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DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE,
D'HISTOIRE NATURELLE
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_ AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE:
Par J.-C. DELAMÉTHERIE.
JANVIER 1807.
TOME LXI V.
A PARIS,
Chez COURCIER,, Imprim.-Libraire pour les Mathématiques,
quai des Augustins, n° 57.
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JOURNAL
“D'EPHY SL O UE:
anus DE: CHIMIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
JANVIER ax 1807
DISCOURS PRÉLIMINAIRE: |
Pin J.-C. DÉLAMETHERIE.
»
Cuaque jour confirme que /es connoissances -humaines
reposent entièrement sur les faits. Aussi s’attache-t-on prin-
cipalement aujourd’hui à recueillir des -faits nouveaux ,, et À
constater ceux qui sont connus. C’est cette méthode sage qui
fait faire des progrès si rapides aux sciences naturelles.
On réunit ensuite les faits analogues, et on en-tire des
conséquences générales, qui portent le nom de systèmes. On
dit ;par: exemple , ‘un système de:corps qui agissent les uns
sur-les autres. «. FOI j97 #4
Newrox réunit un grand nombre de faits quiluixprouvèrent
que tous les corps, à de certaines distances, agissoient les
uns sur les autres en raison de leurs masses et de l'inverse des
quarrés des distances. Aucun fait n'a démenti cette loi : d’où
on a conclu que tous les corps que nous connoïissons for-
ment un système de substances qui s'attirent réciproquement.
Tome LXIV. JANVIER 1807 ‘ A
CA
6 CIOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE: ©
Plusieurs physiciens recommandables, voyant les erreurs
mulipliées, où tombent ceux qui vont au-delà des faits, pen-
sent qu'il ue sg\ber er à constater les faits, et qu'on doit
abandonéeritoutés recherches sur les causes.de ces faits. Ils
se contentent de désigner vaguement par le mot de Force
la cause quelconque des divers faits qu'ils observent; mais
cette réthode est-elle telle qu'on doit Suivre dans|l'étude de
la philosophie naturellé? 7 PT ML ENT
Newrow, après avoir constaté, comme GÉOmÈTRE, les lois
de l'attraction , a-;penséy, contTme, PHILOSOPHE THÉORICIEN ;
qu'il falloit en rechercher la cause dans l’âction d'un fluide
quelconque ( Optique, question XXI). Suivons l'exemple de
ce” premierides physiciens. 71 {4127 TT
° C’ést la réchérche dés causes dés faits qui constitue ce qu'on
appelle ruéomie. Les philosophes de la Grèce ne connoissant
pas par exemple la cause qui fait monter l’eau dans les pompes
aspirantes , exprimorïerit :cette câusé par une horreur pour le
\
vide, qu’ils supposoient dans la nature.
Le vuéoncren Toricelli prouva que l’eau ne montoit dans
cette pompe que. par,la préssion-de l'atmosphère. =: +
Le.chmirite praeier savoirs que le$ corps’ ne’brüloient_pas
dans les vaisseaux fermés.
Le chimiste THÉORIGIEN a,prouyé que c'étoit par, défaut d'air
vital. Il a fait brûler du soufre dans les vaisseaux fermés, en
mélangeant ce soufre avec du nitre, parce que le nitre fournit
de l'air vital.
Le mnédecin seulement praticien borne sa pratique à l'obser-
vationidés fañtsn2onon 29 * (09, 7u0( 4594
-1be médecirmaéoricrex tâche de connoître les causes de ces
faits, etréclaire sapratique par la théorie : car autrement la
médecine-n’est plus ‘qu'un empyrisme: : Ugo 1975120109
UNE ‘THÉORIE DANS LA PHILOSOPHIE NATURELLE EST DONC LA
CONNOISSANCE DES C£USESI DES DIVERS FAITS QU'ON OBSERVE.
{IL faut sans doute étrebrés-circonspeot sur toutes les raéoRIES;
mais vouloir. n'accumuler que des faits sans. en rechercher les
causes , c’est retarder certainement la marche des progrès de
l'esprit humains: ie} ab s1d 10 2) GTV AA
DE avt où 10 Eu AS TR ONOMIE.
RU 39 i1 Saturne.
À
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= 2 LL O LUS « y { "
Herschel.a fait de nouvelles. observations sur Saturne. De
tous les bjèts, dit-il, que nous présente la voûte céleste,
‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7
Sarurne est celui qui nous offre le plus de variétés. Un globe
magnifique ceint d’un double anneau, accompagné de sept
satellites , orné de bandes ‘équatoriales , comprimé vers :ses
pôles, tournant sur, son axe, éclipsant :tour-à-tour son anneau
et ses satellites, et éclipsé par eux, l’anneau extérieur tour-
nant sur son axe, ainsi que le plus éloigné dés satellites.
Tels sont les phénomènes que présente cette planète.
Ce célèbre astronome avoit annoncé en 1776, qué Saturne
n'étoit pas parfaitement rond. Il a repris ce travail et il à
déterminé ‘une partie de l'irrégularité de la figure de cette
planète.
? Diamètre de’ l'équateur... 4,44. 4440440055
Diamétre polaire tnf. LIU, Lo UE. el soi Ba
Diämètre aux points de la plus grande courbure. 86
. Le point de la plus grande courbure paroît être
Ja la latitude de.......:91% DT. tu/beN 48020!
Cette irrégularité de la courbure de Saturne paroît venir
de l'action de l'anneau sur le corps de la planète.
De da Lune:
L'astronome espagnol de Ferrer a observé l’éclipse centrale
du Soleil du 16 juin , à Albany, latitude de 420 25’; d’où
Lalande a conclu de cette observation qu'il falloit augmenter
de 2" le demi-diamètre de la Lune qu'il a employé dans ses
Tables. Ménne EE Re “
Le disque de la Lune parut éclairé 7’ avant la fin de
l'obscurité, ce qui semble prouver ‘que là Luné 4 une petite
atmosphère. QE ca
Devitt a écrit à Lalande qu'on avoit observé surle disque
noir de la Lune un point lumineux. Ce point lumineux qui
a été déjà observé dans d'autres circonstances, confirme l'éxis-
teñce d'un volcan däns cette planète. DA ENE Pr
, 97°" Comète.
… Pons.a observé à Marseille cette comète qui est, la gène con-
nue. Elle a été vue de près à Paris, par Bouvard.
De la distance des Étoiles.
Piazzi à Palerme, et Calendrini à Rome , ont fait de nou-
velles observations sur Fi prrleRs des étoiles, principalement
celle de la Lyre. Il en résulteroit, dit Lalande, que sa dis-
8 JOURNAL DE PHYSIQUE; :DE CHIMIE
tance ne seroit que de quatorzecent millions de lieues; 6ù
cinq fois moins considérable qu'on ne croyoit; mais ces; obser=
vations; ajoute-t-il, ont besoin d'être répétées.
Du Zodiaque de Dendra. ol, l
Dupuis a fait de nouvelles recherches sur le Zodiaque qu'on
trouve gravé, dans un temple de Dendra en Égypte. Il conclut
que la date de ce Zodiaque doit rémonter à 1468 ans ayant
l'ère vulgaire, eur SSI
Des Zodiaques chronologiques et mythologiques des différens
peuples.
Lé' même auteur a. comparé les différens.'Zodiaques qui
existent chez les peuples les plus anciens, Les Égyptiens, les
Hindoux,; les Chinois, les Persans , les ,Chaldéens. :, L'hypo-
thèse qui-lui paroit la plus probable feroit remonter l'origine
de ces Zodiaques à 15174. ans... .
Platon rapporte dans le T?mée le discours des prêtres de Saïs
à Solon. « T'out ce qui s’est passé dans la AR égyptienne,
» lui dirent-ils, depuis huit mille ans, est écrit dans nos livres
» sacrés. » Or Solon existoit il y a environ 2300 ans. Il y avoit
donc une grande monarchie égyptienne , des colléges de
prêtres. il y a dix mille trois cents ans.
DE L'HISTOIRE NATURELLE.
” Cette science est si étendue, que dans plusieurs siècles nous
ne pourrons pas parvenir à la connoître, quand même l'esprit
humain continueroit. à faire les mêmes progrès qu’on admire
depuis un certain nombre d'années. Que d'animaux, que de
végétaux, que de minéraux nous sont encore inconnus! et il
ne suflit pas d’avoir de simples nomenclatures de ces objets :
il faut en connoiître les qualités et les propriétés.
Cette année a enrichi l’histoire naturelle de plusieurs faits
nouveaux dans les trois règnes.
DE LA ZOOLOGIE.
Dans les deux premiers volumes de mes Considerations sur
les Étres organisés, j'en ai examiné la structure et les di-
verses fonctions. .Dans le troisième que je viens de publier,
je les considère sous les rapports de /eur perfectibilité et de
leur dégénérescence , c'est-à-dire sous le rapport du perfec-
tionnement et de la dégradation dont ils sont susceptibles.
Les végétaux cultivés par la main de l’homme, tels que le
froment,
ET D'HISTOIRE NATURELLF, 9
froment , le riz, le seigle ,-le maïs... ont tellement changé
qu'on ne connoît plus leur type primitif.
La même chose s’observe relativement à nos animaux do-
mestiques , le chien, le cheval, le chameau... ‘
Les singes et l'homme sont susceptibles encore de plus
hauts dégrés de perfectionnement.
Ces. végétaux et ces animaux dégénèérent également à un
point inconcevable. Quelle différence du pommier nain appelé
pommier de paradis, au bel arbre de nature, qui est le pommier
sauvage.
Nos petits bichons... sont également éloignés des grandes
et belles races de cet animal, le grand danois, le bouldo
le chien turc... =!
La même observation a lieu par rapport à l'homme. Quelle
distance d'un Hottentot à un Newton, à un Leibnitz! Une
des sociétés humaines les moins civilisées est celle des habi-
tans de la Nouvelle-Hollande, qui comprend ceux de la terre
de Diemen. Ces dernières n’ont aucune espèce d'habitation.
Mais ces perfectionnemens et ces dégradations ont des li-
mites assez fixes. Le plus haut degré de la dégradation de
l'homme est peut-être le crénicisme...
J'ai prouvé par un grand nombre de faits,
gétal et chaque animal habitoient, dans son état primitif, une
contrée peu étendue. Le cèdre ne se trouve qu'au TETE le
thé à la Chine, la vanille au Mexique... d
Le tigre rayé vit aux grandes Indes, la panthère en Afrique
le couguar en Amérique, le kanguros à la Nouvelle-Hollande x
Une des variétés de l’ourang, /e symia troglodytes se trouve
en Afrique , et l’autre variété, le simia satyrus, dans les
Moluques , à Borneo , Sumatra... ;
J'en ai conclu que primitivement l’homme ne dev
lement se trouver que dans des contrées
étendues.
Je distin
humaine.
La RACE AFRICAINE; OU NÈGRE, qui habitoit primitivement
une contrée particulière de l'Afrique.
LA RACE ASIATIQUE, OU BLANCHE, qui habitoit primitivement
une contrée particulière des Moluques, ou de l'Inde.
Cette race blanche forme deux grandes sous-divisions, ‘
La race minpouse, ou belle race à visage ovale, la souche
des Hindoux, Persans , Arabes, Caucäsiens, et de toutes
Tome LXIV. JANVIER an 1807. B
D
que chaque vé-
: oit éga-
particulières peu
gue deux races ou variétés Principales de l’espèce
10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
les races européennes. La race malaise en est également une
variété.
LA RACE TARTARE à Disage arrondi , et quelquefois quarré
par le haut, qui est la souche de toutes les races tartares,
des Chinois, des Japonois, des peuples boréaux , et des races
américaines. Il y a, en Amérique quelques races particulières
qui. paroissent venir d'Europe, et y auront relâché comme
Colomb.
1 y a donc trois races principales d'hommes, ainsi que le
le disoient les Egypüens.
1°. La race tartare dont Sem , suivant eux, étoit la souche:
2°. La race hindouse dont /aphet étoit la souche.
5°, La race nègre dont Cham étoit la souche.
Des Singes atèles.
Geoffroy St.-Hilaire décrit sous le nom de singes atèles les
singes qui n’ont que quatre doigts aux mains, et point de
pouce. Il y en a deux au Musée de Paris. Buflon avoit parlé
d'un singe de cette famille , auquel il avoit donné le nom de
coaita. Linné l'appelle s/mia paniscus.
Geoffroy, d'après ses recherches, distingue cinq espèces de
ces singes.
1°. Le cnAuEkx, atèles pentadacty lus.
2°. Le coaiTA, atèles paniscus-niger.
5°. L'aracunoïne, atèles arachnoïdes fuscus.
4°. Le BELZÉBUTH.
Ces quatre espèces sont de l'Amérique méridionale.
5. Le camarz, parcequ'il a de longs poils autour de Ia
tête et du cou.
Atèles policomos.
Il se trouve a Sierra Léona, et en Guinée.
Toutes ces espèces de singes atèles ont de très-longues
queues.
Des Chauve-souris ou Vespertilio.
Le méme auteur a fait des recherches intéressantes sur les
différentes espèces de vespertilio connues. Il donne la des-
cription de dix-huit.
Recueil de zoologie et d'anatomie comparée, par Humboldt
et Bonpland,
Deuxième cahier, contenant l'histoire du Condor, vultur
gryphus , avec trois dessins faits par Humbolt.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1t
: Troisième cahier, ou Mémoire sur les gyrnnobus et sur
l’yolote des Mexicains.
Ces deux nouveaux cahiers ne sont pas moins soignés que
le premier dont nous avons parlé.
Il a paru chez l'étranger plusieurs autres ouvrages intéres-
sans sur la zoologie.
DE LA PHYSIOLOGIE ANIMALE.
Transformation des organes du corps humain.
Le professeur Dumas, de Montpellier, a prouvé, par un
grand nombre de faits, que différens organes du corps humain
pouvoient se transformer les uns dans les autres. Il distingue
quatre espèces de transformations,
a Les transformations des organes relatives à leur consti-
tution physique.
b Les transformations relatives à leur composition chimique.
c Les transformations relatives à leur structure organique,
d Les transformations relatives à leurs propriétés et à leurs
fonctions vitales.
1°. Des organes sont susceptibles de prendre les qualités
hysiques d’autres organes. La rate prend quelquefois la cou-
de et le volume du foie, le duodenum prend le volume de
l'estomac...
2°. Les principes chimiques constituans d’un organe peuvent
étre changés de quatre manières principales :
a Par la déviation des matières albumineuses.
b Par la déviation des matières fibreuses.
€ Par la déviation de la gélatine.
d Par la déviation des sels terreux calcaires.
On a un grand nombre d'exemples de ces transformations.
On sait qu'après la mort les parties musculeuses Peuvent
se changer en une espèce de matière graisseuse qu'on appelle
adipo-cire. L'auteur a vu la même chose arriver méme pen-
dant la vie. En disséquant le cadavre d'un homme mort à la
suite d'une fièvre catharrale, quiavoit été suivie d'infiltrations,
il trouva les muscles antérieurs de la poitrine, ceux de la
face postérieure de l’épaule et du bras, réduits en une masse
graisseuse. Dans quelques autres muscles, comme ceux du
‘bas-ventre et le triceps crural , la substance graisseuse n'étoit
pas encore totalement formée, Dans le grand fessier une partie
étoit changée en matière graisseuse , et l’autre ne létoit pas.
B 2
{2 JSOURKAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Dans les inflammations les organes éprouvent de fréqgtentes
transformations qui ont l'air d'être fibreuses. Le poumon se
change en une matière analogue à la substance du foie.
Les os se transforment quelquefois en une espèce de cartilage.
Les artères deviennent souvent osseuses.
5°. Plusieurs parties se transforment relativement à leur
siructure organique. L’auteur en rapporte un grand nombre
d'exemples. s l
4°. Plusieurs parties éprouvent des transformations relatives
à leurs propriétés et à leurs fonctions vitales. e
Häller cite l'exemple d'un homme qui, après une maladie
nerveuse, reçut un accroissement de sensibilité tel, que tous
les organes de son corps devenus auditifs, distinguoient comme
l'oreille même, la force et le rapport des sons. pen
L'auteur a vu à Montpellier une jeune demoiselle qui avoit
une afection histérique accompagnée de catalepsie. Elle
éprouvoit pendant toute la durée de son attaque une telle
Concentration de sensibilité vers la région précordiale , que
les organes des sens y étoient éntiérement fixés. Æ//e rapportoët
à l'estomac toutes les sensations de la vue et de l'ouïe qui
ne se produisorent plus alors dans les organes propres.
La nature a souvent choisi des organes bien éloignés de
l'utérus pour l'écoulement périodique. Les vaisseaux du nez,
des yeux, des seins, de l'ombilic, de l'anus, de l'estomac,
des poumons, de la gorge, ont été tour à tour le siége de
cet écoulement.
Les propriétés et les fonctions des organes peuvent donc
être converties , changées, transformées comme la structure
organique , la composition chimique et les qualités physiques
de ces parties.
Les physiologistes avoient déjà beaucoup d'observations
analogues.
De l'Hymen.
Duvernoy a fait voir que l’hymen, qu'on regardoit comme
particulier à la femelle de l'homme, se retrouve chez toutes
les autres femelles des mammaux.
Cränologie.
On sait que le docteur Gall prétend étre parvenu, par de
nombreuses observations, à connoitre les facultés principales
de l’homme , ses inclinations et ses passions, par la seule
$T D'HISTOIRE NATURELLE, 13
inspection de son crâne. Il y a distingué différentes éminences,
et chaque éminence indique, suivant lui, une faculté ou une
inclination principale.
Le docteur |Friedlander nous a donné un précis de cette
doctrine. Il assigne 27 éminences principales, qui indiquent
autant de facultés ou passions principales. -Il donne le nom
d'organes à ces éminences.
La première annonce les facultés pour la propagation, ou
les plaisirs de l'amour.
2€ organe de l’amour des enfans.
3 ...... de la docilité.
41...... de la mémoire locale.
5 ...... de la mémoire personnelle.
6 ...... des couleurs.
7 +... des sons.
8 ...... des nombres,
9 --.-.. des mots.
10 -..... des langues.
11... de l'art du dessin.
12 ...... (de l'amitié.
135 ...... du desir du combat.
14 ...... du meurtre.
TON. He tlAITUse:
TÉLÉ -dUHivOol:
17 ...... de la hauteur. di
16/2. tde laivanite.
19 ...... de la circonspection.
20 ...... de ia comparaison.
21 ...... de la pénétration.
220... (de deSsprit.
23 ...... de l'esprit d'induction.
24 ...... de la bonté.
25 ...... de la théosophie. +
26 ...... de la constance.
27° organe qui indique la faculté d'ex-
poser clairement ses idées.
Les adversaires de Gall ont rapporté un grand nombre
d'observations qui ont démenti les siennes.
Ilme paroît qu'ez supposant que les observations de Gall
soient en général conformes à la vérité , il peut donner des
réponses satisfaisantes à cette objection.
14 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE
a Dans toutes ces lois de la nature il n'y a point de règle
sans exception.
b Il faut distinguer les facultés naturelles, ou fondées sur
l'organisation ossEUSE indiquées par la cränologie , de celles
qui sont contractées par les habitudes sociales. Un homme
a, par exemple, naturellement l'organe osseux de la bonté ;
mais il se trouve dans de mauvaises sociétés, il devient un
voleur, un meurtrier... Ici l'habitude devient plus forte
que l'inclination naturelle.
Lavater au contraire a fondé son système physionomique
principalement sur les parties molles; savoir, sur l'expression
des parties du visage. Or ces parties changent par l'habitude.
Celui qui a la physionomie la plus dure, la modifie en con-
tractant des habitudes douces. Le système de Lavater devroit
donc présenter moins d'anomalies que celui de Gall, ex Les
supposant tous deux fondés sur l'observation , parce que les
parties osseuses ne peuvent changer comme les parties molles.
D'un Hermaphrodite.
Laumonier a présenté à l'Institut de France un modèle en
cire d'une monstruosité qui approchoit d'un vrai hermaphro-
dite. C’étoient les parties sexuelles bien conformées d’une
femme.
Mais dans l'épaisseur des grandes lèvres on trouvoit deux
testicules bien organisés dont les vaisseaux déférens aboutis-
soient dans le fond de l'utérus.
Elle auroit donc pu se féconder elle-même, comme l'huître...
en supposant dans tous ces organes une organisation parfaite.
D'un Poulain monstrueux.
Pictet a donné le dessin d’un poulain monstrueux, né au
Locle dans le duché de Neuchâtel. Ses sabots sont fendus
et représentent des espèces d’ongles.
Sa tête est plus grosse et plus velue qu'à l'ordinaire...
Onattribuoit ces vices de conformation à la frayeur qu’avoient
causé à sa mère deux ours qui se trouyoient dans la même
écurie qu’elle.
Des Dents.
La structure des dents n'étoit point encore suffisamment
connue. ‘Tenon avoit fait sur cet objet un travail considé-
rable, lequel il n'avoit point publié.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 15
John Hunter, Blake, Everor, Home, Corse et Cuvier, se
sont aussi beaucoup occupés de cet objet, Le résultat de leurs
recherches constate que
La dent n’a point de vaisseaux, et n’est point formée par
intus-susception comme les véritables os, mais par une érans-
sudation successive des couches produites par son noyau
pulpeux, et qui se collent les unes sous les autres.
L'émail est déposé dessus par la membrane qui enveloppe
la jeune dent, et s'y fixe par une espéce de cristallisation ( 1).
Enfin, une troisième substance propre à certains herbivorés
est deposée après l'émail , mais par la méme membrane qui
change de nature à une certaine époque.
Cette troisième substance est nommée par Tenon, cortical
osseux. Il la regarde comme formée par l’ossification de la
membrane capsulaire.
Les dents du chacalot n'ont point d’émail suivant Tenon ;
mais seulement un cortical osseux, ainsi que les défenses
‘éléphant, les mâchelières du norse et du dugong.
L'émail est plus dur que le cortical osseux ; il se dissout
dans les acides sans laisser de parenchyme gélatineux.
Des organes de la respiration des Limaces, des Limacons.
Parmi les êtres existans on trouve partout des étres inter-
médiaires, qui font le passage entre les grandes familles.
Les oiseaux respirent par de vastes poumons, et ont d’ailleurs
des sacs supplémentaires au poumon (si on peut se servir de
cette expression). L'air pénètre méme jusques dans leurs os.
Les mammaux respirent seulement par les poumons.
‘ Les quadrupèdes ovipares respirent également par un pou-
mon; mais cette fonction peut étre suspendue chez eux pen-
pant un temps plus ou moins long, comme chez les salamandres ,
les grenouilles... Ces dernières demeurent au fond des eaux
une partie de l’hiver, sans pouvoir respirer... et cependant
la circulation n'est pas suspendue ; elle n'est que ralentie.
Les poissons respirent par des branchies, c’est-à-dire qu'ils
extraient une portion dair vital contenu dans l’eau. Cette
portion n'est pas considérable.
Plusieurs animaux z7osseux (invertébrés de Lamarck), res-
pirent également par des branchies.
——————————————_—"
(1) Ceci confirme que la reproduction des animaux s'opère par cristalli-
sation.
16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIM12
Les autres animaux 7z0sseux respirent par des trachées ;
qui portent l'air vital dans toutes les parties de leur corps.
Cuvier a fait voir que parmi ces animaux inosseux il en est
qui ont de vrais poumons ; tels sont:
1°. Les limaces (/imax).
2°. Le colimaçon ( Lelix).
Ces animaux sont terrestres; d’autres sont aquatiques.
30. Le limnée (Lelix stagnalis de Linné).
4°. Le planorbe (kelix cornea de Linné).
Du degré de chaleur que peuvent supporter les animaux.
Les animaux peuvent supporter diflérens degrés de chaleur
lus ou moins considérables.
Laroche et Berger ont cherché à déterminer ces limites par
un grand nombre d'expériences faites sur les animaux et sur
l'homme. Le résultat de leur travail est,
19, La plupart des animaux, tels que lapin, cochon d'Inde,
grenouilles... succombent après un espace de temps souvent
assez court à l’action d'une température de 50° et même de 45°.
20, L'homme peut supporter une chaleur beaucoup plus
considérable. Berger a demeuré quelques minutes dans une
étuve à 87°.
32, L'impression d'un air chargé de vapeurs est, à degré
égal de température , beaucoup plus pénible que celle d’un
air sec.
4. La transpiration a toujours été d'autant plus considé-
rable que la chaleur étoit plus grande.
D’'Animaux hybrides.
On a observé en Angleterre qu’une femelle zébre a été
fécondée par un âne : mais, ajoute-t-on, il avoit fallu peindre
cet âne des couleurs du zébre. Le petit animal hybride avoit
la forme du pére et ressembloit à la mère par le pelage.
A Turin, le même phénomène a été observé. Mais le petit
animal a péri peu de temps après sa naissance.
Il y a une femelle zébre à la Ménagerie du Musée de Paris;
ui à été également fécondée par un äne. Elle n’a fait aucune
difficulté d'accorder ses faveurs à cet animal, quoiqu'il ne fût
pas de son espèce, et il n'a pas été nécessaire de les peindre.
D'un Canard hybride.
Un canard mâle morillon (anas glaucion), a fécondé une
femelle
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17
femelle sarcelle de la Caroline anas querquedula , dans les
jardins de Launai, bibliothécaire au Musée de Paris. Il en est
né un petit canard hybride qui tient du père et de la mère.
On tâchera de s'assurer l'année prochaine s'il peut multiplier
son espèce. Ce fait a été publié par le professeur Geoffroy de
St.-Hilaire.
On connoissoit déjà les animaux hybrides suivans :
1°. Celui qui provient du serin et du chardonneret.
2°. Celui qui provient du serin et du tarin.
3°. Ceux qui proviennent du chien, du loup, du renard et
du chacal, ou isatis.
Chacun de ces animaux hybrides peut se reproduire avec
son semblable. C'est pourquoi je leur ai donné le nom d'zy-
brides, nom que Linné avoit donné aux plantes provenues
de deux espèces différentes.
Hunter avoit conclu de ces faits que le chien, le loup, le
renard et l'isatis ne faisoient qu’une seule espèce; mais sa con-
clusion ne paroit pas fondée, puisqu'on convient que le serin
et le chardonneret sont deux espèces distinctes, quoique de leur
union il en provient un animal hybride.
L'animal qui provient de l'union de l’âne et de la jument
nest pas hybride, puisqu'il ne se reproduit pas.
DE LA VACCINE.
Malgré tous les avantages de la vaccine, qui sont bien dé-
montrés, plusieurs personnes se refusent encore à cette prtique
salutaire , et la petite vérole a fait cette année de grands ravages
dans plusieurs endroits, comme à Päris, à Londres... l'ino-
culâtion éprouva les mêmes obstacles : on étoit persuadé
généralement de son utilité; mais l'habitude, je dirois presque
l'indifférence , la faisoient négliger ; on exagéroit quelques
accidens vrais ou supposés, et on disoit froidement : 1 faut
S'abandonner à la nature.
Mais avec le méme raisonnement on ne prendroit point de
Précautions dans aucune maladie ; car quel est le traitement
de quelque maladie que ce soit qui n'ait offert des accidens,
méme entre les mains du médecin le plus habile? Il faut dans
cette circonstance, comme dans toutes les autres, suivre les
plus grandes probabilités. La vie humaine n’est qu'un calcul
continuel, bien ou mal fait des probabilités. Or elles sont
toutes en faveur de la vaccine.
On a rapporté qu’à Londres quelques personnes vaccinées
Tome LXIV. JANVIER an 1807. C
‘18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
avoient eu la petite vérole. Ces faits n'ont point été constatés ;
mais l’eussent-ils été, ils ne prouveroient rien contre la vaccine,
et pas plus que ne prouveroit un accident occasionné par le
kina, par exemple, donné à un malade qui auroit la fièvre,
puisqu'ordinairement le kina est le meilleur remède connu
contre cette maladie.
DE LA BOTANIQUE.
Les grands ouvrages de botanique se continuent toujours
avec la méme ardeur.
Plantes des jardins de Malmaison. Vautenat a publié la
vingtième livraison de ce superbe ouvrage.
Les liliacées par Redouté.
Redouté a publié les 25, 26 et 29° livraisons de ce magnifique
ouvrage On sait que ces deux ouvrages sont des plus beaux
que la botanique possède.
Plantes équinoxiales recueillies au Mexique, dans l'ile de
Cuba, dans les provinces de Caracas, de Cumana, de Barce-
lone, aux andes de la Nouvelle-Grenade, de Quito et du
Pérou , et aux bords de Rio-Negro, de l'Orenoque et de
l'Amazone; par Alexandre Humboldt et Aimé Bonpland, ré-
digées par ce dernier. Deuxième , troisième et quatrième livrai-
sons.
Cet ouvrage est fait avec le même soin que les précédens,
exactitude dans les descriptions, beauté de dessin, élégance de
la gravure... Mais les auteurs voulant que son prix fût plus
à la portée des botanistes peu favorisés de la fortune, ont
été obligés de faire des sacrifices du côté du luxe de l'exécution.
ame fasc. des pl. équin. renferme Le matisia. g. nov.
Jussiæa sedioïdes.
— natans.
Myrtus mycrophylla.
Freziera reticulata.
———— çanescens.
——— chrysophylla.
——— séricea,
——Lnervosa.
Cinchona condaminea.
3e fascicule « + + « « + . .« Marathrum faniculaceum.£. n.
Gassupa verrucosa. g. nov.
Saecellium lanceolatum. g. nov.
ET D'ARISTOIRE NATURELLE, 19
Loasa ranunculifolia,
—— argemonoiïdes,
Mimosa lacustris.
Jacaranda acutifolia.
—— obtusifolia.
Cinchona ovalifolia,
Bambusa guadua.
49 CIE ee VO latifolia.
Passiflora glauca. Ces espèces sont
emarginata.( arborescentes.
Cheiroltemon platanoïdes. g. n.
Retiniphyllum secundiflorum.
g. nov.
Claytonia cubensis.
Epidendrum graniflorum.
— antharniferum.
Machaonia acuminata. g. nov.
Theobroma bicolor.
Monographies des mélastomes et autres genres de cet ordre,
avec des planches coloriées. Chacune de ces monographies
paroîtra séparément par cahier de cinq planches, quoiqu'elles
ne forment toutes qu'un seul ouvrage.
—- letinodis.
—————- capitellata,
————- octona.
—- Jacera.
Monographie des mélastomes. 1° cahier/Melastoma aplostachia
Ges espèces sont nouvelles. .…
Monographie des rhexia. 1 cahier., (Rhexia muricata.
——-— myrtoïdea.
Toutes nouvelles...{—— speciosa.
je piloselloïdes.
— microphylla.
2 cahier.../Rhexia canescens.
——— $stricta,
reticulata.
——— sarmentosa.
tortuosa.
Toutes nouvelles.
Botanique , faisant partie de la nouvelle édition de l'En-
cyclopédie.
C 2
20 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE
Poiret vient de donner une nouvelle livraison de ce grand
ouvrage.
Novæ - Hollandiæ plantarum specimen autore Jacobo-
Juliano Labillardiere , 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22
Jfasciculi.
L'auteur ne néglige rien pour que son ouvrage ait toute la
perfection qu’on a lieu d’attendre d’un botaniste aussi instruit
que lui; mais la partie typographique et les gravures sont
sans luxe.
Flore du Benin ; par Beauvoir.
Cet ouvrage ne le cède point aux précédens.
Plantes de la France, décrites nar Jaumes de St.-Hilaire.
L'auteur a déjà donné quinze livraisons de cet ouvrage
intéressant.
Les Annales du Musée d'histoire naturelle de Paris con-
tiennent un grand nombre de Mémoires particuliers de bota-
nique, par Jussieu , Desfontaines, Thouin, Corea...
Histoire des plantes d'Europe et étrangères, etc.; par
Gilibert, médecin à Lyon.
Cet ouvrage intéressant donne l’histoire des plantes dont
l'usage est le plus journalier.
D. Caroli-Ludovici Wildenow, etc. hortus Berolinensis ,
1v, v et vr fascicules, c'est-à-dire jardin de Berlin, ou figures
et description des plantes rares et peu connues qui se culti-
vent dans le jardin royal-botanique de Berlin. Ces six fascicules
complettent le tome premier de cette belle collection. Cet
ouvrage est digne de la réputation de leur célèbre auteur.
Species plantarum L.; c’est-à-dire espèces des plantes; par
Wildenow. Quatrième volume.
L'auteur dans cet ouvrage donne la description de toutes
les plantes qui ont été découvertes depuis Linnœus.
Flora Badensts, etc., Flore de Bade; par Charles-Christian
Gmelin, tom. 1, vol. in 8&. A Carlsruhe.
Le savant auteur de cette Flore donne la description des
plantes du pays de Bade et des environs, et ne néglige point
de parler du lieu où elles se trouvent, de leurs propriétés.
Flora Indiæ occidentalis, etc. Swartz a publié en 1806 le
Ré volume de sou intéressante Flore des Indes occiden-
tales.
ET D'HISTOIRE NÂATURELLPE. o1
DE LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.
Irricabilité des Végétaux.
Le docteur Carradori a prouvé, par plusieurs expériences,
que la laitue jouissoit d'une irritabilité considérable. « Si on
touche légérement, dit-il, avec le doigt une plante de laitue
lorsqu'elle est montée en graines, et principalement quand
elle est en fleurs , on la verra aussitôt à l’endroit où elle a
été touchée, suer du suc laiteux (qui est son suc propre),
en forme de gouttes très-menues; mais le phénomène n'a
lieu que dans les petites feuilles amplexicaules qui son ré-
pandues sur les branches de la plante, et dans les ca/ices
des fleurs, et non pas sur le fuste, ou caule , ou tige, ni
dans ses diramations.
Le contact du corps le plus doux produit le méme effet.
Souvent l’attouchement des corps stimulans les plus menus
comme un brin d'herbe, appliqué le plus légérement, produit
une telle irritation qu’elle fait sortir de la partie irritée l’hu-
meur laiteuse en forme de jets vaporeux. '
L'irritabilité des. plantes est un fait qu'on ne sauroit plus
révoquer en doute.
Du Micropyle.
Turpin a observé dans les graines près la cicatrice du hile,
une petite ouverture par laquelle la liqueur fécondante pé-
nètre jusqu'à l'ovule. Il lui a donné le nom de micropyle.
L’auteur a la bonne foi de reconnoître que Geoffroy avoit
déjà parlé de cet organe dans les Mémoires de l’Académie des
Sciences de Paris, en 1711. Mais cette observation étoit en-
tièrement oubliée. .
Des trachées des végétaux et de la gaîne médullaire.
Les trachées des végétaux sont des filets très-fins, contournés
comme des ressorts à boudin, et qu’on apperçoit distinctement
dans la fracture des feuilles et des jeunes branches. Le lieu
où elles sont situées n'étoit pas déterminé. Je l'ai recherché
dans le sureau , l’yèble , l’hortensia..… où les trachées sont
très-visibles, et j'ai fait voir qu’elles ne sont point dans le bois,
comme on l'avoit cru, ni dans la substance médullaire, mais
qu'elles sont entre les deux.
Les trachées, ai-je dit, forment entre Le bois et La
’
*
v3 JOURNAL DE PHYSIQUR, DE CHIMIE,
substance médullaire, une couche intermédiaire composée
d’un grand nombre de faisceaux cylindriques. Ces faisceaux
servent de Gaine, ou d’enveloppe à la substance médullaire.
Ces trachées accompagnent les prolongemens médullaires,
ét pénètrent dans toutes les parties du végétal, où elles por-
tent l’air qui lui est nécessaire pour sa respiration.
De l'organisation des Plantes.
Aubert du Petit-Thouars a donné des essais sur l'organi-
sation des plantes considérée comme résultat du cours annuel
de la végétation. Il a observé que le dracæna, qui est de la
classe des monocotyledones, augmentoit néanmoins annuelle-
ent en grosseur (ce, que ne font pas ordinairement les mo-
nocotyledones), au point qu'il en a vu des troncs que deux
hommes auroient pu à peine embrasser.
Il a cherché la cause de cette angmentation du tronc du
racœna qui a néanmoins l’organisation ordinaire des mono-
cotyledones. Il pense que les bourgeons de ces plantes en sont
l'origine, « Chacune de ces protubérances ou bourgeons, dit:l,
» donne naissance à un faisceau de fibres absolument sem-
» blables à celles de l’ancien bois. Les plus extérieures des-
» cendent en ligne droite vers la terre; les autres, après avoir
» monté, se recourbent pour prendre la méme direction qu’elles
» ne quittent plus. Les fibres des faisceaux développées dans
# la terre ont la même propension à monter que les premières
» à descendre. » Ces fibres réunies augmentent la grosseur de
l'arbre.
Il croit que toutes les plantes monocotyledonés ônt une
organisation analogue, quoiqu'elles n'augmentent pas égale-
ment en grosseur. + .
Je dirai donc, ajoute-t-il, que l'accroissement en diamètre
est un phénomène très-rare dans les monocotyÿledones ; mais
il paroït qu’ils en ont tous en eux le principe, auquel il ne
manque que des circonstances favorables pour faire son effet,
Il n’en est pas ainsi des dicotyledonés dont toutes les espèces
ligneuses présentent cet accroissement. Il pense que cet accrois-
sement chez ces plantes s'opère par des moyens analogues à
ceux qui s’opérent chez les monocotyledones. Le bourgeon
est suivant lui, un embryon complet, qui en se développant
propage également ses fibres vers la terre,
L
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 23
DE LA MINÉRALOGIE.
La minéralogie a fait de brillantes acquisitions cette année.
On a découvert plusieurs minéraux intéressans qui étendent
de plus en plus cette belle science.
Du Platine, et des, substances qui lui sont alliées.
Le platine en grains, tel qu’on le ramasse au Pérou (il n’est
- connu en Europe que depuis 1741, qu’il fut apporté par
Wood, médecin anglais), a été l’objet continuel des Lacherl ES
des chimistes. On a retiré de ce métal en grains, 1° de l'or,
2° de l'argent, 3° du fer, 4° du cuivre, 5° du chrome 4
6° du titane, 7° le platine, métal particulier.
8°. Le palladium. Wollaston, chimiste anglais, a découvert
ce métal qui est d’un blanc approchant de celui de l'argent,
mais plus pesant que celui-ci. Il est très-ductile , fusible par
son union avec le soufre. L’acide nitrique le dissout, et ses
dissolutions sont roses.
Chenevix avoit cru que le palladium étoit une amalgame de
platine et de mercure.
9°. Le rodium. Le même chimiste Wollaston a découvert
dans le platine un autre métal d'un gris cendré, auquel il a
donné le nom de rhodium. Ce métal se réduit facilement. Il
est dissout par les acides, et ses dissolutions sont roses.
10°. L'éridium. Tenant, savant chimiste anglais, a décou-
vert ce troisième métal] dans le platine. Sa couleur est blanche ;
sa dureté est considérable; il fond difficilement ; il n’est dissout
que par l'acide nitro-muriatique ; mais les alkalis le dissolvent,
et une fois oxidé il est solublé dans les acides. Les sels qu’il
forme sont d’un beau rouge, ét donnent à ceux de platine
diflérentes couleurs vives. C’est’ pourquoi le chimiste anglais
lui a donné le nom d’iridium.
Il paroït que c’est ce métal qui avoit été apperçu par
Descotils, Fourcroy et Vauquelin, et auquel ces deux derniers
avoient donné le nom de prène. . de
11°. L’osmium, quatrième -métal trouvé dans le platine,
Cette découverte.est également due à Fennant. On n’a encore
pu le réduire. Son oxide forme une poudre noire apperçcue
par Proust, et qu'il n’examina pas suffisamment, Car il la prit
pour de la plombagine. Cette {poudre est très-volatile ; elle a
une odeur forte qu'elle communique à l’eau, car elle sy
dissout. à |
24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
La dissolution de noix de galle la précipite en brun bleu.
La minéralogie possède maintenant vingt-neuf métaux, si
on y comprend la niccolane, annoncée par Richter.
Du platine trouvé dans une mine de Quadal-Canal.
Vauquelin en faisant l'analyse d'une mine d'argent de Quadal-
Canal en Espagne , en a retiré le platine qui en fait quelquefois
jusqu'au dixième.
Des Falherz.
Proust a fait voir que les falherz , ou cuivres gris, sont des
mélanges de diflérens sulfures, celui de cuivre, celui d'ar-
gent, celui d'antimoine, celui de plomb, celui de fer, celui
d’arsenic,
La cristallisation de ces différens falherz est la même : d'où
je tire une nouvelle preuve que des principes chimiques diffé-
rens peuvent donner la même molécule et les mêmes formes.
Tandis que les mêmes principes peuvent former des molé-
cules différentes, et composer des minéraux différens.
Du Cinabre.
Mercure sulfuré au maximum.
ARE a fait l'analyse d’une espèce de cinabre qu’il avoit
reçu du Japon. Il en a retiré, :
Mercure: tentes ut 84.50
Soufre san shtt 42e à à PIRE 14.70
Le cinabre de Neumoerkel en Carinthie lui a donné,
MERCUTE et sine ÉRrlètere LL OS
DHOUIrE: RL AE 20
Le cinabre d’Idria qui se trouve dans'un schiste bruntre ,
lui a donné,
Mercure........ (asie RAS 818 :
SOUL EE MeRIr Ne SET $ 157.50
Gharbons te TN EREMESE 1825
Silces tte ske 4 MG 00
Alumine. ee NUE ai M5. 50
Eeroxidé ei 2 LU NENT a
Cuivre oxidé......... A LLENLO!20
Eau qui a servi à la formation
d'un gaz hydrogéné sulfuré,
et autres pertes....,....... 7.30
Ethiops
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25
Ethiops minéral.
Mercure sulfuré au minimum.
Schreiber parle (Journal de Physique, tom. 28, pag. 147)
du mercure combiné avec le soufre sous forme d’éthiops miné-
ral , lequel il a trouvé dans les mines d’Allemont. Il contient
sans doute une moindre portion de soufre que le cinabre.
Du Réalgar.
Arsenic sulfuré au minimum.
Thenard en a retiré,
Arsenic....... A AE ST
SOUÉTE: ; à + one NE CPE MOSS
De l’Orpiment. :
ZArsenic sulfuré au maximum,
Thenard en a retiré,
ERESÉRNG ie tre de en ete cle de l1O
Soutre li. RAEL A6 NI 43
La minéralogie est arrivée au point qu’elle doit classer les
minéraux d’après toutes ces nouvelles analyses : et c'est ce
que je fais dans mes leçons au Collége de France. Nous avons,
Arsenic sulfuré au #2inimum. Réalgar.
Arsenic sulfuré au maximum. Orpiment.
Fer sulfuré au 77inimum. (Pyrite magnétique qui contient
fer, 0.65; soufre, 0.37; est attirable à l'aimant...)
Fer sulfuré au r17aximum. (Pyrite ordinaire qui contient
fer, 0.53; soufre, 0.47; n'est pas attirable à l’aimant.)
Mercure sulfuré au 72ènimum et au maximum.
Les substances métalliques sont également oxidées au mini-
mum , au Maximum , et à d’autres degrés intermédiaires.
Proust lui-même reconnoit trois degrés d’oxidation dans le
plomb , dans l’étain...
Métaux combinés avec les acides au 7#nimum, au maxr-
mum, et peut-être à des degrés intermédiaires, tels que les
cuivres arseniatés.
Cuivre arseniaté au minimum, celui qui cristallise en o0=
taèdre obtus. Il contient, .
Coivre MERE: sect AE .. 58
Acide arsenique......... AE OP
LUE TO CRE PET SERRE
Tome LXIF. JANVIER an 1807. D
26 JOUANAT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Cuivre arseniaté au maximum À qui cristallise en octaëdres
aigus. Il forme une espèce particulière qui contient ,
CNET E MER ENT. NEA AN
Acide arsenique......... AIRES
au 0e. PART NION. AAA ES PARLE de
Il en faut peut-être dire autant des métaux hydratés, ou
combinés avec l'eau. Je crois être le premier qui, en 1702,
dans la Sciagraphie, tom. 2, pag. 384, aë mis l’eau au nombre
des m'néralisateurs, d'après la quantité considérable d’eau qu’on
retiroit des calamines. Proust a beauçoup étendu cette classe.
des hydrates. Il admet,
Hydrate de cuivre (cuivre bleu).
Hydrate de fer.
Hydrate de cobalt.
Des mines de fer contenant l'acide phosphorique et le chrome.
Vauquelin a prouvé que les mines de fer limoneuses et
plusieurs autres, contiennent l'acide phosphorique et le chrome.
Du Spinthère.
Je possède de beaux cristaux de spinthère qui sont sur le
spath calcaire de Marone en Dauphiné. Ils ont la forme du
sphène et se comportent comme lui au chalumeau, Je range
en conséquence le spinthère au rang des mines de titane, et
je le regarde comme une variété du sphène.
De la Datholithe.
Esmark a trouvé cette substance à Arandal en Norvége.
Couleur, blanc plus ou moins mélé de vert.
Pesanteur, 2.98. è
Dureté, moindre que celle du feldspath.
Forme: Prisme rectangulaire aplati.
Klaproth qui l’a analysée , en a retiré,
SIC RER lame ee ete YA RRSRAESATES SLT
Chaux... .... dise ANT ASE
Acide boracique............ “24
IEEE Hotte : PÉRATERICE € 4
On trouve dans l'intérieur du bambou, proche les nœuds de
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 27
la tige, une petite pierre quartzeuse que les Hindoux appellent
tabaesher. Macie avoit analysé cette substance , et avoit prouvé
qu'elle étoit en partie composée de silice (Journal dé Physique,
tom. 40, pag. 122). Fourcroy et Vauquelin l'ont analysée de
nouveau. Ils en ont retiré,
Site MR etre see 0 cc
Potasse,:chaux et eau........,,. 3o
Une petite portion de matière végétale.
Dans nos roseaux ordinaires (arundo sativa), on trouve
dans l'intérieur près du nœud, une substance blanchâtre qui se
présente comme une toile. J'ai prouvé qu’elle étoit analogue
au tabaesher.
De la Zoysite.
Werner a donné le nom de zoysite (du baron de Zoys,
célèbre minéralogiste) à une substance qui se trouve du côté
de Salzbourg. Le docteur Schneider nous en a apporté à Paris.
Couleur, gris cendré.
Dureté, 3000.
Pesantear, 3400.
Elle se présente sous forme de prismes longitudinaux
striés, noyés dans une pâte blanchätre, qui paroît quarizeuse.
Tous les caractères de cette substance la rapprochent .de
celle que nous connoïssons sous le nom de £hallite gris du
Valais.
De la Mussite.
Le docteur Bonvoisin a trouvé plusieurs minéraux inconnus,
dans la partie des Alpes, qui est dans la vallée de Lans.
La mussite qu'il a trouvée dans la vallée de la Mussa , une
des sous-divisions de celle de Lans, se présente en petits pris-
mes assez alongés et posés irrégulièrement les uns à côté
des autres.
La forme de ces cristaux paroit être un prisme rhomboïdal
oblique.
Leur couleur est d'un blanc grisâtre passant souvent au vert.
De l'Alalite.
L’alalite trouvée par Bonvoisin, dans la vallée d'Ala,
autre sous- division de celle de Lans, se présente sous forme
de cristaux rectangulaires , terminés par une pyramide à quatre
faces rhomboïdales , qui naissent sur les arétes du prisme.
D 2
28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Ces faces sont quelquefois tronquées au sommet par une
facette perpendiculaire à l'axe du prisme.
Il y a plusieurs autres variétés de forme.
La couleur de l’alalite est d’un blanc grisâtre , souvent
verdûtre.
De La Succinite.
La succinite est une autre substance minérale trouvée par
Bonvoisin dans les mêmes cantons.
Sa couleur est celle du succin; c’est pourquoi il lui a donné
le nom de succinite. |
Elle se présente toujours sous forme de petites masses arron-
dies et globuleuses. S
Elle paroît avoir beaucoup de rapports avec l’hyacinthine.
Du Thallite.
Il a aussi trouvé une très-jolie variété de thallite qui se pré-
sente sous forme de gros prismes striés, droits, c'est-à-dire
sans pyramides.
On en trouve cependant quelques petits cristaux avec pyra-
mides. ;
‘: De l'Hyacinthine.
Une espèce d'hyacinthine (vésuvienne ), qu'il a nommée perr-
dot-idocrase, se trouve dansles mêmes cantons en grandes masses
d’un vert tendre. Elle y forme aussi de très-beaux cristaux,
qui offrent quelques variétés nouvelles ; savoir, la suivante
qu'on peut regarder comme la primitive.
Prisme rectangulaire strié.
Pyramide à quatre faces triangulaires qui naissent sur les
faces du prisme.
Une autre variété de cristallisation de l'hyacinthine, a été
trouvée près du glacier du Montrose au village Zarmat, par
Maclaune.
Prisme droit sans pyramide.
De la Topazolite.
Bonvoisin appelle topazolite une substance cristallisée en
dodécaèdre comme le grenat. :
Sa couleur est celle de la topaze, d'où il lui a donné son
nom de ,/opazolite.
ET D'HISTOIRE NATURBLLE,.,., 29
Il en a retiré par l'analyse;
2 RE RENTREE 7
Chaux 2 Mhoioianiretéanr do ET)
Alumine. :.... SRE ET AR TE te PL
Glucine….......….. RETRO She te te rs tons Pie
Fer PAIE RIT il :5/26.,4 PRET 25
Manganèse . ....... tint Di
Perte... ss v assé es SDK TE
Gréhats de la. vallée de Lans.
Enfin la dernière substance qu'a décrit Bonvoisin, est un
grenat d’une belle couleur incarnat , ressemblant à ceux trou-
vés à Dissentiz, par Saussure.
De la Tourmaline rose.
Le beau cristal rose que je possède, et que j'ai décrit,
Journal de Physique, tome 52, page 322, comme un beril,
est une tourmaline rose de la variété que. j'ai appelée Zaourite.
Elle est pyro-électrique, .a .la pesanteur ,.la dureté... de la
daourite. pe Pet 1 )
De l'actinote de Zillerthal. -
Laugier a fait l'analyse de l'actinote de Zillerthal (stralstein
des Allemands, zillerthite de Delamétherie ). Il en a retiré
(40€ cahier des Annales du Musée de Paris, )
Silice......... Hotrilesà “50
Magnésie...... AS OO EE ++ 19
Chaux. ....... CAT EC PAETA TRE 9:75
AlnniInes es ee EMMA EE 0.79
Fer oxidé, "nt Lee
Chrome oxidé......,.,, 220015
1e CSA ATEN EE ER OCNE IOPNL AENSCE
Porasse ln Liane AN 4 Ed | 0.50
Pertes. AT do 5
L'auteur a obtenu cette potasse en versant sur cette sub-
stance de 1 acide sulfurique concentré. Il observa au bout de
quelques jours des cristaux d’alun.
Go SOUKNAS DE FNYSIQUE, DECHIMIE
Du Jade oriental vert.
Théodore de Saussure en à retiré,
Silice «8 « commence, 0345
Chaux : ...sommemmiapanmmese 12e 0m
Alumme. SNS ae Il. 1
Fer) ide Re ER RE
Manganèse. oxidé. uses. 2 |
Matrons. 7 CES Neo:
Potassehinsk .sù. sua ni st MAL
RAT ee das ie Nes ele 01220
PÉTÉSe ss cu 2 LL COMM TEE EEE
Du Lhémanite.
J'ai donné le nom de /hémanite à la substance que Saussure
(père) appeloit jade des environs de Genève.
Théodore de Saussure , qui lui a donné le nom de son père,
saussurile , en a retiré,
Siheerstu ii Spider ce sh 4e
Alumine:! ..subicutg al... .56200
Chaux 2 MMS RUATER Sal À
Fér: oxidé ti shot 2h
Manganèse oxidé............. Oo. &
Natrom ur mn Porn LR CAEN ©
Potasse.. Lieu Han dmlosas
Perte !..Lerlmn PURE AREA TE
Du Calcaire pur. .
Berthollet a analysé ün calcaire très-pur. Il en a retiré,
comme l'avoit fait Kirwan, °°
Chaux. RSA FA ES
Acide carbonique........... . 44
FaucHLH EST Re LR NU a ete 2!
De l'Arragonite.
Proust avoit dit (Journal de Physique, tome 62, page 226),
dans l'arragonite je trouve le carbonate de chaux pur.
Mais dans les spaths calcaires rhomboïdaux transparens ou
opaques, je trouve deux carbonates métalliques dont les bases
sont au zr7imum, celui de fer et celui de manganèse.
Un chimiste de Paris a analysé un spath calcaire très-pur ,
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3x
dans lequel il n’a trouvé aucun de ces métaux; d’où il con-
clut, r° que ceux sur lesquels a opéré le professeur de Madrid,
. . . ,. . .
étoient impurs; 2° qu'aucun fait n'indique encore de différence
entre les principes de l’arragonite et ceux du calcaire.
De la Leucolite.
La leucolite (beril schorlatiger de Werner), a été analysée
par Bulcholz, qui en a retiré,
Silice. .
Alumine,
Acide fluorique............... 0.18
D'après cette anlayse j'ai classé la leucolite parmi les alumines
fluatées.
Du Pyrophysalite.
Cette substance à été trouvée par J.-G. Gahn, à Finbo, près
de Falhun en Suéde.
Sa couleur est d’un blanc verditre.
Il fait feu au briquet, mais il est rayé parle quartz:
Sa pesanteur est 3452.
Hisinger et Berzelius en ont retiré,
Atarmiines et" 540 OAI QUE 55,25
Sci LC ALAN, ARS NDS 32:85
Chaux ...... TANT ANRT MU ANTIOORSE
Fer*oxidé.....:.1.11, HAE UEOURS
Perte par la calcination....... 6.75
Perte dans l’analyse........., 11.36
Ils ont depuis reconnu qu'une partie de cette perte est due
à de l'acide fluorique contenu dans cetté substance,
11 faut donc ranger cette substance dans le genre des alumines
fluatées. : ( :
“De l'Outremer. : :
Désormes et Clément ont analysé l'outremer. Pour extraire
l’outremer de sa mine, on mélange le lazuli porphyrisé avec
un mastic fondu et composé de poix résine, de cire.etd'huile
de lin; on laisse refroidir ce mélange , et on le broie ensuite
fortement sous un pilon ou sous un rouleau dans l’eau tiède,
Cette eau se salit, on la jette. On en met une nouvelle à
3a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
laquelle .on voit bientôt prendre une belle couleur bleue ; on
la laisse reposer; on en passe une seconde, une troisième...
Toutes ces eaux laissent déposer une belle poudre, qui est
l’outremer. On n'en retire que deux à trois pour cent d'un
beau lazuli.
L'analyse de cet outremer leur a donné,
Silices in Er MAL PONT ES 2e Nr:0955,8
AMIE A Ne 2 ne lele lets de) e 34.8
INAËTON EP cou e + Se . 23.2
SOUIMER Per Led. e see le MST
Chaux carbonatée.. ..... 17.02% 3.r
Ils n'y ont trouvé aucun principe colorant.
De la Ménilite.
Klaproth vient de donner une nouvelle analyse de la mé-
nilite qu'il appelle k/ebschieffer.
Bayen, un de nos chimistes les plus exacts, et à qui la
science doit l'expérience, fondamentale de la nouvelle théorie
chimique ; savoir, la revivification du précipité rouge | ouoxide
de mercure seul (c’est-à-dire sans addition de charbon, ou
autre corps combustible), avec dégagement d’une grande
quantité de gaz; d’où il conclut que ce précipité se revivifioit
sans addition de phlogistique (Journal de Physique , 1774,
tom. 3, pag. 286). Bayen m'avoit dit avoir retiré de la mé-
nilite une portion de magnésie, comme je l'ai rapporté.
Klaproth n’en avoit point cependant obtenu dans la première
analyse qu'il avoit faite de cette substance; mais il a trouvé
dans cette seconde analyse la magnésie qu’avoit annoncée Bayeu.
Voici l’analyse de Klaproth,
Silce 2... tua RARE AA Ee
Magnésie. ............ HHERE 8
Fer oxidé........ ARE SARA 4
Charbon...... DA Le ENS LPT SMOS7S
Alamine 44... Ur eUN 0075
Ghaux a 20 M EN RON O
Faux or éiiuct oi ire
Eau contenant un tiers d’ammoniaque , accompagné
d'odeur bitumineuse.
Gaz composé d'acide carbonique et de gaz hydrogène car-
boné, pouces cubiques , huit,
De
C
CT
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
\
De la Turquoise.
Bouillon-la-Grange a fait l'analyse de cette substance
minérale. On en connoît dans le commerce deux espèces :
L'orientale , qui, selon Chardin, se trouve au Mont-Caucase,
à quatre journées de la mer Caspienne. On la trouye aussi en
Perse, en Egypte, en Arabie, dans la province de Samarkande.
L’occidentale se trouve à Simore dans le Languedoc et
auprès de Trévoux.
J'ai une dent qui est en partie convertie en turquoise.
Bouillon-la-Grange a analysé la turquoise et en a retiré,
Chaux phosphatée............. 80
Chaux carbonatée..... HN 0e
Magnésie SL à SNS OR PAARE 2
Eeriphosphaté "70." dre 2
Alumine. ............ ARS At 1.5
Eauet perte. ..:...... dB: Où
Cette analyse ne permet pas de douter que la turquoise
ne soit.une partie osseuse pénétrée par des oxides de fer,
et non des oxides de cuivre comme on l’avoit cru.
De L’Alun.
L’alun de Rome passe pour le plus pur ; c’est pourquoi ilest
préféré dans le commerce à tous les autres. Roard et Thenard
ont recherché la cause de sa supériorité. Ils ont reconnu que
tous les autres aluns contenoient une quantité quelconque de
sulfate de fer qui en altéroit la pureté. L’alun pur est com-
posé de
AMInE se demie ous del Le 12.53
Acide sulfurique...,........... 26.04
Hotasse NTM ere RUE 10.02
Hausse" AT 88 AùSS dom OT MA ENS d 472
L'alun de Liége contient sulfate de fer 000.1.
L’alun de Javelle en contient un peu moins. :
Ceux de la manufacture Bouvier et Curaudau:en contiennent
un seize centième ou. dix-sept centième. :
L'alun de Rome n'en contient pas un-deux millième.
Le plus mauvais alun du commerce peut égaler dans ses
effets le meilleur alun de Rome. Il suflit. de le purifier en en
précipitant le sulfate de fer par le moyen de l'eau, C'est ainsi
Tome LXIV. JANVIER an 1807. E
34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
que l’art est parvenu à faire de l’alun aussi pur que celui de
Rome.
Du Cyanite rouge.
J'ai un beau cyanite rouge que Maclaure m’a apporté du Tyrol,
Du Trapp.
Ce trapp est une espèce de schiste siliceux, ktesel schiffer
de Werner, que j'ai trouvé dans la montagne d’Ajou proche
la Claitre. Sa couleur est noire; il fait diflicilement feu avec
le briquet.
Cabal et Chevreuil en ont retiré,
Silice. 2 PAR EE D L a sit 100
Alumine.. ::... PA SR 2 are RES D 15
Chaux. Les NSP ER TON
Her oxide. ANNE reel MO,
Manganèse, un atome.
POTASSE PT TE PER RS FRS 8
Eau et matière volatile...::.::.. ° 5
Charbon ‘eti perter:. 41. JU. 8
‘ Ils ont obténu la potasse en versant de l'acide sulfurique
sur ce trapp pulvérisé. Ce procédé ne laisse aucun doute sur
la présence de la potasse.
De la Cornéenne.
J'ai donné avec Wallerius , et la plupart des minéralogistes
français, le nom de cornéenne, /apis corneus, à une espèce
de schiste, primitif (thon-schieffer de Werner), qui ne fait
point feu au briquet,
‘En la rayant elle donné une poussière d'un gris blanchätre.
En soufflant dessus elle exhale une odeur terreuse.
Quelques iminéralogistes ont ‘donné:lé nom de cornéenne
à une espèce de porphyre ‘ou de granit.
LT TR TOR
Sihegi-pahasinete touruot 444008
Alunnne nt -te-reltc019
Chanxtiesh. sien ancre dre aie st CE
Fer oxidé.s ec. putsmensron. ni arr 24
Potassel .5h Hillus EL. ao ah nur
is 12° Perte; | eau et matière volatile... 2.5
na
De: , )E
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 55
Cette analyse fait voir que ces pétrosilex se rapprochent
beaucoup des feldspaths.
Cependant leur cassure et leurs autres caractères extérieurs
sont assez différens pour que je persiste à croire qu'il faut
continuer à en faire deux espèces.
Du Keratite,
Le keratite, ou hornstein des Allemands est au quartz ce
qu'est le pétrosilex au feldspath.
De la Leucostine.
J'ai donné ce nom à la base du porphyre rouge, Zeucosticos
de Pline.
De lOphitine.
J'ai donné ce nom à la base du porphyre verd ou ophite.
Saussure l’a appelée ophibase.
De la V’arioline.
J'ai appelé vartoline la pâte de la variolite de la Durance.
Peut-être est-elle de la même nature que l’ophitine.
De la Téphrine.
J'ai appelé £éphrine la base des porphyres gris, tephrias
de Pline.
La base des amygdaloïdes me paroît également une variété
de téphrine.
Les wackes de Werner me paroissent également des variétés
de téphrine.
Ces six dernières substances, les pétrosilex , les keratites ,
les leucostines, les ophitines, les variolines, les téphrines, ainsi
que les trapps et les cornéennes , peuvent servir de bases aux
divers porphyres. Voici la manière dont j'ai considéré ces
objets (Théorie de la Terre, tom. 2, pag. 424).
« Je regarde cette pâte des porphyres comme un mélange
des différens élémens du granit, moins le feldspath qui y
est cristallisé distinctement.
» Supposons les élémens du granit , savoir, le quartz, le
Feldspath , le mica, l'hornblende.… réunis ensemble, ou seule-
ment quelques-uns, pour cristalliser.
» S'ils cristallisent tous distinctement ; ils forment du granit.
» Cristallisent-ils tous confusément, excepté le feldspath qui
cristallise en parties distinctes ? ce sera un porphyre dont la
E 2
36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
base variera suivant la nature et la quantité des substances
dont elle sera composée. »
Enfin cristallisent-ils confusément, même le feldspath ? on aura,
Ou un pétrosilex , ;
Ou un kératite,
Ou un trapp,
Ou une cornéenne. (J'ai des phorphyres à base de la cornéenne
dont je viens de parler. )
Ou une wake, c’est-a-dire une téphrine.
Il faut ajouter,
Ou une ophitine,
Ou une leucostine.
Toutes ces diverses substances varieront suivant la nature
et la quantité des quartz, feldspath, mica, hornblende...
dont elles seront composées. Il peut même n'y en avoir que
deux, comme quartz et feldspath, ou trois, par exemple
l'hornblende ajoutée aux deux premiers, ou enfin ils peuvent
y être réunis tous quatre, et même quelques autres substances,
telles que la stéatite.....
Dans le pétrosilex il ya beaucoup de quartz et de feldspath.
Dans les kératites le quartz domine.
Les ophitines, les leucostines , contiennent beaucoup de
hornblende et peut-être du mica , mélangés avec les quartz
et feldspaths.
Dans les téphrines ce sont les mêmes substances mélangées
au quartz et au feldspath , mais en différentes proportions.
Du Charbon de terre.
Proust a fait l'analyse de différens charbons de terre qui
lui ont donné les produits suivans :
Cent livres de charbon de Villanueva en Espagne, ont donné,
(ER AR ARE 68 livres 8 onces 4 gros.
MES Ho Dada ac 7 9 4
GATE SERRE SANTO) 5 6
Produits condensés... 4 8 6
Charbon de Belmez en Espagne,
CoAR ET RENNES 70 o 2
Hesse er : 10 4 o
Gazi ele Latehese se dore 12 7 4
5 0
AE 4 Produits condensés... 7
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3m
Charbon de Langreo en Espagne,
Coak................ 75 livres onces gros.
Huile: Cr AMN AC RERTS AORE 11 4.
Gaz: AU EMAR EAU S 5 2
- Produits condensés... 5
Charbon d’Angleterre,
Coke here ; +. 64
Huile. ...... DE À cas)
(ÉCLATER ARS MS)
Produits condensés... 13
Dans ces produits condensés il se trouve une partie d’eau
qui esb quelquefois plus abondante que l'huile.
Cette eau contient de l’'ammoniaque carbonaté, mais point
de vinaigre.
Les gaz obtenus sont de l'hydrogène huileux ; car le gaz
acide carbonique se combine ordinairement avec l'ammoniaque.
Ces analyses font voir que dans les charbons de terre la
partie charbonneuse en fait presque les trois quarts.
Dans nos bois ordinaires , Proust a prouvé (Journal de
Physique, tome 48, page 469) que la partie charbonneuse
n'en est que le cinquième ou le sixième.
Il n'y a que l’indigo qui fournit à-peu-près autant de parties
charbonneuses que le charbon de terre.
D'ailleurs le charbon de terre brüle beaucoup plus difici-
lement que le charbon de bois.
Tous les charbons de terre exhalent plus ou moins d’acide
sulfureux sur la fin de leur combustion.
Les charbons de terre en brülant se ramollissent et deviennent
spongieux comme le charbon des corps muqueux, des résines,
de l'indigo, de la glutine et des matières animales, et ils se
comportent d'une manière totalement différente que les char-
bons de bois.
Le coak passé par la potasse, donne de J’acide prussique,
ce que ne font point en général nos charbons de bois:
Les cendres du charbon de terre ne contiennent point de
phosphates ni de muriates.
L'auteur en rapprochant tous ces faits croit appercevoir que
les charbons de terre ont plus de rapports avec les substances
animales qu'avec les végétales : néanmoins il n'ose rien pro
noncer à cet égard.
35 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Il me paroit qu'une de ses belles expériences démontre que
les charbons de terre ne sauroient provenir des débris des
grands animaux; car On sait que le charbon des substances
animales n'est si diflicile à brûler que parce qu'il contient une
assez grande quantité d'acide phosphorique. Or le:charbon de
terre, dit Proust, ne laisse dans ses cendres aucune trace de
phosphate. Ge fait démontre que ce charbon ne peut provenir
des dépouilles des grands animaux. .
On ne sauroit conclure que les mines de charbon de terre
n’ont point été formées dans les eäux dés mers, de ce que
l'auteur n’y a point trouvé de muriate : Car j'ai fait voir
(Théorie de la Terre, tome 4, pag. 175) qu'à cette époque
les eaux des mers ne contenoient pas de parties sensibles de
sels marins.
Mais d'où viennent, demande-t-on, ces propriétés des char-
bons de terre, si différentes de celles des charbons de bois?
Je réponds que C'est de sa minéralisation, c'est-à-dire de
sa combinaison avec un principe étranger, qui me paroit être
l'acide sulfurique ; car le charbon de terre est minéralisé
comme je l’ai démontré (Théorie de la Terre, tom. 4, p. 145),
et combiné avec l'acide sulfurique. Or Proust a prouvé que
les acides font éprouver les plus grands changemens aux char-
bons. L’acide nitrique y forme du tannin comme l'a fait voir
Hatchett.
L'acide nitrique versé sur les charbons de terre en détruit
une portion de l'huile et de l'hydrogène. Proust a fait chauffer,
dans un acide nitrique de 18 à 20 degrés, du charbon de
terre de Villanueva, réduit en poussière. Ce charbon a perdu
la propriété qu’il avoit auparavant de former de l'huile, du
gaz hydrogène huileux et de l'ammoniaque. Il n'y est plus
resté que le carbone ou le coak.
Les mêmes phénomènes ont lieu dans la minéralisation des
substances végétales pour former les charbons de terre. L’acide
sulfurique, qui en est le rminéralisateur , a détruit une partie
de leur huile, de leur hydrogène, ensorte que la partie char-
bonneuse, ou le coak, y est devenue plus abondante. Voici la
manière dont j'ai expliqué (zbidem) la formation de ces
charbons de terre.
Des masses immenses d'arbres fossiles et autres végétaux,
tels que des tourbes, ont été recouvertes par des couches de
terre plus ou moins épaisses, comme on en trouve encore
en plusieurs contrées. Des pyrites se forment au milieu de
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 39
ces végétaux. Elles se décomposent et forment de l'acide sul-
furique. La chaleur qui en résulte volatilise les huiles, comme
on l'observe dans tous les lieux où on trouye du pisaphalte
ou bitume de Judée. Prenons pour exemple la Mer-Morte,
ou lac de Genezareth; l'asphalte y est très-abondant : il se
dépose alternativement avec les couches terreuses et pierreuses
qui se forment dans son sein. Il doit donc s’y former des
couches alternatives de bitume ou charbon de terre et des
couches terreuses , pierreuses.. Ces couches de charbon auront
l'étendue de ce lac, c'est-à-dire plusieurs lieues en longueur
et en largeur,
Il doit par conséquent se trouver au-dessous du fond de ce
lac des amas immenses de bois fossiles, tels que ceux qu’on
trouve dans la Prusse ducale, ... ou de tourbe...
La manière dont brülent les charbons de terre confirme
mon opinion. Ils donnent toujours de l’acide sulfureux , dit
Proust. Cette combustion est analogue à celle du charbon
des huiles traitées par les acides. Lorsqu'on enflamme de
l'huile par le moyen des acides, il se forme un charbon très-
spongieux, qui sort du vase... Ce charbon brüle très-diflici-
lement. Le noir de fumée , et tous les charbons des huiles
brûlent également avec difficulté , et ils sont très-volumineux.
Mais les végétaux, dont ont été formés nos charbons de
terre , étoient vraisemblablement des contrées équinoxiales ,
comme tous les autres fossiles de nos contrées. Les restes des
végétaux qu'on trouve dans les mines de houille , paroïissent
avoir appartenu à des végétaux exotiques. Bernard de Jussieu
a trouvé dans les houillières de St.-Chaumont , proche Lyon,
le nyctante. Bosc a trouvé dans des houillières du côté d’Autun
un morceau de la tige d’un bambou. Faujas a trouvé des restes
de palmier dans des tourbières d'Andermach... Les nombreuses
plantes de la famille des fougères qu'on trouve si fréquemment
dans les houillières et les schistes qui les recouvrent, sont
reconnues pour être exotiques...
Je ne nie cependant pas que quelques charbons de terre
puissent avoir été formés par des substances animales. Cepen-
dant aucun de ceux examinés par Proust n'a donné de pAos-
phate; et l'acide phosphorique, si abondant dans les substances
animales, ne paroît pas pouvoir avoir été ainsi détruit. Il fau-
droit donc que ces substances animales eussent appartenu à
des animaux, tels que les insectes, qui ne continssent point
d'acide phosphorique , ce qui ne paroït pas vraisemblable,
40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DR CHIMIE
De l’oxide du Charbon.
Le charbon et l’oxigène peuvent, suivant Proust, contracter
une union qu'il a observée le premier. Dans l'acide carbonique
et dans l'oxide gazeux le charbon et l’oxigène sont purs.
Mais dans l'oxide de charbon, l’oxigène peut s’unir avec
le charbon azoté ou hydrogéné. Voici le procédé qu’il emploie
pour obtenir cet oxide de charbon :
100 parties de charbon de terre de Villanueva ( qui donnent 68
de coak) ont été traitées par l'acide nitrique. Il a obtenu un
résidu — 120. L'acide a cependant dû détruire presque en
entier les 32 parties qui ne sont pas du coak. Cet acide a
donc produit dans ce charbon une augmentation de 52. Elle
ne peut étre due qu'à l'oxigène de l’acide nitrique qui s’y est
combiné.
Du Charbon déshydrogéné.
Puisque le charbon de terre contient jusqu’à 0,77 de coak,
il faut que ce charbon, provenu primitivement des végétaux,
ait perdu une grande quantité de son hydrogène. Il est même
des charbons de terre qui paroissent ne contenir que du car-
bone ou coak.
Du Jayet.
Du jayet distillé, dit Proust , donne de l'huile, de
l'ammoniaque, du gaz carbonique, de l’oxide gazeux à flamme
bleue , et 0,40 d'un charbon trois fois plus volumineux que
le jayet employé.
Ce charbon si volumineux me paroit également provenir
d’une substance huileuse minéralisée par unñ acide.
Le jayet chauffé avec l'acide nitrique , laisse dégager beau-
coup du gaz. Il se forme ensuite une concrétion jaune, qui,
desséchée et mise sur les charbons ardens , fuse comme le
charbon oxidé.
De la Tourbe.
100 parties de tourbe de Dax, distillées par Proust, lais-
sèrent 0,40 de charbon.
Ses produits sont, 1° de l’eau ;
2° Du vinaigre mêlé d’ammoniaque qui ne difléroit pas
de celui qu’on obtient du bois.
3° Une vapeur jaune huileuse, qui se figea comme du suif;
elle étoit 00,6 à 6,5.
e La
ET D'HISTOIRE NATURELLE. : 41
La potasse qui n'a point d’action sur le charbon de terre,
dissout la tourbe.
L'acide nitrique de 40° appliqué à la tourbe ayec ébulli-
tion, la dissout. On obtient,
1° De l'acide oxalique;
2° Du jaune amer.
Sa cendre contient beaucoup de silice, un peu de magnésie
et du sulfate de chaux.
On voit que la différence de la tourbe au charbon de terre
est que celle-ci n’est quelégérement minéralisée. Elle fournit
du vinaigre, et une huile blanche concrète, produits que
ne fournit point le charbon, parce que l'acide sulfurique qui
l'a minéralisé a détruit ces principes.
DE LA CLASSIFICATION DES SUBSTANCES MINÉRALES.
Il est avoué aujourd'hui de tous les naturalistes, qu'on ne
peut classer les minéraux que d'après leurs principes chimiques.
Ainsi l'argent rouge , le réalgar, l'orpiment, le plomb rouge
ou chromaté, l’argent muriaté, le plomb carbonaté,... quoique
n'ayant aucuns caractères extérieurs des substances métalliques,
sont placés par tous les minéralogistes parmi les mines mé-
talliques.
Les mêmes principes doivent être appliqués à la classifica-
tion des substances pierreuses.
On ne pourra donc avoir une classification exacte des miné-
raux que lorsque la chimie sera parvenue à les tous analyser
par des procédés qui donnent des résultats constans. En atten-
dant que la science soit arrivée à ce point, le minéralogiste
est obligé de faire des classifications qu'on pourroit dire pro-
visoires.
Cependant l'analyse chimique seule est insufisante pour
avoir une bonne classification des minéraux, puisque des sub-
stances minérales différentes, telles que le calcaire et l’arra-
gonite, le ruthil et l’oisanite... donnent à l'analyse les mêmes
principes.
Il faut donc joindre à l’analyse les autres caractères que
présentent les minéraux.
Les mêmes principes s'appliquent à la classification des
huiles, des résines , des extraits... et autres produits des
êtres organisés.
C'est d’après ces principes que j'ai proposé une nouvelle
Tome LXIV. JANVIER an 1807. F
42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
classification des minéraux, fondée sur les analyses les plus
exactes que nous avons dans ce moment, et sur leurs autres
caractères. Mais cette classification éprouvera des modifications
par les nouvelles analyses.
J'ai divisé, comme l'on sait, toutes les substances du règne
minéral ou inorganique, en dix classes.
1ùe casse. Les gaz.
ae. Les eaux.
mc. Les corps combustibles simples. Soufre;, phosphore ,
diamant , antracite, plombagine.
ave. Les substances métalliques.
ve. Les acides.
vire. Les alkalis.
var. Les terres.
vire. Les sels neutres.
Cette classe forme trois familles ou sous-divisions.
Jere SOUS-DIVISION DE LA Ville CLASSE,
Sels neutres alkalins.
Ile SOUS-DIVISION DE LA VIII: CLASSE.
Sels neutres métalliques.
Ille SOUS-DIVISION DE LA VIII CLASSE.
Les pierres, ou sels neutres terreux.
Les pierres sont sous-divisées en pierres homogènes et en
pierres agrégées. Chacune de ces sous- divisions forme neuf
ordres à raison des neuf terres principales que la chimie re-
connoît dans ce moment; car j'ai divisé les substances pierreuses
comme les substances métalliques, à raison de la substance
qui y domine. Les falherz, par exemple, contiennent cuivre,
argent, antimoine, arsenic, soufre ;... mais comme le cuivre
domine, on les place dans les mines de cuivre.
J'ai donc également divisé les pierres à raison de la terre
principale qui y domine. Ainsi on a pierres quartzeuses ;
pierres magnésiennes, pierres calcaïres...
Chacun de ces ordres se sous-divise à raison des autres
terres qui y sont jointes, et à raison de leurs caractères exté-
rieurs.
L'ordre quartzeux, par exemple, forme seize genres J'en
ET D'HISTOIRE NATURELLE 43
ai fait un dix-septième où sont placées les pierres de cet ordre
qui ne sont pas encore analysées. à
J'ai placé dans cet ordre quartzeux les smectites, tels que
les talcs, stéatites, ... car quoique la magnésie y soit en
certaine quantité, la silice y domine.
Les schistes ordinaires , tels que les ardoises... sont égale-
ment dans l’ordre quartzeux, parce que la silice est dans ces
schistes plus abondante que l'alumine.
DIXIÈME ORDRE.
Les pierres agrégées forment le dixième ordre.
Je continue à en faire trois grandes sous-divisions.
Pierres agrégées cristallisées.
Pierres agrégées empâtées.
Pierres agrégées agglutinées.
Chacune de ces trois grandes divisions forme neuf sous-
divisions à raison des neuf terres qui y dominent. Ainsion a,
par exemple,
Pierres agrégées cristallisées , composées de pierres siliceuses.
Pierres agrégées cristallisées , composées de pierres argi-
leuses, telles que le sopas-fels de Werner, roche de topaze...
Les pierres empâtées ou porphyres diffèrent également, et
à raison de la pâte dont elles sont formées, et à raison des
cristaux contenus dans cette pâte.
La pâte des vrais porphyres qui contiennent des cristaux
de feldspath , peut être
feldspathique,
hornblendique,
pétrosiliceuse ,
téphrinique,
Leucostique (la pâte du porphyre rouge).
Ophitine. (la pâte du ARE LAS Ge ce qui donne
autant de variétés de porphyre.
x cLAsse. Pierres volcaniques.
Les pierres volcaniques ont été dissoutes par la voie ignée,
etont cristallisé par le refroidissement. Je les ai divisées en cinq
ordres, à raison de la différente nature des pierres dont elles
sont formées.
1 oRDRE. Laves fontiformes, composées de schistes pyri<
teux ferrugineux. J'en ai formé douze genres. a
2
44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
1er genre. Verre de laves fontiformes, qui au chalumeau
donne un verre noir.
2e genre. Ponce.
3° genre. Scories.
4° genre. Laves poreuses.
5° genre. Lapillos et cendres.
6° genre. Laves compactes, basalte prismatique ou non
prismatique.
7e genre. Porphyroïde volcanique.
8e genre. Laves fontiformes décomposées.
9° genre. Pouzzolane.
10° genre. Amygdaloïde.
rie genre. Variolite.
12e genre. Brèches, pouddings.
Toutes ces laves fontiformes donnent en général à l'analyse ;
SIlICR, mises ne stiatisidelsisn 46
Alumine: : clac co eraecise MIO
Ghaux. . 5.0 .hessleeseeltg
Péri See bronieruristobis ati 100420
NATCON: LA sous meRaGR Lie R NA
Acide muriatique......... 1
Fa PQ Ter SEE
ue oRDRE. Laves composées de porphyres à base de pétre-
silex. J'en ai formé quatorze genres.
1er genre. Obsidienne qui au chalumeau donne un verre
incolore.
2° genre. Perlstein.
3° genre. Laves vitreuses pétrosiliceuses.
4° genre. Lave résiniforme, ou retinite.
5° genre. Obsidienne porphyrique contenant des cristaux de
feldspath. ,
6° genre. Ponce pétrosiliceuse.
7° genre. Ponce pulvérulente, farine fossile pétrosiliceuse,
volcanique.
8: genre. Lave pétrosiliceuse compacte, klingstein de Werner,
phonolite de D'Aubuisson.
g° genre. Lave pétrosiliceuse, compacte, porphyrique, conte=
nant beaucoup de cristaux de feldspath.
10° genre. Lave pétrosiliceuse, compacte, porphyroïde, con-
tenant des cristaux d’augite, de hornblende.
11e genre. Laves pétrosiliceuses décomposées.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45
x2e genre. Amygdaloïde volcanique pétrosiliceuse,
13° genre. Variolite volcanique pétrosiliceuse.
14e genre. Brèches, pouddings, volcaniques pétrosiliceux,
Toutes ces laves pétrosiliceuses à l’analyse donnent en gé-
néral,
Giice RE D E dhbe a ages | 0D
ADAM EAST cree came se Sn isie cie 20
Chaux. -::.... -epiibntoned 1e
Per'oxidéLR our elléaset.st m1 à
Natront. cote. JE et 35 » 011
Hans ten ST SON OP HE:
ui ORDRE. Layes téphriniques composées de porphyres à
base de céphrine. |
Pline appelle tephrias un porphyre d'un gris cendré (de
&ephra, cendre).
Ces porphyres doivent former des laves comme les porphyres
à base de pétrosilex. On connoissoit une grande quantité de
ces laves, qu’on confondoit avec les autres espèces. J'ai donc
cru qu'il en falloit faire un ordre particulier. Cordier en a
observé un grand nombre de cette nature au Pic de T'énérife.
Je les ai sous-divisés en dix genres.
1 genre. Verre téphrinique qui chauffé au chalumeau donne
un verre verdâtre.
2° genre. Verre téphrinique porphyrique , avec des cristaux
de Eten
5° genre. Ponce téphrinique.
4° genre. Laves poreuses téphriniques.
5° genre. Laves scoriformes téphriniques.
6° genre. Laves compactes téphriniques, en prismes ou en
masse informe.
7° genre. Laves téphriniques compactes ou non compactes,
porphyriques, contenant des cristaux de feldspath.
8e genre. Laves téphriniques compactes ou non compactes,
porphyroïdes , contenant de l’olivine, de l'augite..,
9° genre. Laves téphriniques décomposées.
10° genre. Amygdaloïdes volcaniques téphriniques.
Il peut y avoir des variolites, des brèches, des pouddings
téphriniques volcaniques.
45 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
La lave téphrinique donne à l'analyse,
Siliceser etre “becs nes AE ER
AMIE eus c ects MER
Chaux. 4 ARR AE EE ea ns :
Fer aoxidé::. 10 T0 RSS: 'OANO
Natron 3812481228
Eau PRE PERTE DER ANRT
ve onpRe. Laves hornblendiques.
Des roches à base de hornblende peuvent éprouver l’action
des feux souterrains. et forment des laves que j'ai nommées
Aornblendiques.
1“ genre. Laves hornblendiques poreuses.
2e genre. Laves hornblendiques compactes.
ren erevre pese. eesserseesesercsobe
ve ORDRE, Laves leucitiques.
Des laves du Vésuve et de quelques autres volcans d’Italie
contiennent une grande quañtité de leucite.
Il peut y avoir des laves qui soient formées de toutes les
autres pierres Connues, par exemple, de serpentines, de talcs….
Cordier a observé des laves qui contiennent une grande
re d'augite (que j'avois appelée volcanite, ou pyroxène
e Haüy). On sera donc peut-être fondé à en faire une espèce
particulière qu'on appellera augitique.
DES PIERRES PSEUDO-VOLCANIQUES.
On trouve dans les mines de houille enflammées des pierres;
et particulièrement des schistes , qui ont éprouvé une action
du feu plus ou moins considérable : c'est ce qu'on appelle
pierres pseudo-volcaniques. J'en ai formé plusieurs genres.
1® genre. Schistes chauftés, :
2° genre. Tripoli.
3° genre. Jaspe porcelaine de Werner.
4° genre. Schiste pseudo-volcanique scoriforme.
5° genre. Verre noir pseudo-volcanique.
6 genre. Schiste pseudo-volcanique cristallisé en rayons di-
vergens , ou verre pseudo-volcanique dévitrifié.
Toutes les variétés de ces pierres pseudo-volcaniques se
trouvent dans des schistes chauffés des houillières de la
Bouiche en Auvergne.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47
DES MÉTÉOROLITES.
Je range ici les météorolites comme substances minérales
qui ont été chauffées , quelle que soit d'ailleurs leur origine.
x° cLasse. Les fossiles forment une dixième et dernière
classe.
Je les divise en deux grandes sections :
Fossiles animaux ,
Fossiles végétaux.
Je sous-divise chacune de ces deux sections en six ordres.
1ère section. Des fossiles animaux.
1% ordre. Animaux fossiles parfaitement conservés : tels
sont les insectes qui se trouvent dans le succin , les rhino-
céros trouvés sur les bords du Vilhoui.
u* ordre. Animaux fossiles terriñiés, c'est-à dire presque
réduits en terre: tels sont les poissons du Mont-Bolca, de
Montmartre... t
tu° ordre. Animaux fossiles bituminisés, ou convertis en
bitumes : tels sont les poissons qu’on trouve danses houillières,
1ve, ordre. Animaux fossiles métallisés ou pénétrés par des
substances métalliques : tels sont des poissons pénétrés par
du cinabre dans les mines de mercure du ci-devant Palatinat,
ve ordre, Animaux fossiles pétrifiés.
Plusieurs animaux fossiles sont convertis en pierres.
vie ordre. Animaux fossiles empreints. :
Quelques animaux fossiles, tels que les crabes, les insectes ;
n'ont laissé que leurs empreintes.
1e SECTION. Des végétaux fossiles.
1% ordre. Végétaux fossiles entiers.
On trouve plusieurs arbres fossiles entiers:
ue ordre. Végétaux terrifés.
La plupart des tourbes sont le produit des végétaux terrifiés,
tue ordre. Végétaux bituminisés.
Plusieurs végétaux ont été convertis en bitume et sont l’ori-
gine de toutes les houilles. Des animaux bituminisés ont pu
se joindre à ces végétaux. On distingue :
1% genre. Tourbe bituminisée.
2° genre. Geantrax , ou terre bituminisée.
3° genre. Jayet, ou bois fossile passant à l'état bitumineux.
4° genre. Xilantrax, bois fossile plus bitumineux que le
jayet, et pénétré de bitume,
48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
5e genre. Lithantraæ, charbon minéral, ou vraie houille.
6° genre. Asphalte, suc bitumineux qui a une certaine
solidité.
n° genre. Malta, poix minérale.
& genre. Naphte, huile minérale plus où moins colorée.
° venre. Succin, substance végétale fossile, combustible,
qui à la distillation donne un acide particulier.
10° genre. Cahoutchou, fossile du Derbyshire.
Le mellite, honigstein , est composé d’un acide végétal
combiné avec l’alumine. C’est pourquoi je l'ai placé avec les
pierres alumineuses.
xv<- ordre. Végétaux métallisés. Plusieurs végétaux fossiles
sont réduits à l'état pyriteux. |
v< ordre. Végétaux pétrifiés, Plusieurs végétaux fossiles sont
totalement convertis en pierres siliceuses.
vie ordre. Végétaux empreints. Plusieurs végétaux fossiles,
et principalement les feuilles n’ont laissé que leurs empreintes.
Tel est le précis de la nouvelle classification des minéraux
que j'ai proposée; elle est fondée et sur l'analyse chimique
et sur les caractères extérieurs.
DE LA CRISTALLOGRAPHIE.
Nous avons déjà vu en parlant de la mussite, de l'alalite,
de l’hyacinthine.... que la cristallographie a été enrichie de
la description des cristaux de ces substances.
Des molécules des cristaux.
J'ai examiné de nouveau la molécule des cristaux. On sait
que j'ai rapporté ces molécules à trois formes principales
(Sciagraphie, tome 2, page 564).
La lame triangulaire.
La lame rectangulaire.
La lame rhomboïdale.
Mais les lames rectangulaires et rhomboïdales peuvent être
composées de deux. ou quatre lames triangulaires, ai-je ajouté
ibid., pag. 365.
Bergmann cite un prisme hexaëdre de mica, composé de
six lames triangulaires (Journal Phys., Avril 1792, pag. 264).
Or le mica est ordinairement composé de molécules rhom-
boïdales. Il faut donc que dans cette circonstance cette mo-
lécule rhomboïdale soit divisée en molécules triangulaires.
Le
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 49
Les membres de l'Ecole pratique des mines de France ont
trouvé proche Moutiers, un spath calcaire dont la molécule
rhomboïdale se divise suivant la grande diagonale, en deux
parties triangulaires.
Le ruthil (titané oxidé rouge, schorl rouge) cristallise en
pie rectangulaire, ce qui pourroit faire supposer sa mo-
écule rectangulaire; mais ce prisme se divise, suivant les deux
diagonales, en quatre parties rectangulaires isocèles. (Haüy,
Minéralogie, tome 4, page 368.)
Ces faits prouvent que les molécules de plusieurs cristaux
en dernière analyse peuyent être rapportées à la forme trian-
gulaire.
Il faut donc, dans l'examen des molécules des cristaux ,
voir celles qui peuvent se rapporter à la molécule triangulaire.
On y est d'autant plus autorisé qu'on observe journellement
dans la division des cristaux de nouvelles coupes qui donnent
de nouveaux résultats.
Des molécules différentes de minéraux peuvent être composées
des mêmes principes chimiques.
Une grande difficulté embarrassoit les cristallographes et les
chimistes. Quelques espèces minérales présentent entre elles
des caractères différens. Leur pesanteur , leur dureté , leur
cassure... ne sont point les mêmes ; les formes de leurs cris-
taux ne peuvent se rapprocher ; en les brisant on n’y trouve
point la même molécule; ... et cependant le chimiste en les
analysant en retire à peu près les mêmes principes.
Le cristallographe disoit au chimiste! : os analyses ne
sont pas exactes; vos réactifs sont insuflisans et vous induisent
en erreur...
Le chimiste répondoit au cristallographe : Je suis sr de
mes procédés ; c'est votre méthode qui est incomplète.
Le spath calcaire et l'arragonite ont été principalement la
sujet de cette grande controverse. Les plus célèbres chimistes
et les plus exercés à ces sortes de travaux, les Klaproth,
les Vauquelin, les Fourcroy , les Thenard... ont répété plu-
sieurs fois l'analyse de ces substances, et en ont retiré à peu
près les mêmes principes; savoir :
Chaux,
Acide carbonique,
Eau,
Tome LXIV. JANVIER an 1807. G
OR JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Et cependant les caractères de ces deux substances sont
entièrement diflérens.
La pesanteur du calcaire cristallisé est 27.
La pesanteur de l’arragonite est 20.
La dureté de l'arragonite est supérieure à celle du calcaire
qu'elle raye.
La cassure du calcaire est lamelleuse, spathique, ordinaire-
ment rhomboïdale.
La cassure de l’arragonite est vitreuse, et on ne peut y
distinguer de forme régulière.
La Érno primitive du calcaire est un rhombe dont les angles
sont, suivant Newton (Optique, tome 2,) 1010 52’ et 78°
et 8°.
La forme primitive de l’arragonite est le dodécaëdre à faces
triangulaires très-alongées ( Théorie de la Terre, tom.2, p. 46)
L'oisanite a été un second sujet de discussion. Le chimiste
(Vauquelin) en a retiré les mêmes principes que du ruthil,
ou titane oxidé rouge, et cependant le minéralogiste et le
cristallographe y trouvent de grandes différences.
Le ruthil cristallise en prismes rectangulaires.
Sa molécule est une lame triangulaire isocèle.
Sa pesanteur est 4100.
L'oisanite cristallise en octaëdres rectangulaires alongés.
Sa molécule est une lame triangulaire scalène.
Sa pesanteur est 3800.
J'ai cherché à concilier les méthodes du cristallographe et
les analyses du chimiste, et j'ai fait cesser les contradictions
apparentes que présentoient leurs travaux, en prouvant que
les mémes principes chimiques pouvoient donner des miné-
raux , dont les molécules , les duretés , Les pesanteurs fussent
différentes.
La molécule rhomboïdale 4 du calcaire, par exemple, est
composée de chaux z , d'acide carbonique "2, d'eau p. Ces.
trois principes sont arrangés entre eux d’une manière constante
dans le calcaire, pour donner constamment la mème molécule.
Supposons qu'ils se touchent par leurs faces, comme le fait
cette molécule , pour former le calcaire primitif.
La molécule x de l’arragonite, qui n'est pas encore connue,
est composée des mêmes principes, chaux 7, acide carbo-
nique "2, eau p: supposons qu'ils se touchent par leurs angles,
comme le fait la molécule rhomboïdale calcaire, pour former
le cristal dit znyerse ou muriatique. On sent que dans cette
ET D'HISTOIRE NATURELLE. Bi
hypothèse on aura une molécule x différente de la molécule
rhomboïdale 9 du calcaire. Cette molécule formera des cris-
taux dont les formes seront différentes de celles du calcaire.
Leur dureté, leur pesanteur, leur cassure... varieront éga-
lement.
La méme chose doit se dire de la molécule du ruthil ou
schorl rouge, ou titane oxidé rouge, et de celle de l’oisanite.
Ces deux substances donnent à l'analyse les mêmes principes,
et cependant leurs qualités, telles que la pesanteur, dureté,
figure, ... sont entièrement différentes.
La molécule de l'oisanite est, suivant Haüy , un tétraèdre
irrégulier.
La molécule du ruthil est, suivant le même savant, un
prisme triangulaire rectangle isocèle.
Nous pourrions faire la même application à plusieurs autres
substances dont l’analyse retire à peu près les mêmes principes
chimiques, quoique leurs propriétés, telles que la molécule , Ja
figure, la pesanteur, la dureté... soient différentes : tels sont
le grenat et l’yanolite...
D'un autre côté, nous avons vu en parlant des falherz...
que des principes chimiques différens peuvent donner la même
molécule et les mêmes figures...
Il me paroïit que la théorie de la cristallographie renferme
aujourd’hui tous les élémens qui lui sont nécessaires.
1°. Romé-de-Lisle a prouvé que les angles étoient constans
dans chaque espèce de eristaux.
2°, Il a prouvé que dans chaque substance cristallisée il y
avoit une forme primitive de laquelle dérivoient toutes les
formes secondaires.
5°. Bergmann et Gahn ont fait voir que chaque substance
cristallisée avoit une molécule particulière composée de cer-
tains principes chimiques, et dont les positions différentes don-
noient toutes les formes de cette substance, suivant certaines
positions et certaines lois de décroissement. (Journal de Physique,
Avril 1792, tom. 40, pag 258.)
4°. J'ai prouvé (Journal de Physique, tome 63, page 70),
que les mêmes principes chimiques peuvent donner des mo-
lécules différentes, et par conséquent des minéraux dont les
qualités soient différentes.
Avec ces quatre données fondamentales, le minéralogiste-
géomètre déterminera les variétés des formes cristallines des
diverses substances cristallisées.
G a
dE JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Mais ces molécules et ces formes seules ne peuvent déter-
miner les espèces minérales. La molécule et la forme cubique,
pâr exemple, appartiennent peut-être à soixante substances
minérales, qui forment des espèces distinctes. 77 faut donc
avoir recours à tous les caractères extérieurs ainsi qu'à
l'analyse chimique.
DE LA GEÉOLOIG IE:
Cette science difficile fait chaque jour de nouveaux progrès,
et, quoi qu’on en dise, elle est aussi avancée que les autres
parties de l’histoire naturelle.
DE LA FORMATION DES VALLÉES.
Bertrand, pour expliquer la formation des vallées, suppose
qu'il y a eu un changement subit de l’axe du globe. L'équa-
teur, dit-il, fut transporté jusqu’à 4o ou 5o degrés de distance
obliquement à la sphère actuelle. Peut-être le mouvement diurne
ou de rotation fut-il ralenti. Dès-lors il s'établit de grands
courans dans la masse des eaux pour se mettre en équilibre
avec cette nouvelle position de l'axe et de l'équateur. Ces
courans sillonnérent la surface du globe et formérent les vallées.
La cause de ce changement de l’axe est, suivant lui, exté-
rieure au globe. Peut-être ce changement a-t-il été produit
par le choc d'une comète.
Chambrier a prouvé qu'il faut distinguer plusieurs espèces
de vallées , dont quelques-unes seulement peuvent devoir leur
origine à l’action des eaux.
1°. Les Vallées des terrains primitifs.
Ces vallées, ditil, ont été formées , comme l’a fait voir
Delamétherie , par la cristallisation des montagnes qui, en
s’élevant au milieu du dissolvant, ont laissé entre elles des
interstices , lesquels forment ces vallées primitives.
2°. Les Vallées des terrains de transition.
« Ces vallées ne doivent pas non plus leur origine à l'érosion
des eaux. Comment les barres calcaires ou schisteuses qui
traversent fréquemment le milieu des grandes vallées , dont
un des côtés aboutit à de hautes montagnes primitives, auroient-
elles pu résister à l’impulsion des eaux, dont la chute est suppo-
ETDHISPOIRE NATURELLE. |. 53
sée assez violente pour avoir creusé des deux côtés de plusieurs
mille pieds de profondeur ? » ‘
5°. Les V’allées des terrains calcaires, etc.
« Les eaux n’ont donc pu creuser que les vallées qui sont
dans les grès, les argiles et les dépôts calcaires.
Le ci-devant père Chrysologue a cherché l’explication de
tous ces phénomènes dans le déluge rapporté par Moïse. Mais
cette hypothèse a été victorieusement réfutée par tous les
géologues qui ont fait voir que la plupart des couches secon-
daires ont été faites par des dépôts lents et successifs, et ne
peuvent avoir été produites en un espace de temps aussi
court, et par des eaux aussi violemment agitées, qui auroient
brisé les coquilles fossiles, les es, les animaux, les plantes...
De la mesure de la hauteur des montagnes.
Héricard de Thury a déterminé la hauteur de plusieurs
montagnes du ci-devant Dauphiné.
Sur l'Étude du sol des environs de Paris.
]
Coupé continue ses recherches sur le sol des environs’ de
Paris. Les eaux, dit-il, ont couvert ce sol; la mer se reti-
rant, il est demeuré à découvert. Mais les aspersions plu-
viales vinrent creuser sa surface et descendre dans son inté-
rieur; tandis que l’eau tombant de l'atmosphère et l'air réunis
opéroient au jour ét au soleil les merveilles de la végétation
et de la vie, les mèmes agens opéroiïent dans l'intérieur de
la terre, dans les ténèbres, dans le silence et la lenteur des
siècles , les diverses mutations minérales. Une île , un conti-
nent qui se découvrent à l'air, se trouvent sous la double
puissance de l'atmosphère supérieure et de l’aitmosphére sou
terraine.
De la chute d'une partie de la montagne du Ruffibers,
dans le canton de Schwytz. ») ot
Cette montagne est élevée de 806 toises au dessus du niveau
de la mer, et 586 toises au dessus du lac de Zug.
Elle est composée de pouddings et de couches de grès in-
clinées d'environ 25 degrés.
L'écroulement est arrivé à 5 heures du soir , le 2 septembre.
54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE.
Il a été précédé par les pluies qui ont eu lieu en été, et en
particulier par une pluie abondante quia eu lieu le 1° septembre.
L'éboulement, dit Théodore de Saussure , n’a pas été pro-
duit par la chute du sommet de la montagne sur les parties
inférieures ; il a été formé par un lit entier de couches, qui,
depuis la base jusqu'au sommet du Rufiberg, dans une pro-
fondeur quelquefois de cent pieds, et une longueur de près
d'une lieue, s'est séparé des couches inférieures et a glissé
parallèlement à leurs plans dans le fond de la vallée, avec
une rapidité inconcevable pour une aussi foible inclinaison
de 25 degrés.
. Des fers de chevaux trouvés en terre.
On creusoit à Roued, dans le canton d’Argovie en Suisse,
un fossé dans un, terrain situé sur une éminence qui n'est
dominé par aucune hauteur attenante. Le sol est un marais
léger. A deux pieds et demi au dessous on rencontre un banc
de gravier grossier, composé de cailloux roulés. Trois pieds
plus bas on trouve au milieu d’une glaise des troncs d’arbres
debout sur leurs racinés et dans un état de pourriture. On
reconnut que c'étoit des sapins.
Mais à [4 profondeur de ‘huit pieds, on trouva neuf fers
de cheval parfaitement conservés, mais un peu plus petits
et de forme différente de celle des fers de nos chevaux. On
voyoit encore des clous dans quelques-uns.
La chute du Rufiberg explique l'origine de ces fers de che-
vaux. Ils sont également dus à l'éboulement ancien de quelques
terrains.
De la température de l’intérieur du globe terrestre.
Il est reconnu aujourd'hui de la plus grande partie des
physiciens , que le globe terrestre a dans son intérieur une
température qui est fort au dessus de zéro, quelle qu'en soit
la cause, j'ai mis cette vérité hors de -tout doute dans ma
Théorie de la Terre, tome 3°, et fait voir que cette tempé-
rature varioit à différentes latitudes.
D'Aubuisson a cherché à déterminer ces degrés de tempé-
rature d’une manière plus rigoureuse. Il rapporte des observa-
tions faites à différentes latitudes , et il en conclut que l’ac-
croissement de température, en allant du pôle à l'équateur,
est proportionnel au cosinus de la latitude élevé à la puissance 2;,
ET D'HISTOINE NATURELLE. 55
et qu'ainsi l'expression de la température en un lieu quelconque
dont la latitude est æ, est
P étant la température du pôle,
a celle d’un lieu connu,
b la latitude de ce lieu,
æ la latitude du lieu dont on cherche la température.
Il rapporte ensuite des observations faites en différens lieux,
et il fait voir qu’elles sont conformes à celles données par la
formule. 3
Lieu de l'observation. Latitude. Température Température
observée. calculée.
Le Caire........... HOON 2. esse 18.0 17.8
PANSAEE rte LEO DOMUR NE: » 0-0 9.6
Londres 2 rare MTo20 parte 00 8.8
Cotke casernes D ed Attelé le ae VO SO 8.3
\Tullamore........... 53.12........, 7.1 7.8
ED nblin ee chi etéhs DOaBOuerassous ef 7.7
HU ArMaghe pu eu de: OMRAONA Te 2E : 2. | 6,0 7.5
a NE EE RO TAPER 4: NES HR ENT L 7-1
A Londonderry: 5. :.1:100 da ske. 1216.06 7.0
Ballycastle .......... RL DE ie REA AR 1 7.0
Stockolm. :..... ADO DOTE IG O 5.4
ROBES res eee OM OR MeM Le ES 3.3
Nan LEE V0 a0, 2. 29 2.1
Q
Il a trouvé que la température étoit à 16° dans les mines
de Freyberg, à la profondeur de 300 mètres.
Il a ensuite cherché à déterminer la loi suivant laquelle la
température diminuoit à mesure qu'on s’élevoit au dessus de
la surface de la terre. Cette diminution suit une progression
arithmétique; elle est environ d’un degré du thermomètre
centigrade pour 174 mètres de hauteur.
Mais on sent que cette température doit varier suivant
celle de la surface, dans le moment où on fait l'observation,
en hiver ou en été.
56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
De la retraite de la mer Caspienne.
La mer Caspienne a eu dans des temps antérieurs une
étendue considérable. Ptolomée , dans son Almageste , lui
donnoit vingt-trois degrés et demi d'orient en occident, c’est-à-
dire plus de quatre fois plus qu'elle n'a aujourd'hui.
Il avoit déterminé l'embouchure du Volga dans cette mer,
à 49 degrés de latitude, et Delile ne la trouvoit qu'à 46 degrés.
Pomponius Mela dit que la mer Caspienne est formée par
un détroit qui a beaucoup d'étendue.
Albufeda détermina au dixième siècle les dimensions de
cette mer. Il lui donna moins d’étendue d'orient en occident
que les anciens, mais plus du nord au sud.
Beauchamp qui l’a observée il y a peu d'années, lui donne
plus d'étendue du nord au sud, et moins de l’orient à l’occi-
dent, qu'aucune des mesures anciennes.
Olivier pense égalément que l'étendue de la mer Caspienne
a considérablement diminué. Elle communiquoit autrefois
avec le Pont-Euxin ou Mer-Noire, par le nord du Caucase. Les
alluvions du Couban , du Volga et du Don, ont d'un côté
interrompu cette Communication ; mais d’un autre côté le
niveau de la Caspienne se trouve aujourd’hui de soixante pieds
plus bas que celui de la Mer-Noire, dit Olivier.
La même cause a interrompu la communication de la Cas-
pienne avec la mer ou lac Aral. Elles sont séparées par d'im-
menées plaines de sable salé.
Voici les preuves de la grande diminution de la Caspienne.
