  le  des- 
siccateiir  m  présence  de  l'acide  sulfurique,  il  perd 
2  molécuitis  d'eau  et  ne  contient  alors  plus  que  17,5  pour 
!00  d'eau. 

L'iiydrale  qui  se  forme  vers  30°  contient  environ  11,2 
pour  tÛO  d'eau  ;  celui  qui  prend  naissance  à  60*,  environ 
9  r*our  100,  Ces  hydrates  correspondent,  sans  doute,  soit 
à  quiilre^  î^oit  à  trois  molécules  d'eau  de  cristallisation. 

Le  pouvoir  rotatoire  de  l'ouabaïne  en  solution  aqueuse 
à  1  pour  ino  est  :  [a]D=— 30%6. 

ijucîqui.^s  essais  ont  été  faits  sur  sa  solubilité  dans  Teau 
et  ont  conduit  aux  résultats  suivants  : 

A  W,    lOO**  d'eau  contiennent.      U%61  ouabaïne  anbydro. 
A  U\5  —  0«',93  — 

AS*  —  0»',65  — 

(!)  Ac,  d.  *c.,  CXXVI,  346,  24  janv.  1898. 


—  197  — 

La  tyrosine,  vaccin  chimique  du  venin  de  vipère  ;  par 

M.  C.  Phisalix  (1).  —  La  cholestérine  extraite  des  calculs 
biliaires  exerce,  vis  à  vis  du  venin  de  vipère,  une  action 
immunisante  bien  marquée.  L'auteur  a  répété  ses  expé- 
riences avec  deux  nouveaux  échantillons  de  cholestérine. 
L'un  d'eux  était  de  la  cholestérine  végétale,  la  carotte,  et 
fondant  à  136*;  l'autre  de  la  cholestérine  extraite  des  cal- 
culs biliaires  et  fondant  à  146<».  Avec  ces  deux  substances, 
d'origine  différente,  on  peut  conférer  aux  animaux  l'im- 
munité contre  le  venin.  La  fusion  à  146*  n'enlève  pas  à 
la  cholestérine  ses  propriétés. 

La  substance  blanche,  entièrement  formée  de  cristaux 
de  tyrosine,  retirée  par  M.  G.  Bertrand  des  tubercules  de 
Dahlia,  est  très  peu  soluble  dans  l'eau,  mais  elle  s'y 
divise  en  particules  si  ténues  qu'elle  reste  en  suspension 
dans  le  liquide  auquel  elle  donne  un  aspect  laiteux.  Un 
tel  mélange,  dans  la  proportion  de  1  pour  100,  peut  être 
inoculé  facilement  et  sans  danger  sous  la  peau  d'un 
cobaye  à  la  dose  de  2"  à  3".  Il  se  produit  un  léger  gonfle- 
ment au  point  d'inoculation,  mais  il  ne  survient  aucun 
accident  général.  L'injection  intra-péritonéale  est  moins 
inoffensive  :  elle  détermine  un  abaissement  de  tempéra- 
ture de  quelques  degrés  ;  mais  ce  malaise  est  de  courte 
durée,  et  l'animal  revient  à  l'état  normal. 

Les  animaux  qui  ont  rec^u  cette  émulsion  de  tyrosine 
peuvent  être  éprouvés  au  bout  de  vingt-quatre  ou  qua- 
rante-huit heures  avec  une  dose  de  venin  mortel  en  cinq 
ou  six  heures  pour  les  témoins  :  ils  n'éprouvent  pas  de 
symptômes  généraux  d'envenimation,  leur  température 
ne  s'abaisse  pas  ;  toutefois,  quelques  accidents  locaux 
peuvent  se  manifester. 

11  suffit  de  5"»  de  tyrosine  pour  vacciner  un  cobaye, 
mais  on  comprend  que  l'immunité  est  plus  ou  moins 
forte  et  durable  suivant  la  dose.  En  général,  avec  lO"»  à 
SO"»,  l'immunité  est  déjà  très  prononcée  au  bout  de  vingt- 
quatre  heures  ;  elle  peut  durer  encore  après  vingt-cinq 

(1)  Ac,  d.  «c,  CXXVI,  431,  31  janv.  1898. 


—  198  — 

jours  :  quelquefois  cependant  elle  a  disparu  vers  le  quin 
ïièine  jtiur. 

Injeclèe  en  même  temps  que  le  venin,  mais  dans  un 
point  différent  du  corps,  la  tyrosine  peut  retarder  la  mort 
(Ir  plusi<;urs  heures,  mais  elle  n'est  pas  capable  de  Tem- 
pécher  :  elle  n'est  donc  pas  antitoxique.  Elle  n'est  pas 
mm  plus  un  antidote  chimique  ;  mélangée  au  venin,  elle 
m*  le  ili^truit  pas  et  le  mélange  est  aussi  toxique  que  le 
vf'uin  seul. 

La  tyrosine  qui  a  servi  à  ces  expériences  peut  être 
considène,  d'après  la  méthode  de  préparation  employée. 
Comme  débarrassée  de  toute  substance  étrangère.  D'autre 
part,  la  tyrosine  animale,  dans  la  préparation  de  laquelle 
toutes  les  substances  albuminoïdes  sont  détruites,  pos- 
îfede  aussi  les  mêmes  propriétés  antivenimeuses  que  la 
tyrosine  végétale.  Ajoutons,  dans  le  même  ordre  d'idées, 
fjuo  la  tyrosine  chauffée  à  120**  pendant  vingt  minutes  ne 
perd  pas  ses  propriétés  immunisantes. 

Donc,  la  tyrosine  peut  être  considérée  comme  un  nou- 
veau vaccin  chimique  du  venin  de  vipère. 

En  ce  qui  concerne  la  tyrosine  des  tubercules  de 
Dalilia,  il  est  naturel  de  penser  que  le  suc  des  tubercules 
où  elle  est  en  dissolution  devait  aussi  se  comporter 
Foinme  un  vaccin. 

C'est,  en  effet,  ce  qui  a  lieu.  Il  suffit  de  1*''  à  2"  de  ce 
suc  fi'alchement  exprimé,  pour  vacciner  un  cobaye 
contre  ime  dose  mortelle  de  venin.  Or,  si  la  tyrosine 
seule  agissait,  il  faudrait  10'^'=  environ  de  ce  suc,  puisque, 
d'après  M.  Bertrand,  la  tyrosine  s'y  trouve  dissoute  dans 
la  proportion  de  0»%5  par  litre  et  qu'il  en  faut  S"***"  pour 
pnjduii'c  l'état  vaccinal.  Il  est  donc  probable  que  d'autres 
substances  confèrent  au  suc  de  Dahlia  ses  propriétés 
antivenimeuses.  La  composition  de  ce  suc  est,  du  reste, 
1res  cuTJiplexe,  et  son  étude  physiologique  exige  de  nou- 
TcUes  recherches.  En  attendant,  il  était  intéressant  de 
sit^^naler  ce  fait  comme  le  premier  exemple  connu  d'un 
végèliil  dont  le  suc  cellulaire  est  doue  de  propriétés  inniiu- 
nisantes  contre  un  venin. 


—  199  — 


BIBLIOGRAPHIE 


M.  A.  Lambert,  pharmacien  de  l'Asile  d'aliénés  du 
Rhône,  dont  ce  journal  a  publié  au  fur  et  à  mesure  l'étude 
critique  des  préparations  galéniques  de  la  Pharmacopée 
française,  vient  de  terminer  cet  important  travail  et  de 
le  réunir  en  une  brochure. 

Nul  doute  que  la  Commission  du  Codex  ne  tienne  un 
grand  compte  des  judicieuses  observations  de  notre  dis- 
tingué confrère  (1). 


Dictionnaire  de  Chimie  industrielle;  par  MM.  Villon 
et.  P.  GuiCHARD  (2).  —Le  17*  fascicule  vient  de  paraître  : 
ff  de  Engrais  à  Farine  ». 

Les  articles  :  Engrais,  Essences,  Éthers,  Explosifs  sont 
traités  avec  détails.  L'article  :  Falsification  contient  la 
législation  sur  les  fraudes. 


SOMMAIRES  DES  PRINCIPAUX  RECUEILS  DE  MÉMOIRES  ORIGINAUX 

Comptes  rendus  de  rAcadémie  des  Sciences.  —  24  janvier  1898.  — 
Af.  E.  Biaise  :  Synthèse  de  racide  térébique.  —  31  janvier.  M.  I,  H.  Mou- 
relo  :  Production  dn  sulfure  stron tique  phosphorescent.  —  A.  Guillemare  : 
Acide  phyllocyanique  et  phyllocy anales. 


Pharmaceutische  Post,  XXK,  septembre  à  décembre  1897.  —  E.  Senfl  : 
Sur  les  lichens  caractéristiques  de  Técorce  de  Rhamnus  Purshiana,  —  Jos. 
Moeller  :  Nouvelles  recherches  sur  Torigine  du  storax.— Ca«.  Strzysowski  : 
Empoisonnement  par  le  phénol.  —Jos.  Moeller  :  Bois  d'aloès  et  de  linaloès. 


Pharmaceutische  Zeitung,  XLII,  septembre  è.  décembre  1897  —  Fr. 
Sibbers  :  Analyse  de  Taluminium.  —  D'  Aufrecht  :  Sur  le  vasogène  iodé.  — 
K,  Dieterich  :  Sur  Fessai  quantitatif  de  la  noix  de  kola  et  des  extraits  de 
kola.  —  Ed.  Schair  :  Nouvelles  recherches  sur  la  pâle  de  guarana.  —  F. 


(i)  Brochure  de  115  pages.  Association  typographique,  rue  de  la  Barre  (Lyon). 
(2)  Bernard  Tignol,  quai  des  Grands-Augustins,  53  6w,  Paris. 


—  200  — 

Bietze  :  Sur  les  huiles  essentielles  de  la  Pharmacopée  allemande.  — D' 
Schûrmayer  :  Sur  le  vasogëne.  —  H.  Kunz-Krause  :  Gentribation  à  l'étude 
chimique  des  glycotannoTdes.  —  K.  Dieierich  :  Sur  la  kolanine.  —  M,  Klar  : 
Remarques  sur  les  propriétés  et  l'essai  du  saccharate  do  fer  soluble  ainsi  que 
sur  l'essai  du  perchlorure  de  fer  k  l'aide  de  la  liqueur  d'amidon.  —  A.  Bres- 
towski  :  Sur  la  somatose  du  lait. 

Pharmaceutische  Gentralhalle,  XXXVllI,  septembre  à  décembre  1897. 

—  J,  AUschul  :  Réactions  et  réactifs;  liste  par  noms  d'auteurs.  —  E.  Rie- 
gler  :  Nouveau  dosage  volumétrique  de  l'urée  ;  nouveau  dosage  du  sucre  dans 
l'urine.  —  A,  Eicheingrûn  :  Sur  le  protargol.  —  G.  Kassner  :  Recherches 
de  traces  de  plomb  dans  le  sucre  de  canne.  —  D'  Schweissinger  :  Oxydation 
de  l'huile  pbosphorée.  —  R.  Tambach  :  Sur  le  dosage  de  la  tannalbine.  — 
A,  Brestowski  :  Sur  la  tannone,  nouvel  antidiarrhéique.  —  Ad.  Beythien  : 
Snr  la  détermination  de  l'indice  do  saponifications  à  l'aide  de  l'alcoolatc  de 
soude. 

Zeitschrif  fur  physiologische  Ghemie»  XXII,  fasc.  6,  9  octobre  1897. 

—  P.  Nolf  :  Sur  la  recherche  de  l'acide  carbonique.  —  Em.  Abderhalden  : 
Analyse  quantitative  du  sang.  —  E.  Nawratsky  :  Étude  du  liquide  cérébro- 
spinal. —  Em,  Hûusermann  :  Assimilation  du  fer. 

—  XXIV,  fasc.  1  et  2, 13  novembre  1897.  —  J.  Thesen  :  Sur  la  créatinine. 

—  E.  SchuUze  :  Transformation  des  matières  albuminoïdes  dans  les  plantes 
vivantes.  —  E.  Hamach  :  Substances  passant  dans  l'urine  après  ingestion  de 
tannin  et  d'acide  gallique.  —  Th.  Panzer  :  Étude  du  dédoublement  de  la 
caséine  par  l'acide  chlorhydrique.  —  Fr.  Hofmeisler  :  Sur  l'albumine  de 
l'œuf  iodée. 

—  Fasc.  3,  22  décembre  1897.  —  A,  Wroblewski  :  Sur  la  constitution 
chimique  de  la  diastase.  —  0.  Folin  :  Simplification  de  la  méthode  d'Hopkin 
pour  le  dosage  de  l'acide  urique.  —  Em.  Pick  :  Recherches  sur  les  matières 
protéiques.  —  E.  Schulze  :  Sur  les  produits  de  décomposition  des  matières 
protéiques  tirées  des  semencee  de  conifères. 


ÂrchlY  der  Pharmacie  [3],  t.  XXXV,  fasc.  7,  15  octobre  1897.  — 
//.  Pommerchne  :  Oxydation  do  l'élhylthéobromine  par  le  chlorate  de  po- 
tasse et  l'acide  chlorhydrique.  —  K.  Gorter  :  Principes  immédiats  de  la  racine 
de  Baptisia  tinctoria.  —  H.  Geiger  :  Étude  des  feuilles  de  jaborandi.  —  //. 
Beckurta  et  /.  Troeger  :  Essence  d'écorce  d'angusture.  —  E,  Schmidt  :  Sa- 
licine  et  ses  dérivés.  —  L.  Visser  :  Produits  de  substitution  halogéniques 
de  la  salicino  et  de  ses  dérivés. 

—  Fasc.  8.  31  décembre  1897.  —  Th.  van  Waveren:  Étude  de  l'hélicine. 
—  J.  Gadamer  :  Sur  l'acide  sinapique  :  sur  l'origino  de  l'isosulfocyanate  d'ai- 
lyle  de  la  racine  de  raifort. —  E.  Gildmeister  et  K.  Stephan  :  Sur  les  huiles 
essentielles.  —  K.  Schumann  :  Morphologie  de  quelques  drogues  —  if. 
Kubli  :  Essai  de  la  quinine.  —  H.  Beckurts  et  J,  Troeger  :  Sur  l'essence 
d'écorce  d'augusture. 


—  201  — 

Gaxzetta  chimica  italiana,  \XVII  (II),  fasc.  3,  30  septembre  1897.  --< 
G.  Ampola  et  E,  Garino  :  Sur  la  déaitrification.  —  G.  Minunni  :  Nou- 
velles   recherches  sur  Tisomérie  des  produits  d'oxydation  des  hydrazones. 

—  Fasc.  4,  31  octobre.  —  M.  Fileti  ei  A.  de  Gaspari  :  Action  du  zinc 
sur  l'éther  chloromélbylique.  —  G.  Fileti  :  Dérivés  de  l'acide  béénique.  — 
C.  Montemartini  et  D,  Trascxatti  :  Dosage  de  la  morphine  dans  l'opium.  — 
C.  Montemartini  :  Action  du  chlore  sur  l'acide  isovalérianique.  —  G.  Cia^ 
mician  et  P.  Silben  :  Principes  aromatiques  de  l'essence  d'àche. 

—  Fasc.  5,  30  novembre — G,  Errera  :  Gondensatiun  de  la  cyanacétamide 
et  du  chloroforme.  —  M.  Denuatedt  :  Simplification  de  l'analyse  élémentaire 
organique,  — L.  Sostegni  :  Sur  la  matière  colorante  des  raisins  rouges. 


SOCIETE    DE    PHARMACIE    DE    PARIS 


Séance  annuelle  du  5  janvier  1898. 


Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  de  Pharmacie 
pendant  Vannée   1897;   par  M.  E.    Guinochet  (Suite)  (1). 

M.  Patein  a  continué  à  nous  entretenir  de  ses  expé- 
riences sur  les  combinaisons  de  l'antipyrine. 

Afin  de  démontrer  expérimentalement  que  les  phénols 
se  combinent  à  l'antipyrine  en  se  fixant  sur  l'azote  2  lié 
au  groupe  méthyle  et  le  plus  éloigné  du  carbonyle.  il  a 
fait  réagir  le  naphtol-P,  la  résorcine,  Thydroquinone  et 
l'acide  salicylique  sur  la  monométhylphémjlpyrazolone 
dans  laquelle  l'azote  1  est  identique  à  celui  de  l'antipy- 
rine, tandis  que  l'azote  2  a  des  liaisons  différentes  dans 
les  deux  corps,  et  il  a  constaté  qu'il  n'y  avait  pas  eu  de 
combinaison.  Il  en  conclut  donc  que  :  1**  la  monométhyl- 
phénylpyrazolone  ne  se  combine  pas  aux  phénols  à  fonc- 
tions simples  et  à  fonctions  mixtes  ;  2^  des  deux  atomes 
d'azote  de  l'antipyrine,  l'azote  1  n'étant  modifié  en  rien 
dans  la  monométhylphénylpyrazolone,  c'est  par  l'azote  2 
que  l'antipyrine  s'unit  aux  phénols;  3*  l'existence  de 
combinaisons  de  l'antipyrine  avec  les  phénols  est  incon- 
ciliable avec  une  supposition  de  E.  van  Meyer,  d'après 

(1)  Journ.  de  Parm.  et  de  Chim.  [6],  VII,  p.  149. 


—  202  — 

laquelle  Tantipyrine  pourrait  ^tre  considérée  et  comme 
une  sorte  de  bétaïne;  l'azote  2  ne  posséderait  plus  aloi-s 
ses  deux  valeurs  supplémentaires  libres. 

Dans  l'étude  qu'il  a  faite  de  l'action  de  l'antipyrine  sur 
les  aldéhydes,  M.  Patein  a  reconnu,  en  ce  qui  concerne 
l'aldéhyde  formique,  que  le  corps  obtenu  par  Knorr  et 
celui  décrit  en  France  sous  le  nom  de  foinnopyrine  sont 
identiques;  ce  n'est  pas,  ainsi  qu'on  Ta  dit,  un  corps 
résultant  de  l'union  du  formol  et  de  l'antipyrine,  analogue 
au  chloralantipyrine;  mais  il  résulte,  ainsi  que  Tavail 
"admis  Knorr,  de  la  combinaison  d'une  molécule  de  for- 
mol et  de  deux  molécules  d'antipyrine  avec  perte  d'une 
molécule  d'eau,  et  sa  formule  est  : 

Az— C«H» 
CH»  — Az/    \C0  Co/Naz  —  CH» 


en»— c  t=c— CH*—c!==?c  — en*— n»o 


M.  Patein  lui  a  donné  le  nom  de  diantipyrine-méthayie 
et  a  préparé  des  corps  analogues,  avec  toutes  les  aldé- 
hydes, par  le  procédé  général  suivant  :  il  mélange,  dans 
de  l'eau  additionnée  d'acide  chlorhydrique,  une  molécule 
<le  l'aldéhyde  et  deux  molécules  d'antipyrine;  au  bout  de 
quelques  heures,  le  tout  est  pris  en  masse  cristalline  for- 
mée par  un  chlorhydrate  que  l'on  décompose  par  l'am- 
moniaque; le  corps,  essoré  et  lavé,  est  soumis  à  une  dis- 
tillation dans  l'alcool  bouillant. 

Dans  toutes  ces  combinaisons,  les  propriétés  de  l'aldé- 
hyde ont  disparu,  tandis  que  celles  de  l'antipyrine  sont 
conservées. 

M.  Patein  a  pu  obtenir  ainsi  un  corps  résultant  de  Tac- 
lion  du  chloral  sur  l'antipyrine.  Mais  le  chloral  ne  se 
combine  pas  comme  l'éthanal,  il  se  fixe  toujours  siu- 
l'azote,  comme  l'a  dit  M.  Béhal.  En  opérant  dans  l'acide 
sulfurique,  au  bain-marie  à  100**,  on  obtient  de  la  di/iy- 
drochloral  antipyrine  et  non  pas  de  la  diantipyrinetrichlo- 
roéthane. 


—  203  — 

Enfin,  M.  Patein,  dans  un  autre  ordre  d'idées,  nous  a 
fait  part  d'un  travail  sur  la  médication  martiale.  Il  résulte 
de  ses  recherches  :  1**  que  le  fer  à  l'état  normal  sous 
forme  de  fer  hématique  et  de  fer  de  réserve,  celui-ci  loca- 
lisé, est  destiné  à  la  reformation  des  globules  rouges  à 
mesure  de  leur  destruction;  2*^  cjueles  sels  ferreux  à  acide 
organique  se  transforment,  dans  l'estomac,  en  chlorure 
ferreux  sous  l'influence  du  suc  gastrique;  3**  que,  dans  les 
associations  du  fer  et  du  quinquina  dans  les  pilules,  il  y 
a  précipitation  d'un  tannate  de  fer,  composé  qui  perd 
son  insolubilité  s'il  se  trouve  en  présence  de  glycérine; 
¥  quelle  que  soit  la  forme  sous  laquelle  le  fer  est  admi- 
nistré, il  va  se  fixer  dans  le  foie,  où  il  s'assimile  et  con- 
court à  la  reformation  d'hémoglobine. 

M.  Grimbert  a  continué  ses  études  de  microbiologie. 

Dans  un  premier  travail  intitulé  :  Sur  les  diverses  varié- 
tés du  pneumobacille  de  Friedlander  isolées  de  Veau,  il 
décrit  quatre  nouvelles  variétés  de  ce  pneumobacille  qu'il 
étudie  comparativement  avec  le  pneumobacille  dont  il 
s'est  déjà  occupé  antérieurement.  Ces  microbes  ont  été 
isolés  de  l'eau  par  la  méthode  de  Péré,  c'est-à-dire  après 
plusieurs  passages  en  bouillon  phéniqué  et  cultures  sur  la 
gélatine.  Sur  ce  dernier  milieu,  ils  présentent  l'aspect  de 
colonies  rondes  et  saillantes  d'un  blanc  mat,  se  distin- 
guant ainsi  des  colonies  de  coli-bacille,  toujours  un  peu 
irrégulières  et  légèrement  brunâtres  par  transparence, 
quand  elles  n'affectent  pas  la  forme  classique  de  l'ile  de 
glace.  Sur  gélatine,  en  piqûre,  ils  donnent  une  culture  en 
forme  de  clou;  sur  gélose,  une  trace  épaisse  et  glaireuse, 
et  sur  pomme  de  terre  une  culture  abondante,  parfois 
huileuse. 

Sous  le  microscope,  ils  ont  la  forme  de  petits  bacilles 
courts,  entourés  d'une  auréole  très  nette  dans  les  cultures 
sur  gélose.  Ils  ne  se  colorent  pas  par  la  méthode  de  Gram. 
Cultivés  dans  une  solution  de  peptone,  ils  ne  donnent  pas 
d'indol. 

Ils  sont  pathogènes,  à  l'exception  d'un  seul,  pour  la 
souris. 


■.'J-'^c^'ç^i^^ 


—  204  — 

On  voit  que  Faspect  des  cultures,  la  forme  microscopi- 
que, l'action  pathogène  de  ces  microbes  ne  permettent 
pas  de  les  ditrérencier.  Seules,  les  propriétés  chimiques 
conduisent  sûrement  au  résultat. 

M.  Grimbert  a  étudié  l'action  de  ces  microbes  à  la  tem- 
pérature de  36^  sur  la  solution  aqueuse  des  corps  sui- 
vants :  lactose,  saccharose,  glucose,  glycérine,  mannite, 
dulcite,  dextrine.  Sans  entrer  dans  le  détail  des  expé- 
riences, rappelons  seulement  les  résultats  les  plus  sail- 
lants : 

1**  Tous  ces  bacilles  encapsulés,  isolés  de  l'eau,  ont  fait 
fermenter  la  glycérine,  ce  qui  les  distingue  immédiate- 
ment du  pneumobacille  de  Friedlànder  décrit  par  Frank- 
land.  Ils  font  tous  fermenter  le  lactose,  le  saccharose,  le 
glucose  et  la  mannite  avec  plus  ou  moins  d'énergie  ;  deux 
ne  font  fermenter  ni  la  dulcite  ni  la  dextrine. 

2*  Tous  donnent  de  l'acide  lactique  gauche  avec  la  gly- 
cérine et  de  l'acide  succinique  avec  le  lactose.  Un  seul 
donne  de  l'acide  formique  avec  la  glycérine.  Enfin,  tous 
donnent  de  l'alcool  éthylique  et  de  l'acide  acétique.  Alais 
les  proportions  de  ces  différents  corps  ne  sont  pas  les 
mêmes,  quand  on  passe  d'un  pneumobacille  à  un  autre. 

Toutefois,  connue  le  remarque  M.  Grimbert,  les  difTô- 
rences  observées  soit  dans  la  virulence,  soit  dans  la  coa- 
gulation du  lait,  ainsi  que  celles  signalées  dans  la  fer- 
mentation des  sucres,  ne  peuvent  être  considérées  comme 
suffisantes  pour  créer  des  espèces  distinctes  :  ce  sont  tout 
au  plus  de  simples  variétés  d'un  même  microbe.  Ce  qui 
est  vrai  pour  le  pneumobacille  de  Friedlànder  l'est  aussi 
pour  le  bactérium  coli,  dont  on  a  décrit  plusieurs  varié- 
tés, les  unes,  par  exemple,  faisant  fermenter  le  saccha- 
rose, et  les  autres,  en  plus  grand  nombre,  ne  l'attaquant 
pas. 

11  semble  bien,  par  contre,  qu'on  puisse  considérer 
comme  deux  espèces  nettement  distinctes  le  pneumo- 
bacille de  Friedlànder  et  le  l)acterium  coli.  En  effet,  ce 
dernier  microbe  donne,  dans  les  solutions  de  peptone, 
de  rindol  et  ne  fait  pas  fermenter  la  glycérine,  tandis  que 


—  205  — 

le  pneumobacille  ne  donne  jamais  d'indol  et  fail  fer- 
menter la  glycérine. 

Dans  un  second  travail,  fait  en  commun  avec  M.  Fic- 
quet,  M.  Grimbert  nous  a  décrit  un  microbe  isolé  à  l'état 
de  pureté  d'une  fermentation  anaérobie  de  tartrate  de 
chaux  mise  en  train  au  moyen  de  quelques  gouttes  d'une 
macération  végétale  abandonnée  à  elle-même  à  l'étuve 
sans  précautions  spéciales. 

Ce  microbe,  qu'ils  ont  dénommé  Bacillus  tay^ricus,  est 
un  petit  bacille  de  1  à  2  jjl  de  long,  doué  de  mouvements 
très  vifs,  se  décolorant  par  la  méthode  de  Gram.  C'est  un 
anaérobie  facultatif.  Sur  bouillon  :  trouble  rapide,  voile 
granuleux  se  disloquant  facilement;  dépôt  muqueux,  pas 
d'odeur.  Sur  plaques  de  gélatine  :  colonies  ressemblant 
à  celles  du  coli-bacille,  à  bords  irréguliers,  peu  découpés; 
liquéfaction  très  lente  du  dixième  au  i|uinzième  jour.  Sur 
gélatine  en  piqûre  :  trace  finement  granuleuse.  Sur 
gélose  :  trace  mince,  glacée,  transparente,  s'étalant  en 
quelques  jours  sur  toute  la  surface  de  la  gélose.  Sur 
pomme  de  terre  :  trace  jaunâtre  en  saillie  ;  la  ponmie  de 
terre  prend  une  coloration  foncée  en  vieillissant.  Pas 
d'indol  dans  une  solution  de  peptone.  Coagulation  du  lait 
vers  le  huitième  jour.  Empois  d'amidon  pas  liquéfié. 
Albumine  cuite  pas  digérée.  Les  nitrates  sont  transformés 
en  nitrites. 

Ce  microbe  attaque  le  glucose,  le  saccharose,  le  lactose, 
le  mallose,  la  mannite,  la  dextrine,  mais  non  la  dulcite  et 
la  glycérine.  Enfin,  c'est  un  ferment  actif  du  tartrate  de 
chaux,  avec  lequel  il  donne  les  acides  acétique,  succi- 
nique,  carbonique  et  de  l'hydrogène,  sans  trace  d'alcool. 

Ces  résultats  différencient  donc  nettement  le  bacillus 
tartricus  des  autres  ferments  tartriques  déjà  décrits. 

La  pureté  du  chloroforme  anesthésique  !  Voilà  une 
question  bien  souvent  traitée  dans  le  sein  de  notre  Société 
et  qui  a  cependant  fourni  à  notre  collègue,  M.  BéhaL  et  à 
son  coUaboratem-,  M.  François,  Toccasion  d'un  travail  très 
original  et  fait  avec  la  plus  grande  précision,  travail  qui 
est  destiné  à  donner  au  pharmacien  de  nouvelles  armes 


—  206  — 

pour  la  constatation  de  la  pureté  d'un  corps  aussi  impor- 
tant que  le  chloroforme. 

Ces  messieurs  rappellent  d'abord  les  essais  multiples 
indiqués  par  le  Codex.  Malheureusement,  aucun  chloro- 
forme du  commerce  ne  répond  victorieusement  à  tous  ces 
essais.  Est-ce  la  faute  du  chloroforme?  est-ce  la  faute  du 
Codex?  C'est,  ce  qui  n'est  pas  pour  nous  causer  un  très 
grand  étonnement.  la  faute  du  Codex.  Par  exemple, 
celui-ci  indique  60**,8  comme  point  d'ébullition  du  chloi-o- 
forme  ;  aucun  chloroforme  du  commerce  ne  bout  à  celle 
température.  La  limpidité  du  chloroforme  ne  devrait  pas 
être  altérée  par  un  abaissement  de  température,  tous  les 
chloroformes  du  commerce  cristallisent  plus  ou  moins 
entre  — 20**  et  — 40*.  Le  chloroforme  ne  devrait  pas 
verdir  l'acide  chromique  cristallisé  et  devrait  rester  inco- 
lore au  contact  d'un  cristal  de  fuschine  ou  de  binitrosul- 
fure  de  fer  ;  tous  présentent  avec  ces  réactifs  des  phéno- 
mènes de  coloration. 

D'où  viennent  ces  différences?  MM.  Béhal  et  François, 
par  une  série  de  recherches  expérimentales  très  délicates 
et  très  élégantes  dont  vous  vous  rappelez  les  détails  trop 
longs  à  consigner  ici,  nous  l'ont  appris.  C'est  que  ces 
réactions  du  Codex,  indiquées  pêle-mêle  avec  celles  des- 
tinées à  révéler  les  impuretés  du  chloroforme,  ne  s'appli- 
quent qu'à  la  présence  de  traces  d'eau  et  d'alcool.  Or. 
non  seulement  ces  deux  corps  ne  doivent  pas  être  consi- 
dérés comme  des  impuretés,  mais  il  est  absolument  im- 
possible de  posséder  du  chloroforme  ne  les  contenant 
pas,  puisque,  d'une  part,  très  peu  de  temps  après  sa 
préparation,  le  chloroforme,  si  court  qu'ait  été  le  temps 
de  son  contact  avec  Tair,  renferme  assez  d'eau  pour  étri^ 
décelable,  par  exemple,  à  la  fuchsine.  D'autre  part,  nous 
savons  tous  que  le  chloroforme  absolument  privé  d'al- 
cool, s'altère  très  rapidement  au  contact  de  l'air  et  sous 
l'influence  de  la  lumière  solaire,  en  donnant,  entre 
autres  produits,  un  gaz  à  odeur  suffocante,  roxychlorurt^ 
de  carbone.  Il  est  donc  nécessaire,  pour  en  assurer  la 
conservation,  d'y  ajouter  un  peu  d'alcool,  ainsi  que  nous 


—  207  — 

l'ont  appris  les  travaux  classiques  de  MM.  Regnauld  et 
Villejean.  Grâce  à  la  grande  autorité  de  notre  savant 
collègue,  M.  Marty,  cette  pratique  a  été  introduite  dans 
les  hôpitaux  militaires. 

Il  est  bon  de  rappeler,  avant  de  donner  les  conclusions 
de  MM.  Béhal  et  François,  que  les  huit  chloroformes  du 
commerce  sur  lesquels  ont  porté  leurs  recherches  ne 
contenaient  que  des  traces  d'eau  et  d'alcool  (3*^*"  à  12*'', 5 
par  litre  ou  1«%58  à  6«%61  par  kilogramme),  et  qu'à  part 
ces  deux  corps,  ils  étaient  chimiquement  purs. 

Voici  comment  ces  messieurs  proposent  de  formuler 
à  l'avenir  l'essai  du  chloroforme  : 

Première  partie,  —  Le  chloroforme  doit  avoir  une 
odeur  suave  et  ne  pas  laisser  d'odeur  désagréable  après 
évaporation  sur  un  papier  Berzélius.  Il  doit  être  neutre 
au  tournesol  et  ne  pas  précipiter  le  nitrate  d'argent  en 
solution  aqueuse  à  froid,  ni  le  réduire  à  chaud.  Agité 
énergiquement  avec  l'acide  sulfurique,  ce  dernier  ne 
doit  pas  se  colorer,  même  au  bout  d'un  certain  temps. 
Il  ne  doit  pas  se  colorer  non  plus  si  on  le  soumet  à 
l'ébuUition  avec  la  potasse  solide. 

Deuxième  partie.  —  Le  chloroforme  privé  de  son  alcool 
par  l'acide  sulfurique,  doit  passer  entièrement  à  la  dis- 
tillation à  60*,8  sous  la  pression  ordinaire.  Le  chloro- 
forme ainsi  distillé  doit  avoir  une  densité  de  1500  à 
-f-  15**  ou,  ce  qui  serait  plus  commode  à  vérifier,  de 
1523  à  0**.  Il  ne  doit  pas  cristalliser  par  un  refroidisse- 
ment de  — 40*.  11  ne  doit  pas  se  colorer  au  contact  de 
l'acide  chromique  cristallisé  et  du  dinitrosulfure  de  fer 
solide. 

Espérons  que  la  Commission  officielle  du  Codex  vou- 
dra bien  s'inspirer  du  travail  de  MM.  Béhal  et  François 
de  façon  à  permettre  aux  pharmaciens  d'acquérir  la 
conviction  qu'ils  livrent  du  chloroforme  absolument  pur 
aux  chirurgiens,  mais  n'espérons  pas  que  ceux-ci  cesse- 
ront d'incriminer  ce  médicament,  quand  ils  auront 
éprouvé  quelque  déboire  pendant  la  chloroformisation. 

M.  Moareu,  l'un  des  membres  les  plus  laborieux  de 


—  208  — 

notre  Société,  nous  a,  comme  par  le  passé,  tenu  au  cou- 
rant de  ses  travaux  de  chimie  organique. 

Il  nous  a  signalé  un  cas  assez  singulier  de  formation 
de  tribromure  de  phosphore.  Lorsqu'on  soumet  à  la  dis- 
tillation un  mélange  de  camphre  monobromé  et  d'anhy- 
dride phosphorique,  une  réaction  complexe  se  déclare. 
11  se  dégage  des  gaz  en  abondance,  en  même  temps  qu'il 
distille  un  liquide  fumant  très  fortement  à  Tair.  La  por- 
tion bouillant  entre  160**  et  180**  est  constituée  en  grande 
partie  (40  à  50  p.  100)  par  du  tribromure  de  phosphore. 

En  collaboration  avec  M.  A.  Chauvet,  M.  Moureu  a 
obtenu,  directement  et  avec  de  bons  rendements,  le 
propénylanisol  de  Perkin 

/OCH'(l) 
^  "  \CH=CH— CH»(4), 

identique  à  Tanéthol  des  essences  d'anis,  de  fenouil,  etc., 
en  chauffant  à  reflux  un  mélange  d'aldéhyde  anisique, 
d'anhydride  propionique  et  de  propionate  de  soude  sec. 
La  méthode  a  pu  être  généralisée  ;  elle  a  permis  de  pré- 
parer, notamment,  deux  homologues  de  l'anéthol,  le 
parabulénylanisol  avec  l'aldéhyde  anisique,  l'anhydride 
butyrique  et  le  butyrate  de  soude,  et  le  paraisopenlé- 
nylanisol  avec  Taldéhyde  anisique,  l'anhydride  isovalé- 
rique  et  l'isovalérate  de  soude. 

L'anéthol  et  ses  homologues  ont  tous  l'odeur  d'anis, 
qui  paraît  tenir  :  1**  à  la  position  en  para  de  la  chaîne 
hydrocarbonée  par  rapport  au  groupement  OCH';  2*»  à  la 
structure  particulière  de  cette  chaîne  non  saturée 

—  CH  =  CH  — R. 

M.  Moureu  a  obtenu  la  vératrylènediamine  en  réduisant 
le  dinitrovératrol,  préparé  lui-même  en  nitrant  le  véra- 
trol  à  0*»  au  moyen  de  T  acide  nitrique  fumant.  La  véra- 
trylènediamine 

\(AzH«)« 


—  209  — 

fond  à  13i*-132^  C'est  une  diamine  ortho.  Elle  fournit, 
avec  la  phénanthrènequinone ,  une  phénantrazine  fon- 
dant à  135**;  avec  l'acide  acétique,  une  éthénylamine  fon- 
dant vers  170"*.  La  vératrylènediamine,  chose  curieuse, 
est  très  soluble  dans  l'eau  et  presque  insoluble  dans 
l'éther. 

M.  Moureu  montre  ensuite  que,  dans  l'acide  nitrique 
fumant  sur  le  vératrol,  c'est  toujours  en  position  ortho 
que  tendent  à  se  placer  les  deux  groupements  AzO*  du 
dinilrovalérol  qui  prend  naissance.  Si  l'on  raisonne  d'a- 
près les  cas  analogues  déjà  étudiés  (dinitrogaïacol  et 
dinitrodiacétylpyrocatéchine),  ce  résultat  est  contraire 
aux  prévisions  d'après  lesquelles  les  deux  groupements 
auraient  dû  se  placer  en  meta,  l'un  par  rapport  à  l'autre, 
et  non  en  ortho. 

Enfin,  dans  une  quatrième  communication,  M.  Moureu 
nous  a  dit  qu'ayant  fait  réagir  le  bromure  d'éthylène 
C'II*Br*  sur  l'aldéhyde  protocatéchique 

/OU    (1) 

CMI'^OH    (2) 

\CII0(4) 

en  présence  d'un  alcali,  il  avait  obtenu  l'éther  éthylé* 
nique  correspondant 

O— CH*(1) 

Cqp^O  — CH*(2) 

CHO       (4) 

Cette  aldéhyde  nouvelle,  qui  se  trouve  être  l'homo- 
logue immédiatement  supérieur  du  pipéronal  et  que, 
pour  cette  raison,  ^I.  Moureu  désigne  sous  le  nom  d'ho- 
mopipéronal,  cristallise  dans  l'eau  bouillante  en  très 
belles  aiguilles  blanches  légères,  soyeuses;  ce  corps  est 
lentement  entraînable  par  la  vapeur  d'eau,  fond  à 
50*-51%5  et  distille  sans  décomposition  à  298°-299^  Il 
possède  une  odeur  fine  et  agréable,  rappelant  celle  du 

Joum,  it  Pharm.  et  de  CMm.,  6«  SÉRIE,  t.  VII.  (15  lévrier  1898.)   .     ^^ 


—  210  — 

pipéronal  naturel.   Ce  composé  n'a  pas  encore  été  ren- 
contré dans  la  nature. 

M.  Julliard  nous  a  apporté  souvent,  dans  nos  discus- 
sions, les  fruits  de  sa  longue  expérience  de  praticien 
consommé  et  consciencieux. 

C'est  ainsi  qu'il  nous  a  fait  remarquer  que  si  Tacide 
acétique  officinal  doit,  d'après  le  Codex,  contenir  50  p.  100 
d'acide  acétique  cristallisable,  celui  du  commerce  n'en 
renferme  jamais  que  40  p.  100.  Avis  aux  rédacteurs  du 
nouveau  Codex. 

Il  nous  a  lu  plus  tard  une  note  sur  la  préparation  des 
-  eaux  distillées  dans  laquelle  il  s'élève  contre  la  proposi- 
tion faite  par  M.  A.  Lambert  dans  un  rapport  présenté  à 
la  Société  de  pharmacie  de  Lyon,  d'admettre  la  prépara- 
tion des  eaux  distillées  au  moyen  des  essences.  Il  montre, 
par  quelque  exemples  bien  choisis,  les  eaux  distillées 
de  fleurs  d'oranger,  de  rose,  de  menthe,  de  mélilot,  que 
les  eaux  préparées  avec  les  essences  ne  seraient  pas 
identiques  à  celles  préparées  par  distillation  avec  la  plante 
fraîche  ou  même  sèche  ;  puis,  que  d'incertitudes  dans  le 
produit  obtenu,  puisqu'on  ne  pourrait  calculer  exacte- 
ment la  quantité  d'essence  restée  en  dissolution  dans  l'eau 
et  celle  arrêtée  par  le  filtre.  Et  il  en  conclut  que  la  com- 
mission du  Codex  ferait  bien  de  maintenir  la  prépa- 
ration des  eaux  distillées  aromatiques  telles  qu'elle  est 
indiquée  au  Codex  actuel.  Nous  ne  pouvons,  je  crois,  que 
nous  associer  à  ces  sages  conclusions. 

Enfin,  M.  Julliard,  nous  a  donné  d'utiles  conseils  sur 
la  préparation  de  la  limonade  au  citrate  de  magnésie,  et 
surtout  son  mode  de  consei'vation  par  la  pasteurisation. 

M.  Plauchon,  notre  sympathique  secrétaire  général, 
qui  est,  on  peut  le  dire,  l'âme  de  notre  Société,  trouve 
encore,  malgré  ses  multiples  occupations,  le  temps  de  se 
faire  l'historiographe  de  l'École  et  de  la  Société  de  phar- 
macie de  Paris;  et,  à  notre  grande  satisfaction  comme 
pour  notre  réelle  instruction,  il  évoque  devant  nous  les 
efforts  dépensés  par  nos  vénérables  ancêtres  pour  créer, 
au  milieu  de  quelles  difficultés  et  avec  quelle  admirable 


i 


—  211  — 

ténacité,  renseignement  multiple  dont  peuvent  profiter  les 
étudiants  en  pharmacie  de  la  fin  du  XIX**  siècle.  Successi- 
vement, M.  Planchon  nous  a  fait  assister  à  la  formation 
du  Jardin  des  Apothicaires,  à  la  tenue  de  ces  mêmes 
apothicaires  dans  les  cérémonies  de  parade,  et,  enfin,  à 
la  création  de  renseignement  de  l'histoire  naturelle  des 
médicaments,  puis  de  la  chimie  au  Jardin  et  au  Collège 
des  apothicaires,  faisant  Thistoire  de  chacune  des  chaires 
existant  actuellement.  Cette  connaissance  de  l'histoire  de 
notre  École  ne  peut  qu'augmenter  notre  reconnaissance 
pour  les  maîtres  disparus  qui,  aussi  bien  par  leurs  tra- 
vaux personnels  et  par  leur  enseignement  que  par  leur 
dignité,  ont  élevé  peu  à  peu  le  niveau  scientifique  et  moral 
de  l'École  de  pharmacie  de  Paris. 

En  dehors  des  communications  des  membres  résidents 
de  notre  Société,  que  je  viens  de  rappeler  devant  vous, 
un  certain  nombre  de  correspondants  et  de  membres 
étrangers  ont  bien  voulu  nous  adresser  leurs  travaux.  Je 
ne  puis  que  vous  citer  les  titres  de  leurs  Mémoires  : 

MM.  Georges  :  Sur  une  nouvelle  variété  d'albumine 
trouvée  dans  une  urine  ; 

Barillé  :  Sur  le  phosphate  bicalcique  ; 

Denoix  :  Essai  des  sulfovinates 

Boulanger-Dausse  :  Action  du  gaïacol  sur  la  germina- 
tion des  spores  de  l' Aspergillus  fumigatus  ; 

Biaise  :  Remarques  au  sujet  des  réactions  colorées  de  la 
quinine; 

Debuchy  :  Note  sur  la  préparation  des  sparadraps  médi- 
camenteux; 

Lépinois  :  Action  de  l'iode  sur  les  matières  albumi- 
noïdes;  Recherche  de  l'urobiline  en  présence  des  pig- 
ments biliaires. 

Cheyretin  :  Du  danger  que  présentent  les  vases  en  cris- 
tal pour  la  stérilisation  des  sérums  artificiels  ; 

Coreil  :  Examen  d'un  faux  café  ; 

Tardy  :  Note  sur  l'essence  de  fenouil  amer; 

Pesier  :  Instruction  pour  le  dosage  de  la  soude  dans  les 
potasses  ; 


—  212  — 

^.'  G.  Mingaud  :  Note  sur  la  perte  de  poids  à  l'air  du  casto- 

réum  du  Gardon  ; 

Comère  :  Notes  sur  quelques  algues  de  l'eau  sulfureuse 
du  Castera-Verduzan  (Gers)  ; 

Terrât  :  Sur  l'essai  de  la  diastase  de  Forge  ; 

L.  Planchon  :  Note  sur  le  Diplotaxis  erucoïdes; 

Pannetier  (de  Commentry)  :  Notes  sur  quelques  formes 
médicamenteuses  (cachets  et  capsules,  tablettes,  etc.); 

Astruc  :  Sur  les  glycérophosphates  ; 

Hérissey  :  Sur  le  pouvoir  rotatoire  du  chlorhydrate  de 
cocaïne. 

Un  certain  nombre  d'ouvrages,  dus  à  la  plume  de  nos 
^  collègues,  ont  été  offerts  par  ceux-ci  : 

Deux  fascicules  du  tome  II  du  Dictionnaire  de  chirnie 
industrielle,  de  Villon  et  Guichard. 

Le  Dictionnaire  des  falsifications,  de  Chevalier  et  Bau- 
drimont,  nouvelle  édition,  pai'M.  Héret; 

Le  tome  II  du  Traité  de  chimie  organique,  de  M.  Béhal: 

La  Pratique  pharmaceutique,  par  MM.  JuUiard  et  Paul 
Fumouse. 

M.  Roques,  l'un  des  deux  lauréats  de  la  médaille  d'or  de 
1896,  nous  a  fait  parvenir  un  échantillon  de  camphre 
brut  provenant  du  Tonkin. 

Cette  présentation  d'échantillon  m'a  remis  en  mémoire 
l'époque  où  le  vénérable  M.  Stanislas  Martin  ne  manquait 
jamais,  à  chacune  de  nos  séances,  d'apporter  quelques 
substances  intéressantes  et  contribuait  ainsi  à  augmenter 
la  richesse  des  collections  de  matière  médicale  de  l'École. 

Après  le  compte  rendu  des  travaux  scientifiques  qui 
ont  alimenté  nos  séances,  il  me  reste  à  vous  parler,. en 
quelques  mots,  de  la  vie  professionnelle  de  notre  Société. 
J'ai  tout  d'abord  à  vous  rappeler  la  perte  cruelle  que  nous 
avons  faite  de  deux  membres  qui  ont  tenu  une  place  des 
plus  importantes  dans  notre  Société,  de  deux  anciens 
présidents,  MM.  Vée  et  Bourgoin. 

M.  Sonnerat,  notre  président  actuel,  s'est  fait  un  devoir 
de  représenter  la  Société  à  leurs  obsèques  et  d'envoyer  à 
leurs  familles  ses  sincères  compliments  de  condoléance. 


^213  ^ 

M.  Prunier  a  rendu,  à  la  mémoire  de  M.  le  professeur 
Bourgoin,  un  dernier  hommage  dans  un  discours  que 
vous  vous  rappelez  tous,  au  nom  de  l'École  supérieure  de 
pharmacie  et  au  nom  de  la  Société  de  pharmacie. 

Nous  avons  nommé  comme  membres  résidents  M.  Son- 
nié-Moret  dans  la  séance  d'avril,  et  M.  Moreigne  dans 
celle  de  novembre. 

Sur  les  propositions  des  deux  commissions  chargées 
d'examiner  les  mémoires  déposés  pour  le  concours  des 
prix  de  thèses,  vous  avez  décidé  de  décerner  la  médaille 
d'or,  section  des  sciences  physiques,  à  M.  Dufau  et  la 
médaille  d'or,  section  des  sciences  naturelles,  à  M.  De- 
than. 

Deux  congrès  internationaux  ont,  cette  année,  attiré 
votre  attention.    ' 

Un  congrès  international  de  pharmacie  tenu  à  Bruxelles, 
où  vous  aviez  délégué  MM.  Petit,  Crinon,  Viron  et  Patein. 

MM.  Crinon  et  Viron  nous  ont,  dans  une  de  nos  séances, 
parle  des  fait  les  plus  saillants  qui  s'y  sont  passé,  et 
M.  Petit  a  publié  un  compte  rendu  détaillé  de  ce  congrès 
dans  le  Journal  de  Pharmacie,  Vous  avez  vu  que  des 
questions  du  plus  haut  intérêt,  aussi  bien  au  point  de 
vue  scientifique  qu'au  point  de  vue  professionnel,  y  ont 
été  débattues.  Laissez-moi  vous  rappeler,  entre  autres,  la 
question  toujours  soulevée  et  jamais  résolue  de  la  phar- 
macopée universelle,  dont  le  principe  a  été  une  fois  de 
plus  acclamé;  le  vote  d'une  proposition  demandant  que 
les  dénominations  des  médicaments  ne  puissent  faire 
l'objet  d'une  propriété  privative,  ni  constituer  à  elles 
seules  une  marque  de  fabrique;  des  résolutions,  ayant 
pour  but  d'unifier  les  méthodes  de  dosage  des  médica- 
ments et  de  fixer  leur  teneur  en  principes  actifs;  une 
série  de  vœux  concernant  l'enseignement  théorique  et 
pratique  de  notre  profession  ;  la  question  des  spécialités  a 
été  aussi,  c'est  le  cas  de  le  dire,  agitée.  Enfin,  Messieurs, 
il  a  été  décidé  que  le  neuvième  Congrès  international  de 
pharmacie  se  tiendrait  à  Paris  en  1900,  sur  l'invitation 
qui  en  a  été  faite  au  nom  de  l'Association  générale  des 


—  214  — 

pharmaciens  de  France  par  M.  Petit,  du  Syndicat  des 
pharmaciens  de  la  Seine  par  M.  Crinon,  de  plusieurs 
sociétés  de  province  par  M.  CoUard,  et  de  la  Société  de 
pharmacie  de  Paris  par  M.  Viron;  nous  vous  rappellerons 
que  notre  société  avait  pris  cette  résolution  à  Tunanimité 
dans  sa  séance  du  mois  de  juillet. 

Le  second  Congrès  international,  dont  je  dois  vous 
rappeler  Texistence,  est  le  douzième  congrès  de  méde- 
cine qui  a  été  tenu  à  Moscou;  il  a  mérité,  à  deux  points 
de  vue  surtout,  d'attirer  notre  attention  :  d'abord,  par 
l'accueil  tout  spécialement  chaleureux  et  quelque  peu 
prémédité  avec  lequel  nos  confrères  russes  ont  accueilli 
nos  délégués,  MM.  Bourquelot,  CoUin,  ainsi  que  M.Vaudin, 
notre  correspondant  national  et  ensuite  parce  que,  pour 
la  première  fois,  on  avait  créé  dans  un  congrès  inter- 
national de  médecine,  une  section  spéciale  de  pharma- 
cognosie  et  de  pharmacie,  et  cela,  il  faut  le  dire,  grâce 
aux  efforts  persévérants  de  M.  le  professeur  Tikhomirof. 
C'est  M.  Bourquelot  qui  s'est  chargé  de  nous  rendre 
compte  de  ce  congrès  dans  une  de  nos  séances  et  dans 
une  série  d'articles  parus  dans  le  Journal  de  Pharmacie, 
Outre  de  très  nombreuses  communications  scientifiques, 
il  y  a  été  naturellement  question  de  la  pharmacopée 
universelle;  cette  pauvre  pharmacopée  universelle  est 
toujours  universellement  adoptée,  mais  elle  ne  peut 
jamais  aller  plus  loin.  A  Moscou,  comme  à  Bruxelles,  on 
a  été  d'accord  pour  demander  l'unification  des  procédés 
de  préparation  et  des  méthodes  de  dosage  des  médica- 
ments; pour  discuter,  mais  cette  fois  sans  se  mettre 
d'accord,  les  questions  de  scolarité  et  de  législation  phar- 
maceutiques. 

L'année  1897  aura  vu,  en  dehors  de  ces  deux 
congrès  internationaux,  se  produire  un  fait  tout  parti- 
culièrement intéressant  pour  notre  profession,  je  veux 
parler  de  la  nomination  d'une  nouvelle  commission 
officielle  chargée  de  la  revision  du  Codex.  Faisons 
remarquer  que  sur  les  quatorze  membres  de  cette  com- 
mission, huit  sont  des  pharmaciens  et  que  ces  huit  phar- 


—  215  — 

maciens  font  partie  de  la  Société  de  pharmacie  de  Paris. 

Et  rappelons  à  ce  propos  que  notre  société  va  être 
appelée,  dans  Tannée  qui  s'ouvre  actuellement,  à  fournir 
son  contingent  important  au  travail  de  la  revision  du 
Codex.  C'est  une  heureuse  coïncidence  que  celle  qui  fera 
présider  nos  séances  par  le  professeur  de  pharmacie 
galénique  de  TÉcole  de  Paris,  appelé  nécessairement  à 
avoir  une  voix  autorisée  dans  la  commission  officielle. 

Vous  avez  pu  prendre  connaissance,  dans  le  numéro 
du  15  décembre  1897  du  Jouymal  de  Pharmacie,  de  la 
répartition  des  membres  de  notre  société  entre  treize 
sous-coramissions,  ainsi  que  de  la  nature  du  travail 
assigné  à  chacune  de  ces  sous-commissions. 

Émettons  le  vœu  que  la  commission  officielle  veuille 
bien  s'inspirer  le  plus  possible  du  travail  de  la  Société  de 
pharmacie  de  Paris. 

Il  est  enfin  un  sujet  sur  lequel  nos  sentiments  sont 
unanimes  et  qui  semble  actuellement  en  bonne  voie,  c'est 
la  glorification  de  Pelletier  et  Caventou!  Tout  ce  qui 
touche  à  la  médecine  et  à  la  pharmacie,  sociétés  savantes, 
syndicats  professionnels  et  particuliers,  est  aujourd'hui 
en  mouvement  pour  rendre  à  la  mémoire  de  ces  deux 
pharmaciens,  véritables  bienfaiteurs  de  l'humanité,  un 
hommage  digne  de  la  grande  découverte  à  laquelle  ils  ont 
attaché  leur  nom. 

Je  voudrais,  pour  finir,  vous  laisser,  Messieurs,  sur  une 
bonne  impression,  en  vous  rappelant  les  succès  remportés 
par  quelques-uns  de  nos  membres. 

M.  le  professeur  Prunier  s'est  trouvé  tout  désigné  par 
sa  haute  situation  scientifique,  pour  occuper  le  poste 
de  Directeur  de  la  Pharmacie  centrale  des  hôpitaux  civils, 
qui  a  toujours  eu  à  sa  tête  des  hommes  considérables  : 
Soubeiran,  Regnauld,  Baudrimont  et  Bourgoin.  Peut-être 
pourrons-nous  faire  remarquer  que  tous  appartenaient  à 
notre  compagnie,  dont  ils  avaient  été  les  présidents. 

Nous  pouvons,  avec  notre  sympathique  collègue, 
M.  Bourquelot,  marquer  l'année  1897  parmi  les  années 
heureuses  pour  lui!  Il  a  été  nommé  professeur  de  phar- 


—  216  — 

.macie  galéfaique  à  l'École  de  pharmacie,  et  l'on  peut  dire, 
à  Tunanimité  des  suffrages  non  seulement  de  ses  collè- 
gues à  l'École,  mais  aussi  de  tous  ses  confrères,  aussi 
bien  de  la  Ville  que  des  hôpitaux,  et  même  de  tous  les 
étudiants  qui  ont  accueilli  cette  nomination  avec  une 
véritable  joie.  Tout  le  monde  a  senti  que  c'était  la  juste 
récompense  des  nombreux  et  beaux  travaux  par  lesquels 
il  s'est  fait  connaître,  et  tout  le  monde  a  compris  aussi, 
et  c'est  peut-être  cela  qui  permet  d'expliquer  Tunani- 
jçité  de  la  satisfaction,  que  le  nouveau  professeur  de  la 
chaire  de  pharmacie  galénique  était  homme  à  ne  pas  se 
désintéresser  des  questions  professionnelles  touchant  les 
pharmaciens. 

Ce  sont  les  beaux  travaux  dont  je  parlais  plus  haut 
qui  lui  ont  ouvert,  et  cette  fois  encore  à  l'unanimité,  les 
portes  de  l'Académie  de  médecine. 

C'est  tout  cela,  et  un  peu  aussi  les  sentiments  d'affec- 
tueuse sympathie  qu'il  a  su  s'attirer  parmi  nous,  qui 
l'ont  fait  désigner  comme  président  de  notre  société 
pour  1898. 

C'est  assurément  un  titre  modeste  à  côté  des  deux 
précédents;  mais  je  suis  persuadé  que  ce  n'est  pas  un  de 
ceux  qui  lui  auront  été  le  moins  sensible,  car  il  a  mon- 
tré combien  il  était  attaché  à  notre  compagnie  en  la 
tenant  au  courant  de  tous  ses  travaux  et  par  l'assiduité 
qui  ne  lui  fait  manquer  aucune  de  nos  séances. 

Au  commencement  de  l'année  1897,  M.  Bocquillon  avait 
été  nommé  officier  de  l'instruction  publique,  et  c'est  avec 
un  véritable  plaisir  que  nous  venons  d'apprendre  la  nomi- 
nation de  M.  le  professeur  Bouchardat,  comme  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur. 

M.  Planchon  a  été  nommé  membre  associé  de  l'Acadé- 
mie Royale  de  Médecine  de  Belgique  et  membre  de  la 
Société  Royale  de  Botanique  de  Londres. 

Enfin,  notre  nouveau  collègue  M.  Moreigne  vient  d'ob- 
tenir un  prix  de  l'Académie  de  médecine. 

En  terminant  cet  exposé,  je  tiens  à  vous  adresser,  mes 
chers  collègues,  tous  mes  remerciements  pour  l'honneur 


.—  217  — 

que  vous  aviez  bien  voulu  me  faire  en  m'appelant  àù 
poste  de  secrétaire  annuel,  et  à  vous  présenter  toutes 
mes  excuses  pour  la  lecture  que  je  viens  de  vous  infliger. 


Séance  du  2  février  1898. 

Présidence  de  M.  Bourquelot,  Président. 

.    La  séance  est  ouverte  à  deux  heures. 

La  correspondance  imprimée  comprend  :  P/iarmaceu- 
tical  Journal;  —  American  Journal  ofPharmacy;  —  Mala- 
dies de  la  nutrition;  —  Bulletin  de  la  Société  de  pharma- 
cie de  Bordeaux;  — Journal  de  pharmacie  et  de  chimie; 
-i-  V Union  pharmaceutique;  —  El  Tabaco  en  Cuba;  —  Bul- 
letin de  la  Société  du  Sud-Est;  —  Bulletin  de  l'Association 
française  de  Vavancement  des  sciences;  — Bulletin  de  la 
Chambre  syndicale  des  pharmaciens  de  la  Seine;  —  V In- 
termédiaire des  biologistes. 

La  correspondance  manuscrite  :  Invitation  de  l'Asso- 
ciation française  de  Tavancement  des  sciences  pour  les 
conférences  de  1898;  invitation  au  Congrès  d'hygiène  et 
de  démographie,  en  avril  1898,  à  Madrid. 

Présentations  :  M.  Guichard  présente  le  fascicule  17  du 
deuxième  volume  de  son  Dictionnaire  de  chimie  indus- 
trielle, 

.    La  Société  de  pharmacie  de  la  Grande-Bretagne  envoie 
son  Annuaire. 

.     M.  Planchon  rectifie  le  procès-verbal  de  la  précédente 

-séance  en  disant  que  M.  Burcker,  quittant  Paris,  passe  de 

droit  membre  correspondant  sans  qu'il  y  ait  lieu  de  voter. 

En  conséquence,  une  place  de  membre  titulaire  se  trouve 

vacante. 

La  vacance  est  déclarée  ouverte,  et  les  candidats  au- 
ront deux  mois,  à  partir  du  2  février  1898,  pour  faire  acte 
de  candidature. 

M.  Bourquelot  a  étudié  la  liste  des  membres  correspon- 
dants étrangers  de  la  Société  et  a  constaté  qu'il  y  avait 
des  erreurs;  la  liste  se  compose  de  135  membres,  dont 


—  218  — 

14  seulement  furent  admis  dans  les  vingt  dernières 
années.  Il  propose  que  la  liste  soit  rectifiée  en  maintenant 
seulement  ceux  qui  furent  élus  dans  les  vingt-cinq  der- 
nières années  et  ceux  qui,  élus  avant  cette  date,  sont 
notoirement  connus. 

La  liste  comprendra  les  noms  et  adresses  des  membres 
correspondants,  ainsi  que  Tannée  de  l'élection. 

La  Société  adopte  cette  proposition  et  vote,  comme 
addition  à  la  liste  des  correspondants  étrangers,  l'admis- 
sion de  plusieurs  pharmaciens  qui  ont  assisté  aux 
Congrès  de  Bruxelles  et  de  Moscou,  ce  sont  : 

M.  le  professeur  Davidof ,  à  Varsovie  ; 

M.  le  professeur  Poehl,  à  Saint-Pétersbourg; 

M.  O.Wetterholz,  président  de  la  Société  de  Pharmacie 
de  Saint-Pétersbourg; 

M.  Bélohoubeck,  professeur  à  l'Université  de  Prague  ; 

M.  le  professeur  Ranwez,  à  Louvain  ; 

M.  Derneville,  président  de  la  Société  royale  de  phar- 
macie de  Bruxelles; 

M.  Bourquelot  annonce  que  la  Commission  du  Codex  a 
terminé  ses  travaux  préliminaires  pour  la  Pharmacie 
galénique;  elle  s'est  inspirée  de  la  consultation  demandée 
aux  sociétés  de  pharmacie  de  province.  Il  pense  que  le 
moment  est  venu  pour  la  Société  de  Pharmacie  de  Paris 
de  s'occuper  activement  de  la  question  et  il  espère  que 
les  commissions  pourront  bientôt  apporter  leurs  rap- 
ports. Après  l'échange  de  plusieurs  observations  entre  les 
membres,  il  est  convenu  que  dans  la  liste  des  commis- 
sions qui  a  paru  dans  le  Journal  de  phaiTuacie  et  de  chi- 
mie^ les  noms  ayant  été  placés  par  ancienneté,  le  premier 
nom  sera  celui  du  président  de  la  commission  et  le 
dernier  celui  du  secrétaire. 

M.  Bourquelot  consulte  la  Société  de  Pharmacie  pour 
savoir  si  elle  désire  voir  figurer  au  Codex  une  liste  de 
doses  maxima  des  médicaments  actifs.  Cette  liste  figure 
dans  le  formulaire  militaire  et  dans  presque  toutes  les 
pharmacopées  étrangères.  Après  échange  d'observations 
entre  MM.  Crinon,  Julliard  et  Champigny,  la  Société  de 


—  219  — 

Pharmacie  vote,  à  runanimité  moins  une  voix,  Taddition 
au  Codex  de  la  liste  des  doses  maxima  des  médicaments. 

M.  Bougarel  lit  deux  notes  de  MM.  Adrian  et  Trillat, 
Tune  sur  le  dosage  des  phosphoglycérates,  l'autre  sur 
Tacide  glycérophosphorique  ;  il  présente  diverses  combi- 
naisons de  cet  acide  avec  des  bases  organiques  et  annonce 
pour  la  prochaine  séance  une  note  sur  ces  composés  et 
leur  mode  d'obtention. 

M.  Béhal  ajoute  que  M.  Moncour,  de  Boulogne,  lui  a 
présenté,  il  y  a  quelques  mois,  un  glycérophosphate  de 
quinine;  c'est  un  glycérophosphate  basique  de  quinine, 
très  soluble  dans  Talcool  chaud  et  soluble  vers  157®. 

M.  Leidié  présente,  au  nom  de  M.  Brisenioret,  une 
note  sur  le  mode  d'administration  de  la  théohromine. 

Celle-ci  se  dissout  dans  les  solutions  aqueuses  de  cer- 
tains sels  à  réaction  alcaline,  et  en  particulier  dans  le 
phosphate  trisodique. 

Cette  solution  aqueuse  présente  les  caractères  d'une 
combinaison  définie  et  a  l'avantage  de  n'être  ni  caus- 
tique ni  altérable  comme  les  solutions  dans  la  soude  ou 
dans  l'eau  de  chaux. 

M.  Patein  croit  que  la  dose  de  4«'  de  phosphate  à  ajouter 
aurait  peut-être  une  action  thérapeutique  exagérée. 

M.  Ch.  Houreu  a  étudié  l'action  de  l'oxychlorure  de 
carbone  sur  le  camphre  sodé  ;  c'est  la  formation  d'acide 
camphocarbonique  par  fixation  d'acide  carbonique  sur  le 
camphre  sodé  (Baubigny),  qui  l'a  engagé  à  faire  cette 
étude.  Lorsqu'on  traite  la  solution  toluénique  du  camphre 
sodé  par  le  phosgène  également  en  solution  toluénique,  il 
y  a  immédiatement  réaction  à  froid.  Après  distillation 
du  toluène  et  entraînement  du  camphre  en  excès  par  la 
vapeur  d'eau,  on  obtient  un  résidu  solide,  insoluble  dans 
les  alcalis,  lequel,  purifié  par  deux  ou  trois  cristallisa- 
tions dans  l'alcool  à  95*,  se  présente  sous  la  forme  de 
paillettes  blanches,  très  légères,  fusibles  à  2l9*»-220*'  (corr.), 
sublimables  sans  décomposition,  lévogyres  en  solution 
dans  le  toluène  à  4  p.  100  [«„  =  —  16%27'|,  et  répondant, 
d'après  l'analyse,  à  la  formule  brute  C«4I**0».  Ce  sont 


—  220  — 
là  les  caractères,  au  pouvoir  rotatoire  près,  du  carbonate 

de  bornéol  ^^\r;o»0H*"  ^^^'^  rencontré  par  M.  Hallet 
parmi  les  composés  ascessoires  qui  se  forment  dans  Tac- 
tion  du  chlorure  de  cyanogène  sur  le  camphre  sodé. 
Entre  l'oxychlorure  de  carbone  et  le  camphre  sodé,  le 
carbonate  de  bornéol  prend  naissance  par  suite  de  la 
présence  du  bornéol  sodé  C^'H^ONa  dans  le  camphre 
sodé  brut.  Dans  quelques  conditions  que  l'auteur  ait  opéré, 
il  n'a  pu  réussir  à  isoler  un  produit  quelconque  résultant 
de  l'action  du  phosgène  sur  le  camphre  sodé  proprement 
dit  C*^ir*ONa,  lequel  résiste,  d'ailleurs,  ainsi  que  l'au- 
teur s'en  est  assuré,  aussi  bien  à  l'action  des  chlorures 
d'acides  qu'à  celle  des  anhydrides  d'acides. 

M.  Planchon  présente  un  travail  de  M.  le  D' O'  Folio- 
well  sur  la  gaïacyl. 

M.  Planchon  présente,  au  nom  de  M.  G.  Dethan^des 
échantillons  de  Polygalacées  du  Venezuela  et  un  travail 
sur  la  structure  et  la  forme  de  ces  Polygalacées. 

M.  Planchon  donne  lecture  de  son  travail  sur  l'histoire 
de  l'enseignement  de  la  pharmacie  galénique  à  l'École 
de  pharmacie  de  Paris.  Cette  lecture,  très  intéressante  et 
très  documentée,  est  saluée  par  les  applaudissements  de 
la  Société. 

M.  Patein  présente  à  la  Société  de  pharmacie  les  tra- 
vaux du  Congrès  international  de  chimie  appliquée  et 
dépose  sur  le  bureau  les  sept  volumes  de  compte  rendu 
de  ce  Congrès.  M.  Patein,  ayant  été  délégué. de  la  Société 
de  pharmacie,  a  remarqué  que  les  travaux  concernant  la 
pharmacie  ont  été  très  bien  analysés. 

M.  Portes  présente,  au  nom  de  M.  Capdeville,  d'Aix, 
associé  national,  une  traduction  d'un  travail  de  M.  V. 
Ghironc,  professeur  de  pharmacologie  expérimentale  à 
Padoue,  sur  les  arômes  et  les  parfums  et  leur  influence 
sur  l'homme  et  la  société. 

M.  Champigny,  rapporteur  de  la  commission  des 
finances,  donne  lecture  de  son  intéressant  rapport,  qui 
constate  l'état   prospère  des  IJnances  et  demande  à  la 


—  221  — 

Société  de  voter  des  félicitations  à  M.  Leroy,  trésorier.  La 
Société  vote,  à  l'unanimité,  les  conclusions  du  rapport 
de  M.  Champigny,   et  adresse  à  M.  Leroy  ses  remer- 
ciements. 
La  séance  est  levée  à  quatre  heures. 

H.    BOCQUILLON. 


SOCIETE    DE    THERAPEUTIQUE 


Séance  du  i2  janvier  1898.  —  Présidence  de  M.  Pouchet. 
M.  Ciourtade,  à  propos  de  la  communication  de  M.  Gallois 
sur  le  traitement  du  lymphatisme,  critique  le  rapport 
constant  que  M.  Gallois  prétend  établir  entre  le  lympha- 
lisme  et  les  végétations  adénoïdes.  Si  tous  les  scrofuleux 
ont  des  manifestations  rhino-pharingiennes,  l'inverse 
n'est  pas  vrai  :  tous  les  adénoïdiens  ne  sont  pas  des  scro- 
fuleux. L'hérédité  joue  un  rôle  capital  dans  l'étiologie  du 
lymphatisme. 

M.  Le  Gendre  s'attache  à  démontrer  que  la  scrofule  est 
bien  une  maladie  distincte,  différente  de  la  maladie  de 
Meyer.  Chez  les  scrofuleux,  la  question  des  végétations 
adénoïdes  n'est  qu'accessoire,  puisque,  ^près  leur  abla- 
tion, le  tempérament  continue  à  évoluer.  En  enlevant  les 
végétations,  on  ne  transforme  pas  le  malade  ;  bien  plus, 
on  peut  créer  à  volonté  des  scrofuleux,  en  privant  d'air, 
de  soleil  et  d'une  alimentation  tonique  des  enfants  non 
porteurs  de  végétations  adénoïdes. 

M.  Desnos  lit  une  communication  sur  la  médication 
générale  dans  la  tuberculose  génito-urinaire.  La  médication 
générale  est  le  plus  souvent  la  seule  applicable,  et  à  elle 
seule  elle  peut  donner  des  résultats  inespérés.  Le  climat 
doit  être  différent,  suivant  qu'il  s'agit  de  tuberculose  géni^ 
taie  ou  de  tubecrulose  urinaire.  Dans  le  premier  cas,  le 
bord  de  la  mer  est  très  favorable  ;  dans  le  second,  on  pré- 
férera la  plaine,  ou,  s'il  n'y  a  pas  de  tendance  aux  héma- 
turies, la  montagne. 

Si  la  tuberculose    est    génitale,    l'alimentation   sera 


—  222  — 

tonique  et  reconstituante;  si  elle  est  urinaire,  il  faudra 
exclure  les  aliments  irritants. 

Comme  médicaments,  le  quinquina  et  les  produits 
créosotes  sont  les  plus  efficaces. 

Séance  du  26  janvier  1898.  ' —  M.  Sanné,  à  propos  du 
rapport  de  M.  Gallois  sur  le  traitement  du  lymphatisme^ 
recommande,  pour  empêcher  le  lymphatique  de  devenir 
scrofuleux  ou  tuberculeux,  l'hygiène  alimentaire  (inter- 
diction des  aliments  excitants  ou  de  digestion  difficile, 
sucreries,  charcuterie),  Taérothérapie  ou  la  climatothé- 
rapie,  associées  à  l'administration  de  médicaments  toni- 
ques (huile  de  foie  de  morue,  quinquina,  Colombo,  iode, 
phosphates).  En  été,  les  thermes  sulfureux  ou  chlorurés 
sodiques  sont  indiqués,  ainsi  que  le  séjour  en  montagne* 

M.  Créquy  insiste  particulièrement  sur  certaines  pré- 
cautions hygiéniques  qu'il  faut  faire  prendre  aux  malades: 
tout  le  monde  ne  peut  pas  se  déplacer  et  vivre  au  grand 
air.  A  Paris,  les  logements  exigus  et  défectueux  qu'ha- 
bitent les  petits  ménages  sont  souvent  rendus  plus  défec- 
tueux encore  par  certaines  habitudes,  comme  la  pose  de 
bourrelets  aux  portes  et  la  fermeture  des  trappes  de 
cheminée. 

Il  y  aurait  lieu  de  recommander  aux  architectes  d'em- 
pêcher que  la  trappe  puisse  être  fermée  complètement, 
pour  que  l'aération  se  fasse  malgré  le  locataire. 

M.  Pouchet  rappelle  qu'à  l'Exposition  de  1889  on  a  pu 
admirer  des  modèles  de  maisons  hygiéniques.  Malgré 
leur  utilité,  ces  beaux  projets  sont  malheureusement 
restés  dans  les  cartons. 

M.  Gallois  fait  une  communication  sur  l'emploi  des 
gelées  à  Vagar-agar  en  dermatologie.  Ces  gelées  à  la  gélose 
permettent  de  maintenir  un  médicament  sur  la  peau 
mieux  qu'avec  aucun  autre  pansement  :  elles  n'échauffent 
pas  la  peau  comme  les  pommades  et  présentent  sur  les 
colles  à  la  gélatine  l'avantage  de  ne  pas  être  rétractiles. 
Leur  application  est  très  facile  :  le  malade  en  prend  des 
fragments   qu'il  écrase  sur  sa  peau;   la  couche   ainsi 


—  223  — 

étalée  sèche  assez  rapidement.  On  peut  renouveler  les 
applications  plusieurs  fois  par  jour  et  nettoyer  la  surface 
malade  par  un  simple  lavage, 

M.  Gallois  recommande  la  formule  suivante  dans  le 
traitement  de  Térysipèle  en  particulier  : 

Eau 100  grammes 

Gélose 1      — 

Sublimé K.  ,^ 

Acide  tarlrique \  ^  ^^  ^«"^»«r. 

Contre  Teczéma,  il  emploie  une  gelée  à  Toxyde  de 
zinc. 

L*étude  de  tous  les  médicaments  susceptibles  de  s'in- 
corporer à  cet  excipient  n'a  pas  encore  été  faite. 

Ferd.  Vigier. 


VARIETES 


Distinctions  honorflqaes.  —  Ont  été  nommés  :  officier  de  Finstraciion 
pobliqne  :  M.  Gilbert,  pharmacien,  à  Moulins.  —  Officiers  d'académie  : 
MM.  Bertrand,  pharmacien,  à  Saiut-Brieuc;  Bocquin,  pharmacien,  à  Àix-les- 
Bains;  Busquet,  pharmacien,  à  Riscle  (Gers);  GhoUey,  pharmacien,  à 
Rennes;  de  FayoUe,  pharmacien,  à  Bordeaux;  Flour,  pharmacien,  à  Rouen; 
Gaillard,  ancien  pharmacien,  à.  Saint*André  de  Gubzac  (Gironde);  Gallot, 
pharmacien,  aux  Andelys;  Garrouste,  pharmacien,  à  Sidi-bel-Abbës  ;  Lafont, 
pharmacien,  à  Perpignan;  Pannelier,  pharmacien,  à  Gommentry;  Paris, 
pharmacien,  à  Yernet-les-Bains;  Révil,  pharmacien,  à  Ghambéi7;  Roi, 
pharmacien,  à  Laon;  Tonnerie,  pharmacien,  à  Montmorillon  ;  Tribaudini, 
pharmacien,  k  Nice;  Vasnier,  pharmacien,  à  Creusny  (GaWados). 


École  supérieure  de  pharmacie  de  Paris.  —  M.  Radais,  agrégé,  est 
chargé,  en  outre,  pendant  le  second  semestre  de  l'année  scolaire  1897-1898, 
d'un  cours  de  cryptogamie  à  ladite  école. 


Palmarès  des  prix  décernés  aux  lauréats  de  l'École  supérieure  de  Pharmacie 
de  Paris,  à  la  suite  du  Concours  de  l'année  scolaire  1896-1897. 

PRIX  DE  L'ÉCOLE 

l**  ANNÈB 

l*'  Prix  (Médaille  d'argent.  —  30  francs  de  livres).  —  M.  Broquin-Lacombê 

(André-Louis). 
2*  Prix  (Médaille  de  bronze.  —  25  francs  de  livres).  —  Non  décerné. 


—  224  — - 

â«  ANNÉE 

i"  Prix  (Médaille  d'argent.  —  75  francs  de  livres).  — ^[M.Jooss  (Frédéric). 
2*  Prix  (Médaille  de  bronze.  ~  25  francs  de  livres).  —  M.  Bcrlhon  (Jacques- 
Eugène). 
Citations  honorables,  —  MM.  Damesnil  (Ernest);  Morean  (Hippolyte). 

3*  ANNÉE 

l«Pria?  (Médaille  d'or  de  300  francs).  —  Non  décerné. 

2*  Prix  (Médaille  de  bronze.  —  25  francs  do  livres).  —  Non  décerné. 

PRIX  DES  TRAVAUX  PRATIQUES 

1**  ANNÉE.   —  CHIMIE   GÊNÉBALE 

Médailles  d*argent.  —  MM.  Broquin-Lacombe;  Sequer. 
Citations  honorables  —  M"*  Mazot  (Henriette)  ;  MM.  Ardely  (Etienne)  ;  Moro 
(Eugène)  ;  Leprestre  (Alcide). 

2*  ANNÉE.  —  PHYSIQUE 

Médaille  d'argent.  —  M.  Petit. 

Citations  honorables,  —  MM.  Taillandier  (Alexandre)  ;  Thibault  (Paul). 

2*  ET  3*  ANNÉES.  —  MICBOGBAPfllB 

Médailles  d'argent»  —  MM.  Col;  Guégucn. 

Citations  honorables.  —  MM.  Guillaume  (Paul);  Sorel  (Jules);  Guillaume 
(Georges)  ;  Rabonan  (Eugène)  ;  Addc  (Fernand)  ;  Cordonnier  (Ernest). 

GfllHIE  ANALYTIQUE 

Médailles  d'argent.  —  MM.  Biguet  (Joseph-Emile);  Blin  (Henri).' 
Citations  honorables.  —  MM.  Grenier  (Victor)  ;  Dulertre  (Julien)  ;  Clément 
(Joseph);  Dureuil  (Pierre). 

PRIX  DE  FONDATION 
Prix  Menier  (600  francs.  —  Médaille  d'argent).  —  M.  Goris  (Albert-Ernest). 
Prix  Laroze  (500  francs).  —  Par  délibération  du  15  juillet  1897,  sur  la 
proposition  du  jury,  l'Assemblée  de  l'École  a  décidé  de  partager  ce  prix 
par  moitié  entre  : 

M.  Tassilly  (Eugène),  qui  recevra  250  francs,  et  M;  Vadam  (Philippe), 
qui  recevra  également  250  francs. 
Prix  Laillet  (500  francs).  —  Non  décerné. 
Prix  Lebeault  {HOO  francs).  —  M.  Labbé  (Émile-César). 
Prix  Desportes  (558  francs).  —  M.  Guéguen  (Fernand). 
Prix  Henri  Buignet.  —  !•'  prix  (600  francs).  —  M.  Landrin  (Pauiy. 

—  —  2*  prix  (400  francs).  —  M.  Moreau  (Paul-Louis). 

Prix  Gobley  biennal  (2.000  francs).  —  Par  délibération  du  15  juillet  ISO?, 
sur  la  proposition  du  jury,  l'Assemblée  a  décidé  d'attribuer  sur  le  montant 
du  prix  Gobley  : 

A  M.  Lutz  (Louis),   1.200  francs;    à  MM.  Dclépine  (Marcel)  et  Eury 
(Joseph),  800  francs. 

Le  Gérant  :  G.  MA880N. 

lUPaUdËaiB  £.  FLAMlfAlUON,  26,  HUE  iLACIME,  PABIS. 


—  2^25  — 
TRAVAUX  ORIGINAUX 


Sur  le  dosage  des  phosphoglycérates  ;  par  MM.   Adrian 
et  Trillat  {suite  et  fin)  (1). 

Dosage  de  Vacide  phosphorique  en  présence  d'un  phos- 
phoglycérate  et  de  la  glycérine.  —  Nous  avons  vérifié  que 
la  glycérine  ne  gênait  pas  la  titration  par  les  indicateurs. 

On  sait  que  l'acide  phosphorique  exige  une  molécule 
de  potasse  pour  être  neutre  à  Fhéliantine  et  une  nouvelle 
molécule  de  potasse  pour  être  neutre  à  la  phtaléine. 
10**  d'une  solution  d'acide  phosphorique  à  O^'^SGOSO  par 
litre  ont  été  dilués  et  mélangés  à  10**  d'une  solution  de 
phosphoglycérate  de  chaux  neutre  avec  quelques  gouttes 
de  glycérine.  La  solution  de  potasse  employée  à  la  titra 
tion  était  à  0"o>,8677  par  litre. 

Titration  à  rhéliantine.  ....      6",9         Théorie 6",9 

—      à  la  phtaléine  ....    i3",9  ■— IS^jS 

Dosage  de  Vacide  phosphorique  en  présence  de  glycérine^ 
d'un  phosphoglycérate  neutre  et  d'un  phosphoglycérate 
acide  ou  vice  versa.  —  On  a  préparé  une  solution  de 
phosphoglycérate  acide  de  chaux.  10**  de  cette  solution 
exigeaient  0**, 5  de  potasse  pour  la  titration  à  l'hêliantine. 
et  2**,2  pour  la  titration  à  la  phtaléine.  On  a  m(4angé  : 

10**  de  cette  solution  ; 

10**  de  la  solution  d'acide  phosphorique  titré  ; 

10**  de  la  solution  de  glycérophosphate  acide  et  (Quel- 
ques gouttes  de  glycérine. 

Ce  mélange  a  exigé  : 

Titration  à  l'hêliantine 7«»,3 

—       à  la  phtaléine 16",1 

Or,  d'après  les  données  précédentes,  la  sonmie  dos 
acidités  se  répartit  de  la  manière  suivante  : 


(1)  Journ,  de  Pharm,  et  de  Chim.,  [6]  VII.  163.  1898.  Voir  aussi  ce  nu- 
mérO|  p.  234. 

Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim,,  6»  SÉKIB,  l.  VII.  (!•'  mars  1888.)  1 5 


—  226  — 

Héliantiiie.       Phlaléine. 

Glycérophosphate  acide 0"*,5  2'%2 

Acide  phosphorique 6*",9  iS'SS 

Total 7~,4  i6«,l 

On  peut  donc  doser  l'acide  phosphorique  en  présence 
de  la  glycérine,  d'un  phosphoglycérate  neutre  et  d'un 
phosphoglycératc  acide,  en  opérant  en  solution  diluée. 

Réciproquement,  on  peut  doser  un  phosphoglycérate 
acide  en  présence  de  l'acide  phosphorique  libre  en  sous- 
trayant de  l'acidité  à  la  phtaléine  le  double  de  l'acidité  à 
l'héliantine. 

Étude    de    la  réaction    de    Vacide    phosphorique    sur    la 
glycérine;  par  MM.  Adrian  et  Tiullat. 

Les  méthodes  de  dosage  que  nous  venons  d'indiquer 
sont  utiles  parce  qu'elles  permettent  d'aborder  l'étude 
de  l'action  de  l'acide  phosphorique  sur  la  glycérine. 

Faisons  remarquer  de  suite  que  ces  réactions  sont 
beaucoup  plus  compliquées  que  nous  le  pensions  au 
début  et  que  notre  travail,  commencé  dans  le  but  d'isoler 
l'acide  phosphoglycérique  nous  a  conduit  au  contraire  à 
supposer  qu'il  était  impossible  de  l'obtenir  à  l'état  pur. 

D'après  Pelouze,  on  obtiendrait  de  l'acide  glycérophos- 
phorique  en  mélangeant  la  glycérine  avec  de  l'acide  phos- 
phorique vitreux.  Après  avoir  chauffé  à  100*,  le  liquide 
étendu  d'eau  et  saturé  au  carbonate  de  baryte  est  filtré, 
le  glycérophosphate  de  bai-yte  est  ensuite  traité  par  la 
quantité  exacte  d'acide  sulfurique  pour  précipiter  la 
baryte  et  mettre  l'acide  phosphoglycérique  en  liberté. 

Nous  avons  cherché  à  préparer  l'acide  phosphoglycé- 
rique par  la  méthode  de  Pelouze  et  nous  avons  obtenu 
un  produit  analogue  à  de  la  cire  blanche. 

Soumis  à  l'analyse,  nous  avons  reconnu  que  sa  com- 
position correspondait  en  partie  à  celle  du  glycérophos- 
phate acide  de  baryte.  Par  cette  méthode  nous  avons 
toujours  obtenu  un  résidu  fixe  à  la  calcination. 

Nous  avons  essayé  de  décomposer  le  glycérophosphate 


F?V- 


—  227  — 

de  potasse  par  l'acide  tartrique.  Comme  précédemment 
nous  avons  obtenu  une  masse  visqueuse,  constituée,  en 
grande  partie,  par  du  glycérophosphate  acide  de  potasse. 

Enfin,  nous  avions  pensé  pouvoir  régénérer  l'acide 
phosphoglycérique  en  décomposant  par  l'hydrogène  sul- 
furé les  glycérophosphate  de  plomb  et  de  cuivre.  Ce  pro- 
cédé donne  naissance  à  de  l'acide  phosphorique. 

Il  ressort  donc  de  ces  résultats  que  l'acide  phosphogly- 
cérique ne  peut  être  obtenu  à  l'état  chimiquement  pur  : 

1**  Parce  que  la  concentration  décompose  cet  acide; 

20  Parce  que  l'on  obtient  des  sels  acides  qui  restent 
dissous  dans  l'acide  phosphoglycérique. 

L'acide  phosphoglycérique  du  commerce  n'est  qu'un 
mélange,  en  solution  aqueuse,  d'acide  phosphorique,  de 
glycérine,  de  phosphoglycérate  acide  et  d'une  quantité 
variable  d'acide  phosphoglycérique,  ainsi  que  le  prou- 
vent les  analyses  que  nous  en  avons  faites. 

L'insuccès  auquel  nous  a  conduit  la  recherche  de  la 
préparation  de  l'acide  phosphoglycérique  par  les  méthodes 
précédentes  nous  a  engagés  à  nous  a  dresser  directement 
au  produit  brut  de  la  réaction  de  l'acide  phosphoglycérique 
sur  la  glycérine,  de  manière  à  éviter  la  dissolution  d'une 
matière  minérale.  Nous  verrons  plus  loin  que  nous 
n'avons  pas  isolé  l'acide  phosphoglycérique,  mais  un 
produit  dont  la  composition  se  rapprocherait  plutôt  de 
celle  d'un  diéther  formé  d'une  molécule  d'acide  phospho- 
rique et  de  deux  de  glycérine,  susceptible  de  régénérer 
l'acide  phosphoglycérique. 

Décomposition  de  V acide  phosphoglycérique.  —  Du  gly- 
cérophosphate de  baryte  a  été  dissous  dans  de  Teau, 
additionné  en  excès  d'une  solution  titrée  d'acide  sulfu- 
rique  et  ramené  à  l'état  neutre  par  la  potasse  en  présence 
d'héliantine.  Après  l'addition  d'acide  sulfurique,  le  li- 
quide était  chaque  fois  porté  à  l'ébullition  pendant  des 
espaces  de  temps  variables. 

après  5  min.      api-ès  une  1/2  h.     après  1  h. 
PhHSO^  régénéré  provenant   de 
racide  pbosphoglycériqne  p.  100.      â  p.  100  11  p.  100        15  p.  100 


—  228  — 

Ces  trois  exemples  démontrent  qu'en  chauffant  les  solu- 
tions d'acide  phosphoglycérique  en  présence  d'un  faible 
excès  d'acide  sulfurique,  il  y  a  régénération  d'acide  phos- 
phorique  :  il  se  forme  en  même  temps  de  la  glycérine 
que  l'on  peut  extraire  par  un  traitement  spécial. 

Les  mêmes  résultats  sont  obtenus  par  la  concentration 
de  l'acide  phosphoglycérique  dans  le  vide  :  il  se  forme 
au  fur  et  à  mesure  de  l'acide  phosphorique  libre. 

Action  de  tacide  phosphorique  sur  la  glycérine.  —  En 
se  servant  de  la  méthode  et  des  proportions  indiquées 
par  MM.  Portes  et  Prunier  (1)  pour  la  préparation  du 
phosphoglycérale  de  chaux  et  en  effectuant  sur  la  masse 
des  dosages  après  des  espaces  de  temps  variables,  on 
trouve  que  l'acide  phosphoglycérique  ou  du  moins  l'éther 
susceptible  de  le  régénérer  se  forme  immédiatement  dés 
le  début  en  très  petites  quantités.  Cette  quantité  aug- 
mente avec  la  durée  de  chauffage,  mais  elle  semble  ne 
pas  dépasser  une  certaine  limite  analogue  à  une  limite 
d'éthérificalion.  C'est  ce  que  prouvent  les  essais  suivants 
effectués  en  tube  scellé. 

après  S  min.      après  6  h.      après  ^  h.      après  i02  h 
A.  phosphoglycérique.  .    0,9  p.  100       19  p.  100    20,5  p.  100     21,2  p.  100 

Une  remarque  intéressante  est  la  disparition  de  Tacide 
phosphorique  dans  le  titrage  des  produits  de  la  réaction 
de  l'acide  phosphorique  sur  la  glycérine. 

Si  l'on  dose  d'une  part  l'acide  phosphorique  total  au 
moyen  de  la  mixture  magnésienne  et  si  l'on  effectue  le 
dosage  de  la  même  quantité  de  produit  par  les  liqueurs 
titrées  au  moyen  des  indicateurs,  on  peut  constater  qu'une 
partie  de  l'acide  phosphorique  échappe  à  l'analyse  dans 
le  dosage  effectué  au  moyen  de  cette  dernière  méthode. 

après  2  heures        après  6  heures. 
Acide  phosphorique  primitif  ...         30  p.  100  30  p.  100 

Acide  phosphorique  après  réaction      27.85  p.  100         26,15  p.  100. 

Cette  disparition  de  l'acide  phosphorique,  qui  ne  se 
manifeste  plus  aux  indicateurs  et  qui  s'accentue  avec  le 

(1)  Journ.  de  Pharm,  et  de  Chim.  189*,  p.  393.  . 


—  229  — 

chauffage  des  produits  mis  en  présence,  permet  d'acqué- 
rir la  notion  de  la  formation  d'au  moins  un  éther  neutre 
aux  indicateurs,  probablement  du  diéther 

/OH 
PhO^OC»H*(OH)« 
\0C>H»(0H)* 
En  effet,  si  Ton  enlève  par  des  dissolvants  appropriés 
l'excès  d'acide  phosphorique  et  de  glycérine  qui  accom- 
pagne le  produit  brut   de    leur  réaction,  on  finit  par 
isoler  un  produit  visqueux  qui  est  neutre  à  l'héliantine 
et  qui  donne  à  l'analyse  les  chiffres   suivants  qui  se 
rapprochent  de  la  composition  d'un  diéther  : 

Éther  Diéther 


Trouvé 

yOH 

PhO-r-OH 

\0C»H«(0H)» 

/OH 
PhO;-OHC»H»(OH)« 
\OHC»H»(Ofl)« 

c 

H 
Ph« 

32,30 

6,68 

0»25,90 

20,93 

5,23 

41,28 

29,26 

5,70 

28.86 

Si  on  traite  ce  produit  par  une  solution  de  carbonate 
de  chaux  à  froid  il  ne  se  décompose  que  très  lentement 
en  acide  phosphoglycérique.  En  le  chauffant  en  présence 
de  l'eau  ou  de  l'alcool  le  produit  devient  fortement  acide 
à  l'héliantine  :  il  se  forme  de  l'acide  phosphorique,  de 
l'acide  phosphoglycérique  d'après  les  équations  : 

/OH  /OH 

Ph  O^OC*H»(OH)«  +  H*0  =  PH  0^0H+  C'H»(OH)» 

\0C»  H»  (0H)«  \o  G*  H»  (0H)« 

/OH  /OH 

Ph  O^OH         "      +H*0=Ph  O^OH  +  C>H»(OH)' 

\0C*H»(0H)*  \0H 

L'ensemble  de  nos  observations  tend  donc  à  démon- 
trer que  l'on  ne  possède  pas  encore  une  méthode  per- 
mettant d'obtenir  l'acide  phosphoglycérique  à  l'état  pur; 
que  cet  acide  se  décompose  par  la  chaleur  et  même  par 
simple  concentration,  en  régénérant  l'acide  phosphorique  ; 
que  la  réaction  de  l'acide  phosphorique  sur  la  glycérine 
est  complexe  tout  en  restant  limitée  ;  qu'il  en  résulte  à 


—  230  — 

coté  de  l'acide  pliosphoglycérique,  au  moins  un  diéther 
neutre  aux  indicateurs,  formé  d'une  molécule  d'acide 
pour  deux  de  glycérine  et  très  lentement  décomposable  à 
froid  par  les  carbonates  alcalins  en  acide  phosphoglycé- 
ri(j[ue. 

Note  SU7'  ^a  séparation  et  le  dosage  du  plomb,  du  cuivre 
et  de  Varsenic.  par  M.  Ferdinand  Jean. 

La  méthode  consiste  à  précipiter,  par  un  courant  d'hy- 
drogène sulfuré,  la  solution  chlorhydri(|uc  contenant  : 
plomb,  cuivre,  arsenic,  pour  les  séparer,  à  l'état  de  sul- 
fures, des  autres  corps  précipitables  par  le  sulfure  d'am- 
monium. 

Le  précipité  de  sulfures  mixtes,  ainsi  obtenu,  est  lavé 
par  décantation,  puis  il  est  mis  à  digérer  à  chaud  avec 
quel([ues  gouttes  d'eau  de  Javel  concentrée,  pour  oxyder 
les  sulfures.  Lorsque  la  solution  est  décolorée,  on  l'aci- 
difie par  quelques  gouttes  d'acide  sulfuriquc,  et  on  la 
porte  à  l'ébullition  pour  chasser  l'excès  de  chlore.  On 
laisse  refroidir;  on  ajoute  de  l'alcool,  pour  insolul)iliser 
le  sulfate  de  plomb;  on  filtre,  et,  du  poids  du  sulfate  de 
plomb  trouvé,  on  calcule  la  teneur  en  polmb. 

La  liqueur  filtrée,  séparée  du  sulfate  de  plomb,  est 
chaulfée  pour  chasser  l'alcool;  puis  on  l'additionne  d'am- 
monia([ue  en  (juantité  suffisante  pour  redissoudre  le  pré- 
cipité d'arséniate  de  cuivre,  qui  se  forme  au  début  de  la 
neutralisation. 

Le  cuivre  contenu  dans  cette  solution  ammoniacale  est 
alors  titré  au  moyen  d'une  liqueur  de  sulfure  de  sodium. 
Le  point  final  du  titrage  s'observe  en  mettant  une  goutte 
de  solution  alcaline  de  plomb  sur  un  papier  à  filtre  blanc, 
à  côté  d'une  goutte  de  la  liqueur  à  essayer;  dès  que  la 
précipitation  du  sulfure  de  cuivre  est  achevée,  il  se  forme 
un  arc  brun  sur  les  points  où  les  deux  couronnes  humides 
viennent  se  rencontrer. 

Le  titrage  du  cuivre  étant  achevé,  on  rend  la  solution 
acide  par  l'acide  chlorhydrique  dilué,  et  l'on  sépare  le 


—  -231  — 

«ulfure  de  cuivre  par  le  filtre.  Il  est  nécessaire  d'acidilier 
avant  de  filtrer,  afin  de  séparer  une  petite  quantité  de 
sulfure  de  cuivre  soluble  dans  la  liqueur  alcaline.  La 
liqueur  filtrée  contenant  l'acide  arsénique  est  addition- 
née de  quelque  cristaux  de  chlorate  de  potasse,  puis  con- 
centrée à  l'ébullition  à  environ  20";  on  neutralise  à  peu 
près  l'acidité  par  l'ammoniaque;  on  ajoute  5*^*  d'acétate  de 
soude  et  l'on  titre  l'acide  arsénifjue,  au  moyen  de  la 
liqueur  dacétate  d'urane,  en  opérant  dans  les  mêmes 
conditions  que  celles  observées  pour  le  titrage  de  l'acide 
phosphorique  par  la  méthode  Joulie. 

La  méthode  ci-dessus  décrite,  appliquée  à  Tanalyse 
d'un  mélange,  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Contenu.  Trouvé. 

Plomb 0«',122  Plomb 0»',12i2 

Cuivre 0^,020  Cuivre 0«^,020 

Arsenic 0«%0375  Arsenic 0»'.0370 


Sur  quelques  dérivés   nouveaux    de    Vhomopyrocatéchuie  ; 
par  M.  IL  Cousin   {Fin)  (1). 

L'homopyrocatéchine  a  été  jusqu'ici  peu  étudiée;  à 
part  quelques  éthers  (créosol,  homovératrol)  on  ne  con- 
naissait aucun  de  ses  dérivés.  J'ai  entrepris  l'étude  de  ce 
phénol  et  je  rendrai  compte  rapidement,  dans  cet  article, 
des  principaux  résultats  obtenus. 

ÉTHERS    DE    l'hOMOPYROCATÊCHINE 

/lésion  de  Viodure  de  méthyle,  —  En  faisant  réagir  sur 
1  molécule  d'homopyrocatéchine,  1  molécule  d'iodure  de 
méthyle  en  présence  de  potasse,  j'ai  obtenu  un  mélange 
de  créosol  CH»— GMP— OCII»— OH  et  de  son  isomère 

(3)  (4) 

CH»— C«IP— OH— OCIÏ».  L'iodure  de  méthyle  en  excès 

(3)  (4) 

donne  Thomovératrol  CH*— (OÇH')«. 
L'iodure  d'éthyle  m'a  mené  à  des  résultats  analogues. 

(1)  Voir  Joum,  de  Ph.,  t898,  p.  102. 


—  232  — 

Avec  1   molécule  dïodure  d'éthyle,  j'ai  obtenu   un  mé 
lange  des  deux  éthers  monoétliyliques.  Avec  un  excès 
d'iodure,  j'ai  préparé  l'éther  diéthylique  C'H«— (OC'HV 
liquide  incolore,  bouillant  de  227  à  230». 

Éther  diacétique  C'H«—(OCOCH')«.—  Obtenu  dansTac- 
tion  de  l'anhydride  acétique  sur  rhomopyrocatéchine. 
C'est  un  liquide  incolore,  visqueux,  bouillant  de  262  à 
264*»  avec  décomposition  partielle. 

Éther  dibenzoïque  C'II«  —  (OCOCMï»)«.  —  Petites 
aiguilles  blanches,  fusibles  à  58*. 

DÉRIVÉS    HALOGÈNES    DE    l'hOMOPVROCATÉCHINE 

I.  Dérivés  chlorés.  —  En  traitant  l'homopyrocatéchine 
en  solution  acétique  par  un  courant  de  chlore,  j'ai  pré- 
paré deux  corps  chlorés  : 

1«  Homopyrocatéchine  trichlorée  C'H«C1'0»  +  2H*0.  — 
Aiguilles  blanches,  s'effleurissant  à  l'air  et  perdant  leur 
2  molécules  d'eau  dans  le  vide  ;  insoluble  dans  l'eau,  soluble 
dans  l'alcool,  Téther  ;  le  corps  anhydre  fond  à  179-180*. 

2*  Méthylorthoquinone  chlorée  C'H'Cl'O».  —  Obtenue 
en  partant  du  dérivé  trichloré,  soit  par  l'action  prolongée 
d'un  courant  de  chlore  qui  enlève  H*,  soit  par  l'action  de 
Tacide  azotique  sur  une  solution  acétique  de  l'homopyro- 
catéchine trichlorée.  Elle  cristallise  en  petites  lamelles 
microscopiques  rouge  vif,  peu  solubles  dans  l'alcool,  plus 
dans  l'acide  acétique.  Le  point  de  fusion  est  97-98"*.  Les 
réducteurs  transforment  ce  corps  en  C'H'Cl'O*. 

IL  Dérivés  bromes,  —  Homopyrocatéchine  tribromée  : 
CH'Br'O".  Préparée  par  l'action  directe  du  brome  sur 
une  solution  acétique  d'homopyrocatéchine.  Aiguilles 
blanches,  soyeuses,  fusibles  à  162-164*.  La  quinone  cor- 
respondante C^II'Br'O*  est  une  poudre  cristalline  brune, 
fusible  à  117-118*. 

DÉRIVÉS   NITRÉS    DE    l'hOMOPYROCATÉCHINE 

J'ai  isolé  deux  homopyrocatéchines  mononitrées  et  les 
homovératrols  correspondants  : 

1*  O'Xitrohomopyrocatéchine    CH'O* — AzO*.  —  Obte- 

(5) 


~  233  — 

nue  dans  raclion  de  Facide  nitrique  fumant  sur  une  solu- 
tion éthérée  d'homopyrocatéchine.  Elle  est  entraînée  dans 
la  vapeur  d*eau  et  se  présente  en  cristaux  aplatis  jaune 
d'or,  peu  solubles  dans  l'eau,  solubles  dans  l'alcool, 
l'éther.  Le  point  de  fusion  est  79-80*. 
5-Nitrohomovératrol    C^II' —  (OCH»)«— AzO*.    —    Le 

(5) 

corps  précédent  chauffé  avec  un  excès  d'iodure  de  méthyle 
en  présence  de  potasse  donne  un  éther  diméthylique  en 
lames  cristallines  jaune  pâle,  fusibles  à  58-60**.  Cet  éther 
diméthylique  oxydé  par  le  permanganate  de  potasse  en 
solution  acide   m'a  donné  de  l'acide  5-nitrovératrique 

CO*H  — C'H*—  (OCH»)*— AzO*.  Donc l'homovératrol  nitré 

(5) 
a  pour  formuleOH»  — C«H*  — (OCH»)«— AzO*. 

(5) 

2*  ià'NitrohomopyrocaLtéchine  C'H»  — fOH)*— AzOV    — 

(6) 

Obtenue  dans  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  une  solution 
aqueuse  d'homopyrocatéchine  et  nitrite  de  soude.  Elle 
cristallise  en  aiguilles  jaune  pâle,  peu  solubles  dans  l'eau, 
solubles  dans  l'alcool,  l'éther,  fond  à  180*;  elle  donne 
avec  les  bases  des  sels  rouge  orangé. 
6-Nitrohomovératrol    C'H»—(OCHV— AzO*.  —  Il  a 

(6) 

été  obtenu  par  méthylation  du  corps  précédent  ou  dans 
l'action  de  l'acide  nitrique  sur  l'homovératrol.  Aiguilles 
jaune  pâle,  fusibles  à  117*. 

ACTION  DE  l'acide  SULFURIQUE  SUR  l'hOMOPYROCATÉCHINE 

En  faisant  réagir  sur  l'homopyrocatéchine  soit  l'acide 
sulfurique  ordinaire,  soit  l'acide  à  30  p.  100  d'anhydride, 
je  n'ai  obtenu  qu'un  seul  dérivé  sulfoné. 

Acide  homopyrocatéchine  monosuif onique  : 
C'H»— (OHj*— SO'H.  —  C'est  une  masse  cristalline  déli- 
quescente, très  soluble,  fondant  à  93-94*.  Le  sel  de  baryum 
(O^H'^O^SOV— Ba-|-3H*0  se  prépare  en  saturant  par  le 
carbonate  de  baryte  le  produit  de  la  réaction  de  l'acida 
sulfurique  sur  l'homopyrocatéchine.  Il  cristallise  en  petits 
prismes  incolores,  solubles  dans  l'eau.  Le  sel  de  potasse 


—  234  — 

est  en  aiguilles  blanches,  très  soluljles  dans  l'eau  et  dans 
l'alcool  bouillant. 

Le  sel  de  potasse  chauffé  en  tube  scellé  avec  de  Tiodure 
de  méthyle  et  de  la  potasse  alcoolique  a  donné  un  homo- 
vératroisulfonate  de  potassium  C'H»  — (OCIPj*  — SO'K. 
Jai  obtenu  le  même  sel  en  saturant  par  le  carbonate  de 
potasse  un  mélange  d'homovératrol  et  d'acide  sulfurique. 
U  cristallise  en  petits  prismes  blancs  solubles  dans  Teau. 


REVUE  SPECIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  PHARMACIE  ET  DE  CHIMIE. 


Titrage  des  phosphoglycérates  ;    par  M.  E.  Falières 

(.Extrait)  (ij.  —  On  peut  doser  volumétriquement  les  glycé- 

rophosphates  en  partant  de  cette  observation  faite  presque 

en  même  temps  par  MM.  Falières  (1),  Imbert  et  Astruc  ("2;. 

(jue  l'acide  phosphoglycérique   est  bi-basique  vis-à-vis 

<le  la  phtaléine  du  phénol.  Le  virage  est  très  net  dès 

(fu'un  équivalent  d'acide  est  saturé  par  deux  équivalents 

de  potasse,  de   soude  et  de  chaux.  Chaque  centimètre 

/X\  0«\0172 

cube  de  K  0  II  (    -1  correspond,  par  conséquent,  à  —  - — 

=  0»%0086  d'acide  phosphoglycérique. 

Acide  phosphoglycérique:  C'H'PO*  =  172.  —  L'acide 
phosphoglycérique,  incristallisable,  ne  peut  exister  qu'à 
l'état  de  solution  plus  ou  moins  concentrée  dont  il  importe 
de  pouvoir  vérifier  facilement  le  titre. 

On  fait  une  solution  de  2*''  d'acide  phosphoglycérique 
à  analyser  et  eau  distillée  q.  s.  pour  100**. 

A  10**  de  cette  solution  on  ajoute  quelques  gouttes  de 
phénol -phtaléine  et  quelques  grammes  d'eau  distillée. 
En    multipliant  par  0,0086   le  nombre  de   centimètres 

cubes  de  K  0  H  (  —  \  employés  pour  amener  la   teinte 

(1)  Bulletin  de  la  Soc.  de  Phann.  de  Bordeaux  (novombre  1897). 

(2)  Comptes  rendus  de  ^Académie  des  Sciences  (13  décembre  1897). 


■s*.',   'fr 


—  235  — 

rose  de  la  phtaléine.  on  obtient  la  proportion  cVacide 
glycérophosphorique  anhydre  existant  dans  la  prise 
d'essai.  En  se  servant  du  facteur  0,00355,  on  évalue 
l'acide  glycérophosphorique  en  anhydi-ide  phosphorique. 

Phosphoglycérate  de  chaux  :  Ca.  C  IF  P  0*  +  "2  II-  O.  — 
A  l'état  pur,  le  sel  contient  69,9  p.  100  d'acide  phospho- 
glycérique  et  22,76  de  chaux.  —  Dans  un  hallon  jaugé  à 
100*^,  on  introduit  0»%20  de  glycérophosphate  de  chaux 
à  analyser  avec  quelques  grammes  d'eau.  Après  dissolu- 
tion, on  ajoute  20"  de  solution  déci-norniale  d'acide 
oxalique  et  Ton  complète  le  volume  de  100''*'  avec  de  l'eau 
distillée. 

Après  quelques  heures  de  repos,  on  filtre  la  liqueur 
claire  surnageant  le  précipité  d'oxalate  de  chaux  à  travers 
un  papier  Berzélius  lavé  à  l'eau  bouillante.  Dans  50"  de 
de  cette  liqueur  filtrée  on  dose  l'acidité,  due  à  l'acide 
phosphoglycérique  devenu  libre  et  à  l'excès  d'acide  oxa- 
lique, au  moyen  de  la  liqueur  décime  de  potasse  avec  la 
phtaléine  comme  indicateur.  On  nuiltiplie  par  2  le  nombre 
de  centimètres  cubes  de  liqueur  alcaline  employés  et  on 
note  ce  nondjre  nouveau  N. 

On  recueille  sur  le  filtre  le  précipité  d'oxalate  de  chaux  ; 
on  le  lave,  à  plusieurs  reprises  h  l'eau  distillée  et  on  le 
dissout  dans  de  l'acide  azotique  à  1/10.  Cette  liqueur 
acide  renferme  toute  la  chaux  de  la  prise  d'essai  (0»%20) 
et  l'acide    oxalique    qui   a    servi    à    la  précipiter.    On 

titre  au  caméléon  (  t^  |;  on  note  le  nombre  P  de  centi- 


&■ 


mètres  cubes  employés. 
Chaque  centimètre  cube  de  permanganate  correspond 

à  0«',0028  de  chaux  et  à  1"  d'acide  oxalique(-^|  équiva- 
lant lui-même  à  1"  de  K  0  n(  j- |.  N  +  P  égale,  en  centi- 
mètres cubes  de  potasse  (tt\  la  quantité  d'acide  phospho- 
glycérique et  d'acide  oxalique  mise  en  expérience.  Comme 
la  quantité  d'acide  oxalique  est  20,  [N  f  P)  —  20  exprime. 


—  236  — 

en  centimètres  cubes  de  potasse  l'acide  phosphoglycérique 
existant  dans  la  prise  d'essai  (0«',20).  [(N  +  P)  —  20] 
0,0086  X  5  X  100  exprime,  en  centièmes,  la  richesse  du 
glycérophosphate  de  chaux  en  acide  phosphoglycérique. 
D'un  autre  côté,  le  facteur  Px0,0028  donne  la  chaux.  On 
a  ainsi  les  éléments  d'une  analyse  complète. 

Voici  les  résultats  obtenus  avec  cinq  échantillons  de 
provenances  diverses  : 

Chaux.  Acide  glycérophosphorique. 

I 25,76  70,95 

II 23,52  68,8 

lU 20,41  63,22 

IV 22,68  73,96 

V 23,32  70,09 

M.  Falières  a  également  imaginé  une  méthode  de 
dosage  volumétrique  des  glycérophosphate  s  de  potasse 
et  de  soude  et  du  glycérophosphate  de  magnésie.  Nous 
renvoyons  au  mémoire  original. 


La  mélanose  des  mandarines  ;  par  M.  Trabut.  —  Les 
mandarines  sont  souvent  attaquées  par  la  larve  de  la 
mouche  Ceratitis  hisp&nica  ;  mais  elles  présentent  aussi 
une  lésion  qui  a  pu  être  confondue  avec  la  piqûre  de  cet 
insecte.  Cette  lésion  est  caractérisée  par  une  tache  noire 
à  l'intérieur,  tache  qui  forme  une  dépression  irrégulière 
due  à  l'atrophie  des  glandes. 

Quand  on  enlève  la  peau  ainsi  malade,  on  trouve  à  la 
face  interne,  une  tache  verdâtre,  qui  s'étend  sur  le  dos 
des  tranches  correspondantes;  cette  tache  a  l'apparence 
du  Penicilium  gl&ucum.  Les  tranches  ainsi  tachées  ont 
un  goût  très  désagréable. 

En  dépouillant  une  mandarine  tachée,  il  a  découvert, 
à  la  loupe,  des  pycnides  noires  d'un  Septoria  au  milieu 
des  taches  verdâtres.  Ce  Septoria  est  évidemment  la 
cause  du  mal  :  il  détermine  la  tache  verte,  pénètre  dans 
le  tissu  aqueux  de  la  tranche,  y  fait  fermenter  le  sucre 
et  l'acide  citrique  et  produit  le  mauvais  goût  signalé,  qui 
est  une  altération  de  parfum  spécial  à  ce  fruit. 


—  237  — 

Ce  Septoria,  que  Tauteur  désigne  sous  le  nom  de  -S, 
glaucescens,  mérite  une  étude  sérieuse,  car  il  cause  dans 
les  orangeries  de  vrais  dégâts. 

Sur  la  séparation  et  le  dosage  de  Fiode,  du  brome  et  du 
chlore;  par  M.  Ad.  Caknot  (1).  —  l*»  Iode,  —  La  solution 
neutre  des  sels,  étendue  à  un  volume  de  200'''=  environ, 
est  introduite  dans  un  entonnoir  à  boule  de  350***  à  400*^*^ 
de  capacité,  bien  fermé,  à  la  partie  supérieure,  par  un 
bouchon  à  l'émeri  et,  à  la  partie  inférieure,  par  un  ro- 
binet de  verre,  à  parois  assez  peu  épaisses  pour  ne  pas 
risquer  de  se  fendre  lorsqu'on  les  chauffe  au  bain-marie. 

On  fait  tomber  dans  la  solution  froide  une  dizaine  de 
gouttes  d'acide  sulfurique  saturé  de  vapeurs  nitreuses 
(produites  par  la  réaction  de  l'acide  azotique  concentré 
sur  Tamidon),  puis  on  verse  de  10"  à  15"  de  sulfure  de 
carbone  pur. 

On  fixe  le  bouchon  de  verre  et  l'on  agite  vigoureuse- 
ment et  à  plusieurs  reprises;  on  laisse  alors  le  sulfure  de 
carbone  se  réunir,  on  agite  un  peu  pour  faire  tomber  au 
travers  du  liquide  les  petites  gouttelettes  de  sulfure  qui 
sont  restées  attachées  aux  parois  de  la  boule.  Le  sulfure 
de  carbone  est  coloré  en  violet  foncé,  s'il  y  a  une  quan- 
tité notable  d'iode,  en  violet  clair  ou  en  rose,  s'il  y  en  a 
très  peu;  il  se  distingue  très  aisément  de  la  solution 
aqueuse,  et  remplit  la  partie  inférieure  de  la  boule  et  le 
tube  fin  jusqu'au  robinet  de  verre.  On  ouvre  doucement 
le  robinet  et  l'on  fait  écouler  le  sulfure  coloré  sur  un 
filtre  de  papier  préalablement  mouillé  d'eau,  on  ferme 
le  robinet  au  moment  où  la  solution  aqueuse  s'y  pré- 
sente. On  ajoute  de  nouveau  10"  environ  de  sulfure 
de  carbone  et  l'on  agite  comme  précédemment  :  le 
réactif  n'est,  en  général,  coloré  que  très  faiblement  par 
l'iode;  on  fait  tomber  encore  ti-ois  ou  quatre  gouttes 
d'acide  sulfurique  nitreux  et,  après  nouvelle  agitation, 
qui  ne  doit  produire  aucun  changement  de  teinte,  si  la 


(I)  Ac,  à,  se,  CXXVI,  187,  17  janv.  1898. 


—  238  — 

première  opération  u  été  bien  conduite,  on  laisse  ras- 
sembler et  l'on  fait  écouler  le  sulfure  de  carbone  sur  le 
même  filtre,  qu'on  préserve  de  l'évaporation  par  une 
plaque  de  verre. 

L'introduction  de  2"  ou  S**"  de  sulfure  de  carbone  et 
d'une  ou  deux  gouttes  d'acide  sulfurique  nitreux  permet 
de  recueillir  les  fines  gouttelettes  de  sulfure  qui  peuvent 
être  restées  à  la  surface  du  liquide,  de  s'assurer  que  le 
déplacement  de  l'iode  est  complet  et  de  balayer  la  petite 
quantité  de  sulfure  faiblement  coloré,  contenue  dans  la 
voie  du  robinet  de  verre. 

Le  sulfure  de  carbone,  réuni  sur  le  filtre  mouillé,  est 
bien  lavé  à  Teau  froide.  Les  premières  eaux  seules  sont 
recueillies  et  ajoutées  au  liquide  aqueux  de  la  boule  de 
verre  pour  la  suite  de  l'analyse.  En  perçant  le  filtre,  on 
fait  passer  le  sulfure  de  carbone  dans  une  petite  fiole, 
fermée  à  l'émeri,  avec  30~  environ  d'une  solution  à  1/2 
p.  100  de  bicarbonate  de  sodium.  On  verse  alors,  au 
moyen  d'une  burette  graduée,  une  solution  d'hyposulfite 
de  sodium  titrée  (déci-normale  ou  centi-normale)  jusqu'à 
décoloration  complète  du  sulfui^e  de  cai'bone.  On  agite 
vigoureusement  après  chaque  addition  du  réducteur.  Le 
phénomène  est  très  net  et  l'exactitude  des  résultats  est 
aussi  complète  que  possible,  non  seulement  en  présence 
des  chlorures,  ainsi  que  l'avait  observé  Frésénius,  mais 
aussi  en  présence  des  bromui*es. 

2®  Brome.  —  Pour  doser  le  brome,  on  verse  dans  la 
boule  de  verre  à  robinet  quelques  centimètres  cubes 
d'acide  chromique  à  10  p.  100  et  3  à  4**  d'acide  sulfu- 
rique étendu  de  son  volume  d'eau;  on  met  aussitôt  le 
bouchon  à  Fémeri  et  l'on  ferme  solidement  la  boule, 
qu'on  place  et  qu'on  laisse  flotter  dans  un  bain-marie  à 
100*  pendant  une  demi-heure  à  une  heure.  On  la  sort 
alors  et  on  la  laisse  refroidir  entièrement,  puis  on  intro- 
duit du  sulfure  de  carbone  et  l'on  procède,  comme  je  l'ai 
expliqué  pour  l'iode,  par  trois  épuisements  successifs. 
Le  sulfure  de  carbone  est  reçu  sur  un  filtre  mouillé, 
puis  lavé  cl  Teau  froide,  jusqu'à  ce  que  celle-ci  ne  pré- 
sente plus  d'acidité. 


—  239  — 

On  fait  alors  tomber  le  sulfure  dans  un  flacon  à 
Témeri,  où  Ton  ajoute  un  peu  dïodure  de  potassium 
en  dissolution  et  30"  de  bicarbonate  de  sodium.  On  agite 
vigoureusement  à  plusieurs  reprises.  Le  brome  déplace 
une  proportion  équivalente  d'iode  qui,  devenu  libre, 
donne  au  dissolvant  une  coloration  violette  beaucoup  plus 
visible  que  ne  l'était  la  teinte  jaune  brun  produite  par  le 
brome.  La  détermination  de  Fiode  se  fait,  comme  précé- 
demment, par  riiyposulfite  de  sodium  titré  et  Ton  n'a 
plus,  pour  connaître  le  poids  correspondant  du  brome, 
qu'à  multiplier  le  poids  de  l'iode  parle  coefficient -j^. 

3**  Chlore.  —  On  le  dose  par  les  procédés  ordinaires. 
Pour  une  simple  recherche  qualitative  de  faibles  quan- 
tités d'iodure  et  de  bromure,  en  présence  d'un  grand 
excès  de  chlorure  alcalin,  on  peut  recommander  la 
marche  suivante  : 

1*  Séparer  l'iode  dans  un  peu  de  la  solution  neutre  par 
l'acide  sulfurique  nitreux  et  le  rassembler  dans  quelques 
gouttes  de  sulfure  de  carbone.  La  coloration  violette  ou 
rose  est  extrêmement  sensible. 

2*  L'iode  ayant  été  éliminé,  ajouter  à  la  liqueur, 
placée  dans  un  petit  ballon,  un  peu  d'acide  chromique 
et  d'acide  sulfurique,  puis  chauffer  jusqu'à  ébuUition,  en 
plaçant  à  l'ouverture  un  papier  jaune  à  la  fluorescéine, 
dont  M.  Baubigny  a  fait  connaître  la  préparation  et  la 
sensibilité  pour  des  traces  de  brome.  Les  plus  faibles 
quantités  de  brome  seront  révélées  par  la  teinte  rot^o 
caractéristique. 

Points  de  timon  de  l'argent  et  de  For;  par  M.  D.  Ber> 
THELOT  (1).  —  L'auteur  a  appliqué  la  méthode  interféren- 
tielle  décrite  par  lui  à  la  détermination  des  points  de 
fusion  de  ces  métaux  pour  lesquels  on  a  des  nombres  qui 
ne  sont  pas  très  concordants. 

La  tableau  suivant  résume  les  résultats  obtenus  com- 
parés à  ceux  qui  ont  été  publiés  antérieurement. 

(1)  Ac.  d.  Se,  t.  CXXVl,  483,  7  février  1888. 


—  240 


iNânl 

Erhard 

Holborn 

lie       E.  Becquerel. 

VioUe. 

et  Schertel 

Barus. 

et  Wien. 

D.  Berlhelot 

fii5>ion            1863. 

i879. 

1879 

1894. 

1895. 

1898. 

Arient    .      960* 

9W 

954» 

986* 

97i* 

9e2» 

Or.  .  .  .    1092» 

law 

1075» 

1091* 

1072» 

1064* 

Sur  les  conditions  de  formation  des  carbures  alcalins, 
des  carbures  alicano-terreux  et  du  carbure  de  magnésium  ; 

parM.  Henri  Moissan  (I).  —  Par  l'action  du  gaz  acétylène 
froid  ou  par  l'action  de  l'acé-tylène  liquide,  avec  ou 
sans  pression,  on  peut  obtenir  les  composés  intermé- 
iliaires  ou  acétylènes  sodés  et  potassés  à  Tétat  de  pureté 
i:nill  et  C»NaH. 

Par  une  élévation  de  température,  ces  corps  peuvent 
se  décomposer  :  ils  produisent  un  dégagement  d'acétylène 
et  ils  laissent,  comme  résidus,  les  carbures  C*K*  et 
C  Na«. 

Par  une  élévation  plus  grande  de  température,  ces 
rarbures  sont  dissociés  en  métal  et  en  carbone.  Le  phé- 
nomène est  identique,  bien  qu'il  se  produise  à  une  tem- 
pérature plus  élevée  pour  les  carbures  alcalino-terreux. 
Il  en  est  de  même  pour  le  carbure  de  magnésium. 

La  stabilité  de  ces  carbures,  pour  des  variations  de 
filus  en  plus  grandes  de  température,  ira  donc  en  crois- 
.<anl  des  métaux  alcalins  aux  métaux  alcalino-terreux. 

Ces  expériences  établissent  que  les  carlmres  de  potas- 
sium, de  sodium  et  de  magnésium  ne  peuvent  pas  être 
produits  à  la* température  du  four  électrique. 


Sur  la  préparation  des  alliages  de  glucinium.  Alliages 
de  glucinium  et  de  cuivre;  par  M.  P.  Lebeau  ['2;,  — 
L'auteur  a  montré  antérieurement  que  le  carbone 
tlrume  un  carbure  de  glucinium  dont  il  a  décrit  la  prépa- 
ration et  les  propriétés.  11  a  réussi  à  préparer  des  alliages 
(le  glucinium  en  opérant  la  réduction  de  l'oxyde  de  glu- 


(t)  Ac.  d.  «c,  CXXVI,  302,  24  janv.  1898. 
(2)  Ac.  d,  «c,  CXXV,    27  àéc,  1897. 


—  241  — 

cinium,  en  présence  d'un  autre  oxyde  ou  d'un  métal  au 
four  électrique.  A  cet  effet,  on  calcine  un  mélange  d'azo- 
tates provenant  de  la  solution  de  quantités  déterminées 
des  azotates  de  ces  métaux. 

Les  alliages  de  cuivre  et  de  glucinium  ayant  une  teneur 
voisine  de  10  p.  100,  sont  jaune  pâle,  presque  blancs. 

Les  alliages  à  5  p.  100  sont  plus  jaunes,  ils  se  liment 
et  se  polissent  facilement.  On  peut  les  marteler  à  chaud 
et  à  froid.  Ils  ne  s'oxydent  pas  à  l'air,  mais  se  ternissent 
légèrement  sous  l'action  de  l'hydrogène  sulfuré.  L'acide 
azotique  les  dissout  très  facilement, 

Il  est  facile,  en  partant  de  ces  alliages,  d'obtenir  des 
alliages  moins  riches  en  glucinium  ;  pour  cela,  il  suffit 
de  les  fondre  avec  une  quantité  déterminée  de  métal;  on 
obtient  un  liquide  qui  se  coule  facilement  et  dont  la 
teneur  peut  être  prévue. 

A  la  dose  de  0,5  p.  100,  le  glucinium  change  déjà  nota- 
blement l'aspect  du  cuivre  et  lui  donne  une  grande 
sonorité, 

L'alliage  renfermant  1,32  p.  100  de  glucinium  est  d'un 
jaune  d'or  et  très  sonore.  Il  se  lime  facilement  et  peut 
être  forgé. 

L'auteur  a  préparé,  en  suivant  une  marche  identique, 
les  alliages  du  glucinium  avec  les  métaux  usuels  et  avec 
un  certain  nombre  de  métaux  réfractaires  tels  que  le 
chrome,  le  molybdène,  le  tungstène,  etc. 


Sur  les  impuretés  de  raluminium  et  de  ses  alliages  ; 

par  M.  Ed.  Defacqz  (1).  —  Depuis  quelques  années,  on 
s'est  beaucoup  occupé  des  impuretés  de  l'aluminium, 
celles-ci  modifiant  quelquefois  profondément  les  pro- 
priétés de  ce  métal.  M.  Moissan  a  montré  quel  rôle  impor- 
tant jouaient  l'azole,  le  carbone  et  surtout  le  sodium  ;  ces 
corps  ne  se  rencontrent  plus  que  rarement  dans  l'alumi- 
nium industriel,  mais  on  y  trouve  encore  du  silicium, 

(1)  Ac,  d.  se,  CXXV,  1174,  27  déc.  1897. 

Journ.  dt  Pharm.  et  de  Chinu,  6*  SÉRIE,  l.  VII.  (!•'  mars  1898.)  16 


—  242  — 

du  fer  et  du  cuivre  ;  Fauteur  a  recherché  sous  quelle 
forme  se  trouvaient  ces  divers  éléments. 

Pour  cela,  il  a  choisi  de  l'aluminium  préparé  par  élec- 
Irolyse  et  aussi  pur  que  possible  et  un  alliage  de  ce 
métal  à  3  p.  100  de  cuivre;  il  a  traité  ces  échantillons  par 
les  acides  faibles  (acide  chlorhydrique  au  dixième  ou  au 
cinquième,  eau  régale  de  même  concentration)  et  il  a 
examiné  les  résidus. 

Le  résidu  obtenu  en  dissolvant  l'aluminium  dans  Tacidc 
chlorhydrique  possède  les  propriétés  du  siliciiun  impur. 

Celui  qui  est  obtenu  par  l'action  de  l'eau  régale 
étendue  sur  l'alliage  à  3  p.  100  de  cuivre  est  de  même 
un  silicium  très  impur. 

Celui  que  l'on  obtient  par  l'action  de  l'acide  chlorhy- 
drique au  dixième  sur  le  même  alliage  est  un  mélange 
complexe,  peu  homogène,  de  cuivre,  de  silicium,  de  fer 
et  d'aluminium. 

Les  liqueurs  contiennent  de  la  silice  provenant  proba- 
blement de  la  décomposition  des  siliciures  de  fer,  de 
cuivre  et  peut-être  d'aluminium  qui  accompagnent,  en 
petites  quantités,  le  métal. 

En  résumé,  tous  ces  résidus  sont  des  mélanges  com- 
plexes, leur  oxydabilité  est  très  grande  ;  certains  fixent 
l'oxygène  de  l'air  sur  le  filtre  même  à  la  température 
ordinaire  ;  de  plus,  dans  l'attaque  de  l'aluminium  ou  de 
ses  alliages,  ces  impuretés  du  métal  se  divisent  inégale- 
ment entre  le  précipité  et  la  partie  liquide  :  on  ne  peut 
donc  songer  à  utiliser  comme  procédé  de  dosage  cette 
attaque  de  l'aluminium  par  les  acides  étendus. 


Réaction  colorée  nouvelle  de  la  phénylhydrazine;  par 

M.  Louis  Simon  (1).  —  Le  réactif  spécifique  de  l'aldéhyde 
indiqué  par  l'auteur  (2)  peut  servir  à  déceler  des  traces 
de  phénylhydrazine  libre  ou  sous  forme  de  sels.  Voici 
comment  il  convient  d'opérer  : 

(i).  Ac.  d,  se.  GXXVI,  7  féTrier  1898. 

(t)  Joum,  de  Pharm,  et  de  Chim.,  !••  fév.  1898,  page  iSîJ. 


—  243  — 

On  chauffe  pendant  quelques  instants  la  solution  de 
phénylhydrazine  avec  quelgues  gouttes  de  triméthyla- 
mine  aqueuse  ;  on  ajoute  quelques  gouttes  d'une  solution 
aqueuse  de  nitroprussiate  de  soude,  puis  de  la  potasse 
en  solution  concentrée.  Dès  l'addition  de  nitroprussiate^ 
il  se  manifeste  une  coloration  bleu  franc,  parfois  ver- 
dâtre  s'il  y  a  un  excès  de  nitroprussiate  ;  cette  coloration 
se  fonce  notablement  par  addition  de  potasse.  L'addition 
d'une  petite  quantité  d'acide  acétique,  avant  ou  après 
celle  de  potasse,  modifie  la  coloration  bleue  en  la  pous- 
sant vers  le  bleu  céleste  sans  paraître  l'atténuer  sensi- 
blement. Ce  réactif  permet  de  déceler  jusqu'à  rooTô  ^^ 
phénylhydrazine.  La  coloration  est  très  foncée  pour  la 
dilution  ^^  elle  est  fugace,  c'est-à-dire  qu'elle  disparaît 
en  un  quart  d'heure  environ  pour  cette  dernière  dilution. 

La  présence  des  dissolvants  organiques,  tels  que  l'al- 
cool et  l'élher,  ne  semble  pas  gêner  la  réaction;  au  con- 
traire le  chloroforme  et  le  benzène  ont  une  action 
fâcheuse,  l'acétone  donne  sa  réaction  colorée  propre 
(coloration  rouge  de  Légal). 

La  présence  des  acides  minéraux  ou  organiques  re- 
larde l'apparition  de  la  coloration  jusqu'à  l'addition  de 
potasse. 

L'acide  acétique,  ajouté  après  l'apparition  de  la  colo- 
ration, la  modifie  comme  il  est  dit  plus  haut;  lorsque 
l'on  en  ajoute  un  excès,  il  la  fait  disparaître  après  un 
nouveau  virage  vers  le  rouge. 

L'addition  d'acide  chlorhydrique  au  liquide  bleu  pro- 
duit un  virage  vers  le  rouge  puis  la  décoloration. 

La  présence  d'ammoniaque  ne  gêne  pas  la  réaction, 
soit  qu'elle  préexiste  dans  la  phénylhydrazine  ou  dans 
la  triméthylamine,  soit  qu'on  l'ajoute  après  l'apparition 
de  la  coloration. 

Action  de  la  chaleur.  —  La  coloration  bleue  dont  il 
vient  d'être  question  se  produit  par  le  mélange  à  froid 
de  phénylhydrazine,  triméthylamine  et  nitroprussiate, 
mais  plus  lentement  et  progressivement. 

Si,  la  coloration  une  fois  produite,  on  chaulfe  sans 


—  244  — 

précaution,  elle  disparaît  et  est  fmalemeut  remplacée  par 
une  coloration  fixe,  rouge  franc  (en  présence  de  potasse), 
jaune  clair  (si  Ton  n'avait  pas  ajouté  de  potasse). 

Si,  le  mélange  étant  fait,  mais  la  coloration  bleue 
encore  faible,  on  chauffe,  cette  coloration  apparaît  plus 
rapidement,  mais  disparaît  ensuite  si  l'on  ne  s'arrête  pas 
et  qu'on  continue  à  chauffer,  exactement  comme  dans 
l'essai  précédent. 

Cette  coloration  bleue  ne  peut  être  confondue  avec 
celle  que  donne  l'aldéhyde  éthylique  avec  le  même  réac- 
tif; la  persistance  de  la  coloration  bleue  actuelle  en  pré- 
sence de  potasse,  d'ammoniaque  et  d'acide  acétique,  ne 
laisse  place  à  aucune  ambiguïté. 

M.  Denigès  a  indiqué  que  la  phénylhydrazine  présente 
la  réaction  de  Légal  (coloration  rouge  orangé  avec  le 
nitroprussiate  et  la  potasse,  virant  au  rouge  violacé  par 
addition  d'acide  acétique).  M.  Simon  a  constaté  que  celte 
réaction,  caractéristique  des  cétones  et  aldéhydes,  est 
très  sensible  avec  la  phénylhydrazine  et  permet  d'en 
caractériser  des  traces.  Elle  parait  cependant  moins  sen- 
sible que  celle  que  l'on  vient  d'indiquer;  elle  est  égale- 
ment beaucoup  moins  spécifique,  car,  sans  franchir  les 
limites  du  groupe  de  composés  dont  il  s'agit  ici,  elle  s'ap- 
plique aussi  bien  à  la  méthylphénylhydrazine  et  aux 
formyl-  et  benzoylphénylhydrazine  qu'à  la  parabromo- 
phénylhydrazine  et  aux  autres  phénylhydrazines  substi- 
tuées dans  le  noyau  aromatique. 


L'échauffement  sulfurique  appliqué  à  Texamen  des 
huiles  essentielles  ;  par  M.  Duyk,  pharmacien-chimiste  à 
Ixcllcs  (i).  —  L'auteur  s'est  proposé  de  rechercher  s'il 
n'y  aurait  pas  moyen  d'appliquer  réchauffement  sulfu- 
rique à  l'examen  des  Imilcs  essentielles  et  d'arriver  ainsi 
à  déterminer  avec  une  exactitude  suffisante  le  degré  de 
pureté  de  ces  produits  naturels,  tout  au  moins  à  mettre 

(1)  Acad,  roy,  de  médecine  de  Belgique. 


I 


—  245  — 

sxir  la  voie  des  nombreuses  falsifications  auxquelles  ils 
sont  sujets. 

Il  a  fallu  renoncer  à  Tunion  directe  de  l'essence  et  de 
Tacide,  d'abord  parce  que,  à  cause  de  l'emploi  d'une  quan- 
tité relativement  grande  d'essence,  l'expérience  perd  son 
côté  pratique,  ensuite  parce  que  l'action  directe  de  l'acide 
sulfurique  concentré  sur  les  huiles  volatiles  donne  lieu 
à  un  brusque  dégagement  de  chaleur  qui  peut  provoquer 
une  explosion  et  même  l'inflammation  de  l'essence. 

Mais  les  manifestations  si  violentes  du  phénomène 
peuvent  être  considérablement  atténuées  si  l'on  prend  la 
précaution  de  diluer  l'essence  dans  un  liquide  inerte, 
indifférent  vis-à-vis  de  l'acide  sulfurique. 

Le  liquide  inerte  choisi  est  la  paraffine  liquide  blanche 
du  commerce  (1). 

Ce  coi-ps  est  un  excellent  dissolvant  des  essences;  au 
contact  de  l'acide  sulfurique  concentré,  il  ne  s'échauffe 
que  d'une  quantité  négligeable.  Partant  de  là,  si  l'on  y 
dissout  une  quantité  connue  d'essence  et  si  l'on  fait  agir 
sur  cette  mixture  une  quantité  convenable  d'acide  sulfu- 
rique concentré,  il  se  produit  un  échauffement  propor- 
tionnel à  la  quantité  d'essence  dissoute  et  à  la  composi- 
tion de  celle-ci  ;  réchauffement  n'est  pas  le  même  avec 
les  hydrocarbures  terpéniques,  les  composés  alcooliques, 
aldéhydiques,  acétoniques,  phcnoliques,  etc.,  qui  entrent 
dans  la  composition  des  huiles  volatiles. 

Marche  de  Vopération,  —  On  introduit  dans  une  fiole  de 
pharmacie  d'une  capacité  de  15*"%  pesant  30»%  4°*  de  pa- 
rafiine  liquide,  puis  l*'*  d'essence  prélevée  à  l'aide  d'une 
pipette  ;  une  simple  agitation  suffit  pour  effectuer  le  mé- 
lange homogène  des  deux  liquides.  On  fait  couler  ensuite 
avec  précaution  le  long  des  parois  de  la  fiole  2'*  d'acide 
sulfurique  monohydraté  pur,  contenu  dans  une  pipette 
effilée.  L'acide  se  rend  dans  le  fond  de  la  fiole  sans  se 
mélanger  à  la  solution  d'essence  dans  la  paraffine,  beau- 

(1)  4«'  de  paraffine  liquide,  traités  par  2**  SO*H*  monohydralé  =  échaufTe- 
ment  i*C. 


—  2i6  — 

f  oup  plus  légère  ;  on  ferme  la  fiole  au  moyen  d'un  bou- 
chon de  liège  percé  d'un  trou  par  lequel  passe  la  lige 
d'un  thermomètre  dont  la  boule  plonge  ainsi  dans  le 
liquide.  On  note  la  température  initiale  du  mélange;  on 
agite  légèrement  par  un  simple  mouvement  d'oscillation, 
de  manière  à  provoquer  le  mélange  intime  des  deux 
liquides  et  à  opérer  la  réaction.  La  colonne  mercurielle 
s'élève  et  atteint  bientôt  un  maximum.  La  différence 
entre  les  températures  finale  et  initiale  représente  ré- 
chauffement sulfurique  de  l'essence  dans  les  conditions 
où  Von  a  opéré. 

Les  résultats  obtenus  sont  remarquables  de  concor- 
dance ;  l'augmentation  de  la  température  est  constante 
pour  une  même  essence.  Chaque  opérateur  pourra,  en  se 
basant  sur  ces  données,  se  constituer  un  ta])leau  de  tem- 
pératures d'échauffement  des  produits  purs,  sur  le(iuel 
il  pourra  s'appuyer  dans  l'examen  de  produits  douteux, 
et  en  se  plaçant  dans  des  conditions  toujours  identiques. 
Ainsi,  on  peut  suspecter  un  échantillon  d'essence  de  san- 
lal  dont  l'indice  d'échauffement  serait  inférieur  à  28*, 
une  essence  de  citron  dont  l'indice  serait  moindre  que 
25",  une  essence  de  roses  dont  le  dej^ré  d'édiauffement 
sulfurique  serait  inférieur  à  34*.  Il  en  osl  de  même  de 
l'essence  de  menthe,  dans  laquelle  on  exige  avant  tout 
une  teneur  importante  en  menthol  et  élhors  mentho- 
liques;  les  essences  qui  ne  renferment  que  des  propor- 
tions minimes  de  ces  corps  posséderont  un  indice  d'é- 
chauffement relativement  élevé,  etc. 


Tableau  indiquant  réchauffement  sulfurique  de  différentes  huiles 
essentielles  et  de  certains  de  leurs  composants,  pour  un  mélange  de 
i'*  d'essence,  4'*  de  paraffine  blanche  liquide  et  2^"=  d'acide  sulfu- 
rique  monohydraté.  (Flacon  pesant  39«',  jaugeant    15*'«'.) 

CAnOURES  TERPÈNIQUES 

Cymène  C**H'*  de  ressence  de  térébenthine 4* 

Pinène  C*<>H4«  de  l'essence  de  térébenthine 36^ 

Limonène  G*<>Hi*  de  ressence  de  citron S6* 

€arvène  (Limonène)  de  ressence  de  carvi 26» 


-  247  - 

Tbymène  C»*H*«  de  l'essence  de  thym 13* 

€édrène  C^^H*^  de  l'essence  de  cèdre 15* 

COMPOSAS  OXYGÈNES 

Anéthol  de  l'essence  d'anis 22". 

Thymol  de  l'essence  de  thym 7* 

Safrol  de  l'essence  de  sassafras 33° 

Garracrol  de  l'essence  de  thym 4».5 

Apiol,  camphre  de  l'essence  de  persil ' .  .  32* 

Eugénol  de  l'essence  de  girofle 27* 

Oéraniol  de  l'essence  de  géranium.  . 3lo,5 

Menthol  de  l'essence  de  menthe 9* 

Linalool  de  l'essence  de  linaloé 38* 

Eucalyptol  de  l'essence  d'eucalyptus 22* 

Terpinol  de  l'essence  de  térébenthine 26* 

Santalol  de  l'essence  de  santal 33* 

Citral  de  l'essence  de  lemon  grass 40* 

Aldéhyde  anisique 14^ 

Benzaldéhyde  de  l'essence  d'amendes  amères 9* 

Menthone,  oxydation  du  menthol il*' 

Citronellone  de  l'essence  de  mélisse  citronnelle 33<> 

Carvol  de  l'essence  de  carvi 30* 


HUILES    ESSENTIELLES 

Santal, 
1*  Essence  dite  des  Indes  orientales. 


Dti  raa 
PROVENANCE,     fabrication.    S.           Ct.        C«.       i  {{].           T. 

D. 

B. 

Échaffement.          30*         31*        28*        25°        28"        22",5        33* 

31° 

2*  Essence  dite  des  Indes  occidentales. 

PROVENANCE.                   (J.                   S.                   D. 

T. 

Échauffcmeut.            16*           12*           18* 

12* 

Cèdre. 

PROVENANCE.         J  (vieille.)   J  (récente.)        T. 
Échaufferaent.             18*            18*             18* 

D. 
16* 

Copahu,                                Gurgum, 

24*                                               21* 

(1)  Cette  essence  renfermait  83  p.  100  de  santalol. 


—  248  — 


Menlhe, 


PROVENANCE. 

Échauffeincnt. 


Hitcham. 
16» 


Saxonne. 
i3» 


Crépue. 
26» 


Japonaise. 


PROVENANCE. 

Échauffement. 


Lavande. 
Française.     Anglaise. 


37» 


Rose 

pure  turque. 
34%5 


Aspic  J. 
30» 

Géranium 

turque. 
24* 


Française.      Française. 
33«  34»  36» 

Aspic  T. 
29*,5 

Géranium 

privée  de  composés  hydrocarbures. 
25» 


Citron. 


PROVENANCE.   G.  J.    J.     B. 

Échauffement.      26*,5      26*      25* 


Dépouillée  de  composés  hydrocarbures. 
29» 


Petits  grains. 
33%5 

Eucalyptus. 
24* 


Oranges  Portugal.         Fleurs  d'oranger, 
37«  (neroly)  36«,5 

Thym  rouge.  Thym  rectifié, 

23%5  22«,5 

Girofle.      Amandes  amères.      Cannelle  Ceylan.      Canelle  Chine, 
28«  9%5  20«  14* 

Carvi  française.        Carvi  allemande.        Cumin. 
28*  30»  !?• 

Aniê  vert.  Badiane,  Fenouil, 

ÎT  21'»  i9»,5 

La  plupart  des  essences  expérimentées  proviennent  de 
source  certaine. 


Sur  le  dosage  du  suc  gastrique;  par  M.  L.  Cordier  (1). 
—  La  méthode  plus  couramment  employée  en  France, 
dans  les  laboratoires,  est  celle  de  Hayem  et  Winter.  On 
dose  Tacidité  totale  A,  le  chlore  total  T,  le  chlore  combiné 


(1)  Ac.  d.  se,  GXXVI,  353,  24  jany.  1898. 


—  249  — 

C  et  Tacide  chlorhydrique  libre  H  ;  ce  dosage  comporte 
tros  incinérations  successives  et  nécessite,  pour  l'obten- 
tion de  résultats  rigoureusement  comparables,  un  appren- 
tissage assez  long.  Chaque  dosage  exige  de  plus  un  temps 
très  appréciable,  une  dizaine  d'heure  environ. 

La  méthode  que  l'auteur  propose  est  basée  sur  l'obser- 
vation suivante  : 

Un  mélange  de  chlorure  de  sodium  et  de  chlorure  de 
lithium,  traité  par  un  mélange  à  parties  égales  d'alcool 
absolu  et  d'éther  anhydre,  cède  complètement  à  ce  véhi- 
cule le  chlorure  de  lithium  ;  le  chlorure  de  sodium  reste 
indissous  et  peut  être  ensuite  enlevé  par  de  l'eau  distillée 
chaude. 

Pour  faire  le  dosage,  on  prélève  S'"*  de  suc  gastrique  que  Ton  additionne 
dans  une  pctilc  capsule  d*une  solution  saturée  de  carbonate  de  lithine  pur 
jusqu*à  réaction  alcaline  au  tournesol.  On  évapore  à  siccité  à  Tctuve  à  100<*  oa 
mieux  au  bain-marie  à  Tair  libre.  L'acide  cblorhydriquc  libre  et  Tacide  cblor- 
hjdrique  combiné  se  transforment  en  chlorure  de  lithium;  les  chlorures  fixes 
ne  subissent  aucune  modification  ;  les  acides  organiques  et  les  sels  acides  sont 
neutralisés. 

Après  dessiccation,  on  incinère  au  rouge  sombre  en  remuant  continuellement 
avec  une  baguette  de  verre  et  en  évitant  toute  élévation  de  température,  Tin- 
cinération  devant  être  juste  suffisante  pour  obtenir  ultérieurement  une  liqueur 
incolore  ou  à  peine  colorée.  Après  refroidissement,  on  épuise  le  charbon 
obtenu  par  le  mélange  à  parties  égales  d'alcool  absolu  et  d'éther,  ajouté  par 
fractions  successives.  L'auteur  s'est  assuré  que  60^  suffisaient  à  un 
épuisement  complet;  en  opérant  avec  la  liqueur  chaude,  au  bain-marie  par 
exemple,  40'''  seulement  sont  nécessaires  pour  l'enlèvement  total  de  tout  le 
chlorure  de  lithium. 

On  sépare  ainsi,  au  moyen  d'un  petit  filtre  Berzélîus  :  d'une  part,  une  solu- 
tion étbéro-alcoolique  ;  d'autre  part,  un  charbon  résidu. 

1.  Dosage  de  HGl  libre  +  HCI  combiné  =  (H  +  G).  ~  La  solution 
éthéro>alcoolique  contient  ainsi  à  l'état  de  chlorure  de  lithium  tout  le  chloro 
do  l'acide  chlorhydrique  libre  et  le  chlore  des  chlorures  combinés.  Cette  solu- 
tion est  rigoureusement  neutre  au  tournesol,  complètement  incolore  et  peut 
servir  directement  au  dosage  du  chlore  par  la  méthode  volumétrique  au  nitrate 
d'argent. 

Il  suffit  pour  cela  de  la  diluer  de  son  volume  d'eau,  d'ajouter  quelques 
gouttes  de  chromate  do  potasse  dissous  et  de  procéder  au  titrage  au  moyen  de 
la  solution  déci-normale  d'azotate  d'argent  ;  le  résultat  exprimé  en  HGl  et  rap- 
porté à  100**  de  suc  gastrique,  fait  connaître  la  valeur  de  (H  +  C). 

2.  Dosage  du  chlore  fixe  F.  —  On  reprend,  par  de  l'eau  chaude,  le  char- 


—  250  — 

t>on  résidu  qui  reste  dans  la  capsule,  on  acidulé  par  trois  à  quatre  gouttes 
d'acide  azotique  pur,  ce  qui  désagrège  le  charbon,  on  porte  à  l'ébullition  pour 
chasser  Tacido  carbonique,  puis  on  jette  sur  le  filtre  Diôme  qui  a  servi  à 
séparer  la  liqueur  éthéro-alcoolique.  On  épuise  par  une  quantité  suffisante 
d'eau  chaude,  et  les  liqueurs  réunies  (50^  environ)  sont  ramenées,  au  moyen 
de  quelques  gouttes  d'une  solution  de  carbonate  de  soude  pur  au  dixième,  à 
une  très  légère  alcalinité. 

On  procède  ensuite  au  titrage  du  chlore  comme  précédemment,  et  le  résul- 
tat, rapporté  à  iO(K*^  de  suc  gastrique  et  exprimé  en  H  Cl,  fait  connaître  les 
chlorures  fixes  F. 

3.  Dosage  du  chlore  total  T.  —  On  l'obtient  en  faisant  la  somme 

H  +  C  +  F  =  T. 

Cette  m<^thode  présente  plusieurs  avantages  : 

a.  Elle  n'exige  qu'une  seule  incinération  et  partant  est 
•assez  rapide. 

b.  L'évaporalion  ayant  lieu  en  milieu  alcalin,  on  n'a 
pas  à  craindre  de  perte  d'acide  chlorhydrique,  par  suite 
de  l'action  des  acides  organiques  ou  des  sels  acides 
'phosphates  acides)  sur  les  chlorures  du  suc  gastrique. 

c.  Elle  permet  d'effectuer  un  dosage  très  complet  avec 
une  petite  quantité  de  liquide  ;  elle  pourra,  de  ce  fait, 
être  avantageusement  employée  dans  l'examen  du  liquide 
retiré  à  jeun  de  l'estomac,  le  volume  liltré  du  liquide 
extrait  à  la  sonde,  dans  ces  conditions,  variant  entre  12" 
<ît  15". 

Toutefois  cette  méthode  ne  fait  pas  connaître  la  quan- 
tité de  IICl  libre,  mais  seulement  la  valeur  de  'Il  t  Ci. 

Pour  déterminer  l'acide  chlorhydrique  libre,  lorsque 
les  réactifs  de  Boas  et  de  Gungsbourg  en  indiquent  une 
<juanlité  notable,  l'auteur  procède  A  un  dosage  acidimé- 
trique,  au  moyen  de  la  solution  déci-normale  de  soude, 
•en  déterminant  la  fin  de  la  réaction  au  moyen  du  réactif 
phloroglucine-vaiiilline. 

Les  résultats  concordent  avec  ceux  de  la  méthode 
Havem  et  Winter. 


Contribution  à  l'étude  de  Toxydase  des  raisins.  Son  utilité 
dans  la  vinification;  par  MM.  A.  Bouffard  et  L.  Semi- 


—  -251  — 

CHON  (1).  —  Préparation  des  vins  blancs  de  raisiiis  rouges, 
—  Dans  la  préparation  ordinaire  de  ces  vins,  le  foulage 
des  raisins  donne  un  moût  rosé  que  l'on  décolore 
avant  ou  après  fermentation  par  une  quantité  sensible 
d'acide  sulfureux,  qui  donne  souvent  au  vin  un  goût  de 
soufre  désagréable.  De  plus,  la  couleur,  masquée  mais 
non  détruite,  revient  à  mesure  que  les  soutirages  favo- 
risent le  départ  et  l'oxydation  du  gaz  sulfureux.  La  vini- 
fication par  aération  évite  ces  graves  inconvénients. 

Ce  procédé  comprend  trois  opérations  ;  1**  extraction  du 
moût;  i^  coloration  par  l'air;  3**  fermentation. 

1*  Les  modes  d'extraction  du  moût  doivent  être  envi- 
sagés au  point  de  vue  de  la  quantité  d'oxydase  qu'ils  font 
entrer  en  solution.  Cet  agent  étant  localisé  dans  le  tissu 
vasculaire  du  raisin,  un  foulage  léger  donne  un  moût 
qui,  pauvre  en  oxydase,  se  décolore  péniblement  ;  un 
foulage  plus  énergique  décbire  les  fibres,  donne  un 
moût  riche  et  d'une  décoloration  facile.  Quel  que  soit 
le  foulage,  un  moût,  tenant'  en  suspension  les  parties 
ligneuses  de  la  pulpe,  apporte  assez  de  principe  oxydant 
pour  se  décolorer. 

2*  Par  l'action  coml)inéc  de  l'air  et  de  l'oxydase,  la 
matière  colorante,  devenue  insoluble,  se  précipite.  Dans 
■ce  phénomène,  la  division  du  liquide  et  la  durée  du 
contact  ont  plus  d'influence  que  la  quantité  d'air.  Cela 
résulte  d'expériences  faites  sur  un  moût  franchement 
rose,  dans  lequel  on  a  fait  varier  tour  à  tour  ces 
trois  facteurs.  L'action  décolorante  était  mesurée  au 
moyen  d'une  solution  titrée  d'acide  sulfureux  (  l"*=0«',09 1  )  ; 
on  a  admis,  après  expérience,  que  la  diflerence  entre 
les  volumes  de  liqueur  titrée  nécessaires  pour  la 
décoloration  complète,  avant  et  après  action  de  l'air, 
était  sensiblement  proportionnelle  à  la  quantité  de  couleur 
disparue.  Ainsi  un  volume  d'air  égal  au  tiers  du  volume 
•du  moût  est  suffisant  pour  la  décoloration  après  un  quart 
d'heure  d'agitation;  un  excès  d'air  ne  diminue  pas  la 

(1)  Ac.  d.  se,  CXXVI,  4-23,  31  janv.  1893. 


—  252  — 

durée  du  phénomène.  Pour  une  proportion  donnée  d'air 
et  de  moût,  la  décoloration  est  sensiblement  proportion- 
nelle au  temps.  Ce  moût,  renfermé  dans  des  flacons  de 
eo^'S  se  décolore  d'autant  plus  vite  que  l'agitation  mul- 
tiplie davantage  les  contacts  avec  l'air  confiné. 

Une  aération  prolongée  ou  trop  énergique  fait  passer 
la  couleur  au  jaune,  puis  au  brun,  nuances  commercia- 
lement mauvaises.  Bien  que  l'air  et  la  fermentation  con- 
courent à  détruire  l'activité  de  l'oxydase,  il  arrive  parfois 
qu'il  en  reste  assez  dans  les  vins  faits  pour  les  exposer 
au  brunissement.  Il  y  a  donc  intérêt  en  pratique  à  limiter 
l'aération  et  à  empêcher  toute  action  ultérieure  à  l'oxy- 
dase. 

On  suivra  la  marche  et  les  effets  de  l'aération  en  fil- 
trant quelques  centimètres  cubes  de  moût  ;  celui-ci  doit 
passer,  en  fin  d'opération,  sans  teinte  sensible  de  rose  ou 
de  jaune.  Pour  éviter,  après  décoloration,  le  brunisse- 
ment, semblable,  quant  à  sa  cause,  à  la  casse  diastasique 
des  vins  rouges,  on  se  servira  de  faibles  doses  d'acide 
sulfureux  (2«'  à  5«'  par  hectolitre).  Cet  agent,  décolorant 
indispensable  dans  la  préparation  ordinaire  des  vins 
blancs,  devient  ici,  en  détruisant  l'oxydase,  un  ennemi 
de  la  fabrication  par  aération.  On  se  gardera  de  l'em- 
ployer avant  décoloration  complète  par  l'air. 

h' extraction  du  jus  se  fera  à  l'aide  d'appareils  donnant 
un  foulage  modéré,  sans  briser  les  parties  vertes  des 
grappes  ;  lorsque  cette  extraction  aura  fourni  50  à  60  p.  100 
de  jus,  le  vin  rouge  obtenu  par  le  cuvage  des  résidus  sera 
plus  fin  et  moins  âpre. 

L'aérah'on  s'effectuera  par  un  barbotage  d'air  très  di- 
visé dans  un  volume  de  moût  de  15"  à  20**^  L'action  du 
courant  d'air  produit  par  un  soufflet  ou  par  une  pompe 
sera  facilement  surveillée  et  arrêtée  au  point  voulu  après 
dix  à  trente  minutes  environ. 

Le  moût  décoloré,  prêt  à  fermenter,  sera  additionné 
d'acide  sulfureux  sous  forme  de  bisulfite  de  potasse.  Le 
retard  apporté  à  la  fermentation  permettra  un  débour- 
bage,  s'il  est  avantageux. 


—  253  — 

3®  La  fermentation,  favorisée  par  l'aération,  sera  conduite 
comme  à  Tordinaire.  Les  flocons  de  matière  colorante 
oxydée  et  insoluble  se  déposeront  avec  les  lies  sans  qu'il 
soit  nécessaire  de  filtrer. 

Les  vins  blancs  obtenus  ainsi  ont  sur  les  vins  décolorés 
au  soufre  les  avantages  signalés  plus  haut  ;  leur  compo- 
sition analytique  n'est  pas  modifiée.  Ils  sont  en  tous  points 
comparables  aux  vins  de  raisins  blancs. 

Dans  la  préparation  des  vins  rouges,  un  foulage  trop 
énergique,  accompagné  d'une  aération  exagérée,  est  la 
cause  de  la  perte  d'une  partie  de  la  couleur.  Il  est  avan- 
tageux d'ajouter  à  la  sortie  du  fouloir  un  peu  d'acide  sul- 
fureux (2«'  à  5«'  par  hectolitre)  qui,  supprimant  cet  incon- 
vénient, agira  préventivement  contre  la  casse. 

Les  vins  rosés  ont  une  teinte  rose  vif,  sans  mélange  de 
jaune;  mais  souvent  ces  vins,  contenant  de  l'oxydasc, 
passent  à  la  nuance  saumon  des  vins  paillets.  On  rend 
leur  couleur  stable  en  additionnant  le  moût,  avant  ou 
après  fermentation,  des  mêmes  doses  d'acide  sulfureux. 
La  couleur,  atténuée  par  ce  fait,  reprend,  par  aération, 
son  intensité  et  sa  fixité  qu'aucune  oxydation  ne  peut 
altérer. 

Les  vins  paillets  ont  une  teinte  saumon,  intermédiaire 
entre  le  rose  et  le  jaune.  C'est  encore  loxydase  qui 
jaunit  la  couleur  rose  origninclle  du  moût.  Il  suffit  de 
quelques  traces  d'acide  sulfureux,  quand  la  nuance  est 
atteinte,  pour  la  conserver. 

Pour  les  vins  blancs  de  raisins  blancs,  qui,  pour  la 
même  cause,  brunissent  au  contact  de  l'air,  on  constate 
encore  le  rôle  conservateur  de  l'acide  sulfureux. 


Sur  Foxydase  du  Botrjrtis  cinerea;  par  M.  J.  Laborde. 
—  L'auteur  a  établi  antérieurement  que  le  Botrytls  ci- 
nerea,  vivant  en  parasite  sur  le  raisin,  sécrète  une  oxy- 
dase  que  l'on  trouve  dans  le  moût  de  raisin  et  dans  le 
vin  après  fermentation  de  ce  moût  ;  c'est  elle  qui 
provoque  ensuite  essentiellement,  dans  le  vin  exposé  à 
Tair,  l'altération  connue  sous  le  nom  de  casse  brune. 


—  25i  - 

Pour  étudier  ces  questions,  il  s'est  appuyé  sur  la  colo- 
ration bleue  que  Ton  obtient  avec  la  teinture  de  gaïac,  et 
sur  sa  comparaison  (au  colorimètre  Dubosc)  avec  la  même 
couleur  que  donne,  avec  la  même  teinture,  0"«',5  d'iode 
pour  20*^^  de  mélange  ;  l'intensité  de  celle-ci  étant  prise 
pour  unité. 

Le  Botrytis  cinerea  pur,  ensemencé  sur  des  raisins 
blancB  stérilisés,  envahit  d'abord  leur  pellicule  qui  bru- 
nit complètement  au  bout  de  trois  à  quatre  jours,  en  don- 
nant naissance  à  quelques  fructifications  aériennes.  La 
quantité  d'oxydase  sécrétée  est  alors  de  trois  unités 
environ. 

Au  bout  d'une  semaine,  lorsque  les  raisins  sont  cou- 
verts de  fructifications  abondantes,  la  proportion  d'oxy- 
dase s'élève  à  cinq  ou  six  unités;  si  l'on  prolonge  Tactioil 
de  la  moisissure,  elle  peut  atteindre  trente  unités  au 
moins. 

Les  solutions  d'oxydase  perdent  graduellement,  mais 
lentement,  toute  activité  par  l'absorption  de  Toxygène 
de  l'air. 

La  chaleur  détruit  aussi  l'oxydase,  mais  même  après 
chauffage  à  75*  et  80*,  il  reste  encore  de  l'oxydase  active; 
cependant,  l'action  sur  la  couleur  du  vin  rouge  de  cette 
oxydase  chauffée  est  beaucoup  moins  énergique  que 
celle  d'une  quantité  correspondante  d'oxydase  fraîche. 

En  étudiant  les  variations  de  l'oxydase  dans  la  fermen- 
tation du  moût  de  raisins  moisis,  on  a  observé  ce  qui 
suit  : 

1*  La  quantité  d'oxydase  qui  reste,  toujours  plus  faible 
que  la  quantité  initiale,  dépend  de  la  dui»ée  de  la  fer- 
mentation ;  elle  est  plus  grande  avec  les  levures  plus 
actives  qu'avec  les  levures  moins  actives.  Ainsi,  la  fer- 
mentation ayant  duré  dix  joure  avec  les  premières  et 
quinze  jours  avec  les  secondes,  il  restait  respectivement 
50  et  35  p.  100  de  la  quantité  initiale  d'oxydase  ; 

2*  Les  températures  habituelles  de  la  fermentation 
n'ont  pas  d'influence  ;  à  25*  et  à  36*,  la  perte  d'oxydase  a 
été  la  même  ; 


—  :255  — 

3*  Les  ferments  de  maladie  du  vin,  qui  peuvent  se- 
développer  en  même  temps  que  les  levures,  ne  parais-^ 
sent  pas  agir  sur  Toxydase.  Les  résultats  ont  été  les^ 
mêmes  qu'avec  les  levures  pures,  bien  que  ces  ferments 
se  fussent  multipliés  suffisamment  pour  produire  2«',5- 
d'acidité  volatile  par  litre  dans  un  essai,  et  3«',2  dans- 
un  autre. 

Si,  au  lieu  de  se  trouver  dans  les  conditions  de  la  fer- 
mentation des  vins  blancs,  comme  dans  les  expériences 
ci-dessus,  on  se  place  dans  celles  de  la  fermentation  des 
vins  rouges,  on  observe  que  la  proportion  d'oxydase 
restante  est  plus  grande;  il  peut  en  rester,  par  exemple,. 
80  p.  100  de  la  quantité  initiale.  Cela  s'explique,  si  Ton 
considère  que,  dans  ces  conditions,  l'aération  du  liquide- 
est  plus  faible,  grâce  à  la  formation  du  chapeau,  et 
qu'une  certaine  quantité  d'oxydase  qui  n'existait  pas  dans 
le  moût  au  début,  s'y  est  diffusée,  pendant  la  fermen- 
tation des  cellules  de  la  moisissure  portée  par  les 
raisins. 

Les  résultats  précédents  ne  peuvent  avoir  d'intérêt  pra- 
tique que  si  l'on  connaît  les  effets  de  la  quantité  d'oxy- 
dase prise  pour  unité.  En  mélangeant,  à  un  vin  rouge 
stérilisé,  un  volume  convenable  d'une  solution  d'oxydase 
de  richesse  connue,  et  en  exposant  ensuite  ce  vin  à  l'air 
pendant  un  temps  suffisant,  on  a  trouvé  que  la  quantité 
de  matière  colorante  précipitée  par  l'unité  d'oxydase  est 
voisine  de  1«'  par  litre.  Mais  l'action  de  l'oxydase  ne  se 
borne  pas  là  ;  la  couleur  non  précipitée  est  complètement 
jaunie,  le  vin  peut  être  considéré  comme  perdu. 

En  somme,  on  voit  combien  sont  dangereux  les  effets- 
du.  Botrytis  cinerea  qui  a  envahi  une  récolte  ;  si  au  moment 
des  vendanges,  on  a  1/3  de  cette  récolte  atteint  de  pour- 
riture grise,  même  peu  développée,  il  peut  exister  dans- 
le  vin  une  quantité  d'oxydase  assez  grande  pour  le  faire 
casser  complètement. 


—  250  — 

Sur  l'oxydation  des  ammoniaques  composées  par  les  fer- 
ments du  sol;  par  M.  E.  Demoussy  (i).  —  L'étude  de  la 
nitrification  dans  la  terre  arable  conduit  à  admettre  que 
la  matière  humique  passe  à  l'état  d'ammoniaque  avant  de 
pouvoir  être  nitrifiée,  et  que  c'est  la  résistance  qu'elle 
offre  aux  agents  de  décomposition  qui  est  la  cause  de  la 
lenteur  de  la  formation  des  nitrates  dans  les  terres.  Il  est 
établi  que  la  fermentation  ammoniacale  du  sol  doit  être 
attribuée  à  des  ferments  figurés  d'espèces  diverses.  Les 
travaux  de  MM.  Berthelot  et  André  ont  fait  voir  que  la 
matière  organique  de  la  terre  présente  des  propriétés  la 
rapprochant  des  amides  :  d'où  Ton  peut  déduire  que 
l'ammoniaque  prend  naissance  par  la  fixation  de  l'eau 
sur  cette  matière  organique  du  sol.  On  sait  d'ailleurs 
que  des  agents  d'hydi'olyse  existent  dans  le  sol  :  en  ense- 
mençant avec  de  la  terre  des  solutions  d'urée  ou  d'albu- 
mine, qui  renferme  des  noyaux  amidés,  on  observe, 
après  quelques  jours,  la  formation  d'ammoniaque. 

