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Full text of "Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire Naturelle"

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J O URNAL 
DE PHYSIQUE, 
DE CHIMIE, 


D'HISTOIRE NATURELLE 


MT IDE STATE TS, 
_ AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE: 


Par J.-C. DELAMÉTHERIE. 


JANVIER 1807. 


TOME LXI V. 


A PARIS, 


Chez COURCIER,, Imprim.-Libraire pour les Mathématiques, 
quai des Augustins, n° 57. 


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JOURNAL 
“D'EPHY SL O UE: 
anus DE: CHIMIE 

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 


JANVIER ax 1807 


DISCOURS PRÉLIMINAIRE: | 


Pin J.-C. DÉLAMETHERIE. 


» 


Cuaque jour confirme que /es connoissances -humaines 
reposent entièrement sur les faits. Aussi s’attache-t-on prin- 
cipalement aujourd’hui à recueillir des -faits nouveaux ,, et À 
constater ceux qui sont connus. C’est cette méthode sage qui 
fait faire des progrès si rapides aux sciences naturelles. 

On réunit ensuite les faits analogues, et on en-tire des 
conséquences générales, qui portent le nom de systèmes. On 
dit ;par: exemple , ‘un système de:corps qui agissent les uns 
sur-les autres. «. FOI j97 #4 

Newrox réunit un grand nombre de faits quiluixprouvèrent 
que tous les corps, à de certaines distances, agissoient les 
uns sur les autres en raison de leurs masses et de l'inverse des 
quarrés des distances. Aucun fait n'a démenti cette loi : d’où 
on a conclu que tous les corps que nous connoïissons for- 
ment un système de substances qui s'attirent réciproquement. 


Tome LXIV. JANVIER 1807 ‘ A 


CA 


6 CIOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE: © 
Plusieurs physiciens recommandables, voyant les erreurs 
mulipliées, où tombent ceux qui vont au-delà des faits, pen- 
sent qu'il ue sg\ber er à constater les faits, et qu'on doit 
abandonéeritoutés recherches sur les causes.de ces faits. Ils 
se contentent de désigner vaguement par le mot de Force 
la cause quelconque des divers faits qu'ils observent; mais 
cette réthode est-elle telle qu'on doit Suivre dans|l'étude de 
la philosophie naturellé? 7 PT ML ENT 
Newrow, après avoir constaté, comme GÉOmÈTRE, les lois 
de l'attraction , a-;penséy, contTme, PHILOSOPHE THÉORICIEN ; 
qu'il falloit en rechercher la cause dans l’âction d'un fluide 
quelconque ( Optique, question XXI). Suivons l'exemple de 
ce” premierides physiciens. 71 {4127 TT 
° C’ést la réchérche dés causes dés faits qui constitue ce qu'on 
appelle ruéomie. Les philosophes de la Grèce ne connoissant 
pas par exemple la cause qui fait monter l’eau dans les pompes 
aspirantes , exprimorïerit :cette câusé par une horreur pour le 


\ 


vide, qu’ils supposoient dans la nature. 

Le vuéoncren Toricelli prouva que l’eau ne montoit dans 
cette pompe que. par,la préssion-de l'atmosphère. =: + 

Le.chmirite praeier savoirs que le$ corps’ ne’brüloient_pas 
dans les vaisseaux fermés. 

Le chimiste THÉORIGIEN a,prouyé que c'étoit par, défaut d'air 
vital. Il a fait brûler du soufre dans les vaisseaux fermés, en 
mélangeant ce soufre avec du nitre, parce que le nitre fournit 
de l'air vital. 

Le mnédecin seulement praticien borne sa pratique à l'obser- 
vationidés fañtsn2onon 29 * (09, 7u0( 4594 
-1be médecirmaéoricrex tâche de connoître les causes de ces 
faits, etréclaire sapratique par la théorie : car autrement la 
médecine-n’est plus ‘qu'un empyrisme:  : Ugo 1975120109 

UNE ‘THÉORIE DANS LA PHILOSOPHIE NATURELLE EST DONC LA 
CONNOISSANCE DES C£USESI DES DIVERS FAITS QU'ON OBSERVE. 
{IL faut sans doute étrebrés-circonspeot sur toutes les raéoRIES; 
mais vouloir. n'accumuler que des faits sans. en rechercher les 
causes , c’est retarder certainement la marche des progrès de 
l'esprit humains: ie} ab s1d 10 2) GTV AA 
DE avt où 10 Eu AS TR ONOMIE. 


RU 39 i1 Saturne. 


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= 2 LL O LUS « y { " 
Herschel.a fait de nouvelles. observations sur Saturne. De 
tous les bjèts, dit-il, que nous présente la voûte céleste, 


‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 


Sarurne est celui qui nous offre le plus de variétés. Un globe 
magnifique ceint d’un double anneau, accompagné de sept 
satellites , orné de bandes ‘équatoriales , comprimé vers :ses 
pôles, tournant sur, son axe, éclipsant :tour-à-tour son anneau 
et ses satellites, et éclipsé par eux, l’anneau extérieur tour- 
nant sur son axe, ainsi que le plus éloigné dés satellites. 
Tels sont les phénomènes que présente cette planète. 

Ce célèbre astronome avoit annoncé en 1776, qué Saturne 
n'étoit pas parfaitement rond. Il a repris ce travail et il à 
déterminé ‘une partie de l'irrégularité de la figure de cette 
planète. 

? Diamètre de’ l'équateur... 4,44. 4440440055 
Diamétre polaire tnf. LIU, Lo UE. el soi Ba 
Diämètre aux points de la plus grande courbure. 86 

. Le point de la plus grande courbure paroît être 
Ja la latitude de.......:91% DT. tu/beN 48020! 


Cette irrégularité de la courbure de Saturne paroît venir 
de l'action de l'anneau sur le corps de la planète. 


De da Lune: 


L'astronome espagnol de Ferrer a observé l’éclipse centrale 
du Soleil du 16 juin , à Albany, latitude de 420 25’; d’où 
Lalande a conclu de cette observation qu'il falloit augmenter 
de 2" le demi-diamètre de la Lune qu'il a employé dans ses 
Tables. Ménne EE Re “ 

Le disque de la Lune parut éclairé 7’ avant la fin de 
l'obscurité, ce qui semble prouver ‘que là Luné 4 une petite 
atmosphère. QE ca 

Devitt a écrit à Lalande qu'on avoit observé surle disque 
noir de la Lune un point lumineux. Ce point lumineux qui 
a été déjà observé dans d'autres circonstances, confirme l'éxis- 
teñce d'un volcan däns cette planète. DA ENE Pr 


, 97°" Comète. 


… Pons.a observé à Marseille cette comète qui est, la gène con- 
nue. Elle a été vue de près à Paris, par Bouvard. 


De la distance des Étoiles. 


Piazzi à Palerme, et Calendrini à Rome , ont fait de nou- 


velles observations sur Fi prrleRs des étoiles, principalement 
celle de la Lyre. Il en résulteroit, dit Lalande, que sa dis- 


8 JOURNAL DE PHYSIQUE; :DE CHIMIE 


tance ne seroit que de quatorzecent millions de lieues; 6ù 
cinq fois moins considérable qu'on ne croyoit; mais ces; obser= 
vations; ajoute-t-il, ont besoin d'être répétées. 

Du Zodiaque de Dendra. ol, l 

Dupuis a fait de nouvelles recherches sur le Zodiaque qu'on 
trouve gravé, dans un temple de Dendra en Égypte. Il conclut 
que la date de ce Zodiaque doit rémonter à 1468 ans ayant 
l'ère vulgaire, eur SSI 
Des Zodiaques chronologiques et mythologiques des différens 

peuples. 

Lé' même auteur a. comparé les différens.'Zodiaques qui 
existent chez les peuples les plus anciens, Les Égyptiens, les 
Hindoux,; les Chinois, les Persans , les ,Chaldéens. :, L'hypo- 
thèse qui-lui paroit la plus probable feroit remonter l'origine 
de ces Zodiaques à 15174. ans... . 

Platon rapporte dans le T?mée le discours des prêtres de Saïs 
à Solon. « T'out ce qui s’est passé dans la AR égyptienne, 
» lui dirent-ils, depuis huit mille ans, est écrit dans nos livres 
» sacrés. » Or Solon existoit il y a environ 2300 ans. Il y avoit 
donc une grande monarchie égyptienne , des colléges de 
prêtres. il y a dix mille trois cents ans. 


DE L'HISTOIRE NATURELLE. 


” Cette science est si étendue, que dans plusieurs siècles nous 
ne pourrons pas parvenir à la connoître, quand même l'esprit 
humain continueroit. à faire les mêmes progrès qu’on admire 
depuis un certain nombre d'années. Que d'animaux, que de 
végétaux, que de minéraux nous sont encore inconnus! et il 
ne suflit pas d’avoir de simples nomenclatures de ces objets : 
il faut en connoiître les qualités et les propriétés. 

Cette année a enrichi l’histoire naturelle de plusieurs faits 
nouveaux dans les trois règnes. 


DE LA ZOOLOGIE. 


Dans les deux premiers volumes de mes Considerations sur 
les Étres organisés, j'en ai examiné la structure et les di- 
verses fonctions. .Dans le troisième que je viens de publier, 
je les considère sous les rapports de /eur perfectibilité et de 
leur dégénérescence , c'est-à-dire sous le rapport du perfec- 
tionnement et de la dégradation dont ils sont susceptibles. 

Les végétaux cultivés par la main de l’homme, tels que le 

froment, 


ET D'HISTOIRE NATURELLF, 9 


froment , le riz, le seigle ,-le maïs... ont tellement changé 
qu'on ne connoît plus leur type primitif. 

La même chose s’observe relativement à nos animaux do- 
mestiques , le chien, le cheval, le chameau... ‘ 

Les singes et l'homme sont susceptibles encore de plus 
hauts dégrés de perfectionnement. 

Ces. végétaux et ces animaux dégénèérent également à un 
point inconcevable. Quelle différence du pommier nain appelé 
pommier de paradis, au bel arbre de nature, qui est le pommier 
sauvage. 

Nos petits bichons... sont également éloignés des grandes 
et belles races de cet animal, le grand danois, le bouldo 
le chien turc... =! 

La même observation a lieu par rapport à l'homme. Quelle 
distance d'un Hottentot à un Newton, à un Leibnitz! Une 
des sociétés humaines les moins civilisées est celle des habi- 
tans de la Nouvelle-Hollande, qui comprend ceux de la terre 
de Diemen. Ces dernières n’ont aucune espèce d'habitation. 

Mais ces perfectionnemens et ces dégradations ont des li- 
mites assez fixes. Le plus haut degré de la dégradation de 
l'homme est peut-être le crénicisme... 

J'ai prouvé par un grand nombre de faits, 
gétal et chaque animal habitoient, dans son état primitif, une 
contrée peu étendue. Le cèdre ne se trouve qu'au TETE le 
thé à la Chine, la vanille au Mexique... d 

Le tigre rayé vit aux grandes Indes, la panthère en Afrique 
le couguar en Amérique, le kanguros à la Nouvelle-Hollande x 
Une des variétés de l’ourang, /e symia troglodytes se trouve 
en Afrique , et l’autre variété, le simia satyrus, dans les 
Moluques , à Borneo , Sumatra... ; 

J'en ai conclu que primitivement l’homme ne dev 
lement se trouver que dans des contrées 
étendues. 

Je distin 
humaine. 

La RACE AFRICAINE; OU NÈGRE, qui habitoit primitivement 
une contrée particulière de l'Afrique. 

LA RACE ASIATIQUE, OU BLANCHE, qui habitoit primitivement 
une contrée particulière des Moluques, ou de l'Inde. 

Cette race blanche forme deux grandes sous-divisions,  ‘ 

La race minpouse, ou belle race à visage ovale, la souche 
des Hindoux, Persans , Arabes, Caucäsiens, et de toutes 


Tome LXIV. JANVIER an 1807. B 
D 


que chaque vé- 


: oit éga- 
particulières peu 


gue deux races ou variétés Principales de l’espèce 


10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
les races européennes. La race malaise en est également une 
variété. 

LA RACE TARTARE à Disage arrondi , et quelquefois quarré 
par le haut, qui est la souche de toutes les races tartares, 
des Chinois, des Japonois, des peuples boréaux , et des races 
américaines. Il y a, en Amérique quelques races particulières 
qui. paroissent venir d'Europe, et y auront relâché comme 
Colomb. 

1 y a donc trois races principales d'hommes, ainsi que le 
le disoient les Egypüens. 

1°. La race tartare dont Sem , suivant eux, étoit la souche: 

2°. La race hindouse dont /aphet étoit la souche. 

5°, La race nègre dont Cham étoit la souche. 


Des Singes atèles. 


Geoffroy St.-Hilaire décrit sous le nom de singes atèles les 
singes qui n’ont que quatre doigts aux mains, et point de 
pouce. Il y en a deux au Musée de Paris. Buflon avoit parlé 
d'un singe de cette famille , auquel il avoit donné le nom de 
coaita. Linné l'appelle s/mia paniscus. 

Geoffroy, d'après ses recherches, distingue cinq espèces de 
ces singes. 

1°. Le cnAuEkx, atèles pentadacty lus. 

2°. Le coaiTA, atèles paniscus-niger. 

5°. L'aracunoïne, atèles arachnoïdes fuscus. 

4°. Le BELZÉBUTH. 

Ces quatre espèces sont de l'Amérique méridionale. 

5. Le camarz, parcequ'il a de longs poils autour de Ia 
tête et du cou. 

Atèles policomos. 

Il se trouve a Sierra Léona, et en Guinée. 

Toutes ces espèces de singes atèles ont de très-longues 
queues. 

Des Chauve-souris ou Vespertilio. 


Le méme auteur a fait des recherches intéressantes sur les 
différentes espèces de vespertilio connues. Il donne la des- 
cription de dix-huit. 

Recueil de zoologie et d'anatomie comparée, par Humboldt 


et Bonpland, 
Deuxième cahier, contenant l'histoire du Condor, vultur 


gryphus , avec trois dessins faits par Humbolt. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1t 


: Troisième cahier, ou Mémoire sur les gyrnnobus et sur 
l’yolote des Mexicains. 

Ces deux nouveaux cahiers ne sont pas moins soignés que 
le premier dont nous avons parlé. 

Il a paru chez l'étranger plusieurs autres ouvrages intéres- 
sans sur la zoologie. 


DE LA PHYSIOLOGIE ANIMALE. 
Transformation des organes du corps humain. 


Le professeur Dumas, de Montpellier, a prouvé, par un 
grand nombre de faits, que différens organes du corps humain 
pouvoient se transformer les uns dans les autres. Il distingue 
quatre espèces de transformations, 

a Les transformations des organes relatives à leur consti- 
tution physique. 

b Les transformations relatives à leur composition chimique. 

c Les transformations relatives à leur structure organique, 

d Les transformations relatives à leurs propriétés et à leurs 
fonctions vitales. 

1°. Des organes sont susceptibles de prendre les qualités 

hysiques d’autres organes. La rate prend quelquefois la cou- 
de et le volume du foie, le duodenum prend le volume de 
l'estomac... 

2°. Les principes chimiques constituans d’un organe peuvent 
étre changés de quatre manières principales : 

a Par la déviation des matières albumineuses. 

b Par la déviation des matières fibreuses. 

€ Par la déviation de la gélatine. 

d Par la déviation des sels terreux calcaires. 

On a un grand nombre d'exemples de ces transformations. 

On sait qu'après la mort les parties musculeuses Peuvent 
se changer en une espèce de matière graisseuse qu'on appelle 
adipo-cire. L'auteur a vu la même chose arriver méme pen- 
dant la vie. En disséquant le cadavre d'un homme mort à la 
suite d'une fièvre catharrale, quiavoit été suivie d'infiltrations, 
il trouva les muscles antérieurs de la poitrine, ceux de la 
face postérieure de l’épaule et du bras, réduits en une masse 
graisseuse. Dans quelques autres muscles, comme ceux du 
‘bas-ventre et le triceps crural , la substance graisseuse n'étoit 
pas encore totalement formée, Dans le grand fessier une partie 
étoit changée en matière graisseuse , et l’autre ne létoit pas. 


B 2 


{2 JSOURKAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Dans les inflammations les organes éprouvent de fréqgtentes 
transformations qui ont l'air d'être fibreuses. Le poumon se 
change en une matière analogue à la substance du foie. 

Les os se transforment quelquefois en une espèce de cartilage. 

Les artères deviennent souvent osseuses. 

5°. Plusieurs parties se transforment relativement à leur 
siructure organique. L’auteur en rapporte un grand nombre 
d'exemples. s l 

4°. Plusieurs parties éprouvent des transformations relatives 
à leurs propriétés et à leurs fonctions vitales. e 

Häller cite l'exemple d'un homme qui, après une maladie 
nerveuse, reçut un accroissement de sensibilité tel, que tous 
les organes de son corps devenus auditifs, distinguoient comme 
l'oreille même, la force et le rapport des sons. pen 

L'auteur a vu à Montpellier une jeune demoiselle qui avoit 
une afection histérique accompagnée de catalepsie. Elle 
éprouvoit pendant toute la durée de son attaque une telle 

Concentration de sensibilité vers la région précordiale , que 
les organes des sens y étoient éntiérement fixés. Æ//e rapportoët 
à l'estomac toutes les sensations de la vue et de l'ouïe qui 
ne se produisorent plus alors dans les organes propres. 

La nature a souvent choisi des organes bien éloignés de 
l'utérus pour l'écoulement périodique. Les vaisseaux du nez, 
des yeux, des seins, de l'ombilic, de l'anus, de l'estomac, 
des poumons, de la gorge, ont été tour à tour le siége de 
cet écoulement. 

Les propriétés et les fonctions des organes peuvent donc 
être converties , changées, transformées comme la structure 
organique , la composition chimique et les qualités physiques 
de ces parties. 

Les  physiologistes avoient déjà beaucoup d'observations 
analogues. 


De l'Hymen. 
Duvernoy a fait voir que l’hymen, qu'on regardoit comme 


particulier à la femelle de l'homme, se retrouve chez toutes 
les autres femelles des mammaux. 


Cränologie. 


On sait que le docteur Gall prétend étre parvenu, par de 
nombreuses observations, à connoitre les facultés principales 
de l’homme , ses inclinations et ses passions, par la seule 


$T D'HISTOIRE NATURELLE, 13 


inspection de son crâne. Il y a distingué différentes éminences, 
et chaque éminence indique, suivant lui, une faculté ou une 
inclination principale. 

Le docteur |Friedlander nous a donné un précis de cette 
doctrine. Il assigne 27 éminences principales, qui indiquent 
autant de facultés ou passions principales. -Il donne le nom 
d'organes à ces éminences. 


La première annonce les facultés pour la propagation, ou 
les plaisirs de l'amour. 
2€ organe de l’amour des enfans. 
3 ...... de la docilité. 
41...... de la mémoire locale. 
5 ...... de la mémoire personnelle. 
6 ...... des couleurs. 
7 +... des sons. 
8 ...... des nombres, 
9 --.-.. des mots. 
10 -..... des langues. 
11... de l'art du dessin. 
12 ...... (de l'amitié. 
135 ...... du desir du combat. 
14 ...... du meurtre. 
TON. He tlAITUse: 
TÉLÉ -dUHivOol: 
17 ...... de la hauteur. di 
16/2. tde laivanite. 
19 ...... de la circonspection. 
20 ...... de ia comparaison. 
21 ...... de la pénétration. 
220... (de deSsprit. 
23 ...... de l'esprit d'induction. 
24 ...... de la bonté. 
25 ...... de la théosophie. + 
26 ...... de la constance. 
27° organe qui indique la faculté d'ex- 
poser clairement ses idées. 


Les adversaires de Gall ont rapporté un grand nombre 
d'observations qui ont démenti les siennes. 

Ilme paroît qu'ez supposant que les observations de Gall 
soient en général conformes à la vérité , il peut donner des 
réponses satisfaisantes à cette objection. 


14 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE 
a Dans toutes ces lois de la nature il n'y a point de règle 
sans exception. 

b Il faut distinguer les facultés naturelles, ou fondées sur 
l'organisation ossEUSE indiquées par la cränologie , de celles 
qui sont contractées par les habitudes sociales. Un homme 
a, par exemple, naturellement l'organe osseux de la bonté ; 
mais il se trouve dans de mauvaises sociétés, il devient un 
voleur, un meurtrier... Ici l'habitude devient plus forte 
que l'inclination naturelle. 

Lavater au contraire a fondé son système physionomique 
principalement sur les parties molles; savoir, sur l'expression 
des parties du visage. Or ces parties changent par l'habitude. 
Celui qui a la physionomie la plus dure, la modifie en con- 
tractant des habitudes douces. Le système de Lavater devroit 
donc présenter moins d'anomalies que celui de Gall, ex Les 
supposant tous deux fondés sur l'observation , parce que les 
parties osseuses ne peuvent changer comme les parties molles. 


D'un Hermaphrodite. 


Laumonier a présenté à l'Institut de France un modèle en 
cire d'une monstruosité qui approchoit d'un vrai hermaphro- 
dite. C’étoient les parties sexuelles bien conformées d’une 
femme. 

Mais dans l'épaisseur des grandes lèvres on trouvoit deux 
testicules bien organisés dont les vaisseaux déférens aboutis- 
soient dans le fond de l'utérus. 

Elle auroit donc pu se féconder elle-même, comme l'huître... 
en supposant dans tous ces organes une organisation parfaite. 


D'un Poulain monstrueux. 


Pictet a donné le dessin d’un poulain monstrueux, né au 
Locle dans le duché de Neuchâtel. Ses sabots sont fendus 
et représentent des espèces d’ongles. 

Sa tête est plus grosse et plus velue qu'à l'ordinaire... 

Onattribuoit ces vices de conformation à la frayeur qu’avoient 
causé à sa mère deux ours qui se trouyoient dans la même 
écurie qu’elle. 

Des Dents. 


La structure des dents n'étoit point encore suffisamment 
connue. ‘Tenon avoit fait sur cet objet un travail considé- 
rable, lequel il n'avoit point publié. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 15 


John Hunter, Blake, Everor, Home, Corse et Cuvier, se 
sont aussi beaucoup occupés de cet objet, Le résultat de leurs 
recherches constate que 

La dent n’a point de vaisseaux, et n’est point formée par 
intus-susception comme les véritables os, mais par une érans- 
sudation successive des couches produites par son noyau 
pulpeux, et qui se collent les unes sous les autres. 

L'émail est déposé dessus par la membrane qui enveloppe 
la jeune dent, et s'y fixe par une espéce de cristallisation ( 1). 

Enfin, une troisième substance propre à certains herbivorés 
est deposée après l'émail , mais par la méme membrane qui 
change de nature à une certaine époque. 

Cette troisième substance est nommée par Tenon, cortical 
osseux. Il la regarde comme formée par l’ossification de la 
membrane capsulaire. 

Les dents du chacalot n'ont point d’émail suivant Tenon ; 
mais seulement un cortical osseux, ainsi que les défenses 

‘éléphant, les mâchelières du norse et du dugong. 

L'émail est plus dur que le cortical osseux ; il se dissout 
dans les acides sans laisser de parenchyme gélatineux. 


Des organes de la respiration des Limaces, des Limacons. 


Parmi les êtres existans on trouve partout des étres inter- 
médiaires, qui font le passage entre les grandes familles. 

Les oiseaux respirent par de vastes poumons, et ont d’ailleurs 
des sacs supplémentaires au poumon (si on peut se servir de 
cette expression). L'air pénètre méme jusques dans leurs os. 

Les mammaux respirent seulement par les poumons. 
‘ Les quadrupèdes ovipares respirent également par un pou- 
mon; mais cette fonction peut étre suspendue chez eux pen- 
pant un temps plus ou moins long, comme chez les salamandres , 
les grenouilles... Ces dernières demeurent au fond des eaux 
une partie de l’hiver, sans pouvoir respirer... et cependant 
la circulation n'est pas suspendue ; elle n'est que ralentie. 

Les poissons respirent par des branchies, c’est-à-dire qu'ils 
extraient une portion dair vital contenu dans l’eau. Cette 
portion n'est pas considérable. 

Plusieurs animaux z7osseux (invertébrés de Lamarck), res- 
pirent également par des branchies. 


——————————————_—" 


(1) Ceci confirme que la reproduction des animaux s'opère par cristalli- 
sation. 


16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIM12 


Les autres animaux 7z0sseux respirent par des trachées ; 
qui portent l'air vital dans toutes les parties de leur corps. 

Cuvier a fait voir que parmi ces animaux inosseux il en est 
qui ont de vrais poumons ; tels sont: 

1°. Les limaces (/imax). 

2°. Le colimaçon ( Lelix). 

Ces animaux sont terrestres; d’autres sont aquatiques. 

30. Le limnée (Lelix stagnalis de Linné). 

4°. Le planorbe (kelix cornea de Linné). 


Du degré de chaleur que peuvent supporter les animaux. 


Les animaux peuvent supporter diflérens degrés de chaleur 

lus ou moins considérables. 

Laroche et Berger ont cherché à déterminer ces limites par 
un grand nombre d'expériences faites sur les animaux et sur 
l'homme. Le résultat de leur travail est, 

19, La plupart des animaux, tels que lapin, cochon d'Inde, 
grenouilles... succombent après un espace de temps souvent 
assez court à l’action d'une température de 50° et même de 45°. 

20, L'homme peut supporter une chaleur beaucoup plus 
considérable. Berger a demeuré quelques minutes dans une 
étuve à 87°. 

32, L'impression d'un air chargé de vapeurs est, à degré 
égal de température , beaucoup plus pénible que celle d’un 
air sec. 

4. La transpiration a toujours été d'autant plus considé- 
rable que la chaleur étoit plus grande. 


D’'Animaux hybrides. 


On a observé en Angleterre qu’une femelle zébre a été 
fécondée par un âne : mais, ajoute-t-on, il avoit fallu peindre 
cet âne des couleurs du zébre. Le petit animal hybride avoit 
la forme du pére et ressembloit à la mère par le pelage. 

A Turin, le même phénomène a été observé. Mais le petit 
animal a péri peu de temps après sa naissance. 

Il y a une femelle zébre à la Ménagerie du Musée de Paris; 

ui à été également fécondée par un äne. Elle n’a fait aucune 
difficulté d'accorder ses faveurs à cet animal, quoiqu'il ne fût 
pas de son espèce, et il n'a pas été nécessaire de les peindre. 


D'un Canard hybride. 


Un canard mâle morillon (anas glaucion), a fécondé une 
femelle 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17 


femelle sarcelle de la Caroline anas querquedula , dans les 
jardins de Launai, bibliothécaire au Musée de Paris. Il en est 
né un petit canard hybride qui tient du père et de la mère. 
On tâchera de s'assurer l'année prochaine s'il peut multiplier 
son espèce. Ce fait a été publié par le professeur Geoffroy de 
St.-Hilaire. 

On connoissoit déjà les animaux hybrides suivans : 

1°. Celui qui provient du serin et du chardonneret. 

2°. Celui qui provient du serin et du tarin. 

3°. Ceux qui proviennent du chien, du loup, du renard et 
du chacal, ou isatis. 

Chacun de ces animaux hybrides peut se reproduire avec 
son semblable. C'est pourquoi je leur ai donné le nom d'zy- 
brides, nom que Linné avoit donné aux plantes provenues 
de deux espèces différentes. 

Hunter avoit conclu de ces faits que le chien, le loup, le 
renard et l'isatis ne faisoient qu’une seule espèce; mais sa con- 
clusion ne paroit pas fondée, puisqu'on convient que le serin 
et le chardonneret sont deux espèces distinctes, quoique de leur 
union il en provient un animal hybride. 

L'animal qui provient de l'union de l’âne et de la jument 
nest pas hybride, puisqu'il ne se reproduit pas. 


DE LA VACCINE. 


Malgré tous les avantages de la vaccine, qui sont bien dé- 
montrés, plusieurs personnes se refusent encore à cette prtique 
salutaire , et la petite vérole a fait cette année de grands ravages 
dans plusieurs endroits, comme à Päris, à Londres... l'ino- 
culâtion éprouva les mêmes obstacles : on étoit persuadé 
généralement de son utilité; mais l'habitude, je dirois presque 
l'indifférence , la faisoient négliger ; on exagéroit quelques 
accidens vrais ou supposés, et on disoit froidement : 1 faut 
S'abandonner à la nature. 

Mais avec le méme raisonnement on ne prendroit point de 
Précautions dans aucune maladie ; car quel est le traitement 
de quelque maladie que ce soit qui n'ait offert des accidens, 
méme entre les mains du médecin le plus habile? Il faut dans 
cette circonstance, comme dans toutes les autres, suivre les 
plus grandes probabilités. La vie humaine n’est qu'un calcul 
continuel, bien ou mal fait des probabilités. Or elles sont 
toutes en faveur de la vaccine. 

On a rapporté qu’à Londres quelques personnes vaccinées 

Tome LXIV. JANVIER an 1807. C 


‘18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


avoient eu la petite vérole. Ces faits n'ont point été constatés ; 
mais l’eussent-ils été, ils ne prouveroient rien contre la vaccine, 
et pas plus que ne prouveroit un accident occasionné par le 
kina, par exemple, donné à un malade qui auroit la fièvre, 
puisqu'ordinairement le kina est le meilleur remède connu 
contre cette maladie. 


DE LA BOTANIQUE. 


Les grands ouvrages de botanique se continuent toujours 
avec la méme ardeur. 

Plantes des jardins de Malmaison. Vautenat a publié la 
vingtième livraison de ce superbe ouvrage. 

Les liliacées par Redouté. 

Redouté a publié les 25, 26 et 29° livraisons de ce magnifique 
ouvrage On sait que ces deux ouvrages sont des plus beaux 
que la botanique possède. 

Plantes équinoxiales recueillies au Mexique, dans l'ile de 
Cuba, dans les provinces de Caracas, de Cumana, de Barce- 
lone, aux andes de la Nouvelle-Grenade, de Quito et du 
Pérou , et aux bords de Rio-Negro, de l'Orenoque et de 
l'Amazone; par Alexandre Humboldt et Aimé Bonpland, ré- 
digées par ce dernier. Deuxième , troisième et quatrième livrai- 
sons. 

Cet ouvrage est fait avec le même soin que les précédens, 
exactitude dans les descriptions, beauté de dessin, élégance de 
la gravure... Mais les auteurs voulant que son prix fût plus 
à la portée des botanistes peu favorisés de la fortune, ont 
été obligés de faire des sacrifices du côté du luxe de l'exécution. 


ame fasc. des pl. équin. renferme Le matisia. g. nov. 
Jussiæa sedioïdes. 
— natans. 
Myrtus mycrophylla. 
Freziera reticulata. 
———— çanescens. 
——— chrysophylla. 
——— séricea, 
——Lnervosa. 
Cinchona condaminea. 

3e fascicule « + + « « + . .« Marathrum faniculaceum.£. n. 
Gassupa verrucosa. g. nov. 
Saecellium lanceolatum. g. nov. 


ET D'ARISTOIRE NATURELLE, 19 


Loasa ranunculifolia, 
—— argemonoiïdes, 
Mimosa lacustris. 

Jacaranda acutifolia. 
—— obtusifolia. 
Cinchona ovalifolia, 
Bambusa guadua. 


49 CIE ee VO latifolia. 
Passiflora glauca. Ces espèces sont 
emarginata.( arborescentes. 


Cheiroltemon platanoïdes. g. n. 

Retiniphyllum secundiflorum. 
g. nov. 

Claytonia cubensis. 

Epidendrum graniflorum. 

—  antharniferum. 

Machaonia acuminata. g. nov. 

Theobroma bicolor. 


Monographies des mélastomes et autres genres de cet ordre, 
avec des planches coloriées. Chacune de ces monographies 
paroîtra séparément par cahier de cinq planches, quoiqu'elles 
ne forment toutes qu'un seul ouvrage. 


—- letinodis. 
—————- capitellata, 
————- octona. 
—- Jacera. 


Monographie des mélastomes. 1° cahier/Melastoma aplostachia 
Ges espèces sont nouvelles. .… 


Monographie des rhexia. 1 cahier., (Rhexia muricata. 
——-— myrtoïdea. 
Toutes nouvelles...{—— speciosa. 
je piloselloïdes. 


— microphylla. 


2 cahier.../Rhexia canescens. 
——— $stricta, 
reticulata. 
——— sarmentosa. 
tortuosa. 


Toutes nouvelles. 


Botanique , faisant partie de la nouvelle édition de l'En- 
cyclopédie. 
C 2 


20 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE 

Poiret vient de donner une nouvelle livraison de ce grand 
ouvrage. 

Novæ - Hollandiæ plantarum specimen autore Jacobo- 
Juliano Labillardiere , 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22 
Jfasciculi. 

L'auteur ne néglige rien pour que son ouvrage ait toute la 
perfection qu’on a lieu d’attendre d’un botaniste aussi instruit 
que lui; mais la partie typographique et les gravures sont 
sans luxe. 

Flore du Benin ; par Beauvoir. 

Cet ouvrage ne le cède point aux précédens. 

Plantes de la France, décrites nar Jaumes de St.-Hilaire. 

L'auteur a déjà donné quinze livraisons de cet ouvrage 
intéressant. 

Les Annales du Musée d'histoire naturelle de Paris con- 
tiennent un grand nombre de Mémoires particuliers de bota- 
nique, par Jussieu , Desfontaines, Thouin, Corea... 

Histoire des plantes d'Europe et étrangères, etc.; par 
Gilibert, médecin à Lyon. 

Cet ouvrage intéressant donne l’histoire des plantes dont 
l'usage est le plus journalier. 

D. Caroli-Ludovici Wildenow, etc. hortus Berolinensis , 
1v, v et vr fascicules, c'est-à-dire jardin de Berlin, ou figures 
et description des plantes rares et peu connues qui se culti- 
vent dans le jardin royal-botanique de Berlin. Ces six fascicules 
complettent le tome premier de cette belle collection. Cet 
ouvrage est digne de la réputation de leur célèbre auteur. 

Species plantarum L.; c’est-à-dire espèces des plantes; par 
Wildenow. Quatrième volume. 

L'auteur dans cet ouvrage donne la description de toutes 
les plantes qui ont été découvertes depuis Linnœus. 

Flora Badensts, etc., Flore de Bade; par Charles-Christian 
Gmelin, tom. 1, vol. in 8&. A Carlsruhe. 

Le savant auteur de cette Flore donne la description des 
plantes du pays de Bade et des environs, et ne néglige point 
de parler du lieu où elles se trouvent, de leurs propriétés. 

Flora Indiæ occidentalis, etc. Swartz a publié en 1806 le 
Ré volume de sou intéressante Flore des Indes occiden- 
tales. 


ET D'HISTOIRE NÂATURELLPE. o1 


DE LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Irricabilité des Végétaux. 


Le docteur Carradori a prouvé, par plusieurs expériences, 
que la laitue jouissoit d'une irritabilité considérable. « Si on 
touche légérement, dit-il, avec le doigt une plante de laitue 
lorsqu'elle est montée en graines, et principalement quand 
elle est en fleurs , on la verra aussitôt à l’endroit où elle a 
été touchée, suer du suc laiteux (qui est son suc propre), 
en forme de gouttes très-menues; mais le phénomène n'a 
lieu que dans les petites feuilles amplexicaules qui son ré- 
pandues sur les branches de la plante, et dans les ca/ices 
des fleurs, et non pas sur le fuste, ou caule , ou tige, ni 
dans ses diramations. 

Le contact du corps le plus doux produit le méme effet. 
Souvent l’attouchement des corps stimulans les plus menus 
comme un brin d'herbe, appliqué le plus légérement, produit 
une telle irritation qu’elle fait sortir de la partie irritée l’hu- 
meur laiteuse en forme de jets vaporeux. ' 

L'irritabilité des. plantes est un fait qu'on ne sauroit plus 
révoquer en doute. 


Du Micropyle. 


Turpin a observé dans les graines près la cicatrice du hile, 
une petite ouverture par laquelle la liqueur fécondante pé- 
nètre jusqu'à l'ovule. Il lui a donné le nom de micropyle. 

L’auteur a la bonne foi de reconnoître que Geoffroy avoit 
déjà parlé de cet organe dans les Mémoires de l’Académie des 
Sciences de Paris, en 1711. Mais cette observation étoit en- 
tièrement oubliée. . 


Des trachées des végétaux et de la gaîne médullaire. 


Les trachées des végétaux sont des filets très-fins, contournés 
comme des ressorts à boudin, et qu’on apperçoit distinctement 
dans la fracture des feuilles et des jeunes branches. Le lieu 
où elles sont situées n'étoit pas déterminé. Je l'ai recherché 
dans le sureau , l’yèble , l’hortensia..… où les trachées sont 
très-visibles, et j'ai fait voir qu’elles ne sont point dans le bois, 
comme on l'avoit cru, ni dans la substance médullaire, mais 
qu'elles sont entre les deux. 

Les trachées, ai-je dit, forment entre Le bois et La 


’ 


* 


v3 JOURNAL DE PHYSIQUR, DE CHIMIE, 


substance médullaire, une couche intermédiaire composée 
d’un grand nombre de faisceaux cylindriques. Ces faisceaux 
servent de Gaine, ou d’enveloppe à la substance médullaire. 

Ces trachées accompagnent les prolongemens médullaires, 
ét pénètrent dans toutes les parties du végétal, où elles por- 
tent l’air qui lui est nécessaire pour sa respiration. 


De l'organisation des Plantes. 


Aubert du Petit-Thouars a donné des essais sur l'organi- 
sation des plantes considérée comme résultat du cours annuel 
de la végétation. Il a observé que le dracæna, qui est de la 
classe des monocotyledones, augmentoit néanmoins annuelle- 

ent en grosseur (ce, que ne font pas ordinairement les mo- 
nocotyledones), au point qu'il en a vu des troncs que deux 
hommes auroient pu à peine embrasser. 

Il a cherché la cause de cette angmentation du tronc du 
racœna qui a néanmoins l’organisation ordinaire des mono- 
cotyledones. Il pense que les bourgeons de ces plantes en sont 
l'origine, « Chacune de ces protubérances ou bourgeons, dit:l, 
» donne naissance à un faisceau de fibres absolument sem- 
» blables à celles de l’ancien bois. Les plus extérieures des- 
» cendent en ligne droite vers la terre; les autres, après avoir 
» monté, se recourbent pour prendre la méme direction qu’elles 
» ne quittent plus. Les fibres des faisceaux développées dans 
# la terre ont la même propension à monter que les premières 
» à descendre. » Ces fibres réunies augmentent la grosseur de 
l'arbre. 

Il croit que toutes les plantes monocotyledonés ônt une 
organisation analogue, quoiqu'elles n'augmentent pas égale- 
ment en grosseur. + . 

Je dirai donc, ajoute-t-il, que l'accroissement en diamètre 
est un phénomène très-rare dans les monocotyÿledones ; mais 
il paroït qu’ils en ont tous en eux le principe, auquel il ne 
manque que des circonstances favorables pour faire son effet, 

Il n’en est pas ainsi des dicotyledonés dont toutes les espèces 
ligneuses présentent cet accroissement. Il pense que cet accrois- 
sement chez ces plantes s'opère par des moyens analogues à 
ceux qui s’opérent chez les monocotyledones. Le bourgeon 
est suivant lui, un embryon complet, qui en se développant 
propage également ses fibres vers la terre, 


L 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 23 


DE LA MINÉRALOGIE. 


La minéralogie a fait de brillantes acquisitions cette année. 
On a découvert plusieurs minéraux intéressans qui étendent 
de plus en plus cette belle science. 


Du Platine, et des, substances qui lui sont alliées. 


Le platine en grains, tel qu’on le ramasse au Pérou (il n’est 
- connu en Europe que depuis 1741, qu’il fut apporté par 
Wood, médecin anglais), a été l’objet continuel des Lacherl ES 
des chimistes. On a retiré de ce métal en grains, 1° de l'or, 
2° de l'argent, 3° du fer, 4° du cuivre, 5° du chrome 4 
6° du titane, 7° le platine, métal particulier. 

8°. Le palladium. Wollaston, chimiste anglais, a découvert 
ce métal qui est d’un blanc approchant de celui de l'argent, 
mais plus pesant que celui-ci. Il est très-ductile , fusible par 
son union avec le soufre. L’acide nitrique le dissout, et ses 
dissolutions sont roses. 

Chenevix avoit cru que le palladium étoit une amalgame de 
platine et de mercure. 

9°. Le rodium. Le même chimiste Wollaston a découvert 
dans le platine un autre métal d'un gris cendré, auquel il a 
donné le nom de rhodium. Ce métal se réduit facilement. Il 
est dissout par les acides, et ses dissolutions sont roses. 

10°. L'éridium. Tenant, savant chimiste anglais, a décou- 
vert ce troisième métal] dans le platine. Sa couleur est blanche ; 
sa dureté est considérable; il fond difficilement ; il n’est dissout 
que par l'acide nitro-muriatique ; mais les alkalis le dissolvent, 
et une fois oxidé il est solublé dans les acides. Les sels qu’il 
forme sont d’un beau rouge, ét donnent à ceux de platine 
diflérentes couleurs vives. C’est’ pourquoi le chimiste anglais 
lui a donné le nom d’iridium. 

Il paroït que c’est ce métal qui avoit été apperçu par 
Descotils, Fourcroy et Vauquelin, et auquel ces deux derniers 
avoient donné le nom de prène. . de 

11°. L’osmium, quatrième -métal trouvé dans le platine, 
Cette découverte.est également due à Fennant. On n’a encore 
pu le réduire. Son oxide forme une poudre noire apperçcue 
par Proust, et qu'il n’examina pas suffisamment, Car il la prit 
pour de la plombagine. Cette {poudre est très-volatile ; elle a 


une odeur forte qu'elle communique à l’eau, car elle sy 
dissout. à | 


24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


La dissolution de noix de galle la précipite en brun bleu. 
La minéralogie possède maintenant vingt-neuf métaux, si 
on y comprend la niccolane, annoncée par Richter. 


Du platine trouvé dans une mine de Quadal-Canal. 


Vauquelin en faisant l'analyse d'une mine d'argent de Quadal- 
Canal en Espagne , en a retiré le platine qui en fait quelquefois 
jusqu'au dixième. 

Des Falherz. 


Proust a fait voir que les falherz , ou cuivres gris, sont des 
mélanges de diflérens sulfures, celui de cuivre, celui d'ar- 
gent, celui d'antimoine, celui de plomb, celui de fer, celui 
d’arsenic, 

La cristallisation de ces différens falherz est la même : d'où 
je tire une nouvelle preuve que des principes chimiques diffé- 
rens peuvent donner la même molécule et les mêmes formes. 

Tandis que les mêmes principes peuvent former des molé- 
cules différentes, et composer des minéraux différens. 


Du Cinabre. 


Mercure sulfuré au maximum. 
ARE a fait l'analyse d’une espèce de cinabre qu’il avoit 


reçu du Japon. Il en a retiré, : 
Mercure: tentes ut 84.50 
Soufre san shtt 42e à à PIRE 14.70 
Le cinabre de Neumoerkel en Carinthie lui a donné, 
MERCUTE et sine ÉRrlètere LL OS 
DHOUIrE: RL AE 20 


Le cinabre d’Idria qui se trouve dans'un schiste bruntre , 
lui a donné, 


Mercure........ (asie RAS 818 : 
SOUL EE MeRIr Ne SET $ 157.50 
Gharbons te TN EREMESE 1825 
Silces tte ske 4 MG 00 
Alumine. ee NUE ai M5. 50 
Eeroxidé ei 2 LU NENT a 
Cuivre oxidé......... A LLENLO!20 


Eau qui a servi à la formation 
d'un gaz hydrogéné sulfuré, 
et autres pertes....,....... 7.30 
Ethiops 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25 


Ethiops minéral. 
Mercure sulfuré au minimum. 


Schreiber parle (Journal de Physique, tom. 28, pag. 147) 
du mercure combiné avec le soufre sous forme d’éthiops miné- 
ral , lequel il a trouvé dans les mines d’Allemont. Il contient 
sans doute une moindre portion de soufre que le cinabre. 


Du Réalgar. 
Arsenic sulfuré au minimum. 
Thenard en a retiré, 


Arsenic....... A AE ST 
SOUÉTE: ; à + one NE CPE MOSS 


De l’Orpiment. : 
ZArsenic sulfuré au maximum, 
Thenard en a retiré, 


ERESÉRNG ie tre de en ete cle de l1O 
Soutre li. RAEL A6 NI 43 


La minéralogie est arrivée au point qu’elle doit classer les 
minéraux d’après toutes ces nouvelles analyses : et c'est ce 
que je fais dans mes leçons au Collége de France. Nous avons, 

Arsenic sulfuré au #2inimum. Réalgar. 

Arsenic sulfuré au maximum. Orpiment. 

Fer sulfuré au 77inimum. (Pyrite magnétique qui contient 
fer, 0.65; soufre, 0.37; est attirable à l'aimant...) 

Fer sulfuré au r17aximum. (Pyrite ordinaire qui contient 
fer, 0.53; soufre, 0.47; n'est pas attirable à l’aimant.) 

Mercure sulfuré au 72ènimum et au maximum. 

Les substances métalliques sont également oxidées au mini- 
mum , au Maximum , et à d’autres degrés intermédiaires. 
Proust lui-même reconnoit trois degrés d’oxidation dans le 
plomb , dans l’étain... 

Métaux combinés avec les acides au 7#nimum, au maxr- 
mum, et peut-être à des degrés intermédiaires, tels que les 
cuivres arseniatés. 

Cuivre arseniaté au minimum, celui qui cristallise en o0= 
taèdre obtus. Il contient, . 

Coivre MERE: sect AE .. 58 
Acide arsenique......... AE OP 
LUE TO CRE PET SERRE 


Tome LXIF. JANVIER an 1807. D 


26 JOUANAT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Cuivre arseniaté au maximum À qui cristallise en octaëdres 
aigus. Il forme une espèce particulière qui contient , 


CNET E MER ENT. NEA AN 
Acide arsenique......... AIRES 
au 0e. PART NION. AAA ES PARLE de 


Il en faut peut-être dire autant des métaux hydratés, ou 
combinés avec l'eau. Je crois être le premier qui, en 1702, 
dans la Sciagraphie, tom. 2, pag. 384, aë mis l’eau au nombre 
des m'néralisateurs, d'après la quantité considérable d’eau qu’on 
retiroit des calamines. Proust a beauçoup étendu cette classe. 
des hydrates. Il admet, 

Hydrate de cuivre (cuivre bleu). 

Hydrate de fer. 

Hydrate de cobalt. 


Des mines de fer contenant l'acide phosphorique et le chrome. 


Vauquelin a prouvé que les mines de fer limoneuses et 
plusieurs autres, contiennent l'acide phosphorique et le chrome. 


Du Spinthère. 


Je possède de beaux cristaux de spinthère qui sont sur le 
spath calcaire de Marone en Dauphiné. Ils ont la forme du 
sphène et se comportent comme lui au chalumeau, Je range 
en conséquence le spinthère au rang des mines de titane, et 
je le regarde comme une variété du sphène. 


De la Datholithe. 
Esmark a trouvé cette substance à Arandal en Norvége. 
Couleur, blanc plus ou moins mélé de vert. 
Pesanteur, 2.98. è 
Dureté, moindre que celle du feldspath. 
Forme: Prisme rectangulaire aplati. 
Klaproth qui l’a analysée , en a retiré, 


SIC RER lame ee ete YA RRSRAESATES SLT 
Chaux... .... dise ANT ASE 
Acide boracique............ “24 
IEEE Hotte : PÉRATERICE € 4 


On trouve dans l'intérieur du bambou, proche les nœuds de 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 27 
la tige, une petite pierre quartzeuse que les Hindoux appellent 
tabaesher. Macie avoit analysé cette substance , et avoit prouvé 
qu'elle étoit en partie composée de silice (Journal dé Physique, 
tom. 40, pag. 122). Fourcroy et Vauquelin l'ont analysée de 
nouveau. Ils en ont retiré, 


Site MR etre see 0 cc 
Potasse,:chaux et eau........,,. 3o 
Une petite portion de matière végétale. 


Dans nos roseaux ordinaires (arundo sativa), on trouve 
dans l'intérieur près du nœud, une substance blanchâtre qui se 
présente comme une toile. J'ai prouvé qu’elle étoit analogue 
au tabaesher. 

De la Zoysite. 


Werner a donné le nom de zoysite (du baron de Zoys, 
célèbre minéralogiste) à une substance qui se trouve du côté 
de Salzbourg. Le docteur Schneider nous en a apporté à Paris. 

Couleur, gris cendré. 

Dureté, 3000. 

Pesantear, 3400. 

Elle se présente sous forme de prismes longitudinaux 
striés, noyés dans une pâte blanchätre, qui paroît quarizeuse. 

Tous les caractères de cette substance la rapprochent .de 
celle que nous connoïssons sous le nom de £hallite gris du 
Valais. 

De la Mussite. 


Le docteur Bonvoisin a trouvé plusieurs minéraux inconnus, 
dans la partie des Alpes, qui est dans la vallée de Lans. 

La mussite qu'il a trouvée dans la vallée de la Mussa , une 
des sous-divisions de celle de Lans, se présente en petits pris- 
mes assez alongés et posés irrégulièrement les uns à côté 
des autres. 

La forme de ces cristaux paroit être un prisme rhomboïdal 
oblique. 


Leur couleur est d'un blanc grisâtre passant souvent au vert. 
De l'Alalite. 


L’alalite trouvée par Bonvoisin, dans la vallée d'Ala, 
autre sous- division de celle de Lans, se présente sous forme 
de cristaux rectangulaires , terminés par une pyramide à quatre 
faces rhomboïdales , qui naissent sur les arétes du prisme. 


D 2 


28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Ces faces sont quelquefois tronquées au sommet par une 
facette perpendiculaire à l'axe du prisme. 

Il y a plusieurs autres variétés de forme. 

La couleur de l’alalite est d’un blanc grisâtre , souvent 


verdûtre. 
De La Succinite. 


La succinite est une autre substance minérale trouvée par 
Bonvoisin dans les mêmes cantons. 

Sa couleur est celle du succin; c’est pourquoi il lui a donné 
le nom de succinite. | 

Elle se présente toujours sous forme de petites masses arron- 
dies et globuleuses. S 

Elle paroît avoir beaucoup de rapports avec l’hyacinthine. 


Du Thallite. 


Il a aussi trouvé une très-jolie variété de thallite qui se pré- 
sente sous forme de gros prismes striés, droits, c'est-à-dire 
sans pyramides. 

On en trouve cependant quelques petits cristaux avec pyra- 
mides. ; 

‘: De l'Hyacinthine. 


Une espèce d'hyacinthine (vésuvienne ), qu'il a nommée perr- 
dot-idocrase, se trouve dansles mêmes cantons en grandes masses 
d’un vert tendre. Elle y forme aussi de très-beaux cristaux, 
qui offrent quelques variétés nouvelles ; savoir, la suivante 
qu'on peut regarder comme la primitive. 

Prisme rectangulaire strié. 

Pyramide à quatre faces triangulaires qui naissent sur les 
faces du prisme. 

Une autre variété de cristallisation de l'hyacinthine, a été 
trouvée près du glacier du Montrose au village Zarmat, par 
Maclaune. 

Prisme droit sans pyramide. 


De la Topazolite. 


Bonvoisin appelle topazolite une substance cristallisée en 
dodécaèdre comme le grenat. : 

Sa couleur est celle de la topaze, d'où il lui a donné son 
nom de ,/opazolite. 


ET D'HISTOIRE NATURBLLE,.,., 29 
Il en a retiré par l'analyse; 
2 RE RENTREE 7 


Chaux 2 Mhoioianiretéanr do ET) 
Alumine. :.... SRE ET AR TE te PL 
Glucine….......….. RETRO She te te rs tons Pie 
Fer PAIE RIT il :5/26.,4 PRET 25 
Manganèse . ....... tint Di 
Perte... ss v assé es SDK TE 


Gréhats de la. vallée de Lans. 


Enfin la dernière substance qu'a décrit Bonvoisin, est un 
grenat d’une belle couleur incarnat , ressemblant à ceux trou- 
vés à Dissentiz, par Saussure. 


De la Tourmaline rose. 


Le beau cristal rose que je possède, et que j'ai décrit, 
Journal de Physique, tome 52, page 322, comme un beril, 
est une tourmaline rose de la variété que. j'ai appelée Zaourite. 
Elle est pyro-électrique, .a .la pesanteur ,.la dureté... de la 
daourite. pe Pet 1 ) 

De l'actinote de Zillerthal. - 


Laugier a fait l'analyse de l'actinote de Zillerthal (stralstein 
des Allemands, zillerthite de Delamétherie ). Il en a retiré 
(40€ cahier des Annales du Musée de Paris, ) 


Silice......... Hotrilesà “50 
Magnésie...... AS OO EE ++ 19 
Chaux. ....... CAT EC PAETA TRE 9:75 
AlnniInes es ee EMMA EE 0.79 
Fer oxidé, "nt Lee 
Chrome oxidé......,.,, 220015 
1e CSA ATEN EE ER OCNE IOPNL AENSCE 
Porasse ln Liane AN 4 Ed | 0.50 


Pertes. AT do 5 


L'auteur a obtenu cette potasse en versant sur cette sub- 
stance de 1 acide sulfurique concentré. Il observa au bout de 
quelques jours des cristaux d’alun. 


Go SOUKNAS DE FNYSIQUE, DECHIMIE 
Du Jade oriental vert. 


Théodore de Saussure en à retiré, 

Silice «8 « commence, 0345 
Chaux : ...sommemmiapanmmese 12e 0m 
Alumme. SNS ae Il. 1 
Fer) ide Re ER RE 
Manganèse. oxidé. uses. 2 | 
Matrons. 7 CES Neo: 
Potassehinsk .sù. sua ni st MAL 
RAT ee das ie Nes ele 01220 
PÉTÉSe ss cu 2 LL COMM TEE EEE 


Du Lhémanite. 


J'ai donné le nom de /hémanite à la substance que Saussure 
(père) appeloit jade des environs de Genève. 

Théodore de Saussure , qui lui a donné le nom de son père, 
saussurile , en a retiré, 


Siheerstu ii Spider ce sh 4e 
Alumine:! ..subicutg al... .56200 
Chaux 2 MMS RUATER Sal À 
Fér: oxidé ti shot 2h 
Manganèse oxidé............. Oo. & 
Natrom ur mn Porn LR CAEN © 
Potasse.. Lieu Han dmlosas 
Perte !..Lerlmn PURE AREA TE 


Du Calcaire pur. . 
Berthollet a analysé ün calcaire très-pur. Il en a retiré, 
comme l'avoit fait Kirwan, °° 


Chaux. RSA FA ES 
Acide carbonique........... . 44 
FaucHLH EST Re LR NU a ete 2! 


De l'Arragonite. 

Proust avoit dit (Journal de Physique, tome 62, page 226), 
dans l'arragonite je trouve le carbonate de chaux pur. 

Mais dans les spaths calcaires rhomboïdaux transparens ou 
opaques, je trouve deux carbonates métalliques dont les bases 
sont au zr7imum, celui de fer et celui de manganèse. 

Un chimiste de Paris a analysé un spath calcaire très-pur , 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3x 
dans lequel il n’a trouvé aucun de ces métaux; d’où il con- 
clut, r° que ceux sur lesquels a opéré le professeur de Madrid, 

. . . ,. . . 
étoient impurs; 2° qu'aucun fait n'indique encore de différence 
entre les principes de l’arragonite et ceux du calcaire. 


De la Leucolite. 


La leucolite (beril schorlatiger de Werner), a été analysée 
par Bulcholz, qui en a retiré, 
Silice. . 
Alumine, 


Acide fluorique............... 0.18 
D'après cette anlayse j'ai classé la leucolite parmi les alumines 
fluatées. 
Du Pyrophysalite. 


Cette substance à été trouvée par J.-G. Gahn, à Finbo, près 
de Falhun en Suéde. 
Sa couleur est d’un blanc verditre. 
Il fait feu au briquet, mais il est rayé parle quartz: 
Sa pesanteur est 3452. 
Hisinger et Berzelius en ont retiré, 


Atarmiines et" 540 OAI QUE 55,25 
Sci LC ALAN, ARS NDS 32:85 
Chaux ...... TANT ANRT MU ANTIOORSE 
Fer*oxidé.....:.1.11, HAE UEOURS 


Perte par la calcination....... 6.75 
Perte dans l’analyse........., 11.36 


Ils ont depuis reconnu qu'une partie de cette perte est due 
à de l'acide fluorique contenu dans cetté substance, 
11 faut donc ranger cette substance dans le genre des alumines 
fluatées. : ( : 
“De l'Outremer. : : 


Désormes et Clément ont analysé l'outremer. Pour extraire 
l’outremer de sa mine, on mélange le lazuli porphyrisé avec 
un mastic fondu et composé de poix résine, de cire.etd'huile 
de lin; on laisse refroidir ce mélange , et on le broie ensuite 
fortement sous un pilon ou sous un rouleau dans l’eau tiède, 
Cette eau se salit, on la jette. On en met une nouvelle à 


3a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
laquelle .on voit bientôt prendre une belle couleur bleue ; on 
la laisse reposer; on en passe une seconde, une troisième... 
Toutes ces eaux laissent déposer une belle poudre, qui est 
l’outremer. On n'en retire que deux à trois pour cent d'un 
beau lazuli. 

L'analyse de cet outremer leur a donné, 


Silices in Er MAL PONT ES 2e Nr:0955,8 
AMIE A Ne 2 ne lele lets de) e 34.8 
INAËTON EP cou e + Se . 23.2 
SOUIMER Per Led. e see le MST 
Chaux carbonatée.. ..... 17.02% 3.r 


Ils n'y ont trouvé aucun principe colorant. 

De la Ménilite. 

Klaproth vient de donner une nouvelle analyse de la mé- 
nilite qu'il appelle k/ebschieffer. 

Bayen, un de nos chimistes les plus exacts, et à qui la 
science doit l'expérience, fondamentale de la nouvelle théorie 
chimique ; savoir, la revivification du précipité rouge | ouoxide 
de mercure seul (c’est-à-dire sans addition de charbon, ou 
autre corps combustible), avec dégagement d’une grande 
quantité de gaz; d’où il conclut que ce précipité se revivifioit 
sans addition de phlogistique (Journal de Physique , 1774, 
tom. 3, pag. 286). Bayen m'avoit dit avoir retiré de la mé- 
nilite une portion de magnésie, comme je l'ai rapporté. 

Klaproth n’en avoit point cependant obtenu dans la première 
analyse qu'il avoit faite de cette substance; mais il a trouvé 
dans cette seconde analyse la magnésie qu’avoit annoncée Bayeu. 
Voici l’analyse de Klaproth, 


Silce 2... tua RARE AA Ee 
Magnésie. ............ HHERE 8 
Fer oxidé........ ARE SARA 4 
Charbon...... DA Le ENS LPT SMOS7S 
Alamine 44... Ur eUN 0075 
Ghaux a 20 M EN RON O 


Faux or éiiuct oi ire 


Eau contenant un tiers d’ammoniaque , accompagné 
d'odeur bitumineuse. 

Gaz composé d'acide carbonique et de gaz hydrogène car- 
boné, pouces cubiques , huit, 


De 


C 
CT 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 


\ 


De la Turquoise. 


Bouillon-la-Grange a fait l'analyse de cette substance 
minérale. On en connoît dans le commerce deux espèces : 

L'orientale , qui, selon Chardin, se trouve au Mont-Caucase, 
à quatre journées de la mer Caspienne. On la trouye aussi en 
Perse, en Egypte, en Arabie, dans la province de Samarkande. 

L’occidentale se trouve à Simore dans le Languedoc et 
auprès de Trévoux. 

J'ai une dent qui est en partie convertie en turquoise. 

Bouillon-la-Grange a analysé la turquoise et en a retiré, 


Chaux phosphatée............. 80 


Chaux carbonatée..... HN 0e 
Magnésie SL à SNS OR PAARE 2 
Eeriphosphaté "70." dre 2 
Alumine. ............ ARS At 1.5 
Eauet perte. ..:...... dB: Où 


Cette analyse ne permet pas de douter que la turquoise 
ne soit.une partie osseuse pénétrée par des oxides de fer, 
et non des oxides de cuivre comme on l’avoit cru. 


De L’Alun. 


L’alun de Rome passe pour le plus pur ; c’est pourquoi ilest 
préféré dans le commerce à tous les autres. Roard et Thenard 
ont recherché la cause de sa supériorité. Ils ont reconnu que 
tous les autres aluns contenoient une quantité quelconque de 
sulfate de fer qui en altéroit la pureté. L’alun pur est com- 


posé de 
AMInE se demie ous del Le 12.53 
Acide sulfurique...,........... 26.04 
Hotasse NTM ere RUE 10.02 
Hausse" AT 88 AùSS dom OT MA ENS d 472 


L'alun de Liége contient sulfate de fer 000.1. 

L’alun de Javelle en contient un peu moins. : 

Ceux de la manufacture Bouvier et Curaudau:en contiennent 
un seize centième ou. dix-sept centième. : 

L'alun de Rome n'en contient pas un-deux millième. 

Le plus mauvais alun du commerce peut égaler dans ses 
effets le meilleur alun de Rome. Il suflit. de le purifier en en 
précipitant le sulfate de fer par le moyen de l'eau, C'est ainsi 


Tome LXIV. JANVIER an 1807. E 


34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
que l’art est parvenu à faire de l’alun aussi pur que celui de 


Rome. 
Du Cyanite rouge. 


J'ai un beau cyanite rouge que Maclaure m’a apporté du Tyrol, 
Du Trapp. 
Ce trapp est une espèce de schiste siliceux, ktesel schiffer 


de Werner, que j'ai trouvé dans la montagne d’Ajou proche 
la Claitre. Sa couleur est noire; il fait diflicilement feu avec 


le briquet. 
Cabal et Chevreuil en ont retiré, 


Silice. 2 PAR EE D L a sit 100 
Alumine.. ::... PA SR 2 are RES D 15 
Chaux. Les NSP ER TON 
Her oxide. ANNE reel MO, 
Manganèse, un atome. 
POTASSE PT TE PER RS FRS 8 
Eau et matière volatile...::.::.. ° 5 


Charbon ‘eti perter:. 41. JU. 8 
‘ Ils ont obténu la potasse en versant de l'acide sulfurique 
sur ce trapp pulvérisé. Ce procédé ne laisse aucun doute sur 
la présence de la potasse. 
De la Cornéenne. 

J'ai donné avec Wallerius , et la plupart des minéralogistes 
français, le nom de cornéenne, /apis corneus, à une espèce 
de schiste, primitif (thon-schieffer de Werner), qui ne fait 
point feu au briquet, 

‘En la rayant elle donné une poussière d'un gris blanchätre. 

En soufflant dessus elle exhale une odeur terreuse. 

Quelques iminéralogistes ont ‘donné:lé nom de cornéenne 
à une espèce de porphyre ‘ou de granit. 


LT TR TOR 


Sihegi-pahasinete touruot 444008 
Alunnne nt -te-reltc019 
Chanxtiesh. sien ancre dre aie st CE 
Fer oxidé.s ec. putsmensron. ni arr 24 
Potassel .5h Hillus EL. ao ah nur 
is 12° Perte; | eau et matière volatile... 2.5 


na 


De: , )E 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 55 

Cette analyse fait voir que ces pétrosilex se rapprochent 
beaucoup des feldspaths. 

Cependant leur cassure et leurs autres caractères extérieurs 

sont assez différens pour que je persiste à croire qu'il faut 


continuer à en faire deux espèces. 
Du Keratite, 


Le keratite, ou hornstein des Allemands est au quartz ce 
qu'est le pétrosilex au feldspath. 


De la Leucostine. 


J'ai donné ce nom à la base du porphyre rouge, Zeucosticos 
de Pline. 


De lOphitine. 


J'ai donné ce nom à la base du porphyre verd ou ophite. 
Saussure l’a appelée ophibase. 


De la V’arioline. 


J'ai appelé vartoline la pâte de la variolite de la Durance. 

Peut-être est-elle de la même nature que l’ophitine. 
De la Téphrine. 

J'ai appelé £éphrine la base des porphyres gris, tephrias 
de Pline. 

La base des amygdaloïdes me paroît également une variété 
de téphrine. 

Les wackes de Werner me paroissent également des variétés 
de téphrine. 

Ces six dernières substances, les pétrosilex , les keratites , 
les leucostines, les ophitines, les variolines, les téphrines, ainsi 
que les trapps et les cornéennes , peuvent servir de bases aux 
divers porphyres. Voici la manière dont j'ai considéré ces 
objets (Théorie de la Terre, tom. 2, pag. 424). 

« Je regarde cette pâte des porphyres comme un mélange 
des différens élémens du granit, moins le feldspath qui y 
est cristallisé distinctement. 

» Supposons les élémens du granit , savoir, le quartz, le 
Feldspath , le mica, l'hornblende.… réunis ensemble, ou seule- 
ment quelques-uns, pour cristalliser. 

» S'ils cristallisent tous distinctement ; ils forment du granit. 

» Cristallisent-ils tous confusément, excepté le feldspath qui 
cristallise en parties distinctes ? ce sera un porphyre dont la 


E 2 


36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
base variera suivant la nature et la quantité des substances 
dont elle sera composée. » 

Enfin cristallisent-ils confusément, même le feldspath ? on aura, 

Ou un pétrosilex , ; 

Ou un kératite, 

Ou un trapp, 

Ou une cornéenne. (J'ai des phorphyres à base de la cornéenne 
dont je viens de parler. ) 

Ou une wake, c’est-a-dire une téphrine. 

Il faut ajouter, 

Ou une ophitine, 

Ou une leucostine. 

Toutes ces diverses substances varieront suivant la nature 
et la quantité des quartz, feldspath, mica, hornblende... 
dont elles seront composées. Il peut même n'y en avoir que 
deux, comme quartz et feldspath, ou trois, par exemple 
l'hornblende ajoutée aux deux premiers, ou enfin ils peuvent 
y être réunis tous quatre, et même quelques autres substances, 
telles que la stéatite..... 

Dans le pétrosilex il ya beaucoup de quartz et de feldspath. 

Dans les kératites le quartz domine. 

Les ophitines, les leucostines , contiennent beaucoup de 
hornblende et peut-être du mica , mélangés avec les quartz 
et feldspaths. 

Dans les téphrines ce sont les mêmes substances mélangées 
au quartz et au feldspath , mais en différentes proportions. 


Du Charbon de terre. 


Proust a fait l'analyse de différens charbons de terre qui 
lui ont donné les produits suivans : 


Cent livres de charbon de Villanueva en Espagne, ont donné, 


(ER AR ARE 68 livres 8 onces 4 gros. 
MES Ho Dada ac 7 9 4 
GATE SERRE SANTO) 5 6 
Produits condensés... 4 8 6 
Charbon de Belmez en Espagne, 
CoAR ET RENNES 70 o 2 
Hesse er : 10 4 o 
Gazi ele Latehese se dore 12 7 4 
5 0 


AE 4 Produits condensés... 7 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3m 
Charbon de Langreo en Espagne, 


Coak................ 75 livres onces gros. 
Huile: Cr AMN AC RERTS AORE 11 4. 
Gaz: AU EMAR EAU S 5 2 
- Produits condensés... 5 
Charbon d’Angleterre, 
Coke here ; +. 64 
Huile. ...... DE À cas) 
(ÉCLATER ARS MS) 
Produits condensés... 13 


Dans ces produits condensés il se trouve une partie d’eau 
qui esb quelquefois plus abondante que l'huile. 

Cette eau contient de l’'ammoniaque carbonaté, mais point 
de vinaigre. 

Les gaz obtenus sont de l'hydrogène huileux ; car le gaz 
acide carbonique se combine ordinairement avec l'ammoniaque. 

Ces analyses font voir que dans les charbons de terre la 
partie charbonneuse en fait presque les trois quarts. 

Dans nos bois ordinaires , Proust a prouvé (Journal de 
Physique, tome 48, page 469) que la partie charbonneuse 
n'en est que le cinquième ou le sixième. 

Il n'y a que l’indigo qui fournit à-peu-près autant de parties 
charbonneuses que le charbon de terre. 

D'ailleurs le charbon de terre brüle beaucoup plus difici- 
lement que le charbon de bois. 

Tous les charbons de terre exhalent plus ou moins d’acide 
sulfureux sur la fin de leur combustion. 

Les charbons de terre en brülant se ramollissent et deviennent 
spongieux comme le charbon des corps muqueux, des résines, 
de l'indigo, de la glutine et des matières animales, et ils se 
comportent d'une manière totalement différente que les char- 
bons de bois. 

Le coak passé par la potasse, donne de J’acide prussique, 
ce que ne font point en général nos charbons de bois: 

Les cendres du charbon de terre ne contiennent point de 
phosphates ni de muriates. 

L'auteur en rapprochant tous ces faits croit appercevoir que 
les charbons de terre ont plus de rapports avec les substances 
animales qu'avec les végétales : néanmoins il n'ose rien pro 
noncer à cet égard. 


35 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Il me paroit qu'une de ses belles expériences démontre que 
les charbons de terre ne sauroient provenir des débris des 
grands animaux; car On sait que le charbon des substances 
animales n'est si diflicile à brûler que parce qu'il contient une 
assez grande quantité d'acide phosphorique. Or le:charbon de 
terre, dit Proust, ne laisse dans ses cendres aucune trace de 
phosphate. Ge fait démontre que ce charbon ne peut provenir 
des dépouilles des grands animaux. . 

On ne sauroit conclure que les mines de charbon de terre 
n’ont point été formées dans les eäux dés mers, de ce que 
l'auteur n’y a point trouvé de muriate : Car j'ai fait voir 
(Théorie de la Terre, tome 4, pag. 175) qu'à cette époque 
les eaux des mers ne contenoient pas de parties sensibles de 
sels marins. 

Mais d'où viennent, demande-t-on, ces propriétés des char- 
bons de terre, si différentes de celles des charbons de bois? 

Je réponds que C'est de sa minéralisation, c'est-à-dire de 
sa combinaison avec un principe étranger, qui me paroit être 
l'acide sulfurique ; car le charbon de terre est minéralisé 
comme je l’ai démontré (Théorie de la Terre, tom. 4, p. 145), 
et combiné avec l'acide sulfurique. Or Proust a prouvé que 
les acides font éprouver les plus grands changemens aux char- 
bons. L’acide nitrique y forme du tannin comme l'a fait voir 
Hatchett. 

L'acide nitrique versé sur les charbons de terre en détruit 
une portion de l'huile et de l'hydrogène. Proust a fait chauffer, 
dans un acide nitrique de 18 à 20 degrés, du charbon de 
terre de Villanueva, réduit en poussière. Ce charbon a perdu 
la propriété qu’il avoit auparavant de former de l'huile, du 
gaz hydrogène huileux et de l'ammoniaque. Il n'y est plus 
resté que le carbone ou le coak. 

Les mêmes phénomènes ont lieu dans la minéralisation des 
substances végétales pour former les charbons de terre. L’acide 
sulfurique, qui en est le rminéralisateur , a détruit une partie 
de leur huile, de leur hydrogène, ensorte que la partie char- 
bonneuse, ou le coak, y est devenue plus abondante. Voici la 
manière dont j'ai expliqué (zbidem) la formation de ces 
charbons de terre. 

Des masses immenses d'arbres fossiles et autres végétaux, 
tels que des tourbes, ont été recouvertes par des couches de 
terre plus ou moins épaisses, comme on en trouve encore 
en plusieurs contrées. Des pyrites se forment au milieu de 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 39 


ces végétaux. Elles se décomposent et forment de l'acide sul- 
furique. La chaleur qui en résulte volatilise les huiles, comme 
on l'observe dans tous les lieux où on trouye du pisaphalte 
ou bitume de Judée. Prenons pour exemple la Mer-Morte, 
ou lac de Genezareth; l'asphalte y est très-abondant : il se 
dépose alternativement avec les couches terreuses et pierreuses 
qui se forment dans son sein. Il doit donc s’y former des 
couches alternatives de bitume ou charbon de terre et des 
couches terreuses , pierreuses.. Ces couches de charbon auront 
l'étendue de ce lac, c'est-à-dire plusieurs lieues en longueur 
et en largeur, 

Il doit par conséquent se trouver au-dessous du fond de ce 
lac des amas immenses de bois fossiles, tels que ceux qu’on 
trouve dans la Prusse ducale, ... ou de tourbe... 

La manière dont brülent les charbons de terre confirme 
mon opinion. Ils donnent toujours de l’acide sulfureux , dit 
Proust. Cette combustion est analogue à celle du charbon 
des huiles traitées par les acides. Lorsqu'on enflamme de 
l'huile par le moyen des acides, il se forme un charbon très- 
spongieux, qui sort du vase... Ce charbon brüle très-diflici- 
lement. Le noir de fumée , et tous les charbons des huiles 
brûlent également avec difficulté , et ils sont très-volumineux. 

Mais les végétaux, dont ont été formés nos charbons de 
terre , étoient vraisemblablement des contrées équinoxiales , 
comme tous les autres fossiles de nos contrées. Les restes des 
végétaux qu'on trouve dans les mines de houille , paroïissent 
avoir appartenu à des végétaux exotiques. Bernard de Jussieu 
a trouvé dans les houillières de St.-Chaumont , proche Lyon, 
le nyctante. Bosc a trouvé dans des houillières du côté d’Autun 
un morceau de la tige d’un bambou. Faujas a trouvé des restes 
de palmier dans des tourbières d'Andermach... Les nombreuses 
plantes de la famille des fougères qu'on trouve si fréquemment 
dans les houillières et les schistes qui les recouvrent, sont 
reconnues pour être exotiques... 

Je ne nie cependant pas que quelques charbons de terre 
puissent avoir été formés par des substances animales. Cepen- 
dant aucun de ceux examinés par Proust n'a donné de pAos- 
phate; et l'acide phosphorique, si abondant dans les substances 
animales, ne paroît pas pouvoir avoir été ainsi détruit. Il fau- 
droit donc que ces substances animales eussent appartenu à 
des animaux, tels que les insectes, qui ne continssent point 
d'acide phosphorique , ce qui ne paroït pas vraisemblable, 


40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DR CHIMIE 
De l’oxide du Charbon. 


Le charbon et l’oxigène peuvent, suivant Proust, contracter 
une union qu'il a observée le premier. Dans l'acide carbonique 
et dans l'oxide gazeux le charbon et l’oxigène sont purs. 

Mais dans l'oxide de charbon, l’oxigène peut s’unir avec 
le charbon azoté ou hydrogéné. Voici le procédé qu’il emploie 
pour obtenir cet oxide de charbon : 

100 parties de charbon de terre de Villanueva ( qui donnent 68 
de coak) ont été traitées par l'acide nitrique. Il a obtenu un 
résidu — 120. L'acide a cependant dû détruire presque en 
entier les 32 parties qui ne sont pas du coak. Cet acide a 
donc produit dans ce charbon une augmentation de 52. Elle 
ne peut étre due qu'à l'oxigène de l’acide nitrique qui s’y est 
combiné. 


Du Charbon déshydrogéné. 


Puisque le charbon de terre contient jusqu’à 0,77 de coak, 
il faut que ce charbon, provenu primitivement des végétaux, 
ait perdu une grande quantité de son hydrogène. Il est même 
des charbons de terre qui paroissent ne contenir que du car- 
bone ou coak. 


Du Jayet. 


Du jayet distillé, dit Proust , donne de l'huile, de 
l'ammoniaque, du gaz carbonique, de l’oxide gazeux à flamme 
bleue , et 0,40 d'un charbon trois fois plus volumineux que 
le jayet employé. 

Ce charbon si volumineux me paroit également provenir 
d’une substance huileuse minéralisée par unñ acide. 

Le jayet chauffé avec l'acide nitrique , laisse dégager beau- 
coup du gaz. Il se forme ensuite une concrétion jaune, qui, 
desséchée et mise sur les charbons ardens , fuse comme le 
charbon oxidé. 

De la Tourbe. 


100 parties de tourbe de Dax, distillées par Proust, lais- 
sèrent 0,40 de charbon. 

Ses produits sont, 1° de l’eau ; 

2° Du vinaigre mêlé d’ammoniaque qui ne difléroit pas 
de celui qu’on obtient du bois. 

3° Une vapeur jaune huileuse, qui se figea comme du suif; 
elle étoit 00,6 à 6,5. 


e La 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. : 41 


La potasse qui n'a point d’action sur le charbon de terre, 
dissout la tourbe. 

L'acide nitrique de 40° appliqué à la tourbe ayec ébulli- 
tion, la dissout. On obtient, 

1° De l'acide oxalique; 

2° Du jaune amer. 

Sa cendre contient beaucoup de silice, un peu de magnésie 
et du sulfate de chaux. 

On voit que la différence de la tourbe au charbon de terre 
est que celle-ci n’est quelégérement minéralisée. Elle fournit 
du vinaigre, et une huile blanche concrète, produits que 
ne fournit point le charbon, parce que l'acide sulfurique qui 
l'a minéralisé a détruit ces principes. 


DE LA CLASSIFICATION DES SUBSTANCES MINÉRALES. 


Il est avoué aujourd'hui de tous les naturalistes, qu'on ne 
peut classer les minéraux que d'après leurs principes chimiques. 
Ainsi l'argent rouge , le réalgar, l'orpiment, le plomb rouge 
ou chromaté, l’argent muriaté, le plomb carbonaté,... quoique 
n'ayant aucuns caractères extérieurs des substances métalliques, 
sont placés par tous les minéralogistes parmi les mines mé- 
talliques. 

Les mêmes principes doivent être appliqués à la classifica- 
tion des substances pierreuses. 

On ne pourra donc avoir une classification exacte des miné- 
raux que lorsque la chimie sera parvenue à les tous analyser 
par des procédés qui donnent des résultats constans. En atten- 
dant que la science soit arrivée à ce point, le minéralogiste 
est obligé de faire des classifications qu'on pourroit dire pro- 
visoires. 

Cependant l'analyse chimique seule est insufisante pour 
avoir une bonne classification des minéraux, puisque des sub- 
stances minérales différentes, telles que le calcaire et l’arra- 
gonite, le ruthil et l’oisanite... donnent à l'analyse les mêmes 
principes. 

Il faut donc joindre à l’analyse les autres caractères que 
présentent les minéraux. 

Les mêmes principes s'appliquent à la classification des 
huiles, des résines , des extraits... et autres produits des 
êtres organisés. 

C'est d’après ces principes que j'ai proposé une nouvelle 

Tome LXIV. JANVIER an 1807. F 


42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


classification des minéraux, fondée sur les analyses les plus 
exactes que nous avons dans ce moment, et sur leurs autres 
caractères. Mais cette classification éprouvera des modifications 
par les nouvelles analyses. 

J'ai divisé, comme l'on sait, toutes les substances du règne 
minéral ou inorganique, en dix classes. 

1ùe casse. Les gaz. 

ae. Les eaux. 

mc. Les corps combustibles simples. Soufre;, phosphore , 
diamant , antracite, plombagine. 

ave. Les substances métalliques. 

ve. Les acides. 

vire. Les alkalis. 

var. Les terres. 

vire. Les sels neutres. 

Cette classe forme trois familles ou sous-divisions. 


Jere SOUS-DIVISION DE LA Ville CLASSE, 
Sels neutres alkalins. 

Ile SOUS-DIVISION DE LA VIII: CLASSE. 
Sels neutres métalliques. 

Ille SOUS-DIVISION DE LA VIII CLASSE. 


Les pierres, ou sels neutres terreux. 


Les pierres sont sous-divisées en pierres homogènes et en 
pierres agrégées. Chacune de ces sous- divisions forme neuf 
ordres à raison des neuf terres principales que la chimie re- 
connoît dans ce moment; car j'ai divisé les substances pierreuses 
comme les substances métalliques, à raison de la substance 
qui y domine. Les falherz, par exemple, contiennent cuivre, 
argent, antimoine, arsenic, soufre ;... mais comme le cuivre 
domine, on les place dans les mines de cuivre. 

J'ai donc également divisé les pierres à raison de la terre 
principale qui y domine. Ainsi on a pierres quartzeuses ; 
pierres magnésiennes, pierres calcaïres... 

Chacun de ces ordres se sous-divise à raison des autres 
terres qui y sont jointes, et à raison de leurs caractères exté- 
rieurs. 

L'ordre quartzeux, par exemple, forme seize genres J'en 


ET D'HISTOIRE NATURELLE 43 


ai fait un dix-septième où sont placées les pierres de cet ordre 
qui ne sont pas encore analysées. à 

J'ai placé dans cet ordre quartzeux les smectites, tels que 
les talcs, stéatites, ... car quoique la magnésie y soit en 
certaine quantité, la silice y domine. 

Les schistes ordinaires , tels que les ardoises... sont égale- 
ment dans l’ordre quartzeux, parce que la silice est dans ces 
schistes plus abondante que l'alumine. 


DIXIÈME ORDRE. 


Les pierres agrégées forment le dixième ordre. 

Je continue à en faire trois grandes sous-divisions. 
Pierres agrégées cristallisées. 
Pierres agrégées empâtées. 
Pierres agrégées agglutinées. 

Chacune de ces trois grandes divisions forme neuf sous- 
divisions à raison des neuf terres qui y dominent. Ainsion a, 
par exemple, 

Pierres agrégées cristallisées , composées de pierres siliceuses. 

Pierres agrégées cristallisées , composées de pierres argi- 
leuses, telles que le sopas-fels de Werner, roche de topaze... 

Les pierres empâtées ou porphyres diffèrent également, et 
à raison de la pâte dont elles sont formées, et à raison des 
cristaux contenus dans cette pâte. 


La pâte des vrais porphyres qui contiennent des cristaux 
de feldspath , peut être 


feldspathique, 

hornblendique, 

pétrosiliceuse , 

téphrinique, 

Leucostique (la pâte du porphyre rouge). 

Ophitine. (la pâte du ARE LAS Ge ce qui donne 
autant de variétés de porphyre. 


x cLAsse. Pierres volcaniques. 


Les pierres volcaniques ont été dissoutes par la voie ignée, 
etont cristallisé par le refroidissement. Je les ai divisées en cinq 
ordres, à raison de la différente nature des pierres dont elles 
sont formées. 

1 oRDRE. Laves fontiformes, composées de schistes pyri< 
teux ferrugineux. J'en ai formé douze genres. a 
2 


44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


1er genre. Verre de laves fontiformes, qui au chalumeau 
donne un verre noir. 

2e genre. Ponce. 

3° genre. Scories. 

4° genre. Laves poreuses. 

5° genre. Lapillos et cendres. 

6° genre. Laves compactes, basalte prismatique ou non 
prismatique. 

7e genre. Porphyroïde volcanique. 

8e genre. Laves fontiformes décomposées. 

9° genre. Pouzzolane. 

10° genre. Amygdaloïde. 

rie genre. Variolite. 

12e genre. Brèches, pouddings. 

Toutes ces laves fontiformes donnent en général à l'analyse ; 


SIlICR, mises ne stiatisidelsisn 46 
Alumine: : clac co eraecise MIO 
Ghaux. . 5.0 .hessleeseeltg 
Péri See bronieruristobis ati 100420 
NATCON: LA sous meRaGR Lie R NA 
Acide muriatique......... 1 
Fa PQ Ter SEE 


ue oRDRE. Laves composées de porphyres à base de pétre- 
silex. J'en ai formé quatorze genres. 

1er genre. Obsidienne qui au chalumeau donne un verre 
incolore. 

2° genre. Perlstein. 

3° genre. Laves vitreuses pétrosiliceuses. 

4° genre. Lave résiniforme, ou retinite. 

5° genre. Obsidienne porphyrique contenant des cristaux de 
feldspath. , 

6° genre. Ponce pétrosiliceuse. 

7° genre. Ponce pulvérulente, farine fossile pétrosiliceuse, 
volcanique. 

8: genre. Lave pétrosiliceuse compacte, klingstein de Werner, 
phonolite de D'Aubuisson. 

g° genre. Lave pétrosiliceuse, compacte, porphyrique, conte= 
nant beaucoup de cristaux de feldspath. 

10° genre. Lave pétrosiliceuse, compacte, porphyroïde, con- 
tenant des cristaux d’augite, de hornblende. 

11e genre. Laves pétrosiliceuses décomposées. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 


x2e genre. Amygdaloïde volcanique pétrosiliceuse, 

13° genre. Variolite volcanique pétrosiliceuse. 

14e genre. Brèches, pouddings, volcaniques pétrosiliceux, 

Toutes ces laves pétrosiliceuses à l’analyse donnent en gé- 
néral, 


Giice RE D E dhbe a ages | 0D 
ADAM EAST cree came se Sn isie cie 20 
Chaux. -::.... -epiibntoned 1e 
Per'oxidéLR our elléaset.st m1 à 
Natront. cote. JE et 35 » 011 
Hans ten ST SON OP HE: 


ui ORDRE. Layes téphriniques composées de porphyres à 
base de céphrine. | 

Pline appelle tephrias un porphyre d'un gris cendré (de 
&ephra, cendre). 

Ces porphyres doivent former des laves comme les porphyres 
à base de pétrosilex. On connoissoit une grande quantité de 
ces laves, qu’on confondoit avec les autres espèces. J'ai donc 
cru qu'il en falloit faire un ordre particulier. Cordier en a 
observé un grand nombre de cette nature au Pic de T'énérife. 

Je les ai sous-divisés en dix genres. 

1 genre. Verre téphrinique qui chauffé au chalumeau donne 
un verre verdâtre. 

2° genre. Verre téphrinique porphyrique , avec des cristaux 
de Eten 

5° genre. Ponce téphrinique. 

4° genre. Laves poreuses téphriniques. 

5° genre. Laves scoriformes téphriniques. 

6° genre. Laves compactes téphriniques, en prismes ou en 
masse informe. 

7° genre. Laves téphriniques compactes ou non compactes, 
porphyriques, contenant des cristaux de feldspath. 

8e genre. Laves téphriniques compactes ou non compactes, 
porphyroïdes , contenant de l’olivine, de l'augite.., 

9° genre. Laves téphriniques décomposées. 

10° genre. Amygdaloïdes volcaniques téphriniques. 

Il peut y avoir des variolites, des brèches, des pouddings 
téphriniques volcaniques. 


45 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
La lave téphrinique donne à l'analyse, 


Siliceser etre “becs nes AE ER 
AMIE eus c ects MER 
Chaux. 4 ARR AE EE ea ns : 
Fer aoxidé::. 10 T0 RSS: 'OANO 
Natron 3812481228 
Eau PRE PERTE DER ANRT 


ve onpRe. Laves hornblendiques. 

Des roches à base de hornblende peuvent éprouver l’action 
des feux souterrains. et forment des laves que j'ai nommées 
Aornblendiques. 

1“ genre. Laves hornblendiques poreuses. 

2e genre. Laves hornblendiques compactes. 
ren erevre pese. eesserseesesercsobe 

ve ORDRE, Laves leucitiques. 

Des laves du Vésuve et de quelques autres volcans d’Italie 
contiennent une grande quañtité de leucite. 

Il peut y avoir des laves qui soient formées de toutes les 
autres pierres Connues, par exemple, de serpentines, de talcs…. 

Cordier a observé des laves qui contiennent une grande 
re d'augite (que j'avois appelée volcanite, ou pyroxène 

e Haüy). On sera donc peut-être fondé à en faire une espèce 
particulière qu'on appellera augitique. 


DES PIERRES PSEUDO-VOLCANIQUES. 


On trouve dans les mines de houille enflammées des pierres; 
et particulièrement des schistes , qui ont éprouvé une action 
du feu plus ou moins considérable : c'est ce qu'on appelle 
pierres pseudo-volcaniques. J'en ai formé plusieurs genres. 

1® genre. Schistes chauftés, : 

2° genre. Tripoli. 

3° genre. Jaspe porcelaine de Werner. 

4° genre. Schiste pseudo-volcanique scoriforme. 

5° genre. Verre noir pseudo-volcanique. 

6 genre. Schiste pseudo-volcanique cristallisé en rayons di- 
vergens , ou verre pseudo-volcanique dévitrifié. 

Toutes les variétés de ces pierres pseudo-volcaniques se 
trouvent dans des schistes chauffés des houillières de la 
Bouiche en Auvergne. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 
DES MÉTÉOROLITES. 


Je range ici les météorolites comme substances minérales 
qui ont été chauffées , quelle que soit d'ailleurs leur origine. 

x° cLasse. Les fossiles forment une dixième et dernière 
classe. 

Je les divise en deux grandes sections : 


Fossiles animaux , 
Fossiles végétaux. 


Je sous-divise chacune de ces deux sections en six ordres. 

1ère section. Des fossiles animaux. 

1% ordre. Animaux fossiles parfaitement conservés : tels 
sont les insectes qui se trouvent dans le succin , les rhino- 
céros trouvés sur les bords du Vilhoui. 

u* ordre. Animaux fossiles terriñiés, c'est-à dire presque 
réduits en terre: tels sont les poissons du Mont-Bolca, de 
Montmartre... t 

tu° ordre. Animaux fossiles bituminisés, ou convertis en 
bitumes : tels sont les poissons qu’on trouve danses houillières, 

1ve, ordre. Animaux fossiles métallisés ou pénétrés par des 
substances métalliques : tels sont des poissons pénétrés par 
du cinabre dans les mines de mercure du ci-devant Palatinat, 

ve ordre, Animaux fossiles pétrifiés. 

Plusieurs animaux fossiles sont convertis en pierres. 

vie ordre. Animaux fossiles empreints. : 

Quelques animaux fossiles, tels que les crabes, les insectes ; 
n'ont laissé que leurs empreintes. 

1e SECTION. Des végétaux fossiles. 

1% ordre. Végétaux fossiles entiers. 

On trouve plusieurs arbres fossiles entiers: 

ue ordre. Végétaux terrifés. 

La plupart des tourbes sont le produit des végétaux terrifiés, 

tue ordre. Végétaux bituminisés. 

Plusieurs végétaux ont été convertis en bitume et sont l’ori- 
gine de toutes les houilles. Des animaux bituminisés ont pu 
se joindre à ces végétaux. On distingue : 

1% genre. Tourbe bituminisée. 

2° genre. Geantrax , ou terre bituminisée. 

3° genre. Jayet, ou bois fossile passant à l'état bitumineux. 

4° genre. Xilantrax, bois fossile plus bitumineux que le 
jayet, et pénétré de bitume, 


48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


5e genre. Lithantraæ, charbon minéral, ou vraie houille. 

6° genre. Asphalte, suc bitumineux qui a une certaine 
solidité. 

n° genre. Malta, poix minérale. 

& genre. Naphte, huile minérale plus où moins colorée. 

° venre. Succin, substance végétale fossile, combustible, 
qui à la distillation donne un acide particulier. 

10° genre. Cahoutchou, fossile du Derbyshire. 

Le mellite, honigstein , est composé d’un acide végétal 
combiné avec l’alumine. C’est pourquoi je l'ai placé avec les 
pierres alumineuses. 

xv<- ordre. Végétaux métallisés. Plusieurs végétaux fossiles 
sont réduits à l'état pyriteux. | 

v< ordre. Végétaux pétrifiés, Plusieurs végétaux fossiles sont 
totalement convertis en pierres siliceuses. 

vie ordre. Végétaux empreints. Plusieurs végétaux fossiles, 
et principalement les feuilles n’ont laissé que leurs empreintes. 

Tel est le précis de la nouvelle classification des minéraux 
que j'ai proposée; elle est fondée et sur l'analyse chimique 
et sur les caractères extérieurs. 


DE LA CRISTALLOGRAPHIE. 


Nous avons déjà vu en parlant de la mussite, de l'alalite, 
de l’hyacinthine.... que la cristallographie a été enrichie de 
la description des cristaux de ces substances. 


Des molécules des cristaux. 


J'ai examiné de nouveau la molécule des cristaux. On sait 
que j'ai rapporté ces molécules à trois formes principales 
(Sciagraphie, tome 2, page 564). 

La lame triangulaire. 
La lame rectangulaire. 
La lame rhomboïdale. 

Mais les lames rectangulaires et rhomboïdales peuvent être 
composées de deux. ou quatre lames triangulaires, ai-je ajouté 
ibid., pag. 365. 

Bergmann cite un prisme hexaëdre de mica, composé de 
six lames triangulaires (Journal Phys., Avril 1792, pag. 264). 
Or le mica est ordinairement composé de molécules rhom- 
boïdales. Il faut donc que dans cette circonstance cette mo- 
lécule rhomboïdale soit divisée en molécules triangulaires. 


Le 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 49 


Les membres de l'Ecole pratique des mines de France ont 
trouvé proche Moutiers, un spath calcaire dont la molécule 
rhomboïdale se divise suivant la grande diagonale, en deux 
parties triangulaires. 

Le ruthil (titané oxidé rouge, schorl rouge) cristallise en 
pie rectangulaire, ce qui pourroit faire supposer sa mo- 
écule rectangulaire; mais ce prisme se divise, suivant les deux 
diagonales, en quatre parties rectangulaires isocèles. (Haüy, 
Minéralogie, tome 4, page 368.) 

Ces faits prouvent que les molécules de plusieurs cristaux 
en dernière analyse peuyent être rapportées à la forme trian- 
gulaire. 

Il faut donc, dans l'examen des molécules des cristaux , 
voir celles qui peuvent se rapporter à la molécule triangulaire. 
On y est d'autant plus autorisé qu'on observe journellement 
dans la division des cristaux de nouvelles coupes qui donnent 
de nouveaux résultats. 


Des molécules différentes de minéraux peuvent être composées 
des mêmes principes chimiques. 


Une grande difficulté embarrassoit les cristallographes et les 
chimistes. Quelques espèces minérales présentent entre elles 
des caractères différens. Leur pesanteur , leur dureté , leur 
cassure... ne sont point les mêmes ; les formes de leurs cris- 
taux ne peuvent se rapprocher ; en les brisant on n’y trouve 
point la même molécule; ... et cependant le chimiste en les 
analysant en retire à peu près les mêmes principes. 

Le cristallographe disoit au chimiste! : os analyses ne 
sont pas exactes; vos réactifs sont insuflisans et vous induisent 
en erreur... 

Le chimiste répondoit au cristallographe : Je suis sr de 
mes procédés ; c'est votre méthode qui est incomplète. 

Le spath calcaire et l'arragonite ont été principalement la 
sujet de cette grande controverse. Les plus célèbres chimistes 
et les plus exercés à ces sortes de travaux, les Klaproth, 
les Vauquelin, les Fourcroy , les Thenard... ont répété plu- 
sieurs fois l'analyse de ces substances, et en ont retiré à peu 
près les mêmes principes; savoir : 


Chaux, 
Acide carbonique, 
Eau, 


Tome LXIV. JANVIER an 1807. G 


OR JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 

Et cependant les caractères de ces deux substances sont 
entièrement diflérens. 

La pesanteur du calcaire cristallisé est 27. 

La pesanteur de l’arragonite est 20. 

La dureté de l'arragonite est supérieure à celle du calcaire 
qu'elle raye. 

La cassure du calcaire est lamelleuse, spathique, ordinaire- 
ment rhomboïdale. 

La cassure de l’arragonite est vitreuse, et on ne peut y 
distinguer de forme régulière. 

La Érno primitive du calcaire est un rhombe dont les angles 
sont, suivant Newton (Optique, tome 2,) 1010 52’ et 78° 
et 8°. 

La forme primitive de l’arragonite est le dodécaëdre à faces 
triangulaires très-alongées ( Théorie de la Terre, tom.2, p. 46) 

L'oisanite a été un second sujet de discussion. Le chimiste 
(Vauquelin) en a retiré les mêmes principes que du ruthil, 
ou titane oxidé rouge, et cependant le minéralogiste et le 
cristallographe y trouvent de grandes différences. 

Le ruthil cristallise en prismes rectangulaires. 

Sa molécule est une lame triangulaire isocèle. 

Sa pesanteur est 4100. 

L'oisanite cristallise en octaëdres rectangulaires alongés. 

Sa molécule est une lame triangulaire scalène. 

Sa pesanteur est 3800. 

J'ai cherché à concilier les méthodes du cristallographe et 
les analyses du chimiste, et j'ai fait cesser les contradictions 
apparentes que présentoient leurs travaux, en prouvant que 
les mémes principes chimiques pouvoient donner des miné- 
raux , dont les molécules , les duretés , Les pesanteurs fussent 
différentes. 

La molécule rhomboïdale 4 du calcaire, par exemple, est 
composée de chaux z , d'acide carbonique "2, d'eau p. Ces. 
trois principes sont arrangés entre eux d’une manière constante 
dans le calcaire, pour donner constamment la mème molécule. 
Supposons qu'ils se touchent par leurs faces, comme le fait 
cette molécule , pour former le calcaire primitif. 

La molécule x de l’arragonite, qui n'est pas encore connue, 
est composée des mêmes principes, chaux 7, acide carbo- 
nique "2, eau p: supposons qu'ils se touchent par leurs angles, 
comme le fait la molécule rhomboïdale calcaire, pour former 
le cristal dit znyerse ou muriatique. On sent que dans cette 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. Bi 


hypothèse on aura une molécule x différente de la molécule 
rhomboïdale 9 du calcaire. Cette molécule formera des cris- 
taux dont les formes seront différentes de celles du calcaire. 
Leur dureté, leur pesanteur, leur cassure... varieront éga- 
lement. 

La méme chose doit se dire de la molécule du ruthil ou 
schorl rouge, ou titane oxidé rouge, et de celle de l’oisanite. 
Ces deux substances donnent à l'analyse les mêmes principes, 
et cependant leurs qualités, telles que la pesanteur, dureté, 
figure, ... sont entièrement différentes. 

La molécule de l'oisanite est, suivant Haüy , un tétraèdre 
irrégulier. 

La molécule du ruthil est, suivant le même savant, un 
prisme triangulaire rectangle isocèle. 

Nous pourrions faire la même application à plusieurs autres 
substances dont l’analyse retire à peu près les mêmes principes 
chimiques, quoique leurs propriétés, telles que la molécule , Ja 
figure, la pesanteur, la dureté... soient différentes : tels sont 
le grenat et l’yanolite... 

D'un autre côté, nous avons vu en parlant des falherz... 
que des principes chimiques différens peuvent donner la même 
molécule et les mêmes figures... 

Il me paroïit que la théorie de la cristallographie renferme 
aujourd’hui tous les élémens qui lui sont nécessaires. 

1°. Romé-de-Lisle a prouvé que les angles étoient constans 
dans chaque espèce de eristaux. 

2°, Il a prouvé que dans chaque substance cristallisée il y 
avoit une forme primitive de laquelle dérivoient toutes les 
formes secondaires. 

5°. Bergmann et Gahn ont fait voir que chaque substance 
cristallisée avoit une molécule particulière composée de cer- 
tains principes chimiques, et dont les positions différentes don- 
noient toutes les formes de cette substance, suivant certaines 
positions et certaines lois de décroissement. (Journal de Physique, 
Avril 1792, tom. 40, pag 258.) 

4°. J'ai prouvé (Journal de Physique, tome 63, page 70), 
que les mêmes principes chimiques peuvent donner des mo- 
lécules différentes, et par conséquent des minéraux dont les 
qualités soient différentes. 

Avec ces quatre données fondamentales, le minéralogiste- 
géomètre déterminera les variétés des formes cristallines des 
diverses substances cristallisées. 


G a 


dE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Mais ces molécules et ces formes seules ne peuvent déter- 
miner les espèces minérales. La molécule et la forme cubique, 
pâr exemple, appartiennent peut-être à soixante substances 
minérales, qui forment des espèces distinctes. 77 faut donc 
avoir recours à tous les caractères extérieurs ainsi qu'à 
l'analyse chimique. 


DE LA GEÉOLOIG IE: 


Cette science difficile fait chaque jour de nouveaux progrès, 
et, quoi qu’on en dise, elle est aussi avancée que les autres 
parties de l’histoire naturelle. 


DE LA FORMATION DES VALLÉES. 


Bertrand, pour expliquer la formation des vallées, suppose 
qu'il y a eu un changement subit de l’axe du globe. L'équa- 
teur, dit-il, fut transporté jusqu’à 4o ou 5o degrés de distance 
obliquement à la sphère actuelle. Peut-être le mouvement diurne 
ou de rotation fut-il ralenti. Dès-lors il s'établit de grands 
courans dans la masse des eaux pour se mettre en équilibre 
avec cette nouvelle position de l'axe et de l'équateur. Ces 
courans sillonnérent la surface du globe et formérent les vallées. 

La cause de ce changement de l’axe est, suivant lui, exté- 
rieure au globe. Peut-être ce changement a-t-il été produit 
par le choc d'une comète. 

Chambrier a prouvé qu'il faut distinguer plusieurs espèces 
de vallées , dont quelques-unes seulement peuvent devoir leur 
origine à l’action des eaux. 


1°. Les Vallées des terrains primitifs. 


Ces vallées, ditil, ont été formées , comme l’a fait voir 
Delamétherie , par la cristallisation des montagnes qui, en 
s’élevant au milieu du dissolvant, ont laissé entre elles des 
interstices , lesquels forment ces vallées primitives. 


2°. Les Vallées des terrains de transition. 


« Ces vallées ne doivent pas non plus leur origine à l'érosion 
des eaux. Comment les barres calcaires ou schisteuses qui 
traversent fréquemment le milieu des grandes vallées , dont 
un des côtés aboutit à de hautes montagnes primitives, auroient- 
elles pu résister à l’impulsion des eaux, dont la chute est suppo- 


ETDHISPOIRE NATURELLE. |. 53 


sée assez violente pour avoir creusé des deux côtés de plusieurs 
mille pieds de profondeur ? » ‘ 


5°. Les V’allées des terrains calcaires, etc. 


« Les eaux n’ont donc pu creuser que les vallées qui sont 
dans les grès, les argiles et les dépôts calcaires. 

Le ci-devant père Chrysologue a cherché l’explication de 
tous ces phénomènes dans le déluge rapporté par Moïse. Mais 
cette hypothèse a été victorieusement réfutée par tous les 
géologues qui ont fait voir que la plupart des couches secon- 
daires ont été faites par des dépôts lents et successifs, et ne 
peuvent avoir été produites en un espace de temps aussi 
court, et par des eaux aussi violemment agitées, qui auroient 
brisé les coquilles fossiles, les es, les animaux, les plantes... 


De la mesure de la hauteur des montagnes. 


Héricard de Thury a déterminé la hauteur de plusieurs 
montagnes du ci-devant Dauphiné. 


Sur l'Étude du sol des environs de Paris. 


] 
Coupé continue ses recherches sur le sol des environs’ de 
Paris. Les eaux, dit-il, ont couvert ce sol; la mer se reti- 
rant, il est demeuré à découvert. Mais les aspersions plu- 
viales vinrent creuser sa surface et descendre dans son inté- 
rieur; tandis que l’eau tombant de l'atmosphère et l'air réunis 
opéroient au jour ét au soleil les merveilles de la végétation 
et de la vie, les mèmes agens opéroiïent dans l'intérieur de 
la terre, dans les ténèbres, dans le silence et la lenteur des 
siècles , les diverses mutations minérales. Une île , un conti- 
nent qui se découvrent à l'air, se trouvent sous la double 
puissance de l'atmosphère supérieure et de l’aitmosphére sou 
terraine. 


De la chute d'une partie de la montagne du Ruffibers, 
dans le canton de Schwytz. ») ot 


Cette montagne est élevée de 806 toises au dessus du niveau 
de la mer, et 586 toises au dessus du lac de Zug. 

Elle est composée de pouddings et de couches de grès in- 
clinées d'environ 25 degrés. 


L'écroulement est arrivé à 5 heures du soir , le 2 septembre. 


54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. 


Il a été précédé par les pluies qui ont eu lieu en été, et en 
particulier par une pluie abondante quia eu lieu le 1° septembre. 

L'éboulement, dit Théodore de Saussure , n’a pas été pro- 
duit par la chute du sommet de la montagne sur les parties 
inférieures ; il a été formé par un lit entier de couches, qui, 
depuis la base jusqu'au sommet du Rufiberg, dans une pro- 
fondeur quelquefois de cent pieds, et une longueur de près 
d'une lieue, s'est séparé des couches inférieures et a glissé 
parallèlement à leurs plans dans le fond de la vallée, avec 
une rapidité inconcevable pour une aussi foible inclinaison 


de 25 degrés. 


. Des fers de chevaux trouvés en terre. 


On creusoit à Roued, dans le canton d’Argovie en Suisse, 
un fossé dans un, terrain situé sur une éminence qui n'est 
dominé par aucune hauteur attenante. Le sol est un marais 
léger. A deux pieds et demi au dessous on rencontre un banc 
de gravier grossier, composé de cailloux roulés. Trois pieds 
plus bas on trouve au milieu d’une glaise des troncs d’arbres 
debout sur leurs racinés et dans un état de pourriture. On 
reconnut que c'étoit des sapins. 

Mais à [4 profondeur de ‘huit pieds, on trouva neuf fers 
de cheval parfaitement conservés, mais un peu plus petits 
et de forme différente de celle des fers de nos chevaux. On 
voyoit encore des clous dans quelques-uns. 

La chute du Rufiberg explique l'origine de ces fers de che- 
vaux. Ils sont également dus à l'éboulement ancien de quelques 


terrains. 
De la température de l’intérieur du globe terrestre. 


Il est reconnu aujourd'hui de la plus grande partie des 
physiciens , que le globe terrestre a dans son intérieur une 
température qui est fort au dessus de zéro, quelle qu'en soit 
la cause, j'ai mis cette vérité hors de -tout doute dans ma 
Théorie de la Terre, tome 3°, et fait voir que cette tempé- 
rature varioit à différentes latitudes. 

D'Aubuisson a cherché à déterminer ces degrés de tempé- 
rature d’une manière plus rigoureuse. Il rapporte des observa- 
tions faites à différentes latitudes , et il en conclut que l’ac- 
croissement de température, en allant du pôle à l'équateur, 
est proportionnel au cosinus de la latitude élevé à la puissance 2;, 


ET D'HISTOINE NATURELLE. 55 


et qu'ainsi l'expression de la température en un lieu quelconque 
dont la latitude est æ, est 


P étant la température du pôle, 

a celle d’un lieu connu, 

b la latitude de ce lieu, 

æ la latitude du lieu dont on cherche la température. 

Il rapporte ensuite des observations faites en différens lieux, 
et il fait voir qu’elles sont conformes à celles données par la 
formule. 3 


Lieu de l'observation. Latitude. Température Température 
observée. calculée. 
Le Caire........... HOON 2. esse 18.0 17.8 
PANSAEE rte LEO DOMUR NE: » 0-0 9.6 
Londres 2 rare MTo20 parte 00 8.8 
Cotke casernes D ed Attelé le ae VO SO 8.3 
\Tullamore........... 53.12........, 7.1 7.8 
ED nblin ee chi etéhs DOaBOuerassous ef 7.7 
HU ArMaghe pu eu de: OMRAONA Te 2E : 2. | 6,0 7.5 
a NE EE RO TAPER 4: NES HR ENT L 7-1 
A Londonderry: 5. :.1:100 da ske. 1216.06 7.0 
Ballycastle .......... RL DE ie REA AR 1 7.0 
Stockolm. :..... ADO DOTE IG O 5.4 
ROBES res eee OM OR MeM Le ES 3.3 
Nan LEE V0 a0, 2. 29 2.1 


Q 


Il a trouvé que la température étoit à 16° dans les mines 
de Freyberg, à la profondeur de 300 mètres. 

Il a ensuite cherché à déterminer la loi suivant laquelle la 
température diminuoit à mesure qu'on s’élevoit au dessus de 
la surface de la terre. Cette diminution suit une progression 
arithmétique; elle est environ d’un degré du thermomètre 
centigrade pour 174 mètres de hauteur. 

Mais on sent que cette température doit varier suivant 
celle de la surface, dans le moment où on fait l'observation, 
en hiver ou en été. 


56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


De la retraite de la mer Caspienne. 


La mer Caspienne a eu dans des temps antérieurs une 
étendue considérable. Ptolomée , dans son Almageste , lui 
donnoit vingt-trois degrés et demi d'orient en occident, c’est-à- 
dire plus de quatre fois plus qu'elle n'a aujourd'hui. 

Il avoit déterminé l'embouchure du Volga dans cette mer, 
à 49 degrés de latitude, et Delile ne la trouvoit qu'à 46 degrés. 

Pomponius Mela dit que la mer Caspienne est formée par 
un détroit qui a beaucoup d'étendue. 

Albufeda détermina au dixième siècle les dimensions de 
cette mer. Il lui donna moins d’étendue d'orient en occident 
que les anciens, mais plus du nord au sud. 

Beauchamp qui l’a observée il y a peu d'années, lui donne 
plus d'étendue du nord au sud, et moins de l’orient à l’occi- 
dent, qu'aucune des mesures anciennes. 

Olivier pense égalément que l'étendue de la mer Caspienne 
a considérablement diminué. Elle communiquoit autrefois 
avec le Pont-Euxin ou Mer-Noire, par le nord du Caucase. Les 
alluvions du Couban , du Volga et du Don, ont d'un côté 
interrompu cette Communication ; mais d’un autre côté le 
niveau de la Caspienne se trouve aujourd’hui de soixante pieds 
plus bas que celui de la Mer-Noire, dit Olivier. 

La même cause a interrompu la communication de la Cas- 
pienne avec la mer ou lac Aral. Elles sont séparées par d'im- 
menées plaines de sable salé. 

Voici les preuves de la grande diminution de la Caspienne. 
Les Russes ont pris le niveau des eaux moyennes du Don et 
du Volga, dans un endroit où leur distance n’est environ que 
de sept lieues. Le Volga est plus bas que le Don, d'environ 
soixante et quelques pieds. Or, ajoute Olivier, le Don pour 
se rendre. à la mer d'Azof, et le Volga à la Caspienne, ont 
à peu près le méme trajet à traverser et la même pente : d'où 
il conclut que la Caspienne doit étre plus basse environ de 
soixante pieds que la mer d'Azof, et la Mer-Noire. 

La diminution des eaux de cette mer s'est faite, comme 
l'on voit annuellement, et peu à peu. 

Ce phénomène nous montre la manière dont la diminution 
du niveau des eaux de toutes les mers s'opère également 
chaque année et peu à peu. J'en ai trouvé les preuves dans 
les attérissemens qu’elles laissent sur leurs bords, comme le 
fait la mer Caspienne (Théorie de la Terre , tome 5). Cela 


est 


ET L'HISTOIRE NATURELLE, 57 


est surtout sensible dans le bassin des grands fleuves. Prenons 
pour exemple notre petite rivière, la Seine. Son embouchure 
dans la mer a trois lieues de largeur. Le lit de cette embou- 
chure est rempli des galets que charient ses eaux. 

Des galets semblables se trouvent dans tout le bassin de 
cette rivière. Ainsi, auprès de Paris, depuis les coteaux de 
Vaugirard, d’Issi, de Meudon, ... les plaines de Vaugirard, 
de EE , du bois de Boulogne , des Sablons..... 
sont remplies de galets jusqu'au bas de Montmartre, de 
Ménil-Montant, Pantin, et la chaîne des carrières de plâtre 
qui s'étendent au nord. (On trouve une assez grande quantité 
de galets au bas de Ménil-Montant, du côté du faubourg 
St.-Antoine. ) 

Ces galets qui occupent environ une lieue, plus ou moins 
de largeur dans le bassin de la rivière , ne peuvent avoir été 
déposés par une aussi petite masse d’eau que celle que con- 
tient aujourd'hui la Seine à Paris. 

J'en ai conclu qu’à une époque plus ou moins éloignée le 
bassin de Paris se trouvoit proche la mer, comme l’est au- 
jourd’hüi le Häâvyre. Les eaux de l'Océan en occupoient donc 
toutes les parties basses, comme elles le font entre le Hävre 
et Honfleur. Dès-lors on conçoit que les galets charriés par 
la rivière, ont couvert toute cette étendue de terrain occupée 
par les eaux. Cette vérité me paroît bien établie. 

Les mêmes phénomènes s’observent dans les bassins de toutes 
les grandes rivières. Ils sont extrémement sensibles dans les 
bassins de la Loire, de la Garonne, du Rhône, du Rhin... 


Ces faits prouvent que le niveau de l'Océan s’abaisse annuel- 
lement et peu à peu. 


De la cause de la diminution des eaux des mers. 


Mais quelle est la cause de la diminution des eaux des mers? 

On suppose que l’évaporation est la cause de l’abaissement 
des eaux de la Caspienne , ainsi que de celles du lac Aral. 
Les fleuves qui s'y versent n’apportent point, dit-on, à ces 
mers autant d'eau que l’évaporation en enlève. Je ne crois 
pas cette cause suflisante. À cette latitude l'évaporation ne me 
paroît point assez considérable pour avoir pu produire en un 
petit nombre de siècles un abaissement aussi prodigieux des 
eaux de cette mer. - 

La Mer-Noire, qui est à peu près à la même latitude que 
Ja Caspienne , a un écoulement continuel dans la mer Egée, 


Tome LXIV. JANVIER an 1807. H 


58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


par le détroit du Bosphore. Son étendue est plus considérable 
que celle de la Caspienne; et cependant elle ne reçoit guère 
plus d'eau que celle-ci. 

Il est donc plus vraisemblable qu’une partie des eaux de 
la Caspienne se rend dans des cavités souterraines de l’inté- 
rieur du globe. On avoit dit avoir observé deux goufres auprès 
du. Kilan, dans lesquels les eaux se perdoient. Struys assuroit 
même les avoir vus. Blumestorf, il est vrai, dit ne les avoir 
pas appercus. Ce sont de nouvelles observations à faire sur 
cette mer. 

Mais l’évaporation ne peut avoir aucune influence sur l’a- 
baissement général des eaux des mers, puisque le poids de 
l'atmosphère n’équivaut qu'à 28 pouces de mercure, ou 32 
pieds d’eau, aujourd'hui comme autrefois. Il faut donc re- 
connoitre d'autres causes de cet abaissément général du ni- 
veau des-eaux des mers, comme je l'ai prouvé dans ma Théorie 
de la Ferre. 


Sur des substances soumises à un grand degré de chaleur 
avec compression. 


Hall a donné de nouveaux détails sur des produits minéraux 

u’il a obtenus en soumettant différentes substances à l’action 
d'une chaleur plus ou moins considérable, et exerçant sur 
elles une forte compression. J’avois prouvé que cette com- 
pression devoit produire de grands effets. 

Il a pulvérisé de la craie, l'a renfermée dans des cylindres 
de porcelaine, et l’a exposée à différens degrés de chaleur 
mesurés au pyromètre de Weedgwood, et à différens degrés 
de pression. L'ensemble de ses expériences lui a fourni les 
résultats suivans : 

1°, Une pression de 52 atmosphères, qui équivaut à une 
profondeur en mer de 1700 pieds , peut réduire cette craie 
pulvérisée à l’état de vraie pierre à chaux, en donnant une 
chaleur convenable, qui varieroit entre 21 et 51 degrés du 
pyromètre. 

2°. Une pression de 86 atmosphères, qui équivaut à. celle 
de 3000 pieds d’eau de hauteur, réduit cette craie en vrai 
marbre. 

3°, Sous une pression de 173 atmosphères, qui équivaut à 
celle de 5700 pieds d'eau de hauteur, cette craie est mise 
en fusion parfaite, et agit très-énergiquement sur les autres 
terres avec lesquelles elle se trouve en, contact. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 59 


L'auteur soumit ensuite à des expériences semblables des 
matières animales et végétales, telles que la corne et la sciure 
de bois. Il obtint des matières très-analogues aux différentes 
espèces de houille ou charbon de terre. 

L'auteur tire de ces expériences des conséquences en faveur 
de la Théorie de Hutton. « L'agent le plus puissant et le plus 
‘essentiel dans la Théorie de Hutton, dit-il, est le feu, que 

j'ai toujours regardé comme identique à celui des volcans. » 
Or on voit qu’avec le feu et une pression quelconque on peut 
former de la pierre calcaire, des houilles... La profondeur 
ordinaire des mers est, ajoute-t-il, au-delà de trois mille 
pieds, qui suflit pour produire du marbre avec de la craie... 

D'autres substances exposées à la même chaleur et dans 
les mêmes circonstances, formeroient des porphyres, des gra- 
mits... 

Ces belles expériences de Hall ont fait un grand nombre 
de partisans à la Théorie huttonienne. Cependant il me semble 
qu’elles ne répondent pas aux diflicultés qu'on peut lui opposer; 
car on demandera toujours, 

19. Qu'est-ee qui a formé cette craie et les autres substances 
qu'on suppose avoir été chauffées par les feux souterrains ? 

2%. Qu'est ce qui a formé les substances qui entretiennent 
ces feux souterrains, végétaux ou animäux?... 

Il a donc fallu qu'il existât un ordre de choses antérieur , 
dans lequel ces animaux et végétaux ont pu vivre. Dès-lors 
des continens , des plaines, des montagnes , des fontaines, 
des rivières , des mers, des lacs... Ces montagnes ; ces plaines, 
ces bassins des mers , n’étoient pas formés uniquement de 
terre, elles contenolent des pierres, des substances métalliques. 
qui n'avoient pas été formées par le feu, d’après l'hypothèse 
même de Hutton. Si ces pierres avoient été formées par une 
autre cause que le feu, pourquoi ne pas convenir que nos 
montagnes , nos pierres actuelles ont été formées ;par cette 
même cause? 

11 me paroît donc qu’il faut restreindre, comme je l’ai dit, la 
Théorie huttonienne à la fagmation des substances volcaniques. 

D'ailleurs les porphyres volcaniques et autres substances de 
‘ce genre, ont un facies entièrement différent de celui des pierres 
formées par une dissolution et une cristallisation aqueuses ; 
comme tous les minéralogistes en conviennent. 


H° 


60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
DES VOLCA NS 


Le Vésuve a encore fait cette année des éruptions considé- 
rables. 

Différens tremblemens de terre se sont fait sentir en Italie. 
Il y en a eu un assez considérable aux environs de Rome. 

En Allemagne , on a éprouvé aussi des secousses plus. ou 
moins fortes de tremblemens de terre. 


Effets des tremblemens de terre. 


Les désastres que le Vésuve a causés ces dernières années, 
ont engagé Fleuriau de Bellevue à publier de nouveaux détails 
sur ceux qu'éprouva la Calabre en°1785. Il les a accompagnés 
de planches dans lesquelles on sent pour ainsi dire les boule- 
versemens qui eurent lieu. On y voit des terrains considéra- 
bles transportés, culbutés.. 

Les conclusions qu'il tire de tous ces faits intéressent par- 
ticulièrement le géologue. 

« On retrouve donc, dit-il, quoique dans de moindres 
proportions , l'image d'une grande partie des formes bizarres 
de nos continens, qu'on peut attribuer aux divers boulever- 
semens qu'éprouva la surface de la terre avant et après sa 
consolidation , savoir : 

a La disposition verticale des flancs de plusieurs montagnes, 
leurs déchiremens et la coupe nette et vive de leurs flancs aux 
points: où l’on peut présumer que leur rupture s’est faite. 

b L’inclinaison en toutes sortes de sens de leurs couches 
et de leurs flancs. 

c Les angles qui tantôt se correspondent et tantôt n’ont 
aucun rapport entre eux. 

d De grands affaissemens et la confusion qui en est la suite. 

e La formation des vallées et des lacs par le tassement du 
terrain au milieu même des plaines. 

f Les escarpemens des côtes de la mer, au pied desquelles 
on ne trouve point de fond. 

Des pics isolés et des masses considérables tellement 
affaissés au dessous des montagnes dont ils faisoient partie, 
et si éloignés d’elles, qu’ils paroissent comme sortir du sol 
mème, plutôt que d’appartenir au même système. 

h Des fentes très-profondes remplies de matières étrangères, 
ou vides encore, et dont quelques-unes donnent passage aux 
éruptions volcaniques. 


ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. Gx 


ë Des apparences de couches verticales, Fa souvent ne sont 
que des tranches solides des montagnes el es-mêmes. 

k Enfin, on reconnoit la possibilité que des couches solides 
horizontales aient pris quelquefois la disposition verticale. 

On ne peut donc attribuer ces formes de montagnes à des 
causes très-différentes de celles qui ont donné naissance aux 
nouvelles collines de la Calabre. La plus forte analogie nous 
oblige à les rapporter à la même origine, et aux simples 
affaissemens dans les cavités de l’écorce du globe. 


DES FOSSILESe 


L'étude des fossiles, cette partie diflicile de l’histoire na- 
turelle, se suit avec une persévérance qui certainement nous 
procurera de grandes lumières. Elle nous offre encore cette 
année des faits d’un grand intérêt. 


Os fossiles de crocodile. 


On a trouvé dans le Glocestershire en Angleterre, plusieurs 
os d’un grand animal fossile ressemblant à un crocodile. Ce 
squelette étoit enseveli dans une couche solide de pierre cal- 
caire, épaisse de vingt pieds. Il étoit à quinze pieds au-dessous 
de la surface supérieure de la couche. 


Os fossiles d’éléphant. 


Les os fossiles qu’on trouve le plus abondamment sont ceux 
d'éléphant. Cuvier s’est assuré qu'on en a trouvé dans plus 
de six cents endroits, dans la partie septentrionale de notre 
hémisphère, en Asie, en Europe et en Amérique. On vient 
d'en trouver proche Paris , en creusant le canal de l’Ourcq. 
Plus on avance au nord , mieux ils sont conservés. Une île 
de la mer glaciale, au nord de l'Asie, en est presque entière- 
ment formée. 

L'éléphant auquel ont appartenu ces os, a d'assez grands 
rapports avec l'éléphant d'Asie. Cependant Cuvier croit qu'il 
n'existe plus aujourd'hui. Il avoit les dents mâchelières, la 
téte et surtout les alvéoles des défenses ; d'une structure 
différente des éléphans vivans ; sa trompe avoit des proportions 
différentes. 

D'autres sayans , tels qu'Adrien Camper , Faujas, ... ne 
pensent pas que les différences qu’on observe entre les os 


, 


62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


fossiles de l'éléphant, et ceux de l'éléphant d'Asie, soient assez 
grandes pour ne pas regarder ces animaux comme de la même 
espèce. 

Os fossiles trouvés sur les bords de l'Ohio. 


Péal avoit cru que les os fossiles qu'on trouve sur les bords 
de l'Ohio avoient appartenu à un carnivore. 

Cuvier, qui a reçu plusieurs de ces os bien conservés, 
pense qu'ils ont appartenu à un animal qu'on doit regarder 
comme une espèce particulière d'éléphant, et qu’on a confondu 
mal-à-propos avec le mammouth, nom .qui appartient exclu- 
sivement à l'éléphant fossile de Sibérie. 

On connoit, dit-il, quatre autres animaux qui sont du même 
genre, mais que l'on n’avoit point reconnus jusqu'ici. Deux 
se déterrent en Europe, et deux dans l'Amérique méridionale. 

Les caractères communs à ces cinq animaux, sont d’avoir 
porté des défenses et une trompe , comme l'éléphant, et 
d'avoir eu leurs mâchelières hérissées de pointes coniques dis- 
posées par paires. C'est cette dernière circonstance qu'exprime 
le nom générique de mastodontes, ou animaux à dents 
mammelonées, qu'il leur a donné. 

Des Journaux américains parlent d'os fossiles énormes de 
l'animal de l'Ohio, ou d'un analogue, trouvés dans une ile du 
Missouri, par des voyageurs. Suivant leur rapport cet animal 
devoit avoir environ trente pieds de hauteur et plus de qua- 
rante de longueur. Ils ont déposé au Musée de New-Yorck, 
une dent énorme de cet animal. 


Du Rhinocéros fossile. 


Cuvier a examiné les os fossiles qui ont appartenu au rhi- 
nocéros, et qu'on trouve dans diverses contrées du nord de 
l'Europe et de l’Asie. Il pense que cet animal n'existe plus. 

On connoît, dit-il, deux espèces principales vivantes de 
rhinocéros : 

Le rhinocéros unicorne qu’on trouve en Asie, 

Le rhinocéros bicorne qui vit en Afrique, du côté du cap 
de Bonne-Espérance. 

William-Bell en a trouvé une troisième espèce à Sumatra, 
qui a deux cornes; mais la peau peu plissée, comme celui 
d'Afrique , et des dents incisives comme celui des Indes. 

L’auteur s'attache à faire voir que les os fossiles des rhi- 


1 


nocéros n'ont appartenu à aucune de ces espèces vivantes. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE 63 


& Ces rhinocéros, dit-il, étoient plus bas sur jambes, avoient 
la téte plus grosse, plus longue, et le museau tout autrement 
fait que celui des rhinocéros vivans. 

» Une grande espèce de quadrupède inconnue aujourd’hui ; 
se trouve donc, ajoute-t-il, ensevelie dans une infinité d’'en- 
droits de l'Eurépe-et de l'Asie : et ce qui est bien remarquable, 
elle n'y a pas été apportée de loin, et ce n'est pas par des 
changemens lents. et insensibles , mais par une révolution 
subite qu'elle a cessé d'exister. Le 7/inocéros entier trouvé 
en 1770, avec ses chairs et sa peau, enseveli dans la glace 
aux bords du Wilhoni, démontre évidemment ces deux propo- 
sitions. » 

J'ai fait voir (Théorie de la Terre , tome 5, page 300) 
qu'il n’auroit pu être apporté de l'Inde et des pays chauds, 
comme le prétend Pallas, sans être entièrement mutilé. 


D'un animal fossile entier trouvé à Montmartre, 


Cuvier possède le squelette entier d’un des animaux fossiles 
qu'on trouve à Montmartre, et qui. vient d’être découvert, 
Ce squelette nous donnera une connoissance encore plus com- 
plète de ces anirfraux. 


Des os fossiles d'ours trouves dans différentes cavernes 
d'Allemagne et de Hongrie. 


L'Allemagne, dit Cuvier , présente un grand nombre de 
cavernes situées dans des montagnes calcaires. Les plus con- 
sidérables sont : 

1°. Celle de Baurmnan dans le pays de Blakenbourg: 

2°. Celle de la Zicorne, au pied du château de Scharzfels 
en Hanovre. 

3°. Celle de Æartzbourg auprès de Goslar. 

4°. Celle de Gaylenreuth dans le pays de Bareuth. Il y en 
a plusieurs autres aux environs. 

5°. On trouve aussi un grand nombre de pareilles cavernes 
dans les montagnes de Hongrie. 

Toutes ces cavernes. sont remplies d'os fossiles. Ces os y 
sont détachés, épars, en partie brisés, mais jamais roulés , 
et par conséquent non amenés de loin par les eaux, un peu 
plus légers et moins solides que des os récens , cependant 
encore dans leur vraie nature animale ; sont peu décomposés ; 
contenant beaucoup de gélatine et nullement pétrifiés. 


64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Une terre durcie, mais encore facile à briser ou à pulvériser, 
contenant aussi des parties animales, y forme leur enveloppe 
naturelle... Laugier qui l’a analysée en a retiré, 


Chaux mélée de manganèse...... 32 
Acide carbonique............... 24 
Phosphate de chaux............. 21 
Matière animale eteau........... 10 
Aduminen sets au" ARRET EE 
Sie Rene si RC EEE LA 
Fer Ride sels 0 UOTE Ed 0 


Les trois quarts et davantage de ces os appartiennent à 
deux espèces d’ours qu’on ne trouve plus vivans. 

L'un de ces ours paroît avoir eu le front bombé. Blumenbach 
et Rosenmuller l’ont nommé wrsus spelæus. 

L'autre ours a été nommé par Blumenbach , ursus actoïdeus. 

La moitié ou le tiers du quart restant vient d’une espèce 
d'hyène. 

Ün plus petit nombre appartient à une espèce du genre 
du tigre ou du lion. 

Une autre partie appartient à une espèce du loup ou du 
chien. 

Enfin, les plus petits appartiennent à des espèces de petits 
carnassiers , comme le renard, le putois, ou du moins des 
espèces très-voisines. 

Il n’y a point d'os d'animaux marins. 

Les espèces si communes dans les terrains d’alluyion, les 
éléphans, les rhinocéros , les chevaux, les bufles, les tapirs, 
ne s'y trouvent jamais, ni les palotherium, les ruminans, 
les rongeurs des fentes des rochers de Gibraltar, de Dal- 
matie, de Cette... 

Réciproquement les tigres , les ours... des cavernes ne se 
trouvent point dans les terrains d’alluvion. 

L'auteur croit que ces os trouvés dans les cavernes, sont 
les débris d'animaux qui habitoiert ces cavernes et y mou- 
roient paisiblement. 

Ces os sont les mêmes dans toutes ces cavernes, sur une 
étendue de plus de deux cents lieues. 


Des Oiseaux fossiles. 


On n'a que quelques os des oiseaux fossiles qu'on trouve à 
Montmartre. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65 


Montmartre. ‘Ainsi on ne peut s'assurer si leurs analogues 
existent ou n'existent pas. 


Des Reptiles fossiles. 


On trouve fossiles les débris de plusieurs reptiles, tels que 
des tortues , des crabes, des crocodiles; ... mais il n’est pas 
encore décidé si quelques-uns de ces animaux fossiles son 
analogues à ceux qui existent. 


Des Poissons fossiles. 


Les poissons fossiles se trouvent en grande quantité au 
mont Bolca dans le Vicentin. 

Broussonet a fait voir qu’on retrouve dans les mers du Sud, 
proche Otahiti, plusieurs poissons analogues aux poissons fos- 
siles du mont Bolca. 

Coguilles fossiles de Grignon et des environs de Paris. 

Lamarck continue le beau travail qu'il a commencé sur les 
coquilles fossiles des environs de Paris. Il les décrit avec son 
exactitude ordinaire, et en fait graver quelques-unes dans le 
beau recueil des Annales du Muséum du Jardin des Plantes 
de Paris. Il les compare ensuite avec les coquilles des animaux 
vivans. Sur cinq à six cents espèces fossiles de Grignon auprès 


de Paris, il en a trouvé quarante à cinquante d’analogues aux 
coquillages existans. 


De la petite Crassatelle fossile des environs de Beauvais. 


Lamarck a prouvé que cette ‘crassatelle fossile est absolu- 
ment analogue à une coquille de crassatelle vivant aujourd'hui 
à la Nouvelle-Hollande , et rapportée par Peron. 


Des Végétaux fossiles. 
Les végétaux fossiles sont extrémement abondans, et on 


en trouve partout. 


La plupart de ceux qu'on a pu reconnoïître appartiennent 
à des espèces qui vivent aujourd’hui dans des contrées équi- 
noxiales. Cependant il en est quelques-uns dont les analogues 


sont de nos contrées. 
{ 


Tome LXIF. JANVIER 1807: E 


66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Les tres organisés existans analogues aux fossiles qu'on 
trouve dans toute la partie boréale de notre hémisphère, 
vivent aujourd'hui pour la plupart dans les contrées équi- 
noxiales. 


Tous les faits connus prouvent unanimement cette vérité. 

Bernard de Jussieu a trouvé le #yctantes dans les houillières 
de St.-Chaumont, proche Lyon. 

Bosc a trouvé le bambou dans les houillières de St.-Berin , 
proche Autun. Il est déposé au Cabinet des Mines de Paris. 

Toutes les plantes qu'on a trouvées dans les schistes au-dessus 
des couches de charbon, sont exotiques, et des contrées équi- 
noxiales. 

Faujas a trouvé des débris de palmiers dans les tourbières 
d'Andernach. 

J'ai trouvé un palmier à Montmartre. ( Journal de Physique, 
tome 60.) 

On trouve dans tout le nord de l’Europe, de l'Asie, de 
l'Amérique , des os fossiles d’éléphans, de rhinocéros, d'hippo- 
potames, de crocodiles. .… 

On a trouvé au mont Bolca, des poissons d’Otahiti et des 
iles de la mer du Sud, comme l’a reconnu Broussonet. 

La crassatelle de la Nouvelle-Hollande se trouve fossile auprès 
de Beauvais, comme l'a reconnu Lamark. 

Nous venons de prouver que tous ces fossiles n’ont pu être 
transportés de lieux éloignés : d'où il s'ensuit que ces animaux 
et ces végétaux ont vécu dans les contrées où se trouvent ces 
fossiles, ou au moins dans des contrées peu éloignées. 

Il faut en conclure que toutes ces contrées boréales, de 
notre hémisphère , depuis la latitude de 40 degrés jusques 
près du pôle, jouissoient dans ces temps d'une température 
analogue à celle de nos contrées équinoxiales actuelles. 

Mais comment la température de ces contrées si froides 
aujourd'hui, pouvoit-elle être si élevée à cette époque ? C'est 
un des problèmes les plus difliciles que la géologie ait à ré- 
soudre. 


Les animaux et végétaux à qui ont appartenu ces fossiles, 
ont existé dans les contrées où se trouvent ces fossiles. 


J'ai fait voir (Théorie de la Terre , tome 5), que la par- 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, G7 
faite conservation des divers fossiles qu'on rencontre, tels que 
des coquilles très-minces, des portions délicates de crabe, et 
surtout des os énormes d’éléphans , tels que leurs défenses, 
leurs dents, leurs fémurs, et ainsi que les os fossiles de rhi- 
nocéros , d'hippopotame , de crocodile, ... ne permettoit pas 
d'admettre l’opinion de Pallas et de quelques autres natura- 
listes, qui pensent que ces fossiles ont été transportés des 
contrées équinoxiales jusque vers les pôles, par exemple, de 
l'Inde jusque dans les contrées les plus septentrionales de la 
Sibérie. 

Car les pierres les plus dures, charriées par les rivières ; 
s’atténuent , s’arrondissent... au bout de quelques lieues. 
Comment ces gros fémurs , ces dents énormes, ces squelettes 
presque entiers du crocodile n'auroient-ils pas été également ar- 
rondis?...etcependantilssontparfaitement conservés. Comment 
ces coquilles si fréles n'auroient-elles pas été brisées ?... 

Cette vérité qui m'a été long-temps contestée, est reconnue 
aujourd’hui. 


Des Fossiles analogues aux êtres vivans. 


La grande question des analogues est décidée aujourd'hui; 
c'est-à-dire qu'il est reconnu (ainsi que je l’ai constamment 
soutenu , Théorie de la Terre , tome 5,) que parmi 
les débris fossiles des êtres organisés, on en trouve d'analogues 
aux êtres organisés qui existent dans ce moment. Lamark 
convient que parmi les cinq à six cents coquilles fossiles de 
Grignon , il y en a quarante à cinquante analogues aux vivantes. 
Faujas a rapporté de Plaisance plusieurs coquilles fossiles qui 
paroissent analogues à des vivantes. 

Nous avons vu dans le Discours de l’année dernière, pag. G6, 
que Cuvier reconnoît que les os fossiles de l'hippopotame sont 
analogues à ceux de l'hippopotame vivant. 

Peron a apporté de la Nouvelle-Hollande la coquille d’une 
crassatelle vivante. Lamark a reconnu qu’elle étoit analogue 
à la petite crassatelle fossile qui se trouve aux environs de 
Beauvais. 

Les botanistes reconnoissent également des analogues parmi 
les végétaux fossiles. (7’oy. le Discours préliminaire de l’année 
dernière , page 70.) 

Les faits que nous venons de rapporter prouvent que la 
géologie ne fait pas des progrès moins rapides que les autres 
parties de la philosophie naturelle; mais elle a, comme celles-ci, 


I 2 


“ 
68 JOURNAL DE PHŸSIQUE, DE CHIMIE 


ses difficultés. Deux des problèmes les plus difficiles qui lui 
restent à résoudre, sont (ainsi que je l’ai dit dans la Théorie 
de la Terre), 

1°, Connoiître les causes qui ont fait jouir autrefois notre 
hémisphère boréal d'une température assez douce, pour que 
les animaux et les végétaux, ou leurs analogues, qui ne peu- 
vent vivre aujourd'hui que dans les contrées équinoxiales , 
aient pu y subsister. 

2°, Connoître les causes qui ont pu abaisser le niveau des 
mers au point où il se trouve aujourd’hui. 


DE LA GÉOGRAPHIE. 


La connoïissance de la surface de notre petit globe suit la 
même marche que les autres sciences. Elle ne se perfectionne 
que peu à peu. 

Peron et le Sueur impriment leur intéressant Voyage à la 
Nouvelle - Hollande. Le public en jouira bientôt et y trou- 
vera une des plus riches collections de faits, et beaucoup 
de détails intéressans sur la géographie. 

Le capitaine Lisjanski est de retour de son voyage autour 
du globe, qu'il avoit entrepris par ordre de l'empereur de Russie, 
Krusenstern, qui l’avoit accompagné, va publier la relation de 
ce voyage curieux , qui nous donnera de nouvelles connois- 
sances sur la géographie. 

On s’est servi dans ce voyage de tonneaux charbonnés à 
l’intérieur, suivant le procédé de Berthollet, pour conserver 
l'eau. Elle s’y est maintenue parfaitement pure. 

Manko-Pack continue ses recherches géographiques dans 
l'intérieur de l'Afrique, contrée si intéressante et si, peu 
connue. 

Lacépède, dans des vues générales sur la topographie de 
l'Afrique , pense qu’il doit se trouver un grand plateau sur 
ses hautes sommités. 

On a publié différentes relations de voyageurs, qui donnent 
des notions géographiques sur les pays qu'ils ont parcourus. 
Nous regrettons de ne pouvoir les rapporter. 

Le colonel Lewis, que Jefferson avoit envoyé pour re- 
connoître les sources du Missouri, est de retour de ce long 
et pénible voyage. Il a remonté le fleuve environ douze cents 
lieues, et il est arrivé à des montagnes couvertes toute l’année 
de neige. C’est de ces glaciers que sort ce fleuve, qui est 
plus considérable que le Mississipi. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 6g 


DE LA PHYSIQUE. 


La physique a été enrichie cette année de plusieurs ouvrages 
intéressans. 


Le Dictionnaire de Physique, publié par le professeur 
Libes , et dont on a rendu compte dans ce Journal, cahier 
de Juillet. 


Le Traité élémentaire de Physique, publié par le pro- 
Fesseur Haüy , et dont on a rendu compte dans ce Journal, 
cahier de Septembre. 


La Physique Mécanique du professeur Fischer, traduite 
de l'Allemand , avec des notes du professeur Biot, et dont 
on a rendu compte dans ce Journal, cahier de Novembre. 


De la chute des Corps. 


Le professeur Benzenberg a fait tomber des boules bien 
polies, d’une hauteur de 262 pieds de France, dans les mines 
de charbon de Schesbuch. La déviation moyenne, relativement 
à la verticale, a été de cinq lignes. La théorie donne quatre 
lignes six dixièmes. 

Gugliemini, à Boulogne, a eu des résultats analogues. 

Ces expériences confirment de plus en plus la théorie, si 
elle ayoit besoin de l'être. 


De la théorie des Tubes capillaires. 


Laplace a cherché les causes des phénomènes que présentent 
les tubes capillaires. Il a fait voir que l'action capillaire , 
comme la force réfractive, et toutes les affinités chimiques, 
n'est sensible qu'à des distances imperceptibles. | 

Newton avoit démontré que les lois de la réfraction de la 
lumière sont un eflet des lois générales de l'attraction. Laplace 
fait voir également que l'action capillaire est un eflet des mêmes 
lois de l'attraction générale. C’est ce qu’il démontre par des 
calculs qu’on trouvera dans ses Mémoires imprimés dans ce 
Journal, cahiers de Janvier et de Novembre. 

L'analyse a également fourni à Laplace l'explication non 
moins ‘heureuse des phénomènes tous aussi singuliers. Nous 
allons copier l'extrait que Delambre a fait de ce beau travail. 


70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


« On avoit remarqué depuis long-temps, dit-il, que deux 
corps nageant sur-un fluide qui s'élève ou s’abaisse autour 
de tous deux, s'approchent l’un de l'autre et se réunissent 
par un mouvement accéléré; mais ils se repoussent le plus 
souvent si le fluide qui s'élève autour de l’un s’abaisse autour 
de l'autre, et, dans ce cas , si l’on diminue convenablement 
la distance on voit l'attraction succéder à la répulsion : ces 
phénomènes surprenans avoient fort exercé les physiciens. 

« Amontons, il y a cent ans, avoit tenté de les expliquer ; 
M. Monge, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, 
année 1787, avoit démontré l'insuflisance et méme l’inexac- 
titude des principes d'Amontons. On trouve dans son Mémoire 
des apperçus heureux, des vues fines et des expériences cu- 
rieuses. Enfin M. Laplace vient de soumettre tous ces effets 
à la même analyse , de laquelle il avoit déja déduit tous les 
phénomènes capillaires. Il prouve que si deux plans parallèles 
ont leurs parties inférieures plongées dans un fluide, leurs 
surfaces intérieures et extérieures soutiennent une pression 
dont il donne l'expression analytique. On conçoit que si la 
pression extérieure l'emporte sur la pression intérieure , les 
deux plans devront s'approcher, et qu’ils se fuiront dans le 
cas contraire. M. Laplace expose ici en détail les circonstances 
qui donnent naissance à tous ces phénomènes, les limites qui 
les séparent, et le point où la répulsion doit se changer en 
une attraction apparente, et réunit le tout en deux théorèmes 
généraux ou formules algébriques, où l'on apperçoit d’un 
coup-d’æil tout l'ensemble de sa doctrine, dont tout ce qui 
précède n’est que la traduction en langage ordinaire. Le Mémoire 
est terminé par une expérience faite avec beaucoup de soin par 
M. Haüy. Une feuille carrée de talc laminaire étoit suspendue 
à un fil très-délié, de manière que sa partie inférieure plon- 
geoit dans l'eau. Dans cet état si l’on plongeoïit dans le même 
fluide et à peu de distance, la partie inférieure d'un parallé- 
lépipède d'ivoire dans une situation verticale et parallèle au 
carré de talc, on voyoit aussitôt une répulsion sensible ; 
mais si l’on diminuoit cette distance , la répulsion cessoit par 
degrés et faisoit place à une attraction qui, par un mouvement 
accéléré , portoit le talc vers le parallélépipède et le mettoit 
promptement en contact. Cette expérience, plusieurs fois ré- 
pétée avec diverses modifications, a constamment donné les ré- 
sultats indiqués par la théorie. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, mi 


De l' Adhésion des Corps à la surface des fluides. 


» Dans un autre Mémoire, Laplace s’est proposé de ra- 
mener à la méme analyse capillaire les phénomènes de l’adhé- 
sion des corps à La surface des fluides. Nous allons également 
copier l'extrait que Delambre a donné de ce Mémoire. 

» Lorsqu'on applique un disque de verre sur la surface de 
l'en dastante dde ui vase d’une grande étendue, on éprouve, 
pour l'en détacher, une résistance d'autant plus considérable 
que la surface du disque est plus grande. En élevant le disque 
on soulève en même temps, au-dessus du fluide contenu dans 
le vase, une colonne de ce fluide. Si l’on continue d'élever 
le disque la colonne s’alonge, mais il vient un moment où 
son poids l'emportant sur l'adhésion, elle se détache et re- 
tombe. 

» Le poids de cette colonne à l'instant où elle est prête à 
retomber, est la mesure de la résistance à vaincre pour dé- 
tacher le disque ; M. Laplace en donne l'expression analytique. 

», Lorsque le fluide est de nature à s’abaisser au lieu de s’éle- 
ver dans le tube capillaire, la colonne soulevée n’a plus la 
forme d’une gorge de poulie, mais celle d’une espèce de cône 
tronqué ; l'expression analytique change et renferme un élément 
de plus, c’est à-dire l'angle que la surface du cône forme avec 
le disque de verre. 3 

» La première formule comparée aux expériences de M. Haüy 
et de M. Achard, donne à ;; près le poids de la colonne 
observée. 

» La seconde n’a pu encore être comparée parce qu’elle ren- 
ferme un angle que les observateurs ont jusqu'ici négligé de 
considérer , et dont il éloit également difficile de deviner 
l'importance et d'effectuer la mesure. 

» Si l’on place horizontalement l’un sur l’autre, deux disques 
de verre , en laissant entre eux une couche d’eau très-mince, les 
deux disques adhèrent avec une force considérable. M. Laplace 
donne pour ce cas une formule par laquelle il trouve pour 
la force d'adhérence un peu moins que les deux tiers de ce que 
M. Guyton a trouvé par l'expérience. Cette différence tient 
sans doute à l'évaluation très-délicate de l'intervalle qui sépa- 
roit les disques, ou peut-être aux inégalités de leurs surfaces, 
qu'il est difhcile de rendre exactement planes. 