Les Russes ont pris le niveau des eaux moyennes du Don et
du Volga, dans un endroit où leur distance n’est environ que
de sept lieues. Le Volga est plus bas que le Don, d'environ
soixante et quelques pieds. Or, ajoute Olivier, le Don pour
se rendre. à la mer d'Azof, et le Volga à la Caspienne, ont
à peu près le méme trajet à traverser et la même pente : d'où
il conclut que la Caspienne doit étre plus basse environ de
soixante pieds que la mer d'Azof, et la Mer-Noire.
La diminution des eaux de cette mer s'est faite, comme
l'on voit annuellement, et peu à peu.
Ce phénomène nous montre la manière dont la diminution
du niveau des eaux de toutes les mers s'opère également
chaque année et peu à peu. J'en ai trouvé les preuves dans
les attérissemens qu’elles laissent sur leurs bords, comme le
fait la mer Caspienne (Théorie de la Terre , tome 5). Cela
est
ET L'HISTOIRE NATURELLE, 57
est surtout sensible dans le bassin des grands fleuves. Prenons
pour exemple notre petite rivière, la Seine. Son embouchure
dans la mer a trois lieues de largeur. Le lit de cette embou-
chure est rempli des galets que charient ses eaux.
Des galets semblables se trouvent dans tout le bassin de
cette rivière. Ainsi, auprès de Paris, depuis les coteaux de
Vaugirard, d’Issi, de Meudon, ... les plaines de Vaugirard,
de EE , du bois de Boulogne , des Sablons.....
sont remplies de galets jusqu'au bas de Montmartre, de
Ménil-Montant, Pantin, et la chaîne des carrières de plâtre
qui s'étendent au nord. (On trouve une assez grande quantité
de galets au bas de Ménil-Montant, du côté du faubourg
St.-Antoine. )
Ces galets qui occupent environ une lieue, plus ou moins
de largeur dans le bassin de la rivière , ne peuvent avoir été
déposés par une aussi petite masse d’eau que celle que con-
tient aujourd'hui la Seine à Paris.
J'en ai conclu qu’à une époque plus ou moins éloignée le
bassin de Paris se trouvoit proche la mer, comme l’est au-
jourd’hüi le Häâvyre. Les eaux de l'Océan en occupoient donc
toutes les parties basses, comme elles le font entre le Hävre
et Honfleur. Dès-lors on conçoit que les galets charriés par
la rivière, ont couvert toute cette étendue de terrain occupée
par les eaux. Cette vérité me paroît bien établie.
Les mêmes phénomènes s’observent dans les bassins de toutes
les grandes rivières. Ils sont extrémement sensibles dans les
bassins de la Loire, de la Garonne, du Rhône, du Rhin...
Ces faits prouvent que le niveau de l'Océan s’abaisse annuel-
lement et peu à peu.
De la cause de la diminution des eaux des mers.
Mais quelle est la cause de la diminution des eaux des mers?
On suppose que l’évaporation est la cause de l’abaissement
des eaux de la Caspienne , ainsi que de celles du lac Aral.
Les fleuves qui s'y versent n’apportent point, dit-on, à ces
mers autant d'eau que l’évaporation en enlève. Je ne crois
pas cette cause suflisante. À cette latitude l'évaporation ne me
paroît point assez considérable pour avoir pu produire en un
petit nombre de siècles un abaissement aussi prodigieux des
eaux de cette mer. -
La Mer-Noire, qui est à peu près à la même latitude que
Ja Caspienne , a un écoulement continuel dans la mer Egée,
Tome LXIV. JANVIER an 1807. H
58 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
par le détroit du Bosphore. Son étendue est plus considérable
que celle de la Caspienne; et cependant elle ne reçoit guère
plus d'eau que celle-ci.
Il est donc plus vraisemblable qu’une partie des eaux de
la Caspienne se rend dans des cavités souterraines de l’inté-
rieur du globe. On avoit dit avoir observé deux goufres auprès
du. Kilan, dans lesquels les eaux se perdoient. Struys assuroit
même les avoir vus. Blumestorf, il est vrai, dit ne les avoir
pas appercus. Ce sont de nouvelles observations à faire sur
cette mer.
Mais l’évaporation ne peut avoir aucune influence sur l’a-
baissement général des eaux des mers, puisque le poids de
l'atmosphère n’équivaut qu'à 28 pouces de mercure, ou 32
pieds d’eau, aujourd'hui comme autrefois. Il faut donc re-
connoitre d'autres causes de cet abaissément général du ni-
veau des-eaux des mers, comme je l'ai prouvé dans ma Théorie
de la Ferre.
Sur des substances soumises à un grand degré de chaleur
avec compression.
Hall a donné de nouveaux détails sur des produits minéraux
u’il a obtenus en soumettant différentes substances à l’action
d'une chaleur plus ou moins considérable, et exerçant sur
elles une forte compression. J’avois prouvé que cette com-
pression devoit produire de grands effets.
Il a pulvérisé de la craie, l'a renfermée dans des cylindres
de porcelaine, et l’a exposée à différens degrés de chaleur
mesurés au pyromètre de Weedgwood, et à différens degrés
de pression. L'ensemble de ses expériences lui a fourni les
résultats suivans :
1°, Une pression de 52 atmosphères, qui équivaut à une
profondeur en mer de 1700 pieds , peut réduire cette craie
pulvérisée à l’état de vraie pierre à chaux, en donnant une
chaleur convenable, qui varieroit entre 21 et 51 degrés du
pyromètre.
2°. Une pression de 86 atmosphères, qui équivaut à. celle
de 3000 pieds d’eau de hauteur, réduit cette craie en vrai
marbre.
3°, Sous une pression de 173 atmosphères, qui équivaut à
celle de 5700 pieds d'eau de hauteur, cette craie est mise
en fusion parfaite, et agit très-énergiquement sur les autres
terres avec lesquelles elle se trouve en, contact.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. . 59
L'auteur soumit ensuite à des expériences semblables des
matières animales et végétales, telles que la corne et la sciure
de bois. Il obtint des matières très-analogues aux différentes
espèces de houille ou charbon de terre.
L'auteur tire de ces expériences des conséquences en faveur
de la Théorie de Hutton. « L'agent le plus puissant et le plus
‘essentiel dans la Théorie de Hutton, dit-il, est le feu, que
j'ai toujours regardé comme identique à celui des volcans. »
Or on voit qu’avec le feu et une pression quelconque on peut
former de la pierre calcaire, des houilles... La profondeur
ordinaire des mers est, ajoute-t-il, au-delà de trois mille
pieds, qui suflit pour produire du marbre avec de la craie...
D'autres substances exposées à la même chaleur et dans
les mêmes circonstances, formeroient des porphyres, des gra-
mits...
Ces belles expériences de Hall ont fait un grand nombre
de partisans à la Théorie huttonienne. Cependant il me semble
qu’elles ne répondent pas aux diflicultés qu'on peut lui opposer;
car on demandera toujours,
19. Qu'est-ee qui a formé cette craie et les autres substances
qu'on suppose avoir été chauffées par les feux souterrains ?
2%. Qu'est ce qui a formé les substances qui entretiennent
ces feux souterrains, végétaux ou animäux?...
Il a donc fallu qu'il existât un ordre de choses antérieur ,
dans lequel ces animaux et végétaux ont pu vivre. Dès-lors
des continens , des plaines, des montagnes , des fontaines,
des rivières , des mers, des lacs... Ces montagnes ; ces plaines,
ces bassins des mers , n’étoient pas formés uniquement de
terre, elles contenolent des pierres, des substances métalliques.
qui n'avoient pas été formées par le feu, d’après l'hypothèse
même de Hutton. Si ces pierres avoient été formées par une
autre cause que le feu, pourquoi ne pas convenir que nos
montagnes , nos pierres actuelles ont été formées ;par cette
même cause?
11 me paroît donc qu’il faut restreindre, comme je l’ai dit, la
Théorie huttonienne à la fagmation des substances volcaniques.
D'ailleurs les porphyres volcaniques et autres substances de
‘ce genre, ont un facies entièrement différent de celui des pierres
formées par une dissolution et une cristallisation aqueuses ;
comme tous les minéralogistes en conviennent.
H°
60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
DES VOLCA NS
Le Vésuve a encore fait cette année des éruptions considé-
rables.
Différens tremblemens de terre se sont fait sentir en Italie.
Il y en a eu un assez considérable aux environs de Rome.
En Allemagne , on a éprouvé aussi des secousses plus. ou
moins fortes de tremblemens de terre.
Effets des tremblemens de terre.
Les désastres que le Vésuve a causés ces dernières années,
ont engagé Fleuriau de Bellevue à publier de nouveaux détails
sur ceux qu'éprouva la Calabre en°1785. Il les a accompagnés
de planches dans lesquelles on sent pour ainsi dire les boule-
versemens qui eurent lieu. On y voit des terrains considéra-
bles transportés, culbutés..
Les conclusions qu'il tire de tous ces faits intéressent par-
ticulièrement le géologue.
« On retrouve donc, dit-il, quoique dans de moindres
proportions , l'image d'une grande partie des formes bizarres
de nos continens, qu'on peut attribuer aux divers boulever-
semens qu'éprouva la surface de la terre avant et après sa
consolidation , savoir :
a La disposition verticale des flancs de plusieurs montagnes,
leurs déchiremens et la coupe nette et vive de leurs flancs aux
points: où l’on peut présumer que leur rupture s’est faite.
b L’inclinaison en toutes sortes de sens de leurs couches
et de leurs flancs.
c Les angles qui tantôt se correspondent et tantôt n’ont
aucun rapport entre eux.
d De grands affaissemens et la confusion qui en est la suite.
e La formation des vallées et des lacs par le tassement du
terrain au milieu même des plaines.
f Les escarpemens des côtes de la mer, au pied desquelles
on ne trouve point de fond.
Des pics isolés et des masses considérables tellement
affaissés au dessous des montagnes dont ils faisoient partie,
et si éloignés d’elles, qu’ils paroissent comme sortir du sol
mème, plutôt que d’appartenir au même système.
h Des fentes très-profondes remplies de matières étrangères,
ou vides encore, et dont quelques-unes donnent passage aux
éruptions volcaniques.
ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. Gx
ë Des apparences de couches verticales, Fa souvent ne sont
que des tranches solides des montagnes el es-mêmes.
k Enfin, on reconnoit la possibilité que des couches solides
horizontales aient pris quelquefois la disposition verticale.
On ne peut donc attribuer ces formes de montagnes à des
causes très-différentes de celles qui ont donné naissance aux
nouvelles collines de la Calabre. La plus forte analogie nous
oblige à les rapporter à la même origine, et aux simples
affaissemens dans les cavités de l’écorce du globe.
DES FOSSILESe
L'étude des fossiles, cette partie diflicile de l’histoire na-
turelle, se suit avec une persévérance qui certainement nous
procurera de grandes lumières. Elle nous offre encore cette
année des faits d’un grand intérêt.
Os fossiles de crocodile.
On a trouvé dans le Glocestershire en Angleterre, plusieurs
os d’un grand animal fossile ressemblant à un crocodile. Ce
squelette étoit enseveli dans une couche solide de pierre cal-
caire, épaisse de vingt pieds. Il étoit à quinze pieds au-dessous
de la surface supérieure de la couche.
Os fossiles d’éléphant.
Les os fossiles qu’on trouve le plus abondamment sont ceux
d'éléphant. Cuvier s’est assuré qu'on en a trouvé dans plus
de six cents endroits, dans la partie septentrionale de notre
hémisphère, en Asie, en Europe et en Amérique. On vient
d'en trouver proche Paris , en creusant le canal de l’Ourcq.
Plus on avance au nord , mieux ils sont conservés. Une île
de la mer glaciale, au nord de l'Asie, en est presque entière-
ment formée.
L'éléphant auquel ont appartenu ces os, a d'assez grands
rapports avec l'éléphant d'Asie. Cependant Cuvier croit qu'il
n'existe plus aujourd'hui. Il avoit les dents mâchelières, la
téte et surtout les alvéoles des défenses ; d'une structure
différente des éléphans vivans ; sa trompe avoit des proportions
différentes.
D'autres sayans , tels qu'Adrien Camper , Faujas, ... ne
pensent pas que les différences qu’on observe entre les os
,
62 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
fossiles de l'éléphant, et ceux de l'éléphant d'Asie, soient assez
grandes pour ne pas regarder ces animaux comme de la même
espèce.
Os fossiles trouvés sur les bords de l'Ohio.
Péal avoit cru que les os fossiles qu'on trouve sur les bords
de l'Ohio avoient appartenu à un carnivore.
Cuvier, qui a reçu plusieurs de ces os bien conservés,
pense qu'ils ont appartenu à un animal qu'on doit regarder
comme une espèce particulière d'éléphant, et qu’on a confondu
mal-à-propos avec le mammouth, nom .qui appartient exclu-
sivement à l'éléphant fossile de Sibérie.
On connoit, dit-il, quatre autres animaux qui sont du même
genre, mais que l'on n’avoit point reconnus jusqu'ici. Deux
se déterrent en Europe, et deux dans l'Amérique méridionale.
Les caractères communs à ces cinq animaux, sont d’avoir
porté des défenses et une trompe , comme l'éléphant, et
d'avoir eu leurs mâchelières hérissées de pointes coniques dis-
posées par paires. C'est cette dernière circonstance qu'exprime
le nom générique de mastodontes, ou animaux à dents
mammelonées, qu'il leur a donné.
Des Journaux américains parlent d'os fossiles énormes de
l'animal de l'Ohio, ou d'un analogue, trouvés dans une ile du
Missouri, par des voyageurs. Suivant leur rapport cet animal
devoit avoir environ trente pieds de hauteur et plus de qua-
rante de longueur. Ils ont déposé au Musée de New-Yorck,
une dent énorme de cet animal.
Du Rhinocéros fossile.
Cuvier a examiné les os fossiles qui ont appartenu au rhi-
nocéros, et qu'on trouve dans diverses contrées du nord de
l'Europe et de l’Asie. Il pense que cet animal n'existe plus.
On connoît, dit-il, deux espèces principales vivantes de
rhinocéros :
Le rhinocéros unicorne qu’on trouve en Asie,
Le rhinocéros bicorne qui vit en Afrique, du côté du cap
de Bonne-Espérance.
William-Bell en a trouvé une troisième espèce à Sumatra,
qui a deux cornes; mais la peau peu plissée, comme celui
d'Afrique , et des dents incisives comme celui des Indes.
L’auteur s'attache à faire voir que les os fossiles des rhi-
1
nocéros n'ont appartenu à aucune de ces espèces vivantes.
ET D'HISTOIRE NATURELLE 63
& Ces rhinocéros, dit-il, étoient plus bas sur jambes, avoient
la téte plus grosse, plus longue, et le museau tout autrement
fait que celui des rhinocéros vivans.
» Une grande espèce de quadrupède inconnue aujourd’hui ;
se trouve donc, ajoute-t-il, ensevelie dans une infinité d’'en-
droits de l'Eurépe-et de l'Asie : et ce qui est bien remarquable,
elle n'y a pas été apportée de loin, et ce n'est pas par des
changemens lents. et insensibles , mais par une révolution
subite qu'elle a cessé d'exister. Le 7/inocéros entier trouvé
en 1770, avec ses chairs et sa peau, enseveli dans la glace
aux bords du Wilhoni, démontre évidemment ces deux propo-
sitions. »
J'ai fait voir (Théorie de la Terre , tome 5, page 300)
qu'il n’auroit pu être apporté de l'Inde et des pays chauds,
comme le prétend Pallas, sans être entièrement mutilé.
D'un animal fossile entier trouvé à Montmartre,
Cuvier possède le squelette entier d’un des animaux fossiles
qu'on trouve à Montmartre, et qui. vient d’être découvert,
Ce squelette nous donnera une connoissance encore plus com-
plète de ces anirfraux.
Des os fossiles d'ours trouves dans différentes cavernes
d'Allemagne et de Hongrie.
L'Allemagne, dit Cuvier , présente un grand nombre de
cavernes situées dans des montagnes calcaires. Les plus con-
sidérables sont :
1°. Celle de Baurmnan dans le pays de Blakenbourg:
2°. Celle de la Zicorne, au pied du château de Scharzfels
en Hanovre.
3°. Celle de Æartzbourg auprès de Goslar.
4°. Celle de Gaylenreuth dans le pays de Bareuth. Il y en
a plusieurs autres aux environs.
5°. On trouve aussi un grand nombre de pareilles cavernes
dans les montagnes de Hongrie.
Toutes ces cavernes. sont remplies d'os fossiles. Ces os y
sont détachés, épars, en partie brisés, mais jamais roulés ,
et par conséquent non amenés de loin par les eaux, un peu
plus légers et moins solides que des os récens , cependant
encore dans leur vraie nature animale ; sont peu décomposés ;
contenant beaucoup de gélatine et nullement pétrifiés.
64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Une terre durcie, mais encore facile à briser ou à pulvériser,
contenant aussi des parties animales, y forme leur enveloppe
naturelle... Laugier qui l’a analysée en a retiré,
Chaux mélée de manganèse...... 32
Acide carbonique............... 24
Phosphate de chaux............. 21
Matière animale eteau........... 10
Aduminen sets au" ARRET EE
Sie Rene si RC EEE LA
Fer Ride sels 0 UOTE Ed 0
Les trois quarts et davantage de ces os appartiennent à
deux espèces d’ours qu’on ne trouve plus vivans.
L'un de ces ours paroît avoir eu le front bombé. Blumenbach
et Rosenmuller l’ont nommé wrsus spelæus.
L'autre ours a été nommé par Blumenbach , ursus actoïdeus.
La moitié ou le tiers du quart restant vient d’une espèce
d'hyène.
Ün plus petit nombre appartient à une espèce du genre
du tigre ou du lion.
Une autre partie appartient à une espèce du loup ou du
chien.
Enfin, les plus petits appartiennent à des espèces de petits
carnassiers , comme le renard, le putois, ou du moins des
espèces très-voisines.
Il n’y a point d'os d'animaux marins.
Les espèces si communes dans les terrains d’alluyion, les
éléphans, les rhinocéros , les chevaux, les bufles, les tapirs,
ne s'y trouvent jamais, ni les palotherium, les ruminans,
les rongeurs des fentes des rochers de Gibraltar, de Dal-
matie, de Cette...
Réciproquement les tigres , les ours... des cavernes ne se
trouvent point dans les terrains d’alluvion.
L'auteur croit que ces os trouvés dans les cavernes, sont
les débris d'animaux qui habitoiert ces cavernes et y mou-
roient paisiblement.
Ces os sont les mêmes dans toutes ces cavernes, sur une
étendue de plus de deux cents lieues.
Des Oiseaux fossiles.
On n'a que quelques os des oiseaux fossiles qu'on trouve à
Montmartre.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65
Montmartre. ‘Ainsi on ne peut s'assurer si leurs analogues
existent ou n'existent pas.
Des Reptiles fossiles.
On trouve fossiles les débris de plusieurs reptiles, tels que
des tortues , des crabes, des crocodiles; ... mais il n’est pas
encore décidé si quelques-uns de ces animaux fossiles son
analogues à ceux qui existent.
Des Poissons fossiles.
Les poissons fossiles se trouvent en grande quantité au
mont Bolca dans le Vicentin.
Broussonet a fait voir qu’on retrouve dans les mers du Sud,
proche Otahiti, plusieurs poissons analogues aux poissons fos-
siles du mont Bolca.
Coguilles fossiles de Grignon et des environs de Paris.
Lamarck continue le beau travail qu'il a commencé sur les
coquilles fossiles des environs de Paris. Il les décrit avec son
exactitude ordinaire, et en fait graver quelques-unes dans le
beau recueil des Annales du Muséum du Jardin des Plantes
de Paris. Il les compare ensuite avec les coquilles des animaux
vivans. Sur cinq à six cents espèces fossiles de Grignon auprès
de Paris, il en a trouvé quarante à cinquante d’analogues aux
coquillages existans.
De la petite Crassatelle fossile des environs de Beauvais.
Lamarck a prouvé que cette ‘crassatelle fossile est absolu-
ment analogue à une coquille de crassatelle vivant aujourd'hui
à la Nouvelle-Hollande , et rapportée par Peron.
Des Végétaux fossiles.
Les végétaux fossiles sont extrémement abondans, et on
en trouve partout.
La plupart de ceux qu'on a pu reconnoïître appartiennent
à des espèces qui vivent aujourd’hui dans des contrées équi-
noxiales. Cependant il en est quelques-uns dont les analogues
sont de nos contrées.
{
Tome LXIF. JANVIER 1807: E
66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Les tres organisés existans analogues aux fossiles qu'on
trouve dans toute la partie boréale de notre hémisphère,
vivent aujourd'hui pour la plupart dans les contrées équi-
noxiales.
Tous les faits connus prouvent unanimement cette vérité.
Bernard de Jussieu a trouvé le #yctantes dans les houillières
de St.-Chaumont, proche Lyon.
Bosc a trouvé le bambou dans les houillières de St.-Berin ,
proche Autun. Il est déposé au Cabinet des Mines de Paris.
Toutes les plantes qu'on a trouvées dans les schistes au-dessus
des couches de charbon, sont exotiques, et des contrées équi-
noxiales.
Faujas a trouvé des débris de palmiers dans les tourbières
d'Andernach.
J'ai trouvé un palmier à Montmartre. ( Journal de Physique,
tome 60.)
On trouve dans tout le nord de l’Europe, de l'Asie, de
l'Amérique , des os fossiles d’éléphans, de rhinocéros, d'hippo-
potames, de crocodiles. .…
On a trouvé au mont Bolca, des poissons d’Otahiti et des
iles de la mer du Sud, comme l’a reconnu Broussonet.
La crassatelle de la Nouvelle-Hollande se trouve fossile auprès
de Beauvais, comme l'a reconnu Lamark.
Nous venons de prouver que tous ces fossiles n’ont pu être
transportés de lieux éloignés : d'où il s'ensuit que ces animaux
et ces végétaux ont vécu dans les contrées où se trouvent ces
fossiles, ou au moins dans des contrées peu éloignées.
Il faut en conclure que toutes ces contrées boréales, de
notre hémisphère , depuis la latitude de 40 degrés jusques
près du pôle, jouissoient dans ces temps d'une température
analogue à celle de nos contrées équinoxiales actuelles.
Mais comment la température de ces contrées si froides
aujourd'hui, pouvoit-elle être si élevée à cette époque ? C'est
un des problèmes les plus difliciles que la géologie ait à ré-
soudre.
Les animaux et végétaux à qui ont appartenu ces fossiles,
ont existé dans les contrées où se trouvent ces fossiles.
J'ai fait voir (Théorie de la Terre , tome 5), que la par-
ET D'HISTOIRE NATURELLE, G7
faite conservation des divers fossiles qu'on rencontre, tels que
des coquilles très-minces, des portions délicates de crabe, et
surtout des os énormes d’éléphans , tels que leurs défenses,
leurs dents, leurs fémurs, et ainsi que les os fossiles de rhi-
nocéros , d'hippopotame , de crocodile, ... ne permettoit pas
d'admettre l’opinion de Pallas et de quelques autres natura-
listes, qui pensent que ces fossiles ont été transportés des
contrées équinoxiales jusque vers les pôles, par exemple, de
l'Inde jusque dans les contrées les plus septentrionales de la
Sibérie.
Car les pierres les plus dures, charriées par les rivières ;
s’atténuent , s’arrondissent... au bout de quelques lieues.
Comment ces gros fémurs , ces dents énormes, ces squelettes
presque entiers du crocodile n'auroient-ils pas été également ar-
rondis?...etcependantilssontparfaitement conservés. Comment
ces coquilles si fréles n'auroient-elles pas été brisées ?...
Cette vérité qui m'a été long-temps contestée, est reconnue
aujourd’hui.
Des Fossiles analogues aux êtres vivans.
La grande question des analogues est décidée aujourd'hui;
c'est-à-dire qu'il est reconnu (ainsi que je l’ai constamment
soutenu , Théorie de la Terre , tome 5,) que parmi
les débris fossiles des êtres organisés, on en trouve d'analogues
aux êtres organisés qui existent dans ce moment. Lamark
convient que parmi les cinq à six cents coquilles fossiles de
Grignon , il y en a quarante à cinquante analogues aux vivantes.
Faujas a rapporté de Plaisance plusieurs coquilles fossiles qui
paroissent analogues à des vivantes.
Nous avons vu dans le Discours de l’année dernière, pag. G6,
que Cuvier reconnoît que les os fossiles de l'hippopotame sont
analogues à ceux de l'hippopotame vivant.
Peron a apporté de la Nouvelle-Hollande la coquille d’une
crassatelle vivante. Lamark a reconnu qu’elle étoit analogue
à la petite crassatelle fossile qui se trouve aux environs de
Beauvais.
Les botanistes reconnoissent également des analogues parmi
les végétaux fossiles. (7’oy. le Discours préliminaire de l’année
dernière , page 70.)
Les faits que nous venons de rapporter prouvent que la
géologie ne fait pas des progrès moins rapides que les autres
parties de la philosophie naturelle; mais elle a, comme celles-ci,
I 2
“
68 JOURNAL DE PHŸSIQUE, DE CHIMIE
ses difficultés. Deux des problèmes les plus difficiles qui lui
restent à résoudre, sont (ainsi que je l’ai dit dans la Théorie
de la Terre),
1°, Connoiître les causes qui ont fait jouir autrefois notre
hémisphère boréal d'une température assez douce, pour que
les animaux et les végétaux, ou leurs analogues, qui ne peu-
vent vivre aujourd'hui que dans les contrées équinoxiales ,
aient pu y subsister.
2°, Connoître les causes qui ont pu abaisser le niveau des
mers au point où il se trouve aujourd’hui.
DE LA GÉOGRAPHIE.
La connoïissance de la surface de notre petit globe suit la
même marche que les autres sciences. Elle ne se perfectionne
que peu à peu.
Peron et le Sueur impriment leur intéressant Voyage à la
Nouvelle - Hollande. Le public en jouira bientôt et y trou-
vera une des plus riches collections de faits, et beaucoup
de détails intéressans sur la géographie.
Le capitaine Lisjanski est de retour de son voyage autour
du globe, qu'il avoit entrepris par ordre de l'empereur de Russie,
Krusenstern, qui l’avoit accompagné, va publier la relation de
ce voyage curieux , qui nous donnera de nouvelles connois-
sances sur la géographie.
On s’est servi dans ce voyage de tonneaux charbonnés à
l’intérieur, suivant le procédé de Berthollet, pour conserver
l'eau. Elle s’y est maintenue parfaitement pure.
Manko-Pack continue ses recherches géographiques dans
l'intérieur de l'Afrique, contrée si intéressante et si, peu
connue.
Lacépède, dans des vues générales sur la topographie de
l'Afrique , pense qu’il doit se trouver un grand plateau sur
ses hautes sommités.
On a publié différentes relations de voyageurs, qui donnent
des notions géographiques sur les pays qu'ils ont parcourus.
Nous regrettons de ne pouvoir les rapporter.
Le colonel Lewis, que Jefferson avoit envoyé pour re-
connoître les sources du Missouri, est de retour de ce long
et pénible voyage. Il a remonté le fleuve environ douze cents
lieues, et il est arrivé à des montagnes couvertes toute l’année
de neige. C’est de ces glaciers que sort ce fleuve, qui est
plus considérable que le Mississipi.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 6g
DE LA PHYSIQUE.
La physique a été enrichie cette année de plusieurs ouvrages
intéressans.
Le Dictionnaire de Physique, publié par le professeur
Libes , et dont on a rendu compte dans ce Journal, cahier
de Juillet.
Le Traité élémentaire de Physique, publié par le pro-
Fesseur Haüy , et dont on a rendu compte dans ce Journal,
cahier de Septembre.
La Physique Mécanique du professeur Fischer, traduite
de l'Allemand , avec des notes du professeur Biot, et dont
on a rendu compte dans ce Journal, cahier de Novembre.
De la chute des Corps.
Le professeur Benzenberg a fait tomber des boules bien
polies, d’une hauteur de 262 pieds de France, dans les mines
de charbon de Schesbuch. La déviation moyenne, relativement
à la verticale, a été de cinq lignes. La théorie donne quatre
lignes six dixièmes.
Gugliemini, à Boulogne, a eu des résultats analogues.
Ces expériences confirment de plus en plus la théorie, si
elle ayoit besoin de l'être.
De la théorie des Tubes capillaires.
Laplace a cherché les causes des phénomènes que présentent
les tubes capillaires. Il a fait voir que l'action capillaire ,
comme la force réfractive, et toutes les affinités chimiques,
n'est sensible qu'à des distances imperceptibles. |
Newton avoit démontré que les lois de la réfraction de la
lumière sont un eflet des lois générales de l'attraction. Laplace
fait voir également que l'action capillaire est un eflet des mêmes
lois de l'attraction générale. C’est ce qu’il démontre par des
calculs qu’on trouvera dans ses Mémoires imprimés dans ce
Journal, cahiers de Janvier et de Novembre.
L'analyse a également fourni à Laplace l'explication non
moins ‘heureuse des phénomènes tous aussi singuliers. Nous
allons copier l'extrait que Delambre a fait de ce beau travail.
70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
« On avoit remarqué depuis long-temps, dit-il, que deux
corps nageant sur-un fluide qui s'élève ou s’abaisse autour
de tous deux, s'approchent l’un de l'autre et se réunissent
par un mouvement accéléré; mais ils se repoussent le plus
souvent si le fluide qui s'élève autour de l’un s’abaisse autour
de l'autre, et, dans ce cas , si l’on diminue convenablement
la distance on voit l'attraction succéder à la répulsion : ces
phénomènes surprenans avoient fort exercé les physiciens.
« Amontons, il y a cent ans, avoit tenté de les expliquer ;
M. Monge, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences,
année 1787, avoit démontré l'insuflisance et méme l’inexac-
titude des principes d'Amontons. On trouve dans son Mémoire
des apperçus heureux, des vues fines et des expériences cu-
rieuses. Enfin M. Laplace vient de soumettre tous ces effets
à la même analyse , de laquelle il avoit déja déduit tous les
phénomènes capillaires. Il prouve que si deux plans parallèles
ont leurs parties inférieures plongées dans un fluide, leurs
surfaces intérieures et extérieures soutiennent une pression
dont il donne l'expression analytique. On conçoit que si la
pression extérieure l'emporte sur la pression intérieure , les
deux plans devront s'approcher, et qu’ils se fuiront dans le
cas contraire. M. Laplace expose ici en détail les circonstances
qui donnent naissance à tous ces phénomènes, les limites qui
les séparent, et le point où la répulsion doit se changer en
une attraction apparente, et réunit le tout en deux théorèmes
généraux ou formules algébriques, où l'on apperçoit d’un
coup-d’æil tout l'ensemble de sa doctrine, dont tout ce qui
précède n’est que la traduction en langage ordinaire. Le Mémoire
est terminé par une expérience faite avec beaucoup de soin par
M. Haüy. Une feuille carrée de talc laminaire étoit suspendue
à un fil très-délié, de manière que sa partie inférieure plon-
geoit dans l'eau. Dans cet état si l’on plongeoïit dans le même
fluide et à peu de distance, la partie inférieure d'un parallé-
lépipède d'ivoire dans une situation verticale et parallèle au
carré de talc, on voyoit aussitôt une répulsion sensible ;
mais si l’on diminuoit cette distance , la répulsion cessoit par
degrés et faisoit place à une attraction qui, par un mouvement
accéléré , portoit le talc vers le parallélépipède et le mettoit
promptement en contact. Cette expérience, plusieurs fois ré-
pétée avec diverses modifications, a constamment donné les ré-
sultats indiqués par la théorie.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, mi
De l' Adhésion des Corps à la surface des fluides.
» Dans un autre Mémoire, Laplace s’est proposé de ra-
mener à la méme analyse capillaire les phénomènes de l’adhé-
sion des corps à La surface des fluides. Nous allons également
copier l'extrait que Delambre a donné de ce Mémoire.
» Lorsqu'on applique un disque de verre sur la surface de
l'en dastante dde ui vase d’une grande étendue, on éprouve,
pour l'en détacher, une résistance d'autant plus considérable
que la surface du disque est plus grande. En élevant le disque
on soulève en même temps, au-dessus du fluide contenu dans
le vase, une colonne de ce fluide. Si l’on continue d'élever
le disque la colonne s’alonge, mais il vient un moment où
son poids l'emportant sur l'adhésion, elle se détache et re-
tombe.
» Le poids de cette colonne à l'instant où elle est prête à
retomber, est la mesure de la résistance à vaincre pour dé-
tacher le disque ; M. Laplace en donne l'expression analytique.
», Lorsque le fluide est de nature à s’abaisser au lieu de s’éle-
ver dans le tube capillaire, la colonne soulevée n’a plus la
forme d’une gorge de poulie, mais celle d’une espèce de cône
tronqué ; l'expression analytique change et renferme un élément
de plus, c’est à-dire l'angle que la surface du cône forme avec
le disque de verre. 3
» La première formule comparée aux expériences de M. Haüy
et de M. Achard, donne à ;; près le poids de la colonne
observée.
» La seconde n’a pu encore être comparée parce qu’elle ren-
ferme un angle que les observateurs ont jusqu'ici négligé de
considérer , et dont il éloit également difficile de deviner
l'importance et d'effectuer la mesure.
» Si l’on place horizontalement l’un sur l’autre, deux disques
de verre , en laissant entre eux une couche d’eau très-mince, les
deux disques adhèrent avec une force considérable. M. Laplace
donne pour ce cas une formule par laquelle il trouve pour
la force d'adhérence un peu moins que les deux tiers de ce que
M. Guyton a trouvé par l'expérience. Cette différence tient
sans doute à l'évaluation très-délicate de l'intervalle qui sépa-
roit les disques, ou peut-être aux inégalités de leurs surfaces,
qu'il est difhcile de rendre exactement planes.
La même théorie indique une correction au principe si connu
d'hydrostatique, trouvé par Archimède, sur la diminution du
m3. JOURNAL DE PILYSIQUE, DE CHIMIE
poids qu'éprouve un corps plongeant dans un liquide. Cette
diminution né se mesure pas seulement par lé poids d'un
volume de fluide égal à la partie du corps située au-dessus
du niveau. Il faut y ajouter le. poids du fluide écarté par l’ac-
tion capillaire, si le corps n’est pas de nature à se mouiller;
mais s’il se mouille , il faut, au contraire, en retrancher le poids
du volume soulevé par la capillarité. M. Monge, dans le
Mémoire cité , ayoit donné comme une chose évidente la
première partie de ce théorème. M. Laplace en donne ici la :
démonstration rigoureuse, en y ajoutant cette réflexion, que
ce qui est relauf à l’action capillaire disparoît totalement ,
lorsque le corps est entièrement plongé dans le fluide au
dessous du niveau.
Pour achever l'explication des effets capillaires, M. Laplace
considère enfin les phénomènes curieux que présentent les
cylindres d'acier égaux et très-déliés, lorsqu'ils flottent à la
surface d’un fluide. De quelque manière qu’on les amène à
se toucher, ils ne tardent pas, après plusieurs oscillations ,
à se réunir dans toute leur longueur , comme s'ils formoient
une lame unique. Ces oscillations pouvant se déterminer par
l'analyse, il seroit à desirer qu’on les observät avec une grande
précision pour les comparer à leur expression analytique. « Ces
comparaisons, dit l’auteur, sont la pierre de touche des théories ;
mais pour que l'épreuve soit censée complète, ils ne suffit
pas que les formules indiquent vaguement les effets qui naîtront
des circonstances données , il faut encore qu’elles en détermi-
nent exactement les quantités. » ;
De L Adhésion des Molécules d’eau entre elles.
tumford a fait différentes expériences pour constater la
grande adhérence que les molécules d’eau ont entre elles. Sur
un vase à moitié rempli d’eau, il verse un peu d’éther ou
d'alcool ; il laisse ensuite tomber sur cet éther des corps
pesans , tels qu'une aiguille, des globules de mercure, d’étain….
Ces corps traversent l’éther ou l'alcool et demeurent suspendus
à la surface de l’eau. C’est donc , dit-il, la viscosité de cette
eau, ou l'adhésion de ses molécules les unes aux autres, qui
les empèche de gagner le fond de l’eau.
Il a ensuite pris un soufflet, et a soufflé sur la couche
d'éther de quatre lignes d'épaisseur , qui a été dissipée en
moins d’une minute. Cet eflet est la suite du peu d’adhérence
que
LE
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 73
que les molécules d'éther ont entre elles; si les molécules de
l'eau n'avoient pas entre elles une grande adhérence, le vent
les dissiperoit-également.
C'est donc, ajoute-t-il, cette adhérence qu'ont entre elles les
molécules d'eau, qui empêche que nos mers, nos lacs, nos
rivières... ne se dissipent.
_ Les liquides sont de mauvais conducteurs du Calorique.
Rumford a fait de nouvelles,expériences pour prouver que
les liquides sont de mauvais conducteurs de la chaleur, Il
pense que la chaleur est propagée, ou plutôt transportée et
disséminée dans les masses liquides , principalement , si ce
n'est exclusivement, par le moyen des courans qui naissent
dans le liquide, en conséquence des changemens partiels dans
la pesanteur spécifique des couches qui éprouvent un chan-
gement de température. C’est ce qu'il a prouvé par l'expé-
rience suivante : Il a un tube vertical d'environ treize lignes
de diamètre, qu'il tient rempli d'eau bouillante; le fond de
ce tube plonge de six dixièmes de pouce dans une cuve }leine
d'eau, de manière que son extrémité inférieure est à demi-
pouce de distance au-dessus de la boule d’un thermomètre
placé dans l'eau de la grande cuve. Le thermomètre à n‘an-
moins demeuré stationnaire. L'expérience répétée plusieurs fois,
a toujours donné le même résultat. L'auteur en conclut qu'il
n'y a pas de communication directe de chaleur entre des mo-
lécules d’eau voisines, et à différentes températures, qui vien-
nent à se toucher. La température moyenne apparente, ajoute-
t-il, qui s'établit si promptement dans une masse d'eau chaude,
dans laquelle on verse de l’eau froide, doit être produite par
les courans que fait naître la différence des pesanteurs spé-
cifiques des masses diversement réchauflées. J'ai soupçonné,
depuis long-temps, que la suspension des solides dissous dans
les liquides, n’est due qu’à l'imperfection de la fluidité des
dissolvans, Puisque donc que les corps spécifiquement plus
pesans que l'eau peuvent néanmoins demeurer suspendus dans
ce liquide, on peut admettre que des molécules isolées d'eau
froide peuvent également rester immobiles dans l'eau chaude,
dans laquelle elles se trouvent mélées accidentellement. »
Des rayons solaires.
La théorie de Newton sur le spectre solaire, paroissoit
conforme à toutes les expériences. Prieur vient néanmoins
Tome LXIF. JANVIER an 1807. K
74 JOURNAL BE PHYSIQUE, DE CHIMIE
d’en publier de nouvelles dont il tire des conséquences diffé-
rentes de celles du géomètre anglais. Il n'admet que trois
sortes de rayons lumineux d’une nature particulière et inconnue.
Les rayons rouges,
Les verts,
Les violets.
Ces rayons combinés deux à deux donnent les autres rayons
colorés.
Les rayons jaunes sont produits par la combinaison des
rayons rouges et des verts.
Les bleus sont produits par la combinaison des verts et des
violets.
Les pourpres sont produits par la combinaison des violets
et des rouges.
La couleur blanche est produite par la combinaison des
trois rayons primitifs , les rouges, les verts et les violets.
Les couleurs de nuances intermédiaires sont produites par
des combinaisons des rayons primitifs , dont les quantités
varient dans des proportions différentes.
L'auteur a beaucoup varié ces expériences.
Des forces réfractives de différens gaz et de différens corps.
Le docteur Blair avoit fait des expériences intéressantes sur
l'inégale réfrangibilité de la lumière, principalement au travers
les milieux liquides et transparens.
Biot et Arrago ont examiné cette même réfrangibilité à
travers différens gaz. Ils ont, par des appareils très-ingénieux,
construit des prismes avec des lames de verre très-transparent,
dans lesquels ils introduisoient le gaz qu'ils vouloient mettre
en expérience. Ils ont trouvé que à
Le gaz oxigène est de tous les corps de la nature, jusqu'à
présent observés, celui qui réfracte le moins la lumière.
L'air atmosphérique réfracte plus que le gaz oxigène.
Supposons la réfraction de cet air commun . . . — É
Le gaz hydrogène est celui de tous les corps
éprouvés jusqu'ici qui réfracte le plus la lumière.
Sa réfraction sera relativement à celle de l'air
éomrouni. ca 14 RNA AIRNESS GO SE
L'azote a une puissance réfractive . . . .:. .… —1,0297
Le gaz ammoniacal a une puissance réfractive — 2,074.
ET D'HISTOIRE NATURELL F4
L'eau a une force réfringente . . : . . . . .
Le gaz acide muriatique a une force réfringente
un peu plus considérable que celle de l'azote : d’où
les auteurs concluent que ce gaz n'est point un
oxide d'hydrogène comme le pense Pacchiani.
Le gaz acide carbonique a une puissance
réfractive un peu moindre que celle de l'air at-
mosphérique, et un peu plus grande que celle de
l'oxigène.
Les auteurs en ont conclu par le calcul, d’après
les principes de ce gaz acide carbonique, que le
pouvoir réfringent de carbone est . . . . . . .
L'huile d'olive, d’après les mêmes calculs, auroit
une force réfringente . . ., . , 4... . .:
Newton l’a trouvé par l'expérience , . . . . .
L'alkool a, d'après le calcul , une force réfringente
Newton l'a trouvé par l'expérience . . . . .
La gomme, d’après le calcul, auroit une force
féEnbebntent an eue, Ml ES 0
Newton l’a trouvé . RANCE AL
Le diamant , suivant Newton, a une force ré-
Étapentenne TAN TER Re ME x 240 ERR
Cette valeur est plus que le double de celle qu’on
vient d’assigner pour le carbone : d'où les auteurs
concluent que le diamant n’est pas du carbone pur,
mais qu’il doit contenir une grande portion d'hy-
drogène, savoir , plus du tiers de son poids d'après
les expériences de Newton.
La puissance réfringente du gaz ammoniaque est
HUE
Il 1
—
1,5000
1,4400
2,500
2,7500
1,9400
2,2300
HO
1,89
3,2119
2,0874
Le soufre a également une force réfractive. assez intense.
Les auteurs en ont conclu que le soufre contient une quantité
considérable d'hydrogène.
DE L'ÉLECTRICITÉ.
De la manière dont se propage l'Electricité.
Le docteur Orsted à fait des recherches sur le mécanisme
interne de la propagation de l'électricité. Il pense que c’est
par une espèce d'ondulation. Soit un corps À électrisé posi-
tivement ou vitreusement : qu'on l'approche d’un cylindre B, C
76 JOURNAL DS PHYSIQUE, DE CHIMIE
conducteur, la partie 2 la plus voisine de Æ s’électrise négati-
vement comme l'on sait, et la portion © s’électrise positivement.
Ce mouvement du fluide électrique se fait successivement. On
ne l'appercoit pas dans les corps bons conducteurs, tels que
les substances métalliques; mais il se distingue facilement dans
les corps mauvais mu tels que la résine, le verre: +.
en en approchant un électromètre, on y observe les zones alter-
natives de l'électricité contraire. Nous avons donc droit de
considérer comme ondulation la propagation de l'électricité.
Il est donc des points plus fortement électrisés que d’autres.
L'expérience suivante le prouve d’une manière incontestable.
Si l'on essaye de fondre un long fil de fer avec une foible
charge de la batterie électrique, on s'appercevra bientôt qu’une
partie du fil a été fondue, que l'autre est intacte, et que ces
arties se succèdent alternativement : ce qui annonce que
l’action du fluide électrique n’a pas été la même sur tout le
fil, mais s'est propagée par ondulation, et a eu plus d'énergie
dans les nœuds de l’ondulation que dans les autres endroits.
L'auteur prouve que la communication du mouvement se
fait de la méme manière par ondulation dans plusieurs autres
circonstances, par exemple, dans les expériences de Chaldni,
sur le frémissement des corps sonores.
« Ce mécanisme de l’action de la propagation ondulatoire,
dit-il, est sans doute général dans toute la nature; mais 1l est
trés-difficile de le démontrer. » :
Il est reconnu des physiciens que ce mouvement ondulatoire
a lieu dans les corps sonores. ;
Des causes des Phénomènes électriques.
Les expériences électriques se multiplient ; mais la cause:
de ces divers phénomènes est encore inconnue ; dit Biot.
(Physique mécanique de Fischer, pag. 261.)
Quelques physiciens tâchent d'expliquer tous les phénomènes
électriques par l’action d'un seul fluide électrique.
Les autres, tels que Symmer (Traasactions philosophiques. }
Coulomb (Mém. de l'Académie royale des Sciences de Paris),
ont recours à deux fluides, l’un vitré et l’autre résireux. Ces.
deux fluides qui se trouvent dans tous les corps, y sont ordi-
nairement dans un état d'équilibre; mais ils sortent de cet
équilibre dès qu’on électrise ces corps. Soient deux corps.
Æ.B électrisés.
Les fluides vitrés des deux corps se repoussent ;
Les fluides résineux des deux corps se repoussente
e
ET D'HISTOIRE NATURELLE. - 5ÿ
Mais le fluide vitré'de l’un attire le fluide résineux de l'autre,
et réciproquement.
Coulomb a cru par cette hypothèse pouvoir expliquer tous
les phénomènes électriques. Je n'examinérai pas jusqu’à quel
point il y a réussi; mais je dirai que
L'hypothèse de deux fluides homogènes se repoussant ,
Et celle de deux fluides hétérogènes s'actirant ,
Est contraire à tous les principes admis en physique, dont
l'axiome général est
Les corps homogènes, tels que deux gouttes d'eau, s'attirent.
Les corps hétérogènes, tels qu'une goutte d'eau et une goutte
d'huile, se repoussent.
Simile simili gaudet, est le principe des affinités.
Ainsi l'hypothèse des deux fluides électriques , telle qu'on
Vadmet communément, doit être absolument rejetée comme
contraire à ce principe, et n'étant d’ailleurs appuyée sur aucun
Fait. î
M. *** a proposé de nouvelles vues pour l'explication des
phénomènes électriques par l’action d'un seul fluide. 7/ à eu
recours aux divers degrés d'affinité que le fluide électrique
a pour telles substances, par exemple, pour les substances
métalliques plutôt que pour telles autres, par exemple, pour
ê air.
Les vues Imgénieuses de l’auteur méritent toute l'attention
des physiciens.
DU GALVANISME,
Pile galvanique composée de substances végétales.
Le docteur Baronio, et quelques autres amateurs de gal
vanisme à Milan . ont composé une pile galvanique formée
de disques de raifort (raphonus sativus,) et de bette-rave
(beta vulgaris varietas rubra.) Les disques avoient deux
pouces de diamètre et on les entassoit en les alternant jusqu’à
composer une pile de plus de soixante couples, entre lesquels
on interposoit des disques de bois de noyer , bouillis préala
blement , puis plongés dans un mélange de vinaigre et de
crêéme de tartre. La pile étoit contenue par des montans de
verre,
On soumit à cette pile une grenouille préparée à la manière
ordinaire : une feuille de cochlearia pliée, fut employée pour
support. La pointe de la feuille étoit sous la pile, et som
7 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
pétiole touchoit le dos de la grenouille. Une longue bande
de papier brouillard imbibé du vinaigre , touchoit le disque
supérieur de la pile (composé de bette-rave.) L'autre extré-
mité du papier conduite avec un support isolant, toucha les
muscles de la grenouille ; elle entra aussitôt en contraction.
Brugnarelli, en rapportant cette expérience, dit que son
fils a eu le même succès par le procédé suivant : il introduit
l'épine du dos d'une grenouille préparée dans le pli d’une tranche
de bette-rave cuite , récemment coupée et bien humide;
les muscles correspondans sont aussi introduits dans une
tranche de raifort également repliée. La communication éta-
blie tantôt avec un charbon, tantôt avec uné bande de carton
imbibé de vinaigre, la grenouille a toujours été vivement
secouée.
Cette expérience a été répétée sans succès par la Société
galvanique de Paris. Riffaut, qui en rend compte, dit qu'on
a construit avec beaucoup de soin une pile galvanique avec
des substances végétales , comme l'ont indiqué les physiciens
italiens, et ni la grenouille préparée, ni l'électro-mètre encore
plus sensible, n’ont indiqué aucun signe de galvanisme.
Ce non-succès de physiciens aussi éclairés que les membres
de la Société galvanique, doit inspirer des doutes sur l'expé-
rience des physiciens italiens. Néanmoins il faut encore la
répéter.
De la production de l'Acide muratique par le moyen
de la pile galvanique.
Simon de Berlin, a le premier dit qu’on pouvoit produire
cet acide par l'action galvanique. Il prit deux tubes fermés
par une de leurs extrémités, remplis d'eau distillée, commu-
niquant par des fibres musculaires et recevant un fil d’or qui
passe à travers le bouchon, un des fils métalliques mis en
communication avec le pôle positif, et l’autre avec le pôle :
négatif. Vingt-quatre heures après, l’eau du côté du pôle zinc
étoit d’une teinte jaunâtre, elle avoit l'odeur d'acide muria-
tique oxigéné, rougissoit la teinture de tournesol , faisoit effer-
vescence avec le carbonate de potasse... Il y avoit donc eu
production d'acide muriatique qui avoit dissout une portion
d'or... L'auteur crut que cet acide venoit des substances ani-
males.
Kruickshank remplit un tube de verre d'une dissolution de
muriate de chaux. Il y plongea un fil d’or qu'il miten commu-
ÈT D'HISTOIRE NATURELLE, à
nication avec le pôle positif de la pile. L’eau ainsi que le sel
furent décomposés ; la liqueur prit une couleur d’or ; le fil
fut attaqué; on avoit l'odeur d’acide muriatique ou d'eau ré-
gale: , Ne |
Pacchiani est le premier, en Italie, qui ait dit avoir obtenu
‘ de l'acide muriatique en galvanisant par des fils d’or l’eau
distillée.
Brugnatelli a répétè& l'expérience avec le méme succès. El
prend un tube de cristal fermé par le fond, et qu’il remplit
d’eau distillée ; il y introduit un fil d’or très-pur, et établit
la communication avec les deux pôles de la pile composée
de 50 couples métalliques. 11 obtint une eau qui rougissoit
les sucs bleus, mais qui n’avoit point ‘attaqué l'or. Il substitua
alors une pile de 100 couples métalliques, l’or fut dissout.
La liqueur avoit l'odeur d’acide muriatique oxigéné, Il n’avoit
employé aucune matière animale.
Le manganèse oxidé peut étre employé comme électro-
moteur, et on a également de l'acide muriatique.
L'auteur , laissant subsister le même appareil, mit de l'acide
nitrique à la place d’eau: il ÿ eut dégagement du gaz oxigéne,
mais point d'acide muriatique produit. D'où il conclut qu'il
est des circonstances où l'acide muriatique n'est pas toujours
produit par l’action galvanique.
Hydrure d'or obtenu par le galvanisme. Dans ces expé-
riences, l’auteur a observé que l'or se couvre d’une croûte
noire du côté du pôle négatif. Il regarde cette croûte comme
un hydrure d'or, ou l'or combiné avec de l’eau et de l'hydro-
gène.
Hydrate d'argent. En substituant un fil d'argent au fil
d'or, le fil d'argent se brunit, mais il s'éclaircit par le simple
frottement : doù il conclut que l’argent est seulement con-
verti en hydrate.
Il a également obtenu par le même procédé des hydrates
de fer.
Carbone hydrogéné. Du charbon mis en expérience avec la
pile , il y eut un grand dégagement de gaz au pôle positif,
et peu du côté du pèle négatif. L'eau de ce pôle négatif
contenoit du carbonate de soude, et celle du pôle positif
très-peu.
Le charbon du côté du pôle positif ne paroissoit pas altéré.
Celui du pôle négatif avoit sensiblement blanchi en se
combinant à l'hydrogène dégagé.
$0 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
De la nature de l'Alkali qui se ‘développe dans l'ean
galvanisée,
T'ous les chimistes, dit Brugnatelli, qui ont galvanisé avec
attention, se sont accordés sur la formation d'un alkali dans
l'eau galvanisée négativement. Ils ont supposé qu'il étoit ammo-
niacal, et qu'il se formoit par une combinaison de l'hydrogène
dégagé avec quelque portion d'azote qui pourroit se trouver
dans l'eau distillée. Mais j'ai fait évaporer la liqueur, et y
ayant ajouté de l’acide muriatique, j'ai obtenu dés cubes de
muriate de soude : ce qui prouve que c'est du natron qui
a été formé, et non de l’ammoniaque,
Bellami de Monza s'est aussi occupé de la formation de
l'acide muriatique par l’action de la pile galvanique. Il y a
trois opinions, ditil, sur les causes de la formation de cet
acide.
La première, qui est celle de Pachiani, considère l’eau
comme un oxide d'hydrogène , et l’eau se convertit en acide
simple ou suroxigéné par la soustraction d'une partie de son
oxigène.
La seconde, qui est celle de Mascagni , considère l’acide
muriatique formé dans l'expérience comme de l’eau surchargée
d'oxigène, lequel oxigène est fourni par le pôle positif de la
pile.
Dans la troisième opinion on suppose que, 1° l’eau est com-
posée d'oxigène et d'hydrogène; 2° qu'elle contient un troisième
principe particulier. L'action de la pile décompose l'ean et unit
à son oxigène ou à son hydrogène ce troisième principe parti-
culier. Mais l’existence de ce troisième principe est une pure
hypothèse qui n’est nullement prouvée.
Lorsque l’action galvanique agit par le pôle zinc ou positif,
il en résulte de l'acide muriatique oxigéné.
Si cette action se fait par le pôle négatif, il en résulte un
alcali.
Bellami monta une pile de 91 paires de disques du diamètre
de trois pouces ; il mouilla les draps d'eau distillée, et mit
deux fils aux deux extrémités de la pile. Après 30 heures
d'action de la pile il reconnut que l'eau du pôle cuivre ou
négatif coloroit en verd la teinture de violettes, et l'eau du
dle zinc, ou positif rougissoit la teinture du tournesol.
Ces expériences ont été répétées par plusieurs physiciens
d'Italie, et ont donné constamment les mêmes résultats ;
ensorte
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 81
ensorte qu'on y regarde comme constatée la production de
l'acide muriatique par l’action galvanique au pôle positif, et
la production d’un alkali au pôle négatif.
Il paroit qu'on a eu les mêmes résultats en Angleterre.
« J'ai le plaisir de vous informer, écrit A.-B. Hortentz à
Tilloch , que j'ai répété les expériences de Peel, sur la for-
mation du muriate de soude et du muriate de potasse par
l’action galvanique , et j'ai obtenu des résultats parfaitement
conformes aux siens.»
Tilloch ajoute : la production de la soude par la décom-
position galvanique de l’eau , a été annoncée dans mon Philoso-
phical Magazin , au mois d'avril 1805, c'est-à-dire avant qu’on
l’eût rendue publique en Italie. 11 est donc clair que la dé-
couverte de ce fait appartient à M. Peel.
Berzelius et Hisinger avoient déjà obtenu les mêmes résultats
en 1802, par conséquent antérieurement à tous les autres.
La Société galvanique de Paris a répété ces expériences
chez plusieurs de ses membres, Riffaut administrateur des
poudres et salpêtres, Veau-de-Launay, ... et on a toujours
obtenu de l'acide muriatique. On'a employé les matériaux les
plus purs, et on a même couvert l’apparéil avec des cloches.
Cependant d’autres physiciens et chimistes, tels que Berthollet,
Biot, Thenard, ... n'ont point eules mêmes résultats. Ils as-
signent pour cause de l'erreur des autres physiciens, un défaut
de précautions. On emploie , disentls, + ma dont les car-
tons sont imprégnés de muriate de soude ou de muriate ammo-
niacal. Or la plus légère portion de ces muriates, où vaporisée,
ou tombée dans l’eau du tube, suflit pour faire croire à la
production de l'acide muriatique.
. T'el est l'état où se irouve-aujourd'hui cette question in=
téressante.
DU MAGNÉTISME.
Le docteur Oersted a étendu au fluide magnétique ce qu'il
a dit sur le fluide électrique. Le premier se communique,
comme le second, par ondulation. L'action de l’aimant com-
mence par une polarisation. Une zoneïde polarité doit par-
venir à son 2aximum d'expansion, et alors elle donne l’ori-
gine à une autre. Quand on magnétise un fil d’acier très-mince,
1l acquiert dans toute sa longueur des pôles sud et nord alter-
nauvement, Qu'est-ce qu’il arrive quand on promène un aimant
Tome LXIV. JANVIER an 1807. L
*
S2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
sur une barre d’acier ? On pousse en avant les deux pôles,
de sorte que la partie qui avoit Hm devient —"7, comime une
vague de la mer qui comble un vallon devant elle pendant
qu'elle en découvre un autre derrière elle,
Ce sont les mêmes causes et les mêmes effets que pour
l'électricité.
Des causes des Phénomènes magnétiques.
Les causes des phénomènes magnétiques sont aussi inconnues
que celles des phénomènes électriques. -
Quelques physiciens ont cherché à les expliquer par l’action
d'un seul fluide magnétique.
D'autres, tels que Wilcke et Brugmann ont eu recours à
deux fluides , l’un boréal et l’autre awstral.
Soient deux aiguilles 4.8 magnétisées : on sait qu'elles se
repoussent par les pôles de même nom, c’est-à-dire que si
onapproche le pôle boréal, par exemple de Æ du pôle boréal
de Z, les deux aiguilles s’éloignent. La même chose a lieu
si on approche les pôles austraux.
Mais si on approche le pôle boréal de l’une du pôle austral
de l'autre , les aiguilles s’attirent': d’où ces physiciens ont
conclu, que
Les deux fluides boréaux se repoussent.
Les denx fluides austraux se repoussent.
Le fluide boréal attire le fluide austral, et réciproquement.
Coulomb a cru par cette hypothèse pouvoir expliquer tous
les phénomènes magnétiques.
Mais je répéterai ici ce que je viens de dire sur l’hypothèse
des deux fluides électriques. L'axiome général de la physique
et de la, chimie, et sur lequel sont fondées toutes les lois des
aflinités , est que
Les corps semblables, comme deux gouttes d’eau, s'attirent ;
Les corps hétérogènes, tels qu'une goutte d'eau et une goutte
d'hurle, se repoussent.
Aucun fait d’ailleurs ne prouve l’existence de ces deux fluides
magnétiques. Elle ne sauroit donc être admise.
DE LA MÉTÉOROLOGIE.
Malgré les travaux soutenus de ceux qui s’occupent de cette
branche de nos connoissances, ils auront de la peine à l’élever
au rang des autres parties de la philosophie naturelle. Néanmoins
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 83
on continue de recueillir les faits. Les observations météorolopi-
ques se font avec beaucoup de soin dans différentes parties de
l'Europe. nb
Bouvard consigne dans ce Journal celles qu'il fait à l'Obser-
vatoire de Paris.
DES MÉTÉOROLITES.
Aujourd'hui que l'existence des météorolites est bien cons-
tatée, chaque année nous en offre de nouvelles preuves. Il
en est tombé deux cette année dans les provinces méridionales
de France.
Pagès et d'Hombres-Firmas rapportent que le 5 mars 1806,
à 5 : heures du soir, on entendit à Alaïis et dans les environs,
deux violentes détonations. On apprit qu'il étoit tombé dans
le même moment deux météorolites, l’un à St. Etienne de
Lolm, et l’autre à Valence. ,
Celui qui tomba à St.-Etienne de Lolm, pesoit environ
4oo grammes ; maïs il se brisa en tombant. Il étoit encore
chaud lorsqu'on en ramassa les débris...
Celui qui tomba à Valence avoit la grosseur de la tête d'un
enfant. 11 étoit chaud en tombant, et s'étoit fendu en trois
morceaux.
DE LA CHIMIE.
La chimie qui , depuis un certain nombre d’années, à
enrichi la philosophie naturelle des plus belles découvertes,
continue ses brillans succès. Cette année elle nous offre encore
des travaux d'un grand intérêt.
DE LA CHIMIE DES MINÉRAUX.
Nous avons déjà vu les analyses que la chimie a faites cette
année de différentes substances minérales Nous allons égale-
ment faire connoître ses découvertes dans les autres parties.
De la Yenite.
Le Lievre a donné ce nom à une substance noirâtre qu'il
ayapportée de l'ile d’Elbe.
a pesanteur est 382 à 406.
Elle cristallise en prismes rhomboïdaux à, sommets dièdres.
L a
84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Vauquelin en a retiré, ,
Siices sieste 0
Chatte cs AR NS
Fer et manganèse oxidés....... 07.5
Descotils en a retiré,
SiliCe 4 ARRETE TER RTS
Ghauxh MARTIN PPS ER ET
Fer Lodel dur :755
Manganèse ,Oxié us ss see + 3
AUTRE AE RE ES 0
De l’Hydrargilite.
Le docteur Wavel a trouvé, dans des schistes près Barnsta-
pale, une substance formant de petits groupes hémisphériques,
formés d’un grand nombre de petits Hlamens rayonnans d’un
centre commun.
Humphry Davi,en a retiré alumine et eau : d’où ila tiré
le nom de Lydrargilite. Voici son analyse :
Alumine:. #0 Le ERE 170
Chaux n:20te 81.105. at
Liquide! :"."2. 19 enr, nee 26
POrle Le ReeEr SR LINE SANS OP RTE
Il regarde cette perte comme de l'eau.
De l'Hydrogène dans plusieurs corps combustibles.
+ L'hydrogène où gaz inflammable päroît ; d’après les nouvelles
expériences hexister! dans plusieurs corps combustiblés où on
ne vouloit point l’admèttre. 1: ? AU +
Le charbon. Bertholiet dit que tous les charbons contiennent
de l'hydrogène.
Le diamant. Nous avons vu que Biot, d'après ses expériences
sur la réfraction , admet un tiers d'hydrogène dans le diamant,
‘ Le soufre. Biot , d'aprés les mêmes expériences sur la ré-
fraction , admet que le soufre’‘contient de l'hydrogène.
-L'amimoniäque contient /beaueoup d'hydrogène.
Toutes les marières vésétales et animales , les huiles , les
résines , les corps muqueux... contiennent une quantité con=
sidérable: d'hydrogère. DL: )
Les bitumes, les tourbes en contiennent également une
grande quantité. 4 129 4 Mr Pa.
+ Les subitancés méralliques.-
é!
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 85
I] n'y a jusqu'ici que les substances métalliques dans
lesquelles on persiste à ne pas admettre le gaz hydrogène,
On suppose que celui qu'on en retire dans certaines circons-
tances, par exemple de la limaille de fer ou de fonte, mise
dans une cornue et exposée à une grande chaleur, ou de cette
limaille dissoute dans les acides, provient de la décomposition
d'une portion d'eau. Cependant ce gaz a des qualités diffé-
rentes de celles du gaz inflammable ordinaire. Quelquefois il
est huileux.
Or jai prouvé que dans la combustion du gaz inflammable
ou. hydrogène avec l’air vital ou oxigène, il se degage de ce
gaz inflammable au moins autant des principes de la chaleur
et de la lumière que de l'air vital. Bertholiet est à cet égard
de mon avis.
On conyient également aujourd’hui que l'air vital, qu'on a
appelé gaz oxigène , n'est point le principe de l'acidité,
puisqu'il y a des acides, tels que le fluorique, le boracique, …
qui n'en contiennent point.
On convient que parmi les débris fossiles des animaux et
végétaux, il y en a d'analogues aux êtres existans,
On convient aujourd'hui que l'espèce en minéralogie, ne
peut être déterminée par la molécule, et que l'espèce miné-
rale n'est pas une collection des corps dont les molécules
intégrantes sont semblables , et composés des mémes élémens
urLiS er IméNLe proportion ; CAT
T'outes les substances métalliques paroïssent avoir la méme
molécule, et cristallisent de la même manière.
Un grand nombre de substances minérales, telles que le
falherz , les graugiltigerz, par exemple , sont composées de
divers principes unis en différentes proportions, comme J’a
fait voir Klaproth, et cependant ils cristailisent de même en
tétraèdres, et ont vraisemblablemert la même molécule.
Le spath calcaire et le fer spathique cristallisent de la même
manière, ont la même moiecule...
J'ai prouvé , d’un autre côté, que, les mêmes principes
peuvent former des minéraux qui ont des caractères absolu-
ment diflérens, comme on le voit dans le calcaire et l'arra-
gonite, le ruthil | titane oxidé rouge) et l’oisanite...
Toutes ces questions, et plusieurs autres qu'il seroit trop
long de rapporter , sur lesquelles jai souteiu constamment
la cause de la vérité, sont donc résolues comme je l’avois
avancé. 4
85 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Principes de l'Acide sulfurique.
Klaproth dit qu’un acide sulfurique, dont la pesanteur
est 1850 , est composé de
SOUITE Eesti sie e acer 51.5
Oxigène. 1... 4 RATE cr 42.9
Eau LUS RTS MERE AIN tt AE
De l'Or.
Proust a réuni plusieurs faits pour servir à l’histoire de l'or.
(Journ. de Physique, Février 1806.) [l a cherché à déterminer
la quantité d’oxigène que ce métal prend pour se dissoudre
dans les acides ; mais il n’a pu obtenir des résultats dont il
ait été satisfait, En laissant tomber de la dissolution d'or dans
une dissolution de nitrate de mercure, et distillant le tout,
ila cru reconnoître que l’or contenoit 0,08 d’oxigène. Mais
dans une autre expérience il a eu environ 0,22 d’oxigène.
Ces expériences ne sont pas satisfaisantes. Il en tentera de
nouvelles.
Il à tenté d’autres expériences sur la couleur pourpre que
donne l'or dans certaines circonstances , ce qu’on appelle
pourpre de Cassius ; mais il n’a pu obtenir des résultats
satisfaisans. Il ne paroit pas éloigné d'admettre l’opinion de
Macquer, qui a dit :
Tous les faits prouvent que la couleur pourpre est naturelle
à l'or, toutes les fois qu'il est extrémement divisé.
De l’ Argent.
Le même chimiste a aussi fait des recherches curieuses
sur l'argent. (Journal de Physique, Mars 1806.) Il a prouvé
que dans le nitrate d'argent, le quintal d'argent prend neuf
et demi, ou neuf trois quarts d’oxigène. Mais il seroit bon,
ajoute-t-il, de vérifier encore cette expérience.
Mais il est parvenu à obtenir deux nitrates d'argent, un
au maximum , autre au minimum. Il n’en a point déterminé .
les quantités d'oxigène.
Du Cobalt,
Proust a réuni plusieurs faits intéressans pour servir à
l'histoire du cobalt,
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87
Cobalt sulfaté. Ce métal dissout dans l'acide sulfurique ,
donne un sel qui cristallise en octaëdres. Il contient 0.42 d’eau.
Ce sel distillé perd son eau de cristallisation : c’est le
sulfate de cobalt enhydre qui est opaque, et dont la couleur
est rose.
Cobalt carbonaté. Le sulfate de cobalt précipité par le
carbonate de potasse, donne un cobalt carbonaté dont la cou-
leur est rose.
Cobalt oxidé au minimum. 100 parties de cobalt carbonaté,
séparées de l’eau et de l'acide carbonique, donnent 60 à 62
de cobalt oxidé, Sa couleur est d'un gris clair légérement
verdâtre. Ses principes sont,
Gobalt en 5.601100 ou 64
Oxigène. «......esesose 19420 Ou 16
Cobalt oxidé bleu. Si on verse du nitrate de potasse goutte
à goutte dans de l'eau bouillante aiguisée de potasse, on a un
précipité bleu. À
Thenard regarde ce précipité comme J'oxide de cobalt au
minimum. Proust est de la même opinion; mais on ignore
pourquoi cet oxide est bleu, tandis que le précédent est gris.
Cobalt oxidé au minimum. Du carbonate de cobalt mis
dans un creuset, et chauffé sufhisamment, s’embrase et donne
un oxide noir. Cet oxide contient, suivant Proust,
COR RARE ou 80
Oxigéne.., .sssmussssesse 29 À 36 OU 20
Cobalt oxidé vert. De l’oxide de cobalt noir et du bleu
mélangés , donnent un oxide vert.
Cobalt hydraté. Du nitrate de cobalt versé goutte à goutte
dans de l'eau en ébullition et aiguisée de potasse , devient
d’abord bleu, et passe promptemert au rose. Ce précipité est,
suivant Proust, du cobalt hydraté.
Un mélange de cobalt hydraté et d'oxide noir de cobalt,
donne une substance d’un gris rougeâtre.
Ærsenite et arseniate de potasse. Ces deux combinaisons
se trouvent dans la nature, dit Proust; elles ont une espèce
de transparence cornée; leur couleur est rose.
L'on obtient ces combinaisons en versant des dissolutions de
nitrate de cobalt, dans des arsenites et des arseniates de
potasse,
88 JOURNAL :DESPHYSIQUE, DE CHIMIE
Du Nickel.
Le même chimiste a fait des expériences également inté-
ressantes sur le nickel.
Nickel oxidé au minimum. 100 parties de nickel dissoutes
dans l'acide nitrique, et distillées jusqu’à parfaite décompo-
sition, laissent 125 à 126 de nickel oxidé au 77inimum : sa
couleur est d’un gris verdâtre. |
Le nickel oxidé au minimum contient donc,
INICKE Te CRUE LAND UT 51 86
Oxigène. .......:.........#k 0.20
Nickel oxidé au maximum. Cet oxide est d'un puce foncé
tirant au violet. L'auteur n'a point déterminé la quantité
d'oxigène qu'il contient.
Nickel hydraté. Tous les sels de nickel, le carbonate méme,
jetés dans une dissolution bouillante de potasse, s’y changent
en un hydrate verd plus foncé, plus vif que le carbonate.
C'est du nickel hydraté.
L'hydrate chauflé perd de l’eau et se réduit à l’état d’oxide
gris.
L’oxide de nickel n'existe dans les combinaisons qu’à l’état
d'hydrate.
Sur les mines de Cobalt , Nickel et autres.
Proust examine ensuite les mines de cobalt et des autres
métaux ; il pense que
Les mines arsenicales blanches, grises, spéculaires, celles,
en un mot, dont les métaux sont à l’état métallique, ne sont
pour la plupart que la dissolution de quelques sulfures dans
des masses d’arsenic plus ou moins considérables. Ce métal
est un excipient dans lequel la nature a dissout, enveloppé,
parfondu des sulfures d'argent, de cuivre, de fer, de cobalt,
de nickel , etc. dans des proportions extrémement variées ,;
et enfin l’arsenic est pour eux un dissolvant qui les a reçus
à toutes doses, mais un dissolvant qui ne partage point pour
cela leur état de sulfuration.
L’arsenic est ici ce qu’est l'eau, par exemple, relativement
à un sel qu’elle tient en dissolution.
: Cette union de l'eau avec ce sel est entièrement différente
de la combinaison des principes qui forment ce sel. L'acide
nitrique, par exemple, est le résultat de la combinaison chi-
mique
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59
mique de l'azote et de l’oxigène; au lieu que cet oxide versé
dans l’eau y est seulement tenu en dissolution, ou plutôt en
solution. .
Car on doit distinguer ces deux états, si on veut mettre
de la précision dans le langage.
L'acide nitrique , par exemple, dissout l’étain.
Le nitre conserve toutes ses qualités.
L'étain ne conserve plus les siennes.
La plus grande partie des mines sont composées de pareilles
unions ou combinaisons de substances métalliques. C’est ce
qu'il fait voir plus en détail en parlant des sulfures.
Des Sulfures combinés.
Ce chimiste fait ensuite l'application de ces principes aux
différens sulfures.
Les sulfures du fer et du cuivre sont souvent réunis.
L'argent rouge est une dissolution du sulfure d'argent dans
le sulfure d'’antimoine.
Le sulfure antimonial sert quelquefois d’excipient au sulfure
d'argent, au sulfure de cuivre et au sulfure de fer. Ainsi ces
mines qu'on appelle argentiféres, sont la réunion de quatre
sulfures. Chacun de ces sulfures peut être plus ou moins
abondant, ce qui fait varier prodigieusement ces mines.
Les négrillo, ou mines d'argent noires, sont une de ces
combinaisons. Il s’y trouve souvent encore du sulfure de
plomb.
On trouve dans les mines de la Creu (la Croix) proche
Valence, une mine composée de quatre sulfures, ceux de
fer, d'antimoine, de cuivre et de mercure.
Plusieurs mines d'argent sont des réunions de sulfures d’ar-
gent et de plomb.
Les cristaux de cobalt de Tunaberg en Suède, contiennent
arsenic et réalgar, fer sulfuré en abondance, cobalt sulfuré,
cuivre sulfuré pur, point de nickel...
Toutes ces réunions de substances métalliques peuvent sa
faire en des proportions très-variables : c’est pourquoi toutes
ces mines donnent des produits si diflérens.
Les véritables combinaisons chimiques, au contraire, telles
que les sels, les oxides, les sulfures... se font dans des
proportions invariables. Le cinabre du Japon est le même que
celui d’Idria ou d'Almenden; le nitre de l'Inde ne difiére
Tome LXIV. JANVIER an 1807. M
90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
fpas de celui d'Europe; ... tandis qu'on ne trouve pas deux
alherz semblables.
Dans l'analyse des mines il ne suflit donc pas, si on veut.
en avoir une connoissance exacte, de dire qu’on en a retiré
telles et telles substances; il faut spécifier l’état où se trou-
voient ces substances, si elles étoient combinées avec le soufre,
l'arsenic, l’oxigène..….
Les mêmes observations doivent avoir lieu pour la lithologie.
Toutes les combinaisons des terres avec les sels, telles que les
carbonates , les fluates, les phosphates, les sulfates, les mu-
riates,... sont fixes.
Mais il y a des pierres qui ne sont que des mélanges de
différentes terres, lesquels varient sans cesse. Ainsi, dans le
grenat, suivant Vauquelin, la silice peut varier de 36 à 52,
l'alumine de 16 à 22, la chaux de 3 à 52, le fer de 6 à 47,
Il en faut dire autant des feldspaths, des zéolites...
Des Prussiates.
Proust a soumis à un nouvel examen Îles prussiates. Ses
nombreuses expériences ont jeté un grand jour sur cette
question difficile. Nous allons seulement rapporter les conclu-
sions générales qu'il en tire. ?
« L’acide prussique, dit-il, est composé de charbon, d'azote
et d'hydrogène, dans des proportions que nous ne connois-
sons point encore. Seulement à voir la grande quantité de
charbon qu'il laisse après sa destruction dans plusieurs cas ,
on peut conjecturer que ce radical y concourt dans une pro-
portion très-forte relativement aux deux autres. Aucun fait
n'indique non plus si l’oxigène en fait partie.
» L’acide prussique, malgré son peu d'énergie saline , n'en
attaque pas moins l’oxide majeur de mercure avec beaucoup
d'avantage. Il fournit avec cet oxide une combinaison saline
si bien caractérisée dans ses attributs, qu’on est forcé de re-
connoitre qu'il agit dans certaiues circonstances comme l'acide
le plus puissant. Rien en effet ne manque au prussiate de mer-
cure pour se placer sur la ligne des sels métalliques parfaits.
» L'acide prüssique attaque l'oxide noir du ler, et produit
avec lui du prussiate blanc.
» Le bleu de Prusse n’est donc pas une combinaison simple,
mais une combinaison triple d'acide prussique, d'oxide noir
et d’oxide rouge de fer. E
» L'acide prussique uni à une portion d’oxide noir de fer, qui
ET D'HISTOIRE NATURPLLE. ot
le met dans le cas de former des prussiates triples alcalins
ou métalliques , est une combinaison particulière dont l’exis-
tence n'est pas douteuse, mais que nous ne connoissons point
encore hors de ces mêmes prussiates. »
De l'Acide fluorique dans les os fossiles.
Proust a aussi reconnu dans les os fossiles la présence de
l'acide fluorique , comme l'avoit déjà vue Morichini; mais
dans toutes ses expériences il a toujours obtenu un mélange
de fluate calcaire et de phosphate calcaire.
« Pourquoi, ajoute-t-il, la terre de Marmora en Hongrie,
» le phosphate calcaire d'Estramadure, les chrysolites de Mur-
» cie et du Mexique, contiennent-ils l'acide fluorique avec le
» phosphorique ? est-il bien certain que les appatits n'en con-
» tiennent pas? Pourquoi trouve-t-on aussi du phosphate
calcaire dans plusieurs fluates d'Angleterre? Pelletier s’en
» étoit apperçu. Je l'ai reconnu depuis.
» Plusieurs fluors d'Angleterre des plus transparens con-
» tiennent du plomb. »
Ces faits ont engagé Klaproth à soupçonner que l'acide
phosphorique , qui est si abondant dans les os des animaux
vivans , pouvoit se convertir en acide fluorique; car les os des
animaux vivans ne contiennent point d'acide fluorique. Il n’y
en a également point dans les terrains secondaires. D'où vien-
droit Aout cet acide flucrique dans les os fossiles ?
Ces faits méritent sans doute toute l'attention des chimistes.
De la Fonte de fer.
Les fontes grises et noires, dit Proust, donnent un Aydro-
gène aromatique, qui me paroît tenir en dissolution une por-
tion de cette huile qui se forme durant leur dissolution dans
les acides. Cet hydrogène brûle pesamment ; sa flamme est
teinte de nuances jaunes et vertes. Le résidu ne trouble pas
l'eau de chaux.
Ce gaz contient en outre du phosphore.
Plombagine des fontes. Scheelle a dit que la plombagine
étoit une union de charbon et de fer. Proust révoque cette
opinion en doute. Ù
Fonte surcharbonnée. Proust a eu occasion d'observer des
fontes surchargées de charbon.
De la nature des fontes. Les travaux de Bergmann, de
M 2
vu
Ÿ
02 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE
Berthollet... ne permettent guères de douter,.dit Proust ,
que es fontes soient autre chose que du fer qui sert d'exci-
pient à une partie de son oxide.
La chimie nous présente une multitude de pareiïlles combi-
naisons.
De l’hydrate de fer. 100 partiés d’une ocre rouge de
Valence ; ramassée par Guillaume T'alaker, distillées , ont
donné 27 parties d'eau. C’est donc un hydrate de fer à base
d'oxide rouge. ë
On doit supposer , ajoute Proust, qu’on trouvera également
un hydrate de fer à base d’oxide noir.
De l'utilité du Nitrate de soude.
Proust a fait voir qu’on pourroit employer le nitrate de soude
dans plusieurs circonstances, \
DE LA CHIMIE DES VÉGÉTAUX.
Plus la science fait de progrès, plus les difficultés paroïissent
s'y multiplier. L'analyse des substances végétales en est un
exemple frappant. C'est ce que nous prouvent les travaux qui
ont été publiés cette année.
Du Sucre.
Proust a entrepris un grand travail sur le sucre, et en par-
ticulier sur celui qu'il a retiré du raisin. Il en avoit envoyé
des morceaux à Vauquelin et à moi, et j'en publiai la notice
dans ce Journal. (Février 1802.)
Ce sucre est jaunätre ordinairement, mais on peut le rendre
parfaitement blanc. Sa cristallisation est grenue, poreuse, ensorte
qu'il ne peut prendre la consistance du sucre en pain de la
canne.
+ Sa douceur est inférieure à celle du sucre de la canne; elle
ressemble davantage à celle du sucre solide retiré du miel ;
sa saveur est très-agréable. ET
Ïl est moins soluble dans l’eau que celui de la canne.
1l est soluble dans l'alcool. |
La nature, dit l’auteur, en déposant dans les diverses parties
de l'édifice végétal ces composés auxquels nous donnons le
nom de produits immédiats , les modifie souvent par des
nuances légères, et fait varier chacun d’eux en autant d'espèces
différentes : c’est ainsi que l’agidon , la gomme, la résine ,
£T D'HISTOIRE NATURELLE. >
l'huile, le tannin, l’extractif... en conservant les caractères
principaux de leur genre, s’en éloignent néanmoins par des
différences assez sensibles.
Le sucre a aussi ses espèces.
a Le sucre de la canne est un produit sec, cassant et faci-
lement cristallisable.
& La manne la plus sèche s’amollit par une chaleur légère,
et s'attache aux doigts.
c Le mucoso-sucré est une troisième espèce qui réunit à la
viscosité des mucilages, la propriété de demeurertoujours mou.
Le miel montre le premier exemple de deux espèces de
sucre réunies. Le plus beau miel se divise avec letemps en
deux parties :
a Une grenue, cristalline, opaque, qui se dépose au fond
des vaisseaux. LATE
b L'autre, transparente et fluide qui se tient au-dessus.
Ce sucre a solide du miel ne ressemble point à celui de Ia
canne ; mais il se rapproche tellement de celui du raisin, que
l’auteur croit qu’il y a peu de différence entre eux.
La manne a été regardée comme une espèce de sucre
contenant une matière extractive qui la rend purgative. Elle
se dissout dans l'alcool quoique Lemeri ait dit le contraire.
Cette dissolution abandonnée à l’air, laisse déposer une matière
poreuse qui ressemble à l’agaric blanc. Cette matière n’appro-
che en rien du sucre de canne.
La manne traitée avec l'acide nitrique donne les deux acides
que donnent les gommes; . .. tandis que le miel ne les donne pas.
Le sucre est aujourd'hui reconnu exister dans un grand
nombre de végétaux. Celui que l’on retire de l’érable ressemble
beaucoup à celui de la canne , ainsi que celui des bettes...
Les cerises, les groseilles , les abricots,.. contiennent un
sucre cristallisable , mais différent de. celui de la canne. Le
candi qui se forme dans les confitures de groseilles , .ést dû à
ce sucre, et non à celui de canne qu'on 4 employé.
Le sucre dans tous ces fruits est toujours embarrassé de
gomme , d’extractif, d'acides malique et citrique, de tartre,
de sulfate de chaux. 4 ! *
Le mucoso-sucré, ou sucre liquide, est un produit, végétal
immédiat , différent Mu sucre cristallisable. Deyeux , .qui l’a
bien connu, à fait voir que lui seul pouvoit fermenter, par
lui-même; tandis qu'il faut ajouter au sucre cristallisable un
ferment pour le faire fermenter.
94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE.
Duthrone a fait voir que tout le travail du raffinage du
sucre consiste à séparer le sucre cristallisable du sucre liquide.
Proust a analysé du suc frais des cannes à sucre de Malaga.
Il en a extrait,
1° Une fécule verte.
2° De la gomme.
3° De l'extrait.
4 De l'acide malique.
5o Du sulfate de chaux.
6° Du sucre cristallisable.
7° Dusucre liquide.
La préportion du sucre cristallisable au sucre liquide n'est
as fixée ; elle varie suivant la vigueur des plantes , et, je crois,
suivant la chaleur du climat.
Il a aussi analysé du verjus de raisin, ou suc de raisin non
mür. Il en a retiré,
1° Du tartre.
2° Du sulfate de potasse.
5e Du sulfate de chaux.
4 De l'acide citrique en abondance.
$° De l'acide malique, fort peu.
6° Du principe extractif.
7° De l'eau.
Le verjus ne contient donc ni gomme, ni principe sucré.
Le suc de raisin mûr contient,
19 Une pulpe fibreuse et calcaire qui compose l’organisation
du grain.
> Une fécule glutineuse , analogue à la glutine du fro-
ment.
. Ces parties séparées, si on clarifie la liqueur en la faisant
chauffer , et la passant par la flanelle, on en retire ,
3° Une partie de fécule.
4° Du sucre cristallisable.
So Du sucre non cristallisable.
6 De la gomme.
> Du principe extractif blanc ou rouge, suivant l'espèce
de raisin. C'est dans ce principe éxtractif que se trouve le
tartre.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 95
La moscouade de raisin, ou le sucre cristallisable, évaporée
‘avec certaines conditions, et mise à cristalliser, donne,
Sucre cristallisable......,.... ”5liv. onc.
SUCrE HAUIUG sem po e : » » » (AD
FCOMMEN TUE + sols TO 5
Malate de chaux............ 0 4
Mais l'auteur suppose que le sucre cristallisable est même
en plus grande quantité.
Cette moscouade de raisin est extraite de la manière sui-
vante : on fait bouillir le sucre de raisin, on l'écume et on
y jette de la cendre lessivée qui précipite tous les acides et les
sels terreux ; on le bat ensuite avec du blanc d'œufs ou du
sang de bœuf pour le clarifier, et on achève de le cuire à
consistance d’un sirop plus ou moins épais.
L'auteur examine ensuite quel est celui de ces produits qui
fait fermenter le suc de raisin.
11 pense que le sucre liquide est fermentescible per se, Des
melasses de muscat, séparées de leur sucre cristallisable, n’ont
point perdu la propriété de fermenter.
Je n’ai point essayé, ajoute-t-il, la fermentation sur le sucre
cristallisable du raisin, pour reconnoître s’il est fermentescible
per se; mais je présume qu'il ne doit pas plus fermenter que
le sucre de canne.
Fabroni et Thenard ont considéré la fécule glutineuse, ou
glutine , comme un ferment indispensable au changement de
la matière sucrée. Mais quand le suc de raisin en a été
soigneusement débarrassé, la fermentation s'y établit pourtant
avec autant de vigueur que dans un mout nor clarifié, et on
la voit parcourir dans le même temps toutes ses périodes,
sans déposer autre chose que du tartrite de chaux.
La véritable cause de la fermentation dans les sucs clarifiés
et non clarifiés, ne réside donc point dans cette fécule, mais
bien dans le sucre liquide , l’unique principe des fruits qui
soit véritablement fermentescible per se, et qui puisse faire
partager son mouvement au sucre solide. Deyeux paroît avoir
remarqué le premier cette différence.
Proust a aussi examiné l'orge dont on fait la bière.
96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Cent parties de farine d'orge ordinaire donnent,
Anidonit:a sen PONT A MOPRe 32 à 133
Substance grenue insoluble à l’eau. 57.. 58
Gomme et mucoso-sucré soluble àl’eau 10 1x
La farine d'orge germé donne,
AIO EE ete periees see 07)
Substance grenue....4:...........: 12 13
Gomme et mucoso-sucré........... 30
La seule partie mucoso-sucrée est fermentescible; la gomme
n'y prend aucune part. L'auteur suppose que cette partie sucrée
n'est qu’un quinzième de la masse. Elle est sept fois plus
abondante dans la moscouade de raisin. Il y auroit donc un
grand avantage à mêler cette moscouade à la bière.
__ Proust entre ensuite dans des détails économiques, et prouve
que l'Espagne seule pourroit fournir à toute l'Europe, de la
moscouade et du sucre. Ce sucre, quoique pas aussi bon que
le sucre de canne, le remplaceroit parfaitement.
Ce travail précieux de Proust, prouve que la matière sucrée,
qu'on confondoit autrefois avec le corps muqueux ou mucilage,
est un produit de la végétation, qui présente des différences assez
considérables dans les divers végétaux, comme le font les huiles,
les résines... s
Le suc verd de raisin contient beaucoup d'acide citrique,
et point de matière sucrée.
Ce suc de raisin, paryenu à sa maturité, ne contient plus
d'acide citrique, mais du sucre. j
Du Lichen d'Islande.
Proust a prouvé que le lichen d'Islande est un bon aliment,
qui peut être d'une grande utilité dans les années de disette.
Les Lapons en font un grand usage. Ils le font cuire dans
une ou deux eaux dont ils jettent le bouillon, le lavent ensuite
dans de l'eau froide et le font cuire dans du lait ; mais ils
perdent beaucoup de la substance nourrissante, en jetant l’eau
des premières cuites.
Proust a fait un examen chimique de cette plante. Cent
parties
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 97
parties grossièrement pilées , infusées dans l'eau froide , don-
nent,
Principe extractif amer analogue à celui de la
chicoréestanesn hist. dosiinats 2h nn 5 2
Principe gommeux nourrissant.,.,,.,.,.,4 33%
Partie charnue........... 45 0). aausmrear@é
Ce principe gommeux se rapproche beaucoup de la gomme
arabique. âl
La partie charnue est également nourrissante.
Lé lichen cuit peut se manger comme de la salade, ou de
toute autre manière.
On peut aussi pulvériser ce lichen et le réduire en farine.
Enfin, c'est un des végétaux qui contient une plus grande
quantité de principe nutritif.
Ce Jichen n’est pas particulier au pays du nord ; on l’a
trouvé en Espagne.
Du Mais.
Proust a distillé oo parties de maïs; ilen a retiré 24 parties
de charbon.
Ce charbon se réduit très difficilement en cendres.
Il a retiré de ces cendres du phosphate de potasse.
De la Manne.
Thenard et Dupuytren ont examiné la manne pour apprécier
ses rapports avec le sucre.
Ils ont faît fermenter la manne en la tenant à une tempé=
rature de :8° et y ajoutant du ferment. La fermentation fut
rompte et vive; mais elle s’arréta au bout de deux jours. La
cbr avoit une odeur vineuse; mais loin d’être alcoolique
elle étoit sucrée, et évaporée elle déposa sous forme de cris-
taux presque toure la matière qu’on avoit employée, mais privée
de la faculté de fermenter.
De l’alcool à la température de 60°, versé sur de la manne,
en dissolvit une si grande quantité que la liqueur refroidie se
prit en une masse composée d'une multitude de cristaux.
L’acide nitrique bouilli sur la manne, y produisit un si grand
dépôt d'acide muqueux, que le poids en étoit presque égal
ä la moitié de celui de la manne employée.
Ces diverses expériences font voir que la manne difère
beaucoup du sucre.
Tome LXIV. JANVIER an 1807. N
98 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Analyse des diverses espèces de Quinquina.
Vauquelin a fait un grand travail sur les diverses espèces
de quinquina. Ces analyses lui ont présenté plusieurs faits
intéressans, et particulièrement un acide nouveau auquel il
a donné provisoirement le nom de nique.
Il a comparé, par les propriétés physiques et chimiques,
les infusions de toutes les espèces de quinquina qui se trou-
vent dans le commerce, auxquelles il a joint l'examen de
quelques autres substances végétales qui ont passé pour guérir la
fièvre. Séguinavoit donné comme un caractère sur des bons quin-
quinas, la propriété que leur infusion aqueuse possède exclu-
sivement de précipiter l'infusion du tan, tandis qu’au contraire
les mauvaises espèces précipitent la dissolution de gélatine
animale. Mais Vauquelin a reconnu que plusieurs espèces de
bon quinquina, qui guérissent la fièvre , ne précipitent pas la
solution du tan. Ne pouvant donner un extrait du long travail
de l’auteur, nous allons rapporter les principales propriétés
qu'il a reconnues aux infusions des diverses espèces de quin-
quina.
Les uns précipitent le tannin et ne précipitent point la
colle forte ou gélatine animale.
Les seconds précipitent la colle animale et ne précipitent
point le tannin.
” Les troisièmes précipitent le tannin, la colle animale et
l'émétique. à
. On peut conjecturer. avec assez de vraisemblance que toute
substance végétale qui ne possèdera pas au moins l'une de ces
trois propriétés, n’est pas fébrifuge.
Il est des quinquinas fébrifuges qui ne précipitent pas l’infu-
sion du tan, ni celle de noix de galle.
© D'un autre côté, il paroït que le principe qui précipite le
tan et la noix de ‘galle est fébrifuge.
L'auteur en conclut que le principe dans le quinquina, qui
précipite le tan et la noix de Pie n'est pas le seul qui
guérisse la fièvre.
. Ce principe, qui précipite le tanet la noix de galle, a une
couleur brune, une saveur amère , se dissout dans l’eau et dans
l’alcool, mais plus dans l'alcool; précipite l'émétique , mais non
la colle forte. Il a quelques rapports avec les corps résineux ;
mais il fournit de l'ammoniaque, ce que ne font pas les résines.
ET DHISTOIRE NATURELLE, 99
Les infusions aqueuses de différentes espèces de quinquina,
sont d’une couleur rouge, rouge jaunâtre, rouge brun.
Quelques-unes rougissent très-sensiblement la teinture de
tournesol , ce qui annonce la présence d’un acide libre,
l'acide kinique.
L'alcool mêlé à ces infusions de quinquina, dans la propor-
tion de deux parties sur une, en précipite une matière grisâtre,
qui devient noire par la dessication. Ce phenomène annonce
la présence d’une matière muqueuse.
L'infusion évaporée dépose une matière brune, très amère ;
qui, se dissout facilement dans l'alcool, et que. l’eau en pré-
cipite , si la dissolution est suflisamment concentrée; ce qui
annonce une matière analogue aux résines.
. Ces expériences apprennent qu'il y a dans le quinquina au
moins deux substances très distinctes, l’une amèêre, astringente,
soluble dans l'alcool, et peu soluble dans l’eau ; l'autre au
contraire insoluble dans l’alcohol, très-soluble dans l’eau,
ayant une saveur douce et mucilagineuse.
En évaporant l’infusion qui contient cette dernière substance,
elle s’épaissit comme un sirop; elle cristallise sous la forme de
lames tantôt hexaëdres , tantôt rhomboïdales , et quelquefois
carrées : c'est le se/ de quinquina.
Les quinquinas épuisés par l'eau et mème par l'alcool ;
fournissent encore aux acides une substance qui , suivant
toutes les apparences , est de la. même nature que celle qui est
dissoute par l'alcool. É
La matière résiniforme des quinquinas est, soluble dans
l'alcool et dans l’eau, les acides , les alkalis ; elle précipite
les sels métalliques , et s'attache aux étofles comme principe
colorant : d’où l’auteur conclut que c’est un principe végétal
particulier dont les chimistes n’ont pas encore bien connu
les propriétés. Il n'est pas identique dans toutes les espèces
de quinquina. Il est probable, ajoute l'auteur, que c’est
un principe analogue qui donne le plus ordinairement la saveur,
amère aux végétaux. 2
Il ya donc dans le quinquina trois substances principales :
1° Une résine particulière.
2° Une partie mucilagineuse.
3°. Un sel particulier.
L'auteur passe ensuite à l'examen du sel de quinquina,
Deschamps jeune, pharmacien de Lyon, est le premier qui
a annoncé la présence de ce sel, qu'il ne faut pas confondre
N 2
100 JOURNAL DE PHYSIQUE, LF CHIMIE
avec le sel essentiel de la garaye , qui contient en même
temps la résine et le mucilage. Les propriétés principales de
ce sel sont les suivantes :
19. Il cristallise en lames carrées, quelquefois rhomboïdales :
»°, Il n’a presque point de saveur.
° Ilse boursoufle sur les charbons.
4°. Sa dissolution n’altère point la teinture de tournesol.
5°, L'acide sulfurique et l’acide oxalique en précipitent de
la chaux, ce qui prouve que le sel de quinquina contient de
la chaux.
6e. Le sulfate de chaux et l’oxalate de chaux, enlevés ,-et la
liqueur évaporée, il reste une masse brune extrémement acide
et un peu amère, qui cristallise en lames divergentes, c’est
l'acide kinique , différent de tous ceux qui sont connus.
Mis sur les charbons ardéns, il fond , bouillonne , noircit,
exhale des vapeurs blanches piquantes , et ne laisse qu'un
léger résidu charbonneux.
Ce sel n’est pas le principe fébrifuge , puisque des teintures
alcooliques de quinquina , dans lesquelles il n'existe pas, ce
sel étant insoluble dans l'alcool , guérissent cependant les
fièyres intermittentes.
Nouveau Principe végétal dans les asperges.
Robiquet avoit déjà publié une analyse des asperges. Le
résultat de son travail prouvoit que les asperges contenoient
1° Une fécule verte composée de trois autres. !
a Une première insoluble dans Palcool, et qui se rapproche
lus des matières animales.
& Une seconde soluble dans l’alcool, mais qui se dépose
ar refroidissement. Il l’appelle cire végétale.
c Une troisième également soluble dans l’alcohol, s'obtient
ar évaporation, et tient le milieu entre les huiles volatiles et
les résines.
22 De l’albumine.
: 40 Un phosphate de potasse.
4° Un phosphate de chaux tenu en dissolution par une
portion d'acide acéteux libre.
5 De la terre foliée, ou acétate de potasse et du phosphate
de potasse.
6° Une substance végéto-animale.
‘7° Une matière extractive:
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 10%
$ Un sel triple de chaux et d'ammoniaque, dont l'acide
n’est pas connu, cristallisant en rhombes. d
9° Un principe colorant, susceptible de devenir rose par les
acides , et jaune par les alkalis.
Ce méme chimiste et Vauquelin, ont repris ce travail. Ils
ont examiné le sel n° 8, et ils ont reconnu qu'il cristallisoit
effectivement en rhombes ; mais il n’est pas acide, puisqu'il
ne rougit pas la teinture de tournesol ; il ne contient point
non plus d’alkalis. ,
Nous sommes donc obligés, concluent-ils, à regarder cette
substance comme un principe immédiat des asperges, qui
n’est point encore connu. Nous nous proposons de suivre
notre travail pour en connoître la nature.
Nous rechercherons aussi si cette matière singulière n'existe
pas dans d'autres végétaux.
Nous avons aussi trouvé dans le suc d’asperges une matière
sucrée, qui paroit avoir de l’analogie avec la manne,
Du Café.
L'histoire de cette plante, qui est devenue si intéressante
dans ces derniers temps, a été donnée, ainsi que son ana-
‘lyse, par Cadet-de-Vaux, et Charles-Louis Cadet. Elle paroît
originaire de l'Arabie. Elle est aussi cultivée de temps immé-
morial dans la haute Ethiopie. Le bourguemestre d'Amsterdam
en envoya un pied à Louis XIV en 1714, et l’oflicier de marine,
Declieux, en 1720, en transporta à la Martinique un pied, pris
dans les serres du jardin du roi à Paris. C’est ce pied de ca-
féyer qui est la souche, de tous les caféyers qui ont si fort
multiplié aux Antilles.
On sait que le café germe dans dé l’eau bouillante. Ce fait
rapporté par Bomare, a été vérifié par Cadet; mais le café
traité par l'alcool bouillant ne germe point.
| Charles-Louis Cadet a fait l'analyse du café. Voici les propor-
tions approximatives que huit onces de café , traitées par
l'eau, lui ont données :
onces. gros. grains.
Mucilageighe.: . 2,0 ASS I
RÉSINE AE Lars te vers Me o
Matière colorante extractive..... o
Acide gallique................. o
FR à me eee 5
o
10
103 JOURNAL DE PFHYSIQUE, DE CHIMIE
La torréfaction du café développe en lui des qualités nou
velles.
1°. Une odeur aromatique très-agréable.
2°, Le café torréfié transpire, et devient huileux à sa surface:
3°. il s'y développe du ‘annin, comme Chenevix l’avoit
observé.
Si la torréfaction est trop considérable , le café se charbonne
Les infusions du café torréfié contiennent, 1° du mucilage ;
2€ de l'acide gallique, 3° du tannin; mais les proportions de
gomme et d'acide ont augmenté avec les degrés de torréfac-
tion , tandis que le tannin a diminué. ‘ c
Proust, Seguin, Davy, ont déjà observé que la chaleur
développoit le principe tannin dans plusieurs végétaux.
Bouillon-la-Grange considère l'acide gallique comme une
modification du tannin.
Les cendres du café contiennent, 1° du charbon, 2° du
Fer, 3° de la chaux, 4° du muriate de potasse.
Payssé, qui a aussi analysé le café, croit que l'acide qu'il
contient n’est point de l'acide gallique, mais un acide parti-
culier qu'il appelle acide cafique.
Mais Cadet persiste à croire que cet acide est le gallique, qui
peut avoir quelques propriétés particulières. Proust , dit-il, a
prouvé que le tannin obtenu de plusieurs végétaux, offre des
différences. Il est donc possible que l'acide gallique retiré du
café, ne soit pas absolument le même que celui de la galle;
mais ce n'est pas un acide particulier. é
Il résulte, ajoute-t-il, de ces analyses, que la graine du
café. contient,
1° Un mucilage abondant.
2° Beaucoup d'acide gallique.
3° Une résine.
4° Une huile essentielle concrète.
5° De l’albumine.
G° Un principe aromatique yolatil.
7° De la chaux.
g° De la potasse.
° Du fer.
10° Du charbon.
La torréfaction y.ajoute un principe, nouveau qui est le
tannin.
Le café Moka est plus aromatique, plus résineux et moins
gommeux que ceux de Bourhon.et de la Martinique:
ET D'HISTOIRE NATURELXLE, 103
Acide cafique de Payfé.
Chenevix avoit retiré du café un nouveau principe dont il
n’avoit pas déterminé la nature.
Payfé a repris ce travail, et de ses expériences il croit
ouvoir conclure que ce principe est un acide particulier,
Il diffère de l’acide gallique par les propriétés suivanees :
1°. L’acide gallique précipite en noir le sulfate de fer.
L'acide cafique précipite le même sulfate de fer en verd.
2°, Cet acide est incristallisable dans l’état où il l’a obtenu.
Il est soluble en totalité dans l'eau et l’alkool.
3°. Cet acide est décomposé par l'acide sulfurique à chaud,
par les acides nitrique, muriatique, et muriatique oxigéné ,
et réduit par ce dernier, ainsi que par le nitrique, en acide
malique.
750 parties de café, traitées par l'eau, ont donné à l'auteur,
‘100 parties d'extrait, dont il a retiré,
Acide cafique.............:.,. 55
MÉRÉPAIE SE le co een e ste nine anne TO)
Albumine végétale............, 85
Matière résineuse...........,.., 9
PeTIG- ne ae ue meta lois out ce nent ET O
Du Tannin.
Le tannin est un deslbrincipes immédiats que la chimie
moderne a reconnu dans les végétaux. La découverte de ce
principe peut être attribuée en partie à Deyeux , suivant
Hatchett. Il retira de la noix de gallece principe, qu'il re-
garda comme une espèce de résine. Seguin reconnut ensuite
que c’étoit ce principe qui servoit au tannage, et il lui donna
le nom de tannin.
Davy fit voir que le cachou consistoit principalement en
tannin. :
Les travaux des chimistes qui se sont occupés du tannin,
ont prouvé qu'il existoit tout formé dans un grand nombre
de végétaux , tels que l'écorce de chéne , la noix de galle,
le sumac, le cachou :...ily est accompagné d’extractif, d'acide
gallique et de mucilage.
Mais il paroït que dans d’autres circonstances il peut ètre
formé par l'art. Le grain du café dans son état ordinaire ne
gontient point de canin ; mais la torréfaction y en développe.
04 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Du Tannin artificiel.
Hatchett a donné le nom de tannin artificiel, ou factice,
au produit qu'il avoit obtenu du charbon végétal, animal ou
minéral, traité par l'acide nitrique, parce qu'il avoit reconnu
qu'il produisoit les mêmes effets sur les dissolutions de glutine,
sur certaines dissolutions métalliques et sur la peau. Mais il
a reconnu que si l'acide nitrique produisoit ces effets sur le
charbon , il détruisoit néanmoins le vrai tannin dans d’autres
circonstances : c'est ce qu’il a constaté par un grand nombre
d'expériences.
1°, Le tannin ou substance tannante de la noix de galle,
du sumac, des copeaux de bois de chêne, mêlé à la quan-
tité dune demi-once (mesure) avec une: drachme (mesure)
d'acide nitrique fort , perd la propriété de précipiter la
colle de poisson ou gélatine.
2°. Le tannin de l'écorce de chêne, et le tannin artificiel,
ne perdent cette propriété qu’en ajoutant quatre fois autant
d'acide nitrique.
3, Les substances végétales , telles que le cachou du Pégu,
qui contient beaucoup de mucilage avec la substance tannante,
traitées avec l'acide nitrique, donnent une grande quantité
d'acide oxalique.
Mais en continuant ses expériences , il obtint de nouveaux
résultats qui confirmèrent ses premiers apperçus.
4. Cent grains d'indigo fin fureñt mis dans un matras à
long col, et il y versa jusqu’à deux onces d'acide nitrique à
différentes fois. On fit évaporer à siccité. Le résidu fut dissout
dans trois onces d’eau distillée; sa couleur étoit jaune; sa saveur
éxtrémement amère. De la colle de poisson versée dans cette
dissolution, fut précipitée, ce qui annonçoit la production du
principe tannant.
Plusieurs autres substances, telles que la lacque, le baume
du Pérou, le benzoin, le sang-de-dragon, ... traitées de l&
même manière, produisent les mêmes effets.