La  matière  azotée  de  la  terre,  semblable  en  cela  à  Tas- 
paragine,  doit  renfermer  vraisemblablement  aussi  des 
corps  de  fonction  aminé. 

L'auteur  a  recherché  comment  les  aminés  se  compor- 
tent en  présence  des  ferments  de  la  terre  arable. 

La  mononiéthylamine  dans  ces  conditions  se  trans- 
forme d'abord  en  ammoniaque  ;  c'est  seulement  ensuite 
qu'apparaissent  les  acides  nitreux  et  nitrique. 

Si  l'on  considère  la  formule  de  la  monométhylamine, 
AzIPCIP,  on  est  conduit  à  penser  que  c'est  par  oxyda- 
tion que  disparaissent  le  carbone  et  l'excès  d'hydrogène: 
c'est  ce  que  l'auteur  a  pu  vérifier.  En  effet,  d'une  part, 
les  ferments  du  sol  n'agissent  pas  sûr  l'aminé  lorsque  les 
cultures  sont  maintenues  dans  le  vide  ;  d'autre  part,  en 
atmosphère  confinée,  il  y  a  formation  d'un  peu  d'ammo- 
niaque avec  absorption  d'oxygène  et  dégagement  d'acide 
carbonique. 
Ces  faits  étant  établis  pour  l'aminé  la  plus  simple,  on 


(1)  Ac.  d,  se,  CXXVI,  253,  17  janv  1898. 


—  -257  — 

a  cherché  comment  se  comporte  un  composé  un  peu  plus 
complexe,  la  triméthy lamine.  Ce  n'est  que  treize  jours 
après  Fensemencement  que  le  liquide  renferme  des  traces 
d'ammoniaque  indiquées  par  le  réactif  de  Nessler,  qui  ne 
donne  qu'un  louche  insignifiant  avec  la  triméthylamine. 
Le  dix-huitième  jour  l'analyse  eudiométrique  montrait 
que  la  matière  carbonée  n'était  pas  encore  complètement 
transformée,  mais  quelques  jours  plus  tard  on  a  pu  obte- 
nir un  gaz  ne  renfermant  que  de  l'ammoniaque. 

Des  cultures  dans  le  vide  ont  prouvé  que  l'oxygène  est 
nécessaire  pour  que  l'ammoniaque  puisse  apparaître. 

L'oxydation  de  la  triméthylamine  est  beaucoup  plus 
lente  que  celle  de  la  monométhylamine  ;  la  plus  grande 
complexité  de  la  moUécule  suffît  pour  expliquer  cette 
résistance  ;  mais  on  peut  aussi  attribuer  le  retard  observé 
à  une  action  nuisible  de  la  triméthylamine  sur  les  fer- 
ments du  sol;  en  effet,  une  faible  quantité  de  sulfate  de 
cette  base,  introduite  dans  des  solutions  de  sulfate  d'am- 
moniaque ensemencées  d'un  peu  de  terre,  retarde  l'appa- 
rition des  nitrites. 

On  n'a  jamais  observé  la  formation  de  monométhylamine 
pendant  l'oxydation  de  Tamine  tertiaire,  les  trois  groupes 
méthyl  sont  donc  attaqués  simultanément  ;  on  sait  qu'il 
n'en  est  pas  de  même  quand  on  oxyde  la  triméthylamine 
par  des  réactifs  chimiques  :  il  se  fait  un  peu  d'aminé 
primaire 

On  a  encore  fait  agir  les  microorganismes  du  sol  sur 
des  bases  encore  plus  complexes,  sur  l'aniline,  la  pyri- 
dine  et  la  quinoléine.  Prévoyant  que  ces  corps  devaient 
être  peu  favorables  au  développement  des  ferments,  on  a 
préparé  deux  séries  de  solutions  :  dans  la  première,  le 
poids  d'aminé  introduit  représentait  lO"*»'  d'azote  pour 
100"  de  liquide  ;  cette  quantité  était  réduite  à  5™»'  dans 
la  seconde  série. 

L'oxydation  a  été  très  lente  ;  ce  n'est  qu'après  dix-huit 
jours  que  des  traces  d'ammoniaque  se  sont  montrées 
dans  les  solutions  d'aniline  les  plus  étendues,  et  après  un 

Journ.  de  Pkarm.  et  de  Chim.,  6*  SÂfUE,  t.  VII.  (1"'  mars  1898.)  H 


—  258  — 

mois  seulement  que  sa  présence  a  été  hors  de  doute. 
Pour  les  solutions  plus  concentrées  la  réaction  de  l'am- 
moniaque n'a  été  bien  visible  cju'après  deux  mois. 

La  pyridine  est  encore  plus  résistante  :  il  a  fallu 
attendre  deux  mois  pour  voir  apparaître  Tammoniaque 
dans  les  solutions  étendues,  et  plus  de  trois  mois  quand 
les  solutions  présentaient  une  concentration  double.  Dans 
ces  conditions  il  devient  d'ailleurs  difiQcile  d'obsei^ver 
l'ammoniaque  par  suite  de  sa  nitriflcation,  retardée,  il 
est  vrai,  par  l'action  toxique  de  Tamine  non  transformée. 

La  quinoléine  enfin  n'a  donné  naissance  à  des  traces 
d'ammoniaque  qu'après  plus  de  quatre  mois. 

En  résumé,  sous  l'influence  des  ferments  de  la  terre, 
les  aminés  sont  simplifiées  et,  par  oxydation,  deviennent 
de  l'ammoniaque  qui  seule  peut  passer  directement  à 
l'état  d'acides  azoteux  et  azotique.  La  transformation  est 
d'autant  plus  pénible  que  la  molécule  de  l'aminé  est  plus 
complexe  ;  on  conçoit  donc  que  l'ammonisation,  puis  la 
nitrification  de  la  matière  azotée  du  sol,  extrêmement 
condensée,  se  fasse  avec  une  très  grande  lenteur. 


Revue  de  chimie  organiqxxe;  par  M.  Moureu» 

Sur  le  diazométhane  ;  par  M.  von  Pechmann.  — 
On  connaît  les  beaux  travaux  de  M.  Curtius  (î)  sur 
l'éther  diazoacétique  CH  Az'— CO'CMI»,  et  on  se  rappelle 
qu'en  partant  de  ce  composé,  qui  prend  lui-même  nais- 
sance dans  l'action  de  l'acide  azoteux  sur  l'éther  acétique 
du  glycocolle,  l'auteur  obtint  pour  la  première  fois 
l'hydrazine  AzH*— AzH*  et  l'acide  azothydrique  Az'H. 

Si  on  envisage  la  formule  de  l'éther  diazoacétique,  on 
voit  qu'elle  découle  de  celle  d'un  corps  plus  simple,  d'une 
subtance- type,  le  diazométhane  CIPAz',  avec  lequel  il 
présente  les  mêmes  relations  que  l'éther  acétique 
OH»CO*C*H»  avec  le  formène  CIP. 


(1)  Joum,  de  Pharm.  et  de  Chim,  (Revue  de  chimie  organique,  par 
M.  Jungfleisch  (1893),  t.  H,  p.  419.) 


—  259  — 

Le  diazométhane  était  inconnu  jusqu'à  ces  derniers 
temps.  C'est  à  M.  von  Pechmann  que  revient  l'honneur 
de  la  découverte.  Comme  nous  le  verrons  au  cours  de  cet 
article,  ce  nouveau  corps  est  un  gaz  extrêmement  curieux 
par  ses  diverses  propriétés  et  réactions.  Mais  aussi, 
disons-le  dès  maintenant,  il  est  très  toxique,  et  son  ma- 
niement des  plus  da;ngereux. 

Préparation.  —  a)  M.  von  Pechmann  a  obtenu  tout 
d'abord  le  diazométhane  en  décomposant  par  la  soude  la 
nitrosométhylbenzamide  (1).  Il  y  a,  dans  cette  réaction, 
formation  de  benzoate  de  soude  et  de  diazométhane,  en 
même  temps  que  mise  en  liberté  d'une  molécule  d'eau. 

C»H'.CO<;^^^^"  +  NaOH=C*H»CO'Na-hH»0  +  CH«Az* 

Nitrosométhylbenzamide.  Diazométhane. 

Il  se  dégage  un  gaz  jaune,  qui  n'est  autre  que  le  diazo- 
méthane. 

5)  Aulieu  de  nitrosométhylbenzamide,  on  peut  employer 
encore  d'autres  composés  renfermant  à  la  fois  un  groupe- 
ment méthyle   CH*   et   un   groupement  nitrosyle  AzO 

CH* 
reliés  à  un  atome  d'azote  — ^^\x  n  (^)'  P^^  exemple  la 

/Az/CH' 
nitrosométhylurée  C0<^       \AzO,  et  le  nitrosométhyl- 

\AzH« 
yAz  /Cil» 
iiréthane  CO<f       \AzO.    C'est  ce  dernier  composé  qui 
\OCMI» 

a  fourni  à  M.   von   Pechmann  les  meilleurs   résultats. 
Voici  d'ailleurs  la  suite  des  opérations  : 

On  commence  par  préparer  le  méthyluréthane  en  fai- 
sant réagir  le  chloroformiate  d'éthylesur  laméthylamine  : 

(i)  Beriehle  d,  deutseh-Chem.  GeseUy  t.  XXVII,  p.  I8GS* 
(2)  Von  Pechmann,  Berichte,    t.  XXYIH  p.  855. 


^*  - 


—  -260  — 
2  (CH'.AïH')+  Cl— CO-OC»H'=CO<^^^"^"' 

Méthylamine     +  Chloroformiate  d'éthyle.  Méthyluréthane. 

+  CII».AzMlCl. 

-\-     Chlorhydrate  de 
raéthy  lamine. 

Le  raéthyluréthane,  traité  ensuite  par  le  nitrite  de 
soude  et  l'acide  sulfurique,  ou  encore  soumis  à  Taction 
des  vapeurs  rutilantes  en  solution  éthérée,  fournit  le 
nilrosQinéthyluréthane,  qui  donne  enfin  le  diazométhane 
sous  l  influence  de  la  potasse. 

Cctto  dernière  phase  de  la  préparation  est  conduite  de 
la  manière  suivante  : 

On  chauffe,  au  hain-marie,  dans  un  petit  hallon  relié  à 
im  réfrigérant  descendant,  un  faible  volume  (de  1  à  5")  de 
nilrosométhyluréthane  dissous  dans  40  à  50"  d'éther  pur, 
avec  un  volume  de  solution  à  25  p.  100  de  potasse  dans 
ralcoul  méthylique  supérieur  de  1/5  au  volume  de  nitroso- 
méthyluréthane  mis  en  œuvre.  Aussitôt,  tout  se  colore 
en  jaune,  liquide  du  ballon,  vapeurs  qui  le  remplissent, 
ainsi  que  le  réfrigérant,  et  éther  qui  passe.  On  arrête 
l'opéra  lion  loi*sque  tout  est  décoloré,  aussi  bien  ce  qui 
passe  que  ce  qui  reste  dans  le  ballon. 

Le  rendement  est  d'environ  50  p.  100  (1*^*=  de  nitrosomé- 
thylurethane  fournit  généralement  0«,2  de  diazométhane). 

c)  MM.  Bamberger  et  Renauld  (1)  ont  obtenu  le  diazo- 
méthane d'une  façon  toute  différente,  en  faisant  réagir 
Ihydroxylamine  sur  la  dichlorométhy lamine.  L'équation 
suivante  rend  compte  de  la  formation  de  diazométhane 
dans  celle  réaction  : 

CIl^AzCl»    +AzHVOH   =   CH«Az«  +  H*0  +  2HCL 

IMcîW'iiMjmiîthy lamine  -f  Hydroxy  lamine   =  Diazométhane 

D'après  les  auteurs,  on  dissout  le  chlorhydi-ate  d'hydro- 
xylaminedans  l'alcool  méthylique;  on  ajoute  à  la  solu- 
tion, on  refroidissant,  une  solution  concentrée  de  méthy- 

(I)  Serichte  d.  deutsch-Chemie  Geselly  t.  XXVIII,  p.  i68«. 


k 


—  261  — 

late  de  sodium  dans  l'alcool  méthylique,  et  on  fait  tomber 
goutte  à  goutte  dans  cette  liqueur  la  dichlorométhylamine 
dissoute  dans  l'éther  absolu.  Le  gaz  se  dégage  bientôt, 
colorant  tout  Tappareil.  L'opération  est  terminée  lorsque 
l'éther  qui  distille  passe  incolore. 

Les  rendements,  dans  cette  préparation,  ne  sont  que  de 
18  p.  100.  Il  suit  de  là  que  le  meilleur  procédé  de  prépa- 
ration du  diazométhane  actuellement  connu  est  celui  de 
M.  von  Pechmann,  que  nous  avons  décrit  plus  haut,  et 
qui  consiste  à  décomposer  par  la  soude  le  nitrosométhyl- 
uréthane. 

Propriétés.  —  a)  Le  diazométhane  est  un  gaz  jaune, 
qui  se  liquélie  dans  le  voisinage  de  0*^. 

Ce  gaz  est  extrêmement  toxique,  de  même  que  le  nitro- 
sométhyluréthane  qui  sert  à  le  préparer,  et  irrite  forte- 
ment les  organes  respiratoires.  On  ne  saurait  trop  re- 
commander d'être  prudent  quand  on  manipule  ces  corps. 

Son  action  sur  les  diverses  substances  chimiques  est 
très  remarquable. 

b)  Les  acides  étendus  décomposent  immédiatement  le 
diazométhane,  en  mettant  le  gaz  azote  en  liberté.  Avec 
l'acide  chlorhydrique,  par  exemple,  il  y  a  production  de 
chlorure  de  méthyle  et  dégagement  d'azote  : 

CH*Az«  +  HCl    =      CH»01    +  Az« 

diazométhane.  Chlorure  de 

méthyle. 

Comme  cas  particulier  et  intéressant,  l'acide  cyanhy- 
drique  se  transforme  en  acétonitrile 

HCAz      4-      CH«Az«      =      CH'CAz      +      Az« 

Acide  +     Diazométhane.  Acétonitrile. 

cyanhydrique. 

Les  phénols  sont  le  plus  souvent  convertis  en  éthers 
méthyliques  par  le  diazométhane.  Exemple  : 

f  CMI»— OH   +   CII'Az*  =   c«H»— 0  — CH»  +   Az» 

Phénol  ordinaire.   4-  Diazométhane.  Anisol. 


—  262  — 

Acide  picrique         -f  Diazométhane.  Trinitroanisol. 

ou  trinilrophénol. 

De  même,  le  diazométhane  fournit,  avec  les  bases  orga- 
niques, les  bases  méthylées  correspondantes.  La  parato- 
luidine  (l)Cn'— C«ÏP— AzII»(4),' par  exemple,  donne  la 
méthylparatoluidine  (1)CH»— C«H»— AzHCH'(4). 

Les  faits  qui  précèdent  suffisent  à  montrer  que  le  dia- 
zométhane, en  somme,  est  un  puissant  agent  de  méthy- 
lation.  Comme  tel,  il  peut  rendre  des  services  dans  un 
certain  nombre  de  cas  où  les  procédés  usuels  ne  sont  pas 
satisfaisants.  C'est  ainsi,   par  exemple,  que  la  méthyl- 

phtalinidine  C*II*<^p^\\zCH*  se  forme  très  facilement 

et  en  quantité  théorique  dans  l'action  du  diazométhane 

sur  la  phtalinidine  C*H*<^p^yAzH. 

c)  L'iode  en  solution  éthérée  décolore  la  solution  de 
diazométhane  en  se  décolorant  lui-même;  il  y  a  forma- 
tion d'iodure  de  méthylène  et  dégagement  d'azote 

Cn»Az«+ I«=:CHM«+Az«. 

Celte  réaction  s'effectue  quantitativement,  molécule  à 
molécule  ;  elle  constitue  un  procédé  de  titration  très 
simple  des  solutions  de  diazométhane. 

d)  Le  diazométhane  peut  fixer  de  Thydrogène  sous  Tin- 
fluence  de  l'amalgame  du  sodium  et  de  l'alcool;  le  com- 
posé qui  prend  naissance  dans  la  réduction  est  un  dérivé 
de  l'hydrazine  de  Curtius,  la  méthylhydrazine  : 

CH»Az«-}-H*         =        CIPAz'H» 

Diazométhane.  =  Méthylhydrazine. 

Il  s'unit  intégralement  à  un.  certain  nombre  de  com- 
posés non  saturés.  Avec  le  fumarate  de  méthyle,  par 
exemple,  il  donne  l'éther  méthylique  de  l'acide  pyrazo- 
line-dicarbonique  : 


—  263  — 

CO»CH»— CH  CO'CH»— CH— en 

Il       +    Az'CH'    =  I  II 

CO»CH'— Cil  -  CO'CH»— CH— Az 

Fumarate  de  raélhvle.    -\-      Diazométhane.  \/ 

AzH 

Éther  rnéthylique  de  l'acide 
pyrazoline-dicarbonique. 

Ce  dernier  corps,  qui  fond  à  97*,  est  décomposé  par 
Tacide  chlorhydrique  étendu  à  l'ébullition,  avec  forma- 
tion  de  chlorhydrate   d'hydrazine  AzH* — AzH* — H  Cl. 

e)  Vis-à-vis  du  nitrate  d'argent  et  de  la  liqueur  de 
Fehling,  le  diazométhane  se  comporte  comme  l'éther 
diazoacétique  de  Curtius,  en  le  réduisant  avec  une  grande 
facilité, 

L'oxyde  mercurique  est  également  réduit,  même  à  la 
température  ordinaire. 

Si  nouveaux  <jue  soient  les  résultats  que  nous  venons 
d'exposer,  l'industrie  chimique  a  déjà  commencé  à  en 
tirer  parti.  Ce  sont  surtout  les  propriétés  méthylantes  du 
diazométhane  dont  nous  avons  parlé  qu'on  utilise  dans  la 
fabrication  de  divers  composés  méthyliques,  difficiles  à 
obtenir  par  les  voies  ordinaires.  Le  seul  obstacle  sérieux 
à  son  emploi  en  grand  sera  toujours  son  extrême  toxicité, 
qui  oblige  à  s'entourer  des  plus  minutieuses  précautions, 
si  l'on  veut  éviter  de  graves  accidents. 

L'homologue  immédiatement  supérieur  du  diazomé- 
thane est  le  diazoéthane  CH* — CHAz*.  Ce  composé  a  déjà 
été  obtenu  par  M.  Von  Pechmann,  qui  a  employé  à  cet 
effet  une  méthode  analogue  à  celle  qui  l'a  conduit  à  la 
découverte  du  diazométhane.  L'étude  du  diazoéthane 
n'est  pas  encore  terminée. 


BIBLIOGRAPHIE 


Formulaire  des  médicaments  nouveaux^  pour  1898,  par 
M.  H.  BocQuiLLON-LiMOusiN  (1).  —  On  sait  que  l'autour 

(1)  Paris,  J.-B.  Baillièrc  et  fils,  l  vol.  in-l8  de  300  pages,  3  francs. 


~sr^T^n 


—  264  — 

avait  eu  déjà  la  pensée  heureuse  de  condenser  en  un 
petit  volume  tous  les  renseignements  qui  peuvent  éclairer 
le  médecin  et  le  pharmacien  sur  la  nature,  la  valeur 
thérapeutique  et  la  posologie  de  ces  trop  nombreuses 
nouveautés  qui  envahissent  chaque  jour  le  domaine  de 
la  matière  médicale.  M.  }3ocquillon  offre  aujourd'hui  la 
8*  édition  de  son  Formulaire,  édition  établie  avec  l'apti- 
tude professionnelle,  Tardeur  et  la  conscience  scienti- 
fiques qu'on  lui  connaît.  Les  praticiens  y  trouveront  de 
plus  nombreux  détails  sur  des  produits  qui  ont  déjà  con- 
quis officieusement  leur  place  dans  la  thérapeutique  et 
des  renseignements  utiles  sur  ceux  qui  ne  constituent 
encore  que  des  nouveautés  peu  connues. 

La  méthode  qui  a  présidé  à  la  confection  de  ce  petit 
volume  apporte  une  grande  clarté  dans  sa  rédaction;  la 
table,  elle-même,  indique  pour  un  grand  nombre  de  pro- 
duits, le  mode  d'emploi  le  plus  usuel  et  le  plus  exacte- 
ment dosé.  Cette  nouvelle  édition  du  Fo7*mulaire  de 
M.  H.  Bocquillon-Limousin  sera  certainement  accueillie 
avec  la  même  faveur  que  les  éditions  précédentes. 


Tarif  des  douanes  de  France.  —  Il  comprend  quatre 
volumes  de  l'Imprimerie  Nationale,  au  millésime  1897. 

Le  premier  est  le  Tarif  lui-même.  Le  second  est  intitulé  : 
Observations  préliminaires,  règles  générales;  il  comprend, 
dit  M.  Pallain,  l'éminent  directeur  général  des  Douanes,  six 
subdivisions  qui  y  ont  été  établies  sous  les  titres  ci-après  : 
Règles  générales;  —  Régimes  spéciaux;  —  Traités  de  com- 
merce et  de  navigation;  —  Cabotage  et  emprunt  du  ten*i- 
toire  étranger  ;  —  Impôt  du  sel  et  pêches  maritimes  ;  — 
Droits  accessoires.  On  a,  en  outre,  indiqué  dans  un  Appen- 
dice les  mesures  auxquelles  la  douane  concourt  en  ce  qui 
concerne  les  Primes  à  la  marine  marchande,  la  Police  sani- 
taire du  bétail^  les  prohibitions  et  restrictions  concernant 
le  Phylloxéra  et  le  Doryphora. 

Les  deux  autres  ont  pour  titre  :  Notes  explicatives  du 
tableau  des  droits  ;  elles  servent  de  règles  aux  employés. 
On  y  trouve  la  description  détaillée  d'un  très  nombre 


—  265  — 

de  marchandises.  Ces  notes  ont  aussi  pour  objet,  soit  de 
déterminer  les  conditions  de  l'application  des  taxes,  soit 
de  spécifier  les  produits  réunis  sous  une  dénomination, 
soit  d'indiquer  les  assimilations  légalement  ordonnées. 

C'est  une  œuvre  considérable  où  l'on  rencontre  à  la  fois 
la  haute  compétence  de  celui  qui  a  présidé  à  son  organi- 
sation, et  le  travail  intelligent  et  minutieux  de  ceux  à  qui 
il  a  été  confié  et  qui  l'ont  si  bien  exécuté. 


Comptes  rendus  de  rAcadémie  des  Sciences.  —  7  février  1898.  — 
if.  Cazeneuve  et  Moreau  :  Urétbanes  aromatiques  de  la  conicine.  — 
Jf.  Th,  Sclœsing  fils  :  Détermi nation  de  ia  densité  des  gaz  sur  de  très  petits 
▼olumes.  —  14  féTricr  1888.  A.  Etard  et  G.  Meker  :  Sur  un  bydrure  de 
dicamphène  cristallisé.  —  M.  H.  Imbert  :  Action  de  la  cyanamide  sur  le 
bromanile  en  présence  de  la  potasse.  —  M,  A,  Lacroix  :  Formation  d'anby- 
drite  par  calcination  du  gypse  à  baute  température  :  à  une  température  moins 
élevée  le  gypse  se  transforme  en  un  sulfate  anbydre  diiTérant  de  l'anhydrite 
par  ses  propriétés  eristallograpbiques  et  pbysiques. 


SOCIETE  DE  PHARMACIE  DE  PARIS 


Séance  annuelle  du  5  janvier  1898. 


Rapport  sur  les  prix  de  thèses  (section  des  sciences  physi- 
ques)y  lu  dans  la  séance  du  mercredi  !•' décembre  1897, 
par  M.  Ch.  Moureu,  rapporteur,  au  nom  de  la  Com- 
mission. (MM.  Bucker,  président;  Voiry,  Moureu. 

Messieurs, 
C'est  avec  un  vif  regret  que  nous  constatons  combien 
peu  l'honneur  d'être  lauréat  de  la  Société  de  Pharmacie 
a  été  sollicité  cette  année  :  un  seul  travail,  en  effet,  pré- 
senté par  M.  Dufau,  a  été  soumis  à  l'examen  de  votre 
commission.  Si,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  la 
thèse  de  M.  Dufau  est  de  celles,  —  non  inconnues  d'ail- 
leurs ici,  loin  de  là  —  qui,  par  leur  nature,  peuvent 
jusqu'à  un  certain  point  compenser  la  pénurie  par  la 
qualité,  l'état  de  choses  sur  lequel  j'appelle  spécialement 
votre  attention  n'en  est  pas  moins  fâcheux;  et,  s'il  se 
prolongeait,  il  y  aurait  peut-être  lieu  de  s'en  inquiéter. 


—  266  — 

et  de  voir  s'il  ne  renferme  pas  quelque  enseignement 
utile  pour  l'avenir. 

La  thèse  de  M.  Dufau  a  pour  titre  :  Sur  quelques  oxydes 
doubles  cristallisés  obtenus  à  haute  température. 

Les  oxydes  métalliques  sont  des  composés  fort  curieux. 
Tout  n'a  pas  été  dit  ni  fait  sur  ces  corps,  pourtant  à  la 
Jjase  même  de  la  chimie,  et  qui  ont  occupé  à  la  fois  les- 
esprits  les  plus  sagaces  et  les  plus  habiles  expérimenta- 
teurs depuis  Lavoisier  jusqu'à  nos  jours.  Leur  étude 
nous  réserve  encore  de  belles  découvertes,  et  peut-être 
de  grandes  surprises.  On  en  a  comme  une  sorte  d'in- 
tuition, quand  on  songe  aux  différences  essentielles  dans 
Tes;  propriétés  physiques  et  chimiques  de-  ces  composés, 
suivant  les  circonstances  dans  lesquelles  ils  sont  obtenus,, 
suivant  leur  état  d'hydratation,  suivant  la  température 
et  aussi  suivant  la  pression  à  laquelle  on  les  soumet  à 
Texpérience. 

Chacun  sait  que  l'oxyde  mercurique,  jaune  lorsqu'il  esl 
fi réparé  par  précipitation,  est  rouge  lorsqu'il  est  obtenu 
Itiw  voie  sèche.  Celui-ci  est  à  peine  attaquable  par  l'acide 
oxalique  et  par  le  chlore  ;  celui-là  se  dissout  à  froid  dans 
lacide  oxalique,  et  l'action  du  chlore  sur  ce  produit  est 
très  énergique. 

Traitez  un  sel  de  cuivre  en  solution  par  la  potasse,  vou& 
obtenez  un  précipité  bleu.  Portez  le  tout  à  l'ébuUition,  ce 
précipité  devient  noir  en  restant  amorphe.  Soumettez-le',, 
au  contraire,  à  la  congélation,  comme  l'a  fait  naguère 
noire  collègue  M.  Villiers,  il  cristallise  au  bout  de  quel- 
ffues  heures  dans  toute  la  masse. 

Enfin,  dernièrement,  qui  de  vous  n'a  lu  avec  pleine 
îHHlisfaction  le  remarquable  travail  de  M.  Engcl  sur  les 
composés  de  l'étain,  dans  lequel  ce  savant  a  si  bien  mis^ 
en  lumière  les  différents  acides  stanniques,  jusque-là 
n  peine  entrevus,  et  en  tout  cas  mal  définis? 

Je  pourrais  multiplier  les  exemples,  si  ceux  qui  pré- 
cèdent ne  suffisaient  amplement  à  faire  ressortir  toute 
l'importance'et  tout  l'intérêt  que  présente  l'étude  métho- 
«lique  et  rationnelle  des  oxydes  métalliques. 

8i  l'on  se  demande  à  quoi  peuvent  tenir,  au  fond,  toutes^ 


—  267  — 

ces  variations  dans  les  propriétés  essentielles,  selon  les 
conditions,  d'un  seul  et  même  oxyde,  on  est  logiquement 
conduit  à  considérer  les  diverses  modifications  comme 
différant  les  unes  des  autres  par  les  quantités  de  chaleur 
qu'elles  renferment  et  par  leurs  condensations  molécu- 
laires. 

L'isomérie,  ou  plus  exactement  la  polymérie,  nous 
apparaît  dès  lors  naturellement  et  avec  toutes  ses  consé- 
quences, entraînant  avec  elle  -  des  différences  fondamen- 
tales dans  l'aspect  extérieur,  la  stabilité,  l'aptitude  à 
réagir  sur  d'autres  corps,  etc.  Le  jour  n'est  peut-être  pas 
éloigné  où  nous  pourrons,  grâce  aux  progrès  de  la  chimie 
physique  et  de  la  chimie  des  hautes  temératures,  prati- 
quer commodément,  par  ce  qu'on  pourrait  appeler  un 
paradoxe  calorifique,  la  cryoscopie  du  rouge  et  du  rouge 
blanc,  comme  cela  a  d'ailleurs  été  fait  déjà  dans  un  petit 
nombre  de  cas.  Ce  jour-là,  nous  mesurerons  couramment 
dans  nos  laboratoires  la  grandeur  moléculaire  de  la  plu- 
part des  composés  minéraux  et  en  particulier  des  oxydes, 
dont  l'état  de  condensation  nous  est  presque  toujours 
inconnu.  Ce  jour-là,  nous  comprendrons  pourquoi  l'oxyde 
de  chrome  préparé  à  basse  température,  par  exemple,  est 
très  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique,  tandis  que  l'oxyde 
cristallisé  obtenu  au  rouge  y  est  complètement  insoluble  ; 
et  cela,  tout  aussi  aisément  que  nous  comprenons  aujour- 
d'hui pourquoi  l'aldéhyde  formique  présente  de  si  loin- 
tains rapports  avec  l'arabinose,  le  glucose  ou  le  lévulose, 
qui  possèdent  cependant  une  composition  centésimale 
identique  à  la  sienne. 

Messieurs,  c'est  dans  le  vaste  champ  d'expériences 
offert  par  les  oxydes  métalliques  que  s'est  engagé  M.  Du- 
fau,  sur  les  conseils  de  notre  collègue  M.  Moissan.  Son 
travail  nous  fait  précisément  connaître,  entre  autres 
choses,  quelques  cas  nouveaux  et  frappants  de  ces  isomé- 
ries  d'oxydes  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure,  isoméries 
qui  se  manifestent  visiblement  par  des  vaiations  dans 
les  capacités  de  saturation  des  oxydes,  suivant  la  tempé- 
rature à  laquelle  ils  sont  portés. 

Avant    M.    Dufau,  d'ailleurs,  il  est  juste  de  le  dire, 


—  268  — 

M.  Viard  et  M.  Rousseau  avaient  mis  en  évidence  l'im- 
portance du  degré  de  la  température  sur  le  mode  de  com- 
binaison de  certains  oxydes  acides.  L'emploi  de  fondants 
et  d'intermédiaires,  en  dépit  des  beaux  résultats  qu'il 
avait  fournis  à  Ebelmen,  Daubrée,  Sainte-Claire-Deville, 
pour  ne  citer  que  les  principaux,  limitait  nécessairement 
les  conditions  thermiques  des  expériences;  et,  d'ailleurs, 
la  chaleur  fournie  au  mélange  réagissant  n'avait  jamais 
dépassé  la  chaleur  blanche. 

M.  Dufau  s'est  proposé  de  voir  comment  les  oxydes 
métalliques  se  comporteraient  les  uns  vis-à-vis  des  autres 
aux  températures  élevées  que  l'électricité  permet  d'at- 
teindre, et  d'étudier  les  oxydes  particuliei-s  qui  pour- 
raient résulter  de  leur  combinaison. 

L'idée  dont  il  est  parti  —  l'auteur  nous  l'explique  dés 
le  début  de  son  travail  —  a  sa  source  dans  une  observa- 
tion faite  par  M.  Moissan  au  cours  de  ses  belles  recher- 
ches sur  la  chimie  des  hautes  températures,  à  savoir  que 
certains  oxydes  métalliques  se  combinent  très  facilement 
dans  le  four  électrique  avec  la  chaux  du  four. 

M.  Dufau  divise  son  travail  en  cinq  parties,  dans  les- 
<[uelles  il  étudie  successivement  l'action  des  oxydes  de 
chrome,  de  fer,  de  manganèse,  de  nickel  et  de  cobalt  sur 
les  oxydes  alcalino-terreux  et  sur  la  magnésie. 

Tout  d'abord,  montrons  comment,  d'une  façon  générale, 
ont  été  conduites  les  expériences.  Ce  point,  par  sa  nou- 
veauté, ne  manque  pas  d'intérêt. 

Parmi  les  modèles  de  fours  électriques  proposés  par 
M.  Moissan,  c'est  le  four  en  carbonate  de  chaux  qui  a  été 
choisi  :  il  est  à  peine  besoin  de  faire  remarquer  que,  dans 
le  cas  actuel,  l'usage  des  creusets  en  charbon,  qui  eût 
réduit  les  oxydes,  était  formellement  interdit.  Le  mélange 
des  oxydes  pui*s  et  anhydres,  préalablement  calciné  au 
four  Perrot,  est  introduit  directement  dans  la  cavité  du 
four  électrique,  en  ayant  soin  de  la  séparer  des  parois 
par  une  couche  épaisse  et  fortement  lassée  d'oxyde  basi- 
que, de  façon  à  éviter  l'intervention  de  la  chaux  du  four 
dans  la  réaction.  On  fait  aussitôt  jaillir  l'arc  électrique. 
L'expérience  terminée,  on  isole  le  produit  et  on  l'analyse. 


—  269  — 

Voyons  maintenant  les  résultats.  Je  me  bornerai,  mes- 
sieurs, à  vous  en  faire  un  résumé  succinct.  Je  craindrais, 
en  effet,  si  je  les  exposais  avec  trop  de  détails,  de  fatiguer 
votre  attention. 

Indépendamment  de  la  reproduction  par  synthèse  d'un 
certain  nombre  de  corps  connus,  dont  il  a  complété 
Tétude,  tel  que  le  chromite  de  magnésium  Cr*0'.MgO  et 
le  chromite  de  calcium  Cr'O'.CaO,  M.  Dufau  a  obtenu 
les  composés  nouveaux  suivants  : 

1*  Le  tétrachromite  de  barium  4  Cr'O*.  BaO,  type  abso- 
lument inconnu  jusqu'aujourd'hui,  dont  l'existence  éta- 
blit que  le  chrome  possède,  comme  l'étain  et  le  silicium, 
la  propriété  de  s'accumuler  dans  une  molécule  ; 

2*  Le  manganite  tricalcique  Mn  0^,3  C^O^  qui  vient 
compléter  la  série  des  manganiles  de  calcium  obtenue 
par  M.  Rousseau  ; 

3*  Le  cobaltite  neutre  de  magnésium  MgO,CoO*,  qui 
porte  à  trois  le  nombre  des  cobaltites  actuellement  connus  ; 

4*  Le  dinickelite  de  barium  2 Ni 0*,  BaO,  confirmant 
les  hypothèses  faites  sur  l'existence  du  bioxyde  de 
nickel  NiO*  analogue  au  bioxyde  de  cobalt  CoO*. 

L'auteur,  embrassant  ensuite  dans  un  coup-d'œil  d'en- 
semble ses  propres  résultats  et  ceux  de  ses  devanciers, 
en  déduit  quelques  conclusions  intéressantes,  au  point 
de  vue  théorique,  conclusions  directement  liées  aux 
phénomènes  d'isomérie. 

Il  nous  montre  d'abord  que  les  sesquioxydes  de  fer  et 
de  chrome,  oxydes  indifférents,  qui  perdent  leur  caractère 
basique  entre  900  et  1.000"*,  conservent  leur  propriété 
acide  aux  plus  hautes  températures  que  l'on  puisse  actuel- 
lement atteindre,  et  se  combinent  directement,  sans 
aucun  besoin  d'intermédiaire,  avec  les  oxydes  basiques 
tels  que  la  magnésie,  la  chaux  et  la  baryte, 

L'auteur  explique  ensuite  comment  la  capacité  de  satu- 
ration du  sesquioxyde  de  chrome  subit,  à  ces  hautes 
températures,  des  variations  intéressantes,  dont  le  sens 
semble  dépendre  à  la  fois  de  la  nature  de  l'oxyde  basi- 
que et  de  l'intensité  de  l'arc  employé. 

Rapprochant  enfin  le  manganèse,  le  nickel  et  le  cobalt 


—  270  — 

par  l'existence  d'un  bioxyde  à  caractères  acides  pour 
chacun  de  ces  trois  métaux,  il  établit  que  la  stabilité  va 
en  décroissant  régulièrement  des  manganites  aux  nicke- 
lites. 

Tout  cela  s'enchaine  logiquement  et  vient  apporter  une 
clarté  nouvelle  sur  les  relations  et  les  affinités  des  divers 
métaux  étudiés. 

Messieurs,  ce  qui  précède  ne  saurait  vous  donner  qu'une 
idée  imparfaite  de  la  thèse  de  M.  Dufau.  L'auteur,  en 
effet,  au  cours  de  son  laborieux  travail,  a  eu  à  surmonter 
des  difficultés  de  toute  nature  qui  se  sont  présentées  à 
tout  moment. 

Les  conditions  de  chauffe  pour  chaque  cas  n'ont  été 
<léterminées  qu'après  de  nombreux  tâtonnements.  Les 
courants  utilisés  étaient  d'intensité  variable,  et  la  durée 
de  l'expérience  variait  nécessairement  avec  la  fusibilité 
■des  oxydes  en  présence,  et  aussi  avec  l'intensité  et  la 
force  électromotrice  des  courants  employés.  L'expérience 
terminée,  il  fallait,  au  milieu  d'une  masse  souvent  très 
complexe,  isoler  et  purifier  le  produit  de  la  réaction. 
Chaque  cas  exigeait  un  procédé  particulier,  parfois  fort 
minutieux  et  délicat,  certains  des  composés  obtenus  étant 
facilement  altérables. 

Malgré  ces  obstacles  matériels,  l'auteur  a  obtenu  des 
composés  bien  cristallisés,  dont  il  a  effectué  avec  exacti- 
tude les  analyses  souvent  difficiles  et  toujours  très  lon- 
gues et  étudié  avec  soin  les  diverses  propriétés  physiques 
et  chimiques.  Il  est  arrivé,  pratiquement  et  théorique- 
ment, à  des  résultats  qui,  pour  n'être  pas  très  nombreux, 
n'en  constituent  pas  moins,  par  leur  netteté  et  leur  pré- 
cision, une  importante  contribution  à  l'histoire  des 
oxydes  métalliques  envisagés  aux  hautes  températures. 

Messieurs,  à  l'unanimité,  votre  commission  vous  propose 
■de  décerner  la  médaille  d  or  de  notre  Société  à  M.  Dufau. 
Elle  espère  que  vous  voudrez  bien  ratifier  par  votre  vote 
ses  conclusions.  Ch.  Moureu. 


—  271  — 
SOCIÉTÉ  DE  THÉRAPEUTIQUE 


Séance  du  9  férvier  1898. 

M.  Bocquillon  présente  une  note  sur  les  gelées  d'agar- 
agar  complétant  celle  que  M.  Gallois  a  lue  à  la  dernière 
séance.  Pour  préparer  cette  gelée,  on  met  10  grammes 
de  gélose  sèche  dans  un  litre  d'eau  qu'on  laisse  pendant 
une  demi-heure  à  la  température  ambiante,  puis  on  porte 
à  l'ébuUition  et  on  filtre  à  travers  une  étamine. 

Voici  la  liste  des  médicaments  qu'on  peut  incorporer 
à  Tagar-agar  et  de  ceux  qu'on  ne  peut  lui  associer  : 

1**  Substances  miscibles  à  l'agar-agar.  —  A)  substances 
solubles  :  l'eau  de  chaux,  le  sel  marin,  le  bicarbonate  de 
soude,  le  borax,  l'acide  pyrogallique ,  le  vinaigre,  le 
chlorydrate  de  cocaïne,  la  résorcine,  l'iodure  de  potas- 
sium, la  créosote,  l'iclithyol,  le  nitrate  d'argent,  l'arsé- 
niate  de  soude,  le  perchlorure  de  fer,  le  tannin,  l'anti- 
pyrine,  le  phénol,  l'argotine,  les  extraits  aqueux,  etc. 

B)  Substances  insolubles  :  le  sous-nitrate  de  bisnmth. 
le  dermatol,  presque  tous  les  hydrargyriques,  le  sulfate 
de  chaux,  le  naphtol  camphré,  l'oxyde  camphré,  l'oxyde 
de  zinc,  le  talc,  etc. 

2*  Substances  non  miscibles,  —  L'acide  salicylique,  le 
menthol,  le  thymol,  l'iodol,  l'airol,  l'aristol,  riodoforme, 
riode,  le  camphre,  l'acide  chrysophanique,  l'essence  de 
Wintergreen,  le  naphtol,  l'huile  de  foie  de  morue,  le 
soufre  sublimé  et  lavé,  l'essence  de  térébenthine,  etc. 

On  peut  obtenir,  en  ajoutant  10  p.  100  d'alcool,  la 
miscibilité  pour  le  camphre,  l'acide  chrysophanique,  le 
thymol,  l'acide  salicylique,  le  menthol. 

L'addition  de  2  grammes  de  poudre  de  savon  permet 
d'incorporer  à  la  gélose  de  l'huile  de  cade. 

M.  Poulet  (de  Plancher-les-Minesj  envoie  une  note 
concernant  les  avantages  du  tubage  momentané  de  la 
glotte  dans  le  croup.  Le  tubage  permanent  demandant  à 
être  étix)itemenl  surveillé  par  un  personnel  bien  stylé, 
peut  être  remplacé  par  le  tubage  momentané  pratiqué  soit 
avec  un  tube  d'O'Dwyer,  soit  avec  une  sonde  uréthrale 


—  -272  — 

de  calibre  convenable.  On  peut,  eu  laissant  en  place 
pendant  cinq  minutes  une  sonde  entourée  d'une  mèche 
fine  imbibée  d'une  solution  de  nitrate  d'argent,  com- 
battre le  spasme  et  permettre  au  petit  malade  de  respirer 
et  d'expulser  ensuite  des  fausses  membranes. 

M.  Gouguenheim,  à  propos  du  traitement  du  lymphatisme^ 
retrace  les  caractères  cliniques  qui  différencient  le  scro- 
fuleux  de  l'adénoïdien.  L'aspect  dn  scrofuleux,  nez  épaté, 
lèvres  épaisses,  chapelets  ganglionnaires,  diffère  sous 
tous  les  rapports  de  celui  de  l'adénoïdien.  Le  traitement 
chirurgical  qui,  chez  les  adénoïdiens,  donne  presque  tou- 
jours d'excellents  résultats,  est  quelquefois  contre  indi- 
qué chez  les  scrofuleux. 

M.  Petit  est  chargé  de  réunir  les  sections  de  pharmacie 
et  des  sciences  accessoires  pour  décider  de  la  conduite  à 
tenir  dans  le  cas  où  certains  médicaments  usuels  sont 
prescrits  sous  un  nom  déposé  :  le  médecin  ayant  pres- 
crit de  l'antipyrine,  par  exemple,  le  pharmacien  a-t-il 
le  droit  de  délivrer  le  produit  étiqueté  dans  son  officine 
diméthyloxyquinizine  ou  analgésine;  le  inédecin  a-t-il 
eu  l'intention  de  prescrire  le  produit  de  Knorr,  et  le  phar- 
macien est-il  obligé  de  donner  cette  antipyrine  à  l'ex- 
clusion de  toute  autre  ?  De  même  pour  l'exalgine,  etc. 

Ferd.  Vigier. 

VARIÉTÉS 

M.  Béhal,  agrégé  à  l*Ëeole  supérieure  de  Pharmacie  de  Paris,  a  été  Dominé 
maître  do  conférences  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris. 

Ont  été  nommés  : 

Officiers  de  rinstruction  publique  : 

MM.  Grinon; 

Ësmenard,  pharmacien  à  Paris;  —  Ferdinand  Jean,  chimiste  à  Paris;  — 
Tissot,  pharmacien  à  Paris;  —  Wurtz,  pharmacien  à  Paris. 

Officiers  fV académie  : 

MM.  Bidet  dit  Paul  Talber,  pharmacien  à  Paris;  —  Dumoulhiers,  phar- 
macien à  Paris  ;  —  Geoffrion,  pharmacien  à  Paris  ;  —  Josset,  pharmacien  à 
Paris;  —  Lafay,  pharmacien  à  Paris;  —  Monfet,  pharmacien  à  Paris;  — 
Mousnier,  pharmacien  à  Sceaux;  —  Preudhomme,  pharmacien  à  Paris;  — 
Rocques,  chimiste  au  laboratoire  municipal  de  Paris;  Froidevaux,  chimiste 
au  laboratoire  municipal  de  Paris;  —  Rousseau  Langwelt,  pharmacien  à 
Paris;  —  Vernade,  pharmacien  à  Paris;  —  Viellard,  pharmacien  à  Paris. 

Le  Géf-ant  :  Georges  MA8SQN. 

PAtlS.  —  DCP.   B.  FLAIOIAIUON,  Wm  lAGIIfl,  16. 


—  273  — 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


Le  service  pharmaceutique  militaire  à  VÉtranger; 
par  M.  Leroy  (1). 

En  lisant  dans  les  Débats  parlementaii^es  officiels  du 
26  janvier  1898,  Taffirmation  apportée  par  le  rapporteur 
du  budget  de  la  guerre  que  le  nombre  des  pharmaciens 
militaires  français  était  considéré  comme  excessif  depuis 
plusieurs  années,  il  m'a  semblé  qu'une  étude  du  service 
pharmaceutique  dans  les  armées  étrangères,  au  point  de 
vue  de  l'organisation  et  du  personnel  employé,  mérite- 
rait d'attirer  l'attention  de  la  Société  de  Pharmacie  et  de 
tous  les  pharmaciens  de  France. 

800  de  nos  confrères  font,  en  effet,  partie  soit  de  la 
réserve,  soit  de  l'armée  territoriale.-  A  ce  titre,  ils  ne 
peuvent  manquer  de  s'intéresser  aux  organismes  divers 
institués  par  les  dift'érentes  nations  pour  assurer  la 
distribution  des  médicaments  aux   malades   militaires. 

En  France,  le  nombre  des  pharmaciens  militaires  est 
actuellement  de  114;  c'est  ce  personnel  «  excessif  «  qui  est 
chargé  d'assurer  le  service  pharmaceutique  en  France,  en 
Corse,  en  Algérie  et  en  Tunisie,  et,  n'en  déplaise  à  l'hono- 
rable rapporteur  du  budget  de  la  guerre,  il  n'y  parvient 
qu'avec  les  plus  grandes  difficultés.  i 

Ce  chiffre  de  114  est  sensiblement  inférieur,  toutes 
proportions  gardées,  à  celui  des  pharmaciens  militaires 
de  la  plupart  des  autres  nations  européennes,  notamment 
de  l'Allemagne. 

L'Allemagne,  en  effet,  emploie  217  pharmaciens  mili- 
taires pour  20  corps  d'armée  et  98  hôpitaux  ou  autres 
services,  tandis  que  la  France  compte  seulement  114  phar- 
maciens militaires  pour  20  corps  d'armée  et  75  établisse- 
ments hospitaliers  ou  autres  services. 


(1)  Société  de  Pharmacie, 

Journ.  de  Phann.  et  Je  Chi:n.,  G*  SâRIE.  t.  VM.  (15  mars 


18 


—  -274  — 

De  l'examen  comparé  du  service  pharmaceutique  des 
deux  nations  résulte  cette  conclusion  (qui  devient  Tévi- 
dence  même  en  présence  de  la  nécessité  d'assurer  le 
service  des  34  hôpitaux  militaires  dispersés  de  l'autre 
côté  de  la  Méditerranée  en  Algérie  et  en  Tunisie),  que  ce 
nombre  de  114  pharmaciens  militaires  constitue,  pour  la 
France,  la  limite  minima  qu'on  ne  saurait  franchir  sans 
compromettre  gravement  le  fonctionnement  du  service 
sanitaire  tout  entier. 

Les  documents  suivants,  qui  viennent  à  l'appui  de  ces 
considérations,  sont  tirés  de  sources  authentiques;  ils 
donnent  un  aperçu  succinct,  mais  précis,  des  organisa- 
tions étrangères. 


Allemagne.  —  Temps  de  paix.  —  Deux  services  phar- 
maceutiques distincts  :  1"  pour  le  ministère  de  la  guerre 
3t  les  offices  sanitaires  des  corps  d'armée;  2*  pour  les 
hôpitaux  militaires. 

1*  Ministère  de  la  guerre  et  offices  sanitaires  des  corps 
d'armée.  —  Le  service  y  est  assuré  par  un  cadre  de 
21  pharmaciens  :  1  pharmacien-major  de  l'état-major  et 
20  pharmaciens-majors  de  corps  d'armée. 

Le  pharmacien-major  de  l'état-major  fait  partie  de  la 
section  médicale  du  ministère  de  la  guerre  prussien.  Il 
traite  toutes  les  questions  techniques  relevant  de  sa  spé- 
cialité, et  aussi  les  questions  de  personnel  concernant  les 
pharmaciens  de  l'armée  active  et  de  la  réserve. 

Les  vingt  pharmaciens-majors  de  corps  d'armée  sont 
«  conseils  »  du  médecin-chef  du  corps  d'armée.  Ils  pren- 
nent part  aux  travaux  de  l'office  sanitaire  (personnel 
pharmaceutique  de  l'armée  active  et  de  la  réserve,  appro- 
visionnements du  corps  d'armée,  examen  des  comptes).  Ils 
sont  les  chefs  du  laboratoire  de  chimie.  Ils  visitent  au 
moins  une  fois  tous  les  deux  ans,  toutes  les  pharmacies 
des  hôpitaux  et  des  postes  de  médicaments  du  corps 
d'armée. 

2*  Hôpitaux  militaires.  —  Le  service  pharmaceutique 
des  hôpitaux  militaires  est  assuré  par  les  pharmaciens 


—  275  — 

Tolontaires  d'un  an,  qui,  en  même  temps,  reçoivent  l'ins- 
truction nécessaire  pour  remplir  les  fonctions  de  phar- 
maciens de  campagne. 

Pour  être  admis  comme  volontaires  d'un  an,  les  phar- 
maciens doivent  avoir  passé  l'examen  d'approbation  (der- 
nier examen).  Ils  sont  placés  dans  les  hôpitaux  militaires 
au  nombre  de  1  à  3  et  même  5. 

Les  appels  sont  faits  le  plus  souvent  en  avril  et  en 
octobre,  toujours  de  manière  à  ne  pas  renouveler  tout  le 
personnel  d'un  même  hôpital  à  la  même  époque. 

Le  chef  militaire  désigné  pour  diriger  le  service  phar- 
maceutique de  l'hôpital,  est  un  médecin-major  de  la  gar- 
nison, nommé  pendant  une  année  par  la  direction  de 
santé,  à  l'exclusion  de  tout  autre  service  ou  conjointe- 
ment, suivant  l'importance  de  l'hôpital. 

Il  y  a  en  Allemagne  98  hôpitaux  ou  services,  dans  les- 
quels sont  employés  196  pharmaciens  diplômés,  volon- 
taires d'un  an  (1);  ce  qui  représente,  avec  les  21  pharma- 
ciens-majors du  cadre,  217  pharmaciens  qui  concourent  à 
l'exécution  du  service  pharmaceutique  en  temps  de  paix. 
Après  une  année  de  service,  les  volontaires  d'un  an 
sont  appelés  à  subir  un  examen  d'aptitude.  S'ils  sont 
reconnus  aptes,  ils  passent  dans  la  réserve  avec  le  titre 
de  «  pharmacien  sous-aide  ».  Ces  pharmaciens  sous-aides, 
après  un  minimum  de  deux  ans  de  grade,  si  leur  conduite 
a  été  irréprochable,  sont  nommés  «  pharmaciens  supé- 
rieurs  »  (employés  militaires  supérieurs). 

Temps  de  guerre.  —  Les  20  pharmaciens-majors  de 
corps  d'armée  conservent  en  campagne  leurs  attributions 
du  temps  de  paix  :  ils  sont  les  «  conseils  »  des  directeurs 
du  service  de  santé  et  ils  ont  la  surveillance  du  service 
pharmaceutique  de  toutes  les  formations  sanitaires  du 
corps  d'armée  mobilisé. 

Les  pharmaciens  supérieurs  de  réserve  sont  employés  : 
!•  A  l'intérieur,  dans  les  directions  de  corps  d'armée  en 

(1)  Du  service  pharmaceutique'  dans  V armée  et  la  marine  allemandes , 
par  le  docteur  Salzinann,  pharmacien-major  de  corps  d'armée  (corps  de  la 
Garde).  Berlin,  1894. 


—  276  — 

remplacement  des  pharmaciens-majors  des  corps  d'araiée 
mobilisés  ; 

2®  Comme  pharmaciens  de  campagne,  dans  toutes  les 
formations  sanitaires  sans  exception  (détachements  sani- 
taires, hôpitaux  de  campagne  et  d'étapes,  dépôts  de  ré- 
serve d'hôpitaux,  dépôt  général  d'approvisionnements); 

3*  Comme  pharmaciens  de  forteresse. 

Dans  les  hôpitaux  de  l'intérieur  du  temps  de  paix  ou  de 
nouvelle  formation,  le  service  est  fait  :  l^par  les  phar- 
macieng  sous-aides  de  réserve;  2**  par  les  pharmaciens 
imilitar'apotheker)  qui  n'ont  pu  satisfaire  à  l'examen 
d'aptilude  après  leur  volontariat;  3*  par  les  volontaires 
d'un  an;  4°  au  besoin  par  des  requis. 

Cette  organisation  allemande  que  nous  venons  de 
^jlonner  avec  quelques  détails  est  loin  d'être  à  l'abri  de 
toute  critique.  On  ne  peut  s'empêcher  de  constater  que  ce 
renouvellement  perpétuel  de  pharmaciens  volontaires 
d'un  an  sous  les  ordres  d'un  directeur-médecin,  qui  n'est 
en  réalité  qu'un  chef  militaire  et  qui  ne  peut  être  en  tout 
cas  un  guide  dans  l'exercice  de  la  profession,  ne  doit  pas 
être  favorable  à  la  bonne  exécution  du  service  pharma- 
ceutique et  doit  surtout  être  un  obstacle  à  l'amélioration 
de  ce  service. 

Il  faut  tout  l'esprit  de  discipline  allemand  pour  obtenir 
des  résultats  suffisants  au  moyen  d'une  telle  institution, 
où  l'on  voit  que  directeurs  et  subordonnés  sont  des  hôtes 
de  passage  sans  autre  contrôle  professionnel  supérieur 
qu'une  inspection  qui  n'a  lieu  que  tous  les  deux  ans. 

Mais  cette  organisation  spéciale  résulte  de  la  législa- 
tion pharmaceutique  civile.  En  Allemagne,  le  nombre 
des  pharmacies  est  limité;  beaucoup  de  pharmaciens 
reçus  attendent  pendant  longtemps  la  vacance  d'une  offi- 
cine, et  les  notes  qu'ils  obtiennent  soit  comme  pharma- 
ciens volontaires,  soit  comme  pharmaciens  supérieurs, 
soit  même  comme  pharmaciens-majors,  leur  constituent 
des  titres  qui  leur  permettent  de  devenir  plus  facilement 
titulaires  d'une  pharmacie  vacante. 

Il  en  résulte  que  les  pharmaciens  militaires  allemands 


\ 


—  277  ~ 

sont  pour  ainsi  dire  des  pharmaciens  temporaires  de 
l'armée,  dont  le  stage  militaire  s'est  plus  ou  moins  pro- 
longé, et  cela  est  si  vrai  que,  parmi  les  2i  pharmaciens- 
majors  du  cadre  essentiel,  un  seul  a  actuellement  plus  de 
dix  années  de  service. 

En  France,  où  le  concours  de  quelques  pharn\aciens 
requis  est  déjà  extrêmement  difficile  à  obtenir,  on  ne 
pourrait  appliquer  cette  organisation  qu'en  renonçant  à 
des  traditions  séculaires  et  en  bouleversant  toute  notre 
législation  pharmaceutique. 

Nous  allons  passer  plus  rapidement  en  revue  le  service 
pharmaceutique  des  autres  nations. 

Autriche -Hongrie.  —  Temps  de  paix*  —  Le  service 
du  temps  de  paix  comporte  :  1*  une  direction  des  médi- 
caments du  ministère  de  la  guerre  ;  2*  un  dépôt  de  médi- 
caments à  Vienne  ;  3**  26  hôpitaux  de  garnison  pouiTus 
d'une  pharmacie  ;  4°  il  pharmacies  de  garnison. 

Le  service  est  assuré  par  81  pharmaciens  militaires, 
secondés  par  les  pharmaciens  volontaires  d'un  an  qui 
sont  nommés  pharmaciens  de  réserve  s'ils  sont  reconnus 
aptes. 

Temps  de  guerre.  —  Encampagne,  le  service  est  assuré 
par  les  pharmaciens  du  cadre  et  par  les  pharmaciens  de 
réserve  ;  et,  si  c'est  nécessaire  par  ceux  de  la  Landwehr 
et  du  Landsturm. 

Comme  en  Allemagne,  à  toutes  les  formations  sanitaires 
sont  affectés  des  pharmaciens  du  cadre  ou  de  la  réserve. 

Italie.  —  Temps  de  paix,  —  Le  cadre  des  pharmaciens 
militaires  est  de  i06  ;  ils  sont  employés  :  1*  à  l'inspec- 
tion sanitaire  au  ministère  de  la  guerre  ;  2^  à  la  pharma- 
cie centrale  militaire  de  Turin  ;  3"  dans  les  hôpitaux  mi- 
litaires. 

Les  pharmaciens  des  hôpitaux  ont  comme  aides  des 
«  adjudants  de  pharmacie  »  qui  reçoivent  une  instruction 
spéciale. 

Temps  de  guerre.  —  Un  pharmacien  en  chef  et  trois 
pharmaciens  sont  affectés  à  chaque  direction  sanitaire  ; 


<-T?^2^ 


—  278  — 

les  trois  dernière  sont  à  la  disposition  du  directeur  pour 
combler  les  vides  qui  peuvent  se  produire  dans  les  hôpi- 
taux lie  campagne. 

Dans  les  formations  sanitaires  il  y  a  un  pharmacien 
par  li<>pital  de  campagne  ;  un  pharmacien  par  hôpital  de 
montagne  (50  lits);  un  pharmacien  par  train  sanitaire; 
deux  pharmaciens  par  dépôt  de  réserve  d'hôpital. 

L'institution  des  pharmaciens  de  réserve  n'existe  pas 
en  It;tlie  ;  le  temps  de  service  est  pour  tous  de  trois  ans, 
et  la  faculté  très  onéreuse  de  ne  faire  qu'un  an  est  réser- 
vée à  quelques  privilégiés. 

Rr  ssïE.  —  Temps  de  paix.  —  Le  cadre  du  temps  de  paix 
est  du  130  pharmaciens  militaires.  Ils  sont  employés  dans 
les  dépots  de  médicaments,  dans  les  hôpitaux  et  dans  les 
lazan-ths. 

ïl  t  xiste  6  dépôts  de  médicaments  :  Saint-Pétersbourg, 
Moscou,  Kiew,  Bobrouisk,  Stawropol  et  Tiflis. 

Leîi  hôpitaux  sont  divisés  en  4  classes  :  ceux  de  l""*  et 
de  2"  classe  ont  2  pharmaciens,  ceux  de  3®  et  de  4®  classe 
en  ont  4  ;  les  lazareths  n'en  ont  d'ordinaire  qu'un  seul. 

Lcii  pharmaciens  militaires  sont  secondés  par  les  volon- 
taires- d'un  an  «  aides  suppléants  »,  et  par  des  infirmiers 
spéciaux  qui  arrivent  à  prendre  rang  dans  la  14*  classe 
des  employés. 

Eu  quittant  le  service  les  aides  suppléants  sont  nommés 
pharmaciens  de  réserve. 

Temps  de  guerre,  —  En  campagne,  un  pharmacien  de 
corps  l'st  attaché  à  chaque  corps  d'armée,  et  un  pharma- 
cien th'  division  à  chaque  division.  On  place  de  préférence 
les  ph;irmaciens  de  l'armée  active  dans  les  hôpitaux  de 
campa^'ue  et  ambulances  et  leurs  emplois  du  temps  de 
pnix  sont  occupés  par  des  pharmaciens  de  réserve. 

Espagne.  —  Le  cadre  est  actuellement  (annuaire  de  1898) 
de  170  pharmaciens  (Espagne,  77;  Cuba,  66;  Philip- 
pines. 27). 

HuKLANDE.  —  En  temps  de  paix  et  en  campagne  pour 
rarmée,  la  marine  et  les  colonies,  il  y  a  un  cadre  de  83 


—  279  — 

pharinaciens  et  en  plus  des  «  servants  de  pharmacie  » 
comme  aides. 

Belgique.  —  En  temps  de  paix  et  en  campagne,  un  cadre 
de  37  pharmaciens  militaires  et  un  personnel  en  sous- 
ordre  comprenant  25  pharmaciens  suppléants  ou  auxi- 
liaires, au  total  62  pharmaciens. 

Suisse.  —  La  Suisse  n'ayant  pas  d'armée  permanente 
n'a  pas  d'hôpitaux  militaires.  Par  suite,  il  n'y  a  en  temps 
de  paix  qu'un  pharmacien  d'état-major,  directeur  du 
service  pharmaceutique  attaché  au  département  de  la 
guerre. 

Pour  le  temps  de  guerre,  l'armée  suisse  dispose  d'un 
cadre  de  49  pharmaciens. 

NoRwÈGE.  —  Comme  en  Suisse,  le  service  militaire  est 
réduit  à  de  courts  exercices.  11  n'y  a  en  conséquence  en 
temps  de  paix  qu'un  pharmacien  d'état-major  conseiller 
du  a  général  sanitaire  ». 

En  état  de  guerre  la  Norwège  mobilise  trois  détache- 
ments sanitaires  et  dans  chacun  15  hôpitaux  de  campagne. 
Il  y  a  un  pharmacien  par  hôpital  de  campagne,  soit  45 
pharmaciens,  plus  2  pharmaciens  et  3  élèves  au  dépôt 
médical  qui,  avec  le  pharmacien  d'état-major,  forment 
un  cadre  de  48  oflRciers. 

Angleterre.  —  En  Angleterre,  l'exercice  de  la  phar- 
macie civile  est  libre,  et  dans  l'armée  de  terre,  les  phar- 
maciens militaires  n'existent  pas.  Il  n'y  a  ni  pharmacie 
centrale,  ni  dépôt  de  médicaments.  Les  pharmacies  mi- 
litaires dirigées  par  des  médecins,  tirent  à  grands  frais 
leurs  médicaments,  préparés  et  divisés  à  l'avance,  de  deux 
grandes  maisons  de  droguerie.  Pour  l'exécution  du  ser 
vice,  les  médecins  sont  aidés  par  des  compounders,  simples 
infirmiers,  sans  instruction  professionnelle  sérieuse. 

Par  contre,  dans  les  hôpitaux  de  la  marine,  le  service 
pharmaceutique  est  dirigé  et  exécuté  par  des  pharmaciens 
de  la  marine  au  nombre  de  14. 


—  280  — 

En  somme,  à  l'exception  de  Tarmée  anglaise  qui  se 
trouve  dans  une  situation  particulière  et  dont  le  système 
est  très  onéreux  pour  le  Trésor,  toutes  les  armées  euro- 
péennes possèdent  un  service  pharmaceutique  militaire 
sérieusement  organisé. 

.  L'Allemagne  a  une  organisation  ingénieuse  en  rapport 
avec  ses  lois  sur  l'exercice  de  la  pharmacie  et  reposant 
sur  le  concours  permanent  d'un  grand  nombre  de  phar- 
maciens et  aussi  de  médecins  militaires  distraits,  à  cet 
effet,  de  leur  service  normal. 

Dans  les  autres  armées,  le  personnel  pharmaceutique 
est  représenté  par  un  cadre  proportionné  à  l'importance 
des  effectifs  ;  les  Pharmaciens  du  cadre  sont  en  général 
secondés  par  des  pharmaciens  volontaires  d'un  an  ou  par 
des  aides  spéciaux,  comme  les  adjudants  de  pharmacie 
en  Italie. 

D'ailtre  part,  toutes  les  armées,  l'armée  anglaise  excep- 
tée, constituent  elles-mêmes  leurs  approvisionnemenls 
de  médicaments:  la  France  a  pour  ce  semce  la  Pharmacie 
centrale  militaire  de  Paris  et  la.  Réserve  de  Marseille  ; 
l'Allemagne  a  une  section  de  médicaments  par  corps  d'ar- 
mée; l'Autriche,  un  dépôt  de  médicaments  à  Vienne; 
l'Italie,  une  pharmacie  centrale  à  Turin  ;  la  Russie,  six 
dépôts  de  médicaments  ;  la  Belgique,  la  Pharmacie  cen- 
trale d'Anvers  ;  la  Hollande,  les  Instituts  centraux 
d'Amsterdam  et  de  Batavia  ;  l'Espagne,  la  Pharmacie 
centrale  militaire  de  Madrid. 

.  Enfin,  dans  toutes  les  armées,  excepté  en  Russie  où  il 
existe  un  corps  spécial,  les  pharmaciens  militaires  sont 
comme  en  France  les  experts  chimistes  de  l'administra- 
tion de  la  guerre. 

En  résumé,  pour  conclusion  définitive,  on  peut  dire 
que  toutes  les  nations  européennes  se  sont  inspirées  de 
cette  simple  et  claire  maxime,  devenue  tout  à  coup  obs- 
cure, parotît-il,  au  clair  soleil  de  notre  France,  que  pour 
faire*  de  la  Pharmacie,  môme  militaire  et  même  en  temps 
de  paix,  il  était  indispensable  avant  tout,  d'avoir  des 
pharmaciens. 


—  281  — 


■    Essais  des  bronzes  monétaires;  par  M.  Alf.  Riche  (i). 

b*'  de  bronze  sont  dissous  à  chaud,  dans  la  plus  faible 
quantité  possible  d'acide  nitrique.  La  liqueur  étendue 
d'eau  est  jelée  sur  un  filtre  et  Pacide  métastannique  lavé 
et  dosé  par  lès  moyens  ordinaires. 

On  dilue  la  solution  ôllrée  de  façon  à  en  constituer  un 
demi-litre  exactement  :  on  en  mesure  50"»  qu'on  verse  dans 
le  creuset  eu  platine  de  Tappareil  électrolytique  décrit 
dans  mon  mémoire;  on  ajoute  6  à  8  gouttes  d'acide 
sulfurique  et  on  soumet  le  liquide  à  un  courant  de  2 
volts.  Le  cuivre  se  dépose  sur  le  cône  en  platine  formant 
la  cathode;  sa  surface  immergée  est  de  40  à  BO^'*. 

La  source  électrique  indiquée  dans  ce  travail  était  un 
élément  de  pile  Bunsen  ou  Dulaurier,  et  nous  l'avons 
employée  jusqu'à,  ces  temps  derniers.  L'ampèremètre 
marque  au  début  2  à  S/IO'*  d'ampères,  puis  on  descend  peu 
à  peu  vers  0^.  Avec  deux  creusets  marchant  à  la  fois,  ou  a 
4  à4,5/iO«  d'ampères.  Avec  trois  creusets,  on  atteint  un 
demi-ampère. 

L'usage  de  ces  piles  a  des  inconvénients  multiples  :  les 
acides  sont  d'un  maniement  incommode  et  désagréable, 
les  vapeurs  en  sont  nuisibles.  Les  zincs  doivent  être 
amalgamés;  l'usure  des  acides  en  exige  le  renouvelle- 
ment fréquent. 

Nous  leur  substituons  aujourd'hui,  en  attendant  que 
l'électricité  mécanique  soit  à  notre  disposition,  trois  élé- 
ments Daniell,  chargés  à  là  solution  de  sel  ordinaire,  qui 
représente  un  volt  environ  chacun.  Cette  pile  est  propre, 
sans  acides  ni  vapeurs,  de  longue  durée  :  huit  jours  au 
moins  sans  qu'on  y  touche;  les  zincs  ne  sont  pas  amal- 
gamés, la  constance  est  plus  grande;  enfin  cette  pile  est 
très  économique. 

L'opération  ne  dure  que  trois,  quatre  ou  cinq  heures. 
On  l'arrête  lorsque  quelques  gouttes  de  liqueurs  électro- 

(1)  C.  R.  de  rAc.  d.  Se,  et  Ann.  de  Chim.  et  de  Pkys,  4-  série,-  t.  XXX, 
p.  351. 


—  282  — 

lysée  ne  se  colorent  plus  en  brun-rougeâtre  par  l'addition 
d*une  goutte  de  solution  de  bicarbonate  de  soude  suivie 
de  celle  d'une  goutte  de  ferrocyanure  de  potassium.  I/am- 
péremètre,  qui  marque  au  début  4/10*  d'ampères,  indique 
à  la  fin  3,5  à  3,8.  Le  poids  du  cuivre  est  exact. 

On  sait  que  le  bronze  monétaire  est  formé  de  95  partien 
de  cuivre,  4  parties  d'étain  et  1  partie  de  zinc. 

Pendant  le  temps  qu'exige  la  détermination  de  Pétain 
et  du  cuivre,  nous  dosons  le  zinc  par  le  procédé  dit  de  la 
cémentation,  qui  est  dû  à  Péligot,  mon  prédécesseur  à  la 
direction  des  essais  à  la  Monnaie. 

A  cet  effet,  on  pèse  1«^  de  bronze  et  0«%5  d'étain  fin 
qu'on  introduit  dans  un  petit  creuset  de  charbon  de 
cornue  à  gaz.  On  place  un,  deux  ou  trois  de  ces  creusets, 
munis  de  leur  couvercle  en  charbon,  dans  une  caisse  en 
terre  réfractaire,  qui  est  remplie  de  poussier  de  charbon, 
et  on  la  lute  avec  de  la  terre  forte. 

Cette  caisse  est  portée  dans  le  moufle  du  fourneau  de 
coupelle  et  chauffée  au  rouge  pendant  toute  une  journée. 

Le  lendemain,  on  retire  les  creusets,  dans  lesquels  se 
trouve  un  petit  culot  homogène,  très  lisse,  formé  de 
cuivre  et  d'étain  ;  le  zinc  s'est  évaporé  peu  à  peu  par  la 
chaleur.  Si  l'on  ajoute  de  Tétain,  c'est  pour  que  l'alliage 
fonde  facilement  à  la  chaleur  du  moufle,  qui  ne  dépasse 
guère  le  point  de  fusion  de  l'or. 

Lorsque  les  moutles  ne  sont  pas  libres,  nous  faisons 
cette  cémentation  par  le  même  moyen,  dans  un  chalu- 
meau à  gaz  de  l'éclairage  et  à  air.  Dans  ce  cas,  la  tempé- 
rature est  assez  haute  pour  qu^on  ne  soit  pas  obligé  d'y 
ajouter  de  Pétain. 

On  y  gagne  en  vitesse,  car  la  volatilisation  du  zinc  est 
complète  en  deux  heures  et  demie  à  trois  heures,  tandis 
qu'il  faut  une  chauffe  de  huit  à  neuf  heures  dans  le  moufle. 

Le  procédé  de  dosage  du  zinc  par  l'électrolyse,  que  j*ai 
publié  en  même  temps  que  celui  du  cuivre,  réussit  bien, 
mais  nous  ne  l'employons  pas  parce  qu'il  n*a  pas  la  rapi- 
dité des  deux  précédents  en  raison  de  la  circonstance  sui- 
vante :  la  solution  dont  nous  avons  indiqué  plus  haut  la 
préparation,  et  de  laquelle  on  a  séparé  le  cuivre,  est 


^  283  ~- 

nitrique,  et  il  faut,  pour  être  certain  du  succès,  chasser 
Tacide  nitrique  par  Tévaporation  à  sec  en  présence  d*acide 
sulfurique,  saturer  par  l'ammoniaque,  ajouter  un  sel 
ammoniacal  et  électrolyser  la  liqueur  après  l'avoir  rendue 
faiblement  acide. 

Ces  temps  derniei's  encore  (1),  M.  A.  HoUard  a  publié 
une  variante  de  cette  méthode  après  beaucoup  d'autres. 
Elle  doit  donner  les  mêmes  bons  résultats;  mais,  comme 
elle  est  aussi  longue,  on  n'a  pas  d'intérêt  à  l'employer. 

La  méthode électroly tique  possède  un  double  avantage: 
elle  n'exige  pas  la  présence  de  l'opérateur  et  elle  donne  le 
résultat  sous  forme  métallique,  comme  l'or  dans  le  procédé 
de  l'inquartation. 


Dosages  volumétriques  simultanés  de  l'acide  sulfurique  et 
de  la  chaux  dans  les  eaitx,  par  M.  Lucien  Robin,  chi- 
miste au  Laboratoire  municipal  de  Paris. 

J'ai  cherché  à  doser  rapidement  l'acide  sulfurique  et  la 
chaux  dans  les  eaux,  ces  deux  élé- 
ments étant  d'une  grande  importance, 
tant  au  point  de  vue  de  la  potabilité 
que  de  l'alimentation  des  chaudières. 
On  prélève  100"  de  l'eau  à  analyser 
dans  un  ballon  d'une  forme  particu- 
lière, on  ajoute  1/2'^*  ou  \'%  selon  que 
l'eau  est  plus  ou  moins  chargée,  de 
la  solution  alcaline  qui  sert  au  traite- 
ment préalable  pour  le  dosage  de  l'am- 
moniaque par  le  réactif  Nessler  (2), 
puis  on  porte  à  une  douce  ébuUition 
pendant  5  minutes  environ;  on  fait 
refroidir  sous  un  courant  d'eau,  puis  on  ramène  à  100"; 

(1)  C.  R,  de  l'Ac.  d.  Se,  2i  juin  1897. 

(2)  Carbonate  de  soude  pur  cristallisé  .  .  •    100  grammes 

Soude  caustique  à  l'alcool 50        — 

Eau  distillée 300        — 


—  284  —    •• 

on  mélange  en  impriniant  un  rapide  mouvement  circu- 
laire au  ballon,  puis  on  filtre  exactement  50*^.  Le  filtre 
et  son  entonnoir  sont  placés  sur  le  ballon  spécial. 

Dosnge  de  Vacide  sulfurique.  —  On  emploie  la  méthode 
déjà  ronnue,  de  la  précipitation  par  une  quantité  déter- 
minée de  chlorure  de  baryum,  puis  addition  de  chromate 
et  mesure  de  l'excès. 

Voici  comment  il  convient  d'opérer  :  les  50*^*  de  liqueur 
filtrée  sont  additionnés  de  2  gouttes  de  tournesol  et  acidi- 
fîêsi  pnr  5  à  10  gouttes  d'acide  chlorhydrique  pur  et  on 
pfirio  ii  l'ébuUition  pendant  3  ou  4  minutes  pour  chasser 
l'acide  rarbonique  ;  on  verse  alors  quelques  gouttes  d'am- 
moniaque pour  neutraliser  et  sans  retirer  du  feu,  on  verse 

exactement  10"  de  liqueur  ^  de  BaCl'2H'0,  on  retire  du 

feu  (^t  laisse  déposer  au  moins  15  minutes;  on  reporte  h 

N 

IVljiillition  et  verse  10*=*=  de  liqueur  —  de  chromate  (1); 

après  quelques  instants  d'ébuUition  on  fait  refroidir  sous 
un  courant  d'eau  et  on  filtre;  on  lave  deux  fois  le  ballon 
avec  at?scz  d'eau  pour  remplir  chaque  fois  le  filtre. 

Le  lîllratum  est  additionné  de  20"  d'une  solution  de 
sulfate  ferreux  (lO*'  de  sel  et  20"  d'acide  sulfurique  par 
litre)  (-2!.  puis  on  titre  avec  le  permanganate  décime  nor- 
mal Fexcès  de  sel  ferreux;  supposons  que  nous  ayons 
employé  ainsi  3",3. 

D'une  part,  et  une  fois  pour  toutes,  on  prélève  5"  de 
liqueur  de  chromate  auxquels  on  ajoute  20"  de  la  solution 
ferreuse  et  on  détermine  la  quantité  de  permanganate 
correjàpondant  au  sel  ferreux  non  oxydé  par  le  chromate, 
soit  :  16'^ 


(1)  On  fii^se  exactement  3«%690  de  bichromate  de  potasse,  on  dissout  dans 
TeaUj  an  Sjilurepar  l'ammoniaque  pure  et  complète  au  litre.  II  faut  s'assurer 
quL^  |{K'  de  cette  liqueur  correspondent  exactement  à  10"«  de  solution  de 
bâr}uiij,  ce  qui  est  facile. 

(^)  Cette  liqueur  peut  être  la  même  que  celle  que  Ton  emploie  pour  le 
à^^gc  dus  matières  organiques.  (Méthodes  du  comité  consultatif  d'hygiène.) 


—  285  — 

D'autre  part,  on  cherche  la  quantité  de  permanganate 
nécessaire  pour  oxyder  20**  de  liqueur  ferreuse,  soit  : 
19*«,5. 

Donc,  19",5 — 16=3",5  correspondant  au  fer  oxydé  (i). 

Ceci  étant  donné,  supposons  que  dans  un  dosage  nous 
ayons  employé  B'^SS  de  permanganate,  nous  dirons  : 
19*%5  — 3",3  =  16",2,  qui  représentent  la  quantité  de 
permanganate  correspondant  au  sel  ferreux  oxydé  par  le 
chromate  en  excès,  d'où  nous  déduirons 


x=- 


5x16,2 


3,5 


X  étant  le  nombre  de  centimètres  cubes  de  chromate  en 
excès,  d'où  :  xx;0,068=OaOSO*  par  litre  d'eau;  en  effet, 
le  nombre  de  centimètres  cubes  de  chromate  en  excès 
représente  celui  de  liqueur  de  baryum  qui  a  servi  à  pré- 
cipiter l'acide  sulfurique. 

Dosages  comparatifs  en  milligrammes  par  litre  : 


Par  pesée. 

Volumélriquement. 

Ox; 

y  gène 

consommé  (2), 

11 

9 

1,0 

70 

72,2 

*,i 

349 

343 

i 

396,4 

398,4 

3,8 

641,3 

639,2 

6,3 

Dosage  de  la  chaux,  —  Le  filtre  qui  a  servi  à  la  filtra- 
tion  pour  le  dosage  de  l'acide  sulfurique  est  arrosé  avec 
5**  d'acide  chlorhydrique  au  demi  et  lavé  en  emplissant 
deux  fois  le  filtre  d'eau  chaude  ;  on  rend  légèrement  am- 
moniacal puis  on  ajoute  10*^*  d'une  solution  d'oxalate  d'am- 
moniaque normal  décime,  on  complète  à  100^%  et  après 
agitation  on  laisse  déposer  une  demi-heure  au  moins. 

Après  ce  repos  on  peut  : 

1*  Doser  dans  une  partie  aliquote,  50**,  par  exemple. 


(1)  Co  chiffre  3*%5  est  inYariable,  bien  entendu. 

(2)  Nous  donnons  rO  correspondant  à  la  matière  organique  pour  faire  voir 
que  cette  dernière  influence  peu  les  résultats. 


—  286  — 

Tacide  oxalique  en  excès,  après  les  avoir  filtrés  puis  acidi- 
fiés par  un  peu  d'acide  azotique  pur  ; 

2*  Doser  Tacide  oxalique  dans  le  précipité  après  avoir 
filtré  puis  lavé  deux  fois  à  l'eau  ammoniacale,  puis  à  l'eau 
chaude.  Le  filtre  placé  sur  la  fiole  où  s'est  faite  la  préci- 
pitation est  arrosé  par  trois  fois  avec  5"  d'acide  azotique 
pur  au  demi  et  tiède;  après  dissolution  de  l'oxalate,  on 
lave  deux  fois  à  l'eau  bouillante  en  remplissant  chaque 
fois  le  filtre,  et  dans  la  liqueur  on  dose  l'acide  oxalique 
après  l'avoir  portée  vers  60*,  le  nombre  de  centimètres 
cubes  de  permanganate  décime  employé  x  0,028,  donne 
la  quantité  de  chaux  totale  contenue  dans  1  litre  d'eau. 

Dosages  comparatifs  en  milligrammes  par  litre  : 

Par  pesée.  Volumétriquemeat. 

9,6  8,5 

80,0  77 

247  2il 

Si  Teau  était  très  chargée,  il  suffirait  d'augmenter  le 
volume  des  réactifs  ;  si  on  ne  dispose  pas  de  fiole  spéciale, 
on  fait  bouillir  dans  une  fiole  jaugée  de  200''*  et  on  com- 
plète à  ce  volume;  on  filtre  alors  100*^  au  lieu  de  50" pour 
l'acide  sulfurique. 

On  peut,  à  l'aide  de  cette  méthode,  déterminer,  en 
moins  d'une  heure  les  quantités  d'acide  sulfurique  et  de 
chaux  et  mener  de  front  plusieurs  dosages. 


Recherche  du  Rocou  dans  le  lait;  par  M.  A.  Leys, 
chimiste  au  laboratoire  municipal  de  Paris. 

La  coloration  artificielle  du  lait  est  une  pratique  qui 
commence  à  devenir  courante  à  Paris.  Des  négociants 
peu  scrupuleux,  dans  le  but  de  donner  à  leur  marchandise 
l'apparence  de  qualités  qu'elle  -n'offre  pas  en  réalité,  lui 
donnent  une  légère  teinte  jaune  par  l'addition  d'une  faible 
quantité  de  matière  colorante. 


-^RTS^ 


—  287  — 

On  s'en  rend  compte  d'une  façon  grossière  en  laissant 
le  lait  se  coaguler  de  lui-même  ou  en  produisant  cette 
coagulation  par  la  présure.  On  jette  le  tout  sur  un  filtre  et 
on  laisse  écouler  le  petit-lait.  Le.  caséum  qui  reste  retient 
énergiquement  la  matière  colorante  avec  laquelle  il  forme 
une  véritable  teinture  et  présente  une  couleur  différente 
de  celle  qu'il  offre  à  Fétat  naturel. 

Dans  le  présent  travail  nous  nous  sommes  proposé  d'ex- 
traire et  de  caractériser  le  Rocou  employé  pour  la  colora- 
tion des  laits. 

Nous  traitons  50**  du  lait  suspect  dans  une  boule  à 
décantation,  par  un  volume  double  du  mélange  éthéro- 
alcoolique  suivant  : 

Alcool  à  93' s. 400  cent.  c. 

Éthor 3.200      — 

Eau 200      — 

AmmoDiaqae,  densité  0,92 80      — 

Ce  mélange  est  celui  qui  nous  sert  pour  doser  le  beurre 
par  la  méthode  Adam. 

Après  agitation,  on  abandonne  au  repos,  et  le  liquide 
ne  tarde  pas  à  se  séparer  en  deux  couches.  La  couche 
supérieure  est  une  solution  éthérée  de  la  matière  grasse 
du  lait,  l'autre  opalescente  tient  la  caséine  et  les  autres 
éléments  en  solution  dans  l'eau  éthéro-alcoolisée  ammo- 
niacale. La  matière  colorante  du  Rocou  passe  presque 
entièrement  dans  ce  liquide  ammoniacal  qu'elle  colore 
en  jaune  verdâtre. 

Après  un  repos  de  vingt  minutes,  on  recueille  cette 
couche  inférieure  dans  une  deuxième  boule  à  décantation 
et  on  lui  ajoute  par  petites  fractions  la  moitié  de  son 
volume  d'une  solution  à  10  p.  100  de  sulfate  de  sodium 
en  retournant  la  boule  sans  agiter  après  chaque  addition. 

Il  se  forme  un  précipité  qui  ne  tarde  pas  à  s'agglomérer 
en  grumeaux  assez  volumineux  blancs  qui  remontent  à  la 
surface. 

Grâce  à  ce  procédé,  on  parvient  à  séparer  la  majeure 


—  288  — 

partie  de  la  caséine  sans  entraîner  la  matière  colorante 
qui  reste  en  solution  dans  Teau  alcoolisée  ammoniacale. 
On  peut  alors  songer  à  l'extraire  par  Talcool  amylique, 
ce  qui  eût  été  impossible  auparavant  vu  l'affinité  de  la 
caséine  pour  le  colorant. 

Quand  tous  les  grumeaux  se  sont  rassemblés  et  que  le 
liquide  qui  les  baigne  s'est  éclairci,  on  décante  celui-ci 
au-dessus  d'une  toile  métallique  et  on  le  répartit  dans 
quatre  tubes  à  essais  que  l'on  remplit  aux  deux  tiei*s.  On 
complète  chaque  tube  avec  de  l'alcool  amylique  convena- 
blement décoloré  et  on  agite  fortement.  Il  se  produit  une 
émulsion  stable  de  l'alcool  et  pour  la  détruire  on  est 
obligé  d'employer  le  tour  de  main  suivant. 

On  plonge  les  quatre  tubes  dans  un  vase  de  Bohême 
renfermant  de  l'eau  distillée  froide  jusqu'à  mi-hauteur  et 
on  le  porte  au  bain-marie.  La  température  s'élève  lente- 
ment dans  les  tubes  et  l'alcool  amylique  remonte  peu  à 
peu  à  la  surface.  Quand  l'eau  atteint  80*,  l'opération  est 
ordinairement  terminée. 

L'alcool  s'est  rassemblé  entraînant  la  matière  colorante 
et  au-dessous  le  liquide  a  pris  une  teinte  rougeâtre  en 
même  temps  qu'il  laisse  échapper  de  fines  bulles  de 
vapeur.  On  retire  les  quatre  tubes  et  on  rassemble  dans 
une  capsule  l'alcool  amylique  que  l'on  fait  évaporer. 

Le  résidu  jaune  foncé  que  l'on  obtient  est  repris  par 
de  l'eau  chaude  ammoniacale  et  faiblement  alcoolique. 
On  y  plonge  une  bande  de  tissu  de  coton  convenablement 
blanchi  et  on  évapore  presque  complètement  au  bain- 
marie. 

On  retire  le  coton  teint  en  jaune,  on  le  lave  légèrement 
et  on  le  plonge  dans  une  solution  d'acide  citrique  ou  d'un 
autre  acide  faible.  Le  tissu  vire  instantanément  au  rose 
dans  le  cas  où  le  lait  était  coloré  au  Rocou. 

Un  lait  non  coloré  soumis  à  ce  traitement  donne  bien 
au  coton  une  légère  coloration  jaune,  mais  jamais  on 
n'observe  de  virage  par  un  passage  en  acide  citrique.  11 
en  est  de  même  quand,  au  lieu  d'avoir  affaire  au  Rocou, 


—  289  — 

on  se  trouve  en  présence  de  safran,  de  curcuma  ou  de  la 
matière  colorante  des  fleurs  de  souci. 

Le  virage  au  rose  du  coton  teint  en  jaune  est  donc 
caractéristique  et  indique  la  présence  du  Rocou  dans  le 
lait. 


Sur  la  préparation  du  gentianose; 
par  MM.   Em.   Bourquelot  et  L.   Nardin. 

Le  gentianose,  sucre  ayant  beaucoup  d'analogie  avec 
le  sucre  de  canne,  a  été  découvert,  en  1881,  dans  la 
racine  de  gentiane  (  Gentiana  lutea^  L.),  par  Arthur 
Meyer  (1).  Bien  que  la  gentiane  soit  une  plante  très  com- 
mune, au  moins  dans  certaines  contrées  de  l'Europe,  et 
que  Meyer  avoue  n'avoir  pu  élucider  certains  points  de 
ses  recherches,  parce  qu'il  a  manqué  de  produit,  il  ne 
semble  pas  qu'on  ait  tenté,  depuis  cette  époque,  soit  de 
vérifier  les  observations  du  chimiste  allemand,  soit  de 
compléter  son  travail. 

Il  nous  a  paru  que  cela  tenait  à  ce  qu'on  ne  disposait 
pas  d'ime  bonne  méthode  de  préparation  du  gentianose. 
En  réfléchissant  aux  conditions  biologiques  dans  les- 
quelles se  trouvent  en  général  les  polysaccharides  au  sein 
des  tissus,  nous  avons  été  amenés  à  imaginer  le  procédé 
suivant,  auquel  on  ne  peut  recourir  que  si  l'on  a  à  sa  dis- 
position de  la  racine  de  gentiane  fraîche  et  récoltée  de- 
puis quelques  heures  seulement. 

On  met  de  l'alcool  à  95**  dans  un  ballon  et  on  chauffe 
au  bain-marie  jusqu'à  l'ébullition.  On  découpe  alors  la 
racine  fraîche  en  tranches  minces,  que  l'on  fait  tomber 
au  fur  et  à  mesure  dans  l'alcool  bouillant.  Après  quoi  on 
relie  le  ballon  à  un  réfrigérant  ascendant  et  on  continue 
à  faire  bouillir  pendant  vingt  à  vingt-cinq  minutes. 

En  opérant  ainsi,  on  est  assuré,  si  la  racine  de  gentiane 
renferme  un   ferment  soluble    capable  d'hydrolyser    le 

(1)  Ueber  gentianose  ;  Zeitschr.  /.  physioL  ChemiCf  VI,  p.  135. 

Journ.  de  Pharm,  et  de  Chim,,  6'  SÉRIE,  t.  VII.  (15  mars  1898.)  19 


V  fp.^^'^' 


—  290  — 

gentianose,  de  détruire  ce  ferment,  de  telle  sorte  que  le 
sucre  ne  peut  être  décomposé. 

Après  refroidissement,  on  exprime,  on  filtre  et  on  dis- 
tille pour  retirer  Talcool.  Comme  le  liquide  restant  dans 
la  cornue  est  acide,  on  Tagite  avec  une  petite  quantité  de 
carbonate  de  chaux  précipité  et  on  filtre  de  nouveau. 
Enfin  on  évapore  au  bain-marie  en  consistance  d'ex- 
trait. 

Si  on  abandonne  cet  extrait  à  lui-même,  on  voit,  au 
bout  d'un  temps  assez  long,  se  former  des  cristaux  dans 
toute  la  masse.  Sans  tenir  compte  de  la  présence  de  ces 
cristaux,  d'ailleurs  difficilement  séparables,  on  dissout  au 
])ain-marie  l'extrait  dans  la  plus  petite  quantité  d'eau 
possible  (la  moitié  de  son  poids),  puis  on  ajoute,  toujours 
à  chaud,  de  l'alcool  à  95°  ((juatre  fois  et  demi  le  poids  de 
l'extrait).  L'opération  doit  se  faire  dans  un  ballon.  On 
laisse  reposer  à  la  température  du  laboratoire  pendant 
une  quinzaine  d'heures,  puis  on  décante  le  liquide  dans 
lin  autre  ballon,  pour  le  séparer  d'un  précipité  visqueux 
qui  reste  déposé  sur  les  parois  du  premier. 

La  cristallisation  commence  sitôt  après  ;  elle  se  fait 
très  lentement  et  ne  peut  être  considérée  comme  com- 
plète qu'au  bout  d'une  quinzaine  de  jours.  Les  cristaux 
forment  une  croiite  blanche  adhérente  aux  parois  du 
ballon.  On  les  purifie  en  les  faisant  cristalliser  à  nou- 
veau dans  l'alcool  à  95°. 

En  appliquant  ce  procédé  à  ^OO»""  de  racine  de  gentiane, 
récoltée  aux  environs  de  Belfort,  dans  le  courant  du  mois 
de  juillet,  nous  avons  obtenu  24»''  d'extrait,  dont  nous 
avons  pu  retirer  près  de  5*''  de  gentianose.  On  voit  ainsi 
que  l'^^^le  racine  fraîche  pourrait  donner  aisément  de  25 
à  IW  de  ce  sucre. 

Pi'opriétés  du  gentianose,  —  Le  gentianose  se  présente  en 
cristaux  lamelleux  complètement  blancs  et  ne  renfermant 
pas  d'eau  de  cristallisation.  Il  se  dissout  facilement  dans 
l'eau  en  donnant  des  solutions  incolores.  Il  fond  à  la 
température  de  207-209°  (chiffre  corrigé)  ;  Arthur  Meyer 
avait  trouvé  210°. 


—  291  — 

Chauffé  sur  une  lame  de  platine,  il  fond  d'abord,  puis 
brûle  sans  laisser  de  résidu. 

Il  est  dextrogyre.  Voici  les  chiffres  se  rapportant  à  deux 
déterminations  du  pouvoir  rotatoire  : 

1.  Poids  du  gentianose  desséché  à  lOO*".  Oo%4i80 

Volume  de  la  solution SS**' 

Longueur  du  tube 0'",2 

a  (moyenne  de   plusieurs  lectures).  1»7,  ou  1%1166 

d'où 

1,1166  X  25         ,    ,^^^^ 
'°=    2X0,448    =  +  ^^M^- 

H  Poids  du  gentianose  desséché  à  IW.  O^STiSS 

Volume  d»  la  solution 25"^* 

Longueur  du  lubc 0",2 

a 1»52,  =  1^866 

d'où 

1,866  X  25 

ao  =  -! Z2 =  ^  31%27. 

2  X  0.7i58        ^        ' 

Le  pouvoir  rotatoire  est  le  même,  qu'on  le  prenne 
immédiatement  après  la  dissolution  du  sucre  dans  l'eau 
ou  après  avoir  attendu  plusieurs  heures,  ou  encore 
lorsqu'on  effectue  la  dissolution  à  chaud.  Le  gentianose 
ne  présente  donc  pas  de  phénomène  de  birotation.  Ces 
observations  sont  en  désaccord  avec  celles  qu'a  pul)liées 
Arth.  Meyer,  qui  aurait  trouvé  pour  un  échantillon  de  son 
composé  dissout  à  100°  :  «d  =  +  65°, 7  et  pour  un  autre 
échantillon  dissout  à  froid  et  dont  la  solution  avait  été 
cependant  abandonnée  à  elle-m(*^me  pendant  une  nuit 
«D  =  +  33°, 36.  Mais  il  convient  d'ajouter  que  ce  chi- 
miste, manquant  de  produit,  n'a  pu  répéter  ses  obser- 
vations. 

Le  gentianose  ne  réduit  pas  la  liqueur  cupro-polassique. 
Il  est  très  facilement  interverti  par  les  acides  minéraux 
étendus  bouillants.  Le  produit  que  l'on  obtient  est  réduc- 
teur et  lévogyre,  comme  l'établit  Texpériencc  suivante. 

A  20"=*  de  solution  de  gentianose  à  0*5',448  pour  25",  on 
ajoute  3  gouttes  d'acide  sulfurique  ;  on  fait  chauffer  d'a- 
bord une  heure  à  80°  puis  deux  heures  au  bain-marie  à 
100°;  on  laisse  refroidir  et  on  rétablit  le  volume  primitif. 


—  292  — 

Le  liquide,  examiné  au  saccharimètre  (tube  de  0",2),  a 
donné  une  rotation  à  gauche  de  cinquante  minutes,  ce 
qui  correspond  à  un  pouvoir  rotatoire  de  l'ensemble  des 
sucres  produits  supérieur  à  20^  à  gauche.  La  réduction 
de  la  liqueur  cupro-potassique,  par  ce  liquide,  exprimée 
en  sucre  interverti,  correspondait  à  Ok',413  pour  25",  ce 
qui  laisse  supposer  que  l'hydrolyse  n'était  pas  complète 
on  qu'une  petite  portion  des  sucres  réducteurs  avait  été 
détruite. 


REVUE  SPÉCIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  PHARMACIE  ET  DE  CHIMIE. 


Les  inhalations  de  chloroforme  déterminent-elles  la  pro- 
duction d'oxyde  de  carbone  dans  le  sang? par  M.  L.  de 

Saint-Martin  (1).  —  Dans  une  Note  récente  (2),  MM.  De- 
grez  et  Nicloux  ont  annoncé  que  le  sang  de  chiens  long- 
temps maintenus  sous  le  chloroforme,  traité  par  l'acide 
acétique,  dégage  de  l'oxyde  de  carbone  (environ  5"  par 
litre).  Ils  ont  conclu  à  l'existence  de  ce  gaz  dans  le  sang 
des  sujets  anesthésiés,  et  attribué  sa  formation  à  la 
décomposition  du  chloroforme  par  les  liquides  alcalins 
de  l'organisme. 

L'auteur  a  repris  cette  étude,  car,  dit-il,  si  elle  était 
reconnue  exacte,  on  pourrait  justement  l'invoquer  comme 
contre-indiquant  l'emploi  du  plus  précieux  et  du  plus 
usité  des  agents  anesthésiques. 

Il  a  substitué,  à  la  méthode  indirecte  du  grisoumètre, 
l'emploi  du  spectroscope  et  le  dosage  direct  de  l'oxyde  de 
carbone  au  moyen  du  chlorure  cuivreux.  A  cet  effet,  il  a 
combiné  deux  procédés  qu'il  a  fait  précédemment  con- 
naître pour  la  recherche,  dans  le  sang,  de  traces  de  gaz 
rares  ou  anormaux  (oxyde  de  carbone,  hydrogène  proto- 
carboné), et  il  a  fait  porter  ses  expériences  non  seule- 

(1)  Ac.  d.  S.,  CXXVl,  533,  14  février  1898. 

(2)  Journ.  de  pharm.  et  de  chim.  [6],  VII,  35  et  36,  l"  janvier  1898. 


—  293  — 

ment  sur  le  sang  d'animaux  anesthésiés,  mais  aussi  sur 
le  sang  normal. 

rOO°<^  de  sang  sont  introduits  dans  le  ballon-récipient  d'une  pompe  à  mer- 
cure a?ec  iO^*  d*huile,  et  épuisés»  à  la  température  de  45*,  des  gaz  que  le 
iride  employé  seul  peut  enlever,  d'abord  à  Taide  de  la  trompe  à  eau  et  fina- 
lement en  manœuvrant  la  pompe.  Ces  gaz  ne  sont  pas  recueillis.  Quand  la 
pompe  ne  ramène  plus  que  des  traces  d'acide  carbonique  entièrement  absor- 
bable  par  la  potasse,  on  ajoute  au  sang  la  moitié  de  son  volume,  soit  250^, 
d'une  solution  saturée  d'acide  tartrique  récemment  bouillie  et  bien  exempte 
d'acide  sulfurique  libre.  Puis,  au  moyen  de  quelques  coups  de  pompe,  on 
extrait  les  gaz  dégagés  par  l'action  de  l'acide  sur  le  sang,  et  on  les  rassemble 
dans  une  éprouvctte  pleine  de  mercure.  Pour  terminer,  on  fait  passer  dans  le 
récipient  5**^  d'une  solution  de  carbonate  de  soude  soc  à  1  p.  100;  les  10*" 
d'acide  carbonique  qu'ils  renferment  sont  immédiatement  mis  en  liberté,  et 
on  les  réunit,  par  un  dernier  épuisement,  aux  gaz  déjà  recueillis. 

On  obtient  de  la  sorte  dans  l'éprouvette  30'^  à  40"**  de  gaz,  qu'on  soumet 
successivement  à  l'action  de  la  potasse  qui  en  absorbe  environ  les  neuf 
dixièmes,  puis  de  l'bydrosulfite  de  soude  pour  éliminer  l'oxygène,  s'il  en 
existe,  le  résidu,  composé  d'oxyde  de  carbone,  d'azote  et  peut-élre  de  traces 
d'hydrogène  et  d'hydrogène  protocarboné,  est  d'abord  agité  avec  une  dilution 
de  sang  de  chien  à  ^  de  centimètre  cube,  qu'on  a  pris  soin  de  priver  de  gaz 
tout  en  réduisant  l'hémoglobine,  en  la  maintenant  longtemps  à  40*  et  en  la 
soumettant  alternativement,  à  plusieurs  reprises,  à  l'action  du  vide  et  d'un 
courant  d'hydrogène. 

Ces  2"  de  sang  étendu  peuvent  absorber  au  maximum  0**,05  d'oxyde  do 
carbone,  et  en  absorbent  en  réalité  moins  de  la  moitié  dans  les  conditions  de 
Texpérience,  l'oxyde  de  carbone  n'existant  dans  le  mélange  gazeux  qu'en 
proportion  d'un  tiers  au  plus.  On  sépare  la  dilution  sanguine  du  résidu 
gazeux,  et  on  la  soumet  à  l'examen  spectroscopique,  après  addition  d'une 
goutte  de  sulfhydratc  d'ammoniaque,  dans  une  petite  cuve  close  exactement 
remplie  et  bien  bouchée.  L'oxyde  de  carbone  est  ensuite  dosé  dans  le  mélange 
gazeux,  par  absorption  au  moyen  du  chlorure  cuivreux  en  solution  chlorhy- 
drique. 

Voici  les  résultats  obtenus  par  cette  méthode,  chaque 
expérience  ayant  toujours  porté  sur  500"  de  sang  : 

Expérience  I.  —  Chien  de  30*»,  trachéotomisé,  canule  dans  la  trachée, 
aneslhésié  avec  un  mélange  titré  èi  10^'  de  chloroforme  par  hectolitre  d'air, 
maintenu  ensuite  endormi  pendant  deux  heures  avec  un  mélange  à  8^'  par 
heetolitre,  et  sacrifié  par  hémorragie.  Le  sang  a  été  recueilli  sur  de  l'oxalato 
de  potasse  (1*')  pour  empêcher  sa  coagulation. 

La  dilution  sanguine,  agitée  avec  le  résidu  gazeux,  présentait  à  un  haut 
degré  la  réaction  spectroscopique  de  l'oxyde  de  carbone  :  les  déterminations 
spectrophotométriques  y  accusaient  73  p.  100  de  l'hémoglobine  à  l'étal  oxy- 
carboné. 


—  294  — 

Oxyde  de  carbone  dans  le  gaz  restant  :  0*%9f ,  soit  1",82  par  litre. 

Expérience  IL  —  Sang  de  bœuf  normal,  recueilli  à  l'abattoir,  défibriné 
par  battage  en  Vabsence  de  toute  fumée  de  tabac. 

Réaction  spectroscopique  très  nette  de  l'oxyde  de  carbone. 

Oxyde  de  carbone  :  0°*,4,  soit  0~,8  par  litre. 

Expérience  IIL  —  Fort  chien,  soumis  aux  inhalations  de  chloroforme 
conime  dans  l'expérience  I. 

L'essai  speclroscopique  n'a  pas  été  pratiqué. 

Le  résidu  gazeux  a  fourni  1**,2  d'oxyde  de  carbone,  soit  2^,4  par  litre  de 
sang. 

Expérience  IV.  —  Sang  normal  d'un  chien  de  grande  taille,  exclusircmcnt 
nourri  au  lait  pendant  six  jours,  quelque  peu  anémié.  (Hémoglobine  par  litre 
de  sang  :  i3V\)  Sacrifié  par  hémorragie. 

La  dilution  sanguine  présente  très  nettement  les  caractères  spectrosco- 
piques  de  l'hémoglobine  oxycarbonée. 

Oxyde  de  carbone  :  0^,6,  soit  1~,2  par  litre  de  sang. 

Expérience  V.  —  On  fait  pénétrer,  dans  le  récipient  vidé  d'air  de  la 
pompe  h.  mercure,  250~  de  la  solution  d'acide  tarlrique  employée  pour  les 
expériences  précédentes,  10"^  d'huile,  ^'  d'oxalate  neutre  de  potasse  et  20*"'  de 
la  solution  de  carbonate  de  soude  à  1  p.  100,  et  l'on  procède  èi  Tépuisement  à 
chaud. 

Les  gaz  recueillis,  traités  comme  ci-dessus,  ne  renferment  pas  trace  d'oxyde 
de  carbone. 

Les  petites  quantités  de  ce  gaz,  dosées  dans  les  expériences  1  à  IV,  viennent 
donc  bien  des  échantillons  de  sang  et  non  des  réactifs  employés. 

En  résumé,  dit  Tauteur,  on  voit  que  le  sang  normal, 
de  même  que  le  sang  des  animaux  soumis  aux  inha- 
lations de  chloroforme,  dégage,  lorsqu'on  le  traite 
dans  le  vide  à  40°,  par  un  acide  organique,  de  petites 
quantités  d'oxyde  de  carbone,  comprises  entre  0,08 
et  0,2  p.  100.  Ce  gaz  préexiste-t-il  dans  le  sang?  Je 
ne  le  pense  pas  et  je  crois  plutôt  qu'il  prend  nais- 
sance par  l'action  de  l'acide  sur  une  substance  conte- 
nue dans  le  sang,  et  cela  par  un  mécanisme  analogue  à 
celui  qui  produit  des  traces  d'oxyde  de  carbone  lors  du 
dosage  de  l'oxygène  au  moyen  des  pyrogallates  alcalins. 


Sur  les  glycérophosphates  de  quinine;  par  M.   E.  Fa- 

LiÈREs  (1).  —  Le  glycérophosphate  de  quinine  tendant  à 
remplacer  le  sulfate  de  quinine,   par  suite  de  sa  plus 

(1)  Bull,  de  la  Soc.  de  Pharm.  de  Bordeaux  (Exlrait). 


—  295  — 

grande  solubilité  et  des  propriétés  particulières  de  Tacide 
phosphoglycérique,  l'auteur  s'est  proposé  de  fixer  les 
conditions  de  préparation  et  de  contrôle  d'un  produit 
pur. 

La  théorie  prévoit. et  l'expérience  confirnne  l'existence 
de  deux  glycérophosphates  de  quinine  correspondant 
aux  deux  sulfates  ou  chlorhydrates  connus  (sel  ba- 
sique, sel  neutre). 

Glycêrophosphate  basique  : 

u  H  u  ^^\o(c«oip*Az»0'+  '^^  ^ 

On  ne  réussit  pas  à  obtenir  ce  sel  pur,  par  double  décora- 
position  d'un  glycêrophosphate  alcalin  et  d'un  sel  ba- 
sique de  quinine.  Le  glycêrophosphate  de  quinine,  même 
après  des  lavages  prolongés  renferme  toujours  des  sul- 
fates ou  des  chlorures.  Le  procédé  suivant  donne  un 
produit  pur,  de  composition  constante  : 

Dans  400  ou  500«'d'éther  à  0,720  on  fait  dissoudre  75«%6 
(2/10*'  de  molécule  en  poids)  de  quinine  cristallisée.  On 
ajoute  à  cette  solution  17«^2  (1/10*  de  molécule  en 
poids)  (1)  d'acide  phosphoglycêrique  bien  privé  de  glycé- 
rine et  dissous  dans  50  ou  60*'  d'alcool  à  96°.  Il  se  pro- 
duit un  abondant  précipité  blanc  qui  se  rassemble  rapi- 
dement au  fond  du  vase  :  Il  est  constitué  par  de  longues 
et  fines  aiguilles.  Le  liquide  surnageant  ne  contient  que 
des  traces  d'acide  phosphoglycêrique  et  de  quinine. 

On  agite  fréquemment  le  mélange  pendant  quelques 
heures  :  le  précipité  est  recueilli  sur  un  filtre  et  lavé 
à  deux  ou  trois  reprises  avec  40  ou  50«'  d'éther.  Quand  la 
masse  peut  se  détacher  convenablement  du  filtre,  on 
l'élale  sans  pression  sur  des  plaques  de  porcelaine  dé- 
gourdie où  elle  achève  de  se  dessécher  spontanément  à 
l'air  libre. 

La  dessiccation  est  complète  quand  on  ne  perçoit  plus 
l'odeur  de  l'éther. 

(1)  Soit  34»',4  d'acide  à  50  p.  100. 


—  296  — 

Le  glycérophosphate  de  quinine  ainsi  obtenu  se  pré- 
sente sous  la  forme  d'une  poudre  cristalline  très  blanche, 
légère,  inaltérable  à  l'air,  facilement  soluble  dans  l'acide 
phosphorique  étendu,  insoluble  dans  Téther.  1  partie  se 
dissout  dans  353  parties  d'eau  distillée  à  +15*,  dans 
26  parties  d'alcool  absolu  et  dans  28  parties  de  glycé- 
rine officinale.  Ce  sel  renferme  exactement  1  molécule 
d'acide,  2  molécules  de  quinine  et  7  molécules  d'eau,  soit 
68,68  p.  100  de  quinine  et  18,22  p.  100  d'acide. 

Sel  neutre  :  C»H»PO«.C"n**Az*0*+  10H*O.  —  Poudre 
cristalline,  légèrement  jaunâtre,  humide  au  toucher, 
d'aspect  corné  quand  on  la  prive  d'une  partie  de  son  eau 
de  cristallisation,  solul)le  dans  145  parties  d'eau  et  dans 
16  parties  d'alcool  absolu.  On  prépare  ce  sel  de  la  même 
manière  que  le  glycérophosphate  basique,  mais  en  pre- 
nant 1  molécule  de  quinine  seulement  pour  1  molécule 
dacide  phosphoglycêrique. 

Le  véritable  sel  officinal  sera  le  glycérophosphate  ba- 
sique; il  présente  toutes  les  garanties  de  pureté  et  de 
conservation  qu'on  doit  demander  aux  médicaments  chi- 
miques et  se  prête  aux  formes  d'administration  les  plus 
variées. 

Essai  du  glycérophosphate  de  quinine.  —  Dans  un  bal- 
lon en  verre  contenant  50  à  60«''  d'un  mélange  à  parties 
égales  d'eau  distillée  et  d'alcool  à  95°  bien  neutre,  on  in- 
troduit 1»'  du  glycérophosphate  à  essayer  avec  quelques 
gouttes  de  phtaléine  du  phénol.  On  porte  le  tout  à  l'ébul- 
lition  :  le  glycérophosphate  se  dissout.  On  ajoute  de  l'eau 
distillée  (25  ou  30«')  et  l'on  verse  de  la  potasse  déci-nor- 
male  jusqu'à  production  d'une  teinte  rose  persistante  : 
soit,  par  exemple,  2i",2. 

21,2x0,0086  =  0,1823,  c'est-à-dire  18,23  p.  100  d'an- 
hydride phosphoglycêrique. 

Si  l'on  a  affaire  à  un  sel  pur,  comme  celui  qui  est  pré- 
paré dans  l'éther,  le  dosage  par  la  potasse  fait  connaître 
en  même  temps  la  quantité  de  quinine  contenue  dans  la 
prise  d'essai  : 

21,2  X  0,0324  =  0,6868,  soit  68,68  de  quinine  p.  100. 


—  297  — 

Comme  la  base,  ou  l'acide,  peuvent  être  en  excès  dans 
les  produits  commerciaux,  il  y  a  lieu,  après  titrage  de 
l'acide,  de  doser  aussi  la  quinine.  Pour  cela,  on  porte  à 
l'étuve,  dans  une  capsule  tarée,  !«'  de  glycérophosphate 
de  quinine  dont  on  connaît  le  titre  en  acide  phosphogly- 
cérique.  Le  sel  ne  tarde  pas  à  entrer  en  fusion  :  on  main- 
tient la  masse  pendant  une  heure  à  la  température  de 
130*».  La  perte  de  poids,  à  laquelle  on  ajoute  le  poids  de 
l'acide  phosphoglycérique,  fait  connaître,  par  différence, 
la  proportion  de  quinine. 


Recherches  sur  le  phosphore  organique;  par  M.  L.  Joly(1). 
—  La  substance  à  étudier  étant  bien  homogène  de  com- 
position, on  la  divise  en  deux  parties  égales  :  la  première 
est  desséchée,  puis  incinérée  progressivement  sans  aller 
jusqu'à  la  disparition  complète  du  charbon.  Celui-ci,  pul- 
vérisé, est  épuisé  par  l'acide  chlorhydrique  dilué  bouil- 
lant ;  l'acide  phosphorique  est  précipité  à  l'état  de  phos- 
phate ammoniaco-magnésien.  Séparé  par  filtration,  ce 
précipité  est  redissous  et  l'acide  phosphorique  est  dosé 
par  la  solution  uranique. 

La  seconde  partie  est  oxydée  à  chaud  par  un  grand 
excès  d'acide  nitrique  pur  jusqu'à  décoloration  complète 
de  la  masse.  Vers  la  fin,  on  ajoute  quelques  grammes  de 
nitrate  de  potasse  pur,  afin  que  l'oxydation  soit  parfaite. 
La  masse,  desséchée,  puis  calcinée,  est  traitée  comme  ci- 
dessus. 

La  différence  entre  les  deux  quantités  d'acide  phospho- 
rique trouvées  à  l'analyse  permettra  de  déterminer  le 
phosphore  organique. 

Sachant  que  les  phosphates  minéraux  calcinés  en  pré- 
sence du  charbon  perdent  une  partie  de  leur  acide  phos- 
phorique qui,  d'abord  transformé  en  phosphure  métal- 
lique, disparaît  ensuite  à  l'état  de  phosphure  d'hydrogène, 
quand  la  masse  calcinée  est  traitée  par  l'acide  chlorhy- 
drique pour  séparer  les  phosphates,  l'auteur  a  fait  les 
expériences  suivantes  : 

(1)  Ac,  d.  se,  CXXVI,  550,  14  février  1898. 


4Ji 


—  298  — 

V  20s'  de  légamine  sèche  ont  été  calcinés  sans  aucune  addition  ;  on  a 
retiré  : 

Acide  phosphorique 0,090 

S"  20^  de  même  substance  ont  été  additionnés  de  ^  de  bicarbonate  de 
soude  pur  disssous.  La  masse  est  gonflée,  sans  trace  de  dissolution  après 
vingt-quatre  heures  de  contact.  Séchée,  puis  calciuée,  elle  adonné  : 

Acide  phosphorique 0,135 

d**  Une  autre  quantité  égale  de  légumine  a  été  additionnée  de  l^  de  soude 
caustique  pure  dissoute.  Après  vingt-quatre  heures,  la  masse  est  devenue  pâ- 
teuse, gluante,  comme  dissoute.  Desséchée,  puis  calcinée,  on  trouve  : 

Acide  phosphorique 0,280 

.  Ces  résultats  indiquent  que  les  substances  à  étudier  doivent  élre  calcinées 
en  présence  d*un  excès  d'alcali  caustique. 

À**  iO<^  de  légumine  sont  traités  à  chaud  par  un  grand  excès  d*acide 
nitrique  pur  jusqu'à  décoloration.  Vers  la  fin  de  l'évaporation  effectuée  lente- 
ment, la  masse  est  additionnée  de  4b'  de  soude  caustique,  puis  desséchée  avec 
grande  précaution  et  enfin  calcinée  lentement  afin  d'éviter  une  déflagration 
vive  avec  projection  de  matière.  Le  résultat  a  été  : 

Acide  phosphorique 0,280 

Le  gluten  soumis  à  deux  traitements  identiques  a  fourni  les  résultats  sui- 
vants : 

1*  20^  non  oxydés  renferment  :  aeide  phosphorique 0,030 

2®  20"'  oxydés  donnent  :  acide  phosphorique 0,030 

Les  substances  animales  qui  ont  servi  à  ces  analyses 
ont  été  empruntées  au  mouton  :  cerveau  et  chair  muscu- 
laire (gigot). 

Une  cervelle  de  mouton  du  poids  de  110<"a  été  réduite  en  pulpe  homogène 
et  divisée  en  deux  parties  de  oO»'  chacune. 

La  première,  additionnée  de  4^  de  soude  caustique,  évaporée,  puis  calci- 
née, a  donné  : 

Acide  phosphorique 0,225 

La  seconde,  traitée  par  Tacide  nitrique  et  la  soude  caustique,  comme  il 
est  dit  plus  haut,  a  donné  : 

Acide  phosphorique 0,225 

Un  fragment  de  chair  musculaire  de  mouton  a  été  haché  finement,  afin 
que  la  masse  soit  aussi  homogène  que  possible,  et  divisé  en  deux  parties  de 
50«'  chacune. 

La  f*,  calcinée  en  présence  de  la  soude,  donne  :  acide  phosphorique  0,140 
La  2*,  oxydée  puis  calcinée  avec  soude,  donne  :  »  0.140 


—  299  -- 

Le  cerveau  de  mouton  est  presque  deux  fois  plus  riche 
en  acide  phosphorique  que  son  tissu  musculaire. 

Ces  analyses  ne  confirment  donc  pas  l'existence  du 
phosphore  métalloïdique  non  oxydé  intégré  dans  une 
molécule  organique. 

Elles  faciliteront  la  démonstration  prochaine  que  les 
expériences  de  MM.  Lépine  et  Aubert,  publiées  en  1884, 
ne  permettent  pas  d'affirmer  qu'il  y  a  élimination  par  la 
voie  urinaire  de  phosphore  incomplètement  oxydé. 


Dosage  du  carbone  urinaire;  par  M.  F.  Chappelle  (i). — 
L'auteur  emploie  le  procédé  à  l'acide  chromique  de  M.  J. 
Barnes,  qui  semble  transformer  aussi  complètement  que 
possible  le  carbone  en  acide  carbonique  et  permet  de 
titrer  l'excès  d'acide  chromique  non  utilisé  et  de  doser 
parla  même  l'acide  carbonique. 

1<»  Solution  d'acide  chromique,  —  Dissoudre  6«^20  de 
bichromate  de  potasse  dans  de  l'eau  distillée,  ajouter  50" 
d'acide  sulfurique  pur  et  compléter  le  volume  à  un  litre. 
L'addition  d'acide  sulfurique  permet  d'éviter  l'incon- 
vénient que  présentent  généralement  les  solutions  ordi- 
naires de  bichromate  de  potasse,  qui  ne  mouillent  pas  le 
verre,  en  sorte  que  leur  emploi  dans  les  titrages  volumé- 
triques  devient  très  difficile. 

2<»  Solution  de  sulfate  ferreux,  —  Dissoudre  18«'  de  sul- 
fate ferreux  cristallisé  dans  un  mélange  de  100*=*  d'acide 
sulfurique  concentré  et  200^^  d'eau  distillée.  Lorsque  le 
liquide  est  froid,  on  complète  son  volume  à  500'*^ 

En  mélangeant  10"  de  cette  solution  et  10"  de  la  solu- 
tion chromique,  on  doit  obtenir  une  liqueur  contenant 
encore  un  peu  de  sel  ferreux  en  excès.  L'emploi  d'un  grand 
excès  d'acide  sulfurique  dans  la  préparation  de  la  solution 
de  fer  a  pour  but  de  maintenir  son  titre  plus  constant. 

N 
3*  Solution  de  permanganate  de  potasse,  — -•  —  On  me- 
sure 50"  de  la  solution  à  essayer  ;  si  l'on  opère  sur  une 

(1)  Bull,  de  pharm.  de  LyoUj  février  ihOS. 


—  300  — 

moins  grande  quantité,  il  faut  toujours  compléter  le 
volume  à  50*'  avec  de  Teau  distillée.  (Nous  prenons  1"* 
d'urine  et  49*^*  d'eau  distillée.)  On  verse  le  liquide  dans 
une  fiole  de  400"  et  Ton  ajoute  25**  d'acide  sulfurique 
pur  (1).  On  agite  le  mélange  et  on  le  verse  dans  10**  de  la 
solution  chromique.  On  couvre  la  fiole  au  moyen  d'un 
verre  de  montre  et  on  la  place  sur  un  bain-marie  où  elle 
doit  séjourner  pendant  une  heure.  Après  refroidissement, 
on  ajoute  10**  de  la  solution  de  sulfate  ferreux,  on  verse  le 
tout  dans  un  demi-litre  d'eau  distillée  froide  et  on  achève 
le  titrage  au  permanganate. 

Il  est  indispensable  de  faire  un  essai  à  blanc  en  opé- 
rant sur  50**  d'eau  distillée,  de  façon  à  déterminer  la 
quantité  de  permanganate  nécessaire  à  la  coloration  du 

N 
liquide.  Pour  cet  essai,  il  faut  1**,5  de  caméléon  —  :  par 

conséquent,  dans  chaque  dosage  du  chifi're  de  centimètres 
cubes  de  caméléon  employés,  il  faudra  retrancher  1**,5 
comme  constante.  Dans  les  chiffres  que  l'on  citera  plus 
bas,  cette  défalcation  est  faite.  Il  faut  s'arrêter  dans 
l'appréciation  de  la  limite  atteinte,  dès  l'apparition  de  la 
teinte  franchement  rose. 

Du  volume  de  solution  de  caméléon  en  centimètres 
cubes  on  déduit  l'oxygène  absorbé,  et  de  cette  quantité 
d'oxygène,  la  quantité  de  carbone. 

L'auteur  donne  un  grand  nombre  de  résultats,  et  il  en 
conclut  ce  qui  suit,  tout  en  disant  que  ces  recherches  ont 
besoin  d'être  poursuivies  pour  permettre  de  donner  des 
conclusions  fermes  : 

1^  L'urine  de  l'adulte  contient  en  normal,  dans  son 
déchet  organique,  de  10  à  i2«'  de  carbone  par  litre  ; 

2*»  L'urine  de  l'enfant  contient  plus  de  carbone  orga- 
nique que  l'urine  de  l'adulte  ; 

3°  Le  carbone  du  déchet  organique  de  l'urine  varie 
peu  dans  l'espace  de  24  heures  ;  il  est  un  peu  plus  abon- 
dant pendant  la  digestion  ; 

(1)  Par  petite  fraction,  en  évitant  réchauffement  de  la  masse. 


—  301  — 

4*  Ce  carbone  reste  constant  chez  le  même  sujet,  et  le 
régime  restant  le  même,  il  ne  varie  pas  d  un  jour  à  l'autre  ; 

5*  Le  carbone  organique  de  l'urine  augmente  dans  les 
albuminuries,  les  auto-intoxications,  dans  certaines  aifec- 
tions  du  foie,  dans  certaines  affections  de  Testomac  où 
il  y  a  hypochlorhydrie  ; 

6*  Dans  le  diabète  sucré,  le  taux  du  carbone  organique 
peut  atteindre  plus  de  100*'  par  24  heures.  L'auteur  n'a 
pas  voulu  donner  les  chiffres  du  carbone  trouvés  dans  les 
urines  sucrées,  parce  qu'il  se  propose  de  publier  à  ce 
sujet  un  travail  d'ensemble  où  il  conseillera  de  rejeter 
l'usage  en  urologie  du  réactif  de  Fehling  et  de  n'employer 
que  le  dosage  du  carbone  pour  suivre  la  marche  du  dia- 
bète sucré. 


Diagnose  rapide  du  pigment  des   sables  intestinaux; 

par  M.  Denigês  (1).  —  La  connaissance  de  la  matière 
colorante  fixée  aux  sables  intestinaux  permet  souvent  de 
soupçonner  et  parfois  même  d'affirmer  l'origine  biliaire 
ou  purement  intestinale  de  ces  concrétions. 

Le  procédé  suivant,  application  des  faits  que  l'auteur 
a  publiés  au  sujet  de  l'urobiline  et  des  calculs  biliaires, 
permet  une  diagnose  facile  du  pigment  cherché  : 

1*»  On  met  dans  un  tube  à  essai  gros  comme  une  len- 
tille du  sable  à  essayer,  2"  d'eau  et  une  égale  quantité 
de  sulfate  mercurique  obtenu  en  dissolvant  5«'  d'oxyde 
mercurique  dans  un  mélange  de  100"  d'eau  et  20"  d'acide 
sulfurique  pur. 

On  porte  le  contenu  du  tube  à  TébuUition  pendant 
environ  une  minute  et  on  filtre. 

Si  le  liquide  filtré  est  jaune  rougeàtre  ou  rouge  et  pré- 
sente au  spectroscope  une  bande  d'absorption  dans  le 
])leu,  le  sable  examiné  est  coloré  par  de  l'urobiline.  8i  ce 
liquide  ne  présente  pas  ces  caractères,  on  peut  conclure  à 
l'absence  de  ce  pigment. 

2**  On  introduit  dans  un  autre  tube  à  essai  autant  de 

(1)  Bull,  de  la  Soc.  de  pharm.  de  Bordeaux,  janvier  1898. 


—  302  — 

substance  à  analyser  que  dans  Texpérience  précédente 
et  2"  d'acide  acétique  cristallisable,  puis  on  fait  bouillir 
le  tout  pendant  une  minute. 

Si  au  bout  de  ce  temps  le  liquide  surnageant  est  inco- 
lore, c'est  qu'il  nV  a  pas  de  pigments  biliaires  dans  le 
sable  essayé;  s'il  est  coloré,  ^a  teinte  peut  être  due  à  de 
l'urobiline  (elle  est  alors  plus  ou  moins  rougeâtre)  ou  à 
des  pigments  biliaires  (elle  est,  dans  ce  cas,  jaune  ou  ver- 
dâtre)  ou  enfin  à  un  mélange  de  ces  divers  colorants. 

Pour  s'assurer  de  la  présence  des  pigments  biliaires, 
on  partage  à  la  décantation,  Tacide  acétique  de  Fessai 
dans  deux  autres  tubes. 

L'une  des  portions  est  additionnée  de  quelques  gouttes 
d'eau  oxygénée  et  chauffée  à  Tébullition  ;  elle  deviendra 
verte  si  le  sable  intestinal  est  coloré  par  des  principes  de 
la  bile. 

L'autre  part,  refroidie  à  la  température  ambiante,  est 
traitée  par  une  goutte  d'azotite  de  sodium  à  1  p.  100,  les 
pigments  biliaires  se  décèleront  par  l'apparition  d'une 
teinte  d'abord  verte,  puis  rapidement  bleuâtre  et  enfin 
rose  violacé. 

Les  sables  intestinaux  ne  renfermant  que  de  l'urobiline 
(stercobiline)  sont  d'origine  purement  intestinale;  ils  sont 
le  plus  souvent  formés  de  phosphates  magnésiens  et  cal- 
caires, avec  ou  sans  carbonate  de  chaux,  associés  très  fré- 
quemment à  des  cellules  végétales  (cellules  pierreuses  de 
poire  ou  de  pomme).  Leur  couleur  est  brune  ou  grisâtre; 
l'acide  acétique,  même  bouillant,  ne  les  attaque  qu'en 
partie. 

Les  sables  biliaires,  généralement  jaunes,  renferment 
du  bilirubinate  et  du  carbonate  de  chaux  accompagnés  ou 
non  de  cholestérine  ;  l'acide  acétique  les  dissout  aisément 
à  chaud. 


Les  nouveaux  pigments  biliaires;  par  MM.  A.  Dastre  et 
N.  Floresco.  —  Il  n'y  a  pas  dans  la  bile  naturelle  que 
les  deux  pigments  bilirubine  et  biliverdine,  ce  dernier 
dérivant  du  premier  par  une  simple  oxydation. 


—  303  — 

Les  auteurs  admettent  Texistence  d'autres  pigments 
qu'ils  nomment  intermédiaires  ou  biliprasiniques. 

L'existence  de  ces  pigments  est  mise  en  évidence  par 
les  plus  simples  expériences,  à  savoir  les  virages  que 
déterminent  :  1®  l'action  de  l'acide  carbonique  ;  2°  l'action 
alternative  des  acides  (acide  acétique  cristallisable)  et  des 
alcalis  (soude  30  p.  100)  ;  3*  l'action  du  vide. 

Le  pigment  biliprasinique  jaune,  jaune  brun  (bilipra- 
sinate  sodique)  est  celui  qui  donne  à  la  bile  du  veau  sa 
couleur  jaune.  Il  existe  dans  les  autres  biles  jaunes.  Il 
se  dislingue  du  pigment  bilirubinique  par  les  caractères 
suivants  :  i*  le  courant  d'acide  carbonique  le  colore  en 
vert  (biliprasine)  ;  2**  de  même  l'acide  acétique  cristalli- 
sable et  en  général  tous  les  acides,  surtout  en  présence 
de  l'alcool  ;  3*»  il  n'est  pas  stable  dans  le  vide,  il  s'y  déco- 
lore sous  l'action  de  la  lumière.  Il  résulte  de  là  entre 
autres  conséquences  et  contrairement  à  ce  qui  a  été 
soutenu  que  la  bile  jaune  peut  devenir  bile  verte  sans 
oxydation  nouvelle. 

Le  second  pigment  biliprasinique  est  vert  'biliprasine). 
Il  constitue  le  pigment  ordinaire  de  la  bile  fraîche  du 
bœuf,  du  lapin.  Il  existe  dans  les  autres  biles.  Il  se  dis- 
tingue de  la  biliverdine  par  les  caractères  suivants  : 
t«  l'addition  de  quelques  gouttes  d'alcali  le  fait  passer  au 
jaune  (biliprasinate)  ;  2®  le  vide  fait  passer  au  jaune  (bili- 
rubine). Le  pigment  jaune  est  la  solution  alcaline  (sel 
alcalin)  du  pigment  vert  (acide).  L'acide  l)iliprasinique 
est  déplacé  par  CO',  tandis  que  pour  la  bilirul)ine  et  la 
biliverdine,  c'est,  au  contraire,  le  pigment  qui  déplace 
l'acide  carbonique  des  carbonates. 

Les  pigments  biliprasiniques  sont  intermédiaires  aux 
deux  autres  au  point  de  vue  de  l'oxydation  et  de  l'hydra- 
tation. Quand  on  réalise  l'oxydation  ménagée  de  la  bili- 
rubine au  moyen  de  la  solution  alcoolique  diode,  on 
trouve  le  stade  biliprasine  avant  le  stade  biliverdine. 
Il  en  est  de  môme  dans  l'oxydation  spontanée  à  Fair,  sous 
l'influence  de  la  lumière  ou  de  la  chaleur.  Le  vide  qui 
dissocie  lentement  la  biliprasine  est    sans  effet  sur  le 


—  304  —  ^ 

stade  plus  avancé,  biliverdine.  Tous  ces  pigments  dé- 
rivent d'ailleurs  de  la  bilirubine,  pigment  fondamental 
originel.  Les  auteurs  ont  étudié  les  transformations  spon- 
tanées de  ce  pigment  et  leurs  conditions.  Ces  transfor- 
mations dépendent  de  quatre  facteurs.  Le  facteur  indis- 
pensable (sauf  pour  la  transformation  des  pigments  bili- 
prasiniques  l'un  dans  l'autre),  c'est  l'oxygène.  Les  autres 
sont  adjuvants,  à  savoir  :  la  réaction  du  milieu,  la  cha- 
leur, la  lumière. 

Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  l'alcalinité  marquée 
est  défavorable  à  la  formation  des  pigments  biliprasi- 
niques  ;  elle  contribue  donc  à  la  stabilité  des  bilirubi- 
nates.  La  neutralité  ou  l'acidité  favorisent  l'apparition 
précoce  du  pigment  vert,  biliprasine. 

La  chaleur  ménagée  favorise  extrêmement  la  transfor- 
mation du  bilirubinate  en  biliprasinate  ;  elle  favorise 
encore,  mais  à  un  degré  beaucoup  moindre,  le  passage 
de  ce  dernier  au  stade  déflnif  (biliverdine,  biliverdinate). 

La  lumière  (dans  toutes  les  parties  du  spectre)  fait 
passer  rapidement  le  pigment  originel  à  l'état  de  pig- 
ment biliprasinique  et  également  celui-ci  à  l'état  de 
pigment  définitif. 

Il  est  possible  que  la  transformation,  oxydation,  hydra- 
tation du  pigment  originel  (bilirubine)  commence  dans 
la  cellule  hépatique  et  les  canalicules  biliaires.  Dans 
tous  les  cas,  elle  se  poursuit  dans  la  vésicule.  Or,  les 
conditions  artificielles  de  cette  transformation  (oxygène, 
lumière,  chaleur)  n'y  sont  pas  réalisées.  De  là  l'hypothèse 
d'une  condition  particulière  ou  d'un  agent  particulier 
d'oxydation  dans  l'organisme^  intervenant  dans  le  foie  et 
passant  en  partie,  dans  la  bile. 


Analyse  des  poudres  de  réglisse;  par  M.  0.  Kinzey  (1). 
—  La  valeur  des  extraits  de  réglisse  dépend  surtout  de 
la  quantité  de  glycyrrhizine  présente. 

(l)  Amer,  Journ.  ofPharm,,  1898,  p.  23;  d'après  ^nn.  de  chim,  analyl.^ 
févr.  1898. 


—  305  — 

L'auteur  a  reconnu  que  la  méthode  suivie  ordinaire- 
ment, pour  le  dosage  de  la  glycyrrhizine,  a  le  défaut  de 
dissoudre  partiellement  les  matières  amylacées,  les- 
quelles bouchent  les  pores  des  filtres  et  retîirdent  beau- 
coup le  dosage.  ... 

Il  propose  la  méthode  d'analyse  suivante  : 

Humidité.  —  On  pèse  dans  un  creuset  '  de  porcelaine 
environ  1«'  d'extrait  et  on  dessèche  à  100-11Û\ 

La  perte  de  poids  donne  la  quantité  d'eau  présente; 

Cendres.  —  Le  résidu  provenant  de  l'opération  préc^fe^ 
dente  est  calciné  au  rouge  sombre  sur  un  bec  Bunsen, 
jusqu'à  poids  constant, 

Matières  insolubles.  —  !«'  de  l'extrait  est  épuisé  par  25^* 
du  dissolvant  suivant  : 

Eau  mnmoniacale 40<^*  ' 

Alcool  officinal.  • 240«« 

Eau. 7«K* 

Le  mélange  d'extrait  et  de  dissolvant  est  agité  à  inter- 
valles rapprochés  pendant  une  heure,  puis  on  laisse 
reposer  pendant  12  heures.  Le  liquide  surnageant  est* 
alors  décanté  sur  un  filtre  taré,  et  le  résidu  est  traité  de: 
nouveau  par  5**  du  dissolvant.  On  laisse  reposer,  puis  on 
décante  comme  précédemment.  Finalement,  on  passe  les 
matières  insolubles  sur  le  filtre  et  on  lave  jusqu'à  obten- 
tion d'un  filtrat  incolore.  Le  résidu  est  desséché  à.  100- 
110*,  puis  pesé. 

Glycyrrhizine. — Le  liquide  filtré  obtenu  dans  l'opération 
précédente  est  acidifié  avec  SO*H*  dilué,  qui  précipite  la 
glycyrrhizine  en  flocons  brun  foncé,  qui  se  rassemblent, 
par  le  repos.  On  filtre  sur  un  filtre  taré,  on  lave  avec  de 
l'eau  légèrement  acidulée  avec  de  l'acide  acétique,  jus- 
qu*â  élimination  complète  de  80* H*;  puis  on  dessèche  « 
à.  une  température  maxima  de  105*,  la  glycyrrhizine  se 
décomposant  au-dessus. 

Le  tableau  suivant  représente  la  composition  de  plu^ 

Journ.  Je  Pkarm,  et  de  Chim,,  «•  s(lUS,  t.  VII.  (15  mare  189S.)         20  l 


—  306 


sieurs   écha 

intillons   de 

poudres 

de  régliss 

e   d'origine 

diverse  : 

Matières 

Origine. 

Humidité. 

Cendres. 

insolubles. 

Glycyrrhizine. 

Espagne.  . 

6,52 

3,70 

36,52 

6,40 

Grèce.  . 

6,26 

8,18 

22,06 

14,39 

Espagne. 

.  •  •          5,00 

5,51 

25,54 

10,75 

Amérique 

5,62 

6,79 

12,27   , 

7,63 

Espagne. 

7,08 

6,52 

29,20 

5,28 

— 

;  .  .    "     6,96 

6,56 

20,35 

10,41 

Grèce.    . 

6,71 

7,82 

9,65 

18,59 

— 

7,96 

5,77 

15,21 

8,90 

— 

8,25 

5,54 

7,40 

27,78 

— 

8,46 

4,67 

19,41 

9,50 

— 

9,19 

6,76 

11,12 

8,94 

■~" 

5,78 

7,49    - 

5,95 

11,63 

Sur  la  composition  de  l*air  en  divers  lieux  et  la  densité 

des  gaz;  par  M.  A.  UedIx  (f).*  ' 

'Okygène 

sur  1000.  Moyennes. 

taris. 2318  à  2323          2320 

Kice,  Nîmes,  Alger»  on  été,  vent  sud-ouest.  .  .  2321  à  2324           2323 

f  lage  ▼oisine  de  Dieppe,  brise  nord  en  juillet.  2316  ^      ■  aoêt 

—                      —          Iç  1*'  avril.  2307  !        *^" 

frontière  belge,  vent  nord-est,  en  été 2317  ) 

—                ^              en  hiver  ....  2309  )       **" 

llpes  (2.060*),  7  octobre,  vent  violent  descendant  2305 

-r           8  o,ciobro,  briso  ascendante  .  •  »  2323 

Ivy  de  Dôme,  29  novembre,  temps  calme.   ...  2317 

'    —         22  novembre,  vent  sud-ouest  fort.  '    2323 

On  peut  reconnaître  dans  ces  nombres  l'influence 
de  la  saison;  de-  l'altitude,  du  voisinage  de  la  mer  et 
jeut-être  aussi  de  la  latitude. 

11  résulte  d'une  récente  Communication  de  lord  Ray- 
leigh  à  la  Société  Royale  que  l'air  moyen  de  Londres  ne 
eontient  que  231  millièmes  d'oxygène. 

M.  Leduc  propose  donc  de  rapporter  désormais  les  den- 
sités à  Voxygène. 


^)  Ac.  d.  «c,  GXXVI,  413,  31  janvier  1898. 


i"-*"',-- 


—  307  — 

Par  rapport  à  l'air  d'après 


Gaz. 

Oxygène 

Azote  atmosphérique 

Atote 

Oxyde  de  earbone.   • 


L*  Rayleigh. 
1,10535 
0,97209 
0.96737 
0,96716 


A.  LeduC' 

1,10523 

0,97203 

0,96717 

0,96702 


Anhydride  carbonique.        1,52909         1^2874 


Par  rapport  à  Toxygène 

L'  Rayleigh.  A.  Leduc. 

1  1 

0,87944  0,87948 

0,85507  0,87568 

0,87498  0,87945 

1,3883  1,3832 


Les  densités,  par  rapport  à  Tair,  de  ce  tableau  résultent 
des  moyennes  expérimentales  directes.  Mais,  avant  de 
passer  aux  densités  par  rapport  à  Toxygène,  l'auteur  a 
fait  subir  deux  légères  corrections  aux  nombres  de  lord 
Rayleigh  :  Tune,  sur  l'acide  carbonique,  parce  que  sa 
densité  a  été  prise  à  une  pression  un  peu  supérieure  à  la 
normale  ;  l'autre,  un  peu  plus  importante,  sur  l'azote  chi- 
mique, pour  le  motif  suivant  : 

Le  nombre  adopté  par  l'auteur  est  la  moyenne  de  cinq 
séries  de  résultats  correspondant  à  cinq  préparations 
différentes.  Or,  lune  de  ces  séries  (décomposition  du 
bioxyde  d'azote),  surpasse  de  jô^Stô  ^^l  moyenne  des 
quatre  autres,  qui  sont  beaucoup  plus  concordantes. 

L'écart  est  trop  grand  pour  n'être  point  systématique  : 
il  convient  donc  de  rejeter  cette  série  commune  entachée 
d'erreur. 

Le  nombre  0,96717  paraissait  à  M.  Leduc  approché  par 
excès  et,   considérant  qu'on  ne  peut  prétendre   à  une 
précision  supérieure  à  ,ooô^»  ^^  ^  adopté,  pour  densités 
des  gaz  précédents  par  rapport  à  l'air,  les  nombres 
1,1052,    0,9720,    0,9671,    0,9670,     1,52,87. 


Recherche  et  dosage  rapides  du  manganèse  dans  les 
plantes  et  les  terres  végétales  par  une  méthode  colorimé-. 
trique;  par  M.  P.  Pichard  (1).  —  Lorsque  la  terre  renferme 
des  quantités  notables  de  manganèse,  la  fusion  avec  le 
carbonate  alcalin  donne  une  coloration  verdâtre,  carac- 
téristique, et  que  confirme  la  couleur  rosée  qui  se 
manifeste  par  l'addition  seule  d'acide  nitrique. 


(f)  Ac.  d.  Se.,  t.  CXXVI,  531, 14  février  1898. 


—  308  — 

Recherche  du  manganèse  dans  les  terres  végétales,  —  La 
terre,  Bêchée  et  pulvérisée  finement,  est  incinérée,  au 
rouge  sombre,  dans  une  petite  capsule  de  platine,  puis 
calcinée  avec  du  carbonate  de  soude  ou  de*  potassé  dess**- 
ché  et  pulvérisé.  On  opère  sur  0'%5  ou  1«'  de  terre^  suivant 
que  la  coloration  est  plus  ou  moins  foncée  après  Tinciné- 
ration  ;  on  mélange  intimement  2  parties  de  carbonate 
alcalin.  On  détache  la  masse  vitreuse  ou  opaque  qui  s'est 
produite,  en  ajoutant  un  peu  d'eau  acidulée  d'acide 
azotique.  On  introduit  le  tout  dans  un  tube  d'essai  ;  on 
ajoute  0«',5  environ  de  minium  ou  de  bioxyde  puce  de 
plomb.  On  verse  4"  d'eau,  puis  2"  d'acide  azotique  pur. 
On  chauffe  à  l'ébuUition,  sur  une  lampe  à  alcool,  de 
manière  à  réduire  le  volume  liquide  à  moitié.  On  laisse 
cléposerles  matières  insolubles.  La  liqueur  qui  surnage 
est  rosée,  si  la  terre  renferme  des  traces  de  manganèse. 

Recherche  du  maiiganèse  dans  les  matières  organiques. 
—  La  matière  organique  est  desséchée,  puis  moulue 
finement,  incinérée,  calcinée  avec  le  carbonate  alcalin  et 
traitée  comme  il  a  été  dit  pour  la  terre  végétale.  Lïnci- 
nération  doit  se  faire  à  une  température  peu  élevée,  pour 
éviter  la  fusion  des  cendres  qui  rendrait  l'opération  plus 
longue.  Quelques  décigrammes  de  cendres  suffiront  pour 
l'essai.  La  calcination  avec  le  carbonate  alcalin  se  fera 
au  rouge  vif. 

Dosage  du  manganèse.  —  Le  principe  consiste  à  trans- 
former le  manganèse  en  permanganate  dissous  dans  un 
liquide  qu'il  colore  en  rose,  et  à  comparer  la  teinte  de  la 
liqueur 'avec  celle  d'une  liqueur  type  renfermant  un  poids 
connu  de  manganèse.  Les  liqueurs  sont  placées  dans  des 
tubes  ou  éprôuvettes  graduées,  de  même  calibre,  et  addi- 
tionnés d'eau  distillée  jusqu'à  égalité  de  teintes. 


Fabrication  des  persulfates,  percarbonates,  permanga- 
nates et  bichromates  alcalins  (Extrait)  (Il  —  Persulfates,— 
L'acide  persulfurique  découvert  par  M.  Berthelol  donne 

(I)  Bcv.  de  càim  indust.^  février  1898. 


—  309  — 

des  sels  dont  le  pouvoir  oxydant  est  très  considéral)le. 

Aussi  ces  corps,  et  principalement  le  persulfate  d'aiii- 
moniaque,  sont-ils  souvent  employés  de  préférence  à 
Teau  oxygénée.  L'acide  persulfurique  S'O'H*  se  forme 
dans  l'électrolyse  de  l'eau  acidulée  par  Tacide  sulfurique; 
son  anhydride  S'O'  prend  naissance  par  Taclion  de  Fef- 
iluve  sur  un  mélange  d'acide  sulfureux  et  d'oxygène. 

Le  mode  de  prodticlion  de  cet  acide  a  surtout  ét<». 
étudié  par  M.  EUen  qui  en  a  rendu  la  préparation  indus- 
trielle. 

L'électrolyte  employé  est  fonné  par  une  dissolution  de 
sulfate  d'ammoniaque  (compartiment  positif)  dans  laquelle 
plonge  la  cathode  en  plomb,  et  par  une  solution  d'acide 
sulfurique  à  50  p.  100  (compartiment  négatif)  qui  contient 
l'anode  en  platine.  Il  faut  opérer  avec  une  grande  densité 
de  courant  et  ne  pas  dépasser  20^,  température  au-delà  de 
laquelle  le  persulfate  se  décompose. 

Par  suite  de  l'électrolyse,  l'ammoniaque  du  sulfate  se 
porte  dans  le  compartiment  négatif  et  sature  une  portion 
de  l'acide  sulfurique,  tandis  que  l'acide  sulfurique  de  la 
cathode  se  porte  sur  le  sulfate  d'ammoniaque  et  forme  du 
persulfate  qui  se  dépose.  Il  faut  avoir  soin  de  maintenir 
l'acidité  du  compartiment  négatif,  le  sulfate  d'ammo- 
niaque formé  rentrant  dans  la  fabrication;  de  même,  on 
maintient  la  saturation  de  la  solution  de  sulfate  du  com- 
partiment positif,  quant  au  persulfate  on  le  sépare  aus- 
sitôt. 

On  voit  que  l'on  peut  rendre  l'opération  continue,  et 
c'est  ainsi  que  l'on  opère  à  la  société  d'électrochimie  de 
Vallorbes  qui  est  à  peu  près  la  seule  fabriquant  des  per- 
sulfates  par  voie  électrolytique. 

.  Percarbonate  de  potasse.  —  De  même  que  les  sulfates 
donnent  des  persulfates,  les  carbonates  donnent  égale- 
ment des  percarbonates. 

Ce  sont  des  corps  également  très  oxydants.  MM.  Cons- 
tans  et  Hausen  qui  ont  les  premiers  obt^mi-  le  percarl)o- 
fiate  de  potasse  électrolysent  une  solution  saturée  do 
carbonate  neutre   et  maintiennent  à  —  10*C.  Dans  ces 


^-^IT'^^'fcj^DJK-L 


—  310  — 

conditions,  au  lieu  d'obtenir  un  dégagement  d'oxygène, 
il  se  forme  un  précipité  cristallin  de  percarbonate  de 
potasse. 

Dans  aucun  cas,  la  température  ne  doit  dépasser  O*  et 
le  rendement  est  le  meilleur  à —  15*C(1). 

Permanganate  de  potasse.  —  Le  peimanganate  de  po- 
tasse peut  également  s'obtenir  par  l'électrolyse  d'une 
solution  de  manganate  de  potasse.  Il  se  passe  probable- 
ment la  réaction 

MnO*K*=:K+MnO*K. 

On  peut  opérer  avec  ou  sans  diaphragme. 

On  peut  aussi  obtenir  du  permanganate  de  potasse  en 
<!;'lettrolysant  une  solution  de  potasse  caustique,  les 
anodes  étant  en  manganèse  métallique  ou  plus  simple- 
ment en  ferro-manganèse. 

Bichromate  de  potasse.  —  Se  basant  sur  le  même  jeu  de 
réaction,  M.  Hœussermann  obtient  industriellement  des 
bichromates  par  l'électrolyse  d'une  solution  de  chromate 
neutre.  Sous  l'influence  du  courant,  l'acide  chromique 
miâ  en  liberté  se  combine  au  chromate  non  transformé 
et  donne  du  bichromate. 

On  peut  également  l'obtenir  par  l'électrolyse  d'une 
sohition  alcaline  au  moyen  d'anodes  au  chrome  et  en 
feiTO-chrome. 


Le  raffinage  du  nickel  en  Amérique  (1).  —  Les  mines  du 
Canada  contiennent  20-25  p.  100  de  cuivre,  18-23  p.  100 
de  nickel,  25-35  p.  100  de  fer,  20-30  p.  100  de  soufre.  Les 
méthodes  diffèrent  suivant  qu'il  s'agit  d'obtenir  un 
alliage  de  nickel-cuivre  ou  d'obtenir  les  métaux  à  l'état 
de  pureté. 

Dans  le  premier  cas,  la  matte  est  concentrée  au  Bes- 
semer  et  la  matte  enrichie  qui  en  résulte  est  grillée,  puis 
réduite. 

Pour  obtenir  le  nickel  pur,  la  matte  brute  est  fondue 

(t)  Zeitêchrift  fur  electro^hemie,  février  1898,  d'après  Rev,  de  chinu 

indu»  t. 


-  311  — 

avec  du  sel  bi*ut  et  du  coke.  Il  y  a  fpnnalion  de  sulfure 
de  sodium  qui  ramasse  ensuite  pas  mal  de  fer  et  de 
cuivre.  Le  sulfure  de  sodium  se  forme  aux  dépens  du 
soufre  du  nickel.  Bien  entendu,  l'opération  ne  s'effectue 
pas  en  une  seule  phase;  pour  avoir  le  nickel  pur,  on 
répète  à  plusieurs  reprises  avec  variantes. 


Sur  uue  oxyptomame;  par  M.  Œschner  de  Coninck.  — 
L'auteur  a  fait  connaître  une  ptomaïne  pyridique,  pos- 
sédant la  composition  d'une  coUidine  (G*  H*'  Az). 

La  facile  oxydabilité  de  cette  ptomaïne  l'a  engagé  à 
essayer  l'action  de  l'eau  oxygénée. 

Il  a  employé  une  eau  oxygénée  très  étendue,  qui  a  été 
laissée  au  contact  de  la  ptomaïne  pendant  plusieurs  se- 
maines, dans  une  fiole  conservée  à  l'abri  de  la  lumière, 
afin  d'éviter  la  production  de  résines  qui  ont  plusieurs 
fois  faussé  les  résultats  analytiques.  La  fiole  était  agitée 
de  temps  à  autre,  puis  replacée  dans  l'obscurité.  Il  se 
forme  peu  à  peu  une  masse  jaunâtre,  solide  et  dure,  qui 
est  dissoute  dans  HCl  étendu.  La  liqueur  acide  est  agitée 
avec  l'éther,  qui  enlève  quelques  produits  résineux  et  des 
matières  colorantes. 

Après  décantation,  la  liqueur  aqueuse  est  traitée  par 
un  léger  excès  de  potasse  en  lessive,  et  la  base  est 
extraite  au  moyen  du  chloroforme.  L'évaporation  spon- 
tanée abandonne  celle-ci  sous  forme  d'une  masse  solide, 
légèrement  jaunâtre  et  amorphe.  Un  second  et  un  troi- 
sième traitement  permettent  d'obtenir  un  produit  blanc, 
d'aspect  cristallin. 

Desséché  à  l'étuve  à  1 10*,  il  a  fourni  à  l'analyse  les  nom- 
bres suivants  :  C  =  69,78  ;  H  =  8,24  ;  Az  =  10,30  {la 
théorie  pour  la  formule  C"  H*>  Az  O  exige  :  G  =  70,0T; 
H  =  8,03;  Az=  10,22). 

L'oxyptomaïne  ainsi  obtenue  n'est  pas  déliquescente; 
un  peu  soluble  dans  l'eau  chaude,  à  laquelle  elle  commu- 
nique une  réaction  nettement  alcaline,  elle  est  tout  à  fait 
insoluble  dans  l'eau  froide;  elle  se  dissout  assez  bien  à 
froid,  beaucoup  mieux  à  chaud,  dans  l'éther  absolu  et 


>y-'  vsn 


—  312  — 

d«ns  Talcool  absolu  ;  son  principal  dissolvant  est  le  chlo- 
roforme, qui  la  prend  rapidement,  même  à  basse  tempé- 
rature. 

'  Elle  se  ramollit  vers  250*  et  fond  un  peu  au-dessus,  vei-s 
260*,  en  se  décomposant  brusquement;  la  masse  se  char- 
bonne,  en  dégageant  l'odeur  bien  connue  des  bases  pyri- 
diques. 

-  Elle  se  combine  aux  principaux  acides  minéraux  et 
organiques. 

Chauffée  à  haute  température,  à  l'abri  de  l'oxygène  de 
Ifaii*,  avec  un  excès  de  poudre  de  zinc,  la  base  est  ré- 
duite, et  il  y  a  régénération  de  la  collidine  ayant  sei-vi 
de  point  de  départ  : 

C»H*«AzO  +  Zn  =  ZnO+  CMP'Az. 

Ce  corps  est  donc  une  oxycoUidine,  ou  coUidone, 

^     .  CMP^(OH)Az. 


Sur  la  préparation  des  vins  blancs  à  Taide  des  raisins 
ronges;  par  M.  V.  Martinand.  —  L'oxygène  de  l'air  déco- 
lore le  moût  obtenu  par  le  pressurage  de  la  plupart  des 
variétés  de  raisins  rouges,  et  cela  contrairement  aux  faits 
enseignés  et  publiés  :  que  l'air  avive  et  augmente  l'inten- 
sité colorante  du  moût  et  du  vin. 

L'auteur  déduit  de  ce  fait  un  procédé  nouveau  de  pré- 
paration des  vins  blancs,  qui  consiste  :  1*  à  extraire  des 
raisins  la  plus  grande  quantité  de  moût  possible;  2*  à 
arrêter  la  fermentation  du  moût  par  le  refroidissement  ; 
3f  à  aérer  le  moût  jusqu'à  sa  décoloration;  4*  à  séparer 
par  décantation  ou  filtration  le  moût  des  parties  solides; 
5?  à  faire  fermenter  le  moût. 

Ce  procédé  s'applique  à  la  vinification  en  blanc  de 
toutes  les  variétés  de  raisins  dont  le  moût  est  décolorable 
par  l'air. 

Le  moût  en  fermentation,  lorsqu'il  s'est  formé  déjà 
plusieurs  volumes  pour  100  d'alcool,  ne  se  décolore  pas 
par  l'aération  ;  le  moût  décoloré  se  recolorc  par  la  fer- 


■^■«5t:- 


^  313  -^ 

mentation,  si  on  ne  le  sépare  pas  des  pulpes  et  des  pro- 
duits oxydés. 

BIBLIOGRAPHIE 


M.  Dehérain  vient  de  publier  un  volume  intitulé  :  Les 
Plantes  de  grande  culture. 

Il  traite  du  blé  ;  de  la  pomme  de  terre;  des  betteraves 
fourragères,  de  distillerie,  à  sucre  (I). 

Le  remarquable  talent  d'exposition  du  savant  qui  signe 
ce  livre,  sa  haute  compétence,  rendent  inutile  Téloge  de 
cet  ouvrage.  Citons  seulement  le  passage  suivant  : 

«  La  marche  en  avant  a  été  continue.  Ainsi  qu'il  a  été 
dit  au  début  de  celte  préface,  les  produits  agricoles  ré- 
coltés actuellement  représentent  une  somme  double  de 
celle  qui  était  obtenue  il  y  a  cinquante  ans.  Malgré  ces 
progrès  incessants,  la  situation  des  cultivateurs  n'est  pas 
aussi  prospère  qu'on  pourrait  le  désirer.  Le  prix  de  vente 
des  denrées  agricoles  a  considérablement  décru  depuis 
dix  ans;  on  a  attribué  cette  baisse  à  la  concurrence 
étrangère,  et  les  clameurs  des  cultivateurs  ont  entraîné 
tout  notre  système  économique  dans  la  voie  de  la  protec- 
tion; elle  n'a  présenté  qu'une  médiocre  eflftcacité.  D'année 
•en  année,  la  baisse  du  prix  du  blé  s'est  accentuée  et  l'élé- 
vation des  droits  de  douane  a  eu  une  influence  d'autant 
moindre  que,  grâce  aux  progrès  de  la  culture,  nous  re- 
cueillons dans  les  bonnes  années  de  quoi  subvenir  à  notre 
consommation.  Il  ne  semble  donc  pas  que  ce  soit  en 
essayant  de  surélever  artificiellement  les  prix  de  vente, 
qu'on  trouvera  le  salut,  mais  bien  en  diminuant  les  frais 
de  production,  en  abaissant  les  prix  de  revient. 

«  Pour  y  réussir,  il  faut  tirer  de  notre  sol  toutes  les  res- 
sources qu^il  renferme  et  tout  d'abord,  il  faut  savoir  le 
iravailler.   En  général,  les  cultivateurs  y  sont  habiles, 

(1)  i  vol.  in-8«  de  288  pages,  très  bien  édité  par  G.  Carré  et  G.  Naud, 
éditeurs,  3,  rue  Racine,  Paris» 


—  314  - 

bien  qu'ils  soient  guidés  exclusivement  par  Fempirisme 
et  que  naguère  encore  on  sût  à  peine  quel  but  on  veut 
alteindre  en  ameublissant  la  terre.  Ce  but,  je  crois  l'avoir 
miKitré  récemment,  c'est  d'assurer  au  sol  un  large 
approvisionnement  d'eau.  Une  terre  bien  travaillée 
ai>surbe  infiniment  plus  d'eau  qu'une  terre  non  ameublie, 
et  la  conserve  mieux  ;  elle  se  dessècbe  moins  aux  ardeui-s 
du  soleil,  et  enfin  s'égoutte  plus  aisément  pendant  l'hiver. 
Or,  non  seulement  les  plantes  qui  croissent  sur  ces  terres, 
bi*;ii  approvisionnées  d'eau,  ne  souffrent  pas  de  la  séche- 
resse, mais  elles  sont,  en  outre,  mieux  nourries.  Dans 
une  terre  meuble,  l'air  circule  facilement  et  la  combus- 
tion de  l'humus  fournit  de  l'acide  carbonique  dissolvant 
des  phosphates,  de  la  chaux,  de  la  potasse. 

a  La  combustion  porte  également  sur  l'ammoniaque  pro- 
venant de  la  décomposition  des  matières  azotées  de  l'hu- 
mus  et  les  nitrates  apparaissent.  Les  analyses  d'eau  de 
tbainage,  que  j'ai  exécutées  pendant  ces  dernières  années, 
m'ont  montré  qu'une  terre  en  jachère  fournit  parfois, 
dans  l'espace  d'un  an,  la  valeur  de  plus  de  1.000  kilos. 
de  nitrate  de  soude,  c'est-à-dire  infiniment  plus  que 
n'en  exigent  les  récoltes  les  plus  abondantes.  Il  est 
bien  loin  d'en  être  ainsi  pour  les  terres  emblavées  et, 
même  en  supposant  que  tout  l'azote  contenu  dans  les. 
rt'i  oltes  ait  été  pris  dans  le  sol  sous  forme  de  nitrate,  on 
trouve  que  la  nitrification  a  été  infiniment  moins  active 
dans  les  terres  ensemencées  que  dans  les  terres  en 
jachère.  » 

Comptes  rendus  de  rAcadémie  des  sciences,  21  février  1898.  —  Sur 
leâ  dérivés  de  la  einchonine;  par  M.  E,  Grimaux  (note  théorique).  —  Pro- 
duction de  substance  noucinolde  par  MM.  A.Charrin  et  A,  Desgrex,  —  Sur 
l'amertume  des  YÎns;  par  MM.  J.  Bordas,  Joulin  et  Rackowski  :  les  auteurs. 
ont  i^lé  d'un  vin  amer  un  ferment  qui,  ensemencé  dans  un  vin  filtré  à  la 
bougie  Chamberland,  lui  communique  en  six  mois  un  goût  amer  très 
prononcé. 

^  février  1898.  —  Propriété  et  cristallisation  du  sulfure  de  baryum 
anhydre;  par  M.  A.  Mourlot.  —  Action  de  Toxyde  de  carbone  sur  le  chlorure. 
piJladeux;  par  M.  E,  Fink,  —  Sur  l'hydrocinnamide;  par  M.  U,  Delépine^ 
—  Action  de  la  fleur  du  vin  sur  la  sorbite;  par  H.  G.  Bertrand, 


\ 


—  315  — 
SOCIÉTÉ    DE    PHARMACIE    DE    PARIS 


Séance  du  2  mars  1898. 
Présidence  de  M.  Leidié,  Vice-président, 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  adopté. 

La  correspondance  imprimée  comprend  :  Journal  de 
pharmacie  et  de  chimie  (2  exemplaires)  ;  —  The  P/iarma- 
ceutical  Journal  (4  exempL);  —  Bulletin  des  travaux  de 
la  Société  de  pharmacie  de  Bordeaux;  —  Bulletin  de  la 
Société  de  pharmacie  de  Lyon  ;  —  la  Pharmacie  française 
(2  exempl.)  ;  —  Bulletin  de  la  chambre  syndicale  des  phar- 
maciens de  la  Seine;  —  Revue  des  maladies  de  la  nutrition 
(2  exempl.)  ;  —  Intermédiaire  de  VAfas;  —  Bulletin  de  la 
pharmacie  centrale  de  France  (2  exempl.)  ;  —  Bulletin  de 
pharmacie  du  Sud-Est. 

Présentation  :  MM.  Baucher  et  Dommergue  présentent 
leur  Traité  d^analyse  chimique  et  microbienne. 

Candidature  :  M.George,  pharmacien-major  de  1'®  classe, 
présente  sa  candidature  à  la  place  vacante  de  la  Société. 

Correspondance  manuscrite  :  lettre  de  M.  Fernand 
Ranwez,  professeur  à  TUniversité  de  Louvain,  remer- 
ciant la  Société  de  pharmacie  de  l'avoir  élu  membre 
correspondant. 

M.  Jungfleisch  demande  l'adjonction  de  deux  commis- 
saires à  la  3*  sous-commission  de  revision  du  Codex. 
MM.  Moureu  et  Léger  sont  élus,  et  l'adjonction  de  trois 
commissaires  à  la  13*  sous-commission.  MM.  Grimbert, 
Guinochet  et  Leidié  sont  élus  membres  de  cette  13*  sous- 
commission. 

M.  Planchon  fait  une  commimîcation  sur  les  rhu- 
barbes. 

M.  Ch.  Moureu,  au  cours  des  expériences  qu'il  a  effec- 
tuées  en  vue  de  la  synthèse  de  l'estragol 


/OCH'(l) 
^  "  \CH»  — CH  = 


\CH»  — CH  =  CH»(4)' 


>^çw-.i 


—  316  — 

:îi  été  conduit  à  faire  réagir  le  chlorure  d'allyle  sur  Tani- 
•sol  en  présence  du  chlorure  d'aluminium.  Il  ne  se  forme 
pas  d'estragol  dans  cette  réaction  ;  ou  plutôt,  ce  composé 
prend  bien  naissance,  mais  il  fixe  immédiatement  IICl,  et 

le  produit  chloré  €•  II*  <^^j,jjep,  formé  réagit  aussitôt  sur 

une  deuxième  molécule  d'anisol  avec  élimination  de  HCL 
-de  sorte  que  le  nouveau  composé  résulte  de  Taddition 
d'une  molécule  d'anisol  à  une  molécule  d'estragol.  Ce 
<:orps  fond  à  68*-69*  et  distille  dans  le  vide  à  204«-206«. 
C'est  un  dianisylpropane,  dans  lequel  la  chaîne  latérale 
commune  C'H*  se  trouve  située  en  position  para  par  rap- 
port à  chacun  des  deux  noyaux  aromatiques,  ainsi  que  le 
montre  l'oxydation,  qui  ne  fournit  que  de  Tacide  anisique 

/OCH'  (1) 
C*H*\^Q,„  ;,!.  Il  en  résulte,  pour  le  dianisylpropane, 

le  schéma  suivant  : 

OCIl»  (4)  —  CMP  (1)  —  C'H«  1 1)  _  CMP  (4)  —  OCII», 

qui  représente  sa  constitution  chimique. 

M.  Planchon  montre  à  la  Société  la  graine  du  Cola  cor- 
'difolia,  que  lui  a  envoyée  M.  Heckel,  et  communique,  au 
nom  de  ce  savant,  les  renseignements  suivants  : 

Cette  graine  est  intéressante  en  ce  qu'elle  reproduit 
-en  miniature  la  graine  du  Cola  acuminata.  Les  pharma- 
<*iens  pourraient  s'y  méprendre.  Mais  il  y  a  un  moyen 
très  simple  de  la  reconnaître,  c'est  d'en  couper  un  coty- 
lédon transverealement  au  grand  axe;  aussitôt  on  voit 
apparaître  très  évidemment,  même  sur  la  graine  sèche, 
•des  lacunes  mucilagineuses  visibles  à  l'œil  nu  et  qui  font 
-;iibsolument  défaut  dans  la  graine  du  Cola  acuminata.  Il 
-4?st  bon  de  ne  pas  confondre  ces  deux  graines,  parce 
*que  je  suis  convaincu  qu'il  n'y  a  dans  cette  graine  de 
m'iaba,  ni  caféine,  ni  théobromine,  ni  colanine.  C'est  ma 
<onviction  résultant  de  l'emploi  de  cette  graine.  Néan- 
moins les  indigènes  du  Soudan  la  mâchent  quand  ils 
n'ont  pas  mieux  à  mettre  sous  la  dent  et  ils  doivent  tout 
-au  plus  se  remplir  la  bouche  d'un  abondant  mucilage. 

Le  m'iaba  est  recouvert  par  un  arille  qui,  à  l'état  frais, 


•"^^V 


—  317  —, 

est  sucré  et  succulent.  Les  indigènes  du  Soudan  en  font 
leurs  délices. 

M.  Béhal  présente  une  note  de  M.  Moncour,  sur  le. 
glycérophosphate  de  quinine  et  demande  l'insertion  au 
Jowmal  de  Pharmacie. 