La même théorie indique une correction au principe si connu 
d'hydrostatique, trouvé par Archimède, sur la diminution du 


m3. JOURNAL DE PILYSIQUE, DE CHIMIE 

poids qu'éprouve un corps plongeant dans un liquide. Cette 
diminution né se mesure pas seulement par lé poids d'un 
volume de fluide égal à la partie du corps située au-dessus 
du niveau. Il faut y ajouter le. poids du fluide écarté par l’ac- 
tion capillaire, si le corps n’est pas de nature à se mouiller; 
mais s’il se mouille , il faut, au contraire, en retrancher le poids 
du volume soulevé par la capillarité. M. Monge, dans le 
Mémoire cité , ayoit donné comme une chose évidente la 
première partie de ce théorème. M. Laplace en donne ici la : 
démonstration rigoureuse, en y ajoutant cette réflexion, que 
ce qui est relauf à l’action capillaire disparoît totalement , 
lorsque le corps est entièrement plongé dans le fluide au 
dessous du niveau. 

Pour achever l'explication des effets capillaires, M. Laplace 
considère enfin les phénomènes curieux que présentent les 
cylindres d'acier égaux et très-déliés, lorsqu'ils flottent à la 
surface d’un fluide. De quelque manière qu’on les amène à 
se toucher, ils ne tardent pas, après plusieurs oscillations , 
à se réunir dans toute leur longueur , comme s'ils formoient 
une lame unique. Ces oscillations pouvant se déterminer par 
l'analyse, il seroit à desirer qu’on les observät avec une grande 
précision pour les comparer à leur expression analytique. « Ces 
comparaisons, dit l’auteur, sont la pierre de touche des théories ; 
mais pour que l'épreuve soit censée complète, ils ne suffit 
pas que les formules indiquent vaguement les effets qui naîtront 
des circonstances données , il faut encore qu’elles en détermi- 
nent exactement les quantités. » ; 


De L Adhésion des Molécules d’eau entre elles. 


tumford a fait différentes expériences pour constater la 
grande adhérence que les molécules d’eau ont entre elles. Sur 
un vase à moitié rempli d’eau, il verse un peu d’éther ou 
d'alcool ; il laisse ensuite tomber sur cet éther des corps 
pesans , tels qu'une aiguille, des globules de mercure, d’étain…. 
Ces corps traversent l’éther ou l'alcool et demeurent suspendus 
à la surface de l’eau. C’est donc , dit-il, la viscosité de cette 
eau, ou l'adhésion de ses molécules les unes aux autres, qui 
les empèche de gagner le fond de l’eau. 

Il a ensuite pris un soufflet, et a soufflé sur la couche 
d'éther de quatre lignes d'épaisseur , qui a été dissipée en 
moins d’une minute. Cet eflet est la suite du peu d’adhérence 


que 


LE 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 73 


que les molécules d'éther ont entre elles; si les molécules de 
l'eau n'avoient pas entre elles une grande adhérence, le vent 
les dissiperoit-également. 

C'est donc, ajoute-t-il, cette adhérence qu'ont entre elles les 
molécules d'eau, qui empêche que nos mers, nos lacs, nos 
rivières... ne se dissipent. 


_ Les liquides sont de mauvais conducteurs du Calorique. 


Rumford a fait de nouvelles,expériences pour prouver que 
les liquides sont de mauvais conducteurs de la chaleur, Il 
pense que la chaleur est propagée, ou plutôt transportée et 
disséminée dans les masses liquides , principalement , si ce 
n'est exclusivement, par le moyen des courans qui naissent 
dans le liquide, en conséquence des changemens partiels dans 
la pesanteur spécifique des couches qui éprouvent un chan- 
gement de température. C’est ce qu'il a prouvé par l'expé- 
rience suivante : Il a un tube vertical d'environ treize lignes 
de diamètre, qu'il tient rempli d'eau bouillante; le fond de 
ce tube plonge de six dixièmes de pouce dans une cuve }leine 
d'eau, de manière que son extrémité inférieure est à demi- 
pouce de distance au-dessus de la boule d’un thermomètre 
placé dans l'eau de la grande cuve. Le thermomètre à n‘an- 
moins demeuré stationnaire. L'expérience répétée plusieurs fois, 
a toujours donné le même résultat. L'auteur en conclut qu'il 
n'y a pas de communication directe de chaleur entre des mo- 
lécules d’eau voisines, et à différentes températures, qui vien- 
nent à se toucher. La température moyenne apparente, ajoute- 
t-il, qui s'établit si promptement dans une masse d'eau chaude, 
dans laquelle on verse de l’eau froide, doit être produite par 
les courans que fait naître la différence des pesanteurs spé- 
cifiques des masses diversement réchauflées. J'ai soupçonné, 
depuis long-temps, que la suspension des solides dissous dans 
les liquides, n’est due qu’à l'imperfection de la fluidité des 
dissolvans, Puisque donc que les corps spécifiquement plus 
pesans que l'eau peuvent néanmoins demeurer suspendus dans 
ce liquide, on peut admettre que des molécules isolées d'eau 
froide peuvent également rester immobiles dans l'eau chaude, 
dans laquelle elles se trouvent mélées accidentellement. » 


Des rayons solaires. 


La théorie de Newton sur le spectre solaire, paroissoit 
conforme à toutes les expériences. Prieur vient néanmoins 


Tome LXIF. JANVIER an 1807. K 


74 JOURNAL BE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


d’en publier de nouvelles dont il tire des conséquences diffé- 
rentes de celles du géomètre anglais. Il n'admet que trois 
sortes de rayons lumineux d’une nature particulière et inconnue. 


Les rayons rouges, 
Les verts, 
Les violets. 


Ces rayons combinés deux à deux donnent les autres rayons 
colorés. 

Les rayons jaunes sont produits par la combinaison des 
rayons rouges et des verts. 

Les bleus sont produits par la combinaison des verts et des 
violets. 

Les pourpres sont produits par la combinaison des violets 
et des rouges. 

La couleur blanche est produite par la combinaison des 
trois rayons primitifs , les rouges, les verts et les violets. 

Les couleurs de nuances intermédiaires sont produites par 
des combinaisons des rayons primitifs , dont les quantités 
varient dans des proportions différentes. 

L'auteur a beaucoup varié ces expériences. 


Des forces réfractives de différens gaz et de différens corps. 


Le docteur Blair avoit fait des expériences intéressantes sur 
l'inégale réfrangibilité de la lumière, principalement au travers 
les milieux liquides et transparens. 

Biot et Arrago ont examiné cette même réfrangibilité à 
travers différens gaz. Ils ont, par des appareils très-ingénieux, 
construit des prismes avec des lames de verre très-transparent, 
dans lesquels ils introduisoient le gaz qu'ils vouloient mettre 
en expérience. Ils ont trouvé que à 

Le gaz oxigène est de tous les corps de la nature, jusqu'à 
présent observés, celui qui réfracte le moins la lumière. 


L'air atmosphérique réfracte plus que le gaz oxigène. 
Supposons la réfraction de cet air commun . . . — É 
Le gaz hydrogène est celui de tous les corps 
éprouvés jusqu'ici qui réfracte le plus la lumière. 
Sa réfraction sera relativement à celle de l'air 


éomrouni. ca 14 RNA AIRNESS GO SE 
L'azote a une puissance réfractive . . . .:. .… —1,0297 
Le gaz ammoniacal a une puissance réfractive — 2,074. 


ET D'HISTOIRE NATURELL F4 


L'eau a une force réfringente . . : . . . . . 

Le gaz acide muriatique a une force réfringente 
un peu plus considérable que celle de l'azote : d’où 
les auteurs concluent que ce gaz n'est point un 
oxide d'hydrogène comme le pense Pacchiani. 

Le gaz acide carbonique a une puissance 
réfractive un peu moindre que celle de l'air at- 
mosphérique, et un peu plus grande que celle de 
l'oxigène. 

Les auteurs en ont conclu par le calcul, d’après 
les principes de ce gaz acide carbonique, que le 


pouvoir réfringent de carbone est . . . . . . . 
L'huile d'olive, d’après les mêmes calculs, auroit 
une force réfringente . . ., . , 4... . .: 


Newton l’a trouvé par l'expérience , . . . . . 
L'alkool a, d'après le calcul , une force réfringente 
Newton l'a trouvé par l'expérience . . . . . 


La gomme, d’après le calcul, auroit une force 
féEnbebntent an eue, Ml ES 0 


Newton l’a trouvé . RANCE AL 

Le diamant , suivant Newton, a une force ré- 
Étapentenne TAN TER Re ME x 240 ERR 

Cette valeur est plus que le double de celle qu’on 
vient d’assigner pour le carbone : d'où les auteurs 
concluent que le diamant n’est pas du carbone pur, 
mais qu’il doit contenir une grande portion d'hy- 
drogène, savoir , plus du tiers de son poids d'après 
les expériences de Newton. 

La puissance réfringente du gaz ammoniaque est 


HUE 


Il 1 


— 


1,5000 


1,4400 
2,500 
2,7500 
1,9400 
2,2300 
HO 
1,89 
3,2119 


2,0874 


Le soufre a également une force réfractive. assez intense. 
Les auteurs en ont conclu que le soufre contient une quantité 


considérable d'hydrogène. 


DE L'ÉLECTRICITÉ. 


De la manière dont se propage l'Electricité. 


Le docteur Orsted à fait des recherches sur le mécanisme 
interne de la propagation de l'électricité. Il pense que c’est 
par une espèce d'ondulation. Soit un corps À électrisé posi- 
tivement ou vitreusement : qu'on l'approche d’un cylindre B, C 


76 JOURNAL DS PHYSIQUE, DE CHIMIE 


conducteur, la partie 2 la plus voisine de Æ s’électrise négati- 
vement comme l'on sait, et la portion © s’électrise positivement. 
Ce mouvement du fluide électrique se fait successivement. On 
ne l'appercoit pas dans les corps bons conducteurs, tels que 
les substances métalliques; mais il se distingue facilement dans 
les corps mauvais mu tels que la résine, le verre: +. 
en en approchant un électromètre, on y observe les zones alter- 
natives de l'électricité contraire. Nous avons donc droit de 
considérer comme ondulation la propagation de l'électricité. 
Il est donc des points plus fortement électrisés que d’autres. 

L'expérience suivante le prouve d’une manière incontestable. 

Si l'on essaye de fondre un long fil de fer avec une foible 
charge de la batterie électrique, on s'appercevra bientôt qu’une 
partie du fil a été fondue, que l'autre est intacte, et que ces 

arties se succèdent alternativement : ce qui annonce que 
l’action du fluide électrique n’a pas été la même sur tout le 
fil, mais s'est propagée par ondulation, et a eu plus d'énergie 
dans les nœuds de l’ondulation que dans les autres endroits. 

L'auteur prouve que la communication du mouvement se 
fait de la méme manière par ondulation dans plusieurs autres 
circonstances, par exemple, dans les expériences de Chaldni, 
sur le frémissement des corps sonores. 

« Ce mécanisme de l’action de la propagation ondulatoire, 
dit-il, est sans doute général dans toute la nature; mais 1l est 
trés-difficile de le démontrer. » : 

Il est reconnu des physiciens que ce mouvement ondulatoire 
a lieu dans les corps sonores. ; 

Des causes des Phénomènes électriques. 


Les expériences électriques se multiplient ; mais la cause: 
de ces divers phénomènes est encore inconnue ; dit Biot. 
(Physique mécanique de Fischer, pag. 261.) 

Quelques physiciens tâchent d'expliquer tous les phénomènes 
électriques par l’action d'un seul fluide électrique. 

Les autres, tels que Symmer (Traasactions philosophiques. } 
Coulomb (Mém. de l'Académie royale des Sciences de Paris), 
ont recours à deux fluides, l’un vitré et l’autre résireux. Ces. 
deux fluides qui se trouvent dans tous les corps, y sont ordi- 
nairement dans un état d'équilibre; mais ils sortent de cet 
équilibre dès qu’on électrise ces corps. Soient deux corps. 
Æ.B électrisés. 

Les fluides vitrés des deux corps se repoussent ; 

Les fluides résineux des deux corps se repoussente 


e 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. - 5ÿ 


Mais le fluide vitré'de l’un attire le fluide résineux de l'autre, 
et réciproquement. 

Coulomb a cru par cette hypothèse pouvoir expliquer tous 
les phénomènes électriques. Je n'examinérai pas jusqu’à quel 
point il y a réussi; mais je dirai que 

L'hypothèse de deux fluides homogènes se repoussant , 

Et celle de deux fluides hétérogènes s'actirant , 

Est contraire à tous les principes admis en physique, dont 
l'axiome général est 

Les corps homogènes, tels que deux gouttes d'eau, s'attirent. 

Les corps hétérogènes, tels qu'une goutte d'eau et une goutte 
d'huile, se repoussent. 

Simile simili gaudet, est le principe des affinités. 

Ainsi l'hypothèse des deux fluides électriques , telle qu'on 
Vadmet communément, doit être absolument rejetée comme 
contraire à ce principe, et n'étant d’ailleurs appuyée sur aucun 
Fait. î 

M. *** a proposé de nouvelles vues pour l'explication des 
phénomènes électriques par l’action d'un seul fluide. 7/ à eu 
recours aux divers degrés d'affinité que le fluide électrique 
a pour telles substances, par exemple, pour les substances 
métalliques plutôt que pour telles autres, par exemple, pour 
ê air. 

Les vues Imgénieuses de l’auteur méritent toute l'attention 
des physiciens. 


DU GALVANISME, 
Pile galvanique composée de substances végétales. 


Le docteur Baronio, et quelques autres amateurs de gal 
vanisme à Milan . ont composé une pile galvanique formée 
de disques de raifort (raphonus sativus,) et de bette-rave 
(beta vulgaris varietas rubra.) Les disques avoient deux 
pouces de diamètre et on les entassoit en les alternant jusqu’à 
composer une pile de plus de soixante couples, entre lesquels 
on interposoit des disques de bois de noyer , bouillis préala 
blement , puis plongés dans un mélange de vinaigre et de 
crêéme de tartre. La pile étoit contenue par des montans de 
verre, 

On soumit à cette pile une grenouille préparée à la manière 
ordinaire : une feuille de cochlearia pliée, fut employée pour 
support. La pointe de la feuille étoit sous la pile, et som 


7 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


pétiole touchoit le dos de la grenouille. Une longue bande 
de papier brouillard imbibé du vinaigre , touchoit le disque 
supérieur de la pile (composé de bette-rave.) L'autre extré- 
mité du papier conduite avec un support isolant, toucha les 
muscles de la grenouille ; elle entra aussitôt en contraction. 

Brugnarelli, en rapportant cette expérience, dit que son 
fils a eu le même succès par le procédé suivant : il introduit 
l'épine du dos d'une grenouille préparée dans le pli d’une tranche 
de bette-rave cuite , récemment coupée et bien humide; 
les muscles correspondans sont aussi introduits dans une 
tranche de raifort également repliée. La communication éta- 
blie tantôt avec un charbon, tantôt avec uné bande de carton 
imbibé de vinaigre, la grenouille a toujours été vivement 
secouée. 

Cette expérience a été répétée sans succès par la Société 
galvanique de Paris. Riffaut, qui en rend compte, dit qu'on 
a construit avec beaucoup de soin une pile galvanique avec 
des substances végétales , comme l'ont indiqué les physiciens 
italiens, et ni la grenouille préparée, ni l'électro-mètre encore 
plus sensible, n’ont indiqué aucun signe de galvanisme. 

Ce non-succès de physiciens aussi éclairés que les membres 
de la Société galvanique, doit inspirer des doutes sur l'expé- 
rience des physiciens italiens. Néanmoins il faut encore la 
répéter. 


De la production de l'Acide muratique par le moyen 
de la pile galvanique. 


Simon de Berlin, a le premier dit qu’on pouvoit produire 
cet acide par l'action galvanique. Il prit deux tubes fermés 
par une de leurs extrémités, remplis d'eau distillée, commu- 
niquant par des fibres musculaires et recevant un fil d’or qui 
passe à travers le bouchon, un des fils métalliques mis en 
communication avec le pôle positif, et l’autre avec le pôle : 
négatif. Vingt-quatre heures après, l’eau du côté du pôle zinc 
étoit d’une teinte jaunâtre, elle avoit l'odeur d'acide muria- 
tique oxigéné, rougissoit la teinture de tournesol , faisoit effer- 
vescence avec le carbonate de potasse... Il y avoit donc eu 
production d'acide muriatique qui avoit dissout une portion 
d'or... L'auteur crut que cet acide venoit des substances ani- 
males. 

Kruickshank remplit un tube de verre d'une dissolution de 
muriate de chaux. Il y plongea un fil d’or qu'il miten commu- 


ÈT D'HISTOIRE NATURELLE, à 


nication avec le pôle positif de la pile. L’eau ainsi que le sel 
furent décomposés ; la liqueur prit une couleur d’or ; le fil 
fut attaqué; on avoit l'odeur d’acide muriatique ou d'eau ré- 
gale: , Ne | 
Pacchiani est le premier, en Italie, qui ait dit avoir obtenu 
‘ de l'acide muriatique en galvanisant par des fils d’or l’eau 
distillée. 

Brugnatelli a répétè& l'expérience avec le méme succès. El 
prend un tube de cristal fermé par le fond, et qu’il remplit 
d’eau distillée ; il y introduit un fil d’or très-pur, et établit 
la communication avec les deux pôles de la pile composée 
de 50 couples métalliques. 11 obtint une eau qui rougissoit 
les sucs bleus, mais qui n’avoit point ‘attaqué l'or. Il substitua 
alors une pile de 100 couples métalliques, l’or fut dissout. 
La liqueur avoit l'odeur d’acide muriatique oxigéné, Il n’avoit 
employé aucune matière animale. 

Le manganèse oxidé peut étre employé comme électro- 
moteur, et on a également de l'acide muriatique. 

L'auteur , laissant subsister le même appareil, mit de l'acide 
nitrique à la place d’eau: il ÿ eut dégagement du gaz oxigéne, 
mais point d'acide muriatique produit. D'où il conclut qu'il 
est des circonstances où l'acide muriatique n'est pas toujours 
produit par l’action galvanique. 

Hydrure d'or obtenu par le galvanisme. Dans ces expé- 
riences, l’auteur a observé que l'or se couvre d’une croûte 
noire du côté du pôle négatif. Il regarde cette croûte comme 
un hydrure d'or, ou l'or combiné avec de l’eau et de l'hydro- 
gène. 

Hydrate d'argent. En substituant un fil d'argent au fil 
d'or, le fil d'argent se brunit, mais il s'éclaircit par le simple 
frottement : doù il conclut que l’argent est seulement con- 
verti en hydrate. 

Il a également obtenu par le même procédé des hydrates 
de fer. 

Carbone hydrogéné. Du charbon mis en expérience avec la 
pile , il y eut un grand dégagement de gaz au pôle positif, 
et peu du côté du pèle négatif. L'eau de ce pôle négatif 
contenoit du carbonate de soude, et celle du pôle positif 
très-peu. 

Le charbon du côté du pôle positif ne paroissoit pas altéré. 

Celui du pôle négatif avoit sensiblement blanchi en se 
combinant à l'hydrogène dégagé. 


$0 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


De la nature de l'Alkali qui se ‘développe dans l'ean 
galvanisée, 


T'ous les chimistes, dit Brugnatelli, qui ont galvanisé avec 
attention, se sont accordés sur la formation d'un alkali dans 
l'eau galvanisée négativement. Ils ont supposé qu'il étoit ammo- 
niacal, et qu'il se formoit par une combinaison de l'hydrogène 
dégagé avec quelque portion d'azote qui pourroit se trouver 
dans l'eau distillée. Mais j'ai fait évaporer la liqueur, et y 
ayant ajouté de l’acide muriatique, j'ai obtenu dés cubes de 
muriate de soude : ce qui prouve que c'est du natron qui 
a été formé, et non de l’ammoniaque, 

Bellami de Monza s'est aussi occupé de la formation de 
l'acide muriatique par l’action de la pile galvanique. Il y a 
trois opinions, ditil, sur les causes de la formation de cet 
acide. 

La première, qui est celle de Pachiani, considère l’eau 
comme un oxide d'hydrogène , et l’eau se convertit en acide 
simple ou suroxigéné par la soustraction d'une partie de son 
oxigène. 

La seconde, qui est celle de Mascagni , considère l’acide 
muriatique formé dans l'expérience comme de l’eau surchargée 
d'oxigène, lequel oxigène est fourni par le pôle positif de la 
pile. 
Dans la troisième opinion on suppose que, 1° l’eau est com- 
posée d'oxigène et d'hydrogène; 2° qu'elle contient un troisième 
principe particulier. L'action de la pile décompose l'ean et unit 
à son oxigène ou à son hydrogène ce troisième principe parti- 
culier. Mais l’existence de ce troisième principe est une pure 
hypothèse qui n’est nullement prouvée. 

Lorsque l’action galvanique agit par le pôle zinc ou positif, 
il en résulte de l'acide muriatique oxigéné. 

Si cette action se fait par le pôle négatif, il en résulte un 
alcali. 

Bellami monta une pile de 91 paires de disques du diamètre 
de trois pouces ; il mouilla les draps d'eau distillée, et mit 
deux fils aux deux extrémités de la pile. Après 30 heures 
d'action de la pile il reconnut que l'eau du pôle cuivre ou 
négatif coloroit en verd la teinture de violettes, et l'eau du 

dle zinc, ou positif rougissoit la teinture du tournesol. 

Ces expériences ont été répétées par plusieurs physiciens 
d'Italie, et ont donné constamment les mêmes résultats ; 

ensorte 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 81 


ensorte qu'on y regarde comme constatée la production de 
l'acide muriatique par l’action galvanique au pôle positif, et 
la production d’un alkali au pôle négatif. 

Il paroit qu'on a eu les mêmes résultats en Angleterre. 

« J'ai le plaisir de vous informer, écrit A.-B. Hortentz à 
Tilloch , que j'ai répété les expériences de Peel, sur la for- 
mation du muriate de soude et du muriate de potasse par 
l’action galvanique , et j'ai obtenu des résultats parfaitement 
conformes aux siens.» 

Tilloch ajoute : la production de la soude par la décom- 
position galvanique de l’eau , a été annoncée dans mon Philoso- 
phical Magazin , au mois d'avril 1805, c'est-à-dire avant qu’on 
l’eût rendue publique en Italie. 11 est donc clair que la dé- 
couverte de ce fait appartient à M. Peel. 

Berzelius et Hisinger avoient déjà obtenu les mêmes résultats 
en 1802, par conséquent antérieurement à tous les autres. 

La Société galvanique de Paris a répété ces expériences 
chez plusieurs de ses membres, Riffaut administrateur des 
poudres et salpêtres, Veau-de-Launay, ... et on a toujours 
obtenu de l'acide muriatique. On'a employé les matériaux les 
plus purs, et on a même couvert l’apparéil avec des cloches. 

Cependant d’autres physiciens et chimistes, tels que Berthollet, 
Biot, Thenard, ... n'ont point eules mêmes résultats. Ils as- 
signent pour cause de l'erreur des autres physiciens, un défaut 
de précautions. On emploie , disentls, + ma dont les car- 
tons sont imprégnés de muriate de soude ou de muriate ammo- 
niacal. Or la plus légère portion de ces muriates, où vaporisée, 
ou tombée dans l’eau du tube, suflit pour faire croire à la 
production de l'acide muriatique. 
. T'el est l'état où se irouve-aujourd'hui cette question in= 
téressante. 


DU MAGNÉTISME. 


Le docteur Oersted a étendu au fluide magnétique ce qu'il 
a dit sur le fluide électrique. Le premier se communique, 
comme le second, par ondulation. L'action de l’aimant com- 
mence par une polarisation. Une zoneïde polarité doit par- 
venir à son 2aximum d'expansion, et alors elle donne l’ori- 
gine à une autre. Quand on magnétise un fil d’acier très-mince, 
1l acquiert dans toute sa longueur des pôles sud et nord alter- 
nauvement, Qu'est-ce qu’il arrive quand on promène un aimant 


Tome LXIV. JANVIER an 1807. L 


* 


S2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


sur une barre d’acier ? On pousse en avant les deux pôles, 
de sorte que la partie qui avoit Hm devient —"7, comime une 
vague de la mer qui comble un vallon devant elle pendant 
qu'elle en découvre un autre derrière elle, 
Ce sont les mêmes causes et les mêmes effets que pour 
l'électricité. 
Des causes des Phénomènes magnétiques. 


Les causes des phénomènes magnétiques sont aussi inconnues 
que celles des phénomènes électriques. - 

Quelques physiciens ont cherché à les expliquer par l’action 
d'un seul fluide magnétique. 

D'autres, tels que Wilcke et Brugmann ont eu recours à 
deux fluides , l’un boréal et l’autre awstral. 

Soient deux aiguilles 4.8 magnétisées : on sait qu'elles se 
repoussent par les pôles de même nom, c’est-à-dire que si 
onapproche le pôle boréal, par exemple de Æ du pôle boréal 
de Z, les deux aiguilles s’éloignent. La même chose a lieu 
si on approche les pôles austraux. 

Mais si on approche le pôle boréal de l’une du pôle austral 
de l'autre , les aiguilles s’attirent': d’où ces physiciens ont 
conclu, que 

Les deux fluides boréaux se repoussent. 

Les denx fluides austraux se repoussent. 

Le fluide boréal attire le fluide austral, et réciproquement. 

Coulomb a cru par cette hypothèse pouvoir expliquer tous 
les phénomènes magnétiques. 

Mais je répéterai ici ce que je viens de dire sur l’hypothèse 
des deux fluides électriques. L'axiome général de la physique 
et de la, chimie, et sur lequel sont fondées toutes les lois des 
aflinités , est que 

Les corps semblables, comme deux gouttes d’eau, s'attirent ; 

Les corps hétérogènes, tels qu'une goutte d'eau et une goutte 
d'hurle, se repoussent. 

Aucun fait d’ailleurs ne prouve l’existence de ces deux fluides 
magnétiques. Elle ne sauroit donc être admise. 


DE LA MÉTÉOROLOGIE. 


Malgré les travaux soutenus de ceux qui s’occupent de cette 
branche de nos connoissances, ils auront de la peine à l’élever 
au rang des autres parties de la philosophie naturelle. Néanmoins 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 83 


on continue de recueillir les faits. Les observations météorolopi- 
ques se font avec beaucoup de soin dans différentes parties de 
l'Europe. nb 

Bouvard consigne dans ce Journal celles qu'il fait à l'Obser- 
vatoire de Paris. 


DES MÉTÉOROLITES. 


Aujourd'hui que l'existence des météorolites est bien cons- 
tatée, chaque année nous en offre de nouvelles preuves. Il 
en est tombé deux cette année dans les provinces méridionales 
de France. 

Pagès et d'Hombres-Firmas rapportent que le 5 mars 1806, 
à 5 : heures du soir, on entendit à Alaïis et dans les environs, 
deux violentes détonations. On apprit qu'il étoit tombé dans 
le même moment deux météorolites, l’un à St. Etienne de 
Lolm, et l’autre à Valence. , 

Celui qui tomba à St.-Etienne de Lolm, pesoit environ 
4oo grammes ; maïs il se brisa en tombant. Il étoit encore 
chaud lorsqu'on en ramassa les débris... 

Celui qui tomba à Valence avoit la grosseur de la tête d'un 


enfant. 11 étoit chaud en tombant, et s'étoit fendu en trois 
morceaux. 


DE LA CHIMIE. 


La chimie qui , depuis un certain nombre d’années, à 
enrichi la philosophie naturelle des plus belles découvertes, 


continue ses brillans succès. Cette année elle nous offre encore 
des travaux d'un grand intérêt. 


DE LA CHIMIE DES MINÉRAUX. 


Nous avons déjà vu les analyses que la chimie a faites cette 
année de différentes substances minérales Nous allons égale- 
ment faire connoître ses découvertes dans les autres parties. 


De la Yenite. 


Le Lievre a donné ce nom à une substance noirâtre qu'il 
ayapportée de l'ile d’Elbe. 
a pesanteur est 382 à 406. 


Elle cristallise en prismes rhomboïdaux à, sommets dièdres. 


L a 


84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Vauquelin en a retiré, , 
Siices sieste 0 
Chatte cs AR NS 
Fer et manganèse oxidés....... 07.5 
Descotils en a retiré, 
SiliCe 4 ARRETE TER RTS 
Ghauxh MARTIN PPS ER ET 
Fer Lodel dur :755 
Manganèse ,Oxié us ss see + 3 
AUTRE AE RE ES 0 


De l’Hydrargilite. 


Le docteur Wavel a trouvé, dans des schistes près Barnsta- 
pale, une substance formant de petits groupes hémisphériques, 
formés d’un grand nombre de petits Hlamens rayonnans d’un 
centre commun. 
Humphry Davi,en a retiré alumine et eau : d’où ila tiré 
le nom de Lydrargilite. Voici son analyse : 
Alumine:. #0 Le ERE 170 
Chaux n:20te 81.105. at 
Liquide! :"."2. 19 enr, nee 26 
POrle Le ReeEr SR LINE SANS OP RTE 
Il regarde cette perte comme de l'eau. 


De l'Hydrogène dans plusieurs corps combustibles. 
+ L'hydrogène où gaz inflammable päroît ; d’après les nouvelles 
expériences hexister! dans plusieurs corps combustiblés où on 
ne vouloit point l’admèttre. 1: ? AU + 

Le charbon. Bertholiet dit que tous les charbons contiennent 
de l'hydrogène. 

Le diamant. Nous avons vu que Biot, d'après ses expériences 
sur la réfraction , admet un tiers d'hydrogène dans le diamant, 
‘ Le soufre. Biot , d'aprés les mêmes expériences sur la ré- 
fraction , admet que le soufre’‘contient de l'hydrogène. 
-L'amimoniäque contient /beaueoup d'hydrogène. 

Toutes les marières vésétales et animales , les huiles , les 
résines , les corps muqueux... contiennent une quantité con= 
sidérable: d'hydrogère. DL: ) 

Les bitumes, les tourbes en contiennent également une 
grande quantité. 4 129 4 Mr Pa. 

+ Les subitancés méralliques.- 


é! 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85 


I] n'y a jusqu'ici que les substances métalliques dans 
lesquelles on persiste à ne pas admettre le gaz hydrogène, 
On suppose que celui qu'on en retire dans certaines circons- 
tances, par exemple de la limaille de fer ou de fonte, mise 
dans une cornue et exposée à une grande chaleur, ou de cette 
limaille dissoute dans les acides, provient de la décomposition 
d'une portion d'eau. Cependant ce gaz a des qualités diffé- 
rentes de celles du gaz inflammable ordinaire. Quelquefois il 
est huileux. 

Or jai prouvé que dans la combustion du gaz inflammable 
ou. hydrogène avec l’air vital ou oxigène, il se degage de ce 
gaz inflammable au moins autant des principes de la chaleur 
et de la lumière que de l'air vital. Bertholiet est à cet égard 
de mon avis. 

On conyient également aujourd’hui que l'air vital, qu'on a 
appelé gaz oxigène , n'est point le principe de l'acidité, 
puisqu'il y a des acides, tels que le fluorique, le boracique, … 
qui n'en contiennent point. 

On convient que parmi les débris fossiles des animaux et 
végétaux, il y en a d'analogues aux êtres existans, 

On convient aujourd'hui que l'espèce en minéralogie, ne 
peut être déterminée par la molécule, et que l'espèce miné- 
rale n'est pas une collection des corps dont les molécules 
intégrantes sont semblables , et composés des mémes élémens 
urLiS er IméNLe proportion ; CAT 

T'outes les substances métalliques paroïssent avoir la méme 
molécule, et cristallisent de la même manière. 

Un grand nombre de substances minérales, telles que le 
falherz , les graugiltigerz, par exemple , sont composées de 
divers principes unis en différentes proportions, comme J’a 
fait voir Klaproth, et cependant ils cristailisent de même en 
tétraèdres, et ont vraisemblablemert la même molécule. 

Le spath calcaire et le fer spathique cristallisent de la même 
manière, ont la même moiecule... 

J'ai prouvé , d’un autre côté, que, les mêmes principes 
peuvent former des minéraux qui ont des caractères absolu- 
ment diflérens, comme on le voit dans le calcaire et l'arra- 
gonite, le ruthil | titane oxidé rouge) et l’oisanite... 

Toutes ces questions, et plusieurs autres qu'il seroit trop 
long de rapporter , sur lesquelles jai souteiu constamment 


la cause de la vérité, sont donc résolues comme je l’avois 
avancé. 4 


85 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Principes de l'Acide sulfurique. 


Klaproth dit qu’un acide sulfurique, dont la pesanteur 
est 1850 , est composé de 


SOUITE Eesti sie e acer 51.5 
Oxigène. 1... 4 RATE cr 42.9 
Eau LUS RTS MERE AIN tt AE 


De l'Or. 


Proust a réuni plusieurs faits pour servir à l’histoire de l'or. 
(Journ. de Physique, Février 1806.) [l a cherché à déterminer 
la quantité d’oxigène que ce métal prend pour se dissoudre 
dans les acides ; mais il n’a pu obtenir des résultats dont il 
ait été satisfait, En laissant tomber de la dissolution d'or dans 
une dissolution de nitrate de mercure, et distillant le tout, 
ila cru reconnoître que l’or contenoit 0,08 d’oxigène. Mais 
dans une autre expérience il a eu environ 0,22 d’oxigène. 

Ces expériences ne sont pas satisfaisantes. Il en tentera de 
nouvelles. 

Il à tenté d’autres expériences sur la couleur pourpre que 
donne l'or dans certaines circonstances , ce qu’on appelle 
pourpre de Cassius ; mais il n’a pu obtenir des résultats 
satisfaisans. Il ne paroit pas éloigné d'admettre l’opinion de 
Macquer, qui a dit : 

Tous les faits prouvent que la couleur pourpre est naturelle 
à l'or, toutes les fois qu'il est extrémement divisé. 


De l’ Argent. 


Le même chimiste a aussi fait des recherches curieuses 
sur l'argent. (Journal de Physique, Mars 1806.) Il a prouvé 
que dans le nitrate d'argent, le quintal d'argent prend neuf 
et demi, ou neuf trois quarts d’oxigène. Mais il seroit bon, 
ajoute-t-il, de vérifier encore cette expérience. 

Mais il est parvenu à obtenir deux nitrates d'argent, un 
au maximum , autre au minimum. Il n’en a point déterminé . 
les quantités d'oxigène. 


Du Cobalt, 


Proust a réuni plusieurs faits intéressans pour servir à 
l'histoire du cobalt, 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 


Cobalt sulfaté. Ce métal dissout dans l'acide sulfurique , 
donne un sel qui cristallise en octaëdres. Il contient 0.42 d’eau. 

Ce sel distillé perd son eau de cristallisation : c’est le 
sulfate de cobalt enhydre qui est opaque, et dont la couleur 
est rose. 

Cobalt carbonaté. Le sulfate de cobalt précipité par le 
carbonate de potasse, donne un cobalt carbonaté dont la cou- 
leur est rose. 

Cobalt oxidé au minimum. 100 parties de cobalt carbonaté, 
séparées de l’eau et de l'acide carbonique, donnent 60 à 62 
de cobalt oxidé, Sa couleur est d'un gris clair légérement 
verdâtre. Ses principes sont, 


Gobalt en 5.601100 ou 64 
Oxigène. «......esesose 19420 Ou 16 


Cobalt oxidé bleu. Si on verse du nitrate de potasse goutte 
à goutte dans de l'eau bouillante aiguisée de potasse, on a un 
précipité bleu. À 

Thenard regarde ce précipité comme J'oxide de cobalt au 
minimum. Proust est de la même opinion; mais on ignore 
pourquoi cet oxide est bleu, tandis que le précédent est gris. 

Cobalt oxidé au minimum. Du carbonate de cobalt mis 
dans un creuset, et chauffé sufhisamment, s’embrase et donne 
un oxide noir. Cet oxide contient, suivant Proust, 


COR RARE ou 80 
Oxigéne.., .sssmussssesse 29 À 36 OU 20 


Cobalt oxidé vert. De l’oxide de cobalt noir et du bleu 
mélangés , donnent un oxide vert. 

Cobalt hydraté. Du nitrate de cobalt versé goutte à goutte 
dans de l'eau en ébullition et aiguisée de potasse , devient 
d’abord bleu, et passe promptemert au rose. Ce précipité est, 
suivant Proust, du cobalt hydraté. 

Un mélange de cobalt hydraté et d'oxide noir de cobalt, 
donne une substance d’un gris rougeâtre. 

Ærsenite et arseniate de potasse. Ces deux combinaisons 
se trouvent dans la nature, dit Proust; elles ont une espèce 
de transparence cornée; leur couleur est rose. 

L'on obtient ces combinaisons en versant des dissolutions de 


nitrate de cobalt, dans des arsenites et des arseniates de 
potasse, 


88 JOURNAL :DESPHYSIQUE, DE CHIMIE 
Du Nickel. 


Le même chimiste a fait des expériences également inté- 
ressantes sur le nickel. 

Nickel oxidé au minimum. 100 parties de nickel dissoutes 
dans l'acide nitrique, et distillées jusqu’à parfaite décompo- 
sition, laissent 125 à 126 de nickel oxidé au 77inimum : sa 
couleur est d’un gris verdâtre. | 

Le nickel oxidé au minimum contient donc, 


INICKE Te CRUE LAND UT 51 86 
Oxigène. .......:.........#k 0.20 


Nickel oxidé au maximum. Cet oxide est d'un puce foncé 
tirant au violet. L'auteur n'a point déterminé la quantité 
d'oxigène qu'il contient. 

Nickel hydraté. Tous les sels de nickel, le carbonate méme, 
jetés dans une dissolution bouillante de potasse, s’y changent 
en un hydrate verd plus foncé, plus vif que le carbonate. 
C'est du nickel hydraté. 

L'hydrate chauflé perd de l’eau et se réduit à l’état d’oxide 
gris. 

L’oxide de nickel n'existe dans les combinaisons qu’à l’état 
d'hydrate. 


Sur les mines de Cobalt , Nickel et autres. 


Proust examine ensuite les mines de cobalt et des autres 
métaux ; il pense que 

Les mines arsenicales blanches, grises, spéculaires, celles, 
en un mot, dont les métaux sont à l’état métallique, ne sont 
pour la plupart que la dissolution de quelques sulfures dans 
des masses d’arsenic plus ou moins considérables. Ce métal 
est un excipient dans lequel la nature a dissout, enveloppé, 
parfondu des sulfures d'argent, de cuivre, de fer, de cobalt, 
de nickel , etc. dans des proportions extrémement variées ,; 
et enfin l’arsenic est pour eux un dissolvant qui les a reçus 
à toutes doses, mais un dissolvant qui ne partage point pour 
cela leur état de sulfuration. 

L’arsenic est ici ce qu’est l'eau, par exemple, relativement 
à un sel qu’elle tient en dissolution. 

: Cette union de l'eau avec ce sel est entièrement différente 
de la combinaison des principes qui forment ce sel. L'acide 
nitrique, par exemple, est le résultat de la combinaison chi- 


mique 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59 


mique de l'azote et de l’oxigène; au lieu que cet oxide versé 
dans l’eau y est seulement tenu en dissolution, ou plutôt en 
solution. . 

Car on doit distinguer ces deux états, si on veut mettre 
de la précision dans le langage. 

L'acide nitrique , par exemple, dissout l’étain. 

Le nitre conserve toutes ses qualités. 

L'étain ne conserve plus les siennes. 

La plus grande partie des mines sont composées de pareilles 
unions ou combinaisons de substances métalliques. C’est ce 
qu'il fait voir plus en détail en parlant des sulfures. 


Des Sulfures combinés. 


Ce chimiste fait ensuite l'application de ces principes aux 
différens sulfures. 

Les sulfures du fer et du cuivre sont souvent réunis. 

L'argent rouge est une dissolution du sulfure d'argent dans 
le sulfure d'’antimoine. 

Le sulfure antimonial sert quelquefois d’excipient au sulfure 
d'argent, au sulfure de cuivre et au sulfure de fer. Ainsi ces 
mines qu'on appelle argentiféres, sont la réunion de quatre 
sulfures. Chacun de ces sulfures peut être plus ou moins 
abondant, ce qui fait varier prodigieusement ces mines. 

Les négrillo, ou mines d'argent noires, sont une de ces 
combinaisons. Il s’y trouve souvent encore du sulfure de 
plomb. 

On trouve dans les mines de la Creu (la Croix) proche 
Valence, une mine composée de quatre sulfures, ceux de 
fer, d'antimoine, de cuivre et de mercure. 

Plusieurs mines d'argent sont des réunions de sulfures d’ar- 
gent et de plomb. 

Les cristaux de cobalt de Tunaberg en Suède, contiennent 
arsenic et réalgar, fer sulfuré en abondance, cobalt sulfuré, 
cuivre sulfuré pur, point de nickel... 

Toutes ces réunions de substances métalliques peuvent sa 
faire en des proportions très-variables : c’est pourquoi toutes 
ces mines donnent des produits si diflérens. 

Les véritables combinaisons chimiques, au contraire, telles 
que les sels, les oxides, les sulfures... se font dans des 
proportions invariables. Le cinabre du Japon est le même que 
celui d’Idria ou d'Almenden; le nitre de l'Inde ne difiére 


Tome LXIV. JANVIER an 1807. M 


90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


fpas de celui d'Europe; ... tandis qu'on ne trouve pas deux 
alherz semblables. 

Dans l'analyse des mines il ne suflit donc pas, si on veut. 
en avoir une connoissance exacte, de dire qu’on en a retiré 
telles et telles substances; il faut spécifier l’état où se trou- 
voient ces substances, si elles étoient combinées avec le soufre, 
l'arsenic, l’oxigène..…. 

Les mêmes observations doivent avoir lieu pour la lithologie. 
Toutes les combinaisons des terres avec les sels, telles que les 
carbonates , les fluates, les phosphates, les sulfates, les mu- 
riates,... sont fixes. 

Mais il y a des pierres qui ne sont que des mélanges de 
différentes terres, lesquels varient sans cesse. Ainsi, dans le 
grenat, suivant Vauquelin, la silice peut varier de 36 à 52, 
l'alumine de 16 à 22, la chaux de 3 à 52, le fer de 6 à 47, 
Il en faut dire autant des feldspaths, des zéolites... 


Des Prussiates. 


Proust a soumis à un nouvel examen Îles prussiates. Ses 
nombreuses expériences ont jeté un grand jour sur cette 
question difficile. Nous allons seulement rapporter les conclu- 
sions générales qu'il en tire. ? 

« L’acide prussique, dit-il, est composé de charbon, d'azote 
et d'hydrogène, dans des proportions que nous ne connois- 
sons point encore. Seulement à voir la grande quantité de 
charbon qu'il laisse après sa destruction dans plusieurs cas , 
on peut conjecturer que ce radical y concourt dans une pro- 
portion très-forte relativement aux deux autres. Aucun fait 
n'indique non plus si l’oxigène en fait partie. 

» L’acide prussique, malgré son peu d'énergie saline , n'en 
attaque pas moins l’oxide majeur de mercure avec beaucoup 
d'avantage. Il fournit avec cet oxide une combinaison saline 
si bien caractérisée dans ses attributs, qu’on est forcé de re- 
connoitre qu'il agit dans certaiues circonstances comme l'acide 
le plus puissant. Rien en effet ne manque au prussiate de mer- 
cure pour se placer sur la ligne des sels métalliques parfaits. 

» L'acide prüssique attaque l'oxide noir du ler, et produit 
avec lui du prussiate blanc. 

» Le bleu de Prusse n’est donc pas une combinaison simple, 
mais une combinaison triple d'acide prussique, d'oxide noir 
et d’oxide rouge de fer. E 

» L'acide prussique uni à une portion d’oxide noir de fer, qui 


ET D'HISTOIRE NATURPLLE. ot 


le met dans le cas de former des prussiates triples alcalins 
ou métalliques , est une combinaison particulière dont l’exis- 
tence n'est pas douteuse, mais que nous ne connoissons point 
encore hors de ces mêmes prussiates. » 


De l'Acide fluorique dans les os fossiles. 


Proust a aussi reconnu dans les os fossiles la présence de 
l'acide fluorique , comme l'avoit déjà vue Morichini; mais 
dans toutes ses expériences il a toujours obtenu un mélange 
de fluate calcaire et de phosphate calcaire. 

« Pourquoi, ajoute-t-il, la terre de Marmora en Hongrie, 
» le phosphate calcaire d'Estramadure, les chrysolites de Mur- 
» cie et du Mexique, contiennent-ils l'acide fluorique avec le 
» phosphorique ? est-il bien certain que les appatits n'en con- 
» tiennent pas? Pourquoi trouve-t-on aussi du phosphate 

calcaire dans plusieurs fluates d'Angleterre? Pelletier s’en 
» étoit apperçu. Je l'ai reconnu depuis. 

» Plusieurs fluors d'Angleterre des plus transparens con- 
» tiennent du plomb. » 

Ces faits ont engagé Klaproth à soupçonner que l'acide 
phosphorique , qui est si abondant dans les os des animaux 
vivans , pouvoit se convertir en acide fluorique; car les os des 
animaux vivans ne contiennent point d'acide fluorique. Il n’y 
en a également point dans les terrains secondaires. D'où vien- 
droit Aout cet acide flucrique dans les os fossiles ? 

Ces faits méritent sans doute toute l'attention des chimistes. 


De la Fonte de fer. 


Les fontes grises et noires, dit Proust, donnent un Aydro- 
gène aromatique, qui me paroît tenir en dissolution une por- 
tion de cette huile qui se forme durant leur dissolution dans 
les acides. Cet hydrogène brûle pesamment ; sa flamme est 


teinte de nuances jaunes et vertes. Le résidu ne trouble pas 
l'eau de chaux. 


Ce gaz contient en outre du phosphore. 
Plombagine des fontes. Scheelle a dit que la plombagine 


étoit une union de charbon et de fer. Proust révoque cette 
opinion en doute. Ù 


Fonte surcharbonnée. Proust a eu occasion d'observer des 
fontes surchargées de charbon. 


De la nature des fontes. Les travaux de Bergmann, de 
M 2 


vu 
Ÿ 


02 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE 


Berthollet... ne permettent guères de douter,.dit Proust , 
que es fontes soient autre chose que du fer qui sert d'exci- 
pient à une partie de son oxide. 

La chimie nous présente une multitude de pareiïlles combi- 
naisons. 

De l’hydrate de fer. 100 partiés d’une ocre rouge de 
Valence ; ramassée par Guillaume T'alaker, distillées , ont 
donné 27 parties d'eau. C’est donc un hydrate de fer à base 
d'oxide rouge. ë 

On doit supposer , ajoute Proust, qu’on trouvera également 
un hydrate de fer à base d’oxide noir. 


De l'utilité du Nitrate de soude. 


Proust a fait voir qu’on pourroit employer le nitrate de soude 
dans plusieurs circonstances, \ 


DE LA CHIMIE DES VÉGÉTAUX. 


Plus la science fait de progrès, plus les difficultés paroïissent 
s'y multiplier. L'analyse des substances végétales en est un 
exemple frappant. C'est ce que nous prouvent les travaux qui 
ont été publiés cette année. 


Du Sucre. 


Proust a entrepris un grand travail sur le sucre, et en par- 
ticulier sur celui qu'il a retiré du raisin. Il en avoit envoyé 
des morceaux à Vauquelin et à moi, et j'en publiai la notice 
dans ce Journal. (Février 1802.) 

Ce sucre est jaunätre ordinairement, mais on peut le rendre 
parfaitement blanc. Sa cristallisation est grenue, poreuse, ensorte 
qu'il ne peut prendre la consistance du sucre en pain de la 
canne. 

+ Sa douceur est inférieure à celle du sucre de la canne; elle 
ressemble davantage à celle du sucre solide retiré du miel ; 
sa saveur est très-agréable. ET 

Ïl est moins soluble dans l’eau que celui de la canne. 

1l est soluble dans l'alcool. | 

La nature, dit l’auteur, en déposant dans les diverses parties 
de l'édifice végétal ces composés auxquels nous donnons le 
nom de produits immédiats , les modifie souvent par des 
nuances légères, et fait varier chacun d’eux en autant d'espèces 
différentes : c’est ainsi que l’agidon , la gomme, la résine , 


£T D'HISTOIRE NATURELLE. > 


l'huile, le tannin, l’extractif... en conservant les caractères 
principaux de leur genre, s’en éloignent néanmoins par des 
différences assez sensibles. 

Le sucre a aussi ses espèces. 

a Le sucre de la canne est un produit sec, cassant et faci- 
lement cristallisable. 

& La manne la plus sèche s’amollit par une chaleur légère, 
et s'attache aux doigts. 

c Le mucoso-sucré est une troisième espèce qui réunit à la 
viscosité des mucilages, la propriété de demeurertoujours mou. 

Le miel montre le premier exemple de deux espèces de 
sucre réunies. Le plus beau miel se divise avec letemps en 
deux parties : 

a Une grenue, cristalline, opaque, qui se dépose au fond 
des vaisseaux. LATE 

b L'autre, transparente et fluide qui se tient au-dessus. 

Ce sucre a solide du miel ne ressemble point à celui de Ia 
canne ; mais il se rapproche tellement de celui du raisin, que 
l’auteur croit qu’il y a peu de différence entre eux. 

La manne a été regardée comme une espèce de sucre 
contenant une matière extractive qui la rend purgative. Elle 
se dissout dans l'alcool quoique Lemeri ait dit le contraire. 
Cette dissolution abandonnée à l’air, laisse déposer une matière 
poreuse qui ressemble à l’agaric blanc. Cette matière n’appro- 
che en rien du sucre de canne. 

La manne traitée avec l'acide nitrique donne les deux acides 
que donnent les gommes; . .. tandis que le miel ne les donne pas. 

Le sucre est aujourd'hui reconnu exister dans un grand 
nombre de végétaux. Celui que l’on retire de l’érable ressemble 
beaucoup à celui de la canne , ainsi que celui des bettes... 

Les cerises, les groseilles , les abricots,.. contiennent un 
sucre cristallisable , mais différent de. celui de la canne. Le 
candi qui se forme dans les confitures de groseilles , .ést dû à 
ce sucre, et non à celui de canne qu'on 4 employé. 

Le sucre dans tous ces fruits est toujours embarrassé de 
gomme , d’extractif, d'acides malique et citrique, de tartre, 
de sulfate de chaux. 4 ! * 

Le mucoso-sucré, ou sucre liquide, est un produit, végétal 
immédiat , différent Mu sucre cristallisable. Deyeux , .qui l’a 
bien connu, à fait voir que lui seul pouvoit fermenter, par 
lui-même; tandis qu'il faut ajouter au sucre cristallisable un 
ferment pour le faire fermenter. 


94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. 


Duthrone a fait voir que tout le travail du raffinage du 
sucre consiste à séparer le sucre cristallisable du sucre liquide. 

Proust a analysé du suc frais des cannes à sucre de Malaga. 
Il en a extrait, 

1° Une fécule verte. 

2° De la gomme. 

3° De l'extrait. 

4 De l'acide malique. 

5o Du sulfate de chaux. 

6° Du sucre cristallisable. 

7° Dusucre liquide. 

La préportion du sucre cristallisable au sucre liquide n'est 
as fixée ; elle varie suivant la vigueur des plantes , et, je crois, 
suivant la chaleur du climat. 

Il a aussi analysé du verjus de raisin, ou suc de raisin non 
mür. Il en a retiré, 

1° Du tartre. 

2° Du sulfate de potasse. 

5e Du sulfate de chaux. 

4 De l'acide citrique en abondance. 

$° De l'acide malique, fort peu. 

6° Du principe extractif. 

7° De l'eau. 

Le verjus ne contient donc ni gomme, ni principe sucré. 

Le suc de raisin mûr contient, 

19 Une pulpe fibreuse et calcaire qui compose l’organisation 
du grain. 

> Une fécule glutineuse , analogue à la glutine du fro- 
ment. 

. Ces parties séparées, si on clarifie la liqueur en la faisant 
chauffer , et la passant par la flanelle, on en retire , 


3° Une partie de fécule. 
4° Du sucre cristallisable. 
So Du sucre non cristallisable. 


6 De la gomme. 
> Du principe extractif blanc ou rouge, suivant l'espèce 
de raisin. C'est dans ce principe éxtractif que se trouve le 


tartre. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 95 


La moscouade de raisin, ou le sucre cristallisable, évaporée 
‘avec certaines conditions, et mise à cristalliser, donne, 


Sucre cristallisable......,.... ”5liv. onc. 
SUCrE HAUIUG sem po e : » » » (AD 

FCOMMEN TUE + sols TO 5 
Malate de chaux............ 0 4 


Mais l'auteur suppose que le sucre cristallisable est même 
en plus grande quantité. 


Cette moscouade de raisin est extraite de la manière sui- 
vante : on fait bouillir le sucre de raisin, on l'écume et on 
y jette de la cendre lessivée qui précipite tous les acides et les 
sels terreux ; on le bat ensuite avec du blanc d'œufs ou du 
sang de bœuf pour le clarifier, et on achève de le cuire à 
consistance d’un sirop plus ou moins épais. 


L'auteur examine ensuite quel est celui de ces produits qui 
fait fermenter le suc de raisin. 


11 pense que le sucre liquide est fermentescible per se, Des 
melasses de muscat, séparées de leur sucre cristallisable, n’ont 
point perdu la propriété de fermenter. 


Je n’ai point essayé, ajoute-t-il, la fermentation sur le sucre 
cristallisable du raisin, pour reconnoître s’il est fermentescible 
per se; mais je présume qu'il ne doit pas plus fermenter que 
le sucre de canne. 

Fabroni et Thenard ont considéré la fécule glutineuse, ou 
glutine , comme un ferment indispensable au changement de 
la matière sucrée. Mais quand le suc de raisin en a été 
soigneusement débarrassé, la fermentation s'y établit pourtant 
avec autant de vigueur que dans un mout nor clarifié, et on 
la voit parcourir dans le même temps toutes ses périodes, 
sans déposer autre chose que du tartrite de chaux. 


La véritable cause de la fermentation dans les sucs clarifiés 
et non clarifiés, ne réside donc point dans cette fécule, mais 
bien dans le sucre liquide , l’unique principe des fruits qui 
soit véritablement fermentescible per se, et qui puisse faire 
partager son mouvement au sucre solide. Deyeux paroît avoir 
remarqué le premier cette différence. 

Proust a aussi examiné l'orge dont on fait la bière. 


96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
Cent parties de farine d'orge ordinaire donnent, 


Anidonit:a sen PONT A MOPRe 32 à 133 
Substance grenue insoluble à l’eau. 57.. 58 
Gomme et mucoso-sucré soluble àl’eau 10 1x 


La farine d'orge germé donne, 


AIO EE ete periees see 07) 
Substance grenue....4:...........: 12 13 
Gomme et mucoso-sucré........... 30 


La seule partie mucoso-sucrée est fermentescible; la gomme 
n'y prend aucune part. L'auteur suppose que cette partie sucrée 
n'est qu’un quinzième de la masse. Elle est sept fois plus 
abondante dans la moscouade de raisin. Il y auroit donc un 
grand avantage à mêler cette moscouade à la bière. 


__ Proust entre ensuite dans des détails économiques, et prouve 

que l'Espagne seule pourroit fournir à toute l'Europe, de la 
moscouade et du sucre. Ce sucre, quoique pas aussi bon que 
le sucre de canne, le remplaceroit parfaitement. 


Ce travail précieux de Proust, prouve que la matière sucrée, 
qu'on confondoit autrefois avec le corps muqueux ou mucilage, 
est un produit de la végétation, qui présente des différences assez 
considérables dans les divers végétaux, comme le font les huiles, 
les résines... s 

Le suc verd de raisin contient beaucoup d'acide citrique, 
et point de matière sucrée. 


Ce suc de raisin, paryenu à sa maturité, ne contient plus 
d'acide citrique, mais du sucre. j 


Du Lichen d'Islande. 


Proust a prouvé que le lichen d'Islande est un bon aliment, 
qui peut être d'une grande utilité dans les années de disette. 
Les Lapons en font un grand usage. Ils le font cuire dans 
une ou deux eaux dont ils jettent le bouillon, le lavent ensuite 
dans de l'eau froide et le font cuire dans du lait ; mais ils 
perdent beaucoup de la substance nourrissante, en jetant l’eau 
des premières cuites. 


Proust a fait un examen chimique de cette plante. Cent 
parties 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 97 


parties grossièrement pilées , infusées dans l'eau froide , don- 
nent, 


Principe extractif amer analogue à celui de la 
chicoréestanesn hist. dosiinats 2h nn 5 2 

Principe gommeux nourrissant.,.,,.,.,.,4 33% 

Partie charnue........... 45 0). aausmrear@é 


Ce principe gommeux se rapproche beaucoup de la gomme 
arabique. âl 

La partie charnue est également nourrissante. 

Lé lichen cuit peut se manger comme de la salade, ou de 
toute autre manière. 

On peut aussi pulvériser ce lichen et le réduire en farine. 

Enfin, c'est un des végétaux qui contient une plus grande 
quantité de principe nutritif. 

Ce Jichen n’est pas particulier au pays du nord ; on l’a 
trouvé en Espagne. 


Du Mais. 


Proust a distillé oo parties de maïs; ilen a retiré 24 parties 
de charbon. 

Ce charbon se réduit très difficilement en cendres. 

Il a retiré de ces cendres du phosphate de potasse. 


De la Manne. 


Thenard et Dupuytren ont examiné la manne pour apprécier 
ses rapports avec le sucre. 

Ils ont faît fermenter la manne en la tenant à une tempé= 
rature de :8° et y ajoutant du ferment. La fermentation fut 

rompte et vive; mais elle s’arréta au bout de deux jours. La 
cbr avoit une odeur vineuse; mais loin d’être alcoolique 
elle étoit sucrée, et évaporée elle déposa sous forme de cris- 
taux presque toure la matière qu’on avoit employée, mais privée 
de la faculté de fermenter. 

De l’alcool à la température de 60°, versé sur de la manne, 
en dissolvit une si grande quantité que la liqueur refroidie se 
prit en une masse composée d'une multitude de cristaux. 

L’acide nitrique bouilli sur la manne, y produisit un si grand 
dépôt d'acide muqueux, que le poids en étoit presque égal 
ä la moitié de celui de la manne employée. 

Ces diverses expériences font voir que la manne difère 
beaucoup du sucre. 


Tome LXIV. JANVIER an 1807. N 


98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
Analyse des diverses espèces de Quinquina. 


Vauquelin a fait un grand travail sur les diverses espèces 
de quinquina. Ces analyses lui ont présenté plusieurs faits 
intéressans, et particulièrement un acide nouveau auquel il 
a donné provisoirement le nom de nique. 

Il a comparé, par les propriétés physiques et chimiques, 
les infusions de toutes les espèces de quinquina qui se trou- 
vent dans le commerce, auxquelles il a joint l'examen de 
quelques autres substances végétales qui ont passé pour guérir la 
fièvre. Séguinavoit donné comme un caractère sur des bons quin- 
quinas, la propriété que leur infusion aqueuse possède exclu- 
sivement de précipiter l'infusion du tan, tandis qu’au contraire 
les mauvaises espèces précipitent la dissolution de gélatine 
animale. Mais Vauquelin a reconnu que plusieurs espèces de 
bon quinquina, qui guérissent la fièvre , ne précipitent pas la 
solution du tan. Ne pouvant donner un extrait du long travail 
de l’auteur, nous allons rapporter les principales propriétés 
qu'il a reconnues aux infusions des diverses espèces de quin- 
quina. 

Les uns précipitent le tannin et ne précipitent point la 
colle forte ou gélatine animale. 

Les seconds précipitent la colle animale et ne précipitent 
point le tannin. 

” Les troisièmes précipitent le tannin, la colle animale et 
l'émétique. à 

. On peut conjecturer. avec assez de vraisemblance que toute 
substance végétale qui ne possèdera pas au moins l'une de ces 
trois propriétés, n’est pas fébrifuge. 

Il est des quinquinas fébrifuges qui ne précipitent pas l’infu- 
sion du tan, ni celle de noix de galle. 
© D'un autre côté, il paroït que le principe qui précipite le 
tan et la noix de ‘galle est fébrifuge. 

L'auteur en conclut que le principe dans le quinquina, qui 
précipite le tan et la noix de Pie n'est pas le seul qui 
guérisse la fièvre. 

. Ce principe, qui précipite le tanet la noix de galle, a une 
couleur brune, une saveur amère , se dissout dans l’eau et dans 
l’alcool, mais plus dans l'alcool; précipite l'émétique , mais non 
la colle forte. Il a quelques rapports avec les corps résineux ; 
mais il fournit de l'ammoniaque, ce que ne font pas les résines. 


ET DHISTOIRE NATURELLE, 99 
Les infusions aqueuses de différentes espèces de quinquina, 
sont d’une couleur rouge, rouge jaunâtre, rouge brun. 

Quelques-unes rougissent très-sensiblement la teinture de 
tournesol , ce qui annonce la présence d’un acide libre, 
l'acide kinique. 

L'alcool mêlé à ces infusions de quinquina, dans la propor- 
tion de deux parties sur une, en précipite une matière grisâtre, 
qui devient noire par la dessication. Ce phenomène annonce 
la présence d’une matière muqueuse. 

L'infusion évaporée dépose une matière brune, très amère ; 

qui, se dissout facilement dans l'alcool, et que. l’eau en pré- 
cipite , si la dissolution est suflisamment concentrée; ce qui 
annonce une matière analogue aux résines. 
. Ces expériences apprennent qu'il y a dans le quinquina au 
moins deux substances très distinctes, l’une amèêre, astringente, 
soluble dans l'alcool, et peu soluble dans l’eau ; l'autre au 
contraire insoluble dans l’alcohol, très-soluble dans l’eau, 
ayant une saveur douce et mucilagineuse. 

En évaporant l’infusion qui contient cette dernière substance, 
elle s’épaissit comme un sirop; elle cristallise sous la forme de 
lames tantôt hexaëdres , tantôt rhomboïdales , et quelquefois 
carrées : c'est le se/ de quinquina. 

Les quinquinas épuisés par l'eau et mème par l'alcool ; 
fournissent encore aux acides une substance qui , suivant 
toutes les apparences , est de la. même nature que celle qui est 
dissoute par l'alcool. É 

La matière résiniforme des quinquinas est, soluble dans 
l'alcool et dans l’eau, les acides , les alkalis ; elle précipite 
les sels métalliques , et s'attache aux étofles comme principe 
colorant : d’où l’auteur conclut que c’est un principe végétal 
particulier dont les chimistes n’ont pas encore bien connu 
les propriétés. Il n'est pas identique dans toutes les espèces 
de quinquina. Il est probable, ajoute l'auteur, que c’est 
un principe analogue qui donne le plus ordinairement la saveur, 
amère aux végétaux. 2 

Il ya donc dans le quinquina trois substances principales : 

1° Une résine particulière. 

2° Une partie mucilagineuse. 

3°. Un sel particulier. 

L'auteur passe ensuite à l'examen du sel de quinquina, 
Deschamps jeune, pharmacien de Lyon, est le premier qui 
a annoncé la présence de ce sel, qu'il ne faut pas confondre 


N 2 


100 JOURNAL DE PHYSIQUE, LF CHIMIE 


avec le sel essentiel de la garaye , qui contient en même 
temps la résine et le mucilage. Les propriétés principales de 
ce sel sont les suivantes : 

19. Il cristallise en lames carrées, quelquefois rhomboïdales : 

»°, Il n’a presque point de saveur. 

° Ilse boursoufle sur les charbons. 

4°. Sa dissolution n’altère point la teinture de tournesol. 

5°, L'acide sulfurique et l’acide oxalique en précipitent de 
la chaux, ce qui prouve que le sel de quinquina contient de 
la chaux. 

6e. Le sulfate de chaux et l’oxalate de chaux, enlevés ,-et la 
liqueur évaporée, il reste une masse brune extrémement acide 
et un peu amère, qui cristallise en lames divergentes, c’est 
l'acide kinique , différent de tous ceux qui sont connus. 

Mis sur les charbons ardéns, il fond , bouillonne , noircit, 
exhale des vapeurs blanches piquantes , et ne laisse qu'un 
léger résidu charbonneux. 

Ce sel n’est pas le principe fébrifuge , puisque des teintures 
alcooliques de quinquina , dans lesquelles il n'existe pas, ce 
sel étant insoluble dans l'alcool , guérissent cependant les 
fièyres intermittentes. 


Nouveau Principe végétal dans les asperges. 


Robiquet avoit déjà publié une analyse des asperges. Le 
résultat de son travail prouvoit que les asperges contenoient 
1° Une fécule verte composée de trois autres. ! 
a Une première insoluble dans Palcool, et qui se rapproche 
lus des matières animales. 
& Une seconde soluble dans l’alcool, mais qui se dépose 
ar refroidissement. Il l’appelle cire végétale. 
c Une troisième également soluble dans l’alcohol, s'obtient 
ar évaporation, et tient le milieu entre les huiles volatiles et 
les résines. 
22 De l’albumine. 
: 40 Un phosphate de potasse. 
4° Un phosphate de chaux tenu en dissolution par une 
portion d'acide acéteux libre. 
5 De la terre foliée, ou acétate de potasse et du phosphate 
de potasse. 
6° Une substance végéto-animale. 
‘7° Une matière extractive: 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 10% 


$ Un sel triple de chaux et d'ammoniaque, dont l'acide 
n’est pas connu, cristallisant en rhombes. d 

9° Un principe colorant, susceptible de devenir rose par les 
acides , et jaune par les alkalis. 

Ce méme chimiste et Vauquelin, ont repris ce travail. Ils 
ont examiné le sel n° 8, et ils ont reconnu qu'il cristallisoit 
effectivement en rhombes ; mais il n’est pas acide, puisqu'il 
ne rougit pas la teinture de tournesol ; il ne contient point 
non plus d’alkalis. , 

Nous sommes donc obligés, concluent-ils, à regarder cette 
substance comme un principe immédiat des asperges, qui 
n’est point encore connu. Nous nous proposons de suivre 
notre travail pour en connoître la nature. 

Nous rechercherons aussi si cette matière singulière n'existe 
pas dans d'autres végétaux. 

Nous avons aussi trouvé dans le suc d’asperges une matière 
sucrée, qui paroit avoir de l’analogie avec la manne, 


Du Café. 


L'histoire de cette plante, qui est devenue si intéressante 

dans ces derniers temps, a été donnée, ainsi que son ana- 
‘lyse, par Cadet-de-Vaux, et Charles-Louis Cadet. Elle paroît 
originaire de l'Arabie. Elle est aussi cultivée de temps immé- 
morial dans la haute Ethiopie. Le bourguemestre d'Amsterdam 
en envoya un pied à Louis XIV en 1714, et l’oflicier de marine, 
Declieux, en 1720, en transporta à la Martinique un pied, pris 
dans les serres du jardin du roi à Paris. C’est ce pied de ca- 
féyer qui est la souche, de tous les caféyers qui ont si fort 
multiplié aux Antilles. 

On sait que le café germe dans dé l’eau bouillante. Ce fait 
rapporté par Bomare, a été vérifié par Cadet; mais le café 
traité par l'alcool bouillant ne germe point. 
| Charles-Louis Cadet a fait l'analyse du café. Voici les propor- 
tions approximatives que huit onces de café , traitées par 
l'eau, lui ont données : 


onces. gros. grains. 


Mucilageighe.: . 2,0 ASS I 
RÉSINE AE Lars te vers Me o 
Matière colorante extractive..... o 
Acide gallique................. o 
FR à me eee 5 

o 


10 


103 JOURNAL DE PFHYSIQUE, DE CHIMIE 


La torréfaction du café développe en lui des qualités nou 
velles. 

1°. Une odeur aromatique très-agréable. 

2°, Le café torréfié transpire, et devient huileux à sa surface: 

3°. il s'y développe du ‘annin, comme Chenevix l’avoit 
observé. 

Si la torréfaction est trop considérable , le café se charbonne 

Les infusions du café torréfié contiennent, 1° du mucilage ; 
2€ de l'acide gallique, 3° du tannin; mais les proportions de 
gomme et d'acide ont augmenté avec les degrés de torréfac- 
tion , tandis que le tannin a diminué. ‘ c 

Proust, Seguin, Davy, ont déjà observé que la chaleur 
développoit le principe tannin dans plusieurs végétaux. 

Bouillon-la-Grange considère l'acide gallique comme une 
modification du tannin. 

Les cendres du café contiennent, 1° du charbon, 2° du 
Fer, 3° de la chaux, 4° du muriate de potasse. 

Payssé, qui a aussi analysé le café, croit que l'acide qu'il 
contient n’est point de l'acide gallique, mais un acide parti- 
culier qu'il appelle acide cafique. 

Mais Cadet persiste à croire que cet acide est le gallique, qui 
peut avoir quelques propriétés particulières. Proust , dit-il, a 
prouvé que le tannin obtenu de plusieurs végétaux, offre des 
différences. Il est donc possible que l'acide gallique retiré du 
café, ne soit pas absolument le même que celui de la galle; 
mais ce n'est pas un acide particulier. é 

Il résulte, ajoute-t-il, de ces analyses, que la graine du 
café. contient, 

1° Un mucilage abondant. 

2° Beaucoup d'acide gallique. 

3° Une résine. 

4° Une huile essentielle concrète. 

5° De l’albumine. 

G° Un principe aromatique yolatil. 

7° De la chaux. 

g° De la potasse. 

° Du fer. 

10° Du charbon. 

La torréfaction y.ajoute un principe, nouveau qui est le 
tannin. 

Le café Moka est plus aromatique, plus résineux et moins 
gommeux que ceux de Bourhon.et de la Martinique: 


ET D'HISTOIRE NATURELXLE, 103 


Acide cafique de Payfé. 


Chenevix avoit retiré du café un nouveau principe dont il 
n’avoit pas déterminé la nature. 

Payfé a repris ce travail, et de ses expériences il croit 
ouvoir conclure que ce principe est un acide particulier, 
Il diffère de l’acide gallique par les propriétés suivanees : 

1°. L’acide gallique précipite en noir le sulfate de fer. 

L'acide cafique précipite le même sulfate de fer en verd. 

2°, Cet acide est incristallisable dans l’état où il l’a obtenu. 
Il est soluble en totalité dans l'eau et l’alkool. 

3°. Cet acide est décomposé par l'acide sulfurique à chaud, 
par les acides nitrique, muriatique, et muriatique oxigéné , 
et réduit par ce dernier, ainsi que par le nitrique, en acide 
malique. 

750 parties de café, traitées par l'eau, ont donné à l'auteur, 
‘100 parties d'extrait, dont il a retiré, 


Acide cafique.............:.,. 55 
MÉRÉPAIE SE le co een e ste nine anne TO) 
Albumine végétale............, 85 
Matière résineuse...........,.., 9 


PeTIG- ne ae ue meta lois out ce nent ET O 


Du Tannin. 


Le tannin est un deslbrincipes immédiats que la chimie 
moderne a reconnu dans les végétaux. La découverte de ce 
principe peut être attribuée en partie à Deyeux , suivant 
Hatchett. Il retira de la noix de gallece principe, qu'il re- 
garda comme une espèce de résine. Seguin reconnut ensuite 
que c’étoit ce principe qui servoit au tannage, et il lui donna 
le nom de tannin. 

Davy fit voir que le cachou consistoit principalement en 
tannin. : 

Les travaux des chimistes qui se sont occupés du tannin, 
ont prouvé qu'il existoit tout formé dans un grand nombre 
de végétaux , tels que l'écorce de chéne , la noix de galle, 
le sumac, le cachou :...ily est accompagné d’extractif, d'acide 
gallique et de mucilage. 

Mais il paroït que dans d’autres circonstances il peut ètre 
formé par l'art. Le grain du café dans son état ordinaire ne 
gontient point de canin ; mais la torréfaction y en développe. 


04 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Du Tannin artificiel. 


Hatchett a donné le nom de tannin artificiel, ou factice, 
au produit qu'il avoit obtenu du charbon végétal, animal ou 
minéral, traité par l'acide nitrique, parce qu'il avoit reconnu 
qu'il produisoit les mêmes effets sur les dissolutions de glutine, 
sur certaines dissolutions métalliques et sur la peau. Mais il 
a reconnu que si l'acide nitrique produisoit ces effets sur le 
charbon , il détruisoit néanmoins le vrai tannin dans d’autres 
circonstances : c'est ce qu’il a constaté par un grand nombre 
d'expériences. 

1°, Le tannin ou substance tannante de la noix de galle, 
du sumac, des copeaux de bois de chêne, mêlé à la quan- 
tité dune demi-once (mesure) avec une: drachme (mesure) 
d'acide nitrique fort , perd la propriété de précipiter la 
colle de poisson ou gélatine. 

2°. Le tannin de l'écorce de chêne, et le tannin artificiel, 
ne perdent cette propriété qu’en ajoutant quatre fois autant 
d'acide nitrique. 

3, Les substances végétales , telles que le cachou du Pégu, 
qui contient beaucoup de mucilage avec la substance tannante, 
traitées avec l'acide nitrique, donnent une grande quantité 
d'acide oxalique. 

Mais en continuant ses expériences , il obtint de nouveaux 
résultats qui confirmèrent ses premiers apperçus. 

4. Cent grains d'indigo fin fureñt mis dans un matras à 
long col, et il y versa jusqu’à deux onces d'acide nitrique à 
différentes fois. On fit évaporer à siccité. Le résidu fut dissout 
dans trois onces d’eau distillée; sa couleur étoit jaune; sa saveur 
éxtrémement amère. De la colle de poisson versée dans cette 
dissolution, fut précipitée, ce qui annonçoit la production du 
principe tannant. 

Plusieurs autres substances, telles que la lacque, le baume 
du Pérou, le benzoin, le sang-de-dragon, ... traitées de l& 
même manière, produisent les mêmes effets. 

Le sang-de-dragon présente un phénomène particulier : c'est 
qu'on obtient de l'acide benzoïque , tndis que ce même sang- 
de-dragon, exposé-simplement à la chaleur dansile même matras, 
ne donne point d'acide benzoïque. « Je suis donc porté àcroire ,. 
ajoute l'auteur, que dans la première expérience l'acide ben- 
zoique étoit un produit de l'opération : fait qui n'avoit pas: 
encore été soupçonné. L 

D’autres 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 10: 


D'autres substances, telles que les gommes arabique , adra- 
gant , la manne , traitées par l'acide nitrique, ne donnent 
point de tannin. 

La torréfaction d'autres végétaux , tels que le café, y dé- 
veloppe aussi le tannin. 


Ces faits prouvent que le tannin peut étre développé chez 
les végétaux, 


1° Par la torréfaction. 
2°. Par l’action de l'acide nitrique. 


Analyse de la racine d'Ellébore d'hiver (EMeborus hiemalis. ) 

Vauquelin en a retiré, 

1° Une huile extrémement âcre et caustique. 

2° De l’amidon très-pur et très-doux. 

3° Une substance végéto-animale. 

4 Une matière ligneuse en petite quantité. 

5° Quelques atômes de sucre. 

6° Un peu de matière extractive colorée. 

Ne sont pas comptés des sels terreux et ferrugineux qui 
ÿ sont contenus. Ils appartiennent au sol dans lequel la plante 
a crü, et non à la végétation. 

Analyse de la racine de Brione. 

Vauquelin en a retiré, 

1° Une matière amère, soluble dans l'alcool et dans l'eau. 

2° Une matière amylacée. 

3° Du malate de chaux avec excès d'acide. 

4° Du phosphate de chaux. 

5° Une substance gommeuse en grande quantité. 

6° Une matière ligneuse. 

° Une petite quantité de sucre. 
8° Une matière végéto-animale. 


De la Glutine et de l’Albumine végétale. 


Beccari avoit retiré de la farine de froment, et de plusieurs 
autres végetaux, une substance particulière, qu’il appella g/u- 
cine , ou gluten. 

Hilaire Rouelle fit voir que cette substance avoit beaucoup 
de rapports avec la substance caseuse du lait. 

Des savans chimistés ont postérieurement donné à cette sub- 
stance le nom d'a/bumine végétale, à cause des rapports qu’elle 
a avec l'albumine animale. 

Proust pense qu'on doit lui conserver le nom de glutine. 


Tome LXIV. JANVIER an 1807. O 


106 JOUANAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


DE LA CHIMIE DES ANIMAUX. 


L'analyse des substances animales se poursuit avec la même 
ardeur qué celle des substances végétales, et ne présente pas 
moins de difficultés. 


Des nids d'Oiseaux d'Orient. 


Proust a fait l'analyse de ce qu'on appelle en Orient 7ids 
d'oiseaux, et qui y est fort estimé surtout à la Chine. Ils se 
sont présentés comme un cartilage uniforme dans son tissu, 
et d’une seule pièce. 


Du Bouillon de viande. 


Le même chimiste a prouvé que le bouillon de viande 
contient la moitié de son poids d'un produit savoureux , 
analogue au produit qu'il a retiré de la fermentation du fro- 
ment et de la glutine. Cet extrait est le condiment , le 
parfum, la quintessence du bouillon. 


De la Bile. 
Thenard a constaté que la bile contient une matière sucrée. 
De la Sueur. 


Thenard a fait beaucoup d'expériences sur la sueur de 
l'homme. Les conclusions qu’il en tire sont qu’elle est com- 
posée, 

1° De beaucoup d'eau. 

2° D'acide acéteux libre. 

5° De muriate de soude. 

4° D'un atôme de phosphate de chaux. 

5° D'un atôme d'oxide de fer. 

6° D'une quantité inappréoiable de matière animale qui se 
rapproche beaucoup plus de, la gélatine que de toute ‘autre 
substance. 


De l'Urine. 


Le mème chimiste a examiné de nouveau l'urine, et il étoit 
y avoir reconnu également l'acide acéteux. 

L'urine contient d’ailleurs, 

1° L'acide urique. 


ET D'HISTOIRE NATURBLLE. 107 

2° L’acide benzoïque qui se trouve souvent dans l'urine des 
enfans. 

3° L'acide phosphorique qui se trouve combiné avec quatre 
substances, et forme quatre phosphates, & phosphate de chaux, 
b phosphate de niagnésie, c phosphate de soude, 4 phosphate 
d'ammoniaque. 

4° L’acide muriatique qui est combiné avec la soude et 
l'ammoniaque , et forme du muriate de soude et du muriate 
d'’ammoniaque. 

5° L'acide sulfurique qui est combiné avec la potasse et la 
soude, et qui forme des sulfates de potasse et de soude. 


Du Lait. 


Thenard a encore retrouvé l'acide acéteux dans le lait. Le 
lait, dit-il, sortant des mamelles , rougit le papier teint 
par le tournesol. Il contient donc un acide libre. Cet acide 
est l'acéteux. 

« Il est probable, ajoute-t-il, que l’acide acéteux existe dans 
beaucoup d'autres substances animales. Plusieurs observations 
me portent à croire qu'on le trouveroit dans les cantharides. 
On a déjà soupçonné de l’analogie entre cet acide et les 
acides bombique et formique. J'oserois presque dire qu'il existe 
dans presque tous les animaux, comme dans la sève de presque 
tous les végétaux. 

Dans les mauvaises digestions les alimens deviennent aïgres, 
et c’est encore à l'acide acéteux qu'ils doivent cette saveur. 


De l'Acide caséique. 


Proust a trouvé dans le fromage fermenté un acide parti- 
culier qu'il appelle caséique , ce qui forme un caséate ammo- 


niaçal, qui est le principe de la saveur vive qu'ont ces fro- 
mages. 


Du Diabètes sucré. 


L’urine humaine est quelquefois dénaturée au point de 
contenir une matière sucrée trés-abondante. C'est ce qui s’ob- 
serve particulièrement dans lé diabètes. Caulcy constata 
en 1775: l'existence ‘du sucre dans l'urine. Franck [a confirma 
en 1791. On soupçonne que Willis l'y avoit déjà apperçu , 
ainsi que Pool et d'Obson, en 1775. 


O 2 


108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


MM. Nicolas et Quendeville de Caen, firent, en 1803, 
l'analyse d’une espèce de ces urines. Ils en retirèrent , 


Sucre en grande quantité, 
Sel marin une certaine quantité, 

: Urée et acide urique , une quantité à peine sensible , 
Phosphate, 
Sulfate, 


Dupuytren et Thenard ont eu lieu d'examiner une urine 
de la méme nature. Ils ont constaté qu’elle contenoit une. 

rande quantité de matière sucrée. 

Cette urine évaporée donnoit un sirop qui, mis à cristalliser, 
déposa une multitude de petits grains sans consistance, Leur 
saveur étoit à peine douce. 

100-parties de ce sirop distillées, donnèrent, 

Eau une grande quantité, 

Huile, peu, 

Ammoniaque point, 

Gaz peu fétide, une grande quantité, 

Charbon volumineux facile à incinérer. 

Des cendres de ce charbon on retira, 


} une quantité à peine sensible. 


Sel Imarini it MSN. 20, 0Vo0aTE 
Chaux phosphatée............ 000.5 


Cette substance ne contenoit donc point de principe animal, 
puisqu'elle ne donna point d'ammoniaque. 

Ils la firent fermenter : elle donna une liqueur spiritueuse, 
comme l’auroit fait le sucre ; ainsi elle étoit une matière sucrée, 

Cependant sa saveur est à peine douce ,cet bien différente 
de celle du sucre. 

D'où les auteurs concluent que c'est une matière sucrée 
particulière. 

Le remède contre le diabètes sucré est l'usage d’alimens de 
substances animales. 


De la Graisse. 


Vogel a fait diverses experiences sur la graisse, dont les 
résultats sont que, 

1°. La graisse exposée à la lumière sans le contact de l'air, 
jaunit, acquiert une odeur et une saveur rances ; âÂcres ;:sans 
s'acidifier. 

2°. La graisse ne donne pas d'ammoniaque à la distillation, 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 109 


et elle ne contient point d'azote. On. peut donc la: regarder 
comme une: substance purement végétale, 

3°; La graisse mélée avec le soufre, il y'a une partie de 
soufre en dissolution, mais qui ne passe pas à l’acide. Distillé 
dans des vaisseaux clos il ne donne méme .pas d'acide sul- 
fureux. 

4°. Lé phosphore mélé avec la graisse, s'y dissout et il passe 
promptement à l'état d'acide phosphoreux. Cette acidification 
augmente. par le contact de l'air. : 

5°. La graisse oxigénée , par un long contact de l’air, devient 
constamment acide. Son lavage précipite quelques dissolutions 
métalliques: A la fin de la distillation de ce lavage, il passe 
de l'acide acétique dans le récipient. 

»6° L’'acide nitrique forme avec la graisse, 4 une matière 
jaune amère; b de l'acide acétique , c un acide susceptible de 
«cristalliser , quiest l'acide muqueux ou sacho-lactique. 
+ 7° L'acide muriatique oxigéné se décompose avec la graisse, 
Celle-ci reste blanche, et devient molle. Il ne forme pas de 
matière jaune amère. “El 

_6°. Le mercure mélé avec la graisse dans les onguens mer- 
curiels,; y est.à l'état métallique. ILES F 
249%. Dans bonguentcitrin le mercure estien nitrate oxidé au 
mininum. Le, nitrate de mercure au #2aximum se décompose 
. dans Ja! graisse. ) r 

Des Cheveux. 


. Vauquelin a fait un grand travail sur les cheveux. Il résulte 
«de ses nombreuses expériences ,, que les cheveux noirs sont 
composés , lé en non 
1° D’une matière animale qui en fait la plus grande partie. 
2° D'une huile blanche concrète en petite quantité. ; 
3° D'une autre huile grise-verdâtre plus abondante. 
4° De fer dont l'état est incertain. : 
15° De iquelques atomes d'oxide de manganèse. 
6° De phosphate de chaux. 
7° De silice en quantité notable. , 
8° De carbonate de chaux en très-petite! quantité. 
9° Enfin, d'une quantité considérable de soufre... 
10° Une substance colorante. 
Les cheveux rouges ne diffèrent des cheveux noirs qu'en 
_ce qu'ils contiennent une huile rouge au lieu d’une huile 
_grise-verdâtre. L COR Le NU QET 


#10 ë L 
L “ut 


{ 


\r10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE: CHIMIE 


Les cheveux blancs diflèrent des uns et des autres, l'en ce 
que l'huile qu'ils contiennent n'est presque pas colorée; Ils 
contiennent d'ailleurs de la magnésie phosphatée; qu'on ne re- 
trouve pas dans les autres. 

L'auteur conclut de ces faits, que 

La couleur noire des cheveux est produite par une huile 
noire et comme bitumineuse, et peut-être aussi par la combi- 
naison du soufre avec le fer. ! 

Les couleurs rouges et blondes sont dues à la présence 
d’une huile rouge ou jaune’, dont l'intensité, diminuée par une 
petite quantité d’hüile brunë , donne le roux. 

La couleur blanche 'est due à l'absence de l'huile noire e 
du fer sulfuré. 

Il croit que ‘dans les cheveux rouges et blonds, ainsi. que 
dans les bläncs, il ÿ a toujours un excès de soufre (1). 

La blancheur des cheveux, causée subitement par quelque 
passion vive, paroîit, à l'auteur, pouvoir être attribuée à un 
acide qui se développe alors spontanément. 

Il recherche ensuite la nature de la substance animale qui 
fôrme le corps du chéveu. 

Elle n'est point de la gélatine, elle ne forme jamais gelée. 

Elle n'est pas de l’albumine, car elle ne se dissoudroit pas 
“dans l’eau bouillante : et cette matière des cheveux s'y dissout. 

L'humeur dont cette substance se rapproche leplus, est, 
suivant l’auteur, celle que les physiologistes appellent mucus, 
mucilage animal, qui n’est ni glutine, ni albumine. Elle est 
séparée dans les narines, la bouche, l'estomac, la trachée-artère, 
Ma vessie. Dans certains coriza ou rhumes, elle ‘file éommé la 
soie. Si elle contenoit un peu d'huile, elle ressemibléroit à 


là substance des cheveux. si € 
L’épiderme , les ongles, la corne, la lainé, les poils ; sont 
composés du même muous animal. Ils recèlent une certaine 
quantité d'huile qui leur donne la souplesse. 
L’humeur de la plique polonoise est de la même nature 
que la substance des cheveux. 


DE L'AGRICULTURE. 


Cette partie de première nécessité! languit néanmoins chez 
un grand nombre de nations civilisées. 11 paroît que c'est en 


(1) L'odeur ‘infecte des. personnes qui ont les cheveux ronges , ne 
ourroit-elle pas être attribuée, d’après ces faits, à un hydre-sulfure 
qui se dégageroit par la transpiration, et surtout lorsqu’elles suent. 


ÉTID'IHISTOURE NATURELLE, TT 


Angleterre, où sa pratique est soumise à des principes plus 
sûrs et mieux raisonnés. 

On fait également des efforts en France pour perfectionner 
l’agriculture; mais ne pouyant entrer dans tous ces détails, 
nous jetterons un coup-d'œil rapide sur les établissemens d'ins- 
truction qui ont été formés pour favoriser ses progrès, et sur 
les ouvrages dont elle a été l'objet dans le cours de l’année. 

Thouin l’ainé continue son cours de jardinage au Muséum 
de Paris. Il applique à la culture les principes de la plus saine 
physique. 

Îl a établi dans un local voisin du jardin du Muséum, une 
école régulière des variétés d'arbres fruitiers. On doit seulement 
regretter que cet espacé soit trop resserré.| 

Oû prépare, pour le même usage un autre emplacement qui 
sera plus étendu : c'est la partie de la pépinière du Luxem- 
bourg , située à gauche de l'avenue du jardin. 

Cette pépinière du Luxembourg commence à donner des 

roduits d'un grand intérêt. On y admire surtout ‘une nom- 
Hbsé collection des diverses variétés de vigne qui se trou: 
vent en France. Elle y a été réunie par Chaptal ,, pour ten 
faciliter l’étude et en fixer la nomenclature. Bosc, inspecteur 
actuel de cet établissement, a déjà constaté 224 variétés bien 
distinctes de raisins. Il en fait faire des dessins exacts, qui 
seront gravés avec le plus grand soin. On sait que la vigne 
est une des principales richesses territoriales dela France, On 
ne sauroit donc prendre trop de précautions pour faire con- 
noïtre aux Cultivateurs les meilleures espèces de raisin, et en 
perfectionner la culture. : 

Bosc dirige également la pépinière établie à Versailles, pour 
y élever des arbustes étrangers, qui peuvent s’acclimater en 
France. On en distribue chaque année dans les divers départe- 
mens. | | 

Il se forme des pépinières dans les départemens pour! les 
mêmes Objets. Celle établie à Avignon, sera une des plus utiles, 
à cause de la température du climat. 

L'agriculture française a été enrichie cette année par la pu- 
blication d'une nouvelle édition des ouvrages d'Olivier de 
Verres , avec des notes rédigées par plusieurs membres de la 
Société d'agriculture de Paris. 


On continue de propager en France les races de moutons 
d’Espagne. 


112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
DES ARTS. 


Ceux qui se livrent aujourd’hui ‘aux arts, et principalement 
les chefs des grandes manufactures, ont tous des connois- 
sances plus ou moins étendues en physique, en mécanique, 
et en chimie. Ils éclairent leurs procédés par ces sciences. C'est 
la cause principale des progrès considérables que font les arts. 

Ces progrès sont surtout remarquables en Angleterre. Ce 
grand peuple s'occupe depuis long-temps de ces objets de 
nécessité première. Il a porté les arts utiles à un point de 
perfection que n'ont encore pu atteindre les autres nations. 
Il a inventé des machines admirables qui diminuent singulière- 
ment la main-d'œuvre : telles sont les pompes à feu, les 
machines à filer: ... aussi s’efforce-t-on partout d'imiter ces 
machines. 

Leurs poteries, leurs ouvrages d'acier, leurs cuirs préparés... 
ont la même supériorité. 

- Enfin, ils ont la même prééminence dans l’agriculture, dans 
l'art d'élever les animaux domestiques. 

La France fait depuis quelques années des efforts généreux 
pour perfectionner les arts utiles. Les connoïissances de phy- 
sique , de mécanique , de chimie, se répandent dans ses 
ateliers. Ses manufactures de porcelaine, celles de bronzes 
dorés, ont fait des progrès sensibles. Elle a aujourd'hui des 
machines à filer, des pompes à feu... 

L'agriculture s'y est perfectionnée; on soigne davantage 
‘éducation des animaux domestiques ; les races de moutons 
espagnols se multiplient; on cherche à améliorer les races de 
chevaux... 

Des citoyens instruits élévent des manufactures d'objets 
utiles , telles que des manufactures d’alun , de divers sulfates , 
de bleu de Prusse, de sel ammoniac, de soude... 

Enfin, il y a une tendance générale de tous les esprits vers 
ces objets intéressans. C’est le moyen le plus sûr de réussir. 

La même émulation subsiste chez tous les autres peuples 
de l’Europe. 


NOUVELLES LITTÉRAIRES. 


Voyage à la Cochinchine , par les îles de Madère, de 
Ténériffe et du Cap Vert, le Brésil et l'ile de Java; contenant 
des 


E TD HS TOURENNATURELLE. 115 
des renseignemens nouveaux et authentiques sur l’état naturel 
et civil de ces divers pays ; accompagné dela Relation officielle 
d'un Voyage au pays des Boushouanas, dans l'intérieur de 
l'Afrique Australe; par John Barrow, Membre de la Société 
royale de Londres ; traduit de l'Anglais, avec des notes et 
additions, par Malce- Brun. 

2 vol. in-8° de près de 800 pages, avec un Atlas 7n7-4° de 
18 planches, gravées en taille-douce par Tardieu V'aîné. 

Prix : 18 fr. brochés, et 21 fr. 5o cent. francs de port par la 
Poste ; en papier vélin, 36 fr. sans le port. 

À Paris, chez F. Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 10. 

Barrow déjà connu si ävantageusement par plusieurs voyages, 
ne mérite pas moins du monde savant par celui-ci. Il y fait 
connoître plusieurs pays intéressans , et particulièrement la 
Cochinchine, sur laquelle nous n'avons que des relations assez 
incomplètes. Cet ouvrage ne peut donc manquer d’étre accueilli 
favorablement du public. 

Histoire naturelle, générale .et particulière des Plantes, 
Ouvrage faisant suite aux Oluvres de Leclerc de Buffon, 
et partie du Cours complet d'histoire naturelle; rédigé par 
C.-S. Somini, membre. de plusieurs Sociétés savantes, 

Description des végétaux rangés par familles, avec des dé- 
tails sur leur culture, leurs ‘usages dans la médécine , les 
arts, le jardinage, et sur les phénomènes physiologiques qu'ils 
présentent ; par C.-F. Brisseau-Mirbel, Aïde-Naturaliste au 
Muséum d'histoire naturelle , Professeur de botanique à 
l'Athénée de Paris, et Membre de la Société des Sciences ; 
Lettres et Arts ; f 

Et continuée par. N. Joly-Clerc, ancien Professeur et Membre 
de plusieurs Sociétés sayantes. "E Bb ;1 ; 

Tomes 16 et 17. A Paris, de l'imprimerie de P. Dufart. 
On souscrit à Paris, chez Dufart, rue des Mathurins. 

Et Bertrand, quai des Augustins. 

A Rouen , chez Vallée. À Strasbourg, chez Levrault. A 
Limoges, chez Bargeas. A Montpellier, chez Vidal. A Mons, 
chez Hoyois. dite FE ee 

Le tome, seizième commence par la famille cinquante- 
quatrième , celle des personnées, personnateæ. 

Et finit par la famille 71°, celle des ficoïdes. 

Le tome dix-septième commence par la famille #2, celle 
des cactes. A 

Et finit par la famille 8>, celles des vinettes berberides. 

Tome LXIV; JANVIER 1807. P 


114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Le lecteur verra par le tableau ci-joint que ce grand ouvrage 
sera bientôt terminé. 


Etat des différentes parties dont se compose le Cours complet 
d'Histoire naturelle, et l'ordre d'après lequel elles doivens 
suivre. 


Théorie de la Terre..........,. enaisiels HOÏVOLS 
Epoques de la Nature............... 1 
Introduction aux Minéraux........... I 
Partie expérimentale De Se ent at LT 
Partie hypothétique......... ARE NET EN! 
Histoire des Minéraux................ 9 64 
Histoire des Animaux.......... PASLIANTTTE 6 
Histoire de l’'Homme................. 4 
Histoire des Quadrupèdes........... ETS 
Histoire desMSinpes Lecce 2 
Histoire des Oiseaux........ RON, DE 28 
Histoire des Mollusques, par Denis Mont- 

fort’ et.de Roissy: 2 ane a ht es el 6 


Histoire des Plantes, par Mirbel , etc... 18 
Histoire des Insectes, par Latreiïlle..... 14 


Histoire des Poissons, par Lacépède et 62 
Sonini, en y comprenant le volume 
de l'Histoire des Cétacées........... 14 
Histoire des Reptiles, par Daudin..... 8 
Dictionnaire des Tables, par Jolyclerc. 2 ——— 
AFotal eme 126 


Le Tome III de l'Histoire des Plantes et le XVIIIe, qui 


terminent cette Collection, paroîtront sur la fin du mois de 
novembre prochain 1807. 


L'Histoire naturelle du Genre Humain, 3 volumes, par 


Virey, est un ouyrage qui se vend séparément et n’est point 
compris dans la Collection. Prix, ro fr. 


Théorie de la surface actuelle de la terre, ou plutôt 
Recherches impartiales sur le temps et l'agent de l'arran- 
gement actuel de la surface de la terre, fondées uniquement 
sur les faits, sans Système et sans hypothèse; par M. André, 
connu ci-devant sous le nom du père Chrysologue,.de Gy, 
Capucin, Membre de la Société libre d'Agriculture, Com- 
merce et Arts du département du Doubs, de l’Académie 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 115 


de Cassel, et de la ci-devant Académie de Besançon. Prix, 
4 francs. A Paris, à la Société typographique, rue des 
Fossés-Saint-Germain-des-Prés, n° 14. 

L'auteur a divisé son ouvrage en trois parties. 

Dans la première il rend compte des observations qu'il 
a faites dans une partie des Alpes , dans le Jura, dans les 
plaines de la Saône et du Rhin, depuis Mäcon jusqu'à 
Strasbourg, dans les Vosges , etc... 

Dans la seconde il donne un extrait des observations 
faites par divers voyageurs géologues. 

Dans la troisième partie il recherche la cause et l’expli- 
cation des phénomènes que lui et les autres géologues ont 
observés. Il a annoncé dans son titre que ses recherches 
seroient fondées uniquement sur les /Zrts, sans système et 
sans hypothèse. 

« Voilà donc , conclut-il, les principaux phénomènes 
» expliqués sans aucune hypothèse, mais par une suite 
» d'opérations d'un seul et unique agent (des grandes eaux 
» violemment agitées) reconnu de tous les naturalistes... 

» L'origine et la retraite des grandes eaux qui ont opéré 
» ce changement si étonnant dans la surface de la terre- 
» demeurent toujours inconnues. Sur cela M. de Dolomiex 
observe que quand le naturaliste sera persuadé que le 
» cause de tout ce qu’il voit n'est point dans l'ordre actuel 
» des événemens , ul sera autorisé à la rechercher dans ur 
» ordre différent. C'est pourquoi il eut recours à des ma- 
» rées extraordinaires M. Delamétherie, pour expliquer 
» l'existence des os d'éléphans près de la Mer Glaciale , 
» s appuie sur une tradition d'un printemps perpétuel pour 
» tout le globe. Seroit-ce done pour moi un grand crime 
» géologique de chercher l'origine et la retraite des eaux 
» en question dans un événement qui a laissé chez diffé- 
» rens peuples un souvenir transmis par une tradition plus 
» sùre qu’un printemps perpétuel, avec l'idée d'un châti- 
» ment infligé par un dieu irrité? Je ne crois pas. Je pense 
» au contraire que cette opinion seule peut expliquer ce qui 
» nous manque en géologie. » 


OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES 


JE THERMOMETR E. BAROMETRE. 

s PR Em — 
7 
® À Maximum. | Mirsruum. |A Mur. Maximum. Minruun. A Mir. 


1Mn4s. “-Hirsglagm. + 5,4] 411,0] à 9 m...... 27. 10,30| A 11 5e ele 27 
#1 of midi ri3ôlairs. + 7,9) 13,6 à 5 m......27. 8,104 115. 97 
vimidi ÆHir,5fà5#m. 6,5] “11,9h15 5 m....27. 4,33/à 25... DRE 

aa midi <+ro,2là 1os. + 8,3] +ro,ifà 10 s......27. 3,76[à:6 + m..,.27. 

à midi bioëlàgis. + 4,0! +ro,(fi6+5s..... 27076147 ee 27 

à midi + 8,61à 95 + 4,2] + 8,6h125s........ 28. 0,16 7 m......27 

à3is, L76f7m + 0,2] + 7:98 220. 4,94f 07.2. 28 

a3s. bag 7m. — 1,1] + 6,0kà midr.....… 28. 5,96[à 9 3 28 

à 4 + 34[à7m. + 0,2! + 3x fa 7m 284 14,60[2:104S. :..:28 

10Ïù 25. + 3,5jà7m. — 1,2] + 3,3h 10 s...... 28. 2,oolà 7.m1...... 26 

ali midi + 8,1[à 7 m. + 2,68] + 6,r1fà 6: m..... 28. 2,182 0 $ 28 

à midi + 6,0ol17m. “+ o,0| + 6,018 + s...... 200104 REC TE 26 

13Ïà midi + 8,8|à7 m. “+ 5,2] + 6,1 10s .28. 3,26|à 7 m...:..26 

14fa midi hbro;,olà 7m. “+ 7,8| H10,)18 +1m....28. 3,52/ù 10 + 5.,...28 
194 325 J7lagës. + 6,6! + 81h17 m:....… 284 1,20[à 9 55....:.27:11$80 
16fà 155 10,4[à 1055. + 7,3] +10,1]110 55... 27.11,95[à 8 M. . ..:. 27-1550 

1155 10,2[à8m. “+ 6,5] + 9,2%17s........28, 2,02|à 8 m.......286. 

È à 7+m. + 3,6] + 0,618 m..... 28. 1,90|à6+5s.:....28 

48s. 15,7] H1r,(f 1 g9m.......27.1r,42là 6 s... 27 

à1oïs. + 3,7] + 8,604 107 5.....27. 8,96[à 7 m....... 27 

À 74m. 2,6]. +466 74 m.:...o7 7;44là 9254.22, 27.10 

à23s 7,3[à 7 À mx + 3,0) + 6,91 2%5s.....-.27.10,60|à7 +m.....27. 

8,9[à 7m. + 0,2] + 5,6 midi... PATES DO |A 7 Moses e 27 

24h13s. +Hirélt8m. 4 0,5] Hri,2là midi... 28. 1,5o[à 6 m.......28 
25fao1s. +11,6[à 8m. + 0,1] +1,48 8 m...... 28. O,30! 107% S..... 27.10,90 

264 à 2 8 +ix,olà 105. + 7,4] +10,7h17:; m. 27. 9,80|à midi:. ... 27 
27à midi + 0,6[à1m. + 7,6). 9,0 92+5s:..... 26. 9,92/à 1 m 274: 10,00 

28fà midi +10,0|1 82m. + 8,7] +io,çfà 6: m....28, 3,53la 1035s..... 28. 
29) midi “<+ri,7làios. + 9,2] Hr1,7 AIO UNE ete Eee 26 1,92|à TO S...... 27.11,30 
3ofà midi + 8,4là7m. + 5,4] + 6,417 m ROC 12110 riSrelat 20 


REC APITULATION. 


Plus grande élévation dumercure. ..28.5,96 , le 8 à midi. 


Moïndre élévation du mercure..... 27.1,80, le 3 à 8 h. jm, 
Élévation moyenne... 27 .9,08 
Plus grand degré de chaleur..... —+13°,6 le 2 à midi. 
Aloindre degré de chaleur....... — 1,2lexoà7h.m. 
Chäleur DIOVENNE SE Er + 6,2 | 
Nombre de jours beaux....... 6 | 


Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"03705—1 pouce 6 Lignes 
dixièmes. 


RE 
CARRIERE) 
EEE 
ne Aou ED 
- MNAUEL ENEUN ; 
£ CRETE ER £ 
HYERES 
Domw,0.0!c 
our 


A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE ?ARIS, 
NOFEMBRE 1806. 


D  -U PRET 


VARIATIONS DE LATMOSPHERE, 


He. POINTS 
VENTS. 


LUNAIRES. 


LE MATIN. LE. SOIR. 


Giel couvert. Ciel couv. et pl. fine.|h 


I S. Ciel très-nuag. 
2 )1S. fort. Ciel couvert. Beaucoup d’éclairc. | Ass:z beau cic!. 
2 Idem. D.0.à3h.37"s.| Assez heau ciel. Ciel couvert. Couv.; pl. depris 8h.|£ 
4 | Br.; ciel couv. Pluie fine. Piuie. 
5 L. Périgée. Ciel couvert. Giel très-nrageux. Assez heau ciel, 
6 Equin. dese, | Léger br.; ciel couv. Gel nuageux, Assez beau ciel. 
7 \ Lég. br.; forte gel. bl, [Ciel nuag. Beau ciel ; temps cime, | 
8 Brouillard épais. Beau ciel. Temps! calme; ass. beauciel. À 
9 … | Brouill. épais. Giel couv. Ciel couv. 

x.L.à11451/m: Brouill. très-épais. TIdem. Id ; 'eIups hum. 


Ciel couv. ;lég. br. |Gicl'auag. et voilé à l'hor. 
Brouill, ; nuageux: Gel voilé. 

Gel couv, Fr.-couv.; pl. fine. 
Couv. et humide. Bouill.; ciel couv. 
Brouill.; ciel couv. [Gael très-couv. 
T.tr.-bum.; br. ; ciel couv.| Cie très-couy. 

L. Apogée. | Ciel couvert. Ciel couv. 

r.Q. à 7229 m.| Ciel très-nuag. Très-nuageux. 

Ciel couvert. TFrès-couvert. 

Equin. asc. | Ciel ass. cl. en dif, parties.| Nuages clairs et éley. 
Ciel vap. et trouble. |Cielconv.; pl. fine. 

Ciel à demi-couv. Beau ciel. 

Assez beau ciel, Cielcouvy. ; quelq. g. d’ean. 
Ciel couv. ; pluie fine. Rs prAues éclaircis. 
Br. à l’hor. ; temps humide.|(hiel couv. 
r.L.à1%10m.| Nuag. àl'horison.  |Très-nuageux. 
Très-nuageux. Couv.; temps pluv. 
Tr.-couv. et brum. |Cieltr.couv.; pl.fine. 
Tr.-couv.; pl. fine. |Très-nuag. 

Ciel nuageux. Ciel trouble et nuag. 


Ciel trouble et nuag. 
Ciel très-nuag: 
Temps brum. ; ciel couv. 


Ciel très-couv. 
Couv.;quelq-g. d’eau. 
Quelques éclaircis. 
Couv.; temps calme. |! 
Ciel à demi-couv, 
Pluie très-fine. 
Brouill. par interv: 
Pluie jusqu’à 8 h, 
Ciel nuag. 

Ciel couv. ; pluie. 
Ciel lég. couv. et nébuleux.| à 
[Ciel couv. 
Cour. ; quelq. g. par int. 
Tr:-couv.; pl. fine. 
Pl. parint.; ciel couv {à 
Ciel tr-c.; pl. par int.|| 
Couv. ; pl. par int. 


98,0[S-0. fort. 
80,0[S-O. tr.-f. 
95,0 |0.S:0.tr.f. 
100,0|S.S-0.tr.-f. 
95,0[S.-0O. fort. 
80,0[S.-0. tr.-f. 


RÉCAPITULATION,. 
de couverts...... 


depluie 2e 14 
HAINE es 30 
denslée:t.-.-.0 2 
de tonnerre. .... 40 
de brouillard. .... 13 


HÉILEZ- che 


Jours dont le vent a soufflé du 


2 er 3 MI LE RE: Æ de CEZEX q 
. Nota. Pour indiquer-plus exactement les variations de atmosphère, on a divisé le jour en 
trois parties : la première contient les variations depuis minuit jusqu à 9 heures du matin ; la 
seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures ; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au minuit suivants 


l 


OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES 


\ 


THERMOMEÈTRE. BAROMÈTRE. 

Le 

L-] 

& | Maximum. | Minimum. |A Min. Maximum. Minimum. A Mir. 

LE ER 

ilazs. +7,24 68m. + 5,6] + 6,81 midi.....27. 7,20|à 8 s........ 27. 3,40|2 
a7+s. + 90/1978. + 43] + 6181 92Ss......27. Fe ee Er 2e 045 sé Le 
\ midi + 68/à1oïs. + 4,7| + 6,6] 10 :s.....27.10,35|à 8 m...... 27. 5,00|27. 8,52 
jus. + 6,6[18%m. + 5,2] + 6,44 midi .…...27.10,35/à 10 s......27. 0,68|27.10,35 
hmadi æ+io,5fàg£s. + 8,1] +ro,fà midi...... 27. 9,60[à 3s......: 27. 9,r0|27. db 
à24s. + 9,2/à10%s. + 6,1] + 8,5 9m 27. 8,27 245 -.27. 7190|27. 7,80 
ss midi + 78/1 6£m. + 4,9| + 7414 £ m....27. 7,27la 9 s........ 27. 4,63| 27. 6.85, 
àmidi + 7,3 0$s. + 56] + 7, 9 S'RASE 27. 4,28|a60+m..... 27. 3,55}27 3,58 
à midi + 6,3 Num. + 2,8] + 6.10 5..:...27. 7,25]à GMm...... 27. 6,01|27 6,50 
vimidi + 5ofhtgm. + 26] + 5, h17 m...... 27. 7,50là 3+5s...... 27. 5,57|27. 6,55 
à g£m.b+ 80/19. + 5,5] + 7, os... 27-08 AO|AIO See ce 27. 6,55|27. 7,28 
à midi + 8ofi8£m. + 50! + 8,ch1 3 25...... 27.10,09|à 8 + m 27. 7.52]27. 8,25 
os. Hiroli 8m. + 96| +10, Rigm....... 27.18 32là 925. .2... 27. 7,93|27. 7,75 

à mudi 11.4 à 1oÏs. + ü, ira 10:5S..... 270242 IS-E ee. 27. 9,25]27. 0,28 
h midi + 7,69s + 4] + 7 i9s.. 28. 1,72|à 65 m 27.10,50|27.11,70 
àgës. + Bgli51m. + 48] + 6,1 OM et 28. I,30|4 9 3 s...... 26. 0,45/28. 0,87 
kouidi + 7.4fà 6£m. + 49! + 7,4/145s....:.. 27-11,59[26%S...... 27.11,02|27.11,20 
bomidi + 7,2fà 7 Lan, + 0, |] + 7241 9s........ 27 .10,60|à 7 4 m.....27 99627. 10,10 
Reset A lin. . El Ro AO ne ete ee ANS 27.09 33[42% S.4.... 27- 793127. 8,50 

où 5s +65 8m. + 3c| + 6:10 s.....27.r0, 85la midi...... 27. 6,50|27. 6,50 
àros. +Hio,)là 8m. + 5,2] + 8, fi ros...... 27.11,77|à midi...... 27.10,25| 27.10,25 
à uudi ++125à 10s. + 96| +125 LOT Eee. 28. 4,01[1 6 m.......20. 1,65|28. 2,54 
àtos. —+Hro,olà 8 im. Bel + 8:14 s...... 27.11,55|à6+s...... 27.11,00|27.11,20 
Aro + o)là32s: —r0.6| +10,5l1108...... 28. 6,25|a 8 m...... 26. 4,40|28. 4,75 
jamdi + 03là9s + 7.0] + 9% NOR EUTe 28. 6,201 10 # 5....260. 4,20|28. 5,30 
atmidi + 84l1os. + 6,2] + 82 9 m...... 28: 4,760[à 8 me:.i. 28. 4,55|28. 4,72 
midi + Bolhg£s. + 2,2] + 6,cfà ü m.…..... 28. 400f925....:. 28. 2,92|28. 3,82]. 
àmidi + 7olà 8m + 4,9| + 7of144m....28. 1,561 9%s...... 27.11,66|20. 1'‘50 
ïros. + 6,3/à8m. + 39| + 4i OM Ee---27PM0,00 |A MONS-- ve eh 8,70|27: 902 
dE Se 1 48; la 4 Em. 2 4 4) 4 7 IP 9 Se. 27.10,70|à 4% m..... 9:44127.10,00 
hmidi. + 76là1os. + 4,7| + 7,01 10 s....... 28.3,4017 51 ARR à 0,10|20. 1,45}: 


RECAPITULATION. 


Plus grande élévation du mercure...28.6,95, le 24à 10 s 


Moindre élévation du mercure..... 27.0,25 , le 2 à 7h. m. 
Élévation moycnne...... 27.9.25 
Plus grand degré de chaleur..... +5 2°.5 le 22 à midi. 
Moindre degré de chaleur....... + 2,2,le 27. 
Chaleur moyenne........ + 73 
Nombre de jours beaux..... TO: 


Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"03019 — 1 pouce 5 lignes, 


4 dixièmes. 
H, Le 21 Décembre Thermomètre des caves....9°,640, division de Réaumur. 


{ 


A I’'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS; 
DÉCEMBRE 1806. 


VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE. 
S|Hrc. POINTS - , L 
d VENTS. | À 
5 LUNAIRES. 
# à midi. LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. 
k 

r| 92,0|S-O. Ciel couvert. Pluie par instant. |Pluie très-forte. H 
2] 94,0[S-O.N-O. {p.çà10b.5#s.| Violente Tempête. Pluie ‘abondante. Ton. et éclairs. 

3| 83:°[0-N-0. Fa Tempête. Ciel, couv. par inst. Pluie par inst, 

4] 92,0[0-SO. Ciel couvert. Pluie fine parinst. |Ciel très-couv. 
5[100,0|S-0: Couv. etbrum. | Ciel couvert. di Beaucoup d’éclairs, 

6l Idem |S.S20, Quelques éclaircis. |Baucoup d’éclaircis.|Ciel couv. $ 

7| 80,0[S.:S-0. Idem. = Ciel nuageux. Ciel à demi-couv. 

8| 93,o|S. S-E. Pluie fine ; Ciel très-c. Ciel couvert. Ciel très-couvert. 

gl 92,0/S-0. Ciel nuageux. Ciel assez beau. Idem. 

ro] 95,olS. S-0. x.1.à2434/m.| Ciel très-nuag. Pluie fine. Pluie continuelle. 
r1/100,0[0. S-O Pluie dans la n.; ciel couv.| Temps humide. ; ciel couv, Beau par inst. 
12] 91,0[O. S-O. Pluie abondante. [Ciel assez beau. Ciel trouble et nuag. |h 
13] 90,0/S. S-O. Temp. toute la nuit. [Ciel couv. Pl:par inst. ; t, voilé.|h 
14] 73,018. fort. Idem. Cieltrouble; nuage tr.-éleve. | Beau ciel. Î 
15] 90,0|S.-0. fort. |, Apogée. | Beau ciel. Pluie. s Beau ciel par interv.\l 
16| 93,0[S.S-0. fort Ciel couvert. Ciel très-couv. Temps pluy. etcouv. Ë 
17| 92,0|S. fort. Equin. asc. | Quelques éclaircis. Assez beau ciel. Beau ciel. 
18| 93,0|S. ».Q. à 4% 40’ m.| Beau ciel. Ciel couvert: Ciel couvert. 
19] 73,0|S. Quelques nuages. Ciel nuageux. Ciel très-couv. 
20] 97,0[S. S-O. f. Nuages clairs et élev.| Pluie tonte la mat.; temp.| Assez beau ciel ce s, 
21|101,0 S.S-O. tr.f. €. couv. ; pluie. Pluie abond. Cie] couy. 
22]100,0|0. S-0. C. c.; pl. dans la n: Giel couvert. Ciel très-nuag. 
b3| 92,0|S. fort. Ciel beau par inst. Ciel voilé, assez b. par inst. Ciel b. mais un peu v.|Ë 
41100,0|S-0. Ciel couvert. Ciel couvert. uelques éclaircis. |Ë 
25| 97,o[S. S-O. ».1.à 349 m. | Ciel c.; tems bum.etbrum.| Ciel très-couvert. … |Ciel couv. 

6| 80,0[0.N-O-N. | Ciel couvert. Ciel nuageux et voilé.| Idem. 

7| 79,0 |0. fort. L. Périgé. | Ciel à demi-couv.  |Ciel nuageux. Ciel nuageux. 
28| 93,0{S. foible. Ciel couvert, Couvert. Couv. ct brumeux. 
29| 91,0|S. fort. Ciel c. ; tems hum, etbrum, | Ciel couvert, üelques éclaircis. 
3o| 98,0[S.S-0, Ciel couvert. Covert. Couv. par inst. 

1/100,0[S.-0. Ciel nuageux. = [Brouill. ; ciel couv. ;\per. pL|Couy. et brum. 


RÉCAPITULATION. 

de couverts...... 13 
de pluie........., 13 
de?Vent:.2.1:t EST 
de gelée... D ©) 
de tonnerre....., ? 
de brouillard. .... 3 5 
de neige.....--1-Woln|l 

I 

o 

o 


NEA De si À 
IN EH SR EE SEE R 
DRE RENE F1 « : 
Jours dont le vent a soufflé du SR CE : : 
out FPE PT OS ASE . 20 
(CO) STE ARTREE] 7 
NEO RES ses 3 


. ota. Pour indiquer plus exactement les variations de l’atmosphère , on a divisé le jour en 
trois parties : la première contient les variations depuis minuit jusqu'à 9 heures du matin ; la 
wsconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures ; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au miauit suivant, 


120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. 


T-A.B+E + 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. 


… 


Discours préliminaire ,; par J.-C. Delamétherie. Pag. 5 
De l'Histoire naturelle. 8 


De la Physiologie animale. 11 
De la Botanique. 18 
De la Minéralogie. 23 
De la Classification des substances minérales. 43 
Des Pierres pseudo-volcaniques. . 46 
Des Météorolites. 47 
De la Cristallographie. 48 
. De la Geologie. 52 
De la formation des Vallées. ib, 
Des Volcans. 60 
Des Fossiles. ‘6x 
De la Geographie. $ 68 
De la Physique. 69 
De l’Electricité.' 75 
Du Galvanisme. | 077 
Du Magnetisme. . 8x 
De la’ Météorologie. 82 
Des Méréorolites. a 11 83 
De la Chimie. jrs 
De la chimie des Minéraux. | .o4b: 
De la: chimie des Mégétauæ: | 1092 

De la chimie des Animaux. ._. 106 : 
De l'Agriculture. l  xro 
Des. Arts. . 112 
1b. 


: Nouvelles Littéraires. 
: -.- “'ableaux météorologiques de Novembre et Décembre. 116 


:TOURNAL 
D Ex PE V SE OU LE, 
DE CHIMIE 
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 


FÉVRIER.AN 1807 D Èr 


MEM OIRE 
SUR DEUX NOUVELLES CLASSES 
DE CONDUCTEURS GALVANIQUES; 


Pair M. ERMAN. 


(Ce Mémoire a été couronné à l’Institut national de France.) 


Re —— 
: 


* LA faculté de propager ou d'isoler les effets électriqués, . 
présentée dans des degrés si différens et même si va 
par les diverses substances; mérite éminemment notre. 
tion , parce que le moment est venu de fapprocher € 
+ faculté de la constitution chimique des corps , pour es 
de statuer enfin quelque chosé sur la nature intime du.flt 
- électrique. Les anomalies de la’ faculté conductrice’ së 
noncent si fortèment dans l'électricité galvanique, qui 
” ont fourni des argumens à céux qui ont prétend rapporter 


u Tome LXIV. FÉVRIER an 1807 Q 


..* 


192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


les phénomènes de cette classe à un principe essentiellemen® 
différent de l'électricité. 

L'examen auquel j'ai soumis un grand nombre de sub- 
stances , relativement aux phénomènes, qu'elles présentent 
lorsqu'on les emploie à fermer le cerele galvanique d'un 
pôle à l'autre de la pile, m’a fourni des réponses à quelques- 
uns de ces argumens ;, mais j'en ai obtenu un résultat beau- 
coûp plus précieux, puisque, par des faits authentiques, je: 
me suis convaincu que dans ce genre d'effets toutes les com- 
binaisons possibles se trouvent réalisées ; car une substance- 
quelconque étant appliquée aux deux pôles de la pile, il arrive 
effectivement de cinq choses l’une : 

1°. Ou bien cette substance n’agissant séparément sur aucun: 
des deux pôles, les laisse aussi dans l'isolement parfait lors- 
qu’on tente de les mettre en conflit par son intermède. Il 
résulte de cette isolation parfaite, que le cercle galvanique 
n'est point fermé, .et qu'à chaque pèle la tension électrique: 
demeure à son maximum naturel, sans qu’on puisse la mo- 
difier par l'intervention de la substance employée. Zsolateurs: 
parfaits : (le verre froid, les huiles et les résines dans tout 
mode d’agrégation; l’eau solide et l’eau en vapeurs, etc., etc. ): 

2°, Ou bien les deux pôles exercent, par l'intermède de la 
substance appliquée, une réaction réciproque si intime que , 
se neutralisant parfaitement , tout phénomène particulier à. 
chacun cesse, chemént qu'il est impossible d'agir d'une ma- 
nière appréciable et distincte sur aucun d'eux. Conducteurs: 
parfaits. (Les métaux sans exception el tous au méme degré, 
autant du moins que nous le savons) ; car il est bon d’observer 
que ce n’est encore que par induction que nous attribuons. 
cette propriété à tous ceux d'éntre eux dont les régules n’ont 
pas été soumis à l'expérience directe : il demeure possible en 
soi que tel métal ait, relativement à l'électricité galvanique, 
certaines propriétés exclusives, analogues peut-être aux rapports- 
du fer avec le magnétisme. Cette seule possibilité et l’extrême 
importance de la découverte qui la réaliseroit, exige une suite 

ewecherches dont le peu de probabilité du succès ne sauroit 
nous, dispenser. a” 
05° Ou.bien la substance appliquée aux deux pêles permet 
eur réaction réciproque et ferme le cercle galvanique , mais. 
une-manière si imparfaite, que l’eflet distinct de chaque pôle 
oflinuera de se manifester et qu'il sera possible, par l'in- 


= ïermède de la substance appliquée , d’influer séparèment: 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 123 


‘sur chaque pôle, selon que l’on agit sur l’une ou l’autre des 
extrémités du conducteur imparfait. Cette propriété, que j'ai 
démontrée dans les conducteurs humides et dans l’eau liquide 
elle-même, est d'autant plus importante à étudier, qu'elle se 
rattache aux phénomènes chimiques et physiologiques. En effet 
(le seul cas des étincelles excepté), il ct a de décomposi- 
tion que dans le sein des conducteurs de cette classe, et 
toutes Îles parties des corps organisés , que l'électricité gal- 
vanique peut modifier , y appartiennent également. 

4°. Ou bien Île corps donné agissant comme un conducteur 
parfait, lorsqu'on lapplique séparément à chacun des deux 
pôles, se trouve néanmoins appartenir exclusivement au pôle 

ositif, aussitôt qu’on l’applique à tous les deux à la fois dans 
a vue de fermer le cercle galvanique. Les conducteurs de 
cette classe n’opèrent point la clôture, vu l'isolement où ils 
laissent l'effet négatif, et par leur intermède on ne peut, dans 
le conflit des deux pôles, ni charger le positif, ni décharger 
le négatif. 

5°. Ou bien, enfin, l'effet indiqué précédemment (n° 4) 
se reproduit le même, maïs en sens inverse, c’est-à-dire que 
la substance qui séparément agit sur chaque pôle comme 
pourroït faire un conducteur parfait, appartient en entier au 
pôle négatif dès qu’on l’applique simultanément aux deux 
extrémités de la pile : de la résulte le maximum de tension 
électrique pour le pôle positif, et l'impossibilité de produire 
aucune divergence au côté négatif par l’intermède des sub- 
stances de cette cinquième classe. | 

Les phénomènes qui appartiennent aux deux premières 
classes sont trop anciennement connus pour réveiller l'in 
térêt, quoiqu’ils offrent néanmoins un grand nombre de dé- 
tails précieux. Je supposerai ceux de la troisième classe éga- 
lement connus, parce qu'ils ont été reçus avec quelqueintéré: 
lors de leur publication , et je me bornerai par conséquent à 
Vexposé des faits qui démontrent l'existence des conducteurs 
de la quatrième et einquième classe. Ces faits joignent à 
l'avantage de là nouveauté, celui d'offrir des problèmes inté- 
ressans à résoudre , et des vues nouvelles à suivre dans les 
recherches galvaniques. | 
. Avant de passer à l'énumération des faits nouveaux que j'ai 
a présenter, j’observerai que les phénomènes dont il s'agit ne 
se prononcent avec netteté et dans tout leur enchaînement, 
qu’autant qu’on les étudie avec le seul secours de l’électromètre 


Q 2 


p2# JOURNALESDETPHYSIQUE,)DE CHIMIE 
appliqué immédiatement: aux déux-pêles, et. sans être réduit 
à recourir au condensateur, dont le servicetoujours interrompu, 
et le langage souvent équivoque, quelquefois méme trompeur, 
entravent la marche de l'observation, etine permettent jamais 
d'embrasser d'un coup d'œil tout l’ensemble des changemens 
qui caractérisent chaque état de la pile. On sentira que dans 
les expériences délicates que je viens, de rapporter, le nombre 
des observations simultanées qu il s’agit de faire ,rendroit l'usage 
du condensateur infiniment incommode ; et si l’on songe aux 
modificationstque produit nécessairement à, chaque pôle l’aug- 
mentation de capacité électrique qui résulte de lapplication 
même du condensateur, on concevra pourquoi je lui donne 
ici l'exclusion. Des électromètres à feuilles d’or, immédiate- 
ment appliqués aux pôles, et. aux corps mis en expérience, 
sont.exempts dé tous.ces inconvéniens,, et pour peu qu'ils 
soient sensibles, ils indiquent avec une fidélité et une prompti- 
tude extrèmes la marche et le degré des modifications les plus 
compliquées que la pile éprouve. Une autre condition essen- 
tielle du succès dans ces recherches, c’est l'isolementile plus 
parfait de la pile et de toutes les parties des appareils. Je, nai 
rien trouvé de mieux pour isoler la pile, que de létabbr au 
centre d'un grand disque de résine que l’on a soin de ne 
rendre électrophorique par aucun frottement accidentel: quant 
aux autres parbiés des appareils, on ne doit jamais se fier à l'iso- 
lation du verre seul; et pour appliquer aux surfaces les enduits 
résineux ; la voie sèche est infinument prélérable ‘à la: voie 
humide. Enfin il convient avant de commencer les expériences, 
et-durant leur'cours., d'éprouver, par des moyens qu'il est Fa- 
cilé d’imaginer.et de varier, 151. toutes les parties des appareils 
isoleit complètement les effets électriques , et il est surtout 
important d'étendre cette surveillance aux électromètres, pour 
s'assurer si, le corps yitreux de ces instrumens, qu'on ne sauroit 
munir d'une. surface résineuse, se maintient avec. constance 
dans un, état parfaitement isolant. Je sais, par expérience qüe 
souyent. la marche des observations se confond, parce que. la 
surface de: l'électromètre est imperceptiblement, devenue con- 
‘ductrice.. On remédie à cet inconyénient en séchant l'instru- 
ment et non point en l’épuisant, de peur de tomber dans un 
‘inconvénient, pire encore ;. en communiquant au verre une: 
«charge. électrique. , F 


15 
' 
. ? LI 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125 


TL Des Conducteurs qui, dans le conflit des deux pôles, 
ISOLENT. L'EFFET NÉGATIF, landis qu'ils continuent DE rro- 
PAGER L'ÉLECTRICITÉ POSITIVE. 


Lorsqu'on applique séparément à chacun des pôles de la 
pile la flamme d’une lampe d'esprit de vin, elle agit comme 
un conducteur parfait; mais appliquée simultanément à tous 
les deux poles, elle. isole totalement l'effet négatif, tandis 
qu'elle continue de conduire avec la même énergie l’électri- 
cité positive, et'conséquemment à cette isolation partielle la 
clôture du. cercle électrique n'a point lieu. 

La faculté de conduire le fluide de la pile, tant contestée 
à la flamme, est mise hors de doute par les faits suivans : 

A l'un quelconque des pôles d'une pile bien isolée de cent 
couples plus ou moins, l’on applique un électromètre à feuilles 
d’or très-sensible, qui bientôt aura pris le degré de divergence 
qui correspond à l'énergie de la pile, et à l'isolation plus ou 
moins. parfaite du pôle opposé par l'air ambiant. Dès que 
l'instrument sera stationnaire dans sa divergence, on présente 
au, fil métallique du pôle opposé , la flamme d’une lampe à 
esprit de vin parfaitement isolé : l’électromètre n’augmentera 
point sa divergence; mais au moment où l’on mettra la flamme 
de l'esprit de vin en communication avec le sol, en y intro- 
duisant un fil métallique non isolé, l'électromètre prendra une 
«divergence aussi forte que si l’on eùt mis le pôle opposé:en 
communication avec le sol, à l'aide d’un conducteur imetallique 
non interrompu. Cet eflet est le même au pôle négauf et au 
pôle positif, circonstance que la suite rendra importante. On 
peut donc par lintermède de la flimme de l'esprit de vin 
communiquer de l'électricité à chacun des deux pôles de la 
pile. 

On peut de Ja même manière l'enlever radicalement à 
chacun d'eux. Que chaque ple communique avec: un élec- 
tromètre à l'aide d’un fil métallique. Si une flamme isolée 
touche l'un que conque de ces fils, l’électromètre auquel il 
correspond. ne perd rien de sa divergence, mais elle lui est 

. entièrement enlev e à l'instant mème où on met cette flamme 
en communication directe avec le sol. 

On ,apperçoit d’un coup-d œil ces deux effets réunis, en 
préparant deux flammes parfaitement isolées, et en conduisant 
dans chacune un des fils métalliques partant des extrémités 


126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


de la pile. Si l’isolation est parfaite dans tous les points, les 
électromètres appliqués aux deux pôles indiqneront, après 
quelques instans, le même état de divergence que si les pôles 
n'étoient point en contact avec la flamme. Si maintenant l’on 
met l’une des flammes en communication avec le sol, l'élec- 
tromètre de ce pôle perd aussitôt toute sa divergence , et elle 
passe au maximum dans l’électromètre du pôle opposé. Le 
contact alternatif des deux flammes produit donc le même effet 
que si l’on eùt touché immédiatement les extrémités de la 
pile elle-même. 

Enfin, pour s'assurer pleinement que la flamme est un 
conducteur excellent pour tous les eflets de la pile qui ne 
se rapportent us à la clôture du cercle, il convient d’ob- 
server encore les faits suivans : 

On courbe la tige métallique qui surmonte un électromètre, 
de façon que la pointe en vienne aboutir dans une flamme 
isolée. On conduit dans cette même flamme un fil métallique 
venant de l'un des pôles. Si maintenant on touche le pôle 
opposé, l’électromètre recevra à travers la flamme le maximum 
de la divergence relative à ce cas. Si l’on touche ensuite l'élec- 
tromètre lui-même , le pôle auquel il communique par l'inter- 
mède de la flamme, est déchargé par là. Enfin, en touchant 
la flamme, on décharge d’un coup et l’électromètre de ce pôle 
et l’électromètre qui plonge dans la flamme. 

Ces faits prouvent avec la dernière évidence , que la flamme 
st bien éloignée d'isoler les effets électriques de la pile dans 
les cas indiqués; ils démontrent que, relativement à ces cas, 
il n'y a certainement pas lieu d’admettre un fluide galvanique 
que la flamme isoleroit, par opposition au fluide électrique 
auquel elle sert de conducteur. 

Il se présente néanmoins dans le fait suivant une première 
anomalie qui nous montre que la puissance conductrice de 
la flamme, quelque parfaite qu'elle nous ait paru dans les 
expériences précédentes , est néanmoins bien inférieure à celle 
des métaux, lorsque ces deux genres de conducteurs agissent 
en sens opposé. Soit l’un quelconque des pôles lié avec un 
électromètre par un fil métallique : une flamme non isolée 
mise en contact avec ce fil enlèvera, ainsi que nous l'avons 
vu, toute divergence communiquée antérieurement à l’élec- 
tromètre par le contact passager du pôle opposé. Mais si l’on 
a mis ce pôle opposé en communication métallique perma- 
“rente avec le sol, l'électromètre arrivera au maximum de sa 


ET D'HISTOIRE NATURELLE 127 


divergence , et y demeurera invariable sans aucun déchet 
quoique la flamme non isolée continue de toucher le fil mé- 
tallique par lequel l'électromètre communique à la pile. Il est 
à remarquer que cet eflet est précisément le même aux deux 
pôles. Or, combien seroit différente l’action d'un conducteur 
métallique, si dans cette expérience on le substituoit à la flamme. 
On sait que l’application du métal non isolé empècheroit 
toute tension électrique produisant la divergence ; on sait 
aussi que l'application d’un conducteur humide la diminueroit 
du moins extrêmement , si même il ne la réduisoit pas abso- 
lument à zéro. La flamme qui jusqu’à présent s’étoit annoncée 
comme un excellent conducteur, ne produit donc point ici 
l'effet que l’on auroit eu droit d'en attendre. 

Mais cette première anomalie n’est rien au prix de celle 
que la flamme nous présente quand on l’applique simultané- 
ment aux deux pôles , dans l’intention de fermer par son inter- 
mède le cercle galvanique. Voici les faits qui prouvent que 
dans ce cas elle appartient en entier au pôle positif et isole 
absolument tous les elets négatifs, ce qui m'a déterminé à 
la placer dans une classe séparée, 

Chaque pôle de la pile bien isolée , et forte environ de 
gent cinquante couples Se et zinc , est lié à un élec- 
tromètre sensible : outre cela, il part de chaque pôle un fil 
métallique supporté par une tige parfaitement isolante ; les 
extrémités des deux fils se rapprochent tellement l’une de 
l'autre, qu'une mème flamme puisse les embrasser. Sur un 
support isolant on place une lampe à esprit de vin; enfin 
Yexpérience commence au moment où l’on met les deux fils 
métalliques en communication avec la flamme, T'ant que celle- 
ci demeure isolée, les électromètres des deux pôles divergeront 
à peu près comme si les deux fils polaires étoient parfaitement 
isolés; et ce ne sera qu'au bout d'un certain temps que l’élec- 
tromètre du négatif offrira une divergence un peu plus forte 
que le positif, mais du reste tout semblera annoncer une iso- 
lation absolue ; car en mettant l'un quelconque des pôles en 
communication avec le sol, son électromètre perdra toute sa 
divergence, et celui du pôle opposé arrivera au maximum ; 
et en touchant simultanément les deux pôles, on recevra une 
commotion aussi forte que siles deux pôles étoient isolés par 
une couche d'air. Il paroït que jusqu'à présent on s’en étoit 
tenu à cette seule expérience, pour aflirmer que la flamme 
isole tous les effets galvaniques ;. mais les faits suivans prou- 


125$ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
vent que cette isolation n'est que partielle, et que par le pôle ‘ 
po:ilif la flamme continue d’être un condueteur excellent. 

Tout demeurant comme dans l'expérience précédente, on 
met le support de la flamme en communication avec la Hamme, 
ou, ce qui est plus simple, on touche la flamme elle-même 
avec une baguette de métal non isolé. Aussitôt toute la di- 
vérgence passe au pôle népatif, et le positif est absolument 
déchargé. Si l'on a donné précédemment à l'électromètrernégatif 
la plus forte’ divergence possible , en touchant le pûle opposé, 
jamais Papphcation d'un bon conducteur à la flamme, n’enlë- 
vera la moindre partie de cette divergence négative ; tandis que 
cette même applivation détruit en un instant tout vestige de 
divergence donnée anlérieurement au pile positif, et la trans=" 

orte au Côté négafif dans le plus fort degré possible. 

 Quelqu'étendue que l’on donne à la flimme et à quelque 
proximilé du fil négatif qu’on la touche, 1l demeure constam- 
ment impossible d'agir pair son intermède sur le côte négatif, 
pour lui enlever sa divergence. La flamme apparuent doic en 
totalité au pôle positif, puisqu’en la touchant on décharge 
celui-ci immédiatement , ét lon amène méciatement le pôle 
négaUË au maximum: de sa divergence. 

On trouvé la confirmation de cette propriété paradoxale dans 
les expériences suivantes : Les deux fils polaires étant réunis 
dans la méime flamme isolée, on plonge dins cette flamme le 
crochet d'un électromètre sensible , il y prendra une foible. 
divergence positive, si les deux p les ne sont pas arrivés .préa- 
lablement à leur équilibre de tension. Mais cette divergence 
positive atteint son 7zaximum au moment où l’on met le 
pôle négatif en communication avec le sol. &8i l’on touche 
ensuite le pôle positif, l'électromètre plongé dans la flamme 
perd à l'instant toute sa divergence. Enfin si l'ôn met le 
flamme elle-mème en communication avec le sol, on décharge 
en même temps et l'électromètre qui y est plongé, et celui 
qui est appliqué au pôle positif, tandis que celui du côté né- 

atif atteint son plus haut degré de divergence, Ces effets 
s'expliquent parfaitement dès que l'on sait que le pôle né- 
gauf est isolé dans la flamme, tandis que le posiuf est en 
état de conduction continue avec elle; car dans cet état de 
choses si l’on décharge le pôle négatif par un attouchement, 
la flamme et l'électromètre qui y est plongé, participent à 
l'excédant de tension électrique qui en résulte par le pôle 
posiliË. Si au contraire on met le côté positif on bien la flamme 


elle- 


x 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 


elle-même en communication avec le sol, leffet qui en résulte 
au négatif ne peut point se propager à travers la flamme, et il doit 
s'établir une divergence négative que le contact de la flamme 
ne peut ni détruire, ni diminuer. 

Ce qui rend cet isolement absolu du négatif au sein d'une 
substance conductrice encore bien plus paradoxal, c’est l’éton- 
nante intimité des rapports que la flamme soutiént avec l'élec- 
tricité positive. En eflet, pour enlever à ce pôle la divergence 
qu'on lui a donnée précédemment, il n'est pas nécessaire de 
toucher immédiatement la flamme, il suflit de présenter au- 
dessus d’elle à la distance d’un pied et demi, et méme de 
deux pieds, un conducteur métallique en communication avec 
- le sol , l’électromètre positif arrive aussilôt à zéro , et celui 
du négatif passe au #2aximum de tension électrique. Pareille- 
ment aussi un électromètre, dont on tient le crochet à une 
égale distance au-dessus de la flamme où se trouvent réunis 
les deux fils polaires d'une pile énergique , se charge très- 
promptement d'électricité positive, lorsqu'on met le cûté né- 
gatif en communication avec le sol, et se décharge aussitôt 
qu'on touche ou la flamme ou le pôle positif dont elle pro- 
page si éminemment l'effet. Au reste, cette action de la 
flamme ne s'étend pas à beaucoup près avec autant d'énergie 
dans une direction latérale : dans ce sens l'effet est borné à 
quelques pouces de distance. 

Toutes les indications électrométriques que nous venons 
de rapporter, annoncent que le cercle galvanique n’est point 
‘fermé par l'intermède de la flamme, et l'expérience apprit de 
bonne heure que la décomposition de l'eau n'avoit point lieu, 
et que les effets physiologiques de la pile ne se manifestoient 
point lorsque l'arc excitateur étoit interrompu par l'interposi- 
tion de la flamme. En réfléchissant néanmoins sur la faculté 
qu'a la flamme de conduire l'électricité de chaque pôle sé- 
parément, et de n'isoler dans le conflit que l'effet négatif, il 
me parut possible, à toute rigueur, d'obtenir momentanément 
quelques effets physiologiques, en déchargeant à la fois dans 
le sol les deux pôles unis par la flamme, et en plaçant sur 
la route de cette décharge des organes très-irritables. Après 
plusieurs tentatives infructueuses, j'arrivai à la combinaison 
suivante, dont le succès ne m'a jamais manqué depuis , et qui 
est peut-être une donnée intéressante pour la théorie générale 
de la charge électrique. E 

Soit une pile énergique parfaitement isolée , et ses deux 


Tome LXIV, FÉVRIER 1807. R 


A 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


flammes réunies dans une flamme également bien isolée. On 
prépare avec le plus de prompiitude possible les extrémités 
inférieures d’une grenouille, tellement que les nerfs ischiati- 
ques soient dégagés des chairs et de la colonne vertebrale dont 
on supprime la portion lombaire ; on place les muscles sur le 
pôle négatif de la pile, les nerfs pendent librement ; puis 
saisissant par son manche parfaitement isolant un arc excita- 
teur métallique, on en applique une extrémité à la flamme 
et l’autre aux nerfs. On n'obtiendra point de contractions; ou 
si par hasard il s'en produit quelques vestiges, comme cela 
m'est effectivement arrivé , mais très-rarement , ce cas doit 
être regardé comme une exception produite ou par le défaut 
d'isolation du manche, ou par une irritation purement mé- 
canique des nerfs excessivement susceptibles, ou enfin par 
l’action des atmosphères des pôles ; car j'ai trouvé, dans une 
autre suite d'expériences, que tout pôle chargé par le, contact 
du pôle opposé, devient le centre d'une sphère d'activité, 
dans laquelle sans contact, et uniquement par le mécanisme 
des influences électriques, la capacité des corps est puissam- 
ment modifiée. Je suis tenté d'expliquer, par cette dernière 
propriété, les étincelles que des observateurs dignes de foi 
rétendent avoir obtenues par le contact d’un seul pôle, lorsque 
fa pile forte d'un millier de couples avoit une énergie extrême, 
“et je conçois que les contractions qui se produisent quelquefois 
dans le cas dont il s'agit ici,, résultent de la foible électrisa- 
tion positive que le pôle négatif produit par son influence sur 
l’arc excitateur, tellement que l'équilibre se rétablit alors non 
entre le pèle positif et le négatif (la flamme y oppose une 
‘barrière insurmontable), mais entre le pôle négatif et la partie 
‘antérieure de l’arc isolé devenue positive par influence. On 
conçoit que l'effet de cette restitution d'équilibre doit avoir 
une intensité infiniment foible, et que pour produire les plus 
foibles contractions, elle suppose un rare degré d'incitabilité. 
Quoi quil en soit, et pour éviter ici tout vice de subreption, 
s'il arrivoit que le contact du conducteur isolé, qui aboutit 
d’une part à la flamme et de l’autre aux nerfs, produisit une 
contraction dans la période de l'irritabilité la plus exaltée, il 
faut laisser passer quelques instans, répéter de temps en temps 
l'application de l’excitateur isolé, et infailliblement le moment 
arrivera bientôt où cette application ne produira plus aucun 
effet, et c'est proprement alors que l'expérience est censée 
commençer. En .ellet,, lorsque l'excitateur .éso/é ne produit 


ï 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 131 
aucun effet physiologique, il suflit de le mettre en communi- 
cation avec le sol, en le touchant du doigt, ou en le saisissant 
à pleine main sans le manche isolant, pour obtenir les con- 
tractions les plus énergiques chaque fois que l’on ferme ainsi 
le cercle depuis la flamme jusqu'aux nerfs. On s'assure de 
l'influence qu’exerce ici lé sol, en fermant altérnativement le 
cercle par l'arc isolé et par l'arc non isolé. Si l’on met entre 
chaque application comparative un certain intervalle, celles 
avec isolation ne donneront jamais d'effet, et celles non isolées 
produiront constamment des contractions. J’observe néanmoins 
que ce genre d’excitation galvanique, par l'intervention de la 
flamme et du sol, exige de la part du sujet un degré d'inci- 
tabilité beaucoup plus grand que la méthode ordinaire de 
fermer le cercle immédiatement de pôleà pôle, car les muscles 
de l'animal obéissent encore à cette dernière long-temps après 
qu'ils ont cessé de se contracter par l’application du conduc- 
teur non isolé à la flamme. Au reste, il va sans dire que si 
la préparation anatomique est placée sur le pôle posiuif, et 
qu'on ferme alors le cercle depuis la flamme jusqu'aux nerfs, 
on n’obtiendra absolument aucun effet, soit qu'on isole l’are, 
soit qu’on ne l'isole poire car la flamme appartenant en entier 
au positif, il est palpable qu’elle ne peut donner des contrac- 
tions avec le pôle du même nom. 

L'explication de ce fait me paroît résulter assez naturelle 
ment de ce qui a été dit jusqu'ici. La flamme isole tout effet 
négatif et par conséquent elle ne sauroit fermer le cercle gal- 
vanique. Mais dans l'application de l'arc 72607 isolé entre la 
flamme et les nerfs, c'est proprement le sol qui sert de chaînon 
intermédiaire, et la raison peut distinguer trois effets distincts 
dans un seul instant indivisible. Le premier est de charger au 
maximum le pôle négatif aux dépens du sol; le second est 
de reverser tout l'excédant dans le sol; par-là le positif arri- 
veroit au #axæimum de tension, n'étoit le défaut d'isolation : 
de ce défaut résulte comme troisième effet la décharge momen- 
tanée des deux pôles dans le sol. On conçoit que des organes 
très-irritables servant de véhicule à ce procédé de diflérentiation 
et d'intégration instantanée, éprouveront l'espèce de secousse 
qui accompagne les promptes restitutions de l'équilibre élec- 
trique. Si mon objet étoit dans ce moment de développer une 
théorie de la charge électrique, je ne me contenterois pas 
sans doute des germes d'idées que je jette ici, et que je crois 
féconds. Mais on conçoit aussi que ce genre d'excitation à 


R 2 


F 


132 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE 

laquelle tout le sol concourt , exige un degré d'irritabilité 
beaucoup plus grand que ceux où l'équilibre se rétablit immédia- 
tement d’un pôle à l’autre. J'ignore au reste si l'impossibilité 
d'obtenir des décompositions chimiques, par l'intervention de 
la flamme, tient à cette dernière circonstance : j'ignore même 
encore si cette impossibilité est absolue; tout ce que je sais, 
c'est que je n'ai produit aucun eflet pareil, malgré les nom- 
breuses combinaisons que j'ai mises en œuvre pour y parvenir. 