Le sang-de-dragon présente un phénomène particulier : c'est
qu'on obtient de l'acide benzoïque , tndis que ce même sang-
de-dragon, exposé-simplement à la chaleur dansile même matras,
ne donne point d'acide benzoïque. « Je suis donc porté àcroire ,.
ajoute l'auteur, que dans la première expérience l'acide ben-
zoique étoit un produit de l'opération : fait qui n'avoit pas:
encore été soupçonné. L
D’autres
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 10:
D'autres substances, telles que les gommes arabique , adra-
gant , la manne , traitées par l'acide nitrique, ne donnent
point de tannin.
La torréfaction d'autres végétaux , tels que le café, y dé-
veloppe aussi le tannin.
Ces faits prouvent que le tannin peut étre développé chez
les végétaux,
1° Par la torréfaction.
2°. Par l’action de l'acide nitrique.
Analyse de la racine d'Ellébore d'hiver (EMeborus hiemalis. )
Vauquelin en a retiré,
1° Une huile extrémement âcre et caustique.
2° De l’amidon très-pur et très-doux.
3° Une substance végéto-animale.
4 Une matière ligneuse en petite quantité.
5° Quelques atômes de sucre.
6° Un peu de matière extractive colorée.
Ne sont pas comptés des sels terreux et ferrugineux qui
ÿ sont contenus. Ils appartiennent au sol dans lequel la plante
a crü, et non à la végétation.
Analyse de la racine de Brione.
Vauquelin en a retiré,
1° Une matière amère, soluble dans l'alcool et dans l'eau.
2° Une matière amylacée.
3° Du malate de chaux avec excès d'acide.
4° Du phosphate de chaux.
5° Une substance gommeuse en grande quantité.
6° Une matière ligneuse.
° Une petite quantité de sucre.
8° Une matière végéto-animale.
De la Glutine et de l’Albumine végétale.
Beccari avoit retiré de la farine de froment, et de plusieurs
autres végetaux, une substance particulière, qu’il appella g/u-
cine , ou gluten.
Hilaire Rouelle fit voir que cette substance avoit beaucoup
de rapports avec la substance caseuse du lait.
Des savans chimistés ont postérieurement donné à cette sub-
stance le nom d'a/bumine végétale, à cause des rapports qu’elle
a avec l'albumine animale.
Proust pense qu'on doit lui conserver le nom de glutine.
Tome LXIV. JANVIER an 1807. O
106 JOUANAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
DE LA CHIMIE DES ANIMAUX.
L'analyse des substances animales se poursuit avec la même
ardeur qué celle des substances végétales, et ne présente pas
moins de difficultés.
Des nids d'Oiseaux d'Orient.
Proust a fait l'analyse de ce qu'on appelle en Orient 7ids
d'oiseaux, et qui y est fort estimé surtout à la Chine. Ils se
sont présentés comme un cartilage uniforme dans son tissu,
et d’une seule pièce.
Du Bouillon de viande.
Le même chimiste a prouvé que le bouillon de viande
contient la moitié de son poids d'un produit savoureux ,
analogue au produit qu'il a retiré de la fermentation du fro-
ment et de la glutine. Cet extrait est le condiment , le
parfum, la quintessence du bouillon.
De la Bile.
Thenard a constaté que la bile contient une matière sucrée.
De la Sueur.
Thenard a fait beaucoup d'expériences sur la sueur de
l'homme. Les conclusions qu’il en tire sont qu’elle est com-
posée,
1° De beaucoup d'eau.
2° D'acide acéteux libre.
5° De muriate de soude.
4° D'un atôme de phosphate de chaux.
5° D'un atôme d'oxide de fer.
6° D'une quantité inappréoiable de matière animale qui se
rapproche beaucoup plus de, la gélatine que de toute ‘autre
substance.
De l'Urine.
Le mème chimiste a examiné de nouveau l'urine, et il étoit
y avoir reconnu également l'acide acéteux.
L'urine contient d’ailleurs,
1° L'acide urique.
ET D'HISTOIRE NATURBLLE. 107
2° L’acide benzoïque qui se trouve souvent dans l'urine des
enfans.
3° L'acide phosphorique qui se trouve combiné avec quatre
substances, et forme quatre phosphates, & phosphate de chaux,
b phosphate de niagnésie, c phosphate de soude, 4 phosphate
d'ammoniaque.
4° L’acide muriatique qui est combiné avec la soude et
l'ammoniaque , et forme du muriate de soude et du muriate
d'’ammoniaque.
5° L'acide sulfurique qui est combiné avec la potasse et la
soude, et qui forme des sulfates de potasse et de soude.
Du Lait.
Thenard a encore retrouvé l'acide acéteux dans le lait. Le
lait, dit-il, sortant des mamelles , rougit le papier teint
par le tournesol. Il contient donc un acide libre. Cet acide
est l'acéteux.
« Il est probable, ajoute-t-il, que l’acide acéteux existe dans
beaucoup d'autres substances animales. Plusieurs observations
me portent à croire qu'on le trouveroit dans les cantharides.
On a déjà soupçonné de l’analogie entre cet acide et les
acides bombique et formique. J'oserois presque dire qu'il existe
dans presque tous les animaux, comme dans la sève de presque
tous les végétaux.
Dans les mauvaises digestions les alimens deviennent aïgres,
et c’est encore à l'acide acéteux qu'ils doivent cette saveur.
De l'Acide caséique.
Proust a trouvé dans le fromage fermenté un acide parti-
culier qu'il appelle caséique , ce qui forme un caséate ammo-
niaçal, qui est le principe de la saveur vive qu'ont ces fro-
mages.
Du Diabètes sucré.
L’urine humaine est quelquefois dénaturée au point de
contenir une matière sucrée trés-abondante. C'est ce qui s’ob-
serve particulièrement dans lé diabètes. Caulcy constata
en 1775: l'existence ‘du sucre dans l'urine. Franck [a confirma
en 1791. On soupçonne que Willis l'y avoit déjà apperçu ,
ainsi que Pool et d'Obson, en 1775.
O 2
108 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
MM. Nicolas et Quendeville de Caen, firent, en 1803,
l'analyse d’une espèce de ces urines. Ils en retirèrent ,
Sucre en grande quantité,
Sel marin une certaine quantité,
: Urée et acide urique , une quantité à peine sensible ,
Phosphate,
Sulfate,
Dupuytren et Thenard ont eu lieu d'examiner une urine
de la méme nature. Ils ont constaté qu’elle contenoit une.
rande quantité de matière sucrée.
Cette urine évaporée donnoit un sirop qui, mis à cristalliser,
déposa une multitude de petits grains sans consistance, Leur
saveur étoit à peine douce.
100-parties de ce sirop distillées, donnèrent,
Eau une grande quantité,
Huile, peu,
Ammoniaque point,
Gaz peu fétide, une grande quantité,
Charbon volumineux facile à incinérer.
Des cendres de ce charbon on retira,
} une quantité à peine sensible.
Sel Imarini it MSN. 20, 0Vo0aTE
Chaux phosphatée............ 000.5
Cette substance ne contenoit donc point de principe animal,
puisqu'elle ne donna point d'ammoniaque.
Ils la firent fermenter : elle donna une liqueur spiritueuse,
comme l’auroit fait le sucre ; ainsi elle étoit une matière sucrée,
Cependant sa saveur est à peine douce ,cet bien différente
de celle du sucre.
D'où les auteurs concluent que c'est une matière sucrée
particulière.
Le remède contre le diabètes sucré est l'usage d’alimens de
substances animales.
De la Graisse.
Vogel a fait diverses experiences sur la graisse, dont les
résultats sont que,
1°. La graisse exposée à la lumière sans le contact de l'air,
jaunit, acquiert une odeur et une saveur rances ; âÂcres ;:sans
s'acidifier.
2°. La graisse ne donne pas d'ammoniaque à la distillation,
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 109
et elle ne contient point d'azote. On. peut donc la: regarder
comme une: substance purement végétale,
3°; La graisse mélée avec le soufre, il y'a une partie de
soufre en dissolution, mais qui ne passe pas à l’acide. Distillé
dans des vaisseaux clos il ne donne méme .pas d'acide sul-
fureux.
4°. Lé phosphore mélé avec la graisse, s'y dissout et il passe
promptement à l'état d'acide phosphoreux. Cette acidification
augmente. par le contact de l'air. :
5°. La graisse oxigénée , par un long contact de l’air, devient
constamment acide. Son lavage précipite quelques dissolutions
métalliques: A la fin de la distillation de ce lavage, il passe
de l'acide acétique dans le récipient.
»6° L’'acide nitrique forme avec la graisse, 4 une matière
jaune amère; b de l'acide acétique , c un acide susceptible de
«cristalliser , quiest l'acide muqueux ou sacho-lactique.
+ 7° L'acide muriatique oxigéné se décompose avec la graisse,
Celle-ci reste blanche, et devient molle. Il ne forme pas de
matière jaune amère. “El
_6°. Le mercure mélé avec la graisse dans les onguens mer-
curiels,; y est.à l'état métallique. ILES F
249%. Dans bonguentcitrin le mercure estien nitrate oxidé au
mininum. Le, nitrate de mercure au #2aximum se décompose
. dans Ja! graisse. ) r
Des Cheveux.
. Vauquelin a fait un grand travail sur les cheveux. Il résulte
«de ses nombreuses expériences ,, que les cheveux noirs sont
composés , lé en non
1° D’une matière animale qui en fait la plus grande partie.
2° D'une huile blanche concrète en petite quantité. ;
3° D'une autre huile grise-verdâtre plus abondante.
4° De fer dont l'état est incertain. :
15° De iquelques atomes d'oxide de manganèse.
6° De phosphate de chaux.
7° De silice en quantité notable. ,
8° De carbonate de chaux en très-petite! quantité.
9° Enfin, d'une quantité considérable de soufre...
10° Une substance colorante.
Les cheveux rouges ne diffèrent des cheveux noirs qu'en
_ce qu'ils contiennent une huile rouge au lieu d’une huile
_grise-verdâtre. L COR Le NU QET
#10 ë L
L “ut
{
\r10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE: CHIMIE
Les cheveux blancs diflèrent des uns et des autres, l'en ce
que l'huile qu'ils contiennent n'est presque pas colorée; Ils
contiennent d'ailleurs de la magnésie phosphatée; qu'on ne re-
trouve pas dans les autres.
L'auteur conclut de ces faits, que
La couleur noire des cheveux est produite par une huile
noire et comme bitumineuse, et peut-être aussi par la combi-
naison du soufre avec le fer. !
Les couleurs rouges et blondes sont dues à la présence
d’une huile rouge ou jaune’, dont l'intensité, diminuée par une
petite quantité d’hüile brunë , donne le roux.
La couleur blanche 'est due à l'absence de l'huile noire e
du fer sulfuré.
Il croit que ‘dans les cheveux rouges et blonds, ainsi. que
dans les bläncs, il ÿ a toujours un excès de soufre (1).
La blancheur des cheveux, causée subitement par quelque
passion vive, paroîit, à l'auteur, pouvoir être attribuée à un
acide qui se développe alors spontanément.
Il recherche ensuite la nature de la substance animale qui
fôrme le corps du chéveu.
Elle n'est point de la gélatine, elle ne forme jamais gelée.
Elle n'est pas de l’albumine, car elle ne se dissoudroit pas
“dans l’eau bouillante : et cette matière des cheveux s'y dissout.
L'humeur dont cette substance se rapproche leplus, est,
suivant l’auteur, celle que les physiologistes appellent mucus,
mucilage animal, qui n’est ni glutine, ni albumine. Elle est
séparée dans les narines, la bouche, l'estomac, la trachée-artère,
Ma vessie. Dans certains coriza ou rhumes, elle ‘file éommé la
soie. Si elle contenoit un peu d'huile, elle ressemibléroit à
là substance des cheveux. si €
L’épiderme , les ongles, la corne, la lainé, les poils ; sont
composés du même muous animal. Ils recèlent une certaine
quantité d'huile qui leur donne la souplesse.
L’humeur de la plique polonoise est de la même nature
que la substance des cheveux.
DE L'AGRICULTURE.
Cette partie de première nécessité! languit néanmoins chez
un grand nombre de nations civilisées. 11 paroît que c'est en
(1) L'odeur ‘infecte des. personnes qui ont les cheveux ronges , ne
ourroit-elle pas être attribuée, d’après ces faits, à un hydre-sulfure
qui se dégageroit par la transpiration, et surtout lorsqu’elles suent.
ÉTID'IHISTOURE NATURELLE, TT
Angleterre, où sa pratique est soumise à des principes plus
sûrs et mieux raisonnés.
On fait également des efforts en France pour perfectionner
l’agriculture; mais ne pouyant entrer dans tous ces détails,
nous jetterons un coup-d'œil rapide sur les établissemens d'ins-
truction qui ont été formés pour favoriser ses progrès, et sur
les ouvrages dont elle a été l'objet dans le cours de l’année.
Thouin l’ainé continue son cours de jardinage au Muséum
de Paris. Il applique à la culture les principes de la plus saine
physique.
Îl a établi dans un local voisin du jardin du Muséum, une
école régulière des variétés d'arbres fruitiers. On doit seulement
regretter que cet espacé soit trop resserré.|
Oû prépare, pour le même usage un autre emplacement qui
sera plus étendu : c'est la partie de la pépinière du Luxem-
bourg , située à gauche de l'avenue du jardin.
Cette pépinière du Luxembourg commence à donner des
roduits d'un grand intérêt. On y admire surtout ‘une nom-
Hbsé collection des diverses variétés de vigne qui se trou:
vent en France. Elle y a été réunie par Chaptal ,, pour ten
faciliter l’étude et en fixer la nomenclature. Bosc, inspecteur
actuel de cet établissement, a déjà constaté 224 variétés bien
distinctes de raisins. Il en fait faire des dessins exacts, qui
seront gravés avec le plus grand soin. On sait que la vigne
est une des principales richesses territoriales dela France, On
ne sauroit donc prendre trop de précautions pour faire con-
noïtre aux Cultivateurs les meilleures espèces de raisin, et en
perfectionner la culture. :
Bosc dirige également la pépinière établie à Versailles, pour
y élever des arbustes étrangers, qui peuvent s’acclimater en
France. On en distribue chaque année dans les divers départe-
mens. | |
Il se forme des pépinières dans les départemens pour! les
mêmes Objets. Celle établie à Avignon, sera une des plus utiles,
à cause de la température du climat.
L'agriculture française a été enrichie cette année par la pu-
blication d'une nouvelle édition des ouvrages d'Olivier de
Verres , avec des notes rédigées par plusieurs membres de la
Société d'agriculture de Paris.
On continue de propager en France les races de moutons
d’Espagne.
112 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
DES ARTS.
Ceux qui se livrent aujourd’hui ‘aux arts, et principalement
les chefs des grandes manufactures, ont tous des connois-
sances plus ou moins étendues en physique, en mécanique,
et en chimie. Ils éclairent leurs procédés par ces sciences. C'est
la cause principale des progrès considérables que font les arts.
Ces progrès sont surtout remarquables en Angleterre. Ce
grand peuple s'occupe depuis long-temps de ces objets de
nécessité première. Il a porté les arts utiles à un point de
perfection que n'ont encore pu atteindre les autres nations.
Il a inventé des machines admirables qui diminuent singulière-
ment la main-d'œuvre : telles sont les pompes à feu, les
machines à filer: ... aussi s’efforce-t-on partout d'imiter ces
machines.
Leurs poteries, leurs ouvrages d'acier, leurs cuirs préparés...
ont la même supériorité.
- Enfin, ils ont la même prééminence dans l’agriculture, dans
l'art d'élever les animaux domestiques.
La France fait depuis quelques années des efforts généreux
pour perfectionner les arts utiles. Les connoïissances de phy-
sique , de mécanique , de chimie, se répandent dans ses
ateliers. Ses manufactures de porcelaine, celles de bronzes
dorés, ont fait des progrès sensibles. Elle a aujourd'hui des
machines à filer, des pompes à feu...
L'agriculture s'y est perfectionnée; on soigne davantage
‘éducation des animaux domestiques ; les races de moutons
espagnols se multiplient; on cherche à améliorer les races de
chevaux...
Des citoyens instruits élévent des manufactures d'objets
utiles , telles que des manufactures d’alun , de divers sulfates ,
de bleu de Prusse, de sel ammoniac, de soude...
Enfin, il y a une tendance générale de tous les esprits vers
ces objets intéressans. C’est le moyen le plus sûr de réussir.
La même émulation subsiste chez tous les autres peuples
de l’Europe.
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
Voyage à la Cochinchine , par les îles de Madère, de
Ténériffe et du Cap Vert, le Brésil et l'ile de Java; contenant
des
E TD HS TOURENNATURELLE. 115
des renseignemens nouveaux et authentiques sur l’état naturel
et civil de ces divers pays ; accompagné dela Relation officielle
d'un Voyage au pays des Boushouanas, dans l'intérieur de
l'Afrique Australe; par John Barrow, Membre de la Société
royale de Londres ; traduit de l'Anglais, avec des notes et
additions, par Malce- Brun.
2 vol. in-8° de près de 800 pages, avec un Atlas 7n7-4° de
18 planches, gravées en taille-douce par Tardieu V'aîné.
Prix : 18 fr. brochés, et 21 fr. 5o cent. francs de port par la
Poste ; en papier vélin, 36 fr. sans le port.
À Paris, chez F. Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 10.
Barrow déjà connu si ävantageusement par plusieurs voyages,
ne mérite pas moins du monde savant par celui-ci. Il y fait
connoître plusieurs pays intéressans , et particulièrement la
Cochinchine, sur laquelle nous n'avons que des relations assez
incomplètes. Cet ouvrage ne peut donc manquer d’étre accueilli
favorablement du public.
Histoire naturelle, générale .et particulière des Plantes,
Ouvrage faisant suite aux Oluvres de Leclerc de Buffon,
et partie du Cours complet d'histoire naturelle; rédigé par
C.-S. Somini, membre. de plusieurs Sociétés savantes,
Description des végétaux rangés par familles, avec des dé-
tails sur leur culture, leurs ‘usages dans la médécine , les
arts, le jardinage, et sur les phénomènes physiologiques qu'ils
présentent ; par C.-F. Brisseau-Mirbel, Aïde-Naturaliste au
Muséum d'histoire naturelle , Professeur de botanique à
l'Athénée de Paris, et Membre de la Société des Sciences ;
Lettres et Arts ; f
Et continuée par. N. Joly-Clerc, ancien Professeur et Membre
de plusieurs Sociétés sayantes. "E Bb ;1 ;
Tomes 16 et 17. A Paris, de l'imprimerie de P. Dufart.
On souscrit à Paris, chez Dufart, rue des Mathurins.
Et Bertrand, quai des Augustins.
A Rouen , chez Vallée. À Strasbourg, chez Levrault. A
Limoges, chez Bargeas. A Montpellier, chez Vidal. A Mons,
chez Hoyois. dite FE ee
Le tome, seizième commence par la famille cinquante-
quatrième , celle des personnées, personnateæ.
Et finit par la famille 71°, celle des ficoïdes.
Le tome dix-septième commence par la famille #2, celle
des cactes. A
Et finit par la famille 8>, celles des vinettes berberides.
Tome LXIV; JANVIER 1807. P
114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Le lecteur verra par le tableau ci-joint que ce grand ouvrage
sera bientôt terminé.
Etat des différentes parties dont se compose le Cours complet
d'Histoire naturelle, et l'ordre d'après lequel elles doivens
suivre.
Théorie de la Terre..........,. enaisiels HOÏVOLS
Epoques de la Nature............... 1
Introduction aux Minéraux........... I
Partie expérimentale De Se ent at LT
Partie hypothétique......... ARE NET EN!
Histoire des Minéraux................ 9 64
Histoire des Animaux.......... PASLIANTTTE 6
Histoire de l’'Homme................. 4
Histoire des Quadrupèdes........... ETS
Histoire desMSinpes Lecce 2
Histoire des Oiseaux........ RON, DE 28
Histoire des Mollusques, par Denis Mont-
fort’ et.de Roissy: 2 ane a ht es el 6
Histoire des Plantes, par Mirbel , etc... 18
Histoire des Insectes, par Latreiïlle..... 14
Histoire des Poissons, par Lacépède et 62
Sonini, en y comprenant le volume
de l'Histoire des Cétacées........... 14
Histoire des Reptiles, par Daudin..... 8
Dictionnaire des Tables, par Jolyclerc. 2 ———
AFotal eme 126
Le Tome III de l'Histoire des Plantes et le XVIIIe, qui
terminent cette Collection, paroîtront sur la fin du mois de
novembre prochain 1807.
L'Histoire naturelle du Genre Humain, 3 volumes, par
Virey, est un ouyrage qui se vend séparément et n’est point
compris dans la Collection. Prix, ro fr.
Théorie de la surface actuelle de la terre, ou plutôt
Recherches impartiales sur le temps et l'agent de l'arran-
gement actuel de la surface de la terre, fondées uniquement
sur les faits, sans Système et sans hypothèse; par M. André,
connu ci-devant sous le nom du père Chrysologue,.de Gy,
Capucin, Membre de la Société libre d'Agriculture, Com-
merce et Arts du département du Doubs, de l’Académie
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 115
de Cassel, et de la ci-devant Académie de Besançon. Prix,
4 francs. A Paris, à la Société typographique, rue des
Fossés-Saint-Germain-des-Prés, n° 14.
L'auteur a divisé son ouvrage en trois parties.
Dans la première il rend compte des observations qu'il
a faites dans une partie des Alpes , dans le Jura, dans les
plaines de la Saône et du Rhin, depuis Mäcon jusqu'à
Strasbourg, dans les Vosges , etc...
Dans la seconde il donne un extrait des observations
faites par divers voyageurs géologues.
Dans la troisième partie il recherche la cause et l’expli-
cation des phénomènes que lui et les autres géologues ont
observés. Il a annoncé dans son titre que ses recherches
seroient fondées uniquement sur les /Zrts, sans système et
sans hypothèse.
« Voilà donc , conclut-il, les principaux phénomènes
» expliqués sans aucune hypothèse, mais par une suite
» d'opérations d'un seul et unique agent (des grandes eaux
» violemment agitées) reconnu de tous les naturalistes...
» L'origine et la retraite des grandes eaux qui ont opéré
» ce changement si étonnant dans la surface de la terre-
» demeurent toujours inconnues. Sur cela M. de Dolomiex
observe que quand le naturaliste sera persuadé que le
» cause de tout ce qu’il voit n'est point dans l'ordre actuel
» des événemens , ul sera autorisé à la rechercher dans ur
» ordre différent. C'est pourquoi il eut recours à des ma-
» rées extraordinaires M. Delamétherie, pour expliquer
» l'existence des os d'éléphans près de la Mer Glaciale ,
» s appuie sur une tradition d'un printemps perpétuel pour
» tout le globe. Seroit-ce done pour moi un grand crime
» géologique de chercher l'origine et la retraite des eaux
» en question dans un événement qui a laissé chez diffé-
» rens peuples un souvenir transmis par une tradition plus
» sùre qu’un printemps perpétuel, avec l'idée d'un châti-
» ment infligé par un dieu irrité? Je ne crois pas. Je pense
» au contraire que cette opinion seule peut expliquer ce qui
» nous manque en géologie. »
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES
JE THERMOMETR E. BAROMETRE.
s PR Em —
7
® À Maximum. | Mirsruum. |A Mur. Maximum. Minruun. A Mir.
1Mn4s. “-Hirsglagm. + 5,4] 411,0] à 9 m...... 27. 10,30| A 11 5e ele 27
#1 of midi ri3ôlairs. + 7,9) 13,6 à 5 m......27. 8,104 115. 97
vimidi ÆHir,5fà5#m. 6,5] “11,9h15 5 m....27. 4,33/à 25... DRE
aa midi <+ro,2là 1os. + 8,3] +ro,ifà 10 s......27. 3,76[à:6 + m..,.27.
à midi bioëlàgis. + 4,0! +ro,(fi6+5s..... 27076147 ee 27
à midi + 8,61à 95 + 4,2] + 8,6h125s........ 28. 0,16 7 m......27
à3is, L76f7m + 0,2] + 7:98 220. 4,94f 07.2. 28
a3s. bag 7m. — 1,1] + 6,0kà midr.....… 28. 5,96[à 9 3 28
à 4 + 34[à7m. + 0,2! + 3x fa 7m 284 14,60[2:104S. :..:28
10Ïù 25. + 3,5jà7m. — 1,2] + 3,3h 10 s...... 28. 2,oolà 7.m1...... 26
ali midi + 8,1[à 7 m. + 2,68] + 6,r1fà 6: m..... 28. 2,182 0 $ 28
à midi + 6,0ol17m. “+ o,0| + 6,018 + s...... 200104 REC TE 26
13Ïà midi + 8,8|à7 m. “+ 5,2] + 6,1 10s .28. 3,26|à 7 m...:..26
14fa midi hbro;,olà 7m. “+ 7,8| H10,)18 +1m....28. 3,52/ù 10 + 5.,...28
194 325 J7lagës. + 6,6! + 81h17 m:....… 284 1,20[à 9 55....:.27:11$80
16fà 155 10,4[à 1055. + 7,3] +10,1]110 55... 27.11,95[à 8 M. . ..:. 27-1550
1155 10,2[à8m. “+ 6,5] + 9,2%17s........28, 2,02|à 8 m.......286.
È à 7+m. + 3,6] + 0,618 m..... 28. 1,90|à6+5s.:....28
48s. 15,7] H1r,(f 1 g9m.......27.1r,42là 6 s... 27
à1oïs. + 3,7] + 8,604 107 5.....27. 8,96[à 7 m....... 27
À 74m. 2,6]. +466 74 m.:...o7 7;44là 9254.22, 27.10
à23s 7,3[à 7 À mx + 3,0) + 6,91 2%5s.....-.27.10,60|à7 +m.....27.
8,9[à 7m. + 0,2] + 5,6 midi... PATES DO |A 7 Moses e 27
24h13s. +Hirélt8m. 4 0,5] Hri,2là midi... 28. 1,5o[à 6 m.......28
25fao1s. +11,6[à 8m. + 0,1] +1,48 8 m...... 28. O,30! 107% S..... 27.10,90
264 à 2 8 +ix,olà 105. + 7,4] +10,7h17:; m. 27. 9,80|à midi:. ... 27
27à midi + 0,6[à1m. + 7,6). 9,0 92+5s:..... 26. 9,92/à 1 m 274: 10,00
28fà midi +10,0|1 82m. + 8,7] +io,çfà 6: m....28, 3,53la 1035s..... 28.
29) midi “<+ri,7làios. + 9,2] Hr1,7 AIO UNE ete Eee 26 1,92|à TO S...... 27.11,30
3ofà midi + 8,4là7m. + 5,4] + 6,417 m ROC 12110 riSrelat 20
REC APITULATION.
Plus grande élévation dumercure. ..28.5,96 , le 8 à midi.
Moïndre élévation du mercure..... 27.1,80, le 3 à 8 h. jm,
Élévation moyenne... 27 .9,08
Plus grand degré de chaleur..... —+13°,6 le 2 à midi.
Aloindre degré de chaleur....... — 1,2lexoà7h.m.
Chäleur DIOVENNE SE Er + 6,2 |
Nombre de jours beaux....... 6 |
Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"03705—1 pouce 6 Lignes
dixièmes.
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CARRIERE)
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A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE ?ARIS,
NOFEMBRE 1806.
D -U PRET
VARIATIONS DE LATMOSPHERE,
He. POINTS
VENTS.
LUNAIRES.
LE MATIN. LE. SOIR.
Giel couvert. Ciel couv. et pl. fine.|h
I S. Ciel très-nuag.
2 )1S. fort. Ciel couvert. Beaucoup d’éclairc. | Ass:z beau cic!.
2 Idem. D.0.à3h.37"s.| Assez heau ciel. Ciel couvert. Couv.; pl. depris 8h.|£
4 | Br.; ciel couv. Pluie fine. Piuie.
5 L. Périgée. Ciel couvert. Giel très-nrageux. Assez heau ciel,
6 Equin. dese, | Léger br.; ciel couv. Gel nuageux, Assez beau ciel.
7 \ Lég. br.; forte gel. bl, [Ciel nuag. Beau ciel ; temps cime, |
8 Brouillard épais. Beau ciel. Temps! calme; ass. beauciel. À
9 … | Brouill. épais. Giel couv. Ciel couv.
x.L.à11451/m: Brouill. très-épais. TIdem. Id ; 'eIups hum.
Ciel couv. ;lég. br. |Gicl'auag. et voilé à l'hor.
Brouill, ; nuageux: Gel voilé.
Gel couv, Fr.-couv.; pl. fine.
Couv. et humide. Bouill.; ciel couv.
Brouill.; ciel couv. [Gael très-couv.
T.tr.-bum.; br. ; ciel couv.| Cie très-couy.
L. Apogée. | Ciel couvert. Ciel couv.
r.Q. à 7229 m.| Ciel très-nuag. Très-nuageux.
Ciel couvert. TFrès-couvert.
Equin. asc. | Ciel ass. cl. en dif, parties.| Nuages clairs et éley.
Ciel vap. et trouble. |Cielconv.; pl. fine.
Ciel à demi-couv. Beau ciel.
Assez beau ciel, Cielcouvy. ; quelq. g. d’ean.
Ciel couv. ; pluie fine. Rs prAues éclaircis.
Br. à l’hor. ; temps humide.|(hiel couv.
r.L.à1%10m.| Nuag. àl'horison. |Très-nuageux.
Très-nuageux. Couv.; temps pluv.
Tr.-couv. et brum. |Cieltr.couv.; pl.fine.
Tr.-couv.; pl. fine. |Très-nuag.
Ciel nuageux. Ciel trouble et nuag.
Ciel trouble et nuag.
Ciel très-nuag:
Temps brum. ; ciel couv.
Ciel très-couv.
Couv.;quelq-g. d’eau.
Quelques éclaircis.
Couv.; temps calme. |!
Ciel à demi-couv,
Pluie très-fine.
Brouill. par interv:
Pluie jusqu’à 8 h,
Ciel nuag.
Ciel couv. ; pluie.
Ciel lég. couv. et nébuleux.| à
[Ciel couv.
Cour. ; quelq. g. par int.
Tr:-couv.; pl. fine.
Pl. parint.; ciel couv {à
Ciel tr-c.; pl. par int.||
Couv. ; pl. par int.
98,0[S-0. fort.
80,0[S-O. tr.-f.
95,0 |0.S:0.tr.f.
100,0|S.S-0.tr.-f.
95,0[S.-0O. fort.
80,0[S.-0. tr.-f.
RÉCAPITULATION,.
de couverts......
depluie 2e 14
HAINE es 30
denslée:t.-.-.0 2
de tonnerre. .... 40
de brouillard. .... 13
HÉILEZ- che
Jours dont le vent a soufflé du
2 er 3 MI LE RE: Æ de CEZEX q
. Nota. Pour indiquer-plus exactement les variations de atmosphère, on a divisé le jour en
trois parties : la première contient les variations depuis minuit jusqu à 9 heures du matin ; la
seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures ; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au minuit suivants
l
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES
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THERMOMEÈTRE. BAROMÈTRE.
Le
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& | Maximum. | Minimum. |A Min. Maximum. Minimum. A Mir.
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ilazs. +7,24 68m. + 5,6] + 6,81 midi.....27. 7,20|à 8 s........ 27. 3,40|2
a7+s. + 90/1978. + 43] + 6181 92Ss......27. Fe ee Er 2e 045 sé Le
\ midi + 68/à1oïs. + 4,7| + 6,6] 10 :s.....27.10,35|à 8 m...... 27. 5,00|27. 8,52
jus. + 6,6[18%m. + 5,2] + 6,44 midi .…...27.10,35/à 10 s......27. 0,68|27.10,35
hmadi æ+io,5fàg£s. + 8,1] +ro,fà midi...... 27. 9,60[à 3s......: 27. 9,r0|27. db
à24s. + 9,2/à10%s. + 6,1] + 8,5 9m 27. 8,27 245 -.27. 7190|27. 7,80
ss midi + 78/1 6£m. + 4,9| + 7414 £ m....27. 7,27la 9 s........ 27. 4,63| 27. 6.85,
àmidi + 7,3 0$s. + 56] + 7, 9 S'RASE 27. 4,28|a60+m..... 27. 3,55}27 3,58
à midi + 6,3 Num. + 2,8] + 6.10 5..:...27. 7,25]à GMm...... 27. 6,01|27 6,50
vimidi + 5ofhtgm. + 26] + 5, h17 m...... 27. 7,50là 3+5s...... 27. 5,57|27. 6,55
à g£m.b+ 80/19. + 5,5] + 7, os... 27-08 AO|AIO See ce 27. 6,55|27. 7,28
à midi + 8ofi8£m. + 50! + 8,ch1 3 25...... 27.10,09|à 8 + m 27. 7.52]27. 8,25
os. Hiroli 8m. + 96| +10, Rigm....... 27.18 32là 925. .2... 27. 7,93|27. 7,75
à mudi 11.4 à 1oÏs. + ü, ira 10:5S..... 270242 IS-E ee. 27. 9,25]27. 0,28
h midi + 7,69s + 4] + 7 i9s.. 28. 1,72|à 65 m 27.10,50|27.11,70
àgës. + Bgli51m. + 48] + 6,1 OM et 28. I,30|4 9 3 s...... 26. 0,45/28. 0,87
kouidi + 7.4fà 6£m. + 49! + 7,4/145s....:.. 27-11,59[26%S...... 27.11,02|27.11,20
bomidi + 7,2fà 7 Lan, + 0, |] + 7241 9s........ 27 .10,60|à 7 4 m.....27 99627. 10,10
Reset A lin. . El Ro AO ne ete ee ANS 27.09 33[42% S.4.... 27- 793127. 8,50
où 5s +65 8m. + 3c| + 6:10 s.....27.r0, 85la midi...... 27. 6,50|27. 6,50
àros. +Hio,)là 8m. + 5,2] + 8, fi ros...... 27.11,77|à midi...... 27.10,25| 27.10,25
à uudi ++125à 10s. + 96| +125 LOT Eee. 28. 4,01[1 6 m.......20. 1,65|28. 2,54
àtos. —+Hro,olà 8 im. Bel + 8:14 s...... 27.11,55|à6+s...... 27.11,00|27.11,20
Aro + o)là32s: —r0.6| +10,5l1108...... 28. 6,25|a 8 m...... 26. 4,40|28. 4,75
jamdi + 03là9s + 7.0] + 9% NOR EUTe 28. 6,201 10 # 5....260. 4,20|28. 5,30
atmidi + 84l1os. + 6,2] + 82 9 m...... 28: 4,760[à 8 me:.i. 28. 4,55|28. 4,72
midi + Bolhg£s. + 2,2] + 6,cfà ü m.…..... 28. 400f925....:. 28. 2,92|28. 3,82].
àmidi + 7olà 8m + 4,9| + 7of144m....28. 1,561 9%s...... 27.11,66|20. 1'‘50
ïros. + 6,3/à8m. + 39| + 4i OM Ee---27PM0,00 |A MONS-- ve eh 8,70|27: 902
dE Se 1 48; la 4 Em. 2 4 4) 4 7 IP 9 Se. 27.10,70|à 4% m..... 9:44127.10,00
hmidi. + 76là1os. + 4,7| + 7,01 10 s....... 28.3,4017 51 ARR à 0,10|20. 1,45}:
RECAPITULATION.
Plus grande élévation du mercure...28.6,95, le 24à 10 s
Moindre élévation du mercure..... 27.0,25 , le 2 à 7h. m.
Élévation moycnne...... 27.9.25
Plus grand degré de chaleur..... +5 2°.5 le 22 à midi.
Moindre degré de chaleur....... + 2,2,le 27.
Chaleur moyenne........ + 73
Nombre de jours beaux..... TO:
Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"03019 — 1 pouce 5 lignes,
4 dixièmes.
H, Le 21 Décembre Thermomètre des caves....9°,640, division de Réaumur.
{
A I’'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS;
DÉCEMBRE 1806.
VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE.
S|Hrc. POINTS - , L
d VENTS. | À
5 LUNAIRES.
# à midi. LE MATIN. A MIDI. LE SOIR.
k
r| 92,0|S-O. Ciel couvert. Pluie par instant. |Pluie très-forte. H
2] 94,0[S-O.N-O. {p.çà10b.5#s.| Violente Tempête. Pluie ‘abondante. Ton. et éclairs.
3| 83:°[0-N-0. Fa Tempête. Ciel, couv. par inst. Pluie par inst,
4] 92,0[0-SO. Ciel couvert. Pluie fine parinst. |Ciel très-couv.
5[100,0|S-0: Couv. etbrum. | Ciel couvert. di Beaucoup d’éclairs,
6l Idem |S.S20, Quelques éclaircis. |Baucoup d’éclaircis.|Ciel couv. $
7| 80,0[S.:S-0. Idem. = Ciel nuageux. Ciel à demi-couv.
8| 93,o|S. S-E. Pluie fine ; Ciel très-c. Ciel couvert. Ciel très-couvert.
gl 92,0/S-0. Ciel nuageux. Ciel assez beau. Idem.
ro] 95,olS. S-0. x.1.à2434/m.| Ciel très-nuag. Pluie fine. Pluie continuelle.
r1/100,0[0. S-O Pluie dans la n.; ciel couv.| Temps humide. ; ciel couv, Beau par inst.
12] 91,0[O. S-O. Pluie abondante. [Ciel assez beau. Ciel trouble et nuag. |h
13] 90,0/S. S-O. Temp. toute la nuit. [Ciel couv. Pl:par inst. ; t, voilé.|h
14] 73,018. fort. Idem. Cieltrouble; nuage tr.-éleve. | Beau ciel. Î
15] 90,0|S.-0. fort. |, Apogée. | Beau ciel. Pluie. s Beau ciel par interv.\l
16| 93,0[S.S-0. fort Ciel couvert. Ciel très-couv. Temps pluy. etcouv. Ë
17| 92,0|S. fort. Equin. asc. | Quelques éclaircis. Assez beau ciel. Beau ciel.
18| 93,0|S. ».Q. à 4% 40’ m.| Beau ciel. Ciel couvert: Ciel couvert.
19] 73,0|S. Quelques nuages. Ciel nuageux. Ciel très-couv.
20] 97,0[S. S-O. f. Nuages clairs et élev.| Pluie tonte la mat.; temp.| Assez beau ciel ce s,
21|101,0 S.S-O. tr.f. €. couv. ; pluie. Pluie abond. Cie] couy.
22]100,0|0. S-0. C. c.; pl. dans la n: Giel couvert. Ciel très-nuag.
b3| 92,0|S. fort. Ciel beau par inst. Ciel voilé, assez b. par inst. Ciel b. mais un peu v.|Ë
41100,0|S-0. Ciel couvert. Ciel couvert. uelques éclaircis. |Ë
25| 97,o[S. S-O. ».1.à 349 m. | Ciel c.; tems bum.etbrum.| Ciel très-couvert. … |Ciel couv.
6| 80,0[0.N-O-N. | Ciel couvert. Ciel nuageux et voilé.| Idem.
7| 79,0 |0. fort. L. Périgé. | Ciel à demi-couv. |Ciel nuageux. Ciel nuageux.
28| 93,0{S. foible. Ciel couvert, Couvert. Couv. ct brumeux.
29| 91,0|S. fort. Ciel c. ; tems hum, etbrum, | Ciel couvert, üelques éclaircis.
3o| 98,0[S.S-0, Ciel couvert. Covert. Couv. par inst.
1/100,0[S.-0. Ciel nuageux. = [Brouill. ; ciel couv. ;\per. pL|Couy. et brum.
RÉCAPITULATION.
de couverts...... 13
de pluie........., 13
de?Vent:.2.1:t EST
de gelée... D ©)
de tonnerre....., ?
de brouillard. .... 3 5
de neige.....--1-Woln|l
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Jours dont le vent a soufflé du SR CE : :
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. ota. Pour indiquer plus exactement les variations de l’atmosphère , on a divisé le jour en
trois parties : la première contient les variations depuis minuit jusqu'à 9 heures du matin ; la
wsconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures ; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au miauit suivant,
120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc.
T-A.B+E +
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
…
Discours préliminaire ,; par J.-C. Delamétherie. Pag. 5
De l'Histoire naturelle. 8
De la Physiologie animale. 11
De la Botanique. 18
De la Minéralogie. 23
De la Classification des substances minérales. 43
Des Pierres pseudo-volcaniques. . 46
Des Météorolites. 47
De la Cristallographie. 48
. De la Geologie. 52
De la formation des Vallées. ib,
Des Volcans. 60
Des Fossiles. ‘6x
De la Geographie. $ 68
De la Physique. 69
De l’Electricité.' 75
Du Galvanisme. | 077
Du Magnetisme. . 8x
De la’ Météorologie. 82
Des Méréorolites. a 11 83
De la Chimie. jrs
De la chimie des Minéraux. | .o4b:
De la: chimie des Mégétauæ: | 1092
De la chimie des Animaux. ._. 106 :
De l'Agriculture. l xro
Des. Arts. . 112
1b.
: Nouvelles Littéraires.
: -.- “'ableaux météorologiques de Novembre et Décembre. 116
:TOURNAL
D Ex PE V SE OU LE,
DE CHIMIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
FÉVRIER.AN 1807 D Èr
MEM OIRE
SUR DEUX NOUVELLES CLASSES
DE CONDUCTEURS GALVANIQUES;
Pair M. ERMAN.
(Ce Mémoire a été couronné à l’Institut national de France.)
Re ——
:
* LA faculté de propager ou d'isoler les effets électriqués, .
présentée dans des degrés si différens et même si va
par les diverses substances; mérite éminemment notre.
tion , parce que le moment est venu de fapprocher €
+ faculté de la constitution chimique des corps , pour es
de statuer enfin quelque chosé sur la nature intime du.flt
- électrique. Les anomalies de la’ faculté conductrice’ së
noncent si fortèment dans l'électricité galvanique, qui
” ont fourni des argumens à céux qui ont prétend rapporter
u Tome LXIV. FÉVRIER an 1807 Q
..*
192 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
les phénomènes de cette classe à un principe essentiellemen®
différent de l'électricité.
L'examen auquel j'ai soumis un grand nombre de sub-
stances , relativement aux phénomènes, qu'elles présentent
lorsqu'on les emploie à fermer le cerele galvanique d'un
pôle à l'autre de la pile, m’a fourni des réponses à quelques-
uns de ces argumens ;, mais j'en ai obtenu un résultat beau-
coûp plus précieux, puisque, par des faits authentiques, je:
me suis convaincu que dans ce genre d'effets toutes les com-
binaisons possibles se trouvent réalisées ; car une substance-
quelconque étant appliquée aux deux pôles de la pile, il arrive
effectivement de cinq choses l’une :
1°. Ou bien cette substance n’agissant séparément sur aucun:
des deux pôles, les laisse aussi dans l'isolement parfait lors-
qu’on tente de les mettre en conflit par son intermède. Il
résulte de cette isolation parfaite, que le cercle galvanique
n'est point fermé, .et qu'à chaque pèle la tension électrique:
demeure à son maximum naturel, sans qu’on puisse la mo-
difier par l'intervention de la substance employée. Zsolateurs:
parfaits : (le verre froid, les huiles et les résines dans tout
mode d’agrégation; l’eau solide et l’eau en vapeurs, etc., etc. ):
2°, Ou bien les deux pôles exercent, par l'intermède de la
substance appliquée, une réaction réciproque si intime que ,
se neutralisant parfaitement , tout phénomène particulier à.
chacun cesse, chemént qu'il est impossible d'agir d'une ma-
nière appréciable et distincte sur aucun d'eux. Conducteurs:
parfaits. (Les métaux sans exception el tous au méme degré,
autant du moins que nous le savons) ; car il est bon d’observer
que ce n’est encore que par induction que nous attribuons.
cette propriété à tous ceux d'éntre eux dont les régules n’ont
pas été soumis à l'expérience directe : il demeure possible en
soi que tel métal ait, relativement à l'électricité galvanique,
certaines propriétés exclusives, analogues peut-être aux rapports-
du fer avec le magnétisme. Cette seule possibilité et l’extrême
importance de la découverte qui la réaliseroit, exige une suite
ewecherches dont le peu de probabilité du succès ne sauroit
nous, dispenser. a”
05° Ou.bien la substance appliquée aux deux pêles permet
eur réaction réciproque et ferme le cercle galvanique , mais.
une-manière si imparfaite, que l’eflet distinct de chaque pôle
oflinuera de se manifester et qu'il sera possible, par l'in-
= ïermède de la substance appliquée , d’influer séparèment:
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 123
‘sur chaque pôle, selon que l’on agit sur l’une ou l’autre des
extrémités du conducteur imparfait. Cette propriété, que j'ai
démontrée dans les conducteurs humides et dans l’eau liquide
elle-même, est d'autant plus importante à étudier, qu'elle se
rattache aux phénomènes chimiques et physiologiques. En effet
(le seul cas des étincelles excepté), il ct a de décomposi-
tion que dans le sein des conducteurs de cette classe, et
toutes Îles parties des corps organisés , que l'électricité gal-
vanique peut modifier , y appartiennent également.
4°. Ou bien Île corps donné agissant comme un conducteur
parfait, lorsqu'on lapplique séparément à chacun des deux
pôles, se trouve néanmoins appartenir exclusivement au pôle
ositif, aussitôt qu’on l’applique à tous les deux à la fois dans
a vue de fermer le cercle galvanique. Les conducteurs de
cette classe n’opèrent point la clôture, vu l'isolement où ils
laissent l'effet négatif, et par leur intermède on ne peut, dans
le conflit des deux pôles, ni charger le positif, ni décharger
le négatif.
5°. Ou bien, enfin, l'effet indiqué précédemment (n° 4)
se reproduit le même, maïs en sens inverse, c’est-à-dire que
la substance qui séparément agit sur chaque pôle comme
pourroït faire un conducteur parfait, appartient en entier au
pôle négatif dès qu’on l’applique simultanément aux deux
extrémités de la pile : de la résulte le maximum de tension
électrique pour le pôle positif, et l'impossibilité de produire
aucune divergence au côté négatif par l’intermède des sub-
stances de cette cinquième classe. |
Les phénomènes qui appartiennent aux deux premières
classes sont trop anciennement connus pour réveiller l'in
térêt, quoiqu’ils offrent néanmoins un grand nombre de dé-
tails précieux. Je supposerai ceux de la troisième classe éga-
lement connus, parce qu'ils ont été reçus avec quelqueintéré:
lors de leur publication , et je me bornerai par conséquent à
Vexposé des faits qui démontrent l'existence des conducteurs
de la quatrième et einquième classe. Ces faits joignent à
l'avantage de là nouveauté, celui d'offrir des problèmes inté-
ressans à résoudre , et des vues nouvelles à suivre dans les
recherches galvaniques. |
. Avant de passer à l'énumération des faits nouveaux que j'ai
a présenter, j’observerai que les phénomènes dont il s'agit ne
se prononcent avec netteté et dans tout leur enchaînement,
qu’autant qu’on les étudie avec le seul secours de l’électromètre
Q 2
p2# JOURNALESDETPHYSIQUE,)DE CHIMIE
appliqué immédiatement: aux déux-pêles, et. sans être réduit
à recourir au condensateur, dont le servicetoujours interrompu,
et le langage souvent équivoque, quelquefois méme trompeur,
entravent la marche de l'observation, etine permettent jamais
d'embrasser d'un coup d'œil tout l’ensemble des changemens
qui caractérisent chaque état de la pile. On sentira que dans
les expériences délicates que je viens, de rapporter, le nombre
des observations simultanées qu il s’agit de faire ,rendroit l'usage
du condensateur infiniment incommode ; et si l’on songe aux
modificationstque produit nécessairement à, chaque pôle l’aug-
mentation de capacité électrique qui résulte de lapplication
même du condensateur, on concevra pourquoi je lui donne
ici l'exclusion. Des électromètres à feuilles d’or, immédiate-
ment appliqués aux pôles, et. aux corps mis en expérience,
sont.exempts dé tous.ces inconvéniens,, et pour peu qu'ils
soient sensibles, ils indiquent avec une fidélité et une prompti-
tude extrèmes la marche et le degré des modifications les plus
compliquées que la pile éprouve. Une autre condition essen-
tielle du succès dans ces recherches, c’est l'isolementile plus
parfait de la pile et de toutes les parties des appareils. Je, nai
rien trouvé de mieux pour isoler la pile, que de létabbr au
centre d'un grand disque de résine que l’on a soin de ne
rendre électrophorique par aucun frottement accidentel: quant
aux autres parbiés des appareils, on ne doit jamais se fier à l'iso-
lation du verre seul; et pour appliquer aux surfaces les enduits
résineux ; la voie sèche est infinument prélérable ‘à la: voie
humide. Enfin il convient avant de commencer les expériences,
et-durant leur'cours., d'éprouver, par des moyens qu'il est Fa-
cilé d’imaginer.et de varier, 151. toutes les parties des appareils
isoleit complètement les effets électriques , et il est surtout
important d'étendre cette surveillance aux électromètres, pour
s'assurer si, le corps yitreux de ces instrumens, qu'on ne sauroit
munir d'une. surface résineuse, se maintient avec. constance
dans un, état parfaitement isolant. Je sais, par expérience qüe
souyent. la marche des observations se confond, parce que. la
surface de: l'électromètre est imperceptiblement, devenue con-
‘ductrice.. On remédie à cet inconyénient en séchant l'instru-
ment et non point en l’épuisant, de peur de tomber dans un
‘inconvénient, pire encore ;. en communiquant au verre une:
«charge. électrique. , F
15
'
. ? LI
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125
TL Des Conducteurs qui, dans le conflit des deux pôles,
ISOLENT. L'EFFET NÉGATIF, landis qu'ils continuent DE rro-
PAGER L'ÉLECTRICITÉ POSITIVE.
Lorsqu'on applique séparément à chacun des pôles de la
pile la flamme d’une lampe d'esprit de vin, elle agit comme
un conducteur parfait; mais appliquée simultanément à tous
les deux poles, elle. isole totalement l'effet négatif, tandis
qu'elle continue de conduire avec la même énergie l’électri-
cité positive, et'conséquemment à cette isolation partielle la
clôture du. cercle électrique n'a point lieu.
La faculté de conduire le fluide de la pile, tant contestée
à la flamme, est mise hors de doute par les faits suivans :
A l'un quelconque des pôles d'une pile bien isolée de cent
couples plus ou moins, l’on applique un électromètre à feuilles
d’or très-sensible, qui bientôt aura pris le degré de divergence
qui correspond à l'énergie de la pile, et à l'isolation plus ou
moins. parfaite du pôle opposé par l'air ambiant. Dès que
l'instrument sera stationnaire dans sa divergence, on présente
au, fil métallique du pôle opposé , la flamme d’une lampe à
esprit de vin parfaitement isolé : l’électromètre n’augmentera
point sa divergence; mais au moment où l’on mettra la flamme
de l'esprit de vin en communication avec le sol, en y intro-
duisant un fil métallique non isolé, l'électromètre prendra une
«divergence aussi forte que si l’on eùt mis le pôle opposé:en
communication avec le sol, à l'aide d’un conducteur imetallique
non interrompu. Cet eflet est le même au pôle négauf et au
pôle positif, circonstance que la suite rendra importante. On
peut donc par lintermède de la flimme de l'esprit de vin
communiquer de l'électricité à chacun des deux pôles de la
pile.
On peut de Ja même manière l'enlever radicalement à
chacun d'eux. Que chaque ple communique avec: un élec-
tromètre à l'aide d’un fil métallique. Si une flamme isolée
touche l'un que conque de ces fils, l’électromètre auquel il
correspond. ne perd rien de sa divergence, mais elle lui est
. entièrement enlev e à l'instant mème où on met cette flamme
en communication directe avec le sol.
On ,apperçoit d’un coup-d œil ces deux effets réunis, en
préparant deux flammes parfaitement isolées, et en conduisant
dans chacune un des fils métalliques partant des extrémités
126 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de la pile. Si l’isolation est parfaite dans tous les points, les
électromètres appliqués aux deux pôles indiqneront, après
quelques instans, le même état de divergence que si les pôles
n'étoient point en contact avec la flamme. Si maintenant l’on
met l’une des flammes en communication avec le sol, l'élec-
tromètre de ce pôle perd aussitôt toute sa divergence , et elle
passe au maximum dans l’électromètre du pôle opposé. Le
contact alternatif des deux flammes produit donc le même effet
que si l’on eùt touché immédiatement les extrémités de la
pile elle-même.
Enfin, pour s'assurer pleinement que la flamme est un
conducteur excellent pour tous les eflets de la pile qui ne
se rapportent us à la clôture du cercle, il convient d’ob-
server encore les faits suivans :
On courbe la tige métallique qui surmonte un électromètre,
de façon que la pointe en vienne aboutir dans une flamme
isolée. On conduit dans cette même flamme un fil métallique
venant de l'un des pôles. Si maintenant on touche le pôle
opposé, l’électromètre recevra à travers la flamme le maximum
de la divergence relative à ce cas. Si l’on touche ensuite l'élec-
tromètre lui-même , le pôle auquel il communique par l'inter-
mède de la flamme, est déchargé par là. Enfin, en touchant
la flamme, on décharge d’un coup et l’électromètre de ce pôle
et l’électromètre qui plonge dans la flamme.
Ces faits prouvent avec la dernière évidence , que la flamme
st bien éloignée d'isoler les effets électriques de la pile dans
les cas indiqués; ils démontrent que, relativement à ces cas,
il n'y a certainement pas lieu d’admettre un fluide galvanique
que la flamme isoleroit, par opposition au fluide électrique
auquel elle sert de conducteur.
Il se présente néanmoins dans le fait suivant une première
anomalie qui nous montre que la puissance conductrice de
la flamme, quelque parfaite qu'elle nous ait paru dans les
expériences précédentes , est néanmoins bien inférieure à celle
des métaux, lorsque ces deux genres de conducteurs agissent
en sens opposé. Soit l’un quelconque des pôles lié avec un
électromètre par un fil métallique : une flamme non isolée
mise en contact avec ce fil enlèvera, ainsi que nous l'avons
vu, toute divergence communiquée antérieurement à l’élec-
tromètre par le contact passager du pôle opposé. Mais si l’on
a mis ce pôle opposé en communication métallique perma-
“rente avec le sol, l'électromètre arrivera au maximum de sa
ET D'HISTOIRE NATURELLE 127
divergence , et y demeurera invariable sans aucun déchet
quoique la flamme non isolée continue de toucher le fil mé-
tallique par lequel l'électromètre communique à la pile. Il est
à remarquer que cet eflet est précisément le même aux deux
pôles. Or, combien seroit différente l’action d'un conducteur
métallique, si dans cette expérience on le substituoit à la flamme.
On sait que l’application du métal non isolé empècheroit
toute tension électrique produisant la divergence ; on sait
aussi que l'application d’un conducteur humide la diminueroit
du moins extrêmement , si même il ne la réduisoit pas abso-
lument à zéro. La flamme qui jusqu’à présent s’étoit annoncée
comme un excellent conducteur, ne produit donc point ici
l'effet que l’on auroit eu droit d'en attendre.
Mais cette première anomalie n’est rien au prix de celle
que la flamme nous présente quand on l’applique simultané-
ment aux deux pôles , dans l’intention de fermer par son inter-
mède le cercle galvanique. Voici les faits qui prouvent que
dans ce cas elle appartient en entier au pôle positif et isole
absolument tous les elets négatifs, ce qui m'a déterminé à
la placer dans une classe séparée,
Chaque pôle de la pile bien isolée , et forte environ de
gent cinquante couples Se et zinc , est lié à un élec-
tromètre sensible : outre cela, il part de chaque pôle un fil
métallique supporté par une tige parfaitement isolante ; les
extrémités des deux fils se rapprochent tellement l’une de
l'autre, qu'une mème flamme puisse les embrasser. Sur un
support isolant on place une lampe à esprit de vin; enfin
Yexpérience commence au moment où l’on met les deux fils
métalliques en communication avec la flamme, T'ant que celle-
ci demeure isolée, les électromètres des deux pôles divergeront
à peu près comme si les deux fils polaires étoient parfaitement
isolés; et ce ne sera qu'au bout d'un certain temps que l’élec-
tromètre du négatif offrira une divergence un peu plus forte
que le positif, mais du reste tout semblera annoncer une iso-
lation absolue ; car en mettant l'un quelconque des pôles en
communication avec le sol, son électromètre perdra toute sa
divergence, et celui du pôle opposé arrivera au maximum ;
et en touchant simultanément les deux pôles, on recevra une
commotion aussi forte que siles deux pôles étoient isolés par
une couche d'air. Il paroït que jusqu'à présent on s’en étoit
tenu à cette seule expérience, pour aflirmer que la flamme
isole tous les effets galvaniques ;. mais les faits suivans prou-
125$ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
vent que cette isolation n'est que partielle, et que par le pôle ‘
po:ilif la flamme continue d’être un condueteur excellent.
Tout demeurant comme dans l'expérience précédente, on
met le support de la flamme en communication avec la Hamme,
ou, ce qui est plus simple, on touche la flamme elle-même
avec une baguette de métal non isolé. Aussitôt toute la di-
vérgence passe au pôle népatif, et le positif est absolument
déchargé. Si l'on a donné précédemment à l'électromètrernégatif
la plus forte’ divergence possible , en touchant le pûle opposé,
jamais Papphcation d'un bon conducteur à la flamme, n’enlë-
vera la moindre partie de cette divergence négative ; tandis que
cette même applivation détruit en un instant tout vestige de
divergence donnée anlérieurement au pile positif, et la trans="
orte au Côté négafif dans le plus fort degré possible.
Quelqu'étendue que l’on donne à la flimme et à quelque
proximilé du fil négatif qu’on la touche, 1l demeure constam-
ment impossible d'agir pair son intermède sur le côte négatif,
pour lui enlever sa divergence. La flamme apparuent doic en
totalité au pôle positif, puisqu’en la touchant on décharge
celui-ci immédiatement , ét lon amène méciatement le pôle
négaUË au maximum: de sa divergence.
On trouvé la confirmation de cette propriété paradoxale dans
les expériences suivantes : Les deux fils polaires étant réunis
dans la méime flamme isolée, on plonge dins cette flamme le
crochet d'un électromètre sensible , il y prendra une foible.
divergence positive, si les deux p les ne sont pas arrivés .préa-
lablement à leur équilibre de tension. Mais cette divergence
positive atteint son 7zaximum au moment où l’on met le
pôle négatif en communication avec le sol. &8i l’on touche
ensuite le pôle positif, l'électromètre plongé dans la flamme
perd à l'instant toute sa divergence. Enfin si l'ôn met le
flamme elle-mème en communication avec le sol, on décharge
en même temps et l'électromètre qui y est plongé, et celui
qui est appliqué au pôle positif, tandis que celui du côté né-
atif atteint son plus haut degré de divergence, Ces effets
s'expliquent parfaitement dès que l'on sait que le pôle né-
gauf est isolé dans la flamme, tandis que le posiuf est en
état de conduction continue avec elle; car dans cet état de
choses si l’on décharge le pôle négatif par un attouchement,
la flamme et l'électromètre qui y est plongé, participent à
l'excédant de tension électrique qui en résulte par le pôle
posiliË. Si au contraire on met le côté positif on bien la flamme
elle-
x
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129
elle-même en communication avec le sol, leffet qui en résulte
au négatif ne peut point se propager à travers la flamme, et il doit
s'établir une divergence négative que le contact de la flamme
ne peut ni détruire, ni diminuer.
Ce qui rend cet isolement absolu du négatif au sein d'une
substance conductrice encore bien plus paradoxal, c’est l’éton-
nante intimité des rapports que la flamme soutiént avec l'élec-
tricité positive. En eflet, pour enlever à ce pôle la divergence
qu'on lui a donnée précédemment, il n'est pas nécessaire de
toucher immédiatement la flamme, il suflit de présenter au-
dessus d’elle à la distance d’un pied et demi, et méme de
deux pieds, un conducteur métallique en communication avec
- le sol , l’électromètre positif arrive aussilôt à zéro , et celui
du négatif passe au #2aximum de tension électrique. Pareille-
ment aussi un électromètre, dont on tient le crochet à une
égale distance au-dessus de la flamme où se trouvent réunis
les deux fils polaires d'une pile énergique , se charge très-
promptement d'électricité positive, lorsqu'on met le cûté né-
gatif en communication avec le sol, et se décharge aussitôt
qu'on touche ou la flamme ou le pôle positif dont elle pro-
page si éminemment l'effet. Au reste, cette action de la
flamme ne s'étend pas à beaucoup près avec autant d'énergie
dans une direction latérale : dans ce sens l'effet est borné à
quelques pouces de distance.
Toutes les indications électrométriques que nous venons
de rapporter, annoncent que le cercle galvanique n’est point
‘fermé par l'intermède de la flamme, et l'expérience apprit de
bonne heure que la décomposition de l'eau n'avoit point lieu,
et que les effets physiologiques de la pile ne se manifestoient
point lorsque l'arc excitateur étoit interrompu par l'interposi-
tion de la flamme. En réfléchissant néanmoins sur la faculté
qu'a la flamme de conduire l'électricité de chaque pôle sé-
parément, et de n'isoler dans le conflit que l'effet négatif, il
me parut possible, à toute rigueur, d'obtenir momentanément
quelques effets physiologiques, en déchargeant à la fois dans
le sol les deux pôles unis par la flamme, et en plaçant sur
la route de cette décharge des organes très-irritables. Après
plusieurs tentatives infructueuses, j'arrivai à la combinaison
suivante, dont le succès ne m'a jamais manqué depuis , et qui
est peut-être une donnée intéressante pour la théorie générale
de la charge électrique. E
Soit une pile énergique parfaitement isolée , et ses deux
Tome LXIV, FÉVRIER 1807. R
A 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
flammes réunies dans une flamme également bien isolée. On
prépare avec le plus de prompiitude possible les extrémités
inférieures d’une grenouille, tellement que les nerfs ischiati-
ques soient dégagés des chairs et de la colonne vertebrale dont
on supprime la portion lombaire ; on place les muscles sur le
pôle négatif de la pile, les nerfs pendent librement ; puis
saisissant par son manche parfaitement isolant un arc excita-
teur métallique, on en applique une extrémité à la flamme
et l’autre aux nerfs. On n'obtiendra point de contractions; ou
si par hasard il s'en produit quelques vestiges, comme cela
m'est effectivement arrivé , mais très-rarement , ce cas doit
être regardé comme une exception produite ou par le défaut
d'isolation du manche, ou par une irritation purement mé-
canique des nerfs excessivement susceptibles, ou enfin par
l’action des atmosphères des pôles ; car j'ai trouvé, dans une
autre suite d'expériences, que tout pôle chargé par le, contact
du pôle opposé, devient le centre d'une sphère d'activité,
dans laquelle sans contact, et uniquement par le mécanisme
des influences électriques, la capacité des corps est puissam-
ment modifiée. Je suis tenté d'expliquer, par cette dernière
propriété, les étincelles que des observateurs dignes de foi
rétendent avoir obtenues par le contact d’un seul pôle, lorsque
fa pile forte d'un millier de couples avoit une énergie extrême,
“et je conçois que les contractions qui se produisent quelquefois
dans le cas dont il s'agit ici,, résultent de la foible électrisa-
tion positive que le pôle négatif produit par son influence sur
l’arc excitateur, tellement que l'équilibre se rétablit alors non
entre le pèle positif et le négatif (la flamme y oppose une
‘barrière insurmontable), mais entre le pôle négatif et la partie
‘antérieure de l’arc isolé devenue positive par influence. On
conçoit que l'effet de cette restitution d'équilibre doit avoir
une intensité infiniment foible, et que pour produire les plus
foibles contractions, elle suppose un rare degré d'incitabilité.
Quoi quil en soit, et pour éviter ici tout vice de subreption,
s'il arrivoit que le contact du conducteur isolé, qui aboutit
d’une part à la flamme et de l’autre aux nerfs, produisit une
contraction dans la période de l'irritabilité la plus exaltée, il
faut laisser passer quelques instans, répéter de temps en temps
l'application de l’excitateur isolé, et infailliblement le moment
arrivera bientôt où cette application ne produira plus aucun
effet, et c'est proprement alors que l'expérience est censée
commençer. En .ellet,, lorsque l'excitateur .éso/é ne produit
ï
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 131
aucun effet physiologique, il suflit de le mettre en communi-
cation avec le sol, en le touchant du doigt, ou en le saisissant
à pleine main sans le manche isolant, pour obtenir les con-
tractions les plus énergiques chaque fois que l’on ferme ainsi
le cercle depuis la flamme jusqu'aux nerfs. On s'assure de
l'influence qu’exerce ici lé sol, en fermant altérnativement le
cercle par l'arc isolé et par l'arc non isolé. Si l’on met entre
chaque application comparative un certain intervalle, celles
avec isolation ne donneront jamais d'effet, et celles non isolées
produiront constamment des contractions. J’observe néanmoins
que ce genre d’excitation galvanique, par l'intervention de la
flamme et du sol, exige de la part du sujet un degré d'inci-
tabilité beaucoup plus grand que la méthode ordinaire de
fermer le cercle immédiatement de pôleà pôle, car les muscles
de l'animal obéissent encore à cette dernière long-temps après
qu'ils ont cessé de se contracter par l’application du conduc-
teur non isolé à la flamme. Au reste, il va sans dire que si
la préparation anatomique est placée sur le pôle posiuif, et
qu'on ferme alors le cercle depuis la flamme jusqu'aux nerfs,
on n’obtiendra absolument aucun effet, soit qu'on isole l’are,
soit qu’on ne l'isole poire car la flamme appartenant en entier
au positif, il est palpable qu’elle ne peut donner des contrac-
tions avec le pôle du même nom.
L'explication de ce fait me paroît résulter assez naturelle
ment de ce qui a été dit jusqu'ici. La flamme isole tout effet
négatif et par conséquent elle ne sauroit fermer le cercle gal-
vanique. Mais dans l'application de l'arc 72607 isolé entre la
flamme et les nerfs, c'est proprement le sol qui sert de chaînon
intermédiaire, et la raison peut distinguer trois effets distincts
dans un seul instant indivisible. Le premier est de charger au
maximum le pôle négatif aux dépens du sol; le second est
de reverser tout l'excédant dans le sol; par-là le positif arri-
veroit au #axæimum de tension, n'étoit le défaut d'isolation :
de ce défaut résulte comme troisième effet la décharge momen-
tanée des deux pôles dans le sol. On conçoit que des organes
très-irritables servant de véhicule à ce procédé de diflérentiation
et d'intégration instantanée, éprouveront l'espèce de secousse
qui accompagne les promptes restitutions de l'équilibre élec-
trique. Si mon objet étoit dans ce moment de développer une
théorie de la charge électrique, je ne me contenterois pas
sans doute des germes d'idées que je jette ici, et que je crois
féconds. Mais on conçoit aussi que ce genre d'excitation à
R 2
F
132 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE
laquelle tout le sol concourt , exige un degré d'irritabilité
beaucoup plus grand que ceux où l'équilibre se rétablit immédia-
tement d’un pôle à l’autre. J'ignore au reste si l'impossibilité
d'obtenir des décompositions chimiques, par l'intervention de
la flamme, tient à cette dernière circonstance : j'ignore même
encore si cette impossibilité est absolue; tout ce que je sais,
c'est que je n'ai produit aucun eflet pareil, malgré les nom-
breuses combinaisons que j'ai mises en œuvre pour y parvenir.
Quand on songe au pouvoir isolant que l’on avoit si catégo-
riquement attribué à la flamme, l'observation suivante acquiert
de l'intérêt Pour produire les contractions dont nous venons
de parler, il n’est pas besoin que l'arc excitateur non isolé
touche immédiatement la flamme , on peut le tenir à plu
sieurs pouces au-dessusgd'elle. J'ai quelquefois réussi à produire
les excirations dont il s’agit, en tenant le bout de l'arc exci-
tateur non lisolé, à un pied et demi au-dessus de la flamme,
surtout lorsque je prenois la précaution d'armer cette extré-
mité de l’arc d'un disque métallique de quelques pouces de
diamètre , afin de le mettre par-là dans un contact plus intime
avec l'air chaud émanant de la flamme et servant de conducteur,
à l'électricité positive.
Je ne ferai qu'indiquer ici une autre observation que j'ai:
répétée plusieurs fois, mais dont je n'ai pas encore à beaucoup
prés assez étudié les détails. Lorsque l’arc excitateur mis en
contact avec le sol, vient de produire une contraction par le
contact simultanée de la flamme et des nerfs , il conserve cette
propriété durant vingt secondes environ, sans qu'il soit besoin
de le tenir isolé pendant ce temps. Dans cet état il produit
une nouvelle contraction en touchant les nerfs seuls, et sans
qu'il soit nécessaire que l’autre extrémité touche à la flamme.
Cette observation n’a rien de neuf, on connoit beaucoup de
faits analogues. Ce qui lui donne quelque intérét, c'est la Faci-
lité de varier les combinaisons de recherche dans le cas pré-
sent; mais ce qui ma décidé à en faire mention , c’est que
le succès des expériences où l’on emploie tantôt l'arc isolé,
tantôt l'arc non isolé, dépend de cette circonstance , et c'est par
cetieraison qu’en décrivant ces expériences, J'ai dû insister surla
nécessité de laisser écouler un certain temps entre chacune
de ces applications comparatives.
Les faits dont je viens d’articuler les détails, prouvent dé-
monstrativement que la flamme de l'esprit de vin est un con-
ducteur excellent pour chaque pôle de la pile, mais que dans
ET D HILSUT O\LR-CS NAANTAULR Ê E L,Ee 153
le conflit des deux pôles elle isole complètement le côté négatif,
tandis qu’elle continue d'être éminemment conductrice pour
l'effet positif. Mais le problème ramené à cette expression est
bien loin encore de sa solution : il s’agit maintenant de savoir
à quel mécanisme d'action tient cette singulière propriété. Ce
seroit sans doute une témérité que de statuer quelque chose
sur des faits si nouveaux et qui sortent si fort de toutes les
analogies connues. Je ne ferai donc mention de l'hypothèse
suivante qu'à cause des faits intéressans dont j'ai obtenu la
connoissance, en la prenant pour texte de mes recherches
ultérieures,
J'ai cru long-temps que la tension électrique qui se mani.
feste exclusivement au pôle négatif par l'intervention de la
flamme, pourroit tenir aux deux propriétés opposées qu'on
lui assigne , et qu'on y distingue en eflet dans certains phé=
nomènes de l’électrisation vulgaire. On se croit également
fondé à dire que la flamme dissipe et détruit toute électri-
sation (comme, par exemple, lorsqu'on lui présente des
carreaux de verre ou de résine que l’on veut désélectriser),
et que dans d’autres cas elle collige et rassemble l'électricité
(comme lorsqu'on l’applique au sommet des pointes électro-
métriques destinées à des observations de météorologie). Je
pensai donc qu'il se passoit ici quelque chose d'analogue ,
mais que l'effet dispersif l'emportant de beaucoup sur l’autre,
le pôle positif se trouvoit constamment déchargé par la dissi=
pation du fluide en excès , tandis que par-là même le côté
négatif se trouvyoit toujours au #74ximum de tension, ou que
sa charge paroït résulter d’un défaut de fluide ; mais une
analyse plus exacte des phénomènes, et le détail ultérieur des
faits qui se présentèrent, me convainquirent de la fausseté
de cette hypothèse; car si c'étoit par une simple dissipation du
fluide électrique que la flamme détruit la tension au pôle
positif, et la porte à son maximum au côté opposé, il seroit
parfaitement indifférent que la flamme fût isolée où non. Or
nous avons vu quappliquée au pôle positif elle ne modifie en
rien son état électrique ni celui du pôle opposé, à moins
qu'on ne la mette en communication avec le sol. Ce n’est
donc pas par une dissipation pure et simple que sont produits
les effets qui caractérisent l'application de la flamme aux deux
pôles. D'ailleurs, nous allons voir que des substances solides
produisent des phénomènes absolument analogues quoiqu'in-
verses; or dans ce cas il n’y a point de fluide expansible en
154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
jeu pour opérer ni dissipation, ni accumulation du fluide élec-
trique. Enfin, ce qui prouve démonstrativement la fausseté
de l'hypothèse, c’est la différence absolue qui existe entre le
mode d'action des diférentes flammes, selon la constitution
chimique des corps dont elles émanent.
C’est un singulier abus des signes abstraïits du langage, que
de parler de la flamme comme d'une substance constante et
homogène. quelle que soit la matière des substances en igni-
tion. Avant les découvertes de la chimie pneumatique, il
pouvoit être pardonnable de tomber dans cette erreur, SUrtOuE
lorsqu'il s’agissoit de l'électricité vulgaire dont les actions chi-
miques étoient ou nulles ou difficiles à saisir. Dans le galva-
nisme, au contraire, les effets chimiques sont en première
ligne : chaque effet physique est précédé ou accompagné d’une
action chimique, et c'est sous ce rapport précisément, que la
découverte de Volta constituera une époque à jamais mé-
morable dans les fastes de la science. Sa colonne est un cippe
de Janus, érigé sur la commune frontière de la chimie et
de la physique. La comparaison du mode d'action de la
flamme des divers combustibles devoit donc décider du sort
de mon hypothèse, et je ne tardai pas à la voir s'anéantir.
Toutes les flammes provenues de l’incandescence des corps
qui contiennent de l'hydrogène et du carbone, produisent
au méme degré les phénomènes de l'isolement du pêle négatif
et de la continuité de conduction pour le pôle positif : les
substances, au contraire, qui ne contiennent ni hydrogène
ni carbone, ou bien ne produisent point cet eflet (comme,
par exemple, le soufre dont la flamme isole également les
deux pôles), ou bien produisent l’eflet diamétralement opposé
comme le phosphore qui, en igniuion , isole le positif, tandis
qu'il conduit le négatif). Je vais entrer dans quelques détails
sur ces faits.
En réunissant les deux fils métalliques des pôles dans la
flamme d’une chandelle de suif ou de cire, dans celle d'une
lampe à huile grasse, dans celle de l'ambre jaune, du camphre,
des huiles éthérées et de plusieurs autres substances hydro-
carbonées, on observe en plein les eflets que j'ai décrits, en
prenant pour exemple la flamme de l'esprit de vin. J'ai eu
cependant une raison très-forte de proposer cette dernière pour
la préparation des expériences ; car à peine la combustion des
corps que j'ai nommés ci-dessus, est-elle commencée sous
l'influence des pôles galvaniques , que l’on voit un dépôr
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195
fuligineux se former sur chacun des deux fils, mais principa-
lement sur celui du pôle négatif. Ce dépôt se distingue par
une espèce de végétation arborisée, extrèmement prononcée
sur le fil négatif, beaucoup moins caractérisée et quelquefois
nulle sur le côté positif. Ces houppes ou ramifications arbo-
risées , croissent et s'épanouissent avec une très-grande rapidité,
surtout au pôle négatif : elles tendent l'une vers l'autre du
négalif au positif, et au moment où ces filamens fuligmeux
se trouvent interposés d'un pôle à l’autre , tout effet électros=
copique cesse, le cercle se trouvant fermé par suite du pouvoir
conducteur du charbon. On est donc réduit à enlever à chaque,
instant ces végétations toujours renaissantes ; et ces constantes
interruptions entravant Ja marche de mes observations, j'avois
souvent été dépité par ce phénomène, avant que d’autres obser-
.Yateurs eussent songé à le décrire. Or la flamme de l'esprit
de vin est exempte de cet inconvéuient et n'en présente pas
moins les memes caractères électroscopiques que les autres
substances hvdro-carbonnées dont je viens de parler; elle partage
ce double avantage avec la naphte. Si l'on se propose, au reste,
d'observer les vegétations fuligineuses dans leur plus grande
énergie, il faut brüler, dans une petite capsule, de l'huile de
térébenthine rectifiée par la distillation. En réunissant dans
cette flamme les deux fils d'une pile galvanique un peu éner-
gique, les végttations fuligineuses se produisent avec tant
d'abondance, que très-souvent on les voit s'élever des bords
mèmes de la capsule, et former par leurs ramifications un cou-
ronnement d'autant plus agréable à la vue, que les pointes des
houppes incandescentes ont un mouvement de tension très
rapide sur le pédicule fuligineux qui les soutient.
Il n'est pas nécessaire pour obtenir l'isolement partiel de
l'effet négatif, que les corps dont la flamme émane contien-
nent du carbone. Je remplis mon gazomètre de gaz hydrogène
très-pur et très-soigneusement lavé ; je recus eutre les deux
fils d'une pile la flamme bien isolée d'un courant de ce gaz,
et j'observai que durant tout le cours de l'expérience, les phé-
nomènes furent parfaitement identiques à ceux que j'ai décrits
plus haut, en prenant l'esprit de vin pour exemple. Il va sans
dire quil ne se produisit ici aucune végétation fuligineuse,
Quant aux flammes émanée$ des corps qui ne contiennent
ni carbone ni hydrogène, il est très-probable qu’aucunes d'elles
ne produisent les phénomènes de l'isolation partielle de l’eflet
négatif, Je m'en suis assuré par l'expérience directe relative-
136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ment au soufre et au phosphore, et suis disposé à étendre
cette analogie à toutes les substances du même genre.
La flamme non isolée du soufre pur, appliquée à chaque
pôle individuel de la pile, agit comme un isolateur parfait :
il est impossible de décharger l’un des pôles par l'application
de cette flamme, et le pôle opposé ne manifeste aussi par ce
contact aucun accroissement de tension électrique. Il résulte
de là que les deux fils polaires réunis dans la meme flamme
du soufre en ignition, demeureront dans un isolement égal :
et en effet, en mettant cette flamme en communication avec
le sol, on ne modifie en rien leur équilibre électrique. La
flamme du soufre isole donc l'électricité galvanique aussi par-
faitement que le fait la substance mème dont elle émane,
et par conséquent ce n'est point à la propriété dispersive de
la flamme, en tant que flamme, que tiennent les effets de la
uatrième classe. On démontre au contraire les rapports intimes
de ces phénomènes avec les aflinités chimiques, en mélant au
soufre quelque substance hydro-carbonnée : la flamme qui ré-
sulte de leur déflagration commune, affecte aussitôt les pôles
de la pile, de la même manière et presqu’au même degré que
les substances dont nous avons parlé plus haut. Ainsi, en
réunissant les fils polaires dans la flamme non isolée d’une
allumette , ou d'un fil soufré, les divergences sont nulles au
positif et extrêmes au côté négatif.
Quant à la Hamme du phosphore, elle présente une propriété
infiniment remarquable, en ce qu'elle appartient décidément
à la cinquième classe, c'est-à-dire qu'appliquée individuelle
ment à chaque pôle, elle agit comme conducteur parfait; mais
du moment où l'on réunit dans son sein les deux fils polaires
de la pile, le côté positif se trouve parfaitement isolé, tandis
que la continuité de conduction la plus intime existe relative-
ment au pôle négatif. Je me dispenserai d'entrer dans le détail
des expériences qui prouyent cette étonnante propriété du
phosphore , les préparations et les manipulations étant les
mêmes que pour les recherches précédentes. J’ajouterai seule-
ment que pour m'assurer si l'humidité toujours adhérente aux
bâtons de phosphore que l’on retire de dessous l'eau, influoit
eniquelque manière sur ce phénomène, je pris plusieurs fois
la précaution d’essuyer parfaitement les fragmens que je des-
tinois à la déflagration ; puis je les tenois un jour entier ren-
fermés dans un flacon rempli de muriate de chaux calcinée.
Mais cette parfaite dessication n'apporte aucun changement
dans
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 137
dans les phénomènes. Je ne trouvai pas non plus que du
phosphore brun et opaque, tel que je l'avois obtenu immé-
diatement de la distillation de l'acide traité par le charbon,
différât dans ses effets, ni même par le degré de ses effets,
de celui que j'avois amené par des dépurations ultérieures à
la couleur, la demi-transparence et la cassure propre à cette
substance dans sa plus grande pureté. Peut-être est-il permis
d'en conclure que ce n’est pas (ainsi que quelques-uns l'ont
cru) à une portion de carbone enlevée par les vapeurs phos-
phoriques , que tient l'impureté du phosphore brun. En effet,
si la plus petite portion de charbon, brülée avec le soufre,
communique aussitôt à la flamme des propriétés absolument
différentes de celles de la flamme du soufre pur , l’analogie
nous conduit à attendre les mêmes effets dans les cas où ce
charbon se trouveroit incorporé au phosphore. Or je n'ai rien
démélé de pareil dans la combustion du phosphore brun. Au
reste, je suis le premier à convenir de la foiblesse de cet
argument , d'autant plus que le point de comparaison le plus
essentiel me manque encore, n'ayant pu réussir à faire brûler
ensemble du phosphore et du charbon mélés en diverses
proportions. .
I. Des conducteurs qui, dans le conflit des deux pôles,
ISOLENT L'EFFET POSITIF, 4a724dis qu'ils continuent DE PRO-
PAGER L ÉLECTRICITÉ NEGATIVE. 6
J'ai placé dans une cinquième classe les substances qui;
appliquées à chaque pôle individuel, agissent comme des con-
ductéurs excellens, mais qui, interposées d'un pôle à l’autré,
isolent l'effet positif, sans cesser de conduire parfaitement
l'électricité négative. Le desir de trouver réalisées toutes'les
combinaisons possibles pour la clôture du cercle galvanique ;
m'anima à passer en revue un grand nombre de. corps, pour
en trouver quelqu'un qui vint se placer dans cette clässe.
Long-temps mes tentatives furent infructueuses ; parce que les
analogies d’après lesquelles je me dirigeois dans cette recherche,
étoient très-imparfailes : et jene découvris dans la flamme du
phosphore la propriété en question, qu'après lavoir déjà ren:
contrée avec la dernière évidence dans une’ autre substance
d’agrégation solide. Cette substance est le savon alkalin-de
tout genre, pourvu qu'il ait été amené au plus haut degré
de dessication possible : du‘moins n'ai-je pas apperçu de difté-
rences appréciables dans les effeus électriques, en employañt
Tome LXIV. FÉVRIER an 1807.
138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
comparativément des savons de graisse végétale ou animale,
saponifiées soit par la soude pure , soit par la soude mélée
de potasse , pour les usages de la pharmacie, ou pour ceux
des arts et de la vie commune. Tous ces savons ont présenté
les effets que je vais décrire, lorsque la condition essentielle
de la plus grande dessication possible se trouvoit remplie.
Un prisme de savon solide complètement desséché et appli-
qué à l’un quelconque des pôles d’une pile galvanique, propage.
dans le sol toute l'électricité de ce pôle, et produit au côté
opposé le maximum de la tension électrique : il n'y a relati-
vement à cet effet, aucune différence entre les deux pôles, et
le sayon agit comme pourroit faire le conducteur le plus parfait.
Je m'en suis convaincu , en mesurant à l’electromètre de Volta,
la divergence produite à l’un quelconque des pôles par le
contact du métal, du doigt humide, du savon mouilié au
point de contact, et du savon parfaitement sec : j'ai trouvé
ces degrés égaux entre eux. On verra dans un instant pourquoi
nonobstant cela, on n'obtient la commotion, en employant
un barreau de savon ; qu’en l'humectant au point de contact.
Si maintenant deux fils métalliques partant des pôles de la
pile , sont fixés par leurs extrémités libres dans un méme
prisme de savon parfaitement isolé, dans lequel il convient
de les enfoncer à une profondeur de quelques lignes, on
n’apperçoit aucnn effet remarquable, c’est-à dire, qu'après avoir
amené au méme niveau de tension les deux pôles , en y
appliquant une baguetie métallique isolée, les électromètres
des deux pôles agiront comme ils faisoient avant l'intervention
du; savon, ét lorsqu'une couche d’är les isoloit parfaitement
l'un de l’autre. Mais à l'instant méme où on met le savon en
communication libre avec le sol, l’électromètre positit présente le
maximum de la divergence, et celui du côté négatif en perd
tout vestige, précisément comme si l’on eût mis le pôle né-
ue lui-même en communication avec le sol. Par conséquent
e savon, quiisole l’eflet positif, est un conducteurpar faitement
continu pour l'effet négatif auquel il apparueñt dans toute son
étendue; car on a beau le toucher avec une pointe déliée tout
près du lieu où s'enfonce le fil du pôle positif, il est entière-
ment impossible d'enlever par-là aucune portion d'électricité
positive, tant l'isolation de ce pôle est absolue.
La preuve la plus frappante de cette propriété paradoxale est
celle-ci : Si l’on applique un doigt sur ie fil du pôle positif,
et un autre doigt mouillé sur le savon, on n'éprouve aucune
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 139
commotion , et les électromètres n’annoncent pas le moindre
changement dans leurs divergences respectives. Mais si l'on
répète la même épreuve en établissant , à l'aide des doigts
mouillés, la communication entre le fil positif et le savon,
on éprouve une commotion très-sensible, et les deux électro
mètres arrivent à un état de tension égal et infiniment foible.
Ces faits sont suflisans pour établir l'existence de la cinquième
classe de substances; mais en poussant un peu plus loin ces
recherches, l'on rencontre des phénomènes de détail qui sont-
d'un grand intérêt.
Il faut pour mieux les discerner, interrompre la continuité
de l'un des deux fils, qui partant de la pile vont aboutir dans
le savon, et interposer entre ses deux extrémités moyennes
un appareil à développer les gaz. On n’y appercevra aucun
effet chimique, l'isolement du fil positif y opposant une barrière
insurmontable. Si maintenant on humecte d'eau une petite
éponge, ou une rondelle de drap, et qu'on appuie l'un de
ces corps contre le fil négatif, tellement que la surface du
savon en soit en même temps touchée, tout demeurera comme
auparavant, et il n’y aura aucune trace de décomposition
chimique. Mais au moment où l’on place ce même conduc-
teur humide de manière qu'il touche à la fois le fil positif et
Je savon, le gaz part en torrens, et les électromètres indiquent
la clôture du cercle galvanique. La plus petite quantité d’eau
suflit pour détruire ainsi tout-à-coup l’anomalie d'isolation
qui caractérise cette substance, et couvertir sa totalité en un
conducteur excellent. Souvent j'ai vu.cet effet résulter de la
simple application d'une pièce de monnoie que j’avois humectée
sur une de ses faces par la vapeur d'une seule exhalation pul-
monaire , et que je plaçois ensuite sur la surface du savon et
au contact du fil positif ; tandis que dans la mème position
le même morceau de métal ne produisoit aucun effet dans
son état de siccité habituel.
Je ne connois aucun fait où l'indispensable nécessité de l'eau
dans une action galvanique se prononce d’une manière plus
étonnante ; car la propriété de convertir au contact précis du
fil positif la masse entière du savon en un conducteur parfait ,
pour les deux pôles en conflit, appartient exclusivement à
l'eau, et n'est pas, comme on pourroit le penser, peut-être
un apanage de la liquidité en général. Du mercure , de la
naphie , des huiles de tout genre, et d’autres liquides non
aqueux, versés dans uue fossette que l'on ménage dans le savon
S 2
140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
au point d'insertion du fil positif, ne produisent absolument
aucun effet. Il est très-remarquable aussi que l'eau appliquée
ainsi entre le fil positif et le savon, y souffre la même dé-
composition chimique que dans l’appareil à gaz. En effet,
selon la nature du fil métallique contre lequel on appuie le
conducteur humide ou l’eau en substance, il se produit aux
Points de contact respectifs, ou bien de l'oxide en abondance,
Ou bien un gaz qu'il est facile de discerner par l'écume qui
en résulte. De là vient que le temps durant lequel l’eau inter-
posée produit son effet, est toujours limité en raison directe
de l'abondance plus ou moins grande du liquide, et en raison
inverse de l'énergie de la pile : mais dans tous les cas les
effets électrométriques et chimiques qui tiennent à la présence
de l’eau, vonttoujours en diminuant, et cessent bientôt entière
ment lorsque; par décomposition, toute l’eau est consumée aux
Points de contact. De ce moment le savon reprend sa pro-
priété caractéristique et isole tous les effets positifs. C'est'ici
qu'il convient de placër une -observation importante pour le
succès de ce genre d'expériences. Ceux qui voudroient les
répéter sans pouvoir $e procurer des prismes de savon aérés
pendant quelques années, ou desséchés complètement par l'action
ménagée d’un four ou d’un poële, pourront étre tentés de m'accu-
ser au premier instant d’avoir mal vu, parce que les fils polaires
se trouvant mis en conflit par l'intermède du savon encore
humide, l'appareil à gaz, et les électromètres commenceront par
indiquér une clôturé plus ou moins parfaite du cercle galvanique.
Mais le rôle: que l’eau joue dans ces phénomènes, explique
parfaitement ce défaut de succès; c’est la portion d’eau libre
de dans le savon humide se trouve interposée entre lui et le
al positif qui masque ici la propriété caractéristique par laquelle
ce Corps appartient à la cinquième classe. Pour s’en assurer il
Ryÿaiqu'à laisser écouler quelques imomens : l’eau étrangère
aux conditions de l'expérience sera/consumée plus où moins
rapidement, selon son abondance et selon l'énergie de la pile,
€t dès-lors la totalité du savon isolera l'effet positif, tañdis
qu'il servira de: conducteur à l’effet négatif. En retirant le
SL positif qui aura été ainsi plongé dans le savon humide,
9n;en trouvera la pointe oxidée si la nature du métal le
GOMperte ; ce qui-n'a jamais dieu dans le sayon parfaitement
desséché. ;lhvai sans dire que si l’on décape ce fil, et qu'on
le pique. dans quelqu'autre point du savon humide; la même
:8xgeption à la règle générale se repruduira, puisque. dans ce:
2)
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147
nouveau point de contact le conducteur rencontrera une nou-
velle portion d’eau libre. Au reste, l’oxidation du fil positif
dans le savon humide, pourroit induire à croire que c’est à
la production de cet enduit non-conducteur que tient l’isola-
tion du pôle positif. Mais on s’assure du contraire en em-
ployant des fils de platine, qui, sans offrir la plus légère trace
d’oxidation, présentent néanmoins le phénonrène en question,
dès que l’eau interposée, ou fortuitement ou à dessein, se trouve
consumée au côté positif par l’action chimique de la pile.
D'ailleurs les fils métalliques les plus oxidables ne présentent
point de trace d’oxidation, lorsqu'ils ont servi à établir la
communication entre le pôle positif et un prisme de savon
amené à l’état de parfaite dessication.
On prouve par une expérience importante à d’autres égards,
gne c'est au point précis où le fil positif touche le savon, qu'il
aut appliquer l'eau pour que l'effet positif soit propagé aussi
parfaitement que le négatif. Soient deux prismes de savon bien
sec A et B, pl. 1: dans chacun d'eux on introduit l’un des fils
polaires de la pile ; puis on réunit ces deux prismes par un
fil métallique € formant l'arc conducteur d’un prisme à l’autre.
Les électromètres de la pile indiqueront l'isolation complète
du pôle positif; le contact de l’eau quelconque des deux pris-
mes, ou de l'arc intermédiaire ©, déchargera constamment le
négatif et amènera l’électromètre positif au maximum de sa
divergence. Si maintenant on applique un conducteur humide
entre le fil du pôle positif et le prisme dans lequel il est fixé,
l'électromètre indiquera que le prisme 2 où plonge le fil
positif, et en sus tout l’arc intermédiaire €, appartiennent au
pôle positif, puisqu’en touchant ces parties de l'appareil, on
fait diverger l'électromètre du pôle négatif, et l'on décharge
le côté positif. Mais le prisme 2 appartient en totalité au pôle
négatif, et en le touchant on produit des divergences opposées
à celles que produit 4. I n'y a donc point encore de clôture
du cercle : un appareil à gaz interposé ne donne effectivement
point d'effet chimique, et en touchant le prisme 4 et le
pe B en méme temps, on éprouve une commotion si
a pile a un certain degré d'énergie, et que les doigts aient
été mouillés. Dans tous les cas le contact simultanée des deux
pue imprime à la préparation anatomique de la gremvuille,
es plus fortés contractions. Mais tous ces effets ‘qui tiennent
à l'isolement du pôle positif cessent, et sont remplacés par la
production des gaz dans l'appareil interposé ; du moment où
1 2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
l'on applique un second conducteur humide au point où l'arc
intermédiaire © touche le prisme B, parce que c’est à ce
point que l'arc C représente l’effet positif. Il est donc bien
décidé par cette expérience, que l'humidité de la masse totale
du savon n’entre pour rien dans ces effets, et le point précis
où l’eau doit ètre interposée se trouve indiqué avec la plus
grande évidence. Au reste j'invite ceux qui dérivent en rigueur
tous les phénomènes de la pile d'une circulation matérielle
et effective du fluide électrique , à peser mürement cette expé-
rience dans le silence des préjugés; &r d'après ce mode d'expli-
cation, les phénomènes de la cinquième classe ne peuvent
tenir qu'à une difficulté plus grande que ce fluide éprouve
lorsqu'il doit entrer dans la masse du savon, tandis que la
sortie lui en seroit infiniment plus facile. Mais d’où vient donc
que (avant l'intervention des conducteurs humides) en tou-
chant le prisme 4, on charge si complètement le pôle positif?
Ici bien certainement l'électricité du sol est ENTRÉE par l'arc
intermédiaire dans le prisme B avec la plus grande facilité.
Pourquoi dans le prisme 4 n’entre-t-elle donc pas de méme
par le fil polaire positif ?
Quant à moi, je n'ai pas encore renoncé entièrement à
l'hypothèse que la coopération si efficace de l’eau dans les
eftets physiques et chimiques de la clôture du cercle galva-
nique, est intimement liée à la propriété qu'elle a de se par-
tager alors dans toute la masse en deux zônes, dont l’une offre
les propriétés électriques opposées à celles de l'autre. Ce mé
canisme de répartition électrique , cette polarité de l'eau, et
de tous les conducteurs humides , se prononce d'une manière
si frappante lorsqu'on les applique au savon, que j'ai peine
à croire que ce ne soit pas à ce mécanisme même que tiennent
les effets physiques et chimiques de la clôture du cercle pro-
duite par l'intervention des conducteurs humides. Quoi qu'il
en soit de cette hypothèse, dont les développemens m'écar-
teroient trop de mon sujet, voici des faits qui me paroissent
mériter toute notre attention.
La pile et le prisme de savon étant parfaitement isolés,
on fixe dans ce dernier le fil métallique du pôle négatif;
puis on met l’autre extrémité du prisme en communication
avec le pôle positif, par l’intermède d'un cordon de chanvre
bien humecté et long de six à sept pouces. On sent qu'il
doit résulter de ceue interposition d’un conducteur humide
entre Je savon et le pôle positif, une clôture du cercle, que
e
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 14%
les électromètres et l'appareil à gaz, indiquent effectivement.
Si maintenant on met deux électromètres à feuilles d'er en
contact avec les deux portions extrêmes du conducteur
humide , on observera que tant que le cercle demeurera
effectivement fermé, ces deux électromètres donneront des
divergences opposées ; car celui qui se trouve placé le plus
près du savon, diverge négativement , et celui qui est plus
voisin de la pile est chargé positivement. La preuve en est
qu’en touchant la partie du cordon la plus voisine du savon,
on décharge l’électromètre contigu à cette partie, mais on
augmente très-considérablement celle de l'électromètre dont
le crochet touche l'extrémité opposée du cordon; et l'inverse
a lieu si l’on touche le cordon humide dans sa partie la plus
voisine de ia pile. La répartition de l'électricité en deux zônes
opposées, est donc hors de doute. Maintenant, que ce soit le
côté positif qui communique au savon par un fil métallique,
et que le conducteur humide soit EL Past entre le pôle né-
gatif, il n’y aura point de clôture ni d'effet chimique, ainsi que
nous l’avons dit plus haut; mais aussi le cordon n'offre aucune
trace de répartition en zônes électriques : car si l'on applique
deux électromètres à deux points opposés de ce cordon dans
le sens de sa longueur , ils divergeront tous deux dans le
même sens et de la même manière, et en touchant le cordon
dans quelque point que ce soit, on enlève à tous deux toute
leur divergence. Pour détruire maintenant en un clin-d'œil
cette homogénéité d'électrisation , et pour communiquer au
cordon Ja polarité la plus décidée , il suflit d’appliquer entre
le fil polaire positif et le savon un conducteur humide; car
au moment même où son intervention aura amené la clôture
du cercle , les deux électromètres disposés aux extrémités du
cordon, diverçeront en sens contraire ; en déchargeant l'un,
on chargera l'autre, et cette répartition d'électricité opposée,
se maintient tant que l'appareil à gaz continue d'indiquer la
clôture du cercle. On fait cesser du méme coup et cette
clôture et cette répartition des zônes à l'instant même où l'on
enlève le conducteur humide appliqué au fil polaire positif.
Je desire vivement que d'autres physiciens demeurent frappés,
ainsi que moi, de la singularité de ce parallélisme d’eflets, dont
je crois entrevoir toute l'importance si l’on s’applique à le suivre
ultérieurement.
Dans les nombreuses combinaisons que j'ai tentées pour
déterminer ayec quelque précision le détail des phénomènes
144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE «
que présente le savon appliqué à la pile galyanique, je n'ai
rien apperçu qui ne s’expliquât complètement par la définition.
même des conducteurs de la cinquième classe. Ainsi un prisme
de savon appliqué aux extrémités positive et négative de deux
colonnes égales, mais construites en sens inverse, unit parfaite-
ment ces colonnes, tant qu’il ne s’agit pas de fermer le cercle
galvanique; elles donnent à leurs pôles les mêmes divergences
que si elles étoient unies par un conducteur parfait. Mais pour
obtenir les effets physiologiques ou chimiques qui appar-
üennent à la clôture du cercle galvanique, il faut placer un
conducteur humide entre le prisme de savon et le pôle positif.
Si cette interposition se faisoit au pôle négatif, l'effet en
seroit nul. Si je fais mention de cette expérience, qui n’est
qu'un corollaire de ce qui a été dit plus haut, c’est pour
indiquer une solution très-directe qu'on en peut tirer relati-
vement à un point de théorie qui a été contesté parmi les
physiciens. On a demandé quel genre d'électricité appartenoit
exclusivement à chacun des deux métaux hétérogènes de la
pile, et les avis ont été partagés. Ceux qui prétendent que l'élé-
ment de la colonne galvanique est argent, conducteur humide,
zink , attribuent l'électricité positive à l'argent ; ceux au con-
traire qui soutiennent que le véritable groupe est argent, zink;,
conducteur humide, envisagent le zinc comme étant le métal
alfecté d'électricité positive. J'ai flotté quelque temps entre ces
deux partis, faute d'une preuve directe exempte de toute
équivoque, et répugnant à sacrifier les scrupules qui me res-
toient à l'autorité de Volta même. On sent que les propriétés
des conducteurs de la quatrième et cinquième classe, four-
nissent le moyen le plus direct et le plus palpable de terminer
le différent. Voici, entre plusieurs autres preuves analogues ,
une des plus évidentes et des plus faciles à administrer.
On place entre le couple extrême d'argent et de zink de
l'un quelconque de la pile, une tranche de savon parfaite-
ment sec, puis on établit la communication d'un pôle à
l’autre, par l'intermède d’un appareil à gaz , on n’obtient
point la décomposition de l’eau; ensuite on humecte légére-
ment avec un pinceau, la surface du sayon qui est en contact
avec l'argent, et l'on essaye de nouveau l’etiet de la clôture
du cercle d'un pôle à l'autre, il setrouve également nul. Mais
du moment où l’on aura humecté le savon sur la face qui
touche au zink, les effets chimiques et physiologiques se pré-
s$enteront en plein. Or comme on a pu s'assurer antérieurement
que
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145
que c'est exclusivement entre le cûté positif et le savon qe
le conducteur humide est eflicace, il est démontré j'ar-là, avec
la dernière évidence , que c'est le zinc et non pas l'argent qui,
dans la pile, est l'agent positif.
J'ignore encore pour le moment quelles sont les autres sub-
stances qui appartiennent à notre cinquième classe L'on a vu
-plus haut, que la flamme du phosphore doit décidément y
étre rapportée, puisqu'elle conduit l'effet de chaque pûle isolé,
mais que dans le conflit des deux effets elle appartient exclu-
sivement au pôle négatif. J'ai souvent entrevu la même propriété
dans la gélatine animale ramenée à un certain degré de dessi-
cation, ainsi que dans l'ivoire; mais d'autres masses de ces
mêmes substances n'offrant ces phénomènes que d'une manière
très-équivoque, je m'abstiens de prononcer , et je me borne
à indiquer le savon et la flamme du phosphore comme com-
posans seuls dans le moment de la cinquième classe.
Il sera intéressant d'examiner dans le point de vue de cette
classification, un grand nombre de substances que l'on s'est
cru fondé à placer dans la classe des isolans , parce que la
clôture du cercle galvanique n’avoit point lieu par leur inter-
“vention ; mais il est bien décidé aujourd'hui que cette épreuve
est très-insufhisante , et l'argument en faveur de Se
du galvanisme et de l'électricité, emprunté du mode d'action
de la flamme, montre que les erreurs de ce genre peuvent
devenir dangereuses pour la théorie.
Le champ d'observations qui s'ouvre ici pourra devenir fécond
en résultats généraux pour la chimie de l'électricité. Par quel
mécanisme d'action se fait-il que l'eau dépouillée de calorique
jusqu’à sa solidification parfaite , isole absolument les effets
galvaniques, ainsi que je l’ai prouvé ailleurs; qu'imprégnée
ensuite d'une certaine quantité de calorique dans son état de
liquidité , elle transmette ces effets avec Frs modifications jus-
ques à la troisième classe; et qu'enfin cette même eau, en
passant à l'agrégation expansible, par un excédant de calo-
rique , revienne se placer dans la classe des isolans parfaits,
ainsi qu'on s'en assure aisément en recevant entre les deux
Gls polaires d’une pile , munie de ses électromètres , le courant
des vapeurs d’un éolipyle; là, où voisines du bec, elles ont
encore toute leur transparence et sont exemptes de tout mé-
lange de vapeurs vésiculaires et d’eau précipitée. Lorsque»
par une chaleur bien ménagée, on amène le savon le mieux
Tome LXIV, FÉVRIER an 1807. T
246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
desséché à un grand degré de ramollissement , il subit également
un changement gradnel dans sa faculté de conduire l'électricité
de la pile, et plus il approche de la liquéfaction , plus il perd
la propriété d'isoler l'effet négatif au conflit des deux pôles,
et finalement on observe des traces manifestes de décomposition
dans un appareil à gaz interposé. D'autres substances con-
duisent à des recherches chimico-physiques également inté-
ressantes, Le soufre isolé ,‘et sa flamme isole ; le phosphore
et l’ambre isolent, mais leurs flammes conduisent. Première
anomalie. Comment.ensuite rendre raison de l'action si diverse
de ces deux flammes conductrices ? Pourquoi dans le conflit
des deux pôles, celle du phosphore isole-t-elle le négatif, tandis
que c'est l’eflet positif qui est isolé par Ja flamme de l'ambre?
IL est très- vraisemblable.que toutes ces variétés d'actions sont
profondément liées aux aflinités. chimiques des deux élémens
du fluide électrique, et l'on «peutese flatter qu’en s'appliquant
à diversifier et à analyser ces faits , on parviendra un jour
à des résultats précieux. Mais de peur qu'on ne m'’accuse
d'exagérer l'importance, de ces. phénomènes , en en reculant
Î explication » Je vais indiquer, en finissant, quelques hypothèses
qui m'ont autrefois dirigé dans mes recherches, mais qui au-
jourd hui n'ont plus rien de plausible pour moi, depuis que les
faits se sont multipliés et. diversifiés sous mes yeux. Je n'en
fais mention que, pour témoigner que j'ai: tendu de bonne foi
à aplanir toute cette matière au point de la réduire à un
simple : 7'est-ce que: cela ?
Les flammes conductrices qui dans le conflit isolent l'effet
négatif, doivent-elles peut-être ,cette propriété à une couche
dhuile gui, produite de toutes, pièces dans l'acte de la com-
bustion, et se déposant sur le Hl négatif, le rendroit imper=
méable au fluide électrique? Le carbone, l'hydrogène et l’oxi-
gène, existent en effet dans la plupart des substances qui, par
leur combustion, donnent le hhénoméne:.et l'isolation négative.
IL est de plus, dans les analogies, que cette combinaison oleigène
se produise au pô e.h1drogénant.et point sur le positif, ou, à
raison des oxidations dont il: est le:theâtre, ail doit plutôt se
former, de l’eau et de l'acide carbonique, Les ramifications
fuliginenses qui s'épanonissent,en beaucoup piusigrande abon-
dance sur le pôle négatif, ne doivent-elles pas peut-êire leur
existence à cette oléification, qui les retient, les rend plus
compactes et les alimeute par,une comfbuétion toujours re-
} d A SNE TON
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147
naissante , tandis que sur le côté positf l'oxidation plus
radical les fait disparoître en gaz et en vapeurs, avant d'avoir
pu se ramifier ?