M.  Leroy  fait  une  communication  sur  le  service  mili- 
taire pharmaceutique  à  l'étranger:  il  démontre,  en  s'ap- 
puyant  sur  des  documents  authentiques,  que  le  nombre 
des  pharmaciens  militaires  chargés  d'assurer  le  service 
est  proportionnellement  supérieur  chez  les  nations^ 
étrangères,  à  celui  des  pharmaciens  militaires  fran- 
çais, notamment  en  Allemagne.  Il  lui  paraît  impossible 
de  diminuer  le  cadre  actuel,  qui  comprend  114  pharma- 
ciens, sans  compromettre  gravement  le  service  militaire 
pharmaceutique  français. 

Cette  lecture,  saluée  des  applaudissements  de  rassem- 
blée, sera  insérée  dans  le  Journal  de  pharmacie  et  de 
chimie, 

M.  Marty  adresse  ses  remerciements  à  M.  Leroy  et  dit 
que  les  pharmaciens  militaires  seront  très  reconnaissants- 
à  leur  ancien  camarade,  M.  Leroy,  du  travail  qu'il  vient  de 
présenter  et  des  recherches  qu'il  a  bien  voulu  faire  en 
vue  de  prouver  que  dans  les  armées  étrangères,  et  sur- 
tout en  Allemagne,  le  service  pharmaceutique,  quoiqu'on  . 
en  ai  dit,  est  plus  largement  assuré,  comme  personnel, 
que  dans  l'armée  française. 

M.  Quesneville  demande  que  le  travail  de  M.  Leroy  soit 
porté  à  la  connaissance  des  députés  et  du  ministre  de  la  . 
guerre. 

M.  Lafay  donne  les  conclusions  d'un  travail  de 
M.  P.  Terrât  établissant  l'existence  d'un  enzyme  hydro- 
lytique  dans  le  suc  d'artichaut.  Ce  ferment,  que  M.  Terrât 
est  parvenu  à  isoler,  possède  entre  autres  propriétés- 
caractéristiques  celle  de  décomposer  les  glycérophos- 
phates,  avec  production  de  glycérine  et  d'un  phosphate. 

M.  Julliard  dit  qu'il  a  lu  dans  des  journaux  profession- 
nels que  M.  Patein  a  fait  une  étude  sur  le  calomel,  qui 
tend  à  détruire  la  légende  de  Mialhe  et  qu'il  serait  bon 
que  cette  communication  fut  reproduite  dans  plusieurs 


-^'-^r« 


—  318  — 

sociétés,  de  façon  à  ce  que  tout  le  monde  fut  averti  qull 
n'y  a  aucun  danger  à  faire  prendre  des  aliments  salés, 
après  remploi  du  calomel. 

M.  Pateia  a  fait  l'expérience  sur  deux  chiens  en  leur 
faisant  prendre  1«'  de  calomel  et  en  faisant  l'analyse  de 
leurs  aliments  vomis  il  n'a  trouvé  aucune  trace  de 
sublimé. 

Cette  communication  donne  lieu  à  un  échange  d'obser- 
vations entre  MM.  Yvon,  Petit,  Crinon,  Viron,  Thibault 
et  Leidié. 

M.  Villiers  indique  un  procédé  de  recherches  et  de 
dosage  du  lait  fondé  sur  la  constance  du  pouvoir  réfrin- 
gent du  petit  lait,  constance  que  l'on  constate  toujours 
malgré  la  grande  diversité  de  la  composition  du  lait. 

La  séance  est  levée  à  trois  heures  et  demie. 


SOCIÉTÉ   DE   THERAPEUTIQUE 


Séance  du  23  féTrier  1898. 

M.  Duhourceau  lit  une  note  sur  le  traitement  du  lympha- 
tisme.  Admettant,  avec  M.  Gallois,  que  les  végétations 
adénoïdes  sont  une  des  conditions  et  parfois  la  cause 
occasionnelle  du  lymphatisme  et  de  la  scrofule,  il  estime 
que  les  eaux  minérales  chlorurées  ou  sulfureuses  per- 
mettent de  traiter  l'affection  naso-pharyngée,  de  traiter 
l'état  lymphatique  et  de  prévenir  les  infections  secon- 
daires. 

La  cure  par  les  eaux  sulfureuses  ne  peut  être,  malheu- 
reusement, qu'un  traitement  de  malade  riche.  Il  n'en  est 
pas  de  même  pour  les  eaux  chlorurées.  Le  traitement 
classique  au  bord  de  la  mer  donne  de  bons  résultats,  à 
condition  d'être  prolongé.  Une  médication  sulfureuse  en 
est  quelquefois  le  complément  indispensable. 

M.  Camescasse  fait  jouer  au  staphylocoque  un  rôle  im- 
portant dans  la  pathogénie  du  lymphatisme.  Cette  maladie 
semble  n'être  qu'une  conséquence  d'infections  diverses, 
staphylococciques  particulièrement,  de  la  peau  et  des 
muqueuses  des  premières  voies  respiratoires  et  diges- 


■■.Ifj 


—  319  — 

tives.  Si  ces  infections  sont  intenses  ou  répétées,  le  lym- 
phatisme  devient  la  scrofule.  Le  caractère  spécial  du 
lymphatisme  réside  dans  la  dilatation  du  réseau  lympha- 
tique du  derme,  dilatation  normale  dans  la  première 
enfance,  mais  qui  persiste  chez  le  lymphatique  plus  long- 
t-emps  que  chez  Tindividu  normal.  L'infection  staphylo- 
coccique  agit  en  causant  un  retard  dans  la  régression 
normale  du  tissu  lymphatique. 

M.  Jacqaet  donne  lecture  d'un  travail  concernant 
le  traitement  du  psoriasis  et  de  V eczéma  par  les  scarifica- 
tions.  Il  croit  être  le  premier  qui  ait  employé  cette  mé- 
thode d'une  manière  systématique  dans  ces  affections. 
Ce  procédé  thérapeutique  est  particulièrement  indiqué 
dans  les  cas  où  existent  des  lésions  isolées  et  limitées, 
occupant  un  siège  gênant  pour  les  malades  (les  mains,  le 
visage  ou,  chez  les  femmes,  la  poitrine  et  les  épaules). 

Dans  deux  cas  de  psoriasis,  jusque-là  rebelles  à  tout 
traitement,  la  guérison  totale  a  été  obtenue,  sans  macula- 
ture  consécutive,  par  des  scarifications  faites  après  déca-. 
page  soigné  des  placards  et  répétées  deux  fois  par  semaine 
pendant  deux  mois.  Ces  résultats  se  maintiennent  depuis 
plus  de  deux  ans  pour  le  plus  ancien  de  ces  cas. 

Pour  l'eczéma,  la  méthode  n'a  été  appliquée  qu'à  des 
lésions  très  tenaces  et  limitées,  soumises  en  vain  à  des 
traitements  antérieurs.  Les  onze  cas  traités  et  guéris  se 
décomposent  ainsi  :  trois  cas  d'eczéma  lichénoïde  du  dos, 
des  mains  ou  des  pieds,  un  cas  d'eczéma  pré-aùricuiaire, 
sept  cas  d'eczéma  de  la  face  dont  quatre  chez  des  enfants. 
•  M.  Jacquet  procède  de  la  façon  suivante  :  Les  surfaces 
à'scarifîer  sont,  avant  et  après  l'opération,  recouvertes  de 
cataplasmes  refroidis  de  fécule  de  pomme  de  terre,  pré- 
parés sans  addition  d'aucune  substance  antiseptique.  Le 
malade  se  présente  couvert  du  cataplasme  qu'on  n'enlève 
qu'au  montent  d'intervenir.  On  scarifie  suivant  des  lignes 
parallèles,  sans  quadrillage  ni  entre-croisement.  On  laisse 
saigïier  les  petites  plaies  ;  on  lavé  à  l'eâù  bouillie  et  on 
applique  à  nouveau  des  cataplasmes  pendant  trois  à  quatre 
jours,  jusqu'à  la  séance  suivante. 

Après  la  séance,  la  plaie  présente  un  peu  de  rougeur  et 


—  320  — 
de  cuisson  :  ces  phénomènes  sont  bientôt  suivis  d'une 
détente  notable. 

Les  scarifications  sont  plus  désagréables  que  doulou- 
reuses. Elles  sont  en  général  bien  supportées,  même  par 
les  enfants. 

En  six  à  seize  séances  on  obtient  la  guérison  parfaite. 
Les  eczémas  chroniques  résistent,  cela  va  sans  dire, 
beaucoup  plus  longtemps  que  les  eczémas  aigus.  On 
obtiendrait  peut-être  des  résultats  plus  rapides  en  asso- 
ciant aux  scarifications  les  enveloppements  caoutchoutés. 

Ferd.  Vigier. 

VARIÉTÉS 


Corps  de  Santé  militaire.  — -  Réserve  et  armée  territoriale,  —  Par 
décret  du  17  février  1898^  les  pharmaciens  de  première  classe  dont  les  noms 
snirent  ont  été  nommés  : 

Pharmaciens  aides-majors  de  deuxième  classe  de  réserre  ;  MX.  Beanfortr 
Ëloy,  Martin,  Gisclard,  Grossel,  Blonin,  Seignenry,  Serbourse,  Dissaux, 
Chappon,  Godin,  Sanson,  Dalle,  Baillct,  Fleurant,  Charbonneau,  Dédieu, 
Léfour,  Défemmes,  Ramez,  Soulard  ; 

Pharmaciens  aides-mi^ors  de  deuxième  classe  de  l'armée  territoriale  : 
MM.  Roger  et  Lancelot.  . 

Ont  été  nommés  : 

Officier  de  l'Instruction  publique  :  nôtre  dévoué  collaborateur,  M.  Ferdinand 
Vigier,  adjoint  an  maire  du  \*  arrondissement,  délégué  cantonal. 

Officiers  d'académie  :  MM.  Andt,  pharmacien  à  Valencieones;  Blaneard, 
pharmacien  à  Paris;  Grandvaux,  pharmacien  à  Vincennes;  Haguier-Tmetle, 
pharmacien  à  Troyes  ;  Barthelat,  pharmacien  à  Paris,  lauréat  de  l'école  sapé- 
riçure  de  pharmacie  de  Paris;  Verwaest,  Tïce-président  de  la  comoMsaion 
d'hygiène  du  V*  arrondissement  de  Paris;  Voiry,  pharmaden  à  Paris. 


Jury  dn  Concoiirt  de  Tlntemat.  ~  14  mars  courant.  —  Préeideni  . 

M.  Lutz;  Juges  :  MM.  Léger,  Gasselin,  Cousin,  Lachartré.  Sonncrat,  Fiéret. 


RECTlFlCATlOiN. 

Au  sujet  de  la  note  que  nous  ayons  publiée,  dans  le  Journal  de  Phar-* 
macie  (n*  du  15  février),  sur  le  dosage  des  glycérophosphates,  M.  Falièrcs 
fait  remarquer  qu'il  n'a  jamais  empbyé  l'hélianthine,  mais  bien  la  phtaléine 
pour  ce  môme  dosage.  Nous  noua  faisons  un  devoir  de  rectifier  cette  inexac- 
titude due  à  une  erreur  dans  la  rédaction  de  la  note.  (Adrian  et  Trillat). 

Le  Gérant  :  Q.  MA8S0X. 
ntraiHBaiB  i.  rLAioiAiiaN,  10,  aui  lAttv,  pam|.  . 


321  — 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


Sur  une  nouvelle  falsification  des  vins:  les  vins  blancs  fabri- 
qués au  permanganate  de  potasse^  par  M.  L.  Hugounenq. 

La  pratique  de  la  vinification  devient  de  plus  en  plus 
compliquée  :  elle  nécessite  pour  être  comprise,  des  con- 
naissances chimiques  de  plus  en  plus  étendues.  Le  fait 
suivant  pourrait,  à  cet  égard,  convaincre  les  plus  scepti- 
ques. 

J'ai  eu,  ces  temps  derniers,  à  examiner  un  vin  blanc 
qui  présentait  la  composition  suivante  : 

Alcool 7«,13 

g  ...  J  soc  à  -f  100» 17,10  par  litre. 


dans  le  vide 22,27       — 

Cendres 3,59       — 

Alcalinité  des  cendres,  i  ^^  carbonate  de  potasse.  .  1,16  - 

f  en  crème  uc  tartre 3,15  — 

Sulfate  dépotasse 1,14  — 

f  totale  (en  S0»H«) 4,25  — 

^^**^''* (  volatil  (en  G«H*0«).  ...  1,23  — 

Crème  de  tartre 5,69  — 

Matières  réductrices  (en  glucose) 1,47  — 

Glycérine 1,07  — 

Je  ne  m'arrêterai  pas  à  relever  les  anomalies  que  pré- 
sente ce  vin  au  point  de  vue  de  la  somme  acide-alcool, 
du  rapport  de  la  glycérine  à  l'alcool,  etc.,  etc. 

Un  seul  point  important  mérite  d'attirer  l'attention,  il 
est  relatif  aux  cendres. 

Quand  on  incinère  ce  vin  à  la  moufle,  on  constate  que 
rincinération  se  fait  très  rapidement,  mais  qu'elle  laisse, 
au  lieu  des  cendres  ordinaires  blanches  ou  grises,  un 
résidu  spongieux  rouge  brun  très  foncé,  présentant  tous 
les  caractères  de  l'oxyde  manganoso-manganique,  et  dont 
la  solution  dans  les  acides  permet  de  reproduire  aisément 
toutes  les  réactions  du  manganèse. 

Il  ne  s'agit  pas  d'une  trace  de  composé  manganique 

Journ.  de  Pkarm.  et  de  Ckim.,  6*  SÂaiK,  t.  VII.  (!•'  avril  1898.)  2 1 


f-^-,-:^- 


—  322  — 

comme  on  en  trouve  naturellement  dans  certains  vins  ; 
mais  d'une  proportion  relativement  élevée  qui  a  été  dosée 
par  deux  méthodes  :  le  procédé  de  M.  Riche  par  voie 
ôlectrolytique  ;  le  dosage  à  l'état  de  sulfure  transformé  en 
carbonate  finalement  en  oxyde  salin. 
Les  deux  opérations  ont  donné,  par  litre  de  vin  : 


MnO  , 


I 

0«',59 


II 


Les  cendres  contenaient  en  outre  une  trace  de  fer. 

Il  est  évident  qu'une  si  forte  proportion  de  manganèse 
ne  saurait  avoir  une  origine  naturelle.  Il  s'agit  en  réalité 
d'un  vin  rouge,  ou  plus  probablement  d'une  piquette  déco- 
lorée par  un  mélange  de  noir  animal  et  de  permanganate 
de  potasse.  Sij'en  crois  certains  renseignements,  c'est  là 
un  procédé  qui  serait  pratiqué  sur  une  assez  vaste  échelle 
depuis  que  les  vins  blancs  jouissent  de  la  faveur  publique 
et  qu'ils  bénéficient  sur  le  marché  d'une  majoration  de 
prix  assez  sensible. 

Beaucoup  de  producteurs  trouvent  plus  avantageux 
d'écouler  leur  récolte  sous  forme  de  vin  blanc  :  de  là 
ces  décolorations  artificielles  qui,  est-il  besoin  de  le  dire? 
soulèvent  des  questions  multiples  que  je  me  propose 
d'étudier  prochainement  avec  de  plus  grands  détails. 

Pour  le  moment,  je  me  bornerai  à  donner  un  procédé 
commode  pour  la  diagnose  rapide  des  vins  manganèses. 

On  peut  incinérer  le  vin  ou  en  détruire  les  matières 
organiques,  par  l'acide  nitrique  ;  mais  il  est  beaucoup  plus 
simple  d'opérer  comme  suit  : 

A  10'*  de  vin  blanc  suspect  on  ajoute  1  ou  2'*  de  lessive 
de  soude  et  l'^*^  d'eau  oxygénée  commerciale,  on  agite  :  la 
liqueur  prend  immédiatement  une  coloration  rouge  acajou 
très  intense. 

Dans  les  mêmes  conditions  les  vins  blancs  normaux  ne 
virent  pas  ;  leur  teinte  reste  jaunâtre  un  peu  plus  foncée 
seulement. 

A  défaut  d'eau  oxygénée,  on  peut  se  contenter  de 
soude,  en  versant  dans  un  verre  à  pied  le  vin  et  un  excès 


—  323  — 

(le  solution  alcaline,  on  agite  et  on  abandonne  au  repos* 
Au  bout  (le  quelques  minutes,  on  aperçoit  à  la  surface  du 
liquide  une  mince  couche  brune  très  foncée,  qui,  peu  à 
peu,  gagne  la  profondeur  du  liquide.  Ce  changement  de 
teinte  est  dû  à  la  suroxydation,  au  contact  de  Toxygène 
atmosphérique,  de  l'oxyde  manganeux  mis  en  liberté  par 
Talcali. 


Sur  la  présence  constante  d'un  principe  alcaloîdique  dans 
les  vins  naturels;  par  M.  G.  Guérin. 

En  1868,  M.  J.  Oser  (1)  avait  isolé  des  produits  de  la 
fermentation  du  sucre,  sous  l'influence  de  la  levure  de 
bière,  un  alcaloïde  répondant  à  la  formule  C*'II"Az*,  et 
dont  le  chlorhydrate  séché  dans  le  vide  se  présentait 
sous  forme  d'une  masse  feuilletée,  blanche,  hygrosco- 
pique,  brunissant  à  l'air,  de  saveur  brûlante  et  amère. 
L'auteur  pensait  que  le  même  alcaloïde  devait  exister 
dans  le  vin,  la  bière,  etc. 

J'ignore  si  la  démonstration  en  a  été  faite,  mais  je  puis 
dire,  en  ce  qui  concerne  le  vin,  que  cette  prévision  de 
M.  J.  Oser  était  fondée.  Un  de  mes  confrères  du  dépar- 
tement de  l'Aube  m'avait  prié  d'examiner  un  vin  qu'il 
supposait,  avoir  produit  les  symptômes  d'intoxication 
qu'il  croyait  reconnaître  chez  un  de  ses  clients.  Cette 
recherche  ayant  abouti  à  la  découverte  d'une  très  mi- 
nime quantité  de  substance  donnant  nettement  les  réac- 
tions des  alcaloïdes,  mais  paraissant  dépourvue  de 
toxicité,  au  moins  à  faible  dose,  ce  qui  ne  semblait  pas 
justifier  la  suspicion  dont  ce  vin  était  l'objet,  j'ai  cru 
devoir  à  cette  occasion  étendre  mes  recherches  sur  un 
grand  nombre  de  vins  marchands  de  bon  aloi,  et  dans 
tous  j'ai  pu  constater  que  le  même  principe  alcaloîdique 
s'y  trouvait  contenu. 

J'ai  fait  application  pour  ce  travail  de  la  méthode  de 
Stas  en   opérant  sur'  1.000^*'  de  vin  pour  chaque  essai 

(I)  Bulletin  de  laSoûUié^  chimique,  t.  X,  p.  295. 


—  324  — 

(fualitatif,  ce  qui  est  suffisant.  Le  vin  additionné  d'un 
cristal  d'acide  tartrique  était  évaporé  au  bain-marie, 
jusqu'à  disparition  de  l'alcool;  le  liquide  refroidi,  rendu 
-ilcalin  par  un  peu  de  potasse  en  excès,  était  agité  avec 
fie  l'éther  pur  dans  un  entonnoir  à  boule,  et  celui-ci, 
décanté  après  repos  convenable  et  filtré,  abandonnait  par 
t^vaporation  spontanée  un  résidu  qui,  repris  par  quel- 
ques gouttes  d'eau  légèrement  acidulée  d'acide  sulfu- 
rique,  précipitait  les  réactifs  généraux  des  alcaloïdes. 

Ce  résidu  se  montrait  toujours  altérable  et  se  résini- 
flait  facilement  au  contact  de  l'air. 


Le  Gaïacyl  ;  par  M.  C.  André,  pharmacien  de  1'*  classe, 
ancien  interne  des  hôpitaux. 

Le  mode  d'anesthésie  locale  par  le  gaïacol,  pratiqué 
:iu  moyen  de  l'huile  gaïacolée  en  injections  sous-cutanées, 
il  eu,  dès  les  premiers  temps  de  son  apparition,  ses  parti- 
ï^ans  et  ses  détracteurs.  Parmi  les  derniers  s'est  trouvé 
.\[,  le  professeur  Reclus  dont  les  arguments,  tirés  de 
Tétude  des  actions  parallèles  et  simultanées  du  gaïacol  et 
de  la  cocaïne,  ont  rallié  la  majorité  des  suffrages  en  faveur 
liu  dernier. 

Il  m'a  paru  cependant  qu'il  était  possible  de  formuler 
une  critique  quant  aux  conditions  mêmes  des  expériences 
(le  Reclus.  Ces  expériences  consistaient  à  pratiquer  les 
deux  anesthésies  sur  le  même  sujet,  pour  la  même  opéra- 
tion :  une  partie  de  la  surface  opératoire  était  anesthésiée 
au  gaïacol,  l'autre  partie  à  la  cocaïne.  Or,  si  l'on  élimine, 
[)ar  ce  moyen,  toutes  les  causes  qui,  chez  le  malade,  sont 
s^QSceptibles  d'influer  sur  l'eifet  observé,  il  n'en  est  pas 
Tiioins  vrai  qu'il  reste  une  différence  considérable  dérivant 
de  la  nature  des  dissolvants  employés  pour  l'un  et  l'autre 
;tnesthésique. 

L'absorption  du  médicament  est  un  facteur  important 
tliias  la  production  de  l'anesthésie.  Or,  pense-t-on  que  la 
rapidité  d'absorption  soit  la  même  pour  l'huile  et  pour 


—  325  — 

Teau  distillée  ?  et  n'est-il  pas  permis  de  dire  qu'il  y  a  là 
un  élément  favorable  à  la  cocaïne  ? 

Deux  choses  tendent  à  me  confirmerdans  cette  manière 
de  voir.  Les  premiers  expérimentateurs  qui  ont  dit  avoir 
obtenu  de  bons  résultats  par  le  gaïacol,  ont  précisément 
rapporté  des  opérations  pratiquées  en  courtes  surfaces  : 
extractions  de  dents,  ablations  de  loupes,  ouvertures  de 
phlegmons,  etc.;  là,  où  une  rapide  absorption  et  par  suite 
une  extension  rapide  de  l'anesthésie  étaient  moins  indis- 
pensables. Mais  ce  qui  me  paraît  encore  plus  probant-, 
c'est  l'effet  produit  par  le  gaïacol  sur  les  brûlures.  Quand, 
sur  le  derme  dénudé  (brûlures  du  2"  degré),  on  applique 
un  topique  gaïacolé  à  1  p.  100,  il  se  produit  une  anesthé- 
sie  presque  instantanée  et  complète  ;  c'est  du  moins  ce 
que  j'ai  observé  sur  moi-même  et  c'est  ce  qui  a  été  observé 
après  moi  par  le  D'  Roux  et  par  d'autres.  Or,  ici,  le  fac- 
teur «  absorption  »  n'intervient  pas,  et  l'anesthésie  suit 
immédiatement  le  contact  du  médicament  avec  la  région 
douloureuse.  Voilà  un  effet  qui  m'a  semblé,  dès  le  prin- 
cipe, caractéristique  du  pouvoir  anesthésique  du  gaïacol 
et  qui  possède  encore  aujourd'hui  pour  moi  la  valeur  d'un 
critérium. 

Si  donc  nous  accordons  au  dissolvant  une  influence 
appréciable,  ce  que  nous  venons  de  dire  appelle  une 
conclusion  :  c'est  d'amener  le  gaïacol  à  un  état  tel  qu'il 
soit  soluble  dans  l'eau,  tout  en  conservant  une  complète 
innocuité.  L'occasion  de  réaliser  ce  desideratum  s'est  tout 
naturellement  présentée  à  moi  lorsque,  il  y  a  quelque 
temps,  M.  O'FoUowel  est  venu  m'apprendre  qu'il  dé- 
sirait choisir  pour  sa  thèse  inaugurale  un  sujet  se 
rapportant  à  l'anesthésie  locale.  La  combinaison  que  j'ai 
préparée,  dont  le  D'  O'FoUowel  a  fait  une  étude  intéres- 
sante en  l'appelant  par  abréviation  le  gaiacyl,  est  le 
sel  calcique  du  dérivé  monosulfoné  du  gaïacol  ou 
acide  gaïacylsulfureux  ;  la  formule  du  gaïacyl  est  donc 
(CHJO'.SO')' Ca.  Voici,  en  quelques  mots,  comment 
j'exécute  sa  prépartion. 

J'introduis  dans  un  matras  100«'  de  gaïacol  pur,  je  le 


"■TT-r-'-piçs*:' 


—  326  — 

liquéfie  à  une  douce  chaleur,  je  radditionne  peu  à  peu  de 
100«'  d'acide  sulfurique  pur  et  concentré,  en  évitant  une 
trop  brusque  élévation  de  température,  et  je  laisse  la 
réaction  s'effectuer  pendant  48  heures  à  la  température 
ordinaire.  Après  ce  temps,  le  contenu  du  matras  a  pris 
une  teinte  rose  et  une  consistance  de  sirop  de  glucose 
épais.  Je  dilue  le  mélange  de  6  à  7  fois  son  poids  d'eau 
distillée,  je  le  porte  à  80**  environ  au  bain-marie,  je  le 
sature  de  carbonate  de  chaux  par  petites  additions  suc- 
cessives, je  filtre  et  j'évapore  à  siccité.  Le  résidu  repris 
4  à  5  fois  par  son  poids  d'alcool  à  90<*  qui  sépare  une 
petite  proportion  de  substances  insolubles,  évaporé  à 
nouveau,  constitue,  après  pulvérisation,  une  poudre  de 
nuance  gris-mauve,  très  soluble  dans  l'eau  et  dans  l'al- 
cool, insoluble  dans  l'huile  :  c'est  le  gaïacyl. 

Comme  on  le  voit,  cette  préparation  est  calquée  sur 
celle  de  l'acide  phénylsulfureux,  et  on  arrive  à  un  com- 
posé de  constitution  identique,  ce  que  Ton  peut  traduire, 
pour  l'acide  gaïacylsulfureux,  par  la  formule 

y  on 
\so»ii 

Il  est  facile  de  démontrer  qu'il  en  est  ainsi.  On  peut,  en 
effet,  effectuer  sur  un  mélange  de  gaïacyl  et  de  potasse 
caustique  la  réaction  de  la  chaleur  qui  introduit  dans  la 
masse  un  composé  sulfureux  d'où  l'on  peut,  après  refroi- 
dissement, dégager  aiî moyen  d'un  acide,  le  gaz  sulfureux 
qui  se  catactérise  par  ses  réactifs  ordinaires.  Cette  réac- 
tion accuse  la  présence  de  dérivés  sulfonés  ;  pour  montrer 
qu'il  s'agit  du  dérivé  monosubtitué,  on  dose;  le  carbonate 
de  chaux  obtenu  en  précipitant  la  solution  d'un  poids 
connu  de  gaïacyl,  soit  1«%  par  un  excès  de  carbonate  de 
soude  pur  (0,80  à  U^];  on  obtient  ainsi  un  chiffre  voisin 
du  chiffre  théorique  égal  à  0,448. 

Pour  ses  expériences  d'anesthésie,  le  D^  O'FoUowell  a 
fait  usage  des  solutions  à  1/10  et  à  1/20  de  gaïacyl  dans 
l'eau  distillée,  et  les  deux  solutions  lui  ont  donné  sensi- 


—  327  — 

blement  les  mêmes  résultats.  Ce  n'est  pas  ici  la  place,  et 
il  ne  m'appartient  pas  d'entrer  dans  des  développements 
sur  les  observations  qu'il  a  consignées  dans  son  travail  (1). 

Je  lui  laisse  la  parole  pour  donner  lui-même  les  conclu- 
sions de  ses  expériences  en  art  dentaire  et  en  petite 
chirurgie. 

Pour  les  extractions  de  dents,  voici  ce  qu'il  dit  : 

«  Sur  trente-deux  observations,  vingt-deux  fois  l'anes- 
thésie  a  été  suffisante,  sept  fois  elle  a  été  incomplète, 
deux  fois  elle  a  été  nulle,  et,  dans  un  cas,  nous  n'avons  pu 
nous  prononcer. 

«  Ces  résultats,  pour  satisfaisants  qu'ils  soient,  si  l'on 
n'examine  que  les  chiffres,  deviennent  plus  encourageants 
encore  si  l'on  veut  étudier  de  près  les  cas  où  le  but 
cherché  n'a  pas  été  atteint  ou  ne  l'a  été  qu'incomplètement. 

«  Si  donc  nous  éliminons,  d'une  part,  le  malade  qui  n'a 
pu  nous  donner  aucun  renseignement  sur  les  sensations 
qu'il  avait  éprouvées  ;  si,  d'autre  part,  on  veut  bien  consi- 
dérer que  dans  les  cas  de  succès  incomplets,  les  conditions 
propres  à  amener  l'auesthésie  n'ont  pas  été  toutes  rem- 
plies, qu'il  est  par  conséquent  naturel  que  celle-ci  n'ait 
pas  été  nettement  produite,  on  obtient  cette  proportion, 
qui  doit  être  considérée  comme  la  vraie,  de  24  opérations 
suivie  22  fois  d'anesthésie.  » 

En  petite  chirurgie  : 

«  Sur  11  opérations,  5  fois  l'anesthésie  a  été  complète, 
5  fois  elle  a  été  très  suffisante,  une  fois  elle  a  été  nulle, 
soit  plus  de  90  p.  100  de  succès.  » 

Les  essais  du  D'  O'Followell  tenteront-ils  de  nouveaux 
expérimentateurs  et  ses  résultats  seront-ils  confirmés  ? 
C'est  là  évidemment  une  question  intéressante,  car  même 
en  admettant  la  supériorité  anesthésique  de  la  cocaïne,  il 
n'en  reste  pas  moins  que  le  gaïacyl  est  tout  à  fait  inoffen- 
sif,  qu'il  joint  à  cette  qualité  celle  d'être  antiseptique,  et 
que,  pour  ces  deux  raisons,  il  peut  recevoir  des  applica- 
tions interdites  à  la  cocaïne. 

(1)  D'  0'  Followel  :  VAnesthéaie  locale  par  le  gaiacol,  le  carbone  de 
gaïacol  et  le  gatacyl.  Thèse  de  Paris,  8  juillet  1897. 


—  328  — 

On  peut  encore  se  demander  si  le  gaïacyl  a  un  pouvoir 
anesthésique  égal  à  celui  du  gaïacol.  Il  serait  prématuré 
de  se  prononcer  là-dessus.  Mais  indépendamment  de  cela, 
je  crois  qu'il  y  a  lieu  de  faire  une  remarque  intéressante. 
Nous  retrouvons  dans  le  gaïacyl  les  deux  fonctions  chi- 
miques du  gaïacol  :  la  fonction  phénolique  et  la  fonction 
éther  mixte.  On  sait  que  beaucoup  de  phénols  ont  des  pro- 
priétés anesthésiques  faibles,  il  est  vrai,  mais  néanmoins 
très  réelles  ;  il  en  est  de  même  pour  les  éthers  mixtes, 
témoin  l'éther  ordinaire. 

Il  paraissait  donc  légitime,  a  priori,  d'espérer  que  le 
gaïacyl  serait  anesthésique,  et  c'est  sur  cette  donnée  théo- 
rique que  je  me  suis  appuyé  pour  conseiller  les  expé- 
riences du  D*"  O'FoUowell. 

Cette  première  remarque  en  appelle  une  seconde.  Le 
gaïacol  est  un  dérivé  bisubstitué  du  benzène,  tandis  que  le 
gaïacyl  est  un  dérivé  trisubstitué  ;  il  y  a  donc  entre  eux 
une  différence  importante.  Or,  ne  serait-il  pas  rationnel 
de  chercher,  par  une  réaction  appropriée,  à  introduire  à 
la  place  du  groupe  SO*H  de  l'acide  gaïacylsulfureux,  un 
autre  groupe  plus  propre  à  favoriser  les  propriétés  thé- 
rapeutiques des  deux  autres  fonctions  ?  Je  crois,  par 
exemple,  que,  par  la  substitution  du  groupe  AzH'  qui 
donnerait  un  dérivé  de  la  classe  des  aminés,  on  aurait 
de  bons  résultats  à  attendre  et  c'est  ce  que  je  me  propose 
d'étudier. 


Semoules  et  pâtes  alimentaires;  par  M.  Balland. 

On  comprend  généralement  sous  le  nom  de  pâtes 
alimentaires  le  vermicelle,  le  macaroni,  les  nouilles  et  les 
petites  pâtes  pour  potages,  de  formes  très  variées  (lettres, 
étoiles,  croix,  lentilles,  etc.),  désignées  encore  sous  le 
nom  de  pâtes  d'Italie,  bien  que,  depuis  longtemps,  nous 
ne  soyons  plus  tributaires  de  ce  pays.  C'est  en  s'inspi- 
rant  des  remarquables  travaux  de  Millon  sur  les  blés 
d'Algérie  (1851-1854)  que  M.  Bertrand,  de  Lyon,  à  partir 


—  329  — 

de  1855,  a  utilisé  exclusivement  les  blés  durs  d'Afrique 
à  la  fabrication  des  pâtes  alimentaires.  L'impulsion 
donnée  parce  grand  industriel  ne  s'est  pas  ralentie  et  les 
pâtes  fabriquées  à  Lyon  et  à  Marseille,  avec  des  semoules 
algériennes,  rivalisent  aujourd'hui  en  qualité  et  l'em- 
portent en  valeur  alimentaire  sur  les  plus  belles  pâtes 
d'Italie... 

Les  semoules,  beaucoup  moins  affleurées  que  les  fari- 
nes, s'obtiennent  en  traitant  les  blés  suivant  un  mode  de 
mouture  spécial  :  elles  représentent  principalement  cette 
partie  gruauteuse  du  grain  qui  est  comprise  entre  les 
couches  centrales,  moins  azotées,  et  les  enveloppes  exté- 
rieures si  riches  en  matières  salines,  grasses  et  cellulo- 
siques. Aussi,  leur  composition  diffère-t-elle  notablement 
de  celle  des  farines  ordinaires  :  il  y  a  plus  d'azote,  mais 
moins  d'amidon,  de  graisse,   de  cellulose  et  de  cendres. 

Les  pâtes,  qui  ne  sont  que  de  la  semoule  pétrie  avec 
de  l'eau  bouillante,  moulée  puis  desséchée,  ont  exacte- 
ment la  composition  des  semoules  employées  à  leur 
fabrication.  Elles  reprennent  de  l'eau,  à  froid  et  à  chaud, 
en  conservant  leur  forme  ;  toutefois,  si  l'on  en  fait  des 
pâtons  après  les  avoir  broyées  ou  pulvérisées,  on  cons- 


Matiëres 


Eau  azotée 

p.  100.  p.  100. 

Macaroni  (1895) 11,60  10,98 

Macaroni  (1896) li,10  12,10 

Macaroni  (1897) 12,00  10,89 

Nouilles  (1897) 11,90  11,58 

Vermicelle  (1896).  .  .  .  10,90  11,74 

Vermicelle  (1897).  .  .  .  10,00  12,51 

Pâtes  d'Italie  (1896).    .  12,20  12,12 

Pfttcs  d'IUlie  (1897).  .  .  10,40  12,51 

Semoule  (1895) 9,20  13,50 

Semoule  (1896) 9,20  10,42 

Semoule  (1896) 10,50  12,74 

Semoule  (1897) 10,50  11,96 

Semoule  de  riz  (1898).  10,80  7,34 

Tapioca  exotique  (1897) .  12,80  0,00 

Tapioca  indigène  (1897).  16,00  0,45 


grasse 

amylacc 

p.  100. 

p.  100. 

0,45 

76,05 

0.85 

74,27 

0,65 

75,70 

0,60 

75,21 

0,50     . 

75,74 

0,80 

75,51 

Ô,.35 

74,61 

0,80 

75,23 

0,85 

75,45 

0,55 

78,63 

1,00 

74,61 

0,60 

75,79 

0,30 

80,96 

0,20 

86,88 

0,15 

82,95 

Cellulose 
p.  100. 

0,28 
0,33 
0,26 
0,26 
0,38 
0,28 
0,18 
0,30 
0,50 
0,45 
0,50 
0,50 
0,40 
0,08 
0,00 


Gendres 
p,  100. 

0,64 
0,25 
0,50 
0,45 
0,74 
0,90 
0,54 
0,76 
0,50 
0,75 
0,65 
0,65 
0,20 
0,04 
0,45 


—  330  — 

tate  que  le  gluten,  plus  ou  moins  coagulé  par  Teau  bouil- 
lante, a  perdu  l'élasticité  qu'il  avait  au  début  dans  les 
semoules  et  qu'il  ne  se  rassemble  que  très  difficilement. 
Dans  les  analyses  de  semoules  et  de  pâtes  françaises 
que  nous  présentons,  la  qualité  des  denrées  est  généra- 
lement en  rapport  avec  leur  teneur  en  matières  azotées. 
Nous  y  avons  ajouté,  à  titre  de  comparaison,  des  analyses 
de  semoules  de  riz,  de  tapioca  exotique,  et  de  tapioca  fac- 
tice fabriqué  en  France  avec  de  la  pomme  de  terre. 


REVUE  SPÉCIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  MÉDECINE,  PHARMACIE  ET  CHIMIE. 


Médecine. 

Rapport  sur  la  radiographie  et  la  radioscopie  dans  les 
établissements  hospitaliers,  fait  au  nom  d'une  commission 
de  l'Académie  de  médecine  composée  de  MM.  Bucquoy, 
FouRNiER,  Laborde,  et  Gariel  rapporteur.  —  M.  le  mi- 
nistre de  l'intérieur,  dans  une  lettre  du  24  janvier  1898, 
a  demandé  à  l'Académie  de  médecine  de  donner  son 
avis  sur  le  point  de  savoir  dans  quelle  mesure,  en 
l'état  actuel  de  la  science,  il  conviendrait  de  recomman- 
der aux  établissements  hospitaliers,  dans  l'intérêt  du 
traitement  des  malades  pauvres,  l'application  des  nou- 
velles découvertes  de  la  radiographie  et  de  la  radios- 
copie. 

Lorsqu'un  fait  scientifique  nouveau  est  découvert,  il 
s'écoule  souvent  un  assez  long  temps  avant  qu'il  puisse 
être  pratiquement  utilisé  d'une  manière  courante  ;  aussi, 
en  général,  n'est-ce  qu'avec  une  grande  circonspection 
qu'il  convient  de  recommander  l'emploi  de  méthodes 
nouvelles. 

Mais  la  radiographie  et  la  radioscopie,  basées  sur  les 
découvertes  toutes  récentes  du  professeur  Rôntgen,  sont 
d'une  assez  grande  simplicité  pour  qu'il  n'y  ait  pas  lieu 
de  penser  qu'elles  puissent  être  améliorées,  si  ce  n'est 


—  331  — 

dans  quelques  détails.  Elles  ont  d'ailleurs  fait  leurs 
preuves,  et  considérable  déjà  est  le  nombre  des  cas  dans 
lesquels  ces  méthodes  d'examen  ont  apporté  aux  méde- 
cins et  aux  chirurgiens  de  précieux  éléments  de  dia- 
gnostic; pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  parcourir  les 
comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  de  médecine, 
sans  parler  des  cas  très  nombreux  où  la  radiographie  a 
été  avantageusement  utilisée  dans  les  hôpitaux  ou  dans 
la  pratique  civile. 

Aussi,  en  se  basant,  d'une  part,  sur  l'état  de  perfec- 
tion déjà  avancé  auquel  sont  parvenues  la  radiographie 
et  la  radioscopie,  et,  d'autre  part  sur  les  résultats  avan- 
tageux qu'on  est  en  droit  d'en  attendre  d'après  ceux 
qu'elles  ont  déjà  fournies,  l'Académie  de  médecine  est 
d'avis  qu'il  conviendrait  de  recommander  aux  établisse- 
ments hospitaliers,  dans  l'intérêt  du  traitement  des  ma- 
lades pauvres,  Tapplication  de  ces  nouvelles  méthodes. 

Peut-être  même  serait-il  intéressant  et  utile  d'aller 
plus  loin  et  de  créer  un  centre  où  ces  méthodes  seraient 
étudiées  pour  être  développées  et  perfectionnées  au  point 
de  vue  spécial  des  applications  médicales.  L'Académie 
de  médecine  serait  toute  désignée  pour  être  le  siège 
d'un  laboratoire  particulier  ayant  cette  destination,  et 
qui  pourrait,  en  outre,  être  utilisé  pour  permettre  aux 
malades  pauvres  de  Paris  non  hospitalisés  de  bénéficier 
des  ressources  que  fournissent  pour  le  diagnostic  la 
radiographie  et  la  radioscopie. 

Nous  proposons  donc  à  l'Académie,  comme  conclusions 
de  ce  rapport  : 

1*  De  répondre  à  M:  le  ministi'e  de  l'intérieur  qu'il 
conviendrait  de  recommander  aux  établissements  hospi- 
taliers, dans  l'intérêt  du  traitement  des  malades  pauvres, 
l'application  de  la  radiographie  et  de  la  radioscopie  ; 

2*  D'émettre  le  vœu  qu'un  laboratoire  spécial  de  radio- 
graphie et  de  radioscopie  soit  fondé  à  l'Académie  de 
médecine. 


—  332  — 

Pharmacie. 

L'essence  de  santal  citrin  et  ses  falsifications;  par  M.  W. 

DuLiÈRE  (1).  —  Voici  d'abord  les  conclusions  : 

L'essence  de  santal  citrin  a  une  composition  spéciale  et 
•  des  caractères  bien  distincts  qui  permettent  de  la  difFé 
rencier    facilement  des   autres   essences  et  des  huiles 
grasses  avec  lesquelles  on  la  mélange. 

Le  dosage  du  santalol  peut  se  faire  aisément  et  avec 
une  faible  quantité  d'essence. 

Il  permet  d'apprécier  les  moindres  falsifications  de  l'es- 
sence de  santal  vraie. 

La  détermination  du  chiffre  de  saponification  de  l'es- 
sence telle  quelle  est,  doit  précéder  le  dosage  du  santalol. 

On  peut  reconnaître  à  l'indice  de  saponification  s'il  y  a 
présence  d'huiles  grasses  et  on  peut,  dans  l'affirmative, 
doser  celles-ci  avec  beaucoup  d'exactitude. 

L'indice  d'iode  et  réchauffement  sulfurique  sont  des 
constantes  qui  ont  une  grande  importance  lorsqu'il  s'agit 
de  déterminer  la  nature  d'une  falsification. 

Les  réactions  de  coloration  peuvent  être  aussi  d'une 
grande  utilité  dans  ce  cas. 

Il  résulte  des  recherches  nom})reuses  et  des  expériences 
auxquelles  l'auteur  s'est  livré,  que  l'on  peut  résumer, 
dans  les  données  suivantes,  le  critérium  de  l'essence  de 
santal  citrin  vraie. 

Densité  «  +  15*  :  0,973  à  0,976. 

Solubilité  dans  Valcool  à  70*  :  1  pour  5,  si  ressonce  est  récente  on  bien 
conservée  ;  i  pour  15  dans  le  cas  contraire. 

Indice  de  saponification  :  12,6  au  maximum. 

Proportion  de  santalol  :  94  p.  100. 

Action  de  l'acide  sulfurique  concentré  :  solidification  en  une  masse 
sèche  et  friable. 

Échauffement  sulfurique  (dans  les  conditions  indiquées)  :  78*  à  8(*  G. 

Indice  d'iode  y  après  trois  heures  (dans  les  conditions  indiquées)  : 
157,60  à  159,25. 

Coloration  nulle  ou  à  peu  près  sous  l'action  du  réactif  de  Dra^endorff 

(1)  Extrait  du  Bulletin  de  V Académie  royale  de  Belgique^  1S97. 


—  333  — 

(brome  et  chloroforme),  d'une  solution  chlorhjdrique  do  chlorure  de  zinc  et 
du  réactif  de  Gonrady. 

RÉACTIFS    COLORANTS 

A)  Solution  chloroformique  du  brome.  —  Ce  réactif  est 
indiqué  par  la  pharmacopée  hollandaise  et  par  Dra- 
gendorff. 

M.  Dulière  fait  usage  d'une  solution  contenant  2''*  de 
brome  pour  40"  de  chloroforme  ;  il  verse  goutte  à  goutte 
la  solution  de  brome  jusqu'à  ce  qu'il  se  produise  une 
coloration  spéciale. 

Sous  l'action  de  ce  réactif,  l'essence  de  santal  citrin  se 
teinte  très  légèrement  en  rose  lilas,  coloration  qui  ne 
tarde  d'ailleurs  pas  à  disparaître. 

Une  seule  essence,  celle  de  bois  de  cèdre,  pourrait 
passer  inaperçue  à  cet  essai;  elle  se  colore  en  jaune  rosé, 
à  peine  sensible. 

Les  autres  essences,  servant  à  falsifier  l'essence  de 
santal  citrin,  prennent  des  colorations  spéciales  plus  ou 
moins  intenses  qui  ne  permettent  aucune  confusion.  L'es- 
sence des  Indes  occidentales  prend  une  coloration  de 
fleurs  de  colchique,  qui  passe  vite  au  lilas  bleuâtre  foncé, 
puis  lentement  au  bleu  verdâtre. 

L'essence  de  copahu  vraie,  de  Para,  se  colore  en  gris 
verdâtre,  passant  lentement  au  vert  olive. 

Une  autre  essence  de  copahu,  que  tous  les  essais  ont 
montrée  différente  de  la  précédente  (elle  ^a  cependant 
été  garantie  pure  par  le  fabricant),  se  colore  en  lilas 
violet,  puis  en  vert  bleuâtre,  puis  en  vert  outremer. 
.  L'essence  de  gurjun  prend  une  coloration  violette  in- 
tense, qui  dure  très  longtemps  sons  se  modifier. 

B)  Réactif  de  Hendrix,  —  Il  consiste  en  une  solution  de 
3  parties  d'acide  phénique  pur  dans  1  partie  d'alcoel. 

On  prend  2^  de  ce  réactif,  on  ajoute  1  demi-gramme 
d'essence  ;  on  mélange  et  on  pèse  1  demi-gramme  d'acide 
chlorhydrique  concentré  qu'on  ajoute  sans  agiter  ;  l'acide 
gagne  le  fond  et  on  observe  ce  qui  se  produit  à  la  zone 
de  contact  des  deux  liquides  d'abord,  puis  dans  le  liquide 
surnageant. 


—  334  — 

Pour  Tessence  de  santal  pur,  il  se  pmduit,  à  Tintersec- 
tion  des  deux  liquides,  une  coloration  jaune  qui  passe 
vite  au  rouge  intense. 

Pour  l'essence  de  bois  de  cèdre,  il  se  produit  une  colo- 
ration brunâtre  à  Tintersection  et  il  se  forme,  dans  le 
liquide  surnageant,  un  trouble  nuageux  de  quelques 
millimètres. 

L'essence  de  copahu  se  comporte  tout  autrement  :  le 
liquide  surnageant  se  colore  entièrement,  après  quelques 
instants,  en  violet  intense. 

L'essence  de  gurjun  se  comporte  comme  l'essence  de 
copahu,  mais  la  coloration  produite  est  d'un  rouge  jau- 
nâtre intense. 

L'essence  de  santal  des  Indes  occidentales  donne  lieu 
également  à  la  coloration  immédiate  de  tout  le  liquide 
surnageant,  qui  prend  une  teinte  rouge  bordeaux  très 
foncée. 

C)  Solution  chlorhydrique  de  chlorure  de  zinc.  —  M.  Du- 
lière  fait  usage  d'une  solution  chlorhydrique  à  parties 
égales  d'acide  chlorhydrique  concentré  et  de  chlorure 
de  zinc  fondu. 

Ce  réactif  vaut  les  précédents  par  les  indications  qu'il 
donne  et  il  n'exige  que  peu  d'essence  et  peu  de  solution. 
M.  Dulière  compte  2  gouttes  d'essence  dans  un  verre  de 
montre  et  4  gouttes  de  solution  zincique  ;  il  mélange  avec 
une  baguette  de  verre  et  il  observe  les  phénomènes  qui 
se  produisent. 

Les  colorations  consignées  dans  son  tableau  se  rappor- 
tent à  l'action  immédiate  du  réactif  et  aux  modifications 
qui  surviennent  dans  l'espace  de  dix  minutes  au  plus  tard. 

L'essence  de  santal  se  colore  en  jaune  faible,  devenant 
im  peu  rosé. 

L'essence  de  santal  des  Indes  occidentales  se  colore  en 
jaune  citron,  passant  rapidement  au  brun,  puis  au  rouge 
violacé  sale,  peu  intense. 

L'essence  de  bois  de  cèdre  fournit  une  réaction  assez, 
capricieuse  :  M.  Dulière  a  obtenu  plusieurs  fois,  au  début, 
une  coloration  jaune  rosé  passant  lentement  au  brun. 


—  335  — 

Plus  tard,  cette  essence  lui  a  donné  une  teinte  verdâtre 
qui  se  modifiait  en  vert  brunâtre;  d'autre  fois  encore, 
c'est  la  teinte  rosée  qui  s'est  manifestée  ;  il  lui  a  semblé 
que  l'essence  se  colore  en  vert  si  elle  a  été  exposée  à  l'air, 
tandis  que  c'est  la  coloration  rose  qui  apparaît  si  le  flacon 
est  resté  bouché. 

L'essence  de  copahu  de  Para  se  colore  en  jaune  gomme- 
gutte,  puis  en  brun  sale. 

L'essence  de  gurjun  prend  une  coloration  rouge  in- 
tense, qui  passe  vite  au  rouge  violacé,  puis  au  rouge 
brun  foncé. 

Les  essences  que  M.  Dulière  considère  comme  des  mé- 
langes se  sont  comportées  différemment. 

D)  Réactif  de  Conrady.  —  Ce  réactif  est  un  mélange  de 
180"  d'acide  acétique  glacial  et  de  20*^*  d'acide  chlorhy- 
drique  fumant. 

Pour  l'employer,  on  ajoute  2  gouttes  d'essence  à  7"  1/2 
du  réactif  et  on  agite  ;  on  observe  la  coloration  produite 
immédiatement,  après  dix  minutes  et  après  deux  heures. 

L'essence  de  santal  citrin  prend  une  teinte  légèrement 
jaune,  qui  n'est  guère  appréciable  que  par  réflexion;  cette 
teinte  ne  s'accentue  pas  beaucoup  avec  le  temps. 

L'essence  des  Indes  occidentales  se  colore  tout  de  suite 
en  rouge  violacé  très  pâle,  qui  s'accentue  un  peu  après 
dix  minutes  et  augmente  encore,  sans  devenir  bien  intense 
cependant,  après  deux  heures. 

L'essence  de  bois  de  cèdre  se  colore  tout  de  suite  en 
rose  à  peine  sensible,  qui  s'accentue  un  peu  après  dix 
minutes  et  devient  rouge  violacé  faible  après  deux 
heures. 

L'essence  de  gurjun  se  colore  immédiatement  en  rouge 
jaunâtre  intense,  qui  se  fonce  fortement  après  dix  mi- 
nutes, à  tel  point  qu'il  n'est  plus  possible  de  constater  un 
changement  dans  la  suite. 

L'essence  de  copahu  de  Para  se  colore  en  rose  violacé 
faible,  qui  n'est  guère  plus  intense  après  dix  minutes  et 
qui  s'accentue  un  peu  après  deux  heures. 

Quant  à  l'emploi  de  ce  réactif  spécial  pour  déceler 


—  33G  — 

(l'une  façon  certaine  Tessence  de  cèdre,  M.  Dulière  dé- 
clare n'avoir  rien  observé  de  pareil  à  ce  que  Tauteur 
indique. 

Chimie. 

Actions  chimiques  exercées  par  Teffluve  électrique  ;  par 

M.  Berthelot  (Extrait)  (1).  —  L'auteur  vient  de  faire  un 
nombre  extrêmement  considérable  de  nouvelles  expérien 
ces  sur  les  actions  chimiques  de  l'effluve  électrique,  et  en 
particulier  sur  la  fixation  de  l'azote  parles  composés  orga- 
niques, questions  également  intéressantes  au  point  de  vue 
de  la  Chimie  pure  et  de  la  Physiologie  végétale.  Ces 
expériences  font  suite  à  celles  qu'il  a  publiées  à  plusieurs 
reprises,  depuis  quarante  années,  sur  les  mêmes  sujets, 
et  qui  se  trouvent  résumées  dans  son  Essai  de  Mécanique 
chimique  (2),  expériences  qui  l'ont  conduit  à  la  décou- 
verte de  la  synthèse  totale  de  l'acétylène,  de  l'acide 
cyanhydrique,  de  l'acide  persulfurique  et  congénères, 
ainsi  qu'à  celle  de  la  fixation  incessante  de  l'azote  libre 
de  l'air,  par  l'électricité  atmosphérique,  sur  les  principes 
immédiats  des  végétaux  dans  leur  état  naturel. 

L'auteur  s'est  proposé  d'étudier  méthodiquement  la 
fixation  électrique  de  l'azote,  celles  de  l'hydrogène,  de 
l'oxyde  de  carbone  et,  plus  généralement,  les  transfor- 
mations des  principes  organiques  isolés,  ainsi  que  leurs 
actions  réciproques. 

Ses  expériences  sont  complètes,  dès  à  présent,  sur  plus 
de  cent  vingt  systèmes. 

Il  a  étudié  les  principes  typiques  des  fonctions  fon- 
damentales :  carbures  d'hydrogène,  alcools  et  dérivés 
éthérés,  aldéhydes,  acides,  amides,  alcalis  et  composés 
azoïques;  il  a  envisagé  spécialement  les  corps  isomères 
et  homologues. 

Il  a  opéré,  toutes  les  fois  que  la  chose  a  été  possible, 
sur  dès  systèmes  entièrement  gazeux,  ou  susceptibles  de 
prendre  cet  état  dans  le  cours  de  l'expérience  ;  de  façon  à 

(1)  Ac,  d.  «c,  GXXVl,  561,  2  féTr.  1898. 

(2)  T.  n,  p.  368-400. 


—  337  — 

déflnir,  d'une  manière  exacte,  les  proportions  des  élé- 
ments dans  les  produits  transformés.  Il  s'est  attaché  sur- 
tout à  établir  la  limite  des  transformations,  dans  des 
conditions  de  temps  et  d'intensité  bien  définies. 

Il  place  les  corps  destinés  à  subir  la  réaction,  dans 
Tétat  isolé  ou  mélangés,  au  sein  d'un  espace  étroit,  annu- 
laire ou  de  toute  autre  forme,  de  façon  à  leur  faire  jouer 
le  rôle  de  diélectriques,  incessamment  traversés  par  les 
décharges  d'un  appareil  à  haute  tension,  tel  qu'une 
bobine  d'induction. 

Il  a  employé,  dans  la  plupart  des  cas,  un  appareil  de 
Ruhmkorff,  muni  d'une  bouteille  de  Leyde,  jouant  le 
rôle  de  condensateur  extérieur,  et  d'un  interrupteur 
Marcel  Deprez,  produisant  plusieurs  centaines  d'inter- 
ruptions par  seconde.  Les  décharges  sont  alternatives. 
L'appareil  est  alimenté  par  une  batterie  de  5  accumula- 
teurs, développant  une  tension  de  12  volts  en  moyenne  et 
donnant  lieu,  dans  les  conditions  de  ces  expériences,  à 
un  débit  de  2  ampères  environ,  débit  soutenu  pendant 
vingt-quatre  heures  consécutives.  La  longueur  des  étin- 
celles de  la  bobine,  munie  de  son  condensateur  extérieur, 
et  fonctionnant  avec  l'interrupteur  défini  plus  haut,  était 
de  12'""  à  15"*"  environ.  La  durée  complète  a  été  de  vingt- 
quatre  heures  ;  mais,  dans  chaque  expérience  et  à  di- 
verses reprises,  il  a  examiné  les  produits  intermédiaires. 

Les  substances  influencées  étaient  placées,  en  géné- 
ral, dans  l'espace  annulaire  qui  sépare  deux  tubes 
concentriques  de  verre,  distants  de  1"™  environ,  très 
usités  aujourd'hui.  Il  a  également  employé  des .  piles 
de  plateaux  et  capsules  minces  de  verre,  cylindiiques  et 
à  fond  plat,  superposés,  lesquels  renfermaient  des 
liquides  ou  des  solides  et  étaient  garnis,  à  leur  face 
inférieure,  de  feuilles  métalliques,  mises  en  communica- 
tion soit  avec  les  pôles  d'une  pile  de  plusieurs  centaines 
d'éléments  Leclanché,  soit  avec  ceux  d'une  bobine  d'in- 
duction :  de  façon  à  constituer  des  champs  électriques,  à 
charge  fixe  et  de  sens  constant  dans  le  cas  de  la  pile,  à 

Journ,  de  Pharm.  et  de  Chim.,  6«  SÉRIE,  t.  VII.  (1"  avril  18î)8.)  22 


—  338  — 

charge  incessamment  variable  et  de  sens  alternatif  dans 
le  cas  de  la  bobine.  Les  plateaux  et  capsules  sont  empilés 
au  sein  de  grandes  conserves  de  verre,  où  Ton  peut,  à 
volonté,  faire  le  vide  ;  ou  bien  faire  pénétrer  à  demeure, 
ou  bien  encore  faire  circuler,  soit  un  gaz,  soit  un  mé- 
lange de  gaz  déterminés. 

Les  réactions  étudiées  ont  été  exercées  entre  gaz,  li- 
quides et  solides.  L'action  réciproque  des  gaz  est  le  cas 
type,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut.  On  y  ramène  le  cas 
d'un  liquide  agissant  sur  un  gaz,  lorsque  ce  liquide  pos- 
sède une  tension  de  vapeur  considérable  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  comme  dans  le  cas  de  Téther  diéthylique 
agissant  sur  l'azote,  par  exemple.  Pour  les  cas  où  la  ten- 
sion est  trop  faible  pour  permettre  des  mesures  de 
volume  rigoureuses  de  la  vapeur,  il  pèse  le  liquide  dans 
une  très  petite  ampoule,  contenant,  par  exemple,  50"*«' 
ou  60"»'  du  composé,  et  il  écrase  l'ampoule  au  sein  du 
gaz,  pris  sous  un  volume  connu,  dans  la  région  supé- 
rieure, entre  les  deux  tubes  concentriques  de  l'appareil  à 
effluve. 

Si  le  liquide  offre  une  tension  de  vapeur  très  faible  ou 
nulle  (les  huiles  grasses,  par  exemple),  on  peut  encore 
réaliser  des  essais  qualitatifs;  mais  il  est  difficile,  sinon 
presque  impossible,  d'atteindre  la  limite  des  réactions, 
à  cause  de  l'imperfection  des  contacts;  les  liquides  étant 
amenés  à  s'écouler  jusqu'au  bas  des  éprouvettes,  à  la 
surface  du  mercure,  là  où  les  actions  diélectriques  ne 
s'exercent  plus  guère. 

A  fortiori,  en  est-il  de  même  pour  les  systèmes  hétéro- 
gènes formés  par  un  gaz  et  un  solide,  dont  la  surface 
seule  subit  des  réactions. 

Quant  aux  dissolutions  aqueuses,  alcooliques,  ou  au- 
tres, elles  se  prêtent  mal  aux  réactions  d'effluve  :  d'une 
part,  à  cause  de  l'imperfection  du.  contact  entre  le  corps 
dissous  et  le  gaz  qui  surmonte  la  dissolution,  et,  d'autre 
part,  à  cause  de  l'intervention  propre  du  dissolvant  :  par 
exemple,  lorsque  l'eau  préexiste,  ou  prend  naissance 
durant  la  réaction  de  l'azote  sur  un  composé  organique, 


irC'V 


—  339  — 

cette  eau  est  susceptible  de  produire,  pour  son  propre 
compte,  de  l'azotite  d'ammoniaque. 

Les  carbures  d'hydrogène  et  les  composés  peu  oxygé- 
nés, fournissent  d'abord  un  peu  d'acétylène;  mais  ce  gaz 
disparaît  ensuite,  par  l'effet  de  condensations,  combinai- 
sons et  métamorphoses  consécutives.  Les  composés  très 
hydrogénés,  tels  que  le  formène,  mis  en  présence  de 
l'azote,  fournissent  au  début  du  gaz  ammoniac,  qui  dispa- 
raît plus  tard.  L'oxyde  de  carbone,  l'acide  carbonique, 
fournis  d'abord  par  les  composés  très  oxygénés,  sont 
résorbés  ultérieurement.  De  même,  le  formène.  Par  suite 
de  ces  circonstances,  il  arrive  fréquemment  qu'un  sys- 
tème soumis  à  l'action  de  l'effluve  dégage  pendant  les 
premières  heures  un  volume  de  gaz  considérable;  vo- 
lume qui  diminue  ensuite,  par  l'effet  des  réactions  des 
produits  formés  tout  d'abord,  soit  entre  eux,  soit  avec  les 
substances  primitives. 

L'équilibre  final  est  déterminé  par  la  formation  de 
composés  à  molécule  condensée,  solides  ou  résineux, 
mauvais  conducteurs  de  l'électricité  et  peu  susceptibles 
de  mobilité  relative.  Quand  le  composé  initial  est  faible- 
ment hydrogéné,  tous  les  gaz  peuvent  demeurer  absor- 
bés; tandis  que  s'il  est  plus  riche  en  hydrogène,  une 
portion  plus  ou  moins  notable  de  ce  dernier  devient 
libre.  Les  choses  se  passent  ici  comme  dans  la  réaction 
de  l'effluve  sur  les  hydrures  minéraux  :  hydrogène  sul- 
furé, sélénié,  phosphore,  arsénié,  etc.,  d'après  ses  an- 
ciennes expériences  :  un  hydrure  condensé  et  solide 
demeurant  fixé  à  la  surface  du  verre,  dans  toutes  ces 
réactions,  tandis  que  l'excès  d'hydrogène  se  dégage. 

Lorsque  l'effluve  agit  sur  des  composés  organiques  ter- 
naires, les  effets  sont  plus  complexes.  Ainsi,  dans  le  cas 
des  composés  riches  en  oxygène,  il  se  forme  d'abord  de 
l'oxyde  de  carbone,  de  l'acide  carbonique  et  de  l'eau, 
composés  susceptibles  d'exercer  certaines  actions  réci- 
proques, dont  il  a  fait  une  étude  spéciale. 

Quant  aux  composés  azotés,  la  plupart  d'entre  eux 
absorbent  l'azote,  en  formant  des  composés  plus  azotés; 


■^j^fSy^^f^mr?^^^^'  ■  ■■  ^'^^^^  .^"^^r^FZT' 


—  340  — 

cependant  il  en  est  quelques-uns  qui,  en  raison  de  leur 
richesse  en  azote  ou  de  leur  constitution  azoïque,  sont 
susceptibles  de  dégager  de  l'azote. 

En  général,  l'azote  fixé  sous  l'influence  prolongée  de 
l'effluve  paraît  l'être  à  l'effet  de  dérivé  ammoniacal,  c'est- 
à-dire  amidé  ou  aminé,  spécialement  de  polyamine.  On 
n'a  jamais  observé  de  dérivé  azoïque  ou  nitrosé,  ou 
nitré,  ou  hydrazinique.  Il  n'apparaît  pas  davantage 
d'acide  cyanhydrique  libre,  ou  de  cyanhydrate  d'ammo- 
niaque ou  d'autre  base  ;  ce  qui  contraste  avec  la  forma- 
tion de  l'acide  cyanhydrique  par  l'action  de  l'étincelle. 

Tels  sont  les  résultats  généraux  observés  en  étudiant 
les  réactions  de  l'effluve.  Ils  se  résument  en  un  double 
mouvement  :  l'un  de  décomposition  des  principes  mis  en 
expérience  tendant  à  séparer  l'hydrogène  et  les  composés 
binaires  les  plus  simples;  l'autre  de  condensation  ou 
polymérisation,  avec  formation  de  composés  complexes 
de  l'ordre  le  plus  élevé. 

Il  est  digne  de  remarque  que  ce  double  mouvement  se 
retrouve  également  au  début  des  actions  pyrogénées; 
pourvu  que  les  produits  soient  soustraits,  par  un  refroi- 
dissement brusque,  aux  décompositions  totales  qui  ré- 
sultent de  l'action  prolongée  des  hautes  températures.  A 
un  point  de  vue  non  moins  général,  peut-être  est-il  per- 
mis de  rapprocher  les  actions  de  l'effluve  des  transforma- 
tions chimiques  accomplies  dans  le  cours  de  la  nutrition 
et  de  l'évolution  des  êtres  vivants;  transformations  pen- 
dant lesquelles  les  combinaisons  venues  du  dehors,  à 
titre  d'aliments,  tendent  à  se  résoudre  d'abord  en  prin- 
cipes plus  simples,  qui  se  recombinent  aussitôt  pour 
constituer  les  principes  immédiats,  nécessaires  à  l'entre- 
tien de  la  vie. 

L'action  chimique  de  l'effluve  électrique  mérite,  à  cet 
égard,  une  attention  toute  particulière;  surtout  si  l'on 
tient  compte  des  phénomènes  et  courants  électriques  dé- 
veloppés incessamment  dans  les  tissus  des  animaux  vi- 
vants. 

M.  Berthelot  donne  ensuite  le  détail  de  ses  expériences 


-  341  — 

sur  le  formène,  Thydrure  d'éthylène,  Téthylène,  l'acéty- 
lène, le  propylène,  le  triméthylène,  Tallylène,  etc.  Nous 
reproduirons  seulement  ses  essais  sur  le  formène. 
Formène  pur.  — Vingt-quatre  heures  d'effluve. 


Gaz  iniUal CH*  =  100«» 


Gaz  final H«=:105'»',a 

CH*=:     4'V 


Le  formène  a  perdu  la  moitié  de  son  hydrogène  et 
même  un  peu  plus,  sa  décomposition  étant  presque  accom- 
plie. 

Rapports  exacts  des  éléments  condensés  :  C  H**»*,  ou 

Dans  d'anciennes  expériences  (1877),  le  formène  avait 
formé  un  carbure  à  odeur  d'essence  de  térébenthine;  tan- 
dis que  le  térébenthène  avait  fixé  l'hydrogène  dans  les 
rapports  C'°  H"  -f  IF»',  en  se  polymérisant. 

Au  début,  le  formène  produit  un  peu  d'acétylène,  qui 
disparaît  ensuite  en  se  condensant. 

Formène  et  azote,  —  Vingt-quatre  heures  :  CH*  +  Az', 


vol.  égaux. 


Gaz  initial  :  CH*=^  100'«* 


Gaz  final  :  H«  =  H5,7 

CH*=     3,4 

Âz  absorbé       =    25,9 


Rapports  des  éléments  condensés  : 

CMPAz  ou  C*H(AzH«)\ 

On  peut  regarder  ce  produit  comme  une  tétramine 
C'H"Az*,  se  rattachant  au  précédent  carbure  C'IP*;  le- 
quel dérive  du  formène,  c'est-à-dire  des  résidus  Cil  et 
CH*  de  ce  dernier. 

Ce  produit  est  soluble  et  bleuit  le  papier  de  tournesol 
humide.  Il  a  la  formule  d'une  acétylénamine  polymé- 
risée  :  on  connaît,  en  effet,  quelques  dérivés  appartenant 
à  ce  type. 

En  résumé,  sous  l'influence  de  l'effluve  : 

1^  Les  carbures  acétyléniques,  C'H*'*"*,  se  changent  en 
polymères  condensés,  sans  perte  notable  d'hydrogène. 

2^  Les  carbures  éthyléniqnes,   C**H**,  se  polymérisent 


T^^T^- 


—  342  — ^ 

aussi,  mais  en  perdant  une  dose  d'hydrogène  répondant  à 
une  fraction  d'équivalent  par  molécule  de  carbure  ;  c'est- 
à-dire  qu'il  se  forme  des  dérivés  (C'H*'')"'—  II*,  m  étant 
égal  à  4  ou  5  (ou  multiple)  :  ce  qui  rapproche  ces  derniers 
de  la  composition  centésimale  des  camphènes.  Ils  repré- 
sentent sans  doute  des  carbures  cycliques. 

3®  Les  carbures  forméniques,  C**!!*"^*,  perdent  en  plus 
deux  atomes  d'hydrogène  par  molécule;  en  formant  des 
dérivés  qui  semblent  identiques  avec  ceux  des  carbures 
éthyléniques,  dont  les  carbures  forméniques  représentent 
les  hydrures. 

4°  Tous  les  carbures  étudiés  fixent  de  l'azote,  en  for- 
mant des  composés  alcalins  de  Tordre  des  polyamines, 
probablement  cycliques. 

5**  Ces  polyamines  semblent  :  des  tétramines,  avec  les 
carbures  éthyléniques  et  forméniques;  des  diamines, 
avec  les  carbures  acétyléniques. 

Elles  dérivent  de  l'association  de  l'azote  et  des  carbu- 
res polymérisés,  d'ordinaire  avec  perte  d'hydrogène,  sous 
l'influence  de  l'effluve. 

Il  y  a  là  toute  une  famille  de  composés  nouveaux,  très 
riches  en  azote,  remarquables  par  leur  origine,  leur  for- 
mation directe  au  moyen  de  l'azote  libre  et  les  méca- 
nismes électriques  de  leur  synthèse.  (A  suivre.) 


Préparation  d'un  phosphate  ferrique  soluble;  par 
M.W.-A.Purckner(I).  —  Dans  une  note  présentée  à  l'As- 
sociation américaine  pharmaceutique,  l'auteur  donne  le 
procédé  suivant  pour  préparer  le  phosphate  de  fer  soluble  : 
On  mélange  20*=*  d'acide  sulfurique  avec  240"  d'eau  et  on 
ajoute  15C«'  de  sulfate  ferreux,  on  chauffe  doucement 
jusqu'à  dissolution  complète.  Le  sulfate  ferreux  est  oxydé 
par  12»''  de  chlorate  de  potasse  et  on  continue  à  chaufler 
pendant  une  demi-heure.  Le  mélange  est  ensuite  addi- 
tionné de  340«'  d'ammoniaque  que  l'on  verse  en  agitant 
continuellement  ;  au  bout  d'une  demi-heure  le  précipité 

(1)  Phartn.  Journ.,  [4],  t.  VI,  p.  67,  1898. 


—  343  — 

est  déposé,  le  liquide  surnageant  est  décanté  et  le  préci- 
pité est  lavé  à  six  reprises  différentes  par  de  Teau  bouil- 
lante. Au  précipité  humide,  on  ajoute  i20«''  d'acide 
citrique  et  200«'  de  phosphate  de  soude  non  efllorescent, 
on  chauffe  doucement  le  mélange  jusqu'à  solution  com- 
plète et  on  évapore  au  bain-marie,  à  une  température  ne 
dépassant  pas  60*^,  jusqu'à  ce  qu'on  obtienne  500«'  de 
produit.  On  Tétend  sur  des  assiettes  plates  et  on  évapore 
lentement  à  siccité.  2"  de  la  solution,  évaporée  à  500»% 
renferment  i^'  de  phosphate  de  fer  soluble. 

E.  Gérard. 

Dosage  chimique  deToxyde  de  carbone  contenu  dans  Tair, 
môme  à  l'état  de  traces;  par  M.  Maurice  NicLoux(i).— 
L'auteur  commence  par  rappeler  le  principe  du  procédé 
de  M.  Gréhant  :  fixation  de  l'oxyde  de  carbone  par  le  sang 
d'un  mammifère  vivant,  extraction  des  gaz  d'un  volume 
déterminé  de  sang,  analyse  de  ce  gaz  au  grisoumètre.  La 
proportionnalité  entre  l'oxyde  de  carbone  fixé  par  le  sang 
et  l'oxyde  de  carbone  contenu  dans  le  milieu  résout  le 
problème  du  dosage. 

Son  procédé  repose  sur  deux  faits  connus  ; 

1*  L'oxyde  de  carbone  est  oxydé  par  l'acide  iodiquc 
anhydre  à  la  température  de  150*  en  donnant  de  l'acide 
carbonique,  et  l'iode  est  mis  en  liberté  en  quantité  cor- 
respondante ; 

2**  L'iode  peut  être  facilement  dosé  :  au  -J  centième  de 
milligramme  près  si  la  quantité  d'iode  est  inférieure  à 
0"«%  1  ;  à  j^  de  milligramme  près,  entre  O"»',  1  et  0"«',  2 
d'iode;  à  ^J^  de  milligramme  près  si  la  quantité  d'iode  est 
supérieure  à  0'°»',  2  (entre  0"»'  et  0"»%  4),  cela  en  em- 
ployant le  procédé  donné  par  M.  Rabourdin  : 

Mise  en  liberté  de  Fiodc  de  Tiodurc  de  potassium  par  racide  sulfuriquc 
nitrenx;  dissolution  de  Tiode  dans  un  volume  connu  de  chloroforme  et 
comparaison  de  la  teinte  ainsi  obtenue  avec  celle  que  l'on  obtient  dans  les 
mêmes  conditions  avec  une  solution  titrée  d'iodure  de  potassium. 

(1)  Ac,  d.  se,  CXXVI,  746,  7  mars  1898. 


—  344  — 

Appareil,  —  On  prond  trois  petits  tabès  en  U  à  tabulures  latérales,  sem- 
blables à  ceux  qui  servent  à  l'analyse  organique.  Dans  le  premier  on  intro- 
duit de  la  potasse  en  pastilles,  dans  le  second  de  la  ponce  sulfurique,  dans 
le  troisième  âS'' à  40^  d*acide  iodique  anhydre.  On  a  tenu  fermées  à  la  lampe  les 
deux  branches  de  ce  dernier  pour  éviter  Tinlroduction  de  matières  orga- 
niques. À  la  suite  du  tube  à  acide  iodique  on  place  un  tube  de  Will  conte- 
nant 5*^  de  lessive  de  soude  pure  d'une  densité  de  1,3,  que  l'on  additionne  de 
5^  d'eau  distillée.  Enfin  une  aspiration,  réglée  à  raison  de  10"  par  minute 
au  maximum  et  produite  par  un  vase  de  Mariette,  pourra  faire  circuler  les 
gaz  dans  le  sens  du  premier  tube  vers  le  tube  de  Will. 

Le  tube  en  U  contenant  l'acide  iodique  est  introduit  dans  un  verre  cylin- 
drique de  Bohême  rempli  d'huile. 

Les  gaz  à  analyser  (!"*  suffira  pour  le  dosage,  si  la  quantité  de  CO  est 
égale  ou  supérieure  à  tôtôïï)»  contenu  dans  un  petit  sac  de  caoutchouc  ou  un 
aspirateur  gradué,  circule  dans  les  deux  premiers  tubes  contenant  potasse  et 
ponce  sulfurique;  dans  le  premier,  il  se  débarrasse  de  GO',  de  H>S  de  SO*; 
H' S  et  se  donneraient  la  même  réaction  que  l'oxyde  de  carbone  si,  étant 
contenus  dans  l'air  à  analyser,  ils  n'étaient  pas  retenus;  dans  le  second,  il  se 
débarrasse  de  la  petite  quantité  d'eau  qu'il  pourrait  retenir.  Le  gaz  arrive 
ensuite  au  contact  de  l'acide  iodique  anhydre  maintenu  à  150"  au  moyen 
du  bain  'd'huile.  CO  s'oxyde;  la  vapeur  d'iode  entraînée  par  le  courant 
gazeux  est  retenue  parla  solution  alcaline  du  tube  de  Will.  Le  gaz  ayant  en- 
tièrement circulé,  on  en  chassera  les  dernières  traces  de  l'appareil  en  faisant 
une  aspiration  d'air  atmosphérique. 

Le  dosage  s'effectue  comme  Ta  indiqué  M.  Rabourdin  : 

La  solution  alcaline  contenant  l'iode  est  rendue  acide  par  l'acide  sulfu- 
rique; on  ajoute  quelques  centigrammes  de  nitrite  de  soude,  5"*  do  chloro- 
forme ou  mieux  de  sulfure  de  carbone,  on  agite  fortement  :  l'iode  mis  en 
liberté  se  dissout  dans  l'un  de  ces  dissolvants  en  leur  communiquant  une 
teinte  rose  que  l'on  compare  à  celle  obtenue  dans  les  mêmes  conditions  avec 
uoc  solution  titrée  d'iodure  de  potassium  à  O"*^,!  de  Kl  par  centimètre 
cube. 

Le  calcul  de  la  réaction 

5C0  +  210«H=5C0«  +  H«0+I* 

montre  que,  si  Kl  est  exprimé  en  milligrammes,  le  volume  do  GO  en  centi- 
mètres cubes,  à  0*  et  760""",  est  donnée  par  la  formule 


Kl 


GO  =  5-0=        et  pratiquement 


Kl 
C0=-^ 


L'erreur  maximum  est  à  peine  de  10  p.  100;  même 
dans  ces  conditions  le  procédé  est  à  môme  d'avoir  quel- 
ques applications  grâce  à  sa  simplicité  et  à  sa  rapidité, 
les  quantités  de  gaz  à  faire  circuler  étant  relativement 
petites  :  1"*  environ  ;  2"*  à  3*»*  au  maximum. 


—  345  — 

Il  est  nécessaire  de  faire  marcher  l'appareil  à  blanc 
plusieurs  heures,  à  cause  des  traces  de  matières  organi- 
cfues  qui  peuvent  avoir  été  entraînées  dans  l'acide  iodi- 
que  au  moment  du  montage  de  l'appareil  et  qui  par  leur 
oxydation  donnent  de  l'iode  libre. 

De  2"*  à  3"'  d'air  atmorphérique  n'ont  pas  donné  trace 
d'iode  en  les  faisant  circuler  dans  l'appareil. 

Ni  l'hydrogène,  ni  le  méthane  dans  les  mêmes  condi- 
tions ne  donnent  de  réaction  analogue. 


Préparation  du  glucinium  par  électrolyse;  par  M.  P. 

Lebeau  (1).  —  Marignac  a  étudié  au  point  de  vue  cristal- 
lographique  les  fluorures  doubles  que  forme  le  fluorure 
de  glucinium  avec  les  métaux  alcalins,  et  a  obtenu  les 
composés  de  la  forme  GF*,  2MFetGF*MF.  Les  sels  de 
sodium  notamment,  GF,  2NaF  et  GF,  NaF,  conviennent 
parfaitement;  le  premier  fond  vers  350*  en  donnant  par 
refroidissement  une  masse  vitreuse  transparente  ;  le  se- 
cond, qui  fond  vers  le  rouge  sombre,  fournit  au  contraire 
une  masse  blanche  à  cassure  cristalline.  Ce  dernier  sel, 
étant  moins  résistant,  sera  choisi  de  préférence  lorsqu'on 
ne  disposera  que  d'un  courant  assez  faible. 

L'électrolyse  se  fait  très  commodément  dans  un  creu- 
set de  nickel  qui  sert  de  pôle  négatif,  l'électrode  positive 
étant  constituée  par  une  lame  ou  une  baguette  de  charbon 
graphitique  qui  ne  se  désagrège  pas  sous  l'influence  du 
courant. 

On  commence  par  fondre  le  sel  au  moyen  d'un  brû- 
leur Bunsen,  puis  l'on  fait  passer  le  courant  ;  on  cesse 
alors  de  chauffer.  La  masse  se  maintient  en  fusion,  il 
faut  éviter  une  trop  grande  élévation  de  température  et 
ne  pas  dépasser  le  rouge  naissant. 

L'auteur  avait  à  sa  disposition  le  courant  produit  par 
une  petite  dynamo  destinée  à  la  charge  des  accumula- 
teurs et  donnant  normalement  20  ampères  sous  80  volts. 
Pendant  l'expérience  le  courant  était  de  6  à  7  ampères 

(l)  Ac,  d.  «c,  CXXVI,  744,  7  mars  1898. 


—  346  -^ 

sous  35  à  40  volts.  Après  quarante-cinq  minutes  de  mar- 
che environ,  en  employant  un  creuset  pouvant  contenir 
une  centaine  de  gramme  du  sel  GF*,  Na  F,  on  obtient  sur 
le  creuset  de  nickel,  surtout  vers  la  région  médiane,  un 
dépôt  métallique  formé  par  un  feutrage  cristallin  non 
adhérent  que  Ton  isole  en  traitant  la  masse  par  l'eau 
bouillante.  Après  des  lavages  prolongés  la  désagrégation 
devient  complète  et  Ton  recueille  une  poudre  formée 
uniquement  de  cristaux  assez  irréguliers,  comme  on  en 
rencontre  souvent  dans  les  dépôts  électrolytiques,  et  qui 
est  du  glucinium  pur  ne  renfermant  pas  de  nickel,  ni  de 
fer.  Au  microscope,  il  est  d'un  blanc  métallique  très 
brillant  ;  il  ne  contient  pas  trace  de  matière  amorphe. 

Emploi  de  la  coagulation  dans  les  travaux  de  labora- 
toire; par  M.  G.  Fabris  (1).  —  L'agglomération  en  flocons 
de  l'argile  mise  en  suspension  dans  l'eau  est  un  phéno- 
mène analogue  à  la  coagulation  des  colloïdes  par  les 
corps  cristallisables. 

Le  nitrate  d'ammoniaque  peut  être  employé  avec 
succès  pour  la  précipitation  du  sulfate  de  baryte,  du 
phosphomolybdate  d'ammoniaque. 

Dans  les  dosages  volumétriques  par  le  chlorure  d'ar- 
gent, le  nitrate  d'alumine  active  le  dépôt  du  chlorure. 

Le  ferricyanure  de  cobalt,  le  sulfure  de  nickel  en 
liqueur  ammoniacale  sont  complètement  précipités  et 
peuvent  être  filtrés  par  l'addition  d'un  excès  de  sel  ammo- 
niac. 

Une  partie  de  l'agent  de  coagulation  est  entraîné  par 
le  précipité  et  ne  peut  plus  ensuite  être  enlevé  par  des 
lavages  prolongés  à  l'eau  pure.  Mais,  en  employant  une 
dissolution  d'un  autre  sel  soluble,  il  y  a  déplacement 
réciproque,  de  telle  sorte  que  par  un  lavage  final  avec 
une  solution  saturée  d'un  sel  ammoniacal,  on  pourra 
enlever  un  sel  iixe  et  soluble  qui  aura  été  primitivement 
fixé  sur  le  précipité.  C'est  là  un  fait  important  pour  l'ana- 

(1)  Soc.  chem.  Ind.,  t.  XVI,  p.  872-873;  30,  11,  97. 


-^  347  — 

lyse  pondérale,  qui  peut  être  mise  à  profit  dans  les  do- 
sages par  le  sulfate  de  baryte. 

Les  alcalis,  les  carbonates,  les  phosphates  et  les  oxa- 
lates  alcalins,  les  sulfures  et  les  polysulfures  s'opposent 
à  la  coagulation.  Il  faut  donc  éviter  d'employer  en  excèiv 
ces  réactifs  pour  obtenir  des  précipités  faciles  à  recueillir. 

Formation  des  antitoxines;  par  M.  H. -A.  Cummins  (1).  — 
M.  A.  Cummins  prétend  que  la  formation  des  antitoxines 
(substances  alcaloïdiques  ou  autres)  dans  les  plantes  a  pour 
but  de  protéger  ces  dernières  contre  Faction  des  bactéries 
nuisibles  qui  sont  renfermées  dans  le  sol.  Cette  assertion 
est  confirmée,  dit  l'auteur,  par  ce  fait  que  la  production 
des  principes  toxiques  dans  une  même  espèce  végétale 
varie  avec  la  nature  du  sol.  C'est  ainsi  que  la  ciguë 
vireuse^  récoltée  dans  les  environs  d'Edimbourg,  n'est 
pas  toxique,  tandis  que  VAgaricus  campestris^  provenant 
de  certaines  contrées  de  l'Italie,  renferme  des  substances 
nocives  expliquant  l'interdiction  de  la  vente  de  ce  cham- 
pignon sur  les  marchés  d'Italie. 

D'après  M.  Cummins,  les  antitoxines  seraient  le  ré- 
sultat d'une  irritation  des  cellules  causées  par  les  micro- 
organismes qui  envahissent  la  plante  et  qui  produisent 
la  fermentation  des  sucs;  les  antitoxines  ainsi  formées 
viendraient  ultérieurement  annihiler  l'action  du  microbe. 

E.  Gérard. 


Action  de  Facide  nitrique  sur  le  triphénylméthane;  pai^ 
M.  E.  S.  Smith  ("2;.  —  Le  procédé  de  préparation  du  trin- 
trotriphénylméthane  par  l'action  de  l'acide  nitrique  fu- 
mant sur  la  triphénylméthane  a  été  décrit  par  Fischer(3). 

Dans  une  expérience  faite  pour  préparer  ce  produit, 
l'auteur  n'a  pas  suivi  les  indications  précises    données 

(1)  Pharm.  Journ.y  [4],  t.  VI,  p.  68,  1898,  d'après  Proc,  Asiatic  soc. y 
Bengal,  1897,  p.  15. 

(2)  Chemical  NewSy  t.  LXXVI,  p.  192,  1897,  d'après  American  Chemical 
Joum.,  t.  XIX,  p.  702. 

(3)  Ann,  Chem.  Liebig,  t.  CXCIV,  p.  254. 


•  ^^•^i^'.'wî^ 


—  348  — 

par  Fischer  et  il  a  obtenu  une  substance  qui,  après 
analyse,  répond  à  la  formule  du  triphénylcarbinol 
(C'H')'COH.  Voici  comment  M.  Smith  a  procédé:  Il  met 
dans  un  flacon  une  certaine  quantité,  qui  n'a  pas  été 
pesée,  de  triphénylméthane  récemment  cristallisée  dans 
la  benzine  et  renfermant  probablement  encore  un  peu  de 
ce  dissolvant,  et  il  ajoute  une  proportion  non  déterminée 
décide  azotique  de  D  =  l,34  et  un  peu  d'acide  azotique 
fumant.  Le  mélange  est  abandonné  à  lui-même  pendant 
un  temps  très  court,  puis  on  chauffe  quelque  temps  au 
hanc  de  sable.  Quand  la  réaction  est  achevée,  on  addi- 
tionne le  tout  d'une  grande  quantité  d'eau,  on  obtient  un 
précipite  jaune  rougeâtre  qu'on  recueille  sur  un  filtre.  Le 
jï['é<ipité,  fortement  exprimé,  laisse  écouler  un  peu 
d  huile  rouge  possédant  l'odeur  de  la  nitro-benzine.  On  le 
purifie  par  cristallisation,  d'al)ord,  dans  un  mélange 
d'at'ide  acétique  cristallisable  et  de  benzène,  ensuite  dans 
1+'  benzène  et  enfin  dans  ralcool. 

Le  produit  purifié  est  blanc,  il  ressemble  au  triphényl- 
carbinol. Son  point  de  fusion  est  de  161*  (non  corrigé).  Il 
ne  renferme  pas  d'azote  dans  sa  molécule. 

Analyse  : 
Calculé  pour 
triphénylcarbinol.  Trouvé. 

C 87,80  88,10 

H 6,15  6,22 

0 6,15  » 

L'auteur  a  essayé  de  répéter  cette  expérience,  il  n'a  pu 
la  reproduire  même  en  variant  les  conditions  d'opéra- 
lion,  les  degrés  de  l'acide,  les  temps  de  chauffée,  etc.  Dans 
un  seul  cas,  il  a  pu  obtenir  une  très  petite  quantité  d'une 
matière  rougeâtre  qui,  après  des  cristallisations  succes- 
sives, fondait  à  161*. 

L'acide  nitrique  de  D=  1,42  n'a  aucune  action  sur  le 
triphénylméthane  tant  que  la  température  n'a  pas  atteint 
100'  et  le  produit  obtenu,  dans  ces  conditions,  est  une 
t^ubstance  visqueuse  de  couleur  saumon  et  incristalli- 
sable. 


k 


—  349  — 

M.  Smith  n'a  pas  trouvé  décrit  un  semblable  pinDCédé 
de  préparation  du  triphénylcarbinol  qui  s  obtient  ordinai- 
rement par  l'oxydation  de  ce  composé  à  Taide  de  Tacide 
chromique.  E.  Gérard. 

Sur  la  décomposition  partielle  du  chloroforme  dans  l'or- 
ganisme; par  MM.  A.  Desgrez  et  m.  Nicloux  (1).  — Lesanji 
normal  donne,  il  est  vrai  (2),  à  l'analyse  une  faible  propor- 
tion d'oxyde  de  carbone.  Comme  ce  gaz  augmente  notable- 
ment dans  le  sang  des  animaux  anesthésiés  par  le  chloro- 
forme, on  ne  pourrait  pas,  même  en  l'acceptant  pour  le 
sang  normal,  étendre  l'hypothèse  de  M.  de  Saint-Martin 
jusqu'à  expliquer  ces  augmentations  par  l'influence  de 
l'acide  acétique  sur  le  sang.  Ce  serait  supposer,  en  effet, 
que  cette  influence  est  fonction  directe  de  Paneslhésie. 

Les  chiffres  donnés  par  M.  de  Saint-Martin  et  ceux  qui 
résultent  des  nouvelles  expériences  des  auteurs,  confir- 
ment les  conclusions  d'abord  obtenues,  par  eux,  avec  le 
grisoumètre,  à  savoir  que  le  chloroforme  se  décompose, 
dans  l'économie,  en  donnant  de  l'oxyde  de  carbone. 

Emploi  de  Tacétone  comme  dissolvant;  par  M.  E .  -T.  Il  ahn  (3) . 

—  L'emploi  de  l'acétone,  substitué  à  celui  de  l'alcool, 
comme  dissolvant,  pour  l'extraction  des  résines  de  jalap, 
de  podophylle,  de  scamonée,  a  donné  à  l'auteur  un  ren- 
dement bien  supérieur.  C'est  ainsi  que  la  poudre  de  jalap 
commerciale  épuisée  par  de  l'alcool  donne  seulement 
6,5  p.  100  de  résine,  alors  que  par  l'acétone  le  rendement 
est  de  7,5  p.  100.  Pour  la  poudre  de  podophylle,  l'alcool 
extrait  4  p.  100  de  résine  et  l'acétone  4,5  p.  100.  Pour  la 
scamonée,  par  le  traitement  à  l'alcool  bouillant,  on  retire 
60  p.  100  de  produit  et,  par  l'acétone,  63  p.  100. 

Il  n'existe  aucune  différence  de  composition  dans  les 
produits,  provenant  d'une  même  drogue,  extraits  par  les 

(1)  Ac.  d.  se.  CXXVI,  758,  7  mars  1898. 

(2)  Journ,  de  Ph.  et  Ch.y  numéro  précédent,  292.  M.  de  Saint-Martin. 

(3)  Pharm.  Journ,,  [4],  t.  VI,  p.  67,  1898;  d'après  Amer.  Journ. 
pharm.,  t.  XX,  p.  2!. 


—  350  — 

deux  dissolvants,  ce  qui  semble  bien  démontré  par  le  fait 
qu'ils  sont  également  solubles  dans  ralcool  et  dans 
l'acétone.  E.  Gérabd. 


Détermination  de  la  glycérine  dans  les  vins  sucrés  ;  par 

M.  G.  Fabris  (1).  —  Le  vin  mélangé  de  chaux  ne  doit  pas 
(Ure  évaporé  trop  à  sec  (seulement  jusqu'à  consistance 
semi-liquide);  le  résidu  insoluble  dans  l'alcool  doit  être 
bien  lavé  à  l'alcool,  200**  suffisent  ;  la  distillation  de  l'al- 
cool doit  être  effectuée  avec  précaution  ;  si  la  quantité  de 
glycérine  atteint  plus  de  0,5  p.  100,  il  faut  refaire  Topé- 
ration  sur  une  plus  petite  quantité  de  vin. 

Dosage  du  sucre  et  de  l'acide  phénique  dans  les  savons  ; 

par  M.  HuRST  (2).  —  Dosage  du  sucre.  —  Pour  doser  le 
sucre  (savons  de  toilette),  on  pèse  5«'  de  savon,  que  l'on 
dissout  dans  l'eau,  on  décompose  par  un  léger  excès  d'il  Cl. 
Les  acides  sont  filtrés  et  lavés  avec  un  peu  d'eau  chaude, 
les  eaux  de  lavage  étant  ajoutées  au  filtrat.  On  fait  bouillir 
ce  dernier  5  à  10  minutes  et  on  titre  par  la  solution  cupro- 
potassique. 

Dosage  de  V acide  phénique,  —  On  dissout  5«'  de  savon 
dans  l'eau  et  on  rend  alcalin  par  la  soude  caustique,  puis 
on  agite  avec  de  l'éther  dans  un  entonnoir  à  séparation. 
On  laisse  reposer,  on  fait  écouler  le  liquide  aqueux  et  on 
ajoute  du  chlorure  de  sodium  afin  d'éliminer  le  savon, 
on  filtre  et  on  lave  à  l'eau  salée.  On  complète  le  filtrat  et 
les  eaux  de  lavage  à  un  litre.  On  prélève  500'*  ;  on  rend 
légèrement  acide  par  SO*H*  dilué,  et  un  peu  d'eau  bromée 
est  ajoutée,  jusqu'à  apparition  d'une  faible  coloration 
jaune.  La  quantité  ajoutée  est  notée. 

On  titre  ensuite  l'eau  bromée  de  la  manière  suivante  : 
5«'  de  bon  savon  sont  dissous  avec  0,5  d'acide  phénique, 
et  cet  échantillon  est  traité  comme  le  premier.  La  quan- 

(1)  Ann,  del,  lab,  délie  Gabelle  Roma;  mai  1897, 

(2)  OU  and  Colourman*9 j  Joum,,  1897,  p.  1997;  d'après  Ann,  de 
chim.  analyt.,  févr.  1898, 


—  351  — 

tité  d'eau  bromée  ajoutée  correspond  donc  à  0,5  d'acide 
phénique,  ce  qui  permet  de  calculer  ce  dernier  dans 
Féchantillon  à  analyser. 


Fabrication  de  Fhuile  d'acétone,  en  particulier  de  la  mé- 
thyléthylcétone,  au  moyen  des  eaux  de  désuintage  des 
laines;  par  MM.  A.  et  P.  Buisine  (1).  —  Pour  obtenir 
l'huile  d'acétone  au  moyen  des  eaux  de  désuintage  des 
laines,  on  prend  les  acides  gras  volatils,  isolés  de  ces 
eaux  comme  nous  l'avons  indiqué  (2)  ;  on  les  sature  par 
la  chaux  et  l'on  évapore  la  solution  à  siccité.  Les  sels  de 
chaux  parfaitement  secs  sont  ensuite  soumis  à  la  distilla- 
tion sèche. 

Le  matériel  à  employer  pour  sécher  et  distiller  les  sels  de  chaux  est  tout  à 
fait  analogue  à  celui  qui  est  usité  dans  la  fabrication  de  r acétone. 

On  obtient  ainsi  de  45  à  50  p.  100  du  poids  des  sels  de  chaux  d'un  liquide 
légèrement  coloré,  ayant  une  odeur  particulière  pénétrante  et  très  persistante, 
une  saveur  acre  et  brûlante. 

Sa  densité  est  0,838.  H  est  soluble  en  grande  partie  dans  reau,  qui  en 
dissout  80  p.  100  environ.  11  est  soluble  en  toute  proportion  dans  Tacoool  et 
réther. 

Une  première  rectification  de  ce  liquide  a  fourni  les  résultats  suivants  : 

De    56«»  k    75-,  il  passe 18  p.  100 

De    75«  à    85»        —  59      — 

De    85»  à  100»        —  5      — 

De  100»  à  150*        —  8      — 

De  150»  à  200»        —  5      — 

Au-dessus  de  200*        —  5      — 

100 

Par  des  rectifications  répétées,  on  a  pu  séparer  du  mélange  plus  de 
60  p.  100  de  mélhyléthylcétone.  La  proportion  élevée  de  la  méthjléthylcétono, 
contenue  dans  cette  huile  d'acétone,  tient  à  ce  que  le  mélange  des  acides 
gras  volatils  des  eaux  de  désuintage  des  laines  est  riche  en  acide  propioniquc. 

Cette  source  d'huile  d'acétone,  et  en  particulier  de 
mythyléthylcétone,  est  extrêmement  abondante  et  son 
exploitation  serait  très  économique.    Le  rendement   en 

(1)  Ac.  d.  sc.y  CXXVI,  351,  24  janv.  1898. 

(2)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Ch.  [6],  VH,  137,  1«  févr.  1898. 


—  352  — 

huile  d'acétone  est  de  15"*  environ  par  mètre  cube  d'eau 
de  désuintage  à  11»  Baume.  On  pourrait  obtenir,  par  le 
traitement  de  la  totalité  des  eaux  de  désuintage  produites 
actuellement  dans  les  villes  de  Roubaix  et  de  Tourcoing, 
environ  10.000^«  d'huile  d'acétone  par  jour. 

L'huile  d'acétone,  jusqu'ici  sans  application,  com- 
mence maintenant  à  être  utilisée,  notamment  pour  la 
dénaturation  de  l'alcool. 

Ce  produit  était  rare  et  difficile  à  obtenir.  La  fabrica- 
tion de  l'acétone  ne  donne,  en  effet,  qu'un  faible  rende- 
ment en  huile  d'acétone,  10  pour  100  de  l'acétone  brute, 
dit-on,  et  le  procédé  d'obtention  par  l'oxydation  des 
fusels,  qui  fourniraient  de  20  à  25  pour  100  d'huile  d'acé- 
tone, est  extrêmement  laborieux.  Par  suite,  l'emploi  de 
ce  produit  n'a  pas  pu  se  généraliser. 


Nos  lecteurs  ont  été,  plusieurs  fois,  mis  au  courant  de 
la  question  de  la  dénaturation  de  l'alcool.  Us  savent  que 
les  fabricants  français  de  produits  à  base  d'alcool  payaient 
37  fr.  50  de  droits  de  dénaturation  et  que  le  prix  de 
l'alcool  est  notamment  accru  par  le  valeur  considérable 
du  dénaturant  qui  renferme  15  p.  100  d'alcool  méthylique, 
ce  qui  revient  à  dire  que  nos  nationaux  sont  dans  un 
état  d'infériorité  tel,  vis-à-vis  des  étrangers,  qu'il  équi- 
vaut à  une  véritable  prohibition  de  la  production  de  beau- 
coup de  composés  organiques,  industriels  et  pharmaceu- 
tiques. 

L'Administration  est  entrée  dans  la  voie  des  conces- 
sions, au  double  point  de  la  taxe  de  dénaturation  que 
M.  le  Ministre  des  finances  a  abaissée  à  3  francs,  et  du 
prix  du  dénaturant  qui  a  été  diminué  parce  que,  sur  la 
proposition  d'une  commission,  la  proportion  d'alcool  mé- 
thylique a  été  ramenée  à  10  p.  100,  laquelle  pourra  être 
réduite  encore  :  ce  qui  serait  à  désirer  parce  qu'elle 
accroît  notablement  la  valeur  de  l'alcool. 

11  est  d'autant  plus  nécessaire  de  diminuer  la  valeur  de 
l'alcool  que  la  distillerie  française  est  dans  un  état  de 
crise  continuel  par  suite  de  la  superproduction  qui  en 


—  353  — 

abaisse  la  valeur,  état  qui  exige  que  Ton  trouve  à  Talcool 
des  débouchés  industriels  en  même  temps  qu*il  est  de 
notre  devoir  de  lutter  contre  l'alcoolisme  en  diminuant 
la  consommation  de  bouche  des  produits  alcooliques. 

Il  y  a  lieu  de  penser  qu'on  est  sur  une  bonne  piste,  qui 
consiste  dans  l'emploi  de  l'alcool  pour  l'éclairage  et  le 
chauffage.  En  Allemagne  on  commence  à  s'en  servir 
couramment  dans  des  lampes  spéciales. 

Ce  serait  un  débouché  considérable  pour  toutes  les 
industries  qui  arrivent  finalement  à  la  production  de  l'al- 
cool, et  le  tribut  que  nous  payons  à  l'Amérique  pour  le 
pétrole  n'irait  plus  en  croissant  et,  au  contraire,  diminue- 
rait. 

Mais,  dans  le  cas  où  ce  problème  serait  résolu  indus- 
triellement, il  ne  deviendrait  applicable  que  si  l'on  pou- 
vait se  procurer  cet  alcool  à  peu  près  exempt  de  droits; 
or,  la  lutte  contre  l'alcoolisme  et  l'intérêt  du  Trésor  exi- 
gent qu'il  ne  soit  pas  détourné  pour  la  boisson  et  d'autres 
usages.  Il  y  a  là  une  très  grosse  difficulté  à  l'étude  de 
laquelle  il  n'est  que  temps  de  se  mettre. 

Parmi  les  dénaturants,  il  en  est  un  qui  parait  réunir 
toutes  les  conditions  désirables,  c'est  la  méthyléthyl- 
cétone  que  M.  le  I)'"  Lang,  chimiste  en  chef  de  la  régie 
fédérale  des  alcools  à  Berne,  fait  entrer  comme  le  prin- 
cipal élément  du  dénaturant  suisse.  Il  présente  sensible- 
ment le  point  d'ébuUition  de  l'alcool,  ce  qui  ne  permet 
pas  de  l'en  séparer  par  la  distillation.  Son  odeur  n'est 
pas  assez  désagréable  pour  empêcher  d'employer  l'alcool, 
ainsi  dénaturé,  de  servir  aux  usages  domestiques,  mais  sa 
saveur  tenace  communique  à  l'alcool  dilué  un  goût  insup- 
portable. 

Si  —  ce  qui  parait  vraisemblable  —  le  procédé  Buisine 
fournit  un  procédé  pratique  et  économique  de  fabriquer 
la  méthyléthylcétone,  la  question  de  la  dénaturation  de 
l'alcool  à  bon  marché  et  avec  sécurité  n'est  pas  éloignée 
d'une  solution  avantageuse.  A.  R. 


Joum.  de  Pharm.  et  de  Ckim.,  6»  SÉRIE,  t.  VU.  (!•'  avril  1898.)  23 


354  ^ 


BIBLIOGRAPHIE 


Docteur  E.  Barral,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de 
médecine  et  de  pharmacie  de  Lyon.  —  Résumé  et  tableaux 
d'analyse  qualitative  minérale  (1). 


Des  poudres  alimentaires  et  de  V alimentation  des  enfants 
du  premier  âge;  par  M.  Cyrille  Vallée,  préparateur  de 
chimie  organique  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lille  [2). 


Notre  confrère,  M.  Bocquillon-Limousin  vient  de  pu- 
blier deux  brochures  intéressantes  (3). 

La  première  intitulée  :  Eaux  minérales  et  climatologie, 
comprend  l'étude  des  eaux  minérales  de  nos  colonies  — 
Algérie,  Réunion,  Martinique,  Guadeloupe,  Nouvelle- 
Calédonie  —  avec  la  composition  chimique  de  ces  eaux, 
dont  un  certain  nombre  ont  été  analysées  par  M.  Boc- 
quillon. 

La  deuxième  est  une  histoire  détaillée  des  recherches, 
publiées  jusqu'à  ce  jour,  sur  le  Condurango  de  VÉqua- 
leur  :  examen  botanique,  analomique,  physiologique; 
étude  chimique,  action  thérapeutique;  diverses  formes 
pharmaceutiques  sous  lesquelles  on  l'emploie. 


Comptes  rendus  de  rAcadémie  des  sciences,  7  mars  1898.  — 
A,  Ditte  :  Actioa  du  sulfate  de  chaux  sur  le  chlorure,  le  bromure,  riodure 
de  potassium,  le  chlorure  de  sodium.  —  P.  Janet  :  Température  des  lampes 
à  incandescence.  —  Ch.  Ed,  Guillaume  :  Aciers  au  nickel.  —  E.  Dumont  : 
Propriétés  magnétiques  de  ces  aciers.  —  Gin  et  Leleux  :  Dissociation  des 
carbures  de  barium  et  de  manganèse.  —  E.  Biaise  :  Préparation  et  éthérifi- 

(1)  G.  Carré  et  G.  Maud,  éditeurs,  rue  Racine,  3,  1898. 

(2)  Thèse  de  pharmacie  de  la  Faculté  de  Lille.  Le  Bigot  frères,  rue 
Nicolais  Leblanc,  Lille. 

(3)  Imprimerie  Regnault,  Paris. 


—  355  — 

cation  de  Tacide  dimétbylsaccinique  dissymétrique,  —  G,  Bouchardat  et 
7.  Lafont  :  Isobornéols  de  synthèse,  leur  identité  avec  les  alcools  fénoîliques. 
—  CA.  Lepierre  :  Mncine  produite  par  un  bacille  fluorescent  pathogène.  «-* 
G,  Bertrand  :  Action  de  la  bactérie  du  sorbose  sur  les  alcools  pluri- 
valents. 

14  marB,  —  A,  CoUon  :  Sur  les  causes  du  déplacement  réciproque  des 
deux  acides.  —  Ch.  Zeiiel  :  Nouveau  siliciure  de  chrome,  SiCr^.  — 
G.  Urbain  :  Fractionnement  des  terres  yltriqucs.  —  CEschner  de  Coninck  : 
Sur  deux  modes  de  décomposition  de  quelques  éthers  sulfocyaniqucs.  — 
F.  Bodroux  :  Éthers  oxydes  du  B-naphtol.  —  J,  Hausser  :  Stérilisation  des 
liquides  par  filtration  à  travers  la  terre  d'infusoires,  calcinée  au  dessous  de 
son  point  de  fusion.  —  G.  Bertrand  :  Produit  d'oxydation  de  la  glycérine 
par  la  bactérie  du  sorbose;  cette  bactérie  agit  sur  la  glycérine  comme  sur  la 
sorbite  et  la  mannite  :  elle  lui  enlève  deux  atomes  d'hydrogène  et  la  trans- 
forme en  un  véritable  sucre  cétonique  en  C,  la  dioxycétone. 


Âpotheker-Zeitang,  XII»  septembre  à  décembre  1897.  —  Van  Ledden 

Hulsebosch  :  Examen  microscopique  des  excréments.  —  C.  Schaerges  : 
Étude  du  chloroforme  anesthésiquo.  —  C.  Hartwich  :  Gomme  à'Angra  pe- 
quena.  —  J.  Gadamer  :  Sur  l'emploi  de  l'oxyde  de  zinc  dans  la  préparation 
de  Tacide  lactique.  —  D' StôA/i:  Recherche  sur  la  sursaturation.  —  F. 
Miehle  :  Sur  la  préparation  de  sirops  stériles.  —  L,  Spiegel  :  Sur  l'yohim- 
bine.  —  F.  Miehle  :  Essai  du  sulfate  de  cocaïne.  —  A,  Roder feld  :  Prépa- 
ration des  suppositoires  et  bougies.  —  H,  Kunz-Krause  :  Sur  la  chimie  des 
tannins.  —  K.  Dielerich  :  Contribution  k  l'essai  rationnel  des  baumes,  ré- 
sines et  gommes-résines.  —P.  Madsen  :  Dosage  de  la  digi toxine  dans  les  feuilles 
de  digitale  de  Norvège. —  G.  Cohn  :  Emploi  de  l'hexaméthylènetétramine. — 
M.  Bottier  :  Action  des  alcalis  sur  les  copals  africains. 


Pharmaceutische  Zeitschrift  fur  Russland,  XXXVI,  septembre  à  décem- 
bre 1897.  —  M.  Frischmuth  :  Sur  l'extrait  de  son  de  blé.  —  E.  Lemport  : 
Sur  la  peptone  des  amandes  douces. —  Ad,  Javorovsky  :  Sur  la  question 
de  l'emploi  du  phénol  comme  réactif  du  cuivre.  —  A .  Lidow  :  Sur  la  pro- 
portion d'azote  contenu  dans  la  lanoline.  — M.  Frischmuth  :  Recherches  sur 
la  gomme  de  la  gomme  ammoniaque. —  Ad.  Jawrovsky  :  Falsification  de  la 
rhubarbe  avec  du  curcuma  ;  sur  une  nouvelle  réaction  de  la  sanlonine.  — 
"N,  Orloff  :  Présence  de  la  bétaïnc  dans  la  racine  de  guimauve.  —  Ad» 
Javorovsky  :  Recherche  du  cobalt  en  présence  du  nickel.  —  M.  Bialobro^ 
zeski  :  Malatc  de  fer.  —  N,  Orlof  :  Sur  un  principe  azoté  des  bourgeons  do 
pin. 


356  — 


SOCIETE  DE  PHARMACIE  DE  PARIS 


V enseignement  de    la  pharmacie  au  Jardin 
des  Apothicaires, 

I 

Aux  temps  de  la  Corporation  et  du  Collège.  —  Enseignement  dans 
l'officine.  —  Chaires  élablies  à  l'École  gratuite.  —  Professeurs  :  Trasson, 
Morelot,  Nacbet. 

Pendant  que  renseignement  de  la  botanique  et  de 
l'histoire  naturelle  pharmaceutique  trouvait  des  maté- 
riaux d'étude  dans  les  plantes  du  Jardin  des  Apothicaires 
et  les  drogues  du  cabinet  de  matière  médicale,  pendant 
que  celui  de  la  chimie  tâchait,  à  travers  bien  des  obsta- 
cles et  des  fortunes  diverses,  de  s'établir  dans  l'amphi- 
théâtre de  la  rue  de  l'Arbalète,  les  officines  des  apothi- 
caires offraient  aux  élèves  toutes  les  ressources  de  l'art 
pharmaceutique. 

Les  patrons  initiaient  leurs  apprentis  aux  connais- 
sances nécessaires  à  l'exercice  de  la  profession  :  ils  le 
faisaient  avec  une  conscience  scrupuleuse,  dont  les  tra- 
ditions tendent  malheureusement  à  se  perdre,  et  cette 
sérieuse  éducation  technique,  où  la  théorie  se  liait  inti- 
mement à  la  pratique,  rendait  à  peu  près  inutile,  il  faut 
bien  l'avouer,  un  enseignement  public  de  la  pharmacie 
proprement  dite.  Aussi  ne  trouvons-nous,  dans  l'histoire 
de  la  corporation,  aucune  trace,  aucune  tentative  mémo 
d'un  cours  de  pharmacie.  L'enseignement  officiel  n'exis- 
tait qu'à  la  Faculté  de  médecine  :  il  y  était  fait,  au  point 
de  vue  théorique,  par  le  professeur  en  titre  de  la  Faculté, 
appuyé  par  les  démonstrations  des  apothicaires  qu'y  dé- 
léguait la  corporation;  mais  il  était  destiné  aux  candi- 
dats en  médecine,  et  non  aux  aspirants  à  la  maîtrise 
pharmaceutique.  Pour  ces  derniers,  tout  se  passait  dans 
le  laboratoire  du  pharmacien. 


—  357  — 

Des  ouvrages  remarquables  pour  l'époque  servaient  de 
direction  aux  maîtres  apothicaires  dans  leur  mission 
éducatrice.  Des  pharmcopées  très  importantes,  signées  de 
noms  célèbres,  se  succédaient  assez  régulièrement,  reflé- 
tant fidèlement  les  progrès  successifs  de  la  pharmacie, 
depuis  les  anciens  antidotaires  de  Nicolas  et  de  Mésué 
jusqu'aux  traités  de  pharmacie  du  commencement  de  ce 
siècle  (1). 

Cet  état  de  choses  dura  fort  longtemps,  même  après  la 
fondation  du  Collège  et  rétablissement  de  démonstrateurs 
officiels.  La  botanique,  l'histoire  naturelle,  la  chimie, 
eurent  des  cours  publics  et  réguliers  confiés  à  des  maî- 
tres spéciaux  :  l'enseignement  de  la  pharmacie  ne  fran- 
chit pas  encore  le  seuil  de  l'officine  ;  il  y  resta  enfermé, 
sous  la  direction  du  patron. 

Ces  vieux  errements  continuèrent  jusqu'en  1796,  jus- 
qu'à la  fondation  de  la  Société  libre  des  pharmaciens  de  la 
Seine  et  de  son  École  gratuite.  Alors,  pour  la  première 
fois,  à  côté  des  professeurs  titulaires  et  adjoints  des 
autres  sciences,  furent  désignés  des  professeurs  de  phar- 
macie :  Trusson  et  Morelot,  titulaires,  avec  Nachet  pour 
adjoint  (2). 

(1)  Aa  XVII"  siècle,  le  Dispenêarium  do  Lesploigney  ;  YEnchirid  ou  Ma- 
nipol  des  Micropolea  de  Michel  Dusseau  ;  la  Paraphrase  sur  la  Pharma- 
copée de  Bauderon,  en  usage  pendant  tout  le  WII*  siècle;  au  WII*  siècle,  la 
Pharmacopée  raisonnée  do  Sch rôder;  la  Ph,  Royale  de  Charas;  la  Phar- 
macopée universelle  de  Lemery,  restée  en  usage  pendant  tout  le  XYUI*  siè- 
cle; au  XVIU*  siècle»  la  Pharmacie  de  Baume,  et  tout  k  fait  h  la  fin,  le 
Manuel  du  pharmacien  de  Demachy. 

(2)  Ce  jourd'hui  25  vendémiaire  an  V  de  la  République  (16  octobre 
1796),  rassemblée  générale  convoquée  par  lettre  en  la  manière  ordinaire  en 
exécution  du  règlement  pour  la  nomination  des  professeurs.  La  séance  s'est 
ouverte  par  le  Directeur,  qui  a  dit  qu'il  était  question,  en  vertu  de  l'ar- 
ticle 19  du  règlement,  de  procéder  à  la  nomination  des  professeurs  ;  aussitôt, 
le  scrutin  ayant  été  ouvert,  on  a  procédé  k  la  nomination  de  deux  professeurs 
pour  la  chimie  par  bulletin  de  deux  noms;  les  suffrages  se  sont  réunis  en 
faveur  des  citoyens  Vauquelin  et  Bouillon-Lagrange,  qui  à  Tinstant  ont  été 
proclamés  par  le  Directeur,  professeurs  de  chymie  de  l'École  gratuite  de  phar- 
macie; de  suite  on  a  passé  à  un  second  scrutin  pour  la  nominalion  d'un  pro- 
fesseur adjoint;  le  résultat  du  scrutin  a  été  en    faveur  du  citoyen  Bouriat 


•p^ 


—  358  — 

Trusson  (I)  était,  à  cette  époque,  un  des  maîtres 
apothicaires  en  renom.  La  Société  libre  l'avait  nommé 
son  directeur  :  elle  se  rappelait  que,  dans  des  circons- 
tances difficiles,  il  avait  défendu,  à  la  barre  de  la  Con- 
vention, l'existence  du  jardin  et  des  bâtiments  du  Collège. 
Il  avait  publié  divers  travaux,  et,  chose  importante  à 
cette  époque  ('en  1793),  obtenu  du  salpêtre  en  décomposant, 
au  moyen  des  cendres  de  bois,  le  nitrate  de  chaux  retiré 
par  le  lessivage  des  gravois  et  des  terres  salpétrées. 
Ses  biographes  vantent  l'étendue  de  ses  connaissances, 
la  sûreté  de  son  jugement,  la  facilité  de  son  élocu- 
tion  (2). 

Il  fit  à  plusieurs  reprises  la  démonstration  publique 
de  la  préparation  de  la  thériaque  et  aussi  de  l'eau  de 
mélisse  des  Carmes.  Mais  nous  ne  savons  pas  grand'chose 
sur  son  enseignement.  Il  est  probable  qu'il  s'occupa  prin- 
cipalement d'administration  pendant  que  Morelot  et 
surtout  Nachet  (3)  se  chargeaient  des  le^'ons  aux 
élèves. 

En  qualité  de  directeur,  Trusson  présida  la  séance 
publique,  pour  l'ouverture  des  cours,  le  28  ventôse 
an  V  (18  mars  1797).  Il  y  annonija  l'ouverture  de  quatre 
cours  publics  et  gratuits,  dont  le  premier  de  pharmacie. 


qui»  de  môme,  a  été  proclamé  par  le  Directeur.  La  nomination  des  professeurs 
de  pharmacie  a  suivi  et  le  mode  désigné  cy-contre  a  été  suivi;  le  scrutin  a 
été  en  faveur  des  citoyens  Trusson  et  Morelot,  qui,  de  suite,  ont  été  pro- 
clamés professeurs  de  pharmacie.  On  a  passé  ensuite  à  la  nomination  d*un 
professeur  adjoint  et  le  citoyen  Nachet  ayant  été  admis  par  scrutin,  le  Direc- 
teur la  proclamé.  {Délibér.  du  Collège  de  pharmacie^  N»  44  des  ArchiveSy 
p.  176.) 

(1)  Trusson  (Jean-Nicolas),  né  k  Euville,  près  Commercy  en  1715,  maître 
Il  1781,  prévôt  du  Collège  en  1793,  directeur  de  la  Société   libre  en  1796, 

professeur  do  pharmacie  à  la  même  époque,  directeur  adjoint  de  l'École 
spéciale  en  1803,  mort  en  1811.  —  Portrait  à  r Écolo. 

(2)  Voir  en  particulier,  Cap.  in  Journ,  de  Ph.  et  de  Ch,  [3],  IV,  p.  56, 
1843. 

(S)  Nachet  (Louis-Isidore),  né  à  Laon  en  1757,  matirc  en  1787,  prévôt  du 
Collège  en  1799  et  1800,  professeur  de  la  Société  libre  en  1796,  de  rÊcole 
spéciale  en  1804,  mort  en  1832.  —  Portrait  à  l'École. 


—  359  — 

et  voici  les  termes  dans  lesquels  il  en  donna  le  pro- 
gramme : 

a  Le  cours  de  pharmacie  commencera  dans  les  premiers 
jours  de  germinal.  Le  développement  des  principes  et  la 
description  des  vaisseaux  et  ustensiles  nécessaires  à  une 
pharmacie,  feront  l'objet  des  premières  séances.  On  expo- 
sera les  substances  qui  devront  entrer  dans  les  composi- 
tions pharmaceutiques,  après  l'histoire  naturelle  de 
chacune  d'elles.  On  indiquera  le  choix  qu'on  doit  en 
faire  pour  servir  aux  usages  de  la  pharmacie.  On  exé- 
cutera sous  les  yeux  des  élèves  les  diverses  préparations 
et  compositions  employées  à  l'usage  des  malades.  On 
enseignera  les  procédés  qu'on  doit  suivre  pour  la  con- 
servation des  médicaments,  en  indiquant,  à  l'égard  de 
ceux  qui  ne  se  conservent  pas  longtemps,  l'époque  à 
laquelle  on  doit  les  renouveler.  On  expliquera  enfin  par 
des  exemples  les  principes  qui  établissent  l'ordre  qu'il 
faut  observer  dans  les  formules  ou  prescriptions,  en 
ayant  soin  de  faire  remarquer  les  inconvénients  qui  pour* 
raient  résulter  du  mélange  de  diverses  substances,  dont 
la  combinaison  fournirait  de  nouveaux  composés  tout 
différents  de  celui  qu'on  se  propose  d'obtenir.  » 

Dans  la  même  séance,  Nachet  lut  un  discours  sur  le 
mode  du  cours  de  pharmacie  proprement  dite,  sur  la 
nécessité  d'eu  démontrer  exactement  tous  les  procédés 
opératoires  aux  élèves  et  sur  les  avantages  que  ceux-ci 
doivent  retirer  d'un  pareil  cours,  qui  ne  leur  a  encore 
été  présenté  sous  celte  forme  dans  aucun  établisse- 
ment (1). 

A  côté  du  cours  théorique,  l'École  avait  conçu  le 
louable  mais  difficile  dessein  de  créer  un  laboratoire, 
dans  lequel  les  préparations  seraient  exécutées  en  grand 
par  les  professeurs,  conjointement  avec  les  membres  de 
la  société,  et  cela  dans  le  but  «  de  compléter  l'instruc- 


(1)  Voir  la  séance  en  question  dans  le  Registre  des  délibérations  du 
Collège^  p.  180,  verso,  et  dans  le  Joum.  de  la  Société  des  Pharmaciens 
de  Paris,  n*  i,  pages  1  et  3. 


—  360  — 

tion  des  élèves  et  porter  au  plus  haut  degré  de  perfection 
les  cours  de  l'École.  »  Les  produits  devaient  être  vendus 
pour  Tusage  de  la  médecine.  «  Ainsi,  les  médecins,  ceux 
surtout  des  petites  communes  de  la  République,  devaient 
être  assurés  d'obtenir  l'avantage,  inappréciable  pour  les 
malades,  de  n'employer  que  des  médicaments  sûrs  et 
uniformes,  surtout  à  l'égard  de  ceux  qui  jouissent,  à  la 
plus  petite  dose,  d'une  grande  activité  sur  nos  or- 
ganes »  (1). 

Cette  conception,  trop  grandiose,  ne  put  point  aboutir, 
et  les  élèves  durent  recourir,  comme  par  le  passé,  pour 
leur  éducation  théorique,  à  l'ofRcine  de  leurs  patrons.  Ils 
durent  également  y  retourner  pour  leurs  études  spéciales 
de  pharmacie.  Le  cours  qu'avait  établi  la  Société  ne  fut 
pas  de  longue  durée  :  les  temps  étaient  fort  durs  ;  il  fal- 
lait faire  des  économies;  le  9  germinal  an  VI  (29  mars 
1798),  le  directeur  proposa  de  ne  faire  qu'un  cours  de 
chimie  pharmaceutique  au  lieu  d'un  cours  particulier  de 
pharmacie  (2),  et  l'assemblée  générale  adopta  cette  réso- 
lution. Ce  ne  fut,  en  réalité,  qu'à  partir  de  l'an  XII  que 
les  leçons  de  pharmacie  se  firent  régulièrement  à  la  rue 
de  l'Arbalète. 

II 

Aux  temps  de  l'Ecole.-^  Chaires  établies  à  récolc.  —  A.-L  Brongniart,  — 
Nachct  et  Bouriat.  —  Lecanu  et  Chevalier  —  Séparation  de  la  pharmacie 
chimique  et  de  la  pharmacie  galénique.  —  Baudrimont.  —  Bourgoin. 

Par  arrêté  du  premier  consul,  du  15  vendémiaire  an  XII 
(8  octobre   1803j,  qui  organisa  l'enseignement  à  l'École 

(1)  Voir  note  I,  p.  359. 

(2)  Ce  jourd'huy  24  ventôse  an  VI  de  la  République  (U  mars  I7S8),... 
le  Directeur  a  proposé  et  soumis  k  la  délibération  d'engager  les  profes- 
seurs de  présenter  un  plan  d'organisation  des  cours  tant  sur  les  moyens  de 
les  faire  avec  plus  d'économie  et  d'en  abréger  le  temps  qui,  s'étant  prolongé 
l'année  dernière  l'espace  de  cinq  mois  sont  trop  honneureux  pour  les  élèves 
et  le  Collège,  qu'il  était  urgent  que  les  professeurs  voulussent  entrer  dans  ces 
considérations. 

11  a  été  arrêté  que  les  professeurs  se  concerteraient  pour  donner  un  tru- 


—  361  — 

spéciale  de  pharmacie  de  Paris,  Brongniart  était  nommé 
professeur  titulaire  de  pharmacie,  avec  Bouriat  pour 
adjoint. 

Brongniart  (Antoine-Louis)  était  l'ancien  professeur  de 
chimie  du  Collège  qui,  en  1780,  avait  abandonné  rensei- 
gnement de  la  rue  de  l'Arbalète  pour  passer  au  Jardin 
des  Plantes.  Il  revint  à  l'École  pour  bien  peu  de  temps; 
il  mourut,  en  effet,  quelques  mois  après  sa  nomination. 

Le  10  ventôse  an  XII  (29  février  1804),  pour  le  rempla- 
cer, l'Ecole  présenta  Nachet,  à  l'unanimité  des  voix.  Ce 
n'était  pas  un  étranger  pour  les  professeurs  :  il  avait  été 
adjoint  à  l'Ecole  gratuite  :  il  se  retrouva  comme  aupara- 
vant, à  côté  de  Bouriat,  et  pendant  vingt-neuf  ans,  ils 
représentèrent  à  eux  deux  l'enseignement  pharmaceu- 
tique. 

Le  rôle  actif  appartint,  pendant  cette  longue  période, 
à  Nachet,  que  son  titre  désignait  d'ailleurs  à  la  première 
place. 

D'après  toutes  les  traditions  qui  nous  sont  parvenues, 
Nachet  était  un  pharmacien  de  grande  valeur.  Venu  de 
Laon  à  Paris,  il  avait  été  l'élève  de  Tassart,  et  lui  avait 
succédé  dans  son  officine,  qu'il  avait  abandonnée  pour  se 
donner  à  la  préparation  des  produits  chimiques.  Il  a  peu 
écrit  —  un  certain  nombre  de  bons  articles  dans  le  Grand 
Dictionnaire  des  sciences  médicales,  le  résultat  de  quel- 


vail  qui  corresponde  à  rcconomie  du  Collège  et  à  la  facilité  des  élèves  sans 
rien  négliger  de  l'inslniction. 

Ce  jourd*huy  5  germinal  an  VI  (25  mars  1798),  le  Comité  assemblé  le 
citoyen  Norelot  a  fait  un  rapport  au  nom  des  professeurs  sur  l'orUrc  k  suivre 
dans  les  cours  pour  la  présents  année. 

Après  une  légère,  discussion,  il  a  été  arrêté  de  proposer  à  rassemblée 
du  9  prochain,  de  réunir  la  chimie  et  la  pharmacie,  de  donner  à  ce  cours 
le  litre  de  Chimie  pharmaceutique  et  qu'on  joindra  à  celluy  d'histoire  natu- 
relle le  mot  matière  médicale 

Ce  jourd'huy  9  germinal  an  VI  (29  mars  1798),  le  Directeur  a  ensuite 
proposé  de  ne  faire  qu'un  cours  de  chimie  pharmaceutique  au  lieu  d'un  cours 
particulier  de  pharmacie.  L'assemblée  adhère  à  ce  changement,...  ainsv  qu'à 
la  DOUTelle  dénomination  de  celuy  d'histoire  naturelle  médicale  et  pharma- 
ceutique (Livre  des  Délibérât,  du  Collège,  N»  4i  des  Archives,  p.  311). 


■V7:>- 


—  362  — 

ques  analyses  de  produits  médicamenteux,  —  maïs  il 
exerçait  une  grande  et  heureuse  influence  sur  les  nom- 
breux élèves  qui  suivaient  ses  leçons;  la  plupart  des 
pharmaciens  des  trente  premières  années  du  siècle  ont 
été  formés  par  lui.  Son  excellente  physionomie,*  pleine 
de  bonté  et  de  modestie,  telle  qu'elle  nous  apparaît  sur 
son  portrait  de  notre  salle  des  Actes,  répond  bien  au 
fond  de  son  caractère  et  explique  la  sympathie  qu'avaient 
pour  lui  ses  élèves  et  ses  collègues  (1). 

Nous  n'avons  pas  le  programme  du  cours  de  Nachet. 
et  il  n'a  publié  aucun  ouvrage  qui  résume  son  enseigne- 
ment, mais  nous  pouvons  nous  en  faire  une  idée  par  la 
nature  des  questions  posées  chaque  année  aux  élèves 
concourant  pour  les  prix  de  pharmacie.  Elles  roulenl 
généralement  sur  la  définition  des  diverses  formes  phar- 
maceutiques, —  électuaires,  sirops,  conserves,  pastilles, 
emplâtres,  etc.,  etc.,  —  sur  la  préparation  détaillée  de 
certains  médicaments  officinaux,  —  sirop  antiscorbu- 
tique ,  électuaire  catholicon  double ,  emplâtre  dia- 
palme,  etc.  —  C'est  surtout  de  la  pharmacie  galénique. 
Cependant,  Nachet  faisait  aussi  de  la  pharmacie  chi- 
mique; il  paraît  même  avoir  cédé  parfois  à  l'entraîne- 
ment, contre  lequel  ont  quelque  peine  à  se  défendre  bien 
des  professeurs  de  pharmacie  :  celui  d'étendre  leur  en- 
seignement au-delà  de  ses  limites  naturelles  et  d'empié- 
ter plus  ou  moins  sur  le  programme  de  leurs  collègiies, 
et  surtout  des  professeurs  de  chimie.  Cela  résulte  bien 
évidemment  du  passage  suivant  des  délibérations  do 
l'École  :  a  M.  Nachet  présente  le  programme  de  son  cours 
et  de  suite,  après  lecture  faite,  la  discussion  s'établit 
sur  l'ensemble  de  son  enseignement  :  il  résulte  de  cette 
discussion  que  le  cours  de  pharmacie  de  M.  Nachet  ne 
paraît  pas  assez  spécial  ;  que  le  professeur  y  traite  un 
grand  nombre  de  points  dont  la  connaissance  est,  il  est 
vrai,    indispensable   pour  la  pharmacie,   mais  que  ces 

(1)  Voir  notice  nécrologique  sur  M.  Nachet  in  Joum.  de  Pharm,  et  de$ 
Sciences  acceasoirey  t.  XVill,  p.  588,  année  1832. 


^  363  — 

points  rentrent  dans  renseignement  du  professeur  de 
chimie,  d'histoire  naturelle  et  de  botanique,  que,  pour 
éviter  des  redites,  il  est  surtout  nécessaire  que  les  pro- 
fesseur de  chimie  et  de  pharmacie  s'entendent  entre 
eux,  qu'il  faut,  dans  une  école  de  pharmacie,  un  cours 
spécial  de  pharmacie  très  étendu  et  riche  de  faits 
pharmaceutiques  et  appuyé  de  nombreux  exemples  do 
manipulations.  M.  Nachet,  s'empressant  de  se  rendre  aux 
observations  qui  lui  sont  faites,  s'engage  à  présenter.. 
dans  huit  jours,  un  programme  de  leçons  conçu  dans  cet 
esprit  »  (Ij.  On  voit  avec  quelle  bonne  grâce  Nachet 
accepte  les  observations  de  ses  collègues,  tous  plus  jeunes 
que  lui. 

Il  n'est  pas  douteux  que  presque  tout  le  poids  de  l'en- 
seignement ne  retombât  sur  Nachet.  Son  adjoint  Bou- 
riat  (2)  ne  jouait  qu'un  rôle  fort  secondaire.  C'était 
cependant  un  homme  de  valeur.  Après  de  bonnes  études 
faites  à  Poitiers,  il  était  venu  à  Paris  et  s'était  fait  le 
disciple  et  l'ami  de  Vauquelin.  Il  avait  participé  avec  les 
hommes  les  plus  distingués  de  cette  époque  :  Parmen- 
lier,  Chaptal,  de  Candolle,  BerthoUet,  etc.,  à  la  fondation 
de  la  Société  d'encouragement,  qui  fut  si  importante  pour 
le  pays  au  moment  du  blocus  continental,  et  il  avail 
publié  de  nombreux  rapports  dans  ses  bulletins.  Il  était 
membre  de  l'Académie  de  médecine  depuis  sa  création. 
Mais  à  la  rue  de  l'Arbalète,  nous  ne  trouvons  pas  trace 
de  son  activité.  Ce  n'est  qu'en  1831  (3)  qu'il  demande  à 
faire  une  partie  du  cours  de  pharmacie.  L'assemblée 
nomme  une  commission  pour  répondre  h  cet  objet.  Puis, 
quand  la  commission  a  déterminé  la  part  qui  peut  lui 
revenir,  il  hésite  à  s'en  charger,  et  c'est  finalemen  Na- 
chet qui  prend  sur  lui  cette  besogne  (4).  On  soupçonne, 

(1)  Livre  des  Délibérât,  de  VÊcole.  —  Séance  du  7  janvier  1831. 

(2)  Bouriai  (Denis-Placide),  né  à  Poitiers,  en  1764,  pharmacien  en 
1795,  professeur  à  l'École  libre  en  .  1796,  k  TJÊcole  spéciale  en  1803,  relire 
en  1832,  mort  en  1853.  —  Buste  à  l'Académie  de  médecine. 

(3)  Livre  des  Délibér.  de  VÉcole.  —  Séance  du  29  janvier  1831, 

(4)  Ibid.  Séances  du  10  mars  et  du  28  mai  1831. 


—  364  — 

dans  toute  cette  période,  comme  un  mécontentement 
latent,  qui  finit  par  la  demande  faite  à  FÉcole  par  Bou- 
riat,  en  1832,  d'être  remplacé  dans  son  titre  et  ses  fonc- 
tions. L'École,  tout  en  témoignant  tous  ses  regrets  de 
perdre  un  si  ancien  et  si  bon  collègue,  se  rend  aux  rai- 
sons qu'il  allègue  et  accepte  sa  démission  (1).  Elle  décide 
en  même  temps  que  sept  jours,  après  elle  procédera  à 
la  présentation  d'un  candidat  à  la  chaire  vacante. 
En  effet,  le  24  mars  1832  (2),  M.  O.  Henry  est  proposé  au 
ministre  du  commerce,  et  le  21  juillet  suivant,  le  direc- 
teur donne  lecture  à  l'assemblée  d'une  lettre  ministé- 
rielle qui  nomme  Lecanu  (3)  à  la  place  du  professeur 
adjoint  de  pharmacie.  L'adjoint  devait  devenir  bien  vite 
titulaire.  Nachet  mourait  en  effet  quelques  mois  après  et 
Lecanu,  présenté  à  l'unanimité  par  l'École  en  octobre  1832, 
était  nommé  à  sa  place,  laissant  son  titre  à  Eugène  Sou- 
beiran  (4).  (A  suivre). 


SOCIETE  DE  THERAPEUTIQUE 


Séance  du  9  mars  1898.  —  M.  Gallois  lit,  en  son  nom  et 
au  nom  de  M.  Bonnel,  une  note  sur  VEmploi  de  Veau  oxy- 
génée comme  moyen  de  traitement  des  vomissements  incoer- 
cibles de  la  grossesse  et  de  la  tuberculose.  Prescrite  depuis 
trois  ans  dans  ces  cas  particuliers  [car  elle  ne  réussit  pas 
lorsqu'il  existe  des  troubles  gastriques),  elle  n'a  donné 
que  de  très  rares  insuccès.  On  l'emploie  coupée  dans  la 
proportion  d'une  cuillerée  à  soupe  pour  un  litre  d'eau 
qu'on  môle  à  du  vin  ou  du  lait.  Il  faut  éviter  de  mettre 
l'eau  oxygénée  en  contact  avec  des  cuillers  d'argent.  On 

(1)  Livre  des  Délibér.  de  r École.  —  Séance  du  H  mars  1832. 

(2)  Ibid.  Séance  du  2i  oclobre  1832. 

(3)  Le  Ganu  (Louis-Réné),  né  à  Paris  en  1800,  pharmacien  en  1826, 
professeur  adjoint  do  pharmacie  eu  1832,  titulaire  en  1833,  membre  de 
l'Académie  de  médecine  en  1838,  mort  en  1871.  Portrait  à  l'École. 

(4)  Ibid,  Séance  du  5  janvier  1833. 


—  365  — 

doit  quelquefois  poursuivre  le  traitement  pendant  deux 
ou  trois  semaines  pour  empêcher  les  vomissements  de 
réapparaître. 

On  serait  tenté  de  rapprocher  le  mode  d'action  de  l'eau 
oxygénée  de  celui  de  la  potion  de  Rivière  et  d'admettre 
que  c'est  par  suite  du  dégagement  de  gaz  dans  l'estomac 
que  les  vomissements  s'arrêtent.  Mais  ce  dégagement 
d'oxygène  ne  semble  pas  provoquer  un  effet  mécanique 
suffisant.  De  plus,  cette  eau  n'agit  souvent  qu'au  bout  de 
deux  ou  trois  jours. 

Peut-être  y  a-t-il  lieu  d'admettre  une  action  antitoxique 
qui  neutraliserait  quelque  ptomaïne,  l'eau  oxygénée 
étant  un  produit  éminemment  antiseptique. 

M.  Patein  demande  si  M.  Gallois  n'a  pas  observé  des 
phénomènes  d'amaigrissement  chez  les  obèses  soumises 
au  traitement  par  l'eau  oxygénée. 

M.  Gallois  répond  que,  parmi  ses  malades,  une  seule 
obèse  a  été  soumise  au  traitement,  qu'elle  n'a  d'ailleurs 
suivi  que  peu  de  jours. 

M.  Mathieu  attache  une  grande  importance  à  la  prédis- 
position névropathique  dans  la  pathogénie  des  vomisse- 
ments incoercibles  de  la  grossesse,  ce  qui  explique  les 
succès  qu'on  obtient  par  la  suggestion  et  l'insuccès  pos- 
sible de  tous  les  modes  de  traitement  connus. 

M.  Blonde!  rappelle  qu'il  suffit  parfois  de  supprimer  le 
spasme  utérin  dont  les  vomissements  sont  la  manifesta- 
tion réflexe,  et  dans  ce  but  de  pratiquer  des  badigeonna- 
ges  cocaïnés  ou  la  dilatation  du  col  de  l'utérus. 

M.  Créquy  recommande,  en  cas  de  vomissement  incoer- 
cibles, de  supprimer  toute  alimentation  par  la  bouche  et 
d'administrer  des  lavements  nutritifs. 

M.  Bardai  dépose  une  note  de  M.  Renaut  (de  Lyon) 
sur  les  injections  rénales  d'arsenic.  Cette  méthode,  préco- 
nisée en  1896  par  M.  Vinay,  bien  supérieure  au  mode 
d'administration  par  voie  buccale,  permet  d'injecter  dans 
le  rectum,  et  cela  à  plusieurs  reprises  dans  la  même 
journée,  5  grammes  d'une  solution  arsenicale  ainsi  for- 
mulée : 


"'S'jr^T''^ 


—  366  — 

Liqueur  de  Fowler 4  grammos. 

Eaa  distillée 56       — 

Si  le  malade  a  reçu  trois  injections  rectales  de  5~,  il  a 
absorbé  1«^  de  liqueur  de  Fowler,  soit  0«',01  d'acide  arsé- 
nieux,  dose  qu'aucun  estomac  ne  supporterait  au-delà  de 
quelques  jours.  Ces  injections  peuvent  être  parfaitement 
tolérées  pendant  plusieurs  semaines. 

Cette  médication  d'épargne  est  indiquée  dans  tous  les 
processus  morbides  où  la  désassimilation  déperditive  est 
nettement  accusée  et,  en  première  ligne,  dans  la  tuber- 
culose, le  diabète,  la  maladie  de  Basedow. 

Dans  la  tuberculose,  la  méthode  à  suivre  est  la  sui- 
vante :  pendant  cinq  jours,  matin  et  soir,  on  fait  une  in- 
jection de  5'"''  de  la  solution  arsenicale.  Pendant  les  cinq 
jours  suivants  on  donne  trois  injections  par  jour,  puis 
(fuatre  pendant  cinq  jours  encore.  On  interrompt  pen- 
dant cinq  jours  et  on  reprend  comme  précédemment. 

Parfois,  il  se  produit  un  peu  d'irritation  rectale  ou  de 
diarrhée  :  il  suffit  alors  d'ajouter  à  chaque  injection 
une  goutte  de  laudanum. 

En  même  temps  qu'on  modifie  ainsi  la  nutrition,  on 
prescrit  la  suralimentation  que  supporte  plus  facilement 
un  estomac  qui  n'est  pas  fatigué  par  les  médicaments. 

Dans  la  tuberculose  au  début,  tous  les  symptômes 
iinissent  par  disparaître.  Dans  la  phtisie  confirmée,  l'ac- 
tion est  très  favorable  sans  être  toutefois  curative. 

Dans  le  diabète,  le  taux  du  sucre  diminue,  les  forces 
se  relèvent. 

Dans  la  maladie  de  Basedow  enfin,  l'arsenic  agit 
comme  antidéperditeiu^  et  sédatif  du  système  nerveux, 

M.  Blondel,  au  nom  de  M.  Laran,  lit  une  note  sur  le 
Vanadium  et  ses  composés.  L'acide  vanadique  jouit  de  la 
propriété  de  pouvoir  servir  d'intermédiaire  d'oxydation, 
propriété  que  M.  Laran  cherche  à  appliquer  à  l'hémoglo- 
bine. Il  y  a  nécessité  à  employer  dans  l'expérimentation 
l'acide  vanadique  sous  une  forme  bien  déterminée,  et 
non  les  sels  de  vanadium,  en  raison  de  leur  instabilité. 


—  367  — 

M.  Pouchet  fàil  remarquer  que  les  sels  de  manganèse 
ont  une  action  absolument  analogue  à  Faction  des  sels  de 
vanadium,  mais  avec  cette  différence  qu'ils  ne  sont  pas 
toxiques  et  coûteux  comme  ces  derniers. 

Ferd.  Vigier. 


VARIETES 


Ëcole  préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Besançon.  — 

M.  Marceau,  licencié  es  sciences  naturelles,  est  institué,  pour  une  période  de 
neuf  ans,  suppléant  de  la  chaire  d'histoire  naturelle. 


École  préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  de   Caen.  — 

M.  Frémont,  docteur  en  médecine,  pharmacien  de  première  classe,  licencié 
es  sciences  physiques,  est  chargé,  pour  trois  ans,  des  fonctions  de  suppléant 
de  la  chaire  de  pharmacie  et  matière  médicale  en  remplacement  de  M.  Gi*a- 
mond,  démissionnaire. 

M.   Ghevrel,  docteur  es  sciences  naturelles,  est  chargé  d'un  cours  d'his- 
toire Qfiturelle  en  remplacement  de  M.  Pihier,  démissionnaire. 


FORMULAIRE 


Gelées  &  l'agar-agar  dans  la  thérapeutique  dermatologique 
en  particulier. 

Eau 100  grammes. 

Gélose 1  gramme. 

Sublimé )  ^  nn,  Mn 

•  aa  ©"'.lO 
Acide  lartrique ^ 

Prendre  des  fragments  de  cette  gelée  et  les  écraser  sur  les  régions  occu- 
pées par  l'érysipèle.  La  gelée  ainsi  étalée  en  couche  mince  se  sèche  assez 
rapidement.  Renouveler  au  besoin  les  applications  plusieurs  fois  par  jour. 

L'application  de  la  gelée  donne  une  sensation  de  fraîcheur  permanente  à  la 
peau. 

Ces  gelées  ne  produisent  pas  des  tiraillements  et  des  fissures  comme  les 
gelées  à  la  gélatine. 

La  gelée  au  sublimé  s'emploie  également  pour  lubrifier  les  sondes 
uréthralcs.  Le  revêtement  mucilagineux  dont  elles  sont  ainsi  recouvertes  est 


—  368  — 

antiseptique  et  possède  l'avantage  de    ne  pas  dissoudre  la   gomme  ou  le 
caoutchouc  dont  sont  faites  les  sondes. 
La  gélose  peut  incorporer  des  matières  pulvérulenlcs  : 

Exemple  : 

Eau 200  grammes. 

Gélose 2       — 

Oxyde  de  zinc 20       — 

Très  bonne  dans  les  cas  d*eczémas  non  suintants. 

Des  substances,  comme  l'acide  picrique,  ne  paraissent  pas  aptes  à  former 
gelée  avec  l'agaragar  parce  qu'elles  le  précipitent. 

Les  gelées  à  l'agar-agar  répondent  à  un  desideratum,  celui  de  maintcuir  au 
médicament  fixé  sur  la  peau  sans  rintcrvcnlion  d'aucun  pansement  encom- 
brant ou  incommode.  Les  diverses  formules  indiquées  jusqu'ici  sont  en  géné- 
ral assez  complexes  et  sont  relativement  assez  difficiles  à  retenir  pour  an 
médecin  non  spécialiste  qui  n'en  fait  pas  un  emploi  journalier. 

Une  gelée  s'obtient  en  ajoutant  à  de  l'eau  une  proportion  de  1  à  2  p.  100 
de  gélose. 

11  est  inutile  de  la  chauffer  préalablement,  ce  qui  est  nécessaire  avec  les 
colles  à  base  de  gélatine.  L'enduit,  formé  par  la  gelée  d'agar  k  la  surface  de  la 
peau,  a  en  outre  cette  propriété  de  résister  assez  énergiquemcnt  aux  frotte- 
ments et,  par  contre  de  s'enlever  avec  la  plus  grande  facilité  par  un  simple 
lavage. 

Solation  claire  de  cocaïne  et  de  sublimé  corrosif  pour  injections 
hypodermiques. 

Chlorhydi*ate  de  cocaïne 10  cent.  c. 

Bichlorure  de  mercure 20     — 

Chlorure  sodique 75      — 

Glycérine 7  gr. 

Eau  stérilisée Q-  s.  p.  20  cent.  c. 

Mettre  un  peu  d'eau  distillée  dans  deux  tubes  ;  dans  l'un  on  dissout  la 
cocaTne,  dans  l'autre  les  chlorures.  Le  contenu  de  ce  dernier  tube  est  chauffé 
à  rébullilion,  puis  versé  dans  la  glycérine.  Ajouter  ensuite  en  un  mince  filet 
la  solution  de  cocaïne,  agiter  constamment  et  parfaire  les  20*^  avec  de  l'eau 
distillée  bouillie. 

RECTIFICATION 

Au  sujet  du  service  pharmaceutique  militaire  à  l'étranger  par  M.  Leroy 
(n*  du  15  mars  1898)  : 

Russie Temps  de  paix  :  Le  cadre  des  pharmaciens  militaires  de 

l'armée  active  russe  est  de  233  et  non  de  130. 

Le  Gérant  :  Georges  MAS80N. 

PAUS.  —  WP.   B.  FLUIMàUON,  RUB  BjLCINB,  26. 


^"^yf^r^p^r 


369  — 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


Sur  la  physiologie  du  gentianose;  son  dédoublement  par 
les  ferments  solubles;  par  M.  Em.  Bourquelot. 

Les  faits  que  nous  avons  ^exposés,  M.  Nardin  et  moi, 
dans  une  note  antérieure  (1),  montrent  déjà  qu'il  y  a  beau- 
coup d'analogie,  au  point  de  vue  chimique,  entre  le  gen- 
tianose et  le  sucre  de  canne.  Cette  analogie  se  retrouve 
encore  au  point  de  vue  physiologique. 

Le  sucre  de  canne  forme,  comme  cela  est  bien  connu, 
un  aliment  de  réserve  dans  la  racine  de  betterave.  Durant 
la  seconde  période  végétative  de  la  betterave,  période 
correspondant  à  la  formation  des  graines,  il  est  dédoublé 
en  sucres  assimilables  (dextrose  et  lévulose)  par  un  fer- 
ment soluble,  rinvertine,  et  peut  alors  être  utilisé  par  la 
plante.  Un  dédoublement  analogue  du  gentianose  doit  se 
produire  dans  la  gentiane,  ainsi  que  l'établissent  les  expé- 
riences suivantes  : 

I.  —  De  la  racine  fraîche  de  Gentiana  lutea  est  trilurée  avec  du  sable 
dans  un  mortier  de  porcelaine.  Le  mélange  est  lavé  à  l'alcool  à  90"  de  façon  à 
enlever  toutes  les  substances  solubles  dans  ce  véhicule,  puis  séché  à  l'air.  On 
fait  d'autre  part  une  solution  de  gentianose  dans  de  l'eau  thymoHsée,  on  Tad- 
ditionne  d'un  peu  de  produit  desséché  et  on  porte  dans  une  étuvo  dont  la 
température  est  réglée  entre  30  et  35<». 

Au  bout  de  vingt-quatre  heures,  le  liquide  est  essayé  à  la  liqueur  de  Feh- 
ling,  il  ne  réduit  pas,  donc  il  n'y  a  pas  eu  dédoublement  du  gentianose. 

Cette  expérience  aurait  dû  être  complétée  par  un  essai 
de  la  partie  aérienne  de  la  gentiane  jaune  sur  le  gen- 
tianose. Mais  cette  partie  aérienne  n'existant  pas  encore 
à  l'époque  où  ces  recherches  ont  été  faites  (6  février),  j'ai 
pensé  à  me  servir,  dans  le  même  but,  d'une  espèce  de 


(1)  Sur  la  préparation  du  gentianose,  Joum,  de  Pharm.  et  de  Chim.  [ 
t.  YII,  p.  289,  1898  et  Comptes  rendus,  1898,  p.  280. 

Jour»,  de  Pharm.  et  de  Chim.,  6*  SÂRIK,  t.  VII.  (15  avrU  1898.)  24 


'^'l' 


•  —  370  — 

gentiane  plus  précoce,  le  Gentiana  acaulis,  dont  j'ai  em- 
ployé la  plante  entière,  ainsi  qu'il  suit  : 

II.  —  Cette  plante  est  d'abord  traitée  comme  l'ayait  été  la  racine  de  gen- 
tiane jaune,  puis  quelques  décigramnies  de  la  poudre  obtenue  sont  ajoutés  à 
une  solution  aqueuse  thymolisée  de  gentianose.  L'expérience  est  du  reste  la 
répétition  de  celle  décrite  ci-dessus. 

Cette  fois  on  constate  une  réduction  très  nette  de  la  liqueur  de  Fehliog, 
preuve  manifeste  que  le  gentianose  a  été  dédoublé  (7  février). 

Il  paraissait  vraisemblable  que  ce  dédoublement  était 
déterminé  par  un  ferment  soluble.  Toutefois,  pour  lever 
toute  incertitude  à  cet  égard,  un  second  essai  a  été  fait 
en  employant  de  la  poudre  de  Gentiana  acauhs,  addi- 
tionnée d'un  peu  d'eau  et  portée  à  100^.  Cette  poudre  a  été 
sans  action  sur  le  gentianose. 

Ainsi  donc,  il  était  démontré  qu'il  existe  un  ferment 
soluble  possédant  la  propriété  d'hydrolyser  le  gentianose. 
Restait  à  savoir  si  le  ferment  était  un  ferment  spécifique 
ou  s'il  faisait  partie  de  ceux  que  nous  connaissons. 

Pour  étudier  la  question,  il  n'y  avait  qu'à  essayer  suc- 
cessivement l'action  de  chacun  des  ferments  solubles 
hydrolysants  des  hydrates  de  carbone  et  des  glucosides 
sur  le  gentianose  :  c'est  ce  qui  a  été  fait  dans  les  expé- 
riences suivantes. 

I.  —  Ferments  solubles  de  VAspergillus  niger  :  On  s'est 
servi  dans  cette  expérience  d'eau  distillée  ayant  séjourné 
trois  jours  sous  une  culture  mûre  d'Aspergillus,  chargé 
par  conséquent  des  ferments  solubles  que  secrète  cette 
moisissure. 

Gentianose  desséché 0«',S168 

Liquide  à*AspergxUus 25  c.  c. 

Thymol  pulvérisé Q.  s.  pour  saturer. 

On  met  à  Tétuve  à  25-30*.  Au  bout  de  vingt-quatre  heures,  on  essaie  à  la 
liqueur  de  Fehling  et  Ton  trouve  que  10^  de  cette  liqueur  sont  réduits  par 
5*^,6  de  liquide,  ce  qui  correspond  à  la  formation  de  0"',23  de  sucre  réducteur 
(exprimé  au  sucre  interverti). 

Le  liquide  d'aspergillus  détermine  donc  une  hydrolyse 
du  gentianose  qu'on  peut  regarder  comme  complète,  que 


—  371  — 

Ton  considère  ce  sucre  comme  un  triglucose  ou  même 
comme  un  polyglucose  plus  condensé  :  les  différences 
accusées  parle  calcul  rentrant  dans  des  limites  des  erreurs 
d'expérience. 

IL  Émulsine.  —  On  ajoute  quelques  centimètres  cubes 
d'une  solution  d'émulsine  très  active  à  une  solution 
thymolée  de  gentianose,  et  on  abondonne  le  mélange 
à  Fétuve  à  25-30®  pendant  vingt-quatre  heures.  —  Pas  de 
réduction;  donc  l'émulsine  n'agit  pas  .sur  le  gentianose. 

III.  Saîive  et  diastase,  — Même  résulats  négatifs  avec  la 
salive  et  la  diastase. 

IV.  Invertine.  —  La  solution  d'invertine  est  préparée 
avec  de  la  levure  traitée  comme  il  suit  :  on  triture  au 
mortier  30«'  de  levure  de  fermentation  basse  avec  30»'  de 
sable  lavé  et  desséché;  on  délaie  dans  100*^*  d'alcool  à  95*, 
on  jette  sur  un  filtre  et  on  fait  sécher  à  30-35*.  Ce  produit, 
traité  par. l'eau  froide,  donne  une  solution  très  active.  Je 
me  suis  servi  d'une  solution  obtenue  en  faisant  macérer, 
pendant  quelques  heures,  2»'  de  poudre  sèche  dans  30^* 
d'eau  thymolée  demi-saturée  et  fitrant. 

Voici  un  de  mes  essais  que  j'ai  fait  porter  simultanément^  à  titre  do  compa- 
raison, sur  le  gentianose  et  sur  le  sucre  de  canne  : 

A|  Gentianose.  ......  0"%60       Aj  Saccharose 0^,60 

Macéré  de  levure  ...  5^  Macéré  de  levure.  ...  5** 

Eau     thymolée .  pour  Eau     thymolée      pour 

compléter 3(K*  compléter 30"* 

Les  mélanges  sont  abandonnés  à  la  température  du  laboratoire  qui  est 
de  15^.  Un  premier  examen  a  lieu  au  polarimètre  sur  une  partie  de  chacun 
des  deux  liquides  au  bout  de  vingt-quatre  heures  ;  il  donne  avec  le  tube  de 
2  décimètres  les  résultats  suivants  (température  de  Tobservation,  13  à  15*)  : 

Pour  le  gentianose a  =  —  26' 

—      saccharose as  —  52^ 

Au  bout  de  trois  jours,  on  trouve  : 

Pour  le  gentianose a  =  —  1* 

—      saccharose a  =  —  52' 

On  voit  par  là  :  1®  que  l'invertine  agit  de  la  même  façon 
sur  le  gentianose  et  sur  le  sucre  de  canne,  c'est-à-dire  en 


—  372  — 

produisant  une  interversion  de  la  rotation  primitive,  rota- 
tion qui  passe  à  gauche  ;  2*  que  l'action  du  ferment  est 
moins  rapide  sur  le  premier  sucre  que  sur  le  second  el 
3*  que  la  rotation  gauche  à  laquelle  on  aboutit  finalement 
(a  ne  change  plus  après  le  troisième  jour),  est  un  peu  plus 
forte  pour  le  gentianose  que  pour  le  saccharose. 

Au  surplus,  l'examen  à  la  liqueur  de  Fehling  montre 
que  si  l'hydrolyse  du  sucre  de  canne  est  complète,  elle 
n'atteint  qu'une  partie  du  produit  pour  le  gentianose. 

En  effet,  au  moment  où  l'action  du  ferment  est  arrêtée, 
c'est-à-dire  à  la  fin  du  troisième  jour,  on  constate  que  10" 
de  liqueur  cuivrique  sont  réduits  par  3",2  à  3**^,3  de  la 
solution  A,,  ce  qui  correspond  à  la  formation  d'environ 
0«',46  de  sucre  réducteur  pour  0*%60  de  gentianose  em- 
ployé. Au  contraire,  avec  la  solution  A,  (saccharose),  2*^,4 
suffisent,  ce  qui  indique  qu'il  s'est  formé  environ  0*',62de 
sucre  réducteur. 

V.  Dans  une  dernière  expérience ,  on  a  fait  agir  la 
poudre  de  Gentiana  acaulis  sur  du  saccharose  ;  celui-ci  a 
été  dédoublé,  ce  qui  prouve  que  cette  plante  renferme  de 
l'invertine. 

Si  l'on  veut  résumer  cette  seconde  série  d'expériences, 
on  voit  que  l'invertine  n'hydrolyse  le  gentianose  que  par- 
tiellement, tandis  que  le  liquide  d'Aspergillus  en  déter- 
mine l'hydrolyse  complète.  Or,  nous  savons  que  ce 
dernier  liquide,  outre  de  l'invertine,  renferme  d'autres 
ferments  hydratants,  des  polyglucoses.  Il  parait  donc 
vraisemblable  que  les  glucoses  se  trouvent  dans  la  molé- 
cule de  gentianose  en  partie  sous  forme  de  saccharose 
que  dédouble  l'invertine,  et  pour  le  reste,  sous  forme 
d^un  polyglucose  que  peut  dédoubler  l'un  de  ferments  de 
VAspergillus. 


Sur  les  cholestérines  des  végétaux  inférieurs  ; 
par  M.  E.  Gérard. 

J'ai  montré  que  les  cholestérines  retirées  de  certains 
végétaux  cryptogamiques  étaient  bien  distinctes  de  la 


w3F^^i"S';"ywf-*? 


—  373  — 

cholestérine  animale  et  de  la  phytostérine  (cholestérine 
des  végétaux  supérieurs)  et  qu'elles  se  rapprochaient,  par 
leurs  propriétés  particulières,  de  Tergostérine  de  M.  Tan- 
ret,  et  que  quelques-unes  même  étaient  complètement 
identiques  avec  cette  dernière.  C'est  ce  qui  m'avait  conduit 
à  dire  que  les  cholestérines  existant  dans  les  végétaux  in- 
férieurs appartiennent  toutes  à  un  groupe  bien  spécial  : 
le  groupe  de  l'ergostérine. 

Les  végétaux  cryptogamiques  qui  ont  [été  étudiés  fai- 
saient partie  des  Basidiomycètes,  des  Myxomycètes,  des 
Ascomycètes,  des  Ooaiycètes  et  des  Lichens.  Dans  ce  nou- 
veau travail,  je  me  propose  de  relater  mes  observations 
sur  les  cholestérines  retirées,  d'une  part,  d'une  espèce 
microbienne,  le  Staphylocoque^  blanc,  d'autre  part,  d'une 
Algue,  le  Fucus  crispus, 

I.  Cholestérine  du  Staphylocoque  blanc.  —  Pour  pouvoir 
en  retirer  môme  des  traces  de  cholestérine,  on  a  dû  faire, 
pendant  des  mois  entiers,  des  cultures  de  Staphylocoque 
sur  bouillon  de  peptone,  en  opérant  chaque  fois  sur  1"*  du 
milieu  nutritif .  Dans  les  cultures  développées,  on  ajoutait 
40*'  d'acide  chlorhydrique  par  litre  de  bouillon,  et  l'on 
portait  le  tout  à  l'ébullition. 

Suivant  l'observation  de  Nencki,  par  l'action  de  l'acide 
et  de  la  chaleur,  les  microbes  se  réunissent  en  gros  flocons 
faciles  à  séparer  par  le  filtre.  Les  masses  zoogléennes 
ainsi  obtenues  sont  ensuite  lavées  à  l'eau  distillée,  essorées, 
traitées  par  l'alcool  bouillant.  Après  distillation  de  l'alcool, 
le  résidu  est  repris  par  de  l'éther  qui  abandonne,  par  éva- 
poration,  une  matière  huileuse  à  odeur  putride  très  pro- 
noncée, dans  laquelle  on  a  recherché  la  cholestérine.  Pour 
cela,  la  matière  grasse  est  saponifiée  par  de  la  soude  en 
solution  alcoolique;  le  savon  obtenu  est  dissous  dans 
l'eau,  et  la  liqueur  est  agitée  avec  de  l'éther.  Le  résidu 
de  Tévaporation  de  la  couche  éthérée  est  dissous  dans 
l'alcool  bouillant.  Par  refroidissement,  il  se  forme  quel- 
ques cristaux  qui,  examinés  au  microscope,  se  présentent, 
comme  la  cholestérine,  en  petites  lamelles  rectangu- 
laires. 


—  374  — 

Mais  les  proportions  infinitésimales  de  ce  produit  que 
j'ai  pu  ainsi  préparer  ne  m'ont  pas  permis  ds  déterminer 
ses  constantes  physiques.  Toutefois,  je  suis  arrivé  à  eifec- 
tuer  sur  cette  substance  les  réactions  qui  permettent  de 
la  difTérencier  de  la  cholestérine  animale  et  de  la  phytos- 
térine  et  qui  la  rapprochent  de  Tergostérine  de  M.  Tanret 
et  des  cholestérines  que  j'ai  isolées  des  autres  Cryptoga- 
mes. Voici  ces  réactions  : 

1®  Une  parcelle  du  produit  se  dissout  complètement 
dans  l'acide  sulfurique  concentré  en  le  colorant  en  rouge 
sang,  et  l'agitation  immédiate  de  cette  solution  avec  le 
chloroforme  laisse  ce  dernier  incolore. 

2°  La  solution  sulfurique  étendue  d'eau  donne  un  pré- 
cipité verdâtre  et  non  blanc  comme  pour  les  cholestérines 
ordinaires. 

3°  On  ajoute,  à  une  solution  de  quelques  cristaux  de 
cette  cholestérine  dans  le  tétrachlorure  de  carbone,  de 
l'acide  sulfurique  concentré  ;  on  obtient  ainsi  une  colora- 
tion rouge  sang  et  le  tétrachlorure  se  sépare  avec  une 
belle  coloration  verte. 

Autre  point  important  qui  montre  bien  que  la  choles- 
térine retirée  du  protoplasma  des  microbes  appartient  au 
groupe  de  l'ergostérine  :  elle  s'altère  à  l'air  en  se  colorant 
comme  les  cholestérines  des  organismes  inférieurs. 

II.  Cholestérine  du  Fucus  crispus  (Cholestérine  d'Ai- 
guës).—  2^«de  fucus  sont  épuisés  par  de  l'alcool  bouillant  ; 
la  liqueur  alcoolique  est  distillée  à  sec.  Le  résidu  est 
repris  par  l'éther  ;  après  évaporation  on  obtient  une  ma- 
tière grasse  de  consistance  butyreuse,  brun  foncé,  que 
l'on,  saponifie  par  de  la  potasse  alcoolique.  Le  savon  est 
dissous  dans  l'eau  et  la  solution  est  agitée  avec  l'éther.  La 
liqueur  éthérée,  décantée  et  évaporée,  donne  quelques 
cristaux  aiguillés  nageant  dans  une  matière  huileuse  très 
colorée  ;  on  soumet  le  tout  à  une  nouvelle  saponification 
en  présence  d'un  grand  excès  de  potasse,  le  produit  est 
dissous  dans  l'eau  et  la  solution,  très  alcaline,  -est  agitée 
avec  du  chloroforme.  Le  résidu  provenant  de  l'évapora- 
tion  de  la  liqueur  chloroformîque  est  redissous  dans 


—  375  — 

l'alcool  bouillant.  Par  refroidissement,  il  se  dépose  quel- 
ques lamelles  cristallines  présentant  toutes  les  réactions 
des  cholestérines  des  Cryptogames  et  bien  différentes  de 
celles  que  donnent,  dans  les  mêmes  conditions,  la  choles- 
térine  animale  ou  la  phytostérine. 

En  résumé,  les  cholestérines  retirées  soit  des  espèces 
microbiennes,  soit  des  Algues,  appartiennent  par  leurs 
réactions  particulières,  aussi  bien  que  par  leur  facile  alté- 
rabilité à  Tair,  au  groupe  de  l'ergostérine  comme  celles 
des  Basidiomycètes,  des  Myxomycètes,  des  Ascomycètes, 
des  Oomycètes  et  des  Lichens  que  j'ai  étudiées  dans  les 
notes  antérieures.  Dans  aucun  cas  je  n'ai  pu  trouver  un 
produit  se  rapprochant  de  la  cholestérine  animale  ou  des 
cholestérines  des  végétaux  supérieurs. 


Sur  VipécacuanhsL  strié  majeur;  par  M.  G.  Dethan, 
préparateur  à  l'Ecole  supérieure  de  pharmacie  de  Paris. 

L'ipécacuariha  strié  majeur  est  fourni  par  le  Psychotria 
emetica,  Mutis,  qui  croit  dans  la  Colombie  ou  Nouvelle- 
Grenade. 

Description.  —  La  racine,  dont  le  diamètre  varie  entre 
3  et  6  millimètres,  est  généralement  coupée  en  fragments 
assez  longs,  de  5  à  10  centimètres,  et  conserve  sur  toute 
sa  longueur  un  diamètre  sensiblement  égal;  elle  ne  pos- 
sède ni  ondulations,  ni  épaississements,  mais  est  pourvue 
de  longues  stries  longitudinales  qui  sillonnent  sa  surface  ; 
sa  cassure  est  noirâtre  ou  rouge  violacé  ;  le  cylindre  cen^ 
irai,  très  adhérent  à  Vécorce,  ne  s'en  sépare  jamais. 