Quand on songe au pouvoir isolant que l’on avoit si catégo- 
riquement attribué à la flamme, l'observation suivante acquiert 
de l'intérêt Pour produire les contractions dont nous venons 
de parler, il n’est pas besoin que l'arc excitateur non isolé 
touche immédiatement la flamme , on peut le tenir à plu 
sieurs pouces au-dessusgd'elle. J'ai quelquefois réussi à produire 
les excirations dont il s’agit, en tenant le bout de l'arc exci- 
tateur non lisolé, à un pied et demi au-dessus de la flamme, 
surtout lorsque je prenois la précaution d'armer cette extré- 
mité de l’arc d'un disque métallique de quelques pouces de 
diamètre , afin de le mettre par-là dans un contact plus intime 
avec l'air chaud émanant de la flamme et servant de conducteur, 
à l'électricité positive. 

Je ne ferai qu'indiquer ici une autre observation que j'ai: 
répétée plusieurs fois, mais dont je n'ai pas encore à beaucoup 
prés assez étudié les détails. Lorsque l’arc excitateur mis en 
contact avec le sol, vient de produire une contraction par le 
contact simultanée de la flamme et des nerfs , il conserve cette 
propriété durant vingt secondes environ, sans qu'il soit besoin 
de le tenir isolé pendant ce temps. Dans cet état il produit 
une nouvelle contraction en touchant les nerfs seuls, et sans 
qu'il soit nécessaire que l’autre extrémité touche à la flamme. 
Cette observation n’a rien de neuf, on connoit beaucoup de 
faits analogues. Ce qui lui donne quelque intérét, c'est la Faci- 
lité de varier les combinaisons de recherche dans le cas pré- 
sent; mais ce qui ma décidé à en faire mention , c’est que 
le succès des expériences où l’on emploie tantôt l'arc isolé, 
tantôt l'arc non isolé, dépend de cette circonstance , et c'est par 
cetieraison qu’en décrivant ces expériences, J'ai dû insister surla 
nécessité de laisser écouler un certain temps entre chacune 
de ces applications comparatives. 

Les faits dont je viens d’articuler les détails, prouvent dé- 
monstrativement que la flamme de l'esprit de vin est un con- 
ducteur excellent pour chaque pôle de la pile, mais que dans 


ET D HILSUT O\LR-CS NAANTAULR Ê E L,Ee 153 


le conflit des deux pôles elle isole complètement le côté négatif, 
tandis qu’elle continue d'être éminemment conductrice pour 
l'effet positif. Mais le problème ramené à cette expression est 
bien loin encore de sa solution : il s’agit maintenant de savoir 
à quel mécanisme d'action tient cette singulière propriété. Ce 
seroit sans doute une témérité que de statuer quelque chose 
sur des faits si nouveaux et qui sortent si fort de toutes les 
analogies connues. Je ne ferai donc mention de l'hypothèse 
suivante qu'à cause des faits intéressans dont j'ai obtenu la 
connoissance, en la prenant pour texte de mes recherches 
ultérieures, 

J'ai cru long-temps que la tension électrique qui se mani. 
feste exclusivement au pôle négatif par l'intervention de la 
flamme, pourroit tenir aux deux propriétés opposées qu'on 
lui assigne , et qu'on y distingue en eflet dans certains phé= 
nomènes de l’électrisation vulgaire. On se croit également 
fondé à dire que la flamme dissipe et détruit toute électri- 
sation (comme, par exemple, lorsqu'on lui présente des 
carreaux de verre ou de résine que l’on veut désélectriser), 
et que dans d’autres cas elle collige et rassemble l'électricité 
(comme lorsqu'on l’applique au sommet des pointes électro- 
métriques destinées à des observations de météorologie). Je 
pensai donc qu'il se passoit ici quelque chose d'analogue , 
mais que l'effet dispersif l'emportant de beaucoup sur l’autre, 
le pôle positif se trouvoit constamment déchargé par la dissi= 
pation du fluide en excès , tandis que par-là même le côté 
négatif se trouvyoit toujours au #74ximum de tension, ou que 
sa charge paroït résulter d’un défaut de fluide ; mais une 
analyse plus exacte des phénomènes, et le détail ultérieur des 
faits qui se présentèrent, me convainquirent de la fausseté 
de cette hypothèse; car si c'étoit par une simple dissipation du 
fluide électrique que la flamme détruit la tension au pôle 
positif, et la porte à son maximum au côté opposé, il seroit 
parfaitement indifférent que la flamme fût isolée où non. Or 
nous avons vu quappliquée au pôle positif elle ne modifie en 
rien son état électrique ni celui du pôle opposé, à moins 
qu'on ne la mette en communication avec le sol. Ce n’est 
donc pas par une dissipation pure et simple que sont produits 
les effets qui caractérisent l'application de la flamme aux deux 
pôles. D'ailleurs, nous allons voir que des substances solides 
produisent des phénomènes absolument analogues quoiqu'in- 
verses; or dans ce cas il n’y a point de fluide expansible en 


154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


jeu pour opérer ni dissipation, ni accumulation du fluide élec- 
trique. Enfin, ce qui prouve démonstrativement la fausseté 
de l'hypothèse, c’est la différence absolue qui existe entre le 
mode d'action des diférentes flammes, selon la constitution 
chimique des corps dont elles émanent. 

C’est un singulier abus des signes abstraïits du langage, que 
de parler de la flamme comme d'une substance constante et 
homogène. quelle que soit la matière des substances en igni- 
tion. Avant les découvertes de la chimie pneumatique, il 
pouvoit être pardonnable de tomber dans cette erreur, SUrtOuE 
lorsqu'il s’agissoit de l'électricité vulgaire dont les actions chi- 
miques étoient ou nulles ou difficiles à saisir. Dans le galva- 
nisme, au contraire, les effets chimiques sont en première 
ligne : chaque effet physique est précédé ou accompagné d’une 
action chimique, et c'est sous ce rapport précisément, que la 
découverte de Volta constituera une époque à jamais mé- 
morable dans les fastes de la science. Sa colonne est un cippe 
de Janus, érigé sur la commune frontière de la chimie et 
de la physique. La comparaison du mode d'action de la 
flamme des divers combustibles devoit donc décider du sort 
de mon hypothèse, et je ne tardai pas à la voir s'anéantir. 

Toutes les flammes provenues de l’incandescence des corps 
qui contiennent de l'hydrogène et du carbone, produisent 
au méme degré les phénomènes de l'isolement du pêle négatif 
et de la continuité de conduction pour le pôle positif : les 
substances, au contraire, qui ne contiennent ni hydrogène 
ni carbone, ou bien ne produisent point cet eflet (comme, 
par exemple, le soufre dont la flamme isole également les 
deux pôles), ou bien produisent l’eflet diamétralement opposé 

comme le phosphore qui, en igniuion , isole le positif, tandis 
qu'il conduit le négatif). Je vais entrer dans quelques détails 
sur ces faits. 

En réunissant les deux fils métalliques des pôles dans la 
flamme d’une chandelle de suif ou de cire, dans celle d'une 
lampe à huile grasse, dans celle de l'ambre jaune, du camphre, 
des huiles éthérées et de plusieurs autres substances hydro- 
carbonées, on observe en plein les eflets que j'ai décrits, en 
prenant pour exemple la flamme de l'esprit de vin. J'ai eu 
cependant une raison très-forte de proposer cette dernière pour 
la préparation des expériences ; car à peine la combustion des 
corps que j'ai nommés ci-dessus, est-elle commencée sous 
l'influence des pôles galvaniques , que l’on voit un dépôr 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 


fuligineux se former sur chacun des deux fils, mais principa- 
lement sur celui du pôle négatif. Ce dépôt se distingue par 
une espèce de végétation arborisée, extrèmement prononcée 
sur le fil négatif, beaucoup moins caractérisée et quelquefois 
nulle sur le côté positif. Ces houppes ou ramifications arbo- 
risées , croissent et s'épanouissent avec une très-grande rapidité, 
surtout au pôle négatif : elles tendent l'une vers l'autre du 
négalif au positif, et au moment où ces filamens fuligmeux 
se trouvent interposés d'un pôle à l’autre , tout effet électros= 
copique cesse, le cercle se trouvant fermé par suite du pouvoir 
conducteur du charbon. On est donc réduit à enlever à chaque, 
instant ces végétations toujours renaissantes ; et ces constantes 
interruptions entravant Ja marche de mes observations, j'avois 
souvent été dépité par ce phénomène, avant que d’autres obser- 
.Yateurs eussent songé à le décrire. Or la flamme de l'esprit 
de vin est exempte de cet inconvéuient et n'en présente pas 
moins les memes caractères électroscopiques que les autres 
substances hvdro-carbonnées dont je viens de parler; elle partage 
ce double avantage avec la naphte. Si l'on se propose, au reste, 
d'observer les vegétations fuligineuses dans leur plus grande 
énergie, il faut brüler, dans une petite capsule, de l'huile de 
térébenthine rectifiée par la distillation. En réunissant dans 
cette flamme les deux fils d'une pile galvanique un peu éner- 
gique, les végttations fuligineuses se produisent avec tant 
d'abondance, que très-souvent on les voit s'élever des bords 
mèmes de la capsule, et former par leurs ramifications un cou- 
ronnement d'autant plus agréable à la vue, que les pointes des 
houppes incandescentes ont un mouvement de tension très 
rapide sur le pédicule fuligineux qui les soutient. 

Il n'est pas nécessaire pour obtenir l'isolement partiel de 
l'effet négatif, que les corps dont la flamme émane contien- 
nent du carbone. Je remplis mon gazomètre de gaz hydrogène 
très-pur et très-soigneusement lavé ; je recus eutre les deux 
fils d'une pile la flamme bien isolée d'un courant de ce gaz, 
et j'observai que durant tout le cours de l'expérience, les phé- 
nomènes furent parfaitement identiques à ceux que j'ai décrits 
plus haut, en prenant l'esprit de vin pour exemple. Il va sans 
dire quil ne se produisit ici aucune végétation fuligineuse, 

Quant aux flammes émanée$ des corps qui ne contiennent 
ni carbone ni hydrogène, il est très-probable qu’aucunes d'elles 
ne produisent les phénomènes de l'isolation partielle de l’eflet 
négatif, Je m'en suis assuré par l'expérience directe relative- 


136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
ment au soufre et au phosphore, et suis disposé à étendre 
cette analogie à toutes les substances du même genre. 

La flamme non isolée du soufre pur, appliquée à chaque 
pôle individuel de la pile, agit comme un isolateur parfait : 
il est impossible de décharger l’un des pôles par l'application 
de cette flamme, et le pôle opposé ne manifeste aussi par ce 
contact aucun accroissement de tension électrique. Il résulte 
de là que les deux fils polaires réunis dans la meme flamme 
du soufre en ignition, demeureront dans un isolement égal : 
et en effet, en mettant cette flamme en communication avec 
le sol, on ne modifie en rien leur équilibre électrique. La 
flamme du soufre isole donc l'électricité galvanique aussi par- 
faitement que le fait la substance mème dont elle émane, 
et par conséquent ce n'est point à la propriété dispersive de 
la flamme, en tant que flamme, que tiennent les effets de la 

uatrième classe. On démontre au contraire les rapports intimes 
de ces phénomènes avec les aflinités chimiques, en mélant au 
soufre quelque substance hydro-carbonnée : la flamme qui ré- 
sulte de leur déflagration commune, affecte aussitôt les pôles 
de la pile, de la même manière et presqu’au même degré que 
les substances dont nous avons parlé plus haut. Ainsi, en 
réunissant les fils polaires dans la flamme non isolée d’une 
allumette , ou d'un fil soufré, les divergences sont nulles au 
positif et extrêmes au côté négatif. 

Quant à la Hamme du phosphore, elle présente une propriété 
infiniment remarquable, en ce qu'elle appartient décidément 
à la cinquième classe, c'est-à-dire qu'appliquée individuelle 
ment à chaque pôle, elle agit comme conducteur parfait; mais 
du moment où l'on réunit dans son sein les deux fils polaires 
de la pile, le côté positif se trouve parfaitement isolé, tandis 
que la continuité de conduction la plus intime existe relative- 
ment au pôle négatif. Je me dispenserai d'entrer dans le détail 
des expériences qui prouyent cette étonnante propriété du 
phosphore , les préparations et les manipulations étant les 
mêmes que pour les recherches précédentes. J’ajouterai seule- 
ment que pour m'assurer si l'humidité toujours adhérente aux 
bâtons de phosphore que l’on retire de dessous l'eau, influoit 
eniquelque manière sur ce phénomène, je pris plusieurs fois 
la précaution d’essuyer parfaitement les fragmens que je des- 
tinois à la déflagration ; puis je les tenois un jour entier ren- 
fermés dans un flacon rempli de muriate de chaux calcinée. 
Mais cette parfaite dessication n'apporte aucun changement 

dans 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 137 


dans les phénomènes. Je ne trouvai pas non plus que du 
phosphore brun et opaque, tel que je l'avois obtenu immé- 
diatement de la distillation de l'acide traité par le charbon, 
différât dans ses effets, ni même par le degré de ses effets, 
de celui que j'avois amené par des dépurations ultérieures à 
la couleur, la demi-transparence et la cassure propre à cette 
substance dans sa plus grande pureté. Peut-être est-il permis 
d'en conclure que ce n’est pas (ainsi que quelques-uns l'ont 
cru) à une portion de carbone enlevée par les vapeurs phos- 
phoriques , que tient l'impureté du phosphore brun. En effet, 
si la plus petite portion de charbon, brülée avec le soufre, 
communique aussitôt à la flamme des propriétés absolument 
différentes de celles de la flamme du soufre pur , l’analogie 
nous conduit à attendre les mêmes effets dans les cas où ce 
charbon se trouveroit incorporé au phosphore. Or je n'ai rien 
démélé de pareil dans la combustion du phosphore brun. Au 
reste, je suis le premier à convenir de la foiblesse de cet 
argument , d'autant plus que le point de comparaison le plus 
essentiel me manque encore, n'ayant pu réussir à faire brûler 


ensemble du phosphore et du charbon mélés en diverses 
proportions. . 


I. Des conducteurs qui, dans le conflit des deux pôles, 
ISOLENT L'EFFET POSITIF, 4a724dis qu'ils continuent DE PRO- 
PAGER L ÉLECTRICITÉ NEGATIVE. 6 


J'ai placé dans une cinquième classe les substances qui; 
appliquées à chaque pôle individuel, agissent comme des con- 
ductéurs excellens, mais qui, interposées d'un pôle à l’autré, 
isolent l'effet positif, sans cesser de conduire parfaitement 
l'électricité négative. Le desir de trouver réalisées toutes'les 
combinaisons possibles pour la clôture du cercle galvanique ; 
m'anima à passer en revue un grand nombre de. corps, pour 
en trouver quelqu'un qui vint se placer dans cette clässe. 
Long-temps mes tentatives furent infructueuses ; parce que les 
analogies d’après lesquelles je me dirigeois dans cette recherche, 
étoient très-imparfailes : et jene découvris dans la flamme du 
phosphore la propriété en question, qu'après lavoir déjà ren: 
contrée avec la dernière évidence dans une’ autre substance 
d’agrégation solide. Cette substance est le savon alkalin-de 
tout genre, pourvu qu'il ait été amené au plus haut degré 
de dessication possible : du‘moins n'ai-je pas apperçu de difté- 
rences appréciables dans les effeus électriques, en employañt 

Tome LXIV. FÉVRIER an 1807. 


138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


comparativément des savons de graisse végétale ou animale, 
saponifiées soit par la soude pure , soit par la soude mélée 
de potasse , pour les usages de la pharmacie, ou pour ceux 
des arts et de la vie commune. Tous ces savons ont présenté 
les effets que je vais décrire, lorsque la condition essentielle 
de la plus grande dessication possible se trouvoit remplie. 

Un prisme de savon solide complètement desséché et appli- 
qué à l’un quelconque des pôles d’une pile galvanique, propage. 
dans le sol toute l'électricité de ce pôle, et produit au côté 
opposé le maximum de la tension électrique : il n'y a relati- 
vement à cet effet, aucune différence entre les deux pôles, et 
le sayon agit comme pourroit faire le conducteur le plus parfait. 
Je m'en suis convaincu , en mesurant à l’electromètre de Volta, 
la divergence produite à l’un quelconque des pôles par le 
contact du métal, du doigt humide, du savon mouilié au 
point de contact, et du savon parfaitement sec : j'ai trouvé 
ces degrés égaux entre eux. On verra dans un instant pourquoi 
nonobstant cela, on n'obtient la commotion, en employant 
un barreau de savon ; qu’en l'humectant au point de contact. 

Si maintenant deux fils métalliques partant des pôles de la 
pile , sont fixés par leurs extrémités libres dans un méme 
prisme de savon parfaitement isolé, dans lequel il convient 
de les enfoncer à une profondeur de quelques lignes, on 
n’apperçoit aucnn effet remarquable, c’est-à dire, qu'après avoir 
amené au méme niveau de tension les deux pôles , en y 
appliquant une baguetie métallique isolée, les électromètres 
des deux pôles agiront comme ils faisoient avant l'intervention 
du; savon, ét lorsqu'une couche d’är les isoloit parfaitement 
l'un de l’autre. Mais à l'instant méme où on met le savon en 
communication libre avec le sol, l’électromètre positit présente le 
maximum de la divergence, et celui du côté négatif en perd 
tout vestige, précisément comme si l’on eût mis le pôle né- 
ue lui-même en communication avec le sol. Par conséquent 
e savon, quiisole l’eflet positif, est un conducteurpar faitement 
continu pour l'effet négatif auquel il apparueñt dans toute son 
étendue; car on a beau le toucher avec une pointe déliée tout 
près du lieu où s'enfonce le fil du pôle positif, il est entière- 
ment impossible d'enlever par-là aucune portion d'électricité 
positive, tant l'isolation de ce pôle est absolue. 

La preuve la plus frappante de cette propriété paradoxale est 
celle-ci : Si l’on applique un doigt sur ie fil du pôle positif, 
et un autre doigt mouillé sur le savon, on n'éprouve aucune 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 139 


commotion , et les électromètres n’annoncent pas le moindre 
changement dans leurs divergences respectives. Mais si l'on 
répète la même épreuve en établissant , à l'aide des doigts 
mouillés, la communication entre le fil positif et le savon, 
on éprouve une commotion très-sensible, et les deux électro 
mètres arrivent à un état de tension égal et infiniment foible. 

Ces faits sont suflisans pour établir l'existence de la cinquième 
classe de substances; mais en poussant un peu plus loin ces 
recherches, l'on rencontre des phénomènes de détail qui sont- 
d'un grand intérêt. 

Il faut pour mieux les discerner, interrompre la continuité 
de l'un des deux fils, qui partant de la pile vont aboutir dans 
le savon, et interposer entre ses deux extrémités moyennes 
un appareil à développer les gaz. On n’y appercevra aucun 
effet chimique, l'isolement du fil positif y opposant une barrière 
insurmontable. Si maintenant on humecte d'eau une petite 
éponge, ou une rondelle de drap, et qu'on appuie l'un de 
ces corps contre le fil négatif, tellement que la surface du 
savon en soit en même temps touchée, tout demeurera comme 
auparavant, et il n’y aura aucune trace de décomposition 
chimique. Mais au moment où l’on place ce même conduc- 
teur humide de manière qu'il touche à la fois le fil positif et 
Je savon, le gaz part en torrens, et les électromètres indiquent 
la clôture du cercle galvanique. La plus petite quantité d’eau 
suflit pour détruire ainsi tout-à-coup l’anomalie d'isolation 
qui caractérise cette substance, et couvertir sa totalité en un 
conducteur excellent. Souvent j'ai vu.cet effet résulter de la 
simple application d'une pièce de monnoie que j’avois humectée 
sur une de ses faces par la vapeur d'une seule exhalation pul- 
monaire , et que je plaçois ensuite sur la surface du savon et 
au contact du fil positif ; tandis que dans la mème position 
le même morceau de métal ne produisoit aucun effet dans 
son état de siccité habituel. 

Je ne connois aucun fait où l'indispensable nécessité de l'eau 
dans une action galvanique se prononce d’une manière plus 
étonnante ; car la propriété de convertir au contact précis du 
fil positif la masse entière du savon en un conducteur parfait , 
pour les deux pôles en conflit, appartient exclusivement à 
l'eau, et n'est pas, comme on pourroit le penser, peut-être 
un apanage de la liquidité en général. Du mercure , de la 
naphie , des huiles de tout genre, et d’autres liquides non 
aqueux, versés dans uue fossette que l'on ménage dans le savon 


S 2 


140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


au point d'insertion du fil positif, ne produisent absolument 
aucun effet. Il est très-remarquable aussi que l'eau appliquée 
ainsi entre le fil positif et le savon, y souffre la même dé- 
composition chimique que dans l’appareil à gaz. En effet, 
selon la nature du fil métallique contre lequel on appuie le 
conducteur humide ou l’eau en substance, il se produit aux 
Points de contact respectifs, ou bien de l'oxide en abondance, 
Ou bien un gaz qu'il est facile de discerner par l'écume qui 
en résulte. De là vient que le temps durant lequel l’eau inter- 
posée produit son effet, est toujours limité en raison directe 
de l'abondance plus ou moins grande du liquide, et en raison 
inverse de l'énergie de la pile : mais dans tous les cas les 
effets électrométriques et chimiques qui tiennent à la présence 
de l’eau, vonttoujours en diminuant, et cessent bientôt entière 
ment lorsque; par décomposition, toute l’eau est consumée aux 
Points de contact. De ce moment le savon reprend sa pro- 
priété caractéristique et isole tous les effets positifs. C'est'ici 
qu'il convient de placër une -observation importante pour le 
succès de ce genre d'expériences. Ceux qui voudroient les 
répéter sans pouvoir $e procurer des prismes de savon aérés 
pendant quelques années, ou desséchés complètement par l'action 
ménagée d’un four ou d’un poële, pourront étre tentés de m'accu- 
ser au premier instant d’avoir mal vu, parce que les fils polaires 
se trouvant mis en conflit par l'intermède du savon encore 
humide, l'appareil à gaz, et les électromètres commenceront par 
indiquér une clôturé plus ou moins parfaite du cercle galvanique. 
Mais le rôle: que l’eau joue dans ces phénomènes, explique 
parfaitement ce défaut de succès; c’est la portion d’eau libre 
de dans le savon humide se trouve interposée entre lui et le 
al positif qui masque ici la propriété caractéristique par laquelle 
ce Corps appartient à la cinquième classe. Pour s’en assurer il 
Ryÿaiqu'à laisser écouler quelques imomens : l’eau étrangère 
aux conditions de l'expérience sera/consumée plus où moins 
rapidement, selon son abondance et selon l'énergie de la pile, 
€t dès-lors la totalité du savon isolera l'effet positif, tañdis 
qu'il servira de: conducteur à l’effet négatif. En retirant le 
SL positif qui aura été ainsi plongé dans le savon humide, 
9n;en trouvera la pointe oxidée si la nature du métal le 
GOMperte ; ce qui-n'a jamais dieu dans le sayon parfaitement 
desséché. ;lhvai sans dire que si l’on décape ce fil, et qu'on 
le pique. dans quelqu'autre point du savon humide; la même 
:8xgeption à la règle générale se repruduira, puisque. dans ce: 


2) 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147 


nouveau point de contact le conducteur rencontrera une nou- 
velle portion d’eau libre. Au reste, l’oxidation du fil positif 
dans le savon humide, pourroit induire à croire que c’est à 
la production de cet enduit non-conducteur que tient l’isola- 
tion du pôle positif. Mais on s’assure du contraire en em- 
ployant des fils de platine, qui, sans offrir la plus légère trace 
d’oxidation, présentent néanmoins le phénonrène en question, 
dès que l’eau interposée, ou fortuitement ou à dessein, se trouve 
consumée au côté positif par l’action chimique de la pile. 
D'ailleurs les fils métalliques les plus oxidables ne présentent 
point de trace d’oxidation, lorsqu'ils ont servi à établir la 
communication entre le pôle positif et un prisme de savon 
amené à l’état de parfaite dessication. 

On prouve par une expérience importante à d’autres égards, 
gne c'est au point précis où le fil positif touche le savon, qu'il 
aut appliquer l'eau pour que l'effet positif soit propagé aussi 
parfaitement que le négatif. Soient deux prismes de savon bien 
sec A et B, pl. 1: dans chacun d'eux on introduit l’un des fils 
polaires de la pile ; puis on réunit ces deux prismes par un 
fil métallique € formant l'arc conducteur d’un prisme à l’autre. 
Les électromètres de la pile indiqueront l'isolation complète 
du pôle positif; le contact de l’eau quelconque des deux pris- 
mes, ou de l'arc intermédiaire ©, déchargera constamment le 
négatif et amènera l’électromètre positif au maximum de sa 
divergence. Si maintenant on applique un conducteur humide 
entre le fil du pôle positif et le prisme dans lequel il est fixé, 
l'électromètre indiquera que le prisme 2 où plonge le fil 
positif, et en sus tout l’arc intermédiaire €, appartiennent au 
pôle positif, puisqu’en touchant ces parties de l'appareil, on 
fait diverger l'électromètre du pôle négatif, et l'on décharge 
le côté positif. Mais le prisme 2 appartient en totalité au pôle 
négatif, et en le touchant on produit des divergences opposées 
à celles que produit 4. I n'y a donc point encore de clôture 
du cercle : un appareil à gaz interposé ne donne effectivement 
point d'effet chimique, et en touchant le prisme 4 et le 
pe B en méme temps, on éprouve une commotion si 
a pile a un certain degré d'énergie, et que les doigts aient 
été mouillés. Dans tous les cas le contact simultanée des deux 
pue imprime à la préparation anatomique de la gremvuille, 
es plus fortés contractions. Mais tous ces effets ‘qui tiennent 
à l'isolement du pôle positif cessent, et sont remplacés par la 
production des gaz dans l'appareil interposé ; du moment où 


1 2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


l'on applique un second conducteur humide au point où l'arc 
intermédiaire © touche le prisme B, parce que c’est à ce 
point que l'arc C représente l’effet positif. Il est donc bien 
décidé par cette expérience, que l'humidité de la masse totale 
du savon n’entre pour rien dans ces effets, et le point précis 
où l’eau doit ètre interposée se trouve indiqué avec la plus 
grande évidence. Au reste j'invite ceux qui dérivent en rigueur 
tous les phénomènes de la pile d'une circulation matérielle 
et effective du fluide électrique , à peser mürement cette expé- 
rience dans le silence des préjugés; &r d'après ce mode d'expli- 
cation, les phénomènes de la cinquième classe ne peuvent 
tenir qu'à une difficulté plus grande que ce fluide éprouve 
lorsqu'il doit entrer dans la masse du savon, tandis que la 
sortie lui en seroit infiniment plus facile. Mais d’où vient donc 
que (avant l'intervention des conducteurs humides) en tou- 
chant le prisme 4, on charge si complètement le pôle positif? 
Ici bien certainement l'électricité du sol est ENTRÉE par l'arc 
intermédiaire dans le prisme B avec la plus grande facilité. 
Pourquoi dans le prisme 4 n’entre-t-elle donc pas de méme 
par le fil polaire positif ? 

Quant à moi, je n'ai pas encore renoncé entièrement à 
l'hypothèse que la coopération si efficace de l’eau dans les 
eftets physiques et chimiques de la clôture du cercle galva- 
nique, est intimement liée à la propriété qu'elle a de se par- 
tager alors dans toute la masse en deux zônes, dont l’une offre 
les propriétés électriques opposées à celles de l'autre. Ce mé 
canisme de répartition électrique , cette polarité de l'eau, et 
de tous les conducteurs humides , se prononce d'une manière 
si frappante lorsqu'on les applique au savon, que j'ai peine 
à croire que ce ne soit pas à ce mécanisme même que tiennent 
les effets physiques et chimiques de la clôture du cercle pro- 
duite par l'intervention des conducteurs humides. Quoi qu'il 
en soit de cette hypothèse, dont les développemens m'écar- 
teroient trop de mon sujet, voici des faits qui me paroissent 
mériter toute notre attention. 

La pile et le prisme de savon étant parfaitement isolés, 
on fixe dans ce dernier le fil métallique du pôle négatif; 
puis on met l’autre extrémité du prisme en communication 
avec le pôle positif, par l’intermède d'un cordon de chanvre 
bien humecté et long de six à sept pouces. On sent qu'il 
doit résulter de ceue interposition d’un conducteur humide 
entre Je savon et le pôle positif, une clôture du cercle, que 


e 
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 14% 


les électromètres et l'appareil à gaz, indiquent effectivement. 
Si maintenant on met deux électromètres à feuilles d'er en 
contact avec les deux portions extrêmes du conducteur 
humide , on observera que tant que le cercle demeurera 
effectivement fermé, ces deux électromètres donneront des 
divergences opposées ; car celui qui se trouve placé le plus 
près du savon, diverge négativement , et celui qui est plus 
voisin de la pile est chargé positivement. La preuve en est 
qu’en touchant la partie du cordon la plus voisine du savon, 
on décharge l’électromètre contigu à cette partie, mais on 
augmente très-considérablement celle de l'électromètre dont 
le crochet touche l'extrémité opposée du cordon; et l'inverse 
a lieu si l’on touche le cordon humide dans sa partie la plus 
voisine de ia pile. La répartition de l'électricité en deux zônes 
opposées, est donc hors de doute. Maintenant, que ce soit le 
côté positif qui communique au savon par un fil métallique, 
et que le conducteur humide soit EL Past entre le pôle né- 
gatif, il n’y aura point de clôture ni d'effet chimique, ainsi que 
nous l’avons dit plus haut; mais aussi le cordon n'offre aucune 
trace de répartition en zônes électriques : car si l'on applique 
deux électromètres à deux points opposés de ce cordon dans 
le sens de sa longueur , ils divergeront tous deux dans le 
même sens et de la même manière, et en touchant le cordon 
dans quelque point que ce soit, on enlève à tous deux toute 
leur divergence. Pour détruire maintenant en un clin-d'œil 
cette homogénéité d'électrisation , et pour communiquer au 
cordon Ja polarité la plus décidée , il suflit d’appliquer entre 
le fil polaire positif et le savon un conducteur humide; car 
au moment même où son intervention aura amené la clôture 
du cercle , les deux électromètres disposés aux extrémités du 
cordon, diverçeront en sens contraire ; en déchargeant l'un, 
on chargera l'autre, et cette répartition d'électricité opposée, 
se maintient tant que l'appareil à gaz continue d'indiquer la 
clôture du cercle. On fait cesser du méme coup et cette 
clôture et cette répartition des zônes à l'instant même où l'on 
enlève le conducteur humide appliqué au fil polaire positif. 
Je desire vivement que d'autres physiciens demeurent frappés, 
ainsi que moi, de la singularité de ce parallélisme d’eflets, dont 


je crois entrevoir toute l'importance si l’on s’applique à le suivre 
ultérieurement. 


Dans les nombreuses combinaisons que j'ai tentées pour 
déterminer ayec quelque précision le détail des phénomènes 


144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE « 
que présente le savon appliqué à la pile galyanique, je n'ai 
rien apperçu qui ne s’expliquât complètement par la définition. 
même des conducteurs de la cinquième classe. Ainsi un prisme 
de savon appliqué aux extrémités positive et négative de deux 
colonnes égales, mais construites en sens inverse, unit parfaite- 
ment ces colonnes, tant qu’il ne s’agit pas de fermer le cercle 
galvanique; elles donnent à leurs pôles les mêmes divergences 
que si elles étoient unies par un conducteur parfait. Mais pour 
obtenir les effets physiologiques ou chimiques qui appar- 
üennent à la clôture du cercle galvanique, il faut placer un 
conducteur humide entre le prisme de savon et le pôle positif. 
Si cette interposition se faisoit au pôle négatif, l'effet en 
seroit nul. Si je fais mention de cette expérience, qui n’est 
qu'un corollaire de ce qui a été dit plus haut, c’est pour 
indiquer une solution très-directe qu'on en peut tirer relati- 
vement à un point de théorie qui a été contesté parmi les 
physiciens. On a demandé quel genre d'électricité appartenoit 
exclusivement à chacun des deux métaux hétérogènes de la 
pile, et les avis ont été partagés. Ceux qui prétendent que l'élé- 
ment de la colonne galvanique est argent, conducteur humide, 
zink , attribuent l'électricité positive à l'argent ; ceux au con- 
traire qui soutiennent que le véritable groupe est argent, zink;, 
conducteur humide, envisagent le zinc comme étant le métal 
alfecté d'électricité positive. J'ai flotté quelque temps entre ces 
deux partis, faute d'une preuve directe exempte de toute 
équivoque, et répugnant à sacrifier les scrupules qui me res- 
toient à l'autorité de Volta même. On sent que les propriétés 
des conducteurs de la quatrième et cinquième classe, four- 
nissent le moyen le plus direct et le plus palpable de terminer 
le différent. Voici, entre plusieurs autres preuves analogues , 
une des plus évidentes et des plus faciles à administrer. 

On place entre le couple extrême d'argent et de zink de 
l'un quelconque de la pile, une tranche de savon parfaite- 
ment sec, puis on établit la communication d'un pôle à 
l’autre, par l'intermède d’un appareil à gaz , on n’obtient 
point la décomposition de l’eau; ensuite on humecte légére- 
ment avec un pinceau, la surface du sayon qui est en contact 
avec l'argent, et l'on essaye de nouveau l’etiet de la clôture 
du cercle d'un pôle à l'autre, il setrouve également nul. Mais 
du moment où l’on aura humecté le savon sur la face qui 
touche au zink, les effets chimiques et physiologiques se pré- 
s$enteront en plein. Or comme on a pu s'assurer antérieurement 


que 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 


que c'est exclusivement entre le cûté positif et le savon qe 
le conducteur humide est eflicace, il est démontré j'ar-là, avec 
la dernière évidence , que c'est le zinc et non pas l'argent qui, 
dans la pile, est l'agent positif. 

J'ignore encore pour le moment quelles sont les autres sub- 
stances qui appartiennent à notre cinquième classe L'on a vu 
-plus haut, que la flamme du phosphore doit décidément y 
étre rapportée, puisqu'elle conduit l'effet de chaque pûle isolé, 
mais que dans le conflit des deux effets elle appartient exclu- 
sivement au pôle négatif. J'ai souvent entrevu la même propriété 
dans la gélatine animale ramenée à un certain degré de dessi- 
cation, ainsi que dans l'ivoire; mais d'autres masses de ces 
mêmes substances n'offrant ces phénomènes que d'une manière 
très-équivoque, je m'abstiens de prononcer , et je me borne 
à indiquer le savon et la flamme du phosphore comme com- 
posans seuls dans le moment de la cinquième classe. 

Il sera intéressant d'examiner dans le point de vue de cette 
classification, un grand nombre de substances que l'on s'est 
cru fondé à placer dans la classe des isolans , parce que la 
clôture du cercle galvanique n’avoit point lieu par leur inter- 
“vention ; mais il est bien décidé aujourd'hui que cette épreuve 
est très-insufhisante , et l'argument en faveur de Se 
du galvanisme et de l'électricité, emprunté du mode d'action 
de la flamme, montre que les erreurs de ce genre peuvent 
devenir dangereuses pour la théorie. 

Le champ d'observations qui s'ouvre ici pourra devenir fécond 
en résultats généraux pour la chimie de l'électricité. Par quel 
mécanisme d'action se fait-il que l'eau dépouillée de calorique 
jusqu’à sa solidification parfaite , isole absolument les effets 
galvaniques, ainsi que je l’ai prouvé ailleurs; qu'imprégnée 
ensuite d'une certaine quantité de calorique dans son état de 
liquidité , elle transmette ces effets avec Frs modifications jus- 
ques à la troisième classe; et qu'enfin cette même eau, en 
passant à l'agrégation expansible, par un excédant de calo- 
rique , revienne se placer dans la classe des isolans parfaits, 
ainsi qu'on s'en assure aisément en recevant entre les deux 
Gls polaires d’une pile , munie de ses électromètres , le courant 
des vapeurs d’un éolipyle; là, où voisines du bec, elles ont 
encore toute leur transparence et sont exemptes de tout mé- 
lange de vapeurs vésiculaires et d’eau précipitée. Lorsque» 
par une chaleur bien ménagée, on amène le savon le mieux 


Tome LXIV, FÉVRIER an 1807. T 


246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


desséché à un grand degré de ramollissement , il subit également 
un changement gradnel dans sa faculté de conduire l'électricité 
de la pile, et plus il approche de la liquéfaction , plus il perd 
la propriété d'isoler l'effet négatif au conflit des deux pôles, 
et finalement on observe des traces manifestes de décomposition 
dans un appareil à gaz interposé. D'autres substances con- 
duisent à des recherches chimico-physiques également inté- 
ressantes, Le soufre isolé ,‘et sa flamme isole ; le phosphore 
et l’ambre isolent, mais leurs flammes conduisent. Première 
anomalie. Comment.ensuite rendre raison de l'action si diverse 
de ces deux flammes conductrices ? Pourquoi dans le conflit 
des deux pôles, celle du phosphore isole-t-elle le négatif, tandis 
que c'est l’eflet positif qui est isolé par Ja flamme de l'ambre? 

IL est très- vraisemblable.que toutes ces variétés d'actions sont 
profondément liées aux aflinités. chimiques des deux élémens 
du fluide électrique, et l'on «peutese flatter qu’en s'appliquant 
à diversifier et à analyser ces faits , on parviendra un jour 
à des résultats précieux. Mais de peur qu'on ne m'’accuse 
d'exagérer l'importance, de ces. phénomènes , en en reculant 
Î explication » Je vais indiquer, en finissant, quelques hypothèses 
qui m'ont autrefois dirigé dans mes recherches, mais qui au- 
jourd hui n'ont plus rien de plausible pour moi, depuis que les 
faits se sont multipliés et. diversifiés sous mes yeux. Je n'en 
fais mention que, pour témoigner que j'ai: tendu de bonne foi 
à aplanir toute cette matière au point de la réduire à un 
simple : 7'est-ce que: cela ? 

Les flammes conductrices qui dans le conflit isolent l'effet 
négatif, doivent-elles peut-être ,cette propriété à une couche 
dhuile gui, produite de toutes, pièces dans l'acte de la com- 
bustion, et se déposant sur le Hl négatif, le rendroit imper= 
méable au fluide électrique? Le carbone, l'hydrogène et l’oxi- 
gène, existent en effet dans la plupart des substances qui, par 
leur combustion, donnent le hhénoméne:.et l'isolation négative. 
IL est de plus, dans les analogies, que cette combinaison oleigène 
se produise au pô e.h1drogénant.et point sur le positif, ou, à 
raison des oxidations dont il: est le:theâtre, ail doit plutôt se 
former, de l’eau et de l'acide carbonique, Les ramifications 
fuliginenses qui s'épanonissent,en beaucoup piusigrande abon- 
dance sur le pôle négatif, ne doivent-elles pas peut-êire leur 
existence à cette oléification, qui les retient, les rend plus 
compactes et les alimeute par,une comfbuétion toujours re- 


} d A SNE TON 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147 


naissante , tandis que sur le côté positf l'oxidation plus 
radical les fait disparoître en gaz et en vapeurs, avant d'avoir 
pu se ramifier ? 

Cette hypothèse spécieuse a contre elle les difficultés sui- 
vantes : la flamme du gaz hydrogène le plus pur isole éga- 
lement l’effet négatif. Or, où trouver ici le carbone nécessaire 
à la formation de l’huile? L'inspection , même microscopique 
et mille fois répétée des fils métalliques parfaitement décapés 
et tenus long-temps dans la flamme de l'esprit de vin, ne n’a 
laissé appercevoir aucune différence entre l'extrémité du fil 
positif et celle du négatif. De plus, en approchant avec la plus 
grande dextérité possible le fil positif du négatif dans la flimme 
même ; on voit constamment partir l'étincelle. D'ailleurs, les 
électromètres , ainsi que l'appareil à gaz, annoncent qu'au 
moment mème où quelques filets des dendrites fuligineux 
s'étendent d’un pôle à l'autre, le cercle galvanique est fermé, 
ce qui seroit impossible si le fil négatif étoit rendu actuelle- 
ment imperméable au fluide électrique par quelque enduit iso- 
lant. Comment imaginer enfin que dans un instant indivisible 
il puisse se former un pareil enduit isolant sur toute la surface 
d'un disque de plusieurs pouces présenté au-dessus de la flamme 
à une distance de deux pieds. La cause du phénomène qui 
nous à présenté tous ces détails, n’est donc pas aussi superfi- 
cielle que l'hypothèse le suppose. 

Voici une hypothèse analogue que j'avois également conçue 
autrefois, touchant le mode d'action du savon qui, dans le 
conflit, isole les effets: positifs. Le fl positif de la pile est 
le théâtre des oxigénations, comme le négatif est celui des 
hydrogénations. Si donc au contact du fil acidifiant, l'alkali 
du savon est neutralisé, l'huile ou la graisse, dégagée de sa 
combinaison saponifiante, se trouvera libre et isolera par ce 
moyen le pôle positif dont elle entoure le conducteur. J'ai 
trouvé effectivement qu’en exposant durant plusieurs heures 
une solution alcoolique de savon étendue d'eau, il s'opéroit 
au côté positif une séparation bien manifeste de la base oléa= 
gineuse du savon, déposée à l'entour du fil polaire positif. 
Ce fait est absolument sûr: il est facile néanmoins: de montrer 
que l'hypothèse à laquelle il sert de base n'en est pas moins 
en contradiction manifeste avec plusieurs détails des phéno- 
mèênes qu’elle doit expliquer. En elfet, quand, plusieurs prismes 
de savon réunis entre eux par des arcs intermédiaires ; sont 
exposés à l’action de la pile, il y a sans doute isolation partielle 


Ta 


148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
relative à chaque point d'insertion qui correspond à l'effet positif : 
mais on ne peut pas en conclure que cette isolation soit absolue, 
puisqu'à travers tous ces prismes et tous les points d'insertion 
de leurs arcs conducteurs, on agit sur le pôle négatif pour lui 
enlever sa charge Il n'existe donc aux points de contact des 
fils positifs aucun obstacle absolu au passage du fluide élec- 
trique , et l'hypothèse d'un enduit isolant oléagineux tombe 
par-là même. D'ailleurs, dans le savon parfaitement sec, l'effet 
isolant positif se prononce dès le premier instant indivisible de 
l'application : il n’y a donc eu lieu à aucune décomposition 
chimique antérieure. Cette circonstance est frappante, surtout : 
dans l'expérience où l’on applique aux pôles un disque de savon 
bien sec. A l'instant même de cette application l'isolation par 
telle se manifeste. Or, d’où viendroit dans ce cas une bibé- 
ration du corps graisseux assez abondante pour former en un 
clin-d'œil un enduit à toute la face du disque qui touche le 
savon, tandis qu'il n’y a aucune trace d'action chimique dans 
l'appareil interposé ? Enfin, comment expliquer dans cette hypo- 
thèse l'effet identique produit par la flamme du phosphore ? 
Faudra-t-il recourir ici à une hypothèse toute nouvelle, pour 
expliquer ce seul fait, et dire, par exemple , qu'ici l’action 
oxidante de l’acide en vapeurs se produisant avec plus d'énergie 
sur le fil positif , le rend imperméable au fluide électrique ? 
Mais cette hypothèse seroit également insoutenable, puisque 
les fils de platine présentent le phénomène de Fisolation posi- 
tive tout comme les autres métaux, et que cet effet se mani- 
feste dès le premier instant du contact, ni plus ni moins qu'après 
une action long-temps prolongée du phosphore en ignition. II 
seroit dificile, outre cela, d'expliquer pourquoi le soufre ne 
produit pas le même effet. 

Je crois donc, quant à moi, que toutes ces hypothèses sont 
absolument fausses ; que la cause profonde des phénomènes 
dont nous venons de nous occuper est purement chimique, 
et qu'on ne pourra l’assisner que lorsque ces faits auront été 
beaucoup mieux étudiés que je n'ai pu le faire jusqu'à ce. 
moment. Ar 

Pour me récapituler en finissant, et pour énoncer commo: 
dément tout l’ensemble de ces phénomènes par des expressions 
abrégées qui les gravent dans la mémoire, je propose la nomen- 
clature suivante, comme propre à épargner les circulations et à 
bannir les équivoques, 4 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 


149 


Les corps que l’on applique aux pôles de la pile sont, 
0 


Conducteurs. 
Ils chargent et déchargent chaque pôle individuel, 


Isolans: 


Par leur contactils 
ne chargent aucun 
des deux pôles séparé- 
ment, et n’enlevent 
la charge à aucun 
d’eux. Dans le conflit 
des deux pôles, ils iso- 
lent par conséquent 
tout effet aux deux 
pôles également. Le 
verre , les résines, 
l’éau solide, l’eau en 
vapeurs ; le soufre et 
sa flamme , l’ambre, 
mais non point sa 
flamme, etc. etc. 

" aère CLASSE. 


et sont 


EEE © 


Parfaits. 


Dans le conflit des deux 
pôles ,; tout vestige de po- 


Tmparfaits. 


Les effets caractéristiques 
des deux pôles positifs peu- 


larité disparoît au positif | vent encore être discernés 


comme au négatif : le cer- 
cle est parfaitement forme ; 
les métaux tous au même 
degré. 


2ème CLASSE. 


durant l'application de ces 
substances aux deux pôles 
simultanément. Trois cas 
possibles. Ë 


PR PP RE NE NI RER, 


Bipolaires. 


Le cercle galvani- 
que est fermé , mais 
le conducteur impar- 
fait bipolaire présente 
dans le sens de sa lon- 
gueur deux zônes op- 
posées pär leurs effets 
électriques , l’eau li- 
quiderét les corps qui 
en sont imprégnés. 


3ème CLASSE. 
| 


Unipolaires positifs. 

Le cercle galvanique n’est 
point fermé ; la substance 
appliquée aux deux pôles ne 
conduit que l’effet positif et 
isole le négatif: de là, charge 
du négatif exclusivement , 
et impossibilité de charger 
le positif. La flamme du gaz 
hydrogène et celle des corps 
hydro-carbonés. 


4ème CLASSE. 


Unipolaires négatifs. 


Le cercle galvanique n’est 
point fermé; la substance 
appliquée aux deux pôles 
isole l’effet positif et con— 
duitles effets négatifs: delà, 
charge du positif exclusive 
ment, et impossibilité de 
charger le négatif par le 
contact de cette substance. 
La flamme du phosphore, 
les savons alcalins. 

5ème cLAS5E. 


150! JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
| W 4 n 


SUR LA BLENDE; 


Par le Dole <ebr PROUST. 


Lx zinc n'est point en état de disputer l'oxigène au charbon, 
c'est un fait connu; le soufre, pas plus. Si la blende contient 
l'oxigène, il faut donc qu'elle le cède à l’action du charboñ. 

J'ai chauffé au rouge, pendant une heure , un mélange de 
blende jaune transparente, et de charbon de pin: pas un soupçon 
d'acide sulfureux ne s’est montré: Cé mélange lavé, pour en 
séparer le charbon, a rendu la blénde qui n'avoit souffert aucun, 
changement. Où est donc l'oxigène des blendes? J'ai chauffé 
au rouge cent parties de la même blende avec autant de soufre: 
l'opération finie, elle n’avoit pas augmenté d’un seul grain, 
ni même changé de couleur. On en peut donc conclure, 
Prernièremenc ;-que-dans la blende.le métal est saturé de 
soufre, et secondement, qu’il y est sans oxigène, car le soufre 
est. aussi un combustible qui l’en auroit dépouillé. L'expérience 
qui suit, d'ailleurs, ne permet pas d'en douter, 

J'ai fait chauffer un mélange d’oxide de zinc pur et de 
soufre, à la dose de cent vingt-cinq grains chacun; le produit 
s'est trouvé de cent seize. Mais craignant de n'avoir pas atteint 
la saturation, je l’ai chauffé avec de nouveau soufre, alors 
il,a monté à cent dix-huit, Chauffé, une troisième fois avec du 
soufre}, il n'a pas passé de cent dix-huit. J'ai répété cette expé- 
rience encore deux fois, et le résultat s'est arrêté à cent dix-huit, 
On en peut donc conclure, s’il n’y a pas erreur, que 38 parties 
de soufre viennent prendre la placé des 25 d'oxigène qui 
étoient condensées dans cet oxide. Je n’ai pas besoin de le dire, 
cette opération verse des torrens de gaz sulfureux. 

Morveau est, je crois, le premier qui ait reproduit le sul- 
fure de zinc, en chauffant son oxide avec le soufre. La blende 
artificielle reste pulvérulente; mais il me paroïit, par le travail 
de Morveau, qu’elle peut fondre si on lui imprime une forte 
chaude. La blende est transparente, a-t-on dit, il faut donc 
que son métal soit oxidé; mais les sulfures de mercure et 
d'arsenic le sont aussi : cependant ils sont sans oxigène. Le 
sulfure d’arsenic, je ne sais si je l'ai dit ailleurs, supporte 


l ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 


telle température que l'on veut sans donner un soupçon de 
gaz sulfureux , ni perdre sa transparence.) L'acide ou l'oxide 
arsenical, versent des torrens de gaz sulfureux quand on les 
chauffe avec le soufre: et donnent des sulfures transparens 
semblables à celui que produit le régule d’arsenic lui-même : 
il n'y a donc point d'oxigène dans ces combinaisons , et la 
transparence par conséquent ne sera plus un argument en 
faveur de l’oxidation des sulfures, Mais pourquoi le zinc re- 
fuse-t-il, de se sulfurer immédiatement? J'avoue que je ne le 
comprends pas; je m'’étois proposé de traiter le zinc avec 
le cinabre et autres sulfures, mais d'autres objets m'en ont 
empèché. : \ 

Le sulfure de zinc est souvent masqué par des oxides et des 
sulfures étrangers ; de là des blendes rouges , noires, cendrées, 
verdâtres etc. : on en a fait autant d'espèces. C’est comme si, 
pour faire:l’histoire naturelle de. la laine, on s’avisoit de créer 
des espèces pour celles que l’on a teintes en rouge, en noir, 
en gris eten verd. | : 

Il y à des blendes teintes par l’oxide rouge qui .paroissent 
noires, mais leur poudre est rouge.; on les analyse par l'acide 
marin; le ‘fer alors redescend à son ninimum , à cause.de 
l'hydrogène sulfuré qui se forme durant leur dissolution : c’est 
à quoi l’on doit prendre garde pour ne pas supposer de l'oxide 
mineur , là où la nature n’a placé que de l’oxide,au maximum. 
Il y en a qui contiennent du plomb en oxide ou en sulfure. 
Si on les, attaque par l'acide muriatique , le plomb se trouve 
tout entier dans la dissolution; mais si on use, d'acide muria- 
tique , ce n'est; plus que dans le résidu qu’il. faut l'aller cher- 
cher; on en;sent.la raison. Le soufre de la blende acidifé, 
‘la précipité en sulfate. de plomb. 


Hydro-sulfure de Zinc. 


.L'hydrogène sulfuré précipite ses dissolutions ; il y occasionne 
une poudre d'un blanc jaunâtre, qui est un bydro.-sulfure, 
Cette précipitation a ses limites. Quand l'acide débarrassé d’une 
grande portion de l’oxide s’y trouve en excès, il en dispute 
lés restes à l'hydrogène, et la précipitation s'arrête. Il faut 
donc +jouter un peu de potasse pour neutraliser cet excés. 
Les hydro-sulfures alkalins donnent le même précipité ; l’acide 
nitrique agit avec véhémence sur cet bydro-:sulfure ; il en 
brûle l'hydrogène et une partie du soufre: L’acide muriatique 
appliqué à froid, en dégage | hydrogène sulfuré avec abondance; 


152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


cet hydro-sulfure chauffé au rouge, donne de l’eau, de l’acide 
sulfureux et se convertit en sulfure simple ou en blende. Le 
sulfure de zinc natif ou artificiel donne de l'hydrogène sul- 
furé : ce n'est point ici éduction, mais production, attendu 
que l’eau se compose dans ce cas, comme dans celui où l’on 
applique les acides aux zinc. 


Ambre gris. 


C'est un morceau qui a été ramassé sur les côtes du Brésil. 
Il est d'un jaune de miel, très-homogène dans sa texture; on 
n'y apperçoit aucun de ces fragmens ou becs de seiche qui 
parsèment l’ambre cendré du commerce. L'alcool ledissout com- 
plètement à quelques légéres pellicules près. Cette dissolution 
‘se coupe à l'eau : évaporée elle donne un produit jaune qui 
se ramollit et s'enflamme à la manière des résines; la potasse 
n'en dissout que des atômes ; elle nage dessus, et il ne s'en 
exhale pas d’ammoniaque. Le parfum de cette résine purifiée 
est toujours celui de l'ambre; distillée, elle fond tranquille- 
ment, ne se gonfle pas, donne une huile jaune, épaisse, qui 
nage sur l'eau ; quelques soupçons d'acide l’'accompagnent; 
mais ce qui étonne, c’est l'odeur succinée de cette huile. 


Cochenille. 


Sa poudre m'a toujours paru acide au goût; je ne sais si 
ce seroit un effet de l’action de l'air sur quelqu'un de ses 
principes. L'eau de chaux précipite complètement sa matière 
colorante ; il en résulte une lacque sur laquelle l'alcool n’a 
pas la moindre action. C’est cette lacque qu'il faudra décom- 
poser pour avoir Île principe colorant pur; mais comme les 
oxides blancs d’étain , celui de plomb, s’en chargent aussi très- 
bien, l’on pourra, en appliquant l'hydrogène sulfuré, parvenir 
à l'obtenir encore plus pur qu'avec l'intervention des acides. 
Je crois que le principe colorant du kermès se précipite aussi 
avec la chaux. 


Fiel de Bœuf. 


Les acides en précipitent une résine qui, après avoir été 
bien lavée à l’eau bouillante , se laisse filer comme la téré- 
benthine cuite ; sèche, elle est demi-transparente, verdâtre ; 
elle fond à la plus douce chaleur, et exhale sur les charbons 
une fumée qui a quelque aromat. L'alcool la dissout sans 
reste , et l’eau la précipite. L'acide muriatique oxigéné la 

blanchit 


ET D'HISTOIRE NATURELLE 253 


blanchit par une chaleur douce; elle reste en pleine fonte 
après avoir donné quelque humidité : une chaleur plus forte 
la fait monter comme une huile épaisse dont l'odeur est ani- 
male et désagréable ; un peu de carbonate d’ammoniaque 
l'accompagne ; son charbon est peu de chose; mais ce qui la 
distingue de nos résines aromatiques végétales, de celle de 
l'ambre gris, par exemple, c'est sa grande solubilité dans les 
alkalis les plus foibles. Les acides l’en séparent sans altération, 
et elle se laisse encore filer comme auparavant; de sorte qu'on 
ne peut lui refuser les principaux caractères des résines, mais 
elle n’est pas toujours la méme. J’en ai retiré du fiel qui étoit 
mollasse, demi-liquide ou incapable de prendre la consistance 
de Ja précédente. Pour avoir cette résine pure, il faut com- 
mencer par passer par l'alcool le fiel desséché, afin d’en sé- 
parer des portions albumineuses. Ce sont elles qui causent la 
corruption qu'éprouve le fiel gardé; mais l'extrait passé par 
l'alcool et rapproché à consistance de sirop, n’est plus sus- 


ceptible d’altération ; c'est dans cet état que je le conserve pour 
les leçons. 


FAUTES d'impression à corriger dans les Mémoires 


du Professeur PRousT, imprimés dans ce Journal, 
an 1806. 


Premier Semestre , 1806. 


Page 142, ligne 14, de muriatique, lisez de muriate. 
—— 222 , ligne 24, se noircit, lisez ne noircit. 


Second Semestre, 1806. 


Page 83, ligne 11, crellius, lisez crollius- 

ligne 14, tant, lisez tout. 

—— 84, ligne 37, Nassie, lisez Russie. e Ê 

—— 88, ligne 36, pommes de terre cuites, lisez une livre 
de pommes de terre ne contient qu'un cinquième 
de matière solide. 

—— 260, ligne 32, flonda, lisez florida. i 

—— 261, ligne 26, j'appliquerai, Zisez j'appliquai. 

Tome LXIV. FEVRIER an 1807. 


154. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMYE 
Page 261, ligne 26, le seroit moins, /sez le seroit plus. 
—— 262, ligne 4, de croûtes, /isez en croûtes. 

—— 268, ligne 6, du ferment, /isez d’un ferment. 
—— 273, ligne 25, calcaire, lisez cellulaire. 
—— 327, charbons minéraux, lisez, charbons animaux. 
—— 329, ligne 2, réussissoient , /sez réussiroient. 
—— ligne 10, mais un, //sez mais pas un. 
—— 332, ligne 5, 5 gros, lisez G gros. 
—— ligne 16, une forte, lisez une sorte de détonation. 
—— 355, ligne 27, se dissolverent, lisez se dissolvirent. 
—— 554 , ligne 5, qu'ils contiennent, Zsez qu'il contient. 
‘ligne 22, ou principe, lisez du principe. 
——— 335, ligne 23, morceau, Usez Morveau. 
—— 336 , ligne 5, se ramollit, Zsez se ralfermit, 
ligne 29, après le charbon, ajoutez et l'hydrogène. 


OBSERVATIONS 


FAITES le 1% Octobre 1806, sur l’éboulement 
du Ruffiberg , dans le canton de Schwytz ; 


Par Tnéopore be SAUSSURE. 


(Lues à la Société de Physique et d'Histoire naturelle 
de Genève, le 30 Octobre.)  - 


LEs montagnes, par l’action de l’eau, de l'air et des gelées, 
tendent toutes à se décomposer, à s’abaisser, à rentrer dans 
le fond des mers dont elles sont probablement sorties, et où 
elles se forment peut-être de nouveau. 

Cette décomposition s'opère le plus souvent par des voies 
tellement lentes, qu’elle échappe à nos observations ;- mais 
d'autres fois elle s'annonce par des éboulemens inattendus. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155 


qui bouleversent une contrée entière, en anéantissent les 
habitans, et ne laissent que l'image de la destruction et du 
chaos : tel est l’éboulement qui a eu lieu, le 2 septembre de 
cette année, dans le canton de Schwytz. 


On a déjà plusieurs descriptions de ce triste événement; 
mais les unes sont incomplètes, d’autres sont inexactes, et 
aucune ne donne des recherches précises sur les causes qui 
Vont produit. Ces observations pourroient avoir de l'utilité, 
si elles rassuroient les habitans des montagnes qui, sur de 
fausses apparences, redouteroient de semblables catastrophes, 


et si elles en éloignoient ceux qui restent exposés à un danger 
réel , dans une imprudente sécurité. 


Les éboulemens en quelque sorte spontanés qui ont eu lieu 
dans différentes contrées , indiquent que les montagnes qui 
semblent annoncer une chute prochaine par la trop grande 
inclinaison de leurs couches, et par un défaut d’agrégation 
dans leurs parties , ne forment pas des écroulemens capables 
de dévaster, tout d'un coup, la contrée qui les avoisine, si 
ces couches ne varient point dans leur état d'agrégation et 
dans leur composition. Elles produisent sans doute des ava- 
lanches pierreuses , mais leur chute en général est successive 
et presque régulière ; l’on observe de jour les effets qu’elle 
produit , et l’on peut d'avance se mettre à l'abri de leur 
influence : c’est ainsi que les éboulemens journaliers qui ont 
lieu dans le Mont-Blanc et dans les aiguilles qui l’avoisinent, 
ne produisent point de catastrophes redoutables pour les ha- 
bitans de cette contrée. 

Mais si la composition de la montagne varie, si une ou 
plusieurs couches dures et inclinées succèdent à une ou plu- 
sieurs couches tendres et susceptibles d’être décomposées par 
les eaux, la couche dure reste intacte, tandis que celle qui 
lui est inférieure se détruit. Il se forme dans l’intérieur de 
la montagne, par l'effet de cette destruction, un espace vide, 
ou rempli d’une substance molle et incohérente. La couche 
supérieure encore entière, manquant alors de point d'appui, 
s'éclate, s’affaisse à-la-fois dans tous les points, en prenant 
la place de la couche décomposée, et elle croule au pied de 
la montagne, avec une vitesse proportionnée à son degré d’in- 
clinaison , et au mouvement acquis dans l'acte de l'affaisse- 
ment. Telle est à-peu-près l'esquisse des causes qui ont dé- 
terminé l’écroulement des Diablerets, celui de la montagne 


V 2 


226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


de Chède, près de Servoz, et enfin celui du Rufliberg, ou 
mont Roufli, dont je m'occupe aujourd'hui. (Planche 2e.) 

Cette montagne , à laquelle on donne aussi le nom de 
Rossberg, est composée de plusieurs paroisses et métairies ; 
qui portent chacune le nom de montagne; mais ces divisions 
sont arbitraires , elles ne sont déterminées par aucune coupure 
ôu division naturelle; ainsi les noms de Gnippe, de Spitzbuhl, 
de Steinerberg , de Rossberg, qu’on a donnés dans quelques 
relations à la montagne écroulée, ne sont que diflérens pä- 
turages du Ruffiberg, par lesquels l’avalanche a passé. J'adopte 
d’ailleurs cette dernière dénomination, préférablement à celle 
de Rossberg, parce qu'il pourroit y avoir équivoque avec le 
Rotz:berg , montagne très-différente dans le voisinage de Stantz. 

Le Rufliberg est élevé , suivant M. Fbel, de huit cent six 
toises au-dessus de la mer, et de cinq cent quatre-vingt-six 
toises au-dessus du lac de Zug ou du fond de la vallée d’Arth, 
dans laquelle la montagne s’est en partie écroulée. 

Cette vallée, riche en pâturages , est dans une position pitto- 
resque ; elle est terminée par deux lacs, celui de Zug au nord- 
ouest, et celui de Lowertz au sud-est. Elle est fermée par 
deux montagnes , le Ruffiberg au nord, etle mont Rigi au midi. 
Sa longueur est d’une lieue et demie; sa largeur est d’un quart 
de lieue à son extrémité occidentale vers Arth, village situé 
au bord du lac de Zug, et d’une demi-lieue à son extrémité 
opposée vers le lac de Lowertz. \ 

Le Rufhberg est composé de couches de poudingue et de 
couches de grès, qui descendent vers le fond de la vallée 
d'Arth, parallèlement à la pente de la montagne, sous un 
angle de 25 degrés. 

La similitude qui règne entre la composition et la dispo 
sition du Rigi et du Ruffiberg, a fait présumer à MM. Ebel 
et Echer, que ces deux montagnes ont été autrefois réunies;, 
elles sont l’une et l’autre composées de pierres arrondies par 
les eaux, et de sable agglutiné par un ciment en partie cal- 
caire , et en partie argileux, qui a très-souvent une couleur 
rouge. Ce ciment, qui est assez dur, se détruit à la longue 
par l’action de l'air et de l’eau, et la surface du rocher prend 
par cette destruction, l'apparence d'un pavé déchaussé. Les 
cailloux dont il est formé sont, pour la plupart, des pierres 
de chaux carbonatée , d'un gris jaunâtre ; elles ontla cassure 
matte et Compacte des pierres calcaires secondaires. Je n'y ai 
cependant point vu de pétrifications. On y trouve encore des: 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157 


pétrosilex secondaires, des quartz, des jaspes rouges, des grès 
rougeâtres, et enfin des granits; mais ces derniers y sont rares, 
ils ont toujours une couleur rouge, et pourroient aisément se 
laisser confondre avec des porphyres. Il est remarquable que 
tous ces cailloux n’aient aucun rapport avec le genre de pierres 
des montagnes les plus voisines, qui sont calcaires, bleues , 
et à grain lamelleux ou salin. Il est remarquable encore, qu'ils 
n'aient jamais un volume qui excède sept à huit pouces dans 
tous les sens. 


La révolution qui a accumulé dans ce lieu cette énorme 
quantité de cailloux roulés et probablement venus de loin, a 
été suivie d’une autre révolution postérieure qui a amené sur 
ces poudingues et dans le fond de la vallée, de gros blocs de 
granits analogues À ceux qu'on trouve sur le Jura et sur Salève. 
J'en ai vu de pareils sur le Rigi et jusqu'à une hauteur d'environ 
deux cents toises au-dessus du lac de Lucerne, en montant 
sur cette montagne du côté de Weggis. J'en ai vu éncore sur 
le Rufliberg et jusqu’à une hauteur d'enyiron quatre-vingt toi- 
ses, entre le village de Ste.-Anne et le hameau de Buachen, 
près du lac de Lowertz. Ils sont ici tellement accumulés qu'ils 
excluent tout autre genre de pierres, et qu'il seroit impossible 
dé ne pas se croire sur un sol purement granitique, si l’on 
n'étoit pas détourné de cette opinion par l'inspection générale 
de la contrée. Ces blocs sont toujours détachés. Leur présence 
uniquement réservée aux parties basses de la montagne, leur 
couleur grise ou blanche, leur grand volume, indiquent qu'ils 
n'entrent point, et ne sont jamais entrés dans la composition 
du poudingue. 


L'écroulement du Rufiberg a eu lieu à cinq heures du soir. 
Il a été déterminé , comme on l’a déjà observé dans d’autres 
relations, par la pluie qui est tombée en abondance pendant 
tout l'été, sur cette contrée , et en particulier pendant les 
vingt-quatre heures qui ont précédé le 2 septembre. Elle a 
cessé cependant avant midi, et au moment de la catastrophe 
il ne pleuvoit point. ; 

L'éboulement n'a pas été produit par la chute du sommet 
de la montagne sur les parties inférieures. Il a été formé par 
un lit entier de couches, qui depuis la base jusqu'au sommet 
du Ruffiberg, dans une profondeur quelquefois de cent pieds, 
une laigeur d'environ mille pieds, et une longueur de près 
d'une lieue, s’est séparé des couches inférieures, et a glissé 


158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


parallèlement à leurs plans, dans le fond de la vallée, avec 
une rapidité inconceyable pour une aussi foible inclinaison. 

Le paysan qui me servoit de guide dans mon excursion 
sur cette montagne, a été témoin de ce spectacle. Il habitoit 
dans le chemin de l’écroulement, à Ober-Rothen, häimeau 
situé sur la pente du Rufberg ; il étoit occupé à couper du 
bois près de chez lui, et à cinq ou six pas du lieu où l'ava- 
lanche a passé. Ilentend tout-à-coup un bruit semblable à un 
coup de tonnerre, et sent en méme tempssous ses pieds une espèce 
de frémissement. Il quitte à l'instant la place; mais à peine 
a t-il fait quatre’ou cinq pas, qu'il est renversé par un courant 
d’air. Il se relève immédiatement.— L'écroulement étoit achevé; 
l'arbre qu'il coupoit, la maison qu'il habitoit, tout avoit dis- 
paru, et il voit, suivant ses expressions, we nouvelle crèa- 
tion. Une nuée immense de poussière qui succéda l'instant 
d'après, jeta un voile sur toute la contrée. 

Quelques relations ont annoncé que ce bouleversement avoit 
été accompagné de flammes et d'une odeur sulfureuse, Mais 
les témoins les plus dignes de foi, que j'ai consultés à ce sujet, 
n'ont rien apperçu de tout cela. On dit que des charbonniers 
faisoient du charbon sur le chemin de l’avalanche, et il est 
possible que la dispersion de leurs fours embrasés, ait donné 
lieu à quelque apparence de flamme. 

La plupart des habitans de la conirée affirment que l’écrou- 
lement n’a pas duré trois minutes, ou peut-être beaucoup moins, 
et qu’il s'est fait sentir en même temps, dans le haut et dans 
le bas de la montagne. 

Quoique cette chute ait été subite et inattendue, elle a été 
précédée, plusieurs heures à l'avance , de quelques indices qui 
sont importans à recueillir, parce qu’ils pourront à l'avenir 
engager les habitans à s'éloigner du danger, et parce qu'ils 
sont une conséquence de la cause qui a déterminé la rapi- 
dité de l’écroulement. 

Un habitant de Spitzbuhl, métairie située à-peu près aux 
deux tiers de la hauteur de la montagne, entendit dans les 
rochers, à deux heures après-midi, une espèce de craquement 
qu'il attribua à des causes surnaturelles; il descendit aussitôt 
à Arth, pour engager un ecclésiastique à venir les détruire. 
Voyez (Der berg fall bey Goldau von J.-H. Meyer.) 

À-peu-près dans le mème temps, mais à Under-Rothen , 
hameau situé vers le pied de la montagne, Martin Weber , 
en enfonçant sa bèche dans le sol, pour arracher des racines, 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 


vit la terre rejaillir avec une légère explosion et une sorte da 
sifflement contre sa tête. Il quitta aussitôt l'ouvrage, et alla 
raconter à ses voisins un phénomène dont ils ne tinrent aucun 
compte. RER 

Les bergers qui vivent encore dans les lieux intermédiaires 
entre ces deux stations, m'ont dit, que dès le matin et pen- 
dant toute la journée , la montagne avoit fait du bruit, jus- 
qu’au moment où l'éboulement s’est opéré avec la rapidité 
de l'éclair, et une secousse telle, qu'à St-Anne et Arth, 
villages situés à vingt minutes des lieux dévastés, tous les 
meubles des habitations ont été vivement ébranlés. On n’a 
cependant rien ressenti, ni rien entendu à Schwytz, qui n’est 
qu'à une lieue et demie de la scène. Le bruit précurseur de 
la catastrophe provenoit ‘de la rupture de la couche qui s'est 
éboulée; elle n’a commencé à s’aflaisser subitement et à glisser, 
que lorsque toutes ses parties ont été désunies. 

Je suis monté sur le sommet du Rufiberg, par son côté 
oriental , en traversant le village de St.-Anne; la pente est 
toujours douce et pourroit sé faire à cheval; on ne trouve 
sur cette route que des vergers ; des prairies, des bois de sapin 
clair-semés; on n’observe nulle part pendant cette ascension, 
le rocher qui sert de base à la terre végétale; on voit seule- 
ment ressortir çà et là, de gros blocs de poudingue; mais ces 
blocs sont depuis long-temps détachés. On les trouve surtout 
dans des espèces de petits vallons larges et peu profonds dont 
la montagne est quelquefois sillonnée depuis son sommet à 
sa base : ils semblent aitéster que le Rufliberg a produit, dans 
différentes époques et sur diflérens points de sa surface, des 
éboulemens analogues à celui qui vient d'avoir lieu. 

Le sommet (1) de la montagne n'a point croulé : il offre 
une ligne droite horizontale qui sert de réunion à deux plans 
peu inc'inés, couverts de gazon : l’un se dirige vers un point 
intermédiaire entre le lac de Zug et le lac Egéri, l'autre plan 
opposé descend vers le lac du Lowertz: c'est sur cette dernière 
surface, et à une toise au-dessous du sommet, que l’écroule- 
ment commence à devenir sensible. Le chemin qu'il a suivi 


EEE Re D 


Q@) Il y avoit autrefois sur ce sommet un fort, qui a servi de poste 
avancé daus les anciennes guerres que les Suisses ont eu à soutenir contre 
les Aütrichiens : quoiquetje fusse prévenu sur cé point, je n'ai su voir 
dans cet endroit aucun vestige de maconnerie ou de construction quel 
conque. L’on m’a' assuré cependant qu’il en restoit quelques traces. 


160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


étoit avant la catastrophe, légérement creusé en gouttiére' ou 
en forme de vallon peu profond vers le bas de la montagne, 
mais il n'étoit point concave vers le haut, et l'on voyoit dans 
toute cette route, sur un fond de prairies et de bois, des 
blocs de poudingue , dispersés et à moitié enfouis dan$ da 
terre végétale. 

La lisière orientale de l'avalanche, ou un de ses bords la- 
téraux, situé du côté de Schwytz, montre évidemment que 
dans toute la route de l'éboulement , les couches supérieures 
se sont aflaissées verticalement contre les inférieures, en raison 
d'un espace vide qui s'est formé entre elles, dans une direc- 
tion parallèle à leurs plans et à la pente de la montagne. 

Cette lisière offre un escarpement ou un mur vertical qu’on 
ne voyoit point avant l’écroulement : la hauteur de ce mur, 
au-dessus de la surface supérieure de l'avalanche, indique près 
du sommet du Rufliberg, la profondeur de l’affaissement (1) : 
cet escarpement a environ quatorze pieds de haut, vers le 
sommet de la montagne ; mais il augmente insensiblement ; 
et beaucoup plus bas, ou à moitié hauteur de cette derniére , 
il m'a paru à l'œil, avoir plus de cent pieds. Il disparoît gra- 
duellement ensuite, sous les débris de l’écroulement. La roche 
qui constitue ce mur , est un grès calcaire et argileux, disposé 
par couches dont on ne voit que la coupure : elles dégénèrent 
en marne et enfin en argile par l’action de l'eau : les parties 
les plus accessibles à ce liquide sont de l'argile ; celles où 
il ne peut aborder sont du grès, du moins en général, car 
ces ditférentes couches ne paroissent pas toutes susceptibles 
d’une décomposition également facile. Leur plan dans le haut 
de la montagne, descend vers le fond de la vallée, parallèle- 
ment à la pente du Rufliberg, sous un angle de 25 degrés, 
Cet angle est plus petit vers le milieu et vers le bas de la 
montagne ; car la pente de cette dernière, entre son pied et 
son sommet, a la forme d'un arc dont la corde doit être 
supposée dans l’air. Ce mur et tous les bancs dont ilest formé, 
sont coupés transversalement à la direction de l’avalanche, par 
de /arges fentes à-peu-près verticales. 

Ces couches de grès et d'argile sont contigués : j'ai vu ce- 
pendant , immédiatement au-dessous du sommet, entre deux 


( Cette indication ne peut être juste que pour le sol situé près du 
sommet de la montagne, parce que dans cet endroit seulement, il y a 
eu affaissement sans éboulement vers le fond de la vallée, 


d’entre 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 10t 


d’entre elles, une couche de houille pulvérulente et empätée 
dans l’arsile. Cette couche n'a pas un pouce d'épaisseur. 

La partie supérieure de l'escarpement est recouverte tantôt 
par de la terre végétale , tantôt par de gros blocs de pou- 
dingue qui ne se confondent point avec le grès, et qui sont 
d’une nature différente. C’est en partie le poids de ces blocs 
sur ces couches de grès ramolli, qui a déterminé leur affaisse- 
ment , et enfin leur chute dans le fond de la vallée. L’on 
conçoit encore que les couches inférieures ont pu étre dé- 
composées avant les supérieures, par l'introduction de l'eau 
dans les fentes dont j'ai parlé plus haut. Ce liquide après 
être parvenu à leur extrémité inférieure s’est insinué entre les 
plans des couches contiguës à cette extrémité, a coulé pa- 
rallèlement à leur plan, vers le pied de la montagne, et les 
a décomposées dans toute leur longueur. 

La coupure verticale de çet escarpement, parallèlement à 
sa longueur, me paroït due en grande partie à un filon de 
spath calcaire qui recouvre comme un vernis la surface du 
mur, mise au jour par l’affaissement. Le filon en coupant ainsi 
verticalement plusieurs couches de grès, a établi entre ses 
parties une solution de continuité, qui a déterminé une frac- 
ture nette et sur un seul plan. 

La lisière occidentale de l'avalanche se termine insensible- 
ment, et n'offre pas, comme la lisière orientale, un mar 
vertical ou un enfoncement rapide. 

Je parlérai maintenant de l’espace compris entre ces lisières, 
ou de l'avalanche elle-même. 

J'ai dit que le sommet de la montagne est une ligne droite 
horizontale, qui sert de réunion à deux plans de gazon, in- 
clinés et appuyés l’un contre l’autre, en forme de toit. À une 
toise environ au-dessous de ce sommet, et dans une longueur 
horizontale de deux cent soixante pas, le sol commence insen- 
siblement, sur une pente de 25 degrés, à se diviser, à offrir 
dans une terre d’argile ramollie et couverte de gazon, des 
fissures souvent tranversales au cours de l’avalanche; elles sont 
d'autant plus larges et plus rapprochées qu’elles s'éloignent 
plus du sommet de la montagne. 

On trouve çà et là, sans ordre déterminé , entre ces fissures, 
dans le terreau végétal et dans l'argile , des fragmens isolés 
de troncs et de branches d'arbres , convertis en charbon de 
terre, à cassure lisse, éclatante , trapézoïdale et lamelleuse 
dans le sens tranversal à la direction des fibres ligneuses.. Ces 


Tome LXIF. FEVRIER 1807. X 


2152 JOURNAXZ DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


fragmens sont souvent cylindriques, et portent seuiement à leur 
surface extérieure le moule du végétal et celui de la fibre ligneuse, 
J'ai vu un de ces fragmens qui avoit quatorze pouces de long 
sur neuf pouces de large; leur volume est commun(ment beau= 
coup moindre, Ils ne sont nullement pyriteux, non plus que 
tout le reste de la montagne. Leur présence dans ce lieu étoit 
connue avant l’éboulement , et ne paroit point y avoir contribué 
Ils ne se trouvent en quantité notable qu'au sommet du Rufliberge 
On en rencontre, à ce que l'on m’a dit, très-rarement, quelques 
petits fragmens dans tout le cours de l'avalanche; mais je n'en 
ai vu que dans le haut. 

L'intégrité des bandes de gazon, comprises entre les fissures 
dont je viens de parler, indique que près du sommet de la mon- 
tagne , il n’y a point eu d’éboulement, mais seulement un 
affaissement qui se manifeste par la hauteur de l’escarpement 
de grès, au pied duquel elles se trouvent. Leur nombre aug- 
Mente à mesure qu'on descend, et bientôt elles se multiplient 
et s'élargissent tellement , qu'elles n'offrent plus que des blocs 
de terre argileuse bouleversée dans tous les sens; c’est ici et 
à environ trente toises au-dessous du sommet, que l'on voit 
un bois de sapin quia changé tout à-la-fois de position avec 
la couche de terre sur laquelle il végète. On redoute beaucoup 
la chute ultérieure de ce bois; mais ces craintes ne me pa- 
roissent pas, du moins pour le présent, très-fondées , parce 
que l’affaissement est opéré. La secousse qui en est résultée, 
a donné au sol actuel, une assiette solide. Le bois lui-meme 
repose sur un plan, incliné au plus de 25 degrés, et cette 
pente est trop douce pour qu'il puisse faire heaucoup de 
chemin par l'effet seul de cette inclinaison. Quelques arbres 
se sépareront, se déracineront peut-être , mais ils ne glisseront 
avec tous les autres débris de l'écroulement au pied de la mon- 
tagne, que lorsque la couche de grès ou de poudingue qui leur 
sert de fondement, aura été détruite et ramollie par l'action 
des eaux. Or cette décomposition paroît exiger une longue 
suite d'années. 

Un manuscrit (1) de 1352, rapporte qu’il existoit un village 
nommé Rothen , à l'endroit du Ruffiberg, où s'est fuit le 
dernier éboulement. La tradition confirmée par plusieurs mo- 
numens, apprend que ce village a été détruit par une catas- 
trophe à-peu-près semblable à la dernière , et qu'il a été 

RU RAD DE 1 A1 LISENNEREDE DES IA: LUN QAR MERS RENNES 


(x) Der Berg fall bey Goldau von J.-H. Meyer. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 163 


reconstruit peu-à-peu et surtout depuis cent ans, sur les 
ruines de lancien. On ne peut guère conclure du passé au 
présent, dans des événemens aussi peu susceptibles d'étre soumis 
au calcul; mais il me paroît que si l'on pouvoit hasarder à ce 
sujet quelques conjectures , il faudroit beaucoup plus d'un 
siècle pour opérer ce ramoilissement. 

Je crois que la chute des débris de l’avalanche est, pour 
les temps présens, beaucoup moins à craindre que celle de 
quelques parties de la montagne , qui n'ont point été déplacées, 
Toute la bande verticale de grès, qui forme la lisière orientale 
de l’éboulement, doit tomber : on y voit des principes de des- 
truction très-avancés et précisément semblables à ceux qui ont 
produit le dernier écroulement. 

Un mois s’est écoulé depuis cette catastrophe : il est tombé 
beaucoup de pluie dans cet intervalle : le PHUÈRE retentit 
tous les jours des explosions des rochers que l'on fait sauter 
avec de la poudre, pour pratiquer des chemins au travers 
de l'avalanche , et il n'y a point eu de déplacement notable 
dans ses débris : quelques pierres suspendues Çà et là, entre 
des blocs d'argile ramollie, ont pris une assiette plus fixe ; mais 
elles n’ont fait que très-peu de chemin, et il n’y a point eu 
de mouvement dans le bois que l’on croit prêt à glisser. 

L'écroulement dans les parties parallèles et inférieures à ce 
bois, devient pierreux ou composé de gros blocs de poudingue, 
entremèélés, surtout dans ses bords, d'argile ramollie; il se 
verse par sa lisière occidentale dans un escarpement de pou- 
dingue (1) placé au-dessous du sillon principal. IL se forme 
ainsi deux torrens pierreux , qui, après avoir descendu pa- 
rallèlement, l’un au-dessus de l'autre, vers le sud-est, et avoir 
détruit les hameaux de Spitzbuhl, d'über Rothen et Under- 
Rothen, situés sur la pente de la montagne, se réunissent à 
son pied, traversent la vallée d’Arth, large ici de demi lieue, 
et couvrent en s'y étendant , les trois quarts de sa longueur 
dans l’espace d'une lieue : ils vont d'une part s'entasser au 
pied du Mont-Rigi, qui leur est opposé, et de l’autre tomber 
dans le lac de Lowertz, dont ils ont reculé le bord occidental. 


() Cet escarpement est formé par un grand rocher de poudingue, 
qui est dans sa place originelle. Ses couches descendent. vers le fond de 
la vallée d’Arth, sous un angle de 25 degrés; elles sont disjointes entre 


leurs plans et divisées par de larges fentes verticales très-rapprochées. 
Le tout paroït prêt à crouler. 


X 2 


164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


L'encombrement qu'ils y ont fait varie beaucoup suivant les 
lieux, mais il ne m'a pas paru s'étendre à sa surface au-delà de 
cinquante loises. 

On voit sur le Rufliberg, tout le long de la lisière occiden- 
tale de l’avalanche , quelques maisons éparses qui ont échappé 
comme par miracle à la destruction. Les maisons, hors une 
seule de Spitzbuhl, n'ont point été abandonnées depuis la ca- 
tastrophe, malgré l’injonction du Gouvernement : leurs habi- 
tans y vivent avec le reste de leurs troupeaux dans une parfaite 
sécurité. 

L'avalanche, en recouvrant les trois quarts du fond de la 
vallée d’Arth, sur une longueur d’une lieue, une largeurde demi- 
lieue, et en dépouillantcet espace de toute trace de végétation, n'y 
a pas répandu ses débris d'une manière uniforme. Les plus gros 
blocs de poudingue ont formé dans la direction du courant de 
lécroulement , une colline qui barre la vallée dans toute sa lar- 
geur. Cette colline se bifurque à son extrémité vers le Rigi, et 
l’on estime que son sommet est à deux cents pieds au-dessus 
de l'ancien niveau de la vallée. Les rochers qui composent 
cette élévation , diminuent en nombre et en volume, à mesure 
qu'ils s'éloignent de la ligne d’impulsion. Les parties les plus 
basses de l’avalanche, surtout du côté oriental, ne sont presque 
composées que d'argile et de marne de diftérentes couleurs, 
jaune, grise, noire; elle a une teinte noire dans la partie 
comblée du lac de Lowertz et dans son voisinage, parce que 
le sol naturellement tourbeux en cet endroit, a été sillonné 
et soulevé par les blocs de rochers qui s'y sont enfoncés. 

La plupart des ruisseaux qui descendent du Fügi et du 
Rufiberg dans la vallée d'Arth , se rendoient dans le lac de 
Lowertz, avant l’écroulement; mais ils ont été arrêtés par ses 
débris , et se sont perdus dans leurs interstices : ils ont reflué 
par dessus les terres et y ont formé çà et là des étangs. On 
travaille à leur donner l'écoulement, surtout du côté du lac 
de Lowertz, qui se vide par son extrémité orientale dans le 
lac de Lucerne. Le lac de Zug n'y communique pas ; il se 
vide du côté de la ville de Zug dans une direction et une 
pente presque contraire à celle du lac de Lowertz. 

On à craint d’abord que ces ruisseaux perdus ne dirigeassent 
leurs eaux du côté d’Arth et de Zug, ou dans une direction 
opposée à leur ancienne pente, et qu’ils n'inondassent ces: 
contrées ; mais rien jusqu'à présent n’a justifié ces craintes. 
Le lac de Zug n’a point changé de niveau. La Saven, ruisseau: 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265 


qui vide le lac de Lowertz, ne contient ni plus ni moins 
d’eau qu'avant l’écroulement, et les étangs n’ont pas augmenté 
sensiblement quoiqu'il soit tombé beaucoup de pluie. 

Arth situé à l'extrémité occidentale de la vallée n’a point 
souffert, et l’on compte encore, après avoir traversé ce village, 
vingt minutes de marche, dans la longueur et le fond de la 
vallée , pour atteindre le sol dévasté. 

Le premier village détruit entre Arth et Lowertz est Goldau, 
ensuite se trouvoit le hameau d'Hueloch, puis le village de 
Bussingen, qui ont été entièrement enfouis; et enfin, à l’extré- 
mité orientale de la vallée, le village de Lowertz qui a perdu 
plus des deux tiers de ses bâtimens, 

Goldau est enfoui à plus de cent pieds de profondeur au- 
dessous de la colline que l’avalanche a formée , et rien ne 
rappelle qu'il a pu exister dans cette place : ses habitans 
écrasés par d'énormes rochers, y ont terminé leur vie en un 
instant. Maïs Lowertz, qui n'a pas été détruit en totalité, et 
qui n’a reçu en grande partie que de l'argile ramollie sur les 
limites de l'avalanche , présente un spectacle beaucoup plus 
triste. L'espace que ce village occupoit, et tout son voisinage, 
offrent l'image d’une mer agitée ou d'un glacier fendu et 
crevassé dans tous ses points ; mais cette mer est de boue, 
et l’on en voit sortir çà et là, dans toutes les directions, les 
poutres des maisons brisées , les branches ou les racines des 
arbres renversés ; on y respire une odeur cadavéreuse ; l’on 
voit le reste de ses habitans avec un air tantôt triste, tantôt 
égaré, occupés à rechercher, à garder les débris qui peuvent 
avoir échappé à cette espèce de naufrage. C’est là qu'il est 
à craindre que plusieurs habitans n'aient trouvé la mort après 
avoir respiré long-temps sous des décombres : c’est aussi là 
que vingt-quatre heures après l’'éboulement, on a déterré une 
femme et un enfant qui sont aujourd'hui pleins de vie. On ne 
m'a parlé que de cinq ou six individus qui, après avoir été 
atteints par l’avalanche, ont échappé à leur destruction; mais 
on en compte environ deux eents qui, par leur absence:ou 
leur dispersion , ont évité la mort. Je tiens cette dernière 
information de M. Zay, trésorier à Arth, qui est très au fait 
de l'état passé et présent de la contrée. 

J'ai passé deux jours dans ces lieux dévastés, et je les ai tra- 
versés dans plusieurs sens. Je m'étois préparé à entendre les 

sollicitations des malheureux qui avoient bien des titres pour 
xechercher auprès d’un étranger quelque soulagement à leur 


166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


misère. J'ai été trompé dans cette attente. Aucun d'eux ne 
m'a demandé la charité, et ce n'est que sur des interrogations 
qu'ils ont raconté leurs malheurs. 

L'écroulement n’a pas borné ses ravages à la vallée d'Arth ; 
il a produit en se précipitant dans le lac de Lowertz, une 
vague énorme qui est parvenue à cinquante pieds de haut et 
qui a inondé le rivage : elle a laissé les traces de son élévation 
sur les arbres qui ombragent le rocher pyramidal de l'île de 
Schwanau (1). L'hermitage et la maison qui s’y trouvent ont 
été entièrement submergés et sont devenus imhabitables. Cette 
vague n’est cependant point parvenue au sommet de l'île; elle 
n’a point atteint la tour de Schwanau, dont la masure subsiste 
commie auparavant, au milieu des arbres qui l’environnent; 
ceux de la petite île beaucoup plus bâsse, qui est voisine de 
la précédente, ont tous été déracinés ou renveisés; mais ces 
deux jolis sites pourront reprendre en peu de temps leur pre- 
mier a-pect. é 

La vague s'étoit chargée à <on origine près de Lowertz, de 
11 charpente des bâtimens de ce villige: eile a lancé ces débris 
une lieue plus loin, à l’autre extrémité du lac , contre les 
maisons de Séven, où elle s'est élevée à la hauteur de douze 
pieds. D’eux d’entre elles ont croulé. Toutes les autres restent 
sillonnées des traces de son passage. Elle n’y a pas séjourné 
un quart d'heure. Les habitans, hors un viellard malade et 
oublié dans son lit, ont eu le temps d'échapper, en se ré- 
fugiant sur des lieux élevés, ou dans les étages supérieurs de 
leurs habitations. 

Notre compatriote Delolme, célèbre par son ouvrage sur 
la Constitution d'Angleterre, est mort à Séven, six semaines 
avant cet événement, dans l’une des maisons qui viennent 
d'être renversées. 


() Ce rocher est composé d’une pierre calcaire dure, dépourvue de 
corps organisés, grise à l’extérieur et bleue à l’intérieur. Elle a un grain 
salin et paroït être d’une formation très-ancienne. Elle communique sous 
l’eau, avec un promontoire voisin, qui fait partie de la montagne con- 
tgue au Mont-Risi. La richesse nÉ végétation ne permet pas de voir 
le molle de jonction de tes deux montagnes. 

La réunion du Rufiberg avec le Schwyter hacken, qui est aussi calcaire 
et de l’autre côté du lac, n’est pas plus sensible ; mais il me paroït pro- 
bable que, le poudingue repose sur la pierre calcaire, soit à cause de 
l’ancienne formation de cette dernière, soit parce qu’on n’en voit aucun8 
lyace ni sur le poudingue du Ruflberg, ni sur celui du Rigi. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 107 


Ce village est le terme le plus reculé des ravages causés 
par l’éboulement du Rufliberg. Je donnerai ici leur tableau 
sommaire : il m'a été communiqué un mois après la catas- 
trophe, par M. Schouler, Landamann à Schwytz, seulement 
comme une approximation qui dans la suite pourra devenir 
plus exacte, mais qui cependant est plus juste que les éva- 
luations qui l'ont précédée. 


484 Personnes mortes. 

170 Vaches et chevaux morts. 

103 Chèvres et moutons morts, 

87 Prés entièrement détruits. 

Go Prés endommagés. 

97 Maisons entièrement détruites. 
8 Maisons endommagées et inhabitables. 

166 Chalets, granges ou étables, entièrement détruits. 
19 Chalets, granges ou étables, endommagés. 


Le dommage total est évalué pour le moins à 1,173,479 
florins de Schwytz, qui font environ deux millions huit cent 
seize mille francs de France, 

Les cantons voisins ont montré leur dévouement dans cette 
circonstance, en offrant et en fournissant autant d'hommes que 
les besoins de la contrée peuvent exiger, pour écouler les eaux 
et établir des chemins au travers des écroulemens Deux cent 
cinquante ouvriers y travaillent avec ardeur. Ces soulagemens 
ne suffisent point : il faut d’autres sacrifices aux malheureux 
qui ont survéou à la perte totale de leurs familles et de leurs 
biens. Mais ce peuple si connu , si distingué dans tous les 
temps , par son industrie, par la pureté de ses mœurs et 
l'élévation de son caractère, ne mangue pas de recommanda- 
tions pour obtenir non-seulement en Suisse, mais encore dans 
les pays limitrophes, les secours pressans dont il a besoin. 


N. B. La planche que je joins à ces observations est copiée 
sur celle de J.-H. Meyer, de Zurich, 


168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


TR ON SRE MIE TS UMRRE 
D ES 
RECHERCHES 


SUR'LES" LOIS 'DE'L'AFFINPDE: 


Par M. BERTHOLLET. 


Extrait des Mémoires de l’Institut de France, classe 
de Physique et de Mathématiques, année 1806. 


Daxs un Mémoire dont celui-ci est une suite, j'ai rappelé 
à un nouvel examen les lois que suit l’aflinité par laquelle 
les corps tendent à se réunir ou à former une combinaison, 
et en mème temps j'ai distingué les effets qui sont dus aux 
qualités physiques des substances qui exercent une action mu- 
tuelle, de ceux qui dépendent immédiatement de laflinité ; 
j'ai développé dans mon Æssai de statique chimique les con= 
séquences auxquelles m'ont conduit mes recherches, en les 
appliquant aux phénomènes dont la chimie doit donner la 
théorie, 
. Je vais présenter quelques observations dont le but est 
simplement de porter une plus grande précision dans des faits 
connus et d'en établir le rapport avec la doctrine que j'ai 
exposée ; je discuterai quelques opinions opposées aux miennes; 
j'insisterai particulièrement sur les proportions qui peuvent 
varier dans quelques combinaisons, et sur les moyens propres 
à déterminer les aflinités relatives des acides et des alkalis. 


$ Ier. 
Du Carbonate et des sous-Carbonates de soude. 


On regarde le carbonate de soude comme une combinaison 
identique , comme la seule combinaison de la soude et de 
L Q . . . . . . 
l'acide carbonique qui ait la propriété de cristalliser. 

Selon 


ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 169 
Selon Bergmann ce sel contient , lorsqu'il est cristallisé, 


INCIde SR HA LIANT ANS AC 16 


Faussctabrss Saee LL & Hs otts 10%: 


M. Kirwan en a donné une analyse qui diffère uu peu : 
selon lui, 100 parties contiennent, 


Aeidete mn meceteelr ose LDT4./2 
OA AA. ASE LAN LE: Ebore 38 
Dani ttes Er TE ee 


M. Klaproth (1) donne les proportions suivantes: 


SONdE EE are Dee en Se A2 
Acidebsntretsss ti mine dre rt 
ane ie an aa e de O2 


Mais il a analysé un natron apporté d'Afrique, qui contenoit, 


Soudere St VUE DEA 5: ATP EELOTO 
Acide carbonique..... das et 118860 
Faux. 22e LE CL DE NT 250 
Sulfate de soude.......... rues 


Ce natron différoit du carbonate de soude par plusieurs 
propriétés. M. Klaproth rapporte la description suivante, qu'en 
a donnée M. Bagge, dans les Mémoires de l’Académie de 
Stockholm : Z/ est toujours dans l’état cristallin ; on voit 
par sa cassure qu'il est composé de cristaux longs, parallèles, 
croisés en différens sens, en apparence comme le gypse. 

M. Klaproth explique heureusement, par la propriété qu'a 
ce carbonate de résister à l’efHorescence, la dureté des masses 
qui en sont composées, comme nous l'avons observé en Egypte 
sur les bords des lacs de Natron, où nous avons vu le Quassr 
(espèce de petit fort), construit avec ces masses salines (2). 

M. RE ajoute que le carbonate de soude ordinaire 
peut absorber une nouvelle quantité d'acide carbonique , comme 
la potasse ordinaire, et que par là il a obtenu un sel qui res- 
sembloit au natron dont on vient de parler, autant pur l’état 
feuilleté de ses cristaux, que par la propriété de résister à 


(r) Beitreege zur chemischen kenutniss der mineral korper, 3 band. 
(2) Mémoire sur l'Egypte, Journal de Physique, messidor an 8. 


Tome LXIFP, FÉVRIER an 1807. Y 


170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


l'efflorescence. Il établit donc pour différence essentielle entre 
ces deux espèces de carbonate, que dans l’espéce ordinaire , qui 
est désignée par le nom de carbonate ou de se/ de soude, 100 
parties de soude sont combinées tout au plus avec 73 parties 
d'acide carbonique, et que dans l’autre carbonate, 100 par- 
ties de soude se trouvent combinées avec 103 parties d'acide 
carbonique. 

Cette différence dans les carbonates de soude m’a paru 
mériter des observations. ultérieures. J'ai pris un carbonate 
de soude nouvellement cristallisé, et son analyse m'a donné, 


der NT RE PERS 
ide ti. éuolsoaorc.enl.enéobisirs 
Pau Ant SE el ARE ONG 


J'ai saturé d'acide carbonique la dissolution de ce sel, jusqu’à 
ce qu’elle refusât d’en.prendre malgré la pression dé quelques 
centimètres de mercure: sur la fin de l’opération il s’est déposé 
peu à peu une substance saline que j'ai trouvée composée de 
petits cristaux AC : le liquide, bien loin de conserver 
des caractères alkalins, rougissoit un peu la teinture de tourne- 
sol. Pour la substance concrète et cristalline , elle n’affectoit 
aucunement les papiers teints avec le curcuma et avec le 
fernambouc; mais elle verdissoit le sirop de violette. 

Les indices dont on se sert pour reconnoître l'acidité ou 
l'alkalinité, n’ont pas, avec cette combinaison et les semblables 
de je dois décrire, cette uniformité d'effets que l'on observe 

ans les autres combinaisons d'acide et d’alkali; ce que l’on 
doit attribuer à la très-foible adhérence de l’acide qui complète 
la combinaison, en sorte que la substance colorante peut fa 
cilement être affectée par l’acide ou par l'alkali, selon qu'elle 
a plus de disposition à se combiner avec l'un ou avec l’autre; 
mais s’il résulte de là quelque incertitude sur l’état parfaitement 
neutre de la combinaison , il est néanmoins indubitable qu’elle 
ne s'en éloigne que d’une quantité si petite que je né puis 
craindre d’erreur sensible en la regardant comme neutre. 

C'est donc le véritable carbonate de soude que j'ai obtenu 
dans l’expérience que je viens de décrire: je donne aux autres 
combinaisons de l'acide carbonique le nom de sous-carbonates, 
à limitation de M. Thomson, qui s'est déjà servi de cette 
expression pour désigner différentes combinaisons de l'acide 
carbonique; cependant je crois qu'il est inutile de faire cette 
distinction, lorsqu'on veut simplement désigner une base car- 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 
bonatée , et qu’il faut la réserver pour les cas où l'on a l'inten- 
tion d'indiquer la proportion de l'acide carbonique : j'en useraiï 
ainsi. 

Le carbonate de soude m'a donné. 


SOU. 26.8 meseiuaiees sise se 1070 
Acide carbonique............ 44.40 
1 oc doté Hot TOR One CAT 


100 


100 parties de soude qui, d'après mes expériences, n'ont 
dans le sous-carbonate ordinaire que 60 d’acide carbonique, 
demandent donc, pour parvenir à l'état neutre, 139,84 de cet 
acide, et l’on a vu que d’après les expériences de M. Klaproth, 
100 parties de soude n’en exigent que 103, d'où il résulte que 
le sel qu'il a regardé comme une soude saturée, n’étoit dans la 
réalité qu'un sous-carbonate. 

J'ai fait évaporer le liquide qui surnageoit le carbonate cris- 
tallin ; il s’est dégagé de l’acide carbonique , ensorte que 
ce liquide a donné promptement des indices d’alkalinité. J’ai 
séparé la première cristallisation qui s'est formée par le re- 
froidissement: la substance saline n’étoit plus dans l'état neutre, 
mais elle donnoit des indices d’alkalinité; c'étoit déjà un sous- 
carbonate : en continuant d'évaporer le liquide, j'ai séparé deux 
autres cristallisations successives, dans lesquelles l’alkalinité de- 
venoit de plus en plus dominante, et dont les qualités s'éloi- 
gnoient de plus en plus des propriétés caractéristiques du car- 
bonate ; mais après ces trois cristallisations, le sel qui formoit 
plus de la moitié du total, n’a pas différé sensiblement du 
sous-carbonate de soude ordinaire , par les proportions de 
l'acide carbonique. 

Le carbonate de soude n'’effleurit pas à l'air, et il est beau- 
coup moins soluble dans l'eau que le sous-carbonate ordinaire; 
car, pendant que celui-ci ne demande, à une température 
moyenne , que deux parties d’eau, le premier en exige huit; 
de là vient qu'il se dépose, lorsqu'on sature le sous carbonate 
d'acide carbonique. 

Cette propriété en détermine une qui me paroit précieuse 
pour les analyses, que nous devons chercher à porter à leur 
perfection. 

Le sous-carbonate de soude, que l’on connoît dans le com- 
merce sous le nom de se! de soude, quoiqu'il soit dans uns 


Y 2 


172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


état transparent et cristallin, contient toujours une certaine 
proportion de sulfate de soude, ainsi qu'on peut s'en assurer 
en précipitant par son moyen une dissolution"de muriate de 
baryte, et en dissolvant, par une addition d’acide, le précipité 
de baryte carbonatée, qui s'est formé; car il ne reste que le 
sulfate qui refuse de se dissoudre. 

J'ai fait une dissolution de ce sel, j'en ai séparé la première 
cristallisation : cette partie, bien égouttée sur un papier à filtrer, 
indiquoit encore une certaine proportion de sulfate. Il résulte 
de là que lorsqu'on se sert de sous-carbonate de soude pour 
décomposer des combinaisons à base terreuse, on doit né- 
cessairement trouver, si l’analyse est rigoureuse, une propor- 
tion d’acide sulfurique qui a été apportée dans le procédé, en 
raison de la quantité de sel de soude que l’on a employée. 

Le moyen qui consisteroit à rendre la soude caustique par 
la chaux, à dissoudre la substance alkaline par l'alcool, et 
ensuite à la saturer par l'acide carbonique, seroit long et 
dispendieux ; mais le carbonate de soude, préparé comme je 
Vai dit, est entièrement privé du sulfate qui reste en disso- 


lution. 
S II. 


Du Carbonate et des sous-Carbonates d'ammoniaque. 


Il seroit inutile de rappeler les proportions que l'on a’trou- 
yées dans les combinaisons de l’ammoniaque avec l’acide care 
bonique , que l’on a prises pour des carbonates ») parce que, 
comme l’a observé M. Davy (1), ce sel obtenu du mélange 
de muriate d'ammoniaque et de carbonate de chaux, a des 
proportions différentes d'ammoniaque, d’acide carbonique et 
d’eau, selon la température à laquelle l'opération a été faite, 
æensorte que, retiré à une température de 300 degrés de 
Fahreneith , il contenoit 5o parties d’ammoniaque sur 100, 
pendant qu'il n’en avoit que 20 parties , lorsque l'opération 
avoit été faite à 6o degrés. 

Quoi qu'il en soit, la combinaison à laquelle on a donné 
le nom de carbonate d’ammoniaque, a toujours été très-éloignée 
de celle que je vais décrire, et‘qui est le véritable carbonate. 

J'ai obtenu ce carbonate par le méme moyen que celui de 


{) Researches chemical, p: 75. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE: 173 
soude : il se dépose aussi en petits cristaux beaucoup moins 


solubles dans l’eau que le sel que l’on a employé; car il faut 
près de 8 parties d’eau pour le dissoudre à une température 
moyenne. 

Ce carbonate ne conserve aucun indice: d'alkalinité , pas 

même dans sa saveur; mais il verdit le sirop de violette. 
_ Le liquide qui surnageoit ces cristaux étoit aussi dans un 
état neutre ; je l'ai distillé à une foible chaleur, pour ticher 
d'obtenir encore du carbonate par la cristallisation : la liqueur 
qui étoit en distillation conservoit l’état neutre ; il en a été 
de même d’une pareille liqueur que j'ai fait évaporer à l'air 
libre : mais celle qui passoit dans le récipient n'’étoit plus dans 
l'état neutre; ce n'étoit plus qu’un sous-carbonate , et loin 
de se concentrer , le liquide qui étoit dans la cornue à fini 
par ne plus contenir d'ammoniaque , ainsi que celui que j'ai 
fait évaporer à l'air libre. 

Cependant, si on laisse la dissolution de carbonate d’ammo- 
niaque à l'air, et il en est de même de celle des autres car- 
bonates, elle devient bientôt sensiblement alkaline, et perd par 
conséquent un peu d'acide carbonique : mais cet eflet s’arrète 
bientôt et la combinaison paroit ensuite rester constante. Les 
carbonates eux-mêmes, lorsqu'ils sont dans l'état cristallin, 
participent un peu à cet effet. 

Le sous-carbonate d'ammoniaque que l'on obtient par le 
moyen-du muriate d'ammoniaque et 4 carbonate de chaux, 
contient toujours une. proportion assez considérable de muriate 
d'ammoniaque , et j'ai éprouvé qu’en lui faisant subir une 
nouvelle sublimation, il en enträinoit encore la plus grande 
partie avec lui; ce qui peut être une cause d'erreur dans les 
analyses où l’on en fait usage; mais le carbonate d’ammo- 
niaque, préparé comme je l'ai dit, est absolument dépouillé 
de ce sel étranger : de plus, le premier est très variable dans 
ses proportions, et le second est uniforme. 

L'analyse du carbonate d’ammoniaque m’a donné, 


Acide carbonique.....,.....,..., 55: 
Ammoniaque .,................4 « 20 
East ee destareret gent. A aoqc on 


Par conséquent 100 parties d’'ammoniaque exigent à peu- 
près 275 parties d'acide carbonique pour parvenir à l’état 
neutre. 


174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
SET TUE 
Du Carbonate et des sous-Carbonates de potasse. 


© Bergmann, qui le premier fit entrer les combinaisons de 
l'acide carbonique dans le système des combinaisons salines , 
fit connoître le carbonate de potasse que l'on obtient en sa- 
turant la potasse avec l'acide carbonique ; mais il en donna 
une analyse dont l'inexactitude a déjà été reconnue : selon 
lui 100 parties de ce sel sont composées de 


Acide carbonique..............!. 20 
Potassee 2 ORNE, EU OS 1. 48 


Kirwan et Pelletier en ont donné une analyse beaucoup 
plus exacte : selon Kirwan 100 parties contiennent, 


Acide carbonique............... 43 
PAtASSe cr diese fee ah anse Cie UAIE 
AU PT CR Set Cle nt 


Et selon Pelletier, : 
Acideso lon AR IU ER LT 043 


Potassetao. ah da. Gr RIRE D: Me 
Eaurenieans sheet to a 


D'après mes expériences, 100 parties de potasse exigent, 
pour parvenir à l'état neutre, 91 parties d’acide carbonique, 
et l’eau est, un peu variable. ; 

J'ai décrit dans les Mémoires de l'Académie (1780), un 
moyen facile d'obtenir ce sel : il consiste à faire bouillir dans 
une cornue un mélange de sous-carbonate de potasse, et de 
sous-carbonate d’'ammoniaque; celui-ci cède, en s'exhalant, 
l'acide carbonique nécessaire pour changer le sous-carbonate 
de potasse en: carbonate, .que l’on peut ensuite faire cristalliser 
par le moyen d’une évaporation ménagée. J'ai éprouvé qu'on 
ne pouvoit obtenir. par le méme moyen le carbonate de soude, 
et je n'ai retiré par l’évaporation que le sous-carbonate or- 
dinaire. 

Je ne décrirai pas le carbonate de potasse, qui est assez 
connu : je ferai seulement remarquer que ce sel reste à l'air 
sans tomber en déliquescence et sans aturer l'humidité ; mais, 


ET) D'HISTOIRE NATURELLE. 15b 


si après avoir saturé d'acide carbonique une certaine quantité 
de potasse, et après avoir séparé la première cristallisation , 
qui est dans l’état neutre , on continue l'évaporation » la li- 
queur surnageante, dans laquelle les qualités alkalines étoient 
déjà devenues dominantes, denne par une seconde cristallisa- 
tion un sel qui n'est plus qu'un sous-carbonate ; en continuant 
ainsi les évaporations et les cristallisations, on obtient succes- 
sivement des sous-carbonates dans lesquels la proportion d'acide 
carbonique va en diminuant, et qui acquièrent de plus en plus 
la propriété de tomber en déliquescence. 

De même, lorsqu'on traite un sous-carbonate ordinaire avec 
l'alcool ;. ainsi que je l'ai dit dans le Mémoire cité, l'alcool 
opère une séparation d'une portion de potasse pure, mais son 
action ne peut en séparer assez pour que le reste soit dans 
l’état de carbonate : le sel que l’on obtient ainsi, cristallise 
comme le carbonate; mais c'est un sous-carbonate qui tombe 
en déliquescence lorsqu'il est exposé à l'air. 

Il y a eu cette diflérence entre la saturation de la potasse 
et celle de la soude, que le liquide qui tenoit en dissolution 
la première, n’a pu perdre les caractères alkalins, quoiqu'elle 
refusât d'absorber l'acide carbonique avec une pression assez 
forte, pendant que la dissolution de la soude est parvenue 
même à donner des indices d’acidité : la première cepen- 
dant donne par l’évaporation et par la première cristallisation 
un véritable carbonate. Le liquide qui contient la soude, 
quoiqu'avec des indices d’acidité, n’a pu me donner par la 
cristallisation après l’évaporation , qu’un sel qui donnoit des 
indices d'alkalinité : la première liqueur donne, par les éva- 
porations successives, des sels dont l'alkalinité s’accroiît gra= 
duellement ; la seconde passe rapidement à un sel qui con. 
serve les proportions que nous connoissons dans le sel de 
soude ordinaire. J'attribue cette différence à une plus grande 
disposition dans le carbonate, de potasse à conserver l'état 
neutre par l’action réciproque des molécules intégrantes de ce 
sel, et à une plus grande disposition du sous-carbonate de 
soude à conserver, les proportions qu'il a dans le sel de soude 
ordinaire : j’explique aussi par là la différence que m'ont pré= 
sentée la potasse et la soude en les traitant avec le sous- 
carbonate d’ammoniaque. 


176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
SE Ve 
Des Carbonates considérés comme réactifs. 


Lorsque les bases alkalines sont saturées de différens acides 
jusqu'au terme de neutralisation, les sels qu'elles forment 
contiennent des proportions de tous ces acides qui corres- 
pondent à leur capacité de saturation, ensorte que si une base 
comparée à une aütre n’exige que la moitié d’un acide, elle 
n'aura également besoin que de la moitié d’un autre acide 
pour conserver l'état neutre. - 

Il suit de là que le carbonate de soude et ceux d'ammoniaque 
et de potasse, doivent présenter les mêmes résultats, lorsqu'on 
les mêle, par exemple, avec une dissolution d’un sel à base 
calcaire néutre ; car dans ce cas où il ne se fait pas de sel 
triple, cette base se trouve également dans l'état neutre après 
le mélange : c'est ce que l'expérience confirme. 

Si l’on verse une dissolution de l’un de ces trois carbonates 
avec une dissolution très-étendue de muriate de Chaux neutre, 
le liquide reste également transparent : dvec une proportion 
plus forte , il est d’abord transparent ; puis il se trouble un 
peu, et si on le tient dans un vase fermé, il se fait un petit 
dépôt ; après cela il reste constamment transparent, quoiqu'il 
n'y ait qu’une trés-petite partie de combinaison de chaux qui 
se soit précipitée. On obtient des phénomènes semblables avec 
le muriate de baryte : le précipité qui se forme est dû à une 
petite portion de sel avec moins d'acide qui se sépare en 
laissant un petit excès d'acide carbonique dans le liquide; 
car, si l’on ajoute à celui-ci un petit excès de cet acide et 
qu'il soit assez étendu d’eau, il ne se fait point de précipité, 
et lorsqu'il commence à s'en former, on rétablit pour quelque 
temps la transparence en agitant le mélange. . 

On voit par là que l'on n’a distingué les précipitations des 
substances terreuses par les carbonates de soude, d'ammoniaque 
et de potasse, que parce que l’on a employé comme carbo- 
nates des sous-carbonates inégalement saturés , de manière 
que l'on a dù avoir des précipités diflérens, selon l’état de 
saturation de chaque espèce d’alkali, et lorsqu'on précipite de 
la chaux, par exemple, ce n’est jamais un carbonate que l’on 
obtient, mais un sous-carbonate trés-variable. 

De même , les combinaisons d’acide carbonique et de 
chaux que l’on trouve dans la nature sont fort éloignées 

d’être 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 
d'être un véritable carbonate : selon l'analyse de M. Kirwan, 
qui m'a paru assez exacte, ces sous-carbonates contiennent, 


Acide carbonique................ 45 
Chaux: M SeLeNer Pin ee FD 


L'expérience faite par les procédés ordinaires , ne laisse pas 
découvrir l'eau dont Bergmann avoit admis 11 parties. 

Ce qu'il y a de remarquable , c'est que ces chaux carbo- 
natées paroïissent toutés avoir les mémes proportions d'acide 
carbonique, ou du moins avec des différence: très-peu sen- 
sibles; on doit attribuer cette uniformité à l'influence de la 
figure des molécules intégrantes, mais il ne faut pas se hâter 
de tirer une conclusion générale : le sous-carbonate de soude 
paroît avoir une disposition pareille à ne pas varier dans les 
proportions avec lesquelles on le trouve combiné ; et cepen- 
dant l'ebservation de M. Klaproth a fait voir qu'il se trouvoit 
aussi naturellement dans des états très-différens de saturation. 

M. Fourcroy (1) a très-bien observé que les alkalis pro- 
duisent des eflets différens sur le sulfate de magnésie, en 
raison de la quantité d’acide carbonique qu'ils contiennent, 
et de celle d’acide sulfurique qu'ils peuvent saturer , de manière 
que la magnésie reste en dissolution, ou se précipite sous forme 
pulvérulente, ou donne des cristaux réguliers, selon la pro- 
portion d’acide carbonique qui peut se combiner avec elle dans 
une circonstance donnée : il décrit les cristaux que l’on obtient 
en précipitant le sulfate de magnésie par le carbonate d'ammo- 
niaque, et en abandonnant la liqueur à l'air : il a trouvé que 
ces cristaux contiennent une! quantité d’acide carbonique, fort 
süpérieure à celle que les autres chimistes avoient admise dans 
les sous-carbonates très-variables que l'on obtient par d'autres 
procédés : 100 parties de ce sel lui ont donné, 


Magnésie.?.,....-,%,2%,.:...7." 05 parties. 
Acide carbonique................ bo 
DE br EMA De ES SU PRE ta LUE 


Ainsi, 100 parties de magnésie se combinent avec 200 
parties d'acide carbonique; mais, comme on le verra, cette 
proportion d'acide carbonique est encore inférieure à celle 
qui est nécessaire pour produire un état neutre, 


(1) Annales de chimie , t. IL 
Tome LXIV. FEVRIER an 1807. Z 


278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


J'ai saturé d’acide carbonique de l'eau dans laquelle j'avois 
introduit du sous-carbonate de magnésie : il s'en est dissous 
une quantité assez considérable ; après cela le liquide rougissoit 
un peu la teinture de tournesol ; il ne produisoit aucune im- 
pression sur lés papiers: teints avec le tournesol et le fernam- 
bouc ; il verdissoit le sirop de violette, Mais je n'ai pas obtenu 
ainsi des cristaux : je me bornerai à remarquer que cette dis- 
solution avoit cette forte amertume qui caractérise les disso- 
lutions de la magnésie, et M. Fourcroy dit que les cristaux 
qu'il a décrits n'ayoient presque aucune saveur. 


S V- 
De la capacité de saturation de l'acide carbonique. 


Bergmann, dont le génie fit faire de si grands progrès à la 
chimie méthodique ; mais qui, comme la plupart de ceux 
‘qui ouvrent une carrière nouvelle, tira de ses observations 
‘quelques conséquences prématurées, établit pour principe, que 
telle est en général la nature des sels simples , que plus ils 
ont de puissancè;; moins ils exigent pour leur saturation, de 
‘Ja substance avec laquelle ïils se combinent. Il fonda surtout 
cette ‘6pinion sur l'acide carbonique , qui, d’après ses expé- 
riences, se combine en:moindre quantité avec les bases alka- 
linés que l'acide sulfurique , l'acide nitrique et l'acide muria- 
tique. ; 


diat de la saturation : mais lés apparences sur lesquelles ce 


paragraphes.-précédens, 111 011014 1904 021 


sition : Plus les corps ont d'attraction pour d'autres COrPS » 


is 2 ? 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179 
et moindre est la quantité qu'ils en exigent pour étre saturés 
(Système des connoïssances chimiques, tome I); et en trai- 
tant des carbonates (tome IV): C'est une règle générale en 
chimie pour les sels, que plus les principes réciproques sont 
foibles, plus ils exigent réciproquement de bases quand on 
considère les acides , ou d'acide quand on considère les bases. 

Si l'on admettoit ce principe , il faudroit nécessairement le 
restreindre aux acides-ou aux bases alkalines, car l'inverse ne 
peut avoir lien ; raisonnons en supposant le principe ; nous 
dirons : la potasse exige moins d’un acide quelconque que 
la soude, donc elle est un alkali plus puissant; mais si nous 
disons qu'un acide exige moins de soude que de potasse, 
nous devons en conclure que c’est la soude qui est la plus 
puissante. 

Mais l’une et l'autre supposition ne peuvent se soutenir 
relativement à l'acide carbonique, que l’on regarde comme 
un acide plus foible que l'acide sulfurique, le muriatique et 
le nitrique, puisqu'il est prouvé qu'il en faut une plus grande 
quantité pondérale pour amener les bases alkalines à l’état 
neutre : d'un autre côté, la soude exige pour sa saturation 
plus d'acide sulfurique que d'acide muriatique, dont on re- 
garde la puissance comme inférieure. 


$ VI 
Des proportions des élémens dans les combinaisons: 


En examinant l'effet de l'action chimique, j'ai été nécessai- 
rement conduit à m'occuper des proportions réciproques qui 
peuvent entrer en combinaison : quoique cette question soit 
immédiatement liée aux notions de l’aflinité, elle avoit peu 
attiré l'attention des chimistes. 

Le résultat de mon observation a été, que l’action chimique 
n'étoit pas bornée à un point déterminé pour chaque espèce 
de combinaison; mais que passé le terme que l'on regardoit 
comme celui de la saturation, elle pouvoit encore produire 
souvent d’autres combinaisons qui différoient par les propor- 
tions, et qu'en général l’action chimique d'une substance se 
prolongeoit indéfiniment jusqu’à ce qu’un obstacle qu'elle 
n'étoit plus capable de surmonter , en ‘éteignit l'effet. 

Cependant j'ai observé qu’il y avoit des combinaisons dont 
les proportions étoient constantes, telles que l’eau et l’'ammo= 
niaque, et d’autres qui ne paroissent s'établir que dans deux 


ZAR 


180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


termes, telles que la combinaison de l'oxigène avec le mercure: 
j'ai remarqué que dans un nombre considérable -de combinai- 
sons, l'action réciproque déterminoit plus facilement certaines 
proportions que d’autres, en rendoit la combinaison plus stable, 
et mème en excluoit quelques-unes. J'ai cherché en consé- 
quence quelles étoient les propriétés qui pouvoient limiter 
ainsi la puissance de la combinaison, et j'ai cru en trouver 
la cause principale dans la condensation qu'éprouvent les élé- 
mens qui se combinent, et qui est plus forte dans certaines 
proportions que dans d’autres, et dans la figure des molécules 
intégrantes des combinaisons qui passent à l’état solide; mais 
d'autres causes peuvent concourir à cet eflet, et je n'ai pas 
cherché à donner aux explications fondées sur cette dernière 
considération , plus de valeur qu'elles ne doivent en avoir ; 
jai même été très réservé sur l'application de ces principes à 
l'oxidation et aux dissolutions des métaux, parce que l’état 
de l'oxidation et celui des dissolutions qui en dépendent, peut 
être souvent changé par les circonstances d’une opération que 
l'on fait pour les reconnoître. 

M. Proust a combattu mes opinions sur cet objet : j’ai éprouvé 
une véritable satisfaction de ce qu'un observateur d’une si grande 
sagacité les ait soumises à sa critique; car ce n'est qu'après une 
discussion assez approfondie , que l’on peut regarder comme 
fixées, des opinions qui sont fondées sur une multitude de faits 
qu'il faut comparer. 

J'ai tâché d'éclaircir les doutes élevés par M. Proust, dans 
quelques articles insérés dans le Journal de Physique; Ÿyÿ 
reviens , parce que les observations que je présente ont un 
rapport immédiat avec notre discussion ; mais il faut que je 
rappelle les principes de M. Proust. 

Son opinion n'est pas simple; il la modifie selon les cir- 
constances auxquelles il l'applique.. 

Il établit, 1° qu'une combinaison se complète de prime abord; 
ainsi il dit (1) : « Lorsqu'un verre de potasse est exposé à l'air 
libre, toute molécule d’acide carbonique qui s’en approche est 
saisie à l’instant même par le nombre des molécules alkalines 
qui doivent la transformer en carbonate. L'attraction est là, 
comme on sait; elle veille, elle préside à ce nombre. Cette 
combinaison introduit donc dans la potasse de nouvelles por- 


D" 


(x) Journal de Physique , 1. LIX. 


( 


ET D'HISTOIRE NATUKRELLPA. 18: 


tions de carbonate, mais d'un carbonate complet; ce ne sont 
pas, comme on pourroit le croire, des portions d'acide car- 
bonique qui, en se partageant entre les molécules de potasse, 
à mesure qu'elles y arrivent , tendroient à les élever ainsi pro- 
gressivement à tous les termes intermédiaires qui sont entre 
le zéro et le point de saturation : l'analyse nous fait connoitre 
que les choses ne se passent point ainsi. 

» Analysez des potasses qui ont absorbé de l’acide car- 
bonique , ou dans lesquelles on a laissé tomber quelques gouites 
d'acide nitrique, sulfurique, etc., vous n’y trouverez que du 
carbonate, du sulfate, du nitrate saturé, et tout le reste de 
la potasse sera à zéro, c’est-à-dire qu’une molécule de po- 
tasse , de terre, d'oxide , qui se trouve en présence d’un acide, 
n’attire ni la moitié ni le quart de ce qui peut convenir à 
la saturation; dès le contact même, elle se constitue com- 
binaison complète en obéissant aux rapports qui lui assignent 
ses aflinités. » 

Il établit, 2° qu'il y a dans les combinaisons un maximum 
et un 77inimum , et que tous les degrés intermédiaires sont 
exclus : c'est surtout aux oxides et aux sels métalliques qu’il 
paroïit appliquer ce principe , que l’on peut adopter sans in- 
convénient , lorsqu'il ne s'agit que d'indiquer vaguement l’état 
d’un oxide ou d’une combinaison ; 

3° Que les combinaisons dont les proportions sont fixes , 
peuvent s'unir à un excès de l’un des élémens dans une pro- 
gression indéfinie, sans circonscrire les caractères qui distin- 
guent la combinaison de cette autre espèce d'union. On sent 
qu’au moyen de cette dernière distinction, il est diflicile de 
lui opposer une observation qu'il ne trouve un moyen d'ex- 
pliquer. 

Je me bornerai ici à examiner Ja première supposition que 
M. Proust paroît appliquer exclusivement aux combinaisons 
des acides avec les alkalis : l'analyse qu'il invoque fait voir 
tout le contraire de ce qu'il avance; si la potasse n’a été com- 
binée qu'avec quelques parties d'acide carbonique , jamais 
M. Proust n'a pu séparer cette petite portion de cärbonate 
qu'il suppose avoir une existence isolée, qu’en employant des 
moyens compliqués , et l'action d'autres substances qui pou- 
yoient opérer , au moyen de leur aflinité, la séparation de 
tout ce qui est superflu à la combinaison du carbonate. Lors 
nee qu’on emploie l'alcool, il ne peut s'emparer de toute 
a potasse ; il se fait un Partage , au moyen duquel le car- 


152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


bouaïe retient un excès de potasse qui lui permet de cris- 
talliser; mais les cristaux tombent en déliquescence , et ne 
sont pas le véritable carbonate. Si l’on prend une dissolution 
de sous-carbonate de soude assez rapprochée pour que l'acide 
carbonique ne soit pas retenu par l'eau, la plus petite goutte 
d'acide y produit une effervescence; mais si le carbonate étoit 
isolé de la soude, un autre acide commenceroit par se com- 
biner avec l'alkali pur, au lieu de décomposer le carbonate. 

Je présume que M. Proust a considéré le sous-carbonate 
de soude et celui d'ammoniaque comme des combinaisons 
complètes; qu'il n’y a point distingué jusqu'à présent de l’alkali 
pur et du carbonate , et cependant ces combinaisons n’ont 
encore qu'une petite partie de l'acide qui est nécessaire, et 
qu’elles peuvent prendre pour leur neutralisation. 

On a vu que les trois alkalis se combinent avec des pro- 
portions d'acide carbonique qui paroissent suivre une progress 
sion continue, quoique ces combinaisons soient plus disposées 
à s'arrêter à certaines proportions : les sels qui en résultent 
ont la propriété de cristalliser, d'être déliquescens, efferves- 
cens ou constans à l'air, d’avoir une solubilité différente et 
une action particulière sur les autres substances, selon les pro- 
portions de leurs élémens. Toutes ces propriétés me paroissent 
ne pouvoir se concilier avec l'opinion de M. Proust; mais on 
va voir que l'acide carbonique est bien loin d'être le seul qui 
ait la propriété de former des combinaisons dont les propor 
tions varient indubitablement. 


S VII. 


De quelques combinaisons acidules et alkalinules. 


En décidant que les combinaisons des acides avec les alkalis 
se complètent immédiatement, M. Proust a entièrement né- 
gligé ces sels avec excès d’acide, qui sont très-communs en 
chimie, tels que les oxalates acidules, les tartrites acidules , 
les phésphates acidules, qui certainement ont une existence 
bien caractérisée et bien distincte de celle des mémes com- 
binaisons à l'état neutre, sans que je puisse appercevoir par 
quelle explication plausible on peut dire que de pareilles com- 
binaisons se complètent immédiatement, et se fixent à un 
seul. terme. : 


J'ai fait voir (Essai de Stat. chim., tome I, p. 566), que 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 


le sulfate acidule de potasse pouvoit varier indéfiniment par 
l'excès d'acide, et qu'il en étoit de même du phosphate aci- 
dule de chaux et du sulfate acidule de soude. Ce dernier 
sel, que j'avois cru ne point tomber en efflorescence lorsqu'il 
a un excès considérable d'acide, montre réellement la pro- 
priété d’effleurir lorsqu'on le laisse assez long-temps exposé 
à l'air : je demande comment un sel qui ne tiendroit pas en 
combinaison une portion de l'acide sulfurique, pourroit tomber 
en efflorescence à l'air, c’est à dire abandonner l'eau de cris- 
tallisation et devenir hygrométriquement sec, pendant que 
l'acide sulfurique attire si puissamment l'humidité ? 
L'analogie doit faire conclure que ceux des sels acidules dont 
on n’a pas examiné les variations, pourront aussi présenter 
des quantités différentes dans l’excès d'acide qu'ils retiennent. 
Le phosphate de soude peut non-seulement cristaliiser avec 
un excès d'acide , mais encore avec un excès de soude, en- 
sorte qu'on peut lavoir doué de toutes les propriétés des com- 
binaisons salines qui cristallisent, ou dans l’état neutre, ou 
avec un excès yariable d'acide ou d’aikalis; mais les combi- 
naisons de cet acide vont être le sujet d’autres observations. 


$S VIII. 
Observations sur Les Phosphates. 


Lorsque j'ai lu ce Mémoire, j'ai dit que dans des expériences 
réitérées je n’avois point obtenu de quantité sensible de sulfate 
de magnésie , en suivant le procédé que MM. Fourcroy et 
Vauquelin ont décrit pour séparer la magnésie des os; mais 
l’assertion positive de mes confrères ne me permet pas de 
conserver des doutes sur leur résultat : je borne donc mes 
observations à celles qui concernent l’action de la chaux, de 
la potasse et de l'acide phosphorique. 

J'avois remarqué ( Recherches sur les lois de l'affintté), 
que lorsqu'on fait bouillir jusqu’à dessication deux parties de 
potasse avec une partie de phosphate de chaux, la potasse 
enlève à la chaux une proportion indéterminée d'acide phospho- 
rique , et selon MM. Fourcroy et Vauquelin (1), {a potasse 
sépare la chaux de l'acide phosphorique ; mais elle n'en 
sépare qu'une bien petite quantité, et seulement quand la 


(1) Annales du Muséum d'hist. natur: cahier 36. — Annales de chimie, 
t. XALVII. 


184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


po’asse est employée elle-même à grande dose, tandis que 
la chaux enlève entièrement et complètement la potasse à 
l'acide phosphorique. 

M. Théodore de Saussure a fait sur cet objet des expé- 
riences positives (1) : 300 parties de potasse dans un poids 
doubie d’eau, ont dissous 16 parties de phosphate de chaux 
sur 25; une seconde expérience faite à sec, a donné un ré- 
sultat semblable. On voit donc que le phosphate de chaux 
peut être dissous en grande partie par la potasse; mais M. de 
Saussure ne me paroît pas avoir vu clairement ce qui se passe 
dans cette ocasion, parce qu'il n’a pas fait attention aux chan- 
gemens de proportions qui ont lieu. Je vais donner le résultat 
de mes observations. 

La potasse en liqueur, employée même à petite dose, enlève 
au phosphate de chaux une certaine quantité d'acide phospho- 
rique, comme on peut s'en assurer en la neutralisant par un 
acide, et en versant ensuite un peu de muriate de chaux qui 
forme aussitôt un précipité de phosphate de chaux : si l’on 
emploie successivement beaucoup de potasse, on peut enlever 
ainsi au phosphate de chaux une partie considérable de son 
acide phosphorique; mais, dans ce cas, on n’enlève point de 
chaux avec l'acide ; du moins un oxalate n’en fait point apper- 
cevoir , de même que la potasse qu'on a fait bouillir avec 
le carbonate de chaux devient effervescente sans donner aucun 
indice de la présence de la chaux. 

Si la potasse est en forte proportion et condensée, comme 
dans les expériences de M. de Saussure , elle dissout en même 
temps de la chaux, mais en proportion beaucoup moindre 
qu'elle ne prend l'acide phosphorique , ensorte qu'il se forme 
alors deux combinaisons, l’une qui reste liquide, et qui est 
ce que M. de Saussure appelle potasse phosphatée de chaux, 
et l'autre qui résiste à la dissolution, et qui est un phosphate 
privé d’une partie de l’acide phosphorique ou un sons-phosphate. 

M. de Saussure dit que la potasse phosphatée de chaux, même 
lorsqu'on la neutralise avec un acide, retient une partie de chaux 
qu'un oxalate ne peut déceler : je crois que l'eflet dont il parle 
est très-petit, et que son opinion vient de ce qu’il a supposé 
que le phosphate de chaux étoit dissous par la potasse , sans 
changer de proportion, desorte qu'il a été surpris de ne re- 
trouver qu'une petite partie de chaux ; mais cette indication 


(1) Recherches chimiques sur la végétation, p. 324. d 
. L 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 185 


de l’oxalate dépend de ce qu'il s'est réellement dissous une 
portion de chaux beaucoup moindre que d'acide phospho- 
rique, 

Lorsqu'on a précipité le phosphate de potasse par l’eau de 
chaux, la liqueur filtrée et amenée à l'état neutre, se trouble 
un peu avec un oxalate, ensorte qu'une partie de la chaux. 
reste en combinaison triple et forme ce que M. de Saussure 
appelle phosphate potassé de chaux. Mes observations con- 
Brment, à cet egard, celles de M. de Saussure, si ce n'est 
que je n’ai point vu, ainsi qu'il le dit, que si l'on mêle à 
la solution de potasse vingt ou trente fois son volume d'eau 
de chaux, le mélange conserve toute sa transparence : j'ai 
observé , au contraire, que le liquide se troubloit dès qu'on 
y ajoutoit un peu d'eau de chaux, et je soupçonne que M. de 
Saussure aura employé un acide phosphorique préparé par 
l'action de l'acide nitrique sur le phosphore , et qu’il n'en 
aura pas Chassé tout l'acide nitrique; mais en employant l'acide 
phosphorique le plus pur, on trouve également qu'il se forme 
un phosphate potassé de chaux, dans lequel, à la vérité, la 
chaux est en petite portion. M. de Saussure a de plus observé 
que le précipité que l’on forme par l’eau de chaux n'est point 
du phosphate de chaux ; c'est un phosphate potassé de chaux 
devenu insoluble à l’eau par un excès de terre. 

J'ai fait bouillir du phosphate de potasse avec poids égal 
de chaux, c'est-à-dire avec une quantité beaucoup plus con- 
sidérable qe ce qu'il en falloit pour neutraliser l'acide phos- 
phorique; la liqueur filtrée après l’ébullition a précipité abon: 
damment avec l'eau de chaux, soit par l'action de la chaux 
sur l'acide phosphorique , soit à cause de la diminution de 
cellé de la potasse , par l'effet qu’exerce sur elle la quantité 
d’eau ajoutée : ayant rendu la liqueur neutre et y ayant ajouté 
du muriate de chaux, elle ne s’est point troublée d'abord , 
mais il s'est fait peu à peu un précipité de phosphate de chaux; 
de l'oxalate ajouté à une autre partie de la liqueur neutre y 
a produit un précipité beaucoup moins considérable que le 
précédent : desorte que , encore ici, acide phosphorique étoit 
en plus grande proportion que la chaux. 

On retrouve donc dans l’action de la chaux sur le phosphate 
de potasse des phénomènes qui correspondent avec ceux que 
l'on observe dans l'action de la potasse sur le phosphate de 
chaux, toutefois avec la différence qui dépend de celle de 

Tome LXIV. FEVRIER 1807. À a 


186 JOURNAZ2 DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


l'aflinité des bases pour l'acide, et de l’action de l’eau sur les 
combinaisons de ces bases. 

Les faits que je viens d'exposer ne sont point, comme on 
l'avance dans les Mémoires que j'ai cités, un cas particulier 
pour lequel il faille invoquer la puissance des masses : ils sont 
analogues à la décomposition imparfaite du phosphate de chaux 
par l'acide sulfurique que M. Fourcroy rappelle dans sa Notice, 
à la décomposition incomplète du tartrite de chaux par la 
potasse que M. Vauquelin a fait connoître (1), à la décompo- 
sition incomplète du muriate de plomb par la soude, sur 
laquelle on doit aussi, à M. Vauquelin, des observations inté- 
ressantes (2); ils sont analogues à un grand nombre d’autres 
faits qui sont entrés dans mes Considérations sur l’aflinité : 
leur théorie se lie immédiatement à la question des proportions 
variables dans les combinaisons dont je viens d'augmenter les 
exemples, et à l'opinion que l’on doit prendre de l'aflinité 
chimique. 


SI 


Des caractères de l'affinité. 


Les différentes proportions qui peuvent entrer dans les 
combinaisons , et les changemens qu'elles peuvent! éprouver 
par l’action des autres substances , selon son énergie, font 
voir que l'aflinité produit un effet qui peut ne pas se com- 

léter et n'être pas détruit immédiatement, mais qu'il faut 
fi attribuer une sphère d'activité dans laquelle sa force décroit 
. en raison de la distance, quoique celle-ci soit insensible pour 
nous. 

Ce résultat est absolument contraire à l'idée qu’on s’est 
formée de l’aflinité élective : pour discuter l’opinion que l’on 
en avoit conçue , j'ai suivi pas à pas l'illustre Bergmann, que 
je devois regarder comme l'auteur de l’opinion dominante sur 
l'affinité chimique : j'ai tâché de faire voir que les précipita- 
tions dont on s'étoit servi pour déterminer les diflérens degrés 
d'aflinité, et pour construire les tables de leurs rapports, ne 
présentoient qu'un phénomène trompeur qui étoit dû prin- 
cipalement à la differente solubilité des combinaisons , et que 


© 2 "ST 


(x) Annales de chimie: 
(2) Annales de chimie ,  XXXL 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 187 


les effets que l’on attribuoit, lorsque deux combinaisons font 
un échange de bases , à l'excès de deux affinités réunies sur 
deux autres opposées , étoient entièrement dus à la différence 
de solubilité dans les combinaisons qui peuvent se former dans 
une circonstance donnée. Cependant M. Fourcroy s'explique 
ainsi sur mes recherches dans le discours préliminaire de son 
vaste et savant ouvrage (Syst. des connoiss. chim ). Ces 
rec'erches ne doivent rien changer aux principes de la 
chimie sur les attractions chimiques, puisque les lois de 
celles-ci ne sont exposées qu'en supposant des quantités 
exactes, constantes et bien déterminées, comme des tem- 
pératures, et en général des circonstances données. 

Si l'on avoit attaché la détermination des aflinités <lectives 
à des proportions bien déterminées, on auroit fait entrer cette 
considération dans l'évaluation des affinités comparatives, et si 
l’on avoit limité ainsi cette détermination, on n'auroit rien 
fait pour l’explication de la plupart des phénomènes qui dé- 
pendent de cette force; mais je ne vois pas qu’on ait fait, 
relativement à l'aflinité, aucun usage des proportions qui en- 
trent dans les combinaisons, si ce n’est pour établir le prin- 
cipe dont j'ai montré l’inexactitude $ V : à cette exception 
près , ce n'est pas ainsi que M. Fourcroy a considéré lui- 
même les attractions électriques ; en eflet il dit, page 76, 
tome I, en examinant ce qui arrive lorsqu'un corps agit sur 
une combinaison : C’est dans les deux derniers cas qu'il 
faut nommer avec Bergmann, attraction élective la force 
gui opère la décomposition , puisque cet effet n'est que la 
suite d'une attraction de choix, en quelque sorte , entre l'un 
des principes du premier composé et le troisième corps qu'on 
Ja oute. 

n voit par ce dernier passage, qu’il est difficile d'accorder 
avec celui que j'ai cité précédemment, et par les explications 
répandues dans son ouvrage, que M. Fourcroy a adopté, sur 
l'attraction chimique , les opinions de Bergmann, à part ce 
qu'il a appelé attraction superflue, et qu’ainsi, pour maintenir 
le jugement qu'il a porté sur mes recherches, il doit, en sor- 
tant du vague, descendre dans le détail des faits que j'ai oppo- 
sés à l’aflinité élective, ou indiquer les vices des raisonnemens 
qui m'ont conduit à d’autres conséquences. 

En attendant cette discussion qui ne peut qu'être utile aux 
rogrès d’une science à laquelle nous prenons un égal intérêt, 
Je continuerai à donner des développemens à mon opinion. 


La suite au Cahier prochain. 


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systématiques des plantes , leur classification d'après le système 
de Linnæus; les méthodes de Tournefort et de Jussieu, avec 
l'indication .de leurs parties :utiles à la médecine, à la phar- 
macie ; le choix des préparations pharmaceutiques et chimiques, 
où elles sont employées; leurs diflérens usagés ; les doses aux- 
quelles on peut a demie tout ce qui compose les drogues 
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les caractères sous lesquels MM. Cuvier, Lamarck, Brogniart 
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ET D'HISTOIRE NATURELLE. 189 


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LeiDictionnaire des drogues de Lémery a joui d'une grande 
réputation; mais le progrès des connoissances en faisoit de- 
sirer une nouvelle édition, c’est ce qu'a exécuté l’auteur, déjà 
connu par d’autres travaux. 

Mémoires de chimie, contenant des analyses de minéraux; 
par Martin-Henri Klaproth, Professeur de chimie a l'Académie 
d'Artillerie de Prusse , Membre de l'Académie royale des 
Sciences et Arts de Berlin, et de l’Académie des Arts et 
Métiers de la même ville, Associé de l’Institut national de 
France, ete, etc ; traduit de l’allemand par B.-M. Tassaert, 
chimiste, l’un des collaborateurs des Annales de Chimie. 

2 vol. in-8° dé 1000 pages, imprimés sur cicéro et carré fin 
d'Auvergne. Prix, 10 fr. brochés, et 13 francs par la Poste, 
francs de port. 

À Paris, chez F. Buisson, Libraire , rue Git-le-Cœur , 
n° 10, ci-devant rue Hautefeuille, n° 20 et 23. 

& En donnant au public, dit Fassaert, la traduction des 
analyses chimiques d’un des plus illustres auteurs de nos jours, 
j'ai cru rendre un service important à tous ceux qui s’occu- 
pent non-seulement d'analyses des minéraux, mais aussi aux 
minéralogistes ; car les découvertes et les résultats des analyses 
de ce grand homme doivent influér considérablement sur les 
différentes opinions et les systèmes qu’on pourroit élever. » 

Tous ceux qui s’occupent de ces sciences, partageront sans 
doute cette opinion du traducteur. Nous devons à Klaproth 
la connoissance de la zircone, dü titane, du tellure ; nous 
lui devons les belles analyses du saphir, du çorindon, de la 
topaze, de la pierre à pagode de la Chine... 

Klaproth en parlant dé l'analyse de cette dernière pierre, 
dans laquelle il n'a point trouvé de magnésie, ajoute : 

« Quoique plusieurs autres exemples aient déjà prouvé qu'i/ 
éloit d'une nécessité absolue d'étre éclairé par le flambeau 
de la chimie dans la classification des minéraux, il me 
semble que le cas présent en est une preuve très-évidente... 
Cette pierre doit donc être retirée du genre magnésien , pour 
être mise dans les pierres argileuses. » 

Le traducteur, trés-bon chimiste lui-méme, nous a rendu 
un grand service en faisant passer dans notre langue ces mé- 
moires du célèbre Klaproth. 


OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FU 


| 


THERMOMETRE. BAROMEÈTRE. 


Le 
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H RS. CE OR) ÉC.  ) 
* | Maximum. | Mirnemum. |a Mir. Maximum. | Minimum. A Mini. 
IP midi + 42là8s. + 0,9] + 4.201 10 s......28. 7,50l1 53 m.....28 | 
2h midi + 1,3/à 8m. — 1,2) + 1 Sfà midi... 28. 7,58|a 9 4 5......98. 
AR 43s —o4là8m. — 1,9] — 1: - 5.00fà 4 45 HAL .28 
4lè3is. + 43/18m. + 20| + 3,6 . 4,35[à 8 £ m.....28. 
Sfà midi + 4,laros. + 0,7| + 7,2 5,88 [448 im" 28. 
6h 8m. — ogylaigis. — 26| + 06 45371193 S...... 28 
7 midi — o4l19£m. — 2,2] — 0]; 5,0o|à 1018.....2 
245. — o,7[à 8 Lin, — 2,0] — 1,5 2,00[à 9 + s.. ....28 
fa 3 s. + 24h BEs. — 0,5] + 2: ST EN Ode 27.10,05 
10M2:5. + 3,4là 75m. — 2,2] +, 1,48là 7 : m..... 27.11,2 
à midi  1,5[27=m. — 2,1] + 1,5 2,859 ES. 28 
1ofa los. Æ 1,9fà8m. — 2,2] + o,J 1,90|à 10 5...... 28 
1 345. + 5,6[ 95m. + 3,7] + 5, 1o,26[1 345...... 27 
1fà midi + r,2làr1ts — oé + 1,2 1,00|à 1148..... 28. 
19fà midi — o,2là8m. — — 0,2 2,50|à 10 s...... 28. 
16fà midi. + 8,6[à minait + 3 18 + 8, 0,52|à 7 à m 27. 
17à midi + yo ots. + 6,4 + 7,0/: . 0,75|à 935. :27.10,92 
16fà 8 m. + 6,2à 95 + 16] + 5,0 . 9,00!à midi...... 27. 6,85 
19fà midi + 4,5[à1oëm.+ 3,5] Æ 4,51 102s . 0, 48là 105 .27. 5,00 
20]à midi + + à10+S. + 1,6] + 4,5 380 AMG M 27. 3,27|27 
21)à midi + 3,9là 8 m. + 0,6| + 3,9 . 2,631à 85,...... 26.11,27 
22hà 1056. + 3,98 71m. + o,2| + 3,5 5,75]à 15m.....27. 5,56|27 
23]à midi + 5,ofà 1145. + 2,1] + 5,1 27.11,25]à 7 m........ 27.8,10|2 
24 midi + 4,9{à 7 :m. + 1,8] + 4,5 3,75{à 7: m.....28 
25) 235. + 1,8[à 7 1 m. — 0,3] + 1,3 5,85/à 3 m 28 
26fà midi + 1,0[18m. — 1,6 + 1,0 . 6,11|à midi..... 28. 
27 33s. + 2,8là8m. + o,5| + 1,5 . 5,35[à midi.....928. 
26)à midi “+ 2,9|à 7 £m. + 1,6] + 2,0] . 6,60ù 7+m..... 28 
29 2:s/ + 5,7à8m. + 1,4] + 5,5 . 4,20[à 11 + 5....28. 
Soja midi. + 5,4là1os. + 2,2] 5,4 2,19|à 10 Ses... 28. 
SIN midi + 3,5làom. + 1,5] + 3,5agm.......27.11,50là 10 £s.....27. 8,40 
RECAPITULATION. | 
Plus grande élévation du mercure...28.7, 58, le 2 à midi. 4 |! 
Moindre élévation du mercure..... 26.11,27, le 21 à 8h.s. | 
Élévation moyenne...... 27.0,4 | 
Plus grand degré de chaleur..... + F6, le 16 à midi. 4 
Moindre degré de chaleur....... — 2, 6! le 6 et le 15 à 8 m. J 
Chaleur moyenne....... : + 3o 
Nombre de jours beaux....... 14. 


Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"02853 — 1 pouce 2 lignes, 


6 dixièmes. 
| Le 21 Décembre Thermomètre des caves....9°,640, division de Réaumur. 


nu SA Dm EE Re 


sr 


_ A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, 


s VARIATIONS DE LATMOSPHERE. {: 
c|Hve POINTS 
a VENTS. À 
5 2 LUNAIRES. 1 
[à midi LE MATIN. A MIDI. LE SOTR. É 

, | 
1] 76,0[N. N-E. Beau ciel. Quelq. légers nuages.|C.très-néb; brouill |ÿ 
2] 85,0] Calme.  [n.çà5h.7m. | Brouill. à l'horis, b. c. Brouill. Uès-Épars. |Br. à peine apperc. les ct. & 
3| 8,0 N. Brouil. T. c. de givre.|Brouiilards consid. Br. com. à se dissip.|À 
al 95,0 O. Ciel couv. Pluie fine.| Brouillard, Ciel couv. ; brouill. | : 
5| 86,0| N. Eclaircit par inst. Br.|Ciel assez b. ; br. à l'hor. |Ctel trouble et br. ñ 
6] 91,o| N. Ciel couvert. Brouill.|Browull. considér. Brouill. très-épais. 
7| 91,0|T. calme. Tems couv. de giv. parle br.|Givre psr le brenill. |Brouill. considér.. 
8| 92,o| N. x.L.à7/47's. | Brouill. très-épais; givre: idem. Idem. 
9! 97,01S-E. Brouill. à l'hor.b.ciel. Ni ages çà et là. ST CS nuages. 
10] 89,0[S-E. . Légères vap.; b. ciel.| Léger brouill. eau cicl; léger br. 
11| 95,0|T. calme. Beau ciel. leger br. gelée bl- Brouill. épais. Beau ciel; brouil]. 
12] 96,0! N. EL. Apopée Brouillard. Brouillard. é Br. hum. et puant. 
13| 98,0[0. S-O. Equin. as. Ciel couv.; tems pluv.| Pluie fine par inst. [Ciel couvert. 


JANVIER 1807. 


14] 75,010.N-0O. Nuages épais çà et là.| Ciel couvert. Ciel très-couv. 
15| 90,0[ O. Ciel couvert. idem. Ciel couv. 
16| 91,0[0-N-0O. Idem: Ciel c. 3; qe ge d'eau. |Giel assez b. et léger br. |È 
r7|100,0| ©. r.Q. à 0# 36’ m.| Îdem. QUE g- d'eau. [Ciel c.; veut & tr.{r |} 
18 90,0 S.-O. fort. Idem. intièrem, C:5 pluie. Beau Ciel ; quel. légers n. |È 
19] 89.0[0-S-0. fort. Gresil av. lej.; nuag. àl’ho.| Ciel nuag.; pl. fine. [Ciel c.; Piuie assez f.|È 
2o| 90,0[$. fort. Piuie abondante. Ciel très-nuageux. |Ciel couvert. 
21] 93,0|S. fort. Ciel couvert. Pluie fine et abond. [Pluie fine; ciel couv. 
2| 98,0[S-0. Gros nuag. bord. l’h.|Ciel couvert. Pluie fineet abond. 
:3| 91,0|0. fort. F Ciel couvert. Ciel très-nuageux; pluie f.|Ciel nuageux. 
24| 90,0[N-0. r.1.à2* 40m] Nuages épais çà et là.| Baucoup d’ectaircis.|Ciel très-couv. 
b5| 72,0[N-N-E,. f. nr Ciel assez b. par inst.|Légers br. ; beau ciel.[Ciel vaporeux. 
26| 80,o|N-0. L. Périgée. | Ciel aux tr. qu. couv.|Ciel très-nuageux. |Br. et assez b. ciel. 
7 95,0|[N. N-F,. Equin. desc. Floc. de neige p. inst.| Brouill. ; pluie fines | Assez b. ciel p- inst. 
” 128] 66,0|N-E. "Ciel couvert par inst.|Ciel très-nuageux. [Beau ciel dans la s. 
29! 96,0! O. Ciel couvert. Ciel nuageux. Pluie fine. 
0] 92,0N. N-E. \».0.à5h27/m.| idem. Ciel très-couvert. Ciel couv. 
1] 90,0[S-0O. | Ciel couv. par inst.|Couvert. Couvert. 


R'ÉIC ATP IUT LL AUTIT ON: 


de couverts...... 17 

de pluie-:2t.".." 12 
devenir it 28 

de gelée......... 13 

de tonnerre....,. Oo 

de brouillard. .... 15 
deneige.=-."-.. 2 

INA SRE SR ANE. 9 
NEB acte see ets ee acte 5 
ER EME HO 
Jours dont le vent a soufflé du Rae LE : 
SAONE Rrosee ee Re 5 
OF Mr 6 
NOTES Doncoce 4 


k Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de l’ätmosphère , on a divisé le jour en 
rois parties : la première contient les variations depuis minuit jnsqu à 9 heures du matin ; la 
ssconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures ; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au minuit suivant, 


392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. 


L''ANBUTME 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. 


Mémoire sur deux nouvelles classes de conducteurs 
galvaniques ; par M. Erman. Pag. 121 
Sur la Blende ; par le Professeur Proust. 150 
Observations faites le 127 octobre 1806, sur l'ébou- 
lement du Ruffiberg, dans le canton de Schwytz ; 


par Théodore de Saussure. 154 
Troisième suite des recherches sur Les lois de 

l'Afjfinité; par M. Berthollet. 168 
Nouvelles Littéraires. 188 


Tableaux météorologiques ; par Bouvard. 190 


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(prier 180 7) 
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JOURNAL 


DE PHYSIQUE, 
| DE CHIMIE 


MARS an 1807. 


TROISIÈME SUITE 
\ DES 
RECHERCHES 
SUR LES LOIS DE L'AFFINITÉ: 
Pan M. BERTHOLLET. 


Extrait des Mémoires de l’Institut de France, classe 
de Physique et de Mathématiques, année 1806. 


SUITE. 


S X. 
| De la détermination des Affinités des différentes substances. 


Comme les acides et les alkalis forment deux classes nom- 
breuses de substances dont l’action chimique est très: puissante, 
et comme les effets y sont plus faciles à déterminer et à com- 
parer que dans les autres substances, ce sont principalement 


Tome LXIF. MARS an 1807. Bb 


194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


les acides et les alkalis que les chimistes ont choisis pour 
reconnaître les lois de l’action chimique, ou les caractères 
et les effets de l'alfinité, 

Si j'ai prouvé que les précipités que d’autres substances 
pu produire dans une combinaison sont principalement 
eflet d'une différence de solubilité, et que ceux qui se for- 
ment dans le mélange de deux combinaisons neutres sont 
uniquement l'effet de cette cause (et je crois en avoir donné 
des preuves qu’il ne sera pas facile de réfuter), il est mani- 
feste que toutes les graduations d’affinité, et que toutes les 
tables d’affinités par lesquelles on les a représentées, d’après 
les précipitations, sont destituées de fondement, et qu'il faut 
avoir recours à pne autre méthode. 

Il m'a paru naturel de comparer des forces par les effets 
qu'elles peuvent produire dans les mêmes circonstances , et 
de mesurer l'énergie d'un acide par la saturation qu'il peut 
produire lorsqu'on le combine avec un alkali, en prenant pour 
tous les acides le même terme de saturation : or, le seul que 
l'on puisse choisir, parce qu'il est le seul que l’on puisse 
comparer ‘exactement, est celui ‘où les propriétés qui carac- 
térisent les acides et les alkalis ont également disparu par l'effet 
de leur action réciproque ; cé qui constitue l'état neutre. J'ai 
donc regardé l’acidité comparative des-différens acides, comme 
proportionnelle à la quantité pondérale d’un alkali qu’il pou- 
voit amener à l’état neutre; et en appliquant les mêmes con- 
sidératiohs aux différens ‘alkalis, j'ai comparé leurs forces 
respectives aux quantités d’acide qu'ils pouvoient saturer. 

M. Richter avoit employé cette méthode avant moi, mais 
iln'en avoit appliqué la conséquence qu'aux acides, et il avoit 
regardé, au contraire , les bases comme d'autant plus ipuis- 
santes qu'elles entroient en plus grande quantité dans les com- 
binaisons. 

Cette différence entre les acides et les alkalis dont il s’agit 
de déterminer l’énergie, ne me paroit avoir aucun fondement; 
car l'attraction chimique est réciproque, et l’acide n'agit pas 
plus ni d’une autre manière sur l’alkali, que celui-ci sur l'acide. 
Au reste, M. Richter a fait entrer dans ces Considérations des 
ôpinions hypothétiques sur les propriétés des nombres, eb 
beaucoup d’autres qui, au jugement méme des savans de 
l'Allemagne (1), jettent beaucoup d'obscurité sur des recher- 
AR SO ANS DEV RL PT BE Ne M De: EL mer Diva à: PE 


(x) Voyez ürie mote de M. Fischer, Æssaë ide: stat. chim. 1. 1,1p: 134. 


mt 


ap" 


mg = 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 


ches souvent très-utiles , et suivies avec beaucoup de cons- 
tance. ‘ 

Un fait important qu'on doit à M. Richter, c'est que, 
lorsqu'on fait un mélange de différens sels qui sont susceptibles 
de faire un échange de base , et qui sont dans l'état neutre, 
cet état subsiste après l’échange; ce qui prouve que tous les 
acides suivent les mêmes rapports de quantité avec les diflé- 
rentes bases alkalines avec lesquelles ils parviennent à l’état 
neutre, et que la même condition a lieu pour les alkalis rela- 
tivement aux acides. Ce n’est donc pas par celte hypothèse 
que l'on doit considérer l'acidité et l’alkalinité comme une 
propriété commune à tous les acides et à tous les alkalis, et 
dont l’énergie comparative peut être évaluée par les quantités 
respectives qui sont nécessaires pour produire l’état neutre. 

M. Guyton, qui ne connoissoit pas les recherches de 
M. Richter, avoit également fait l'observation intéressante du 
maintien de l’état neutre malgré l'échange des bases , et il avoit 
proposé cette propriété comme un moyen de reconnoître si les 
proportions attribuées aux différentes combinaisons par les chi- 
mistes , étoient réelles; car ces proportions doivent donner 
pe le calcul des quantités propres à conserver l’état neutre, 
orsqu'il se fait un échange de base:(1). 

J'ai aussi fait beaucoup d'expériences pour constater cette 
propriété , et j'ai toujours observé l'effet qui a été découvert 
par les deux chimistes précédens : je n’ai trouvé un petit 
changement d'état que dans le mélange du phosphate neutre 
à base de potasse ou de soude, avec un sel neutre à base de 
chaux ou de baryte, et dans le mélange du fluate d'ammo- 
niaque avec les mêmes sels à base terreuse. Le liquide devenoit 
légérement acide, mais il est manifeste que cet eflet n’est dû 
qu’à la propriété que possèdent les phosphates et les fluates 
de prendre un excès de base; car, si l'on abandonne pendant. 
deux ou trois jours le liquide sans en séparer le précipité, 
l'excès d’acidité qu'il avoit d’abord, disparoit presque entière- 
ment. 

J'ai de plus observé que celles des dissolutions métalliques 
qui peuvent parvenir à l’état neutre, ou qui ne conservent 
qu'un très-foible excès d'acide, sont soumises à la méme loi; 
il me paroît donc qu'il est permis de conclure que c'est un 
-caractère général de l'affinité chimique. 


(1) Mémoires de l'Institut, t. II. 
Bb 2 


196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


C'est une conséquence des observations précédentes, qu'il 
est important, pour comparer les forces par lesquelles les 
différentes substances exercent une action réciproque , de re- 
connoitre quelles sont les quantités pondérales de chacune qui 
sont nécessaires pour produire l’état neutre , et cette connois- 
sance est encore très-avantageuse pour déterminer, par le 
moyen des combinaisons que l'on forme, les proportions des 
substances que l'on sépare dans les analyses. 

Aussi les chimistes se sont-ils beauceup occupés de ce tra- 
vail important, mais on est encore loin d'avoir rempli cet 
objet. 

Les réflexions que je viens de présenter ne sont qu’un 
extrait de ce que j'ai exposé dans mes Recherches sur 
l'affinité, et dans mon Essai de statique chimique; mais 
jai dû les rappeler à cause de leur liaison avec les considé- 
rations qui vont suivre. 


SE à 


De la détermination des quantités d'acide réel dans l'acide: 
muriatique selon Sa pesanteur. 


- Pour déterminer les proportions des parties constituantes 
des sels, et pour estimer la force comparative des différens 
acides et des différens alkalis, et les quantités que l’on met en 
action lorsqu'on les emploie dans l’état liquide , il est toujours 
avantageux, el il est souvent indispensable de connoître quelle: 
est la quantité d’acide ou d’alkali réel qui se trouve dans l’eau 
en formant une liqueur d’une pesanteur spécifique connue ; 
mais cette détermination offre des difficultés qu'il est souvent 
difficile de surmonter, et même, dans tous les cas, on ne 
peut parvenir qu'à une approximation plus ou moins grande. 

M. Kirwan s'est occupé avec beauceup de constance de 
cet objet, sur lequel je vais présenter mes observations. Il 
a publié à différentes époques des tables sur les proportions: 
d'acide sulfurique, nitrique et muriatique qui se trouvent dans 
les liquides ainsi nommés, selon leur pesanteur spécifique , 
en comparant d’abord la quantité d’acide qu’ils contiennent 
à celle d'un acide d’une certaine concentration, qu'il appeloit 
acide de comparaison, standard acid; et dans son dernier 
ouvrage il a substitué à l'acide de comparaison la quantité 
d'acide réel, qu'il a déterminée en cherchant quelle quantité: 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 


de son acide de comparaison se trouvoit dans une certaine 
combinaison saline dans laquelle il connoissoit la quantité 
pondérale de la base (1). 

Ainsi pour l'acide muriatique il a d’abord formé une table 
qui présente les quantités d'acide de comparaison qui se trou- 
vent dans l'acide muriatique , selon sa pesanteur spécifique. 
Pour avoir cet acide de comparaison, il a combiné 10 grains 
de gaz muriatique , dont il avoit déterminé la pesanteur 
spécifique , avec poids égal d’eau, et il dit que le volume 
de cette eau, qui étoit 10 , est devenu 15.3 : 1l en a conclu 
qu'alors sa gravité spécifique étoit à peu près 1.5; mais je 
ne conçois pas comment il a pu combiner ces proportions de 
gaz murialique, et former un acide muriatique qui eût une 
telle pesanteur spécifique, lui qui reconnoit que l'acide mu- 
riatique le plus concentré que l’on puisse obtenir et conserver 
facilement, est d’une pesanteur spécifique de 1.196; en ellet, 
je n’ai pu surpasser cette pesanteur spécifique que de quelques 
millièmes : d'ailleurs, est-il facile de déterminer les change- 
mens de volume dans une si petite quantité ? Il est donc per- 
mis d'avoir des doutes sur la rigoureuse exactitude de cette 
expérience fondamentale. 

Selon M. Kirwan, le gaz muriatique se combine avec 
l’eau sans produire de chaleur sensible, et l’on verra par 
l'expérience que je décrirai, qu'il s’en dégage beaucoup sans 
que l’on puisse distinguer la partie qui dépend de la conden- 
sation du gaz, de celle qui peut étre due à la condensation 
que l'eau doit éprouver elle-même ; et comme M. Kirwan 
attribue à l'acide muriatique tout ce qui est ajouté à la pesan- 
teur spécifique de l’eau , ce qui l’élève à une pesanteur spé- 
cifique de 3.03, son calcul ne se trouve fondé que sur une 
base chancelante, ainsi que l’a déjà fait voir M. Keir. 

Pour convertir en acide réel son acide de comparaison qu’il 
suppose avoir 1.6 de pesanteur spécifique , M. Kirwan s'est 
servi de sa combinaison avec la potasse ; mais cette. évalua- 
tion est sujette à une égale incertitude. 


(1) Voyez les Mémoires de l'Académie de Dublin, t: IV, et Additional 
observations, etc. 
Je dois prévenir que je n’ai pu me procurer ce dernier ouvrage, et que 
je ne le connoïis que par l'excellent extrait qui s’en trouve dans. la Biblie= 
fhèque britannique, t. XIV et XV. 


198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


1l emploie une dissolution de carbonate ordinaire de potasse, 
mild vegetable alkali; il la sature avec son acide muriatique : 
il prend la pesanteur spécifique de la combinaison, et il fait 
une disolution d'un poids connu de muriate de potasse , en- 
sorte qu'elle ait la même pesanteur spécifique : ayant déter- 
miné par là combien il a formé de muriate de potasse , il 
déduit du poids de l'alkali employé, celui de l'acide qui est 
entré en combinaison avec lui et qu’il regarde comme acide 
réel : il conclut delà combien son acide de comparaison con- 
tient d’acide réel, et il substitue celui-ci au premier dans sa 
table; mais il ne dit point comment il a déterminé la quantité 
de potasse que contenoit son carbonate de potasse, et il faut 
encore qu'il reconnoisse par une expérience la quantité d’eau 
que l’on doit admettre dans le muriate de potasse. 

Il est facile de voir qu'un si grand nombre d'évaluations 
nécessaires pour établir les proportions d’une combinaison, 
ne permet pas de leur assurer un grand degré de précision; 
car les erreurs inévitables dans chacune peuvent s’accumuler 
dans le résultat définitif. 

Il y a même une erreur nécessaire : lorsque M. Kirwan 
décompose le carbonate de potasse par l'acide muriatique 
qu'il verse par petites portions pour parvenir à l’état neutre, 
la liqueur doit retenir beaucoup d’acide carbonique , et sa 
pesanteur spécifique, diminuée par cette circonstance , ne 
peut plus indiquer un rapport exact avec la dissolution de 
muriate de potasse qu'il lui compare. 

J'ai employé un moyen plus direct : j'ai mis en distillation 
du muriate de soude avec poids égal d’acide sulfurique affoibli : 
la cornue placée sur un bain de sable communiquoit avec un 
tube de verre d’un mêtre de longueur; celui-ci étoit logé dans 
une caisse remplie d’un mélange de glace pilée et de muriate 
de soude, et communiquoit à un petit ballon également en- 
touré du mélange réfrigérant : un tube qui partoït de ce ballon 
plongeoït dans un flacon qui contenoit 400 grammes d’eau. 

Après l'évacuation de l'air, le gaz étoit entièrement absorbé 
par l'eau, qui s’est peu à peu échauflée assez fortement pour 
que la main en supportät difficilement la chaleur, quoique 
la quantité, de l'acide condensé n'ait pas été grande et que 
l'opération ait duré près de deux heures ; il me paroît donc 
quil.a dû..se développer, beauçoup plus de chaleur dans cette 
opération, que si l’on eût mélé un poids égal d'acide sulfu- 
rique concentré avec la même quantité d’eau: M. Biot a aussi 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. TC9 


observé que le gaz muriatique produisoit beaucoup de chaleur 
en s'unissant à l’eau. 

Je voulois avoir un acide qui füt peu concentré , pour 
lemployer sans crainte d'exhalaison dans les expériences que 
je dois décrire; les 400 grammes d’eau avoient absorbé 56.975 
grammes d'acide muriatique ; la liqueur avoit une pesanteur 
spécifique de 106.14, et par constquent 100 parties conte- 
noient 12.467 d'acide , tel qu’il est dans le gaz muriatique 
dépouillé d'eau par un grand refroidissement. 

Le mélange réfrigérant avoit fait baisser, pendant la durée 
de l'opération, le thermomètre centigrade entre 12 et 13 degrés 
au-dessous de la congélation; ensorte que le gaz réduit à ce 
degré de température a uù non-seulement abandonner l'eau 
qui produit les effets hygrométriques, mais peut-être une par- 
tie de celle qui ne peut pas contribuer à ces effets, parce qu'elle 
est trop fortement combinée, d'autant plus que la partie d'acide 
qui s’est fixée en liquide dans les vases qu’elle a parcourus , 
tendoient à la retenir. On verra dans la suite de ce Mémoire 
que le gaz muriatique dont je me suis servi, est loin de pou- 
voir-être regardé comme l'acide reel; mais il peut être con- 
sidéré comme une quantité constante, au moyen de laquelle 
l'on peut déterminer exactement les proportions des muriates 
et les comparer ayec les combinaisons des autres acides. 


S XII. 
De l'Ammoniaque réelle dans l'mmoniaque en liqueur. 


Je me suis servi pour cette détermination, du procédé que 
j'ai décrit pour l'acide muriatique; 200 grammes d'eau ont 
absorbé 19.206 grammes d’ammoniaque, et après cela la 
liqueur avoit une pesanteur spécifique de 9,656, d’où il résulte 
que 100 parties en contenoient 8.761 d'ammoniaque. 

Il s’est dégagé dans cette opération beaucoup moins de 
chaleur que dans la condensation du gaz muriatique, quoique 
les pesanteurs spécifiques de ces deux gaz fassent voir qu'il 
s’est condensé un volume plus grand de gaz ammoniaque que 
de gaz muriatique, et quoiqu'il se soit condensé dans moitié 
moins d’eau : cet eflet peut indiquer que le gaz ammoniaque 
contient moins de calorique que le gaz muriatique; mais il 
est probable qu'il dépend principalement de ce qu'il exerce 
une action moins forte sur l’eau , d’où vient que l'ammo- 
niaque en liqueur a beaucoup de tension, pendant que l’acide 


200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


. muriatique, même fumant, surpasse peu l'eau à cet égard, 
ainsi qu'on l’a observé dans des expériences faites avec M. Biot, 
Je crois, d’après cette considération , que l'ammoniaque devoit 
avoir retenu bien peu d'eau, après avoir été soumise à un « 
froid de 12 à 13 degrés, et que dans cet état elle peut être 
prise pour une quantité réelle; ce que d'autres considérations 
confirmeront. 

M. Davy a aussi cherché à déterminer la quantité d'ammo- 
niaque réelle , en recevant dans l’eau le gaz ammoniacal ; la 
seule différence qu’il y ait, c'est qu'il n'a pas employé le 
froid pour séparer l’eau du gaz, et cette différence en produit 
une petite dans les quantités qu'il a indiquées dans une table 
qu'il a donnée pour différentes pesanteurs spécifiques; une 
liqueur d’une pesanteur spécifique de 9639 indique dans sa 
table pour 100 parties 9.50 d'ammoniaque réelle, et la mienne 
ramenée à cette pesanteur spécifique, en contiendroit 8.93. 

M. Kirwan a employé une méthode plus compliquée pour 
déterminer les quantités d’'ammoniaque dans les différentes 
combinaisons. Il a décomposé, par le moyen de la chaux, le 
carbonate d'ammoniaque en le supposant constant, et il a 
évalué l'acide carbonique qui a été retenu par la chaux, et 
l'ammoniaque qui s'est dégagée; il a ensuite employé ce car- 
bonate d’ammoniaque , dont il avoit ainsi déterminé la quan- 
tité réelle d'ammoniaque : il est facile de voir que ce moyen 
ne pouvoit le conduire qu’à des déterminations incertaines, 
et, en eflet, on en trouve de très-discordantes ; ainsi, 100 
parties d'ammoniaque exigeroient , selon lui, 152.68 d'acide 
muriatique et 353.80 d'acide sulfurique, c’est-à-dire plus du 
double du dernier, pendant que 100 parties de potasse neu- 
tralisent 56.50 d'acide muriatique, et seulement 82.48 d'acide 
sulfurique. 

S XIII. 


De l'Affinité comparative de différentes bases alkalines 
avec l'acide muriatique. 


IL suit des principes que j'ai rappelés dans ce Mémoire, que 
pour comparer la Eue des différens alkalis relativement aux 
acides, il suflit d'établir les proportions des bases alkalines 
qui sont nécessaires pour saturer une quantité donnée d'un 
acide, et que les mêmes rapports existent entre ces bases et 
les autres acides ; j'ai choisi pour faire cette comparaison l'acide 
muriatique dont j'ai déterminé la quantité d'acide, S XI. 
La 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 201 


La potasse a été préparée avec l'alcool, et amenée à l'état 
sec : elle a été tenue en fusion pendant un quart d'heure dans 
un creuset de platine. 

100 parties de cette potasse dissoutes dans l’eau, exigent , 
pour parvenir à l’état neutre, d'acide muriatique, 61.5. 

100 parties de soude qui a été préparée comme dans l'expé- 
rience précédente, 88. Ÿ 

Pour la chaux on s'est servi de marbre blanc : son analyse 
avoit fait voir qu’il contenoit 53.67 de chaux. 

100 parties de chaux ont exigé 134.28. 

Mais , comme dans cette évaluation on suppose que le 
marbre ne contient point d’eau, je crois devoir porter ce 
nombre à 156, mais ayec quelque incertitude. É 

Comme la magnésie préparée par la calcination se seroit 
dissoute avec difliculté, on s’est servi d’un sous-carbonate de 
magnésie , dans lequel on avoit trouvé 40.12 de magnésie : 
100 parties de magnésie ont neutralisé 173.69. | 

On a pris une eau de baryte qui en contenoit, par kilo- 
gramme , 15.588 grammes : 100 parties de baryte ont neu- 
tralisé 43.68. 


100 parties d’ammoniaque, déterminées comme on l'a vu 
$ XIT, ont exigé 213. 

L'expérience faite avec l’'ammoniaque , dans cette circons- 
tance et dans les autres semblables, a donné beaucoup plus 
d’inégalité dans différentes épreuves que les autres alkalis , 
qui n’ont, au contraire, présenté que de très-petites diflé- 
rences : tous les nombres indiqués sont le terme moyen de 
deux épreuves très-rapprochées par leur résultat. Ê 

Les nombres qui expriment les quantités d'acide muriatique 
qui ont été nécessaires pour neutraliser 100 parties pondérales 
de chaque alkali, représentent les puissances comparatives de 
ces alkalis dans le même ordre que je les avois représentées 
dans l'Essai de statique chimique , tomeT, section 2, d’après 
les expériences de’M, Kirwan; mais les distances intermé- 
diaires diffèrent de celles qui seroient conclues de ces expé- 
riences et de ses tables des quantités d'acide réel. ; 

Je n'ai pas compris la strontiane dans mes expériences ; mais 
il paroït par celles de M. Kirwan et d’autres chimistes, qu'elle 
doit ètre placée entre la potasse et la baryte; cependant les 
résultats de M. Richter assigneroient sa place entre la soude 
et la potasse : il résulteroit encore de ses expériences que la 
magnésie exigeroit une plus grande quantité d'acide que l’'ammo- 


Tome LXIVP, MARS an 1807. Cc 


202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
niaque ; mais, malgré quelques doutes qui peuvent rester sur 
les quantités d’acide qui neutralisent l'ammoniaque, la magnésie 
lui est certainement fort inférieure, et mes expériences sont 
d'accord en cela avec celles de M. Kirwan. 


SPXTV 
Application des expériences précédentes aux Carbonates. 


Les quantités d'acide carbonique qui sont nécessaires pour 
saturer les différentes bases, doivent se trouver en rapport 
avec celles d’acide muriatique qui produisent le même eflet : 
comparons ces quantités. 

Pour faire cette comparaison, il est à propos de faire une 
petite addition aux poids d’acide carbonique que j'ai donnés 
SSI, IT, II, parce que le liquide retenoit une certaine quan- 
tité d'acide carbonique , quoiqu’on y ajoutât un excès d'acide 
sulfurique pour le chasser, et la partie vide de l'appareil, 
quoiqu'il eût de petites dimensions , devoit aussi en retenir 
un peu : cette quantité doit être la même pour chaque base; 
je l'évalue à 0.04 que j'ajoute aux quantités que j'ai indiquées. 
Après cette correction les quantités d’acide carbonique néces- 
saires pour saturer 100 parties de potasse, de soude et d’ammo- 


niaque , sont à-peu-près comme les nombres suivans : 


Pour lapatasse. satretitiecsentes 9 
La soudées sosie Hottes fé 
L'ammoniaique:.. ins. 44 41270) 


On voit d'abord que ces trois bases alkalines suivent pour 
l’acide carbonique la même progression que pour l'acide mu- 
riatique , et si l’on compare aux nombres précédens ceux: 
qui représentent les quantités d’acide muriatique, que ces 
mêmes bases exigent pour le même degré de saturation, c’est- 


à-dire pour 


Exypotassets. 740. a MAR 1). 467.5 
Tassoude:n#3 et RAR TOrE. Et: 1198 
L'ammoniaque. . LNAIPTE NACRE MOTS 


on trouvera que les proportions de l’un et de l’autre acide: 
avec la potasse et la soude, sont autant d'accord qu'on peut: 
l'attendre d'expériences qui exigent chacune deux évaluations 
différentes : la proportion de l’acide carbonique avec l’ammo- 
niaque, s'éloigne beaucoup plus de celle qui est indiquée par: 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205 


le muriate d'ammoniaque; mais il faut observer que pour la 
déterminer , il m'a fallu d’abord établir la proportion d'acide 
muriatique qui neutralise l’ammoniaque, et ensuite reconnoïtre, 
au moyen de cette première évaluation, la quantité d'ammo- 
niaque qui existe dans le carbonate d'ammoniaque , et enfin la 
quantité d'acide carbonique qui est combinée avec elle. On 
doit, par une suite de cette marche, attribuer plus d’exacti- 
tude aux proportions déterminées pour le muriate d’ammo- 
niaque qu’à celle du carbonate d'ammoniaque , et il me paroit 
indubitable que la quantité d'acide carbonique nécessaire pour 
saturer 100 parties d'ammoniaque excède 300 parties. 

Si l'on établit sur les proportions d’acide muriatique qui 
sont nécessaires pour neutraliser les différentes bases, celles 
qui doivent produire le mème effet avec l'acide carbonique , 
on trouve qu’il faudroit 217 parties d’acide carbonique pour 
en neutraliser 100 de chaux, 268 pour 100 de magnésie, 67 
pour 100 de baryte. Je me sers pour cette évaluation, du 
rapport de l’acide muriatique et de l'acide carbonique pour la 
potasse; si je fais usage de leur rapport avec la soude, j'ai 
les nombres suivans: 219 pour la chaux, 284 pour la magnésie, 
et 71 pour la baryte. 1 

Je me rapproche beaucoup plus des premiers nombres, si 
je porte la proportion d'acide muriatique qui est nécessaire 
pour saturer 100 de soude à go, au lieu de 88, et je crois 
ce nombre plus voisin de la réalité, parce que ma soude, 
quoique préparée avec beaucoup de soir, donnoit des indices 
d'acide muriatique : je ferai cette substitution dans les éva- 
luations suivantes. j 

On a vu que les sous-carbonates différoient beaucoup entre 
eux par la quantité d’acide carbonique qui s'y trouvoit com-— 
binée, quoiqu'ils montrent plus de disposition à avoir certaines 
proportions : il m'a paru intéressant de comparer sous ce rapport 
avec les sous-carbonates naturels les sous-carbonates de baryte 
et de chaux que l'on obtient, en exposant à l'acide carbonique 
les eaux qui tiennent ces substances en dissolution. Pour ceux 
que l’on obtient en précipitant les dissolutions par les sous- 
carbonates alkalins , ils prennent des proportions qui dépen- 
dent de celles des sous-carbonates qui servent à la précipitation. 

J'ai donc fait passer un courant d’acide carbonique dans une 
eau chargée de barytè jusqu'à ce qu'il ne se soit plus fait de 
Pere mais l'opération a été discontinuée aussitôt que le 
iquide a cessé d’être troublé par l’acide carbonique : j'ai exa- 


Cc 2 


204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 

miné ce liquide qui s’étoit éclairci au moyen du dépôt; j'ai 
trouvé qu'il contenoit encore une portion considérable de 
basyte tenue en dissolution par l’acide carbonique , mais dans 
l'état neutre, ensorte qu'il ne donnoit aucun indice d'acidité 
ni d’alkalinité avec les papiers d’épreuve : le précipité a ensuite 
été soumis à la dessication par le moyen de l'ébullition de 
l'eau ; après cela on en a dégagé l'acide carbonique, et il s’est 
trouvé qu'il contenoit 21 parties d'acide carbonique sur 100, 
et le carbonate naturel de barÿte donne , selon l’analyse de 
Pelletier et de M. Kirwan, o 22 : le dernier a déjà remarqué 
que le carbonate artificiel contenoit les mêmes proportions. 

On a fait la même opération sur l’eau de chaux; il est resté 
de méme en dissolution une certaine quantité d'eau de chaux 
qui étoit mise dans l’état neutre par l'acide carbonique, mais 
en moindre proportion que la baryte. 

Le dépôt séché comme celui de baryte, a donné la même 
quantité d’acide carbonique que le marbre blanc : on a retiré 
du carbonate desséché 46.36 d’acide carbonique sur 100, et 
46.33 du marbre blanc. 

On voit par ces deux expériences que l’acide carbonique 
se partage en deux portions , l’une qui s’unit à la baryie et 
à la chaux pour former des sous-carbonates qui ont des pro- 
portions constantes , et l’autre qui forme une combinaison 
soluble qui est dans l’état neutre ou qui en approche. 

C'est ainsi que l’on voit dans plusieurs circonstances un 
acide former une combinaison soluble et une combinaison in- 
soluble; mais l’une et l’autre varient selon les quantités, au 
lieu que l'acide carbonique ne se dissolvant qu’en certaine 
proportion dans l'eau, son action doit être uniforme , ainsi 
que la séparation qui en est l'effet. 

La conformité des carbonates que l’on obtient en préci;i- 
tant la chaux et la baryte par l'acide carbonique avec les car- 
bonates naturels , me paroît remarquable : on obtient les 
mêmes produits que si la chaux et la baryte avoient été tenues 
en dissolution dans les temps primitifs, et précipitées par l'acide 
carbonique qui auroit été superposé. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE 205 


SV: 


Des proportions de l'Acide dans l’Acide sulfurique 
et dans les Sulfates. 


M. Klaproth vient de donner (1) une nouvelle détermination 
des quantités d’acide et de baryte qui composent le sulfate 
de baryte, dont la plupart des chimistes se sont servi pour 
reconnoître les quantités d’acide qui se trouvent dans les diflé- 
rens sulfates : il compare les résultats assez différens des 
chimistes qui l’ont précédé dans cette recherche, et il s'arrête 
aux proportions de 76 de baryte et de 33 d'acide sulfurique. 

J'ai tâché d'atteindre le plus près qu'il m'a été possible à 
la véritable proportion : pour cela j'ai dissous de la baryte dans 
de l'eau; on a distillé un poids donné de cette eau, coupé 
la cornue où s’étoit faite la distillation , placé dans un creuset de 
plitineia baryte séchée, et ensuiteonatenu rouge pendant quelque 
temps le creuset placé dans un autre creuset rempli de sable : 
on a pris le-terme moyen de deux expériences qui différoient 
très-peu. L’eau de baryte dont je viens de parler, et dans 
laquelle la quantité de baryte étoit bien déterminée, a servi 
à plusieurs opérations; pour le sulfate de baryte, on a saturé 
5 hectogrammes d'eau de baryte avec l’acide muriatique , et 
on a produit la précipitation par le sulfate de soude : ce pré- 
cipité convenablement lavé , et tenu également rouge pen- 
dant quelque temps dans un creuset de platine, a donné, 
résultat moyen de trois expériences, 73.12 de baryte, ce qui 
est fort rapproché du résultat de M. Thenard,; qui est de 74.82 
de baryte. J’ai dû faire quelques pertes ; car on ne peut cal- 
ciner le précipité dans le papier qui a servi à le recueillir, 
parce qu'alors on en convertit une partie en sulfure , ainsi 
que me l'a fait remarquer M. OEizel, qui m'a secondé avec 
beaucoup de soin dans mes expériences : je crois: donc devoir 
prendre un terme moyen entre le résultat de M. Thenard et 
“le mien , et devoir fixer à 74 de baryte et à 26 d'acide sul- 
furique, les proportions du sulfate de baryte qui a été tenu 
à un grand jeu ; ensorte que 100 parties de baryte sont 
neutralisées par 35.10 d'acide sulfurique. 


(x) Neues allæemeines Journ. der chem. 5 band. 5 heft. 


206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


M. Klaproth a précipité 100 parties d'acide sulfurique dont 
la pesanteur spécifique étoit de 1.850, ce qui est la plus 
grande concentration à laquelle il ait pu l'obtenir, et mes 
expériences s'accordent en cela avec les siennes : il a obtenu 
un précipité qui, après une forte dessication , pesoit 225 ; il 
conclut que cet acide étoit composé de 74.4 d'acide et de 
25.6 d'eau, et d'après mes résultats il seroit composé de 58. 50 
d'acide et de 41.50 d’eau. 

Cette grande quantité d’eau que l'acide sulfurique retient 
en prenant l'état de vapeur, à une température beaucoup plus 
élevée que celle de l’'ébullition de l'eau, et les effets hygro- 
métriques qu'il produit malgré cette quantité, font voir avec 
quelle force l’eau est retenue dans les substances qui ont de 
l'action sur elle. 

J'ai saturé et précipité par la baryte neutralisée un acide sul- 
furique dont la pesanteur spécifique étoit de 141.70 , et ilest 
résulté de mon expérience qu'il contenoit 51.06 d’acide réel. 
Je néglige dans ces évaluations les effets de la température, 
parce que toutes mes expériences ont été faites entre 9 et 12 
degrés du thermomètre centigrade, et que les différences qui 
Pourroient résulter, en les comparant avec celles de M. Kirwan, 
sont très-petites. 

M. Kirwan a cherché à déterminer les quantités d’acide 
réel qui se trouvent dans l'acide sulfurique de différentes pe- 
santeurs spécifiques, et il en a donné une table; mais il s’est 
servi de moyens indirects auxquels j'oppose les mêmes obser- 
vations que j'ai faites pour ses déterminations de l'acide mu- 
riatique. 

L’acide dont je viens de parler, contiendroit, selon la table 
de M. Kirwan, sur 100 parties, 42.67 d'acide réel , et selon 
mon évaluation, il n’en contient que 31.15. 

J'ai cherché autrefois à déterminer (1) la quantité d’oxigène 
que le soufre prend en passant à l'état d'acide sulfurique, en 
‘le traitant avec l'acide nitrique, et en précipitant l’acide qui 
s'est formé par le muriate de baryte; mais mon évaluation 
étoit très défectueuse : depuis lors plusieurs chimistes ont em- 
‘ployé le même moyen, et M. Klaproth conclut de ses expé- 
riences que l'acide sulfurique, indépendamment de l’eau, est 
composé de 42.5 de soufre et de 57.7 d'oxigène. . 

Dans une expérience que je choisis parce qu'elle a été suivie 


(4) Mémoires de l'Académie pour 1782. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 


avec plus de soin et sur de plus grandes quantités, 17.846 
grammes desoufre changé en acide sulfurique par l’acidenitrique, 
ont donné 127.515 grammes de sulfate de baryte poussé au feu, 
qui contenoit 53.193 d'acide , ensorte que 53.83 parties de 
soufre se combinent avec 46.17 d’oxigène, et que 100 parties 
de soufre prennent 85.7 d'oxigène pour se changer en acide 
sulfurique. 

J'ai encore la satisfaction de me rencontrer ici avec M. The- 
nard, dont les proportions sont, d'après son évaluation du 
sulfate de barÿte, 65.56 de soufre et 44.44 d'oxigène : mais 
ik faut remarquer que dans ce caleul, l’on suppose que l'acide 
sulfurique qui est dans le sulfate de baryte fortement poussé 
au feu, ne contient point d'eau; ce qui est invraisemblable. 
Pour parvenir à une plus grande précision ,: il faudra avoir 
recours à d'autres méthodes ;: telles que la combustion ; mais! 
Lavoisier , qui a déterminé rigoureusement la proportion d’oxi- 
gène qui se combine avec le phosphore dans-sa combustion , 
n'a pu réussir avec le soufre. Mon résultat ne s’éloigne presque 
de celui du célébre Klaproth que par la différence que nous 
mettons dans les parties constituantes du sulfate de baryte ; 
151.5 parties de soufre changées en acide sulfurique lui ont 
donné 1802 de sulfate de baryte , et en admettant 0.26 d'acide 
sulfurique, 100 parties de soufre se seroient combinées avec 
86. 14 d’oxigène, 

100 parties de potasse, préparée comme je l'ai dit, S XIIT, 
ont été neutralisées par 158.815 d'acide sulfurique à 141.70 
de pesanteur spécifique, d'où il résulte que 100 parties de 
potasse se combinent avec 49:33 d'acide réel pour parvenir 
à l'état neutre. 

Si l’on fait une proportion dont le premier terme soit la 
quantité d'acide muriatique qui neutralise 100 parties de baryte, 
le second la quantité d'acide sulfurique qui produit le même 
eflet, le troisième celle d'acide muriatique qui neutralise 100 
parties de potasse, le quatrième terme donne 49.41 pour la 
quantité de potasse, au lieu de 49.33 qu'indique la combi- 
naison directe. 

Eu comparant la quantité d’acide sulfurique qui neutralise 
la baryte et la potasse, soit d'après le calcul , soit d'après 
l'expérience, avec la quantité d'acide muriatique qui sature 
la baryte, pour connoître celle qui est nécessaire pour la po- 
tasse , on trouve la quantité d'acide muriatique qui a été 
déterminé par l'expérience à quelques millièmes prés. 


9 


208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Ces épreuves faites avec des acides aussi différens que l'acidé 
carbonique , l'acide muriatique et l'acide sulfurique, vérifient 
la constänce des rapports de puissance entre les différens 
acides et les différens alkalis : elles prouvent que l’on peut 
avec sureté déterminer les proportions d'acides différens qui 
peuvent se combiner avec les bases alkalines, dès que l'on 
a établi les rapports qui existent entre un acide ét les différens 
alkalis, et pourvu que l’on connoisse les proportions d’une 
seule combinaison neutre de l'acide que l’on examine, avec 
une.des bases alkalines, elles font voir enfin que les expé- 
riences que j'ai rapportées ont assez de précision pour qu'on 
puisse les employer avec confiance, à part les exceptions que 
J'ai indiquées. 

En appliquant, donc ma méthode aux combinaisons ‘de 
l'acide sulfurique, on trouve qu’il faut d'acide sulfurique pour 
100 parties 

DETTE. ee A TRS 
Detchagx "0 PSN otre 
De magnéiie "ANR SERRE 15728 


La détermination que je donne pour le sulfate de chaux 
paroil un peu contraire à celle que M. Bucholz vient de faire 
avec beaucoup de soin (1), et de laquelle il résulte que 100 
parties de sulfate de chaux en contiennent 53 de chaux, 43 
d'acide sulfurique , et 24 d'eau de cristallisation, de sorte que 
100 parties de chaux en exigeroient 130 d'acide sulfurique ; 
mais cette différence dépend des proportions qu’il admet dans 
le sulfate de baryte, qu'il regarde comme composé de 67.5 
de baryte, et de 32.5 d'acide sulfurique. 

IL faudroit seulement supposer qu’au lieu de 3 parties d’eau 
que, selon M. Bucholz, 100 parties de sulfate de chaux re- 
tiennent, lorsqu'on le calcine dans un vase d’argent, elles 
en retiennent 5 à 9 : ce qui n'est pas contraire à la vraisem- 
blance. D'ailleurs j'ai averti qu'il y avoit quelques incertitudes 
dans mes déterminations qui sont relatives à la chaux. 


SRE AE 


Des quantités d’Acide réel contenu dans l' Acide nitrique 
et dans les Nitrates. 


La détermination des quantités d'acide nitrique réel présente 


(1) Neues allgemeines Journ. der. chem, 5 band. 2 heft. 
beaucoup 


= ge 


—— 


#. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 


beaucoup de difficultés par la facile décomposition des nitrates 
que l'on emploie, et dont on ne peut, à cause de cela, dis- 
tinguer l'eau étrangère à l'acide. 

Je me suis servi de la potasse dont j'ai saturé 100 parties 
avec un acide nitrique d’une pesanteur spécifique de 129.78 : 
et comme le nitrate de potasse s’évapore en partie avec l’eau, 
ainsi que M. Lavoisier l'a constaté, j'ai distillé la liqueur, et 
j'ai éprouvé le liquide qui a passé, avec le nitro-muriate de 
platine; car l'on sait que les sels à base de potasse y pro- 
duisent un précipité; or je n'ai point eu de précipité : le sel 
séparé de la cornue, et parfaitement neutre, a été séché au 
degré de l’ébullition de l’eau ; mais, après cela, il avoit subi 
un commencement de décomposition , et il donnoit des in- 
dices d’alkalinité : il pesoit 168.50; mais je porte le nombre à 
170, pour compenser la décomposition qui avoit commencé (CE 

D'après cette évaluation qui a, comme l’on voit quelqu'in- 
certitude, mon acide contenoit sur 100 parties 32.41 d'acide 
réel. 

M. Davy qui a fait des expériences très-ingénieuses et très- 
intéressantes sur la composition de l'acide nitrique, des gaz 
auxquels il donne naissance et des nitrates, a employé une 
méthode indirecte et trop compliquée pour déterminer les 
quantités d’acide réel dans les nitrates et dans l'acide nitrique, 
pour lequel il a formé une table selon les pesanteurs spé- 
cifiques (2), et ses évaluations se trouvent très éloignées de 
celles que je présente. 

Mon acide ramené à la pesanteur spécifique la plus voisine 
de sa table, c’est-à-dire 129.78 , contiendroit, d'après mes 
données, 33 d'acide réel sur 100 , et selon sa table il en 
contiendroit 53.97. 

Selon cette table, l'acide nitrique qui a une pesanteur spé- 
cifique de 150.40, ne contiendroit que 8.45 d’eau sur 100 : 
ce qui est hors de toute probabilité. 

Mes résultats se rapprochent beaucoup plus de ceux de 
M. Kirwan : mon acide ramené à la pesanteur spécifique la 
plus voisine de sa table, contiendroit 32.62 d'acide réel sur 
100 , et selon sa table il en contiendroit 36.77. 


7 


(x) Une expérience” dans Jaquelle j'ai évité la décomposition du nitrate, 
: ; É ga à : L 
m'a donné 170.31, différence trop petite pour m’engager à changer mes 
résultats. 


(2) Researches chemical, etc. 


Tome LXIF. MARS an 1807. D d 


210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Mes résultats appliqués aux autres nitrates donnent pour 
100 parties 


De souder ete te TA ES OR 
De chage nie el HUIT ETES 
De magnésie. Din. bon: 05 
Debarmien ss min hiain. UM eu 297 


S XVII. 
De l'action réciproque des parties intésrantes des combinaisons. 


J'ai cherché à déterminer les effets qui dépendent de la 
combinaison ou de l’aflinité de composition , de ceux qui 
proviennent de l’action réciproque des molécules intégrantes 
d'une combinaison , et de l’action du dissolyant qui tend à 
les tenir dans l'état liquide, et j'ai fait voir que l'on avoit 
confondu ces effets. 

Les capacités de saturation, déterminées par les quantités 
qui produisent l’état neutre, assignent aux acides et aux alkalis 
un ordre de puissance très-différent de celui qui leur a été 
attribué par une suite de cette confusion, et en prenant pour 
base les phénomènes de la précipitation ; mais quelques pro- 
priétés penvent paroître difficiles à concilier avec mon opinion. 

On pourroit m’objecter , par exemple , que si l'aflinité de la 
magnésie est beaucoup plus grande pour l'acide carbonique 
que celle de la baryte, comme il résulte de mes principes, 
la magnésie devroit retenir l'acide carbonique avec plus de 
force que la baryte contre l’action expansive de la chaleur, 
et cependant c’est le contraire que l'on observe : on parvient 
assez facilement à chasser tout l'acide carbonique du carbo- 
nate de magnésie, mais, au plus grand degré de chaleur, 
on ne peut décomposer le carbonate naturel de baryte ou la 
vithérite. 

Si ces effets dépendoient de la puissance de la combinaison, 
on devroit trouver beaucoup de ressemblance, à cet égard, 
entre le carbonate de chaux et le carbonate de magnésie; car 
ces deux substances diffèrent très-peu par la capacité de sa- 
turation, et cependant il est beaucoup plus facile de chasser 
l’acide carbonique de la magnésie que de la chaux : on devroit 
également trouver une ressemblance entre la potasse et la baryte 
qui différent peu par leur capacité de saturation, mais la potasse 
poussée au feu abandonne facilement son acide carbonique , 
pendant que la baryte le retient avec opiniâtreté. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. o7t 


11 faut donc chercher quelqu'autre propriété de laquelle 
celle-ci puisse dépendre, et il est facile de la trouver dans 
l’action réciproque des parties intégrantes des combinaisons , 
et dans l’action que l'eau exerce, soit sur ces parties, soit ‘sur 
l'acide carbonique. 

En effet, Black, M. Kirwan, M. Pictet, ont éprouvé qu'en 
poussant le marbre au plus grand feu, on ne venoit pas à 
bout de le réduire entièrement en chaux. 

J'ai fait l'expérience au feu le plus vif d'une forge puissante, 
et il est resté une proportion considérable d'acide carbonique : 
jai humecté cette chaux imparfaite et je l'ai remise au feu ; 
la calcination ou le dégagement de l'acide carbonique a fait 
beaucoup plus de progrès, quoiqu'au méme degré de feu qui 
auparavant ne produisoit plus aucun effet : j'ai humecté une 
seconde fois, et la calcination a été presque complète. 

J'ai pensé, d'après cela, que la partie d’acide carbonique 
qui se volatilisoit du marbre, né le faisoit qu'au moyén de 
l'eau qui se dégage dans le commencement. J'ai donc soumis 
à l’action du feu 100 grammes de marbre blanc dans une cornue 
de verre qui, au moyen d'un bon lut, pouvoit soutenir un 
grand feu, et j'ai fait passer le gaz acide carbonique par un 
long tube de verre terminé par un petit ballon, l'un et l’autre 
plongés dans un mélange réfrigérant : lorsque le gaz a cessé 
de se dégager, quoiqu'on augmentät la chaleur, on a enlevé 
la cornue et on a trouvé le tube et la petite boule non- 
seulement enduits d'humidité, mais il y avoit dans la dernière 
un peu d’eau liquide; on ne pouvoit estimer à moins d'un 
gramme la quantité d’eau retenue par ce moyen. M. Kirwan 
n'en a point obtenu; M. Cavendish n’en avoit retiré qu’un grain 
de 511 grains de marbre; pour Bergmann, il en admettoit 0.11, 
mais seulement par induction. J'ai imaginé en conséquence que 
la calcination du marbre devoit faire plus de progrès , si je le 
tenois exposé long-temps à une chaleur médiocre, que si je lui 
faisois subir dès le commencement un feu très-vif qui en chassät 
promptement l'eau , et l'expérience a confirmé ma conjecture. 

Enfin, on sait que le marbre, ainsi que la vithérite, donnent 
facilement leur acide carbonique lorsqu'on les place dans un 
tube à travers lequel on fait passer de la vapeur d’eau. 

Le carbonate de magnésie retient par son aflinité, comme 
le fait voir son analyse, beaucoup de cet intermédiaire, dont 
le marbre n'a qu'une petite quantité et qui manque à la vi- 
thérite, et le carbonate de potasse est dans le même cas. 


D d 2 


212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Il paroïit donc que la différence que les carbonates présentent 
lorsqu'on les soumet au feu, dépend de cette circonstance, 
et les expériences que je viens de présenter, ne font que 
confirmer l'opinion que M. Pictet a déjà établie sur la for- 
mation de la chaux (1). 

J'ai présenté sur l'état des substances salines qui sont tenues 
en dissolution par un liquide, une opinion qui doit être mo- 
difiée : j'ai. prétendu que pendant que l'état liquide existoit, 
il falloit considérer les élémens des sels comme s'ils étoient 
isolés, et comme s'ils exerçoient tous également une action 
réciproque , et j'ai pensé qu'il ne se formoit des combinaisons 
séparées qu'au moment de la cristallisation ou de la précipita- 
tion. Cette opinion sort de mesure : il est certain que la 
potasse qui forme un sel neutre, agit encore sur l’acide d’une 
autre combinaison , dont la base exerce à son tour une action 
sur l’autre acide ; mais plusieurs exemples font voir que l'état 
liquide ne détruit pas entiérement les combinaisons qui pré- 
existoient ; ainsi une dissolution métallique peut contenir l’oxide 
du méme métal dans différens degrés d'oxidation, ce qui ne 
seroit pas selon l'opinion que je dois modifier. Je vais citer 
un exemple qui m'a été fourni par M. Prieur. 

Si l’on’ fait à froid une dissolution de muriate d’ammo- 
niaque et de sulfate de cuivre, la liqueur a une couleur bleue 
pit est la couleur propre au sulfate de cuivre; mais si l'on 
ait la dissolution à chaud, ou si l’on échauffe la précédente, 
on à une couleur verte qui est la couleur propre au muriate 
de cuivre, et par les changemens de température l'on fait 
passer alternativement la liqueur du bleu au verd ou du verd 
au bleu. 

Ce que les faits indiquent, c'est que dans une dissolution 
de différentes combinaisons, il y a un tel équilibre entre 
les forces qui sont opposées, que c’est le degré de solubilité, 
ou l’action du dissolvant qui détermine les séparations qui se 
font, et les combinaisons qui cristallisent ou qui se précipi- 
tent : je crois en avoir donné des preuves convaincantes ; mais 
c'est à ce résultat de l'expérience qu’il faut borner mon opinion 
sur l'état des combinaisons qui sont tenues en dissolution. 


(1) Bibliothèque britannique, t. XIV , p. 235. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. oi 


OUI 


S XVIIL. 
Suite des observations sur l Acide muriatique réel, 


Je me suis servi, pour les déterminations précédentes, du 
gaz muriatique qui avcit élé exposé à une température de 
12 degrés du thermomètre centigrade au-dessous de la con- 
gélation, et je le croyois assez dépouillé d'eau pour qu’on pt 
négliger, dans l'évaluation de l'acide réel, celle qu'il pouvoit 
contenir encore. 

Cependant j'ai cherché à reconnoître la quantité d’eau qui 
pouvoit étre contenue dans ce gaz : je mettois de l'intérêt 
à cet objet, moins pour déterminer la quantité d’acide mu- 
riatique réel dans ses combinaisons, que pour jeter du jour 
sur l'action mutuelle des substances gazeuses. 

Pour parvenir à ce but, j'ai neutralisé avec l'acide mu- 
riatique 100 parties de potasse préparée par la dissolution de 
l'alcool, et tenue quelque temps en fusion dans un creuset 
de platine avant qu'on la dissolvit dans l'eau. 

J'ai pris beaucoup de soin pour m'assurer que je ne perdois 
rien de sensible dans l’évaporation et la dessication : on a 
distillé jusqu'a la dessication; le liquide qui a passé ne trou- 
bloit point la dissolution d'argent; après avoir coupé la cornue, 
on a recueilli le sel avec soin; on l'a placé dans un creuset 
de platine sur un bain de sable; on a pesé le creuset après 
cette dessication, ensuite on l’a poussé à une forte chaleur 
après l’avoir placé dans un creuset rempli de sable , et on 
l'a pesé une seconde fois. 

Ainsi, pendant la distillation, l’eau seule a passé dans le 
récipient : la première et la seconde pesée n’ont donné qu’une 
très-petite différence, ce qui indique qu'en poussant le sel 
à un très-grand feu, il n’y a eu que la perte qu'on doit attri- 
buer à l'eau : en effet, l’intérieur du creuset et son couvercle 
n'annonçoient aucune sublimation ; le sel formoit un verre 
composé de molécules cristallines ; dissous, il a donné les 
indices d'un état parfaitement neutre. , 

Le sel, dans cet état, ne pesoit que 126.60, d’où je dois 
conclure que le gaz, que j'avois cru ne contenir qu'une quan- 
tité d'eau qui pouvoit être négligée, en contenoit 34.90 sur 
61.5, que l’on a vu (S XIII) se combiner avec 100 de potasse. 
Ce résultat m'ayant étonné, j'ai répété deux fois l'expérience 


214 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


avec les mémes soins, et les poids que j'ai obienus n'on 
différé entre eux que de quelques millièmes, 

J'ai craint que la potasse, quoique poussée à un grand feu, 
ne retint une quantité d’eau qui pouvoit m'en imposer; pour 
éclaircir ce soupçon, j'ai fait l'épreuve avec l’eau de baryte 
dont j'ai parlé : si la perte devoit être attribuée à la potasse, 
je devois trouver dans le muriate de baryte une proportion 
d'acide qui me l’indiqueroit ; mais j'ai eu une proportion même 
un peu inférieure à celle que désignoit le muriate de potasse, 
car 100 parties de baryte m'ont donné 117.47 de muriate 
de baryÿte fortement poussé au feu, et la proportion établie 
par le muriate de potasse auroit exigé 118.89. 

Je ne puis appercevoir aucune cause d'erreur, et je suis forcé 
de conclure que le gaz muriatique, après avoir abandonné toute 
eau bygrométrique, contient plus de la moitié de son poids 
d'eau qui ne contribue point aux effets hygrométriques, en 
supposant que la portion qui doit se trouver dans le sel 
malgré la forte dessication à laquelle il a été soumis, com- 
pense celle que l'alkali retenoit encore, après avoir été poussé 
au feu, supposition qui laisse une incertitude inévitable. 

Cette eau qui se trouve en si grande proportion dans le 
gaz muriatique, que l'on doit supposer dans le plus grand 
degré de dessication hygrométrique , est diflicile à concilier 
avec quelques opinions d'un célèbre physicien, M. Dalton, 
qui n’a pas distingué les effets hygrométriques auxquels l’aflinité 
mulvelle des gaz ne concourt pas sensiblement, de ceux qui 
dépendent d’une combinaison réelle ou de l’aflimité chimique : 
il a appliqué les observations qu'il avoit faites sur l’état res- 
pectif des gaz à leur dissolution par les liquides, qu'il ne re- 
garde que comme un effet mécanique (1); cependant l'eau 
dissout un volume de gaz muriatique qui est un grand nombre 
de fois plus grand que le sien propre, et cet effet ne peut ètre 
dû à une cause mécanique : les gaz qui se dissolvent en 
moindre quantité diffèrent beaucoup entre eux par la propor- 
tion qui s’unit au liquide, sans qu'on puisse y appercevoir 
aucune propriété mécanique qui rende raison de cette diffé- 
rence : maïs cet objet demanderoit une discussion particulière. 

M. Henry avoit déjà remarqué que l’étincelle électrique 
pouvyoit dégager une certaine quantité de gaz hydrogène du 


a ———  ——_———_—_—_—— 


(1) Mém. of Munchester, 2 ser. vol, I. 


i 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 215 


gaz muriatique fortement desséché (1), ce qu'il avoit très- 
bien ‘attribué à l'eau qu'il tient en combinaison; mais l'effet 
de l'électricité doit s'arrêter, lorsque l’action du gaz est de- 
venue assez forte par la diminution d’eau qu'elle occasionne. 

Il ne faudroit pas conclure de là que tous les gaz doivent 
contenir une grande proportion d'eau latente; cet effet doit 
dépendre de l'énergie de l’aflinité qu’ils exercent sur elle : par 
exemple, le gaz ammoniac n'en doit pas contenir sensible- 
ment une plus grande proportion que le gaz hydrogène et le 
gaz azote n'en contenoient séparément , puisque son poids 
correspond à celui de ces deux gaz, et puisqu'on n’observe 
point d'eau lorsqu'on le décompose par l'électricité. Ce résuitat 
est encore confirmé par les belles expériences de M. Biot, 
qui a trouvé dans ce gaz la réfraction qui doit résulter de 
celles des proportions d'hydrogène et d'azote, dont il est com- 
posé. Pareillement, il ne suit pas des observations précédentes 
que la pesanteur spécifique du gaz muriatique devroit s’accroitre 
à mesure qu’on le priveroit de son eau de combinaison : il est 
très-probable que l’action mutuelle produit une condensation 
considérable dans le gaz muriatique et dans la vapeur d’eau, 
et si l'on trouvoit le moyen de séparer la dernière, le gaz 
Muriatique pourroit avoir une pesanteur spécifique beaucoup 
plus petite que celle que nous lui connoissons dans son état 
ordinaire. 6 

On doit être frappé de la différence que mes expériences 
apportent dans les proportions que des chimistes très-recom- 
mandables ont attribuées à la combinaison neutre de l'acide 
muriatique avec la potasse : selon M. Kirwan, 100 parties 
de potasse se combinent avec 566.3 d’acide muriatique réel; et 
M. Richter admet une proportion encore beaucoup plus grande 
d'acide; je dis avec quelque confiance que l’on ne pourra trouver 
que des quantités peu dilférentes des miennes, parce qu'elles sont 
chacune le résultat de plusieurs épreuves, pourvu que l'on 
combine directement l'acide avec. la base alkaline préalable- 
ment privée d’eau autant qu'il est possible, pour en reconnoître 
le poids , ét que l’on chasse par un haut degré de chaleur 
l’eau de la combinaison. à 

Cette réduction de la quantité d’acide réel n'’altère point les 
résultats que j'ai établis sur les proportions correspondantes 


(1) Transactions philosophiques , 1800. 


216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


d'acide et d'’alkali dans les différentes combinaisons, et je 
n'ai rien à changer à cet égard : il suflit de substituer une 
quantité d'acide réel qui soit à celle du gaz murialique dans 
le rapport de 26.60 à 61.5. 

Un acide muriatique d’une pesanteur spécifique de 1063, 
contient, selon la table de M. Kirwan, 8.25 d’acide réel 
sur 100 parties en poids, et en le ramenant à la pesanteur 
spécifique de celui que j'ai employé, il en contiendroit 8.03; 
mais il n’en contiendroit que .5g en prenant pour base mes 
expériences sur le muriate de potasse, et il faut remarquer 
que c’est aussi par la quantité d'acide muriatique qui se com- 
bine à la potasse avec le moins d'eau, que M. Kirwan a cher- 
ché à déterminer les quantités d’acide réel qui accompagnent 
les différentes pesanteurs spécifiques. 


$ XIX. 
De l'Acide phosphorique réel. 


Les combinaisons de l'acide phosphorique m'ont présenté 
des difficultés qui ne n’ont pas permis de déterminer leurs 
proportions avec beaucoup d'exactitude ; en attendant des 
expériences plus précises, je choisis, parmi celles que j'ai faites, 
celles qui me paroissent mériter le plus de confiance. 

Pour connoître le rapport qui existe entre l'acide phospho- 
rique, réduit dans l’état vitreux, et ce mème acide, dans une 
combinaison alkaline que l’on a poussée à grand feu, on a 
dissous dans une quantité d’eau, de l'acide phosphorique qui 
avoit été réduit à l'état de verre très-transparent dans un 
creuset de platine, et on a saturé avec cette liqueur acide 
100 parties de potasse mise en dissolution : il a fallu une 
quantité correspondante à 85.51 de verre phosphorique, et 
la combinaison poussée à un grand feu avec les précautions 
requises , a donné 150.19 de phosphate de potasse. 

Il résulte de là que le verre phosphorique retient plus des trois 
huitièmes de son poids d’eau , outre celle qui est encore retenue 
indubitablement dans le phosphate de potasse poussé à un grand 
feu, phénomène analogue à celui qu'a présenté le gaz mu- 
latique. 

Cependant on pourroit, en répétant l'expérience , ne pas 
trouver un résultat parfaitement conforme; car je me suis 
assuré que le verre phosphorique, poussé long-temps au feu, 
finissoit par s'évaporer entièrement, en augmentant la chaleur, 


et 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 217 


et il est vraisemblable que la proportion de l’eau qu'il retient 
va en diminuant jusqu’à son entière évaporalion. 

J'ai aussi remarqué que sur la fin de l'évaporation de l’acide 
liquide, l’eau entraînoit une portion de l'acide; car le couvercle 
du creuset de platine dans lequel on achevoit cette évapora- 
tion, retenoit une liqueur qui donnoït des indices d'acidité. 

Il résulte de la détermination précédente, que la puissance 
de l'acide phosphorique seroit un peu inférieure à celle de 
l'acide sulfurique, ce qui est contraire à ce que j'avois pré- 
sumé, (Essar de Stat. chim., tome I, page 123.) 

Le phosphate de baryte ne m’a pas donné une proportion 
d’acide qui répondit à celle qui étoit indiquée par le phosphate 
de potasse ; il n’a pris pour la neutralisation de 100 parties 
que 27.35, tandis qu'il auroit dû en prendre, selon la loi des 
proportions , au-delà de 35. Cette différence dépend de ce 
que le phosphate de baryte se précipite avec un excès de 
base, comme nous avons vu qu’il faisoit même dans le mé- 
lange de deux combinaisons neutres ($S X), et comme le font 
la chaux et la baryte avec l'acide carbonique ($ XIV.) 

J'ai aussi cherché à déterminer la puissance comparativé de 
l'acide fluorique qui paroit fort supérieure à celle des autres 
acides , d’après les proportions données par M. Richter; mais 
J'ai éprouvé des difficultés que je n'ai pas surmontées jusqu à 
présent; par exemple, je n'ai pu dessécher, même au degré 
de l’ébullition de l’eau , le fluate de baryte, sans qu'il s’exhalât 
une portion de l'acide fluorique qui entrainoit avec lui de la 
baryte. Au reste, il est probable que le fluate de baryte n’in- 
diqueroit pas les proportions d'acide fluorique qui neutralisent 
les différentes bases alkalines, parce qu'il se précipite égale- 
ment avec un excès de base dans le mélange de deux com- 
binaisons neutres. È 


S XX. 
Résultats. 


L'acide carbonique peut, au moyen d’une compression , 
neutraliser toutes les bases alkalines, ainsi que les autres 
acides ; j'en ai déterminé les quantités nécessaires pour pro- 
duire cet effet avec les différens alkalis. 

Il forme avec les bases aikalines des combinaisons qui cris- 
tallisent avec des proportions très-diflérentes , et l'on ne peut 
dire que cette espèce de combinaison n’a qu’un terme fixe 
dans ses proportions. 


Tome LXIF. MARS 1807. Ee 


218 JOURNAL DE PHYSIQUEÿ; DE CHIMIE 

La même variété dansiles proportions s’observe dans’ les 
sels acidules et alkalinules (+) ,:qui ont également tous les 
caractères des combindisons chimiques. 

: La puissance relative des alkalis est représentée par la quan- 
tité d'un méme acide que chavun des alkalis exige pour sa 
neutralisation : de même;la puissance relative des acides. est 
représentée par la quantité d'un méme alkali qui est nécessaire 
à chaque acide pour parvenir à l'état neutre. 

-Ees rapports de puissance sont les mêmes entre tous les 
alkalis et tous les acides ; ainsi, dés que l'on connoît les pro- 
portions des différentes bases alkalines qui réduisent un acide 
à l'état nentre ; et celles de la combinaison de l’une de ces 
bases avec tout autre acide, on peut conclure quelles doi- 
vent être les proportions: des autres. alkalis qui sont néces- 
saires pour neutraliser ce dernier acide. | ny 

J'ai tâché: de, réaliser, par mes propres expériences , ce 
principe: que j'avois établi (Essai de Stat. chim.), et dont je 
w'avois fait des, applications que sur des expériences qui 
n'avoient pas été, dirigées vers ce but. 

IL ‘résulte de mes observations , que la puissance alkaline 
de l’ammoniaque, ‘de la magnésie, de la chaux, de la soude, 
de la potasse et de la baryte, sont à-peu-près comme les 
nombres suivans, 213, 174, 136, 90, 62, 44. Cependant le 
nombre qui représente la force de l'ammoniaque est sujet à 
une imcertitude que l’on peut évaluer à un dixième , ce qui 
m'en a fait négliger les applications ; celui qui représente la 
force alkaline de la chaux a aussi une incertitude, mais qui 
est beaucoup plus petite : je regarde les autres comme des 
approximations qu'il ‘est diflicile de rendre plus rigoureuses , 
puisque le calcul fondé sur ces nombres et l’expérience di- 
recte, conduisent presque exactement aux mêmes résultats. 

L'acide muriatique , le. sulfurique, le nitrique, le carbo- 
nique, ont une puissance qui est à-peu-près en ordre inverse 
des nombres suivans, 35, 44, bo, 99. L’acide phosphorique 
paroit différer peu à cet égard de l'acide sulfurique. 

Mais tous ces acides sont supposés privés d’eau et tels que 
se trouvent, l'acide sulfurique dans le sulfate de baryte forte- 
ment poussé au feu , l'acide muriatique dans le muriate de 
potasse également poussé au feu, l'acide nitrique tel qu’il est 


… (r) 1l:me paroît à propos d'adopter, avec M. Chevrevin et M. Thomson , 
QE d HER ; 

la désignation de ces sels par les prépositions sur et sous, comme l’a pro-- 

gosé M. Péarson , dans sa traduction de la Nomenclature chimique. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 219 


dans un nitrate qui commence à se décomposer, l'acide car- 
bonique tel qu'il est dégagé d'une combinaison par l'acide 
sulfurique. 

J'ai comparé mes expériences avec les tables d'acide réel 

données par M. Kirwan et par M. Davy , et j'ai indiqué les 
différences qui en résultent pour la détermination de l'acide 
réel contenu dans lacide [sulfurique , l’acide muriatique et 
l'acide nitrique. 
- J'ai fait voir que le gaz muriatique , qui doit étre privé de 
l’eau qui produit les:effets hygrométriques , par un refroidis- 
sement de 12 degrés du thermomètre centigrade, contient 
encore plus de la moitié de son poids d’eau ; mais cet effet 
dépend de l'énergie de l’affinité qu'il exerce sur l’eau, et il 
doit varier dans les différens gaz en raison de cette force. 

L’acide sulfu rique contient aussi une grande proportion d'eau, 
que le passage à l'état gazeux ne peut en séparer malgré la diffé- 
rence de volatilité; et quoique cet acide très-concentré ait une 
grande proportion d’eau, il exerce une grande force hygromé- 
trique sur l'atmosphère : ce n’est que lorsque l’eau devient très- 
surabondante que la chaleur peut en volatiliser sans qu'elle 
entraîne de l'acide. Re 

L’acide phosphorique’ réduit dans l’état vitreux, contient 
plus des trois cinquièmes de son poids d'eau : une forte 
chaleur ne peut dégager une partie de cette eau, sans que 
l'action qu'elle exerce sur l'acide n’en produise un partage et 
n’en fasse exhaler avec elle : lorsque ce partage est parvenu 
à un certain point, l’eau détermine l'acide phosphorique à se 
volatiliser entièrement avec elle. x 

L'eau qui est manifestement retenue, dans les circonstances 
précédentes, par la force qui produit les combinaisons chimi- 
ques , l’aflinité, ne peut être séparée qu’au moyen d'une autre 
aflinité telle. que celle d’un alkali pour l'acide ; mais, sans 
doute, une partie est encore retenue par la combinaison saline, 
en laissant une incertitude sur les derniers résultats chimiques; 
et elle ne doit pas être oubliée dans les circonstances où elle 
peut subir des décompositions , et donner naissance à dés phé- 
nomènes qui peuvent s'expliquer naturellement par cette dé- 
composition. 

Ainsi, les effets de Vaffinité et ceux qui dépendent des pro- 
pere physiques, doivent étre distingués et balancés dans 


explication des phénomènes qui sont produits par l'action ré- 
ciproque des différentes substances. 


Le 2 


220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


HAUTEURS 
DE PLUSIEURS LIEUX 


DérTermiNéEs par de baromètre, dans le cours de 
différens voyages faits en France , en: Suisse, en 
Italie ; 


Pan F.. BE RGER, Docteur-Médecin, de Genève. 


PREMIER;:MÉMOIRE. 


Ux des moyens les plus propres pour contribuer à l'avance- 
ment de la géographie physique dans l'état actuel de nos 
connoissances , c'est de déterminer l'élévation d'un grand 
nombre de points de la surface terrestre. Le savant auteur 
de la Mécanique céleste a proposé, dans ce but, d'employer 
les observations du baromètre, conjointement avec la longitude 
et la latitude, afin d'obtenir un nivellement plus complet et 
plus étendn que ne le comportent les mesures trigonométri- 
ques, et qui nous fasse en même temps sentir la direction des 
chaines de montagnes, la pente des fleuves et la forme exacte 
des terreins (1). 

C’est pour remplir ces vues d'utilité que je joins aux re- 
cherchés des savans qui se sont occupés de cette branche de 
la physique , les observations que j'ai recueillies dans différens 
voyages. Elles feront le sujet de quelques Mémoires que je 
publiérai successivement, et dans lesquels j'indiquerai d’une 
manière générale la nature des terreins des lieux dont je ferai 
mention, afin de rendre ce travail plus immédiatement utile 


à la géologie. 

-ÊTHOLSE 1: TND OT TN 

(1) Astr. phys. de M. Biot, tom. I, p: 143. 
8 LA 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 221 


Toutes les hauteurs ont été calculées d’après les formules 
de MM, de Luc et Trembley, non que je veuille prétendre 
par-là que ce sont les seules bonnes à suivre, je sais qu'il 
existe depuis quelques années une méthode fondée sur des 
principes différens , et qui, proposée par un savant illustre, 
a droit de mériter toute notre attention ; mais mon travail 
étoit achevé en, grande partie avant que j'en eusse connois- 
sance, ou du moins avant que je me ia fusse rendue propre. 
Il eût été trop pénible de le recommencer tout de nouveau, 
d’ailleurs je n’en avois pas le temps, et d’un autre côté, j'ai 
jugé-que ce n'étoit pas une raison suflisante pour renoncer 
à le publier tel qu'il étoit. On ne sauroit trop engager ceux 
qui s'intéressent au perfectionnement de la mesure des hau- 
teurs par le baromètre, à calculer leurs observations d'après 
plusieurs formules, car en pareille matière, c'est surtout le 
résultat de l’expérience qu'il faut considérer ; or nous n’avons 
point encore un assez grand nombre de faits constatés pour 
employer une formule ou méthode exclusivement à toute autre. 

Il faudroit qu’un physicien, qui demeureroit dans le voisinage 
de quelque montagne isolée, s’occupât de la mesurer trigonomé- 
triquement d’une manière fort exacte, et qu'il fit ensuite un 
très-grand nombre de fois la même opération au moyen du 
baromètre , en calculant ses observations d'après plusieurs for- 
mules, pour en comparer les résultats avec celui de la mesure 
géométrique. Il seroit surtout important que les observations 
fussent faites dans toutes les saisons de l’année et à différentes 
heures de la journée, par conséquent à toutes sortes de tem- 
pératures. En effet, à l’époque où l'on va sur les montagnes 
médiocrement élevées, on y rencontre à-peu-près toujours le 
même degré de température, et le plus souvent celui où les 
diverses formules donnent des résultats très-peu divergens. 

Il ne faut donc pas croire que la science soit déja parvenue 
à un degré de perfection tel que l'on puisse se dispenser de 
faire encore des tâtonnemens. La seule marche à suivre me 
paroïît être celle de l'expérience. 

Mais une considération importante à laquelle il faut avoir 
égard si l'on ne veut pas que la science fasse des pas rétro- 
grades, c'est de n'employer pour les observations que des ins: 
trumens bien faits, autrement on courroit le risque d’imputer 
à la théorie des erreurs dues seulement à quelque défaut de 
construction dans les instrumens dont on se sert. Lorsqu'il 
n'entre pâs dans les yues d’un, voyageur de déterminer les 


2352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


hauteurs des lieux qu’il parcourt avec toute la rigueur possible , 
comme cela peut arriver quelquefois, par exemple au géologue, 
il faut avoir la bonne foi d’en avertir. 

Enfin, quand on publie une série-de hauteurs barométriques 
exactes , il y auroit des avantäges, 1° à indiquer les époques 
où elles ont été faites, particulièrement l'heure de la journée ; 
2° à rapporter les résultats obtenus par nos devanciers, quelque 
différens qu'ils fussent des nôtres, en même temps que les 
formules dont ils ont fait usage , lorsque cela est possible, 

-On fourniroit ainsi des matériaux utiles pour les progrès de 
la science, à quelqu'un qui voudroit par la suite tirer des 
conséquences générales de tous ces travaux partiels. 5 

Je tâcherai de me conformer le plus aux règles que je viens 
de poser. 

Je classeraimes observations barométriques suivant les voyages 
où elles ont été faites ; elles seront précédées, comme je l’ai déjà 
dit, des différentes remarques que j'aurai eu occasion de faire 
tant sur la nature du sol que sur d'autres objets. 


$ Ier. 


Hauteurs déterminées pendant un voyage fait dans les ci- 
devant provinces de Picardie et de Normandie. 


Je fis ce voyage sur la fin de l'an 11, accompagné de MM. Jurine 
et de la Roche: mes amis et mes collègues. Je partis de Paris, 
me proposant de suivre autant que possible les bords de la mer, 
pour examiner la structure des falaises et leurs différentes élé- 
vations. Je me servois pour cela d’un baromètre à siphon fait 
par l'artiste Dumotiez, dont je n’ai pas jugé la construction assez 
parfaite pour devoir considérer les résultats que j’en ai obtenus, 
autrement que comme des résultats géologiques. 

On sait qu’une partie du sol de la France en allant du sud- 
est au nord-ouest, depuis la Champagne jusque sur les bords 
de la mer, est composée d’un terrein crayeux qui se prolonge 
jusqu'en Angleterre, dans lequel sont renfermés des silex ou 
pierres à fusil, isolés, de forme irrégulière, rangés par lits 
parallèles plus ou moins distans les uns des autres au milieu 
des couches de craie avec lesquelles ils alternent. On sait aussi 
que la surface de ces silex est revètue d’une croûte blanche 
que quelques minéralogistes regardent comme un commence- 
ment de décomposition. Les uns pensent que la formation de 
ces silex est due à la conversion de la terre calcaire en terre 


ÉT D'HISTOIRE NATURELLE: 223 


siliceuse; d’autres, qu’elle dépend d'infiltrations siliceuses au 
milieu de la craie elle-méme. — Beauvais, Amiens..... se 
trouvent sur la ligne de cette formation. En descendant la 
Sdmme depuis Amiens, on voit sur la rive gauche de cette 
. rivière , des monticules ainsi formés qui ont peu d'’élévation, 
On calcine la craie pour en faire de la chaux. Je nai ren- 
contré ici dans la craie aucune trace de pétrifications , mais 
en cassant des silex , j'ai trouvé dans l'intérieur de l'un d'eux, 
une jolie cristallisation quartzeuse. . 

A Picquigny, on voit des tourbières qui fournissent une 
tourbe de bonne qualité, qu'on consomme dans le pays. 

A St.-Valery-sur-Somme, la falaise n’a pas plus de 60 à 80 
pieds d’élévation ; Ja craie y est déposée par couches horizon- 
tales d’un pied et demi d'épaisseur, entre lesquelles se trouve 
un banc très-mince de silex. Ces mêmes silex désagrégés et 
arrondis par les flots de la mer, paroissent composer essen- 
tiellement les galets que l’on trouve à l'embouchure de la 
rivière. 

Au Crotoy , bourg autrefois fortifié et situé sur la rive 
droite de la Somme à son embouchure , il n’y a plus de 
falaises, on ne voit qu'un sable blanc, quartzeux, qui forme 
du côté de St.-Quentin en Tourmont des dunes peu élevées 
qui suivent la direction de la côte..... Les mêmes sables 
s'observent tout le long de la côte, depuis St.-Valery à Cayeux, 
et jusque dans les environs du bourg d’Ault ; ainsi cet attéris- 
sement, s’il a été produit par la Somme, occupe au moins 
a 8 lieues. Ne seroit-il pas plutôt dû à une retraite des eaux 
de la mer? 

Près du bourg d'Ault , les galets sont tellement accumulés 
sur le bord de la mer, qu'ils s'étendent au moins jusqu'à une 
demi-lieue dans l'intérieur des terres. J’y ai trouvé un silex 
passant à l’état calcédonieux. Les falaises reparoissent au bourg 
d’Ault, en présentant toujours la même structure, c'est-à-dire 
des couches de craie dans lesquelles sont distribués par lits 
des rognons de silex, qu’on ne cesse de rencontrer en suivant 
le plateau qui couronne ces falaises lorsqu'on va à la ville 
d’Eu. Il y a ici interruption des falaises pour quelque temps, 
elles reparoissent ensuite au Tréport avec le méme caractère 
que ci-devant. 

De Criel à Dieppe, le terrein est essentiellement sablonneux. 
Cette ville est située, comme on sait, dans un fond où coule la 
rivière d’Arques; c’est l'existence de toutes ces petites vallées 


224 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


arrosées par autant de rivières différentes, et dont la direction 
générale est plus ou moins celle de l'est-sud-est à l’ouest-nord- 
ouest, qui rompt la continuité des falaises; c'est ce qu'on voit 
tout le long de la côte jusqu’au Hâvre, ... etc. Ainsi on 
remarque ce fait à l'embouchure de la Somme, ‘de la Bresle, 
de l'Arques, de la Saaune, de la Durdan..... De Fécamp 
au Hävre, le pays étant moins coupé, les falaises y ont par 
cela méme plus de continuité. Etretat est le dernier lieu sur 
ma ‘route jusqu’au Hâvre, où j'aye observé cela. 

Dans le banc de sable qui est à l'embouchure de la Somme, 
j'y ai cueilli entr'autres plantes, les suivantes, qui me parois- 
sent surtout propres à ce genre de terrein , Salsola kali, 
Arundo arenaria, Bunias cachyle, Carex arenaria, Phleum 
maritimum , Artémisia maritima qu’on récolte dans les en- 
virons de Dieppe en grande abondance , pour la préparation 
de bains aromatiques, qu’on vante beaucoup dans les cas 
d’hydropisie et de douleurs rhumatismales. 

Au cap de la Hève, situé à une demi-lieue nord-nord-ouestde 
la ville du Hâvre, la falaise n’est pas coupée aussi abruptement 
qu’aù bourg d'Ault et à Tréport : d’ailleurs sa structure est 
à-peu-près la même. On y trouve dans le bas, du côté du 
village de St.-Adresse, un banc de marne dont on fait des 
briques ; la roche crayeuse renferme différentes espèces de 
pétrifications; elle contient encore, ainsi que les rognons de 
silex, des nodules pyriteux qui se décomposent à l'air par 
l’oxidation. La falaise se prolonge en remontant la Seine. Ainsi 
à Orcher, joli village situé à 3 lieues est du Hävre, elle peut 
avoir 200 pieds environ de hauteur ; elle est coupée plus 
abruptement qu'au cap de la Hève, et dans le bas elle est 
composée d'un grès à petits galets siliceux qui peut en faire 
environ la quinzième partie. J'ai trouvé abondamment ici, 
le Crithmum maritimum, et dans les environs, l’Æmmtr 
majus. 

À Honfleur , la falaise ne renferme plus de couches de 
silex, elle s'abaisse à mesure qu’on approche de l'embouchure 
de la Toucques, distante de 4 lieues; elle disparoît en quelque 
sorte entièrement depuis Trouville-sur-mer jusqu’à une lieue 
et demié de l'embouchure de la Dives. 

J'ai trouvé très-abondamment sur la plage, un calcaire co- 
quillier rougeâtre. La falaise reparoit insensiblement , et vis- 
ä-vis les rochers qu’on nomme les /’aches noires, il y en a 
une d'environ 150 pieds de haut , formée dans les deux tiers 

inférieurs 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225 


inférieurs par une marne bleuâtre, qui renferme une grande 
‘espèce d’huitre fossile, celle dite huitre en crête, d’autres pé- 
trifications, et des indices de bois bituminisé; la craie forme 
la partie supérieure de la falaise. 

De Dives à Savenelles, ou Sallenelles, à l'embouchure de 
l'Orne, on ne voit que des sables qui forment dans quelques 
endroits des dunes. En remontant l'Orne, on observe sur la 
rive gauche , à une demi-lieue au-dessus de Savenelles, des 
carrières d’un calcaire grenu, souillé d'une terre jaune, disposé 

ar couches horizontales, et qu’on exporte pour l'usage de 
a bâtisse dans tout le pays environnant : cette roche est connue 
sous le nom de pierre de construction de la rivière de Caen. 

Je trouvai à Savenelles, dans les sables, le Carduus erto- 
phorus, plante que j'ai souvent rencontrée dans les Alpes 
et le Jura, à 4 ou 5oo-toises au-dessus de la mer. 

Depuis le villäge de Gray, à l'embouchure de la Seule, 
on ne voit reparoitre la falaise qu’à Tracy, village qui en ect 
distant de 3 ou 4 lieuesouest-sud-ouest; elle peut avoir là environ 
200 pieds d'élévation ; elle est formée par un grès bleuätre à 
grains très-fins, passablement dur , renfermant des paillettes de 
amica ; disposé par couches horizontales, et qui renferme ure 
quantité prodigieuse de cornes d’Ammon, dont quelques-unes 
sont très-grandes, 

Toute cette côte est riche en Fucus et autres plantes marines, 

Ce mème grès calcaire forme le fond du sol de Bayeux 
à Littry, village situé à 2 lieues sud-ouest de cette ville. Littry 
offre une houillère qui mérite bien de fixer l'attention d'un 
voyageur-naturaliste. On commença à l'exploiter en 1741. On 
y voit deux puits, dont le plus profond, dit /a Fosse 51.- 
Georges, a 545 pieds de profondeur. Plusieurs galeries assez 
étendues y aboutissent, puisqu'elles communiquent avec un 
second puits distant de 20 à 25 minutes du premier. La puis- 
sance de la couche de houille varie de quatre pieds et demi 
d'épaisseur à neuf pieds ; elle repose sur un grès calcaire 
brunâtre peu effervescent, et celui-ci sur une argile très-douce 
au toucher, non attaquable par les acides. En creusant le 
puits $%.-George, on trouva à 250 pieds du sol, une couche 
d'un conglomérat primitif, dont j'ai vu des échantillons chez 
M. Noel, directeur de la houillère. Il est composé de galets 
siliceux d’un à deux pouces en général de diamètre, de rognons 
de stéatite , avec des’ lames minces de charbon; le tout est 


Tome LXIV. MARS an 1807. FE 


226 JOURNAL DE PHYSIQUM, DE CHEMIE 


cimenté par un grès plus fin qui ne fait pas effervescence avec 
les acides. En fait de pétnifications , on n'a encore trouvé dans 
la houillère de Litiry qu’une branche d’arbre où l'on voit la 
trace des fibres ligneuses. 

Le charbon de terre de Littry est en général chargé de 
soufre, ce qui nuit à son emploi pour bien des sortes de 
travaux. Celui de qualité supérieure , dit charbon-maréchal, 
coûte jusqu'à 26 sous le boisseau pris sur les lieux, cette 
mesure pesant 130 livres environ ; le charbon de qualité infé- 
rieure, dit charbon de chaux , se vend de 17 à 15 sous le 
boisseau. 

L'eau d'un puisard de 18 pieds de profondeur, situé au | 
bas de la fosse $z-. Georges, gèle à sa surface pendant l'hiver. 
Je trouvai la température de ce lieu, le 5 vendémiaire an 12, 
à + 12,8 du thermomètre de Deluc, tandis qu’au dehors de 
la houillère, il marquoit + 17,6. — L'eau de ce puisard est 
fortement acide. 

La Vire, rivière qui se jette dans la mer non loin d’Isigny, 
forme à son embouchure un attérissement de sable considé- 
rable. Les voyageurs traversent ce banc, dit le passage du Grand- 
V'ay, à basse mer, à cheval, pour le prix modique de 20 sous 
par personne. Ici, nulle apparence de falaises, mais à Vierville, 

ourg situé sur la rive gauche de la rivière, et non loin de son 
embouchure, on en aperçoit quelques vestiges, qui disparois- 
sent bientôt et font place aux sables et aux dunes qui s'étendent 
jusqu’à Ravenoville, à 3 lieues nord-nord-ouest plus loin. On 
trouve pendant tout ce trajet une quantité immense de co- 
quillages qu’on ramasse en tas sur la côte, pour les vendre 
aux cultivateurs qui les emploient à chauler les prés. On ramasse 
encore dans le même but, la Zostera marina qui couvre le 
rivage. 4 

Quant à la nature des rudimens de la falaise qu'on aperçoit 
à Vierville, on y voit du grès disposé par couches horizontales 
alternant avec des couches d'argile; les unes et les autres renfer- 
mant beaucoup de pétrifications, particulièrement des gryphites 
et des ammites. 

On ne voit guère d'arbres dans cette partie de Ja côte, qu'à 
plus d’une demi-lieue dans l’intérieur des terres. 

A Ravenoville, bourg situé à la hauteur des îles de St.- 
Marcouf , on entre tout-à-coup dans le terrein primitif. C'est 
une belle espèce de pétrosilex écailleux rougeâtre, qui forme 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 227 
ici le passage du terrein primitif de la presqu'ile de Cherbourg 
avec le! terrein calcaire coquillier du pays environnant. Le pé- 
trosilex est mat, sa cassure écailleuse , à petites écailles, Les 
fragmens à bords aigus; il est aigre et. cassant. On le trouve 
en masse ou morceaux arrondis qui sortent de la surface 
du sol. On le voit bien à découvert sur le penchant des collines 
qui se rendent à la mer en s’abaissant par une pente insensible, 
particulièrement dans l'endroit dit les landes de Quineville, 
où l’on a ouvert des carrières. C’est avec cette roche que sont 
construits différens forts du côté de la Hougue, et toutes les : 
inaisons des villages voisins. 

Il est probable que les iles de St.-Marcouf, qui se trouvent 
.sur cette ligne, offrent une constitution semblable, puisque 
les côtes correspondantes d'Angleterre, dans la principauté 
de Galles, sont également de même nature, ensorte qu'on 
ne peut guère douter, comme le remarque M. Delamétherie (1), 
que le granit ne s’étende très-loin dans le sein de la mér, des 
deux côtés de la Manche : et si cette mer venoit un jour à se 
dessécher, on retrouveroit peut-étre le prolongement de la 
chaîne granilique d’une de ces contrées à l’autre : au moins 
ne seroient-elles séparées que par quelques plaines de terreins 
secondaires, comme le sont, par exemple, les granits de la 
Bretagne et du ci-devant Limousin. 

Ravenoville est peut-être l'endroit le plus au nord de la 
France , où l'on fasse le sel marin en imitant jusqu'à un 
certain point le procédé des marais salins. Voici comment on 
s'y prend : On a de petits bâtimens situés à quelque distance 
du bord de la mer, et non loin desquels on a creusé dans le 
sable des fosses circulaires qui se remplissent d’eau salée lors 
de la marée haute. Après que cette eau a séjourné quelque 
1emps dans ces fosses, et qu'elle y a acquis un certain degré 
de saturation par le fait de l’évaporation, on la fait passer 
par des canaux dans un grand réservoir situé dans le bâtiment. 
On prend alors cette eau pour la faire évaporer à un feu très- 
doux dans des chaudières en plomb qui ont deux pieds et demi 
carrés de surface, sur 2 à 3 pouces de profondeur. On retire 
par ce procédé jusqu'à 360 livres de beau sel blanc dans l’es- 
pace de 24 heures : un boisseau pesant 52 livres, se vend 
de cinquante à soixante sous. 


(x) Théorie de la Terre, tom. IV, $ 1158. 
E Fa 


228 TOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Les falaises ne reparoiïssent point jusqu'au fort de la Hougue., 
où je fus obligé de renoncer au projet que j'avois formé de 
doubler le cap de Barfleur, pour y voir le véritable granit en 
place. Un événement fort désagréable , mais qu’il est inutile 
de raconter, me força de me rendre directement à Valogne. 
Pendant cette route je ne cessai de rencontrer le schiste ar- 
gileux , qui forme en avançant dans les terres, une suite de 
monticules boisés qui s’abaissent les uns sur les autres en 
s’approchant de la mer. 

À St.-Vaast, j'y trouvai la Sa/sola fruticosa, et du côté de 
Valogne, très-abondamment, /Ulex europæus qu'on ensemence 
pour le brüler ensuite sur place afin d'engraisser le terrein; /’Ileæ 
aquifolium , le Cralcægus oxy acantha sous forme d'arbres en plu- 
sieurs endroits , le Blechnum spicant..... On mange dans 
toute la presqu'ile, de grosses figues rouges très-bonnes, ce qui me 
paroit prouver qu'on ÿ jouit d'une température douce en hiver. 

De Valogne à Cherbourg, le pays est tout boisé, le sol, de 
couleur rougeâtre. Cette dernière ville est bâtie sur un fond 
de stéatite lamelleuse d’un verd-clair, très-onctueuse au toucher, 
à lames plus ou moins courbes, composées dans quelques en- 
droits de pièces séparées, qui sont grenues à gros grains; la 
raclure est d’un gris verdâtre ; elle est peu diflicile à casser. 
C'est dans cette roche que l’on creuse pour la construction 
des nouveaux bassins du port. 

La stéatite lamelleuse grenue, se rencontre particulièrement 
du côté de Bretteville , à une lieue nord-nord-est de Cherbourg. 
Cette même roche stéatiteuse renferme de gros rognons de 
véritable granit, ainsi que des filons de quartz. 

La montagne dx Roule, située à cinq minutes sud-sud-est 
de Cherbourg, doit être plutôt considérée comme constituant 
la falaise. Elle est coupée abruptement du côté de la ville où 
elle peut avoir environ 40 toises de hauteur. Elle est formée 
par une espèce de pétrosilex mat, à cassure écailleuse, de 
couleur tantôt rougeâtre et tantôt blanchâtre, assez semblable: 
à celui de Ravenoville, mais disposé évidemment en couches 
de plusieurs pieds d'épaisseur chacune , qui courent toutes dans la 
direction du sud-sud-est au nord-nord-ouest. On trouve de temps 
en temps, erichâssés dans ce pétrosilex, des cristaux de quartz. 
On exploite cette roche pour les travaux du port; on la fait 
sauter par gros quartiers avec la poudre. | 

On rencontre très-peu de plantes maritimes dans les environs: 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 220 


de Cherbourg, mais en revanche, les bords de la mer sont 
extrémement riches en plantes marines de toutes espèces. J'ai 
trouvé assez communément du côté de Tourrelaville le cozy- 
ledon umbilicus. 

Le sol du pays compris entre Cherbourg et St.-Lô , commu: 
nément appelé la Normandie pouilleuse , est d’une nature 
variable , tantôt presque uniquement propre à la culture du 
blé noir, tantôt comme du côté de Carentan, consistant essen- 
tiellement en pâturages. 

En se dirigeant de St.-Lo à Aulnay, et delà sur Falaise, 
on traverse cette autre partie de la Normandie, à laquelle on 
donne le nom de Bocage. En eflet, ce pays offre plusieurs 
sites fort agréables. Il est montueux et boisé, mais ce ne 
sont pas en général des bois de futaie. La direction la plus 
ordinaire de ces petites montagnes est du sud au nord où 
elles s’abaissent par degrés insensibles jusqu'à la mer : elles 
sont rangées parallèlement les unes aux autres, et le fond des 
vallées qu’elles forment, est arrosé par différentes rivières , 
telles que la Drôme, la Seule, l'Odon, l'Orne, la Dive....…. 
qui viennent toutes se jeter dans la mer. Leur élévation n'est 
pas très considérable. La roche qui les compose est un schiste 
argileux micacé qu’on obsérye très-bien en place à St.-Jean- 
des-Baïsants, à Caumont, Aulnay, dans le val d'Harcourt..... 
Il ne fait point effervescence avec les acides, et ne renferme 
pas de corps organiques; dans quelques endroits il passe à 
la véritable ardoise, et l’on s'en sert pour couvrir les toits des 
maisons. On trouve cependant ‘en place, du côté de Villers, 
dans le district de Caen, un calcaire grenu qui contient une 
quantité prodigieuse de bélemnites. 

On sème sur le penchant de ces monticules, du froment 
et du blé noir. Le terrein cultivé est entrecoupé par des lan- 
des, dont la plante qui les forme (Ulex europœus) est em- 
ployée pour la nourriture des bestiaux. La Drgitalis purpu- 
rea , l'Ilex aquifolium..... sont des plantes fort communes 
dans ces contrées. 

Le pays qui se trouve sur la rive droite de l'Orne commence 
à différer sensiblement de celui qui est sur la rive gauche. Ce 
ne sont plus de petites montagnes peu distantes les unes des 
autres, et séparées par des vallons étroits, les plateaux qui cou- 
ronnent ces derniers sont beaucoup plus étendus, et bientôt 


250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


l'on se trouve entièrement dans la plaine. La culture change 
aussi avec l'aspect du pays, et le froment mélangé avec l'avoine 
et le seigle, remplace Île sarrazin. On n'observe plus /'U/ecc 
europæus que de loin en loin ; il n'est pas employé pour la 
nourriture des bestiaux, on se contente de le brûler. Il est 
connu sous le nom de Fionon. 

À Ussy, bourg à 3 lieues nord-nord-ouest de Falaise, on voit en 
place le calcaire stratiforme; on l’exploite méme eu plusieurs 
endroits pour en faire de la chaux. — Le cours de l'Orne 
paroît donc limiter deux genres de terrein différens : sur la 
rive gauche on y trouve le schiste argileux micacé, et sur la 
rive droite, le calcaire. En poussant ces considérations plus 
Join, on pourroit dire que le schiste argileux de la partie de 
la Normandie dite le Bocage, forme le terrein de transition 
poùr artiver au primitif, qui constitue au nord-nord-ouest la 
Partie {a plus avancée de la presqu'ile de Cherbourg. 

À Verneuil, on retrouve les rognons de silex dans la craie, 
On commerce aussi à apercevoir quelques yignobles. Sur ce 
point, la ligne tracée, par Arthur-Young me paroit très-exacte, 

On voit donc , 1° que le pays où l’on trouve en France 
le sol crayeux ‘avec les rognons de silex, s'étend dans la 
direction du sud-est au nord-ouest, qu'il est assez exactement 
renfermé dans l'espace compris entre la Seine etla Lys, à leur 
embouchure, c’est-à-dire qu'il occupe environ 6o lieues en 
largeur sur 70 lieues en longueur; 2° que c’est dans ce genre 
de terrein que se rencontrent les plus hautes falaises, parmi 
celles au moins qu’on voit depuis St.-Valery-sur-Somme jusqu'à 
Cherbourg. C'est ce que nous allons montrer d'une manière 
plus exacte, 


"IN8 MpMiSPoOtRE NATURELLE. 


né mn 2e = 


Braumonr-sur-Oise. 


AXNIIENS. 


FrixrcourT. 


de la Falaise.) 


Tr£éPorT, (Hauteur de la 
Falaise.) 


ETRETAT. (Hauteur de la 
Falaise.) 


Car DE LA Hive.(Hauteur 
de la Falaise.) 


HoxrLeur. (Hauteur de la 
Falaise. > 


Caumoxr. 


CAHAGNESs. 


AULNAY. 


HarcoURT. 


DÉNOMINATIONS. | sxruarion TOPOGRAPHIQUE. 


Département de l'Oise. 
Ville. — Arrondissemeut di 
Pontoise, canton, de J’Ile- 
Adam. 
F Départem!de la Somme. 
| —Chef-lieu de département 
et de canton. 
Village: — Arrondissement 
.[d’Amiens, canton de Picqui- 
’ guy- 
Bourg n'AuLrT. (Hauteur| Bourg. — Arrondissement 


DE da mb mt ad 


millièmes de 


Saivant 
Deluc. 


Suivant 
Frembley. 


‘Abbeville, chef-lieu de can 
ton, entre l'embouchure du 
Halbe et celle: dela Bresle. 
Département de la Seine- 

Inférieure. 


Village. — Arrondissement 
de Dieppe, canton d'Eu, près 
l'embouchure de la Bresle. 


A une demi-lieue N. N.-0. 
du Hâvre. 


Départem!t du Calvados. 


Ville et port de mer. — Ar 
rondissement de Pont-l'Evêq- 
chef-lieu de canton. 


Village. = Arrondissement 
de Falaise, canton de Thury- 
Harcourt. 

Village. — Arrondissement 
de Vire, canton d'Aulnay. 

Bourg. — Arrondissement 
de Vire, chef-lieu de canton 
près l’Odon. 


Bourg. — Arrondissement 
de Falaise, chef-lieu de canton. 


toïse | 
au-dessüs de la mer | 


232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


$S IL 


Hauteurs déterminées pendant un voyage fait dans la 
cr-desant province d'Auvergne. 


Les observations suivantes furent recueillies dans le cours 
d'un voyage que je fis au printemps de l’année 1082, avec 
M. Léopold de Buch , célèbre minéralogiste prussien, et 
M. À. Jurine mon ami. Nous partimes de Genève dans l'in- 
tention de visiter la chaîne des monts Dôme et des monts 
d'Or; nous traversämes, pour nous y rendre, les ci-devant 
provinces du Bugey, de la Bresse, du Lyonnois et du Forez, 
et nous revinmes à notre point de départ par le Dauphiné. 
Comme toutes ces contrées, particulièrement celle qui est la 
plus intéressante de toutes, et qui est renfermée presqu’en 
entier dans le cercle qui forme aujourd’hui le département 
du Puy-de-Dôme, ont été parcourues avec soin par un grand 
nombre d'habiles minéralogistes, j'aurai très-peu de chose à 
dire sur ce qui concerne la constitution physique de ces pays. 
Je me bornerai donc en quelque sorte à donner les hauteurs 
des différens points que nous déterminâmes. Nous nous ser- 
vimes d’un baromètre trempé , passablement exact, qui appar- 
tenoit à M. de Buch. C’est lui-même qui a calculé la plupart 
de ces observations, et seulement d’après la formule simple (1), 
c’est-à-dire la seule différence des logarithmes des nombres 
qui expriment les hauteurs du baromètre. dans les deux sta- 
tions; mais comme je n'ai plus entre les mains les élémens 
de ces observations , il m'eût été impossible, quand j'en aurois 
eu le temps, de les calculer d'après quelque autre formule. 
Nous ne‘mimes pas d’ailleurs à les faire toute la rigueur qu’il 
est possible d'y apporter ; c'est pourquoi je crois ne devoir 
les donner encore que comme des résulrats géologiques , ainsi 
que je l'ai fait dans le paragraphe précédent. 

Il seroït diflicile d'ajouter quelque chose à ce que dit M. de 
”, sur la route de Genève à Lyon, dans les voyages 


FF 


(1) Quoique la correction de température, relative à la dilatation de l'air, 
soit indispensable pour mesurer des différences de niveau, dans le même 
pays et dans le même temps, il n’est cependant pas sûr qu’on doiye l’em- 
ployer lorsqu'on compare des pays tres-éloignés les uns des autres, et que 
lon prend la moyenne entre un grand nombre d'observations. (Astron, 
phys , par J.-B. Biot, tom. I, pag. 145.) 

aux 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 233: 


aux Alpes. (Voyez tome IT, chapitre XVII, et tom. VI, 
chap. XL, édit. in-8°). — J'insisterai seulement un peu plus 
qu’il ne l’a fait sur quelques lieux de la route où l'on rencontre des 
cailloux ou des blocs de roches primitives. En suivant de 
plus ou moins près le cours du Rhône depuis Genève , on 
en voit aux villages de Confignon , de la petite Grave..... 
où ils reposent sur un fond de grès tendre dit mo/lasse; à 
Chancy, où nous trouvämes sur les bords du Rhône nn granit 
à feldspath rougeätre; dans le lit même de /a Zoxdon, petite 
rivière qui went du Jura, et se jette dans le Rhône, on y 
voit plusieurs cailloux de serpentine renfermant des grenats 
d'un assez gros volume. Mais c'est surtout dans un fond 
marécageux situé au- dessous du village de Povgry, quon 
rencontre en grande quantité des roches composées primitives, 
les unes à base de diailage et de jade , d'autres de jade presque 
pur , de pétrosilex compacte..... Non loin de la perte du 
Rhône , près du village de Vanchy, les cailloux primitifs s’aper- 
çoivent encore, ils deviennent beaucoup plus rares ensuite du 
côté de Chatillon dans le Bugey ; cependant j'ai vu des blocs 
SUR sur cette route, à une demi-lieue du petit lac de 
Syañt ou Sylant, qui sans doute n'en formoit qu’un autrefois 
avec celui de Nantua, situé à Go toises environ au-dessous de 
lui. Tout nous porte méme à croire, comme le remarque 
M. de Saussure (1), que ce dernier lac s'étendoit beaucoup plus 
loin au sud-ouest, qu'il occupoit ces grandes prairies horizon- 


tales qu'on y remarque, dont le terrein est composé de cailloux 
arrondis, la plupart calcaires. 


Depuis ici, on ne rencontre plus guère de cailloux primitifs 
avant la fin du Jura, entre Ponçin et Pont-d’Ain ; dès-lors 
paroïissent les cailloux de quartz en quantité considérable , 
quelques blocs de gneiss dans les environs du village de Priay; 
ensuite, suivant l'observation de M. de Saussure (2), on arrive 
à Lyon au travers des villages de St.-Jean-le-Vieux, Ambronay, 
St.-Denis, Meximieux, Mont-Luel, Mirebel, dans des plaines 
couvertes de cailloux, et souvent en si grande quaniié qu'ils 
empéchent la culture des terres. Les quartz, ou les grès durs 


(x) Voyages aux Alpes, 6 1650. 
(2) ibid. 6 1645. 


Tome LXIV. MARS an 1807. G£g 


25% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
quartzeux , sont l'espèce dominante. On y voit cependant, et 
jajoute fréquemment , des cailloux des Alpes, comme des 
schistes micacés, des schistes de hornblende, des serpentines. 
Cependant lorsqu'on traverse le lit de quelque torrent ou de 
quelque rivière qui vient des montagnes voisines, les pierres 
calcaires y dominent toujours. 


L’accumulation de ces galets ici n’a rien d’extraordinaire; 
c’est un fait qu'on rencontre presque toujours dans les plaines 
près de l'embouchure des grands fleuves, et s'ils prennent leur 
origine dans des montagnes primitives, il n'est pas étonnant 
qu'ils y transportent des pierres du mênre genre. 


Quant aux gros blocs de roches primitives, il faut croire 
qu'ils sont contemporains avec ceux du Jura, du Mont- 
Salève, ..... etqu'ils ont été transportés dans les lieux où on 
les trouve , à l'époque de la grande débâcle. 


Entre le lac de Sylant et Châtillon , à une lieue environ 
de ce bourg, on voit sur la rive gauche de la Sémine, petite 
rivière qui va se jeter dans celle de Fa/serine, un peu plus 
bas que Châtillon , une assez belle source d'eau, connue sous le 
nom d’Entrebilliet. Le 1 avril, je trouvai la température de 
cette source à + 7°,5 du thermomètre de Deluc, et celle de 
l'air libre à +-6°,5. La hauteur du lieu, d'après une observa- 
tion barométrique , s’est trouvée étre de 241 toises au dessus 
de la mer. 7 


A Varambon, village situé sur le bord de l'Ain, près du 
Pont-d'Ain, je vis sourdre l’eau de terre, j'en estimai la tem- 
pérature, qui se trouva être à +9° du thermomètre de Deluc, 
et celle de l’air libre, à + 12°. La hauteur de ce lieu peut 
étre d'environ 140 toises au-dessus de la mer. 


Ces deux observations sont assez bien d'accord avec la loi 
établie empiriquement par M. de Saussure, sur la diminution de 
la chaleur de l'air, à raison d’un degré environ (thermomètre 
de Deluc) par cent toises d’élévation. 


De Châtillon à Nantua, on trouve une quantité prodigieuse 
de buis (Buœus sempervirens). Tout le pays, à l'exception 
de la sommité des montagnes, qui est couronnée de pins, 
est couvert de cet arbrisseau, qui y a pris par son exposition 
locale qui est fort chaude, un accroissement considérable comme. 
dans la Campanie et l'Orient. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 535: 


C'est à Cerdon que l'on retrouve pour la première fois la 
vigne sur la route, depuis les environs de la perte du Rhône (1). 
On en voit une plantation qui s'étend depuis le haut de la 
montagne, qui a 378 pieds d'élévation au-dessus du lac de 
Genève, jusqu'au bas de la descente sur le grand chemin, 
dont l’abaissement est de 180 pieds au-dessous du même lac. 

Entre Meximieux et Mont-Luel, je trouvai en grande abon- 
dance le Plantago psyllium , plante qui ne croît dans les 
environs de Genève que dans des lieux secs et arides, comme 
à la colline de la Bâtie, sur les rochers du Petit-Salève au- 
dessus de l'hermitage, c'est-à-dire dans un site qui a 208a 
pieds d’élévation au dessus de Meximieux. ; 


* Quant à l'intérét que peut offrir pour un'minéralogiste- 
géologue la situation de la ville de Lyon, on peut voir ce 
qu’en dit M. de Saussure dans ses Voyages aux Alpes, $$ 6or 
et 1644. 


Si lorsqu'on va en Auvergne depuis Lyon, .on. tire directe- 
ment à l’ouest, en traversant, ainsi, le Lyonnais et le. Forez, 
on se trouve toujours dans. le terrein primitif, soit que l'on 
arrive dans la Limagne par Feurs, Boen, 1 Hopital, "Thiers, 
soit qu'on s'y rende depuis Feurs, par St.-Germain-le-\'al, Si.- 
Polgue, Roanne, Si.-Just ea Chevalet, Thiers. On sait que 
la Linagne, cette belle partie du sol de la France, a essen- 
tiellement pour base un plateau granitique : on sait aussi que 
c'est le meme genre de terrein que: l'on rencontre.en descen- 
dant le Rhône depuis Lyon, du côté de Vienne et de Tournon: 
le mème ecore se présente lorsqu'on va dans le: Beaujolois 
par T'arare, Thizi, la Clate; ..... d'où l'on voit, par l'éteudue 
considérab'e qu'occupe ce genre de terrein dans ces contrées, 
que le centre detoutes ces différentes chaînes ne doit pas être 
fort éloigné d'ici, et que ce n’est pas sans fondement que 
M. Delamétherie le place dans les Cévennes, qu'il regarde 


» 


(1) On sait tout le parti qu’Arthur-Young a su tirer d'observations très- 
exactes sur la localité de certaines plantes cultivées , au nombre desquelles 
se trouve la vigne. C’est pour suivre ces vues de physique végétale, que je 
ne craindrai pas d’insister sur le même sujet lorsque l’occasion s’en présentera. 


| Gge 


236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


comme l'un des centres principaux des montagnes primitives 
de la France (1). 


Entrons dans quelques détails sur la route de Lyon à Thiers. 


Après le village du Petit-St.- Jean , situé à une lieue ouest 
de Lyon , on traverse l’Izeron, rivière qui se forme de 
la réunion d'une foulé de ruisseaux qui découlent du revers 
oriental de la chaîé des montagnes du Lyonnois, et qui va 
se jeter dans le Rhône, à deux lièues énviron au-dessous de 
Lyon. On arrive ensuite après trois bonnes heures de marche, 
à Grézieux-la-Varenné , bourg situé au pied de la montagne 
dé St.-Bonnet-le-Froid. On rencontre sur cette route du 
schiste micacé brunâtré, plusieurs gros blocs de gneiss; mais 
à Grézieux , on voit cette dernière roche en place. Le gneiss 
est ondulé, de couleur trougeâtre , évidemment stratifié, les 
couches courant sensiblement de l'est à l'ouest où elles se 
relèvent. En se décomposant il forme un sable grossier de 
méme couleur que lui, qu’on emploie à la réparation de la 
route. Telle est la roche qui compose la montagne de St.- 
Bônnet ; elle est entrecoupée par des couches ou filons d'autres 
*oches, surtout de quartz blanc , de hornblende schisteuse, qui 
prend üne apparence ‘porphyrique sur le revers ocoidental de la 
montagne, particulièrement entreles villages de Coursieux et de 
Ste.-Foy-l’Argentière. Ce dernier village, qui renferme de la 
houille dans l’étendue de son district, est situé dans un fond 
où coule la Bréverrne, petite rivière qui se jette dans l’Azergue, 
et ensuite avec ‘cètte dernière dans la Saône, près de Trévoux. 
Entre Ste.-Foyl'Argentière et Fenouil, village placé sur la 
hauteur, à ‘une demi-lieue plus loin à l'est, on rencontre à 
la surface du $ol plusieurs morceaux de calcédoine roulés, 
de petites géodes quartzeuses; ..... mais à Fenouil, on entre 
dans une roche porphyrique, tour-à-tour à base de feldspath, 
de siénite ét d'argile endurcie ( felpspath-porphyr) |(siénit- 
Porphyr) (thon-porphyr}), dont les couches en retraite les 
unes sur les autres dans plusieurs endroits, affectent le mode 
de division des roches £rapéennes. Cette roche porphyrique 
renferme, à la sortie du village de Fenouil, un filon de baryte 
sulfatée. Telle est la constitution du pays jusqu’à St. - Martin- 
l'Estra , village situé à 2 petites lieues est de Feurs , et qu’on 
peut considérer comme le lieu où vient se perdre le rameau 
primitif qui forme la chaine des montagnes du Lyonnois. 


(1) Théorie de la Terre, tom. IV, & 1156. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 237 


Néanmoins il se prolonge un peu au-delà jusqu’au château de 
Sailendouzy , qui en est distant de trois quarts de lieue à l’ouest, 
et où j'ai trouvé une roche qui se rapproche beaucoup du vé- 
ritable granit. 


On jouit depuis St.-Martin-l'Estra, d'une superbe vue, 
La chaîne des puys ou monts Dôme, se déploie toute entière 
à vos regards, tandis qu'au-dessous de vos pieds, vous voyez 
couler lentement la Loire dans une vaste plaine, dont je dirai 
un mot plus bas. 


Il est très-probable que la formation de toutes ces roches 
primitives qui constituent cette chaîne du Lyonnois, se rattache 
à celle du granit qu’on trouve dans les murs de la ville 
de Lyon, lequel est sans doute la continuation de celui qu'on 
trouve sur la rive gauche du Rhône, du côté de Vienne , 
Tain , Tournon; ..... dès-lors, son gisemnent considéré, sous 
le point de vue de la succession des roches, n'offre rien de 
particulier , puisqu'on lui voit superposés le gneiss, et les autres 
roches primitives dont j'ai fait mention. 


L'aspect de tout ce pays est infiniment agréable; partout 
il y a abondance d’eau, ce qui ne contribue pas peu à la ferti- 
lité. Les montagues qui le forment sont par fois cultivées jus- 
qu’au sommet ; dans le cas contraire, leur cime est couronnée 
par une forêt de pins (Prnus sylrestris), dont la noirceur 
du feuillage contraste agréablement avec la verdure des prairies 
qui sont au-dessous. 


Parmi la petite quantité de plantes que je remarquai à l’époque 
où je visitois ces lieux, je ne dois pas oublier de faire men- 
tion du Spartium scoparium que je vis pour la première fois 


sur ma route, en grande abondance, sur la montagne de St.- 
Bonnet. ; 


- Dans le nombre des arbres fruitiers qui entouroient les ha- 
bitations , j’y distinguai quelques pieds de châtaigniers, mais 
tous chétifs et peu élevés, ce qui tient, je crois, à ce que 
cet arbre a besoin d’être abrité pour prospérer. 


Sur le revers de la montagne de St.-Bonnet, du côté de 
Coursieux , on aperçoit de belles plantations de vignes par- 
faitement bien entretenues, et dans le fond de la vallée, de 
fort beaux noyers. Ce n'est pas le seul endroit où j'aje vu 
réussir la vigne là où croissoit le noyer, et réciproquement. 


238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Je crois qu'en général le degré moyen de chaleur dont ils 
ont besoin l'un et l’autre pour réussir, est à-peu-près le même, 
ce qui fait qu'on doit les voir souvent liés l'un à l'autre. Ce 
rapport mérite d'être suivi. 


Le Houx (//ex aquifolium) se trouve communément dans 
ces montagnes du Lyonnois, au milieu des pins : je l'ai vu 
à l'état d’un arbre qui avoit jusqu’à dix pieds de hauteur ; 
dans ces cas-là , les feuilles du haut étoient absolument privées 
d'épines , tandis que celles du bas en étoient garnies comme 
à la coutume. 


La plaine du Forez où l'on arrive en quittant St. - Martin- 
l'Estra pour aller à Feurs, a quatre lieues carrées au 
moins détendue; elle est couverte d'une multitude d’étangs, 
et on ne peut douter qu'elle n’ait formé autrefois un grand 
lac auquel, d’après l'état actuel des lieux, on pourroit assigner 
à-peu-près pour limites, au nord-est Feurs, au sud-est $t.- 
Galmier , Mont-Verdun au nord-ouest, et Mont-Brison au 
sud-ouest. Cette plaine se trouve barrée au nord-ouest, par 
la chaine des montagnes de Thiers où le Lignon prend sa 
source. Cette rivière, après 7 lieues de cours, vient se jeter 
dans la Loire près de Feurs. C'est dans cette plaine que se 
trouve le Mont-Uzore, montagne basaltique au sujet de laquelle 
j'ai publié une notice dans Le Journal de Physique, pour le mois 
de Thermidor an XI. 


La hauteur d: la plaine du Forez est de 175 piedsau-dessous 
de celle de la Zimagne, plaine bien autrement fertile, et dont 
elle est séparée à l’ouest nord ouest par la chaîne des montagnes 
de Thiers. Le sol est manifestement formé par la décomposi- 
tion de roches primitives. Au reste, ce genre de terrein paroît 
parfaitement bien convenir au froment. Une seule espèce de 
mauvaise herbe infeste tous les champs, mais elle y est répan- 
due en très-grande abondance, particulièrement sur les terreins 
en jachère, c'est le Rumex acetosella. Au surplus, les 
moutons qu'on y met parquer en profitent; c'est peut-être parce 
qu'ils préférent cette plante à d’autres, que Zabernæmontanus 
lui avoit donné le nom d’Oxalis ovina. 


Une autre plante que je rencontrai pour la première fois 
sur ma route, dans les terreins incultes des environs de Feurs, 
fut le landier d'Europe ( Ulex Europæus), qu’on ne voit pornt 
dans toute la Suisse, quoiqu'il habite néanmoins des pays bien 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 


plus au nord ; comme le Danemarck , l'Angleterre...... 
Peut-être pour certaines plantes , l'élément de la nature du sol 
a-t-il sur la détermination de la localité, une influence encore 
plus grande que celui de la chaleur. 


Les étangs qu'on voit répandus en si grand nombre sur 
cette plaine, sont très-poissonneux. Les espèces de poissons 
qu'on y trouve, sont la carpe (Cyprinus carpio ), la tanche 
(Cyprinus tinca), et le brochet (Esox lucius ). 


Si de Feurs nous nous rendons à Thiers par Roannes, en 
faisant ainsi un détour pour mieux étudier le pays, nous sui- 
vrons , après avoir traversé la Loire, le cours du Lignon pen- 
dant quelque temps, nous le traverserons bientôt pour arriver 

à Ste.-Foi-en-Bufly, parmi des landes garnies d’arbres 
résineux (Pinus sylvestris) ; de là jusqu'à St. -Germain-le- Val 
il y a deux lieues : avant d'être à ce bourg, on passe sur un 
pont, la rivière d'Aix, dont la source et la direction sont 
les mêmes que celles du Lignon, et qui, grossie des eaux 
de l’Ysable, vient se jeter dans la Loire. St.-Germain-le-Val 
se trouve sur la hauteur, et c'est ici que commence la montée 
de cette partie de la chaine qui sépare Roanne de Feurs. Aussitôt 
après avoir passé l’Aix, on trouve sur la route qui conduit à 
St.-Germain, un superbe porphyre à feldspath rougeätre, qu'on 
exploite ; il présente du côté de St.-Julien, des escarpemens 
où les couches ont bien le caractère d’être en retraite les unes 
sur les autres. La route descend ensuite proche le village de 
Souternon , où l’on passe un ruisseau appelé la Palouse, qui 
se jette dans l’Ysable, que nous remontons en suivant de plus 
ou moins près le cours jusqu'au sommet du passage où se 
trouve le bourg de St.-Pologue. Après Souternon, le porphyre 
change d'apparence et de nature ; c’est une pâte argileuse noi- 
râtre, où se trouvént noyés de petits cristaux de feldspath 
blanc et de mica. Cette roche s'étend jusqu’à St.-Polgue, où 
nous rentrons dans le porphyre qui ne nous quitte plus jus- 
qu'à Roanne. Peut-être la dénomination de grauwachke con- 
viendroit-elle mieux à la roche de St.-Polgue que celle de 
porphyre. Nous vimes sur la grande route, à trois lieues de 
Roanne, qu'on construisoit les maisons avec une superbe cal- 
cédoine. Les maisons et les murs qui entourent cette ville, 


sont bâtis avec des porphyres de toutes espèces, dont quelques- 
unes offrent de très-beaux cristaux de feldspath. 


240 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
Sur le revers de la montagne, à un quart de lieue au- 
dessous de St.-Polgue, on voit une plantation de vignes. 


De Roanne à Villemontois, l'on se trouve toujours en plaine; 
mais ici l'on commence à monter une côte sur les penchans 
de laquelle on cultive la vigne. Le porphyre se voit toujours 
sur la route. La pente de la côte devenant plus roide à mesure 
qu'on s'élève, la vigne disparoït , elle est remplacée par les 
pins qui alternent ensuite avec les bouleaux blancs. A une 
lieue environ au-dessus de St.-Justen-Chevalet, près du ha- 
meau d’Ærconsat, point le plus élevé de la chaîne, on entre 
dans une espèce de granit dont la contexture est à la fois 
grenue et porphyrique, le feldspath se trouvant en cristaux 
très-gros. On suit cette roche avec peu de modifications, Jus- 
qu'à Thiers, dont l'abord est très-pittoresque. C’est du baut 
de ce passage, que l'on jouit de la vue la plus étendue de 
Ja chaîne des Puys et que l'on peut bien s’en faire une juste 
idée. L'aspect de la riche ét fertile plaine d'Auvergne qu'on 
a sous les pieds, vient compléter ce beau tableau. 


En allant à Thiers depuis Feurs, par Boen, l'Hopital, etc. , 
on abrége beaucoup. Cette route, qui n’est pas moins intéres- 
sante que l’autre , est bien plus agréable. On suit les bords 
du Lignon dont on remonte le cours. Le pays entre Noire- 
Table et l’Hopital, est tont-à-fait sauvage et pittoresque. La 
route est taillée dans quelques endroits en corniche à plus 
de 100 pieds au-dessus du lit de la rivière qui roule avec 
bruit ses eaux au milieu de gros blocs d'une belle roche por- 
phyrique qui se rapproche beaucoup du granit. On ne trouve 
pas de vignobles jusqu’à Thiers au-dessus du village de St. 
Julien , à 261 toises au-dessus de la mer. 


De Noire-Table, on vient à Thiers dans 2 heures et demie 
3 heures, mais sans s'élever à beaucoup près autant que par 
l'autre route; on est toujours dans le porphyre à base de 
feldspath, celui des environs de Noire-T'able mérite surtout 
de fixer l'attention du minéralogiste par sa beauté. 


On va facilement de Thiers à Clermont dans une demi- 
journée. On passe sur un bac /a Dore, presqu’à la sortie 
de Thiers ; puis, au Pont-du-Château, on traverse /'{lier,, 
qui limite en quelque sorte de ce côté-là l'étendue du terrein 
volcanique : aussi le sol prend-il une couleur plus foncée. Il 

en 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 24t 


en est des roches volcaniques comme des roches calcaires, 
leur porosité , laissant les .eaux s'infiltrer, permet à celles-ci 
de se rassembler et de former au bas des montagnes ces belles 
sources si communes en Auvergne, qui portent partout avec 
elles l'abondance dans le pays qu’elles arrosent. Le sol aussi, 
à raison de sa couleur noire , absorbant une plus grande quan- 
tité de chaleur solaire, contribue sans doute encore à la ferti- 
lité. Les beaux noyers qui bordent la route jusqu'à Clermont, 
s'associent évidemment ici avec la culture de la vigne, et 
prouvent ce que j'ai avancé plus haut à ce sujet. 

Après tout ce qu'on a écrit sur l'Auvergne, il seroit dé- 
raisonnable à moi d'entrer dans des détails qui seroient toujours 
fort au-dessous de ce qui a été dit. Seulement, pour suivre 
au plan que j'ai annoncé, d'indiquer la route que j'ai tenue, 
en disant un mot de l'état physique des lieux que j'ai parcou- 
rus et dont j'ai déterminé les hauteurs, je ne saurois mieux 
faire que de renvoyer à la lecture d’une lettre qu'écrivit à ce 
sujet M. de Buch, mon compagnon de voyage, à M. M.-A. 
Pictet, et qui a été imprimée dans le N° 158 de la Bibl, brit. 
Elle sera suflisante pour le but que je me suis proposé. 

Je me transporte alors à mon retour de Lyon à Genève par 
la route du Dauphiné jusqu’au pont de Beauvoisin. 

De Lyon à la Verpillière, première poste sur cette route, 
on ne voit qu'une vaste plaine à froment, complètement nue, 
à l'exception de quelques müriers qui bordent la route : le 
fond de cette plaine est couvert de galets disposés par lits, 
la plupart calcaires et de cailloux de quartz. Il est probable 
que tout ceci a fait autrefois partie du fond de quelque grand 
lac..... Entre la f’erpillière et Bourgoin, le pays devient 
plus boisé , on commence à s’apercevoir aussi que le sol 
s'élève un peu. En effet, entre /& Tour-du-Pin et Lyon, qui 
sont distans de 12 lieues, la différence de niveau est de 410 
pieds. On voit à une lieue environ en avant de Bourgoin, 
quelques plantations de vignes “des noyers, des châtaigniers ; 
on y rencontre aussi les premières roches en place. Elles sont 
calcaires et coquillères ; on en fait de la chaux ; c'est avec 
elles que sont bâties les maisons de la ville de Bourgoin. 
Les couches de cette pierre sont minces et horizontales suivant 
l'observation de M. de Saussure. Ce savant nousapprend qu'ayant 
fait une excursion dans les granits à l'est de Vienne, dans le 
but de rechercher le lieu de jonction du terrain granitique ۑ 


Tome LXIV. MARS an 1807. H h 


242 ‘JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


du terrein calcaire, il ne put point l’atteindre, parce qu'il est 
rare, ajoute-t-1l, qu'on puisse voir ces jonctions dans les pays 
de plaines et de basses montagnes; presque toujours ces rochers 
sont plus tendres vers leur limites; l’air et l’eau les décompo- 
sent, les corrodent , et les vides, nés de cette destruction, 
se comblent de terre, de débris, et cachent ainsi leurs jonc- 
tions (1). Quant à moi, il me semble que si le rameau gra- 
nitique qu'on voit sur la rive gauche du Rhôñe, part en effet 
des Cévennes , et qu'il vienne à se courber tout-à coup à l’ouest 
du côté de Lyon, pour former en traversant le Rhône, la 
chaine du Lyonnois, il n’est pas étonnant qu'on ne rencontre 
point de vestiges de granit fort loin à l’est de Vienne. 


La route entre la Tour-du-Pin et le Pont de Beauvoisin, 
n'offre rien de particulier; elle se fait dans un pays parfaite- 
ment bien boisé avec le chène , le charme, le châtaignier, 
le hêtre et le noyer. On descend passablement pour arriver 
au pont de Beauvoisin , bourg autrefois limitrophe de la France 
et de la Savoie, situé sur /e Guiers , qui se jette tout près de là 
dans le Rhône. En effet, dans l’espace de quatre lieues, on 
descend de 239 pieds. La différence de niveau entre le sol de 
Lyon et celui de Beanvoisin étant de 171 pieds, indique à-peu- 
près la pente du Rhône depuis le lieu de sa jonction avec le 
Guiers près St-Genix, jusqu'à Lyon. 

Pour aller du pont de Beauvoisin à Chambéry, au lieu de 
suivre la route ordinaire qui passe au sud-sud-est par /es Echelles, 
nous en tinmes une plus directe, mais plus roide, surtout pour 
les chevaux, ce fut celle du mont l’Eprn, situé à 3 petites lieues 
est-nord-est du pont de Beauvoisin. Il fait partie d’une chaine 
de montagnes calcaires qui a 3 lieues de longueur, qui court 
du sud au nord, où les couches sont extrêmement inclinées, 
et qui encaisse à l’ouest la vallée où est Chambéry. Le calcaire 
du sommet de la chaine est compacte, et ne m'a pas paru ren- 
fermer beaucoup de corps organiques, mais dans le bas il y en 
a beaucoup, notamment des cornes d’'ammon. Les couches de 
cette petite chaîne de montagnes, descendent à l’est, tandis 
qu'elles sont escarpées à l'ouest. 


La profondeur du sol de la vallée où est Chambéry, est plus 
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(1) Voyages aux Alpes, Ç 1629. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 243 


considérable qu'à l’ouest de la chaîne. En eflet, l'élévation de 
cette ville, qui est à une distance à-peu-près égale du sommet 
du passage que le petit Zac l’Epin, situé au pied de la mon- 
tagne à l’ouest (1), est de 57 toises plus bas que lui. Ce dernier 
est élevé de 76 toises au-dessus de celui du Bourget, par consé- 
quent sa hauteur au-dessus de la mer est à-peu-près la méme 
que celle du lac Léman. 


La formation du lac du Bourget a bien pu dépendre de sa 
situation topographique, à peu-près vers l'extrémité nord de 
cette chaine de montagnes où elle s'enfonce brusquement , 
et sur le revers oriental de la même chaîne le plus profond, 
le moins escarpé, par conséquent le plus propre au rassem- 
blement des eaux. En effet, la différence du niveau entre 
Chambéry et le lac du Bourget, qui ne sont distans l’un de 
l’autre que de deux lieues et demie tout au plus, est de 19 
toises. 


Quant à la route de Chambéry à Genève, par Aix, Rumilly, 
Frangy, on peut voir ce qu’en dit M. de Saussure, dans ses 
Voyages aux Alpes, $$S 1172— 1180. 


(x) Le Tüer , ruisseau qui se jette dans le Guiers pres de Belmont, sert de 
canal de décharge à ce petit lac, qui porte le nom d'Ajguibellette, dans 
la carte de Borgonio. 


Hh2 


244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


CN ————— 


Elévation en toises et millièmes 
de toises au-dessas de la mer, 
N 


DE NOMINATIONS. SITUATION TOPOGRAPHIQUE- Diff, des 


lasar: sans | Suivant | Suivant 
+. pour e 
la ARTE Deluc. |rembley 


de l’air. 


Département de l'Ain. 
Cuarrczon De Mremarzze.(1)| Bourg. — Arrondissement di 
Nantua, chef-lieu de canton. À. . . . [286,068 287,04f 


Lac DE SYLANT ou SYANT? Une lieue et demie N.-O. de 
Nantua. . - - - [802,582 | 304,84: 


CERDoON. (2) Bourg. — Arrondissement di 
Belley, canton de Poncin. . . - - [191,820 | 193,87: 


MExIMIEUx. (3) Bourg. — Arrondissement di 
Trévoux, chef-lieu de canton. À. . : . |[131,080|132,634 


Département du Rhône. 


Lyon. (4) Chef-lieu de département . 
d'arrondissement et de canton, 
au confluent du Rhône et de la 
Saône. 89,680] - - . - |. -.. 


Perit-Sr.-JEAN. Village. — Arrondissement el : 
canton de Lyon. 121,500]. . - - |. .7 


Sr.-Bonwer-1e-Frorp, mon-| Arrondissement de Lyon, can- 


fagne. — Point le plus élevé du|ton de Vaugneray. : . . . . - .390,500| . . . . |. - * . 
passage. 5 
CoursrEeux, Village. — Arrondissement de 
Lyon, canton de Vaugneray. . -N188,oco|. . - . |. . . . 
SrE-Foy-L'ARGENTIÈRE. Village. — Arrondissement de 


Lyon, ‘canton de St.-Laurent-dc 
Chamousset près la Brévenne.H29,9001 + + + + | + - -: 


Département de la Loire. 


Sr.-MARTIN DE L'ESTRA. Village. — Arrondissement de 
Montbrison , canton de Feurs.f297,000| . . . . 0 
Feurs. Ville. — Arrondissement dc 


Monbrison, chef-l eu de canton.173,000| . . . . | - - - - 


(1) Suivant M. Deluc CHE Recherches surles mo del TE ; ÿ 754) 264 
(a) le même . 158 
(3) ——— le même STE ET ED tas 118 
(4) ——— le même, par plusieurs observations + - PCM LION QUES) 


——— M. de Saussure (Voyages aux SPP 1644 AN à 21 NEO Ne RTS ANES 


ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 


DÉNOMINATIONS. 


Sr.-G&RMAIN-LE-VAL. 
ST.-JUST-EN-CHEVALET. 


Point le plus élevé de la chaîne 
des montagnes de Thiers, pris 
sur le passage, près le hameau 
d'Ærconsas, 


Borx. 


Norre-TABLE 


Tarers, dans le bas de la ville, 
au niveau du sol. 


CLERMONT. 


Côte de PRADELLE (1) : som- 
mité de l’arête. 


mince de bol, 


PS 7 meme | 


(1) Promontoire de basalte ancien qui repose sur.le granit, dont il.est séparé cependant par une couche 
Ou terre de Lemnos. — Zett. de M. de Buch, cit. plus haut. 


| 


Elévation en toiseset millèmes 
de toises au-dessus de la mer, 
ee 
Diff, des 

logar. sans 

corr. pour 
la tempér. 

de l’air 


SITUATION TOPOGRAPHIQUE. 


Saivant | Suivant 


| Deluc. KL 


* 
Département de la Loire. 


Bourg. — Arrondissement de 
Roanne, cheflieu de canton, sur 
la rivière d'Aix . 


Bourg. — Arrondissement de 
Roanne, chef-lieu de canton sur ÿ 
la côte, près la rivière d'Aix. . .[3: 


Arrondissement de Roanne. 481,6011488,096 


Ville. — Arrondissement de 
Montbrison et chef-lieu de cant. 
sur le Lignon, 4 1. O. de Feurs. 


Bourg. — Arrondissement de 
Montbrison , cheflieu de canton, 
AVE de PRhIers Re e 


Département du Puy- 
de-Dôme. 


Ville. — Cheflieu d'arrondis- 
sement et de canton , sur la pente 
d’un coteau, près de la Durolle. 


Ville. — Chef-lieu de départe= 
ment, d'arrondissement et de can- 
ton, entre les rivières d'Arrière 
etide Bedaf shit etil 


& del. O.-N.-0 de Clermont.f: 


246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE 


Elévation en toiseset millièmes! 
de toises au-dessus de la mer, 


DÉNOMINATIONS. | siruarion TOPOGRAPHIQUE. | Di. des 


logar. sans! Suivant | Suivant 
corr. pour 


la tempér.| Deluc. |Trembley 
de Pair. 


Département du Puy- 
de-Dôme. 


ORGINES (1). Village. — Arrondissement et 
canton N. de Clermont, x1. +de 
cette ville.....................1303,000|-..... |...... 


Puy-pr-Dôme (2). Sommet. | Montagne principale de la 
chaîne des Puys de Clermont, 
2 1. O. de cette ville.......... 751,657|...... |...... 


Puy-ne-Paniou (3), surlebord| 11.+O.-N.-O. de Clermont, s 
lu cratère. sur la route de Limoges......l610,833|...... |...... 


Idem, dans le fond du cratère. 2,0 DR Th Or PO UE COCO DOUE 574.166 RER 


Puy-DEBARME. 3 1. : S.-O. de Clermont.,.....1561,166|...... |...... 


Oncivar. Bourg. — Arrondissement de 

Clermont, canton de Rochefort, 

5 1. S.-0. de Clermont: ........1448,000!...... |...... 
Moxr-Jucnar, sur le bord du] 31.3 S.-O. de Clermont... .Î574,166 


cratère. 


Idem, dans le fond du cratère |:-.... bac Etiottidac osebodel PHP boston. 


Sortie du courant de lave du] 31. £ S.-O. de Clermont. ..… 509,000 
Puy-pr-La-VAcnE. 


ss. lose. 


Lac D'AIpar. Près le village du même nom, 


à 4 1. S.-S.-O. de Clermont, sur 
le courant de lave ( Cherr ) sorti 
des Puys de la Vache et la Solas.f419,000| ...... |...... 


RS aol rat ENRAERRAr. PEUR 


(1) On se trouve ici sur la grande conlée de lave 
contient que de petits cristaux de feldspath qui ont le 


(2) Gette montagne est formée d’ 


du Puy-de-Pariou : cette lave est très-cassante,- et ne 
ur éclat naturel. — Lettre de M. de Buch. 
d’une sorte de porphyre dont la pâte peu dure et d’un gris terreux, renferme 
du mica et beaucoup de gros cristaux de feldspath qui sont fendillés, et dont l'apparence est vitreuse , tandis 
que ceux qu’on trouve dans le granit, qui fait la base de ces montagnes , tirent sur la nacre de perles. —Lete. 
de M. de Buck. 1 
L’élévation du Puy-de-Dôme, snivant les observ 
son parent, est de 500 toises 
Rech. sur les modif. de l 


(3) Ce cratère 


ations de M. Perrier, faites d’après linvitation de Pascal, 
au-dessus de la mer : d’après MM. Cassini et le Monnier, de 757 toises. — Deluc, 
atm. À\ 227 et 318. 


» Parfaitement circulaire, a 200 pas de tour ; les parois de l’entonnoir qu'il forme sont herbées, 


et les bestiaux y paissent aujourd'hui. 


Lie 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 24 
47 
RE em meme mm mr ts 


Elévation en toises et millièmes 
de toises au-dessus de la mer, 


Û an A) 
DENOMINATIONS. | sITUATION TOPOGRAPHIQUE. | Dif. des 


logar. sans] Suivant | Suivant 
corr> pour pe 

la ARS Deluc. | Trembley 
de l’air. 


| 


Département du Puy- 


de-Dôme. 


Croix-Moranp. Montagne que l’on traverse 
pour arriver dans la vallée du 


Mont-d'Or, à 11.2 N. des Bains.f693,166|..:... |...... 


Moxr-n'Or-Les-Baixs. Village. — Arrondissement 
d'Issoire, canton de Besse, sur 
la Dordogne, au bas de la mon- 
tagne de l'angle, à 21. S. du grou- 
s pe de montagnes du Mont-d’Or.}523,333|...... |...... 


Cascade de la Dogne, (1), 1]. S.-E.du village des Bains.f654oco!...... |...... 
Idans le bas. 


Idem, dans le haut. Se LR SR tee CI004893|e cr lee 
Rocher des Cousins. }G) 21.S.-S.-Æ. du village des Bains.1885,333|...... |...... 


CAGADOGKNE, montagne. TA tord e 1 MON CECI Doro RTE 
Moxr-pOr, sommet. (3) 2]. 5. du village des Bains... ,1958,500|...... |...... 


CraqQue au pied du Mont-d'Or.| Fond du cratère présumé du 
avant la jonction des caux de lalgroupe de montagnes du Mont- 
d'Or et de la Dogne. MOCE CRRMETS EPEr LRE TEMIGTT 000 cc. ue: = 


——_—_—_——————ZZ 


(1) On trouve en faisant cette exeursion, de beaux feldspaths en gros cristaux maclés dans un porphyre qui, 
suivant M. de Buch, n’a surement pas une origine bien différente du porphyre du Puy-de-Dôme. li ajoute , 
c’est une prodaction volcanique, mais ce n’est point une lave. — Lett. cit. 

(2) Si du haut de la cascade de la Dogne, on suit la crête de la montagne, on arrive, dit M. de Bach, 
au rocher des Consins, où l’on voit des substances qui ont beaucoup plus l’apparence du basalte, et dans lesquelles 
le feldspath devient plus rare. En poursuivant toujours la crête vers Cacadogne, on tourne autour d’un enfon- 
HAE effrayant, demi-circulaire, dont les parois sont couvertes de scories : c’est le seul endroit dans les environs 

u'on Fire qualifier de lépithète de cratère. Depuis Cacadogne, on monte aisément jus u’au sommet du Mont- 

Or. C’est un immense cirque, vraiment alpin, qui se termine, d’un côté, par les parois de la vallée de la Cour, 
et de l’autre, par le rocher des Cousins. ls se correspondent et fermoient jadis le cirque du côté de la vallée 
des Bains. Mais tout ce vaste cirque ne peut pas être un cratère. Je me suis figuré, continue M. de Buch, 
qu'il y en a deux, la vallée de la Cour, et l’entonnoir entre Cacadogne et le rocher des Cousins. Le reste est 
un enfoncement, une chute des parties entre ces deux cratères; les arêtes si nues et si saillantes au-dessous de 
la cime du Mont d'Or et dans la vallée d’Enfer, le prouvent. — Lettre de M. Buch. 

(3) D’après Cassini, l'élévation de cette montagne est de 1048 toises au-dessus de la mer; il a déterminé ensuite 
par le baromètre la hauteur du sommet du Mont.d’'Or au-dessus du village des Bains. Il la trouva de 512 toises, 
tandis que, d’après notre observation, elle ne seroit que de 435. Enfin, en comcluant d’après sa hauteur du sommet 
da Mont-d’Or, celle da village des Bains au-dessus de la mer, on la trouveroit de 536 toises an lieu de 523, résnltat 
moyen qui nous a été donné par six observations. ( Ÿoy. Rech. sur les mod. de l'Atm., par Deluc, | 319.) 


248 JOURNAÏT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Elévation en toises et millièmes 
de toises au-dessus de la mer, 


EE M) 
DENOMINATIONS. | srTUATION TOPOGRAPHIQUE. 


Diff. des 
logar. sans| Suivant | Suivant 
cor. our r 
à Rs Deluc. |Trembley 
de l'air. 


RER RER NE OO 7 EI ER 


Département du Puy- 


de-Dôme.' 
CaPucix » montagne , som-| Dans la vallée du Mont-lOr, 
mité (1). e 1 1. S.-S.-O. du village des Bains.|709,500 Es 0e 
IA-Tour-D'AUVERGNE. (2) Ville. — Arrondissement d’Is- 
soire, chef-lieu de canton . . . 472,833]. . . 
ACRAE e ONBrER, au châ- Village dans la vallée du Mont- 
teau. d'Or, 21. O. du village des Bains, 
irrondissement de Clermont, can: : 
ton de Rochefoit . -0..#.#/:1539;000|%, "11". 
FER nee Dorpocxe, 3 |. au-dessous du village de 
1u-dessous de chez Chabozk, {3) Murat-le-Quaye CV à FERRER 417,666 an 
Département de l'Isère. ' 
Sr.-LAURENT-DES-MûREs. Village. — Arrondissement de 
Vienne , canton d'Heyrieux , 
41 9; =Etyde lyon IT) 000 | EEE E 


Bour coin. Ville. — Arrondissement de lal 
Tour-du-Pin, chef-lieu de canton.f179,200|! ., . . |. . .. 


La-Tour-pu-Prw: Ville. — Chef-lieu d'arrondisse- 
ment et de canton sur la Bourbre.f158,200|, , . 1 Jr 
Départern duMont-Blanc. 
Ponxtr-nE-BEAUYOISIN: Ville. — Arrondissement de 
Chambéry , chef-lieu de canton 
sur leGiérs ouaGuyermi..s; ,12:118,00| 5250 0 


LaclEriN;oud’Azeurpezzerre.| Au pied de la montagne du 
même nom, à louest . . . . : .[r93,334| 1: . . . 