Cette hypothèse spécieuse a contre elle les difficultés sui-
vantes : la flamme du gaz hydrogène le plus pur isole éga-
lement l’effet négatif. Or, où trouver ici le carbone nécessaire
à la formation de l’huile? L'inspection , même microscopique
et mille fois répétée des fils métalliques parfaitement décapés
et tenus long-temps dans la flamme de l'esprit de vin, ne n’a
laissé appercevoir aucune différence entre l'extrémité du fil
positif et celle du négatif. De plus, en approchant avec la plus
grande dextérité possible le fil positif du négatif dans la flimme
même ; on voit constamment partir l'étincelle. D'ailleurs, les
électromètres , ainsi que l'appareil à gaz, annoncent qu'au
moment mème où quelques filets des dendrites fuligineux
s'étendent d’un pôle à l'autre, le cercle galvanique est fermé,
ce qui seroit impossible si le fil négatif étoit rendu actuelle-
ment imperméable au fluide électrique par quelque enduit iso-
lant. Comment imaginer enfin que dans un instant indivisible
il puisse se former un pareil enduit isolant sur toute la surface
d'un disque de plusieurs pouces présenté au-dessus de la flamme
à une distance de deux pieds. La cause du phénomène qui
nous à présenté tous ces détails, n’est donc pas aussi superfi-
cielle que l'hypothèse le suppose.
Voici une hypothèse analogue que j'avois également conçue
autrefois, touchant le mode d'action du savon qui, dans le
conflit, isole les effets: positifs. Le fl positif de la pile est
le théâtre des oxigénations, comme le négatif est celui des
hydrogénations. Si donc au contact du fil acidifiant, l'alkali
du savon est neutralisé, l'huile ou la graisse, dégagée de sa
combinaison saponifiante, se trouvera libre et isolera par ce
moyen le pôle positif dont elle entoure le conducteur. J'ai
trouvé effectivement qu’en exposant durant plusieurs heures
une solution alcoolique de savon étendue d'eau, il s'opéroit
au côté positif une séparation bien manifeste de la base oléa=
gineuse du savon, déposée à l'entour du fil polaire positif.
Ce fait est absolument sûr: il est facile néanmoins: de montrer
que l'hypothèse à laquelle il sert de base n'en est pas moins
en contradiction manifeste avec plusieurs détails des phéno-
mèênes qu’elle doit expliquer. En elfet, quand, plusieurs prismes
de savon réunis entre eux par des arcs intermédiaires ; sont
exposés à l’action de la pile, il y a sans doute isolation partielle
Ta
148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
relative à chaque point d'insertion qui correspond à l'effet positif :
mais on ne peut pas en conclure que cette isolation soit absolue,
puisqu'à travers tous ces prismes et tous les points d'insertion
de leurs arcs conducteurs, on agit sur le pôle négatif pour lui
enlever sa charge Il n'existe donc aux points de contact des
fils positifs aucun obstacle absolu au passage du fluide élec-
trique , et l'hypothèse d'un enduit isolant oléagineux tombe
par-là même. D'ailleurs, dans le savon parfaitement sec, l'effet
isolant positif se prononce dès le premier instant indivisible de
l'application : il n’y a donc eu lieu à aucune décomposition
chimique antérieure. Cette circonstance est frappante, surtout :
dans l'expérience où l’on applique aux pôles un disque de savon
bien sec. A l'instant même de cette application l'isolation par
telle se manifeste. Or, d’où viendroit dans ce cas une bibé-
ration du corps graisseux assez abondante pour former en un
clin-d'œil un enduit à toute la face du disque qui touche le
savon, tandis qu'il n’y a aucune trace d'action chimique dans
l'appareil interposé ? Enfin, comment expliquer dans cette hypo-
thèse l'effet identique produit par la flamme du phosphore ?
Faudra-t-il recourir ici à une hypothèse toute nouvelle, pour
expliquer ce seul fait, et dire, par exemple , qu'ici l’action
oxidante de l’acide en vapeurs se produisant avec plus d'énergie
sur le fil positif , le rend imperméable au fluide électrique ?
Mais cette hypothèse seroit également insoutenable, puisque
les fils de platine présentent le phénomène de Fisolation posi-
tive tout comme les autres métaux, et que cet effet se mani-
feste dès le premier instant du contact, ni plus ni moins qu'après
une action long-temps prolongée du phosphore en ignition. II
seroit dificile, outre cela, d'expliquer pourquoi le soufre ne
produit pas le même effet.
Je crois donc, quant à moi, que toutes ces hypothèses sont
absolument fausses ; que la cause profonde des phénomènes
dont nous venons de nous occuper est purement chimique,
et qu'on ne pourra l’assisner que lorsque ces faits auront été
beaucoup mieux étudiés que je n'ai pu le faire jusqu'à ce.
moment. Ar
Pour me récapituler en finissant, et pour énoncer commo:
dément tout l’ensemble de ces phénomènes par des expressions
abrégées qui les gravent dans la mémoire, je propose la nomen-
clature suivante, comme propre à épargner les circulations et à
bannir les équivoques, 4
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
149
Les corps que l’on applique aux pôles de la pile sont,
0
Conducteurs.
Ils chargent et déchargent chaque pôle individuel,
Isolans:
Par leur contactils
ne chargent aucun
des deux pôles séparé-
ment, et n’enlevent
la charge à aucun
d’eux. Dans le conflit
des deux pôles, ils iso-
lent par conséquent
tout effet aux deux
pôles également. Le
verre , les résines,
l’éau solide, l’eau en
vapeurs ; le soufre et
sa flamme , l’ambre,
mais non point sa
flamme, etc. etc.
" aère CLASSE.
et sont
EEE ©
Parfaits.
Dans le conflit des deux
pôles ,; tout vestige de po-
Tmparfaits.
Les effets caractéristiques
des deux pôles positifs peu-
larité disparoît au positif | vent encore être discernés
comme au négatif : le cer-
cle est parfaitement forme ;
les métaux tous au même
degré.
2ème CLASSE.
durant l'application de ces
substances aux deux pôles
simultanément. Trois cas
possibles. Ë
PR PP RE NE NI RER,
Bipolaires.
Le cercle galvani-
que est fermé , mais
le conducteur impar-
fait bipolaire présente
dans le sens de sa lon-
gueur deux zônes op-
posées pär leurs effets
électriques , l’eau li-
quiderét les corps qui
en sont imprégnés.
3ème CLASSE.
|
Unipolaires positifs.
Le cercle galvanique n’est
point fermé ; la substance
appliquée aux deux pôles ne
conduit que l’effet positif et
isole le négatif: de là, charge
du négatif exclusivement ,
et impossibilité de charger
le positif. La flamme du gaz
hydrogène et celle des corps
hydro-carbonés.
4ème CLASSE.
Unipolaires négatifs.
Le cercle galvanique n’est
point fermé; la substance
appliquée aux deux pôles
isole l’effet positif et con—
duitles effets négatifs: delà,
charge du positif exclusive
ment, et impossibilité de
charger le négatif par le
contact de cette substance.
La flamme du phosphore,
les savons alcalins.
5ème cLAS5E.
150! JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
| W 4 n
SUR LA BLENDE;
Par le Dole <ebr PROUST.
Lx zinc n'est point en état de disputer l'oxigène au charbon,
c'est un fait connu; le soufre, pas plus. Si la blende contient
l'oxigène, il faut donc qu'elle le cède à l’action du charboñ.
J'ai chauffé au rouge, pendant une heure , un mélange de
blende jaune transparente, et de charbon de pin: pas un soupçon
d'acide sulfureux ne s’est montré: Cé mélange lavé, pour en
séparer le charbon, a rendu la blénde qui n'avoit souffert aucun,
changement. Où est donc l'oxigène des blendes? J'ai chauffé
au rouge cent parties de la même blende avec autant de soufre:
l'opération finie, elle n’avoit pas augmenté d’un seul grain,
ni même changé de couleur. On en peut donc conclure,
Prernièremenc ;-que-dans la blende.le métal est saturé de
soufre, et secondement, qu’il y est sans oxigène, car le soufre
est. aussi un combustible qui l’en auroit dépouillé. L'expérience
qui suit, d'ailleurs, ne permet pas d'en douter,
J'ai fait chauffer un mélange d’oxide de zinc pur et de
soufre, à la dose de cent vingt-cinq grains chacun; le produit
s'est trouvé de cent seize. Mais craignant de n'avoir pas atteint
la saturation, je l’ai chauffé avec de nouveau soufre, alors
il,a monté à cent dix-huit, Chauffé, une troisième fois avec du
soufre}, il n'a pas passé de cent dix-huit. J'ai répété cette expé-
rience encore deux fois, et le résultat s'est arrêté à cent dix-huit,
On en peut donc conclure, s’il n’y a pas erreur, que 38 parties
de soufre viennent prendre la placé des 25 d'oxigène qui
étoient condensées dans cet oxide. Je n’ai pas besoin de le dire,
cette opération verse des torrens de gaz sulfureux.
Morveau est, je crois, le premier qui ait reproduit le sul-
fure de zinc, en chauffant son oxide avec le soufre. La blende
artificielle reste pulvérulente; mais il me paroïit, par le travail
de Morveau, qu’elle peut fondre si on lui imprime une forte
chaude. La blende est transparente, a-t-on dit, il faut donc
que son métal soit oxidé; mais les sulfures de mercure et
d'arsenic le sont aussi : cependant ils sont sans oxigène. Le
sulfure d’arsenic, je ne sais si je l'ai dit ailleurs, supporte
l ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119
telle température que l'on veut sans donner un soupçon de
gaz sulfureux , ni perdre sa transparence.) L'acide ou l'oxide
arsenical, versent des torrens de gaz sulfureux quand on les
chauffe avec le soufre: et donnent des sulfures transparens
semblables à celui que produit le régule d’arsenic lui-même :
il n'y a donc point d'oxigène dans ces combinaisons , et la
transparence par conséquent ne sera plus un argument en
faveur de l’oxidation des sulfures, Mais pourquoi le zinc re-
fuse-t-il, de se sulfurer immédiatement? J'avoue que je ne le
comprends pas; je m'’étois proposé de traiter le zinc avec
le cinabre et autres sulfures, mais d'autres objets m'en ont
empèché. : \
Le sulfure de zinc est souvent masqué par des oxides et des
sulfures étrangers ; de là des blendes rouges , noires, cendrées,
verdâtres etc. : on en a fait autant d'espèces. C’est comme si,
pour faire:l’histoire naturelle de. la laine, on s’avisoit de créer
des espèces pour celles que l’on a teintes en rouge, en noir,
en gris eten verd. | :
Il y à des blendes teintes par l’oxide rouge qui .paroissent
noires, mais leur poudre est rouge.; on les analyse par l'acide
marin; le ‘fer alors redescend à son ninimum , à cause.de
l'hydrogène sulfuré qui se forme durant leur dissolution : c’est
à quoi l’on doit prendre garde pour ne pas supposer de l'oxide
mineur , là où la nature n’a placé que de l’oxide,au maximum.
Il y en a qui contiennent du plomb en oxide ou en sulfure.
Si on les, attaque par l'acide muriatique , le plomb se trouve
tout entier dans la dissolution; mais si on use, d'acide muria-
tique , ce n'est; plus que dans le résidu qu’il. faut l'aller cher-
cher; on en;sent.la raison. Le soufre de la blende acidifé,
‘la précipité en sulfate. de plomb.
Hydro-sulfure de Zinc.
.L'hydrogène sulfuré précipite ses dissolutions ; il y occasionne
une poudre d'un blanc jaunâtre, qui est un bydro.-sulfure,
Cette précipitation a ses limites. Quand l'acide débarrassé d’une
grande portion de l’oxide s’y trouve en excès, il en dispute
lés restes à l'hydrogène, et la précipitation s'arrête. Il faut
donc +jouter un peu de potasse pour neutraliser cet excés.
Les hydro-sulfures alkalins donnent le même précipité ; l’acide
nitrique agit avec véhémence sur cet bydro-:sulfure ; il en
brûle l'hydrogène et une partie du soufre: L’acide muriatique
appliqué à froid, en dégage | hydrogène sulfuré avec abondance;
152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
cet hydro-sulfure chauffé au rouge, donne de l’eau, de l’acide
sulfureux et se convertit en sulfure simple ou en blende. Le
sulfure de zinc natif ou artificiel donne de l'hydrogène sul-
furé : ce n'est point ici éduction, mais production, attendu
que l’eau se compose dans ce cas, comme dans celui où l’on
applique les acides aux zinc.
Ambre gris.
C'est un morceau qui a été ramassé sur les côtes du Brésil.
Il est d'un jaune de miel, très-homogène dans sa texture; on
n'y apperçoit aucun de ces fragmens ou becs de seiche qui
parsèment l’ambre cendré du commerce. L'alcool ledissout com-
plètement à quelques légéres pellicules près. Cette dissolution
‘se coupe à l'eau : évaporée elle donne un produit jaune qui
se ramollit et s'enflamme à la manière des résines; la potasse
n'en dissout que des atômes ; elle nage dessus, et il ne s'en
exhale pas d’ammoniaque. Le parfum de cette résine purifiée
est toujours celui de l'ambre; distillée, elle fond tranquille-
ment, ne se gonfle pas, donne une huile jaune, épaisse, qui
nage sur l'eau ; quelques soupçons d'acide l’'accompagnent;
mais ce qui étonne, c’est l'odeur succinée de cette huile.
Cochenille.
Sa poudre m'a toujours paru acide au goût; je ne sais si
ce seroit un effet de l’action de l'air sur quelqu'un de ses
principes. L'eau de chaux précipite complètement sa matière
colorante ; il en résulte une lacque sur laquelle l'alcool n’a
pas la moindre action. C’est cette lacque qu'il faudra décom-
poser pour avoir Île principe colorant pur; mais comme les
oxides blancs d’étain , celui de plomb, s’en chargent aussi très-
bien, l’on pourra, en appliquant l'hydrogène sulfuré, parvenir
à l'obtenir encore plus pur qu'avec l'intervention des acides.
Je crois que le principe colorant du kermès se précipite aussi
avec la chaux.
Fiel de Bœuf.
Les acides en précipitent une résine qui, après avoir été
bien lavée à l’eau bouillante , se laisse filer comme la téré-
benthine cuite ; sèche, elle est demi-transparente, verdâtre ;
elle fond à la plus douce chaleur, et exhale sur les charbons
une fumée qui a quelque aromat. L'alcool la dissout sans
reste , et l’eau la précipite. L'acide muriatique oxigéné la
blanchit
ET D'HISTOIRE NATURELLE 253
blanchit par une chaleur douce; elle reste en pleine fonte
après avoir donné quelque humidité : une chaleur plus forte
la fait monter comme une huile épaisse dont l'odeur est ani-
male et désagréable ; un peu de carbonate d’ammoniaque
l'accompagne ; son charbon est peu de chose; mais ce qui la
distingue de nos résines aromatiques végétales, de celle de
l'ambre gris, par exemple, c'est sa grande solubilité dans les
alkalis les plus foibles. Les acides l’en séparent sans altération,
et elle se laisse encore filer comme auparavant; de sorte qu'on
ne peut lui refuser les principaux caractères des résines, mais
elle n’est pas toujours la méme. J’en ai retiré du fiel qui étoit
mollasse, demi-liquide ou incapable de prendre la consistance
de Ja précédente. Pour avoir cette résine pure, il faut com-
mencer par passer par l'alcool le fiel desséché, afin d’en sé-
parer des portions albumineuses. Ce sont elles qui causent la
corruption qu'éprouve le fiel gardé; mais l'extrait passé par
l'alcool et rapproché à consistance de sirop, n’est plus sus-
ceptible d’altération ; c'est dans cet état que je le conserve pour
les leçons.
FAUTES d'impression à corriger dans les Mémoires
du Professeur PRousT, imprimés dans ce Journal,
an 1806.
Premier Semestre , 1806.
Page 142, ligne 14, de muriatique, lisez de muriate.
—— 222 , ligne 24, se noircit, lisez ne noircit.
Second Semestre, 1806.
Page 83, ligne 11, crellius, lisez crollius-
ligne 14, tant, lisez tout.
—— 84, ligne 37, Nassie, lisez Russie. e Ê
—— 88, ligne 36, pommes de terre cuites, lisez une livre
de pommes de terre ne contient qu'un cinquième
de matière solide.
—— 260, ligne 32, flonda, lisez florida. i
—— 261, ligne 26, j'appliquerai, Zisez j'appliquai.
Tome LXIV. FEVRIER an 1807.
154. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMYE
Page 261, ligne 26, le seroit moins, /sez le seroit plus.
—— 262, ligne 4, de croûtes, /isez en croûtes.
—— 268, ligne 6, du ferment, /isez d’un ferment.
—— 273, ligne 25, calcaire, lisez cellulaire.
—— 327, charbons minéraux, lisez, charbons animaux.
—— 329, ligne 2, réussissoient , /sez réussiroient.
—— ligne 10, mais un, //sez mais pas un.
—— 332, ligne 5, 5 gros, lisez G gros.
—— ligne 16, une forte, lisez une sorte de détonation.
—— 355, ligne 27, se dissolverent, lisez se dissolvirent.
—— 554 , ligne 5, qu'ils contiennent, Zsez qu'il contient.
‘ligne 22, ou principe, lisez du principe.
——— 335, ligne 23, morceau, Usez Morveau.
—— 336 , ligne 5, se ramollit, Zsez se ralfermit,
ligne 29, après le charbon, ajoutez et l'hydrogène.
OBSERVATIONS
FAITES le 1% Octobre 1806, sur l’éboulement
du Ruffiberg , dans le canton de Schwytz ;
Par Tnéopore be SAUSSURE.
(Lues à la Société de Physique et d'Histoire naturelle
de Genève, le 30 Octobre.) -
LEs montagnes, par l’action de l’eau, de l'air et des gelées,
tendent toutes à se décomposer, à s’abaisser, à rentrer dans
le fond des mers dont elles sont probablement sorties, et où
elles se forment peut-être de nouveau.
Cette décomposition s'opère le plus souvent par des voies
tellement lentes, qu’elle échappe à nos observations ;- mais
d'autres fois elle s'annonce par des éboulemens inattendus.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155
qui bouleversent une contrée entière, en anéantissent les
habitans, et ne laissent que l'image de la destruction et du
chaos : tel est l’éboulement qui a eu lieu, le 2 septembre de
cette année, dans le canton de Schwytz.
On a déjà plusieurs descriptions de ce triste événement;
mais les unes sont incomplètes, d’autres sont inexactes, et
aucune ne donne des recherches précises sur les causes qui
Vont produit. Ces observations pourroient avoir de l'utilité,
si elles rassuroient les habitans des montagnes qui, sur de
fausses apparences, redouteroient de semblables catastrophes,
et si elles en éloignoient ceux qui restent exposés à un danger
réel , dans une imprudente sécurité.
Les éboulemens en quelque sorte spontanés qui ont eu lieu
dans différentes contrées , indiquent que les montagnes qui
semblent annoncer une chute prochaine par la trop grande
inclinaison de leurs couches, et par un défaut d’agrégation
dans leurs parties , ne forment pas des écroulemens capables
de dévaster, tout d'un coup, la contrée qui les avoisine, si
ces couches ne varient point dans leur état d'agrégation et
dans leur composition. Elles produisent sans doute des ava-
lanches pierreuses , mais leur chute en général est successive
et presque régulière ; l’on observe de jour les effets qu’elle
produit , et l’on peut d'avance se mettre à l'abri de leur
influence : c’est ainsi que les éboulemens journaliers qui ont
lieu dans le Mont-Blanc et dans les aiguilles qui l’avoisinent,
ne produisent point de catastrophes redoutables pour les ha-
bitans de cette contrée.
Mais si la composition de la montagne varie, si une ou
plusieurs couches dures et inclinées succèdent à une ou plu-
sieurs couches tendres et susceptibles d’être décomposées par
les eaux, la couche dure reste intacte, tandis que celle qui
lui est inférieure se détruit. Il se forme dans l’intérieur de
la montagne, par l'effet de cette destruction, un espace vide,
ou rempli d’une substance molle et incohérente. La couche
supérieure encore entière, manquant alors de point d'appui,
s'éclate, s’affaisse à-la-fois dans tous les points, en prenant
la place de la couche décomposée, et elle croule au pied de
la montagne, avec une vitesse proportionnée à son degré d’in-
clinaison , et au mouvement acquis dans l'acte de l'affaisse-
ment. Telle est à-peu-près l'esquisse des causes qui ont dé-
terminé l’écroulement des Diablerets, celui de la montagne
V 2
226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de Chède, près de Servoz, et enfin celui du Rufliberg, ou
mont Roufli, dont je m'occupe aujourd'hui. (Planche 2e.)
Cette montagne , à laquelle on donne aussi le nom de
Rossberg, est composée de plusieurs paroisses et métairies ;
qui portent chacune le nom de montagne; mais ces divisions
sont arbitraires , elles ne sont déterminées par aucune coupure
ôu division naturelle; ainsi les noms de Gnippe, de Spitzbuhl,
de Steinerberg , de Rossberg, qu’on a donnés dans quelques
relations à la montagne écroulée, ne sont que diflérens pä-
turages du Ruffiberg, par lesquels l’avalanche a passé. J'adopte
d’ailleurs cette dernière dénomination, préférablement à celle
de Rossberg, parce qu'il pourroit y avoir équivoque avec le
Rotz:berg , montagne très-différente dans le voisinage de Stantz.
Le Rufliberg est élevé , suivant M. Fbel, de huit cent six
toises au-dessus de la mer, et de cinq cent quatre-vingt-six
toises au-dessus du lac de Zug ou du fond de la vallée d’Arth,
dans laquelle la montagne s’est en partie écroulée.
Cette vallée, riche en pâturages , est dans une position pitto-
resque ; elle est terminée par deux lacs, celui de Zug au nord-
ouest, et celui de Lowertz au sud-est. Elle est fermée par
deux montagnes , le Ruffiberg au nord, etle mont Rigi au midi.
Sa longueur est d’une lieue et demie; sa largeur est d’un quart
de lieue à son extrémité occidentale vers Arth, village situé
au bord du lac de Zug, et d’une demi-lieue à son extrémité
opposée vers le lac de Lowertz. \
Le Rufhberg est composé de couches de poudingue et de
couches de grès, qui descendent vers le fond de la vallée
d'Arth, parallèlement à la pente de la montagne, sous un
angle de 25 degrés.
La similitude qui règne entre la composition et la dispo
sition du Rigi et du Ruffiberg, a fait présumer à MM. Ebel
et Echer, que ces deux montagnes ont été autrefois réunies;,
elles sont l’une et l’autre composées de pierres arrondies par
les eaux, et de sable agglutiné par un ciment en partie cal-
caire , et en partie argileux, qui a très-souvent une couleur
rouge. Ce ciment, qui est assez dur, se détruit à la longue
par l’action de l'air et de l’eau, et la surface du rocher prend
par cette destruction, l'apparence d'un pavé déchaussé. Les
cailloux dont il est formé sont, pour la plupart, des pierres
de chaux carbonatée , d'un gris jaunâtre ; elles ontla cassure
matte et Compacte des pierres calcaires secondaires. Je n'y ai
cependant point vu de pétrifications. On y trouve encore des:
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157
pétrosilex secondaires, des quartz, des jaspes rouges, des grès
rougeâtres, et enfin des granits; mais ces derniers y sont rares,
ils ont toujours une couleur rouge, et pourroient aisément se
laisser confondre avec des porphyres. Il est remarquable que
tous ces cailloux n’aient aucun rapport avec le genre de pierres
des montagnes les plus voisines, qui sont calcaires, bleues ,
et à grain lamelleux ou salin. Il est remarquable encore, qu'ils
n'aient jamais un volume qui excède sept à huit pouces dans
tous les sens.
La révolution qui a accumulé dans ce lieu cette énorme
quantité de cailloux roulés et probablement venus de loin, a
été suivie d’une autre révolution postérieure qui a amené sur
ces poudingues et dans le fond de la vallée, de gros blocs de
granits analogues À ceux qu'on trouve sur le Jura et sur Salève.
J'en ai vu de pareils sur le Rigi et jusqu'à une hauteur d'environ
deux cents toises au-dessus du lac de Lucerne, en montant
sur cette montagne du côté de Weggis. J'en ai vu éncore sur
le Rufliberg et jusqu’à une hauteur d'enyiron quatre-vingt toi-
ses, entre le village de Ste.-Anne et le hameau de Buachen,
près du lac de Lowertz. Ils sont ici tellement accumulés qu'ils
excluent tout autre genre de pierres, et qu'il seroit impossible
dé ne pas se croire sur un sol purement granitique, si l’on
n'étoit pas détourné de cette opinion par l'inspection générale
de la contrée. Ces blocs sont toujours détachés. Leur présence
uniquement réservée aux parties basses de la montagne, leur
couleur grise ou blanche, leur grand volume, indiquent qu'ils
n'entrent point, et ne sont jamais entrés dans la composition
du poudingue.
L'écroulement du Rufiberg a eu lieu à cinq heures du soir.
Il a été déterminé , comme on l’a déjà observé dans d’autres
relations, par la pluie qui est tombée en abondance pendant
tout l'été, sur cette contrée , et en particulier pendant les
vingt-quatre heures qui ont précédé le 2 septembre. Elle a
cessé cependant avant midi, et au moment de la catastrophe
il ne pleuvoit point. ;
L'éboulement n'a pas été produit par la chute du sommet
de la montagne sur les parties inférieures. Il a été formé par
un lit entier de couches, qui depuis la base jusqu'au sommet
du Ruffiberg, dans une profondeur quelquefois de cent pieds,
une laigeur d'environ mille pieds, et une longueur de près
d'une lieue, s’est séparé des couches inférieures, et a glissé
158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
parallèlement à leurs plans, dans le fond de la vallée, avec
une rapidité inconceyable pour une aussi foible inclinaison.
Le paysan qui me servoit de guide dans mon excursion
sur cette montagne, a été témoin de ce spectacle. Il habitoit
dans le chemin de l’écroulement, à Ober-Rothen, häimeau
situé sur la pente du Rufberg ; il étoit occupé à couper du
bois près de chez lui, et à cinq ou six pas du lieu où l'ava-
lanche a passé. Ilentend tout-à-coup un bruit semblable à un
coup de tonnerre, et sent en méme tempssous ses pieds une espèce
de frémissement. Il quitte à l'instant la place; mais à peine
a t-il fait quatre’ou cinq pas, qu'il est renversé par un courant
d’air. Il se relève immédiatement.— L'écroulement étoit achevé;
l'arbre qu'il coupoit, la maison qu'il habitoit, tout avoit dis-
paru, et il voit, suivant ses expressions, we nouvelle crèa-
tion. Une nuée immense de poussière qui succéda l'instant
d'après, jeta un voile sur toute la contrée.
Quelques relations ont annoncé que ce bouleversement avoit
été accompagné de flammes et d'une odeur sulfureuse, Mais
les témoins les plus dignes de foi, que j'ai consultés à ce sujet,
n'ont rien apperçu de tout cela. On dit que des charbonniers
faisoient du charbon sur le chemin de l’avalanche, et il est
possible que la dispersion de leurs fours embrasés, ait donné
lieu à quelque apparence de flamme.
La plupart des habitans de la conirée affirment que l’écrou-
lement n’a pas duré trois minutes, ou peut-être beaucoup moins,
et qu’il s'est fait sentir en même temps, dans le haut et dans
le bas de la montagne.
Quoique cette chute ait été subite et inattendue, elle a été
précédée, plusieurs heures à l'avance , de quelques indices qui
sont importans à recueillir, parce qu’ils pourront à l'avenir
engager les habitans à s'éloigner du danger, et parce qu'ils
sont une conséquence de la cause qui a déterminé la rapi-
dité de l’écroulement.
Un habitant de Spitzbuhl, métairie située à-peu près aux
deux tiers de la hauteur de la montagne, entendit dans les
rochers, à deux heures après-midi, une espèce de craquement
qu'il attribua à des causes surnaturelles; il descendit aussitôt
à Arth, pour engager un ecclésiastique à venir les détruire.
Voyez (Der berg fall bey Goldau von J.-H. Meyer.)
À-peu-près dans le mème temps, mais à Under-Rothen ,
hameau situé vers le pied de la montagne, Martin Weber ,
en enfonçant sa bèche dans le sol, pour arracher des racines,
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159
vit la terre rejaillir avec une légère explosion et une sorte da
sifflement contre sa tête. Il quitta aussitôt l'ouvrage, et alla
raconter à ses voisins un phénomène dont ils ne tinrent aucun
compte. RER
Les bergers qui vivent encore dans les lieux intermédiaires
entre ces deux stations, m'ont dit, que dès le matin et pen-
dant toute la journée , la montagne avoit fait du bruit, jus-
qu’au moment où l'éboulement s’est opéré avec la rapidité
de l'éclair, et une secousse telle, qu'à St-Anne et Arth,
villages situés à vingt minutes des lieux dévastés, tous les
meubles des habitations ont été vivement ébranlés. On n’a
cependant rien ressenti, ni rien entendu à Schwytz, qui n’est
qu'à une lieue et demie de la scène. Le bruit précurseur de
la catastrophe provenoit ‘de la rupture de la couche qui s'est
éboulée; elle n’a commencé à s’aflaisser subitement et à glisser,
que lorsque toutes ses parties ont été désunies.
Je suis monté sur le sommet du Rufiberg, par son côté
oriental , en traversant le village de St.-Anne; la pente est
toujours douce et pourroit sé faire à cheval; on ne trouve
sur cette route que des vergers ; des prairies, des bois de sapin
clair-semés; on n’observe nulle part pendant cette ascension,
le rocher qui sert de base à la terre végétale; on voit seule-
ment ressortir çà et là, de gros blocs de poudingue; mais ces
blocs sont depuis long-temps détachés. On les trouve surtout
dans des espèces de petits vallons larges et peu profonds dont
la montagne est quelquefois sillonnée depuis son sommet à
sa base : ils semblent aitéster que le Rufliberg a produit, dans
différentes époques et sur diflérens points de sa surface, des
éboulemens analogues à celui qui vient d'avoir lieu.
Le sommet (1) de la montagne n'a point croulé : il offre
une ligne droite horizontale qui sert de réunion à deux plans
peu inc'inés, couverts de gazon : l’un se dirige vers un point
intermédiaire entre le lac de Zug et le lac Egéri, l'autre plan
opposé descend vers le lac du Lowertz: c'est sur cette dernière
surface, et à une toise au-dessous du sommet, que l’écroule-
ment commence à devenir sensible. Le chemin qu'il a suivi
EEE Re D
Q@) Il y avoit autrefois sur ce sommet un fort, qui a servi de poste
avancé daus les anciennes guerres que les Suisses ont eu à soutenir contre
les Aütrichiens : quoiquetje fusse prévenu sur cé point, je n'ai su voir
dans cet endroit aucun vestige de maconnerie ou de construction quel
conque. L’on m’a' assuré cependant qu’il en restoit quelques traces.
160 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
étoit avant la catastrophe, légérement creusé en gouttiére' ou
en forme de vallon peu profond vers le bas de la montagne,
mais il n'étoit point concave vers le haut, et l'on voyoit dans
toute cette route, sur un fond de prairies et de bois, des
blocs de poudingue , dispersés et à moitié enfouis dan$ da
terre végétale.
La lisière orientale de l'avalanche, ou un de ses bords la-
téraux, situé du côté de Schwytz, montre évidemment que
dans toute la route de l'éboulement , les couches supérieures
se sont aflaissées verticalement contre les inférieures, en raison
d'un espace vide qui s'est formé entre elles, dans une direc-
tion parallèle à leurs plans et à la pente de la montagne.
Cette lisière offre un escarpement ou un mur vertical qu’on
ne voyoit point avant l’écroulement : la hauteur de ce mur,
au-dessus de la surface supérieure de l'avalanche, indique près
du sommet du Rufliberg, la profondeur de l’affaissement (1) :
cet escarpement a environ quatorze pieds de haut, vers le
sommet de la montagne ; mais il augmente insensiblement ;
et beaucoup plus bas, ou à moitié hauteur de cette derniére ,
il m'a paru à l'œil, avoir plus de cent pieds. Il disparoît gra-
duellement ensuite, sous les débris de l’écroulement. La roche
qui constitue ce mur , est un grès calcaire et argileux, disposé
par couches dont on ne voit que la coupure : elles dégénèrent
en marne et enfin en argile par l’action de l'eau : les parties
les plus accessibles à ce liquide sont de l'argile ; celles où
il ne peut aborder sont du grès, du moins en général, car
ces ditférentes couches ne paroissent pas toutes susceptibles
d’une décomposition également facile. Leur plan dans le haut
de la montagne, descend vers le fond de la vallée, parallèle-
ment à la pente du Rufliberg, sous un angle de 25 degrés,
Cet angle est plus petit vers le milieu et vers le bas de la
montagne ; car la pente de cette dernière, entre son pied et
son sommet, a la forme d'un arc dont la corde doit être
supposée dans l’air. Ce mur et tous les bancs dont ilest formé,
sont coupés transversalement à la direction de l’avalanche, par
de /arges fentes à-peu-près verticales.
Ces couches de grès et d'argile sont contigués : j'ai vu ce-
pendant , immédiatement au-dessous du sommet, entre deux
( Cette indication ne peut être juste que pour le sol situé près du
sommet de la montagne, parce que dans cet endroit seulement, il y a
eu affaissement sans éboulement vers le fond de la vallée,
d’entre
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 10t
d’entre elles, une couche de houille pulvérulente et empätée
dans l’arsile. Cette couche n'a pas un pouce d'épaisseur.
La partie supérieure de l'escarpement est recouverte tantôt
par de la terre végétale , tantôt par de gros blocs de pou-
dingue qui ne se confondent point avec le grès, et qui sont
d’une nature différente. C’est en partie le poids de ces blocs
sur ces couches de grès ramolli, qui a déterminé leur affaisse-
ment , et enfin leur chute dans le fond de la vallée. L’on
conçoit encore que les couches inférieures ont pu étre dé-
composées avant les supérieures, par l'introduction de l'eau
dans les fentes dont j'ai parlé plus haut. Ce liquide après
être parvenu à leur extrémité inférieure s’est insinué entre les
plans des couches contiguës à cette extrémité, a coulé pa-
rallèlement à leur plan, vers le pied de la montagne, et les
a décomposées dans toute leur longueur.
La coupure verticale de çet escarpement, parallèlement à
sa longueur, me paroït due en grande partie à un filon de
spath calcaire qui recouvre comme un vernis la surface du
mur, mise au jour par l’affaissement. Le filon en coupant ainsi
verticalement plusieurs couches de grès, a établi entre ses
parties une solution de continuité, qui a déterminé une frac-
ture nette et sur un seul plan.
La lisière occidentale de l'avalanche se termine insensible-
ment, et n'offre pas, comme la lisière orientale, un mar
vertical ou un enfoncement rapide.
Je parlérai maintenant de l’espace compris entre ces lisières,
ou de l'avalanche elle-même.
J'ai dit que le sommet de la montagne est une ligne droite
horizontale, qui sert de réunion à deux plans de gazon, in-
clinés et appuyés l’un contre l’autre, en forme de toit. À une
toise environ au-dessous de ce sommet, et dans une longueur
horizontale de deux cent soixante pas, le sol commence insen-
siblement, sur une pente de 25 degrés, à se diviser, à offrir
dans une terre d’argile ramollie et couverte de gazon, des
fissures souvent tranversales au cours de l’avalanche; elles sont
d'autant plus larges et plus rapprochées qu’elles s'éloignent
plus du sommet de la montagne.
On trouve çà et là, sans ordre déterminé , entre ces fissures,
dans le terreau végétal et dans l'argile , des fragmens isolés
de troncs et de branches d'arbres , convertis en charbon de
terre, à cassure lisse, éclatante , trapézoïdale et lamelleuse
dans le sens tranversal à la direction des fibres ligneuses.. Ces
Tome LXIF. FEVRIER 1807. X
2152 JOURNAXZ DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
fragmens sont souvent cylindriques, et portent seuiement à leur
surface extérieure le moule du végétal et celui de la fibre ligneuse,
J'ai vu un de ces fragmens qui avoit quatorze pouces de long
sur neuf pouces de large; leur volume est commun(ment beau=
coup moindre, Ils ne sont nullement pyriteux, non plus que
tout le reste de la montagne. Leur présence dans ce lieu étoit
connue avant l’éboulement , et ne paroit point y avoir contribué
Ils ne se trouvent en quantité notable qu'au sommet du Rufliberge
On en rencontre, à ce que l'on m’a dit, très-rarement, quelques
petits fragmens dans tout le cours de l'avalanche; mais je n'en
ai vu que dans le haut.
L'intégrité des bandes de gazon, comprises entre les fissures
dont je viens de parler, indique que près du sommet de la mon-
tagne , il n’y a point eu d’éboulement, mais seulement un
affaissement qui se manifeste par la hauteur de l’escarpement
de grès, au pied duquel elles se trouvent. Leur nombre aug-
Mente à mesure qu'on descend, et bientôt elles se multiplient
et s'élargissent tellement , qu'elles n'offrent plus que des blocs
de terre argileuse bouleversée dans tous les sens; c’est ici et
à environ trente toises au-dessous du sommet, que l'on voit
un bois de sapin quia changé tout à-la-fois de position avec
la couche de terre sur laquelle il végète. On redoute beaucoup
la chute ultérieure de ce bois; mais ces craintes ne me pa-
roissent pas, du moins pour le présent, très-fondées , parce
que l’affaissement est opéré. La secousse qui en est résultée,
a donné au sol actuel, une assiette solide. Le bois lui-meme
repose sur un plan, incliné au plus de 25 degrés, et cette
pente est trop douce pour qu'il puisse faire heaucoup de
chemin par l'effet seul de cette inclinaison. Quelques arbres
se sépareront, se déracineront peut-être , mais ils ne glisseront
avec tous les autres débris de l'écroulement au pied de la mon-
tagne, que lorsque la couche de grès ou de poudingue qui leur
sert de fondement, aura été détruite et ramollie par l'action
des eaux. Or cette décomposition paroît exiger une longue
suite d'années.
Un manuscrit (1) de 1352, rapporte qu’il existoit un village
nommé Rothen , à l'endroit du Ruffiberg, où s'est fuit le
dernier éboulement. La tradition confirmée par plusieurs mo-
numens, apprend que ce village a été détruit par une catas-
trophe à-peu-près semblable à la dernière , et qu'il a été
RU RAD DE 1 A1 LISENNEREDE DES IA: LUN QAR MERS RENNES
(x) Der Berg fall bey Goldau von J.-H. Meyer.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 163
reconstruit peu-à-peu et surtout depuis cent ans, sur les
ruines de lancien. On ne peut guère conclure du passé au
présent, dans des événemens aussi peu susceptibles d'étre soumis
au calcul; mais il me paroît que si l'on pouvoit hasarder à ce
sujet quelques conjectures , il faudroit beaucoup plus d'un
siècle pour opérer ce ramoilissement.
Je crois que la chute des débris de l’avalanche est, pour
les temps présens, beaucoup moins à craindre que celle de
quelques parties de la montagne , qui n'ont point été déplacées,
Toute la bande verticale de grès, qui forme la lisière orientale
de l’éboulement, doit tomber : on y voit des principes de des-
truction très-avancés et précisément semblables à ceux qui ont
produit le dernier écroulement.
Un mois s’est écoulé depuis cette catastrophe : il est tombé
beaucoup de pluie dans cet intervalle : le PHUÈRE retentit
tous les jours des explosions des rochers que l'on fait sauter
avec de la poudre, pour pratiquer des chemins au travers
de l'avalanche , et il n'y a point eu de déplacement notable
dans ses débris : quelques pierres suspendues Çà et là, entre
des blocs d'argile ramollie, ont pris une assiette plus fixe ; mais
elles n’ont fait que très-peu de chemin, et il n’y a point eu
de mouvement dans le bois que l’on croit prêt à glisser.
L'écroulement dans les parties parallèles et inférieures à ce
bois, devient pierreux ou composé de gros blocs de poudingue,
entremèélés, surtout dans ses bords, d'argile ramollie; il se
verse par sa lisière occidentale dans un escarpement de pou-
dingue (1) placé au-dessous du sillon principal. IL se forme
ainsi deux torrens pierreux , qui, après avoir descendu pa-
rallèlement, l’un au-dessus de l'autre, vers le sud-est, et avoir
détruit les hameaux de Spitzbuhl, d'über Rothen et Under-
Rothen, situés sur la pente de la montagne, se réunissent à
son pied, traversent la vallée d’Arth, large ici de demi lieue,
et couvrent en s'y étendant , les trois quarts de sa longueur
dans l’espace d'une lieue : ils vont d'une part s'entasser au
pied du Mont-Rigi, qui leur est opposé, et de l’autre tomber
dans le lac de Lowertz, dont ils ont reculé le bord occidental.
() Cet escarpement est formé par un grand rocher de poudingue,
qui est dans sa place originelle. Ses couches descendent. vers le fond de
la vallée d’Arth, sous un angle de 25 degrés; elles sont disjointes entre
leurs plans et divisées par de larges fentes verticales très-rapprochées.
Le tout paroït prêt à crouler.
X 2
164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
L'encombrement qu'ils y ont fait varie beaucoup suivant les
lieux, mais il ne m'a pas paru s'étendre à sa surface au-delà de
cinquante loises.
On voit sur le Rufliberg, tout le long de la lisière occiden-
tale de l’avalanche , quelques maisons éparses qui ont échappé
comme par miracle à la destruction. Les maisons, hors une
seule de Spitzbuhl, n'ont point été abandonnées depuis la ca-
tastrophe, malgré l’injonction du Gouvernement : leurs habi-
tans y vivent avec le reste de leurs troupeaux dans une parfaite
sécurité.
L'avalanche, en recouvrant les trois quarts du fond de la
vallée d’Arth, sur une longueur d’une lieue, une largeurde demi-
lieue, et en dépouillantcet espace de toute trace de végétation, n'y
a pas répandu ses débris d'une manière uniforme. Les plus gros
blocs de poudingue ont formé dans la direction du courant de
lécroulement , une colline qui barre la vallée dans toute sa lar-
geur. Cette colline se bifurque à son extrémité vers le Rigi, et
l’on estime que son sommet est à deux cents pieds au-dessus
de l'ancien niveau de la vallée. Les rochers qui composent
cette élévation , diminuent en nombre et en volume, à mesure
qu'ils s'éloignent de la ligne d’impulsion. Les parties les plus
basses de l’avalanche, surtout du côté oriental, ne sont presque
composées que d'argile et de marne de diftérentes couleurs,
jaune, grise, noire; elle a une teinte noire dans la partie
comblée du lac de Lowertz et dans son voisinage, parce que
le sol naturellement tourbeux en cet endroit, a été sillonné
et soulevé par les blocs de rochers qui s'y sont enfoncés.
La plupart des ruisseaux qui descendent du Fügi et du
Rufiberg dans la vallée d'Arth , se rendoient dans le lac de
Lowertz, avant l’écroulement; mais ils ont été arrêtés par ses
débris , et se sont perdus dans leurs interstices : ils ont reflué
par dessus les terres et y ont formé çà et là des étangs. On
travaille à leur donner l'écoulement, surtout du côté du lac
de Lowertz, qui se vide par son extrémité orientale dans le
lac de Lucerne. Le lac de Zug n'y communique pas ; il se
vide du côté de la ville de Zug dans une direction et une
pente presque contraire à celle du lac de Lowertz.
On à craint d’abord que ces ruisseaux perdus ne dirigeassent
leurs eaux du côté d’Arth et de Zug, ou dans une direction
opposée à leur ancienne pente, et qu’ils n'inondassent ces:
contrées ; mais rien jusqu'à présent n’a justifié ces craintes.
Le lac de Zug n’a point changé de niveau. La Saven, ruisseau:
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265
qui vide le lac de Lowertz, ne contient ni plus ni moins
d’eau qu'avant l’écroulement, et les étangs n’ont pas augmenté
sensiblement quoiqu'il soit tombé beaucoup de pluie.
Arth situé à l'extrémité occidentale de la vallée n’a point
souffert, et l’on compte encore, après avoir traversé ce village,
vingt minutes de marche, dans la longueur et le fond de la
vallée , pour atteindre le sol dévasté.
Le premier village détruit entre Arth et Lowertz est Goldau,
ensuite se trouvoit le hameau d'Hueloch, puis le village de
Bussingen, qui ont été entièrement enfouis; et enfin, à l’extré-
mité orientale de la vallée, le village de Lowertz qui a perdu
plus des deux tiers de ses bâtimens,
Goldau est enfoui à plus de cent pieds de profondeur au-
dessous de la colline que l’avalanche a formée , et rien ne
rappelle qu'il a pu exister dans cette place : ses habitans
écrasés par d'énormes rochers, y ont terminé leur vie en un
instant. Maïs Lowertz, qui n'a pas été détruit en totalité, et
qui n’a reçu en grande partie que de l'argile ramollie sur les
limites de l'avalanche , présente un spectacle beaucoup plus
triste. L'espace que ce village occupoit, et tout son voisinage,
offrent l'image d’une mer agitée ou d'un glacier fendu et
crevassé dans tous ses points ; mais cette mer est de boue,
et l’on en voit sortir çà et là, dans toutes les directions, les
poutres des maisons brisées , les branches ou les racines des
arbres renversés ; on y respire une odeur cadavéreuse ; l’on
voit le reste de ses habitans avec un air tantôt triste, tantôt
égaré, occupés à rechercher, à garder les débris qui peuvent
avoir échappé à cette espèce de naufrage. C’est là qu'il est
à craindre que plusieurs habitans n'aient trouvé la mort après
avoir respiré long-temps sous des décombres : c’est aussi là
que vingt-quatre heures après l’'éboulement, on a déterré une
femme et un enfant qui sont aujourd'hui pleins de vie. On ne
m'a parlé que de cinq ou six individus qui, après avoir été
atteints par l’avalanche, ont échappé à leur destruction; mais
on en compte environ deux eents qui, par leur absence:ou
leur dispersion , ont évité la mort. Je tiens cette dernière
information de M. Zay, trésorier à Arth, qui est très au fait
de l'état passé et présent de la contrée.
J'ai passé deux jours dans ces lieux dévastés, et je les ai tra-
versés dans plusieurs sens. Je m'étois préparé à entendre les
sollicitations des malheureux qui avoient bien des titres pour
xechercher auprès d’un étranger quelque soulagement à leur
166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
misère. J'ai été trompé dans cette attente. Aucun d'eux ne
m'a demandé la charité, et ce n'est que sur des interrogations
qu'ils ont raconté leurs malheurs.
L'écroulement n’a pas borné ses ravages à la vallée d'Arth ;
il a produit en se précipitant dans le lac de Lowertz, une
vague énorme qui est parvenue à cinquante pieds de haut et
qui a inondé le rivage : elle a laissé les traces de son élévation
sur les arbres qui ombragent le rocher pyramidal de l'île de
Schwanau (1). L'hermitage et la maison qui s’y trouvent ont
été entièrement submergés et sont devenus imhabitables. Cette
vague n’est cependant point parvenue au sommet de l'île; elle
n’a point atteint la tour de Schwanau, dont la masure subsiste
commie auparavant, au milieu des arbres qui l’environnent;
ceux de la petite île beaucoup plus bâsse, qui est voisine de
la précédente, ont tous été déracinés ou renveisés; mais ces
deux jolis sites pourront reprendre en peu de temps leur pre-
mier a-pect. é
La vague s'étoit chargée à <on origine près de Lowertz, de
11 charpente des bâtimens de ce villige: eile a lancé ces débris
une lieue plus loin, à l’autre extrémité du lac , contre les
maisons de Séven, où elle s'est élevée à la hauteur de douze
pieds. D’eux d’entre elles ont croulé. Toutes les autres restent
sillonnées des traces de son passage. Elle n’y a pas séjourné
un quart d'heure. Les habitans, hors un viellard malade et
oublié dans son lit, ont eu le temps d'échapper, en se ré-
fugiant sur des lieux élevés, ou dans les étages supérieurs de
leurs habitations.
Notre compatriote Delolme, célèbre par son ouvrage sur
la Constitution d'Angleterre, est mort à Séven, six semaines
avant cet événement, dans l’une des maisons qui viennent
d'être renversées.
() Ce rocher est composé d’une pierre calcaire dure, dépourvue de
corps organisés, grise à l’extérieur et bleue à l’intérieur. Elle a un grain
salin et paroït être d’une formation très-ancienne. Elle communique sous
l’eau, avec un promontoire voisin, qui fait partie de la montagne con-
tgue au Mont-Risi. La richesse nÉ végétation ne permet pas de voir
le molle de jonction de tes deux montagnes.
La réunion du Rufiberg avec le Schwyter hacken, qui est aussi calcaire
et de l’autre côté du lac, n’est pas plus sensible ; mais il me paroït pro-
bable que, le poudingue repose sur la pierre calcaire, soit à cause de
l’ancienne formation de cette dernière, soit parce qu’on n’en voit aucun8
lyace ni sur le poudingue du Ruflberg, ni sur celui du Rigi.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 107
Ce village est le terme le plus reculé des ravages causés
par l’éboulement du Rufliberg. Je donnerai ici leur tableau
sommaire : il m'a été communiqué un mois après la catas-
trophe, par M. Schouler, Landamann à Schwytz, seulement
comme une approximation qui dans la suite pourra devenir
plus exacte, mais qui cependant est plus juste que les éva-
luations qui l'ont précédée.
484 Personnes mortes.
170 Vaches et chevaux morts.
103 Chèvres et moutons morts,
87 Prés entièrement détruits.
Go Prés endommagés.
97 Maisons entièrement détruites.
8 Maisons endommagées et inhabitables.
166 Chalets, granges ou étables, entièrement détruits.
19 Chalets, granges ou étables, endommagés.
Le dommage total est évalué pour le moins à 1,173,479
florins de Schwytz, qui font environ deux millions huit cent
seize mille francs de France,
Les cantons voisins ont montré leur dévouement dans cette
circonstance, en offrant et en fournissant autant d'hommes que
les besoins de la contrée peuvent exiger, pour écouler les eaux
et établir des chemins au travers des écroulemens Deux cent
cinquante ouvriers y travaillent avec ardeur. Ces soulagemens
ne suffisent point : il faut d’autres sacrifices aux malheureux
qui ont survéou à la perte totale de leurs familles et de leurs
biens. Mais ce peuple si connu , si distingué dans tous les
temps , par son industrie, par la pureté de ses mœurs et
l'élévation de son caractère, ne mangue pas de recommanda-
tions pour obtenir non-seulement en Suisse, mais encore dans
les pays limitrophes, les secours pressans dont il a besoin.
N. B. La planche que je joins à ces observations est copiée
sur celle de J.-H. Meyer, de Zurich,
168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
TR ON SRE MIE TS UMRRE
D ES
RECHERCHES
SUR'LES" LOIS 'DE'L'AFFINPDE:
Par M. BERTHOLLET.
Extrait des Mémoires de l’Institut de France, classe
de Physique et de Mathématiques, année 1806.
Daxs un Mémoire dont celui-ci est une suite, j'ai rappelé
à un nouvel examen les lois que suit l’aflinité par laquelle
les corps tendent à se réunir ou à former une combinaison,
et en mème temps j'ai distingué les effets qui sont dus aux
qualités physiques des substances qui exercent une action mu-
tuelle, de ceux qui dépendent immédiatement de laflinité ;
j'ai développé dans mon Æssai de statique chimique les con=
séquences auxquelles m'ont conduit mes recherches, en les
appliquant aux phénomènes dont la chimie doit donner la
théorie,
. Je vais présenter quelques observations dont le but est
simplement de porter une plus grande précision dans des faits
connus et d'en établir le rapport avec la doctrine que j'ai
exposée ; je discuterai quelques opinions opposées aux miennes;
j'insisterai particulièrement sur les proportions qui peuvent
varier dans quelques combinaisons, et sur les moyens propres
à déterminer les aflinités relatives des acides et des alkalis.
$ Ier.
Du Carbonate et des sous-Carbonates de soude.
On regarde le carbonate de soude comme une combinaison
identique , comme la seule combinaison de la soude et de
L Q . . . . . .
l'acide carbonique qui ait la propriété de cristalliser.
Selon
ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 169
Selon Bergmann ce sel contient , lorsqu'il est cristallisé,
INCIde SR HA LIANT ANS AC 16
Faussctabrss Saee LL & Hs otts 10%:
M. Kirwan en a donné une analyse qui diffère uu peu :
selon lui, 100 parties contiennent,
Aeidete mn meceteelr ose LDT4./2
OA AA. ASE LAN LE: Ebore 38
Dani ttes Er TE ee
M. Klaproth (1) donne les proportions suivantes:
SONdE EE are Dee en Se A2
Acidebsntretsss ti mine dre rt
ane ie an aa e de O2
Mais il a analysé un natron apporté d'Afrique, qui contenoit,
Soudere St VUE DEA 5: ATP EELOTO
Acide carbonique..... das et 118860
Faux. 22e LE CL DE NT 250
Sulfate de soude.......... rues
Ce natron différoit du carbonate de soude par plusieurs
propriétés. M. Klaproth rapporte la description suivante, qu'en
a donnée M. Bagge, dans les Mémoires de l’Académie de
Stockholm : Z/ est toujours dans l’état cristallin ; on voit
par sa cassure qu'il est composé de cristaux longs, parallèles,
croisés en différens sens, en apparence comme le gypse.
M. Klaproth explique heureusement, par la propriété qu'a
ce carbonate de résister à l’efHorescence, la dureté des masses
qui en sont composées, comme nous l'avons observé en Egypte
sur les bords des lacs de Natron, où nous avons vu le Quassr
(espèce de petit fort), construit avec ces masses salines (2).
M. RE ajoute que le carbonate de soude ordinaire
peut absorber une nouvelle quantité d'acide carbonique , comme
la potasse ordinaire, et que par là il a obtenu un sel qui res-
sembloit au natron dont on vient de parler, autant pur l’état
feuilleté de ses cristaux, que par la propriété de résister à
(r) Beitreege zur chemischen kenutniss der mineral korper, 3 band.
(2) Mémoire sur l'Egypte, Journal de Physique, messidor an 8.
Tome LXIFP, FÉVRIER an 1807. Y
170 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
l'efflorescence. Il établit donc pour différence essentielle entre
ces deux espèces de carbonate, que dans l’espéce ordinaire , qui
est désignée par le nom de carbonate ou de se/ de soude, 100
parties de soude sont combinées tout au plus avec 73 parties
d'acide carbonique, et que dans l’autre carbonate, 100 par-
ties de soude se trouvent combinées avec 103 parties d'acide
carbonique.
Cette différence dans les carbonates de soude m’a paru
mériter des observations. ultérieures. J'ai pris un carbonate
de soude nouvellement cristallisé, et son analyse m'a donné,
der NT RE PERS
ide ti. éuolsoaorc.enl.enéobisirs
Pau Ant SE el ARE ONG
J'ai saturé d'acide carbonique la dissolution de ce sel, jusqu’à
ce qu’elle refusât d’en.prendre malgré la pression dé quelques
centimètres de mercure: sur la fin de l’opération il s’est déposé
peu à peu une substance saline que j'ai trouvée composée de
petits cristaux AC : le liquide, bien loin de conserver
des caractères alkalins, rougissoit un peu la teinture de tourne-
sol. Pour la substance concrète et cristalline , elle n’affectoit
aucunement les papiers teints avec le curcuma et avec le
fernambouc; mais elle verdissoit le sirop de violette.
Les indices dont on se sert pour reconnoître l'acidité ou
l'alkalinité, n’ont pas, avec cette combinaison et les semblables
de je dois décrire, cette uniformité d'effets que l'on observe
ans les autres combinaisons d'acide et d’alkali; ce que l’on
doit attribuer à la très-foible adhérence de l’acide qui complète
la combinaison, en sorte que la substance colorante peut fa
cilement être affectée par l’acide ou par l'alkali, selon qu'elle
a plus de disposition à se combiner avec l'un ou avec l’autre;
mais s’il résulte de là quelque incertitude sur l’état parfaitement
neutre de la combinaison , il est néanmoins indubitable qu’elle
ne s'en éloigne que d’une quantité si petite que je né puis
craindre d’erreur sensible en la regardant comme neutre.
C'est donc le véritable carbonate de soude que j'ai obtenu
dans l’expérience que je viens de décrire: je donne aux autres
combinaisons de l'acide carbonique le nom de sous-carbonates,
à limitation de M. Thomson, qui s'est déjà servi de cette
expression pour désigner différentes combinaisons de l'acide
carbonique; cependant je crois qu'il est inutile de faire cette
distinction, lorsqu'on veut simplement désigner une base car-
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177
bonatée , et qu’il faut la réserver pour les cas où l'on a l'inten-
tion d'indiquer la proportion de l'acide carbonique : j'en useraiï
ainsi.
Le carbonate de soude m'a donné.
SOU. 26.8 meseiuaiees sise se 1070
Acide carbonique............ 44.40
1 oc doté Hot TOR One CAT
100
100 parties de soude qui, d'après mes expériences, n'ont
dans le sous-carbonate ordinaire que 60 d’acide carbonique,
demandent donc, pour parvenir à l'état neutre, 139,84 de cet
acide, et l’on a vu que d’après les expériences de M. Klaproth,
100 parties de soude n’en exigent que 103, d'où il résulte que
le sel qu'il a regardé comme une soude saturée, n’étoit dans la
réalité qu'un sous-carbonate.
J'ai fait évaporer le liquide qui surnageoit le carbonate cris-
tallin ; il s’est dégagé de l’acide carbonique , ensorte que
ce liquide a donné promptement des indices d’alkalinité. J’ai
séparé la première cristallisation qui s'est formée par le re-
froidissement: la substance saline n’étoit plus dans l'état neutre,
mais elle donnoit des indices d’alkalinité; c'étoit déjà un sous-
carbonate : en continuant d'évaporer le liquide, j'ai séparé deux
autres cristallisations successives, dans lesquelles l’alkalinité de-
venoit de plus en plus dominante, et dont les qualités s'éloi-
gnoient de plus en plus des propriétés caractéristiques du car-
bonate ; mais après ces trois cristallisations, le sel qui formoit
plus de la moitié du total, n’a pas différé sensiblement du
sous-carbonate de soude ordinaire , par les proportions de
l'acide carbonique.
Le carbonate de soude n'’effleurit pas à l'air, et il est beau-
coup moins soluble dans l'eau que le sous-carbonate ordinaire;
car, pendant que celui-ci ne demande, à une température
moyenne , que deux parties d’eau, le premier en exige huit;
de là vient qu'il se dépose, lorsqu'on sature le sous carbonate
d'acide carbonique.
Cette propriété en détermine une qui me paroit précieuse
pour les analyses, que nous devons chercher à porter à leur
perfection.
Le sous-carbonate de soude, que l’on connoît dans le com-
merce sous le nom de se! de soude, quoiqu'il soit dans uns
Y 2
172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
état transparent et cristallin, contient toujours une certaine
proportion de sulfate de soude, ainsi qu'on peut s'en assurer
en précipitant par son moyen une dissolution"de muriate de
baryte, et en dissolvant, par une addition d’acide, le précipité
de baryte carbonatée, qui s'est formé; car il ne reste que le
sulfate qui refuse de se dissoudre.
J'ai fait une dissolution de ce sel, j'en ai séparé la première
cristallisation : cette partie, bien égouttée sur un papier à filtrer,
indiquoit encore une certaine proportion de sulfate. Il résulte
de là que lorsqu'on se sert de sous-carbonate de soude pour
décomposer des combinaisons à base terreuse, on doit né-
cessairement trouver, si l’analyse est rigoureuse, une propor-
tion d’acide sulfurique qui a été apportée dans le procédé, en
raison de la quantité de sel de soude que l’on a employée.
Le moyen qui consisteroit à rendre la soude caustique par
la chaux, à dissoudre la substance alkaline par l'alcool, et
ensuite à la saturer par l'acide carbonique, seroit long et
dispendieux ; mais le carbonate de soude, préparé comme je
Vai dit, est entièrement privé du sulfate qui reste en disso-
lution.
S II.
Du Carbonate et des sous-Carbonates d'ammoniaque.
Il seroit inutile de rappeler les proportions que l'on a’trou-
yées dans les combinaisons de l’ammoniaque avec l’acide care
bonique , que l’on a prises pour des carbonates ») parce que,
comme l’a observé M. Davy (1), ce sel obtenu du mélange
de muriate d'ammoniaque et de carbonate de chaux, a des
proportions différentes d'ammoniaque, d’acide carbonique et
d’eau, selon la température à laquelle l'opération a été faite,
æensorte que, retiré à une température de 300 degrés de
Fahreneith , il contenoit 5o parties d’ammoniaque sur 100,
pendant qu'il n’en avoit que 20 parties , lorsque l'opération
avoit été faite à 6o degrés.
Quoi qu'il en soit, la combinaison à laquelle on a donné
le nom de carbonate d’ammoniaque, a toujours été très-éloignée
de celle que je vais décrire, et‘qui est le véritable carbonate.
J'ai obtenu ce carbonate par le méme moyen que celui de
{) Researches chemical, p: 75.
ET D'HISTOIRE NATURELLE: 173
soude : il se dépose aussi en petits cristaux beaucoup moins
solubles dans l’eau que le sel que l’on a employé; car il faut
près de 8 parties d’eau pour le dissoudre à une température
moyenne.
Ce carbonate ne conserve aucun indice: d'alkalinité , pas
même dans sa saveur; mais il verdit le sirop de violette.
_ Le liquide qui surnageoit ces cristaux étoit aussi dans un
état neutre ; je l'ai distillé à une foible chaleur, pour ticher
d'obtenir encore du carbonate par la cristallisation : la liqueur
qui étoit en distillation conservoit l’état neutre ; il en a été
de même d’une pareille liqueur que j'ai fait évaporer à l'air
libre : mais celle qui passoit dans le récipient n'’étoit plus dans
l'état neutre; ce n'étoit plus qu’un sous-carbonate , et loin
de se concentrer , le liquide qui étoit dans la cornue à fini
par ne plus contenir d'ammoniaque , ainsi que celui que j'ai
fait évaporer à l'air libre.
Cependant, si on laisse la dissolution de carbonate d’ammo-
niaque à l'air, et il en est de même de celle des autres car-
bonates, elle devient bientôt sensiblement alkaline, et perd par
conséquent un peu d'acide carbonique : mais cet eflet s’arrète
bientôt et la combinaison paroit ensuite rester constante. Les
carbonates eux-mêmes, lorsqu'ils sont dans l'état cristallin,
participent un peu à cet effet.
Le sous-carbonate d'ammoniaque que l'on obtient par le
moyen-du muriate d'ammoniaque et 4 carbonate de chaux,
contient toujours une. proportion assez considérable de muriate
d'ammoniaque , et j'ai éprouvé qu’en lui faisant subir une
nouvelle sublimation, il en enträinoit encore la plus grande
partie avec lui; ce qui peut être une cause d'erreur dans les
analyses où l’on en fait usage; mais le carbonate d’ammo-
niaque, préparé comme je l'ai dit, est absolument dépouillé
de ce sel étranger : de plus, le premier est très variable dans
ses proportions, et le second est uniforme.
L'analyse du carbonate d’ammoniaque m’a donné,
Acide carbonique.....,.....,..., 55:
Ammoniaque .,................4 « 20
East ee destareret gent. A aoqc on
Par conséquent 100 parties d’'ammoniaque exigent à peu-
près 275 parties d'acide carbonique pour parvenir à l’état
neutre.
174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
SET TUE
Du Carbonate et des sous-Carbonates de potasse.
© Bergmann, qui le premier fit entrer les combinaisons de
l'acide carbonique dans le système des combinaisons salines ,
fit connoître le carbonate de potasse que l'on obtient en sa-
turant la potasse avec l'acide carbonique ; mais il en donna
une analyse dont l'inexactitude a déjà été reconnue : selon
lui 100 parties de ce sel sont composées de
Acide carbonique..............!. 20
Potassee 2 ORNE, EU OS 1. 48
Kirwan et Pelletier en ont donné une analyse beaucoup
plus exacte : selon Kirwan 100 parties contiennent,
Acide carbonique............... 43
PAtASSe cr diese fee ah anse Cie UAIE
AU PT CR Set Cle nt
Et selon Pelletier, :
Acideso lon AR IU ER LT 043
Potassetao. ah da. Gr RIRE D: Me
Eaurenieans sheet to a
D'après mes expériences, 100 parties de potasse exigent,
pour parvenir à l'état neutre, 91 parties d’acide carbonique,
et l’eau est, un peu variable. ;
J'ai décrit dans les Mémoires de l'Académie (1780), un
moyen facile d'obtenir ce sel : il consiste à faire bouillir dans
une cornue un mélange de sous-carbonate de potasse, et de
sous-carbonate d’'ammoniaque; celui-ci cède, en s'exhalant,
l'acide carbonique nécessaire pour changer le sous-carbonate
de potasse en: carbonate, .que l’on peut ensuite faire cristalliser
par le moyen d’une évaporation ménagée. J'ai éprouvé qu'on
ne pouvoit obtenir. par le méme moyen le carbonate de soude,
et je n'ai retiré par l’évaporation que le sous-carbonate or-
dinaire.
Je ne décrirai pas le carbonate de potasse, qui est assez
connu : je ferai seulement remarquer que ce sel reste à l'air
sans tomber en déliquescence et sans aturer l'humidité ; mais,
ET) D'HISTOIRE NATURELLE. 15b
si après avoir saturé d'acide carbonique une certaine quantité
de potasse, et après avoir séparé la première cristallisation ,
qui est dans l’état neutre , on continue l'évaporation » la li-
queur surnageante, dans laquelle les qualités alkalines étoient
déjà devenues dominantes, denne par une seconde cristallisa-
tion un sel qui n'est plus qu'un sous-carbonate ; en continuant
ainsi les évaporations et les cristallisations, on obtient succes-
sivement des sous-carbonates dans lesquels la proportion d'acide
carbonique va en diminuant, et qui acquièrent de plus en plus
la propriété de tomber en déliquescence.
De même, lorsqu'on traite un sous-carbonate ordinaire avec
l'alcool ;. ainsi que je l'ai dit dans le Mémoire cité, l'alcool
opère une séparation d'une portion de potasse pure, mais son
action ne peut en séparer assez pour que le reste soit dans
l’état de carbonate : le sel que l’on obtient ainsi, cristallise
comme le carbonate; mais c'est un sous-carbonate qui tombe
en déliquescence lorsqu'il est exposé à l'air.
Il y a eu cette diflérence entre la saturation de la potasse
et celle de la soude, que le liquide qui tenoit en dissolution
la première, n’a pu perdre les caractères alkalins, quoiqu'elle
refusât d'absorber l'acide carbonique avec une pression assez
forte, pendant que la dissolution de la soude est parvenue
même à donner des indices d’acidité : la première cepen-
dant donne par l’évaporation et par la première cristallisation
un véritable carbonate. Le liquide qui contient la soude,
quoiqu'avec des indices d’acidité, n’a pu me donner par la
cristallisation après l’évaporation , qu’un sel qui donnoit des
indices d'alkalinité : la première liqueur donne, par les éva-
porations successives, des sels dont l'alkalinité s’accroiît gra=
duellement ; la seconde passe rapidement à un sel qui con.
serve les proportions que nous connoissons dans le sel de
soude ordinaire. J'attribue cette différence à une plus grande
disposition dans le carbonate, de potasse à conserver l'état
neutre par l’action réciproque des molécules intégrantes de ce
sel, et à une plus grande disposition du sous-carbonate de
soude à conserver, les proportions qu'il a dans le sel de soude
ordinaire : j’explique aussi par là la différence que m'ont pré=
sentée la potasse et la soude en les traitant avec le sous-
carbonate d’ammoniaque.
176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
SE Ve
Des Carbonates considérés comme réactifs.
Lorsque les bases alkalines sont saturées de différens acides
jusqu'au terme de neutralisation, les sels qu'elles forment
contiennent des proportions de tous ces acides qui corres-
pondent à leur capacité de saturation, ensorte que si une base
comparée à une aütre n’exige que la moitié d’un acide, elle
n'aura également besoin que de la moitié d’un autre acide
pour conserver l'état neutre. -
Il suit de là que le carbonate de soude et ceux d'ammoniaque
et de potasse, doivent présenter les mêmes résultats, lorsqu'on
les mêle, par exemple, avec une dissolution d’un sel à base
calcaire néutre ; car dans ce cas où il ne se fait pas de sel
triple, cette base se trouve également dans l'état neutre après
le mélange : c'est ce que l'expérience confirme.
Si l’on verse une dissolution de l’un de ces trois carbonates
avec une dissolution très-étendue de muriate de Chaux neutre,
le liquide reste également transparent : dvec une proportion
plus forte , il est d’abord transparent ; puis il se trouble un
peu, et si on le tient dans un vase fermé, il se fait un petit
dépôt ; après cela il reste constamment transparent, quoiqu'il
n'y ait qu’une trés-petite partie de combinaison de chaux qui
se soit précipitée. On obtient des phénomènes semblables avec
le muriate de baryte : le précipité qui se forme est dû à une
petite portion de sel avec moins d'acide qui se sépare en
laissant un petit excès d'acide carbonique dans le liquide;
car, si l’on ajoute à celui-ci un petit excès de cet acide et
qu'il soit assez étendu d’eau, il ne se fait point de précipité,
et lorsqu'il commence à s'en former, on rétablit pour quelque
temps la transparence en agitant le mélange. .
On voit par là que l'on n’a distingué les précipitations des
substances terreuses par les carbonates de soude, d'ammoniaque
et de potasse, que parce que l’on a employé comme carbo-
nates des sous-carbonates inégalement saturés , de manière
que l'on a dù avoir des précipités diflérens, selon l’état de
saturation de chaque espèce d’alkali, et lorsqu'on précipite de
la chaux, par exemple, ce n’est jamais un carbonate que l’on
obtient, mais un sous-carbonate trés-variable.
De même , les combinaisons d’acide carbonique et de
chaux que l’on trouve dans la nature sont fort éloignées
d’être
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177
d'être un véritable carbonate : selon l'analyse de M. Kirwan,
qui m'a paru assez exacte, ces sous-carbonates contiennent,
Acide carbonique................ 45
Chaux: M SeLeNer Pin ee FD
L'expérience faite par les procédés ordinaires , ne laisse pas
découvrir l'eau dont Bergmann avoit admis 11 parties.
Ce qu'il y a de remarquable , c'est que ces chaux carbo-
natées paroïissent toutés avoir les mémes proportions d'acide
carbonique, ou du moins avec des différence: très-peu sen-
sibles; on doit attribuer cette uniformité à l'influence de la
figure des molécules intégrantes, mais il ne faut pas se hâter
de tirer une conclusion générale : le sous-carbonate de soude
paroît avoir une disposition pareille à ne pas varier dans les
proportions avec lesquelles on le trouve combiné ; et cepen-
dant l'ebservation de M. Klaproth a fait voir qu'il se trouvoit
aussi naturellement dans des états très-différens de saturation.
M. Fourcroy (1) a très-bien observé que les alkalis pro-
duisent des eflets différens sur le sulfate de magnésie, en
raison de la quantité d’acide carbonique qu'ils contiennent,
et de celle d’acide sulfurique qu'ils peuvent saturer , de manière
que la magnésie reste en dissolution, ou se précipite sous forme
pulvérulente, ou donne des cristaux réguliers, selon la pro-
portion d’acide carbonique qui peut se combiner avec elle dans
une circonstance donnée : il décrit les cristaux que l’on obtient
en précipitant le sulfate de magnésie par le carbonate d'ammo-
niaque, et en abandonnant la liqueur à l'air : il a trouvé que
ces cristaux contiennent une! quantité d’acide carbonique, fort
süpérieure à celle que les autres chimistes avoient admise dans
les sous-carbonates très-variables que l'on obtient par d'autres
procédés : 100 parties de ce sel lui ont donné,
Magnésie.?.,....-,%,2%,.:...7." 05 parties.
Acide carbonique................ bo
DE br EMA De ES SU PRE ta LUE
Ainsi, 100 parties de magnésie se combinent avec 200
parties d'acide carbonique; mais, comme on le verra, cette
proportion d'acide carbonique est encore inférieure à celle
qui est nécessaire pour produire un état neutre,
(1) Annales de chimie , t. IL
Tome LXIV. FEVRIER an 1807. Z
278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
J'ai saturé d’acide carbonique de l'eau dans laquelle j'avois
introduit du sous-carbonate de magnésie : il s'en est dissous
une quantité assez considérable ; après cela le liquide rougissoit
un peu la teinture de tournesol ; il ne produisoit aucune im-
pression sur lés papiers: teints avec le tournesol et le fernam-
bouc ; il verdissoit le sirop de violette, Mais je n'ai pas obtenu
ainsi des cristaux : je me bornerai à remarquer que cette dis-
solution avoit cette forte amertume qui caractérise les disso-
lutions de la magnésie, et M. Fourcroy dit que les cristaux
qu'il a décrits n'ayoient presque aucune saveur.
S V-
De la capacité de saturation de l'acide carbonique.
Bergmann, dont le génie fit faire de si grands progrès à la
chimie méthodique ; mais qui, comme la plupart de ceux
‘qui ouvrent une carrière nouvelle, tira de ses observations
‘quelques conséquences prématurées, établit pour principe, que
telle est en général la nature des sels simples , que plus ils
ont de puissancè;; moins ils exigent pour leur saturation, de
‘Ja substance avec laquelle ïils se combinent. Il fonda surtout
cette ‘6pinion sur l'acide carbonique , qui, d’après ses expé-
riences, se combine en:moindre quantité avec les bases alka-
linés que l'acide sulfurique , l'acide nitrique et l'acide muria-
tique. ;
diat de la saturation : mais lés apparences sur lesquelles ce
paragraphes.-précédens, 111 011014 1904 021
sition : Plus les corps ont d'attraction pour d'autres COrPS »
is 2 ?
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 179
et moindre est la quantité qu'ils en exigent pour étre saturés
(Système des connoïssances chimiques, tome I); et en trai-
tant des carbonates (tome IV): C'est une règle générale en
chimie pour les sels, que plus les principes réciproques sont
foibles, plus ils exigent réciproquement de bases quand on
considère les acides , ou d'acide quand on considère les bases.
Si l'on admettoit ce principe , il faudroit nécessairement le
restreindre aux acides-ou aux bases alkalines, car l'inverse ne
peut avoir lien ; raisonnons en supposant le principe ; nous
dirons : la potasse exige moins d’un acide quelconque que
la soude, donc elle est un alkali plus puissant; mais si nous
disons qu'un acide exige moins de soude que de potasse,
nous devons en conclure que c’est la soude qui est la plus
puissante.
Mais l’une et l'autre supposition ne peuvent se soutenir
relativement à l'acide carbonique, que l’on regarde comme
un acide plus foible que l'acide sulfurique, le muriatique et
le nitrique, puisqu'il est prouvé qu'il en faut une plus grande
quantité pondérale pour amener les bases alkalines à l’état
neutre : d'un autre côté, la soude exige pour sa saturation
plus d'acide sulfurique que d'acide muriatique, dont on re-
garde la puissance comme inférieure.
$ VI
Des proportions des élémens dans les combinaisons:
En examinant l'effet de l'action chimique, j'ai été nécessai-
rement conduit à m'occuper des proportions réciproques qui
peuvent entrer en combinaison : quoique cette question soit
immédiatement liée aux notions de l’aflinité, elle avoit peu
attiré l'attention des chimistes.
Le résultat de mon observation a été, que l’action chimique
n'étoit pas bornée à un point déterminé pour chaque espèce
de combinaison; mais que passé le terme que l'on regardoit
comme celui de la saturation, elle pouvoit encore produire
souvent d’autres combinaisons qui différoient par les propor-
tions, et qu'en général l’action chimique d'une substance se
prolongeoit indéfiniment jusqu’à ce qu’un obstacle qu'elle
n'étoit plus capable de surmonter , en ‘éteignit l'effet.
Cependant j'ai observé qu’il y avoit des combinaisons dont
les proportions étoient constantes, telles que l’eau et l’'ammo=
niaque, et d’autres qui ne paroissent s'établir que dans deux
ZAR
180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
termes, telles que la combinaison de l'oxigène avec le mercure:
j'ai remarqué que dans un nombre considérable -de combinai-
sons, l'action réciproque déterminoit plus facilement certaines
proportions que d’autres, en rendoit la combinaison plus stable,
et mème en excluoit quelques-unes. J'ai cherché en consé-
quence quelles étoient les propriétés qui pouvoient limiter
ainsi la puissance de la combinaison, et j'ai cru en trouver
la cause principale dans la condensation qu'éprouvent les élé-
mens qui se combinent, et qui est plus forte dans certaines
proportions que dans d’autres, et dans la figure des molécules
intégrantes des combinaisons qui passent à l’état solide; mais
d'autres causes peuvent concourir à cet eflet, et je n'ai pas
cherché à donner aux explications fondées sur cette dernière
considération , plus de valeur qu'elles ne doivent en avoir ;
jai même été très réservé sur l'application de ces principes à
l'oxidation et aux dissolutions des métaux, parce que l’état
de l'oxidation et celui des dissolutions qui en dépendent, peut
être souvent changé par les circonstances d’une opération que
l'on fait pour les reconnoître.
M. Proust a combattu mes opinions sur cet objet : j’ai éprouvé
une véritable satisfaction de ce qu'un observateur d’une si grande
sagacité les ait soumises à sa critique; car ce n'est qu'après une
discussion assez approfondie , que l’on peut regarder comme
fixées, des opinions qui sont fondées sur une multitude de faits
qu'il faut comparer.
J'ai tâché d'éclaircir les doutes élevés par M. Proust, dans
quelques articles insérés dans le Journal de Physique; Ÿyÿ
reviens , parce que les observations que je présente ont un
rapport immédiat avec notre discussion ; mais il faut que je
rappelle les principes de M. Proust.
Son opinion n'est pas simple; il la modifie selon les cir-
constances auxquelles il l'applique..
Il établit, 1° qu'une combinaison se complète de prime abord;
ainsi il dit (1) : « Lorsqu'un verre de potasse est exposé à l'air
libre, toute molécule d’acide carbonique qui s’en approche est
saisie à l’instant même par le nombre des molécules alkalines
qui doivent la transformer en carbonate. L'attraction est là,
comme on sait; elle veille, elle préside à ce nombre. Cette
combinaison introduit donc dans la potasse de nouvelles por-
D"
(x) Journal de Physique , 1. LIX.
(
ET D'HISTOIRE NATUKRELLPA. 18:
tions de carbonate, mais d'un carbonate complet; ce ne sont
pas, comme on pourroit le croire, des portions d'acide car-
bonique qui, en se partageant entre les molécules de potasse,
à mesure qu'elles y arrivent , tendroient à les élever ainsi pro-
gressivement à tous les termes intermédiaires qui sont entre
le zéro et le point de saturation : l'analyse nous fait connoitre
que les choses ne se passent point ainsi.
» Analysez des potasses qui ont absorbé de l’acide car-
bonique , ou dans lesquelles on a laissé tomber quelques gouites
d'acide nitrique, sulfurique, etc., vous n’y trouverez que du
carbonate, du sulfate, du nitrate saturé, et tout le reste de
la potasse sera à zéro, c’est-à-dire qu’une molécule de po-
tasse , de terre, d'oxide , qui se trouve en présence d’un acide,
n’attire ni la moitié ni le quart de ce qui peut convenir à
la saturation; dès le contact même, elle se constitue com-
binaison complète en obéissant aux rapports qui lui assignent
ses aflinités. »
Il établit, 2° qu'il y a dans les combinaisons un maximum
et un 77inimum , et que tous les degrés intermédiaires sont
exclus : c'est surtout aux oxides et aux sels métalliques qu’il
paroïit appliquer ce principe , que l’on peut adopter sans in-
convénient , lorsqu'il ne s'agit que d'indiquer vaguement l’état
d’un oxide ou d’une combinaison ;
3° Que les combinaisons dont les proportions sont fixes ,
peuvent s'unir à un excès de l’un des élémens dans une pro-
gression indéfinie, sans circonscrire les caractères qui distin-
guent la combinaison de cette autre espèce d'union. On sent
qu’au moyen de cette dernière distinction, il est diflicile de
lui opposer une observation qu'il ne trouve un moyen d'ex-
pliquer.
Je me bornerai ici à examiner Ja première supposition que
M. Proust paroît appliquer exclusivement aux combinaisons
des acides avec les alkalis : l'analyse qu'il invoque fait voir
tout le contraire de ce qu'il avance; si la potasse n’a été com-
binée qu'avec quelques parties d'acide carbonique , jamais
M. Proust n'a pu séparer cette petite portion de cärbonate
qu'il suppose avoir une existence isolée, qu’en employant des
moyens compliqués , et l'action d'autres substances qui pou-
yoient opérer , au moyen de leur aflinité, la séparation de
tout ce qui est superflu à la combinaison du carbonate. Lors
nee qu’on emploie l'alcool, il ne peut s'emparer de toute
a potasse ; il se fait un Partage , au moyen duquel le car-
152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
bouaïe retient un excès de potasse qui lui permet de cris-
talliser; mais les cristaux tombent en déliquescence , et ne
sont pas le véritable carbonate. Si l’on prend une dissolution
de sous-carbonate de soude assez rapprochée pour que l'acide
carbonique ne soit pas retenu par l'eau, la plus petite goutte
d'acide y produit une effervescence; mais si le carbonate étoit
isolé de la soude, un autre acide commenceroit par se com-
biner avec l'alkali pur, au lieu de décomposer le carbonate.
Je présume que M. Proust a considéré le sous-carbonate
de soude et celui d'ammoniaque comme des combinaisons
complètes; qu'il n’y a point distingué jusqu'à présent de l’alkali
pur et du carbonate , et cependant ces combinaisons n’ont
encore qu'une petite partie de l'acide qui est nécessaire, et
qu’elles peuvent prendre pour leur neutralisation.
On a vu que les trois alkalis se combinent avec des pro-
portions d'acide carbonique qui paroissent suivre une progress
sion continue, quoique ces combinaisons soient plus disposées
à s'arrêter à certaines proportions : les sels qui en résultent
ont la propriété de cristalliser, d'être déliquescens, efferves-
cens ou constans à l'air, d’avoir une solubilité différente et
une action particulière sur les autres substances, selon les pro-
portions de leurs élémens. Toutes ces propriétés me paroissent
ne pouvoir se concilier avec l'opinion de M. Proust; mais on
va voir que l'acide carbonique est bien loin d'être le seul qui
ait la propriété de former des combinaisons dont les propor
tions varient indubitablement.
S VII.
De quelques combinaisons acidules et alkalinules.
En décidant que les combinaisons des acides avec les alkalis
se complètent immédiatement, M. Proust a entièrement né-
gligé ces sels avec excès d’acide, qui sont très-communs en
chimie, tels que les oxalates acidules, les tartrites acidules ,
les phésphates acidules, qui certainement ont une existence
bien caractérisée et bien distincte de celle des mémes com-
binaisons à l'état neutre, sans que je puisse appercevoir par
quelle explication plausible on peut dire que de pareilles com-
binaisons se complètent immédiatement, et se fixent à un
seul. terme. :
J'ai fait voir (Essai de Stat. chim., tome I, p. 566), que
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183
le sulfate acidule de potasse pouvoit varier indéfiniment par
l'excès d'acide, et qu'il en étoit de même du phosphate aci-
dule de chaux et du sulfate acidule de soude. Ce dernier
sel, que j'avois cru ne point tomber en efflorescence lorsqu'il
a un excès considérable d'acide, montre réellement la pro-
priété d’effleurir lorsqu'on le laisse assez long-temps exposé
à l'air : je demande comment un sel qui ne tiendroit pas en
combinaison une portion de l'acide sulfurique, pourroit tomber
en efflorescence à l'air, c’est à dire abandonner l'eau de cris-
tallisation et devenir hygrométriquement sec, pendant que
l'acide sulfurique attire si puissamment l'humidité ?
L'analogie doit faire conclure que ceux des sels acidules dont
on n’a pas examiné les variations, pourront aussi présenter
des quantités différentes dans l’excès d'acide qu'ils retiennent.
Le phosphate de soude peut non-seulement cristaliiser avec
un excès d'acide , mais encore avec un excès de soude, en-
sorte qu'on peut lavoir doué de toutes les propriétés des com-
binaisons salines qui cristallisent, ou dans l’état neutre, ou
avec un excès yariable d'acide ou d’aikalis; mais les combi-
naisons de cet acide vont être le sujet d’autres observations.
$S VIII.
Observations sur Les Phosphates.
Lorsque j'ai lu ce Mémoire, j'ai dit que dans des expériences
réitérées je n’avois point obtenu de quantité sensible de sulfate
de magnésie , en suivant le procédé que MM. Fourcroy et
Vauquelin ont décrit pour séparer la magnésie des os; mais
l’assertion positive de mes confrères ne me permet pas de
conserver des doutes sur leur résultat : je borne donc mes
observations à celles qui concernent l’action de la chaux, de
la potasse et de l'acide phosphorique.
J'avois remarqué ( Recherches sur les lois de l'affintté),
que lorsqu'on fait bouillir jusqu’à dessication deux parties de
potasse avec une partie de phosphate de chaux, la potasse
enlève à la chaux une proportion indéterminée d'acide phospho-
rique , et selon MM. Fourcroy et Vauquelin (1), {a potasse
sépare la chaux de l'acide phosphorique ; mais elle n'en
sépare qu'une bien petite quantité, et seulement quand la
(1) Annales du Muséum d'hist. natur: cahier 36. — Annales de chimie,
t. XALVII.
184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
po’asse est employée elle-même à grande dose, tandis que
la chaux enlève entièrement et complètement la potasse à
l'acide phosphorique.
M. Théodore de Saussure a fait sur cet objet des expé-
riences positives (1) : 300 parties de potasse dans un poids
doubie d’eau, ont dissous 16 parties de phosphate de chaux
sur 25; une seconde expérience faite à sec, a donné un ré-
sultat semblable. On voit donc que le phosphate de chaux
peut être dissous en grande partie par la potasse; mais M. de
Saussure ne me paroît pas avoir vu clairement ce qui se passe
dans cette ocasion, parce qu'il n’a pas fait attention aux chan-
gemens de proportions qui ont lieu. Je vais donner le résultat
de mes observations.
La potasse en liqueur, employée même à petite dose, enlève
au phosphate de chaux une certaine quantité d'acide phospho-
rique, comme on peut s'en assurer en la neutralisant par un
acide, et en versant ensuite un peu de muriate de chaux qui
forme aussitôt un précipité de phosphate de chaux : si l’on
emploie successivement beaucoup de potasse, on peut enlever
ainsi au phosphate de chaux une partie considérable de son
acide phosphorique; mais, dans ce cas, on n’enlève point de
chaux avec l'acide ; du moins un oxalate n’en fait point apper-
cevoir , de même que la potasse qu'on a fait bouillir avec
le carbonate de chaux devient effervescente sans donner aucun
indice de la présence de la chaux.
Si la potasse est en forte proportion et condensée, comme
dans les expériences de M. de Saussure , elle dissout en même
temps de la chaux, mais en proportion beaucoup moindre
qu'elle ne prend l'acide phosphorique , ensorte qu'il se forme
alors deux combinaisons, l’une qui reste liquide, et qui est
ce que M. de Saussure appelle potasse phosphatée de chaux,
et l'autre qui résiste à la dissolution, et qui est un phosphate
privé d’une partie de l’acide phosphorique ou un sons-phosphate.
M. de Saussure dit que la potasse phosphatée de chaux, même
lorsqu'on la neutralise avec un acide, retient une partie de chaux
qu'un oxalate ne peut déceler : je crois que l'eflet dont il parle
est très-petit, et que son opinion vient de ce qu’il a supposé
que le phosphate de chaux étoit dissous par la potasse , sans
changer de proportion, desorte qu'il a été surpris de ne re-
trouver qu'une petite partie de chaux ; mais cette indication
(1) Recherches chimiques sur la végétation, p. 324. d
. L
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 185
de l’oxalate dépend de ce qu'il s'est réellement dissous une
portion de chaux beaucoup moindre que d'acide phospho-
rique,
Lorsqu'on a précipité le phosphate de potasse par l’eau de
chaux, la liqueur filtrée et amenée à l'état neutre, se trouble
un peu avec un oxalate, ensorte qu'une partie de la chaux.
reste en combinaison triple et forme ce que M. de Saussure
appelle phosphate potassé de chaux. Mes observations con-
Brment, à cet egard, celles de M. de Saussure, si ce n'est
que je n’ai point vu, ainsi qu'il le dit, que si l'on mêle à
la solution de potasse vingt ou trente fois son volume d'eau
de chaux, le mélange conserve toute sa transparence : j'ai
observé , au contraire, que le liquide se troubloit dès qu'on
y ajoutoit un peu d'eau de chaux, et je soupçonne que M. de
Saussure aura employé un acide phosphorique préparé par
l'action de l'acide nitrique sur le phosphore , et qu’il n'en
aura pas Chassé tout l'acide nitrique; mais en employant l'acide
phosphorique le plus pur, on trouve également qu'il se forme
un phosphate potassé de chaux, dans lequel, à la vérité, la
chaux est en petite portion. M. de Saussure a de plus observé
que le précipité que l’on forme par l’eau de chaux n'est point
du phosphate de chaux ; c'est un phosphate potassé de chaux
devenu insoluble à l’eau par un excès de terre.
J'ai fait bouillir du phosphate de potasse avec poids égal
de chaux, c'est-à-dire avec une quantité beaucoup plus con-
sidérable qe ce qu'il en falloit pour neutraliser l'acide phos-
phorique; la liqueur filtrée après l’ébullition a précipité abon:
damment avec l'eau de chaux, soit par l'action de la chaux
sur l'acide phosphorique , soit à cause de la diminution de
cellé de la potasse , par l'effet qu’exerce sur elle la quantité
d’eau ajoutée : ayant rendu la liqueur neutre et y ayant ajouté
du muriate de chaux, elle ne s’est point troublée d'abord ,
mais il s'est fait peu à peu un précipité de phosphate de chaux;
de l'oxalate ajouté à une autre partie de la liqueur neutre y
a produit un précipité beaucoup moins considérable que le
précédent : desorte que , encore ici, acide phosphorique étoit
en plus grande proportion que la chaux.
On retrouve donc dans l’action de la chaux sur le phosphate
de potasse des phénomènes qui correspondent avec ceux que
l'on observe dans l'action de la potasse sur le phosphate de
chaux, toutefois avec la différence qui dépend de celle de
Tome LXIV. FEVRIER 1807. À a
186 JOURNAZ2 DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
l'aflinité des bases pour l'acide, et de l’action de l’eau sur les
combinaisons de ces bases.
Les faits que je viens d'exposer ne sont point, comme on
l'avance dans les Mémoires que j'ai cités, un cas particulier
pour lequel il faille invoquer la puissance des masses : ils sont
analogues à la décomposition imparfaite du phosphate de chaux
par l'acide sulfurique que M. Fourcroy rappelle dans sa Notice,
à la décomposition incomplète du tartrite de chaux par la
potasse que M. Vauquelin a fait connoître (1), à la décompo-
sition incomplète du muriate de plomb par la soude, sur
laquelle on doit aussi, à M. Vauquelin, des observations inté-
ressantes (2); ils sont analogues à un grand nombre d’autres
faits qui sont entrés dans mes Considérations sur l’aflinité :
leur théorie se lie immédiatement à la question des proportions
variables dans les combinaisons dont je viens d'augmenter les
exemples, et à l'opinion que l’on doit prendre de l'aflinité
chimique.
SI
Des caractères de l'affinité.
Les différentes proportions qui peuvent entrer dans les
combinaisons , et les changemens qu'elles peuvent! éprouver
par l’action des autres substances , selon son énergie, font
voir que l'aflinité produit un effet qui peut ne pas se com-
léter et n'être pas détruit immédiatement, mais qu'il faut
fi attribuer une sphère d'activité dans laquelle sa force décroit
. en raison de la distance, quoique celle-ci soit insensible pour
nous.
Ce résultat est absolument contraire à l'idée qu’on s’est
formée de l’aflinité élective : pour discuter l’opinion que l’on
en avoit conçue , j'ai suivi pas à pas l'illustre Bergmann, que
je devois regarder comme l'auteur de l’opinion dominante sur
l'affinité chimique : j'ai tâché de faire voir que les précipita-
tions dont on s'étoit servi pour déterminer les diflérens degrés
d'aflinité, et pour construire les tables de leurs rapports, ne
présentoient qu'un phénomène trompeur qui étoit dû prin-
cipalement à la differente solubilité des combinaisons , et que
© 2 "ST
(x) Annales de chimie:
(2) Annales de chimie , XXXL
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 187
les effets que l’on attribuoit, lorsque deux combinaisons font
un échange de bases , à l'excès de deux affinités réunies sur
deux autres opposées , étoient entièrement dus à la différence
de solubilité dans les combinaisons qui peuvent se former dans
une circonstance donnée. Cependant M. Fourcroy s'explique
ainsi sur mes recherches dans le discours préliminaire de son
vaste et savant ouvrage (Syst. des connoiss. chim ). Ces
rec'erches ne doivent rien changer aux principes de la
chimie sur les attractions chimiques, puisque les lois de
celles-ci ne sont exposées qu'en supposant des quantités
exactes, constantes et bien déterminées, comme des tem-
pératures, et en général des circonstances données.
Si l'on avoit attaché la détermination des aflinités <lectives
à des proportions bien déterminées, on auroit fait entrer cette
considération dans l'évaluation des affinités comparatives, et si
l’on avoit limité ainsi cette détermination, on n'auroit rien
fait pour l’explication de la plupart des phénomènes qui dé-
pendent de cette force; mais je ne vois pas qu’on ait fait,
relativement à l'aflinité, aucun usage des proportions qui en-
trent dans les combinaisons, si ce n’est pour établir le prin-
cipe dont j'ai montré l’inexactitude $ V : à cette exception
près , ce n'est pas ainsi que M. Fourcroy a considéré lui-
même les attractions électriques ; en eflet il dit, page 76,
tome I, en examinant ce qui arrive lorsqu'un corps agit sur
une combinaison : C’est dans les deux derniers cas qu'il
faut nommer avec Bergmann, attraction élective la force
gui opère la décomposition , puisque cet effet n'est que la
suite d'une attraction de choix, en quelque sorte , entre l'un
des principes du premier composé et le troisième corps qu'on
Ja oute.
n voit par ce dernier passage, qu’il est difficile d'accorder
avec celui que j'ai cité précédemment, et par les explications
répandues dans son ouvrage, que M. Fourcroy a adopté, sur
l'attraction chimique , les opinions de Bergmann, à part ce
qu'il a appelé attraction superflue, et qu’ainsi, pour maintenir
le jugement qu'il a porté sur mes recherches, il doit, en sor-
tant du vague, descendre dans le détail des faits que j'ai oppo-
sés à l’aflinité élective, ou indiquer les vices des raisonnemens
qui m'ont conduit à d’autres conséquences.
En attendant cette discussion qui ne peut qu'être utile aux
rogrès d’une science à laquelle nous prenons un égal intérêt,
Je continuerai à donner des développemens à mon opinion.
La suite au Cahier prochain.
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connu par d’autres travaux.
Mémoires de chimie, contenant des analyses de minéraux;
par Martin-Henri Klaproth, Professeur de chimie a l'Académie
d'Artillerie de Prusse , Membre de l'Académie royale des
Sciences et Arts de Berlin, et de l’Académie des Arts et
Métiers de la même ville, Associé de l’Institut national de
France, ete, etc ; traduit de l’allemand par B.-M. Tassaert,
chimiste, l’un des collaborateurs des Annales de Chimie.
2 vol. in-8° dé 1000 pages, imprimés sur cicéro et carré fin
d'Auvergne. Prix, 10 fr. brochés, et 13 francs par la Poste,
francs de port.
À Paris, chez F. Buisson, Libraire , rue Git-le-Cœur ,
n° 10, ci-devant rue Hautefeuille, n° 20 et 23.
& En donnant au public, dit Fassaert, la traduction des
analyses chimiques d’un des plus illustres auteurs de nos jours,
j'ai cru rendre un service important à tous ceux qui s’occu-
pent non-seulement d'analyses des minéraux, mais aussi aux
minéralogistes ; car les découvertes et les résultats des analyses
de ce grand homme doivent influér considérablement sur les
différentes opinions et les systèmes qu’on pourroit élever. »
Tous ceux qui s’occupent de ces sciences, partageront sans
doute cette opinion du traducteur. Nous devons à Klaproth
la connoissance de la zircone, dü titane, du tellure ; nous
lui devons les belles analyses du saphir, du çorindon, de la
topaze, de la pierre à pagode de la Chine...
Klaproth en parlant dé l'analyse de cette dernière pierre,
dans laquelle il n'a point trouvé de magnésie, ajoute :
« Quoique plusieurs autres exemples aient déjà prouvé qu'i/
éloit d'une nécessité absolue d'étre éclairé par le flambeau
de la chimie dans la classification des minéraux, il me
semble que le cas présent en est une preuve très-évidente...
Cette pierre doit donc être retirée du genre magnésien , pour
être mise dans les pierres argileuses. »
Le traducteur, trés-bon chimiste lui-méme, nous a rendu
un grand service en faisant passer dans notre langue ces mé-
moires du célèbre Klaproth.
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FU
|
THERMOMETRE. BAROMEÈTRE.
Le
©
H RS. CE OR) ÉC. )
* | Maximum. | Mirnemum. |a Mir. Maximum. | Minimum. A Mini.
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2h midi + 1,3/à 8m. — 1,2) + 1 Sfà midi... 28. 7,58|a 9 4 5......98.
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6h 8m. — ogylaigis. — 26| + 06 45371193 S...... 28
7 midi — o4l19£m. — 2,2] — 0]; 5,0o|à 1018.....2
245. — o,7[à 8 Lin, — 2,0] — 1,5 2,00[à 9 + s.. ....28
fa 3 s. + 24h BEs. — 0,5] + 2: ST EN Ode 27.10,05
10M2:5. + 3,4là 75m. — 2,2] +, 1,48là 7 : m..... 27.11,2
à midi 1,5[27=m. — 2,1] + 1,5 2,859 ES. 28
1ofa los. Æ 1,9fà8m. — 2,2] + o,J 1,90|à 10 5...... 28
1 345. + 5,6[ 95m. + 3,7] + 5, 1o,26[1 345...... 27
1fà midi + r,2làr1ts — oé + 1,2 1,00|à 1148..... 28.
19fà midi — o,2là8m. — — 0,2 2,50|à 10 s...... 28.
16fà midi. + 8,6[à minait + 3 18 + 8, 0,52|à 7 à m 27.
17à midi + yo ots. + 6,4 + 7,0/: . 0,75|à 935. :27.10,92
16fà 8 m. + 6,2à 95 + 16] + 5,0 . 9,00!à midi...... 27. 6,85
19fà midi + 4,5[à1oëm.+ 3,5] Æ 4,51 102s . 0, 48là 105 .27. 5,00
20]à midi + + à10+S. + 1,6] + 4,5 380 AMG M 27. 3,27|27
21)à midi + 3,9là 8 m. + 0,6| + 3,9 . 2,631à 85,...... 26.11,27
22hà 1056. + 3,98 71m. + o,2| + 3,5 5,75]à 15m.....27. 5,56|27
23]à midi + 5,ofà 1145. + 2,1] + 5,1 27.11,25]à 7 m........ 27.8,10|2
24 midi + 4,9{à 7 :m. + 1,8] + 4,5 3,75{à 7: m.....28
25) 235. + 1,8[à 7 1 m. — 0,3] + 1,3 5,85/à 3 m 28
26fà midi + 1,0[18m. — 1,6 + 1,0 . 6,11|à midi..... 28.
27 33s. + 2,8là8m. + o,5| + 1,5 . 5,35[à midi.....928.
26)à midi “+ 2,9|à 7 £m. + 1,6] + 2,0] . 6,60ù 7+m..... 28
29 2:s/ + 5,7à8m. + 1,4] + 5,5 . 4,20[à 11 + 5....28.
Soja midi. + 5,4là1os. + 2,2] 5,4 2,19|à 10 Ses... 28.
SIN midi + 3,5làom. + 1,5] + 3,5agm.......27.11,50là 10 £s.....27. 8,40
RECAPITULATION. |
Plus grande élévation du mercure...28.7, 58, le 2 à midi. 4 |!
Moindre élévation du mercure..... 26.11,27, le 21 à 8h.s. |
Élévation moyenne...... 27.0,4 |
Plus grand degré de chaleur..... + F6, le 16 à midi. 4
Moindre degré de chaleur....... — 2, 6! le 6 et le 15 à 8 m. J
Chaleur moyenne....... : + 3o
Nombre de jours beaux....... 14.
Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0,"02853 — 1 pouce 2 lignes,
6 dixièmes.
| Le 21 Décembre Thermomètre des caves....9°,640, division de Réaumur.
nu SA Dm EE Re
sr
_ A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS,
s VARIATIONS DE LATMOSPHERE. {:
c|Hve POINTS
a VENTS. À
5 2 LUNAIRES. 1
[à midi LE MATIN. A MIDI. LE SOTR. É
, |
1] 76,0[N. N-E. Beau ciel. Quelq. légers nuages.|C.très-néb; brouill |ÿ
2] 85,0] Calme. [n.çà5h.7m. | Brouill. à l'horis, b. c. Brouill. Uès-Épars. |Br. à peine apperc. les ct. &
3| 8,0 N. Brouil. T. c. de givre.|Brouiilards consid. Br. com. à se dissip.|À
al 95,0 O. Ciel couv. Pluie fine.| Brouillard, Ciel couv. ; brouill. | :
5| 86,0| N. Eclaircit par inst. Br.|Ciel assez b. ; br. à l'hor. |Ctel trouble et br. ñ
6] 91,o| N. Ciel couvert. Brouill.|Browull. considér. Brouill. très-épais.
7| 91,0|T. calme. Tems couv. de giv. parle br.|Givre psr le brenill. |Brouill. considér..
8| 92,o| N. x.L.à7/47's. | Brouill. très-épais; givre: idem. Idem.
9! 97,01S-E. Brouill. à l'hor.b.ciel. Ni ages çà et là. ST CS nuages.
10] 89,0[S-E. . Légères vap.; b. ciel.| Léger brouill. eau cicl; léger br.
11| 95,0|T. calme. Beau ciel. leger br. gelée bl- Brouill. épais. Beau ciel; brouil].
12] 96,0! N. EL. Apopée Brouillard. Brouillard. é Br. hum. et puant.
13| 98,0[0. S-O. Equin. as. Ciel couv.; tems pluv.| Pluie fine par inst. [Ciel couvert.
JANVIER 1807.
14] 75,010.N-0O. Nuages épais çà et là.| Ciel couvert. Ciel très-couv.
15| 90,0[ O. Ciel couvert. idem. Ciel couv.
16| 91,0[0-N-0O. Idem: Ciel c. 3; qe ge d'eau. |Giel assez b. et léger br. |È
r7|100,0| ©. r.Q. à 0# 36’ m.| Îdem. QUE g- d'eau. [Ciel c.; veut & tr.{r |}
18 90,0 S.-O. fort. Idem. intièrem, C:5 pluie. Beau Ciel ; quel. légers n. |È
19] 89.0[0-S-0. fort. Gresil av. lej.; nuag. àl’ho.| Ciel nuag.; pl. fine. [Ciel c.; Piuie assez f.|È
2o| 90,0[$. fort. Piuie abondante. Ciel très-nuageux. |Ciel couvert.
21] 93,0|S. fort. Ciel couvert. Pluie fine et abond. [Pluie fine; ciel couv.
2| 98,0[S-0. Gros nuag. bord. l’h.|Ciel couvert. Pluie fineet abond.
:3| 91,0|0. fort. F Ciel couvert. Ciel très-nuageux; pluie f.|Ciel nuageux.
24| 90,0[N-0. r.1.à2* 40m] Nuages épais çà et là.| Baucoup d’ectaircis.|Ciel très-couv.
b5| 72,0[N-N-E,. f. nr Ciel assez b. par inst.|Légers br. ; beau ciel.[Ciel vaporeux.
26| 80,o|N-0. L. Périgée. | Ciel aux tr. qu. couv.|Ciel très-nuageux. |Br. et assez b. ciel.
7 95,0|[N. N-F,. Equin. desc. Floc. de neige p. inst.| Brouill. ; pluie fines | Assez b. ciel p- inst.