Assez  souvent,  les  racines  sont  mêlées  à  des  fragments 
de  rhizomes,  quelquefois  à  des  tiges  brunâtres,  lisses, 
ligneuses,  peu  ramifiées.  La  figure  1  représente  un 
échantillon  prélevé  sur  le  droguier  de  l'École  de  phar- 
macie de  Paris  et  qui  montre  précisément  la  racine,  le 
rhizome  et  la  tige  sous  leur  aspect  le  plus  caractéris- 
tique. 

En  vue  de  faciliter  l'identification  de  l'ipéca  strié  ma- 


—  376  — 

jeur  du  commerce,  nous  croyons  utile  de  compléter  l'é- 
tude des  caractères  de  structure  interne  des  différentes 
parties  qui  peuvent  le  composer. 


Fig.  1 
Ipéca  strié  majeur,  aspect. 

Structure  anatomique.  —  On  a  tenté  quelquefois  de 
baser  une  classiflcation  des  ipécas  sur  la  proportion  de 
bois  et  d'écorce  qu'ils  contiennent. 

L'examen  auquel  nous  nous  sommes  livré,  sur  les  nom- 
breux échantillons  du  droguier  de  l'École  de  pharmacie 
de  Paris,  prouve  qu'il  est  impossible  de  fonder  sur  ce 
caractère  une  classification  quelconque. 

Dans  le  cas  présent,  le  schéma  suivant  (fîg.  2,  L), 
montre  que  si  Vépaisseur  totale  de  la  racine  varie  peu  sur 
tout  son  parcours,  le  cylindre  central  diminue^  au  contraire, 
dans  de  très  notables  proportions.  En  CC  il  y  a  donc  plus 
de  bois  que  d'écorce,  en  DD'  plus  d'écorce  que  de  bois. 
AA'  et  BB'  montrent  en  quelles  proportions  peuvent  va- 
rier l'ècorce,  le  bois  et  la  moelle  dans  la  tige  et  le  rhi- 
zome. 

La  caractéristique  des  tiges,  rhizomes  et  racines  est  de 
ne  posséder  ni  amidon  dans  Vécorce,  ni  vaisseaux  dans  le 
bois. 

La  racine  présente  d'abord  un  suber  de  4  à  8  assises  de 
cellules  allongées,  remplies  d'une  matière  biiinàtre.  Les 
cellules  du  parenchyme  cortical  vont  en  diminuant  de 
dimension  et  en  s'arrondissant  vers  le  centre;  l'anneau 
libérien  est  continu  et  bien  développé;  des  raphides 
remplissent  abondamment  l'écorce  et  le  liber  et  appa- 
raissent en  plus  grand  nombre  dans  le  parenchyme  cor- 
tical proche  du  tissu  libérien  ;  ces  raphides  se  présentent 
soit  sous  forme  de  paquets  d'aiguilles  lorsqu'ils  sont  cou- 
pés dans  le  sens  de  la  longueur,  soit  sous  forme  de  ma- 


—  377  — 

tière  granuleuse  lorsqu'ils  sont  coupés  transversalement. 
Le  bois  est  constitué  par  un  massif  de  trachées,  disposées 


Fig.  2 
Ipéca  strié  majeur,  caractères  de  strnciare  (G.  Delhan  del.)- 

généralement  en  files  radiales;  des   rayons  médullaires 
unis  ou  bi-sériés  traversent  ce  massif  ;  les  cellules  ont  à 


—  378  — 

peu  près  la  même  dimension  que  les  autres,  mais  leurs 
parois  sont  ponctuées;  çà  et  là,  des  îlots  de  cellules,  irré- 
gulièrement disposées,  coupent  les  rayons  médullaires  et 
rompent  l'harmonie  du  tissu. 

Le  rhizome  montre,  sous  un  suber  peu  épais,  un  hypo- 
derme  de  quelques  rangées  de  cellules  légèrement  coUen- 
chymateuses  ;  Tendoderme  est  très  net  ;  les  cellules 
périphériques  de  moelle  ont  les  parois  épaisses  et  ponc- 
tuées ;  les  cellules  centrales  ont  les  parois  minces  et  lais- 
sent entre  elles  d'assez  larges  méats. 

Dans  les  tiges,  les  cellules  épidermiques  sont  allon- 
gées, la  cuticule  peu  épaisse  ;  Thypoderme  est  plus  mar- 
qué et  plus  coUenchymateux  ;  le  parenchyme  cortical 
diminue  considérablement  d'épaisseur;  les  raphides  de- 
viennent de  plus  en  plus  rares. 

Nous  avons  représenté  en  B"  une  coupe  transversale  du 
rhizome  qui  fournit  la  totalité  des  caractères  anato- 
miques  que  nous  avons  décrit. 


Étude  critique  des  procédés  de  dosage  volumétriques 
des  glycérophosphates  ;  par  MM.  H.  Imbert  et  J.  Pages. 

L'un  de  nous  a  montré  en  collaboration  avec  MM.  As- 
truc  et  Belugou  que  l'acide  glycérophosphorique  se 
conduit  à  l'héliantine  et  la  phtaléine  du  phénol  aussi 
bien  que  thermochimiquement  comme  l'acide  phospho- 
rique  lui-même.  M.  Astruc,  après  avoir  appliqué  ces 
données  aux  glycérophosphates  de  chaux,  en  a  déduit  un 
procédé  d'essai  de  ces  sels. 

Depuis  lors,  M.  Falières  a  confirmé  ces  résultats  en  ce 
qui  concerne  les  réactions  à  la  phtaléine  et  MM.  Adriau 
et  Trillat  en  ce  qui  concerne  les  réactions  à  l'héliantine. 
Ces  derniers  ont  en  outre  indiqué  que  l'essai  alcaliraé- 
trique  à  l'héliantine  de  ces  sels-éthers  permettait  d'en 
déterminer  la  richesse. 

Leur  méthode  est  d'ailleurs  la  même  que  celle  de 
M.  Astruc;  mais  ils  ont  opéré  sur  un  glycérophosphate 


—  379 — 

pur  qu'ils  ont  préparé  avec  le  plus  grand  soin.  Il  semble 
même  résulter  de  leur  travail  que  ces  sels  sont  neutres 
à  la  teinture  de  tournesol. 

Or,  si  l'on  cherche  à  neutraliser  Tacide  glycérophos- 
phorique  à  cet  indicateur,  on  se  heurte  à  la  difficulté 
signalée  par  M.  Joly  à  propos  de  Tacide  phosphorique. 
L'observation  du  virage  est  toujours  très  incertaine. 
Inversement ,  si  l'on  a  un  glycérophosphate  alcalin  à  la 
teinture  de  tournesol  (et  nous  verrons  plus  loin  que 
dans  la  pratique  le  cas  peut  se  présenter),  et  qu'on 
cherche  à  le  neutraliser  par  un  acide,  le  virage  manque  • 
de  netteté.  Le  procédé  d'essai  tel  que  l'indiquent  ces 
auteurs  ne  peut  donc  être  applicable  qu'à  un  sel  neutre 
théoriquement.  Or,  MM.  Adrian  et  Trillat  ont  montré 
que  les  produits  commerciaux  étaient  tantôt  neutres, 
tantôt  acides,  tantôt  alcalins  au  tournesol.  M.  Astruc  a 
trouvé  d'autre  part  que  les  uns  sont  acides,  les  autres 
alcalins  à  la  phénolphtaléine.  Il  en  résulte  que  la  quantité 
d'acide  exigée  pour  la  neutralisation  à  l'héliantine  sera 
variable  suivant  l'acidité  ou  l'alcalinité  du  produit.  Et 
Ton  ne  peut  songer  à  neutraliser  préalablement  au  tour- 
nesol. 

Le  procédé  Astruc,  au  contraire,  en  fixant  le  point  de 
neutralisation  à  la  phtaléine,  détermine  des  conditions 
de  milieu  toujours  identiques  et  faciles  à.  réaliser.  Bien 
plus,  modifié  comme  l'indique  son  auteiu*,  il  permet  de 
doser  très  approximativement  soit  l'acide  phosphorique 
dans  l'acide  glycérophosphorique ,  soit  un  phosphate 
soluble  dans  les  glycérophosphates. 

Le  travail  de  MM.  Adrian  et  Trillat,  aussi  bien  que 
celui  de  MM.  H.  Imbert  et  Astruc,  montre  qu'une  solu- 
tion d'acide  glycérophosphorique  ou  de  glycérophosphate 
neutralisé  à  l'héliantine  par  un  alcali  dans  le  premier' 
cas,  par  un  acide  dans  le  second,  contient  tout  l'acide 
éther  à  l'état  d'éther  sel  monométallique  de  la  formule  : 

,0M 
PO— OH 

\OC»H»(OH)*. 


—  38a  — 

La  quantité  de  soude  à  ajouter  k  la  solution  ainsi  pré- 
parée pour  neutraliser  la  liqueur  ;\  la  phénolphlaléine 
est  très  sensiblement  de  une  mol^^eule  pour  une  diacide. 
Cet  essai  acidimé trique  montre  que,  lorsqu'il  s*agit  d'acide 
glycérophcisphorique  la  quantité  de  soude  nécessaire  pour 
neutraliser  à  rhélianlinc  est  la  même  que  celle  exigée 
pour  la  neutralisation  â  la  phtalèine  du  glycérophos- 
phate  monomélalïique  formé.  D'autre  part,  la  quantité 
d*aride  nécessaire  pour  neutraliser  à  riièliantinc  im 
glycérophosphate  neutre  â  la  phénolpJitali''iae  est  pro- 
portionnel ;\  la  quantité  d  akali  exigée  par  la  réaction 
inverse.  Mais  les  phosphates  se  conduisent  de  la  même 
façon  suivanl  le  travail  de  M.  Joly;  de  telle  sorte  que 
dans  un  mélange  de  glycérophosphate  et  de  phosphate, 
on  dosera  Tacide  phosphorique  total. 

Toutefois,  si  a  un  phosphate  monomélallûiue.  c*est-a- 
dire  neutre  à  riiélinntiue,  on  ajoute  du  chlorure  de 
calcium  en  excès,  puis  un  alcali  jusqu':t  neutralisation  h 
la  phtalèine^  la  quantité  de  hase  sera  de  deux  molécules 
pour  une  d'acide  phosphori(|ne.  La  réaction  correspond 
donc  à  Téquation  : 

3P0^0fl-|-3CaCl*-i-4MOH  =  (PÔ*)«Ca3-J-6MCl^4H»0 

Avec  un  glycérophosphate  monométallique^  la  quantité 
de  soude  exigée  pour  la  ucutraiisalion  î1  lu  phtaléiae  est 
indépendante  de  la  présence  ou  de  Tabsenre  du  chlorure 
de  calcium  et  représentée  par  la  formule  : 

y™  /0\ 

ÎPO  — OH  +âCaa'-hïïM0H=3P0— 0^^*  ^-IMCI^IH^O 

^0C^H»(0U)i  ^OC^  H*  (011)1 

En  opérant  sur  un  mélange  de  phosphate  et  de  glycé- 
i-opliospliate  monométalliques  successivement  sans  CaCl' 
et  avec  CaCl'^  on  aura  respectivement  les  deux  systèmes 
d*éqiiations  : 


^:- 


—  381  — 
Sans  CaCl*  : 

/OM  yOM 

PO— OH  +  MOH=PO~OM  +  H*0 

y  OM  y  OM 

PO— OH  +MOH=PO— OM  +H»0 

^  0C3H»(0H)«  ^  OC«H«(OH)« 

et  avec  CaCl*  : 

yOM 

2P0^0H  +  3CaCl«  +  4M0H=(P0*)«Ca3  +  6MCl  +  4H»0 

yOM  y^\c 

2P0— OH  +2CaCl«  +  2M0H=.2P0^0/^*  +4MCl-i-2H»0 

^  OC»  H»  (0H)«  ^  0  C3  H»  (0H)« 

Ce  qui  montre  que  la  présence  des  phosphates  entraîne, 
dans  le  second  cas,  la  nécessité  d'un  excès  d'alcali,  dû  à 
la  précipitation  de  ces  corps  à  l'état  de  sel  tricalcique.  Cet 
excès  de  soude  est  proportionnel  à  la  quantité  d'acide 
phosphorique  contenue  dans  la  solution  à  l'état  de  phos- 
phate soluble,  une  molécule  d'alcali  correspondant  à 
PO*  H». 

Il  faut  cependant  remarquer  que  si  on  ajoute  un  alcali  à 
un  phosphate  monométallique  en  présence  de  Ca  Cl' jus- 
qu'à neutralisation  à  la  phénolphtaléine  la  quantité  a 
employer  est  supérieure  à  deux  molécules  pour  PO*  H'. 
La  coloration  rosée,  qui  se  produit  d'ahord,  disparait  len- 
tement par  formation  de  phosphates  polycalciques  signa- 
lés par  M.  Blarez.  Mais  on  peut  obvier  à  cette  difficulté 
par  le  manuel  opératoire  suivant  :  A  un  volume  déterminé 
d'une  solution  de  phosphate,  on  ajoute  un  excès  de  CaCP 
et  on  neutralise  par  un  acide  à  l'héliantine.  On  met  ensuite 
an  volume  déterminé  et  en  excès  de  solution  alcaline 
titrée  et  quelques  gouttes  de  phtaléine.  Au  moyen  d'une 
burette  graduée,  on  verse  alors  une  solution  titrée  acide 
jusqu'à  apparition  de  la  coloration  jaune  paille  de  l'hélian- 
tine. 

Si,  à  ce  moment,  on  prélève,  au  moyen  d'un  agitateur, 


—  382  — 

une  forte  goutte  de  liquide  et  qu'on  la  laisse  tomber  sur 
une  goutte  de  solution  alcoolique  de  phtaléine,  placée  sur 
i:ii  fond  blanc,  le  réactif  indique  encore  une  légère  alca- 
linité. L'addition  d'acide  doit  être  continuée  aussi  long- 
ti^mps  que  la  coloration  rosée  se  produit  dans  les  condi- 
tions indiquées.  De  la  quantité  d'acide  employée,  on 
d*:^duit  l'excès  d'alcali  et  par  différence  on  a  la  quantité 
nécessaire  à  la  précipitation  du  phosphate  monométallique 
à  l'état  de  phosphate  tricalcique.  M.  Astruc  a  montré  qu'une 
molécule  de  PO*H«  correspond  ainsi  à  l-'^SO-l^'^^QO  d'al- 
cali, sensiblement  deux  molécules.  L'opération  doit  être 
menée  de  la  même  façon  lors  de  l'essai  du  glycérophos- 
phate  en  présence  de  sel  calcique. 

Cette  méthode,  appliquée  à  un  acide  glycérophosphori- 
qiie  du  commerce,  a  démontré  que  la  solution  ne  conte- 
nait pas  de  PO*  H*  en  quantité  appréciable,  résultat  con- 
firmé par  l'essai  à  la  mixture  ammoniaco-magnésienne. 

Pour  établir  la  limite  de  sensibilité  du  procédé,  nous 
avons  mélangé  de  l'acide  phosphorique  en  quantité 
connue  à  notre  solution  d'acide  glycéro-phosphorique,  et 
nous  avons  essayé  de  le  doser.  Nous  réunissons  ci-dessous 
en  un  tableau  les  quantités  introduites  et  celles  retrou- 
vées expérimentalement  rapportées  à  100*'  d'acide  glycé- 
rophogphorique  supposé  pur  et  sec. 

Quantités  de  PO*  H»  pour  100«'  de  PO^  OH 

\0C»H»(0H)* 

Quantités  introduites.  Quantités  trouTées. 

40,4 10,2 

4,1 3,9 

4,18 3,99 

2,15 2.11 

Les  mêmes  opérations  ont  été  effectuées  sur  un  glycé- 
rophosphate  de  soude  du  commerce  sensiblement  neutre 
a  la  phtaléine  et  ne  donnant  qu'un  très  léger  louche  parla 
mixture  magnésienne.  Nous  donnons  comparativement  les 
quantités  de  PO*  H*  introduites  et  retrouvées  : 


—  383  — 

Quantités  de  PO'' H*  pour  100  de  sel  de  sodium  supposé  pur  et  sec. 

Quantilés  introduites.  Quantités  retrouyées. 

3,17 2.95 

1,24 1,07 

Ces  expériences  montrent  qu'un  phosphate  ou  de 
l'acide  phosphorique  peuvent  être  dosés  dans  l'éther- 
acide  ou  dans  ses  sels.  En  étudiant  ainsi  un  sel  potassi- 
que du  commerce  précipitant  nettement  par  la  mixture 
ammoniaco-magnésienne  et  donnant  par  AzO'Ag  un 
précipité  légèrement  jaunâtre,  nous  avons  pu  évaluer  à 
1,90  de  PO*  H'  pour  cent  de  glycérophosphate  supposé 
pur  et  sec  la  quantité  de  phosphate  mélangé. 

Nous  avons  ensuite  opéré  sur  d'autres  sels  de  potasse 
et  nous  passerions  ces  expériences  sous  silence  si  nous 
ne  nous  étions  butés  à  une  difficulté  qu'il  convient  de 
signaler.  Deux  des  échantillons  du  commerce  étudiés 
étaient  fortement  alcalins  à  la  phtaléine.  L'alcalinité  était 
due  à  du  carbonate  en  excès.  Dans  ce  cas  particulier,  la 
neutralisation  du  liquide  au  tournesol  ne  donne  que  des 
résultats  très  incertains,  même  si  on  de  s'aide  la  chaleur 
pour  chasser  l'anhydrique  carbonique.  En  nous  servant, 
au  contraire,  de  phtaléine,  nous  avons  pu  évaluer  très 
facilement  la  teneur  en  carbonate  et  titrer  le  glycéro- 
phosphate. Nous  avons  ainsi  trouvé  6,90  et  0,86  de  carbo- 
nate mélangé  à  100«'  de  glycérophosphate  supposé  pur 
et  sec. 

Le  procédé  est  d'ailleurs  très  général.  Il  nous  a  permis 
d'essayer  les  combinaisons  de  lithium,  de  sodium,  de 
potassium,  de  calcium,  de  magnésium  et  môme  de  fer. 
Dans  ce  dernier  cas,  il  suffit  de  précipiter  le  métal  par 
un  excès  de  potasse  en  s'aidant  d'une  très  légère  élévation 
de  température. 

On  filtre  pour  séparer  l'hydrate  ferrique,  on  lave  le 
précipité,  on  porte  à  un  volume  connu  et  on  neutralise  à 
la  phtaléine  une  partie  aliquote  de  la  solution.  Le  dosage 
se  conduit  dès  ce  moment  comme  il  a  été  indiqué. 

Il  est  évident  toutefois  que  des  sels  se  comportant 


—  384  — 

comme  les  glycero-phosphates  pourront  fausser  les  résul- 
tats c'est  ce  qui  arrive  malheureusement  avec  les  silicates 
et  les  borates.  Le  chlorure  de  calcium  ne  permet  même 
plus  de  déceler  ces  corps  comme  les  phosphates.  Il  y  a 
donc  lieu  d'envisager  le  cas  où  des  silicates  alcalins  ou 
du  borax  auraient  été  introduits  frauduleusement.  Les 
premiers  ne  pourraient  être  mélangés  qu'aux  solutions 
de  glycerophosphates  alcalins,  les  borates  pourraient  être 
ajoutés  même  aux  sels  alcalino-terreux.  Il  est  vrai  que  ces 
corps  sont  fortement  alcalins  à  la  phtaléine  ;  mais  un  frau- 
deur avisé  saurait  neutraliser  à  ce  réactif.  L'analyse  qua- 
litative en  vue  de  la  recherche  de  l'acide  borique  et  de  la 
silice  doit,  dans  ce  cas,  précéder  l'essai  quantitatif. 

Conclusions.  —  1*  Le  procédé  d'essai  des  glycerophos- 
phates de  MM.  H.  Imbert  et  Astruc  est  général  et  suffi- 
samment rigoureux. 

2*  Grâce  à  l'emploi  du  chlorure  de  calcium,  on  peut 
doser  les  phosphates  en  présence  de  glycerophosphates, 
surtout  si  la  quantité  s'élève  au  moins  à  5  p.  100  du  mé- 
lange. Au  dessous  de  cette  limite,  l'opération  devient  un 
peu  délicate. 

3**  Les  borates  et  les  silicates  ne  sont  pas  décelés  et 
doivent  faire  l'objet  d'un  essai  qualitatif  spécial. 

Du  glycérophosphate    de  quinine;  par  M.   Moncour. 

L'élément  le  plus  important  des  sels  de  quinine  est 
sans  contredit  la  quinine  qui  demeure  toujours  le  fébri- 
fuge par  excellence  :  les  divers  acides  auxquels  l'alcaloïde 
est  combiné  ne  jouent  qu'un  rôle  secondaire  en  ce  sens 
qu'ils  se  bornent  à  modifier  la  solubilité. 

On  s'explique  pourquoi  ces  acides  n'ont  guère  attiré 
l'attention  des  thérapeutes,  exception  faite  évidemment 
de  quelques  acides  particuliers  tels  que  les  acides  brom- 
hydrique,  valérianique,  dont  les  sels  quiniques  visent 
des  applications  spéciales. 

Il  n'en  va  pas  de  même  pour  le  glycérophosphate  de 
quinine  :  ce  sel  présente  un  double  intérêt,  car  l'action 


r,»^ j  ,w  ■  w ,-  -  -.^«f^i- 


—  385  — 

de  son  acide  vient  se  juxtaposer  à  celle  de  la  quinine. 
"L'existence  de  Tacide  glycérophosphorique  dans  les  léci- 
thines,  ses  rapports  avec  la  substance  nerveuse  consti- 
tuent des  faits  d'ordre  trop  classique  pour  qu'il  suffise  de 
les  signaler  ici.  ïl  est  aujourd'hui  également  démontré 
que  l'acide  glycérophosphorique  fournit  le  phosphore 
sous  forme  de  combinaison  naturelle  et  assimilable  ca- 
pable d'accélérer  énergiquement  la  nutrition  et  de  com- 
battre la  dépression  nerveuse.  De  plus,  les  propriétés 
thérapeutiques  des  divers  glycérophosphates  déjà  connus 
ont  été  exposées  dans  de  si  nombreux  travaux  qu'il  est 
difficile  de  ne  pas  admettre  à  priori  que  l'acide  glycéro- 
phosphorique soit  capable  d'adjoindre  son  pouvoir  propre 
à  celui  de  la  quinine  lorsqu'on  combine  ces  deux  corps. 

Ce  sont  les  considérations  précédentes  qui  ont  déter- 
miné l'auteur  à  vérifier  cette  hypothèse  et  à  présenter 
ce  nouveau  sel  de  quinine. 

Pour  cela,  il  a  cherché  si  le  sel  en  question  n'existait 
pas  dans  le  commerce;  sur  sa  demande,  il  put  se  procu- 
rer un  prétendu  glycérophosphate  de  quinine,  produit 
amorphe,  déliquescent,  à  odeur  rance,  ne  répondant  à 
aucune  combinaison  définie  :  l'analyse  a  démontré  qu'il 
s'agissait  d'un  mélange  dans  lequel  le  glycérophosphate 
n'entrait  qu'en  très  faible  proportion,  le  reste  étant  formé 
de  sel  de  quinine  étranger,  d'acide  phosphorique  et  de 
glycérine.  Cette  pénible  constatation  faite,  il  devenait 
indispensable  de  préparer  le  sel  défini,  d'établir  sa  con- 
stitution et  de  déterminer  ses  propriétés  ;  c'est  l'objet  de 
ce  qui  va  suivre. 

Préparation,  —  Le  glycérophosphate  de  quinine  a  été 
obtenu  par  deux  méthodes  différentes  :  1**  en  neutralisant 
une  solution  titrée  d'acide  glycérophosphorique  par 
une  quantité  équivalente  de  quinine  ;  2**  en  pratiquant  la 
double  décomposition  entre  deux  solutions,  l'une  de  sel 
de  quinine,  l'autre  de  glycérophosphate  de  chaux,  solu- 
tions employées  toutes  deux  en  proportions  équivalentes. 

Propriétés,  — Les  deux  méthodes  permettent  d'obtenir  le 

Journ,  de  Pharm.  et  de  Chim.,  6*  SÉRIE,  t.  Vil.  (15  avril  1898.)  25 


\â 


■^fî^SWI 


—  386  — 

même  composé  qui  se  présente  sous  forme  de  fines  ai- 
guilles blanches  dont  Taspect  rappelle  assez  celui  du  sul- 
fate de  quinine  officinal.  Ce  corps  est  inodore,  amer, 
mais  son  amertume  est  très  atténuée  et  elle  est  beaucoup 
plus  supportable  que  celle  du  sulfate  de  quinine. 

Le  glycérophosphate  de  quinine  est  peu  soluble  dans 
Teau,  même  bouillante;  ainsi,  100  parties  d'eau  dissolvent 
un  peu  moins  de  1/2  partie  de  sel  à  15*  et  environ  1  partie 
1/2  à  TébuUition.  La  solubilité  dans  l'alcool  est  intéres- 
sante :  vers  15®,  100  parties  d'alcool  à  95**  dissolvent  un 
I  peu  moins  de  3  parties  de  sel,  tandis  que  celui-ci  se  dis- 

!  sont,  au  contraire,  en  toutes  proportions  dans  ralcool 

bouillant.  Presque  insoluble  dans  l'éther,  il  se  dissout 
I  avec  d'autant  plus  de  facilité  dans  la  glycérine  que  celle- 

ci  est  moins  hydratée  :  les  solutions  dans  la  glycérine, 
saturées  et  obtenues  en  dissolvant  le  sel  par  la  chaleur, 
se  forment  en  masse  gélatiniforme  par  refroidissement, 
masse  qui  repasse  à  l'état  liquide  par  une  légère  élévation 
de  température. 

Avant  de  terminer  ce  qui  a  trait  à  la  la  solubilité  du 
glycérophosphate  de  quinine  il  convient  de  remarquer 
que  le  faible  pouvoir  dissolvant  de  l'eau  pour  ce  corps  ne 
peut  être  considéré  comme  un  sérieux  inconvénient,  soit 
pour  l'administration  du  médicament,  soit  pour  son  ab- 
sorption dans  l'économie.  En  effet,  il  suffit  d'une  très 
petite  addition  d'acide  soit  organique,  soit  minéral  (acide 
citrique  ou  chlorhydrique  par  exemple)  pour  obtenir  des 
solutions  relativement  chargées  de  glycérophosphate. 
Enfin,  et  c'est  là  un  détail  important,  ce  nouveau  sel  de 
quinine  n'est  modifié  dans  sa  composition  ni  par  dilution 
de  ses  solutions,  ni  par  l'action  de  la  chaleur  sur  celle- 
ci,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  d'autres  glycéro- 
phosphates  et  en  particulier  pour  le  glycérophosphate  de 
chaux,  c'est  donc  un  composé  très  stable. 
Il  fond  à  154<». 

Composition  et  constitution.  —  D'une  part  la  théorie 
permet  de  prévoir  l'existence  de  deux  glycérophosphates 
répondant  aux  formules  suivantes  : 


—  387  — 
1*»  Sel  neutre  :  0  =  P— OH.O"H**Az'0* 

O.C'H'O' 
2""  Sel  basique  :  0  =  P  — OH.C"H**Az*0* 

D'autre  part,  l'analyse  du  nouveau  composé  donne  les  ré 
sultats  ci-après  : 

Perte  d'eau  sur  1"^  de  sel  après  disseccation  \h  100".    O^^OSO 

Quinine  sur  O^'.QaO  de  sel  anhydre 0^,716 

Anhydride  phosphorique  sur  0<^,920  de  sel  [anhydre.    C,077 

La  théorie  exigeait,  sur  le  même  poids  de  sel  anhydre  : 

Quinine 0»^,600 


Pour  la  1**  formule.  \ 
Pour  la  2*  formule.  \ 


Anhydride  phosphorique  .  .  .    0^^,131 

Quinine 0«",727 

Anhydride  phosphorique  .  •  .    0^^,079 


Comme  on  voit,  les  chiffres  de  l'analyse  correspondent 
à  ceux  de  la  seconde  formule  et  non  à  ceux  de  la  première. 

Quant  à  l'eau  de  cristallisation  éliminée  à  100°,  le  cal- 
cul montre  que  les  0«',080  de  perte  représentent  exacte- 
ment 4  H*0  dans  la  formule  admise  et  vérifiée. 

Par  conséquent,  le  glycérophosphate  de  quinine  étudié 
est  un  sel  basique  qui  a  pour  formule  définitive  : 

O  =  P^OH.C"H"Az«0«       +  4  H»0 
^OH.O"H«*Az*0« 

Il  répond  à  la  composition  centésimale  suivante  : 

Quinine 72,M  p.  100. 

Acide  glycérophosphorique  ....    49,28      — 
Eau 0,09      ^ 

Rapproche-t-on  maintenant  la  teneur  en  quinine  du 
glycérophosphate  de  celles  des  autres  sels  de  quinine, 
voici  ce  que  Ton  observe  : 

La  richesse  en  quinine  est  très  voisine  de   celle  des 


—  388  — 

différents  sels  employés  en  thérapeutique  :  elle  est 
supérieure  à  celle  du  sulfate  neutre  qui  titre  59,1  p.  100 
et  elle  est  sensiblement  égale  à  celle  du  sulfate  officinal 
qui  titre  74,31  p.  100. 

Caractères,  —  Ce  sont  ceux  des  sels  de  quinine  et  de 
glycérophosphates  :  La  quinine  est  caractérisée,  soit  par 
la  coloration  verte  que  l'on  obtient  avec  l'eau  chlorée  et 
l'ammoniaque,  soit  par  la  coloration  rouge  que  donnent 
l'eau  bromée  et  l'ammoniaque  étendue,  coloration  que 
l'ammoniaque  concentrée  fait  virer  au  vert. 

L'acide  glycérophosphorique  est  caractérisé  par  ce 
qu'il  ne  précipite  pas  directement  le  molybdate  d'ammo- 
niaque, ni  la  liqueur  ammoniaco-magnésienne,  ni  la 
liqueur  d'urane.  Il  précipite,  au  contraire,  par  ces  réac- 
tifs après  calcination  préalable  en  présence  de  nitrate  et 
de  carbonate  alcalin. 

Essai.  —  La  précipitation  directe  par  le  molybdate 
d'ammoniaque  décèle  la  présence  d'un  phosphate  mé- 
langé. 

La  glycérine  se  retrouve  facilement  par  un  lavage  à 
l'eau. 

L'acide  sulfurique  et  la  chaux  se  recherchent  par  les 
moyens  habituels. 

D'ailleurs  tout  produit  qui  ne  fond  pas  à  la  tempéra- 
ture indiquée  plus  haut  est  suspect  :  il  convient  de  pro- 
céder à  son  dosage. 

Dosage,  —  On  porte  à  l'étuve  à  100*  un  poids  connu  de 
sel  :  la  perte  représente  l'eau  de  cristallisation.  Le  sel  est 
dissous  dans  l'eau  aiguisée  d'acide  chlorhydrique,  puis 
la  solution  obtenue  est  additionnée  d'alcali  qui  précipite 
la  quinine  que  l'on  pèse  après  lavage.  La  liqueur  filtrée 
sert  au  dosage  de  l'acide  glycéro-phosphorique  :  elle  est 
concentrée,  puis  le  résidu  est  incinéré  en  présence  de 
nitrate  et  de  carbonate  de  potasse.  On  reprend  par  l'eau, 
et  dans  la  solution  on  dose  l'acide  phosphorique  soit  par 
l'ui'ane,  soit  à  l'état  de  pyrophosphate  de  magnésie. 
Le  poids  de  l'acide  phosphorique  étant  connu,  il  est 


—  389  — 

facile  de  calculer  celui  de  l'acide  glycérophosphorique 
qui  lui  correspond. 

Pharmacologie,  —  Le  glycérophosphate  de  quinine, 
ayant  sensiblement  la  même  richesse  en  quinine  que  le 
sulfate  officinal,  se  prescrit  aux  mômes  doses  et  de  la 
même  façon  :  cachets,  capsules,  pilules,  paquets.  Il  peut 
être  ingéré  plus  facilement  que  le  sulfate  puisque  son 
amertume  est  moins  marquée. 

Comme  le  sulfate,  il  peut  être  administré  en  solution  : 
une  trace  d'acide  organique  assure  la  dissolution. 

REVUE  SPÉCIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  PHARMACIE  ET  DE  CHIMIE. 


Pharmacie. 
Rapport  fait  à  la  Chambre  des  députés  au  nom  de  la 
commission   chargée   d'examiner    la  proposition    de  loi 
adoptée  par  le  Sénat,  sur  l'exercice  de  la  pharmacie  ;  par 

M.  Maurice  Bourbillon,  député.  —  La  Commission 
chargée  de  Tétude  de  la  loi  relative  à  l'exercice  de  la 
pharmacie,  Iprévoyant  l'impossibilité  de  faire  adopter 
dans  cette  législature  le  projet  qu'elle  a  élaboré,  a 
sagement  pensé,  qu'il  y  aurait  lieu  de  disjoindre  de  cette 
loi  les  articles  relatifs  à  la  suppression  du  grade  de  phar- 
macien de  seconde  classe. 

Historique,  —  M.  Dubost,  conseiller  d'État,  déclare 
dans  son  rapport  du  13  novembre  1880  «  qu'à  l'avenir  les 
pharmaciens,  sans  distinction  de  classe,  pourront  exercer 
leur  professions  dans  toutes  les  portions  du  territoire  de 
la  République...  On  a  fait,  dit-il,  valoir  à  Tappui  de  cette 
innovation  que  cette  différence,  justifiée  sous  l'empire 
des  anciens  règlements,  établissant  une  dissemblance 
profonde  dans  les  conditions  de  stage  et  dans  le  mode 
d'examen  des  deux  catégories  de  pharmacies,  n'avait 
plus  de  raison  d'être  sous  le  régime  des  nouveaux,  qui 
obligent  les  pharmaciens  de  seconde  classe  à  faire  preuve 
d'un  savoir  plus  réel.  » 


~  390  — 

Le  Conseil  d'État  a  cependant,  dans  un  projet  définitif 
du  8  mars  1881,  maintenu  le  diplôme  de  seconde  classe 
parce  que  «  cette  mesure  constituait  une  modification 
indirecte  de  la  partie  de  la  loi  de  germinal  relative  à 
l'enseignement  de  la  pharmacie,  puisque,  en  réalité,  une 
pareille  disposition  équivalait  à  la  suppression  des  classes 
établies  par  cette  loi  et  confirmée  par  tous  les  décrets  sur 
la  matière  ». 

On  peut  donc  dire  que  le  Conseil  d'État,  voulant  régle- 
menter seulement  l'exercice  de  la  pharmacie,  a  repoussé, 
mais  sans  se  prononcer  sur  le  fond  de  la  question,  la 
suppression  des  pharmaciens  de  seconde  classe,  sur  une 
simple  et  un  peu  étroite  appréciation  de  la  procédure  à 
suivre. 

La  proposition  de  M.  Hippolyte  Paure,  du  6  juin  1882, 
demande  que  les  pharmaciens  de  seconde  classe  ne 
puissent  s'établir  et  exercer  leur  profession  que  dans  des 
localités  d'une  population  inférieure  à  10.000  habitants  et 
séparées  par  plus  de  2  kilomètres  d'une  localité  possé- 
dant cette  population. 

M.  Naquet,  dans  son  rapport  déposé  au  nom  de  la 
Commission  de  la  Chambre  le  9  juin  1883,  propose,  à 
l'article  2,  que  «  désormais  il  ne  soit  plus  délivré  de 
diplôme  de  pharmacien  de  seconde  classe  ».  Il  s'appuie 
sur  l'absurdité  qu'il  y  a  à  conserver  deux  catégories  entre 
les  praticiens  qui  suivent  les  mômes  cours,  reçoivent  la 
même  instruction  à  peu  de  chose  près. 

La  proposition  déposée  le  28  novembre  1885  par 
M.  César  Duval  et  plusieurs  de  ses  collègues  demande 
aussi  la  suppression  du  grade  de  seconde  classe. 

Le  projet  du  Gouvernement,  de  MM.  Lockroy,  Demôle 
et  Goblet  (21  octobre  1886),  à  l'article  2,  propose  que  «les 
pharmaciens  de  seconde  classe  ne  puissent  s'établir,  ni 
dans  les  chefs-lieux  de  département  et  d'arrondissement, 
ni  dans  les  villes  dont  la  population  dépasse  10.000  habi- 
tants; ils  ne  peuvent,  ajoutait  le  projet,  exercer  les  fonc- 
tions d'experts  près  des  tribunaux,  ni  celles  de  pharma- 
ciens des  hôpitaux  et  hospices  ».  Ce  projet  s'appuie  sur 


—  391  — 

ravis  du  Comité  consultatif  d'hygiène  publique  de  France 
qui,  sur  un  rapport  très  étudié  de  MM.  Brouardel  et 
Regnauld,  avait  adopté  la  rédaction  ci-dessus.  Ce  rapport 
exprime  surtout  la  crainte  de  voir  le  recrutement  des 
pharmaciens  entravé  par  la  suppression  du  diplôme  de 
seconde  classe  et,  par  suite,  de  voir  Texercice  illégal  se 
développer  encore. 

Il  ne  parait  pas  que  les  craintes  du  Comité  consultatif 
soient  justifiées  puisque,  par  suite  de  la  vulgarisation 
toujours  croissante  du  diplôme  de  bachelier,  les  aspirants 
au  grade  de  seconde  classe  diminuent  tous  les  jours  et 
puisque,  depuis  plus  de  dix  ans  que  le  rapport  de 
MM.  Brouardel  et  Regnauld  a  été  publié,  le  nombre  des 
officines  nouvelles  ouvertes  en  France  a  augmenté  de 
près  de  2.000,  dont  le  plus  grand  nombre  est  dirigé  par 
des  pharmaciens  de  première  classe. 

Le  projet  du  Gouvernement  et  la  proposition  de 
M.  César  Duval  furent  examinés  par  la  Commission  de 
la  Chambre  dont  le  rapporteur,  M,  Alfred  Letellier 
(17  juillet  1889),  dit  que  «  depuis  que  le  diplôme  de 
pharmacien  de  seconde  classe  a  cessé  d'être  délivré  par 
les  jurys  départementaux,  on  ne  s'explique  plus  guère 
que  l'on  interdise  aux  pharmaciens  qui  en  sont  pourvus 
de  sortir  du  département  auquel  ils  sont,  pour  ainsi  dire, 
affectés  ». 

Le  projet  ne  fut  pas  discuté  pendant  cette  législature 
(1885-1889),  mais,  quand  il  revint  à  la  législature  sui- 
vante, le  rapporteur,  M.  César  Duval,  avec  la  Commis- 
sion, «  estimait  qu'il  est  temps  de  faire  disparaître  une 
anomalie  qui  n'existe  plus  que  dans  notre  pays  ».  Le 
Parlement  lui  donna  raison.  En  effet,  la  Chambre,  le 
Sénat  ensuite  adoptent  sans  discussion  les  articles  relatifs 
à  la  suppression  du  grade  de  pharmacien  de  seconde 
classe.  Nous  devons  mentionner,  en  terminant  ce  rapide 
exposé,  les  conclusions  du  rapport  très  intéressant,  sur  ce 
point  particulier  surtout,  de  M.  le  sénateur  Cornil  : 

<t  II  n'y  a  pas  de  raisons,  dit-il,  aujourd'hui,  pour  con- 
server l'exercice  de  la  même  profession  à  deux  ordres  de 


*i-^rffîiP5rfl 


—  392  — 

pharnmcicnSi  ni  pour  laisser  supposer  que  les  habitants 
des  campagnes  peuvent  se  contenter  de  praticiens  moins 
iostruiLs,  offrant  moins  de  garanties  que  ceux  des 
villes,  » 

Il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'aujourd'hui  comme  précé- 
demmenU  le  S(^nat  et  la  Chambre  adopteront  sans  débat 
une  rt^fnime  empreinte  d'un  esprit  de  justice  et  d'égalité 
aussi  évident. 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  résumer  en  quelques  mots 
les  arguments  qui  plaident  en  faveur  de  cette  réforme, 
renvoyant  aux  rapports  si  concluants  de  MM.  Naquet, 
César  Duval  el  Cornil,  les  personnes  qui  hésiteraient  à 
partager  notre  opinion. 

l'*  Elle  n^enlravera  pas  le  recrutement,  puisque  le 
nombre  des  pharmaciens  de  première  classe  va  toujours 
en  croissant,  à  mesure  que  le  nombre  des  officines 
ouvertes  augmente. 

2*  Elle  ne  niûra  pas  à  l'installation  des  pharmaciens 
dans  les  campagnes,  puisqu'il  l'heure  qu'il  est  les  phar- 
maciens de  sei'OEule  classe  ont  une  tendance  de  plus  en 
plus  marquée  à  i?e  porter  vers  les  centres,  et  ceci  par 
une  raison  que  Ton  ne  connaît  pas  assez  et  qui  n'en  est 
pas  moins  très  vieille  :  c'est  qu'un  jeune  homme,  sur  le 
point  de  pas!5cr  son  dernier  examen  pour  le  grade  de 
pharmacien  de  seconde  classe,  est  tenu  de  déclarer  dans 
quel  déparlement  il  doit  exercer  sa  profession;  or,  comme 
il  lui  est  interdit  d'acheter  une  officine  avant  d'avoir 
obtenu  son  diplAme,  il  désigne  le  plus  souvent,  et  bien 
naturellement,  le  riépartement  où  il  y  a  les  plus  gi^andes 
ag^lonif:*ratiMJis  et  où  il  espère,  pour  cette  raison,  trouver 
plus  aisément  un  postera  acquérir;  ainsi  le  maintien  du 
dipl(^me  actuel  de  seconde  classe  va  donc  à  l'encontre  de 
rinlenlitm  du  législateur,  qui  était  de  favoriser  l'installa- 
tion de  ces  pharmaciens  dans  les  campagnes. 

Z°  A  une  époque  où  les  bacheliers,  si  nombreux,  sont 
souvent  embarrassés  de  l'emploi  de  leur  diplôme,  on  ne 
peut  redouter  de  manquer  de  candidats  et,  en  exigeant 
ce  diplôme  île  î'èludiant  en  pharmacie,  chez  lequel  on 


—  393  — 

trouvera  par  suite  une  culture  intellectuelle  supérieure, 
on  élèvera  le  niveau  scientifique  du  corps  des  pharma- 
ciens, résultat  heureux  et  désirable,  surtout  pour  toutes 
les  professions  où  la  science  et  Thonorabilité  du  prati- 
cien sont  les  seuls  garants  du  public. 

4®  Nous  pensons  enfin  que  le  projet  du  Gouvernement, 
qui  limitait  aux  petites  localités  les  points  du  territoire 
où  pourraient  s'installer  les  pharmaciens  de  seconde 
classe,  créerait  pour  les  populations  rurales  une  infério- 
rité contre  laquelle  protestait,  dans  son  rapport  au  Sénat, 
M.  le  professeur  CorniL 

C'est  au  contraire  dans  les  campagnes,  dans  les  com- 
munes éloignées  de  tout  centre  scientifique,  qu'il  est 
nécessaire  d'avoir  des  pharmaciens  aussi  instruits  que 
possible  afin  de  pouvoir  suppléer  aux  laboratoires  spé- 
ciaux qui  leur  manquent,  pour  les  analyses,  les  secours 
urgents  en  cas  d'empoisonnement,  les  questions  d'hy- 
giène si  nombreuses,  les  épidémies,  les  épizooties,  ana- 
lyses d'eaux  potables,  denrées  alimentaires,  engrais 
chimiques,  etc.,  etc. 

Il  y  aurait  aussi  un  fâcheux  inconvénient  à  favoriser 
l'installation,  dans  de  modestes  communes,  de  pharma- 
ciens qui,  s'y  trouvant  dans  l'impossibilité  de  vivre,  se 
livreraient,  sans  aucun  doute,  à  l'exercice  illégal  de  la 
médecine  et  rendraient  encore  plus  âpre  la  division,  si 
regrettable  et  cependant  si  fréquente,  des  corps  médical 
et  pharmaceutique.  Ajoutons  que,  trop  nombreux  dans 
les  campagnes,  ils  e«ipécheraient  l'installation  dans  les 
villes  voisines  des  pharmaciens  de  première  classe  dont 
le  rayon  de  clientèle  serait  par  trop  restreint.  Nous  pen- 
sons encore  que,  pour  les  petites  localités,  le  médecin, 
autorisé  par  la  loi  à  fournir  les  médicaments  à  ses 
malades  quand  il  n'y  a  pas  de  pharmacien  dans  la  com- 
mune, suffit  à  assurer  les  secours  aux  malades  des  cam- 
pagnes. 

Le  projet  ci-dessous  ne  fait  que  reproduire  le  texte  de 
l'article  "2,  les  dispositions  transitoires,  et  deux  articles 


—  394  — 

dont  le  vote  est  demandé  par  le  Comité  consultatif  d'hy- 
giène publique  de  France  : 

Proposition  de  loi.  —  Article  premier.  —  Désormais 
il  ne  sera  pluss  dt^livré  qu'un  seul  diplôme  de  pharma- 
cien, correspondant  au  diplôme  de  première  classe  exis- 
tant lors  de  la  promulgation  de  la  présente  loi. 

11  n'est  rien  innové  en  ce  qui  touche  le  diplôme  supé- 
rieur de  pharmacien  de  première  classe  créé  par  le  décret 
du  liiïjuiUet  !878. 

Art.  2.  —  Les  pharmaciens  reçus  à  l'étranger,  quelle 
que  soit  leur  nationalité,  ne  pourront  plus  exercer  la 
pharmacie  en  France  qu'à  la  condition  d'avoir  obtenu  le 
dipiunie  de  pharmacien  délivré  par  le  Gouvernement 
f ranimais,  à  la  suite  d'examens  subis  devant  un  établisse- 
ment d'enseignement  supérieur  de  pharmacie  de  l'Etat. 

Tout  étranger,  quoique  muni  du  diplôme  de  pharma- 
cien français,  ne  pourra  exercer  la  pharmacie  en  France 
que  si,  par  réciprocité,  un  Français,  pourvu  du  diplôme 
de  pharmacien  délivré  par  le  pays  auquel  appartient  cet 
étranger,  peut  exercer  la  pharmacie  dans  ce  pays. 

Art.  3,  —  Les  étudiants  étrangers  qui  postulent  le 
diplôme  de  pharmacien  en  France  sont  soumis  aux 
mêmes  règles  de  stage,  de  scolarité  et  d'examens  que  les 
étudiants  français. 

Un  diplôme  spécial  pourra  être  délivré  aux  étudiants 
étrangers  sans  leur  conférer  le  droit  d'exercer  la  phar- 
macie sur  aucune  partie  du  territoire  français. 

Les  étudiants  aspirant  à  ce  diplôme  seront  soumis  aux 
mêmes  règlements  et  examens  que  les  étudiants  fran- 
çais. 

Toutefois  il  pourra  leur  être  accordé  en  vue  de  l'ins- 
cription réglementaire,  soit  la  dispense  des  grades  fran- 
çais requis  pour  l'inscription,  soit  l'équivalence  des  grades 
obtenus  par  eux  à  l'étranger  ainsi  que  des  dispenses 
partielles  de  scolarité  correspondant  à  la  durée  des  études 
faites  par  eux  à  Tétranger. 

Dispositions  transitoires,  —  Pendant  un  délai  de  deux 


—  395  — 

ans,  à  partir  de  la  promulgation  de  la  présente  loi,  les 
étudiants  pourront  être  admis  à  s'inscrire  au  stage  en 
vue  du  titre  de  pharmacien  de  seconde  classe,  conformé- 
ment aux  règlements  en  vigueur. 

Un  règlement  d'administration  publique  fixera  l'époque 
à  laquelle  le  diplôme  de  pharmacien  de  seconde  classe 
cessera  d'être  délivré. 

Les  pharmaciens  pourvus  du  diplôme  de  seconde 
classe  pourront  exercer  sur  tout  le  territoire  de  la  Répu- 
blique. 

Ce  projet  de  loi  partiel  a  été  voté  par  la  Chambre  des 
députés  dans  la  séance  du  28  mars  dernier,  puis  ratifié 
par  le  Sénat  ;  il  est  donc  définivemenl'  voté. 


Chimie. 
Actions  chimiques  exercées  par  Teffluve  électrique  ;  par 

M.  Berthelot(I).  —  Tous  les  alcools  étudiés  fixent  de 
l'azote,  en  formant  des  composés  condensés  de  nature 
amidée  et  spécialement  alcaline  (amidines  et  corps  con- 
génères). 

Cette  fixation  d'azote  est  accompagnée,  dans  le  cas  des 
alcools  de  la  série  grasse  C*H*'*'^*0,  par  une  perte  d'hy- 
drogène, s'élevant  à  2  atomes  pour  les  alcools  éthylique  et 
propylique;  à  1  seul  atome  pour  l'alcool  méthylique,  qui 
fait  exception. 

Cette  perte  d'hydrogène  doit  être  rapprochée  de  celle 
qu'éprouvent  les  carbures  saturés  CH*  et  C*  H*,  soit  libres, 
soit  en  présence  de  l'azote  ;  lesquels  carbures  perdent  pré- 
cisément 2  atomes  de  carbone  sous  la  même  influence. 

Au  contraire,  l'alcool  allylique,  type  des  alcools  Ç*H*'*0, 
ne  perd  pour  ainsi  dire  pas  d'hydrogène,  tandis  que  ses 
élénaents  s'unissent  à  l'azote  :  ceci  le  rapproche  de  l'acé- 
tylène et  de  l'allyléne,  au  point  de  vue  des  réactions  de 
l'efQuve. 

Une  molécule  des  alcools  de  la  série  grasse  fixe  1  atome 
d'azote  pour  2  atomes  d'hydrogène  éliminés.  1  atome  d'azote 

(1)  Voir  Joum,  de  Pharm,  et  de  Chim.y  [6]  VII.  336.  !•'  SYiil  4898. 


-'^^^^W^W^UlfSS^' 


—  396  — 

est  fixé  pour  2  molécules  d'alcool  méthylique  ;  tandis  que  la 
même  fixation  répond  à  peu  près  à  1  seule  molécule  des 
alcools  éthylique  et  propylique,  lesquels  se  comportent 
de  la  même  manière.  Mais  pour  Talcool  allylique,  qui  ne 
perd  presque  pas  d'hydrogène,  il  faut  3  molécules  de  Tal- 
cool  pour  2  atomes  d'azote. 

Ces  relations  doivent  être  rapprochées  de  la  fixation  de 
Fazoteparles  carbures  d'hydrogène  générateur  des  alcools. 

Pour  le  formène  et  l'alcool  méthylique,  le  rapport  entre 
le  nombre  d'atomes  de  carbone  et  celui  de  l'azote  est  le 
même. 

Pour  l'éthane  (ou  l'éthylène),  ce  rapport  est,  au  con- 
traire, à  peu  près  la  moitié  de  celui  observé  avec  l'alcool 
éthylique.  La  môme  observation  s'applique  au  propylène, 
comparé  aux  alcools  propyliques  :  ce  qui  prouve  qu'il  ne 
s'agit  pas  d'une  relation  purement  individuelle. 

1  molécule  d'alcool  allylique  fixe  également  plus  d'azote 
qu'une  molécule  d'allylène  ;  cette  fois  dans  le  rapport  de 
3  :  5  ;  ce  qui  montre  d'ailleurs  que  la  diversité  de  réaction 
par  rapport  à  l'azote,  constatée  entre  l'allylène  et  les 
carbures  C^H"*"^*  etC'*lP'*,  se  retrouve  entre  les  alcools 
correspondants. 

Les  phénols  fixent  l'azote  sous  l'influence  de  l'effluve. 

Cette  fixation  a  lieu  avec  des  vitesses  et  des  propor- 
tions inégales,  suivant  leur  constitution  et  leur  valence. 

Les  phénols  ne  perdent  pas  d'hydrogène  en  proportion 
notable  pendant  le  cours  de  cette  fixation,  pas  plus  que 
les  carbures  benzéniques  dont  ils  dérivent. 

Ce  fait  mérite  surtout  d'être  noté  pour  l'hydroquinon, 
si  facile  à  séparer  de  2  atomes  d'hydrogène  par  une  mul- 
titude de  réactions. 

La  fixation  électrique  de  l'azote  sur  les  corps  isomères 
a  lieu  suivant  les  mêmes  rapports  sur  les  deux  alcools 
propylique  normal  et  isopropylique  ;  précisément  comme 
sur  le  propylène  et  le  triméthylène. 

Au  contraire,  les  trois  phénols  diatomiques  ont  pré- 
senté, à  cet  égard,  des  diversités  considérables;  lesquelles 
tiennent  peut-être,  en  partie  du  moins,  à  la  vitesse  inégale 


-trr—r'-'j^^-^-  r\- 


—  397  — 

de  Fabsorption  de  l'azote  par  des  composés  solubles  de 
cohésion  différente. 


En  poursuivant  ses  recherches  relatives  à  Faction  de 
Teffluve  électrique  sur  les  systèmes  mixtes,  formés  de  gaz 
et  de  liquides,  M.  Berthelot  a  été  conduit  à  faire  quel- 
ques essais  sur  l'action  du  même  agent,  intervenant  en 
présence  de  systèmes  complètement  liquides.  Il  s'est 
occupé  des  composés  organiques,  lesquels  à  l'état  pur 
sont  de  mauvais  conducteurs  de  l'électricité,  et  intervien- 
nent dès  lors  comme  diélectriques,  dont  la  résistance  est 
comparable  à  celle  du  verre  lui-même. 

Térébenthine.  —  L'essence  avait  été  desséchée  avec 
soin  par  son  contact  avec  la  potasse,  et  rectifiée  à  tempé- 
rature fixe  quelques  instants  avant  l'expérience,  afin  de 
prévenir  tout  commencement  d'altération  sous  l'influence 
de  l'air.  L'action  de  l'efiluve  a  été  mise  en  œuvre  dans 
les  conditions  ordinaires  des  autres  essais  et  prolongée 
vingt-quatre  heures.  Les  tubes  sont  lumineux  dans  l'obs- 
curité. Il  ne  s'est  développé  aucun  gaz,  l'élévation  de 
température  du  liquide  étant  faible  dans  ces  conditions. 
A  la  fin  le  liquide  n'était  pas  coloré.  Il  a  été  extrait  de 
l'appareil  et  rectifié  aussitôt,  dans  une  cornue  de  petites 
dimensions,  en  évitant  autant  que  possible  l'action  de 
l'air.  L'essence  est  en  majeure  partie  inaltérée.  Cepen- 
dant on  a  isolé  3  centièmes  de  ditérébenthène,  c'est-à- 
dire  d'un  polymère. 

Huile  d'olive,  —  Cette  huile,  soumise  à  l'action  pro- 
longée de  l'efiluve  électrique  dans  les  mêmes  conditions, 
éprouve  également  une  altération,  faible  à  la  vérité,  et  qui 
se  manifeste  par  la  formation  d'une  couche  de  matière 
noirâtre,  sur  la  paroi  du  tube  de  verre  intérieur.  Cette 
matière  est  insoluble  dans  l'étlier,  dans  l'huile  et  dans 
tous  les  dissolvants  ;  elle  résulte  évidemment  d'une  con- 
densation polymérique.  Une  matière  analogue,  blanche 
et  gélatineuse,  se  développe  lorsqu'on  fait  réagir  l'huile 
d'olive  et  l'azote  dans  les  tul)es  à  efiluve. 

Alcool  absolu,  —  L'alcool,  soumis  aux  mêmes  épreuves, 


—  398  — 

ne  donne  lieu  à  aucun  phénomène  spécial  pendant  les 
premières  heures.  Cependant,  à  la  longue,  il  s'y  déve- 
loppe des  gaz.  En  opérant  sur  10"  d'alcool  liquide,  on  a 
obtenu,  après  vingt-quatre  heures  d'effluve,  34*^"'  de  gaz. 
D'après  analyse  et  après  élimination  de  la  vapeur  d'al- 
cool, ce  gaz  a  été  trouvé  formé  de  la  façon  suivante  : 

Hydrogène H«=30««,l 

Éthane C«H«=  S^d 

Le  liquide  a  été  l'objet  d'un  examen  -spécial.  Il  rédui- 
sait l'azotate  d'argent  ammoniacal  (aldéhyde  et  corps 
congénères).  On  l'a  distillé;  les  premières  gouttes  con- 
tiennent en  effet  de  l'aldéhyde.  Le  thermomètre  est  resté 
stationnaire  presque  tout  le  temps,  au  point  d'ébullition 
de  l'alcool  ;  mais  à  la  fin,  il  est  resté  une  goutte  huileuse, 
jaunâtre,  constituée  en  grande  partie  par  l'huile  de  vin. 
C'était  sans  doute,  comme  d'ordinaire,  un  carbure  moins 
hydrogéné  qu'il  ne  conviendrait  à  la  formule  C"  H*«. 

Ces  résultats  montrent  que  l'effluve  agit  sur  les  liqui- 
des organiques,  comme  sur  les  gaz,  en  produisant  des 
polymérisations  et  des  séparations  d'hydrogène.  Mais 
l'action  est  bien  plus  lente  et  plus  pénible,  en  raison  du 
défaut  de  conductibilité  générale  et  de  mobilité  particu- 
lière des  liquides  mis  en  présence. 

Rapport  au  Conseil  d'hygiène  de  la  Seine  sur  la  fabri- 
cation du  cyanure  de  potassium;  par  M.  Alf.  Riche. 

On  fabrique  exclusivement  aujourd'hui  ce  sel  par  la 
calcination  du  pnissiate  de  potasse  et  nous  sommes  tribu- 
taires de  l'Allemagne  et  de  l'Angleterre,  pour  la  presque 
totalité  du  ferrocyanure  et  du  cyanure. 

Une  Société  industrielle  vient  de  breveter  un  procédé 
de  fabrication  du  cyanure  de  potassium  qui  est  l'applica- 
tion industrielle  d'une  réaction  indiquée  par.  Wohler, 
consistant  à  chauffer  vers  600**  du  borax  (1  p.)  avec  du 
chlorhydrate  d'ammoniaque  (i  1/2  à  2  p.).  Il  se  produit 
un  corps  insoluble,  l'azoture  de  bore,  et  du  chlorure  de 
sodium. 

Cette  opération  sera  faite  dans  des  creusets  en  plom- 


—  399  — 

bagine  de  50*«',  dont  le  couvercle  luté  est  percé  d'un  trou 
qui  donnera  issue  aux  vapeurs  de  chlorhydrate  d'am- 
moniaque employé  en  excès. 

Ces  vapeurs  se  dirigeront  vers  la  cheminée  après 
avoir  passé  à  travers  des  chambres  de  condensation  en 
grès,  refroidies  par  Tair  extérieur  ;  d'après  l'inventeur  du 
procédé,  M.  Moyse,  leur  condensation  sera  complète. 

Le  chauffage  des  cornues,  au  nombre  de  neuf,  sera 
réalisé  dans  un  foyer  Siemens,  par  la  combustion  de 
l'oxyde  de  carbone  au  moyen  de  l'air,  chauffés  tous  les 
deux. 

La  matière  se  retire  du  creuset  très  aisément.  On  la 
traite  par  l'eau  pour  dissoudre  le  chlorure  de  sodium  et 
le  borax  non  attaqué.  Le  résidu  de  ce  lessivage  est  l'azo- 
ture  de  bore  qui  se  présente  sous  forme  d'une  substance 
blanche,  pulvérulente,  ayant  l'aspect  du  talc  lorsqu'il  est 
sec. 

La  Compagnie  se  propose  de  le  transformer  en  cyanure 
de  potassium  ou  en  cyanure  de  sodium  par  la  calcination 
avec  du  carbonate  de  potassium  ou  de  sodium  et  du  char- 
bon de  bois,  intimement  mélangés,  dans  des  creusets  en 
fer  portés  à  500**  environ. 

L'opération  précédente  durera  une  heure  à  peine  et 
celle-ci  une  heure  et  demie. 

Le  résidu  de  cette  seconde  calcination  est  un  mélange 
de  cyanure,  de  borate  et  de  carbonate  alcalin.  S'il  s'agit 
du  sel  de  potassium  on  en  extraira  le  cyanure  par  un 
lessivage  méthodique  avec  de  l'alcool,  suivi  d'une  cris- 
tallisation en  vase  clos  (le  borate  et  le  carbonate  étant 
insolubles,  industriellement  parlant,  dans  ce  dissolvant). 

S'il  s'agit  du  sel  de  sodium,  on  fera  le  lessivage  et  la 
cristallisation  avec  de  Teau  à  basse  température  qui  ne 
dissout  que  de  minimes  quantités  de  borax. 

L'étude  du  nouveau  procédé  parait  avoir  été  faite  avec 
soin;  c'est  ce  qui  résulte,  du  moins,  de  l'examen  fait 
au  bureau  impérial  des  brevets,  en  Allemagne,  qui  se. 
termine  par  la  phrase  suivante  : 

a  Comme  l'instance  précédente  l'a  expliqué  avec  raison,. 


—  400  — 

la  combinaison  des  réactions,  connues  en  elles-mêmes, 
constitue  une  invention  dont  lulilisation  technique  ne 
paraît  pas  douteuse  et  à  laquelle  on  ne  peut  pas,  en  rai- 
son du  fboix  habile  des  différentes  phases  du  procédé» 
nier  Tavantage  de  hi  plus  grande  simplicité  sur  d'autres 
méthodes  de  la  fabrication  du  cyanure  de  potassium. 

Sur  la  présence  de  la  choline  et  de  la  trigonelline  dans 
les  semences  de  Strophantus  et  sur  la  prëparatien  de  la 
strophantiue ;  par  H.  Thoms  (1),  —  Les  différentes  espèces 
de  Slrophantus  fournissent  des  produits  immédiats  de 
composition  et  d'action  très  différentes.  Les  premiers 
travaux  sur  le  principe  actif  de  la  drogue  ont  été  faits  par 
Hardj^  et  Gallois,  et  par  Fraser.  Arnaud  a  isolé  des  se- 
mences du  Stroph^nlus  Kombe  une  stropîmntine  cristal- 
lisée, de  formule  C"H*'0*'.  Le  même  auteur  a  retiré  di] 
Sirophiintus  glaber  un  glucoside  auijuel  il  a  attribué  la 
composition  C"H**0*'  et  (fu'il  a  identiûé  avec  Vouabaltie. 
Le  Sirophsintus  hispidiui  n'a  pu  fournir,  jusqu'à  présent, 
qu'un  glucoside  amorphe. 

Cette  dernière  sorte  est  celle  qui  est  utilisée  dans  le 
commerce  pour  obtenir  la  strophantine.  Les  pr<^*paratioa3 
commerciales  sont  amorphes  et  présentent  des  propriétés 
chimiques  dliféreûtes-  certaines  sont  acides,  la  plupart 
contiennent  île  Tazote  en  quantité  variable.  Le  procédé  de 
préparation  le  plus  généralement  suivi  est  celui  qui  a  été 
indiqué  par  Fraser  :  les  semences  àxx  Sirophantus  hispidm, 
débarrassées  d'huile  grasse,  sont  épuisées  par  de  !  alcool 
à  70";  on  évapore  la  liqueur;  on  reprend  le  résidu  par  Je 
Teau;  on  précipite  par  le  tannin  sans  etnployer  un  excès 
de  ce  dernier;  le  précipité  est  séclié  en  présence  d'oysde 
de  plomb,  puis  ti^aité  par  l'alcool  qui  dissoul  la  strophan- 
tine; on  précipite  cette  dernière  par  addition  d'éther. 

Le  produit  ainsi  obtenu  contient  de  ra3oteî  Thoms 
a  réussi  à  séparer  la  strophantine  de  la  matière  azjttec 

(1)  Uebvrfias  Vorkommcn.  t\on  Choiin  und  Trigoi^ellin  in  SiropfwftluM- 
Samai  utid  ûùer  die  Darstetlun'j  von  Sirûphanlhùi;  Utf.  d.  li.  Chcm. 
Ges.,  KXXl,  IH98,  r.271. 


—  401  — 

qui  la  souille  en  ajoutant  à  la  solution  aqueuse  du  sulfate 
d'ammoniaque  pur  et  finement  pulvérisé  ;  la  strophantine 
est  précipitée  en  flocons  qui  se  rassemblent  sur  les  pa- 
rois du  vase  ;  il  n'y  a  plus  qu'à  la  reprendre  par  Talcool 
absolu  et  à  la  précipiter  par  Téther  pour  la  débarrasser 
complètement  du  sulfate  d'ammoniaque  qui  l'imprègne. 

Thoms  a  déterminé,  en  outre,  la  nature  des  combi- 
naisons azotées  qui  accompagnent  la  strophantine  :  les 
semences  débarrassées  d'huile  par  expression  et  au 
moyen  d'éther  de  pétrole  sont  épuisées  à  froid  par  de 
l'alcool  à  70";  on  évapore,  on  reprend  par  l'eau,  on  préci- 
pite par  l'acétate  de  plomb;  on  filtre,  on  ajoute  du  sulfate 
d'ammoniaque  qui  précipite  le  plomb  en  excès,  ainsi  que 
la  strophantine  ;  on  filtre  de  nouveau  et  on  précipite  par 
une  solution  d'iodure  de  bismuth  et  de  potassium.  Le 
précipité,  ainsi  obtenu,  est  lavé,  puis  traité  par  le  carbo- 
nate d'argent  et  l'acide  chlorhydrique.  Le  liquide,  filtré 
et  évaporé,  fournit  les  bases  à  l'état  de  chlorhydrates. 
L'alcool  absolu  froid  permet  de  séparer  ces  chlorhy- 
drates, car  il  dissout  seulement  une  partie  du  résidu. 

La  fraction  soluble  a  été  caractérisée  comme  chlorhy^ 
drate  de  choline  par  l'analyse  de  chloroplatinate. 

La  partie  insoluble  dans  l'alcool  absolu  froid  a  été 
purifiée  par  recristallisation  et  la  base  a  été  régénérée 
au  moyen  du  carbonate  d'argent.  Cette  base  possède  la 

CH« 
composition  de  la  bétaïne  pyridique  C'U'Az^       /CO, 

mais  n'est  pas  identique  à  cette  dernière;  elle  possède, 
par  contre,  toutes  les  propriétés  de  la  méthylbétaïne  de 
Vacide  nicotique,  qui  n'est  autre  que  la  trigonelline 
isolée  par  Jahns  des  semences  du  Trigonella  fœnum 
grœcum.  La  base  isolée  avec  la  choline  des  semences  de 
Strophantus  hispidus  est  donc  de  la  trigonelline;  en  effet, 
traitée  par  les  alcalis,  elle  dégage  de  la  triméthylamine  ; 
chauffée  en  tube  scellé  avec  de  l'acide  chlorhydrique 
fumant,   elle  donne  de  l'acide   nicotique;  son  chlorhy- 

Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim,,  6-  8ÉRUB,  t.  VII.  (15  avrU  1898.)  26 


—  402  — 

drate  donne,  avec  le  chlorure  d'or,  des  sels  doubles  sem- 
blables à  ceux  que  Jahns  a  décrits  pour  la  trigonelline. 

H. 


BIBLIOGRAPHIE 


Comptes  rendus  de  TAcadémie  des  Sciences,  21  mars  1898.  — 
Détermination  de  la  densité  des  gaz  de  très  petits  volumes;  par  M.  Th.  Schlœ- 
sJjig  fils.  —  Sur  le  Néodyme;  par  H.  0.  Boudouard.  —  Sur  l'explosion  des 
mélanges  grisouteux;  par  MM.  H.  Couriot  et  J.  Meunier.  —  Propriétés  du 
auiruro  de  strontium  phosphorescent  ;  par  M.  J.  Rodriguez  Mourelo.  —  Sur 
To^vilation  de  quelques  composés  amidés  et  thio-amidés. 

—  â8  mars  1898.  —  M.  Arm.  Gautier  :  Étude  préliminaire  du  dosage  de 
Tûxydc  de  carbone  dilué  de  Tair,  par  l'acide  iodique.  L'auteur  a  observé  que 
ccHains  hydrocarbures,  Tacétylène,  l'éthylène  entre  autres  réagissent  par- 
tiellement sur  l'anhydride  iodique  pour  donner  aussi  de  l'acide  carbonique  et 
dégager  son  iode.  Il  a  constaté  de  plus  que  l'éthylène,  mélangé  à  l'oxyde  de 
cai'bone  en  diminue  sensiblement  l'oxydabilité.  —  M.  D.  Berthelot  :  Sur  la 
détermination  rigoureuse  des  poids  moléculaires  des  gaz  en  partant  de  leurs 
densités.  —  M,  M.  Delépine  :  Bases  quinoléiques  au  point  de  vue  thermo- 
cbjoiïque.  —  M.  D.  Tombeck  :  Combinaisons  des  bases  organiques  avec 
divers  sels. 


SOCIÉTÉ    DE    PHARMACIE    DE    PARIS 


Séance  du  6  avril  1898. 

Présidence  de  M.  Bourquelot,  Président. 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures. 

he  procès-verbal  de  la  précédente  séance,  mis  aux  voix, 
est  adopté. 

Correspondance  imprimée  :.  Journal  de  pharmacie  et  de 
chimie  (2  exemplaires);  —  Bulletin  des  travaiLx  de  la 
Société  de  pharmacie  de  Bordeaux;  —  Bulletin  com^ 
mercial  de  la  Pharmacie  centrale;  —  Journal  de  Pharma- 
cologie du  Collège  de  pharmacie  de  New-York  ;  Alumni" 
report  du  Collège  de  Philadelphie,  Pharmaceutical  Journal 
(5  exempl.);  —  Bulletin  de  pharmacie  du  SudSst;  — 
întermédiaire  de  VAfas;  —  Société  des  pharmaciens  de 


—  403  — 

VAveyron;  —  Bulletin  de  la  chambre  syndicale  des  phar- 
maciens du  département  de  la  Seine  ;  —  Revue  des  mala- 
dies de  la  nutrition;  —  la  Pharmacie  française;  —  la 
Viabilidat  légal  y  la  fisiologia  de  la  Havane, 

Présentation  :  Bulletin  du  Congrès  de  V avancement  des 
Sciences,  session  de  Saint -Etienne.  —  Extrados  fluidos, 
du  docteur  Ramon  Lodina  Langlin,  de  Barcelone.  — 
D'  E.  Bavial,  Résumé  et  Tableaux  d"* analyse  minérale  qua- 
litative. 

Correspondance  manuscrite  :  Lettre  de  M.  Choay  po- 
sant sa  candidature  à  la  place  titulaire  vacante  de  la 
Société.  —  Lettres  de  M.  Derneville  de  Bruxelles,  M.  le 
professeur  Davidoff  de  Varsovie,  M.  le  professeur 
A.  Belohoubek  de  Prague,  remerciant  la  Société  de  leur 
nomination  au  titre  de  membre  correspondant  étranger. 
La  commission,  nommée  pour  Texamen  des  candida- 
tures, composép  de  MM.  Marty,  JuUicard  et  Guinochet, 
rapporteur,  aura  à  examiner  les  titres  de  MM.  George  et 
Choay  comme  candidats  à  la  place  vacante  de  membre 
résident  et  ceux  de  M.  Guillot,  pharmacien  militaire,  qui 
demande  à  être  nommé  membre  correspondant  national. 
Correspondants  étrangers  :  Sur  la  proposition  de 
M.  Bourquelot,  la  Société  vote  les  nominations  de 
M.  Duyk,  de  Bruxelles;  M.  Rice  (Charles),  de  New-York; 
M.  Keller  (C.  C),  de  Zurick;  au  titre  de  membre  corres- 
pondant étranger, 

M.  Bourquelot,  au  nom  de  M.  Hérissey  et  en  son  nom, 
fait  une  conmiunication  sur  la  matière  mucilagineuse  de 
la  racine  de  gentiane.  On  sait  que  les  préparations 
aqueuses  de  gentiane  se  font  à  froid,  parce  que  l'eau 
chaude  dissout  un  principe  mucilagineux,  sans  action 
thérapeutique,  qui  trouble  les  liquides  et  rend  leur  fil- 
tration  difficile.  Certains  pharmacologistes  rapprochent 
ce  principe  des  mucilages,  tandis  que  d'autres  le  rangent 
parmi  les  produits  pectiques.  C'est,  en  réalité,  une  pec- 
tine. Pour  la  préparer,  MM.  Bourquelot  et  Hérissey 
épuisent  d'abord  la  poudre  de  gentiane  avec  de  l'alcool; 
puis  ils  traitent  le  résidu  à  l'autoclave  4  110**  par  dix  fois 


—  404  — 

son  poids  d'eau.  On  filtre  chaud  et,  dans  le  liquide  filtré, 
on  précipite  la  pectine  par  de  l'alcool  additionné  d'une 
petite  quantité  d'acide  chlorhydrique.  Le  précipité  est 
lavé  à  Talcool,  puis  à  Téther  et  finalement  desséché  dans 
le  vide.  Un  kilogramme  de  gentiane  renferme  environ 
75  grammes  de  produit.  Celui-ci  présente  toutes  les  pro- 
priétés de  la  pectine.  En  effet,  une  solution  à  1  p.  100  se 
prend  en  gelée  lorsqu'on  l'additionne  d'eau  de  baryte, 
d'eau  de  chaux,  de  perchlorure  de  fer,  d'acétate  de  plomb. 
Il  en  est  de  même  lorsqu'on  l'additionne  de  suc  de  carotte. 
Dans  ce  dernier  cas,  c'est  un  ferment,  la  pectase^  qui  pro- 
duit la  coagulation,  car  le  même  suc  bouilli  ne  donne 
plus  cette  réaction. 

Les  vrais  mucilages,  par  exemple,  ceux  de  fucus  ou  de 
lin,  ne  se  coagulent  pas  avec  ces  réactifs. 

Les  auteurs  ont  constaté,  d'autre  part,  que  la  pectine 
de  gentiane  donne  de  l'acide  mucique  lorsqu'on  la  traite 
par  de  l'acide  nitrique  à  1.15,  ce  qui  laisse  supposer 
qu'elle  est  en  partie  formée  d'un  anhydride  du  galactose. 
Ils  ont  enfin  réussi,  en  hydrolysant,  à  l'aide  de  l'acide 
sulfurique  étendu,  la  poudre  de  gentiane  épuisée  par 
l'alcool,  à  obtenir  de  l'arabinose  parfaitement  cristallisé. 

M.  Ch.  Houreu  a  pu  préparer  d'une  façon  avantageuse 

l'éthyléne-p^yrocatôchine  de  Vorlander  C'  ^ï*\o_CH*  2' 

composé  intéressant  par  la  présence  d'un  noyau  bioxy- 
géné  doublement  lié  à  un  noyau  aromatique.  Il  a  étudié 
avec  soin  ce  composé  et  établi  la  constitution  de  ses  prin- 
cipaux dérivés. 

L'étylène-pyrocatéchine  résiste  à  la  plupart  des  agents 
d'oxydation;  seul  l'acide  chromique  la  détruit  complète- 
ment. L'acide  iodhydrique  ordinaire  l'attaque  à  peine  à 
l'ébuUition. 

Le  dérivé  mononitré  obtenu  par  nitration  directe  fond 
à  121**.  L'aminé  provenant  de  sa  réduction  distille  à  173* 
(11=19'""),  et  donne  un  chloroplatinate  fondant  à  213' 
(corr.).  Le  nitrile  qui  en  dérive  par  l'action  du  cyanure 


J 


':m 


—  405  — 

cuivreux  sur  le  diazoïque  fond  à  105**,  et  Tacide  à  137**; 
le  nitrile  est  identique  à  celui  qui  provient  de  la  déshy- 
dratation de  l'homopiperonaloxime  fusible  à  75",  ce  qui 
fixe  en  (4)  la  position  de  tous  ces  groupes  substituants 
dans  le  noyau  aromatique,  et  définit  par  là  l'influence 
du  noyau  bioxygéné  de  la  molécule  sur  le  noyau  aro- 
matique. 

L'auteur  a  obtenu,  en  outre,  des  produits  de  substi- 
tution dans  le  noyau  oxygéné.  Le  composé  alcoolique 

^0 — CH — CH'OH,  qui  se  forme  dans  l'action  et  la 
dibromhydrine  symétrique  de  la  glycérine  sur  la  pyro- 
catéchine  en  présence  des  alcalis,  fond  à  90**,  est  distillé 
à  285^  son  éther  acétique  distille  à  187*>  (11=30'»"»).  Le 

corps  C«H*(         I 

^O— CH— OC*H',  qui  bout  à  247<»  (corr.)  sous 
la  pression  normale,  a  été  obtenu  dans  une  réaction 
complètement  différente  sur  laquelle  Fauteur  reviendra 
plus  tard. 

M.  Bourquelot  présente  une  note  de  M.  Choay  sur  Pac- 
tivité  des  pancréatines.  L'auteur  a  comparé  l'action  d'un 
extrait  aqueux  de  pancréas  préparé  par  macération  puis 
évaporation  dans  le  vide  à  38°  avec  l'activité  d'une  pan- 
créatine  commerciale,  d'une  part,  et,  d'autre  part,  d'une 
pancréatine  préparée  par  lui  conformément  aux  indi- 
cations du  Codex.  Il  a  constaté  que  son  extrait  aqueux 
ainsi  que  la  pancréatine  du  Codex  agissaient  très  active- 
ment sur  la  fibrine  et  l'amidon,  tandis  que  la  pan- 
créatine commerciale  était  à  peu  près  dépourvue  d'acti- 
vité. Il  en  conclut  avec  raison  qu'il  est  important  de  faire 
l'essai  des  pancréatines  qu'on  achète. 

La  communication  de  M,  Choay  donne  lieu  à  un 
échange  d'observations  entre  MM.  Yvon,  Bourquelot, 
Petit,  Patein,  P.  Vigier,  Portes  et  Grimbert. 

Prix  DubaiL  —  Le  prix  Dubail  triennal  sera  décerné 
en4898  et  il  est  destiné  à  récompenser  le  meilleur  tra- 
vail manuscrit  ou  imprimé  sur  une  question  de  pharma- 


;| 


—  406  — 

cie  pratique.  Le  prix  Dubail  est  de  trois  cents  francs.  Les 
candidats  devront  envoyer  leurs  titres  au  plus  tard  à  la 
séance  d'octobre  de  la  Société  de  Pharmacie. 

Sous-commissions  de  revision  du  Codex,  —  MM.  Petit, 
Tvon  et  Vigier  demandent  que  les  rapports  des  sous-com- 
missions soient  autographiés  et  distribués  à  chaque  mem- 
bre afin  de  procéder  à  une  discussion  fructueuse. 

La  Société  adopte  à  l'unanimité  cette  proposition. 

M.  Delpech  demande  que  la  Société  ait  un  plus  grand 
nombre  de  séances  lors  de  la  discussion  de  ce  rapport, 
deux  séances  par  mois  par  exemple. 

M.  Bourquelot  appuie  la  proposition  de  M.  Delpech, 
mais  demande  que  les  réunions  extraordinaires  n'aient 
pas  lieu  à  jour  fixe,  qu'elles  aient  lieu  au  fur  et  à  me- 
sures que  les  travaux  seront  terminés. 

La  Société  adopte  cette  proposition  à  l'unanimité. 

La  première  sous-commission  composée  de  MM,  Marty, 
Bougarel,  Chastaing,  Moissan  et  Leidié  rapporteur,  a  ter- 
miné son  rapport.  La  Société  vote  l'autographie  de  ce 
travail. 

M.  Grimbert  fait  observer  que  la  sixième  et  la  dixième 
sous-commission  ont  à  s'occuper  toutes  les  deux  de  l'étude 
des  poudres;  les  rapporteurs  de  ces  deux  sous-commis- 
sions se  réuniront  pour  qu'il  n'y  ait  ni  double  emploi  ni 
contradictions. 


L'enseignement  de  la  pharmacie  au  Jardin 
des  Apothicaires;  par  M.  Planchon.   (Suite.)   (1) 

Soubeiran,  nous  avons  eu  l'occasion  de  le  dire,  était 
admirablement  qualifié  pour  l'enseignement  de  la  phar- 
macie; aux  vues  générales  du  savant,  il  joignait  les  con- 
naissances spéciales  du  praticien  consommé,  mais,  par  une 
bizarre  combinaison  des  circonstances,  ce  ne  fut  point  à 
la  rue  de  l'Arbalète,  dans  son  milieu  naturel,  qu'il  fut 
appelé  à  occuper  une  chaire  de  pharmacie.  Ce  fut  la 
Faculté  de  médecine,  qui  bénéficia,  pour  son  plus  grand 

(1)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Chim.  [6],    VU,  356. 


—  407  — 

profit,  des  qualités  maîtresses  de  ce  professeur  émérite. 
A  défaut  de  son  activité  professorale,  il  laissait  du  moins 
aux  élèves  de  notre  École,  son  Traité  de  Pharmacie^ 
guide  merveilleux  dans  Tart  qu'il  connaissait  si  bien  (1). 

L'École  présenta  encore  une  fois  0.  Henry  (2)  à  la 
nomination  du  gouvernement,  mais,  une  fois  encore,  le 
ministre  choisit  un  autre  candidat,  Chevallier,  qui, 
dans  le  scrutin  de  TÉcole,  avait  presque  contreba- 
lancé la  fortuné  de  son  concurrent  (3).  —  En  1835,  les 
chaires  de  pharmacie  étaient  pourvues  d'une  manière 
définitive  et  devaient  rester  pendant  de  longues  années 
entre  les  mains  des  deux  professeurs  :  Lecanu  et  Che- 
vallier. 

Lecanu  avait  déjà  publié,  dès  1821,  des  travaux  inté- 
ressants, seul  ou  en  collaboration  avec  Serbat  et  avec 
Bussy.  Ses  recherches,  fort  originales  pour  l'époque,  sur 
le  sang  et  sa  matière  colorante,  avaient  été  fort  remar- 
quées dans  le  monde  pharmaceutique  et  dans  le  monde 
médical;  il  les  continua  après  sa  nomination  à  l'École  et 
les  résuma  en  1837,  dans  sa  thèse  pour  le  doctorat  en 
médecine,  intitulée  Étude  chimique  du  sang.  Mais,  au  point 
de  vue  de  son  enseignement,  ce  qui  nous  intéresse  tout 
spécialement,  c'est  son  Cours  complet  de  pharmacie  (4), 
Les  divers  chapitres,  nous  dit-il  lui-même  dans  son  livre, 
sont  pour  la  plupart  de  simples  reproductions  des  leçons 
que  j'ai  faites  à  l'École  de  pharmacie  depuis  bientôt  dix  ans. 

Ce  livre  n'est  point  un  traité  de  pharmacie  comme 
celui  de  Soubeiran  :  c'est  un  véritable  cours,  devant  ser- 
vir de  direction  aux  élèves  sans  les  faire  pénétrer  dans 
le  détail  des  formules,  se  préoccupant  surtout  des  don- 
nées rigoureuses  de  la  science  et  tâchant  de  rattacher 
les  détails  des  phénomènes  aux  théories  générales. 

(1)  Soubeiran.  —  Nouveau  Traité  de  Pharmacie  théorique  et  pra* 
tique.  —  Paris,2  yoI.  in-8%  1836. 

(1)  Livre  des  Délibér.  de  VÊcole.  —  Séance  du  30  décembre  1834.  — 
M.  Henry  obtient  six  Yoix,  M.  Chevallier,  cinq. 

(Z)lb%d.  Séance  du  21  mars  1835. 

(4)  Lecanu  (L.-R.).  —  Cours  complet  de  Pharmacie^  2  toI.  in-8*.  — 
Paris,  J.-B.  Baillière,  1842. 


—  408  — 

et  L'auteur,  nous  dit  Bussy,  eût  pu  sans  doute,  mieux 
que  beaucoup  d'autres  peut-être,  se  donner  le  facile 
mérite  de  critiquer  les  pharmacopées  existantes,  de 
proposer  des  modilications  plus  ou  moins  utiles  à  tel  ou 
tel  procède;  simplifier,  à  tort  ou  à  raison,  des  recettes 
coEinues  et  attacher  son  nom  à  de  nouvelles  formules. 
11  a  dédaigné  ce  moyen  de  succès;  il  a  compris  qu'il 
falhiit  snriirdn  crrcle  étroit  et  vicieux  des  modifications 
perpùUi elles  et  sans  portée. 

B  C'est  incontestablement  le  premier  pas  pour  Tintro- 
ductioiK  dans  la  thérapeutique,  de  l'esprit  des  méthodes 
rigoureuses?  d>xpérimentation,  auxquelles  la  chimie  doit 
les  immenses  progrès  qu'elle  a  faits  depuis  un  demi- 
siècle. 

«  Kt  sll  etît  vrai,  comme  on  n'en  saurait  douter,  que  la 
pharmacie  ait  été  le  berceau  de  la  chimie;  que  de  ses 
laboratoires  soient  sortis  la  plupart  des  hommes  distin- 
gut^s  (|ui  ont  etuitribué  à  ses  perfectionnements  ;  la 
science,  par  un  juste  retour,  acquitte  aujourd'hui  sa  dette 
'ënvfirs  elle,  en  rérlairanl  de  sa  lumière,  en  réfléchissant 
sur  elle  Téclat  dont  elle  brille,  et  en  ouvrant  une  carrière 
nouvelle  à  ses  recherches  »  (1). 

Cette  façon  de  irjmprendre  l'enseignement,  en  le  main- 
tenant aU'deï^sus  des  minuties  de  détail,  cadrait  parfai- 
tement avec  les  qualités  d'exposition  du  professeur. 
Distingué  dallure  et  de  physionomie,  aimable  de  ma- 
nières, d'une  élocution  brillante,  préparant  ses  leçons 
avec  la  plugi  scrupuleuse  conscience,  il  exerçait  une 
l^rande  action  snr  un  auditoire  que  sa  bienveillance, 
autant  que  son  inthite,  lui  rendait  sympathique. 

Pendant  les  ilix  premières  années  de  son  professorat, 
il  avait  traité  toutes  les  parties  du  cours,  la  pharmacie 
galénique  comme  la  pharmacie  chimique.  Quant  au  pro- 
fesseur adjoint,  il  expliquait  les  formules  inscrites  au 
Codex,  en  se  plaçant  surtout  au  point  de  vue  pratique. 
Ce  complément  au  cours  principal  permettait  au  titu- 

(1)  Ftussj,  —  Joum.  de  Ph.  et  de  Ch,  [3],  I,  p.  364,  1842. 


iUfilll 


5;-^  .  ^m 


—  409  — 

laire  de  rester  dans  des  généralités,  qui  auraient  pu 
sans  cela  être  un  peu  trop  théoriques  pour  de  futurs  pra- 
ticiens. 

Peu  à  peu,  cependant,  la  division  du  cours  entre  les 
deux  professeurs  s'accentuait.  Déjà,  en  1838,  Soubeiran 
propose  a  qu'avant  la  fm  de  Tannée  scolaire,  MM.  les 
professeurs  présentent  à  l'assemblée  de  l'École  un  pro- 
gramme d'un  cours  complet  de  pharmacie  qui  serait 
partagé  entre  les  deux  professeurs  »,  et  cette  proposition 
est  adoptée  (l).l 

Fut-elle  immédiatement  exécutée?  la  chose  n'est  nul- 
lement certaine  ;  le  contraire  est  même  plus  probable, 
si  Ton  s'en  rapporte  à  l'assertion  de  Lecanu  que  nous 
avons  citée  à  propos  de  son  cours  de  pharmacie. 

En  tout  cas,  en  1856,  les  deux  enseignements  sont 
parfaitement  distincts  et  portent  des  titres  différents  : 
Lecanu  présente  son  programme  de  pharmacie  chi- 
mique^ Chevallier  celui  de  pharmacie  galénique.  Nous 
reviendrons  un  peu  plus  tard  sur  ce  dernier;  pour  le 
moment,  poursuivons  l'histoire  de  la  chaire  confiée  à 
Lecanu. 

«  L'assemblée  des  professeurs  accepte  la  direction 
scientifique  donnée  à  ce  programme,  l'ordre  et  la  nature 
des  matières  qui  y  sont  traitées.  Après  quelques  expli- 
cations données  sur  le  point  de  contact  de  ce  cours  avec 
ceux  des  autres  professeurs,  l'assemblée  s'en  rapporte 
à  M.  Lecanu  pour  éviter  tout  ce  qui  pourrait  faire 
double  emploi  avec  les  autres  cours,  spécialement  avec 
celui  de  chimie  »  (2). 

Pendant  de  longues  années,  Lecanu  continua  ses 
leçons,  conservant  dans  sa  verte  vieillesse  les  remar- 
quables qualités  de  ses  jeunes  années.  A  diverses  reprises, 
il  sentit  cependant  le  besoin  du  repos  et  confia  son  cours 
d'abord  à  M.  Lutz,  que  ses  connaissances  étendues  et 
variées  rendaient  si    apte  à  cet  enseignement,  puis  à 


(1)  Livre  des  Délib,  de  VÉcole,  —  Séance  du  31  mars  1838.; 

(2)  Ibid,  Séance  du  5  avril  1856. 


—  410  — 

Baudrimont,  qu'il  regardait  déjà  comme  son  futur  héri- 
tier. 

Baudrimont  était  depuis  quinze  ans  son  préparateur  (1)  ; 
en  1865,  il  était  devenu  son  agrégé,  et,  dès  cette  époque, 
il  fut  chargé  du  cours  de  pharmacie  chimique.  Son  succès 
n'était  pas  douteux.  Ses  dons  naturels  développés  par  un 
travail  opiniâtre,  ses  conférences  aux  candidats  à  Tin- 
ternat,  aux  élèves  des  travaux  pratiques,  ses  leçons 
publiques  à  la  Société  philomatique  avaient  fait  de  lui 
un  professeur  remarquable,  avant  qu'il  en  eût  officielle- 
ment le  titre.  Aussi,  quand  Lecanu  se  décida,  en  1871,  à 
demander  sa  retraite,  les  suffrages  unanimes  de  l'École 
désignèrent-ils  Baudiimont,  à  la  nomination  du  ministre. 
Le  2  mars  1872,  il  fut  officiellement  installé  dans  sa 
chaire. 

Son  influence  sur  son  auditoire  fut  considérable.  Il  faut 
lire,  dans  le  bel  éloge  (2)  que  M.  Prunier  a  fait  de  son 
prédécesseur,  le  tableau  plein  d'intérêt  et  de  pittoresque 
d'une  leçon  de  Baudrimont  :  la  voix,  calme  et  posée  au 
début,  s'élevant  peu  à  peu  ;  la  physionomie  s'éclairant 
par  degrés;  les  faits  se  coordonnant,  les  arguments  se 
pressant;  lés  difficultés  se  résolvant  avec  une  aisance 
qu'on  n'aurait  point  soupçonnée,  et  à  la  fin,  au  moment 
psychologique,  paroles,  geste,  toutes  les  séductions  de 
l'art  oratoire  se  réunissant  pour  convaincre  les  audi- 
teurs. 

«  C'est  ainsi  qu'il  savait  animer  les  questions  les  plus 
ardues,  les  varier,  les  renouveler,  les  approprier  à  cet 
auditoire  qu'il  connaissait  si  bien  et  avec  lequel  il  était 
en  communication  intime  et  complète.  Dans  ces  mo- 
ments-là, il  s'élevait  à  la  véritable  éloquence,  sa  voix 
vibrante,  son  débit  chaleureux  et  entraînant  rendaient 
son  sujet  vivant  et  comme  tangible  pour  tout  un  amphi- 
théâtre. 

(1)  Baudrimont  (£rnest),  né  à  Compiègne  en  1821,  pharmacien  des 
hApitaux  en  1852,  agrégé  en  1855,  professeur  en  187i,  membre  de  l'Aca- 
démie de  médecine  en  1881,  mort  en  1885. 

(2)  Séance  de  rentrée  de  TÉcole  de  pharmacie  en  1887. 


—  411  — 

«  Avec  lui,  plus  de  question  aride,  confuse  ou  embrous- 
saillée, tout  devient  clair,  tout  est  limpide  et  évident.  — 
Quelle  séduction  pour  un  public  français!  —  Et  quand, 
par  hasard,  la  question,  hérissée  de  difficultés,  paraissait 
faire  résistance,  alors,  c'était  une  attaque  en  règle,  l'épée 
à  la  main,  au  besoin  à  la  baïonnette;  son  animation 
devenait  extrême,  sa  parole  rappelait  le  ,clairon  sonnant 
la  charge,  et,  la  brèche  une  fois  ouverte,  il  ne  se  repo- 
sait qu'après  s'être  établi  dans  la  place,  lui  et  ceux  qui 
l'avaient  suivi. 

a  Car  il  était  suivi,  Messieurs,  et  cette  manière  enthou- 
siaste d'enlever  les  difficultés  éveillait  de  profonds  échos 
parmi  les  jeunes  gens  qui  l'écoutaient,  et,  de  la  sorte,  il 
parvenait  à  frapper  leurs  intelligences,  à  les  attirer  à  lui 
pour,  ensuite,  les  donner  à  la  science  elle-même.  » 

Je  n'ai  pas  résisté  au  plaisir  de  citer  tout  ce  passage, 
parce  qu'il  peint  bien  l'entraînement  exercé  sur  la  jeu- 
nesse  par  cette  passion  pour  la  cause  de  la  science.  Bau- 
drimont  était,  en  effet,  un  passionné  —  et  c'était  une 
partie  de  sa  force.  Peut-être  cette  passion  le  poussait- 
elle  parfois  en  dehors  de  son  domaine,  en  des  incur- 
sions sur  les  terres  du  voisin,  —  mais  c'était  péché  bien 
véniel  et  dont  le  pire  inconvénient  se  réduisait  à  quel- 
ques répétitions  bien  innocentes  de  ce  que  ses  collègues 
avaient  déjà  enseigné  dans  leurs  propres  leçons. 

Son  autorité  tenait  aussi  à  ses  travaux  nombreux  et 
variés.  Des  recherches  sur  les  eaux  minérales,  sur  le 
phosphore  et  ses  bromures,  sur  les  monosulfures  alca- 
lins, sur  le  soufre  mou,  la  constitution  de  la  bru- 
cine,  etc.,  etc.,  démontrent  son  activité  scientifique. 
Ajoutons  à  ses  mémoires  originaux,  parmi  les  publica- 
tions sorties  de  sa  plume,  le  Dictionnaire  des  Altérations 
et  Falsifications,  dont  les  premières  éditions  étaient  dues 
à  Chevallier,  mais  qui,  complètement  refondu  dans  les 
deux  dernières,  était  vraiment  l'œuvre  personnelle  de 
Baudrimont. 

Cette  activité  devait  malheureusement  être  bientôt 
arrêtée.  En  1885,  il  était  enlevé  par  une  mort  préma- 


—  412  — 

tiirée.  L'École,  appelée  à  présenter  son  successeur,  porta 
ses  suffrages  sur  M.  Prunier,  chargé  du  cours  d'analyse 
chimique  (1).  Notre  collègue,  que  ses  originales  et  im- 
portantes recherches  sur  les  carbures  incomplets  des 
pétroles  —  les  glycérines  et  la  quercite  ont  depuis  long- 
temps mis  en  évidence,  continue  dignement  les  tradi- 
tions de  science  et  d'enseignement  des  maîtres  qui  l'ont 
précédé. 

Il  nous  faut  maintenant  revenir  en  arrière,  pour 
reprendre  à  ses  débuts  l'histoire  de  la  chaire  de  phar- 
macie galénique. 

Chevallier  (2)  était  préparé,  par  ses  travaux  anté- 
rieurs, aux  nombreuses  exigences  de  son  enseignement. 
Avec  une  indomptable  énergie,  il  avait  triomphé  des 
obstacles  qu'avaient  apportés  à  ses  débuts  la  pauvreté  et 
l'isolement  :  il  s'était  lui-même  frayé  sa  voie  et  attiré  la 
sympathie  et  l'appui  d'hommes  tels  que  Vauquelin,  qui 
avaient  connu  eux-mêmes  les  difficultés  de  la  vie  :  il 
avait  suppléé  aussi  bien  qu'il  l'avait  pu  à  l'insufïisance 
d'une  instruction  première.  En  1823,  déjà  reçu  pharma- 
cien, il  publiait  un  Traité  des  réactifs  :  en  1824,  son 
Manuel  du  Pharmacien^  bien  fait  pour  diriger  les  jeunes 
praticiens  au  sortir  de  leurs  études  et  leur  servir  de  guide 
dans  l'officine,  puis  un  Dictionnaire  des  Drogues  et,  dans 
toutes  les  publications  pharmaceutiques,  une  foule  d'ar- 
ticles, que  nous  ne  pouvons  songer  à  rappeler  ici. 

Chargé  d'une  chaire  à  l'École,  il  fit  profiter  les  élèves 
de  ses  connaissances  variées.  A  la  pharmacie  galénique 
praprement  dite,  il  ajoutait  toute  une  partie  spéciale  sur 
les  Altérations  et  Falsifications,  qu'il  avait  particulière- 
ment étudiées  dans  sa  carrière  de  praticien  et  dans  ses 
nombreux  rapports  au  Conseil  d'hygiène,  dont  il  faisait 


(1)  Livre  des  Délib,  de  VEcole.  —  Séance  du  5  décembre  1885. 

(2)  Chevallier  (Jean-Bapliste-Alphonse),  né  k  Langrcs  en  1793,  pharmacien 
en  1823,  membre  de  l'Académie  de  médecine  en  1824,  professeur  adjoint 
de  pharmacie  en  1835,  mort  en  1879.  Portrait  à  l'École. 


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—  413  — 

partie  depuis  1831  (1).  C'était  la  base  de  son  Traité  des 
Falsifications  dont  nous  avons  déjà  fait  mention. 

Le  professeur  nous  a  lui-même  défini  la  matière  de 
son  enseignement  dans  les  lignes  suivantes,  que  nous 
extrayons  du  Livre  des  Délibérations  de  l'École  :  «  La 
préparation  des  médicaments  simples,  telle  que  la  pul- 
vérisation, l'extraction  des  sucs  et  autres  produits  immé- 
diats des  végétaux  et  des  animaux,  la  préparation  des 
médicaments  composés,  dont  le  résultat  est  un  produit 
complexe  non  soumis  aux  préparations  simples  et  définies 
des  corps  chimiques  proprement  dits.  » 

M.  Chevallier  ajoute  :  «  Dès  que  le  nouveau  Codex  sera 
publié,  le  professeur  s'empressera  de  modifier  son  cours 
en  profitant  de  tout  ce  que  cet  ouvrage  offrira  d'amélio- 
ration sur  celui  de  1837,  qui  est  encore  la  règle  dont  il 
n'est  pas  permis  de  s'éloigner  dans  la  pratique  »  (2). 

Chevallier  professait  simplement,  sans  prétentions, 
sans  aucune  recherche  d'effet  oratoire.  Les  élèves  goû- 
taient volontiers  cet  enseignement,  qui  ne  dépassait  pas 
un  niveau  moyen,  mais  qui  les  mettait  en  contact  avec 
les  mille  détails  de  la  pratique  journalière.  La  bonhomie 
dominait  dans  ces  leçons,  où  le  maître,  par  une  allure 
paternelle,  attirait  la  sympathie  des  élèves,  auxquels  il 
prodiguait  sans  compter  et  très  familièrement  les  fruits 

de  son  expérience  personnelle. 

(A  suivre). 


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SOCIETE    DE   THERAPEUTIQUE 


Séance  du  23  mars  1898.  —  M.  Linossier  signale,  pour 
la  première  fois,  des  accidents  éruptifs  dus  à  l'emploi  de 
Vexalgine.  Il  s'agit  d'une  femme  hystérique  et  arthritique, 
âgée  de  trente-cinq  ans,  atteinte  de  lithiase  biliaire  et 
ne  présentant  dans  ses  urines  '  ni  sucre  ni  albumine, 
L'antipyrine  ayant  toujours  provoqué  chez  cette  malade 

(1)  Délibérât,  de  VÉcole.  —  Séance  du  5  avril  1856. 
(t)./6û/.. Séance  da.27  mars  1863. 


—  414  —. 

des  éruptions  caractéristiques,  elle  préféra  prendre  un 
jour,  pour  atténuer  un  accès  de  migraine,  un  cachet  de 
0«',25  d'exalgine.  L'ingestion  de  cette  dose  unique  pro- 
voqua au  bout  de  peu  de  temps,  sur  la  peau  et  les  mu- 
queuses anale  et  vaginale,  l'apparition  d'une  éruption 
généralisée,  se  présertant  sous  l'aspect  de  papules,  de 
plaques  d'un  rouge  vif  et,  en  certains  points,  de  larges 
bulles  contenant  de  la  sérosité  claire.  Cet  érythème,  qui 
dura  quatre  jours,  était  douloureux  à  la  pression,  mais 
non  prurigineux;  sur  le  trajet  du  tube  digestif  la  malade 
éprouvait  la  sensation  d'une  douleur  intense. 

M.  Bardet  fait  remarquer  à  propos  de  cette  observation 
que  les  doses  inscrites  dans  les  divers  formulaires  pour 
l'exalgine  sont  trop  élevées.  La  dose  maxima  qu'il  con- 
vient de  donner  en  vingt-quatre  heures,  doit  être  pour 
l'homme  de  0«',25,  pour  la  femme  de  0»',i5. 

M,  G.  Lyon  donne  lecture  de  son  rapport  sur  le  traite- 
ment de  l'ulcère  de  Vestomac.  Au  point  de  vue  thérapeu- 
tique, il  importe  de  distinguer  le  traitement  de  l'ulcère 
non  compliqué,  de  l'ulcère  compliqué  et  des  séquelles  de 
l'ulcère. 

Ulcère  non  compliqué.  —  1®  L'indication  première  est 
de  faciliter  la  cicatrisation  de  l'ulcère.  A  cet  effet,  on 
prescrira  :  le  repos  au  lit,  le  régime  lacté  ou,  dans  les  cas 
graves,  pour  supprimer  l'irritation  provoquée  par  les  in- 
gesta,  l'alimentation  par  le  rectum.  Le  lavement  nutritif 
doit  être  ainsi  formulé  : 

Lait« un  Terre. 

Jaune  d'œuf n"*  2. 

Chlorure  de  sodium •  une  pincée. 

Laudanum quelques  gouttes. 

On  doit  donner  quatre  à  six  de  ces  lavements  par  jour, 
et,  en  plus,  des  lavements  désaltérants  d'eau  simple  tiède 
(200  à  300  gr.). 

Les  peptones  ont  l'inconvénient  de  provoquer  facile- 
ment de  la  rectite,  qui  est  Técueil  de  cette  médication. 

De  tous  les  traitements  médicamenteux  un  seul  mérite 


—  415  — 

d'être  employé  :  c'est  le  pansement  au  sous-nitrate  de 
bismuth,  obtenu  en  faisant  ingérer,  après  lavage  de  l'es- 
tomac, 10  à  15«'  de  ce  produit  en  suspension  dans  200«' 
d'eau  ou  de  lait.  Le  seul  inconvénient  de  cette  méthode 
est  de  produire  de  la  constipation. 

Le  nitrate  d'argent  en  solution  de  0«^20  à  0«',40  pour 
120«'  d'eau,  à  prendre  à  la  dose  de  2  ou  3  cuillerées  à 
soupe  par  jour,  paraît  donner  quelques  bons  résultats. 

2'  Pour  traiter  la  cause,  l'hyperchlorhydrie,  qui  peut 
aller  jusqu'à  6  p.  100  d'acide  chlorhydrique  libre,  on 
prescrira  les  compresses  chaudes  sur  la  région  épigas- 
trique,  et  l'emploi  du  sel  de  Carlsbad  naturel  ou  artificiel, 
qu'on  pourra  ainsi  formuler  :  prendre  chaque  matin  un 
verre  d'eau  chaude  additionné  d'une  (puis  de  deux)  cuil- 
lerée à  café  du  mélange  suivant  : 


Bicarbonate  de  soude.  .... 

Sulfate  de  soude 

Chlorure  de  sodium 20 


>  àà  40  grammes. 


3*  Il  faut  traiter  les  symptômes.  On  prescrira  :  contre 
les  hémorrhagies,  la  glace,  la  diète,  l'opium,  et,  dans  les 
cas  graves,  la  ligature  de  la  racine  des  membres,  les  in- 
jections de  sérum  artificiel,  d'éther,  de  caféine  ; 

Contre  la  douleur,  les  narcotiques  exceptionnellement, 
plus  souvent  les  alcalins  à  haute  dose  (10  à  i5«');  il  est 
vrai  que  le  bicarbonate  de  soude  a  le  double  inconvénient 
d'exagérer  l'hyperchlorhydrie  et  de  produire  du  tympa- 
nisme;  on  l'associera  à  la  craie,  la  magnésie,  le  sous- 
nitrate  de  bismuth; 

.  Contre  l'anémie,  le  fer,  l'arsénîc,  Taérothérapie  à  la  fin 
du  traitement. 

4<*  En  cas  d'insuccès,  on  aura  recours  au  traitement 
chirurgical  :  la  gastro-entérostomie  de  préférence  à  l'exci- 
sion de  l'ulcère.  Ferd.  Vigier. 

CORRESPONDANCE 


Après  la  lecture  du  numéro  du  1*'  avril  dernier,  notre 
confrère  et  ami,  M.  Cables,  nous  a  envoyé  l'article  sui- 


—  416  — 

vanl  tju*il  a  puljlié,  le  17  mars  dernier,  dans  la  Feuille 
vinicole  de  la  Gironde  : 

Fraude  des  Tins  blancs  par  le  manganèse. 

lîûas  aTnnà  ru  pluiiii'itrsfois  en  main,  arrivant,  croyons-nous,  de  Tétranger, 
du^  Yinâ  blanti^  qui^  quoique  ne  rougissant  pas  au  contact  des  acides  forts, 
avaient  copendoul  les  allures  de  vins  rouges  décolorés  et  renfermaient  des 
proporlîtins  très  ctinsidcrables  de  sel  de  manganèse. 

Quoique  le  maTi^un^se  existe,  mais  seulement  à  Tétat  de  traces,  dans  la 
plupart  des  vins  naturels  et  surtout  dans  les  vins  rouges,  nous  croyons  que  la 
pr^âcnce  des  proportions  que  nous  avons  constatées  est  susceptible  d'entrat- 
mr  de  grès  inconvénients.  D'abord,  à  notre  avis,  il  rend  le  vin  non  naturel  et 
dans  tous  Lcï  cas  non  loyal,  c'est-à-dire  non  marchand.  Il  porte  aussi  atteinte 
à  ae:*  qualités  hjyiénu|ues. 

Il  est  vrai  que,  5i  l'attention  du  chimiste  n'est  pas  éveillée  sur  ce  point,  le 
manganèae  peut  passer  inaperçu  ;  mais  sos  conséquences  chimiques  n*ensont 
paa  moins  graves  comme  on  va  le  voir.  Ainsi,  quand  on  prend  le  degré  d'aci- 
dit(^  d'un  vin,  par  k  méthode  ordinaire  dans  laquelle  la  précipitation  des 
phûsphalc-s  indique  la  lin  de  l'opération,  le  manganèse  ajouté  avance  de  moitié 
environ  la  liiuHe  de  saturation.  Ce  détail  a  de  l'importance  en  ce  sens  qu'il 
diminue  notablement  la  somme  acide-alcool  et  peut  faire  réputer  mouillé  [un 
rm  qui  no  l'eat  pas.  On  sait  que  la  loi  punit  aujourd'hui  sévèrement  la  vente 
et  mttmG  la  mîso  en  circulation  des  vins  mouillés. 

Vaitk  où  lions  conduit  l'abus  passager  de  la  mode  aux  vins  blancs!  Sous 
prétexte  de  ne  pas  boire  de  la  fuchsine  avec  les  vins  rouges,  genre  de  colo- 
ration que  les  cliÊmii^tes  n'ont  plus  revu  depuis  quinze  ans,  on  force  les  viti- 
culteurs de  vignes  blanches  qui  ne  peuvent  suffire  aux  besoins  de  la  consom- 
mation, à  décolorer  les  vins  rouges.  Pauvres  vins  [rouges  1  à  cause  de  leur 
Beule  couleur  imLur&lle  et  bien  saine  ils  restent  injustement  invendus.  Et 
cependant  plus  nous  allons  et  plus  les  faits  nous  donnent  raison.  SMl  est  une 
esp&ce  de  vin  qui  aaL  sujette  à  la  fraude  ce  ne  sont  pas  les  vins  rouges  mais 
i@s  vins  blancs.  IL  ei>t  bon  que  les  médecins  initiateurs  et  propagateurs  de  la 
mode  aux  vins  blancs  ne  l'ignorent  pas. 


VARIETES 


École  pratique  des  Hautes  Études.  —  M.  Charon  (Lucien-Ernest), 
charg*^  dca  fonctions  tifl  chef  des  travaux  près  le  laboratoire  de  chimie  orga- 
nique, difigd  par  M.  Friedcl  à  TËcole  pratique  des  Hautes  Études  (section 
des  sciences  pliYsîco-cbimiques),  est  nommé  titulaire  de  cet  emploi,  en  rem- 
placement de  M.  Griner,  démissionnaire. 

Le  Gérant  :  G.  MASSON. 
atfawBMB  K.  FLuiluaiOM,  26,  aui  a^cmE,  paris. 


^417  — 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


Du  dosage  de  Vacide  succinique  en  présence  des  acides 
tartrique  et  lactique;  par  MM.  F.  Bordas,  Joulin  et  de 
Raczkowski. 

Lorsqu'on  ajoute  une  solution  concentrée  d'azotate  d'ar- 
gent dans  un  liquide  contenant  ces  trois  acides  à  l'état  de 
sels  neutres  solubles,  l'acide  succinique  se  précipite  in- 
tégralement, l'acide  tartrique  partiellement,  tandis  que 
l'acide  lactique  reste  en  solution,  par  suite  des  diffé- 
rences de  solubilité  de  ces  trois  sels  d'argent. 

Ceci  étant  donné,  voici  comment  nous  effectuons  le 
dosage  : 

La  solution  contenant  ces  trois  acides  est  exactement 
neutralisée  à  l'aide  d'une  solution  normale  décime  de  po- 
tasse. On  note  le  nombre  de  centimètres  cubes  néces- 
saires, puis  on  ajoute  un  excès  d'une  solution  concentrée 
d'azotate  d'argent.  Le  précipité  est  filtré  puis  lavé  jusqu'à 
ce  qu'une  goutte  du  fîltratum  ne  précipite  plus  par  le 
chromate  neutre  de  potasse. 

Dans  ces  conditions,  le  succinate  d'argent  seul  est  resté 
sur  le  filtre,  car  le  tartrate  d'argent  a  été  complètement 
dissous  par  les  eaux  de  lavages. 

On  fait  tomber,  à  l'aide  d'un  jet  de  pissette  le  précipité 
ainsi  lavé,  dans  une  fiole,  et  on  ajoute  deux  gouttes  d'une 
solution  de  chromate  neutre  de  potasse  qui,  décomposant 
le  succinate  d'argent  en  suspension,  forme  du  chromate 
d'argent.  On  ajoute  alors  une  quantité  de  chlorure  de 
sodium  en  solution  normale  décime,  telle  que  le  précipité 
devienne  blanc  et  que  le  liquide  prenne  une  teinte  jau- 
nâtre. Il  suflit  de  verser  ensuite  une  solution  d'azotate 
d'argent  également  normale  décime,  jusqu'à  ce  que  le 
liquide  commence  à  prendre  une  coloration  rose-brun. 

En  retranchant  du  nombre  de  centimètres  cubes  de 

Journ.  de  Pharm.  *t  de  Chittu,  6'  SÉRIE,  t.  VU.  (!•'  mai  1898.)  27 


—  418  — 

solution  de  chlorure  de  sodium  N/10  celui  de  l'azotate 
d*argent,  on  obtient  le  volume  de  la  solution  normale 
décime  d'azotate  d'argent  nécessaire  pour  précipiter  la 
quantité  d'acide  succinîque  contenue  dans  la  liqueur, 
l'*  de  cette  solution  correspond  à  0,0059  d'acide  succi- 
nique. 

Comme  il  est  facile  de  doser,  d'autre  part,  Tacide  tar- 
trique  on  obtiendra  l'acide  lactique  par  différence. 


Sur  Vactivité  des  Pancréatines  ;  par  M,  Eug.  Choay  (1). 

Au  cours  des  recherches  que  je  poursuis  en  collabora- 
tion avec  MM.  Gilbert  et  Carnot,  j'ai  eu  l'occasion  de 
préparer  un  certain  nombre  d'extraits  d'organes  et  en  par- 
ticulier de  l'extrait  aqueux  de  pancréas  de  porc. 

Le  procédé  que  j'ai  adopté  pour  la  préparation  de  cet 
extrait  ne  diifère  de  celui  que  donne  le  Codex  pour  la 
pancréatine  que  sur  le  fait  suivant  :  c'est  que  le  macéré 
pancréatique,  au  lieu  d'être  évaporé  à  l'air  libre  et  à  une 
température  dont  la  limite  maxima  est  de  45^,  est  évaporé 
dans  le  vide  et  à  T  <  38^ 

L'extrait  obtenu  est  en  belles  paillettes  jaune-pâle. 

Afin  d'apprécier  la  valeur  de  cet  extrait,  j'ai  été  naturel- 
lement conduit  à  déterminer  l'activité  des  trois  ferments 
du  pancréas,  c'est-à-dire  à  mesurer  les  pouvoirs  protéoly- 
tique,  amylolytique  et  lipasique.  Pour  les  deux  premiers, 
j'ai  suivi  les  modes  d'essais  indiqués  par  le  Codex.  Pour 
le  troisième,  j'ai  eu  recours  à  la  méthode  de  M.  Hanriot, 
à  défaut  d'indications  du  Codex  qui  ne  mentionne,  dans  la 
pancréatine  médicinale,  que  l'existence  de  la  trypsine  et 
de  la  diastase. 

Je  rappelle  que  la  méthode  de  M.  Hanriot  consiste,  en 
principe,  à  faire  agir  la  substance  contenant  le  ferment 
saponifiant  sur  une  solution  titrée  de  monobutyrine  peu* 
dant  un  temps  donné  et  à  une  température  déterminée. 

(i)  Note  présentée  à  la  Société  de  Pharmacie  (séance  du  6  avril). 


—  419  — 

puis  à  évaluer  ultérieurement  la  quantité  d'acide  buty- 
rique libre  à  Taide  d'une  solution  alcaline,  dosée  de  telle 
façon  qu'une  goutte  corresponde  à  un  millionnième  de 
molécule  d'acide  butyrique.  Le  nombre  de  gouttes  néces- 
saires à  la  saturation  mesure  l'activité  lipasique. 

Il  m'a  semblé  intéressant  de  faire  comparativement  les 
trois  séries  de  déterminations  sur  cet  extrait  aqueux  et 
sur  une  pancréatine  médicinale. 

Pour  cela,  j'ai  choisi  une  marque  commerciale  très  répan- 
due dans  les  pharmacies  :  on  verra,  par  ce  qui  suit,  que 
je  n'ai  pas  eu  la  main  heureuse. 

Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  : 

Pouvoir  protéoly tique.  —  L'extrait  dans  le  vide  pepto- 
nise  en  moins  de  six  heures  50  fois  son  poids  de  fibrine, 
comme  l'exige  le  Codex.  On  peut  même  arriver,  en  six 
heures,  à  lui  faire  dissoudre  100  fois  son  poids  de  fibrine, 
mais  la  peptonisation  n'est  pas  complète.  Je  n'ai  pas  cher- 
ché à  aller  plus  loin  ni  à  établir  les  limites  d'action. 

La  pancréatine  commerciale,  essayée  simultanément  et 
placée  dans  des  conditions  d'expérimentation  identiques, 
n'a,  au  contraire,  presque  rien  dissous  :  la  perte  de  poids 
en  fibrine,  même  en  prolongeant  la  durée  de  la  digestion, 
ne  dépasse  pas  0«'.50  ;  quant  au  liquide  filtré,  il  se  trouble 
par  addition  d'acide  azotique. 

Cette  pancréatine  commerciale  titre  à  peine  2,5  tandis 
que  l'extrait  accuse  un  titre  très  supérieur  à  50. 

Pouvoir  amyloly tique,  —  L'empois  d'amidon  additionné 
d'extrait  aqueux  est  rapidement  fluidifié,  le  liquide  obtenu 
filtre  avec  facilité  ;  il  faut  2**^,5  de  cette  liqueur  filtrée 
pour  réduire  10"  de  liqueur  de  Fehling. 

Au  contraire,  l'empois  additionné  de  pancréatine  com- 
merciale n'est  pas  encore  complètement  fluidifié  au  bout 
de  8  heures,  le  liquide  obtenu  filtre  très  difficilement  ;  il 
faut  5**  de  liqueur  filtrée  pour  réduire  10"  du  réactif 
cupro-potassique. 

Si  l'on  veut,  avec  les  données  ci-dessus,  exprimer  en 
glucose  le  pouvoir  réducteur  des  deux  solutions  amyla- 
cées —  ce  qui  n'est  pas  absolument  exact  puisque,  soui* 


—  420  — 

l'actioa  du  ferment,  ramidon  est  transformé  en  dextrines, 
maltose  et  glucose,  on  trouve  que  la  première  corres- 
pond à  une  richesse  en  glucose  de  20«'  par  litre,  la  se- 
conde à  une  richesse  de  10»'  par  litre.  Donc,  transforma- 
tion incomplète  dans  le  second  cas  et  puissance  réductrice 
deux  fois  plus  faible  que  dans  le  premier  cas. 

Pouvoir  lipasique.  —  Avec  l'extrait  préparé  dans  le 
vide  : 

Un  premier  essai  demande 104  goattes. 

Un  deuxième  essai  demande.  •  •  •    102      — 

Avec  la  pancréatine  commerciale  deux  essais  successifs 
exigent  10  gouttes.  Donc  le  pouvoir  saponifiant  de  la 
pancréatine  commerciale  est  10  fois  plus  faible  que  celui 
de  l'extrait. 

Voilà  les  faits  :  Dès  lors,  fallait-il  attribuer  les  difiTé- 
rences  d'activité  au  mode  opératoire  ou  bien  se  diemander 
si  la  pancréatine  employée  méritait  réellement  Tépithète 
de  médicinale  ?  Il  m'a  paru  prudent  de  réserver  toute 
conclusion  avant  d'avoir  procédé  à  de  nouvelles  détermi- 
nations faites,  cette  fois,  non  plus  avec  un  échantillon 
commercial,  fùt-il  de  la  meilleure  marque,  mais  avec  une 
pancréatine  médicinale,  préparée  par  moi,  en  me  plaçant 
dans  les  conditions  exigées  par  le  Codex.  Malheureuse- 
ment celui-ci  ne  précise  pas  toujours  :  ainsi,  il  ne  fait 
connaître  ni  la  teneur  en  chloroforme  de  l'eau  destinée  à 
la  macération,  ni  la  durée  de  cette  dernière. 

En  possession  du  produit  médicinal,  j'ai  repris  les 
essais  comparatifs  qui  m'ont  donné  les  résultats  sui- 
vants : 

1®  Action  sur  la  fibrine.  —  La  dissolution  marche  éga- 
lement bien  et  avec  la  même  vitesse  dans  les  deux  cas  : 
Avec  100  parties  de  fibrine  les  résultats  sont,  de  part  et 
d'autre,  ceux  que  j'ai  signalés  plus  haut  pour  l'extrait 
aqueux. 

Donc  activité  égale. 

2^  Action  sur  Vamidon.  —  Les  deux  empois  sont  fluidi- 
fiés avec  la  même  rapidité  et  les  deux  liqueurs  filtrent 
aussi  facilement.  Il  faut  2'*.5  de  l'une  ou  l'autre  des  deux 


—  421  — 

solutions  pour  réduire  10**  de  réactif  cupro-potassique. 

Donc,  même  pouvoir  réducteur. 

3*  Action  sur  les  matières  grasses.  —  Deux  essais  effec- 
tués sur  la  pancréatine  du  Codex  accusent  un  titre  de  60, 
alors  que  le  titre  de  Textrait  est  de  104. 

Donc,  le  pouvoir  saponifiant  de  la  pancréatine  du  Codex 
est  sensiblement  égal  aux  3/5  de  celui  de  Textrait. 

En  résumé,  les  deux  préparations  ne  diffèrent  que  par 
l'activité  lipasique.  Quelle  est  la  cause  de  cette  diffé- 
rence ?  Est-ce  parce  que  le  Codex  fait  évaporer  le  macéré 
pancréatique  jusqu'à  la  température  maxima  de  45*  alors 
que  rextrait  aqueux  est  évaporé  à  T  <  38*,  ou  bien,  est-ce 
parce  que  l'évaporation  est  effectuée  à  Tair  et  non  dans 
le  vide  ? 

Il  semble  difficile  d'admettre  la  première  hypothèse,  car 
il  résulte  des  observations  de  M.  Hanriot  que  la  lipase 
garde  intacte  son  activité  jusqu'à  55*,  température  qui 
n'est  atteinte  dans  aucun  des  deux  procédés  de  prépara- 
tion. 

Convient-il  d'objecter  que  cette  différence  résulte  de  ce 
que  les  pancréas  employés,  venant  d'animaux  placés  dans 
des  conditions  inégales  d'alimentation,  peuvent  ne  pas 
avoir  la  même  richesse  en  ferments  ?  Non,  car  c'est  la 
même  pulpe  d'organes  qui  a  servi  à  faire  les  deux  prépa- 
rations. 

Reste  donc  la  seconde  hypothèse  relative  à  l'action  de 
l'air.  Je  pose  simplement  la  question,  estimant  qu'il  fau- 
drait tenter  d'autres  essais  pour  la  résoudre. 

Quant  aux  conclusions  qu'il  est  permis  de  tirer  de  cette 
étude,  c'est  : 

1*  Qu'il  est  extrêmement  important  de  faire  l'essai  des 
pancréatines  ; 

2®  Que  l'extrait  aqueux  de  pancréas,  concentré  dans  le 
vide  à  basse  température,  est  une  excellente  préparation  ; 

3*  Que  la  pancréatine  préparée  soigneusement,  d'après 
les  indications  du  Codex  —  préparation  que  tout  pharma- 
cien peut  exécuter  —  a  la  même  activité  que  l'extrait 
aqueux  sur  les  matières  protéiques  et  amylacées. 


.f 


—  422  — 

Elle  ne  diffère  du  produit  préparé  dans  le  vide  que  par 
son  pouvoir  saponifiant  qui  est  moins  élevé. 


Note  sur  le  salicylate  de  méthyle;  par  M.  Adriân. 

Depuis  les  travaux  de  MM.  Linossier  et  Langlois  sur 
l'absorption  cutanée  des  médicaments  et  en  particulier 
du  salicylate  de  méthyle  (1),  ce  produit  est  couramment 
employé  en  thérapeutique  ;  il  nous  a  donc  paru  utile  de 
résumer  dans  une  courte  note  les  renseignements  divers 
que  nous  avons  pu  recueillir  sur  ce  produit,  notamment 
sur  ses  caractères  physiques  et  chimiques,  ainsi  que  sur 
les  altérations  et  falsifications  qu*il  peut  subir  dans  le 
commerce  (2). 

En  présence  des  divergences  sur  le  point  d'ébullilion 
donné  par  les  divers  auteurs,  nous  avons  cru  devoir  faire 
des  distillations  fractionnées  sur  deux  échantillons  :  lun 
d'essence  de  Wintergreen,  Tautre  de  salicylate  de  mé- 
thyle, ayant  la  certitude  de  l'absolue  pureté  de  ces  deux 
types. 


Salicylate 

Essence 

de  méthyle. 

Quantité  distillée 

Densité 

Uuantite  distillée 

Densité 

1.000  gr. 

à  13- 

1.000  gr. 

à  «• 

Un  peu  d'eau  (5»')  passe  au- 

Un  peu  d'eau  (5«0  passe  au- 

dessous  de  150*. 

dessous  de  220*. 

Passe  au-dessous  de  220*(pres- 

1,1785 

que  tout  à  219«) .  .  .    IIO"' 

1,173 

Passe  de  2â0  à  222  .  .    105 

1,178 

Passe  de  220  à  222  .  .    615" 

1,185 

~    de  222  à  223  .  .    155 

1,179 

—    de  222  à  223  .  .     190 

I 

—    de  223  à  225  .  .     350 

1,180 

—    de  223  à  225  .  .      85 

B 

—    de  225  à  230  .  .    185 

—    de  225  à  230  .  .      50 

• 

Résidu 90 

Reste 55 

Total  .....       l.OOO" 

ToUl LCOO"" 

(1)  Voir  ce  numéro,  page  434. 

(2)  Nous  tenons  à  remercier  ici  particulièrement  MM.  Brigonnet  et  NayiHc, 
des  indications  qu'ils  ont  bien  voulu  nous  fournir  à  ce  sujet. 


~  'r23  — 

On  peut  donc  dire  que  le  salicylate  de  méthyle  pur 
distille  entre  220  et  223*  et  que  sa  densité  à  15^  est  de 
1,15  à  1,20.  Il  est  à  peu  près  insoluble  dans  Teau  et  se 
dissout  facilement  dans  Talcool  et  dans  Téther.  Il  se 
colore  en  violet  par  l'addition  de  perchlorure  de  fer  en 
solution  aqueuse  étendue.  Cet  éther  est  un  véritable 
acide  qui  se  combine  avec  la  potasse  en  formant  un  sel 
qui  cristallise  en  paillettes  nacrées.  Si  Ton  fait  agir  un 
excès  de  potasse,  surtout  sous  Finfluence  de  la  chaleur,  il 
se  décompose  et  se  transforme  en  alcool  méthylique  et  en 
salicylate  dans  lequel  l'addition  d'un  acide  régénère 
Tacide  salicylique. 

Si  l'on  place  dans  un  flacon  bouché  un  volume  d'éther 
méthyl-salicylique,  et  cinq  ou  six  volumes  d'une  solu- 
tion concentrée  d'ammoniaque,  l'éther  disparaît  au  bout 
de  quelque  temps  ;  la  liqueur  étant  évaporée  et  le  résidu 
distillé,  on  obtient  une  masse  jaune  qui  cristallise  en 
aiguilles  par  dissolution  dans  l'eau  bouillante.  Cette 
substance  est  la  salicylamide  qui,  par  l'action  des  acides,* 
régénère  de  l'ammoniaque  sous  forme  de  sel,  et  de  l'acide 
salicylique.  Enfin,  en  faisant  tomber  l'éther  méthyl-sali- 
cylique sur  de  la  chaux  ou  de  la  baryte  anhydre,  il  se 
forme  des  carbonates  de  ces  bases  et  de  l'anisol  recon- 
naissable  à  son  odeur. 

La  densité  et  le  point  d'ébullition  sont  surtout  des 
indices  importants  de  pureté,  le  salicylate  de  méthyl 
pouvant  contenir,  soit  de  l'alcool  méthylique  non  éthéri- 
fié  si  le  produit  n*est  pas  lavé,  soit  de  l'alcool  méthy- 
lique ou  éthylique  ajouté  par  fraude.  La  présence  de 
ces  corps  étrangers  abaisserait  notablement  la  densité, 
et  le  point  initial  de  la  distillation;  un  simple. lavage  à 
l'eau  distillée  suffirait  à  en  débarrasser  le  produit. 

On  pourrait  également  falsifier  ce  corps  avec  une  huile 
fixe,  mais,  dans  ce  cas,  la  densité  serait  aussi  abaissée,  et, 
il  resterait  après  la  distillation  à  220"*,  un  résidu  duquel 
une  chaleur  plus  forte  ferait  dégager  des  vapeurs  acres 
caractéristiques  de  l'acroléine. 

Les  essais  physiologiques  ayant  démontré  la  supério- 


—  424  — 

rite  du  salicylate  de  méthyle  sur  Tessence  de  Winier- 
green  naturelle,  dont  l'action  est  assez  excitante  et  caus- 
tique sur  la  peau,  il  est  bon  de  différencier  ces  deux 
corps  ;  non  que  nous  ayons  à  craindre  l'addition  fraudu- 
leuse de  Tessence  naturelle  à  Téther  artificiel,  le  prix  de 
ce  dernier  étant  la  moitié  de  celui  de  Tautre,  mais  le 
mélange  pourrait  être  le  résultat  d'une  erreur  acciden- 
telle. 

Les  tableaux  précédents  montrent  que  la  distillation 
fractionnée  ne  permettrait  guère  cette  différenciation,  la 
quantité  de  terpène  contenue  dans  l'essence  étant  très 
minime,  2  à  3  pour  100.  Nous  avons  alors  examiné  com- 
parativement l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  l'essence 
naturelle  et  sur  le  salicylate  de  méthyle.  En  mettant  dans 
un  tube  à  expérience  5"  de  salicylate  de  méthyle  ou  d'un 
des  fractionnements  bien  desséché  et  versant  dessus 
volume  égal  d'acide  sulfurique,  on  ne  constate  pas  d'élé- 
vation de  température,  et  l'éther  se  colore  faiblement  en 
jaune,  on  ne  constate  même  aucune  coloration  dans  la 
partie  distillant  au-dessus  de  222*. 

En  opérant  de  la  même  manière  avec  l'essence  natu- 
relle et  surtout  avec  le  produit  de  celle-ci  passant  de  220 
à  222*,  c'est-à-dire  contenant  le  terpène  appelé  Gaulthé- 
rylène,  on  voit  la  température  s'élever  d'une  façon 
notable  et  le  mélange  se  colorer  immédiatement  en  rose, 
puis  en  rouge  vineux  qui,  à  la  longue,  fonce  de  plus  en 
plus  jusqu'au  rouge  brun. 

La  réaction  est  beaucoup  moins  nette  avec  la  partie 
distillant  au-dessus  de  222«. 

Cet  essai  est  le  vrai  moyen  de  différencier  les  deux 
essences  :  naturelle  et  artificielle.  Cette  dernière  ne  doit 
pas  s'échauffer  et  se  colorer  par  mélange  avec  l'acide  sul- 
furique. 


—  425  — 

REVDË  SPÉCIALE 
DES  PDBUGÂTIONS  DE  PHARMACIE,  TOXICOLOGIE,  CHIMIE. 


Pharmacie.  Toiicologio. 

Sur  le  mode  d'action  du  chloral  dans  Torganisme  vivant; 

par  M.  A.  Belohoubek  (1).  —  A  l'heure  actuelle,  on  n'ad- 
met plus  guère,  comme  le  prétendait  Liebreich,  que  le 
chloral  agit  dans  l'organisme  en  se  décomposant  en 
chloroforme  et  acide  formique  ;  l'organisme  ne  contient 
pas  suffisamment  d'alcali  libre  pour  pouvoir  décomposer 
de  cette  façon  des  doses  médicinales  d'hydrate  de  chlo- 
ral. 

Plusieurs  théories  ont  été  successivement  proposées 
pour  remplacer  celle  de  Liebreich.  L'auteur  en  donne 
une  nouvelle  fondée  sur  l'action  des  aminés  sur  l'hydrate 
de  chloral.  Avec  la  potasse  et  l'ammoniaque  en  solutions 
aqueuses,  l'hydrate  de  chloral  donne  du  chloroforme,  de 
l'acide  formique  et  aussi  de  l'oxyde  de  carbone  ;  ce  der- 
nier fait  n'avait  pas  encore  été  constaté.  En  présence  de 
solutions  aqueuses,  mêmes  étendues  d'aminés  primaires, 
comme  l'éthylamine,  le  propylamine,  le  butylamine,  on 
constate  la  formation  de  chloroforme,  de  carbylamine 
correspondante  et  d'oxyde  de  carbone,  si  l'on  envisage 
les  produits  les  plus  importants  ;  on  n'avait  pas  jusqu'à 
présent  signalé  la  production  de  carbylamine  en  partant 
de  l'hydrate  de  chloral,  au  moyen  de  solutions  aqueuses 
d'aminé,  en  l'absence  d'alcalis  fixes  et  d'alcool. 

Si  la  décomposition  ainsi  observée  se  fait  déjà  à  la 
température  ordinaire,  il  est  bien  évident  qu'elle  s'effec- 
tuera encore  plus  facilement  à  37®,  c'est-à-dire  à  la  tem- 
pérature normale  du  corps  humain.  Or,  l'organisme  con- 

(i)  Ueber  die  Einwirkung  der  Aminé  auf  Chloralhydrat  Eine 
ehemuche  Erklàrung  der  Wirkungeweiêe  des  Chloralhydrates  im  lebenden 
Organismus;  ZeiUchrîft  des  Allgem  ôsterr.  Apotheker-Vereines,  n~  4  et 
5,  1896. 


ff^!??^^  "^V--TW*^f«5SIR—       -^ 


—  426  — 

tient  effectivement  des  aminés  et  en  particulier  des 
aminés  primaires  ;  les  éléments  nerveux  présentent  con- 
stamment une  réaction  alcaline. 

.  On  sait  que  là  plus  grande  quantité  de  l'hydrate  de 
chloral  ingéré  passe  à  l'état  d'acide  urochloralique  ou 
acide  trichloréthylglycuronique,  inactif  au  point  de  vue 
physiologique;  on  conçoit  ainsi  que  les  aminés  n'agissent 
que  sur  une  très  faible  proportion  du  chloral  ingéré  et 
soient  par  là  même  en  quantité  suffisante  pour  pouvoir 
provoquer,  aux  dépens  de  ce  dernier,  dans  l'organisme 
vivant,  la  formation  de  chloroforme,  de  carbylamines  et 
d'oxyde  de  carbone.  H. 

Sur  riodure  d'amidon;  par  M.  C.  O.  Harz  (1).  —  L'au- 
teur a  fait  des  recherches  sur  trois  espèces  d'amidon  dans 
le  but  d'établir  combien  d'iode  peuvent  absorber  ces  ami- 
dons, soit  à  l'état  cru,  soit  à  l'état  d'empois.  Il  a  suivi  la 
méthode  suivante  :  on  délaie  2»'"  d'amidon  dans  l'eau,  on 
ajoute  25"  de  solution  normale  d'iode  au  dixième,  puis 
20«'  de  sulfate  de  magnésie  cristallisé  ;  on  étend  à  500" 
puis  on  laisse  au  repos  pendant  24  heures. 

On  mesure  alors  un  volume  déterminé  du  liquide  clair 
et  on  dose  l'iode  en  excès  à  l'aide  d'une  solution  normale 
au  dixième  d'hyposulfite  de  soude  en  se  servant  d'un  peu 
d'amidon  soluble  comme  indicateur. 

Voici  les  résultats  trouvés  par  l'auteur,  ils  sont  expri- 
més par  rapport  à  l'amidon  anhydre  : 

Amidon.  Iode  abftorbé  p.  100. 

Riz  à  rétat  cru 6,i4 

—       d'empois 17,61 

Pomme  de  terre  à  l'étal  cru 6,73 

—                    d*cmpois S0,86 

Blé  à  réUl  CPU 7,62 

—   d'empois 20,72 

Payen  a  donné  comme  formule  de  son  iodure  d'amidon  : 
{CMr^O«)«»I,  ce  qui  correspond  à  7,2  p.  100  d'iode.  Ce 

(1)  D*après  Apotheker  Zeitung,  1898,  p.  260. 


—  427  — 

chiffre  se  rapproche  de  ceux  qui  ont  été  trouvés  pour  l'a- 
midon cru.  La  formule  de  Mylius  4  [(C»H«^0')*I]  +  HI, 
exige  une  proportion  d'iode  beaucoup  plus  élevée,  soit 
19,6  p.  100.  Elle  se  rapporterait  à  l'iodure  obtenu  avec 
l'empois.  Em.  B. 

La  peptone   des   amandes  douces  ;   par   M.   E.   Lem- 

PORT  (1).  —  Cette  peptone  a  été  préparée  par  l'auteur  de 
la  façon  suivante  :  on  fait  avec  les  amandes  douces  mon- 
dées et  de  l'eau  une  émulsion  qu'on  laisse  reposer  pendant 
un  jour.  Au  liquide  décanté,  on  ajoute  de  l'acide  picrique 
on  excès  pour  précipiter  les  matières  albuminoïdes  (con- 
glutine  et  émulsine).  On  filtre  et  on  précipite  la  peptone 
avec  de  l'acide  phosphotungstique.  On  lave  le  précipité 
avec  de  l'eau  faiblement  acidulée  avec  de  l'acide  sulfu- 
rique,  après  quoi  on  le  triture  avec  de  la  baryte  et  de 
Teau,  ce  qui  met  la  peptone  en  liberté.  On  filtre  et,  dans 
le  liquide  filtré,  on  précipite  l'excès  de  baryte  à  l'aide 
d'un  courant  d'acide  carbonique.  On  porte  à  Tébullition 
pour  décomposer  le  bicarbonate  de  baryte  qui  est  en 
solution:  on  filtre  de  nouveau  et  on  évapore  à  siccité. 

Le  produit  que  l'on  obtient  ainsi  se  pulvérise  facile- 
ment. Il  se  présente  alors  sous  forme  d'une  poudre  jaune 
insoluble  dans  l'alcool  et  dans  l'éther  mais  soluble  dans 
l'eau.  La  solution  aqueuse  précipite  par  le  tannin  et 
donne  la  réaction  du  biuret  ;  elle  dévie  à  gauche  le  plan 
de  la  lumière  polarisée. 

Le  rendement,  par  ce  procédé  a  été  de  0,25  p.  100. 

Em.  B. 

Sur  la  transformation  des  sels  mercureux  en  sels  mer- 
curiques  (2).  —  La  transformation  des  sels  mercureux 
en  sels  mercuriques  est  considérée  comme  résultant 
presque  toujours  d'un  phénomène  d'oxydation. 

D'après  S.  Hada,  cette  transformation  doit  être  expli- 

(1)  Pharm.  Zeitschr.  f.  Hussland,    XXXVI,  p.  527,  1897. 
(î)  S.  Hada.  Chemical  NewSy  t.  LXXIV,  p.  277. 


—  428  — 

quée  différemment  suivant  les  circonstances  dans  les- 
quelles elle  se  produit.  Ainsi,  il  y  aurait  lieu  de  considé- 
rer deux  cas  : 

!•  A  la  température  ordinaire,  et  sous  la  pression  nor- 
male, c'est  un  phénomène  de  dissociation  qui  peut  être 
représenté  par  la  formule  générale  suivante  (R  étant 
un  élément  ou  un  radical  monovalent  quelconque)  : 

Hg«R«  =  HgR«  +  Hg 

Le  mercure  mis  en  liberté  peut  être  séparé  du  sel 
mercurique  ainsi  formé  en  soumettant  le  mélange  renfer- 
mant les  éléments  de  la  dissociation  à  une  température 
de  40*  dans  le  vide  :  le  mercure  se  volatilise. 

2*  Lorsqu'on  élève  la  température  en  même  temps  que 
la  pression  auxquelles  le  sel  est  soumis,  par  exemple  en 
le  chauffant  avec  de  Teau,  en  vase  clos,  à  la  températiu'e 
de  150®,  en  présence  d'une  atmosphère  d'oxygène,  c'est 
un  phénomène  d'oxydation  qui  a  lieu  ;  l'oxyde  mercureux 
Hg*0  passant  à  l'état  d'oxyde  mercurique  HgO. 

Ainsi  donc,  l'oxyde  mercureux  Hg*0  pourrait  se  chan- 
ger en  oxyde  mercurique  HgO  tout  aussi  bien  à  la  tem- 
pérature et  à  la  pression  ordinaires  par  perte  de  mercure  : 
Hg*0  =  HgO  -f  Hg,  que  dans  des  conditions  particu- 
lières par  absorption  d'oxygène  :  Hg*0  -|-0  =  2  HgO. 

L'auteur  a  étudié  particulièrement  les  sels  oxygénés, 
nitrates,  sulfates,  phosphates,  acétates,  ces  derniers  sont 
ceux  qui  se  prêtent  le  plus  facilement  à  l'étude  de  ces 
transformations.  E.  Leidié. 


Les  alcaloïdes,  les  leucomaines  et  les  ptomaînes  (Étude 
historique);  par  M.  Louis  Huart,  pharmacien  (Extrait)  (1). 
—  Méthode  de  M.  Bruylants  (2).  —  Instruit  par  une  longue 
expérience,  M.  Bruylants  a  su  tirer  habilement  parti  des 
travaux  de  ses  devanciers,  élaguant  les  défauts  des  pro- 
cédés  en  usage,  tout   en   y   introduisant   d'heureuses 


(i)  Ann,  de  Pharm.  de  Louvain 

(2)  Annaleê  de  médecine  légale.  Affaire  J.  1895,  p.  ii7. 


—  429  — 

modifications  :  celles-ci  portent  surtout  sur  la  manière 
de  préparer  la  liqueur  d'analyse. 

Le  viscère  est  broyé  sous  un  léger  filet  d'alcool,  et  la 
bouiUie  obtenue,  acidulée  d'acide  tartrique,  est  rendue 
fluide  par  addition  d'alcool.  Après  avoir  chauffé  au  bain 
d'eau,  pendant  vingt-quatre  heures,  de  50  à  60*,  on  ex- 
prime autant  que  possible  et  on  reprend  par  de  Tacool  aci- 
difié d'acide  tartrique.  Après  digestion  de  vingt-quatre 
heures  et  expression,  on  renouvelle  cette  extraction  une 
troisième  et  une  quatrième  fois.  Les  liquides  mélangés 
sont  laissés  au  repos  pendant  vingt-quatre  heures,  puis 
jetés  sur  un  filtre  lavé  à  l'alcool.  On  distille  dans  le  vide 
à  une  température  ne  dépassant  pas  40  à  45**.  Le  résidu 
aqueux,  après  vingt-quatre  heures  de  repos,  est  débar- 
rassé des  graisses  par  filtration  au  papier  mouillé,  puis 
concentré  de  nouveau  par  distillation  dans  le  vide. 

Au  cours  de  la  concentration,  on  précipite  une  partie 
de  l'acide  tartrique  par  addition  de  tartrate  neutre  de 
potasse  et  on  sépare  la  crème  de  tartre  par  filtration. 

Les  liquides  aqueux  sirupeux  sont  évaporés  jusqu'à 
extrait  fluide,  à  une  température  non  supérieure  à  50*. 
Cet  extrait  est  mélangé  de  sable  quartzeux  pur  et  séché. 

Le  résidu  pulvérisé  est  épuisé  à  chaud  par  de  l'alcool 
fort  et  le  nouveau  liquide  alcoolique,  filtré  après  repos 
de  vingt-quatre  heures,  est  évaporé  dans  le  vide,  jusqu'à 
disparition  d'alcool.  L'extrait  obtenu  est  repris  par  de 
l'eau  distillée.  Après  filtration,  on  agite  à  deux  reprises 
avec  la  pétroléine,  qui  n'enlève  aucun  principe  alcaloï- 
dique  (sauf  la  capsicine  et  des  traces  de  pipérine),  mais 
débarrasse  la  liqueur  de  presque  toute  la  matière  grasse. 

Cette  liqueur  est  alcalinisée  par  le  bicarbonate  de 
soude,  et  épuisée  à  quatre  reprises  par  l'éther.  On  dis- 
tille, et  le  résidu  aqueux,  acidulé  d'acide  tartrique,  est 
traité  par  les  dissolvants  de  DragendorfT.  Ce  môme 
traitement  est  également  effectué  en  solution  alcaline. 

Grâce  aux  nombreuses  et  minutieuses  manipulations 
préliminaires,  on  dispose,  après  le  traitement  par  la  pé- 
troléine,   puis   par   l'éther   en   grande    quantité,   d'une 


—  430  — 

liqueur  bien  conditionnée  pour  subir  Faction  des  dissol- 
vants carbonés.  Elle  est,  en  effet,  débarrassée  des  matières 
étrangères,  des  substances  grasses,  albuminoïdes,  qui 
produisent  ces  émulsions  si  laborieuses,  signalées  dans  la 
méthode  de  Dragendorff. 

Importance  des  ptomaines  dans  les  expertises  chimico- 
LÉGALES.  —  L'importance  des  ptomaïnes  dans  les  recher- 
ches toxicologiques  repose  sur  les  faits  suivants  : 

1)  Les  ptomaïnes  sont  des  alcaloïdes  au  même  titre 
que  les  bases  végétales. 

2)  Leur  présence  est  constante  dans  les  produits  de  la 
putréfaction,  surtout  dans  les  viscères  conservés  depuis 
huit  à  vingt  jours,  aux  températures  moyennes. 

3)  Certaines  réactions  des  ptomaïnes  présentent  une 
similitude  déconcertante  avec  celles  qui  caractérisent 
quelques  alcaloïdes  végétaux.  Parfois  les  réactions 
propres  à  certains  alcaloïdes  (par  exemple  :  la  nicotine 
et  la  cicutine),  se  confondent,  pour  ainsi  dire,  avec  celles 
des  bases  cadavériques. 

4)  Enfin  certains  alcaloïdes  (par  exemple  :  la  musca- 
rine),  peuvent  être  rangés  indifféremment,  parmi  les 
bases  végétales,  physiologiques  ou  pathologiques,  sans 
que  l'analyse  la  plus  minutieuse  puisse  en  déterminer 
la  véritable  origine.- 

Étude  des  moyens  propres  a  éviter  les  erreurs.  — 
L  Avant  l'opération.  —  Le  chimiste  expérimenté  ne  doit 
négliger  aucun  moyen  pour  éviter  ou  éliminer  les  pto- 
maïnes et,  dès  le  premier  moment  de  l'autopsie,  sa  pré- 
voyance doit  être  en  éveil.  De  là  les  précautions  suivantes  : 

A)  Séparation  absolument  nécessaire  des  viscères  en  cinq 
groupes  :  1**  l'estomac  et  son  contenu;  2*  l'intestin  et  son 
contenu;  3*  le  foie,  le  sang  qui  s'en  écoule,  la  rate,  les 
reins;  4*  les  poumons  et  du  sang;  5*  de  l'urine. 

L'examen  de  chaque  groupe  doit  être  fait  séparément, 
et  accompagné  d'un  rapport  spécial,  de  telle  sorte  qu'une 
recherche  chimico-légale  comporte,  en  réalité,  cinq  ana- 
lyses approfondies. 


—  431  — 

Outre  des  raisons  étrangères  à  ce  sujet,  la  séparation 
en  cinq  groupes  s'impose  pour  les  raisons  suivantes  : 

«)  Les  fermentations  sont  différentes  suivant  les  organes, 
donc  les  ptomaïnes  seront  diflPérentes,  suivant  les  viscères 
putréfiés  dans  lesquelles  elles  ont  pris  naissance  ; 

p)  Certains  poisons  se  localisent  dans  tels  organes,  plu- 
tôt que  dans  tels  autres.  L'expert  perdrait  donc  l'avan- 
tage de  ces  indications  si  tous  les  viscères  étaient  mélan- 
gés ; 

t)  Si  l'on  opère  sur  tous  les  organes,  les  difficultés  que 
présente  la  purification  de  la  base  extraite  sont  telles,  que 
la  strychnine  elle-même  se  refuse  à  cristalliser; 

8)  Enfin  il  est  une  dernière  considération  d'une  impor- 
tance capitale  :  dans  les  intestins^  la  présence  des  pto- 
maïnes est  constante;  au  contraire,  dans  l'estomac,  les 
bases  cadavériques  n'existent  pas  de  suite  après  la  mort. 
Leur  apparition  dans  ce  dernier  organe  ne  se  manifeste 
qu'après  la  disparition  de  la  réaction  acide,  c'est-à-dire 
un  temps  assez  long  après  l'inhumation. 

C'est  ainsi  que  dans  l'affaire  J.  l'estomac  du  cadavre 
d'A.  A.,  exhumé  neuf  jours  après  décès,  présentait  une 
réaction  encore  franchement  acide  (1).  Aussi  le  rapport 
constate-t-il  l'absence  de  ptomaïnes  (2).  Est-il  nécessaire 
d'insister  sur  tout  le  parti  que  le  chimiste  peut  tirer  de 
cette  absence  de  ptomaïnes  dans  l'estomac  adde,  alors 
que  ces  bases  existent  régulièrement  dans  les  intestins  ? 

B)  L'expert  a  toujours  soin  de  vérifier  la  pureté  absolue 
des  dissolvants  qu'il  doit  employer.  Ces  liquides,  pris 
dans  le  commerce,  renferment  des  impuretés  et  notam- 
ment des  bases  pyridiques. 

Chacun  des  dissolvants  doit  donc  être  scrupuleusement 
analysé  avant  l'usage,  afin  de  ne  pas  introduire  soi-même, 
dans  les  organes  suspects,  des  substances  pouvant  donner 
lieu  à  des  méprises. 

IL  Pendant  Vopération.  —  Il  est  un  point  bien  établi  : 

(1)  Bruylants  et  Druyts,  Annale$  de  médecine  légale,  1895,  p.  118. 
(«)  Ibid.,  pp.  127, 133. 


—  432  — 

c'est  que,  si  certaines  ptomaïnes  brutes^  complexes 
ont  fourni  des  réactions  comparables  à  celles  de  plusieurs 
alcaloïdes  végétaux,  il  n'en  est  plus  de  môme  des  bases 
purifiées.  Il  y  a  donc  là  une  différence  capitale,  dont  on 
doit  profiter.  Voici  comment  cette  purification  peut  se 
faire. 

III.  Après  l'opération.  —  Supposons  que  Texpert-chi- 
miste  retire  des  viscères  une  substance  alcaloïdique  — 
donc  précipitant  par  le  réactif  de  Bouchardat.  —  Admet- 
tons Vhypothèse  d'un  alcaloïde  végétal^  mélangé  à  une  pto- 
maïne. 

On  contatera  la  présence  de  cette  dernière,  en  étalant 
la  substance  sur  un  verre  de  montre  et  en  Texposant, 
sous  une  cloche,  aux  vapeurs  d'acide  chlorhydrique  :  il  y 
a  production  d'une  coloration  rouge  ou  rouge-violacée. 

Comment  éliminer  la  base  cadavérique  et  purifier  en 
même  temps  Valcaloïde  végétal? 

Les  ptomaïnes  sont  fort  oxydables,  L'évaporation  les 
décompose  déjà,  et  les  transforme  en  produits  difficile- 
ment solubles  dans  Teau  acidulée.  De  plus  l'acide  chlorhy- 
drique fumant,  qui  laisse  les  alcaloïdes  végétaux  intacts, 
résinifie,  au  contraire,  les  ptomaïnes. 

On  utilise  ces  données,  en  opérant  comme  suit  : 

La  substance  est  traitée  par  l'acide  chlorhydrique 
fumant.  On  évapore  au  bain-marie,  puis  l'on  reprend  par 
l'eau  distillée,  qui  enlève  le  chlorhydrate  d'alcaloïde  et 
laisse  comme  résidu  une  première  partie  de  ptomaïne 
résinifiée.  On  répète  ce  traitement  plusieurs  fois,  jusqu'à 
ce  que  l'alcaloïde  soit  assez  purifié  pour  produire  des 
réactions  nettes  et  caractéristiques. 

M.  Bruylants  a  employé,  avec  succès,  le  procédé  ci- 
après  :  Le  résidu  est  dissous  dans  de  l'eau  légèrement 
acidulée  d'acide  acétique.  Le  résidu  brunâtre,  lavé  à  l'eau, 
donne  avec  le  réactif  de  Frœhde,  une  coloration  brun- 
foncé.  La  solution  jaunâtre  ainsi  obtenue  est  filtrée, 
traitée  à  deux  reprise  par  de  l'alcool  amylique  froid,  puis 
alcalinisée  au  bicarbonate  sodique  et  épuisée  à  quatre 
reprises  par  de  l'alcool  amylique  chaud. 


—  433  — 

Les  liqueurs  amyliques  sont  réunies,  évaporées  au 
quart,  traitées  à  deux  reprises  par  quelques  gouttes  d'eau 
distillée  et  évaporées  à  siccité.  Le  résidu,  encore  coloré, 
a  été  repris  par  de  Teau  acidulée  d'acide  acétique,  et  la 
solution,  traitée  par  quelques  gouttes  de  sous-acétate  de 
plomb,  a  été  mise  au  repos  pendant  vingt-quatre  heures. 
Le  produit  de  la  réaction  a  été  séparé  par  filtration,  le 
précipité  lavé  à  Talcool,  et  cette  liqueur  de  lavage,  ajoutée 
à  la  solution  filtrée,  est  traitée  par  un  excès  d'H'S,  filtrée 
évaporée  en  partie  au  bain-marie  et  desséchée  sur  SO*H* 
concentré. 

La  purification  doit  être  poussée  aussi  loin  que  pos- 
sible. Théoriquement,  on  pourrait  même  obtenir  un  pro- 
duit absolument  pur,  en  multipliant  les  traitements.  Mais 
on  perd,  évidemment,  chaque  fois,  une  partie  de  l'alca- 
loïde ;  or  la  quantité  de  toxique  dont  on  dispose  est  d'or- 
dinaire si  minime,  que  le  nombre  de  purifications  est 
forcément  limité. 

La  séparation  des  ptomaïnes  rCest  donc  jamais  absolue. 
Ne  va-t-il  pas  en  résulter  un  trouble  dans  les  réactions 
caractéristiques?  En  d'autres  termes,  les  réactions  dis- 
tinctives  de  certains  alcaloïdes  ne  sont-elles  pas  altérées 
au  point  de  devenir  douteuses? 

Considérons  l'expert  placé  dans  les  conditions  les  plris 
défavorables,  c'est-à-dire  n'ayant  pas  la  moindre  indica- 
tion sur  laquelle  il  puisse  se  guider;  les  symptômes  qui 
ont  précédé  la  mort  n'ont  pu  être  observés  ;  l'autopsie  n'a 
relevé  aucune  lésion  caractéristique. 

Les  viscères  renferment-ils  une  substance  toxique,  ou 
encore  une  substance  capable,  soit  de  provoquer  des  acci- 
dents, soit  de  déterminer  la  mort. 

L'expert  pourra  déterminer  la  quantité  totale  de 
toxique,  mais  il  se  gardera  bien  d'en  tirer  un  argument 
quelconque,  ou  encore  d'émettre  des  considérations 
étrangères  à  ses  fonctions.  (A  suivre,) 


Disparition  de  rempoisonnement  saturnin  par  la  substi- 
tution partielle  de  l'acide  métastannique  à  la  potée  d'itain 

Joum.  dt  Pkarm,  €t  de  Cfcim.,  6'  SÉRIB,  t.  VII.  (!••  mai  1898.)  2ft 


■  ^.«li'iiiH.'^ffi^y 


-  434  — 

dans  le  polissage  du  cristal;  par  M.  L.  Guéroult,  direc- 
teur de  la  verrerie  de  Folembray  (Aisne).  —  L'auteur  a 
publié  en  1891  une  série  d'observations  sur  les  résultats 
favorables  qu'il  avait  obtenus  à  la  cristallerie  de  Bac- 
carat, par  la  substitution  partielle  de  l'acide  métastan- 
nique  à  la  potée  d'étain  ordinaire  pour  le  polissage  du 
cristal.  Il  rappelle  qu'avant  l'emploi  de  l'acide  méta- 
stannique,  en  soixante-dix-neuf  mois,  de  novembre  1884  à 
juillet  1891,  sur  200  tailleurs  de  cristaux  il  y  eut,  à  Bac- 
carat, 39  malades,  dont  plusieurs  avec  récidives.  Un  suc- 
comba :  4  furent  empêchés  dans  leur  travail,  de  sept 
mois  à  quatre  années,  par  suite  de  paralysie  saturnine  ; 
'  34  firent  en  tout  1.333  journées  de  maladie  à  l'hôpital.  Au 
contraire,  du  1"  juillet  1891,  date  où  fut  employée  la  nou- 
velle potée,  à  novembre  1892,  c'est-à-dire  en  dix-huit 
mois,  on  ne  put  constater,  à  la  cristallerie,  où  se  faisait 
l'expérience,  un  seul  cas  d'intoxication  saturnine  sur  les 
ouvriers  tailleurs  de  cristal. 

Après  six  ans  et  demi  le  succès  est  resté  complet. 

Le  produit  primitif  (potée  d'étain  ordinaire)  contenait 
62  p.  100  de  plomb.  Le  produit  substitué  n'en  contient 
plus  que  20  p.  100,  et  il  est  difficile  d'abaisser  davantage 
le  taux  du  plomb  par  addition  d'acide  raétastannique, 
celui-ci  adhérant  alors  trop  fortement  au  cristal  après 
polissage. 

11  est  bien  remarquable  (1)  de  constater  que,  quoique 
encore  plombifère,  la  nouvelle  potée  est  devenue  entiè- 
rement inolTensive  ainsi  que  le  constate  la  lettre  sui- 
vante de  M.  le  D""  J.  Schmitt,  médecin  de  la  cristallerie 
de  Baccarat,  qui  confirme  ces  faits  : 

I  Je  n'ai  pas  eu  à  constater  depuis  1891,  c'est-à-dire 
depuis  six  ans  et  demi  que  vous  avez  substitué  la  nou- 
velle potée  à  l'ancienne,  un  seul  cas  d'intoxication  satur- 
nine chez  les  tailleurs  de  cristaux  :  ce  résultat  peut 
n'avoir  rien  de  bien  surprenant  chez  les  tailleurs  qui 
n'avaient  jamais  été  intoxiqués,  mais  il  est  absolument 

(1)  On  peut  même  dire  que  ce  fait  est  bien  surprenant. 


.  =r-  435  — 

remarquable  que  je  n'aie  jamais  eu  à  constater  un  acci- 
dent aigu  chez  les  anciens  saturnins. 

«  Plus  de  paralysies  saturnines,  relativement  fréquen- 
tes autrefois,  et,  en  général,  plus  de  symptômes  d'empoi- 
sonnement sous  aucune  forme. 

«  Bien  entendu,  nous  avons  toujours  des  artério-sclé- 
reux,  des  emphysémateux  et,  chez  beaucoup,  des  indices 
de  sénilité  prématurée,  mais  ces  lésions  ont  surtout  pour 
cause  l'alcoolisme  et  une  hygiène  défectueuse.» 


Sur  rabsorption  cutanée  de  Tiode,  de  riodoformie,  de 
riodure  d'éthyle  et  du  salicylate  de  méthyle  ;  par  MM.  (}. 

LiNossiER  et  M.  Lannois  (Extrait).  —  Après  un  badigeon- 
nage  de  teinture  d'iode  sur  la  peau  saine,  on  trouve 
constamment  une  petite  quantité  de  ce  métalloïde  dans 
l'urine.  De  nombreux  observateurs  l'ont  dès  longtemps 
démontré  (Ménager,  Rohrig,  llabuteau,  Binz,  etc.),  il 
est  facile  de  le  vérifier,  et  on  peut  considérer  ce  fait 
comme  acquis,  malgré  quelques  expériences  contra- 
dictoires (Braune,  Rilter,  Fleischcr,  Du  Mesnil...).  11  en 
est  de  même  après  l'application  de  coton  iodé  (Dechambrei. 

Quelle  est  la  voie  de  cette  absorption?  L'iode,  comme 
corps  volatil,  est-il  capable  de  traverser  la  peau  saine» 
(liabuteau)  ?  La  franchit-il  grâce  à  la  désorganisation  de 
l'épiderme  (Gubler)  ?  ou  bien  pénètre-t-il  par  la  voie  pul- 
monaire comme  on  Ta  prétendu  pour  le  mercure  (Merget;, 
et  d'autres  corps  volatils  ?  Quelle  est  l'intensité  de  lab- 
sorption?  Est-elle  suffisante  pour  qu'on  puisse  l'utiliser 
en  thérapeutique  ? 

De  leurs  études  sur  l'absorption  cutanée  du  gaïacol  et 
du  salicylate  de  méthyle,  MM.  Linossier  et  Lannois  ont 
conclu  que  la  peau  saine  absorbe  très  facilement  certaines 
substances  (1). 

Les  corps  qui  se  prêtent  le  mieux  à  l'absorption  épider- 
mique  sont  ceux  qui,  avec  un  point  d'ébuUition  élevé, 

(1)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Chwu  [6],  III,  443,  i896;  Linossier  et  Lan- 
nois, et  même  recueil  [6],  IV,  1896, 397;  Guinard  et  le  présent  numéro,  p.  42â. 


-  436  — 

présentent  dès  la  température  ordinaire  une  certaine 
tension  de  vapeur.  L'iode,  bouillant  au-dessus  de  200% 
'et  faiblement  volatil  dès  la  température  ordinaire,  réalise 
ces  conditions,  mais  il  présente  en  outre  deux  propriétés 
capables  d'apporter  un  certain  trouble  dans  le  phénomène 
de  l'absorption  : 

!•  Il  modifie  Tépiderme  ; 

2*  Il  contracte  avec  les  substances  albuminoldes  de  la 
peau  une  combinaison,  qui  le  fixe  momentanément,  et 
ne  le  livre  à  l'absorption  qu'au  fur  et  à  mesure  de  la  disso- 
ciation ou  de  la  décomposition  de  la  combinaison  iodo- 
albumineuse. 

Quelques  expériences  étaient  donc  utiles  pour  préciser 
les  conditions  de  l'absoption. 

Les  auteurs  ont  appliqué  à  divers  sujets,  et  sur  diflférentes 
parties  du  corps,  des  badigeonnages  de  teinture  d*iode, 
et  ils  ont  dosé  l'iode  éliminé  par  l'urine  à  la  suite  de  ces 
applications.  Ils  ont  employé,  d'une  manière  constante, 
4'*  de  teinture  d'iode  du  Codex  pour  chaque  badigeon- 
nage.  Dans  une  première  série  d'expériences,  la  partie 
badigeonnée  a  été  laissée  à  l'air  libre  ;  dans  une  seconde, 
elle  a  été  recouverte  d'une  enveloppe  imperméable  de 
gutta-percha  laminée.  Pour  le  dosage,  l'urine  était  cal- 
cinée en  présence  d'un  excès  de  soude,  le  résidu  repris 
par  Tacide  sulfurique,  l'iode  mis  en  liberté  par  très  peu 
d'azotite  de  potassium,  extrait  de  la  solution  aqueuse  par 
le  chloroforme  et  dosé  colorimétriquement. 

La  quantité  minime  d'iode,  dans  certaines  des  expé- 
riences, excluait  tout  autre  procédé  de  dosage. 

On  a  opéré  aussi  sur  du  coton  iodé  maintenu  à 
distance. 

Ils  ont  tiré  de  ces  expériences  les  conclusions  suivantes  : 

Après  un  badigeonnage  abandonné  à  l'air  libre,  la 
quantité  d'iode  qui  s'élimine  par  l'urine  est  minime  et  ne 
dépasse  pas  quelques  milligrammes.  Elle  est  très  irrégu- 
lière. Parmi  les  influences  qui  la  font  varier,  la  princi- 
pale semble  être  la  facilité  plus  ou  moins  grande  de 
l'évaporation.  Ainsi,  chez  un  sujet  alité,  c'est  sur  la  poi- 


trine  que  Tabsorption  est  la  plus  faible  ;  sur  le  dos  elle 
atteint  son  maximum  et  elle  est  comparable  à  celle  que 
Ton  observe  après  un  badigeonage  enveloppé,  et  en  effet 
les  conditions  sont  à  peu  près  les  mêmes. 

Après  un  badigeonnage  enveloppé,  l'absorption  est 
beaucoup  plus  active  :  sept  fois  et  même  douze  fois  plus, 
dans  des  expériences  comparatives  sur  le  même  malade.  La 
quantité  diode  éliminée  par  Turine  a  atteint,  dans  un 
cas,  près  dutiei'S  de  la  quantité  déposée  sur  la  peau.  Elle 
est  aussi  très  irrégulière  suivant  les  cas  ;  on  ne  peut  donc 
compter  sur  les  badigeonnages,  même  enveloppés,  comme 
moyen  de  faire  une  thérapeutique  iodurée  interne. 

L'intensité  bien  plus  grande  de  l'absorption,  quand  le 
badigeonnage  est  hermétiquement  enveloppé,  prouve  bien 
que  la  peau  est  la  voie  principale  de  pénétration,  et  que 
la  respiration  des  vapeurs  diffusées  ne  joue  qu'un  rôle 
tout  à  fait  secondaire. 

La  rapidité  de  l'absorption  montre  que  la  combinaison 
de  l'iode  avec  la  peau  ne  retarde  guère  la  pénétration. 
C'est  dans  les  premières  heures  que  l'urine  est  la  plus 
riche  en  iode. 