Mont-pE-L'EpIn. Arrondissement et canton di 
Chambéry NPC 468666 NE RE 


(1) D’après nos observations, la sommité du Capucin seroit d'environ 186 toises au-dessus du village des 
Bains, tandis que Cassini l’estime être de 224 toises. (Recherch. sur les mod. de lAtm., par Deluc. $ 319.) 
La montagne du Capucin seroit donc élevée, suivant Cassini, de 760 toises au-dessus de la mer. 

(2) On voit une chaussée de basaltes, en prismes de six pieds de diamètre, avec un caractère decidé de courant 
— Lett. de M. de Buch. 

(3) Il y à dans ce lieu une superbe colonnade basaltique en facon de jeu d'orgue. L'élévation de ce même 
lieu nous fait connoîire la pente de la Dordogne, depuis Je village des Bains, 2 lieues 2? à l’est. Elle se trou 
être de 105 toisrs et demie : on voit par-là, que le village de Murat-le-Quayre se trouve placé sur üne hauteur, 
:t surtout le château. * 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 249 


RECHERCHES 


Sur les moyens de remplacer économiquement la corde 
à feu dans le service de l’Artillerie. 


Extrait des Annales de Chimie, imprimées à Ségovie dans 
Tannée 1791; 


Par Le Proresseur PROUST, 


Dox Valère Francisco Perès Cavallero, Ministre de la Guerre, 
reçut vers la fin de 1789, la note suivante que lui adressa , de 
Vienne, l'Ambassadeur d'Espagne. 

« On tire du tilleul des baguettes minces , qu’on laisse trem- 
per dans une solution de nitrate de plomb ; on les fait sécher 
au four, et l’on s’en sert pour mettre le feu au canon, en 
» place de corde à feu. 

» Ces baguettes ont les avantages suivans : la pluie ne Îles 
» éteint pas, je crois méme qu’elles ne donnent ni cendre ni 
» fumée, et leur durée est beaucoup plus considérable que 
» celle de la corde à feu. L'expérience fera connoitre quelle 
» sera l’économie qui peut résulter de leurs usages ; au reste 
» l'adoption qu'on en a faite depuis quelques mois dans les ar- 
» mées de l'Empereur, ne peut laisser aucun doute sur leur 
» utilité , car Votre Excellence n'ignore pas qu’en fait d'écono- 
» mie, cest certainement ce pays-ci que l'on peut citer. » 

Je ne me rappelle point si l'Ambassadeur écrivit alors quel étoit 
l’auteur de cette découverte ; mais je crois , d’après les souvenirs 
qui m'en sont restés, qu'on l’attribuoit au chevalier de Born, 
minéralogiste bien connu. 

Cette note m'ayant été remise dans le courant de 1790, je 
m'empressai de répéter l'expérience qu’elle annonce, et même 
de l'étendre à d'autres bois que le tilleul, afin de rendre cette 
découverte applicable au service de l'Espagne, où ce bois est 
assez rare; mais ce travail ne fut point présenté au Gouvyerne- 


Tome LXIV, MARS an 1807. Ji 


y 


250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


ment , je le publiai seulement dans mes Annales , dont j'envoyai 
alors quelques exemplaires à Paris. 

Comme les détails de pratique dans lesquels entre le mémoire 
original, ne présenteroient pour le moment aucun intérét parti- 
culier , je les passe sous silence , et ne rassemblerai dans cet ex- 
trait, que les données principales de mon travail. 


INTRODUCTION. 


Chacun sait qu’on peut se servir d’une branche allumée pour 
mettre le feu au canon, et l’on peut croire qu’on n’en usa pas 
autrement dans l’origine de l'artillerie : mais comme le bois 
allumé ne tarde pas à s'éteindre, on dut s'attacher à découvrir 
quelque chose de mieux, et aprés bien des essais l'on découvrit 
enfin la corde à feu dont on se sert généralement aujourd'hui. 
Cependant, si l'on pouvoit aussi, à l’aide de quelque préparation, 
communiquer à cette même branche la propriété de brüler d’une 
manière continue, si l’artilleur pouvait s'en promettre une pointe 
de feu toujours vive , on conçoit que sans vouloir le disputer à 
la corde à feu, dont les avantages sont certains, notre branche 
préparée pourvoit encore rendre bien des services. Ainsi, par 
exemple, lorsqu'il faut servir long-tempsune nombreuseartillerie, 
comme dans les batailles, dans les siéges, et dans toutes les 
occasions , où les défauts qu'on ne peut se dissimuler, ne 
seroient d'aucune conséquence , elle pourroit remplacer ayan- 
tageusement la corde à feu. 

Ce que l'on peut justement reprocher aux baguettes préparées 
est notable : c'est la fragilité de leur pointe , qui n'étant qu'une 
pyramide de charbon allumé, peut se briser, ou par le fouet 
de flamme qui s'échappe de la lumière du canon, ou s’épointer 
contre le canon même , par la main quelquefois vacillante de 
l’artilleur , et alors quand les plates-formes sont en bois, l'on 

ourroit craindre quelque accident de la part des fragmens em- 
Écibas qui s'en échapperioent , ce qui, dans l’intérieur des vais- 
seaux , surtout, assujétiroit à une surveillance dont on peut se 
passer avec la corde à feu. 

Mais, si d’un autre côté l’on fait attention à ce que ce défaut 
n'est d'aucune considération en pleine campagne , si on a égard 
aux avantages d'une combustion qui dure trois fois plus que celle 
de la corde à feu, sous un volume infiniment moindre, et par 
conséquent à la facilité et à l’économie du transport, on trou- 
vera bien des compensations de cet inconvénient. Tels furent sans 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 251 


doute les motifs qui déterminèrent Born à proposer sa découverte 
à l'artillerie de son pays : et si, comme l'assure la note, on 
en a réellement admis l'usage, on peut croire que les avan- 
tages et les défauts dont nous venons de parler , n'auront pas 
laissé que d'être soigneusement reconnus et balancés par les 
officiers de l’Empire. ë 

J'ai fait observer il y a un moment, que les baguettes allu- 
mées couroient les risques de s'épointer dans la précipitation 
du service. Je dois avant tout prévenir l’objection qu'on pourroit 
tirer de cet accident , c’est qu'elles ne s'éteignent pas pour avoir 
perdu leur pointe : il suflit d'agiter un moment les baguettes 
pour la voir se reproduire ; et comme d’ailleurs elles ne sau- 
roient servir qu'autant que l’artilleur les fixe par le milieu dans 
son porte-mêche , il peut toujours compter sur la pointe op- 
posée à celle qu'il vient de briser. Je passe aux expériences. 


Sur le Nitrate de plomb. 


Une livre d'acide à 56 degrés peut donner , avec le plomb, 
quinze onces cinq à six gros de nitrate sec et pulvérulent. Mais 
comme en employant ce métal, on ne peut l’oxider sans sacrifier 
une assez grande quantité d'acide, on pense bien qu'en y sub- 
stituant le métal déjà tout oxidé , la préparation de ce sel doit 
en étre plus facile et plus économique : en effet, une livre 
du même acide saturée de litarge , fournit jusqu'à 22 onces 
7 gros, ou 25 onces de nitrate de plomb, c'est-à-dire 7 onces 
de plus. On le prépare dans des cuvettes de bois, et la lessive 
se dessèche très-bien dans des bassines de cuivre. 

Pour juger de l’économie qu’il y a à ne faire dissoudre 
que des oxides, ou pour juger de la perte qu'on éprouve en 
acide, quand on se sert de plomb, il suflira de faire attention 
aux résultats suivans : Quand on sature avec la potasse une 
livre d'acide nitrique à 25 degrés, on en retire 8 onces de 
salpêtre ; mais si on sature de la méme manière cette livre 
d’acide transformée d’abord en nitrate par l'emploi du métal, 
on n’en retire plus que 3 onces. On perd donc dans cette 
manière de travailler une quantité d acide qui est égale à celle 
que contiennent 5 onces de salpètre. 

Dans l’année 1790, où jé fis ces expériences, la livre de 
nitrate de plomb auroit coûté 30 sous, à cause du prix de 
la litarge Qui est un@ denrée étrangère à l'Espagne ; mais en 
la remplaçant par des oxides natifs, comme ceux que fournis- 
sent abondamment les mines de Linarès, ce sel seroit revenu 


Tite 


252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


à beaucoup moins. Ces oxides me réussirent très-bien ; ils sont 
assez purs pour ne méler au nitrate de plomb aucun autre 
sel qui puisse l'exposer à s’humecter. 


Préparation des Baguettes. 


Le tilleul étant spongieux et léger, se prête très-bien à l’im- 
bibition : mais comme mon objet étoit de chercher à le rem- 
placer, je jetai les yeux sur les bois suivans, qui sont : 

Le chène verd, 

Le chéne ordinaire, 

Le noyer, 

L'orme, 

Le peuplier blanc, 

Le saule, 

Le pin, 

Le cèdre, 

Le frère, 

Le hôtre et le tilleul, comme devant nous donner un terme 
de comparaison. Mais l’on va voir que pour les pays où il 
est abondant, il est encore le plus avantageux sous les deux 
rapports de l'économie et de la durée : et quand Born li 
donna la préférence, on peut croire qu’il ne s’y arréta qu'après 
s'en être convaincu par une suite d'expériences analogues à 
celles que j'ai entreprises. 

Les baguettes, dont les dimensions m'ont paru concilier 
mieux la solidité ayec l’économie du nitrate, sont celles de 
deux à deux lignes et demie d'épaisseur sur quatre et demie à 
cinq de largeur , et une barre ou environ un mètre de lon- 
gueur. Avec cette épaisseur elles s'imbibent presqu’au centre, 
et leur résistance est suflisante pour qu'elles ne soient pas 
exposées à se rompre durant le service. Si on leur en donne 
davantage , la liqueur saline ne peut pénétrer le bois sans 
éprouver une sorte de départ qui accumule le nitrate sur la 
superficie , et ne laisse arriver au centre que l'eau de disso- 
lution. Cette particularité détermine en quelque sorte leurs 
dimensions , et si on veut leur donner plus de force, il ne 
s'agit que de les augmenter sur la largeur seulement. 

J'ajouterai néanmoins que si les baguettes quarrées de quatre 
ou quatre lignes et demie ont l'inconvénient de ne pas s'im- 
pes à fond, elles n’en sont pas mé@ins propres à rendre 
es mêmes services; car j'ai remarqué que la combustion accé- 
lérée de la superficie donne de l’activité au cône charbonneux 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 253 


qui se forme au centre, et s’il se consume plus lentement, 
sa pointe plus robuste résiste aussi beaucoup mieux au contact 
du canon, que celle des baguettes plates. 

Il faut pourtant en excepter le saule et l'orme, dont la 
pointe charbonneuse refuse de brüler , si elle n'est pas pénétrée 
de nitrate. Je pense, après tout, qu’en ayant égard à ces 
particularités , l’on appropriera indistmctement à cet usage les 
baguettes quarrées aussi bien que les parallélogrammatiques. 

Si les baguettes de frêne et de hêtre ont plus d'une ligne 
d'épaisseur, elles n’absorbent point assez de nitrate pour brüler 
sans interruption , et comme alors elles sont trop fragiles, on 
n'en peut tirer parti. 

Tous les autres bois, le tilleul méme, pouvant absorber 
beaucoup plus de nitrate qu'il n’en faut pour assurer la con- 
tinuité de leur combustion , ou point assez pour acquérir cette 
propriété , il falloit, pour remplir utilement cette tâche, 
commencer par reconnoître l'espèce de dissolution à laquelle 
il convenoit de s'arrêter : et comme d’ailleurs j’ai remarqué 
que les baguettes étoient plus ou moins poreuses selon qu’elles 
ont été fabriquées avec du bois de tronc ou de branches, ce 
qui les expose à absorber des quantités de nitrate fort diffé- 
rentes , il a également fallu soumettre au moins quatre ba- 
guettes à l'expérience , afin de découvrir quel seroit pour 
chaque bois, le terme moyen de son absorption. 

Les dissolutions qui m'ont paru les plus convenables, sont les 
suivantes : La première , une livre de nitrate fondu dans 
quatre livres d’eau, ce qui est à-peu-près la proportion qu'elle 
peut en dissoudre à froid; la seconde , une Livre de nitrate 
dans cinq d’eau. 

L'imprégnation des baguettes se fait à chaud ou à froid. 
On l'exécute dans des chaudières de cuivre proportionnées à 
leur longueur. A froid, elle est terminée au bout de trois 
jours ; mais à chaud, c’est assez d’une heure et demie d'ébulli- 
tion. On ajoute de l’eau chaude à mesure que la liqueur du 
bain diminue. La première dissolution ou Ja plus forte ; convient 
aux bois de chène verd , d'orme.et de saule ; et la seconde, à 
ceux detilleul de chéne, de pin , de noyer, de peuplier et de cèdre. 

Enfin la corde de sparte de 8 à 9 lignes de grosseur, dont le 
Prix est si inférieur à celui du chanvre , devient aussi très-propre 
à remplacer cette dernière, si on lui donne la préparation des 
baguettes. II lui suflit d’une lessive faite avec une livre de nitrate 
de plomb dissous dans 15 livres d’eau. Alors sa combustion est 


254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


continue et sa durée égale à celle de la corde à feu; elle a méme 
un avantage de plus , celui de s’enflammer,, d'éclairer si on l’a- 
gite un moment, et de faire l’oflice d’une sorte de lance à feu. 
Elle n'a pas, ilest vrai, celui de former en brülantle cône embrasé 
dont les artilleurs font tant de cas dans la corde à feu ; mais en 
la fabriquant avec une filasse mieux préparée , peut-être méme 
avec la pitte si commune dans le midi de l'Espagne , elle rem- 
plirait surement et à bon marché les conditions d’une bonne 
corde à feu. Ne perdons pas de vue, néanmoins , que, sousle rap- 
port du volume, elle est, comme la corde de chanvre, bien au- 
dessous des baguettes, et qu’elle partage même avec elle , l'in- 
convénient altaché aux marchandises très-combustibles, celui 
d'exposer les magasins aux incendies. 


Une livre de corde à feu , de celle dont on fait usage dans 
l'école d'artillerie de Ségovie, dure de 34 à 35 heures, et un 
peu plus, si elle est humide. Dans cet état elle estcommunément 
surchargée de 6 à 7 pour cent d'humidité, Enfin il est à propos 
de sécher les baguettes au four avant de les soumettre à limbi- 
bition du nitrate, comme après la leur avoir donnée. 


Le tableau suivant présente une comparaison de la corde à feu 
avec les baguettes préparées , sous le rapport de leur durée ; on 
y a fait entrer les quantités dé nitrate que chaque bois peut ab- 
sorber par quintal. 


BOIS. Durée de leur combustion Nritrate qu'ils absorbent 
par 25 livres. par quintal. 
Corde à feu. 850 heures. 
Corde de sparte. 
préparée: 850 4 livres. 
illeul. 2400 10 
Pin. 2400 42 
Cèdre. 2400 42 
Orme. 2430 19 
Chêne. 2200 18 
Chéne verd. 1400 18 
Noyer. 1400 7 
Peuplier. 1400 37 
Saule, 2400 30 


On peut voir ici que les bois de peuplier , de pin, de cédre, 
et de saule s'excluent d'eux-mêmes, si on les compare au tilleul 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 255 


puisqu'ils absorbent trois et quatre fois plus de nitrate que lui, 
sans offrir une combustion plus longue. 

Que le tilleul est de tous, celui qui réunit les deux avantages 
de l'économie et de la plus grande durée, puisqu'il n’absorbe 
en nitrate que le dixième de son poids, et enfin, que les bois de 
chêne verd , de chéne ordinaire, d’orme et de noyer n'occupent 
que le second rang. 

On pourra remarquer anssi que les boïs les plus durs ne sont 
pas ceux dont la durée est la plus longue , car une baguette de 
chène verd, qui est infiiment plus dur que le chéne ordinaire , 
ne se maintient en combustion que 8 heures, tandis que ce 
dernier atteint jusqu'à 12. 


Sur le Nitrate de cuivre. 


Les bois imbibés de sa dissolution deviennent aussi très-pro- 
pres à brûler d’une manière continue , et comme pour les dis- 
poser à cet effet Mils exigent moins de ce nitrate que de celui de 
plomb , j'ai trouvé que la dépense des baguettes préparées par 
l’un ou par l’autre de ces sels ; étoit à peu de différence près la 
méme. Le métal de cuivre a même quelque avantage sur celui de 
plomb, du côté de la durée , car si deux baguettes au plomb 
brülent pendant 24 heures , les mêmes, préparées au cuivre, en 
dureront 25 , comme on le verra dans le tableau qui suit. 

Le nitrate de cuivre peut mettre les baguettes dans le cas 
d'attirer l'humidité, mais ce défaut n'influe pas sur leur com- 
bustibilité ; ear la force comburente de ce selest si supérieure à 
celle du nitrate de plomb , que les baguettes , su sortir du bain, 
s'allument aussi facilement que celles qui sont sèches. L’expé- 
rience suivante est très-propre à donner une idée de leur ditfé- 
rence à cet égard. 

On trace avec les deux nitrates des lettres su: un morceau de 
papier , et on le présente ensuite au feu à la distance d’un pied 
ou un pied et demi ; peu d’instans après on voit le nitrate de cui- 
vre s'allumer , et dessiner le papier en lettres de feu, tandis que 
celui de plomb n’y fait pas d'impression. C’est cette propriété 
annoncée quelque part dans le Journal de Physique , qui me 
donna l’idée d'appliquer ce nitrate aux baguettes. 

L’acide de ces sels ne contribue pas, autant qu'on pourroit le 
penser, à la combustibilité des baguettes , ear si on les éprouve 
après les avoir tenues quelque temps sous l’eau, on trouve qu'elles 
conservent encore beaucoup de leurs qualités. Il m'a semblé que 


256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


ces nitrates éprouvoient comme sels métalliques , une décompo- 
sition qui sépare l’aeide de l’oxide , en attachant ce dernier à la 
substance du bois , par une de ces aflinités qui sont propres aux 
tissus végétaux, C’est cet oxide qui fournit au charbon l’oxigène 
dont il a besoin pour maintenir sa combustion, et pour se passer 
des secours de l’air environnant ; aussi remarque-t-on à la sur- 
face des pointes allumées, un mouvement très-sensible de scin- 
tillation, dont le résultat est, d'une part, la destruction accélérée 
du charbon, et de l’autre, du plomb réduit qui se sépare en 
grenailles, et que l'air parvient à oxider une seconde fois. 


Cette réduction se fait aussi remarquer sur la pointe des ba- 
guettes cuivrées, et mème elle devient presque un inconvénient ; 
c'est qu’elle l'enveloppe d'une lame continue de cuivre , d'une 
espece de fourreau qu'il faut faire tomber en secouant la baguette 
contre le canon avant de la présenter à l’amorce ; mais il ne 
suflit pas de proposer le nitrate de cuivre pour remplacer celui de 
plomb, mon objet seulement a été de faire Voir qu’il pourroit 
le suppléer au besoin, 


Une livre d'acide nitrique à 36 degrés , prend jusqu’à 2 onces 
4 gros de cuivre pour se saturer. Ce nitrate, à l’époque où je tra- 
vaillois, et dans Madrid, eût coûté trois francs la livre, mais 
avec l'oxide ou les battitures des chaudronniers , il n’auroit pas 
monté à 40 sous. Un quintal de baguettes de tilleul n’absorbant 
que 6 livres de nitrate, la dépense de sa préparation eût été de 
12 à 15 francs, ce qui est aussi à peu près celle du même bois 
préparé au nitrate de plomb, en supposant qu'il ne passät pas 
30 sous la livre. 


La dissolution dont j'ai fait usage pour tous les bois, marquoit 
17 au pèse-liqueur de Beaumé. 


Celle qui provient du départ des orfévres pourroit y être em- 
ployée ; et même en la faisant chauffer dans une bassine avec des 
lames de plomb , on la convertiroit facilement en nitrate de 
ce métal , pourvu, néanmoins , que l'on s’assujetit à de certaines 
mesures que la pratique indiqueroit, car, comme je l'ai fait ob- 
server ailleurs, le nitrate de plomb bouilli long-temps sur du 
plomb, donne un nitrate jaune feuilleté, dont j'ignore les effets 
sur le bois. 

Parmi les bois que j'ai cités, celui de noyer ne m'a pas eus 
propre à donner des baguettes , parce qu’il refuse d’absorber , 
assez de nitrate de cuivre. 


Celui 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 257 


Celui de fer ne dispose aucunement le bois à la combustion, 
sans doute parce qu'il ne cède pas aussi facilement son oxigène 
que ceux de cuivre et de plomb. 

Voici le tableau des quantités de nitrate de cuivre qu'absor- 


bent plusieurs bois, et celui de leur durée par arrobe , ou par 
25 livres. 


BOIS Nitrate qu'ils absorbent | Durée de leur combustion 
f par quintal. par 25 livres. 
Corde à feu or- 


CITAIT EE PAIN NAS ee RS CA Te 85o heures. 


T'illeul, . G livres. 2500 
Pin, 8 2300 
Orme. 7 2100 
Chéne. 4 2400 
Chène verd. 9 2050 
Noyer. 

Peuplier, 6 2010 
Saule. 9 2130 
Frêne. 2 13509 


Tome LXIF. MARS 1807. KK& 


1 


" 


OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES | 


ENST ERNEST POSER TETE TIIRERRE Be ie DUREE ERE 
“ THERMOMEÈTRE. tBAROMETRE. 
«a ' 
-] 
® L Maxiuum. | Minimum. |a Mir. Maximum. | Minimum. A Mi 


à midi + 2,5 10358. + 1,0] + 2,51 ro 25... 
à midi + 2,51 9m. — 0,3 + 2,51: 
SR midi + 4,528 m. + 2,0 + 494725.:...:273 4,40[X 8 m...... 

4735. + 5,ofà midi + 0,8] + o,8f175s......27. 6.0ofà midi... 

àa2is. + 6,3làro1s. + 37 + 6,21 102s.....27. 7,52[à1 midi... 2. 

Amidi + 75à8zs + 5,8) + 7,581 midi......27: Boolà 8 1 5... 

à midi + 5,7 108 + 1,2] + 5,7hh 10 5......28, 0,751à 8 m.....… 

A10S + 4,48m. + 16| + 3,09,18m......… | 27+ 9,70|27.117, 
fa midi + 8,6liros. + 8,1| + 861 midi ..… 27! 10,18[à 10 5...... 27. 8,50|27.10, 
10 125 . + 7h 8m. + 5,6] + 7,4 midi... 27i1x,16|à 10.5:.:/..27. 0,68|27.117. 
ri midi. +io2li1os. + 8,5] +ro,2h1 1025... 284 2,50|à 83 m.....26. 0,42|26. of 
fa midi + 9,811 s + 6,8] + 9,881 115.......08. 4,25|à 8 m.......268. 3,60|26. 3,0 
13N4 4 $ + 9,07 m + 2,5] + 8,01 9 £s..... 20/1010 |A Ses 26. 2,07 20.12) 
14 25s. + 6,8[1 7m + 3,0! + 6,1h12is...... 28. 4,80[à 83 5...-:. 28. 3,60|28. 4,1 
19 45. + 0,67m. + r,2| + 85847 me... 28. 1,85|14925s...... 28. 1,04[28. 1, 
16Qà midi + 9,97 m. + 8,1] Æ o,9f1 7 m...... 28! 1,16/à 5 is. ....27.11,25|98. ol 
17h 8 m. + 70815. 3,6 + 6,71à 6 m....... 27.10,68|à 1025..::. 27. 7:79|27- 9/4 
1647 m. + 2olà2is. — 07] + oi 21s….....27. 6,10(18£m..... 27. 4,10|27. 4h 
19/43 s.. + 2,3] 61m. — 0,2] Æ 2,0] à 11 5...... 28. 2,80[à 6 m..... 27. 9,60|28. ol 
20fà midi + 32là7m — 10 + 3,2hù 7 m.…..... 28. 3,52/h1125s.....28. 0,86|[28. 3,| 
2fà midi + gilàgm. + 3,6| + 7,1Mirris..... 28. o,78|à7 m...... 27.10,80|27.17, 
22245. + 6,5 11m. + 3,8| + 8,1fà 8 m...... 28. 0,76|à 104 5.....27. 9,43|28. ol] 
23}à 8% m. + 761025. + 40] + 5,01 101s.....27.11,68|à 8 + m..... 27. 9.04|27. 9,! 
24/4 11%. + 8,517: m. — 4,8] + 8,10138........28. o,25(17:m.....27.11,85|28. 0, 
25 9 s.. +ro,3|à 84m. + 7,3] Hro,ofi 71 m....27.11,20|à 3 3 5...... 27.10,15|97. 10} 
268à midi 11,4 arrés. Æ 3,6| Ærr,gfù 1 5... 27.11,56|à 7im.....27.10,00|27.10; 
271 8 m. + 2O/à 117486. + z,1| He 2, 11Ès..... 26. 1,30là 8 m...... 28. 0,15|28. oil 
26235. + 2,6[1102s. + o,2| + 2,2là 10 À s.. ..28. 4,50[à 63 m. ....28. 2,26|28. 34h 


RECAPITULATION. 


Plus grande élévation du mercure. ..28.,4 80, le 14 à 2%. 
Moindre élévation du mercure..... 27.1, 80,le 3 à 8 h.m. 
Élévation MOYENNE ...... 27.9,30 de 
Plus grand degré de chaleur..... +H11°,4, le 26 à midi. 
Moindre degré de chaleur....... — 1,0. 
Chaleur moyenne........ + 5,2 
Nombre de jours beaux....... (e] 


Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 1 pouce 7 lignes , 2 dixièmes 
D'ou o,pouce 0,4343. ; 
Le 21 Décembre Thermomètre des caves... .9°,640, division de Réaumur. 


> > EE 


| 


L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, 


FEVRIER 1807. 


VARIATIONS DE LATMOSPHERE. 


‘|Hrc POINTS 
( VENTS. 
D id - | LUNAIRES. 

pot LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. 

90,0 S: Ciel couvert. ._ [Giel couvert. Ciel nuageux. 
2} 90,0 S. Gelée bl. Ciel c.p.im:|Ciel nuageux. Assez b. ciel p. int. |Ë 
3] 96,0 O.N-O. Neige dansla n. cielc.|1dem. Pluicetneige. + 
{| 91,0 Se Ciel couv. Pluie p- in.| Beaucoup d’éclaircis.| Pluie, neige fondue. | 
ÿ) 99,0] S-O. Ciel c.; pluie tr.-forte.| Pluie parint. Couvert par int. 


88,0|0. fort. 
78,0|N-0O. f. 
92,0|S. fort. 
99.,0[S-0. 


x.L.h2194's. 
L. Apogée. 


Ciel très-c. et nuag. 


Br. à l’hor. assez b. c. 
Quelques gout. d’eau. 


Couv.; tems brum. 


Ciel couvert. 

Ciel très-nuageux. 
Ciel couv.; pl. fine. 
Pluie fine par int. 


Pluie p.in.; ciel tr. c. | 


Assez b. ciel ; T. cal. | 
Pluie continuelle. 
Pluie par int. 


78,0|O-N-O. [Equin. ase. [Pluie par int. Ciel à demr-c. etnuag.|Ciel c.; q. g. d'eau. 
93,0]  O. f. Quelques éclaircis. |Couvert. Giel couvert. : 
91,0|S.-0. Brouill. ciel couv. |1dem. Ciel couv? ï 
09,0] S-E. f. Ciellégèrementcouv.|Ciel tr. c. Ciel voilé, à 
97,0]  S- Brouillard épais, Ciel très-c. ; Brouill.|Brouill. très-épais. 
91,0|S. S-E. r.Q.à5%44's [Br. à l'hor. assez b. c.|Ciel très-beauËh Beau ciel. © 
91,0] S. Ciel très-nébuleux.  |Ciel assez beau. Ciel couvert. 
4,01 O. Pluie ay. le j. ; ciel c.| Pluie fine par int. |/dem. d 
3,0| N-O. Ciel c. ; neige p. int. | Terre couv. de neige.[Neige par int. 


86,0[0. N-0. 


Neige. 


Ciel trouble ct nuag. 


Ciel couv. 


79,0|0. N-0O. Ciel couvert. Ciel voilé et nuag. Idem. 
95,0] 0O. Pluie par intervalle. |Cielc.éclair.p.int. [Ciel chargé de vap. 
96,0| 8 2.1. 0455 m.|Ciel très-nuageux. : [Ciel très-couv: Cielc.; Pluie d. la j. |$ 


98,0 N. N-O. 
95,0[N + N-O. 


L. Périgée. 


Equin. desc. 


Piuie abondante. 
Temps très-hum. 


Pluie continuelle. 
Léger br.; Temps c. 


Pluie t. le j.; elle con. |Ë 


Ciel très-couv. 


100,0| S-0. Pluie abondante. Ciel tr.-c. ; T. hum. | Pluie par int. 
85,0] O. B. d'éclaircis par int.|Ciel très-nuageux. |Ciel très-couvert. 
67,0 ©: Quelques éclaircis. |Giel couvert. Idem. 

65,o| : N. Ciel très-nuageux. {Ciel assez beau. Très-beau ciel. 


e'11 


R ÉIC.A.P:ELT U L A TÆO.N. 


de couverts...... 16 

de pluie.......,.. 12 
devents. 422.008 > 26 

de gelée’...:.... 2 

de tonnerre. ..... o 

de brouillard..... 6 

de neige......... 5 

INT E ciereau a ciee ep 2 
NÉ ere rebiesreee I 
7. SIA RUES + o 
Jours dont le vent a soufé du À Si 6 


EX 


Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de l’atmosphère, on 
s £ : 


la première contient les variations depuis minuit jusqu'à 9 heures du matin ; la 


260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


SE + SO au * 


D'UN MEMOIRE 
SUR L'ÉTHER MURIATIQUE, 
Lu à l'Institut Le 17 Féprier 1807, 

Par M. THENARD, Professeur au Collége de France. 


Après avoir examiné pourquoi l'éther muriatique est resté 
jusqu'à présent inconnu aux chimistes, quoiqu'il ait été l'objet 
d'un assez grand nombre de recherches, l'auteur donne le 
moyen de l'obtenir : pour cela, comme l'éther est habituelle- 
ment à l'état de gaz , il faut employer l'appareil suivant : 

On met dans une cornue capable seulement de contenir le 
mélange dans sa panse, parties égales en volume d'acide mu- 
riatique très-concentré et d'alcool à 36°; on les agite bien 
pour mettre en contact toutes leurs molécules; cela fait, on 
jette dans la cornue tout au plus 7 à 8 grains'de sable pour 
éviter les soubresauts qui, sans cette précaution, pourroient 
avoir lieu dans le cours de l'opération; puis on la place à 
feu nu sur un fourneau ordinaire , au moyen d’un grillage de fil 
de fer, et on y adapte un tube de Welter qui va se rendre 
dans un flacon à trois tubulures, double en capacité de la 
cornue qu’on emploie, et à moitié rempli d’eau à 20 à 25°, 
de manière que le tube pénètre dans l’eau à la profondeur de 7 
à 8 centimètres; ensuite on introduit dans la seconde tubulure 
un tube droit de sureté, et dans la troisième on en introduit 
un recourbé qui va s'engager dans une terrine, sous des flacons 
pleins d'eau, au même degré que la précédente, et soutenus 
par un tèt troué dans son milieu. Lorsque l’appareil est ainsi 
disposé, on chauffe peu à peu la cornue, et vingt à vingt-cinq 
minutes après que le feu est appliqué, on voit des bulles 
s'élever de la partie inférieure du liquide.et surtout de la surface 
des grains de sable. Ces bulles ne tardent pas à se multiplier ; 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 261 


et bientôt alors on obtient abondamment du gaz éthéré ; il 
passe en même temps de l'acide, de l'alcool et de l’eau, mais 
quirestent dans le premier flacon. De cinq cents grammes d'acide 
et d'un volume d'alcool égal à celui des cinq cents grammes 
d'acide, on peut retirer jusqu'à vingt et quelques litres de gaz 
éthéré parfaitement pur, et même jusqu’à trente; mais on en 
retirera bien davantage, si, lorsque le, dégagement du gaz 
commence à se ralentir, on méle dé nouvel alcool avec le 
résidu, c'est-à-dire ayec la liqueur très-fortement acide qui 
reste dans la cornue, et dont le volume alors équivaut à-peu- 
près aux deux cinquièmes du mélange d'où elle provient. Je 
crois même que si, par le moyen d'un tube droit plongeant 
au fond de la cornue et long au moins de 6 à 7 décimètres, 
on versoit de temps en temps de l'alcool chaud dans celle-ci, 
la formation du gaz éthéré seroit encore-hien plus abondante ; 
car on conçoit ail se volatilise à chaque instant plus d’alcoo! 
que d'acide muriatique, et qu'ainsi on rétabliroit entre ces 
deux corps les proportions primitives qui conviennent plus que 
tout autre pour le succès de l'opération. Dans tous les cas, 
la conduite du feu est de la plus grande importance : s’il est 
trop foible , il ne se produit pas de gaz éthéré; s’il est trop 
fort, il ne s'en produit que peu : aussi n’éthérifie-t-on pas 
sensiblement l'alcool en le chargeant de gaz acide muriatique, 
et n obtient-on pas non plus sensiblement d’éther en faisant ren- 
contrer l'alcool et l'acide en vapeurs dans un tube à environ 80° 
de température. Ce n'est donc qu’en gardant un juste milieu 
dans l'application du feu, qu’on réussit complétement. Tout 
cela vient de ce qu'une trop petite ou une trop grande élas- 
ticité dans l'alcool et l'acide muriatique, nuit à leur réaction 
l'un sur l’autre. Une précaution qu’on doit encore prendre, 
c'est de se servir de la même eau pour recueillir le gaz, et 
d'en employer le moins possible parce qu'elle en dissout en 
quantité notable. 

Ce gaz est absolument incolore , l'odeur en est fortement 
éthérée et. la saveur sensiblement sucrée. 11 n’a aucune espèce 
d'action ni Se la teinture de tournesol, ni sur le sirop de vio- 
lettes, ni sur l’eau de chaux. Sa pesanteur spécifique, comparée 
à celle de l’air, est de 2,219 à 18° du thermomètre centigrade, 
et à 0,m75 de pression ; à cette même température et à cette 
même pression, l’eau en dissout son volume et on peut l'en 
dégager entièrement à une température de 100° thermo- 
mètre centigrade. À cette même pression encore , mais 


262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÆ 
à. 11° de température, le gazéthéré devient liquide. On peut 
s'en procurer une grandé quantité à cet état, en se servant d'un 
appareil semblable à celui qui a été précédement décrit : seule- 
ment, au lieu d'engager le dernier tube sous un flacon plein d'eau, 
il faut le faire plonger au fond d’une éprouvette longue , étroite, 
bien sèche et entourée de glacé qu'on renouvelle à mesure 
qu’elle fond. C'est dans cette éprouvette que le gaz éthéré 
seul arrive et se liquéfie entièrement; car une fois que les vais- 
sceaux ne contiennent plus d'air, on peut, sans le moindre 
danger, en supprimer là communication avec l'atmosphère. 
Ainsi liquéfié , cet éther est d'une limpidité remarquable ; 
comme à l'état de ÿaz , il est sans couleur , sans action sur 
la teinture de tournesol et sur le sirop de violettes ; de même 
que le gaz éthéré, il est très-soluble dans l'alcool, dont on peut 
en grande partie le séparer par l’eau. Comme ce gaz, il a aussi 
une odeur très-prononcée et une saveur très-distincte, qui a 
quelque chose d’analogue à celle du sucre, et qui est surtout 
remarquable dans l'eau qui en est saturée, laquelle sera peut- 
ètre employée avec succès en médecine. Versé sur la main, 
il entre subitement én ébullition et y produit un froid con- 
sidérable, en y, laissant un petit dépôt blanchätre: À + 5° de 
température (thermomètre centigrade) , il pèse 874 , l'eau pe- 
Sant 1000. Ainsi, quoiqu'il soit bien plus volatil que l'éther 
sulfurique, et à plus forte raison que l'alcool, non-seulement 
il est plus lourd que le premier, mais même il est plus lourd 
que le second de ces deux corps. Enfin, il ne se congèle point 
à une température de — 29° (thermomètre centigrade ). 
Jusqu'à présent nous ne voyons dans cet éther rien qui nesoit 
parfaitement d’accordavec ce quenous présententles autres corps; 
il n'est encore pour nous qu'un être curieux par sa nouveauté , 
et surtout par la facilité avec laquelle on le gazéifie et on le li- 
quéfie. Etudions-le davantage et il va nous apparoître comme 
l'un des composés les plus singuliers et les plus extraordinaires 
que l'on puisse créer...... Il ne rougit pas la teinture de 
tournesol la plus affoiblie; les alkalis les plus forts n'ont point 
d'action sur lui; la dissolution d’argent ne le grouble nulle- 
ment, et tout cela, soit qu'on l’emploie à l’état gazeux ou 
liquide, ou dissous dans l’eau : qu'on l’enflamme , et tout-à- 
coup il s’y développe une si grande quantité d'acide muria- 
tique , que cet acide précipite en masse le nitrate d’argent 
concentré , qu'il suffoque ceux qui le respirent et qu'il paroît 
même dans Taie environnant sous forme de vapeurs. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 263 


L'acide muriatique; se. forme-t-il dans cette inflammation, 
comme tout nous porte à le. croire ? ou n'est-il qu'en liberté, 
ce qui peut étre? Voilà la question que l’auteur de ce Mémoire 
essaye ensuite de résoudre, 1 ME x À EAT 

Si l'acide muriatique se forme dans la combustion du gaz 
éthéré , le radical de cet acide doit exister dans ce gaz, et 
ce radical provient nécessairement de l'alcool ou de l'acide 
muriatique décomposé par L'alcool, ou ce qui n’est pas pro- 
bable, mais ce qui n’estipas impossible, de l’un et de l’autre, 
Dans le premier cas, on doit, en distillant un mélange d'alcool 
et d'acide muriatique , retrouver après la “distillation , tout 
l'acide muriatique qu’on a employé, plus celui qui apparoît 
dans la: combustion du gaz formé. Dans le sécond cas, une 
grande quantité d'acide doit au contraire disparoître dans cette 
distillation ; mais en tenant compte de celui qui se développe 
dans la combustion, du gaz formé, cette quantité d’acide, et 
seulement cette quantité doit reparoître toute entière. Dans 
le troisième cas , de cette distillation doïft aussi résulter une 
perte d'acide ; mais cette perte doit être plus que compensée 
par la quantité d'acide que la combustion du gaz doit produire. 
Or; en exécutant cette distillation sur 450,5937 d’acide mu- 
riatique d’une pesanteur spécifique de 11,549, à 5° de tem- 
pérature (therm. centig.) et sur un volume d’alcool très- 
rectifié, égal à celui de ces 450,5937 d'acide, il se forme 
vingt-trois litres de gaz éthéré à la température de 21° (therm. 
centig.), et à la pression de o»745, et il disparoïît 122,°°288 
d'acide. Par conséquent la première hypothèse est fausse, 
puisqu'il est démontré que quand bien méme le radical de 
l'acide muriatique existeroit dans le gaz éthéré, ce radical! 
proviendroit, non pas uniquement de l'alcool, mais, bien ou 
de l'acide muriatique seul, ou de l’acide muriatique et de 
l’alcool. 

Voyons sil provient de l'acide muriatique seul, ainsi qu’on 
l'a supposé dans la seconde hypothèse; mais alors. il y a deux 
manières de concevoir le phénomène : ou l'acide muriatique 
aura été décomposé par oale de manière que son radical, 
sans son autre principe, se trouve dans le gaz éthéré, ou 
cette décomposition aura été telle, que tous les principes de 
l'acide muriatique se trouveront dans le gaz éthéré, non pas 
réunis, non pas formant de l'acide muriatique, mais combinés 
avec les principes de l'alcool , mais dans le même état où se 
trouvent l'hydrogène , l’oxigène , le carbone et l'azote dans 


26f. JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE 
les matières végétales ét animales. Or si le radical de l'acide 
muriatique existe seul sans l'autre principe, où sans une por- 
tion de l’autre principe de l’âcide muriatique , dans le gaz 
éthéré, on.doit, en décomposant cé g4z dans un tube rouge 
de feu et privé du côhtact dë l'air, né point obtenir d'acide, 
ou én fbtenir moins qu'il n’éh 4 disparu dans l'expérience qui 
l'a produit :.et si ce gaz contiént non-seuléfent le radical de 
l'acide: muriatique, mais, enCôre tous les principes constituans 
de cet acide :, comme les principes ‘de’ cét acide, quels qu'ils 
soient , ont une grande téndance à se combiner, on conçoit 
qu'en détruisant le gaz éthtré par 1e feu , sans le contact de 
l'air, oh obtiendra probablément toute la quantité d’acide mu- 
riatiqüe qui aura disparu dans l’éxpérience d’où on laura 
retiré, Îl étoit. donc de la ‘plüs grande importance d'opérer 
cette décomposition en vaisseaux clos. On Fa fait sur neuf 
cents grammes d'acide muriatique concentré, et sur un volume 
d'alcool bien rectuhé., égal à ces neuf cénts grammes d'acide. 
Entre le tube de verre rouge où s’opéroit la décomposition du 
gaz et la cornue où il se produisoit, étoit un grand flacon 
tubulé , contenant dé Peau à ‘15 à 16° pour arrétér l'acide, 
l'alcool: ét l’eau qui 8e volatiliseroient avec ce gaz; le tube 
de verre comruuiquoit d'ailleurs avéc deux autres flacons, 
dont l’un contenoit de l’eau , et l'Autre de la pôtasse, pour 
absorber, tout l'acide qui pourroit réparoitre dans cette opé- 
fation ; enfin, par le moyen d'un autre tube ôn recueilloit 
les gaz. Pour que cétte opération réussisse bien, il faut que 
le tube de verre soit bien luté, ‘et ‘encore bien’ ménager le 
feu pour l’empècher de fondre. Quoique dans cette :expé- 
tience il ait dù se produire près de cinquante litres de gaz 
éthéré , ét disparoîtie d’abord près de deux cent cinquante 
g'ammes d’acide, néanmoins tout l'acide , sauf quatre gram- 
nes , a reparu dans le tube rouge, et est venu se dissoudre 
dans les déux derniers flacons de l'appareil. Ainsi, de toutes 
les hypothèses faites jusqu'ici, et qui sont les seules qu'où 
puisse raisonnablement faire en regardant l’acide muriatique 
comme un être composé, il n’en est qu’une admissible :, c'est 
celle dans laquelle on concoit que les élémens de l'acide mu- 
riatique existent dans le gaz éthtré combinés avec ceux de 
l'alcool, de la même manière que les élémens de l’eau, de 
l'acide carbonique et de lammoniaque , existent dans les ma- 
tières végétales et animales. 
Mais si maintenant on suppose que l'acide muriatique suit 
un 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265 


un être simple, alors il faut nécessairement regarder le gaz 
éthéré comme formé d’acide muriatique et d'alcool, ou d'un 
corps provenant de la décomposition de l'alcool (car l'alcool 
est peut-être décomposé lorsqu'on le distille avec l'acide mu- 
riatique ; au reste, c'est ce que nous verrons facilément plus 
tard). Dans tous les cas, la question est donc ramenée à 
choisir entre ces deux hypothèses. Discutons-en la valeur autant 
qu'il sera possible. 

L'une , savoir celle dont nous venons de parler en dernier 
lieu, nous présente des phénomènes très-difficiles à expliquer. 
En effet, il faudroit supposer que l'alcool ou le corps qui 
le représente , agit sur l'acide muriatique avec: bien plus 
d'énergie que l'alkali le plus fort, puisque cet alkali ne peut 
pas le lui enlever, et que, comme je le démontrerai par la 
suite, le muriate de potasse contient moins d'acide que le 
gaz éthéré; et comment concevoir, d'une autre part, que le 
nitrate d'argent qui enlève tout l'acide muriatique au muriate 
de potasse, ne puisse point en enlever au gaz éthéré qui en 
contient plus que ce sel. 

Dans l'autre hypothèse tout se trouve au contraire natu- 
rellement expliqué : on voit comment le gaz éthéré ne rougit 
point la teinture de tournesol, comment les alkalis ne l’al- 
tèrent pas, comment le nitrate d’argent n'y produit aucun 
précipité , comment en s’enflammant il s'y produit une si 
grande quantité d'acide muriatique, que cet acide paroit dans 
l'air environnant sous la forme de vapeurs; tout se concilie 
en un mot ayec ce que nous présentoient les autres corps. 

Néanmoins M. Thenard est loin d'admettre absolument 
l’une et de rejeter l’autre ; toutes deux méritent d'être suivies ; 
c'est ce dontil s'occupe maintenant avec d’autant plus d’ardeur 
que, quelque chose qui arrive, les résultats qu’il obtiendra ne 
peuvent tre que très-importans: 


Tome LXIF. MARS an 1807. LI 


65 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
ne 
SUR la découverte de l'Éther muriatique ; 


Par M. THENARD. 


Lonsque je lus à l’Institut, le 18 février dernier, mon 
Mémoire sur l’éther muriatique, tous les membres de l'Ins- 
tütut, MM. Berthollet , Chaptal, Déyeux, Fourcroy, Guyton, 
Vauquelin, Gay-Lussac, etc., etc. , regardèrent comme très- 
nouveaux les résultats qu’il contenoit, et furent frappés des 
conséquences qu'on en pouvyoit tirer. M. Proust que nous 
possédons maintenant à Paris, et devant qui je m’empressai 
de répéter, d’après le desir qu’il en eut, les expériences que 
j'avois déjà faites à l'Institut, savoir, l'épreuve du gaz éthéré 
par la teinture de tournesol et le nitrate d'argent avant et 
après la combustion, etc. partagea entièrement la surprise, 
et l'opinion des chimistes français. Mais ‘vendredi dernier , 
13 mars, c’est-à-dire 25 jours après la lecture dé mon Mémoire, 
M. Gay-Lussac, en parcourant le Journal allemand de Gehlen, 
découvrit par hasard, dans une note, que Gehlen lui-même 
avoit fait des expériences sur l’éther muriatique, et les avoit 
consignées dans un des volumes de son Journal, publié en 1804. 
Comme M. Gay-Lussac a pour moi la plus grande amitié , il 
voulut voir s'il y avoit quelque rapport entre le Mémoire du 
chimiste allemand et le mien ; et comme il en trouva beau- 
coup, et que je ne sais pas l'allemand, il me rendit le service 
de me le traduire. En voici l'extrait : 

M. Gehlen à fait de l’éther muriatique par le muriate d’étain 
fumant et l’alcool , en employant partie égale en poids de l’un 
et de l’autre. Il en a fait aussi à la manière de Basse, chimiste 
de Hameln, par un mélange de sel marin, d'acide sulfurique 
concentré et d'alcool, d’où jusqu’à Basse, et même jusqu à 
lui, on croyoit ne retirer que de l’éther sulfurique : il n’en 
a point obtenu avec l'acide muriatique seulement. Quoi qu'il 
en soit, M. Gehlen a reconnu dans l’éther muriatique , la 
plupart des propriétés que j'y ai reconnues moi-même. Ainsi, il 
a vu que cet éther est le plus souvent à l’état de gaz; qu'il 
se liquéfie à environ + 10° du thermomètre de Reaumur ; 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 26 


qu'il est légérement soluble dans l’eau ; qu'il a une saveur 
sucrée ; qu'il ne rougit point la teinture de tournesol; qu'il 
ne précipite point le nitrate d'argent, et que quand on le 
brûle , il s’y développe une grande quantité d’acide De 
M. Gehlen n’a fait aucune expérience ni pour prouver d’où 
cet acide muriatique peut provenir , ni pour rechercher la 
quantité que peut en donner le gaz éthéré, ni pour ‘établir 
la théorie de cette éthérification. C’est sous ce point de vue 
surtout que mon ouvrage diffère du sien. Il en diffère encore, 
mais cette différence est moins remarquable que la précédente, 
par le procédé que j'ai employé pour faire l'éther muriatique , 
au moyen duquel jai obtenu, tout-à la-fois, probablement 
plus d'éther que par aucun autre, et un éiher plus pur que 
celui de Gehlen; puisque celui-ci ne pèse que 845, et que 
celui-là pèse 874, et qu'ici une plus grande pesanteur spé- 
cifique est une preuve d’une plus grande pureté, 

Ne pouvant plus douter, d'après l'extrait ci-dessus, qu’en 
Allemagne on eût fait de l'éther muriatique, et qu’on y eût 
bien vu la propriété qu'il a de développer en biülant, une 
grande quantité d'acide muriatique, bien convaincu d’une 
autre part, qu’en France et en Espagne on ignoroit complète- 
ment un fait aussi important, j'ai cherché à savoir si les chi- 
mistes anglais étoient à cet égard plus avancés que les chimistes 
fran. ais et espagnols. Pour cela, je me suis adressé à M. Piffaule, 
administrateur des poudres, qui traduit maintenant la troisième 
édition de la Chimie de Thompson, ouvrage plein d'érudition, 
et commencé long-temps' après que le Mémoire de Gehlen 
eût paru. M, Rillault m'a lu tout ce qui concerne l'éther 
“uriatique : il n’y est point question de Geblen, ni de ce 
qui a rapport aux propriétés singulières que nous présente 
l'éther muriatique ; il n’y est question que du procédé de Basse, 
qui consiste à mêler du sel marin fondu, de l’alcoo!l et de l'acide 
sulfurique, et qui, excepté la fusion du sel, a été indiqué par 
plusieurs chimistes. Je crois étre autorisé à conclure de là, qu'en 
Angleterre comme en France et en Espagne, l’éther Muria- 
tique étoit inconnu, et que, sans avoir aucun indice du travail 
de Gehlen, j'aurai au moins le mérite de l'y avoir fait con- 
noitre. Combiea de fois déjà n'est-il point arrivé de faire dans 
un pays une découverte qui, plusieurs années auparavant , 
avoit été faite dans un autre, et cela, parce que malheureu- 
sement tous les savans ne parlent pas la même langue, et 
que les ouvrages des uns ne sont point toujours, il s’en faut 


LI 2 


268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


de beaucoup, traduits dans la langue des autres. C’est ce qui 
ést notamment arrivé pour celuide Gehlen. 


Autre Note sur l'Éther muriatique. 


Dix jours après la lecture de mon Mémoire à l'Institut, 
M. Bouley, l’un des pharmaciens de Paris qui joignent le 
plus de connoissances positives en chimie à une pratique sûre 
en pharmacie, m'a fait part qu'il étoit parvenu, comme moi, 
à faire cet éther par l'acide muriatique et l'alcool; mais que 
jusqu’à présent il n'avoit point encore donné de publicité à 
son travail, parce qu’il n'étoit point aussi complet qu'il le 
desiroit. à 

Je me plais à rendre à M. Bouley toute la justice qu'il 
mérite, et à penser que le temps seul lui a manqué pour porter 
ce travail à sa perfection. 


PP 


NOUVELLES LITTÉRAIRES. 


Histoire naturelle, générale et particulière des plantes , 
ouvrage faisant suite aux OEuvres de Leclerc de Buffon, et 
partie du Cours complet d'histoire naturelle, rédigé par C.-S. 
Sonini, Membre de plusieurs Sociétés savantes. 

Description des végétaux rangés par familles, avec des dé- 
tails sur leur culture, leur usage dans la médecine, les arts, 
le jardinage, etc. , et sur les phénomènes physiologiques qu'ils 
présentent ; par C.-F. Brisseau-Mirbel, Aide-naturaliste au 
Muséum d'histoire naturelle; Professeur de botanique à l'Athé- 
née de Paris, et Membre de la Société des Sciences, Lettres 
et Arts; 

Et continué par N. Joly-Clerc , ancien Professeur, et Membre 
de plusieurs Sociétés savantes. Tome troisième et tome dix- 
huitième. À; Paris, de l’imprimerie de F. Dufart. 

On souscrit, à Paris, chez Dufart, rue des Mathurins-St.+ 
Jacques, et Bertrand, quai des Augustins. 

À Rouen, chez Vallée, Libraire , rue Beflroy, n° 22. 

A Strasbourg, chez Levrault. 

À Limoges, chez Bargeas. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269 


À Montpellier, chez Vidal. 

À Mons, chez Hoyois. . 

Le tome XVIII commence par la famille 85e, celle des papa- 
véracées et finit par la famille cent deuxième , celle desanones. 

C'est le dernier volume de l'ouvrage. 

Le volume troisième contient l'histoire des plantes crypto- 
games, 

Ces deux volumes terminent l’histoire des plantes de ce grand 
ouvrage. Les deux premiers volumes ont été composés par 
Mirbel. Les autres, depuis le quatrième jusqu’au 16°, ont été 
composés en partie par Leman. Massé l’a aidé jusqu'au onzième. 

Les derniers sont par Joly-Clerc. À 

La Table générale en deux volumes paroîtra incessamment. 

On donnera ensuite un supplément à l’histoire des vers. 


Nouveau Muséum d'histoire naturelle; ou représentation 
fidelle des êtres les plus remarquables compris dans les trois 
règnes de la nature ; en figures coloriées sur planche; dessi- 
nées par M. Desève, et autres habiles Artistes; comparées aux 
originaux, et approuvées par MM. Lacépède, Desfontaines, 
Faujas-Saint-Fond, Geoffroy , Olivier et Bosc. Avec une In- 
troduction à la tête de chaque règne et de chaque classe, un 
T'ableau-sommaire à la fin de chaque volume, et un volume 
de notices à la fin de l'ouvrage; par B.-E. Manuel. Dédié à 
à S. M. r'Emrereur des Français et Ror d'Italie. Tome pre- 
mier. Règne animal. — Classe des quadrupèdes vivipares ou 
mammifères. 

Chaque volume composé de cent planches au moins , sur 
papier vélin, est du prix de 60 francs. 

À Paris, chez Dufart, Libraire et Editeur. — 1806. 

L’Editeur ayant fait, pour l'utilité de son commerce, un 
voyage en Espagne, a dû suspendre l’exécution de cet ouvrage. 
Encouragé par d’honorables souscriptions , et par les circons- 
tances devenues plus favorables, il se hâte, à son retour, de 

ublier le premier volume. Il paroîtra successivement un vo- 
te nouveau tous les deux ou trois mois. 

On peut s'inscrire ou se faire inscrire, chez MM, Dufart, 
Libraire et Editeur, à Paris. 

Maire, Libraire à Lyon. 

Vallée frères , Libraires, à Rouen. 

Melon , Libraire à Bordeaux. 

Armand Kœænig, Libraire à Strasbourg. 


27Q JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Don Fernando Ramos de Aguilera, à Madrid, 
Margaillan, Libraire à Milan. 
Gravier , Libraire à Gênes. 


Et chez tous les principaux Libraires en France et dans 
l'Etranger. Aussitôt que le payement des volumes mis au jour 
sera effectué par MM. les inscrits, et qu'il sera parvenu à 
l'Editeur, l'ouvrage leur sera adressé de suite. 

Les premiers inscrits auront l'avantage, 1° d’être les premiers 
compris dans la liste qui sera publiée au commencement de 
chaque volume ; 2° de posséder les premières planches et les 
plus fraiches; 5° de n'avoir à craindre aucune augmentation 
de prix. 

On pourroit aussi commencer et former dès à présent la 
correspondance dont il est fait mention à la fin de ce Pros- 
pectus, pour recherches ou acquisitions, avis ou renseigne- 
mens concernant l'entreprise en elle-même, ou l'Histoire 
naturelle en général. 


On voudra bien ne pas oublier d'affranchir tout ce qui sera 
adressé par la Poste. 

Le premier volume de cet ouvrage paroît. Il contient les 
figures d'un grand nombre de mammifères , avec de courtes 
descriptions. Le lecteur verra qu’on n'a rien négligé pour 
rendre. cet ouvrage intéressant 

Nouvelle méthode de classer les hyménoptères et les diptères, 
avec figures; par L. Jurine, Correspondant de l'Institut national; 
Professeur en anatomie, en chirurgie et en accouchemess ; 
Membre du Jury de médecine, de la Société des Arts, de Phy- 
sique et d'Histoire naturelle de Genève, et de celle d'émula- 
tion du canton de Vaud, en Suisse; Associé des Sociétés 
philomatique , d'Histoire naturelle, de Médecine de Paris, et 
de celle de médecine-pratique de Montpellier. 


On reconnoîtra partout l’empreinte de cette INTELLIGENGE ADORABLE; 
qui crayonna de la même main et l’homme et la mouche. 


OEuvres de Ch. Bonnet, édit. z2-4°, tom. IV, Contempla= 
tion de la nature, ch. 18, pag. 79. 
WYMENOPTÈRES. (Tome premier. 


À Genève, chez Paschoud, Imprimeur-Libraire. — 1807. 

L'auteur a observé dans les aîles de ces espèces d'insectes, 
des caractères qu'il croit très-propres à les classer, Nous ferons 
connoître plus en détail son travail intéressant. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 2721 


Application de l'analyse à la géométrie, à l'usage de 
TEcole Polytechnique; par M. Monge. 1 vol. 72-4°. À Paris, 
chez Bernard, Libraire de l'Ecole Impériale Polytechnique , et de 
l'Ecole Impériale des Ponts-et Chaussées, Editeur des Annales 
de Chimie, quai des Augustins, n° 25. 

Cet ouvrage comprend deux parties : 

La première partie, intitulée DES SURFACES DU PREMIER FT 
Du SECOND DEGRÉ, est de MM. Monge et Hachette. Elle traite 
du point de la ligne droite et des surfaces du second degré, 

La seconde partie intitulée , DE L'ANALYSE APPLIQUÉE À LA 
GÉOMÉTRIE. THÉORIE DES SURFACES COURBES ET LES COURBES 
A DOUBLE COURBURE, est de M. Monge. 

La première édition avoit paru en 1795 ; une seconde édition 
parut en 1801. Cette troisième édition est considérablement 
augmentée. 

Les nombreuses éditions de cet ouvrage , et encore mieux les 
connoissances des Auteurs, sont un sûr garant de l’intérét qu'il 
mérite. 


Correspondance sur l'Ecole Polytechnique , rédigée par 
M. Hachette, Professeur de Mathématiques des Pages de LL. 
MM. II. RR.; Instituteur à l'Ecole Polytechnique. 1 vol. in 8° 
avec des planches, 7 fr. Chez Bernard, Libraire de i Ecole 
Polytechnique , et de celle des Ponts-et-Chaussées , Editeur 
des Annales de Chimie , quai des Augustins, n° 25. 

Ce volume renferme des solutions de divers problèmes mathé- 
matiques; par MM. Monge, Laplace, Hachette, Poisson, etc.,etc., 
et surtout la description de la nouvelle route du Simplon , accom- 

agnée d'une planche ; l'admission des élèves aux services pu- 
Pis ; les Décretsimpériaux et les Actes de M. le Général Lacuée, 
Gouverneur de l'Ecole Polytechnique , relatifs à cette Ecole. 

Les noms des auteurs annonce combien cet ouvrage est inté- 

ressant pour les géomètres. 


Nouvelle méthode pour la résolution des équations numé- 
riques d'un degré quelconque, d’après laquelle tout le calcul 
exigé pour cette résolution se réduit à l'emploi des deux pre- 
mières règles de l’Arithmétique; par F.-D. Budan , D. M. P. 


On donnera l'extrait de cet ouvrage dans un des numéros 
prochains. . 


272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etCe. 


TABLE 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. 


Troisième suite des recherches sur les lois de 
l'Affinité; par M. Berthollet. Suite. 

Hauteurs de plusieurs lieux déterminées par le 
baromètre , dans le cours de “différens voyages 
faits en France, en Suisse, en Italie ; par F. 
Berger, Docteur-Médecin de Genève. 

Recherches sur les moyens de remplacer économi- 
quement la corde à feu dans le service de l’Ar- 
tillerie ; par le Professeur Proust. 

Tableaux météorologiques ; por Bouvard. 

Extrait d'un Mémorre sur l'Ether muriatique ; par 
T'henard, Professeur au Collége de France. 

Note sur la découverte de l'Ether muriatique ; par 
le méme. ; 4 

Nouvelles Littéraires. 


193 


220 


LÉ 
rs 


JOURNAL 


DE PHYSIQUE, 
DE CHIMIE 
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 


AVRIL AN r807. 


EXPÉRIENCES 


SUR les combinaisons du Soufre et du Charbon, 
et sur l'Hydrogène contenu dans ces substances; 


Par A.-B. BERTHOLLET fils. 
EXTRAIT. 


It ExPpÉRIENCE. 


LampADivs, professeur à Freyberg, méla du charbon avec 
du fer sulfuré ou de la pyrite : il obtint une liqueur très- 
volatile, qu'il crut composée du soufre et de l'hydrogène. 
Cette liqueur avoit une odeur très-vive sulfureuse. 

Il lui a donné le nom d’ulcoo! de soufre. 


Il ExrÉRIENCE. 


Clément et Désormes , en faisant passer du soufre en vapeur 
sur du charbon très-chaud, ont obtenu un produit semblable 
à celui du professeur de Freyberg. 

En brülant ce produit liquide, ils apperçurent des légères 


Tome LXIV. AVRIL an 1807. M m 


274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI* - 


taches noires à la surface du vase où avoit été opérée la com- 
bastion, ce qui leur fit penser que ce liquide étoit formé par 
la combinaison du soufre avec le charbon. 


Ils ont xlonné en\conséquence à cette liqueur le nom de 
soufre carbonné, 


Alk-ExrÉRIENCE.,, où à 


Ag-B. Berthbllet, fils; a cherché à s'assurer par l'expérience, 
si le soufre étoit dans cette opération combiné avec l’hydro- 
gène, comme le prétend :Lümypadips, ou ävec le charbon, 
comme le soutiennent Clément et Désormes. 

Il a pris un tube de yerre d’un mètre enviran de longueur ; 
il Ja, placé presque horizontalement dans un fourneau à: ré- 
verbère , de manière que d'un des eôtés il dépassoit de plus 
d'un décimètre la paroi du fourneau , et de l'autre côté il sortoit 
de la moitié de sa longueur en s'inchinant légérement. La 
partie comprise dans lintérieur du fourneau étoit couverte 
d’un lut capable de résister à une forte chaleur. À son extré- 
mité la plus basse étoit ajustée une alonge jointe à un petit 
récipient tubtilé, duquel partoit un tube plongeant. dans l'eau 
d’un flacon à deux tubulures. Un autre tube doublement coudé 
étoit déstinié à conduire le gaz de ce flacon dans un appareil 
pneumato-chimique. 

Il à ensuite pris du charbon qu'il avoit fait chauffer aupa- 
ravant pendant une demi-heure, pour en dépager l’eau et les 


gaz qui cèdent à la simple chaleur, et l’a placé dans la partie 


du tube qui étoit lutée : il a placé du soufre dans la partie 
supérieure du tube, qu'il a fermé hermétiquement : il a pour 
lors chauflé la partie lutée du tube où étoit le charbon, jusqu'à 
l'incandescence; une chaleur douce a été ensuite appliquée à 
Ja partie du tube qui contenoit le soufre, lequel a coulé sur le 
charbon incandescent. Axa 
Dès que ces deux substances se sont touchées, il. s’est 
dégagé des bulles de gaz qui se succédoient rapidement; elles 
étoient accompagnées de vapeurs blanches qui, en se conden; 
sant dans l’alonge, venoient se réunir dans le ballon, où elles 
occupoient le fond de l'eau, sous la forme d’une huile blanche, 
quelquefois jaunâtre. : : 
. Lorsqu'on veut produire beaucoup de liquide il est nécessaire 
d'élever la température du charbon au-dessus du souge eérise; 
et de ne faire passer qu'un léger excès de soufre. Prop pew 
de soufre ne produit que: du gaz, let: quelques gouttes d’un 
liquide plus léger que l'eau, qui. dans. le cours de l'opération 
reprend l'état gazeux. NSP 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27) 

Si au contraire le soufre est trop abondant, il ne se forme 
que dù gaz et du soufre hydrogéné solide, que Clément et 
Désormes ont regardé comme uu soufre carburé. 

L'opération étant terminée, on maintenoit la température 
du tube , pour que la nature du résidu ne fût pas altérée par 
le soufre qui se seroit trouvé en contact avec lui, et on em- 
péchoit, pour la méme raison, l'accès de l'air dans l'appareil , 
en fermant un robinet adapté à la tubulure du flacon. L'examen 
des produits de l'opération ‘a fait voir à l'auteur que 

a, l'eau du flacon qui étoit laiteuse avoit l'odeur et toutes 
les propriétés de l’eau d'hydrogène sulfuré ; 

b,le gaz lui-méme jouissoit d'une odeur semblable, se 
dissolvoit dans l’eau par l'agitation ou un long contact, et lui 
communiquoit tous les caractères de l’hydrogène sulfuré ; 

c,ce gaz brüloit avec une flamme bleue, et en répandant 
l'odeur de l'acide sulfureux. . 

d, mêlé avec du gaz oxigène , il détonoit vivement par 
l'étincelle électrique, quelquefois sans troubler l'eau de chaux, 
le plus souvent en produisant un léger précipité et en déposant 
du soufre. : 

Tous ces caractères. sont ceux de l'hydrogène sulfuré. 

L’auteur a ensuite examiné les propriétés du liquide qui 
s'étoit rassemblé sous l’eau du ballon, ainsi que dans le flacon. 
11 les a trouvés parfaitement conformes à ce qu’en avoient dit 
Lampadius d’abord, etensuite Clément et Désormes, savoir, que 

a, la transparence de cette liqueur étoit aussi parfaite que 
celle de l’eau ; 

b, elle exhaloit une odeur assez analogue à celle de l'hydro- 
gène sulfuré, mais plus vive et plus piquante; 

c, agitée dans un flacon avec l’eau, elle s’attachoit au verre, 
et le graissoit à la manière des huiles ; 

d , elle brüloit rapidement avec une flamme bleue et l'odeur 
de l’acide sulfureux. 

e Mais äil n’a point obtenu, comme Clément ‘et Désormes, 
de charbon pour résidu de la combustion : phénomène cepen- 
dant sur lequel ils ont fondé leur opinion et tous leurs rai- 
sonnemens. \ 

f L'auteur a vu la combustion durer jusqu'à l'entière des- 
truction de la ‘substance, et lorsqu'il l'arrétoit avant qu'elle 
füt complète, il ne trouvoit que du soufre. 

g Il éroit avoir apperçu de très-légères traces de manganèse 
et de fer provenant du charbon ou du soufre lui-même, : 

L Le résidu de cette liqueur n'ayant point présenté de 


M m 2 


276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


charbon à l’auteur , il a cherché dans le gaz qu’elle produit, 
s’il pourroit en démontrer l'existence; mais ni sa combustion 
au moyen du gaz oxigène , dans des vaisseaux placés dans 
l'eau, ni l’action de l'acide muriatique lui-même, ni celle 
des alcools, ne lui ont offert aucune apparence de charbon, 
ni d'acide carbonique. à 

Dans le premier cas, le produit de sa combustion ne trouble 
nullement l’eau de chaux; dans le second, on ne trouve que 
l'acide sulfurique mêlé à l'acide muriatique; dans le troisième, 
on a une combinaison qui se comporte en général comme les 
sulfures hydrogénés, 

De tous ces faits l’auteur conclut que la liqueur produite 
par l’action réciproque du soufre et du charbon incandescent , 
est formée d'hydrogène et de soufre , ainsi que Lampadius l'avoit 
annoncé, et ne contient point de charbon. 

Ces faits font encore connoître en méme temps que le soufre 
et l'hydrogène sont susceptibles de s'unir en différentes pro- 
portions, 

a Lorsque le soufre est très-abondant, la combinaison prend 
la forme solide. L'auteur l'appelle soufre hydrogéné solide. 

b Si l'hydrogène vient à augmenter, le composé se résout 
en liquide. 

© Enfin une nouvelle quantité d'hydrogène fait entrer la 
matière en expansion, et 1l en résulte un gaz. 

D'autres faits confirment ces résultats. On peut obtenir de 
la décomposition de sulfures hydrogénés par les acides, les 
mêmes produits que de la distillation du soufre sur le charbon; 
c'est-à-dire, 

De l'hydrogène sulfaré gazeux ; 
Du soufre hydrogéné liquide, 
Du soufre hydrogéné ee 

Et cependant dans toutes ces substances il n’y a point de 
charbon. 

Mais d'où vient l'hydrogène qui dans tous ces différens pro- 
duits se trouve combiné avec le soufre ? 

Toutes les expériences de l'auteur lui ont démontré, dans 
le charbon , la présence de l'hydrogène, que La chaleur 
seule , élevée au plus haut degré que nous ayons pu produire , 
ne peut en séparer : si le sou le lui enlève, c’est en joignant 
son action chimique à celle du calorique. 

L'auteur a méme remarqué que si, après que tous les phé- 
nomènes que nous avons rapportés sont passés, on élève forte- 
ment la température, en faisant passer beaucoup de soufre, le 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 277 


développement des gaz se ranime , et l'on peut ainsi faire 
disparoître entièrement le charbon. En arrêtant l'opération 
avant ce terme, on trouve dans le tube des morceaux de charbon 
qui montrent des signes sensibles d’érosion, Le peu de liquide 
que l’on obtient dans cette seconde époque de l'expérience, est 
si volatil qu'il repasse bientôt à l'état gazeux. Le soufre qui 
coule dans l’alonge ne contient pas plus de charbon que celui 
qui a passé au commencement, mais 1l contient de l'hydrogène. 

Le gaz ressemble à l'hydrogène sulfuré , par son odeur , sa 
manière de brûler, sa solubilité dans l'eau, et les propriétés 
qu'il lui communique. 

Cependant l’eau ne l’absorbe pas entièrement. Le produit de 
sa combustion trouble fortement l’eau de chaux, C'est donc 
dans ce gaz, probablement analogue à celui que Clément et 
Désormes ont nommé soufre carburé gazeux , que se trouve 
le carbone soumis à l'expérience. C’est une combinaison triple 
de carbone d'hydrogène et de soufre. 

En réfléchissant sur la destruction complète du charbon par 
l'action du soufre ; et sur la nature des produits qu'elle fournit, 
on est tenté de croire que le charbon est inséparable d'une 
certaine quantité d'hydrogène, et qu'à une haute température 
le soufre qui se trouve en contact avec lui, détermine en 
vertu de l’affinité chimique un nouvel ordre de combinaison 
qui prend l’état élastique. 

Mais le soufre lui-méme paroîft également contenir une 
portion d'hydrogène , suivant l’auteur : c’est ce qu’il prouve 
par plusieurs expériences. 

a Il a fait pässer du soufre dans ‘un tube de verre luté et 
chauffé au blanc, auquel étoit adapté un tube propre à re- 
cueillir le gaz, et il a obtenu de très-légères traces d’hydro- 
gène sulfuré. 

6 Il a formé des sulfures métalliques dans des cornues de 
grès. Après avoir pris toutes les précautions possibles pour 
écarter les causes d'incertitude, il a obtenu assez de gaz by- 
drogène sulfuré pour précipiter la dissolution de plomb, et 
pour pouvoir étre enflammé. Il a employé dans ces expériences 
le fer préparé exprès, le cuivre et le mercure. C’est ce dernier 
métal qui lui en a fourni le plus. 

c L'auteur a répété une expérience de Priestley , qui dit avoir 
produit du gaz hydrogène sulfuré en faisant passer de l’eau en 
vapeur sur du soufre fondu. L'auteur a obtenu les mêmes ré- 
sultats que Priestiey. Il s’est d'ailleurs assuré que l’eau n'avoit 
pas été décomposée ; car il n’a pu trouver aucune trace d'acide 


235 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE GHIMIE 


sulfurique. L'eau n’a donc servi dans cette circonstance ‘qu'à 
dégager l'hydrogène du soufre. st 1h 

Les conclusions que Berthollet tire de toutes ces expériences 
sont les suivantes : 

1°. Le charbon contient de l’hydrogène que la chaleur la 
plus intense que nous puissions produire n'en peut dégager 
complètement. | 

2°. Le soufre à une température rouge agit sur cet hydro: 
gène, et forme des combinaisons à proportions très-variées , 
d’où dépendent leurs propriétés. 

5°, Le charbon privé d hydrogène, au moins en grande partie; 
forme avec lè soufre un composé solide dans lequel celui-ci 
entre en pttite quantité. 

4°: À uüne haute température le soufre , le carbone et l'hy- 
drogène contractent une union qui prend l'état de gaz. 

5°. Enfin le soufre contient de l'hydrogène. 

Biot dans ses expériences sur la’ réfractron, avoit également 
conclu que le soufre contenoit de l'hydrogène. 

Vauquelin, qui avoit de son côté! fait des ‘expériences pour 
reconnoître la nature du soufre liquide de Lampadius, pense, 
comme Berthollet , que c’est une combinaison de soufre et 
d'hydrogène. 9% 101 


NO TE 
SUR LA-YEÉNITEÉ. 


” La yénite à été apportée de l'ile d’'Elbe, nommée et carac- 
térisée par M. Lelievre, Conseiller des Mines, Membre de 
l'Institut. 
” Elle est noire ou d’un noir brunätre; elle se trouve au milieu 
d'une gangue, tantôt en rayons diyergens, tantôt en masses 
compactes formées de l'agrégation de ces rayons, tantôt en 
cristaux, dont les formes principales sont, 1° un prisme rhom- 
boïdal (98° et 82°), terminé par un sommet dièdre obtus 
(114°), dont les facettes sont placées sur les arêtes latérales. 
2°, Un. prisme d'apparence rectangulaire terminé ‘par un 
sommet obtus (104), dont les facettes répondent aux faces 
latérales du prisme. La surface des cristaux de la première 
variété est terne et brunâtre; celle des cristaux de la seconderst 
d’un beau noir; les faces latérales de cette variété sont fortement 
striées en long, et celles du Sommet sont lisses et très-brillantes ; 
sa cassure est inégale et d’un éclat gras (à-peu-près comme 


{ "12 ET D'HISTOIRE NATURELLE, t_ eg 


dans celle du manganèse phosphaté). Elle présente trois clivages, 
deux sont parallèles aux faces d’un prisme rhomboïdal d'environ 
1129, et le troisième, qui est plus distinct, est parallèle à la petite 
diagonale de la base. Elle est opaque semi-dure , raye fortement 
le verre, mais non le felsdspath, et pèse de 3,82 à 4,06. 

Au chalumeau, elle se fond facilement en un verre noir 
attirable ;.elle se dissout dans les acides, notamment dans le 
muriatique. 


Analysée par Vauquelin et Descotils, elle a donné sur cent 
parties, f 


Descotils. Vauquelin. 


AGE ee Des eg aie e se 120 29: 30 
Care MAL MAO 12 12,5 
Oxide de fer....... 55 BG, 5 
Oxide de manganèse 3 { eme 
Alumines tres 0:06 o 


nn 
95,6 93 100 

Elle se trouve engagée comme au milieu d’une gangue, dans 
uné substance verdâtre, disposée en rayons et fibres comme 


Y'asbestoïde (stralstein), et qui n’est vraisemblablement qu'une 
sous-espèce de la méme espèce. 


Elles forment ensemble une masse ou puissante couche super- 
posée à du calcaire primitif. 


a ——— 


: NOUVELLE MÉTHODE 


Pour la résolution des équations numériques d'un degré 
quelconque, d'après laquelle tout le calcul exigé pour 
Celle résolution ,1se réduit\à lemplot d'es deux premuères 
règles de. Arithmétique ; 

« » ; , - 

Par M. Burax , Docteur en Médecine de l'Ecole de Paris : 


Dédice'à SM. Empereur et Ro (1). 


4° 


Lx problème de la résolution des équations numériques 
peut être considéré, suivant Île premier de nos géomètres » 


(1) Un vol. in-4° broché; prix, 5 fr., et 5 fr. 75 c. par la poste. 
A Paris, chez Courcier, Imprimeur-Libraire, quai des Augustins, n° 57. 


280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


comme le point le plus important de l'analyse algébrique : 
aussi a-t-il exercé la plupart des analystes les plus renommés, 
depuis le premier âge de l'algèbre jusqu’à nos jours. Malgré 
de nombreux et importans travaux sur celte matière, on 
desiroit encore une méthode qui fût susceptible d'être réduite 
en pratique dans les équations d'un degré un peu élevé, et 
dont les règles pussent être enseignées aux commençans, même 
dans l’arithmétique : la Nouvelle Méthode remplit ce vœu 
exprimé par un illustre géomètre. 

Cette découverte, qu'on auroit plutôt attendue de quelque 
savant déjà connu par ses succès dans les mathématiques, est 
due à un médecin qui, ne s'en étant occupé que par circons- 
tance, et livré habituellement aux études et aux travaux de sa 
profession , n’avoit point encore pris rang et ne s'étoit point 
fait un nom parmi les géomètres. Quoiqu'il ne se dissimule 
pas les avantages de sa méthode, il en regarde la découverte 
comme une Leureuse rencontre. & Quand on considère, dit- 
» il, un objet sous toutes ses faces, avec une attention persé- 
» vérante, ilest difficile qu’ilne seprésente pas à l’esprit quelques 
» vues nouvelles..... La science elle-même a ses hasards, et 
» souvent les inventions s'offrent comme fortuitement à l'esprit, 
» au moment où ses recherches le portoient ailleurs. » Sans 
examiner ici jusqu'à quel point seroit fondé le préjugé qui 
tendroit à s'opposer au progrès de la Nouvelle Méthode, 
parce qu’elle est due à une personne qui n'étoit point encore 
connue dans la science, nous ne craindrons point d'appeler , 
sur cette production, l'examen le plus sévère de toutes les 
personnes qui y sont le plus versées; et, pour justifier l'opinion 
qe nous en avons conçue, nous allons entrer dans quelques 
détails. 

A l'exception du premier chapitre qui retrace l'histoire 
abrégée des travaux entrepris sur cette matière pendant les 
deux derniers siècles, et du chapitre IIT, où sont rappelées 
diverses notions algébriques, et entre autres, cette fameuse 
règle de Descartes, dont la Nouvelle Méthode offre le plus 
heureux emploi, l'ouvrage est, en entier, de la création de 
l’auteur. D'abord, c’est un algorithme ( approuvé en 1803 par 
la première Classe de l’Institut) qui fait trouver, par de simples 
additions et soustractions, tous les coefliciens des transformées 
successives en (æ—1}), (x— 2)(x—53), etc. , d’une équation 
Proposée en x. Les transformations , devenues si faciles, à 
l'aide de cet algorithme, ont présenté naturellement à l'auteur 


le 


Ÿ 


ET D'HISTOIRE@NATURELLE, r 281 


Je moyén de découvrir, parles transformées en (æ—p) et en 
(x—p— 1), si l'équation a quelque racine égale à un nombre 
entier p, où comprise entre p et pr. La recherche des 
différentes valeurs incommensurables dont æ est susceptible, 
se réduit donc à celle des racines que l'équation en (æ—p) 
peut avoir entre zéro ét un. Cette première partie de la Mérhode 
suflit toute seule, en certains cas, pour faire découvrir les 
‘différentes valeurs réelles de l'inconnue, à moins d'une unité 
prés : elle a reçu , en 1803, l'approbation de la première Classe 
de l'Institut, qui a reconnu, dans ce nouveau procédé, une 
Méthode générale , directe et sure , pour résoudre une équation, 
lorsqu'on sait d'avance qne toutes ses racines sont réelles (1). 
Mais on obtient rarement cette condition, et souvent l'équa- 
tion à résoudre a des racines imaginaires. Alors les transfor- 
mées sucessives sont insuflisantes ; ét M Budan y joint, dans 
la seconde partie de sa Méthode, des transformées co/laté- 
rales ; c’est-à-dire, qu’à côté d'une équation en (æ—p), il 
at Il établit cette 


règle remarquable , qu'il déduit de: celle de Descartes : 
une: équation en (x—pne peut avoir plus de racines com- 
prises entre zéro «et un, qu'il n'y & de variations de signe 


place une équation en é 1), égalant 


dans l'équation en Ce —1). Ainsi l'absence de toute variation 


de signe, dans la seconde de ces équations, est un criteriumr 
Ou indice assuré qui caractérise, dans la première , l'absence 
de toute racine positive moindre que l'unité. M. Budan prouve 
aussi que, réciproquement , l'absence de toute racine entre 
zéro et un, dans l'équation (æ—p) est constamment mani- 
festée par l'absence des variations de signe dans l'équation 


Z : . 
en ( 1), sauf un seul cas qui peut faire exception. Ce cas est 


celui où l'équation en (æ—p) a une couple, au moins, de 
racines imaginaires dont la partie réelle étant une fraction 
proprement dite, la partie précédée du signe — sous le signe 
radical, est plus petite que le produit de cette fraction par 
Son complément à l'unité, et par conséquent moindre que <. 
Il est aisé de voir que l'adjonction de ces transformées colla- 
térales aux transformées successives, sera souvent suflisante pour 


(1) Des circonstances particulières ‘ont empêché l’auteur de présenter à 
celle même Classe la suite de son:trayail. 


Tome LXIF. AYRIL an 1807. Nan 


282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


découvrir, à moins d’une unité près, les différentes valeurs de 
l'inconnue dans l'équation proposée. 

Lorsqu'on sait que l’équation à résoudre a des racines 
imaginaires, ou qu'on ignore si toutes ses racines sont réelles, 


la présence des variations de signe, dans l'équation en Cond) 


n'établit, d'après! l'exception possible qui vient d’être men- 
tionnée, qu'une présomption en faveur de l'existence de 
quelque racine entre zéro et un, dans l'équation en (æ—p) 
toutes les fois que le premier et dernier termes de celle 


en (en) ne sont pas de signes contraires, ou, ce qui revient 


au méme, lorsque l’opposition des signes n'a pas lieu entre 
le dernier terme de l'équation en (æ—p}) et celui de l'équation 
en (æ—p— 1). Il faut alors recourir à la troisième partie de 
la méthode: Dans cette partie M. Budan, par. des opérations 
ultérieures ant seroit trop long de rapporter ici, et toujours 
par le simple emploi de son algorithme, calcule de nouvelles 
transformées successives et collatérales , dans lesquelles il 
prouve rigoureusement (ce qui.est le point décisif dans sa 
méthode) .que le cas d’exception finira nécessairement par 
s'évanouir. Par ces transformées, qu'on pourroit appeler équa- 
tions subséquentes de 17e, 2°, 5°, 2 ième ligne, on parvient, 
soit à déterminer le rejet ou l’admission des racines qui n’étoient 
que présumées, soit à approcher, jusqu’à la nième décimale, 
de la valeur exacte d'une racine déjà manifestée entre deux 
nombres entiers consécutifs! Le même procédé qui sert comme 
méthode d'approximation pour les racines dont on a une pre- 
mièré valeur approchée , est ainsi , tout à-la-fois, une méthode 
de ‘vérification et d'approximation pour les racines douteuses. 
Sur quoi il faut observer que le nombre des transformées 
successives qu’on est dans le cas de calculer, pour avoir À 
chiffres à la racine, s'élève, au plus, à 10 7. 

Les notes qui terminent l'ouvrage, n’offrent pas moins d'in- 
térêt. L'auteur y donne divers moyens de constater, dans une 
équation , l’absence de toute racine positive au-dessous de 
l'unité : ce sont d’utiles abréviations qui dispenseront souvent 
de recourir aux transformées collatérales. Nous passons plusieurs 
détails plus ou moins importans , pour arriver à un nouveau pro- 
cédé approximatif, proposé par M. Budan. Ce procédé est fondé 
sur celui par lequel il détermine , dans une équation quelconque, 
une double limite , en plus et en moins, pour toutes les valeurs 


TE D'HISTOIRE NATURELLE, °° 283 
que l'inconnue péut avoir entre zéro ét un. Il Vapplique à 
Féquation x°—2@—5—0; que les auteurs emploient commu- 
nément pour exemple, et il obtient pour quatrième valeur 
approche de æ, une! valeur qu’il prouve être exacte dans les 
cuf premières décimales ; tandis que li quatrième v:leur appro= 
chée; et même la dixième, selon les divers procédés connus, 
n'offrent point la méme exactitude. hs a LES 
Notre auteur suppose, comme ün a coutume de faire, que 
l'équation à résoudre est débarrassée des racmés égales qu'elle 
pouvoit avoir; mais’ il présente un appercu concernant la pos- 
sibilité d'y conserver ces radines, en suivant sa méthode. On 
n'y peut trouver de difficulté que pour les racines égales, 
réelles , incommensurables , car les racines égales, réelles , 
commensurables--#’en font aucune. M. Budan observe avec 
raison , qu'une fois qu'on est parvenu à connoître l'existence 
d’une racine entre’ :deux limites quitre diffèrent que d’une 
unité décimale de l’ordre auquel qn veut arrêter l'approxima- 
tion, il.est indifférent pour la pratique , que la valeur trouvée 
appartienne à une ou à plusieurs racines, soit absolument 
égales, soit égales seulement jusqu’à ce degré d'approximation : 
l'essentiel est qu’on connoisse jusqu'au degré requis d'exacti- 
tude, toutes les différentes valeurs réelles qui appartiennent 
à l'inconnue (de la'propésée. 11 -résulte de cette observation 
qu'on peut toujours ‘laisser subsister les ‘racines égales dans 
l'équation; lorsqu'on! sait qu'élle n’a point dé’ratines imagi- 
naires. L'auteur. propose même un moyen de faire disparoilre 
la difliculté dans tons lescas; mais il ne le proposé qu'en hésitant, 
parce que les coefficiens de l'équation qu'il enploie à cet eflet, 
mont qu'une)valéur approchée. Son doute s'étend, parce même 
molif, aux moyens qu’on 'a cru pouvoir indiquer jusqu'ici, tant 
pour trouveriles racines imaginaires d'une équation, que pour 
résoudre des équations à deux inconnues, ét'pour décomposer 
une équation en facteurs réels du second degré. Il en prend 
occasion de demandét-qu'on's’occupe de déterminer, par quelque 
règle certaine, quélles sont les altérätions que peuvent subir des 
coufficiens , sans -qué la nature des racines de l'équation soit 
changée ; on pourroïit même ajouter , ‘sans qu'il en résulte une 
altération sensible dans la valeur de ses racines réelles. Quoique 
l'on pôt tirer quelque Parti de la Nomyelle Méthode pour la 
détermination des racines imaginaires, l’auteur ne s’en est pas 
occupé , parce que ce point appartient plutôt au problème de 
la décomposition d'un polynome en facteurs réels du second 


Nuouz 


+ 


284, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE, CHIMIE 


degré ; tandis que le problème de la résolution des équations 
numériques se réduit, à la recherche des différentes valeurs: 
réelles de l’inconnue.  ,,.:, \ 0 : 

Telle est, en substance, la production offerte au public par 
le docteur Budan ; production dans laquelle la plus sévère 
attention ne peut rien découvrir qui tienne du paralogisme. 
Nous pensons que cet ouvrage, qu'il a particulièrement destiné 
aux jeunes élèves, doit devenir un texte d'enseignement, qu'il 
fera époque dans la science, et méritera à l’auteur la recon- 


\ 


noissance de tous, ceux qui s'intéressent à ses progrès. 


:GARNtER, Jnstituleur, ex-Professeur 
à l'Ecole Polytechnique. 


LED E RE 
DE M. STAZIS À J.-C. DELAMÉTIERIE, 


Sur des Mélanites trouvées en, Pologne. 


A uxslieue de Xresovice,, sur un terrein rempli de carrières 
de charbon de terre , s'élève une colline de 50 à 60 toises de 
hauteur, composée de grauvach, et de.grauvach-schifer; mais 
le sommet de cette colline sur lequel est bâti le vieux château 
de T'enezin,.est de basalte.. On le voit mieux du côté de Za/asie. 
Ce basalte a les propriétés magnétiques, J'y ai trouvé les deux 
polarités. Il contient beaucoup de hornblende, communément 
nommée Aornblende basaltique , , dans laquelle se trouvent 
aussi des r1élanites notres (vern). Elles sont de différentes 
grandeurs , souvent très-parfaitement cristallisées en prismes 
à six faces, terminées aux deux bouts par un pointement obtus 
à 3 faces, qui correspondent alternativement ,à 5 bords laté- 
raux d’un côté, et de l’autre aux trois. autres bords :latéraux. 

Toutes les autres collines dans ces,environs sont calcaires de 
primitive formation marine, et remplies d’ammonites , de 
gryphites, de belemnites et de cornes d'ammon de différentes 
grandeurs, jusqu'à deux pieds de diamètre. Nulle part dans 
ces contrées, de méme que nulle part.en, Pologne; dans toute 
la chaîne des Crapañs du côté du nord, on ne trouve aucune. 
trace volcanique. il 


LI 


ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 285 


HAUTEURS 


DE PLUSIEURS LIEUX 


DÉTERMINÉES par le baromètre, dans le cours de 
différens royages faits en France , en Suisse en 
Italie ; 


Pan F. BERGER , Docteur-Médecin, de Genève. 


SECOND MÉMOIRE. 


Les observations barométriques dont les résultats forment 
le sujet essentiel de ce Mémoire, ont été faites à des époques 
différentes , mais toutes, avec un baromètre fort exact, sem- 
blable à celui dont M. M.-A. Pictet a donné la description 
dans le n° 176 de la Bibliothèque britannique. Cette raison, 
qui me les fait considérer comme dignes de quelque confiance, 
m'engage aussi à insister davantage que je ne l’ai fait dans le 

remier Mémoire, sur diverses circonstances qui tiennent à 
Hoi de ces observations, comme le degré moyen de 
température , et les époques auxquelles elles ont été faites (x). 
En effet, si des observations répétées plusieurs fois dans les 
mêmes lieux, avec les mêmes instrumens et les mémes soins, 
offrent des résultats disparates, il est clair alors, que cela 
tient à des considérations de théorie qu'on n’appréciera bien, 
je pense, qu’autant que tous les détails des observations seront 
connus. Ce n'est même qu'en les groupant, qu’on pourra se 
flatter de rendre certaines remarques plus saillantes, et d’en 
déduire des résultats utiles pour la partie pratique de la mesure 
des hauteurs. 


(1) Pour les observations barométriques et thermométriques sédentaires ,. 
je me suis servi de celles qui se font depuis plusieurs années à l’Observar 
toire du jardin botanique de Genëve. 


286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Les montagnes et autres lieux dont il sera fait mention dans 
ce Mémoire, se trouvent renfermés dans l'étendue acturlle des 
départemens du Léman et du Mont-Blanc, ce qui m'engage 
à classer mes observations en deux sections. Comme plusieurs 
des montagnes dont je ferai mention, ont été décrites par 
l’auteur illustre des Voyages dans les Alpes, je ne saurai 
mieux faire que d'en donner d’après lui le précis’ qui sufhira 
à mon but, en renvoyant pour de plus amples éclaircissemens, 
à l'ouvrage lui-même. Je serai un peu plus long pour quelques 
montagnes dont il n'a point du tout parlé, ou seulement d’une 
manière très-brève. 


S Ier, 


Description abrégée de plusieurs montagnes du département 
| du Léman. 


(a) Mont Salève. 

Cette montagne située à une lieue et demie est de Genève, 
a une forme très-alongée dans la direction du nord-nord-est 
au sud-sud-ouest. Elle présente à l’ouest-nord-ouest des rochers 
nus et escarpés, disposés par couches à-peu-près horizontales. 
A l'est-nord-est, du côté de la vallée des Bornes ou des Alpes, 
situées au-delà , les couches de cette montagne descendent 
en pente douce et presque uniforme. On observe de ce côté-là 
des couches de grès tendre superposées aux couches calcaires 
et qui sont inclinées sous un angle de 45°. On en trouve de 
semblables sur le petit Salève; elles descendent, comme lui, du 
côté du levant, et reposent également sur le calcaire. Les 
grès s'étendent à quelque distance du pied de Salève , se 
joignent par dessous terre à ceux du coteau d'Esery, en con- 
servant toujours la mème direction. Le ruisseau qui porte le 
nom de Viézou, et qui coule au levant de Salève, s’est creusé 
un lit très-profond dans ces grès tendres. L'Arve, qui vient se 
jeter dans le lit du Viézou, et baigner avec lui le pied de la 
montagne, s'est aussi frayé un chemin au travers de ces mol- 
lasses. On voit sous celles-ci, au petit Salève, des couches 
d'une brèche calcaire qui recouvrent les bancs de calcaire 
compacte dont est composé le corps de la montagne. 

On rencontre dans la vallée de Monnetier qui sépare le grand 
Salève du petit, de gros blocs de granit et de roches feuilletées. 


(a) Voyages dans les Alpes, 66 220 — 254. 


Ù ET D'HISTOIRE NATURELLE. 287 


Ils sont très-fréquens sur le petit Salève, ainsi que sur le 
grand, jusqu'au hameau de la Croisette ; mais depuis là, 
jusqu'au piton, point le plus élevé , on n'en voit presque plus. 
Les flancs du mont Salève sont boisés dans cette partie, et 
sur le haut, la terre végétale recouvre un fond de sable blanc 
très-considérable. . 

Le mont Salève renferme dans l'intérieur de ses couches 
calcaires une grande variété de corps marins pétrifiés, quelques 
indices de houille, plusieurs noyaux de silex-ou de pétrosilex 
d'une forme naturellement arrondie, du fer à l'état d’oxide 
terreux ,..:... etc. 


(2) Montagne des VWoirons. 


Cette montagne, située sur une ligne plus reculée du lac 
Léman que le mont Salève, lui seroit en quelque sorte pa- 
rallèle, si elle ne se dirigeoit pas un peu plus au sud. Son 
pied est distant de deux grandes lieues de Genève. Sa forme 
est alongée , et son sommet disposé en aréte dans le sens de 
sa longueur. La pente que présente la montagne des Voirons, 
du côté de la vallée du lac, est doucement inclinée jusqu'aux 
deux tiers de sa hauteur; là, il règne une espèce de plate- 
forme depuis laquelle la pente couverte d'une forét de sapins, 
devient très-rapide. On y remarque que les couches se relèvent 
du côté du lac. La pierre qui forme essentiellement les Voirons 
est un grès calcaire , mais dont la nature varie beaucoup ; 
car le rocher qui forme la partie la plus méridionale de l'arète 
du sommet, est une espèce de poudingue ou de conglomérat 
primitif dans lequel j’y ai trouvé des rognons d’une beile espèce 
de granit à feldspath rouge et mica noir, qu’on trouve le moins, 
comme le remarque M. Deluc, dans la partie des Alpes qui 
avoisine Genève. J'ai aussi trouvé disséminés çà et là, sur la 
pente des Voirons, du côté de Genève, de gros blocs adventifs 
de roches feuilletées, micacées , notamment à une lieue au- 
dessus du village de Lussinge , à la droite du Nant-d’Eau. 
Les couches du mont Voirons , du côté de la vallée de Boëge , 
ou des Alpes, ont une pente bien plus rapide que celles du 
mont Salève. On trouve près de l'extrémité méridionale des 
Voirons, à-peu-près à la moitié de la hauteur de la montagne, 


(è) Voyages dans les Aïpes, 66 273—278. Description du mont Voirons 
pres Genève , et de deux fossiles qu’on y trouve ; par G.-A Deluc. (Journal 
de Physique, tom. 50, p. 421.) 


288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


une grande carrière de pierre à chaux, dont les bancs, presque 
perpendiculaires à l'horizon et dirigés de l'est à l’ouest, ren- 
ferment plusieurs espèces de corps marins pétrifiés. M. Deluc 
y a trouvé entre autres, deux grandes espèces de bufonites, 
qu'il croit nouvelles, et qu'il a décrites en détail dans le 
Mémoire auquel j’ai renvoyé au commencement de cet article. 

(c) Vallée d' Abondance. 

La route la plus commode pour aller dans cette vallée depuis 
Genève, passe sur le coteau de Cologny, dont la base est un 
grès tendre. On laisse ensuite sur la droite le coteau de Boisy , 
et plus à l'est les collines des Alinges formées également par 
des mollasses dont les couches, ainsi que toutes celles de la 
chaine extérieure des Alpes, se relèvent contre le lac où elles 
presentent leurs escarpemens, tandis qu’elles descendent en 
pente assez douce du côté des Alpes. Le coteau de Boisy est 
parsemé de blocs de granit et de roches feuilletées micacées ; 
on en rencontre aussi trois quarts de lieue avant d'arriver à 
Thonon , capitale du ci-devant Chablais. 

Au-delà de Thonon, on traverse la Dranse, rivière qu’on 
remonte lorsqu'on va dans la vallée d’ Abondance, dont l’abbaye 
dite N. D. d’Abondance, est le chef-lieu. Cette vallée riche 
en beaux pâturages, s'élève par une pente insensible jusqu’à 
un col où l’on trouve une croix qui sert de limites entre la 
France et le Valais. On compte deux fortes lieues depuis l'abbaye 
jusqu'à ce point; de là on descend assez promptement à Mon- 
teiche village Valaisan situé à peu de distance du Rhône, 
Toutes les montagnes qu'on voit sur cette route sont de nature 
calcaire. Elles sont généralement escarpées contre le lac ; en 
divers endroits, comme entre N. D. d'Abondance et le village 
de Chatel, elles ont leurs couches rangées à-peu-près dans un 
sens vertical. Au-dessus des Chalets de Bize, sur la chaîne qui 
sépare la vallée où sont les pâturages d'avec celle d'Abondance, 
on a trouvé de la houille de bonne qualité qu’on exploite avan- 
tageusement. Les montagnes qui encaissent ces vallées, sont 
plus élevées et plus escarpées que celles qui sont près de Genève, 
par la raison qu’elles sont plus voisines du centre des Alpes, et 
qu'il est probable , comme le remarque M. de Saussure, qu'il 
manque ici quelques-uns des gradins inférieurs du grand amphi- 
théâtre des Alpes. 

(d) Montagne du Môle, 


S—— 


(d) Voyages dans les Alpes, &S 279— 295. : 
Je8 PSS OT PS Lorsqu'on 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2°g 


Lorsqu'on part de Genève pour examiner cette montagne, 
on se rend le plus souvent à la Bonneville, capitale du ci- 
devant Faucigny, située dans une plaine près du cours de 
l'Arve, entre les montagnes du Môle et du Brison. 

Le Môle est une montagne de forme alongée, dont la direc- 
tion court de l'ouest-nord-ouest à l’est-sud-est. Il est composé 
de calcaire compacte, mais dont la pierre commence à prendre 
dans quelques endroits l'apparence d'un schiste par sa disposi- 
tion à se feuilleter. Il y a quelque irrégularité dans la situa- 
tion des roches, elles suivent cependant bien la loi de celles 
de toutes les montagnes extérieures de la chaîne des A'pes, doat 
les escarpemens sont opposés à ces dernières, tandis que leurs 
pentes douces au contraire les regardent. C'est ici que M. de 
Saussure remarque, pour la première fois, que les montagnes 
secondaires sont d'autant plus irrégulières et inclinées, qu'elles 
s’approchent davantage des primitives. C’est depuis le Môle 
encore, qu’on voit très-distinctement que les Alpes auxquelles 
toutes les montagnes environnantes se rattachent, sont compo- 
sées d’un grand nombre de chaînes à-peu-près parallèles entre 
elles , séparées par des vallées qui suivent les mêmes directions, 
dont la plus générale, et qui ne souffre que de légères excep- 
tions, est celle du nord-est au sud-ouest. 

On rencontre sur le Môle des brèches calcaires grossières, 
dés vestiges imparfaits de pétrifications, mais fréquemment 
des nœuds et même des veines de pétrosilex renfermés dans 
la pierre calcaire. 

(e) Vallée de Taninge. 

Cette vallée, qui a son débouché dans la grande vallée de 
l'Arve du côté de la Bonneville, se dirige très-sensiblement 
de l’est à l’ouest. Elle est arrosée par le Gifre, rivière ou torrent 
assez considérable produit par la fonte des glaces du Buet et 
autres montagnes élevées qui avoisinent ce glacier , telles que 
le Grenier, le Grenairon..... Près de T'aninge, les eaux du 
Gifre se grossissent de celles du Foron, qui couleest-nord-est, 
où il prend sa source sur les monts Morgène, qui limitent 
le terrtoire de la France et du Valais. De Samoin, lorsqu'on 
va à l’abbaye de Sixt, qui en est éloignée de deux lieues, on 
remonte le Gifre, dont le cours se trouve resserré entre des 
rochers calcaires au travers desquels il s’est creusé un passage. 
Plusieurs des montagnes calcaires qu’on rencontre sur cette 
route, renferment des mines de plomb tenant argent. Le fond 
de la vallée se trouve fermé par des montagnes couvertes 


Tome LXIV. AVRIL an 1807. Oo 


299 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


de glaces éternelles. On se rappelle que cette route est celle 
que tinrent MM. Deluc, lorsqu'ils tentèrent l'ascension du 
glacier du Buet, où personne n'avoit jamais été avanteux, mon- 
tagne qu'ils ont rendue à jamais célèbre par les belles expériences 
qu ils y firent sur le degré de chaleur de l'eau bouillante, On peut 
voir la relation de cet intéressant voyage dans les Rech. sur 
les modif. de l'Arm., tom. IV, &S 884. 

Les couches des montagnes qui encaissent la vallée depuis 
Samoin, sont, dans plusieurs endroits, singulièrement tourmen- 
tées. J'ai remarqué entre autres, dans le bas de la montagne dite 
la Pointe de Sale, des couches fléchies et concentriques les 
unes aux autres, de manière à former une grande ellipse, 
et au-dessus de celles-ci, d'autres couches horizontales. C'est 
un exemple, entre plusieurs autres, qui confirme la remarque 
de M. de Saussure rapportée plus haut, sur l'irrégularité des 
couches de montagnes secondaires à mesure qu'elles se rappro- 
chent des primitives. 

Je n’ai rencontré dans la vallée de Taninge aucun bloc de 
roches primitives, .soit en m'y rendant depuis Cluses par la 
paroisse de Chatillon , soit en suivant la vallée au-dessous 
de Taninge jusqu'à son débouché dans la vallée de l'Arve. 

J'ai remarqué quelques crétins à Samoin, dont l'exposition 
est sans contredit la plus chaude de tous les lieux de la vallée. 

On trouve sur la route de Taninge à Samoin, à gauche, 
une heure environ avant d'arriver à cette dernière ville , une 
source d'eaux minérales ferrugineuses dont on fait usage dans 
le pays. 

(f) Mont Prison. 

Le mont Brison, que les naturalistes et les géographes 
appellent Brézon, forme avec le Môle l'entrée de la vallée de 
l'Arve. Elle est de calcaire compacte et située à l'ouest-sud- 
ouest du Môle. Son sommet, prodigieusement escarpé du côté 
de cette dernière montagne, est taillé à pic à une très-grande 
profondeur , tandis que les couches sont inclinées du côté 
des Alpes, mais très-rapidement dans le haut. 

Le pied du Brison est couvert de grandes couches presque 
perpendiculaires à l’horizon, qui sont appuyées contre le corps 
de la montagne. Ces couches sont coupées à une demi-lieue 
sud de la Bonneville, par une petite vallée étroite et tortueuse, 


(f) Voyages dans les Alpes , 6 283 — 442 — 446, 


æ 


ET D'HISTOIRE UN ATURELLE, 201 


à angles saillans et rentrans, qui conduit au village du Brison, 
situé derrière la montagne de ce nom. 

Le calcaire du Mont-Brison renferme encore des quilles ou 
des nœuds de silex. J’en ai surtout trouvé abondamment vers 
les granges de Solaison. On trouve aussi de ce côté-là une 
glacière naturelle qui conserve dans tous les temps de la glace, 
quoique peu profonde. J’observai le 25 juillet 1800 la tempé- 
rature de cette grotte, je la trouvai de o° du thermomètre de 
Deluc, tandis qu'à l'air libre elle étoit de 9,5. 

(g) Mont Vers. 

On donne ce nom à une chaîne de montagnes calcaires 
plus élevées que celles du Môle et du Brison, dont la direction 
coùrt du nord-est au sud-ouest. Elle est située derrière le 
Brison, et plus au sud, derrière les montagnes de St-Laurent 
et d’Aviernoz, connues sous la dénomination générale de Monk 
des Bornes. Cette chaîne se trouve donc sur une ligne plus 
rapprochée des Alpes que les montagnes dont nous avons parlé 
jusqu’à présent; elle sépare ainsi le mort Brison et celui des 
Bornes de la vallée du Reposoir et de celle du Bornand. 

La chaine du Vergi s'abaisse au nord-est et s'élève au 
contraire au sud-ouest. Elle ne présente nulle part de sommité 
remarquable et isolée, c'est simplement une arète dont les 
couches sont inclinées vers les Alpes, et escarpées au dehors, 
c'est-à-dire à l’ouest sud-ouest : c’est aussi sur ce revers de 
la chaine, au pied des escarpemens , qu’on trouve deux lacs, 
l'un à l'extrémité nord-est , connu sous le nom de lac Saxonnex 
ou Bénr; l'autre au sud-ouest, appelé Zac Lessy. Ce dernier 
est plus étendu, mais moins profond que l’autre ; il n’a aucun 
écoulement apparent; mais lorsqu'on suit le fond de la vallée 
du petit Bornand , on voit à droite, entre le bourg d’Entre- 
mont et celui du petit Bornand , une chute d'eau assez con- 
sidérable qui sort en jaillissant avec force du milieu d'un rocher 
percé d'un trou circulaire à 25 ou 50 toises du sommet de la 


.montagne. Cette cascade n'est autre chose que les eaux du 


lac Lessy qui sembloient perdues, et qui viennent grossir la 
rivière la Borne. 
J’ai traversé la chaîne du Vergi dans trois endroits différens. 


Au sud-ouest, au-dessus du lac Lessy, on tombe alors dans 


le voisinage du bourg du grand Bernand, à-peu près dans le 


{g) Voyages dans les Alpes, $$ 283 et 446. 


202: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


milieu de la longueur de la chaine ; et à son extrémité nord 
est, par une échancrure dite l'Encrenaz, on arrive par l’un 
et l’autre de ces passages dans la vallée du Reposoir. 

Le calcaire qui forme la chaîne du Vergi est d’un gris sale, 

disposé par feuillets à la manière des schistes; il renferme 
très-peu de corps organiques; je n'y ai point observé ces quilles 
ou noyaux de silex si fréquens dans toute la chaîne extérieure. 
Les couches sont loin d’avoir partout la même régularité. Au 
nord est au-dessus de la paroisse de Scionzier, elles sont arquées. 
ou pliées sur elles-mémes dans le sens de leur longueur, et le 
calcaire est ici compacte, tandis qu’au centre il est, comme 
nous l'avons dit, schisteux, et que les couches semblent s'y 
relever contre les Alpes, sous un angle de 31° à 35°. 
. Toute cette chaine du Vergi, que quelques géographes 
indiquent encore sous le nom de montagnes maudites, est 
extrémement riche en plantes, dont quelques-unes sont in- 
téressantes par leur rareté; je citerai entre plusieurs les suivantes : 
Centaurea phrygia , Hedysarum alpinum, Orobus luteus , 
Ærbutus alpina, Pedicularis tuberosa, foliosa..... Parmi 
les éboulemens de l'Encrenaz, au-dessus du lac Saxonnex, le 
Papaver alpinum , remarquable par le beau blanc de lait de 
ses pétales, et l’odeur agréable de vanille que répand la fleur 
au moment surtout où elle se développe. 

(2) Vallée du Reposoir et montagnes qui la bordent au 
nord-est. 

La direction de la vallée du Reposoir est sensiblement celle 
du nord au sud. Elle débouche au sud dans la vallée du grand 
Bornand, qui n’en est que la continuation et où elle s’élargit 
beaucoup; et au nord, sur la paroisse de Scionzier, dans les 
environs de Cluses, par une gorge assez resserrée; au bas de 
laquelle on trouve des blocs considérables de granit et de 
roches feuilletées primitives. Les montagnes qui bordent cette 
belle et riche vallée, longue de plusieurs lieues, sur une 
largeur assez considérable, sont à l’ouest ; la chaine du Vergi, 
et à l'est, une autre chaîne également calcaire de montagnes 
fort élevées qui dominent Sallenches. Ces dernières montagnes. 
ont toutes leurs escarpemens tournés vers la chaîne des Alpes; 
le calcaire en est schisteux, c'est-à-dire disposé par couches qui 
se relèvent sous un angle d'environ 35°. 

La Chartreuse n’est pas dans le fond de la vallée, mais un peu: 
sur la hauteur du côté de l'est, au pied des montagnes qui en for- 
ment l'un des encaissemens , et dont la direction générale est 


ET D'HISTOIRE NATURELLF, 29% 


àä-peu-près comme celle dela chaine du Vergi du nord-nord-est au 
sud-sud-ouest. La Chartreuse seroit une station commode pour 
un naturaliste qui voudroit parcourir les montagnes des environs, 
intéressantes à plusieurs égards. C’est de ce lieu-là aussi d'où je 
partis pour atteindre la sommité d'une des plus élevées 
d’entre elles, et qu'on nomme Point-de-Chäteau , à cause 
de la vue étendue dont on y jouit. J'eus pour guide, dans 
l’une des deux excursions que j'y ai faites , le nommé 
P.-F. de Poisier , qui n'est pas tout-à-fait étranger à la con- 
noissance des plantes. 

En allant à Point-de-Château , on trouve, à une demi-lieue 
environ au-dessus de la Chartreuse, dans le lieu dit /es Egralets, 
un banc d'une pierre calcaire noirâtre, qui renferme de jolies 
térébratules , des cornes d'ammon, des turbinites, etc., etc; 
on arrive ensuite au travers de boïs de hêtres très-fourrés,, 
dans de riches pâturages fort étendus , dépendans du bourg 
de Nancy-sur Cluses, où l’on trouve des chalets appelés Meirr, 
du nom de la montagne, et dans lesquels on peut passer la 
nuit. En tirant depuis ces chalets à l’ouest sud-ouest , on arrive 
après quatre heures de marche, sur le sommet de Point de 
Château , d'où l’on jouit en effet de la plus belle vue, L’œil 
embrasse dans son ensemble la chaine entière des Alpes, tandis 
que sous ses pieds il plonge dans la vallée de l’Arve, sur la route 
entre Cluses et Sallenches. On voit depuis ce poste, que la 
sommilé la plus haute de cette chaîne est située à l’ouest de 
Point-de-Château, et à peu de distance; elle porte le nom 
de montagne du Four ou de p'erre percée , parce qu'en eflet 
la crète qui en forme le sommet est percée à jour près de 
son bord occidental. On appercoit cette montagne de partout 
dans les Alpes; on la croit de loin inaccessible, mais on se 
trompe. Quelques gens de la vallée du Reposoir parvinrent , 
il y a quelques années, jusqu’au sommet ; ils y avoient même 
élevé une croix que les vents ont renversée. Le guide qui 
m’accompagnoit à Point-de Château, avoit été de cette expédi- 
tion, et j'aurois fait la tentative d'y aller avec lui, si je me 
fusse trouvé sur les lieux à une époque de l’année plus avancée; 
ear les pentes rapides de neiges glacées qu'il auroit fallu tenir, 
y mettoient alors un obstacle insurmontable. Û 

Le pied de ces montagnes est baigné des eaux de /a Sallenche, 
qui coule à-peu-prés de l'ouest à l’est, et se jette dans l’Arve, 
dans les environs de Sallenche. 

J'ai trouvé près du sommet de Point-de-Château, des ves- 


294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 

tiges bien caractérisés de corps marins pétrifiés, mais ils 
ne sont point disposés par couches ; on les trouve-épars à la 
surface du sol. Au reste, le calcaire du sommet est tout dé- 
lité, et s’en va par feuillets très-minces. Au premier coup- 
d'œil, quand on examine tant la direction des couches des 
montagnes de.cette chaîne, que la nature de la pierre qui 
les forme, on n'y voit que désordre et dégradation ; cela 
n'empêche cependant pas qu'il ne demeure comme un fait 
bien constaté , que les couches se relèvent contre les Alpes, 
sous un angle d'environ 35° (1). 

En descendant de Point-de-Chäteau à Cluses, on ne cesse 
de rencontrer jusqu’au bourg de Nancy, des grès incohérens 
tachetés de noir; ils sont très-fréquens surtout du côté du 
villige de Romaz. On trouve dans le bas de la montagne, 
peu de temps avant d'arriver à Cluses, d'énormes blocs de 
granit où sont empätés des rognons de pierre de corne. 

Je n’entreprendrai pas d’énumérer toutes les belles plantes 
que fournissent ces montagnes, ce seroit une tâche beaucoup 
irop longue. Je dirai seulement que j'y ai découvert une plante 
jusqu'alors nouvelle en Suisse , la F’aleriana saliunca d'Allioni. 
Parmi les espèces intéressantes, il faut compter /'Eryngium 
alpinum , Va Phaca frigida, V'Hieracium taraxacifolium , 
l’Ærnica scorpioides , et plusieurs anémones , renoncules et 
astragales, 

() Chaine de montagnes entre Sk.-Martin et Servoz, sur 
la rive droite de l'Arve. 

Lorsqu'on va de Sallenches ou de St.-Martin à Servoz, par 
la route ordinaire, on passe au pied d'une chaine de mon- 


(x) Une disposition pareille dans les escarpemens de cette chaîne de mon- 
tagnes, a fait penser à M. André (de Gy) qu'il a existé entre le Mont- 
Blanc et cette chaîne, un ancien et très-grand courant qui venoit du côté 
des Hautes-Alpes : ce qui pourroit confirmer cette conjecture, c’est que la 
inontagne qui borde l’Arve entre Sallenches et St.-Gervais, éloignés d’une 
dieue et demie, est tes-abaissée ; ce n’est qu'une colline dont le fond est 
d’ardoises, mais parsemée de gros blocs de granit étrangers au sol : on 
voit aussi de ces blocs de granit très-grands et de différentes espèces dans 
la Sallanche et autour de la ville. Je croirois volontiers, continue M. André, 
que ce seroit ce grand courant qui auroit forcé à se recourber sur la droite, 
en cet endroit, pour prendre la direction du sud au nord, comme un autre 
grand courant, qui descendoit de la vallée d’Entremont , auroit forcé le 
Rhône à se recourber dans le même sens, près de Martigny. ( Théorie de 


la surface actuelle de la Terre, px M. André, $ 14.) 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 


tagries composées à leur base d’ardoises, ou de pierre calcaire 
brune, à feuillets minces, coupés par des veines de spath cal- 
caire ou de quartz. On laisse à sa gauche le grand village de 
Passy, situé sur le penchant de ces montagnes ; on arrive 
au petit hameau de Chède, au-delà duquel on est obligé de 
monter pendant une demi-heure, après quoi on peut se reposer 
très-agréablement sur les bords du joli lac de ce nom. On 
atteint bientôt les éboulis d’une montagne dont le sommet 
s’écroula en 1751; on traverse après le Nant-Noir, puis une 
forêt dont le sol est un tuf jaunâtre ; enfin, l'on se trouve à 
Servoz , où l'on y voit quelques goitres, ce qui paroît tenir à 
l'exposition méridionale de ce village situé à l'abri des vents 
du noid. Voila en raccourci ce que cette route présente de 
remarquable, Voyons maintenant ce qu’elle offre de plus parti- 
culier lorsqu'on suit la crête de toutes ces montagnes, comme 
je le fis err 1802. Il faut deux jours pour faire commodément 
cette excursion; la première journée on va coucher dans les 
granges du mont Plattet, et la seconde à Servoz ou à St.- 
Martin , suivant qu'on est parti de l’un ou l’autre de ces 
endroits. Je fis cette route depuis Seryoz, et j'en parlerai dans 
ce sens-là, 

On tire d'abord en sortant de Servoz au nord-est; on change 
ensuite de direction pour se porter au nord-ouest vers la mon- 
tagne écroulée, Le bas de la montée présente des ardoises 
d'un gris sale, disposées par feuillets très-minces. Au bout 
de deux heures, on arrive sur une plate-forme couverte de 
riches pâturages , et où se trouvent les granges d’Aire, dé- 
pendantes de la vaste commune de Passy. C’est là qu’on com- 
mence à rencontrer de gros quartiers de roches de la mon- 
tagne qui forma, en s’écroulant, un col par où l'on arrive 
aujourd hui dans les montagnes de Sale, de Plattet..... On 
trouve encore ici d'énormes blocs de ces mêmes grès tachetés 
si communs dans la haute chaîne calcaire qui domine Sallenches. 
Depuis les chalets d'Aire, on monte droit au col au travers de 
l'éboulement. C’est uneroute très-fatigante par l’incohérence des 
rochers sur lesquels on est obligé de sauter des uns aux autres, 
Le calcaire noir de transition est fréquemment recouvert d’une 
couche mince de spath calcaire sur laquelle il n’est pas rare 
d'y voir des cristaux dodécaèdres de spath calcaire. Le désordre 
et l’entassement des roches augmentent à mesure qu’on approche 
du col. On se trouve perdu au milieu de pilastres hauts de plu- 
sieurs centaines de pieds , mais qui seront tôt au tard renversés, 


256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Ce spectacle sauvage a quelque chose de grand et qui en 
impose. Les grès deviennent toujours plus abondans; on les 
voit enfin disposés par bancs de plusieurs pieds d'épaisseur entre 
le calcaire de transition ; ils s'annoncent de loin par une cou- 
leur moins foncée; ils sont quelquefois mélés à une brèche cal- 
caire, Le plus haut point du passage offre de belles ardoises. 
J'y arrivai après trois heures de marche depuis les chalets 
d'Aire. On a depuis ce col à droite, les montagnes d'Anterne; 
à gauche, le col du mont Plattet; au-dessous de soi, un vaste 
plateau calcaire tout sillonné de crevasses et dépourvu de vé- 
gétation, qui se prolonge pendant plus d’une lieue sous une 
inclinaison d’environ 55°, et dont les tranches des couches ou 
les escarpemens regardent les Alpes. Ce plateau calcaire va 
mourir dans des pâturages où sont les chalets de Sale, et d'où 
on peut aller dans la vallée de Sixt par un chemin praticable 
à mulet. 

En se dirigeant depuis le col vers le pied des escarpemens 
des montagnes d’Anterne, on entre dans des décombres d’ar- 
doises, genre de roche qui en fait la sommité, tandis que le 
calcaire en fait la base, Le col du mont Plattet, situé au nord- 
ouest , est resserré entre deux pilastres élevés de calcaire de 
transition; on descend de là par une pente rapide au milieu 
de débris de roches calcaires et d’ardoises, dans un fond de 
pâturages où sont les chalets de Plattet. Si depuis cette station 
on se porte droit à l’ouest du côté de l'aiguille de Varens, 
on trouvera après une montée d'environ deux heures, des 
pétrifications dans le calcaire de transition : on n’y rencontre 
point d'empreintes de végétaux , mais seulement une grandé 
espèce de vis, et un coquillage bivalve dont il ne reste souvent 
plus que Les bords. La hauteur du lieu où se trouvent ces 
fossiles est d'environ 1200 toises au-dessus de la mer. On 
apperçoit ici quelques fragmens de brèche calcaire et des 
nœuds de silex, qui disparoissent à mesure qu’on approche 
des montagnes primitives, et sont remplacés par des grès. 

M. de Saussure a dit un mot sur la situation de l'aiguille 
de Varens, dont il paroît croire la sommité inaccessible ; il n’est 
cependant ni dangereux ni bien diflicile d'y parvenir, lorsqu'on 
choisit surtout la saison de l’année où la fonte des neiges est 
la plus avancée. Cette montagne haute de 1400 toises au moins 
au dessus de la mer, n’est accessible jusqu’au sommet que du 
côté nord-ouest, où les couches descendent en pente très- 
rapide. Au sud, ét à l'est-nord-est, elle présente des escar- 


pemens 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 


pemens effrayans par leur profondeur. Ce n'est point la cime 
de cette montagne qu’on appercoit depuis le pont de Sallenches; 
elle est située plus en arrière, elle est plus arrondie, et on ne 
la juge bien qu'entre Passy et Servoz; mais cette aiguille 
élancée, qui est en face de Sallenches, se rattache, ainsi que 
plusieurs autres, au corps de la montagne, dont elles sont 
séparées par des espèces de cirques creusés en entonnoirs d'une 
profendeur considerable, et qui sont tout remplis de pierres 
éboulées, ce qui prouve que ces aiguilles ou pics aujourd'hui 
isolés, se confondoient autrefois avec le corps méme de la mon- 
tagne. Quoi qu'il en soit, les couches de Varens , comme celles 
de toutes les montagnes de cette chaine , tournent leurs escar- 
pen contre les Alpes, On trouve sur la cime même de 

arens, un banc considérable de pierres numismales, et à 
quelques. centaines de toises au-dessous , parmi les éboulis, 
beaucoup de cornes d’ammon d’une grandeur remarquable. La 
pierre calcaire de cette montagne s'éloigne déjà un peu de 
celle de transition. Elle est moins feuilletée, sa couleur est 
plutôt grise que brune, elle renferme beaucoup de nodules 
de fer oxidé. 

En descendant depuis l'aiguille de Varens au village de St.- 
Martin, on laisse sur la droite les montagnes de Maglans, qui 
s’étendent jusqu’à Cluses, et qui paroissent être de la même 
formation. M. de Saussure a trouvé en effet sur l’une d'elles, 
dite le haut de J’éron, ou la Croix de Fer, des fragmens 
d'huitres pétrifiées à 1172 toises au-dessus de la mer, 

(4) Montagne du Buet. 

. Diverses routes conduisent à cette montagne. MM. Deluc 
y parvinrent les premiers par la vallée de Sixt; M. Bourrit, 
ensuite, par la vallée de Bérard, du côté de Valorcine. C'est 
la route dont M. de Saussure a donné la description. On peut 
y arriver aussi depuis le Prieuré de Chamouni, en traversant 
le mont Bréven, ou bien depuis Servoz, en remontant la 
vallée de Villy (1), dont le fond est arrosé par un ruisseau 
qui se jette dans l'Arve à Servoz. Cette dernière route offre 
ceci de remarquable, que le ruisseau dont je viens de parler, 
limite nettement le terrein primitif d'avec le secondaire. En 
effet, sur la rive droite ou au nord-ouest, $e trouvent les 


(%) Voyages dans les Alpes, $$ 551 —596. 
(1) Ainsi appelée du nom des chalets qui s’y trouvent, au pied du Buet, 


Tome LXIV. AVRIL an 1807. Pp 


298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


montagnes d’Anterne, le Grenier ; le Grenairon, ..... qu 
appartennent à la formätion de transition , tandis que sur la 
rive gauche ou au sud-est, se déploie la chaîne des Aiguilles 
rouges , qui rentre dans le terrein de première formation. La 
vallée de Villy court donc du nord-est au sud-ouest: elle est en 
quelque sorte barrée au nord-est par le Buet qui limite lui- 
mème les deux sortes de terreins. Une autre remarque à faire, 
en suivant la vallée de Villy, c’est que la montagne au-dessus de 
Servoz, qui termine la chaîne des Aiguilles rouges au sud-ouest, 
est en grande partie formée d'un grès micacé primitif; il n’y 
a que le‘sommet nommé l'4rourllette, qui soit composé d’une 
roche feuilletée semblable à celle du mont Bréven. Tout de 
même au nord-est de la chaîne, le col de Charlenton (que je 
crois être le même que celui de Bérard, par où l'on passe 
de Sixt à Valoréine.), est également formé d'un grès primitif, 
remarquable par de pétits cristaux de quartz bien prononcés 
qui en font partie : or c'est ici le! point intermédiaire entre 
le primitif de la chaîne des Aiguilles rouges, et le calcaire 
de’transition du sommet du Buet. Voilà done un exemple de 
plus à l'appui de l'observation faite par M. de Saussure, que 
presque toujours entre les dernières couches secondaires et 
les premières primitives , on trouve des bancs de grès ou de 
poudingues. 

Les couches du Buet descendent vers le dehors des Alpes. 
et sont escarpéés contre le Mont-Blanc, c'est-à-dire du côté 
du sud, où elles se relèvent sous un angle qui diminue à 
mesure qu’on approche du sommet. Les rochers les plus élevés. 
du Buet sont d'une pierre calcaire, feuilletée d’un gris noirâtre, 
renfermant quelques grains de quartz anguleux ; au-dessous 
on rericontre une véritable ardoise, traversée par des filons. 
ferrugineux , puis des grès, les uns eflervescens, d'autres non 
effervescens. Enfin, si l’on descend par la vallée de Bérard , 
du côté-de Valorsine , on entre dans les roches feuilletées , 
puis dans un granit veiné qui forme toute la base de la mon- 
tagne sur ce revers, depuis Valorcine jusqu'aux deux tiers 
de la hauteur. Il faut voir dans l'ouvrage de M. de Saussure , 
les détails exacts et intéressans qu'il a donnés là-dessus. 

(1) Vallée de Chamouni. 

La direction de la vallée de Chamouni courant du sud- 
ouest au nord-est, se trouve ainsi parallèle à la chaine des 


(7) Voyages dans les Alpes, $$S Dir — 517. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209 


Alpes; elle appartient donc aux vallées longitudinales (1). Elle 
$e recourbe à ses extrémités , savoir , à l'ouest-sud-ouest, et 
au nord-nord-est. Le fond en forme de berceau est couverk 
de prairies. Le Prieuré , chef-lieu de la vallée, se trouve à peu- 
près au milieu de sa longüeur. 

Les montagnes qui bordent cette vallée sont dans la classe 
des primitives; mais celles qui la barrent ou la terminent, 
le col de Balme au nord-est, ét le mont de Lacha au sud- 
ouest , sont composées d'ardoises ou de pierres calcaires. Elle 
renferme encore d’autres roches secondaires, comme du beau 
gypse blanc, à unelieue sud-ouest du Prieuré, au bord du nant ou 
du torrent de Taconay; de la pierre à chaux vis-à-vis du Prieuré, 
dans un endroit nommé Biolay. La côte du Piget en est entière- 
ment formée. C’est une colline isolée dans le bas de la vallée, alon- 

ée dans le même sens qu'elle. A cela près tout est primitif dans 
Ê vallée de Chamouni. Je m’en vais dire un mot de plus sur 
quelques-unes des montagnes qui l’encaissent, et dont jai dé- 
ierminé la hauteur. 

( Le mont Préven. 

Cette montagneest située précisément au-dessus du Prieuré, au 
nord-ouest de la vallée. Elle est liée par sa base avec les Aiguilles 
rouges, sur la structure desquelles j ai donné ailleurs (2) des dé- 
tails plus circonstanciés que ceux qu’on avoit publiés jusqu alors, 
Sa cime est isolée, les couches en sont coupées à pic du côté 
de Îa vallée de Chamouni, et disposées en pente assez douce 
du côté de celle de Villy, parallèle à la première. La montée 
du Bréven, depuis le Prieuré, est extrémement rapide. On la 
fait jusqu’au Chalet de Plianpra , situé aux deux tiers de sa - 
Hauteur totale, au milieu de débris de roches feuilletées, mé- 
langées de quartz, de feldspath et de mica, dans toutes les 
proportions possibles, et qui ont différens degrés de dureté, 
depuis le granit feuilleté le plus dur, jusqu’à la roche micacée 
la plus tendre. Ces débris proviennent soit de la sommité ; soit 
des flancs de la montagne. La cime du Bréven est spécialement 
formée d'une roche qui paroît rentrer dans la classe des vrais 
granits, malgré le parallélisme qu'afleetent les lames du mica 


(1) Les vallées, au contraire, qui coupent la diréction de quelque chaîne 
de montagnes, sont appelées par opposition, vallées transversales. ; 


(*) Voyages dans les Alpes , 6$ 639—650. 
(2) Journal de Physique, t. 


Pp 2 


500 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


qui eñ fait partie. Quant au revers de cette montagne, du 
côté de la vallée de Villy, il est composé en grande partie 
d’un granit veiné, à nœuds de quartz, de forme lenticulaire, 
situés dans la direction des feuillets. Ces nœuds varient de 
grandeur. En allant depuis les chalets d'Arelevé, situés à mi- 
côte sur ce revers du Bréven , à ceux de Villy, on passe au 
pied des Aiguilles rouges, au.travers d'énormes blocs de ce 
même granit entassés les uns sur les autres , et qui viennent 
de ces hautes sommités. 

** Aiguilles situées au sud-est de la vallée de Chamouni. 

Ces aiguilles au nombre de cinq, sont disposées dans l'ordre 
Suivant, en allant du sud-ouest au nord-est : l'aiguille du 
midi, du Plan, de Blaitiore , et celles du Crépon et des Charmoz, 
qui tournent ün peu plus à l’est. Leur élévation, qui ne pourroit 
être déterminée quetrigonométriquement, décroit dans le même 
ordre où elles ont été nommées. 

Lorsqu'on veut examiner la composition de ces hautes pyra- 
mides , il faut, comme l'a recommandé M. de Saussure, aller 
s'établir dans un chalet nommé Plaitière dessus, qui est situé 
vis-à-vis du Prieuré, au milieu de ja base de ces aiguilles. 
Quant à leur structure, laissons parler ce savant et exact obser- 
vateur (1). « Il faut, dit-il, considérer que les montagnes qui 
bordent au sud-est la vallée de Chamouni, sont composées de 
deux parties distinctes. L'une de ces parties est le massif non 
interrompu et uniforme qui s'élève jusqu'à 7 ou 800 Loises 
au-dessus de la vallée ; l’autre, les pyramides ou aiguilles dé- 
tachées qui dominent ce massif. » ; 

La masse uniforme inférieure est composée de roches feuille- 
tées de différens genres, mais le plus souvent quarizeuses æt 
micacées. Ces roches sont disposées par couches très-régulières, 
qui courent comme la vallée du nord-est au sud-ouest ; elles 
sont peu inclinées vers le bas de la montagne, mais elles se 
relèvent par gradation contre la vallée jusqu’au haut où elles 
Sont exactement verticales. Ces mêmes couches s’approchent 
de la nature du granit à mesure qu’elles s'approchent du haut 
de la montagne , et là elles deviennent des granits veinés, ou 
méme des granits en masse, encaissés dans des couches , ou 
de granit veiné, ou de roche feuilietée. , 

Les pyramides .qui dominent ce massif sont de granit en 


TERRES COLE PORN PEN OPEN PR à'HATRRREA SERRE ARTE 
** Voyages dans les Alpes, 66-655 — 677. 
(1) Idem , $ 677. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3or 


masse. Elles sont flanquées, et même composées extérieure- 
ment de feuillets pyramidaux, qui sont subdivisés en couches 
parallèles aux plans mèmes des feuillets. Ces feuillets sont 
presque verticaux, et s'appuient non pas contre la vallée comme 
es couches inférieures du massif, mais contre le corps même 
des pyramides. D'ailleurs , leur direction est à très-peu-près 
la méme que celle des couches du massif. Quant au cœur, 
ou à la partie intérieure de ces pyramides, elle paroït en quelques 
endroits n’avoir point une structure régulière, et n'être divisée 
que par des fentes accidentelles. 

» Au reste, il ne faut point s’imaginer que ces pyramides 
soient assises sur le massif qu’elles dominent, comme une co- 
Jonne sur sa base : la situation des couches démontre que le 
massif est appliqué contre les pyramides qui ont leur base à 
elles, et que ce seroit plutôt le massif qui seroit assis en partie 
sur les fondemens intérieurs des pyramides, puisque les feuillets 
de celles-ci descendent du côté de ce massif, et semblent plonger 
au-dessous de lui. » 

Les détails qu’on vient delire ,s’appliquent plus spécialement 
aux aiguilles de Blaitière, du Plan et du Midi, car celles du 
Crépon et du Charmoz sont essentiellement formées d’une 
roche feuilletée très dure, composée de petits grains de quartz, 
de feldspath et de mica, qui se divisent en grandes tables ou 
couches, sur le penchant desquelles on passe lorsqu'on des- 
cend du Montanvert au Prieuré. Ces couches font un angle 
de 70° avec l'horizon , et s'appuient contre le corps de la 
montagne. 

C’est au pied de l'aiguille des Charmoz , immédiatement 
au-dessus de la vallée de glace, dont la partie inférieure porte 
le nom de glacier des Bois, qu'est situe le pâturage du Mon- 
tanvert , où l'on trouve un petit bâtiment de forme octogone, 
et assez élégant, que M. Desportes y a fait élever il y a quel- 
ques années, pour la commodité des voyageurs. 

*** Aiguille du Dru. 

On voit cette aiguille en face depuis le Montanvert, dont 
elle est séparée par la vallée de glace qu’elle domine, tout 
comme l'aiguille des Charmoz. On peut atteindre son pied, 
et méme s'élever assez haut sur ses bases, en traversant depuis 
le Montanvert la mer de glace, ou bien depuis le Prieuré, 


*#* Voyages dans les Alpes, $ 612 et 617: 


302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


en suivant le fond dé la vallée jusqu'au hameau des Bois; 
on tire alors sur la droite du côté de l'est , on vient passer 
au hameau de Lavanchet, puis au Chapeau , endroit ainsi 
nommé, parce que l'on se trouve dans un enfoncement que 
surplombent des rochers, et où l’on est très-bien placé pour 
juger de tout l’eflet du glacier des bois : aussi est-ce une 
station où les gens du pays conduisent souvent les étrangers. 
De là, par le passage du Moret, on arrive bientôt dans les 
pâturages du plan de l'aiguille du Dru. On voit qu'elle est 
semblable pour la structure à la plupart des autres, c'est-à-dire 
qu'elle est composée de granit en masse. On trouve de plus, 
parmi les débris qui couvrent ses flancs, des blocs de palaio- 
pètre ou pétrosilex primitif, avec beaucoup de feldspath et 
quelque peu de mica. è 

(m) Reculet de Thoiry. 

On sait que le Jura est une chaîne de montagnes calcaires 
de 60 à 8o lieues de longueur, sur 15 ou 16 de largeur, qui 
court du sud-sud-ouest au nord-nord-est. Elle commence aux 
environs de Poncin, dans la Bresse, et va finir à Bâle, en 
passant par Lons-le-Saulnier, Salins et Vesoul. On voit par là, 
que le Jura marche à-peu-près parallèlement aux Alpes, et 
qu'il faut le considérer comme une dépendance de leurs 
chaînes extérieures. Il n’est pas très-facile de saisir la situation 
et la forme des couches du Jura. M. de Saussure pense que 
les couches de la chaîne orientale (1) la plus élevée et la 
plus voisine des Alpes, s'élèvent en s'appuyant contre le corps 
même de la chaine, en redescendant du côté opposé, tandis 
que les couches des chaines suivantes, du côté de l’ouest, 
ont la forme de voûtes entières ou de moitié de voûtes, et 
qu'elles se terminent dans des plaines qui ont pour base des 
bancs calcaires tout-à fait horizontaux. 

La sommité qui passe pour être la plus élevée du Jura, se 
nomme /a Dôéle, elle est située à 5 lieues nord de Genève. 
M. de Saussure a consacré un chapitre entier à sa descrip- 
tion. Elle a, suivant M. Deluc, 658 toises au-dessus (2) du 


(m) Voyages dans les Alpes, 66 527 — 565. 

(1) Le Jura est en effet composé de plusieurs chaînes paralleles entre elles, 
qui perdent successivement de leur hauteur et de leur continuité à mesure 
qu’elles s’éloignent davantage de la lisière , jusqu'à ce qu’elles viennent 
PRÉ les plaines de la Bourgogne, de la Franche-Comté et de l’Evéché 

e Basle. 


(2) Voyages dans les Alpes, 6S 354 — 565. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 303 


lac, par conséquent 847 au-dessus de la mer. Ze Reculet , 
situé à 4 lieues nord-ouest de Genève, au-dessus du village 
de Thoiry, est, suivant moi, un peu plus élevé que la Déle. 
Il est du nombre des montagnes du Jura, qui semblent 
contrarier Ja forme générale des couches que nous avons as- 
signée à cette chaîne. En effet , les couches du Reculet, loin 
de s'appuyer contre le corps de la chaine, s’élèvent au contraire 
contre l'orient, en présentant leurs escarpemens aux Alpes : 
il en est de même de la sommité dite le Cré du Miroir, au- 
dessus de Colonge , du rocher de la Dôle, etc., etc.; mais 
ces escarpemens, suivant M. de Saussure, doivent être con- 
sidérés comme les sommités des couches de la face occiden- 
tale de la montagne qui, descendant du côté du couchant, 
s'élèvent par conséquent du côté du levant, 

Dans une excursion que je fis sur le Reculet, le 7 août 1802, 
je déterminai la température de deux sources en même temps 
que leur élévation au-dessus de la mer. La température de 
l'une , située au-dessus du chalet d'Arderan , commune de 
Fenière, se trouva être + 4°,8 (thermom. de Deluc), hauteur 
du lieu 730 toises sur mer, température de l'air libre+21°,5. 
«7 La température de l’autre fontaine , appelée la Converse, 
fût de + 4°, bautenr du lieu ,815 toises sur mer, température 
de l'air libre + 20°,5. — Voilà deux observations bien d'accord 
entre elles, en faveur de la loi établie par M. de Saussure, 
sur le décroissement de la chaleur. En voici une autre qui s’y 
rapporte moins bien. Le 29 août 1802, j'estimai la tempéra- 
ture d’une belle source située hors du village de Veiri, au 
pied du mont Salève. Je la trouvai=+5°,5, hauteur du 
lieu ; 200 toises sur mer, température de l'air libre 15°,7. 


Sol v5 0 


Description abrégée de quelques montagnes du département 
du Mont-Blanc. 


(nr) Vallée des Bornes. 

Cette vallée, dont le fond n'est guères plus élevé que la 
plaine du lac de Genève, et qui n’en est séparée que par 
le mont Salère et:ceux de Sion et du F’ouache, a pour 
limites au sud , une chaine de montagnes situées sur la même 
ligne que le mont Brison ; et dont la direction , ainsi que celle 
du mont Salève et de toutes nos montagnes en général, est 
parallèle à celle de la chaine centrale, c'est-à-dire qui court 


304 JOURNAXZ DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


sensiblement du nord-est au sud-ouest. Le cours de l'Arve, 
et les basses montagnes qui avoisinent la rive occidentale du 
lac d'Annecy, sont ses limites au nord-est et au sud-ouest. 
M. de Saussure n’a fait connoître que les montagnes de la 
lisière nord de cette vallée. Il a laissé à d’autres le soin d'en 
faire autant pour la bande sud. L’esquisse légère que je vais 
en donner ne remplira pas cette lacune, mais elle mettra sur 
la voie ceux qui voudront faire mieux par la suite. 

Considérée dans son ensemble , cette chaîne a au moins 
6 lieues de longueur; elle se termine à l'extrémité sud du 
lac d'Annecy, mais en se rattachant aux montagnes de Mé- 
géve, qui avoisinent les Alpes de plus près. La plus grande 
hauteur de la chaîne est au sud-ouest, comme le Jura, On y 
voit une montagne (la Tournette) qui a 940 toises d’élévation 
au-dessus de sa base. Les e.carpemens de la chaîne regardent 
le dehors des Alpes; c'est-à-dire que les couches sont inclinées 
de leur côté. Le calcaire est compacte, renfermant en abon- 
dance des quilles ou noyaux de silex, il n’est pas rare même 
d'y rencontrer des chapeaux siliceux qui recouvrent en entier 
des roches calcaires. 

Quoique les montagnes qui forment cette chaîne soient toutes 
liées ensemble , sauf l'interruption causée par l'occurrence de 
quelque vallée transversale, telle que celle de Thorens, elles 
portent néanmoins presque autant de noms différens qu'il y 
a de paroisses à leurs pieds, Ainsi, en allant du nord-est au 
sud-est, on distingue les montagnes de Sr-Laurent, d'Avier- 
noz , de Villaz, de Dingy, de la Vairière, les rocs sur 
Menthon, sur Talloires, ceux de la Tournette, etc., etc. 
Les couches sont bien plus régulières dans la partie nord-est 
que sud-ouest de la chaîne. En effet, les montagnes de St- 
Laurent offrent des assises horizontales assez semblables à celles 
du mont Salève , tandis qu'à Villaz, Dingy, paroïsses où la 
principale branche de la chaine souffre une inflexion sensible 
vers le sud, du côté de Thônes, les couches perdent leur 
horizontalité uniforme, et toujours davantage à mesure qu’on 
approche de la Tournette, où on en voit qui sont tout-a-fait 
froissées , d’autres arquées ou relevées sur elles-mêmes, carac- 
tère qui, comme nous l'avons déjà remarqué, annonce qu’on 
se rapproche d’une chaine de montagnes de sransition. Le 
revers de cette chaîne du côté des Alpes, tombe dans la vallée 
lu petit Bornand, au fond de laquelle coule la rivière la 
ä?0 Le , dans la direction du sud-ouest au nord-est, jusqu'à 

c& 


ET D'HISTOIRE NATÜRELEE - 305 


cé qu'arrivée à la base du mont Brison, elle se porte à l'ouest 
en passant dans une coupure qui sépare cette montagne de 
celles de St.-Laurenñt. On traverse cette rivière-sur un pont 
jeté à plus de 60 pieds au-dessus de son lit, proche le village 
de Rumilly, qui a donné son nom au pont. . 

Donnons quelques détails sur les deux sommités principales. 
de cette chaîne, savoir , la montagne de Pormonaz, et surtout 
celle de /4 Tournette. 

(o) Mont Pormonaz. 

Le village de 7/illaz est situé ‘au pied de cette montagne 
qui se trouve ainsi placée à-peu-près au milieu de la longueur 
de la chaine. Elle à 540 toises d'élévation au-dessus de sa 
base. La prémière partie de la montée se fait au ‘travers d’un 
bois très-fourré, après quoi l’on arrive, au bout de deux heures 
et demie de marche, dans de riches pâturages, dominés de toute 
part, hormis du côté du nord-ést, par des escarpemens de 
plus de 180 toises de hauteur. On trouve dans ces prairies, 
disposées naturellement en amphithéâtre, des chalets où l’on 
peut au besoin passer la nuit, ét d’où l'on jouit d’une vue 
fort agréable, sur une grande partie du lac d'Annecy et du 
pays environnant. On arrive depuis cette station au sommet 
de la montagne dans l’espace d'une heure et trois quarts. 
Rien n’est plus triste que l’aspect de la cime du mont Por- 
monaz. Qu'on se figure un vaste plateau calcaire absolument 
nu et sans végétation, coupé par des crevasses dirigées en 
tout sens, semblable au plateau du mont P/attet, et l'on aura 
une juste idée de cette position. On voit gissans çà et là, sans 
vie, au fond de ces crevasses, quelques troncs de sapins des- 
séchés, et dont la couleur rembrunie contraste avec la blan- 
cheur des roches au milieu desquelles ils se trouvent. 

Nulle part dans toute la chaine je n’ai trouvé les noyaux 
ou chapeaux:de silex aussi abondans qu'ici. L'analyse d'un 
de ces rognons nva fourni 0,87 de terre siliceuse, cela n'em- 
pèche cependant pas, lorsqu’on les réduit en poudre et qu’on 
vérse dessus quelque acide , qu'il ne se fasse une effervescence , 
légère à la vérité, due à une-petite quantité de terre calcaire 
qui en fait partie constituante , ou dont on n’a pu débarrasser 
complètement la surface de ces rognons. 

La Tournette paroit depuis la cime de Pormonaz ; d'une 
manière avantageuse : on la voit précisément au sud, surpassant 
autant en hauteur la plupart des montagnes qui sont à l'entour 


Tome LXIY. AVRIL an 1807. Qq 


306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


d’elle, que le Mont-Blanc surpasse les sommités qui lui sont 
adjacentes. | 


On trouve sur cette montagne quelques plantes intéressantes , 
telles quela Betonica hirsuta | V'Hypochærispontana , V Arnica 
scorploides , \ Hedysarum:alpinum , la Vicia sylvatia , la 
Biscutella didyma, la Statice armerica, etc., etc., etc. 


(p) Montagne de la Tournette. 


Veut-on , depuis le village de 7/i/laz , aborder le pied de 
cette haute montagne ? deux routes pour cela se présentent : 
ou l’on se rend à Annecy, et, suivant la rive orientale du lac, 
on vient gagner Talloires, bourg situé à son pied; ou bien, 
sans s'écarter de celui des montagnes de la chaine, on vient 
passer par les villiges de St-Clair, de Dingy, de la Baime 
de Thuy ; enfin Von arrive à Thônes, petite ville très-ancienne, 
aujourd’hui chef-lieu de canton, située au pied oriental de la 
Tournette, dont le corps se projette à l’ouest d’une manière très- 
sensible. L'une et l’autre deces routes sont agréables à tenir , les 
ayant faitestoutes deux, je m'en vaisdiresuccinctementce qu’elles 
présentent de remarquable, Elles suivent la direction générale 
de la vallée, et ne sont séparées l’une de l’autre que par une 
arête de basses montagnes dirigées comme elles, et dépen- 
dantes de la Tournette au corps, de laquelle elles se rattachent 
en prenant toujours plus d'élévation à mesure qu'elles s'en 
rapprochent : aussi existe-t-il des cols peu élevés par où l'on 
passe des villages situés sur la rive orientale du lac d'Annecy, 
dans la vallée de Thônes , et réciproquement. 