” 128] 66,0|N-E. "Ciel couvert par inst.|Ciel très-nuageux. [Beau ciel dans la s.
29! 96,0! O. Ciel couvert. Ciel nuageux. Pluie fine.
0] 92,0N. N-E. \».0.à5h27/m.| idem. Ciel très-couvert. Ciel couv.
1] 90,0[S-0O. | Ciel couv. par inst.|Couvert. Couvert.
R'ÉIC ATP IUT LL AUTIT ON:
de couverts...... 17
de pluie-:2t.".." 12
devenir it 28
de gelée......... 13
de tonnerre....,. Oo
de brouillard. .... 15
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INA SRE SR ANE. 9
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Jours dont le vent a soufflé du Rae LE :
SAONE Rrosee ee Re 5
OF Mr 6
NOTES Doncoce 4
k Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de l’ätmosphère , on a divisé le jour en
rois parties : la première contient les variations depuis minuit jnsqu à 9 heures du matin ; la
ssconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures ; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au minuit suivant,
392 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc.
L''ANBUTME
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
Mémoire sur deux nouvelles classes de conducteurs
galvaniques ; par M. Erman. Pag. 121
Sur la Blende ; par le Professeur Proust. 150
Observations faites le 127 octobre 1806, sur l'ébou-
lement du Ruffiberg, dans le canton de Schwytz ;
par Théodore de Saussure. 154
Troisième suite des recherches sur Les lois de
l'Afjfinité; par M. Berthollet. 168
Nouvelles Littéraires. 188
Tableaux météorologiques ; par Bouvard. 190
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yourna e 1VSI ue. (Zevrier 1807.
Journal de Physique. (Ævrir 1407)
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(prier 180 7)
/
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
| DE CHIMIE
MARS an 1807.
TROISIÈME SUITE
\ DES
RECHERCHES
SUR LES LOIS DE L'AFFINITÉ:
Pan M. BERTHOLLET.
Extrait des Mémoires de l’Institut de France, classe
de Physique et de Mathématiques, année 1806.
SUITE.
S X.
| De la détermination des Affinités des différentes substances.
Comme les acides et les alkalis forment deux classes nom-
breuses de substances dont l’action chimique est très: puissante,
et comme les effets y sont plus faciles à déterminer et à com-
parer que dans les autres substances, ce sont principalement
Tome LXIF. MARS an 1807. Bb
194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
les acides et les alkalis que les chimistes ont choisis pour
reconnaître les lois de l’action chimique, ou les caractères
et les effets de l'alfinité,
Si j'ai prouvé que les précipités que d’autres substances
pu produire dans une combinaison sont principalement
eflet d'une différence de solubilité, et que ceux qui se for-
ment dans le mélange de deux combinaisons neutres sont
uniquement l'effet de cette cause (et je crois en avoir donné
des preuves qu’il ne sera pas facile de réfuter), il est mani-
feste que toutes les graduations d’affinité, et que toutes les
tables d’affinités par lesquelles on les a représentées, d’après
les précipitations, sont destituées de fondement, et qu'il faut
avoir recours à pne autre méthode.
Il m'a paru naturel de comparer des forces par les effets
qu'elles peuvent produire dans les mêmes circonstances , et
de mesurer l'énergie d'un acide par la saturation qu'il peut
produire lorsqu'on le combine avec un alkali, en prenant pour
tous les acides le même terme de saturation : or, le seul que
l'on puisse choisir, parce qu'il est le seul que l’on puisse
comparer ‘exactement, est celui ‘où les propriétés qui carac-
térisent les acides et les alkalis ont également disparu par l'effet
de leur action réciproque ; cé qui constitue l'état neutre. J'ai
donc regardé l’acidité comparative des-différens acides, comme
proportionnelle à la quantité pondérale d’un alkali qu’il pou-
voit amener à l’état neutre; et en appliquant les mêmes con-
sidératiohs aux différens ‘alkalis, j'ai comparé leurs forces
respectives aux quantités d’acide qu'ils pouvoient saturer.
M. Richter avoit employé cette méthode avant moi, mais
iln'en avoit appliqué la conséquence qu'aux acides, et il avoit
regardé, au contraire , les bases comme d'autant plus ipuis-
santes qu'elles entroient en plus grande quantité dans les com-
binaisons.
Cette différence entre les acides et les alkalis dont il s’agit
de déterminer l’énergie, ne me paroit avoir aucun fondement;
car l'attraction chimique est réciproque, et l’acide n'agit pas
plus ni d’une autre manière sur l’alkali, que celui-ci sur l'acide.
Au reste, M. Richter a fait entrer dans ces Considérations des
ôpinions hypothétiques sur les propriétés des nombres, eb
beaucoup d’autres qui, au jugement méme des savans de
l'Allemagne (1), jettent beaucoup d'obscurité sur des recher-
AR SO ANS DEV RL PT BE Ne M De: EL mer Diva à: PE
(x) Voyez ürie mote de M. Fischer, Æssaë ide: stat. chim. 1. 1,1p: 134.
mt
ap"
mg =
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195
ches souvent très-utiles , et suivies avec beaucoup de cons-
tance. ‘
Un fait important qu'on doit à M. Richter, c'est que,
lorsqu'on fait un mélange de différens sels qui sont susceptibles
de faire un échange de base , et qui sont dans l'état neutre,
cet état subsiste après l’échange; ce qui prouve que tous les
acides suivent les mêmes rapports de quantité avec les diflé-
rentes bases alkalines avec lesquelles ils parviennent à l’état
neutre, et que la même condition a lieu pour les alkalis rela-
tivement aux acides. Ce n’est donc pas par celte hypothèse
que l'on doit considérer l'acidité et l’alkalinité comme une
propriété commune à tous les acides et à tous les alkalis, et
dont l’énergie comparative peut être évaluée par les quantités
respectives qui sont nécessaires pour produire l’état neutre.
M. Guyton, qui ne connoissoit pas les recherches de
M. Richter, avoit également fait l'observation intéressante du
maintien de l’état neutre malgré l'échange des bases , et il avoit
proposé cette propriété comme un moyen de reconnoître si les
proportions attribuées aux différentes combinaisons par les chi-
mistes , étoient réelles; car ces proportions doivent donner
pe le calcul des quantités propres à conserver l’état neutre,
orsqu'il se fait un échange de base:(1).
J'ai aussi fait beaucoup d'expériences pour constater cette
propriété , et j'ai toujours observé l'effet qui a été découvert
par les deux chimistes précédens : je n’ai trouvé un petit
changement d'état que dans le mélange du phosphate neutre
à base de potasse ou de soude, avec un sel neutre à base de
chaux ou de baryte, et dans le mélange du fluate d'ammo-
niaque avec les mêmes sels à base terreuse. Le liquide devenoit
légérement acide, mais il est manifeste que cet eflet n’est dû
qu’à la propriété que possèdent les phosphates et les fluates
de prendre un excès de base; car, si l'on abandonne pendant.
deux ou trois jours le liquide sans en séparer le précipité,
l'excès d’acidité qu'il avoit d’abord, disparoit presque entière-
ment.
J'ai de plus observé que celles des dissolutions métalliques
qui peuvent parvenir à l’état neutre, ou qui ne conservent
qu'un très-foible excès d'acide, sont soumises à la méme loi;
il me paroît donc qu'il est permis de conclure que c'est un
-caractère général de l'affinité chimique.
(1) Mémoires de l'Institut, t. II.
Bb 2
196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
C'est une conséquence des observations précédentes, qu'il
est important, pour comparer les forces par lesquelles les
différentes substances exercent une action réciproque , de re-
connoitre quelles sont les quantités pondérales de chacune qui
sont nécessaires pour produire l’état neutre , et cette connois-
sance est encore très-avantageuse pour déterminer, par le
moyen des combinaisons que l'on forme, les proportions des
substances que l'on sépare dans les analyses.
Aussi les chimistes se sont-ils beauceup occupés de ce tra-
vail important, mais on est encore loin d'avoir rempli cet
objet.
Les réflexions que je viens de présenter ne sont qu’un
extrait de ce que j'ai exposé dans mes Recherches sur
l'affinité, et dans mon Essai de statique chimique; mais
jai dû les rappeler à cause de leur liaison avec les considé-
rations qui vont suivre.
SE à
De la détermination des quantités d'acide réel dans l'acide:
muriatique selon Sa pesanteur.
- Pour déterminer les proportions des parties constituantes
des sels, et pour estimer la force comparative des différens
acides et des différens alkalis, et les quantités que l’on met en
action lorsqu'on les emploie dans l’état liquide , il est toujours
avantageux, el il est souvent indispensable de connoître quelle:
est la quantité d’acide ou d’alkali réel qui se trouve dans l’eau
en formant une liqueur d’une pesanteur spécifique connue ;
mais cette détermination offre des difficultés qu'il est souvent
difficile de surmonter, et même, dans tous les cas, on ne
peut parvenir qu'à une approximation plus ou moins grande.
M. Kirwan s'est occupé avec beauceup de constance de
cet objet, sur lequel je vais présenter mes observations. Il
a publié à différentes époques des tables sur les proportions:
d'acide sulfurique, nitrique et muriatique qui se trouvent dans
les liquides ainsi nommés, selon leur pesanteur spécifique ,
en comparant d’abord la quantité d’acide qu’ils contiennent
à celle d'un acide d’une certaine concentration, qu'il appeloit
acide de comparaison, standard acid; et dans son dernier
ouvrage il a substitué à l'acide de comparaison la quantité
d'acide réel, qu'il a déterminée en cherchant quelle quantité:
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197
de son acide de comparaison se trouvoit dans une certaine
combinaison saline dans laquelle il connoissoit la quantité
pondérale de la base (1).
Ainsi pour l'acide muriatique il a d’abord formé une table
qui présente les quantités d'acide de comparaison qui se trou-
vent dans l'acide muriatique , selon sa pesanteur spécifique.
Pour avoir cet acide de comparaison, il a combiné 10 grains
de gaz muriatique , dont il avoit déterminé la pesanteur
spécifique , avec poids égal d’eau, et il dit que le volume
de cette eau, qui étoit 10 , est devenu 15.3 : 1l en a conclu
qu'alors sa gravité spécifique étoit à peu près 1.5; mais je
ne conçois pas comment il a pu combiner ces proportions de
gaz murialique, et former un acide muriatique qui eût une
telle pesanteur spécifique, lui qui reconnoit que l'acide mu-
riatique le plus concentré que l’on puisse obtenir et conserver
facilement, est d’une pesanteur spécifique de 1.196; en ellet,
je n’ai pu surpasser cette pesanteur spécifique que de quelques
millièmes : d'ailleurs, est-il facile de déterminer les change-
mens de volume dans une si petite quantité ? Il est donc per-
mis d'avoir des doutes sur la rigoureuse exactitude de cette
expérience fondamentale.
Selon M. Kirwan, le gaz muriatique se combine avec
l’eau sans produire de chaleur sensible, et l’on verra par
l'expérience que je décrirai, qu'il s’en dégage beaucoup sans
que l’on puisse distinguer la partie qui dépend de la conden-
sation du gaz, de celle qui peut étre due à la condensation
que l'eau doit éprouver elle-même ; et comme M. Kirwan
attribue à l'acide muriatique tout ce qui est ajouté à la pesan-
teur spécifique de l’eau , ce qui l’élève à une pesanteur spé-
cifique de 3.03, son calcul ne se trouve fondé que sur une
base chancelante, ainsi que l’a déjà fait voir M. Keir.
Pour convertir en acide réel son acide de comparaison qu’il
suppose avoir 1.6 de pesanteur spécifique , M. Kirwan s'est
servi de sa combinaison avec la potasse ; mais cette. évalua-
tion est sujette à une égale incertitude.
(1) Voyez les Mémoires de l'Académie de Dublin, t: IV, et Additional
observations, etc.
Je dois prévenir que je n’ai pu me procurer ce dernier ouvrage, et que
je ne le connoïis que par l'excellent extrait qui s’en trouve dans. la Biblie=
fhèque britannique, t. XIV et XV.
198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
1l emploie une dissolution de carbonate ordinaire de potasse,
mild vegetable alkali; il la sature avec son acide muriatique :
il prend la pesanteur spécifique de la combinaison, et il fait
une disolution d'un poids connu de muriate de potasse , en-
sorte qu'elle ait la même pesanteur spécifique : ayant déter-
miné par là combien il a formé de muriate de potasse , il
déduit du poids de l'alkali employé, celui de l'acide qui est
entré en combinaison avec lui et qu’il regarde comme acide
réel : il conclut delà combien son acide de comparaison con-
tient d’acide réel, et il substitue celui-ci au premier dans sa
table; mais il ne dit point comment il a déterminé la quantité
de potasse que contenoit son carbonate de potasse, et il faut
encore qu'il reconnoisse par une expérience la quantité d’eau
que l’on doit admettre dans le muriate de potasse.
Il est facile de voir qu'un si grand nombre d'évaluations
nécessaires pour établir les proportions d’une combinaison,
ne permet pas de leur assurer un grand degré de précision;
car les erreurs inévitables dans chacune peuvent s’accumuler
dans le résultat définitif.
Il y a même une erreur nécessaire : lorsque M. Kirwan
décompose le carbonate de potasse par l'acide muriatique
qu'il verse par petites portions pour parvenir à l’état neutre,
la liqueur doit retenir beaucoup d’acide carbonique , et sa
pesanteur spécifique, diminuée par cette circonstance , ne
peut plus indiquer un rapport exact avec la dissolution de
muriate de potasse qu'il lui compare.
J'ai employé un moyen plus direct : j'ai mis en distillation
du muriate de soude avec poids égal d’acide sulfurique affoibli :
la cornue placée sur un bain de sable communiquoit avec un
tube de verre d’un mêtre de longueur; celui-ci étoit logé dans
une caisse remplie d’un mélange de glace pilée et de muriate
de soude, et communiquoit à un petit ballon également en-
touré du mélange réfrigérant : un tube qui partoït de ce ballon
plongeoït dans un flacon qui contenoit 400 grammes d’eau.
Après l'évacuation de l'air, le gaz étoit entièrement absorbé
par l'eau, qui s’est peu à peu échauflée assez fortement pour
que la main en supportät difficilement la chaleur, quoique
la quantité, de l'acide condensé n'ait pas été grande et que
l'opération ait duré près de deux heures ; il me paroît donc
quil.a dû..se développer, beauçoup plus de chaleur dans cette
opération, que si l’on eût mélé un poids égal d'acide sulfu-
rique concentré avec la même quantité d’eau: M. Biot a aussi
ET D'HISTOIRE NATURELLE. TC9
observé que le gaz muriatique produisoit beaucoup de chaleur
en s'unissant à l’eau.
Je voulois avoir un acide qui füt peu concentré , pour
lemployer sans crainte d'exhalaison dans les expériences que
je dois décrire; les 400 grammes d’eau avoient absorbé 56.975
grammes d'acide muriatique ; la liqueur avoit une pesanteur
spécifique de 106.14, et par constquent 100 parties conte-
noient 12.467 d'acide , tel qu’il est dans le gaz muriatique
dépouillé d'eau par un grand refroidissement.
Le mélange réfrigérant avoit fait baisser, pendant la durée
de l'opération, le thermomètre centigrade entre 12 et 13 degrés
au-dessous de la congélation; ensorte que le gaz réduit à ce
degré de température a uù non-seulement abandonner l'eau
qui produit les effets hygrométriques, mais peut-être une par-
tie de celle qui ne peut pas contribuer à ces effets, parce qu'elle
est trop fortement combinée, d'autant plus que la partie d'acide
qui s’est fixée en liquide dans les vases qu’elle a parcourus ,
tendoient à la retenir. On verra dans la suite de ce Mémoire
que le gaz muriatique dont je me suis servi, est loin de pou-
voir-être regardé comme l'acide reel; mais il peut être con-
sidéré comme une quantité constante, au moyen de laquelle
l'on peut déterminer exactement les proportions des muriates
et les comparer ayec les combinaisons des autres acides.
S XII.
De l'Ammoniaque réelle dans l'mmoniaque en liqueur.
Je me suis servi pour cette détermination, du procédé que
j'ai décrit pour l'acide muriatique; 200 grammes d'eau ont
absorbé 19.206 grammes d’ammoniaque, et après cela la
liqueur avoit une pesanteur spécifique de 9,656, d’où il résulte
que 100 parties en contenoient 8.761 d'ammoniaque.
Il s’est dégagé dans cette opération beaucoup moins de
chaleur que dans la condensation du gaz muriatique, quoique
les pesanteurs spécifiques de ces deux gaz fassent voir qu'il
s’est condensé un volume plus grand de gaz ammoniaque que
de gaz muriatique, et quoiqu'il se soit condensé dans moitié
moins d’eau : cet eflet peut indiquer que le gaz ammoniaque
contient moins de calorique que le gaz muriatique; mais il
est probable qu'il dépend principalement de ce qu'il exerce
une action moins forte sur l’eau , d’où vient que l'ammo-
niaque en liqueur a beaucoup de tension, pendant que l’acide
200 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
. muriatique, même fumant, surpasse peu l'eau à cet égard,
ainsi qu'on l’a observé dans des expériences faites avec M. Biot,
Je crois, d’après cette considération , que l'ammoniaque devoit
avoir retenu bien peu d'eau, après avoir été soumise à un «
froid de 12 à 13 degrés, et que dans cet état elle peut être
prise pour une quantité réelle; ce que d'autres considérations
confirmeront.
M. Davy a aussi cherché à déterminer la quantité d'ammo-
niaque réelle , en recevant dans l’eau le gaz ammoniacal ; la
seule différence qu’il y ait, c'est qu'il n'a pas employé le
froid pour séparer l’eau du gaz, et cette différence en produit
une petite dans les quantités qu'il a indiquées dans une table
qu'il a donnée pour différentes pesanteurs spécifiques; une
liqueur d’une pesanteur spécifique de 9639 indique dans sa
table pour 100 parties 9.50 d'ammoniaque réelle, et la mienne
ramenée à cette pesanteur spécifique, en contiendroit 8.93.
M. Kirwan a employé une méthode plus compliquée pour
déterminer les quantités d’'ammoniaque dans les différentes
combinaisons. Il a décomposé, par le moyen de la chaux, le
carbonate d'ammoniaque en le supposant constant, et il a
évalué l'acide carbonique qui a été retenu par la chaux, et
l'ammoniaque qui s'est dégagée; il a ensuite employé ce car-
bonate d’ammoniaque , dont il avoit ainsi déterminé la quan-
tité réelle d'ammoniaque : il est facile de voir que ce moyen
ne pouvoit le conduire qu’à des déterminations incertaines,
et, en eflet, on en trouve de très-discordantes ; ainsi, 100
parties d'ammoniaque exigeroient , selon lui, 152.68 d'acide
muriatique et 353.80 d'acide sulfurique, c’est-à-dire plus du
double du dernier, pendant que 100 parties de potasse neu-
tralisent 56.50 d'acide muriatique, et seulement 82.48 d'acide
sulfurique.
S XIII.
De l'Affinité comparative de différentes bases alkalines
avec l'acide muriatique.
IL suit des principes que j'ai rappelés dans ce Mémoire, que
pour comparer la Eue des différens alkalis relativement aux
acides, il suflit d'établir les proportions des bases alkalines
qui sont nécessaires pour saturer une quantité donnée d'un
acide, et que les mêmes rapports existent entre ces bases et
les autres acides ; j'ai choisi pour faire cette comparaison l'acide
muriatique dont j'ai déterminé la quantité d'acide, S XI.
La
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 201
La potasse a été préparée avec l'alcool, et amenée à l'état
sec : elle a été tenue en fusion pendant un quart d'heure dans
un creuset de platine.
100 parties de cette potasse dissoutes dans l’eau, exigent ,
pour parvenir à l’état neutre, d'acide muriatique, 61.5.
100 parties de soude qui a été préparée comme dans l'expé-
rience précédente, 88. Ÿ
Pour la chaux on s'est servi de marbre blanc : son analyse
avoit fait voir qu’il contenoit 53.67 de chaux.
100 parties de chaux ont exigé 134.28.
Mais , comme dans cette évaluation on suppose que le
marbre ne contient point d’eau, je crois devoir porter ce
nombre à 156, mais ayec quelque incertitude. É
Comme la magnésie préparée par la calcination se seroit
dissoute avec difliculté, on s’est servi d’un sous-carbonate de
magnésie , dans lequel on avoit trouvé 40.12 de magnésie :
100 parties de magnésie ont neutralisé 173.69. |
On a pris une eau de baryte qui en contenoit, par kilo-
gramme , 15.588 grammes : 100 parties de baryte ont neu-
tralisé 43.68.
100 parties d’ammoniaque, déterminées comme on l'a vu
$ XIT, ont exigé 213.
L'expérience faite avec l’'ammoniaque , dans cette circons-
tance et dans les autres semblables, a donné beaucoup plus
d’inégalité dans différentes épreuves que les autres alkalis ,
qui n’ont, au contraire, présenté que de très-petites diflé-
rences : tous les nombres indiqués sont le terme moyen de
deux épreuves très-rapprochées par leur résultat. Ê
Les nombres qui expriment les quantités d'acide muriatique
qui ont été nécessaires pour neutraliser 100 parties pondérales
de chaque alkali, représentent les puissances comparatives de
ces alkalis dans le même ordre que je les avois représentées
dans l'Essai de statique chimique , tomeT, section 2, d’après
les expériences de’M, Kirwan; mais les distances intermé-
diaires diffèrent de celles qui seroient conclues de ces expé-
riences et de ses tables des quantités d'acide réel. ;
Je n'ai pas compris la strontiane dans mes expériences ; mais
il paroït par celles de M. Kirwan et d’autres chimistes, qu'elle
doit ètre placée entre la potasse et la baryte; cependant les
résultats de M. Richter assigneroient sa place entre la soude
et la potasse : il résulteroit encore de ses expériences que la
magnésie exigeroit une plus grande quantité d'acide que l’'ammo-
Tome LXIVP, MARS an 1807. Cc
202 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
niaque ; mais, malgré quelques doutes qui peuvent rester sur
les quantités d’acide qui neutralisent l'ammoniaque, la magnésie
lui est certainement fort inférieure, et mes expériences sont
d'accord en cela avec celles de M. Kirwan.
SPXTV
Application des expériences précédentes aux Carbonates.
Les quantités d'acide carbonique qui sont nécessaires pour
saturer les différentes bases, doivent se trouver en rapport
avec celles d’acide muriatique qui produisent le même eflet :
comparons ces quantités.
Pour faire cette comparaison, il est à propos de faire une
petite addition aux poids d’acide carbonique que j'ai donnés
SSI, IT, II, parce que le liquide retenoit une certaine quan-
tité d'acide carbonique , quoiqu’on y ajoutât un excès d'acide
sulfurique pour le chasser, et la partie vide de l'appareil,
quoiqu'il eût de petites dimensions , devoit aussi en retenir
un peu : cette quantité doit être la même pour chaque base;
je l'évalue à 0.04 que j'ajoute aux quantités que j'ai indiquées.
Après cette correction les quantités d’acide carbonique néces-
saires pour saturer 100 parties de potasse, de soude et d’ammo-
niaque , sont à-peu-près comme les nombres suivans :
Pour lapatasse. satretitiecsentes 9
La soudées sosie Hottes fé
L'ammoniaique:.. ins. 44 41270)
On voit d'abord que ces trois bases alkalines suivent pour
l’acide carbonique la même progression que pour l'acide mu-
riatique , et si l’on compare aux nombres précédens ceux:
qui représentent les quantités d’acide muriatique, que ces
mêmes bases exigent pour le même degré de saturation, c’est-
à-dire pour
Exypotassets. 740. a MAR 1). 467.5
Tassoude:n#3 et RAR TOrE. Et: 1198
L'ammoniaque. . LNAIPTE NACRE MOTS
on trouvera que les proportions de l’un et de l’autre acide:
avec la potasse et la soude, sont autant d'accord qu'on peut:
l'attendre d'expériences qui exigent chacune deux évaluations
différentes : la proportion de l’acide carbonique avec l’ammo-
niaque, s'éloigne beaucoup plus de celle qui est indiquée par:
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205
le muriate d'ammoniaque; mais il faut observer que pour la
déterminer , il m'a fallu d’abord établir la proportion d'acide
muriatique qui neutralise l’ammoniaque, et ensuite reconnoïtre,
au moyen de cette première évaluation, la quantité d'ammo-
niaque qui existe dans le carbonate d'ammoniaque , et enfin la
quantité d'acide carbonique qui est combinée avec elle. On
doit, par une suite de cette marche, attribuer plus d’exacti-
tude aux proportions déterminées pour le muriate d’ammo-
niaque qu’à celle du carbonate d'ammoniaque , et il me paroit
indubitable que la quantité d'acide carbonique nécessaire pour
saturer 100 parties d'ammoniaque excède 300 parties.
Si l'on établit sur les proportions d’acide muriatique qui
sont nécessaires pour neutraliser les différentes bases, celles
qui doivent produire le mème effet avec l'acide carbonique ,
on trouve qu’il faudroit 217 parties d’acide carbonique pour
en neutraliser 100 de chaux, 268 pour 100 de magnésie, 67
pour 100 de baryte. Je me sers pour cette évaluation, du
rapport de l’acide muriatique et de l'acide carbonique pour la
potasse; si je fais usage de leur rapport avec la soude, j'ai
les nombres suivans: 219 pour la chaux, 284 pour la magnésie,
et 71 pour la baryte. 1
Je me rapproche beaucoup plus des premiers nombres, si
je porte la proportion d'acide muriatique qui est nécessaire
pour saturer 100 de soude à go, au lieu de 88, et je crois
ce nombre plus voisin de la réalité, parce que ma soude,
quoique préparée avec beaucoup de soir, donnoit des indices
d'acide muriatique : je ferai cette substitution dans les éva-
luations suivantes. j
On a vu que les sous-carbonates différoient beaucoup entre
eux par la quantité d’acide carbonique qui s'y trouvoit com-—
binée, quoiqu'ils montrent plus de disposition à avoir certaines
proportions : il m'a paru intéressant de comparer sous ce rapport
avec les sous-carbonates naturels les sous-carbonates de baryte
et de chaux que l'on obtient, en exposant à l'acide carbonique
les eaux qui tiennent ces substances en dissolution. Pour ceux
que l’on obtient en précipitant les dissolutions par les sous-
carbonates alkalins , ils prennent des proportions qui dépen-
dent de celles des sous-carbonates qui servent à la précipitation.
J'ai donc fait passer un courant d’acide carbonique dans une
eau chargée de barytè jusqu'à ce qu'il ne se soit plus fait de
Pere mais l'opération a été discontinuée aussitôt que le
iquide a cessé d’être troublé par l’acide carbonique : j'ai exa-
Cc 2
204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
miné ce liquide qui s’étoit éclairci au moyen du dépôt; j'ai
trouvé qu'il contenoit encore une portion considérable de
basyte tenue en dissolution par l’acide carbonique , mais dans
l'état neutre, ensorte qu'il ne donnoit aucun indice d'acidité
ni d’alkalinité avec les papiers d’épreuve : le précipité a ensuite
été soumis à la dessication par le moyen de l'ébullition de
l'eau ; après cela on en a dégagé l'acide carbonique, et il s’est
trouvé qu'il contenoit 21 parties d'acide carbonique sur 100,
et le carbonate naturel de barÿte donne , selon l’analyse de
Pelletier et de M. Kirwan, o 22 : le dernier a déjà remarqué
que le carbonate artificiel contenoit les mêmes proportions.
On a fait la même opération sur l’eau de chaux; il est resté
de méme en dissolution une certaine quantité d'eau de chaux
qui étoit mise dans l’état neutre par l'acide carbonique, mais
en moindre proportion que la baryte.
Le dépôt séché comme celui de baryte, a donné la même
quantité d’acide carbonique que le marbre blanc : on a retiré
du carbonate desséché 46.36 d’acide carbonique sur 100, et
46.33 du marbre blanc.
On voit par ces deux expériences que l’acide carbonique
se partage en deux portions , l’une qui s’unit à la baryie et
à la chaux pour former des sous-carbonates qui ont des pro-
portions constantes , et l’autre qui forme une combinaison
soluble qui est dans l’état neutre ou qui en approche.
C'est ainsi que l’on voit dans plusieurs circonstances un
acide former une combinaison soluble et une combinaison in-
soluble; mais l’une et l’autre varient selon les quantités, au
lieu que l'acide carbonique ne se dissolvant qu’en certaine
proportion dans l'eau, son action doit être uniforme , ainsi
que la séparation qui en est l'effet.
La conformité des carbonates que l’on obtient en préci;i-
tant la chaux et la baryte par l'acide carbonique avec les car-
bonates naturels , me paroît remarquable : on obtient les
mêmes produits que si la chaux et la baryte avoient été tenues
en dissolution dans les temps primitifs, et précipitées par l'acide
carbonique qui auroit été superposé.
ET D'HISTOIRE NATURELLE 205
SV:
Des proportions de l'Acide dans l’Acide sulfurique
et dans les Sulfates.
M. Klaproth vient de donner (1) une nouvelle détermination
des quantités d’acide et de baryte qui composent le sulfate
de baryte, dont la plupart des chimistes se sont servi pour
reconnoître les quantités d’acide qui se trouvent dans les diflé-
rens sulfates : il compare les résultats assez différens des
chimistes qui l’ont précédé dans cette recherche, et il s'arrête
aux proportions de 76 de baryte et de 33 d'acide sulfurique.
J'ai tâché d'atteindre le plus près qu'il m'a été possible à
la véritable proportion : pour cela j'ai dissous de la baryte dans
de l'eau; on a distillé un poids donné de cette eau, coupé
la cornue où s’étoit faite la distillation , placé dans un creuset de
plitineia baryte séchée, et ensuiteonatenu rouge pendant quelque
temps le creuset placé dans un autre creuset rempli de sable :
on a pris le-terme moyen de deux expériences qui différoient
très-peu. L’eau de baryte dont je viens de parler, et dans
laquelle la quantité de baryte étoit bien déterminée, a servi
à plusieurs opérations; pour le sulfate de baryte, on a saturé
5 hectogrammes d'eau de baryte avec l’acide muriatique , et
on a produit la précipitation par le sulfate de soude : ce pré-
cipité convenablement lavé , et tenu également rouge pen-
dant quelque temps dans un creuset de platine, a donné,
résultat moyen de trois expériences, 73.12 de baryte, ce qui
est fort rapproché du résultat de M. Thenard,; qui est de 74.82
de baryte. J’ai dû faire quelques pertes ; car on ne peut cal-
ciner le précipité dans le papier qui a servi à le recueillir,
parce qu'alors on en convertit une partie en sulfure , ainsi
que me l'a fait remarquer M. OEizel, qui m'a secondé avec
beaucoup de soin dans mes expériences : je crois: donc devoir
prendre un terme moyen entre le résultat de M. Thenard et
“le mien , et devoir fixer à 74 de baryte et à 26 d'acide sul-
furique, les proportions du sulfate de baryte qui a été tenu
à un grand jeu ; ensorte que 100 parties de baryte sont
neutralisées par 35.10 d'acide sulfurique.
(x) Neues allæemeines Journ. der chem. 5 band. 5 heft.
206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
M. Klaproth a précipité 100 parties d'acide sulfurique dont
la pesanteur spécifique étoit de 1.850, ce qui est la plus
grande concentration à laquelle il ait pu l'obtenir, et mes
expériences s'accordent en cela avec les siennes : il a obtenu
un précipité qui, après une forte dessication , pesoit 225 ; il
conclut que cet acide étoit composé de 74.4 d'acide et de
25.6 d'eau, et d'après mes résultats il seroit composé de 58. 50
d'acide et de 41.50 d’eau.
Cette grande quantité d’eau que l'acide sulfurique retient
en prenant l'état de vapeur, à une température beaucoup plus
élevée que celle de l’'ébullition de l'eau, et les effets hygro-
métriques qu'il produit malgré cette quantité, font voir avec
quelle force l’eau est retenue dans les substances qui ont de
l'action sur elle.
J'ai saturé et précipité par la baryte neutralisée un acide sul-
furique dont la pesanteur spécifique étoit de 141.70 , et ilest
résulté de mon expérience qu'il contenoit 51.06 d’acide réel.
Je néglige dans ces évaluations les effets de la température,
parce que toutes mes expériences ont été faites entre 9 et 12
degrés du thermomètre centigrade, et que les différences qui
Pourroient résulter, en les comparant avec celles de M. Kirwan,
sont très-petites.
M. Kirwan a cherché à déterminer les quantités d’acide
réel qui se trouvent dans l'acide sulfurique de différentes pe-
santeurs spécifiques, et il en a donné une table; mais il s’est
servi de moyens indirects auxquels j'oppose les mêmes obser-
vations que j'ai faites pour ses déterminations de l'acide mu-
riatique.
L’acide dont je viens de parler, contiendroit, selon la table
de M. Kirwan, sur 100 parties, 42.67 d'acide réel , et selon
mon évaluation, il n’en contient que 31.15.
J'ai cherché autrefois à déterminer (1) la quantité d’oxigène
que le soufre prend en passant à l'état d'acide sulfurique, en
‘le traitant avec l'acide nitrique, et en précipitant l’acide qui
s'est formé par le muriate de baryte; mais mon évaluation
étoit très défectueuse : depuis lors plusieurs chimistes ont em-
‘ployé le même moyen, et M. Klaproth conclut de ses expé-
riences que l'acide sulfurique, indépendamment de l’eau, est
composé de 42.5 de soufre et de 57.7 d'oxigène. .
Dans une expérience que je choisis parce qu'elle a été suivie
(4) Mémoires de l'Académie pour 1782.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207
avec plus de soin et sur de plus grandes quantités, 17.846
grammes desoufre changé en acide sulfurique par l’acidenitrique,
ont donné 127.515 grammes de sulfate de baryte poussé au feu,
qui contenoit 53.193 d'acide , ensorte que 53.83 parties de
soufre se combinent avec 46.17 d’oxigène, et que 100 parties
de soufre prennent 85.7 d'oxigène pour se changer en acide
sulfurique.
J'ai encore la satisfaction de me rencontrer ici avec M. The-
nard, dont les proportions sont, d'après son évaluation du
sulfate de barÿte, 65.56 de soufre et 44.44 d'oxigène : mais
ik faut remarquer que dans ce caleul, l’on suppose que l'acide
sulfurique qui est dans le sulfate de baryte fortement poussé
au feu, ne contient point d'eau; ce qui est invraisemblable.
Pour parvenir à une plus grande précision ,: il faudra avoir
recours à d'autres méthodes ;: telles que la combustion ; mais!
Lavoisier , qui a déterminé rigoureusement la proportion d’oxi-
gène qui se combine avec le phosphore dans-sa combustion ,
n'a pu réussir avec le soufre. Mon résultat ne s’éloigne presque
de celui du célébre Klaproth que par la différence que nous
mettons dans les parties constituantes du sulfate de baryte ;
151.5 parties de soufre changées en acide sulfurique lui ont
donné 1802 de sulfate de baryte , et en admettant 0.26 d'acide
sulfurique, 100 parties de soufre se seroient combinées avec
86. 14 d’oxigène,
100 parties de potasse, préparée comme je l'ai dit, S XIIT,
ont été neutralisées par 158.815 d'acide sulfurique à 141.70
de pesanteur spécifique, d'où il résulte que 100 parties de
potasse se combinent avec 49:33 d'acide réel pour parvenir
à l'état neutre.
Si l’on fait une proportion dont le premier terme soit la
quantité d'acide muriatique qui neutralise 100 parties de baryte,
le second la quantité d'acide sulfurique qui produit le même
eflet, le troisième celle d'acide muriatique qui neutralise 100
parties de potasse, le quatrième terme donne 49.41 pour la
quantité de potasse, au lieu de 49.33 qu'indique la combi-
naison directe.
Eu comparant la quantité d’acide sulfurique qui neutralise
la baryte et la potasse, soit d'après le calcul , soit d'après
l'expérience, avec la quantité d'acide muriatique qui sature
la baryte, pour connoître celle qui est nécessaire pour la po-
tasse , on trouve la quantité d'acide muriatique qui a été
déterminé par l'expérience à quelques millièmes prés.
9
208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Ces épreuves faites avec des acides aussi différens que l'acidé
carbonique , l'acide muriatique et l'acide sulfurique, vérifient
la constänce des rapports de puissance entre les différens
acides et les différens alkalis : elles prouvent que l’on peut
avec sureté déterminer les proportions d'acides différens qui
peuvent se combiner avec les bases alkalines, dès que l'on
a établi les rapports qui existent entre un acide ét les différens
alkalis, et pourvu que l’on connoisse les proportions d’une
seule combinaison neutre de l'acide que l’on examine, avec
une.des bases alkalines, elles font voir enfin que les expé-
riences que j'ai rapportées ont assez de précision pour qu'on
puisse les employer avec confiance, à part les exceptions que
J'ai indiquées.
En appliquant, donc ma méthode aux combinaisons ‘de
l'acide sulfurique, on trouve qu’il faut d'acide sulfurique pour
100 parties
DETTE. ee A TRS
Detchagx "0 PSN otre
De magnéiie "ANR SERRE 15728
La détermination que je donne pour le sulfate de chaux
paroil un peu contraire à celle que M. Bucholz vient de faire
avec beaucoup de soin (1), et de laquelle il résulte que 100
parties de sulfate de chaux en contiennent 53 de chaux, 43
d'acide sulfurique , et 24 d'eau de cristallisation, de sorte que
100 parties de chaux en exigeroient 130 d'acide sulfurique ;
mais cette différence dépend des proportions qu’il admet dans
le sulfate de baryte, qu'il regarde comme composé de 67.5
de baryte, et de 32.5 d'acide sulfurique.
IL faudroit seulement supposer qu’au lieu de 3 parties d’eau
que, selon M. Bucholz, 100 parties de sulfate de chaux re-
tiennent, lorsqu'on le calcine dans un vase d’argent, elles
en retiennent 5 à 9 : ce qui n'est pas contraire à la vraisem-
blance. D'ailleurs j'ai averti qu'il y avoit quelques incertitudes
dans mes déterminations qui sont relatives à la chaux.
SRE AE
Des quantités d’Acide réel contenu dans l' Acide nitrique
et dans les Nitrates.
La détermination des quantités d'acide nitrique réel présente
(1) Neues allgemeines Journ. der. chem, 5 band. 2 heft.
beaucoup
= ge
——
#.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209
beaucoup de difficultés par la facile décomposition des nitrates
que l'on emploie, et dont on ne peut, à cause de cela, dis-
tinguer l'eau étrangère à l'acide.
Je me suis servi de la potasse dont j'ai saturé 100 parties
avec un acide nitrique d’une pesanteur spécifique de 129.78 :
et comme le nitrate de potasse s’évapore en partie avec l’eau,
ainsi que M. Lavoisier l'a constaté, j'ai distillé la liqueur, et
j'ai éprouvé le liquide qui a passé, avec le nitro-muriate de
platine; car l'on sait que les sels à base de potasse y pro-
duisent un précipité; or je n'ai point eu de précipité : le sel
séparé de la cornue, et parfaitement neutre, a été séché au
degré de l’ébullition de l’eau ; mais, après cela, il avoit subi
un commencement de décomposition , et il donnoit des in-
dices d’alkalinité : il pesoit 168.50; mais je porte le nombre à
170, pour compenser la décomposition qui avoit commencé (CE
D'après cette évaluation qui a, comme l’on voit quelqu'in-
certitude, mon acide contenoit sur 100 parties 32.41 d'acide
réel.
M. Davy qui a fait des expériences très-ingénieuses et très-
intéressantes sur la composition de l'acide nitrique, des gaz
auxquels il donne naissance et des nitrates, a employé une
méthode indirecte et trop compliquée pour déterminer les
quantités d’acide réel dans les nitrates et dans l'acide nitrique,
pour lequel il a formé une table selon les pesanteurs spé-
cifiques (2), et ses évaluations se trouvent très éloignées de
celles que je présente.
Mon acide ramené à la pesanteur spécifique la plus voisine
de sa table, c’est-à-dire 129.78 , contiendroit, d'après mes
données, 33 d'acide réel sur 100 , et selon sa table il en
contiendroit 53.97.
Selon cette table, l'acide nitrique qui a une pesanteur spé-
cifique de 150.40, ne contiendroit que 8.45 d’eau sur 100 :
ce qui est hors de toute probabilité.
Mes résultats se rapprochent beaucoup plus de ceux de
M. Kirwan : mon acide ramené à la pesanteur spécifique la
plus voisine de sa table, contiendroit 32.62 d'acide réel sur
100 , et selon sa table il en contiendroit 36.77.
7
(x) Une expérience” dans Jaquelle j'ai évité la décomposition du nitrate,
: ; É ga à : L
m'a donné 170.31, différence trop petite pour m’engager à changer mes
résultats.
(2) Researches chemical, etc.
Tome LXIF. MARS an 1807. D d
210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Mes résultats appliqués aux autres nitrates donnent pour
100 parties
De souder ete te TA ES OR
De chage nie el HUIT ETES
De magnésie. Din. bon: 05
Debarmien ss min hiain. UM eu 297
S XVII.
De l'action réciproque des parties intésrantes des combinaisons.
J'ai cherché à déterminer les effets qui dépendent de la
combinaison ou de l’aflinité de composition , de ceux qui
proviennent de l’action réciproque des molécules intégrantes
d'une combinaison , et de l’action du dissolyant qui tend à
les tenir dans l'état liquide, et j'ai fait voir que l'on avoit
confondu ces effets.
Les capacités de saturation, déterminées par les quantités
qui produisent l’état neutre, assignent aux acides et aux alkalis
un ordre de puissance très-différent de celui qui leur a été
attribué par une suite de cette confusion, et en prenant pour
base les phénomènes de la précipitation ; mais quelques pro-
priétés penvent paroître difficiles à concilier avec mon opinion.
On pourroit m’objecter , par exemple , que si l'aflinité de la
magnésie est beaucoup plus grande pour l'acide carbonique
que celle de la baryte, comme il résulte de mes principes,
la magnésie devroit retenir l'acide carbonique avec plus de
force que la baryte contre l’action expansive de la chaleur,
et cependant c’est le contraire que l'on observe : on parvient
assez facilement à chasser tout l'acide carbonique du carbo-
nate de magnésie, mais, au plus grand degré de chaleur,
on ne peut décomposer le carbonate naturel de baryte ou la
vithérite.
Si ces effets dépendoient de la puissance de la combinaison,
on devroit trouver beaucoup de ressemblance, à cet égard,
entre le carbonate de chaux et le carbonate de magnésie; car
ces deux substances diffèrent très-peu par la capacité de sa-
turation, et cependant il est beaucoup plus facile de chasser
l’acide carbonique de la magnésie que de la chaux : on devroit
également trouver une ressemblance entre la potasse et la baryte
qui différent peu par leur capacité de saturation, mais la potasse
poussée au feu abandonne facilement son acide carbonique ,
pendant que la baryte le retient avec opiniâtreté.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. o7t
11 faut donc chercher quelqu'autre propriété de laquelle
celle-ci puisse dépendre, et il est facile de la trouver dans
l’action réciproque des parties intégrantes des combinaisons ,
et dans l’action que l'eau exerce, soit sur ces parties, soit ‘sur
l'acide carbonique.
En effet, Black, M. Kirwan, M. Pictet, ont éprouvé qu'en
poussant le marbre au plus grand feu, on ne venoit pas à
bout de le réduire entièrement en chaux.
J'ai fait l'expérience au feu le plus vif d'une forge puissante,
et il est resté une proportion considérable d'acide carbonique :
jai humecté cette chaux imparfaite et je l'ai remise au feu ;
la calcination ou le dégagement de l'acide carbonique a fait
beaucoup plus de progrès, quoiqu'au méme degré de feu qui
auparavant ne produisoit plus aucun effet : j'ai humecté une
seconde fois, et la calcination a été presque complète.
J'ai pensé, d'après cela, que la partie d’acide carbonique
qui se volatilisoit du marbre, né le faisoit qu'au moyén de
l'eau qui se dégage dans le commencement. J'ai donc soumis
à l’action du feu 100 grammes de marbre blanc dans une cornue
de verre qui, au moyen d'un bon lut, pouvoit soutenir un
grand feu, et j'ai fait passer le gaz acide carbonique par un
long tube de verre terminé par un petit ballon, l'un et l’autre
plongés dans un mélange réfrigérant : lorsque le gaz a cessé
de se dégager, quoiqu'on augmentät la chaleur, on a enlevé
la cornue et on a trouvé le tube et la petite boule non-
seulement enduits d'humidité, mais il y avoit dans la dernière
un peu d’eau liquide; on ne pouvoit estimer à moins d'un
gramme la quantité d’eau retenue par ce moyen. M. Kirwan
n'en a point obtenu; M. Cavendish n’en avoit retiré qu’un grain
de 511 grains de marbre; pour Bergmann, il en admettoit 0.11,
mais seulement par induction. J'ai imaginé en conséquence que
la calcination du marbre devoit faire plus de progrès , si je le
tenois exposé long-temps à une chaleur médiocre, que si je lui
faisois subir dès le commencement un feu très-vif qui en chassät
promptement l'eau , et l'expérience a confirmé ma conjecture.
Enfin, on sait que le marbre, ainsi que la vithérite, donnent
facilement leur acide carbonique lorsqu'on les place dans un
tube à travers lequel on fait passer de la vapeur d’eau.
Le carbonate de magnésie retient par son aflinité, comme
le fait voir son analyse, beaucoup de cet intermédiaire, dont
le marbre n'a qu'une petite quantité et qui manque à la vi-
thérite, et le carbonate de potasse est dans le même cas.
D d 2
212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Il paroïit donc que la différence que les carbonates présentent
lorsqu'on les soumet au feu, dépend de cette circonstance,
et les expériences que je viens de présenter, ne font que
confirmer l'opinion que M. Pictet a déjà établie sur la for-
mation de la chaux (1).
J'ai présenté sur l'état des substances salines qui sont tenues
en dissolution par un liquide, une opinion qui doit être mo-
difiée : j'ai. prétendu que pendant que l'état liquide existoit,
il falloit considérer les élémens des sels comme s'ils étoient
isolés, et comme s'ils exerçoient tous également une action
réciproque , et j'ai pensé qu'il ne se formoit des combinaisons
séparées qu'au moment de la cristallisation ou de la précipita-
tion. Cette opinion sort de mesure : il est certain que la
potasse qui forme un sel neutre, agit encore sur l’acide d’une
autre combinaison , dont la base exerce à son tour une action
sur l’autre acide ; mais plusieurs exemples font voir que l'état
liquide ne détruit pas entiérement les combinaisons qui pré-
existoient ; ainsi une dissolution métallique peut contenir l’oxide
du méme métal dans différens degrés d'oxidation, ce qui ne
seroit pas selon l'opinion que je dois modifier. Je vais citer
un exemple qui m'a été fourni par M. Prieur.
Si l’on’ fait à froid une dissolution de muriate d’ammo-
niaque et de sulfate de cuivre, la liqueur a une couleur bleue
pit est la couleur propre au sulfate de cuivre; mais si l'on
ait la dissolution à chaud, ou si l’on échauffe la précédente,
on à une couleur verte qui est la couleur propre au muriate
de cuivre, et par les changemens de température l'on fait
passer alternativement la liqueur du bleu au verd ou du verd
au bleu.
Ce que les faits indiquent, c'est que dans une dissolution
de différentes combinaisons, il y a un tel équilibre entre
les forces qui sont opposées, que c’est le degré de solubilité,
ou l’action du dissolvant qui détermine les séparations qui se
font, et les combinaisons qui cristallisent ou qui se précipi-
tent : je crois en avoir donné des preuves convaincantes ; mais
c'est à ce résultat de l'expérience qu’il faut borner mon opinion
sur l'état des combinaisons qui sont tenues en dissolution.
(1) Bibliothèque britannique, t. XIV , p. 235.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. oi
OUI
S XVIIL.
Suite des observations sur l Acide muriatique réel,
Je me suis servi, pour les déterminations précédentes, du
gaz muriatique qui avcit élé exposé à une température de
12 degrés du thermomètre centigrade au-dessous de la con-
gélation, et je le croyois assez dépouillé d'eau pour qu’on pt
négliger, dans l'évaluation de l'acide réel, celle qu'il pouvoit
contenir encore.
Cependant j'ai cherché à reconnoître la quantité d’eau qui
pouvoit étre contenue dans ce gaz : je mettois de l'intérêt
à cet objet, moins pour déterminer la quantité d’acide mu-
riatique réel dans ses combinaisons, que pour jeter du jour
sur l'action mutuelle des substances gazeuses.
Pour parvenir à ce but, j'ai neutralisé avec l'acide mu-
riatique 100 parties de potasse préparée par la dissolution de
l'alcool, et tenue quelque temps en fusion dans un creuset
de platine avant qu'on la dissolvit dans l'eau.
J'ai pris beaucoup de soin pour m'assurer que je ne perdois
rien de sensible dans l’évaporation et la dessication : on a
distillé jusqu'a la dessication; le liquide qui a passé ne trou-
bloit point la dissolution d'argent; après avoir coupé la cornue,
on a recueilli le sel avec soin; on l'a placé dans un creuset
de platine sur un bain de sable; on a pesé le creuset après
cette dessication, ensuite on l’a poussé à une forte chaleur
après l’avoir placé dans un creuset rempli de sable , et on
l'a pesé une seconde fois.
Ainsi, pendant la distillation, l’eau seule a passé dans le
récipient : la première et la seconde pesée n’ont donné qu’une
très-petite différence, ce qui indique qu'en poussant le sel
à un très-grand feu, il n’y a eu que la perte qu'on doit attri-
buer à l'eau : en effet, l’intérieur du creuset et son couvercle
n'annonçoient aucune sublimation ; le sel formoit un verre
composé de molécules cristallines ; dissous, il a donné les
indices d'un état parfaitement neutre. ,
Le sel, dans cet état, ne pesoit que 126.60, d’où je dois
conclure que le gaz, que j'avois cru ne contenir qu'une quan-
tité d'eau qui pouvoit être négligée, en contenoit 34.90 sur
61.5, que l’on a vu (S XIII) se combiner avec 100 de potasse.
Ce résultat m'ayant étonné, j'ai répété deux fois l'expérience
214 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
avec les mémes soins, et les poids que j'ai obienus n'on
différé entre eux que de quelques millièmes,
J'ai craint que la potasse, quoique poussée à un grand feu,
ne retint une quantité d’eau qui pouvoit m'en imposer; pour
éclaircir ce soupçon, j'ai fait l'épreuve avec l’eau de baryte
dont j'ai parlé : si la perte devoit être attribuée à la potasse,
je devois trouver dans le muriate de baryte une proportion
d'acide qui me l’indiqueroit ; mais j'ai eu une proportion même
un peu inférieure à celle que désignoit le muriate de potasse,
car 100 parties de baryte m'ont donné 117.47 de muriate
de baryÿte fortement poussé au feu, et la proportion établie
par le muriate de potasse auroit exigé 118.89.
Je ne puis appercevoir aucune cause d'erreur, et je suis forcé
de conclure que le gaz muriatique, après avoir abandonné toute
eau bygrométrique, contient plus de la moitié de son poids
d'eau qui ne contribue point aux effets hygrométriques, en
supposant que la portion qui doit se trouver dans le sel
malgré la forte dessication à laquelle il a été soumis, com-
pense celle que l'alkali retenoit encore, après avoir été poussé
au feu, supposition qui laisse une incertitude inévitable.
Cette eau qui se trouve en si grande proportion dans le
gaz muriatique, que l'on doit supposer dans le plus grand
degré de dessication hygrométrique , est diflicile à concilier
avec quelques opinions d'un célèbre physicien, M. Dalton,
qui n’a pas distingué les effets hygrométriques auxquels l’aflinité
mulvelle des gaz ne concourt pas sensiblement, de ceux qui
dépendent d’une combinaison réelle ou de l’aflimité chimique :
il a appliqué les observations qu'il avoit faites sur l’état res-
pectif des gaz à leur dissolution par les liquides, qu'il ne re-
garde que comme un effet mécanique (1); cependant l'eau
dissout un volume de gaz muriatique qui est un grand nombre
de fois plus grand que le sien propre, et cet effet ne peut ètre
dû à une cause mécanique : les gaz qui se dissolvent en
moindre quantité diffèrent beaucoup entre eux par la propor-
tion qui s’unit au liquide, sans qu'on puisse y appercevoir
aucune propriété mécanique qui rende raison de cette diffé-
rence : maïs cet objet demanderoit une discussion particulière.
M. Henry avoit déjà remarqué que l’étincelle électrique
pouvyoit dégager une certaine quantité de gaz hydrogène du
a ——— ——_———_—_—_——
(1) Mém. of Munchester, 2 ser. vol, I.
i
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 215
gaz muriatique fortement desséché (1), ce qu'il avoit très-
bien ‘attribué à l'eau qu'il tient en combinaison; mais l'effet
de l'électricité doit s'arrêter, lorsque l’action du gaz est de-
venue assez forte par la diminution d’eau qu'elle occasionne.
Il ne faudroit pas conclure de là que tous les gaz doivent
contenir une grande proportion d'eau latente; cet effet doit
dépendre de l'énergie de l’aflinité qu’ils exercent sur elle : par
exemple, le gaz ammoniac n'en doit pas contenir sensible-
ment une plus grande proportion que le gaz hydrogène et le
gaz azote n'en contenoient séparément , puisque son poids
correspond à celui de ces deux gaz, et puisqu'on n’observe
point d'eau lorsqu'on le décompose par l'électricité. Ce résuitat
est encore confirmé par les belles expériences de M. Biot,
qui a trouvé dans ce gaz la réfraction qui doit résulter de
celles des proportions d'hydrogène et d'azote, dont il est com-
posé. Pareillement, il ne suit pas des observations précédentes
que la pesanteur spécifique du gaz muriatique devroit s’accroitre
à mesure qu’on le priveroit de son eau de combinaison : il est
très-probable que l’action mutuelle produit une condensation
considérable dans le gaz muriatique et dans la vapeur d’eau,
et si l'on trouvoit le moyen de séparer la dernière, le gaz
Muriatique pourroit avoir une pesanteur spécifique beaucoup
plus petite que celle que nous lui connoissons dans son état
ordinaire. 6
On doit être frappé de la différence que mes expériences
apportent dans les proportions que des chimistes très-recom-
mandables ont attribuées à la combinaison neutre de l'acide
muriatique avec la potasse : selon M. Kirwan, 100 parties
de potasse se combinent avec 566.3 d’acide muriatique réel; et
M. Richter admet une proportion encore beaucoup plus grande
d'acide; je dis avec quelque confiance que l’on ne pourra trouver
que des quantités peu dilférentes des miennes, parce qu'elles sont
chacune le résultat de plusieurs épreuves, pourvu que l'on
combine directement l'acide avec. la base alkaline préalable-
ment privée d’eau autant qu'il est possible, pour en reconnoître
le poids , ét que l’on chasse par un haut degré de chaleur
l’eau de la combinaison. à
Cette réduction de la quantité d’acide réel n'’altère point les
résultats que j'ai établis sur les proportions correspondantes
(1) Transactions philosophiques , 1800.
216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
d'acide et d'’alkali dans les différentes combinaisons, et je
n'ai rien à changer à cet égard : il suflit de substituer une
quantité d'acide réel qui soit à celle du gaz murialique dans
le rapport de 26.60 à 61.5.
Un acide muriatique d’une pesanteur spécifique de 1063,
contient, selon la table de M. Kirwan, 8.25 d’acide réel
sur 100 parties en poids, et en le ramenant à la pesanteur
spécifique de celui que j'ai employé, il en contiendroit 8.03;
mais il n’en contiendroit que .5g en prenant pour base mes
expériences sur le muriate de potasse, et il faut remarquer
que c’est aussi par la quantité d'acide muriatique qui se com-
bine à la potasse avec le moins d'eau, que M. Kirwan a cher-
ché à déterminer les quantités d’acide réel qui accompagnent
les différentes pesanteurs spécifiques.
$ XIX.
De l'Acide phosphorique réel.
Les combinaisons de l'acide phosphorique m'ont présenté
des difficultés qui ne n’ont pas permis de déterminer leurs
proportions avec beaucoup d'exactitude ; en attendant des
expériences plus précises, je choisis, parmi celles que j'ai faites,
celles qui me paroissent mériter le plus de confiance.
Pour connoître le rapport qui existe entre l'acide phospho-
rique, réduit dans l’état vitreux, et ce mème acide, dans une
combinaison alkaline que l’on a poussée à grand feu, on a
dissous dans une quantité d’eau, de l'acide phosphorique qui
avoit été réduit à l'état de verre très-transparent dans un
creuset de platine, et on a saturé avec cette liqueur acide
100 parties de potasse mise en dissolution : il a fallu une
quantité correspondante à 85.51 de verre phosphorique, et
la combinaison poussée à un grand feu avec les précautions
requises , a donné 150.19 de phosphate de potasse.
Il résulte de là que le verre phosphorique retient plus des trois
huitièmes de son poids d’eau , outre celle qui est encore retenue
indubitablement dans le phosphate de potasse poussé à un grand
feu, phénomène analogue à celui qu'a présenté le gaz mu-
latique.
Cependant on pourroit, en répétant l'expérience , ne pas
trouver un résultat parfaitement conforme; car je me suis
assuré que le verre phosphorique, poussé long-temps au feu,
finissoit par s'évaporer entièrement, en augmentant la chaleur,
et
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 217
et il est vraisemblable que la proportion de l’eau qu'il retient
va en diminuant jusqu’à son entière évaporalion.
J'ai aussi remarqué que sur la fin de l'évaporation de l’acide
liquide, l’eau entraînoit une portion de l'acide; car le couvercle
du creuset de platine dans lequel on achevoit cette évapora-
tion, retenoit une liqueur qui donnoït des indices d'acidité.
Il résulte de la détermination précédente, que la puissance
de l'acide phosphorique seroit un peu inférieure à celle de
l'acide sulfurique, ce qui est contraire à ce que j'avois pré-
sumé, (Essar de Stat. chim., tome I, page 123.)
Le phosphate de baryte ne m’a pas donné une proportion
d’acide qui répondit à celle qui étoit indiquée par le phosphate
de potasse ; il n’a pris pour la neutralisation de 100 parties
que 27.35, tandis qu'il auroit dû en prendre, selon la loi des
proportions , au-delà de 35. Cette différence dépend de ce
que le phosphate de baryte se précipite avec un excès de
base, comme nous avons vu qu’il faisoit même dans le mé-
lange de deux combinaisons neutres ($S X), et comme le font
la chaux et la baryte avec l'acide carbonique ($ XIV.)
J'ai aussi cherché à déterminer la puissance comparativé de
l'acide fluorique qui paroit fort supérieure à celle des autres
acides , d’après les proportions données par M. Richter; mais
J'ai éprouvé des difficultés que je n'ai pas surmontées jusqu à
présent; par exemple, je n'ai pu dessécher, même au degré
de l’ébullition de l’eau , le fluate de baryte, sans qu'il s’exhalât
une portion de l'acide fluorique qui entrainoit avec lui de la
baryte. Au reste, il est probable que le fluate de baryte n’in-
diqueroit pas les proportions d'acide fluorique qui neutralisent
les différentes bases alkalines, parce qu'il se précipite égale-
ment avec un excès de base dans le mélange de deux com-
binaisons neutres. È
S XX.
Résultats.
L'acide carbonique peut, au moyen d’une compression ,
neutraliser toutes les bases alkalines, ainsi que les autres
acides ; j'en ai déterminé les quantités nécessaires pour pro-
duire cet effet avec les différens alkalis.
Il forme avec les bases aikalines des combinaisons qui cris-
tallisent avec des proportions très-diflérentes , et l'on ne peut
dire que cette espèce de combinaison n’a qu’un terme fixe
dans ses proportions.
Tome LXIF. MARS 1807. Ee
218 JOURNAL DE PHYSIQUEÿ; DE CHIMIE
La même variété dansiles proportions s’observe dans’ les
sels acidules et alkalinules (+) ,:qui ont également tous les
caractères des combindisons chimiques.
: La puissance relative des alkalis est représentée par la quan-
tité d'un méme acide que chavun des alkalis exige pour sa
neutralisation : de même;la puissance relative des acides. est
représentée par la quantité d'un méme alkali qui est nécessaire
à chaque acide pour parvenir à l'état neutre.
-Ees rapports de puissance sont les mêmes entre tous les
alkalis et tous les acides ; ainsi, dés que l'on connoît les pro-
portions des différentes bases alkalines qui réduisent un acide
à l'état nentre ; et celles de la combinaison de l’une de ces
bases avec tout autre acide, on peut conclure quelles doi-
vent être les proportions: des autres. alkalis qui sont néces-
saires pour neutraliser ce dernier acide. | ny
J'ai tâché: de, réaliser, par mes propres expériences , ce
principe: que j'avois établi (Essai de Stat. chim.), et dont je
w'avois fait des, applications que sur des expériences qui
n'avoient pas été, dirigées vers ce but.
IL ‘résulte de mes observations , que la puissance alkaline
de l’ammoniaque, ‘de la magnésie, de la chaux, de la soude,
de la potasse et de la baryte, sont à-peu-près comme les
nombres suivans, 213, 174, 136, 90, 62, 44. Cependant le
nombre qui représente la force de l'ammoniaque est sujet à
une imcertitude que l’on peut évaluer à un dixième , ce qui
m'en a fait négliger les applications ; celui qui représente la
force alkaline de la chaux a aussi une incertitude, mais qui
est beaucoup plus petite : je regarde les autres comme des
approximations qu'il ‘est diflicile de rendre plus rigoureuses ,
puisque le calcul fondé sur ces nombres et l’expérience di-
recte, conduisent presque exactement aux mêmes résultats.
L'acide muriatique , le. sulfurique, le nitrique, le carbo-
nique, ont une puissance qui est à-peu-près en ordre inverse
des nombres suivans, 35, 44, bo, 99. L’acide phosphorique
paroit différer peu à cet égard de l'acide sulfurique.
Mais tous ces acides sont supposés privés d’eau et tels que
se trouvent, l'acide sulfurique dans le sulfate de baryte forte-
ment poussé au feu , l'acide muriatique dans le muriate de
potasse également poussé au feu, l'acide nitrique tel qu’il est
… (r) 1l:me paroît à propos d'adopter, avec M. Chevrevin et M. Thomson ,
QE d HER ;
la désignation de ces sels par les prépositions sur et sous, comme l’a pro--
gosé M. Péarson , dans sa traduction de la Nomenclature chimique.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 219
dans un nitrate qui commence à se décomposer, l'acide car-
bonique tel qu'il est dégagé d'une combinaison par l'acide
sulfurique.
J'ai comparé mes expériences avec les tables d'acide réel
données par M. Kirwan et par M. Davy , et j'ai indiqué les
différences qui en résultent pour la détermination de l'acide
réel contenu dans lacide [sulfurique , l’acide muriatique et
l'acide nitrique.
- J'ai fait voir que le gaz muriatique , qui doit étre privé de
l’eau qui produit les:effets hygrométriques , par un refroidis-
sement de 12 degrés du thermomètre centigrade, contient
encore plus de la moitié de son poids d’eau ; mais cet effet
dépend de l'énergie de l’affinité qu'il exerce sur l’eau, et il
doit varier dans les différens gaz en raison de cette force.
L’acide sulfu rique contient aussi une grande proportion d'eau,
que le passage à l'état gazeux ne peut en séparer malgré la diffé-
rence de volatilité; et quoique cet acide très-concentré ait une
grande proportion d’eau, il exerce une grande force hygromé-
trique sur l'atmosphère : ce n’est que lorsque l’eau devient très-
surabondante que la chaleur peut en volatiliser sans qu'elle
entraîne de l'acide. Re
L’acide phosphorique’ réduit dans l’état vitreux, contient
plus des trois cinquièmes de son poids d'eau : une forte
chaleur ne peut dégager une partie de cette eau, sans que
l'action qu'elle exerce sur l'acide n’en produise un partage et
n’en fasse exhaler avec elle : lorsque ce partage est parvenu
à un certain point, l’eau détermine l'acide phosphorique à se
volatiliser entièrement avec elle. x
L'eau qui est manifestement retenue, dans les circonstances
précédentes, par la force qui produit les combinaisons chimi-
ques , l’aflinité, ne peut être séparée qu’au moyen d'une autre
aflinité telle. que celle d’un alkali pour l'acide ; mais, sans
doute, une partie est encore retenue par la combinaison saline,
en laissant une incertitude sur les derniers résultats chimiques;
et elle ne doit pas être oubliée dans les circonstances où elle
peut subir des décompositions , et donner naissance à dés phé-
nomènes qui peuvent s'expliquer naturellement par cette dé-
composition.
Ainsi, les effets de Vaffinité et ceux qui dépendent des pro-
pere physiques, doivent étre distingués et balancés dans
explication des phénomènes qui sont produits par l'action ré-
ciproque des différentes substances.
Le 2
220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
HAUTEURS
DE PLUSIEURS LIEUX
DérTermiNéEs par de baromètre, dans le cours de
différens voyages faits en France , en: Suisse, en
Italie ;
Pan F.. BE RGER, Docteur-Médecin, de Genève.
PREMIER;:MÉMOIRE.
Ux des moyens les plus propres pour contribuer à l'avance-
ment de la géographie physique dans l'état actuel de nos
connoissances , c'est de déterminer l'élévation d'un grand
nombre de points de la surface terrestre. Le savant auteur
de la Mécanique céleste a proposé, dans ce but, d'employer
les observations du baromètre, conjointement avec la longitude
et la latitude, afin d'obtenir un nivellement plus complet et
plus étendn que ne le comportent les mesures trigonométri-
ques, et qui nous fasse en même temps sentir la direction des
chaines de montagnes, la pente des fleuves et la forme exacte
des terreins (1).
C’est pour remplir ces vues d'utilité que je joins aux re-
cherchés des savans qui se sont occupés de cette branche de
la physique , les observations que j'ai recueillies dans différens
voyages. Elles feront le sujet de quelques Mémoires que je
publiérai successivement, et dans lesquels j'indiquerai d’une
manière générale la nature des terreins des lieux dont je ferai
mention, afin de rendre ce travail plus immédiatement utile
à la géologie.
-ÊTHOLSE 1: TND OT TN
(1) Astr. phys. de M. Biot, tom. I, p: 143.
8 LA
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 221
Toutes les hauteurs ont été calculées d’après les formules
de MM, de Luc et Trembley, non que je veuille prétendre
par-là que ce sont les seules bonnes à suivre, je sais qu'il
existe depuis quelques années une méthode fondée sur des
principes différens , et qui, proposée par un savant illustre,
a droit de mériter toute notre attention ; mais mon travail
étoit achevé en, grande partie avant que j'en eusse connois-
sance, ou du moins avant que je me ia fusse rendue propre.
Il eût été trop pénible de le recommencer tout de nouveau,
d’ailleurs je n’en avois pas le temps, et d’un autre côté, j'ai
jugé-que ce n'étoit pas une raison suflisante pour renoncer
à le publier tel qu'il étoit. On ne sauroit trop engager ceux
qui s'intéressent au perfectionnement de la mesure des hau-
teurs par le baromètre, à calculer leurs observations d'après
plusieurs formules, car en pareille matière, c'est surtout le
résultat de l’expérience qu'il faut considérer ; or nous n’avons
point encore un assez grand nombre de faits constatés pour
employer une formule ou méthode exclusivement à toute autre.
Il faudroit qu’un physicien, qui demeureroit dans le voisinage
de quelque montagne isolée, s’occupât de la mesurer trigonomé-
triquement d’une manière fort exacte, et qu'il fit ensuite un
très-grand nombre de fois la même opération au moyen du
baromètre , en calculant ses observations d'après plusieurs for-
mules, pour en comparer les résultats avec celui de la mesure
géométrique. Il seroit surtout important que les observations
fussent faites dans toutes les saisons de l’année et à différentes
heures de la journée, par conséquent à toutes sortes de tem-
pératures. En effet, à l’époque où l'on va sur les montagnes
médiocrement élevées, on y rencontre à-peu-près toujours le
même degré de température, et le plus souvent celui où les
diverses formules donnent des résultats très-peu divergens.
Il ne faut donc pas croire que la science soit déja parvenue
à un degré de perfection tel que l'on puisse se dispenser de
faire encore des tâtonnemens. La seule marche à suivre me
paroïît être celle de l'expérience.
Mais une considération importante à laquelle il faut avoir
égard si l'on ne veut pas que la science fasse des pas rétro-
grades, c'est de n'employer pour les observations que des ins:
trumens bien faits, autrement on courroit le risque d’imputer
à la théorie des erreurs dues seulement à quelque défaut de
construction dans les instrumens dont on se sert. Lorsqu'il
n'entre pâs dans les yues d’un, voyageur de déterminer les
2352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
hauteurs des lieux qu’il parcourt avec toute la rigueur possible ,
comme cela peut arriver quelquefois, par exemple au géologue,
il faut avoir la bonne foi d’en avertir.
Enfin, quand on publie une série-de hauteurs barométriques
exactes , il y auroit des avantäges, 1° à indiquer les époques
où elles ont été faites, particulièrement l'heure de la journée ;
2° à rapporter les résultats obtenus par nos devanciers, quelque
différens qu'ils fussent des nôtres, en même temps que les
formules dont ils ont fait usage , lorsque cela est possible,
-On fourniroit ainsi des matériaux utiles pour les progrès de
la science, à quelqu'un qui voudroit par la suite tirer des
conséquences générales de tous ces travaux partiels. 5
Je tâcherai de me conformer le plus aux règles que je viens
de poser.
Je classeraimes observations barométriques suivant les voyages
où elles ont été faites ; elles seront précédées, comme je l’ai déjà
dit, des différentes remarques que j'aurai eu occasion de faire
tant sur la nature du sol que sur d'autres objets.
$ Ier.
Hauteurs déterminées pendant un voyage fait dans les ci-
devant provinces de Picardie et de Normandie.
Je fis ce voyage sur la fin de l'an 11, accompagné de MM. Jurine
et de la Roche: mes amis et mes collègues. Je partis de Paris,
me proposant de suivre autant que possible les bords de la mer,
pour examiner la structure des falaises et leurs différentes élé-
vations. Je me servois pour cela d’un baromètre à siphon fait
par l'artiste Dumotiez, dont je n’ai pas jugé la construction assez
parfaite pour devoir considérer les résultats que j’en ai obtenus,
autrement que comme des résultats géologiques.
On sait qu’une partie du sol de la France en allant du sud-
est au nord-ouest, depuis la Champagne jusque sur les bords
de la mer, est composée d’un terrein crayeux qui se prolonge
jusqu'en Angleterre, dans lequel sont renfermés des silex ou
pierres à fusil, isolés, de forme irrégulière, rangés par lits
parallèles plus ou moins distans les uns des autres au milieu
des couches de craie avec lesquelles ils alternent. On sait aussi
que la surface de ces silex est revètue d’une croûte blanche
que quelques minéralogistes regardent comme un commence-
ment de décomposition. Les uns pensent que la formation de
ces silex est due à la conversion de la terre calcaire en terre
ÉT D'HISTOIRE NATURELLE: 223
siliceuse; d’autres, qu’elle dépend d'infiltrations siliceuses au
milieu de la craie elle-méme. — Beauvais, Amiens..... se
trouvent sur la ligne de cette formation. En descendant la
Sdmme depuis Amiens, on voit sur la rive gauche de cette
. rivière , des monticules ainsi formés qui ont peu d'’élévation,
On calcine la craie pour en faire de la chaux. Je nai ren-
contré ici dans la craie aucune trace de pétrifications , mais
en cassant des silex , j'ai trouvé dans l'intérieur de l'un d'eux,
une jolie cristallisation quartzeuse. .
A Picquigny, on voit des tourbières qui fournissent une
tourbe de bonne qualité, qu'on consomme dans le pays.
A St.-Valery-sur-Somme, la falaise n’a pas plus de 60 à 80
pieds d’élévation ; Ja craie y est déposée par couches horizon-
tales d’un pied et demi d'épaisseur, entre lesquelles se trouve
un banc très-mince de silex. Ces mêmes silex désagrégés et
arrondis par les flots de la mer, paroissent composer essen-
tiellement les galets que l’on trouve à l'embouchure de la
rivière.
Au Crotoy , bourg autrefois fortifié et situé sur la rive
droite de la Somme à son embouchure , il n’y a plus de
falaises, on ne voit qu'un sable blanc, quartzeux, qui forme
du côté de St.-Quentin en Tourmont des dunes peu élevées
qui suivent la direction de la côte..... Les mêmes sables
s'observent tout le long de la côte, depuis St.-Valery à Cayeux,
et jusque dans les environs du bourg d’Ault ; ainsi cet attéris-
sement, s’il a été produit par la Somme, occupe au moins
a 8 lieues. Ne seroit-il pas plutôt dû à une retraite des eaux
de la mer?
Près du bourg d'Ault , les galets sont tellement accumulés
sur le bord de la mer, qu'ils s'étendent au moins jusqu'à une
demi-lieue dans l'intérieur des terres. J’y ai trouvé un silex
passant à l’état calcédonieux. Les falaises reparoissent au bourg
d’Ault, en présentant toujours la même structure, c'est-à-dire
des couches de craie dans lesquelles sont distribués par lits
des rognons de silex, qu’on ne cesse de rencontrer en suivant
le plateau qui couronne ces falaises lorsqu'on va à la ville
d’Eu. Il y a ici interruption des falaises pour quelque temps,
elles reparoissent ensuite au Tréport avec le méme caractère
que ci-devant.
De Criel à Dieppe, le terrein est essentiellement sablonneux.
Cette ville est située, comme on sait, dans un fond où coule la
rivière d’Arques; c’est l'existence de toutes ces petites vallées
224 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
arrosées par autant de rivières différentes, et dont la direction
générale est plus ou moins celle de l'est-sud-est à l’ouest-nord-
ouest, qui rompt la continuité des falaises; c'est ce qu'on voit
tout le long de la côte jusqu’au Hâvre, ... etc. Ainsi on
remarque ce fait à l'embouchure de la Somme, ‘de la Bresle,
de l'Arques, de la Saaune, de la Durdan..... De Fécamp
au Hävre, le pays étant moins coupé, les falaises y ont par
cela méme plus de continuité. Etretat est le dernier lieu sur
ma ‘route jusqu’au Hâvre, où j'aye observé cela.
Dans le banc de sable qui est à l'embouchure de la Somme,
j'y ai cueilli entr'autres plantes, les suivantes, qui me parois-
sent surtout propres à ce genre de terrein , Salsola kali,
Arundo arenaria, Bunias cachyle, Carex arenaria, Phleum
maritimum , Artémisia maritima qu’on récolte dans les en-
virons de Dieppe en grande abondance , pour la préparation
de bains aromatiques, qu’on vante beaucoup dans les cas
d’hydropisie et de douleurs rhumatismales.
Au cap de la Hève, situé à une demi-lieue nord-nord-ouestde
la ville du Hâvre, la falaise n’est pas coupée aussi abruptement
qu’aù bourg d'Ault et à Tréport : d’ailleurs sa structure est
à-peu-près la même. On y trouve dans le bas, du côté du
village de St.-Adresse, un banc de marne dont on fait des
briques ; la roche crayeuse renferme différentes espèces de
pétrifications; elle contient encore, ainsi que les rognons de
silex, des nodules pyriteux qui se décomposent à l'air par
l’oxidation. La falaise se prolonge en remontant la Seine. Ainsi
à Orcher, joli village situé à 3 lieues est du Hävre, elle peut
avoir 200 pieds environ de hauteur ; elle est coupée plus
abruptement qu'au cap de la Hève, et dans le bas elle est
composée d'un grès à petits galets siliceux qui peut en faire
environ la quinzième partie. J'ai trouvé abondamment ici,
le Crithmum maritimum, et dans les environs, l’Æmmtr
majus.
À Honfleur , la falaise ne renferme plus de couches de
silex, elle s'abaisse à mesure qu’on approche de l'embouchure
de la Toucques, distante de 4 lieues; elle disparoît en quelque
sorte entièrement depuis Trouville-sur-mer jusqu’à une lieue
et demié de l'embouchure de la Dives.
J'ai trouvé très-abondamment sur la plage, un calcaire co-
quillier rougeâtre. La falaise reparoit insensiblement , et vis-
ä-vis les rochers qu’on nomme les /’aches noires, il y en a
une d'environ 150 pieds de haut , formée dans les deux tiers
inférieurs
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 225
inférieurs par une marne bleuâtre, qui renferme une grande
‘espèce d’huitre fossile, celle dite huitre en crête, d’autres pé-
trifications, et des indices de bois bituminisé; la craie forme
la partie supérieure de la falaise.
De Dives à Savenelles, ou Sallenelles, à l'embouchure de
l'Orne, on ne voit que des sables qui forment dans quelques
endroits des dunes. En remontant l'Orne, on observe sur la
rive gauche , à une demi-lieue au-dessus de Savenelles, des
carrières d’un calcaire grenu, souillé d'une terre jaune, disposé
ar couches horizontales, et qu’on exporte pour l'usage de
a bâtisse dans tout le pays environnant : cette roche est connue
sous le nom de pierre de construction de la rivière de Caen.
Je trouvai à Savenelles, dans les sables, le Carduus erto-
phorus, plante que j'ai souvent rencontrée dans les Alpes
et le Jura, à 4 ou 5oo-toises au-dessus de la mer.
Depuis le villäge de Gray, à l'embouchure de la Seule,
on ne voit reparoitre la falaise qu’à Tracy, village qui en ect
distant de 3 ou 4 lieuesouest-sud-ouest; elle peut avoir là environ
200 pieds d'élévation ; elle est formée par un grès bleuätre à
grains très-fins, passablement dur , renfermant des paillettes de
amica ; disposé par couches horizontales, et qui renferme ure
quantité prodigieuse de cornes d’Ammon, dont quelques-unes
sont très-grandes,
Toute cette côte est riche en Fucus et autres plantes marines,
Ce mème grès calcaire forme le fond du sol de Bayeux
à Littry, village situé à 2 lieues sud-ouest de cette ville. Littry
offre une houillère qui mérite bien de fixer l'attention d'un
voyageur-naturaliste. On commença à l'exploiter en 1741. On
y voit deux puits, dont le plus profond, dit /a Fosse 51.-
Georges, a 545 pieds de profondeur. Plusieurs galeries assez
étendues y aboutissent, puisqu'elles communiquent avec un
second puits distant de 20 à 25 minutes du premier. La puis-
sance de la couche de houille varie de quatre pieds et demi
d'épaisseur à neuf pieds ; elle repose sur un grès calcaire
brunâtre peu effervescent, et celui-ci sur une argile très-douce
au toucher, non attaquable par les acides. En creusant le
puits $%.-George, on trouva à 250 pieds du sol, une couche
d'un conglomérat primitif, dont j'ai vu des échantillons chez
M. Noel, directeur de la houillère. Il est composé de galets
siliceux d’un à deux pouces en général de diamètre, de rognons
de stéatite , avec des’ lames minces de charbon; le tout est
Tome LXIV. MARS an 1807. FE
226 JOURNAL DE PHYSIQUM, DE CHEMIE
cimenté par un grès plus fin qui ne fait pas effervescence avec
les acides. En fait de pétnifications , on n'a encore trouvé dans
la houillère de Litiry qu’une branche d’arbre où l'on voit la
trace des fibres ligneuses.
Le charbon de terre de Littry est en général chargé de
soufre, ce qui nuit à son emploi pour bien des sortes de
travaux. Celui de qualité supérieure , dit charbon-maréchal,
coûte jusqu'à 26 sous le boisseau pris sur les lieux, cette
mesure pesant 130 livres environ ; le charbon de qualité infé-
rieure, dit charbon de chaux , se vend de 17 à 15 sous le
boisseau.
L'eau d'un puisard de 18 pieds de profondeur, situé au |
bas de la fosse $z-. Georges, gèle à sa surface pendant l'hiver.
Je trouvai la température de ce lieu, le 5 vendémiaire an 12,
à + 12,8 du thermomètre de Deluc, tandis qu’au dehors de
la houillère, il marquoit + 17,6. — L'eau de ce puisard est
fortement acide.
La Vire, rivière qui se jette dans la mer non loin d’Isigny,
forme à son embouchure un attérissement de sable considé-
rable. Les voyageurs traversent ce banc, dit le passage du Grand-
V'ay, à basse mer, à cheval, pour le prix modique de 20 sous
par personne. Ici, nulle apparence de falaises, mais à Vierville,
ourg situé sur la rive gauche de la rivière, et non loin de son
embouchure, on en aperçoit quelques vestiges, qui disparois-
sent bientôt et font place aux sables et aux dunes qui s'étendent
jusqu’à Ravenoville, à 3 lieues nord-nord-ouest plus loin. On
trouve pendant tout ce trajet une quantité immense de co-
quillages qu’on ramasse en tas sur la côte, pour les vendre
aux cultivateurs qui les emploient à chauler les prés. On ramasse
encore dans le même but, la Zostera marina qui couvre le
rivage. 4
Quant à la nature des rudimens de la falaise qu'on aperçoit
à Vierville, on y voit du grès disposé par couches horizontales
alternant avec des couches d'argile; les unes et les autres renfer-
mant beaucoup de pétrifications, particulièrement des gryphites
et des ammites.
On ne voit guère d'arbres dans cette partie de Ja côte, qu'à
plus d’une demi-lieue dans l’intérieur des terres.
A Ravenoville, bourg situé à la hauteur des îles de St.-
Marcouf , on entre tout-à-coup dans le terrein primitif. C'est
une belle espèce de pétrosilex écailleux rougeâtre, qui forme
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 227
ici le passage du terrein primitif de la presqu'ile de Cherbourg
avec le! terrein calcaire coquillier du pays environnant. Le pé-
trosilex est mat, sa cassure écailleuse , à petites écailles, Les
fragmens à bords aigus; il est aigre et. cassant. On le trouve
en masse ou morceaux arrondis qui sortent de la surface
du sol. On le voit bien à découvert sur le penchant des collines
qui se rendent à la mer en s’abaissant par une pente insensible,
particulièrement dans l'endroit dit les landes de Quineville,
où l’on a ouvert des carrières. C’est avec cette roche que sont
construits différens forts du côté de la Hougue, et toutes les :
inaisons des villages voisins.
Il est probable que les iles de St.-Marcouf, qui se trouvent
.sur cette ligne, offrent une constitution semblable, puisque
les côtes correspondantes d'Angleterre, dans la principauté
de Galles, sont également de même nature, ensorte qu'on
ne peut guère douter, comme le remarque M. Delamétherie (1),
que le granit ne s’étende très-loin dans le sein de la mér, des
deux côtés de la Manche : et si cette mer venoit un jour à se
dessécher, on retrouveroit peut-étre le prolongement de la
chaîne granilique d’une de ces contrées à l’autre : au moins
ne seroient-elles séparées que par quelques plaines de terreins
secondaires, comme le sont, par exemple, les granits de la
Bretagne et du ci-devant Limousin.
Ravenoville est peut-être l'endroit le plus au nord de la
France , où l'on fasse le sel marin en imitant jusqu'à un
certain point le procédé des marais salins. Voici comment on
s'y prend : On a de petits bâtimens situés à quelque distance
du bord de la mer, et non loin desquels on a creusé dans le
sable des fosses circulaires qui se remplissent d’eau salée lors
de la marée haute. Après que cette eau a séjourné quelque
1emps dans ces fosses, et qu'elle y a acquis un certain degré
de saturation par le fait de l’évaporation, on la fait passer
par des canaux dans un grand réservoir situé dans le bâtiment.
On prend alors cette eau pour la faire évaporer à un feu très-
doux dans des chaudières en plomb qui ont deux pieds et demi
carrés de surface, sur 2 à 3 pouces de profondeur. On retire
par ce procédé jusqu'à 360 livres de beau sel blanc dans l’es-
pace de 24 heures : un boisseau pesant 52 livres, se vend
de cinquante à soixante sous.
(x) Théorie de la Terre, tom. IV, $ 1158.
E Fa
228 TOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Les falaises ne reparoiïssent point jusqu'au fort de la Hougue.,
où je fus obligé de renoncer au projet que j'avois formé de
doubler le cap de Barfleur, pour y voir le véritable granit en
place. Un événement fort désagréable , mais qu’il est inutile
de raconter, me força de me rendre directement à Valogne.
Pendant cette route je ne cessai de rencontrer le schiste ar-
gileux , qui forme en avançant dans les terres, une suite de
monticules boisés qui s’abaissent les uns sur les autres en
s’approchant de la mer.
À St.-Vaast, j'y trouvai la Sa/sola fruticosa, et du côté de
Valogne, très-abondamment, /Ulex europæus qu'on ensemence
pour le brüler ensuite sur place afin d'engraisser le terrein; /’Ileæ
aquifolium , le Cralcægus oxy acantha sous forme d'arbres en plu-
sieurs endroits , le Blechnum spicant..... On mange dans
toute la presqu'ile, de grosses figues rouges très-bonnes, ce qui me
paroit prouver qu'on ÿ jouit d'une température douce en hiver.
De Valogne à Cherbourg, le pays est tout boisé, le sol, de
couleur rougeâtre. Cette dernière ville est bâtie sur un fond
de stéatite lamelleuse d’un verd-clair, très-onctueuse au toucher,
à lames plus ou moins courbes, composées dans quelques en-
droits de pièces séparées, qui sont grenues à gros grains; la
raclure est d’un gris verdâtre ; elle est peu diflicile à casser.
C'est dans cette roche que l’on creuse pour la construction
des nouveaux bassins du port.
La stéatite lamelleuse grenue, se rencontre particulièrement
du côté de Bretteville , à une lieue nord-nord-est de Cherbourg.
Cette même roche stéatiteuse renferme de gros rognons de
véritable granit, ainsi que des filons de quartz.
La montagne dx Roule, située à cinq minutes sud-sud-est
de Cherbourg, doit être plutôt considérée comme constituant
la falaise. Elle est coupée abruptement du côté de la ville où
elle peut avoir environ 40 toises de hauteur. Elle est formée
par une espèce de pétrosilex mat, à cassure écailleuse, de
couleur tantôt rougeâtre et tantôt blanchâtre, assez semblable:
à celui de Ravenoville, mais disposé évidemment en couches
de plusieurs pieds d'épaisseur chacune , qui courent toutes dans la
direction du sud-sud-est au nord-nord-ouest. On trouve de temps
en temps, erichâssés dans ce pétrosilex, des cristaux de quartz.
On exploite cette roche pour les travaux du port; on la fait
sauter par gros quartiers avec la poudre. |
On rencontre très-peu de plantes maritimes dans les environs:
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 220
de Cherbourg, mais en revanche, les bords de la mer sont
extrémement riches en plantes marines de toutes espèces. J'ai
trouvé assez communément du côté de Tourrelaville le cozy-
ledon umbilicus.
Le sol du pays compris entre Cherbourg et St.-Lô , commu:
nément appelé la Normandie pouilleuse , est d’une nature
variable , tantôt presque uniquement propre à la culture du
blé noir, tantôt comme du côté de Carentan, consistant essen-
tiellement en pâturages.
En se dirigeant de St.-Lo à Aulnay, et delà sur Falaise,
on traverse cette autre partie de la Normandie, à laquelle on
donne le nom de Bocage. En eflet, ce pays offre plusieurs
sites fort agréables. Il est montueux et boisé, mais ce ne
sont pas en général des bois de futaie. La direction la plus
ordinaire de ces petites montagnes est du sud au nord où
elles s’abaissent par degrés insensibles jusqu'à la mer : elles
sont rangées parallèlement les unes aux autres, et le fond des
vallées qu’elles forment, est arrosé par différentes rivières ,
telles que la Drôme, la Seule, l'Odon, l'Orne, la Dive....….
qui viennent toutes se jeter dans la mer. Leur élévation n'est
pas très considérable. La roche qui les compose est un schiste
argileux micacé qu’on obsérye très-bien en place à St.-Jean-
des-Baïsants, à Caumont, Aulnay, dans le val d'Harcourt.....
Il ne fait point effervescence avec les acides, et ne renferme
pas de corps organiques; dans quelques endroits il passe à
la véritable ardoise, et l’on s'en sert pour couvrir les toits des
maisons. On trouve cependant ‘en place, du côté de Villers,
dans le district de Caen, un calcaire grenu qui contient une
quantité prodigieuse de bélemnites.
On sème sur le penchant de ces monticules, du froment
et du blé noir. Le terrein cultivé est entrecoupé par des lan-
des, dont la plante qui les forme (Ulex europœus) est em-
ployée pour la nourriture des bestiaux. La Drgitalis purpu-
rea , l'Ilex aquifolium..... sont des plantes fort communes
dans ces contrées.
Le pays qui se trouve sur la rive droite de l'Orne commence
à différer sensiblement de celui qui est sur la rive gauche. Ce
ne sont plus de petites montagnes peu distantes les unes des
autres, et séparées par des vallons étroits, les plateaux qui cou-
ronnent ces derniers sont beaucoup plus étendus, et bientôt
250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
l'on se trouve entièrement dans la plaine. La culture change
aussi avec l'aspect du pays, et le froment mélangé avec l'avoine
et le seigle, remplace Île sarrazin. On n'observe plus /'U/ecc
europæus que de loin en loin ; il n'est pas employé pour la
nourriture des bestiaux, on se contente de le brûler. Il est
connu sous le nom de Fionon.
À Ussy, bourg à 3 lieues nord-nord-ouest de Falaise, on voit en
place le calcaire stratiforme; on l’exploite méme eu plusieurs
endroits pour en faire de la chaux. — Le cours de l'Orne
paroît donc limiter deux genres de terrein différens : sur la
rive gauche on y trouve le schiste argileux micacé, et sur la
rive droite, le calcaire. En poussant ces considérations plus
Join, on pourroit dire que le schiste argileux de la partie de
la Normandie dite le Bocage, forme le terrein de transition
poùr artiver au primitif, qui constitue au nord-nord-ouest la
Partie {a plus avancée de la presqu'ile de Cherbourg.
À Verneuil, on retrouve les rognons de silex dans la craie,
On commerce aussi à apercevoir quelques yignobles. Sur ce
point, la ligne tracée, par Arthur-Young me paroit très-exacte,
On voit donc , 1° que le pays où l’on trouve en France
le sol crayeux ‘avec les rognons de silex, s'étend dans la
direction du sud-est au nord-ouest, qu'il est assez exactement
renfermé dans l'espace compris entre la Seine etla Lys, à leur
embouchure, c’est-à-dire qu'il occupe environ 6o lieues en
largeur sur 70 lieues en longueur; 2° que c’est dans ce genre
de terrein que se rencontrent les plus hautes falaises, parmi
celles au moins qu’on voit depuis St.-Valery-sur-Somme jusqu'à
Cherbourg. C'est ce que nous allons montrer d'une manière
plus exacte,
"IN8 MpMiSPoOtRE NATURELLE.
né mn 2e =
Braumonr-sur-Oise.
AXNIIENS.
FrixrcourT.
de la Falaise.)
Tr£éPorT, (Hauteur de la
Falaise.)
ETRETAT. (Hauteur de la
Falaise.)
Car DE LA Hive.(Hauteur
de la Falaise.)
HoxrLeur. (Hauteur de la
Falaise. >
Caumoxr.
CAHAGNESs.
AULNAY.
HarcoURT.
DÉNOMINATIONS. | sxruarion TOPOGRAPHIQUE.
Département de l'Oise.
Ville. — Arrondissemeut di
Pontoise, canton, de J’Ile-
Adam.
F Départem!de la Somme.
| —Chef-lieu de département
et de canton.
Village: — Arrondissement
.[d’Amiens, canton de Picqui-
’ guy-
Bourg n'AuLrT. (Hauteur| Bourg. — Arrondissement
DE da mb mt ad
millièmes de
Saivant
Deluc.
Suivant
Frembley.
‘Abbeville, chef-lieu de can
ton, entre l'embouchure du
Halbe et celle: dela Bresle.
Département de la Seine-
Inférieure.
Village. — Arrondissement
de Dieppe, canton d'Eu, près
l'embouchure de la Bresle.
A une demi-lieue N. N.-0.
du Hâvre.
Départem!t du Calvados.
Ville et port de mer. — Ar
rondissement de Pont-l'Evêq-
chef-lieu de canton.
Village. = Arrondissement
de Falaise, canton de Thury-
Harcourt.
Village. — Arrondissement
de Vire, canton d'Aulnay.
Bourg. — Arrondissement
de Vire, chef-lieu de canton
près l’Odon.
Bourg. — Arrondissement
de Falaise, chef-lieu de canton.
toïse |
au-dessüs de la mer |
232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
$S IL
Hauteurs déterminées pendant un voyage fait dans la
cr-desant province d'Auvergne.
Les observations suivantes furent recueillies dans le cours
d'un voyage que je fis au printemps de l’année 1082, avec
M. Léopold de Buch , célèbre minéralogiste prussien, et
M. À. Jurine mon ami. Nous partimes de Genève dans l'in-
tention de visiter la chaîne des monts Dôme et des monts
d'Or; nous traversämes, pour nous y rendre, les ci-devant
provinces du Bugey, de la Bresse, du Lyonnois et du Forez,
et nous revinmes à notre point de départ par le Dauphiné.
Comme toutes ces contrées, particulièrement celle qui est la
plus intéressante de toutes, et qui est renfermée presqu’en
entier dans le cercle qui forme aujourd’hui le département
du Puy-de-Dôme, ont été parcourues avec soin par un grand
nombre d'habiles minéralogistes, j'aurai très-peu de chose à
dire sur ce qui concerne la constitution physique de ces pays.
Je me bornerai donc en quelque sorte à donner les hauteurs
des différens points que nous déterminâmes. Nous nous ser-
vimes d’un baromètre trempé , passablement exact, qui appar-
tenoit à M. de Buch. C’est lui-même qui a calculé la plupart
de ces observations, et seulement d’après la formule simple (1),
c’est-à-dire la seule différence des logarithmes des nombres
qui expriment les hauteurs du baromètre. dans les deux sta-
tions; mais comme je n'ai plus entre les mains les élémens
de ces observations , il m'eût été impossible, quand j'en aurois
eu le temps, de les calculer d'après quelque autre formule.
Nous ne‘mimes pas d’ailleurs à les faire toute la rigueur qu’il
est possible d'y apporter ; c'est pourquoi je crois ne devoir
les donner encore que comme des résulrats géologiques , ainsi
que je l'ai fait dans le paragraphe précédent.
Il seroït diflicile d'ajouter quelque chose à ce que dit M. de
”, sur la route de Genève à Lyon, dans les voyages
FF
(1) Quoique la correction de température, relative à la dilatation de l'air,
soit indispensable pour mesurer des différences de niveau, dans le même
pays et dans le même temps, il n’est cependant pas sûr qu’on doiye l’em-
ployer lorsqu'on compare des pays tres-éloignés les uns des autres, et que
lon prend la moyenne entre un grand nombre d'observations. (Astron,
phys , par J.-B. Biot, tom. I, pag. 145.)
aux
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 233:
aux Alpes. (Voyez tome IT, chapitre XVII, et tom. VI,
chap. XL, édit. in-8°). — J'insisterai seulement un peu plus
qu’il ne l’a fait sur quelques lieux de la route où l'on rencontre des
cailloux ou des blocs de roches primitives. En suivant de
plus ou moins près le cours du Rhône depuis Genève , on
en voit aux villages de Confignon , de la petite Grave.....
où ils reposent sur un fond de grès tendre dit mo/lasse; à
Chancy, où nous trouvämes sur les bords du Rhône nn granit
à feldspath rougeätre; dans le lit même de /a Zoxdon, petite
rivière qui went du Jura, et se jette dans le Rhône, on y
voit plusieurs cailloux de serpentine renfermant des grenats
d'un assez gros volume. Mais c'est surtout dans un fond
marécageux situé au- dessous du village de Povgry, quon
rencontre en grande quantité des roches composées primitives,
les unes à base de diailage et de jade , d'autres de jade presque
pur , de pétrosilex compacte..... Non loin de la perte du
Rhône , près du village de Vanchy, les cailloux primitifs s’aper-
çoivent encore, ils deviennent beaucoup plus rares ensuite du
côté de Chatillon dans le Bugey ; cependant j'ai vu des blocs
SUR sur cette route, à une demi-lieue du petit lac de
Syañt ou Sylant, qui sans doute n'en formoit qu’un autrefois
avec celui de Nantua, situé à Go toises environ au-dessous de
lui. Tout nous porte méme à croire, comme le remarque
M. de Saussure (1), que ce dernier lac s'étendoit beaucoup plus
loin au sud-ouest, qu'il occupoit ces grandes prairies horizon-
tales qu'on y remarque, dont le terrein est composé de cailloux
arrondis, la plupart calcaires.
Depuis ici, on ne rencontre plus guère de cailloux primitifs
avant la fin du Jura, entre Ponçin et Pont-d’Ain ; dès-lors
paroïissent les cailloux de quartz en quantité considérable ,
quelques blocs de gneiss dans les environs du village de Priay;
ensuite, suivant l'observation de M. de Saussure (2), on arrive
à Lyon au travers des villages de St.-Jean-le-Vieux, Ambronay,
St.-Denis, Meximieux, Mont-Luel, Mirebel, dans des plaines
couvertes de cailloux, et souvent en si grande quaniié qu'ils
empéchent la culture des terres. Les quartz, ou les grès durs
(x) Voyages aux Alpes, 6 1650.
(2) ibid. 6 1645.
Tome LXIV. MARS an 1807. G£g
25% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
quartzeux , sont l'espèce dominante. On y voit cependant, et
jajoute fréquemment , des cailloux des Alpes, comme des
schistes micacés, des schistes de hornblende, des serpentines.
Cependant lorsqu'on traverse le lit de quelque torrent ou de
quelque rivière qui vient des montagnes voisines, les pierres
calcaires y dominent toujours.
L’accumulation de ces galets ici n’a rien d’extraordinaire;
c’est un fait qu'on rencontre presque toujours dans les plaines
près de l'embouchure des grands fleuves, et s'ils prennent leur
origine dans des montagnes primitives, il n'est pas étonnant
qu'ils y transportent des pierres du mênre genre.
Quant aux gros blocs de roches primitives, il faut croire
qu'ils sont contemporains avec ceux du Jura, du Mont-
Salève, ..... etqu'ils ont été transportés dans les lieux où on
les trouve , à l'époque de la grande débâcle.
Entre le lac de Sylant et Châtillon , à une lieue environ
de ce bourg, on voit sur la rive gauche de la Sémine, petite
rivière qui va se jeter dans celle de Fa/serine, un peu plus
bas que Châtillon , une assez belle source d'eau, connue sous le
nom d’Entrebilliet. Le 1 avril, je trouvai la température de
cette source à + 7°,5 du thermomètre de Deluc, et celle de
l'air libre à +-6°,5. La hauteur du lieu, d'après une observa-
tion barométrique , s’est trouvée étre de 241 toises au dessus
de la mer. 7
A Varambon, village situé sur le bord de l'Ain, près du
Pont-d'Ain, je vis sourdre l’eau de terre, j'en estimai la tem-
pérature, qui se trouva être à +9° du thermomètre de Deluc,
et celle de l’air libre, à + 12°. La hauteur de ce lieu peut
étre d'environ 140 toises au-dessus de la mer.
Ces deux observations sont assez bien d'accord avec la loi
établie empiriquement par M. de Saussure, sur la diminution de
la chaleur de l'air, à raison d’un degré environ (thermomètre
de Deluc) par cent toises d’élévation.
De Châtillon à Nantua, on trouve une quantité prodigieuse
de buis (Buœus sempervirens). Tout le pays, à l'exception
de la sommité des montagnes, qui est couronnée de pins,
est couvert de cet arbrisseau, qui y a pris par son exposition
locale qui est fort chaude, un accroissement considérable comme.
dans la Campanie et l'Orient.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 535:
C'est à Cerdon que l'on retrouve pour la première fois la
vigne sur la route, depuis les environs de la perte du Rhône (1).
On en voit une plantation qui s'étend depuis le haut de la
montagne, qui a 378 pieds d'élévation au-dessus du lac de
Genève, jusqu'au bas de la descente sur le grand chemin,
dont l’abaissement est de 180 pieds au-dessous du même lac.
Entre Meximieux et Mont-Luel, je trouvai en grande abon-
dance le Plantago psyllium , plante qui ne croît dans les
environs de Genève que dans des lieux secs et arides, comme
à la colline de la Bâtie, sur les rochers du Petit-Salève au-
dessus de l'hermitage, c'est-à-dire dans un site qui a 208a
pieds d’élévation au dessus de Meximieux. ;
* Quant à l'intérét que peut offrir pour un'minéralogiste-
géologue la situation de la ville de Lyon, on peut voir ce
qu’en dit M. de Saussure dans ses Voyages aux Alpes, $$ 6or
et 1644.
Si lorsqu'on va en Auvergne depuis Lyon, .on. tire directe-
ment à l’ouest, en traversant, ainsi, le Lyonnais et le. Forez,
on se trouve toujours dans. le terrein primitif, soit que l'on
arrive dans la Limagne par Feurs, Boen, 1 Hopital, "Thiers,
soit qu'on s'y rende depuis Feurs, par St.-Germain-le-\'al, Si.-
Polgue, Roanne, Si.-Just ea Chevalet, Thiers. On sait que
la Linagne, cette belle partie du sol de la France, a essen-
tiellement pour base un plateau granitique : on sait aussi que
c'est le meme genre de terrein que: l'on rencontre.en descen-
dant le Rhône depuis Lyon, du côté de Vienne et de Tournon:
le mème ecore se présente lorsqu'on va dans le: Beaujolois
par T'arare, Thizi, la Clate; ..... d'où l'on voit, par l'éteudue
considérab'e qu'occupe ce genre de terrein dans ces contrées,
que le centre detoutes ces différentes chaînes ne doit pas être
fort éloigné d'ici, et que ce n’est pas sans fondement que
M. Delamétherie le place dans les Cévennes, qu'il regarde
»
(1) On sait tout le parti qu’Arthur-Young a su tirer d'observations très-
exactes sur la localité de certaines plantes cultivées , au nombre desquelles
se trouve la vigne. C’est pour suivre ces vues de physique végétale, que je
ne craindrai pas d’insister sur le même sujet lorsque l’occasion s’en présentera.
| Gge
236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
comme l'un des centres principaux des montagnes primitives
de la France (1).
Entrons dans quelques détails sur la route de Lyon à Thiers.
Après le village du Petit-St.- Jean , situé à une lieue ouest
de Lyon , on traverse l’Izeron, rivière qui se forme de
la réunion d'une foulé de ruisseaux qui découlent du revers
oriental de la chaîé des montagnes du Lyonnois, et qui va
se jeter dans le Rhône, à deux lièues énviron au-dessous de
Lyon. On arrive ensuite après trois bonnes heures de marche,
à Grézieux-la-Varenné , bourg situé au pied de la montagne
dé St.-Bonnet-le-Froid. On rencontre sur cette route du
schiste micacé brunâtré, plusieurs gros blocs de gneiss; mais
à Grézieux , on voit cette dernière roche en place. Le gneiss
est ondulé, de couleur trougeâtre , évidemment stratifié, les
couches courant sensiblement de l'est à l'ouest où elles se
relèvent. En se décomposant il forme un sable grossier de
méme couleur que lui, qu’on emploie à la réparation de la
route. Telle est la roche qui compose la montagne de St.-
Bônnet ; elle est entrecoupée par des couches ou filons d'autres
*oches, surtout de quartz blanc , de hornblende schisteuse, qui
prend üne apparence ‘porphyrique sur le revers ocoidental de la
montagne, particulièrement entreles villages de Coursieux et de
Ste.-Foy-l’Argentière. Ce dernier village, qui renferme de la
houille dans l’étendue de son district, est situé dans un fond
où coule la Bréverrne, petite rivière qui se jette dans l’Azergue,
et ensuite avec ‘cètte dernière dans la Saône, près de Trévoux.
Entre Ste.-Foyl'Argentière et Fenouil, village placé sur la
hauteur, à ‘une demi-lieue plus loin à l'est, on rencontre à
la surface du $ol plusieurs morceaux de calcédoine roulés,
de petites géodes quartzeuses; ..... mais à Fenouil, on entre
dans une roche porphyrique, tour-à-tour à base de feldspath,
de siénite ét d'argile endurcie ( felpspath-porphyr) |(siénit-
Porphyr) (thon-porphyr}), dont les couches en retraite les
unes sur les autres dans plusieurs endroits, affectent le mode
de division des roches £rapéennes. Cette roche porphyrique
renferme, à la sortie du village de Fenouil, un filon de baryte
sulfatée. Telle est la constitution du pays jusqu’à St. - Martin-
l'Estra , village situé à 2 petites lieues est de Feurs , et qu’on
peut considérer comme le lieu où vient se perdre le rameau
primitif qui forme la chaine des montagnes du Lyonnois.