Quel  rôle  joue  l'altération  de  l'épiderme  ?  La  question 
est  délicate,  et,  à  coup  sûr,  l'iode  se  prête  fort  mal  à  la 
démonstration  qui  a  été  faite  pour  d'autres  corps  de  la 
perméabilité  de  la  peau  saine  pour  certains  médicaments. 
Au  premier  abord,  il  semble  même  qu'il  existe  une  rela- 
tion entre  l'absorption  et  l'altération  cutanée.  C'est  après 
les  badigeonnages  enveloppés  que  toutes  deux  sont  le 
plus  marquées.  Nous  ferons  observer,  toutefois,  que  la 
désorganisation  de  la  peau  parait  assez  lente,  et  que 
l'absorption  est  le  plus  active  pendant  les  premières 
heures,  avant  qu'elle  soit  appréciable  à  la  vue,  si  bien 
que  cette  altération  serait  l'effet  et  non  la  cause  du  pas- 
sage de  l'iode,  et  qu'une  fois  constituée,  elle  semblerait 
plutôt  un  obstacle  qu'une  condition  favorable  à  l'ab- 
sorption. 

lodoforme  et  iodure  d'éthyle.  —  Il  résulte  des  précé- 
dentes recherches  que  toute  combinaison  iodée  volatile 


,  M4  i'^W  ■■« 


—  438  — 

pourra  être  utilisée  en  vue  d'introduire  de  l'iode  dans 
l'organisme  par  la  voie  cutanée.  Les  auteurs  ont  vérifié 
le  fait  pour  ces  deux  corps. 

Donc,  riode  appliqué  en  badigeonnages  est  absorbé 
par  la  surface  cutanée.  Cette  absorption,  minime  quand 
la  partie  badigeonnée  est  abandonnée  à  l'air  libre,  devient 
beaucoup  plus  active  quand  elle  est  hermétiquement 
enveloppée.  Le  maximum  d'absoi'ption  a  lieu  au  début 
de  Tapplication. 

L'altération  superficielle  de  l'épiderme  produite  par  la 
teinture  d'iode,  quand  elle  ne  va  pas  jusqu'à  la  destruc- 
tion de  la  couche  cornée,  semble  plutôt  agir  comme  un 
obstacle  à  l'absorption  qu'en  être  la  cause  favorisante. 

Même  dans  les  conditions  les  plus  favorables,  cette 
absorption  est  trop  irréguliére  pour  qu'on  puisse  utiliser 
les  badigeonnages  de  teinture  d'iode  en  vue  d'une  médi- 
cation iodurée  générale. 

"L^lodoforme,  l'iodure  d'éthyle  sont  absorbés  par  la  peau 
saine  ;  ce  dernier  corps  en  assez  grande  quantité  pour 
pouvoir  être  utilisé,  le  cas  échéant,  en  vue  d'une  médica- 
tion générale  iodurée. 

MM.  Linossier  et  Lannois  sont  revenus  récemment  sur 
les  applications  locales  de  salicylate  de  méthyle  (1). 

Au  point  de  vue  pratique,  les  auteurs  avaient  pré^ii 
que  le  salicyhite  de  méthyle.  se  saponifiant  dans  le  sang 
et  s'y  transformant  en  salicylate  de  soude,  agirait  comme 
ce  dei-nier  corps,  tout  en  ayant  sur  lui  l'avantage  de  ne 
pas  irriter  l'estomac  et  d'exercer,  en  dehors  de  l'action 
générale  des  salicylates,  une  action  analgésique  locale. 
C'est  ce  que  Texpérience  a  vérifié. 

Au  point  de  vue  des  indications,  dans  le  rhumatisme 
articulaire  aigu,  l'influence  du  salicylate  de  méth^^le  sur 
l'évolution  de  la  maladie  semble  la  même  que  celle  du 
salicylate  de  soude  (Lemoine).  La  douleur  est  plus  vite 
calmée,  de  deux  à  six  ou  huit  heures  après  l'application, 
mais  peut  reparaître  au  bout  de  douze  heures,  d'où  l'indi- 

(1)  Ac.  d.  méd.  fS],  XXXIX,  22  mars  i898. 


—  439  — 

cation  de  prati([uer  deux  badigeonnages  par  jour.  Le  seul 
motif  de  préférer  le  salicylate  de  méthyle  au  salicylate 
de  soude  est  Tinlolérance  des  voies  digestives.  Dans  une 
maladie  générale  infectieuse,  comme  le  rhumatisme  arti- 
culaire aigu,  l'action  locale  du  médicament  est  en  effet 
peu  importante  ;  cela  est  si  vrai  que,  pour  éviter  de 
remuer  des  articulations  malades,  on  peut,  sans  modifier 
sensiblement  les  résultats,  faire  l'application  sur  un  point 
quelconque,  non  douloureux  de  la  surface  cutanée. 

Dans  la  plupart  des  formes  subaiguês,  dans  les  poussées 
aiguës  des  formes  chroniques  du  rhumatisme,  l'affection 
étant  mieux  localisée,  le  salicylate  de  méthyle  offre,  au 
contraire,  sur  le  salicylate  de  soude,  une  supériorité 
marquée.  C'est,  dit  M.  Siredcy,  le  médicament  de  choix. 
A  l'action  générale  des  salicylates,  il  joint  une  action 
locale,  qui  peut  devenir  prépondérante  :  quand  plusieurs 
articulations  sont  atteintes,  le  soulagement  se  manifeste 
surtout,  et  parfois  exclusivement,  au  niveau  de  l'articu- 
lation badigeonnée. 

Dans  les  rhumatismes  infectieux  (])Iennorragie,  scarla- 
tine, éry thème  noueux),  l'action  est  le  plus  souvent  favo- 
rable, mais  moins  constamment  que  dans  le  rhumatisme 
subaigu  ou  chronique.  11  est  utile  de  recourir  à  des  doses 
élevées  (Siredey.. 

Dans  les  arthrites  goutteuses,  le  salicylate  de  méthyle 
est  un  des  meilleurs  calmants  de  la  douleur. 

Contre  les  névralgies  et  névrites,  il  a  été  employé 
souvent  avec  succès  ;  [les  observations  de  sciatique  trai- 
tées par  le  salicylate  de  métliyle  sont  déjà  nombreuses 
et  concluantes.  On  a  réussi  également  dans  les  névrites 
des  typhiques,  des  tuberculeux,  des  alcooliques  ;  on  l'a 
essayé  avec  un  bon  résultat  dans  un  cas  de  zona  (Cham- 
bard-Hénon). 

Enfin,  comme  analgésique,  le  salicylate  de  méthyle 
a  rendu  des  services  dans  beaucoup  d'affections  doulou- 
reuses. On  a  obtenu  quelques  succès  contre  les  douleurs 
fulgurantes  du  tabès,  pseudo-névralgies  du  mal  de  Pott, 
points  pleurétiques  des  tuberculeux  (Siredey). 


—  440  — 

Enfin,  Duquaire  a  utilisé  les  propriétés  de  pénétration 
du  salicylate  de  méthyle  pour  poursuivre  le  gonocoque 
dans  l'épaisseur  de  la  muqueuse  urétrale.  Jouin  a  publié 
quelques  bons  résultats  obtenus  dans  Tendométrite,  sur- 
tout blennorragique. 

La  dose  de  4«'  a  été  portée  par  M.  Lemoine  jusqu'à 
24»'  dans  le  rhumatisme  articulaire  aigu  ;  mais  cet  auteur 
même  a  considéré  cette  proportion  comme  inutile,  li^  lui 
ont  toujours  paru  suffisants.  Par  contre,  M.  Siredey  a 
employé  avec  succès,  dans  les  rhumatismes  chroniques, 
des  quantités  moins  fortes  (2  à  3«').  Cela  prouve  que  les 
doses  peuvent  varier  dans  une  large  mesure,  puisque  de 
très  faibles  ont  pu,  dans  certains  cas,  se  montrer  suffi- 
santes, et  que  de  très  fortes  ont  été  sans  inconvénient. 
Dans  la  pratique,  on  pourra  débuter  par  des  doses  faibles, 
mais  ne  déclarer  le  médicament  inutile  qu'après  les  avoir 
sensiblement  augmentées.  4«^  peuvent  être  admis  comme 
une  dose  moyenne  généralement  suffisante  dans  les  rhu- 
matismes subaigus  et  chroniques.  Dans  le  rhumatisme 
articulaire  aigu,  dans  les  rhumatismes  infectieux,  on 
devra  la  porter  à  8*'  et  même  à  12«^ 

Quelques  cliniciens  ont  substitué  au  salicylate  de  mé- 
thyle Tessence  de  Wintergreen  naturelle,  qui  renferme 
90  p.  100  de  ce  corps.  Il  n'y  a  à  cette  substitution  que 
des  inconvénients.  L'essence  de  Wintergreen  n'est  pas 
un  médicament  toujours  identique  à  lui-même  ;  elle  ren- 
ferme des  substances  dont  l'action  physiologique  est 
inconnue;  son  odeur  est  plus  pénétrante,  plus  tenace, 
que  celle  du  salicylate  de  méthyle  pur  ;  elle  est  parfois 
irritante  pour  la  peau. 

Dans  ces  derniers  temps,  plusieurs  auteurs  ont  rem- 
placé le  badigeonnage  enveloppé  par  l'application  de- 
pommades  au  salicylate  de  méthyle;  aucun  ne  s'est 
préoccupé  de  rechercher  ce  que  devient  l'absorption  dans 
ces  nouvelles  conditions.  MM.  Linossier  et  Lannois 
avaient  vu  que,  après  l'incorporation  de  4»'  de  salicylate 
de  méthyle  à  15*'  de  vaseline  ou  d'axonge,  la  quantité 
d'acide  salicylique  dans  l'urine  n'était  plus  que  de  0«',42; 


IJ 


—  441  — 

0«',18;  0«',14,  au  lieu  de  0«%8  à  1«'.  Ils  ont  repris  cette 
étude  sur  quatre  malades  semblant  présenter  des  condi- 
tions identiques  d'absorption  cutanée  (même  taille,  même 
âge,  même  couleur  de  cheveux,  même  aspect  du  tégu- 
ment). Ils  ont  appliqué  à  trois  d'entre  elles,  sur  l'avant- 
bras  gauche,  une  pommade  renfermant  2»'',50  de  salicylale 
de  méthyle  incorporé  à  30»'  d'excipient,  vaseline,  axonge 
ou  lanoline,  et  ils  ont  enveloppé  hermétiquement  le 
membre  avec  plusieurs  feuilles  de  gutta-percha.  La  qua- 
trième a  reçu  la  même  pommade  à  base  de  vaseline,  mais 
sans  enveloppement  imperméable. 

Les  urines  ont  été  recueillies  après  24  heures,  et  l'ana- 
lyse a  donné  les  résultats  suivants  : 

Acide  salicylique 

Volume  ^         '■      -       — * 

Nature  de  l'excipient.  d'urine.  p.  litre.       p.  Si  heures. 

Pas  d'excipient 1000                0,30  0,30 

Axonge 1M0                0,125  0,19 

Lanoline 900                0,18  0,16 

Vaseline 1050                 0,14  0,15 

Vaseline  (sans  développement).  1700  moins  do  0,01 

L'incorporation  du  salicylate  de  méthyle  aux  excipients 
habituels  n'a,  au  point  de  vue  de  la  commodité  de  l'em- 
ploi, aucun  avantage.  Les  pommades  à  l'axonge  et  à  la 
vaseline  notamment  sont  fluides,  difficiles  à  appliquer  et 
4  maintenir  sur  le  membre  en  quantité  suffisante.  Quant 
à  l'absorption,  on  voit  qu'elle  est  diminuée  dans  une 
large  mesure,  quand  on  pratique  l'enveloppement,  et 
qu'elle  est  nulle  si  la  pommade  reste  à  Tair  libre. 

La  nécessité  d'un  enveloppement  hermétique  n'est 
donc  pas  douteuse. 

Chimie. 

Sur  la  chaux  vive;  par  M.  IIerzfeld  (1).  ~  Les  princi- 
pales conclusions  des  recherches  de  l'auteur  sont  les 
suivantes  : 

(1)  ZeiUchr,  Rûbenzucker-Industrie,  1897,  p.  817;  d'après  Apotheker- 
leitung,  1897,  p.  750* 


—  ii2  — 

1**  11  existe  vraisemblablement  un  hydrate  de  chaux  à 
1  molécule  d'eau  de  cristallisation;  mais  il  n'en  existe 
pas  qui  renferme  une  proportion  plus  grande  d'eau; 

2*^  Pour  dissoudre  une  partie  de  chaux  (CaO),  il  faut  : 
à  15%  776  parties  d'eau;  à  20^  813  parties;  à  25%  848; 
à  30%  885;  à  35%  924;  à  40%  9G2;  à  45%  1.004;  à  50%  1.04i: 
à  55%  1.108;  à  60%  1.158;  à  65%  1.244;  à  70%  1.330;  à  75% 
1.410;  à  80%  1.482  parties; 

3^  La  température  de  décomposition  du  carbonate  de 
chaux  pur  est  située  entre  900  et  950®.  A  cette  tempéra- 
ture, tout  l'acide  carbonique  se  trouve  expulsé  en  quel- 
ques heures;  si  l'on  chauffe  dans  un  courant  d'acide  car- 
bonique, la  décomposition  n'est  pas  encore  possible  à 
900°,  mais  elle  est  complète  en  une  heure  à  1.030°; 

4°  En  ce  qui  concerne  l'hydrate  de  chaux,  il  commence 
à  se  décomposer  vers  470°,  beaucoup  plus  bas  par  consé- 
quent; 

5°  La  chaleur  spécifique  de  1  hydrate  de  chaux  pure  est 
0,323,  et  dans  la  formation  de  l*""  d'hydrate  de  chaux, 
151  calories  deviennent  libres;  de  telle  sorte  que  la  tem- 
pérature maximale  d'extinction  de  la  chaux  dans  l'eau 
s'élève  à  486°; 

6°  La  chaux  vive  fond  à  1.600-1.650*  en  donnant,  dans 
l'espace  de  huit  heures,  une  masse  vitreuse  se  dissolvant 
lentement  dans  l'acide  chlorhydrique  et  s'éteignant  dans 
l'eau  froide  seulement  en  huit  jours.  Em.  B. 


Fabrication  et  propriétés  du  carborundum  ;  par  M.  C.-A. 
KoKN  (1).  —  Cette  matière  préparée  dans  une  des  usinet^ 
électriques  du  Niagara  se  compose  de  : 

Coke 31,2 

Sable.  . 54,2 

Sciure  de  bois 9,9 

Sel  marin 1,7 

Le  sel  marin  donne  de  la  fusibilité  et  facilite  les  réac- 

(1)  Soc.  chem,  Ind  ,  t.  XVI,  p,  863-868;  30,  11,  97. 


—  4î;^  — 

lions  ;  la  sciure  donne  de  la  porosité  et  facilite  le 
dégagement  de  CO.  Son  .prix  est  descendu  à  1  fr.  50  le 
kilog. 


Blanchiment  électrolytique.  —  Procède  Hermite  (1).  — 
M.  Hermite  électrolyse  un  mélange  de  chlorure  de  so- 
dium et  de  chlorure  de  magnésium;  ce  mélange  peut 
dans  certains  cas  particuliers  être  remplacé  avantageu- 
sement par  de  l'eau  de  mer. 

L'appareil  consiste  en  une  cuve  en  fonte  possédant  à 
la  partie  inférieure  un  tuhe  perforé  amenant  le  liquide. 
Les  cathodes  sont  formées  par  des  discjues  en  zinc  mon- 
tés sur  deux  arhres  parallèles  tournant  lentement.  Les 
électrodes  positives  fixes  sont  placées  entre  les  disques 
en  zinc;  elles  sont  formées  par  des  cadres  en  éhonite 
supportant  une  ou  plusieurs  toiles  métalliques  en  pla- 
tine. Le  liquide  arrivant  par  en  has  est  en  mouvement 
continuel  et  s'échappe  par  la  partie  supérieure  de  l'ap- 
pareil. 

Procédé  Keîlncv  '^j.  —  M.  Kellner  part  d'une  solution 
de  sel  à  10  p.  100  et  ol)tient  des  liquides  contenant 
1  p.  100  de  chlore  actif.  Son  appareil  consiste  en  une 
boîte  fermée  dont  les  parois  latérales  sont  munies  de 
liteaux  rainés  et  disposés  en  chicane.  Dans  ces  liteaux  se 
trouvent  ahernativemenl  des  plaques  en  charbons  et  en 
métal  platiné  servant  d'électrodes.  Le  liijuide  entre  par 
un  des  côtés  de  l'appareil,  et  en  sort  par  la  face  opposée. 

Production  de  Vhydrosulpte  de  soude,  —  M.  Villon  a 
proposé  comme  liquide  décolorant  une  solution  d'iiydro- 
sullite  de  soude  obtenue  par  l'hydrogénation  directe  des 
bisulfites  au  moyen  de  l'électrolyse. 

L'appareil  dans  lequel  se  fait  cette  opération  consiste 
en  une  cuve  en  bois  de  sapin  divisée  en  deux  comparti- 
ments au  moyen  d'une    cloison   poreuse   en    terre   de 


(1)  Brevet  anglais  (1883),  ii*  5160,  d'après  Hev.  de  chim.  indusl, 

(2)  Brevet  anglais,  10.200  (1892),  d'après  Rev.  de  chim.  indusi. 


'  >^-i' 


pipe.  Dans  chacun   d'eux,  sont  disposées  verticalement 
des  plaques  en  charbon  de  cornue  ou  en  cuivre  doré. 

Dans  le  compartiment  négatif,  on  introduit  une  solu- 
tion de  bisulfite  de  soude  à  35*  B  ;  dans  le  compartiment 
positif,  de  l'acide  sulfurique  au  1/10*.  On  refroidit  les 
liquides  à  0*  et  on  fait  passer  le  courant;,  au  bout  de 
vingt-quatre  heures  on  obtient  ainsi  une  solution  saturée 
d'hydrosulfite  de  soude. 


Recherche  de  Thuile  de  coton  dans  les  huiles  comes- 
tibles; par  MM.  Tortelli  et  R.  Ruggeri.  —  L'action  du 
nitrate  d'argent  sur  l'huile  de  coton  a  été  signalée  par 
Becchi  qui  a  proposé  ce  sel  pour  caractériser  la  présence 
de  l'huile  de  coton  dans  les  huiles  comestibles.  En  opé- 
rant non  pas  sur  les  corps  gras  neutres,  mais  sur  leurs 
acides  gras,  M.  Millau  est  parvenu  à  rendre  cette  réac- 
tion plus  nette,  sans  toutefois  lui  donner  un  caractère  de 
certitude  absolue,  car  il  arrive  que  certaines  huiles 
comestibles  exemptes  de  coton  réduisent  le  nitrate  d'ar- 
gent, tandis  que  d'autres,  qui  n'en  renferment  que  de 
petites  quantités,  restent  indifférentes  à  l'action  du 
réactif. 

MM.  Tortelli  et  Ruggeri  proposent  une  nouvelle  modi- 
flcation  de  ce  procédé,  qui,  au  dire  des  auteurs,  fait 
disparaître  les  caractères  douteux  de  cette  réaction  et 
permet  d'établir,  en  toute  certitude  la  présence  ou  l'ab- 
sence de  celte  huile.  Il  faut,  à  cet  effet,  opérer  non  plus 
sur  les  acides  gras  totaux,  mais  seulement  sur  les  acides 
liquides.  La  séparation  s'effectue  en  formant  les  sels  de 
plomb  et  traitant  par  l'éther  qui  dissout  seulement  les 
sels  de  plomb  des  acides  liquides.  Ceux-ci  sont  décom- 
posés par  l'acide  chlorhydrique  et,  les  acides  liquides, 
mis  en  liberté,  sont  lavés  à  l'eau  et  soumis  à  l'action  du 
nitrate  d'argent. 

Voici  les  proportions  qu'il  convient  d'employer  et  le 
détail  du  mode  opératoire  : 

Dans  un  ballon  de  250**,  on  place  3«'  d'huile,  30**  d'une 
solution  alcoolique  de  potasse  (potasse  60»%  alcool  à  90*, 


—  445  — 

1.000**),  on  ferme  par  un  bouchon  traversé  d'un  tube  de 
70*  de  long,  courbé  à  angle  obtus  et  étiré  à  son  extrémité 
supérieure,  on  chauffe  au  bain-marie  pendant  vingt 
minutes.  On  ajoute  quelques  gouttes  de  phtaléine  et  on 
neutralise  exactement  avec  de  Tacide  acétique  à  10  p.  100. 
Le  savon  de  potasse  est  transformé  en  sel  de  plomb  en 
le  versant  peu  à  peu  dans  une  solution  bouillante  de  5*' 
d'acétate  de  plomb  dans  250**  d'eau,  et  en  agitant  sans 
cesse.  On  refroidit  dans  un  courant  d'eau  froide,  en 
imprimant  au  vase  un  mouvement  de  rotation  pendant 
dix  minutes.  On  sépare  le  liquide  que  l'on  jette  et  on 
lave  trois  fois  les  sels  de  plomb,  solides,  avec  200**  d'eau 
à  60-70*.  On  laisse  refroidir,  on  enlève  avec  du  papier 
buvard  les  gouttes  d'eau  adhérentes  au  sel  fixé  sur  les 
parois  du  vase  et  on  traite  par  100^*  d'éther  redistillé;  par 
agitation  le  sel  se  détache,  on  recueille  l'éther  et  l'inso- 
luble dans  un  petit  ballon  qu'on  chaufie  au  réfrigérant 
ascendant  pendant  vingt  minutes,  on  refroidit  dans 
l'eau  froide  ou  la  glace  pendant  trente  minutes,  on  filtre 
Téther  sur  un  double  filtre  à  plis  et  on  le  recueille 
dans  un  entonnoir  à  robinet  dans  lequel  on  verse  aussi 
60**  d'acide  chlorhydrique  à  10  p.  100.  On  agite  forte- 
ment, puis,  après  quelques  minutes  de  repos,  on  sépare 
par  décantation  la  couche  aqueuse  acide  et  le  chlorure 
de  plomb  précipité.  On  recommence  encore  une  fois 
cette  opération,  après  quoi  on  lave  deux  fois  avec  50** 
d'eau  distillée,  en  n'agitant  pas  trop  pour  éviter  l'émul- 
sion. 

La  solution  éthérée  est  filtrée  et  Téther  distillé. 

Le  résidu  est  traité  par  10*«  d'alcool  à  90*  purifié  et  (1) 
1**  d'une  solution  aqueuse  d'azotate  d'argent  à  5  p.  100.  Le 

(t)  Préparation  de  V alcool  pur.  —  Chauffer  pendant  ane  heure,  au  réfri- 
gérant à  reflux,  1  litre  d'alcool  à  66*  avec  3"*  d'azotate  d'argent  à  5  p.  100,  puis 
distiller.  Ajouter  à  cet  alcool  assez  de  permanganate  de  potasse  pour  qu'il 
derlenne  rosé  d'une  façon  persistante.  Abandonner  Tingt-quatre  heures  en 
agitant  de  temps  à  autre,  filtrer,  ajouter  au  liquide  2>'  de  potasse  pure,  Cure 
bouillir  deux  heures  au  réfrigérant  à  reflux,  distiller  et  ramener  à  90*  avec 
de  l'eau  distillée. 


—  446  — 

tout  est  versé  dans  un  gros  tube  à  essais  que  l'on  chauffe 
à  70-80**  dans  un  bain  d'eau.  En  l'absence  de  coton,  la 

^liqueur  reste  jaunâtre,  mais,  en  présence  de  cette  huile. 

«'il  se  forme  de  suite  une  réduction  qui  est  complète  en 
peu  de  minutes.  Dans  ce  cas,  la  solution  devient  d'aboixi 
jaune,  rougeâtre,  puis  rouge,  brune  en  même  temps 
qu'elle  se  trouble. 

On  a  pu,  de  celte  façon,  caractériser  jusqu'à  1  p.  100 
d'huile  de  coton  dans  un  mélange. 

Les  auteurs  signalent,  comme  ayant  réduit  le  nitrate 
d'argent  employé  suivant  le  procédé  Millau,  ou  ayant 
donné  une  réaction  douteuse,  des  huiles  d'olives  pui'es 
de  Grèce  et  d'Espagne  (1). 


Action  des  sulfites  alcalins  sur  les  sels  chromiques;  par 

M,  A.  Recoura.  —  Le  composé  complexe,  qui  prend 
immédiatement  naissance  quand  on  ajoute  à  un  sel 
chromique  un  excès  de  sulfite  de  sodium,  composé  com- 
plexe dans  lequel  l'hydrate  chromique  est  dissimulé, 
provient  de  la  formation  d'un  sulfite  basique  de  chrome 
qui  s'unit  avec  un  certain  nombre  de  molécules  de  sul- 
fite de  sodium,  nombre  qu'il  n'a  pas  été  possible  de 
déterminer,  ce  corps  étant  incristallisable.  Mais  ce  com- 
posé n'est  pas  très  stable  et,  pour  qu'il  puisse  résister 
à  l'action  décomposante  des  réactifs  qui  tendent  à  préci- 
piter l'hydrate  chromique,  il  est  nécessaire  que  la  liqueur 
renferme  un  excès  de  sulfite  de  sodium. 


(1)  Co  procédé  permet  de  concentrer  la  substance  réductrice  et  par  consé- 
quent de  donner  plus  de  sensibilité  à  la  réaction  tout  en  éliminant  un  cerlaio 
nombre  de  substances  étrangères  qui  peuvent  influencer  la  réacUon,  mais 
celle-ci  reste  inapplicable  anx  huiles  qui,  comme  le  lin,  agissent  sur  les  sels 
des  métaux  précieux,  de  sorte  que,  dans  ce  cas,  le  procédé  que  M.  Halphen  a 
fait  connaître  reste  seul  applicable  et  sa  sensibilité  peut  être  accrue  aussi  par 
concentration  du  principe  actif,  mais  d'une  façon  plus  simple  grâce  à  l'em- 
ploi des  sels  de  zinc  {Journ,  de  pharm.  et  de  chim,  [6],  VI,  390,  1897). 


ACADEMIE  DE  MEDECINE 


La  cirrhose  des  buveurs  et  le  plâtrage^ 
par  M.  Alf.  Riche  (1). 

Je  vous  demande  la  permission  de  vous  soumettre 
(juelques  observations  sur  une  question  de  médecine,  la 
cirrhose  des  buveurs,  soulevée  par  M.  Lancereaux,  et 
discutée  contradictoirement  par  M.  Vallin  et  M.  Laborde. 

Les  deux  points  de  l'argumentation  de  M.  Lancereaux 
sont  : 

i*  La  cirrhose  hépatique  est  engendrée  par  les  excès  de 
vin  et  non  par  Tabus  des  spiritueux  ; 

2^  Les  sels  de  potasse  et  surtout  les  sulfates  sont  la 
cause  de  la  cirrhose  des  buveurs  de  vin. 

1.  —  Examinons  d'abord  la  seconde  de  ces  conclu- 
sions : 

M.  Roche,  médecin  du  département  de  l'Yonne,  affirme 
que  la  cirrhose  ne  s'observe  pas  chez  les  habitants  des 
campagnes  où  Ton  consomme  surtout  du  cidre  et  de  l'eau- 
de-vie  de  marc,  tandis  qu'elle  est  fréquente  chez  les 
ouvriers  des  viles  qui  boivent  des  vins  blancs  acides  du 
pays  ainsi  que  des  apéritifs. 

La  statistique,  dflnnée  par  M.  Lancereaux  lui-même, 
n'est  pas  favorable  à  sa  thèse,  car  les  vins  des  bords  du 
lac  de  Genève,  ceux  d'Anjou,  de  la  Vendée,  du  pays  nan- 
tais, où  il  signale  la  îréquence  de  la  cirrhose,  ne  sont  pas 
plâtrés. 

Une  observ^ation  de  M.  le  D'  Berthet  (du  Croisic),  qui 
porte  sur  la  cirrhose,  à  l'époque  de  son  internat  à  Nantes, 
est  absolument  topique  ;  dans  la  presque  totalité  des  cas, 
il  s'agissait,  dit-il,  de  buveurs  de  vins  blancs,  boisson 
locale  exclusive  à  l'époque. 

M.  le  D""  Lejeune  (de  Meursault)  écrit  à  M.  Laborde 
que  la  cirrhose  est  commune  dans  cette  région  bourgui- 

(1)  Extrait  du  Bullet.  de  VAc,  de  médecine^  séance  da  âS  mars  1898. 


'':fc?3''î^ 


—  448  — 

gûonne  où  le  plâtage  n'existe  pas  plus  que  dans  les 
autres  contrées  du  Centre  ;  il  ajoute  que  le  vin  blanc 
parait  plus  actif  que  le  rouge. 

D'après  M.  Lancereaux,  la  cirrhose  serait  fréquente  en 
Allemagne,  en  Angleterre,  dans  les  pays  à  bière  en  un 
mot,  et  il  l'attribue  à  la  grande  quantité  consommée  qui 
amène  l'ingestion  d'une  forte  proportion  de  sels  de  po- 
tasse. 

Je  ne  puis  l'admettre,  parce  que  la  bière  contient,  par 
litre,  0«',10,  0«',15,  0«',20,  rarement  plus  de  sulfate  de 
potasse  ;  ce  serait  moins  de  1''  pour  un  homme  qui  boi- 
rait 4  litres  de  bière  dans  sa  journée. 

Il  est  regrettable  que  notre  collègue  n'ait  pas  été  mis 
à  même  de  donner,  à  l'appui  de  son  opinion,  une  statis- 
tique de  la  fréquence  de  la  cirrhose  dans  le  Midi,  où  le 
vin  a  été  si  longtemps  plâtré  à  haute  dose  et  où  il  contient 
encore  1«'  à  1«',50  de  sulfate  de  potasse  par  litre. 

Ses  observations  portent  sur  le  vin  à  Paris;  d'après 
lui,  ce  vin,  qui  est  ordinairement  plâtré,  renferme  4  à  6«' 
de  sulfate  potassique  par  litre. 

Cette  affirmation,  portée  à  votre  tribune,  a  eu  le  reten- 
tissement ordinaire,  et  M.  le  D'  Barattier  n'a  pas  hésité 
à  dire,  en  citant  son  auteur,  que  le  vin  plâtré  renferme 
5  à  6»'  de  sulfate  de  potasse  au  litre. 

De  pareilles  assertions,  faites  en  toute  bonne  foi,  je  le 
reconnais,  ont  un  grave  inconvénient  ;  elles  jettent  un 
discrédit,  aussi  fâcheux  qu'immérité,  sur  notre  industrie 
vinicole  qui  —  comme  tant  d'autres  d'ailleurs  —  subit 
une  lutte  difficile  avec  les  exportations  des  vins  d'Espagne 
et  d'Italie  à  l'étranger,  et  surtout  avec  les  imitations 
frauduleuses  de  nos  divers  crus  préparées  dans  les  offi- 
cines allemandes. 

C'est  pourquoi  je  considère  comme  très  utile  de  faire 
connaître  des  renseignements  authentiques. 

Une  loi  du  27  mars  1851  avait  fixé  à  2«'  par  litre  le 
maximum  de  sulfate  potassique  qui  serait  toléré  dans  les 
vins  plâtrés  ;  on  sait  que  les  vins  naturels  renferment,  au 
maximum,  l**"  de  ce  sulfate. 

Une  circulaire  du  ministre  de  la  justice,  à  la  date  du 


—  449  — 

27  juillet  1880,  a  rappelé  cette  loi  qui  n'avait  pas  été 
exécutée. 

En  1888,  TAcadémie  de  médecine,  consultée,  sur  un 
rapport  très  documenté  de  notre  collègue,  M.  Marty,  émit 
le  vœu  que  le  sulfate  potassique  ne  dépassât  pas  la  limite 
de  2»'  au  litre. 

Enfin,  après  de  nouveaux  atermoiements,  le  gouverne- 
ment a  promulgué,  le  11  juillet  1891,  une  loi  sur  cette 
base.  Cette  loi  (dite  loi  Griffe)  porte  : 

La  mise  en  vente  des  vins  ordinaires  et  des  vins  de 
liqueur,  surplâtrés  de  façon  à  contenir  plus  de  2^'  de  sul- 
fate de  potasse  ou  de  soude  par  litre,  est  interdite. 

Les  déclarants  peuvent  provisoirement  être  admis  à 
prendre  possession  des  vins  plâtrés  au-dessus  de  2«'  à  la 
condition  qu'ils  soient  ramenés  à  la  limite  légale,  ou 
moins,  sous  la  suiTcillance  du  service  des  douanes. 

On  ne  consomme  guère  en  France  que  des  vins  natio- 
naux ou  d'origine  espagnole,  parce  que  les  vins  italiens 
ne  jouissent  pas  des  bénéfices  du  tarif  minimum. 

A  la  suite  d'une  mission  officielle,  on  1891.  pour  Tétude 
de  la  nature  des  vins  d'Espagne,  il  a  rti»  analysé  de  nom- 
brux  vins  espagnols  à  mon  laboratoire  du  Ministère  du 

commerce  : 

4i  échantillons  renfermaient  moins  de  1  gramme  de  sulfate, 

y  —  —  de  1  à  2  grammes. 

12  —  —  de  2  à  3        — 

3  —  —  de3à4        — 

5  —  —  de  4  à  5        — 

3  —  -  de5à6        — 

1  —  —  6  gr.  33. 

L'état  des  choses  s'était  singulièrement  amélioré  déjà 
à  cette  époque,  car  en  1888,  1889  et  1890,  les  vins  espa- 
gnols, analysés  à  ce  laboratoire,  se  décomposaient  ainsi  : 


M.jins       Po  1 

T)e2 

Des 

1  gr.       à  2  ar. 

à  3  gr 

.    à4gr. 

De  4  à  7  grammes. 

1888           47          37 

30 

23 

5  sont  à  5  grammes, 
l  est  à  7  gr.  50. 

1889          80          39 

23 

3t 

28  sont  de  3,  5  à  6  grammes 

1890          89          40 

25 

62 

36  sont  de  4  à  5  grammes. 
36  sont  de  5  k  6  grammes. 
10  sont  du  6  k  7  grammes. 

Journ.  Je  Pharm.  et  de  Chim., 

6«  SÉRIE,  t. 

VII.  (l«  mai  1898.)              29 

■'  '3PWrai 


—  450  — 

Il  est  juste  d'ajouter  que  les  vins  qui  nous  arrivent  sont 
tous  suspects  et  destinés  à  des  coupages. 

Depuis  1891,  nous  n'avons,  pour  ainsi  dire,  plus  de  vins 
plâtrés  au-dessus  de  2»'. 

Les  résultats  suivants,  que  je  dois  à  M.  Magnier  de  la 
Source,  à  M.  Jay  et  à  M.  Ch.  Girard,  directeur  du  labora- 
toire municipal,  à  M.  Sanglé-Ferrière  et  à  M.  Portes, 
confirment  et  complètent  mes  résultats. 

M.  Magnier  de  la  Source.  —  Les  vins  de  consommation 
courante  à  Paris,  n'ont  jamais  renfermé,  en  moyenne, 
plus  de  28^50  de  sulfate  de  potasse  avant  la  loi  de  1891. 

Depuis  cette  époque,  la  moyenne  est  tombée  à  1«',40 
environ.  Les  vins  du  Midi  plâtrés  le  sont  de  1«',60  à  2»'. 
L'année  dernière,  sur  396  échantillons,  analysés  à  la 
requête  du  Parquet  de  Paris,  1 1  vins  seulement  étaient 
plâtrés  au-dessus  de  2«'. 

M.  Jay.  —  Du  1"  janvier  au  31  mai  1892,  il  a  été  ana- 
lysé 768  vins  : 

624  n'étaient  pas  plâtrés. 
135  étaient  plâtrés  de  1  à  2«', 
9      —         —      au-dessus  de  2«'. 

Du  !«■•  septembre  1897  au  1"  février  1898,  sur  837  vini?  ; 

474  n'étaient  pas  plâtrés, 
316  l'étaient  de  1  à  2«'. 
46       —  3  à  4«'. 

Laboratoire  municipal.  —  En  1889,  sur  6.450  vins  : 

85  étaient  plâtrés  au-dessus  de  i^\ 

La  proportion  moyenne  de   sulfate  a  été  de  3«^50; 
4  à  5  p.  100  de  ceux-ci  au  maximum  atteignaient  5  à  6'^ 
En  1897,  sur  8.325  vins  : 

85  étaient  plâtrés  au-dessus  de  2«^ 

La  moyenne  de  sulfate,  dans  ceux-ci,  était  _de  2«',40  et 
un  seul  a  atteint  3«^ 


—  i5t  — 

M.  Portes,  pharmacien  en  chef  de  V hôpital  Saint-Louis^ 
—  Sur  571  vins  rouges,  essayés  en  1897  et  1898  : 

280  renfermaient  moins  de  l*""  de  sulfate, 
218  —  de  1  à  2«% 

V2  —  de  2  à  3«% 

1  —  au-dessus  de  3*'. 

En  conséquence,  le  vœu  par  lequel  M.  Lancereaux  ter- 
minait sa  comnmnication  a  été  comblé  ;  la  proportion  de 
sulfate  qui  n'était  que  de  2  gr.  50  avant  1891,  est  descen- 
due à  1  gr.  iO  depuis  la  loi;  nous  sommes  loin  des  4  à 
6  grammes  ! 

Lorsqu'on  se  rapporte  aux  expériences  publiées  par 
M.  Laborde,  sur  Tingestion,  par  des  chiens,  de  vin  plâtré 
et  de  bisulfate  de  potasse  (1);  lorsque  Ton  voit  que 
M.  Lancereaux  est  arrivé,  en  mettant  dans  la  nourriture 
de  chiens,  de  lapins,  de  cobayes,  sans  en  amener  la 
mort,  de  2  à  7  grammes  par  jour  de  bisulfate  potassique 
pendant  six  à  dix-huit  mois,  ce  qui  représenterait  — 
comme  l'a  fait  remarquer  M.  Vallin  —  60  à  350  grammes 
de  ce  sel  par  jour  pour  un  homme,  on  est  en  droit  de 
penser  qu'il  est  peu  de  matières  aussi  faiblement  toxi- 
ques. 

Que  sont  ces  quantités,  même  réduites  à  la  moitié,  au 
(juart,  comparées  à  celles  qui  existent  dans  deux  et  trois 
litres  de  vin,  même  avant  l'application  de  la  loi  de  1891? 

Si  le  sulfate  de  potasse  était  la  cause  réelle  de  la  cir- 
rhose du  foie  chez  les  buveurs  de  vin,  on  aurait  vraisem- 
blablement signalé  une  diminution  de  la  fréquence  de 
cette  affection,  depuis  les  sept  années  qu'une  expérience 
se  poursuit  sur  la  population  entière  de  toute  la  France. 
Je  crois  pouvoir  conclure  des  faits  précédents,  que  si  le 
vin  est  susceptible  de  déterminer,  par  lui-même,  une 
cirrhose  liépatique,  cet  effet  n'est  pas  altribuable  aux 
sulfates  alcalins  qu'il  contient  on  si  minime  proportion. 
Il  semble  résulter,  au  contraire,  des  ol)servations  des 

(1)  Bull,  de  VAcad.  de  méd  ,  2  et  19  octobre  1897. 


docteurs  Hochet  (de  rVonnei,  Berthet  (du  Croisic),  Lejeune 
(de  Meursault),  que  racidité  du  vin  paraît  jouer  un  rôle 
dans  la  genèse  de  la  cirrhose  des  buveurs.      {a  suivre). 


BIBLIOGRAPHIE 


Traité  pratique  d'analyse  chimiqueet  microbienne  des  eaux 
d'alimentation;  par  MM.  F.  Baucher  et  G.  Dommergue  (1 , 
—  1°  Analyse  chimique  :  Manuel  pratique  donnant  exac- 
tement la  méthode  dite  du  Comité  consultatif  d'hygiène 
de  France  ; 

2°  Analyse  microbienne  :  Indications  claires  et  précises 
sur  les  divers  modes  opératoires. 

La  fin  des  généralités  donne  une  idée  nette  de  l'opinion 
des  auteurs,  opinion  très  juste  à  notre  avis. 

Dans  presque  tous  les  cas,  la  chimie  seule  peut  parfai- 
tement révéler  la  souillure  présente  ou  ancienne  d'une 
eau;  on  peut  dire  qu'une  eau  riche  en  nitrate  et  très  pau- 
vre en  oxygène  libre  est  une  eau  malsaine,  même  si  elle 
ne  contient  que  peu  de  microbes  La  preuve  chimique  de 
la  contamination  d'une  eau  peut  être  faite  également  par 
Tévaluation  de  la  chaux  laissée  par  les  matière  fécales. 
Le  dosage  du  chlore  et  des  phosphates  permettra  de  con- 
clure à  la  présence  de  l'urine  et  des  fumiers,  quand  la 
proportion  dépassera  le  chiffre  trouvé  dans  les  eaux  pures 
de  la  région. 

Nous  n'insisterons  pas  davantage  sur  ces  considérations 
générales  relatives  à  la  biologie  des  eaux.  Ces  notes  écri- 
tes au  laboratoire  sont  loin  d'être  toujours  originales;  mais 
elles  offrent  l'avantage  de  résumer  fidèlement,  souvent 
en  les  simplifiant,  les  méthodes  employées  par  les  chi- 
mistes de  profession  ;  et  de  donner  les  acquisitions  bacté- 
riologiques les  plus  récentes  ayant  fait  leurs  preuves.  On 
n'y  trouvera  pas  la  démonstation  de  la  nécessité  d'un  nialè- 
riel  encombrant  ;  mais  plutôt  la  recommandation  de 
l'emploi  de  méthodes  simples,  rapides  et  précises,  capa- 
Ides  de  concilier  la  théorie  et  la  pratique  courantes  et 

(1)  Petit  livre  de  104  pages. 


—  453  —  . 

pouvant  être  employées  dans  tous  les  laboratoires  ordi- 
naires de  chimie. 

Ainsi  conçu,  nous  pensons  que  ce  travail  peut  rendre 
des  services  aux  médecins,  pharmaciens,  vétérinaires, 
hygiénistes,  ingénieurs  et  municipalités  qui  ont  à  étu- 
dier et  à  résoudre  le  grave  problème  de  l'approvision- 
nement d'une  ville  en  eau  potable. 


Comptes  rendus  de  rAcadémie  des  sciences,  4  avril  1898.  — 
M.  Délépine  :  Isoquinoléine  et  tétrahydroisoquinoléine,  thermochimie.  — 
L,  de  Saint-Martin  :  Sar  le  dosage  de  petites  quantités  d'oxyde  de 
carbone  dans  rair  et  dans  le  sang.  —  G.  Denigès  :  Combinaison  obtenue 
avec  Tazotate  de  mercure  et  le  Iriméthyicarbinol.  —  Bordas^  Joulin  et  de 
Raczkowski  :  Sur  les  microrganismes  des  vins  dilS;  tournée. 

12  avril  \H9S.  —  Berthelot  :  Observations  relatives  k  raction  de  l'oxy- 
gëno  sur  le  sulfure  de  carbone  et  k  rinfluence  chimique  de  la  lumière.  — 
Af*  Sk.  Curie  :  Rayons  émis  par  les  composés  de  l'uranium  et  du  tborium. 
—  G.  André  :  Combinaisons  de  la  pyridine  et  do  la  triméihylamine  avec 
les  acides  formiqne  et  acétique. 


NECROLOGIE 

Mort  du  professeur  DRAGENDORFF 

Les  journaux  pharmaceutiques  allemands  annoncent 
la  mort  du  professeur  George  Dragendorff.  Né  à  Rostock  en 
1836,  Dragendorif  avait  commencé  sa  carrière  scientifique 
en  1860  comme  assistant  du  professeur  Fr.  Schultze.  En 
1862,  il  quitta  sa  ville  natale  pour  Saint-Pétersbourg  où  il 
remplit  pendant  deux  ans  les  fonctions  de  rédacteur  à  la 
Pharmaceuiische  Zeitschrift  fur  Russland.  En  1864,  il  fut 
nommé  directeur  de  l'Institut  pharmaceutique  de  l'Uni- 
versité de  Dorpat  et  professeur  ordinaire  de  ph-armacie. 
Il  travailla  là  pendant  près  de  trente  ans.  Lors  de  la 
transformation  de  l'Université  de  Dorpat  en  Université 
russe,  renseignement  devant  se  faire  en  langue  russe,  il 
quitta  cette  ville  et  revint  à  Rostock  où  il  est  mort  dans 
la  nuit  du  7  au  8  avril  d'une  maladie  de  cœur. 

Dragendorff  était  membre  correspondant  d'un  grand 
nombre  de  Sociétés  scientifiques  et,  en  particulier  de  la 
Société  de  Pharmacie  de  Paris.  Em.  B. 


LISTE  DES  MEMBRES 


QUI    COMPOSENT 


LA  SOCIÉTÉ  DE  PHARMACIE  DE  PARIS. 


-  •  -gSL-O- 


MEMBRES  RESIDENTS 

DATRS 
(le  la 
nominalion.  NOMS  ET  ADRESSES. 

!860  Adrian,  il,  rue  de  la  Perle. 

1864  P.  Vigier,  70,  rue  du  Bac. 

Janvier  1865  Delpech,  SO,  rue  du  Bac. 

Mars      1865  Marcotte,  90,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré. 

Janvier  1868  Planchon,  4,  avenue  de  TObscrvatoire. 

Juillet    1868  Guichard,  21,  rue  de  la  Bourgogne,  Mcudon. 

—  1869  Jungflcisch,  74,  rue  du  Llierche-Midi. 

—  1870  Petit,  8,  rue  Favart. 

Mars      187â  Duqucsnel,  6,  rue  Dolaborde. 

Avril      1872  F.  Vigier,  12,  boulevard  Bonne-Nouvelle. 

Août      1872  Fr.  Wurtz.  41.  boulevard  des  Batîgnolles. 

Janvier  1876  Yvon,  26,  avenue  de  rObservaloirc. 

Mars      1876  Boymond,  154,  boulevard  Haussinann. 

Octobre  1876  Marty,  10,  avenue  Bosquet. 

—  1878  Bougarel,  10 i,  rue  d'Assas. 
Avril      1879  Julliard,  72,  rue  Montmartre. 

Juin       1879  Prunier,  Pharmacie  centrale  des  hôpitaux. 

Août      1879  Champigny,  19,  rue  Jacob. 

Dec.       1879  Cbastaing,  hôpital  de  la  Pitié. 

Janvier  1880  Landrin,  21,  inie  Simon-Lefranc. 

Février  1880  Portes,  hôpital  Saint-Louis. 

Mars      1880  Leroy,  3,  rue  de  Gluny. 

Juin       1881  Schmidt,  21,  boulevard  du  Temple. 

Juillet    1881  Crinon,  45,  rue  de  Turenno. 

Nov.       1881  Thibaut,  76,  rue  des  Petits-Champs. 

Janvier  1882  Lextreit,  hôpital  Saint-Antoine. 

—  1882  Schaeuffèle,  13,  rue  de  Paris,  à  Livry. 
Dec.  1882  VlUiers,  30,  avenue  de  TObservaloire. 
Février  1883  Bourquelot,  hôpital  Laénnec. 

—  1H83  Guinochet,  hôpital  de  la  Charité. 


DATES 

delà 

nomination. 

FéTriêr  1883 

— 

1883 

— 

1883 

Avril 

1883 

Mai 

1883 

Avril 

1884 

Mai 

1884 

Juin 

1884 

Dec. 

1884 

Janvier  1885 

Mars 

1885 

Mars 

1886 

Mai 

1886 

Juillet 

1886 

Avril 

1887 

Février  1888 

Mars 

1888 

Juillet 

1888 

Juillet 

1889 

Nov. 

1889 

Dec. 

1889 

Dec. 

1891 

Dec. 

1893 

Dec. 

1894 

Dec. 

1895 

Avril 

1896 

Dec. 

1896 

Avril 

1897 

Nov. 

1897 

—  455  — 

NOMS  ET  ADRESSES. 

Hogg,  62,  avenue  des  Cbamps-Élysées. 
Leidié,  hôpital  Necker. 
Moissan,  7,  rue  Yauquelin. 
Quesneville,  asile  Sainte-Anne. 
Boucbardat,  108,  boulevard  Saint-Germain. 
CoUin;  41  bis,  rue  de  Paris,  à  Colombes. 
Sonnerat,  18,  rue  Gailion. 
Preudhomme,  29,  rue  Saint-Denis. 
Léger,  hôpital  Beaujon. 
Grignon  (Eug.),  2,  rue  Dupbot. 
Rousseau,  54,  rue  de  Rome. 
Yiron,  hôpital  de  la  Salpétrière. 
Bocquiilon,  2  biSy  rue  Blanche. 
Beauregard,  49,  boulevard  Saint-Marcel. 
Patein,  hôpital  Lariboisière. 
Grimbert,  hôpital  Cochin. 
Thomas,  48,  avenue  d'Italie. 
Morellet,  44,  rue  Sévigné. 
Dumoulhicrs,  19,  rue  de  Bourgogne, 
Béhal,  hôpital  du  Midi. 
Berlioz,  7,  rue  de  la  Feuillade. 
Lafont,  Maternité. 
Héret,  hôpital  Trousseau. 
Villejean,  hôpital  de  l'HôteUDieu. 
Moureu,  hospice  de  Villejuif. 
Lafay,  54,  rue  de  la  Ghaussée-d*Antiii. 
Voiry,  1,  boulevard  de  Courcellcs. 
Sonnié-Moret,  hôpital  des  Enfants-Malades. 
Moreigne,  55,  boulevard  Pasteur. 


MEMBRES  HONORAIRES 


MM. 


Chatin. 
Comar,  1886. 
Hottot. 


MM. 


Lcbaigue.  1883. 
Sarradin.  1895. 
Vincent. 


MEMBRES  ASSOCIÉS 


MM.   Berthelot,  membre  de  l'Institut. 
Bornet,  membre  de  l'Institut. 
Gautier,  membre  de  l'Institut. 
Milnc  Edwards,  membre  de  l'Institut. 


w 

^ 


—  456  — 


MEMBRES  CORRESPONDANTS  NATIONAUX 


MM. 
Albenquo,  à  Rodez. 
Andouard,  à  Nantes. 
Ânlboine,  à  Cbàleauroux.  1894. 
Arnould,  à  Ham.  1893. 
Aubin,  à  Marseille. 
Balland,  à  Paris.  1877. 
Bardy,  k  Saiut-Dié. 
Barillé,  à  Marseille.  1893. 
Bartbe,  à  Bordeaux.  1893. 
Bécbaoïp,  à  Paris.  1890. 
Benoit,  k  Joigny.  1876. 
Bernbard,  à  Étrepagny.  1893. 
Bemou,  à  Chateaubriand.  1888. 
Boudier,  à  Montmorency. 
Bouyssouie,  à  Brives. 
Bretet,  k  Vichy.  1873. 
Bruneau,  à  Lille.  1892. 
Biirker,  à  Marseille.  1898. 
Capdeville,  à  Aix.  1887. 
Carette,  à  Orsay.  1893. 
Caries,  à  Bordeaux.  1873. 
Carpentier,  à  Saint-Quentin.  1889. 
Causse,  à  Lyon.  1894 
Cazeneuve,  à  Lyon.  1877. 
Comère,  à  Toulouse.  1893. 
Corcil,  à  Toulon.  1896. 
Cotton,  à  Lyon.  1874. 
David,  à  Marseille.  1892. 
Denigés,  à  Bordeaux.  1895. 
Domergue,  à  Marseille.  1892. 
Dominé,  à  Paris. 
Duboys,  à  Limoges.  1878. 
Dupuy  (Edm.),  à  Toulouse.  1887. 
Dupuy  (B.),  à  Paris.  1888. 
Eyssartier,  k  Uzerches. 
Ferrer,  k  Perpignan.  1887. 
Fleury,  k  Nantes.  1876. 
Gascard,  à  Rouen.  1894. 
Gautrelet,  à  Paris.  1893. 
Gay,  à  Montpellier.  1888. 
Georges,  à  Bohain.  1882. 


MM. 

Gérard,  à  Lyon.  1887. 

Gérard,  k  Toulouse.  1892. 

Girard,  k  Belfort.  1892. 

Gonod  fils,  k  Glcrmont-Ferrand. 

Gondard,  k  Lizy-sur-Ourcq.  1882. 

Grandval,  à  Reims.  1881. 

Gui  non,  k  Cbàteauroux. 

Gury,  k  Paris. 

Hardy,  à  Fougères.  1872. 

Hérail,  à  Alger.  1890. 

lluguct,  à  Clermont-Ferrand.  1888. 

Jacquemin,  à  Nancy.  1888. 

Lacour,  au  Mans.  18^1. 

Lacroix  (Antoine),  à  Màcon. 

Lajoux,  à  Reims.  1881. 

Lamotbc,  k  Gariin. 

Lebeuf,  à  Rayonne.  1871. 

Lepetit,  à  Caen. 

Leprince,  à  Paris.  1888. 

Lieutard,  à  Marseille. 

Lotar  fils,  k  Lille. 

Mallat,  k  Beaurcgard.  1895. 

Magnes-Lahens,  à  Toulouse. 

Magen,  k  Agcn. 

Masse,  k  Vendôme.  1886. 

Monceaux,  à  Auxerre. 

Mordagne,  k  Castelnaudary.  1887. 

Nardin,  à  Belfort.  1893. 

Pannetier,  k  Commentry.  1896. 

Patrouillard,  k  Gisors.  1876. 

Plancbon  (Louis),  k  Montpellier.  I89â. 

Planchud,  à  Forcalquier.  1877. 

Prothière,  à  Lyon.  1895. 

Rabot,  à  Versailles. 

Rabourdin,  à  Orléans. 

Raby,  k  Moulins,  1887. 

Rambaud,  à  Poitiers.  1892. 

Régis,  à  Carcassonne.  1896. 

Rœser,  à  Tunis.  1892. 

Roman,  à  Lyon.  1894. 

Schmidt,  à  Lille.  1875. 


—  457  — 

MM.  MM. 

Schlagdenbauffen,  à  Nancy.  1876.  Verne,  à  Grenoble.  1892 

Simon,  à  Lyon.  1888.  Vidal,  à  Ecully. 

Tarie,  (?).  189iS.  Vizern,  à  Marseille.  1892. 
Vaudin,  à  Fécamp.  1892. 


MEMBRES  CORRESPONDANTS  ÉTRANGERS 


Allemagne. 

MM.  MM. 

Giorgino,  à  Colmar.  Mielck  (W.-H.),  à  Hambourg. 

Liebreich,  à  Berlin.  1893.  Rammelsberg,  à  Berlin. 

Marggraff,  à  Berlin.  1867.  Scbaer,  à  Strasbourg.  1893. 

Merck  (senior),  à  Darmstadt.  Scbmidt  (Ernest)  Marbourg.  1893. 

Amérique  du  Snd. 

Sanpaïo.  à  Saint-Paul  (Brésil).  1889. 

Autriche. 

Bélohoabeck,  à  Prague.  1898.  Waldheim  (Shurer  von),  &  Vienne.  1867. 

Fi'agner,  à  Prague.  1892.  Vogl,  à  Vienne. 


Belgique. 

Derneville,  à  Bruxelles.  1898.  Lalieu,  à  Saint-Hubert.  1881. 

Buyk,  à  Bi-uxciles.  1898.  ftanwez  (F.),  à  Louvain.  1898. 

Gilio,  à  Bruxelles.  1867. 


Grande-Bretagne. 

Altfield,  à  Londres.  1867.  Griffith,  à  Dublin.  1876. 

Garteigho  (J.),  à  Londres.  1867.  Redwood,  à  Londres.  1867. 

Danemark* 

MôUor,  H.  J.  à  Gopenbague.  Schleisner,  à  Copenhague.  1867. 


—  458  — 

Espagne. 

MM.  MM. 

Figueroa  de  (Dolorès),  à  Cuba.  1888.  Ferrari  (Don  Carlos),  à  Madrid.  1867. 

Figueora  de  (Eloîse),  à  Cuba.  1888.  Rais  del  Cerro,  à  Madrid.  1867. 

Iniguez  (Francisco),  à  Madrid.  1888.  Vasquez,  à  Santiago.  1876. 

ÉUU-Unis. 

Fabcr  (John),  à  New-York.  1867.  Reminglon  (Jos.),  à  Philadelphie.  1893. 

Jenkins  (Thomas),  à  New  York.  1867.    Ricc  (Charles),  à  New  York.  1898. 

Hollande. 

De  Vrij  (J.-E.),  à  La  Haye. 

Italie. 

CerisoUe,  à  Turin.  1867.  Pavesi,  à  Milan.  1867. 

Luigi  U'Emilio,  à  Naples.  1885.  Vitali,  à  Bologne.  1891. 

Mosca,  à  Turin.  1867. 

Portugal. 

Andrade,  à  Porto.  1874.  Ferrera  da  Silva,  à  Porto.  1892. 

Estaccio,  à  Lisbonne.  1884. 

Roumanie. 

Torjcscu,  à  Bucharost.  1892. 

Russie. 

Davidof  (D.),  à  Varsovie.  1898.  Tikomirof  à  Moscou.  1893. 

Poehl(Al.),àSaint-Pétersbourg.  1898.  Weiterholz,  à  Saint-Pétersbourg.  1898. 
Trapp  (D'  von),  à  Saint-Pétersbourg. 

Suède  et  Norvège. 

Tisell,  à  Stockholm.  1867. 

Suisse. 

Kellcr,  C.  C,  à  Zurich.  1898.  Tschirch,  à  Berne.  1893. 

Studer,  à  Berne.  1867. 

Turquie. 

Apery,  à  Constantinople.  1891.  Panas,  à  Smyrne.  1887. 

Bonkowski,  à  Constantinople.  1898. 


—  450  — 
COMPOSITION  DU  BUREAU 

DE   LA 

SOCIÉTÉ    DE    PHARMACIE    DE    PARIS 

DEPUIS   L'ANNÉE  1824 


Secpétairos 
Années.       Présidents  (1).       Secrétaires  annuels,      généraux.     Tpésorieps  (î). 


Moringlane. 


1824 

Laugier. 

Boutron. 

Robiquet.      M 

1825 

Boullay. 

Blondeau. 

Henry. 

1826 

Robiqaet. 

Robinet. 

— 

1827 

Pelletier. 

Guibourt. 

— 

1828 

Boudct  neveu. 

Bussy. 

Robiquet. 

1829 

Sérullas. 

Dublanc  jeune. 

— 

1830 

Virey. 

Soubeiran. 

— 

1831 

Udibert. 

Henry  fils. 

— 

1832 

Robinet. 

Lecanu. 

— 

1833 

Bajet. 

Chevallier. 

—  ■ 

1834 

Chéreau. 

i.  Pelouze. 

— 

1835 

Rcymond. 

Cap. 

— 

1836 

Bussy. 

F.  Boudet. 

— 

1837 

Dizé. 

Vallet. 

1838 

Cap. 

Dubail. 

— 

1839 

Fauché. 

Hotlot. 

— 

1840 

Soubeiran. 

Vée.                      1 

Robiquet.      ) 

Soubeiran.    ^ 

18il 

Guibourt. 

Quévenne. 

— 

1842 

Pelouze. 

Desmarcst. 

— 

1843 

Bouti'on-Charlard. 

Foy. 

— 

1841 

Bonastre. 

Bouchardat  père 

— 

1845 

Frémy  père. 

Mialhe. 

— 

Martin. 


Tassard. 


(1)  Le  président  de  chaque  année  étant  le  vice-président  de  Tannée  précé- 
dente, les  noms  de  ceux-ci  n'ont  pas  eu  besoin  d'être  portés. 

(2)  Pour  compléter  le  bureau,  il  y  a  lien  d'indiquer  les  archivistes  : 


Avant  1866.  .  . 
De  1866  à  1875. 


Réveil. 
Baudrimont. 


De  1876  à  1890 
Depuis   1891.  . 


Fr.  Wurlz. 
Scbmidt. 


Enfin,  le  poste  de  secrétaire  général-adjoint  a  été  créé  en  1891  et  est  occupé 
depuis  par  M.  Bourquelot. 


—  460  — 


Années. 

1846 
1847 
1848 
18i9 
1850 
1851 
1852 
1853 
1854 
1855 
1856 
1857 
1858 
1859 
18S0 
1861 
1862 
1833 
1864 
1865 
1866 
1867 
1868 
1869 
1870 
li71 
1872 
1873 
1874 
18'i5 


Présidents. 


Secrétaires  annuels. 


Secrétaires 
généraux. 


Trésoriers. 


1877 
1878 
1879 
1880 
1881 
1882 
1883 
1884 
1885 
1886 
1887 


Vée. 

Gaultier  de  Claubry. 

Bouligny. 

Blondeau. 

Uoltot. 

Félix  Boudet. 

Vuaflard. 

Bouchardat  père. 

Cadct-Gassicourl. 

Buignet. 

DubaiU 

Soubeiran. 

Chalin. 

Foy. 

Dublanc. 

Gobley. 

Poggiale. 

Schaeuffèle  père. 

Boudet  fils. 

Robinet. 

Tassard. 

Guibourt. 

Bussy. 

Mayel  père. 

Mialhe. 

Lcfort. 

Stanislas  Martin. 

Grassi. 

RcgnauUl. 

Planchon. 


1876      Coulier. 


Marais. 

Méhu. 

Blondeau. 

Bourgoin. 

Petit. 

P.  Vigier, 

Jungtlciscb. 

Marty. 

Sarradin. 

Prunier. 

Desuoix. 


Buignet. 
Véron. 
Deschamps. 
Grassi. 
Huraut. 
Robiquct  fils. 
Mayet  père. 
Ducom. 
Réveil. 

Paul  Blondeau. 
Lcfort. 
Regnauld. 
Baudriraont. 
Hottot  fils. 
Léon  Soubeiran. 
A.  Vée. 
Latour. 
Le  baigne. 
Hébert. 
Roussi  n. 
Marais. 
Adrian. 
? 

Coulier. 

Méhu. 

Mortreux. 

Bourgoin. 

P.  Vigier. 

Duquesnoi. 

F.  Wurtz. 

F.  Vigier. 

Peut. 

Marty. 

Vidau. 

Guiebard. 

Yvon. 

Deipech. 

Prunier. 

Boymond. 

Champigny. 

Portes. 

Thibaut, 


Soubeiran.       Tassard. 


Buignet. 


Desnoix. 


^    Buignet 
t    PlanchoD 


.-..  I  - 


Dreyer. 


461  — 

Secrétaires 


Années. 

Présidents. 

Secrétaires  annuels. 

1888 

Delpech. 

Bourquelot 

1889 

Bonchardat. 

Schmidt. 

1890 

F.  Vigier. 

Grimbert. 

189! 

Moissan. 

Léger. 

1892 

Portes. 

Lcidié. 

1893 

Bûrcker. 

Bcbal. 

1894 

Boymond. 

Leroy. 

1895 

Julliard. 

Patein. 

1896 

Viliicrs. 

Vixon. 

1897 

Sonnerat. 

Guinochet. 

1898 

Bourquclot. 

Bocquilion. 

Planchon.        Dreyer. 


-  I 


Leroy. 


L'enseignement  de  la  pharmacie  au  Jardin 
des  Apothicaires;  par  M.  Planxhon  (Suite)   (1). 

A  côté  de  ces  cours  théoriques  faits  dans  Tamphi- 
théatre,  on  avait  songé  à  des  travaux  pratiques  de  phar- 
macie, analogues  à  ceux  de  physique  et  de  chimie. 
L'École  avait  adopté  la  proposition  faite  dans  ce  sens  par 
un  de  ses  membres  (•2).  Mais,  malgré  cette  décision  ferme, 
nous  ne  voyons  pas  qu'on  ait  jamais  donné  suite  à  ce 
projet.  On  s'étonne,  au  premier  ahord,  qu'une  pareille 
idée  n'ait  jamais  abouti  à  un  résultat.  Elle  a  été  reprise 
bien  des  fois,  jusque  dans  ces  dernières  années;  on  a  tou- 
jours reculé  devant  la  somme  des  dépenses,  et  aussi  de- 
vant la  difficulté  de  faire  dans  un  temps  relativement 
restreint  des  opérations  fort  longues,  et  qui  d'ailleurs, 
pour  être  convenablement  exécutées,  demandent  plus  de 
tranquillité  qu'on  ne  peut  en  trouver  dans  les  salles  livrées 
à  la  foule  des  élèves.  C'est  dans  le  calme  de  l'officine 
que  le  jeune  étudiant  doit  s'exercer  à  ces  prépara- 
tions, qui  n'ont  d'utilité  que  si  elles  sont  parfaitement 
faites. 


(1)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Chim.  [6],  VU,  356,  406. 
(i)  Délibérât,  de  VÉcole.  —  Séance  du  30  juin  1836. 


-r^^^ 


—  462  — 

Chevallier  continua  jusqu'à  un  âge  avancé  ses  leçons 
de  pharmacie  galénicjues  :  sa  forte  constitution  lui  per- 
mit de  braver  pendant  de  longues  années  les  fatigues 
de  renseignement.  Ce  ne  fut  qu'en  1882,  que,  cédant 
enfin  aux  avertissements  de  la  vieillesse,  il  demanda 
à  son  agrégé  de  le  remplacer  dans  ses  fonctions  actives. 

L'agrégé,  depuis  1869,  était  Bourgoin  (1),  que  ses  tra- 
vaux sur  l'électrolyse  des  alcaloïdes  avaient  fait  connaître 
du  monde  scientifique,  et  qui  apportait  à  ses  nouvelles 
fonctions  l'influence  légitime  du  savant  et  les  qualités 
maîtresses  du  professeur.  Il  avait  compris  que  cette  partie 
de  la  pharmacie,  sous  peine  de  n'être  qu'un  ensemble  de 
procédés  et  de  recettes  empiriques,  devait  être  régénéré 
par  la  science  :  il  avait  l'autorité  voulue  pour  élargir  les 
anciens  cadres,  pour  transformer  en  formules  ration- 
nelles les  recettes  vieillies.  Peu  à  peu,  sans  briser  avec 
les  traditions,  il  insufflait  un  esprit  nouveau  dans  cet 
enseignement  et  l'élevait  à  un  niveau  supérieur.  Des 
dons  naturels,  une  grande  facilité  d'élocution,  une  parole 
abondante,  puissante  et  colorée,  assuraient  le  succès  de 
ces  leçons.  Aussi,  lorsque  Chevallier,  en  1877,  demanda 
sa  retraite,  définitive,  son  suppléant  avait  pris  en  fait 
possession  de  la  chaire,  et  l'École  (2;,  en  le  présentant  à 
l'unanimité,  ne  fit  que  donner  la  sanction  officielle  à  cette 
situation. 

L'enseignement  de  la  pharmacie  galénique  est  un  des 
plus  importants  de  l'École,  mais  aussi  l'un  des  plus  déli- 
cats et  des  plus  difficiles.  Il  doit  résumer,  pour  les  faire 
passer  dans  le  domaine  de  la  pratique,  les  connaissances 
apportées  par  toutes  les  sciences  pharmaceutiques  :  il  est 
le  point  de  contact  le  plus  immédiat  de  l'École  et  de  l'of- 
ficine, les  élèves  auxquels  il  s'adresse,  étant  presque  au 
seuil  de  la  profession.  Il  doit,  tout  en  respectant  le  passé. 

(1)  Bourgoin  (Edme-Alfred),  né  à  Saint-Cyr-les-Colons  (Yonne)  en  1836, 
pharmacien  en  ebef  des  hôpitaux  en  1862,  agrégé  en  1869,  professeur  en 
1877,  directeur  de  la  pharmacie  centrale  des  hôpitaux  en  1884,  mort  en 
1897.  —  Portrait  à  rficolc. 

(2)  Délibérai,  de  r École.  —  Séance  du  30  octobre  1877. 


—  463  — 

les  mettre  en  garde  contre  la  routine,  et  orienter  peu  à 
peu  les  études  suivant  les  transformations,  de  nos  jours 
si  rapides  de  la  thérapeutique.  Maître  de  son  enseigne- 
ment par  sa  nomination  au  titulariat,  Bourgoin  applicjua 
ces  principes  dans  ses  leçons  et  dans  le  livre  qui  les 
résume  sous  le  titre  de  Traité  de  pharmacie  galénique.  Il 
eut  trop  peu  de  temps  pour  compléter  son  œuvre;  les 
préoccupations  de  la  politique  Tavaient  engagé  dans 
d'autres  voies  lorsqu'une  mort  imprévue  vint  brutale- 
ment terminer,  en  1897,  une  trop  courte  carrière.  M.Bour- 
quelot  l'avait  suppléé,  pendant  qu'il  remplissait  à  la 
Chambre  ses  devoirs  législatifs.  L'Ecole  lui  a  confié,  d'une 
manière  définitive,  cet  enseignement,  qu'en  digne  conti- 
nuateur de  son  maître,  et  grâce  à  ses  connaissances 
étendues  dans  les  divers  domaines  de  la  science  actuelle, 
il  saura  diriger  d'une  main  sûre  dans  les  voies  toutes 
nouvelles  qui  s'ouvrent  à  la  pharmacie  de  l'avenir  (1). 


IH 

Tableau  snccincl  de  renseignement,  dans  les  diverses  périodes  de 
la  Corporation,  du  Collège  et  de  l'Ëcole. 

Nous  avons  passé  en  revue  l'enseignement  des  diverses 
sciences  pharmaceutiques  à  la  rue  de  l'Arbalète.  Il  nous 
sera  permis,  en  terminant,  de  grouper  les  données  prin- 
cipales en  un  tableau  d'ensemble,  qui  nous  donnera  la 
physionomie  générale  de  cet  enseignement  aux  diverses 
époques  de  son  histoire. 

Ce  qui  domine  au  début,  ce  sont  les  tentatives  d'éman- 
cipation de  la  corporation  des  apothicaires,  toujours  en- 
travées et  finalement  arrêtées  par  la  Faculté  de  médecine. 
Cette  lutte  ne  doit  pas  nous  surprendre;  elle  est  dans 
l'esprit  du  temps  et  des  institutions.  Toute  profession  où 
intervient  le  travail  manuel,  est  une  profession  servile  et 
dégradante.   La   chirurgie  et  la  pharmacie  sont,   à  cel 

(1)  Délibérât,  de  VÊcole.  —  Séance  du  15  juillet  1897. 


—  464  — 

égard,  également  méprisables  aux  yeux  des  docles 
membres  de  la  Faculté. 

«  En  plein  XVIII*  siècle,  si  un  chirurgien,  honteux 
de  son  humble  position,  voulait  obtenir  la  licence  en 
médecine,  il  était  tenu  de  s'engager,  par  acte  dressé  de- 
vant notaires,  à  ne  plus  faire  aucune  opération,  car, 
disent  les  statuts  de  la  Faculté,  «  il  convient  de  garder 
«  pure  et  intacte  la  dignité  de  Tordre  des  médecins.  »  Ce 
grand  principe  dominait  tout,  passait  bien  avant  l'in- 
térêt des  malades.  Le  fameux  orfèvre  Germain  en  fit 
l'expérience  à  la  fin  de  1748;  il  avait  été  frappé  d'apo- 
plexie, et  Dumoulin,  son  médecin,  ordonna  deux  saignées 
qu'il  se  garda  de  pratiquer,  laissant  ce  soin  à  un  chirur- 
gien, qui  arriva  trop  tard  (1).  » 

De  même  le  pharmacien,  qui  n'était  que  le  docile  exé- 
cuteur des  ordonnances  du  médecin,  ne  pouvait  être  qu'un 
artiste  :  c'était  le  terme  adouci  qu'on  lui  appliquait  pour 
ne  pas  dire  artisan.  Il  devait  rester  dans  les  régions  infé- 
rieures de  la  démonstration,  qui  ne  nécessitait  que 
l'usage  des  sens.  Dans  les  leçons  publiques,  le  docteur 
était  professeur;  l'apothicaire,  démonstrateur;  le  principe 
était  parfaitement  établi,  accepté  des  deux  côtés,  et  quand, 
dans  son  désir  de  s'adresser  au  public,  la  corporation 
instituait  des  leçons,  elle  se  gardait  bien  d'employer, 
pour  les  maîtres,  le  titre  de  professeurs,  pour  les  audi- 
teurs le  nom  d'élèves,  et  pour  son  établissement  la  déno- 
mination d'école.  Elle  aurait  immédiatement  appelé  sur 
elle  les  foudres  de  la  Faculté.  —  Les  vrais  centres  d'ins- 
truction pour  ses  apprentis,  c'était  d'abord  l'officine, 
où  se  faisaient  alors  toutes  les  préparations  nécessaires 
à  la  profession,  puis  le  Jardin  des  apothicaires,  où  les 
jeunes  gens  trouvaient  les  plantes  officinales:  enfin  le 
Cabinet  des  drogues,  qui  s'augmentait  graduellement  et 
complétait  les  lacunes  que  pouvaient  présenter  les  collec- 
tions particulières  des  pharmaciens. 

(i)  Alfred  Franklin.  —  La  Vie  privée  a' autrefois.  —  Les  Chirurgiens, 
—  Paris,  Pion,  1893.  —  1  vol.  in-12. 


^^T^r 


—  465  — 

Eq  réalité,  la  bonne  part,  je  veux  dire  la  part  féconde, 
que  peut  seule  donner  Fexpérience,  revenait  au  démons- 
trateur, en  contact  permanent  avec  les  faits  :  il  restait 
au  professeur  le  monde  des  théories,  des  argumentations, 
des  discussions  à  perte  de  vue  (de  questionibus,  argumen- 
tiSj  disputationibus)^  ce  qui  nous  permet  de  comprendre 
des  scènes  semblables  à  celles  que  nous  rapporte  Cap, 
dans  son  intéressant  article  sur  Rouelle  (1).  Bourdelin 
était  à  cette  époque,  professeur  au  Jardin  des  Plantes,  et 
Rouelle   son  démonstrateur.    «   La  leçon  du  professeur 
finissait  oi-dinairement  par  ces  mots  :  «  Tels  sont,  mes- 
sieurs, les  principes  et   la  théorie   de  cette  opération, 
ainsi  que  M.  le  démonstrateur  va  vous  le  prouver  par 
ses  expériences  »  ;  mais  le  plus  souvent  Rouelle  se  plai- 
sait à  démentir,  au  contraire,  les  doctrines  du  profes- 
seur par  des  démonstrations  tout  à  fait  opposées  à  ses 
principes,  et   malheureusement  pour  Bourdelin,  le  dé- 
menti de  Rouelle   était  ordinairement  complet  et  sans 
réplique.  »  (2; 

De  tout  ceci  résultait  que  les  vrais  savants,  les  disciples 
fidèles  de  l'observation  et  de  l'expérimentation  sortaient 
en  nombre  considérable  des  officines  de  l'époque.  La 
base  sur  laquelle  étaient  établies  leurs  connaissances 
était  d'ailleurs  aussi  large  que  solide,  ils  se  cantonnaient 
bien  peu  dans  une  science  déterminée  :  ils  suivaient 
certainement  de  préférence  la  direction  de  leur  choix,  les 
uns  plus  volontiers  naturalistes,  les  autres  chimistes, 
mais  ils  avaient  des  connaissances  étendues,  sur  tout  ce 
que  contenait  rofficine.  Moyse  Charas  écrivait  à  la  fois 
son  livre  sur  la  Vipère  et  sa  Pharmacopée  royale  :  Lemery 
publiait  avec  une  égale  compétence  son  Traité  de  chimie. 
son  Dictionnaire  des  drogues  simples  et  sa  Pharmacopée; 

(i)  Cap.  Joum,  de  Ph.  et  de  Ch.,  [3],  H,  1842,  p.  238. 

(2)  M.  Bertrand  dans  son  ouvrage  lur  l'Académie  des  Sciences 
raeonte  les  mêmes  traits  d'ane  façon  plus  tive  :  a  Rouelle,  prenant  alors  la 
parole,  au  lieu  de  faire  les  expériences  annoncées,  disait  :  a  Messieurs,  tout 
ce  que  M,  le  professeur  vient  de  vous  dire  est  absurde,  comme  Je  vais 
vous  le  prouver  »  (21,  op.  cit.  p.  238). 

Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim.,  6"  SÉRIE,  t.  VII.  ((•'  mai  1898  )  30 


rr^iMiy^^ 


—    466    — 

Geoffroy  (François-Etienne),  sa  Table  des  affinités  et  son 
Traité  de  matière  médicale;  Rouelle  démontrait  à  la  fois 
la  chimie  et  les  drogues  des  trois  règnes  de  la  na- 
ture, etc.,  etc. 

Toutes  ces  connaissances  n'étaient  point  perdues  pour 
le  public,  les  laboratoires  particuliers  de  ces  hommes 
de  mérite  étant  ouverts  à  ceux  qui  avaient  le  désir  de 
venir  s'y  instruire. 

Ce  qui  était  plus  difficile  à  faire  accepter  de  la  Faculté, 
c'était  renseignement  régulier  et  officiel.  La  chimie  seule 
put  en  profiter  par  intervalles  —  nous  avons  vu  avec 
quelles  difficultés.  On  ne  pouvait  songer  à  charger  les 
démfonstrateurs  de  fonctions  permanentes  ;  il  est  probable 
que  la  Faculté  s'y  serait  opposée;  les  maîtres  étaient 
délégués  pour  une  seule  session  et  changeaient  toutes  les 
années;  nous  ne  voyons  pas  le  même  nom  revenir  deux 
fois  sur  la  liste  que  nous  avons  pu  reconstituer.  Il  y  avait 
peut-être,  dans  ce  renouvellement  du  personnel  ensei- 
gnant, une  satisfaction  donnée  aux  maîtres  qui  étaient 
appelés  à  y  participer  à  tour  de  rôle  —  peut-être  aussi 
quelque  intérêt  pour  les  auditeurs,  dans  la  variété  d'opi- 
nions et  d'allure,  emmenée  par  la  diversité  des  démons- 
trateurs, mais  on  ne  peut  nier  que  cette  excessive  mobi- 
lité ne  fut  un  grand  inconvénient  dans  une  matière  où 
le  succès  ne  s'acquiert  que  par  une  longue  expérience. 

Ce  fut  bien  pire  quand,  les  leçons  d'une  même  année 
furent  confiées  non  à  un  seul  maître,  mais  à  une  asso- 
ciation et  qu'à  chaque  séance  un  démonstrateur  différent 
se  présentait  devant  l'auditoire.  Il  est  vtai  que  le  pro- 
gramme avait  été  arrêté  en  commun,  que  les  le(;ons 
étaient  rédigées  par  la  société,  et  qu'il  ne  s'agissait  guère 
que  de  les  lire;  mais,  outre  que  cette  méîbodé  enlevait 
aux  cours  toute  élasticité  et  toute  souplesse,  il  devait  fata- 
lement se  trouver  parmi  les  membres  de  la  société 
quelqiie  indépendant,  impatient  de  la  règle  coriimune, 
apportant  le  trouble  et  lu  discorde.  Ce  fut  le  cas,  nous 
l'avons  vu;  ce  fut  aussi  la  lin  de  l'entreprise  des  apothi- 
caires et  le  triomphe  de  la  Faculté. 


r.  'V^y,'^^^).^^^;:,'*^  ' -^^ 


—  467  — 

Heureusement,  cette  Faculté  intransigeante,  obstinée 
dans  ses  préjugés,  avait  à  faire  à  d'autres  adversaires 
qu'à  la  corporation  des  apothicaires.  L'opinion  publique 
était  devenue,  au  XVIII*  siècle,  une  puissance  avec  laquelle 
il  fallait  compter;  sous  son  influence,  l'autorité  souve- 
raine intervenait  pour  réagir  contre  les  excès  des  privi- 
lèges ou  des  ùionopoles.  Les  hommes  distingués  sortis 
des  rangs  des  chirurgiens  et  des  apothicaires  étaient  de 
vivants  arguments  contre  l'abusive  tyrannie  de  la  Fa- 
culté, qui  voulait  les  maintenir  dans  une  humiliante  pos- 
ture. Les  rois  vinrent  à  leur  aide,  et  Louis  XVI,  en 
fondant  le  Collège  de  pharmacie,  émancipa  les  apothi- 
caires et  leur  donna  le  droit  d'instruire  publiquement 
leurs  élèves.  Si  leurs  délégués  à  l'enseignement  n'eurent 
pas  le  titre  de  professeurs,  réservé  aux  membres  de 
l'Université,  ils  en  exercèrent  toutes  les  fonctions.  Le 
Collège  avait  d'ailleurs  une  grande  liberté  d'allure  —  il 
nommait  lui-même  ses  démonstrateurs.  Le  contrôle  très 
bienveillant  du  lieutenant  de  police  n'était  point  pour  le 
gêner.  Aussi  l'enseignement  se  développe-t-il  sans  en- 
trave dans  la  voie  scientifique,  sans  rien  perdre  du 
caractère  pratique  qui  le  caractérise  ;  les  herborisations, 
qui  s'organisent  déjà  sous  la  direction  de  Buisson,  s'ajou- 
tent aux  exercices  du  jardin;  les  collections  augmentent 
peu  à  peu,  sous  l'influence  de  De  Machy;  enfin  Deyeux 
veille  avec  un  soin  minutieux  aux  expériences  du  cours 
de  chimie.  (A  suivre). 


^■iA 


CORRESPONDANCE 


Note  rectificative  à  propos  du  titrage  de  Tacide  phospho- 
glycérique;  par  M.  Falières.  —  Je  prends  la  liberté  de 
jfaire  observer  que  ce  n'est  pas  à  la  suite  du  travail  de 
MM.  Imbert  et  Astruc  (1)  que  j'ai  constaté  la  bi-basicité 
de  l'acide  phosphoglycérique  vis-à-vis  de  la  phtaléine  du 
phénol,  mais  que  j'ai  annoncé  cette  propriété  qui  sert  de 

(1)  Voir  Duméro  précédent  du  journal. 


••v  riKT» 


—  468  — 

base  aux  procédés  volumélriques,  avant  toute  publication 
à  ce  sujet.' 

Mon  Mémoire  :  Titrage  des  glycérophosphates^  a  été 
inséré  dans  le  numéro  de  novembre  1897  du  Bulletin  de 
la  Société  de  Pharmacie  de  Bordeaux ,  distribué  le  !•'  dé- 
cembre. 

La  communication  de  MM.  Tmbert  et  Astruc  à  l'Acadé- 
mie des  Sciences,  est  du  13  décembre  1897. 

D'ailleurs,  l'un  des  auteure,  M.  Astruc,  passant  en 
r^vue  (1),  par  ordre  de  publication,  les  procédés  proposés 
jusqu'à  ce  jour,  indique  : 

Procédé  Petit  et  Polonowski.  —  Dosage  de  P'O*  à  Turane  après  ealcination. 
—  Adrian  et  Trillat.  —  Précipitation  par  le  nitro-molybdate  d'ammo- 
niaque. 

Procédé  Falières.  —  Fondé  sar  la  bi-basicité  de  Tacide  pbosphogiycériqne  à 
la  phtaléine. 

Procédé  Astruc.  — 

De  plus,  on  lit  la  note  suivante  à  la  page  28  de  la  thèse 
de  M.  Astruc,  intitulée  :  De  Vacidimétrie  de  Vacide  phos- 
phorique  :  ses  applications  (Montpellier,  1898.  Imprimerie 
G.  Firmin  et  Martane. 

«  Au  moment  où  nous  faisions  ce  travail,  dit  M.  Astruc, 
«  et  où  j'adressais  au  Journal  de  Pharmaie  et  de  Chimie, 
«  une  note  sur  les  glycérophosphates,  paraissait  dans  le 
«  Bulletin  de  la  Société  de  Pharmacie  de  Bordeaux  une 
«  communication  de  M.  Falières  sur  le  même  sujet,  dans 
«  laquelle  il  montrait  que  l'acide  glycérophosphorique 
«  est  bibasique  à  la  phtaléine,  confirmant  ainsi  une 
«  partie  de  nos  résultats  ». 


VARIETES 
Université  de  Paris. 

RÈGLEMENT  DU  28  MARS  1898,  RELATIF  A  LA  CREATION  ET 
A  LA  RÉGLEMENTATION  DU  DOCTORAT  DE  l'uNIVERSITÉ  DE 
PARIS. 

Le  Conseil  de  VUyiivorsilé  de  Pari«,  vu  l'article  15  du 

(1)  Sur  un  nouveau  procédé  de  titrage  du  glycérophosphate  de  chaux,  par 
M.  Astruc.  Bullet.  de  pharm.  du  Sud-EU^  février  1898,  p.  85. 


—  469  — 

décret  du  21  juillet  1897  :  les  Universités,  en  dehors  des 
grades  établis  par  TÉtat,  peuvent  instituer  des  titres 
d'ordre  exclusivement  scientifique. 

Ces  titres  ne  confèrent  aucun  des  droits  et  privilèges 
attachés  aux  grades  par  les  lois  et  règlements,  et  ne  peu- 
vent, en  aucun  cas,  être  déclarés  équivalents  aux  grades. 
Les  études  et  les  examens  qui  en  déterminent  la  collation 
sont  l'objet  d'un  règlement  délibéré  par  le  Conseil  de 
rUniversité  et  soumis  à  la  section  permanente  du  Conseil 
supérieur  de  l'instruction  publique,  et  les  diplômes  sont 
délivrés,  au  nom  de  l'Université,  .par  le  président  du 
Conseil,  en  des  formes  différentes  des  formes  adoptées 
pour  les  diplômes  délivrés  par  le  gouvernement. 

Délibère  : 

/.  —  Dispositions  générales. 

Article  premier.  —  Il  est  constitué  un  doctorat  de 
l'Université  de  Paris. 

Art.  2.  —  Les  aspirants  à  ce  titre  doivent  se  faire 
inscrire  sur  un  registre  spécial  au  Secrétariat  de  la 
Faculté  ou  de  l'École  dont  ils  veulent  suivre  les  études. 

Ils  présentent,  en  vue  de  l'inscription,  leurs  diplômes, 
attestations  d'études  ou  titres  scientifiques. 

Ils  sont  tenus  d'accomplir  la  scolarité  qui  sera  déter- 
minée plus  loin. 

Us  subissent  des  épreuves  publiques. 

Art.  3.  —  Ils  sont  soumis  au  régime  scolaire  et  disci- 
plinaire de  l'Université. 

Art.  4.  —  Le  diplôme  porte  la  mention  des  matières  de 
l'examen.  —  Il  est  signé  par  les  membres  du  Jury  et  par 
le  doyen  de  la  Faculté  ou  le  directeur  de  l'École  devant 
laquelle  ont  été  subies  les  épreuves.  —  Il  est  délivré  sous 
le  sceau  et  au  nom  de  l'Université  de  Paris,  par  le  prési 
dent  du  Conseil  de  l'Université. 


••'^:« 


//.  —  Dispositions  particulières. 
Art.  5.  —  A  la  Faculté  des  Lettres,  les  aspirants,  doi- 


*,7.Wi  '-*»  -Vr^iTf  IPV,* 


,M  m^ii^f: 


—  470  — 

vent,  s'ils  sont  Français,  présenter  le  diplôme  de  licencié 
es  lettres,  la  Faculté  se  réservant  toutefois  de  les  en  dis- 
penser en  considération  d'autres  titres  ;  s'ils  sont  étran- 
gers, des  attestations  d'études  de  la  valeur  desquelles  la 
Faculté  est  juge. 

La  durée  de  la  scolarité  est  de  quatre  semestres  au 
moins. 

Elle  peut  être  accomplie,  soit  à  la  Faculté,  soit  dans 

un  des  grands  établissements  scientifiques  de  Paris,  soit 

en  partie  dans  une  Université  de  France  ou  de  l'étranger. 

La  durée  peut   en.  être  abrégée  par  décision   de  la 

Faculté. 

Les  épreuves  comprennent  :  1®  La  soutenance  d'une 
thèse,  écrite  en  français  ou  en  latin  ;  2®  Des  interrogations 
sur  des  questions  choisies  par  le  candidat  et  agréées  par 
la  Faculté, 

Art.  6.  —  A  la  Faculté  des  Sciences,  les  aspirants  doi- 
vent produire  deux  des  certificats  suivants  d'études  supé- 
rieures :  calcul  différentiel  et  calcul  intégral  ;  mécanique 
rationnelle,  astronomie,  analyse  supérieure,  géométrie 
supérieure,  mécanique  céleste,  physique  mathématique, 
mécanique  physique  et  expérimentale,  physique  géné- 
rale, chimie  générale,  minéralogie,  chimie  biologique, 
zoologie,  botanique,  géologie,  physiologie  générale,  géo- 
graphie physique. 
La  durée  de  la  scolarité  est  d'un  an. 
Les  épreuves  comprennent  la  soutenance  d'une  thèse 
contenant  des  recherches  personnelles  et  des  interroga- 
tions sur  des  questions  proposées  par  la  Faculté. 

Art.  7.  —  A  l'École  supérieure  de  Pharmacie,  les  aspi- 
rants doivent,  s'ils  sont  Français,  produire  le  diplôme  de 
pharmacien  de  l*"*  classe;  s'ils  sont  étrangers,  deux  certi- 
ficats d'études  :  le  premier,  d'études  de  pharmacie  chimi- 
que et  de  toxicologie;  le  second,  d'études  de  pharmacie 
galénique  et  de  matière  médicale. 
L'École,  se  réserve  d'admettre  des  équivalences. 
La  durée  de  la  scolarité  est  d'une  année  au  moins. 
La  scolarité  est  accomplie  à  l'École. 


—  471  — 

L'épreuve  consiste  dans  la  soutenance  d'une  thèse  con- 
tenant des  recherches  personnelles. 

Art.  8.  —  Le  présent  règlement  sera  mis  à  exécution  à 
partir  de  Tannée  scolaire  1897-98. 

Ajoutons  que  le  diplôme  de  docteur  de  l'Université  de 
Paris  pourra  être  délivré  aux  étudiants  étrangers  qui 
ont  obtenu  de  faire  leurs  études  et  de  subir  leurs  examens 
à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  avec  dispense  du 
grade  de  bachelier. 

École  préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Besançon.  — 

Un  concoars  s'ouvrira,  le  7  novembre  1898,  devant  TÉcoIc  supérieure  de 
pharmacie  de  l'Université  de  Nancy,  pour  l'emploi  de  suppléant  de  la  chaire  de 
pharmacie  et  matière  médicale  à  l'École  préparatoire  de  médecine  et  de  phar- 
macie de  Besançon. 

Le  registre  d'inscription  sera  clos  un  mois  avant  l'ouverture  desdits  con- 
cours. 

M.  Astier,  pharmacien,  membre  de  la  Chambre  syndicale,  a  été  nommé 
vice-président  du  Conseil  municipal  de  Paris. 

M.  i.  Labélonye;  M.  Pouchin,  pharmacien  à  Rouen,  ont  été  nommés 
officiers  d'Académie. 

M.  Dupuy,  professeur  à  la  Faculté  mixle  de  médecine  et  de  pharmacie  de 
Toulouse,  vient  d'être  élu  membre  du  Conseil  de  TUniverailé  de  Toulouse, 
et  nommé  assesseur  de  la  Faculté. 


École  préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Ronen.  —  Un 

concours  s'ouvrira,  le  3  novembre  1898,  devant  l'École  supérieure  de  phar- 
macie de  l'Université  de  Paris,  pour  remploi  de  suppléant  des  chaires  de 
physique  et  de  chimie  à  l'École  préparatoire  de  médecine  et  de  pharmacie  de 
Roueii. 

Le  registre  d'inscription  sera  clos  un  mois  avant  l'euvcrture  dudit 
concours. 

Concours  pour  l'invention  d*nn  dénaturant  pour  l'alcool.  —  Le 

Syndicat  de  la  parfumerie  Française  a  décidé  d'ouvrir,  entre  tous  les 
chimistes  français,  un  Concours  pour  VInvention  d*un  dénaturant  de 
V Alcool  susceptible  d'être  employé  dans  la  fabrication  des  produits  de  la 
parfumerie. 

Il  nous  demande  de  l'annoncer  à  nos  lecteurs  :  ce  que  nous  nous  empres- 
sons de  faire. 

Un  prix  de  cinquante  mille  francs  sera  attribué  au  chimiste  français 
qui  aura,  le  premier,  avant  le  15  juin  prochain^  trouvé  et  fourni  le  meilleur 
moyen  de  dénaturatiou. 


^  472  — 

L'bIcooI  dénaturé  par  le  procédé  demandé  devra  répondre  à  toutes  les 
exigences  de  la  fabrication  de  la  parfumerie  et  pouvoir  être  employé  même 
par  les  eaux  dentifrices. 

A  titre  de  simples  renseignements,  le  Syndicat  de  la  Parfumerie  Française 
indique  que  le  dénaturant  à  trouver  devra  être  incolore.  Il  ne  devra  en  aucnoe 
façon  modifier  Todeor  ni  le  goût  de  Taleool.  Il  devra  être  dénué  de  toule 
action  chimique  en  général,  afin  de  n'altérer  ni  l'alcool  ni  les  parfums.  Il  ne 
devra  pas  atténuer  le  pouvoir  dissolvant  de  l'alcool  pour  les  essences  ni  pour 
toute  autre  matière  employée  en  parfumerie. 
11  ne  devra  pas  être  toxique,  ni  nocif. 

Son  prix  devra  être  suffisamment  bas  pour  que  la  dénaturation  ne  soit  pas 
onéreuse  et  dans  le  cas  où  Tinventeur  se  réserverait  la  fabrication  ou  Tes- 
ploitation  du  produit  dénaturant,  il  devrait  indiquer  le  prix  maximum  auquel 
il  s'engagerait  à  vendre  et  fournir  à  tous  les  fabricants  de  parfumerie  de 
France,  pendant  au  moins  quinze  ans,  ledit  produit. 

Au  point  de  vue  fiscal,  il  sera  nécessaire  que  ce  dénaturant,  une  fois 
incorporé  dans  l'alcool,  ne  puisse  pas  en  être  séparé  pratiquement  et  écono- 
miquement par  un  moyen  chimique  ou  physique  et  qu'une  opération  ou  une 
réaction  simple  puisse  déceler  facilement  dans  tout  liquide  alcoolique  la 
présence  de  ce  témoin  de  la  dénaturation. 

Les  chimistes  qui  auraient  à  proposer  un  dénaturant  devront  le  soumettre 
à  Texamen  du  bureau  du  Syndicat  qui  l'étudiera  de  concert  avec  son  inven- 
teur. 

Les  mémoires  de  proposition  devront  être  déposés  au  secrétariat  du  Syn- 
dicat, 13  rue  d'Enghien,  avant  le  IS/utn  1898. 
Qu'il  nous  soit  permis  de  faire  une  simple  observation. 
L'Administration  exige  une  dénaturation  pour  qu'on  ne  puisse  pas  intro- 
duire l'alcool  dans  la  consommation  de  bouche.  Que  devient  la  garantie 
demandée  par  TAdministration,  si  la  dénaturation  n'a  pas  modiié  le  goût, 
l'odeur,  la  couleur  de  l'alcool,  et  ne  l'a  rendu  ni  toxique  ni  nocif? 


FORMULAIRE 


Naphiol  camphré. 

Naphtol  finement  pulvérisé 100  grammes. 

Camphre  —  200       — 

Chauffer  modérément,  dans  une  capsule,  le  mélange  des  deux  substances 
jusqu'à  fusion  complète.  Filtrez  et  conservez  le  liquide  obtenu  dans  des 
flacons  en  terre  jaune,  bien  bouchés. 

Cette  préparation  constitue  un  liquide  onctueux  au  toucher,  insoluble 
dans  l'eau  mais  miscible  aux  huiles  fixes  et  volatiles,  à  l'alcool,  à  l'éther  et 
au  chloroforme.  (Bullet.  de  Thérapeut,) 

/.e  Gérant  :  Cteorges  MASSON. 

PARIS.  —  IMP.    B.  FUMMAaiON,  aUl  EACOfl,  t6. 


—  473  — 
TRAVAUX   ORIGINAUX 


Sur  la  matière  gélatineuse  [pectine)  de  la  racine 
de  gentiane;  par  MM.  Emile  Bourquelot  et  H.  Hérissey. 

I.  La  plupart  des  pharmacopées  prescrivent,  pour  pré- 
parer rextrait  aqueux  ou  la  tisane  de  racine  de  gentiane, 
de  recourir  à  la  macération.  Lorsqu'on  opère  par  décoc- 
tion, ou  même  par  infusion,  on  dissout  une  matière  géla- 
tineuse sans  propriétés  thérapeutiques  qui  rend  difficile 
la  filtration  des  liquides  et  s'oppose  à  leur  clarification. 

Cette  matière  gélatineuse  a  été  étudiée  autrefois  par 
Poumarède  et  Figuier  (1)  qui  lui  ont  trouvé  les  propriétés 
de  la  pectine.  Pour  l'isoler,  ces  savants,  après  avoir 
épuisé  la  racine  divisée,  d'abord  par  l'eau  distillée  froide, 
puis  par  l'eau  aiguisée  d'acide  acétique,  la  faisaient  digé- 
rer pendant  3/4  d'heure,  à  80-90**,  dans  de  l'eau  acidulée 
par  l'acide  chlorhydrique.  Ils  exprimaient  ensuite  et  pré- 
cipitaient en  ajoutant,  au  liquide  décanté,  de  l'alcool 
à  90**.  La  gelée  ainsi  obtenue  était  exprimée  dans  un 
linge  tin,  lavée  à  l'alcool,  puis  redissoute  dans  l'eau  et 
précipitée  à  nouveau  par  l'alcool.  Après  un  dernier  lavage 
à  l'éther,  le  produit  était  essoré  entre  des  feuilles  de 
papier  à  filtrer  et  desséché  à  l'air. 

Il  ressort  de  là  que  Teau  froide,  qui  n'enlève  pas  la 
matière  gélatineuse  à  la  racine  de  gentiane,  la  dissout 
pourtant  lorsqu'elle  a  été  extraite  par  l'acide  chlorhy- 
drique dilué.  Poumarède  et  Figuier  tentaient  d'expliquer 
ce  fait  en  disant  que  la  matière  en  question  se  trouve  à 
l'intérieur  des  tissus  «  dans  un  état  de  contraction  qui 
empêche  sa  dissolution,  peut-être  par  suite  de  la  présence 
de  quelque  corps  insoluble  ou  d'une  action  vitale  ».  Cet 
état  de  contraction  serait  détruit  par  l'acide  chlorhy- 
drique dilué  froid  ou  chaud. 

(1)  Mémoiro  sur  le  ligneux  et  sur  quelques  produits  qui  lui  sont  isomères. 
Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim,,  [3],  XII,  p.  81,  1847. 

Journ.  de  Pharm,  et  de  Chim..  6«  SÉRIE,  t.  Vll.  (15  mai  1898.)  3 1 


—  474  — 

On  sait  que  des  observations  analogues  ont  été  faites 
sur  la  pectine  des  fruits  par  divers  expérimentateurs,  en 
particulier  par  Fréray  et  par  Soubéiran.  Ces  derniers, 
toutefois,  ont  exprimé  quelques  doutes  quant  à  la  nature 
du  produit  obtenu  par  Poumarède  et  Figuier,  et  se  sont 
demandés  si,  réellement,  ce  produit  était  une  pectine  (1^. 
C'est  surtout  dans  le  but  de  fixer  les  idées  sur  ce  point 
que  nous  avons  entrepris  le  travail  exposé  ci-après. 

II.  Formation  de  la  matière  gélatineuse  soluble  de  la 
gentiane.  —  Dans  une  première  série  d'expériences,  nous 
avons  étudié  l'action  de  l'eau  froide  sur  la  poudre  de 
racine  desséchée  et  sur  la  racine  fraîche  de  gentiane. 

lO»'  de  poudre  de  gentiane  ont  été  mis  à  macérer  dans 
10()«'  d'eau  pendant  24  heures.  Le  liquide  tiltré  ne  donnait 
qu'un  louche  très  léger  par  addition  d'alcool.  Il  n'avait 
donc  pas  passé  de  matière  gélatineuse  en  dissolution  dans 
l'eau. 

80«^  de  racine  fraîche  ont  été  triturés  avec  du  sable  et 
80*''  d'eau.  Le  liquide  exprimé  et  filtré  ne  précipitait  pas 
non  plus  par  l'alcool. 

A  supposer  que  la  matière  gélatineuse  fut  à  l'état  so- 
luble dans  les  tissus,  on  ne  pouvait  guère  expliquer  ces 
résultats  négatifs  qu'à  l'aide  de  Tune  des  deux  hypothèses 
suivantes  : 

i*»  Présence,  dans  la  racine  de  gentiane,  de  matières  rési- 
neuses capables  d'empêcher  la  dissolution  dans  l'eau. 

2*  Présence,  dans  la  racine,  de  peclase  ^susceptible  de 
transformer,  pendant  la  dessiccation  ou  la  trituration,  la 
pectine  soluble  en  acide  pectique  insoluble. 

Pour  examiner  la  première  hypothèse,  de  la  poudre  de 
gcmtiane  épuisée  préalablement  par  l'alcool  à  90*  froid, 
puis  desséchée  à  l'air,  a  été  mise  à  macérer  dans  l'eau  pen- 
dant 24  heures.  Le  liquide  filtré  ne  précipitait  pas  par 
l'alcool. 


(1)  Société  de  Pharmacie,  séance  du  6  octobre  1847.  Journ.  de  Pharm, 
et  de  Chim.,  '3].  XIÏ,  p.  363, 1817. 


1 


—  475  — 

Mêmes  résultats  négatifs  avec  la  racine  fraîche  pilée. 
Donc  cette  première  hypothèse  devait  être  écartée. 

Pour  examiner  la  seconde,  des  macérations  aqueuses 
de  poudre  et  de  racine  fraîche  pilée  ont  été  ajoutées,  dans 
des  conditions  convenables,  à  des  solutions  de  pectine  de 
carotte.  Dans  aucun  cas,  il  n'y  a- eu  coagulation.  Il  n'y 
avait  donc  pas  lieu  non  plus  de  retenir  la  seconde 
hypothèse. 

Nous  avons  alors  essayé  l'action  de  l'eau  à  diverses  tem- 
pératures : 

!•  à  Si^-oS'*  —  20«'  de  poudre  de  gentiane  délayée  dans 
200«'"  d'eau  ont  été  maintenus  pendant  6  heures  à  une  tem- 
pérature comprise  entre  55  et  58".  Le  liquide  filtré,  addi- 
tionné de  2  volumes  d'alcool  à  90°,  ne  donnait  qu'un  léger 
précipité  se  rassemblant  au  fond  du  tube. 

2<*  à  70**.  —  Un  même  mélange  de  poudre  de  gentiane  et 
d'eau  a  été  porté  lentement  (il  a  fallu  3/4  d'heure)  à  70* 
puis  refroidi.  Le  liquide  filtré,  additionné  de  2  volumes 
d'alcool,  donnait  un  précipité  gélatiniforme  assez  abon- 
dant montant  à  la  partie  supérieure  du  liquide. 

3°  à  100°.  —  Un  même  mélange  a  été  porté  à  Fébul- 
lition,  puis  traité  comme  ci-dessus.  Mêmes  résultats  qu'à 
70°,  le  coagulum  paraissant  toutefois  un  peu  plus  volu- 
mineux. 

Ces  faits  présentent  une  grande  analogie  avec  ceux  que 
nous  connaissons  relativement  à  l'action  de  l'eau  sur 
Tamidon  cru.  On  sait,  par  exemple,  que  la  fécule  de 
pomme  de  terre  ne  commence  à  se  transformer  en  empois 
(amidon  hydraté)  que  vers  54**.  Encore  la  transformation 
est-elle  à  peine  appréciable  à  cette  température,  et 
n'est-ce  guère  qu'au  dessus  de  60'  qu'elle  se  manifeste 
nettement  d). 

En  raison  de  ces  analogies,  nous  pensons  qu'il  existe 
dans  la  racine  de  gentiane  un  principe  insoluble  dans 
l'eau  (pectose  de  Fremy?)  qui  peut,  par  une  première 

(1)  Em.  Bourqaelot  :  Sur  quelques  points  relatifs  à  la  composition  du 
grain  d'amidon.  Journ.  de  Pharm,  et  de  Chim.,  [o],  XV,  p.  172,  1887, 


^  476  — 

hydratation  comparable  à  celle  qui  change  Tamidon  en 
empois,  se  transformer  en  matière  gélatineuse  soluble. 
L'eau  peut  effectuer  cette  hydratation,  du  moins  en  pré- 
sence de  l'acide  organique  que  donne  à  la  macération  de 
gentiane,  sa  réaction  ;  mais  il  faut  pour  cela  la  faire  agir 
à  une  température  d'au  moins  60°. 

III .  Préparation  de  la  matière  gélatineuse  soluble  (pec- 
Une),  —  Au  cours  de  nos  premières  recherches,  nous 
avions  observé  incidemment  que  l'hydratation  dont  nous 
venons  de  parler  peut  être  obtenue,  au  moins  en  partie,  en 
maintenant  pendant  un  certain  temps  de  la  poudre  de 
gentiane  dans  de  l'alcool  à  80»»  porté  à  l'ébullition.  En 
d'autres  termes,  de  la  poudre  de  gentiane  commerciale 
traitée  par  cet  alcool  bouillant,  puis  desséchée,  abandonne 
à  l'eau  froide  de  la  matière  gélatineuse  soluble.  Il  y  avait 
donc  tout  avantage  à  épuiser  d'abord  la  poudre  de  gentiane 
par  l'alcool  bouillant  avant  de  la  soumettre  à  l'action  de 
l'eau  ou  de  l'eau  acidulée  pour  en  retirer  cette  matière 
soluble.  Aussi  tous  nos  essais  de  préparation  ont-ils  été 
faits  sur  de  la  poudre  ainsi  épuisée  : 

1<*.  Par  macération  aqueuse.  —  On  a  fait  macérer  15^' 
de  cette  poudre  dans  150«'  d'eau  distillée,  pendant 
24  heures.  On  a  filtré  et  additionné  50"  du  liquide 
obtenu  de  100"  d'alcool  à  95*.  Il  y  a  eu  coagulation.  Le 
coagulum  a  été  exprimé,  lavé  à  l'alcool,  puis  desséché 
dans  le  vide;  il  pesait  08',27.  Comme  lOO^'  de  poudre  de 
gentiane  commerciale  perdent  environ  40«%  lorsqu'on 
épuise  par  l'alcool  à  80°,  on  voit,  en  faisant  le  calcul,  que 
ces  100»'  de  poudre  cèdent  à  l'eau,  dans  ces  conditions, 
3«',25  de  matière  gélatineuse  soluble. 

2°  Par  décoction.  —  L'opération  a  été  faite  dans  un 
ballon  muni  d'un  réfrigérant  à  reflux,  avec  80»'  de  poudre 
épuisée  par  l'alcool  et  800"  d'eau.  Après  deux  heures 
d'ébullition,  on  a  filtré.  300"  de  liquide  ont  donné  2«%90 
de  matière  précipitable  par  l'alcool  à  95°.  Donc,  pour 
100^'  de  poudi*e  commerciale,  on  a  obtenu,  par  ce  pro- 
cédé, 5«',8  de  matière  gélatineuse  soluble. 


—  477  — 

3*  Par  digestion  à  110**  dans  l'autoclave.  —  La  poudre 
délayée  dans  10  fois  son  poids  d'eau,  a  été  maintenue 
pendant  2  heures  dans  un  autoclave  à  la  température  de 
105-1 10**.  On  a  filtré  chaud,  puis  précipité  par  2'^*  d'al- 
cool à  80**  renfermant  10"  d'acide  chlorhydrique  officinal 
par  litre.  Le  coagulum  a  été  jeté  sur  un  filtre,  exprimé, 
trituré  et  lavé  à  plusieurs  reprises  avec  de  l'alcool,  traité 
deux  fois  par  de  l'alcool  à  95°  bouillant,  exprimé  une  der- 
nière fois  entre  des  feuilles  de  papier  à  filtrer,  agité  avec 
de  l'éther,  et  desséché  dans  le  vide. 

Dans  une  opération  portant  sur  une  petite  quantité  de 
poudre,  on  a  pu  enlever  7«^',4  p.  100  (rendement  rapporté  à 
la  poudre  commerciale)  de  matière  gélatineuse  soluble. 

Tous  les  produits  obtenus  par  ces  trois  premiers  pro- 
cédés sont  faiblement  teintés  de  jaune  ;  ils  sont  complète- 
ment solubles  dans  l'eau  en  donnant  un  liquide  légèrement 
opalescent.  Mais  tandis  que  les  deux  premiers  donnent 
une  proportion  notable  de  cendres,  le  troisième  qui  a  été 
purifié  par  l'alcool  acidulé,  n'en  donne  que  0,80. 

4°  Par  macération  dans  Veau  acidulée.  —  Macération  de 
24  heures  dans  20  parties  d'eau  renfermant  2*''  d'acide 
sulfurique  p.  100.  Précipitation  et  lavage  avec  l'alcool  à 
95°,  dessiccation  dans  le  vide.  Poids  du  produit  dissout 
pour  lOO**"  de  poudre  commerciale  :  6«^7. 

5»  Par  digestion  à  80°  dans  Veau  acidulée.  —  On  a  dé- 
layé la  poudre  dans  10  fois  son  poids  d'eau  acidulée 
(acide  sulfurique  :  2  p.  lOOj  préalablement  portée  à  80°, 
puis  on  a  laissé  au  repos  pendant  24  heures.  La  masse 
étant  trop  visqueuse,  on  a  été  obligé,  pour  la  filtrer,  de 
l'additionner  de  son  volume  d'eau.  La  précipitation,  la 
purification  et  la  dessiccation  ont  d'ailleurs  été  faites 
comme  ci -dessus.  Poids  du  produit  dissout  rapporté  à 
1008'' de  poudre  commerciale  :  11«',6. 

Ces  deux  derniers  produits  sont  blancs,  mais  incom- 
plètement solubles  dans  l'eau.  Lorsqu'on  reprend  le  cin- 
quième par  100  fois  son  poids  d'eau,  même  chaude,  on 
n'arrive  à  en  dissoudre,  tiprès  un  long  contact,  que  les 


—  478  — 

deux  tiers  environ.  Il  fournit  d'ailleurs  une  forte  propor- 
tion de  cendres. 

IV,  Propriétés  de  la  matière  gélatineuse  soluble  de  la. 
racine  de  gentiane  (pectine).  —  Tous  ces  produits  pos- 
sèdent la  propriété  suivante  :  Si,  k  une  solution  à  1  p.  100, 
on  ajoute  volume  égal  de  suc  de  carotte  (solution  de  pec- 
tase),  le  mélange  se  prend  en  gelée  dans  l'espace  de 
40  minutes  environ.  Si  le  jus  de  carotte  a  été  préalable- 
ment porté  à  rébullition  (destruction  de  la  pectase),  la 
coagulation  ne  se  produit  pas.  Cette  propriété  est  carac- 
téristique de  la  pectine.  On  peut  donc  dire  que  la  matière 
gélatineuse  soluble  de  la  racine  de  gentiane  est  une 
véritable  pectine,  les  mucilages  vrais  (graine  de  lin, 
fucus,  par  exemple)  n'étant  pas  coagulés  par  la  pectase. 
J/oici  d'ailleurs  une  série  de  réactions  présentées  par 
une  solution  à  1  p.  100  du  produit  obtenu  par  le  troi- 
sième procédé  (autoclave)  : 

1*  Si  à  2^^  de  cette  solution,  on  ajoute  2"  d'eau  de  chaux, 
il  y  a  prise  en  gelée  dans  l'espace  de  1  minute  ; 

2*  Avec  l'eau  de  baryte  employée  dans  les  mêmes  con- 
ditions, la  prise  en  gelée  est  immédiate  ; 

3*  Si,  à  2**^  de  la  solution,  on  ajoute  6  à  7  gouttes  de 
lessive  de  soude  au  dixième,  puis  2  à  3  gouttes  d'acide 
chlorhydrique,  il  y  a  prise  en  gelée  immédiate,  par  suite 
de  la  séparation  de  l'acide  pectique  insoluble  qui  s'est 
formé  sous  l'influence  de  la  soude. 

4*  Il  y  a  également  prise  en  gelée  de  la  solution  si  on 
l'additionne  de  quelques  gouttes  de  solution  d'acétate 
neutre  de  plomb,  d'extrait  de  Saturne  ou  de  perchlorurc 
de  fer. 

5*  La  solution  ne  précipite  pas  lorsqu'on  l'additionne 
de  cristaux  de  sulfate  de  soude  à  saturation;  mais  elle 
donne  un  précipité  flaconneux  avec  le  sulfate  de  magnésie 
et  le  sulfate  d'ammoniaque. 

6**  La  solution  ne  réduit  pas  la  liqueur  cupropotas- 
sique. 

7°  Elle  dévie  à  droite  le  plan  de  la  lumière  polarisée. 


—  479  — 

Comme  il  est  admis  généralement,  d'après  Frémy  (1), 
que  la  pectine  est  inactive,  nous  avons  essayé  de  détei^ 
miner  le  pouvoir  rotatoire  spécifique  l**du  produit  obtenu 
X  l'autoclave,  2°  du  produit  obtenu  par  l'eau  acidulée 
employée  à  80*. 

Pour  rendre  limpide  et  incolore  une  solution  du  pre- 
mier de  ces  produits,  nous  avons  dû  la  clarifier  par 
l'albumine  à  l'ébuUition. 

Après  lecture  au  polarimètre,  on  a  déterminé  la  pro- 
portion de  matière  sèche  dissoute  dans  un  volume  donné 
de  la  solution,  et  par  incinération,  le  poids  de  cendres 
correspondant,  ce  qui  a  permis  de  calculer  la  quantité 
de  matière  organique  active  sur  la  lumière  polarisée. 
Voici  les  chifi'res  se  rapportant  à  cette  opération  : 

a=+  f,06;  r  =  100;  p  =0«^644;  1  =  2 
d'où  «»  =  +  82°, 3 

Avec  le  deuxième  produit,  on  n'a  employé  que  la  partie 
soluble,  qui  donnait,  d'ailleurs,  une  solution  incolore  et 
limpide,  et  on  a  obtenu  en  opérant  comme  ci-dessus  : 
«!)=+  i45',3. 

On  voit  par  là  qu'avec  l'acide  minéral  on  obtient  un 
produit  qui  diffère  par  plusieurs  propriétés  de  celui  qu'on 
obtient  avec  l'eau  seule.  Il  est  possible  que,  dans  le  pre- 
mier cas,  on  ait  une  pectine  mélangée  d'hydrates  de 
carbone  fortement  dextrogyres  que  l'acide  enlève  à  la 
membrane  cellulaire. 


Formules  permettant  de  doser  facilement  par  la  méthode  de 
M,  DucLAUX,  les  acides  volatils  produits  dans  une  fer^ 
mentation  ;  par  MM.  F.  Bordas  et  de  Raczkowski  (2). 

Figurons  dans  le  tableau  suivant  les  résultats  d'une 
distillation  fractionnée.  : 

(1)  Recherches  sur  les    matières   gélatineuses  des    végétaux*  Joum.  dt 
Pharm.  et  de  Chim,,  [3],  XII,  p.  13,  i847. 

(2)  Travail  fait  au  Laboratoire  municipal. 


480 


1 

2 

3 

4 

5 

FRACTIONNE- 
MENT. 

C«  d'eau 
de  chaux 

VOLUME  TOTAL 

d'eau  de  chaux 

RAPPORT 

i»ioXiOO 

N 

rapport 
NXiOO 

10" 

»i 

^i 

'•i 

at 

20 

«t 

"i  +  "i 

'•t 

at 

30 

"t 

«1  +  1,4- «s 

»•« 

a 

40 

«4 

Wi  +  W,+ 

n 

«4 

50 

»»» 

W|+       + 

»•» 

a» 

60 

'«e 

n,+     + 

»*6 

«s 

70 

«1 

n,+      + 

''7 

'ï? 

80 

Wê 

ni+      + 

^8 

"8 

90 

"i 

^1+      + 

R 

«» 

iiOO 

WlO 

ni  +  n,...  =  N 

100,00 

A 

Nt  représente  le  volume  de  chaux  qui  serait  nécessaire 
pour  saturer  Tacidité  des  acides  contenus  dans  le  ballon  à 
distiller. 

La  nature  de  l'acide  ou  des  acides,  dans  le  cas  d'un 
mélange,  se  trouve  caractérisé  par  l'examen  des  chiffres 
de  la  colonne  4. 

On  a  tous  les  éléments  permettant  d'établir  ces  for- 
mules. 


Cas  d'un  acide,  —  On  sait  que 


NX  100         .    V   •  V         xT^  ^00 

•=  A  d  ou  Nt  =  N  X  — 7— 

Nt  a 


si  on  désigne  par  n  le  volume  d'acide  sulfurique  nor- 
mal décime  nécessaire  pour  neulraliser  exactement  20** 
de  l'eau  de  chaux  employée,  par  ?n  le  poids  moléculaire 
de  l'acide  considéré. 

Le  poids  de  l'acide  contenu  dans  ces  110**  soumis  à  la 
distillation  est  donné  par  l'expression  : 


Nx  0,00014  Xn  Xm 
28  X  A 


—  481  — 

^     ^    ,         0,00014  X  m 

Le  facteur  ■ : — —  est    constant  .  pour   cnague 

A  X  28  ^  ^ 

acide;  désignons  le  par  F,  l'expression  devient  : 

F  X  n  X  N. 

Cas  de  deux  acides.  —  Déterminant  les  volumes  d'eau 
de  chaux  N'  et  N"  correspondantes  à  chacun  des  acides 
contenus  dans  les  100"  distillés,  on  retombe  dans  le 
cas  précédent,  puisque  chaque  acide  distille  comme  sll 
était  seul. 


N 

n',»X 

100 

N' 

"'ioX 

100 

=  R'  d'où  n\  0  = 
=  ir  d'oiin'io  = 


100 
100 


N"  '~    ^ *^         100 

Comme  n\^  +  n'Io  =  n,o      NR  =  N'R'  +  N"R". 
D'autre  part  N'  +  N"^  N. 
On  a  donc  deux  équiitions  : 

(1)  NR  =  N'R'  +  N''R" 

(2)  N  =  N'  +  N" 

desquelles  on  lire  les  valeurs  de  N'  et  N" 


y  = 


R'  —  R" 


N"  = 


N  ;r'  —  R) 

R'  —  R' 


1 


R—  R  ' 


est  constant  pour  chaque  mélange  d'acide. 


Nous  posons  F'  = 


0.014  X  m' 
2S  X  A' 


1 


^,,^      0,014  X  m-     ^ 


R  —  R" 

1 


28  X  A"  R  — ir 

Les  formules  prennent  la  forme  simple,  A  et  B  dési- 


i 


—  182  — 

gnant  les  proportions  respective  de  chacun  de  ces  acides 
dans  les  110": 

A  =  F'  X  n  X  N  (R  —  R") 
B  =  F"X  nx  N  (R'— R). 

APPLICATIONS 

Cas  d'wi  acide  :  A  =  F  X  n  X  N.  —  Dans  cette 
expression  les  lettres  ont  les  significations  suivantes  : 

A  quantité  d'acide  contenue  dans  les  IIO'^  de  liquide 
que  Ton  avait  soumis  à  la  distillation  fractionnée. 

F  facteur  constant  avec  chaque  acide  calculé  ci-des- 
sous. 

^^e  nombre  de  centimètres  cubes  d'acide  sulfurique 
normal  décime  nécessaire  pour  neutraliser  exactement 
20"  de  l'eau  de  chaux  employée. 

N  le  volume  total  d'eau  de  chaux  employée  pour  neu- 
traliser les  dix  fractionnement. 

/  Acide  formique =  0,00039 

Valeurs  de  F  pour  \     ^     *^*^"^^« =  ^»^37 

quelques  acides.  )     "     V^^^^m^^ =  0,00038 

/     —     butyrique =  0,00045 

l     —     valérianiqne .  .  .  .  =  0,00051 

('as  de  deux  acides  : 

A'  =  F'  X  n  X  N  (R  —  R") 

A"=F"XnxN(R'— R). 

A',  F',  y  et  A",  F",  N"  ont  respectivement  pour  chaque 
acide,  les  significations  précédentes.  De  même  pour  n 
et  N. 

R,  R',  R"  sont  les  rapports  trouvés  pour  le  mélange  et 
ceux  qui  correspondent  à  chaque  acide. 

Pour  savoir  à  quels  acides  correspondent  A'  et  A' et 
pour  avoir  les  valeurs  de  chacune  des  lettres  pour  un 
mélange  de  nature  connue,  il  suffît  de  se  reporter  au  ta- 
bleau I  ci-après  qui  a  été  établi  pour  les  mélanges  les 
plus  fréquents. 


—  483  -^ 


2s« 
I  j 

z;  »' 
XX 
e  « 
XX 


g   o   :2i  .2* 


5  g. 

2  "S 


s 


•     «:«•«!     » 


•Si 

—  .2* 


8f 


•E 


o 


05 


S,e 


S 


3 


3 


g  "5 


A         ft         a 


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Wî     «     «    :<     «       § 


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REVUE  SPÉCIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  CHIMIE,  DE  PHARMACIE,  D'HYGIÈNE. 


Chimie,  Pharmacie. 

Fabrication  de  la  céruse  au  moyen  d'un  procédé  nouveau 

(Rapport  de  M.  Riban  au  Conseil  d'hygiène  de  la  Seine). 
—  L'installation  comprend  six  cuves  carrées  en  grès, 
contenant  un  mélange  de  solutions  de  carbonate  et  de 
chlorate  de  sodium.  Dans  ce  liquide  sont  plongées  une 
série  de  lames  de  plomb  verticales,  disposées  parallèle- 
ment, et  séparées  les  unes  de  autres  par  un  petit  inter- 
valle. Cette  disposition  rappelle,  à  s'y  méprendi^e,  celle 
de  la  plupart  des  accumulateurs.  Les  lames  d'un  certain 
ordre,  les  paires  par  exemple,  sont  réunies  au  pôle  posi- 
tif d'une  source  électrique,  les  autres  au  pôle  négatif- 
L'électricité  est  fournie  par  les  accumulateurs  de  la  Com. 
pagnie  Parisienne  d'air  comprimé,  qui  a  donné  asile  à 
ces  essais  de  fabrication. 

Lorsque  le  courant  passe,  il  se  fait  vraisemblablement 
à  l'anode,  où  se  rend  l'action  chlorique,  du  chlorate  de 
plomb  et  consécutivement,  avec  le  carbonate  alcalin  ea 
solution,  de  l'hydro-carbonate  de  plomb,  ou  céruse,  tandis 
que  la  soude  se  porte  à  la  cathode.  Des  baguettes  de  bois, 
intercalées  entre  les  lames  de  plomb  et  implantées  dans 
un  axe  commun  qui  leur  communique  un  mouvement 
oscillatoire,  ont  pour  but,  non  seulement  de  maintenir 
l'homogénéité  des  bains  par  agitation,  mais  encore  de 
racler,  à  mesure  de  la  production,  la  céruse  adhérente 
aux  lames  de  plomb.  La  céruse  tombe  ainsi  au  fond  des 
vases.  On  la  retire  mécaniquement,  au  moyen  de  pompes, 
pour  la  débarrasser,  à  l'aide  d'un  filtre-presse,  de  la  ma- 
jeure partie  de  l'eau  et  on  la  livre  en  pâte  à  la  consom- 
mation. Les  eaux  restées  dans  les  cuves,  ou  s'écoulant 
des -filtre-presses,  sont  refoulées  dans  un  petit  réservoir, 
où  un  courant  de  gaz  carbonique  régénère  le  carbonate 


—  485  — 

de  sodium,  aux  dépens  de  la  soude  qui  avait  été  mise  en 
liberté  par  le  courant 

On  revient,  de  la  sorte,  au  mélange  primitif  de  carbo- 
nate et  chlorate  de  sodium.  Le  gaz  carbonique  est  fourni 
par  une  bombe  en  acier,  qui  le  contient  liquéfié. 

On  le  voit,  dans  ce  procédé  extrêmement  rapide,  toutes 
les  opérations,  pour  ainsi  dire  automatiques,  s'effectuent 
au  sein  de  l'eau,  particulièrement  le  raclage  de  la  céruse 
des  lames  par  les  baguettes  oscillantes.  Il  n'y  a  donc  pas 
de  poussières,  si  ce  n'est  celles  qui  pourraient  résulter  de 
la  dessiccation,  sur  le  sol  de  l'atelier  de  la  céruse  délayée 
échappée  accidentellement  des  appareils  ;  mais  le  sol  de 
l'atelier  est  imperméable  et  muni  d'une  rigole,  des  asper- 
sions d'eau  sont,  dans  ce  cas,  toujours  possibles.  La  quan- 
tité de  céruse  fabriquée  journellement,  dans  cette  petite 
installation,  atteint  à  peine  une  dizaine  de  kilogrammes  ; 
un  seul  ouvrier  y  suffit.  La  matière  est  livrée  actuelle- 
ment en  pâte  aqueuse;  si  les  résultats  sont  satisfaisants, 
le  développement  de  cette  industrie  comportera  alors  un 
moulin,  pour  obtenir  la  céruse  à  l'huile  plus  propre  à  la 
rente. 

Sur  l'absorption  de  rozygône  par  le  pyrogallate  de  po- 
tasse; par  M.  Berthelot  (i).  —  On  sait  que  Liebig  a  pro- 
posé de  doser  l'oxygène  dans  les  mélanges  gazeux  en 
l'absorbant  au  moyen  du  pyrogallate  de  potasse  :  ce  pro- 
cédé très  commode  et  expéditif  est  demeuré  en  usage, 
quoique  moins  exact  que  l'analyse  par  détonation.  Son 
principal  défaut  consiste  dans  la  formation  simultanée 
d'une  petite  quantité  d'oxyde  de  carbone,  d'abord  mé- 
connue. D'après  les  observations  des  auteurs,  elle  s'élève 
dans  certaines  conditions  jusqu'à  3  et  4  centièmes  du 
volume  de  l'oxygène  absorbé,  pour  tomber  dans  d'autres 
à  1  centième  et  même  à  0,6,  sans  que  les  conditions  qui 
président  à  ces  variations  soient  connues. 

Il  résulte  des  expériences  de  M.  Berthelot  que,  pour 

(1).  Ac.  d.  8c,  CXXVI,  12  avril  1898. 


—  486  — 

ne  donner  naissance  qu'à  des  quantités  négligeables 
d'oxyde  de  carbone,  l'absorption  de  l'oxygène  par  le 
pyrogallale  de  potasse  doit  être  effectuée  en  présence  d'un 
excès  notable  de  potasse  et  avec  une  dose  de  pyrogallol 
capable  d'absorber,  pour  être  saturée,  quatre  à  cinq  fois 
autant  d'oxygène  que  le  mélange  mis  en  expérience  en 
renferme. 

On  réalise  ces  conditions  avec  une  solution  très  concen- 
trée, capable  d'absorber  par  exemple  quatre-vingt-dix  fois 
son  volume  d'oxygène,  employée  sous  un  volume  supé- 
rieur au  vingtième  du  volume  gazeux  analysé.  Après 
ravoir  introduite  dans  les  tubes  destinés  à  l'analyse,  on 
y  ajoute  soit  de  la  potasse  en  solution  aqueuse  saturée  ; 
soit,  et  mieux,  de  petites  pastilles  de  potasse  solide,  en 
proportion  convenable,  lesquelles  se  dissolvent  rapide- 
ment dans  la  liqueur  et  déterminent,  en  quelques  minutes, 
l'absorption  complète  de  l'oxygène. 

Ces  expériences  donnent  lieu  A  une  autre  observation, 
qui  n'est  pas  sans  intérêt  pour  la  connaissance  même  de 
la  réaction  chimique,  accomplie  par  le  fait  de  la  fixation 
de  l'oxygène  sur  le  pyrogallate  de  potasse.  En  effet,  il 
résulte  des  faits  observés  que  la  réaction  est  la  même 
pour  des  dilutions  extrêmement  différentes  et  qu'elle 
donne  lieu  h  une  même  absorption  d'oxygène,  soit  à  10*, 
soit  à  62*;  c'est-à-dire  qu'elle  demeure  la  même  entre  des 
limites  de  température  très  étendues.  Elle  est  également 
la  même  depuis  1  équivalent  de  potasse  jusqu'à  3  équi- 
valents et  plus;  tandis  qu'au  dessous  d'un  équivalent  elle 
est  proportionnelle  au  poids  de  la  potasse.  Enfin,  quand 
elle  atteint  sa  limite,  elle  produit  une  fixation  de 
3  atomes  d'oxygène  ;  ce  qui  repond  à  la  formule 
C'MI'KO*,  ou  plus  simplement,  en  faisant  abstraction 
du  potassium  :  CMPO*.  Ces  rapports  représentent  soit 
la  fornmle  du  composé  résultant,  soit  celle  des  produits 
de  sa  décomposition,  telle  que  celle  d'un  oxyquinon. 
CMPO',  formé  avec  séparation  de  II'O.  Ce  corps  peut 
être  isolé,  en  agitant  la  liqueur  avec  de  Téther  après 
l'avoir  rendue  acide. 


—  487  — 

Nouvelle  réaction  très  sensible  et  spécifique  de  Tacide 
citrique;  par  M.  G.  Denigès  (1).  —  L'auteur  résume 
d'abord  les  réactions  connues  : 

A.  Insolubilité  a  chaud  du  citrate  de  calcium  :  1®  Soit 
par  un  excès  d'eau  de  chaux  ;  2"  soit  par  le  chlorure  de 
calcium,  en  milieu  ammoniacal. 

B.  Transformation  de  l  acide  citrique  en  produits 
cÉTONiQUES.  —  1*  Par  les  oxydants  manganiques.  —  Le 
produit  citrique  est  chauffé  avec  MnO*  ou  avec  MnO*K, 
dans  ce  dernier  cas  jusqu'à  décoloration.  Dans  le  liquide 
ainsi  traité,  on  décèle  les  composés  cétoniques  soit  à 
l'état  de  dérivé  brome,  blanc,  par  addition  d'eau  de 
brome;  soit  par  transformation  en  iodoforme,  avec  un 
peu  d'iode  et  d'un  alcali  caustique;  soit  à  l'aide  de  la 
réaction  de  Légal  (nitroprussiate  de  sodium,  soude, 
puis  acide  acétique)  qui  fournit,  comme  on  sait,  une 
coloration  rouge  carmin.  Cette  application  de  la  réaction 
de  Légal  ne  paraît  pas  encore  avoir  été  faite. 

2®  Par  Vhypobromile  de  sodium.  —  On  chauffe  le 
liquide  renfermant  l'acide  citrique,  libre  ou  combiné, 
avec  un  peu  d'hypobromite  de  sodium  jusqu'à  décolora- 
tion de  ce  dernier,  puis  on  ajoute  goutte  à  goutte  de 
l'acide  acétique  jusqu'à  coloration  très  faiblement  rou- 
geàtre  ;  on  laisse  refroidir  et  dans  le  cas  de  la  présence 
de  l'acide  citrique  on  observe  la  formation  d'un  précipité 
blanc,  se  résolvant,  lors([u'il  est  abondant,  en  goutte- 
lettes de  bronioforme.  Ce  précipité  est,  en  effet,  produit 
par  une  Une  émulsion  de  ce  corps  (réaction  inédile). 

30  Par  Vacide  sulfurique  concentré.  —  Dans  ce  procédé, 
indiqué  par  A.  lierg  et  C.  Gerber  pour  la  recherche  de 
l'acide  citrique  dans  les  végétaux,  ce  corps  doit  être 
amené  à  une  notable  concentration  sous  forme  de  sel 
ammoniacal,  après  traitement  successif  du  suc  aqueux 
de  la  plante  par  l'acétate  de  plomb,  l'hydrogène  sulfuré, 
l'eau  de  chaux  et  l'oxalate  d'ammoniaque. 

Le  produit  linalemenl  obtenu,  évaporé  à  sec  ou  presque 


(I)  Bullei.  de  la  soc.  de  Pharm.  de  Bordeux  (Extrait). 


—  488  — 

à  siccité,  est  placé  dans  un  tube  à  essais  et  chauffé,  pen- 
dant environ  une  heure  à  une  heure  et  demie,  à  une 
température  comprise  entre  50°  et  60*  avec  cinq  à  six  fois 
son  poids  d'acide  sulfurique  pur  à  66*  B.:  Tacide  citri- 
que est  ainsi  transformé  en  acide  acétone  dicarbonique. 

On  refroidit  ensuite  le  mélange  et  on  lui  ajoute,  en  le 
maintenant  dans  l'eau  froide,  cinq  à  six  fois  son  volume 
d'eau.  Après  cette  dilution,  on  agite  avec  de  l'éther  et  on 
décante  soigneusement  ce  dernier.  La  solution  éthérée 
est  divisée  en  deux  parties  que  l'on  évapore  dans  des 
capsules. 

Le  premier  résidu  est  repris  par  un  peu  d'eau  et  addi- 
tionné d'une  solution  étendue  de  perchlorure  de  fer  qui 
donne  une  coloration  violet  rougeâtre  avec  l'acide  acé- 
tone dicarbonique. 

Le  second  est  additionné  d'une  solution  récente  très 
étendue  de  nitroprussiate  de  soude,  puis  d'une  goutte  de 
soude  concentrée;  il  doit  se  produire  une  tache  rouge 
intense  et  par  agitation  le  mélange,  tout  entier,  se 
colore  en  rouge  orange. 

Il  n'est  pas  besoin  d'insister  pour  montrer  combien  ce 
procédé  est  long  et  pénible,  sans  offrir  des  garanties  cer- 
taines de  spécificité  absolue. 

G.  Réaction  colorée  empirique.  —  En  chauffant  pen- 
dant six  heures,  à  110-120°,  dans  un  petit  tube  épais, 
scellé  à  la  lampe,  un  mélange  d'acide  citrique  et  de  dix 
fois  son  poids  d'ammoniaque,  puis,  après  refroidisse- 
ment, abandonnant  à  l'air  le  liquide,  placé  dans  une 
capsule,  on  obtient,  comme  Sarandinaki  l'a  montré,  une 
coloration  bleue  ou  verte  intense. 

De  ces  diverses  réactions  celles  de  la  première  caté- 
gorie, les  plus  classiques,  sont  fort  peu  sensibles  et  diffi- 
ciles à  appliquer  dans  un  mélange  ;  quant  aux  autres,  ou 
bien  elles  ne  sont  pas  spécifiques,  ou  bien  leur  difficulté 
d'obtention  les  rend  pratiquement  inapplicables,  au 
moins  dans  le  cas  général. 

D.  Méthode  de  l'auteur.  —  Présence  de  Vacide  citrique 
dans  une  solution  aqueuse  de  cet  acide  ou  d'un  citrate.  — 


—  489  — 

Soit,  par  exemple,  une  solution  aqueuse  d'acide  citrique 
à  1  ou  2  p.  100. 

On  mettra  dans  un  tube  5"  de  cette  solution  et  l*^*'  de 
sulfate  mercurique  ainsi  composé  : 

Oxyde  mercurique  (jaune  ou  rouge).  .  .        5  grammes. 

Aicdc  sulfuriquo  concentré SO  cent,  cubes. 

Eau  distillée iOO       — 

On  portera  à  l'ébuUition  et,  retirant  du  feu,  on  ajou- 
tera cinq  ou  six  gouttes  d'une  solution  à  2  p.  100  de  per- 
manganate de  potassium.  Le  mélange  se  décolorera  bien 
vite  et  aussitôt  après  il  se  formera  un  trouble,  puis  un 
précipité  blanc.  Pour  les  liqueurs  très  étendues,  il  suf- 
fira d'une  goutte  de  permanganate  ;  on  peut  ainsi  déceler 
moins  d'un  demi-milligramme  d'acide  citrique  dans  la 
prise  d'essai. 

Présence  de  Vacide  citrique  dans  un  suc  végétal  (jus  de 
citron  ou  d'orange,  par  exemple).  —  On  met  dans  un 
tube  quelques  gouttes  de  jus  de  citron  ou  d'orange,  on 
ajoute  4  à  5"  d'eau  et  on  opère  comme  dans  le  cas  d'une 
solution  aqueuse  d'acide  citrique. 

Pour  le  jus  de  citron  ou  d'orange,  on  peut  sans  incon- 
vénient ajouter  cinq  à  six  gouttes  de  permanganate  ;  on 
diminue  la  dose  de  ce  réactif  pour  les  sucs  plus  pauvres 
en  acide  citrique. 

Petites  quantités  diacide  citrique  en  présence  de  grandes 
quantités  d'acide  tartrique.  —  Supposons  qu'on  ait  à  essayer 
un  échantillon  donné  d'acide  tartrique  au  point  de  vue 
de  la  présence  possible  d'acide  citrique.  On  opérera 
comme  il  suit  : 

Peser  \^'  d'acide  tartrique  à  essayer  [échantillon 
moyen),  dissoudre  à  chaud  dans  50*^''  d'eau  (1).  Mettre 
dans  un  tube  5"  de  la  solution  refroidie,  ajouter  rapi- 
dement 1"  de  la  solution  à  2  p.  100  de  permanganate  et 
chauffer  jusqu'à  ce  que  le  mélange  prenne  une  teinte 
brune  et  dégage  quelques  bulles  gazeuses;  à  ce  moment, 

(1)  Pour  cet  essai,  il  ne  faudra  jamais  opérer  sur  des  solutions  renfermant 
plus  de  2  p.  i 00  d'acide  tartrique. 

Journ,  de  Pharm.  et  de  Chim.,  6*  SÉRIE,  t.  VII.  (15  mai  1898.)  32 


—  490  — 

retirer  du  feu  et  attendre  que  le  liquide  soit  entièrement 
décoloré,  ce  qui  est  très  rapide. 

Ajouter  alors  1^*  de  sulfate  mercurique  et  porter  juste 
à  l'ébuUition.  On  obtiendra  un  trouble  blanc  très  net, 
avec  un  1/2  p.  100  et  même  moins  d'acide  citrique.  Dans 
le  cas  d'absence  de  cet  acide,  le  liquide  chauffé  resterait 
incolore  et  limpide. 

Acide  citrique  dans  le  vin.  —  Depuis  un  certain  temps, 
on  ajoute  fréquemment  de  l'acide  citrique  aux  vins,  sur- 
tout aux  blancs,  non  seulement  parce  que  cet  acide  n'a 
pas,  comme  l'acide  tartrique,  l'inconvénient  de  précipiter 
de  la  crème  de  tartre,  mais  surtout  parce  qu'on  le  consi- 
dère conmie  indécelable  aux  analyses  courantes  et  qu'il 
permet  ainsi  de  faire  passer  comme  normaux  et  naturels 
des  vins  dont  la  somme  acide-alcool  est  inférieure  aux 
moyennes  légales  et  qu'on  rehausse  en  acidité  par 
l'acide  citrique  pour  faire  rentrer  cette  somme  dans  la 
normale. 

Pour  cela,  que  le  vin  soit  blanc  ou  rouge,  on  en  addi- 
tionne 10*^*^  de  !«'•  à  l'%50  de  bioxyde  de  plomb,  on  agite 
vivement,  on  ajoute  2**  de  sulfate  mercurique,  on  agile 
encore  quelques  instants  et  on  filtre,  en  repassant  les 
premières  portions  toujours  troubles  par  du  bioxyde  de 
plomb  en  suspension. 

5  à  6"  du  filtrat  sont  portés  à  Tébullition,  on  retire  du 
feu  ;  puis,  aussitôt  après,  on  ajoute  une  goutte  de  per- 
manganate potassique  à  2  p.  100  et  on  agite  ;  après  déco- 
loration, on  ajoute  une  autre  goutte  de  caméléon  dans  les 
mêmes  conditions,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  dix  gouttes. 

Les  vins  normaux,  ainsi  traités,  ne  donnent  qu'un 
louche  extrêmement  faible  et  encore  pas  toujours  immé- 
diat ;  ce  louche  est  dû  aux  traces  d'acide  citrique  (5  à  6'*' 
par  litre,  en  moyenne)  que  renferment  tous  les  vins,  fait 
non  encore  signalé. 

S'il  y  a  eu  addition  d'acide  citrique,  déjà  à  la  dose  de 
0«%10  par  litre,  le  trouble  est  nettement  accusé;  il  va 
en  croissant  avec  la  quantité  de  cet  acide  et,  à  partir  de 
0«',iO  par  litre,  il  est  accompagné  d'un  précipité  flocon 


—  491  — 

neux.  L'opération  se  fait  en  quelques  minutes  à  peine. 

L'intensité  de  l'opalescence  obtenue  permet  de  juger 
approximativement  de  la  quantité  d'acide  ajoutée. 

Acide  citrique  dans  le  lait.  —  L'étude  des  concrétions 
que  présentent  fréquemment  les  laits  condensés  et  dans 
la  composition  desquelles  entre  surtout  du  citrate  de 
chaux,  a  conduit  Soxhlet  (1),  puis  Ilenckel  [2),  à  recher- 
cher l'acide  citrique  dans  le  lait  de  vache,  où  il  se  trouve, 
d'après  ces  auteurs,  à  la  dose  d'environ  l*""  par  litre. 
Schciber  (3)  a  également  étudié  cette  question. 

La  méthode  suivie  par  ces  auteurs  pour  déceler  l'acide 
citrique  était  longue,  pénible,  et  nécessitait  qu'on  opé- 
rât sur  une  grande  masse  de  liquide  d'essai.  Elle  ne  se 
prétait  pas  à  la  recherche  de  cet  acide  dans  les  laits  dont 
on  ne  possède  que  de  petites  quantités  ;  quant  au  dosage, 
il  était  très  approximatif. 

Plus  tard  (4).  L.  Vaudin  a  confirmé  les  faits  indiqués 
par  les  auteurs  précédents  et  indiqué  que  la  dose  d'acide 
citrique  par  litre  était  de  i*'"  à  l8',r)0  dans  le  lait  de 
vache,  de  0»^60  à  0«^80  dans  le  lait  de  jument.  Il  a  de 
plus  prouvé  que  l'acide  citrique,  qui  se  trouve  a  l'état  de 
sel  alcalin  dans  le  lait,  contribue  pour  la  plus  grande 
partie,  sinon  entièrement,  à  maintenir  en  dissolution  le 
phosphate  de  chaux  du  sérum  lacté. 

Dans  ses  expériences,  Vaudin  a  été  également  obligé 
d'opérer  sur  de  grosses  quantités  de  lait  ;  c'est  ainsi  que 
la  recherche  de  l'acide  citrique  dans  le  lait  de  vache  a  été 
effectuée  de  la  façon  suivante  : 

20  litres  de  lait  frais,  écrémé  à  la  machine  centrifuge, 
sont  coagulés  par  la  présure. 

Le  sérum  obtenu  est  traité  par  4  à  5«'  d'acide  acétique, 
clarifié  avec  du  blanc  de  Meudon  en  faisant  bouillir 
quelques  instants  et  filtré.  On  traite  par  de  l'acétate  de 


"t 


(1)  Landtc.  Versuchst.,  p.  101,  1888. 

(2)  Ibid.,  p.  143,  1889. 

(3)  Ibid.,  p.  153,  1889. 

(4)  Annales  de  Vlnstitut  Pasteur,  p.  502,  25  juillet  1894. 


—  492  — 

plomb  le  liquide  obtenu;  il  se  forme  un  précipité  qui  est 
recueilli  sur  un  filtre,  lavé,  délayé  ensuite  dans  l'eau  dis- 
tillée et  soumis  à  un  courant  prolongé  d'hydrogène  sul- 
fui*é.  Le  sulfure  de  plomb  est  séparé  par  filtration  et  le 
liquide  clair,  après  concentration  dans  le  vide  à  une 
basse  température,  est  traité  par  un  excès  d'éther  à  65^ 
On  laisse  en  contact  plusieurs  jours  en  agitant  fré- 
quemment; on  décante  ensuite  la  couche  éthérée  et  on 
distille.  Le  résidu  aqueux  est  placé  dans  le  dessiccateur. 
On  obtient  ainsi  des  cristaux  légèrement  colorés  qu'on 
essore  et  qu'on  purifie  par  de  nouvelles  cristallisations 
avant  de  les  identifier  par  leurs  propriétés  physico-chi- 
miques. 

Le  procédé  Denigès  permet,  avec  très  peu  de  lait,  de 
montrer  en  quelques  instants,  à  un  cours,  la  présence  de 
l'acide  citrique  dans  le  lait  de  vache,  de  rechercher  cet 
acide  dans  les  autres  laits  et  d'en  faire  un  dosage  suffi- 
samment approché  par  la  méthode  diaphanométrique,  en 
opérant  par  comparaison. 

Pour  l'appliquer,  on  met  dans  un  tube  10**  de  lait  (1 , 
2**  d'une  solution  de  métaphosphate  de  soude  à  5  p.  100 
et  3**  de  sulfate  mercurique  ;  on  agite  et  on  filtre  en 
rejetant  les  premières  portions  écoulées,  le  plus  souvent 
louches. 

On  porte  à  l'ébuUition  5  à  C*^*"  du  filtrat,  on  enlève  du 
feu  et  on  ajoute  goutte  à  goutte,  en  agitant  chaque  fois, 
du  permanganate  de  potassium  à  2  p.  100.  Dans  le  cas  du 
lait  de  vache,  on  obtient,  après  addition  de  quatre  ou  cinq 
gouttes,  un  trouble  blanc  très  marqué;  puis,  en  conti- 
nuant de  verser  le  caméléon,  il  se  forme,  vers  huit  à  dix 
gouttes,  un  précipité  blanc  floconneux  accompagné  de 
coloration  jaunâtre  lorsqu'il  y  a  un  léger  excès  de  per- 
manganate. On  peut  faire  disparaître  cette  coloration  jau- 
nâtre par  quelques  gouttes  d'eau  oxygénée. 
Dans  tous  les  essais  qui  précèdent,  on  s'est  assuré  que 


(1)  Pour  le  lait  de  vache,  dont  on  a  facilement  une  grande  quantité,  on 
peut  doubler  les  doses  indiquées. 


—  493  — 

les  substances  qui  peuvent  accompagner  Tacide  citrique  : 
acides  acétique,  tartrique,  malique,  succinique,  lacti- 
que, etc.,  glycérine,  gommes,  glucose,  saccharose,  lac- 
tose, étaient  négatives  au  point  de  vue  de  cette  réaction. 
Ceux  de  ces  corps  qui  sont  les  plus  facilement  oxydables, 
notamment  les  acides  tartrique,  malique  et  lactique,  pro- 
tègent seulement  un  peu  Tacide  citrique  contre  l'attaque 
par  le  caméléon,  aussi  faut-il  en  leur  présence,  pour 
avoir  des  résultats  positifs,  forcer  la  dose  du  réactif. 

Un  excès  de  chlorures,  bromures  et  iodures  ou  des 
acides  binaires  correspondants,  gêne  la  réaction,  aussi 
convient-il  de  s'en  débarrasser  par  agitation  avec  du  sul- 
fate d'argent. 

Enfin,  dans  le  cas  où  l'acide  citrique  serait  accompagné 
d'acides  actifs  par  eux-mêmes  sur  SO*Hg,  tomme  l'acide 
oxalique,  ou  bien  on  forcerait  un  peu  la  dose  de  ce  réac- 
tif et  on  filtrerait  après  avoir  porté  à  l'ébullition  et  avant 
d'ajouter  le  caméléon,  ou  bien  on  oxyderait  d'abord  le 
mélange  à  chaud,  en  milieu  acétique,  par  un  léger  excès 
de  caméléon  qu'on  réduirait  par  quelques  gouttes  de 
H*0",  ou  d'acide  tartrique,  et  on  ferait  agir  le  sulfate 
mercurique  pour  avoir  le  trouble  ou  le  précipité  cherché. 


Essai  de  la  pepsine,  par  M.  Allen  (1).  —  Le  procédé 
proposé  par  M.  Allen  repose  sur  la  propriété  que  pos- 
sède l'eau  bromée ,  en  milieu  acidulé  par  HCl ,  de  pré- 
cipiter tous  les  albuminoïdes  (albumine,  albumoses, 
peptone),  sans  précipiter  les  autres  corps  azotés  (urée, 
créatine,  créatinine,  leucine,  tyrosine,  etc.). 

Mode  opératoire.  —  On  fait  digérer  pendant  trois  heu- 
res à  une  température  de  40°,  l»*"  d'albumine  d'œuf 
avec  10*«'  de  la  pepsine  à  essayer,  dissous  dans  20**  d'eau 
et  additionnés  de  25**  d'HCl  décinormal. 

Lorsque  les  trois  heures  sont  écoulées,  on  neutralise 
au  moyen  de  25**  de  solution  décinormale  de  carbonate  de 


(i)  Pharm,  Joum,,  1897,  p.  551,  d'après  Ann.  de  Chim.  Analyt,, 
15  avril  1898. 


^'X 


—  494  — 

soucie,  et  on  chauffe  au  hain-maric  à  90*  pendant  dix 
minutes  ;  on  laisse  refroidir  ;  on  complète  100^*  et  on 
tiltrc  ;  le  précipité  retenu  sur  le  filtre  est  la  syntonine, 
qu'on  dose  par  la  méthode  Kjeldahl. 

On  prend  50"  du  filtratum  dans  lequel  on  ajoute  du 
sulfate  de  zinc  en  poudre  jusqu'à  saturation,  afin  de 
précipiter  les  alhumoses  ;  après  un  contact  d'une  demi- 
heure,  on  filtre,  pour  séparer  les  alhumoses  qui  sont 
mélangés  à  la  pepsine.  On  dose  encore  ces  alhumoses  par 
la  méthode  Kjeldahl  ;  mais  on  a  soin  de  retrancher  du 
résultat  ohtenu  la  quantité  d'azote  provenant  de  la  pep- 
sine, ce  qui  est  facile,  si  on  a  eu  la  précaution  de  doser 
préalablement  l'azote  dans  la  pepsine  à  essayer. 

La  peptone  se  trouve  dans  le  liquide  filtré  saturé  de 
sulfate  de  zinc  ;  on  la  précipite  par  l'eau  hromée  en 
excès  après  acidulation  par  l'HCl;  on  filtre  sur  un  en- 
Immoir  garni  d'un  tampon  d'ouate,  et,  après  lavage  du 
précipité,  on  y  dose  l'azote  par  le  procédé  Kjeldahl,  en  y 
joignant  le  tampon  d'ouate  qui  retient  une  certaine  por- 
tion du  précipité. 

Le  liquide  séparé  ne  contient  plus  que  des  sul)stances 
azotées  non  alhuminoïdes. 


Hygiène. 

Recherche  de  la  sciure  de  bois  dans  les  farines;  par 

M.  G. -A.  Le  Roy.  —  La  recherche  de  l'adultération,  par 
là  sciure  de  bois,  des  farines  de  froment  de  qualité 
inférieure,  connues  industriellement  sous  le  nom  de 
recoupes^  etc.,  et  celle  des  farines  d'orge,  d'avoine,  elc. 
qui  contiennent  normalement  des  débris  cellulosiques 
provenant  du  grain  lui-même,  est  assez  difiicile  à  éta- 
blir. L'auteur  a  tenté  d'appliquer  à  la  divulgation  de 
cette  falsification  les  réactions  colorées  produites  sur  la 
cellulose  par  différentes  substances  telles  que  l'orcine, 
Fanïidol,  la  diméthylparaphénylènediamine,  la  phloro- 
glucine,  réactions  connues  mais  non  appliquées  jus- 
qu'alors dans  ce  but  spécial.  La  phloroglucine  employée 


—  495  — 

en  solutions  alcooliques,  fortement  acidifiée  par  Vacide 
phosphorique,  a  donné  d'excellents  résultats.  Une  telle 
solution,  dont  on  imbibe  la  farine  suspecte,  donne,  après 
un  chauffage  très  léger,  une  coloration  intense  rouge  car- 
miné aux  particules  de  sciure  de  bois  ;  la  coloration  qu'elle 
produit  sur  les  matières  cellulosiques  provenant  du  grain 
lui-n!éme  est  nulle  ou  à  peine  marquée,  du  moins  dans 
les  premiers  temps  :  les  particules  d'amidon  restent  in- 
colores. L'observation  peut  se  faire  à  l'œil  nu,  ou  mieux 
avec  une  forte  loupe.  La  solution  chlorhydrique  de  phlo- 
roglucine  agit  dans  les  mêmes  conditions  trop  énergi- 
quement  ;  la  différence  de  coloration  entre  les  particules 
de  cellulose-bois  et  de  cellulose-grains  est  moins  tran- 
chée. 

Sur  remploi  du  chlorure  de  palladium  pour  la  recherche 
dans  l'air  de  très  petites  quantités  d'oxyde  de  carbone  et 
sur  la  transformation  de  ce  gaz,  à  la  température  ordi- 
naire, en  acide  carbonique;  par  MM.  Potain  et  Drouin  (1). 
—  La  présence  de  l'oxyde  de  carbone  dans  l'air,  même  en 
proportions  très  petites,  peut  être  constatée  à  l'aide  du 
chlorure  de  palladium.  11  suffit  de  faire  passer  l'air  vicié 
en  bulles  très  fines  à  travers  une  solution  étendue  de  ce 
sel  à  la  température  ordinaire. 

Les  auteurs  se  sont  servis,  pour  obtenir  ce  résultat, 
d'un  long  tube  effilé  à  son  extrémité  et  plongeant,  par 
cette  extrémité,  dans  un  autre  tube  de  calibre  peu  différent, 
fermé  à  sa  partie  inférieure  et  contre  le  fond  duquel  la 
pointe  du  premier  vient  appuyer.  L'espace  compris  entre 
les  deux  tubes  est  hermétiquement  fermé  en  haut  par 
une  bague  en  caoutchouc.  Le  tube  extérieur  possède  une 
tubulure  latérale  par  laquelle  on  peut  établir  une  aspira- 
tion. L'autre,  coudé  à  sa  partie  supérieure,  est  mis  en 
communication  avec  la  source  de  l'air  à  examiner. 

Dans  cet  appareil  on  introduit,  avant  de  le  clore,  10^*' 
d'une  solution  de  chlorure  de  palladium  à  1/1000,  conte- 
Ci)  Ac.  d.  Se,  CXXVI,  938,  28  mars  1898. 


7---^"«XTï^ 


—  496  — 

nant   par  conséquent    1"**'  de  chlorure    et  acidifié   par 
Taddition  de  2  gouttes  d'acide  chlorhydrique. 

Lorsqu'on  établit,  par  un  moyen  quelconque,  une  aspi- 
ration sur  la  tubulure  du  tube  extérieur,  l'air  pénètre 
par  l'extrémité  effilée  du  tube  intérieur  et  ses  bulles,  s'é- 
crasant  sur  la  surface  à  laquelle  celle-ci  est  appliquée, 
traversent  le  liquide  dans  une  étendue  de  O^jSO  sous  la 
forme  d'une  véritable  poussière  de  bulles  gazeuses  qui 
multiplient  les  surfaces  de  contact. 

Pour  peu  que  cet  air  contienne  de  l'oxyde  de  carbone, 
le  chlorure  est  en  partie  décomposé  et  du  palladium  se 
dépose  en  couche  noirâtre  sur  les  parois  du  tube.  Ce  dé- 
pôt témoigne  de  la  présence  d'un  gaz  réducteur  et,  dans 
le  cas  particulier,  de  l'oxyde  de  carbone.  Il  n'est  aisé- 
ment appréciable  qu'autant  que  Toxyde  de  carbone  se 
trouve  dans  l'air  en  quantité  assez  sensible,  et  il  ne  sau- 
rait d'ailleurs  en  indiquer  la  proportion,  même  d'une  façon 
approximative.  Mais,  par  suite  de  la  décomposition  du 
chlorure,  la  solution,  primitivement  d'un  jaune  très 
accentué,  se  décolore  progressivement.  Si,  après  avoir 
fait  passer  dans  l'appareil  une  quantité  d'air  déterminée, 
on  verse  le  liquide  filtré  dans  un  petit  tube  à  fond  plat  et 
si,  à  côté  de  celui-là,  on  en  place  un  autre  semblable, 
contenant  une  partie  de  la  même  solution  n'ayant  point 
subi  le  contact  du  gaz,  on  constate  aisément,  en  regardant 
le  liquide  par  sa  face  supérieure,  une  différence  de  colo- 
ration proportionnelle  à  la  quantité  de  chlorure  de  palla- 
dium qui  a  disparu.  Après  avoir  égalisé  les  teintes,  en 
faisant  varier  le  niveau  de  liquide,  il  suffit  de  mesurer 
la  hauteur  de  celui-ci,  dans  chacun  des  tubes,  pour  avoir 
une  mesure  assez  exacte  de  la  quatité  de  chlorure  dé- 
composée. 

Cette  quantité  est  très  éloignée  de  celle  qu'indiquerait 
la  théorie  pour  une  quantité  déterminée  d'oxyde  de  car- 
bone traversant  l'appareil,  si  la  réaction  était  complète 
et  si  tout  Toxyde  de  carbone  était  transformé.  La  plus 
grande  partie  échappe,  et  c'est  sulement  d'une  façon 
empirique  qu'on  peut  déterminer  la  quantité  d'oxyde  de 


—  497  — 

carbone  que  représente  une  certaine  quantité  de  chlorure 
disparue,  c'est-à-dire  le  coefficient  de  Tappareil.  Quand 
on  opère  d'une  façon  toujours  identique,  ce  coefficient 
varie  très  peu. 

Par  cette  méthode  on  distingue  très  aisément  et  avec 
assez  de  précision  la  présence  de  1**  d'oxyde  de  carbone  dans 

10  litres  d'air,  c'est-à-dire  à  l'état  de  dilution  de  1/10000. 
Avec  une  quatité  d'air  plus  grande,  on  peut  reconnaître 
des  proportions  d'oxyde  de  carbone  beaucoup  moindres. 

11  est  difficile,  toutefois,  d'obtenir  empiriquement  un 
coefficient  pour  le  cas  de  dilution  extrême,  qui  exige  une 
opération  prolongée,  et  cela  parce  qu'on  ne  saurait  con- 
server longtemps  un  pareil  mélange  gazeux  sans  altéra- 
tion. Enfermé  dans  un  espace  clos  avec  de  l'air  atmo- 
sphérique à  la  température  ordinaire,  l'oxyde  de  carbone 
disparaît  et,  à  sa  place,  on  trouve  de  l'acide  carbonique. 

Le  2  août  de  l'année  dernière,  on  a  enfermé  dans  des 
ballons  de  verre,  de  la  contenance  de  5  litres  à  10  litres, 
de  l'air  atmosphérique,  sec  ou  humide,  mais  dans  les 
deux  cas  débarrassé  complètement  d'acide  carbonique, 
et  une  proportion  d'oxyde  de  carbone  de  1/1000.  Ces  bal- 
lons, soigneusement  fermés,  ont  été  laissés  dans  le  labo- 
ratoire à  l'abri  du  soleil.  Quarante-deux  jours  après,  on 
n'y  a  plus  trouvé  aucune  trace  d'oxyde  de  carbone,  mais 
de  l'acide  carbonique  en  quantité  à  peu  près  équivalente. 
11  semble  donc  que,  même  à  la  température  ordinaire, 
l'oxyde  de  carbone  s'oxyde. 

Ayant  à  la  même  époque  enfermé  dans  un  ballon  sem- 
blable la  même  proportion  d'oxde  de  carbone  avec  de 
l'azote,  on  a  retrouvé  (une  fois  au  bout  de  quarante-deux 
jours,  une  autre  fois  au  bout  de  soixante-quatorze  jours) 
la  quantité  d'oxyde  de  carbone  que  l'on  y  avait  mise,  et 
il  n'y  avait  pas  de  traces  sensibles  d'acide  carbonique. 

La  disparition  de  l'oxyde  de  carbone  s'opère  progressi- 
vement. Tandis  que  du  trente-neuvième  au  quarante- 
deuxième  jour  il  n'existait  plus  dans  les  ballons  de  traces 
appréciables  d'oxyde  de  carbone,  dans  un  cas  il  n'y  en 
avait  déjà  plus  au  vingt-neuvième  jour  que  1/10  environ 


—  498  — 

do  la  quantité  introduite.  La  diminution  est  ordinaire- 
mont  rapide  dans  les  premiers  jours,  et  se  ralentit  peu  à 
peu  ;  si  bien  que  la  perte  ayant  été  trouvée  le  quatrième 
jour  de  27  p.  100,  le  vingt-deuxième  elle  n'était  encore 
que  de  54  p.  tOO. 

La  raison  qui  ralentit  ainsi  progressivement  la  trans- 
formation de  l'oxyde  de  carbone,  malgré  la  présence  d'une 
quantité  d'oxygène  toujours  sensiblement  égale ,  paraît 
être  la  présence  même  de  l'acide  carbonique  produit. 

1^  On  peut  donc,  à  l'aide  du  chlorure  de  palladium, 
reconnaître  la  présence  dans  l'air  de  très  petites  quan- 
tités d'oxyde  de  carbone. 

2°  Ce  procédé  permet  un  dosage  approximatif  qui,  dans 
la  pratique,  suffirait  à  fournir  des  indications  utiles  au 
point  de  vue  de  l'hygiène. 

3*  L'oxyde  de  carbone  mélangé  à  Tair  en  petite  quan- 
tité et  à  la  température  ordinaire  se  transforme  lentement 
en  acide  carbonique.  Cette  transformation  est  retardée  et 
limitée  par  la  présence  même  de  l'acide  carbonique. 

4°  Elle  explique  sans  doute  comment,  malgré  les  quan- 
tités considérables  d'oxyde  de  carbone  produites  inces- 
samment dans  imo  grande  ville  comme  Paris,  on  n'en 
trouve  cependant  pas  de  traces  notables  dans  l'air,  si  ce 
n'est  au  voisinage  même  des  sources  de  production. 


Rapport  sur  les  boissons  alcooliques  (extrait),  présenté 
par  une  sous-commission  à  la  commission  extra-parle- 
mentaire du  Monopole  de  l'alcool;  M.  Duclaux,  rappor- 
teur, 1898. 

Votre  sous-commission  de  l'hygiène  s'est  uniquement 
préoccupée,  dans  ses  premières  séances,  de  ce  qu'on 
pourrait  appeler  le  côté  physiologique  du  problème  do 
l'alcoolisme.  Tous  les  projets  de  monopole  ou  de  rectifi- 
cation publiés  jusqu'ici  visent  avant  tout  une  réforme 
hygiénique  ;  c'est  la  valeur  morale  et  sociale  qu'on  leur 
supposait  sous  ce  rapport,  bien  plus  que  leur  incertaine 
valeur  fiscale,  qui  leur  a  fait  rapidement  tant  et  de  si 
chauds   partisans.   Il  a  paru  à  votre  sous -commission 


—  499  — 

qu'elle  se  devait  et  qu'elle  vous  devait  d'attirer  Tattention 
du  public  sur  le  degré  de  solidité  de  ces  espérances  hy- 
giéniques, de  dresser  le  bilan  de  ce  qu'on  pouvait  attendre 
dans  cette  voie,  des  mesures  proposées,  d'indiquer  les 
barrières  naturelles  devant  lesquelles  toute  action  légis- 
lative devint  impuissante,  bref,  d'établir  les  principes 
dont  les  pouvoirs  publics  ne  peuvent  faire  autrement  que 
de  s'inspirer  sous  peine  d'échouer  dans  leur  œuvre. 

Tout  d'abord  une  question  préliminaire  s'est  posée  de- 
vant elle.  Avait-elle  le  droit,  au  nom  des  principes,  de 
proscrire  Talcool  sous  toutes  ses  formes,  même  sous  celle 
de  vin,  de  bière,  de  cidre?  Il  lui  a  paru  que  cet  ostra- 
cisme absolu  n'était  pas  autorisé.  Le  vin  a  une  histoire 
hygiénique  remplie  de  vicissitude.  Les  vieux  médecins 
le  prônaient.  Il  était  encore  très  en  honneur  il  y  a  qua- 
rante ans.  On  en  médit  aujourd'hui.  C'est  peut-être  qu'en 
moyenne  il  est  plus  mauvais  qu'autrefois  et  qu'il  y  entre 
moins  de  raisin.  Mais  ce  qui  prouve  que  ce  n'est  pas  là 
la  seule  cause,  c'est  que  beaucoup  des  médecins  qui  pros- 
crivent la  vin  rouge  acceptent  le  vin  l)lanc,  qui  est  en- 
core plus  facile  à  falsifier.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  a  contre 
le  vin  un  courant  d'opinion  provo(|ué  par  les  mauvais 
vins,  mais  qu'il  serait  injuste  d'étendre  aux  bons,  l'ne 
Commission,  instituée  en  juillet  1895  auprès  du  ministère 
de  l'Instruction  publique,  et  dont  faisait  partie  notre  col- 
lègue le  docteur  Lancereaux,  a  été  bien  inspirée  de  dire 
que  «  l'usage  modéré  des  boissons  fermentées  produit  une 
légère  stimulation  du  système  nerveux.  Le  cidre  déter- 
mine une  augmentation  de  la  sécrétion  urinaire;  la  bière 
à  petites  doses  excite  la  faim;  le  vin  agit  plus  particuliè- 
rement comme  stimulant.  »  Mise  en  présence  de  la  même 
question,  votre  sous-commission  a  cru  devoir  être  encore 
pliis  prudente;  elle  n'a  pas  voulu  parler  des  avantages  de 
la  consommation  du  vin,  de  la  bière,  du  cidre,  du  poiré: 
elle  a  seulemant  exprimé  l'opinion  que  leur  usage  modéré 
est  sans  inconvénient. 