Cette petite vallée de Thônes a, comme l'on voit, pour 
lisière à l’est, les hautes montagnes de la chaine, et pour 
lisière à l’ouest, cette suite de basses montagnes qui sont des 
dépendances de celle de la Tournette. Elle est par conséquent 
très-resserrée, et doit jouir par cela même, d'une température 
moyenne plus élevée que celle de notre grande vallée. J'en 
juge par la présence d’une plante (_Artfmisia absinthium ) que 
J y trouvai abondamment, et qui ne croit pas dans notre bassin 
proprement dit. D’autres plantes, propres seulement aux expo- 
sitions les plus chaudes des environs de Genève (Teucrium 
montanum et chamæpitys), sont très-communes dans cette 
petite vallée, dont le fond est arrosé par le Fier ou Sïer , 
rivière qui, aprés s'être grossie des eaux de plusieurs ruisseaux; 
vient se jeter dans le Rhône, à Seissel. L'Eau de Sier ; 


ET D'HISTOIRE NATURELLE 307 


comme on l'appelle dans le pays, prend sa source de la Tour- 
nette, et d'une autre montagne située plus à l’est qu'elle. 

Si on se rappelle bien ce’ que nous avons dit sur la dis- 
position des couches des montagnes de cette chaîne, on doit 
voir tout de suite que l'accès de la Tournette est plus facile 
du côté de Thônes que de Tallorres. 

La route qui va d'Annecy a Talloires, suit le- bord du 
lac, dont les eaux sont tout de suite profondes et courantes, 
tandis que sur la rive opposée elles sont au contraire basses et 
stagnantes , circonstance qui annonce la différence de hauteur 
qui règne entre les montagnes qui bordent les deux rives, et 
surtout la situation réciproque de leurs escarpemens On laisse 
successivement à sa gauche la montagne de Z4 Vairière , au 
pied de laquelle sont des vignobles bien exposés , les rocs 
sur Menthon ; on voit ici, depuis la paroisse de ce nom, sur 
la hauteur, un vieux château qui défendoit autrefois le passage 
d'un col par où l’on passe dans la vallée de Thônes. Depuis 
Menthon jusque dans les environs de ‘Talloires, la route est 
ombragée de châtaigniers et de noyers : on retrouve près de 
ce bourg, où il y avoit autrefois un couvent de Bénédictins , 
un béau vignoble qui leur apparténoit. Il est situé en face 
du château de Duing , bâti sur une presqu'ile, qui s’'avance 
fort avant dans le lac. "1: 

Lorsqu'on part de Thônes pour atteindre le sommet de la 

: Tournette, on suit pendant une demi-heure le fond de la 
vallée ; on traverse sur un pont de bois une branche de la 
 Sière, et l'on arrive au hameau des Clefs. La route continue 
‘ensuite au travers d’un bois peu fourré de hétres et de sapins, 
‘ jusqu’au tiers environ de la ‘hauteur de la montagne: L'on en 
sort alors pour entrer par une gorge resserrée et flanquée de 
chaque côté de couches relevées , fléchies, et souvent con- 
tournées, dans des pâturages qui s'élèvent en pente‘ rapide 
au nord-est, vers le sommet de la montagne. On 'y trouve 
quelques chalets ou habitations d'été. C'est’ici qu'on peut 
poser la limite des arbres, ‘du moins n'en ‘ai-je pas apperçu 
plus haut. La première fois que j'allaisur la Teurnette, en 1799, 
je tronvai, le 12 août, à quelque ‘distance. au-dessus des:chalets 
sur Thônes , un plateau de neige glacée de plusieurs -piéds 
d'épaisseur dans le bas, seul endroit où on püt en juger, 
étendu sur le penchant de la montagne et qui remontoit jus- 
qu'au sommet, L'hiver précédent ayant été froid, il étoit 
tombé tellement de neiges, que les chaleurs de l'été n’avoient 


Qgq 2 


308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


pu, à beaucoup près , les fondre , chose jusqu'alors sains exemple; 
car les habitans les plusâgésne se rappeloient pas d’avoir jamais 
vu les neiges durer plus tard que la fin de juin. Je jugeai que 
cet amas de neige glacée pourroit bien devenir le noyau de 
formation d'un glacier du second genre (1) : en eflet ; l'année 
suivante, lorsque jy retournai dans le courant de juillet, je 
trouvai que les neiges Join d’avoir diminué avoient, plutôt 
augmenté , ensorte que l'existence nouvelle d'un glacier sur 
cette montagne me paroît très-probable. ‘ DD € 

En approchant du sommet, la pierre prend un caractère 
Gssile qu'elle n’avoit pas dans le bas, on rencontre du spath 
calcaire dodécaèdre bien cristallisé, plusieurs fragmens de grès 
dont il existe au reste un banc à la hauteur de, 1166 toises 
au-dessus dela mer: Je-n'ai point su y voir les rognons de 
silex. si communs surle mont Pormonaz. Ce qui constitue 
le point le plus élevé de la Tournette ; est. un rocher bien 
remarquable. Il est à-peu-près circulaire, haut.de 94 pieds, 
et de 145 de diamètre. Il est tout-à-fait isolé sur un point 
de l’arête qui forme: la sommité de la montagne; il est coupé 
à pic à-peu-près également de tous les côtés. On ne parvient 
sur le sommet qué: par des escaillers taillés dans le roc du côté 
de l'est-nord-est., C'est sans. doute la position en vedette de 
ce rocher qu’on apperçoit de toute part dans.le pays, qui a 
valu à la :montagnele nom qu’elle porte. On jouit depuis ce 
- poste d'une vue fort étendue et des plus intéressantes. A l’est, 
le centre de la grande chaîne et toutes les secondaires qui lui 
sont. suceessivement accollées ; au sud-est,.les montagnes de 
la Tarentaise et de la Maurienne ; au sud-ouest , celles du 
département de l'Isère, la chaîne du Jura au nord:nord-ouest , 
et le lac de Genève au nord. L'on voit sous ses pieds et à vue 
d'oiseau, tout le lac d'Annecy et les belles campagnes qui le 
bordent. La vue du côté de l'ouest, vers le Lyonnois se porte 
très-loin, car aucune montagne située au-devant de la Tournette 
n'y vient porter ombrage., :: 

Depuis Talloires, la montée de la Tournette est extrémement 


(1)/M. de Saussure a distingué le premier, les glaciers en deux genres. 
Ceux du premier genre sont renfermés dus le fond de hautes vallées presque 
toutes transversales, qui se versent dans les basses vallées longitudinales , 
tandis qu’ils se terminent vers le haut par de grands culs-de-sac entourés 
de rochers inaccessibles : tels sont ceux qui aboutissent dans la vallée de 
€Chamouni. Les glaciers du second genre, ne sont point renfermés dans des 
vallées ; mais étendus sur les pentes des haules sommités 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 309 


roide, mème dans le bas. On est obligé de tenir des pentes 
gazonnées fort rapides. On traverse ensuite des bois au-dessus 
desquels on entre dans de belles prairies riches en plantes 
alpines. On s'élève ainsi jusqu'à plus des deux tiers de la 
hauteur de la montagne , où l'on trouve un plateau de roches 
calcaires nues et crevassées, qui est dominé à l'est par des 
escarpemens dont les couches fort en désordre, sont fracturées 
dans plusieurs endroits. C’est cependant par là qu'il faut grimper 
pour atteindre le sommet, entreprise pénible et qui n’est même 
pas exempte de tout danger. Je mis six heures pour arriver 
jusqu’au plateau, où l’on trouve un chalet appelé Cassay , et 
trois ensuite jusqu'au sommet. Je conseillerai toujours aux per- 
sonnes qui voudront aller sur la Tournette, de prendre le chemin 
de T'hônes préférablement à celui de Tailoires. 

La Tournette est une montagne très-riche en plantes. Dans! 
les pâturages où sont les granges sur Thônes , j'y ai trouvé les 
suivantes: Polysala chamæbuxus , Alchemilla alpina , Orchis 
odoratissima Satyrium viride; de là en montant au sommet, 
Wilene acaulis, Pinguicula alpina , Ranunculus nivalis , 
ÆAnemone baldensis, Saxifraga androsacea , oppositifolie , 
Salix herbacea, reticulata, Statice armoria, Ornithogalum 
Jistulosum, plante découverte par M. Ramond, dans les Pyré- 
nées , et qui étoit alors nouvelle pour moi. Dans les prairies 
au-dessus de Talloires, Pediculartrs foliosa, Aconitum anthora, 
Veratrum album, Thesium alpinum var; plus haut, Dianthus 
alpinus, Arnica scorpioides, etc., etc. 

Depuis Thônes au grand Bornand il n’y a pas plus de 3 lieues; 
on en compte cinq jusqu’au bourg du petit Bornand, où l'on 
arrive aussi par la vallée de Thorens. En traversant une mon- 
tagne qui domine le bourg du petit Bornand;, on peut se rendre 
dans un jour de Thorens aux granges de Solaison, sur le mont 

- Brison, et descendre même jusqu'à la Bonneville. 

C’est en traversant les chaines de montagnes dans toutes 

les directions qu’on apprend à les bien connoître. 


310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


ss 7 A Pa! ET: 


Elévation en toises et millièmes d 
de toises au-dessus du niveau s 
de la mer, À 

PER nt —, | D 

Suivant Suivant k 
Dezruc. TREMBLEY. 


SITUATION | ÉPOQUES 
DÉNOMINAT. des 
TOPOGRAPHIQUE. 
OBSERVATIONS. 


aimexduo y, 


Département du Léman. 


(a) SALÈVE. Montagne à nne £ I. 
S-E. de Genève. 


Coin (le). Village au pied da PROD 1809, 5h.|+-160,75| 328,333 331,833 
mont Salève, arrond. os. : 
de Genève, canton de 
Collonge. 


Petit-Salève (1).! Montagne, sommet. {2x juin 18or, xb.|+15e,91 | :450,833 466,500 


Grange des 13 21 juin 18or, |+120,13] 591,833 601,500 
Arbres (2). 10h. m. 

Le Grand-Pi-] Sommité du mont|25 juint8o2,2bs.|+190,17| Go7,166 710,666 
ton (3). Salève. 


&)Vorrons(les)| Montagne, à à 1. E. 
de Genève. 


Lussinge. Village au pied des|30 ‘sept. 18ot ,|+ 90,25 
FVoïrons, arrond. de| ‘7h.m. 
Genèvé, canton de 
Chéne. 


Sommité mé- 30 sept. 18or ,|+130,92 
M # 


} 727,900 
rid. des Voirons. 1h. 50 


des Voirons, dite 


le Calvaire (4). 


(c) VALLÉE 
D'ABONDANCE. 
Axrônd. de Thonon, |16 sept. 1799, 443,833 449,333 
canton d’Evian, entre] 8 h.m. 
déux ruisseaux de la 
Dranée, à 2 LE. de 
le Biot. 


709,333 723,166 
Q tes entre la Fran- 
ce et le Valais. 


a æ— 


( 
(CP LE PROCESS TITRE ET ET ESA 


Croixdeslimi- 16 sepe 1709 , 159,06 
2h. s. 


Sommité nord 30 sept. 1801 ,|119,00 752,166 
i 4h. 15/5. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 31x 


Elcvation en toises et millièmes 


SITUAÏION EPOQUES Ê S a touts au-dessus du niveau 
£ CRE de Ja mer 
É|DÉNOMINAT. e FRE: ? 4 
TOPOGRAPHIQUE. 3 2 Suivant Suivant 
DEPERMAMIONSS É Drezuc. TREMBLEY. 


(d) Môze. Montagne, à 5 1. S-E. 


de Genève. 


Hi) Chalets de la 
FIChiarre (1). 
[ 


H} Chalets dela 
P|Tour (2). 


614,166 G25,333 


28 juin 18or, 2b.|+17°,33 
15’ s. 


28 juin 1801, |+120,68| 530,363 743,666 
8 b. m. 


Chalets d’Aïsle 9 août 1799, |+14°,27| 760,333 784009 
3). 5 b. m. 
Sommité de la 9 août 1709, |+159,63| 937,833 957,666 
17 h. m. © Er] 
De LA 
28 juin 1801, |+130,15} 943,666» © =| 962,666 5e 
10 h. 30’ m. . HE EX 
Loi 
= 
28 juin 1801, |+13°,20| 941,833 = 961,833 
12 h. 
Bonneville (5).| Ville; chef-lieu d’ar-|8 août 1709, 1ah.|+21°,80| 225,166 225,833 


rond. et de canton, 
sur l’Arve, à 3 I. : 
N-0. de Cluses. 


N| (e) VALLÉE De 
QITANINGE. 


24 juillet 1807 ,|+15°,40| 352,333 356,166 
12h. 


Samoin. Bourg ; arrond. de 
Bonneville, chef-lieu 
de canton, entre les ri- 
vières de Valentine et 
de Cläirieu, près de la 
Gifre. 


Sixt (6). Village ; arrond. de|24 juillet 18o1,|+190,35| 385,166) . 386,333) 
Bonneville, canton de| 7 h. 30's. ë a Oo 
Samoin, à 1 1. +E. de ES ÊZ| 
la source de la Gifre. 52 SH 

ss E = 

Ibidem. pol 380,500) & 


25 juillet 1801,|+149,82| 383,833 
12 h. 15”. 


(4) D’après M. Deluc, ouv. cité, PSE CR don een rome 947,666 
D'après M. Pictet. Joy. carte des environs de Genève... 040,333 
(5) D’après M. de Sanssure, Voyages aux Alpes, À 441..... 226,666 


M1. (6) D’après M. Deluc, ouvrage cité, 

ASS 645 et 757. 25 août 1765, 110,66 374,666 
Le même .2:...-2 0006 2200 24, 25, 26 août 374,833 

1770. 


312 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Elcvation en toises et millièmes | # 
de toises au-dessus du niveau 
de la mer, 

ni 


Suivant Suivant 
: 
Dezuc. TREMBLEY. 


SITUATION | EPOQUES 


|DÉNOMINAT. de 
TOPOGRAPHIQUE. 
OBSERVATIONS. 


auuaÂOuUt 
oame1oduo j, 


| 


(f) Brisow(r).| Montagne ; à 5 I. Lé juillet 1800 Lisa 
de Genève, située à| 7h. s 


l'O. S-0. du Môle. 


940,833 972,833 


A|(g)Venci(mont)| Chaîne dé monta- 
gnes dirigée du N-E. 
au S-0O., derrière le 
Brison. 


Col de VEn-| Vers l'extrémité N-| 16 août 1799, |+140,22/1019,000 100,500 
\|crenaz. E. de la chaîne. 11 b. m. 


2| Lac Bénioude| Au pied des escar-| 17 août 1799, |+180,48| 729,333 743,000 
| Saxonnex. pemens du col del’En- 1h. 

crenaz , sur le revers 

occidental. 


Autre col du | A-peu-près au mi-[25 juillet 1800, +180,50|1180,833 1208,333. 
mont Vergi. lieu Fa la AA de} 2h:5s. 
la chaine, 


Lac Lessy. Extrémité S-O. de! 15 août 1799, |+129,95| 865,500 884,166 
la chaîne, revers occi- 6 b. m. 
dental. 


(h) VazzéE pu 
RErosoir, et 
montagnes au- 
dessus de Sar- 
LANCHES, 


Chartreuse du 15 août 1709, |+160,62| 530,833 539,833 
5h.s. 2 


a D 


535,444 


26 juillet 1800,!+140,67| 526,500P © ®| 535,166 
9 h. m. 


29 juillet 180o71,|+ 92,61| 523,500 531,333 
5 h. m. 


Haut: mo 


Point-de-Chä-| Montagne au-dessus! 26 pee 1800, +14990 158,833 ) . _ |1296,833 
teau : sommité.|de Sallenches. 4h. < 
23 jui 1807 ,|+-120,45 1259,666 » ; .S |1282,500 
oh 


23 juillet 1807 ,|+139,90|1262,000 1287,500 
11h. m. 


Chalets de 22 juillet 1801 ,|+120,83| 880,183 896,833 


eiri, 7 b.s 


| (x) D’après M. M.-A..Pictet, carte des environs de Genève. 943,000 


OBSERVATIONS. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 
BrEte Es RER TER ETATS; ER PEER ER DRRPRE PEE PMTS EE T S 
À a —_— Gr _— ne | 
4 3 [Elévation en toises et milliemes l 
r EPOQUES 5 © de toises au-dessus du niveau 
£ SITUATION Q SE 
DÉNOMINAT. des RUES ER DONS EE EE 
+ TOPOGRAPHIQUE. E 5 
8 


Village ; arrond. &el 
onneville, canton dé 


Naney-sur-Clo- 
i 
ses. 


ut «0 UNS Eu 7 tn 


(1) D’après M. Deluc, Rech. sur les modific. de latm., (938, 1559,166 
D'après M. Pictet, Voyage dans les 


de la mer, 
3 Suivant Suivant 
à | c DEzuc. TREMBLEY. 
27 juillet 1800, F1 el 461,166 467833 
B 8 h. m. 
Cluses, à £ LL .S.-de 
Cluses. 
(à) Lac px RoutedeSt.-Martin| 27 août 1801, |+200,50! 402,333 498,000 
HÉDE. à Servoz. 2 b.15"s. 
(X) Buer. Montagne avec un 
glacier. 
Chalets deVilly. nt 1801, |+ 90,50) 947,266 961,666 
. S. 
; Col de co & pre d 1801, |+- 90,65 1270,500 1206,166 
enton ou de Be- « 0, 
rard ? 
Buet : som- 19 août 18or, |+100,51 M | 5 |1596,000) .: © 
mité (1). 9 h. 45 m. 22 A 
2 «© 
ÉN-regs ‘. 19 août 1801, |+-100,30 ares 1619,000} = © 
11h. 20’ m. 
Valorcine, Village ; arrond. de| 13 août 1801, |+1920,16| 622,333 632,833 
Bonneville, canton de 9h. 15’ m. 
Chamouni. 
(2) Varréene 
Caamouxi. 
Prieuré (2). Bourg ; arrond. de| 90 août 180, 199,40! 543,000 552,500 
nneville , chef-lieu] 1h. 20/5. 
de canton. 
+ CNE 18 ut ES ; Fe *40) 1283,166 1309,333 
sommiteé . 12 N. 50. 


CNE AE it ARBRES OT ANR Juillet 1558. +150,50 1580,000 1616,833 
(2) D’après M.de Saussure, Voyages dansles Alpes, (517 524,666 
D'après le résultat moyen de 85 observ. barométriques 
faites par le même auteur. (Voyages aux Alpes, | 2049) 180,61 525,000 534,665 
D’après M. de Saussure fils... 2 août 1787, | +200,50: 527,666 537,166 
12 h. 
2 août 1787, +nosl 534,666 544,500 
2 h. <. 


G) Diapres une estimation consignée dans une carte des envi- 


rons euève, attachée au premier volume des Voyages aux 

Alpes, édit. in-4, 1281,000 
’après'une aut 

jdn MOD IARC See cer LE Ra nan ces ce 2e 1306,000 


Tome LXIY. AVRIL an 1807. arr 


Elévation en toises et millièmes 


È SITUATION EPOQUES E 8 ds nr 10 da niveau 
É|DÉNOMINAT. cts PRES 
HOPOSRSERIQNES 5 à Suivant Suivant 
OBSERVATIONS. © 5 Dre TRE 
PS 
\| ChaletdePlian- 18 août 1801, 120,00! 1052,000 1073,333 
Nipra (1). 10 h. m 
‘ ses d’Ar- FAC 1801, |+130,25} 956,000 975,333 
1'clevé. 4 h.s. 
Chalets de 19 août 1801, |+17°,30|1019,000 1041,333 
R Balme (2). 3h.s. 
K| **Aiguilles au 
EIS-E. de la vallée 
ide Chamouni. 2 
Chalet de Blai- 15 août 1807, |+130,50| 985,000 1006,166 
Ll\tière dessus (3). ENTQUE 
Pied de l’Ai- 15 août 1801, |+110,25| 128,666 1314,666 
flgnille de Blé- 4 h. 5o's. % 
tière (4). 
ë Pied de laig. 16 RE + 90,50 11330,333 1366,666 
Edu midi, 11 h. 50’. 
Hospice du 17 août 1801, |+100,50| 975,166 994,000 
| Montantvert (5), 7h. a0's. 
Le Chapeau. | 17 SH +120,56, 810,833 826,333 
Î 10 h. 30m. 
Pied de laig.|! 17, août 1801, |+180,90 1197,000 1222,000 
du Dru (6). | 3h. 30°s. | ] Î 2 < 
Dépaterment du Mont-Blanc. 
Villaz. Village; arrond. et| 11 août 1799, |+130,20, 381,166 385,833 
canton, nord d'An-|  7h:m. 
necy, à 1 1. de cette 
ville, 
1) D’après M. de Saussure, Voyages aux Alpes, À 644..... 1060,666 À 
a Ces chalets, situés à 162 toises au-dessous du point le plus élevé de la montagne qui 


limite le territoire de la France et du Valais, sont gîtés dans des ardoises grises et brillantes, 
dont les couches sont vertiéales et dirigées à 10° du nord par l’est. Au-dessus des mêmes 
chalets, on voit les sommités des couches d’un roc calcaire très-incliné. 
(3) D'après l'estimation de M. de Saussure, Voyages dans les 
Alpes, À 655 977,666 ©: 
(4) Je dois observer que la hauteur du pied de ces aiguilles ne peut point être déterminée 
d’une manière absolue, parce qu'il, n’y a pas, de point fixe, et que l’on peut s’élever plus 
jou moins vers le corps de ces aiguilles, sur les débris qui sont accumulés à leurs pieds. 
(5) D'après une estimation consignée dans la carte des envi- 
rons du Mont-Blanc (Foy. le 2e v. in-4. des Voyages aux Alpes). 954,000 ? 
(6) La hauteur de ce pic, au-dessus de la vallée de Chamouni, a été mesurée trigono- 
É|metriquement par M. Pictet; il a trouvée de 1422 toises, ce qui donne, pour la hauteur 
absolue au-dessus de la mer , 1956 toises. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315 


Elévation € en toises et millième 
de toises au-dessus du niveau 
de la mer, 


j SITUATION | ÉPOQUES 
LI DÉNOMINAT. Frs 
TOPOGRAPHIQUE. 


Suivant 
OBSERVATIONS. DE 


TREMBLEY. 


oimiezoduue 7, 


[| (o)Poruowaz.| Montagne. 
|Sommité. 11 Te 1799, |+150,22| 919,500 
à 3h.s. 
23 jui 1800 ,|+120,35| 922,833 ! 041,166 
12 b. 
11 Le 1799, |+140,90| 728,333) 742,500) 
10 b. m. 
22 juillet 1800,|+120,15| 741,333 » : 754,000 
7h.s. 
4 
23 juillet 1800,|+11°,62| 741,833 759,333 
8 h. 30° m. 


Annecy; niveau 20 juillet 1800 ,|+12°,30| 229,000 229,666 
du lac (1 1). 6h. m. ‘ 


Talloïres (2). | Bourg; arrond. et|16 sept. 1790 ,|+14°,50| 238,500 239,333 
cant. nord d’Annecy,| 8h. 155. 
au bord du lac. 


y: 


Haut. mo 


dl(p) Tournerre] Montagne. 
El (la) 


Sommité, r7sept.1790,)  |+130,27|1182,000 1207,333 
6h. 52° m. 
(3) 
17sept.1700, +150,30 1190, 166) 
10 h. 40m. 
13 août 1709, |+120,75 183,332?! 
10 h. m. 


1212,666 


1208,500 


Haut. moy. 11g0,211 


LEE 


A 1800 ,|+14°,45 1199,666 1226,000 


h. 10’ m.(4) 

21 juillet 1800 ,|+126,72 
11 h. m. 

12 août 1799, |+120,45, 809,6 
7b.s 

21 juillet 1800,|-110,60, 813,533 } 
7 h. 45's. 

prie 1800 ,|[+ 79,50 835,333, 

h 


say. 


H. moy. er moy. 1213,624 


910,64 


903,333 921,183 


825,166 


2! 829,000 


829,833 


| 

Chalet de Cas- 12 sept, 1799, ro si 882, = Fe Hall 
| ES 
UE 
|" 


Haut. moy. 


Chalets de 17 sept. 1790 ,[+199 | 712,833 727333 
l'Eau (5). tx ue. 25° ne ; , 


(1) D’après une moyenne entre les observ. de MM. de Saus- 

sure et Pictet, Voyages dans les Alpes, 1162. .. 222,666 
D’après M. ’Deluc ; ouvrage cité, Tor. 
(2) D’après une observation commun: 
(3) Observations communiquées pue 
Ne te communiquée par M. M.-A. Pictet. 


316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


MÉMOIRE 


Sur la composition de PAlcohol et de l'Éther sulfurique; 
Par Tnéopore pe SAUSSURE. | 


Lu à la Classe des Sciences Physiques et Mathématiques 
de l’Institut, le 6 avril 1807. 


S Ier, 


Les moyens propres à faire connoître les proportions des 
derniers élémens des végétaux sont encore si incertains ou si 
mal déterminés, que toute recherche sur ce sujet, doit offrir des 
observations utiles, quel que soit le corps auquel elle s’applique. 
La théorie de la fermentation ne sera connue que par l’analyse 
de ses produits , et l’alcohol tiendra toujours dans ces derniers, 
une place importante. 

Le changement qu'éprouve cette liqueur, pour se trans- 
former en éther, a occupé les plus habiles chimistes. Les uns 
ont attribué à l’éther plus d'oxigène et moins de earbone, qu'à 
l’alcohol (1); d’autres ont adopté une opinion contraire. (2). 
Ces déterminations opposées sont fondées sur des considéra- 
tions indirectes, et la question qui nous occupe resteroit indé- 
cise , si elle n'étoit soumise à un examen plus approfondi. L'on 
peut y parvenir par deux procédés différens : l’un consiste à 
analyser le résidu que laissent l’alcohol et l’acide sulfurique 
après la séparation de l’éther; mais ce résidu, qui est formé 
de plusieurs substances différentes et très-composées, nous offre 
dans son examen un travail immense et plein de difficultés. 
L'autre procédé se borne à analyser l’alcohol et l’éther, et à 
déduire de Jeur différence les changemens qu'ils ont subi pour 


(1) Annales de Chimie, & XXIII, p. 45. 
(2) Statique chimique, par Berthollet, vol. Il, p.532. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 317 


leur transformation. J'ai choisi cette dernière route; elle a 
l'avantage d’être plus facile et de nous donner des connois- 
sances plus absolues sur la composition de ces deux substances. 
L'opération par laquelle je les ai analysées consiste princi- 
palement à les changer par une addition d’oxigène , en eau 
et en gaz acide carbonique, et à estimer, d'après la consti- 
tution connue de ces deux derniers composés, les quantités 
de carbone, d'oxigène et d'hydrogène , contenues dans l’alcohol 
et dans l’éther. 
. Les proportions des élémens de l’eau et du gaz acide carbo- 
nique n'ont pas été fixées avec une précision telle qu’elles ne 
puissent laisser aucune inceritude, et je n'aflirmerai pas que 
celles que j'ai adoptées, et que je vais exposer, soient préfé- 
rables à telle autre évaluation. Il sera facile de changer sur 
ce point, les derniers termes de mes analyses , en considérant, 
1° le volume de gaz oxigène que j'ai fait disparoître par la 
combustion d’un poids déterminé d’alcohol ou d’éther; 2° le 
volume de gaz acide carbonique qui s’est produit en même 
temps. Ces deux déterminations seules sont l'expression fon- 
damentale et importante de mes résultats. J’ai admis dans 
toutes les expériences qui suivront, 
1° Que 100 parties d’eau contiennent en poids 88 parties 
d'oxigène, et 1# parties d'hydrogène, en négligeant les frac- 
tions; 
2° Que deux parties, volume de gaz hydrogène , en saturent 
une de gaz oxigène pour former de l’eau; ] 
3° Que 1000 pouces cubes de gaz hydrogène pèsent à 28 
ouces du baromètre , et à 10 degrés du thermomètre de 
éaumur, et au terme de la sécheresse extrême, 34, 305 grains; 
4° Que 1000 pouces cubes de gaz oxigène pèsent, dans les 
mêmes circonstances, mais au terme de l’humidité extrème, 
512,37 grains; 
5° Que 1000 pouces cubes de gaz acide carbonique, pèsent, 
dans les mêmes circonstances que le gaz précédent, 693,71 
grains ; 
6° Que le gaz acide carbonique contient un volume égal au 
sien, de gaz oxigène; 
7° Que 100 parties en poids de gaz acide carbonique , an 
terme de l’humidité extrême, contiennent 26 parties de car- 
bone , en négligeant les fractions (1). 


a 


(1) Puisque le gaz oxigene ne change pas notablement de volume en se 


318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


L’alcohol dont j'ai fait usage pour l'analyse, est celui que 
MM. Lowitz et Richter ont désigné sous le nom d’a/cehol 
absolu, et qu'ils nous ont appris à préparer. Il a une pesanteur 
spécifique égale à 0,792, sous une température de 16 degrés 

u thermomètre de Réaumur. J’ai obtenu cette liqueur en 
distillant de l'esprit de vin commun sur la moitié de son poids 
de muriate de Lee desséché à une chaleur presque rouge, 
et en ne retirant que la moitié du liquide employé pour cette 
opération. Le produit étoit encore un peu aqueux. On l'a 
rectifié de nouveau en le distillant avec son poids de muriate 
de chaux, et en ne recueillant que la moitié du liquide soumis 
à cette seconde distillation. 

Comme dans un travail aussi difhicile que celui que j'ai entre- 
pris, on ne peut espérer d'atteindre la vérité, qu’en parvenant 
aux mémes résultats par des routes différentes, j'ai cherché 
à décomposer d'A GEUL par trois procédés : 

Dans le premier, j'ai brülé l’alcohol , à l’aide d’une lampe, 
sous un récipient rempli d’un mélange d'air commun et de 
gaz oxigène, ainsi que l’avoit fait Lavoisier (1), et j'ai examiné 
les produits de cette combustion. Cette analyse est celle qui 
m'a donné les résultats les moins précis. 

Dans le second procédé, j'ai opéré la décomposition de 
V’alcohol, par la détonation instantanée de la vapeur élastique 
ou gazeuse de cette liqueur avec du gaz oxigène, dans un 
eudiomètre de Volta. 

La troisième analyse a été faite par la décomposition de 
l'alcohol , dans un tube de porcelaine incandescent. 


convertissant en gaz acide carbonique, la différence de poids , qu’on trouve 
entre ces deux gaz à volume égal, doit donner la quantité de carbone que 
contient l’acide carbonique. 

D'après mes expériences , 100 pouces cubes de gaz acide carbonique, 
PES EEE RC I 00 7er 

100 pouces cubes de gaz oxigene . . . . . . 51,257 


Différence. . . . 18,134 

Donc 69,371 grains de gaz acide carbonique contiennent 18,134 grains 
de carbone, et en faisant la proportion 69,371 : 18,154— 100 : x, on trouve 
que 100 parties en poids de gaz acide carbonique contiennent 26, 14 parties 
de carbone. 

J'ai employé dans ce Mémoire les anciennes mesures de Paris, pour 
rendre mes résultats plus facilement comparables à ceux qui ont été obtenus 
par d’autres physiciens. 


(1) Journal de Physique, vol. XXXI, p. 55. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 319 


« S IL. 


Analyse de l'Alcoho! par sa combustion lente en vase clos. 


La lampe que j'ai employée pour brüler l’alcohol , est un 
tube de verre gradué et fermé à son extrémité inférieure : il 
a 6 pouces de haut, et 3 lignes de diamètre intérieur. La 
mèche est un faisceau mince et cylindrique d'amianthe; elle 
traverse une plaque de métal placée sur l’orifice du tube, et 
se trouve ainsi maintenue dans l'axe de ce dernier. J'ai dé- 
terminé , par des observations préliminaires, les poids d'alcohol 
qui correspondoient à toutes les divisions du tube, et j'ai pu 
dès-lors connoître, par la seule inspection de la colonne liquide 
dans la lampe, sans la sortir du récipient et sans la peser , 
le poids d'alcohol qui y avoit été consumé au moment de son 
extinclion. 

J'ai préféré ce procédé à celui qu'a employé Lavoisier, et 
qui consistoit à peser la lampe avant et après l'expérience. En 
opérant ainsi, on ne pouvoit sortir la lampe du récipient pour 
la peser et pour analyser l’air qu'il contenoit, qu'après le re- 
froidissement de ce dernier ; car l'observation de la diminution 
du volume de l'air, par la combustion, est une détermination 
essentielle. Ce refroidissement exige environ une heure, et 
pendant cet intervalle, la température très-élevée , qui règne 
sous la cloche, volatilise une quantité considérable d’alcohol 
qui, par lé procédé de Lavoisier, restoit confondue avec le 
* liquide qui avoit disparu par l'effet de la combustion. 

Ma lampe qui portoit sur sa mèche un atome de phosphore, 
a été placée avec un thermomètre sous un récipient fermé par 
de l’eau (1), et rempli à moitié d’air commun : j'y ai ajouté 
du gaz oxigène ; le mélange occupoit 651 pouces cubes, à 
27 pouces du baromètre, et à 17 degrés du thermomètre de 
Réaumur. Il contenoit avant la combustion, d’après l’analyse 
par l'eudiomètre de Volta, 


228, 25 pouces cubes de gaz oxigène. 
422,75 de gaz azote. 


— 


651 


a ————— — ———————————————"— "—————————— —— 2 


(x) Dans l'expérience de Lavoisier, le récipient étoit fermé par du mercure. 


320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


La lampe allumée au soleil à l’aide d’une lentille, a con- 
sumé 55 ! grains d'alcohol. Une heure après son extinction, 
le thermomètre placé sous la cloche, étant reÿenu à 17 degrés, 
l'air qu'elle contenoit s’est trouvé réduit à 599 pouces cubes, 
qui, ayant été analysés par l’eau de chaux et par l’eudiomètre 
de Volta, se sont trouvés composés de 


77; $7 pouces cubes de gaz acide carbonique. 


98, 42 de gaz oxigène. 
422, 71 de gaz azote. 
599 


Je remarquerai que la quantité de gaz acide, qui ne formoit 
que la : partie du volume de l’air résidu, étoit trop petite 
pour pouvoir être absorbée sensiblement par l'eau qui fermoit 
le récipient , à la température élevée où cette expérience a été 
faite, et dans le court espace de temps compris entre la com- 
bustion et l'examen eudiométrique. Je me suis assuré de la 
vérité de cette assertion par une expérience directe. D'ailleurs 
jai trouvé de l'avantage à subsistuer l’eau au mercure, pour 
fermer le récipient, parce qu'il y a toujours une petite quan- 
üté d'alcohol qui se vaporise sans se brûler pendant la com- 
bustion elle-même. Lorsqu'on soulève le récipient, immédia- 
tement après la combustion, et pendant qu'il est plein de 
fumée, on trouve que cette dernière répand une odeur alcoho- 
lique. Ces vapeurs, qui ne s’enflamment point, parce qu’elles 
sont en grande partie aqueuses , se condensent bientôt dans 
l'eau de la cuve; mais elles dilateroient , en raison de l’al- 
cohol qu’elles contiennent, l'air du récipient, méme après 
son refroidissement , s’il étoit fermé par du mercure. ra 

Lorsqu’on applique le raisonnement ingénieux de Lavoisier , 
aux résultats de cette expérience , on voit que 35 : grains 
d'alcohol emploient pour leur combustion, 129,83 pouces 
cubes de gaz oxigène , en formant 77,87 pouces cubes de gaz 
acide carbonique. Le résidu liquide de la combustion de l’al- 
cohol, est de l'eau à-peu-près pure. Ainsi le gaz oxigène que 
jai consommé, déduction faite des 77,87 pouces cubes de ce 
8aZ, qui sont entrés dans la composition de 77,87 pouces 
cubes de gaz acide carbonique, a été condensé par l'hydro- 
gène de l'alcohol, dans la proportion qui forme l'eau; donc 
129,83 — 77,87—51, 096 pouces cubes de gaz oxigène, ont 
condensé un volume double de gaz hydrogène, soit 105,92 
pouces cubes de ce dernier. si 

i 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. Bar 


Si l’on réunit le poids du cärbone contenu dans le gaz 
acide carbonique produit par la combustion, au poids du 
volume de gaz hydrogène que nous venons de désigner, on 
trouve que la somme de ces deux élémens ne représente 
environ que la moitié de l’alcohol consumé. Le déficit ou 
les autres produits de l'analyse, ne peuvent exister dans le 
résidu aériforme , dont les élémens et le poids nous sont 
exactement connus; ils doivent donc se retrouver dans le ré- 
sidu liquide que nous avons dit n'être autre chose que de l'eau 
presque pure, mais que nous n'avons pu peser à cause de 
Sa dispersion dans l'appareil. La partie de l'hydrogène de 
l’alcohol, qui ne s’est pas combinée à l'oxigène que j'ai ajouté, 
s'est donc réunie à l’oxigène contenu dans cette liqueur, pour 
former une quantité d’eau que nous évaluons par le poids du 
déficit dont je viens de parler. En faisant exactement ce calcul, 
et en réduisant par des règles de proportion l’analyse à 100 
parties d'alcohol, on trouve qu'elles contiennent, 


36,89 parties de carbone. 


9, 365 d'hydrogène. 
pes d'oxigène et d'hydrogène, dans la 
7 proportion qui forme l'eau. 


—— 


100 
: 


En substituant à l’eau ses élémens , 100 parties d’alcohol 
contiennent , 


36,89 parties de carbone. 


15,814 d'hydrogène. 
47,296 d’oxigène, 
100 


Nous verrons qu'il faut comprendre dans les produits de 
cette analyse, une petite quantité d'azote, car j'ai trouvé de 
l'ammoniaque dans l’eau formée par la combustion de l’alcohol. 
(l’oyez le $ IV.) 

J'ai répété trois fois cette opération, avec des résultats à 
très-peu-près semblables ; ainsi je ne crois pas avoir commis 
d’autres erreurs que celles qui dépendent du procédé lui- 
même, et qui est moins exact que ceux que je décrirai dans 
la suite. Je dois toutefois comparer cette analyse avec celle que 
Lavoisier a faite par le mème procédé, à quelques nuances 
près dans le détail. 


Tome LXIV. AVRIL 1807. ss 


522 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Pour réduire nos résultats à des expressions comparables , 
et dégagées des évaluations diflérentes que nous avons suivies 
pour la composition de l’eau et du gaz acide carbonique, je 
dirai que d’après l'expérience de Lavoisier, le baromètre étant 
à 28 pouces, et le thermomèétre de Réaumur à 10 degrés , 
10 grains d’alcohol consomment 23,56 pouces cubes de gaz 
oxigène , en formant 10,194 pouces cubes de gaz acide car- 
bonique , tandis que d’après mon expérience, 10 grains d'al- 
cohol consomment 34,111 pouces cubes de gaz oxigène, en 
formant 20,455 pouces cubes de gaz acide carbonique, sous 
une pression et une température semblable aux précédentes. 

Lavoisier n’a point donné la pesanteur spécifique de l'alcohol 
qu'il a employé. L'on a supposé qu'il avoit dû prendre l'alcohol 
reconnu de son temps pour être le plus pur, et tel que Brisson 
l’a indiqué dans ses T'ables, c’est-à-dire avec une pesanteur spé- 
cifique de 0,829. Elle indique un mélange de 85.63 parties 
d'alcohol absolu , et de 14,37 parties d'eau, suivant les expé- 
riences de Richter, dont j’ai constaté l'exactitude. Mais je 
trouve qu'en retranchant cette proportion d’eau de l'esprit de 
vin de Lavoisier , et qu’en adoptant d’ailleurs les résultats de 
son expérience, 10 grains d’alcohol absolu consommeroient 
27,518 pouces cubes de gaz oxigène, en formant 11,904 pouces 
cubes de gaz acide carbonique. Cette correction laisse donc 
toujours une grande différence entre nos observations. 

Je dois prévenir une objection que l’on fera sans doute 
contre l'espèce d'alcohol que j'ai analysée , et qui avoit été 
rectifiée deux fois sur du muriate de chaux. Quelques chi- 
mistes ont avancé que l'esprit de vin rectifié sur ce sel, acquiert 
des propriétés qui le rapprochent d’un éther. J'ai donc cherché 
si l'esprit de vin rectifié par la simple distillation, et sans 
addition, fournit par sa combustion des résultats semblables 
à ceux de ma premiére analyse, à l'exception d’une quantité 
d'eau correspondante à celle que la différence des pesanteurs 
‘indique dans ce dernier. 

J'ai rectifié de l'esprit de vin commun par trois distillations 
successives, sans addition de muriate de chaux, et'en ne 
retueillant que les premiérs produits de chaque opération. J'ai 
réduit ainsi cette liqueur à une pesanteur spécifique de 0,8248, 
à 15 deprés du thermomètre de Réaumur. L'expérience de la 
combustion de cet esprit de vin a été disposée comme la pré- 
cédente. L’atmosphère dans laquelle la lampe a été placée, 
°Ccupoit à 27 pouces du baromètre, et à 15 : degrés du ther- 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323 


momètre de Réaumur , 638 pouces cubes qui étoient composés 
de 204 pouces cubes de gaz oxigène et de 434 pouces cubes 
de gaz azote. Cette atmosphère a été réduite par la combustion 
de 53 grains d'esprit de vin, à 598 pouces cubes, qui con- 
tenoient , s 

62,79 pouces cubes de gas acide carbonique. 

99, 12 de gaz oxigène. 
436,09 de gaz azote, 


On trouve d’après ces résultats, que 100 parties d’esprit de 
P q P 


vin, doué d’une pesanteur spécifique égale à 0, 8248, can- 
tiennent, 


52,24 parties de carbone. 
8,23 d'hydrogène. 
59, 53 or ci d’hydrogëne , dans la 


proportion qui forme l'eau. 


—— 


100 


La Table de Richter indique que 100 parties d'esprit de 
vin d’une densité égale à 0,825, contiennent 12,8 parties d'eau. 
Si l’on veut déduire de ces résultats la composition de l’alcohol 
absolu , il faut subsistuer 59, 55— 12,8 — 46,75 au nombre 
59,53 dans l’analyse précédente. La somme de ses élémens est 
alors réduite à 87,2 parties qui représentent l'alcohol pur, et 
qui contiennent, en faisant le calcul pour 100 parties, 


36,97 parties de carbone. 


15,87 d'hydrogène. 
47,16 d'oxigène. 
100 


La conformité de ces résultats, avec ceux de ma premiére 
analyse, prouve évidemment que l'esprit de vin rectifié sans 
addition , est identique dans ses principes essentiels, avec 
l’alcohol, qui n'a été rectifié que deux fois sur du muriate de 
chaux. D'ailleurs cette dernière liqueur n’a aucun des carac- 
tères de l'éther; elle conserve les propriétés de l’alcohol, telles 
que celle d’avoir une odeur foible, propre à l'esprit de vin 
et nullement éthérée. L’alcohol absolu se combine à l'eau dans 
toutes les proportions; il subit dans ses combinaisons avec ce 
liquide des changemens de densité, à très-peu-près correspon- 


Ss 2 


324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
dans à ceux qu'éprouve l'esprit de vin ordinaire (1); il a un 
degré d’expansibilité très-petit, et qui n’approche point de 
celui qu'a l’éther le moins rectifié. L'alcohol absolu forme 
dans sa combustion un peu de suie, mais seulement lorsqu'on 
le fait brûler avec une flamme épaisse et étouflée. L'esprit 
de vin obtenu par la simple distillation, en fournit aussi dans 
la même circonstance , mais moins abondamment , parce qu'il 
est moins concentré. L’éther forme ou ne forme point de 
suie, suivant le plus ou le moins d’accès donné à l'air atmos- 
phérique pendant la combustion. Ainsi le caractère que l’on 
voudroit tirer de la présence de la suie, pour distinguer ces 
liqueurs, n’est point essentiel. fie à 
Je n’aflirmerai pas cependant que l’alcohol qu'on distilleroit 
un beaucoup plus grand nombre de fois, sur du muriate de 
chaux, ne contint une quantité sensible d’éther; car j'ai vu, 
après avoir distillé deux fois, une livre d'esprit de vin sur 
son poids de muriate de chaux, que ce sel redissous dans 
l’eau, déposoit sur le filtre une substance noire qui indiquoit 
la décomposition d'une petite quantité d'alcohol; mais cette 
teinte noire étoit impondérable, et l'on doit conclure de ce 
résultat et des précédens, que la quantité de l’alcohol dé- 
composé peut être négligée. 


$ III. 


Analyse de l'Alcohol par la détonation de sa vapeur 
élastique , avec du gaz oxigène. 


J'ai remarqué dans l’analyse précédente, que l’alcohol répand 
en brülant dans une lampe , sous un récipient fermé, une 
fumée qui a l'odeur alcoholique ; ainsi il est bien probable 
que tout le combustible qui disparoît dans la lampe ne se 
brûle pas. J'ai cherché un procédé qui produisit une com- 
bustion complète de l’alcohol, et j'y suis parvenu en faisant 
détoner sur du mercure, et par l'étincelle électrique, un 


(1) Je suppose, toutefois, qu’on ajoute à l’alcohol absolu , la quantité d’eau 
qu lui manque pour avoir la densité de l’esprit de vin rectifié par la simple 

istillation. Comparez les changemens de pesanteur spécifique de l’alcohol 
absolu , dans son mélange avec l’eau (Richter die neueren gegenstande der 
chemie) et les Tables de Blagden et de Gilpin. (Zrensactions philosoph. 
an 1700 et 1794.) 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 325 


mélange de la vapeur élastique ou gazeuse de cette liqueur , 
avec du gaz oxigène , dans un eudiomètre de Volta. 

Cette opération appliquée à l’analyse de l’alcohol présente 
un procédé assez compliqué. Il requiert la connoïissance du 
poids de la vapeur alcoholique , sous une température et une 
pression donnée; il exige qu'on détermine l’augmentation de 
volume qu'acquiert le gaz oxigène par la présence de la vapeur. 
Il faut que l’opération se fasse à une température qui excède 
le 15° degré du thermomètre de Réaumur, pour obtenir des 
résultats suflisamment prononcés ; et que cet instrument ne 
varie point , non plus que le baromètre , dans tout le cours 
de l'expérience, qui exige de l'habitude et de la célérité dans 
plusieurs de ses manipulations. 

J'ai lavé à différentes reprises avec de l'alcohol, l'intérieur 
d'une grande vessie, en y laissant long-temps séjourner ce 
liquide , afin qu'il la dépouillât de toutes les parties solubles 
qu’elle pouvoit contenir, car elles auroient diminué l’expan- 
sibilité de l'alcohol. Lorsqu'il en est sorti parfaitement pur, 
elle a été remplie aux trois quarts d'air atmosphérique : j'y 
ai ajouté deux onces d’alcohol ; elle a été fermée par un ro- 
binet.. L'air qu’elle contenoit s’est dilaté par la formation de 
la vapeur alcoholique. J'ai adapté , au bout de dix-huit heures, 
à ce robinet, un ballon vide d’air , et destiné à peser les gaz. 
Les communications ont été établies, et l'air dilaté a passé seul, 
et sans alcohol liquide , dans le ballon de verre qui a été pesé 
avant et après cette introduction, le thermomètre étant àiy 
degrés, et le baromètre à 26 pouces 9 lignes pendant ces opé- 
rations et celles qui suivirent. 

J'ai trouvé, par ce procédé répété deux fois dans ces cir- 
constances, que 1000 pouces cubes d'air atmosphérique, dilaté 
par la vapeur alcoholique, pèsent 435,78 grains; 1000 pouces 
cubes de l'air atmosphérique, employé pour cette expérience, 
pesoient avant l'introduction de l’alcohol, 424,5 grains.: 

Pour mesurer la dilatation que l'air avoit subie par la vapeur 
alcoholique, j'ai employé la formule de M. Dalton (1), et j'ai 
fait passer dans un baromètre une goutte d’alcohol , elle a 
fait baisser le mercure de 20 : lignes qui expriment la force 
élastique de la vapeur dans le vide. En appliquant ce résultat 


à la formule re dans laquelle »p— 26 pouces 9 lignes, et 


QG) Biblioth. Brilanniq., Sciences et Arts, vol: XX, p. 547. 


326 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


f=20! lignes, on trouve que le volume de l'air non dilaté 
étant égal à 1, il devient égal à 1,0682 par la vaporisation 
de l’alcohol, et en faisant la proportion 1, 0682 : 1 = 1000 : æ, 
on conclut que 1000 pouces cubes d’air atmosphérique alcoholisé, 
contiennent 956, 14 pouces cubes d'air atmosphérique pur. Ces 
derniers pèsent 397,4 grains, et comme la vapeur alcoholique 
occupe le même espace que l'air dilaté par elle, il suit que 1000 
pouces cubes de vapeur alcoholique pure pèsent 433, 78—397,4 
grains — 36, 38 grains. 

Je n’ai pas besoin de rappeler que, d’après les expériences 
de Dalton, les vapeurs se répandent en méme quantité dans 
tous les gaz qui n’ont pas d’action chimique sur elles (1). 
J'ai choisi l'air atmosphérique pour trouver le poids de cette 
dernière, parce que je n’aurois pu employer le gaz oxigène 
pur en grande quantité qu’au terme de l'humidité extrême, 
et que s'il étoit venu à se dessécher , ou si l'air extérieur 
avoit pu pénétrer dans l’intérieur de la vessie, il en seroïit 
résulté des erreurs dans l’estimation des poids : d’ailleurs j'ai 
fait cette expérience avec du gaz oxigène, et le résultat ne m'a 
offert qu'une légère différence qui tenoit aux causes que je 
viens d'indiquer. : 

Pour opérer la combustion de la vapeur alcoholique, j'ai 
préparé du gaz oxigène alcoholisé, en faisant passer quelques 
gouttes d’alcohol dans un récipient plein de gaz oxigène qui 
reposoit sur du mercure; j'ai soutiré ensuite hors de ce vase 
l’alcohol superflu qui n’avoit pu se vaporiser, en y introduisant 
du papier sans colle desséché, en le ressortant imbibé d'al- 
cohol au travers du mercure , en répétant cette opération 
jusqu’à ce que le papier ressortit parfaitement sec, et enfin 
en transvasant le gaz dilaté dans un nouveau récipient. Je me 
suis assuré que le papier sans colle ne condensoit point la 
vapeur alcoholique. 

Ce gaz oxigène alcoholisé a été introduit dans un eudio- 
mètre de Volta plein de mercure; mais je n’ai point pu y pro- 
duite d’inflammation par l’étineelle électrique , je nai pas eu 
plus de succès en y ajoutant du gaz oxigène pur dans toutes 
les proportions. La vapeur alcoholique étoit trop rare dans 


(1) J'ai tenu pendant long-temps de l’air atmosphérique en contact avec 
de l’alcohol , dans un récipient fermé par du mercure. Au bout de cinq mois 
Vair n’avoit subi aucune modification sensible; mais au bout d’un an il 
avoit perdu 535 de gaz oxigene. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327 


le gaz oxigène alcoholisé pur, pour pouvoir s’enflammer , et à 
plus forte raison quand on y ajoutoit du gaz page. Lorsque 
j'ai mélé au gaz oxigène alcoholisé, du gaz hydrogène en 
très-petite proportion , l’étincelle électrique a produit une 
combustion complète de la vapeur alcoholique. Le même effet 
avoit lieu si je substituois au gaz hydrogène, une quantité 
impondérable d’alcohol liquide. Les vapeurs vésiculaires, pro- 
duites sans doute par ce dernier, remplissoient les fonctions 
du gaz hydrogène ; mais dans une expérience exacte, cette 
addition d’alcohol liquide ne pouvoit être admise par l’impos- 
sibilité d’en fixer la quantité. 

J'ai donc ajouté à 500 parties volume de gaz oxigène alcoho- 
lisé, 99,2 parties, ou à très-peu-près, un cinquième de gaz 
hydrogène , et j'ai fait détoner le mélange. La combustion, 
en prenant un terme moyen entre trois expériences , a donné un 
résidu qui, étant analysé par l’eau de chaux, et par l’eudio- 
mètre de Volta, a montré qu'il contenoit 342,59 parties de 
gaz oxigéne , et 46,69 parties de gaz acide carbonique. Je fais 
abstraction de l'azote qui se trouvoit mélé en petite quantité 
avant et après la combustion, au gaz oxigène, et qui ne joue 
aucun rôle que l’on puisse apprécier. Je dois observer que 
lorsque j’ai ouvert l’eudiomètre , immédiatement après la dé- 
tonation , et pendant qu'il étoit plein de fumée, celle-ci s’est 
trouvée absolument inodore. 

Les 5oo parties de gaz oxigène alcoholisé ne contenoient 
avant l’inflammation , et en raison de l'expansion de la vapeur 
alcoholique, que 468,07 parties de gaz oxigène. La vapeur 
alcoholique et le gaz hydrogène ajouté, ont donc fait dispa- 
roître 468, 07 — 342, 59 — 125,48 parties de gaz oxigène. Le 
gaz hydrogène ajouté, a condensé la moitié de son volume, 
soit %%°— 49,6 parties de gaz oxigène. Les 5oo parties de 
vapeur alcoholique seule , ont donc employé pour leur com- 
bustion , 126,48 — 49,6 — 75,88 parties de gaz oxigène, en 
formant 46,69 parties de gaz acide carbonique, et une cer- 
taine quantité d'eau. 

Lorsqu'on rend les parties désignées ci-dessus égales à des 
pouces cubes, et qu'on substitue aux 5oo pouces cubes de 
vapeur alcoholique, le poids de 18, 19 grains qui leur corres- 
pre » on trouve que 18,19 grains d’alcohol consomment pour 
eur Combustion 75,88 pouces cubes de gaz oxigène, en for- 
mant de l’eau et 46, 69 pouces cubes de gaz acide carbonique. Ces 


e;| 


28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


résultats montrent, à l’aide d’un calcul semblable à celui qui 
a été fait pour la combustion lente de l'alcohol, $ II, que 
100 parties de cette liqueur contiennent, 


42,82 parties de carbone. 

10,18 d'hydrogène. 

4 j#exaene et d'hydrogène, dans la 
Titttttet"Ù proportion qui forme l'eau. 


100 


En substituant à l’eau ses élémens, 100 parties d’alcohol , 
contiennent, 


42,82 parties de carbone. 


15,82 d'hydrogène. 
41,36 d'oxigène. 
100 


Ces élémens peuvent se déduire de l'expression suivante : 
10 grains d'alcohol consomment pour leur combustion 38,54 
pouces cubes de gaz oxigène , à 28 pouces du baromètre, et 
à 10 degrés du thermomètre de Réaumur , en formant de 
l'eau et 25,67 pouces cubes de gaz acide carbonique. 

Cette analyse , dans laquelle tout l'alcohol a été consumé, 
doit étre plus exacte que celle qui a été faite par la com- 
bustion lente, S II. Nous allons montrer qu'il faut comprendré 
dans l’une et dans l’autre une petite quantité d’azote. 


S IV. 
Examen de l'eau produite par la combustion de l'Alcohol. 


Boerrhave et Geoflroy ont reconnu que les vapeurs formées 
parla combustion de l’alcohol , étoient de l’eau. Lavoisier a 
observé, à l’aide de l'appareil imaginé par Meusnier (r), que 
le poids de cette eau étoit supérieur à celui de l’alcohol con- 
sumé. On ne recueille pas par ce procédé toute celle qui se 
produit, parce que cette opération se fait dans des vases ouverts 
où l’air est continuellement renouvelé par un courant rapide 


@) Joyez, pour la description de cet appareil, Lavoisier , Elémens de 
Chimie, t, Il, p. 189; 1° édition. 


qui 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 529 


‘qui entraine hors de l'appareil une certaine quantité de vapeur 
aqueuse, avant qu'elle ait eu le temps de se condenser. Lavoisier 
a recueilli en brûlant 100 parties d'esprit de vin, environ 116 
‘parties d’eau (1). Mon analyse, $ III, montre que ce produit 
aqueux doit monter à 132 parties pour 100 parties d’alcohol 
absolu; mais ce chimiste n'a pas employé cette dernière li- 
‘Queur qui auroit fourni un résultat plus rapproché de mon 
analyse. Comme il est impossible de faire cette comparaison 
avec exactitude , je me suis contenté d'examiner si l’eau pro- 
duite par ce procédé est pure. 

L'eau qu’on retire de l'alcohol, par l'appareil de Meusnier, 

ou plus simplement en faisant brûler ce liquide à l'air libre, 
sous l'orifice d'un récipient de verre qui condense sur ses 
parois les vapeurs aqueuses et les laisse distiller par cet orifice, 
n'a pas l'odeur alcoholique qu'on cbserve dans le produit de 
la combustion, sous un récipient fermé, $ II, parce que les 
vapeurs alcoholiques y sont retenues, tandis que, à l'air libre, 
elles se perdent dans l'atmosphère en ne laissant pour résidu 
que le liquide moins évaporable auquel elles étoient mêlées. 
_ Ce liquide est insipide ; il a la même pesanteur que l'eau 
distillée ; il ne change pas le sirop de violettes, ni l'infusion 
de tournesol ; il n’est précipité ni par l’acétate de baryte, ni 
par le nitrate d'argent, ni par l'eau de chaux. 

Deux onces d’eau obtenue de la combustion de l’alcohol 
à l'air libre, sous l’orifice d’un récipient de verre, ont été 
évaporées à siccité, et elles ont laissé pour résidu un vernis 
mince , transparent, qui pesoit 4ème de grain et qui attiroit l'hu- 
midité de l'air. La dissolution de ce vernis, dans une petite 
quantité d'eau, étoit légérement troublée par l’oxalate de po- 
tasse. La combustion de l'esprit de vin rectifié sans addition, 
fournissoit les mêmes résultats. Ils me paroissent dus en partie 
à la chaux et à la potasse que j'ai trouvées par d’autres ex- 
périences , dans les cendres de l'alcohol. Elles sont tenues en 
dissolution dans de l'acide acétique formé par la combustion. 
Cette eau conservée dans un flacon qui en étoit à moitié plein, 
a laissé déposer , au bout de quelques mois, de légères moisis- 
sures. 

Ce liquide répand à l'approche de l’acide muriatique, des 
vapeurs ammoniacales abondantes. Ce résultat est plus pro- 


(1) Lavoisier, Mémoires (posthumes) de Chimie, tt. II, p. 281. 


Tome LXIV. AVRIL an 1807. p 


330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


noncé lorsque l’eau a été recueillie par l'appareil de Meusnier; 
parce que dans ce procédé, l’ammoniaque, ou plutôt l'acétate 
d'ammoniaque, a moins le temps de s'évaporer. Pour n’étre 
point trompé sur la nature des. vapeurs dont je viens de parler, 
et pour recueillir une partie de l'ammoniaque qui se volatilise 
et se perd dans l'atmosphère à mesure que l’eau se produit, 
j'ai versé quelques gouttes d'acide muriatique dans le flacon 
qui, dans l'appareil de Meusnier, est destiné à recevoir le 
liquide formé par la combustion. Après avoir obtenu 4 + onces 
de cette éau qui s’est trouvée ainsi unie à l’acide muriatique , 
je l'ai soumise à l'évaporation, à la température atmosphé- 
rique, dans un lieu où je ne pouvois point soupçonner de 
Yapeurs ammoniacales, et j'ai obtenu ‘un résidu qui contenoit 
3; grains de muriate d'ammoniaque parfaitement caractérisé 
par sa cristallisation et ses autres propriétés. Il étoit d’abord 
mêlé à une petite quantité de muriate de chaux et de muriate 
de plomb (1); le sel déliquescent a été séparé par le lavage; 
le sel métallique insoluble a été extrait par la dissolution du 
résidu , dans l’eau distillée. 

Je n'ai point pu juger par ce résultat, de la quantité d'azote 
que contient l’alcohol, parce que les vapeurs de l'acide mu- 
riatique formoient une fumée de muriate d’ammoniaque qui 
ressortoit pour la plus grande partie hors du vase destiné à la 
recevoir. 

Il n'est pas probable que cet ammoniaque soit dû à la com- 
binaison de l'hydrogène de l’alcohol avec le gaz azote atmos- 
phérique, car nous avons vu, SIL, que ce dernier gaz n'étoit 
pas condensé dans la combustion de cette liqueur. D'ailleurs 
nous montrerons qu’elle contient cet élément, par d’autres obser- 
vations plus directes, et qui ne pourront être soumises à cette 
objection. 

Ce résultat est important pour la théorie de la fermentation. 

M. Thenard avoit remarqué (2) que l’azote qui fait une 


nee EEE ee ee re 


(x) Le serpentin de mon appareil est de plomb. Dans ce cas l’eau produite 
par la combustion de l’alcohol tient ce métal en dissolution, probablement 
à l’aide de l’acide acétique. L’eau obtenue ainsi précipite en noir l’hydre- 
sulfure de potasse, lors même qu'il n'y a point d’acide murlatique dans le 
récipient; mais.elle ne produit pas cet eflet lorsqu'on la recueille en faisant 
brûler l’alcohol sous une cloche de verre. 


(2) Mémoire sur la fermentation vineuse, par Thenard. (Ænnales de 
Chimie, t. XLVI, ;p. 294. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 331 


partie essentielle du ferment, disparoissoit dans la fermentation 
vineuse. Cet élément ne se retrouvoit pas alors dans les pro- 
duits de cette opération, mais nous voyons qu'il passe dans 
l'alcohol. 

L’ammoniaque contenu dans le liquide formé par la com- 
bustion de l’alcohol, me paroît neutralisé par l'acide acétique. 
J'ai versé quelques gouttes de potasse dans deux onces de 
cette eau, l’alkali qui y étoit surabondant, a été saturé par 
de l’acide carbonique et soumis à une légère dessication, à 
la température atmosphérique. J'ai lavé le tout avec de l’alcohol; 
la liqueur décantée a fourni, par l'évaporation , un sel très- 
déliquescent qui avoit les autres propriétés de l’acétate de po- 
tasse, et qui pesoit I + grain. 

Toutes les épreuves que je viens de rapporter *sur l’eau 
obtenue de l’alcohol absolu, ont présenté les mêmes résultats, 
lorsqu'elle a été extraite de l'esprit de vin, rectifié sans muriate 
de chaux : ils ont montré qu’elle contient de l’ammoniaque , 
de l’acide acétique, de la chaux, et probablement un peu de 
potasse; mais toutes ces substances y sont en quantité si petite, 
qu'elles ne doivent pas influer beaucoup sur les proportions 
d'oxigène, d'hydrogène et de carbone, que j'ai assignées par 
ma dernière analyse, $ III, à l'alcohol, en considérant le 
liquide qu'il forme en brülant comme de l'eau pure. 


S V. 


Analyse de l’Alcohol par un tube de porcelaine 
incandescent. 


Plusieurs chimistes ont reconnu, avec plus ou moins d'exac- 
titude , la nature des principaux produits que donne l’alcohol 
en traversant un tube de porcelaine chauffé au rouge. Ils y 
ont vu de l'eau, du gaz hydrogène oxicarburé, du charbon, 
et enfin une huile volatile cristallisée , observée par M. Vau- 
quelin (1); mais ils n’ont pas obtenu de ces produits un résultat 
utile pour déterminer le nombre et la proportion des élémens 
de- l’alcohol. J'ai cherché toutefois à parvenir à ces détermi- 
nations par ce procédé, 

J'ai fait distiller dans un tube de porcelaine incandescent, 
et enduit intérieurement d’une couche vitreuse, 2183 grains 


(1) Système des Connoissances chimiques, par Fourcroy ,t. VIT, p. 155. 


T't 2 


332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


d’alcoholabsolu. Les produits de cette distillation passoient de ce 
tube dans un serpentin de verre (1), entouré d'eau froide, et delà 
dans un petit ballon qui retenoit les produits liquides, en trans- 
mettant les gaz à la cuve pneumatique. 

La cornue qui introduisoit les vapeurs alcoholiques dans 
le tube de porcelaine, n’a été exposée qu'à une température 
comprise entre le 40° et le 5o° degré du thermomètre de 
Réaumur, La distillation a duré vingt heures; je l'ai conduite 
avec lenteur, afin qu'il n’y eût presque point d’alcohol qui 
échappäât à sa décomposition, en traversant un foyer incandes- 
cent de huit pouces de long. J'ai obtenu de cette opération, 

1° Dans le tube de porcelaine 4 + grains de charbon qui 
s'en est détaché sous la forme d'une lame mince, roulée sur 
elle-mémeyet longue de plusieurs pouces. Ce charhon ayant été 
incinéré dans un creuset de platine , a laissé {pour résidu 
environ un grain de cendres, dans lesquelles j’ai reconnu , 
à l’aide de leur lessive par l’eau et de leur dissolution dans 
l'acide muriatique , la présence de la potasse, de la chaux et 
d'un résidu insoluble qui pouvoit être de la silice. M. Proust 
avoit déjà trouvé la silice et la chaux dans l’alcohol. 

2°. Le serpentin de verre étoit tapissé de l'huile essentielle, 
cristalisée, découverte dans cette opération par M. Vauquelin. 
Ces cristaux se présentent à l'œil nu, sous la forme de lames 
minces, transparentes, blanches et jaunâtres ; mais au micros- 
cope, quelques-uns d’entre eux m'ont offert des prismes à 
quatre faces, terminés par des sommets dièdres. Ils sont très- 
solubles dans lalcohol : cette solution devient laiteuse par 
l'addition de l’eau , si l’alcohol n’est pas trop surabondant. Ces 
cristaux , ainsi qu’une huile brune très-épaisse, à laquelle ils 
sont mélés, et qui n’est presque point volatile à la tempé- 
Tature atmosphérique, ont une forte odeur de benjoin. Le 
poids de ces deux huiles réunies et recueillies, soit dans le 
serpentin , soit dans le ballon, montoit à quatre grains ; le 
ballon n’en contenoit que demi-grain. - 

3°. J'ai trouvé dans le ballon, outre cette petite quantité 
d'huile, 196 grains d’eau sans couleur, dont la pesanteur spé- 
cifique étoit 0,998 , ce qui indique un liquide composé de 1934 
grains d'eau et de 22 grains d’alcohol. Nous retrancherons 
donc ces derniers des 2183 grains d’alcohol soumis à l'analyse. 


() Lorsque j'ai employé un serpentin de plomb , le liquide qui l’avoit 
Wraversé tenoit du plomb en dissolution. 


EIT D'HISTOIRE NATURELLE, 333 


L'eau dont je viens de parler avoit à la fois l'odeur du benjoin 
et du vinaigre; elle rougissoit le sirop de violettes et l'infusion 
de, tournesol ; elle répandoit des vapeurs ammoniacales à l'ap- 
proche de l'acide muriatique; elle n’étoit précipitée n1 par l’eau 
de chaux, ni par le nitrate de mercure, mais elle étoit légé- 
rement troublée par le nitrate d’argent. Cette circonstance, 
jointe à l'odeur de benjoin, s'y a fit soupconnér l'éxistence 
de l'acide benzoïque. ; 3 movi 

Pour évaluer les quantités des principes étrangers que con 
tenoit cette eau, je l'ai réunie à un liquide semblable ; obtenu 
dans une autre opération par le méme procédé, et J'ai divisé 
la liqueur ‘en trois parties qui pesoient chacune 100 grains. 

La première partie, évaporée. à siccité à la température at- 
mosphérique, a laissé au fond de la capsule un vernis trans- 
parent impondérable, ] 

La seconde partie de l’eau a été mélée avec du carbonate 
de potasse cristallisé ; il s’y est dissous avec effervescence. La 
dissolution évaporée à siccité, a fourni un résidu sur lequel j’ai 
versé de l’alcohol. La liqueur décantée à laissé, par son éva- 
poration, un sel blanc qui, exposé à air, s'est réduit prompte: 
ment en liqueur, à la résenve d’une infiniment petite quan- 
tité de sel cristallisé en! étoile , et qui résultoit probablement 
de l'union de la potasse avec l’acide, qui précipitoit le nitrate 
d'argent. La substance saline tombée en déliquescence, étoit 
de l’acétate de potasse. Sa quantité dans l'état, sec auroit été 
égale pour les 196 grains du liquide que j'examine à 0,9 grains, 
ce qui indique 0,55 grains d'acide acétique glacial dans tout 
le produit agueux de cette analyse. 

Enfin la troisième partie de la liqueur a été mélée avec de 
l’acide muriatique, pour saturer lammoniaque. Cette combi- 
naison a fourni, par l'évaporation, des cristaux de muriate 
d'ammoniaque , mais la quantité en étoit impondérable. 

Il résulte de cet examen que les 193 + grains d’eau obtenue 
de la décomposition de l'alcohol, par un tube incandescent, 
contenoient de l'acide acétique en excès, de l'ammoniaque, 
et probablement de l’acide benzoïque ; mais comme le poids 
réuni de ces trois substances, n’équivaut environ qu'à > partie 
du liquide aqueux qui les tient en dissolution, on peut, sans 
risque d'erreur, pour une analyse telle que celle-ci, considérer 
ce liquide comme de l’eau pure. 

4°. Le gaz hydrogène oxicarburé occupoit, à 27 pouces du 
baromètre, et à 17 degrés du thermomètre de FRéaumur, 
7:99 pouces cubes qui pesoient, le lendemain du jour où ils 


) 


334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


ont été recueillis , et en prenant un terme moyen entre le 
poids du gaz pris au commencement, au milieu, et sur la 
fin de l'opération, 1786,61 grains (1). Quoique la chaleur du 
tube incandescent ne variât pas sensiblement, le gaz obtenu 
au commencement de l'expérience étoit plus léger, et contenoit 
moins de carbone que sur la fin. Ces différences venoient de 
ce que le charbon déposé par l'alcohol, s’est accumulé suc- 
cessivement dans le tube , et a réagi en raison de cette 
accumulation sur le liquide qui se décomposoit. Quelque len- 
teur que j'aye mise dans la distillation , je n'ai pu empécher 
que le gaz n’entrainät avec lui une fumée blanche assez abon- 
dante, dont je n’ai pu estimer directement le poids, et dont 
la perte a causé un déficit dans les résultats de l'analyse. Cette 
fumée sentoit le benjoin; elle m'a paru donner en se conden- 
sant, un produit analogue à celui qui s’étoit rassemblé dans 
le ballon; c’est-à-dire beaucoup d'eau et une très-petite quan- 
tité d'huile. Cette dernière substance n’y pouvoit être que dans 
une trés-petite proportion; car en. faisant détoner le gaz immé- 
diatement après son développement; et pendant que la fumée 
y étoit suspendue, je n'ai pas obtenu plus de gaz acide car- 
bonique par cette combustion ,: que lorsque je l'ai faite après 
la disparition et la condensation de la fumée dans l’eau qui 
fermoit les récipiens. L'incertitude que peut laisser toutefois 
la composition de cette vapeur, ne porte que sur la onzième 
partie de l’alcohol que j'ai soumis à l'analyse. 

En additionnant les poids des produits immédiats de toute 


(G) Donc 1000. pouces cubes de ce gaz à 28 pouces du baromètre et à 
10 degrés du thermomètre de Réaumur., pèsent 266 grains. Ce résultat 
s’écarte un peu de celui de M. Cruiksanks , qui attribue un poids de 237 grains 
à 1000 pouces cubes de ce gaz, dans les mêmes circonstances. (Bibliothègq. 
brit., Sciences et Arts , vol. XVIL, p. 148.) J'ai fait trois fois cette opération, 
en changeantun peu le diamètre du tube et son inclinaison dans le fourneau, 
et.trois fois j'ai, trouvé des différences notables soit dans le poids du gaz, 
Soit dans sa composition. Mais la somme de tous les produits, dans chacune 
de ces opérations , a donné des résultats semblables pour la composition de 
Palcohol. On voit par là qu’on commettroit d’assez grandes erreurs, si l’on 
ne comparoit pas eutre eux tous les produits d’une seule et même analyse, 


ET D'HISTOIRE NATURELLE 335 
celte opération, on voit que 2180,5 grains d’alcohol ont 
fourni, 


1796, 61 grains de gaz. 


ose d'eau. 
4 d'huile. de) 
3825 de charbon. 
de cendres. 
 ÉTer es in 
Somme... 1988,56 [aqueuse, 


192, 14 Déficit dû à une fumée en grande partie 


— 


2180,5, 
Analyse du gaz hydrogène oxicarburé. 


Les 7199 pouces cubes de ce gaz ne contenoient point de 
gaz acide carbonique. Ils avoient été recueillis dans dix-huit 
récipiens qui ont tous été examinés eudiométriquement. Je 
donne ici le terme moyen de ces dix-huit analyses, abstraction 
faite de l'air atmosphérique que les vaisseaux contenoient avant 
la distillation. 100 parties de gaz hydrogène oxicarburé ont 
été mèlées avec 200 parties volume de gaz oxigène impur, et 
qui contenoient exactement 190 parties de gaz oxigène pur, 
et 10 parties de gaz azote. Le mélange enflammé par l'étincelle 
électrique, a laissé pour résidu de l’eau et un mélange de gaz 
acide carbonique , de gaz oxigène et de gaz azote, qui occupoient 
réunis 156 : parties. Elles ont été lavées avec de l'eau de chaux, 
et analysées de nouveau par l’eudiomètre de Volta, en y ajoutant 
du gaz hydrogène. J'ai vu ainsi qu'elles contenoient, 

78 parties de gaz acide carbonique, 


65,93 de gaz oxigène. 
12,67 : de gaz-azote. 
156, 5o 


Ces résultats montrent que les 124, 07 parties de gaz oxigène, 
qui ont disparu pour opérer la combustion de 100 parties de 
gaz hydrogène oxicarburé, ont été employées à former 78 par- 
ties de gaz acide carbonique , et à brüler (124,07—78) 2 
soit 92, 14 parties de gaz hydrogène appartenant au gaz hydro- 
gène oxicarburé. On voit aussi que 100 parties de ce dernier 
contiennent 2,57 parties de gaz azote. En rapportant par des 
règles de proportion, ces résultats à 7199 parties ou pouces 


536 _ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 

cubes de #az'hydrogène oxicarburé , qui pèsent 1786, 61 grains, 
on trouve qu'ils auroient produit par leur combustion 5616,2 
pouces cubes de gaz acide carbonique, qui contiennent 945, 59 
grains de carbone, et que le gaz oxigène auroit brûlé 6633, 2 
pouces cubes de gaz hydrogène ,'qui pèsent 212,44 grains; on 
trouve enfin que tout le gaz hydrogène@xicarburé contient 
185 pouces cubes de gaz azote, qui pèsent 76, 77 grains. 

Si nous réunissons les poids des élémens que nous venons 
d'évaluer, nous avons, dans 1786, 61 grains ‘de gaz hydrogène 
oxicarburé , 

945,59 grains de carbone. 
212,44 d'hydrogène. 
:7677. 0x d'azote. : 
Somme... 1234; 80° 
Déficit... 557,81 


1199 


1786, 6 APE 

Lé résidu de la combustion du gaz hydrogène oxicarburé 
m'a pâru n'être que de l’eau, en exceptant le gaz acide car- 
bonique et l'azote dont nous avons tenu compte. Ainsi le déficit 

ue l’on trouve dans la réunion des élémens de cette analyse, 
du étre attribué aux élémens de l'eau qui existent dans le 
gaz hydrogène oxicarburé, non dans l’état d’eau ou de vapeur 
aqueuse, mais dans un état sous lequel ils se trouvent com- 
binés et pour ainsi dire confondus avec les autres principes 
de ce gaz. En substituant à ce déficit, ou à ces 551,81 grains 
d’eau, les élémens de ce liquide, nous trouvons que les 1786,6x 
grains de gaz hydrogène oxicarburé sont composés de 


945,59 grains de carbone. 


485,59 d’oxigène. 
278,66 d'hydrogène, 
. 76,77 d'azote. 
1786,61 (1). 


PT EE SOLE AIN 2 TE ANS LR 
(1) Donc 100 parties en poids de ce gaz contiennent, 
52,9 parties de,carbone. 


27, 2 d’oxigene. 
19,6 d'hydrogène, 
4,5 d'azote. 
man uma mn) 
10Q 


Pour 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 337 


Pour avoir tout le carbone contenu dans les 2180,5 grains 
d'alcohol que j'ai décomposés, il faut ajouter aux 945,59 grains 
de carbone, du gaz inflammable, 3 1 grains de charbon trouvés 
dans le tube de porcelaine, et enfin le carbone de 4 grains 
d'huile , lequel peut monter environ à 3 grains. Ces nombres 
réunis font 951,84. On trouve par une règle de proportion 
que 100 parties d'alcohol contiennent 45,65 parmes de carbone. 

Pour avoir tout l’oxigène de l’alcohol, ül faut ajouter aux 
485, 69 grains d’oxigène appartenant au gaz inflammable, l’oxi- 
gène de 1932 grains d’eau obtenue dans le ballon adapté au 
serpentin. La somme d'oxigène est donc égale à 485,694 170,28 
— 655,87 grains. Donc 100 parties d’alcohol auroient fourni 
30, 12 parties d'oxigène. 

Pour avoir tout l'hydrogène des 2180, 5 grains d’alcohol, il 
faut ajouter aux 278,66 grains d'hydrogène trouvés dans le gaz 
hydrogène oxicarburé , l’hydrogène des 1952 grains d'eau 
recucillie dans le ballon , et l'hydrogène de 4 grains d'huile, 
lequel peut monter environ à un grain (1). Cette somme est 
égale à 302,88 grains. Donc 100 parties d’alcohol auroient 
fourni 13,89 grains d'hydrogène. 

En ajoutant à ces élémens la proportion d’azote que j'ai 
trouvée dans le gaz inflammable, et enfin celle des cendres 


obtenues de l'incinération du charbon, l’on voit que 100 parties 
d’alcohol ont produit, 


43,65 parties de carbone. 


50, 12 d’oxigène. 
13,89 d'hydrogène. 
V 3, 52 d'azote. e 
-0, 04 de cendres. ; 
91,22 


Perte... 8,78 


100 


J'ai reconnu dès le commencement de l'analyse que cette 


EE om me 


(), Cette huile ne fait pas la cinq centieme partie du poids de l’alcohol 
que j'ai décomposé. Ainsi dans cette analyse qui n’est qu'approximatve, 
3 aurois pu négliger ce produit, et il n'importe point que la composition que 
je lui suppose soit juste, 


Tome LXIV. AVRIL an 1807. Vy 


338 HOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 

perte étoit due à une fumée qui contenoit beaucoup d'eau: 
et une infiniment petite quantité d'huile, entrainées dans la 
cuve pneumatique par le gaz hydrogène oxicarburé. En sub-- 
stituant à cette perte, ou à ces 8,78 parties d'eau, ses élémens, . 
on trouve. que 100, parties d’alcohol contiennent ,. 


7 43,65 parties de carbone. 


Ares dd d’oxigène. 
ui | 24,04 d'hydrogène. : 
| te d'azote. 
0,04 de cendres. 
100 


\ 


Les résultats de célte analyse sont à trés-peu-près sem-- 
blables à ceux que ‘jai obtenus, & LIL, par la détonation de 
la vapeur élastique de Palcohol , dans un eudiomètre de Volta, 
en faisant abstraction de l'azote que je n’ai pu évaluer par ce 
procédé, et qui estresté confondu dans l'état d'ammoniaque avec 
l’eau, ou presque en totalité, avec les 41,36 pariies d'oxigène 
que cette analvse attribuoit à l'alcohol, Si l'on soustrait de ces 
41,36 parties d'oxigène , les 3,52 parties d’azote que nous 
venons de trouver, on voit que les deux analyses s'accordent 
mieux qu'on ne pouvoit l’attendre d’un travail aussi compliqué, 

J'ai fait, à l'aide du tube incandescent , l'analyse de l’esprit 
de vin rectifié par la simple distillation ,:et je n'ai trouvé entre 
les deux résultats que des différences insignifiantes, lorsque 
j'ai retranché, par le calcul, la quañtité d’eau assignée à 
l'esprit de vin par sa pesanteur spécifique. 


DÉCOMPOSITION DE L'ETHER SULFURIQUE. 
SAN 


Préparation de l'Ether sulfurique employé dans mès expé- 
riences. Considérations sur l'analyse de cette liqueur. 


Cent parties en poids d'acide sulfurique, mèlées à 100 par- 
ties d'esprit de vin du commerce, dont la pesanteur spécifique 
étoit 0,842 à 16 degrés du thermomètre de Réaumur, m'ont 
fourni, par la distillation opérée , à l'aide du serpentin, 53 
parties d’éther non rectifié, dont la pesanteur spécifique étoit 
AU 


ήT D'HISTOIRE NATURELLE, 339 
Cette liqueur éthérée , après avoir été mêlée avec une so- 
lution alcoholique de potasse, aéré distillée à-peu près jusqu'à 
moitié, sous une température de 55 degrés de Réaumur. L'éther 
débarrassé de l'acide sulfureux, de l'huile et d’une partie de 
l'alcohol, qui lui étoient unis, avoit une pesanteur spécifi jue 
de 0,740, à 16 degrés du thermomètre. C’est l’éther rectifié 
des pharmacies. 

L'éther obtenu par cette opération, a été mêlé avec deux 
fois son poids d'eau (1), pour lui enlever encore de l'alcohol. 
La liqueur séparée par décantation, a acquis, à laide de ce 
lavage ,; une pesanteur spécifique égale à 0,726. 

Ce dernier produit soumis aida distillation a donné, en ne 
recueillant que le tiers du liquide contenu dans la cornue , un 
éther dont la pesanteur'étoit 0,717, à 16 degrés de Réaümur. 
C’est de cetiéther dont j'ai fait usage dans mes expériences. 

Il est superflu d'observer qu’en rectifiant plusieurs fois par 
la distillation et par le lavage, lesrésidus des précédentes rec- 
tfications, on obtient quatre ou einq fois plus d'éther doué 
d’une densité égale à 0,717, que sid'on's’en tenoit aux premiers: 
résultats que j'ai indiqués. UE | 

On a vu que la combustion lente de l’alcohol dans tune 

lampe , en vase clos , m'a donné des résultats peu précis. Ceux 
que’ j'ai obtenus dela combustion lente de l’éther, l'ont été 
encore moins, et je ne les détaillerai point. " 
- L'analyse de l'éther ; faite par la détonation de sa vapeur 
élastique, m'a paru suflisamment exacte pour déterminer les’ 
proportions du carbone; de l’oxigène et de l’hydrogène; elle 
peut donner des résultats plus précis que ceux qu'on obtient 
de l’alcohol par ce procédé. La vapeur alcoholique est si légère, 
Que sa pesanteur spécifique est difficile à apprécier. Une très- 
petite erreur dans cette détermination, introduit de grands chan- 
gemens dans-les résultats de l'analyse. La vapeur gazeuse de 
l'éther est beauconp plus pesanté > tous les résultats sont ‘beau- 
coup plus saillans, et les petites erreurs sont ici moins impor- 
tantes. . 4 1e re 

La décomposition de‘l'éther ; par ‘un ttube de porcelaine in- 
candescent, m'a fourni des résultats moins précis que l'opé- 
ration précédente ; et beaucoup moins exaéts que ceux que l'on 
obtient de l’alcohol , à laide du tubs chauflé au rouge, parce 
que l’éther donne par ce procédé trente fois plus d'huile, et 


(x) L’eflicacité de ce procédé a été démontrée par les expériences de Gay 


Vv 2 


340- JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


que ,je n'ai pu former que des conjectures sur la composition 
de cette dernière. Je férai connoître cependant les détails de 
cette opération : ils serviront d'appui à l'analyse de l'éther, 
par la combustion rapide de sa vapeur. 


$ VIL 


Décomposition de l'Ether par un tube dé porcelaine 
incandescent. 


J'ai fait passer au travers d’un tube de porcelaine chauffé 
au rouge, et, enduit intérieurement d'une couche vitreuse , 
1103 grains, d'éthér.: Je n'ai: point! appliqué de feu sous la 
Cornue qui faisoit distiller ce liquide dans le foyer incaudes- : 
cent; elle étoit exposée à une chaleur de 27 degrés du ther- 
momètre de Réaumur , par le voisinage du fourneau dans 
lequel passoit le tube de porcelaine, et ceite température a 
été suflisante pour opérer la distillation de tout l’éther, dans 
l'espace de quatorze heures. 

L'appareil de cette expérience étoit semblable en tout à celui 
que j'ai employé et décrit pour l'analyse de l'alcohol, $ V.'Le 
tube de porcelaine étoit égal au précédent Il a été exposé an 
même degré de feu et dans le même fourneau. | 

L'éther à été entièrement décomposé , du moins aucune 
odeur ‘éthérée n'a pu se faire appercevoir dans les vases qui 
recevoient les produits de cette opération. Elle m'a fourni, 

1° Dans le milieu du tube de porcelaine, 57} grains de 
charbon qui, s’en est détaché sous la forme d'une feuille ou 
d'une lame mince et longue, roulée sur elle-même, Ce charbon 
ayant été incinéré dans un creuset. de platine, n'a pas laissé 
une quantité pondérable de cendres. À 

2°. Dans le serpentin de verre et dans l'hémisphère supérieur. - 
du ballon, environ 5, grains d'huile essentielle arès-inflammuable, 
cristallisée en lames brillantes;, transparentes et sentant le ben- 
join. Elle étoit soluble en alcohol, et précipitable par l'eau, et 
probablement semblable à l'huile, essentielle que produit l'al- Ë 
cohol. La plupart de ces cristaux étoient salis par une huile 
brune empyreumatique qu'ils laissoient pour résidu après leur 
volatilisation à la température atmosphérique. 

RE RP PE DE LPC RENE T ORDER -ET EN PUMRNNES VB 19 DES ON LS EMMA REP re 
Lussac, consignées dans la Statique chimique de M. Berthollet, vol. I; , 
PP: 904 et 5og. 


Lt 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 34r 


3°. Dans l'extrémité du tube de porcelaine qui ressorto t du 
fourneau, et dans le serpentin, et enfin en plus grande quantité 
encore dans le ballon , 43 grains d'huile presque noire, en 
partie liquide et en partie en consistance de miel; elle avoit une 
odeur de benjoin, mélée d'empyreume ; elle étoit soluble en 
alcohol et insoluble dans l’ean; elle étoit âcre; mise en petite 
quantité sur les lèvres, elle y a excité de la douleur et de la 
suppuration. Lorsqu'elle étoit étendue sur du papier , elle s'y 
séchoit et laissoit appercevoir, à l’aide du miscroscope, de petits 
cristaux jaunes qui n'étoient pas volatils comme les précédens, 
à la température atmosphérique. 

4°. Une goutte d'eau trouvée dans le serpentin, et pesant 
environ 3 grains; elle étoit sans couleur ; elle sentoit le benjoin; 
elle répandoit des. vapeurs à l'approche de l'acide muriatique ; 
elle ne changeoit pas sensiblement livfusion de tournesol, et 
si elle y produisoit quelque effet, c’étoit en la rougissant. Il 
n'y avoit point d’eau dans le ballon. 

5. Enfin j'ai obtenu, à 27 pouces 3 lignes du baromètre, 
et à 16 degrés du thermomètre de Réaumur, 5541 pouces cubes 
de gaz hydrogène oxicarburé , sans mélange de gaz acide 
carbonique; mais ce gaz avoit entrainé avec lui, dans les ré- 
cipiens, une fumée jaune , épaisse, douée d’une forte odeur 
de benjoin et d'empyreume. Cette vapeur s'est perdue en partie 
dans l’eau de la cuve qui, par l'effet de ce mélange, a laissé 
surnager, après quelques jours de repos, une pellicule insoluble. 
Lorsque j'ai fait détoner le gaz inflammable , immédiatement 
après sa formation , et pendant que la vapeur y étoit suspendue, 
il a produit plus de gaz acide carbonique, que lorsqu'elle a été 
condensée : ainsi tout indique que cette fumée étoit de l’huile 
yaporisée. 

Le gaz n'a été pesé et analysé que vingt-quatre heures 
après son extraction et l’entière disparition de la Yapeur. Celui 
qui s’est formé dans les premiers périodes de la distillation , 
étoit plus léger et contenoit moins de carbone que celui qui 
s’est produit sur la fin, quoique la chaleur du tube de porcelaine 
ne variät point, En prenant un terme moyen entre trois pesées 
de ce gaz formé au commencement, au milieu, et sur la fin 
de l'opération, j'ai trouvé que les 5541 pouces cubes pesoient 
948 grains (1). - 

RE de LE PT REED 4 |": SERPENT OUTRE 24 (M7 

. (1) Donc à 28 pouces du baromètre, et à 10 degrés du thermomètre de 
Réaumur, 1000 pouces cubes de gaz hydrogène oxicarburé pèsent 285 grains. 
Celui que les chimistes hollandois ont obtenu d’unéfdistillation semblable ; 


342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Les produits immédiats de la décomposition de 1103 grains 
d’éther sont donc, 


948 grains de gaz hydrogène oxicarburé. 


,2 de charbon. î 
46 . d'huile en partie volatile. 
CE d’eau. 


Somme 1002,25 gaz. 
100, 75 Perte due à la fumée huileuse entraînée par le 


1103 


En analysañt avec l’eudiomètre de Volta, le gaz de tous les 
récipiens, et en prenant un terme moyen enire ces analyses, 
j'ai trouvé que 100 parties, volume, de ce gaz hydrogène oxi- 
carburé, consommoient, pour leur combustion , 145 parties 
de gaz oxigène , en formant de l’eau, et 88 parties de gaz 
acide carbonique. 

Quant au gaz azote, je n’en ai pas plus retrouvé après la 
combustion , que je n’en avois ajouté avec le gaz oxigène qui l'a 
produite. La plupart de mes analyses eudiométriques ontmèême 
indiqué que ce gaz azole introduit avant la combustion, avoit 
subi une petite diminution par l'effet de la détonation (1). La 
goutte d’eau trouvée dans le serpeniin adapté au tube incan- 


pesoit, dans les mêmes circonstances , 526 grains (Journ. de Phys.,t. XLV, 
p. 187.) Celui que M. Cruiksanks a prodit, pesoit 297 grains. Suivant cet 
auteur, 100 pouces cubes de ce gaz consomment 176 pouces cubes de gaz 
oxigène , en formant 108 pouces cubes de gaz acide carbonique (Biblioth. 
brit., Sc. et Arts, vol. XVII.) Rien n’est plus variable que le poids et la 
composition de ce gaz suivant le degre de feu, le diameterdu tube incan- 
descent, son inclinaison dans le fourneau , et enfin l’époque de l’expérience 
où le gaz a été recueilli. Je crois que si ce chimiste l’eût pesé et analysé 
dans tous les périodes de son développement, il y auroit trouvé moins de 
carbone. Je ne parle ici que de la quantité de gaz acide carbonique , produite 
par la combustion du gaz inflanimable , et non pas de la quantité absolue 
de carbone que cet auteur lui attribue : celle-ci paroit moindre que la mienne, 
parce qu'il a admis beaucoup moins de carbone dans le gaz acide carbonique. 

(1) Cette condensation de gaz azote , suivant les expériences de Humboldt 
et de Gay-Lussac (Journal de Physique, vol. LX, p. 151), n’a pas lieu 
par la détonation du gaz hydrogène pur dans l'air atmosphérique. Les cir- 
constances ne sont point les mêmes dans nos opérations , parce que l'hydro- 
gène est plus condengé dans le gaz hydrogène oxicarburé: de l’éther, que 


(e) | 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 


déscent, m'a donné, à l'approche de l'acide muriatique, des 
indices de vapeur ammoniacale ; mais ce genre d'épreuve est 
souvent illusoire , et comme d'ailleurs il m'est impossible d’afir- 
mer que mon éther ne contienne point d’alcohol, l'existence 
de l'azote dans l'éther peut rester indécise. 

Lorsqu'on applique le calcul que nous avons fait, S V, pour 
l'analyse du gaz hydrogène oxicarburé de l’alcoho! , aux ré- 
sultats que nous venons d'obtenir de la détonation du gaz hy- 
drogène oxicarburé de l'éther, on trouve que 100 parlies en 
poids de ce dernier gaz contiennent, 


56, 12; parties de carbone, 


45 


17, 45 d'hydrogène. 
26,45 d'oxigène. 
100 


L'analyse de ce gaz comparée à celle de l'alcohol, doit déjà 
nous donner un appercu sur la composition de l'éiher, et nous 
montrer que cette liqueur contient à poids égal, plus de carbone 
et d'hydrogène, mais moins d’oxigène, que l'alcohol; car ce 
gaz hydrogène oxicarburé forme à lui seul plus des trois 
quarts du poids de l'éther que j'ai décomposé. Le quart que 
je néglige n'est presque que de l'huile, en partie fixe, en 
parue volatile, et qui doit avoir des rapports de composition 
avec l’éther. Mais comme l'huile ne contient guère que du: 
carbone et de l’hydrogène, d’après l'analyse de Lavoisier, il 
suit qu'en s’en rapportant, pour la composition de l'éther, aux 
proportions des élémens du gaz que'je viens d'analyser , on 
a des résultats encore trop foibles en hydrogène et en carbone, 
et trop forts en oxigène. C'est ce que nous confirmerons par 
l'opération suivante, qui donne des résukats plus précis. 


SIL 
Analyse de l'Ether par la détonation de sa vapeur élastique. 


J'ai suivi pour la préparation du gaz oxigène dilaté par la 
vapeur de l'éther, et pour l'estimation du poids de ceite vapeur, 


dans le gaz hydrogène pur. Cette diminution de gaz azote n’a pas paru dans 
la combustion du gaz inflammable de l’alcohol , soit parce que ce dernier 
contenoit déjà de l'azote, soit parce que l’hydrogène est mois condensé 
dans le gaz hydrogène oxicarburé de l’alcohol, que dans le gaz hydrogène 
oxicarburé de l’éther, et même que dans le gaz hydrogène pur. 


2, , 


944 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


les mêmes procédés que ceux que j'ai appliqués à la vapeur 
de l’alcoho!, $ IT. Je crois inutile de revenir sur ces mani- 
pulations. Je donnerai seulement un exemple de leurs résultats, le 
baromètre étant à 27 pouces, et le thermomètre à + 18 degrés. 
Cette opération est celle qui m’a paru la plus exacte, entre 
cinq expériences faites par le méme procédé, et qui n’ont 
toutefois offert que de légères diférences. 

La force élastique de mon éther, ou la dépression qu’une 
goutte de cette liqueur, introduite dans le vide du baromètre, 
faisoit subir à la colonne de mercure, étoit de 16 pouces +- 9 
lignes. On trouve en appliquant ce résultat à la formule de 


Dalton E= qu'un volume d'air égal à 1, dans lequel on doit 


", 
introduire de l’éther, occupera par l'expansion de la vapeur 
éthérée, un volume égal à 2,654r. J'ai obtenu le méme résultat 
en faisant passer une goutte d'éther dans un récipient plein 
d'air sur du mercure, et en mesurant cet air avant et après 
sa dilatation. : 

Donc 1000 pouces d'air atmosphérique éthéré ou dilaté par 
la vapeur de l'éther, contiennent 379,65 pouces cubes d’air 
atmosphérique pur, qui pesoient alors 161,9 grains. 

J'ai trouvé par une expérience directe , que 1000 pouces 
cubes d'air atmosphérique éthéré, pèsent 816,37 grains. Donc 
1000 pouces cubes de vapeur éthérée pure pèsent, dans l’air 
atmosphérique , 816,37 — 161,9 — 654, 47 grains , d’après le 
principe que la vapeur élastique a le même poids dans le vide 
et dans l'air. ( Foyez la note à la fin de ce Mémoire.) 

Le gaz oxigsène éthéré, ou dilaté autant qu'il peut l'être, à 
la température atmosphérique, par la vapeur de l'éther, ne 
senflamme point par l'étincelle électrique. Ce résultat vient 
de ceque la vapeur éthérée est trop abondante, ou, en d’autres 
termes, de ce que le gaz oxigène est trop rare. Le gaz oxigène 
alcoholisé ne s'enflamme pas non plus, mais c’est par une 
cause opposée et qui tient à ce que la vapeur alcoholique est 
trop rare ; car lorsqu'on ajoute au gaz oxigène alcoholisé du 
gaz oxigène pur, la vapeur ne s'enflamme point, parce qu'elle 
est encoie plus raréfiée, tandis que si l’on ajoute au gaz oxi- 
gène éthéré du gaz oxigène pur, la vapeur éthérée s’enflamme. 

J'ai mélé sur du mercure 100 parties, volume, de gaz oxigène 
éthéré, avec 504 parties de gaz oxigène, et je les ai fait 
détoner par l'étincelle électrique. L'explosion a brisé les eu- 
diomètres qui n’étoient pas très-épais, Les 604 parties de fluide 


PONT STe 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. : 345 


aériforme qui, avant la détonation contenoient, en raison de 
la vapeur éthérée, 541,96 parties de gaz oxigène, ont été 
réduites par leur combustion , à 344,31 parties , dans lesquelles 
une seconde analyse eudiométrique a démontré 230,51 parties 
de gaz acide carbonique, et 113,80 parties de gaz oxigène. 
Le résidu de la première opération contenoit une rosée qui 
a paru aqueuse et sans odeur. 

Donc 100 parties, volume, de vapeur éthérée, consomment 
428,15 parties de gaz oxigène (1), en laissant pour résidu de 
l'eau, et 230, 51 parties de gaz acide carbonique. On doit en 
conclure que le gaz oxigène a. brûlé 395,28 parties de gaz hy- 
drogène contenu dans l’éther. 

En admettant que les nombres que je viens. d'indiquer 
représentent des pouces cubes, et en leur substituant les poids 
qui leur correspondent, le baromètre étant, à 27-pouces ; et 
thermomètre à + 18 degrés, on trouve que 100 pouces cubes 
de vapeur éthérée pèsent 65,447 grains, et qu'ils contiennent, 

1° Le carbone de 250,51 pouces cubes de gaz acide car- 
bonique, soit 38,64 grains de carbone ; 

2° 595,28 pouces de gaz hydrogène, qui pésent 12,62 grains ; 

3° Une quantité d’oxigène et d'hydrogène représentée par 
14,187 grains d’eau. 

En substituant à l’eau ses élémens, et en rapportant tous les 
résultats de l'analyse à 100 parties en poids d'éther, on voit 
qu'elles contiennent, 


59,04 parties de carbone. 


21,86 d'hydrogène. 
19,1 d’oxigène. 
100 


Ces résultats reviennent à l'expression suivante : 10 grains 
d'éther consomment pour leur combustion, 61 pouces cubes 
de gaz oxigène, à 28 pouces du baromètre et à 10 degrés 


(1) Si l’on mêle au gaz oxigene éthéré une quantité de gaz oxigène infé— 
rieure, ou précisément égale à celle qui est nécessaire pour consumer toute 
la vapeur éthérée; il se dépose de la suie ou une poussière noire contre les 
parois de l’eudiometre, et 1l reste du gaz oxigéné libre dans le résidu aéri- 
forme de la détonation. Cette suie ne paroît point lorsqu'on fait détoner le 
gaz oxigène éthéré, avec une quantité de gaz oxigène tres-supérieure à celle 
qui est requise pour brüler toute la vapeur éthérée, 


Tome LXIV. AVRIL an 1807. Xx 


346 JOURNAB DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
du thermomètre de Réaumur , en formant de l'eau et 32,85 
pouces cubes de gaz acide carbonique. 

L'analyse dont je viens de donner le détail, a été répétée 
quatre fois. Le terme moyen de ces quatre opérations indique 
dans 100 parties d’éther , 


58,2 parties de carbone. 


22, 14 - d'hydrogène. 
19,66 d'oxigène. 
+100 
SET 


Examen de l'eau produite par la combustion de l'Ether. 


J'ai admis jusqu'à présent que le résidu liquide de la com- 
bustion de l’éther étoit de l'eau , mais sans en avoir d’autre 
preuve que celle qu'a pu me donner l'examen très-superficiel 
dé la légère rosée qui se forme dansl’eudiomètre , par l'inflam- 
mation de la vapeur éthérée. Il me reste à examiner jusqu'à 
quel point ‘cette supposition étoit fondée. 

J'ai fait brûler plusieurs oncés d'éther dans l’appareil imaginé 
par Meusnier, pour obtenir l’eau qui se produit dans la com- 
bustion de l’alcohol. Cette eau ainsi obtenue de l’éther, est 
sans couleur, sans odeur et sans saveur , à la réserve de 
quelques traces d'empyreume qu'elle perd par son exposition 
à l'air. Elle a la méme pesanteur que l'eau distillée à lagnelle 
elle se méle sans se troubler; elle n'est précipitée ni par le 
nitrate d'argent , ni par l’eau de chaux, ni même par l’acétate 
de baryte. Lorsque j'ai réduit par l'évaporation une once du 
liquide que j'examine, à £ème de son volume primitif, l'acétate 
de baryte y a produit un nuage impondérable. 

Pour évaluer par un autre procédé la quantité de soufre 
contenue dans l'éther sulfurique;, j'ai fait dissoudre une once 
de cette liqueur dans 14 onces d'eau. La dissolution a été 
traversée pendant dix heures par un courant de gaz acide 
muriatique oxigéné. L’éther a été en partie décomposé, mais 
la solution qui contenoit les produits de cette décomposition n’a 
été légérement troublée par lacétate de barÿte, que lorsqu'elle 
a été réduite à un quart d'once par l'évaporation. Il' est im- 
possible de. croire, d’après la foiblesse de ces résultats, que 
l'éther- sulfurique puisse tirer quelques-unes de ses propriétés 
essentielles de la présence du soufre. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 347 


L'eau obtenue de l'éther par l'appareil de Meusnier , étoit 
troublée en brun-foncé par l’hydro-sulfure de potasse. Ce pré- 
cipité venoit du plomb qu'elle avoit enlevé au serpentin de 
cet appareil. 

Elle répandoit des vapeurs ammoniacales très-abondantes, à 
l'approche de l’acide muriatique, et il m'a paru qu'elle verdis- 
soit foiblement le sirop de violettes; mais ce changement de 
couleur n’avoit certainement point lieu avec l'eau obtenue de 
la combustion de l'éther , sous l'orifice d'un récipient de verre. 
Dans ce dernier procédé la distillation est plus lente, parce 
que l’on perd une plus grande quantité d'eau vaporisée; celle 
qu’on recneille ayant été plus long-temps exposée à l'air, à 
laissé volatiliser plus d’ammoniaque. 

Une once d'eau obtenue de l’éther par l'appareil de Meusnier, 
et reçue dans une bouteille où j'avois versé quelqués gouttes 
d'acide muriatique, afin de saturer les vapeurs ammoniacales 
pendant la distillation, a été évaporée à siccité, à la termpé- 
rature atmosphérique ; elle a laissé pour résidu du muüriate 
d’ammoniaque sec et bien cristallisé ; mais mélé à un peu de 
muriate de plomb. Le muriate d'ammoniaque séparé du sel 
métallique par une nouvelle dissolution et cristallisation, à 
pesé un grain et trois dixièmes, Il étoit donc icien plus grande 
proportion que dans l’eau obtenue de la combustion de l’al- 
cohol, $S IV. 

Quoiqu'il soit possible que l’éther contienne un peu d'azote, 
j° doute que l’'ammoniaque trouvé dans le produit aqueux de 
a combustion, provienne en entier de l’éther. Quelque soin 
que jaye mis à mes épreuves eudiométriques , je n'ai pas pu 
m'assurer que le gaz azote ne se condense pas en ammoniaque 
dans la combustion de la vapeur éthérée, mes résultats sur ce 
point n’ont pas été uniformes. Le plus grand nombre d’entre 
éux ont montré cette condensation , et je suis porté à l'ad- 
mettre, parce que les manipulations et les petites erreurs qui 
gont attachées d’ailleurs au procédé eudiométrique de Volta, 
tendent à produire un effet contraire, c’est-à-dire à introduire 
du gaz azote dans Je résidu de la détonation (1). 


(x) Si l’on opère sur du mercure , il y a toujours dans ce métal; et dans 
quelques interstices de l’eudiomètre , un peu d’air commun qui vient 5e mêler 
au résidu de la détonation, pour remplir le vide qu'elle produit. Lorsque 
l'opération peut être faite sur de l’eau, l’air que ce liquide contient s’en 
sépare par la même raison, mais en moins grande quantité que du mercure. 


Xx 2 


348 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


J'ai fait évaporer à siccité, à une très-douce chaleur, 288 
grains d’eau obtenue de l’éther brûlé, sous l'orifice d'un ré- 
cipient de verre, elle a laissé pour résidu un vernis transpa- 
rent qui pesoit au plus 5% de grain. Il attiroit l'humidité 
de l'air. 

Pour reconnoître si le liquide que j’examine contenoit de 
l'acide acétique . j'ai versé quelques gouttes de potasse dans 
288 grains d’eau obtenue par le même procédé que la pré- 
cédente. La dissolution a été saturée de gaz acide carbonique, 
puis évaporée à siccité, et enfin lavée avec de l'alcohol: il ya 
dissous un sel blanc qui pesoit 0,7 grain et qui se resolyoit très- 
promptement en liqueur par son exposition à l'air. Il avoit 
tous les caractères de l’acétate de potasse. 

Les expériences que je viens de rapporter m'ont donc indiqué, 
daus l’eau produite par la combustion de l'éther, la présence 
de l’acétate d'ammoniaque, d’une quantité impondérable d'acide 
sulfurique, et d’un léger vernis déliquescent dont je n’ai pas pu 
déterminer la nature. Mais le poids reuni de toutes ces sub- 
stances paroît si petit, relativement à l'eau qui les tient en 
dissolution, qu’il ne peut pas introduire de grands changemens 
dans les proportions de carbone, d'hydrogène et d’oxigène, que 
ma dernière analyse a assignées à l'éther. 


SN 


Application des Analyses précédentes à la recherche des 


changemens que l'Alcohol subit pour se transformer er 
éther. 


En m’occupant ici, des changemens qui s'opèrent dans la trans- 
formation de l’alcohol en éther, je considérerai seulement les 
proportions d’oxigène, d'hydrogène et de carbone, etjenégligerai 
l'azote dont l'existence est certaine dans l’alcohol, mais encore 
douteuse dans l’éther, quoiqu'il soit démontré que l’eau produite 
par la combustion de f'éther, à l'aide de l'air atmosphérique, 
contient une quantité notable d’ammoniaque. 


Gent parties d'alcohol sont Cent parties d’éther sont com- 


composées, $ V, de posées, $ VIII, de 
43 + parties de carbone, 59 parties de carbone. 
38 d'oxigène. 19 d’oxigène. 
25 d'hydrogène. : GYX d'hydrogène. 


3E d'azote. azote. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE: 549 


Ces résultats montrent qu'à poids égal, l'éther contient 
beaucoup plus de carbone et d’hydrogène , mais beaucoup 
moins d'oxigène que l’alcohol. M. Berthollet avoit déjà con- 
sidéré (1) l’éther comme un produit qui devoit ètre plus by- 
drogéné et moins oxigéné que l'alcohol. 

Le résidu du mélange de l’acide sulfurique avec l’alcohol, 
tient en suspension , après la séparation de la liqueur éthérée, 
une matière bitumineuse ou résineuse (2) très-chargée de car- 
bone. L'on demandera, sans doute, comment il est possible 
que l’éther contienne plus de carbone que l’alcohol, puisque 
cette dernière liqueur a laissé précipiter une partie de cet 
élément, pour se transformer en éther; maïs il faut observer 
que ce résidu contient aussi de l'oxigène et de l'hydrogène , 
qui se trouvent soit dans la substance bitumineuse, soit dans 
l'état d'eau, et que , si cet oxigène et cet hydrogène sont 
enlevés à l’alcohol en plus grande proportion que le carbone, 
ce dernier doit rester prédominant dans l’éther. 

Pour juger si mes analyses conduisoient à cette explication, 
j'ai recherché la quantité d’éther qu’un poids déterminé d’al- 
‘cohol peut produire, et j'ai trouvé, par approximation, que 
deux parties d'alcohol fournissoient, dans leur décomposition 
totale, une partie d'éther rectifié. J'ai obtenu ce résultat par 
les opérations suivantes : 

100 parties d'esprit de vin commun, dont la pesanteur spé- 
cifique étoit 0,845, et qui contenoient So parties d'alcohol 
absolu et 20 parties d'eau, ont produit, par leur mélange avec 
un poids égal d'acide sulfurique, 60 parties de liqueur éthérée 
non rectifiée , en arrêtant la distillation, au moment où l'odeur 
sulfureuse devenoit prononcée , et où l'huile commençoit à 
paroître. Je n'ai recueilli directement que 53 parties de liqueur 
éthérée, mais j'ai trouvé, qu'il s’en étoit produit 60 parties 
par la différence qui s’est trouvée avant et après la distillation, 
dans le poids de la cornue qui contenoit le mélange de l'esprit 
de vin et de l'acide sulfurique. On n’ignore point qu'il se perd 
dans cette opération une certaine quantité d’éther en vapeur, 
dont il seroit impossible d'évaluer autrement le poids. J'ai con- 
tinué à estimer, dans les opérations suivantes, le produit de 
la distillation par le poids de son résidu. ; 

Les 53 parties de liqueur éthérée, que je suppose égales 


(1) Statique chimique, vol. Il, p. 531 et suiv. 
(2) Jbid, et Proust, Mémoires des Sayans étrangers, Institutnat., T. I. 


550 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


à 60 parties, ont été mélées à de la potasse en liqueur ; elles 
m'ont fourni, par les procédés connus de rectification, 25,25 
parties d'éther. 

Le résidu de cette rectification, qui devoit être égal à 34,75 
parties, a été séparé de la potasse par la distillation; elles 


étoient miscibles à l’eau en toute a rt etavoient à très- 


possprée la pesanteur spécifique de l'esprit de vin commun. 
e les ai mélées avec leur poids d'acide sulfurique , et elles 
ont produit 25,25 parties de liqueur éthérée qui, ayant été 
mélées avec de la potasse, ont produit, par leur rectification, 
10,5 parties d'éther. 

Le résidu alcoholique de cette rectification , a été séparé 
de la potasse, et mélé pour la troisième fois avec de l'acide 
sulfurique , j'en ai obtenu 3,2 parties d’éther rectiñié. Les 80 
parties d'alcohol absolu ont donc produit dans toutes ces opé- 
rations , 25,254 10,5 + 3,2—538,75 parties d'éther, ou à 
très-peu-près la moitié du poids de l’alcohol absolu employé 
pour cette expérience. Dix parties d’eau ne dissolvoient pas 
entièrement une partie de cet éther. Sa pesanteur spécilique 
étoit égale à 0, 736, à 16 degrés du therm. Je ne l'ai paslavé avec 
de l’eau, mais il auroit été plus léger si j'eusse pu prendre 
la pesanteur de celui qui sest volatilisé. Je n'ai pas tenu 
compte d'une petite quantité d'esprit de vin qui, suivant 
l'observation de Proust, reste toujours mélé avec l'acide sul- 
furique, après Ja première séparation de l’éther. Je crois donc 
ne m'éloigner que très-peu de la vérité, en disant que 200 
parties d'alcohol absolu produisent , dans leur décomposition 
totale, 100 parties d'éther d’une densité égale à 0,717 à 16 
flagrée du thermomètre de Réaumur. 

i l'on prend la différence qui se trouve entre 200 parties 
d’alcohol et les 100 parties d’éther qui en sont provenues, en 
réduisant ces deux liqueurs à leurs derniers élémens, on aun 
reste égal à 100 parties qui expriment, abstraction faite de 
l'acide sulfurique , les élémens que laisse l’alcohol après la sé- 
paration, de l'éther et qui contiennent, 


28 parties de carbone. 


57 d’oxigène, 
8 d'hydrogène. 
d'azote. 


Ce résidu doit donc contenir une quantité considérable de 
carbone, quoique l’éther en soit plus chargé que l’alcohol. On 


ET D'HISTOIRE NATURELLE,  . 351 


remarquera en outre dans ce résidu, des quantités d'oxigène 
et d'hydrogène qui se trouvent entre elles, environ dans le 
rapport qui constitue l’eau, ou dans celui de 7: 1. On doit 
donc admettre que 100 parties d'éther sont à-peu-près égales 
à 200 parties d’alcohol moins 28 parties de carbone et moins 
65 parties d’eau dont l'acide sulfurique a déterminé la for- 
mation. 

La substance noire précipitée de l'alcohol, n’est cependant 
pas, comme nous l'avons dit, du carbone pur : il ne paroit pas 
non plus que le liquide que l'acide sulfurique forme avec les 
élémens de l’alcohol, soit de l’eau pure. Il se fait ici, comme dans 
toutes les décompositions (1) opérées entre des substances qui 
ont une constitution très-mobile et peu de disposition à la 
solidité, une séparation imparfaite des produits. 

Je n’ai pu parvenir dans ce Mémoire qu à des approximations; 
mais dans un genre de recherches aussi difficiles, ces résultats 
sont les seuls que l’on puisse obtenir. Ils ne pourront acquérir 
une grande précision que par des analyses répétées et succes- 
sivement perfectionnées. 


Note sur la vapeur de l'Ether, $ VIT. 


J'ai donné dans un Mémoire lu à la Société de Physique et 
d'Hist. nat. de Genève (Décembre 1804), les détails d’une expé- 
rience destinée à prendre directement la pesanteur spécifique de 
la vapeur élastique de l'éther dans le vide. Les conclusions que 
M. de Laplace a tirées des observations de Watt, de mon père et de 
Gay-Lussac, montrent d'une manière décisive, que la vapeur élas- 
tique de l'eau se trouve en même quantité dans le vide et 
dans l’air sous une même température (Traité élémentaire de 
Physique, par Haüy, vol. [, p. 182); mais on ne pouvoit appli- 
quer la même loi à l’éther, que par analogie, ou que sur des 
expérienees très-indirectes. ( Ÿ’oyez celles que M. Dalton «a 
faites sur l'évaporation de cette liqueur. (Bibliothèque Brit., 
Sciences et Arts, vol. XXI, p. 14.) 

Je me suis procuré un matras dont la boule avoit une ca- 
pacité de 30 pouces cubes et un col cylindrique long de 32 
pouces , mais large d’environ 3 lignes; j'ai mesuré sur ce col 
une longueur d'environ 2 pouces, et j’ai pesé la quantité d’éther 
qui étoit requise pour remplir cette petite partie du col. Le 


1) Statique chimique de Berthollet. 


552 JOURNALDE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


matras a été rempli de mercure à la réserve d’un espace égal 
à celui de la petite colonne qui avoit été mesurée, et qui a été 
rempli d'éther. J'ai fermé ensuite pour un instant l’onifice du 
matras , et je l’ai renversé dans un bain de mercure où cet 
orifice a été ouvert. Le matras est devenu une espèce de ba- 
romètre imparfait, terminé dans sa partie supérieure par une 
boule creuse, vide d'air, mais qui s’est remplie de vapeur 
éthérée. La longueur de la colonne d'éther, précédemment 
mesurée , a été diminuée de plus d’un tiers par la formation 
de la vapeur dont je viens de parler. Cette diminution réduite 
en poids et comparée à la capacité de la boule du matras, 
m'a donné le volume et le poids de la vapeur éthérée dans 
le vide, et m'a montré qu'ils étoient égaux (autant du moins 
qu'on pouvoit l’attendre d’une expérience faite sur 30 pouces 
cubes) au volume et au poids que j'ai trouvés à cette vapeur 
dans l'air atmosphérique , dans le gaz azote et dans le gaz 
hydrogène. La vapeur alcoholique est trop légère pour offrir 
par ce procédé des résultats suflisamment prononcés. 

Il y a dans cette expérience des précautions à prendre et 
faciles à trouver, 1° pour expulser à la surface du mercure 
contenue dans le baromètre, une petite quantité d'éther liquide 
qui se loge dans l'acte du renversement, entre le mercure et les 
parois intérieures du col. On y parvient en l'entourant avec 
un linge assez chaud pour réduire cet éther en vapeur élas- 
tique. 2°. Il faut estimer par une expérience comparative et 
faite en même temps et dans le même lieu, avec un matras 
égal au précédent, le poids de l’éther liquide qui adhère en 
petite quantité contre les parois intérieures de la sphère rem- 
plie de vapeur éthérée. 3°. Il faut en bouchant le matras pour 
le renverser, que l’obturateur ne touche point l'éther. J'ai 
évité cette source d'erreur en fixant dans le col du matras 
près de son orifice, un tube fermé à son extrémité inférieure 
et rempli de l’éther destiné à cette expérience. 

J'ai trouvé, ainsi qu'un pied cube vide d’air ou plein d'air, 
peut contenir, sous une température de 18 degrés de Réaumur, 
environ deux onces d’éther invisible et dans l’état de gaz. Le 
poids extraordinaire de cette vapeur nous indique combien 
l’on perd d’éther en employant de grands vases ou des ballons 
enfilés les uns dans les autres, pour servir de condensateurs 
et de récipiens à la distillation de cette liqueur. 

La connoissance de la pesanteur spécifique des vapeurs, 
peut fournir de grandes ressources pour l'analyse chimique. 


A 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. ] 853 


A l'aide de cette donnée et er faisant détoner quelques pouces 
cubes de vapeur éthérée avec du gaz oxigène, j'ai pu déter- 
miuer avec plus de précision les proportions d'oxigène, d'hy- 
drogèr.e et de carbone dans l'éther, qu'en décomposant deux: 
onces de cette liqueur, par un tube incandescent, J'ai obtenu 
des résultats presque aussi exacts avec la vapeur alcoholique. 

On peut employer avec aussi Le de frais les vapeurs de’ 
V'éther, pour trouver les degrés d’aflinité de ce liquide avec 
différentes substances. J’ai introduit sur du mercure 12 grains 
de poix-résine concassée dans 20 mesures d'air atmosphérique 
dilaté par la vapeur de l'éther, et qui contenoient 10 mesures 
d'air atmosphérique pur avant lasdilatation. Les 20 mesures 
©:cupoient une colonne de 6 pouces de hant, et de 6 lignes 
de diamètre; elles ont été réduites à 11 mesures, par la pré- 
sence de la poix sèche qui est devenue à demi-liquide en con- 
densant presque en totalité la vapeur éthérée. 

J'ai obtenu une condensation un peu moindre en employant 
12 grains de suif. Les so mesures de vapeur éthérée n'ont été 
réduites qu'à 13 mesures. Le suif s'est ramolli. 

Douze grains de caoutchouk très-divisé ont réduit les 20 
mesures à 15 mesures. 

Douze grains de camphre ont réduit les 20 mesures d'air 
éthéré, à 16 mesures. Le camphre s’est hutmnecté. 

Douze grains de cire jaune ont réduit les 20 mesures à 16: 
mesures, : 

La vapeur n'a eu que très-peu d'action sur la résine lacque. 
Les 20 mesures n'ont pu être réduites par 12 grains de ceite 
substance, qu'à 19 mesures. 

La gomme adragant en même dose, a fait subir à la vapeur 

<thérée , une condensation trop petite pour pouvoir étre mesurée. 


La connoissance des pesanteurs spécifiques des vapeurs de 
l'eau de l’alcohol et de l’éther, peut nous donner un apperçu 
sur la loi que suivent les pesanteurs des vapeurs relativement 
à la volatilité des liquides d’où elles proviennent. L'eau à 
température égale, est moins évaporable que l'alcohol . et l’al- 
cohol l'est moins que l'éther. La vapeur élastique de l’eau est 
plus légère que celle de l’alcohol; la vapeur de ce dernier est 
plus légère que celle de l'éther. La pesanteur spécifique des 
vapeurs élastiques , à température égale, paroit donc étre en 
raison de la volatilité des liquides d’où elles proviennent. Les 


Tome LXIV. AVRIL an 1807. YYy 


35 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


corps les plus volatils sont ceux qui, dans des circonstances 
égales, produisent les vapeurs élastiques les plus pesantes. 
Les observations faites par plusieurs physiciens , indiquent 
. que les gaz de différente nature, se mélent uniformément 
et ne se rangent point entre eux, suivant l'ordre naturel de 
leur différente pesanteur spécifique; mais si cette observation 
n'étoit pas fondée; si les vapeurs qui émanent du globe ter- 
restre se rangeoient suivant L'ordre naturel de leur pesanteur, 
celles qui appartiendroient aux corps les moins volatils, comme 
aux terres et aux métaux, seroient celles qui occuperoient 
les couches les plus élevées de notre atmosphère, en y suppo- 
sant une température uniforme. 


NOTE 
SUR UNE NOUVELLE PLANÈTE, 


Découverte par M. OLBERS. 


M. Orsers a écrit à M. le français Lalande, qu’il venoie 
de découvrir une nouvelle planète. Voici les élémens de sa 
marche qu'il a pu déterminer. 


Le 29 mars, à 8 heures 21 minutes, temps moyen, son 
ascension étoit de 184° 8". 


Sa déclinaison boréale étoit de 11° 47’. 


Le 30. mars, à 12 h. 33”, temps moyen, son ascension étoit, | 
de 183° 52. 


Sa declinaison boréale, 11° 54. * 

Elle a été vue à Paris. Elle est visible à la vue simple Sa 
grosseur paroît à-peu-près comme celle d'une étoile de la 
cinquième grandeur. 

Elle paroît être à-peu-près à la même distance que les trois 
planètes nouvellement découvertes , Cérès, Pallas et Junon. 

Nous donnerons la suite des observations que les astronomes 
vont faire sur cette gouvyelle planète. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE: 355 
NO AL CRISE PRE 7 DEN NAT RE DO AN 


Halle en Saxe, ce 16 mars 1807. 


EX TIRA LT 
D'UNE LETTRE DE M. GEHLEN, 


A J.-C. DELAMETHERIE, 


SUR L’ANALYSE DES OS. 


Monsieur, 


Lrs expériences trés-étendues et exactes de M. Berzelius, 
à Stockholm, ont prouvé que l'émail et la partie osseuse des 
dents de l’homme et des bœufs , ainsi que leurs os mêmes, 
con deeRt de l'acide fluorique. Voici les résultats des ana- 
yses : 


Email des dents de l'homme. Email des dents des bœufs. 
Phospiatesde Chaux 20 0 MEL eee ue 81,00 
Fluate de chaux DER TANES à CHU RRE Nes 4,00 
Carbonate de chaux CONTE EL een 7010, 
Phosphate de magnésie 1,5  .......:......... 3,00 
Natron et parties ani- INÉAIPON = ere T0 
males combustibles, 
eau 2,0 Parties animales... 3,56 
100 100 
Partie osseuse des dents de l'homme. Partie osseuse des dents des bœufs. 
Phosphate de chaux (961,95, .:..1::...1...06. 57,46 
Fluate de chaux DPIO!, Lise sde cb RIATEe 5,69 
Garbonate de chaux MONET 0. 0 ENT 1,58 
Phosphate de magnésie 1,05 .................. 2,07 
Soude avec un peu de 
muriateidel soude). ! 1/48 e:.14 00. 2.40 
Gélatine, veines, eau 28,00 ,,.,.,..,,.:.-.+..% 31,00 
100 100 


Yy2 


“ 


355 


Os frais secs de v’homme. 


Gélatine 32 17 
Veines appartenantes 

à l'organisation 1,13 
Phosphate de chaux 51,04 
Fluate de chaux 2,00 
Carbouate de chaux 11,50 
Phosphate de magntsie 1,16 
Soude avec une petite 

quantité de muriate 1,20 

100 


JOURNAL DE PHYSIQUE, 


DE CHIMIE 
. Os frais secs des bœufs. 


Peru qu 


100 


Les os de l'homme contiennent donc aussi du phosphate de 


magnésie ; mais les os des bœufs en contiennent davantage. ! 


Vous trouverez ces analyses dans le n° g de mon Journal. 


DE L’'ANTOPYELITE; 


Par J.-C. DELAMETHERIE. 


L'anToryrutTe décrit par Schumacher, se trouve à Kous- 
berg en Norvège. Il a l’aspect de l'asbestoïde ou stralstein. J'ai 
une abestoïde du Tyrol, qui lui ressemble beaucoup. Sa cris-- 
tallisation est en prismes dont on n'a encore pu déterminer la 
forme. Sa couleur est d’ün vert brun tirant un peu sur le violet. 
Sa pesanteur est 3.156 suivant Karsten. 

Le docteur John de Berlin, a fait l'analyse de cette sub 
Stance (Journal de Gehlen, décembre 1806), il en a retiré: 


. de cent parties, 


SIC A4 LUE HG Es 


Alumine...... 


Magnésie.......... 
Chaux... 


Perte:s.rurneimen, 


Oxide de AL LL 


.….... 


Oxide de manganèse... 


100 


46. 
On voit que cette analyse se rapproche assez de celle de: 
J’asbestoïde. Aussi je place cette substance, dans ma Classifica= 
tion minéralogique , à côté de l'asbestoïde. 


= 


© ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 557 


NOUVELLES LITTÉRAIRES. 


f 


Le Nestor francais, ou Guide moral et physiologique pour 
conduire la Jeunesse au bonheur ; par J.-A. Millot, ancien 
Membre des Coliége et Académie de Chirurgie de Paris; Cor- 
respondant de la ci-devant Académie des Sciences, Arts et 
Belles-Lettres de Dijon ; Accoucheur des ci-devant Princesses 
de France ; Membre de la Société académique des Sciences 
de Paris; Correspondant de celle de Médecine-Pratique de 
Montpellier , etc; ne 

Et par A.-J. Coffin-Rony , Avocat au ci-devant Parlement 
de Paris, et Membre de la Société académique de la même 
ville, etc. 
Les progres de l’amour du bien 
Sont le fruit de la vigilance; 


La vérité lui sert de guide et de soutien, 
Mais il doit son triomphe à la persévérance. 


3 vol. z1-8°. A Paris, chez Buisson, Libraire, rue Git- 
le-Cœur, n° ro, ci-devant rue Hautefeuille, n° 20. 

« Le but de cet ouvrage, dit l’auteur, est de prouver, 

» 1° Que l'homme, tant avili par plusieurs auteurs célèbres, 
» et ravalé par quelques-uns jusqu’à l'état du brute, est bien 
» loin de pouvoir lui être comparé, sans dégrader la sublimité 
» de son être, et sans blasphémer contre la Divinité dont il 
» est en partie une émanation : 

» 2° De prouver encore que l'homme est de toutes les 
» créatures la créature par excellence et la seule complète- 
» ment perfectible : 

» 3° De démontrer manifestement que lui seul est créé pour 
» s'élever jusqu’à la connoissance de son auteur : 

» 4° Enfin, de conduire l’homme dès sa jeunesse au bon- 
» heur pour lequel il a été créé; bonheur qu'il n’obtiendra 
» que par la pratique de toutes les vertus sociales, fruits d’une 
» bonne éducation. 


THERMOMETRE. 
CR. ON 


Maxivum. | Minimum. |A Min. Maximum. | 
1M62Es. + 30/à6m. — 1,3] + 2.0]à 63 m....28. 5,or|à 5 ? m..... 28. 4.50|)8. 16: 
213s. + 5,54 6£m. + 0,6| + 50 10m borde 28. 4.78|à 11.75 28. 2,72|28, 4.40| 
üh3s +H6Gala6m + ol + 641 m......28. De TO| AN TINS ses Ee 27.11.5%|28! o So 
afios. + 8r1là6m. + 0,4] + 7.00: m HS Evt 27e T6) LOS 27. 8,70|27.10,c8 
blizis. + r,6là72m. + o,| + 18h 11 OCAAE 27.10,02|à midi..... 27. 82527, à 
6li12s. + 2,1là67m. — 1,6] + 2,0 162" mM.....27.10,44|à minuit 27. 6,8|2 10, 24 
7fioidi + 3,2là 2£m. — 4,4] + 5211 ir SRE 27-11,90[à 9 m....... 27. 9.80|27.10,04 
8h35. + 4,5là 6m — 02,0| + 2,2116 m....... 27-712] OS LAN: 27. 7,18|27. 10,00 
gfi midi 14 5olà 61m. + 0,6] + 5,ofùà 11 8......27. 7,82|a 6 +m..... 27. 4,56|27. 4.85 
ef midi. + 2.olù 105. + o.5l + 2,0fà 10 5. ..... 27.11,50|à G1u......27.16,35|27.10,61 
il 45, + 2,61à 6m. —o,| + 2,6fà 105......27.11,92/à 6 m. ..... 27.11,40|27.1108 
10 +S + 4,211 6m. — 0,6] + 3,2fà 6 m...... 28. 1.76laoim..... 28. 0,25|2€ 
is. EL 2,4là 8 m. + où] + 2,2]a 8 m...... 28 NO)02| AIS. rene 28. 0.08|28. c, 
4]:8%s + 29|à62m. + og] + 2,2l1 6: m..... 28.Uo,52| 488 502... 97.11,65128 
148 + 3,3la6 mm. + 1,2] + 3,3fa 10 5....... 27:10;70|A14 S-!. 2. 27-10,2:|27. 10,40] 
Gi nudi + 2,7là2m. + 24] + 2,701 6m.......27.10.9o|à Eee Be r pad 27. 8,04|27 10,301 
7 ‘ee + 4oja11is. Æ 1, + 3Hfarris..... 27. 8,,9là 6m.......27. 6.0-|27. 6,68 
JS. +Ho,ilà Gin. <Æ 2,1] H 9,0 midi... ... 27. 7,80|à 3. 27 07102)|27e : 
midi + 93/à minou Æ 2,5] + 9,4à minuit....28. o,38|à 6 m...... 27. 0,55] 27.10, 31] 
ocfros. +Hio,5lï7m. + 46| + 9,3fù 10Es..... 28. 1,72/à 6 m.......26. 1,%0|28. 1,40] 
1f3+s. +Hir,8/à6m. + 1,8] Hio.7li 11 Es.....28. 3,80 NE Fr ete 26. 2,96|27. 3,r5 
2 NS) + 0,3là 6m. + 2,5] + 8,611 6 im...... 28.145 55 à 3 s: ....20. 3,70[28. 4/25 
AriEs, + 6,716 m. +icl + DESÉAIG Me eee 25. 4,10|à 3 À F s RENE 28. 3,36|28. 3,751 
glizs. +57 6m. + 0.5] + 4, Ji nudi ..... 26. 3,05/à 118. SEA 28. 2,60/28. 393 
Sfr 3 SP 45 là 5 Em. = xr{aft À 4 ofitir m....-:20: 2,50 11 5...... 26. 1,61|28. 2,32 
él as. + 5:8)à 6m. 011,0) + 5,ofi 2 m...... 28. 1,79|à 11 S......27.10,25|28. 0,52] 
TR 53s + 74là6m. + rt] + 5yfi1 8 m...... 27. 8,91[à nudi.....27. 8,25|27. 8 25 
&li4s + 41là8m. + ro] + 3,192 midi... 27. 0,73 à 45.......27. 0,34|27. 8,75 
22e. Lea om 2,07 2E Sc -ue 27. 6,22|à midi...... 27. 8.06 |27. \ 
Jchimii + 38là11 2s. + ro + 36fà 11 s...... 27. 0,44|à 8 m....... 27. 0,40|27. 8,501 
lee at “lp 5£im. + 1,6] “+ 3,314 8 m...... 27. 9,99/à 10 ?S.....27. 7,78|27. 9; 


C'ANPPINT UE A TATLOPNE 


Plus grande élévation du mercure...28.5, or, le 1 à 6m. 


Moindre élévation du mercure..... 27.4, 56,le9 à6h.1m. 
Élévation moyenne. ..... 27.10,78 

Plus grand degré. de chaleur. .... +1168,le à 2 h.?s. 

Moimure degré de chaleur....... — 4, 4,le 7 à4x m. 


Chaleur moyenne........ + 57 
Nombre de jours beaux....... 19 


î 


Ebar 


L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, 
MARS 1807. 


74.0|N. fort. 


[NE faible!D. Q. 


B au cicl. 


RÉCAPIT 


Beau ciel, un ciel. 


1| 65,0 Léger br.;s cielsans n.|Fort beau ciel. } 
2| 66,0 Id. i : Que!q. vap.; b: ciel.u|à 
5] 73:0{N. Lég. vap.; beau ciel.|! ég. brouill.; beau c.| Brouill. ; beau ciel. l: 
4| 81,5]N. Lég. br. ; beau ciel. [Quelq. n.; beau ciel.|Ciel c. ; temps caline.|à 
5] 71,0IN. N-O Giel couv. ; neige. ie! nuageux, Bsau ciel. 
6 )N-0 Ciel très-nuageux. [Ciel couv. Beau ciel. 


B'ouill.; quely.naag |C. nuag.; neige p. int. 
q | 5 £-5 Ê 


7 
8 N-E Apogée. A-L. | Br. épais à l'horison. [uel nuag.s b. ciel.|Cicl néb. et couv. 
9} ü1,o[N. Equin. ase. |Hr.; beauc. d’éclaic, [Ciel très-auag, Couv. ; neige d. lan. 
el 75»°]N-E. Nuägeux ; neï.e. jel couv. Ciel nuageux. k 
AW NE Br.; cicl nuag. Beauc. d’éclaircis. |[Quelq. vap.; beau c.|f, 
12} 69,a N-E. Ciel couvert. jouyert, Couvert. É 
13| 89,0[N-E. Brouillard; ielcouv [Convert. T'ès-couvert. 
14| 89,c|N. Brouillard; cielcouv.| 74. Id. 
15| 88,o[N. Ciel couvert. el très-couvert. A :5ez beau ciel. 
16} 72,00. Br. ; beau cel. :el nuag. Ciel couvert. 
78,0! N-O. P. Q. Neige dansla nuit. | el nuag. Giel nuageux. 
88 o|S. S-0. Ciel c.; q. g. d'eau. |C'el nuag. Cie! id. 
64,0|0. Beaucoup d’éclaircis.| ‘el id. Ciel id. 
87,0|S. Ciel couvert. C: néb.; pl. p. int. |Cielassez beau. 
75,0|S. . Brouill. ; gelée b]. Très-beau ciel. Beau ciel, 
| 75,o[N-E. Périgée. Brouill. très-épais. |! ég. br.; beau ciel. |Beau ciel. 
60,o|N-E. Equin. desc. |Lég. br.; assez b. c [Beau ciel. Très-beau ciel. 
53,0[N-E. fort. |p. L. Cicl pur. Id. Idem. 
»5| 54,0/N-E. Idem. Id. Idem. 
26! 70,o!N E. fort Idem. Id. Ciei couvert. 
271 55,o[N-E. fort Br. ; ciel couv. el nuageux. Ciel couv. 
! go.o|N. Pluie forte et abond.| Pluie. Ciel couv. 
| do,o[N. fort Ciel couvert. Couvert. Couvert. 
o! 89,0|N. foible. |D.Q:. eige fond. ; pl. fine. [Ciel couvert par int. |Ciel couvert, 


Ciel nuageux. 


UP EAST OUNE 


Beau ciel. 


Beau ciel. | 
| 
| 


Ciel couv. 


1 de couverts.....,. I1 
< de pluie nes rs 5 
de VENT. eee 31 


Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de Patmosphère, on a divisé le jour en. 


Jours dont le vent a 


soufflé du S 


brouillard. .... 
neige... 


trois pariies : la première contient les variations depuis miauit jusquà 9 heures du matin; la 
seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures; enfin Ja troisième depuis 9 h. du soir au minuitsuivant. 


360 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. 
f. 


TA BRPEE 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. 


Expériences sur les combinaisons du soufre et du charbon, 
et sur l'hydrogène contenu dans ces substances ; par 
Æ -B. Berthollet, fils. Extrait. Pag. 273 

Note sur la Yénite. 278 

Nouvelle Méthode pour la résolution des équations 
numériques d'un degré quelconque, d'après laquelle 
tout le calcul exigé pour cette résolution, se réduit 
à l'emploi de deux premières règles de l’Arithmé- 
tique; par M. Budan, Docteur en Médecine de 
l'Ecole de Paris. 279 

Hauteurs de plusieurs lieux , déterminées par le 
baromètre, dans le cours de différens voyages 
faits en France, en Suisse, en Italie ; par F. 


Berger, Docteur-Médecin de Genève. 285 
Mémoire sur la composition de l'Alcohol et de 

l'Ether sulfurique ; par Théodore de Saussure. 316 
Note sur une nouvelle planète, découverte par 

M. Olbers. 354. 
Extrait d'une lettre de M. Gehlen, à J.-C, Delamé- 

cherie, sur l'analyse des os 355 
De l'Antopyllite; par J.-C. Delamétherie. 556 
Nouvelles Littéraires. 357 
Tableaux météorologiques ; par Bouvard. 358 


4 DES " 

HI ÈS 
d] + CES » 
CRE 


RESTE DORE À 


JOURNAL 


DE PHYSIQUE, 


DÉENC'EC TM FE 
ET D'HISTOIRE NATURELLE... 


MAI An 1807. 


OBSERVATIONS CHIMIQUES 


à 


SUR les procédés à suivre dans l'art de faire le vin 
rouge, surtout lorsque le raisin ne parvient pas à 
parfaite maturité ; | 


Par M. ne SAMPAYO. 


De tout temps on a reconnu que le raisin le plus mûr 
étoit celui qui donnoit le meilleur vin. De là le principe géné- 
ralement répandu dans tous les vignobles, que pour avoir du 
bon vin, il faut, autant que possible, ne couper le raisin que 
lorsque sa maturité est parfaite. On sait cependant assez qu’un 
grand nombre de circonstances, telles que des gelées précoces, 
des pluies excessives, etc. , décident bien souvent le propriétaire 
à recueillir son raisin ayant qu'il n'ait atteint toute la maturité 
que l'on pourroit desirer : il préfère alors avoir du mauvais 
vin, plutôt que de n’en avoir aucun. Mais il falloit dans ce 
- cas suppléer à la maturité du raisin. Macquer l'a senti, et 
ayant remarqué que le raisin mür contenoit plus de sucre que 


Tome LXIV. MAI an 1807. Lz 


ZG2 JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DE CHIMIE” 


celui qui ne l’étoit pas, il a conseillé d'ajouter dans la cuve 
en fermentation un peu de sucre, afin de mettre le raisin 
non mür dans le cas de celui qui l'étoit; ce que quelques 
auteurs ont répété d'après ce chimiste. 

Dans ces derniers temps, on a yu que le raisin non mür 
diffère de celui qui a acquis tout le degré de maturité possible, 
non-seulement en ce que celui-ci contient plus de sucre que 
le premier, mais en ce qu'il contient moins d’acide malique. 
Il est donc évident que, pour pouvoir espérer de mettre le 
raisin imparfaitement mûr, dans l’état de celui qui l’est parfai- 
tement, il faut non-seulement augmenter la quantité de sucre, 
mais aussi diminuer celle de l’acide malique. L'addition d'une 
matière sucrée quelconque , telle que la cassonade , la mé- 
lasse, etc., en supposant même qu'elle ne donne au vin aucun 
goût étranger, ne pourra jamais remplir celte double condition; 
l'acide malique y restera toujours, et si on l’apperçoit moins, 
c'est parce que l’alcohol cache son goût. Il seroit donc de la 
plus grande importance de découvrir le moyen de pouvoir 
diminuer dans le raisin la quantité de cet acide et d’augmenter 
en même temps celle du sucre, surtout si l’on étoit sûr de 
n'apporter au vin aucun goût étranger : c’est en effet ce que 
je crois que l’on pourra obtenir, au moins en grande partie, 
par le procédé que je vais exposer; j’en suis d'autant plus 
persuadé , que j'en ai l’expérience de plusieurs années dans 
la maison paternelle. Autrefois nos vins rouges étoient très- 
acides et ne pouvoient guère supporter les chaleurs de l'été, 
tandis que les vins blancs obtenus sans cuvage, étoient forts et 
généreux et se conservoient plusieurs années. Maintenant nos 
vins rouges partagent toutes les bonnes qualités des blancs, 
et non-seulement ils peuvent supporter les chaleurs de l'été, 
mais encore le trajet de Lisbonne au Brésil, où ils ont acquis 
de la réputation, 

J'exposerai d'abord le procédé par lequel nous avons obtenu 
cette amélioration et les considérations qui l'ont fait naitre, 
et je chercherai ensuite à faire valoir les raisons qui viennent 
a son appui, 

Il faut d’abord cueillir séparément le raisin blanc et le raisin 
rouge, Ce qui est très-aisé, puisqu'on peut destiner quelques 
ouvriers pour le raisin blanc et d’autres pour le rouge. Quant 
au raisin blanc, il ne faut que le fouler et le presser sans 
le cuver. On verra bientôt l'emploi de ce moût blanc. Quant 
au raisin rouge , il faut le porter dans la cuve, le plus frais 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 363 
qu'il'est possible, c’est-à-dire de manière à ce qu'il y ait le 
moins possible de grains écrasés. Si la distance de la vigne 
au pressoir exige l'emploi des charrettes pour le transport du 
raisin, on ne doit jamais presser le raisin dans les baquets, 
comme on le pratique ordinairement pour qu'il ait moins de 
volume, En un mot, le vigneron doit porter tous les soins 
convenables à conserver les grains entiers. On remplit la cuve 
à-peu-près jusqu'aux deux tiers ou trois quarts, et on la laisse 
Sans y toucher pendant deux et même trois jours, selon l'état 
de maturité du raisin. On ne doit pas méme, couvrir alors 
les cuves, pour éviter que le raisin ne s'échauffe. Au bout 
du deuxième ou troisième jour , un ouvrier entre dans la cuve et 
foule le raisin, ce qui est plus facile qu’on ne le croiroit d’abord; 
et s’il est assez adroit, on peut être sûr qu’il ne restera aucun 
grain qui ne soit écrasé au bout d’une demi-heure ou de trois 
quarts d'heure; ce travail doit se faire le matin. On doit avoir 
alors du moût blane frais, c’est à-dire qui n'ait point commencé 
encore à fermenter; on le chaufle et on le verse dans la cuve ; on 
peut même le faire bouillir. Dans les années pluvieuses , il faut 
non-seulement le faire bouillir, mais encore l’'écumer et le 
laisser évaporer un peu. On répète ces chaudronnées de moût 
blanc trois ou quatre fois dans le premier jour. Il faut de 
temps en temps enfoncer le marc, avec des fourches à trois 
dents , afin que la fermentation soit égale dans toute la cuve, 
et la tenir toujours couverteayec des paillassons. Le lendemain 
on répète le même procédé; mais la quantité de moût blanc 
chaud doit être moindre; je crois même qu’il seroit utile de 
ne pas le chaufler autant; on enfonce le marc de temps en 
temps comme la veille, etc. Dans la matinée du jour suivant, une 
heure plus tôt ou une heure plus tard, on voit le marc se 
baisser au centre, comme mon père et moi l'avons toujours 
observé ; alors on soutire le moût et l’on presse le marc. 

Voilà le procédé qui nous a toujours ben réussi et dont 
l’exécution n'est pas, comme on voit, bien dificile. Il faut 
seulement que celui qui dirige le travail ait soin d’avoir tou- 
jours du moût blanc frais pour les chaudronnées, ce qui est 
très-aisé à obtenir. Ayant six cuves et une bonne chaudière, 
cinq ouvriers préparent dans le pressoir le vin provenant du 
raisin coupé par 24 à 25 ouvriers, et dans 18 à 50 jours on 
a récolté 50 tonneaux de vin, ce qui fait à-peu-près 250 
pièces du contenu de celles que je vois à Paris. 

La séparation du raisin blanc d'avec le raisin rouge est 


Zz 2 


3564 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE: 
pratiquée dans la province d’Estramadure portugaise depuis 
nn temps immémorial ; je la crois très-avantageuse, puisque 
les rafles, les pellicules et les pepins du raisin blanc mélés avec 
le moùût rouge, ne manquent pas de se colorer aux dépens de 
ce même moût. La conservation du raisin dans la cuve pen- 
dant deux ou trois jours avant de le fouler, et l’addition du. 
moût blanc chaud, sont les procédés utiles que nous avons 
ajoutés, mon père et moi, à l’ancien usage de vendanger sépa- 
rément le raisin rouge et le blanc : Voici les considérations 
qui nous y ont conduits. 