(1) Théorie de la Terre, tom. IV, & 1156.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 237
Néanmoins il se prolonge un peu au-delà jusqu’au château de
Sailendouzy , qui en est distant de trois quarts de lieue à l’ouest,
et où j'ai trouvé une roche qui se rapproche beaucoup du vé-
ritable granit.
On jouit depuis St.-Martin-l'Estra, d'une superbe vue,
La chaîne des puys ou monts Dôme, se déploie toute entière
à vos regards, tandis qu'au-dessous de vos pieds, vous voyez
couler lentement la Loire dans une vaste plaine, dont je dirai
un mot plus bas.
Il est très-probable que la formation de toutes ces roches
primitives qui constituent cette chaîne du Lyonnois, se rattache
à celle du granit qu’on trouve dans les murs de la ville
de Lyon, lequel est sans doute la continuation de celui qu'on
trouve sur la rive gauche du Rhône, du côté de Vienne ,
Tain , Tournon; ..... dès-lors, son gisemnent considéré, sous
le point de vue de la succession des roches, n'offre rien de
particulier , puisqu'on lui voit superposés le gneiss, et les autres
roches primitives dont j'ai fait mention.
L'aspect de tout ce pays est infiniment agréable; partout
il y a abondance d’eau, ce qui ne contribue pas peu à la ferti-
lité. Les montagues qui le forment sont par fois cultivées jus-
qu’au sommet ; dans le cas contraire, leur cime est couronnée
par une forêt de pins (Prnus sylrestris), dont la noirceur
du feuillage contraste agréablement avec la verdure des prairies
qui sont au-dessous.
Parmi la petite quantité de plantes que je remarquai à l’époque
où je visitois ces lieux, je ne dois pas oublier de faire men-
tion du Spartium scoparium que je vis pour la première fois
sur ma route, en grande abondance, sur la montagne de St.-
Bonnet. ;
- Dans le nombre des arbres fruitiers qui entouroient les ha-
bitations , j’y distinguai quelques pieds de châtaigniers, mais
tous chétifs et peu élevés, ce qui tient, je crois, à ce que
cet arbre a besoin d’être abrité pour prospérer.
Sur le revers de la montagne de St.-Bonnet, du côté de
Coursieux , on aperçoit de belles plantations de vignes par-
faitement bien entretenues, et dans le fond de la vallée, de
fort beaux noyers. Ce n'est pas le seul endroit où j'aje vu
réussir la vigne là où croissoit le noyer, et réciproquement.
238 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Je crois qu'en général le degré moyen de chaleur dont ils
ont besoin l'un et l’autre pour réussir, est à-peu-près le même,
ce qui fait qu'on doit les voir souvent liés l'un à l'autre. Ce
rapport mérite d'être suivi.
Le Houx (//ex aquifolium) se trouve communément dans
ces montagnes du Lyonnois, au milieu des pins : je l'ai vu
à l'état d’un arbre qui avoit jusqu’à dix pieds de hauteur ;
dans ces cas-là , les feuilles du haut étoient absolument privées
d'épines , tandis que celles du bas en étoient garnies comme
à la coutume.
La plaine du Forez où l'on arrive en quittant St. - Martin-
l'Estra pour aller à Feurs, a quatre lieues carrées au
moins détendue; elle est couverte d'une multitude d’étangs,
et on ne peut douter qu'elle n’ait formé autrefois un grand
lac auquel, d’après l'état actuel des lieux, on pourroit assigner
à-peu-près pour limites, au nord-est Feurs, au sud-est $t.-
Galmier , Mont-Verdun au nord-ouest, et Mont-Brison au
sud-ouest. Cette plaine se trouve barrée au nord-ouest, par
la chaine des montagnes de Thiers où le Lignon prend sa
source. Cette rivière, après 7 lieues de cours, vient se jeter
dans la Loire près de Feurs. C'est dans cette plaine que se
trouve le Mont-Uzore, montagne basaltique au sujet de laquelle
j'ai publié une notice dans Le Journal de Physique, pour le mois
de Thermidor an XI.
La hauteur d: la plaine du Forez est de 175 piedsau-dessous
de celle de la Zimagne, plaine bien autrement fertile, et dont
elle est séparée à l’ouest nord ouest par la chaîne des montagnes
de Thiers. Le sol est manifestement formé par la décomposi-
tion de roches primitives. Au reste, ce genre de terrein paroît
parfaitement bien convenir au froment. Une seule espèce de
mauvaise herbe infeste tous les champs, mais elle y est répan-
due en très-grande abondance, particulièrement sur les terreins
en jachère, c'est le Rumex acetosella. Au surplus, les
moutons qu'on y met parquer en profitent; c'est peut-être parce
qu'ils préférent cette plante à d’autres, que Zabernæmontanus
lui avoit donné le nom d’Oxalis ovina.
Une autre plante que je rencontrai pour la première fois
sur ma route, dans les terreins incultes des environs de Feurs,
fut le landier d'Europe ( Ulex Europæus), qu’on ne voit pornt
dans toute la Suisse, quoiqu'il habite néanmoins des pays bien
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239
plus au nord ; comme le Danemarck , l'Angleterre......
Peut-être pour certaines plantes , l'élément de la nature du sol
a-t-il sur la détermination de la localité, une influence encore
plus grande que celui de la chaleur.
Les étangs qu'on voit répandus en si grand nombre sur
cette plaine, sont très-poissonneux. Les espèces de poissons
qu'on y trouve, sont la carpe (Cyprinus carpio ), la tanche
(Cyprinus tinca), et le brochet (Esox lucius ).
Si de Feurs nous nous rendons à Thiers par Roannes, en
faisant ainsi un détour pour mieux étudier le pays, nous sui-
vrons , après avoir traversé la Loire, le cours du Lignon pen-
dant quelque temps, nous le traverserons bientôt pour arriver
à Ste.-Foi-en-Bufly, parmi des landes garnies d’arbres
résineux (Pinus sylvestris) ; de là jusqu'à St. -Germain-le- Val
il y a deux lieues : avant d'être à ce bourg, on passe sur un
pont, la rivière d'Aix, dont la source et la direction sont
les mêmes que celles du Lignon, et qui, grossie des eaux
de l’Ysable, vient se jeter dans la Loire. St.-Germain-le-Val
se trouve sur la hauteur, et c'est ici que commence la montée
de cette partie de la chaine qui sépare Roanne de Feurs. Aussitôt
après avoir passé l’Aix, on trouve sur la route qui conduit à
St.-Germain, un superbe porphyre à feldspath rougeätre, qu'on
exploite ; il présente du côté de St.-Julien, des escarpemens
où les couches ont bien le caractère d’être en retraite les unes
sur les autres. La route descend ensuite proche le village de
Souternon , où l’on passe un ruisseau appelé la Palouse, qui
se jette dans l’Ysable, que nous remontons en suivant de plus
ou moins près le cours jusqu'au sommet du passage où se
trouve le bourg de St.-Pologue. Après Souternon, le porphyre
change d'apparence et de nature ; c’est une pâte argileuse noi-
râtre, où se trouvént noyés de petits cristaux de feldspath
blanc et de mica. Cette roche s'étend jusqu’à St.-Polgue, où
nous rentrons dans le porphyre qui ne nous quitte plus jus-
qu'à Roanne. Peut-être la dénomination de grauwachke con-
viendroit-elle mieux à la roche de St.-Polgue que celle de
porphyre. Nous vimes sur la grande route, à trois lieues de
Roanne, qu'on construisoit les maisons avec une superbe cal-
cédoine. Les maisons et les murs qui entourent cette ville,
sont bâtis avec des porphyres de toutes espèces, dont quelques-
unes offrent de très-beaux cristaux de feldspath.
240 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Sur le revers de la montagne, à un quart de lieue au-
dessous de St.-Polgue, on voit une plantation de vignes.
De Roanne à Villemontois, l'on se trouve toujours en plaine;
mais ici l'on commence à monter une côte sur les penchans
de laquelle on cultive la vigne. Le porphyre se voit toujours
sur la route. La pente de la côte devenant plus roide à mesure
qu'on s'élève, la vigne disparoït , elle est remplacée par les
pins qui alternent ensuite avec les bouleaux blancs. A une
lieue environ au-dessus de St.-Justen-Chevalet, près du ha-
meau d’Ærconsat, point le plus élevé de la chaîne, on entre
dans une espèce de granit dont la contexture est à la fois
grenue et porphyrique, le feldspath se trouvant en cristaux
très-gros. On suit cette roche avec peu de modifications, Jus-
qu'à Thiers, dont l'abord est très-pittoresque. C’est du baut
de ce passage, que l'on jouit de la vue la plus étendue de
Ja chaîne des Puys et que l'on peut bien s’en faire une juste
idée. L'aspect de la riche ét fertile plaine d'Auvergne qu'on
a sous les pieds, vient compléter ce beau tableau.
En allant à Thiers depuis Feurs, par Boen, l'Hopital, etc. ,
on abrége beaucoup. Cette route, qui n’est pas moins intéres-
sante que l’autre , est bien plus agréable. On suit les bords
du Lignon dont on remonte le cours. Le pays entre Noire-
Table et l’Hopital, est tont-à-fait sauvage et pittoresque. La
route est taillée dans quelques endroits en corniche à plus
de 100 pieds au-dessus du lit de la rivière qui roule avec
bruit ses eaux au milieu de gros blocs d'une belle roche por-
phyrique qui se rapproche beaucoup du granit. On ne trouve
pas de vignobles jusqu’à Thiers au-dessus du village de St.
Julien , à 261 toises au-dessus de la mer.
De Noire-Table, on vient à Thiers dans 2 heures et demie
3 heures, mais sans s'élever à beaucoup près autant que par
l'autre route; on est toujours dans le porphyre à base de
feldspath, celui des environs de Noire-T'able mérite surtout
de fixer l'attention du minéralogiste par sa beauté.
On va facilement de Thiers à Clermont dans une demi-
journée. On passe sur un bac /a Dore, presqu’à la sortie
de Thiers ; puis, au Pont-du-Château, on traverse /'{lier,,
qui limite en quelque sorte de ce côté-là l'étendue du terrein
volcanique : aussi le sol prend-il une couleur plus foncée. Il
en
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 24t
en est des roches volcaniques comme des roches calcaires,
leur porosité , laissant les .eaux s'infiltrer, permet à celles-ci
de se rassembler et de former au bas des montagnes ces belles
sources si communes en Auvergne, qui portent partout avec
elles l'abondance dans le pays qu’elles arrosent. Le sol aussi,
à raison de sa couleur noire , absorbant une plus grande quan-
tité de chaleur solaire, contribue sans doute encore à la ferti-
lité. Les beaux noyers qui bordent la route jusqu'à Clermont,
s'associent évidemment ici avec la culture de la vigne, et
prouvent ce que j'ai avancé plus haut à ce sujet.
Après tout ce qu'on a écrit sur l'Auvergne, il seroit dé-
raisonnable à moi d'entrer dans des détails qui seroient toujours
fort au-dessous de ce qui a été dit. Seulement, pour suivre
au plan que j'ai annoncé, d'indiquer la route que j'ai tenue,
en disant un mot de l'état physique des lieux que j'ai parcou-
rus et dont j'ai déterminé les hauteurs, je ne saurois mieux
faire que de renvoyer à la lecture d’une lettre qu'écrivit à ce
sujet M. de Buch, mon compagnon de voyage, à M. M.-A.
Pictet, et qui a été imprimée dans le N° 158 de la Bibl, brit.
Elle sera suflisante pour le but que je me suis proposé.
Je me transporte alors à mon retour de Lyon à Genève par
la route du Dauphiné jusqu’au pont de Beauvoisin.
De Lyon à la Verpillière, première poste sur cette route,
on ne voit qu'une vaste plaine à froment, complètement nue,
à l'exception de quelques müriers qui bordent la route : le
fond de cette plaine est couvert de galets disposés par lits,
la plupart calcaires et de cailloux de quartz. Il est probable
que tout ceci a fait autrefois partie du fond de quelque grand
lac..... Entre la f’erpillière et Bourgoin, le pays devient
plus boisé , on commence à s’apercevoir aussi que le sol
s'élève un peu. En effet, entre /& Tour-du-Pin et Lyon, qui
sont distans de 12 lieues, la différence de niveau est de 410
pieds. On voit à une lieue environ en avant de Bourgoin,
quelques plantations de vignes “des noyers, des châtaigniers ;
on y rencontre aussi les premières roches en place. Elles sont
calcaires et coquillères ; on en fait de la chaux ; c'est avec
elles que sont bâties les maisons de la ville de Bourgoin.
Les couches de cette pierre sont minces et horizontales suivant
l'observation de M. de Saussure. Ce savant nousapprend qu'ayant
fait une excursion dans les granits à l'est de Vienne, dans le
but de rechercher le lieu de jonction du terrain granitique ۑ
Tome LXIV. MARS an 1807. H h
242 ‘JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
du terrein calcaire, il ne put point l’atteindre, parce qu'il est
rare, ajoute-t-1l, qu'on puisse voir ces jonctions dans les pays
de plaines et de basses montagnes; presque toujours ces rochers
sont plus tendres vers leur limites; l’air et l’eau les décompo-
sent, les corrodent , et les vides, nés de cette destruction,
se comblent de terre, de débris, et cachent ainsi leurs jonc-
tions (1). Quant à moi, il me semble que si le rameau gra-
nitique qu'on voit sur la rive gauche du Rhôñe, part en effet
des Cévennes , et qu'il vienne à se courber tout-à coup à l’ouest
du côté de Lyon, pour former en traversant le Rhône, la
chaine du Lyonnois, il n’est pas étonnant qu'on ne rencontre
point de vestiges de granit fort loin à l’est de Vienne.
La route entre la Tour-du-Pin et le Pont de Beauvoisin,
n'offre rien de particulier; elle se fait dans un pays parfaite-
ment bien boisé avec le chène , le charme, le châtaignier,
le hêtre et le noyer. On descend passablement pour arriver
au pont de Beauvoisin , bourg autrefois limitrophe de la France
et de la Savoie, situé sur /e Guiers , qui se jette tout près de là
dans le Rhône. En effet, dans l’espace de quatre lieues, on
descend de 239 pieds. La différence de niveau entre le sol de
Lyon et celui de Beanvoisin étant de 171 pieds, indique à-peu-
près la pente du Rhône depuis le lieu de sa jonction avec le
Guiers près St-Genix, jusqu'à Lyon.
Pour aller du pont de Beauvoisin à Chambéry, au lieu de
suivre la route ordinaire qui passe au sud-sud-est par /es Echelles,
nous en tinmes une plus directe, mais plus roide, surtout pour
les chevaux, ce fut celle du mont l’Eprn, situé à 3 petites lieues
est-nord-est du pont de Beauvoisin. Il fait partie d’une chaine
de montagnes calcaires qui a 3 lieues de longueur, qui court
du sud au nord, où les couches sont extrêmement inclinées,
et qui encaisse à l’ouest la vallée où est Chambéry. Le calcaire
du sommet de la chaine est compacte, et ne m'a pas paru ren-
fermer beaucoup de corps organiques, mais dans le bas il y en
a beaucoup, notamment des cornes d’'ammon. Les couches de
cette petite chaîne de montagnes, descendent à l’est, tandis
qu'elles sont escarpées à l'ouest.
La profondeur du sol de la vallée où est Chambéry, est plus
PETER PER RNUR 29 SUV LS SRPAEESNRS CSS ES PTÉTETMRT VIN | rep PS
(1) Voyages aux Alpes, Ç 1629.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 243
considérable qu'à l’ouest de la chaîne. En eflet, l'élévation de
cette ville, qui est à une distance à-peu-près égale du sommet
du passage que le petit Zac l’Epin, situé au pied de la mon-
tagne à l’ouest (1), est de 57 toises plus bas que lui. Ce dernier
est élevé de 76 toises au-dessus de celui du Bourget, par consé-
quent sa hauteur au-dessus de la mer est à-peu-près la méme
que celle du lac Léman.
La formation du lac du Bourget a bien pu dépendre de sa
situation topographique, à peu-près vers l'extrémité nord de
cette chaine de montagnes où elle s'enfonce brusquement ,
et sur le revers oriental de la même chaîne le plus profond,
le moins escarpé, par conséquent le plus propre au rassem-
blement des eaux. En effet, la différence du niveau entre
Chambéry et le lac du Bourget, qui ne sont distans l’un de
l’autre que de deux lieues et demie tout au plus, est de 19
toises.
Quant à la route de Chambéry à Genève, par Aix, Rumilly,
Frangy, on peut voir ce qu’en dit M. de Saussure, dans ses
Voyages aux Alpes, $$S 1172— 1180.
(x) Le Tüer , ruisseau qui se jette dans le Guiers pres de Belmont, sert de
canal de décharge à ce petit lac, qui porte le nom d'Ajguibellette, dans
la carte de Borgonio.
Hh2
244 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
CN —————
Elévation en toises et millièmes
de toises au-dessas de la mer,
N
DE NOMINATIONS. SITUATION TOPOGRAPHIQUE- Diff, des
lasar: sans | Suivant | Suivant
+. pour e
la ARTE Deluc. |rembley
de l’air.
Département de l'Ain.
Cuarrczon De Mremarzze.(1)| Bourg. — Arrondissement di
Nantua, chef-lieu de canton. À. . . . [286,068 287,04f
Lac DE SYLANT ou SYANT? Une lieue et demie N.-O. de
Nantua. . - - - [802,582 | 304,84:
CERDoON. (2) Bourg. — Arrondissement di
Belley, canton de Poncin. . . - - [191,820 | 193,87:
MExIMIEUx. (3) Bourg. — Arrondissement di
Trévoux, chef-lieu de canton. À. . : . |[131,080|132,634
Département du Rhône.
Lyon. (4) Chef-lieu de département .
d'arrondissement et de canton,
au confluent du Rhône et de la
Saône. 89,680] - - . - |. -..
Perit-Sr.-JEAN. Village. — Arrondissement el :
canton de Lyon. 121,500]. . - - |. .7
Sr.-Bonwer-1e-Frorp, mon-| Arrondissement de Lyon, can-
fagne. — Point le plus élevé du|ton de Vaugneray. : . . . . - .390,500| . . . . |. - * .
passage. 5
CoursrEeux, Village. — Arrondissement de
Lyon, canton de Vaugneray. . -N188,oco|. . - . |. . . .
SrE-Foy-L'ARGENTIÈRE. Village. — Arrondissement de
Lyon, ‘canton de St.-Laurent-dc
Chamousset près la Brévenne.H29,9001 + + + + | + - -:
Département de la Loire.
Sr.-MARTIN DE L'ESTRA. Village. — Arrondissement de
Montbrison , canton de Feurs.f297,000| . . . . 0
Feurs. Ville. — Arrondissement dc
Monbrison, chef-l eu de canton.173,000| . . . . | - - - -
(1) Suivant M. Deluc CHE Recherches surles mo del TE ; ÿ 754) 264
(a) le même . 158
(3) ——— le même STE ET ED tas 118
(4) ——— le même, par plusieurs observations + - PCM LION QUES)
——— M. de Saussure (Voyages aux SPP 1644 AN à 21 NEO Ne RTS ANES
ÉT D'HISTOIRE NATURELLE.
DÉNOMINATIONS.
Sr.-G&RMAIN-LE-VAL.
ST.-JUST-EN-CHEVALET.
Point le plus élevé de la chaîne
des montagnes de Thiers, pris
sur le passage, près le hameau
d'Ærconsas,
Borx.
Norre-TABLE
Tarers, dans le bas de la ville,
au niveau du sol.
CLERMONT.
Côte de PRADELLE (1) : som-
mité de l’arête.
mince de bol,
PS 7 meme |
(1) Promontoire de basalte ancien qui repose sur.le granit, dont il.est séparé cependant par une couche
Ou terre de Lemnos. — Zett. de M. de Buch, cit. plus haut.
|
Elévation en toiseset millèmes
de toises au-dessus de la mer,
ee
Diff, des
logar. sans
corr. pour
la tempér.
de l’air
SITUATION TOPOGRAPHIQUE.
Saivant | Suivant
| Deluc. KL
*
Département de la Loire.
Bourg. — Arrondissement de
Roanne, cheflieu de canton, sur
la rivière d'Aix .
Bourg. — Arrondissement de
Roanne, chef-lieu de canton sur ÿ
la côte, près la rivière d'Aix. . .[3:
Arrondissement de Roanne. 481,6011488,096
Ville. — Arrondissement de
Montbrison et chef-lieu de cant.
sur le Lignon, 4 1. O. de Feurs.
Bourg. — Arrondissement de
Montbrison , cheflieu de canton,
AVE de PRhIers Re e
Département du Puy-
de-Dôme.
Ville. — Cheflieu d'arrondis-
sement et de canton , sur la pente
d’un coteau, près de la Durolle.
Ville. — Chef-lieu de départe=
ment, d'arrondissement et de can-
ton, entre les rivières d'Arrière
etide Bedaf shit etil
& del. O.-N.-0 de Clermont.f:
246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE
Elévation en toiseset millièmes!
de toises au-dessus de la mer,
DÉNOMINATIONS. | siruarion TOPOGRAPHIQUE. | Di. des
logar. sans! Suivant | Suivant
corr. pour
la tempér.| Deluc. |Trembley
de Pair.
Département du Puy-
de-Dôme.
ORGINES (1). Village. — Arrondissement et
canton N. de Clermont, x1. +de
cette ville.....................1303,000|-..... |......
Puy-pr-Dôme (2). Sommet. | Montagne principale de la
chaîne des Puys de Clermont,
2 1. O. de cette ville.......... 751,657|...... |......
Puy-ne-Paniou (3), surlebord| 11.+O.-N.-O. de Clermont, s
lu cratère. sur la route de Limoges......l610,833|...... |......
Idem, dans le fond du cratère. 2,0 DR Th Or PO UE COCO DOUE 574.166 RER
Puy-DEBARME. 3 1. : S.-O. de Clermont.,.....1561,166|...... |......
Oncivar. Bourg. — Arrondissement de
Clermont, canton de Rochefort,
5 1. S.-0. de Clermont: ........1448,000!...... |......
Moxr-Jucnar, sur le bord du] 31.3 S.-O. de Clermont... .Î574,166
cratère.
Idem, dans le fond du cratère |:-.... bac Etiottidac osebodel PHP boston.
Sortie du courant de lave du] 31. £ S.-O. de Clermont. ..… 509,000
Puy-pr-La-VAcnE.
ss. lose.
Lac D'AIpar. Près le village du même nom,
à 4 1. S.-S.-O. de Clermont, sur
le courant de lave ( Cherr ) sorti
des Puys de la Vache et la Solas.f419,000| ...... |......
RS aol rat ENRAERRAr. PEUR
(1) On se trouve ici sur la grande conlée de lave
contient que de petits cristaux de feldspath qui ont le
(2) Gette montagne est formée d’
du Puy-de-Pariou : cette lave est très-cassante,- et ne
ur éclat naturel. — Lettre de M. de Buch.
d’une sorte de porphyre dont la pâte peu dure et d’un gris terreux, renferme
du mica et beaucoup de gros cristaux de feldspath qui sont fendillés, et dont l'apparence est vitreuse , tandis
que ceux qu’on trouve dans le granit, qui fait la base de ces montagnes , tirent sur la nacre de perles. —Lete.
de M. de Buck. 1
L’élévation du Puy-de-Dôme, snivant les observ
son parent, est de 500 toises
Rech. sur les modif. de l
(3) Ce cratère
ations de M. Perrier, faites d’après linvitation de Pascal,
au-dessus de la mer : d’après MM. Cassini et le Monnier, de 757 toises. — Deluc,
atm. À\ 227 et 318.
» Parfaitement circulaire, a 200 pas de tour ; les parois de l’entonnoir qu'il forme sont herbées,
et les bestiaux y paissent aujourd'hui.
Lie
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 24
47
RE em meme mm mr ts
Elévation en toises et millièmes
de toises au-dessus de la mer,
Û an A)
DENOMINATIONS. | sITUATION TOPOGRAPHIQUE. | Dif. des
logar. sans] Suivant | Suivant
corr> pour pe
la ARS Deluc. | Trembley
de l’air.
|
Département du Puy-
de-Dôme.
Croix-Moranp. Montagne que l’on traverse
pour arriver dans la vallée du
Mont-d'Or, à 11.2 N. des Bains.f693,166|..:... |......
Moxr-n'Or-Les-Baixs. Village. — Arrondissement
d'Issoire, canton de Besse, sur
la Dordogne, au bas de la mon-
tagne de l'angle, à 21. S. du grou-
s pe de montagnes du Mont-d’Or.}523,333|...... |......
Cascade de la Dogne, (1), 1]. S.-E.du village des Bains.f654oco!...... |......
Idans le bas.
Idem, dans le haut. Se LR SR tee CI004893|e cr lee
Rocher des Cousins. }G) 21.S.-S.-Æ. du village des Bains.1885,333|...... |......
CAGADOGKNE, montagne. TA tord e 1 MON CECI Doro RTE
Moxr-pOr, sommet. (3) 2]. 5. du village des Bains... ,1958,500|...... |......
CraqQue au pied du Mont-d'Or.| Fond du cratère présumé du
avant la jonction des caux de lalgroupe de montagnes du Mont-
d'Or et de la Dogne. MOCE CRRMETS EPEr LRE TEMIGTT 000 cc. ue: =
——_—_—_——————ZZ
(1) On trouve en faisant cette exeursion, de beaux feldspaths en gros cristaux maclés dans un porphyre qui,
suivant M. de Buch, n’a surement pas une origine bien différente du porphyre du Puy-de-Dôme. li ajoute ,
c’est une prodaction volcanique, mais ce n’est point une lave. — Lett. cit.
(2) Si du haut de la cascade de la Dogne, on suit la crête de la montagne, on arrive, dit M. de Bach,
au rocher des Consins, où l’on voit des substances qui ont beaucoup plus l’apparence du basalte, et dans lesquelles
le feldspath devient plus rare. En poursuivant toujours la crête vers Cacadogne, on tourne autour d’un enfon-
HAE effrayant, demi-circulaire, dont les parois sont couvertes de scories : c’est le seul endroit dans les environs
u'on Fire qualifier de lépithète de cratère. Depuis Cacadogne, on monte aisément jus u’au sommet du Mont-
Or. C’est un immense cirque, vraiment alpin, qui se termine, d’un côté, par les parois de la vallée de la Cour,
et de l’autre, par le rocher des Cousins. ls se correspondent et fermoient jadis le cirque du côté de la vallée
des Bains. Mais tout ce vaste cirque ne peut pas être un cratère. Je me suis figuré, continue M. de Buch,
qu'il y en a deux, la vallée de la Cour, et l’entonnoir entre Cacadogne et le rocher des Cousins. Le reste est
un enfoncement, une chute des parties entre ces deux cratères; les arêtes si nues et si saillantes au-dessous de
la cime du Mont d'Or et dans la vallée d’Enfer, le prouvent. — Lettre de M. Buch.
(3) D’après Cassini, l'élévation de cette montagne est de 1048 toises au-dessus de la mer; il a déterminé ensuite
par le baromètre la hauteur du sommet du Mont.d’'Or au-dessus du village des Bains. Il la trouva de 512 toises,
tandis que, d’après notre observation, elle ne seroit que de 435. Enfin, en comcluant d’après sa hauteur du sommet
da Mont-d’Or, celle da village des Bains au-dessus de la mer, on la trouveroit de 536 toises an lieu de 523, résnltat
moyen qui nous a été donné par six observations. ( Ÿoy. Rech. sur les mod. de l'Atm., par Deluc, | 319.)
248 JOURNAÏT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Elévation en toises et millièmes
de toises au-dessus de la mer,
EE M)
DENOMINATIONS. | srTUATION TOPOGRAPHIQUE.
Diff. des
logar. sans| Suivant | Suivant
cor. our r
à Rs Deluc. |Trembley
de l'air.
RER RER NE OO 7 EI ER
Département du Puy-
de-Dôme.'
CaPucix » montagne , som-| Dans la vallée du Mont-lOr,
mité (1). e 1 1. S.-S.-O. du village des Bains.|709,500 Es 0e
IA-Tour-D'AUVERGNE. (2) Ville. — Arrondissement d’Is-
soire, chef-lieu de canton . . . 472,833]. . .
ACRAE e ONBrER, au châ- Village dans la vallée du Mont-
teau. d'Or, 21. O. du village des Bains,
irrondissement de Clermont, can: :
ton de Rochefoit . -0..#.#/:1539;000|%, "11".
FER nee Dorpocxe, 3 |. au-dessous du village de
1u-dessous de chez Chabozk, {3) Murat-le-Quaye CV à FERRER 417,666 an
Département de l'Isère. '
Sr.-LAURENT-DES-MûREs. Village. — Arrondissement de
Vienne , canton d'Heyrieux ,
41 9; =Etyde lyon IT) 000 | EEE E
Bour coin. Ville. — Arrondissement de lal
Tour-du-Pin, chef-lieu de canton.f179,200|! ., . . |. . ..
La-Tour-pu-Prw: Ville. — Chef-lieu d'arrondisse-
ment et de canton sur la Bourbre.f158,200|, , . 1 Jr
Départern duMont-Blanc.
Ponxtr-nE-BEAUYOISIN: Ville. — Arrondissement de
Chambéry , chef-lieu de canton
sur leGiérs ouaGuyermi..s; ,12:118,00| 5250 0
LaclEriN;oud’Azeurpezzerre.| Au pied de la montagne du
même nom, à louest . . . . : .[r93,334| 1: . . .
Mont-pE-L'EpIn. Arrondissement et canton di
Chambéry NPC 468666 NE RE
(1) D’après nos observations, la sommité du Capucin seroit d'environ 186 toises au-dessus du village des
Bains, tandis que Cassini l’estime être de 224 toises. (Recherch. sur les mod. de lAtm., par Deluc. $ 319.)
La montagne du Capucin seroit donc élevée, suivant Cassini, de 760 toises au-dessus de la mer.
(2) On voit une chaussée de basaltes, en prismes de six pieds de diamètre, avec un caractère decidé de courant
— Lett. de M. de Buch.
(3) Il y à dans ce lieu une superbe colonnade basaltique en facon de jeu d'orgue. L'élévation de ce même
lieu nous fait connoîire la pente de la Dordogne, depuis Je village des Bains, 2 lieues 2? à l’est. Elle se trou
être de 105 toisrs et demie : on voit par-là, que le village de Murat-le-Quayre se trouve placé sur üne hauteur,
:t surtout le château. *
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 249
RECHERCHES
Sur les moyens de remplacer économiquement la corde
à feu dans le service de l’Artillerie.
Extrait des Annales de Chimie, imprimées à Ségovie dans
Tannée 1791;
Par Le Proresseur PROUST,
Dox Valère Francisco Perès Cavallero, Ministre de la Guerre,
reçut vers la fin de 1789, la note suivante que lui adressa , de
Vienne, l'Ambassadeur d'Espagne.
« On tire du tilleul des baguettes minces , qu’on laisse trem-
per dans une solution de nitrate de plomb ; on les fait sécher
au four, et l’on s’en sert pour mettre le feu au canon, en
» place de corde à feu.
» Ces baguettes ont les avantages suivans : la pluie ne Îles
» éteint pas, je crois méme qu’elles ne donnent ni cendre ni
» fumée, et leur durée est beaucoup plus considérable que
» celle de la corde à feu. L'expérience fera connoitre quelle
» sera l’économie qui peut résulter de leurs usages ; au reste
» l'adoption qu'on en a faite depuis quelques mois dans les ar-
» mées de l'Empereur, ne peut laisser aucun doute sur leur
» utilité , car Votre Excellence n'ignore pas qu’en fait d'écono-
» mie, cest certainement ce pays-ci que l'on peut citer. »
Je ne me rappelle point si l'Ambassadeur écrivit alors quel étoit
l’auteur de cette découverte ; mais je crois , d’après les souvenirs
qui m'en sont restés, qu'on l’attribuoit au chevalier de Born,
minéralogiste bien connu.
Cette note m'ayant été remise dans le courant de 1790, je
m'empressai de répéter l'expérience qu’elle annonce, et même
de l'étendre à d'autres bois que le tilleul, afin de rendre cette
découverte applicable au service de l'Espagne, où ce bois est
assez rare; mais ce travail ne fut point présenté au Gouvyerne-
Tome LXIV, MARS an 1807. Ji
y
250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ment , je le publiai seulement dans mes Annales , dont j'envoyai
alors quelques exemplaires à Paris.
Comme les détails de pratique dans lesquels entre le mémoire
original, ne présenteroient pour le moment aucun intérét parti-
culier , je les passe sous silence , et ne rassemblerai dans cet ex-
trait, que les données principales de mon travail.
INTRODUCTION.
Chacun sait qu’on peut se servir d’une branche allumée pour
mettre le feu au canon, et l’on peut croire qu’on n’en usa pas
autrement dans l’origine de l'artillerie : mais comme le bois
allumé ne tarde pas à s'éteindre, on dut s'attacher à découvrir
quelque chose de mieux, et aprés bien des essais l'on découvrit
enfin la corde à feu dont on se sert généralement aujourd'hui.
Cependant, si l'on pouvoit aussi, à l’aide de quelque préparation,
communiquer à cette même branche la propriété de brüler d’une
manière continue, si l’artilleur pouvait s'en promettre une pointe
de feu toujours vive , on conçoit que sans vouloir le disputer à
la corde à feu, dont les avantages sont certains, notre branche
préparée pourvoit encore rendre bien des services. Ainsi, par
exemple, lorsqu'il faut servir long-tempsune nombreuseartillerie,
comme dans les batailles, dans les siéges, et dans toutes les
occasions , où les défauts qu'on ne peut se dissimuler, ne
seroient d'aucune conséquence , elle pourroit remplacer ayan-
tageusement la corde à feu.
Ce que l'on peut justement reprocher aux baguettes préparées
est notable : c'est la fragilité de leur pointe , qui n'étant qu'une
pyramide de charbon allumé, peut se briser, ou par le fouet
de flamme qui s'échappe de la lumière du canon, ou s’épointer
contre le canon même , par la main quelquefois vacillante de
l’artilleur , et alors quand les plates-formes sont en bois, l'on
ourroit craindre quelque accident de la part des fragmens em-
Écibas qui s'en échapperioent , ce qui, dans l’intérieur des vais-
seaux , surtout, assujétiroit à une surveillance dont on peut se
passer avec la corde à feu.
Mais, si d’un autre côté l’on fait attention à ce que ce défaut
n'est d'aucune considération en pleine campagne , si on a égard
aux avantages d'une combustion qui dure trois fois plus que celle
de la corde à feu, sous un volume infiniment moindre, et par
conséquent à la facilité et à l’économie du transport, on trou-
vera bien des compensations de cet inconvénient. Tels furent sans
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 251
doute les motifs qui déterminèrent Born à proposer sa découverte
à l'artillerie de son pays : et si, comme l'assure la note, on
en a réellement admis l'usage, on peut croire que les avan-
tages et les défauts dont nous venons de parler , n'auront pas
laissé que d'être soigneusement reconnus et balancés par les
officiers de l’Empire. ë
J'ai fait observer il y a un moment, que les baguettes allu-
mées couroient les risques de s'épointer dans la précipitation
du service. Je dois avant tout prévenir l’objection qu'on pourroit
tirer de cet accident , c’est qu'elles ne s'éteignent pas pour avoir
perdu leur pointe : il suflit d'agiter un moment les baguettes
pour la voir se reproduire ; et comme d’ailleurs elles ne sau-
roient servir qu'autant que l’artilleur les fixe par le milieu dans
son porte-mêche , il peut toujours compter sur la pointe op-
posée à celle qu'il vient de briser. Je passe aux expériences.
Sur le Nitrate de plomb.
Une livre d'acide à 56 degrés peut donner , avec le plomb,
quinze onces cinq à six gros de nitrate sec et pulvérulent. Mais
comme en employant ce métal, on ne peut l’oxider sans sacrifier
une assez grande quantité d'acide, on pense bien qu'en y sub-
stituant le métal déjà tout oxidé , la préparation de ce sel doit
en étre plus facile et plus économique : en effet, une livre
du même acide saturée de litarge , fournit jusqu'à 22 onces
7 gros, ou 25 onces de nitrate de plomb, c'est-à-dire 7 onces
de plus. On le prépare dans des cuvettes de bois, et la lessive
se dessèche très-bien dans des bassines de cuivre.
Pour juger de l’économie qu’il y a à ne faire dissoudre
que des oxides, ou pour juger de la perte qu'on éprouve en
acide, quand on se sert de plomb, il suflira de faire attention
aux résultats suivans : Quand on sature avec la potasse une
livre d'acide nitrique à 25 degrés, on en retire 8 onces de
salpêtre ; mais si on sature de la méme manière cette livre
d’acide transformée d’abord en nitrate par l'emploi du métal,
on n’en retire plus que 3 onces. On perd donc dans cette
manière de travailler une quantité d acide qui est égale à celle
que contiennent 5 onces de salpètre.
Dans l’année 1790, où jé fis ces expériences, la livre de
nitrate de plomb auroit coûté 30 sous, à cause du prix de
la litarge Qui est un@ denrée étrangère à l'Espagne ; mais en
la remplaçant par des oxides natifs, comme ceux que fournis-
sent abondamment les mines de Linarès, ce sel seroit revenu
Tite
252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
à beaucoup moins. Ces oxides me réussirent très-bien ; ils sont
assez purs pour ne méler au nitrate de plomb aucun autre
sel qui puisse l'exposer à s’humecter.
Préparation des Baguettes.
Le tilleul étant spongieux et léger, se prête très-bien à l’im-
bibition : mais comme mon objet étoit de chercher à le rem-
placer, je jetai les yeux sur les bois suivans, qui sont :
Le chène verd,
Le chéne ordinaire,
Le noyer,
L'orme,
Le peuplier blanc,
Le saule,
Le pin,
Le cèdre,
Le frère,
Le hôtre et le tilleul, comme devant nous donner un terme
de comparaison. Mais l’on va voir que pour les pays où il
est abondant, il est encore le plus avantageux sous les deux
rapports de l'économie et de la durée : et quand Born li
donna la préférence, on peut croire qu’il ne s’y arréta qu'après
s'en être convaincu par une suite d'expériences analogues à
celles que j'ai entreprises.
Les baguettes, dont les dimensions m'ont paru concilier
mieux la solidité ayec l’économie du nitrate, sont celles de
deux à deux lignes et demie d'épaisseur sur quatre et demie à
cinq de largeur , et une barre ou environ un mètre de lon-
gueur. Avec cette épaisseur elles s'imbibent presqu’au centre,
et leur résistance est suflisante pour qu'elles ne soient pas
exposées à se rompre durant le service. Si on leur en donne
davantage , la liqueur saline ne peut pénétrer le bois sans
éprouver une sorte de départ qui accumule le nitrate sur la
superficie , et ne laisse arriver au centre que l'eau de disso-
lution. Cette particularité détermine en quelque sorte leurs
dimensions , et si on veut leur donner plus de force, il ne
s'agit que de les augmenter sur la largeur seulement.
J'ajouterai néanmoins que si les baguettes quarrées de quatre
ou quatre lignes et demie ont l'inconvénient de ne pas s'im-
pes à fond, elles n’en sont pas mé@ins propres à rendre
es mêmes services; car j'ai remarqué que la combustion accé-
lérée de la superficie donne de l’activité au cône charbonneux
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 253
qui se forme au centre, et s’il se consume plus lentement,
sa pointe plus robuste résiste aussi beaucoup mieux au contact
du canon, que celle des baguettes plates.
Il faut pourtant en excepter le saule et l'orme, dont la
pointe charbonneuse refuse de brüler , si elle n'est pas pénétrée
de nitrate. Je pense, après tout, qu’en ayant égard à ces
particularités , l’on appropriera indistmctement à cet usage les
baguettes quarrées aussi bien que les parallélogrammatiques.
Si les baguettes de frêne et de hêtre ont plus d'une ligne
d'épaisseur, elles n’absorbent point assez de nitrate pour brüler
sans interruption , et comme alors elles sont trop fragiles, on
n'en peut tirer parti.
Tous les autres bois, le tilleul méme, pouvant absorber
beaucoup plus de nitrate qu'il n’en faut pour assurer la con-
tinuité de leur combustion , ou point assez pour acquérir cette
propriété , il falloit, pour remplir utilement cette tâche,
commencer par reconnoître l'espèce de dissolution à laquelle
il convenoit de s'arrêter : et comme d’ailleurs j’ai remarqué
que les baguettes étoient plus ou moins poreuses selon qu’elles
ont été fabriquées avec du bois de tronc ou de branches, ce
qui les expose à absorber des quantités de nitrate fort diffé-
rentes , il a également fallu soumettre au moins quatre ba-
guettes à l'expérience , afin de découvrir quel seroit pour
chaque bois, le terme moyen de son absorption.
Les dissolutions qui m'ont paru les plus convenables, sont les
suivantes : La première , une livre de nitrate fondu dans
quatre livres d’eau, ce qui est à-peu-près la proportion qu'elle
peut en dissoudre à froid; la seconde , une Livre de nitrate
dans cinq d’eau.
L'imprégnation des baguettes se fait à chaud ou à froid.
On l'exécute dans des chaudières de cuivre proportionnées à
leur longueur. A froid, elle est terminée au bout de trois
jours ; mais à chaud, c’est assez d’une heure et demie d'ébulli-
tion. On ajoute de l’eau chaude à mesure que la liqueur du
bain diminue. La première dissolution ou Ja plus forte ; convient
aux bois de chène verd , d'orme.et de saule ; et la seconde, à
ceux detilleul de chéne, de pin , de noyer, de peuplier et de cèdre.
Enfin la corde de sparte de 8 à 9 lignes de grosseur, dont le
Prix est si inférieur à celui du chanvre , devient aussi très-propre
à remplacer cette dernière, si on lui donne la préparation des
baguettes. II lui suflit d’une lessive faite avec une livre de nitrate
de plomb dissous dans 15 livres d’eau. Alors sa combustion est
254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
continue et sa durée égale à celle de la corde à feu; elle a méme
un avantage de plus , celui de s’enflammer,, d'éclairer si on l’a-
gite un moment, et de faire l’oflice d’une sorte de lance à feu.
Elle n'a pas, ilest vrai, celui de former en brülantle cône embrasé
dont les artilleurs font tant de cas dans la corde à feu ; mais en
la fabriquant avec une filasse mieux préparée , peut-être méme
avec la pitte si commune dans le midi de l'Espagne , elle rem-
plirait surement et à bon marché les conditions d’une bonne
corde à feu. Ne perdons pas de vue, néanmoins , que, sousle rap-
port du volume, elle est, comme la corde de chanvre, bien au-
dessous des baguettes, et qu’elle partage même avec elle , l'in-
convénient altaché aux marchandises très-combustibles, celui
d'exposer les magasins aux incendies.
Une livre de corde à feu , de celle dont on fait usage dans
l'école d'artillerie de Ségovie, dure de 34 à 35 heures, et un
peu plus, si elle est humide. Dans cet état elle estcommunément
surchargée de 6 à 7 pour cent d'humidité, Enfin il est à propos
de sécher les baguettes au four avant de les soumettre à limbi-
bition du nitrate, comme après la leur avoir donnée.
Le tableau suivant présente une comparaison de la corde à feu
avec les baguettes préparées , sous le rapport de leur durée ; on
y a fait entrer les quantités dé nitrate que chaque bois peut ab-
sorber par quintal.
BOIS. Durée de leur combustion Nritrate qu'ils absorbent
par 25 livres. par quintal.
Corde à feu. 850 heures.
Corde de sparte.
préparée: 850 4 livres.
illeul. 2400 10
Pin. 2400 42
Cèdre. 2400 42
Orme. 2430 19
Chêne. 2200 18
Chéne verd. 1400 18
Noyer. 1400 7
Peuplier. 1400 37
Saule, 2400 30
On peut voir ici que les bois de peuplier , de pin, de cédre,
et de saule s'excluent d'eux-mêmes, si on les compare au tilleul
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 255
puisqu'ils absorbent trois et quatre fois plus de nitrate que lui,
sans offrir une combustion plus longue.
Que le tilleul est de tous, celui qui réunit les deux avantages
de l'économie et de la plus grande durée, puisqu'il n’absorbe
en nitrate que le dixième de son poids, et enfin, que les bois de
chêne verd , de chéne ordinaire, d’orme et de noyer n'occupent
que le second rang.
On pourra remarquer anssi que les boïs les plus durs ne sont
pas ceux dont la durée est la plus longue , car une baguette de
chène verd, qui est infiiment plus dur que le chéne ordinaire ,
ne se maintient en combustion que 8 heures, tandis que ce
dernier atteint jusqu'à 12.
Sur le Nitrate de cuivre.
Les bois imbibés de sa dissolution deviennent aussi très-pro-
pres à brûler d’une manière continue , et comme pour les dis-
poser à cet effet Mils exigent moins de ce nitrate que de celui de
plomb , j'ai trouvé que la dépense des baguettes préparées par
l’un ou par l’autre de ces sels ; étoit à peu de différence près la
méme. Le métal de cuivre a même quelque avantage sur celui de
plomb, du côté de la durée , car si deux baguettes au plomb
brülent pendant 24 heures , les mêmes, préparées au cuivre, en
dureront 25 , comme on le verra dans le tableau qui suit.
Le nitrate de cuivre peut mettre les baguettes dans le cas
d'attirer l'humidité, mais ce défaut n'influe pas sur leur com-
bustibilité ; ear la force comburente de ce selest si supérieure à
celle du nitrate de plomb , que les baguettes , su sortir du bain,
s'allument aussi facilement que celles qui sont sèches. L’expé-
rience suivante est très-propre à donner une idée de leur ditfé-
rence à cet égard.
On trace avec les deux nitrates des lettres su: un morceau de
papier , et on le présente ensuite au feu à la distance d’un pied
ou un pied et demi ; peu d’instans après on voit le nitrate de cui-
vre s'allumer , et dessiner le papier en lettres de feu, tandis que
celui de plomb n’y fait pas d'impression. C’est cette propriété
annoncée quelque part dans le Journal de Physique , qui me
donna l’idée d'appliquer ce nitrate aux baguettes.
L’acide de ces sels ne contribue pas, autant qu'on pourroit le
penser, à la combustibilité des baguettes , ear si on les éprouve
après les avoir tenues quelque temps sous l’eau, on trouve qu'elles
conservent encore beaucoup de leurs qualités. Il m'a semblé que
256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ces nitrates éprouvoient comme sels métalliques , une décompo-
sition qui sépare l’aeide de l’oxide , en attachant ce dernier à la
substance du bois , par une de ces aflinités qui sont propres aux
tissus végétaux, C’est cet oxide qui fournit au charbon l’oxigène
dont il a besoin pour maintenir sa combustion, et pour se passer
des secours de l’air environnant ; aussi remarque-t-on à la sur-
face des pointes allumées, un mouvement très-sensible de scin-
tillation, dont le résultat est, d'une part, la destruction accélérée
du charbon, et de l’autre, du plomb réduit qui se sépare en
grenailles, et que l'air parvient à oxider une seconde fois.
Cette réduction se fait aussi remarquer sur la pointe des ba-
guettes cuivrées, et mème elle devient presque un inconvénient ;
c'est qu’elle l'enveloppe d'une lame continue de cuivre , d'une
espece de fourreau qu'il faut faire tomber en secouant la baguette
contre le canon avant de la présenter à l’amorce ; mais il ne
suflit pas de proposer le nitrate de cuivre pour remplacer celui de
plomb, mon objet seulement a été de faire Voir qu’il pourroit
le suppléer au besoin,
Une livre d'acide nitrique à 36 degrés , prend jusqu’à 2 onces
4 gros de cuivre pour se saturer. Ce nitrate, à l’époque où je tra-
vaillois, et dans Madrid, eût coûté trois francs la livre, mais
avec l'oxide ou les battitures des chaudronniers , il n’auroit pas
monté à 40 sous. Un quintal de baguettes de tilleul n’absorbant
que 6 livres de nitrate, la dépense de sa préparation eût été de
12 à 15 francs, ce qui est aussi à peu près celle du même bois
préparé au nitrate de plomb, en supposant qu'il ne passät pas
30 sous la livre.
La dissolution dont j'ai fait usage pour tous les bois, marquoit
17 au pèse-liqueur de Beaumé.
Celle qui provient du départ des orfévres pourroit y être em-
ployée ; et même en la faisant chauffer dans une bassine avec des
lames de plomb , on la convertiroit facilement en nitrate de
ce métal , pourvu, néanmoins , que l'on s’assujetit à de certaines
mesures que la pratique indiqueroit, car, comme je l'ai fait ob-
server ailleurs, le nitrate de plomb bouilli long-temps sur du
plomb, donne un nitrate jaune feuilleté, dont j'ignore les effets
sur le bois.
Parmi les bois que j'ai cités, celui de noyer ne m'a pas eus
propre à donner des baguettes , parce qu’il refuse d’absorber ,
assez de nitrate de cuivre.
Celui
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 257
Celui de fer ne dispose aucunement le bois à la combustion,
sans doute parce qu'il ne cède pas aussi facilement son oxigène
que ceux de cuivre et de plomb.
Voici le tableau des quantités de nitrate de cuivre qu'absor-
bent plusieurs bois, et celui de leur durée par arrobe , ou par
25 livres.
BOIS Nitrate qu'ils absorbent | Durée de leur combustion
f par quintal. par 25 livres.
Corde à feu or-
CITAIT EE PAIN NAS ee RS CA Te 85o heures.
T'illeul, . G livres. 2500
Pin, 8 2300
Orme. 7 2100
Chéne. 4 2400
Chène verd. 9 2050
Noyer.
Peuplier, 6 2010
Saule. 9 2130
Frêne. 2 13509
Tome LXIF. MARS 1807. KK&
1
"
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES |
ENST ERNEST POSER TETE TIIRERRE Be ie DUREE ERE
“ THERMOMEÈTRE. tBAROMETRE.
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-]
® L Maxiuum. | Minimum. |a Mir. Maximum. | Minimum. A Mi
à midi + 2,5 10358. + 1,0] + 2,51 ro 25...
à midi + 2,51 9m. — 0,3 + 2,51:
SR midi + 4,528 m. + 2,0 + 494725.:...:273 4,40[X 8 m......
4735. + 5,ofà midi + 0,8] + o,8f175s......27. 6.0ofà midi...
àa2is. + 6,3làro1s. + 37 + 6,21 102s.....27. 7,52[à1 midi... 2.
Amidi + 75à8zs + 5,8) + 7,581 midi......27: Boolà 8 1 5...
à midi + 5,7 108 + 1,2] + 5,7hh 10 5......28, 0,751à 8 m.....…
A10S + 4,48m. + 16| + 3,09,18m......… | 27+ 9,70|27.117,
fa midi + 8,6liros. + 8,1| + 861 midi ..… 27! 10,18[à 10 5...... 27. 8,50|27.10,
10 125 . + 7h 8m. + 5,6] + 7,4 midi... 27i1x,16|à 10.5:.:/..27. 0,68|27.117.
ri midi. +io2li1os. + 8,5] +ro,2h1 1025... 284 2,50|à 83 m.....26. 0,42|26. of
fa midi + 9,811 s + 6,8] + 9,881 115.......08. 4,25|à 8 m.......268. 3,60|26. 3,0
13N4 4 $ + 9,07 m + 2,5] + 8,01 9 £s..... 20/1010 |A Ses 26. 2,07 20.12)
14 25s. + 6,8[1 7m + 3,0! + 6,1h12is...... 28. 4,80[à 83 5...-:. 28. 3,60|28. 4,1
19 45. + 0,67m. + r,2| + 85847 me... 28. 1,85|14925s...... 28. 1,04[28. 1,
16Qà midi + 9,97 m. + 8,1] Æ o,9f1 7 m...... 28! 1,16/à 5 is. ....27.11,25|98. ol
17h 8 m. + 70815. 3,6 + 6,71à 6 m....... 27.10,68|à 1025..::. 27. 7:79|27- 9/4
1647 m. + 2olà2is. — 07] + oi 21s….....27. 6,10(18£m..... 27. 4,10|27. 4h
19/43 s.. + 2,3] 61m. — 0,2] Æ 2,0] à 11 5...... 28. 2,80[à 6 m..... 27. 9,60|28. ol
20fà midi + 32là7m — 10 + 3,2hù 7 m.…..... 28. 3,52/h1125s.....28. 0,86|[28. 3,|
2fà midi + gilàgm. + 3,6| + 7,1Mirris..... 28. o,78|à7 m...... 27.10,80|27.17,
22245. + 6,5 11m. + 3,8| + 8,1fà 8 m...... 28. 0,76|à 104 5.....27. 9,43|28. ol]
23}à 8% m. + 761025. + 40] + 5,01 101s.....27.11,68|à 8 + m..... 27. 9.04|27. 9,!
24/4 11%. + 8,517: m. — 4,8] + 8,10138........28. o,25(17:m.....27.11,85|28. 0,
25 9 s.. +ro,3|à 84m. + 7,3] Hro,ofi 71 m....27.11,20|à 3 3 5...... 27.10,15|97. 10}
268à midi 11,4 arrés. Æ 3,6| Ærr,gfù 1 5... 27.11,56|à 7im.....27.10,00|27.10;
271 8 m. + 2O/à 117486. + z,1| He 2, 11Ès..... 26. 1,30là 8 m...... 28. 0,15|28. oil
26235. + 2,6[1102s. + o,2| + 2,2là 10 À s.. ..28. 4,50[à 63 m. ....28. 2,26|28. 34h
RECAPITULATION.
Plus grande élévation du mercure. ..28.,4 80, le 14 à 2%.
Moindre élévation du mercure..... 27.1, 80,le 3 à 8 h.m.
Élévation MOYENNE ...... 27.9,30 de
Plus grand degré de chaleur..... +H11°,4, le 26 à midi.
Moindre degré de chaleur....... — 1,0.
Chaleur moyenne........ + 5,2
Nombre de jours beaux....... (e]
Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 1 pouce 7 lignes , 2 dixièmes
D'ou o,pouce 0,4343. ;
Le 21 Décembre Thermomètre des caves... .9°,640, division de Réaumur.
> > EE
|
L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS,
FEVRIER 1807.
VARIATIONS DE LATMOSPHERE.
‘|Hrc POINTS
( VENTS.
D id - | LUNAIRES.
pot LE MATIN. A MIDI. LE SOIR.
90,0 S: Ciel couvert. ._ [Giel couvert. Ciel nuageux.
2} 90,0 S. Gelée bl. Ciel c.p.im:|Ciel nuageux. Assez b. ciel p. int. |Ë
3] 96,0 O.N-O. Neige dansla n. cielc.|1dem. Pluicetneige. +
{| 91,0 Se Ciel couv. Pluie p- in.| Beaucoup d’éclaircis.| Pluie, neige fondue. |
ÿ) 99,0] S-O. Ciel c.; pluie tr.-forte.| Pluie parint. Couvert par int.
88,0|0. fort.
78,0|N-0O. f.
92,0|S. fort.
99.,0[S-0.
x.L.h2194's.
L. Apogée.
Ciel très-c. et nuag.
Br. à l’hor. assez b. c.
Quelques gout. d’eau.
Couv.; tems brum.
Ciel couvert.
Ciel très-nuageux.
Ciel couv.; pl. fine.
Pluie fine par int.
Pluie p.in.; ciel tr. c. |
Assez b. ciel ; T. cal. |
Pluie continuelle.
Pluie par int.
78,0|O-N-O. [Equin. ase. [Pluie par int. Ciel à demr-c. etnuag.|Ciel c.; q. g. d'eau.
93,0] O. f. Quelques éclaircis. |Couvert. Giel couvert. :
91,0|S.-0. Brouill. ciel couv. |1dem. Ciel couv? ï
09,0] S-E. f. Ciellégèrementcouv.|Ciel tr. c. Ciel voilé, à
97,0] S- Brouillard épais, Ciel très-c. ; Brouill.|Brouill. très-épais.
91,0|S. S-E. r.Q.à5%44's [Br. à l'hor. assez b. c.|Ciel très-beauËh Beau ciel. ©
91,0] S. Ciel très-nébuleux. |Ciel assez beau. Ciel couvert.
4,01 O. Pluie ay. le j. ; ciel c.| Pluie fine par int. |/dem. d
3,0| N-O. Ciel c. ; neige p. int. | Terre couv. de neige.[Neige par int.
86,0[0. N-0.
Neige.
Ciel trouble ct nuag.
Ciel couv.
79,0|0. N-0O. Ciel couvert. Ciel voilé et nuag. Idem.
95,0] 0O. Pluie par intervalle. |Cielc.éclair.p.int. [Ciel chargé de vap.
96,0| 8 2.1. 0455 m.|Ciel très-nuageux. : [Ciel très-couv: Cielc.; Pluie d. la j. |$
98,0 N. N-O.
95,0[N + N-O.
L. Périgée.
Equin. desc.
Piuie abondante.
Temps très-hum.
Pluie continuelle.
Léger br.; Temps c.
Pluie t. le j.; elle con. |Ë
Ciel très-couv.
100,0| S-0. Pluie abondante. Ciel tr.-c. ; T. hum. | Pluie par int.
85,0] O. B. d'éclaircis par int.|Ciel très-nuageux. |Ciel très-couvert.
67,0 ©: Quelques éclaircis. |Giel couvert. Idem.
65,o| : N. Ciel très-nuageux. {Ciel assez beau. Très-beau ciel.
e'11
R ÉIC.A.P:ELT U L A TÆO.N.
de couverts...... 16
de pluie.......,.. 12
devents. 422.008 > 26
de gelée’...:.... 2
de tonnerre. ..... o
de brouillard..... 6
de neige......... 5
INT E ciereau a ciee ep 2
NÉ ere rebiesreee I
7. SIA RUES + o
Jours dont le vent a soufé du À Si 6
EX
Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de l’atmosphère, on
s £ :
la première contient les variations depuis minuit jusqu'à 9 heures du matin ; la
260 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
SE + SO au *
D'UN MEMOIRE
SUR L'ÉTHER MURIATIQUE,
Lu à l'Institut Le 17 Féprier 1807,
Par M. THENARD, Professeur au Collége de France.
Après avoir examiné pourquoi l'éther muriatique est resté
jusqu'à présent inconnu aux chimistes, quoiqu'il ait été l'objet
d'un assez grand nombre de recherches, l'auteur donne le
moyen de l'obtenir : pour cela, comme l'éther est habituelle-
ment à l'état de gaz , il faut employer l'appareil suivant :
On met dans une cornue capable seulement de contenir le
mélange dans sa panse, parties égales en volume d'acide mu-
riatique très-concentré et d'alcool à 36°; on les agite bien
pour mettre en contact toutes leurs molécules; cela fait, on
jette dans la cornue tout au plus 7 à 8 grains'de sable pour
éviter les soubresauts qui, sans cette précaution, pourroient
avoir lieu dans le cours de l'opération; puis on la place à
feu nu sur un fourneau ordinaire , au moyen d’un grillage de fil
de fer, et on y adapte un tube de Welter qui va se rendre
dans un flacon à trois tubulures, double en capacité de la
cornue qu’on emploie, et à moitié rempli d’eau à 20 à 25°,
de manière que le tube pénètre dans l’eau à la profondeur de 7
à 8 centimètres; ensuite on introduit dans la seconde tubulure
un tube droit de sureté, et dans la troisième on en introduit
un recourbé qui va s'engager dans une terrine, sous des flacons
pleins d'eau, au même degré que la précédente, et soutenus
par un tèt troué dans son milieu. Lorsque l’appareil est ainsi
disposé, on chauffe peu à peu la cornue, et vingt à vingt-cinq
minutes après que le feu est appliqué, on voit des bulles
s'élever de la partie inférieure du liquide.et surtout de la surface
des grains de sable. Ces bulles ne tardent pas à se multiplier ;
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 261
et bientôt alors on obtient abondamment du gaz éthéré ; il
passe en même temps de l'acide, de l'alcool et de l’eau, mais
quirestent dans le premier flacon. De cinq cents grammes d'acide
et d'un volume d'alcool égal à celui des cinq cents grammes
d'acide, on peut retirer jusqu'à vingt et quelques litres de gaz
éthéré parfaitement pur, et même jusqu’à trente; mais on en
retirera bien davantage, si, lorsque le, dégagement du gaz
commence à se ralentir, on méle dé nouvel alcool avec le
résidu, c'est-à-dire ayec la liqueur très-fortement acide qui
reste dans la cornue, et dont le volume alors équivaut à-peu-
près aux deux cinquièmes du mélange d'où elle provient. Je
crois même que si, par le moyen d'un tube droit plongeant
au fond de la cornue et long au moins de 6 à 7 décimètres,
on versoit de temps en temps de l'alcool chaud dans celle-ci,
la formation du gaz éthéré seroit encore-hien plus abondante ;
car on conçoit ail se volatilise à chaque instant plus d’alcoo!
que d'acide muriatique, et qu'ainsi on rétabliroit entre ces
deux corps les proportions primitives qui conviennent plus que
tout autre pour le succès de l'opération. Dans tous les cas,
la conduite du feu est de la plus grande importance : s’il est
trop foible , il ne se produit pas de gaz éthéré; s’il est trop
fort, il ne s'en produit que peu : aussi n’éthérifie-t-on pas
sensiblement l'alcool en le chargeant de gaz acide muriatique,
et n obtient-on pas non plus sensiblement d’éther en faisant ren-
contrer l'alcool et l'acide en vapeurs dans un tube à environ 80°
de température. Ce n'est donc qu’en gardant un juste milieu
dans l'application du feu, qu’on réussit complétement. Tout
cela vient de ce qu'une trop petite ou une trop grande élas-
ticité dans l'alcool et l'acide muriatique, nuit à leur réaction
l'un sur l’autre. Une précaution qu’on doit encore prendre,
c'est de se servir de la même eau pour recueillir le gaz, et
d'en employer le moins possible parce qu'elle en dissout en
quantité notable.
Ce gaz est absolument incolore , l'odeur en est fortement
éthérée et. la saveur sensiblement sucrée. 11 n’a aucune espèce
d'action ni Se la teinture de tournesol, ni sur le sirop de vio-
lettes, ni sur l’eau de chaux. Sa pesanteur spécifique, comparée
à celle de l’air, est de 2,219 à 18° du thermomètre centigrade,
et à 0,m75 de pression ; à cette même température et à cette
même pression, l’eau en dissout son volume et on peut l'en
dégager entièrement à une température de 100° thermo-
mètre centigrade. À cette même pression encore , mais
262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÆ
à. 11° de température, le gazéthéré devient liquide. On peut
s'en procurer une grandé quantité à cet état, en se servant d'un
appareil semblable à celui qui a été précédement décrit : seule-
ment, au lieu d'engager le dernier tube sous un flacon plein d'eau,
il faut le faire plonger au fond d’une éprouvette longue , étroite,
bien sèche et entourée de glacé qu'on renouvelle à mesure
qu’elle fond. C'est dans cette éprouvette que le gaz éthéré
seul arrive et se liquéfie entièrement; car une fois que les vais-
sceaux ne contiennent plus d'air, on peut, sans le moindre
danger, en supprimer là communication avec l'atmosphère.
Ainsi liquéfié , cet éther est d'une limpidité remarquable ;
comme à l'état de ÿaz , il est sans couleur , sans action sur
la teinture de tournesol et sur le sirop de violettes ; de même
que le gaz éthéré, il est très-soluble dans l'alcool, dont on peut
en grande partie le séparer par l’eau. Comme ce gaz, il a aussi
une odeur très-prononcée et une saveur très-distincte, qui a
quelque chose d’analogue à celle du sucre, et qui est surtout
remarquable dans l'eau qui en est saturée, laquelle sera peut-
ètre employée avec succès en médecine. Versé sur la main,
il entre subitement én ébullition et y produit un froid con-
sidérable, en y, laissant un petit dépôt blanchätre: À + 5° de
température (thermomètre centigrade) , il pèse 874 , l'eau pe-
Sant 1000. Ainsi, quoiqu'il soit bien plus volatil que l'éther
sulfurique, et à plus forte raison que l'alcool, non-seulement
il est plus lourd que le premier, mais même il est plus lourd
que le second de ces deux corps. Enfin, il ne se congèle point
à une température de — 29° (thermomètre centigrade ).
Jusqu'à présent nous ne voyons dans cet éther rien qui nesoit
parfaitement d’accordavec ce quenous présententles autres corps;
il n'est encore pour nous qu'un être curieux par sa nouveauté ,
et surtout par la facilité avec laquelle on le gazéifie et on le li-
quéfie. Etudions-le davantage et il va nous apparoître comme
l'un des composés les plus singuliers et les plus extraordinaires
que l'on puisse créer...... Il ne rougit pas la teinture de
tournesol la plus affoiblie; les alkalis les plus forts n'ont point
d'action sur lui; la dissolution d’argent ne le grouble nulle-
ment, et tout cela, soit qu'on l’emploie à l’état gazeux ou
liquide, ou dissous dans l’eau : qu'on l’enflamme , et tout-à-
coup il s’y développe une si grande quantité d'acide muria-
tique , que cet acide précipite en masse le nitrate d’argent
concentré , qu'il suffoque ceux qui le respirent et qu'il paroît
même dans Taie environnant sous forme de vapeurs.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 263
L'acide muriatique; se. forme-t-il dans cette inflammation,
comme tout nous porte à le. croire ? ou n'est-il qu'en liberté,
ce qui peut étre? Voilà la question que l’auteur de ce Mémoire
essaye ensuite de résoudre, 1 ME x À EAT
Si l'acide muriatique se forme dans la combustion du gaz
éthéré , le radical de cet acide doit exister dans ce gaz, et
ce radical provient nécessairement de l'alcool ou de l'acide
muriatique décomposé par L'alcool, ou ce qui n’est pas pro-
bable, mais ce qui n’estipas impossible, de l’un et de l’autre,
Dans le premier cas, on doit, en distillant un mélange d'alcool
et d'acide muriatique , retrouver après la “distillation , tout
l'acide muriatique qu’on a employé, plus celui qui apparoît
dans la: combustion du gaz formé. Dans le sécond cas, une
grande quantité d'acide doit au contraire disparoître dans cette
distillation ; mais en tenant compte de celui qui se développe
dans la combustion, du gaz formé, cette quantité d’acide, et
seulement cette quantité doit reparoître toute entière. Dans
le troisième cas , de cette distillation doïft aussi résulter une
perte d'acide ; mais cette perte doit être plus que compensée
par la quantité d'acide que la combustion du gaz doit produire.
Or; en exécutant cette distillation sur 450,5937 d’acide mu-
riatique d’une pesanteur spécifique de 11,549, à 5° de tem-
pérature (therm. centig.) et sur un volume d’alcool très-
rectifié, égal à celui de ces 450,5937 d'acide, il se forme
vingt-trois litres de gaz éthéré à la température de 21° (therm.
centig.), et à la pression de o»745, et il disparoïît 122,°°288
d'acide. Par conséquent la première hypothèse est fausse,
puisqu'il est démontré que quand bien méme le radical de
l'acide muriatique existeroit dans le gaz éthéré, ce radical!
proviendroit, non pas uniquement de l'alcool, mais, bien ou
de l'acide muriatique seul, ou de l’acide muriatique et de
l’alcool.
Voyons sil provient de l'acide muriatique seul, ainsi qu’on
l'a supposé dans la seconde hypothèse; mais alors. il y a deux
manières de concevoir le phénomène : ou l'acide muriatique
aura été décomposé par oale de manière que son radical,
sans son autre principe, se trouve dans le gaz éthéré, ou
cette décomposition aura été telle, que tous les principes de
l'acide muriatique se trouveront dans le gaz éthéré, non pas
réunis, non pas formant de l'acide muriatique, mais combinés
avec les principes de l'alcool , mais dans le même état où se
trouvent l'hydrogène , l’oxigène , le carbone et l'azote dans
26f. JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE
les matières végétales ét animales. Or si le radical de l'acide
muriatique existe seul sans l'autre principe, où sans une por-
tion de l’autre principe de l’âcide muriatique , dans le gaz
éthéré, on.doit, en décomposant cé g4z dans un tube rouge
de feu et privé du côhtact dë l'air, né point obtenir d'acide,
ou én fbtenir moins qu'il n’éh 4 disparu dans l'expérience qui
l'a produit :.et si ce gaz contiént non-seuléfent le radical de
l'acide: muriatique, mais, enCôre tous les principes constituans
de cet acide :, comme les principes ‘de’ cét acide, quels qu'ils
soient , ont une grande téndance à se combiner, on conçoit
qu'en détruisant le gaz éthtré par 1e feu , sans le contact de
l'air, oh obtiendra probablément toute la quantité d’acide mu-
riatiqüe qui aura disparu dans l’éxpérience d’où on laura
retiré, Îl étoit. donc de la ‘plüs grande importance d'opérer
cette décomposition en vaisseaux clos. On Fa fait sur neuf
cents grammes d'acide muriatique concentré, et sur un volume
d'alcool bien rectuhé., égal à ces neuf cénts grammes d'acide.
Entre le tube de verre rouge où s’opéroit la décomposition du
gaz et la cornue où il se produisoit, étoit un grand flacon
tubulé , contenant dé Peau à ‘15 à 16° pour arrétér l'acide,
l'alcool: ét l’eau qui 8e volatiliseroient avec ce gaz; le tube
de verre comruuiquoit d'ailleurs avéc deux autres flacons,
dont l’un contenoit de l’eau , et l'Autre de la pôtasse, pour
absorber, tout l'acide qui pourroit réparoitre dans cette opé-
fation ; enfin, par le moyen d'un autre tube ôn recueilloit
les gaz. Pour que cétte opération réussisse bien, il faut que
le tube de verre soit bien luté, ‘et ‘encore bien’ ménager le
feu pour l’empècher de fondre. Quoique dans cette :expé-
tience il ait dù se produire près de cinquante litres de gaz
éthéré , ét disparoîtie d’abord près de deux cent cinquante
g'ammes d’acide, néanmoins tout l'acide , sauf quatre gram-
nes , a reparu dans le tube rouge, et est venu se dissoudre
dans les déux derniers flacons de l'appareil. Ainsi, de toutes
les hypothèses faites jusqu'ici, et qui sont les seules qu'où
puisse raisonnablement faire en regardant l’acide muriatique
comme un être composé, il n’en est qu’une admissible :, c'est
celle dans laquelle on concoit que les élémens de l'acide mu-
riatique existent dans le gaz éthtré combinés avec ceux de
l'alcool, de la même manière que les élémens de l’eau, de
l'acide carbonique et de lammoniaque , existent dans les ma-
tières végétales et animales.
Mais si maintenant on suppose que l'acide muriatique suit
un
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265
un être simple, alors il faut nécessairement regarder le gaz
éthéré comme formé d’acide muriatique et d'alcool, ou d'un
corps provenant de la décomposition de l'alcool (car l'alcool
est peut-être décomposé lorsqu'on le distille avec l'acide mu-
riatique ; au reste, c'est ce que nous verrons facilément plus
tard). Dans tous les cas, la question est donc ramenée à
choisir entre ces deux hypothèses. Discutons-en la valeur autant
qu'il sera possible.
L'une , savoir celle dont nous venons de parler en dernier
lieu, nous présente des phénomènes très-difficiles à expliquer.
En effet, il faudroit supposer que l'alcool ou le corps qui
le représente , agit sur l'acide muriatique avec: bien plus
d'énergie que l'alkali le plus fort, puisque cet alkali ne peut
pas le lui enlever, et que, comme je le démontrerai par la
suite, le muriate de potasse contient moins d'acide que le
gaz éthéré; et comment concevoir, d'une autre part, que le
nitrate d'argent qui enlève tout l'acide muriatique au muriate
de potasse, ne puisse point en enlever au gaz éthéré qui en
contient plus que ce sel.
Dans l'autre hypothèse tout se trouve au contraire natu-
rellement expliqué : on voit comment le gaz éthéré ne rougit
point la teinture de tournesol, comment les alkalis ne l’al-
tèrent pas, comment le nitrate d’argent n'y produit aucun
précipité , comment en s’enflammant il s'y produit une si
grande quantité d'acide muriatique, que cet acide paroit dans
l'air environnant sous la forme de vapeurs; tout se concilie
en un mot ayec ce que nous présentoient les autres corps.
Néanmoins M. Thenard est loin d'admettre absolument
l’une et de rejeter l’autre ; toutes deux méritent d'être suivies ;
c'est ce dontil s'occupe maintenant avec d’autant plus d’ardeur
que, quelque chose qui arrive, les résultats qu’il obtiendra ne
peuvent tre que très-importans:
Tome LXIF. MARS an 1807. LI
65 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ne
SUR la découverte de l'Éther muriatique ;
Par M. THENARD.
Lonsque je lus à l’Institut, le 18 février dernier, mon
Mémoire sur l’éther muriatique, tous les membres de l'Ins-
tütut, MM. Berthollet , Chaptal, Déyeux, Fourcroy, Guyton,
Vauquelin, Gay-Lussac, etc., etc. , regardèrent comme très-
nouveaux les résultats qu’il contenoit, et furent frappés des
conséquences qu'on en pouvyoit tirer. M. Proust que nous
possédons maintenant à Paris, et devant qui je m’empressai
de répéter, d’après le desir qu’il en eut, les expériences que
j'avois déjà faites à l'Institut, savoir, l'épreuve du gaz éthéré
par la teinture de tournesol et le nitrate d'argent avant et
après la combustion, etc. partagea entièrement la surprise,
et l'opinion des chimistes français. Mais ‘vendredi dernier ,
13 mars, c’est-à-dire 25 jours après la lecture dé mon Mémoire,
M. Gay-Lussac, en parcourant le Journal allemand de Gehlen,
découvrit par hasard, dans une note, que Gehlen lui-même
avoit fait des expériences sur l’éther muriatique, et les avoit
consignées dans un des volumes de son Journal, publié en 1804.
Comme M. Gay-Lussac a pour moi la plus grande amitié , il
voulut voir s'il y avoit quelque rapport entre le Mémoire du
chimiste allemand et le mien ; et comme il en trouva beau-
coup, et que je ne sais pas l'allemand, il me rendit le service
de me le traduire. En voici l'extrait :
M. Gehlen à fait de l’éther muriatique par le muriate d’étain
fumant et l’alcool , en employant partie égale en poids de l’un
et de l’autre. Il en a fait aussi à la manière de Basse, chimiste
de Hameln, par un mélange de sel marin, d'acide sulfurique
concentré et d'alcool, d’où jusqu’à Basse, et même jusqu à
lui, on croyoit ne retirer que de l’éther sulfurique : il n’en
a point obtenu avec l'acide muriatique seulement. Quoi qu'il
en soit, M. Gehlen a reconnu dans l’éther muriatique , la
plupart des propriétés que j'y ai reconnues moi-même. Ainsi, il
a vu que cet éther est le plus souvent à l’état de gaz; qu'il
se liquéfie à environ + 10° du thermomètre de Reaumur ;
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 26
qu'il est légérement soluble dans l’eau ; qu'il a une saveur
sucrée ; qu'il ne rougit point la teinture de tournesol; qu'il
ne précipite point le nitrate d'argent, et que quand on le
brûle , il s’y développe une grande quantité d’acide De
M. Gehlen n’a fait aucune expérience ni pour prouver d’où
cet acide muriatique peut provenir , ni pour rechercher la
quantité que peut en donner le gaz éthéré, ni pour ‘établir
la théorie de cette éthérification. C’est sous ce point de vue
surtout que mon ouvrage diffère du sien. Il en diffère encore,
mais cette différence est moins remarquable que la précédente,
par le procédé que j'ai employé pour faire l'éther muriatique ,
au moyen duquel jai obtenu, tout-à la-fois, probablement
plus d'éther que par aucun autre, et un éiher plus pur que
celui de Gehlen; puisque celui-ci ne pèse que 845, et que
celui-là pèse 874, et qu'ici une plus grande pesanteur spé-
cifique est une preuve d’une plus grande pureté,
Ne pouvant plus douter, d'après l'extrait ci-dessus, qu’en
Allemagne on eût fait de l'éther muriatique, et qu’on y eût
bien vu la propriété qu'il a de développer en biülant, une
grande quantité d'acide muriatique, bien convaincu d’une
autre part, qu’en France et en Espagne on ignoroit complète-
ment un fait aussi important, j'ai cherché à savoir si les chi-
mistes anglais étoient à cet égard plus avancés que les chimistes
fran. ais et espagnols. Pour cela, je me suis adressé à M. Piffaule,
administrateur des poudres, qui traduit maintenant la troisième
édition de la Chimie de Thompson, ouvrage plein d'érudition,
et commencé long-temps' après que le Mémoire de Gehlen
eût paru. M, Rillault m'a lu tout ce qui concerne l'éther
“uriatique : il n’y est point question de Geblen, ni de ce
qui a rapport aux propriétés singulières que nous présente
l'éther muriatique ; il n’y est question que du procédé de Basse,
qui consiste à mêler du sel marin fondu, de l’alcoo!l et de l'acide
sulfurique, et qui, excepté la fusion du sel, a été indiqué par
plusieurs chimistes. Je crois étre autorisé à conclure de là, qu'en
Angleterre comme en France et en Espagne, l’éther Muria-
tique étoit inconnu, et que, sans avoir aucun indice du travail
de Gehlen, j'aurai au moins le mérite de l'y avoir fait con-
noitre. Combiea de fois déjà n'est-il point arrivé de faire dans
un pays une découverte qui, plusieurs années auparavant ,
avoit été faite dans un autre, et cela, parce que malheureu-
sement tous les savans ne parlent pas la même langue, et
que les ouvrages des uns ne sont point toujours, il s’en faut
LI 2
268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de beaucoup, traduits dans la langue des autres. C’est ce qui
ést notamment arrivé pour celuide Gehlen.
Autre Note sur l'Éther muriatique.
Dix jours après la lecture de mon Mémoire à l'Institut,
M. Bouley, l’un des pharmaciens de Paris qui joignent le
plus de connoissances positives en chimie à une pratique sûre
en pharmacie, m'a fait part qu'il étoit parvenu, comme moi,
à faire cet éther par l'acide muriatique et l'alcool; mais que
jusqu’à présent il n'avoit point encore donné de publicité à
son travail, parce qu’il n'étoit point aussi complet qu'il le
desiroit. à
Je me plais à rendre à M. Bouley toute la justice qu'il
mérite, et à penser que le temps seul lui a manqué pour porter
ce travail à sa perfection.
PP
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
Histoire naturelle, générale et particulière des plantes ,
ouvrage faisant suite aux OEuvres de Leclerc de Buffon, et
partie du Cours complet d'histoire naturelle, rédigé par C.-S.
Sonini, Membre de plusieurs Sociétés savantes.
Description des végétaux rangés par familles, avec des dé-
tails sur leur culture, leur usage dans la médecine, les arts,
le jardinage, etc. , et sur les phénomènes physiologiques qu'ils
présentent ; par C.-F. Brisseau-Mirbel, Aide-naturaliste au
Muséum d'histoire naturelle; Professeur de botanique à l'Athé-
née de Paris, et Membre de la Société des Sciences, Lettres
et Arts;
Et continué par N. Joly-Clerc , ancien Professeur, et Membre
de plusieurs Sociétés savantes. Tome troisième et tome dix-
huitième. À; Paris, de l’imprimerie de F. Dufart.
On souscrit, à Paris, chez Dufart, rue des Mathurins-St.+
Jacques, et Bertrand, quai des Augustins.
À Rouen, chez Vallée, Libraire , rue Beflroy, n° 22.
A Strasbourg, chez Levrault.
À Limoges, chez Bargeas.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 269
À Montpellier, chez Vidal.
À Mons, chez Hoyois. .
Le tome XVIII commence par la famille 85e, celle des papa-
véracées et finit par la famille cent deuxième , celle desanones.
C'est le dernier volume de l'ouvrage.
Le volume troisième contient l'histoire des plantes crypto-
games,
Ces deux volumes terminent l’histoire des plantes de ce grand
ouvrage. Les deux premiers volumes ont été composés par
Mirbel. Les autres, depuis le quatrième jusqu’au 16°, ont été
composés en partie par Leman. Massé l’a aidé jusqu'au onzième.
Les derniers sont par Joly-Clerc. À
La Table générale en deux volumes paroîtra incessamment.
On donnera ensuite un supplément à l’histoire des vers.
Nouveau Muséum d'histoire naturelle; ou représentation
fidelle des êtres les plus remarquables compris dans les trois
règnes de la nature ; en figures coloriées sur planche; dessi-
nées par M. Desève, et autres habiles Artistes; comparées aux
originaux, et approuvées par MM. Lacépède, Desfontaines,
Faujas-Saint-Fond, Geoffroy , Olivier et Bosc. Avec une In-
troduction à la tête de chaque règne et de chaque classe, un
T'ableau-sommaire à la fin de chaque volume, et un volume
de notices à la fin de l'ouvrage; par B.-E. Manuel. Dédié à
à S. M. r'Emrereur des Français et Ror d'Italie. Tome pre-
mier. Règne animal. — Classe des quadrupèdes vivipares ou
mammifères.
Chaque volume composé de cent planches au moins , sur
papier vélin, est du prix de 60 francs.
À Paris, chez Dufart, Libraire et Editeur. — 1806.
L’Editeur ayant fait, pour l'utilité de son commerce, un
voyage en Espagne, a dû suspendre l’exécution de cet ouvrage.
Encouragé par d’honorables souscriptions , et par les circons-
tances devenues plus favorables, il se hâte, à son retour, de
ublier le premier volume. Il paroîtra successivement un vo-
te nouveau tous les deux ou trois mois.
On peut s'inscrire ou se faire inscrire, chez MM, Dufart,
Libraire et Editeur, à Paris.
Maire, Libraire à Lyon.
Vallée frères , Libraires, à Rouen.
Melon , Libraire à Bordeaux.
Armand Kœænig, Libraire à Strasbourg.
27Q JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Don Fernando Ramos de Aguilera, à Madrid,
Margaillan, Libraire à Milan.
Gravier , Libraire à Gênes.
Et chez tous les principaux Libraires en France et dans
l'Etranger. Aussitôt que le payement des volumes mis au jour
sera effectué par MM. les inscrits, et qu'il sera parvenu à
l'Editeur, l'ouvrage leur sera adressé de suite.
Les premiers inscrits auront l'avantage, 1° d’être les premiers
compris dans la liste qui sera publiée au commencement de
chaque volume ; 2° de posséder les premières planches et les
plus fraiches; 5° de n'avoir à craindre aucune augmentation
de prix.
On pourroit aussi commencer et former dès à présent la
correspondance dont il est fait mention à la fin de ce Pros-
pectus, pour recherches ou acquisitions, avis ou renseigne-
mens concernant l'entreprise en elle-même, ou l'Histoire
naturelle en général.
On voudra bien ne pas oublier d'affranchir tout ce qui sera
adressé par la Poste.
Le premier volume de cet ouvrage paroît. Il contient les
figures d'un grand nombre de mammifères , avec de courtes
descriptions. Le lecteur verra qu’on n'a rien négligé pour
rendre. cet ouvrage intéressant
Nouvelle méthode de classer les hyménoptères et les diptères,
avec figures; par L. Jurine, Correspondant de l'Institut national;
Professeur en anatomie, en chirurgie et en accouchemess ;
Membre du Jury de médecine, de la Société des Arts, de Phy-
sique et d'Histoire naturelle de Genève, et de celle d'émula-
tion du canton de Vaud, en Suisse; Associé des Sociétés
philomatique , d'Histoire naturelle, de Médecine de Paris, et
de celle de médecine-pratique de Montpellier.
On reconnoîtra partout l’empreinte de cette INTELLIGENGE ADORABLE;
qui crayonna de la même main et l’homme et la mouche.
OEuvres de Ch. Bonnet, édit. z2-4°, tom. IV, Contempla=
tion de la nature, ch. 18, pag. 79.
WYMENOPTÈRES. (Tome premier.
À Genève, chez Paschoud, Imprimeur-Libraire. — 1807.
L'auteur a observé dans les aîles de ces espèces d'insectes,
des caractères qu'il croit très-propres à les classer, Nous ferons
connoître plus en détail son travail intéressant.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 2721
Application de l'analyse à la géométrie, à l'usage de
TEcole Polytechnique; par M. Monge. 1 vol. 72-4°. À Paris,
chez Bernard, Libraire de l'Ecole Impériale Polytechnique , et de
l'Ecole Impériale des Ponts-et Chaussées, Editeur des Annales
de Chimie, quai des Augustins, n° 25.
Cet ouvrage comprend deux parties :
La première partie, intitulée DES SURFACES DU PREMIER FT
Du SECOND DEGRÉ, est de MM. Monge et Hachette. Elle traite
du point de la ligne droite et des surfaces du second degré,
La seconde partie intitulée , DE L'ANALYSE APPLIQUÉE À LA
GÉOMÉTRIE. THÉORIE DES SURFACES COURBES ET LES COURBES
A DOUBLE COURBURE, est de M. Monge.
La première édition avoit paru en 1795 ; une seconde édition
parut en 1801. Cette troisième édition est considérablement
augmentée.
Les nombreuses éditions de cet ouvrage , et encore mieux les
connoissances des Auteurs, sont un sûr garant de l’intérét qu'il
mérite.
Correspondance sur l'Ecole Polytechnique , rédigée par
M. Hachette, Professeur de Mathématiques des Pages de LL.
MM. II. RR.; Instituteur à l'Ecole Polytechnique. 1 vol. in 8°
avec des planches, 7 fr. Chez Bernard, Libraire de i Ecole
Polytechnique , et de celle des Ponts-et-Chaussées , Editeur
des Annales de Chimie , quai des Augustins, n° 25.
Ce volume renferme des solutions de divers problèmes mathé-
matiques; par MM. Monge, Laplace, Hachette, Poisson, etc.,etc.,
et surtout la description de la nouvelle route du Simplon , accom-
agnée d'une planche ; l'admission des élèves aux services pu-
Pis ; les Décretsimpériaux et les Actes de M. le Général Lacuée,
Gouverneur de l'Ecole Polytechnique , relatifs à cette Ecole.
Les noms des auteurs annonce combien cet ouvrage est inté-
ressant pour les géomètres.
Nouvelle méthode pour la résolution des équations numé-
riques d'un degré quelconque, d’après laquelle tout le calcul
exigé pour cette résolution se réduit à l'emploi des deux pre-
mières règles de l’Arithmétique; par F.-D. Budan , D. M. P.
On donnera l'extrait de cet ouvrage dans un des numéros
prochains. .
272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etCe.
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
Troisième suite des recherches sur les lois de
l'Affinité; par M. Berthollet. Suite.
Hauteurs de plusieurs lieux déterminées par le
baromètre , dans le cours de “différens voyages
faits en France, en Suisse, en Italie ; par F.
Berger, Docteur-Médecin de Genève.
Recherches sur les moyens de remplacer économi-
quement la corde à feu dans le service de l’Ar-
tillerie ; par le Professeur Proust.
Tableaux météorologiques ; por Bouvard.
Extrait d'un Mémorre sur l'Ether muriatique ; par
T'henard, Professeur au Collége de France.
Note sur la découverte de l'Ether muriatique ; par
le méme. ; 4
Nouvelles Littéraires.
193
220
LÉ
rs
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
AVRIL AN r807.
EXPÉRIENCES
SUR les combinaisons du Soufre et du Charbon,
et sur l'Hydrogène contenu dans ces substances;
Par A.-B. BERTHOLLET fils.
EXTRAIT.
It ExPpÉRIENCE.
LampADivs, professeur à Freyberg, méla du charbon avec
du fer sulfuré ou de la pyrite : il obtint une liqueur très-
volatile, qu'il crut composée du soufre et de l'hydrogène.
Cette liqueur avoit une odeur très-vive sulfureuse.
Il lui a donné le nom d’ulcoo! de soufre.
Il ExrÉRIENCE.
Clément et Désormes , en faisant passer du soufre en vapeur
sur du charbon très-chaud, ont obtenu un produit semblable
à celui du professeur de Freyberg.
En brülant ce produit liquide, ils apperçurent des légères
Tome LXIV. AVRIL an 1807. M m
274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI* -
taches noires à la surface du vase où avoit été opérée la com-
bastion, ce qui leur fit penser que ce liquide étoit formé par
la combinaison du soufre avec le charbon.
Ils ont xlonné en\conséquence à cette liqueur le nom de
soufre carbonné,
Alk-ExrÉRIENCE.,, où à
Ag-B. Berthbllet, fils; a cherché à s'assurer par l'expérience,
si le soufre étoit dans cette opération combiné avec l’hydro-
gène, comme le prétend :Lümypadips, ou ävec le charbon,
comme le soutiennent Clément et Désormes.
Il a pris un tube de yerre d’un mètre enviran de longueur ;
il Ja, placé presque horizontalement dans un fourneau à: ré-
verbère , de manière que d'un des eôtés il dépassoit de plus
d'un décimètre la paroi du fourneau , et de l'autre côté il sortoit
de la moitié de sa longueur en s'inchinant légérement. La
partie comprise dans lintérieur du fourneau étoit couverte
d’un lut capable de résister à une forte chaleur. À son extré-
mité la plus basse étoit ajustée une alonge jointe à un petit
récipient tubtilé, duquel partoit un tube plongeant. dans l'eau
d’un flacon à deux tubulures. Un autre tube doublement coudé
étoit déstinié à conduire le gaz de ce flacon dans un appareil
pneumato-chimique.
Il à ensuite pris du charbon qu'il avoit fait chauffer aupa-
ravant pendant une demi-heure, pour en dépager l’eau et les
gaz qui cèdent à la simple chaleur, et l’a placé dans la partie
du tube qui étoit lutée : il a placé du soufre dans la partie
supérieure du tube, qu'il a fermé hermétiquement : il a pour
lors chauflé la partie lutée du tube où étoit le charbon, jusqu'à
l'incandescence; une chaleur douce a été ensuite appliquée à
Ja partie du tube qui contenoit le soufre, lequel a coulé sur le
charbon incandescent. Axa
Dès que ces deux substances se sont touchées, il. s’est
dégagé des bulles de gaz qui se succédoient rapidement; elles
étoient accompagnées de vapeurs blanches qui, en se conden;
sant dans l’alonge, venoient se réunir dans le ballon, où elles
occupoient le fond de l'eau, sous la forme d’une huile blanche,
quelquefois jaunâtre. : :
. Lorsqu'on veut produire beaucoup de liquide il est nécessaire
d'élever la température du charbon au-dessus du souge eérise;
et de ne faire passer qu'un léger excès de soufre. Prop pew
de soufre ne produit que: du gaz, let: quelques gouttes d’un
liquide plus léger que l'eau, qui. dans. le cours de l'opération
reprend l'état gazeux. NSP
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27)
Si au contraire le soufre est trop abondant, il ne se forme
que dù gaz et du soufre hydrogéné solide, que Clément et
Désormes ont regardé comme uu soufre carburé.
L'opération étant terminée, on maintenoit la température
du tube , pour que la nature du résidu ne fût pas altérée par
le soufre qui se seroit trouvé en contact avec lui, et on em-
péchoit, pour la méme raison, l'accès de l'air dans l'appareil ,
en fermant un robinet adapté à la tubulure du flacon. L'examen
des produits de l'opération ‘a fait voir à l'auteur que
a, l'eau du flacon qui étoit laiteuse avoit l'odeur et toutes
les propriétés de l’eau d'hydrogène sulfuré ;
b,le gaz lui-méme jouissoit d'une odeur semblable, se
dissolvoit dans l’eau par l'agitation ou un long contact, et lui
communiquoit tous les caractères de l’hydrogène sulfuré ;
c,ce gaz brüloit avec une flamme bleue, et en répandant
l'odeur de l'acide sulfureux. .
d, mêlé avec du gaz oxigène , il détonoit vivement par
l'étincelle électrique, quelquefois sans troubler l'eau de chaux,
le plus souvent en produisant un léger précipité et en déposant
du soufre. :
Tous ces caractères. sont ceux de l'hydrogène sulfuré.
L’auteur a ensuite examiné les propriétés du liquide qui
s'étoit rassemblé sous l’eau du ballon, ainsi que dans le flacon.
11 les a trouvés parfaitement conformes à ce qu’en avoient dit
Lampadius d’abord, etensuite Clément et Désormes, savoir, que
a, la transparence de cette liqueur étoit aussi parfaite que
celle de l’eau ;
b, elle exhaloit une odeur assez analogue à celle de l'hydro-
gène sulfuré, mais plus vive et plus piquante;
c, agitée dans un flacon avec l’eau, elle s’attachoit au verre,
et le graissoit à la manière des huiles ;
d , elle brüloit rapidement avec une flamme bleue et l'odeur
de l’acide sulfureux.
e Mais äil n’a point obtenu, comme Clément ‘et Désormes,
de charbon pour résidu de la combustion : phénomène cepen-
dant sur lequel ils ont fondé leur opinion et tous leurs rai-
sonnemens. \
f L'auteur a vu la combustion durer jusqu'à l'entière des-
truction de la ‘substance, et lorsqu'il l'arrétoit avant qu'elle
füt complète, il ne trouvoit que du soufre.
g Il éroit avoir apperçu de très-légères traces de manganèse
et de fer provenant du charbon ou du soufre lui-même, :
L Le résidu de cette liqueur n'ayant point présenté de
M m 2
276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
charbon à l’auteur , il a cherché dans le gaz qu’elle produit,
s’il pourroit en démontrer l'existence; mais ni sa combustion
au moyen du gaz oxigène , dans des vaisseaux placés dans
l'eau, ni l’action de l'acide muriatique lui-même, ni celle
des alcools, ne lui ont offert aucune apparence de charbon,
ni d'acide carbonique. à
Dans le premier cas, le produit de sa combustion ne trouble
nullement l’eau de chaux; dans le second, on ne trouve que
l'acide sulfurique mêlé à l'acide muriatique; dans le troisième,
on a une combinaison qui se comporte en général comme les
sulfures hydrogénés,
De tous ces faits l’auteur conclut que la liqueur produite
par l’action réciproque du soufre et du charbon incandescent ,
est formée d'hydrogène et de soufre , ainsi que Lampadius l'avoit
annoncé, et ne contient point de charbon.
Ces faits font encore connoître en méme temps que le soufre
et l'hydrogène sont susceptibles de s'unir en différentes pro-
portions,
a Lorsque le soufre est très-abondant, la combinaison prend
la forme solide. L'auteur l'appelle soufre hydrogéné solide.
b Si l'hydrogène vient à augmenter, le composé se résout
en liquide.
© Enfin une nouvelle quantité d'hydrogène fait entrer la
matière en expansion, et 1l en résulte un gaz.
D'autres faits confirment ces résultats. On peut obtenir de
la décomposition de sulfures hydrogénés par les acides, les
mêmes produits que de la distillation du soufre sur le charbon;
c'est-à-dire,
De l'hydrogène sulfaré gazeux ;
Du soufre hydrogéné liquide,
Du soufre hydrogéné ee
Et cependant dans toutes ces substances il n’y a point de
charbon.
Mais d'où vient l'hydrogène qui dans tous ces différens pro-
duits se trouve combiné avec le soufre ?
Toutes les expériences de l'auteur lui ont démontré, dans
le charbon , la présence de l'hydrogène, que La chaleur
seule , élevée au plus haut degré que nous ayons pu produire ,
ne peut en séparer : si le sou le lui enlève, c’est en joignant
son action chimique à celle du calorique.
L'auteur a méme remarqué que si, après que tous les phé-
nomènes que nous avons rapportés sont passés, on élève forte-
ment la température, en faisant passer beaucoup de soufre, le
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 277
développement des gaz se ranime , et l'on peut ainsi faire
disparoître entièrement le charbon. En arrêtant l'opération
avant ce terme, on trouve dans le tube des morceaux de charbon
qui montrent des signes sensibles d’érosion, Le peu de liquide
que l’on obtient dans cette seconde époque de l'expérience, est
si volatil qu'il repasse bientôt à l'état gazeux. Le soufre qui
coule dans l’alonge ne contient pas plus de charbon que celui
qui a passé au commencement, mais 1l contient de l'hydrogène.
Le gaz ressemble à l'hydrogène sulfuré , par son odeur , sa
manière de brûler, sa solubilité dans l'eau, et les propriétés
qu'il lui communique.
Cependant l’eau ne l’absorbe pas entièrement. Le produit de
sa combustion trouble fortement l’eau de chaux, C'est donc
dans ce gaz, probablement analogue à celui que Clément et
Désormes ont nommé soufre carburé gazeux , que se trouve
le carbone soumis à l'expérience. C’est une combinaison triple
de carbone d'hydrogène et de soufre.
En réfléchissant sur la destruction complète du charbon par
l'action du soufre ; et sur la nature des produits qu'elle fournit,
on est tenté de croire que le charbon est inséparable d'une
certaine quantité d'hydrogène, et qu'à une haute température
le soufre qui se trouve en contact avec lui, détermine en
vertu de l’affinité chimique un nouvel ordre de combinaison
qui prend l’état élastique.
Mais le soufre lui-méme paroîft également contenir une
portion d'hydrogène , suivant l’auteur : c’est ce qu’il prouve
par plusieurs expériences.
a Il a fait pässer du soufre dans ‘un tube de verre luté et
chauffé au blanc, auquel étoit adapté un tube propre à re-
cueillir le gaz, et il a obtenu de très-légères traces d’hydro-
gène sulfuré.
6 Il a formé des sulfures métalliques dans des cornues de
grès. Après avoir pris toutes les précautions possibles pour
écarter les causes d'incertitude, il a obtenu assez de gaz by-
drogène sulfuré pour précipiter la dissolution de plomb, et
pour pouvoir étre enflammé. Il a employé dans ces expériences
le fer préparé exprès, le cuivre et le mercure. C’est ce dernier
métal qui lui en a fourni le plus.
c L'auteur a répété une expérience de Priestley , qui dit avoir
produit du gaz hydrogène sulfuré en faisant passer de l’eau en
vapeur sur du soufre fondu. L'auteur a obtenu les mêmes ré-
sultats que Priestiey. Il s’est d'ailleurs assuré que l’eau n'avoit
pas été décomposée ; car il n’a pu trouver aucune trace d'acide
235 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE GHIMIE
sulfurique. L'eau n’a donc servi dans cette circonstance ‘qu'à
dégager l'hydrogène du soufre. st 1h
Les conclusions que Berthollet tire de toutes ces expériences
sont les suivantes :
1°. Le charbon contient de l’hydrogène que la chaleur la
plus intense que nous puissions produire n'en peut dégager
complètement. |
2°. Le soufre à une température rouge agit sur cet hydro:
gène, et forme des combinaisons à proportions très-variées ,
d’où dépendent leurs propriétés.
5°, Le charbon privé d hydrogène, au moins en grande partie;
forme avec lè soufre un composé solide dans lequel celui-ci
entre en pttite quantité.
4°: À uüne haute température le soufre , le carbone et l'hy-
drogène contractent une union qui prend l'état de gaz.
5°. Enfin le soufre contient de l'hydrogène.
Biot dans ses expériences sur la’ réfractron, avoit également
conclu que le soufre contenoit de l'hydrogène.
Vauquelin, qui avoit de son côté! fait des ‘expériences pour
reconnoître la nature du soufre liquide de Lampadius, pense,
comme Berthollet , que c’est une combinaison de soufre et
d'hydrogène. 9% 101
NO TE
SUR LA-YEÉNITEÉ.
” La yénite à été apportée de l'ile d’'Elbe, nommée et carac-
térisée par M. Lelievre, Conseiller des Mines, Membre de
l'Institut.
” Elle est noire ou d’un noir brunätre; elle se trouve au milieu
d'une gangue, tantôt en rayons diyergens, tantôt en masses
compactes formées de l'agrégation de ces rayons, tantôt en
cristaux, dont les formes principales sont, 1° un prisme rhom-
boïdal (98° et 82°), terminé par un sommet dièdre obtus
(114°), dont les facettes sont placées sur les arêtes latérales.
2°, Un. prisme d'apparence rectangulaire terminé ‘par un
sommet obtus (104), dont les facettes répondent aux faces
latérales du prisme. La surface des cristaux de la première
variété est terne et brunâtre; celle des cristaux de la seconderst
d’un beau noir; les faces latérales de cette variété sont fortement
striées en long, et celles du Sommet sont lisses et très-brillantes ;
sa cassure est inégale et d’un éclat gras (à-peu-près comme
{ "12 ET D'HISTOIRE NATURELLE, t_ eg
dans celle du manganèse phosphaté). Elle présente trois clivages,
deux sont parallèles aux faces d’un prisme rhomboïdal d'environ
1129, et le troisième, qui est plus distinct, est parallèle à la petite
diagonale de la base. Elle est opaque semi-dure , raye fortement
le verre, mais non le felsdspath, et pèse de 3,82 à 4,06.
Au chalumeau, elle se fond facilement en un verre noir
attirable ;.elle se dissout dans les acides, notamment dans le
muriatique.
Analysée par Vauquelin et Descotils, elle a donné sur cent
parties, f
Descotils. Vauquelin.
AGE ee Des eg aie e se 120 29: 30
Care MAL MAO 12 12,5
Oxide de fer....... 55 BG, 5
Oxide de manganèse 3 { eme
Alumines tres 0:06 o
nn
95,6 93 100
Elle se trouve engagée comme au milieu d’une gangue, dans
uné substance verdâtre, disposée en rayons et fibres comme
Y'asbestoïde (stralstein), et qui n’est vraisemblablement qu'une
sous-espèce de la méme espèce.
Elles forment ensemble une masse ou puissante couche super-
posée à du calcaire primitif.
a ———
: NOUVELLE MÉTHODE
Pour la résolution des équations numériques d'un degré
quelconque, d'après laquelle tout le calcul exigé pour
Celle résolution ,1se réduit\à lemplot d'es deux premuères
règles de. Arithmétique ;
« » ; , -
Par M. Burax , Docteur en Médecine de l'Ecole de Paris :
Dédice'à SM. Empereur et Ro (1).
4°
Lx problème de la résolution des équations numériques
peut être considéré, suivant Île premier de nos géomètres »
(1) Un vol. in-4° broché; prix, 5 fr., et 5 fr. 75 c. par la poste.
A Paris, chez Courcier, Imprimeur-Libraire, quai des Augustins, n° 57.
280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
comme le point le plus important de l'analyse algébrique :
aussi a-t-il exercé la plupart des analystes les plus renommés,
depuis le premier âge de l'algèbre jusqu’à nos jours. Malgré
de nombreux et importans travaux sur celte matière, on
desiroit encore une méthode qui fût susceptible d'être réduite
en pratique dans les équations d'un degré un peu élevé, et
dont les règles pussent être enseignées aux commençans, même
dans l’arithmétique : la Nouvelle Méthode remplit ce vœu
exprimé par un illustre géomètre.
Cette découverte, qu'on auroit plutôt attendue de quelque
savant déjà connu par ses succès dans les mathématiques, est
due à un médecin qui, ne s'en étant occupé que par circons-
tance, et livré habituellement aux études et aux travaux de sa
profession , n’avoit point encore pris rang et ne s'étoit point
fait un nom parmi les géomètres. Quoiqu'il ne se dissimule
pas les avantages de sa méthode, il en regarde la découverte
comme une Leureuse rencontre. & Quand on considère, dit-
» il, un objet sous toutes ses faces, avec une attention persé-
» vérante, ilest difficile qu’ilne seprésente pas à l’esprit quelques
» vues nouvelles..... La science elle-même a ses hasards, et
» souvent les inventions s'offrent comme fortuitement à l'esprit,
» au moment où ses recherches le portoient ailleurs. » Sans
examiner ici jusqu'à quel point seroit fondé le préjugé qui
tendroit à s'opposer au progrès de la Nouvelle Méthode,
parce qu’elle est due à une personne qui n'étoit point encore
connue dans la science, nous ne craindrons point d'appeler ,
sur cette production, l'examen le plus sévère de toutes les
personnes qui y sont le plus versées; et, pour justifier l'opinion
qe nous en avons conçue, nous allons entrer dans quelques
détails.