Il  est  entendu  que  le  terme  modéré  n'est  pas  défini, 
parce  qu'il  n'est  pas  définissable.  Il  faudrait  faire  entrer 


"•V 


—  500  — 

dans  sa  définition  à  la  fois  celle  du  vin  et  celle  du  con- 
sommateur, et  cela  n'est  pas  possible.  Mais  chaque  con- 
sommateur sait  ce  que  représente  pour  lui  une  dose  mo- 
dérée, et  tout  ce  qu'a  voulu  faire  la  sous-commission  est 
de  tranquilliser  ce  consommateur  sur  les  suites  pro- 
chaines ou  éloignées  de  son  penchant,  à  la  condition 
qu'il  se  modère.  Elle  y  est  autorisée,  au  nom  de  la  science 
qui  ne  nous  montre  dans  le  vin  et  la  bière  bien  préparés 
aucun  principe  nocif,  au  nom  de  Texpérience  qui,  pen- 
dant des  siècles,  a  témoigné  que  l'usage  modéré  de  ces 
boissons  était  inofPensif,  au  nom  de  l'intérêt  agricole 
des  cultures  qui  aboutissent  au  vin,  à  la  bière  et  au  cidre, 
au  nom  enfin  (mais  je  mets  cette  considération  en  dernier 
lieu)  du  danger  qu'il  y  a  à  se  montrer  intransigeant  dans 
une  affaire,  même  quand  on  la  traite  au  nom  des  prin- 
cipes. Il  faut  accorder  quelque  chose  au  consommateur 
quand  on  veut  obtenir  de  lui  quelque  chose. 

Ce  premier  point  établi,  le  terrain  était  déblayé. 
L'alcool  se  présente  à  la  consommation  non  seulement 
dans  les  boissons  fermentées  mais  aussi  dans  les  eaux- 
de-vie  qu'on  en  retire,  ou  bien  encore  dans  les  flegmes 
provenant  de  la  distillation  des  moûts  fermentes  de  bette- 
raves, de  grains  et  de  fruits  de  diverse  nature.  Dans  ces 
flegmes  et  eaux-de-vie,  l'alcool  est  à  un  degré  de  concen- 
tration qui  en  change  l'effet  sur  l'organisme. 

Il  est  absorbé  plus  rapidement  dans  l'estomac,  passe  en 
plus  grande  abondance  dans  la  circulation  générale,  et 
l'effet  d'excitation  qu'il  amène  lorsqu'il  est  en  petite 
quantité  augmente  et  peut  devenir  dangereux  lorsque  cet 
effet  est  porté  trop  haut  chez  celui  qui  s'énivrc  ou  lors- 
qu'il se  répète  trop  souvent  chez  celui  qui  prend  l'habi- 
tude de  l'alcool.  Or,  toute  sensation,  même  la  plus  agréable, 
même  la  plus  utile,  lorsqu'elle  est  trop  exaltée,  devient 
un  danger.  Il  en  est  de  même  pour  l'excitation  alcoolique 
qui,  même  produite  au  moyen  d'alcool  tout  à  fait  pur,  est 
nuisible  à  la  santé,  dès  qu'elle  devient  trop  violente  ou 
trop  fréquente. 

Ce  n'est  pas  tout  :  les  flegmes  et  eaux-de-vie  contien- 


—  501  — 

nent  tous,  en  proportions  variables,  des  aldéhydes,  des 
alcools  supérieurs  et  d'autres  produits  provenant  soit  des 
fermentations  variées  dont  le  moût  a  été  le  siège,  soit  des 
matières  premières  qui  ont  servi  à  les  obtenir.  Toutes  ces 
substances,  que  nous  appelons  du  nom  impropre  d'impu- 
retés, sont  toxiques,  bien  plus  toxiques  à  volume  égal  que 
Talcool.  C'est  ce  que  nous  ont  montré  les  premières,  les 
belles  expériences  de  MM.  Laborde  et  Magnan,  et  ce  qui 
a  été  confiraié  depuis  par  une  foule  de  physiologistes.  Le 
danger  propre  de  ces  substances  s'ajoute  au  danger  de 
l'alcool  qui  les  a  entraînées  avec  lui,  de  sorte  qu'il  y  a 
plus  d'inconvénients  à  boire  un  alcool  chargé  d'impuretés 
qu'un  alcool  au  même  degré  qui  n'en  contiendrait  pas. 
C'est  de  cette  conséquence  très  juste  que  sont  partis 
tous  les  projets  qui  visent  à  résoudre  hygiéniquement  le 
problème  de  l'alcoolisme  en  améliorant  la  rectification. 
Supprimons  ces  impuretés,  ont-ils  dit,  et  nous  obtien- 
drons un  alcool  à  peu  près  inoffensif,  que  le  consomma- 
teur pourra  absorber  et  l'État  vendre  en  grandes  quanti- 
tés, et  qui  enrichira  le  trésor  sans  appauvrir  la  race.  Ce 
serait  l'idéal;  mais  votre  sous-commission  était  obligée 
de  s'en  tenir  aux  réalités. 

Elle  a  d'abord  établi  comme  principe  qu'il  n'y  a  aucun 
alcool  distillé  qui  soit  hygiénique,  et  qu'au  delà  d'une 
certaine  limite  l'alcool  éthylique  le  plus  pur  devient  dan- 
gereux. Cette  limite  est,  il  est  vrai,  assez  élevée  pour  lui, 
plus  élevée  que  pour  les  autres  alcools  et  les  substances 
qualifiées  d'impuretés.  Mais  il  a  paru  inutile  de  la  fixer, 
parce  que  l'alcool  tout  à  fait  pur  est  imbuvable.  Le  con- 
sommateur ne  le  recherche  ou  ne  l'accepte  qu'accompa- 
gné de  quelques-unes  de  ces  impuretés  qui  lui  donnent 
son  goût,  son  parfum  ou  son  cachet;  de  sorte  que  si  en 
rectifiant  Talcool  on  le  rend  plus  inoffensif,  on  lui  enlève 
d'un  autre  côté  sa  clientèle... 

Conclusions,  —  1°  L'alcool,  lorsqu'il  est  consommé  à 
l'état  de  vin,  de  bière,  de  cidre,  de  poiré,  etc....  est  une 
substance  dont  l'usage  modéré  est  sans  inconvénients 
lorsque  ces  boissons  sont  bien  préparées. 


—  502  — 

•2*  Aucun  alcool  distillé  n'est  hygiénique,  et,  au  delà 
d'une  certaine  limite,  l'alcool  le  plus  pur  devient  dange- 
reux. 

3*  Les  impuretés  naturelles  qui  accompagnent  à  la  dis- 
tillation l'alcool  de  fermentation  ajoutent  leur  danger 
propre  au  danger  de  l'alcool  qui  les  contient. 

i^  Dans  les  alcools  livrés  à  la  consommation,  même  les 
plus  mal  rectifiés,  l'action  nocive  des  impuretés  est  loin 
d'égaler  l'action  nocive  de  l'alcool  qui  les  contient. 

5°  Le  danger  est  beaucoup  plus  grand  avec  les  essences, 
bouquets  et  autres  ingrédients  artificiels  qu'on  ajoute  à 
l'alcool  pour  on  faire  les  vermouths,  apéritfs,  absinthes  du 
commerce,  etc.  L'action  nocive  de  ces  substances,  même 
lorsqu'elles  sont  les  plus  pures  et  les  mieux  choisies,  peut 
augmenter  dans  une  large  mesure  l'action  nocive  de 
l'alcool  qui  les  contient. 

6*  On  ne  connaît  aucune  substance  qui  soit  agréable  au 
goût,  capable  de  donner  à  l'alcool  pur  une  des  saveui*s 
réclamées  par  le  consommateur,  et  qui  ne  soit  pas  en 
même  temps  une  substance  dangereuse  pour  qui  la  con- 
sonmie  habituellement. 

7°  En  ce  qui  concerne  les  alcools  de  distillation,  il  est 
souhaitable  de  les  voir  ramenés  à  un  taux  de  pureté  qui 
les  rende  le  plus  inoffensifs  possible  ;  mais  on  ne  peut 
espérer  trouver  la  solution  du  problème  de  l'alcoolisme 
dans  l'amélioration  de  ces  produits. 

En  ce  qui  concerne  les  liqueurs  alcooliques  fabriquées 
avec  des  bouquets  ou  des  essences,  elles  présentent  un  tel 
danger  pour  la  santé  pu])lique  qu'il  faut  chercher  autant 
(jue  possible  à  en  restreindre  l'usage  ;  on  doit  essayer 
aussi  de  rendre  plus  inolTensifs  les  ingrédients  qui  ser- 
vent à  les  fabriquer;  mais  on  n'en  connaît  pas  qui  satis- 
fassent à  la  fois  le  consomnuiteur  et  soient  sans  action 
nocive  sur  ses  organes. 

8°  Toute  réforme  qui  veut  être  hygiénique  doit  s'atta- 
cher d'abord  et  surtout  à  diminuer  la  quantité  d'alcool 
consonuné,  et,  en  second  lieu,  à  en  améliorer  la  qualité. 


503 


BIBLIOGRAPHIE 


Revue  des  médicaments  nouveaux  et  de  quelques  médica- 
tions nouvelles;  par  M.  C.  Crinox. 

Ce  livre  est  un  répertoire  de  médicaments  introduits  (1) 
dans  la  thérapeutique  depuis  une  dizaine  d'années.  Parmi 
ceux  qui  ont  été  ajoutés  dans  cette  nouvelle  édition, 
nous  signalerons  VActol,  VAnilipyrine,  VApolysine^  VAi-go- 
nine,  la  Benzacétine^  le  Bismal,  le  Chinosol,  le  Chlorosalol^ 
le  Citrophène^  la  Crésochyne,  la  Cryofîne^  les  Eucaïnes  A 
et  B,  VEuquinine,  la  Formopyrine,  la  Glucine,  le  Glutol^ 
VHémol,  Vllolocaïne,  V Hydrargyrol ^  VHydrargyroseptol, 
Vlchtalhine^  Ylodothyrine^  Vitrai,  ÏOrphol,  VOrthoforme, 
rOrarine,  les  Phosphate  et  Phosphite  de  gaïacol^  le  Pyra- 
midon,  la  Pyrantine,  la  Saliformine^  le  Sanoforme,  la  Sa- 
matose,  la  Tannalbine,  les  Tannoformes,  la  nouvelle  Tuber- 
culine  de  Koch  et  le  Xéroforme, 

L'article  ayant  pour  titre  :  Aldéhyde  formique,  a  été 
complètement  refait  et  mis  au  courant  des  derniers  tra- 
vaux sur  ce  corps. 

En  ce  qui  concerne  les  médicaments  qui  n'ont  eu  ou  ne 
paraissent  avoir  qu'une  existence  éphémère,  l'auteur  se 
contente  de  les  signaler  et  de  leur  consacrer  quelques 
lignes.  Les  développements,  donnés  à  chacun,  paraissent 
très  hien  proportionnés  à  l'importance  de  la  sul)stance  à 
laquelle  l'article  est  consacré. 

Ce  volume  s'adresse  aux  pharmaciens  comme  aux  méde- 
cins. 

Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  GXXVI,  i8  avril  1898. 
—  Jarry  :  Bromures  d'argent  ammoniacaux.  —  J,  Cavalier  :  Monoéthers 
phosphoriques.  —  G.  Denigès  :  Réaction  générale  des  carbures  élhéniques; 
combinaisons  mercuriques  correspondantes.  —  A.  Valeur  :  chjileur  de 
formation  de  quelques  quinones  à  poids  moléculaire  élevé.  —  G.  Belugou  : 


(i)  Petit   volume   de    400    pages,   5»    édition,  chez    MM     Rueflf    et    C'% 
106  boulevard  Saint-Germain,  i  francs  cartonné,  Paris. 


—  504  — 

Chaleurs  de  neutralisation  de  l'acide  étbylphospborique.  —  F.  E.  Biaise  : 
Nouvelle  synthèse  de  l'acide  diméthyl  3,  3.  —  peutano  i,  5.  —  A.  de  Gra- 
mont  :  Analyse  spectrale  des  composes  non  conducteurs  par  les  sels  fondus. 
25  avril  1898.  —  A.  Valeur  :  Sur  les  quinonoximes ;  thermochimic. 
—  V,  Thomas  :  Action  chloruranle  du  chloi*ure  ferrique  dans  la  série  aro- 
matique. —  J.  Cavalier  :  Sur  les  diélbers  phosphoriques.  —  /.  Laborde  : 
ferments  des  maladies  des  vins. 

Annales  de  pharmacie  de  Louvain.  ~  Avril  1898.  —  Long  et  inté- 
ressant travail,  de  M.  Schocpp,  traduit  et  résumé  du  hollandais,  sur  la 
recherche  et  l'essai  par  voie  microchimiquo  de  l'antifébrine,  de  Texalgine,  de 
la  phénacétine  et  de  la  mélhacélinc,  avec  figures. 


Annales  de  chimie  anal7tiq[Qe.  —  15  avril  1898.  —  J.  Froidetaux  : 
Recherche  de  quelques  matières  colorantes,  ajoutées  au  lait  et  plus  parUcu- 
lîèrement  du  rocou.  —  A,  Ru f fin  :  Là  chicorée,  sa  fabrication,  ses  altéra- 
tions, SCS  falsifications. 

Moniteur  scientifique.  —  Mai  1898.  —  Notions  actuelles  sur  l'électrolysc 
et  l'élcctrosyn thèse  des  composés  organiques.  Ce  travail  très  étendu,  quoique 
n'étant  qu'un  résumé,  est  très  complet,  il  embrasse  un  nombre  considérable 
de  substances  organiques. 


ACADEMIE  DE  MEDECINE 


Prophylaxie  de  la  tuberculose  ;  par  M.  Grancher,  rap- 
porteur d'une  commission  de  l'Académie  de  médecine. 

Ce  rapport,  aussi  remarquable  dans  la  forme  que  par 
le  fond,  est  trop  étendu  pour  que  nous  puissions  le  repro- 
duire en  entier.  Nous  donnerons  seulement  aujourd'hui 
le  but  de  ce  travail  saisissant  et  ses  conclusions,  sauf  à 
en  étudier  les  diverses  parties  dans  des  numéix3s  sui- 
vants. 

Le  savant  auteur,  après  avoir  rappelé,  que  ViUemin,  de 
1865  à  1869,  a  établi  la  contagiosité  de  la  tuberculose, 
que  la  découverte  du  bacille  tuberculeux  par  M.  R.  Koch, 
en  1882,  a  conlirmé  les  recherches  de  Villemin,  déclare, 
dans  un  historique  rapide,  que  tout  le  monde  est  con- 
vaincu de  cette  contagiosité;  que,  comme  il  Ta  dit  depuis 
longtemps,  la  tuberculose  est   curable  et  évitable  et  il 


—  505  — 

demande  que  rAcadémie  de  médecine  suscite  partout 
Fapplication  des  mesures  d'hygiène  qu'il  convient  d'oppo- 
ser au  bacille  tuberculeux.' 

La  commission  désire  que  l'Académie  pénètre  avec  elle 
dans  chacun  des  milieux  sociaux,  dise  pour  chacun  d'eux 
quelles  mesures  sanitaires  sont  immédiatement  appli- 
cables, et  qu'après  avoir  fixé  la  formule,  l'Académie, 
dans  la  mesure  du  possible  en  surveille  et  dirige  l'exé- 
cution. 

Pour  M.  Grancher  et  la  commission,  l'heure  n'est  pas 
venue  de  solliciter  des  pouvoirs  publics  une  législation 
sanitaire  nouvelle  parce  que  cette  loi  nouvelle,  si  on  l'ob- 
tenait, rencontrerait  tant  de  difficultés,  tant  d'impossibi- 
lités même  qu'il  vaut  mieux  ne  pas  faire  intervenir 
le  législateur. 

Voici  les  conclusions  générales  proposées  au  vote  de 
l'Académie  : 

1*  L'Académie  confirme  le  sens  de  ses  conseils  et  de 
son  vote  de  1890  qui  visent  trois  mesures  de  prophylaxie  : 

a)  Recueillir  les  crachats  dans  un  crachoir  de  poche 
ou  d'appartement  contenant  un  peu  de  solution  phéni- 
quée  à  4  p.  100  et  colorée,  ou  au  moins  un  peu  d'eau. 

b]  Eviter  les  poussières  en  remplaçant  le  balayage  par 
le  lavage  au  linge  humide. 

Cj  Faire  l)ouillir  le  lait,  quelle  que  soit  la  provenance, 
avant  de  le  boire. 

2*»  En  ce  qui  concerne  la  famille,  l'Académie  recom- 
mande aux  médecins  l'application  soutenue  de  ces 
mesures  de  défense  dès  que  la  tuberculose  est  ouverte  ; 
elle  leur  recommande  aussi  de  maintenir,  si  possible,  la 
tuberculose  à  l'état  fermé,  par  un  diagnostic  précoce  et  un 
traitement  approprié. 

3^  Pour  l'armée,  l'Académie  demande  la  réforme  tempo- 
raire  qui  convient  aux  tuberculeux  du  premier  degré 
avant  l'expectoration  bacilliaire,  et  la  réforme  définitive 
dès  que  les  crachats  contiennent  le  bacille  de  Koch.  Et 
elle  fait  appel  à  l'entente  cordiale  du  commandement  et 

Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim.,  G*  SKRIK,  t.  VII.  (15  mai  1898.)  33 


—  506  — 

du  service   de  santé  pour  Tapplication  dans  toutes  les 
casernes,  des  trois  mesures  énoncées  plus  haut. 

4"  L'école,  l'atelier,  le  magasin,  etc.,  relevant  de  lïn- 
stituteur,  du  patron,  du  chef  d'industrie,  etc.,  l'Académie 
ne  peut  que  leur  rappeler  l'importance  de  cette  question 
d'hygiène  et  la  simplicité,  la  facilité  des  moyens  qui 
suffisent  à  la  réaliser,  c'est-à-dire  à  combattre  efficace- 
ment l'extension  de  la  tuberculose  qui  menace  toutes  les 
familles. 

S*'  L'Académie  approuve  les  conclusions  du  travail  de 
la  commission  hospitalière  en  ce  qui  concerne  les  malades 
et  l'hygiène  de  nos  hôpitaux,  à  savoir  : 

a)  Isolement  des  tuberculeux  dans  des  pavillons  ou 
salles  séparées,  en  attendant  la  création  de  nouveaux 
sanatoria. 

"~  b)  Antisepsie  des  salles  des  tuberculeux,  et  des  salles 
comnumes,  nolammenl  par  la  réfection  des  planchers  et 
la  suppression  du  balayage. 

c)  Amélioration  du  coi'ps  des  infirmiers  par  une  paye 
plus  haute,  un  meilleur  recrutement  et  une  retraite. 
dj  Création  d'un  corps  d'infirmiers  sanitaires. 
6**  L'Académie  approuve  aussi  les  restrictions  de  la  li)i 
^■n  projet  et  des  arrêtés  nouveaux  concernant  la  chair 
musculaire  des  animaux  tuberculeux. 

La  saisie  totale  et  la  destruction  de  cette  chair  doivent 
être  réservées  à  des  cas  assez  rares  de  tuberculose  géné- 
ralisée et  d'hecticité.  Elle  recommande  aux  cultivateurs 
l'emploi  diagnostique  de  la  tuberculine.  et  l'élimination, 
par  la  boucherie,  de  leurs  animaux  légèrement  tubercu- 
leux et  partant,  inoffensifs. 

V  Enfin,  l'Académie,  voulant  marquer  l'intérêt  excep- 
tionnel qu'elle  attache  à  la  continuité  de  son  action  en 
faveur  de  la  prophylaxie  de  la  tuberculose,  créé  une  nou- 
velle commission  permanente  dite  Commission  de  la  pro- 
phylaxie de  la  tuberculose,  qui  aura  pour  objet  d'encou- 
rager et  de  coordonner  tous  les  efforts  contre  l'envahisse- 
iiient  du  bacille  tuberculeux. 


—  507  — 


La  cÙThose  des  buveurs  et  le  plâtrage; 
par  M.  Alf.  Riche  [fin)  (1). 

II.  —  En  discutant  la  deuxième  proposition  de  M.  Lan- 
cereaux,  j'étais  sur  un  terrain  solide,  parce  que  mon  ar- 
gumentation repose  sur  des  faits  d'expérience  de  Tordre 
de  ceux  que  j'étudie  journellement,  pour  lesquels  jai 
acquis  une  certaine  compétence. 

11  en  est  tout  diiféremment  au  sujet  de  sa  première 
proposition  : 

«  La  cirrhose  hépathique  est  engendrée  spécifiquement 
par  l'ahus  du  vin.  » 

Je  n'aurais  pas  la  témérité  d'en  entreprendre  la  discus- 
sion, si  j'étais  réduit  à  mes  propres  lumières,  mais  je  vais 
le  faire,  soutenu,  non  pas  par  une  voix  amie  —  elle  est 
éteinte  —  mais  par  un  souvenir,  très  présent  encore,  de 
mes  conversations  sur  ce  sujet  avec  un  médecin  de  haute 
valeur,  le  D' Ilanot,  si  fatalement  et  si  prématurément 
enlevé  à  la  science. 

D'ailleurs,  ma  conclusion  sera  seulement  de  susciter  de 
nouvelles  expériences. 

On  trouvera  la  doctrine  de  Hanot  développée  dans  un 
remarquable  rapport  qu'il  a  présenté,  en  1895,  au 
Congrès  français  de  médecine  à  Bordeaux  (2). 

Il  y  rappelle  que  M.  Lancereaux  admet  une  action  spé- 
ciale du  vin  dans  les  phénomènes  de  l'alcoolisme;  que 
M.  Lafitte  (3)  et  M.  Létienne  (4)  ont  établi  par  l'expérience 
qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  considérer  la  cirrhose  alrophique 
du  foie  comme  une  manifestation  de  l'alcoolisme  parce 
que  des  animaux,  auxquels  on  a  fait  absorber  pendant  un 
certain  temps  des  liquides  alcooliques  divers,  présentent 
des  lésions  du  foie  qui  n'ont  pas  de  ressemblance  avec  la 
cirrhose  atrophique. 

(1)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Chim.  [6],  VU,  «7, 1898. 

(2)  Chez  Gounoulhou,  me  Guiraude,  It,  Bordeaux. 

(3)  Thèse  de  la  Fac.  de  médec,  Paris,  février  1891. 
(i^  Médecine  moderne,  n""  15,  1894. 


'"l^nîT 


—  508  — 

ïlanot  en  avait  conclu  que  de  nouvelles  expériences 
étaient  nécessaires  et  il  les  avait  confiées  à  son  interne, 
M.  Boix  (1).  De  ces  expériences,  il  s'estimait  en  droit 
d'affirmer  que  l'alcool  ne  constitue  pas  à  lui  seul  la  raison 
palhogénique  des  cirrhoses  du  foie  ;  que  Ton  rencontre 
fréquemment  chez  les  dyspeptiques,  en  dehors  de  toute 
habitude  alcoolique,  un  état  pathologique  qui  se  traduit 
par  l'augmentation  du  volume  de  cet  organe. 

Il  faut,  d'après  lui,  tenir  compte,  dans  l'étiologie  des 
cirrhoses  du  foie,  de  diverses  substances  qui  prennent 
naissance,  par  des  fermentations,  durant  la  digestion  et 
surtout  pendant  les  digestions  anormales.  Il  cite  les  acides 
acétique,  butyrique,  valérianique  et  lactique,  M.  Boix 
ayant  constaté  que  ces  substances  produisent  sur  le  foie 
une  cirrhose  atrophique,  comparable  à  celle  de  Laënnec, 
tandis  que  Talcool  agit  sur  les  cellules  hépatiques  en  pro- 
voquant la  dégénérescence  graisseuse. 

L'alcool  ne  serait  donc  pas  le  seul  coupable  dans  l'étio- 
logie des  cirrhoses  du  foie. 

Il  ajoute  que  ces  expériences  donneraient  l'explication 
de  l'action  spéciale  du  vin,  signalée  par  M.  Lancereaux, 
parce   que   cette  boisson,  comme  la  bière  et  le  cidre, ' 
s'acétifie  rapidement  lorsqu'elle  est  mal  préparée. 

Hanot  considère  donc  qu'il  y  a  lieu  de  distinguer  avec 
le  vin  une  action  spéciale  en  dehors  de  l'action  générale 
et  fatale  de  l'alcool  éthylique  et  des  autres  alcools.  Ils  ne 
(liff'érent  que  par  un  point  de  moindre  importance,  la 
cause  de  cette  action.  Pour  l'un,  ce  sont  des  substances 
de  fermentation,  notamment  les  acides  volatils  de  la 
série  chimique,  dite  série  grasse;  pour  l'autre,  ce  sont 
les  sulfates  :  or,  je  crois  qu'on  ne  peut  pas  l'attribuer  à 
la  minime  proportion  des  sulfates  du  vin,  de  la  bière  et  du 
cidre. 

Au  contraire,  la  conception  de  ïlanot  semble  justifiée 
par  les  expériences  de  M.  Boix.  par  les  observations  sur 
les  vins  acides  dues  aux  docteurs  Roche,  Berthet  et  Le- 
jeune. 

;1)  Thèse  de  la  Fac.  de  médec.  de  Paris,  1895. 


—  509  — 

Le  plâtrage  a,  en  effet,  pour  résultat  daccroîlre  Taci- 
dité  du  vin  par  le  mécanisme  suivant  :  le  plâtre  attaque 
la  crème  de  tartre  pour  donner  du  tartrate  de  chaux  inso- 
luble, de  l'acide  tartrique  et  du  sulfate  neutre  de  potasse 
soluLles. 

L'acide  tartrique  met  en  liberté  une  petite  quantité 
d'acide  sulfurique  qui  transforme  le  sulfate  neutre  en 
sulfate  acide. 

M.  Magnier  de  la  Source  a  établi  que  le  plâtre  réagit 
aussi  sur  les  sels  organiques  de  potasse,  à  réaction  faible- 
ment acide,  de  la  pellicule  du  raisin;  la  potasse  se  com- 
bine à  l'acide  sulfurique  du  plâtre,  et  la  chaux  s'unit  aux 
acides  organiques  pour  donner  des  sels  insolubles. 

D'après  notre  collègue,  M.  A.  Gautier,  chaque  gramme 
de  sulfate  de  potasse  par  litre  de  vin  augmente  son  aci- 
dité de  0«',25  calculée  en  acide  sulfurique. 

L'acidité  produite  active  le  fermentation  et  la  dépouille 
du  vin  ;  sa  couleur  en  est  avivée  et  sa  conservation  mieux 
assurée. 

Le  tableau  suivant  montre  à  la  fois  ce  développement 
de  l'acidité  par  le  plâtrage  et  la  grande  acidité  naturelle 
des  petits  vins  de  l'Yonne,  du  Loir-et-Cher  et  de  la  Bour- 
gogne. 

VINS   BOUGES 

Yonne  Loir-et-Cher  Côle-d'Qp. 

Moyenne 5.09  5.24  5.31 

M&zimum 8.88  9.08  8.72 

Minimum 3.38  3.92  3.22 

YISS   BLANCS 

Moyenne 5.15  8.00  5.79 

Maximum 7.35  12.25  7.25 

Minimum 2.52  3.51  4.45 

VINS  aOlTQBS 

Hérault.  Aude.  Pyrénés-Oriontalea. 

Non  Plâtrés.  Non  Plâtrés           Non  Plâtréd. 

plâtrés.  1  â  2  gr.  plâtrés.  1  à  t  gr.  plâtrés.  1  à  2  gr. 

Moyenne..  .    4.87  4.95  4.85  4.94           4.49           4.32 

Maximnm. .    6.32  9.65  6.41  7.44           5.50           5.55 

Minimum.  •    3.50  3.09  3.29  3.25           3.88           2.05 


•   '.-■Wi  jp' 


—  510  — 


VINS   BLANCS 


Moyenne..  .4.31  »  4.32  »  3.68  > 

Maximum..    5.89  »  5.13  d  4.90  » 

Minimum.   .    2.96  >  3.74  »  3.07  » 

Le  plâtrage  à  la  dose  ordinaire  ne  suffit  pas  à  commu- 
niquer aux  vins  des  contrées  chaudes  une  acidité  aussi 
forte  que  celle  des  vins  du  centre  de  la  France.  Comme, 
en  outre,  ils  sont  plus  chargés  de  matières  organiques, 
ils  peuvent  devenir  le  siège  d'une  acétification  plus  ou 
moins  forte  et  d'autres  fermentations  anormales,  acides, 
si  la  fermentation  laisse  à  désirer,  comme  en  Espagne,  en 
Algérie  surtout. 

Aujourd'hui,  dans  nos  laboratoires,  nous  dosons,  outre 
l'acidité  totale,  l'acidité  volatile  du  vin,  et  on  a  constaté 
que  celle-ci  arrive  à  représenter  quelquefois,  en  Espagne 
et  en  Algérie,  le  quart  et  même  le  tiers  de  l'acidité  totale. 

Depuis  la  suppression  du  plâtrage  intensif,  les  viticul- 
teurs méridionaux  recourent  quelquefois  à  l'acidification 
directe  des  vins.  J'ai  vu  s'établir,  en  1891,  sur  les  bords 
de  l'Èbre,  à  la  Rioja,  une  fabrique  d'acide  tartrique;  plu- 
•eieurs  ont  été  installées  en  France.  On  commence  même 
à  ajouter  de  l'acide  citrique  aux  vins  dans  certaines 
régions. 

C'est  la  préparation  défectueuse  du  vin  qui  rend  sou- 
vent ces  pratiques  utiles.  Les  viticulteurs  éclairés  et  soi- 
gneux parviennent  à  s'en  passer.  Je  suis  autorisé  à  citer 
l'un  d'eux,  M.  Teissonnière,  viticulteur  près  de  Béziers  ; 
par  un  choix  judicieux  des  cépages,  par  l'échelonnage  de 
l'époque  des  vendanges,  il  est  arrivé,  depuis  plus  de  vingt 
ans,  à  ne  pas  plâtrer  ses  récoltes  et  à  ne  pas  acidifier. 

11  ne  semble  pas  impossible  que  l'acidité  trop  forte  du 
vin,  que  les  fermentations  acides  interviennent  dans  les 
altérations  du  foie  sous  l'influence  exagérée  du  vin  et 
aussi  de  la  bière  et  du  cidre. 

Ce  serait  à  éclaircir  ;  c'est  pourquoi  j'estime,  avec 
M.  Lancereaux,  que  M.  Boix  et  M.  Létienne  ont  entrepris 
une  tâche  très  utile  en  organisant  xmreferendum  près  des 


—  511  — 

médecins  de  toute  la  France  :  le  travail  de  M.  le  D' Roche 
pour  FYonne,  en  est  la  première  page. 

SOCIÉTÉ    DE    PHARMACIE    DE    PARIS 


Séance  du  4  mai  1898. 
Présidence  de  M.  Bourquelot,  Président. 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures. 

Au  procès-verbal  de  la  séance  précédente  doivent  être 
ajoutées  les  observations  suivantes,  faites  par  M.  P.  Vi- 
gier,  sur  la  pancréatine  et  la  peptone. 

M.  Pierre  Vigier  :  Comme  membre  de  la  Commission 
du  Codex  de  1884,  j'avais  été  chargé  de  l'étude  d'un  cer- 
tain nombre"  d'articles,  parmi  lesquels  étaient  ceux  de 
pepsine,  diastase,  pancréatine. 

Mon  premier  soin  fut  d'examiner  tous  les  produits  four- 
nis par  le  commerce,  puis  de  faire  des  expériences  per- 
sonnelles. J'acquis  bien  vite  la  conviction  que,  non  seule- 
ment, il  était  impossible  d'instituer  des  vins  et  élixirs  de 
diastase  et  de  pancréatine  stables  ;  mais  même  que  ces 
produits  à  l'état  d'extrait  ou  en  poudre  amylacée  ne  se 
conservaient  pas  bien. 

Le  prix  de  la  diastase  rend  bien  chère  la  digestion  d'un 
peu  de  fécule.  J'ai  trouvé,  qu'à  ce  point  de  vue  un  peu 
de  salive  valait  mieux  que  nombre  de  préparations  dias- 
tasiques. 

Notre  président  Bourquelot  a  démontré  que  le  suc  gas- 
trique détruisait  le  ferment  diastasique  dans  l'estomac  ; 
j'ai  remarqué  d'autre  part  qu'il  détruisait  la  pancréatine. 
Bien  plus  :  ayant  mis  à  digérer  dans  60*'  d'eau  pure 
pendant  6  h.  à  50*,  4«'  de  pancréatine  amylacée  active 
avec  1  seul  gramme  de  pepsine  amylacée,  j'ai  vu  cette 
pancréatine  perdre  la  propriété  de  digérer  la  fibrine  dans 
un  milieu  neutre. 

Alors,  à  quoi  bon  prendre  de  la  pancréatine,  puisqu'elle 
est  forcée  de  traverser  l'estomac  et  de  s'y  anéantir. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  pepsine.  Là  le  terrain 


—  512  — 

est  .ferme  sous  nos  pas,  et  on  n'a  pas  plus  de  diffi- 
cultés que   s'il  s'agissait  d'un  produit  chimique  défini. 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  le  procédé  de  dosage  que  j'ai 
fait  adopter  pour  le  Codex,  et  qui  a  obligé  les  fabricants 
à  livrer  une  pepsine  6  fois  plus  active  qu'auparavant; 
nos  collègues  ici  présents  n'ont  certainement  pas  oublié 
mes  communications  à  ce  sujet.  Je  dirai  seulement  qu'il 
m'a  fallu  deux  années  d'expériences  pour  faire  accepter 
de  Vulpian  l'introduction  au  Codex  du  vin  et  de  l'élixir 
de  pepsine.  Sachant  que  la  pepsine  était  précipitable  par 
l'alcool,  il  ne  comprenait  pas  qu'on  put  établir  une  pré- 
paration contenant  de  l'alcool. 

Je  dois  avouer  qu'il  se  rendit  de  très  bonne  grâce 
quand  il  connut  le  résultat  de  mes  recherches,  et  il  fut 
même  touché  de  ce  que  j'avais  été  forcé  de  doubler  la 
dose  de  pepsine  dans  le  vin  et  l'élixir,  pour  répondre  au 
mode  d'essai  adopté;  preuve,  pensait-il,  que  l'alcool  dé- 
truisait la  moitié  du  ferment. 

J'ai  d'ailleurs  partage  cette  opinion  jusqu'au  jour  où 
notre  collègue  Portes  nous  a  dit  qu'en  enlevant  l'alcool  de 
l'élixir  à  une  basse  température,  au  moyen  de  la  trompe, 
on  constatait  que  le  ferment  existait  entièrement  et  avait 
conservé  toute  sa  puissance  digestive. 

Avec  cette  addition,  le  procès-verbal  est  adopté. 

Correspondance  imprimée,  —  Journal  de  Pharmacie  et 
de  Chimie  (2  exempl.).  —  The  Pharmaceutical  Journal 
(4  exempl.).  —  La  Pharmacie  française  (2  exempl.).  — 
Union  pharmaceutique.  —  Répertoire  de  pharmacie,  — 
American  Journal  of  Pharmacy  (2  exempl.).  —  Bulletin  de 
la  Chambre  syndicale  des  pharmaciens  de  la  Seine,  — 
Bulletin  de  pharmacie  de  Lyon,  —  Bulletin  de  pharmacie 
du  Sud'Est  (2  exempl.).  —  Association  française  de  l'avan- 
cement des  sciences,  —  Revue  des  maladies  de  la  nutrition. 
—  Bulletin  des  travaux  de  la  Société  de  pharmacie  de  Bor^ 
deaux,  —  Le  Bulletin  de  la  Presse  (2  exempl.).  —  Revision 
du  Codex^  par  M.  le  professeur  Gay,  de  Montpellier. 

Correspondance  manuscrite.  —  Lettre  de  remerciements 
de  M.  le  professeur  Keller,  de  Zurich,  à  la  Société  de 


—  513  — 

Pharmacie,  pour  son  élection  au  titre  de  membre  corres- 
pondant. 

M.  le  président  annonce  que  MM.  Planchon,  de  Mont- 
pellier; Vaudin,  de  Fécamp;  et  Carrette,  d'Orsay,  mem- 
bres correspondants  nationaux,  assistent  à  la  séance. 

M.  Bourquelot  annonce  que  le  Comité  de  préparation 
doit  se  former.  Le  Congrès  international  des  médecins 
pour  1900  s'est  déjà  réuni  ;  il  demande  si  les  Sociétés  des 
pharmaciens  français  pensent  devoir  se  joindre  à  ce 
Congrès  ou  faire  un  [Congrès  de  pharmacie  distinct  et 
autonome. 

Le  Bureau  de  la  Société  de  pharmacie  s'entendra  avec 
le  Bureau  de  l'Association  générale  des  pharmaciens  de 
France  pour  s'occuper  de  cette  question  et  de  l'organisa- 
tion de  ce  Congrès,  qui  est  décidé  en  principe. 

M.  Bourquelot  dit  qu'on  vient  de  créer  le  titre  de  doc- 
torat universitaire  en  pharmacie.  Ce  nouveau  titre  va 
faire  un  changement  dans  le  prix  des  thèses  de  la  Société  de 
pharmacie,  car  les  candidats  qui  auraient  préparé  une 
thèse  pour  le  titre  de  pharmacien  de  1"  classe,  présente- 
ront leur  travail  pour  le  titre  de  docteur  universitaire  en 
pharmacie. 

M.  Bourquelot  consulte  la  Société  pour  savoir  s'il  y  a 
lieu  d'accepter  ces  thèses  pour  le  prix  des  thèses  de  la 
Société. 

La  Société  décide  que  l'on  admettra  au  prix  des  thèses 
toutes  les  thèses  passées  par  des  pharmaciens  de  1^*  classe. 

M.  Bougarel  présente  au  nom  de  MM.  Adrian  et  Trillat 
une  note  sur  les  phosphoglycérates  acides.  Après  avoir 
décrit  le  mode  d'obtention  de  ces  sels,  les  auteurs  éta- 
blissent leur  constitution  et  donnent  leurs  principales 
propriétés  ainsi  qu'une  méthode  de  dosage. 

M.  Bourquelot  résume  une  note  de  M.  Javillier  sur  les 
propriétés  de  l'huile  de  Croton.  L'auteur  établit  par  des 
expériences  précises  que  si  les  divers  spécimens  d'huile 
de  croton  du  commerce  présentent  des  propriétés  diffé- 
rentes, cela  tient  à  ce  que  ces  huiles  ne  sont  pas  prépa- 
rées par  le  même  procédé.  Si  l'on  prépare  de  l'huile  de 


—  51i  — 

l'i'oton  par  pression,  par  épuisement  à  l'aide  de  l'éther 
ou  de  l'alcool  à  95**,  on  a  des  huiles  qui  ne  présentent 
pas  les  m<^mes  indices  d'iode,  d'acidité  et  de  saponifica- 
tion. 

M.  Ch.  Moureu,  poursuivant  son  étude  sur  les  dérivés 
de  la  pyrocatéchine,  a  fait  réagir  le  bibromure  et  le 
télrabromure  d'acétylène  sur  la  pyrocatéchine  disodée. 

Ce  travail  sera  puljlié. 

M.  Guinochet  donne  lecture  du  rapport  sur  les  candida- 
tures à  une  place  de  membre  résident.  La  commission 
<Hait  composée  de  MM.  Marty,  JuUiard,  Guinochet.  rap- 
porteur. Le  classement  des  candidats  est  le  suivant  : 

Première  ligne  :  M.  Georges. 

Deuxième  ligne  :  M.  Choay. 

L'élection  aura  lieu  à  la  prochaine  séance. 

M.  Guinochet  donne  lecture  du  rapport  sur  la  candida- 
ture de  M.  Louis-Léon  Guillot,  de  Lyon,  au  titre  de 
membre  correspondant  national.  Sur  [le  rapport  favorable 
de  la  commission,  M.  Guillot  est  nommé  membre  corres- 
pondant national. 

M.  G.  Planchon  présente  à  la  Société  divers  objets  ou 
substances  provenant  du  Gabon,  et  qui  lui  ont  été  remis 
par  le  père  Trilles,  missionnaire  dans  ces  régions  : 

l**  Un  plat  en  bois  d'Ohoube,  qui  sert  à  broyer  le  fruit 
de  VOba  {Irvingia  Gabonensis)^  pour  on  faire  le  pain 
d'Odika  ou  Ndorh, 

2*  Un  pilon  servant  à  piler  le  manioc,  fait  avec  le  bois 
d'Andork.  Ces  deux  objets  sont  exclusifs  aux  femmes; 
jamais  un  homme  n'y  met  les  mains. 

3<»  Un  morceau  de  Ndork  (aussi  nommé  pain  d'Odika) 
(jui  sert  à  faire  des  sauces  pour  les  bananes  et  les  pois- 
sons. 

i*»  Un  morceau  de  substance  rouge,  dont  les  hommes 
.se  teignent  avant  le  combat. 

M.  Louis  Planchon  fait  une  communication  au  sujet  de 
la  fréquence  du  Pénicillium  glaucum  (et  surtout  de  la 
forme  crustaceum)  dans  les  végétations  cryptogamiques 
qui  se  développent  dans  les  solutions  chimiques,  les  eaux 


J     J 


—  515  — 

distillées  et  les  liquides  pharmaceutiques  divers.  Il  a 
constaté  que  ces  organismes  qu'il  étudie  en  ce  moment 
au  point  de  vue  morphologique,  sont  très  variés,  mais 
que  le  Pénicillium  glaucum  se  rencontre  d'une  façon 
à  peu  près  constante,  du  moins  dans  les  liquides  exa- 
minés et  déjà  nombreux  et  fort  divers.  Les  cultures  de 
champignon  sur  milieux  stérilisés  ne  donnent  d'ordinaire 
la  forme  vigoureuse  normale  qu'après  quelques  semis 
successifs. 

M.  Beauregard  a  fait  une  étude  sur  les  moisissures  de 
l'ambre  gris,  et  il  a  trouvé  un  Sterigmatocystis  qui  se 
développe  particulièrement  bien  dans  les  milieux  alca- 
lins, mais  qui,  dans  les  essais  sur  la  liqueur  de  Raulin 
ou  sur  d'autres  acides  (bouillons  d'ambre  gris,  etc.),  est 
très  rapidement  envahi  par  le  Pénicillium  ou  Sterigmato- 
cystis nigra^  Aspergillus  glaucus^  etc.  La  liqueur  de 
liaulin,  renfermant  un  grand  nombre  de  sels  (sulfate  de 
zinc,  sels  de  magnésie,  de  potasse,  etc.),  est  comme  un 
mélange  des  solutions  salines  dont  parle  M.  Planchon. 

Les  observations  de  M.  Beauregard  concordent  bien 
avec  celles  de  M.  Planchon. 

Revision  du  Codex.  —  M.  Sonié-Moret,  rapporteur, 
donne  lecture  du  rapport  de  la  8'  sous-commission  ;  la 
sous-commission  se  compose  de  M.  Delpech,  président; 
deMM.Schmidt,  Guinochet, membres,  et  M.  Sonié-Moret, 
rapporteur. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 


L'enseignement  de  la  pharmacie  au  Jardin 
des  Apothicaires;   par  M.    G.  Planchon   (fin)  (1). 

Les  seules  difficultés  après  la  Révolution  proviennent 
de  la  dureté  des  temps  :  de  la  pénurie  des  ressources,  qui 
impose  de  sérieuses  économies,  de  la  nécessité  des  sacri- 
fices que  réclame  la  défense  nationale.  Les  savants, 
comme  tous  les  citoyens,  doivent  avant  tout  songer  à  la 

(1)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Chim.  [6],  VII,  p.  356,  406,  461. 


—  516  — 

patrie.  Une  partie  de  leur  temps  se  passe  à  lui  créer  des 
ressources;  de  la  poudre  et  des  armes:  ils  paient  aussi  de 
leur  personne,  en  apportant  aux  armées  leur  talent  et 
leur  expérience.  Puis,  à  mesure  que  la  stabilité  tend  à  se 
rétablir  dans  les  institutions,  les  esprits  sont  en  éveil 
pour  la  meilleure  organisation  de  la  profession  et  des 
études.  Le  gouvernement  lui-même  pousse  à  ces  recher- 
ches. De  là  un  mouvement  quelque  peu  tumultueux,  qui 
ne  prend  fin  qu'à  Ti^^tablissement  des  écoles  spéciales  (1). 

A  partir  de  ce  moment,  l'enseignement  entre  dans  une 
période  de  grande  prospérité.  Dirigé  par  des  hommes  de 
grand  mérite,  exercé  par  des  professeurs  remarquables, 
qui  ajoutent  à  leur  talent  de  professeur  Téclat  d'impor- 
tantes découvertes,  cet  enseignement  nous  offre  en  même 
temps  le  spectacle  d'une  harmonie  précieuse  à  son  déve- 
loppement. C'est,  en  effet,  un  des  traits  caractéristiques 
des  assemblées  de  l'École,  que  cette  discussion  confrater- 
nelles des  programmes  des  cours.  Les  observations,  tou- 
jours courtoises,  mais  d'une  grande  franchise,  y  sont 
toujours  acceptées  avec  une  grande  déférence  par  les  inté- 
ressés; nous  en  avons  cité  plus  d'un  exemple  et  la  lecture 
des  procès-verbaux  montre  que  c'était  la  règle  constante, 
au  grand  bénéfice  de  l'enseignement,  dont  les  diverses 
parties  restaient  à  leur  vraie  place,  sans  lacunes  et  sans 
empiétements  réciproques.  Ces  traditions  entretenues  par 
des  hommes  d'un  grand  sens  et  d'une  grande  sagesse  font 
la  force  de  TÉcole.  Elle  obtient  les  chaires  qui  lui  sont 
nécessaires,  développe  toujours  plus  l'enseignement  pra- 
tique —  herborisations  et  travaux  de  laboratoire, —  et  lors- 
que, en  1841,  elle  entre  dans  le  corps  de  l'Université  de 
France,  elle  y  introduit  des  éléments  de  succès  que  les 
autres  Facultés  n'avaient  point  développés  à  ce  degré. 

Les  agrégés  que  la  nouvelle  organisation  introduit  dans 
son  sein  lui  apportent  une  force  nouvelle.  Par  leurs  sup- 

(1)  Nous  résumons  ici  en  quelques  lignes  cette  histoire  de  1796  à 
l'tn  III,  qu'il  est  un  peu  difficile  de  suivre  dans  les  procèt-Terbsux  de 
rëpoque  :  La  Société  libre  se  constitue  le  30  ventôse  an  lY  (90  mars  1796), 
le  Directoire  confirme,  le  3  prairial  an  V  (22  mai  1796),  l'École  gratuite  de 


^  517  — 

pléances  fréquentes,  par  leur  participaliou  à  la  direction 
(les  travaux  pratiques,  ils  sont  des  aides  précieux,  en 
même  temps  qu'ils  forment  une  pépinière  féconde  pour  le 
recrutement  des  futurs  professeurs. 

Pharmacie,  et  le  i8  ventôse  an  Y  (18  mars  1797)  les  cours  s'ouvrent  avec 
Ici  professeurs  suivants  : 

Pour  la  Chimie  :  Yanquelin,  Bouillon- Lagrange,  Bouriat,  adjoint. 

Pour  la  Pharmacie  :  Horelot,  Trusson,  Nachet,  adjoint. 

Pour  l'Histoire  naturelle  :  De  Maeby,  Dizé,  Martin,  adjoint. 

Pour  la  Botanique  :  Guiart  père,  Sagot,  Guiart  fils,  adjoint. 

Le  8  nivôse  an  Yl  (28  décembre  1797),  le  Conseil  assemblé,  un  membre 
représente  c  qu'il  est  nécessaire  de  former  un  comité  d'instruction,  afin 
d'éviter  un  des  inconvénients  qui  est  arrivé  dans  les  démonstrations  de 
Tan  V  oii  des  professeurs  incertains  de  la  marche  qu'ils  avaient  à  suivre, 
s'étaient  mutuellement  gênés  dans  leurs  opérations:  il  propose  que  ce 
(Comité  soit  formé  pour  établir  l'ordre  et  la  forme  des  leçons,  et  que  non  seu- 
lement les  professeurs  en  exercice  en  fassent  partie,  mais  encore  les  anciens 
professeurs  comme  honoraires,  qui  jouiront  des  mêmes  droits  que  les  profes- 
seurs. 9 

Le  Conseil  adopte  la  proposition  et  décide  que  pour  être  honoraire  il  faudra 
avoir  exercé  pendant  douze  ans.  11  déclare  en  même  temps  que  le  citoyen 
Deyeux,  ayant  plus  que  le  temps  requis  par  l'arrêté,  jouira  dès  à  présent  du 
droit  des  professeurs  honoraires. 

Le  9  germinal  an  YI  (29  mars  1798),  le  Cours  de  Pharmacie  est  supprimé  et 
partagé  entre  celui  de  Chimie,  qui  devient  le  Cours  de  Chimie  pharmaceu- 
tique, et  celui  d'Histoire  naturelle,  auquel  on  ajoute  la  dénomination  de  médi- 
cale et  pharmaceutique,  en  y  transportant  la  matière  médicale. 

Le  5  messidor  anYIll  (25  juin  1800),  on  pense  qu'il  est  temps  a  do  revenir 
à  l'ordre  ordinaire  et  de  remettre  en  vigueur  les  statuts  et  règlements  du 
Collège,  surtout  dans  un  moment  où  Tordre  public  commence  k  se  rétablir 
et  à  se  consolider,  et  on  arrête  qu'il  sera  procédé  au  1*'  vendémiaire  de 
l'an  IX  (23  septembre  1800),  à  la  nomination  de  quatre  prévôts,  de  douze 
membres  du  Comité,  d'un  trésorier  et  des  professeurs  dans  la  forme  voulue 
par  lesdits  statuts  et  règlements  ».  {Livre  des  Délit,  du  Collège^  n»  75,  des 
Archives,  p.  335.) 

Enfin,  le  5  pluviôse  an  IX  (27  décembre  1800),  l'assemblée  générale  nomme 
professeurs  honoraires  les  citoyens  De  Machy,  Guiart  père,  Deyeux  et  Yau- 
quelin  et  les  professeurs  en  exercice  sont  nommés  au  scrutin  dans  l'ordre 
suivant  : 

Pour  la  Chimie  pharmaceutique  :  les  citoyens  Bouillon- Ugrange  et  Nachet. 

Pour  niistoire  naturelle  :  les  citoyens  Morelot  et  Bouriat. 

l^our  la  Botanique  :  les  citoyens  Sagot  et  Guiart  fils,  qui,  d'après  les  statuts 
et  lèglcments  du  Collège  se  trouvent  nommés  pour  six  années.  {Livre  des 
Délia,  du  Collège,  u»  75  des  Archives,  p.  346.) 


^  '«i'rr 


—  518  -- 

Telles  sont  les  transformations  successives  qu'a  traver- 
sées notre  enseignement  pharmaceutique.  Aupoint  où  nous 
en  sommes,  la  voie  s'ouvre  librement  (levant  nous.  Dans 
le  renouvellement  qui  se  prépare  au  sein  de  nos  Univer- 
sités et  qui  doit  donner  à  notre  enseignement  plus  do 
souplesse  et  d'élasticité,  et  par  suite  une  plus  grande 
expansion.  l'Ecole  de  pharmacie  est  en  mesure  de  jouer 
son  rôle  à  l'égal  des  autres  Facultés,  ses  émules,  et  (h* 
foiu-nir  aux  futurs  pharmaciens,  avec  toujours  plus  de 
lumières,  les  armes  loyales  dont  ils  ont  besoin  dans  la 
lutte  pour  l'existence. 

SOCIÉTÉ   DE  THÉRAPEUTIQUE 


Séance  du  '21  avril  1898.  —  M.  Frémont  présente  une 
note  sur  les  applications  thérapeutiques  du  suc  gastrique. 
îl  a  employé  avec  succès  le  suc  gastrique  de  chien  dans 
un  cas  d'entérite  aigu?,  un  cas  de  choléra  nostras.  un 
cas  de  grippe  à  prédominance  gastro-intestinale,  et  un 
grand  nombre  de  gastropathies.  Ce  sont  les  hypopepti- 
ques  et  les  dilatés  qui  retirent  le  plus  de  bénéfices  du 
traitement. 

Une  des  meilleures  preuves  de  l'efficacité  du  suc  gas- 
trique est  raugiiientation  du  poids  des  malades.  L'un 
d'eux  augmenta  de  10  kilogrammes  en  six  mois,  un 
autre  de  20  kilogrammes  en  10  mois,  un  troisième  de 
26  kilogrannnes  en  douze  mois.  Un  malade  qui  ne  pesait 
plus  que  33  kilogrammes  avec  une  taille  de  1  m.  60,  a  vu 
cesser  ses  vomissements,  sa  diarrhée  et  a  augmenté  de 
16  kilogrammes  en  sept  semaines.  Ces  résultats  sont 
probants. 

Le  suc  gastrique,  d'après  les  essais  de  M.  Frémont, 
serait  contrc-indiqué  chez  les  hyperchlorhydriques  et  les 
cancéreux. 

M.  Mathieu  demande  sous  quelle  forme  et  à  quelle  dose 
M.  Frémont  fait  absorber  ce  médicament.  Il  serait  inté- 
ressant de  savoir  par  quel  mécanisme  le  suc  gastrique 
de  chien,  ingéré  en  nature,  arrive  à  supprimer  la  dou- 


—  519  — 

leur  et  les  autres  symptômes  de  dyspepsie.  La  quantité 
de  suc  qu'il  est  possible  de  faire  ingérer  est  sans  doute 
inférieure  à  celle  qui  serait  nécessaire  pour  digérer  les 
aliments  que  contient  l'estomac.  En  dehors  de  son  pou- 
voir digestif  propre,  le  suc  gastrique  exerce  donc  une 
action  sur  l'estomac.  Agit-il  sur  la  sécrétion  de  la  mu- 
queuse gastrique  ou  sur  la  motricité  des  éléments 
musculaires  ?  La  suggestion  elle-même  ne  joue-t-elle  pas 
un  grand  rôle  ?  Un  régime  alimentaire  ou  d'autres  médi- 
caments ont-ils  été  prescrits  concurremment  avec  le  suc 
gastrique  ? 

M.  Mathieu  ne  croit  pas  que  la  médication  soit  contre- 
indiquée  chez  les  hyperchlorhydriques.  Ses  dernières 
recherches  lui  ont  en  effet  démontré  que  l'administration 
d'acides  peut  diminuer  et  faire  cesser  l'hyperchlorliy- 
drie. 

M.  Frémont  répond  qu'il  administre  le  suc  gastrique 
au  cours  du  repas,  dans  de  la*  bière  ou  du  vin,  à  ime  dose 
variant  de  50  à  500  grammes  par  jour. 

On  ne  peut  attribuer  au  régime  ni  à  la  suggestion  les 
résultats  obtenus,  car  nombre  de  malades  n'ont  pas  mo- 
difié le  régime  qu'ils  suivaient,  d'ailleurs  sans  succès,  le 
jour  où  le  traitement  a  été  entrepris,  et,  d'autre  part, 
presque     tous    ignoraient   la  nature  du    remède    j)res- 

crit. 

Ferd.   Vigieh. 


CORRESPONDANCE 


Nous  avons  donné  dans  le  numéro  précédent  un  extrait  du  travail  Ircs 
intéressant  de  MAI.  Tortelli  et  Ruggebi  sur  la  recherche  de  Thuile  de  colon 
dans  les  huiles  comestibles.  Ces  savants  nous  écrivent  au  sujet  de  la  note  ilc 
la  page  446  où  l'auteur  de  cette  note  dit  que  leur  réaction  doit  être  inappli- 
cable a  aux  huiles  qui,  comme  le  lin,  agissent  sur  les  sels  des  métaux  préineux.  » 

Nos  honorables  con'espondants,  affirmant  que  leur  réaction  s'applique  à 
rhuile  de  lin  et  aux  autres  huiles  végétales,  Tobjection  contenue  dans  la  note 
précitée  perd  sa  valeur. 

L'auteur  de  la  note  nous  fait  cependant  observer  ceci  :  une  huile  de  lin, 
qui  avait  été  reconnue  pure  et  qui,  depuis  trois  années,  était  conservée  dans 
un  flacon  incomplètement  plein,  a  fourni,  avec  le  nitrate  d'argent,  une 
réaction  au  moins  comparable  à  celle  qu'aurait  donnée  l'huile  de  coton  pure. 


—  520  — 

11  est  juste  d'ajouter  que  deux  huiles  de  lin  plus  récentes  n'ont  fait  que 
brunir  légèrement  dans  les  mêmes  conditions.  Cette  propriété  réductrice 
n'aurait  d'ailleurs,  pas  lieu  de  surprendre,  étant  donnée  son  action  éner- 
gique sur  le  chlorure  d'or. 

Ces  divergences  dans  les  résultats  observés  ne  seraient-elles  pas  attribuables 
au  degré  d'oxydation  des  huiles  expérimentées,  celles  qui  ont  subi  l'oxyda- 
tion étant  plus  aptes  à  réduire  le  nitrate  d'argent  que  les  autres?  Ces  faits  ont 
dû  certainement  être  constatés  puisque  les  auteurs  les  plus  autorisés,  qui  ont 
employé  avec  succès  la  réaction  de  Millau  pour  la  recherche  du  coton  dans 
les  huiles  comestibles,  ne  l'indiquent  pas  pour  la  recherche  du  coton  dans  le 
lin  (i). 


VARIETES 


Université  de  Bordeaux.  —  Cette  Université  vient  de  créer  une  chaire 
de  chimie  biologique;  M.  Donigès  en  a  été  nommé  titulaire.  Les  lecteurs  du 
journal  penseront,  comme  nous,  qu'on  ne  pouvait  pas  faire  un  meilleur  choix. 


Corps  de  Santé  militaire.  —  Par  décret  du  20  avril  1898,  ont  été 
nommés  dans  le  cadre  des  officiers  de  réserve,  au  grade  de  pharmacien 
^tnajor  de  l"  classe  :  M.  Worms,  pharmacien  major  de  1"  classe  de  l'armée 
active,  retraité; 

Au  grade  de  pharmacien,  aide-major  de  2*  classe  :  MM.  les  pharmaciens 
de  1'*  classe  Failourd,  Turié,  Debachy,  Bancourt. 

Nous  avons  le  regret  de  communiquer  l'avis  suivant  relatif  au  concours 
pour  l'emploi  d'élève  en  pharmacie  du  service  de  Santé. 

c  Par  décision  ministérielle  du  1*'  mai  1898,  il  a  été  arrêté  que  le  con- 
cours pour  l'admission  à  l'emploi  d'élève  en  pharmacie  du  service  de  santé 
militaire,  prévu  à  l'article  1*'  du  décret  du  14  novembre  1891,  relatif  au 
recrutement  des  pharmaciens  militaires,  n'aurait  pas  lieu  en  1898.  » 

Nous  avons  montré  dans  divers  articles  l'intérêt  qu'on  attache,  chez  les 
nations  voisines,  à  une  forte  organisation  du  service  pharmaceutique  dans  les 
armées. 

L'administration  militaire  française,  reniant  ou  plutôt  ignorant  le  passé 
glorieux  de  nos  pharmaciens  militaires,  ne  se  rendant  pas  compte  des 
services  éclairés  que  le  corps  pharmaceutique  peut  rendre  et  rend  en  temps 
de  paix  au  point  de  vue  de  l'hygiène,  prend  au  contraire  à  tâche,  dans  toutes 
les  circonstances,  d'affaiblir  son  organisation.  { 

Le  nombre  des  pharmaciens  militaires  est  réduit  de  185  à  115  :  1  phar- 
macien inspecteur;  4  pharmaciens  principaux  de  1"  classe;  5  pharmaciens 
principaux  de  2*  classe;  30  pharmaciens  majors  de  1**  classe;  45  pharmaciens 
majors  de  2*  classe;  20  pharmaciens  aides-majors  de  1"  dasse;  10  pharma- 
ciens aides-majors  de  2*  classe.  À.  R. 

(1)  Voir  en  particulier  Ferdinand  Jean,  Chimie  analytique  des  matières 
grasses;  Baudrimont  et  Chevallier,  nouvelle  édition  de  M.  Héret. 


Le  Gérant  :  G.  MASSON. 

uuauuaii  a.  njkMMAaiOM,  20,  aua  kaclne,  l'Aais. 


—  521  — 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


Essai  de  la  théobromine ;  par  M.  Maurice  François. 

La  théobromine  étant  nouvellement  employée  en  thé- 
rapeutique, on  a  peu  écrit  jusqu'à  ce  jour  sur  l'essai  de 
ce  médicament,  qui  est  cependant  de  ceux  qui,  par  leur 
prix  élevé,  sont  susceptibles  d'être  falsifiés.  Ayant  cou- 
ramment à  essayer  de  la  théobromine,  à  la  Pharmacie 
centrale  des  hôpaitux,  nous  avons  dû  nous  faire  un  pro- 
cédé en  cherchant,  parmi  les  propriétés  de  ce  composé, 
celles  qui  nous  fourniraient  de  la  façon  la  plus  précise, 
des  données  sur  son  identité  et  sa  pureté.  —  Les  réac- 
tions de  la  théobromine,  comme  celles  de  la  caféine, 
basées  sur  Toxydation,  étant  difficiles  à  réaliser,  nous 
donnerons  deux  ou  trois  réactions  d'identité,  en  indiquant 
minutieusement  au  pharmacien  la  marche  à  suivre  et 
les  quantités  à  employer  pour  réussir  d'une  façon  cer- 
taine. —  Pour  l'essai  de  la  pureté,  nous  nous  sommes 
basés  sur  la  très  faible  solubilité  de  la  théobromine  dans 
Talcool  fort.  —  La  falsification  la  plus  probable  de  la 
théobromine  étant  une  addition  de  caféine,  nous  avons 
déterminé  exactement  la  solubilité  de  la  caféine  dans 
l'alcool  à  95°  pour  la  température  de  21**,  et  comparati- 
vement la  solubilité  de  la  théobromine  pour  la  même 
température. 

Réactions  d'identité.  —  1°  Dans  un  tube  à  essai,  dis- 
soudre à  chaud  0»',iO  de  théobromine  à  essayer  dans  le 
mélange  de  l*'*'  d'acide  azotique  et  2"  d'eau;  ajouter 
10"  de  solution  d'azotate  d'argent  à  10  p.  100.  —  Il  se 
produit  un  trouble.  On  chauffe  jusqu'à  obtenir  une  liqueur 
limpide.  Par  refroidissement,  il  se  dépose  des  cristaux 
incolores  en  aiguilles,  remplissant  presque  complètement 
le  tube; 

2**  Dans  un  petit    matras,  dissoudre  à  chaud  0«',10  de 

Journ.  dt  Pkarm,  et  de  Chim.,  6«  SéRIB,  t.  VH.  (1"  juin  1898.)  34 


—  5â2  — 

théobromine  dane  le  mélange  de  2**  d'eau  et  1"  d'acide 

chlorhydrique.  Ajouter  10**d'eaubromée  saturée  (exempte 
d'acide  sulfuriçpuje).  Peser  le  JOBÉras  et  son  contenu. 
Chauffer  à  Tébullition  pour  chasser  l'excès  de  brome  et 
jusqu'à  ce  que  le  liquide  soit  devenu  sensiblement  inco- 
lore. KétabUr  le  .poids  primitif  avec  de  l'eau  distillée. 

La  liqueur  refroidie  teint  la  peau  en  rouge. 

2*  de  cette  liqueur,  additionnée  d'une  goutte  (exacte- 
ment) de  solution  de  sulfate  ferreux  à  5  p.  100  et  de  2  à 
3  gouttes  d'ammoniaque,  prennent  une  très  belle  et  très 
intense  coloration  bleu  indigo.  (Réaction  commune  à  la 
caféine)  5 

3*  I>ans  un  tnbe  à  essai,  dissoudi'e  à  chaud  (J^^tê  àe 
théobromine  dans  un  mélange  de  2*^  d'eau  et  t**  d'acide 
chlorhydrique.  Ajouter  10«^  de  solution  décinormale  dïode 
(Iode,    t2«^7  —  iodure   de  potassium    20»'  :  Emi   pour 

1  litre).  Il  se  forme  un  précipité  lioir  dense,  qu'on  lai^ee 
déposer  pendant  quelques  minutes. 

Décanter  le  liquide  surnageant,  soit  les  deux  tiers 
enviTon.  Ajouter  sur  l-e  précipité  10~  de  solution  aqueuse 
d'iodure  de  pota-ssium  à  10  p.  100  et  chauffer  vers  BO*  jus- 
qu'à di-ssolution  du  précipité  ;  par  le  refroidissement,  il 
se  dépose  des  cristaux  noir-Terdâtre  en  aiguilles  de  1  à 

2  millimètres,  occupant  la  moitié  du  tube  (Tétraiodui'e  de 
théobromine  de  Joergensen). 

B^sai.  :  On  procède  aux  opérations  suivantes  : 

Calcination  dans  une  capsule  de  platine.  Ne  doit  p^s 
laisser  de  résidu. 

Point  de  fusion.  —  Il  est  bien  difficile  de  prendre  exac- 
tement dans  la  pratique  un  point  de  fusion  si  élevé 
(338^-3400). 

Détermiyiatiœi  de  la  solubilité.  —  A  la  température 
ordinaire,  de  préférence  vers  20**,  mettre  2«'',50  de  théo- 
bromine à  essayer  dans  un  matras  jaugé  de  50"  ;  ajouter 
de  l'alcool  à  95*  jusqu'au  trait  50.  Agiter  fréquemment 
pendant  24  heures  pour  saturer  le  liquida  filtré.  Prélever 
10"  du  liquide  filtré  et  les  évaporer  dans  un  petit  cristaî- 
lisoir  taré,  sous  une  cloche  garnie  d'acide  siilfurique. 


—  5?8  — 

On  ne  doit  pas  obtenir  nn  résidu  d'évapoTation  pesant 
plus  de^%0©5. 

Les  matières  minérales  étant  décelées  par  la  calcina- 
tîon,  les  substances  organiques,  complètement  insolubles, 
comme  Tamidon,  par  Tinsolubilité  dans  Facide  chlorhy- 
drique  dilué  ;  l'essai  à  Falcool,  si  simple  qu'il  soit,  per- 
mettra de  reconnaître  non  seulement  la  caféine,  mais  la 
presque  totalité  des  substances  organiques  (alcaloïdes, 
glucosides,  sucres,  etc.),  qui  sont  toutes  notablement 
solubles  dans  l'alcool. 

Nous  avons  déterminé  avec  soin  les  solubilités  de  la 
caféine  et  de  la  théobromine  dans  l'alcool  à  ■95*  pour  la 
température  de  21*.  —  On  maintenait  dans  une  étuve  à 
température  bien  constante  et  réglée  à  21®,  l'alcool  à  95^ 
en  présence  d'un  grand  excès  de  théobromine;  après  qua- 
rante-huit heures  et  agitations  fréquentes,  on  iiltrait  et  on 
prélevait  10"  de  liquide  qui  étaient  évaporés  sous  cloche 
sur  l'acide  sulfurique.  On  pesait  le  résidu  d'évaporation. 

On  renouvelait  la  détermination  sur  la  théobromine 
restée  non  dissoute.  Pour  cela,  l'alcool  saturé  était  dé- 
canté et«éparé  de  la  théobromine  en  excès,  on  le  rempla- 
çait par  de  l'alcool  neuf  et  on  procédait  comme  précé- 
demment. On  a  trouvé  des  chiffres  constants  : 

10"  d'alcool  à  95*,  saturé  de  théobromine  à  la  tempéra- 
ture de  21*,  contiennent  0«',0045  de  théobromine  en 
solution. 

10"  d'alcool  à  95°,  saturé  de  caféine  à  la  température  de 
21  %  contiennent  O«',093O  de  caféine. 

Si  une  théobromine  contenait  5  p.  100  de  caféine,  le 
petit  essai  ci-dessus  à  l'alcool  donnerait  un  résidu  d'éva- 
poration pesant  08^0290  au  lieu  de  0«S0045. 

Une  théobromine  à  10  p.  100  de  caféine  donnerait 
0«',0550  au  lieu  de  0«'",0045.  De  plus,  les  résidus  d'évapo- 
ration sont  cristallisés  en  longues  aiguilles  permettant  de 
reconnaître  immédiatement  la  caféine. 


524  — 


Note  sur  V huile  de  croton;  par  M.  Javillier. 

Les  pharmacopées  des  divers  pays  et  les  traités  de 
pharmacie  donnent  sur  quelques-uns  des  caractères 
physiques  (la  solubilité  dans  l'alcool,  par  exemple)  et  sur 
les  constantes  chimiques  (indices  d'iode,  de  saponifica- 
tion, d'acidité)  de  l'huile  de  croton  des  renseignements 
contradictoires. 

Ces  divergences  tiennent  surtout  à  ce  que  les  auteurs 
ont  opéré  sur  des  huiles  obtenues  par  des  procédés  diffé- 
rents. C'est  ce  qui  ressort  des  expériences  que  voici. 

Trois  huiles  ont  été  préparées  :  la  première,  par  pres- 
sion simple,  —  la  deuxième,  par  lixiviation  avec  de 
l'éther  à  0,758  (ces  deux  procédés  sont  ceux  du  Codex 
de  1884),  —  la  troisième,  par  double  digestion  à  75**  C. 
dans  l'alcool  à  95°. 

L'huile  par  pression  est  ambrée  ;  l'huile  par  l'élher  est 
blonde  ;  l'huile  par  l'alcool  est  très  brune,  presque  noire. 

Notons  de  plus  que  les  rendements  sont  très  différents  : 

Pression  (avec  petite  presse  à  teinture)  ....    12,5  p.  iOO  (1). 

Lixiviation  par  réther 38         — 

Digestion  dans  l'alcool  à  95* 12         — 


SOLUBILITE    DANS    L  ALCOOL 

Huile  par  pression,  —  1  volume  de  cette  huile  et  une 
quantité  d'alcool  absolu  inférieure  à  1  volume  se  mélan- 
gent intimement. 

Dès  que  les  volumes  sont  égaux,  la  précipitation  com- 
mence et,  pour  une  plus  grande  addition  d'alcool,  le 
liquide  se  sépare  nettement  en  deux  couches. 

Lorsqu'on  chauffe  1  volume  d'huile  avec  2  volumes 
d'alcool  absolu  au  bain-marie,  on  obtient  une  solution 
complète  à  75**;  au-dessous  de  cette  température,  de 
l'huile  se  sépare,  et  quand  le  mélange  est  revenu  à  la 
température  ambiante,  la  partie  de  l'huile  séparée  est 
égale  à  près  des  8/10  du  volume  initial. 

(1)  28  p.  100  dans  r industrie. 


—  525  — 

Huile  par  Véther.  —  Elle  donne  lieu  aux  mêmes  re- 
marques. 

Huile  par  Valcool,  —  Elle  est  entièrement  soluble  à 
froid. 

HaroldSenier(l)  a  antérieurement  observé  la  plupart  des 
faits  relatifs  à  la  solubilité  ;  il  a  de  plus  montré  que  celle- 
ci  pouvait  varier  avec  l'âge  de  Thuile. 

POINT   DE    CONGÉLATION 

L'huile  obtenue  par  pression  et  Thuile  par  Téther  sont 
complètement  congelées  à  — 7**;  l'huile  par  l'alcool  à 
environ  — 8**;  mais  elles  commencent  à  s'épaissir  bien 
avant  cette  température  (avant  0**). 

CONSTANTES   CHIMIQUES 

'  Indice  d'iode.  —  L'indice  d'iode  a  été  déterminé  par  la 
méthode  de  Ilûbl  (2).— On  pèse  exactement  0«',50  d'huile; 
on  dissout  dans  10"  de  chloroforme  ;  on  verse  dans  un 
flacon  à  large  ouverture  bouchant  à  l'émeri;  on  ajoute 
20**  de  sohition  alcoolique  d'iode  (3)  et  20*^*  de  solution 
alcoolique  de  bichlorure  de  mercure  (4)  ;  on  laisse  en  repos 
pendant  deux  heures.  On  a  préparé  en  même  temps  un 
flacon  témoin  sans  huile,  contenant  : 

Chloroforme 10  cent.  e. 

Solution  d*iodc 20      — 

Solution  d'HgCl» 20      — 

On  laisse  reposer  le  même  temps, 

Au  contenu  du  premier  flacon  on  ajoute  20"  de  solution 

(1)  Pharmaceutische  Zeitschrift  fur  Rtuslandy  d'après  Journ.  de 
Pharm,  et  de  Chim.y  [4]  XX VIII,  74  (1878). 

Pharmaceutical  /oMrna/,d' après  Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim.^  [5], 
IX,  225  (1884). 

(2)  Encyclopédie  der  Pharmacie,  Article  Felte,  IV,  318. 
Dieterich;  Ilelfenberger  Annaleny  1886 à  1896,  pasêim, 
Schlagdenhauflfen   et  Braun.  Étude  critique  de  la  méthode    de  Hiibly 

Union  pharmaceutique,  31  janvier,  15  et  25  février  1895, 

(3)  Iode  pur 25»^      Alcool  à  95».  .  .     500« 

(4)  Bichlorure  de  mercure.  .  .    SO»*      Alcool  &  95«.  .  .    500" 


—  sas  — 

d'iodave  de  |K)ia&sMiiii  au  dixième  et  50^  d'eau  diatiltée. 
On  titre  l'iode  en  excès  par  Thyposuliite  de  soude. 

Ou  fait  uûe  opératicka  analogue  aur  le  couteau  du 
deuxième  flacon. 

La  différence  permet  de  calculer  la  quautiiè  d'iode 
absorbé.  Ou  rapporte  à  lOC  d'huile.  Le  chiffre  trouvé  est 
l'indice  diode. 

Indicés. 

Huile  par  pMasioA 109 

Huile  par  Téthcr 106 

Huile  par  l^nlootl 91,2 

L  huile  du  comjnerce  a  ua  indice  généralement  égal 
à  102;  elle  est  fréquemment  préparée  par  le  procédé 
mixte  qu'indiquaient  les  Codex  de  1837  et  1866  :  pression 
suivie  d'une  digestion  dans  Talcool  à  80**. 

Indice  de  saponification  ou  Indice  de  Kœttstorfer  (1).  — 
Un  poids  (5^1  exactement  pesé  d'huile  est  saponifié  au 
bain-marie  avec  ^iY"^  d'une  solution  alcoolique  normale  de 
potasse.  La  saponifleation  se  fait  rapidemeat,  en  moias 
d'une  demi-heure. 

L'alcool  est  distillé  ;  le  savon  desséché  est  repris  par 
150"  d'eau  bouillaate. 

La  solution  du  savon  est  très  foncée.  Il  est  nécessaire 
de  retendre  à  1.000*^'.  On  dose  alors  l'alcali  en  excès,  en 
opérant  sur  50"  de  cette  liqueur,  avec  une  solution  nor- 
male au  1/5  d'acide  sulfurique  (indicateur  :  phtaléine). 

Les  chiffres  suivants  en  raison  de-la  couleur  foncée  des 
liquides  ne  sont  qu'approchés  ;  ils  expriment  le  nombre 
de  milligrammes  de  potasse  nécessaires  pour  saponifier 
t«'  d'huile. 

Indices  (2). 

Huile  par  pression 192,9 

Huile  par  Téther 194,5 

Huile  par  l'alcool 260,6 

Huile  commerciale 205,6 

(t)  Encyclopédie  der  Pharmacie ,   loo.  eit,  et  ûieéeriek;  Ifel/nàerper 
Annalen,  1886-1806,  pauim. 
(2)  Lewkovitch  a  donné  des  indices  de  aapoiilficiilioii  d*hiiito   de  crokon 


—  SBÎ  — 

hsi  méthodie  de  HEenriques- (1.)  («apomâcatioa  àt  froid:  de 
rhuile  dissouite  dans-  de  la  benzxaie  de.  pétrole)  est  difficile 
à  aj^liquer  à  Thuile  de  craton. 

Indice  d'aciddié.  —  Un  poids  esBactement  pesé  d'huile 

est'difisou&  dan&  de  rélher^pur;  on.titre  directement,  dans 

N 
cette  solution,  les  acides  libres  avec  une  solution  —  de 

potasse  alcoolique  (Indicateur  :  phtaléine). 

Indioeff. 

Huile  par  prossion ST,3 

Huile  par  l'éther 30,9 

Huile  par  l'aicool 60,1 

Les  chiffres  expriment  le  nombre  de  milligrammes  de 
potasse  nécessaires  pour  saturer  les  acides  libres  conte- 
nus dans  l*' d'huile. 

La  méthode  de  Bûrstynn  (agitation  de  l'huile  avec  de 
l'alcool  qui  dissout  les  acides  libres)  donne  des  résultats 
plus  faibles  que  les  résultats  ci-dessus. 

On  voit,  en  résumé,  que  les  indices  de  l'huile  par  l'al- 
cool s'éloignent  considérablement  des  indices  des  deux 
autres  huiles.  Ceux  de  ces  dernières  se  rapprochent  sans 
toutefois  se  confondre  (2). 


Sur  les  phosphoglycérales  acides;  par  MM.  Adrian 
et  TniLLAT. 

De  même  que  l'acide  phosphorique,  l'acide  phospho- 
glycérique  peut  donner  une  série  des  sels  acides. 
Lorsqu'à  une  solution  aqueuse  d'un  glycérophosphate 

acétylée.  En  en  retranchant  les  indices  d'acëtyle,  on  obtient  des  chiiTres  de 
saponification  Yoisins  de  ceux  qne  nous  donnons  en  premier  lieu. 

Contribution  à  l'analyse  dis  corps  gras  par  M.  J.  Lewkovitcb  {The 
Jjoumal  of  tke  Society  of  Chemical  Industry  1897,  503)  dans  Moniteur 
acieniifiquej  avril  1898. 

(t)  Karl  Dicterich.  Helfenberger  Annalen  1897,  p.  124  et  330,  Uber 
kalte  Verset fung  von  Fetten  und  Olen. 

(S)  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  le  professeur  Bourquelot. 


—  528  — 

de  baryte,  on  ajoute  de  Tacide  sulfurique  étendu,  on  voit 
se  former  un  précipité  de  sulfate  de  baryte,  tandis  que 
la  liqueur  reste  neutre  à  l'hélianthine.  Le  précipité  con- 
tinue à  se  former  jusqu'à  ce  qu'il  y  ait  excès  d'acide 
sulfurique,  ce  qui  est  indiqué  par  le  virage  de  lïndica- 
teur.  Cette  réaction  ne  donne  pas  de  l'acide  phospho- 
glycérique  libre  mais  un  sel  acide  d'après  l'équation  : 

0\  0       -      Ba      -      0. 

Vl)  2Pli0^0/'  +H«S0*=BaS0*  +  Pli0~0H  -^OPh 

^0C»H«(0H}*  ^0C3H»(0H)«  (0H)»C»H»0'^ 

Cette  équation  représente  le  premier  mode  de  forma- 
tion des  phosphoglycérates  acides. 

Si  on  traite  le  sel  précédent  par  un  sulfate  soluble,  il 
se  produira  une  double  décomposition,  d'après  l'équa- 
tion : 

r     /^^      T  r     y^^      T 

^2)  Ba    0Ph0\  +MgS0*=BaS0*  +  Mg     0Ph0<' 

L  0C»H»(0H)«J  L  ^0C3HS(0H)«J 

Ces  deux  réactions  indiquent  que  l'on  peut  obtenir  les 
glycérophosphates  acides  par  deux  méthodes  : 

1°  Par  la  décomposition  d'un  glycérophosphate  neutre 
par  l'acide  sulfurique  ; 

2**  Par  double  décomposition  entre  un  glycérophos- 
phate acide  et  un  sulfate  soluble. 

Le  premier  cas  est  applicable  pour  la  préparation  des 
sels  acides  de  baryum,  strontium,  etc.,  c'est-à-dire  des 
métaux  dont  les  sulfates  sont  insolubles;  le  deuxième 
cas  peut  être  utilisé  pour  les  métaux  dont  les  sulfates 
sont  solublcs. 

Nous  donnons  quelques  exemples  de  préparations  de 
ces  sels  acides. 

Sel  acide  de  baryum.  —  On  dissout  15  à  20*''  de  sel 
neutre  pur  dans  1  litre  d'eau  distillée,  puis  on  ajoute  de 
l'acide  sulfurique  dilué  jusqu'à  ce  qu'un  papier  à  l'hé- 
lianthine vire  très  faiblement  au  rouge.  On  ajoute  alors 
une  petite  quantité  d'alumine  pure  fraîchement  précipi- 
tée et  on  chauffe  cinq  à  dix  minutes  à  rébullition  pour 


—  529  — 

aggloméi-jer  le  sulfate  de  baryte,  on  filtre  et  on  précipite 
le  liquide  clair  refroidi  par  une  grande  quantité  d'alcool. 
Le  phosphoglycérate  acide  de  baryum  se  précipite  sous 
forme  d'une  masse  gélatineuse  qu'on  filtre  :  on  le  redis- 
sout dans  un  peu  d'eau,  on  le  précipite  de  nouveau  par 
l'alcool  et  on  sèche  à  120-130^ 

Le  sel  se  présente  à  cet  état  sous  forme  de  masse 
blanche  que  Ton  peut  mettre  en  poudre,  mais  qui  est 
extrêmement  hygrométrique.  Il  est  très  soluble  dans 
l'eau  qui  en  dissout  à  froid  environ  40  p.  100  de  son  poids 
et  soluble  dans  l'alcool  dilué. 

Analyse.  —  0»^2323  et  0«%3110  de  substance  sécliée  à 
120-130*  ont  donné  à  l'analyse  08^1146  de  sulfate  de 
baryte  et  0«^1401  de  pyrophosphate  de  magnésie. 

Théorie  pour  Ba  (Ph  0«  C^  H»)*  Trouvé 

Ph»0»  .  .  .  28,6  2), 01 

Ba 29,6  2d,81 

Sel  acide  de  zinc.  —  On  dissout  lo*""  de  phosphoglycé- 
rate neutre  de  baryum  dans  un  demi  litre  d'eau  froide  et 
on  ajoute  de  l'acide  sulfurique  dilué  jusqu'à  acidité  par 
l'hélianthine  comme  dans  le  cas  précédent.  La  liqueur 
non  filtrée  est  additionnée  de  suite  d'une  solution  de 
sulfate  de  zinc.  On  ajoute  d'abord  les  neuf  dixièmes  de  la 
quantité  théorique  calculée  d'après  l'équation  (2)  en  une 
seule  fois  ;  on  continue  lentement  goutte  à  goutte  jusqu'à 
ce  qu'une  prise  d'essai  bouillie  et  filtrée  commence  à 
précipiter  par  le  chlorure  de  baryum.  On  introduit  alors 
un  peu  d'alumine  dans  le  liquide  et  on  continue  comme 
dans  le  cas  du  sel  acide  de  baryum.  Comme  on  se  trouve 
en  présence  d'un  léger  excès  de  sulfate  de  zinc,  il  est 
nécessaire  de  redissoudre  le  précipité  au  moins  une 
fois  dans  la  plus  petite  quantité  d'eau  possible  et  de 
précipiter  de  nouveau  par  l'alcool.  On  sèche  ensuite  à 
120-130^ 

Le  glycéroplîosphate  de  zinc  se  présente  sous  la  forme 
d'une  poudre  blanche  amorphe  très  soluble  dans  l'eau 
alcoolisée. 


AiwALYSB.  — 0»',5001  de  subetaace  ont  donné  : 

Pyrophosphate  de  magnéBie 0,2671 

Surfure  de  zioe 0,1200 

ThÂortt  pour  Zn  (Ph  O^-G^  R^)*  Troaré 

Ph«0*  .  .  .  34,9  34,2 

Zn lA,»  i6,7 

La  même  méthode  a  permis  de  préparer  le  sel  acide  de 
magnésie  qui  a  donné  les  résultats  suivants  à  l'analyse. 

Sel  acide  de  magnésie.  —  Poudre  blanche  amorphe,  très 
soluble  dans  l'eau  et  dans  Talccol  étendu.  0^  3701  de 
substance  ont  donné  O'""  2314  de  pyrophosphate  de  magné- 
sie 

Théorie  pour  [Pb0«GS&*]*Hg  Trowé 

Ph«0»  .  .  .  38,8  38,1 

L'écai-t  qui  existe  entre  les  chiffres  théoriques  et  les 
chiffres  trouvés  indique  que  les  sels  acides  renferment 
une  petite  quantité  de  sel  neutre  qu'il  est  impossible 
d'enlever. 

Propriétés  des  glycérophosphates  acides,  —  Le&  deux 
réactions  que  nous  avons  signalées  nous  ont  permis  de 
préparer  un  certain  nombre  de  sels  acides. 

Desséchés  à  130°,  ils  paraissent  être  anhydres  d'après 
l'analyse  fjue  nous  en  avons  faite,  comme  d'ailleurs  les 
sels  neutres  préalablement  desséchés  à  cette  température. 
Immédiatement  après  la  dessiccation,  ils  peuvent  être 
réduits  en  poudre  ;  mais  comme  ils  sont  extrêmement 
hygrométriques,  cette  poudre  ne  tarde  pas  à  s'agglomérer 
et  à  prendre  une  apparence  vitreuse  d'une  consistance 
analogue  à  celle  de  la  cii^e. 

Ce  qui  les  dijférencie  immédiatement  des  sels  nen- 
I  res,  c'est  leur  grande  solubilité  dans  l'eau  froide  ainsi 
que  dans  Teau  additionnée  d'alcool.  Celui-ci  ne  les- préci- 
pite que  difficilement  de  leur  solution  aqueuse  :  le  pré- 
cipité obtenu  se  présente  comme  une  masse  gélatineuse 
et  translucide.  La  chaleur  ne  les  précipite  que  faible- 
ment ;  on  sait  qu'au  contraire  dans  le  cas  des  solutions 


—  53i  — 

de  &el&  neutres  une  tempéiature  peu  élevée   suSX  déjà 
pour  séparer  la  presque  totalité  du  ael  dissous. 

La  chaleui:  ne  les  décompose  pafi  seosibleuient,  mais 
en  sokiiiou  aqueuse  oa  peut  coiQstater  après  uae  demi- 
heure  d'ébuUitioa^  des  propûrtiojos  déjà  notables  d'acide 
phosphorique  libre.  Afroid,  ladéeampositioan'alieu  que 
très  lentemeuL 

Les  glycérophosphates  acides  se  distinguent  des  phos- 
phates neutres  et  acides  par  les  mêmes  réactions  que  les 
glycérophosphates  neutres. 

Le  molybdate  d'ammoniaque  ne  donne  un  précipité 
qu'avec  une  ébullition  prolongée.  Il  en  est  de  même  pour 
l'acétate  d'urane. 

L'acétate  de  plomb  donne  un  précipité  blanc  soluble 
dans  l'acide  acétique. 

Le  nitrate  d'argent  et  le  chlorure  ferrique  ae  donnent 
pas  de  précipité. 

Le  nitrate  acide  de  bismuth  ne  doûne  pas  de  précipité 
eu  solution  azotique. 

Enfin  les  sels  acides  peuvent  être  distingués  des  sels 
neutres  en  ce  qu'ils  ne  précipitent  pas  par  les  chlorures 
de  baryum  ou  de  calcium  en  soululion  concentrée. 

Les  glycérophosphates  acides  peuvent  être  employés 
pour  préparer  les  glycérophosphates  organiques.  Us  ne 
présentent  pas  l'inconvénient  de  l'emploi  de  l'acide  phos- 
phoglycêrique  qui  contient  de  l'acide  phosphorique  en 
plus  ou  moins  grande  quantité.  C'est  par  ce  procédé 
que  nous  avons  pu  préparer  les  dérivés  organiques  de 
la  quinine,  cocaïne,  pyiidine,  phénylhydrazine,  etc., 
que  nous  avons  présentés  à  la  Société  de  Pharmacie. 

La  réaction  se  passe  entre  une  molécule  de  la  base 
organique  et  une  molécule  de  sel  acide  ;  il  en  résulte 
une  molécule  de  sel  neutre  organique  et  une  molécule  de 
sel  neutre  minéral.  Nous  ferons  connaître  dans  une 
prochaine  note  la  liste  de  sels  ainsi  obtenus  et  leurs 
pi-opriétés. 

Dosage  des  phosphoglyeérates  acides, — Les  glycérophos- 
phates acides  peuvent  être  dosés  par  titration  au  moyen 


T^V£^' 


—  532  — 

des  indicateurs  soit  au  moyen  de  Thélianthine,   soit  au 
moyen  de  la  phtaléine. 

Dans  le  cas  de  la  phtaléine,  le  produit  (environ  1  à  2^) 
est  dissous  dans  50**  d'eau  préalablement  bouillie  ;  le 
liquide  est  filtré  et  étendu  du  double  de  son  poids 
d'eau.  La  titration  se  fait  au  moyen  d'une  solution  nor- 
male de  potasse.  La  quantité  de  sel  acide  est  donnée  par 
l'équation  suivante  : 


Ba     0 


.OH  y  /0\  /OK 

Pli0<^  +2K0H=H«0-f-Ph0Tr-0/*^*  +Ph0^0K 

^  OC»  H»  (0H)«  J  ^  0  C»  H»  (0H)>  ^  OC'H«(OH)« 

Vérification.  —  0«%727  de  glycérophosphate  de  baryte 
répondant  à  la  formule  Ba  (Ph  C*  O*  H*  )'  ont  été  dissous 
dans  environ  80"  d'eau  et  titrés  en  présence  de  la  phta- 
léine par  la  potasse  normale.  Il  a  fallu  3'*  de  potasse  pour 
amener  le  virage  de  la  phtaléine. 

En' calculant  d'après  l'équation  précédente  on  trouve 
que  la  quantité  correspondante  de  sel  acide  est  égale  à 
0«^718.  Théorie  0«%727. 

Si  on  représente  par  M  le  poids  moléculaire  du  sel, 
P  son  poids  effectif  et  N  le  nombre  de  centimètres  cubes 
employés,  on  aura  en  pour  100  la  richesse  du  produit  par 
l'équation  suivante  : 

Mn  X  100         Mn 


X   = 


2X1000XP        20  P 


Sur  Vipécacuanha  ondulé,  par  M.  G.  Dethan,  préparateur 
à  l'École  supérieure  de  pharmacie  de  Paris. 

L'ipéca  ondulé  est  fourni  par  le  Richardsonia  Brasi- 
liensis  Gomez  (R.  scabra  S'  Hil.),  qui  croît  aux  environs 
de  Rio-de-Janeiro. 

Description.  —  Qu'elle  provienne  d'un  rhizome  ou 
d'une  tige  aérienne,  cette  racine  présente  généralement 
la  forme  d'un  fuseau^  ainsi  que  nous  l'indiquons  dans 
la  Fig.  1,  C   et  D.  L'épaisseur  la]  plus  considérable  ne 


—  533  — 

dépasse  jamais  celle  d'une  plume  d'oie;  elle  va  en  dé- 
croissant progressivement  et  simultanément  vers  cha- 
cune des  extrémités,  si  bien  qu'il  est  très  difficile  de 
reconnaître  l'orientation  de  la  racine  (Fig.  1,  C).  Seuls, 
quelques  fragments  munis  encore  d'un  petit  bouquet  de 
feuilles  (Fig.   1,  E),  ou  surmontés'  d'une  tige  mince  et 


Fig.  1 
Racines  de  Richardsonia  Brasilicnsis. 

rampante  (Fig.  1,  D),  permettent  de  différencier  les  par- 
ties inférieures  des  parties  supérieures. 

Cette  forme  en  fuseau  n'a  pas  été  bien  connue  jusqu'ici, 
car  les  fragments  qui  nous  parviennent  dans  le  com- 
merce sont  toujours  plus  ou  moins  mutilés  :  tantôt,  c'est 
l'une  ou  l'autre  des  extrémités  du  fuseau  qui  fait  dé- 
faut (Fig.  1,  A);  tantôt  ce  sont  les  deux  extrémités  à  la 
fois.  Nous  verrons  cependant  en  étudiant  la  structure 
anatomique,  l'importance  considérable  de  ce  caractère. 

En  outre  de  cette  forme  générale  en  fuseau,  les  racines 
de  Richardsonia  Brasiliensis  Gomez  présentent  des  ondu- 


—  584  — 

lations  t?elles  qu'à  une  partie  convex-e  ocwrespeflad  4e 
r»ntrc  côté  une  dépression  pwrfowde.  !!>e  piuB,  towt  le 
long  de  la  Tacine,  courrent  des  stries  plus  (na  nteins 
fines  et  apparentes.  Quant  à  k  ctwik^T  de  la  racine,  elle 
peut  varieT  depuis  le  gris  clair  jusqu'an  bran  Sonoé. 

Le  cylindre  central  est  génèralemeiit  plus  adUiêrent  à 
Técorce  que  dans  le  Cephœlis  /pecaotcan/ia  A.  Rich.  et  le 
Polygala  violacea  S'  Hil.  On  rencontre  rarement  ces  bri- 
sures diamétrales  dont  nous  avons  relaté  pi'écédemment 
la  fréquence. 

Structure  anatomiqu'e,  —  On  a  tenté  quelquefois  de 
baser  une  classification  des  ipécas  sur  la  proportion  de 
bois  e*  d'écorce  qu'ils  contiennent. 

L'examen  auquel  nous  nous  sommes  livré,  sur  les 
nombreux  spécimens  du  Droguier  de  la  Collection  de  ma- 
tière médicale  à  VÉcole  supérieure  de  pharmacie  de  Paris, 
prouve  qu'il  est  impossible  de  fonder  sur  ce  caractère  une 
classification  quelconque.  Ainsi  que  doit  le  faire  prévoir 
en  effet  la  description  précédente,  la  forme  en  fuseau  est 
liée  à  une  disproportion  constante  entre  Vécorce  et  te  bois. 

Le  schéma  suivant  montre  en  coupe  longitudinale  la 
marche  du  faisceau  qui  va  sans  cesse  en  dim^inuant 
d* épaisseur  jusqu^k  V extrémité  de  la  racine,  tandis  que 
Vécorce,  à  peine  développée  dans  les  parties  proches  du 
collet^  atteint  sa  plus  grande  épaisseur  vers  le  milieu  de  la 
racine,  pour  dimimier  ensuite  progressivement. 

Si  nous  faisons  aux  différentes  hauteurs  des  coupes 
transversales,  nous  voyons  qu'en  A  répaisseur  de 
l'écorce  est  à  peine  du  quart  de  l'épaisseur  totale;  en  B 
et  en  D,  il  y  a  à  peu  près  autant  de  bois  que  d'écorce  ; 
en  C,  il  y  a  trois  fois  plus  d'écorce  que  de  bois. 

La  stinicture  générale  de  la  racine  d'ipéca  ondulé  est 
la  suivante  : 

Sous  un  suber  peu  épais,  parenchyme  cortical  dont  les 
cellules  s'arrondissent  et  diminuent  de  dimension  en  ap- 
prochant du  lil>er;  ce  dernier  fonne  un  anneau  C/ontinn, 
légèrement  collenchyniateux,  sans  cônes  libériens. 
•  Le  parenchyme  cortical,  surtout  dans  les  parties  pro- 


—  5iS  — 

ches  du  liibec,  est  abiMidaiimient  pourvu  àe  raphàâes  qui 
occupent   de»  cellules  Ji)e»ucoup   plus  grandes  qae  les 


Fig.  2. 
Richardsonia  Brasilicnsis. 

autres;  dans  les  parties  supérieures  de  la  racine,  voisi- 
nes du  collet,  les  raphides  apparaissent  jusque  dans  le 


—  536  — 

liber.  Ces  cristaux  aiguillés  sont  orientés  dans  les  diffé- 
rents sens  et  se  montrent  souvent,  en  section  transver- 
sale, sous  la  forme  d'une  matière  granuleuse  brunâtre. 

Une  quantité  considérable  de  grains  d'amidon^  rem- 
plit tout  le  parenchyme  cortical  et  le  liber.  Dans  la 
figure  2,  nous  n'avons  pas  représenté  les  grains  d'ami- 
don, car  le  nombre  en  est  si  grand,  qu'ils  obscurcissent 
sur  la  coupe  tout  le  tissu,  si  l'on  ne  prend  pas  soin  de  les 
éliminer  par  un  traitement  préalable. 

Le  massif  ligneux  est  très  irrégulier,  coupé  de  rayons 
médullaires  plurisériés  qui  vont  en  s'amincissant  vers  le 
centre  et  sont  en  voie  de  lignification  ;  ces  coins  de  tissu 
non  lignifié,  qui  s'enfoncent  plus  ou  moins  profondément 
dans  le  bois,  donnent  fréquemment  au  cylindre  central 
Yaspect  étoile.  En  outre  de  ces  rayons  médullaires  pluri- 
sériés, d'autres,  ujûsériés^  à  paroi  épaisse  et  lignifiée, 
vont  jusqu'au  centre  du  massif.  De  nombreux  vaisseaux 
sont  répartis  inégalement  dans  ce  tissu,  tantôt  isolés^  tan- 
tôt réunis  par  2,  3  et  4,  et  de  dimension  variable. 

Dans  les  parties  proches  du  collet,  où  le  parenchyme 
cortical  est  très  peu  développé,  on  trouve,  en  outre  des 
raphides  qui  occupent  les  plus  grandes  cellules,  d'innom- 
brables mâcles  qui  remplissent  les  petites.  Au  fur  et  à 
mesure  qu'on  s'éloigne  du  collet,  ces  mâcles  diminuent 
rapidement  de  nombre  et  disparaissent  bientôt. 

La  présence  de  ces  mâcles  n'avait  pas  été  signalée  jus- 
qu'ici dans  les  racines  d'Ipéca.  Cette  observation  prend 
une  réelle  importance  pour  la  détermination  des  falsifi- 
cations de  la  poudre  d'Ipéca. 

Il  est  à  remarquer  que  les  mâcles,  très  nombreuses 
dans  les  feuilles  et  les  jeunes  tiges  de  Polygala  violacea. 
S.  Hil,  deviennent  de  plus  en  plus  rares  dans  les  tiges 
âgées,  alors  qu'on  les  rencontre  encore  dans  les  parties 
supérieures  de  Richardsonia  Brasiliensis  Gomez. 


—  537  — 


Su?'  la  fréquence  du  a  Penicilium  glancum  Link,  »,  dans 
les  liquides  chimiques  et  phannaceutiques  altérés;  par 
M.  L.  Planxhon,  agrégé  à  TÉcole  supérieure  de  phar- 
macie de  Montpellier. 

On  sait  que  les  liquides  pharmaceutiques,  surtout  les 
eaux  distillées,  et  même  de  nombreuses  solutions  chimi- 
ques peuvent  contenir  au  bout  de  quelque  temps  des 
flocons  d'abord  blanchâtres,  puis  souvent  colorés  plus  ou 
moins,  variés  d'aspect,  parfois  volumineux,  d'ordinaire  à 
développement  très  lent,  et  qu'on  a  reconnus  être  des 
champignons  filamenteux.  Le  genre  Hygrocrocis  créé  pour 
ces  organismes  n'est  plus  accepté  depuis  longtemps;  les 
filaments  microscopiques  sont  le  mycélium  de  diverses 
mucédinées. 

Je  n'ai  pas  l'intention  d'exposer  ici  les  résultats  de 
recherches  encore  en  cours  sur  la  morphologie  de  ces 
êtres  en  rapport  avec  le  milieu  où  ils  vivent.  Il  me  suffit 
actuellement  de  signaler  la  fréquence  extrême  et  très 
remarquable  dans  les  liquidés  examinés  soit  à  Montpel- 
lier, soit  surtout  à  Paris,  du  Pénicillium  glaueumhink .  et 
plus  spécialement  de  la  forme  P.  crustaceum  Fr.  consi- 
dérée parfois  comme  une  espèce. 

En  cherchant  quelles  spores  pouvaient  être  spontané- 
ment semées  dans  les  flacons  des  pharmacies  et  des  labo- 
ratoires, il  était  naturel  de  supposer  à  priori,  qu'on 
trouverait  les  moisissures  vulgaires,  partout  contenues 
dans  l'air  abondamment,  et  qui,  placées  dans  des  condi- 
tions toutes  spéciales  de  milieu  ^immersion,  présence  de 
corps  chimiques  divers  dans  le  liquide)  se  modifiaient 
profondément  dans  leur  forme.  Cette  hypothèse  se  réa- 
lise en  efî'et  d'ordinaire,  mais  parmi  les  moisissures 
vulgaires,  aucune  n'est  aussi  fréquente,  aussi  géné- 
rale peut-on  dire,  dans  les  solutions  que  le  Pénicillium 
glaucum. 

Si  Ton  place  avec  les  précautions  d'usage  un  peu  du 

•  Journ,  de  Pharm.  et  de  CkUtu,  6'  SÉRIE,  t.  VII.  (!•'  juir  t898.)  35 


—  538  — 

mycélium  immergé  sur  un  fragment  de  pomme  de  terre 
stérilisé  et  mis  à  Tétuve  à  température  favorable,  on  voit 
se  développer  rapidement  :  des  microbes  dont  on  se 
débarrasse  d'ordinaire  assez  facilement  (semis  successifs, 
acidité  des  milieux,  etc.,  etc.),  et  des  champignons.  S'il 
s'agit  du  Pénicillium  pur,  il  apparaît  sur  la  pomme  de 
terre  sous  forme  d'une  sorte  de  petite  éminence  blan- 
châtre, tomenteuse,  d'aspect  velouté  qui  d'ordinaire  fait 
saillie  assez  fortement.  Bientôt  elle  s'étend,  et  le  centre 
prend  une  teinte  vert-bleuâtre,  puis  verte,  puis  vert-gri- 
sâtre, le  liseré  du  bord  restant  blanc;  puis  les  taches 
deviennent  confluentes,  le  fragment  de  pomme  de  terre 
est  envahi  complètement  et  la  culture  devient  souvent 
comme  mamelonnée.  Des  spores  vont  même  d'ordinaire 
végéter  sur  l'eau  dans  le  fond  du  tube,  et  la  plante  fruc- 
tifie à  la  surface. 

L'examen  microscopique  caractérise  bien  ce  Penici^ 
Hum  dont  le  mycélium  suivant  sa  vigueur  peut  varier 
dans  son  diamètre,  dans  ses  ramifications  et  dans  l'abon- 
dance de  ses  cloisons,  et  dont  les  pinceaux  se  montrent 
de  bonne  heure.  La  description  détaillée  des  diverses 
parties  sortirait  du  cadre  de  cette  note  :  je  la  réserverai 
donc  pour  la  donner  plus  tard  en  même  temps  que  les 
modifications  morphologiques  dues  au  milieu.  Je  dirai 
seulement  que,  ainsi  que  M.  Ray  l'a  constaté  pour  un 
Sterigmatocystis,  les  modifications  par  le  changement  de 
milieu  ne  sont  pas  brusques,  ni  complètes  d'ordinaire 
dès  la  première  culture.  Il  est  vrai  que  le  mycélium 
transporté  du  liquide  primitif  sur  pomme  de  terre  y 
donne  dos  conidies  tout  de  suite,  mais  la  plante  est 
très  souvent  peu  vigoureuse  dans  toutes  ses  parties. 
les  filaments  assez  minces,  les  branches  fructifères 
peu  ramifiées,  les  stérigmates  peu  nombreux,  les  bou- 
quets de  spores  assez  maigres.  Ces  mêmes  spores  par 
une  deuxième  culture  donnent  une  forme  plus  voisine 
du  type  normal,  tel  qu'on  l'observe  sur  le  pain  moisi 
ou  sur  d'autres  milieux  naturels.  Par  quelques  cultures 
successives,  on  obtient  complètement  ee  type  normal. 


—  539  — 

J'ai  obtenu  ce  champignon  avec  à  peu  près  tous  les 
liquides  dont  j'ai  semé  les  moisissures  et  qui  sont  pour- 
tant fort  variés  de  constitution  chimique  :  eaux  distillées 
(menthe,  tilleul,  etc.),  sulfate  d'ammoniaque  et  de  fer, 
tartrate  de  magnésie  avec  excès  d'acide,  chlorure  de 
sodium,  bromure  de  sodium,  acide  citrique,  liqueur  de 
Pearson,  acide  tartrique,  chlorure  d'ammonium,  azotite 
de  potassium,  sulfate  d'alumine,  etc.,  etc. 

Dans  la  solution  de  glycérophosphate  de  chaux,  le 
développement  est  très  abondant,  ainsi  qu'on  pouvait  le 
prévoir  facilement,  et  la  détermination  devient  parfois 
des  plus  simples,  car  le  champignon  vient  souvent  fruc- 
tifier à  la  surface  du  liquide,  sous  formes  de  larges 
plaques  vertes.  Du  reste,  c'est  cette  espèce  ou  ses  formes 
qu*on  a  trouvées  déjà  dans  des  milieux  quelquefois 
étranges,  comme  le  sulfate  de  cuivre  par  exemple.  Une 
note  succincte,  parue  il  y  a  quelques  jours  dans  le  Bul- 
letin de  la  Société  mycologique  de  France,  nous  montre 
que  M.  Gueguen  a  obtenu  aussi  cette  espèce  en  cultivant 
des  Hygrocrocis.  Enfin,  comme  il  fallait  s'y  attendre,  elle 
pousse  dès  qu'on  sème  les  poussières  déposées  sur  le 
goulot  des  flacons. 

Du  reste,  elle  n'est  pas  seule  en  cause  dans  l'altération 
des  liquides  chimiques  et  pharmaceutiques  par  les  cham- 
pignons. D'autres  ont  été  indiquées  ça  et  là,  et  l'isole- 
ment, la  détermination  et  l'étude  morphologique  de 
diverses  autres  moisissures  obtenues  dans  des  conditions 
analogues,  sont  l'objet  de  mes  recherches  actuelles.  Mais 
le  Pénicillium  que  M.  Gueguen  a  obtenu  après  quelque 
temps  de  végétation,  s'est  toujours  montré  dès  le  début 
dans  mes  cultures,  et  d'une  façon  à  peu  près  constante, 
au  moins  dans  les  solutions  déjà  nombreuses  que  j'ai  eu 
l'occasion  d'examiner. 


Dosage  de  la  trypsine  dans  le  sang,  par  M.  F.  Martz.  ■ 

Pour  doser  la  trypsine  dans  le  sang,  on  défibrine  le 
sang  au  sortir  du  vaisseau,  puis  on  dose  les  albumines 


—  540  — 

totales  sur  5«^  D'autre  part,  on  pèse  dans  un  petit  ballon 
S»*  de  sang  qu'on  maintient  pendant  5  heures  dans  une 
étuve  chauffée  à  37*  ;  au  bout  de  ce  temps,  on  dose  les 
albumines  totales.  La  différence  entre  le  deuidème 
poids  et  le  premier  constitue  la  quantité  d'albumine 
digérée  par  la  trypsine  du  sang  et  donne  la  mesure  du 
pouvoir  trypsique. 


REVUE  SPÉCIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  PHARMACIE,  CHIMIE  ET  HYGIÈNE. 


Pharmacie. 

Falsification  de  la  rhubarbe,  par  M.  E.  Sayre  (1).  — 
Dans  ce  travail,  l'auteur  étudie,  au  point  de  vue  chi- 
mique et  microscopique,  les  différences  existant  entre  la 
rhubarbe  officinale  [Rheum  officinale)^  ordinairement  con- 
sidérée comme  fournissant  la  vraie  rhubarbe,  le  Rheum 
raponticum  ou  rhubarbe  européenne  et  le  canaigre. 

Les  éléments  caractéristiquos  de  la  rhubarbe  pulvéri- 
sée sont  les  grains  d'amidon,  les  cristaux  d'oxalate 
de  chaux  et  les  masses  de  cristaux  aciculaires  d'acide 
chry  sophanique . 

Dans  les  deux  variétés  de  Rheum  signalées,  ces  carac- 
tères sont  semblables.  Pour  différencier  des  spécimens 
purs,  Fauteur  emploie  l'ammoniaque.  La  poudre  de 
Rheum  officinale,  humeciée  d'ammoniaque,  devient  rouge 
brique  foncé,  tandis  que  celle  de  Rheum  raponticum  de- 
vient rouge  saumon. 

Le  canaigre  donne  une  couleur  brunâtre.  Les  falsifica- 
tions avec  le  canaigre  peuvent  être  décelées  par  la  pré- 
sence caractéristique  de  longs  grains  d'amidon. 

(1)  Amer,  Joum.  of  pharm.y  1898,  p.  129,  d'après  Ann..  de  CMm^ 
Analyt.,  15  avril  1898. 


—  541 


Chimie. 


Sur  la  liquéfaction  de  Thydrogëne  et  de  Thélium  ;  par 

M.  James  Dewar  (1).  —  L'auteur  donne  un  historique  de 
la  question,  et  arrive  à  ses  dernières  et  très  intéressantes 
recherches  sur  Thydrogène. 

Après  ses  expériences  sur  la  liquéfaction  de  grandes 
quantités  d'air,  M.  Dewar  avait  résolu  de  construire  un 
appareil  plus  important  et  de  prendre  des  dispositions 
nouvelles  pour  la  réfrigération  et  rétablissement  des  ser- 
pentins... Les  défaites  et  les  insuccès  n'ont  pas  besoin 
d'être  détaillés... 

Enfin,  le  10  mai,  en  opérant  avec  de  l'hydrogène, 
refroidi  à — 205^  0.  et  sous  une  pression  de  180  atmo- 
sphères, s'échappant  continuellement  à  l'extrémité  d'un 
tube  en  serpentin,  avec  une  très  grande  vitesse,  dans  un 
vase  vide  doublement  argenté  et  de  construction  spéciale, 
entièrement  entouré  d'un  espace  vide  spécial  maintenu 
au-dessous  de  — 200*»  C,  l'hydrogène  liquide  commença 
à  couler  de  ce  vase  vide  dans  un  autre  vase  doublement 
isolé  par  un  troisième  vase  vide.  En  cinq  minutes  environ, 
20***  d'hydrogène  liquide  furent  recueillis;  à  ce  moment, 
le  jet  d'hydrogène  se  solidifia  par  suite  de  l'accumulation 
dans  les  tubes  de  l'air  mélangé  à  l'hydrogène  impur. 

Le  rendement  en  liquide  fut  environ  1  p..  100  du  gaz. 
L'hydrogène  à  l'état  liquide  est  clair  et  incolore,  ne 
montre  aucun  spectre  d'al)sorpti()nel  le  ménisque  est  aussi 
bien  défini  que  dans  le  cas  de  l'air  liquide.  Le  liquide 
doit  avoir  un  indice  de  réfraction  et  une  dispersion  très 
élevés  et  la  densité  semble  être  aussi  plus  élevée  que  dans 
la  densité  théorique,  c'est-à-dire  0,18  à  0,12,  que  l'on 
déduit  respectivement  du  volume  atomique  des  com- 
posés organiques  et  de  la  densité  limite  trouvée  par 
M.  Amagat  pour  le  gaz  hydrogène  sous  pression  infinie. 

On  peut  cependant  se  trouver  ici  en  présence  d'une 
illusion  due  à  la  grande  dispersion  de  ce  liquide.  Les 

(1)  Ac.  d,  sc.y  GXXYI,  1408,  16  mai  1898. 


—  542  — 

anciennes  expériences  de  M.  Dewar  sur  la  densité  de 
l'hydrogène  dans  le  palladium  donnent  une  valeur 
de  0,62  pour  Thydrogène  combiné,  et  il  sera  intéressant 
de  déterminer  la  densité  réelle  du  corps  liquide  à  son 
point  d'ébuUition. 

N'ayant  pas  actuellement  les  dispositifs  nécessaires 
pour  déterminer  le  point  d'ébuUition,  il  a  fait  plusieurs 
expériences  pour  montrer  que  le  liquide  bouillant  est  à 
une  température  extrêmement  basse.  D'abord,  un  long 
tube  de  verre  scellé  à  une  extrémité,  et  ouvert  à  l'auti-e, 
est  refroidi  en  plongeant  rextréniité  fermée  dans  Thydro- 
gëiio,  liquide  ;  le  tube  se  remplit  immédiatement,  au  point 
refroidi,  d'air  solide.  Un  petit  tube  renfermant  de  l'oxy- 
gène liquide  fournit  de  suite  un  solide  bleu. 

La  seconde  expérience  fut  faite  avec  un  tube  contenant 
de  l'hélium. 

Le  Cracow  Academy  Bulletin  de  1896,  contient  un 
Mémoire  du  professeur  Olszewski  intitulé  :  Recherches 
sur  la  liquéfaction  de  l'hélium,  La  méthode  qu'il  employait 
était  identique  à  celle  de  ses  expériences  antérieures  sur 
l'hydrogène  qui  ne  donna  jamais  ou  ne  put  donner  autre 
chose  qu'une  mousse  d'un  instant.  11  dit  :  «  Aussi  loin 
que  mes  expériences  peuvent  eHre  poussées,  l'hélium 
reste  un  gaz  permanent  et  il  est  apparemment  plus  diffi- 
cile à  liquéfier  que  l'hydrogène. 

Dans  un  Mémoire  publié  par  M.  Dewar,  dans  les  Pro^ 
ceedings  of  the  chemical  Society  (1896-1897),  dans  lequel  la 
séparation  de  l'hélium  fut  effectuée  par  une  méthode 
basée  sur  la  liquéfaction,  il  était  indiqué  que  la  volatilité 
de  rhydi'ogène  et  celle  de  Thélium  seraient  probablement 
voisines  l'une  de  l'autre,  conmie  celle  du  fluor  et  de  l'oxy- 
gène. Ayant  un  échantillon  de  cet  hélium  purifié,  scellé 
dans  un  petit  ballon  terminé  par  un  tube  étroit,  ce  der- 
nier fut  placé  dans  l'hydrogène  liquide  ;  on  vit  alors  un 
liquide  distinct  se  condenser.  D'après  ce  résultat,  il  sem- 
ble qu'il  n'y  a  pas  une  grande  différence  entre  les  points 
d'ébuUition  de  l'hélium  et  de  l'hydrogène. 

Cette  expérience  a  été  répétée  le  12  mai  dans  les  mêmes 


—  543  — 

conditions,  et  on  a  recueilli  en  quelques  instants  SO*^  d'hy- 
drogène liquide.  Du  coton  trempé  dans  ce  liquide  puis 
enflammé  a  brûlé  avec  une  grande  flamme  d'hydrogène. 

Ce  coton,  imbibé  d'hydrogène  liquide  et  placé  entre 
les  pôles  d'un  électro-aimant  puissant,  se  montre  forte- 
ment magnétique,  non  à  cause  de  l'hydrogène  qu'il  con- 
tient, mais  parce  qu'il  se  forme  immédiatement  à  sa  sur- 
face une  couche  d'air  solide. 

D'ailleurs,  pendant  tout  le  temps  de  Tévaporation  de 
l'hydrogène  liquide,  on  voit  se  produire,  au  milieu  du 
vase,  un  nuage  d'air  solide  qui  s'accumule  dans  le  fond 
sous  forme  d'un  dépôt  blanc.  Lorsque  tout  l'hydrogène 
est  évaporé,  ce  précipité  blanc,,  cet  air  solide,  devient 
liquide,  puis  disparaît  à  son  tour.  Comme  dans  l'expé- 
rience précédente,  l'hydrogène,  avant  d'être  exposé  à 
l'air,  était  absolument  transparent. 

Tous  les  gaz  connus  ont  donc  été  maintenant  condensés 
en  liquides,  susceptibles  d*étre  manipulés  à  leur  point 
d'ébullition,  sous  la  pression  atmosphérique,  dans  des 
vases  à  double  paroi  séparée  par  un  espace  vide. 

Avec  l'hydrogène  employé  comme  réfrigérant,  on  arri- 
vera à  20*  ou  30*  du  zéro  absolu  et  son  emploi  ouvrira  un 
champ  entièrement  nouveau  aux  recherches  scientifiques. 
Un  savant  tel  que  James  Clerk  Maxwell  avait  des  doutes 
sur  la  possibilité  de  la  liquéfaction  de  l'hydrogène  (1). 
Nul  ne  peut  prédire  les  propriétés  de  la  matière  au  voi- 
sinage du  zéro  absolu  :  Faraday  liquéfia  le  chlore  en  1823: 
soixante  ans  après,  Wroblewski  et  Olszewski  produi- 
sirent l'air  liquide,  et  maintenant,  après  un  intervalle  de 
quinze  ans,  les  gaz  dits  permanents  tels  que  l'hydrogène 
et  l'hélium  se  montrent  à  l'étal  de  liquides  statiques. 


Comparaison  des  valeurs  des  poids  atomiques  de  Thy- 
drogène,  de  l'azote  et  du  carbone,  déduites  de  données 
physiques  avec  les  valeurs  déduites  de  l'analyse  chimique  ; 

(1)  Scientific  Papers,  vol.  U,  p.  412. 


—  544  — 

par  M.  Daniel  Berthelot  (1).  —  Il  résulte  de  la  discus- 
sion des  divers  travaux  publiés  sur  cet  important  sujet, 
que  le  calcul  des  volumes  atomiques  et  des  poids  ato- 
miques, uniquement  fondé  sur  les  deux  déterminations 
physiques  de  la  densité  et  de  la  compressibilité,  permet 
de  confii-mer  et,  dans  certains  cas,  de  préciser  les  résul- 
tats donnés  par  l'analyse  chimique. 


Emplois  de  TOzone.  —  (Extrait  du  Manuel  d' Électrochimie 
de  Backer  dont  le  journal  rend  compte  dans  ce  numéro.) 

A  Stettin,  on  emploie  Tozone,  c'est-à-dire  Teffluve  élec- 
trique dans  Fair  ou  dans  l'oxygène,  depuis  1881,  au  vieil- 
lissement des  bois  destinés  à  la  fabrication  des  instru- 
ments de  musique.  On  sait  que  pour  rendre  les  bois 
propres  à  cette  fabrication,  on  les  laissait  auparavant 
sécher  pendant  des  années  sous  des  hangars.  11  paraît 
que  les  instruments  fabriqués  avec  des  bois  artificiel- 
lement vieillis,  ont  une  grande  sonorité  et  résistent 
mieux  aux  variations  de  température. 
.  Mais  les  applications  les  plus  importantes  de  l'ozone 
sont,  sans  doute,  celles  qui  ont  été  faites  en  Allemagne» 
par  la  maison  Siemens  et  Halske.  Cette  maison  a  introduit 
l'ozone  dans  l'usine  de  blanchiment  de  Greifenberg,  en 
Silésie.  Il  est  vrai  qu'on  y  blanchit  les  toiles  et  les  fils, 
pon  par  l'ozone  seul,  mais  par  l'action  successive  des 
hypochlorites  et  de  l'ozone.  Dans  une  autre  usine,  l'ozone 
a  été  appliqué  par  eux  au  blanchiment  et  au  raffinage  des 
amidons  et  autres  matières  amylacées.  On  obtient  ainsi 
des  produits  très  estimés.  Une  usine  de  Londres  se  sert 
de  l'ozone  pour  le  blanchiment  des  gommes  et  huiles  sic- 
catives destinées  à  la  fabrication  de  vernis. 

L'ozone  est  aussi  grandement  utilisé  pour  le  vieillisse- 
sement  des  alcools.  Une  maison  de  Boston,  traite,  parait- 
il,  chaque  jour,  de  fortes  quantités  de  whisky  par  Tozone. 

Pour  le  vieillissement  des  spiritueux,  il  faut  employer 

(1)  Ac.  d.  se,  CXXVI,  1030,  15  avril  1898. 


—  545  — 

de  Toxygène  ozonisé  et  non  pas  de  l'air,  car  la  plus  petite 
trace  de  composé  nitrcux  y  est  nuisible. 

Ce  procédé  peut  aussi  s'appliquer  à  certains  vins;  le 
Porto,  par  exemple,  subit  rapidement  l'effet  de  l'ozonisa- 
tion.  Quelques  jours  suffisent  pour  l'éclairer  et  lui  donner 
l'aspect  d'un  vin  ayant  passé  quelques  années  en  bouteilles. 

Une  autre  utilisation  de  l'ozone  est  la  préparation  des 
clégras  pour  les  cuirs.  Par  l'oxydation  de  diverses  huiles 
animales,  on  obtient,  en  effet,  un  produit  d'un  prix 
moins  élevé  que  le  dégras  et  qui  rend  absolument  les 
mêmes  services. 

M.  M.  Otto,  qui  s'est  spécialement  occupé  de  la  prépa- 
ration de  l'ozone  et  de  ses  applications,  a  décrit  de  la 
manière  suivante  un  procédé  de  préparation  de  la  vanil- 
line  en  partant  de  l'iso-eugénol  : 

«  L'opération  peut  se  faire  en  dissolvant  100«'  d'iso-eu- 
génol  dans  t  .000«''  d'acide  acétique  et  en  faisant  passer  dans 
le  mélange  un  courant  d'air  ozone.  L'ozone  réagit  nette- 
ment, même  à  froid;  mais  il  vaut  mieux  opérer  au  bain- 
marie.  On  a  soin  de  surmonter  le  ballon  d'un  long  réfrigé- 
rant à  reflux  pour  condenser  les  vapeurs  d'acide  acétique. 

«  En  employant  un  courant  gazeux  circulant  à  la  vitesse 
de  400  litres  à  l'heure  et  contenant  5"*»'  d'ozone  par  litre, 
l'oxydation  est  terminée  au  bout  de  vingt-quatre  heures. 
On  distille  au  bain-marie  et  dans  le  vide  l'excès  d'acide 
acétique;  le  résidu  est  dissous  dans  l'éther;  on  agite  la 
solution  éthérée  avec  du  bisulfite  de  sodium  à40**B.,  qui 
s'empare  de  la  vaniline. 

«  La  combinaison  bisulfitique  formée  ne  peut, en  général, 
«'isoler  à  l'état  solide.  Il  lui  est  arrivé  cependant  de  l'obte- 
nir. Dans  la  majeure  partie  des  cas,  elle  reste  en  solution 
dans  l'excès  de  bisulfite. 

«  Pour  séparer  la  combinaison  bisulfitique  de  la  solution 
éthérée,  on  décante  simplement  la  couche  inférieure  au 
moyen  d'un  entonnoir  à  robinet.  Décomposée  à  50°  par  de 
l'acide  sulfurique  étendu  de  son  volume  d'eau,  elle  laisse 
surnager  une  couche  huileuse  qui  n'est  autre  que  de  la 
vanilline. 


—  546  — 

«  On  refroidit  et  Ton  recueille  toute  la  vanilline  produite 
par  une  S(^rie  d'épuisements  méthodiques  à  l'éthcr;  ce 
dernier  laisse  par  évaporation  de  la  vanilline  brute  que 
Ton  purifie  par  distillation  et  que  Ton  fait  cristalliser. 

«  La  vanilline  obtenue  se  présente  sous  forme  d'une 
masse  soyeuse  blanche.  Elle  fond  à  80*»,  bout  à  280'  à  la 
pression  normale  en  se  ramifiant  partiellement.  Sous  un 
vide  de  20"",  elle  distille  à  170*.  Elle  est  peu  soluble  dans 
Teau  froide,  très  soluble  dans  l'eau  chaude,  dans  l'alcool 
et  dans  Téther.  » 

La  vanilline  produite  par  le  procédé  de  M.  M.  Otto  est 
identique  à  celle  que  l'on  obtient  par  épuisement  des 
gousses  de  vanille  ;  ses  solutions  jaunissent  à  l'air  et  il 
est  très  difficile  de  Tavoir  en  cristaux  bien  blancs. 

Un  procédé  analogue  serait  utilisé  à  la  fabrique  de 
parfums  d*^  C'ourbevoie  (Seine). 

L'ozone  est  un  bactéricide  énergique,  et  la  désinfection 
deviendra  très  probablement  une  de  ses  applications  les 
plus  importantes.  Des  essais  faits  sur  une  grande  échelle 
pour  l'assainissement  des  eaux,  ont  donné  d'excellents 
résultats. 

Du  reste,  une  installation  est  en  voie  de  construction  à 
Paris,  pour  la  stérilisation  des  eaux  de  Seine  au  moyen 
d'appareils  de  Tyndall  et  van  der  Sleen.  On  compte  pou- 
voir stériliser  5.000  litres  d'eau  par  cheval-heure.  Si. 
après  quelques  mois  d'essais,  le  rendement  et  le  prix  de 
revient  répondent  aux  prévisions,  la  concession  accordée 
provisoirement  sera  rendue  définitive. 

Étude  des  phosphures  métalliques;  par  M.  A.  Giian- 

GEu  (1).  —  L'auteur  fait  connaître  les  nombreuses 
observations  contradictoires,  obtenues  par  un  grand 
noml)re  de  savants;  il  a  constaté  souvent  des  résultats 
difiTérents  de  ceux  (jui  ont  été  publiés  et  souvent  aussi  des 
faits,  varial)les  dans  ses  propres  expériences,  suivant  le 
mode  opératoire  et  notanmieiit  la  température  de  réaction. 

(1)  Ann.  chim,  et  phys.,  mai  1898.  Travail  détaillé  de  90  pages. 


~  547  — 

Il  a  examiné  à  fond  l'action  des  combinaisons  halogénées 
du  phosphore  sur  les  métaux  et  celle  du  phosphore  sur  les 
chlorures  métalliques. 

Parmi  les  procédés  déjà  connus,  il  a  examiné  de  préfé- 
rence ceux  qui  paraissaient  les  plus  propres  à  être  uti- 
lisés pratiquement. 

L'analyse  des  phosphures  et  la  séparation  de  l'acide 
phosphorique  d'avec  les  métaux  ont  fait  aussi  l'objet  de 
recherches  spéciales. 

Il  a  montré  l'existence  de  plusieurs  phosphures  de  pla- 
tine : 

Le  biphosphure  de  platine PtP> 

Le  phosphure  de  platine Pt^  P> 

Le  sous-phospliure  de  platine Pt'P 

Le  protophosphnre  de  chrome GrP 

et  isolé  à  l'état  de  pureté  : 

Le  phosphure  de  manganèse Mn^P* 

Le  phosphure  de  fer Fe^P' 

Le  sesquiphosphure  de  fer Fe'P' 

Le  sous-phosphure  de  nickel Ni*P 

Le  sesquiphosphure  de  nickel Ni'P^ 

Le  sous-phosphure  de  cobalt Co'P 

Le  sesquiphosphure  de  cobalt Co^P^ 

Le  phosphure  pentacuivrique Cu*P' 

Le  sous-phosphure  de  cuivre Cu*P 

Le  phosphure  cuivreux Cu'P' 

Le  biphosphure  de  cuivre CuP* 

Le  phosphure  de  mercure Hg*P^ 

Le  biphosphure  d'argent AgP* 

Le  sulfophosphure  d'étain Sn^S'P 

Le  phosphure  d'or Au*P* 

Il  a  décrit  la  préparation  et  les  propriétés  de  divers 
phosphures  obtenus  purs  et  cristallisés  : 

De  rensemble  de  ce  travail,  il  résulte  qu'au  point  de 
vue  de  leur  action  sur  le  phosphore  les  métaux  peuvent 
être  partagés  en  trois  classes  : 

Un  premier  groupe  comprend  l'aluminium,  le  plomb,  le 
bismuth  et  le  ineirure,  qui  ne  s'unissent  pas  directemenl 
au  phosphore.  Les  trois  premiers  ne  donnent  pas  de  com- 
posés établis  ;  le  dernier,  seul,  donne  un  phosphure  défini. 


--  548  — 

Ensuite  viennent  Tor  et  l'argent  qui  peuvent  absorber 
directement  le  phosphore  et  le  retenir,  en  donnant,  dans 
des  conditions  spéciales,  des  phosphures  facilement  dé- 
composables. 

Enfin,  en  dernière  ligne,  sont  le  potassium,  le  sodium, 
le  magnésium,  le  zinc,  le  nickel,  le  cobalt,  le  chrome  et 
le  manganèse,  qui  se  combinent  facilement  au  phosphore, 
et  dont  les  phosphures  présentent  une  certaine  inaltéra- 
bilité, surtout  ceux  qui  correspondent  au  groupe  de  fer- 


Nouveaux  procédés  pour  caractériser  Tammoniaque  dans 
une  atmosphère  galeuse;  par  M.  G.  Denigès.  —  La  pré- 
sence simultanée  d'aminés  de  la  série  grasse  enlève  de 
sa  spécficité  à  l'iodure  mercurico-potassique  en  solution 
alcaline  :  la  mononiélhy lamine  et  la  monoéthylamine 
donnent  en  effet  des  précipités  colorés  avec  ce  réactif  et 
les  aminés  secondaires  méthylique  et  éthylique,  pour  ne 
citer  que  les  plus  connues,  contractent  aussi  des  combi- 
naisons mercuriques  insolubles. 

M.  Denigès  applique  à  cette  détermination  les  réactions 
suivantes. 

La  première  consiste  à  plonger  dans  l'atmosphère  ga- 
zeuse à  essayer  l'extrémité  d'un  agitateur  de  verre  im- 
bibée d'hypobromite  de  soude  ;  au  contact  du  gaz  ammo- 
niac, la  portion  mouillée  de  cette  baguette  laisse  dégager 
une  multitude  de  bulles  gazeuses  d'azote,  extrêmement 
petites  et  dont  l'ensemble  forme  comme  une  gaine  blan- 
châtre, très  apparente,  autour  de  l'extrémité  de  l'agita- 
teur. En  même  temps,  l'hypobromite  se  décolore. 

Cette  propriété  de  réagir  ainsi  sur  l'hypobromite  sodi- 
que  n'appartient  qu'au  gaz  ammoniac  :  avec  ce  réactif,  en 
effet,  les  aminés  primaires  fournissent  un  précipité  jau- 
nâtre, tandis  que  les  autres  aminés  grasses  ne  donnent 
lieu  à  aucun  phénomène  sensible. 

Les  deux  autres  réactions  appartiennent,  comme  celle 
de  l'azotate  mercureux,  autant  aux  aminés  de  la  série 
grasse  qu'au  gaz  ammoniac. 


—  549  — 

L'une  est  la  réaction  invertie  du  formol  :  on  la  réalise 
en  portant  une  goutte  de  formol  du  commerce  au  con- 
tact des  vapeurs  ammoniacales,  puis  en  la  plongeant 
dans  1  centimètre  cube  d'eau  bromée  acidulée  par  une 
goutte  d'acide  acétique.  On  obtient  aussitôt  un  trouble 
ou  un  précipité  jaune,  produit  par  un  dérivé  brome  de 
l'hexaméthylène  tétramine. 

L'autre  est  basée  sur  la  coloration  carmin  intense 
qu'une  goutte  d'une  solution  aqueuse  d'hématoxyline  ou 
encore  d'extrait  de  campéche  prend  au  contact  de  quan- 
tités, même  très  faibles,  d'ammoniac  gazeux. 

Au  point  de  vue  de  leur  degré  de  spécificité,  on  pourrait 
classer  ainsi  les  principaux  réactifs  de  l'ammoniaque  et 
des  aminés  grasses. 

i*  Hypobromite  de  sodium.  —  Dégage  des  bnlles  de  gaz  azote  sous 
rinfluence  de  rammoniaqne.  Donne  avec  les  aminés  grasses,  primaires,  des 
combinaisons  jann&tres  insolubles.  N'agit  pas  sensiblement  sur  les  aminés 
secondaires  et  tertiaires. 

2»  Réactif  de  Nessler.  —  Donne  un  précipité  rouge  kermès  avec  Tammo- 
niaque;  un  précipité  jaune  avec  la  monométhlamine  ;  un  précipité  blanc,  avec 
la  monoétbylamine.  Ce  dernier  précipité  jaunit  rapidement  si  le  réactif  est  en 
excès  et  redevient  blanc  par  un  excès  de  l'aminé. 

11  fournit  avec  la  dimétbylamine  et  la  diélbylamine  un  précipité  blanc; 
avec  ce  dernier  corps  le  précipité  est  soluble  dans  un  excès  d'aminé. 

Enfin,  avec  la  trimétbylamine,  il  donne,  surtout  par  un  excès  d'aminé,  un 
précipité  blanc,  brunissant  assez  rapidement. 

3»  Azotate  mercureux,  Hématoxyline,  Formol.  —  Le  premier  de  ces 
corps,  dissous,  noircit  au  contact  de  vapeurs  ammoniacales  ou  d'aminés 
grasses. 

Le  second  devient  de  couleur  carmin  et  le  troisième  fournit  de  l'hexamé- 
thylène tétramine  qui  précipite  en  jaune  l'eau  bromée  acidulée  d'acide 
acétique.  

Extraction  industrielle  de  l'iode  (1).—  Ce  procédé  réa- 
lise l'extraction  de  l'iode  en  lessivant  les  plantes  fraîches 
ou  desséchées  à  l'air,  mais  non  calcinées.  L'iode  passe 
entièrement  dans  les  eaux  d'épuisement,  et  les  goémons 
conservent  le  pouvoir  fertilisant  qu'ils  doivent  à  leur 
azote  (3,73  p.  100)  et  à  leur  potasse  (10  p.  100)  environ. 

(I)  Rev,  de  Chim.  industr.f  mars  1898. 


—  550  — 

Voici  la  pratique  de  l'opération  :  Oa  chaule  de  l'eau  de 
mer  à  raison  de  8^«'  de  chaux  par  mètre  cube  pour  donner 
une  réaction  alcaline  et  précipiter  la  magnésie.  Cette 
solution  est  versée  sur  les  goémons  dans  la  proportion  de 
2  à  1.  On  laisse  en  contact  douze  heures  ;  60  à  65  p.  100 
de  riode  passent  en  solution,  la  quantité  restante  est 
extraite  presque  totalement  par  deux  nouveaux  lessivages 
avec  de  l'eau  de  mer  chaulée.  Les  dernières  eaux  sont 
assez  pauvres  et  en  conséquence  on  les  met  de  côté  pour 
effectuer  le  premier  épuisement  d'une  autre  opération. 
Le  lessivage  est  ainsi  rendu  méthodique. 

La  seconde  partie  de  l'opération  comprend  Textraciion 
particulière  de  l'iode  maintenant  réuni  dans  l'eau  de  mer 
chaulée.  On  sépare  d'ahord  toutes  les  matières  organi- 
ques mucilagineuses  par  l'addition  de  sulfate  ferreux  à  la 
dose  de  3^«'  par  mètre  cube.  L'hydrate  ferreux  précipité 
avec  les  matières  organiques  est  facilement  séparé  par 
décantation,  et  réuni  aux  goémons  d'un  traitement  sub- 
séquent. Quant  à  la  solution  restante,  elle  est  limpide  et 
incolore,  on  l'amène  dans  de  vastes  cuves  de  bois,  on  la 
neutralise  par  de  l'acide  sulfurique  à  raison  de  2^«' d'acide  à 
06"  B.  par  mètre  cube,  et  on  met  finalement  l'iode  en  liberté 
au  moyen  d'acide  nitrique  nitreux(1.500«' par  tonne)  ou 
tout  autre  réactif  approprié  (persulfates,  etc.).  L'iode  mis 
en  liberté  est  finalement  séparé  au  moyen  de  l'huile  de 
pétrole  employée  en  deux  fois  à  raison  de  30''«'  par  mètre 
cube.  L'huile  de  pétrole  abandonne  son  iode  à  une  les- 
sive alcaline  de  soude  ou  de  potasse,  d'où  l'iode  peut  être 
alors  obtenu  pur,  puis  sublimé  et  livré  au  commerce. 


Sur  le  traitement  industriel  de  l'émeraude  au  four  élec- 
trique; par  M.  P.  Lebeau  (1).  —  On  a  mélangé  environ 
50^*  d'émeraude  finement  pulvérisée  avec  50^»  de  carbure 
de  calcium  également  en  poudre  grossière.  Le  tout  a  été 
placé  dans  un  four  à  carbure  et  chauffé  une  heure  et 
demie  avec  un  courant  de  1.500  ampères.  La  masse  refroi- 

(1)  Ac.  d.  «c,  CXXVl,  laOÎ,  25  ayril  1898; 


—  551  — 

die  retirée  du  four  était,  en  appaience,  assez  Homo- 
gène et  bien  fondue.  Elle  pesait  31^*, 500  et  était  accom- 
pagnée de  58^*200  de  mélange  encore  pulvérulent  n'ayant 
pas  suffisamment  subi  l'action  calorifique. 

La  matière  fondue  présente  une  teinte  gris  verdâtre. 
Elle  se  délite  lentement  à  l'air  en  donnant  une  poussière 
de  même  coloration  dans  laquelle  on  distingue  facilement 
des  cristaux  de  siliciure  de  carbone.  Un  fragment  de  cette 
même  substance  décompose  l'eau  un  peu  plus  lentement 
que  le  carbure  de  calcium  en  donnant  au  début  de  l'acé- 
tylène pur.  Après  quelques  jours,  on  constate  dans  le  gaz 
dégagé  la  présence  du  méthane,  provenant  des  carbures 
d'aluminium  et  de  glucinium  qui  se  sont  formés  au  mo- 
ment de  la  réduction.  Quelques  parties  métalliques  bien 
cristallisées  sont  disséminées  dans  la  masse,  elles  sont 
formées  par  un  siliciure  double  de  fer  et  de  cuivre. 

Après  avoir  essayé  l'action  des  divers  acides  sur  le  pro- 
duit brut  résultant  de  l'action  du  carbure  de  calcium  sur 
l'émeraude  ù  haute  température,  l'auteur  a  choisi,  de 
préférence,  les  procédés  suivants  : 

La  matière  concassée  est  abandonnée  à  l'air  humide  ; 
elle  se  délite  et  se  pulvérise  ainsi  d'elle-même.  Dans  ce 
produit  d'altération,  le  glucinium  et  l'aluminium  sont 
sous  forme  d'oxydes  hydratés  ou  de  carbures  non  encore 
décomposés,  c'est-à-dire  facilement  attaquables  par  les 
réactifs.  On  a  pu  extraire  une  notable  quantité  de  glu- 
cine  par  simple  digestion  de  ce  produit  avec  le  carbonate 
d'ammonium  en  solution  saturée,  mais  ce  traitement 
exige  un  contact  très  prolongé.  L'emploi  de  l'acide  fluor- 
hydrique  ou  de  l'acide  sulfurique  est  préférable,  il  per- 
met d'extraire  rapidement  environ  90  à  95  p.  100  de  la 
glucine  contenue  dansl'émeraude. 


Sur  un  iodure  de  tungstène;  par  M.  Ed.  Defacqz  (1).  — 
Préparation,  —  Le  métal  fondu,  préparé  au  four  élec- 
trique par  la  méthode  de  M.  Moissan,  est  placé  dans  une 

(1)  Ac.  d.  Se,  t.  CXXVI,  962,  28  mars  1898. 


;/-: 


—  552  — 

nacelle  au  milieu  d'un  tube  de  verre  vert  traversé  par  un 
courant  de  chlore;  on  chauffe  au  rouge  sombre  et,  en 
employant  les  précautions  indiquées  par  M.  Roscoe,  on 
obtient  l'hexachlorure  pur  sublimé;  on  chasse  alors  le 
chlore  de  Tappareil  par  un  courant  d'acide  carbonique 
sec,  puis  on  fait  passer  Tacide  iodhydrique  gazeux  sec  en 
chauffant  pendant  une  heure  environ  vers  400*  la  partie 
du  tube  où  s'était  déposé  primitivement  l'hexachlorure. 
Au  commencement  de  la  réaction  il  y  a  un  abondant 
dépôt  d'iode  ;  on  obtient  finalement  une  masse  infusible 
brune  :  on  la  lave  d'abord  au  sulfure  de  carbone  pur  et  sec 
pour  lui  enlever  un  peu  d'iode  libre,  on  sèche  à  l'air,  on 
reprend  par  l'alcool  à  95**  et  l'on  sèche  définitivement  à 
l'étuve  à  110^ 

Cette  préparation  exige  quelques  précautions  :  il  ne 
TàUt  pas  chauffer  au-dessus  de  500*,  pour  éviter  un  com- 
mencement de  réduction  par  l'acide  iodhydrique  à  cette 
température,  et  il  est  préférable  d'opérer  sur  l'hexachlo- 
rure sublimé  plutôt  que  sur  le  fondu. 

Analyse.  —  On  place  l'iodure  dans  une  nacelle  disposée 
dans  un  tube  de  verre  et  Ton  chauffe  en  faisant  passer 
lentement  un  courant  d'air;  l'iode  qui  provient  de  la 
décomposition  est  entraîné  et  reçu  dans  un  récipient  conte- 
nant une  solution  aqueuse  d'acide  sulfureux;  on  le  dose 
à  l'état  d'iodure  d'argent  ;  on  le  transforme  ensuite  en 
chlorure,  comme  vérification;  l'acide  tungstique  qui 
reste  dans  la  nacelle  est  pesé;  de  son  poids  on  déduit  la 
quantité  de  métal. 

L'auteur  a  trouvé  : 


Trouvé.  Calculé 
■"!        *  '"  pour  Tul». 

Tu 42,16        42, âO  42,24  42,01 

1 »           56,82  57,40  57,99 


99,02        99,64  100,00 

Propriétés.  —  L'iodure  de  tungstène  TuP  se  présente 
sous  la  forme  d'une  poudre  brune  amorphe,  insoluble 
dans  Teau,  le  sulfure  de  carbone  et  l'alcool. 

Il  est  infusible,  n'est  pas  volatil  sans  décomposition,  en 


—  553  — 

donnant,  au  contact  de  Tair,  de  l'iode  et  de  l'acide  tung 
s  tique. 

Sa  densité  est  6,9  à  18^ 

L'hydrogène  est  sans  action  jusque  vers  500**;  au-dessus 
de  cette  température  l'iodureest  réduit  avec  départ  d'iode. 

Le  chlorure  l'attaque  vers  250*  pour  donner  le  chlorure 
correspondant;  si  l'on  élève  la  température  il  se  forme 
les  composés  plus  chlorés. 

Le  brome  ne  donne  le  bromure  correspondant  que 
vers  350^ 

Le  soufre  et  le  phosphore  fournissent  des  composés 
sulfurés  et  phosphores. 

L'eau  n'agit  que  très  lentement  à  froid  et  plus  rapi- 
dement à  Tébullition;  en  vapeurs  il  se  forme  l'oxyde 
bleu. 

L'acide  carbonique  n'a  d'action  que  vers  500**  et  donne 
alors  un  corps  brun,  non  volatil,  infusible,  qui,  sous  l'in- 
fluence d'une  légère  élévation  de  température,  brûle 
à  Tair  comme  de  l'amadou  pour  donner  de  l'acide  tung- 
stique. 

L'acide  iodhydrique  gazeux  agit  comme  l'hydrogène 
vers  500»  à  600°. 

Les  solutions  aqueuses  d'acide  chlorhydrique,  d'acide 
fluorhydrique  ne  l'attaquent  que  très  lentement;  l'acide 
azotique,  l'acide  sulfurique,  l'eau  régale  le  décomposent 
à  l'ébuUition  et  laissent  un  résidu  d'acide  tungstique. 

L'iodure  de  tungstène  est  facilement  attaqué  par  la  po- 
tasse aqueuse,  et  très  vivement,  avec  départ  d'iode,  par  la 
potasse  fondue,  ainsi  que  par  les  carbonates  alcalins  fon- 
dus et  les  mélanges  d'azotate  et  de  carbonate. 


Dosage  du  santalol;  par  M.  W.  Dulière  (1).  —  L'es- 
sence de  santal  citrin  a  une  composition  toute  spéciale, 
qui  permet  d'apprécier  facilement  sa  pureté,  lorsque  l'on 
a  à  sa  disposition  une  quantité  sufBsante  du  produit. 

Cette  essence  renferme  en  effet  un  alcool  monoatomi- 

(1)  Joum,  de  Pharm.  et  de  Chim.  [6],  VII,  332,  1898. 

Journ.  de  Pharm.  et  de  Chim.,  6*  SÉRIK,  t.  VU.  {V  juin  1898.)         36 


—  554  — 

que  bien  défini,  répondant  à  la  formule  C"H"0  et  que  Ton 
a  appelé  santaioL  Le  titrage  du  santalol  se  fait  aisément  en 
transformant  d'abord  cet  alcool  en  éther,  en  acétate  de 
santalol  et  en  dosant  ensuite  par  saponification  Tacétate 
de  santalol  formé  ;  de  la  quantité  de  potasse  nécessaire 
pour  saponifier  un  poids  donné  d'acétate,  on  déduit  la  pro- 
portion de  santalol  contenu  dans  Tessence  acétylée  et  dans 
l'essence  primitive. 

L'éthérification  se  fait  à  l'aide  de  l'anhydride  acétique, 
en  présence  de  l'acétate  de  soude  anhydre  ;  celui-ci  n'in- 
tervient pas  dans  la  réaction  et  n'a  d'autre  but  que  d'ab- 
sorber l'eau  résultant  de  l'éthérification. 

Les  choses  se  passent  comme  il  suit  : 

2X222         102  2X264  18 

2C,5H^0  -f  gjgj^  >  0  =  2ciiH^o':roC^+  n,0. 

264  56  222  98 

C^HjsO-  OCjHj  +  KOH  =C,5H„-  OH  +  C,H,K0,. 

Voici  les  détails  de  l'opération  (1)  : 

On  mesure  5  à  6"  d'essence  que  l'on  verse  dans 
un  matras  à  long  col  et  à  fond  bien  plat  et  peu  étendu; 
on  mesure  une  égale  quantité  d'anhydride  acétique 
qui  sert  au  rinçage  de  l'éprouvette  et  que  Ton  verse 
aussi  dans  le  matras;  on  mélange.  Il  faut  que  le  fond  du 
matras  soit  couvert  d'une  couche  de  1"  au  moins  ;  on 
ajoute  30  à  40^'^''  d'acétate  de  soude  anhydre  ;  on  place  le 
matras  sur  une  toile  métallique,  on  le  recouvre  d'un  petit 
entonnoir  surmonté  d'un  verre  de  montre  et  on  chauffe 
en  réglant  la  flamme  de  façon  à  avoir  une  ébullition  tran- 
quille ;  on  évite  ainsi  toute  déperdition  et  l'on  n'est  pas 
incommodé  par  les  vapeurs  acétiques  qui  se  condensent 
dans  la  partie  supérieure  du  matras.  Au  bout  d'une  heure, 
l'éthérification  peut  être  considérée  comme  finie;  le 
produit  de  la  réaction  se  prend  en  masse  cristalline 
par  refroidissement;    on   ajoute   lOO*"*"    d'eau    environ. 


(1)  Ce  procédé  est  celui  que  Parry  a  publié  dans  le  PharmaceuHcal 
Joumalf  sauf  que  ce  dernier  opérait  sur  iO^  d'essence. 


—  555  — 

additionnée  de  quelques  grammes  de  carbonate  sodique 
et  on  fait  passer  le  tout  dans  un  entonnoir  à  boule  muni 
d'un  bouchon  à  Témeri  et  d'un  robinet  de  décantation. 
On  agite  vigoureusement  et  on  laisse  reposer  pour  que 
l'essence  acétylée  se  rassemble  au-dessus;  on  sépare 
l'eau  par  décantation  et  on  recommence  à  trois  reprises 
le  lavage  à  l'eau  distillée  ;  on  recueille  l'essence  qui  est 
trouble  ;  on  la  chauffe  au  bain-marie  pour  décomposer 
l'émulsion  ;  l'essence  devient  ainsi  limpide  et  les  goutte- 
lettes d'eau  se  rassemblent  au  fond  ;  on  verse  sur  un 
petit  filtre  pour  éviter  les  pertes.  L'expérience  a  prouvé 
que  l'essence  ainsi  séparée  peut  servir  directement  au 
dosage,  sans  être  déshydratée  par  le  sulfate  de  soude  sec, 
comme  le  recommande  Schimmel. 

En  opérant  ainsi,  on  recueille  assez  d'essence  acétylée 
pour  faire  deux  dosages  d'après  les  indications  suivantes  : 

On  tare  un  matras  de  200*®  environ  ;  on  y  pèse  2«'  d'es- 
sence acétylée  ;  on  y  ajoute  25**"  de  solution  alcoolique 
demi-normale  de  KOH  ;  on  chauffe  au  bain-marie  pendant 
un  quart  d'heure,  en  ayant  soin  d'adapter  au  matras  un 
réfrigérant  à  reflux.  La  saponification  finie,  on  ajoute 
100"  d'eau  distillée,  un  peu  de  phénolphtaléine  et  on  dose 
l'excès  de  potasse  à  l'aide  d'une  solution  demi-normale 
monovalente  de  SO*H*. 

On  déduit  le  nombre  de  centimètres  cubes  d'acide  em- 
ployé des  25"  de  solution  potassique  et  on  multiplie  par 
0.111  pour  avoir  la  quantité  de  santalol  contenu  dans  les 
2«'  d'essence  acétylée  ;  on  calcule  aussi  la  quantité  d'acé- 
tate de  santalol  contenu  dans  ces  2«''  en  multipliant  le 
nombre  de  centimètres  cubes  de  KOH  en  excès  par  0.132. 
On  déduit  le  premier  résultat  du  second  pour  savoir  la 
quantité  d'acide  acétique  qui  était  en  combinaison  ;  retran- 
chant maintenant  le  poids  de  l'acide  combiné  des  2»'  d'es- 
sence acétylée,  on  a  le  poids  réel  d'essence  pure  corres- 
pondant à  ces  2«'"  et  l'on  peut  ainsi  rapporter  les  résultats 
à  l'essence  primitive. 

Voici  les  chiffres  : 


—  556  — 


NATURE  DE  L  ESSENCE. 


Essence  de  santal  ci  tri  n  de 
Schimmel 

Essence  pure  de  fabrication 
française 

Essence  pnre  préparée  par  Faut. 

Essence  type  de  santal  des 
Indes  occidentales 

Essence  type  de  bois  de  cèdre. 
(Schimmel) 

Essence  de  copahn  garantie 
pure 

Essence  type  de  baume  de  gurjun. 

Essence  de  santal  citrin  préle- 
vée dans  une  pharmacie  .  .  , 

Essence  de  santal  provenant 
d'une  droguerie  en  gros  .  .  . 

Essence  de  capsules  de  santal 
prélevées  dans  une  pharmacie. 


Nombre 
de  cent,  cubes 

deKOH 
demi  -  normale 

absorbée 

dans  la 
saponification, 


14,5 
14,7 

7,0 

i,3 
i,4 

8,8 

3,7 

1,2 


P.C. 

d'acétate 

de 
santalol 

de 
l'essence 
acélylée 


95,70 

97, (tt 
95,04 

46,ao 

15,84 

8,58 
9,24 

57,58 

24,42 

7,92 


P.  c. 

de 
santalol 

de 
l'essence 
acétylée. 


80,97 

81,58 
79,92 

38,85 

13,32 

7,21 

7,77 

48,84 

20,53 

6,66 


P.C. 

de 
santalol 

de 
l'essence 
primitive. 


94,95 

96,45 
94,14 

41,93 

13,6a 

7,35 
7,88 

53,5t 

21,36 

6,74 


Il  résulte  de  ces  chiffres  que  Ton  peut  exiger  de  l'es- 
sence de  santal  une  teneur  de  94  p.  100  de  santalol  et  que 
la  moindre  falsification  par  une  essence  quelconque  se 
traduira  par  une  diminution  notable  de  ce  facteur  si  im- 
portant, dont  le  dosage  n'exige  pas  une  grande  quantité 
d'essence  et  se  fait  sans  difficultés. 


La  préparation  de  la  vanille  (1).  —  Dans  la  plus  grande 
partie  des  plantations  de  sucre  de  l'île  de  la  Réunion,  on 
cultive  la  vanille  sur  une  plus  ou  moins  grande  échelle, 
et,  dans  un  certain  nombre  de  districts,  il  existe  de  grands 
fermiers  qui  ne  s'occupent  que  de  cette  culture. 

On  attache  une  attention  toute  particulière  au  séchage 


(i)  Impérial  InatUute  Journal,  d*après  Moniteur  scientifique. 


I 


de  la  gousse  au  moyen  du  chlorure  calcique.  Le  point 
essentiel,  dans  le  traitement  auquel  on  soumet  la  vanille» 
est  d'obtenir  un  produit  résistant,  et  de  développer  etî 
même  temps  l'arôme  qui  en  fait  la  valeur. 

Le  succès  de  ces  manipulations  dépend,  en  grande 
partie,  de  l'état  de  maturité  des  gousses.  Arrachées  trop 
tôt,  elles  sont,  après  dessiccation,  minces  et  pauvres,  se 
conservent  mal,  et  leur  arôme  n'est  que  faiblement  déve- 
loppé ;  cueillies  trop  tard,  elles  sont  bien  développées, 
possèdent  une  forte  odeur,  mais  elles  sont  cassantes  et 
perdent  ainsi  beaucoup  de  leur  valeur  commerciale.  En 
thèse  générale,  les  fruits  sont  mûrs  lorsque  leurs  parties 
inférieures  commencent  à  jaunir,  et,  alors,  le  premiei- 
traitement  auquel  on  les  soumet  est  l'action  de  l'eau 
chaude.  Le  jour  même  de  la  cueillette,  ou,  au  plus  tard, 
le  lendemain,  les  gousses,  réunies  en  bottes  assez  serrée^s. 
sont  enfermées  dans  des  caisses  en  étain  doublées  de 
laine,  et  ces  caisses  sont  placées  dans  des  fûts,  dans 
lesquels  on  verse  une  quantité  d'eau  chaude  suffisanlr^ 
pour  les  recouvrir  entièrement  ;  pour  empêcher  un  refroi- 
dissement trop  rapide,  le  tout  est  entouré  de  sacs.  L** 
lendemain  matin,  les  fruits  sont  retirés  de  ce  bain,  el 
exposés,  pendant  un  certain  temps,  à  l'action  de  l'air,  ih 
sont  ensuite  enroulés  dans  une  couverture  de  laine,  mis 
dans  des  caisses  en  bois  et  exposés,  pendant  deux  ou  trois 
jours,  en  pleine  lumière  solaire.  Vient  alors  l'opératloii 
la  plus  importante,  le  séchage  proprement  dit.  Ancien- 
nement, cette  opération  se  faisait  dans  des  étuves  à  air 
chaud,  mais  elle  entraîne  une  perte  en  matières  aroma- 
tiques et  nécessite,  en  outre,  une  trop  forte  dépense  du 
travail.  Actuellement  on  a  recours  au  chlorure  calcique, 
et  voici  comment  on  procède. 

L'opération  est  faite  dans  des  caisses  en  fer  galvanisé 
pourvues  d'une  porte  fermant  hermétiquement.  Chacuno 
de  ces  caisses  renferme  onze  tiroirs,  dont  l'inférieur  et  le 
sixième  sont  destinés  à  recevoir  les  plateaux  contenant  le 
chlorure  calcique  (environ  18  k«),  les  autres  recevant  la 
vanille  (environ  47  k^\  11  Hiut  veiller  surtout  à  ce  que  le 


—  558  — 

bois  sur  lequel  repose  la  vanille  ne  renferme  aucune 
substance  odorante,  résine,  etc.,  car  la  vanille  absorbe 
très  avidement  ces  produits. 

Les  tiroirs  chargés,  on  ferme  la  porte,  mais  tous  les 
deux  ou  trois  jours  la  vanille  est  soigneusement  examinée, 
et  le  chlorure  renouvelé,  s'il  y  a  lieu.  Au  bout  de  vingt- 
cinq  à  trente  jours,  l'opération  du  séchage  est  terminée. 

Lorsque  la  vanille  a  été  imparfaitement  desséchée,  elle 
se  conserve  mal  et  favorise  le  développement  de  petits 
vers.  Trop  fortement  desséchée,  elle  se  conserve  bien, 
mais  elle  est  trop  fragile,  et,  par  suite,  sa  valeur  est 
moindre.  Ce  n'est  que  l'expérience  qui  peut  indiquer  à 
quel  moment  précis  la  vanille  a  acquis  le  degré  de  séche- 
resse voulu.  Ce  point  atteint,  la  vanille  est  étalée  sur  de 
petits  rayons,  dans  une  salle  bien  aérée,  où  elle  reste 
plusieurs  jours,  avant  de  passer  dans  des  caisses  en. 
étain,  dont  chacune  en  reçoit  environ  25  k«.  Elle  y 
séjourne  plusieurs  semaines  ;  tous  les  deux  ou  trois  jours 
elle  est  examinée,  et  tout  défaut  qui  aurait  pu  se  produire 
est  soigneusement  enlevé.  Finalement,  elle  est  soumise  à 
un  lavage.  A  cet  effet,  20  k«  de  vanille  sont  jetés  dans 
27  litres  d'eau  parfaitement  pur  et  chauffée  à  60*»  C.  ;  après 
ce  bain,  les  gousses,  légèrement  essuyées  et  séchées  à 
l'ombre,  sont  assorties  et  classées  suivant  la  longueur  et 
le  degré  de  finesse,  réunies  en  petites  bottes  et  enfermées 
dans  des  caisses  en  étain  à  couvercle,  chaque  caisse  con- 
tenant 4  à  5  k».  Mais,  même  alors,  la  vanille  n'est  pas 
encore  jugée  en  état  de  supporter  le  transport  par  mer,  et 
elle  est  encore  surveillée  pendant  un  mois.  Toute  gousse 
présentant  la  moindre  trace  d'humidité  est  immédiate- 
ment enlevée.  Quant  aux  gousses  avariées,  elles  subissent 
un  traitement  spécial  et  sont  alors  vendues  comme  pro- 
duits de  qualité  inférieure. 

La  fabrication  de  la  cocaïne  aux  Indes  (1).  —  On  com- 
mence à  cultiver  le  coca  (Erythroxylon  coca),  sur  une 

(1)  Impérial  Institute  Journal,  d'après  Moniteur  scienHfique, 


—  559  — 

grande  échelle,  dans  le  gouvernement  de  Madras.  C'est  ^n 
1870  que  le  jardin  botanique  de  Kew  avait  introduit  h\ 
plante  à  Ceylan,  et  il  est  probable  que  les  plants  cultivés 
à  Madras  proviennent  de  la  même  source.  Ce  pays  ^*'. 
prête,  du  reste,  admirablement  à  la  culture  du  coca,  et.  il 
n'y  aurait  aucune  difficulté  à  isoler  l'alcaloïde,  la  cocaÛK\ 
dans  les  vastes  laboratoires  que  possède  le  départemeiil 
médical.  En  1890,  lorsque  le  premier  rapport  touchîiul 
cette  question  a  été  présenté,  le  prix  du  chlorhydrate  (!<' 
cocaïne  s'élevait  à  20  shilings  l'once  (25  fr.  les  28  1/3  gr.;  ; 
mais,  d'un  autre  côté,  par  suite  de  la  demande  locale  trr^ 
restreinte  —  à  peine  trois  livres  par  an,  —  le  gouvens ri- 
ment n'a  pas  cru  devoir  entreprendre  des  essais  en  vii<t 
de  la  fabrication  du  chlorhydrate  de  cocaïne  dans  le  pays 
même.  Comme  les  expériences  faites  trois  ans  plus  tard. 
à  Sikkim,  n'ont  point  donné  des  résultats  favorables,  un 
a  abandonné  l'idée  première  delà  culture  rationnelle  iln 
coca.  Mais,  en  1894,  le  gouvernement  de  Madras  a  i  (- 
sollicité  de  nouveau  et  invité  à  faire  faire  des  expérienrf's 
de  culture  dans  les  régions  basses  du  Nilgiris,  les  esï^ju's 
faits  à  Sikkim  n'ayant  pas  réussi,  à  cause  de  la  ivi)\\ 
grande  altitude  de  cette  région  et  à  cause  du  climat  défa- 
vorable à  ce  genre  de  culture.  Aussi,  le  gouvernemeiil. 
tout  en  émettant  l'avis  que  les  demandes  locales  soiil 
restreintes  pour  justifier  la  fabrication  de  la  cocaïne, 
avait  ordonné  de  procéder  à  une  série  d'expériences.  Lrs 
résultats  que  l'on  vient  de  publier  sont  très  satisfaisanl-. 
et  le  rapport  rédigé  par  les  savants  attachés  aux  janlf  n- 
botaniques  du  Nilgris  est  très  favorable  à  tous  les  poirM- 
de  vue;  de  sorte  que  le  gouvernement  de  Madras  —  If- 
demandes  locales  ayant  fortement  augmenté  en  ces  doi*- 
niers  temps  —  estime  qu'il  serait  de  l'intérêt  des  coin  ri- 
de s'occuper  activement  de  la  culture  du  coca. 

On  peut  se  faire  facilement  \ine  idée  de  l'énorme  cuu- 
sommalion  de  cocaïne,  si  Ton  considère  que  le  Pérou  n 
la  Bolivie  produisent  annuellement  22  1/2  millions  *li' 
livres  de  feuilles  sèches,  ce  qui  représente  sensiblemçfii 
55.000  livres  de  cocaïne. 


\ 


—  500  — 

Certes,  deux  produits  synthétiques  tiennent  également 
le  marché,  mais  il  n'est  pas  aisé  de  dire  jusqu*à  quel 
point  ils  peuvent  suppléer  l'alcaloïde  naturel. 

Il  est  certain  que  la  cocaïne  indienne,  fabriquée  avec 
toutes  les  précautions  voulues  et  tous  les  soins  désirables, 
trouvera  en  Europe  un  débouché,  et  pourra  lutter  avec 
avantage  contre  le  produit  de  l'Amérique  du  Sud. 


Hygiène. 

Nouveaux  aperçus  sur  répuration  des  eaux  d'égont  ; 
par  M.  Bechmann,  M.  Vallin(I).  —  M.  Dibdin,  ancien  chi- 
miste du  Conseil  du  Comté  de  Londres,  vient  de  publier 
un  livre  d'un  grand  intérêt  sur  ce  sujet  à  propos  d'expé- 
riences en  grand  qui  se  font  à  Barking,  Sutton,  Exeter. 
etc.  et  qui  vont  peut-être  donner  naissance  à  un  mode 
nouveau  d'épuration  des  eaux  d'égout,  qu'on  peut  appeler 
la  filtration  intermittente,  ou  l'épuration  par  les  bacté- 
ries. Il  se  substiturait  aux  divers  traitements  chi- 
miques, qui  ont  comme  inconvénient,  jusqu'à  ce  jour 
insurmontable,  la  production  de  boues  de  peu  de  valeur, 
et  très  encombrantes. 

Ce  procédé  n'est  au  fond,  —  dit  très  justement  M.  Val- 
lin,  —  qu'un  perfectionnement  du  système  d'épuration 
par  aération  intensive  des  filtres  préconisé  et  appliqué 
depuis  1889  par  Laurence  (États-Unis),  par  Waringà  New- 
port  près  New- York  en  1894  et  par  Lowcock  près  de 
Birmingham  en  1895.  Ces  derniers  injectaient  de  bas  en 
haut  de  grandes  quantités  d'air  à  travers  la  couche  filtrante 
à  l'aide  de  pompes  à  vapeur  (2). 

M.  Bechmann  décrit  le  nouveau  procédé  sans  s'avancer 
sur  son  application,  possible  pratiquement,  aux  eaux  usées 
de  la  ville  de  Paris,  de  façon  à  réduire  les  milliers  d'hec- 

(1)  Revue  d'hygiène,  20  avril  1898. 

(2)  On  devrait  citer  aussi  les  essais  entrepris  autrefois  par  M.  Laulh,  alors 
membre  du  conseil  municipal  de  Paris,  et  l'épuration  des  eaux  résiduaires  au 
moyen  d'irrigations  intermitentes  par  M.  Gérardin.  A.  R. 


—  561  — 

tares,  nécessaires  pour  l'épandage,  à  quelques  centaines  : 
espérons  que  les  ingénieurs  de  la  Ville  font  entreprendre 
des  essais.  Les  expériences  de  M.  Dibdin  datent  de  IS93. 