Tout le monde sait que les fruits que l’on cueille avant 
leur parfaite maturité, étant gardés quelques jours, deviennent 
plus sucrés et plus succulens : il y a en Portugal même des 
iruits qui ne sont jamais savoureux, si on les laisse müûrir sur 
l'arbre : tels sont entre autres la poire de beurré gris, la 

oire qu'on nomme de conte, la pomme nommée Lemposta, etc. 

ous avons remarqué aussi que ce phénomène avoit également 
lieu dans le raisin que l'on cueilloit avant la parfaite maturité 
pour être mangé l'hiver; ces remarques décidèrent mon père à 
faire tourner au profit des vins la formation spontanée de 
sucre quia lieu dans les fruits aprés qu’ils ont été cueillis: les 
essais qu'il en fit lui réussirent fort bien; nous vimes qu'an bout 
de deux jours le raisin rouge, d’acide et désagréable qu'il 
étoit au goût, devenoit très-sucré, et que si l’on en écrasoit 
alors quelques grains, le moût, au lieu d’étre blanc et aqueux 
comme auparavant, étoit très-visqueux et coloré. Les ouvriers 
reconnurent aussi tout de suite ce changement favorable, et 
bientôt ils donnérent à cette espèce de fermentation le nom 
de 7nellacéo que l'on peut rendre en français par le mot 
rniellation , c'est-à-dire, passage à l’état de miel : et moi, je 
me crois assez autorisé pour l'appeler complément de la fer- 
mentation sucrée. l 

Quoique personne, je crois, ne puisse douter qu'en pa- 
reilles circonstances il y a formation de sucre, cependant; 
pour constater ce phénomène avec plus d’évidence, j'ai entre- 
pris, au mois d'octobre dernier, les expériences dont je rendrai 
compte à la fin de ce Mémoire. 

Ces expériences font voir que les procédés que je viens 
d'indiquer, non-seulement contribuent à augmenter la quantité 
du sucre dans le raisin, sans lui communiquer des goûts 
étrangers , mais qu'ils diminuent aussi la quantité d'acide 
malique qui, comme on le sait, gène beaucoup les vignerons. 


JET D'HISTOIRE NATURELLE. 365: 


et les distillateurs d'eau-de-vie. Cependant il ne faut pas 
vouloir pousser trop loin cette fermentation sucrée; après une 
certaine époque la quantité de sucre au lieu d’ausmenter 
diminue , parce qu'il se forme de l’acide acétique, ce que le 
simple raisonnement pourroit faire croire , et que mes expé- 
riences confirment aussi, comme on verra bientôt. On m'a 
assuré que dans la Basse-Bourgogne et dans quelques autres 
endroits de la France, on garde dans des cuves le raisin tel 
qu'il vient de Ja vigne, et qu'on ne le foule que quand la 
fermentation bte y-est tellement établie, qu'une partie 
du raisin se trouve soulevée. IL faudroit examiner ce procédé 
de plus près pour pouvoir en juger avec certitude ; mais j'ai 
lieu de croire qu’à cette époque il y a déjà ‘une grande quan- 
tité ‘de sucre converti en acide acétique. En général il suflit 
de garder le raisin, deux à trois jours , pour que le sucre soit 
développé sans qu'il y ait formation d'acide acétique. On devra 
cependant le garder quatre jours, quand, par quelques cir- 
constances, on a été obligé de le couper trop vert; mais pour 
le raisin dans l’état ordinaire, quatre jours c'est déjà trop; 
et même trois, pour celui qui est bien mûr. 

Dans les travaux en grand, quelques précautions que l'on 
prenne, il y a toujours un grand nombre de raisins écrasés 
dans le transport de la vigne à la maison, et il paroit que 
le moût qui en résulte doit commencer sa fermentation al- 
coholique lorsqu'il est dans la cuve; cependant cela n'arrive 
point. Je l'ai goûté plusieurs fois au moment où l'ouvrier alloit 
y entrer pour fouler le raisin, et je n’ai jamais trouvé qu’une 
saveur un peu plus sucrée, moins cependant que celle des 
grains de la même cuve qui n’avoient point été écrasés : ce 
sont probablement les circonstances très-défavorables où il se 
trouve qui l'empéchent de fermenter; il est presque totalement 
privé du contact de l'air ; sa température n'a pas le degré né- 
cessaire pour déterminer une fermentation vivé et prompte ; 
et enfin il ne se trouve même qu'en petites portions occupant 
seulement les intervalles que laissent les grains de raisins qui, 
à son égard , doivent être regardés comme des. corps étrangers. 
Cependant, si l’on est assez scrupuleux pour craindre que ce 
mot nait déjà commencé sa fermentation et que cela ne 
cause quelque dérangement dans la totalité de la cuve, on 
n'a qu'a le soutirer et le mettre dans les tonneaux ; on auroit 
elors.un vin très-précieux, puisque ce moût ne proyient que- 


3566 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


du raisin le plus mûr , et par cette même raison, il doit étre 
assez coloré. 

Dans les premières années nous fimes fouler le raisin par 
petites portions et dans des baquets. Ensuite ayant remarqué 
la facilité avec laquelle on l'écrasoit, nous nous décidämes à 
le faire fouler dans la cuve. L'examen attentif du marc nous 
a convaincus qu'il n’en restoit aucun grain qui ne fût écrasé; 
il nous a aussi montré la supériorité de ce procédé sur les 
autres, dont nous-mêmes avions auparavant fait usage; les 
pellicules du raisin y sont réduites, pour ainsi dire, à rien: 
cela montre qu'elles ont été très-fortement atiaquées pour 
extraire la matière colorante, ce qui, selon moi, est un des 
principaux avantages du cuvage. Dans nos anciens procédés 
jamais les pellicules n’étoient si fortement attaquées, quoique 
nous fissions cuver trois et même quatre jours, et que l’on fit 
bouillir la plus grande partie du raisin rouge , tantôt égrappée, 
tantôt non égrappée. Les mauvais petits vins rouges que nous 
obtenons à présent, nous font encore voir que tout ce que 
le raisin pouvoit fournir de bon, en a été enlevé par le cuvage. 

Quant aux chaudronnées de moût blanc, nous avons été 
déterminés à les mettre en pratique de préférence à celles de 
raisin rouge dont nous faisions usage autrefois, par l'observation 
de l’odeur de vinaigre qui se dégageoit constamment toutes 
les fois que l'on fasoit bouillir du raisin rouge égrappé ou 
non égrappé. Comme par la position et l'infériorité de la plus 
grande partie de notre vignoble, nous avons à peu-près autant 
de raisin rouge que du blanc, il nous est arrivé quelquefois 
de mettre dans une cuve autant de moût blanc chaud qu'il 
y avoit de raisin rouge, et quelquefois méme encore davan- 
tage , et le vin qui en est résulté étoit encore assez coloré ; tel 
est l'avantage du complément de la fermentation sucrée, qu'il: 
paroît que non-seulement elle convertit en sucre une partie 
de l'acide malique, mais qu'elle fait aussi subir à la matière 
colorante de la pellicule, un changement en vertu duquel 
elle devient plus soluble. Dans les vignobles où le raisin blanc 
est en petite quantité, je crois que l'on pourra faire les chau- 
dronnées avec du moût rouge provenant simplement du foulage 
du raisin qui vient de la vigne; mais il faut toujours que ce 
moût soit frais et qu'il n'y entre rien du marc : le marc qui 
en reste pourra très-bien étre ajouté dans la cuve. dé 

Je n'ai pas besoin de trop insister sur les précautions qu'il 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 367 


faut prendre quand on coupe le raisin, ni sur le moment 
le plus avantageux pour le décuvage. Ces points ont été trop 
discutés par les Agronomes francais, pour que je puisse y 
ajouter quelque chose d'intéressant. Je dirai simplement que 
nous nous servons avec beaucoup d'avantage de grands paniers 
-d'osier, doublés en fer-blanc peint à l'huile, et que le signe 
qui nous règle sur le moment du décuvage, est l'abaissement 
du marc. 

Je crois ce procédé applicable à tous les pays, une fois 
qu'on le modilie sagement selon le climat, l'état de maturité 
du raisin, la qualité du vin que l'on veut: obtenir, eic. (x). 

Il me reste maintenant à exposer en peu de mots les expé- 
riences que j'ai faites le mois d’octobre dernier, les résultats 
que j'en ai obtenus, et les phénomènes que j’ai cru appercevoir , 
quoique je ne puisse les garantir sans avoir répété encore ces 
expériences, ce que je compte faire une des prochaines années. 

J'ai pris du négrier (variété de raisin) acheté à Paris; j’ai 
séparé les grains de la grappe, en coupant les pédicules le 
plus près possible; j'ai partagé la somme des grains en deux 
portions égales en poids, après les avoir bien mélangés, afin 
que ceux de la mème grappe se trouvassent , autant que 
possible, divisés dans les deux portions ; chacune de ces 
portions pesoit 12 onces et 5 gros (386 gram.); j'en ai gardé 
une, et j'ai procédé de suite à l'analyse de l’autre. Pour cela 
j'ai écrasé les grains avec la main; j'ai filtré le moût; j'ai fait 
macérer le marc dans l’eau froide, et enfin j'ai fait bouillir 
dans l’eau tout ce qui n’avoit point passé à travers le filtre; 
j'ai fait évaporer au bain-marie le moût et les eaux de ces deux- 
favages, ét ayant saturé l’excès d'acide avec du carbonate de 
chaux, j'ai continué l’évaporation jusqu’à consistance de sirop; 
alors j'ai fait bouillir dans l’alcohol pour séparer le sucre : 
bientôt on verra comment je m’y suis pris pour connoître la 
quantité de ce sucre. J'ai ensuite traité le résidu par l’eau bouil- 
lante, et j'ai remarqué que la plus grande partie du malate 
de chaux s'est dissous ; mais pour le dissoudre entièrement , 
j'ai traité par une petite portion d'acide acétique, ensuite j'ai 
précipité par l’acétate de plomb et j'ai saturé l'excès d'acide 
avec l’ammoniaque. Comme je ne me suis servi que d'une 


———_—_—_—_—_—_—— 


(1) En Normandie on connoît l'utilité du complément de la fermentation 
sucrée qui a lieu dans les pommes cueillies, puisqu'on ne les écrase, pour 
: FRE : 
faire le cidre, qu'après les avoir tenues quelque temps en tas. 


3568 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


très-petite quantité d’acide acétique, le tartrite de chaux a dë 
rester sensiblement intact : deux jours après j'ai analysé la 
seconde portion du raisin, en suivant le même procédé. Je dois 
remarquer que ce raisin avoit déjà une légère odeur d'acide 
acétique ; ce que jattribue à ce que probablement il y avoit 
quelques jours qu'il avoit été cueilli; puisque dans l'opération 
faite en-grand, je n’ai jamais senti une telle odeur, même 
au bout de quatre jours. Quoi qu’il en soit, l'expérience n'en 
est que plus frappante, comme on va le voir. 

La première portion m'a fourni, L 


Malate de plomb..... 180 grains (95,5 décigr.) 
Farine dechaut a 70 eee PO Here.) 


La seconde portion m'a donné, 


Malate de plomb..... 71 grains (37,7 décigr.) 
Tartriteidejohante: 2410608142. Ca6ré.se 30) 


Quant au sucre, ne-connoissant point de réactif pour le 
précipiter , je me suis décidé à le convertir en acide oxa- 
lique , afin de pouvoir connoître la quantité relative du sucre 
des deux portions de raisin (1). Pour cela, après avoir dégagé 
la plus grande partie de l’alcohol, j'ai traité par l'acide nitrique 
à 25 degrés, dont j'ai augmenté la dose jusqu'à ce que j'ai 
cru que l’acide oxalique étoit formé , et je me suis arrêté à 
la quantité de 10 gros, tant pour le sucre du premier raisin, 
que pour celui du second. J'ai ensuite précipité par le muriate 
de chaux, et ayant saturé l'excès d’acide, j'ai vu que le sucre 
du second raisin me fournissoit 47 gr. d'oxalate de chaux, 
tandis que celui du premier ne m'en fournissoit que 41. Par 
ces résultats on voit que l'augmentation de la quantité de 
sucre a été inférieure à la diminution de celles des acides 
malique et tartareux, ce qui provient probablement du sucre 
qui s'est converti en acide acétique, et que j'ai perdu. Cette 
expérience répétée sur du raisin récemment cueilli, pourra faire 


(1) Il eût étéxplus exact de reduire ce sucre en alcohol, afin de mieux 
connoître sa quantité; mais les petites portions sur lesquelles j'ai agi, 
m'ont empêché deñle faire. En le réduisant en acide oxalique, je n’en ai 
point la quantité réelle, mais j'ai la quantité relative, puisque les circons- 
iances sont absolument les mêmes pour les deux portions de raisin set je 
ne m'occupe ici que des quantités relatives. Je ne présente point une ana— 
lyse rigoureuse du moût, mais je tâche seulement de faire voir que dans 
le second moût il y a plus de sucre que dans le premier ; et pour cela je 


crois suffisante da conversion en acide oxalique. 4 
connoitre 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 363 


‘connoître au juste toutes les circonstances qui accompagnent 
ce changement d'acide malique en sucre ; mais l'expérience 
spas je viens d'exposer prouve assez la formation du sucre aux 
épens de l'acide malique, ce qui étoit précisément le but que 
je me suis proposé. Elle paroît méme indiquer que l'acide 
tartareux accompagne l'acide malique, et qu'avec lui il se con- 
vertit aussi en sucre ; mais les différences étant moins marquées, 
je ne me crois point encore assez fondé pour pouvoir l'assurer. 
J'ai fait encore plus : j'ai répété cette expérience sur du 
verjus qui commençoit à montrer un peu de transparence dans 
ses grains; Jai agi sr 7 onces et 4 grains (229 gram.) de 
graïss-sévarés de Îa grappe ; je m’y suis pris absolument de 
la »éme manière que pour le raisin rouge , seulement j'ai fait 
macCéter Je marc dans l’eau une fois de plus en raison de la 
dureté des grains et de lenr chair; et comme je ne craignois 
pas d’outrepasser le #aximum de formation de sucre, je 
n'ai soumis à l'analyse la seconde portion que quatre jours 
après la première, et il n'y avoit encore aucune odeur agétique. 
Voici les résultats de cette seconde expérience : 
La première portion m'a douné, 


Malate de plomb...... 82 grains (453,5 décigr.) 
T'artrite de chaux..... 39.......(20,7.......) 
Oxalate -de/chaux: . 25.9.7.0.(12,7.:.00) 


Cet oxalate de chaux provient du sucre traité par quatre 
gros d’acide nitrique. 


La seconde portion m'a fourni, 


Malate de plomb...... 70 grains (37,1 décigr.) 
Tartrite de chaux... RAR Mets 
OEM thai PTE 020108: 5) 


Cet oxalate de chaux provient du sucre traité par la méme 
quantité d’acide nitrique. 

On remarquera que dans cette expérience l’augmentation 
du sucre a été plus forte qu’on ne devoit s’y attendre, vu la 
diminution des acides : ce qui paroît annoncer qu'il y a eu 
une autre substance qui s’est convertie en sucre : en effet, 
j'ai remarqué que le moût de la première portion de verjus 
ne passoit à travers le filtre qu’avec une très-grande difficulté, 
et que celui de la seconde portion passoit beaucoup plus aisé- 
ment. Il paroit donc que dans ce cas, le mucilage s'est aussi 
converti en sucre, du moins une partie. 

Je ne me suis point attaché à déterminer les variations 

Tome LXIF. MAI 1807. Aaa 


379 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


qu'a subies l'acide citrique dont l'existence paroît assez prouvée 
dans le moût de raisin et surtout dans le verjus ; la quantité 
de cet acide étant très-petite, son passage ou non passage à 
l'état de sucre doit très-peu influer dans l'art de faire le vin. 

Ces deux expériences prouvent suflisamment que dans le 
raisin, même cueilli, il se forme toujours du sucre jusqu’à une 
certaine époque, après laquelle il se convertit en acide acé- 
tique; que ce sucre se forme principalement aux dépens de 
l'acide malique , et que dans le commencement de la matu- 
rité du raisin, le mucilage paroît aussi contribuer à cette for- 
mation. 

Je ne puis m'empécher d’exposer ici * nu trois phéno- 
mènes que j'ai cru observer dans le cours 
et qui pourront être de quelque intérêt. … 

Quand j'ai traité le marc du raisin rouge par l’ear bouillante, 
j'ai remarqué qu'il s’y dissolvoit une grande uantité de la 
matière colorante : ce que je n’avois point cbienu en le traitant 
à l'eau froide. Cela fait voir le besoin qu'on a d'échauffer ar- 
tificiellement les cuves en fermentation: et c’est là un des 
avantages des chaudronnées de moût bouillant, J'ai aussi re- 
marqué que le moût de la seconde portion de raisin rouge 
étoit plus coloré que celui de la première portion; qu'il en 
étoit de mème des lavages à l’eau froide, et que dans le trai- 
tement par l’eau chaude cette différence étoit encore plus 
marquée; cela est en faveur du complément de la fermentation 
sucrée , car cette observation paroît indiquer que la matière 
colorante a subi un changement tel qu'elle en est devenue plus 
soluble. | 

Dans les iraitemens par l’alcohol , outre le sucre, j'ai aussi 
dissous une matière végéto-animale qui probablement est la 
même qui, agissant sur le sucre , en forme de l'alcohol; je 
me suis apperçu de son existence par<les grumeaux que j'ai 
vu se former quand jai traité par l'acide nitrique, pour former 
l’ecide oxalique , et je suis persuadé que si j'eusse laissé agir 
spontanément cette dissolution pendant quelque temps, je 
n'aurois plus obtenu un atome d'acide oxalique, tout le sucre 
s'étant réduit en alcohol. Mais l'acide nitrique a toujours fini 
par dissoudre ce coagulum (1). 


L5n6€s » 


(1) Cette matiere végéto-animale a dû fournir aussi de l’acide oxalique 
dans le traitement par l’acide nitrique; mais comme sa quantité étoit égale 


dans les premiere et seconde portions , elle n’a pas dû altérer la quantité 
relative de l’oxalate de chaux. . 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. Dr 


J'aurois voulu pousser mes recherches plus loin, mais les 
petites quantités sur lesquelles j'agissois m'en ont empéché. 

Voilà donc bien des faits qui restent à vérifier et qui mé- 
ritent, je crois, l’attention des plus habiles chimistes; de mon 
côté, je ne manquerai pas de les poursuivre quand il me sera 
possible, 

Si ces procédés, dans la fabrication des vins, deviennent 
jamais d'une utilité générale , il sera bien doux pour moi de 
penser qu’on les doit à la réflexion et aux lumières d’un père 
que j'ai tant de raisons de chérir et de respecter : c’est ce 
qui m'a principalement décidé à les confirmer par des expé- 
riences chimiques. Il a été aussi très-heureux pour moi de 
pouvoirètre aidé en les faisant, par les conseils de M. F’auquelrr, 
a je dois toutes les connoissances que j'ai pu acquérir en 

1imie. 


mme) 


EXPÉRIENCES ÉLECTRIQUES 


Sur le verre considéré comme bouteille de Leyce, 
et sur le carreau garnt; 


Par M. *** 


Lr hasard me procura les deux Mémoires hollandais de 
M. Lugt, dont je parle dans mon Essai sur les Attractions 
électriques (Journal de Novembre dernier); en les parcourant 
je fus surpris que ce physicien püt admettre la théorie du 
plus ou du moins, tandis que presque toutes ses ma 
concourent à prouver un vrai passage à travers les pores 
mêmes du verre, lorsqu'il est, d'un côté, en communication 
avec le premier conducteur d'un appareil électrique que l’on 
fait agir, et de l’autre, en contact avec des corps conducteurs 
qui communiquent au sol 3 que pour obtenir ce passage il 
n'est pas nécessaire qu'il soit garni de deux côtés, qu'il suflit 
que celui quiest en contactavec l'appareil, le soit, et qu'il touche 
par un seul point à des substances demi-conductrices méme, 
telles que le bois d'uné table, etc, , qui ont assez de force 


A aa 2 


35a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 

pour exercer à travers leurs pores l'attraction du sol. C'est aïnsi 
que j'ai toujours soupçonné que la charge de la cascade se fait 
( V° Expérience de ma première Lettre à M. Van-Mons, à la 
suile de son N° 10); mais comme la bouteille semble retenir 
dans ses pores une partie de la matière électrique , et ras- 
sembler sur la surface qui communique aw sol, une grande 
quantité de fluide sensible au tact et à la.vue, lorsqu'on charge 
iortement une bouteille non garnie de ce cûté; j'ai pensé que 
la force de l'attraction du verre pour €e fluide étoit si puis- 
sante, que l'abbé Nollet avoit raison de soup'onner qu'elle 
auiroit l'électricité de la terre, et qu’elle affluoit méme du 
sol vers la bouteille, ce qui n'arrive pourtant point dans les 
expériences de M. Lugt, telle que dans la suivante, qui est la 
seconde du premier Mémoire , imprimé chez Hofhout et fils, 
à Rotterdam, 1802. 

_ I fit faire un appareil entiérement isolé, monté sur quatre 
colonnes de verre. Par ce moyen on peut communiquer ou isoler 
avec le sol, tantôt le conducteur, tantôt les frottoirs qui sont unis 
ensemble avec un demi-cercle de métal qui s'éloigue d'environ 
un pied du disque parfaitement isolé du sol. 11 peut fixer des 
tringles au conducteur et aux froitoirs. Dans cette expérience 
il atiache une de ces tringles aux frottoirs, qu'il conduit vers 
l’armure intérieure ou extérieure (cela est indifférent) d’une 
bouteille placée sur un isoloir , et à l’autre armure il joint une 
pareille tringle qui part du conducteur, en plaçant à chaque 
armure une tringle à boutons qui puisse s'éloigner et s’appro- 
cher à volonté, La bouteille parfaitement isolée se charge dans 
cet état d'isolement parfait, tant du côté de l'appareil , que 
de la bouteille. L'auteur en conclut que le sol ne contribue 
en rien à la charge de la bouteille, mais que dans les appa- 
reils non isolés, le bois de la table et celui qui soutient le 
disque, sont les conducteurs invisibles du fluide de la surface 
qui se dépouille vers le point d'où le fluide est excité au 
disque (l'auteur , comme je l’ai dit , admet la théorie de 
Francklin); que dans son expérience isolée, c’est l'usage 
des tringles qui remplace le sol et qui le ramène, etc. 

Je ne puis admettre la théorie d'un dépouillement de surface 
d'une matière impénétrable, comme M. Francklin soutient 
que le verre l’est, parce qu'une première loi de physique et 
de chimie est, qu'il ne peut point exister de mouvement sans 
impulsion préalable, par conséquent sans action immédiate 
sur la substance à dépouiller; d’ailleurs, quel est le corps que 


ET D'HISTOIRE NATUKELLE, S 
la matière ignée ne pénètre point? Or personne ne niera que la 
Matière ignée ne fasse partie du fluide électrique. Jetire donc une 
conséquence opposée de cette expérience, et en conclus qu'ici 
le fluide agit comme dans celle à cascade ou à chapelct. 
L'’anteur rapporte encore plusieurs Éna irès-imgénieuses, 
entre autres la suivante sur l’électrophore, par laquelle il con- 
tinue à vouloir prouver cette singulière déduction , et. qui 
dans le fait ne prouvent autre chose sinon que l'attraction 
du fluide igné qui se développe au disque , est assez forte 
pour suppléer à l'attraction du sol : enfin, que dans les expé- 
riences non isolées et dans celles-ci, le verre a une telle aflinité 
élective pour le fluide , qu’il en retient la même quantité dans 
les deux situations de la bouteille. C'est encore la théorie élec- 
tive qui en rend raison comme de tous les phiénomènes chi- 
miques et physiques. 

M. Lupt prend un électrophore, le place sur un isoloir ét 
s'isole lui-même avant qu'il le frotte; dans cet état de sé- 
paration entière avec le sol, il excite la friction, touche les 
deux armures, obtient des élincelles de la même force que 
si l’électrophore et lui communiquoient avec la terre. Il en 
conclut encore que le double contact nécessaire, dit-il, éta- 
blit une circulation complète comme dans son expérience 
avec la bouteille. 

Il y a un moyen plus simple de faire cette expérience avec 
un petit excitateur recourbé à manche de verre : je prends 
un électrophore bien isolé, je le frotte dans un état d'isole- 
ment comme le physicien hollandois, je descends de l’isoloir 
et prends l’excitateur dont je touche avec ses boutons à la 
fois ses deux armures, j'obtiens non-seulement l’étincelle, mais 
en me servant de l'excitateur, dont je laisse un bouton sur 
l’armure extérieure et en soulevant l’antre de 4 à 6 pouces 
pour pouvoir lever le chapeau qui va rencontrer dans l'air le 
bouton: soulevé au contact, il en résulte une vraie détonation. 
En posant le chapeau sans nouveau contact, à peine donne-t-il 
une très-foible étincelle. Les belles expériences de M. Libes, 
par lesquelles il obtient du contact seul de métaux hétéro- 
gènes du fluide électrique, me prouvent évidemment qu'ici, 
où l’action est ternaire, deux métaux et de la résine frottée, 
il y a une vrai génération ignée, si je puis m'exprimer ainsi, 
qui se renouvelle à chaque double contact. L'expérience sui- 
yanie est propre à appuyer ma déduction. 

J'avois vw dans les phénomènes électriques de M. Sigaud 


 _ 


974 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


de la Fond, qu'un physicien observa que les fils dorés d’une 
commode étinceloient chaque fois qu'il tiroit du feu du cha- 
peau d'un électrophore qui y étoit placé par hasard (Phéno- 
mènes élect., pag. 678, $ 174.). Ce fait me fit faire l'expé- 
rience avec un électrophore isolé, à côté duquel j'avois placé 
une boule de cuivre dont la tringle communiquoit au sol; 
j'éloignai cette boule d'environ une ligné de l’armure exté- 
rieure; je me plaçai sur un isoloir avant d'en tirer l'étincelle : 
dans cet état, pour prouver que ce n'est pas une circulation 
qui occasionne le départ, mais une attraction du sol qui devient 
divellante au moment que le fluide retenu dans le métal du 
chapeau n'agit plus en concurrence avec le verre pour le fixer 
dans Je métal de l’armure inférieure ,, je levai le chapeau à 
trois à quatre pouces , le tins ainsi pendant plusieurs secondes, 
sans voir la moindre étincelle entre l’armure inférieure et le 
bouton de l'excitateur ; mais au moment que je tirai le fluide 
du chapeau, une forte étincelle s'élançga vers le sol. Ce fait 
me fit d'autant plus de plaisir, qu'il confirme plus que jamais 
la théorie élective sur laquelle sont basées toutes mes déduc- 
tions. Je ne sais si cette expérience est connue : je ne Ja trouve 
ni dans MM. Libes, Haüy, ni même dans la Traduction fran- 
aise de Fischer, qui paroït depuis peu, avec des notes de 
M. Biot; mais il me paroît qu’elle mérite quelque attention , 
parce qu'elle jette du jour sur la théorie des orages. Ici, la 
colonne d'air intermédiaire entre le chapeau et le verre, pro- 
longe l’action retenante du verre à six, huit, et mème jusqu’à 
quinze ou seize pouces dans un temps sec : là, je me repré- 
sente un large plateau d'air entre ces nues qui parcourent 
l'atmosphère en sens contraire, dont le fluide électrique de- 
meure isolé jusqu’au moment que l’attraction élective parvient 
à surpasser l'action retenante de la couche d'air, etc..... 
Cette expérience rend aussi raison pourquoi le nouveau mul- 
tiplicateur ou doubleur, inventé depuis environ deux ans en 
Angleterre, charge ses plaques en les approchant et éloignant 
à plusieurs reprises, et acquièrt à travers la couche d'air 
qui les sépare, une charge si intense que les plaques dé- 
tonent (1). ‘ 


(x) Un ami m’avoit prêté plusieurs Journaux de Tilloch et de Nicholson Ë 
de 1805, où se trouve le dessin de ce multiplicateur ; j'ai fait la traduc- 


hon de l’anticle; mais elle est égarée ainsi que la copie de la planche et 
de la date du Journal, 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 555 


L'électrophore de verre dont M. Lugt, ainsi que Sigaud de 
la Fon parlent, mais dont il semble que l'on a néglisé de 
comparer les effets à la boûteille de Leyde, n'a occupé depuis 
peu. Voici les expériences qu'il m'a fait faire, et qui rendent 
encore plus probable la complète saturation de la bouteille 
de: Leyde, par aflinité retenante de la substance méme du 
verre, | 
Je prends un carreau de verre blanc de Pohème, de 20 
à 22 pouces de large, le place sur un isoloir bien arrondi et 
doré ou argenté entièrement de ;7 à 8 pouces de diamètre, 
qu'une colonne de verre supporte à la hauteur que les boules 
de deux tuyaux recourbés (fs. 2, pl. {re, Journal de Physique, 
Août 1806) puissent venir reposer sur une: petite garniture 
ronde métallique , collée au centre supérieur du carreau 
de 5 à 4 pouces de diamètre. En dessous, l’on place un 
excitateur à boule contre les bords de la plaque dorée de 
l'isoloir, en laissant une distance d’environ une ligne, comme 
dans l’expérience précédente. Dans cet état, je commence 
la charge : aux premiers tours du disque il arrive souvent que 
lon voit à l’entour de la petite armure supérieure , quelques 
jets de lumière électrique ; mais si votre verre est mince, 
bientôt ils disparoissent et vous pouvez continuer à tourner 
le disque mille et mille fois, le carreau sera chargé de toute 
la capacité du verre armé, mais fprétera ensuite un: passage 
continuel au fluide. C’est pendant l’obseurité que cette expé- 
rience m'a convaincu de la réalité du passage à travers les 
pores du verre comme à travers un filtre à tuyaux capillaires. 
Cette expérience fut répétée plusieurs fois en présence de l'ami 
qui me donna l'idée des oxidations des armures métalliques, 
en les comparant à celles qui probablement se font en grand 
dans les carrières de marbre (Journal de Juin 1806, pl. Il.). 
Il se plait à regarder cette expérience comme l'experimentum 
crucis, à l'égard de ce passage. C'est encore ainsi qu'il èst 
convaincu de même que le fluide électrique ne détruit les 
métaux les plus tenaces qu'en les oxidant partiellement au 
passage et ensuite à l'instant du développement gazeux qui 
se fait dans mes cylindres métalliques. Excellent chimiste pneu- 
matique, il me répète souvent que le calorique pénètre tous 
les corps, que par conséquent tous ont des pores, et que la 
pénétration de matière électrique à travers ceux du verre ne 
répugne en rien aux principes, mais que le prétendu dépouille- 
ment de la surface opposée du verre qui reçoit une surabon-- 


376 JOURN£ER DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


dance de fluide, ést contraire à l’axiome de son maître, point 
de mouvement, point de sensation (Lavoisier , Traité de 
Chimie, tom. 1, page 22), à moins que l'impulsion n’agisse 
à travers l'épaisseur , et de là, dès qu'on accorde cette action 
expulsive , il résulte une pénétrabilité du fluide. 

C'est en sa présence que j'ai répété l'expérience avec du 
verre commun : celui-ci cède plus difficilement le passage, 
mais se sature au contraire infiniment plus vite aussi; en peu 
de temps il détone sur lui-même, malgré le peu d’étendue 
des armures. Nous attribuons cette anomalie que présentent 
ces deux espèces de verre, aux différens fondans. Le blanc 
contient plus d’oxide métallique, l’autre, plus de matière saline. 
Si Ja déduction est juste, le Hintglass d'Angleterre doit être 
comme un éponge au fluide, et s'il étoit possible de trouver 
de grands carreaux colorés par des métaux, ceux-ci présen- 
teroient peut-étre d'autres faits. 

Il faut remarquer que malgré que le verre de Bohéme cède 
ce passage, une grande masse n'y passe point, à moins qu’elle 
y Soit attirée de la manière qu'elle l'est dans l'Expérience TI, 
pag. 152, Journal de Février 1806. C'est pourquoi l'on voit 
qu'il y a reflux vers le disque. L'expérience suivante en rend en 
quelque façon raison. 

Si je chargesun électrophore de verre placé sur un isoloir 
dont l’armure inférieure est aussi large , à un pouce près, 
que le carreau, et que j'arrête le disque au moment que les 
jets m’annoncent une prochaine détonation spontanée; si dans 
cet état j'enlève la communication avec le sol, et que j'ôte le 
chapeau de la surface supérieure , toute la charge demeurera 
adhérente au verre ; l'on sentira en le touchant, un picote- 
ment et comme une vapeur ignée. En éteigaant la lumiére 
elle est visible, surtout si l’on approche le bord; mais le fluide 
devient absolument lumineux si l’on souffle légérement sur la 
surface : alors une ondée de feu parcourt le verre pour se 
réunir au fluide accumulé de l’autre côté, entre le verre et 
la garniture métallique : ce qui est surtout remarquable, l’on 
distingue deux couleurs de fluide, l'inférieur est plus vif, 
plus blanc. Ce phénomène a lieu lorsqu'on laisse la commu- 
nication; l'ondée de feu qui coule à l'opposé de la bouche 
vers la surface, inférieure, est plus forte , mais ne dure pas 
aussi long-temps. Cette expérience fait naître la question, si 
tous les ingrédiens passent à travers la substance du verre, 
Où si c'est à l'état du verre seul qu'il faut attribuer la difié- 


rence 


ET D'HISTOIRE NATURELLE 377 


rence de l'action? Je crois que c’est cette modification que 
paroît souffrir la substance électrique même, qui constitue les 
états opposés, que chaque physicien tâche d'expliquer d’après 
sa manière de voir ; Francklin, par le plus et le moins; S:mmer, 
par deux fluides neutralisés dans les corps, et dont les molé- 
cules se repoussent , s’attirent, elc., etc., elc. 


Cette expérience ne démontre-t-elle pas que les attractions 
qui agissent ici réciproquement entre les deux surfaces du 
verre, retiennent le fluide sur les parois supérieures milgré 
qu'on enlève le chapeau ? tandis que dans l'état de non iso- 
lement de la surface opposée, le chapeau l'enlève à une dis- 
tance de trois à quatre lignes d'élévation , si l'on le touche 
par un corps métallique qui communique au sol sans qu'il 
y ait un cercle parfait établi, parce qu'alors le sol absorbe 
tout à fait celui qui est accumulé sur la surface opposée. J'ai 


répété, pour vérifier ce fait, la transvasation de l'eau des trois 
manières suivantes : 


J'ai chargé une bouteille À eau, après avoir enlevé la tringle 
par un crochet à manche de verre; j'ai placé une bouteille 
sur une plaque de plomb en communication avec le sel. Si 
je suis isolé ou point dans cet état, les deux bouteilles par- 
tagent chacune la moitié de la charge; mais pour conserver 
la charge dans celle qui a perdu son eau, je dois me placer 
sur un isoloir lorsque j'y verse de la nouvelle eau, à moins 
x ce ne soit d'un vaisseau de verre, sans quoi le fluide 
lectrique pouvant s'échapper, et par mon corps, et par le 
métal sur lequel repose la surface extérieure et qui peut écon- 
duire l'électricité opposée vers le sol, la bouteille se décharge 
entiérement d'un côté par mon corps, et de l’autre vers le 
sol, comme celle qui, étant chargée, seroit touchée par la 
main, tandis qu’elle communique à terre de l’autre côté. 


Au contraire, si je charge fortement une bonteille, que je 
transvase son eau dans une bouteille isolée, l'eau n’emportera 
rien, tout demeure dans la bouteille , parce que l’aitraction 
d'aucun corps n’agit pour attirer le uide, et que le verre 

ue j'en suppose saturé dans la fonte, n’a plus d’aflinité qui 
l'attire. C'est comme une éponge qui ne prend plus d’eau, à 
moins qu’elle ne puisse la céder à d’autres corps qui l'attirent. 
Ce n’est donc pas dans les armures qu'est retenu le fluide, 
mais dans le verre même et sur ces deux parois. Sije fais, 


Tome LXIV. MAI an 1807. Bbb 


378 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


comme je l'ai remarqué plus haut, la transvasation dans une 
bouteille qui communique par son armure extérieure au sol, 
et que je sois sur un isoloir, celle-ci ne perd ou ne retient 
pas plus de fluide. N’en doit-on pas conclure que l'extérieur 
une fois chargé n’attire ni ne donne plus rien au sol? 

L'expérience suivante avec l’électrophore jette encore du 
jour sur tous ces faits. 

Je charge un électrophore de verre et de résine, je le touche 
de deux côtés; j'enlève le chapeau, je le pose de nouveau 
sur l’électrophore; au moment que je porte la main, soit sur 
l’armure extérieure , soit sur le chapeau, je sens une étincelle 
presque aussi forte que celle qui part du chapeau enlevé. 
Mais si avant d’avoir remis le chapeau, je touche première 
ment l’armure inférieure , je lui enlève son électricité sur- 
abondante, et faisant ensuite l’attouchement, l’étincelle est 
presque nulle, signe, à ce qui semble, que les doigts, en se 
portant sur les deux surfaces , ne font qu'établir une commu- 
nication entre les deux armures qui sert pour ainsi dire d’in- 
termède divellant qui donne ledéveloppement au fluide qui 
se dégage. 

Je présente ces vues aux physiciens , non pour créer une 
nouvelle théorie, mais pour voir si les phénomènes ignés tant 
du magnétisme, du galvanisme, de l'électricité, des détona- 
tions, ne sont pas subordonnés à la loi générale des affinités. 
Les belles expériences dont MM. Libes et Ermann viennent 
d'enrichir nos connoïssances physiques, concourent toutes à 
ne faire admettre qu’une seule matière ignée , qui forme la lu- 
micre, les fluides magnétique, galvanique, électrique, etc, etc., 
que ce ne sont que divers ingrédiens qui la modifient. Je les 
appelle, dans une lettre que j'écrivis, il y a environ six mois, 
à M. Delamétherie, semi-graves, parce que je les vois tou- 
jours prendre la tension centrifuge et accompagner cette ma- 
tière lorsqu’elle se dégage des corps combustibles: tel de ces 
fluides la prend comme celles de l’éther à ... degrés de 
chaleur, tel autre ne le prend qu'à la plus. forte chaleur des 
foyers ardens ‘inconnus avant Homberg, et même de son 
temps, qui est nécessaire pour volatiliser l'or, etc. Les expé- 
riences de M. Ermann (#’oyez Journal. de Physique ,: mois 
de Février de 1807) démontrent que la flamme de l'esprit de 
vin contient d'autres ingrédiens que ceux du soufre et surtout 
du phosphore; qu’on examine les gaz que des mêmes acides 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 379 


dégagent des métaux différens , les différentes couleurs des 
feux d'artifices , toutes ces modifications ne démontrent-elles 
point que le calorique de l'air, joint aux ingrédiens latens 
dans les combustibles , enlèvent diverses molécules dont le 
nombre nous sera toujours inconnu ; le carbone, l'azote, l’hy- 
drogène, l’oxigène, même si abondant , nous sont inconnus. 
Sont-ils simples ou composés? Que de modifications ces quatre 
bases ne donnent-elles point par la seule proportion dans leur 
mélange ! Le nouveau mélange inflammable qui fit peur à 
M. Proust, et l’'empéeha de continuer de nouvelles expé- 
riences , pourquoi semble-t-il encore plus terrible que l'argent 
fulminant? Avant mes expériences, si j'ose parler de l’action 
combinée de l’eau, du plomb et du fluide électrique, sur les 
métaux les plus ténaces, tels que les soudures et le fer, eût- 
on dit que l'expansion ignée pût y étre assez puissante pour 
rompre à la longue un cylindre d’environ dix lignes, dont 
deux d'ouverture, par conséquent de quatre lignes d'épaisseur, 
du meilleur fer que j'envoie à M. Delamétherie, ainsi qu'une 
grande cartouche d'un alliage de de cuivre et = d’étain, 
semblable à la première qui résista si long-temps à une force 
d'environ 40 pieds, et qu’une de 140 a brisé en dix explosions. 
Celle de fer donnoit des ondulations à la g° explosion, et a 
eu besoin de 40 pour lui donner les déchirures actuelles. Je 
desire qu'un physicien essaye deux cylindres semblables pour 
chercher les proportions, mais elles ne sont point en raison 
carrée comme je me le suis imaginé. La progression de la 
résistance est plus grande en doublant l'épaisseur. du fer; car 
un cylindre de fer, de la moitié de l’épaisseur, s'est filé à la 
quatrième explosion , et à la 7° les déchirures étoient plus 
fortes qu’à la 40° de celle-ci. Je ne puis me refuser à la 
conviction que l'action ignée doit être décomposante des mé- 
taux que l'on y soumet. 


Bbba 


580 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


——_—_—_—_—p_—————paaa 


TRAITÉE ÉLEMENTAIRE 


,» 


DE MINÉERALOGIE, 
AVEC DES APPLICATIONS AUX ARTS; 


Ouvrage destiné à l’enseignement dans les Lycées 
nationaux ; 


Par Alexandre Bnocwrarp , Zngénieur des Mines, Directeur 
de la Manufacture impériale de porcelaine de Sèvres. 


2 vol. in-8°, De l'imprimerie de Crapelet. A Paris, chez 
Déterville, Libraire , rue Hautefeuille, n° 8, au coin de celle 
des Poitevins. 1807. 


EXIRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. 


L'ossrr d’un Traité élémentaire de Minéralogie est de 
donner une description si exacte des minéraux, qu'on puisse 
facilement les reconnoitre. Un minéral, comme un végétal, 
un animal , a un certain nombre de qualités qui lui sont 
propres, et qui le distinguent de tout autre. Ces qualités d'un 
minéral, d'un végétal, d'un animal, ou de quelques produits 
des végétaux et des animaux, tels que les huiles, les résines, 
les baumes , les gommes. .. propres à les faire reconnoître, cons- 
tituent ce qu’on appelle leurs caractères généraux et spécifiques. 
Les minéralogistes, dansles caractères des minéraux, se sont atta- 
chés principalement à leurs couleurs, leur dureté, leur éclat, 
leur transparence ou opacité, leur pesanteur, leur cassure, 
leur forme... et enfin leur facies. 

Les formes chez les animaux et les végétaux sont à-peu- 
près constantes , et sont un moyen en général assez sûr pour 
en déterminer les espèces. Cependant il est des circonstances 
où elles sont insuflisantes. Des végétaux et des animaux de 
la même espèce, mais qui vivent dans des climats opposés, 
par exemple, ont souvent des formes assez différentes pour 


LU = 
ET D'HISTOIRE NATURELLPF,. 381 


qu'on soit embarrassé de savoir s’ils ne forment pas des espèces 
particulières. On a donc été obligé d’avoir recours à un autre 
caractère qu'on a cru plus sûr; c’est leur mode de reproduc- 
tion. Deux animaux, deux végétaux qui peuvent se reproduire 
par leur union, sont regardés en général comme de la même 
espèce. S'ils ne peuvent pas se reproduire, on les dit d'espèces 
différentes. Néanmoins cette règle elle-même présente des 
exceptions, comme on le voit dans les espèces hybrides. 

La forme chez lesiminéraux a paru également être un assez 
bon caractère pour les reconnoître, Zinnœus , dont la vue 
étoit si perçante, a été un des premiers naturalistes qui, ait 
donné à ce caractère (déjà connu par les anciens) toute 
l'importance qu’il mérite. Mais ce furent les travaux immor- 
tels de Romé de-Lisle qui mirent cette vérité dans tout son 
jour. Il décrivit les formes de la plupart des minéraux qu'on 
connoissoit, en fit.voir les formes primitives , et démontra que 
toutes les formes secondaires dérivoient de ces premières. 
Il constata également que les angles de chaque espèce de 
cristaux étoient toujours les mêmes. 

Gahn et Bergmann démontrèrent ensuite que chaque espèce 
de minéral cristallisé étoit composée de molécules primitives 
(apperçues par Bourguet) qui, par différentes lois de décrois- 
sement, donnoient toutes les formes secondaires. 

Néanmoins les formes, chez les minéraux comme chez les 
végétaux et les animaux, sont souvent insuflisantes, puisque 
les mêmes formes, telles que l’octaèdre, la cubique, la té- 
traédre... se trouvent dans un itrès-grand nombré de miné- 
raux différens. 

D'ailleurs on trouve très-peu de minéraux cristallisés ; la 


très-pgrande majorité ne l’est ;pas: On a donc. été obligé: de 


chercher d’autres caractères , et d’imitér le négociant qui re- 
connoit les gommes , les résines, les baumes, ... quoiqu'ils 
ne soient pas cristallisés. Mais ces caractères sont eux-mêmes 
incertains. 

Le minéralogiste ne peut également, comme le botaniste et 
le zoologue, avoir recours à la reproduction des minéraux pour 
en constater les espèces. 

Il ne lui restoit que l'analyse chimique qui lui présentât un 
caractère sûr. Aussi est-ce cette voie que les grands miné- 
ralogistes, les Wallerius, les Cronstedt , les Bergmann, les 
Karsten... ont employée pour la détermination et la classi- 


382 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


fication des espèces minérales. Leurs travaux ont élevé la 
minéralogie au même degré que la botanique et la zoolopie. 

C'est également d’après les mêmes principes que j'ai proposé 
une nouvelle classification des substances minérales, dans ce 
Journal 1806, cahiers d'Avril et de Mai. 

L’auteur de l'ouvrage que nous analysons, est trop instruit 
pour n'avoir pas adopté les mêmes principes. « L'espèce 
» minérale, dit-il, dans son Introduction, n° 76 , est la réunion 
» de tous les individus dont la composition est la même. » 

Cependant cette méthode elle-méme présente aussi des 
exceptions. J'ai fait voir que des minéraux pouvoient être 
composés des mêmes principes chimiques , et différer néan- 
moins par tous leurs caractères exterues ;, la dureté, la pesan- 
teur, l'éclat, la cassure, la molécule, la forme:... tels sont 
le spath calcaire et l’arragonite, le ruthil et l’oisanite... dont 
on ne peut s’empécher de faire des espèces distinctes. 

L'espèce en minéralogie ne peut donc étre déterminée que 
parla réunion de tous les caractères extérieurs, et de l’ana- 
lyse chimique. 

Ce sont les mêmes principes qu'on emploie pour déterminer 
les espèces dans les produits des substances végétales et ani- 
males , tels que les huiles, les baumes, les résines, les gommes,… 
le castoréum , le musc. On réunit leurs caractères exté- 
rieurs avec l'analyse chimique. On ne peut avoir recours à la 
cristallisation, puisque ces espèces n’ont point de formes ré- 
gulières, 

Pour faire connoitre tout le mérite du travail du savant 
auteur , nous allons présenter le tableau de la classification 
qu'il a adoptée.’Il à formé des classes, des ordres, des genres, 
des espèces, des sous-espèces et des variétés. Nous ne parle- 
Fons pas des sous-espèces et des variétés, . 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 383 


TABLEAU MÉTHODIQUE. 


CLASSE PREMIÈRE. 


LES OXIGÉNÉS non métalliques. 


L'oxigène combiné avec des bases non métalliques. 


ORDRE 1. Les oxigénés non acides! ORDRE Ji. Les oxigénés acides. 
L'oxigène formant avec ces bases L'oxigène formant avec ces bases 
des corps non atides. des corps acides. 
Genres. Ù Espèces. Genres. Espèces. 
_—_— in 
Sulfurique. 
Muriatique. 
Air. ! Carbonique. 
Eau. Boracique. 


PÉRASSENFTT 


LES SELS non métalliques. 


Une base non métallique combinée avec wi acidérimuls onilie 
L } fi  É 


189 79 118€ 


ORDRE 1. Les! sels ab ' 


Marnisie sulfatée. 
5 ne phoratée. 
Une base alcaline combinée avec 
un acide. ( nitratée. 
PLIE Lors 
Ammoniaque. } | RARES 
Potasse. z h atholite. 
Soude. | mgsen ,oiliè c aux. dore : carbonatée: 
hosphatée. 
ORDRE 11, Les self terreux. RSR 
Une base terreuse combinée avec MERS à 
un acide. Baryte.:,...:, à sulfatée… 
10) carboïatée,! 


soouA SL sulfatée..soilie Strontiane . sulfatée: 112 
Alunigé iii U fluatéé19 mr carbonatée, +184 


584 


CLASSE III. 


LES PIERRES, 


Les terres combinées entre elles, 


soires alcalins, acides ou métalliques. 


ORDRE 1. Les pierres dures. 


Sèches et äpres au: toucher une 
dureté assez considérable pour rayer 
le verre à vitre blanc. 


Genres. Espèces. 


Ittria, silice et 0 
glucine...,.... } gadolinite. 


Zircon et silice.  Zircon. 


Quartz. 
Grès: 
Silex. 
Jaspe: 
Tripoli. 
Ponce. 
Obsidienne, 
Retinite. 
Jade. 
Pétrosilex. 
Feldspath. 
Andalousite. 
Amphipène. 
Lazulite. 
Diopside. 
Natrolite. 
Mésotype. 
k Œdee, 

= Stilbite. 
Prehnite. 
Paranthine. 
Analcime. 
Chabasie. 
Meïonite. 
Mélilite. 
Dipyre. 
Silice, chaux, 
alcali et eau :… } ApophyBité. 

Silice,alurhine, 
baryte etreau .. 


Silice presque 
Pure. nec 


Silice et alu- { 


Silice, alumine 


et alcali....... 


Silice,alumine, 
alcali et eau... 


Silice,alumine, 
chaux et eau... 


} Harmotome. 


Hce: Me. 


Genres. 
a 


Silice, alumine 


ét chaux....... 


Silice,chauxet 


FES ee ie 


Silice, alumine 


et glucine...... 


Alumine, silice 


etacidefluorique. 


l 


Alumine et si- 


Alumine pres- 


que pure....... 


Alumine et un 


peu de mapnésie. 


Magnésie et si- 


LGP RE meer ce 


Silice, magné- 


sie, chaux et alu- 
minette. 4e 


Silice, magné- 


sie et chaux. 


| 
l 


{ 


Alumine et eau. { 


} 
{ 


JOURNAL. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


et quelquefois avec des principes acces- 


Espèces. 


Néphéline. 
T'riphane. 
Axinite. 
Wernerite. 
Idocrase, 
Aplome. 
Grenat. 
Allochroïte. 
Staurotide. 
Tôurmaline, 
Epidote. 


Yénite. 


Euclase. 
Béril. 
Pycnite. 
T'opaze. 
Disthène. 
Fibrolite. 
Cymophane. 
Corindon. 
Emeril. 


Diaspore. 
Wavellite. 


Spinelle. 
Péridot. 


Diallage. 
Antophyllite. 
Hyperstène. 
Maacolithe, 
Pyroxène, 
A nphibéle. 
Basalte. 


Grammatite. 
Asbeste... 
Amianthoide. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 


ORDRE II. Les pierres onctueuses, 


Ne rayant point le verre le plus 
tendre, douces, et même onctueuses 
au toucher. 


Genres. Espèces. 
Serpentine. 
Magnésie. 
Silice, magné- Stéatite. 
sie et alumine Macle, 
Chlorite. 
Talc. 
* Nacrite. 
Silice et alu- Lépidolithe. 
minette Me Pinite. 
Mica. 


385 
OnDRE ui. Les pierres argiloïdes. 


Aspect argileux, odeur argileuse, 
souyent douce au toucher. 


Espèces. 


Genres. 
——_— 


Argile. 
Marne. 
Ocre. 
Arvilolite. 
Vake. 
Cornéenne. 
Schiste. 
Ampelite. 


GR AÎSIS ES ST 


Les Combustibles. 


Minéraux qui peuvent se combiner immédiatement avec l'oxigène. 


ORDRE I. Les combustibles com- 
posés, 


Donnant de la fumée huileuse en 

brülant. 

Houille. 
Bitume. 
Lignite. 
Tourbe. 
Succin. 
Mellite. 


Carbone hui- 
Jeux! Mes ce 


ORDRE 11. Les combustibles simples , 


Ne donnant point de fumée hui- 
leuse dans leur combustion. 


Carbone pres- { Graphite, 


que pur........ Anthracite. 
_: Diamant. 
Hydsopenéss { Hydrogène. 
Soufre. 


CES S EU. 


Les Métaux. 


Minéraux ayant pour base une substance métallique. 


ORDRE 1. Les métaux fragiles, 


N'étant susceptibles de s’alonger 
ni sous le marteau ni sous le laminoir. 


L2 
Arsenic ..... { 


Chrôme. 


Tome LXIV. MAI an 


natif. 
oxidé. 
sulfuré. 


1807. 


Molybdène.. . sulfuré. 

; RE calcaire, 
Schéelin. ..,. ferruginé. 
Columbium. 

ide 
s 2 Ménakanite, 
Titane ...... Nigrine. 
Anatase. 
Cce 


386 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Genres. 


— 


Urane......, { 
Cerium...... 


T'antale . 


Manganèse: .. 


= 
a 
: 


Tellure...... 


Antimoine ,., 


Bismuth.. . 


Espèces. 
ass 
oxidulé. 
oxidé. 
Cerite. 
Tantalite. 
Yttrifère. 


métalloide. 
terne. 
litoide. 
sulfuré. 
phosphaté. 
arsenical. 
gris. 
oxidé. 
arseniaté. 
merdoie, 
sulfaté. 


natif. 


natif. 

sulfuré. 

oxidé. 
hydro-sulfuré. 
natif. 

sulfuré. 


oxidé. 


ORDRE II. 5. métaux ductiles, 


Susceptibles de s'étendre sous le 


faminoir et sous le marteau. 


Zinc. ee 


Fer ., “italie 


Calamine. 
carbonaté. 
sulfuré. 
sulfaté. 


natif. 
arsenical. 
sulfuré. 
oxidulé. 
oxidé. 
terreux.. 
spathique. 
phosphaté. 
sulfaté. 
chrômaté. 
arseniaté, 


St 


Etain. esse 
Plomb... 


Nikelr 262" 


| 
| 


Mercure. .... 


Argent... 


Or: 2e 
Platine 


Espèces: 


oxidé. 
pyriteux. 
natif. 
sulfuré. 
oxide. 
carbonaté. 
noir. 
sulfate. 
phosphaté. 
arsenié. 
muriaté, 
chrômaté. 
chrômé. | 
molybdaté. 


arsenical. 
oxidé. 
natif. 
sulfuré. 
pyriteux. 
ris. 
S idulé , 
azuré. 
malachite. 
Dioptase. 
bitumineux. 
sulfate. 
phosphaté. 
muriaté. 
arseniaté, 


natif. 
argental. 
sulfuré. 
muriaté. 


natif. 
antimonial. 
arsenical. 
sulfuré. 
rouge. 
blañc. 

noix. 
muriaté; 


natifs 
natif, 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 387 


Ce Tableau annonce que l’auteur a décrit à-peu-prés toutes 
les substances minérales connues, excepté les roches ou pierres 
agrégées. Il dit qu’il en parlera dans un ouvrage particulier, 
sous le titre de Géognosie. Il est à desirer qu'il en enrichisse 
bientôt la science. 

Ses descriptions sont claires et bien faites. Il n’est pas entré 
dans de grands détails sur la cristallographie , parce qu'il a 
bien senti qu'ils seroient entendus diflicilement par des élèves 
qui sont censés ne pas avoir sous les yeux la collection des 
cristaux nécessaires à ce genre d'étude; mais il indique les 
lieux où se trouvent les minéraux, leurs usages dans les arts; ... 
enfin tout ce qui peut intéresser dans un minéral. 

On voit qu'il s’est beaucoup rapproché de ma classification 
indiquée précédemment : connoïissant son amour pour la 
vérité, je vais présenter à sa sagacité des motifs qui auroient 
pu l'en faire encore rapprocher davantage. Il place parmi les 
substances minérales, 

1°. Les airs. 

Je crois étrele premier qui ait fait voir qu'ils faisoient partie 
du règne inorganique ou minéral. 

2°. Les eaux. | 

3°. Les combustibles simples, tels que le carbone , le dia- 
mant, le soufre. E 

4°. Les substances métalliques. 

5°. Les acides. 

6°. Les alkalis n’entrent point dans son tableau , parce qu'ils 
sont ordinairement dans un état de combinaison, mais ils n’en 
sont pas moins des substances particulières. 

7°. Les terres sont placées parmi les pierres. 

Mais je m’en rapporte à sa véracité, Peut-on mettre parmi 
les pierres, des couches immenses d'argile, telles que celles qu'on 
trouve auprès de Paris, où elles forment des couches de plu- 
sieurs lieues de longueur, et qui ont jusqu’à quinze et dix- 
huit pieds d'épaisseur ? Nous en avons deux couches prin- 
cipales : : 

La première , qui est au-dessus des couches de plâtre, et 
qui contient des rognons de sulfate de strontiane , rangés 
par bancs irréguliers, comme les silex le sont dans les craies. 

La seconde couche argileuse est au-dessous des pierres cal- 
caires et au-dessus des craies. 

Aussi le plus grand nombre des minéralogistes fait une 
classe particulière des terres. 


Ccca 


388 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


8°. Les sels neutres. ) 

L'auteur en fait deux divisions : ‘ 

Les sels neutres alkalins, 

Les sels neutres terreux. 

J'admets également ces deux divisions. “ 

Mais l’auteur fait une classe particulière (sa troisiéme) des 
substances qu'il appelle pierres, telles que le quartz, le silex, 
la tourmaline , les argiles, les marnes, la lopaze... 

« Les pierres, dit-il, sont des terres combinées entre elles, 
» et quelquefois avec des principes accessoires alkalins, acides 
» où métalliques. » 

Mais la dolomie, par exemple, la miemite... qu’il place 
parmi les sels terreux, ne sont-elles pas des terres combinées 
entre elles et avec un acide, comme la topaze qu'il place 
parmi les pierres ? 

Je conviens que la classification des pierres présente d’assez 
grandes difficultés; mais les caractères extérieurs de celles que 
l’auteur appelle se/s serreux, et ceux de celles qu'il appelle 
proprement pierres, étant les mêmes, je n'ai pas cru devoir 
en faire deux divisions. Ainsi le marbre a de la dureté, de 
l'éclat... comme le quartz. 

Il est vrai que l'analyse n'a encore pu retirer d'acide d’un 
grand nombre de pierres; mais chaque jour la chimie fait de 
nouvelles découvertes à cet égard. Klaproth vient d'en décou- 
vrir dans la topaze; Vauquelin, dans le rubis... On ne doute 
guères que le quartz n’en contienne... Ce sont ces motifs 
qui m'ont engagé à placer toutes les pierres dans une seule 
classe, celle des sels neutres, quoique je conyienne que cette 
division a quelques imperfections qui ne peuvent disparoître 
que par les travaux de la chimie. 

9°. Les substances volcaniques, telles que les basaltes, les 
ponces , les obsidiennes, sont placées par l’auteur avec les 
autres pierres; mais n'ont-elles pas des caractères si particu- 
liers, qu'ils ont engagé la plus grande partie des minéralogistes 
à en faire une classe séparée ? 

Au sujet des obsidiennes , l’auteur admet les divisions que 
jen ai proposées. 

« M. Delamétherie, dit-il, a observé dans les obsidiennes 
» des caractères qui pourroient servir à établir parmi ces 
» pierres des sous-divisions plus naturelles et plus importantes. 

» 1°. Les obsidiennes d’origine schisto-ferrugineuse. 

» 2°. Les obsidiennes d’origine pétro-siliceuse. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 38ÿ 


» 3°, Les obsidiennes céphriniques qui tirent leur origine 
» d’une roche que M. Delamétherie appelle tépArine... 

» Cette division des obsidiennes s'applique également aux 
2 ponces. » 

L’auteur auroit dû ajouter qu’elle s'applique également aux 
laves , soit compactes , soit poreuses... 

10°. Les fossiles. 

L'auteur ne parle pas des fossiles. Il place dans sa quatrième 
classe les combustibles simples, le carbone, le diamant, 
le soufre, avec ce qu'il appelle comsusrisres composés, la 
tourbe, le jayet qu'il appelle /égnite , le succin. .. Or toutes ces 
dernières substances sont certainement des végétaux qui ont été 
enfouis... On ne peut donc s’empécher d’en faire une classe 
particulière , ainsi que je l'ai fait, et à laquelle j'ai donné le 
nom de fossiles. 

Voici encore quelques observations que je vais soumettre à 
son amour pour la vérité. 

Un écrivain doit rendre justice à chaque auteur. Ce devoir 
est encore plus rigoureux dans les ouvrages destinés à l'ins- 
truction de la jeunesse. Or il me paroît que l’auteur a fait 
quelques oublis à cet égard. Prenons pour exemple la trémo- 
lite. L'auteur met en titre Grammatite de Haïüy, et en note 
tremolith. Tremolite Brochant. N'auroit-il pas dù dire tremo- 
Lite de Pini, qui l’a trouvée le premier au val Trémolia près le 
St Gothard, et lui a donné en conséquence le nom de /rémolite ? 

L'auteur en parlant de la mélilite, dit dans le texte : 

Melilite de Fleuriau de Bellevue ; et en note, mélilite de 
Delamétherie. 

C’est moi qui lui ai donné le nom de mélilite, de sa cou- 
leur de miel, et qui l'ai décrite le premier, sur des morceaux 
que, m'avoit donnés Dolomieu, et ensuite sur d’autres que 
m’ayoit donnés Bellevue. 

Ces légers oublis, et quelques autres qui sont ou des fautes 
d'impression , ou des inadvertances qui échappent si souvent 
dans un long travail, ne diminuent point le mérite de l’ou- 
vrage. Les élèves des Lycées y trouveront une instruction 
solide et agréable, et les maîtres un guide sûr. 

L’auteur a terminé son ouvrage par un exposé succinct du 
travail de l’exploitation des mines, sur lequel D’Aubuisson , 
qui a vu travailler celles de Freyberg et plusieurs autres en 
Allemagne, lui a donné des notes intéressantes. 


390 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIr 
mm RE 
TROISIÈME SUITE D'EXPÉRIENCES 


Sur une substance artificielle renfermant les principales 
Propriétés caractéristiques du Tan, avec quelques 
remarques, sur le charbon; 


Par Charles HATCHETT, Ecuyer. 


Lue à la Société royale, le 16 janvier 1806. 


PREMIÈRE SECTION. 


Daxs mes premiers Mémoires sur ce sujet, j'ai dit quelqua 
chose des eflets produits par l'acide sulfurique sur la téré- 
benthine , la résine etle camphre. Je vais'exposer maintenant 
les résultats d'autres expériences faites avec le même acide, 
sur un grand nombre de résines, de baumes, de gommes- 
résines et de gommes dont la plupart m'ont donné la sub- 
stance artificielle du tan, que j'ai nommée, dans mes Mémoires 
précédens, érorsième variété, pour la distinguer des autres. 

Ce procédé étoit une simple digestion dans l'acide sulfu- 
rique, après, laquelle le résidu s’édulcoroit, et je le faisois alors 
digérer dans lalcohol. Ce résidu séparé par la distillation, la 
substance sèche qui restoit étoit infusée dans l’eau froide dis- 
tillée, et la portion dissoute, examinée par la solution de colle 
de poisson, de muriate d'étain, d'acétite de plomb et de 
sulfate de fer. 

Cette opération m’offrit beaucoup d'acide sulfurique, d'acide 
carbonique ; plusieurs acides végétaux , particulièrement de 
l'acide benzoïque lorsque j'employois les baumes, et de l'eau. 
Je ne parlerai dans ce Mémoire que de la substance du tan 
et du charbon. 

L'acide sulfurique dissolvoit presque aussitôt les résines et 
formoit des solutions d'un brun transparent qui progressive- 
ment devenoient noires. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 3g1 


La plupart des autres substances éprouvèrent le même effet; 
mais les solutions de baumes et de gaïac étoient d’abord d’un 
cramoisi foncé tirant un peu sur le brun. 

La caoutchouc et la gomme élastique ne furent pas dissous ; 
mais après avoir été digérés pendant plus de deux mois, leur 
superficie seule fut carbonisée. 

Les gommes et les sucres demandèrent plusieurs évapora- 
tions et filtrations avant de pouvoir réduire en charbons leurs 
résidus. 

Tels furent les principaux effets que j'ai observés pendant 
le cours de ces expériences. Je les ai exposés de manière à 
éviter des répétitions également fastidieuses et inutiles. 


Ile SECTION. 


La térébenthine, la résine commune, l'élemi, le tacamahaca, 
le mastic , le copaiba, la résine des Indes, le camphre, le 
benzoin, le baume de Tolu, le baume du Pérou, l'assa-fœtida 
et l’ambre, donnèrent du tan en abondance. 

L'huile de térébenthine en produisit aussi beaucoup ; l'as- 
phalte en petite quantité ; la gomme arabique et le tragacantha, 
quelques parcelles ; mais le gaiac, le sang-de-dragon, la mErRes 
la gomme ammoniaque, l’oliban, le gamboge , le caoutchouc, 
la gomme élastique et la réglisse, n’en offrirent aucun vestige. 
Je suis cependant convaincu que plusieurs de ces substances 
eussent donné du tan, sila digestion n'avoit pas été trop pro- 
longée. : 

L'huile d'olive se changea en partie dans la substance ci- 
dessus mentionnée , ainsi que l'huile de lin, la cire et la 
graisse. Ces trois dernières me paroissent mériter quelque 
attention. 

Huile de lin. 


Cette huile, avec l’acide sulfurique , formoit aussitôt une li- 
queur épaisse d’un brun noir. Après l'avoir laissée long-temps 
digérer dans un bain de sable, j'en faisois dissoudre en partie 
dans l’eau froide et passer au filtre. Cette solution précipitoit 
la gélatine. Le résidu étoit une substance d'un noir foncé qui 
se durcissoit à l'air : une grande partie se dissolvoit dans l’al- 
coho! et formoit une liqueur brune qui, en y ajoutant de 
l'eau, devenoit trouble. L'évaporation faite, il restoit une 
substance brune qui se dissolvoit en partie à l’aide de l'eau 
froide, solution que la gélatine rendoit trouble. 


L 
302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


La portion non dissoute que laissoit l'alcohol étoit d’un brun 
noir, molle et visqueuse, et paroissoit avoir plusieurs des pro- 
priétés de la graisse sur laquelle on a versé de l'huile. 


Cire blanche. 


La cire employée dans cette expérience, étoit la cire blanche 
qui se vend dans les boutiques sous la forme de petits pains 
ronds. Elle donnoit avec l'acide sulfurique un amalgame d’un 
noir foncé, sur lequel l'eau froide distillée n’agissoit qu'après 
avoir passé par le filtre avec lui. Digéré avec l’alcohol dans 
un bain de sable , il se formoit une solution brune qui, en 
se refroidissant, devenoit trouble et paroissoit comme remplie 
d'une substance blanche, floculeuse. Je répétai la même opé- 
ration avec diflérentes portions d'alcohol, jusqu’à ce que celui-ci 
eût cessé d’agir; je mélai ensuite dans l’alcohol toutes les so- 
lutions ; j'ajoutai une grande quantité d’eau distillée, et séparai 
l’alcohol par la distillation. 

Sur la surface de la liqueur restante, lorsqu'elle fut refroidie, 
il se forma une croûte blanche qui, étant séparée, se trouva 
avoir les propriétés du sperma ceti, et peser 18 grains. La 
liqueur filtrée que je laissai évaporer alors en petite quantité, 
devint d'un brun pâle et trouble à l'aide d’une solution de 
colle de poisson. > 

Graïsse d'animaux. 


Je fis cette expérience sur la graisse d’un rognon de veau; 
mais je n'ose point assurer que les résultats eussent été les 
mêmes avec toute espèce de graisse. 100 grains de cette sub- 
stance avec une once d'acide sulfurique concentré, formèrent, 
au bout de quelque temps, une masse molle et noire; j’ajoutai 
ensuite une seconde once d'acide sulfurique et laissai digérer 
et chauffer le tout occasionnellement pendant environ trois 
mois. Six onces d’eau distillée, versées sur cette masse noire, 
donnèrent une masse noire d’une épaisseur uniforme que je 
filtrai à froid, après six ou sept jours de digestion. La liqueur 
qui passa étoit d'une couleur brune, qui devint noire pendant 
l'évaporation , laissant une portion considérable d’une sub- 
stance noirâtre sur le filtre, que j'ajoutai à celle ramassée 
par la première filtration ; j'arrosai le tout d’eau froide qui 

assa sans prendre de couleur; je versai alors de l'eau bouil- 
Due sur le filtre : une portion considérable de cette substance 
fut promptement dissoute, et il se forma une solution d'un 
brun noir qui précipita une grande quantité de gélatine. 


: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 393 

… Lorsque ce qui restoit sur le filtre fut séché, je le ramassai, 
le fis digérer dans l'alcohol qui parvint à en dissoudre la plus 
grande partie. | 

La solution dans l’alcohol fut filtrée; mais, apparemment par 
l'effet de l'air, il se forma sur le filtre un dépôt considérab'e 
que l'alcohol parvint à dissoudre de nouveau, L'eau rendit 
la solution trouble, et il resta sur le filtre une substance noire 
un, peu brillante qui pesoit 41 grains. La liqueur filtrée et 

évaporée, laissa une substance d'un gris nôir qui pesoit 56 
grains. Ceite dernière substance étoit très-inflatnmablé ‘ét 
donnoit en brûlant une odeur, particulière approchant de celle 
de la graisse et de l’asphalte; elle se refroidissoit aisément et 
se dissolvoit.. à l'instant dans,, l'alcohol froid ; d’où: l’eau la 
précipitoit comme :les substances résineuses. | 

Le résidu noir, légérement. brillant, qui pesoit 41 grains, 
étoit composé en partie de la substance ci-dessus mentionnée, 
et en partie de charbon; mais je me puis pas assurer la pro- 
portion de.ce, dernier. ; 

. J'exposaï aussi séparément, à l’action de l'acide sulfurique 
ci-dessus décrite, de l'a/humen .coagulé,et desrfbres muscu- 
daires préparées; il n'en résulta aucune substance capable de 
précipiter la gélatine ; je n’obtins que du charbon. 

Chacune des, substances employées dans ces expériences ; 
paroïît être différente, eu égard aux ellets progressifs que 
l'acide sulfurique produit sur elle ; mais toutes les autres 
circonstances étant semblables, il existe dans le procédé un 
certain période ,-où la production de la substance du tanest 
arrivée à son maximum , auquel succède une diminution 
graduelle, terminée par,une destruction totale. Ces effets sont 
produits à différens périodes suivant la substance qui peut être 
le sujet de l'expérience. Aussiest-il impossible, quant à présent, 
de préciser la quantité de substance de tan que l’on peut, dans 
des circonstances égales, obtenir de chacune des résines, des 
baumes, elc. : 

.. La substance du tan paroît étre tonjonrs la même, soit 
qu'on l'obtiennede la térébenthine ou de la résine commune , des 
baumes ou de l'assa-fætida, du camphre, ou enfin de quelqu'un 
des corps que j'ai indiqués plus haut. Ses effets sur les diflé- 
rens réactifs sont les mêmes. Par l'addition d’une petite por- 
tion d'acide nitrique, et l'évaporation subséquente, elle se change 
dans ce que j'ai appelé la première variété ; digérée avec l'acide 
sulfurique, elle est promptement détruite et devient du charbon 


Tome LXIV. MAI an 1807. Ddd 


L4 
294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


pur. C'est pourquoi, dans le dernier cas, le méme agent qui l’a 
d'abord produite, devient à la fin la cause de sa destruction. 
Aussi voyons-nous que la substance du tan, quoique pouvant 
être obtenue dés résines et d'autres corps par l'acide sulfu- 
rique, et l'acide nitrique , varie dans le premier cas et se forme 
vers le milieu ou environ de l'opération , tandis que dans le 
dernier cas, c'est un effet invariable au-delà duquel aucun 
changement apparent ne peut avoir lieu, quand bien même 
on continueroit le procédé (1). 


IIIe SECTION. 


J'ai déjà dit que le caoutchouc et la gomme élastique 
n'éprouvoient d’altération qu’à leur superficie, lorsqu'ils avoient 
été digérés long-temps dans l'acide sulfurique. En effet, dilfé- 
rant des résines et de la plupart des autres corps qui furent 
soumis aux expériences précédentes , et qui tomboient en 
dissolution du moment où l'on versoit cet acide sur eux, ces 
substances au contraire restoient insolubles et se carbonnisoient 
seulement à leur surface. J’ajoute que l'acide nitrique ne pro- 
duit pas un changement aussi subit sur la gomme élastique 
que sur les autres substances bitumineuses. 

100 grains de gomme élastique molle, digérés pendant trois 
semaines dans une once d'acide nitrique délayé dans une 
quantité égale d'eau , donnèrent une masse dure, un peu 
élastique ; de couleur orange; je versai une autre once du 
même acide non délayé sur cette masse , et laissai la diges- 
tion se continuer jusqu'à ce que le tout se fût évaporé. Le 
résidu en étoit visqueux et de la couleur ci-dessus. L'eau 
parvint à le dissoudre en partie et forma une liqueur d'un 
jaune foncé qui précipitoit la gélatine en abondance. Cette 
liqueur avoit les autres propriétés de la substance du tan, 
que donnent les résines, etc. , au moyen de l'acide nitrique. 

Une masse de couleur orange resta encore ; elle fut prompte- 
ment dissoute par l’alcohol, d'où une copieuse addition d'eau 
la précipita. 

Cette substance, dans plusieurs de ses propriétés, ressemble 
aux résines ; mais dans d’autres elle paroit approcher de celles 
qui caractérise la matière extractive des végétaux. On la crei- 


rss, 


(1) Dans mes premiers Mémoires sur ce sujet, j’ai observé que la sub- 
stance du tan , produite par l’acide sulfurique, avoit beaucoup moins de 
force que celle obtenue au moyen de l’acide nitrique. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95 


roit la même que celle dont j'ai dit un mot dans mon pre- 
mier Mémoire, ét que j'avois obtenue de plusieurs charbons 
de terre et bitumes traités avec l'acide nitrique. J'y ai depuis 
fait plus d'attention pendant le cours des expériences suivantes : 

Je Jaissai digérer avec, de l'acide nitrique du charbon de 
Kilkenny, qui progtessivement , quoique avec peine, se changea 
dans cette variété de substance de tan dont j'ai parlé si souvent. 
Les mêmes expériences furent répétées sur la méme espèce de 
charbon du pays de Galles, que m'avoit donné mon ami, 
M. Tennant, ainsi que sur du charbon de Pensilvanie , dont 
l'envoi m'avoit été fait par le professeur Woodhouse. Tous 
ces charbons furent convertis en substance de tan, maïs ne 
donnèrert aucun produit semblable à celui obtenu de la gomme 
élastique. 

Le contraire cependant arriva lorsque j’employai le charbon 
commun ou le charbon Cannel, où l’asphalte. En effet, après 
avoir traité ces substances suivant le procédé ci-dessus, et à 
une époque où la digestion n'avoit pas été trop long-temps 
prolongée , j'obtins de 100 grains de chacune d'elles, sépara- 
üon faite du lan, le résidu suivant : 

De 100 grains de charbon commun de Neucastle, 0 grains: 

De 100 grains de charbon cannel............... 56 

De 100 grains d'asphalte pur.................. 8 

Les substances ainsi obtenues se ressembloient pour leur 
caractère extérieur, qui étoit un brun pâle approchant de la 
couleur du tabac d'Espagne. Leur fracture interne offroit un 
brun foncé, avec le lustre de la résine, dans un degré con- 
sidérable. Exposées à la chaleur, elles ne fondoient pas aisé- 
ment; mais à peine enflammées, elles donnoient une odeur 
de résine et d'huile grasse tout ensemble, et produisoient un 
charbon extrémement brillaut, beaucoup plus volumineux que 
la substance primitive. 

L'alcohol la dissolvoit complétement, et en ajoutant à une 
solution saturée de l’eau en abondance, on obtenoit un pré- 
cipité; mais après chaque précipitation il restoit toujours une 
portion que l'eau avoit di-soute, qui agissoit sur les diflérens 
réactifs d'une manière semblable aux solutions de la matière 
extractive des végétaux. L’odeuren étoit piquante et jusqu'à un 
certain point aromatique; ensorte que les résidus obtenus soit 
du charbon de terre, soit.du charbon cannel eu de l'asphalte, 
sembloient posséder les propriétés intermédiaires entre celles 
de la résine et celles de la substance extractive végétale. Ils 
sembloient néanmoins s'éloigner un peu de la substance du 


oO 


398 TOURN EAU ME PUVMSIQUE; DÉICHIMIE 
tan : en effet ,digérés danslune petité quantité d'acide nilrique, 


el évaporés,. ils.sé changeoient aussitôt en tÂn.; mais digérés 


avec [l'acide sulfurique , ils se réduisoient promptément en 
charbon; 


RIRE bye SEC PONS 172510 2e 


201601 > ITU Ù 2 2H s 

Dans Ja Ve Section de mon second Mémoire , j'ai fait quel- 
ques ‘remarques sur les décoctions obtenues des substances 
végétales qu'on avoit fait griller aupardvant ; et quoique cés 
décoctions ; une seule: fois rexceptée ; n'aient donné aûcun 
précipité permanent avec la:gélatiie, cependant je dis alors 
que. Je ne neroyois) pas! qu'ont dût en conclure que de sem- 
blables décüctions , faites avec dércértains procédés, ne pus- 
sent pas posséder occasionnellement les propriétés qui caric- 
térisoient les substancesitannantes. J'ai observé en outre, dans 
le même Mémoire , que toutes ces décoctions, en y ajoutant 
une petite portion d’acidé nitrique, et au moyen de lPévapo- 
ration subsquente ; se convertissoient dans cétté variété de 
substance: dé tamique produit l'action: de l’atide nitrique sur 
les substances carbonneuses. Je: vais exposer iéi quelques-unes 
de,cas éxpéniences qu& j'ai étendues depuis °°° 

Le Exp. Je fis digérer . pendant environ‘ 1% heurés , dans 
trois oncès d'eau distillée 200 grains d’écorce fraîche de chä- 
taighier sauvage.! La liqueur étroit d’un brun pâlef, et donna, 
lorsque j'y eus ajouté une solution de collé de poisson, un 
précipité d’un brun: un peu 1pâle. 21 c 

HF. ' 200, grains: de ‘Ja même écorce lépérémént grillée ,'et 
que, je laissar digérer ensuite dams trois énces d'eau, donnèrent 
une décoction d’un: brun foncé que là gélatine ne rendoit pas 
trouble. ip) À À 

IIIe. L'expérience ci-dessus achevéé , j'ajoütai les mêmes 
écorces au reste de la liqueur filtrée ; je véréaiian quart d'once 
d'acide: nitrique:sur les tout, qui fut lors digéré ét évaporé à 
siceité. Geite masse ,. quetj'infusai ensuîte ‘dans l'eau ; donna 
une liqueur épaisse d'um:brag rougeätre, que la sélution dé 
colle de poisson précipitéitiemlabondarnceés © 7 MD TN 

IVe. Je pilai 200 grains de chätaigier sauvage dont j'avois 
employé l'écorce pour tes premières expériences, et les fs 
digérer dans trois oncas d'eau. Baliqueur étit trouble ét d'un 


rouge) pâles ja; la passai: ad: filter peaçoutat un peu de so 


lution de. coile dé’poisson kmsaïs1o4ns2Aué@ineffet. 11° | 
V£:200 grains des: ménrés lthäthigmiérs Régéremetit. grillés 
f Nr V7 ol) ecemiontéèm 119101069192 


N,Hocne 


{ 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 897 
et traifcs avec l'eau e-déssus décrite, donnèrent une décoc-= 
tion d'un brun foncé que la colle de poisson ne troubla pas, 

VIe. Les chätaigniers employés dans l'expérience précédente, 
ainsi que le restant de la liqueur, furent digérés ayec un 
quart d'once d'acide nitrique , jusqu’à ce que le tout fût devenu 
sec; je versai ensnite de l’eau dessus, la digestion se fit et 
la liqueur d'un brun foncé qui se forma, donna , en y lajontant 
une solution de colle de poisson, un précipité considérable, 

Il paroit, d'après ces expériences, que la petite portion de 
tan que les écorces de châtaigniers renfermoient originaire: 
ment, fut détruite en les faisant griller ; que la décoction 
brune subséquente, obtenue d'écorces grillées et de chä- 
taigniers sauvages, ne put point agir sur la gélatine , Iiais 
que ces substances se changèrent promptementen tan artificiel, 
au moyen de l'addition d’une petite portion d'acide nitrique et 
de l'évaporation subséquente. 

Les premières préparations de.substance artificielle de tan 
dont j'ai parlé dans mon premier Mémoire, furent faites 
avec les charbons différens ci-dessus décrits, : digérés avec de 
l'acide nitrique; et comme j'ai obtenu par le méme acidedes pro- 
duitssemblables de diverses décoctions de substances végétales 
grillées , il n'y a point de doute que ces substances, lorsqu'elles 
ont été grillées, ne présentent parla digestion dans l'eau, des 
solutions essentiellement composées de matière carbonnense 
approchant de l’état de charbon, quoiqu’elles ne soient point 
absolument changées dans cette dernière substance; car autre 
ment la solubilité: dans l'eau cesseroit d'avoir lieu: 

Mais ce charbon n'est, selon toutes les apparences, autre 
chose que le charbon oxidé jusqu’à un certain degré, et qui 
peut être formé par un procédé humide, comme par un pro- 
cédé sec. la, 

J'ai déjà donné des exemples d’opérations dans lesquelles 
l'acide sulfarique a produit cet'efet , qui paroît étre le même 
à quelque modification près, lorsque la matière végétale tombe 
dans un état de. pattéfacüon. : En effet, lorsque cela arrive, 
comme dans le fumier, etc, , une grande quantité de la ma- 
tière charbonneuse-des substances: végétales primitives qui 
Paroïit alors ètre combinée avec l’oxigène , lui communique 
plusieurs des proprités du: charbon ; tandis que le composé 
pêut étré aisément dissous par l’eau. | 

Il ne faut pas cependant er conclure que parce procédé 
tous les autres principes élémentaires soient séparés de manière 

\ 


398 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


qu'il ne reste que le charbon combiné avec l'oxigène. Il s’en- 
suit seulement que les autres principes sont tellement diminués 
que ces substances , c’est-à-dire la matière carbonneuse et 
l'oxigène prédominent dans un état approchant du charbon, 
quoique susceptible d’être dissous dans l'eau. 

J'ai tout lieu de croire que ces solutions sont à-peu-près 
semblables à celles données par les substances végétales qu’on 
a préalablement fait passer au feu; et quoique je n’en aie ob- 
servé qu'un petit nombre , je vais néanmoins rapporter ici 
quelques expériences tentées sur des écorces de noyer. 

Il est reconnu que ces écorces mises en petits tas pendant 
quelques jours, s'amollissent, deviennent une masse noire qui 
donne une liqueur d'un brun noir. Voici les expériences que 
j'ai faites sur elles. 

Ie Exp. Je mis digérer dans l’eau une once environ d'écor- 
ces de noyer devenues molles et noires. 

Ces écorces donnèrent une liqueur d'un brun foncé, que 
j examinai par une solution de colle de poisson , après qu'elle 
eut passé au filtre; mais il n'en résulta ancun effet apparent, 

IF. Je versai sur une égale quantité d'écorces de noyer 
noires et molles, une petite portion d'acide nitrique, et après 
qu'elle eut été digérée pendant environ cinq heures, je laissai 
le tout s’évaporer à sec. Le résidu étoit d'un brun orange, 
et laissoit voir une solution de la couleur de l'eau dans laquelle 
il avoit été digéré ; je fis passer au filtre cette solution qui 
devint trouble quand j'y eus ajouté une solution de colle de 
poisson, et qui déposa un précipité dur que l'eau bouillante 
ne pouvoit pas dissoudre. 

Jile. Je fis légérement griller une autre portion d'écorces de 
noyer que je laissai digérer dans l’eau. La solution brune fut 
filirée et donna un précipité clair avec la gélatine. 

IVe. Je versai sur le résidu de la dernière expérience , une 
petite quantité d'acide nitrique, à laquelle j'ajoutai un peu 
d’eau, et laissai digérer le tout pendant environ cinq heures, 
jusqu'à ce qu'il fût devenu parfaitement sec. 

L'eau donna avec cet acide une liqueur brune qui, au 
moyen d’une addition de solution de colle de poissen , offroit 
un précipité abondant. 

Une remarque que nous pouvons faire sur ces expériences, 
c'est que dans la première, la solution contenoit une ma- 
tière carbonneuse dans un état approchant du charbon. Eu etfet 
cette solution, traitée dans la seconde expérience avec l'acide 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 599 


nitrique , donna une portion de la même substance de tan, 
que produisent les différentes espèces de charbon avec cet acide, 

La troisième expérience paroit démontrer qu'une petite 
quantité d’une substance approchant de celle du tan, fut 
produite par le simple procédé de la grillade. A l'appui des 
trois premières vient la quatrième qui donna en abondance 
la matière de tan artificiel lorsque les substances végétales 
grillées eurent été traitées avec l'acide nitrique. 

Relativement aux substances végétales, a celles surtout qui 
renferment le tan, je vais rapporter ici quelques autres expé- 
riences. d 

J'ai observé dans mon second Mémoire (p. 288), que le 
tan des noix de galle étoit immédiatement détruit par l’acide 
nilrique. J'ai fait depuis cette époque les expériences suivantes. 

Le Exp. 100 grains de noix de galle réduits en poudre 
et infusés dans quatre onces d'eau, infusion à laquelle j'ajoutai 
de la solution de colle de poisson, donnèrent , comme de 
coutume, un abondant précipité d’un brun blanc. 

Sur une once de l'infusion ci-dessus, je versai un quart 
d’once d’acide nitrique, mais la solution de colle de poisson 
ne l’affecta en aucune manière. 

Il:. 100 grains des mêmes noix de galle, légérement grillés: 
et digérés dans quatre onces d’eau, donnèrent une liqueur 
brune que je passai au filtre. 

J'ajoutai à une partie de la liqueur ci-dessus, une solution 
de coile de poisson qui donna un précipité semblable au pre- 
mer, mais en beaucoup moindre quantité. 

J'ajuutai ensuite un quart d’once d’acide nitrique à une 
once de la même liqueur , après quoi je versai dessus un 
peu de dissolution de colle de poisson. Gette infusion devint 
alors trouble et donna une petite portion de précipité d’un 
noir foncé, semblable à celui que donne communément la 
substance artificielle du tan. 

lle. Le reste de la liqueur ci-dessus avec le résidu des noix 
de galle grillées, fut digéré dans un quart d’once d'acide 
nitiique jusqu’à ce que le tout fut devenu sec; je versai 
ensuite de l’eau dessus, il en résulta une solution d’un brun 
foncé qui, au moyen d'une addition de colle de poisson dissoute, 
oilroit un abondant précipité brun 

D'après ces expériences sur les noix de galle, il paroit que 
le tan naturel qu’elles renferment, est détruit par l'acide nitrique, 
que ce tan est aussi diminué, je pourrois méme dire détruit à la 


‘400 _ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 

fu, par le procédé de la grillade; que lorsque les noix de 
galle n'ont pas été assez grillées pour perdre entièrement leur 
tan, ce qui en reste semble être détruit au moyen d'une 
addition, d'acide nitrique, tandis que dans le même temps 
une petite portion de substance artificielle de tan est produite, 
et que cette dernière est toujours donnée en abondance par 
les noix de galle grillées, lorsqu'elles ont été digérées avec 
l'acide nitrique, semblables en cela aux autres végétaux traités 
de cette manière. 

. Ges observations sont aussi confirmées en partie par les expé- 
riences suivantes sur l'écorce de chêne. 

I Æxp. 200 grains d'écorce de chéne réduite en petits 
morceaux, furent infusés dans environ quatre onces d'eau. 
Examinés ensuite par une solution de colle de poisson , ils 
me donnèrent un précipité considérable, 

Il: 200 grains de la même espèce d'écorce , légérement 
grillée et que je fis ensuite digérer dans l’eau, me donnérent 
une liqueur d’une couleur beaucoup plus foncée que dans le 
premier cas; mais quoique par l'addition de muriate d’étain, 
d'acétate de plomb et de sulfate de fer, jen obtinsse des pré 
cipités, cependant la solution de colle de poisson ne me 
présenta pas le moindre résultat. 

III. Je fis digérer ensuite le résidu , ainsi que le restant de 
la liqueur ci-dessus , avec une petite portion d’acide nitrique : 
le tout complétement évaporé, je donna une solution brune 
qui précipitoit abondamment la colle de poisson. 

IV°, Une once d’écorce de chéne réduite en petits morceaux, 
fut digérée à plusieurs reprises dans diflérentes portions d’eau, 
jusqu'à ce que son tan fût entièrement extrait ; je laissai 
ensuite sécher le résidu, ou l'écorce épuisée, comme l'appel- 
lent les tanneurs, après quoi je le fis légérement griller. Je 
le trempai alors dans de l'acide nitrique délayé, que je laissai 
s’évaporer à une chaleur d’un peu plus de 500°, jusqu'à ce 
que l'écorce fût entièrement desséchée. Ce résidu digéré dans 
l’eau, donna bientôt une liqueur d’un brun jaune qui préci- 
pitoit abondamment la colle de poisson. 

V:. Cette écorce après avoir perdu son tan naturel, donna 
ainsi du tan artificiel que je traitai à plusieurs reprises avec 
de l’eau, jusqu'à ce que ce dernier eût été totalement extrait : 
je fis de nouveau lécérement griller l'écorce ; je la fis une 
seconde fois tremper dans l’acide nitrique; je la laissti chauffer 
à uue chaleur douce et sécher comme auparavant; l’eau que 

je 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 
je versai dessus et dans laquelle elle fut digérée, donna une 
solution brune qui précipitoit la colle de poisson en «bondance. 

VIe. La totalité de la substance artificielle de tan fut extrcite 
par différentes portions d’eau, et le restant de l'écorce ainsi 
épuisée, traité de nouveau de la manière ci-dessus décrite, 
donna de nouveau une quantité considérable de substance de 
lan, ensorte que j'aurois pu évidemment continuer ces pro- 
cédés jusqu'à ce que l'écorce toute entière eùt été convertie 
en tan. 

Ce qui auroit eu lieu, si dans la première expérience l'écorce 
épuisée avoit été convertie en charbon de bois, et digérée 
dans l'acide nitrique , ainsi que je lai dit dans mon premier 
Mémoire;, mais alors les effets en eussent été beaucoup plus 
lents, etil auroit fallu employer beaucoup plus d'acide ni- 
trique. Je suis donc aujourd'hui intimement convaincu, non- 
seulement d’après les résultats des expériences rapportées dans 
ce Mémoire , mais encore d’après plusieurs autres, que j'ai 
regardé comme inutile de déduire , que de tous les procédés que 
j'ai décrits, le plus économique et le plus prompt, c'êst celui 
de traiter les substances végétales grillées de fa manière ci-dessus 
indiquée, et considérant que tous les rebuts des matières vé- 
gétales peuvent être convertis en tan par les moyens les plus 
simples et sans beaucoup de frais, j'ai tout lieu d'espérer que 
cette découverte sera de quelque utilité pour le public. 


Ve SECTION. 


J'ai dit dans mon premier Mémoire, que je soupçonnois que 
le tan dela tourbe de marais avoit été produit pendant la car 
bounnisation imparfaite des substances végétales premières Que 
cela soit, ou bien que le tan ait été formé par la chaleur , 
et par d'autres végétaux crus dessus ou auprès de la tourbe, c’est 
ce qui est encore un problème pour moi. Au reste, quelle qu’en 
puisse être l’origine, je ne suis jamais parvenu à découvrir 
la moindre substance de tan dans la tourbe, quoique j'en aie 
observé un nombre considérable de variétés, dont quelques- 
unes venoient du Berksire, et plusieurs de Lancashire , que 
m'avoit obligeamment envoyées à cet effet mon ami M. John 
Walker. M. Jamson a fair les mêmes observations , ensorte 
qu'il n’y a point de doute que quelle qu'’ait été l'origine de la 
matière du tan , elle a été promptement extraite des substances 
qui la renfermoient primitivement. 


Tome LXIV. MAI an 1807. Eee 


402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Cet effet est une conséquence naturelle de la grande facilité 
avec laquelle l'eau dissout le tan et s'applique méme aux 
substances végétales les plus solides. J'en citerai ici un 
exemple : 


Dans les Transactions Philosophiques de 1799 , le docteur 
Correa de Serra, a rendu compte d’une forêt qui se trouve 
dans la mer à Sulton, sur la côte du Lincolushire. On y 
rencontre une quantité prodigieuse de végétaux submergés, 
parmi lesquels sont entre autres le bouleau, le chéne et le 
sapin. À cette époque, lorsque j’étois engagé dans des expé- 
riences sur le charbon de Bovey, et sur d’antres substances 
pareilles, M. Joseph Banks eut la bonté de m'envoyer un 
morceau de chéne qui avoit tous les caractères desvégétaux, 
excepté qu'il étoit plus dur et d’une couleur plus foncé que 
le chène nouveau. Quelques expériences que je fis alors, me 
démontrèrent que ce morceau de chène , après avoir été ré- 
duit en cendres, donnoit de la potasse semblable à celle du 
bois nouveau, au contraire des substances , telles que le charbon 
de Boÿty, qui conserve les caractères extérieurs des végétaux 
quoiqu'imparfaitement converti en charbon. 


Dans le cours de mes expériences sur le tan, j'ai réduit en 
copeaux une once environ de ce chêne submergé, que j'ai 
fait digérer dans l’eau. Il se forma une décoction brune qui, 
avec du muriate d’étain , donna un précipité d'un brun pâle, 
avec de l’acétite de plomb un précipité d’un brun plus foncé, 
avec le sulfate de fer un abondant précipité d'un brun noirâtre; 
mais la solution de colle de poisson ne produisit aucun effet. 


Le tan de ce morceau de chéne a donc été ou séparé par 
la solution, ou décomposé , ensorte que la substance qui 
restoit seule capable d’être dissoute par l'eau, étoit la matière 
extractive. Cette dernière, dans le cas dont il s’agit étoit, 
selon toutes les apparences, la matière extractive première 
du charbon; mais dans quelques autres substances , telles, par 
exemple, que dans les feuilles d’aulne renfermées dans le schiste 
d’/eeland, je suis très-porté à croire qu’une substance extrac- 
tive de seconde formation, s’il m'est permis de parler ainsi, 
est produite pendant le procédé de la carbonnisation. Si donc 
une substance aussi compacte et aussi dure que le chéne, 
Peut, par une longue submersion , étre privée de son tan, 
il s'ensuit naturellement que l’action de l'eau doit produire 
un effet beaucoup plus prompt snr des végétaux beaucoup 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 403 


plus petits, qui ont une certaine surface et qui, comme la 
tourbe, sont des substances poreuses et bibuleuses. 

Mais quoique la tourbe, ainsi que je l’ai déjà observé, ne 
contienne point de tan, cependant la carbonni-ation imparfaite 
qu'elle a éprouvée, la rend , comme les substances ligneuses 
grillées , susceptible d'être convertie en substance de tan arti- 
ficiel, lorsqu'elle est exposée à l'action de l'acide nitrique. Je 
crois inutile d’entrer dans le détail des différentes expériences 
que j'ai faites à cet égard, puisqu'elles sont les mêmes que 
celles ci-dessus ; je me contenterai donc de dire que sept onces 
de tourbe sèche, trempées deux fois et digérées dans de l'acide 
nitrique délayé à la quantité de plus de deux onces, et ensuite 
séchées , m'ont donné par l’eau une solution de substance 
artificielle de tan qui, évaporée à sec, pesoit deux onces. Je suis 
convaincu que j'en aurois obtenu beaucoup plus du résidu de 
cette substance, si j'avois jugé à propos de recommencer 
l'opération. Je suis également assuré qu'une moindre quantité 
d’acide auroit été suflisante, si le procédé avoit eu lieu dans 
des vaisseaux fermés , et si j'avois employé d'autres précautions 
économiques que j'omis alors pour accélérer l'opération. 


VI SECTION. 


Il est généralement reconnu, même par les chimistes mo- 
dernes , que les acides agissent bien peu, pour ne rien dire 
de plus, sur les substances résineuses, 

Le contraire se trouve cependant prouvé non-seulement 
dans les trois Mémoires que j'ai publiés sur ce sujet, mais 
encore dans quelques autres que j'ai eu l'honneur en dernier 
lieu de présenter à la Société royale. 

Dans mes Expériences sur la laque , imprimées dans les 
Transactions Philosophiques de 1804, je me suis efforcé en 
particulier de faire voir comment l'acide de vinaigre agissoit 
puissamment sur la résine, la glu et quelques autres substances; 
ensorte qu'on peut le regarder avec raison comme un agent 
précieux dans l'analyse chimique des végétaux. Sous ce point 

e vue, c’est un dissolvant dont on ne sauroit faire trop de 
cas, puisqu'il paroîit dissoudre les résines sans affecter leurs 
qualités respectives , et qu'ainsi ces snbstances , par leurs 
propres précipitans, penvent en être séparées pures el inal- 
térées. 

Aussi suis-je porté à regarder l'acide de vinaigre comme le 


Eee 2 


404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


véritable dissolvant des substances résineuses , puisqu'il les 
dissout promptement et sans produire, du moins en appa- 
rence, aucun changement subséquent dans leurs propriétés 
naturelles. 


L'acide sulfurique dissout aussi presque aussitôt les résines, 
les baumes,, etc., et donne des solutions d’un brun transpa- 
rent et quelquefois cramoisi. Cette dernière couleur est ceile 
qui plus communément caractérise les baumes. 


Ces solutions cependant sont différentes de celles opérées 
par l'acide du vinaigre. En effet elles ne sont pas permanentes, 
car du moment où la solution est complète, on voit se ma- 
nifester dans la substance dissoute des altérations progressives. 
Ainsi la térébenthine qui se change d'abord en résine, devient 
ensuite la troisième variété de la substance du tan, et finit 
par se convertir en charbon. 


Sans citer d’autres exemples, nous pourrons donc poser en 
fait que l’acide sulfurique est un dissolvant des substances 
résineuses, mais qui continue ensuite à agir sur leurs prin- 
cipes, de manière à les décomposer , le charbon en étant le 
dernier produit. 


L'acide nitrique, comme je l'ai démontré dans le cours de 
ces Mémoires, et aussi dans quelques autres circonstances , 
dissout les résines ; mais le progrès de ses effets paroit être 
en sens inverse de celui de l'acide sulfurique. Dans le dernier 
cas, la solution précède la décomposition. Emploie-t-on au 
contraire l'acide nitrique? la décomposition précède, jusqu’à 
un certain degré, la dissolution. En effet celui-ci convertit 
d'abord les résines en une substance poreuse, fragile, couleur 
d'orange pâle, ensuite en un produit qui paroït posséder les 
caractères intermédiaires de la matière extractive végétale et 
des résines. Celui-ci devient enfin la première variété de la sub- 
stance du tan, après quoi il m'a été impossible d’effectuer 
aucun changement, 

Ainsi, comme le charbon paroit être le dernier effet pro- 
duit par l'acide sulfurique sur les substances résineuses, la 
première variété de la substance du tan semble être leur dernier 
résultat lorsqu'on emploie l'acide nitrique. Nous avons déjà 
amplement discuté l’éffet de l'acide nitrique, c'est pourquoi 
nous regardons comiuc inutile de répéter ici les observations 
que nous avons faites sur quelques-uns de ses produits simul- 
tanés, ainsi que-sur les acides végétaux; mais parmi les effets 


£T D'HISTOIRE NATURELLE, 405 


résultans de l'acide sulfurique , le charbon qu’il donne me 
paroit mériter une certaine attention. 


VII SECTION. 


Après la substance du tan et les autres produits obtenus 
des résines , des baumes, etc., et dont j'ai parlé au commien- 
cement de ce Mémoire , le charbon qui resta étoit dans les 
proportions suivantes (1) : 

Charbon. 

100 grains de résine blanche des Indes ont donné 67 grains 

Dermastichasts 20. m0. 0408.66 
De baume du Pérou.................. 64 
D'elemiss 2e RMS able enseteaiets etes - 000 
Déttacamahacs. lo. .--trs.+102 
Deranaiet. nee sels mrioe der que 008 
HDÉAMDTE NE NRA ET GG 
Dhalerd'oliye At A UM er dis: 300 
Decbaumendeslolus- ner NE OZ 
Das totidaste ALORS Mt UE be 
Detcire rt EME L ER EdEdmUE 6o: 
De sang de dragon................…. 48 
De benzoin....... ARMOR REP RENE RENE rer 
Diohbin rer ch eeLenelpeee rec 
De’ myrrhe.. tnt the ARE RS RTE DOTE LA! Ve, 
D'aSphaltes HR ann Roue 
Dé sambose.- Lee. 2i. este 20: 
De gomme élastique.................. 3x 
De gomme arabique.................. 29 
Dé réslssen ar NN MS T2 0e 
Defmannelt us iii Abies Llrnno 
Deftrasacanthel.5e finies. 2220228 
. De caoutchouc (2),:...4.. 4 es22 

Le charbon obtenu des substances résineuses, par l'acide 

sulfurique, est en beaucoup plus grande proportion que lorsque 


(x) Le: poids du charbon obténu dè chacune des substances ci-dessus , 
a été estimé apres la séparation complète de tout autre produit, et en avoir 
enleve l’humidité par une chaleur ardente, dans des vaisseaux fermés. 

(2) Le caoutchouc et le bitume élastique ne furent que seperficiellement 
carbonnisés par l’acide sulfurique ; ensorte que la proportion du charbon, 
telle- qu’elle se trouve ici, est beaacoup moindre‘que celle qu’on en auroit* 
pu: réellement obtenir. 


406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


des quantités égales de ces substances sont soumises à une 
simple distillation. 

En eflet, ainsi que je l'ai établi dans mon premier Mémoire, 
100 grains de résine donnèrent, par le procédé humide, 43 
grains de charbon qui, après une chaleur rouge , en pesoient 
encore 30, 


La même quantité de résine n'offrit par la distillation que 
+ de grain de charbon. 


100 grains de mastic , par la première méthode, donnèrent 
66 grains de charbon. 


100 grains du même, distillés, ne donnèrent que 4 grains + 
de charbon. 


Enfin 100 grains d'ambre traités avec l'acide sulfurique , 
donnèrent 56 grains de charbon. 

Mais je ne pus obtenir de 100 grains du même, distillés, 
que 3 grains £ de charbon. 

Je pourrois citer plusieurs autres exemples, mais ceux-ci 
me paroissent suflire. Je dois observer ici que, relativement 
aux gommes, le cas est absolument différent ; car la diffé- 
rence entre les proportions du charbon obtenu de ces sub- 
stances , par le procédé humide et le procédé <ec , n’est pas 
considérable , quoique toujours très-grande dans le premier 
lorsqu'il est conduit avec précaution. Je remarquerai en outre, 
que dans l’un et l’autre procédé, les variations dans la quan- 
tité du charbon proviennent de la différence de la température, 
de la forme et de la grandeur des vaisseaux, et de plusieurs 
autres circonstances. 

Ce n'est pas seulement dans la proportion qu'il existe une 
si grande différence entre le charbon obtenu des substances 
résineuses par le procédé humide ou par le feu, cette diffé- 
rence se trouve communément aussi dans la qualité. Ceci 
s'applique non-seulement aux résines, mais encore aux ma- 
tières ligneuses. 

Le charbon obtenu par le procédé humide de plusieurs 
résines, étoit brillant, dur etiridescent. Très-peu des charbons 
obtenus des mêmes substances par le feu, avoient quelques-unes 
de ces propriétés. Le premier brüloit lentement comme la 
plupart des charbons de mine, tandis que l’autre au contraire 
$e consumoit en un inslant, comme le charbon de bois. J'attri- 
buai d’abord cette différence à une petite portion de l’acide 
qui n'avoit pas pu en être séparé ; c'est pourquoi je me pro- 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 


posai de faire quelques expériences pour me convaincre que 
ce n'en étoit pas la cause. 

Ayant remarqué cette différence dans les charbons produits 
par les résines, je fus curieux de faire quelques expériences 
comparatives sur le bois, et je choisis le chène à cet effet. 


Pre Exp. Sur 480 grains de sciure de chène, je versai deux onces 
d’acide sulfurique, délayées dans six onces d’eau, et plaçai 
le matras sur un bain de sable, où il resta depuis le commen- 
cement de juin dernier, jusqu'à la fin de septembre. Le bain 
de sable pendant tout ce temps avoit été rarement échauffé , 
mais je remuois le vase par occasion. 


A la fin de la période ci-dessus, j'ajoutai six onces d'eau 
bouillante , versai le tout sur le filtre, le lavai une seconde 
fois, et le fis sécher ensuite à un bain de sable dont la chaleur 
n’excédoit pas 3002. 


La sciure paroissoit être réduite en un charbon grenu, 
dont partie tomboit en poussière, et partie étoit en grumeaux; 
le tout pesoit 210 grains. 

Je mis 105 grains de ce charbon dans un creuset de métal 
bien enveloppé, et l’exposai ainsi à une chaleur brülante; je 
mis en même temps, dans un autre vaisseau placé à côté 
du premier, une égale quantité de charbon de bois fait de la 
même sciure de chêne. 

Ce charbon fut promptement consumé , laissant des cen- 
dres d’un brun blanc, qui, comme c’est l'usage, donnoiïent 
de l’alkali, avec quelque trace de sulfate : c'étoit sans doute 
du sulfate de potasse. 

Au contraire le charbon formé par le procédé humide , 
brüloit avec flamme , comme le charbon de Kilkenny et 
d'autres qui ne contiennent pas de bitume. Il se consuma 
lentement, comme les charbons de mine ci-dessus , laissant 
quelques cendres d’un rouge pâle qui pesoient 2 grains. Ces 
cendres n'offrirent pas le moindre vestige d'alkali; la seule 
substance saline que j'en pus obtenir, étoit une petite portion 
de potasse qui ne se montoit guère qu'à un 6e de grain, et 
il est probable que si le charbon eût été plus abondamment 
lavé, je n'en aurois pas obtenu méme cette légère portion 
de sel neutre. 

Il. Dans le même temps, lorsque j'eus commencé l'expé- 
rience précédente, je mis dans un autre matras 480 grains de 
sciure de chéne , et ayant ajouté quatre onces d'acide mu- 


408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
riatique commun, je laissai le tout pendant l'espace de temps 
precite. 

Les quatre mois expirés, le reste de l'acide se trouva, pour 
la plus grande partie, desséché par une chaleur qui n’excédoit 
pas 300°. La sciure offrit alors une masse d’un brun noir, 
sur laquelle je versai une pinte environ d'eau bouillante dis- 
tillée. Le tout fut passé au filtre, lavé à plusieurs reprises et 
ensuite séché sans chaleur. La sciure parut alors, ainsi que 
je l'ai observé, d'un brun noir, et tomboit en poussière. Eile 
donna quelque flamme en brülant , exhala une légère odeur 
de végétal, et fut réduite en cendres beaucoup plus tôt que le 
charbon formé par l'acide sulfurique, mais pas aussi vite que 
le charbon de chéne. Ces cendres avoient l'apparence de 
l’ochre , n’offroient aucune substance saline, si ce n’est 
quelque légère trace de muriate de potasse. 

Ces deux expériences prouvent donc, 

a°, Que le bois peut, au moyen de l'acide sulfurique, être 
changé en un charbon dont les propriétés sont différentes du 
charbon de bois, quoique préparé avec la méme espèce de 
bois; et que le charbon ainsi formé par l’action de l'acide 
sulfurique, ressemble, soit pour sa manière de brûler, soit 
parce que réduit en cendres il ne donne aucun alkali aux 
charbons de mine qui sont privés de bitume. 

bo. Que le bois peut étre aussi converti dans une espèce 
de charbon par l'acide muriatique, mais que dans ce cas le 
charbon conserve quelques-uns des caractères des végétaux, 
quoiqu'on ne puisse obtenir aucun alkali de ses cendres , 
comme dans le premier cas. 


VIII SECTION. 


Quatre opinions différentes ont été proposées relativement: 
au problème diflicile dans l'Histoire naturelle des Miné- 
raux : L'origine et la formation du charbon. 

La première consiste à dire que le charbon de terre est une 
terre ou une pierre du genre de l’argile pénétrée et imprégnée 
de bitume. 

Mais M. Kirwan a observé avec raison, que l’insuflisance 
de cette opinion est démontrée par le charbon de Kilkenny, 
et par les autres charbons qui sont privés de bitume; et aussi 
paree que la quantité de terre ou de pierre dans les charbons 
les plus bitumineux, n'est point en propuition de leur poids. 

La 


} ET D'HISTOIRE NATURELLE. ' 4cy 

La. seconde opinion qui a le plus dé partisans, c’est que: 
le charbon minéral est végétal de son origine, que-les vé- 
gétaux, postérieurement à leur ensevelissement sous une im- 
mens couche de terre, ont été minéralisés par quelque pro- 
cédé inconnu, dans lequel sans doute l'acide sulfurique a joué, 
le principal rôle, et que par le moyen de cet acide, les huites 
des différentes espèces de bois, ont été converties en bitume, 
et qu'il $'est formé une substance charbonneuse. 

La troisième opinion est celle d'Arduino, qui regarde le 
charbon comme une production marine formée originaire- 
ment de la graisse et de la matière onctueuse des nombreuses 
espèces d'animaux qui habitent l'Océan. 

La quatrième est celle de M. Kirwan, qui prétend que le 
charbon et le bitume sont primitivement sortis du fluide du 
chaos. 

Les bornes de ce Mémoire ne me permettent pas d'entrer 
dans le détail des raisons et des faits mis en avant pour appré- 
cier ces différentes opinions. La plus probable, à mon avis, 
c'est la seconde, ou celle qui regarde les substances végétales, 
comme l'origine principale du charbon. En effet, elle offre 
en sa faveur un bien plus grand nombre de faits géologiques et 
d'expériences. Cependant différens ouvrages ont rendu compte 
de plusieurs faits relatifs à la première, Je me contenterai 
donc de citer un petit nombre de ceux qui regardent la der- 
nière et que j'ai rencontrés dans le cours de mes expériences. 

Les observations du docteur Correa de Serra; sur le bois 
de la forét qui se trouve sous imer à Sutton, sur la côte du 
Lincolnshire , ainsi que plusieurs semblables ; publiées dans les 
Transactions Philosophiques et d’autres écrits , démontrent, 
de la manière la plus satisfaisante, que, soit que les végétaux 
aient été ensevelis en tout ou en partie sous les eaux cu 
sous la terre, ces moyens seuls n'ont pas pu les convertir 
dans l’espèce de charbon la plus imparfaite (1), 


(r) Dans mon Mémoire sur le changement de quelques-uns des principes 
prochains des végétaux en bitume , ÿai cité quelques remarques de 
Bergmann , de von Troil et d’autres, sur l’état dé compression des troncs 
d’arbres qui ont été convertis en bois fossile, charbon de Bovey, et autres, 
substances semblables. La même observation a été également faite par le 
docteur Correa de Serra , relativement aux boïs de la forét qui existe sous 
la mer à Sutton ; et ce qu’il ya de plus remarquable , c’est que les végé- 
taux submergés de Sutton, n'offrent aucune apparence de carbonnisation. 

Le docteur Correa dit : « En général les troncs, les branches et les 


Tome LXIV. MAI an 1807. FFE 


fo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Il faut donc que quelques procédés indépendans de ces: 
circonstances aient eu lieu , pour que les substances végétiles,. 
telles que le bois, la résine et l’huile, soient devenus chabon 
et bitume, “ 

Dans mon premier Mémoire, je me suis efforcé de faire 
voir que ces changemens étoient progressifs, et après avoir 
observé l’état parfait du bois submergé à Sutton et dans 
d’autres endroits, j'ai décrit les qualités des différentes espèces 
de charbon Borey, qui offrent une suite des changemens 
graduels des corps qui conservent la structure et le tissu des 
végétaux, quoiqu'imparfaitement carbonnisés, et d’autres dans. 
lesquels les caractères presque complets du charbon minéral 
commun ou du charbon de terre sont absolument établis. 

J'ai obtenu des feuilles d’aune, dans le schiste d'Islande; 
une matière extractive végétale, et quoiqu’elle ne me vint pas 
de variétés de charbon Bovey, celles-ci néanmoins, ainsi que 
les feuilles d'aune et un charbon semblable à celui de Bovey, 
trouvé dans le comté de Sussex, à Newick-Park, appartenant 
à Sir Elijah, et comme le bois fossile , donnèrent quelque 
résine, semblable à celle qui se trouve dans le charbon de 
Bovey, en masses distinctes, entremélée d’une couche de 
charbon , et combinée avec l’asphalte, dans la proportion 
d'environ 41 parties du dernier, sur 55 de résine (1). 

Indépendamment donc'des autres caractères végétaux qui 
sont si évidens dans plusieurs des variétés du charbon de 
Bovey , du charbon de Sussex, du bois fossile, etc., la pré- 
sence de la résine doit être regardée comme un fait qui milite 
puissamment en faveur de cette opinion. Cette substance en 
effet a toujours été attribuée aux corps organisés, surtout à. 
ceux du règne végétal; et je ne connois aucun exemple anté- 
rieur à mes expériences , de résine reconnue comme parlie 
constituante d’une seule des différentes espèces el variétés 
de charbon. 

D'après les caractères végétaux extérieurs possédés par le 
charbon de Bovey, le charbon de Sussex, le bois fossile, et. 


» racines des arbres qui pourrissent , sont considérablement aplatis. Ce- 
» phénomène a été observé dans le bois fossile d'Islande; Scheuchzer l’a 


» aussi remarqué dans le bois fossile trouvé dans les environs du lac de: 
» Thun, dans le Switzerland. » 


(x) Observations sur le changement de quelques principes des végétaux. 
en bitume (Transactions Philosophiques, 1804, pag. 40»). 


ET D'HISTOIRE NATURELLE: fix 


plusieurs autres, conjointement avec la résine regardée exclu- 
-sivement comme une substance végétale, où du moins comme 
appartenant aux seuls corps organisés , il n°y a point de doute 
que ces charbons ne proviennent du bois et d'autres substances 
appartenantes au règne végétal. 

Mais quelques minéralogistes essaient de tracer une ligne 
de séparation entre les charbons ci dessus mentionnés et 
d'autres qu'ils nomment, pour cette raison, vrais charbons 
mInÉTAuR. » 

Ceite opinion peut être réfutée jusqu’a un certain point; 
par les échantillons mémes des charbons de terre de Bovey, 
dans lesquels, comme je l'ai observé, on peut appercevoir une 
gradation régulière du bois qui est imparfaitement carbonnisé, 
à la substance appelée charbon de pierre, qui, sous tous les 
rapports, paroît être sinon absolument semblable aux charbons 
de terre, du moins en approcher de très-près. | 

‘On peut cependant objecter qu’une pareille transition appar- 
tient aux seules localités, et que le charbon de terre trouvé 
dans des endroits où il n'existe rien qui ressemble au charbon 
de Bovey, est effectivement d’une nature diflérente. 

Mais, selon moi, l’on peut répondre à cette objection par 
les résultats des expériences faites sur le charbon de terre, le 
charbon cannel et l’asphalte, que j'ai rapportées dans la troi- 
sième Section de ce Mémoire. Ën effet, lorsque ces substances 
eurent été soumises à l'action de l'acide nitrique, pas trop 
long-temps prolongée, je trouvai que cet acide dissolvoit d’abord 
la partie principale de la matière charbonneuse, et qu'en ar- 
rêtant alors le procédé, il restoit une substance dans une pro- 
portion correspondante à celle de bitume qui existe soit dans 
le charbon de terre, soit dans le charbon cannel et l’asphalte, 
substance qui n’étoit pas , il est vrai, dans l’état de résine, 
mais tenoit le milieu entre celle-ci et la matière extractive 
végétale. 

J'ai avancé de plus, que dans de semblables circonstances 
on pourroit obtenir, par l’action de l’acide nitrique, des ré- 
sines végétales connues , une substance douée au plus haut 
degré des mêmes propriétés, 

Lors donc qu'à ces faits se joint le mélange naturel de-la 
résine et de l’asphalte, qui se trouve dans le charbon de Bovey, 
nous avons au moins en apparence, la preuve la plus positive 


pe ss charbons de terre sont originairement d’origine vé= 
gétale. 


Fffa 


412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIF 
C’est une vérité en effet, qu'aucun procédé imaginé jusqu'ici, 
n'a jamais pu former du bitume. des résines ou des autres sub-- 
stances végétales. Moi-méme j'ai employé divers moyens pour 
ÿ parvenir, mais toujours sans succès. Envain ai-je obtenu, 
pes hasard, des produits qui, soit pour l’odeur lorsqu'on les 
rüloit, ou par d'autres propriétés, lui ressembloient un peu ; 
cependant les effets produits par. l’alcohol ou, l’eau, ont tou- 
jours prouvé que ces produits n'étoient point de bitume. 
Mais comme nous n'avons eu que trop sonvent occasion 
de le remarquer, il est rare d'arriver à la synthèse des pro- 
duits naturels, quelque exigible qu'elle soit dans la stricte 
démonstration chimique, surtout lorsque. les opérations se font 
sur des corps composés de parties sujettes à une multitude de 
variations dans leurs proportions ; leurs qualités et leur mode 
de combinaison. 
Considérant donc que le bitume et la résine, au moyen 
d'opérations semblables, donnent les mêmes produits; que 
le bitume et la résine se trouvent naturellement amalgammés 
ensemble, et que cette substance mélangée accompagne une 
espèce de charbon qui, dans. plusieurs parties, montre encore 
son origine végétale , tandis que dans d'autres il passe à l’état 
de charbon de terre, nous pouvons en conclure presque avec 
certitude, que le bitume est une modification des parties hui- 
leuses et résineuses des substances végétales, produite par 
quelque procédé de la nature, qui a opéré lentement.et pro- 
gressivement sur des masses immenses; ensorte que, quand 
bien même ce procédé nous seroit connu, le défaut de temps, 
et le manque de matériaux en une aussi grande quantité, 
nous metltroient dans l'impuissance d'imiter ses effets. : 
Mais quoiqu’aucun procédé chimique connu n’ait pu obtenir 
jusqu'ici un bitume artificiel des résines et des autres substances. 
végétales, je suis néanmoins fondé à croire que l'agent em- 
ployé par la nature dans la formation du charbon et du bitume, 
a été ou l'acide muriatique ou l'acide sulfurique. En effet, 
lorsqu'on fait réflexion que le sel commun ne se trouve jamais. 
dans les mines de charbon, à moins qu’elles ne soient dans 
le voisinage de marais salans, tandis qu’au contraire on y ren- 
contre fréquemment des pyrites , du sulfate de fer et de l'alun, 
ces faits joints à l'odeur de soufre qu’exhalent la plupart des 
charbons minéraux lorsqu'on les brûle, paroissent prouver jus- 
qu'à l’évidence l’action de l'acide sulfurique. À l'appui de 
cette assertion vient encore la grande ressemblance qui, comme 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 


mous l'avons déjà dit, existe entre les charbons formés artifi- 
ciellement de plusieurs substances végétales, et les charbons 
minéraux, ressemblance qui ne se borne pas aux caractères exté- 
rieurs , mais qui s'étend encore aux autres propriétés. 

L'action de l'acide sulfurique sur Îles corps végétaux, con- 
vertit en charbon une quantité beaucoup plus grande de leur 
matière carbonneuse qu’on n’en obtient en les soumettant au 
feu. 

Nous ayons cité dans la septième Section de ce Mémoire, 
plusieurs exemples relatifs aux résines, et le résultat de l’expé- 
rence faite sur le chéne, se trouve parfaitement d'accord 
avec eux, 

M. Proust (Journal de Physique, t. XLVIIT, p. 469), dans 
le cours de quelques expériences comparatives sur les propor- 
tions du charbon de bois donné par différentes espèces de 
bois , a obtenu 20 pour cent du chène encore vert, et 19; 
pour cent du cœur de chêne. 

Mais, par l’action de l'acide sulfurique, de 480 grains de 
chéne, j'ai obtenu 210 grains, ou environ 45 pour cent d’un 
charbon qui brüloit, non pas cemme le charbon de bois pro- 
venant du même bois, mais comme plusieurs des charbons 
minéraux. J'ai observé la même chose dans la combustion de la 
plupart des charbons obtenus des substances résineuses par le 
procédé humide. : 

L'expérience sur le chène semble réfuter également une 
autre objection de l’origine végétale du charbon de terre, je 
veux dire l'absence totale des aikalis qu'on obtient au contraire 
si constamment par la combustion des parties ligneuses des 
vigétaux. Mais j'ai démontré que lorsque ces corps sont car- 
bonnisés par le procédé humide, soit que l'on emploie l'acide 
muriatique, soit que l’on fasse usage de l'acide sulfurique ,. 
il est impossible d'obtenir aucun alkali des cendres de char- 
bons ainsi formés : dernière preuve que la nature s’est servi 
du procédé humide pour convertir les substances ci-dessus 
en charbon de terre. En effet, en supposant que le feu ait 
été son agent , il n’est pas aisé de concevoir comment l’aikali a 
pu être détruit ou séparé (1). 


© 


(1) Quelques chimistes en parlant de l’absence de l’alkali dans le charbon 
Bovey, et dans le charbon de terre commun , ont supposé que les vége- 
taux dont ces charbons sont formés, avoient été d’abord privés d’alkali, 


Bree JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Toutes les circonstances semblent donc se réunir pour ap- 
puyer l'opinion de ceux qui considèrent les charbons de terre 
comme provenans des corps végétaux par le procédé humide, 
et très-probablement par l'action de l'acide sulfurique, et en 
accordant que les substances animales aient pu contribuer 
aussi à {a formation du charbon, cela ne milite pas contre 
l'opinion précitée, puisque les effets produits sur ces sub- 
stances par cet acide, sont absolument les mêmes (1). 


par la simple lessive, pendant le temps de leur immersion dans la mer; 
mais j'ai fait voir dans ce Mémoire, que le chêne submergé de Sutton, 
quoique privé de son tan, conservoit encore sa potasse, ce qui, certes, 
n'auroit pas pu avoir lieu si celle-ci, commele premier, avoit été séparée 
du bois par la simple solution. Lorsque le bois est réduit en cendres, l’alkal 
alors complétement dénudé par la destruction de la fibre ligneuse, peut par 
conséquent être enlevé par l’eau; mais lorsque le bois est converti en charbon 
par le procédé humide, au moyen d’un acide, il en résulte, selon moi , deux 
efleis; je veux dire que la combinaison intime de l’alkali avec la fibre 
ligñeuse se trouve alors détruite en grande partie par la carbonnisation du 
dernier, tandis qu'il s'élève une action simultanée dans Paffinité entre 
l'acide et l’alkali , ensorte que si le charbon eût été formé par des moyens, 
RE Falkali auroit été séparé du bois dans l’état d’un sel neutre 
dissous. 


(1) La nature des expériences rapportées dans ce Mémoire, m'a mis 
dans la nécessité d'exposer en peu É mots , les différentes opinions rela- 
üves à la formation du charbon par le procédé humide; mais je ne crois 
pas avoir rapporté aucune de celles tendantes à favoriser l’action immédiate 
où indirecte du fen; je n’ai voulu qu'exprimer mes sentimens relativement 
-à la plus probable des premières. R 

Cependant , depuis que ce Mémoire a été composé et lu en partie devant 
la Société royale, j'ai reçu de sir James Hall, un exemplaire de son ou- 
vrage intitulé : Compte rendu d'une suite d'expériences, qui font voir les 
effets de la compression, en modifiant l'action de la chaleur. Je suis 
p'einement convaincu que depuis Jong-temps il n’a pas paru, parmi les 
savans, un ouvrage plus intéressant , et qui réunisse à plus d’exactitude 
plus de talens et de persévérance. Les effets que Sir James a obtenus par 
l’action de la chaleur comprimée sur le carbonate de chaux, lève un ob- 
stacle insurmontable, en apparence , à la théorie de Hutton ou de Pluton, 
ct s'ils ne résolvent point le grand problème géologique, du moins peut-on 
les regarder comme ayant ouvert soit dans la chimie, soit dans la géo- 
lsgie, une carrière dans laquelle personne n’étoit entré jusqu'ici. 

Dans la VIII Section de cet intéressant Mémoire, l’auteur rend compte 
de quelques expériences faitessur le cuir, sur la corne, etsurla sciure de sapin, 
au moyeu desquelles il a obtenu un charbon qui donnoit de la flamme en 
brûlant, et qui ressembloit en apparence à quelques charbons minéraux. 
Il a obtenu aussi une fois une substance qui, par ses caractères extérieurs, 
paroissoit approcher beaucoup de ce mélange d’asphalte et de résine, trouvée 


ET D'HISTOIRE NATURELLH 425 

Le premier objet que je me proposai lorsque je découvris 
la substance artificielle du tan, fut de rechercher la nature 
et la formation du charbon. En réfléchissant sur l'importance 
de ce dernier, on ne sera pas surpris dele voir fixer mon atten- 
tion d’une manière plus particulière. 

Dans l’addition aux expériences rapportées dans les trois 
Mémoires publiés sur ce sujet, j'ai voulu en décomposer les. 
différentes variétés, comparer leurs gaz et leurs autres pro- 
duits avec ceux du tan naturel ;. je me suis surtout appliqué 
à découvrir les moyens les plus économiques d'obtenir le tan 
artificiel. En effet, abstraction faite de la science spéculative , 
cet objet me paroit extrêmement important, envisagé non 
seulement sous le rapport de cetie branche précieuse de ma- 
nufacture, mais encore cemme pouvant arrêter, ou du moins 
diminuer la destruction prématurée du bois dans un pays où, 
sous le rapport de sa population et de sa position maritime, 
get article exige la plus sévère économie. 

Mais pour le présent j'abandonne ce sujet à ceux qui peu- 

vent le juger digne de leur attention. Je me contenterai donc, 
ainsi que je lai ‘dit PRE haut, de le regarder comme un 
moyen non moins utile qu'économique. Je recommanderai à 
ceux qui voudront suivre cette recherche, de donner une atten- 
tion particulière aux procédés relatifs aux substances végétales. 
chauffées, et à la tourbe. 
# La plupart des rebuts des matières végétales , tels que les 
fumiers , les feuilles mortes, etc., serviront aux premières, 
tandis que le dernier, comme je l'ai démontré, n'a pas besoin 
d’être grillé, et que dans plusieurs pays, surtout dans le nord, 
la tourbe se trouve en si grande abondance que , proportion 
gardée , il ne s’en emploie qu’une bien petite quantité pour 
l'usage auquel on l'a appliquée jusqu'ici, je veux dire à ali- 
menter le feu. 

Avant de terminer ce Mémoire, j’observerai que les expé- 


à Bovey, et que j'ai nommée résine asphalte. Sir James Hall se propose 
de recommencer ces expériences, et j'avoue qu'un de mes vœux les plus 
ardens , c’est de le voir réaliser son projet. En effet , quoique je sois 
tres-porté à croire que les charbons de terre ont été généralement ou même 
toujours formés par quelque procédé humide , il est cependantimpossi ble de 
prévoir les résultats que l’on peut obtenir des substances animales et végétales 
soumises aux effets de la chaleur modifiée par la compression, cette cha-- 
leur pouvant d’un côté agir sur leurs principes, qui eux-mêmes peuvent 
réagir l’un sur l’autre dans des circonstances restées jusqu'ici inconnues. 


A416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, 


riences précitées ne doivent étre regardées que comme de 
simples ébauches de celles que l’on peut tenter, tandis que 
les faits que nous avons exposés relativement aux résines, aux 
baumes , aux gommes-résines et aux gommes, servent à 
prouver que l'on doit beaucoup attendre d'un examen chi- 
mique régulièrement fait de ces substances. Mais de semblables 
recherches ne pourront véritablement contribuer aux progrès 
de la science, qu’autant qu'on y aura employé la plus scrupu- 
leuse exactitude. Bien loin de faire cette opération à la légère, 
ces substances doivent étre examinées comparativement et sys- 
tématiquement avec Lout le soin dont peut être susceptible l’état 
actuel de la chimie. En effet, la connoissance relative à la com- 
position des corps organisés est encore très-imparfaite, et je suis 
convaincu que la chimie, comme les autres sciences, sera. 
toujours moins sujette à l'erreur lorsqu'elle prendra pour guide 
les expériences et les analyses comparatives. 


ART DE LA TEINTURE 
DU COTON EN ROUGE; 


Par M.J.-A. CHAPTAL, Membre et Trésorier du Sénat, 
Grand Officier de la Légion d'Honneur, Membre de 
L'Institut de France, Professeur honoraire de L'Ecole de 
Médecine de Montpellier, etc., elc., etc. 


EXTRAIT PAR M THENARD. 


Le rouge de garance qu’on combine avec le coton et qu’on 
appelle rouge d'Andrinople, est regardé avec raison comme 
l'une des couleurs les plus belles et les plus solides qu’on 
connoisse. Long-temps les pays du Levant furent seuls en 
possession de préparer cette couleur ; ce n’est même qu'au 
milieu du siècle dernier que la préparation en fut introduite 
en France, et encore n'y fut-elle d'abord connue que d'un 
petit nombre de personnes : les causes qui en avoient fait, 
pendant un grand nombre d'années, la propriété du Levant, 
en firent également ici, pendant un certain temps, la pro- 


priété 


ET D'HISTOHRE NATURELLE A7 


priété de quelques fabricans. Ces causes consistent principa- 
lement dans le long espace de temps et dans le grand nombre 
d'opérations qu'elle exige. En effet le coton ne peut étre teint 
que dans l’espace d'un mois, et dans ce laps de temps, il 
faut, chaque jour, le travailler Cans des bains ou le soumeitre 
à des manipulations, qui ont une influence directe sur la beauté 
de la couleur. Que de chances, d'après cela, pour ne pas cons- 
tamment réussir! Aussi, rarement les cotons de diverses fa- 
briques sont-ils également beaux. Ceux d'une même fabrique 
ne sont même pas toujours exempts de cet inconvénient. Un 
bon Traité sur l’art de teindre le coton en rouge, étoit donc 
bien à desirer. Mais quel étoit l’homme capable de le faire? 
Un chimiste, sans avoir dirigé d'ateliers, auroit échoué dans 
cette entreprise ; et il en eût été de même d'un chef d'atelier 
dépourvu de connoissances chimiques! Ainsi, connoiïssances 
théoriques et connoissances pratiques, voilà les deux condi- 
tions que la composition d’un semblable Traité exigeoit; voilà 
pourquoi M. Chaptal seul pouvoit nous le donner. Mais 
M. Chaptal ne s'est pas contenté de décrire les procédés qui 
Jui ont le mieux réussi pour le rouge d'Andrinople, ainsi que 
pour la plupart des couleurs dont la garance est la base, et 
d'en donner l'explication qui lui a paru le mieux se concilier 
avec les faits; il n'a pas écrit seulement pour ceux qui sont 
déjà instruits, ou qui, étant à la tête d'établissemens , ne 
savent pas tout ce qu'ils devroient savoir, il a encore écrit 
pour ceux qui, voulant en former, doivent apprendre tout 
ce qui peut en assurer le succès. C'est ce qui fait qu'il est 
entré dans les plus grands détails sur tout ce qui peut con- 
cerner une fabrique de teinture de coton en rouge. Plusieurs 
de ses observations ont méme cela d'avantageux, qu'elles peu- 
vent s'étendre à un grand nombre d'autres fabriques. Situation 
du local pour rendre les transports commodes, la vente sûre 
et les approvisionnemens faciles ; nature et choix des matières 
premières; réglemens à établir; teinture, etc., etc., il a tout 
examiné et tout discuté avec une clarté et une précision qu'il 
est diflicile d'atteindre dans un pareil sujet. Ce n’est point tout 
encore : M. Chaptal, en composant cet ouvrage pour l'utilité 
publique, a voulu en même temps rendre hommage aux vertus; 
à l'amitié, au talent, et l’a dédié à M. Berthollet. 


Tome LXIV. MAI an 1807. Geg 


OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES 


FATICEE, 
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en 


16,à 8 à m. 


29) à midi 
327$: she 
30 à midi 


Eau de pluie tombée dans Le cours de ce mois, 0%,02696 — 1 pouce o lig:: 


THERMOMÈTRE. 
En 


A 


BAROMÈTRE. 


RECAPITULATIO N. 


Plus grande élévation du mercure. ..28.3, 87, le 9 à. 5 m. 


Moindre élévation du mercure..... 27.3, 73,1&@15 à To hs 
Élévation moyenne...... 27:9,81 Fc 
Plus grand degré de chaleur... 20°, 7, le 30 à midi. 
Moindre degré de chaleur......., — 2,8 ,le 5à5+im. 
Chaleur moyenne... 1.2. + 6.9 
Nombre de jours beaux... .... 21 


On \ 


Maximum. | Minimum. |4 Mur. Maximum | Minimum. a Mxor 
+ 51là6m. + 0,3] + 4olà 10 E5s..... 27 MPONIRCTE PS DT TI7D | 27.7 77D 
+ 60!16m. — 0,4| + Oofù 335 27. 0,201 6 in .27. 6,47|27. 9.20 
+ 2,6/à11Ès. — o,n|. + o,6fà 11Ès.....28. 0,:0/16 m. ..... 27. 9 66|27.10 5 
+ 4 : Saw. ds _® oi 10 +5 nb 28. 2,5: |à 53 m, 23. 0,72 28. 1,30 
PT A Am D ae Me Ut RE 
+i,|à 45 M, — 0,5 + 12,61à obr Lt 284. I,29 {ri RU 286. 0,27|28. 0,85 
10,3 à Dm. + 2,7] Hrr,3,à midi ..... 28. 3,00|1 5 m .28. 2,20|28. 3,00 
#12,5fà 5 m. + 3,2) Hr1,4fà 5 m.......28. 3687|11025s..... 23. 3,55|28. 3,85 
+13,7/à 5m. + 4,0] +13,ofà or? m..... 28. 3,60/à 10 : SAR 28. 0,706[28. 2,00 
LE CRE» 736 SE Le on ABTS......27. 9,00 de 

3)[à 10 #5: RS] 12,91 51m. +... 27: 0,00|4:10 = S:..-27« 70027. 0,00 
+12,0/à 82m. + 8,3 128 à:6,2 m,.,.. 27. 6,20|à 3 toit. 27. 5,72]27. 6,08 
11,6 à 1025. + 5,6| H10,o à MAL 20 27. 5,64]a DS A: cet 27e 5.33 27. 5,84 
+128 ï 6m. + 6,9] +11 fa 9 m...... 27. 5,4ofà 1O'Ss- sat 27 3,75 2 4,50 
+ LE 4105 + 2,9] + 4,5]à 108. .....27. 76€ 183 m....27. 48727. 9.52 
+ re + 2,5] + 4,3[à 9+ m....27. 0,51 13S....... 27. 6 59|27. 8095 
+ 49/45 m: —o;1| + 4,0 1045... 27.10,80[1 midi. ....27.10,22/27.10,22 
+ 5,2là5m. :— 0,5] + 5,2 1025 ....98. 0,00! midi... ... 27.10,95)27. 10,05 
+2,5/4,4.m, ,—,0,1] Æ 2,3/à 10 &,s.....28, 1,62[à 4 m....... 28. 0,50|28. 1,35 
+ 5,3/4 55m. + 0,5] + 5,3]à 8Fm.....28. 2,o4[à midi..... 28 1,79|28. 1,79 
+ 8,7/à 25m. — oo! + 7,5[2 8m... 2OM OI IS ER 27.11,50|28. 0,00 
pe se in Le 37 ne à Fe CAVE rer 0,94 Ans Sc de . ee ci de 

#7 m 752 4[a 105....... 20. 1,9 M, ses. + 1,04/20. 1,9 
Le 223me + 6,6 +143 à 5+ LE: 2:40 a,2 Fm... 28. 1.9 |28. 2,30 

17,6[14%m, + 6,2] H17,olà 155. ....28. 2,00[1 3 <s......26. 2,15]20. 2,61 
+20,4fà 1m. Ærr,7| #19,5là nudi...... 28. 2,05 A LT Ses 28. 2 40 28. 2,95 
19,414 4+m. Ærr,3| +17,3/à nudi..….... 268. 1,60[143m..... 28. 2,40/28. 2,00 
20,74 5% m. Æro5| +20,7 himidi:#0r 28: 1,751h 1135....28. O,66|268. 1,2 
+ 20,54 45m, Æ 0,6| Hzo,5fà 1 m..,....28. o,40]1rim....... 27.11,00|8.. 0,25 


: À I'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, 


= 


APRIL 1807. 


Equin. asc. 
Apogce. 


À- L. 


P. Q. 
Périgée. 


Equin. desc. 


P.L. 


D.Q. 


POINTS 


LUNAIRES. 


. Nota. Pour indiquer plus exactement le 
trois parties : la première contient les variations de 


Brouillard; neige. 

Forte gel. bl.; cicln. 

Ciel couvert. 

Lég. br. ; beau ciel. 

Beau ciel. 

Léger br.; beau ciel. 

Ciel nuageux. 

Brouiil.; ciel blanch. 

Br.; cicl superbe. 
Idem. 


Crel légèrem. couv. 


Couv. ; pluie fine. 

Gouv. ; pl. p: inst. 

Pluie: forte et abond. 

Quelques éclaircis. 

Ciel couv. ; pluie fr. 

Beaucoup d’éclaic. 

Br. àl'hor.;cielnnag, 

L.br.; neig. fi. et ab. 

Très-beau ciel. 

Ciel couv.3 q. éclairc. 

Cie! couvert., 

Bcauc. d’éclaircis: 

Couvert. 

Ciel nuag. et voilé. 

Très-beau ciel; br. 
Idem. 

Petits nuages. 

Ciel nuageux. 

Beau ciel ; léger br. 


RÉCAPIT 


Jours dont le vent a soufllé du 


Ciel Vois 


Quel: légers nuagi 


VARIATIONS DE LATMOSPH 
"| 


LE MATIN. | A MIDI. | 


Cie! un peu voilé. 

N. tr.-ab:; gres.; pl. 

G. nuag.; neige et gr. 

Beaciel. 

Crel superbe. 

Ciel volé. 

8. ciel; vap. à l’hor. 
14. 

Ciel un peu voilé. 

Couvert. 

Gouv.5:q. éel. p.inst. 

Quelques éclaurcis. 

sieltrès-nuag,. 

Ciel à demi-cour. 

Pluie continuelle. 

G.c.;q-f1. de neige. 

Giel nuag.; neige. 

C. n.; gréleet neige. 

Ciel couv. 

Ciel un peu nuag. 
TX 


) 


Beauc. de p. nuages. 

Beau ciel. 

Superbe. 
4° 


eau ciel. 


ULATEON. 


C.couv.; neige cont. [Ciel nuageux. 


‘ÎQüe’q. lég. nuages. |Ë 

+ ne or nl 4 
FOR 
Ia, 

| 

t 

| 

| 


FTPY 
ER E. 


RE 


LE SOIR. 


Ciel couv. 
Ciel nuageux. 
Tiée-heau ciel. 
Idem. 
Idem. 
Ciel voiké. 
Beau ciel. 
Fa. 
Ciei couvert, 
Couvert. 
Ciel. nuageux. 
Ciel couvert. 
Ciel très-nuazeux: 
Ciel couv. 
Ciel nuageux. 
Pluie et neige 1hond. 
Ciel couv. ; ncige ab. 
Beau ciel. ; 
Ciel couv. 
Gielaësez b. p: inst. 
Cei très-nuageux. 
Ciel vouvert. 
Ciel nuageux, 


Très-beau ciel. 


RE ESA DR EES EAN 


ÿ 


| 
| 


d, 


de couverts... o 
defpluie 2. 9 
HE VEN se con ne 30 
déselée eee 10° |} 
de tonnerre. ...., o Ji 
de brouillard... al. 
de neige...,.....… 
Ne FAURE ST: 8 
ÉD MST rer 2 
LT RCR ARENA AE RES 3 
SEE ANSE I 
SéisreRRET. 3 
| ; 
3 
3 


variations de Patmosphère > On a divisé le jour en 
puis miauit jusqu'à 9 heures du matim; la: 


seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au minuit suivant. 


420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE , etc. 


FA B LE 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. 


Observations chimiques sur les procédés à suivre dans l'art 
de faire le vin rouge, surtout lorsque le raisin 1e parvient 
pas à parfaite maturité; par M. de Sampayo.. Pag. 361 

Expériences électriques sur le verre considéré comme 
bouteille de Leyde, et sur le carreau garni; par 
ME" d 

Traité élémentaire de minéralogie, avec des appli- 
cations aux arts ; ouvrage destiné à l'enseignement 
dans les Lycées nationaux ; par Alexandre 
Brogniard , Ingénieur des mines, Directeur de la 
Monufacture impériale de porcelaine de Sèvres. 
Extrait par J. C. Delamétherie.. 380 

Troisième suite d'Expériences sur une substance 
artificielle renfermant les principales propriétés 
caractéristiques du Tan, avec quelques remarques 
sur le charbon; par Charles Hatchett, Ecuyer. 390 

Art de la teinture du coton en rouge; par M. J.- 4. 
Chaptal, Membre et Trésorier du Sézat, Grand 
Officier de la Légion d'Honneur, Membre de l'Ins- 
citut de France ; Professeur honoraire de l'Ecole 
de Montpellier, etc., etc., etc. Extrait par M. 
Thenard. 416 

Tableaux Météorologiques ; par Bouvard. 418 


371 


JOURNAL 


DE PHYSIQUE, 


DE CHIMIE 
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 


JUIN an 1807. 


MEMOIRE 
SUR quelques effets chimiques d’Electricité ; 
Par HUMPHRY DAVY, Ecuyer. 


Lu à La Société royale le 20 novembre 1806. 


IL INTRODUCTION. 


Les effets chimiques produits par l'électricité, ont été depuis 
quelque temps l’objet de l'attention des philosophes; mais la 
nouveauté de ces phénomènes , leur defaut d'analogie avec 
les faits connus , la discordance apparente de quelques-uns 
des résultats, ont enveloppé cette recherche dés plus épaisses 
ténèbres. 

J'ose me flatter que la Société ne croira pas que je sorte 
des bornes de cette leçon, en essayant de jeter quelque jour 
sur cette matière. J’entrerai dans les détails de plusieurs éxpé- 
riences minutieuses qui pourront peut-être ennuyer , mais elles 
sont absolument essentielles à l’objet que je me propose. 


Tome LXIV. JUIN an 1807. Hhh 


422 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE 


J'éclaircirai en même temps quelques apparences qui n'ont 
point encore été assez approfondies ; enfin je mettrai sous les 
yeux quelques propriétés nouvelles de l’un des agens matériels 
le plus puissant et le plus général. 


II, Suriles changemens produits dans l’eau 
par l'électricité. 


Dans les premières expériences chimiques faites avec la 
colonne de Volta, on observa, sur les surfaces des métaux 
électrisés, l'apparence d’acide et de matière alkaline dans l’eau 
sur laquelle agissoit un courant d'électricité. 

M. Cruickshank supposa que cet acide étoit l’acide nitrique 
et l’alkali l’ammoniac, M. Desormes, bientôt après, prétendit 
démontrer par des expériences , que ces produits étoient l'acide 
muriatique et lammoniac ; et M. Brugnatelli soutint que 
c'étoit une substance nouvelle et particulière qu'il crut devoir 
nommer acide électrique. Les expériences faites, tant en An- 
gleterre qu'en Italie, sur le murïate de soude, sont récentes, 
et les discussions à cet égard subsistent encore. Au commen- 
cement de 1800 , j'ai trouvé que des portions séparées d’eau 
distilléée dans deux tubes de verre joints ensemble par des 
vessies mouillées ou toute‘autre substance animale ou végétale 
aussi mouillée ;. soumises à l’action électrique de la pile de 
Volta, au moyen de fils d’or, donnoient une solution nitro- 
muriatique d’or, dans le tube renfermant le fil positif, ou 
le fil transmettant l'électricité, et une solution de soude dans 
le tube opposé; mais bientôt après je fus assuré que l'acide 
muriatique devoit son. apparence aux substances animales ou 
végétales que j'avois employées. En effet m'étant servi, dans 
des expériences suivantes , des mêmes fils de coton. trempés, 
après chaque procédé, dans une légère solution d’acide nitrique, 
l’eau dans l'appareil qui les renfermoii, quoique agissant dessus 
pendant long-temps avec beaucoup de force, ne produisit aucun 
effet sur une solution de nitre d'argent. 