A l'exception du premier chapitre qui retrace l'histoire
abrégée des travaux entrepris sur cette matière pendant les
deux derniers siècles, et du chapitre IIT, où sont rappelées
diverses notions algébriques, et entre autres, cette fameuse
règle de Descartes, dont la Nouvelle Méthode offre le plus
heureux emploi, l'ouvrage est, en entier, de la création de
l’auteur. D'abord, c’est un algorithme ( approuvé en 1803 par
la première Classe de l’Institut) qui fait trouver, par de simples
additions et soustractions, tous les coefliciens des transformées
successives en (æ—1}), (x— 2)(x—53), etc. , d’une équation
Proposée en x. Les transformations , devenues si faciles, à
l'aide de cet algorithme, ont présenté naturellement à l'auteur
le
Ÿ
ET D'HISTOIRE@NATURELLE, r 281
Je moyén de découvrir, parles transformées en (æ—p) et en
(x—p— 1), si l'équation a quelque racine égale à un nombre
entier p, où comprise entre p et pr. La recherche des
différentes valeurs incommensurables dont æ est susceptible,
se réduit donc à celle des racines que l'équation en (æ—p)
peut avoir entre zéro ét un. Cette première partie de la Mérhode
suflit toute seule, en certains cas, pour faire découvrir les
‘différentes valeurs réelles de l'inconnue, à moins d'une unité
prés : elle a reçu , en 1803, l'approbation de la première Classe
de l'Institut, qui a reconnu, dans ce nouveau procédé, une
Méthode générale , directe et sure , pour résoudre une équation,
lorsqu'on sait d'avance qne toutes ses racines sont réelles (1).
Mais on obtient rarement cette condition, et souvent l'équa-
tion à résoudre a des racines imaginaires. Alors les transfor-
mées sucessives sont insuflisantes ; ét M Budan y joint, dans
la seconde partie de sa Méthode, des transformées co/laté-
rales ; c’est-à-dire, qu’à côté d'une équation en (æ—p), il
at Il établit cette
règle remarquable , qu'il déduit de: celle de Descartes :
une: équation en (x—pne peut avoir plus de racines com-
prises entre zéro «et un, qu'il n'y & de variations de signe
place une équation en é 1), égalant
dans l'équation en Ce —1). Ainsi l'absence de toute variation
de signe, dans la seconde de ces équations, est un criteriumr
Ou indice assuré qui caractérise, dans la première , l'absence
de toute racine positive moindre que l'unité. M. Budan prouve
aussi que, réciproquement , l'absence de toute racine entre
zéro et un, dans l'équation (æ—p) est constamment mani-
festée par l'absence des variations de signe dans l'équation
Z : .
en ( 1), sauf un seul cas qui peut faire exception. Ce cas est
celui où l'équation en (æ—p) a une couple, au moins, de
racines imaginaires dont la partie réelle étant une fraction
proprement dite, la partie précédée du signe — sous le signe
radical, est plus petite que le produit de cette fraction par
Son complément à l'unité, et par conséquent moindre que <.
Il est aisé de voir que l'adjonction de ces transformées colla-
térales aux transformées successives, sera souvent suflisante pour
(1) Des circonstances particulières ‘ont empêché l’auteur de présenter à
celle même Classe la suite de son:trayail.
Tome LXIF. AYRIL an 1807. Nan
282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
découvrir, à moins d’une unité près, les différentes valeurs de
l'inconnue dans l'équation proposée.
Lorsqu'on sait que l’équation à résoudre a des racines
imaginaires, ou qu'on ignore si toutes ses racines sont réelles,
la présence des variations de signe, dans l'équation en Cond)
n'établit, d'après! l'exception possible qui vient d’être men-
tionnée, qu'une présomption en faveur de l'existence de
quelque racine entre zéro et un, dans l'équation en (æ—p)
toutes les fois que le premier et dernier termes de celle
en (en) ne sont pas de signes contraires, ou, ce qui revient
au méme, lorsque l’opposition des signes n'a pas lieu entre
le dernier terme de l'équation en (æ—p}) et celui de l'équation
en (æ—p— 1). Il faut alors recourir à la troisième partie de
la méthode: Dans cette partie M. Budan, par. des opérations
ultérieures ant seroit trop long de rapporter ici, et toujours
par le simple emploi de son algorithme, calcule de nouvelles
transformées successives et collatérales , dans lesquelles il
prouve rigoureusement (ce qui.est le point décisif dans sa
méthode) .que le cas d’exception finira nécessairement par
s'évanouir. Par ces transformées, qu'on pourroit appeler équa-
tions subséquentes de 17e, 2°, 5°, 2 ième ligne, on parvient,
soit à déterminer le rejet ou l’admission des racines qui n’étoient
que présumées, soit à approcher, jusqu’à la nième décimale,
de la valeur exacte d'une racine déjà manifestée entre deux
nombres entiers consécutifs! Le même procédé qui sert comme
méthode d'approximation pour les racines dont on a une pre-
mièré valeur approchée , est ainsi , tout à-la-fois, une méthode
de ‘vérification et d'approximation pour les racines douteuses.
Sur quoi il faut observer que le nombre des transformées
successives qu’on est dans le cas de calculer, pour avoir À
chiffres à la racine, s'élève, au plus, à 10 7.
Les notes qui terminent l'ouvrage, n’offrent pas moins d'in-
térêt. L'auteur y donne divers moyens de constater, dans une
équation , l’absence de toute racine positive au-dessous de
l'unité : ce sont d’utiles abréviations qui dispenseront souvent
de recourir aux transformées collatérales. Nous passons plusieurs
détails plus ou moins importans , pour arriver à un nouveau pro-
cédé approximatif, proposé par M. Budan. Ce procédé est fondé
sur celui par lequel il détermine , dans une équation quelconque,
une double limite , en plus et en moins, pour toutes les valeurs
TE D'HISTOIRE NATURELLE, °° 283
que l'inconnue péut avoir entre zéro ét un. Il Vapplique à
Féquation x°—2@—5—0; que les auteurs emploient commu-
nément pour exemple, et il obtient pour quatrième valeur
approche de æ, une! valeur qu’il prouve être exacte dans les
cuf premières décimales ; tandis que li quatrième v:leur appro=
chée; et même la dixième, selon les divers procédés connus,
n'offrent point la méme exactitude. hs a LES
Notre auteur suppose, comme ün a coutume de faire, que
l'équation à résoudre est débarrassée des racmés égales qu'elle
pouvoit avoir; mais’ il présente un appercu concernant la pos-
sibilité d'y conserver ces radines, en suivant sa méthode. On
n'y peut trouver de difficulté que pour les racines égales,
réelles , incommensurables , car les racines égales, réelles ,
commensurables--#’en font aucune. M. Budan observe avec
raison , qu'une fois qu'on est parvenu à connoître l'existence
d’une racine entre’ :deux limites quitre diffèrent que d’une
unité décimale de l’ordre auquel qn veut arrêter l'approxima-
tion, il.est indifférent pour la pratique , que la valeur trouvée
appartienne à une ou à plusieurs racines, soit absolument
égales, soit égales seulement jusqu’à ce degré d'approximation :
l'essentiel est qu’on connoisse jusqu'au degré requis d'exacti-
tude, toutes les différentes valeurs réelles qui appartiennent
à l'inconnue (de la'propésée. 11 -résulte de cette observation
qu'on peut toujours ‘laisser subsister les ‘racines égales dans
l'équation; lorsqu'on! sait qu'élle n’a point dé’ratines imagi-
naires. L'auteur. propose même un moyen de faire disparoilre
la difliculté dans tons lescas; mais il ne le proposé qu'en hésitant,
parce que les coefficiens de l'équation qu'il enploie à cet eflet,
mont qu'une)valéur approchée. Son doute s'étend, parce même
molif, aux moyens qu’on 'a cru pouvoir indiquer jusqu'ici, tant
pour trouveriles racines imaginaires d'une équation, que pour
résoudre des équations à deux inconnues, ét'pour décomposer
une équation en facteurs réels du second degré. Il en prend
occasion de demandét-qu'on's’occupe de déterminer, par quelque
règle certaine, quélles sont les altérätions que peuvent subir des
coufficiens , sans -qué la nature des racines de l'équation soit
changée ; on pourroïit même ajouter , ‘sans qu'il en résulte une
altération sensible dans la valeur de ses racines réelles. Quoique
l'on pôt tirer quelque Parti de la Nomyelle Méthode pour la
détermination des racines imaginaires, l’auteur ne s’en est pas
occupé , parce que ce point appartient plutôt au problème de
la décomposition d'un polynome en facteurs réels du second
Nuouz
+
284, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE, CHIMIE
degré ; tandis que le problème de la résolution des équations
numériques se réduit, à la recherche des différentes valeurs:
réelles de l’inconnue. ,,.:, \ 0 :
Telle est, en substance, la production offerte au public par
le docteur Budan ; production dans laquelle la plus sévère
attention ne peut rien découvrir qui tienne du paralogisme.
Nous pensons que cet ouvrage, qu'il a particulièrement destiné
aux jeunes élèves, doit devenir un texte d'enseignement, qu'il
fera époque dans la science, et méritera à l’auteur la recon-
\
noissance de tous, ceux qui s'intéressent à ses progrès.
:GARNtER, Jnstituleur, ex-Professeur
à l'Ecole Polytechnique.
LED E RE
DE M. STAZIS À J.-C. DELAMÉTIERIE,
Sur des Mélanites trouvées en, Pologne.
A uxslieue de Xresovice,, sur un terrein rempli de carrières
de charbon de terre , s'élève une colline de 50 à 60 toises de
hauteur, composée de grauvach, et de.grauvach-schifer; mais
le sommet de cette colline sur lequel est bâti le vieux château
de T'enezin,.est de basalte.. On le voit mieux du côté de Za/asie.
Ce basalte a les propriétés magnétiques, J'y ai trouvé les deux
polarités. Il contient beaucoup de hornblende, communément
nommée Aornblende basaltique , , dans laquelle se trouvent
aussi des r1élanites notres (vern). Elles sont de différentes
grandeurs , souvent très-parfaitement cristallisées en prismes
à six faces, terminées aux deux bouts par un pointement obtus
à 3 faces, qui correspondent alternativement ,à 5 bords laté-
raux d’un côté, et de l’autre aux trois. autres bords :latéraux.
Toutes les autres collines dans ces,environs sont calcaires de
primitive formation marine, et remplies d’ammonites , de
gryphites, de belemnites et de cornes d'ammon de différentes
grandeurs, jusqu'à deux pieds de diamètre. Nulle part dans
ces contrées, de méme que nulle part.en, Pologne; dans toute
la chaîne des Crapañs du côté du nord, on ne trouve aucune.
trace volcanique. il
LI
ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 285
HAUTEURS
DE PLUSIEURS LIEUX
DÉTERMINÉES par le baromètre, dans le cours de
différens royages faits en France , en Suisse en
Italie ;
Pan F. BERGER , Docteur-Médecin, de Genève.
SECOND MÉMOIRE.
Les observations barométriques dont les résultats forment
le sujet essentiel de ce Mémoire, ont été faites à des époques
différentes , mais toutes, avec un baromètre fort exact, sem-
blable à celui dont M. M.-A. Pictet a donné la description
dans le n° 176 de la Bibliothèque britannique. Cette raison,
qui me les fait considérer comme dignes de quelque confiance,
m'engage aussi à insister davantage que je ne l’ai fait dans le
remier Mémoire, sur diverses circonstances qui tiennent à
Hoi de ces observations, comme le degré moyen de
température , et les époques auxquelles elles ont été faites (x).
En effet, si des observations répétées plusieurs fois dans les
mêmes lieux, avec les mêmes instrumens et les mémes soins,
offrent des résultats disparates, il est clair alors, que cela
tient à des considérations de théorie qu'on n’appréciera bien,
je pense, qu’autant que tous les détails des observations seront
connus. Ce n'est même qu'en les groupant, qu’on pourra se
flatter de rendre certaines remarques plus saillantes, et d’en
déduire des résultats utiles pour la partie pratique de la mesure
des hauteurs.
(1) Pour les observations barométriques et thermométriques sédentaires ,.
je me suis servi de celles qui se font depuis plusieurs années à l’Observar
toire du jardin botanique de Genëve.
286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Les montagnes et autres lieux dont il sera fait mention dans
ce Mémoire, se trouvent renfermés dans l'étendue acturlle des
départemens du Léman et du Mont-Blanc, ce qui m'engage
à classer mes observations en deux sections. Comme plusieurs
des montagnes dont je ferai mention, ont été décrites par
l’auteur illustre des Voyages dans les Alpes, je ne saurai
mieux faire que d'en donner d’après lui le précis’ qui sufhira
à mon but, en renvoyant pour de plus amples éclaircissemens,
à l'ouvrage lui-même. Je serai un peu plus long pour quelques
montagnes dont il n'a point du tout parlé, ou seulement d’une
manière très-brève.
S Ier,
Description abrégée de plusieurs montagnes du département
| du Léman.
(a) Mont Salève.
Cette montagne située à une lieue et demie est de Genève,
a une forme très-alongée dans la direction du nord-nord-est
au sud-sud-ouest. Elle présente à l’ouest-nord-ouest des rochers
nus et escarpés, disposés par couches à-peu-près horizontales.
A l'est-nord-est, du côté de la vallée des Bornes ou des Alpes,
situées au-delà , les couches de cette montagne descendent
en pente douce et presque uniforme. On observe de ce côté-là
des couches de grès tendre superposées aux couches calcaires
et qui sont inclinées sous un angle de 45°. On en trouve de
semblables sur le petit Salève; elles descendent, comme lui, du
côté du levant, et reposent également sur le calcaire. Les
grès s'étendent à quelque distance du pied de Salève , se
joignent par dessous terre à ceux du coteau d'Esery, en con-
servant toujours la mème direction. Le ruisseau qui porte le
nom de Viézou, et qui coule au levant de Salève, s’est creusé
un lit très-profond dans ces grès tendres. L'Arve, qui vient se
jeter dans le lit du Viézou, et baigner avec lui le pied de la
montagne, s'est aussi frayé un chemin au travers de ces mol-
lasses. On voit sous celles-ci, au petit Salève, des couches
d'une brèche calcaire qui recouvrent les bancs de calcaire
compacte dont est composé le corps de la montagne.
On rencontre dans la vallée de Monnetier qui sépare le grand
Salève du petit, de gros blocs de granit et de roches feuilletées.
(a) Voyages dans les Alpes, 66 220 — 254.
Ù ET D'HISTOIRE NATURELLE. 287
Ils sont très-fréquens sur le petit Salève, ainsi que sur le
grand, jusqu'au hameau de la Croisette ; mais depuis là,
jusqu'au piton, point le plus élevé , on n'en voit presque plus.
Les flancs du mont Salève sont boisés dans cette partie, et
sur le haut, la terre végétale recouvre un fond de sable blanc
très-considérable. .
Le mont Salève renferme dans l'intérieur de ses couches
calcaires une grande variété de corps marins pétrifiés, quelques
indices de houille, plusieurs noyaux de silex-ou de pétrosilex
d'une forme naturellement arrondie, du fer à l'état d’oxide
terreux ,..:... etc.
(2) Montagne des VWoirons.
Cette montagne, située sur une ligne plus reculée du lac
Léman que le mont Salève, lui seroit en quelque sorte pa-
rallèle, si elle ne se dirigeoit pas un peu plus au sud. Son
pied est distant de deux grandes lieues de Genève. Sa forme
est alongée , et son sommet disposé en aréte dans le sens de
sa longueur. La pente que présente la montagne des Voirons,
du côté de la vallée du lac, est doucement inclinée jusqu'aux
deux tiers de sa hauteur; là, il règne une espèce de plate-
forme depuis laquelle la pente couverte d'une forét de sapins,
devient très-rapide. On y remarque que les couches se relèvent
du côté du lac. La pierre qui forme essentiellement les Voirons
est un grès calcaire , mais dont la nature varie beaucoup ;
car le rocher qui forme la partie la plus méridionale de l'arète
du sommet, est une espèce de poudingue ou de conglomérat
primitif dans lequel j’y ai trouvé des rognons d’une beile espèce
de granit à feldspath rouge et mica noir, qu’on trouve le moins,
comme le remarque M. Deluc, dans la partie des Alpes qui
avoisine Genève. J'ai aussi trouvé disséminés çà et là, sur la
pente des Voirons, du côté de Genève, de gros blocs adventifs
de roches feuilletées, micacées , notamment à une lieue au-
dessus du village de Lussinge , à la droite du Nant-d’Eau.
Les couches du mont Voirons , du côté de la vallée de Boëge ,
ou des Alpes, ont une pente bien plus rapide que celles du
mont Salève. On trouve près de l'extrémité méridionale des
Voirons, à-peu-près à la moitié de la hauteur de la montagne,
(è) Voyages dans les Aïpes, 66 273—278. Description du mont Voirons
pres Genève , et de deux fossiles qu’on y trouve ; par G.-A Deluc. (Journal
de Physique, tom. 50, p. 421.)
288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
une grande carrière de pierre à chaux, dont les bancs, presque
perpendiculaires à l'horizon et dirigés de l'est à l’ouest, ren-
ferment plusieurs espèces de corps marins pétrifiés. M. Deluc
y a trouvé entre autres, deux grandes espèces de bufonites,
qu'il croit nouvelles, et qu'il a décrites en détail dans le
Mémoire auquel j’ai renvoyé au commencement de cet article.
(c) Vallée d' Abondance.
La route la plus commode pour aller dans cette vallée depuis
Genève, passe sur le coteau de Cologny, dont la base est un
grès tendre. On laisse ensuite sur la droite le coteau de Boisy ,
et plus à l'est les collines des Alinges formées également par
des mollasses dont les couches, ainsi que toutes celles de la
chaine extérieure des Alpes, se relèvent contre le lac où elles
presentent leurs escarpemens, tandis qu’elles descendent en
pente assez douce du côté des Alpes. Le coteau de Boisy est
parsemé de blocs de granit et de roches feuilletées micacées ;
on en rencontre aussi trois quarts de lieue avant d'arriver à
Thonon , capitale du ci-devant Chablais.
Au-delà de Thonon, on traverse la Dranse, rivière qu’on
remonte lorsqu'on va dans la vallée d’ Abondance, dont l’abbaye
dite N. D. d’Abondance, est le chef-lieu. Cette vallée riche
en beaux pâturages, s'élève par une pente insensible jusqu’à
un col où l’on trouve une croix qui sert de limites entre la
France et le Valais. On compte deux fortes lieues depuis l'abbaye
jusqu'à ce point; de là on descend assez promptement à Mon-
teiche village Valaisan situé à peu de distance du Rhône,
Toutes les montagnes qu'on voit sur cette route sont de nature
calcaire. Elles sont généralement escarpées contre le lac ; en
divers endroits, comme entre N. D. d'Abondance et le village
de Chatel, elles ont leurs couches rangées à-peu-près dans un
sens vertical. Au-dessus des Chalets de Bize, sur la chaîne qui
sépare la vallée où sont les pâturages d'avec celle d'Abondance,
on a trouvé de la houille de bonne qualité qu’on exploite avan-
tageusement. Les montagnes qui encaissent ces vallées, sont
plus élevées et plus escarpées que celles qui sont près de Genève,
par la raison qu’elles sont plus voisines du centre des Alpes, et
qu'il est probable , comme le remarque M. de Saussure, qu'il
manque ici quelques-uns des gradins inférieurs du grand amphi-
théâtre des Alpes.
(d) Montagne du Môle,
S——
(d) Voyages dans les Alpes, &S 279— 295. :
Je8 PSS OT PS Lorsqu'on
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2°g
Lorsqu'on part de Genève pour examiner cette montagne,
on se rend le plus souvent à la Bonneville, capitale du ci-
devant Faucigny, située dans une plaine près du cours de
l'Arve, entre les montagnes du Môle et du Brison.
Le Môle est une montagne de forme alongée, dont la direc-
tion court de l'ouest-nord-ouest à l’est-sud-est. Il est composé
de calcaire compacte, mais dont la pierre commence à prendre
dans quelques endroits l'apparence d'un schiste par sa disposi-
tion à se feuilleter. Il y a quelque irrégularité dans la situa-
tion des roches, elles suivent cependant bien la loi de celles
de toutes les montagnes extérieures de la chaîne des A'pes, doat
les escarpemens sont opposés à ces dernières, tandis que leurs
pentes douces au contraire les regardent. C'est ici que M. de
Saussure remarque, pour la première fois, que les montagnes
secondaires sont d'autant plus irrégulières et inclinées, qu'elles
s’approchent davantage des primitives. C’est depuis le Môle
encore, qu’on voit très-distinctement que les Alpes auxquelles
toutes les montagnes environnantes se rattachent, sont compo-
sées d’un grand nombre de chaînes à-peu-près parallèles entre
elles , séparées par des vallées qui suivent les mêmes directions,
dont la plus générale, et qui ne souffre que de légères excep-
tions, est celle du nord-est au sud-ouest.
On rencontre sur le Môle des brèches calcaires grossières,
dés vestiges imparfaits de pétrifications, mais fréquemment
des nœuds et même des veines de pétrosilex renfermés dans
la pierre calcaire.
(e) Vallée de Taninge.
Cette vallée, qui a son débouché dans la grande vallée de
l'Arve du côté de la Bonneville, se dirige très-sensiblement
de l’est à l’ouest. Elle est arrosée par le Gifre, rivière ou torrent
assez considérable produit par la fonte des glaces du Buet et
autres montagnes élevées qui avoisinent ce glacier , telles que
le Grenier, le Grenairon..... Près de T'aninge, les eaux du
Gifre se grossissent de celles du Foron, qui couleest-nord-est,
où il prend sa source sur les monts Morgène, qui limitent
le terrtoire de la France et du Valais. De Samoin, lorsqu'on
va à l’abbaye de Sixt, qui en est éloignée de deux lieues, on
remonte le Gifre, dont le cours se trouve resserré entre des
rochers calcaires au travers desquels il s’est creusé un passage.
Plusieurs des montagnes calcaires qu’on rencontre sur cette
route, renferment des mines de plomb tenant argent. Le fond
de la vallée se trouve fermé par des montagnes couvertes
Tome LXIV. AVRIL an 1807. Oo
299 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de glaces éternelles. On se rappelle que cette route est celle
que tinrent MM. Deluc, lorsqu'ils tentèrent l'ascension du
glacier du Buet, où personne n'avoit jamais été avanteux, mon-
tagne qu'ils ont rendue à jamais célèbre par les belles expériences
qu ils y firent sur le degré de chaleur de l'eau bouillante, On peut
voir la relation de cet intéressant voyage dans les Rech. sur
les modif. de l'Arm., tom. IV, &S 884.
Les couches des montagnes qui encaissent la vallée depuis
Samoin, sont, dans plusieurs endroits, singulièrement tourmen-
tées. J'ai remarqué entre autres, dans le bas de la montagne dite
la Pointe de Sale, des couches fléchies et concentriques les
unes aux autres, de manière à former une grande ellipse,
et au-dessus de celles-ci, d'autres couches horizontales. C'est
un exemple, entre plusieurs autres, qui confirme la remarque
de M. de Saussure rapportée plus haut, sur l'irrégularité des
couches de montagnes secondaires à mesure qu'elles se rappro-
chent des primitives.
Je n’ai rencontré dans la vallée de Taninge aucun bloc de
roches primitives, .soit en m'y rendant depuis Cluses par la
paroisse de Chatillon , soit en suivant la vallée au-dessous
de Taninge jusqu'à son débouché dans la vallée de l'Arve.
J'ai remarqué quelques crétins à Samoin, dont l'exposition
est sans contredit la plus chaude de tous les lieux de la vallée.
On trouve sur la route de Taninge à Samoin, à gauche,
une heure environ avant d'arriver à cette dernière ville , une
source d'eaux minérales ferrugineuses dont on fait usage dans
le pays.
(f) Mont Prison.
Le mont Brison, que les naturalistes et les géographes
appellent Brézon, forme avec le Môle l'entrée de la vallée de
l'Arve. Elle est de calcaire compacte et située à l'ouest-sud-
ouest du Môle. Son sommet, prodigieusement escarpé du côté
de cette dernière montagne, est taillé à pic à une très-grande
profondeur , tandis que les couches sont inclinées du côté
des Alpes, mais très-rapidement dans le haut.
Le pied du Brison est couvert de grandes couches presque
perpendiculaires à l’horizon, qui sont appuyées contre le corps
de la montagne. Ces couches sont coupées à une demi-lieue
sud de la Bonneville, par une petite vallée étroite et tortueuse,
(f) Voyages dans les Alpes , 6 283 — 442 — 446,
æ
ET D'HISTOIRE UN ATURELLE, 201
à angles saillans et rentrans, qui conduit au village du Brison,
situé derrière la montagne de ce nom.
Le calcaire du Mont-Brison renferme encore des quilles ou
des nœuds de silex. J’en ai surtout trouvé abondamment vers
les granges de Solaison. On trouve aussi de ce côté-là une
glacière naturelle qui conserve dans tous les temps de la glace,
quoique peu profonde. J’observai le 25 juillet 1800 la tempé-
rature de cette grotte, je la trouvai de o° du thermomètre de
Deluc, tandis qu'à l'air libre elle étoit de 9,5.
(g) Mont Vers.
On donne ce nom à une chaîne de montagnes calcaires
plus élevées que celles du Môle et du Brison, dont la direction
coùrt du nord-est au sud-ouest. Elle est située derrière le
Brison, et plus au sud, derrière les montagnes de St-Laurent
et d’Aviernoz, connues sous la dénomination générale de Monk
des Bornes. Cette chaîne se trouve donc sur une ligne plus
rapprochée des Alpes que les montagnes dont nous avons parlé
jusqu’à présent; elle sépare ainsi le mort Brison et celui des
Bornes de la vallée du Reposoir et de celle du Bornand.
La chaine du Vergi s'abaisse au nord-est et s'élève au
contraire au sud-ouest. Elle ne présente nulle part de sommité
remarquable et isolée, c'est simplement une arète dont les
couches sont inclinées vers les Alpes, et escarpées au dehors,
c'est-à-dire à l’ouest sud-ouest : c’est aussi sur ce revers de
la chaine, au pied des escarpemens , qu’on trouve deux lacs,
l'un à l'extrémité nord-est , connu sous le nom de lac Saxonnex
ou Bénr; l'autre au sud-ouest, appelé Zac Lessy. Ce dernier
est plus étendu, mais moins profond que l’autre ; il n’a aucun
écoulement apparent; mais lorsqu'on suit le fond de la vallée
du petit Bornand , on voit à droite, entre le bourg d’Entre-
mont et celui du petit Bornand , une chute d'eau assez con-
sidérable qui sort en jaillissant avec force du milieu d'un rocher
percé d'un trou circulaire à 25 ou 50 toises du sommet de la
.montagne. Cette cascade n'est autre chose que les eaux du
lac Lessy qui sembloient perdues, et qui viennent grossir la
rivière la Borne.
J’ai traversé la chaîne du Vergi dans trois endroits différens.
Au sud-ouest, au-dessus du lac Lessy, on tombe alors dans
le voisinage du bourg du grand Bernand, à-peu près dans le
{g) Voyages dans les Alpes, $$ 283 et 446.
202: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
milieu de la longueur de la chaine ; et à son extrémité nord
est, par une échancrure dite l'Encrenaz, on arrive par l’un
et l’autre de ces passages dans la vallée du Reposoir.
Le calcaire qui forme la chaîne du Vergi est d’un gris sale,
disposé par feuillets à la manière des schistes; il renferme
très-peu de corps organiques; je n'y ai point observé ces quilles
ou noyaux de silex si fréquens dans toute la chaîne extérieure.
Les couches sont loin d’avoir partout la même régularité. Au
nord est au-dessus de la paroisse de Scionzier, elles sont arquées.
ou pliées sur elles-mémes dans le sens de leur longueur, et le
calcaire est ici compacte, tandis qu’au centre il est, comme
nous l'avons dit, schisteux, et que les couches semblent s'y
relever contre les Alpes, sous un angle de 31° à 35°.
. Toute cette chaine du Vergi, que quelques géographes
indiquent encore sous le nom de montagnes maudites, est
extrémement riche en plantes, dont quelques-unes sont in-
téressantes par leur rareté; je citerai entre plusieurs les suivantes :
Centaurea phrygia , Hedysarum alpinum, Orobus luteus ,
Ærbutus alpina, Pedicularis tuberosa, foliosa..... Parmi
les éboulemens de l'Encrenaz, au-dessus du lac Saxonnex, le
Papaver alpinum , remarquable par le beau blanc de lait de
ses pétales, et l’odeur agréable de vanille que répand la fleur
au moment surtout où elle se développe.
(2) Vallée du Reposoir et montagnes qui la bordent au
nord-est.
La direction de la vallée du Reposoir est sensiblement celle
du nord au sud. Elle débouche au sud dans la vallée du grand
Bornand, qui n’en est que la continuation et où elle s’élargit
beaucoup; et au nord, sur la paroisse de Scionzier, dans les
environs de Cluses, par une gorge assez resserrée; au bas de
laquelle on trouve des blocs considérables de granit et de
roches feuilletées primitives. Les montagnes qui bordent cette
belle et riche vallée, longue de plusieurs lieues, sur une
largeur assez considérable, sont à l’ouest ; la chaine du Vergi,
et à l'est, une autre chaîne également calcaire de montagnes
fort élevées qui dominent Sallenches. Ces dernières montagnes.
ont toutes leurs escarpemens tournés vers la chaîne des Alpes;
le calcaire en est schisteux, c'est-à-dire disposé par couches qui
se relèvent sous un angle d'environ 35°.
La Chartreuse n’est pas dans le fond de la vallée, mais un peu:
sur la hauteur du côté de l'est, au pied des montagnes qui en for-
ment l'un des encaissemens , et dont la direction générale est
ET D'HISTOIRE NATURELLF, 29%
àä-peu-près comme celle dela chaine du Vergi du nord-nord-est au
sud-sud-ouest. La Chartreuse seroit une station commode pour
un naturaliste qui voudroit parcourir les montagnes des environs,
intéressantes à plusieurs égards. C’est de ce lieu-là aussi d'où je
partis pour atteindre la sommité d'une des plus élevées
d’entre elles, et qu'on nomme Point-de-Chäteau , à cause
de la vue étendue dont on y jouit. J'eus pour guide, dans
l’une des deux excursions que j'y ai faites , le nommé
P.-F. de Poisier , qui n'est pas tout-à-fait étranger à la con-
noissance des plantes.
En allant à Point-de-Château , on trouve, à une demi-lieue
environ au-dessus de la Chartreuse, dans le lieu dit /es Egralets,
un banc d'une pierre calcaire noirâtre, qui renferme de jolies
térébratules , des cornes d'ammon, des turbinites, etc., etc;
on arrive ensuite au travers de boïs de hêtres très-fourrés,,
dans de riches pâturages fort étendus , dépendans du bourg
de Nancy-sur Cluses, où l’on trouve des chalets appelés Meirr,
du nom de la montagne, et dans lesquels on peut passer la
nuit. En tirant depuis ces chalets à l’ouest sud-ouest , on arrive
après quatre heures de marche, sur le sommet de Point de
Château , d'où l’on jouit en effet de la plus belle vue, L’œil
embrasse dans son ensemble la chaine entière des Alpes, tandis
que sous ses pieds il plonge dans la vallée de l’Arve, sur la route
entre Cluses et Sallenches. On voit depuis ce poste, que la
sommilé la plus haute de cette chaîne est située à l’ouest de
Point-de-Château, et à peu de distance; elle porte le nom
de montagne du Four ou de p'erre percée , parce qu'en eflet
la crète qui en forme le sommet est percée à jour près de
son bord occidental. On appercoit cette montagne de partout
dans les Alpes; on la croit de loin inaccessible, mais on se
trompe. Quelques gens de la vallée du Reposoir parvinrent ,
il y a quelques années, jusqu’au sommet ; ils y avoient même
élevé une croix que les vents ont renversée. Le guide qui
m’accompagnoit à Point-de Château, avoit été de cette expédi-
tion, et j'aurois fait la tentative d'y aller avec lui, si je me
fusse trouvé sur les lieux à une époque de l’année plus avancée;
ear les pentes rapides de neiges glacées qu'il auroit fallu tenir,
y mettoient alors un obstacle insurmontable. Û
Le pied de ces montagnes est baigné des eaux de /a Sallenche,
qui coule à-peu-prés de l'ouest à l’est, et se jette dans l’Arve,
dans les environs de Sallenche.
J'ai trouvé près du sommet de Point-de-Château, des ves-
294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
tiges bien caractérisés de corps marins pétrifiés, mais ils
ne sont point disposés par couches ; on les trouve-épars à la
surface du sol. Au reste, le calcaire du sommet est tout dé-
lité, et s’en va par feuillets très-minces. Au premier coup-
d'œil, quand on examine tant la direction des couches des
montagnes de.cette chaîne, que la nature de la pierre qui
les forme, on n'y voit que désordre et dégradation ; cela
n'empêche cependant pas qu'il ne demeure comme un fait
bien constaté , que les couches se relèvent contre les Alpes,
sous un angle d'environ 35° (1).
En descendant de Point-de-Chäteau à Cluses, on ne cesse
de rencontrer jusqu’au bourg de Nancy, des grès incohérens
tachetés de noir; ils sont très-fréquens surtout du côté du
villige de Romaz. On trouve dans le bas de la montagne,
peu de temps avant d'arriver à Cluses, d'énormes blocs de
granit où sont empätés des rognons de pierre de corne.
Je n’entreprendrai pas d’énumérer toutes les belles plantes
que fournissent ces montagnes, ce seroit une tâche beaucoup
irop longue. Je dirai seulement que j'y ai découvert une plante
jusqu'alors nouvelle en Suisse , la F’aleriana saliunca d'Allioni.
Parmi les espèces intéressantes, il faut compter /'Eryngium
alpinum , Va Phaca frigida, V'Hieracium taraxacifolium ,
l’Ærnica scorpioides , et plusieurs anémones , renoncules et
astragales,
() Chaine de montagnes entre Sk.-Martin et Servoz, sur
la rive droite de l'Arve.
Lorsqu'on va de Sallenches ou de St.-Martin à Servoz, par
la route ordinaire, on passe au pied d'une chaine de mon-
(x) Une disposition pareille dans les escarpemens de cette chaîne de mon-
tagnes, a fait penser à M. André (de Gy) qu'il a existé entre le Mont-
Blanc et cette chaîne, un ancien et très-grand courant qui venoit du côté
des Hautes-Alpes : ce qui pourroit confirmer cette conjecture, c’est que la
inontagne qui borde l’Arve entre Sallenches et St.-Gervais, éloignés d’une
dieue et demie, est tes-abaissée ; ce n’est qu'une colline dont le fond est
d’ardoises, mais parsemée de gros blocs de granit étrangers au sol : on
voit aussi de ces blocs de granit très-grands et de différentes espèces dans
la Sallanche et autour de la ville. Je croirois volontiers, continue M. André,
que ce seroit ce grand courant qui auroit forcé à se recourber sur la droite,
en cet endroit, pour prendre la direction du sud au nord, comme un autre
grand courant, qui descendoit de la vallée d’Entremont , auroit forcé le
Rhône à se recourber dans le même sens, près de Martigny. ( Théorie de
la surface actuelle de la Terre, px M. André, $ 14.)
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295
tagries composées à leur base d’ardoises, ou de pierre calcaire
brune, à feuillets minces, coupés par des veines de spath cal-
caire ou de quartz. On laisse à sa gauche le grand village de
Passy, situé sur le penchant de ces montagnes ; on arrive
au petit hameau de Chède, au-delà duquel on est obligé de
monter pendant une demi-heure, après quoi on peut se reposer
très-agréablement sur les bords du joli lac de ce nom. On
atteint bientôt les éboulis d’une montagne dont le sommet
s’écroula en 1751; on traverse après le Nant-Noir, puis une
forêt dont le sol est un tuf jaunâtre ; enfin, l'on se trouve à
Servoz , où l'on y voit quelques goitres, ce qui paroît tenir à
l'exposition méridionale de ce village situé à l'abri des vents
du noid. Voila en raccourci ce que cette route présente de
remarquable, Voyons maintenant ce qu’elle offre de plus parti-
culier lorsqu'on suit la crête de toutes ces montagnes, comme
je le fis err 1802. Il faut deux jours pour faire commodément
cette excursion; la première journée on va coucher dans les
granges du mont Plattet, et la seconde à Servoz ou à St.-
Martin , suivant qu'on est parti de l’un ou l’autre de ces
endroits. Je fis cette route depuis Seryoz, et j'en parlerai dans
ce sens-là,
On tire d'abord en sortant de Servoz au nord-est; on change
ensuite de direction pour se porter au nord-ouest vers la mon-
tagne écroulée, Le bas de la montée présente des ardoises
d'un gris sale, disposées par feuillets très-minces. Au bout
de deux heures, on arrive sur une plate-forme couverte de
riches pâturages , et où se trouvent les granges d’Aire, dé-
pendantes de la vaste commune de Passy. C’est là qu’on com-
mence à rencontrer de gros quartiers de roches de la mon-
tagne qui forma, en s’écroulant, un col par où l'on arrive
aujourd hui dans les montagnes de Sale, de Plattet..... On
trouve encore ici d'énormes blocs de ces mêmes grès tachetés
si communs dans la haute chaîne calcaire qui domine Sallenches.
Depuis les chalets d'Aire, on monte droit au col au travers de
l'éboulement. C’est uneroute très-fatigante par l’incohérence des
rochers sur lesquels on est obligé de sauter des uns aux autres,
Le calcaire noir de transition est fréquemment recouvert d’une
couche mince de spath calcaire sur laquelle il n’est pas rare
d'y voir des cristaux dodécaèdres de spath calcaire. Le désordre
et l’entassement des roches augmentent à mesure qu’on approche
du col. On se trouve perdu au milieu de pilastres hauts de plu-
sieurs centaines de pieds , mais qui seront tôt au tard renversés,
256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Ce spectacle sauvage a quelque chose de grand et qui en
impose. Les grès deviennent toujours plus abondans; on les
voit enfin disposés par bancs de plusieurs pieds d'épaisseur entre
le calcaire de transition ; ils s'annoncent de loin par une cou-
leur moins foncée; ils sont quelquefois mélés à une brèche cal-
caire, Le plus haut point du passage offre de belles ardoises.
J'y arrivai après trois heures de marche depuis les chalets
d'Aire. On a depuis ce col à droite, les montagnes d'Anterne;
à gauche, le col du mont Plattet; au-dessous de soi, un vaste
plateau calcaire tout sillonné de crevasses et dépourvu de vé-
gétation, qui se prolonge pendant plus d’une lieue sous une
inclinaison d’environ 55°, et dont les tranches des couches ou
les escarpemens regardent les Alpes. Ce plateau calcaire va
mourir dans des pâturages où sont les chalets de Sale, et d'où
on peut aller dans la vallée de Sixt par un chemin praticable
à mulet.
En se dirigeant depuis le col vers le pied des escarpemens
des montagnes d’Anterne, on entre dans des décombres d’ar-
doises, genre de roche qui en fait la sommité, tandis que le
calcaire en fait la base, Le col du mont Plattet, situé au nord-
ouest , est resserré entre deux pilastres élevés de calcaire de
transition; on descend de là par une pente rapide au milieu
de débris de roches calcaires et d’ardoises, dans un fond de
pâturages où sont les chalets de Plattet. Si depuis cette station
on se porte droit à l’ouest du côté de l'aiguille de Varens,
on trouvera après une montée d'environ deux heures, des
pétrifications dans le calcaire de transition : on n’y rencontre
point d'empreintes de végétaux , mais seulement une grandé
espèce de vis, et un coquillage bivalve dont il ne reste souvent
plus que Les bords. La hauteur du lieu où se trouvent ces
fossiles est d'environ 1200 toises au-dessus de la mer. On
apperçoit ici quelques fragmens de brèche calcaire et des
nœuds de silex, qui disparoissent à mesure qu’on approche
des montagnes primitives, et sont remplacés par des grès.
M. de Saussure a dit un mot sur la situation de l'aiguille
de Varens, dont il paroît croire la sommité inaccessible ; il n’est
cependant ni dangereux ni bien diflicile d'y parvenir, lorsqu'on
choisit surtout la saison de l’année où la fonte des neiges est
la plus avancée. Cette montagne haute de 1400 toises au moins
au dessus de la mer, n’est accessible jusqu’au sommet que du
côté nord-ouest, où les couches descendent en pente très-
rapide. Au sud, ét à l'est-nord-est, elle présente des escar-
pemens
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297
pemens effrayans par leur profondeur. Ce n'est point la cime
de cette montagne qu’on appercoit depuis le pont de Sallenches;
elle est située plus en arrière, elle est plus arrondie, et on ne
la juge bien qu'entre Passy et Servoz; mais cette aiguille
élancée, qui est en face de Sallenches, se rattache, ainsi que
plusieurs autres, au corps de la montagne, dont elles sont
séparées par des espèces de cirques creusés en entonnoirs d'une
profendeur considerable, et qui sont tout remplis de pierres
éboulées, ce qui prouve que ces aiguilles ou pics aujourd'hui
isolés, se confondoient autrefois avec le corps méme de la mon-
tagne. Quoi qu'il en soit, les couches de Varens , comme celles
de toutes les montagnes de cette chaine , tournent leurs escar-
pen contre les Alpes, On trouve sur la cime même de
arens, un banc considérable de pierres numismales, et à
quelques. centaines de toises au-dessous , parmi les éboulis,
beaucoup de cornes d’ammon d’une grandeur remarquable. La
pierre calcaire de cette montagne s'éloigne déjà un peu de
celle de transition. Elle est moins feuilletée, sa couleur est
plutôt grise que brune, elle renferme beaucoup de nodules
de fer oxidé.
En descendant depuis l'aiguille de Varens au village de St.-
Martin, on laisse sur la droite les montagnes de Maglans, qui
s’étendent jusqu’à Cluses, et qui paroissent être de la même
formation. M. de Saussure a trouvé en effet sur l’une d'elles,
dite le haut de J’éron, ou la Croix de Fer, des fragmens
d'huitres pétrifiées à 1172 toises au-dessus de la mer,
(4) Montagne du Buet.
. Diverses routes conduisent à cette montagne. MM. Deluc
y parvinrent les premiers par la vallée de Sixt; M. Bourrit,
ensuite, par la vallée de Bérard, du côté de Valorcine. C'est
la route dont M. de Saussure a donné la description. On peut
y arriver aussi depuis le Prieuré de Chamouni, en traversant
le mont Bréven, ou bien depuis Servoz, en remontant la
vallée de Villy (1), dont le fond est arrosé par un ruisseau
qui se jette dans l'Arve à Servoz. Cette dernière route offre
ceci de remarquable, que le ruisseau dont je viens de parler,
limite nettement le terrein primitif d'avec le secondaire. En
effet, sur la rive droite ou au nord-ouest, $e trouvent les
(%) Voyages dans les Alpes, $$ 551 —596.
(1) Ainsi appelée du nom des chalets qui s’y trouvent, au pied du Buet,
Tome LXIV. AVRIL an 1807. Pp
298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
montagnes d’Anterne, le Grenier ; le Grenairon, ..... qu
appartennent à la formätion de transition , tandis que sur la
rive gauche ou au sud-est, se déploie la chaîne des Aiguilles
rouges , qui rentre dans le terrein de première formation. La
vallée de Villy court donc du nord-est au sud-ouest: elle est en
quelque sorte barrée au nord-est par le Buet qui limite lui-
mème les deux sortes de terreins. Une autre remarque à faire,
en suivant la vallée de Villy, c’est que la montagne au-dessus de
Servoz, qui termine la chaîne des Aiguilles rouges au sud-ouest,
est en grande partie formée d'un grès micacé primitif; il n’y
a que le‘sommet nommé l'4rourllette, qui soit composé d’une
roche feuilletée semblable à celle du mont Bréven. Tout de
même au nord-est de la chaîne, le col de Charlenton (que je
crois être le même que celui de Bérard, par où l'on passe
de Sixt à Valoréine.), est également formé d'un grès primitif,
remarquable par de pétits cristaux de quartz bien prononcés
qui en font partie : or c'est ici le! point intermédiaire entre
le primitif de la chaîne des Aiguilles rouges, et le calcaire
de’transition du sommet du Buet. Voilà done un exemple de
plus à l'appui de l'observation faite par M. de Saussure, que
presque toujours entre les dernières couches secondaires et
les premières primitives , on trouve des bancs de grès ou de
poudingues.
Les couches du Buet descendent vers le dehors des Alpes.
et sont escarpéés contre le Mont-Blanc, c'est-à-dire du côté
du sud, où elles se relèvent sous un angle qui diminue à
mesure qu’on approche du sommet. Les rochers les plus élevés.
du Buet sont d'une pierre calcaire, feuilletée d’un gris noirâtre,
renfermant quelques grains de quartz anguleux ; au-dessous
on rericontre une véritable ardoise, traversée par des filons.
ferrugineux , puis des grès, les uns eflervescens, d'autres non
effervescens. Enfin, si l’on descend par la vallée de Bérard ,
du côté-de Valorsine , on entre dans les roches feuilletées ,
puis dans un granit veiné qui forme toute la base de la mon-
tagne sur ce revers, depuis Valorcine jusqu'aux deux tiers
de la hauteur. Il faut voir dans l'ouvrage de M. de Saussure ,
les détails exacts et intéressans qu'il a donnés là-dessus.
(1) Vallée de Chamouni.
La direction de la vallée de Chamouni courant du sud-
ouest au nord-est, se trouve ainsi parallèle à la chaine des
(7) Voyages dans les Alpes, $$S Dir — 517.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 209
Alpes; elle appartient donc aux vallées longitudinales (1). Elle
$e recourbe à ses extrémités , savoir , à l'ouest-sud-ouest, et
au nord-nord-est. Le fond en forme de berceau est couverk
de prairies. Le Prieuré , chef-lieu de la vallée, se trouve à peu-
près au milieu de sa longüeur.
Les montagnes qui bordent cette vallée sont dans la classe
des primitives; mais celles qui la barrent ou la terminent,
le col de Balme au nord-est, ét le mont de Lacha au sud-
ouest , sont composées d'ardoises ou de pierres calcaires. Elle
renferme encore d’autres roches secondaires, comme du beau
gypse blanc, à unelieue sud-ouest du Prieuré, au bord du nant ou
du torrent de Taconay; de la pierre à chaux vis-à-vis du Prieuré,
dans un endroit nommé Biolay. La côte du Piget en est entière-
ment formée. C’est une colline isolée dans le bas de la vallée, alon-
ée dans le même sens qu'elle. A cela près tout est primitif dans
Ê vallée de Chamouni. Je m’en vais dire un mot de plus sur
quelques-unes des montagnes qui l’encaissent, et dont jai dé-
ierminé la hauteur.
( Le mont Préven.
Cette montagneest située précisément au-dessus du Prieuré, au
nord-ouest de la vallée. Elle est liée par sa base avec les Aiguilles
rouges, sur la structure desquelles j ai donné ailleurs (2) des dé-
tails plus circonstanciés que ceux qu’on avoit publiés jusqu alors,
Sa cime est isolée, les couches en sont coupées à pic du côté
de Îa vallée de Chamouni, et disposées en pente assez douce
du côté de celle de Villy, parallèle à la première. La montée
du Bréven, depuis le Prieuré, est extrémement rapide. On la
fait jusqu’au Chalet de Plianpra , situé aux deux tiers de sa -
Hauteur totale, au milieu de débris de roches feuilletées, mé-
langées de quartz, de feldspath et de mica, dans toutes les
proportions possibles, et qui ont différens degrés de dureté,
depuis le granit feuilleté le plus dur, jusqu’à la roche micacée
la plus tendre. Ces débris proviennent soit de la sommité ; soit
des flancs de la montagne. La cime du Bréven est spécialement
formée d'une roche qui paroît rentrer dans la classe des vrais
granits, malgré le parallélisme qu'afleetent les lames du mica
(1) Les vallées, au contraire, qui coupent la diréction de quelque chaîne
de montagnes, sont appelées par opposition, vallées transversales. ;
(*) Voyages dans les Alpes , 6$ 639—650.
(2) Journal de Physique, t.
Pp 2
500 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
qui eñ fait partie. Quant au revers de cette montagne, du
côté de la vallée de Villy, il est composé en grande partie
d’un granit veiné, à nœuds de quartz, de forme lenticulaire,
situés dans la direction des feuillets. Ces nœuds varient de
grandeur. En allant depuis les chalets d'Arelevé, situés à mi-
côte sur ce revers du Bréven , à ceux de Villy, on passe au
pied des Aiguilles rouges, au.travers d'énormes blocs de ce
même granit entassés les uns sur les autres , et qui viennent
de ces hautes sommités.
** Aiguilles situées au sud-est de la vallée de Chamouni.
Ces aiguilles au nombre de cinq, sont disposées dans l'ordre
Suivant, en allant du sud-ouest au nord-est : l'aiguille du
midi, du Plan, de Blaitiore , et celles du Crépon et des Charmoz,
qui tournent ün peu plus à l’est. Leur élévation, qui ne pourroit
être déterminée quetrigonométriquement, décroit dans le même
ordre où elles ont été nommées.
Lorsqu'on veut examiner la composition de ces hautes pyra-
mides , il faut, comme l'a recommandé M. de Saussure, aller
s'établir dans un chalet nommé Plaitière dessus, qui est situé
vis-à-vis du Prieuré, au milieu de ja base de ces aiguilles.
Quant à leur structure, laissons parler ce savant et exact obser-
vateur (1). « Il faut, dit-il, considérer que les montagnes qui
bordent au sud-est la vallée de Chamouni, sont composées de
deux parties distinctes. L'une de ces parties est le massif non
interrompu et uniforme qui s'élève jusqu'à 7 ou 800 Loises
au-dessus de la vallée ; l’autre, les pyramides ou aiguilles dé-
tachées qui dominent ce massif. » ;
La masse uniforme inférieure est composée de roches feuille-
tées de différens genres, mais le plus souvent quarizeuses æt
micacées. Ces roches sont disposées par couches très-régulières,
qui courent comme la vallée du nord-est au sud-ouest ; elles
sont peu inclinées vers le bas de la montagne, mais elles se
relèvent par gradation contre la vallée jusqu’au haut où elles
Sont exactement verticales. Ces mêmes couches s’approchent
de la nature du granit à mesure qu’elles s'approchent du haut
de la montagne , et là elles deviennent des granits veinés, ou
méme des granits en masse, encaissés dans des couches , ou
de granit veiné, ou de roche feuilietée. ,
Les pyramides .qui dominent ce massif sont de granit en
TERRES COLE PORN PEN OPEN PR à'HATRRREA SERRE ARTE
** Voyages dans les Alpes, 66-655 — 677.
(1) Idem , $ 677.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3or
masse. Elles sont flanquées, et même composées extérieure-
ment de feuillets pyramidaux, qui sont subdivisés en couches
parallèles aux plans mèmes des feuillets. Ces feuillets sont
presque verticaux, et s'appuient non pas contre la vallée comme
es couches inférieures du massif, mais contre le corps même
des pyramides. D'ailleurs , leur direction est à très-peu-près
la méme que celle des couches du massif. Quant au cœur,
ou à la partie intérieure de ces pyramides, elle paroït en quelques
endroits n’avoir point une structure régulière, et n'être divisée
que par des fentes accidentelles.
» Au reste, il ne faut point s’imaginer que ces pyramides
soient assises sur le massif qu’elles dominent, comme une co-
Jonne sur sa base : la situation des couches démontre que le
massif est appliqué contre les pyramides qui ont leur base à
elles, et que ce seroit plutôt le massif qui seroit assis en partie
sur les fondemens intérieurs des pyramides, puisque les feuillets
de celles-ci descendent du côté de ce massif, et semblent plonger
au-dessous de lui. »
Les détails qu’on vient delire ,s’appliquent plus spécialement
aux aiguilles de Blaitière, du Plan et du Midi, car celles du
Crépon et du Charmoz sont essentiellement formées d’une
roche feuilletée très dure, composée de petits grains de quartz,
de feldspath et de mica, qui se divisent en grandes tables ou
couches, sur le penchant desquelles on passe lorsqu'on des-
cend du Montanvert au Prieuré. Ces couches font un angle
de 70° avec l'horizon , et s'appuient contre le corps de la
montagne.
C’est au pied de l'aiguille des Charmoz , immédiatement
au-dessus de la vallée de glace, dont la partie inférieure porte
le nom de glacier des Bois, qu'est situe le pâturage du Mon-
tanvert , où l'on trouve un petit bâtiment de forme octogone,
et assez élégant, que M. Desportes y a fait élever il y a quel-
ques années, pour la commodité des voyageurs.
*** Aiguille du Dru.
On voit cette aiguille en face depuis le Montanvert, dont
elle est séparée par la vallée de glace qu’elle domine, tout
comme l'aiguille des Charmoz. On peut atteindre son pied,
et méme s'élever assez haut sur ses bases, en traversant depuis
le Montanvert la mer de glace, ou bien depuis le Prieuré,
*#* Voyages dans les Alpes, $ 612 et 617:
302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
en suivant le fond dé la vallée jusqu'au hameau des Bois;
on tire alors sur la droite du côté de l'est , on vient passer
au hameau de Lavanchet, puis au Chapeau , endroit ainsi
nommé, parce que l'on se trouve dans un enfoncement que
surplombent des rochers, et où l’on est très-bien placé pour
juger de tout l’eflet du glacier des bois : aussi est-ce une
station où les gens du pays conduisent souvent les étrangers.
De là, par le passage du Moret, on arrive bientôt dans les
pâturages du plan de l'aiguille du Dru. On voit qu'elle est
semblable pour la structure à la plupart des autres, c'est-à-dire
qu'elle est composée de granit en masse. On trouve de plus,
parmi les débris qui couvrent ses flancs, des blocs de palaio-
pètre ou pétrosilex primitif, avec beaucoup de feldspath et
quelque peu de mica. è
(m) Reculet de Thoiry.
On sait que le Jura est une chaîne de montagnes calcaires
de 60 à 8o lieues de longueur, sur 15 ou 16 de largeur, qui
court du sud-sud-ouest au nord-nord-est. Elle commence aux
environs de Poncin, dans la Bresse, et va finir à Bâle, en
passant par Lons-le-Saulnier, Salins et Vesoul. On voit par là,
que le Jura marche à-peu-près parallèlement aux Alpes, et
qu'il faut le considérer comme une dépendance de leurs
chaînes extérieures. Il n’est pas très-facile de saisir la situation
et la forme des couches du Jura. M. de Saussure pense que
les couches de la chaîne orientale (1) la plus élevée et la
plus voisine des Alpes, s'élèvent en s'appuyant contre le corps
même de la chaine, en redescendant du côté opposé, tandis
que les couches des chaines suivantes, du côté de l’ouest,
ont la forme de voûtes entières ou de moitié de voûtes, et
qu'elles se terminent dans des plaines qui ont pour base des
bancs calcaires tout-à fait horizontaux.
La sommité qui passe pour être la plus élevée du Jura, se
nomme /a Dôéle, elle est située à 5 lieues nord de Genève.
M. de Saussure a consacré un chapitre entier à sa descrip-
tion. Elle a, suivant M. Deluc, 658 toises au-dessus (2) du
(m) Voyages dans les Alpes, 66 527 — 565.
(1) Le Jura est en effet composé de plusieurs chaînes paralleles entre elles,
qui perdent successivement de leur hauteur et de leur continuité à mesure
qu’elles s’éloignent davantage de la lisière , jusqu'à ce qu’elles viennent
PRÉ les plaines de la Bourgogne, de la Franche-Comté et de l’Evéché
e Basle.
(2) Voyages dans les Alpes, 6S 354 — 565.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 303
lac, par conséquent 847 au-dessus de la mer. Ze Reculet ,
situé à 4 lieues nord-ouest de Genève, au-dessus du village
de Thoiry, est, suivant moi, un peu plus élevé que la Déle.
Il est du nombre des montagnes du Jura, qui semblent
contrarier Ja forme générale des couches que nous avons as-
signée à cette chaîne. En effet , les couches du Reculet, loin
de s'appuyer contre le corps de la chaine, s’élèvent au contraire
contre l'orient, en présentant leurs escarpemens aux Alpes :
il en est de même de la sommité dite le Cré du Miroir, au-
dessus de Colonge , du rocher de la Dôle, etc., etc.; mais
ces escarpemens, suivant M. de Saussure, doivent être con-
sidérés comme les sommités des couches de la face occiden-
tale de la montagne qui, descendant du côté du couchant,
s'élèvent par conséquent du côté du levant,
Dans une excursion que je fis sur le Reculet, le 7 août 1802,
je déterminai la température de deux sources en même temps
que leur élévation au-dessus de la mer. La température de
l'une , située au-dessus du chalet d'Arderan , commune de
Fenière, se trouva être + 4°,8 (thermom. de Deluc), hauteur
du lieu 730 toises sur mer, température de l'air libre+21°,5.
«7 La température de l’autre fontaine , appelée la Converse,
fût de + 4°, bautenr du lieu ,815 toises sur mer, température
de l'air libre + 20°,5. — Voilà deux observations bien d'accord
entre elles, en faveur de la loi établie par M. de Saussure,
sur le décroissement de la chaleur. En voici une autre qui s’y
rapporte moins bien. Le 29 août 1802, j'estimai la tempéra-
ture d’une belle source située hors du village de Veiri, au
pied du mont Salève. Je la trouvai=+5°,5, hauteur du
lieu ; 200 toises sur mer, température de l'air libre 15°,7.
Sol v5 0
Description abrégée de quelques montagnes du département
du Mont-Blanc.
(nr) Vallée des Bornes.
Cette vallée, dont le fond n'est guères plus élevé que la
plaine du lac de Genève, et qui n’en est séparée que par
le mont Salère et:ceux de Sion et du F’ouache, a pour
limites au sud , une chaine de montagnes situées sur la même
ligne que le mont Brison ; et dont la direction , ainsi que celle
du mont Salève et de toutes nos montagnes en général, est
parallèle à celle de la chaine centrale, c'est-à-dire qui court
304 JOURNAXZ DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
sensiblement du nord-est au sud-ouest. Le cours de l'Arve,
et les basses montagnes qui avoisinent la rive occidentale du
lac d'Annecy, sont ses limites au nord-est et au sud-ouest.
M. de Saussure n’a fait connoître que les montagnes de la
lisière nord de cette vallée. Il a laissé à d’autres le soin d'en
faire autant pour la bande sud. L’esquisse légère que je vais
en donner ne remplira pas cette lacune, mais elle mettra sur
la voie ceux qui voudront faire mieux par la suite.
Considérée dans son ensemble , cette chaîne a au moins
6 lieues de longueur; elle se termine à l'extrémité sud du
lac d'Annecy, mais en se rattachant aux montagnes de Mé-
géve, qui avoisinent les Alpes de plus près. La plus grande
hauteur de la chaîne est au sud-ouest, comme le Jura, On y
voit une montagne (la Tournette) qui a 940 toises d’élévation
au-dessus de sa base. Les e.carpemens de la chaîne regardent
le dehors des Alpes; c'est-à-dire que les couches sont inclinées
de leur côté. Le calcaire est compacte, renfermant en abon-
dance des quilles ou noyaux de silex, il n’est pas rare même
d'y rencontrer des chapeaux siliceux qui recouvrent en entier
des roches calcaires.
Quoique les montagnes qui forment cette chaîne soient toutes
liées ensemble , sauf l'interruption causée par l'occurrence de
quelque vallée transversale, telle que celle de Thorens, elles
portent néanmoins presque autant de noms différens qu'il y
a de paroisses à leurs pieds, Ainsi, en allant du nord-est au
sud-est, on distingue les montagnes de Sr-Laurent, d'Avier-
noz , de Villaz, de Dingy, de la Vairière, les rocs sur
Menthon, sur Talloires, ceux de la Tournette, etc., etc.
Les couches sont bien plus régulières dans la partie nord-est
que sud-ouest de la chaîne. En effet, les montagnes de St-
Laurent offrent des assises horizontales assez semblables à celles
du mont Salève , tandis qu'à Villaz, Dingy, paroïsses où la
principale branche de la chaine souffre une inflexion sensible
vers le sud, du côté de Thônes, les couches perdent leur
horizontalité uniforme, et toujours davantage à mesure qu’on
approche de la Tournette, où on en voit qui sont tout-a-fait
froissées , d’autres arquées ou relevées sur elles-mêmes, carac-
tère qui, comme nous l'avons déjà remarqué, annonce qu’on
se rapproche d’une chaine de montagnes de sransition. Le
revers de cette chaîne du côté des Alpes, tombe dans la vallée
lu petit Bornand, au fond de laquelle coule la rivière la
ä?0 Le , dans la direction du sud-ouest au nord-est, jusqu'à
c&
ET D'HISTOIRE NATÜRELEE - 305
cé qu'arrivée à la base du mont Brison, elle se porte à l'ouest
en passant dans une coupure qui sépare cette montagne de
celles de St.-Laurenñt. On traverse cette rivière-sur un pont
jeté à plus de 60 pieds au-dessus de son lit, proche le village
de Rumilly, qui a donné son nom au pont. .
Donnons quelques détails sur les deux sommités principales.
de cette chaîne, savoir , la montagne de Pormonaz, et surtout
celle de /4 Tournette.
(o) Mont Pormonaz.
Le village de 7/illaz est situé ‘au pied de cette montagne
qui se trouve ainsi placée à-peu-près au milieu de la longueur
de la chaine. Elle à 540 toises d'élévation au-dessus de sa
base. La prémière partie de la montée se fait au ‘travers d’un
bois très-fourré, après quoi l’on arrive, au bout de deux heures
et demie de marche, dans de riches pâturages, dominés de toute
part, hormis du côté du nord-ést, par des escarpemens de
plus de 180 toises de hauteur. On trouve dans ces prairies,
disposées naturellement en amphithéâtre, des chalets où l’on
peut au besoin passer la nuit, ét d’où l'on jouit d’une vue
fort agréable, sur une grande partie du lac d'Annecy et du
pays environnant. On arrive depuis cette station au sommet
de la montagne dans l’espace d'une heure et trois quarts.
Rien n’est plus triste que l’aspect de la cime du mont Por-
monaz. Qu'on se figure un vaste plateau calcaire absolument
nu et sans végétation, coupé par des crevasses dirigées en
tout sens, semblable au plateau du mont P/attet, et l'on aura
une juste idée de cette position. On voit gissans çà et là, sans
vie, au fond de ces crevasses, quelques troncs de sapins des-
séchés, et dont la couleur rembrunie contraste avec la blan-
cheur des roches au milieu desquelles ils se trouvent.
Nulle part dans toute la chaine je n’ai trouvé les noyaux
ou chapeaux:de silex aussi abondans qu'ici. L'analyse d'un
de ces rognons nva fourni 0,87 de terre siliceuse, cela n'em-
pèche cependant pas, lorsqu’on les réduit en poudre et qu’on
vérse dessus quelque acide , qu'il ne se fasse une effervescence ,
légère à la vérité, due à une-petite quantité de terre calcaire
qui en fait partie constituante , ou dont on n’a pu débarrasser
complètement la surface de ces rognons.
La Tournette paroit depuis la cime de Pormonaz ; d'une
manière avantageuse : on la voit précisément au sud, surpassant
autant en hauteur la plupart des montagnes qui sont à l'entour
Tome LXIY. AVRIL an 1807. Qq
306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
d’elle, que le Mont-Blanc surpasse les sommités qui lui sont
adjacentes. |
On trouve sur cette montagne quelques plantes intéressantes ,
telles quela Betonica hirsuta | V'Hypochærispontana , V Arnica
scorploides , \ Hedysarum:alpinum , la Vicia sylvatia , la
Biscutella didyma, la Statice armerica, etc., etc., etc.
(p) Montagne de la Tournette.
Veut-on , depuis le village de 7/i/laz , aborder le pied de
cette haute montagne ? deux routes pour cela se présentent :
ou l’on se rend à Annecy, et, suivant la rive orientale du lac,
on vient gagner Talloires, bourg situé à son pied; ou bien,
sans s'écarter de celui des montagnes de la chaine, on vient
passer par les villiges de St-Clair, de Dingy, de la Baime
de Thuy ; enfin Von arrive à Thônes, petite ville très-ancienne,
aujourd’hui chef-lieu de canton, située au pied oriental de la
Tournette, dont le corps se projette à l’ouest d’une manière très-
sensible. L'une et l’autre deces routes sont agréables à tenir , les
ayant faitestoutes deux, je m'en vaisdiresuccinctementce qu’elles
présentent de remarquable, Elles suivent la direction générale
de la vallée, et ne sont séparées l’une de l’autre que par une
arête de basses montagnes dirigées comme elles, et dépen-
dantes de la Tournette au corps, de laquelle elles se rattachent
en prenant toujours plus d'élévation à mesure qu'elles s'en
rapprochent : aussi existe-t-il des cols peu élevés par où l'on
passe des villages situés sur la rive orientale du lac d'Annecy,
dans la vallée de Thônes , et réciproquement.
Cette petite vallée de Thônes a, comme l'on voit, pour
lisière à l’est, les hautes montagnes de la chaine, et pour
lisière à l’ouest, cette suite de basses montagnes qui sont des
dépendances de celle de la Tournette. Elle est par conséquent
très-resserrée, et doit jouir par cela même, d'une température
moyenne plus élevée que celle de notre grande vallée. J'en
juge par la présence d’une plante (_Artfmisia absinthium ) que
J y trouvai abondamment, et qui ne croit pas dans notre bassin
proprement dit. D’autres plantes, propres seulement aux expo-
sitions les plus chaudes des environs de Genève (Teucrium
montanum et chamæpitys), sont très-communes dans cette
petite vallée, dont le fond est arrosé par le Fier ou Sïer ,
rivière qui, aprés s'être grossie des eaux de plusieurs ruisseaux;
vient se jeter dans le Rhône, à Seissel. L'Eau de Sier ;
ET D'HISTOIRE NATURELLE 307
comme on l'appelle dans le pays, prend sa source de la Tour-
nette, et d'une autre montagne située plus à l’est qu'elle.
Si on se rappelle bien ce’ que nous avons dit sur la dis-
position des couches des montagnes de cette chaîne, on doit
voir tout de suite que l'accès de la Tournette est plus facile
du côté de Thônes que de Tallorres.
La route qui va d'Annecy a Talloires, suit le- bord du
lac, dont les eaux sont tout de suite profondes et courantes,
tandis que sur la rive opposée elles sont au contraire basses et
stagnantes , circonstance qui annonce la différence de hauteur
qui règne entre les montagnes qui bordent les deux rives, et
surtout la situation réciproque de leurs escarpemens On laisse
successivement à sa gauche la montagne de Z4 Vairière , au
pied de laquelle sont des vignobles bien exposés , les rocs
sur Menthon ; on voit ici, depuis la paroisse de ce nom, sur
la hauteur, un vieux château qui défendoit autrefois le passage
d'un col par où l’on passe dans la vallée de Thônes. Depuis
Menthon jusque dans les environs de ‘Talloires, la route est
ombragée de châtaigniers et de noyers : on retrouve près de
ce bourg, où il y avoit autrefois un couvent de Bénédictins ,
un béau vignoble qui leur apparténoit. Il est situé en face
du château de Duing , bâti sur une presqu'ile, qui s’'avance
fort avant dans le lac. "1:
Lorsqu'on part de Thônes pour atteindre le sommet de la
: Tournette, on suit pendant une demi-heure le fond de la
vallée ; on traverse sur un pont de bois une branche de la
Sière, et l'on arrive au hameau des Clefs. La route continue
‘ensuite au travers d’un bois peu fourré de hétres et de sapins,
‘ jusqu’au tiers environ de la ‘hauteur de la montagne: L'on en
sort alors pour entrer par une gorge resserrée et flanquée de
chaque côté de couches relevées , fléchies, et souvent con-
tournées, dans des pâturages qui s'élèvent en pente‘ rapide
au nord-est, vers le sommet de la montagne. On 'y trouve
quelques chalets ou habitations d'été. C'est’ici qu'on peut
poser la limite des arbres, ‘du moins n'en ‘ai-je pas apperçu
plus haut. La première fois que j'allaisur la Teurnette, en 1799,
je tronvai, le 12 août, à quelque ‘distance. au-dessus des:chalets
sur Thônes , un plateau de neige glacée de plusieurs -piéds
d'épaisseur dans le bas, seul endroit où on püt en juger,
étendu sur le penchant de la montagne et qui remontoit jus-
qu'au sommet, L'hiver précédent ayant été froid, il étoit
tombé tellement de neiges, que les chaleurs de l'été n’avoient
Qgq 2
308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
pu, à beaucoup près , les fondre , chose jusqu'alors sains exemple;
car les habitans les plusâgésne se rappeloient pas d’avoir jamais
vu les neiges durer plus tard que la fin de juin. Je jugeai que
cet amas de neige glacée pourroit bien devenir le noyau de
formation d'un glacier du second genre (1) : en eflet ; l'année
suivante, lorsque jy retournai dans le courant de juillet, je
trouvai que les neiges Join d’avoir diminué avoient, plutôt
augmenté , ensorte que l'existence nouvelle d'un glacier sur
cette montagne me paroît très-probable. ‘ DD €
En approchant du sommet, la pierre prend un caractère
Gssile qu'elle n’avoit pas dans le bas, on rencontre du spath
calcaire dodécaèdre bien cristallisé, plusieurs fragmens de grès
dont il existe au reste un banc à la hauteur de, 1166 toises
au-dessus dela mer: Je-n'ai point su y voir les rognons de
silex. si communs surle mont Pormonaz. Ce qui constitue
le point le plus élevé de la Tournette ; est. un rocher bien
remarquable. Il est à-peu-près circulaire, haut.de 94 pieds,
et de 145 de diamètre. Il est tout-à-fait isolé sur un point
de l’arête qui forme: la sommité de la montagne; il est coupé
à pic à-peu-près également de tous les côtés. On ne parvient
sur le sommet qué: par des escaillers taillés dans le roc du côté
de l'est-nord-est., C'est sans. doute la position en vedette de
ce rocher qu’on apperçoit de toute part dans.le pays, qui a
valu à la :montagnele nom qu’elle porte. On jouit depuis ce
- poste d'une vue fort étendue et des plus intéressantes. A l’est,
le centre de la grande chaîne et toutes les secondaires qui lui
sont. suceessivement accollées ; au sud-est,.les montagnes de
la Tarentaise et de la Maurienne ; au sud-ouest , celles du
département de l'Isère, la chaîne du Jura au nord:nord-ouest ,
et le lac de Genève au nord. L'on voit sous ses pieds et à vue
d'oiseau, tout le lac d'Annecy et les belles campagnes qui le
bordent. La vue du côté de l'ouest, vers le Lyonnois se porte
très-loin, car aucune montagne située au-devant de la Tournette
n'y vient porter ombrage., ::
Depuis Talloires, la montée de la Tournette est extrémement
(1)/M. de Saussure a distingué le premier, les glaciers en deux genres.
Ceux du premier genre sont renfermés dus le fond de hautes vallées presque
toutes transversales, qui se versent dans les basses vallées longitudinales ,
tandis qu’ils se terminent vers le haut par de grands culs-de-sac entourés
de rochers inaccessibles : tels sont ceux qui aboutissent dans la vallée de
€Chamouni. Les glaciers du second genre, ne sont point renfermés dans des
vallées ; mais étendus sur les pentes des haules sommités
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 309
roide, mème dans le bas. On est obligé de tenir des pentes
gazonnées fort rapides. On traverse ensuite des bois au-dessus
desquels on entre dans de belles prairies riches en plantes
alpines. On s'élève ainsi jusqu'à plus des deux tiers de la
hauteur de la montagne , où l'on trouve un plateau de roches
calcaires nues et crevassées, qui est dominé à l'est par des
escarpemens dont les couches fort en désordre, sont fracturées
dans plusieurs endroits. C’est cependant par là qu'il faut grimper
pour atteindre le sommet, entreprise pénible et qui n’est même
pas exempte de tout danger. Je mis six heures pour arriver
jusqu’au plateau, où l’on trouve un chalet appelé Cassay , et
trois ensuite jusqu'au sommet. Je conseillerai toujours aux per-
sonnes qui voudront aller sur la Tournette, de prendre le chemin
de T'hônes préférablement à celui de Tailoires.
La Tournette est une montagne très-riche en plantes. Dans!
les pâturages où sont les granges sur Thônes , j'y ai trouvé les
suivantes: Polysala chamæbuxus , Alchemilla alpina , Orchis
odoratissima Satyrium viride; de là en montant au sommet,
Wilene acaulis, Pinguicula alpina , Ranunculus nivalis ,
ÆAnemone baldensis, Saxifraga androsacea , oppositifolie ,
Salix herbacea, reticulata, Statice armoria, Ornithogalum
Jistulosum, plante découverte par M. Ramond, dans les Pyré-
nées , et qui étoit alors nouvelle pour moi. Dans les prairies
au-dessus de Talloires, Pediculartrs foliosa, Aconitum anthora,
Veratrum album, Thesium alpinum var; plus haut, Dianthus
alpinus, Arnica scorpioides, etc., etc.
Depuis Thônes au grand Bornand il n’y a pas plus de 3 lieues;
on en compte cinq jusqu’au bourg du petit Bornand, où l'on
arrive aussi par la vallée de Thorens. En traversant une mon-
tagne qui domine le bourg du petit Bornand;, on peut se rendre
dans un jour de Thorens aux granges de Solaison, sur le mont
- Brison, et descendre même jusqu'à la Bonneville.
C’est en traversant les chaines de montagnes dans toutes
les directions qu’on apprend à les bien connoître.
310 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ss 7 A Pa! ET:
Elévation en toises et millièmes d
de toises au-dessus du niveau s
de la mer, À
PER nt —, | D
Suivant Suivant k
Dezruc. TREMBLEY.
SITUATION | ÉPOQUES
DÉNOMINAT. des
TOPOGRAPHIQUE.
OBSERVATIONS.
aimexduo y,
Département du Léman.
(a) SALÈVE. Montagne à nne £ I.
S-E. de Genève.
Coin (le). Village au pied da PROD 1809, 5h.|+-160,75| 328,333 331,833
mont Salève, arrond. os. :
de Genève, canton de
Collonge.
Petit-Salève (1).! Montagne, sommet. {2x juin 18or, xb.|+15e,91 | :450,833 466,500
Grange des 13 21 juin 18or, |+120,13] 591,833 601,500
Arbres (2). 10h. m.
Le Grand-Pi-] Sommité du mont|25 juint8o2,2bs.|+190,17| Go7,166 710,666
ton (3). Salève.
&)Vorrons(les)| Montagne, à à 1. E.
de Genève.
Lussinge. Village au pied des|30 ‘sept. 18ot ,|+ 90,25
FVoïrons, arrond. de| ‘7h.m.
Genèvé, canton de
Chéne.
Sommité mé- 30 sept. 18or ,|+130,92
M #
} 727,900
rid. des Voirons. 1h. 50
des Voirons, dite
le Calvaire (4).
(c) VALLÉE
D'ABONDANCE.
Axrônd. de Thonon, |16 sept. 1799, 443,833 449,333
canton d’Evian, entre] 8 h.m.
déux ruisseaux de la
Dranée, à 2 LE. de
le Biot.
709,333 723,166
Q tes entre la Fran-
ce et le Valais.
a æ—
(
(CP LE PROCESS TITRE ET ET ESA
Croixdeslimi- 16 sepe 1709 , 159,06
2h. s.
Sommité nord 30 sept. 1801 ,|119,00 752,166
i 4h. 15/5.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 31x
Elcvation en toises et millièmes
SITUAÏION EPOQUES Ê S a touts au-dessus du niveau
£ CRE de Ja mer
É|DÉNOMINAT. e FRE: ? 4
TOPOGRAPHIQUE. 3 2 Suivant Suivant
DEPERMAMIONSS É Drezuc. TREMBLEY.
(d) Môze. Montagne, à 5 1. S-E.
de Genève.
Hi) Chalets de la
FIChiarre (1).
[
H} Chalets dela
P|Tour (2).
614,166 G25,333
28 juin 18or, 2b.|+17°,33
15’ s.
28 juin 1801, |+120,68| 530,363 743,666
8 b. m.
Chalets d’Aïsle 9 août 1799, |+14°,27| 760,333 784009
3). 5 b. m.
Sommité de la 9 août 1709, |+159,63| 937,833 957,666
17 h. m. © Er]
De LA
28 juin 1801, |+130,15} 943,666» © =| 962,666 5e
10 h. 30’ m. . HE EX
Loi
=
28 juin 1801, |+13°,20| 941,833 = 961,833
12 h.
Bonneville (5).| Ville; chef-lieu d’ar-|8 août 1709, 1ah.|+21°,80| 225,166 225,833
rond. et de canton,
sur l’Arve, à 3 I. :
N-0. de Cluses.
N| (e) VALLÉE De
QITANINGE.
24 juillet 1807 ,|+15°,40| 352,333 356,166
12h.
Samoin. Bourg ; arrond. de
Bonneville, chef-lieu
de canton, entre les ri-
vières de Valentine et
de Cläirieu, près de la
Gifre.
Sixt (6). Village ; arrond. de|24 juillet 18o1,|+190,35| 385,166) . 386,333)
Bonneville, canton de| 7 h. 30's. ë a Oo
Samoin, à 1 1. +E. de ES ÊZ|
la source de la Gifre. 52 SH
ss E =
Ibidem. pol 380,500) &
25 juillet 1801,|+149,82| 383,833
12 h. 15”.
(4) D’après M. Deluc, ouv. cité, PSE CR don een rome 947,666
D'après M. Pictet. Joy. carte des environs de Genève... 040,333
(5) D’après M. de Sanssure, Voyages aux Alpes, À 441..... 226,666
M1. (6) D’après M. Deluc, ouvrage cité,
ASS 645 et 757. 25 août 1765, 110,66 374,666
Le même .2:...-2 0006 2200 24, 25, 26 août 374,833
1770.
312 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Elcvation en toises et millièmes | #
de toises au-dessus du niveau
de la mer,
ni
Suivant Suivant
:
Dezuc. TREMBLEY.
SITUATION | EPOQUES
|DÉNOMINAT. de
TOPOGRAPHIQUE.
OBSERVATIONS.
auuaÂOuUt
oame1oduo j,
|
(f) Brisow(r).| Montagne ; à 5 I. Lé juillet 1800 Lisa
de Genève, située à| 7h. s
l'O. S-0. du Môle.
940,833 972,833
A|(g)Venci(mont)| Chaîne dé monta-
gnes dirigée du N-E.
au S-0O., derrière le
Brison.
Col de VEn-| Vers l'extrémité N-| 16 août 1799, |+140,22/1019,000 100,500
\|crenaz. E. de la chaîne. 11 b. m.
2| Lac Bénioude| Au pied des escar-| 17 août 1799, |+180,48| 729,333 743,000
| Saxonnex. pemens du col del’En- 1h.
crenaz , sur le revers
occidental.
Autre col du | A-peu-près au mi-[25 juillet 1800, +180,50|1180,833 1208,333.
mont Vergi. lieu Fa la AA de} 2h:5s.
la chaine,
Lac Lessy. Extrémité S-O. de! 15 août 1799, |+129,95| 865,500 884,166
la chaîne, revers occi- 6 b. m.
dental.
(h) VazzéE pu
RErosoir, et
montagnes au-
dessus de Sar-
LANCHES,
Chartreuse du 15 août 1709, |+160,62| 530,833 539,833
5h.s. 2
a D
535,444
26 juillet 1800,!+140,67| 526,500P © ®| 535,166
9 h. m.
29 juillet 180o71,|+ 92,61| 523,500 531,333
5 h. m.
Haut: mo
Point-de-Chä-| Montagne au-dessus! 26 pee 1800, +14990 158,833 ) . _ |1296,833
teau : sommité.|de Sallenches. 4h. <
23 jui 1807 ,|+-120,45 1259,666 » ; .S |1282,500
oh
23 juillet 1807 ,|+139,90|1262,000 1287,500
11h. m.
Chalets de 22 juillet 1801 ,|+120,83| 880,183 896,833
eiri, 7 b.s
| (x) D’après M. M.-A..Pictet, carte des environs de Genève. 943,000
OBSERVATIONS.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315
BrEte Es RER TER ETATS; ER PEER ER DRRPRE PEE PMTS EE T S
À a —_— Gr _— ne |
4 3 [Elévation en toises et milliemes l
r EPOQUES 5 © de toises au-dessus du niveau
£ SITUATION Q SE
DÉNOMINAT. des RUES ER DONS EE EE
+ TOPOGRAPHIQUE. E 5
8
Village ; arrond. &el
onneville, canton dé
Naney-sur-Clo-
i
ses.
ut «0 UNS Eu 7 tn
(1) D’après M. Deluc, Rech. sur les modific. de latm., (938, 1559,166
D'après M. Pictet, Voyage dans les
de la mer,
3 Suivant Suivant
à | c DEzuc. TREMBLEY.
27 juillet 1800, F1 el 461,166 467833
B 8 h. m.
Cluses, à £ LL .S.-de
Cluses.
(à) Lac px RoutedeSt.-Martin| 27 août 1801, |+200,50! 402,333 498,000
HÉDE. à Servoz. 2 b.15"s.
(X) Buer. Montagne avec un
glacier.
Chalets deVilly. nt 1801, |+ 90,50) 947,266 961,666
. S.
; Col de co & pre d 1801, |+- 90,65 1270,500 1206,166
enton ou de Be- « 0,
rard ?
Buet : som- 19 août 18or, |+100,51 M | 5 |1596,000) .: ©
mité (1). 9 h. 45 m. 22 A
2 «©
ÉN-regs ‘. 19 août 1801, |+-100,30 ares 1619,000} = ©
11h. 20’ m.
Valorcine, Village ; arrond. de| 13 août 1801, |+1920,16| 622,333 632,833
Bonneville, canton de 9h. 15’ m.
Chamouni.
(2) Varréene
Caamouxi.
Prieuré (2). Bourg ; arrond. de| 90 août 180, 199,40! 543,000 552,500
nneville , chef-lieu] 1h. 20/5.
de canton.
+ CNE 18 ut ES ; Fe *40) 1283,166 1309,333
sommiteé . 12 N. 50.
CNE AE it ARBRES OT ANR Juillet 1558. +150,50 1580,000 1616,833
(2) D’après M.de Saussure, Voyages dansles Alpes, (517 524,666
D'après le résultat moyen de 85 observ. barométriques
faites par le même auteur. (Voyages aux Alpes, | 2049) 180,61 525,000 534,665
D’après M. de Saussure fils... 2 août 1787, | +200,50: 527,666 537,166
12 h.
2 août 1787, +nosl 534,666 544,500
2 h. <.
G) Diapres une estimation consignée dans une carte des envi-
rons euève, attachée au premier volume des Voyages aux
Alpes, édit. in-4, 1281,000
’après'une aut
jdn MOD IARC See cer LE Ra nan ces ce 2e 1306,000
Tome LXIY. AVRIL an 1807. arr
Elévation en toises et millièmes
È SITUATION EPOQUES E 8 ds nr 10 da niveau
É|DÉNOMINAT. cts PRES
HOPOSRSERIQNES 5 à Suivant Suivant
OBSERVATIONS. © 5 Dre TRE
PS
\| ChaletdePlian- 18 août 1801, 120,00! 1052,000 1073,333
Nipra (1). 10 h. m
‘ ses d’Ar- FAC 1801, |+130,25} 956,000 975,333
1'clevé. 4 h.s.
Chalets de 19 août 1801, |+17°,30|1019,000 1041,333
R Balme (2). 3h.s.
K| **Aiguilles au
EIS-E. de la vallée
ide Chamouni. 2
Chalet de Blai- 15 août 1807, |+130,50| 985,000 1006,166
Ll\tière dessus (3). ENTQUE
Pied de l’Ai- 15 août 1801, |+110,25| 128,666 1314,666
flgnille de Blé- 4 h. 5o's. %
tière (4).
ë Pied de laig. 16 RE + 90,50 11330,333 1366,666
Edu midi, 11 h. 50’.
Hospice du 17 août 1801, |+100,50| 975,166 994,000
| Montantvert (5), 7h. a0's.
Le Chapeau. | 17 SH +120,56, 810,833 826,333
Î 10 h. 30m.
Pied de laig.|! 17, août 1801, |+180,90 1197,000 1222,000
du Dru (6). | 3h. 30°s. | ] Î 2 <
Dépaterment du Mont-Blanc.
Villaz. Village; arrond. et| 11 août 1799, |+130,20, 381,166 385,833
canton, nord d'An-| 7h:m.
necy, à 1 1. de cette
ville,
1) D’après M. de Saussure, Voyages aux Alpes, À 644..... 1060,666 À
a Ces chalets, situés à 162 toises au-dessous du point le plus élevé de la montagne qui
limite le territoire de la France et du Valais, sont gîtés dans des ardoises grises et brillantes,
dont les couches sont vertiéales et dirigées à 10° du nord par l’est. Au-dessus des mêmes
chalets, on voit les sommités des couches d’un roc calcaire très-incliné.
(3) D'après l'estimation de M. de Saussure, Voyages dans les
Alpes, À 655 977,666 ©:
(4) Je dois observer que la hauteur du pied de ces aiguilles ne peut point être déterminée
d’une manière absolue, parce qu'il, n’y a pas, de point fixe, et que l’on peut s’élever plus
jou moins vers le corps de ces aiguilles, sur les débris qui sont accumulés à leurs pieds.
(5) D'après une estimation consignée dans la carte des envi-
rons du Mont-Blanc (Foy. le 2e v. in-4. des Voyages aux Alpes). 954,000 ?
(6) La hauteur de ce pic, au-dessus de la vallée de Chamouni, a été mesurée trigono-
É|metriquement par M. Pictet; il a trouvée de 1422 toises, ce qui donne, pour la hauteur
absolue au-dessus de la mer , 1956 toises.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 315
Elévation € en toises et millième
de toises au-dessus du niveau
de la mer,
j SITUATION | ÉPOQUES
LI DÉNOMINAT. Frs
TOPOGRAPHIQUE.
Suivant
OBSERVATIONS. DE
TREMBLEY.
oimiezoduue 7,
[| (o)Poruowaz.| Montagne.
|Sommité. 11 Te 1799, |+150,22| 919,500
à 3h.s.
23 jui 1800 ,|+120,35| 922,833 ! 041,166
12 b.
11 Le 1799, |+140,90| 728,333) 742,500)
10 b. m.
22 juillet 1800,|+120,15| 741,333 » : 754,000
7h.s.
4
23 juillet 1800,|+11°,62| 741,833 759,333
8 h. 30° m.
Annecy; niveau 20 juillet 1800 ,|+12°,30| 229,000 229,666
du lac (1 1). 6h. m. ‘
Talloïres (2). | Bourg; arrond. et|16 sept. 1790 ,|+14°,50| 238,500 239,333
cant. nord d’Annecy,| 8h. 155.
au bord du lac.
y:
Haut. mo
dl(p) Tournerre] Montagne.
El (la)
Sommité, r7sept.1790,) |+130,27|1182,000 1207,333
6h. 52° m.
(3)
17sept.1700, +150,30 1190, 166)
10 h. 40m.
13 août 1709, |+120,75 183,332?!
10 h. m.
1212,666
1208,500
Haut. moy. 11g0,211
LEE
A 1800 ,|+14°,45 1199,666 1226,000
h. 10’ m.(4)
21 juillet 1800 ,|+126,72
11 h. m.
12 août 1799, |+120,45, 809,6
7b.s
21 juillet 1800,|-110,60, 813,533 }
7 h. 45's.
prie 1800 ,|[+ 79,50 835,333,
h
say.
H. moy. er moy. 1213,624
910,64
903,333 921,183
825,166
2! 829,000
829,833
|
Chalet de Cas- 12 sept, 1799, ro si 882, = Fe Hall
| ES
UE
|"
Haut. moy.
Chalets de 17 sept. 1790 ,[+199 | 712,833 727333
l'Eau (5). tx ue. 25° ne ; ,
(1) D’après une moyenne entre les observ. de MM. de Saus-
sure et Pictet, Voyages dans les Alpes, 1162. .. 222,666
D’après M. ’Deluc ; ouvrage cité, Tor.
(2) D’après une observation commun:
(3) Observations communiquées pue
Ne te communiquée par M. M.-A. Pictet.
316 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
MÉMOIRE
Sur la composition de PAlcohol et de l'Éther sulfurique;
Par Tnéopore pe SAUSSURE. |
Lu à la Classe des Sciences Physiques et Mathématiques
de l’Institut, le 6 avril 1807.
S Ier,
Les moyens propres à faire connoître les proportions des
derniers élémens des végétaux sont encore si incertains ou si
mal déterminés, que toute recherche sur ce sujet, doit offrir des
observations utiles, quel que soit le corps auquel elle s’applique.
La théorie de la fermentation ne sera connue que par l’analyse
de ses produits , et l’alcohol tiendra toujours dans ces derniers,
une place importante.
Le changement qu'éprouve cette liqueur, pour se trans-
former en éther, a occupé les plus habiles chimistes. Les uns
ont attribué à l’éther plus d'oxigène et moins de earbone, qu'à
l’alcohol (1); d’autres ont adopté une opinion contraire. (2).
Ces déterminations opposées sont fondées sur des considéra-
tions indirectes, et la question qui nous occupe resteroit indé-
cise , si elle n'étoit soumise à un examen plus approfondi. L'on
peut y parvenir par deux procédés différens : l’un consiste à
analyser le résidu que laissent l’alcohol et l’acide sulfurique
après la séparation de l’éther; mais ce résidu, qui est formé
de plusieurs substances différentes et très-composées, nous offre
dans son examen un travail immense et plein de difficultés.
L'autre procédé se borne à analyser l’alcohol et l’éther, et à
déduire de Jeur différence les changemens qu'ils ont subi pour
(1) Annales de Chimie, & XXIII, p. 45.
(2) Statique chimique, par Berthollet, vol. Il, p.532.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 317
leur transformation. J'ai choisi cette dernière route; elle a
l'avantage d’être plus facile et de nous donner des connois-
sances plus absolues sur la composition de ces deux substances.
L'opération par laquelle je les ai analysées consiste princi-
palement à les changer par une addition d’oxigène , en eau
et en gaz acide carbonique, et à estimer, d'après la consti-
tution connue de ces deux derniers composés, les quantités
de carbone, d'oxigène et d'hydrogène , contenues dans l’alcohol
et dans l’éther.
. Les proportions des élémens de l’eau et du gaz acide carbo-
nique n'ont pas été fixées avec une précision telle qu’elles ne
puissent laisser aucune inceritude, et je n'aflirmerai pas que
celles que j'ai adoptées, et que je vais exposer, soient préfé-
rables à telle autre évaluation. Il sera facile de changer sur
ce point, les derniers termes de mes analyses , en considérant,
1° le volume de gaz oxigène que j'ai fait disparoître par la
combustion d’un poids déterminé d’alcohol ou d’éther; 2° le
volume de gaz acide carbonique qui s’est produit en même
temps. Ces deux déterminations seules sont l'expression fon-
damentale et importante de mes résultats. J’ai admis dans
toutes les expériences qui suivront,
1° Que 100 parties d’eau contiennent en poids 88 parties
d'oxigène, et 1# parties d'hydrogène, en négligeant les frac-
tions;
2° Que deux parties, volume de gaz hydrogène , en saturent
une de gaz oxigène pour former de l’eau; ]
3° Que 1000 pouces cubes de gaz hydrogène pèsent à 28
ouces du baromètre , et à 10 degrés du thermomètre de
éaumur, et au terme de la sécheresse extrême, 34, 305 grains;
4° Que 1000 pouces cubes de gaz oxigène pèsent, dans les
mêmes circonstances, mais au terme de l’humidité extrème,
512,37 grains;
5° Que 1000 pouces cubes de gaz acide carbonique, pèsent,
dans les mêmes circonstances que le gaz précédent, 693,71
grains ;
6° Que le gaz acide carbonique contient un volume égal au
sien, de gaz oxigène;
7° Que 100 parties en poids de gaz acide carbonique , an
terme de l’humidité extrême, contiennent 26 parties de car-
bone , en négligeant les fractions (1).
a
(1) Puisque le gaz oxigene ne change pas notablement de volume en se
318 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
L’alcohol dont j'ai fait usage pour l'analyse, est celui que
MM. Lowitz et Richter ont désigné sous le nom d’a/cehol
absolu, et qu'ils nous ont appris à préparer. Il a une pesanteur
spécifique égale à 0,792, sous une température de 16 degrés
u thermomètre de Réaumur. J’ai obtenu cette liqueur en
distillant de l'esprit de vin commun sur la moitié de son poids
de muriate de Lee desséché à une chaleur presque rouge,
et en ne retirant que la moitié du liquide employé pour cette
opération. Le produit étoit encore un peu aqueux. On l'a
rectifié de nouveau en le distillant avec son poids de muriate
de chaux, et en ne recueillant que la moitié du liquide soumis
à cette seconde distillation.
Comme dans un travail aussi difhicile que celui que j'ai entre-
pris, on ne peut espérer d'atteindre la vérité, qu’en parvenant
aux mémes résultats par des routes différentes, j'ai cherché
à décomposer d'A GEUL par trois procédés :
Dans le premier, j'ai brülé l’alcohol , à l’aide d’une lampe,
sous un récipient rempli d’un mélange d'air commun et de
gaz oxigène, ainsi que l’avoit fait Lavoisier (1), et j'ai examiné
les produits de cette combustion. Cette analyse est celle qui
m'a donné les résultats les moins précis.
Dans le second procédé, j'ai opéré la décomposition de
V’alcohol, par la détonation instantanée de la vapeur élastique
ou gazeuse de cette liqueur avec du gaz oxigène, dans un
eudiomètre de Volta.
La troisième analyse a été faite par la décomposition de
l'alcohol , dans un tube de porcelaine incandescent.
convertissant en gaz acide carbonique, la différence de poids , qu’on trouve
entre ces deux gaz à volume égal, doit donner la quantité de carbone que
contient l’acide carbonique.
D'après mes expériences , 100 pouces cubes de gaz acide carbonique,
PES EEE RC I 00 7er
100 pouces cubes de gaz oxigene . . . . . . 51,257
Différence. . . . 18,134
Donc 69,371 grains de gaz acide carbonique contiennent 18,134 grains
de carbone, et en faisant la proportion 69,371 : 18,154— 100 : x, on trouve
que 100 parties en poids de gaz acide carbonique contiennent 26, 14 parties
de carbone.
J'ai employé dans ce Mémoire les anciennes mesures de Paris, pour
rendre mes résultats plus facilement comparables à ceux qui ont été obtenus
par d’autres physiciens.
(1) Journal de Physique, vol. XXXI, p. 55.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 319
« S IL.
Analyse de l'Alcoho! par sa combustion lente en vase clos.
La lampe que j'ai employée pour brüler l’alcohol , est un
tube de verre gradué et fermé à son extrémité inférieure : il
a 6 pouces de haut, et 3 lignes de diamètre intérieur. La
mèche est un faisceau mince et cylindrique d'amianthe; elle
traverse une plaque de métal placée sur l’orifice du tube, et
se trouve ainsi maintenue dans l'axe de ce dernier. J'ai dé-
terminé , par des observations préliminaires, les poids d'alcohol
qui correspondoient à toutes les divisions du tube, et j'ai pu
dès-lors connoître, par la seule inspection de la colonne liquide
dans la lampe, sans la sortir du récipient et sans la peser ,
le poids d'alcohol qui y avoit été consumé au moment de son
extinclion.
J'ai préféré ce procédé à celui qu'a employé Lavoisier, et
qui consistoit à peser la lampe avant et après l'expérience. En
opérant ainsi, on ne pouvoit sortir la lampe du récipient pour
la peser et pour analyser l’air qu'il contenoit, qu'après le re-
froidissement de ce dernier ; car l'observation de la diminution
du volume de l'air, par la combustion, est une détermination
essentielle. Ce refroidissement exige environ une heure, et
pendant cet intervalle, la température très-élevée , qui règne
sous la cloche, volatilise une quantité considérable d’alcohol
qui, par lé procédé de Lavoisier, restoit confondue avec le
* liquide qui avoit disparu par l'effet de la combustion.
Ma lampe qui portoit sur sa mèche un atome de phosphore,
a été placée avec un thermomètre sous un récipient fermé par
de l’eau (1), et rempli à moitié d’air commun : j'y ai ajouté
du gaz oxigène ; le mélange occupoit 651 pouces cubes, à
27 pouces du baromètre, et à 17 degrés du thermomètre de
Réaumur. Il contenoit avant la combustion, d’après l’analyse
par l'eudiomètre de Volta,
228, 25 pouces cubes de gaz oxigène.
422,75 de gaz azote.
—
651
a ————— — ———————————————"— "—————————— —— 2
(x) Dans l'expérience de Lavoisier, le récipient étoit fermé par du mercure.
320 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
La lampe allumée au soleil à l’aide d’une lentille, a con-
sumé 55 ! grains d'alcohol. Une heure après son extinction,
le thermomètre placé sous la cloche, étant reÿenu à 17 degrés,
l'air qu'elle contenoit s’est trouvé réduit à 599 pouces cubes,
qui, ayant été analysés par l’eau de chaux et par l’eudiomètre
de Volta, se sont trouvés composés de
77; $7 pouces cubes de gaz acide carbonique.
98, 42 de gaz oxigène.
422, 71 de gaz azote.
599
Je remarquerai que la quantité de gaz acide, qui ne formoit
que la : partie du volume de l’air résidu, étoit trop petite
pour pouvoir être absorbée sensiblement par l'eau qui fermoit
le récipient , à la température élevée où cette expérience a été
faite, et dans le court espace de temps compris entre la com-
bustion et l'examen eudiométrique. Je me suis assuré de la
vérité de cette assertion par une expérience directe. D'ailleurs
jai trouvé de l'avantage à subsistuer l’eau au mercure, pour
fermer le récipient, parce qu'il y a toujours une petite quan-
üté d'alcohol qui se vaporise sans se brûler pendant la com-
bustion elle-même. Lorsqu'on soulève le récipient, immédia-
tement après la combustion, et pendant qu'il est plein de
fumée, on trouve que cette dernière répand une odeur alcoho-
lique. Ces vapeurs, qui ne s’enflamment point, parce qu’elles
sont en grande partie aqueuses , se condensent bientôt dans
l'eau de la cuve; mais elles dilateroient , en raison de l’al-
cohol qu’elles contiennent, l'air du récipient, méme après
son refroidissement , s’il étoit fermé par du mercure. ra
Lorsqu’on applique le raisonnement ingénieux de Lavoisier ,
aux résultats de cette expérience , on voit que 35 : grains
d'alcohol emploient pour leur combustion, 129,83 pouces
cubes de gaz oxigène , en formant 77,87 pouces cubes de gaz
acide carbonique. Le résidu liquide de la combustion de l’al-
cohol, est de l'eau à-peu-près pure. Ainsi le gaz oxigène que
jai consommé, déduction faite des 77,87 pouces cubes de ce
8aZ, qui sont entrés dans la composition de 77,87 pouces
cubes de gaz acide carbonique, a été condensé par l'hydro-
gène de l'alcohol, dans la proportion qui forme l'eau; donc
129,83 — 77,87—51, 096 pouces cubes de gaz oxigène, ont
condensé un volume double de gaz hydrogène, soit 105,92
pouces cubes de ce dernier. si
i
ET D'HISTOIRE NATURELLE. Bar
Si l’on réunit le poids du cärbone contenu dans le gaz
acide carbonique produit par la combustion, au poids du
volume de gaz hydrogène que nous venons de désigner, on
trouve que la somme de ces deux élémens ne représente
environ que la moitié de l’alcohol consumé. Le déficit ou
les autres produits de l'analyse, ne peuvent exister dans le
résidu aériforme , dont les élémens et le poids nous sont
exactement connus; ils doivent donc se retrouver dans le ré-
sidu liquide que nous avons dit n'être autre chose que de l'eau
presque pure, mais que nous n'avons pu peser à cause de
Sa dispersion dans l'appareil. La partie de l'hydrogène de
l’alcohol, qui ne s’est pas combinée à l'oxigène que j'ai ajouté,
s'est donc réunie à l’oxigène contenu dans cette liqueur, pour
former une quantité d’eau que nous évaluons par le poids du
déficit dont je viens de parler. En faisant exactement ce calcul,
et en réduisant par des règles de proportion l’analyse à 100
parties d'alcohol, on trouve qu'elles contiennent,
36,89 parties de carbone.
9, 365 d'hydrogène.
pes d'oxigène et d'hydrogène, dans la
7 proportion qui forme l'eau.
——
100
:
En substituant à l’eau ses élémens , 100 parties d’alcohol
contiennent ,
36,89 parties de carbone.
15,814 d'hydrogène.
47,296 d’oxigène,
100
Nous verrons qu'il faut comprendre dans les produits de
cette analyse, une petite quantité d'azote, car j'ai trouvé de
l'ammoniaque dans l’eau formée par la combustion de l’alcohol.
(l’oyez le $ IV.)
J'ai répété trois fois cette opération, avec des résultats à
très-peu-près semblables ; ainsi je ne crois pas avoir commis
d’autres erreurs que celles qui dépendent du procédé lui-
même, et qui est moins exact que ceux que je décrirai dans
la suite. Je dois toutefois comparer cette analyse avec celle que
Lavoisier a faite par le mème procédé, à quelques nuances
près dans le détail.
Tome LXIV. AVRIL 1807. ss
522 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Pour réduire nos résultats à des expressions comparables ,
et dégagées des évaluations diflérentes que nous avons suivies
pour la composition de l’eau et du gaz acide carbonique, je
dirai que d’après l'expérience de Lavoisier, le baromètre étant
à 28 pouces, et le thermomèétre de Réaumur à 10 degrés ,
10 grains d’alcohol consomment 23,56 pouces cubes de gaz
oxigène , en formant 10,194 pouces cubes de gaz acide car-
bonique , tandis que d’après mon expérience, 10 grains d'al-
cohol consomment 34,111 pouces cubes de gaz oxigène, en
formant 20,455 pouces cubes de gaz acide carbonique, sous
une pression et une température semblable aux précédentes.
Lavoisier n’a point donné la pesanteur spécifique de l'alcohol
qu'il a employé. L'on a supposé qu'il avoit dû prendre l'alcohol
reconnu de son temps pour être le plus pur, et tel que Brisson
l’a indiqué dans ses T'ables, c’est-à-dire avec une pesanteur spé-
cifique de 0,829. Elle indique un mélange de 85.63 parties
d'alcohol absolu , et de 14,37 parties d'eau, suivant les expé-
riences de Richter, dont j’ai constaté l'exactitude. Mais je
trouve qu'en retranchant cette proportion d’eau de l'esprit de
vin de Lavoisier , et qu’en adoptant d’ailleurs les résultats de
son expérience, 10 grains d’alcohol absolu consommeroient
27,518 pouces cubes de gaz oxigène, en formant 11,904 pouces
cubes de gaz acide carbonique. Cette correction laisse donc
toujours une grande différence entre nos observations.
Je dois prévenir une objection que l’on fera sans doute
contre l'espèce d'alcohol que j'ai analysée , et qui avoit été
rectifiée deux fois sur du muriate de chaux. Quelques chi-
mistes ont avancé que l'esprit de vin rectifié sur ce sel, acquiert
des propriétés qui le rapprochent d’un éther. J'ai donc cherché
si l'esprit de vin rectifié par la simple distillation, et sans
addition, fournit par sa combustion des résultats semblables
à ceux de ma premiére analyse, à l'exception d’une quantité
d'eau correspondante à celle que la différence des pesanteurs
‘indique dans ce dernier.
J'ai rectifié de l'esprit de vin commun par trois distillations
successives, sans addition de muriate de chaux, et'en ne
retueillant que les premiérs produits de chaque opération. J'ai
réduit ainsi cette liqueur à une pesanteur spécifique de 0,8248,
à 15 deprés du thermomètre de Réaumur. L'expérience de la
combustion de cet esprit de vin a été disposée comme la pré-
cédente. L’atmosphère dans laquelle la lampe a été placée,
°Ccupoit à 27 pouces du baromètre, et à 15 : degrés du ther-
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323
momètre de Réaumur , 638 pouces cubes qui étoient composés
de 204 pouces cubes de gaz oxigène et de 434 pouces cubes
de gaz azote. Cette atmosphère a été réduite par la combustion
de 53 grains d'esprit de vin, à 598 pouces cubes, qui con-
tenoient , s
62,79 pouces cubes de gas acide carbonique.
99, 12 de gaz oxigène.
436,09 de gaz azote,
On trouve d’après ces résultats, que 100 parties d’esprit de
P q P
vin, doué d’une pesanteur spécifique égale à 0, 8248, can-
tiennent,
52,24 parties de carbone.
8,23 d'hydrogène.
59, 53 or ci d’hydrogëne , dans la
proportion qui forme l'eau.
——
100
La Table de Richter indique que 100 parties d'esprit de
vin d’une densité égale à 0,825, contiennent 12,8 parties d'eau.