Des  filtres  de  16  métrés  carrés  de  superficie  environ, 
formés  de  cailloux  cassés,  de  mâchefer,  de  terre  cuite,  de 
fragments  de  coke,  de  sables  et  de  graviers,  reçurent 
simultanément  Teau  des  égouts  de  Londres  traitée  par  la 
chaux  et  le  sulfate  de  fer,  telle  qu'on  la  rejette,  encore 
impure  mais  à  peu  prés  clarifiée,  dans  le  fleuve.  Après 
quelques  tâtonnements,  ces  filtres,  dans  lesquels  on  intro- 
duisait l'eau  par  intermittence  et  qu'on  laissait  reposer 
dans  les  intervalles,  ont  permis  de  réaliser  une  épuraLion, 
dont  le  coefiicient,  résultant  de  la  proportion  d'oxygène 
absorbée  par  les  échantillons  d'eau  avant  et  aprèï^  le 
traitement,  s'est  élevé  àê  43  à  60  p.  100.  » 

Encouragé  par  ce  premier  succès,  M.  Dibdin  résolut 
ûe  faire  un  essai  pratique  à  grande  échelle  avec  un  Hltre 
d'une  superficie  d'un  acre  (4.046''*7^),  garni  de  coke  en 
fragments.  L'épaisseur  de  la  couche  de  coke  est  de  3  pieds, 
et  au-dessus  règne  une  couche  de  gravier  de  3  pot  i  ces 
d'épaisseur,  1  mètre  en  tout  environ.  Au-dessous  essl  dis- 
posé un  réseau  de  drainage  aboutissant  à  un  contiuit 
unique  d'évacuation  muni  d'un  obturateur. 

L'emploi  de  ce  filtre,  commencé  avec  prudence^  poiu- 
suivi  ensuite  dans  des  conditions  variées,  a  fini  pyr  m 
régulariser,  et  s'est  continué  finalement  par  périodes  de 
•8  heures,  dont  2  consacrées  au  remplissage,  1  au  repos, 
5  àl'égouttement,  de  sorte  qu'on  fait  trois  opérations  dans 
!es  24  heures.  Après  6  jours  d'activité,  le  filtre  e^i  mis 
au  repos  pendant  une  journée. 

Lorsque,  l'an  dernier,  les  résultats  obtenus  au  aiin  en 
du  filtre  de  Barking  ont  été  livrés  à  la  publicité,  ils  éludent 
consacrés  déjà  par  une  pratique  ininterrompue  de  plas 
d'une  année,  ce  qui  leur  donne  une  valeur  sérieuse  et  a 
permis  à  M.  Dibdin  de  déclarer  que  la  durée  du  fonction- 
nement d'un  filtre  ainsi  aménagé  et  conduit  semlJait 
devoir  être  en  fait  à  peu  près  illimitée.  Ajoutons  que, 
durant  cette  période,  sont  survenues  les  gelées  persis- 


—  562  — 

tantes  de  janvier  et  février  1895  qui  n'ont  apporté  aucune 
perturbation  dans  la  marche  des  opérations. 

Or,  pendant  tout  ce  temps,  le  coefficient  moyen  d'épu- 
ration s'est  maintenu  à  78  p.  100  et  la  dose  traitée  par 
jour  a  été  constamment  de  1.000.000  de  gallons,  soit 
4.500  mètres  cubes  par  la  superficie  d'un  acre,  ou  plus 
d'un  mètre  cube  par  mètre  carré  de  filtre. 

Presque  en  même  temps,  le  même  expérimentateur 
faisait  une  autre  tentative,  à  Sutton,  sur  des  eaux  d'égouts 
amenées  au  filtre  sans  traitement  préalable,  et  obtenait 
des  résultats  tout  à  fait  analogues,  mais  par  un  double 
filtrage,  d'abord  à  travers  une  couche  de  mâchefer  dis- 
posée dans  un  ancien  bassin  de  précipitation  chimique, 
puis  sur  un  filtre  à  coke. 

Il  s'est  cru  dès  lors  autorisé  à  conclure  que  des  filtrages 
intermittents  à  travers  des  couches  poreuses,  composées 
de  matériaux  de  grosseur  convenable,  permettent  d'ob- 
tenir une  épuration  qu'on  se  propose  de  réaliser,  et'  que 
si  l'on  se  contente  du  coefficient  de  75  p.  100,  admissible 
dans  la  majorité  des  cas,  on  est  de  la  sorte  en  mesure 
d'obtenir  le  traitement  de  1  mètre  cube  d'eau  d'égout  par 
mètre  carré  de  filtre  et  par  jour. 

C'est  10.000  mètres  cubes  par  hectare,  et  pour  300  jours 
de  travail  par  an  3.000.000  de  mètres  cubes.  A  ce  compte, 
une  surface  de  75  hectares  suffirait  pour  le  traitement 
artificiel  de  la  totalité  des  eaux  d'égout  de  Londres. 

Les  objections  présentées  au  cours  des  discussions 
auxquelles  ces  conclusions  ont  donné  lieu  n'ont  pas 
porté  sur  le  principe  du  procédé  et  n'ont  point  infirmé 
ces  chiff'res. 

Dans  le  même  temps,  mais  sur  un  autre  point, à  Exeter, 
M.  Cameron  tentait  également  de  substituer  l'épura- 
tion par  les  bactéries  au  traitement  chimique.  Il  faisait 
passer  l'eau  d'égout  brute,  sans  aucun  dégrossissîige 
préalable,  dans  une  cuve  fermée  dite  fosse  septique,  où 
elle  séjournait  assez  longtemps  pour  subir  la  fermentation 
putride  et  en  ressortir  par  siphonnement  après  liquéfac- 
tion complète  des  matières  organiques  en  suspension. 


—  563  — 

Le  liquide  ainsi  obtenu  subissait  ensuite  une  filtration 
intermittente  destinée  à  réaliser  l'épuration  des  sub- 
stances dissoutes. 

Il  résulte  de  la  discussion  à  laquelle  les  procédés  ont 
donné  lieu  qu'ils  ne  diffèrent  théoriquement  qu'en  un 
point  :  M.  Dibdin  a  demandé  la  liquéfaction  des  matières 
organiques  solides  en  suspension  à  des  microbes  aérobies, 
tandis  que  M.  Oameron  mettait  en  œuvre  d'autres  mi- 
crobes anaérobies  capables  de  réaliser  le  même  objet  ; 
mais  pour  la  combustion  finale,  qui  ne  peut  avoir  lieu 
qu'en  présence  de  l'oxygène,  il  n'y  a  plus  le  choix,  ce 
sont  des  microbes  aérobies  seuls  qui  la  déterminent. 

Au  reste,  la  rapidité  de  l'épuration  a  été  peu  diffé- 
rente dans  les  deux  procédés  et  le  coefficient  presque 
identique. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  second  procédé  semble  n:ioins 
séduisant  que  le  premier  ;  comme  l'ont  déclaré  sans  am- 
bages plusieurs  des  hygiénistes  qui  l'ont  discuté,  il  serait 
peut-être  fâcheux  de  voir  reparaître,  sous  le  nom  d'ailleurs 
assez  malheureux  de  fosse  septique,  la  vieille  fosse  de  nos 
pères. 

D'ailleurs  les  matières  minérales  inertes,  le  sable, 
etc.,  qui  se  déposent  dans  la  cuve  fermée,  doivent  eu 
être  extraites  de  temps  à  autre  ;  ne  se  produira-t-il  pas, 
au  moment  de  ces  opérations  de  vidange,  d'épouvantables 
odeurs,  des  dégagements  de  gaz  infects? 


BIBLIOGRAPHIE 


Die  Saûren  der  Rindergalle  und  der  Menschengalle  (Les 
acides  de  la  bile  de  bœuf  et  de  la  bile  de  l'homme)  ;  par 
le  professeur  Lassar-Cohn  (1).  —  L'auteur  a  résumé  soi- 
gneusement dans  cette  brochure,  tous  les  travaux  publiés 
depuis  1800  sur  ce  sujet,  et  il  y  a  ajouté  l'exposé  de 
ses  propres   recherches  sur  la  constitution   des  acides? 


(1)  Leipsig,  Verlag  von  Léopold  Voss,  1898. 


—  564  — 

biliaires.  Il  montre  que  la  bile  humaine  diffère  de  la 
bile  de  hœni  en  ce  qu'elle  contient  de  Tacide  fellique 
auquel  il  attribue  la  formule  C*'H"0*  ce  qui  en  fait  un 
homologue  inférieur  de  Tacide  choléique  C"H**0*. 
Em.  B. 

Praxis  der  H&manalyse;  par  M.  le  professeur  Lassar- 
CoHN  (1).  —  Petite  brochure  de  quarante  pages  dans 
laquelle  l'auteur  a  résumé  les  procédés  les  plus  simples 
et  les  plus  précis  qui  aient  été  proposés  pour  rechercher 
et  doser  les  principes  qu'on  rencontre  dans  Turine  nor- 
male ou  pathologique.  Elle  renferme,  en  outre,  un  cha- 
pitre consacré  à  l'analyse  du  suc  gastrique. 

Em.  B. 

H.  Becker.  —  Manuel  dCélectrochimie  et  d' électrométal' 
lurgie  (2).  —  L'auteur  s'est  proposé  de  faire  un  manuel  à 
la  portée  des  personnes  qui  s'intéressent  à  l'électrochimie 
et  à  Télectrométallurgie. 

Après  un  aperçu  général  sur  les  définitions,  et  des 
renseignements  sur  les  dynamos,  les  piles  diverses,  les 
accumulateurs,  l'auteur  traite,  dans  une  première  partie, 
des  effets  chimiques  du  courant  électrique  :  extraction  de 
Taluminium,  du  magnésium,  du  sodium;  affinage  du 
cuivre,  du  plomb,  de  l'argent,  traitement  électroly tique 
des  minerais  de  cuivre,  d'or,  d'argent,  de  zinc,  d'anti- 
moine, de  nickel,  fabrication  de  la  soude,  des  hypochlo- 
rites,  des  chlorates,  blanchiment,  désinfection,  analyse 
électro-chimique. 

Dans  une  seconde  partie,  il  étudie  Tutilisation  des  effets 
thermiques  du  courant  électrique  :  fonte  et  soudure  des 
métaux,  transformation  du  carbone  en  graphite,  fabrica- 
tion du  carborundum,  du  corindon,  du  rubis,  du  carbure 
de  calcium. 

Un  dernier  chapitre  est  consacré  à  l'application  de  Tef- 

(1)  Hamburg,  Verlag  von  Léopold  Voos  («•  édit.,  1898).  Prix  :  1  mark. 

(2)  J.  Fritsch,  30  rue  da  Dragon,  Paris,  1  vol.  de  521  pages  cartonné  arec 
140  figures  dans  le  texte  et  deux  planches. 


—  565  — 

fluve  électrique,  à  la  préparation  et  à  remploi  de  Tozone. 
L'auteur  a  atteint  le  but  qu'il  s^est  proposé  :  faire 
connaître  et  apprécier  cette  science  qui,  née  d'hier, 
étend  de  jour  en  jour,  avec  rapidité,  son  champ  d'action, 
dont  l'ampleur  actuelle  fait  préjuger  l'importance  dans 
l'avenir.  ' 

Comptes  rendus  de  rÂoadémie  des  sciences,  2  mai  1898.  —  Balland  : 
A'voines  chocolatées.  —  Bordas^  Joulin  et  de  Raczowski  :  Amertume  des 
Tins.  —  J. -y.  Andeer:  Ramollissement  des  os  par  la  phloroglucine.  —  J.  Ca- 
valier :  Sur  les  monoéthers  phosphoriques. 

—  9  mai  1898.  —  P. -P.  Dehérain  :  Sur  les  pertes  d*ammoniaqne  qui 
accompagnent  la  fabrication  du  fumier  de  ferme.  —  Aimé  Girard  et  Lindei  : 
Recherches  sur  le  déTeloppoment  progressif  de  la  grappe  du  raisin.  —  P.  Le- 
beau  :  Sur  un  borocarbure  de  glucinium  :  sa  formule  est  C^Bo'Gl*  soit 
Bo*G.2GGP.  —  V.  Thomas  :  Sur  quelques  sels  halogènes  du  plomb;  chloro- 
iodurcs.  —  F.  0»mond  :  Microstructure  des  alliages  de  fer  et  de  nickel.  — 
Massol  :  Déri?és  thermiques  relatifs  à  Tacide  éthyl-malonique.  —  Léo 
Vignon  :  Formation  du  furfarol  par  la  cellulose  et  ses  dériirés  oxy  et  hydro. 


SOCIETE  DE  PHARMACIE  DE  PARIS 


Fin  de  la  séance  du  A  mai  1898. 

M.  Houreu.  —  Le  bibromure  C*H*Br'  réagit  énergique- 

.0— Cil 
ment;  mais  au  lieu d'éthène-pyrocatéchine  C*H*\         || 

^O— Cil 
composé  encore  inconnu,  il  y  a  formation  du  gaz  acétylène 
brome  C'IIBr.  Ce  travail  a  fourni  à  l'auteur  l'occasion 
de  rechercher  un  procédé  de  préparation  pratique  de 
bibromure  d'acétylène.  On  obtient  aisément  ce  composé, 
en  ajoutant  avec  précaution  un  excès  de  poudre  de  zinc 
au  tétrabromure  d'acétylène  dissous  dans  l'alcool,  filtrant, 
précipitant  par  l'eau,  et  rectifiant. 

Le  tétrabromure  C'IPBr*,  en  réagissant  sur  la  pyrocaté- 
chine  en  présence  d'un  excès  d'alcali,  donne,  avec  de  faibles 

O  .0 

rendements,  le  composé  0« H*  <;    >CH— CHC    >C«H*, 

^0  ^O 


—  566  — 

qui  cristallise  dans  l'alcool  en  minces  feuillets  blancs, 
légers,  brillants,  fusibles  à  89*  et  est  très  lentement  en- 
trainable  par  la  vapeur  d'eau.  Ce  corps  s'hydrolyse  par 
l'acide  sulfurique  dilué,  avec  formation  d'un  produit 
fusible  à  125*,5,  assez  soluble  dans  l'eau,  donnant  avec 
le  chlorure  ferrique  une  coloration  bleu  d'indigo,  qui 
disparaît  par  addition  de  carbonate  de  soude,  paraissant 
pouvoir  être  représentée  par  la  formule  de  constitution 

^  "  \0— CHOH— CHO 


SOCIETE   DE   THERAPEUTIQUE 


Séance  du  11  mai  1898.  —  M.  Bardet,  à  propos  de  la 
récente  communication  de  M.  Prémont  sur  Vemploi  théra- 
peutique du  suc  gastrique  de  chien  contre  V hypochlorhy^ 
drie,  demande  si,  en  raison  de  la  diflBiculté  qu'on  a  en 
pratique  à  obtenir  ce  suc  gastrique,  il  n'y  aurait  pas  lieu 
de  le  remplacer  par  du  suc  gastrique  artificiel.  Une  solu- 
tion chlorhydro-peptique  (et  c'est  à  la  pepsine  en  paillettes 
qu'il  faut  donner  la  préférence),  préparée  en  se  basant 
sur  les  chiffres  de  dosage  des  sucs  gastriques  employés 
par  M.  Frémont,  ne  produirait-elle  pas  les  mêmes  effets, 
surtout  si  on  l'associe  à  un  régime  alimentaire  appro- 
prié? 

Quant  à  l'opinion  de  M.  Mathieu,  qui  croit  pouvoir 
traiter  Thyperchlorhydrie  par  l'administration  d'acide 
lactique,  elle  va  à  rencontre  des  faits  observés  par 
M.  Bardet,  qui  a  toujours  constaté  que  la  fermentation 
lactique  était  extrêmement,  douloureuse. 

M.  Mathieu  répond  qu'il  ne  prétend  pas  traiter  tous  les 
hyperchlorhydriques  par  l'acide  lactique.  Mais,  dans 
certains  cas,  l'acide  lactique  bien  administré  peut  rendre 
des  services.  Si  on  le  donne  au  moment  où  l'estomac  est 
en  pleine  activité,  il  est  certain  que  le  résultat  sera  désas- 
treux ;  mais  si  on  le  donne  au  moment  où  la  sécrétion 


—  567  — 

gastrique  n'est  pas  encore  en  mouvement,  c'est-à-dire 
pendant  les  périodes  de  repos  de  l'estomac,  on  observera 
un  phénomène  d*inhibition  sur  les  glandes  gastriques, 
qui  sécréteront  beaucoup  moins. 

D'ailleurs,  une  idée  analogue  a  déjà  été  mise  en  pra- 
tique par  un  médecin  hollandais,  Talma,  qui  prescrit  avec 
succès  l'acide  chlorhydrique  dans  le  traitement  de  l'ul- 
cère rond. 

M.  Frémont  ne  pense  pas  que  le  suc  gastrique  naturel 
puisse  être  remplacé  par  du  suc  gastrique  artificiel,  et  il 
cite  à  ce  propos  une  observation  dans  laquelle,  le  suc 
gastrique  de  chien  venant  à  manquer,  on  fit  prendre  à  la 
malade,  que  Je  traitement  par  le  suc  naturel  améliorait 
rapidement,  du  suc  gastrique  artificiel  qui  n'amena 
aucun  soulagement. 

M.  Petit  pense  qu'un  suc  gastrique  artificiel  peut  être 
tout  aussi  efiicace  qu'un  suc  naturel  à  la  condition  que  les 
proportions  de  pepsine  et  d'acide  chlorhydrique  soient 
égales  dans  les  deux  liquides.  Aujourd'hui,  rien  n'est  plus 
facile  que  de  doser  exactement  ces  produits,  et  les  résul- 
tats qu'annonce  M.  Frémont  doivent  pouvoir  être  obtenus 
avec  des  liquides  artificiels  convenablement  dosés. 

M.  Bilhaut  se  demande  si  le  suc  gastrique  ne  contient 
pas  une  substance  analgésique  particulière.  Il  rapporte 
à  ce  propos  deux  cas  qu'il  observa  jadis  dans  le  service  de 
M.  Tillaux.  Le  premier  concerne  un  zouave  qui  soufl'rait 
d'une  névralgie  intercostale  si  rebelle  qu'on  dut  le  réfor- 
mer. M.  Tillaux  lui  fit  faire  loco  dolenti  une  injection 
sous-cutanée  unique  de  1"  de  suc  gastrique  de  chien,  qui 
guérit  radicalement  le  malade.  Le  second  cas  est  celui 
d'une  femme  atteinte  de  cancer  du  sein  ;  des  injections 
semblables  la  soulagèrent  beaucoup  mieux  que  les  injec- 
tions de  morphine. 

M.  Chassevant  ne  croit  pas  que  le  suc  gastrique  artifi- 
ciel soit  capable  de  produire  les  mêmes  effets  que  le  suc 
naturel.  Car,  dans  celui-ci,  à  côté  des  pepsines  solubles, 
seules  connues  dans  le  commerce,  il  existe  Une  pepsine 
insoluble  dont  le  rôle  biologique  parait  être  important. 


':K?r  i  \iWi^i- 


—  568  — 

L'acide  chlorhydrique  lui-même  existe  dans  le  suc  gas- 
trique sous  une  forme  spéciale  qui  modifie  sans  doute 
son  action.  Ferd.  Vïgier. 


VARIETES 


Circulaire  relatlTe  aux  phannaciens  de  deuxième  classe.  —  Aux 

termes  de  la  loi  du  19  avril  1898,  les  pharmaciens  de  2*  classe  ont  le  droit 
d'exercer  désormais  sur  tout  le  territoire  de  la  République. 

En  conséquence,  les  aspirants  à  ce  titre  n'auront  plus  à  déclarer,  comme 
précédemment,  le  département  dans  lequel  ils  se  proposent  d'exercer,  et 
mention  de  ce  département  ne  sera  plus  faite  sur  leur  diplôme. 


Bulletin  de  pharmacie  de  Lyon,  mars-avril  1898.  —  Questions  d'intérêts 
professionnels.  Suite  et  fin  de  la  revision  du  Codex,  par  M.  Lambert.  —  Les 
onguents  des  pharmacies  au  XVII*  siècle,  par  M.  Gilbert. 


Cercle  pharmaceutique  de  la  Marne.  ^  Comptes  rendus  de  Vannée 
1897.  —  Questions  d'intérêt  professionnel.  Combinaisons  du  camphre  avec  les 
phénols  et  leurs  dérivés  ;  des  modifications  à  apporter  au  Codex  ;  par  MH.  La- 
joux  et  Grandval. 

Bulletin  de  Pharmacie  du  Sud- Est.  —  Questions  d'intérêt  profession- 
neL  Étude  critique  et  revue  des  travaux  précédents  pour  la  revision  du 
Codex  :  gazes  médicamenteuses,  par  M.  Fr.  Gay. 


École  de  plein  exercice  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Hantes. 

—  Un  concours  s'ouvrira,  le  7  novembre  1898,  devant  l'École  supérieure  de 
pharmacie  de  l'Université  de  Paris,  pour  un  emploi  de  suppléant  de  la  (haire 
d'histoire  naturelle  à  l'École  de  plein  exercice  de  médecine  et  de  pharmacie 
de  Nantes. 

Le  registre  d'inscription  sera  clos  un  mois  avant  l'ouverture  du  concours. 


FORMULAIRE 

Vin  de  phosphoglycérate  de  fer  (Merck). 

Phosphoglycérate  de  fer 10 

Glycérine 50 

Vin  blanc 980 

Le  Géf^ant  :  Georges  MASSON. 

PAUS.  —  DO.   B.  rLÂMMAEIOlf,  âUB  BAjOHI,  f6. 


—  569  — 


TRAVAUX  ORIGINAUX 


Sur  la  valeur  de  la  teinture  de  gaïac  comme  réactif  des 
agents  d'oxydation;  par  M.  Pierre  Bueteau  (1). 

La  résine  de  gaïac  qui  bleuit  au  contact  de  certains 
agents  d'oxydation  est  en  particulier  indiquée  comme 
réactif  sensible  du  sang,  du  sulfate  de  cuivre,  de  l'acide 
cyanhydrique,  du  phosphore,  des  oxydases,  etc.,  soit  par 
action  directe,  soit  en  faisant  intervenir  l'essence  de 
térébenthine. 

Nous  croyons  avoir  observé  que  ce  bleuissement  de  la 
teinture  de  gaïac  peut  se  produire  dans  des  circonstances 
encore  non  signalées,  qu^il  peut  prêter  à  des  confusions 
d'abord,  et  ensuite  qu'il  perd  de  son  importance  en  raison 
même  de  la  multiplicité  des  circonstances  où  nous 
l'avons  constaté. 

Inversement,  le  phénomène  du  bleuissement  dépend  de 
conditions  mal  appréciées,  de  telle  sorte  qu'en  faisant 
varier  légèrement  ces  conditions,  le  réactif  peut  être 
infidèle.  Sa  valeur  en  est  d'autant  diminuée. 

Rappelons  les  faits  observés  par  nos  prédécesseurs  et 
contrôlons-les. 

Schœnbein  a  signalé  que  «  si  Ton  mêle  à  volumes 
«  égaux  de  la  teinture  de  gaïac  et  du  térébenthène  aéré 
«  et  qu'on  agite  avec  de  l'eau,  le  précipité  blanc  de  résine 
«  prend  une  coloration  bleue  très  intense.  » 

Nous  avons  observé  que  cette  réaction  ne  se  produit 
pas  infailliblement  et,  de  plus,  que  le  bleuissement  ne  se 
produit  jamais  si  l'on  procède  d'une  façon  un  peu  diffé- 
rente, c'est-à-dire  en  ajoutant  du  térébenthène  aéré  à  un 
mélange  d'eau  et  de  teinture  de  gaïac. 

Ni  une  agitation  énergique  et  prolongée,  ni  une  éléva- 
tion de  la  température  ne  déterminent  le  bleuissement, 

(1)  Laboratoire  de  M.  le  professear  Cazeneuva. 

Journ.  i9  Phamu  et  di  Ckim.,  «•  SBRIB,  t.  VII.  (15  juin  1898.)  37 


—  570  — 

pas  plus  que  le  passage  d'un  courant  d'air  ou  d'oxygène 
dans  le  mélange. 

Schœnbein  a  signalé  également  que  l'addition  d'une 
trace  de  sang  au  mélange  d'essence  de  térébenthine  et  de 
teinture  de  gaïac  détermine  le  bleuissement  immédiat; 
Van  Deen  a  basé  sur  ce  fait  une  méthode  pour  la 
recherche  d'une  petite  quantité  de  sang. 

Nous  avons  repris  cette  expérience  sur  le  sang. 

L'essence  de  térébenthine  que  nous  avons  employée 
était  très  vieille. 

La  teinture  de  gaïac  était  faite  à  2  p.  100  de  résine. 

Nous  avons  fait  usage  d'eau  distillée  exempte  de  toute 
trace  de  cuivre  et  d'alcool  absolu.  MM.  Bourquelot  et 
Bougault  ont  en  effet  montré  que  certaines  eaux  dis- 
tillées bleuissent  souvent  la  teinture  de  gaïac  par  la  pro- 
portion infinitésimale  de  cuivre  qu'elles  peuvent  con- 
tenir (1). 

A  quelques  centimètres  cubes  d'eau  distillée,  on  ajoute 
une  goutte  de  sang,  puis  un  peu  de  teinture  de  gaïac  ;  on 
agite  vigoureusement.  Aucun  phénomène  ne  se  produit. 
L'addition  d'une  seule  goutte  de  térébenthène  aéré  déter- 
mine un  bleuissement  foncé,  immédiat. 

C'est  la  réaction  de  Van  Deen.  Le  fait  est  exact.  Mais 
cette  réaction  est-elle  spéciale  à  l'oxy hémoglobine? 

A  une  certaine  quantité  de  sang  frais  défibriné,  on 
ajoute  son  volume  d'eau  distillée  puis,  après  quelque 
temps, un  grand  excès  d'alcool  absolu.  On  filtre;  on  essore. 
La  poudre  sèche  est  ensuite  épuisée  par  Teau  distillée. 

La  solution  aqueuse  est  additionnée  d'un  peu  d'acide 
tartrique  pour  enlever  les  traces  d'oxyhémoglobine 
dissoute. 

La  solution  acide,  ainsi  obtenue,  est  incolore;  on  y 
verse  quelques  gouttes  de  teinture  de  gaïac;  après 
agitation,  on  ajoute  une  goutte  d'essence  de  térében- 
thine :  bleuissement  au  bout  de  quelques  secondes,  mais 
cependant  un  peu  moins  intense  qu'avec  le  sang  hémo- 
globine. 

(1)  Joum.  de  Pharm,  et  de  Ckim.,  !•'  août  1897. 


—  571  — 

La  solution,  même  portée  à  rébuUition,  donne  encore 
la  réaction. 

Le  bleu  est  stable  fort  longtemps  ;  la  présence  d'acides 
minéraux,  de  sulfate  de  quinine,  entrave  le  phéno- 
mène. 

Nous  avons  appliqué  ^le  même  traitement  à  du  sang 
putréfié,  à  du  sang  coagulé  par  la  chaleur  (100*^),  nous 
avons  toujours  réussi  à  déterminer  le  bleuissement  de 
la  teinture  de  gaïac  comme  avec  le  sang  frais. 

Dans  le  sang  il  existe  donc,  à  côté  de  Toxyhémoglobine. 
une  substance  très  stable,  pouvant  bleuir  la  teinture  de 
gaïac.  Mais  le  lait  va  nous  offrir  le  même  phénomène. 

A  5"  de  petit  lait,  fait  à  froid  à  Taide  d'acide  tartrique, 
on  ajoute  de  la  teinture  de  gaïac,  puis  une  goutte  du 
térébenthène;  après  une  agitation  vigoureuse,  on  obtient 
le  bleuissement  de  la  teinture  de  gaïac.  S'il  n'y  a  pas 
excès  d'acide,  rébullition  n'entrave  pas  le  phénomène. 

Nous  ne  sommes  nullement  fixés  sur  le  principe  du 
petit  lait  qui  détermine  le  bleuissement.  Cette  recherche 
serait  à  poursuivre.  Dans  tous  les  cas,  l'oxalate  d'ammo- 
niaque entrave  la  réaction,  sans  que  la  précipitation  des 
sels  de  chaux  par  ce  réactif  puisse  l'expliquer  ;  l'addition 
ultérieure  de  sel  calcique  au  petit  lait  ne  lui  restitue 
pas    sa   faculté  de   bleuir   la   teinture   de  gaïac. 

Si  le  petit  lait  est  susceptible  de  bleuir  la  teinture  de 
gaïac,  tout  comme  le  sang,  on  voit  de  suite  naître  les 
confusions  possibles  qui  enlèvent  à  ce  réactif  toute 
importance. 

La  gélatine,  l'albumine  de  l'œuf,  la  salive  ne  donnent 
cependant  aucun  résultat. 

Nous  avons  vérifié  ce  que  l'on  savait  déjà  sur  l'action 
de  traces  de  sels  de  cuivre. 

MM.  Bourquelot  et  Bougault  ont  montré,  en  effet, 
qu'une  solution  très  étendue  de  sulfate  de  cuivre 
(1/500.000)  bleuit  la  teinture  de  gaïac  lentement  à  froid, 
plus  rapidement  à  40**. 

Mais  nous  avons  observé  de  plus  que  le  bleuissement 
devient  instantané,  à  froid,  si  on  fait  intervenir,  comme 


—  57^  — 

pour  le  sang  ou  le  pelit-lail,  Tessence  de  térébenthine. 
Voilà  donc  des  traces  de  cuivre  qui  se  comportent  comme 
les  liquides  organiques. 

Chose  également  à  noter,  nous  avons  rencontré  de 
Téther  ordinaire,  de  l'alcool,  du  benzène,  bleuissant  la 
teinture  de  gaïac  en  présence  de  l'essence  de  térében- 
thine. Parfois,  ces  mêmes  dissolvants  ne  nous  ont  rien 
donné  dans  les  mêmes  conditions.  La  présence  d'impu- 
retés, traces  de  cuivre  ou  autres,  détermine  sans  doute 
le  phénomène. 

On  voit  encore  ici  le  peu  de  valeur  qu'il  faut  accorder 
à  ce  phénomène  du  bleuissement  de  la  résine  de  gaïac. 

Le  noir  animal  bleuit  facilement  la  teinture  de  gaïac, 
en  présence  d'essence  de  térébenthine.  Le  rôle  oxydant, 
déjà  signalé,  du  noir  explique  suffisamment  ce  phéno- 
mène. 

Mais  ce  qui  est  plus  grave,  c'est  le  rôle  du  papier  lui- 
même  dans  ce  phénomène  du  bleuissement. 

Nous  avons  préparé  du  «  papier  de  gaïac  »  en  impré- 
gnant du  papier,  lavé  aux  acides  chlorhydrique  et 
fluorhydrique,  de  teinture  fraîche  de  résine  de  gaïac. 

On  sait,  depuis  longtemps,  que  si  on  plonge  un  tel 
papier  dans  l'atmosphère  d*un  flacon  au  fond  duquel  on  a 
mis  un  peu  d'eau  et  des  morceaux  de  phosphore,  ce 
papier  ne  tarde  pas  à  se  colorer  en  bleu. 

L'air  ozonisé  déterminerait  ce  phénomène.  Or,  il  paraît 
plus  probable  que  c'est  le  papier  lui-même  qui  détermine 
la  coloration. 

En  effet,  si  dans  l'air  ozonisé,  dit-on,  par  l'oxydation 
lente  du  phosphore,  on  plonge  un  fragment  de  porcelaine 
mouillé  par  un  mélange  d'eau  et  de  teinture  de  gaïac,  ou 
le  même  mélange  maintenu  par  capillarité  dans  des  tubes 
étroits,  le  bleuissement  n'a  jamais  lieu. 

D'autre  part,  l'observation  démontre  que  ce  «  papier  de 
gaïac  »  bleuit  si  on  le  met  simplement  dans  l'atmosphère 
d'un  flacon  au  fond  duquel  se  trouve  un  peu  d'essence 
de  térébenthine  (même  fraîche),  qui  a  été  maintenue 
quelque  temps  à  lOO**. 


—  573  — 

La  teinture  de  gaïac,  employée  comme  réactif  du  phos- 
phore, paraît  donc  absolument  illusoire,  et  le  rôle  du 
papier  est  indubitable. 

On  emploie  aussi  le  papier  de  gaïac  imprégné  d'un  sel 
de  cuivre,  pour  déceler  l'acide  cyanhydrique. 

Or,  ce  même  papier,  additionné  d'une  très  faible  quan- 
tité d'un  sel  de  cuivre,  bleuit  énergiquement  au  sein  de 
l'atmosphère  térébenthinée,  sans  qu'il  y  ait  trace  d'acide 
cyanhydrique. 

Quel  fondement  faire  sur  un  tel  réactif  dans  les  re- 
cherches toxicologiques  ! 

Cette  action  oxydante  du  papier  sans  colle  a  été  cons- 
tatée souvent  par  les  chimistes  dans  les  lîltrations  de 
substances  oxydables.  Il  joue  vis-à-vis  la  teinture  de 
gaïac,  avec  le  concours  du  térébenlhène,  un  rôle  non 
douteux,  qui  peut  engendrer  des  erreurs. 

Un  papier  à  filtrer,  imprégné  de  teinture  de  gaïac,  sur 
lequel  on  a  versé  une  goutte  d'essence  de  térébenthine, 
laisse  apparaître  rapidement  une  auréole  bleue  tout 
autour  de  la  goutte. 

Que  devient  l'emploi  du  papier  de  gaïac  pour  déceler  le 
sang?  Ce  dernier  ne  donne  en  effet  la  réaction  qu'en 
présence  de  Tessence  de  térébenthine,  quoi  qu'on  en  ait 
dit.  Or,  cet  hydrocarbure  seul  en  présence  du  papier, 
donne  la  réaction.  Le  papier  de  gaïac,  réactif  du  sang,  est 
le  résultat  d'une  pure  illusion. 

Le  rôle  du  papier  n'est  pas  douteux,  car  nous  rappe- 
lons que  le  térébenthène  n'agit  pas  sur  le  mélange  eau  et 
teinture  de  gaïac,  par  agitation  dans  un  tube. 

Poursuivant  cette  étude  de  contrôle  sur  la  teinture  de 
gaïac  employée  comme  réactif  de  certaines  matières  oxy- 
dantes ,  nous  nous  sommes  demandé ,  avec  d'autres 
chimistes,  si  l'ozone  intervient  dans  le  phénomène  du 
bleuissement. 

Nous  avons  fait  à  ce  propos,  l'expérience  suivante  : 

Un  courant  d'air  ozonisé,  par  décharge  silencieuse, 
dans  un  mélange  d'eau  et  de  teinture  de  gaïac,  n'agit  que 
faiblement;  on  obtient  lentement  l'apparition  d'un  bleu 


z^ff. 


—  574  — 

pâle,  peu  stable,  car  il  disparaît  peu  à  peu,  si  on 
interrompt  Taction  de  Teflluve  électrique. 

La  présence,  dans  le  mélange,  de  sang  privé  d'oxyhémo- 
globine,  de  petit-lait,  de  cuivre,  n'augmente  pas  la 
réaction. 

L'oxygène  «  convoyé  »  dans  les  réactions  produites 
avec  le  térébenthène  n'est  donc  pas  à  l'état  d'ozone. 

Nous  avons  montré  le  rôle  du  papier  dans  la  recherche 
du  phosphore,  à  l'aide  du  papier  de  gaïac.  Là  encore,  il 
n'est  pas  exact  de  dire  que  la  réaction  a  lieu  sous 
rinfluence  de  l'air  ozonisé. 

Kingzett  a  établi  qu'il  n'existe  pas  d'ozone  dans 
Tessence  de  térébenthène  aérée  (1). 

Pour  M.  Bcrthelot,  l'oxygène  actif  existe  dans  le  car- 
bure, à  l'état  de  combinaison  oxygénée,  peu  stable,  qui 
céderait  aisément  son  oxygène  apte  à  oxyder  un  grand 
nombre  de  corps  que  l'oxygène  libre  ne  peut  oxyder  (2). 

Quel  est  donc  le  rôle  de  nos  «  convoyeurs  d'oxygène 
apte  à  oxyder  ». 

On  peut  admettre  que  ces  corps  enlèvent  l'oxygène  peu 
stable,  fixé  sur  l'essence  de  térébenthine,  qu'ils  lui  im- 
priment une  qualité  oxydante  spéciale,  lui  créent  un  état 
particulier,  que  ne  possède  pas  d'ailleurs  l'oxygène 
libre. 

Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  les  corps  les  plus 
banals,  noir  animal,  papier  à  filtre,  jouent  ce  rôle  singu- 
lier, en  même  temps  que  certaines  substances  renfermées 
dans  le  sang,  le  lait,  etc. 

Certains  corps,  d'autre  part,  les  ferments  oxydants, 
[oyydases)  bleuissent  directement  la  teinture  de  gaïac, 
sans  intervention  de  térébenthène;  c'est  cette  action 
directe  surtout  qui  a  de  l'importance  et  qui  doit  fixer  plus 
spécialement  l'attention. 

Toutes  les  fois,  au  contraire,  où  l'intervention  de 
Pessence  de  térébenthine  sera  nécessaire  comme  intermé- 


(1)  Journal  of  the  chemic.  «oc,  juin  1874,  mars  1875. 

(2)  Annales  de  Phys,  et  de  Chim.  [3],  t.  LYUl,  p.  426. 


—  575  — 

diaîre  pour  le  bleuissement  de  la  teinture  de  gaïac,  il  ne 
faut  se  prononcer  qu'avec  la  plus  grande  réserve,  vu  les 
circonstances  multiples  et  fréquentes  où  le  phénomène 
peut  être  constaté. 


Méthode  de  dosage  des  nitrites  dans  les  eaux;  par  M.  Lucien 
Robin,  chimiste  au  laboratoire  municipal  de  Paris. 

Ce  procédé  est  basé  sur  ce  fait,  que  lorsqu'on  ajoute  à  une 
solution  d'un  azotite,  de  l'iodure  de  potassium  pur,  puis 
de  l'acide  acétique  et  qu'on  abandonne  pendant  un  cer- 
tain temps,  la  quantité  d'iode  mise  en  liberté  est  tou- 
jours la  même  pour  une  quantité  donnée  d'acide  nitreux; 
si  l'on  a  soin  de  se  placer  toujours  dans  des  conditions 
identiques.  L'iode  libre  est  dosé  par  une  solution  faible 
d'hyposulfite  de  soude. 

Modus  operandi,  —  Si  l'eau  n'était  pas  limpide,  il  fau- 
drait la  filtrer;  si  elle  était  colorée,  on  l'additionnerait  suc- 
cessivement de  sulfate  d'alumine,  puis  de  carbonate  de 
soude,  comme  dans  la  méthode  à  la  métaphénylène- 
diamine,  ou  on  en  mesure  100**  qui  sont  additionnés  de  2^^ 
d'acide  acétique  cristallisable  et  on  en  recueille  50**  à  la 
distillation. 

Enfin,  dans  le  cas  où  l'eau  contiendrait  de  l'hydrogène 
sulfuré,  on  en  traiterait  125**  par  un  peu  de  sulfate  d'ar- 
gent, puis,  après  en  avoir  filtré  100**,  on  distillerait 
comme  il  est  dit  plus  haut. 

Quoiqu'il  en  soit,  on  ajoute  à  50**  de  l'eau  à  examiner 
2**  d'une  solution  d'iodure  de  potassium  chimiquement 
pur  à  20  p.  100,  puis,  après  agitation,  2**  d'acide  acétique 
cristallisable,  on  agite  et  on  laisse  en  repos  pendant  une 
demi -heure  exactement.  Après  avoir  ajouté  un  peu 
d'empois  d'amidon,  on  dose  l'iode  libre  avec  une  solution 
d'hyposulfite  de  soude  pur,  préparée  en  étendant  à  un 
litre,  50**  de  la  solution  décinormale  (à  24«',764  par  litre). 
On  cherche  ensuite  dans  la  table  ci-dessous  la  quantité 
d'acide  azoteux  par  litre,  d'après  la  quantité  d'hyposul- 
fite employée. 

Si  la  teinte  devenait  de  suite  janne  brun,  il  faudrait 


—  576  — 

préalablement  diluer  l'eau  à  essayer.  D'autre  part,  il 
faudra  s'assurer  que  Tiodure  employé  est  bien  exempt 
d'iodate,  en  faisant  une  fois  pour  toutes  un  essai  à 
blanc. 

On  reconnaît  ainsi  et  on  peut  doser  0"8',005  d'acide 
azoteux  dans  50**^,  soit  0"«%1  par  litre. 

Celte  méthode  a  l'avantage  de  ne  nécessiter  ni  tubes 
gradués,  ni  colorimètre,  pas  plus  que  de  réactifs  spéciaux 
comme  cela  est  nécessaire  avec  les  méthodes  au  réactif 
iodo-zincique  amidonné,  à  la  métaphénylène-diamine, 
ou  au  réactif  acéto-phéniqué;  ce  dernier,  du  reste,  ne 
peut  être  employé  ([ue  si  l'eau  à  examiner  ne  renferme 
pas  de  nitrates,  ces  derniers  étant  en  partie  décomposés 
en  présence  des  nitrites  et  c'est  une  condition  des  plus 
rares.  Sa  sensibilité  est  très  grande  et  supérieure  à  celle 
de  la  métaphénylène-diamine.  Sur  un  très  grand  nombre 
d'essais  que  j*ai  faits,  la  différence  la  plus  grande  avec 
les  chiffres  types  a  été  de  3/10"  de  milligrammes  par  litre 
et  cela  sur  les  eaux  les  plus  diverses. 

Table  donnant  en  milligrammes  par  litre  la  quantité  diacide 
nitreuz  contenue  dans  un  litre,  d'après  le  nombre  de  centimètres 
cubes  de  liqueur  d'hyposulfite  de  soude  employés^  la  prise  d'essai 
étant  de  50  centimètres  cubes. 


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0,1 

1,3 

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13,3 

2,1 

16,4 

3,1 

0,9 

0,2 

8,0 

i,2 

13,7 

2,2 

16.5 

3,2 

*,* 

0,3 

8,8 

*,3 

14,2 

2,3 

16,6 

3,3 

2,1 

0,4 

9,6 

!,♦ 

14,4 

2,4 

16,8 

3,* 

2,7 

0,5 

10,6 

1,5 

14,9 

2,5 

17,0 

3,5 

3,5 

0,6 

11,1 

1,6 

15,2 

2,6 

17,3 

3,6 

*,3 

0,7 

11,6 

1,7 

15,5 

8,7 

17,4 

3,7 

*,9 

0,8 

11,9 

1,8 

15,8 

2,8 

17,5 

3,8 

5.9 

0,9 

12  2 

1,9 

16,0 

2,9 

47,6 

3,9 

6,6 

1.0 

12,7 

2,0 

16,3 

3,0 

17,7 

4,0 

—  577  — 

Les  chiffres  de  la  table  ont  été  établis  en  employant  de 
l'eau  distillée  additionnée  de  doses  croissantes  de  nilrite 
de  soude  et  quatre  dosage  effectués  pour  chaque  quan- 
tité; j'ai  ensuite  pris  la  moyenne. 

Nota. —  Si,  pour  une  raison  ou  une  autre,  on  ne  pouvait 
efiFectuer  le  titrage  à  l'hyposulfite  aussitôt  la  demi-heure 
écoulée,  il  serait  nécessaire  d'arrêter  l'action  décompo- 
sante de  l'acide  acétique  sur  les  nitrites  et  par  suite  de  la 
mise  en  liberté  d'iode,  en  ajoutant  10'^'=  d'une  liqueur  con- 
centrée de  carbonate  de  potasse  pur. 


Sur  la  présence  de  Véinulsii^e  dans   les  lichens; 
par  M.  H.  Hérissey. 

Dans  leur  travail  sur  la  formation  de  l'essence 
d'amande  amère,  Liebig  et  Wôhler  (1),  après  avoir 
étudié  le  mode  de  décomposition  de  l'amygdaline,  men- 
tionnent des  recherches  effectuées  sur  un  grand  nombre 
de  sucs  végétaux  dans  le  but  de  déceler,  chez  ces  der- 
niers, une  substance  agissant  sur  l'amygdaline  à  la  façon 
de  l'émulsine  des  amandes.  Comme  leurs  recherches 
étaient  toutes  négatives,  ces  savants  en  avaient  conclu 
qu'il  paraissait  suivre  de  là  que  l'albumine  des  amandes 
seule  peut  décomposer  l'amygdaline. 

Depuis  cette  époque,  cette  conclusion  a  reçu  plusieurs 
démentis  et  la  présence  de  l'émulsine  a  été  signalée,  en 
particulier,  dans  un  grand  nombre  de  plantes  de  la 
famille  des  Rosacées. 

En  1893,  M.  Bourquelot  (2)  a  montré  que  VAspergillus 
niger  produit  un  ferment  analogue,  sinon  identique  à 
l'émulsine  elle-même.  M.  Gérard  (3)  a  trouvé  le  même 
ferment  dans  le  Peincillium  glaucum.  Enfin,   en   1894, 

(1)  Ueber  die  Bildung  des  BittermandelÔls  ;  Ann.  d.  Pharm.,  XXII, 
1837,  p.  17. 

(2)  Bull.  Soc,  BioL,  1893,  p.  651. 

(3)  Bull.  Soc.  Biol.y  1893,  p.  563. 


—  578  — 

M.  Bourquelot  a  établi  (1)  que  beaucoup  de  champignons, 
et  en  particulier  ceux  qui  sont  parasites  des  arbres  ou 
vivent  sur  le  bois  sécrètent  un  ferment  capable  d'hydro- 
liser  les  glucosides  et  d'agir  par  conséquent  comme 
Témulsine. 

Ces  derniers  faits  m'ont  inspiré  l'idée  de  rechercher 
Témulsine  dans  les  lichens.  On  admet,  en  effet,  que  ces 
végétaux  sont  constitués  par  une  association  d'algues  et 
de  champignons.  Il  est  naturel  de  penser  que,  par  suite, 
ils  doivent  présenter,  au  point  de  vue  physiologique,  cer- 
taines ressemblances  avec  ces  derniers. 

En  réalité,  j'ai  pu  déceler  la  présence  d'un  ferment 
agissant  sur  l'amygdaline  dans  les  espèces  suivantes, 
faciles  à  se  procurer,  et  qui  sont  les  seules  que  j'ai  étu- 
diées jusqu'à  présent  : 

Cladonia  pyxidata  Ach.  Physcia  ciliaris         DC. 

Evemia  furfuracea  Ach.  Ramalina  fasHgiata  Pers. 

Parmeiia  caperata  DC.  Ramalina  fraxinea  L. 

Peltigera  canina  Ach.  Usnea  barbata  L. 

Pertusaria  amara  Nyl. 

La  méthode  suivie  dans  ces  expériences  a  une  impor- 
tance capitale  au  point  de  vue  des  résultats  trouvés  et 
doit  être  décrite  en  quelques  lignes.  Le  procédé  employé 
généralement  dans  la  recherche  des  ferments  solubles, 
qui  consiste  à  faire  une  macération  aqueuse  de  la  subs- 
tance considérée  et  à  essayer  le  pouvoir  fermentaire  de 
la  macération  obtenue,  donne,  dans  le  cas  présent,  des 
résultats  nuls  ou  très  défectueux  :  si,  par  exemple,  l'on 
fait  macérer  dans  de  l'eau  thymolée  le  lichen  préalable- 
ment broyé  avec  du  sable,  le  macéré  filtré  n'agit  pas  sur 
l'amygdaline  ou  met  tout  au  moins  un  très  long  temps  à 
agir.  Il  en  est  tout  autrement  si  le  lichen  broyé  est  mis 
en  contact  direct  avec  la  solution  de  glucoside;  l'action 
est,  dans  ce  cas,  beaucoup  plus  nette  et  beaucoup  plus 
rapide.  Il  semble  donc  que  le  ferment  soit  fixé  sur  le 
tissu  du  végétal  et  qu'il  ne  puisse  se  diffuser  qu'avec 

(1)  Bull.  Soc.  MycoL  de  France^  X,  1894,  p.  49. 


—  579  — 

difficulté  dans  le  liquide  ambiant.  A  ce  point  de  vue,  la 
macération  faite  à  une  température  supérieure  à  la 
température  ordinaire,  à  35°  par  exemple,  paraît  favo- 
riser dans  une  certaine  mesure  la  diffusion  du  ferment. 
Quoiqu'il  en  soit,  cette  dernière  reste  toujours  extrê- 
mement faible. 

D'une  façon  générale ,  j'ai  opéré  en  mettant  un 
poids  déterminé  du  lichen  broyé  en  contact  avec  une 
solution  de  0«%20  d'amygdaline  dans  20"  d'eau  Ihymolée 
saturée  ;  le  poids  du  lichen  a  varié  suivant  les  espèces  de 
0«^40  à  i«^20.  J'abandonnais  à  l'étuve  à  35°  avec  un  tube 
témoin  sans  glucoside.  La  recherche  de  l'acide  cyan- 
hydrique  était  !  effectuée  le  lendemain  et  les  jours  sui- 
vants en  distillant  une  petite  portion  de  la  liqueur 
additionnée  d'eau  et  cherchant  à  provoquer  dans  le  pro- 
duit distillé  la  formation  du  bleu  de  Prusse.  La  recherche 
était  le  plus  souvent  terminée  par  un  dosage  dti  glucose 
formé,  au  moyen  de  la  liqueur  de  Fehling.  L'expérience 
ainsi  conduite  m'a  donné  des  résultats  positifs  avec  tous 
les  lichens  examinés.  Le  Ramalina  fraxinea  et  le  Rama- 
lina  fasligiata  sont  ceux  qui  paraissent  avoir  la  plus 
faible  activité. 

Plusieurs  des  lichens  examinés  étaient  frais  ou  dessé- 
chés depuis  relativement  peu  de  temps;  d'autres  échan- 
tillons étaient  déjà  anciens  :  le  Ramalina  fraxinea  et 
VUsnea  bai^bata  en  particulier  étaient  en  herbier  depuis 
deux  ans  au  moins;  la  deuxième  espèce  s'est  cependant 
montrée  très  active. 

Je  me  suis  assuré  sur  quelques-uns  des  lichens 
examinés  que  le  corps  susceptible  d'agir  sur  l'amygda- 
line  était  détruit,  en  milieu  humide,  à  la  température 
d'ébuUition  de  l'eau  et  rentrait  bien  ainsi  dans  la  caté- 
gorie des  ferments  solubles. 

En  outre,  comme  l'émulsine,  ce  ferment  n'agit  pas 
seulement  sur  l'amygdaline,  mais  aussi  sur  d'autres  glu- 
cosides.  Avec  VEvevnia  furfuracea  par  exemple,  j'ai  pu 
dédoubler  la  salicine  et  la  coniférine.  Le  dédoublement 
était  alors  mis  en  évidence  par  la  présence  du  sucre 


—  580  — 

réducteur  en  quantité   supérieure  à  celle,  du  reste  très 
faible,  qui  existe  normalement  dans  les  lichens  (1). 


REVUE  SPÉCIALE 
DES  PUBLICATIONS  DE  MÉDECINE,  PHARMACIE  ET  CHIMIE. 


Médecine. 

Prophylaxie  de  la  tuberculose;  par  M.  Grancher.  — 
Nous  avons  résumé  l'historique  (2)  de  ce  grave  sujet  et 
nous  avons  fait  connaître  les  conclusions  de  cet  impor- 
tant rapport. 

M.  Grancher,  dans  des  chapitres  successifs,  étudie  et 
précise  les  mesures  à  prendre  dans  les  divers  milieux  — 
famille,  armée,  école,  atelier.  —  Résumons  aujourd'hui 
les  dispositions  à  adopter  au  sein  de  la  famille. 

Au  lieu  de  rester  hypnotisé  devant  le  péril,  en  pensant 
à  l'hérédité  et  à  l'incurabilité  de  la  tuberculose,  le  mé- 
decin doit  agir  en  prenant  pour  objectif  la  notion 
moderne  de  la  curahîlité  fréquente  par  enkystement  et 
transformation  fibreuse.  Mais  il  faut  un  diagnostic  pré- 
coce et  un  traitement  énergique  et  alors  la  guérison 
devient  presque  la  règle  :  ce  qui  nécessite  le  consente- 
ment et  le  vouloir  guérir  du  malade;  et,  on  ne  peut  l'ob- 
tenir, que  par  un  traitement  sévère  et  prolongé,  exigeant 
qu'on  lui  ait  ouvert  les  yeux. 

Pour  le  médecin,  le  devoir  est  strict  quand  les  cra- 
chats contiennent  des  bacilles  et  les  dispositions  sui- 
vantes sont  de  rigueur  :  usage  habituel  du  crachoir  de 
poche  et  d'appartement,  désinfection  des  crachoirs  chaque 
soir  par  ébuUition  ou  par  un  lavage  antiseptique  ;  pro- 
preté rigoureuse  de  la  chambre  du  malade  qui  sera  lavée 
et  non  balayée. 

a  Est-ce  donc  là  quelque  chose  de  si  difficile  à  faire  et  à 

(1)  Travail  fait  au  laboratoire  de  M.  le  professeur  Bourquelot. 

(2)  Joum.  de  Pharm.  et  de  Ch.  [6],  VU,  50i,  15  mai  1898. 


—  581  — 

obtenir,  dit  M.  Grancher  !  J'ai  soigné  déjà  bien  des  tuber- 
culeux dans  toutes  les  positions  sociales;  eh  bien!  il  m'a 
été  presque  toujours  possible  de  dire  à  chacun  d'eux  ou 
toute  la  vérité  ou  assez  de  la  vérité  pour  obtenir  une 
complète  obéissance... 

«  Il  arrive  fréquemment  que  le  malade  veut  être  éclairé 
et  le  dit  franchement,  mais  le  plus  souvent,  malades  et 
familles  ne  sont  ni  si  timorés  ni  si  courageux,  ils  sont 
ignorants  et  maintenus  dans  l'ignorance  voilà  tout.  En 
les  éclairant  prudamment  et  doucement,  on  rend  un 
grand  service  à  tout  le  monde.  » 

Pendant  longtemps  le  signe  de  certitude,  la  présence 
du  bacille  dans  les  crachats  fait  défaut,  dans  les  formes 
à  début  pleurétique  et  dans  la  forme  pulmonaire.  Il  ne 
faut  pas  attendre  cette  élimination  dei?  bacilles,  et  même 
la  submatité  et  les  craquements  pour  reconnaître  la  tu- 
berculose pulmonaire.  A  ces  conditions,  la  thérapeutique 
sera  vraiment  efficace  et  la  contagion  supprimée.  Dans 
toute  cette  phase  qui  précède  la  destruction  et  le  ramollis- 
sement des  tissus,  il  suffit  de  tenir  les  gens  en  éveil  et  de 
les  prémunir  contre  les  fautes  qu'ils  peuvent  commettre. 

On  n'est  pas  encore  assez  éclairé  pour  employer  le 
diagnostic  de  la  tuberculine,  pour  recourir  à  l'emploi  des 
sérums,  pour  se  confier  aux  rayons  Rontgen.  Le  médecin 
doit  compter  avant  tout  sur  les  moyens  d'iniques  qui  ont 
fait  leurs  preuves. 

On  n'aura  rien  fait  tant  qu'on  n'aura  pas  modifié  radi- 
calement les  habitudes  traditionnelles  de  pessimisme  et 
d'abandon  dans  le  milieu  familial,  et  on  ne  peut  les  atta- 
quer que  par  le  médecin.  Une  déclaration  obligatoire 
n'est  pas  possible  actuellement. 

Quant  à  la  désinfection  de  la  maison,  elle  n'est  uti- 
lisable pratiquement  qu'après  le  décès  ou  l'évacuation 
des  malades.  On  est  arrivé  aux  meilleurs  résultats  dans 
les  sanatoria:  crachoir  de  poche  réglementaire,  défense 
de  cracher  sur  le  sol  sous  peine  d'exclusion,  balayage 
rigoureusement    interdit,    et  remplacé    partout  par  le 


—  582  — 

lavage  à  l'éponge,  à  la  serviette  ou  à  la  serpillière 
humide. 

Les  statistiques  de  Brehmer,  de  Rorapler,  de  Nahm  sur 
la  mortalité  de  la  population  des  villages  voisins,  avant 
et  après  la  création  des  Sanatoria,  prouvent  que  ce  voisi- 
nage est  plutôt  salutaire,  car  la  mortalité  par  la  tuber- 
culose et  la  mortalité  générale  ont  progressivement- 
diminué.  Il  est  loin  d'en  être  de  même  dans  les  stations 
hivernales  de  la  Méditerranée,  h  Thôtel,  «^  côté  du  théâtre 
du  Casino,  des  lieux  de  plaisir. 

Il  est  clair  que  le  pharmacien  n*a  pas  à  sortir  de  son 
rôle  ordinaire  comme  doit  le  faire  le  médecin,  mais  il 
conviendrait  qu'il  se  préparât  à  cette  nouvelle  thérapeu- 
tique. 

«  J'ai  demandé  des  crachoirs  de  poche,  dit  M.  Vallin, 
dans  une  vingtaine  de  pharmacies  les  plus  renommées  et 
dans  les  quartiers  centraux  de  Paris  ;  on  n'en  connaissait, 
presque  partout,  pas  même  l'existence.  Dans  une  seule 
pharmacie,  on  m'a  dit  qu'on  en  avait  vu  la  description 
dans  un  prospectus,  mais  qu'on  n'en  avait  pas  fait  venir 
parce  que  jamais  les  malades  ni  les  médecins  n'en 
demandaient.  » 

Stérilisation  des  instruments  de  chirurgie  par  le  cyanure 
de  mercure  (i).  —  M.  Maréchal  a  constaté  que  les  instru- 
ments- en  fer ,  en  nickel  et  en  acier  ne  subissaient 
aucune  altération,  lorsqu'ils  étaient  plongés  dans  une 
solution  alcalinisée  à  2  p.  100  par  le  borate  de  soude,  le 
benzoate  de  soude,  le  carbonate  de  soude. 

M.  Denigès  a  remarqué  que  les  mêmes  solutions  alca- 
lines permettaient  de  conserver  les  instruments  plongés 
dans  du  cyanure  de  mercure,  il  t'ait  usage  de  la  solution 
suivante  : 

Eau  distillée 1  litre. 

Cyanare  de  mercure de  2  à  5  grammos. 

Borate  de  soude 10  grammes. 

Ou  bien  :  Carbonate  de  soude.  14       — 

(i)  Floersheim,  J,  des  Prat.,  nov.  1897. 


—  583  - 

D'après  M.  Denigès,  le  borate  de  soude  est  préférable; 
mais,  peut-être,  le  bicarbonate  [de  soude  pourrait  lui  être 
avantageusement  substitué,  car  on  lui  a  reconnu  des  pro- 
priétés antiseptiques. 

Enfin,  le  cyanure  de  mercure  n'étant  pas  plus  toxique 
que  le  sublimé,  étant  tout  aussi  antiseptique  que  lui  et 
sans  causticité,  les  chirurgiens  pourraient  peut-être  se 
servir  utilement  de  cette  solution  cyanurée,  dans  les 
applications  du  sublimé. 


Pharmacio. 

Sur  la  proportion  de  sucre  contenue  dans  les  fleurs  de 
bouillon  blanc;  par  M.  A.  Schneegans  (1).  —  Les  recher- 
ches de  l'auteur  avaient  pour  objet  de  contrôler  des  ana- 
lyses déjà  anciennes  de  Kebling,  d'après  lesquelles  les 
fleurs  de  bouillon  blanc  renfermeraient  11  p.  100  de 
sucre. 

Les  fleurs  furent  d'abord  desséchées  à  100*»  et  perdirent 
ainsi  10  p.  100  d'eau.  Elles  furent  ensuite  traitées,  à  plu- 
sieurs reprises,  par  l'eau  bouillante.  Après  précipitation 
des  matières  albuminoïdes  par  l'acétate  de  plomb  et  éli- 
mination du  plomb  en  excès  par  le  carbonate  de  soude,  on 
fit  le  dosage  du  sucre  à  l'aide  de  la  liqueur  de  Fehling. 
Schneegans  a  trouvé,  en  moyenne,  10,4  p.  100  de  sucre 
réducteur. 

Les  fleurs  de  bouillon  blanc  renferment  en  outre  de 
petites  quantités  de  sucre  de  canne. 

Si  on  les  épuise  par  Téther,  on  obtient  1,5  p.  100  d'un 
extrait  constitué  par  de  la  graisse,  un  peu  d'acides  gras 
libres  et  des  traces  d'une  huile  essentielle. 

Dans  les  semences,  se  trouve,  à  l'état  de  traces,  une 
substance  basique  précipitant  avec  les  réactifs  ordinaires 
des  alcaloïdes.  L'étude  de  cette  substance  reste  à  faire. 

Em.  B. 

(i)  Joum.  d.  Pharm.  r.  EU,  Lotkr.^  p.  17,  1898;  d'après  Ap.  Zeitung, 
p.  77,  1898. 


—  584  — 

Sur  de  nouvelles  moisissures  donnant  de  l'acide  citri- 
que; par  M.  C.  Wehmer  (1).  —  Wehmer  a  publié, 
comme  on  sait,  dès  1893,  d'intéressantes  observations 
sur  deux  moisissures  {Citromyces)  qui,  se  développant 
dans  des  milieux  sucrés,  produisent  de  l'acide  citrique. 
Dans  un  travail  récent,  il  en  signale  deux  autres  qui 
possèdent  la  même  propriété.  L'une  est  une  espèce  nou- 
velle qu'il  nomme  Pénicillium  luteum;  l'autre  serait  le 
Mucor  piriformis  d'Alfred  Fischer. 

La  première  a  été  trouvée  sur  des  glands  moisis  ré- 
coltés dans  les  bois.  Cultivée  dans  des  solutions  conte- 
nant de  10  à  15  p.  100  de  sucre,  elle  donne  une  quantité 
d'acide  citrique  qui  ne  dépasse  pas  2  à  3  p.  100,  par  cette 
raison  (jue  la  moisissure  consomme  l'acide  libre.  Celui-ci 
est  facile  à  déceler  même  en  petite  quantité,  car  son  sel 
de  chaux  présente  des  caractères  microscopiques  très 
nets;  il  cristallise  en  aiguilles  groupées  à  la  façon  des 
raphides.  L'auteur  pense  même  que  les  raphides  que 
l'on  rencontre  dans  les  tissus  végétaux,  et  qu'on  consi- 
dère généralement  comme  de  l'oxalate  de  chaux,  peuvent 
être  du  citrate  de  chaux. 

Le  Pénicillium  luteum  est  encore  intéressant  en  ce  sens 
qu'il  donne  naissance  à  trois  matières  colorantes;  une 
verte  dans  les  conidies,  une  jaune  citron  sous  forme  de 
granulations  résineuses  dans  les  hyphes,  et  une  matière 
rouge  sang  qui  colore  le  liquide  de  culture. 

La  seconde  moisissure,  le  Mucor  piriformis,  qui  pro- 
duit plus  d'acide,  se  rencontre  fréquemment  sur  les 
taches  de  pourriture  des  fruits  trop  mûrs.  Lorsqu'on  la 
cultive  sur  du  riz  cuit,  on  constate  quïl  se  forme,  outre 
l'acide,  un  produit  à  odeur  éthérée. 

La  production  d'acides  par  les  moisissures  n'est  pas 
très  répandue.  Jusqu'ici,  on  n'a  signalé  que  les  acides 
citrique  et  oxalique.  La  production  des  acides  malique  et 
tartrique,  acides  que  l'on  rencontre  cependant  dans  le 

(1)  Chem.  Zeitung,  1897,  p..  1022;  d'après  PAarm.  CentralhalU,  XXXIX, 
p.  67, 1898. 


—  585  — 

suc  de  beaucoup  de  plantes,  n'a  pas  encore  été  observée. 

Em.  B. 


Sur  la  préparation  de  Feau  chloroformée  ;  par  M.  M. 
Mansier  (1).  —  L'eau  chloroformée  est,  depuis  quelques 
années,  journellement  prescrite,  mais  une  formule  offi- 
cielle, qui  permette  de  la  préparer  d'une  façon  uniforme, 
manque  encore.  Plusieurs  praticiens  s'en  sont  déjà  préoc- 
cupés, et  les  avis  sont  partagés. 

Les  uns  (M.  P.  Vigier),  la  veulent  saturée;  les  autres 
(M.  Yvon),  la  veulent  titrée  à  l/i50«.  Enfin,  Dorvault  et 
M.  Serée  la  préfèrent  à  1/200'. 

L'auteur  a  d'abord  étudié  la  solubilité  du  chloroforme 
dans  l'eau,  et  il  s'est  assuré  qu'elle  varie  en  raison 
inverse  de  la  température,  le  maximum  de  solubilité 
étant  vers  0*. 

Pour  se  rendre  compte  de  la  teneur  exacte  en  chloro- 
forme des  solutions  employées,  il  a  cherché  un  réactif 
quantitatif.  L'addition  des  acides  minéraux  ou  orga- 
niques augmente  d'une  façon  appréciable  la  solubilité 
du  chloroforme  dans  l'eau  ;  la  potasse  ou  la  soude,  par 
contre,  devaient  la  diminuer.  Il  a  trouvé  dans  le  carbonate 
de  potasse  la  sensibilité  désirée;  la  solution  de  ce  sel 
dans  son  poids  d'eau  distillée  permet  de  comparer  entre 
eux  des  liquides,  même  très  dilués,  par  la  simple  obser- 
vation de  la  teinte  lactescente,  indicé  de  la  sursaturation 
du  nouveau  milieu  obtenu. 

A  12*,  pour  arriver  à  la  teinte  déterminée  par  la  préci- 
pitation du  chloroforme  en  très  fines  goutelettes  : 

2<*  d'eau  chloroformée  saturée  ont  exigé  i/10  de  cent,  cube  de  réactif  potassique. 


h  0^,80  p.  100»' 

-      2/10 

0"%70    — 

—      3/10 

0»',60    — 

-      5/10 

0<",50    - 

-     6/fO 

Oi',40    - 

~      9/10 

0»',30    - 

—      !«• 

4 


(1)  CommauicaUoa  faite  k  la  Société  do  Gaaaat  dans  la  séance  du  5  avril. 
J<mm.  d*  Pkarm.  tt  d*  Chim.,  9'  StMB,  t.  VII.  (15  juin  1898.)  38 


Fï'ygrvî 


*-  586  — 

-  Dans  tous  ces  essais,  le  mélange  de  l'eau  et  du  réactif 
a  été  fait  avec  un  grand  soin,  pour  ne  pas  déterminer  la 
volatilisation  d'une  partie  du  chloroforme. 

L'eau  chloroformée,  quel  que  soit  son  titre,  est  extrê- 
mement instable.  Ainsi,  une  solution  à  0«%80  de  chlo- 
roforme pour  1.000**,  placée  dans  un  flacon  bouché,  aux 
deux  tiers  plein,  à  la  température  de  12*  à  14',  n'en 
renfermait  plus,  quinze  jours  après,  que  0'',40  (sans  que 
le  flacon  ait  été  agité).  Une  solution  de  0«',80,  placée 
dans  un  flacon  trois  fois  plus  grand  que  ne  le  deman- 
dait son  volume,  ne  titrait  que  0«',60  après  quelques 
violentes  secousses. 

Une  eau  chloroformée,  saturée  à  une  température  quel- 
conque, cesse  de  l'être  (quoique  étant  en  contact  avec  un 
excès  de  chloroforme),  si  l'on  vient  à  déboucher  le  flacon 
pendant  quelques  instants.  Il  est  indispensable  d'agiter 
de  nouveau  pour  rétablir  la  saturation. 

On  peut  obtenir  facilement  une  eau  saturée,  par  une 
agitation  rapide  de  quelques  minutes,  sans  être  obligé 
de  la  prolonger  pendant  plusieurs  joure,  comme  on  Ta 
proposé. 

La  quantité  de  vapeur  de  chloroforme  nécessaire  pour 
saturer  l'air  étant  connue,  il  est  facile  de  donner  à  l'eau 
chloroformée  un  titre  exact.  La  dissolution  peut  commo- 
dément s'effectuer  dans  un  flacon  plein  aux  9/10.  L'emploi 
de  la  chaleur  doit  être  évité  ;  il  semble,  en  effet,  lorsqu'on 
opère  à  une  température  un  peu  inférieure  au  point  d'é- 
bullition  du  chloroforme,  de  40*  à  60®  par  exemple,  (jue 
la  dissolution  se  trouve  rapidement  faite ,  mais  on  ne 
tarde  pas,  si  on  maintient  le  flacon  bouché  jusqu'à  com- 
plet refroidissement,  à  s'apercevoir  qu'il  n'en  est  rien. 
A  la  température  ordinaire,  l'eau  dissout  une  proportion 
de  chloroforme,  sensiblement  égale  à  celle  que  l'air  exige 
pour  être  saturé  de  sa  vapeur.  A  une  température  plus 
élevée,  il  n'en  est  plus  de  môme,  la  solubilité  du  chloro- 
forme décroît  légèrement,  alors  que,  au  contraire,  l'air 
exige,  pour  être  saturé,  une  proportion  de  chloroforme 
double  et  même  triple  ;  il  s'en  suit  que  la  presque  totalité 


—  587  — 

du  chloroforme  vaporisé  se  mélange  à  l'air  chaud  pour 
se  condenser  avec  le  refroidissement  à  la  surface  de  Teau, 
en  globules  allongés  qui  ne  tardent  pas  à  gagner  le  fond 
du  flacon. 

M.  Mansier  estime  que,  pour  avoir  un  produit  toujours 
semblable  à  lui-même,  dans  toutes  les  Pharmacies,  et 
sur  lequel  les  médecins  puissent  compter,  sans  avoir  à 
tenir  compte  de  la  température,  on  doit  laisser  de  côté 
la  solution  saturée  qui,  dans  la  pratique,  ne  le  sera  certai- 
nement pas  toujours,  et  dans  tous  les  cas  aura  un  titre 
plus  élevé  en  hiver  qu'en  été,  et  qu'on  doit  donner  la  pré- 
férence à  la  solution  à  0«',50  pour  100  grammes. 

Le  modu5  faciendi  pourrait  être  : 

Chloroforme 4«',dO 

Eaa  disUUée SOO" 

Placez,  dans  un  flacon  d'un  litre,  l'eau,  puis  le  chloro- 
forme (qui  aura  été  pesé  dans  un  flacon  de  petite  capacité) 
et  agitez  jusqu'à  disparition  complète  des  globules. 

10  centigrammes  de  chloroforme  étant  attribués  à  la 
saturation  de  l'air  du  flacon,  cette  solution  renferme  sen- 
siblement 0«%50  de  chloroforme  pour  100  grammes. 

L'eau  chloroformée  sera  conservée  dans  des  flacons 
complètement  pleins  et  dont  les  dimensions  varieront 
avec  le  débit  présumé. 


Analyse  complète  d'une  salive  dans  on  cas  de  sialoirhée  ; 

par  M.  G.  Denigès  (1).  —  M.  E.  Gérard,  de  Toulouse,  a 
publié  récemment  (2)  les  résultats  qu'il  a  obtenus  dans 
Texamen  chimique  de  la  salive,  dans  un  cas  de  sialor- 
rhée  chez  un  épileptique. 

Ainsi  que  le  fait  remarquer  ce  chimiste,  les  travaux 
publiés  jusqu'ici,  concernant  l'analyse  de  la  salive  dans 
certains  cas  pathologiques,  sont  assez  peu  nombreux  pour 
qu'il  y  ait  intérêt  à  recueillir  siur  ce  point  de  nouvelles 

(f)  Bulltt.  de  ta  Soc  de  Phann.jie  Borrieaur^  nars  1898. 
^^2)  Joum.  de  Phamu  et  de  Chim,,  1*  janvier  1893».  - 


lîfc^ 


1} 


—  588  — 

observations  en  les  dirigeant  dans  un  sens  à  peu  pi'ès 
identique  pour  fournir  des  données  utiles. 

Ayant  eu,  ces  jours  derniers,  Toccasion  d'examiner  une 
salive  émise  abondamment  par  un  épileptique  dans  une 
période  de  crise,  il  en  a  fait  l'analyse  dont  les  résultats 
sont  très  rapprochés  de  ceux  de  M.  Gérard. 

Dans  le  tableau  suivant,  il  met  en  regard  les  chiffres 
de  M.  Gérard  et  les  siens  : 

Nature  Analyse  Analyse 

des  déterminations.  personnelle.  de  M.  E.  Gérard. 

Densité  à  +  15« 1,003  1,003 

Extrait  sec 6»'  65  7«'  85 

Sels  fixes 485  480 

Cblorarcs  (en  ClNa) 3    10  Non  dosés. 

Carbonates  (en  GO^Na^).  .  .  1    32  0    318 

Phosphates  (en  P0^Na*H).  .  0    34  Non  dosés. 

Sulfocyanates  (en  CSAxK).  .  0    074  Non  dosés. 

Matières  organiques 1    80  3    05 

Substances  précipilables  par 

ralcool 160  230 

Pouvoir  saccharifiant  (en  mal- 

tose) 0    57  0    60 


Essai  du  sirop  de  framboises;  par  M.  Riegel  (1).  —  La 
couleur  du  sirop  dilué  de  3  à  4  volumes  ne  doit  pas  être 
modifiée  par  addition  d'une  solution  d'iode;  ce  réactif 
décolore  le  suc  de  myrtilles.  En  agitant  10**  de  sirop 
dilué  de  son  volume  d'eau  avec  une  pincée  de  magnésie 
calcinée,  on  obtient  un  précipité  gris  clair,  et  le  liquide 
filtré,  coloré  en  vert,  rougit  par  SO*H*  dilué.  Ce  liquide 
se  colore  en  brun  par  addition  de  chlorure  ferrique, 
tandis  qu'une  coloration  violette  indique  la  présence 
d'acide  salicylique.  L'acide  benzoïque  employé  comme 
conservateur  produit  un  trouble  ou  même  un  précipité 
de  teinte  Isabelle.  Le  précipité  est  bleu  grisâtre,  si  le  suc 
de  framboises  contient  du  suc  de  cerises.  Un  brin  de 
laine,  chauffé  dans  une  capsule  de  porcelaine  avec  lO**  de 

(1)  Joum,  de  Pharm.  de  Liège^  mai   1897,  p.  151;    d'après  Pharm. 
ZeU.y  1897,  p.  247,     ;• 


—  589  — 

suc  dilué  de  2  à  3  volumes  et  acidifié  par  l'aciie  lartri- 
que,  ne  doit  pas  être  coloré  après  plusieurs  lavages  à 
Teau  ;  les  colorants  dérivés  de  l'aniline  se  fixent,  au  con- 
traire, sur  la  laine  et  ne  peuvent  être  enlevés  par  lavage. 

L'auteur  propose  les  méthodes  suivantes  pour  la  re- 
cherche du  sirop  de  fécule  et  de  l'alcool  : 

En  présence  du  sirop  de  fécule,  il  se  forme  un  préci- 
pité par  addition  de  nitrate  de  baryte,  tandis  que  le  sirop 
de  framboises  dilué  ne  donne  qu'une  faible  opalescence. 
On  recherche  le  sirop  de  fécule  par  le  dosage  du  sucre 
réducteur  avant  et  après  inversion.  On  polarise  après 
inversion  et  après  fermentation  pour  voir  si  le  liquide 
est  dextrogyre.  Pour  faire  fermenter,  on  ajoute  à  100^*^  de 
sirop  dilué  (1 :  5)  10*^*  HCl  dilué;  on  chauffe  une  heure  au 
bain-marie;  on  neutralise  exactement,  et  on  ajoute  un 
peu  de  levure  pressée  et  exempte  d'amidon.  Quand  la 
fermentation  a  cessé,  on  ajoute  1/10  de  volume  d'acétate 
basique  de  plomb  et  2/10  de  carbonate  de'  soude;  on 
agite;  on  clarifie  avec  le  talc,  et  on  polarise.  Si  le  liquide 
est  dextrogyre,  c'est  que  le  sirop  renfermait  du  sirop  de 
fécule. 

On  constate  la  présence  de  l'alcool  par  distillation  ;  on 
ajoute  à  une  partie  du  liquide  distillé  quelques  gouttes  de 
solution  d'iode,  puis  une  quantité  de  soude  caustique 
diluée  telle  que  le  liquide  reste  coloré  en  jaune.  En  pré- 
sence de  l'alcool,  il  se  forme  un  notable  dépôt  d'iodo- 
forme  ;  on  détermine  alors  le  poids  spécifique  du  distillât. 
L'addition  d'essence  de  fruits  est  décelée  par  l'odeur  du 
liquide  distillé. 

D'après  l'auteur,  la  recherche  des  matières  colorantes 
dans  le  sirop  de  framboises  par  l'alcool  amylique  ne 
donne  pas  de  résultats  concluants,  car  on  trouve  dans  le 
commerce  des  colorants  «  framboise  »  qui  ne  sont  pas 
enlevés  par  l'alcool  amylique. 


Pigments  hépatiques  chez  les  Vertébrés;  par  MM.  A. 

Dastre  et  N.  Floresco  (1).  —  La  teinte  fauve  que  présente 

(i)  Ac,  d.  «c,  CXXVI,  1421,  25  avril  1898. 


—  590  — 

le  foie  débarrassé  du  sang  par  une  injection  de  solution 
physiologique  de  sel  (Na  Cl  7  à  9  p.  100)  est  due  à  deux 
sortes  de  ferments  ;  les  uns  aqueux,  un  autre  soluble  dans 
le  choro forme. 

On  peut  s'assurer,  en  comparant  les  résultats  de  la 
digestion  papaïnique,  de  la  digestion  gastrique  et  de  la 
macération  alcaline  du  tissu  du  foie,  que  le  pigment 
aqueux  est  un  mélange  de  deux  parties  :  une  partie  prin- 
cipale, constituée  par  un  composé  ferrugineux  nouveau 
que  les  auteurs  appellent  ferrine^  et  une  partie  accessoire 
formée  de  nucléo^albuminoides  ferrugineux  connus. 

Ces  pigments  sont  solubles  dans  l'eau  légèrement  alca- 
linisée  par  le  carbonate  de  soude,  et  dans  la  liqueur 
neutre  de  la  digestion  papaïnique.  Ils  sont  insolubles 
dans  l'alcool  et  le  chloroforme.  Leur  couleur  varie  dans 
la  gamme  du  jaune  au  rouge,  suivant  la  concentration. 
Ils  sont  retenus  par  le  charbon  animal  sur  lequel  on  les 
filtre. 

Ils  contiennent  à  peu  près  tout  le  fer  du  foie. 

La  ferrine  s'obtient  intégralement  par  la  digestion 
papaïnique  du  foie  frais.  C'est  un  composé  organo-mélal- 
lique  très  voisin  de  la  ferratine  de  Marfori  et  Schmiede- 
berg,  mais  s'en  distinguant  en  ce  que  le  fer  y  est  moins 
dissimulé  que  dans  celle-ci.  Les  réactions  avec  le  ferro- 
cyanure  de  potassium  et  le  sulfhydrate  d'ammoniaque 
sont  plus  rapides  à  s'y  produire.  La  ferrine  est  une  com- 
binaison encore  plus  voisine  que  la  ferratine  de  la  forme 
saline  ou  minérale  du  fer  ;  elle  contient  de  l'hydrate  fer- 
rique  combiné  à  un  albuminoïde  ayant  les  caractères  des 
protéoses.  Elle  est  plus  facilement  soluble  dans  les  acides 
que  la  ferratine  ;  elle  s'en  distingue  encore  en  ce  qu'elle 
décompose  instantanément  l'eau  oxygénée  et  en  ce  que, 
lorsqu'elle  a  été  préalablement  chauffée  à  l'ébullitioD, 
elle  possède  sur  le  sang  un  pouvoir,  anticoagulant  remar- 
quable. 

Examiné  au  spectroscope,  le  pigment  aqueux  ferru- 
gineux donne  un  spectre  continu,  sans  bandes  d'absorp- 
tion, qui  s'éteint  seulement  aux  deux  extrémités  rouge  et 


—  591  — 

violette.  Ses  trois  traits  distinctifs  sont,  en  résumé  :  la 
solubilité,  la  richesse  en  fer,  le  spectre  continu. 

Le  second  pigment  est  soluble  dans  le  chloroforme, 
moins  soluble  dans  l'alcool;  il  est  peu  soluble  dans 
l'éther,  insoluble  dans  l'eau.  Intermédiaire,  par  ses  carac- 
tères, aux  lipochromes  et  aux  pigments  biliaires,  les  au- 
teurs le  nomment  choléchrome.  Sa  couleur  est  jaune 
rouge;  son  spectre  d'absorption  est  de  même  sans 
bandes.  Son  peu  de  solubilité  dans  Téther  le  rapproche 
des  pigments  biliaires.  Les  procédés  d'oxydation  et  de 
déshydratation  le  poussent  au  rouge  et  non-^oint  vers  le 
bleu  ou  le  vert  ;  les  procédés  de  réduction  le  ramènent  à 
l'état  initial. 

Les  deux  catégories  .de  pigments,  très  différentes  à 
tous  égards,  qui  donnent  au  foie  des  Vertébrés  sa  teinte 
n'ont  donc  en  commun  que  le  caractère  de  la  couleur 
(gamme  jaune  rouge  dans  les  deux  cas)  et  l'analogie  des 
spectres  d'absorption,  sans  bandes  et  présentant  seule- 
deux  plages  sombres  vers  les  deux  extrémités,  particuliè- 
rement vers  le  rouge. 


Chimie. 

Récapitulation  des  poids  atomiq^ios  calculés  par  la  mé- 
thode des  densités  limites;  par  M.  Daniel  Berthelot  (1). 
—  Les  calculs  de  l'auteur  conduisent  à  cette  conclusion, 
que  l'hypothèse  d'Avogadro,  d'après  laquelle  :  volumes 
égaux  de  tous  les  gaz  renferment  même  nombre  de  molé- 
cules, est  une  loi  limite  qui  se  vérifie  exactement  pour 
de  très  faibles  pressions.  Par  suite,  les  poids  molécu- 
laires des  gaz  sont  proportionnels  à  leurs  densités  limites. 
Ces  densités  limites  s'obtiennent  en  multipliant  les  den- 
sités normales  (c'est-à-dire  prises  à  0*  et  sous  la  pression 
atmosphérique)  par  le  facteur  1 — t  qui  représente  l'écart 
de  la  compressibilité  du  gaz  par  rapport  à  celle  d'un  gaz 
parfait  entre  0'»"  et  1"»'»  (2). 

(i)  Ac.  d.  êc.y  CXXVI,  1501,  23  mai  1898. 

(S)  Dans  le  cas  où  la  compressibilité  du  gaz  n'a  pas  été  étudiée  expérimen- 
talement, il  suffit  de  connaître  ses  constantes  critiques  pour  calculer  i  -*  c 
d'une  manière  approchée,  comme  il  a  été  montré  pour  Targon. 


rri^^Tsra 


—  592  — 

On  obtient  ainsi  les  poids  atomiques  : 

0.     H.      C.      Az      s.      Cl.      Ar. 
16    1,0074    12,005    14,005    32,046    35,479    39,882 

Celle  méthode  purement  physique  pour  la  détermina- 
tion des  poids  atomiques  rivalise  de  précision  avec  les 
méthodes  chimiques  dans  les  cas  où  celles-ci  sont  directes 
(synthèse  d'un  composé  oxygéné  tel  que  H*0,  CO*, 
P*0',  etc.).  Elle  l'emporte  sur  elles  dans  les  cas  (Cl,  S, 
Az,  etc.)  où  elles  sont  indirectes. 


Action  de  Tacide  nitrique  sur  Taluminium;  par  M.  T.-E. 

Stillman  (1).  —  L'aluminium  est  attaqué  assez  facilement 
par  l'acide  azotique  à  condition  que  le  métal  soit  pris  en 
lames  très  minces.  Les  résultats  ol)tenus  dans  ces  condi- 
tions avec  de  l'aluminium  titrant  99,  6  p.  100  et  100  fois 
son  poids  d'acide  ont  été  : 

Densité  Durée  Proportion 

Température.  de  l'acide.  de  l'allaquc.  d'Al.  dissous. 

20»  1.15                       7  jours  94.2 

20  1.35                       7    —  89.0 

20  1.46                       7    —  12.0 

100  1.15  20  minutes  100.0 

100  1.35  30      —  100.0 

100  1.46                      2  heures  100.0 

Le  métal  en  feuilles  épaisses  est  lentement  attaqué  à 
chaud  et  ne  l'est  pour  ainsi  dire  pas  à  froid. 

MM.  Lunge  et  Schmidt  ont  indiqué  déjà  l'action  de 
Tacide  azotique  sur  l'aluminium. 


Sur   riodure  de  glucinium;  par  M.  P.   Lebeau  (2). — 

Pour  préparer  facilement  cet  iodure,  on  dispose  un  tube 
de  verre  de  Boliéme  de  20™"  ou  22"*'"  de  diamètre  sur  une 
petite  grille  à  analyse.  Ce  tuhe  doit  avoir  une  longueur 
égale  à  deux  fois  celle  de  la  grille.  Le  carbure  de  gluci- 
nium pulvérisé  (5«''  à  6«'')  est  placé  dans  une  nacelle  de 
porcelaine  ou  dans  le  tube  même.  On  fait  passer  un  cou- 

(1)  Am.  chem.  Soc,  t.  XIX. 

(2)  Ac.  d.  Se,  t.  CXXVJ,  1272,  2  mai  1898. 


—  593  — 

rant  de  gaz  iodhydrique ,  puis  Ton  chauffe  au  rouge 
cerise.  L'attaque  du  carbure  se  produit  d'une  façon 
régulière,  l'iodure  distille  et  se  condense  dans  la  partie 
froide  du  tube  en  un  feutrage  de  cristaux. 

Lorsque  le  carbure  est  bien  pur,  on  obtient  de  suite  un 
iodure  parfaitement  blanc  que  l'on  recueille  dans  un 
récipient  rempli  de  gaz  carbonique  sec.  S'il  est  coloré  en 
jaune  par  une  petite  quantité  d'iodure  de  fer,  il  suffit  de 
le  sublimer  dans  un  courant  d'acide  carbonique  sec  :  l'io- 
dure de  fer  est  entraîné  dès  le  début  et  l'iodure  de  gluci- 
nium  se  sublime  ensuite  en  très  beaux  cristaux. 

Ce  corps  répond  à  la  formule  GlI?  ou  G1*P  suivant  que 
l'on  prend  pour  poids  atomique  du  glucinium  le  nombre 
9,08  ou  bien  13,8. 

L'iodure  de  glucinium  se  présente  en  cristaux  incolores 
très  altérables  à  l'air  humide.  Sa  densité  à  15°  est  voisine 
de  4,20.  Il  fond  vers  510**  et  se  sublime  déjà  notablement 
avant  de  fondre.  Sa  température  d'ébullition  est  comprise 
entre  585*  et  595*. 

L'eau  réagit  violemment  sur  l'iodure  de  glucinium  en 
donnant  un  iodure  hydraté  soluble.  Cette  propriété  rend 
le  maniement  de  ce  corps  un  peu  délicat,  la  moindre  trace 
d'eau  le  décomposant  partiellement.  Fondu,  il  est  beau- 
coup moins  altérable. 

Il  distille  dans  un  courant  d'hydrogène  sec  sans  altéra- 
tion. Le  chlore  et  le  brome  le  décomposent  en  donnant 
les  composés  correspondants  avec  mise  en  liberté  d'iode. 
Le  fluor  l'attaque  en  produisant  des  fluorures  d'iode  et 
de  glucinium. 

Chauffé  dans  l'oxygène,  l'iodure  de  glucinium  prend 
feu  au-dessous  du  rouge.  Sa  vapeur  brûle  au  contact  de 
l'air.  Le  soufre  le  transforme  en  sulfure  fixe  au  rouge 
vif  et  décomposable  par  l'eau. 

Le  sodium  réduit  l'iodure  de  glucinium  vers  -}-  350*;  le 
potassium  et  le  lithium  réagissent  aussi  avec  incandes- 
cence vers  la  même  température.  Il  se  forme  des  iodures 
alcalins  et  du  glucinium.  Le  magnésium  donne  vers  450* 
de  l'iodure  de  magnésium  et  du  glucinium.  L'aluminium, 


—  594  — 

l'argent,  le  cuivre  et  le  mercure  sont  sans  action  au-des- 
sous de  la  température  de  ramollissement  du  verre. 

Le  gaz  ammoniac  est  absorbé  à  froid  très  rapidement  et 
donne  une  poudre  blanche  beaucoup  moins  altérable  que 
riodure  et  répondant  d'après  les  analyses  à  la  formule 
2  GIP.  3  AzH\  En  chauffant  légèrement  il  se  produit  une 
nouvelle  absorption  d'ammoniac  et  la  substance  fond  en 
un  liquide  incolore  cristallisant  par  refroidissement.  Un 
contact  prolongé  donne  également  naissance  à  un  corps 
plus  riche  en  ammoniac. 

L'iodure  de  glucinium  réagit  sur  un  grand  nombre  de 
composés  organiques. 

Sur  les  sulfoantimonites  alcalins;  par  M.  Pouget  (1). 
— Sulfoantimonites  de  sodium.  —  Sel  normal:  SbS'Xa*.  — 
Le  sulfure  d'antimoine  se  dissout  dans  le  sulfure  de 
sodium.  Une  liqueur,  renfermant  Sb*S'+3Na*S,  évapo- 
rée dans  le  vide  sec  à  la  température  ambiante,  s'oxyde 
partiellement  et  donne  une  matière  noire  amorphe  et 
deux  espèces  de  cristaux  incolores,  parmi  lesquels  se 
trouve  le  sulfoantimonite  normal  SbS'Na*. 

On  l'obtiendra  pur  en  effectuant  la  dissolution  du  sul- 
fure ainsi  que  la  concentration  et  la  filtration  de  la  liqueur 
dans  une  atmosphère  d'hydrogène.  Par  refroidissement, 
il  se  forme  des  aiguilles  cristallines,  agissant  fortement 
sur  la  lumière  polarisée.  L'analyse  conduit  à  la  formule 
SbS»Xa»  +  9H«0. 

Chauffés  dans  un  courant  d'hydrogène,  ces  cristaux  ne 
se  déshydratent  complètement  qu'à  une  température  su- 
périeure à  150*;  ils  donnent  ainsi  une  poudre  rouge.  Sous 
pression  réduite,  en  présence  d'acide  sulfurique,  la 
déshydratation  n'est  que  partielle  et  en  même  temps  il 
y  a  fixation  d'oxygène. 

Ce  corps,  en  effet,  est  très  facilement  oxydable.  Sa 
dissolution  jaune  se  transforme  très  rapidement  à  l'air  en 
sulfoanlimoniate  qui  cristallise  en  tétraèdres  très  caracté- 

(1)  Ac.  d.  se,  CXXYl,  i\U,  18  avril  1898. 


—  595  — 

ristiques.  Il  suffit  de  quelques  heures  pour  que  la  trans- 
formation soit  complète  dans  une  liqueur  un  peu  concen- 
trée. Si  Ton  concentre  la  solution,  soit  dans  le  vide,  soit 
à  chaud,  il  se  produit,  en  même  temps  que  le  sulfoanti- 
moniate,  une  substance  noire  de  composition 

Sb*S»Na'  =  2Sb*S»  +  3Na*S. 

Métasulfoantimonite  de  sodium.  —  Le  pyrosulfoanti- 
monite  de  potassium  s'obtient  en  évaporant,  à  froid,  une 
solution  de  sulfure  de  potassium  saturée  de  sulfure  d'an- 
timoine. 

En  opérant  de  même  avec  le  sulfure  de  sodium,  on  ne 
peut  éviter,  pendant  Tévaporation  à  froid  dans  le  vide, 
l'oxydation  de  la  liqueur,  et  on  obtient  uniquement  des 
cristaux  tétraédriques  de  sulfoantimoniate,  sans  trace  de 
pyrosulfoantimonite. 

Concentrées  à  chaud,  ces  dissolutions  se  comportent 
comme  celles  de  potassium  :  il  y  a  dédoublement  en 
orthosulfoantimonite,  qui  reste  dans  la  liqueur,  et  en 
métasulfoantimonite  SbS'Na,  qui  se  précipite  sous 
forme  d'une  poudre  noire. 

Les  dissolutions  étendues,  évaporées  dans  le  vide, 
laissent  déposer  de  petits  cristaux  rouges,  en  même 
temps  que  des  cristaux  tétraédriques,  dont  on  les  sépare 
facilement  par  lixiviation.  Ces  cristaux  constituent  un 
sulfoantimonite  plus  condensé  Sb*S'Na* +  2  H*0,  ana- 
logue à  celui  qu'avait  obtenu  M.  Ditte,  dans  des  condi- 
tions identiques  avec  le  sulfure  de  potassium 

Sb*S'K*  +  3n'0. 

Sulfoantimonites  d'ammonium,  —  L'action  du  sulfure 
d'ammonium  est  différente  de  celle  des  sulfures  de 
sodium  et  de  potassium. 

Lorsqu'on  traite  à  froid  le  sulfure  d'antimoine  par  une 
dissolution  concentrée  de  sulfure  d'ammonium,  en  pro- 
portion telle  que  la  composition  du  mélange  soit 

Sb«S'-t-3[Azn*ps, 


—  596  — 

la  dissolution  n'est  que  partielle  ;  le  résidu  se  transforme 
rapidement  en  une  masse  volumineuse  de  petits  cristaux 
jaune  verdâtre. 

La  dissolution  qui  surnage  ces  cristaux  contient  du 
sulfoantimonite  normal  :  SbS'(Azn*)';  il  précipite  par 
addition  d'alcool  en  une  poudre  blanche  cristalline, 
soluble  dans  l'eau,  s'altérant  facilement  en  dégageant  du 
sulfure  d'ammonium. 

Les  cristaux  jaunes  constituent  le  métasulfoantimonite, 
SbS*AzH*,  insoluble.  On  ne  peut  le  dessécher  sans  qu'il 
s'altère  :  il  se  transforme,  soit  à  l'air  libre,  soit  par  l'ac- 
tion de  la  chaleur,  soit  encore  par  un  excès  d'eau,  en 
petits  cristaux  rouges  de  formule  Sb*S'[Az  H*]'.  Ces  der- 
niers sont  stables  ;  ils  se  formeront  seuls  si,  au  lieu 
d'opérer  la  dissolution  du  sulfure  d'antimoine  à  froid,  on 
l'effectue  à  chaud,  ou  bien  si  l'on  se  sert  d'une  dissolution 
étendue  de  sulfure  d'ammonium  (moins  de  0""'*,15  par 
litre). 


Analyse  des  eaux  de  Châtel-Guyon  ;  par  M.  Magnier 

DE  LA  Source. 

COMPOSITION   ÉLÉMENTAIRE    t  E   L'EAU   DE  CHATEL-GUTON. 

{Analyse  pour  un  litre  d'eau  minérale). 

Acide  carbonique 2«',918 

Chlore .  2«%1593 

Acide  sulfurique 0«%3516 

Acide  phosphoriqae Traces. 

Acide  borique Traces. 

Acide  arsénique Traces. 

Silice 0»',iia8 

Sodium 0«%9035 

Magnésium 0>%3950 

Calcium O'seSiS 

Polassium 0»%0990 

Lithium 0>%0(«0 

Fer 0",0li8 

\   Aluminium Traces. 


—  597  — 

GROUPEMENT  HYPOTHÉTIQUE  DE   L'EAU  DE   CHATBL-GCYON 

{Analyse  pour  un  litre  d'eau  minérale). 

Gaz  acide  carbonique  libre I«'yll20 

Chlorure  de  magnésium 1«',5630 

Chlorure  de  sodium 1»',6330 

Bicarbonate  de  calcium 2"%1769 

Bicarbonate  de  sodium 0>',9550 

Bicarbonate  de  fer 0»',0685 

Bicarbonate  de  lithium 0^,0194 

Bicarbonate  de  potassium (K',2538 

Sulfate  de  chaux 0>',4990 

Silice 0«%1108 

Ar:ienic Traces. 

Acide  phosphorique Traces. 

Acide  borique Traces. 

Alumine Traces. 

Total 8«",3014 


Les  alcaloïdes,  les  leucomaïnes  et  les  ptomaînes  [Étude 
historique  et  chimico-légale)  ;  par  M.  Louis  Huart,  phar- 
macien (1). 

PARALLÈLE    ENTRE    LES    PTOMAÏNES 
ET   LES   PRINCIPAUX   ALCALOÏDES   VÉGÉTAUX    (Extrait)    [suite). 

Strychnine,  —  Plusieurs  ptomaînes  donnent  des  réac- 
tions assez  semblables  à  celles  de  la  strychnine.  On  a  vu 
des  experts  se  tromper  et  conclure  à  la  présence  de  la 
strychnine,  alors  qu'ils  n'avaient,  en  réalité,  retiré  qu'une 
ptomaïne. 

La  strychnine  présente  des  réactions  de  coloration,  et 
des  phénomènes  physiologiques  :  l'ensemble  de  ces  carac- 
tères est  tellement  spécifique,  qu'il  rend  toute  confusion 
impossible. 

Parmi  les  bases  cadavériques  assimilées  à  la  strychnine, 
les  unes  donnent  une  coloration  violacée  avec  le  bichro- 
mate de  potasse;  d'autres  ont  une  action  tétanisante.  Mais 
jamais  la  même  ptomaïne  n'a  présenté  simultanément  les 

(1)  Joum,  de  Pharm.  et  de  Chim,  [6],  VU,  428.  Annal,  de  pharm,  de 
liOuvain. 


j-r^'ïï^ 


—  598  — 

deux  phénomènes  ;  jamais  non  plus,  une  ptomaîne  puri- 
fiée n'a  fourni  la  réaction  chromatique  avec  la  même  net- 
teté, la  même  rapidité  que  la  strychnine. 
Cette  base  possède  encore  les  réactions  suivantes  : 

1)  Oxyde  de  cérium  :  coloration  violette. 

2)  Réactif  de  Mandelin  (sulfovanadate)  :  coloration  vio- 
lette intense,  devenant  rouge  par  addition  d'eau  et  de 
potasse. 

Tout  récemment,  M.  Bruylants  a  trouvé  une  nouvelle  ré- 
action caractéristique  (encore  inédite),  destinée  à  devenir 
classique.  L'acide  iodique,  employé  dans  certaines  condi- 
tions, forme  la  base  de  ce  réactif,  qui  donne  avec  la  stry- 
chnine une  coloration  lilas  persistante, 

La  strychnine  se  trouve  dans  les  seuls  résidus  alcalins 
du  pétrole  ou  de  la  benzine.  De  plus,  il  est  aujourd'hui 
bien  établi  que  ce  toxique  se  localise  dans  le  foie  exclusi- 
vement. 

Dans  toute  analyse  chimico-légale ,  Tessai  chimique 
doit  toujours  être  accompagné  de  Texpérimentation  phy- 
siologique, lorsque  l'alcaloïde  identifié  possède  une  action 
spécifique  constante  sur  l'organisme.  —  La  conclusion 
ne  peut  être  affirmative,  que  si  les  deux  épreuves  sont 
concordantes.  Si  l'une  des  deux  fait  défaut,  l'expert  doit 
s'abstenir. 

Si  donc  la  substance  extraite  des  viscères  est  de  la 
strychnine,  elle  donnera,  après  purification,  la  coloration 
violette,  tant  avec  le  bichromate  qu'avec  l'oxyde  de 
cérium,  et  de  plus,  elle  provoquera  des  contractions  téta- 
nisantes bien  marquées. 

Les  tracés  myographiques  seront  notés  et  conservés 
(comme  pièce  à  conviction)  au  moyen  des  appareils  enre- 
gistreurs de  M.  Marey. 

Brucine.  —  La  brucine  se  retrouve  dans  le  résidu  de  la 
solution  alcaline  de  benzine. 

Elle  se  colore  en  rouge  intense  sous  l'action  de  l'acide 
azotique-. 

Un  grand  nombre  de  ptomaïnes  donnent  avec  le  même 
acide  nitrique,  une  coloration  jaune  ou  orangée;  mais 


j 


—  599  — 

cette  teinte  ne  peut  être  comparée  avec  la  vivacité,  Téclat 
de  la  coloration  rouge  fournie  par  la  brucine. 

L'expérimentation  physiologique  devra  corroborer  l'es- 
sai chimique.  Les  contractions  tétaniques  n'ont  pas,  il  est 
vrai,  la  violence  observée  avec  la  strychnine  ;  mais  elles 
ont  cependant,  unies  à  Fessai  chimique,  une  valeur  carac- 
téristique réelle. 

Morphine,  —  Selmi  a  appris  à  ne  pas  la  confondre  avec 
les  ptomaïnes. 

Réaction  de  Huseman.  —  Elle  est  caractéristique,  mais 
nécessite  une  quantité  suffisante  de  substance.  C'est  une 
erreur  de  croire  que  l'action  prolongée  de  la  chaleur  soit 
nécessaire.  Au  contraire  les  résultats  sont  faussés,  2  à 
3  minutes  de  chauflFe  suffisent. 

Perchlorure  de  fer,  —  Les  ptomaïnes  n'ont  jamais  donné 
de  coloration  bleue  avec  ce  produit  qui  constitue  un  réac- 
tif caractéristique  ;  mais  il  doit  être  neutre  et  de  densité 
déterminée;  de  plus  une  morphine  très  pure  est  néces- 
saire. 

Réactif  de  Schneider-Arnold  (morphine  et  sucre).  —  Les 
ptomaïnes  n'agissent  pas. 

Sulfosélénite  d'ammoniaque,  —  Ce  réactif  n'a  aucune 
valeur,  au  point  de  vue  de  l'identification,  mais  lorsque  la 
réaction  obtenue  concorde  avec  les  autres,  son  importance 
est  réelle. 

Atropine.  —  L'atropine  est  isolée  par  la  solution  alca- 
line de  benzine. 

Zuelzer  et  Sonnenschein  ont  découvert  dans  les  muscles 
putréfiés,  une  base  analogue  à  l'atropine  et  qu'ils  dénom- 
mèrent ptomatropine. 

On  éliminera  la  ptomat)*opine  à  l'aide  des  dissolvants  : 
cette  substance  est  isolée  par  l'éther  et  l'alcool  amylique, 
tandis  que  l'atropine  reste  dans  la  solution  alcaline  de 
benzine. 

Seulement,  il  y  a  des  complications  d'un  autre  ordre.  Il 
faut  tenir  compte  de  ce  fait,  qu'avec  les  alcalis,  les  acides, 
ou  encore  avec  les  agents  de  la  putréfaction,  l'atropine 
peut  être  transformée  en  tropine  et  acide  tropiquis. 


—  600  — 

D'un  autre  côté,  il  est  incontestable  que  par  évapora- 
tion,  on  peut  perdre  une  partie  de  la  substance  qui  se 
volatilise. 

La  recherche  de  l'atropine  dans  les  cadavres,  présente 
donc  des  difficultés  très  sérieuses. 

La  réaction  physiologique  est  le  phénomène  le  plus 
sensible  et  le  plus  important.  Même  avec  une  goutte  d'une 
solution  d'atropine  à  1/130.000,  la  pupille  se  dilate  d'une 
façon  marquée. 

Aconitine  —  Il  n'existe  aucune  réaction  colorée. 

La  moindre  trace  d'aconitine  produit  des  fourmille- 
ments dans  la  face.  L'absorption  d'une  dose  assez  élevée, 
sans  cependant  être  toxique,  provoque  après  quelques 
heures  une  paralysie  qui  peut  persister  pendant  plusieurs 
jours. 

Même  à  la  dose  de  1/10  de  milligr.,  l'aconitine  cristal- 
lisée peut  parfois  produire  des  effets  redoutables.  Quel- 
ques milligrammes  suffisent  pour  amener  la  mort. 

Une  autre  constatation  importante,  c'est  que  Vaconitine 
ne  se  localise  dans  aucun  organe^  mais  se  diffuse  dans 
toutes  les  parties  du  corps. 

La  recherche  de  l'aconitine  est  à  peu  près  impossible. 
On  n'aura  quelque  vague  espoir  de  la  retrouver,  que  si 
les  symptômes  physiologiques  ont  pu  être  constatés  avant 
la  mort.  Cette  indication  permettra  au  chimiste  de  faire 
directement  une  analyse  spéciale,  en  prenant  les  précau- 
tions minutieuses  que  comporte  la  recherche  de  cet  alca- 
loïde. 

Vératrine.  —  Elle  reste  dans  les  résidus  alcalins  du 
pétrole  ou  de  la  benzine.  MM.  Brouardel  et  Boutmy  ont 
extrait  du.  cadavre  d'un  noyé,  une  ptomaïne  donnant,  de 
même  que  la  vératrine,  une  coloration  rouge,  soit  avec 
l'acide  sulfurique,  soit  avec  le  réactif  de  Frôhde.  Ces 
deux  réactifs  ne  peuvent  donc  plus  servir  pour  l'identifi- 
cation de  la  vératrine. 

Le  résidu,  mélangé  avec  six  fois  son  volume  de  sucre, 
puis  placé  sur  une  plaque  de  porcelaine,  est  additionné 
d'acide  sulfurique  aussi  peu  que  possible.  Il  se  produit 


—  601  — 

une  coloration  jaune,  virant  successivement  au  vert,  au 
bleu  et  enfin  au  violet  sale. 

La  vératrine  exerce  une  double  action  sur  l'organisme  : 
Tune  est  locale  et  provoque  des  effets  inflammatoires  sur 
la  peau  et  les  muqueuses.  L'autre  est  générale  et  se 
porte  sur  les  terminaisons  nerveuses.  Elle  détermine  cliez 
la  grenouille,  un  allongement,  très  marqué,  de  la  courbe 
de  la  contraction  musculaire.  {A  suivre) 


Sur  la  saccharification  de  ramidon  par  Famylase  du 
malt;  par  M.  Henri  Pottevin  (1).  —  Les  conclusions  qui 
paraissent  se  dégager  de  ses  expériences  sont  : 

1*  La  transformation  de  Tamidon  en  maltose  est  le 
résultat  de  deux  opérations  distinctes  ;  l'amidon  donne 
d'abord  de  la  dextrine  qui  donne  à  son  tour  du  maltose. 

2*  Il  n'existe  entre  les  diverses  dextrines  que  des  diffé- 
rences d'état  physique. 

3*  La  gêlatinisation  atténue  les  différences  qui  existent 
naturellement  entre  les  diverses  parties  du  granule 
d'amidon,  mais  ne  les  fait  pas  disparaître  :  les  portions  les 
plus  fortement  agrégées  du  granule  donnent  un  empois 
plus  difficile  à  dextriniser  et  une  dextrine  plus  difficile  à 
convertir  en  maltose. 

Quant  on  traite  l'empois  par  la  diastase,  les  transfor- 
mations marchent  avec  une  inégale  rapidité  pour  les 
diverses  parties  de  la  masse  ;  certaines  sont  à  l'état  de 
maltose  alors  que  d'autres  sont  encore  à  l'état  de  dextrine, 
d'autres  môme  sont  à  peu  près  intactes  :  ces  notions 
rendent  compte  des  principales  particularités  de  la 
saccharification,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  recourir 
aux  explications  compliquées  données  jusqu'ici  à  ce 
phénomène.  

Action  des  alcalis  sur  Touabaïne;  par  M.  Arnaud  (2).  — 
Les  alcalis,  potasse,  soude  ou  baryte,  en  solutions  aqueu- 

(1)  Institut  Pasteur  et  Ac,  d.  «c,  12i8,  55  avril  1898. 

(2)  Ac.  d.  «c,  CXXVI,  4280,  2  mai  4898.  -  ^ 

Journ,  dt  Pkarm,  et  de  Chinu,  6-  SÉRIE,  t.  VII.  (15  juin  1898)  39 


—  602  — 

ses  ou  alcooliques,  n'hydrolysent  pas  Touabaïne,  même  à 
l'ébuUition;  elles  donnent  naissance  à  un  dérivé  d'hy- 
dratation formé  sans  dédoublement  et  sans  qu'il  y  ait  pro- 
duction de  sucre  réducteur.  En  tube  scellé  à  140*»,  la 
réaction  est  absolument  identique,  même  avec  des  solu- 
tions alcalines  concentrées. 

Le  corps  ainsi  formé  est  un  acide  monobasique,  qui 
décompose  les  carbonates  alcalins  ou  alcalino-terreux, 
qui  rougit  la  teinture  de  tournesol  bleue  et  qui  donne  des 
sels  en  général  très  solubles  dans  Teau  et  difficilement 
cristallisables. 

Pour  préparer  cet  acide,  qu'on  peut  appeler  Vacide 
ouabaîque,  on  chauffe  pendant  12  heures,  à  rébuUition, 
1  partie  d'ouabaïne  cristallisée  avec  3  parties  de  stron- 
tiane  hydratée  dissoute  dans  10  parties  d'eau. 

Le  produit  de  la  réaction,  sursaturé  à  chaud  par  le  gaz 
carbonique,  filtré,  donne  un  liquide  qui  est  évaporé  dans 
le  vide,  à  consistance  de  sirop,  puis  versé  peu  à  peu  dans 
dix  fois  son  volume  d'alcool  absolu. 

Le  sel  strontique  se  sépare  d'abord  en  flocons  ^blancs 
qui  deviennent  peu  à  peu  microcristallins.  Le  sel  essoré, 
dissous  dans  l'eau,  est  décomposé  par  la  quantité  stricte- 
ment nécessaire  de  SO*H'.  Le  liquide  filtré  concentré 
dans  le  vide  donne  l'acide  ouabaïque. 

C'est  un  corps  amorphe,  blanc  jaunâtre  et  qui  ressemble 
à  de  la  gomme  ;  il  est  très  soluble  dans  l'eau  et  dans  l'al- 
cool, qui  le  dissolvent  cependant  avec  lenteur  ;  insoluble 
dans  l'éther.  Cet  acide  fond  peu  nettement  vers  235',  en 
se  décomposant  avec  émission  de  gaz  à  odeur  de  caramel; 
il  possède  un  pouvoir  rotatoire  lévogyre  qui  a  été  déter- 
miné pour  le  sel  de  baryum.  Traité  par  les  acides  miné- 
raux étendus  et  bouillants,  il  s'hydrolyse  en  donnant  du 
rhamnose  et  une  résine  ayant  beaucoup  d'analogie  avec 
celle  qui  prend  naissance  dans  l'hydrolyse  directe  de 
fouabaïne. 

La  formule  de  l'acide  ouabaïque  C''H*'0*'  a  été  dé- 
duite de  l'analyse  de  ses  sels.  Les  ouabaïates  de  sodium 
et  de  potassium  peuvent  être  obtenus  facilement  en  dis- 


—  603  — 

solvant  1  molécule  d'ouabaïne  hydratée  dans  10  parties 
d'alcool  à  97°  et  en  ajoutant  à  cette  dissolution  chaude 
1  atome  de  Na  ou  de  K  également  dissous  dans  l'alcool  ; 
le  sel  se  précipite  bientôt  en  microcristaux. 

Les  ouabaïates  alcalins  et  alcalino-terreux  sont  très 
solubles  dans  l'eau  et  ne  cristallisent  pas  par  évaporation 
de  la  solution  aqueuse,  ils  sont  solubles  dans  l'alcool 
même  bouillant. 

L'ouabaïate  de  plomb  est  très  soluble  dansTeau,  mais  le 
sous-acétate  de  plomb  précipite  les  dissolutions  d'oua- 
baïates  ou  d'acide  ouabaïque  en  donnant  un  précipité 
blanc  volumineux  et  amorphe,  insoluble  dans  l'eau. 

L'acide  ouabaïque  peut  prendre  naissance  directement 
par  l'action  de  l'eau  sur  l'ouabaïne  sans  l'intervention  des 
alcalis 

Il  suffit  de  chauffer  l'ouabaïne  en  solution  aqueuse,  en 
tube  scellé,  à  180°:  le  liquide  devient  fortement  acide  et 
contient  une  notable  proportion  d'acide  ouabaïque. 


Note  sur  la  cire  d'abeilles  en  Tunisie,  par  M.  Bertain- 
GHAND,  directeur  de  la  station  agronomique  de  Tunis. 
Résumé.  —  Les  cires  de  Tunisie  ont  une  composition  qui 
diffère  notablement  des  cires  européennes  et,  si  Ton 
adoptait  les  moyennes  fournies  jusqu'ici  par  les  auteurs 
qui  se  sont  occupés  de  la  question,  les  cires  pures  de 
Tunisie  seraient  taxées  de  fraude.  Le  rapport  entre 
l'indice  d'éthérification  et  l'indice  d'acidité  libre  est  plus 
élevé  que  pour  les  cires  françaises  et  anglaises;  pour 
l'indice  d'iode,  la  moyenne  de  8  à  9  ne  peut  s'appliquer 
aux  cires  de  la  Régence. 

L'auteur  signale  ces  résultats  afin  de  mettre  les  chi- 
mistes en  garde  contre  l'application  de  moyennes  analy- 
tiques qui  sont  exactes  pour  les  cires  d'Europe,  mais  qui 
sont,  d'après  lui,  complètement  erronées  pour  les  cires 
d'origine    tunisienne. 


—  604  — 

Sur  la  constitution  des  pétroles  de  Pensylvanie,  de  TOhio 
et  du  Canada  (Étude  de  la  portion  bouillant  entre  150  et 
220*);  par  M.  Charles  F.  Mabery  (1).  —  La  portion  du  pë- 
trole  pensylvanien  qui  bout  entre  150  et  220®  est  constituée  : 

Par  le  décane  normal  bouillant,  de  .  .  .  173  à  174* 

—  un  décane  secondaire      —        ...  183  à  184* 

—  un  undécane                    —        ...  196  à  197* 

—  un  dodécane                    —        ...  214  à  216* 

On  y  trouve  aussi  des  carbures  aromatiques  (mésîtylène, 
cumène,  pseudocumène,  cymène,  isocymène,  durène  et 
isodurène).  —  La  composition  du  pétrole  de  VOhio  est 
sensiblement  la  môme  ;  on  trouve  toutefois  une  plus 
grande  quantité  de  carbures  aromatiques  d'où  une  den- 
sité plus  grande  de  l'huile  minérale,  et  des  produits  sul- 
furés. —  Le  pétrole  Canadien  renferme  les  mêmes  carbures 
saturés,  et  en  plus  une  certaine  quantité  de  naphtènes 
C"H»»  qui  bouillent  entre  196  et  214«. 


Tannage  électrique  (2).  —  A.  Procédé  Worms  et  Balé,  — 
Dans  ce  procédé,  les  peaux  sont  placées  dans  de  grands 
tambours  en  bois  possédant  un  mouvement  de  rotation 
de  9  à  10  tours  à  la  minute.  A  l'intérieur  de  ces  tam- 
bours et  suivant  les  génératrices  sont  placées  des  lames 
qui  constituent  un  réseau  négatif  et  un  réseau  positif 
qui  s'entrecroisent  sans  jamais  se  toucher. 

Il  résulte  de  la  disposition  même  de  l'appareil  que 
lorsque  le  tambour  est  en  mouvement,  le  circuit  est 
fermé  par  les  peaux  et  le  liquide  tannant.  Dans  ces  con- 
ditions le  tannage  est  réduit  de  24  à  108  heures  suivant 
les  peaux  à  traiter. 

L'action  du  courant  n'est  pas  bien  définie,  mais  tou- 
jours est-il  que  l'action  mécanique  et  l'action  électrique 
doivent  être  simultanées  pour  donner  de  bons  résultats. 
Quant  au  cuir  obtenu,  il  est  d'une  qualité  équivalente  à 
celle  du  cuir  obtenu  par  les  anciens  procédés. 

(1)  Am,  chem,  Joum,,  t.  XIX,  p.  419;  13.6.97, 

(2)  Revue  de  Ckim.  indust.^  mars  1898. 


-—  605  — 

B.  Procédé  Groth{\), —  Dans  ce  procédera  cuve  est  fixe  et 
les  pefiux  sont  attachées  aux  bras  d'un  arbre  central  qui 
tourne  dans  la  cuve  contenant  les  jus  tannants.  Cette 
cuve  est  traversée  par  un  courant  de  1  à  16  volts.  Dans 
ces  conditions  le  tannage  paraît  être  plus  parfait  et  plus 
régulier. 

L*acide  sulfureux  dans  les  vins;  par  M.  X.  Rocques. 
—  On  sait  que  le  soufrage  est  une  pratique  employée  cou- 
ramment dans  le  commerce  pour  assainir  les  futailles  et 
favoriser  la  conservation  des  vins.  Dans  le  Bordelais,  où 
Ton  désire  conserver  aux  vins  blancs  une  certaine  dose 
de  sucre,  on  soufre  ceux-ci  à  plusieurs  reprises  pour  en 
arrêter  la  fermentation.  Enfin,  le  soufrage  a  été  récem- 
ment préconisé  pour  préserver  les  vins  de  la  maladie 
connue  sous  le  nom  de  «  casse  ». 

Le  rôle  de  l'acide  sulfureux  est  donc  multiple.  Il  serait 
utile  d'assigner  une  limite  à  la  dose  de  cet  antiseptique, 
dont  l'action  physiologique  ne  doit  pas  être  négligeable, 
surtout  quand  il  atteint  une  proportion  exagérée.  Il  est 
vrai  qu'on  peut  objecter  à  cela  que  la  dose  d'acide  sulfu- 
reux qu'on  peut  introduire  dans  le  vin  est  forcément 
limitée  par  l'odeur  intense  de  cet  acide,  et  que  le  consom- 
mateur refuserait  certainement  un  vin  qui  serait  soufré 
avec  exagération. 

Dans  certains  pays,  en  Allemagne  et  Suisse,  on  a  ce- 
pendant fixé  une  limite  maxima  à  la  dose  d'acide  sulfu- 
reux qui  peut  se  trouver  dans  le  vin.  Cette  dose  est  de 
20"*«'  par  litre  pour  l'acide  sulfureux  libre,  et  de  SOO""*' 
pour  l'acide  sulfureux  total. 

L'acide  sulfureux  libre  est  celui  qui  est  directement 
décelable  dans  le  vin  par  la  liqueur  d'iode;  l'acide,  sous 
cette  forme,  ne  peut  être  dosé  que  dans  les  vins  blancs, 
car  on  ne  peut  effectuer  une  réaction  colorée  dans  un 
milieu  fortement  coloré  lui-même,  tel  que  l'est  un  vin 
rouge. 

(1)  Ann.  de  Ch.  analyt. 


yipà    ■igjyg^'^vvUJ 


—  606  — 

Vins  rouges.  —  On  emploie  la  méthode  de  la  distillation. 
Le  produit  distillé  est  recueilli  dans  une  liqueur  titrée 
d'iode  ;  le  dosage  de  l'iode  restant  permet  de  calculer  la 
quantité  d'acide  sulfureux  contenu  dans  le  vin.  On  peut 
aussi,  dans  cette  liqueur  iodée,  précipiter,  au  moyen  du 
chlorure  de  baryum,  l'acide  sulfurique  formé  par  l'oxy- 
dation de  l'acide  sulfureux  et  peser  le  sulfate  de  baryte 
produit. 

Vins  blancs. —  Acide  sulfureux  libre  (Procédé  Ripper), — 
On  introduit  dans  un  matras  d'environ  lOO"  de  capacité, 
à  col  suffisamment  large,  50"  de  vin,  à  l'aide  d'une  pipette 
que  l'on  tient  très  prés  du  fond  du  matras.  Puis  on  ajoute 
50"  d'acide  sulfurique  dilué  au  tiers,  un  peu  de  solution 
d'amidon,  et  l'on  introduit,  aussi  rapidement  que  pos- 
sible, de  la  solution  d'iode  N/50,  en  agitant  souvent,  jus- 
qu'à ce  que  la  couleur  bleue  de  l'iodure  d'amidon  persiste 
pendant  quelques  instants,  malgré  l'agitation  du  liquide. 
De  la  quantité  employée  de  solution  d'iode,  mesurée  à 
l'aide  d'une  burette,  on  obtient  la  proportion  d'acide  sul- 
fureux libre  contenu  dans  le  vin.  En  multipliant  le  nom- 
bre de  centimètres  cubes  par  12.8,  on  obtient  directe- 
ment la  teneur  en  milligrammes  par  litre. 

Acide  sulfureux  total.  —  Dans  un  matras  d'environ 
200",  on  introduit  25"  de  solution  de  potasse  caustique,  à 
peu  prés  normale,  puis  50"  de  vin,  que  l'on  laisse  couler 
lentement  de  la  pipette,  dont  l'extrémité  doit  toujours 
plonger  dans  la  potasse  caustique.  On  laisse  agir  la  po- 
tasse caustique  sur  le  vin  pendant  quinze  minutes  ;  on 
ajoute  ensuite  10"  d'acide  sulfurique  dilué  au  tiers,  un 
peu  de  solution  d'amidon,  puis  on  titre  comme  précédem- 
ment pour  le  dosage  de  l'acide  sulfureux  libre.  Le  calcul 
est  aussi  le  même.  La  quantité  d'acide  sulfureux  combiné 
s'obtient  par  soustraction  de  l'acide  sulfureux  libre  du 
total  trouvé. 

En  appliquant  cette  méthode  à  des  vins  français, 
M,  Rocques  a  trouvé,  dans  certains  cas,  des  teneurs  en 
acide  sulfureux  assez  élevées  et  supérieures  à  celles  ad- 
mises par  les  chimistes  suisses. 


--  607  -- 
Voici  quelques-uns  de  ces  résultats  : 

Acide  sulfureux 
en  milligr.    par  litre 

libre  total 

Haut  Sauterne  1890. 56  284 

—          1893 10  276 

Barsac 47  274 

Graves 89  352 

—     86  256 

Pouilly 5  184 

Chablis 5  59 

—  Milly 5  55 

—  Moutonne 7  72 

—  —       7  92 

On  admet,  en  général,  que  Tacide  sulfureux  qui  n'est 
plus  dans  le  vin  à  l'état  de  liberté  s'est  combiné  à  l'aldé- 
hyde. Or,  M.  Rocques  a  eu  occasion  d'examiner  un  moût 
fortement  muté  à  l'acide  sulfureux,  qui  n'avait  pas  fer- 
menté, et  ne  renfermant  pas  trace  d'aldéhyde.  Ce  moût 
a  donné  : 

Acide  sulfureux  total 402  milligr.  par  litre. 

—  libre. 200  — 

D'autres  éléments  que  l'aldéhyde,  le  sucre  notamment, 
peuvent  donc  se  combiner  à  l'acide  sulfureux.  Afin  de 
vérifier  ce  fait,  l'auteur  a  fait  les  expériences  suivantes  : 

Expérience  A,  —  Il  a  ajouté  la  même  dose  de  solution 
aqueuse  d'acide  sulfureux  aux  trois  liquides  suivants  : 

1*  Eau  bouillie, 

2®  Solution  de  glucose  à  150^'  par  litre. 

3*  Solution  d'aldéhyde  à  5  p.  100  dans  l'alcool  à  90% 
250";  eau  bouillie,  750". 

Ces  trois  solutions  ont  été  titrées  à  plusieurs  reprises. 
Voici  les  résultats  obtenus  : 

Solution  Solution  Solution 

aqueuse  sucrée  aldchydique 

S 02  s  02  s 02  SO*  SOS 

Nombre        libre 

de  jours  ou  total  libre  total  libre  total 

0  62o»K'  615"8»  —  200"5'  610°»' 

5  550  375  610-*'  traces  590 

14  413  324  562  —  530 

22  120  220  400  _  505 


—608    -r 

Expérience  B,  —  On  a  ajouté  la  même  dose  d'une  Solu- 
tion de  bisulfite  de  soude  à  trois  solutions  renfermant  : 

1"  Eau  distillée  bouillie  seule; 

2^  Eau  distillée  bouillie  alcoolisée  à  10*; 

3**  Eau  distillée  bouillie  contenant  par  litre  :  160^ 
glucose;  6«''  acide  tartrique. 

L'analyse,  faite  à  plusieurs  reprises,  a  donné  : 


Eau  alcoolisée 

Solution 

Eau 

à  iO» 

sucrée 

Nombre 

S0« 

S  02 

s  08 

SOî 

de  jours 

libre  ou  total     libre  ou  total 

libre 

total 

0 

iOO-s' 

392»R' 

385-«' 

385T 

2 

378 

378 

225 

382 

3 

362 

375 

217 

— 

7 

325 

362 

180 

330 

16 

250 

335 

140 

275 

24 

110 

275 

23 

117 

Expérience  C.  — 

On  a   préparé 

deux 

solutions 

tenant  : 

Solution  E.  Eau  distillée  bouillie  ;  . 

.  .  .  . 

gso'» 

con- 


Solution  aqueuse  d'acide  sulfureux.  .  .      10 

Solution  F.  Eau  disliliéc  bouillie 900 

Solution  très  concentrée  de  glucose.  .  .      90 
Solution  aqueuse  d'acide  sulfureux ...      10 

On  a  conservé  une  partie  de  ces  solutions  dans  un 
flafîon  plein  et  bien  bouché  ;  l'autre  partie  a  été  placée 
dans  un  flacon  à  moitié  plein  seulement,  qui  a  été  agité 
de  temps  en  temps. 

'  Le  titrage  de  l'acide  sulfureux  libre  et  total  a  été  effec- 
tué à  des  intervalles  de  temps  assez  éloignés. 
.  Voici  quels  ont  été  les  résultats  obtenus  pour  les  fla- 
cons dont  le  liquide  était  .maintenu  au  contact  de  l'air: 

Solution  aqueuse  Solution  sucrée 


so« 

s  02 

S0« 

Nombre 

libre  ou  total 

libre 

total 

de  jours 

milligr.  par  litre 

milligr.  par 

litre 

milligr.  par  litre. 

0 

649 

647 

— 

1 

642 

565 

645 

6 

558 

477 

602 

45 

272 

277 

397 

^  609  — 

Le  titrage  opéré,  au  bout  de  quarante-cinq  jours,  sur 
les  solutions  conservées  dans  les  flacons  pleins  et  bien 
bouchés,  a  donné  : 

808  s  02 

libre  total 

Solution  aqueuse 600  600 

—      sucrée 467  612 

Ces  expériences  montrent  : 

1**  Que  Tacide  sulfureux  ajouté  au  vin  se  combine  rapi- 
dement à  l'aldéhyde,  et  que,  sous  cette  forme,  il  n'est 
plus  dosable  directement  par  la  liqueur  d'iode  ; 

2°  Que  l'acide  sulfureux  se  combine  partiellement  aussi 
au  sucre.  Mais  cette  combinaison  se  forme  beaucoup 
plus  lentement  ;  elle  n'est  pas  intégrale  comme  celle  que 
forme  l'aldéhyde; 

3°  Que  l'acide  sulfureux,  combiné,  soit  à  l'aldéhyde, 
soit  au  sucre,  disparaît  beaucoup  moins  rapidement  que 
l'acide  sulfureux  libre,  toutes  conditions  égales  d'ailleurs. 


BIBLIOGRAPHIE 


Helfenberger  Annalen,  1897  (1).  —  Depuis  1886,  la 
fabrique  de  produits  chimiques  d'IIelfenberg,  près  de 
Dresde,  publie  chaque  année  ime  brochure  dans  laquelle 
se  trouvent  relatés  les  travaux  scientifiques  effectués 
dans  son  laboratoire  de  recherches.  Cette  brochure  est 
rédigée  par  Eugen  Diéterich,  dont  le  nom  est  bien  connu 
des  pharmacologues  ;  et  ce  qui  la  rend  intéressante  pour 
les  pharmaciens,  c'est  qu'on  y  trouve  l'exposé  de  tous 
les  essais  qui  ont  été  faits  pour  étudier  la  valeur  des 
procédés  d'analyse  des  préparations  galéniqucs  au  fur 
et  à  mesure  de  leur  publication. 

Le  tome  XII,  ou  deuxième  de  la  seconde  série  se  divise 
en  trois  chapitres  : 

i.'TravaiÀX  originaux  et  résultats  d* analyses;  2.  Méthode 

(i)  Berlin,  Verlag  von  Jalius  Springer,  1898. 


■?^?T?ÎF^ 


—  610  — 

d'essai  des  préparations  pharmaceutiques;  3.  Travaux  du 
laboratoire  spécial  de  radiographie. 

Dans  le  premier  chapitre,  se  trouvent  un  travail  sur  les 
indices  d'acétyle  de  quelques  résines  :  térébenthine,  san- 
daraque,  résine  de  gaïac,  sangdragon,  dammar,  copal; 
une  série  de  recherches  sur  Tapplication  des  nouvelles 
méthodes  d'analyses  des  résines  à  Tessai  des  baumes  de 
copahu,  de  Maracaïbo  et  de  Para,  du  baume  du  Pérou, 
des  benjoin  de  Sumatra  et  de  Siam,  du  copal,  du  styrax 
et  de  la  myrrhe  ;  une  note  sur  la  fluorescine  et  le  rouge 
de  gambir,  une  autre  sur  la  saponification  à  froid  des 
graisses  et  des  huiles,  une  autre  sur  l'essai  des  noix 
de  kola  et  de  son  extrait;  enfin  un  long  travail  relatif  à 
l'essai  de  la  cire  d'abeille. 

Dans  le  même  chapitre  sont  exposés  les  résultats  des 
analyses  efi'ectuées  au  laboratoire  pendant  Tannée  1897. 
Ces  analyses  se  rapportent  à  des  médicaments  de  la 
pharmacopée  allemande  et  de  la  pharmacopée  autri- 
chienne ;  elles  donnent  une  idée  des  variations  (jue  Ton 
peut  rencontrer  dans  la  composition  de  ces  médicaments. 
Ainsi,  par  exemple,  pour  les  extraits  mous  de  belladone 
de  la  première  de  ces  pharmacopées  la  proportion  d'eau 
a  varié  de  17,55  p.  100  à  23,68  p.  100  et  la  proportion 
d'alcaloïdes  de  0,93  à  1,21p.  100. 

Dans  le  second  chapitre,  nous  trouvons  les  méthodes 
d'essai.  Ainsi,  pour  l'essai  du  baume  du  Pérou,  l'auteur 
donne  successivement  les  procédés  auxquels  il  a  eu  re- 
cours pour  déterminer  l'indice  d'acidité,  l'indice  de  sapo- 
nification, l'indice  éther,  la  partie  insoluble  dans  l'éther. 
le  dosage  des  matières  aromatiques  et  volatiles  (cinna- 
méine,  etc.),  le  dosage  de  l'éther  résineux  et  enfin  le 
poids  spécifique. 

Dans  le  troisième  chapitre,  l'auteur  décrit  les  appa- 
reils de  radiographie  qu'a  fait  construire  la  fabrique 
d'Helfenberg.  Vingt  reproductions  photographiques  ter- 
minent le  volume.  Em.  B. 


—  611  — 

Essai  de  classification  des  médicaments  chimiques  orga- 
niques; par  M.  Edmond  Dupuy,  professeur  à  la  Faculté 
de  médecine  et  de  pharmacie  de  Toulouse  (1). 

Ce  petit  livre,  résumé  de  l'étude  de  ces  médicaments 
qui  a  été  faite  dans  le,  tome  II,  fascicule  11  du  Cours  de 
Pharmacie  de  Tauteur,  est  un  sommaire  précis  contenant 
la  formule,  la  synonymie,  l'identification,  les  caractères  de 
contrôle,  les  incompatibilités,  les  préparations  galéni- 
ques,  des  notions  sur  l'action  physiologique  et  thérapeu- 
tique, les  modes  d'administration,  les  premiers  secours  à 
donner  dans  les  cas  d'empoisonnement. 


Annuaire  des  Eaux  minérales,  stations  climatériques, 
sanatoria  de  France  et  de  VÉtranger,  publié  par  la  Gazette 
des  Eaux  (40®  année)  (2). 

Cet  Annuaire  est  ainsi  divisé  : 

Renseignements  administratifs,  liste  des  médecins, 
statistique. 

Nomenclature  générale  des  stations  de  France  :  tableaux 
de  la  thermalité,  des  proportions  de  chlorure  de  sodium, 
de  sulfure  de  sodium,  de  fer,  d'oyde  de  lithium. 

Stations  d'hiver,  d'été  ;  sanatoria;  bains  de  mer. 

Sources  minérales  de  l'Étranger. 

Indications  thérapeutiques;  notices  descriptives  sur 
quelques  stations. 

Les  Nouveautés  chimiques  pour  1898;  par  M.  C.  Pou- 
lenc, docteur  es  sciences.  —  Nouveaux  appareils  de 
laboratoires,  méthodes  nouvelles  de  recherches  appli- 
quées à  la  science  et  à  l'industrie  (3). 


Polarisation  et  saccharimétrie  ;  par  M.  Sidersky  (4).  — 

(1)  Â.Maloine,  21,  rue  de  rÉcole-de-Médccine,  Paris,  1  yol.in-12,80  pages. 

(2)  Librairie  Maloino,  21  place  de  r£cole-de>Médecine,  Paris. 

(3)  Poulenc  frères,  boulev.  Saint-Germain,  122,  Paris;  117  figures  dans 
le  texte. 

(4)  Collection  des  aide-mémoire^  scclion  de  ringénicnr,  Gaulbier-Villars. 
Masson. 


—  612  — 

Est  divisé  on  deux  parties  :  la  première,  théorique  et 
descriptive,  contient  un  exposé  sommaire  des  propriétés 
de  la  lumière  polarisée,  du  pouvoir  rolatoire  spécifique, 
la  description  des  principaux  appareils  de  polarisation.  La 
seconde  partie  est  consacrée  à  l'application  des  constantes 
de  rotation  dans  l'analyse  quantitative  des  diverses  ma- 
tières sucrées,  des  alcaloïdes.  On  y  trouvera  tous  les 
détails  nécessaires  et  des  tables  qui  facilitent  l'applica- 
tion des  procédés  décrits. 


Comptes  rendus  de  rAcadémie  des  Sciences,  23  mai  1898.  —  Alb. 

Colson  :  Sur  les  zones  de  réaction.  —  J.  Rodriguez  Mourelo  :  Sur  les 
mélanges  phosphorescents  formés  par  le  sulfure  de  strontium.  —  H,  Ia  Cha- 
lelier  et  0.  Boudouard  :  Limites  dMnflammabiiité  des  Tapeurs  combustibles. 
A.  de  Gramont  :  Analyse  spectrale  des  minéraux  non  conducteurs,  en  les 
exposant^  pulrtTisés  et  fondus  avec  un  carbonate  alcalin,  à  Tnclion  de  Tétin- 
celle  condensée.  —  G.-F,  Jaubert  :  Synthèse  do  la  safraninc.  —  A,  Mou- 
neyrat  :  Action  du  chlore  en  présence  du  chlorure  d'aluminium  sur  le  chloral 
anhydre.  —  Léo  Vignon  :  Dosage  de  l'acide  phosphoriquo  dans  les  super- 
phosphates. —  M.  Nicloux  :  Sur  l'oxyde  de  carbone  contenu  normalement 
dans  le  sang, 

—  31  mai  1898.  —  G.  Baugé  :  Action  de  quelques  carbonates  sur  Tacé- 
late  chromeux.  —  G.  Charpy  :  Sur  les  états  d'équilibre  du  système  ter- 
naire :  plomb,  élain,  bismuth.  —  P.  Cazeneuve  et  Moreau  :  Sur  la 
diméthylpipérazine  et  quelques  combinaisons  phénoliques  de  celte  base.  — 
Chaleurs  de  neutralisation  de  l'acide  phénylphosphorique.  —  A.  Collet: 
Dérivés  halogènes  de  l'élhylphénylcétono. 


SOCIETE    DE    PHARMACIE    DE    PARIS 

Séance  du  1*'  juin  1898. 
Présidence  pe  M.  Bourquelot,  Président. 

M.  Bourquelot  signale  une  erreur  commise  dans  la 
rédaction  du  procès-verbal  de  la  précédente  séance  ;  en 
effet,  ce  procès-verbal  porte  l'élection  de  M.  Guillot 
coumie  membre  correspondant  national,  tandis  que  l'élec- 
tion n'a  lieu  que  dans  la  séance  qui  suit  la  lecture  du 
rapport,  d'après  les  statuts  de  la  Société. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance,  mis  aux 
voix,  est  adopté. 


—  613  — 

M.  Crinon,  à  propos  du  procès-verbal,  dit  que  la  8*  sous- 
commission  de  revision  du  Codex  n'a  pas  fait  mention 
d'une  formule  d'élixir  de  Terpine,  préparation  qui  est 
souvent  demandée.  M.  Crinon  adressera  une  formule  de 
préparation  qu'il  emploie  et  qui  est  une  modification  de 
la  formule  de  M.  Vigier. 

Présentation.  —  M.  Bocquillon  présente  à  la  Société 
deux  brochures,  l'une  :  Étude  analytique  des  eaux  miné- 
rales des  colonies  françaises;  l'autre  :  Étude  botanique^ 
chimique  et  pharm^acologique  du  Condurango  de  Loxa. 

M.  Bemou  présente  une  brochure  :  Action  nuisible  des 
eaux  séléniteuses  du  Nord-africain. 

Correspondance  manuscrite.  —  Le  bureau  du  troisième 
Congrès  de  chimie  appliquée,  qui  aura  lieu  à  Vienne 
en  1898,  invite  la  Société  de  pharmacie  à  désigner  des 
délégués  à  ce  Congrès.  La  Société  désigne  MM.  Patein 
et  A.  Petit  comme  délégués. 

Correspondance  imprimée.  —  Journal  de  Pharmacie  et 
de  Chimie  (2  exempl.)  ;  American  journal  of  Pharmacy 
(2  exempl.);  Pharmaceutical  journal  (4  exempl.);  Bulletin 
des  travaux  de  la  Société  de  Pharmacie  de  Bordeaux; 
L'Union  pharmaceutique;  Bulletin  commercial  de  la  P/iar- 
macie  centrale  ;  Revue  des  maladies  de  la  nutrition;  But- 
letin  de  la  Presse;  Intermédiaire  de  VAfas. 

Revision  du  Codex.  —  M.  Leidié,  rapporteur  de  la 
1"  sous-commission,  donne  lecture  de  son  rapport..  Cette 
sous -commission,  composée  de  M.  Marty,  président, 
MM.  Moissan,  Chassaing,  Bougarel,  Leidié,  avait  pour 
étude  les  acides  et  bases  inorganiques. 

Élections.  —  On  procède  aux  élections  à  une  place  de 
membre  résidant.  Le  nombre  des  votants  est  de  33  ;  ma- 
jorité absolue,  17.  M.  Georges  obtient  20  voix,  M.  Choay 
12  voix.  M.  le  président  proclame  M.  Georges  élu  comme 
membre  résidant. 

On  procède   à  l'élection  d'un  membre  correspondant 
national.  M.  Guillot  est  élu. 
-  La  séance  est  levée  à  quatre  heures  un  quart. 


^y^'^^m^^ 


614  — 


SOCIETE  DE  THERAPEUTIQUE 


Séance  du  25  mai  1898.  —  M.  Linossier  (de  Lyon) 
envoie  une  note  concernant  V action  du  formol  sur  la  di^ 
gestion.  Ce  produit  est  un  des  meilleurs  antiseptiques 
intestinaux;  il  est  également  précieux  pour  assurer  la 
conservation  de  certaines  substances  alimentaires. 

M.  Linossier  a  constaté  qu'il  exerce  une  influence  re- 
tardante sur  la  digestion  pancréatique  des  matières  albu- 
minoïdes,  mais  qu'il  n'entrave  pas  sensiblement,  aux 
doses  thérapeutiques,  l'action  de  la  salive  et  du  sue  gas- 
trique. 

M.  Legrand  a  traité  avec  un  insuccès  complet  par  Vextrait 
de  chélidoine  une  femme  atteinte  de  cancer  du  sein. 

M.  Soupault  lit  une  note  de  M.  Mathieu  sur  le  traite- 
ment  de  Vulcère  simple  de  Vestomac,  M.  Mathieu  cite  quel- 
ques pratiques  dangereuses  dont  M.  G.  Lyon,  dans  son 
rapport,  n'a  pas  assez  signalé  les  inconvénients;  par 
exemple,  l'emploi  de  la  sonde  ou  la  prescription  de  per- 
chlorure  de  fer  après  une  hémorrhagie.  En  pareil  cas,  la 
seule  conduite  à  tenir  est  la  suivante  :  supprimer  toute 
alimentation  buccale,  alimenter  le  malade  par  le  rectum. 

Les  lavements  alimentaires  exigent  quelques  précau- 
tions :  le  premier  jour,  on  n'injectera  que  200  à  300*'' 
d'eau  salée;  puis  on  essaiera  d'y  ajouter  un  œuf  bien 
battu,  et  peu  à  peu  on  remplacera  l'eau  par  du  lait. 

M.  Mathieu  se  prononce  nettement  contre  l'interven- 
tion chirurgicale  au  moment  de  l'hémorrhagie  ;  le  siège 
de  la  lésion  est  souvent  impossible  à  découvrir,  et  les 
résultats  sont  désastreux. 

M.  Soupault,  en  son  nom  personnel,  précise  les  indica- 
tions de  l'intervention  chirurgicale  en  cas  de  sténose 
pylorique.  Si  la  sténose  pylorique  et  la  stase  stomacale 
qui  en  résulte,  sont  dues  à  un  spasme  du  pylore,  il  faut 
recourir  à  la  médication  interne.  Si  au  contraire  la  sté- 
nose est  due  à  une  cicatrice  d'ulcère  localisé  dans  la  ré- 


—  615  — 

gion  du  pylore,  le  traitement  médical  est  impuissant,  le 
malade  dépérit  et  la  gastro-entérostomie  est  indiquée. 

M.  Barbier  présente  une  note  sur  le  traitement  médical 
de  la  diphérie.  Il  recommande  les  doses  élevées  de  sérum 
antiloxique  chez  les  malades  fortement  intoxiqués,  et  il 
rappelle  que  l'étendue  de  la  fausse  membrane  n'est  pas 
le  critérium  du  degré  de  l'infection. 

Outre  les  injections  de  sérum,  il  est  bon  de  prescrire 
les  lavages  aux  antiseptiques  faibles  et  le  phénol  sulfo- 
riciné. 

Enfin,  il  faudrait  pouvoir  isoler  les  diphtériques  à  ma- 
nifestations septiques  dont  le  voisinage  est,  pour  les 
diphtériques  purs,  une  menace  incessante  de  complica- 
tions graves.  Ferd.  Vicier. 


VARIETES  . 

Classement  des  Candidats  à  rinternat  de  pharmacie  de  Paris.  . 

1.  Coron.  —  2.  Sommelet.  —  3.  Coulon.  —  4.  Chevalier.  —  5   Fort.  — 
6.   Sermant.  —  7.  Aumasson.  —  8.  lourton.  — .9.  Dubat.  —  10.  Dalleû 

—  11.  Despré.  —  12.  Marguery.  —  13.  Robais.  —  14.  Lebarbier.  — 
15.  Desforges.—  16.  Planchard  —  17.  Salle.  —  18.  Delairc.  —19.  Léger, 

—  20.  Caplain.  —  21.  Lcfebvre.  —  22.  Couronnet.  —  23.  Esnault.  — 
24.  Guelorget.  —  25.  Cbampigny.  —  26.  Hersent.  —  27.  Cbauvin.  — 
28.  Bardy.  —  29.  Mauclin.  —  30.  Morcau.  —  31.  Fontaine.  —  32.  Chante- 
lou.  —  33.  Salmon.  —  34.  Gantelet  —  35.  Binei.  —  36.  Moulin.  — 
37.  Langlois. —  38.  Laumônier.  —  39   Leral.  —  40.  Bornot.  —  41.  Lefèvrc. 

—  42.  Héritier.  —  43    Bellay.  —  44.  Raoux..  —  45.  Rolland.  —  46.  Gallol, 

—  47.  Perraud.  —  48.  Bonneau.  —  49.  Angot.  —  50.  Vidal.  —  51.  Ihou- 
venin.  —  52.  Leroux. 


FORMULAIRE 

Benzoate  double  de  sodium  et  de  caféine  (l).  —  Ce  sel  est  employé 
parfois  en  solution  concentrée  pour  l'usage  hypodermique.  Pour  faciliter  la 
solubilité  du  benzoate  de  soude  et  do  la  caféine,  l'emploi  de  la  chaleur  ei»t 
tout  indiqué,  mais  on  rencontre  un  désagrément  pendant  le  refroidissoment 
du  liquide  il  se  forme  souvent  un  préripité.  11  provient  de  l'impureté  du 
benzoate  de  soude  préparé  commercialement  par  la  neutralisation  d'une  solu- 
tion chaude  de  carbonate  sodique  à  l'aide  de  l'acide  benzoïque.  De  la  sorte  ^ 
il  reste  du  carbonate  libre  que  l'on  peut  reconnaître  à  Taide  d'un  acide.  Pour 
obvier  à  cet  inconvénient,  M.  Bolla  préconise  l'addition  de  quelques  centi- 
grammes d'acide  benzoïque  k  la  solution  encore  chaude  du  benzoate  sodico- 
caféique.  De  cette  façon,  le  soluté  reste  limpide  pendant  un  temps  indéfini. 

{Vj  Bolleitino  chimico-farmaceuticOy  d'après  Jowrn.  de  Pharm. d'Anvers, 


—  616 


TABLE   DES  AUTEURS 


N.  B.  — •  Les  «  Renseignembnts  »,  compris  entre  les  deax  feuilles  de  coa- 
yertare  de  chaque  livraison,  sont  indiqués  dans  les  tables  qui  suiTenL 

Les  chiffres  arabes  renvoient  aux  pages  du  volume;  les  chiffres  romains, 
aux  pages  des  feuillets  de  «  Renseignements  ». 


Pages 

Adrian.  —  Note  sur  le  salicylale  de  méihyle 422 

Adrian  et  TriUat.  —  Sur  le  dosage  des  phosphoglycérates.   163,  225 

—  —  Étude  de  la  réaction  de  l'acide  phosphorique  sur  la  gly- 
cérine   226 

Sur  les  phosphoglycérates  acides 527 

Allen.  —  Nouvelle  méthode  d'essai  de  la  pepsine 111,  493 

André.  —  Le  gaïacyl 324 

Antony  et  Benelli.  —  Recherche  de  petites  quantités  de  plomb.  72 

Arnaud.  —  Recherches  sur  l'ouabaîne 196 

—  Action  des  alcalis  sur  Touabaîne 601 

Astmc.  —  Contribution  à  l'étude  des  glycérophosphates 5 


Backaus.  —  Sur  la  transformation  du  lait  de  vache  en  un  lait 
semblable  au  lait  de  femme 114 

Balland.  —  Semoules  et  pâtes  alimentaires 328 

Barbi.  —  Emploi  du  carragahcen  pour  émulsionner  l'huile  de 
foie  de  morue 66 

Bardach.  —  Sur  les  causes  de  la  coagulation  du  lait  par  la 
chaleur 113 

BartUé.  —  Sur  le  phosphate  bicalcique 41 

Bechmann.  —  Nouveaux  aperçus  sur  l'épuration  des  eaux 
d'égout , 560 

Belohonbek.  —  Sur  le  mode  d'action  du  chloral  dans  l'orga- 
nisme vivant 42a 

Belacrou.  —  La  vérification  des  poids  et  mesures  et  les  phar- 
maciens  XV 

Benelli.  —  Voir  Antony  et  Benelli 72 


—  617  — 

Pages 
Bertlielot  (  D.).  —  Points  de  fusion  de  l'argent  et  de  l'or.  ...    239 

—  Comparaison  des  valeurs  des  poids  atomiques  de  l'hydrogène, 

de  l'azote  et  du  carbone 543 

—  Récapitulation  des  [poids  atomiques  calculés  par  la   méthode 

des  densités  limites 591 

Berthelot  (M.).  —  Actions  chimiques  exercées  par  l'effluve  élec- 
trique     336,  395 

—  Sur  l'absorption  de  l'oxygène  par  le  pyrogallate  de  potasse.  .  485 

Bertainchand.  —  Note  sur  la  cire  d'abeilles  en  Tunisie 603 

Bolton.  —  Sur  les  progrès  de  l'alchimie  aux  États-Unis.  .  .  .    XVII 
Bordas,  Joalin  et  Raczkcwskl.  —  Du  dosage  de  l'acide  succi- 

nique  en  présence  des  acides  tarlrique  et  lactique 417 

—  et  Raczkcwski.  —  Formules  permettant  de  doser  facilement 
par  la  méthode  de  Duclaux  les  acides  volatils  produits  dans 
une  fermentation 479 

Bouffard  et  Semichon.  —  Contribution  à  l'élude  de  l'oxydase 
des  raisins.  Bon  utilité  dans  la  vinification 250 

Boucrault  —  Action  de  l'iode  sur  l'antipyrine.  Application  au 
dosage  de  l'antipyrine  et  au  dosage  de  l'iode 161 

Bonrcpielot.  —  Allocution  à  la  Société  de  pharmacie 143 

—  Sur  la  physiologie  du  gentianose;  son  déboublement  par  les 
ferments  solubîes 369 

—  et  Hérlssey.  —  Sur  la  matière  gélatineuse  (pectine)  de  la 
racine  de  gentiane 473 

—  et  Nardln.  —  Sur  la  préparation  du  gentianose 289 

Bonrrlllon.  —  Rapport  fait  à  la  Chambre  des  députés  au  nom 

de  la  Commission  chargée  d'examiner    la  proposition   de   loi 

adoptée  par  le  Sénat,  sur  l'exercice  de  la  pharmacie 389 

Bretean.  —  Sur  la  valeur  de  la  teinture  de  gaïac  comme  réactif 

des  agents  d'oxydation 569 

Brissemoret.  —  Sur  la   solubilité  de  la  théobromine  dans  les 

solutions  aqueuses  des  sels  à  réaction  alcaline    . 176 

Bnclmer  et  Aapp.  —  Fermentation  alcoolique  sans  cellules  de 

levure 26,  81,  86,  128,     187 

Bnlsine  (A.  et  P.)-  —  Production  d'acides  gras  volatils  au  moyen 

des  eaux  de  désuintage  des  laines 137 

—  Fabrication  de  l'huile  d'acétone,  en  particulier  de  la  méthyl- 
éthylcétone,  au  moyeu  des  eaux  de  désuintage  des  laines  ....    351 


Caries.  —  L'huile  d'olives  dans  les  conserves  alimentaires.  ...     139 

—  Recherche  et  dosage  du  plomb  dans  les  fers-blancs  et  dans  les 
conserves  alimentaires 184 

—  Fraude  des  vins  blancs  par  le  manganèse 416 

Gamot.  —  Sur  la  séparation  et  le  dosage  de  l'iode,  du  brome 

et  du  chlore 237 

Journ.  de  Pkarm.  et  de  Chim.,  6'  SÉRIE,  t.  VII.  (io  juin  4898  )  40 


m- 


i^--- 


—  618  — 

Pages 

Gansse.  —  Dosage  de  Tant! moine  par  voie  volu métrique 118 

Ghambers.  —  Voir  Morse  et  Chambers 121 

Ghappelle.  —  Dosage  du  carbone  urinaire 299 

Gharrin,  —  Les  défenses  de  l'organisme 38 

Chasse vant.  —  Nouvel  uréomètre  à  eau 52 

Ghoay.  —  Sur  l'activité  des  pancréatines 418 

Gordler.  —  Sur  le  dosage  du  suc  gastrique 248 

Gonsln.   —   Sur    quelques    dérivés   nouveaux    de   la    pyrocaté 

chine • 102 

—  Sur  quelques  dérivés  nouveaux  de  Tiioroopyrocatéchine  ....  23! 