Dans les cas où j'obtins une grande quantité de soude, 
le verre à son point de contact avec le fil, paroissoit considé- 
rablement corrodé ; et ce qui me confirma dans l’idée de 
rapporter la, production de l’alkali principalement à cette 
cause, ce fut de voir que je ne pouvois obtenir aucune ma- 
tière saline fixe, par l'eau électrisante distillée dans une coupe 
d'agathe , jointe par deux points de platine à la batterie de 
+ 


“ 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, #23 


Volta. La Société Galvanique de Paris, relativement à l’appa- 
rence de l'acide muriatique, avoit tiré de semblables conclu- 
sions, ainsi que le docteur Woïlaston, qui imagina dejoindre les 
tubes ensemble avec de l’asbeste mouillée; enfin par MM. Biot 
et Thenard, 

M. Silvestre cependant, dans un Mémoire inséré dans le 
Journal de M. Nicholson, du mois d’août dernier, prétend 
que quoiqu'il ne paroisse ni alkali fixe, ni acide muriatigque, 
lorsqu'on emploie un seul vaisseau, on obtient néanmoins l'un 
et l’autre , si l'on fait usage de deux; et sans s’embarrasser 
des objections en faveur des substances végétales ou du verre, 
il continue d'opérer dans un vase fait de terre de pipe à 
fumer, inséré dans un creuset de platine. Je ne doute point 
de la vérité de ses résultats; mais la conséquence qu’il en tire 
me paroît susceptible d’objectibns. Selon lui l'alkaïi fixe qu'il a 
obtenu, provient de ce que le fluide, après avoir chauffé et 
s'être évaporé, a laissé une matière d’un jaune brun qui se 
trouva étre de la chaux, substance qui existe en grande quan- 
tité dans la terre de pipe. Mais, mème en admettant la pré- 
sence de l’alkali fixe, les matières employées dans la fabrica- 
tion des pipes à fumer, n'excluent pas les combinaisons de 
cette substance. 

Je répétai l'expérience. Je me procurai de petites coupes 
d'agathe faites en forme de cylindre, de la capacité de 1 de 
pouce cube chacune. Après les avoir fait bouillir pendant 
quelques heures dans de l'eau distillée, je les liai ensemble 
avec un morceau d'amianthe blanc et transparent , traité de 
la mème manière; je les remplis d’eau distillée etles exposai, 
au moyen de deux fils de platine, à un courant d'électricité 
de 150 paires de lames de cuivre et de zinc de 4 pouces 
carrés , mouillés avec une solution d’alun. Au bout de 
43 heures j'examinai le procédé. Du papier peint avec du 
litmus , plongé dans le tube. contenant le fil transmetteur ou 
positif, devint à l'instant d’un rouge foncé, Du papier peint 
avec du turmeric, introduit dans l’autre tube, étoit d’une cou- 
leur beaucoup plus foncée. La matière acide troubla légére- 
ment la solution de nitre d'argent. Le fluide affecté du tur- 
meric, conserva sa propriété après avoir bouilli, et il parut 
plus vif à mesure que sa quantité diminuoit par l’évaporation. 
J'y mélai du carbonnate dammoniac et laissai le tont sécher 
à une forte chaleur. Il resta une petite quantité d’une matiére 
blanche qui, autant que j'ai pu m'en convaincre en l’exami- 


Hhh 2 


424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


nant avec soin, m'a paru avoir les propriétés du carbonnate 
de soude. Je la comparai avec des portions aussi petites de 
carbonnate pur de potasse et de soude. Elle n'étoit pas aussi 
liquide que la première de ces deux substances, formoit avec 
l'acide nitrique un sel qui,comme le nitre desoude, prenoit bien- 
tôt l'humidité de l'atmosphère où il se trouvoit, et devenoit fluide. 

Ce résultat auquel je ne m'attendois pas, me convainquit 
que les substances que j'avois obtenues étoient procréées. Un 
procédé semblable avec des tubes de verre, accompagné des 
mêmes circonstances , et conduit pendant le même espace de 
temps, me donna l’alkali dansune proportion vingt fois plus forte, 
mais sans la moindre trace d'acide muriatique. Il esttrès-probable 
que dans ce premier cas l’agathe renfermoit quelques particules de 
matière salée, combinée avec elle , ou adhérente à ses pores, 
que l'analyse chimique ne put pas découvrir. Pour m’en 
convaincre, je répétai celte expérience une seconde, une troi- 
sième et une quatrième fois. À la seconde, la solution de 
nitre d'argent produisit encore du trouble dans le tube qui 
renfermoit l'acide, mais beaucoup moins distinct. A la troi- 
sième , à peine pouvoit-on l’appercevoir ; mais à la quatrième, 
les deux fluides restèrent parfaitement clairs après le mélange. 
La quantité de la matière alkaline diminua à chaque opéra- 
tion ; et au dernier procédé, quoique la batterie füt restée 
dans une grande activité pendant trois jours, le fluide ne put 
agir que bien foiblement sur le papier coloré avec le turmeric; 
mais sa propriété alkaline agissoit sensiblement sur le papier 
litmus \égérement coloré de rouge, qui est de toutes les épreuves 
Ja plus délicate. Après l'évaporation et le procédé par le car- 
bonnate d'ammoniac, il restoit encore quelques particules d’alkali 
qu'on ne pouvoit qu’appercevoir. La matière acide dans l’autre 
tube étoit abondante, d'un goût aigre. Elle avoit l'odeur de 
l’eau sur laquelle on a gardé long-temps une grande quantité 
de gaz nitrique; elle n'affectoit point la solution de muriate 
de baryte, et une goutte de cette matière, mise sur une lame 
d'argent polie, laissa après l’'évaporation une trace noire absolu- 
ment semblable à celle que donne l'acide nitrique très-délayé.” 

D'après ces résultats, je ne pouvois plus douter que quelque 
matière salante , existant dans les tubes d’agathe; n'eût donné 
un acide capable de précipiter le nitre d'argent et l'alkali en 
bien plus grande quantité. Cependant le méme procédé, répété 
quatre fois, me démontroit qu'il existoit aussi quelque autre 
cause de la présence de cette dernière substance. En effet, 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 425 


elle continua jusqu'à la fin à se montrer dans des quantités 
qu'on pouvoit distinguer , et toujours égales en apparence. 
J'avois pris toutes les précautions possibles pour les mettre à 
l’abri de l’air circulant; j'avois renfermé les tubes dans des 
vases de verre. Les ustensiles dont je me servois avoient été 
lavés à plusieurs reprises dans de l'eau distillée, et les doigts 
n'avoient point touché la partie de ces ustensiles en contact 
avec le fluide, 


La substance que je regarde aujourd’hui comme pouvant 
seule donner l’alkali fixe , étoit l’eau elle-méme. Eprouvée 
par le nitre d'argent et le muriate de baryte, celte eau parois- 
soit pure; mais il est reconnu que les disüllations rapides 
donnent en petite quantité la potasse et la soude, et l’eau 
de New-Rivière, dont je fis usage, renferme des substances 
impures, soit animales, soit végétales, qui peuvent donner 
des sels neutres en état de se montrer pendant l’ébullition. 


.. Pour faire cette expérience le plus exactement possible , 
Je pris deux.cûnes creux d'or pur, contenant chacun environ 
25 grains d'eau; je les remplis d’eau distillée, et après les 
avoir joints ensemble au moyen d’un morceau d'amianthe 
mouillé dont je m'’étois servi dans les premières expériences, 
je les exposai à l’action d'une batterie de Volta, de 100 paires 
de lames de cuivre et de zinc, de 6 pouces carrés. Dans ce 
fluide, étoit une solution d’alun et d'acide sulfurique délayés. 
En dix minutes, l’eau renfermée dans le tube négatif put 
donner une légère couleur bleue au papier litmus, tandis 
que l’eau du tube positif la rendit rouge. Ce procédé fut con- 
ünué pendant 14 heures; l'acide augmenta en quantité pen- 
dant tout ce temps-là, et l'eau devint à la fin aigre au goût. 
Les propriétés aikalines du fluide de l'autre tube restèrent 
au contraire slationnaires et ne produisirent pas d’autre effet 
qu’à la première expérience sur le papier /itmus ou le turmeric. 
Cet effet fut moindre après que le fluide eût été fortement 
échauffé pendant une mirute; mais l'évaporation et le procédé 
usité attestérent la présence de quelque alkali fixe. J’exa- 
minai cet alkali 4insi que ses propriétés avec de l’acide nitrique 
pur, combiné avec du gaz nitreux à grande dose. 

Je répétai cette expérience et conduisis le procédé pendant 
trois jours. Au bout de ce temps, l’eau qui étoit dans le 
tube se décomposa et s'évapora de manière à perdre plus de 
la moitié de sa quantité primitive. L'acide étoit fort, et 


426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


l'alkali en petite quantité, comme dans la dernière expérience, 
I] agit cependant avec plus de force sur les épreuves en raison 
de la plus grande diminution du fluide, mais présenta les 
mémes résultats après avoir été chauffé. 

Je ne pus plus douter alors que l'eau ne contint quelque 
substance en petite quantité capable d’occasionner la présence 
d'alkali fixe , mais qui bientôt se dissipoit. Cette question 
s'offroit d'elle-même. Gette substance est-elle la matière salée 
qui s'élève à la superficie dans la distillation? ou bien est-ce 
le gaz nitrogène exislant en pettes quantités dans toute eau 
qui a été exposée à l'air, lequel gaz, si c'est un élément de 
l'alkali fixe, peut, dans la circonstance de l'expérience, avoir 
été bientôt épuisé, tandis que son absorption de l'atmosphère, 
aura été empéchée par la saturation de l'eau avec l'hydrogène? 

Je penchais beaucoup plus pour la première que pour la 
dernière de ces deux suppositions. Je fis évaporer un quart 
de l'eau distillée dont je m'étois servi, dans un alambic d'ar- 
gent exposé à une chaleur lente au dessous de 140° de Farenheit. 
Il resta une matière solide égale à 7; d'un grain. Cette matière 
avoit un goût de sel, mais métallique, qui se liquéfioit exposée 
À l'air. Je n'ai pas pu en obtenir de cristaux réguliers; elle 
n'affecta ni le turmeric ni le /tmus ; mais une partie, après 
avoir été rougie au feu dans un creuset d'argent, donna de 
fortes propriétés alkalines. Il me fut impossible de faire l'ana- 
lyse d'une aussi petite quantité; mais il me sembla qu’elle 
étoit principalement composée d’un mélange de nitre de soude 
et de nitre de plomb, et que la substance métallique , ce qui 
est beaucoup plus probable, étoit fournie par le tube conden- 
sant de l’alambic commun. , 

L'existence de la matière salée dans l’eau distillée étant 
ainsi prouvée, il fut aisé de déterminer son opération dans 
l'expérience. Je remplis d’eau les deux cônes d'or, de la manière 
accoutumée; celle négativement électrisée atteignit bientôt le 
maximum de son effet sur du papier de turmeric; j'y intro- 
duisis alors une petite portion de la substance obtenue par le 
procédé de l’évaporation que je viens de décrire ; en moins 
de deux minutes ses effets furent évidens , et au bout de 
cinq, la couleur du papier devint d’un brun clair. 

Je compris alors qu’en ramassant l'eau obtenue dans Île 
second procédé de la distillation lente, j'avois pu conduire 
l'expérience jusqu'au bout, sans aucune apparence d’alkali 
fxe, et cette épreuve démontroit que je ne m'étois pas trompé. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. LT 


J'introduisis dans les tubes d’or quelques gouttes de cette 
eau dont j’humectai l’amianthe. 

L'eau du tube négatif, au bout de deux heures , ne produisit 
aucun effet sur le papier turmeric. Celui produit sur le Zëmus 
fut tel, qu'avec la plus scrupuleuse attention à peine pouvoit-on 
l’appercevoir; mais le tout fortement échauflé pendant deux 
ou trois minutes, perdit son pouvoir ; ensorte que j'ai tout 
lieu de supposer -qu'il le devoit à une petite quantité d’am- 
moniaque. 1 

Je fis la même expérience avec une portion de la même 
eau, dans les tubes d'agathe que j'avois si souvent employés, 
et j'eus le plaisir de voir que iles résultats étoient absolument 
les mémes. 

Je crois inutile d’entrer dans le détail des opérations de 
celte espèce. Tous les faits prouvent que l’alkali fixe n’est 
point procréé, mais qu’il sort soit des ustensiles que l’on em- 
ploie, soit de la matière saline existante dans l’eau. 

J'ai fait plusieurs expériences dans des vaisseaux composés 
de différentes substances, avec de l’eau lentement distillée , 
et dans presque toutes j'ai trouvé quelques parcelles d’alkali 
fixe. 

Dans les tubes de cire, la matière alkaline étoit un mélange 
de soude et de potasse, et la matière acide un mélange d'acides: 
sulfurique , muriatique et nitrique. 

Dans un tube de résine la matière alkaline paroissoit être: 
principalement la potasse. 

Je mis dans un creuset de platine un cube de marbre de 
Carrare, d'environ un pouce , ayant une ouverture au centre : 
je remplis le creuset d’eau épurée jusqu’à la hauteur de la 
surface supérieure du cube, dont l'ouverture étoit pleine de la 
même eau ; le creuset fut positivement électrisé par une forte 
batterie de Volta, et un fil négativement électrisé, introduit 
dans l'ouverture. 

L'eau acquit bientôt la propriété d'affecter la couleur du 
turmeric ; j'en obtins de l'alkali fixe et de la chaux. Des expé- 
nences multipliées me donnèrent le même elfet; l’alkali fixe 
néanmoins diminuoit de quantité chaque fois, et après le: 
onzième procédé , tous conduits l'espace de deux ou trois 
heures , l'alkali et la chaux disparurent à la fois. La produc- 
tion d'eau de chaux étoit uniforme. 

.Je fis une solution de 500 grains de ce marbre dans de l’acide 
aitrique ; je décomposai ce mélange avec du carbonate d'am- 


428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


moniac; je ramassai et laissai évaporer la partie fluide , et 
décomposai, au moyen de la chaleur, le nitre d'ammoniac ; 
il resta environ les + d'un grain de matière saline fixe, dont 
la soude étoit la base. 

Il étoit possible que ce marbre de Garrare eût été récem- 
ment exposé à l’eau de mer : c’est pourquoi je répétai la 
même expérience sur un morceau de marbre grénu que j'avois 
moi-mème détaché d'un rocher situé sur uue des plus hautes 
montagnes primitives de Donegal. Au moyen de l'électricité 
négative, il me donna de l’alkali. 

Ün morceau de schiste argileux de Cornouailles, traité de 
la même manière, offrit les mêmes résultats. De la serpentine 
de Lizard et du Grauwacke de North-Galles , donnèrent de 
la soude. Il est probable qu'il existe peu de pierres qui ne 
contiennent quelque légère parcelle de matière saline qui, dans 
plusieurs circonstances, filtre à travers de leur substance, ce 
qu'il n’est pas dificile de concevoir lorsque l’on considère que 
tous nos rochers communs offrent des marques évidentes de 
l’eau de la mer dont ils ont été anciennement couverts. 

Je pus alors déterminer d'une manière précise, que la soude 
obtenue dans des tubes de verre, provenoit principalement du 
verre même, ainsi que je l'ai toujours supposé. 

Je me servis de deux cônes d’or avec de l'eau épurée et de 
l'amianthe. Le procédé fut conduit comme de coutume. Au 
bout d’un quart-d'heure le tube, négativement électrisé , 
n’apporta aucun changement à la couleur du turmeric. J’in- 
troduisis à son sommet un morceau de verre; peu de minutes 
après le fluide, à la surface, rendit la couleur de ce papier d'un 
brun foncé luisant. 

Je n'ai jamais fait d'expériences, sans avoir obtenu de la 
matière acide douée des propriétés de l'acide nitrique; et plus 
l'opération étoit prolongée, plus étoit grande la quantité de 
cette matière. 

L'alkali volatil paroissoit également toujours se former en 
petites portions durant les premières minutes dans l’eau épurée 
des cônes d’or; mais bientôt il atteignoit les bornes de sa 

antité. 

Il étoit naturel d'attribuer ces deux apparences à la combi- 
naison respective de l’oxigène et de D démene naissans , 
avec le nitrogène de l'air commun dissous dans l’eau, et dans 
cette supposition , les expériences du docteur Priestley, sur 
l'absorption des gaz par l’eau, donneront une explication 

facile 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 429 


facile des causes de la production constante de l'acide et de 
la production limitée de l'alkali. En eflet l'hydrogène pendant 
sa-dissolution dans l’eau, semble expulser le nitrogène, tandis 

ue le nitrogène et l’oxigène peuvent exister ensemble dissous 
dd ce fluide. 

Pour rendre cette expérience plus complète, je plaçai les 
deux cônes d’or avec l'eau épurée sous le récipient d'une pompe 
d'air. Le récipient fut épuisé au point de ne plus contenir 
que = de la quantité primitive d'air ; alors, au moyen d'un 
appareil convenable, je joignis les tubes à une colonne active 
de Volta de 50 paires de plaques de 4 pouces carrés ; je con- 
tinuai le procédé pendant 18 heures, et j’examinai durant 
tout ce temps-la le résultat. L'eau existante dans le tube né- 
gatif ne produisit aucun effet sur le Zithmus (teinture de tourne- 
sol) préparé; mais dans le tube positif, elle l’affecta d'une 
couleur rouge qu'on pouvoit à peine appercevoir. 

Il se forma pendant le même espace de temps, dans l'at- 
mosphère, une quantité d'acide incomparablement plus grande; 
et la petite portion de gaz nitrogène (azote) qui restoit en con- 
tact avec l'eau, parut égale à cet effet. 

Je répétai la même expérience avec toutes les précautions 
possibles ; je disposai l'appareil ainsi que je l'ai dit ; j’épuisai le 
récipient, et le remplis de gaz hydrogène. Le récipientune seconde 
fois épuisé, j'y introduisis de nouveau de l’hydrogène préparé avec 
soin. Le procédé fut continué pendant 24 heures, et au bout 
de ce temps, aucune des portions de cette eau n'altéra le plus 
légérement la couleur du litmus. 

Il résulte évidemment de là, que l'eau chimiquement pure 
se décompose seule au moyen de l'électricité, en gaz oxigène 
et en hydrogène. 

Je discuterai plus bas la cause de sa décomposition et des 
autres décompositions dont j'ai déjà parlé. 


TI. Des actions de l’Electricité dans la décomposition 
de différens composés. 


Les expériences dont j'ai donné le détail sur la production 
de l’alkali de la soude, et sur la décomposition des différens 
composés salins renfermés dans les substances animales et vé- 
gétales , offrent quelques objets dignes d’exciter la curiosité 
de l'observateur. 

Il est évident que dans tous les changemens les matières acide 
et alkaline se sont trouvées présentes; la matière acide ramassée 


Tome LXI/. JUIN an 1807. lii 


430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


dans l’eau étoit autour de la surface métallique positivement 
électrisée, et la matière alkaline autour de la surface métal- 
lique négativement électrisée. Le principe de l'action paroit 
se rapporter immédiatement à l’un des premiers phénomènes 
observés dans la colonne de Volta ; je veux dire la décompo- 
sition du muriate de soude attaché au’ carton et à plusieurs 
faits observés depuis dans la séparation des parties constituantes 
des solutions de sels neutres et métalliques, à ceux en parti- 
culier dont MM. Hisenger et Berzelius ont donné le detail. 

Les premières expériences que j'ai faites immédiatement à 
ce sujet, ont été sur la décomposition des corps solides qui se 
dissolvent difficilement, ou même point du tout, dans l'eau. 
D'après les effets de l’action électrique sur le verre, je m'atten- 
dois à voir les ditlérens composé; de terre éprouver un chan- 
ment dans des circonstances semblables. Les résultats de mes 
épreuves furent décisifs et salisfaisans. 

J'attachai ensemble , avec du sulfate de chaux fibreux, 
trempé dans de l'eau épurée, deux vases de sulfate de chaux 
compacte, contenant environ 14 grains d'eau chacun; je rem- 
plis les vases de ce fluide ; j'y introduisis des fils de platine 
de la batterie de Volta, composée de 100 paires de disques de 
six pouces, de sorte que l'électricité circuloit à travers les 
fibres de sulfate de chaux. Au bout de cinq minutes l'eau 
du vase, tenant au fil positif, devint acide , et celle du vase 
opposé prit une forte couleur de turmeric. Une heure 
après j'examinai les fluides avec soin; je trouvai dans le vase 
qui contenoit le fil négatif, une solution pure et saturée de 
chaux. Ce vase étoit en partie couvert d’une croûte de chaux, 
et dans l’autre vase une solution légérement forte d'acide 
sulfurique. 

Je me procurai deux morceaux cubiques de sulfate de stron- 
tiane cristallisée , d’un pouce environ ; je pratiquai sur chacun 
un trou capable de contenir 8 grains d'eau; je mis ces cubes 
dans un creuset de platine rempli d’eau épurée, et conservai 
le niveau du fluide à quelques lignes au dessous de la surface 
des cubes; j'introduisis deux fils de platine dans les trous qui 
étoient remplis d’eau épurée. Le gaz en se dégageant, lorsque 
les fils eurent été unis à la batterie de 100, prouva que le 
sulfate de strontiane étoit assez poreux pour former un con- 
ducteur. Je fus plus long-temps à obtenir des résultats dans 
cette expérience que dans la précédente. Je n’apperçus d'effet 
sensible qu'au bout de quelque temps, mais l'issue en fut 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451 


la même. En 30 heures le fluide qui étoit dans la cavité, 
contenant le fil négatif, avoit acquis les propriétés de préci- 
pie une solution de sulfate de potasse, et la présence de 
acide sulfurique étoit évidente par son effet sur la solution 
de muriate de baryte. 

Je fis une expérience sur du fluate de chaux, avec les mêmes 
circonstances ; Inais ce fluate cristallisé, n'étant point égale- 
ment perméable à l'humidité, les deux cavités furent jointes 
ensemble par de l’asbeste mouillée. Cette décomposition fut aussi 
lente; mais au bout de deux jours j'obtins, dans un tube , une 
solution assez forte de chaux, et dans l’autre tube un acide 
fluorique qui précipitoit l'acétite de plomb, et laissa une tache 
sur le verre d’où il s'étoit évaporé. 

Le sulfate de baryte, comme on peut le supposer, éprouve 
plus de difficulté dans la décomposition que le sulfate de 
strontiane , ou le fluate de chaux. J'ai fait quatre ou cinq 
expériences sur le premier, avec la même espèce d’appareil 
dont je m’étois servi pour le fluate de chaux, avant de pouvoir 
obtenir des résultats décisifs. Dans la dernière faite sur cette 
substance, je creusai deux morceaux d’un large cristal, de 
manière à ce que chacun d'eux püt contenir environ cin 
grains d’eau; je les joignis ensemble avec de l'asbette mouillée, 
et les soumis constamment pendant quatre jours à la forte 
action d'une batterie de 150 paires de plaques de 4 pouces 
carrés. À mesure que l'eau diminuoit, j'y suppléois par une 
nouvelle quantité. A la fin de l'expérience le fluide, du côté 
positif de l'appareil, rougit dans un instant le Zt/emus ; il avoit 
un goût aigre et donna, avec une solution de muriate de 
baryte, un précipité distinct. L'eau de l'autre côté rendit plus 
foncée la teinture de turmeric (cucurma ), mais ne troubla 
point la solution de sulfate de potasse. Cependant, sur les 
côtés et au fond de la cavité, il y avoit une croûte blanche 
en petite quantité, que j'attribuai au baryte qui pendant la 
très-lente décomposition avoit pu se combiner avec l'acide 
carbonique de l'atmosphère. Pour m'en assurer j'introduisis 
dans la cavité une goutte d'acide muriatique délayé, une 
légère effervescence parut, et le fluide obtenu produisit une 
espèce de nuage blanc distinct, dans la solution de sulfate 
de soude. 

Dans tous ces cas, les parties constituantes des corps nou 
vellement préparés par les effets de l'électricité, existent en 
quantité considérable , et sont exposées sur une grande surface 


li1 2 


432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
à son action. J'ai tout lieu de croire cependant, d’après des 
expériences faites avec de l'eau distillée, dans différens vases, 
que par cette action de petites parties d’acide et de matière 
alkaline , peuvent se dégager des combinaisons solides , de 
celles principalement qui consistent en terres pures. C’est ce 
qu'il m'a été facile d'éclaircir. 

Relativement à une recherche géologique que j'aurai l'hon- 
neur par Ja suite de communiquer à la Société, j'ai fait, avec 
beaucoup de soin, l'analyse d’un échantillon d’un beau basalt 
grenu , venant de Port-Rush, dans le comté d’Amtrin, au 
moyen d'une fusion d'acide boracique. Il a donné, dans 100 
parties , 3 + de soude , et à-peu-près une demie d'acide 
muriatique , avec 15 parties de chaux. Cette pierre me parut 
très-propre pour l'expérience dont il s’agit. Je perçai deux 
trous qui contenoient chacun 12 grains d’eau environ. Une 
amianthe mouillée les unit ensemble, etle procédé fut conduit, 
suivant l’usage, avec une pile de 5o paires de disques. Au 
bout de dix heures, j'examinai le résultat avec soin. Le fluide 
positivement électrisé, avoitun goût fort d'acide oxi-muriatique, 
et précipitoit abondamment le nitre d'argent. L’autre portion 
de fluide affecta le turmeric, et laissa par l’évaporation une 
Substance qui paroissoit être un mélange de soude et de chaux. 

Je pratiquai un petit trou dans un morceau de zéolite com- 
pers de la Chaussée des Géans, qui avoit donné, par l’ana- 
yse, 7 parties de soude sur 100; je le mis dans un creuset de 
platine rempli d’eau épurée, et l’électrisai de la même manière 
que le cube de marbre de Carrare dont j'ai parlé. En moins de 
deux minutes, l’eau qui étoit dans la cavité, avoit la pro- 
priété de changer la couleur du turmeric; et au bout d'une 
demi-heure, la solution étoit d’un goût désagréable d’alkali. 
La matière dissoute offrit un mélange de soude et de chaux, 

La lépidolite traitée de la même manière, donna de la potasse, 

Un morceau de lave vitrifiée, venant de l’Ethna , donna une 
matière alkaline qui paroissoit étre un mélange de soude, de 
potasse et de chaux. 

Comme dans ces expériences je n’avois d’autre objet que de 
m'assurer du fait général de la décomposition , le pro= 
cédé ne fut jamais conduit assez long-temps pour développer 
une quantité de matière alkaline assez grande pour pouvoir 
être pesée, et par conséquent pour déterminer la perte que 
la substance auroit pu éprouver. 

J'ai cru cependant devoir faire une expérience semblable 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 455 


pour éloigner toute possibilité de doute sur la source des diffé. 
rens Pad J'ai choisi le verre à cet effet, comme étant une 
substance qui, en apparence, ne peut pas se dissoudre dans 
l'eau, ni par conséquent donner lieu à des résultats erronés. 


La balance dont je me servis avoit été faite par M. Fidier, 
pour l'Ecole royale, sur le modèle de celle appartenante à la 
Société royale. 100 grains mis dans chaque plateau, de grain 
la fait aisément pencher. J'ai pris un tube de verre auquel étoit 
attaché un fil de platine, le tout pesant 48 grains 6. Je 
le remplis d'eau épurée et l'électrisai par une pile com- 
posée de 150 paires de disques ; ensorte que le platine attaché 
au tube étoit négatif. Le procédé fut continué pendant 4 jours, 
jusqu’à ce que l'eau fut changée en alkali. Au moyen de l’éva- 
Poration, et après avoir été exposée à une chaleur d’environ 400° 
de Fahrenheit, elle donna une soude mélée d’une poudre blanche 
que les acides ne purent pas dissoudre. Le tout pesoit 2 d'un 
grain. Il est aisé d'expliquer la différence entre le déchet du 
poids du tube et le poids des produits dans l’eau, Il se trouva 
quelques petites parcelles détachées de l’amianthe, et la soude 
qui étoit contenue dans l'eau a dù probablement se dégager 
tout-à-fait du verre. 


Après avoir obtenu des résultats semblables, relativement 
au dégagement des parties salines des COrps qui ne peuvent pas 
se dissoudre dans l’eau , j'ai fait une multitude d’expériences 
sur des composés susceptibles de dissolution. Leur décom- 
position a toujours été beaucoup plus rapide, et les phéno- 
mènes parfaitement distincts. 


J'ai employé dans ces procédés les coupes d’agathe avec 
les fils de platine réunis au moyen de l’amianthe imbibée 
d'eau épurée. J'introduisis les solutions dans les coupes, et 
appliquai, suivant l'usage ordinaire , la puissance électrique 
d’une batterie de 50 paires de plaques. 


Une solution délayée de sulfate de potasse, traitée de cette 
manière, donna au bout de 4 heures, vers le fil négatif, une 
foible lessive de otasse, et une solution d’acide sulfurique 
vers le fil LOGE L 

Les phénomènes furent les mêmes lorsque j'employai le 
sulfate de soude, le sulfate d'ammoniac, le nitre de potasse, 
le nitre de baryte, le phosphate de soude, l’oxalate de soude, 
le benzoate d’ammoniac et l’alun. Les acides, au bout d'un cer- 
tain temps, s'amassérent dans le tube qui renfermoit le fil 


434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


positif , et les alkalis, et les terres dans celui qui renfermoit 
le fil négatif. 

Les solutions de sels muriatiques décomposés de la mème 
manière, donnèrent constamment de l'acide oxi-muriatique 
vers le côté positif. 

Lorsqu'on fait usage de mélanges compatibles avec les solu- 
tions de sels neutres, qui renferment les acides minéraux 
communs, ces différens acides et ces différentes bases semblent 
se séparer ensemble dans un état mélangé, sans égard pour les 
rangs de l'aflinité. 

Si l'on emploieles solutions métalliques, il se forme alors, sur 
le fil négatif, des cristaux métalliques ou des dépôts, comme 
dans les expériences galvaniques ordinaires. L’oxide se dépose 
aussi autour de ce fil, et bientôt on trouve dans la coupe oppo- 
sée, une quantité considérable d'acide. Cet effet a lieu avec les 
solutions de fer, de zinc et d’étain, ainsi qu'avec les métaux 
les plus oxidables. Lorsqu’on fait usage du muriate de fer, la 
substance noire , déposée sur le fil, est magnétique et se dissout 
avec effervescence dans l'acide muriatique. Se sert-on de ful- 
fate de zinc? on voit paroître alors une poudre grise qui a le 
brillant du métal et qui se dissout avec effervescence ; et dans 
tous les cas, l'acide se développe en grande quantité sur le 
côté positif. 

Les solutions fortes ou saturées de sel, comme je m'y étois 
attendu, indiquèrent les progrès de la décomposition beaucoup 
plus promptement que les solutions foibles ; mais le sel neutre 
dans la plus petite proportion est également décomposé. 

Une simple expérience suflit pour démontrer ce dernier 
principe. Si l’on met un morceau de papier teint de turmeric 
dans de l'eau épurée, étant dans un circuit convenable , en 
contact avec le point négatif, l’infiniment petite quantité de 
sel décomposé, renfermée avec ce papier, donne un alkali 
suffisant pour lui imprimer à l'instant une couleur brune vers 
son point de contact. L'acide s'échappe de la même manière 
et aussi promptement du papier teint de lithmus, versla surface 
positive. 

J'ai fait plusieurs expériences pour m'assurer si dans les 
décompositions qui s'opérent par l'électricité, la séparation des 
parties constituantes d’avec les dernières portions du composé, 
étoit complète, ou si les résultats étoient distincts. L'évidence 
de cette dernière assertion m’a été démontrée. 

Je vais donner la description d’une des expériences les plus 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 455 


concluantes à cet égard. Une foible solution de sulfate de 
potasse , renfermant 20 parties d'eau , et une partie de so 
lution saturée à 60°, furent électrisées dans deux vases d'agathe, 
par un appareil de 5o paires de plaques, pendant trois jours. 
L’amianthe servant de point de réunion , qui avoit été humectée 
d’eau épurée, fut Ôtée, lavée dans la même eau, et appliquée de 
nouveau deux fois par jour. Cette précaution empèchoit la pré- 
sence d’un sel neutre quelconque qui auroit pu sy attacher 
et troubler les résultats. L'alkali obtenu par ce procédé dans 
la solution, avoit les propriétés de la porasse épurée, et 
lorsqu'il eut été saturé d'acide nitrique, la solution de muriate 
de baryte que j'y mélai, ne la troubla point. La matière acide 
exposée à une forte chaleur, s'évapora sans laisser aucun résidu. 


IV. Sur la transition de certaines parties constituantes 
des corps par l'action de l'électricité. 


M. Gautherot a avancé que dans un simple cerclé galva- 
nique de zinc, d'argent et d’eau dans un état actif, l’oxide 
de zinc qui se forme est attiré par l'argent. MM. Hisinger et 
Berzelius rendent compte d'une expérience dans laquelle on 
avoit mis du sulfate de chaux dans la partie positive d'un 
siphon électrisé par des fils partant d’une pile de Volta, et 
dans la partie négative de l'eau distillée. Cette dernière offrit 
de la chaux. 

Ces faits tendroient à prouver que les élémens de sel qui 
se développent dans les décompositions , par le moyen de l’élec- 
tricité, peuvent être transférés d’une surface électrisée à une 
autre, selon l'ordre ordinaire de leur arrangement; mais nous 
avons besoin de nouvelles recherches pour démontrer ceite 
as ertion d'une manière bien claire et bien précise. 

Je joignis ensemble avec de l’asbeste, un des vases de sulfate 
de chaux, dont j'ai parlé plus haut, et un vase’ d'agathe. Après 
les avoir remplis d’eau épurée , je mis dans le vase de sulfate 
de chaux, ün fil de platine qui tranusmettoit l'électricité partant 
d'une pile de 100 disques; un hl placé dans le vase d'agathe 
la recevoit. Au bout de quatre heures, une forte soluuio de 
chaux se trouva dans le vase d'agathe, et de l'acide sulfurique 
dans le vase de sulfate de chaux. En intervertissait l'ordre, 
et conduisant le procedé pendant le mém: temps, l'acide sul- 
furique parut dans le vase d'agathe, et la solution de chaux 
au cûté opposé. 

Plusieurs expériences faites avec d'autres substances salines, 


436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


donnèrent des résultats analogues. Lorsque j’introduisis de 
forts acides minéraux ayant pour base l’alkali ou de la terre 
alkaline, dans un tube de verre, et dans un autre vase joint 
au premier par de l’amianthe, de l’eau distillée, l’un et l’autre 
communiquant par des fils de platine à la pile de Volta, la 
base passoit toujours dans l’eau distillée lorsqu'elle étoit néga- 
üve, et l'acide lorsqu'elle étoit positive. 

Les métaux et les oxides métalliques, ainsi que les alkalis, 
passèrent du côté de la surface négative, et s’y ramassèrent. 
Dans une circonstance où je mis sur le côté positil une solution 
de nitrate d'argent et de l'eau distillée sur le côté néganif, 
l'argent parut sur toute l'étendue de l'amianthe transmettante, 
qui sembloit ainsi couverte d’une feuille d'étan. 

Le temps nécessaire pour ces transmissions, la quantité , 
l'intensité de l'électricité et d'autres circonstances restant 
toujours les mêmes, sembloit étre en proportion de la longueur 
du volôme intermédiaire d’eau. Ainsi lorsqu'avec une force 
de 100 disques, le sulfate de potasse est dans le vase négatif, 
et l’eau distillée dans le vase posinf, la distance entre les fils 
n'étant que d un pouce, l'acide sulfurique se trouve, en moins 
de cinq minutes dans l’eau, en quanuté sullisante pour être 
apperçu. Mais lorsque les tubes sont unis par un vase inter- 
médiaire d'eau épurée, de manière à former un circuit de 8 
pouces, il faut 14 heures pour produire le même eflet. 

Pour m'assurer si le contact d'une solution de sel avec une 
surface métallique étoit nécessaire pour sa décomposition et 
le transfert, j'introduisis de l'eau épurée dans deux tubes de 
verre. Un vase qui renfermoit une solution de muriate de 
potasse fut uni à ces tubes par l'amianthe, et l’arrangement 
fait de manière que le niveau des deux portions d'eau épurée 
étoit plus élevé que le niveau de la solution de sel. 

Dans ce cas la matière salée étoit éloignée de chacun des 
fils au moins de 3 de pouce, Cependant la matière alkaline 
parut bientôt dans un tube, et la matière acide dans l'autre, et 
en 16 heures il se forma des solutions assez fortes de potasse 
et d'acide muriatique. 

Dans le cas de transfert ou de l'attraction électrique, la 
matière acide et alkaline paroit étre parfaitement pure; et je 
suis porté à croire que c’est ce qui arrive toujours dans les 
expériences faites avec soin. Une expérience qui me confirma 
la présence de l’alkali, fut celle où la magnésie passa du sul- 
fate de magnésie, qui étoit dans le tube positif, dans l'eau distillée 

du 


ET D'HISTOIRE NATURÆELLE, 437 


du tube négatif. J'examinai ce fait, ayant soin que l'eau dis- 
tillée ne se trouvât jamais au-dessous du niveau de la solution 
de sel. Après avoir enlevé l'amianthe qui servoit de point de 
réunion, je versai de l'acide muriatique dans le tube. La solu- 
tion saturée ne donna aucune solution de muriate de baryte. 

Je voulus m’assurer des progrès de la transition et du cours 
de la matière acide et alkaline dans ces décompositions, en 
employant les solutions de lithmus et de turmeric, et des pa- 
piers teints de ces substances. Ces essais me firent connoitre 
quelques circonstances singulières auxquelles je ne m'atten- 
dois pas. - 

J'unis ensemble , avec de l'amianthe et une petite mesure 
pleine d’eau distillée teinte de Zithmus , deux tubes, dont l'un 
étoit rempli d’eau distillée, et l'autre de solution de sulfate 
de potasse ; la solution de sel fut négativement électrisée; et, 
comme il étoit naturel de supposer que l'acide sulfurique, en 
passant à travers l’eau dans le tube positif, rougiroit le /thmus 
dans sa course, je plaçai au-dessus et au-dessous des morceaux 
d'amianthe, directement dans le circuit, quelques morceaux 
de papier mouillé teint de Zthmus. J'observai avec la plus 
scrupuleuse attention les progrès de cette expérience. La cou- 
leur rouge se montra d’abord immédiatement au-dessus de la 
surface positive, où je l'attendois le moins ; elle se répandit 
d'elle-même du côté positif, au milieu de ce vase; mais du 
côté négatif, je ne vis paroître aucun rouge, soit au-dessus ; 
soit autour de l’amianthe, qui resta jusqu'à la fin sans être 
affecté, quoiqu'il eût transmis constamment l'acide sulfurique. 

Je changeai l'ordre de cette expérience, et plaçai la solu- 
tion de sel sur le côté positif; une solution et des papiers 
teints de turmeric remplacèrent ceux teints de /ithmus. L'effet 
fut précisément analogue ; le turmeric devint d’abord brun, 
et aucun changement n'eut lieu dans le vase intermédiaire 
auprés du fil positif. “+ 

Dans un autre procédé, je remplis les deux tubes de verre, 
de solution de muriate de soude, et le vase intermédiaire de 
solution de sulfate d’argent; je mis sur le côté positif du papier 
teint de turmeric , et sur le négatif du papier teint de /ithmus. A 
peine le circuit électrique eut-il été complet, que la soude 
commença à paroître dans le tube négatif, et l’acide oxi- 
muriatique dans le tube positif. Ces produits se montrèrent 
alternativement, passant dans la solution de sulfate d'argent, 
où l'acide muriatique occasionnoiït un précipité pésant et épais, 

Tome LXIV. JUIN an 1807. Kkk 


438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


et la soude un précipité beaucoup plus léger et plus clair; mais ni 
la couleur du turmeric qui transmettoit l'alkali, ni celle du Zthmus 
qui transmettoit l'acide, n’éprouvèrent la plus petite altération. 


V. Sur le passace d'acides, d'alkalis et d’autres substances 


à travers différens menstrues chimiques attractifs, par 
le moyen de l'électricité. 


Comme les substances acides et alkalines , pendant le temps 
de leur transfert électrique, passent au travers d’une eau ren- 
fermant des couleurs végétales, sans les affecter, ou, selon 
toute apparence, se combinent avec elles, il est de notre sujet 
d'examiner maintenant si, ayant pour les menstrues chimiques 
une forte attraction , ces substances ne passent pas également 
au travers ; et il est raisonnable de supposer que le même pou- 
voir qui détruit l’aflinité élective dans le voisinage des points 
métalliques , pourra également la détruire ou suspendre son 
opération à travers toute l'étendue du circuit. 

Je me servis des vases et de l'appareil précédemment em- 
ployés dans l'expérience sur la solution de muriate de soude 
et de sulfate d'argent; je mis en contact , avec le point posi- 
tivement électrisé, une solution de sulfate de potasse, et de 
l’eau épurée, en contact avec le point négativement électrisé; 
je pris pour chaïînon central du conducteur, une foible solu- 
tion d’ammoniac, ensorte qu'aucun acide sulfurique ne pouvoit 
passer du point positif à l’eau distillée, sans traverser la so- 
Jution d’ammoniac. 

Je fis usage d’une pile de 150; je trouvai en moins de cinq 
minutes, par le moyen du papier Zthmus, que l'acide s’étoit 
ramassé autour du point positif. Au bout d'une demi-heure 
le résultat étoit assez distinct pour qu’on püt l’examiner avec 
soin. . 

L'eau étoit d'un goût aigre et précipitoit une solution de 
nitre de baryte. ù 

Je fis de semblables expériences avec une solution de chaux, 
de foibles solutions de potasse et de chaux, les résultats furent 
analogues. 

Avec de fortes solutions de soude et de potasse , l’exhibi- 
tion de l'acide exige beaucoup plus de temps ; mais même 
avec une lessive saturée d’alkali, l’acide se montre à certaine 
époque. 

L’acide muriatique de muriate de soude, et l'acide nitrique 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 


de nitre de potasse, furent transmis à travers des mensirues 
alkalins, concentrés dans des circonstances pareilles. 

Ayant mis dans la partie négative du circuit de l'eau dis- 
tillée , au milieu une solution d'acide sulfurique, muriatique 
ou nitrique, et dans la partie positive , quelque sel neutre 
avec une base de chaux, de soude, de potasse, d’ammoniac, 
ou de magnésie , la matière alkaline passa à travers la matière 
acide à la surface négative, avec des circonstances semblables 
à celles qui se rencontrent pendant le passage de l'acide, à 
travers les menstrues alkalins ; et plus la solution concentrée 
étoit petite, plus sa transmission paroissoit aisée. 

Je fis la méme expérience sur du muriate de chaux avec 
l'acide sulfurique, sur le nitrate de potasse avec l'acide mu- 
riatique, sur le sulfate de soude avec l'acide muriatique, et 
sur le muriate de magnésie avec l'acide sulfurique : je me servis 
d'une pile de 150; en moins de 48 heures, j'obtins dans tous 
ces cas des résultats décisifs ; la magnésie passa comme le reste. 

Les strontites et les barytes passèrent aisément , comme les 
autres substances alkalines, à travers les acides muriatiques 
et nitriques ; et réciproquement les acides passèrent facilement 
à travers les solutions aqueuses de baryte et de strontite. Mais 
dans les expériences où j'ai essayé,de faire passer l’acide sul- 
furique au travers des mêmes menstrues, ou de faire passer 
les barytes où les strontites à travers cet acide, les résultats 
furent. absolument différens. à 

Ayant mis une solution de sulfate de potasse dans la partie 
négative du circuit, de l’eau distillée dans la partie positive» 
et au milieu une solution saturée de baryte, au bout de 30 
heures il n'existoit pas dans l’eau distillée assez d'acide sulfu- 
rique pour qu'on püt le distinguer; je m’étois servi d'une 
pile de 150. Au bout de quatre jours je vis paroître l'acide, 
mais en très-petite quantité ; il s’étoit formé beaucoup plus 
de sulfate de baryte dans le vase intermédiaire. La solution 
de baryte étoit si foible, qu’à peine teignoit-elle le Z72mus ; 
une couche épaisse de carbonnate de baryte s'étoit formée sur 
la surface du fluide. Avec une solution de strontite, le résultat 
fut parfaitement analogue; mais au bout de trois jours l’acide 
sulfurique étoit sensible. è 

Lorsque j'eus rendu avec une pile de 150 la solution de 
muriate de baryte positive, l'acide sulfurique concentré inter- 
médiaire, et l'eau distillée négative , pendant les quatre jours 
que dura l'expérience, je n'appercus point de baryte dans l’eau 


Kkk 2 


44o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


distillée, mais il s’étoit formé beaucoup d'acide oxi-muriatique 
dans le vase positif, et dans l'acide sulfurique, un dépôt assez 
considérable de sulfate de baryte. 

Plusieurs oxides métalliques soumis à la mème expérience, 
passèrent à travers les solutions acides du côté positif ou négatif; 
mais alors l'effet fut beaucoup plus long que dans la transi- 
tion de la matière alkaline, Ayant rendu positive une solution 
de sulfate vert de fer, une solution d’acide muriatique inter- 
médiaire, et l’eau négative, suivant le procédé acoutumé , au 
bout de dix heures l’oxide vert de fer commerça à paroître 
sur l’amianthe négatif qui servoit de lien, et au bout de trois 
jours il avoit formé un dépôt considérable dans le tube. Le 
sulfate de cuivre, le nitre de plomb et le nitro-muriale d’étain , 
me donnèrent des résultats analogues. 

J'ai fait plusieurs expériences sur la transition de la matière 
acide et ane à travers les différentes solutions de sels 
neutres, et les résultats furent les mêmes que ceux que j'ai 
rapportés ci-dessus. 

Dans une expérience où le muriate de baryte étoit négatif, 
la solution de sulfate de potasse intermédiaire, et l'eau épurée 
positive, la pile de Volta composée de 150, l'acide sulfurique 
parut au bout de cinq minutes dans l’eau distillée, et au bout 
de deux heures, l'acide muriatique étoit également évident. 
Lorsqu'une solution de sulfate de potasse est positive, une so- 
lution de muriate de baryte intermédiaire , et l’eau distillée néga- 
tive , le baryte se montre dans l’eau, et au bout de quelques 
minutes la potasse de la partie la plus éloignée de la chaîne est 
à-peu-près une heure à s’amasser de manière à être sensible. 

Lorsque la solution de muriate de baryte étoit positive , la 
solution de potasse intermédiaire , et l'eau distillée négative, 
la potasse paroissoil à l'instant dans l'eau distillée; un abon- 
dant précipité de sulfate de baryte se formoit dans le vase du 
milieu ; mais au bout de dix heures le baryte n'avoit pas encore 
passé dans l'eau. 

Une solution de sulfate d’argent ayant été interposée entre 
une so ution de muriate de baryie du côté négatif, et de l’eau 
épurée sur le côte positif, l'acide sullurique passa seul dans 
l'eau distillée, et il se forma un abondant précipité dans la 
solution de sulfate d'argent. Ce procédé dura dix heures. 

J'ai fait plusieurs expériences de transition sur des substances. 
animales et végétales, et toujours avec le plus grand succès. 

Le sel mis en contact avec le métal, et ce qui existe dans 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. AT 


les substances animales et végétales , l’un et l’autre éprouvèrent 
la décomposition et le transfert; et le temps nécessaire pour que 
ces produits se montrent aux extrémités-du circuit, dépend de 
leur degré de proximité. 

Ainsi ayant, avec une queue encore fraîche de polyanthe 
d'environ 2 pouces de long, joint un tube positivement 
électrisé , qui contenoit une solution de nitrate de strontite, 
à un tube négativement électrisé rempli d'eau épurée, l’eau 
devenue verte à l'instant, se montra chargée d’alkali, ei l’acide 
mitrique qui s’en étoit dégagé, passa rapidement dans le tube 
positif. Au bout de dix minutes j'examinai la matière alkaline, 
elle étoit composée de potasse et de chaux, et cependant le 
strontite n’y avoit pas encore pénétré. En effet un précipité 
d'acide sulfurique la fit promptement dissoudre ans l'acide 
muriatique. Au bout d’une demi-heure cependant, le strontite. 
parut, et au bout de quatre il forma un abondant ingrédient 
de la solution. 5 

Un morceau de muscle de bœuf, d'environ trois pouces de 
longueur sur un demi-pouce d'épaisseur, fut traité de la même: 
manière, comme point de communication entre le muriate de 
bäryte et l'eau distillée. Les premiers produits furent de la 
suude, de l’ammoniac et de la chaux. Au bout d’une heure 
le baryte étoit évident. Je trouvai beaucoup d’acide oxi-muria- 
tique dans le tube positivement électrisé, mais aucune parcelle 
d'acide muriatique, soit de la solution muriatique, soit de la: 
Ebre musculaire, n'avoit passé dans le tube négatif. 


VI. Quelques observations générales sur ces phénomènes. 
et sur le mode de décomposition et de transition. 


Pour exprimer en général, dans le langage ordinaire de la: 
philosophie , les faits dont nous avons donné le détail, rela- 
tivement aux changemens et aux transitions opérés par l'élec- 
tricité, nous dirons que l'hydrogène, que les substances alka- 
nes , les métaux et certains oxides métalliques, sont attirés par 
les surfaces métalliques négativementélectrisées, et repoussés par 
les surfaces métalliques positivement électrisées; que les oxigènes. 
au contraire, ainsi que les substances acides, sont attirés par 
les surfaces métalliques positivement électrisées , et répoussés 
par les surfaces métalliques négativement électrisées. Ces forces 
attractives et répulsiveS sont douées d’une énergie suflisante 


pour détruire ou suspendre l'opération ordinaire de l’aflinité- 
élective. 


& ia JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


Il est naturel de supposer que les forces attractives et re- 
poussantes sont communiquées d'une parcelle à une autre 
parcelle de la mème espèce , de manière à établir un con- 
ducteur dans le fluide ; d'où il résulte un changement de place 
démontré par une multitude de faits. Aussi dans toutes les 
expériences dans lesquelles j'ai examiné les solutions alkalines, 
à travers lesquelles les acides avoient été transmis, j'ai tou- 
jours trouvé de l'acide, lorsque quelque matière acide restoit 
à la source primitive. Certainement, avec le temps la puissance 
attractive de la surface positive rend la décomposition et le 
transfert complets, mais elle ne la détermine pas. 

Dans les cas de la séparation des parties constituantes de 
l’eau et des solutions de sels neutres formant la totalité de la 
chaine, il est possible qu'il existe une succession de décom- 
positions et de recompositions à travers le fluide. A l'appui 
de cette supposition viennent les expériences dans lesquelles 
on a essayé de faire passer le baryte au travers de l'acide sul- 
furique, et l’acide muriatique au travers d'une solution de 
sulfate d'argent, expériences dans lesquelles les composés 
indissolubles étant chassés hors de la sphère de l’action élec- 
trique , le pouvoir de transférer est détruit. On peut tirer la 
mème conclusion de plusieurs autres expériences. La magnésie 
et les oxides métalliques, comme je l’ai déjà dit, passèrent au 
moyen de l’amianthe mouillée, de la surface positive à la néga- 
tive; mais que l’on mette entre les deux un vase d'eau épurée, 
ces substances alors , loin d'aller chercher le vase négatif , 
tombent au fond. J'ai répété plusieurs fois ces expériences, et 
toujours les résultats en ont été parfaitement concluans. Dans 
une où l'acide sulfurique parut passer en petites quantités à 
travers de légères solutions de strontite et baryte, je ne doute 
pas que cette transition n'ait été produite par une légère couche 
d’eau épurée, dans laquelle la solution avoit été décomposte 
à la superficie, par l'acide carbonique. En eflet, dans une 
expérience semblable à celle dans laquelle la pellicule du car- 
bonnate de baryte avoit été souvent remuée et le fluide agité, 
aucune parcelle d'acide sulfurique ne parut à la partie positive 
de la chaîne. 

Il est aisé d'expliquer, par les phénomènes généraux de la 
décomposition et du transfert, de quelle manière l’oxigène et 
l'hydrogène se développent séparément de l’eau. L'oxigène 
d'une partie d’eau, est attiré par la surface positive dans le 
même temps qu'elle repousse l’autre partie constituante , je 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 443 


veux dire l'hydrogène. Le procédé opposé a lieu à la surface 
négative. Au point central du circuit, soit quil exisle une suite 
de décompositions et de recompositions, ou soitque les parcelles 
des points extrêmes soient seules en activité, il doit nécessaire- 
ment y avoir une nouvelle combinaison de la matière repoussée, 
Ce cas est analogue à celui de deux portions de muriate de 
soude séparées par l'eau distillée, où l'acide muriatique est 
repoussé du côté négatif, et la soude du côté positif; tandis 
que le muriate de soude se forme dans le vase du milieu. 

Ces faits semblent réfuter pleinement les conjectures de 
M. Ritter et de quelques autres philosophes, relativement à 
la nature élémentaire de l’eau, et confirmer la grande décou- 
verte de M. Cavendish, que l'eau est un composé d'oxigéne 
‘et d'hydrogène. 

M. Ritter crut avoir obtenu de l’eau de l’oxigène sans hy- 
drogène , en faisant l'acide sulfurique le point de communi- 
cation à la surface négative; mais dans ce cas le soufre est 
déposé , et l'oxigène de l’acide , ainsi que l'hydrogène de l'eau, 
sont également repoussés, et il se forme une nouvelle com- 
binaison. 

J'ai tenté quelques expériences de décomposition et de trans- 
fert par le moyen de l'électricité ordinaire, en faisant usage de 
là machine electrique de M. Nairne, qui appartient à la Société 
royale, dont le cylindre est de 15 pouces de diamètre sur 2 pieds 
de long. 

Avec le même appareil employé pour les décompositions par 
la batterie de Volta , un fort courant d'électricité passant dou- 
cement, pendant quatre heures, à travers une solution de sulfate 

- de potasse, ne produisit aucun effet qu'on püt appercevoir.. 

Mais en employant des points de beau platine de ;= de pouce 
de diamètre, joints ensembie dans des tubes de verre , de la ma- 
nière inventée par le docteur Wollaston, et en les rapprochant 
les uns des autres, dans des vases contenant de 3 à 4 grains 
de solution de sulfate de potasse, et unis par de l'asbeste 
mouillée , en moins de deux heures la potasse se montroit 
autour du point négativement électrisé, et l’acide sulfurique- 
autour du point positif. 

Dans une expérience semblable, l'acide sulfurique fut trans- 
féré dans l’eau, au travers de l’asbeste mouillée; ensorte 
qu’il n’y a point de doute que le principe de l’action ne soit 
le méme dans l'électricité ordinaire et dans celle de Volta. 


AA JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIP 


VIL. Sur les principes généraux des changemens chimiques 
produits par l'électricité. 


Les expériences de M. Bennet ont démontré que plusieurs 
corps d’abord mis en contact, et ensuite séparés, présentoient 
des états opposés d'électricité; mais c’est à Volta que l'on doit 
le développement de ce fait. Il l'a fait voir distinctement dans 
le cas du cuivre et du zinc, et des autres combinaisons mé- 
talliques , et il a aussi supposé que le même effet avoit lieu 
à l'égard des métaux et des fluides. 

Dans une suite d'expériences faites en 1801, sur la cons- 
truction de combinaisons électriques au moyen de disques, 
de métaux et de couches de fluide alternant l'un avec l’autre, 
j'ai observé que lorsqu'on employoit les solutions acides et 
alkalines comme élémens de ces instrumens , les solutions 
alkalines recevoient toujours électricité du métal, et que l'acide 
la transmettoit toujours au métal, Ainsi, lorsque ces élémens se 
trouvoient composés d’étain, d'eau et de solution de potasse, 
la circulation de l'électricité étoit de l’eau à l’étain , et de l’étain 
à la solution de potasse; mais ces élémens étoient-ils com- 
posés d’un léger acide nitrique, d’eau et d’étain ? l'électricité 
circuloit alors de l’acide à l’étain et de l’étain à l'eau. 

Ces principes semblent avoir un rapport immédiat avec les 
phénomènes généraux de la décomposition et de la transition, 
qui ont été le sujet des détails précédens. 

Das le plus simple cas de l’action électrique , l'alkali qui 
reçoit l’électricité du métal, séparé de ce dernier, doit né- 
cessairement paroître positif; tandis que dans des circonstances 
semblables, l'acide sera négatif; et ces corps ayant respecti- 
vement, à l'égard des métaux, une puissance électrique, néga- 
tive et positive, s’il m'est permis de parler ainsi, semblent 
dans leurs fonctions attractives, repoussantes par les lois 
ordinaires de l'attraction et de la répulsion électriques. En 
effet le corps doué de la puissance positive est repoussé par 
les surfaces positivement électrisées , et attiré par les surfaces 
négativement électrisées ; tandis que le corps qui possède la 
force négative, suit l'ordre contraire. 

J'ai fait une multitude d'expériences pour éclaircir cette 
idée et donner plus d’étendue à son application, toutes m'ont 
confirmé d’une manière frappante l'analogie. 

Du charbon de bois bien brûlé, de l’eau et de l'acide ni- 
rique, la même substance, de l’eau et une solution de soude, 


devenus 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445 


deyenusrespectivement élémens de différentes combinaisons élec" 
triques, Furent distinctement actifs lorsque j'eus mis ensemble 20 
alternations. L'alkali donnoit, d'un cûté , la puissance positive, 
-et d’un autre l'acide la négative. Des disques de zinc, des 
morceaux de carton mouillé et de chaux vive humectée , le 
tout au nombre de 40 pièces, formèrent également une foible 
colonne électrique, l'effet de la chaux étant semblable à celui 
de l’alkali, mais bientôt elle perdit sa puissance. 

Au moyen d'instrumens extrêmement délicats, je voulus 
m'assurer des états électriques de chaque acide en particulier 
et des solutions alkalines, après leur contact ayec les métaux. 
J'employai à cet effet, à différentes fois, l'électromètre, con- 
densant de M. Cutberson, le multipliant de M. Cavallo, et 
une balance électrique extrémement juste, d’après le principe 
de Torsion, adopté par M. Coulomb; mais les effets n’en 
furent pas sati-faisans ; les circonstances de l'évaporation et 
de l’action chimique , l'adhérence des solutions aux surfaces 
des métaux employés, empèchèrent aucun résultat distinct, 
ou rendirent la source de l'électricité douteuse. Je n'entrerai 
point dans le détail de procédés ou d'expériences tendantes 
à tirer des conséquences d'apparences capricieuses et incer- 
taines, conséquences qui, comme nous ne tarderons pas à 
le voir, peuvent être déduites d'apparences claires et distinctes. 

Les substances alkalines et acides qui peuvent exister sous 
une forme sèche et solide, donnent, par leur contact avec 
les métaux, des électricités extrêmement sensibles qui se ma- 
nifestent par la feuille d’or de l'électromètre ; avec une petite 
plaque condensante. 

Lorsque les acides oxalique , succinique , benzoïque ou bo- 
racique , parfaitement secs, soit en poudre, soit cristallisés, 
ont touché une surface étendue d’une plaque de cuivre, isolée 
par une poignée de verre, le cuivre se trouve positif et l’acide 
négatif, Lorsque le temps est favorable et l’electromètre en 
bon état, un seul contact de ce métal suffit pour produire une 
charge sensible ; maïs rarement il en faut plus de cinq ou six. 
D'antres métaux, tels que le zinc et l'étain, sur lesquels l'expé- 
rience a été répétée, donnèrent le même effet. Le métal reçoit 
la charge positive, selon toute apparence, a la même étendue, 
soit que l'acide soit isolé sur le verre, ou communique à la; 
terre. 

L'acide phosphorique solide produit par inflammation , et, 
éloigné avec soin du contact de l'air, rendoit la lame isolée 


Tome LXIV. JUIN an 1807. LI! 


446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


de zinc positive, par quatre contacts ; mais exposé à l'atmos- 
phère pendant quelques minutes, il perdoit sa puissance. 

Lorsque les plaques métalliques eurent touché la chaux sèche, 
la strontite ou la magnésie, le métal devint négatif; l'effet étoit 
très-distinct, un seul contact sur une grande surface étant 
suffisant pour communiquer une charge considérable. Les terres 
ee servirent à ces expériences avoient été préparées avec soin ; 
elles étoient en poudré et renfermées dans des bouteilles de 
verre , plusieurs jours avant d’en faire usage. Il est essentiel, 
pour que le procédé réussisse, de les mettre à l'abri de la tem- 
pérature de l'atmosphère. Dans quelques expériences que je 
fis sur ces substances après les avoir d’abord mises au feu et 
les avoir ensuite laissé refroidir, elles parurent fortement 
électriques, et rendoient positifs les conducteurs mis en con- 
tact avec elles. w: 

J'ai fait plusieurs expériences de la même manière sur les 
effets du contact de la potasse et de la soude, avec les mé- 
taux; dans aucune la potasse ne me donna de résultats satis- 
faisans. Sa puissante attraction jour l’eau a présenté un obstacle 
insurmontable au succès de quelques expériences faites dans 
une atmosphère libre. La soude dans un seul cas où lélectri- 
cité se développa, affecta le métal de la même manière que 
la chaux , la strontite et la magnésie. La soude dans cette 
occasion fut préparée avec le plus grand soin, ayant été exposée 
pendant environ une heure dans un creuset de platine, à une 
chaleur rouge, et refroidie dans un creuset enveloppé de mer- 
cure, Cette enveloppe êtée , le contact eut lieu avec une plaque 
de zinc. L'expérience se fit en plein air. Le temps étoit sin- 
gulièrement sec, le thermomètre à 28° de Fahrenheit, et le 
baromètre à 31 pouces. À la première expérience six contacts 
donnèrent une charge à l'électromètre condensant ; il en a fallu 
dix à la seconde pour produire le méme effet, après laquelle, 
au bout de deux minutes seulement, la charge disparut, et 
il me fut impossible d'obtenir des résultats ultérieurs. 

Dans la décomposition de l'acide sulfurique par l'électricité 
de Volta, le soufre se sépare vers le côté négatif. Les expé- 
riences faites par divers physiciens, prouvent que par le frotte- 
ment du soufre et des métaux, le soufre devient positif et 
les métaux négatifs. J'ai obtenu le même résultat du contact 
d’un pain de soufre quinétoit pas frotté, et d’une plaque m£- 
tallique isolée. M. Wilke a établi une éxception en faveur 
du plomb comme rendant le soufre négalif par son frottement. 


ET D'HISTOIRE NATUkKELLE. 447 


Les résultats que j'ai obtenus du plomb, dans des expériences 
faites avec le plus grand soin, sont les mêmes que ceux 
produits par les autres métaux. Le soufre frotié ou frappé 
contre du plomb nouvellement poli, devenoit toujours positif. 
Peut-être M. Wilke s'est-il trompé ;en employant du plomb 
terni. En effet, j'ai trouvé que le soufre frotté contre la litharge 
ou-contre du, plomb resté long-temps à l'air, dévenoit néganf. 
Ainsi cetteexceplion mise de côté, tous les faits relatifs à ce 
Sujet, vi nnent à l'appui des pruicipes généraux 

Ea principe général, l’oxigène et l'hydrogène doivent, à l’égard 
des métaux respectifs, être douts de Ja puissance négative et 
positive. Cette.opinion est confirmée par l'action de leurs com- 
posés. Ainsi. j'a trouvé que la solution aqueuse d’hydrogène 
sulfuré dans l'appareil électrique , composé de disques mé- 
talliques et de différentes couches de fluides, agissoit de la 
même manière que les solutions alkalines ; que la solution 
d'acide oxi-muriatique est bien plus puissante dans un sem- 
blabie appareil, que les solutions d'acide muriatique au plus 
haut degré de concentration ; ce que dans l'un et l’autre cas 
il est impossible de concevoir sans l'action de l'oxigène et de 
l'hydrogène combinés. Gette conséquence est pleinement con- 
firmée par l'action de la solution des soufres alkalins hydro- 
génés, consistant principalement dans l'union du soufre et de 
l'alkali, conjointement avec l’eau : elles présentent relative- 
ment aux métaux la puissance positive à un très-haut degré. 
Dans la suite d'expériences faites avec l'appareil de Volta, 
composé des disques , dont j'ai parlé ci-dessus, j'ai trouvé que 
les solutions de soufre trempé dans l’eau, étoient en général 
beaucoup plus actives que les solutions alkalines, surtout ayec 
le cuivre, l’argent et le plomb. Dans une expérience que je 
fis en 1802, sur une combinaison de cuivre, de fer et de 
sulfures saturés d'eau, j'ai trouvé que l'énergie positive des 
sulfures saturés d'eau , relativement au cuivre, suflisoit pour 
surmonter celle du fer; ensorte que l'électricité circuloit non 
pas du cuivre au fer, et du fer au fluide, comme dans les 
cas ordinaires, mais du cuivre au sulfure saturé d’eau, et de 
ce dernier au fer. 

Tous ces détails confirment d'une manière irréfragable le 
principe, On peut les considérer comme un simple arrange- 
ment de faits qui, au moyen de quelques extensions, paroît 
susceptible d'une application générale, 

Si des corps possèdent des forces électriques opposées rela- 


448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


tivement à l'un d'eux, nous pouvons en conclure avec assurance, 
qu'ils les possèdent relativement les uns aux autres. C'est ce 
que jai trouvé dans une expérience faite avec de la chaux et 
de l'acide oxalique. Un morceau de chaux sèche fait de pierre 
de chaux secondaire , et dont la forme présentoit une large 
surface unie, devint positivement électrique par des contacts 
répétés avec des cristaux d'acide oxalique. Ces cristaux placés 
au haut de l’électromètre condensant et touchés à différentes 
reprises par la chaux que l’on faisoit décharger après chaque 
contact , rendirent les feuilles d'or négativement électriques. 
La tendance des simples contacts de l'acide et de l’alkali avec 
le métal, doit produire des effets opposés à ceux ci-dessus, 
si leur action mutuelle avoit beaucoup d'énergie. 

Ce n’est certainement pas s'éloigner de la question que de 
considérer les autres acides, et généralement les substances 
alkalines, ainsi que l'oxigène et l'hydrogène, comme possé- 
dant les inêmes rapports électriques; et dans les décomposi- 
tions et les changemens que présentent les effets de l'électricité, 
les différens corps qui possèdent naturellement des aflinités 
chimiques, parcissent incapables de se combiner ou rester en 
combinaison , lorsqu'ils se trouvent placés dans un état d’élee- 
tricité différent de leur ordre naturel. Ainsi, comme nous 
lavons vu, les acides, dans la partie positive du circuit, se 
séparent d'eux mêmes des‘alkalis, Foxigène de l'hydrogène, etc. 
Du côté négatif, les métaux ne s'unissent point à l'oxigène , et 
Jes acides ne restent point amalgammés avec leurs oxides. Par 
ce moyen les agens actifs et‘repoussans paroissent être com 
muniqués des surfaces métalliques à travers tout le menstrue. 


VIII, Sur les rapports entre les forces électriques des corps, 
et leurs affinités chimiques. 


L'attraction chimique entré deux corps, semble être détruite 
en donnant à l’un d'eux un état éléctrique différent de celui 
qu'il avoit naturellement : c'est ce qu'on opère si on fait passer 
artificiellement l’un dans un état semblable à celui de l'autre, 
de manière à pouvoir augmentér où exalter son énergie na- 
turelle. Ainsi, tandis que le zinc, l'un des métaux les plus 
oxidables, est incapablé de se combiner avec l'oxigéne, lors- 
-qu'il est négativement électrisé dans le‘citcuit même, par un 
foible pouvoir, l'argent, l’un des moins oxidables, s'y unit aisé- 
ment, lorsqu'il est positivement électrisé. On peut dire la même 
chose des autres métaux. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 


Parmi les substances qui se combinent chimiquement, toutes 

celles dont les forces électriques sont bien connues , donnent 
des états opposés. Ainsi le cuivre et le zinc, l'or et le mercure, 
le soufre et les métaux, les substances acides et alkalines, sont 
des preuves de ce que j'avance; et en supposant la liberté 
entière du mouvement dans leurs parcelles ou matière élé- 
mentaire, elles doivent, d'après les principes mis en avant, 
s’atürer l'une l’autre en conséquence de leurs pouvoirs élec- 
triques. D'après nos connoissances actuelles, il seroit inutile 
de vouloir approfondir la cause éloignée de la force électrique, 
où ja raison pour laquelle différens corps, après avoir été mis 
en contact les uns avec les autres, se trouvent différemment 
‘électrisés. Cependant le rapport de l'électricité avec l’aflinité 
chimique est assez évident. Celle-ci n’est-elle pas identifiée avec 
l'autre, ou est-elle une propriété essentielle de la matière ? 
. Les disques de verre de Beccaria, enveloppés d'étoffes, sont 
fortement atiachés l'un à l’autre, lorsqu'on les charge à l’oppo- 
site, et conservent leurs charges étant séparés. Ce fait n'a qu’un 
rcpport éloigné avec le sujet que nous traitons. Différentes 
parcelles, en se combinant , peuvent encore être supposées 
conserver leur état particulier d'énergie. 

Däns une recherche qui n’est pour aïnsi dire encore qu’au 
berceau, il ne conviendroit pas de mettre une confiance avett- 
gle dans cette hypothèse; mais cela paroît dériver naturellement 
des faits et coïncider avec les lois de F'aflinité , si habilement dé- 
veloppées par les chimistes modernes; et lon peut en faire 
aisément l'application générale. Ù 

En supposant deux corps dont les particules sont dans des 
états d'électricité différens, et ces états assez exaltés pour 
leur donner une force atiractive supérieure au pouvoir d'agré- 
gation, il y aura une combinaison qui aura plus au moins 
d'intensité, selon que les forces seront plus ou moins parfaite- 
ment balanctes, et le changement des propriétés aura use 
correspoudaice proportionnelle. 

C'est là le cas le plus simple de l'union chimique : mais 
différentes substances ont différens degrés de la même puis- 
sance électrique , en rapport avec le même corps. Ainsi les 
différens acides et aikalis ont différentes énergies relativement 
au même métal. L'’acide sulfurique, par exemple, a plus de 
force avec le plomb, que l'acide muriatique, et la solution 
de potasse est plus active avec l'étain, que la solution de 
soude. Les mèêines corps aussi peuvent étre, dans le mêirie 


4Fo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, 


temps, ou repoussans relativement de l’un à l'autre, ce qui 
arrive en apparence dans les cas ci-dessus mentionnés, ou ils 
peuvent étre neutres, ou bien ils peuvent être dans des états 
opposés ou attractifs. Ces derniers paroissent être dans la 
catégorie du soufre et des alkalis, qui ont la même espèce 
d'énergie relativement aux métaux 

Lorsque deux corps se repoussant l'un l'autre, agissent sur 
le même corps avec différens degrés de la même force élec- 
trique attractive, la combinaison sera déterminée par degrés, 
et la substance douée de l'énergie la plus foible sera repoussée. 
Ce principe nous donne les causes de l'aflinite élective et des 
décompositions qui en sont la suite. 

Or lorsque des corps ayant differens degrés de la même 
énergie, relativement à un troisième corps , ont aussi des 
forces différentes relativement à l’un et à l’autre, ii peut exister 
alors une balance de pouvoirs attractifs et repoussans, cipable 
de produire un troisième composé. En étendant ce raisonnie- 
ment, il est aisé d’expliquer l’union chimique compliquée. 

On pourroit sans difficulté donner plusieurs déveioppemens 
à ces notions, et les appliquer à tous les cas de l'action chi- 
mique. Mais dans l’état actuel de la question, une grande 
extension de cette partie hypothétique du sujet, seroit pré- 
maturée. 

L'idée générale cependant donnera une explication facile de 
l'influence de l’aflinité par les masses des substances agissantes, 
ainsi que l'ont démontré les expériences de M. Berthollet; car 
l'effet combiné de plusieurs parcelles, douées d’une foible éner- 
gie électrique , peut se concevoir égal ou même supérieur 
à celui de quelques parcelles possédant une forte énergie 
électrique. Les faits précités confirment cette supposition. 
En effet la lessive alkaline concentrée s'oppose bien plus 
facilement à la transmission d’acide par l'électricité, que celles 
qui sont foibles. 

En accordant que la combinaison dépend de la balance des 
forces naturelles électriques des corps, 1l est aisé de concevoir 
qu’on peut trouyer une esure des forces artificielles, ainsi que 
l'intensité et la quantité produites par la machine électrique 
ordinaire, ou par l'appareil de Volta, capables de détruire cet 
équilibre. 

Dans le circuit de l'appareil de Volta, complété par les fils 
de métal et par l'eau, la force des électricités opposées va 
en diminuant des points de contact des fils vers le point milieu 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451 


de l’eau, qui est nécessairement neutre. Dans une masse d’eau 
d'une étendue considérable, il ne sera sans doute pas difficile 
d’assigner les endroits où les différens composés neutres cèdent 
à la décomposition, ou lui résistent. Le sulfate de baryte, dans 
tous les cas où je l'ai essayé, demandoit un contact immédiat 
avec le fil. La solution de sulfate de potasse ne donnoit aucune 
- marque de décomposition avec une force de 150, lorsqu'elle 
se trouvoit dans un circuit d’eau de cinq pouces d'étendue, 
à quatre pouces du point positif; mais placée à deux pouces, 
son alkali étoit repoussé lentement, et son acide attiré. 
Toutes les fois que les corps amenés par des moyens arti- 
ficiels à un haut degré d'électricité opposée, sont placés de 
manière à rétablir l'équilibre, la chaleur et la lumière en sont 
les conséquences ordinaires. Peut-être est-ce une circonstance 
à ajouter en faveur de la théorie, qui soutient que la chaleur 
et la lumière sont aussi le résultat de toutes les actions chi- 
miques intenses. Et comme dans certaines formes de la batterie 
de Volta, où de grandes quantités d'électricité, d'intensité lente 
agisseut, la chaleur est produite sans lumière, de même dans 
les combinaisons lentes il y a une augmentation de tempéra- 
ture sans apparence de lumière. | 
D'après ces idées on peut expliquer aisément l'effet de la 
chaleur en produisant la combinaison. Non-seulement elle 
donne souvent un mouvement plus libre aux particules, mais 
dans nombre de cas, elle semble exalter les forces électriques 
des corps : le verre, la tourmaline, le sonfre, nous donnent 
communément des preuves de cette dernière espèce d’énergie, 
Je fis chauffer ensemble un disque isolé de cuivre et un 
disque de soufre; j’examinai leurs électricités au moment où 
leur. température étoit élevée; ces électricités rarement sen- 
sibles à 50° de Fahrenheit, à l'électromètre condensant , devin- 
rent à 100° de Fahrenheit, capables d’affecter les feuilles d'or 
sans condensateur. Plus le soufre approchoïit de son point 
de fusion, plus elles allèrent en augmentant. Un peu au-dessous 
de ce point, ainsi que l'ont démontré les expériences des chi- 
mistes hollandais, ces deux substances se combinent rapide- 
ment, et la chaleur, ainsi que la lumière, sont évidentes. 
On peut concevoir que de semblables effets se rencontrent 
dans le cas de l'oxigène et de l’hydrogène, dont l'eau forme 
un Corps neutre en a; parence dans la force électrique; et pour 
plusieurs autres substances , nous pouvons conclure avec raison 
que dans tous les cas de combustion, la mème exaltation de 


452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
pouvoir existe. En général, lorsque différentes énergies sont 
fortes et dans un équilibre parfait, la combinaison doit étre 
vive , la chaleur et la lumière intenses, et le composé nouveau 
dans un état neutre. Tel est le cas dans l'expérience dont il 
s'agit, et dans les circonstances de l'union des alkalis et des 
acides puissans. 

. Cette dernière opinion est confirmée par toutes les expé- 
riences que jai été à même de faire sur les forces des com- 
posés de sel relativement aux métaux. Le nitre et le sulfate 
de potasse, le muriate de chaux, l'oxi muriatique de potasse, 
quoique touchés à plusieurs reprises différentes, sur une large 
surface de disque de cuivre et de zirc, ne leur donnèrent 
aucune charge électrique; le sous-carbonate de soude et le 
borax , au contraire, donnèrent une légère charge négative; 
l'alun et le superphosphate de chaux, une foible charge po- 
sitive. 

Dans des expériences ultérieures, ce principe pourra géné- 
ralement s'appliquer au degré des forces électriques des corps, 
dont on se seroit assuré au moyen d'instrumens sensibles, et 
donner sur leur composition des éclaircissemens utiles et nou- 
veaux. 


IX. Sur le mode d'action de la pile de Volta, avec des 
éclatrcissemens donnés par les expériences. 


La grande tendance de l'attraction des différens agens chi- 
miques, par les surfaces positives et négatives, dans l'appareil. 
de Volta , semble devoir rétablir l'équilibre électrique. Dans la 
batterie de Volta, composée de cuivre, de zinc et de solution 
de muriate de sonde, toute circulation de l'électricité cesse, 
et l'équilibre est rétabli si le cuivre est mis en contact des 
deux côtés avec le zinc; et l’oxigène et les acides qui sont 
attirés par le zinc positivement électrisé , exercent des actions 
semblables sur le cuivre, mais probablement dans un degré 
plus foible ; et commeils sont susceptibles de combinaison avec 
le métal, ils ne produisent qu’un équilibre momentané. 

Les forcesélectriques des métaux, relativement lun à l'autre, 
ou les substances dissoutes par l’eau dans l'appareil de Volta, 
et dans les autres instrumens analogues, semblent être les 
causes qui troublent l’équilibre , et les changemens chimiques 
celles qui tendent à le rétablir; et les phénomènes dépendent 
très-probablement de Îeur action réunie. 

Dans la pile de Volta, de zinc, de cuivre et de solution 

de 


3 » re 
ET D HISTOIRE NATURELLE. 493 


de muriate de soude , à laquelle on avoit donné sa tension 
électrique, les disques communicans de cuivre et de zinc, 
étoient dans -des états opposés d'électricité. Relativement 
aux électricités d’une intensité lente, l'eau est un corps isolé. 
Conséquemment chaque disque de cuivre produit, par induc- 
tion, une augmentation d'électricité positive sur Îles disques 
de zinc opposés , et chaque disque de zinc, une augmentation 
d'électricité négative sur le disque de cuivre opposé, et l'in- 
tensité augmente en raison du nombre;et la quantité, en raison 
de l'étendue de la série. 

Lorsque la communication est faite entre les deux points 
extrêmes, les électricités opposées tendent à se détruire l’une 
l'autre, et si le fluide existant au milieu est une substance 
incapable de décomposition, on peut croire alors que l'équi- 
libre se rétablit, et que le mouvement de lPélectricité cesse. 
Mais la solution de muriate de soude étant composée de deux 
séries d'élémens qui possèdent des forces électriques opposées, 
l'oxisène et l'acide sont attirés par le zinc, et l'hydrogène et 
l'aikali par le cuivre. 

La bajance du pouvoir n'est que momentanée. En effet la 
solution de zinc se forme et l'hydrogène se dégage. La force 
négative du cuivre et la force positive du zinc, se développent 
de nouveau, afloiblies seulement par la force opposée de la 
soude en contact avec le cuivre, et le procédé du mouvement 
électrique continue aussi long-temps que les changemens 
chimiques peuvent s'opérer. 

Cette théorie paroït concilier les principes hypothétiques de 
l'action de la pile adoptée par son illustre inventeur , avec Îes 
opinions relatives à l’origine chimique du galvanisme, adoptées 
par un grand nombre de philosophes anglais; elle est de plus 
confirmée et fortifiée par une multitude de faits et d’expé- 
riences. 

Ainsi la pile de Volta, composée de 20 paires de plaques 
de cuivre et de zine, n’a point un pouvoir électrique perma- 
nent, lorsque le fluide unissant est l'eau dégagée d'air. Cette 
substance en effet ne produit pas promptement un change- 
ment chimique, et il semble que l'équilibre puisse être cous- 
tamment rétabli, quoiqu'elle soit intermédiaire. L’acide sulfu- 
rique concentré, qui est un conducteur bien plus parfait, est 
également sans effet; car il agit peu sur le zinc, et est lui- 
mème décomposé par une forte puissance. Les piles contenant, 
comme leur élément fluide, soit l’eau pure, soit l'acide sul- 


Tome LXIV. JUIN an 1807. M mm 


à 
A4 JOURNAL BE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


furique, donneront sans doute des corps simples, effet qui se 
lie avec le rétablissement dé l'équilibre rompu par les forces 
des métaux; mais lorsque leurs plaques, qui se trouvent aux 
extrémités, sont réunies, alors il n'y a point d’exhibition, 
comme il arrive toujours dans le cas du mouvement électrique. 
L'eau qui contient de l’oxigène combiné, a bien plus d'efficacité 
que celle qui renferme de l'air commun, puisque dans le pre- 
mier cas l'oxide et le zinc peuvent se former beaucoup plus 
vite et en bien plus grandes quantités. Les solutions de sel 
neutre, d’abord très-actives , perdent leur énergie à mesure que 
leur acide s'arrange de lui-même du côté du zinc, et leur 
alkali du côté du cuivre. J'ai éprouvé que les forces d'une 
combinaison , à-peu-près détruites par cette cause, se ravivoient 
en agitant simplement les fluides dans les cellules, et en mélant 
leurs parties ensemble. Les acides délayés qui sont eux-mêmes 
aisément décomposés, ou qui aident à la décomposition de 
l'eau, sont au-dessus de toutes les autres substances actives. 
En effet ils dissolvent le zinc et produisent seulement, sur la 
surface négative, un gaz qui est immédiatement dégagé. 

Il est d'autres expériences liées à des résultats singulièrement 
frappans , qui déterminent encore à supposer que la décom- 
position du menstrue chimique est essentielle au mouvement 
électrique continuel de la pile. 

Et lorsqu'une décharge électrique est produite dans la batterie 
de Volta, au moyen de petites surfaces métalliques, les états 
opposés étant exaltés, une chaleur sensible en est la consé- 
quence. Il m'est démontré que si la décomposition des agens 
chimiques étoit essentielle à la balance des électricités opposées, 
dans une solution de sel, l'effet de cette décomposition et du 
passage de l'alkali au côté négatif, et de l’acide au côté positif, 
doit, dans des circonstances favorables, se lier avec une augmen- 
tation de température. : 

Jesmis les cônes d’or, dont j'ai déjà parlé, dans le circuit 
d'une batterie forte de 100 plaques; après les avoir remplis 
d'eau distillée, je les joignis ensemble au moyen d’un morceau 
d'asbeste mouillé, d'environ un pouce de long et : de pouce 
de diamètre; je me procurai un thermomètre d'air assez petit 
pour pouvoir entrer dans les cônes, n'attendant qu'un bien 
léger changement de température , si même il y en avoit aucun. 
J'introduisis dans le cône positif une goutte de solution de 
sulfate de potasse, la décomposition commença à l'instant. La 
potasse n'eut pas plutôt passé dans le cône negatif, que la 


in iun 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455 
chaleur fut sensible, et en moins de deux minutes l'eau étoit 
dans un état d'ébullition. 

Je fis la même expérience avec une solution de nitre d'am- 
moniac, la chaleur alors s'éleva à un tel degré d’intensité, 
qu’en trois ou quatre minutes toute l'eau s'évapora avec une 
espèce d’explosion, etenfin survint l'inflammation avec la décom- 
position et l'évaporation de la plus grande partie, de ce sel (1). 

Il estévident , d'après cette expérience, que Faugmentation du 
pouvoir conducteur de l’eau , au moyen de la goutte de solution 
de sel, ne contribue en rien à l'effet dont ils agit. J'introduisis 
dans les cônes une certaine quantité de lessive de potasse, 
ainsi que de l'acide sulfurique concentré , mais séparément , 
l’un et l’autre sont des conducteurs beaucoup meilleurs que 
les solutions de sels neutres; mais l'effet en fut très-peu 
sensible. 

Les mêmes principes peuvent s'appliquer à toutes les variétés 
de l’appareil électrique, soit que les plaques en soient doubles 
ou simples ; et si les idées développées dans les précédentes 
sections, sont exactes, il s'ensuit qu'une propriété agissante 


sous différentes modifications, est la cause universelle de leur 
activité. 


X. Sur quelques éclaircissemens généraux, et applications 
des faits et des principes précédens. Conclusion. 


Les idées générales exposées ci-dessus, sont évidemment en 
contradiction avec l’opinion avancée par Fabbroni, qui, lorsque 
cette nouvelle découverte parut, fut trouvée extrêmement pro- 
bable; je veux dire que les changemens chimiques sont les 
causes prernières des phénomènes du galvanisme. 

Avant que les expériences de M. Volta sur l'électricité, 
excitée par le simple contact des métaux, eussent été rendues 
publiques , j'étois disposé à adopter cette opinion; mais de 
nouveaux faits me démontrèrent bientôt qu'il falloit nécessaire 
ment qu’une autre puissance agit. En effet il n’étoit pas possible 
de rapporter l'éiectricité développée par l’apposition de surfaces 
métalliques à quelques altérations chimiques, surtout parce que 
son effet est beaucoup plus sensible dans une atmosphère sèche, 


(1) Dans ce procédé l’ammoniac fut rapidement enleve de la surface du 
cône négatif, et l’acide nitrique du cône positif. Leur combinaison produisit 
dans l’atmosphere , au-dessus de l’appareil, une vapeur blanchätre. 


Mimm 2 


456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DEICNIMIE 


où les métaux, même Îles plus oxidables, n'éprouvent aucun 
changement , que dans une atmosphère humide , où plusieurs 
métaux éprouvent une altération chimique. 

D'autres faits n'ont pas tardé à me convaincrè de l’existence 
de cet autre pouvoir. Par l'appareil de Volta , :l est reconnu 
que dans une combinaison d'acide nitrique délayé, de zinc et 
de cuivre, | é du zinc exposé à cet acide est posilif ; 
mais dans les! binaisons de zinc, d’eau et d’acide nitrique 
délayé , la surface exposée à cet acide est négative. Cependant, 
si l’action chimique de cet acide sur le zinc eût été la cause 
de cet effet, il devroit étre le même dans Jes deux cas. 

Dans les simples cas de changement chimique, l’électricité 
ne se développe jamais. Le fer brülé dans le gaz oxigène, 
parfaitement uni avec un électromètre condensant , ne lui 
donne aucune charge pendant le procédé. Le nitre et le charbon 
de bois brûlé, en communication avec le méme instrument, ne 
peuvent pas affecter par leurs actions, au plus foible degré, les 
feuilles d'or. La potasse pure, solide et l’acide sulfurique, com- 
binés dans un creuset de platine isolé, ne produisent aucune 
apparence d'électricité. Une aralgame solide de bismuth, 
ainsi qu'une amalgame solide de plomb , mélés ensemble, 
deviennent fluides. Gette expérience, selon moi, tient à la 
diminution de la température, mais non pas au développe- 
ment des effets de l'électricité. Une petite plaque de zinc que 
j'avois mise sur une surface de mercure, s’est trouvée positive, 
ei le mercure négatif. Les métaux en s’échauffant exaltent les 
effets; mais qu’on les laisse assez long-temps en contact pour 
s'amalgamer , le composé alors ne donne aucun signe d'élec- 
tricité. Je pourrois citer une multitude d'autres preuves de 
l'action purement chimique , expériences dans lesquelles j'ai 
employé tous les moyens qui étoient en mon pouvoir, pour 
constater le fait , et dont le résultat a été constamment le 
même. Dans le cas d’effervescence, il est vrai, surtout lors- 
gu'elle est accompagnée de beaucoup de chaleur, les vases 
de métal dont on se sert, deviennent négatifs; mais le chan- 
gement d'état d’un corps indépendant d’un changement chi- 
mique, est un phénomène qui tient à l'évaporation, et qu’il 
faut rapporter à différentes lois (x). 


(1) Le changement de capacité des corps, en conséquence de l’altératioæ 
dans leurs volumes , ou états d’existence par la chaleur, est une source eon— 
tinuelle d’effets électriques, et qui, comme je l’ai remarqué plus haut, s’oppose 


ET D'HISTOIRE NATURELLE, 457 


J'ai parlé des plateaux de verre de Becéaria, comme donnant 
un cas semblable à celui de la combinaison, en conséquence 
des différens états électriques des corps. Dans les expériences 
de Guyton de Morveau , sur la cohérence , on dit que les diffé. 
rens métaux se sont attachés au mercure avec une force pro- 
portionnée à leurs aflinilés chimiques. Mais les autres métaux 
ont différentes énergies électriques, ou différens degrés de la 
méme force électrique relativement au mercure; et dans tous 
les cas du contact da mercure avec un autre métal sur une grande 
surface , ceux-ci doivent s'y attacher en conséquence de la diffé- 
rence de leurs états électriques , c'est-à-dire avec une force pro- 
portionnée à l’exaltation de ces états. Le fer qui, selon M. Guyton, 
est légérement adhérent, séparé du mercure sur lequel on lavoit 
d’abord déposé, m'a paru donner un peu d'électricité positive. 
L'étain, le zine et le cuivre, qui sont plus fortement adhé- 
rens, communiquent à l'électromètre condensant des charges 
beaucoup plus considérables. Je n’ai point en d’instrumens 
assez exacts pour mesurer ces différences. Il me sembleroit 
néanmoins que l'adhésion provenant des états électriques, doit 
avoir eu lieu dans les expériences précitées; et que ces états 
étant en proportion des forces électriques, sont, d’après l'hy- 
pothèse ci-dessus, proportionnés aux aflinités chimiques. Com- 
ment cette adhérence peut-elle être généralement influencée 
ou occasionnée par l'effet de la différence des forces électri- 
ques des corps ? C’est une question qu'il seroit intéressant 
d'approfondir. 

. Plusieurs applications des faits généraux et des principes aux 


aux résultats des expériences sur lés forces électriques des corps qui se sent 
développées par le contact. C’est aussi probablement une des causes des ré- 
sultats capricieux des expériences du frottement dans lesquelles le même 
corps , suivant que sa texture est altérée , ou sa température changée, prend 
différens états relativement à un autre corps. Le frottement peut être consi- 
déré comme une succession de contacts, et selon toutes les apparences, il 
doit donner un développement exact aux forces naturelles des corps, si l’exci- 
tation inégale de la chaleur, ou sa communication inégale aux différentes 


surfaces , ue s’y oppose pas, en changeant d’une manière inégale leurs capa- 
cites électriques. 


Parini les élémens du verre fait avec le sable, le silex est foiblement négatif, 
relativement aux métaux, et la soudé positive ; et dans les contacts du verre 
avec les métaux, j'ai trouvé que celui-ci avoit la force de l’alkali, La même 
chose arrive dans le frottement ; l’amalgame de la machine commune est 
essentielle pour l’exciter puissamment,. 


458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


procédés chimiques, soit dans l’art, soit dans la nature, se 
présenteront aisément d'elles-mêmes à la recherche du philo- 
sophe. 

Les uns et les autres offrent des méthodes très-faciles de 
séparer les matières acide et alkaline, lorsqu'elles existent en- 
semble ou séparément, combinées dans les minéraux. Les forces 
électriques de décomposition peuvent aussi être aisément em- 
ployées dans l’analyse animale et végétale. 

Un morceau de fibre musculaire de deux pouces de long sur 
un demi-pouce de diamètre , électrisé pendant cinq jours par 
une force de 150 , devint absolument sec et dur. Réduit 
en cendres, il ne déposa aucun sel. La potasse, la soude, 
l'ammoniac, la chaux et l'oxide de fer qui en sortirent, pas- 
sérent du côté négatif, tandis que le côté positif recut Les trois 
acides minéraux communs , et l’acide phosphorique. 

Une feuille de laurier traitée de la même manière, parut 
avoir été exposée à une chaleur de 500° ou de 600° de 
Fahrenheit; elle étoit brune et grillée. Une matière verdâtre 
se montra dans le vase négatif avec de la résine, de l’alkali® 
et de la chaux. Le vase positif contenoit un fluide clair qui 
avoit l’odeur de la fleur de pècher. Ce fluide neutralisé par’ 
la potasse, donna à la solution de sulfate de fer, un précipité 
d'un bleu verdâtre, ensorte qu'il renfermoit de l’acide prus- 
sique végétal. 

Je pris pour point milieu de connexion, dans la batterie 
une petite plante de menthe, dans un état de végétation parfaite ; 
ses extrémités étoient en contact avec-l’eau épurée. Le procédé 
dura 10 minutes. Je trouvai dans l’eau négativement électrisée, 
de la potasse et de la chaux, et dans l'eau positivement élec- 
trisée, une matière acide qui occasionna un précipité dans des: 
solutions de muriate de baryte, de nitre d'argent et de muriate: 
de chaux. Cette plante reprit après le procédé ; mais une sem-' 
blable qui avoit été électrisée pendant quatre heures, se flétrit 
et mourut (1). 


M 


(1) J'ai trouvé que les graines mises dans l’eau épurée, dans la partie 
positive du circuit, germoïent beaucoup plus promptement que dans les cir- 
constances ordinaires ; mais dans la partie négative elles ne germotent pas 
du tout. Sans supposer aucun effet particulier des différentes électricités qui 
cependant peuvent opérer, ce phénomène peut être occasionné par la satu— 
ration de l’eau auprès de la surface positive du métal ayec l’oxigène, et aupres 
de la surface négative avec l’hydrogene, ) 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459 


Ces faits démontrent que les forces électriques de décom- 
position agissent même sur la matière végétale vivante. Il 
est aussi quelques phénomènes qui semblent prouver qu'ils 
opérent également sur les systèmes de l'animal vivant. Lorsque 
les doigts, après avoir été bien lavés avec de l'eau épurée, 
sont mis en contact avec ce fluide dans la partie positive du 
Circuit, la matière acide se développe rapidement, ayant les 
caractères d'un mélange d'acides muriatique, sulfurique et 
phosphorique. Cette expérience se fait-elle sur la partie néga- 
tive? la matière alkaline fixe se développe avec non moins 
de promptitude. 

Les goûts acides et alkalins qu'impriment sur la langue les 
Æexpériénces galvaniques , semblent dépendre de la décompo- 
sition de la matière salée que contient la substance de l'animal 
vivant, et peut-ètre la salive. 

Les substances acides et alkalines pouvant être séparées de 
leurs combinaisons, dans les systèmes vivans, par les forces 
électriques, on a tout lieu de croire que la méthode inverse 
peut les introduire dans l’économie animale, ou les faire passer 
à travers les organes de l’animal. On peut supposer la même 
chose des -oxides métalliques, et ces idées doivent indiquer 
de nouvelles recherches dans la médecine et la physiologie. 

Il n’est pas improbable que la décomposition électrique des 
sels neutres, dans différens cas, puisse se faire avec des matières 
que nous employons à notre usage ordinaire. Le charbon de 
bois brûlé, et la plombagine, ou le charbon de bois et le fer, 
peuvent devenir des pouvoirs excitans. Lorsqu'une semblable 
combinaison se trouve portée à un certain degré, le sel neutre 
étant alors employé dans chaque série, produira nécessairement 
des acides et des alkalis en très-grande quantité , sans beaucoup 
de peine et de dépense. 

L’ammoniac et les acides capables de décomposition, n'opè- 
rent de changement chimique , dans le circuit de Volta, que 
lorsqu'ils sont en solution concentrée ; dans les autres cas ils 
sont seulement repoussés vers leurs points particuliers du résidu. 
Ce fait peut nous faire espérer que le nouveau mode d'analyse 
nous conduira à la découverte des véritables élémens des 
‘corps, si les matériaux qui agissent dessus sont employés dans 
un certain état de concentration, et si l'électricité est sufti- 
‘samment exaltée. En eflet, si l'union chimique est d’une 
nature telle que nous l'avons supposée, quelque puissante que 
soit l'énergie naturelle électrique des élémens des corps, il est 


460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


très-probable qu'elle met des bornes à cette force; d’ailleurs 
le pouvoir des instrumens que.nous devons à l’art, est suscep- 
tible d'un accroissement qu'on ne sauroit calculer. 

Les attractions de l'équilibre électrique ont. toujours lieu 
dans la nature, et il est probable que cette influence dans ses 
facultés dé décomposition et de transition, s’entrechoque avec 
les altérations chimiques qui se rencontrent dans différentes 
parties de notre système. 

Les apparences électriques qui précèdent les tremblemens 
de terre, et les éruptions des volcans, dont un grand nombre 
d'observateurs parlent, s'expliquent aisément d'après les prin- 
cipes que nous avons établis. 

Indépendamment du cas d’un changement violent et subit, 
il est des attractions tranquilles et constantes, produites dans 
différentes parties de l’intérieur de notre globe, dans lesquelles 
l'électricité joue un rôle. 

Dars les endroits où se rencontrent des couches de pyrite 
et des couches de charbon mélé, où se trouvent des métaux 
purs ou des sulfures, en contact les uns avec les autres, ou 
quelques autres substances servant de conducteurs ; enfin 
lorsque diverses couches renferment différentes menstrues sali- 
nes, l'électricité doit toujours avoir lieu ; et il est très-probable 
que plusieurs productions minérales ont été matériellement 
influencées ou méme occasionnées par elles. 

Dans une expérience d'électricité que je fis sur une solution 
mélangée de muriate de fer, de cuivre , d’'étain et de cobalt, 
dans un vase positif, l'eau étant dans le vase négatif, les 
quatre oxides passèrent le long de l’asbeste, dans le tube 
négatif, formèrent une croûte métallique jaune sur le fil, et 
les oxides s’arrangèrent d'eux-mêmes dans un état mélangé 
autour de sa base. 

Dans une autre expérience où le carbonate de cuivre fut 
répandu dans l'eau en petites portions, et où je mis un fil 
négatif dans un petit cube perforé de zéolite qui étoit dans 
l’eau, des cristaux verts se ramassèrent autour du cube, ces 
parcelles n’étant point capables d'y pénéirer. 

On conçoit aisément qu'à l'aide de ces expériences multiples , 
le pouvoir électrique de la transition peut expliquer quelques-uns 
des faits principaux et les plus mystérieux de la géologie. 

En créant une échelle de pouvoirs foibles, il sera facile 
d'expliquer l'association des composés de métaux indissolubles 
avec des composés de terre renfermant des acides. 


On 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 46Y 


On a peu étudié jusqu'ici l'électricité naturelle, excepté dans 
le cas de sa concentration sensible et puissante dans l'ut- 
mosphère. . : 

Ses opérations lentes et silencieuses dans toutes les parties 
de la surface du globe, paroîtront sans doute liées d'une ma- 
nière plus immédiate et plus importante avec l’ordre et l'écono- 
mie de la nature. Des recherches sur ce sujet ne peuvent que 
jeter du jour sur nos systèmes philosophiques de la terre, 
et peut-être nous faire appercevoir de nouvelles forces qui 
paroissoient au dessus de notre intelligence. 


DESCRIPTION 
D'UNE SUITE D'EXPÉRIENCES 


Qui montrent comment la compression peut modifier 
; Paction de la chaleur ; 


Par sir James HALL, Baronet, Membre de la Société royale 
d'Edimbourg ; 


Traduit de langlais par M. A. PiCTET, de la Légion 
d'Honneur, Correspondant de l'Institut, Membre de la 
Société royale de Londres et de celle © Edimbourg ; des 
Sociétés pour Pavancement des Arts, et de Physique 
et d'Historre naturelle de Genève ; de plusieurs Sociétés 
nationales et étrangères, et Professeur de Physique 
théorique et expérimentale dans l Académie de Genève; 

Avec les figures originales représentant tous les appareils de 


quelques-uns des principaux résultats. 1 vol. 7#-8°. A Genève, 
chez Paschoud, Imprimeur-Libraire. — 1807. 


EXTRAIT PAR J.-C DÉLAMÉUHERIE. 


« L'eau et le feu, dit le savant traducteur de cet ouvrage, 
» sont les seuls agens dont la force connue puisse être en 
» rapport avec les eflets prodigieux (que présente la géologie), 
» et dont il faut rendre compte. L'action séparée de l’un ou 


Tome LXIV. JUIN an 1807. Nan 


4ta2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CMIMIE 


» de l'autre, a son caractère particulier applicable à certains 
» faits du détail. L'eau tranquille produit les dépôts en couches 
» horizontales : agitée, les stratifications ondoyantes. Le feu 
» agissant seül liquéfie , il sublime, il vaporise; mais la réunion 
» de ces deux agens crée une force particulière dont l'énergie 
> est en quelque sorte illimitée, dont les eflets sont suscepti- 
» bles d'une variété infinie, et que l’industrie humaine a su 
» mettre à profit avant que la science imaginât aussi de s’en 
» prévaloir. » 

« Mais il ne faut point oublier qu'une troisième force , la 
pesanteur, est en présence; qu’elle résiste par la pression qu'elle 
produit dans tous les sens, à l’action de ces forces expansives, 
et qu'elle amène nécessairement un état d'équilibre dans lequel 
ces forces réagissent pour ainsi dire sur elles-mêmes. Elles con- 
tiennent alors , et rapprochent par la compression qu’elles exer- 
cent, ces mêmes élémens qu'elles lanceroient au loin sans 
l'obstacle insurmontable que leur oppose la gravitation.» 

« Rechercher les effets'qui doivent résulter de cette pression, 
et les modifications qu'elle doit apporter à l’action expansive 
du feu seul, ou uni à l'eau , c’est s'occuper d'un des 
plus beaux problèmes que la physique et la haute chimie 
puissent offrir. Cette recherche a fait pendant plusieurs années 
l’objet des méditations et du travail assidu de l’auteur de l’ou- 
vrage dont nous offrons au public la traduction complète et 
littérale. » 

« Sir James Hall a prouvé avec évidence que la pression 
» modifoit essentiellement les effets ordinaires de la chaleur : 
» que 1 méme pierre, le méme coquillage qui se convertis- 
» sent en chaux à feu ouvert, conservent leur acide carbo- 
» nique lorsqu'ils sont comprimés ; que ces matières devien- 
» nent fusibles et cristallisables sous cette double action. 

» Sous la mème influence compressive les substances ani- 
males et végétales se transforment en un combustible ana- 
logue à la houille. » 

Il a déterminé l'intensité absolue de la pression qui produi- 
soit ces eflets, et il la trouvée inférieure à celle qui devoit 
exister au fond des mers. 

T'el est le but du beau travail de l’auteur, sir James Hall. 
Nous allons rapporter quelques-unes de ses expériences prin- 
cipales : ; 

Il prend de la craie pulvérisée qu'il introduit dans des tubes 
de différentes matières, de fer, de porcelaine : ceux de ‘fer 


L4 
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463 


sont ceux qui lui ont le mieux réussi. Il la refoule jusque 
dans Je fond du tube bouché hermétiquement. Il remplit le 
reste du tube de silex pulvérisé ou autres substances, et cherche 
ensuite à fermer le tube, aussi bien qu'il lui est possible, par 


du borax, du plomb............... La chaleur est d'abord 
appliquée à la bouche du tube pour vürifier le borax, ou 
fondre lehplüm br en ER MR ARS En nee 


afin de fermer toute issue aux gaz qui pourroient se dégager: 
Alors il chauffe la partie inférieure du tube où est contenue 
la craie, et il exerce sur l’ouverture supérieure du tube une 
pression plus ou moins considérable, par le moyen de grosses 
masses de fer. 


Le résultat général d'un grand nombre d'expériences qui ont 
été très-variées, a été que les tubes étant exposés à une cha- 
leur de 21 à 60 degrés du pyromètre de Weedgwood, et l'ou- 
verlure supérieure du tube comprimée par des poids considé- 
rables, /a craie ne perd point son acide carbonique; elle est 
réduite en une masse compacte, à cassure saline , appro- 
chant celle du marbre : on y a même remarqué des parcelles 


qui paroissoient rhomboïdales. Mais rapportons les conclusions 
de l’auteur. 


« Ces expériences, dit-il page 178, paroissent atteindre le 
» but qu’on s’étoit proposé ; savoir, de déterminer la moindre 
pression et la moindre chaleur, sous lesquelles la pierre cal- 
» caire peut être formée par ces procédés. Les résultats ob- 
» tenus avec divers canons de calibres différens, s'accordent 
» assez bien, et tendent à se confirmer mutuellement. 


» Le tableau montre par la comparaison des expériences 
» n° 1,2, 8,10, 11, 12, que 


S 
= 


» à Une pression de 52 atmosphères, équivalente à une 
» profondeur de 1700 pieds dans la mer, et un degré de cha- 
# leur de 21 à 25 degrés du pyromètre de Weedgwood, sont 
» capables de former de la pierre calcaire ordinaire. 

» b Sous une pression de 86 atmosphères qui répondent à- 
» peu-près à 3000 pieds de profondeur dans la mer, ou en- 
» viron + mille de profondeur d’eau, un marbre complet peut 
» étre formé. 

» c Enfin, sous une pression de 173 atmosphères, égalant 
» celle de 5700 pieds de profondeur dans la mer, c'est-à-dire 
» guères plus d’un mille de profondeur sous la mer, le car- 
#“ bonate de chaux peut se fondre complètement, et agir très- 


» 


464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 
» énergiquement sur les autres terres ; la chaleur s'étoit élevée 
» à 37 ou 41 (Eæxpér. n° 5). 

Dans le cours de ces expériences l'auteur fit une observa- 
tion qui le conduisit à de nouveaux résultats pas moins in- 
téressans, 

Il avoit employé du cuir pour fermer quelques-uns de ces 
tubes ou canons, dans lesquels des cylindres de plomb étoient 
enfermés avec les autres substances. Îl observa (pag. 181) que 
tout le cuir qui s’étoit trouvé en dehors de la bouche circulaire 
du canon, $s'étoit conservé, et avoit été seulement bruni et 
ridé par la chaleur. La portion qui répondoit à l’intérieur du 
canon avoit entièrement disparu , et il vit à la surface du 
plomb liquide, dont le canon étoit tout-à-fait rempli de 
grosses gouttes d'un liquide noir brillant , qui, par le re- 
Jroidissement, se convertirent en une matière noire et solide, 
à fracture luisante , exactement semblable à de la poix ou 
de la houille pure. Elle brüloit, mais sans flamme. Encore 
chaude , elle avoit l'odeur d'alkali volatil. La circonstance im- 
portante dans ce cas, est la matière différente, dont la chaleur 
a api sur le cuir en dedans et en dehors du canon. La seule 
diflérence des deux positions existoit dans la compression , et on 
ne peut attribuer qu'à cette circonstance la différence des eflets. 
Par cette force, la matière volatile du cuir, qui au dehors avoit 
pu s'échapper librement ; avoit été contenue au dedans du 
canon, et obligée de demeurer unie aux autres principes. Si la 
pression eût été continuée jusqu’à l’entier refroidissement, ces 
substances auroient été retenues et auroient produit une véritable 
houille, à 

L'auteur profitant de cette observation, a fait un grand nombre 
d'expériences analogues à celles-ci, pour convertir les matières 
végétales et animales en houille. Il est parvenu à convertir 
la sciure de bois (sapin) et la corne, en nue sorte de houille, 
qui brüloit avec flamme brillante. C'est en enfermant ces sub- 
stances dans des tubes avec une pression plus ou moins con- 
sidérable , et les exposant à un assez haut degré de chaleur. 

L'auteur s'élève ensuite à des vues générales, fait l’applica- 
tion de ces nouveaux faits à la géologie, et particulièrement 
au système de Hutton. « L'agent le plus puissant et le plus 
essentiel, dit-il, dans la Théorie huttonienne, est le feu, que 
j'ai toujours considéré comme analogue à celui des volcans, 
modifié par des circonstances qui doivent, dans un certain 
degré, naître dans toutes les laves ayant leur éruption. Il pense 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465 


que la chaleur des feux vo'caniques est assez considérable, et 
que leurs foyers sont ordinairement à une profondeur plus 
grande que celle que les expériences lui ont fait voir être né- 
cessaire pour produire, par la chaleur et la compression, les 
pierres calcaires , les houilles... » ‘ 

Hutton supposoit que dans quelques époques éloignées la cha- 
leur a agi sur toutes les substances pierreuses, et que pendant 
cette action ces substances étoient recouvertes d'une masse qui 
exerçoit sur elles une pression considérable..... Ces deux 
causes réunies ont été suflisantes, suivant lui, pour former 
toutes les substances minérales. 

L'auteur, dit au contraire, que personne ne doute de l'an- 
cienne situation sous-marine des couches actuellement ter- 
restres ; mais il pense que ces couches ont été soumises à une 
compression considérable , parce qu'une grande quantité de 
matière a abandonné la surface actuelle de notre globe. 
Si elles ont été en même temps exposées à un grand degré 
de chaleur , elles ont pu former toutes les roches que nous 
connoissons. 

“ La combinaison de la chaleur (ajoute-t-il, page 250) et 
» de la compression, qui résultent de ces circonstances, nous 
» conduit à la théorie huttonienne dans toute son étendue, 
» et nous permet d'expliquer, d’après ses principes, la /or- 
» mation rence de toutes les roches, avec des matériaux tirés 
» des dépôts MARINS incohérens. 

» Le sable se convertira ainsi en grès. 

» Les coquillages en pierre calcaire, 

» Æ# les substances animales et végétales en houille. 

» D'autres substances composées de diverses substances mé- 
» langées seroient encore plus fortement aflectées par la même 
» chaleur. Celles qui contiendroient du fer, du carbonate de 
» chaux et d’alkali, avec différentes terres, entreroient en fu- 
» sion très-liquide, et pénétrant au travers de toutes les fis- 
» sures qu'elles rencontreroient, elles atteindroient dans quelque 
» Cas ce qui seroit alors la surface de la terre, et formeroient 
» la lave. Dans d’autres cas, ces matières se coaguleroient dans 
» des crevasses intérieures, et constitueroient le porphyre, le 

basalte , le greenstone, ou telles autres pierres de cette classe 
» nombreuse, qu’on désigne sous le nom de whinstone. En 
même temps des couches de matière analogue, mais d’une 
» composition un peu moins fusible , entreroient dans un état 
» de viscosité, tel que l'éprouvent plusieurs corps ayant d'arriver 


VU 
2 


LV 
© 


+ 
À . 


466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


» à Ja fusion parfaite. Dans cet état, les particules, quoique 
» loin de jouir de la liberté qu’elles auroient dans un liquide, 
» sont susceptibles d'une cristallisation régulière (1), et la sub- 
» stance qui, dans cet état d'empâtement, seroit peu disposée à 
5 se mouvoir, se trouvant coufinée dans sa situation primitive, 
» par des couches contiguës de matières plus réfractaires, se 
» cristalliseroit sans changer de place, et constitueroit un de 
» ces bancs de whinstone, qu’on trouve souvent alternant avec 
» les grès et les pierres calcaires. 


» Dans d’autres cas où la chaleur auroit été plus intense, 
» les lits de sable approchant de plus près vers l'état de fusion, 
» acquerroient assez de ténacité et de consistance pour se 
» laisser fléchir et contourner sans déchirement ni fracture, 
» par l'influence des causes locales de mouvement, et pour- 
» roient prendre la forme et le caractère de schiste primitif. 


» La pierre calcaire seroit entièrement cristallisée et devien- 
» droit du narbre, ou bien, entrant en fusion plus liquide, 


» elle pénétreroit dans les plus petites fissures, sous la forme 
x de spath calcaire. 


» Enfin, dans le cas où la température seroit encore plus 
» élevée, le sable lui-même se fondroit en entier, et pour- 
» roit ètre converti par le refroidissement subséquent, plus ou 
» moins lent en granite, siénite , etc., et en conservant dans 
» que'ques cas des traces de sa stratification primitive, consti- 
» tuer le gneiss et le granit stratifié. 

» D'autres fois, en s’introduisant dans des crevasses, il for- 
» meroit des veines de granit parfait. 


0 


(1) Get état de viscosité avec ses modifications innombrables , mérite 
beaucoup d’attention, car il résout quelques-uns des problèmes géolo= 
giques les plus importans. La force mécanique que déploient quelques 
Sibstances dans l’acte de revêtir une forme cristalline est bien connue. 
J'ai vu une masse de cristaux de glace, larges et grands comme des 
lames de couteau, se former dans une masse de glaise si dure, qu’on 
venoit de l’employer à faire des tasses pour des usages Rens ee 
plusieurs de mes expériences , j’ai trouvé qu'un fragment de whinstone, 
ou.de lave, mis dans une moufle chauffée au degré où l’argent se fond, 
prenoit un arrangement cristallin et changeoit absolument de caractère. 
Pendant cette métamorphose, le fragment s’amollissoit jusqu'à céder à 
l'impression d’une baguette de fer. Il conservoit cependant assez de con- 
sistance pour ne point se déformer de lui-même sous la moufle, et 
conserver tous les angles aussi vifs qu'avant l’expérience. 


ET D'HISTOIRE FRATURELLE. 46% 


5 En conséquence de l’action de la chaleur sur une quan- 
» tité de matière aussi considérable , ainsi amenée à un état 
» de liquidité complète ou partielle, et dans laquelle, nonob- 
» stant l'énorme pression , quelques substances seroient vola- 
» tilisées, cette élastification devroit produire, dans la masse 
» comprimante, des soulèvemens répétés qui améneroient enfin 
» des couches à l’état où nous les voyons actuellement. 

» La théorie de Hutton embrasse un champ si vaste, et 
» suppose des agens si puissans, exerçant leur influence dans 
» des circonstances et des combinaisons tellement insolites, 
» que plusieurs de ses branches sont encore imparfaites, et 
» doivent donner lieu, peut-être pour long-temps encore, à 
» des objections partielles et plausibles , lors même qu’on 
» auroit adopté la doctrine fondamentale. Cependant j'ose 
» croire avoir atteint suflisamment le but que je m'étois pro- 
» posé, puisque je suis parvenu à mettre en fusion de la pierre 
» calcaire sous une pression donnée. Ce résultat, fût il isolé, 
» formeroit une forte présomption en faveur de la solution 
» appliquée par le docteur Hutton , à tous les phénomènes 
» géologiques; car la vérité du principe le plus diflicile à ad= 
» IMmetire, parmi ceux qu'il adopte , auroit été ainsi établie 
» par l'expérience directe. » 


NOUVELLE MÉTHODE 


DE CLASSER LES HYMENOPTÈRES 
ET LES DIPTÈRES, 
AVEC FIGURES; 


Pir EL JURINE, etc. 


À Genève, chez Paschoud. 1 vol. 22-42. 


—————————————————— 
EXTRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. 


« L’immontec Linné,/dit l'auteur, dans son Système de la Na- 
» ture, a fondé sur les ailes des insectes, l'édifice de leurs classes, 
» mais il ne l’a fait que d’une manière générale. Aucun auteur, 
» à ce que je crois, n’a examiné avec assez d'attention ces 


453 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 


» parties pour y trouver les bases d’une méthode qu'on peut 
» leur appliquer. » 

» Ayant étudié les ailes des hymenoptères (c’est-à-dire des 
» insectes à quatre ailes, tels queles abeilles , les papillons, ...) 
» et des diptères (ou insectes à deux ailes, tels que les mou- 
» ches.)... Sur l'invitation de mon ami, M. Faurebiguet, j'ai 
» remarqué que leurs nervures en s’entre-croisant, ou s’anas- 
» tomosant les unes avec les autres , formoient un réseau 
» cellulaire plus ou moins varié, dont on pouvoit tirer de 
» bons caractères génériques , puisqu'il étoit invariablement le 
» même dans les insectes d’un méme genre. Comme les ner- 
» vures des ailes ne frappent pas les yeux , d'une manière aussi 
» sensible que les cellules qu'elles forment , j’ai destiné de 
» préférence ces dernières à la détermination générique; con- 
» séquemment je dirai dans la suite les ce//ules de l'aile plutôt 
» que les zervures, ce qui revient au même dans le fait, 
» puisque les unes ne sont que le résultat des autres. » 

L'auteur donne ensuite la description de ces cellules. 

La grande aile présente dans son bord externe, ou antérieur, 
si elle est censée étendue, deux grosses nervures parallèles qui 
sortent du corselet, qui se terminent au point de l'aile, et qui 
sont fortement unies l’une à l’autre par une expansion de la 
membrane qui constitue l'aile. J'ai donné le nom de radius 
à la nervure externe , et celui de cubitus à l’interne (4, b, 
Jig- 2, pl 1). 

On voit sortir du point de l'aile une nervure qui, en se 
dirigeant vers le bout de l'aile, laisse entre elle et le bord 
externe de l’aile, un intervalle membraneux ou une cellule, 
dont la figure varie suivant l’inflexion de la nervure, et que 
je nomme cellule radiale, cellula radialis. 

Il arrive quelquefois qu’une seconde nervure coupe en deux 
cette cellule primitive ; alors il y a deux cellules radiales 
{a, fig. 4 et 5, pl LE). 

Dans quelques individus la cellule radiale est terminée par 
une très petite cellule, que je nomme cellule appendicée , 
cellula appendicea Cas fie: 5}, pli): 

De l'extrémité du cubitus et près du point, on voit sortir 
une autre nervure , qui se dirige aussi vers le bont de l'aile. 
L'intervalle forme une grante cellule que j'appelle cubitale, 
cellula cubitalis (fig. 4, pl TI). 

Elle est quelquefois divisée en deux, trois, quatre parties, 
par des nervures transversales (fig. 2, 3, 5, pl. 1). 

Il 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4C9 


T1 y a des ailes dans lesquelles la nervure qui forme la cellule 
cubitale n'atteint pas le bout de l'aile, et la cellule n’est pas 
Re Je l'appelle 22complète, cellula incompleta (b, fig. 4, 

AE 
: TH quelques genres les nervures d’intersection, qui des: 
cendent de la nervure radiale, sont disposées de manière 
qu'une des cellules cubitales, ordinairement la seconde, paroit 
être supportée par une tige en forme de pétiole. J'appelle ces 
cellules pétiolées, cellulæ petiolatæ (b, fig. 3, pl. X). 

C’est sur la présence ou l’absence, le nombre et la figure de 
ces cellules cubitales et radiales, qu'est fondé le premier de nos 
caractères génériques chez les hymenoptères. 

Les cellules cubitales reçoivent fréquemment du réseau de la 
partie postérieure de l'aile, que je suppose ouverte, une ou deux 
nervures ascendantes qui sortent des rervures brachiales (g, 

g. 2, pl. I), et qui s'insèrent tantôt à la première et à la 
seconde des cellules cubitales, tantôt à la seconde et à la troi- 
sième, d’autres fois à une seule cellule. Je les appelle rervures 
récurrentes, nervr recurrentes (f, fig. 2 et b, fig. 5, pl. 1). 

L'auteur ne néglige pas les autres caractères tirés des mandi- 
bules et des antennes. 

La méthode qu'il propose est donc fondée sur trois carac- 
tères génériques essentiels : 

1° Les cellules d’une partie de l'aile antérieure ; 

2° Les mandibules; 

3° Les antennes. 

Il divise la classe des hymenoptères en trois ordres. 

Le premier renferme les insectes dont le ventre est contigu 
au corselet. 

Le second, peu nombreux, comprend ceux dont le ventre est 
implanté par un pétiole sur la partie postérieure du corselet. 

Le troisième , qui est le plus considérable, contient ceux dont 
le ventre est fixé derrière le corselet par un pétiole plus ou 
moins alongé. 

Aux objections qu’on a faites à l'auteur , et à celles qu'il a 
faites lui-même contre les méthodes des autres entomologistes, 
il répond : 

_ « Ma devise a toujours été, /ari quæ sentiam. » 

Ce doit étre celle de tout homme qui coñnoit sa dignité. 


Tome LXIF. JUIN an 1807. Ooc 


OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES 


BAROMÈTRE. 
RE et at el pe | En 


A Mint. 


135 H2r,rjà 4 km. + 9,5] +-20,41à tofs dUS: ..27.11,00|27.11,08 
dois. Hor,3là 4m. “+ 9,1] +20,81à 5 m.....…. ET MOT API 27.10,40|27.11,00 
hors. +18,8/à 44m. + C4] 416,611 4H m..:!. AIRIS 00e 427 QE 27:10,12 
aa midi +r9,0à8+st Æir,8 “19 ofà 8 m re SRE à 8+s1,...27.16,48|27. 8,50 
5fù midi +10,21à 5m. + 8,6| +18,2 à 5 me... EC) EL AR AUE 27 3,75 CREME 263 
Er midi -15,2là 105. + 8,9 ATOS crea 27. 3,45|27. 3, 168 
7: à midi +136 à 1015. + 6,6 PO Mile Re 27. 5,40|97. 6: ,7D 
là 44m. - 5,2 LIO S.. .27.10,15|27. 11,30 
à 5 m. : Æ 9,9 à 65 -27: 6,55|27. 8,25 
I ol10Ès. + 8,3 BA ro 5.2... .27. 6,92|27. 7,77 
ja 2 30l6 m. + 7,0 \6m:....:.27.11,70|28. 0,57 
ofù 3 5. 3,8|à 6 m. 10,6 AIO RS ele sd 27. 8.00 |\27.10,58 
IA OU ZS. Hi14,3là 6m. + 9,5 EU PODEN TE 27: @,31|27. 9.60 
128145. +15,6 à53 m. + 0,2 AMIS Me. 27.E1,75]20.00,00 
of os. 18,8/à 5m. 11,6 à bm.:.---.27.11,01128. 0,35 
1684 midi 416,2 à 10ËS. +r2,2 41458. NU2001,55|28. 2,64)" 
178 midi Æro,7|à 8 mi. 11,2 d'OS 28: 1,65/28. 1,66 
16fa 235. —Ær9,3|à 11< S, 11,1 à 5+m....26. 2,40]28. 2,65 
Icha JS. +18,0/à 113 -s. + 7:6 à 11 $5....28.:3,10/28, 3,79 
20 315. +15,2/à 42m. + 4 8 TES cle ee 28. 0,65|28. 2,95 
218à 45. 174 à 43m. + 6,9 APAES eee 27.11,75|28. o;15 
228a 95.  HLr6,3|? à4%m. + 8.6 d43m..... 28.11,50|28. 2,25 
26813 s. —Lz2o,3là 45 m. + 95 à 10 às.....28. 1,50[28. 2,25 
2481 5 s. —+22,4/ à4m. +1 1,8 AIO + S..L «1e 27-11,77|28. 1,15 
2881 2 8 + 29,2 à3 3 Me +11,2 à5 25 APCE 27.10,60 27.121,29 
2641 imidi Æ18,5/à 11 45. 11,7 ag S....... 27.11,72|27.11,05 
2741 midi +-18,4|là 3£ m. 10,8 à3+m 28. 0,71/28. 1,00 
o08a midi Æ17,0ofà gs. + 98 à 9s...... 27-10,66 28. 0,40 
20435. + 8,,4/à6m + 6,2 ads er 27+ 7,80|27. 8,25 
Soft 4 s. <-13,1|à 6m. : + 8,4 À OM. se se 27. 8,40|27. 9,48 
3ià midi <+ir,7là 105, — 7,9 à 7 D......27.11,06|27. 11,72} 
RECAPITULATIO N. 


Plus grande élévation du mercure. 
Moindre élévation du mercure..... 
Élévation moyenne 108403 
Plus grand degré de chaleur. 
Moindre degré de chaleur....... 
Chaleur moyenne 
Nombre de jours beaux... 


..28.3, 84, le 19 à 68 Xm: 
27.3, 45, le 6 à 8h.s. 


27.9,64 
ÉtrS dle2qàss. 
+ 46,le 20 à4: ma 


+ 15,6 
18 


Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0",07058 — 2 pouces 7 1... 


A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS, 
MAI 1807. 


& POINTS . VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE. 4 
d En | 
# LUNAIRES. H 
a LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. 
ce DR 
I Ciel nuageux. Ciel assez beau. Ciel un peu voilé. 
2 Apogce. Brouillard; q. nuag. |Ciel nuageux. Ciel voilé. 
3 Brouill.; ciel voilé. |C. très-c.; pl. assez f.|Pluie par interv. A 
4 Pluie fine. Giel à demi-couv. |Pl., orage, écl. ton.|f 
5 Ciel couv. en barres. |Ciel néb. et à demi-c.|Pluie , écl., ton. tr.-f. |£ 
6| 74,0/S. Ciel couvert. Ciel nuageux. Pluie forte; tonn. Ë 
71 72,0[S-0. très-f. N- L. Idem. Ciel très-nuag. Plus. av.; ciel as. b. 
8 S-0 Beau ciel: Ciel couv. Pluie par interv. 
9 C. c.; tempêt.t. la n.|Ciel très-couvert. |Fortes av. par int. 
10 Ciel couv. ; pluie fi. |Cieltrès-nuageux. [Fortes av. par int. |k 
II Ciel couvert. Id. Ciel couv. ; petite pl. | 
12 C. c.; pluie f. et ab. | Temps pluvieux.  |Ciel couv. p. interv. |É 
13 Ciel couv. Pluie abondante. |Pl.finect ab. p.int. 
14 P. Q. Ciel très-couy. Très-couv. Très-couvert. fl 
15| 88,0|S-0. Ciel couvert. Ciel nuag. et voilé. |C. voilé, as. b. p. int. |f 
16| 82,0|S-O. très-f. | Eqnin. desc. Idem. Ciel très-nuag. Ciel à demi-couv. 
17] 82,0/E-N-E.  |péigée, Ciel à demi-couv. [Ciel un peu nébul. [Ciel superbe. 
18| 70,0|E-N-E. Ciel superbe. Très-beau ciel. Idem. 
19] 68,0[N-N-E. Légers nuages. Id. Id. 
20, 65,o|N-E fort. Brouil.; ciel vapor. Id. Id. 
21| 56,0|E. P.L Idem. : Id. Id. 
22| 56,0|E. fort. Idem. Id. Id. 
23| 62,0|Calme. Idem. Id. Id. 
24| 62,0|E. Nuages en barres. Id. Idem. 
25] 58,0/S-E. Ciel superbe. Ciel voilé. Ciel à demi-couv. 
26| 69,0]S. très-f. Ciel très-nuageux. |Cielcouv.; pl. abond.|C'el fort beau le soir. |f 
27| 73,0[S-O. tr.-f. Idem. Ciel entièr. c. ; pluie.|Ciel couvert. 
26| 70,00. foible. Ciel couv. Légérement couv. uelq. g. d’eau p. int. 
29] 78,0,N-N-0. |D.Q Pluie p. la n.;ilpleut.|Pluie continuelle. Ciel couvert. 


. Apogée. Ciel couv. Ciel très-nuag. Plus. av. dans la soir. 
31| 83,0[S-S-0. Equin. asc. |Ciel c.; pl. par inst. [Pluie par interv. [Pluie par interv. 


RÉCAPITULATION. 


de couverts...... 17 
déplier 12 

de vente. see 30 
Jeelée rec o 

de tonnerre...... 3 

de brouillard..... 5 

de neige......... o 
NN ee ere ess eot 2 
NERF cm enlaeosenle 3 
J PATES ME tard a 
Jours dont le vent a soufflé du { SE" 5 


EE ÆE 5 5 " SIENS SONT TT PRIE SSSR ENTER EE Re 
. Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de l'atmosphère , on a divisé le jour en 
trois parles : la première contient les variations depuis minuit jusqu'à 9 heures du matin; la 
seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures; enfa la troisième depuis 3 h. du soir au minuitsuivant. 


472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » 


ESRI TOP TE CON NT NN QE RS MERE RQ PLV ALP ER MORE 


ANALYSE 


DE LA STILBITE ROUGE,DU TYROL; 
Pan LAUGIER. | 


EXTRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. 


Fausas a rapporté de son voyage dans le Tyrol, cette 
cubstance qui se trouve dans la vallée des Zucanti dans le 
Vicentin. Laugier en a fait l'analyse qu’il a publiée, Annales 
du Muséum, cahier 49. 

Elle ne fait point gelée dans les acides comme les zéolites, 
Il en a retiré, 


SUCER HAE ELRER TR ANNE 45 
Carbonate de chaux.......... 16 
Chaux combinée: .thi 2.10 11 
Eau de cristallisation......... 12 
Alurmine.. RS RER ET ERIN NET. Wa 
Here es SR NET LENS EE 4 
Manganèse. "4 0.50 
Perte: ee ss Ent ARE EE Le D D 


L'auteur conclut de ces faits, 

1° Que cette substance n’est point une zéolite puisqu'elle 
ne fait pas gelée; 

2° Qu'elle n’est point une trémolite (1) puisqu'elle ne contient 
as de magnésie ; 

3° Qu'elle est une vraie stilbite. 


(1) Je me sers du mot trémolite, adopté par tous les minéralogistes ; 
et nou de celui de grammatite, qui est impropre. D'ailleurs la ligne qu’on 
a voulu exprimer ne s’y trouve que très-rarement. On a bien conservé 
les mots strontiane , pinite, arragonite , ménilite... qui sont des noms 


des lieux où ces minéraux ont été trouvés : pourquoi baunir celui de 
trémolite ? 


ET-D'HISTOLRE NATURELLE, ,,,,, 47% 


ANALYSE DE LA ZOYSITE; 


Pan KLAPROTIE ex BUCH,OLZ, 


CrTre substance, à laquelle Weérnér a donné le nom du 
célèbre minéralogiste ‘Zoys, paroit être une espèce de thallite 
de couleur grise. Elle a beaucoup de AE APIARE avec le 
thallite gris du Valais. 


Klaproth en a analysé une espèce qui se trouvérà Savalope 
ën Corinthie, Il en a rétres 


SIMCA Me MAR ME Eee 45 
AluminE , fu etat ep TE 29 
Chaueeue secs Die rereciadst 24 
Fenoxidessr edition cet: Le. 5 
CLIS na: cle -HAND-ES-putint 2, 

Un autre morceau un peu décomposé lui a donné, 
LIT - HÉROPENE és COLOR TO! 
Alumine....:. . der dan ...1 20° 50 
Ch PR rene de AE Le, 

Fer oxidé âveé une tracé der 
MANPATOSE 5 Se sfut o eole e RAT O0 DE 
‘Perte par le grillage. ....:.... 0.79 


Bucholz a également fait l'analyse de la zoysite. Il en 4 
retiré, 


REA SR BE HS HR 40.25 
Alümine...... PRE 2 dau ot 30.25 
Chaux ..,... BE ! LAPS 26.04 
Fer oxidé avec träce de man- 
gamèse- rt. Ter 4.50 


Lau de te RS et erte. 
parle grillage jusqu’ au blanc. 2 


474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE) 


ANALYSE 
DE LA TERRE DE VÉRONE; 
Par VAUQUELIN. 


CerTe terre employée dans la peinture, à cause de sa belle 
couleur verte, se trouve à Monte-Bretonico , dépendance de 
Monte-Baldo, dans le Véronois. Faujas en a rapporté de son 
voyage d'Italie de beaux morceaux. 

Elle est douce au toucher; 

Fond au chalumeau en verre noir. 

Chauffée à une chaleur rouge, elle prend une couleur jaune, 
et perd 4 à 5 centièmes de son poids. 

Vauquelin, à qui Faujas en avoit remis, en a retiré (1), 


Si iCe 2, ASE UE. CRETE .… 52 
Éer'oxmdes 2 ER LINE ANR 23 
Potasses 20 UN IR BRAS ae 7.5 
Alumine.:...-:..... Mere: 7 
Magnésie..... FN DRE ADEME 16 
DE En M RS EE de 


Acide muriatique, manganèse et chaux, quantités 
inappréciables. 


La quantité de fer que contient cette substance , à fait dire 
au savant chimiste qui en a fait l'analyse, que ce métal y est 
dans un véritable état de combinaison. « Je pense, dit-il, que 
» souvent le fer est en vraie combinaison dans les composés 
» pierreux, et particulièrement ici, dans la terre de Vérone. » 


(1) Aunales du Muséum d'Histoire naturelle, cahier 51. 


ET D'HISTOIRE NATURELLE | 475 


NOUVELLES LITTÉRAIRES. 


12401 


re) 


. Manuel. de la Saignée; utilité de celle du pied ; danger de 
celle du bras; principes et moyens pour Îa rendre toujours 
salutaire et pour employer les sangsues : ouvrage d'une utilité 
domestique, avec des notes et observations sur la vie et sur 
le système sanguin; par Alphonse Leroy, ancien Docteur- 
Régent de la Faculté; Professeur de l'Ecole spéciale de Mé- 
decine de Paris; Membre de la Société de l’Ecole de Médecine, 
et de plusieurs Sociétés savantes ,'etc., etc. 15 | 

Un vol. i7-12 de. 300 pages. Prix : 2 fr. 5o c. broché, et 3 fr. 
par la Poste, franc de port. 

À Paris, chez, F.-Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 10. 

Le nom du célèbre Professeur, qui est l’auteur de cet ou- 
vrage , est un sûr garant de son utilité. 


Tome troisième de la Campagne des Armées françaises , en 
Prusse , en Saxe et en Pologne, sous le commandement 
de $. M. l'Empereur et Roi, en 1806 et 1807: 
Ouvrage destiné à recueillir les grands événemens qui s’y 

sont passés , et les actions d'éclat des généraux, officiers et 

soldats, é 
On y a joint des notices biographiques sur ceux qui ont 

péri dans cette mémorable campagne, ainsi que des détails his- 

toriques et militaires sur les siéges et batailles qui ont eu pré- 
cédemment lieu dans les contrées où les Français viennent de 
porter leurs armes. 

Ouvrage orné de vingt-cinq portraits, gravés en taille-douce, : 
tant des principaux commandans, généraux et ofliciers natio- 
naux et étrangers, que des personnes qui ont accompagné Sa 
Masesté. 219 

Tome IT, 72-89, avec les portraits du Maréchal Ney, du 
Général Fénerols, du Duc de Brunswick, mort par suite des 
blessures qu'il a recues à la bataille d'Jena ; et du Général 
Kalkréuth.— Le tome IV contiendra; oùtré plusieurs por- 
traits, une cârte géographique détaillée du théâtre de la guerre. 

Prix du tome HT, 5 fr. broché, et 6 fr. par la Poste, /rane 


476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 

de port, dans téüt l’Eipire francais. Le tome I coûté 5 fr:"ét 

6 fr., franc de port; le tome Il, 6 fr. et 7 fr. 5o cent., franc 

de port «y L À or: TTON" 
À Paris, chez F' Buisson, Libraire , rue Git-le-Cœur, n° 10. 
Le lecteur sent assez tout ce que cet ouvrage doit avoir 

d'intéressant. | 


SBisoneb hair halo an Sins, nl LE 
“Rapports de VAE vel lès Êtrés orsbnités jou Traité de 
l'Action du Pouron ‘et de la Peau des Animaux sur l'air, 
comme de celle des Plantes sur ce fluide ; tirés' des Journaux 
d’Obseryations et d’Expériences, de Lazare Spallanzani, avec 
quélques Mémoires de l'Editeur sur ces. matières : par Jean 
Senebier,, Bibliothécaire de Genève ; membre de diverses Aca- 
détnies ‘ét Socictés sayantes , et Correspondant de l'Institut 
national.',, , è PAAIUT ÉTERNEL 
‘3 vol. in-8 de 1350 pages. Prix: 12 fr. pris à Paris, et 15 fr. 
20 cent., francs de port, par la Poste. 
‘A Paris, chez F. Buisson, Libraire , rue Git-le-Cœur, n° ro. 
Les travaux de Spallanzani ont tous un caractère particulier 
de nouveauté et d'utilité. Celui-ci n’est pas moins précieux 
que les autres, et c'est un nouveau service que le célèbre. 
Éditeur rend aux sciences. 
Recherches sur la Nature et les Lois de l'Imagination ; par 
Ch. Victor Bonstetten, ancien Baillif de Nion; de l'Académie 
royale des Sciences de Coppenhague, elc. 
2 vol. z1-8°. de 600 pages. Prix : 5 fr., et G fr. Bo cent., 
francs de port, par la Poste. 
. À Paris, chez F, Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 10. 
Un traité sur l’imagination est sans doute un des plus piquans. 


Corsa del bacino di Rodoneæ et per la Liguria d'occi- 
dente, etc.; c'est-à-dire, Course dans le bassin du Rhône, 
et dans la Ligurie.occidentale, divisée en six sections, dont 
la principale, celle qui a été le motif de cet ouvrage, contient 
l'orictographie des Monts-Coirons, situés dans la ci-devant 
province du Vivarais, aujourd'hui le département de l'Ardèche ; 

ar J. Marzari-Pencati, de Vicenze, de la Société Olympique; 
Membre de la Société des Naturalistes de Genève. 

A Vicenze, de l'imprimerie de Paroni. Un vol. in-8°. | 

L'auteur partit de Paris le 10 juin, et il se rendit à Saint- 
Fond, proche Montelimart, chez son ami Faujas; ils firent 
quelques courses minéralogiques ensemble ; de là il fut Fi 

es 


ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477 


les Coïrons, et des terrains volcaniques les plus intéressans de 
toutes les contrées méridionales de É France. Il en donne une 
description intéressante, accompagnée de plusieurs planches 
qui représentent différentes chaussées basaltiques. 

Il donne la description du lieu où Faujas a trouvé cette 
singulière pierre dont il a fait la brique qui nage sur l'eau. 
« La matinée du 23 août, dit-il, nous fûmes à Rochechauve, 
en traversant un bois de châtaigniers, qui est un sol volca- 
nique dont la végétation est surprenante. Avant d'arriver au 
château , nous trouvâmes un schiste zappant à la langue, 
disposé en feuillets horizontaux, posés sur du calcaire, et 
recouverts par des terrains volcaniques. Ce schiste a été nommé 
par Faujas, terre légère, parce qu'il en a fait des briques qui 
nagent sur l’eau, semblables à celles que Fabbroni a faites 
avéc une substance trouvée à Santa-Fiora en T'oscane. Faujas 
m'a dit que l’analyse de ce schiste a été faite par Vauquelin, 
qui en a retiré, 


Sie SEP nee MOSS, 1 55 


Chaux ‘carbonatée.......... 22% 
AltmiIre eee RL, RE) 
Eau nent Srpere T0 


Ces résultats sont à-peu-près semblables à ceux qu'a obtenus 
Fabbroni du schiste de Toscane, excepté la magnésie, qui 
est 0,22 dans celui-ci, et qui ne se trouve pas dans celui de 
Rochechauve. 

Après avoir visité Lous ces cantons, il descendit le Rhône 
et se rendit sur les bords de la Méditerranée, et de là dans 
la Ligurie occidentale. IL a vu tous ces terrains en savant 
minéralogiste et géologue. 

Je ne parle pas, dit-il, de la lithologie de la Ligurie, parce 
que je n'y ai pas fait un assez long séjour. D'ailleurs Saussure 
en a traité assez au long, et mon illustre collègue de voyage 
(Faujas) a fait sur ce pays plusieurs observations importantes 
qu’il doit publier. 

Gênes possède plusieurs naturalistes distingués, qui ne man- 
queront pas de faire connoitre les choses les plus intéressantes 
de leur pays, savoir, Maximilien Spinola pour l'histoire des 
insectes; Viviani et Bertolloni pour la botanique ; et les frères 
Mojon pour la minéralogie. » 

Nous regrettons de ne point suivre l'auteur dans toutes ses 
£ourses; car on voit quecet ouvrage ne peut qu’intéresser ceux 
qui s occupent des sciences naturelles. 


Tome LXIV. JUIN an 1807. Ppp 


473 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIK 


om mem} 


TABLE 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. 


Mémoire sur quelques effets chimiques d’Electricité ; 


par Humphry Davy , Ecuyer. Pag. 421 


Description d'une suite d'Expériences qui montrent 
comment la compression peut modifier l'action de 
la chaleur; par sir James Hall, Membre de la 
Société royale d'Edimboure. Extrait par J.-C. 
Delamétherte. 

Tableaux météorologiques ; par Bouvard. 

Analyse de la Stilbite rouge du Tyrol; par Laugier. 
Extrait par J.-C. Delamétherie. 

Analyse dela Zoysite; par Klaproth et Bucholz. 

Analyse de la terre de Vérone ; par Vauquelin. 

Nouvelles Littéraires. 


TABLE GÉNÉRALE 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. 


HISTOIRE NATURELLE. 


Discours préliminaire, par J.-C. Delumétherie.  Pag. 

Observations faites le 1% octobre 1806, sur l'ébou- 
lement du Ruffiberg, dans le canton de Schwytz ; 
par Théodore de Saussure. 

Lettre de Stazic, sur les Mélanites de Polognes 

De l'Antophyllite; par J.-C. Delamétherie. 

Traité élémentaire de minéralogie, avec des appli- 
cations aux arts ; ouvrage destiné à l'enseignement 
dans les Lycées nationaux ; par Alexandre 
Brogniard. Extrait par J.-C. Delamétherie. 

Nouvelle méthode de classer les Hymenoptères et 
les Diptères, avec figures; par L.Jurine, Extrait 


ET D'HISTOIRE NATURELLE 


PHYSIQUE. 


Mémoire sur deux nouvelles classes de conducteurs 
galvaniques ; par M. Erman. 
Tableaux Météorologiques ; par Bouvard. 
= Novembre et Décembre. 
Janvier. 
Février. 


Nouvelle Méthode pour la résolution des équations 
numériques d'un degré quelconque;, d'après laquelle 
tout le calcul exigé pour cette solution , Se réduit 
à l'emploi des deux premières règles de l'Arithmé- 
tique; par M. Budan, Docteur en Médecine. 

auteurs de plusieurs lieux déterminés par le ba- 
romètre , dans le cours de différens voyages faits 
en France, en J'uisse, en Italie; par F. Berger, 
Docteur- Médecin de Genève. 

Suite. 


Note sur une nouvelle planète , découverte par Olbers, 


Expériences électriques sur le verre considéré comme 


bouteille de Leyde, et sur le carreau garni; par 
I. *#+ 


CHIMIE. 


Sur la Blende ; par le Professeur Proust. 

Troisième suite des recherches sur les lois de 
L'Affinité ; par Berthollet. 

Suite. 

Recherches sur les moyens de remplacer économi- 
quement la corde à feu dans Le service de l 4r- 
tillerie ; par le Professeur Proust. 

Extrait sur l'Ether muriatique ; par Thenard, 
Professeur du Collége de France. 

Note sur la découverte de l'Ether mnuriatique ; par 
le méme. 

Expériences sur les combinaisons du soufre et du 
charbon et sur l'h iydrogène contenu dans ces sub- 
Séances ; par .-B. Berthollet fils. Extrait. 


479 


121 


1:16 
190 
258 
358 
418 
470 


279 


220 
285 
354 


372 


150 
168 
193 
249 
266 
266 


273 


480 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc. 


De l'Yénite; par Lelievre. 

Mémoire sur la composition de l’ Alcohol et de 
l'Ether sulfurique ; par Théodore de Saussure. 
Extrait d'une lettre de M. Gehlen, à J.-C. Delamé- 

cherie , sur l'analyse des os. 

Observations chimiques sur Les procédés à suivre 
dans l'art de faire le vin rouge, surtout lorsque le 
raisin ne parvient pas à parfaile maturité; par 
Sampayo. 

Troisième suite d'Expériences sur une substance 
artificielle renfermant les principales propriétés 
caractéristiques du Tan, avec quelques remarques 
sur le charbon; par Charles Hatcheit, Ecuyer. 

Art de la teinture du coton en rouge; par J.-4. 
Chaptal. Extrait par Thenard. 

Mémoire sur quelques effets chimiques d'Electricité; 
par Humphry Davy , Ecuyer. 

Description d'une suite d'expériences qui montrent 
comment la Compression peut modifier l'action de 
la chaleur ; par sir James Hall ; traduit par 
Pictet. Extrait. 

Analyse de la Stilbite rouge; par Laugier. 

Analyse de la Zoysite; par Klaproth et Bucholz. 

Analyse de la terre de Vérone; par Vauquelin. 


Pag. 278 
316 


390 
416 
421) 


461 
472 
475 
474 


Nouvelles Littéraires....112....788....208....557....475 


FIN DE LA TABLE GÉNÉRALE, 


Journal de Physique. (Juin 1607.) 


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