Gronsel.  —  Le  vieillissement  des  eaux-de-vie  de  fruits V 

Gummins.  —  Formation  des  antitoxines 347 

Daocomo  et  Blalagulnl.  —  Sur  la  cosine 109 

Dastre  et  Floresco.  —  Les  nouveaux  pigments  biliaires  ....  302 

Pigments  hépatiques  chez  les  vertébrés 589 

DeflEusqz.  —    Sur   les   impuretés   de    l'aluminium   et   de    ses 

alliages 241 

—  Sur  un  iodure  de  tungstène 551 

Deléplne.  —  Sur  l'aldéhydate  d'ammoniaque 135 

Demoussy.  —  Sur  l'oxydation  des  ammoniaques  composées  par 

les  ferments  du  sol 256 

Denisrés.  —  Note  complémentaire  sur^  un    nouveau   mode  de 

dosage  de  la  caséine  des  laits 9 

—  Diagnose  rapide  du  pigment  des  sables  intestinaux 301 

—  Nouvelle  réaction   très   sensible   et   spéciflque  de  Tacide  ci- 
trique  487 

—  Nouveaux  procédés  pour  caractériser  l'ammoniaque  dans  une 
atmosphère  gazeuse 518 

—  Analyse  complète  d'une  salive  dans  un  cas  de  sialorrhée.  .  .  .    587 
Dessrres-  —  Sur  la  décomposition  du  chloroforme,  du  bromo- 

forme  et  du  chloral  par  la  potasse  aqueuse 35 

—  et  Nicloux.  —   Sur  la  décomposition  du  chloroforme   dans 
l'organisme 36,    349 

Dethan.  —  Sur  l'ipécacuanha  strié  majeur 375 

-~  Sur  l'ipécacuanha  ondulé.  . 532 

Dewar.  —  Sur  la  liquéfaction  de  l'hydrogène  et  de  l'hélium.  .  .  541 

Drouln.  —  Voir  Potain  et  Drouin 495 

Itaolaïuc.  —  Rapport  sur  les  boissons  alcooliques 498 

Dulière.  —  L'essence  de  santal  citrin  et  ses  falsifications  ....  332 

—  Dosage  du  santalol 553 

Dayk.  —  Les  huiles  essentielles  au  point  de  vue  chimique  et 

industriel 74,  123,    190 

—  L'échaulTement   sulfurique   appliqué  à  l'examen  des  huiles 
essentielles 244 


—  619  — 

Pages 
Fabrls.  — -  Emploi  de  la  coagulation  dans  les  travaux  de  labo- 
ratoire   346 

—  Détermination  de  la  glycérine  dans  les  vins  sucrés 350 

Falières.  —  Titrage  des  phosphoglycérates 234 

—  Sur  les  glycérophosphates  de  quinine 294 

—  Note  reclitlcative  à  propos  du  ti^trage  de  Tacide phosphoglycérique  467 

Flcqnet.  —  Voir  Grimbert  et  Ficquet 97 

Floresco.  —  Voir  Dastre  et  Floresco 302 

Fonses-Diaoon.  —  Comparaison  du  gaiacol  et  de  quelques-uns 

de  ses  éthers  par  leur  élimination  urinaire 172 

François.  —  Essai  de  la  théobromine 521 

GalUeni  (Lettre  du  général)  au  D'  Legrain XXIV 

Garlel.  —  Rapport  sur  la  radiographie  et  la  radioscopie  dans  les 

établissements  hospitaliers 330 

Gérard  (E.).  —  Examen  chimique  de  la  salive  dans  un  cas  de 

sialorrhée  chez  un  épileptique 12 

—  Sur  les  cholestérines  des  végétaux  inférieurs 372 

Granoher.  —  Prophylaxie  de  la  tuberculose 504,  580 

Grancrer.  —  Étude  des  phosphures  métalliques 546 

Gréhant.  —  Le  grisoumètre I 

Grimbert  et  Flccpiet.  —  Sur  un  nouveau  ferment  des  tartrates, 

le  Bacillus  tartricus 97 

Guérln.  —  Sur  la  présence  constante  d'un  principe  alcaloîdique 

dans  les  vins  naturels 323 

Gnéronlt.  —  Disparition  de  Tempoisonnement  saturnin  par  la 
substitution  partielle  de  l'acide  métastannique  à  la  potée  d'étain 

dans  le  polissage  du  cristal 434 

Gulnochet.  —  Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  de  Phar- 
macie     149,  201 

Halm.  —  Emploi  de  l'acétone  comme  dissolvant 349 

Hara.  —  Sur  l'iodure  d'amidon 426 

Hérlflsey.  —  Sur  le  pouvoir  rotatoire  du  chlorhydrate  de  cocaïne.  59 

—  Sur  la  présence  de  l'émulsine  dans  les  lichens 577 

—  Voir  Bourquelot  et  Hérissey 473 

Rerzfeld.  —  Sur  la  chaux  vive 441 

Hnart.  —  Les  alcaloïdes,  les  leucomalnes  et  les  ptoma'ines.  428,  597 
HacTPiuienqi-  —  Sur  une  nouvelle  falsiûcation  des  vins  :  les  vins 

blancs  fabriqués  au  permanganate  de  potasse 321 

Hurst.  —  Dosage  du  sucre  et  de  l'acide  phénique  dans  les  savons.  350 


Imbert  et  Pages.  —  Étude  critique  des  procédés  de  dosage  vo- 
lumétriques  des  glycérophosphates 378 


—  620  — 

Pages 

JaTllller.  —  Note  sur  Thuile  de  croton 524 

Jean  (Ferdinand).  —  Note  sur  l'analyse  du  sulfure  de  sodium 

brut 170 

—  Note  sur  la  séparation  et  le  dosage  du  plomb,  du  cuivre  et 

de  l'arsenic 230 

Joannls.  —  Sur  l'existence  d'un  sulfate  cuivreux !22 

Jofflroy.  —  Étude  expérimentale  de  l'alcoolisme  chronique  chez 

le  chien 178 

Joly.  — -  Recherches  sur  le  phosphore  organique 297 

Jonlie.  —  Dosage  de  l'acidité  des  urines  .  .  . 116 

Jonlln.  —  Voir  Bordas,  Joulin  et  Raczkowski -417 

Jolllard.  —  Encore  à  propos  de  la  conservation  des  limonades.  15 


Kinspsr.  -r  Analyse  des  poudres  de  réglisse 304 

Kokn.  —  Fabrication  et  propriétés  du  carborundum 442 

Kraut.  —  Sur  le  carbonate  de  zinc .  73 

Kon^-ffjra'we..—  Contribution  à  la  chimie  des  tannins 194 


Z«abl»é.  —  Statistique  citée  dans  un  discours  au  Sénat XIX 

Laborde.  —  Sur  l'oxydase  du  Botryiis  cinerea 253 

I^aliaclie.  —  Note  sur  le  tfol  (pierre  à  savon  des  Arabes)  et  sur 

un  procédé  pour  émulsionner  l'huile  lourde  de  houille 57 

Lannois.  —  Voir  Linossier  et  Lannois 435 

Lebean. —  Sur  la  préparation  des  alliages  de  glucinium.  Alliages 

de  glucinium  et  de  cuivre 240 

—  Préparation  du  glucinium  par  électrolyse 345 

—  Sur  l'iodure  de  glucinium 592 

—  Sur   le  .traitement   industriel  de   l'émeraude   au  four   élec- 
trique   550 

Ledac.  —   Sur   la  composition  de  l'air  en  divers  lieux  et  la 

densité  des  gaz. 306 

Lemport.  —  La  peplone  des  amandes  douces 427 

Leroy.  —  Le  service  pharmaceutique  militaire  à  l'étranger.  .  .  273 

Le  Roy.  — i  Recherche  de  la  sciure  de  bois  dans  les  farines.  .  .  494 

Leys.  —  Recherche  du  rocou  dans  le  lait 286 

LJebl*echt.  —  Combinaisons  iodées  de  la  caséine 21 

Linossier  et  Lannois.—  Sur  l'absorption  cutanée  de  l'iode,  de 

l'iodoforme,  "de  l'iodure  d'éthyle  et  du  salicylate  de  méthyle.  .  .  435 


Mabery.  —  Sur  la  constitution  des  pétroles  de  Pensylvanie,  de 

rOhio  et  du  Canada 604 

Macrnler  de  la  Sonrce.  —  Analyse  des  eaux  de  ChâteUGuyen.  596 

Malagnlnl/  -^-Voir  Daccomo-el  Malaguini 109 


—  621  — 

Page» 

Mansler.  —  Sur  la  préparation  de  l'eau  chloroformée 585 

Martlnand.  —  Sur  la  préparation  des  vins  blancs  à  Taide  des 

raisins  rouges 312 

Maria.  —  Sur  la  graisse  retirée  du  liquide  d'une  ascite  chy- 

leuse 174 

—  Dosage  de  la  trypsine  dans  le  sang.  . 539 

Matrot.  —  Transformation  de  la  sorbite  en  sorbose  par  le  my- 

coderma  vini 49 

Meyer.  —  Sur  la  composition  de  l'huile  de  ricin 68 

Moissan.  —  Nouvelle  méthode  de  préparation  des  carbures  par 

l'action  du  carbure  de  calcium  sur  les  oxydes 70 

—  Sur  les  conditions  de  formation  des  carbures  alcalins,  des 
carbures  alcalino-terreux  et  du  carbure  de  magnésium 240 

Moncoiir.  —  Du  glycérophosphate  de  quinine 384 

Morse  et  Ghambers.  —  Sur  le  dosage  du  permanganate  de  po- 
tassium   121 

Monren.  —  Revue  de  chimie  organique 258 

—  Rapport  à  la  Société  de  pharmacie  sur  les  prix  de  thèses.  .  .  2G5 


Nardin.  —  Voir  Bourquelot  et  Nardin 289 

Nlolonx.  —   Dosage    chimique  de  l'oxyde  de  carbone   contenu 

dans  l'air,  même  à  l'état  de  traces 343 

—  Voir  Desgrez  et  Nicloux 36,  349 


Œsclmer  de  Gonlnok.  —  Sur  une  oxyptomaïnc 311 

Orlof.  —  Sur  la  présence  de  la  bélaîne  dans  la  racine  de  gui- 
mauve     108 


PaflT^s.  —  Voir  Imbert  et  Pages 378 

Pateln.  —  De  la  nature  des  combinaisons  de  Tantipyrine  avec 

les  aldéhydes 79 

Pechmann.  —  Sur  le  diazométhane 258 

Phlsallx.  —  La  tyrosine,  vaccin  chimique  du  venin  de  vipère.  .     197 
Plchard.  —  Recherche  et  dosage  rapides  du   manganèse  dans 
les  plantes  et  les  terres  végétales  par  une  méthode  colorimé- 

trique 307 

Planchon  (G.).  —  L'enseignement  de  la  pharmacie  au  Jardin 

des  Apothicaires 356,  406,  461,    515 

Planchon  (Louis).  —  Sur  les  propriétés  toxiques  du  Diplotaxis 

erttcoïdes  D.  G 16 

-^  Sur  la  fréquence  du  Pénicillium  glaucum  Link  dans  les  li- 
quides chimiques  et  pharmaceutiques  altérés 537 

Poehl.  —  Effets  physiologiques  et  thérapeutiques  de  la  spermine.    182 


—  622  — 

Pages 
Potain  et  Dronin.  —   Sur  remploi  du  chlorure  de  palladium 
pour  la  recherche  dans  l'air  de  très  petites  quantités  d'oxyde  de 
cnrbone  et  sur  la  transformation  de  ce  gaz,  à  la  température 

ordinaire,  en  acide  carbonique 495 

Poitevin  —  Sur  la  sacchariAcation  de  l'amidon  par  Tamylase  du 

malt 601 

Foaerot.  —  Sur  les  sulfoantimonites  alcalins 594 

PiLTCkner.  —  Préparation  d'un  phosphate  ferrique  soluble.  .  .  .    342 


Hacskowskl.  —  Voir  Bordas  et  Raczkowski 417,  479 

Rapp.  —  Voir  Buchner  et  Rapp 26,  81,  86,  128,  187 

necoura.  —  Acides  chromosulfochromiques.  Chromosulfochro- 

mates  alcalins 185 

—  Action  des  sulfites  alcalins  sur  les  sels  chromiques 446 

Renesse.  —  Huile  de  foie  de  morue  iodo-ferrée 68 

Htban.  —  Fabrication  de  la  céruse  au  moyen  d'un  procédé  nou- 

viau 484 

Rlcbe  (Alf.).  —  Essais  des  bronzes  monétaires 281 

—  Rapport  au  Conseil  d'hygiène  de  la  Seine,  sur  la  fabrication 

du  cyanure  de  potassium 398 

—  La  cirrhose  des  buveurs  et  le  plâtrage 447,  507 

Blegel.  —  Essai  du  sirop  de  framboises 588 

Robin.  «  Dosages  volumétriques   simultanés  de  l'acide  sulfu- 

rir[ue  et  de  la  chaux  dans  les  eaux 283 

—  Méthode  de  dosage  des  nitrites  dans  les  eaux 575 

Koccpies.  —  L'acide  sulfureux  dans  les  vins 605 

Rugfferl.  —  Voir  Tortelli  et  Ruggeri 444,  519 


Saint-Martin  (L.  de).  —  Les  inhalations  de  chloroforme  déter- 
minent-elles la  production  d'oxyde  de  carbone  dans  le  sang?..  292 

Sayre.  —  FalsiÛcation  de  la  rhubarbe 540 

Scïbmidt  (R.).  —  Sur  la  préparation  de  la  tannalbine 24 

Schnee^ans.  —  Sur  la  proportion  de  sucre  contenue  dans  les 

Meurs  de  bouillon  blanc 583 

8chrelber.  —  Recherche  de  la  kryoflne  dans  l'urine 62 

Schalze.  —  Sur  la  présence  de  glutamine  et  d'un  corps  azoté 

nouvau,  la  ricidine,  dans  les  pousses  étiolées  du  ricin 107 

Scbayten.  —  Dosage  du  mercure  dans  les  dissolutions  de  ses 

îiels 73 

Semichon.  —  Voir  BouflTard  et  Semichon 250 

Simon.  —  Un  réactif  coloré  de  l'aldéhyde  ordinaire 135 

—  Réaction  colorée  nouvelle  de  la  phénylhydrazine 242 

8mith.  —  Action  de  l'acide  nitrique  sur  le  triphénylmétbane.  .  347 

Btillman.  —  Action  de  l'acide  nitrique  sur  l'aluminium  .....  592 


—  623  — 

Tambach.  —  Essai  de  la  tannalbine *1] 

Telle.  —  Dosage  volumétrique  de  l'acide  sulfurique  combiné  •  .  Vl-) 
Thoms.  —  Sur  la  présence  de  la  choline  et  de  la  trigonelline 
dans  les  semences  de  Slrophanlus  et  sur  la  préparation  de  la 

strophantine )'i(l 

Tortelli  et  Rnggerl.  —  Recherche  de  Thuile  de  coton  dans  les 

huiles  comestibles 44i,  5Hi 

Trabnt.  —  La  mélanose  des  mandarines TSï 

Trlllat.  —  Voir  Adrian  et  Trillat 103,  225,  226,  ,'».*: 


Valeur.  —  Quinones  et  hydroquinones \s 

Vallln.  —  Nouveaux  apen^us  sur  l'épuration  des  eaux  d'égout.    'jiii) 
ViflTler  (Ferd).  —  Rapport  sur  les  thèses  présentées  à  la  Société 
de  pharmacie 1  Ti 


Welimer.  —  Sur  de  nouvelles  moisissures  donnant  de  l'acide 
citrique ^f^^ 


Tvon.  —  De  l'emploi  du  carbure  de  calcium  pour   la   prépara- 
tion et  le  contrôle  de  pureté  de  l'alcool  absolu fm) 


—  624  — 


TABLE   DES  INATIÈRES 


Pages 
Absorption  cutanée  de  l'iode, 

etc 435 

Académie  de  médecine.  48,  504 
Académie  des  sciences.  .  .  142 
Acétone  comme   dissolvant.    349 

—  (Fabrication    de    l'huile 

d') 138,    351 

Acide  citrique  (Nouvelle  ré- 
action de  1') 487 

—  citrique  (Moisissures  don-      t, 
nant  de  1') 584 

—  métastannique  substitué  à 

la  potée  d'étain 433 

—  nitrique  (Action  de  1')  sur 

le  triphénylméthane  ....    317 

—  nitrique  (Action  de  V)  sur 
l'aluminium 592 

—  phénique  dans  les  savons.    350 

—  phosphorique     (  Réaction 

de  Y)  sur  la  glycérine.  .  .    226 

—  succinique  (Dosage  de  l').    417 

—  sulfureux  dans  les  vins.  .    605 

—  sulfurique  (Dosage  de  1') 
combiné 165 

—  sulfurique  (Dosage  de  1') 
dans  les  eaux 283 

—  thymique 191 

Acides   chromosulfochromi- 

ques 185 

—  gras  volatils  (Production 

d') 137 

—  tartrique  et  lactique  (Do- 
sage de  l'acide  succinique 

en  présence  des) 417 


Pages 
Acides  volatils  (Dosage  des) 

des  fermentations 479 

Actions  chimiques  exercées 

par  l'eflluve  électrique  336,  395 
Agar-agar  (Gelées  à  1').  ...  367 
Air   (Composition  de  V)  en 

divers  lieux 306 

Alcaloïde  dans  les  vins  .  .  .    323 

Alcaloïdes 428,    597 

Alchimie  aux  États-Unis.  XVII 
Alcool  absolu 100 

—  (Dénaturation  de  1").  138, 

351,  352,  471,    XX 

—  (Déceptions  du  monopole 

de  1')  en  Russie XXI 

—  (Éclairage  par  V) VII 

—  (Influence  de   1')   sur   le 
travail   musculaire .  .  .    XVIII 

Alcooliques     (Rapport     sur 

les  boissons) 498,  XXiV 

Alcoolisme  expérimental  chez 

le  chien 178 

Aldéhydate  d'ammoniaque .  135 
Aldéhyde  (Réactif  coloréde  P).  135 
Aldéhydes  (Combinaisons  de 

l'antipyrine  avec  les).  ...     79 
Aluminium  substitué  au  cui- 
vre en  électricité.  .  .  .    XVIII 

—  (Impuretés  de  V)  et  de  ses 
alliages 241 

—  (Action  de  l'acide  nitrique 
sur  l') 592 

Amandes  (Peptone  des)  dou- 
ces   427 


—  625  — 


Pages 
Amidon  (lodure  d') 426 

—  (Sacchariflcalion  de  V)  .  .    601 

—  (Action  de  Tanhydride 
sulfureux  sur  V) IV 

Ammoniaqne  (Procédés  pour 
caractériser  V)  dans  une  at- 
mosphère gazeuse.  .  ;  .  .  .  548 
Ammoniaques  (Oxydation 
des)  composées  par  les  fer- 
ments du  sol 256 

Amylase  du  malt 601 

Antifébrine  (Microchimie  de 

1') 127 

Antimoine  (Dosage  de  1']  .  .    118 
Antipyrine  (Action  de  Tiode 
sur  1') 161 

—  (Combinaisons  de  1')  avec 

les  aldéhydes 79 

—  (Dosage  de  V)  .  \ 161 

Antitoxines  (Formation  des).  347 
Apothicaires     (  L'enseigne  - 

ment  de  la  pharmacie  au 
Jardin  des).  356,  406,  461,    515 

Arabes  (Pierre  à  savon  des).      57 

Argent  (Point  de  fusion  de 
l') 239 

Arsenic  (Séparation  et  do- 
sage du  plomb,  du  cuivre 
et  de  1') 230 

Ascite  chyleuse  (Liquide 
d*une) 174 

Aspidiote  pernicieux.  .  .    XXIII 

Association  générale  des 
Pharmaciens XX 

A20te  (Poids  atomique  de  1').    543 

Bacillns  tariricus 97 

Bétaine  dans  la  guimauve.  .  108 
Benzoate  double  de  sodium 

et  de  caféine 615 

Bibliographie.  Annuaire  des 

eaux  minérales 611 

—  Barella.  De  V alcoolisme,  .  44 

—  Barillé.  Sur  le  phosphate 
bicalcique 41 


Pages 

—  Baucher  et  Dommergue. 
Traité  pratique  d'analyse 
chimique  et  microbienne  des 
eaux  d'alimeihtation 452 

—  Becker.  Manuel  d*électrO' 
chimie  et  d' électrométallur- 
gie   564- 

—  Bocquillon  -  Limousin. 
Formulaire  des  médica- 
ments nouveaux 263 

—  Crinon.  Revue  des  médi- 
caments nouveaux.  .....    503 

—  Dehérain.  Les  Plantes  de 
grande  culture 313 

—  Duclaux.  Traité  de  micro- 
biologie       140 

—  Dupuy.  Essai  de  classifi- 
cation des  médicaments  chi- 
miques organiques  611 

—  F]e\ireni.  Manuel  pratique 
(f  analyse  chimique  appli- 
quée à  Vexamen  des  pro- 
duits industriels  et  com- 
merciaux       4i 

—  HelfenbergerAnnalen  1897.    609 

—  Hugounenq.  Précis  de  chi- 
mie physiologique  et  patho- 
logique       40 

—  Lassa r-Cohn.  Die  Sœuren 
der  Bindergalle  und  der 
Menschengalle 563 

Praxis  der  Hamanalyse.    564 

—  Poulenc.  Les  nouveautés 
chimiques  pour  1898.    ...    611 

—  Sidersky.  Polarisation  et 
sacchaHmétrie 611 

—  Tarif  des  douanes  de 
France 264 

—  Sommaires.  45,  91,  142, 
199,  265,  314,  354,  402,  453, 

503,  565,    612 
Bichromates  alcalins  (Fabri- 
cation des) 308 

Biliaires  (Pigments) 302 

Blanchiment   électroly tique.    443 


—  626 


Page» 
Botrytis    cinerea    (  Oxydase 

du). 253 

Bomllon   blanc  (Sucre  con- 
tenu dans  les  fleurs  de)  .  .    583 
Brome  (Dosage  du)  et  sa  sé- 
paration d*avec  le  chlore.  .    120 

—  (Séparation  et  dosage  de 

Fi  ode  du)  et  du  chlore.  .  .  237 
Bromoforme  (Décomposition 

du)  par  la  potasse  aqueuse.      35 
Bromes  (Essais  des)  moné- 
taires  281 

Caféine  provenant  des  thés.  XI 
Gaontchoao  à  Madagascar.  XXIV 

Gaptol 65 

Carbonate  de  zinc 73 

Carbone   (Dosage    du)   uri- 

naire 299 

-—  (Poids  atomique  du).  .  .  .  543 

Carborundom 442 

Carbure  de  calcium  (Action 

du)  sur  les  oxydes 70 

—  de  calcium  pour  la  prépa- 
ration et  le  contrôle  de  pu- 
reté de  Talcool  absolu.  .  .  100 

—  de  magnésium  (Forma- 
tion du) 240 

Garbures  (Préparation  des).  .      70 

—  alcalins   (Formation  des) 

et  des  alcalino-terreux.  .  .  240 
Carragaheen    pour     émul- 

sionner  Thuile  de  foie  de 

morue 66 

Caséine  (Combinaisons  iodées 

de  la) 21 

—  (Dosage  de  la)  des  laits.  .       9 
Cémse  (Fabrication  de  la).  .    484 
Chambre  syndicale  des  pro- 
duits chimiques  de  Paris.     XI 

Chàtel-Gnyon  (Analyse   des 

eaux  de) 596 

Chaux  vive 441 

—  (Dosage  de  la)  dans  les 
eaux 283 


Pages 
Chloral   (Action    du)    dans 
l'organisme 425 

—  (Décomposition  du)  par  la 
potasse  aqueuse 35 

Chloralose XIII 

Chlore  (Brome  séparé  d'avec 
le) 120 

—  (Séparation  et  dosage  de 
Tiode,  du  brome  et  du)  .  .    237 

Chlorhydrate  de  cocaïne.  .  .      59 
Chloroforme  (Décomposition 
du)  par  la  potasse  aqueuse.      35 

—  (Décomposition  du)  dans 
l'organisme 36,    349 

—  (Le)  produit-il  de  l'oxyde 

de  carbone  dans  le  sang?    292 
Chloroformée  (Préparation  de 

l'eau) 585 

Chlorure  de  palladium  pour 
la  recherche  de  l'oxyde  de 

carbone 495 

Cholestérines   des  végétaux 

inférieurs 372 

Çholine  dans  le  Strophantus.    400 
Chromiqaes  (Action  des  sul- 
fites alcalins  sur  les  sels).    446 
Chromosulfochromates  alca- 
lins      185 

Cire  d'abeilles  de  Tunisie  .  .    603 
Cirrhose  des  buveurs  et  plâ- 
trage     447,    507 

Coagulation  (Emploi  de  la) 
dans  les  travaux  de  labo- 
ratoire  346 

Coca  (Dangers  des  vins  de).  XXIV 
Cocaïne  (Chlorhydrate  de).  .      59 

—  (  Fabrication  de  la  )  aux 
Indes 558 

—  et  sublimé  pour  ii^ections 
hypodermiques  .......    368 

Congrès  international  d'hy- 
giène et  de  démographie  de 
Madrid XH 

Consenres  (  Huile  d'olives 
dans  les) 139 


627  — 


Pages 

Conserves  (Plomb  dans  les).  184 

Corps  de  santé  militaire.  .  .  VII 

Gosine 109 

Cristal  (Polissage  du).  .  .  .  434 
Cuivre  (Alliages    de  gluci- 

nium  et  de) 240 

•^  (Séparation  et  dosage  du 

plomb,  du)  et  de  l'arsenic  .  230 

Guivrenz  (Sulfate) 122 

Cyanure  de  mercure  (Stérili- 
sation des  instruments  de 

chirurgie  par  le) 582 

Cyanure  de  potassium  (Fa- 
brication du) 398 

Défenses  (Les)  de  l'organisme  38 
Dénaturation  de  l'alcool.  138, 

351,  352,  471,  XX 
Désuintage  (Eaux  de)    des 

laines. 137,  351 

Diasométhane 258 

Diplotazis  erucoïdes    (Pro- 
priétés toxiques  du).  .  .  .  16 
Doctorat  d'université  ....  468 

Eau  (Approvisionnement  de 
Paris  en) II 

—  chloroformée 585 

Eaux  (Dosage  de  l'acide  sul- 

furique   dans  les).  .  .  168,    283 

—  (Dosage  des  nitrites  dans 

les) 575 

—  (  Température  des  )  de 
l'océan  Pacifique  du  Nord. 

XVIII 

—  de  Châlel-Guyon 596 

—  de  désuintage  des  laines. 

137,    351 

—  d'égout  (Épuration  des).  .    560 
Eau- de -vie    (Vieillissement 

des)  de  fruits V 

Éclairage  par  l'alcool VII 

Électrique  (Actions  chimi- 
ques exercées  par  l'ef- 
nuve). 336,    395 


Pages 
Électriques    (Aluminium 
substitué   au  cuivre  dans 
les  canalisations).  .  .  .    XVIII 
Électrolytique  (Blanchi- 
ment)     443 

Émeraude  (Traitement  in- 
dustriel de  1')  au  four  élec- 
trique      550 

Emulsine  dans  les  lichens.  .    577 
Enseignement  de  la  pharma- 
cie au  Jardin  des  Apothi- 
caires. .  .  .    356,  406,  461,    515 
Essence  de  cèdre 194 

—  de  genièvre 193 

—  de  girofle 76 

—  de  persil 126 

—  de  romarin 193 

—  de  Sabine 193 

—  de  sanUl 74,  332»    553 

—  de  sassafras 124 

—  de  thym 190 

Essences  au  point   de    vue 

chimique  et  industriel.  74, 

123,    190 

—-  (L'échaulTement  sulfuri  - 
que  appliqué  à  l'examen 
des) 244 

Ëtain  (Acide  métastannique 
substitué  à  la  potée  d').  .  .    433 

Ezalgine  (Microchimie  de  1').    127 

Exposition  internationale  des 
produits  industriels  et  ali- 
mentaires à  Prague.  ...     XI 


Farines    (Recherche   de    la 

sciure  de  bois  dans  les).  .  .    494 
Fer-blanc  (Plomb  dans  le^.  .    184 
Ferment  des  tartrates.  ...      97 
Fermentation  alcoolique  sans 
cellules  de  levure.  26,  81, 

86,  128,     187 
Fermentations   (Dosage  des 

acides  volatils  des).  ....    479 
Ferments  du  sol 256 


—  628  — 


Pages 
Ferments  solubles  (  Dédouble- 
ment du  gentianose parles^.    369 
Fomialaire .  .  367,  472,  568,    615 


Galac    (Teinture  de)   réactif 

des  agents  d'oxydation .  •  .  569 
Gaiacol  (Comparaison  du)  et 
de  ses  élhers  par  leur  éli- 
mination urinaire 172 

Gaïacyl 324 

Gelées  à  Tagar-agar 3G7 

Gentiane     (Matière   gélati- 
neuse de  la  racine  de).  .  .  473 

Gentianose 289,  369 

Glucinium  (Alliages  de)  .  .  .  240 

—  (lodure  de) 592 

—  (Préparation  du) 315 

GItttamine  dans  le  ricin.  .  .  107 
Glycérine     (Réaction    de 

Tacide    pbosphorique    sur 

la) 226 

—  dans  les  vins 350 

Glycérophospliate     de     fer 

(Vin  de) 568 

Glycèrophosphates.    5,  163, 

225,  234,  320,  378,  467,  527 

—  de  quinine 29i,  384 

Graines  (Vitalité  des)  ....  VI 

Graisse  d'une  ascite  cbyleuse.  174 

Grisoumètre I 

Guimauve  (Bétaïne  dans  la).  108 


Hélium  (Liquéfaction  del>  .  511 

Hépatiques  (Pigments).  ...  589 
Homopyrocatéchine  (Dérivés 

de  l'j 231 

Huile  d'acétone 138,  351 

—  de  croton 524 

—  de  foie  de  morue  (Carra- 
gaheen   pour  émulsionner 

1') 66 

(Émulsions  diverses  d').  67 

iodo-ferrée 68 


Hnile  lourde  de  houille  .  .  . 

—  d'olives  dans  les  conser- 
ves   .  .  . 

—  de  ricin  (Composition  de  T). 
Huiles   comestibles    (  Huile 

de  coton  dans  les).  .    444, 

—  essentielles.  V.  Essences. 
Hydrogène  (Liquéfaction  de 

V) 

—  (Poids  atomique  de  1').  .  . 
Hydrocpiinones 


Pages 

57 

139 
68 

519 


541 
543 

38 


Internat  en  pharmacie.  V, 

XVII,  320,  615 

Intestinaux  (Sables) 301 

Iode  (Absorption  cutanée  de 

1) 435 

—  (Action  de  1')  sur  l'anli- 
pyrine 161 

—  (Dosage  de  1) 161 

—  (Extraction  industrielle  de 

1) 549 

—  (Séparation  et  dosage  de 

1'),  du  brome  et  du  chlore.  237 
Iodées  (Combinaisons)  de  la 

caséine 21 

lodocrol 23 

lodoforme  (Absorption    cu- 
tanée de  V) 435 

lodogallicine 23 

lodure  d'amidon 426 

—  d'élhyle  (Absorption    cu- 
tanée de  1') 435 

—  de  glucinium 592 

—  de  tungstène 551 

Ipécacuanha  strié  msjeur.  .  375 

—  ondulé 532 


Kryofine  dans  l'urine.  ...     62 


Laines  (Eaux  de  désulntage 
des) 137,    351 


--  629  — 


Pages 
Lait  (Dosage  de  la  caséine  du)       9 

—  coagulé  par  la  chaleur.  .    113 

—  de"  vache  transformé  en 

lait  de  femme 114 

—  (Recherche  du  rocou  dans 

le).  ' 286 

Leucomaines 428,    597 

Leyure  (Fermentation  alcoo- 
lique sans  cellules  de).  26, 

81,  86,  128,  187 
Lichens  (Emulsine  dans  les)  577 
Limonades  (Conservation 

des) 15 

Liquide    d'une    ascite    chy- 

leuse 174 

Liquides  {Pénicillium  glau- 
cum  dans  les)  pharmaceu- 
tiques altérés 537 

Lt>i  sur  Texercice  de  la  phar- 
macie   XV,    389 


Malt  (Amylase  du) 601 

Mandarines  (Mélanose  des).    236 
Manganèse  (Minerais  de). .  .    III 

—  dans   les  plantes   et   les 
terres  végétales 307 

—  (Fraude  des   vins  blancs 

par  le) 416 

Marqnes  de    fabrique  phar- 
maceutiques  XIII 

Médecins  militaires VII 

Mélanose  des  mandarines  .  .    236 
Mercure  (Dosage  du) ....  .     73 
Mercnrenz  (Transformation 
des  sels)  en  sels  mercuri- 

ques 427 

Méthacétine     (  Microchimie 

de  la) 127 

Méthyléthylcétone 351 

Militaire  (Corps  de  santé)  .  .  VII 

—  (Service  pharmaceutique)- 

à  l'étranger  .  ;  .  .  ^  ;  .  .  .    273 
Ministre  du  commerce  (Ré- 
ponse du)  à  M.  Adrian.  .  .     XI 


Pages 
Moisissures  donnant  de  IV. 

cide  citrique 584 

Monétaires    (Essais   des 

bronzes) 281 

Mycoderma  vini 49 


Naphtol  camphré 472 

Nécrologie  :  Dragendorff. .  .  453 
Nickel  (Raffinage  du)  en  Amé- 
rique   310 

Nitrites  (Dosage  des)  dans 

les  eaux •  575 


Octroi  (Solution  des  contes- 
tations avec  V) XXI 

Or  (Point  de  fusion  de   1').    239 
Organisme(  Les  défenses  de  V)     38 

Ouabalne 196,    601 

Oxydase  du  Botrytis  cinerca.    253 

—  des  raisins 2.50 

Oxydation  des  ammoniaques 

composés  par  les  ferments 

du  sol 256 

—  (Teinture  de  gaîac,  réactif 

des  agents  d') 569 

Oxyde   de  carbone   dans   le 
sang 292 

—  de  carbone  contenu  dans 
l'air :  .  .  .  343,    495 

Oxygène  (Absorption  de   V) 
parlepyrogallate  de  potasse    485 

Oxyptomaine.    . 311 

Ozone  (Emplois  de  1')  ...  .    544 


Pacifique  (Température  des 
eaux  de  l'Océan)  du  Nord. 

XVIII 

Palmarès  des  prix  de  TÉcole 
de  pharmacie  de  Paris.  .    223- 

Pancréatines  (Activité  des).    418 

Paris  (Approvisionnement  de) 
en  eau Il 


-^  630  — 


427 

308 

121 

321 
308 


Pages 

Pâtes  alimentaires 328 

Pectine  de  la  racine  de  gen^ 

tiane 473 

Pénicillium  glaucumàans  les 
liquides  pharmaceutiques 

altérés 537 

Pepsine  (Essai  de  la).  .111,    493 
Peptone  des  a  mandes  douces. 
Percarbonates  alcalins  (Fa- 
brication  des) 

Permanganate  de  potassium 
(Dosage  du) 

—  de  potasse  (Vins  blancs 
au) 

—  aicalins  (Fabrication  des). 
Persulfates  alcalins   (Fabri- 
cation des) 308 

Pétrole 604.  III,    XVII 

-^  solidiflé VI 

Pharmaceutique     (  Service  ) 

militaire  à  |rétranger.  ...    273 
Pharmacie  centrale  de  France 
contre  l'octroi  et  la  régie.  XXI 

—  centrale  des  hôpitaux.  Con- 
cours      XI 

—  (L'enseignement  de  la)  au 
Jardin    des    Apothicaires, 

356,  406,  451, 

Phamaciens  militaires,  48, 
95,  320, 

Phénacétine  (Microchimie  de 
la) 

Phénylhydraxine  (Réaction 
colorée  de  la) 

Phosphate  ferrique  soluble. 

Phosphoglycôrates.  Voir  Gly- 
cérophosphates 

Phosphore  organique  .... 

Phosphures   métalliques.  .  . 

Pigment  des  sables  intesti- 
naux  

Pigments  biliaires 302 

—  hépatiques  des  vertébrés.    589 

Pipérenal 125 

Plâtrage  des  vins,  169,  447,    507 


515 

520 

127 

242 
342 


297 
546 

301 


591 
434 


35 


Pages 
Plomb  (Recherche  du)  .  .  .    72 

—  (Séparation  et  dosage  du), 

du  cuivre  et  de  rarsenic. .  230 
^  dans  les  fers-blancs  et  les 

conserves 184 

Poids  (Vérification  des)  et  me- 
surée  XV 

—  atoml<|ues  (Récapitulation 
des) 

Polissage  du  cristal 

Potasse  aqueuse  (Décomposi- 
tion du  chloroforioe,  du 
bromoforme  et  du  chleral 

par  la) 

Poudres  de  réglisse 304 

Prix  décernés  aux  lauréats 
de  l'École  de  pharmacie.  .   223 

Protargol 63 

Ptomalnes 428,  597 

Pyrocatéchine  (Dérivés   de 

la) m 

Pyrogaliate  de  potasse  (Ab- 
sorption de  l'oxygène  par 
le) 485 


Quinones 38 


Radiographie  et  radioscopie 

dans  les  hôpitaux 330 

Raisins  (Oxydase  des).    ...  250 

Rayons  Rœntgen  et  la  végé- 
tation   X 

Régie  (Solution  des  contesta- 
tions avec  la) XXI 

Réglisse  (Analyse  des  pou-  I 

dres  de) 304 

Rhubarbe  (  Falsification  de 

la).  .  ' 540 

Ricidine  dans  le  ricin.  ...  107 

Ricin  (Glutamine  et  ricidine  | 

dans  le) 107 

Rocou  (Recherche  du)  dans 

le  lait m 


—  631  -- 


Pages 
Rotatoire  (Pouvoir)  du  chlor- 
hydrate de  cocaïne 59 


Sables  intestinaux 301 

Saccharification  de  Tamidon.    601 
Salicylate  de  méthyle,    422,    435 

Salitannol 25 

Salive  (Analyse  de).  ...  12,    587 
Sang  ^ Oxyde  de  carbone  dans 
le) 292 

—  (Dosage   de    la    trypsine 
dans  le) 539 

SanUlol  (Dosage  du) 553 

Savon  (Pierre  à)  des  Arabes.      57 

—  au  sable  (Préparation  du).     IV 
Savons  (Dosage  du  sucre  et 

de   Facide  phénique   dans 

les) 350 

Semoules 328 

Sirop  de  framboises  (Essai  du)    588 
Société  de  pharmacie  (Compte 
rendu  des  travaux  de  la), 

149,    201 

—  de  pharmacie  (Comptes 
rendus  de  la),  91,  217,  315, 

402,511,  565,    612 

—  de  pharmacie  (Liste  des 
membres  de  la) 454 

—  de  pharmacie.  Séance  an- 
nuelle  du  5  janvier,  143, 

201,    265 

—  de  thérapeutique  (Comptes 
rendus  de  la),  46,  93,  221, 
271,  318,  364,  413,  518,  566,    614 

Sorbiie  (Transformation  de 
la)  en  sorbose 49 

Spécialités  (  Réglementation 
de   la  vente  des)   XIII,  XXIII 

Spermine 182 

Statistique  citée  par  M.  Lab- 
bé XIX 

Stérilisation  des  instruments 
de  chirurgie  par  le  cyanure 
de  mercure 582 


Pages 
Strophantine     (  Préparatior^ 

de  la) 400 

Strophantns  (Choline  et  tri- 

gonelline  dans   le) 400 

Sublimé  et  cocaïne  pour  in- 
jections hypodermiques.  .  368 
Suc  gastrique  (Dosage  du)  .  248 
Sucre  dans  les  savons.  ...  350 
—  dans  les  fleurs  de  bouillon 

blanc 583 

Sulfate  cuivreux 122 

Sulfites  alcalins  (Action  des) 

sur  les  sels  chromiques.  ..  446 
Sulfoantimonites  alcalins  .  .  594 
Sulfure  de  sodium  (Analyse 

du)  brut 170 

Sulfureux  (Action  de  Tanhy- 

dride)  sur  l'amidon IV 


Tannage  électrique 604 

Tannalbine(Préparationdelaj  24 

—  (Essai  de  la) 24 

Tannins 194 

Tannone 26 

Tartrates  (Ferment  des).  .  .  97 
Terres  (Manganèse  dans  les)  307 
Tfol  (Pierre  à  savon  des  Ara- 
bes)   67 

Thé  (Déchets  dei XI 

Théobromine  (Essai  de  la).  .  521 

—  (Solubilité  de  la) 176 

Thèses    (Catalogue   des)   de 

pharmacie IX 

—  présentées  à  la  Société  de 
pharmacie 145,  265 

Thymol 191 

Trigonelline  dans   le    Siro' 

phantus 400 

Triphénylméthane    (  Action 

de  l'acide  nitrique  sur  le)  347 
Trypsine  (Dosage  de  la)  dans 

le  sang 539 

Tuberculose  (Prophylaxie  de 

la) 504,  580 


~  632 


Paires 

Tnngstâna  flodure  d^u  ...  551 
Tyro^ine,    vaccin    du   venin 

de  vipère .  197 

Uréomàtra  k  e.iu. 52 

UriuAlrû  iDos^iS^edu  carbone)  299 
—  (CoiTipfiniisfin   du   galacoi 

et  dtî  ses  élhers  pur  leur 

élinnnation) 172 

Urine  (KryoAne  dans  V).  .  .  6Î 
Urines   (Dasage   de  r»ridîK< 

défi)* 110 


Vanille  (Prépara Lion  de  lau    556 

Vanillinfl 123 

Variétés.  .    ^8,  95,  142,  2î3, 
272,  320,  3G7j  416,  471,520, 

568,    61a 

Vératrols .     103 

Vérification  des  poids  et  me- 
sures»   XV 


Tin  de  phosphoglycérate  rïe 

fer- 568 

Vinifioation.   ,,......    250 

Vins  (Fsd^iricution  des).  -  .  -    321 

—  (Actfle  siilfar*^ux  dans  le*^)    6Û5 

—  I Glycérine  dans  les).  -  .  .    350 

—  (Plùlrage  des).  .  169,  447,    507 

—  ^Principe     alealoîdique 
dans  les),  .........*    Z"}1 

—  blancs  préparés  avec  des 
FAisUis  rouges 312 

—  blancvi  au    permanganate 

de  potasse 321 

—  Iilanctj  (Fraude dei?)  par  le 
luanuranèse.  ,...*....    -116 

Vipère  rt'vi'osi'nej  vae^rin  du 
venJu  de). , rj7 


Ztsc  (Carbonate  de)  ^  ...  -      73 


Gravares  daiïs  le  texte,  pages  54,  ï&3^  376,  377,  533,  h^h. 


Le  Gérant  :  G.  MASSON. 


m['aiNEkl£  I.  rUHMAUQH,  Itf,  KUA  RACIJfK,  7  A  US. 


Jonmal  de  Pharmacto 

N*  f.  —I—  I"  Janvier  1898 


RENSEIGNEMENTS 


L6  Grlsoumètre  par  M.  N.  Grôhant. —  J'ai  beaucoup  perfectionné  cet  instramciit  qui  a 
été  inventé  par  M.  Coquillon. 

L'oxyde  de  carbone  fait  encore  plus  de  victimes  que  le  grisou,  d'où  Timportancc  des  recherches 
qui  m'ont  permis  de  découvrir  la  loi  d'absorption  de  l'oxyde  de  carbone  par  le  sang  d'un 
animal  vivant. 

J'ai  fait  respirer  pondant  une  demi -heure  à  un  chien  un  mélange  d'air  et  d'oxyde  de  carbone 
titré  à  1  p.  1.000;  100  litres  d'air  renfermaient  100  centimètres  cubes  d'oxyde  de  carbone  pur; 
pour  préparer  ce  mélange  titré,  j'emploie  le  gazomètre  à  rainure  de  M.  de  Saint-Martin  ;  on 
trouve  que  100  centimètres  cubes  de  sang  de  l'animal  qui  a  respiré  pendant  une  demi-heure, 
introduits  dans  le  vide  de  la  pompe  à  mercure  et  traités  par  l'acide  acétique  qui  convertit 
l'hémoglobine  en  hématine,  laissent  dégager  des  gaz  qui  sont  analysés  au  grisoumètre  et  qui 
renferment  5««,5  d'oxyde  de  carbone. 

Si  Ton  fait  respirer  à  l'animal,  le  lendemain,  un  mélange  à  1/2.000,  on  trouve  dans  100  cen- 
timètres cubes  de  sang,  2««,7  d'oxyde  de  carbone;  dans  un  mélange  k  1/4.000,  1*',35;  dans  un 
mélange  à  1/10.000,  0^,55. 

Il  y  a  donc  proportionnalité  exacte  entre  le  volume  d'oxyde  de  carbone  que  Ton  trouve  dans 
le  sang  et  celui  qui  existe  dans  Tair,  mais  notre  liquide  nourricier  est  un  puissant  condensateur 
d'oxyde  de  carbone. 

Si,  au  lieu  de  faire  respirer  à  un  animal  de  l'oxyde  de  carbone  mélangé  avec  l'air  pendant  une 
demi-heure,  on  le  fait  respirer  plus  longtemps,  la  proportion  de  l'oxyde  de  carbone  dans  le  sang 
augmente  beaucoup. 

Chez  un   chien   qui  respirait  un  mélange  à  1/1.000,   iOO  centimètres  cubes  de   sang  ren- 
fermaient : 
Au  bout  d'une  heure,  8*'',3  d'oxyde  de  carbone  ; 
Au  bout  de  deux  heures,  10  centimètres  cubes; 
Au  bout  de  trois  heures,  18«»,3. 

Cette  proportion,  de  18" ,3,  est  déjà  très  dangereuse;  elle  serait  certainement  mortelle  chez 
l'homme,  surtout  pendant  le  sommeil. 
Rien  n'est  plus  fréquent  que  l'empoisonnement  des  hommes  par  l'oxyde  de  carbone. 
Ce  ne  sont  pas  seulement  les  pauvres  qui  se  chauffent  avec  des  appareils  défectueux  dans 
lesquels  les  produits  de  la  combustion,  au  lieu  de  se  dégager  dans  la  cheminée,  refluent  par  eu 
has  dans  l'air  qu'ils  respirent,  qui  sont  exposés  aux  accidents  causés  par  la  vapeur  de  charbon, 
c'est-à-dire  par  l'oxyde  de  carbone,  ce  sont  aussi  les  riches. 

M.  et  M"»  X.,  au  mois  de  décembre  1896  ont  été  pris  dans  la  journée  de  nausées,  de  vomisse- 
ments, de  faiblesse  musculaire,  de  violents  maux  de  tôte;  jle  médecin  appelé  diagnostiqua  un 
empoisonnement  aigu  par  l'oxyde  de  carbone  causé  par  l'air  chaud  d'un  calorifère  de  cave,  et 
il  ordonna  à  ses  clients  d'aller  immédiatement  habiter  un  hôtel  du  voisinage.  Des  experts 
médecins,  des  experts  architectes  furent  nommés  :  un  médecin  expert  me  pria  d'intervenir  et 
d'étudier  expérimentalement  la  question. 

Je  fis  allumer  le  calorifère  de  cave  en  demandant  d'élever  le  plus  possible  la  températui*c  de 
l'air  des  appartements,  et  après  deux  jours  de  chauffage  intense  jour  et  nuit,  je  tls  prendre 
au  niveau  d'une  bouche  de  chaleur,  dans  un  grand  sac  de  caoutchouc,  300  litres  d'air  que 
j'analysai  dans  mon  laboratoire  :  j'y  trouvai  trois  fois  plus  d'acide  carbonique  que  dans  l'air 
pur,  un  millième  environ;  mais  ayant  fait  respirer  l'air  du  sac  à  un  chien  pendant  une  demi- 
heure,  je  n'ai  pas  trouvé  dans  le  sang  la  moindre  trace  d'oxyde  de  carbone. 

Ce  résultat  négatif  a  fait  abandonner  toute  idée  de  procès  et  les  choses  se  sont  arrangées 
à  l'amiable. 

Toutefois,  un  autre  accident,  survenu  chez  un  médecin  de  mes  amis,  et  qui  ne  pouvait  être 
attribué  qu'à  un  calorifère  de  cave,  m'a  fourni  un  résultat  positif  :  j'ai  trouvé  au  niveau  d'une 
bouche  de  chaleur  de  l'air  renfermant  1/2.000  d'oxyde  de  carbone,  proportion  qui  est  loin  d'iUre 
négligeable. 

Une  longue  série  de  recherches  entreprises  sous  les  auspices  du  Conseil  municipal  de  Paris, 
qui  a  bien  voulu  voter  en  ma  faveur  une  allocation  spéciale,  ce  dont  je  lui  suis  ti'ès  reconnaissant, 
m'a  conduit  à  découvrir  un  fait  important  :  c'est  que  la  surface  extérieure  de  la  fonte  portée  a»- 
rouge  décompose  l'acide  carbonique  de  l'air  ambiant  et  le  réduit  en  oxyde  de  carbone;  j 


installé  dans  une  »alle  de  mon  laboratoire  un  poêle  dit  le  corps  de  garde,  qaa  j^  fait  eotoarer 
d*un  cylindre  de  tôle  muni  d'une  tubulure  supérieure  :  en  faisant  passer  autour  du  poêle  porté  an 
rouge  un  courant  d'air  chargé  d'acide  carbonique,  j'ai  pu  empoisonner  un  animal  astreint  à 
respirer  les  gaz  refroidis,  qui  est  mort  avec  le  sang  oxycarboné  (1). 

il  faut  donc,  à  l'aTenir,  éviter  de  chauffer  les  poêles  jusqu'au  rouge,  ou  il  faut  établir  an 
dispositif  tr'ès  simple  qui  permette  de  rejeter  au  dehors  l'air  qui  circule  autour  des  parois  ronges. 
Voici  un  résamé  des  expériences  que  j'ai  faites  sur  ce  gaz  : 

Un  mélange  d'acétylène  et  d'air  contenant  40  p.  100  de  carbure  et  21  p.  100  d'oxygène  produit 
de  l'agitation  chez  un  chien  qui  le  respire;  l'animal  meurt  au  bout  de  51  minutes;  il  feal  dose 
une  très  forte  dose  d'acétylène  pour  empoisonner  un  animal. 

J'ai  composé  une  série  de  mélanges  d'acétylène  et  d'air  que  j'ai  comparés  à  des  mélanges  de 
gaz  d'éclairage  et  d'air;  l'inflammation  avait  lieu  k  l'aide  d'un  fil  de  platine  porté  au  ronge  : 
Acétylène.       Air.  Acétylène.  Gaz.         Air.  6a<  d'éclairage. 

t  1      Brûle,  flamme  fuligineuse  .  .      1  1  ne  brûle  pas. 

1  3      Détonation I  2  — 

Dépôt  de  charbon 1  3  détonation. 

1  5      Forte  détonation 1  5         forte  détonation. 

1  7      Très  forte  détonation 1  7  détonation  un  peu  moins  forte. 

1  9      Tube  brisé 1  11  faible  détonation. 

1  14      Détonation  moins  forte.  ...      1  12         plus  d'inflammation. 

1  20      Inflammation  sans  détonation. 

1  25  — 

ÏA  flamme  de  l'acétylène  est  très  éclairante,  il  faut  protéger  les  yeux  qui  sont  trop  vivement 
impressionnés  par  son  éclat. 

A  propos  de  l'approvisionnement  de  Paris  en  ean  (2).  —  M.  A.  Gadand ,  rapporteur 

de  celte  question  à  la  Ghambes  des  députés,  laisse  entendre  qu'après  avoir  capté  les  eauiduLoing 
et  du  Luuain,  la  ville  de  Paris  se  verra  bientôt  amenée  à  réclamer  Toxpropriation  d'autres  sources. 

OU  ira*t-elle  porter  son  choix?  Sera-ce  sur  le  Loiret  ou  sur  quelque  autre  cours  d'ean?  On  ne 
sait;  mais  ce  qui  semble  certain,  c'est  que  si  Ton  continue  à  appliquer  le  aystème  des  pe^ 
paquets^  toutes  les  vallées  dans  un  rayon  grandissant  autour  de  Paris,  seront  successivement 
desséchées  pour  alimenter  d'eau  la  capitale. 

-  Mv-Ged^ud  dit  cependant  qu'il  a  été  question  de  puiser  17  millions  de  mètres  cubes  d'esnpu: 
jour  dans  le  lac  de  NeuchAtel  ;  mais  la  dépense  de  300  à  400  millions  lai  paraît  trop  élevée. 

Cependant  il  oublie  de  parler  de  la  quantité  de  force  utilisable  à  Paris  et  sur  le  |tarcours  qae 
donnerait  ce  travail. 

Ce  n'est  cependant  pas  une  quantité  négligeable. 

La  différence  de  niveau  entre  le  lac  de  Neuchâtcl  et  la  Seine  k  Paris  est  de  404  mètres.  Pour 
17  millions  de  mètres  cubes,  cela  donne  6.868  milliards  de  kilogrammètres  ou  1.059.000  eheviui- 
vapeur  disponibles. 

Kn  admettant  une  perte  de  force  de  25  p.  100,  il  resterait  encore  791.000  chevaux  utilisablf^^. 

Si  l'on  doit  se  servir  pour  l'alimentation  de  Paris  du  quart  des  17  millions  de  mètres  cubes. 
soit  4.250.000  mètres  cubes  ou  sept  à  huit  fois  sa  consommation  actuelle  et  qu'on  les  mette  d^ns 
des  réservoirs  à  100  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  Seine,  il  resterait  encore  741000  chewM- 

Connue  le  cheval-vapeur  exige  pour  sa  production  environ  an  kilogramme  de  charbon  p» 
heure,  ou  24  par  jour,  et  que  ce  charbon  coûte  15  francs  les  1.000  kilogranimea,  on  tron^erait 
donc  \k  une  force  équivalente  à  celle  que  produiraient  6.491.160  tonnes  de  charbon  parsn.  ou 
97.367.400  francs. 

Quoique  les  turbines  hydrauliques  exigent  pour  leur  installation  et  leur  entretien  bien  nioias 
de  frais  que  les  machines  à  vapeur,  vous  jugerez  que  je  compte  trop  sur  des  clients  disposés  s 
user  d'une  si  grande  force. 

Diminuez  des  trois  quarts  si  vous  le  voulez  le  prix  du  cheval •  vapeur ,  cela  ferait  encore 
24.300.000  francs  par  an,  ce  qui  est  bien  plus  que  suffisant  pour  amortir  les  frais  de  premier 
établissement. 

On  procurerait  ainsi  aux  industries  électriques  naissantes  la  force  li  bon  marché  dont  elles  ont 
besoin,  et  qui  leur  donnerait  un  essor  considérable. 

Je  ne  compte  pas  le  grand  bénéfice  que  procurerait  k  la  salubrité  de  Paris  le  déversement  d'not 
si  énorme  quantité  d'eau  pure,  dans  la  capitale  et  dans  la  Seine. 

(1)  II.  Saint«-Claire  Deville,  le  gérerai  Morin  ont  fait,  il  y  a  longtemps  [déjà,  des  erpérieaeei  eooeltwnt?? 
de  cet  ordre.  A,  ft. 

(2)  Rev.  seùtttif.   1»  septembrr.  [Extrait-) 


Journal  Aé  Pharmacie 

NO  2.  —  m  —  15  Janvier  1808. 


RENSEIGNEMENTS 


Les  minerais  de  mangaAèse.  —  D'après,  une  récente  statistique,  le  poids  total  de  man- 
ganèse extrait  annuellement  dans  le  monde  entier  est  d'environ  500.000  tonnes.  Près  de  la  moitié 
de  ce  total,  240.181  tonnes,  viennent  de. la. Russie,  principalement  du  Caucase. 

Les  principaux  producteurs  qui  viennent  ensuite  .sont  l'Allemagne  (41.000  tonnes),  la  France 
(30.385  tonnes),  le  Chili  et  la  Colombie  (ensemble  20.900  tonnes),  le  Japon  (16.000  tonnes), 
rinde  (15.800  tonnes),  la  Turquie  (15.000  tonnes),  la  Bosnie  (12.500  tonnes),  enfin  la  Suède 
(3.000  tonnes). 

L'Ile  de  Cuba,  dont  la  partie  sud-est  est  très  riche  en  minerais  de  manganèse,  en  a  exporté 
autrefois  jusqu'à  22.000  tonnes.  Suivant  Geological  Survey,  Texploilation,  presque  complète- 
ment arrêtée  depuis  l'insurrection,  ne  donnait,  en  1895,  que  1.394  tonnes. 

lA  prodnctloii  da  pétrole.  —  Voici,  d'après  le  Bulletin  de  statistique  et  de  législation 
comparée,  quelles  sont  les  quantités  qu'on  a  extraites  dans  les  dernières  années  des  principaux 
centres  de  production.  Ces  statistiques  se  rapportent,  pour  la  plupart,  à  l'année  1895;  quelques- 
unes  seulement  ont  trait  à  l'année  1894. 

D'après  ce  travail,  la  Prusse  a  produit  1.600  tonnes  dont  la  valeur  sur  place  était  estimée 
229.000  francs;  les  autres  pays  d'Allemagne,  15.400  tonnes  estimées  955.000  francs;  la  Hongrie 
(et  Croatte-Slavonie),  111,900  tonnes  valant  8.066.000  francs;  l'Italie,  3.600  tonnes  estimées 
930.000  francs;  les  Indes  et  possessions  anglaises  en  Asie,  41.000  tonnes  en  1894;  le  Japon, 
13.000  tonnes  en  1853.  Le  Canada  a  produit  103.000  tonnes  estimées  6.222.000  francs.  A  côté  de 
ces  pays,  la  Russie  et  les  États-Unis  conservent  la  supériorité  que  nous  avons  déjà  signalée.  La 
production  des  États-Unis  atteint,  en  1865,  8.191.000  tonnes  évaluées,  sur  place,  à  la  somme 
énorme  des  298.841 .000  francs,  ce  qui  met  le  prix  moyen  de  la  tonne  à  36  fr.  48.  La  production 
russe,  qui  était  de  4.798.000  tonnes  en  1892,  est  do  4  millions  880  000  tonnes  en  1894. 

La  Russie  et  surtout  les  Étals-Unis  sont  les  grands  fournisseurs  de  pétrole  du  monde.  Voici, 
pour  ce  qui  concerne  la  France,  comment  ses  achats  se  répartissent  entre  ces  deux  pays.  Si  l'on 
considère  les  chiffres  du  commerce  général  pour  1896»  c'est-à-dire  les  quantités  arrivées,  on  voit 
que  la  France  a  reçu,  en  huiles  brutes  de  pétrole  et  de  schiste  (les  tableaux  des  douanes  ne  font 
pas  de  distinction),  de  Russie,  34.602.536  kilos  et  des  États-Unis,  239.909.521  kilos.  Les  quan- 
tités d'huiles  raffinées  et  essences  de  pétrole  et  de  schiste  reçues  de  ces  deux  pays  ont  atteint, 
en  1896,  44.788  hectolitres  pour  la  Russie  et  239.281  hectolitres  pour  les  États-Unis.  La  Franco 
a  reçu,  en  outre  de  Russie,  33.467.275  kilos  d'huiles  lourdes  et  résidus  de  pétrole  et  21  millions 
9(52.477  kilos  d'autres  pays. 

Au  point  de  vue  de  la  valeur  des  quantités  livrées  à  la  consommation,  on  trouve  pour  les  huiles 
brutes  de  pétrole  et  de  schiste,  pour  l'année  1896,  29.356.328  francs,  au  lieu  de  29.491.044  francs 
pour  1895.  La  valeur  des  quantités  d'huiles  raffinées  et  essences  de  pétrole  et  de  schiste  livrées  à 
la  consommation  est  bien  moindre,  elle  n'atteint  que  4.8-40  772  francs. 

La  quantité  considérable  d'huile  brute  de  pétrole  introduite  en  France  indique  que  ropérallon 
du  raffinage  est  surtout  pratiquée  au  lieu  de  consommation,  et  en  effet,  bien  qu'il  existe  d'énormes 
raffineries  de  pétrole  aux  États-Unis,  la  France  en  possède  un  certain  nombre.  Le  raffinage  du 
pétrole  donne  le»  résultats  suivants  :  l'éther  de  pétrole  ;  l'essence  minérale-  qui  sert  à  l'éclairage, 
mais  qu'on  ne  peut  employer  que  dans  les  lampes  à  éponge,  en  raison  du  danger  que  présente- 
rait la  présence  d'une  certaine  quantité  de  ce  liquide  dans  la  lampe  ;  l'huile  lampante  appelp-^ 
Tulgairement  pétrole;  l'huile  lourde;  la  paraffine;  des  goudrons;  du  coke  de  pétrole;  et  enf^i 


—  IV  — 

la  vaseline,   substance  molle  et  onctuease,  aujourd'hui  aussi  connue  que  la  paraffine  el  fort 
employée  k  des  usages  très  divers. 

Préparation  du  savon  an  sable  (i).  —  Le  savon  au  sable  sert  an  récurage  de  rèlûn  et 
du  fer-blanc  ainsi  qu'au  nettoyage  des  tables  dé  bois,  de  marbre  et  enfin  à  entretenir  i  l'état  de 
propreté  les  éviers,  dallages  et  pierres  de  foyer.  C'est  un  excellent  savon  pour  tous  ceux  qui 
travaillent  au  feu,  au  fer,  k  la  forge,  etc.,  il  enlève  promptement  les  maculatures  produites  par 
la  suie,  sans  qu'il  puisse  avoir  d'action  sur  la  peau« 

D'après  Moride,  on  le  prépare  au  moyen  d'un  simple  savon  d'empàtage  en  employant  : 

Huile  de  coprah 100  kilogrammes. 

Lessive  de  soude  éaustique  à  22*  B 160         ^ 

Solution  de  carbonate  de  potasse  à25*B 100         — 

Solution  de  chlorure  de  potassium  à  13*  B 400         — 

Sel  de  soude  Solvay,  90*/9a* 20         — 

Ce  savon  est  mis  à  sécher,  coupé  en  copeaux,  puis  fondu  avec  le  moins  d'eau  possible,  dus 
une  chaudière  à  double  fond,  chauffée  par  la  vapeur. 

La  p&te  étant  très  liquide,  on  introduit  en  chaudière  du  sable  blanc  fin,  et  on  opère  an  bras- 
sage énergique  de  la  masse  à  l'aide  d'un  mélangeur  mécanique. 

Lorsque  l'homogénéité  est  parfaite,  on  coule  aussitôt  dans  des  moules,  où  la  sotidificatiea 
s'opère  rapidement. 

Le  journal  <  Les  corps  gr<u  induêtrieU  »  donne  d'après  le  Seifensieder-Zeitung  le  mode  de 
préparation  suivant  :  saponifier  100  kilogrammes  huile  de  coco  avec  180  kilogrammes  de  lessive 
caustique  à  20*  B.,  dès  que  la  cuite  est  arrivée  à  clair,  couper  avec  un  peu  d'eau  salée  et,  siii 
pâte  est  trop  molle,  ajouter  1  à  2  kilogrammes  de  carbonate  de  sodium  sec. 
~  tTÔilVlIr  ia  chaudière  pendant  quelques  heures,  puis  écumer  la  surface  de  la  cuite  et  conler  en 
mise. 

Entre  temps,  peser  60  à  80  kilogrammes  de  sable  fin  sec.  Pendant  qu'un  ouvrier  ràble  le  sivon 
dans  la  mise,  on  y  projette  par  portion  le  sable  et  l'on  continue  k  ràbler  jusqu'à  ce  que  le  savon 
commence  k  se  refroidir  suffisamment  pour  qu'il  ne  soit  plus  possible  de  brasser  la  masse  dr 
savon. 

Action  de  l'anhydride  snlftirenx  snr  l*amldon.  —  M.  Âlberf  Berge  a  fait,  k  la  sertioa 
de  chimie  biologique  de  V Association  belge  des  chimistes  une  communication  fort  intéressante 
relative  k  l'action  de  l'anhydride  sulfureux  sur  l'amidon. 

Lorsqu'on  met  de  l'amidon  sec  en  présence  d'anhydride  sulfureux  liquéfié  k  une  température 
inférieure  k  0*,  l'amidon  s'imprègne  uniquement  du  liquide,  mais  l'aetion  est  purement  physique, 
car  l'amidon  débarrassé  de  l'acide  est  absolument  semblable  k  celui  qui  n'a  pas  été  soumis  à 
l'opération. 

Mais  en  élevant  la  température,  soit  en  opérant  en  vase  clos,  soit  en  faisant  passer  un  eoaraot 
de  gaz  dans  la  masse  d'amidon  chauifée,  il  y  a  transformation  en  amidon  solnble,  puis  en  dex- 
irine,  qui  est  complète  entre  135  et  140*.  A  une  température  supérieure  k  140*  le  produit  jauni- 
rait. En  ne  dépassant  pas  115*,  il  ne  se  forme  que  très  peu  de  dextrine  et  l'amidon  se  convertit 
en  amidon  soluble.  Lorsqu'on  opère  sur  des  produits  parfaitement  privés  d'eau,  U  n'y  a  jamais 
production  de  glucose;  mais  il  s'en  forme  en  présence  de  l'humidité. 

On  sait  qu'il  est  difficile  de  fabriquer  de  la  dextrine  privée  de  glucose,  or,  par  l'action  de  l'anhy- 
dride sulfureux  parfaitement  sec  sur  l'amidon  anhydre,' on  peut  arriver  k  un  résultat  industriel. 
M.  Albert  Berge  a  obtenu  de  la  dextrine  ne  renfermant  que  des  quantités  inférieures  k  0,10  p.  100 
de  glucose  en  chauffant  k  140*  de  l'amidon  anhydre  en  présence  d'acide  sulfurenx  également 
anhydre.  Pour  réaliser  ces  conditions,  il  a  d'un  côté  chauffé  l'amidon  k  120*  pendant  six  heoreâ. 
de  l'autre  fait  passer  lentement  dans  de  l'acide  sulfurique  k  66*  le  gaz  sulfureux  provenant  d'aa 
cylindre  d'anhydride  liquéfié. 

'    (1)  lier,  de  Chim,  «ndÉttr.,  S  octobre  1897. 


N»  3.  —V—  1"  Févrifi-  1898. 


RENSEIGNEMENTS 


Concours  pour  la  nomination  anx  places  d'élèves  internes  en  pbarmftcle 
vacantes  an  !•'  Juillet  1898  dans  les  hôpitaux  et  hospices  civils  de  Paris.  — 
Le  lundi  14  mars  1898,  à  deux  heures  précises,  il  sera  ouvert  dans  l'amphithéftlro  île  la  phar- 
macie centrale  de  l'administration  de  l'Assistance  publique  k  Paris,  quai  de  la  Tourne!  Le,  47,  un 
concours  pour  la  nomination  aux  places  d'élèves  internes  en  pharmacie  qui  seront  vacantes  ûan% 
les  hôpitaux  et  hospices  au  l*'  juillet  1898. 

Les  élèves  qui  désireront  prendre  part  à  ce  concours  seront  admis  k  se  faire  inscrire  au  sc<?ré- 
tariat  général  de  l'administration,  tous  les  jours,  les  dimanches  et  fétcs  exceptés,  de  oiue  heures 
à  trois  heures,  depuis  le  mardi  l*' février  jusqu'au  lundi  28  du  même  mois  incIusivciai'nL 

IjC  vieillissement  des  eaux->de-vie  de  firuits;  par  M.  Ed.  Crouzel,  ex-pré  pu  in  tour  rtc  la 
Faculté  mixte  de  médecine  et  de  pharmacie  de  Bordeaux,  pharmacien  k  la  Réole  (h.  —  Chacun 
sait  que  l'eau-de-vie  provenant  de  la  distillation  du  jus  fermenté  des  fruits  secs  (raisins,  pommes^ 
prunes,  poires,  etc.)  acquiert  en  vieillissant  certaines  propriétés  qui  la  font  rechcrehrr  û^% 
lïODSommateurs.  Ces  propriétés  sont  dues  à  la  formation  du  bouquet  constitué  {>ai-  dfs  élhers 
et  des  huiles  essentielles.  Les  éthers  se  produisent  aux  dépens  de  l'alcool  par  racliuTi  stir  r^^luWL 
de  certains  acides  volatifs  ou  fixes,  préexistant  dans  les  fruits  ou  ayant  pris  naissant)^  pendant  ta 
fermentation  alcoolique.  Quant  aux  éthers  tanniques,  ils  se  forment  pendant  la.  fermenUtion  et 
aussi  par  suite  de  l'action  sur  l'alcool  du  tannin  des  futailles. 

Je  me  suis  proposé  dan  s  ce  travail  de  déterminer  l'action  des  rayons  solaires  et  de  la  chaleur 
dans  les  modifications  chimiques  (vieillissement)  qui  se  produisent  dans  l'eau-de-vie^ 

J'ai  placé  un  échantillon  d'eau-de-vie  à  60*  dans  un  endroit  à  température  peu  vanablt:  (una 
cave)  et  deux  autres  échantillons  du  même  liquide  dans  une  cage  en  fil  de  fer  suspnndite  h  un 
mur  exposé  au  midi;  l'un  des  deux  flacons  était  enveloppe  d'un  papier  opaque  inliivcfUunt  tes 
rayons  solaires  et  l'autre  était  libre  de  toute  enveloppe.  Pour  pi*océder  au  dosage  du  h^niq^ii^t  des 
trois  flacons,  j'ai  ramené  Teau-de-vie  à  10®  par  addition  d'eau  distillée.  J'ai  isolé  k  h' aquit  au 
moyen  de  l'éther  sulfurique  par  Tévaporation  spontanée  de  celui-ci  dans  un  tube  gradue  du  trè^ 
petit  calihre. 

J'ai  constaté  que  l'échantillon  provenant  du  flacon  exposé  à  la  lumière  solaire,  sans  en^plr^ppe, 
renfermait  la  plus  forte  proportion  du  bouquet.  L'échantillon  du  flacon  enveloppé  et  placé  dans 
les  mêmes  conditions  de  température  venait  après;  le  flacon  de  la  cave  fermait  la  série  d(««eeu* 
dante.  Les  proportions  respective  étaient  i, — 0,9,  —  0,65. 

Je  dois  dire,  bien  que  ce  moyen  d'investigation  et  d'appréciation  soit  d'une  valeur  Uès  dlscu* 
table,  que  l'échantillon  placé  dans  une  demi-obscurité  est  le  plus  agréable.  Cette  dilTori-nt  e  i^crn* 
blerait  témoigner  de  la  violence  plus  grande  des  réactions  effectuées  sous  l'action  de  la  chaleur  et 
de  la  lumière,  mais  il  n'en  est  pas  moins  manifeste  que  ces  derniers  agents  influent  réetlement 
sur  la  production  du  bouquet. 

Ces  phénomènes  qui,  du  moins  à  ma  connaissance,  n'avaient  pas  encore  été  étudiés,  pouvaient 
être  prévus  par  induction,  en  s'appuyant  sur  les  faits  d'ordre  chimique  observés  déjà  dans  des 
circonstances  analoguçs.  L'industrie  pourrait,  je  crois,  tirer  parti  de  ces  observations  pour  doiiuer 
rapidement  à  l'eau-do-vie  les  qualités  qu'on  laissait  jusqu'ici  au  temps  le  soin  de  produire,  avec, 
comme  résultat,  des  capitaux  importants  immobilisés  et  une  perte  très  considérable  dc^  mali^ri^ 
par  le  fait  de  Tévaporation  dans  les  futailles. 

(1)  BuU.  de  la  Soe,  de  Pharm.  de  Bardtâus. 


■    ^       "    ---^v^  >•*•  ... 

Voici  un  mode  opératoire,  basé  sur  les  résultats  de  mes  expériences  qu'on  pourut  adopter, 
dans  la  pratique,  dans  ses  grandes  lignes,  en  lui  faisant  subir  les  modifications  indiquées  par  1« 
nécessitées  industrielles. 

Employer  des  fûts  en  verre  blanc  exposés  à  la  lumière  solaire,  maintenus  k  une  températaw 

*  voisine  de  iO",  remplis  d'eau-de-vio,  dans  lesquels  on  aurait  introduit,  par  compression,  de  lair, 
^  ou  mieux  ilu  l'oxygène.  Imprimer  k  ces  fûts  des  mouvements  rotatoires  rapides  au  moyen  dcméca- 
'  LiisnuB  il  p propriés. 

I*  lie  ct-Lk  façon  les  réactions  chimiques  (étUérisation,  oxydation,  etc.)  produisant  le  vieillisse- 

l  inenl,  Hiraieiit  mises  directement  sous  l'influence  des  principales  causes  qui  les  produisent  (chi- 

^  leur,   rajrjtïïi  solaires),  mouvement  facilitant  des  contacts  réitérés  des  molécules  liquides  el  de 

A.  B.  —  U  séjour  de  l'eau-de-vie  dans  le  bois  est  indispensable  pour  obtenir  la  coloration,  U 
produdiDri  dt's  éthers  tanniqucs  et  la  dissolution  de  l'extractif  de  bois.  Mais  ce  séjour,  trop  pro- 
longe, timinc  l'abaissement  du  degré  par  déperdition  de  l'alcool  qui  entraîne  la  plus  grande  parlie 
du  bouiiina.  Dans  ce  cas  et  contrairement  à  ce  qu*on  admet,  en  général,  il  ne  reste  qu'une  sorte 
de  triiiture  de  bois  presque  sans  valeur. 

Pétrole  solidifié.  —  M.  Jos  Kohlendorfcr  a  imaginé  le  procédé  suivant  pour  transformer  les 
r^'ïsidus  ilo  pétrole  en  un  produit  solide  de  manutention  facile  propre  à  servir  de  combustible  éco- 
uornii^uL".    Voici,  d'après  Gluckauf,  comment  on  le  prépare:  On  fait  chauffer  k  l'abri  de  l'air  ou 

*  aviic  fk  k  vapeur  surchauffée  dix  parties  de  lessive  de  soude  et  dix  parties  d'une  matière  grasse, 
par  c\i'mplo,  du  suif,  de  l'huile  de  palme,  etc.,  et  on  y  ajoute  quatre-vingte  parties  de  pétrole.  On 
chttutTo  pindaut  une  heure  k  une  température  inférieure  au  point  d'ébuUi lion  du  pétrole; de 
t-ranth'^  quantités  d'huile  volatile  sont  fixées  dans  la  saponification;  après  refroidissement,  1» 
mJi-^sc  A  la  consistance  du  suif  solide.  On  peut  aussi  y  incorporer  du  poussier  du  charlM)n,des 
copeaux,  (les  balayures.  Si  l'on  désire  des  produits  moins  consistants,  on  remplacera  la  graisse 
]var  ilf  la  réfltne.  On  obtient  ainsi  des  produits  contenant  plus  de  90  p.  100  de  matière  combustible 
rt  uiuiri^  de  5  p.  100  de  résidu  fixe. 

La  vitalité  des  graines  (1).  —  A  propos  des  expériences  récentes  faites  sur  la  résislaDfc 
des  i^r^um  ;*  à  l'action  des  grands  froids,  M.  Brown  signale  dans  Nature  deux  travaux  important^ 
sur  la  queiïtion. 

Le  pieEiiicr,  dû  k  M.  Kochs,  remonte  k  1890;  il  fut  publié  dans  le  Biologisches  Centralblatl 
et  rauleur  y  établit  que  des  graines  séchées,  placées  pendant  plusieurs  mois  dans  le  vide  d'un 
Lube  di^  r.cissler,  n'émettent  pas  une  quantité  d'acide  carbonique  ou  d'azote  appréciable  par 
l'eitaiijeu  .^ijectroscopique  du  contenu  du  tube,  circonstance  qui  exclut  toute  idée  d'étolation 
^'ti^eu'^L'  pur  «  respiration  intermoléculaire  ». 

Le  ^L^tîLHïd  est  une  communication  de  M.  Giglioli  qui  examina  des  graines  de  àfedico^o  Sahta 
placées  iluns  des  conditions  déterminées,  d'une  façon  continue  pendant  une  période  de  plus  de 
sei^e  Luniétiîi  et  constata  qne  certaines  graines  conservaient  leur  vitalité  même  dans  une  attno- 
ïiptiLre  irazole,  de  chlore,  d'hydrogène,  d'hydrogène  arsénié  ou  d'acide  nitreux  ;  la  simple  immer- 
f^lùii  piihiiiril  la  môme  période  de  seize  ans,  dans  l'alcool  concentré  ou  dans  une  solution  alcoo- 
Utyim  '.U'  -  lilorure  de  mercure,  laisse  un  grand  nombre  de  graines  susceptibles  de  germination. 

M.  r.i-iiali  ajoutait  d'ailleurs  que  ses  expériences  le  portaient  k  croire  que  la  vitalité  laten 
pouvalL  .iatL-r  indéfiniment,  pourvu  que  les  précautions  soient  prises  pour  empêcher  tout  écban§e 
uviC  Ut  ijiilieu  ambiant.  «U  y  a  des  raisons  de  croire  maintenant,  écrivait-il,  que  la  matière 
vivaiH'  a  ^  ul  exister  dans  un  état  complètement  passif,  sans  aucun  changement  chimique  e 
qu'elle  |.i  ut  consener  ses  propriétés  spéciales  pendant  un  temps  indéfini,  comme  c'est  le  cas ponr 
les  mini  niux  et  toute  la  matière  inanimée.  »  M.  Giglioli  concluait  k  la  possibilité  d'une  ongict 
<!\ti*a-li  riesLre  de  la  vie  sur  la  terre  par  l'intermédiaire  de  météorites. 


Journal  de  Pharmacie 

N*  4.  —vu  —  15  Février  1898 

RENSEIGNEMENTS 

Le  oorps  de  santé  militaire  en  France  et  en  Allemagne  (i).  —  La  situation  du 
service  de  santé  militaire  en  France  devient  de  plus  en  plus  critique. 

Depuis  1888,  une  réduction  de  trente-quatre  médecins  a  été  effectuée  sur  reffectif  des  officiers 
du  corps  de  santé»  alors  que  le  cadre  fixé  par  la  loi  du  16  mars  1882,  et  qui  n'a  jamais  été  atteint, 
serait  h  peine  suffisant  pour  parer  aux  exigences  du  service,  tant  sur  le  pied  de  paix  qu'en  cas  de 
mobilisation. 

Malgré  toutes  les  promesses  faites  par  les  divers  ministres  de  la  guerre  pour  remédier  à  cette 
situation,  il  n'y  sera  apporté  aucune  modification,  les  ressources  budgétaires,  paralt-il,  ne  le  per- 
mettant pas. 

M.  Noél,  dans  le  Bulletin  médical,  montre  que  si  l'on  fait  peu  do  cas  en  France  du  service  ide 
santé  et  de  son  personnel ,  de  toutes  parts,  à  l'étranger,  on  s'occupe  d'améliorer  ce  service. 

En  Angleterre,  une  délégation  constituée  par  les  sommités  du  corps  médical  militaire  a  été  auto- 
risée à  exposer,  en  baut  lieu,  les  doléances  de  la  corporation. 

En  Italie,  on  s'occupe  de  réorganiser  les  compagnies  de  santé. 

L'effort  le  plus  considérable  vient  d'être  fait  en  Allemagne  :  Teffectif  des  médecins  militaires 
sera  dorénavant  de  1.630  en  Prusse,  245  en  Bavière,  142  en  Saxe,  86  en  Wurtemberg;  soit  un 
total  de  2.103. 

En  France,  l'effectif  théorique  des  médecins  militaires  est  de  1.300,  mais  il  faut  en  défalquer 
les  vacances  réglementées  par  mesure  budgétaire  parmi  les  majors  de  première  classe  et  les  prin- 
cipaux de  première  classe. 

La  comparaison  entre  les  effectifs  des  médecins,  dans  ces  deux  armées,  suffit  pour  juger  dans 
quelles  conditions  précaires  le  service  de  santé  doit  fonctionner  dans  notre  pays,  surtout  si  l'on 
songe  aux  prélèvements  opérés  sur  notre  corps  de  santé  pour  faire  face  aux  besoins  des  troupes 
qui  expédition  nent  dans  nos  colonies.  Elle  suffit  aussi  pour  mettre  en  pleine  évidence  le  parti  pris 
auquel  obéit  le  ministre  en  repoussant  les  demandes  de  la  commission  du  budget. 

Ainsi  que  le  remarque  avec  raison  le  Progrès  militairey  les  chefs  de  l'armée  se  placent  en 
France  et  en  Allemagne  à  des  points  de  vue  différents  pour  apprécier  le  râle  des  médecins  militaires  : 

c  En  Allemagne,  on  sait,  parce  que  le  bon  sens  l'indique,  comme  l'expérience  l'a  démontré,  que 
le  service  de  santé  militaire  a  pour  mission  essentielle  la  conservation  des  effectifs.  En  Franco, 
on  a  rbabitude  de  n'envisager  dans  le  médecin  militaire  que  son  rôle  de  praticien  auprès  de 
l'homme  malade,  rôle  très  important  assurément,  qui  nécessite  de  vastes  connaissances,  mais  rôle 
moins  essentiel  que  celui  d'hygiéniste  toujours  à  l'affût  des  causes  morbides  pouvant  amener  les 
épidémies  dans  les  centres  militaires,  et  surtout  pour  conseiller,  en  temps  opportun,  au  comman- 
dement, les  mesures  propres  à  fortifier  les  hommes  et  à  prévenir  les  maladies.  » 

Si  cette  situation  continue,  les  garanties  de  bon  fonctionnement  que  toute  famille  est  en  droit 
d'exiger  quand  il  s'agit  de  la  santé  de  ses  enfants  auront  bientôt  cessé  d'exister  dans  notre  armée^ 

La  qinestlon  de  l'éclalragre  par  l'aloool  en  Allemagn^e  (2).  —  La  quantité  d'alcool 
dénaturé,  employée  en  novembre  dernier,  s'élève,  d'après  la  statistique  officielle  allemande,  à 
79.281  hectolitres.  Ce  chiffre  accuse  une  nouvelle  augmentation  due  au  développement  de  l'éclai- 
rage par  l'alcool.  Si  nous  établissons  la  moyenne  générale  par  mille  habitants,  nous  trouvons 
qu'elle  ressort  à  129  litres;  mais,  en  réalité,  la  consommation  moyenne  atteint,  dans  certaines 
régions,  le  chiffre  de  275  litres,  tandis  qu'elle  ne  dépasse  pas  quatre  litres  dans  d'autres  parties 
de  l'Empire.  Cet  écart  souligne  les  chances  d'extension  du  nouveau  débouché. 

Les  prineipales  difficultés  que  rencontre,  en  Allemagne,  la  généralisation  de  Téclairege  par 
l'alcool  résultent  de  la  cherté  relative  de  ce  produit,  du  manque  d'uniformité  et  de  l'instabilité 
du  prix  de  vente,  et  enfin  de  Tim perfection  des  nouvelles  lampes  à  alcool. 

(1)  fietme  seietifique,  15  janvier  1898. 
(3}  La  iiitUUrie  frmtçaise. 


Vlil   — 

A  Berlin,  les  prix  actuels  sont  de  22  pfennigs  pour  Talcool  à  86*  et  de  27  pfennigs  pour  Ttlcool 
à  96*.  Dans  d'autres  localités,  ces  prix  varient  entre  30  et  60  pfennigs.  Cas  dilTérences  Uenoent, 
d'une  part,  aux  frais  de  transport  très  élevés  en  Allemagne,  où  l'alcool  dénaturé  est  assimilé  aai 
alcools  de  consommation.  Nous  avons  parlé,  l'année  dernière,  d'une  pétition  demandant  la  rédac- 
tion des  tarifs  de  transport  ;  la  question,  toujours  en  suspens,  a  soulevé  depuis  de  vives  protes- 
tations dans  l'Ouest,  où  les  distillateurs  craignent  la  concurrence  de  l'alcool  de  pommes  de  terre. 
Les  prix  de  détail  sont  aussi  influencés  par  le  bénéfice  des  intermédiaires.  Pour  réaliser  l'anifor- 
mité  des  prix,  on  a  émis,  de  diiférents  côtés,  le  principe  de  la  vente  par  l'État  de  l'aleool 
dénaturé. 

L'imperfection  des  lampes  actuelles  s'explique;  elle  tient  à  la  nouveauté  du  proMèoe.  Us 
constructeurs  se  chargeront  de  combler  cette  lacune.  En  attendant  la  solotioB  prstiqne,  on 
cherche  à  utiliser  l'alcool  comme  matière  éclairante,  sans  le  concours  des  manchons  à  incaodes- 
conce.  Des  recherches  ont  été  faites  récemment  sur  l'efficacité  de  certains  carbures  d'hydrogène 
tirés  du  goudron  de  houillo,  tels  que  benzine,  xylène,  cumène,  naphtaline.  Les  résultats  forent 
négatifs  pour  l'alcool  à  faible  degré,  dans  lequel  la  dissolution  de  ces  produits  est  incomplète;  le 
pouvoir  éclairant  du  mélange  fut  sensiblement  Inférieur  à  celui  du  pétrole.  Dans  Talceol  k  96', 
certaines  carbures  ont  donné  d'excellents  résultats  ;  le  plus  reeommandable  parait  éUre  la  beniine 
qui,  mélangée  dans  la  proportion  de  25  p.  100,  donne  à  la  lumière  un  éclat  que  ne  possède  pas 
la  flamme  du  pétrole.  Enfin,  ces  expériences  ont  fait  ressortir  que  l'addition  à  l'alcool  de  eertains 
carbures  d'hydrogène  réduit  la  consommation  des  lampes  à  incandescence  dans  la  mesare  de 
26  p.  100.  Pour  terminer,  nous  empruntons  à  la  Chemiker  Zeiiung  un  tableau  comparatif  des 
prix  de  revient  des  diverses  sources  de  lumière.  Nous  avons  modifié  ce  tableau  en  prenant  pour 
bases  les  prix  pratiqués  en  France  et  rapportant  le  coût  de  chaque  mode  d'éclairage  à  celai  des 
lampes  à  alcool. 


^'1 

h 

i  ^ 

par  nnité 

AOÉB 

toUle 

paix 
de  rooité 

Npeaie 

par 

hêwe 

m 

Gaz  d'éclairage,  bec  pa- 

i 

pillon  

30 

339  litres 

h. 995 

0.065 

0.063 

Gaz     d'éclairage ,    bec 

i                     1 

rond 

20 

200    -    Il  u.aùt=   U.OOO 
]  5.000  oalorios  [ 

1  m. cube 

0.05 

O.OTS     I 

Gaz  d'éclairage,  bec  ré- 

générateur. ..... 

111 

406-1                    \2.0» 

=r0.25 

0.101 

0.0S7 

Oaz  d'éclairage,  incan- 

1 

descence 

50 

100   -   ' 

/    500 

0.025 

0.015 

Alcool,  lampes  à  incan- 

ikiloalcoel= 

descence 

90 

0.067 

7.000  c. 

318 

0.00  le  litre 

0  034 

O.08I 

Pétrole,   brûleur    ordi- 

naire   

30 

0.10TJ 

11.000  » 

900 

050     - 

0.053 

O.0S3     i 

Pétrole,  brûleur  à  in- 

candescence. ..... 

40 

0.06 

M 

550 

0.50     — 

0  025 

0.019     , 

Acétylène 

60 

36  litres 

ikilo=l2.000 

534 

0.20  0/0  m. 

0.072 

0.036 

Électricité,    lampes    à 

acétylène 

incandescence.  .  .  . 

16 

48  watt 

— 

41.4 

0.750/ooWttt 

0.04 

0.0T« 

Electricité,  lampes  h  arc 

eoo 

258 

~~ 

22i 

029 

ooto 

i 


Journal  de  Pharmacie 

N«  5.  —  IX  —  1"  Mars  18983 


CATAI.OGUE    DES    THÈSES    DE    PHARMACIE 

SOUTENUES  EN   FRANCE 

PENDA:«T  L'ANNÉE  SCOLAIRE  1896-1897 


IV.-B.  —  Le  chiffre  romain  (I)  signifie  pharmacien  de  1"  classe;  les  lettres  (DS),  diplôme 
supérieur,  .r.>^J 


I.  -^  ÉCOLE  SUPÉRIEURE  DE  PHARMACIE  DE  PARIS 

nethan  (Georges),  né  à  Paris  le  3  octobre  1868. 

(l)  Des  Acanthacées  médicinales.  Paris^  F.  Jourdan^  1896,  in^*>  de  viii-186  pages  (26  dé- 
cembre 1896,  n»  1). 

TttMSlIly  (Eugène),  né  à  Paris  le  5  décembre  1867. 

(I)  Sur  le  dosage  de  la  caféine.  Paris,  Société  d'ééiHons  scientifiques,  1897,  in-i"  de  86  pages 
.6  mai  1897,  n»  2). 

I>afaa  (Loai»-Émile-René),  né  à  Paris  le  12  noTembre  1870. 

(I)  Sur  quelques  oxydes  doubles  cristallisés  obtenus  à  haute  température.  Paris^  Gauthier^ 
Villars  et  fils,  1897,  in-4»  de  iv-32  pages  (13  mai  1897,  n»  3). 

II.  ~  ÉCOLE  SUPÉRIEURE  DE  PHARMACIE  DE  MONTPELLIER 

Ponzes-Diaeon  (H.),  né  à  Montpellier  le  10  avril  1868,  chef  des  travaux  de  chimie  et 
de  pharmacie  à  l'École  de  pharmacie  de  Montpellier. 

(DS)  Contribution  à  l'étude  des  sels  doubles  baloîdes.  Sels  haloTdes  doubles  de  plomb  et  d'am- 
monium. MonipellieTy  Gustave  Firmin  et  Montane,  1896,  in-4^  de  55  pages  (novembre  1896. 
DS  n«  10). 

Boardln  (François). 

(1;  Ombellifères  Tireuses  et  potagères.  Anatomie  comparée  de  la  feuille.  Montpellier,  G.  Fir- 
min et  Montant,  1897,  in-i"*  de  88  pages  et  1  tableau  (15  janvier  1897,  n*  595). 

€3€9tte  (Jules),  né  à  Marseille. 

(I)  De  Tabsorption  de  l'alcool  perdu  pendant  les  fermentations  et  du  dosage  chimique  de  Talcool. 
Montpellier,  Serre  et  Roumégous,  1H97,  in-4»  de  63  pages  (juin  1897,  n«  596). 

MjutmouramL  (Femand). 

il)  Solubilité  dans  l'eau  des  acides  de  la  série  oxalique.  Montpellier,  G.  Firmin  et  Montane^ 
1897,  in-4»  de  31  pages  et  1  planche  (24  juillet  1897,  n»  597). 

M^ca«flierfl*e  ^Jean),  né  à  Montbel  (Ariège). 

^1)  Action  de  l'acide  a.aminobcnzoîque  sur  la  mono  et  la  dichloroquinone.  Montpellier,  Serve 
et  Roumégous,  1897,  in-4«  de  25  pages  (29  juillet  1897,  n*  598). 


m 


III.  —  FACULTÉ  DE  MÉDECINE  ET  DE  PHARMACIE  DE  BORDEAUX 

Cbeylad  (Jacques-Marie-Émile),  né  à  Mural  (Canlal)  le  21  ayril  1869,  pharmacien  â  U 
Roche-Chalais  (Dordogne). 

(1)  Histoire  de  la  Corporation  des  Apothicaires  de  Bordeaux,  de  l'enseignement  et  de  l'exercire 
de  la  pharmacie  dans  cette  ville  (1355-1802^,  d'après  des  documents  inédits.  Bordeaux,  G  Del- 
masy  1897,  in-8»  de  139  pages  et  4  planches  (23  juillet  1897). 

Dapouy  (Jacques-Raoul),  né  à  Bordeaux  le  22  féTrier  1870. 

(DS)  Étude  des  propriétés  oxydantes  de  certains  laits  et  remarques  sur  remploi  de  la  résine  de 
gaïac  comme  réactif  des  agents  d'oxydation.  Bordeaux^  G.  GounouUhou,  1897,  in-^  de  7*  pages 
(29  juillet  1897). 

rV.  —  FACULTÉ  DE  MÉDECINE  ET  DE  PHARMACIE  DE  LILLE 

Domlnlfiae  (Êmile-Léon-Joseph),  né  à  Audruicq  (Pas-de-Calais),  le  25  juin  1858. 
(DS)  NouYelle  méthode  d'analyse  rapide  des  eaux  potables.  Application  à  Tessai  des  Eaui 
d'Emmcrin.  Lille,  Liégeois-Six,  1897,  in-8*  de  42  pa^es  (26  juillet  1897). 


IjOb  rayons  Rœntgen  et  la  véir^tation  (1).  —  M.  G.-F.  Atkinson,  de  Comell  UnÎTer- 
sity,  a  fait  une  série  d'expériences  pour  se  rendre  compte  de  Tinfluence  que  peuvent  exercer  ks 
rayons  Rœntgen  sur  les  phénomènes  de  la  végétation.  Le  résultat  en  est  intéressant,  bien  que 
principalement  négatif. 

M*.  Atkinson  a  d'abord  voulu  voir  si  les  rayons  exercent  une  action  nuisible  sur  le*  plantes. 
Il  a  donc  exposé  un  Caladium  à  l'action  des  rayons  pendant  une  heure  et  dix-huit  minutes  : 
~^~!recnn  effet  nuisible  n'a  été  observé.  Mais  ce  temps  d'exposition  n*est-il  pas  un  peu  court,  et  tir 
pcutril  y  avoir  quelque  variabilité  dans  la  résistance  selon  les  espèces? 

C'est  en  partie  pour  répondre  à  cette  objection  qu'on  a  ensuite  fait  Texpérience  sur  de  jeune- 
plautules,  sur  des  plantes  en  voie  de  développement,  peu  de  temps  après  la  germinmtion  d-j 
graines  de  blé,  avoine,  millet,  tournesol,  radis.  Le  temps  d'exposition  fut  de  dix  heures  :  et  auc«r 
résultat  défavorable  ne  se  manifesta.  Des  plantes  un  peu  plus  âgées,  qui  avaient  poussé  dans  u&f 
rbambre  obscure,  de  sorte  qu'elles  étaicnts  étiolées,  résistèrent  tout  aussi  bien  à  une  épreuve  d*. 
cinq  heures  de  durée.  11  en  fut  de  même  pour  une  fleur  de  bégonia,  exposée  pendant  cinq  beun-5. 
à  10  centimètres  de  distance  de  Tampoule. 

De  très  jeunes  plantes  —  parfois  à  peine  levées  —  exposées  à  l'action  des  rayons  pendant 
quarante-cinq  heures  en  cinq  jours,  manifestèrent  quelques  troubles  dans  leur  déTeloppemeB^ 
ultérieur,  consistant  en  un  léger  retard  :  elles  cessèrent  un  peu  moins  vite  que  les  témoias  d 
présenter  les  signes  d'étiolement  dus  à  ce  que  la  lumière  du  jour  était  exclue.  Dans  une  expé> 
riencc  oii  la  lumière  ne  fut  pas  exclue,  on  n'observa  aucun  effet  nuisible.  On  savait  déjà  que  If^ 
rayons  Rœntgen  ne  produisent  point  d'héliotropisme  ;  M.  Atkinson  a  pu  constater  que  ce  fait  e>l 
exact. 

Les  rayons  n'accélèrent  pas  la  croissance  des  Mucédinées;  ils  n'exercent  aucune  influence  siît 
différentes  bactéries  chromogènes,  ni  sur  la  Bacillus  communU;  ils  n'attirent  ni  ne  repoussent 
ceux-ci,  dans  un  milieu  où  ils  peuvent  se  déplacer. 

Nulle  influence  non  plus  sur  des  Oscillariées,  ni  sur  la  Scnsitive.  Et  pourtant,  les  raji-c* 
pénètrent  les  tissus  végétaux,  comme  il  est  facile  de  s'en  assurer.  U  est  vrai  qu'ils  ne  sont  p3> 
arrêtés,  ou  du  moins  ils  ne  le  sont  qu'en  partie. 

La  conclusion  générale  est  que,  dans  les  conditons  du  moins  oh  l'expérience  a  été  faite,  \f:- 
rayons  Rœntgen  n'exercent  aucune  influence  sur  les  phénomènes  de  la  vie  végétale.  Mais  ne 
ne  prouve  qu'avec  une  action  plus  longue,  on  n'observerait  pas  quelques  résaltats  positifs. 

(J)  Rfv.hdeitlif, 


Jonrnai  de  Pharmacie 

N«  6.  —  XI  —  15  Mars  1898 


RENSEIGNEMENTS 


Gonooiim  pour  la  nomliiatlon  à  la  place  de  sove-clief  dee  laboratoires  de  la 
Pharmaole  centrale  des  hApltauz  et  hospices  oItUs  de  Paris.  —  Un  concours 
pour  la  nomination  à  la  place  de  sons-chef  des  laboratoires  de  la  Pharmacie  centrale  des  hôpitaux 
et  hospices  cîtîIs  de  Paris  sera  ouvert  le  mercredi  20  ami  1898,  à  midi,  dans  Tamphithéitre  de 
l'Administration  générale  de  l'Assistance  publique,  aTenne  Victoria,  3. 

Les  personnes  qui  Tondront  concourir  devront  se  fairs  inscrire  au  secrétariat  général  de 
r Administration,  depuis  le  lundi  21  mars  jusqu'au  samedi  2  avril  inclusivement,  de  onze  heures 
à  trois  heures. 

Exposition  Internationale  de  produits  Industriels  et  alimentaires,  à  Praffae, 
en  1898.  —  Cette  exposition,  qui  est  la  première  internationale  de  ee  genre,  se  tiendnt  du  15 
au  22  mai  de  cette  année,  à  Prague,  et  elle  embrassera  les  produits  induatrieb,  alimentaires 
tels  que  comestibles,  boissons  diverses,  produits  hygiéniques  et  pharmaceutiques,  articles  de 
sport,  et  en  général  les  inventions.  Le  Comité,  qui  se  compose  de  membres  de  la  munieipslité 
de  la  chambre  de  commerce,  des  consuls  de  Suisse,  d'Angleterre,  eto«,  fait  surtout  appel  à  ceux 
qui  ont  des  spécialités  indigènes  pour  L'alimentation,  L'exposition  a,  comme  caraetère.  distinctil, 
qu'elle  inaugure  l'ère  des  consulats  européens  dans  la  capitale  de  la  Bohème.  Pour  la  Fraaee,  le 
comité  a  nommé,  comme  membres  d'honneur,  M.  Ant.  Germot,  ingénieur,  ancien  élèvede  l'Éeole 
centrale,  à  Levallois-Perret,  et  M.  Julien  Derône,  pharmacien  de  l'*  classe,  à  Nuits-Saint-Geoiiges. 
Les  Intéressés  peuvent  envoyer  leurs  adhésions  au  directeur  de  l'Exposition,  M.  Arthur  Gobiet,  & 
Prague-Karlin. 

Ghamlire  syndicale  des  produits  ol&imiqaes  de  Paris.  —  M.  Adrien  (1)  avait  fait 
remarquer  que  l'on  pourrait  fabriquer  de  la  caféine  en  France,  si  l'on  obtenait  que  le  droit  de 
douane  considérable  qui  frappe  le  thé  ne  fût  pas  appliqué  aux  déchets  de  thé.  H.  le  ministre  du 
Commerce  a  répandu  ce  qui  suit.  : 

Par  lettre  du  16  décembre  1897,  vous  vous  êtes  pourvu  auprès  de  mon  Département  à  l'effet 
d'obtenir  :  1*  que  les  thés  et  déchets  de  thés  destinés  à  la  fabrication  de  la  caféine  soient  appelés 
à  bénéficier  du  régime  de  l'admission  temporaire;  2f  que  la  caféine  provenant  des  thés  et  déchets 
de  thés  admis  temporairement  puisse,  après  sa  constitution  en  entrepèt,  être  livrée  à  la  consom^ 
matioii  sous  le  payement  du  droit  applicable  au  produit  fabriqué. 

Je  sois  tout:  disposé  è,  mettre  à  l'étude  la  demande  de  la  chambre  syndicale  dos  produits  chir 
miques,  et  je  viens  d'entretenir  de  la  question  M.  le  ministre  des  Finances.  Hais,  comme  vous  le 
savez,  les  thés  ne  figurant  pas  dans  l'énumération  limitative  des  produits  admis  au  bénéfice  de 
l'admissiou  temporaire,  qui  est  inscrite  dans  l'article  13  de  la  loi  du  li  janvier  1892,  et,  au 
termes  du  §  1**  du  dit  article,  le  bénéfice  de  l'admission  temporaire  no  peut  être  accordé  ^. 
aucune  industrie  qu'en  vertu  d'une  disposition  législative^  après  avis  da  Geinité  cousultatif  des 
aria  et  manufactures. 

On  a  envoyé  de  Calcutta  les  renseignements  suivants  : 

hes  déchets  de  thé  consistent  en  balayures  des  murs  et  planchera  des  factoreries  et  généraler 
ment  ne  valent  pas  la.  peine  d'être  ramassés. 

(1)  Jmr».  de  Pkerm.  et  Ck.  [6J  t.  VI.  Rsnseignsments^  1"  octobre  i897. 


—   XII   — 

Il  faudrait  que  nous  ayons  des  ordres  formes  à  pouvoir  transmettre  aux  factoreries  pour 
qu'elles  prennent  la  peine  de  recueillir  les  déchets  de  thé  et  de  les  envoyer  à  Calcutta. 

La  valeur  la  plus  approximative  est  actuellement  d'environ  Rs.  4  à  8  en  sacs  par  maund  de 
80  livres,  soit  33  fr.  les  iOO  kilos  Marseille  emballés  en  caisses. 

VMqaû  factorerie  pourrait  recueillir  environ  3  ou  4  maunds  à  la  fois,  mais,  avec  des  demandes 
BMiit  fur  te»,  on  pourrait  obtenir  des  quantités  relativement  importantes,  à  certaines  époques  de 

Où  pourrait  également  se  procurer  des  déchets  de  thé  en  achetant  les  colis  avariés  par  eaa 
diïDcc  dans  le  trajet  des  plantations  à  Calcutta;  on  pourrait  parfois  en  trouver  une  forte  quantité. 

Lu  m  a  le  11  an  dise  est  alors  en  caisse,  et  le  séchage  qu'elle  nécessite  occasionne  quelques  frais. 

U  séchage  au  soleil  est  suffisant  et  nous  pourrions  le  faire  sur  les  toits  de  nos  magasins. 

Les  frais  de  séchage  varieraient  suivant  les  circonstances. 

Nous  vous  envoyons  un  type  de  thé  avarié  et  desséché,  tel  qu'il  pourrait  intéresser  vos  amis. 

Nous  vous  envoyons  également  un  échantillon,  marqué  c  Tea  dust  A  »,  de  poussière  de  thé  de 
qualiié  très  bonne  qui,  nous  le  pensons,  remplirait  très  bien  le  but  de  vos  amis. 

CgL  échantillon  vaut  7  à  8  Rs.  par  maund,  soit  44  fr.  les  100  kilos  MarseiUe;  mais  malheu- 
reusement m  ne  peut  s'en  procurer  qu'une  faible  quantité. 

Nûus  \m  pouvons  pas,  pour  le  moment,  vous  procurer  d'échantillons  de  t  déchets  de  thé  >, 
mais  on  nous  dit  que  tous  les  lots  contiennent  des  matières  étrangères. 

Les  courtiers  ne  veulent  Jamais  garantir  de  réassortir  exactement  un  échantillon  de  poussière 
de  thé,  déchet  de  thé,  ou  tlié  desséché.  Us  s'engageraient  seulement  à  procurer  une  qualité  à  peo 
près  équivalente. 

L'érhanLiUon  marqué  c  ordinary  dust  »  (poussière  ordinaire)  coûterait  maintenant  69  fr.  les 
100  kiks  Marseille,  et  celui  marqué  c  common  dust  »  48  fr.  les  100  kilos.  Nous  ne  pouvoiu 
pah  vu  us  indiquer  aujourd'hui  la  valeur  des  échantillons  marqués  c  tea  dust  À  »  et  c  Water 
damaged  lea  dust  B  ». 

Nou^  vous  envoyons  un  échantillon  de  déchet  de  thé  coûtant  environ  35  fr.  les  100  kilos 
MaraeMlu, 

CongrèB  International  d'hyg^léne  et  de  démogrraphle  de  Madrid.  —  Le  IX*  cod- 

grès  inL^rriûlional  d'hygiène  et  de  démographie  se  tiendra  cette  année  à  Madrid,  du  10  au  17  avril. 
Ic^  mé^l^cins,  les  architectes,  les  ingénieurs,  les  statisticiens  et  tous  ceux  qui,  par  leurs  études  et 
leurs  roncLiuus,  s'intéressent  aux  questions  d'hygiène,  de  salubrité  et  de  démographie,  sont  invités 
à  y  ptvn^r*^  part. 

Lu  congrès  d'hygiène  de  Madrid  est  placé  sous  le  patronage  de  S.  M.  le  roi  Alphonse  Uli  et 
de  S.  M.  Ja  ri'ine  régente.  Il  sera  présidé  par  S.  E.  M.  le  ministre  de  l'intérieur. 

Pour  Hn  membre  du  congrès,  il  faut  adresser  à  M.  le  sénateur  J>'  Amalio  Gimeno,  secrétaire 
géiiéral  eu  comité  d'organisation  (ministère  de  l'intérieur,  Madrid),  une  demande  accompagnée  du 
moiUunL  de  la  cotisation,  qui  est  de  i5  pesetas  (environ  20  fr.).  Envoyer  cette  somme  sous  foroH 
d'uT)  ctitr^uu  sur  le  Crédit  lyonnais  k  l'ordre  de  M.  Pablo  Ruis  de  Yelasco,  président  de  U 
obamhrc  d^  commerce  de  Madrid  et  trésorier  du  comité  d'organisation.  Il  sera  délivré  aux  con* 
grcssifites  un  bulletin  d'identité. 

Le  Gortgrcs  ost  divisé  en  dix  sections  pour  l'hygiène,  et  trois  sections  pour  la  démographie.  U| 
membres  du  congrès  qui  désirent  faire  des  communications  doivent  en  envoyer  soit  le  texte,  soi 
un  sommai ro  analytique,  avec  leurs  conclusions,  avant  le  15  mars.  . 

En  même  temps  que  le  congrès,  sera  inaugurée  une  exposition  internationale  d'hygiène  et  4 
déTI]0K1'^l'îli4^  dont  la  durée  sera  de  trois  mois.  Les  demandes  d'admission  doivent  être  adressé^ 
à  M.  le  ir  Amalio  Gimeno,  avec  la  mention  de  ce  que  l'on  désire  exposer  et  avec  l'indication^ 
Te  m  pi  aee  m  uni  jugé  nécessaire. 

Los  t^oTn^aagnies  de  chemins  de  fer  espagnols  ont  accordé  un  rabais  de  80  p.  100  sur  les  d 
des  ÏAtih  urdinaires  aux  congressistes  et  à  leurs  familles;  le  même  rabais  a  été  consenti  pf 
le  tran^iioi'L  des  objets  destinés  à  l'exposition.  Le  comité  français  fait  en  ce  moment  les  démard 
tié4:esetaird5  pour  obtenir  de  semblables  avantages  des  compagnies  françaises. 


Journal  de  Pharmacie       j^^^^^^^^^H 

N"  7.  —  XIII  —  I"  Avril  1898. 

RENSEIGNEMENTS  I 

Réirlementatlon  de  la  vente  dee  spécialités.  —  Nos  lecleurâ  savent  que  rAssoniatiûn  ] 
générale  a  fait  tous  ses  efforts  pour  amener  les  spécialistes  à  prendre  dçs  mesurer  contre  L*atîlis-J 
sèment  du  prix  des  spécialités.  ._  i 

Ces  efforts  sont  sur  le  point  d'aboutir  au  résultat  désiré.  ^ 

Les  spécialistes  avaient  demandé  que  5.000  pharmaciens  adhérassent  en  principe  à  U  réforme 
projetée. 

Ce  nombre  d'adhésions  avant  été  obtenu,  chaque  pharmacien  Ta  V4:c-i^voir  les  el1gllgl^mcnts 
signés  par  les  spécialistes  adhérents  à  la  combinaison  et  qui  sont  déjà  nu  immbri»  de  51, 

Les  pharmaciens  auront  à  leur  retourner  un  engagement  analogue  avant  In  l"  mai  et  la  mise 
en  vigueur  de  Tarrangement  convenu  commencerait  le  1*'  juillet  prochain. 

Nous  avons  la  conviction  que  l'adhésion  sans  réticences  de  la  majorité  des  pharmacie&s 
permettrait  de  mettre  un  terme  à  ces  rabais  déplorables  sur  le  prix  m«ri]ué,  qui  nVtaienl  qu'un 
moven  de  lutte  entre  confrères  et  supprimaient  tout  bénéfice  sur  une  partifi  toujoui^  croissante 
de  la  vente  dans  les  officines. 

Nous  publions  les  noms  des  51  spécialistes  adhérents  afin  de  permettre  k  nos  lecteurs  de  juger 
de  l'importance  de  leurs  maisons  : 

Allié  et  C»v  —  Angendre.  —  Bailly  et  C".  —  Blancard  et  C  *.  —  Blotlière.  ^ 
Bocqmllon.  —  Bretonnean.  —  Catillon.  —  Gayaillés.  —  ChasBeTant.  —  Gognet. 

—  Coirre.  —  Comar  et  fils.  —  Deglos.  —  Dehant  et  C  '.  --  Debniéres,  — 
Dethan.  —  Dupny.  —  Duriez.  —  Engéne  Foormer.  —  Le  D^  G.  Fouruier.  — 
Frandin.  —  Freyssinge.  —  Fumonse  frères.  —  Panl  Gage.  ^  GigoE.  — 
Girard  et  C**.  —  Gnérin  Delangrenier.  —  Hondé.  —  Joubert.  -*  Lachartre. 

—  Leprince.  —  Logeais.  —  Midy.  —  Montagn.  —  Mousnier.  —  Naad.  — 
Nitot.  —  Pantanberge.  —  Petit.  —  Polaillon.  —  A.  Roy.  —  Th  Roy*  — 
Sabatier.  —  Sicre.  —  Snran.  —  Swann.  —  Troncin-Leroy.  —  Trouetta.  — 
Vanthier-Marcq.  —  Labélonye. 

Nous  publions  un  jugement  très  intéressant  relatif  aux  marques  dt^  hhriquc  i>n  matière 
pharmaceutique. 

On  verra  que  la  Cour  d'appel  a  décidé  que  le  nom  sous  lequel  un  produit  miidicacnenteux  a 
été  porté  à  la  connaissance  du  public  et  qui  est  devenu  son  nom  usuel  ne  puut  fuire  Tobjet  d'unie 
propriété  privative  et  constituer  une  marque  de  fabrique  conformément  à  la  loi  de  1B57, 

Dans  notre  prochain  numéro,  nous  donnerons  un  autre  jugement  relatif  k  la  dénotniii&tjuii 
c  Salol  »  dont  le  Cour  d'appel  a  ordonné  la  radiation  comme  marque  de  fabrique. 

COUR  D'APPEL,  Cour  de  Paris  (£•  ch).  Présidence  de  M.  Hareî,  prêêident, 
{Audience  du  8  février  1898.) 

MARQUES   DE  FABRIQUE. — REMÈDE  NOUVEAU.  —  DÉNOMINATION  NÊCE!J>SAIRR   KHPRLNTÊE  A  LA 
SUBSTANCE   MÊME.   —  ABSENCE   DE   PROPRIÉTÉ   EXCLUSIVE.  —    H    CULOKALOSe    ». 

La  découverte  d*un  remède  nouveau  ne  peut  donner  lieu  à  um  cxplùiifition  ^selusive, 
garantie  par  un  brevet  d'invention;  il  n'est  pas  permis  d'éluder  cette  loi  d'intéréi 
public  par  un  moyen  détourné  en  cherchant  à  s'abriter  sous  la  proitclion  accordée 
aux  marques  de  fabrique. 

Sans  doutCf  celui  qui  se  livre  plus  spécialement  à  la  fabrication  d\m  remède  peut  prendre 
comme  marque  de  fabrique  une  dénomination  de  fantaisie  afin  d'empêcher  ta  confusion 
des  produits  de  sa  fabrication  avec  les  produits  similaires  de  ses  coiteurrert£s^  mais  te 
nom  donné  par  Vinventeur  à  un  corps  nouveau  doué  de  propriétés  thérapeutiques 
s'incorpore  avec  lui  et  devient  une  désignation  nécessaire  alors  fju'il  ne  s'en  offre  pas 
à  V esprit  d^ autre  plus  simple  ou  plus  naturelle  et  que  ce  nom,  tùin  d'être  purement 
arbitraire,  est  emprunté  à  ta  substance  qui  fait^  Vêlement  principal  et  actif  du  remède: 
dans  ces  circonstances  y  la  propriété  du  nom  équivaudrait  à  la  propriété  de  la  chose 
elle-même. 

La  Cour, 
Considérant  qu'à  la  fin  de   l'année  1892,  les  docteurs  Henriol  et  RitheL  aut  découvert  les 

propriétés  thérapeutiques  d'un  produit  résultant  de  la  combinaison  du  choral  et  du  glucose; 


—    XIV    — 

Qu'ils  cuuunuuiqucroQl  leur  dûcouvcrlc  à  rAcadcmie  des  sciences  par  une  note  lue  à  la  séance 
du  i)  janvier  1893,  dans  laquelle  on  remaraue  les  passages  suitants  :  <  Nous  ayons  obtcoa 
d'excellonts  résultats  avec  un  corps  qui  résulte  de  la  combinaison  du  chloral  avec  le  glucose 
unhydroglucochloral  que  nous  proposons  d'appeler  c  Ghloralose  »;  ce  corps  avait  déjà  été  indiqué 
par  M.  Heffer,  qui  en  avait  décrit  quelques  propriétés,  mais  qui  ne  l'ayant  sans  doat«  pas 
ubtoQu  à  Pétat  de  pureté  suffisante,  l'avait  considéré  comme  très  toxique...  Les  propriétés 
physiologiques  du  chloralose  sont  très  intéressantes,  car  c'est  une  substance  qui  a  deni  effets 
qui  jniraissont  contradictoires;  elle  est  bypnotique  et  elle  augmente  l'excitabilité  de  la  moelle 
éi»iiu«'re  »  ; 

(lousidorant  que  Bain  et  Fournier,  chimistes  qui  avaient  aidé  les  inventeurs  dans  leurs  mani* 
pulaliuiis,  ont,  avec  leur  assentiment  et  à  la  date  du  27  décembre  1892,  fait  le  dépdt  d'une 
marque  de  fabrique  consistant  seulement  dans  la  dénomination  de  Chloralose; 

CoMï^idèrant  que,  quelques  mois  plus  tard.  Petit,  pharmacien,  a  mis  en  vente  un  article 
indiqué  sur  les  prospectus  sous  le  nom  de  c  Chloralose  v,  accompagné  des  mots  c  glaco- 
chloral  ))  ; 

Quo  Bain  et  Fournier  ont*  assigné  Petit  devant  le  tribunal  civil  de  la  Seine  pour  loi  faire 
inleivlirc  l'usage  absolu  du  mol  Chloraloso  et  môme  de  la  mention  c  gluco-cbloral  >  synonyme 
a  chloralose  »  ; 
Que  cette  demande  a  été  accueillie  par  un  jugement  qui  ne  saurait  être  confirmé; 
(.0  II  sidérant  que  la  découverte  d'un  remède  nouveau  ne  peut  donner  lieu  à  une  oxploitation 
exclusive,  garantie  par  un  brevet  d'invention  ;  qu'il  n'est  pas  permis  d'éluder  cette  loi  d'inlértl 
]iublic  par  un  moyen  détourné  en  cherchant  à  s'abriter  sous  la  protection  accordée  aux  marques 
(le   fabrique; 

Ouc,  sans  doute,  celui  ^ui  se  livre  plus  spécialement  à  la  fabrication  d'un  remède  peut  prendre 
coinuic  marque  de  fabrique  une  dénomination  de  fantaisie  afin  d'empêcher  la  confusion  des 
produits  de  sa  fabrication  avec  les  produits  similaires  de  ses   concurrents; 

Mais  que  pour  avoir  su,  quelques  jours  à  l'avance,  que  la  découverte  d'un  nouveau  médicament, 
allait  être  communiquée  à  l'Académie  des  sciences  et  divulguée  sons  le  vocable  de  «Chloralose» 
<t  pour  avoir  fait  le  dépôt  anticipé  de  ce  mot  comme  marque  de  fabrique,  les  intimés  n'ont  pas 
I*u  se  (  réér  le  droit  exclusif  de  vendre  ce  remède  sous  le  nom  qui  a  servi  à  le  faire  connaître 
au  iiiKiuie  savant,  et  qui  depuis  lors  n'a  cessé  d'être  employé  comme  le  terme  générique  d'nne 
classe  de  produits: 

Que  lo  nom  donné  par  l'inventeur  à  un  corps  nouveau  doué  de  propriétés  thérapeutiques 
s'incorpore  avec  lui,  et  devient  une  désignation  nécessaire,  alors  qu'il  ne  s'en  offre  pas  à  l'esprit 
«l'autre  plus  simple  ou  plus  naturelle,  et  que  ce  nom,  loin  d'être  purement  arbitraire  est  emprunté 
a  la  substance  qui  fait  l'élément  principal  et  actif  du  remède: 

i)uc,  dans  les  circonstances  de  la  cause,  la  propriété  du  nom  équivaudrait  à  la  propriété  de  la 
chose  elle-même,  et  que  réserver  à  Bain  et  Fournier  le  droit  exclusif  de  se  scnir  du  mol 
a  Chloralose  s,  serait  leur  accorder  pour  l'annonce  et  le  débit  de  ce  médicament  un  monopole 
que  la  loi  leur  refuse; 

Cou  sidérant  que  l'examen  des  prospectus  lancés  par  les  intimés  démontre  que  tel  était  bien  le 

but  qu'ils  se  flattaient  d'atteindre  au  moyen  du  dépôt  d'une  marque  de  fabrique;  que  pv  ^^ 

disposition  des  caractères  typographiques  et  par  des  mentions  habilement  combinées,  ils  sVtn- 

'  diaieut  à  faire  croire  qu'ils  s  étaient  assurés  la  fabrication  et  l'exploitation  exclusive  d'an  corps 

nouveau,  découvert  par  MM.  Hcnriot  et  Richet  et  désigné  sous  le  nom  de  c  Ghloralose  »; 

Cou  sidérant  qu'outre  la  réformation  du  jugement,  l'appelant  réclame  la  somme  do  2.000  francs 
à  titre  de  dommages  intérêts  ; 

Que  cette  demande  n'est  pas  justifiée  et  que  la  condamnation  des  intimés  aux  dépens  sera 
une  re{)aration  suffisante  du  préjudice  que  le  procès  a  pu  lui  faire  éprouver; 
Par  ces  motifs. 

Faisant  droit  à  l'appel  de  Petit; 
Infirme  le  jugement  attaqué; 

Décharge  l'appelant  des  dispositions  et  condamnations  contre  lui  prononcées; 
Kt,  statuant  à  nouveau, 

Dit  (|ue  Bain  et  Fournier  n'ont  pas  le  droit  d'interdire  k  Petit  l'emploi  du  mot  «  Ckloralose  > 
pour  designer  le  produit  susvisé; 
ordonne  la  restitution  de  l'amende; 

Et,  pour  tous  dommages-intérêts,  condamne  les  intimés  aux  dépens  de  première  instance  et 
d'appel. 


Journal  de  Pharmacie 

N»  8.  _  XV  —  15  Avril   1898. 


RENSEIGNEMENTS 


Aux  Étadiants  en  pharmacie.  —  Noas  avons  eu,  le  20  décembre  d^ruler,  à  MontpetLiefi 
une  réunioQ  provoquée  par  quelques-uns  de  nos  camarades,  pour  étudier  Le  projet  de  loi  stir 
Texercice  de  la  pharmacie,  réunion  tenue  dans  un  amphithéâtre  de  l'école,  et  où:  plubieurs  de  nos 
professeurs  avaient  tenu  à  assister. 

La  commission  d'initiative  avait  eu,  du  reste,  la  bonne  idée  de  faire  eoIni:U1cr  cette  réunioii 
avec  le  passage,  à  Montpellier,  d'un  des  hommes  qui  donnent,  pour  le  triomphe  de  nos  revendi- 
cations, leur  temps,  leur  activité  et  leur  grande  intelligence,  M.  CoUard. 

Faite  au  pied-levé,  la  conférence  spontanée  de  M.  CoUard  a  été  un  véritable  succès  et  yaur  le 
conférencier  et  pour  la  cause  défendue.  Servi  par  une  éloquence  tour  à  tour  ei^rhmméc  et  mor- 
dante, plus  mordante  même  qu'enflammée,  mais  toujours  respectueuse  et  soucieuse  de  Ja  vérité 
des  faits,  M.  Collard  a  développé  devant  plus  de  cent  de  nos  camarades  les  critiques  nombreuses 
et  légitimes  que  soulève  la  situation  actuelle  de  la  spécialité,  accaparée  le  plus  souvent  par  les 
syndicats  de  la  finance  et  de  l'agiotage,  au  détriment  des  inventeurs  diplômé»  et  f^oDscicncleux. 

Suceessivement  M.  CoUard  a  traité  les  questions  de  l'inspection  des  pharmacies  et  dis  chambres 
de  diseipline,  de  la  Umitation,  du  droit  de  fermeture  des  officines  et  divers  auU'Ëi^  poiTits  qu'il 
n'a  pu  qu'effleurer.  Les  applaudissements  ne  lui  ont  pas  été  ménagés,  et  lorsque,  $a  <-o»rérence 
finie,  M.  CoUard  s'est  assis,  il  a  été  salué  par  un  ban  unanime  autant  que  vigoureux. 

A  l'unanimité,  l'ordre  du  jour  suivant  a  été  adopté  : 

<c  Les  étudiants  en  pharmacie  de  l'Université  de  Montpellier,  réunis  le  âO  di^cÊuibre  tB97, 
pour  étudier  le  projet  de  loi  sur  l'exercice  de  la  pharmacie,  après  avoir  entendu  M.  CoUard»  lui 
adressent  leurs  féUcitations  les  plus  vives  et,  tout  en  lui  promettant  leur  eoncour!^  Le  jrlui  actif, 
l'engagent  à  poursuivre  son  utile  propagande  ; 

«  D'autre  art,  décident  qu'il  y  a  lieu  : 

1*  De  protester  de  la  manière  la  plus  énergique  contre  le  retard  apporté  par  le  Park-riieut  dans 
le  vote  d'une  loi  d'intérêt  général; 

2*  Do  prier  les  représentants  de  la  région  de  l'Université  de  Montpellier^  d'u^ipuyçr  tes  veeuT 
présentés  par  le  dernier  Congrès  de  pharmacie,  les  considérant,  notamment  suc  La  queslioi)  des 
spécialités,  comme  le  minimum  des  revendications  professionnelles  ; 

3*  De  transmettre  aux  étudiants  de  toutes  les  autres  écoles  les  vœux  qu'ils  ont  émis  et  de  les 
inviter  à  les  seconder  dans  leur  campagne  en  faveur  des  réformes  indispensat^kâ  à  la  phar* 
macie.  » 

Cet  appel,  nous  espérons  que  nos  camarades  l'eniendroat  et  y  répondront. 

LitL  ▼érlflcatlon  des  poids  et  mesures  et  les  phax*maolens  ;  par  M.  G^  Belugon, 
chef  des  travaux  chimiques  à  l*École  supérieure  de  pharmacie  de  Montpellier, 

Depuis  quelques  années,  dans  notre  région,  la  vérification  des  poids  et  mesures  ao  muntre 
rigoureuse  vis-à-vis  de  nos  confrères  en  ce  qui  concerne  les  balances  de  précision. 

J'ai  cru  qu'il  était  bon  d'appeler  l'attention  sur  les  inconvénients  qui  peun'nl  réi^uUtT  d*iin<! 
interprétation  trop  étroite  des  règlements  de  la  part  de  l'administration. 

L'ordonnance  de  1839  prescrit  la  vérification  périodique  des  instruments  de  mesure  chez  lis 
commerçants  assujettis  à  la  taxe.  Cette  vérification  doit  porter  sur  tous  les  iml  rumen îs  piacén 
dans  les  magasins^  boutiques  ou  ateliers  des  dits  assujettis;  à  ce  titre,  h  phanimcieu  nu 
saurait  se  soustraire  au  règlement  et  je  ne  songe  certes  pas  à  soulever  une  ëiaoussiun  itiulîlo 
en  ce  qui  concerne  les  balances  ordinaires  des  officines.  Mais  il  me  semble  que  cette  loi  ne 
saurait  être  applicable  aux  balances  de  précision  et  si  elle  n'est  pas  modifiée  en  Mi  par  rinter* 


prétaliou  des  agents  préposés  à  la  vcHriciiiUoii,  ^Llc  «si  en  conlrâdicUon  iT(*e  butes  Us  lit:' 
sceutifiques  et  avec  l'inlérét  même  du  public.  La  chose  est  si  évidente  qn'uae  lettre  ministérk-lle. 
qui  malheureusement,  à  ce  qu*on  m'a  dit,  n'a  pas  force  de  loi,  avait  parfaitement  prévu  le  cas. 

Mais  il  est  temps  d'indiquer  les  conditions  rigoureuses  de  vérification  auxquelles  sont  soumis 
les  instruments  de  mesure  et  que  l'on  ignore  en  général. 

Les  balances  des  assujettis  à  la  taxe  (eu  conséquence  des  pharmaciens)  doivent  être  présentées 
par  le  constructeur  à  une  commission  spéciale  qui  les  examine  et  après  acceptation  applique  an 
poinçon  dit  de  vérification  première.  L'emploi  de  ces  seuls  instruments  poinçonnés  est  autorisé 
par  la  loi  chez  les  assujettis. 

L'industrie  fabrique  de  plus  en  plus  des  balances  de  précision  portant  des  molettes  mobiles 
destinées  à  permettre  de  ramener  sur  la  verticale,  passant  par  le  point  d'appui  du  fléan,  If' 
centre  de  gravité  lorsque  pour  une  cause  quelconque  il  s'est  déplacé.  L'utilité  de  ces  pelileN 
masses  additionnelles  est  démontrée,  non  seulement  par  l'enseignement  officiel  de  nos  professeurs, 
mais  encora  par  la  faveur  de  plus  en  plus  grande  qu'on  accorde  à  ces  balances  ainsi  moditléo 
dans  les  laboratoires  de  chimie  et  de  physique.  Les  pharmaciens  familiarisés  avec  les  loi> 
scientifiques  ont  suivi  le  progrès  et  un  grand  nombre  a  fait  l'acquisition  de  ces  in^tnimen^ 
indispensables  pour  les  opérations  délicates  effectuées  dans  les  officines. 

Mais  ces  appareils  n'ont  pas  été  présentés  par  les  constructeurs  à  la  commission  de  inétroiogi< 
chargée  d'en  accepter  le  modèle,  ils  no  sont  pas  poinçonnés  et  les  vérificateurs  des  poids  il 
mesures  sont  en  droit  d'en  opérer  purement  et  simplement  la  saisie  et  dresser  procès-verbal. 

Le  pharmacien  se  trouve  donc  dans  celte  pénible  alternative  d'être  en  couti'avcutîon ,  sii 
possède  l'appareil  de  précision  qu'il  a  choisi  sur  les  conseils  de  ses  maîtres,  ou,  s'il  est  d'accord 
avec  la  loi,  de  ne  posséder  qu'un  instrument  médiocre  au  point  de  vue  scientifique. 

Toutefois,  pendant  un  certain  temps,  les  vérificateurs  se  sont  contentés  de  fermer  les  yeM. 
comprenant  parfaitement  l'utilité  des  molettes  et  d'ailleurs  couverts  par  une  lettre  ministéricilt 
en  date  du  11  avril  1878,  indiquant  que  les  trébuchels  et  poids  de  fantaisie  {lisez  :  balances  cl 
yHôufs  Je' précision  non  conformes  aux  modèles  officiels)  placés  sous  cage  échappent  à  la 
vérification  comme  instruments  destinés  à  assurer  la  sécurité  de  public  et  du  pharmacien  dool 
la  responsabilité  est  engagée  par  le  seul  fait  du  dépôt  du  diplôme.  C'était  là  incontestablement 
une  modificatiorT  heureuse  de  la  loi,  donnant  pleine  satisfaction  aux  praticiens  soucieux  de  sr 
montrer  hommes  de  science  plus  que  commerçants. 

relie  lettre,  je  l'ai  dit,  n'a  pas  force  de  loi.  Sur  des  instructions  plus  récentes,  nos  vérifi- 
cateurs ont  dû  la  considérer  comme  non  avenue  et  mettre  en  demeure  les  pharmaciens  muiùj 
de  véritables  appareils  de  précision  d'avoir  à  faire  disparaître  les  molettes. 

Celle  loi,  si  rigoureuse  vis-à-vis  de  nos  confrères,  n'est  cependant  pas  appliquée  au  médecin 
délivrant  des  médicaments  (1).  C'est  donc  une  preuve  que  toute  loi  peut  être  interprétée  àias 
son  application. 

11  est  vrai  que  nos  confrères  peuvent  soustraire  leurs  balances  à  la  vérification  en  lespiaç^n^ 
.dans  leurs  laboratoires. 

N'est-ce  pas  là  une  de  ces  bizarreries  qu'il  suffira  de  signaler  pour  la  faire  modifier  en  hjal 
lieu?  On  ne  peut  arguer,  en  efFet,  qu'on  assure  par  ce  moyen  l'honnêteté  commerciale  de  1» 
pharmacie. 

Aussi  je  demanderai  que  la  question  soit  examinée  à  nouveau  et  que  tout  en  respectant  la  ioi. 
c'est-à-dire  tout  en  soumettant  les  modèles  au  poinçon  de  vérification  première,  on  i'élargi^^' 
en  ce  qui  concerne  la  vérification  périodique  et  que  l'idée  émise  dans  cette  lettre  ministérielle 
si  sensée  du  11  avril  1878,  soit  remise  en  vigueur  et  vienne  heureusement  modifier  la  loi. 

On  donnera  ainsi  satisfaction  au  pharmacien,  en  vue  des  opérations  scientifiques  et  au  public. 
en  ce  qui  concerne  les  instruments  servant  aux  transactions  commerciales. 

G.  Belugoc. 

(1)  Le  D'  Joûon,  de  Brain-aur-l'Autbion  (Maine-et-Loire),  frappé  de  la  taxe  de  Térifteation,  en  aobteos 
décharge  après  réclamation  du  conseil  de  préfecture. 
{Bulletin  officiel  de  l'Union  des  Syndicats  médicaux  4e  France.  ~  Paris.  —  N*  du  5  mars  1698.  p.  69.) 


Journal  de  Pharmacie  r^^ 

V  9.  —  xvii  —  I"  Mai  1898. 


RENSEIGNEMENTS 


AVIS.  Banqnet  de  Tlnternat  en  Pharmacie.  —  Le  banqucl  de  l'Internat  en  phar- 
macie aura  lieu  le  15  mai  prochain»  chez  Marguery. 


Traitement  du  pétrole  et  de  ses  homologrnes  en  yue  de  leur  solidification, 
de  leur  liquéfaction  après  solidification  et  de  la  séparation  de  leurs  éléments 
constitutifs.  Brevet  Lothammer  (1).  —  On  prépare  d'abord  une  décoction  de  bois  de 
Panama,  en  le  faisant  bouillir  à  l'air  libre  ou  en  un  vase  clos,  k  feu  nu  ou  au  bain-maiie,  jusqu'à 
ce  qu'on  se  trouve  en  présence  d'une  lessive  d'environ  10  à  15  degrés.  Cette  lessive  est  destinée 
à  jouer  le  rôle  de  saponifiant  vis-à-vis  du  pétrole.  Elle  est  ensuite  mélangée  au  pétrole  ou  à 
l'huile  dans  la  proportion  de  1  p.  100;  le  tout  est  malaxé  ou  brassé  convenablement,  à  la  tem- 
pérature ambiante,  jusqu'à  l'obtention  d'une  masse  gélatineuse. 

Sous  cette  forme  qu'ils  conservent  jusqu'à  une  température  de  60"  C,  le  pétrole  et  les  huiles 
minérales  sont  plus  transportables;  de  plus,  févaporation  est  réduite  à  néant. 

Pour  l'emploi  de  cette  matière  solidifiée,  il  suffit  de  la  mettre  en  présence,  à  la  température 
ambiante,  d'un  métal  quelconque  brut  ou  poli,  de  préférence  du  fer  ou  de  l'acier.  La  liquéfaction, 
qui  résulte  de  ce  contact,  se  produit  sur  environ  2  millimètres  d'épaisseur  et  se  continue  ainsi 
jusqu'à  l'épuisement  total  de  la  masse. 

Au  lieu  d'employer  directement  le  pétrole  ou  les  huiles  minérales  solidifiées,  on  peut  en  séparer 
les  deux  éléments  fondamentaux,  dont  l'un  d'eux  n'est  inflammable  qu'à  une  très  haute  tem- 
pérature. 

A  cet  effet,  on  enflamme,  par  un  moyen  quelconque,  la  masse  solide  disposée  sur  une  plaque 
métallique  en  dos  d'&ne,  ou  sur  une  couche  plus  ou  moins  épaisse  de  sable. 

Pendant  la  combustion,  l'élément,  qui  n'est  inflammable  qu'à  une  très  haute  température,  se 
sépare  de  la  masse  pour  être  recueilli  dans  un  récipient  spécial. 

Le  môme  résultat  est  obtenu  en  introduisant,  en  un  point  quelconque  de  la  masse  solidifiée, 
soit  une  plaque  métallique  chauffée  au  rouge  foncé,  soit  un  foyer  alimenté  par  des  combustibles 
sans  flamme  et  en  communication  avec  l'extérieur  pour  l'admission  de  l'agent  comburant  et 
l'éconlement  des  produits  de  la  combustion,  soit  un  foyer  chauffé  à  l'aide  d'un  courant  éloctri«iuc'. 
Dans  tous  les  cas,  l'huile,  ou  élément  inflammable,  est  recueillie  comme  cj-dcssus  et  peut  être 
employée  en  chimie  générale,  tandis  que  les  vapeurs,  ou  gaz  dégagés,  sont  recueillies  dans  des 
vases  où  elles  sont  convenablement  condensées  pour  être  utilisées  extérieurement. 

Sur  les  progrés  de  Talchlmle  aux  État-Unis;  par  M.  H.-C.  Bolton.  —  Un  certain 
nombre  de  chimistes  aux  États-Unis  travaillent  encore  le  vieux  problème  des  alchimistes,  lu 
transmutation  des  métaux  communs  en  or.  Il  est  inutile  d'ajouter  qu'en  présence  d'un  contrôle 
expérimental  sérieux  tous  les  résultats  annoncés  se  sont  évanouis.  Ce  n'est  pas  moins  l'indice 
d'un  état  d'esprit  intéressant  à  signaler. 

Le  D'  S.  A.  Emmens,  chimiste  connu  de  New- York  et  auteur  de  recherches  intéressantes  sur 
les  explosifs,  prétend  arriver  à  augmenter  progressivement  la  densité  de  l'argent  de  façon  à  le 
transformer  en  or  (2). 

M.  E.  C.  Brin,  de  Chicago,  prétend  transformer  l'antimoine  en  argent  et  or.  Une  élude  long- 
temps suivie  de  son  procédé  faite  par  une  commission  de  chimistes  et  d'essayeurs  montra  que 
l'or  et  l'argent  obtenus  en  petite  quantité  préexistaient  dans  l'antimoine  employé. 


[i)  ReP.  de  Chim.  indmtr.,  février  1808. 
i    II  annonce  ne  réussir  qu'avec  l'argent  do  Mexique;  oq  sait  qu'il  contient  généralement  un  peu  l'or.  A.  P 


xvin  — 


f  Bnbstitnttoii   de  l^alamlnium  an    culTre  dans  les  canalisations  électriques 

^  —  Jf.  Aifred  E.  Hunt,  de  Pittsburg,  publie,  dans  Vlron  Affe  du  24  février,  un  article  relatif 

ïiu%  avantage  !i  de  remploi  de  l'aluminiuin  dans  les  canalisations  électriques,  article  que  le  Génie 
civii  analyse  comme  il  suit  :  On  sait  que  le  cuivre  rouge  a  été  choisi  comme  coaducteur  élec- 
tn^iue^  à  caDâc  de  sa  grande  conductibilité,  sa  facile  conscnation,  la  facilité  avec  laquelle  on 
]K'Ut  lo  Aoudcr  ou  le  braser,  sa  maléabilité  et  sa  résistance  à  la  tension.  L'auteur,  partant  de  ce 
que  le  ra{)|Hirt  centre  les  poids  d'un  même  volume  de  cuivre  et  d'aluminium  est  de  3,332,  eu  déduit 
d'abord  quPt  pi^ur  une  même  section,  le  prix  de  l'aluminium  serait  seulement  les  0,62  du 
pii\  du  uuivff^,  La  conductibilité  de  l'aluminium  n'est  que  les  63  centièmes  de  celle  du  cuivre; 
iriais  si  l'on  donne  au  conducteur  d'aluminium  une  section  suffisante  pour  obtenir  la  même  con- 
tlurlîbilité  qu'itvtic  un  Gl  de  cuivre  de  section  moindre,  on  obtient  encore  une  économie  en  faveur 
*h  ralumiiiiuin  quand  on  prend  pour  bases  les  prix  au  kilo  de  2  fr.  90  pour  Taluminium  cl 
I  ff.  40  prmr  le  cuivre.  La  résistance  de  l'aluminium  pur  est  moindre  que  celle  du  cuivre,  mais 
on  peut  l'atigmenter  par  un  alliage  convenable.  Quant  à  la  conservation  du  métal,  elle  est  plus 
longue  pour  i'^iluminium  que  pour  le  cuivre.  La  soudure  de  l'aluminium  peut  ôli*e  facilitée  par 
dilfércnt^  niinnn:!  qu'indique  l'auteur.  Enfin,  pour  ce  qui  concerne  sa  malléabilité,  elle  est  pluH 
gniii(|p  qui'  f  rlle  du  cuivre.  La  métallurgie  de  ce  dernier  est  compliquée  et  délicate;  raluminium 
s'oblitnl,  uu  ron  traire,  facilement  à  l'état  de  pureté  dans  le  rapport  de  99,51  p.  100. 

L*ftutcur  t'Mnpare  également  l'aluminium  uu  laiton  et  le  trouve  plus  avantageux  an  point  de 
rue  des  ajtplit-ations  aux  machines  électriques. 

Innnence  de  l*alcool  sur  le  trayall  mnsculalre  (1).  —  M.  E.  Destrée  a  entrepris 
d'intcrfi^âântrs  recherches  pour  élucider  la  question,  eneore  controversée,  desavoir  si  l'absorption 
de  l'ilcool  csl  un  excitant  de  la  fonction  musculaire.  Il  est  incontestable  en  effet  que,  quelques 
dmilc!^  u|iros  ringcstion  d'un  liquide  alcoolique,  on  a  la  sensation  d'une  vigueur  musculaire 
itnot'Mmli\  id  un  besoin  d'action  manifeste.  Mais  il  fallait  donner  exactement  le  sens  de  ces 
3£iiMlion.^,  ri  mesurer  les  effets  qui  en  étaient  le  résultat. 

En  tipoi'Qïil  sur  lui-même,  par  le  procédé  des  mesures  dynamométriques,  H.  Désirée  a  pu 
élablir  les  points  suivants  :  1**  que  l'alcool  a  certainement  un  effet  favorable  sur  le  rendeuient  eu 
IruTail,  qu+;  ir  muscle  soit  fatigué  ou  non:  2"  que  cet  effet  est  presque  immédiat,  mais  très 
moijiontané;  3^  que,  consécutivement,  l'alcool  à  un  effet  paralysant  très  marqué,  le  rendemeul 
muïît  nlaire,  environ  une  demi-heure  après  administration  d'alcool,  arrive  à  un  minimum  que  lU- 
niMi vêliez  âo&Ki  d'alcool  élèvent  difficilement;  4**  que  l'effet  paralysant  de  l'alcool  compeD>e 
t'<>vrilâtLO[i  momentanée,  et  que,  somme  toute,  le  rendement  de  travail  obtenu  avec  l'emploi 
d'aUuoliqueii  lâl  inférieur  à  celui  que  l'on  obtient  en  se  privant  d'alcool. 

Ainsi  se  trouve  établi  une  fois  de  plus  l'inutilité  et  l'action  fâcheuse  de  l'alcool,  en  toutes 
cÎFCosïslaiifcs,  puisque  même  son  influence  sur  le  rendement  musculaire  est  illusoire  et  se  traduit 
*'ii  îtotrinït"  ]nir  un  déficit. 

La  température  des  eaux  de  l'océan  Pacifique  du  Nord  (2).  —  Il  résulte  des  publications 
iki  senicx'  knilio-^raphique  des  États-Unis  que  la  région  la  plus  froide  (pour  les  eaux  de  surfacei  de 
la  pjirlie  &c'pttjnlrionale  de  l'océan  Pacifique  est  celle  comprise  entre  55  et  60*  de  latitude  nord 
d'une  ]ï[ivi  el  15ri  et  180®  de  longitude  ouest  d'autre  part.  Dans  cette  région,  la  température 
m<^yentie  pi>ui  les  mois  de  mai  à  septembre  est  de  6%1  ;  la  région  la  plus  chaude  se  IrouM^ 
pai'  ^it  a  ^6"  lie  latitude,  de  140  à  165"  de  longitude  ouest,  où  la  température  moyenne  est 
d()  atr  C.  Or&t  dans  la  région  35  à  40»  latitude  et  150  k  180»  longitude  ouest  que  les  variatimis 
men^uclie^  ^out  les  plus  marquées  et  par  30  à  35*»  de  latitude  et  115  k  145"  de  longitude  ou^^st, 
qu'elles  ie  smit  l<*  moins. 


ilt  lirvur  sricnfififpie. 
(2)  Rft'tfc  sL'ientifique. 


Jonrnal  de  Pharmacie 

N*  10,  —  XIX  —  îr.  Mai  ms 


RENSEIGNEMENTS 


Statistique   citée    par    M.    Labbâ    <de    rAca.dèml«    de     médecine)    dans    un 
t    discours  au   Sénat  et  observatioas  de    notre  coUésQe. 

<L'UniTersité  crét^  i.OUti  ilcoiidi!»  pur  an  pour  âlH)  ou  30(J  j>Lacff^  va^^ante^  dans»  'les    Lycéoj^,' 
l'Érolo  polj techiiicîuû   ollre    iiim  ^Joyr^^ne  aïinuelle  ilc  I.HOO  caîïdidah  pour  âSO  j>lBCres;  rÉrolc 
^    »iilrale  produtl  chiîqui^  anni<c  800  à  9(H)  ingénif'ur^,  «k>nl   lus  pont»  et  clmui^s^ea  et  tes  i!Oinp»i- 
pies  do  chiT^min»  de  fer  ffllienn^nl  quclquc!i-unï,    le  riiste  d^^voul  se  raser dauJ»  riuditALriâ  mi  ils 
la^ut^nt  mailla  que  eerUiits  ouvriers  d'ëlitc  ^  dans  r<;us{>i^TLcment  primafiv>,  ?,ur   irk(M)<iO  inatiln-» 
I    kiir^  ou  iiistitiilritreK  ayâuL  leur  diplâme,  il  y  eu  i  t(k>.(KK>  dan<{  nue  gi^uo    tH^R  rniîiiue  du   Ju 
niFiièrr,  15^000  conddiats  pour   150  pLgtre!^    vacanluï,    par  cxeiupk^  daniï  loti  écolejï  de  Paria;   ks 
autres,  par  milliers,  veut  aux    magaitius,    homuie^  ^u  femmes,    et  cdlt^ï^ei^  hélas!  souvent  à  in 
liMstitulî^n    :    à  It  préfecture*,  de  poïr«v,  il  j  a  eu  eu  IH^B,  j^our  40  pi  ne  es,  *î,300  caiidîdal!^,    1 1 
I    k  resmtance    publique  on  eompie  350   conifîrtats  pour  8    emploi  a  â  donitf'rH  A  l'aris^  suri!  ,Mh» 
médeclnSf  la  luoUîé  ne  gagne  pas  de  quoi  se  tireir  d'à  (Ta  ire,  etc,]» 
f  Je   n'insi^le  pas  sur  rette  situation  toute  pat-ticuliËrc  et  di<pturabto  que  je  conuais  ^i  hiiiu 
'      *  M^îs,  ïïicssiours,  it  t^l  iSifideulque  colle  surproduction  4e  dîptùmes  a  (l«5i'on séquences  terri- 
bles, et  je  pu.is  dire,  qu'elle  soulève  deux  qucstiouii  principales  : 

i  t*  Une  question  économique,  car  la  jeunesse  diplûmée  ne  peut  trouver  dans  1â  hiérareliÎL: 
administrative  tes  plaeea^  h  s  situati^nâ  que,  par  $uite  do  la  posseKsion  de  ses  diplémijs,  lilr 
eroraît  pouvoir  obtenir  ; 

«t*  Une  question  politique,  far  tous  les  Uceneiési  et  tous  les  nnrcj;ès  sonsebaire  vont  grossir 
fûmmera  dit  autrefois  M.  Jaurès  :  «t  l'état-major  et  les  cadres»  des  forres  anlisoi^inlcs. 

«  On  me  dira  qu'il  faut  à  tout  prix  former  une  élite  intcllectuetle.  Je  suis  de  cet  avis;  scvMe- 
mentf  je  ne  comprends  pas  rom me  tout  le  monde  t'éllte  intellectuelle.  Je  crois  qu'il  n'est  pu* 
oéressaire  d'avoir  un  dipliVme  de  bachelier  es  lettres,  d'avoir  pnssé  huit  ou  neuf  ans  sur  h^ 
Ijanrs  d'où  lycée  ou  d'uu  rollèj^e  pour  faire  partie  de  rêlit^^  JntelîecUetle.  Jo  suis  eonvairn  u 
qfle  parmi  les  industriels  et  les  nigoeianis,  les  agriculteurs,  les  grands  ouvriers  d'art  qui  u'oni 
pas  de  diplèmesj  on  peut  trouver  nombre  d'bottimes  qu'il  faut  al>solumcnl  classer  dans  l'clitr 
irtltllectoelle  pratique  et  utile  au  pays. 

f^U  est  évident  quelessecritîces  conseotis  par  le  Gonvemement  ne  sont  pas  en  rapport  avetî  li?^ 
résultats  obtenus.  11  faut  donc  modifier^  à  mon  avis,  l'usage  des  crédits,  que  je  n**  trouve  pas 
trop  c  on  a  id  Érables,  que  je  demanderais,  au  contraire,  au  ÏKSoin,  h  augmenter,  non  pas  au  .  hn- 
pitre  du  ministère  de  rinsdniction  publique,  mais  dans  une  direction  tout  à  fait  dif t;rent<ÏH,  t'ni  i 
4  fait  nouvelle  :  aut  chapitres  du  ministère  dn  commerce, 

<  Aujourd'hui  que  la  lutte  commerciale  devient  de  plus  en  plus  intense,  aujourd'bui  que  l'état 
de  la  France  se  modifie  si  complÊtement  avec  son  empire  colonial,  il  fnut  diriger  nos  jeunes 
i;cus  dans  une  voie  différente  de  celle  où  ils  sont  engages  depuis  vingt-cinq  ou  trente  ans  ju'in- 
cipttîemcût.  {Très  bien  !  trèn  bien  1} 

itiïeaucoup  d'entre  iious  ont  poussé  des  jeunes  gens  4i  entrer  dans  loî*  lycées  àPaide  de  bour-^es 
qai  l&uront  été  accordées;  puis  ces  jeunes  gens,  une  fois  bacheliers,  viennent  nou*  trouver  il 
nous  demander  ce  qu'ils  peuvent  faire,  JVn  sais  pour  mou  compte  quelque  chose  par  les  visites 
que  j'ai  reçues  d'un  certain  nombre  de  mes  compatriotes,  ftls  de  gens  des  plus  bonorahles  qui  sti 
sont  saignéa  aui  quatre  memt>rea   pour  conduire   leur   fila  jusqu'à  la  fin  d^-  leurs  iHua-  s  r|  qui 


—   XX    — 

n*ofil  [ilus  aiJcunt;  espèce  ^e  ressource  b.   mcUro  à  leur  lili^po^iliûii   [tonr  Içi  études    siip£ri«urF^. 
Et  alors  <;'G.<it  ut)  dt^sêspoir  complel  et,  il  faut  te  dire,  c'e&t  \inf  souctse  de  décLft^sés* 

il  Eb  bien»  quel  serait  le  remède?  Noua  enLcndona  dïir  tous  les  jours  par  eeui  aaxquds  ^t 
demande  ïcar  avi»  :  if  Maî&  aujourd'hui  nous  û^oqs  riudo-Chine^  nous  avons  Msdftj^nscart  nnm 
aTon^  des  colonies  dans  tous  les  coEns  du  ïi^onde  ;  allez  aux  colonies,  d  Et  qo'ast-es  que  tou^ 
vottlei  qu'aillent  faire  aux  colomes  de  brayes  Jeunes  geon  auquels  ou  a  enseigné  peudatit  dix  iqï 
du  grec  et  du  lalin^et  auxquels  ou  n'a  rieo  appris  de  la  nia  pratique  7 

n  Dans  ees  eonditions,  je  dis  qu'il  faut  absolumf^nt  que  le  GouTernemeût  ctian^^  la  direeliû» 
im|mmèe  k  nolré  jcuiies^a^  ot  il  me  parait  que  le  conseil  que  j'ti  à  douuer  est  bien  simple  et 
deTi^iti^Lre  suivi.  Je  n'ai  pas  la  preti?nLion  qu*ll  vi (tu ne  de  moi  seul-  je  lo  tire  de  ce  qui  se  paise 
dc|it]iiî  quelques  aT]ni,H^&  autour  dp  nous  d'une  r«!.'r>n  si  remarquable. 

a  Que  voyons-nous  en  cfTel  dans  ce  moment-ci?  Nous  voyons  les  résultats  déjà  obtenus  par 
rUnion  coloniale  avec  MM.  Mci*sct  et  Cbailly-Bcrt,  etc.,  par  le  comité  Dupleix,  arec  M.  Bonvalut 
et  autres. 

<(  La  chambre  de  commerce  de  Lyon  n*a-t-clle  pas  donné  de  son  c6ié  le  magnifique  exemple 
d*avoir  créé  des  bourses  pour  faciliter  des  explorations  géographiques  et  des  études  commercia- 
les en  Chine,  résultat  remarquable  qui  a  ramené  de  Chine,  celte  année  même,  des  jeunes  gens 
au  courant  de  ce  que  peuvent  donner  ces  contrées  éloignées  au  profit  de  la  fortune  de  la  France.  > 

Association  g^énérale  des  Pharmaciens.  —  Les  Sociétés  pharmaceutiques  de  France, 
agrégées  à  TAssociation  générale  des  Pharmaciens  de  France,  ont  procédé  au  renouTellcment  des. 
membres  du  bureau  arrivés  au  terme  de  l'expiration  de  leur  mandat. 

M.  Petit,  président,  a  décliné  toute  canditatare  et  il  a  maintenu  cette  décision  malgré  les  ins- 
tances qui  lui  ont  été  faites.  H  a  été  nommé  par  acclamation  président  d*hoDneur. 

M.  Rièlhe,  dont  chacun  connaît  le  dévouement  et  l'activité,  a  été  élu  président. 

M.  Trinon,  dont  la  compétence  est  exceptionnelle,  a  été  réélu  secrétaire  général. 

M.  Viaud  (de  Nantes),  M.  Antheaume  (de  Provins)  sont  nommés  vice-présidents. 

Les  conseillers  élus  sont  : 

MM.  Dehognes  (de  ChatellerauU),  Deleuvre  (de  Lyoni,  Demandre  (de  Troyes),  Lejcune  (do 
Reims),  Mcrlhe  (de  Port-Bail),  Verne  (de  Grenoble),  Barrucl  (d'Orléans)  et  Gollin  (Seine)  en 
remplacement  de  M.  Rièthe. 

Dénatnration  des  alcools  en  Allemagne  (1). 

I.  Préparations  générales.  —  Alcool  contenant  2  p.  100  d'alcool  méthylique  et  1  p.    \0i)  *\ 

pyridine. 

II.  Préparation  des  alcaloïdes.  —  Alcaol  contenant  0,50  p.  100  d'essence  de  tcrébenthifi^ 
et  0,035  p.  100  d'huile  animale. 

III.  —  Alcool  contenant  0,50  p.  100  d'essence  de  térébenthine  pour  Textraction  des  résines  é- 
jalap  et  de  scamonée  et  la  fabrication  des  vernis. 

IV.  —  Alcool  contenant  0,025  p.  100  d'huile  animale,  pour  la  préparation  des  anilines,  é\ 
chloroforme,  de  l'iodoforme,  de  l'éther  sulfurique,  de  l'hydrate  de  chloral  et  de  rantipyrieî 
fabriquée  avec  de  l'éther  acétique. 

V.  —  Alcool  contenant  10  p.  100  d'éther  sulfurique  pour  la  fabrication  du  coUodioQ,  du  tanîL. 
de  l'acide  saiycilique  et  des  salicylates. 

VI.  —  Alcool  contenant  0,25  p.  100  d'huile  animale  pour  la  préparation  de  raeétato  et  au 
carbonate  de  plomb. 


(1)  Revue  scientifique. 


N<»  11. 


Journal  de  Pharmacie 

—  XXI   — 


1"  Juin  1898. 


RENSEIGNEMENTS 

Solution  des  Contestations  élevées  par  la  Pharmacie  Centrale  de  France  à 
propos  des  droits  d'Octroi  et  de  Régie. 

Depuis  1893  jusqu'à  maintenant,  la  Pharmacie  centrale  de  France  n'a  cessé  d'opposer  aux  pré» 
tentions  de  Toclroi  de  Paris  et  de  la  régie,  à  propos  des  droits  appliqués  à  certains  produits 
médicamenteux,  ses  protestations,  et  sa  volonté,  à  défaut  d'une  solution  amiable,  d'obtenir  des 
trihonaux  le  règlement  de  la  question. 

A  cet  effet,  lorsqu'une  première  discussion  n'a  pas  été  suÎTie  de  la  concession  espérée,  la 
Pharmacie  centrale  de  France,  prenant  la  Toie  la  plus  expéditive,  s'est  fait  dresser  procès-verbal 
par  les  agents  de  l'administration  pour  transport  d'objets  sujets  aux  droits  sans  Taccomplisse- 
ment  des  formalités  imposées  par  les  lois  et  sans  acquittement  des  taxes. 

Dans  le  cours  de  ce  conflit,  le  Tribunal  correctionnel  de  la  Seine  a  rendu  plusieurs  jugements 
aux  dates  des  28  avril  1894,  25  mai  1895, 14  mars  et  16  mai  1896  et  22  mai  1897.  Des  arrêts  de 
la  Cour  de  Paris  ont  suivi  le  11  février  et  2  décembre  1897.  Enfin,  un  arrêt  de  la  Cour  de  cas- 
sation est  intervenu  le  22  juillet  de  la  présente  année. 

Voici  ta  série  des  objets  reconnus  maintenant  exempts  des  droits  et  formalités  de  régie  et  d'octroi  : 
I  1.  —  Médicaments  à  base  de  vin  ou  d'alcool 
Àlcoolatnre  vulnéraire. 
Alcool  camphré. 
Élixir  du  D'  Paul  Gage. 


-^  de  Soughton. 
Vin  de  Bogeaud. 

—  Ossian  Henri. 

—  ferrugineux  de  Dusart. 

—  lactophosp**  chaux  id. 

—  Aroud  au  quinquina. 

—  —    ferrugineux. 

—  de  gentiane. 

—  antiscorbutique. 

—  aromatique. 

En  ce  qui  louche  le  dernier  article  c  vin  de  quinquina  »,  il  se  peut  que  la  régie,  repoussée 
jusqu'à  présent  en  première  instance  et  en  appel,  veuille  tAter  de  la  Cour  de  cassation.  Mais  elle 
ne  parait  pas  pouvoir  tirer  un  meilleur  parti  de  cette  dernière  ressource. 


Vin  d'Arluison. 

—  Colombo  Chapes. 

—  de  la>Charité. 

—  ferrugineux. 

—  de  Trousseau. 

—  de  Southoul. 

—  de  rhubarbe. 

—  de  peptone. 

—  de  valériane. 

—  iodo  tannique. 

—  de  Sé^in. 

—  de  quinquina  officinal  au  bordeaux. 


{  2.  —  Médicaments  à  base  d'huile 

Huile  de  jus(|uiame. 

Onguent  basilicum. 

—       de  pied. 


Baume  tranquille. 
Emplâtre  diachylon. 

—       simple. 
Huile  de  belladone. 

A  ces  derniers  il  faut  ajouter  c  l'Emulsion  Scott  »,  sur  laquelle  la  Cour  de  cassation  (Chambre 
des  requêtes)  s'est  prononcée  également  dans  le  sens  do  l'affranchissement,  le  7  juillet  dernier, 
à  l'occasion  d'une  affaire  étrangère  à  la  Pharmacie  centrale  de  France. 

§  3.  —  Médicaments  divers,   notamment  : 

Coaltar  sponiné  Le  Bœuf. 
Extrait  alcoolique  de  kola. 
Apiol. 


Sparadraps. 

Thapsias. 

Liqueur  d'Hoffmann. 


Baume  de  Gurgum. 

Huile  empyreumatique. 

Pommade  épispastiqne. 

Capsules  gélatineuses  d'huile  de  foie  de  morue. 

Z«e8  déceptioiui  dn  Monopole  de  l'Alcool  en  Rnssie  (1).  »  Les  raisons  qui  ont  pro- 
voqué l'établissement  du  monopole  dans  l'Empire  russe  ont  été  surtout  fiscales.  L'administra- 
tion  a  nettement  insisté,  pour  justifier  sa  décision,  sar  la  nécessité  «de rendre  aux  recettes 


Emplâtre  poix  de  Bourgogne. 

—       diapalme. 
Cérat. 


(1)  Bévue  vMicoie. 


—  xxn  — 

l'élasliciié  quo  celte  branche  de  rcssoarccs  budgétaires  est  en  train  de  perdre  et  d'éUblir,  par 
une  voie  désormais  sûre  et  à  l'abri  de  tout  mécompte,  des  procédés  de  Tente  exempts  de  fnnde, 
de  supcrcberic  et  d*cxeitalion  à  la  fraude  ». 

En  1895,  le  monopole  a  répondu,  jusqu'à  un  certain  point,  aux  espérances  financières  de  ses 
promoteurs  dans  les  quatre  gonTcrnements  d'Oufa,  de  Perm,  d'Orenboarg  et  de  Samara. 

Dans  ces  quatre  gouvernements,  I*État,  sous  le  régime  de  Taccise,  avait  encaissé^  en  1S93, 
12.691.000  roubles  pour  1.199.000  wedros  d'alcool  absolu;  il  a  reçu,  en  1895,  sons  le  Tégime  do 
monopole,  16.739.081  roubles  pour  1.160.000  wedros  d*akool  absolu.  La  consommation  a  légère- 
ment décru  comme  quantité,  mais  les  recettes  ont  progressé  d'environ  30  p.  100. 

Notons  que  l'admiiiislratioa  du  monopole  russe  s'entend  au  trafic  de  Tacool.  Elle  doit  Tamè- 
lioration  de  ses  recettes  au  bon  marché  de  ses  produits.  Elle  varie  ses  prix  suivant  le  degré 
d'épuration  des  alcools  (1^  moins  purs  sont  pour  le  peuple)  et  suivant  la  pauvreté  ou  la  ri- 
chesse de  telle  ou  telle  région;  elle  vend  en  bouteille  de  l'eau-de-vie  médiocrement  épnrée,  très 
inférieure  à  notre  alcool  de  commerce  français,  au  point  de  vue  des  impuretés  qu'elle  rontient. 

Cette  eau-de-vie  du  monopole,  qui  est  de  consommation  générale,  se  livre  aux  amateurs  à  on 
prix  très  modique,  qui  représenterait  quatre  centimes  un  quart  par  petit  verre  de  deai  centi- 
litres et  demi  et  elle  se  contente  d'un  bénéfice  d'un  demi  centime  par  petit  verre.  C'est  ainsi  qne 
l'administration  russe  réalise  un  boni  de  8  millions  de  francs  au  milieu  d'une  jMtpnlaUoii  de 
10  millions  d'habitants,  ce  qui  représente  0.60  par  léte.  2.8i5  débits  officiels  ont  remplacé, 
dans  ces  gouvernements  les  7.109  cabarets  d'autrefois,  sans  qu'on  ait  pu  constater  le  moins  du 
monde  une  diminution  quelconque  de  l'alcoolisme. 

Avant  le  monopole,  l'ensemble  des  ventes  donnait  une  moyenne  annuelle  de  2.066  litres  d'aeool 
par  cabaret;  il  a  donné,  en  1895,  une  moyenne  de  5.092  litres  dans  les  établissements  of&eiels. 

Des  épiciers,  dos  fruitiers,  des  restaurants  autorisés  font  aussi  le  trafic  de  l'alcool. 

Les  bonnes  intentions  n'ont  point  manqué  aux  organisateurs  du  monopole,  et  les  précautions 
contre  les  tentations  ont  été  multipliées  par  eux.  Point  d'alcool  consommé  sur  place,  pins  df 
(rabarcticrs  libres  et  joyeux  ;  rien  que  des  employés  corrects,  graves  derrière  leurs  guichets,  et 
débitant  leur  alcool  avec  une  impassibilité  parfaite,  sans  aménité  aucune,  sans  pousser  d'ane 
façon  quelconque  à  la  consommation.  Résultat  final  :  une  aggravation  de  l'alcoolisme. 

Un  correspondant  de  Horodko,  petite  ville  du  gouvernement  de  Vitebsk,  écrit  à  un  journal  de 
Saint-Pétersbourg  : 

«  Dans  la  rue  oii  se  trouve  le  bureau  do  l'État,  une  foule  de  buveurs  et  de  longues  files  tic 
chariots  empêchent  toute  circulation.  On  y  transporte  les  bouteilles  par  centaines,  et  l'eau-de-Tie 
est  ingurgitée  sans  l'aide  de  verres.  Un  coup  sec  habilement  donnée  fait  sauter  le  bouchon...  U 
père,  la  mère,  les  enfants,  tout  le  monde  boit,  la  bouteille  collée  aux  lèvres,  et  Ton  boit  bien 
plus  qu'avant  l'introduction  du  monopole;  car  l'eau-de-vie  de  TËtat  est  à  bon  marché,  d'angoftt 
agréable  et  non  mélangée  d'eau...  etc.  » 

Mêmes  orgies  dans  la  grande  rue  de  Kiew  : 

«Autour  des  bureaux,  écrit  un  autre  correspondant,  s'établissent  des  gargotiers,  des  ba^ear^ 
remplissent  les  boutiques  voisines  :  en  un  mot,  l'atmosphère  du  cabaret,  renfermée  autrefois  et 
retenue  dans  l'enceinte  de  rétablissement,  gagne  et  remplit  aujourd'hui  tout  le  quartier  awi- 
sînant.  b 

Ainsi  les  marchands  d'alcool  ont  été  inutilement  changés  et  remplacés  par  des  fonctionnaire^i- 
Les  clients  sont  restés  les  mêmes,  aussi  épris  d'alcool  qu'avant  le  monopole  ;  ils  n'y  ont  rleti 
gagné  que  de  payer  plus  cher. 

C'est  ce  qui  se  passerait  aussi  en  France,  mais  une  observation  s'impose  comme  conclusion, 
pour  prévenir  les  rappruchemcuts  intéressés,  autant  qu'absurdes,  des  disciples  de  M.  Algiave. 

La  Russie  ne  produit,  par  tête  d'habitant,  que  trois  litres  de  vin,  généralement  consommés  sof 
place  et  trois  litres  de  bière;  elle  n'est  donc  n'y  paralysée  ni  gênée  dans  sa  tentative  par  li 
nécessité  de  concilier  les  intérêts  contradictoires  que  fait  naître  en  France  la  variété  des  bois- 
sons. Du  moment  oii  ces  conditions  favorables  laissent  place  aux  déceptions  que  la  pressées^ 
I)éenne  signale  constamment  à  propos  des  d(  buts  du  monopole  en  Russie,  on  doit  se  demanda 
ce  qu'il  adviendrait  en  France  de  cette  mesur.>  et  comment  on  éviterait  ici  la  concurrence  (^ 
les  boissons  alcooliques  de  toute  nature  ne  niaiiiueraient  pas  de  faire  à  l'alcool  du  monopole. 


Journal  de  Pharmacie 

N*  12.  —  xxiii  —  15  Juin  1898. 

RENSEIGNEMENTS 

ReléTemaiit  dn  prix  de  Tente  des  spécialités  (1).  —  5,000  pharmaciens  avaient 
adhéré  au  prineipe  de  la  combinaison  devant  avoir  pour  effet  le  relèvement  du  prix  de  la  spé* 
cialité  pharmaceutique  ;  le  jour  ob  Tadhésion  au  principe  a  dû  se  transformer  en  adhésion  défi- 
nitive, près  do  1,000  défections  se  sont  produites  et  il  ne  s'est  plus  rencontré  que  4,150  confrères 
disposés  k  signer  les  engagements  qui  leur  avaient  été  adressés.  A  quoi  doit-on  attribuer  ces  dé- 
fections? Tout  d'abord,  il  s'est  trouvé  un  certain  nombre  de  pharmaciens  qui,  mécontents  de  la 
clause  relative  à.  la  vente  des  similaires^  ont  espéré  jusqu'au  dernier  moment  que  cette  clause 
disparaîtrait  des  contrats  ;  ceux-là  se  faisaient  de  vaines  illusions,  car  il  leur  avait  été  dit,  dès 
le  principe,  lors  du  précédent  référendum,  que  le  traité  définitif  serait  conçu  dans  les  mêmes 
termes  que  le  projet  qui  leur  était  soumis.  D*autres  ont  mal  compris  la  portée  de  l'engagement 
qu'ils  prenaient  au  sujet  des  similaires.  Quelques-uns  se  sont  appliqués  à  prévoir  tous  les  abus, 
toutes  les  difficultés  d'application  qui  pourraient  se  produire  dans  la  pratique  et  ont  préféré 
s^abstenir  immédiatement  plutôt  que  de  tenter  une  expérienee  d'une  année  et  d'attendre  qu'on 
eftt  pu  remédier  aux  imperfections  qui  se  seraient  révélées. 

Enfin,  un  certain  nombre  ont  suivi  les  conseils  qui  leur  avaient  été  donnés  par  certains  Syn- 
dicats pharmaceutiques,  qui  étaient  hostiles  à  toute  entente  avec  les  spécialistes  et  qui  ont  fait 
campagne  pour  recommander  aux  pharmaciens  de  refuser  la  signature  qui  leur  était 
demandée. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  par  un  échec  que  s'est  terminée  la  tentative  de  l'Association  générale. 
Les  5,000  signatures  exigées  par  les  spécialistes  n'ont  pas  été  recueillies,  et  ces  derniers,  après 
avoir  refusé  de  proroger  jusqu'à  la  fin  du  mois  le  délai  fixé  au  15,  ont  repris  leur  liberté. 

Nous  regrettons  personnellement  de  nous  être  donné  inutilement  le  mal  que  nous  nous  sommés 
donné  pour  essayer  de  faire  abouUr  une  réforme  que  beaucoup  d'excellents  confrères  considé» 
raient  depuis  longtemps  comme  très  désirable. 

Depuis  que  l'Association  générale  a  dirigé  ses  efforts  dans  le  sens  d'une  entente  loyale  avec  les 
spécialistes,  elle  a  fait,  sans  compter,  les  frais  d'une  campagne  qui  devait,  à  ses  yeux,  profiter 
kvL  corps  pharmaceutique,  et  elle  a  dépensé,  de  ce  chef,  une  somme  de  15,000  francs  environ  ; 
en  retournant  les  engagements  signés  par  eux,  les  pharmaciens  adhérents  ont  acquitté  une  légers 
eonlribution  de  2  francs,  qui  a  contribué  à  diminuer  l'importance  du  sacrifice  fait  par  sa  caisse, 
qui  est  malheureusement  assez  médiocrement  pourvue  ;  les  sommes  qu'elle  a  reçues  de  ce  chef 
combleront  à  peine  la  moitié  de  sa  dépense  totale. 

li'aspidiote  pernicieux.  —  La  Société  des  Agriculteurs  de  France,  émue  de  la 
nouvelle  de  la  possibilité  de  l'importation  de  l'aspidiote  pernicieux  par  le  moyen  des  plantes  et 
des  fruits  verts  importés  d'Amérique,  à  la  suite  de  l'importation  qui  en  a  été  faite  en  Allemagne, 
et  des  mesures  de  protection  que  celle-ci  a  cru  devoir  prendre  pour  ses  propres  vergers,  a  émis 
un  vœu  terrant  à  l'établissement  de  mesures  de  protection  pour  les  cultivateurs  et  agriculteurs 
français.  tf\le  a  demandé  qu'il  soit  fait  une  inspection  minutieuse  des  envois  de  plantes  vivantes, 
d'einballa|ges  de  végétaux  frais,  de  barils  ou  de  boites,  et  surtout,  de  fruits  frais  d'origine 
<iiméricai]ie,^dans  les  ports  des  côtes  occidentales  de  la  France,  pour  empêcher  l'importation  de 
fruits  où  végétaux  contaminés.  Elle  a  demandé  aussi  que  lo  service  entomologique  de  l'Institut 
agronomique  c  fasse  entendre  un  cri  d'alarme  »  à  la  première  invasion  de  l'aspidiote  c  ou  de 
ses  congénères  >  sur  le  sol  français;  enfin,  elle  demande  que  la  frontière  du  nord,  sur  la 
Belgique,  soit  aussi  surveillée  au  point  de  vue  spécial  dont  il  s'agit.  11  est  certain  que  nous 
n'avons  aucun  besoin  de  voir  s'acclimater  chez  nous  l'insecte  déprédateur,  et  après  ce  que 
nous  avens  dit  de  ses  faeultés  d'expansion  aux  Etats-Unis,,  après  le  fait  constaté  que  Taspidlote 
a  été  trouvée  en  Allemagne  sur  des  fruits  en  provenance  des  États-Unis,  il  est  certain  aussi 
que  l'importation  de  l'insecte  chez  nous  est .  chose  très  possible.  Toutefois,  il  est  bon  de  faire 
observer  que  les  risques  sont  moindres  pour  nous  que  pour  les  Allemands  :  relaliveiiicnt  à  ces 
derniers,  nous  n'importons  qu'une  très  petite  quantité  de  fruits  américains. 

(1)  Bépert.  de  Vkarm.,  10  juin  1898. 


—    XXIV  -^ 

Les  dangers  des  vins  de  cooa.  —  M.  Snow^  de  Bourncmouth,  a  dénoncé,  dans  un 
discours  à  la  Société  britannique  de  balnéologie,  les  dangers  qui  résultent  de  Ténorme  consom- 
mation des  vins  de  coca.  Ces  dangers  ne  sont  pas  on  effet  limités  aux  malades  et  aux  conra- 
lescents  :  ils  atteignent  toutes  les  classés  de  la  Société,  et  les  femmes  et  lo$  enfants  sont  les 
principales  victimes.  Tous  les  vins  examinés  par  M.  Snow  étaient  fortement  alcooliques;  ils 
marquaient  de  18  à  30  p.  100  d'alcool.  D*autre  part,  ils  sont  fabriqués,  soit  avec  des  feuilles, 
soit  avec  des  extraits  liquides  de  coca.  Quelques-uns  mêmes  contiennent  simplement  du 
chlorhydrate  de  cocaïne. 

Les  dangers  de  telles  drogues  sont  nombreux;  non  seulement  le  consommateur  acquiert  le 
goût  de  Talcool,  mais  encore  il  devient  victime  de  ce  que  M.  Ertenmeyer  nomme  le  troisième 
fléau  lie  l'humanité,  à  savoir  le  cocaïnisme.  Les  premiers  effets  sont  légers  et  passent  inaperçus, 
m^h  peu  h  peu  le  cocaïnomane  devient  nerveux,  il  tremble,  il  perd  le  sommeil  et  Tappétit  ;  et 
gnalem^nt  il  échoue  dans  la  neurasthénie. 

Le^  ^ins  du  coca,  comme  beaucoup  de  vins  médicamenteux,  sont  consommés  par  des  personnes 
qai  ao  corv  s  [lièrent  comme  des  abstentionnistes  complets,  et  il  n*est  pas  rare  d'entendre  une  mère 
de  familtl^  qui  prétend  interdire  tout  stimulant  à  ses  enfants,  dire  qu'elle  leur  donne  matin  et 
soir  ua  vcne  de  vin  de  coca. 

tin  Document. —  Le  général  Gallieni  à  Af.  le  D'  Legrain.  a  Je  vous  remercie  profondé- 
ment de  Li  [iémarche,  qne  vous  avez  bien  voulu  faire  auprès  de  moi  et  je  serai  très  heureux  de 
«omptoi'  parmi  les  membres  honoraires  de  votre  société,  il  m'a  été  permis  de  participer,  depuis 
vini^tcinq  uns,  aux  expéditions  et  entreprises  qui  nous  ont  valu  notre  nouvel  empire  colonial  du 
Soudard,  du  Tonkin  et  de  l'Iudo-Ghine.  J'ai  pu  me  rendre  compte,  à  la  suite  de  cette  longue  expé- 
rleiice  de  n<>:i  guerres  coloniales,  que  la  privation  des  boissons  spiritueuses  était  peut-être,  sous 
les  clj niais  tropicaux,  la  cause  la  plus  essentielle  du  maintien  de  nos  forces  physiques  et  morales. 
G'e^i  ainsi  qu'eu  ce  qui  me  concerne,  j'ai  été  amené  à  ne  plus  boire  que  de  Veau  et  ce  breu- 
vage,  ju  y  ni  (employé  dans  toutes  les  circonstances,  quelle  que  fut  souvent  l'apparence  impure 
qu'il  pouvait  avoir  :  c'est  ainsi  que  j'ai  bu  également  de  l'eau  prise  dans  les  marais  boueux  du 
Soudan  ou  ilans  les  rizières  du  Tonkin.  Ici  même, malgré  la  mauvaise  réputation  qu'a  l'eau  de 
TananarivE],  jo  ne  la  mélange  jamais  avec  aucun  autre  liquide.  Je  puis  dire  on  somme,  que  je  ne 
me  Kuî»  jamais  mal  trouvé  de  ce  régime,  etc.  » 

Le  général  a  pris  l'arrêté  suivant  : 

Tful  ni'  pcuL  vendre  au  détail  des  boissons  alcooliques  quelles  qu'elles  soient  à  consommer  sur 
pl^iiQ,  s'il  n't;st  muni  d*une  autorisation,  appelée  licence,  émanant  des  autorités  locales. 

Les  resLaui-ateurs,  hôteliers  ou  aubergistes,  peuvent  cumuler  avec  leur  commerce,  soit  dans 
le  n^^mo  locale  soit  dans  des  locaux  communiquants,  la  vente  au  détail  des  boissons  alcooliques. 
Ce  cumul  e>t  interdit  avec  tout  autre  genre  de  commerce. 

L'autoriaaUon  de  gérer  ne  sera  en  aucun  cas  accordée  à  des  indigènes. 

Tananarive,  le  29  janvier  1898. 

I^e  oaontctLono  à  Madagascar.  —  La  Revue  des  Cultures  coloniales  donne  des  ren- 
seignemeuls  intéressants  sur  l'exploitation  du  caoutchouc  à  Madagascar.  Une  partie  de  ce 
caoutchùui^  [iro vient  d'une  liane,  qui  a  souvent  40  mètres  de  long,  sur  2  centimètres  de  diamètre  ; 
d'aatris^  lianes,  du  reste,  eu  fournissent  aussi,  mais  de  qualité  inférieure.  La  récolte  s'^  fait 
dans  des  i^oiuUUons  déplorables  :  les  indigènes  partent  par  bandes  de  cinq  ou  six,  avec  «ne  hache, 
dePacidc  ^nirurique  ou  des  citrons,  du  riz,  des  marmites.  Ils  s'enfoncent  dans  la  forêt,  jusqu'à 
ce  qu'ik  aient  découvert  le  Vaht/f  —  car  tel  est  le  nom  local  do  la  liane,  ils  le  découpent  alors 
en  fragmenL^  de  deux  pieds  de  long,  et  font  couler  le  suc  dans  la  marmite;  quelques  gouttes 
d*acûJe,  ou  dd  jus  de  citron,  font  coaguler  la  matière  précieuse.  Une  fois  une  liane  exploitée,  des 
racines  à  la  pointe  extrême,  on  passe  à  une  autre.  La  plante  est  tuée,  et  elle  ne  peut  reprendre 
vie.  he»  lianes  disparaissent  donc  rapidement. 

L'eitploiLation  des  arbres,  qui  fournissent  le  rjste  du  caoutchouc,  n'est  pas  moins  imprévoyante 
àtructnce.  A  ce  compte,  on  aura  vite  Tuit  d'exterminer  ces  végétaux  si  utiles,  et  U  serait 
besom  de  réglementer  le  mode  d'exploitation. 


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