Si l’on veut déduire de ces résultats la composition de l’alcohol
absolu , il faut subsistuer 59, 55— 12,8 — 46,75 au nombre
59,53 dans l’analyse précédente. La somme de ses élémens est
alors réduite à 87,2 parties qui représentent l'alcohol pur, et
qui contiennent, en faisant le calcul pour 100 parties,
36,97 parties de carbone.
15,87 d'hydrogène.
47,16 d'oxigène.
100
La conformité de ces résultats, avec ceux de ma premiére
analyse, prouve évidemment que l'esprit de vin rectifié sans
addition , est identique dans ses principes essentiels, avec
l’alcohol, qui n'a été rectifié que deux fois sur du muriate de
chaux. D'ailleurs cette dernière liqueur n’a aucun des carac-
tères de l'éther; elle conserve les propriétés de l’alcohol, telles
que celle d’avoir une odeur foible, propre à l'esprit de vin
et nullement éthérée. L’alcohol absolu se combine à l'eau dans
toutes les proportions; il subit dans ses combinaisons avec ce
liquide des changemens de densité, à très-peu-près correspon-
Ss 2
324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
dans à ceux qu'éprouve l'esprit de vin ordinaire (1); il a un
degré d’expansibilité très-petit, et qui n’approche point de
celui qu'a l’éther le moins rectifié. L'alcohol absolu forme
dans sa combustion un peu de suie, mais seulement lorsqu'on
le fait brûler avec une flamme épaisse et étouflée. L'esprit
de vin obtenu par la simple distillation, en fournit aussi dans
la même circonstance , mais moins abondamment , parce qu'il
est moins concentré. L’éther forme ou ne forme point de
suie, suivant le plus ou le moins d’accès donné à l'air atmos-
phérique pendant la combustion. Ainsi le caractère que l’on
voudroit tirer de la présence de la suie, pour distinguer ces
liqueurs, n’est point essentiel. fie à
Je n’aflirmerai pas cependant que l’alcohol qu'on distilleroit
un beaucoup plus grand nombre de fois, sur du muriate de
chaux, ne contint une quantité sensible d’éther; car j'ai vu,
après avoir distillé deux fois, une livre d'esprit de vin sur
son poids de muriate de chaux, que ce sel redissous dans
l’eau, déposoit sur le filtre une substance noire qui indiquoit
la décomposition d'une petite quantité d'alcohol; mais cette
teinte noire étoit impondérable, et l'on doit conclure de ce
résultat et des précédens, que la quantité de l’alcohol dé-
composé peut être négligée.
$ III.
Analyse de l'Alcohol par la détonation de sa vapeur
élastique , avec du gaz oxigène.
J'ai remarqué dans l’analyse précédente, que l’alcohol répand
en brülant dans une lampe , sous un récipient fermé, une
fumée qui a l'odeur alcoholique ; ainsi il est bien probable
que tout le combustible qui disparoît dans la lampe ne se
brûle pas. J'ai cherché un procédé qui produisit une com-
bustion complète de l’alcohol, et j'y suis parvenu en faisant
détoner sur du mercure, et par l'étincelle électrique, un
(1) Je suppose, toutefois, qu’on ajoute à l’alcohol absolu , la quantité d’eau
qu lui manque pour avoir la densité de l’esprit de vin rectifié par la simple
istillation. Comparez les changemens de pesanteur spécifique de l’alcohol
absolu , dans son mélange avec l’eau (Richter die neueren gegenstande der
chemie) et les Tables de Blagden et de Gilpin. (Zrensactions philosoph.
an 1700 et 1794.)
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 325
mélange de la vapeur élastique ou gazeuse de cette liqueur ,
avec du gaz oxigène , dans un eudiomètre de Volta.
Cette opération appliquée à l’analyse de l’alcohol présente
un procédé assez compliqué. Il requiert la connoïissance du
poids de la vapeur alcoholique , sous une température et une
pression donnée; il exige qu'on détermine l’augmentation de
volume qu'acquiert le gaz oxigène par la présence de la vapeur.
Il faut que l’opération se fasse à une température qui excède
le 15° degré du thermomètre de Réaumur, pour obtenir des
résultats suflisamment prononcés ; et que cet instrument ne
varie point , non plus que le baromètre , dans tout le cours
de l'expérience, qui exige de l'habitude et de la célérité dans
plusieurs de ses manipulations.
J'ai lavé à différentes reprises avec de l'alcohol, l'intérieur
d'une grande vessie, en y laissant long-temps séjourner ce
liquide , afin qu'il la dépouillât de toutes les parties solubles
qu’elle pouvoit contenir, car elles auroient diminué l’expan-
sibilité de l'alcohol. Lorsqu'il en est sorti parfaitement pur,
elle a été remplie aux trois quarts d'air atmosphérique : j'y
ai ajouté deux onces d’alcohol ; elle a été fermée par un ro-
binet.. L'air qu’elle contenoit s’est dilaté par la formation de
la vapeur alcoholique. J'ai adapté , au bout de dix-huit heures,
à ce robinet, un ballon vide d’air , et destiné à peser les gaz.
Les communications ont été établies, et l'air dilaté a passé seul,
et sans alcohol liquide , dans le ballon de verre qui a été pesé
avant et après cette introduction, le thermomètre étant àiy
degrés, et le baromètre à 26 pouces 9 lignes pendant ces opé-
rations et celles qui suivirent.
J'ai trouvé, par ce procédé répété deux fois dans ces cir-
constances, que 1000 pouces cubes d'air atmosphérique, dilaté
par la vapeur alcoholique, pèsent 435,78 grains; 1000 pouces
cubes de l'air atmosphérique, employé pour cette expérience,
pesoient avant l'introduction de l’alcohol, 424,5 grains.:
Pour mesurer la dilatation que l'air avoit subie par la vapeur
alcoholique, j'ai employé la formule de M. Dalton (1), et j'ai
fait passer dans un baromètre une goutte d’alcohol , elle a
fait baisser le mercure de 20 : lignes qui expriment la force
élastique de la vapeur dans le vide. En appliquant ce résultat
à la formule re dans laquelle »p— 26 pouces 9 lignes, et
QG) Biblioth. Brilanniq., Sciences et Arts, vol: XX, p. 547.
326 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
f=20! lignes, on trouve que le volume de l'air non dilaté
étant égal à 1, il devient égal à 1,0682 par la vaporisation
de l’alcohol, et en faisant la proportion 1, 0682 : 1 = 1000 : æ,
on conclut que 1000 pouces cubes d’air atmosphérique alcoholisé,
contiennent 956, 14 pouces cubes d'air atmosphérique pur. Ces
derniers pèsent 397,4 grains, et comme la vapeur alcoholique
occupe le même espace que l'air dilaté par elle, il suit que 1000
pouces cubes de vapeur alcoholique pure pèsent 433, 78—397,4
grains — 36, 38 grains.
Je n’ai pas besoin de rappeler que, d’après les expériences
de Dalton, les vapeurs se répandent en méme quantité dans
tous les gaz qui n’ont pas d’action chimique sur elles (1).
J'ai choisi l'air atmosphérique pour trouver le poids de cette
dernière, parce que je n’aurois pu employer le gaz oxigène
pur en grande quantité qu’au terme de l'humidité extrême,
et que s'il étoit venu à se dessécher , ou si l'air extérieur
avoit pu pénétrer dans l’intérieur de la vessie, il en seroïit
résulté des erreurs dans l’estimation des poids : d’ailleurs j'ai
fait cette expérience avec du gaz oxigène, et le résultat ne m'a
offert qu'une légère différence qui tenoit aux causes que je
viens d'indiquer. :
Pour opérer la combustion de la vapeur alcoholique, j'ai
préparé du gaz oxigène alcoholisé, en faisant passer quelques
gouttes d’alcohol dans un récipient plein de gaz oxigène qui
reposoit sur du mercure; j'ai soutiré ensuite hors de ce vase
l’alcohol superflu qui n’avoit pu se vaporiser, en y introduisant
du papier sans colle desséché, en le ressortant imbibé d'al-
cohol au travers du mercure , en répétant cette opération
jusqu’à ce que le papier ressortit parfaitement sec, et enfin
en transvasant le gaz dilaté dans un nouveau récipient. Je me
suis assuré que le papier sans colle ne condensoit point la
vapeur alcoholique.
Ce gaz oxigène alcoholisé a été introduit dans un eudio-
mètre de Volta plein de mercure; mais je n’ai point pu y pro-
duite d’inflammation par l’étineelle électrique , je nai pas eu
plus de succès en y ajoutant du gaz oxigène pur dans toutes
les proportions. La vapeur alcoholique étoit trop rare dans
(1) J'ai tenu pendant long-temps de l’air atmosphérique en contact avec
de l’alcohol , dans un récipient fermé par du mercure. Au bout de cinq mois
Vair n’avoit subi aucune modification sensible; mais au bout d’un an il
avoit perdu 535 de gaz oxigene.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 327
le gaz oxigène alcoholisé pur, pour pouvoir s’enflammer , et à
plus forte raison quand on y ajoutoit du gaz page. Lorsque
j'ai mélé au gaz oxigène alcoholisé, du gaz hydrogène en
très-petite proportion , l’étincelle électrique a produit une
combustion complète de la vapeur alcoholique. Le même effet
avoit lieu si je substituois au gaz hydrogène, une quantité
impondérable d’alcohol liquide. Les vapeurs vésiculaires, pro-
duites sans doute par ce dernier, remplissoient les fonctions
du gaz hydrogène ; mais dans une expérience exacte, cette
addition d’alcohol liquide ne pouvoit être admise par l’impos-
sibilité d’en fixer la quantité.
J'ai donc ajouté à 500 parties volume de gaz oxigène alcoho-
lisé, 99,2 parties, ou à très-peu-près, un cinquième de gaz
hydrogène , et j'ai fait détoner le mélange. La combustion,
en prenant un terme moyen entre trois expériences , a donné un
résidu qui, étant analysé par l’eau de chaux, et par l’eudio-
mètre de Volta, a montré qu'il contenoit 342,59 parties de
gaz oxigéne , et 46,69 parties de gaz acide carbonique. Je fais
abstraction de l'azote qui se trouvoit mélé en petite quantité
avant et après la combustion, au gaz oxigène, et qui ne joue
aucun rôle que l’on puisse apprécier. Je dois observer que
lorsque j’ai ouvert l’eudiomètre , immédiatement après la dé-
tonation , et pendant qu'il étoit plein de fumée, celle-ci s’est
trouvée absolument inodore.
Les 5oo parties de gaz oxigène alcoholisé ne contenoient
avant l’inflammation , et en raison de l'expansion de la vapeur
alcoholique, que 468,07 parties de gaz oxigène. La vapeur
alcoholique et le gaz hydrogène ajouté, ont donc fait dispa-
roître 468, 07 — 342, 59 — 125,48 parties de gaz oxigène. Le
gaz hydrogène ajouté, a condensé la moitié de son volume,
soit %%°— 49,6 parties de gaz oxigène. Les 5oo parties de
vapeur alcoholique seule , ont donc employé pour leur com-
bustion , 126,48 — 49,6 — 75,88 parties de gaz oxigène, en
formant 46,69 parties de gaz acide carbonique, et une cer-
taine quantité d'eau.
Lorsqu'on rend les parties désignées ci-dessus égales à des
pouces cubes, et qu'on substitue aux 5oo pouces cubes de
vapeur alcoholique, le poids de 18, 19 grains qui leur corres-
pre » on trouve que 18,19 grains d’alcohol consomment pour
eur Combustion 75,88 pouces cubes de gaz oxigène, en for-
mant de l’eau et 46, 69 pouces cubes de gaz acide carbonique. Ces
e;|
28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
résultats montrent, à l’aide d’un calcul semblable à celui qui
a été fait pour la combustion lente de l'alcohol, $ II, que
100 parties de cette liqueur contiennent,
42,82 parties de carbone.
10,18 d'hydrogène.
4 j#exaene et d'hydrogène, dans la
Titttttet"Ù proportion qui forme l'eau.
100
En substituant à l’eau ses élémens, 100 parties d’alcohol ,
contiennent,
42,82 parties de carbone.
15,82 d'hydrogène.
41,36 d'oxigène.
100
Ces élémens peuvent se déduire de l'expression suivante :
10 grains d'alcohol consomment pour leur combustion 38,54
pouces cubes de gaz oxigène , à 28 pouces du baromètre, et
à 10 degrés du thermomètre de Réaumur , en formant de
l'eau et 25,67 pouces cubes de gaz acide carbonique.
Cette analyse , dans laquelle tout l'alcohol a été consumé,
doit étre plus exacte que celle qui a été faite par la com-
bustion lente, S II. Nous allons montrer qu'il faut comprendré
dans l’une et dans l’autre une petite quantité d’azote.
S IV.
Examen de l'eau produite par la combustion de l'Alcohol.
Boerrhave et Geoflroy ont reconnu que les vapeurs formées
parla combustion de l’alcohol , étoient de l’eau. Lavoisier a
observé, à l’aide de l'appareil imaginé par Meusnier (r), que
le poids de cette eau étoit supérieur à celui de l’alcohol con-
sumé. On ne recueille pas par ce procédé toute celle qui se
produit, parce que cette opération se fait dans des vases ouverts
où l’air est continuellement renouvelé par un courant rapide
@) Joyez, pour la description de cet appareil, Lavoisier , Elémens de
Chimie, t, Il, p. 189; 1° édition.
qui
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 529
‘qui entraine hors de l'appareil une certaine quantité de vapeur
aqueuse, avant qu'elle ait eu le temps de se condenser. Lavoisier
a recueilli en brûlant 100 parties d'esprit de vin, environ 116
‘parties d’eau (1). Mon analyse, $ III, montre que ce produit
aqueux doit monter à 132 parties pour 100 parties d’alcohol
absolu; mais ce chimiste n'a pas employé cette dernière li-
‘Queur qui auroit fourni un résultat plus rapproché de mon
analyse. Comme il est impossible de faire cette comparaison
avec exactitude , je me suis contenté d'examiner si l’eau pro-
duite par ce procédé est pure.
L'eau qu’on retire de l'alcohol, par l'appareil de Meusnier,
ou plus simplement en faisant brûler ce liquide à l'air libre,
sous l'orifice d'un récipient de verre qui condense sur ses
parois les vapeurs aqueuses et les laisse distiller par cet orifice,
n'a pas l'odeur alcoholique qu'on cbserve dans le produit de
la combustion, sous un récipient fermé, $ II, parce que les
vapeurs alcoholiques y sont retenues, tandis que, à l'air libre,
elles se perdent dans l'atmosphère en ne laissant pour résidu
que le liquide moins évaporable auquel elles étoient mêlées.
_ Ce liquide est insipide ; il a la même pesanteur que l'eau
distillée ; il ne change pas le sirop de violettes, ni l'infusion
de tournesol ; il n’est précipité ni par l’acétate de baryte, ni
par le nitrate d'argent, ni par l'eau de chaux.
Deux onces d’eau obtenue de la combustion de l’alcohol
à l'air libre, sous l’orifice d’un récipient de verre, ont été
évaporées à siccité, et elles ont laissé pour résidu un vernis
mince , transparent, qui pesoit 4ème de grain et qui attiroit l'hu-
midité de l'air. La dissolution de ce vernis, dans une petite
quantité d'eau, étoit légérement troublée par l’oxalate de po-
tasse. La combustion de l'esprit de vin rectifié sans addition,
fournissoit les mêmes résultats. Ils me paroissent dus en partie
à la chaux et à la potasse que j'ai trouvées par d’autres ex-
périences , dans les cendres de l'alcohol. Elles sont tenues en
dissolution dans de l'acide acétique formé par la combustion.
Cette eau conservée dans un flacon qui en étoit à moitié plein,
a laissé déposer , au bout de quelques mois, de légères moisis-
sures.
Ce liquide répand à l'approche de l’acide muriatique, des
vapeurs ammoniacales abondantes. Ce résultat est plus pro-
(1) Lavoisier, Mémoires (posthumes) de Chimie, tt. II, p. 281.
Tome LXIV. AVRIL an 1807. p
330 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
noncé lorsque l’eau a été recueillie par l'appareil de Meusnier;
parce que dans ce procédé, l’ammoniaque, ou plutôt l'acétate
d'ammoniaque, a moins le temps de s'évaporer. Pour n’étre
point trompé sur la nature des. vapeurs dont je viens de parler,
et pour recueillir une partie de l'ammoniaque qui se volatilise
et se perd dans l'atmosphère à mesure que l’eau se produit,
j'ai versé quelques gouttes d'acide muriatique dans le flacon
qui, dans l'appareil de Meusnier, est destiné à recevoir le
liquide formé par la combustion. Après avoir obtenu 4 + onces
de cette éau qui s’est trouvée ainsi unie à l’acide muriatique ,
je l'ai soumise à l'évaporation, à la température atmosphé-
rique, dans un lieu où je ne pouvois point soupçonner de
Yapeurs ammoniacales, et j'ai obtenu ‘un résidu qui contenoit
3; grains de muriate d'ammoniaque parfaitement caractérisé
par sa cristallisation et ses autres propriétés. Il étoit d’abord
mêlé à une petite quantité de muriate de chaux et de muriate
de plomb (1); le sel déliquescent a été séparé par le lavage;
le sel métallique insoluble a été extrait par la dissolution du
résidu , dans l’eau distillée.
Je n'ai point pu juger par ce résultat, de la quantité d'azote
que contient l’alcohol, parce que les vapeurs de l'acide mu-
riatique formoient une fumée de muriate d’ammoniaque qui
ressortoit pour la plus grande partie hors du vase destiné à la
recevoir.
Il n'est pas probable que cet ammoniaque soit dû à la com-
binaison de l'hydrogène de l’alcohol avec le gaz azote atmos-
phérique, car nous avons vu, SIL, que ce dernier gaz n'étoit
pas condensé dans la combustion de cette liqueur. D'ailleurs
nous montrerons qu’elle contient cet élément, par d’autres obser-
vations plus directes, et qui ne pourront être soumises à cette
objection.
Ce résultat est important pour la théorie de la fermentation.
M. Thenard avoit remarqué (2) que l’azote qui fait une
nee EEE ee ee re
(x) Le serpentin de mon appareil est de plomb. Dans ce cas l’eau produite
par la combustion de l’alcohol tient ce métal en dissolution, probablement
à l’aide de l’acide acétique. L’eau obtenue ainsi précipite en noir l’hydre-
sulfure de potasse, lors même qu'il n'y a point d’acide murlatique dans le
récipient; mais.elle ne produit pas cet eflet lorsqu'on la recueille en faisant
brûler l’alcohol sous une cloche de verre.
(2) Mémoire sur la fermentation vineuse, par Thenard. (Ænnales de
Chimie, t. XLVI, ;p. 294.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 331
partie essentielle du ferment, disparoissoit dans la fermentation
vineuse. Cet élément ne se retrouvoit pas alors dans les pro-
duits de cette opération, mais nous voyons qu'il passe dans
l'alcohol.
L’ammoniaque contenu dans le liquide formé par la com-
bustion de l’alcohol, me paroît neutralisé par l'acide acétique.
J'ai versé quelques gouttes de potasse dans deux onces de
cette eau, l’alkali qui y étoit surabondant, a été saturé par
de l’acide carbonique et soumis à une légère dessication, à
la température atmosphérique. J'ai lavé le tout avec de l’alcohol;
la liqueur décantée a fourni, par l'évaporation , un sel très-
déliquescent qui avoit les autres propriétés de l’acétate de po-
tasse, et qui pesoit I + grain.
Toutes les épreuves que je viens de rapporter *sur l’eau
obtenue de l’alcohol absolu, ont présenté les mêmes résultats,
lorsqu'elle a été extraite de l'esprit de vin, rectifié sans muriate
de chaux : ils ont montré qu’elle contient de l’ammoniaque ,
de l’acide acétique, de la chaux, et probablement un peu de
potasse; mais toutes ces substances y sont en quantité si petite,
qu'elles ne doivent pas influer beaucoup sur les proportions
d'oxigène, d'hydrogène et de carbone, que j'ai assignées par
ma dernière analyse, $ III, à l'alcohol, en considérant le
liquide qu'il forme en brülant comme de l'eau pure.
S V.
Analyse de l’Alcohol par un tube de porcelaine
incandescent.
Plusieurs chimistes ont reconnu, avec plus ou moins d'exac-
titude , la nature des principaux produits que donne l’alcohol
en traversant un tube de porcelaine chauffé au rouge. Ils y
ont vu de l'eau, du gaz hydrogène oxicarburé, du charbon,
et enfin une huile volatile cristallisée , observée par M. Vau-
quelin (1); mais ils n’ont pas obtenu de ces produits un résultat
utile pour déterminer le nombre et la proportion des élémens
de- l’alcohol. J'ai cherché toutefois à parvenir à ces détermi-
nations par ce procédé,
J'ai fait distiller dans un tube de porcelaine incandescent,
et enduit intérieurement d’une couche vitreuse, 2183 grains
(1) Système des Connoissances chimiques, par Fourcroy ,t. VIT, p. 155.
T't 2
332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
d’alcoholabsolu. Les produits de cette distillation passoient de ce
tube dans un serpentin de verre (1), entouré d'eau froide, et delà
dans un petit ballon qui retenoit les produits liquides, en trans-
mettant les gaz à la cuve pneumatique.
La cornue qui introduisoit les vapeurs alcoholiques dans
le tube de porcelaine, n’a été exposée qu'à une température
comprise entre le 40° et le 5o° degré du thermomètre de
Réaumur, La distillation a duré vingt heures; je l'ai conduite
avec lenteur, afin qu'il n’y eût presque point d’alcohol qui
échappäât à sa décomposition, en traversant un foyer incandes-
cent de huit pouces de long. J'ai obtenu de cette opération,
1° Dans le tube de porcelaine 4 + grains de charbon qui
s'en est détaché sous la forme d'une lame mince, roulée sur
elle-mémeyet longue de plusieurs pouces. Ce charhon ayant été
incinéré dans un creuset de platine , a laissé {pour résidu
environ un grain de cendres, dans lesquelles j’ai reconnu ,
à l’aide de leur lessive par l’eau et de leur dissolution dans
l'acide muriatique , la présence de la potasse, de la chaux et
d'un résidu insoluble qui pouvoit être de la silice. M. Proust
avoit déjà trouvé la silice et la chaux dans l’alcohol.
2°. Le serpentin de verre étoit tapissé de l'huile essentielle,
cristalisée, découverte dans cette opération par M. Vauquelin.
Ces cristaux se présentent à l'œil nu, sous la forme de lames
minces, transparentes, blanches et jaunâtres ; mais au micros-
cope, quelques-uns d’entre eux m'ont offert des prismes à
quatre faces, terminés par des sommets dièdres. Ils sont très-
solubles dans lalcohol : cette solution devient laiteuse par
l'addition de l’eau , si l’alcohol n’est pas trop surabondant. Ces
cristaux , ainsi qu’une huile brune très-épaisse, à laquelle ils
sont mélés, et qui n’est presque point volatile à la tempé-
Tature atmosphérique, ont une forte odeur de benjoin. Le
poids de ces deux huiles réunies et recueillies, soit dans le
serpentin , soit dans le ballon, montoit à quatre grains ; le
ballon n’en contenoit que demi-grain. -
3°. J'ai trouvé dans le ballon, outre cette petite quantité
d'huile, 196 grains d’eau sans couleur, dont la pesanteur spé-
cifique étoit 0,998 , ce qui indique un liquide composé de 1934
grains d'eau et de 22 grains d’alcohol. Nous retrancherons
donc ces derniers des 2183 grains d’alcohol soumis à l'analyse.
() Lorsque j'ai employé un serpentin de plomb , le liquide qui l’avoit
Wraversé tenoit du plomb en dissolution.
EIT D'HISTOIRE NATURELLE, 333
L'eau dont je viens de parler avoit à la fois l'odeur du benjoin
et du vinaigre; elle rougissoit le sirop de violettes et l'infusion
de, tournesol ; elle répandoit des vapeurs ammoniacales à l'ap-
proche de l'acide muriatique; elle n’étoit précipitée n1 par l’eau
de chaux, ni par le nitrate de mercure, mais elle étoit légé-
rement troublée par le nitrate d’argent. Cette circonstance,
jointe à l'odeur de benjoin, s'y a fit soupconnér l'éxistence
de l'acide benzoïque. ; 3 movi
Pour évaluer les quantités des principes étrangers que con
tenoit cette eau, je l'ai réunie à un liquide semblable ; obtenu
dans une autre opération par le méme procédé, et J'ai divisé
la liqueur ‘en trois parties qui pesoient chacune 100 grains.
La première partie, évaporée. à siccité à la température at-
mosphérique, a laissé au fond de la capsule un vernis trans-
parent impondérable, ]
La seconde partie de l’eau a été mélée avec du carbonate
de potasse cristallisé ; il s’y est dissous avec effervescence. La
dissolution évaporée à siccité, a fourni un résidu sur lequel j’ai
versé de l’alcohol. La liqueur décantée à laissé, par son éva-
poration, un sel blanc qui, exposé à air, s'est réduit prompte:
ment en liqueur, à la résenve d’une infiniment petite quan-
tité de sel cristallisé en! étoile , et qui résultoit probablement
de l'union de la potasse avec l’acide, qui précipitoit le nitrate
d'argent. La substance saline tombée en déliquescence, étoit
de l’acétate de potasse. Sa quantité dans l'état, sec auroit été
égale pour les 196 grains du liquide que j'examine à 0,9 grains,
ce qui indique 0,55 grains d'acide acétique glacial dans tout
le produit agueux de cette analyse.
Enfin la troisième partie de la liqueur a été mélée avec de
l’acide muriatique, pour saturer lammoniaque. Cette combi-
naison a fourni, par l'évaporation, des cristaux de muriate
d'ammoniaque , mais la quantité en étoit impondérable.
Il résulte de cet examen que les 193 + grains d’eau obtenue
de la décomposition de l'alcohol, par un tube incandescent,
contenoient de l'acide acétique en excès, de l'ammoniaque,
et probablement de l’acide benzoïque ; mais comme le poids
réuni de ces trois substances, n’équivaut environ qu'à > partie
du liquide aqueux qui les tient en dissolution, on peut, sans
risque d'erreur, pour une analyse telle que celle-ci, considérer
ce liquide comme de l’eau pure.
4°. Le gaz hydrogène oxicarburé occupoit, à 27 pouces du
baromètre, et à 17 degrés du thermomètre de FRéaumur,
7:99 pouces cubes qui pesoient, le lendemain du jour où ils
)
334 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
ont été recueillis , et en prenant un terme moyen entre le
poids du gaz pris au commencement, au milieu, et sur la
fin de l'opération, 1786,61 grains (1). Quoique la chaleur du
tube incandescent ne variât pas sensiblement, le gaz obtenu
au commencement de l'expérience étoit plus léger, et contenoit
moins de carbone que sur la fin. Ces différences venoient de
ce que le charbon déposé par l'alcohol, s’est accumulé suc-
cessivement dans le tube , et a réagi en raison de cette
accumulation sur le liquide qui se décomposoit. Quelque len-
teur que j'aye mise dans la distillation , je n'ai pu empécher
que le gaz n’entrainät avec lui une fumée blanche assez abon-
dante, dont je n’ai pu estimer directement le poids, et dont
la perte a causé un déficit dans les résultats de l'analyse. Cette
fumée sentoit le benjoin; elle m'a paru donner en se conden-
sant, un produit analogue à celui qui s’étoit rassemblé dans
le ballon; c’est-à-dire beaucoup d'eau et une très-petite quan-
tité d'huile. Cette dernière substance n’y pouvoit être que dans
une trés-petite proportion; car en. faisant détoner le gaz immé-
diatement après son développement; et pendant que la fumée
y étoit suspendue, je n'ai pas obtenu plus de gaz acide car-
bonique par cette combustion ,: que lorsque je l'ai faite après
la disparition et la condensation de la fumée dans l’eau qui
fermoit les récipiens. L'incertitude que peut laisser toutefois
la composition de cette vapeur, ne porte que sur la onzième
partie de l’alcohol que j'ai soumis à l'analyse.
En additionnant les poids des produits immédiats de toute
(G) Donc 1000. pouces cubes de ce gaz à 28 pouces du baromètre et à
10 degrés du thermomètre de Réaumur., pèsent 266 grains. Ce résultat
s’écarte un peu de celui de M. Cruiksanks , qui attribue un poids de 237 grains
à 1000 pouces cubes de ce gaz, dans les mêmes circonstances. (Bibliothègq.
brit., Sciences et Arts , vol. XVIL, p. 148.) J'ai fait trois fois cette opération,
en changeantun peu le diamètre du tube et son inclinaison dans le fourneau,
et.trois fois j'ai, trouvé des différences notables soit dans le poids du gaz,
Soit dans sa composition. Mais la somme de tous les produits, dans chacune
de ces opérations , a donné des résultats semblables pour la composition de
Palcohol. On voit par là qu’on commettroit d’assez grandes erreurs, si l’on
ne comparoit pas eutre eux tous les produits d’une seule et même analyse,
ET D'HISTOIRE NATURELLE 335
celte opération, on voit que 2180,5 grains d’alcohol ont
fourni,
1796, 61 grains de gaz.
ose d'eau.
4 d'huile. de)
3825 de charbon.
de cendres.
ÉTer es in
Somme... 1988,56 [aqueuse,
192, 14 Déficit dû à une fumée en grande partie
—
2180,5,
Analyse du gaz hydrogène oxicarburé.
Les 7199 pouces cubes de ce gaz ne contenoient point de
gaz acide carbonique. Ils avoient été recueillis dans dix-huit
récipiens qui ont tous été examinés eudiométriquement. Je
donne ici le terme moyen de ces dix-huit analyses, abstraction
faite de l'air atmosphérique que les vaisseaux contenoient avant
la distillation. 100 parties de gaz hydrogène oxicarburé ont
été mèlées avec 200 parties volume de gaz oxigène impur, et
qui contenoient exactement 190 parties de gaz oxigène pur,
et 10 parties de gaz azote. Le mélange enflammé par l'étincelle
électrique, a laissé pour résidu de l’eau et un mélange de gaz
acide carbonique , de gaz oxigène et de gaz azote, qui occupoient
réunis 156 : parties. Elles ont été lavées avec de l'eau de chaux,
et analysées de nouveau par l’eudiomètre de Volta, en y ajoutant
du gaz hydrogène. J'ai vu ainsi qu'elles contenoient,
78 parties de gaz acide carbonique,
65,93 de gaz oxigène.
12,67 : de gaz-azote.
156, 5o
Ces résultats montrent que les 124, 07 parties de gaz oxigène,
qui ont disparu pour opérer la combustion de 100 parties de
gaz hydrogène oxicarburé, ont été employées à former 78 par-
ties de gaz acide carbonique , et à brüler (124,07—78) 2
soit 92, 14 parties de gaz hydrogène appartenant au gaz hydro-
gène oxicarburé. On voit aussi que 100 parties de ce dernier
contiennent 2,57 parties de gaz azote. En rapportant par des
règles de proportion, ces résultats à 7199 parties ou pouces
536 _ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
cubes de #az'hydrogène oxicarburé , qui pèsent 1786, 61 grains,
on trouve qu'ils auroient produit par leur combustion 5616,2
pouces cubes de gaz acide carbonique, qui contiennent 945, 59
grains de carbone, et que le gaz oxigène auroit brûlé 6633, 2
pouces cubes de gaz hydrogène ,'qui pèsent 212,44 grains; on
trouve enfin que tout le gaz hydrogène@xicarburé contient
185 pouces cubes de gaz azote, qui pèsent 76, 77 grains.
Si nous réunissons les poids des élémens que nous venons
d'évaluer, nous avons, dans 1786, 61 grains ‘de gaz hydrogène
oxicarburé ,
945,59 grains de carbone.
212,44 d'hydrogène.
:7677. 0x d'azote. :
Somme... 1234; 80°
Déficit... 557,81
1199
1786, 6 APE
Lé résidu de la combustion du gaz hydrogène oxicarburé
m'a pâru n'être que de l’eau, en exceptant le gaz acide car-
bonique et l'azote dont nous avons tenu compte. Ainsi le déficit
ue l’on trouve dans la réunion des élémens de cette analyse,
du étre attribué aux élémens de l'eau qui existent dans le
gaz hydrogène oxicarburé, non dans l’état d’eau ou de vapeur
aqueuse, mais dans un état sous lequel ils se trouvent com-
binés et pour ainsi dire confondus avec les autres principes
de ce gaz. En substituant à ce déficit, ou à ces 551,81 grains
d’eau, les élémens de ce liquide, nous trouvons que les 1786,6x
grains de gaz hydrogène oxicarburé sont composés de
945,59 grains de carbone.
485,59 d’oxigène.
278,66 d'hydrogène,
. 76,77 d'azote.
1786,61 (1).
PT EE SOLE AIN 2 TE ANS LR
(1) Donc 100 parties en poids de ce gaz contiennent,
52,9 parties de,carbone.
27, 2 d’oxigene.
19,6 d'hydrogène,
4,5 d'azote.
man uma mn)
10Q
Pour
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 337
Pour avoir tout le carbone contenu dans les 2180,5 grains
d'alcohol que j'ai décomposés, il faut ajouter aux 945,59 grains
de carbone, du gaz inflammable, 3 1 grains de charbon trouvés
dans le tube de porcelaine, et enfin le carbone de 4 grains
d'huile , lequel peut monter environ à 3 grains. Ces nombres
réunis font 951,84. On trouve par une règle de proportion
que 100 parties d'alcohol contiennent 45,65 parmes de carbone.
Pour avoir tout l’oxigène de l’alcohol, ül faut ajouter aux
485, 69 grains d’oxigène appartenant au gaz inflammable, l’oxi-
gène de 1932 grains d’eau obtenue dans le ballon adapté au
serpentin. La somme d'oxigène est donc égale à 485,694 170,28
— 655,87 grains. Donc 100 parties d’alcohol auroient fourni
30, 12 parties d'oxigène.
Pour avoir tout l'hydrogène des 2180, 5 grains d’alcohol, il
faut ajouter aux 278,66 grains d'hydrogène trouvés dans le gaz
hydrogène oxicarburé , l’hydrogène des 1952 grains d'eau
recucillie dans le ballon , et l'hydrogène de 4 grains d'huile,
lequel peut monter environ à un grain (1). Cette somme est
égale à 302,88 grains. Donc 100 parties d’alcohol auroient
fourni 13,89 grains d'hydrogène.
En ajoutant à ces élémens la proportion d’azote que j'ai
trouvée dans le gaz inflammable, et enfin celle des cendres
obtenues de l'incinération du charbon, l’on voit que 100 parties
d’alcohol ont produit,
43,65 parties de carbone.
50, 12 d’oxigène.
13,89 d'hydrogène.
V 3, 52 d'azote. e
-0, 04 de cendres. ;
91,22
Perte... 8,78
100
J'ai reconnu dès le commencement de l'analyse que cette
EE om me
(), Cette huile ne fait pas la cinq centieme partie du poids de l’alcohol
que j'ai décomposé. Ainsi dans cette analyse qui n’est qu'approximatve,
3 aurois pu négliger ce produit, et il n'importe point que la composition que
je lui suppose soit juste,
Tome LXIV. AVRIL an 1807. Vy
338 HOURNAL, DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
perte étoit due à une fumée qui contenoit beaucoup d'eau:
et une infiniment petite quantité d'huile, entrainées dans la
cuve pneumatique par le gaz hydrogène oxicarburé. En sub--
stituant à cette perte, ou à ces 8,78 parties d'eau, ses élémens, .
on trouve. que 100, parties d’alcohol contiennent ,.
7 43,65 parties de carbone.
Ares dd d’oxigène.
ui | 24,04 d'hydrogène. :
| te d'azote.
0,04 de cendres.
100
\
Les résultats de célte analyse sont à trés-peu-près sem--
blables à ceux que ‘jai obtenus, & LIL, par la détonation de
la vapeur élastique de Palcohol , dans un eudiomètre de Volta,
en faisant abstraction de l'azote que je n’ai pu évaluer par ce
procédé, et qui estresté confondu dans l'état d'ammoniaque avec
l’eau, ou presque en totalité, avec les 41,36 pariies d'oxigène
que cette analvse attribuoit à l'alcohol, Si l'on soustrait de ces
41,36 parties d'oxigène , les 3,52 parties d’azote que nous
venons de trouver, on voit que les deux analyses s'accordent
mieux qu'on ne pouvoit l’attendre d’un travail aussi compliqué,
J'ai fait, à l'aide du tube incandescent , l'analyse de l’esprit
de vin rectifié par la simple distillation ,:et je n'ai trouvé entre
les deux résultats que des différences insignifiantes, lorsque
j'ai retranché, par le calcul, la quañtité d’eau assignée à
l'esprit de vin par sa pesanteur spécifique.
DÉCOMPOSITION DE L'ETHER SULFURIQUE.
SAN
Préparation de l'Ether sulfurique employé dans mès expé-
riences. Considérations sur l'analyse de cette liqueur.
Cent parties en poids d'acide sulfurique, mèlées à 100 par-
ties d'esprit de vin du commerce, dont la pesanteur spécifique
étoit 0,842 à 16 degrés du thermomètre de Réaumur, m'ont
fourni, par la distillation opérée , à l'aide du serpentin, 53
parties d’éther non rectifié, dont la pesanteur spécifique étoit
AU
ήT D'HISTOIRE NATURELLE, 339
Cette liqueur éthérée , après avoir été mêlée avec une so-
lution alcoholique de potasse, aéré distillée à-peu près jusqu'à
moitié, sous une température de 55 degrés de Réaumur. L'éther
débarrassé de l'acide sulfureux, de l'huile et d’une partie de
l'alcohol, qui lui étoient unis, avoit une pesanteur spécifi jue
de 0,740, à 16 degrés du thermomètre. C’est l’éther rectifié
des pharmacies.
L'éther obtenu par cette opération, a été mêlé avec deux
fois son poids d'eau (1), pour lui enlever encore de l'alcohol.
La liqueur séparée par décantation, a acquis, à laide de ce
lavage ,; une pesanteur spécifique égale à 0,726.
Ce dernier produit soumis aida distillation a donné, en ne
recueillant que le tiers du liquide contenu dans la cornue , un
éther dont la pesanteur'étoit 0,717, à 16 degrés de Réaümur.
C’est de cetiéther dont j'ai fait usage dans mes expériences.
Il est superflu d'observer qu’en rectifiant plusieurs fois par
la distillation et par le lavage, lesrésidus des précédentes rec-
tfications, on obtient quatre ou einq fois plus d'éther doué
d’une densité égale à 0,717, que sid'on's’en tenoit aux premiers:
résultats que j'ai indiqués. UE |
On a vu que la combustion lente de l’alcohol dans tune
lampe , en vase clos , m'a donné des résultats peu précis. Ceux
que’ j'ai obtenus dela combustion lente de l’éther, l'ont été
encore moins, et je ne les détaillerai point. "
- L'analyse de l'éther ; faite par la détonation de sa vapeur
élastique, m'a paru suflisamment exacte pour déterminer les’
proportions du carbone; de l’oxigène et de l’hydrogène; elle
peut donner des résultats plus précis que ceux qu'on obtient
de l’alcohol par ce procédé. La vapeur alcoholique est si légère,
Que sa pesanteur spécifique est difficile à apprécier. Une très-
petite erreur dans cette détermination, introduit de grands chan-
gemens dans-les résultats de l'analyse. La vapeur gazeuse de
l'éther est beauconp plus pesanté > tous les résultats sont ‘beau-
coup plus saillans, et les petites erreurs sont ici moins impor-
tantes. . 4 1e re
La décomposition de‘l'éther ; par ‘un ttube de porcelaine in-
candescent, m'a fourni des résultats moins précis que l'opé-
ration précédente ; et beaucoup moins exaéts que ceux que l'on
obtient de l’alcohol , à laide du tubs chauflé au rouge, parce
que l’éther donne par ce procédé trente fois plus d'huile, et
(x) L’eflicacité de ce procédé a été démontrée par les expériences de Gay
Vv 2
340- JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
que ,je n'ai pu former que des conjectures sur la composition
de cette dernière. Je férai connoître cependant les détails de
cette opération : ils serviront d'appui à l'analyse de l'éther,
par la combustion rapide de sa vapeur.
$ VIL
Décomposition de l'Ether par un tube dé porcelaine
incandescent.
J'ai fait passer au travers d’un tube de porcelaine chauffé
au rouge, et, enduit intérieurement d'une couche vitreuse ,
1103 grains, d'éthér.: Je n'ai: point! appliqué de feu sous la
Cornue qui faisoit distiller ce liquide dans le foyer incaudes- :
cent; elle étoit exposée à une chaleur de 27 degrés du ther-
momètre de Réaumur , par le voisinage du fourneau dans
lequel passoit le tube de porcelaine, et ceite température a
été suflisante pour opérer la distillation de tout l’éther, dans
l'espace de quatorze heures.
L'appareil de cette expérience étoit semblable en tout à celui
que j'ai employé et décrit pour l'analyse de l'alcohol, $ V.'Le
tube de porcelaine étoit égal au précédent Il a été exposé an
même degré de feu et dans le même fourneau. |
L'éther à été entièrement décomposé , du moins aucune
odeur ‘éthérée n'a pu se faire appercevoir dans les vases qui
recevoient les produits de cette opération. Elle m'a fourni,
1° Dans le milieu du tube de porcelaine, 57} grains de
charbon qui, s’en est détaché sous la forme d'une feuille ou
d'une lame mince et longue, roulée sur elle-même, Ce charbon
ayant été incinéré dans un creuset. de platine, n'a pas laissé
une quantité pondérable de cendres. À
2°. Dans le serpentin de verre et dans l'hémisphère supérieur. -
du ballon, environ 5, grains d'huile essentielle arès-inflammuable,
cristallisée en lames brillantes;, transparentes et sentant le ben-
join. Elle étoit soluble en alcohol, et précipitable par l'eau, et
probablement semblable à l'huile, essentielle que produit l'al- Ë
cohol. La plupart de ces cristaux étoient salis par une huile
brune empyreumatique qu'ils laissoient pour résidu après leur
volatilisation à la température atmosphérique.
RE RP PE DE LPC RENE T ORDER -ET EN PUMRNNES VB 19 DES ON LS EMMA REP re
Lussac, consignées dans la Statique chimique de M. Berthollet, vol. I; ,
PP: 904 et 5og.
Lt
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 34r
3°. Dans l'extrémité du tube de porcelaine qui ressorto t du
fourneau, et dans le serpentin, et enfin en plus grande quantité
encore dans le ballon , 43 grains d'huile presque noire, en
partie liquide et en partie en consistance de miel; elle avoit une
odeur de benjoin, mélée d'empyreume ; elle étoit soluble en
alcohol et insoluble dans l’ean; elle étoit âcre; mise en petite
quantité sur les lèvres, elle y a excité de la douleur et de la
suppuration. Lorsqu'elle étoit étendue sur du papier , elle s'y
séchoit et laissoit appercevoir, à l’aide du miscroscope, de petits
cristaux jaunes qui n'étoient pas volatils comme les précédens,
à la température atmosphérique.
4°. Une goutte d'eau trouvée dans le serpentin, et pesant
environ 3 grains; elle étoit sans couleur ; elle sentoit le benjoin;
elle répandoit des. vapeurs à l'approche de l'acide muriatique ;
elle ne changeoit pas sensiblement livfusion de tournesol, et
si elle y produisoit quelque effet, c’étoit en la rougissant. Il
n'y avoit point d’eau dans le ballon.
5. Enfin j'ai obtenu, à 27 pouces 3 lignes du baromètre,
et à 16 degrés du thermomètre de Réaumur, 5541 pouces cubes
de gaz hydrogène oxicarburé , sans mélange de gaz acide
carbonique; mais ce gaz avoit entrainé avec lui, dans les ré-
cipiens, une fumée jaune , épaisse, douée d’une forte odeur
de benjoin et d'empyreume. Cette vapeur s'est perdue en partie
dans l’eau de la cuve qui, par l'effet de ce mélange, a laissé
surnager, après quelques jours de repos, une pellicule insoluble.
Lorsque j'ai fait détoner le gaz inflammable , immédiatement
après sa formation , et pendant que la vapeur y étoit suspendue,
il a produit plus de gaz acide carbonique, que lorsqu'elle a été
condensée : ainsi tout indique que cette fumée étoit de l’huile
yaporisée.
Le gaz n'a été pesé et analysé que vingt-quatre heures
après son extraction et l’entière disparition de la Yapeur. Celui
qui s’est formé dans les premiers périodes de la distillation ,
étoit plus léger et contenoit moins de carbone que celui qui
s’est produit sur la fin, quoique la chaleur du tube de porcelaine
ne variät point, En prenant un terme moyen entre trois pesées
de ce gaz formé au commencement, au milieu, et sur la fin
de l'opération, j'ai trouvé que les 5541 pouces cubes pesoient
948 grains (1). -
RE de LE PT REED 4 |": SERPENT OUTRE 24 (M7
. (1) Donc à 28 pouces du baromètre, et à 10 degrés du thermomètre de
Réaumur, 1000 pouces cubes de gaz hydrogène oxicarburé pèsent 285 grains.
Celui que les chimistes hollandois ont obtenu d’unéfdistillation semblable ;
342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Les produits immédiats de la décomposition de 1103 grains
d’éther sont donc,
948 grains de gaz hydrogène oxicarburé.
,2 de charbon. î
46 . d'huile en partie volatile.
CE d’eau.
Somme 1002,25 gaz.
100, 75 Perte due à la fumée huileuse entraînée par le
1103
En analysañt avec l’eudiomètre de Volta, le gaz de tous les
récipiens, et en prenant un terme moyen enire ces analyses,
j'ai trouvé que 100 parties, volume, de ce gaz hydrogène oxi-
carburé, consommoient, pour leur combustion , 145 parties
de gaz oxigène , en formant de l’eau, et 88 parties de gaz
acide carbonique.
Quant au gaz azote, je n’en ai pas plus retrouvé après la
combustion , que je n’en avois ajouté avec le gaz oxigène qui l'a
produite. La plupart de mes analyses eudiométriques ontmèême
indiqué que ce gaz azole introduit avant la combustion, avoit
subi une petite diminution par l'effet de la détonation (1). La
goutte d’eau trouvée dans le serpeniin adapté au tube incan-
pesoit, dans les mêmes circonstances , 526 grains (Journ. de Phys.,t. XLV,
p. 187.) Celui que M. Cruiksanks a prodit, pesoit 297 grains. Suivant cet
auteur, 100 pouces cubes de ce gaz consomment 176 pouces cubes de gaz
oxigène , en formant 108 pouces cubes de gaz acide carbonique (Biblioth.
brit., Sc. et Arts, vol. XVII.) Rien n’est plus variable que le poids et la
composition de ce gaz suivant le degre de feu, le diameterdu tube incan-
descent, son inclinaison dans le fourneau , et enfin l’époque de l’expérience
où le gaz a été recueilli. Je crois que si ce chimiste l’eût pesé et analysé
dans tous les périodes de son développement, il y auroit trouvé moins de
carbone. Je ne parle ici que de la quantité de gaz acide carbonique , produite
par la combustion du gaz inflanimable , et non pas de la quantité absolue
de carbone que cet auteur lui attribue : celle-ci paroit moindre que la mienne,
parce qu'il a admis beaucoup moins de carbone dans le gaz acide carbonique.
(1) Cette condensation de gaz azote , suivant les expériences de Humboldt
et de Gay-Lussac (Journal de Physique, vol. LX, p. 151), n’a pas lieu
par la détonation du gaz hydrogène pur dans l'air atmosphérique. Les cir-
constances ne sont point les mêmes dans nos opérations , parce que l'hydro-
gène est plus condengé dans le gaz hydrogène oxicarburé: de l’éther, que
(e) |
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
déscent, m'a donné, à l'approche de l'acide muriatique, des
indices de vapeur ammoniacale ; mais ce genre d'épreuve est
souvent illusoire , et comme d'ailleurs il m'est impossible d’afir-
mer que mon éther ne contienne point d’alcohol, l'existence
de l'azote dans l'éther peut rester indécise.
Lorsqu'on applique le calcul que nous avons fait, S V, pour
l'analyse du gaz hydrogène oxicarburé de l’alcoho! , aux ré-
sultats que nous venons d'obtenir de la détonation du gaz hy-
drogène oxicarburé de l'éther, on trouve que 100 parlies en
poids de ce dernier gaz contiennent,
56, 12; parties de carbone,
45
17, 45 d'hydrogène.
26,45 d'oxigène.
100
L'analyse de ce gaz comparée à celle de l'alcohol, doit déjà
nous donner un appercu sur la composition de l'éiher, et nous
montrer que cette liqueur contient à poids égal, plus de carbone
et d'hydrogène, mais moins d’oxigène, que l'alcohol; car ce
gaz hydrogène oxicarburé forme à lui seul plus des trois
quarts du poids de l'éther que j'ai décomposé. Le quart que
je néglige n'est presque que de l'huile, en partie fixe, en
parue volatile, et qui doit avoir des rapports de composition
avec l’éther. Mais comme l'huile ne contient guère que du:
carbone et de l’hydrogène, d’après l'analyse de Lavoisier, il
suit qu'en s’en rapportant, pour la composition de l'éther, aux
proportions des élémens du gaz que'je viens d'analyser , on
a des résultats encore trop foibles en hydrogène et en carbone,
et trop forts en oxigène. C'est ce que nous confirmerons par
l'opération suivante, qui donne des résukats plus précis.
SIL
Analyse de l'Ether par la détonation de sa vapeur élastique.
J'ai suivi pour la préparation du gaz oxigène dilaté par la
vapeur de l'éther, et pour l'estimation du poids de ceite vapeur,
dans le gaz hydrogène pur. Cette diminution de gaz azote n’a pas paru dans
la combustion du gaz inflammable de l’alcohol , soit parce que ce dernier
contenoit déjà de l'azote, soit parce que l’hydrogène est mois condensé
dans le gaz hydrogène oxicarburé de l’alcohol, que dans le gaz hydrogène
oxicarburé de l’éther, et même que dans le gaz hydrogène pur.
2, ,
944 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
les mêmes procédés que ceux que j'ai appliqués à la vapeur
de l’alcoho!, $ IT. Je crois inutile de revenir sur ces mani-
pulations. Je donnerai seulement un exemple de leurs résultats, le
baromètre étant à 27 pouces, et le thermomètre à + 18 degrés.
Cette opération est celle qui m’a paru la plus exacte, entre
cinq expériences faites par le méme procédé, et qui n’ont
toutefois offert que de légères diférences.
La force élastique de mon éther, ou la dépression qu’une
goutte de cette liqueur, introduite dans le vide du baromètre,
faisoit subir à la colonne de mercure, étoit de 16 pouces +- 9
lignes. On trouve en appliquant ce résultat à la formule de
Dalton E= qu'un volume d'air égal à 1, dans lequel on doit
",
introduire de l’éther, occupera par l'expansion de la vapeur
éthérée, un volume égal à 2,654r. J'ai obtenu le méme résultat
en faisant passer une goutte d'éther dans un récipient plein
d'air sur du mercure, et en mesurant cet air avant et après
sa dilatation. :
Donc 1000 pouces d'air atmosphérique éthéré ou dilaté par
la vapeur de l'éther, contiennent 379,65 pouces cubes d’air
atmosphérique pur, qui pesoient alors 161,9 grains.
J'ai trouvé par une expérience directe , que 1000 pouces
cubes d'air atmosphérique éthéré, pèsent 816,37 grains. Donc
1000 pouces cubes de vapeur éthérée pure pèsent, dans l’air
atmosphérique , 816,37 — 161,9 — 654, 47 grains , d’après le
principe que la vapeur élastique a le même poids dans le vide
et dans l'air. ( Foyez la note à la fin de ce Mémoire.)
Le gaz oxigsène éthéré, ou dilaté autant qu'il peut l'être, à
la température atmosphérique, par la vapeur de l'éther, ne
senflamme point par l'étincelle électrique. Ce résultat vient
de ceque la vapeur éthérée est trop abondante, ou, en d’autres
termes, de ce que le gaz oxigène est trop rare. Le gaz oxigène
alcoholisé ne s'enflamme pas non plus, mais c’est par une
cause opposée et qui tient à ce que la vapeur alcoholique est
trop rare ; car lorsqu'on ajoute au gaz oxigène alcoholisé du
gaz oxigène pur, la vapeur ne s'enflamme point, parce qu'elle
est encoie plus raréfiée, tandis que si l’on ajoute au gaz oxi-
gène éthéré du gaz oxigène pur, la vapeur éthérée s’enflamme.
J'ai mélé sur du mercure 100 parties, volume, de gaz oxigène
éthéré, avec 504 parties de gaz oxigène, et je les ai fait
détoner par l'étincelle électrique. L'explosion a brisé les eu-
diomètres qui n’étoient pas très-épais, Les 604 parties de fluide
PONT STe
ET D'HISTOIRE NATURELLE. : 345
aériforme qui, avant la détonation contenoient, en raison de
la vapeur éthérée, 541,96 parties de gaz oxigène, ont été
réduites par leur combustion , à 344,31 parties , dans lesquelles
une seconde analyse eudiométrique a démontré 230,51 parties
de gaz acide carbonique, et 113,80 parties de gaz oxigène.
Le résidu de la première opération contenoit une rosée qui
a paru aqueuse et sans odeur.
Donc 100 parties, volume, de vapeur éthérée, consomment
428,15 parties de gaz oxigène (1), en laissant pour résidu de
l'eau, et 230, 51 parties de gaz acide carbonique. On doit en
conclure que le gaz oxigène a. brûlé 395,28 parties de gaz hy-
drogène contenu dans l’éther.
En admettant que les nombres que je viens. d'indiquer
représentent des pouces cubes, et en leur substituant les poids
qui leur correspondent, le baromètre étant, à 27-pouces ; et
thermomètre à + 18 degrés, on trouve que 100 pouces cubes
de vapeur éthérée pèsent 65,447 grains, et qu'ils contiennent,
1° Le carbone de 250,51 pouces cubes de gaz acide car-
bonique, soit 38,64 grains de carbone ;
2° 595,28 pouces de gaz hydrogène, qui pésent 12,62 grains ;
3° Une quantité d’oxigène et d'hydrogène représentée par
14,187 grains d’eau.
En substituant à l’eau ses élémens, et en rapportant tous les
résultats de l'analyse à 100 parties en poids d'éther, on voit
qu'elles contiennent,
59,04 parties de carbone.
21,86 d'hydrogène.
19,1 d’oxigène.
100
Ces résultats reviennent à l'expression suivante : 10 grains
d'éther consomment pour leur combustion, 61 pouces cubes
de gaz oxigène, à 28 pouces du baromètre et à 10 degrés
(1) Si l’on mêle au gaz oxigene éthéré une quantité de gaz oxigène infé—
rieure, ou précisément égale à celle qui est nécessaire pour consumer toute
la vapeur éthérée; il se dépose de la suie ou une poussière noire contre les
parois de l’eudiometre, et 1l reste du gaz oxigéné libre dans le résidu aéri-
forme de la détonation. Cette suie ne paroît point lorsqu'on fait détoner le
gaz oxigène éthéré, avec une quantité de gaz oxigène tres-supérieure à celle
qui est requise pour brüler toute la vapeur éthérée,
Tome LXIV. AVRIL an 1807. Xx
346 JOURNAB DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
du thermomètre de Réaumur , en formant de l'eau et 32,85
pouces cubes de gaz acide carbonique.
L'analyse dont je viens de donner le détail, a été répétée
quatre fois. Le terme moyen de ces quatre opérations indique
dans 100 parties d’éther ,
58,2 parties de carbone.
22, 14 - d'hydrogène.
19,66 d'oxigène.
+100
SET
Examen de l'eau produite par la combustion de l'Ether.
J'ai admis jusqu'à présent que le résidu liquide de la com-
bustion de l’éther étoit de l'eau , mais sans en avoir d’autre
preuve que celle qu'a pu me donner l'examen très-superficiel
dé la légère rosée qui se forme dansl’eudiomètre , par l'inflam-
mation de la vapeur éthérée. Il me reste à examiner jusqu'à
quel point ‘cette supposition étoit fondée.
J'ai fait brûler plusieurs oncés d'éther dans l’appareil imaginé
par Meusnier, pour obtenir l’eau qui se produit dans la com-
bustion de l’alcohol. Cette eau ainsi obtenue de l’éther, est
sans couleur, sans odeur et sans saveur , à la réserve de
quelques traces d'empyreume qu'elle perd par son exposition
à l'air. Elle a la méme pesanteur que l'eau distillée à lagnelle
elle se méle sans se troubler; elle n'est précipitée ni par le
nitrate d'argent , ni par l’eau de chaux, ni même par l’acétate
de baryte. Lorsque j'ai réduit par l'évaporation une once du
liquide que j'examine, à £ème de son volume primitif, l'acétate
de baryte y a produit un nuage impondérable.
Pour évaluer par un autre procédé la quantité de soufre
contenue dans l'éther sulfurique;, j'ai fait dissoudre une once
de cette liqueur dans 14 onces d'eau. La dissolution a été
traversée pendant dix heures par un courant de gaz acide
muriatique oxigéné. L’éther a été en partie décomposé, mais
la solution qui contenoit les produits de cette décomposition n’a
été légérement troublée par lacétate de barÿte, que lorsqu'elle
a été réduite à un quart d'once par l'évaporation. Il' est im-
possible de. croire, d’après la foiblesse de ces résultats, que
l'éther- sulfurique puisse tirer quelques-unes de ses propriétés
essentielles de la présence du soufre.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 347
L'eau obtenue de l'éther par l'appareil de Meusnier , étoit
troublée en brun-foncé par l’hydro-sulfure de potasse. Ce pré-
cipité venoit du plomb qu'elle avoit enlevé au serpentin de
cet appareil.
Elle répandoit des vapeurs ammoniacales très-abondantes, à
l'approche de l’acide muriatique, et il m'a paru qu'elle verdis-
soit foiblement le sirop de violettes; mais ce changement de
couleur n’avoit certainement point lieu avec l'eau obtenue de
la combustion de l'éther , sous l'orifice d'un récipient de verre.
Dans ce dernier procédé la distillation est plus lente, parce
que l’on perd une plus grande quantité d'eau vaporisée; celle
qu’on recneille ayant été plus long-temps exposée à l'air, à
laissé volatiliser plus d’ammoniaque.
Une once d'eau obtenue de l’éther par l'appareil de Meusnier,
et reçue dans une bouteille où j'avois versé quelqués gouttes
d'acide muriatique, afin de saturer les vapeurs ammoniacales
pendant la distillation, a été évaporée à siccité, à la termpé-
rature atmosphérique ; elle a laissé pour résidu du muüriate
d’ammoniaque sec et bien cristallisé ; mais mélé à un peu de
muriate de plomb. Le muriate d'ammoniaque séparé du sel
métallique par une nouvelle dissolution et cristallisation, à
pesé un grain et trois dixièmes, Il étoit donc icien plus grande
proportion que dans l’eau obtenue de la combustion de l’al-
cohol, $S IV.
Quoiqu'il soit possible que l’éther contienne un peu d'azote,
j° doute que l’'ammoniaque trouvé dans le produit aqueux de
a combustion, provienne en entier de l’éther. Quelque soin
que jaye mis à mes épreuves eudiométriques , je n'ai pas pu
m'assurer que le gaz azote ne se condense pas en ammoniaque
dans la combustion de la vapeur éthérée, mes résultats sur ce
point n’ont pas été uniformes. Le plus grand nombre d’entre
éux ont montré cette condensation , et je suis porté à l'ad-
mettre, parce que les manipulations et les petites erreurs qui
gont attachées d’ailleurs au procédé eudiométrique de Volta,
tendent à produire un effet contraire, c’est-à-dire à introduire
du gaz azote dans Je résidu de la détonation (1).
(x) Si l’on opère sur du mercure , il y a toujours dans ce métal; et dans
quelques interstices de l’eudiomètre , un peu d’air commun qui vient 5e mêler
au résidu de la détonation, pour remplir le vide qu'elle produit. Lorsque
l'opération peut être faite sur de l’eau, l’air que ce liquide contient s’en
sépare par la même raison, mais en moins grande quantité que du mercure.
Xx 2
348 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
J'ai fait évaporer à siccité, à une très-douce chaleur, 288
grains d’eau obtenue de l’éther brûlé, sous l'orifice d'un ré-
cipient de verre, elle a laissé pour résidu un vernis transpa-
rent qui pesoit au plus 5% de grain. Il attiroit l'humidité
de l'air.
Pour reconnoître si le liquide que j’examine contenoit de
l'acide acétique . j'ai versé quelques gouttes de potasse dans
288 grains d’eau obtenue par le même procédé que la pré-
cédente. La dissolution a été saturée de gaz acide carbonique,
puis évaporée à siccité, et enfin lavée avec de l'alcohol: il ya
dissous un sel blanc qui pesoit 0,7 grain et qui se resolyoit très-
promptement en liqueur par son exposition à l'air. Il avoit
tous les caractères de l’acétate de potasse.
Les expériences que je viens de rapporter m'ont donc indiqué,
daus l’eau produite par la combustion de l'éther, la présence
de l’acétate d'ammoniaque, d’une quantité impondérable d'acide
sulfurique, et d’un léger vernis déliquescent dont je n’ai pas pu
déterminer la nature. Mais le poids reuni de toutes ces sub-
stances paroît si petit, relativement à l'eau qui les tient en
dissolution, qu’il ne peut pas introduire de grands changemens
dans les proportions de carbone, d'hydrogène et d’oxigène, que
ma dernière analyse a assignées à l'éther.
SN
Application des Analyses précédentes à la recherche des
changemens que l'Alcohol subit pour se transformer er
éther.
En m’occupant ici, des changemens qui s'opèrent dans la trans-
formation de l’alcohol en éther, je considérerai seulement les
proportions d’oxigène, d'hydrogène et de carbone, etjenégligerai
l'azote dont l'existence est certaine dans l’alcohol, mais encore
douteuse dans l’éther, quoiqu'il soit démontré que l’eau produite
par la combustion de f'éther, à l'aide de l'air atmosphérique,
contient une quantité notable d’ammoniaque.
Gent parties d'alcohol sont Cent parties d’éther sont com-
composées, $ V, de posées, $ VIII, de
43 + parties de carbone, 59 parties de carbone.
38 d'oxigène. 19 d’oxigène.
25 d'hydrogène. : GYX d'hydrogène.
3E d'azote. azote.
ET D'HISTOIRE NATURELLE: 549
Ces résultats montrent qu'à poids égal, l'éther contient
beaucoup plus de carbone et d’hydrogène , mais beaucoup
moins d'oxigène que l’alcohol. M. Berthollet avoit déjà con-
sidéré (1) l’éther comme un produit qui devoit ètre plus by-
drogéné et moins oxigéné que l'alcohol.
Le résidu du mélange de l’acide sulfurique avec l’alcohol,
tient en suspension , après la séparation de la liqueur éthérée,
une matière bitumineuse ou résineuse (2) très-chargée de car-
bone. L'on demandera, sans doute, comment il est possible
que l’éther contienne plus de carbone que l’alcohol, puisque
cette dernière liqueur a laissé précipiter une partie de cet
élément, pour se transformer en éther; maïs il faut observer
que ce résidu contient aussi de l'oxigène et de l'hydrogène ,
qui se trouvent soit dans la substance bitumineuse, soit dans
l'état d'eau, et que , si cet oxigène et cet hydrogène sont
enlevés à l’alcohol en plus grande proportion que le carbone,
ce dernier doit rester prédominant dans l’éther.
Pour juger si mes analyses conduisoient à cette explication,
j'ai recherché la quantité d’éther qu’un poids déterminé d’al-
‘cohol peut produire, et j'ai trouvé, par approximation, que
deux parties d'alcohol fournissoient, dans leur décomposition
totale, une partie d'éther rectifié. J'ai obtenu ce résultat par
les opérations suivantes :
100 parties d'esprit de vin commun, dont la pesanteur spé-
cifique étoit 0,845, et qui contenoient So parties d'alcohol
absolu et 20 parties d'eau, ont produit, par leur mélange avec
un poids égal d'acide sulfurique, 60 parties de liqueur éthérée
non rectifiée , en arrêtant la distillation, au moment où l'odeur
sulfureuse devenoit prononcée , et où l'huile commençoit à
paroître. Je n'ai recueilli directement que 53 parties de liqueur
éthérée, mais j'ai trouvé, qu'il s’en étoit produit 60 parties
par la différence qui s’est trouvée avant et après la distillation,
dans le poids de la cornue qui contenoit le mélange de l'esprit
de vin et de l'acide sulfurique. On n’ignore point qu'il se perd
dans cette opération une certaine quantité d’éther en vapeur,
dont il seroit impossible d'évaluer autrement le poids. J'ai con-
tinué à estimer, dans les opérations suivantes, le produit de
la distillation par le poids de son résidu. ;
Les 53 parties de liqueur éthérée, que je suppose égales
(1) Statique chimique, vol. Il, p. 531 et suiv.
(2) Jbid, et Proust, Mémoires des Sayans étrangers, Institutnat., T. I.
550 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
à 60 parties, ont été mélées à de la potasse en liqueur ; elles
m'ont fourni, par les procédés connus de rectification, 25,25
parties d'éther.
Le résidu de cette rectification, qui devoit être égal à 34,75
parties, a été séparé de la potasse par la distillation; elles
étoient miscibles à l’eau en toute a rt etavoient à très-
possprée la pesanteur spécifique de l'esprit de vin commun.
e les ai mélées avec leur poids d'acide sulfurique , et elles
ont produit 25,25 parties de liqueur éthérée qui, ayant été
mélées avec de la potasse, ont produit, par leur rectification,
10,5 parties d'éther.
Le résidu alcoholique de cette rectification , a été séparé
de la potasse, et mélé pour la troisième fois avec de l'acide
sulfurique , j'en ai obtenu 3,2 parties d’éther rectiñié. Les 80
parties d'alcohol absolu ont donc produit dans toutes ces opé-
rations , 25,254 10,5 + 3,2—538,75 parties d'éther, ou à
très-peu-près la moitié du poids de l’alcohol absolu employé
pour cette expérience. Dix parties d’eau ne dissolvoient pas
entièrement une partie de cet éther. Sa pesanteur spécilique
étoit égale à 0, 736, à 16 degrés du therm. Je ne l'ai paslavé avec
de l’eau, mais il auroit été plus léger si j'eusse pu prendre
la pesanteur de celui qui sest volatilisé. Je n'ai pas tenu
compte d'une petite quantité d'esprit de vin qui, suivant
l'observation de Proust, reste toujours mélé avec l'acide sul-
furique, après Ja première séparation de l’éther. Je crois donc
ne m'éloigner que très-peu de la vérité, en disant que 200
parties d'alcohol absolu produisent , dans leur décomposition
totale, 100 parties d'éther d’une densité égale à 0,717 à 16
flagrée du thermomètre de Réaumur.
i l'on prend la différence qui se trouve entre 200 parties
d’alcohol et les 100 parties d’éther qui en sont provenues, en
réduisant ces deux liqueurs à leurs derniers élémens, on aun
reste égal à 100 parties qui expriment, abstraction faite de
l'acide sulfurique , les élémens que laisse l’alcohol après la sé-
paration, de l'éther et qui contiennent,
28 parties de carbone.
57 d’oxigène,
8 d'hydrogène.
d'azote.
Ce résidu doit donc contenir une quantité considérable de
carbone, quoique l’éther en soit plus chargé que l’alcohol. On
ET D'HISTOIRE NATURELLE, . 351
remarquera en outre dans ce résidu, des quantités d'oxigène
et d'hydrogène qui se trouvent entre elles, environ dans le
rapport qui constitue l’eau, ou dans celui de 7: 1. On doit
donc admettre que 100 parties d'éther sont à-peu-près égales
à 200 parties d’alcohol moins 28 parties de carbone et moins
65 parties d’eau dont l'acide sulfurique a déterminé la for-
mation.
La substance noire précipitée de l'alcohol, n’est cependant
pas, comme nous l'avons dit, du carbone pur : il ne paroit pas
non plus que le liquide que l'acide sulfurique forme avec les
élémens de l’alcohol, soit de l’eau pure. Il se fait ici, comme dans
toutes les décompositions (1) opérées entre des substances qui
ont une constitution très-mobile et peu de disposition à la
solidité, une séparation imparfaite des produits.
Je n’ai pu parvenir dans ce Mémoire qu à des approximations;
mais dans un genre de recherches aussi difficiles, ces résultats
sont les seuls que l’on puisse obtenir. Ils ne pourront acquérir
une grande précision que par des analyses répétées et succes-
sivement perfectionnées.
Note sur la vapeur de l'Ether, $ VIT.
J'ai donné dans un Mémoire lu à la Société de Physique et
d'Hist. nat. de Genève (Décembre 1804), les détails d’une expé-
rience destinée à prendre directement la pesanteur spécifique de
la vapeur élastique de l'éther dans le vide. Les conclusions que
M. de Laplace a tirées des observations de Watt, de mon père et de
Gay-Lussac, montrent d'une manière décisive, que la vapeur élas-
tique de l'eau se trouve en même quantité dans le vide et
dans l’air sous une même température (Traité élémentaire de
Physique, par Haüy, vol. [, p. 182); mais on ne pouvoit appli-
quer la même loi à l’éther, que par analogie, ou que sur des
expérienees très-indirectes. ( Ÿ’oyez celles que M. Dalton «a
faites sur l'évaporation de cette liqueur. (Bibliothèque Brit.,
Sciences et Arts, vol. XXI, p. 14.)
Je me suis procuré un matras dont la boule avoit une ca-
pacité de 30 pouces cubes et un col cylindrique long de 32
pouces , mais large d’environ 3 lignes; j'ai mesuré sur ce col
une longueur d'environ 2 pouces, et j’ai pesé la quantité d’éther
qui étoit requise pour remplir cette petite partie du col. Le
1) Statique chimique de Berthollet.
552 JOURNALDE PHYSIQUE, DE CHIMIE
matras a été rempli de mercure à la réserve d’un espace égal
à celui de la petite colonne qui avoit été mesurée, et qui a été
rempli d'éther. J'ai fermé ensuite pour un instant l’onifice du
matras , et je l’ai renversé dans un bain de mercure où cet
orifice a été ouvert. Le matras est devenu une espèce de ba-
romètre imparfait, terminé dans sa partie supérieure par une
boule creuse, vide d'air, mais qui s’est remplie de vapeur
éthérée. La longueur de la colonne d'éther, précédemment
mesurée , a été diminuée de plus d’un tiers par la formation
de la vapeur dont je viens de parler. Cette diminution réduite
en poids et comparée à la capacité de la boule du matras,
m'a donné le volume et le poids de la vapeur éthérée dans
le vide, et m'a montré qu'ils étoient égaux (autant du moins
qu'on pouvoit l’attendre d’une expérience faite sur 30 pouces
cubes) au volume et au poids que j'ai trouvés à cette vapeur
dans l'air atmosphérique , dans le gaz azote et dans le gaz
hydrogène. La vapeur alcoholique est trop légère pour offrir
par ce procédé des résultats suflisamment prononcés.
Il y a dans cette expérience des précautions à prendre et
faciles à trouver, 1° pour expulser à la surface du mercure
contenue dans le baromètre, une petite quantité d'éther liquide
qui se loge dans l'acte du renversement, entre le mercure et les
parois intérieures du col. On y parvient en l'entourant avec
un linge assez chaud pour réduire cet éther en vapeur élas-
tique. 2°. Il faut estimer par une expérience comparative et
faite en même temps et dans le même lieu, avec un matras
égal au précédent, le poids de l’éther liquide qui adhère en
petite quantité contre les parois intérieures de la sphère rem-
plie de vapeur éthérée. 3°. Il faut en bouchant le matras pour
le renverser, que l’obturateur ne touche point l'éther. J'ai
évité cette source d'erreur en fixant dans le col du matras
près de son orifice, un tube fermé à son extrémité inférieure
et rempli de l’éther destiné à cette expérience.
J'ai trouvé, ainsi qu'un pied cube vide d’air ou plein d'air,
peut contenir, sous une température de 18 degrés de Réaumur,
environ deux onces d’éther invisible et dans l’état de gaz. Le
poids extraordinaire de cette vapeur nous indique combien
l’on perd d’éther en employant de grands vases ou des ballons
enfilés les uns dans les autres, pour servir de condensateurs
et de récipiens à la distillation de cette liqueur.
La connoissance de la pesanteur spécifique des vapeurs,
peut fournir de grandes ressources pour l'analyse chimique.
A
ET D'HISTOIRE NATURELLE. ] 853
A l'aide de cette donnée et er faisant détoner quelques pouces
cubes de vapeur éthérée avec du gaz oxigène, j'ai pu déter-
miuer avec plus de précision les proportions d'oxigène, d'hy-
drogèr.e et de carbone dans l'éther, qu'en décomposant deux:
onces de cette liqueur, par un tube incandescent, J'ai obtenu
des résultats presque aussi exacts avec la vapeur alcoholique.
On peut employer avec aussi Le de frais les vapeurs de’
V'éther, pour trouver les degrés d’aflinité de ce liquide avec
différentes substances. J’ai introduit sur du mercure 12 grains
de poix-résine concassée dans 20 mesures d'air atmosphérique
dilaté par la vapeur de l'éther, et qui contenoient 10 mesures
d'air atmosphérique pur avant lasdilatation. Les 20 mesures
©:cupoient une colonne de 6 pouces de hant, et de 6 lignes
de diamètre; elles ont été réduites à 11 mesures, par la pré-
sence de la poix sèche qui est devenue à demi-liquide en con-
densant presque en totalité la vapeur éthérée.
J'ai obtenu une condensation un peu moindre en employant
12 grains de suif. Les so mesures de vapeur éthérée n'ont été
réduites qu'à 13 mesures. Le suif s'est ramolli.
Douze grains de caoutchouk très-divisé ont réduit les 20
mesures à 15 mesures.
Douze grains de camphre ont réduit les 20 mesures d'air
éthéré, à 16 mesures. Le camphre s’est hutmnecté.
Douze grains de cire jaune ont réduit les 20 mesures à 16:
mesures, :
La vapeur n'a eu que très-peu d'action sur la résine lacque.
Les 20 mesures n'ont pu être réduites par 12 grains de ceite
substance, qu'à 19 mesures.
La gomme adragant en même dose, a fait subir à la vapeur
<thérée , une condensation trop petite pour pouvoir étre mesurée.
La connoissance des pesanteurs spécifiques des vapeurs de
l'eau de l’alcohol et de l’éther, peut nous donner un apperçu
sur la loi que suivent les pesanteurs des vapeurs relativement
à la volatilité des liquides d’où elles proviennent. L'eau à
température égale, est moins évaporable que l'alcohol . et l’al-
cohol l'est moins que l'éther. La vapeur élastique de l’eau est
plus légère que celle de l’alcohol; la vapeur de ce dernier est
plus légère que celle de l'éther. La pesanteur spécifique des
vapeurs élastiques , à température égale, paroit donc étre en
raison de la volatilité des liquides d’où elles proviennent. Les
Tome LXIV. AVRIL an 1807. YYy
35 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
corps les plus volatils sont ceux qui, dans des circonstances
égales, produisent les vapeurs élastiques les plus pesantes.
Les observations faites par plusieurs physiciens , indiquent
. que les gaz de différente nature, se mélent uniformément
et ne se rangent point entre eux, suivant l'ordre naturel de
leur différente pesanteur spécifique; mais si cette observation
n'étoit pas fondée; si les vapeurs qui émanent du globe ter-
restre se rangeoient suivant L'ordre naturel de leur pesanteur,
celles qui appartiendroient aux corps les moins volatils, comme
aux terres et aux métaux, seroient celles qui occuperoient
les couches les plus élevées de notre atmosphère, en y suppo-
sant une température uniforme.
NOTE
SUR UNE NOUVELLE PLANÈTE,
Découverte par M. OLBERS.
M. Orsers a écrit à M. le français Lalande, qu’il venoie
de découvrir une nouvelle planète. Voici les élémens de sa
marche qu'il a pu déterminer.
Le 29 mars, à 8 heures 21 minutes, temps moyen, son
ascension étoit de 184° 8".
Sa déclinaison boréale étoit de 11° 47’.
Le 30. mars, à 12 h. 33”, temps moyen, son ascension étoit, |
de 183° 52.
Sa declinaison boréale, 11° 54. *
Elle a été vue à Paris. Elle est visible à la vue simple Sa
grosseur paroît à-peu-près comme celle d'une étoile de la
cinquième grandeur.
Elle paroît être à-peu-près à la même distance que les trois
planètes nouvellement découvertes , Cérès, Pallas et Junon.
Nous donnerons la suite des observations que les astronomes
vont faire sur cette gouvyelle planète.
ET D'HISTOIRE NATURELLE: 355
NO AL CRISE PRE 7 DEN NAT RE DO AN
Halle en Saxe, ce 16 mars 1807.
EX TIRA LT
D'UNE LETTRE DE M. GEHLEN,
A J.-C. DELAMETHERIE,
SUR L’ANALYSE DES OS.
Monsieur,
Lrs expériences trés-étendues et exactes de M. Berzelius,
à Stockholm, ont prouvé que l'émail et la partie osseuse des
dents de l’homme et des bœufs , ainsi que leurs os mêmes,
con deeRt de l'acide fluorique. Voici les résultats des ana-
yses :
Email des dents de l'homme. Email des dents des bœufs.
Phospiatesde Chaux 20 0 MEL eee ue 81,00
Fluate de chaux DER TANES à CHU RRE Nes 4,00
Carbonate de chaux CONTE EL een 7010,
Phosphate de magnésie 1,5 .......:......... 3,00
Natron et parties ani- INÉAIPON = ere T0
males combustibles,
eau 2,0 Parties animales... 3,56
100 100
Partie osseuse des dents de l'homme. Partie osseuse des dents des bœufs.
Phosphate de chaux (961,95, .:..1::...1...06. 57,46
Fluate de chaux DPIO!, Lise sde cb RIATEe 5,69
Garbonate de chaux MONET 0. 0 ENT 1,58
Phosphate de magnésie 1,05 .................. 2,07
Soude avec un peu de
muriateidel soude). ! 1/48 e:.14 00. 2.40
Gélatine, veines, eau 28,00 ,,.,.,..,,.:.-.+..% 31,00
100 100
Yy2
“
355
Os frais secs de v’homme.
Gélatine 32 17
Veines appartenantes
à l'organisation 1,13
Phosphate de chaux 51,04
Fluate de chaux 2,00
Carbouate de chaux 11,50
Phosphate de magntsie 1,16
Soude avec une petite
quantité de muriate 1,20
100
JOURNAL DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE
. Os frais secs des bœufs.
Peru qu
100
Les os de l'homme contiennent donc aussi du phosphate de
magnésie ; mais les os des bœufs en contiennent davantage. !
Vous trouverez ces analyses dans le n° g de mon Journal.
DE L’'ANTOPYELITE;
Par J.-C. DELAMETHERIE.
L'anToryrutTe décrit par Schumacher, se trouve à Kous-
berg en Norvège. Il a l’aspect de l'asbestoïde ou stralstein. J'ai
une abestoïde du Tyrol, qui lui ressemble beaucoup. Sa cris--
tallisation est en prismes dont on n'a encore pu déterminer la
forme. Sa couleur est d’ün vert brun tirant un peu sur le violet.
Sa pesanteur est 3.156 suivant Karsten.
Le docteur John de Berlin, a fait l'analyse de cette sub
Stance (Journal de Gehlen, décembre 1806), il en a retiré:
. de cent parties,
SIC A4 LUE HG Es
Alumine......
Magnésie..........
Chaux...
Perte:s.rurneimen,
Oxide de AL LL
.…....
Oxide de manganèse...
100
46.
On voit que cette analyse se rapproche assez de celle de:
J’asbestoïde. Aussi je place cette substance, dans ma Classifica=
tion minéralogique , à côté de l'asbestoïde.
=
© ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 557
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
f
Le Nestor francais, ou Guide moral et physiologique pour
conduire la Jeunesse au bonheur ; par J.-A. Millot, ancien
Membre des Coliége et Académie de Chirurgie de Paris; Cor-
respondant de la ci-devant Académie des Sciences, Arts et
Belles-Lettres de Dijon ; Accoucheur des ci-devant Princesses
de France ; Membre de la Société académique des Sciences
de Paris; Correspondant de celle de Médecine-Pratique de
Montpellier , etc; ne
Et par A.-J. Coffin-Rony , Avocat au ci-devant Parlement
de Paris, et Membre de la Société académique de la même
ville, etc.
Les progres de l’amour du bien
Sont le fruit de la vigilance;
La vérité lui sert de guide et de soutien,
Mais il doit son triomphe à la persévérance.
3 vol. z1-8°. A Paris, chez Buisson, Libraire, rue Git-
le-Cœur, n° ro, ci-devant rue Hautefeuille, n° 20.
« Le but de cet ouvrage, dit l’auteur, est de prouver,
» 1° Que l'homme, tant avili par plusieurs auteurs célèbres,
» et ravalé par quelques-uns jusqu’à l'état du brute, est bien
» loin de pouvoir lui être comparé, sans dégrader la sublimité
» de son être, et sans blasphémer contre la Divinité dont il
» est en partie une émanation :
» 2° De prouver encore que l'homme est de toutes les
» créatures la créature par excellence et la seule complète-
» ment perfectible :
» 3° De démontrer manifestement que lui seul est créé pour
» s'élever jusqu’à la connoissance de son auteur :
» 4° Enfin, de conduire l’homme dès sa jeunesse au bon-
» heur pour lequel il a été créé; bonheur qu'il n’obtiendra
» que par la pratique de toutes les vertus sociales, fruits d’une
» bonne éducation.
THERMOMETRE.
CR. ON
Maxivum. | Minimum. |A Min. Maximum. |
1M62Es. + 30/à6m. — 1,3] + 2.0]à 63 m....28. 5,or|à 5 ? m..... 28. 4.50|)8. 16:
213s. + 5,54 6£m. + 0,6| + 50 10m borde 28. 4.78|à 11.75 28. 2,72|28, 4.40|
üh3s +H6Gala6m + ol + 641 m......28. De TO| AN TINS ses Ee 27.11.5%|28! o So
afios. + 8r1là6m. + 0,4] + 7.00: m HS Evt 27e T6) LOS 27. 8,70|27.10,c8
blizis. + r,6là72m. + o,| + 18h 11 OCAAE 27.10,02|à midi..... 27. 82527, à
6li12s. + 2,1là67m. — 1,6] + 2,0 162" mM.....27.10,44|à minuit 27. 6,8|2 10, 24
7fioidi + 3,2là 2£m. — 4,4] + 5211 ir SRE 27-11,90[à 9 m....... 27. 9.80|27.10,04
8h35. + 4,5là 6m — 02,0| + 2,2116 m....... 27-712] OS LAN: 27. 7,18|27. 10,00
gfi midi 14 5olà 61m. + 0,6] + 5,ofùà 11 8......27. 7,82|a 6 +m..... 27. 4,56|27. 4.85
ef midi. + 2.olù 105. + o.5l + 2,0fà 10 5. ..... 27.11,50|à G1u......27.16,35|27.10,61
il 45, + 2,61à 6m. —o,| + 2,6fà 105......27.11,92/à 6 m. ..... 27.11,40|27.1108
10 +S + 4,211 6m. — 0,6] + 3,2fà 6 m...... 28. 1.76laoim..... 28. 0,25|2€
is. EL 2,4là 8 m. + où] + 2,2]a 8 m...... 28 NO)02| AIS. rene 28. 0.08|28. c,
4]:8%s + 29|à62m. + og] + 2,2l1 6: m..... 28.Uo,52| 488 502... 97.11,65128
148 + 3,3la6 mm. + 1,2] + 3,3fa 10 5....... 27:10;70|A14 S-!. 2. 27-10,2:|27. 10,40]
Gi nudi + 2,7là2m. + 24] + 2,701 6m.......27.10.9o|à Eee Be r pad 27. 8,04|27 10,301
7 ‘ee + 4oja11is. Æ 1, + 3Hfarris..... 27. 8,,9là 6m.......27. 6.0-|27. 6,68
JS. +Ho,ilà Gin. <Æ 2,1] H 9,0 midi... ... 27. 7,80|à 3. 27 07102)|27e :
midi + 93/à minou Æ 2,5] + 9,4à minuit....28. o,38|à 6 m...... 27. 0,55] 27.10, 31]
ocfros. +Hio,5lï7m. + 46| + 9,3fù 10Es..... 28. 1,72/à 6 m.......26. 1,%0|28. 1,40]
1f3+s. +Hir,8/à6m. + 1,8] Hio.7li 11 Es.....28. 3,80 NE Fr ete 26. 2,96|27. 3,r5
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TR 53s + 74là6m. + rt] + 5yfi1 8 m...... 27. 8,91[à nudi.....27. 8,25|27. 8 25
&li4s + 41là8m. + ro] + 3,192 midi... 27. 0,73 à 45.......27. 0,34|27. 8,75
22e. Lea om 2,07 2E Sc -ue 27. 6,22|à midi...... 27. 8.06 |27. \
Jchimii + 38là11 2s. + ro + 36fà 11 s...... 27. 0,44|à 8 m....... 27. 0,40|27. 8,501
lee at “lp 5£im. + 1,6] “+ 3,314 8 m...... 27. 9,99/à 10 ?S.....27. 7,78|27. 9;
C'ANPPINT UE A TATLOPNE
Plus grande élévation du mercure...28.5, or, le 1 à 6m.
Moindre élévation du mercure..... 27.4, 56,le9 à6h.1m.
Élévation moyenne. ..... 27.10,78
Plus grand degré. de chaleur. .... +1168,le à 2 h.?s.
Moimure degré de chaleur....... — 4, 4,le 7 à4x m.
Chaleur moyenne........ + 57
Nombre de jours beaux....... 19
î
Ebar
L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS,
MARS 1807.
74.0|N. fort.
[NE faible!D. Q.
B au cicl.
RÉCAPIT
Beau ciel, un ciel.
1| 65,0 Léger br.;s cielsans n.|Fort beau ciel. }
2| 66,0 Id. i : Que!q. vap.; b: ciel.u|à
5] 73:0{N. Lég. vap.; beau ciel.|! ég. brouill.; beau c.| Brouill. ; beau ciel. l:
4| 81,5]N. Lég. br. ; beau ciel. [Quelq. n.; beau ciel.|Ciel c. ; temps caline.|à
5] 71,0IN. N-O Giel couv. ; neige. ie! nuageux, Bsau ciel.
6 )N-0 Ciel très-nuageux. [Ciel couv. Beau ciel.
B'ouill.; quely.naag |C. nuag.; neige p. int.
q | 5 £-5 Ê
7
8 N-E Apogée. A-L. | Br. épais à l'horison. [uel nuag.s b. ciel.|Cicl néb. et couv.
9} ü1,o[N. Equin. ase. |Hr.; beauc. d’éclaic, [Ciel très-auag, Couv. ; neige d. lan.
el 75»°]N-E. Nuägeux ; neï.e. jel couv. Ciel nuageux. k
AW NE Br.; cicl nuag. Beauc. d’éclaircis. |[Quelq. vap.; beau c.|f,
12} 69,a N-E. Ciel couvert. jouyert, Couvert. É
13| 89,0[N-E. Brouillard; ielcouv [Convert. T'ès-couvert.
14| 89,c|N. Brouillard; cielcouv.| 74. Id.
15| 88,o[N. Ciel couvert. el très-couvert. A :5ez beau ciel.
16} 72,00. Br. ; beau cel. :el nuag. Ciel couvert.
78,0! N-O. P. Q. Neige dansla nuit. | el nuag. Giel nuageux.
88 o|S. S-0. Ciel c.; q. g. d'eau. |C'el nuag. Cie! id.
64,0|0. Beaucoup d’éclaircis.| ‘el id. Ciel id.
87,0|S. Ciel couvert. C: néb.; pl. p. int. |Cielassez beau.
75,0|S. . Brouill. ; gelée b]. Très-beau ciel. Beau ciel,
| 75,o[N-E. Périgée. Brouill. très-épais. |! ég. br.; beau ciel. |Beau ciel.
60,o|N-E. Equin. desc. |Lég. br.; assez b. c [Beau ciel. Très-beau ciel.
53,0[N-E. fort. |p. L. Cicl pur. Id. Idem.
»5| 54,0/N-E. Idem. Id. Idem.
26! 70,o!N E. fort Idem. Id. Ciei couvert.
271 55,o[N-E. fort Br. ; ciel couv. el nuageux. Ciel couv.
! go.o|N. Pluie forte et abond.| Pluie. Ciel couv.
| do,o[N. fort Ciel couvert. Couvert. Couvert.
o! 89,0|N. foible. |D.Q:. eige fond. ; pl. fine. [Ciel couvert par int. |Ciel couvert,
Ciel nuageux.
UP EAST OUNE
Beau ciel.
Beau ciel. |
|
|
Ciel couv.
1 de couverts.....,. I1
< de pluie nes rs 5
de VENT. eee 31
Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de Patmosphère, on a divisé le jour en.
Jours dont le vent a
soufflé du S
brouillard. ....
neige...
trois pariies : la première contient les variations depuis miauit jusquà 9 heures du matin; la
seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures; enfin Ja troisième depuis 9 h. du soir au minuitsuivant.
360 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc.
f.
TA BRPEE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
Expériences sur les combinaisons du soufre et du charbon,
et sur l'hydrogène contenu dans ces substances ; par
Æ -B. Berthollet, fils. Extrait. Pag. 273
Note sur la Yénite. 278
Nouvelle Méthode pour la résolution des équations
numériques d'un degré quelconque, d'après laquelle
tout le calcul exigé pour cette résolution, se réduit
à l'emploi de deux premières règles de l’Arithmé-
tique; par M. Budan, Docteur en Médecine de
l'Ecole de Paris. 279
Hauteurs de plusieurs lieux , déterminées par le
baromètre, dans le cours de différens voyages
faits en France, en Suisse, en Italie ; par F.
Berger, Docteur-Médecin de Genève. 285
Mémoire sur la composition de l'Alcohol et de
l'Ether sulfurique ; par Théodore de Saussure. 316
Note sur une nouvelle planète, découverte par
M. Olbers. 354.
Extrait d'une lettre de M. Gehlen, à J.-C, Delamé-
cherie, sur l'analyse des os 355
De l'Antopyllite; par J.-C. Delamétherie. 556
Nouvelles Littéraires. 357
Tableaux météorologiques ; par Bouvard. 358
4 DES "
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RESTE DORE À
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DÉENC'EC TM FE
ET D'HISTOIRE NATURELLE...
MAI An 1807.
OBSERVATIONS CHIMIQUES
à
SUR les procédés à suivre dans l'art de faire le vin
rouge, surtout lorsque le raisin ne parvient pas à
parfaite maturité ; |
Par M. ne SAMPAYO.
De tout temps on a reconnu que le raisin le plus mûr
étoit celui qui donnoit le meilleur vin. De là le principe géné-
ralement répandu dans tous les vignobles, que pour avoir du
bon vin, il faut, autant que possible, ne couper le raisin que
lorsque sa maturité est parfaite. On sait cependant assez qu’un
grand nombre de circonstances, telles que des gelées précoces,
des pluies excessives, etc. , décident bien souvent le propriétaire
à recueillir son raisin ayant qu'il n'ait atteint toute la maturité
que l'on pourroit desirer : il préfère alors avoir du mauvais
vin, plutôt que de n’en avoir aucun. Mais il falloit dans ce
- cas suppléer à la maturité du raisin. Macquer l'a senti, et
ayant remarqué que le raisin mür contenoit plus de sucre que
Tome LXIV. MAI an 1807. Lz
ZG2 JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DE CHIMIE”
celui qui ne l’étoit pas, il a conseillé d'ajouter dans la cuve
en fermentation un peu de sucre, afin de mettre le raisin
non mür dans le cas de celui qui l'étoit; ce que quelques
auteurs ont répété d'après ce chimiste.
Dans ces derniers temps, on a yu que le raisin non mür
diffère de celui qui a acquis tout le degré de maturité possible,
non-seulement en ce que celui-ci contient plus de sucre que
le premier, mais en ce qu'il contient moins d’acide malique.
Il est donc évident que, pour pouvoir espérer de mettre le
raisin imparfaitement mûr, dans l’état de celui qui l’est parfai-
tement, il faut non-seulement augmenter la quantité de sucre,
mais aussi diminuer celle de l’acide malique. L'addition d'une
matière sucrée quelconque , telle que la cassonade , la mé-
lasse, etc., en supposant même qu'elle ne donne au vin aucun
goût étranger, ne pourra jamais remplir celte double condition;
l'acide malique y restera toujours, et si on l’apperçoit moins,
c'est parce que l’alcohol cache son goût. Il seroit donc de la
plus grande importance de découvrir le moyen de pouvoir
diminuer dans le raisin la quantité de cet acide et d’augmenter
en même temps celle du sucre, surtout si l’on étoit sûr de
n'apporter au vin aucun goût étranger : c’est en effet ce que
je crois que l’on pourra obtenir, au moins en grande partie,
par le procédé que je vais exposer; j’en suis d'autant plus
persuadé , que j'en ai l’expérience de plusieurs années dans
la maison paternelle. Autrefois nos vins rouges étoient très-
acides et ne pouvoient guère supporter les chaleurs de l'été,
tandis que les vins blancs obtenus sans cuvage, étoient forts et
généreux et se conservoient plusieurs années. Maintenant nos
vins rouges partagent toutes les bonnes qualités des blancs,
et non-seulement ils peuvent supporter les chaleurs de l'été,
mais encore le trajet de Lisbonne au Brésil, où ils ont acquis
de la réputation,
J'exposerai d'abord le procédé par lequel nous avons obtenu
cette amélioration et les considérations qui l'ont fait naitre,
et je chercherai ensuite à faire valoir les raisons qui viennent
a son appui,
Il faut d’abord cueillir séparément le raisin blanc et le raisin
rouge, Ce qui est très-aisé, puisqu'on peut destiner quelques
ouvriers pour le raisin blanc et d’autres pour le rouge. Quant
au raisin blanc, il ne faut que le fouler et le presser sans
le cuver. On verra bientôt l'emploi de ce moût blanc. Quant
au raisin rouge , il faut le porter dans la cuve, le plus frais
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 363
qu'il'est possible, c’est-à-dire de manière à ce qu'il y ait le
moins possible de grains écrasés. Si la distance de la vigne
au pressoir exige l'emploi des charrettes pour le transport du
raisin, on ne doit jamais presser le raisin dans les baquets,
comme on le pratique ordinairement pour qu'il ait moins de
volume, En un mot, le vigneron doit porter tous les soins
convenables à conserver les grains entiers. On remplit la cuve
à-peu-près jusqu'aux deux tiers ou trois quarts, et on la laisse
Sans y toucher pendant deux et même trois jours, selon l'état
de maturité du raisin. On ne doit pas méme, couvrir alors
les cuves, pour éviter que le raisin ne s'échauffe. Au bout
du deuxième ou troisième jour , un ouvrier entre dans la cuve et
foule le raisin, ce qui est plus facile qu’on ne le croiroit d’abord;
et s’il est assez adroit, on peut être sûr qu’il ne restera aucun
grain qui ne soit écrasé au bout d’une demi-heure ou de trois
quarts d'heure; ce travail doit se faire le matin. On doit avoir
alors du moût blane frais, c’est à-dire qui n'ait point commencé
encore à fermenter; on le chaufle et on le verse dans la cuve ; on
peut même le faire bouillir. Dans les années pluvieuses , il faut
non-seulement le faire bouillir, mais encore l’'écumer et le
laisser évaporer un peu. On répète ces chaudronnées de moût
blanc trois ou quatre fois dans le premier jour. Il faut de
temps en temps enfoncer le marc, avec des fourches à trois
dents , afin que la fermentation soit égale dans toute la cuve,
et la tenir toujours couverteayec des paillassons. Le lendemain
on répète le même procédé; mais la quantité de moût blanc
chaud doit être moindre; je crois même qu’il seroit utile de
ne pas le chaufler autant; on enfonce le marc de temps en
temps comme la veille, etc. Dans la matinée du jour suivant, une
heure plus tôt ou une heure plus tard, on voit le marc se
baisser au centre, comme mon père et moi l'avons toujours
observé ; alors on soutire le moût et l’on presse le marc.
Voilà le procédé qui nous a toujours ben réussi et dont
l’exécution n'est pas, comme on voit, bien dificile. Il faut
seulement que celui qui dirige le travail ait soin d’avoir tou-
jours du moût blanc frais pour les chaudronnées, ce qui est
très-aisé à obtenir. Ayant six cuves et une bonne chaudière,
cinq ouvriers préparent dans le pressoir le vin provenant du
raisin coupé par 24 à 25 ouvriers, et dans 18 à 50 jours on
a récolté 50 tonneaux de vin, ce qui fait à-peu-près 250
pièces du contenu de celles que je vois à Paris.
La séparation du raisin blanc d'avec le raisin rouge est
Zz 2
3564 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE:
pratiquée dans la province d’Estramadure portugaise depuis
nn temps immémorial ; je la crois très-avantageuse, puisque
les rafles, les pellicules et les pepins du raisin blanc mélés avec
le moùût rouge, ne manquent pas de se colorer aux dépens de
ce même moût. La conservation du raisin dans la cuve pen-
dant deux ou trois jours avant de le fouler, et l’addition du.
moût blanc chaud, sont les procédés utiles que nous avons
ajoutés, mon père et moi, à l’ancien usage de vendanger sépa-
rément le raisin rouge et le blanc : Voici les considérations
qui nous y ont conduits.
Tout le monde sait que les fruits que l’on cueille avant
leur parfaite maturité, étant gardés quelques jours, deviennent
plus sucrés et plus succulens : il y a en Portugal même des
iruits qui ne sont jamais savoureux, si on les laisse müûrir sur
l'arbre : tels sont entre autres la poire de beurré gris, la
oire qu'on nomme de conte, la pomme nommée Lemposta, etc.
ous avons remarqué aussi que ce phénomène avoit également
lieu dans le raisin que l'on cueilloit avant la parfaite maturité
pour être mangé l'hiver; ces remarques décidèrent mon père à
faire tourner au profit des vins la formation spontanée de
sucre quia lieu dans les fruits aprés qu’ils ont été cueillis: les
essais qu'il en fit lui réussirent fort bien; nous vimes qu'an bout
de deux jours le raisin rouge, d’acide et désagréable qu'il
étoit au goût, devenoit très-sucré, et que si l’on en écrasoit
alors quelques grains, le moût, au lieu d’étre blanc et aqueux
comme auparavant, étoit très-visqueux et coloré. Les ouvriers
reconnurent aussi tout de suite ce changement favorable, et
bientôt ils donnérent à cette espèce de fermentation le nom
de 7nellacéo que l'on peut rendre en français par le mot
rniellation , c'est-à-dire, passage à l’état de miel : et moi, je
me crois assez autorisé pour l'appeler complément de la fer-
mentation sucrée. l
Quoique personne, je crois, ne puisse douter qu'en pa-
reilles circonstances il y a formation de sucre, cependant;
pour constater ce phénomène avec plus d’évidence, j'ai entre-
pris, au mois d'octobre dernier, les expériences dont je rendrai
compte à la fin de ce Mémoire.
Ces expériences font voir que les procédés que je viens
d'indiquer, non-seulement contribuent à augmenter la quantité
du sucre dans le raisin, sans lui communiquer des goûts
étrangers , mais qu'ils diminuent aussi la quantité d'acide
malique qui, comme on le sait, gène beaucoup les vignerons.
JET D'HISTOIRE NATURELLE. 365:
et les distillateurs d'eau-de-vie. Cependant il ne faut pas
vouloir pousser trop loin cette fermentation sucrée; après une
certaine époque la quantité de sucre au lieu d’ausmenter
diminue , parce qu'il se forme de l’acide acétique, ce que le
simple raisonnement pourroit faire croire , et que mes expé-
riences confirment aussi, comme on verra bientôt. On m'a
assuré que dans la Basse-Bourgogne et dans quelques autres
endroits de la France, on garde dans des cuves le raisin tel
qu'il vient de Ja vigne, et qu'on ne le foule que quand la
fermentation bte y-est tellement établie, qu'une partie
du raisin se trouve soulevée. IL faudroit examiner ce procédé
de plus près pour pouvoir en juger avec certitude ; mais j'ai
lieu de croire qu’à cette époque il y a déjà ‘une grande quan-
tité ‘de sucre converti en acide acétique. En général il suflit
de garder le raisin, deux à trois jours , pour que le sucre soit
développé sans qu'il y ait formation d'acide acétique. On devra
cependant le garder quatre jours, quand, par quelques cir-
constances, on a été obligé de le couper trop vert; mais pour
le raisin dans l’état ordinaire, quatre jours c'est déjà trop;
et même trois, pour celui qui est bien mûr.
Dans les travaux en grand, quelques précautions que l'on
prenne, il y a toujours un grand nombre de raisins écrasés
dans le transport de la vigne à la maison, et il paroit que
le moût qui en résulte doit commencer sa fermentation al-
coholique lorsqu'il est dans la cuve; cependant cela n'arrive
point. Je l'ai goûté plusieurs fois au moment où l'ouvrier alloit
y entrer pour fouler le raisin, et je n’ai jamais trouvé qu’une
saveur un peu plus sucrée, moins cependant que celle des
grains de la même cuve qui n’avoient point été écrasés : ce
sont probablement les circonstances très-défavorables où il se
trouve qui l'empéchent de fermenter; il est presque totalement
privé du contact de l'air ; sa température n'a pas le degré né-
cessaire pour déterminer une fermentation vivé et prompte ;
et enfin il ne se trouve même qu'en petites portions occupant
seulement les intervalles que laissent les grains de raisins qui,
à son égard , doivent être regardés comme des. corps étrangers.
Cependant, si l’on est assez scrupuleux pour craindre que ce
mot nait déjà commencé sa fermentation et que cela ne
cause quelque dérangement dans la totalité de la cuve, on
n'a qu'a le soutirer et le mettre dans les tonneaux ; on auroit
elors.un vin très-précieux, puisque ce moût ne proyient que-
3566 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
du raisin le plus mûr , et par cette même raison, il doit étre
assez coloré.
Dans les premières années nous fimes fouler le raisin par
petites portions et dans des baquets. Ensuite ayant remarqué
la facilité avec laquelle on l'écrasoit, nous nous décidämes à
le faire fouler dans la cuve. L'examen attentif du marc nous
a convaincus qu'il n’en restoit aucun grain qui ne fût écrasé;
il nous a aussi montré la supériorité de ce procédé sur les
autres, dont nous-mêmes avions auparavant fait usage; les
pellicules du raisin y sont réduites, pour ainsi dire, à rien:
cela montre qu'elles ont été très-fortement atiaquées pour
extraire la matière colorante, ce qui, selon moi, est un des
principaux avantages du cuvage. Dans nos anciens procédés
jamais les pellicules n’étoient si fortement attaquées, quoique
nous fissions cuver trois et même quatre jours, et que l’on fit
bouillir la plus grande partie du raisin rouge , tantôt égrappée,
tantôt non égrappée. Les mauvais petits vins rouges que nous
obtenons à présent, nous font encore voir que tout ce que
le raisin pouvoit fournir de bon, en a été enlevé par le cuvage.
Quant aux chaudronnées de moût blanc, nous avons été
déterminés à les mettre en pratique de préférence à celles de
raisin rouge dont nous faisions usage autrefois, par l'observation
de l’odeur de vinaigre qui se dégageoit constamment toutes
les fois que l'on fasoit bouillir du raisin rouge égrappé ou
non égrappé. Comme par la position et l'infériorité de la plus
grande partie de notre vignoble, nous avons à peu-près autant
de raisin rouge que du blanc, il nous est arrivé quelquefois
de mettre dans une cuve autant de moût blanc chaud qu'il
y avoit de raisin rouge, et quelquefois méme encore davan-
tage , et le vin qui en est résulté étoit encore assez coloré ; tel
est l'avantage du complément de la fermentation sucrée, qu'il:
paroît que non-seulement elle convertit en sucre une partie
de l'acide malique, mais qu'elle fait aussi subir à la matière
colorante de la pellicule, un changement en vertu duquel
elle devient plus soluble. Dans les vignobles où le raisin blanc
est en petite quantité, je crois que l'on pourra faire les chau-
dronnées avec du moût rouge provenant simplement du foulage
du raisin qui vient de la vigne; mais il faut toujours que ce
moût soit frais et qu'il n'y entre rien du marc : le marc qui
en reste pourra très-bien étre ajouté dans la cuve. dé
Je n'ai pas besoin de trop insister sur les précautions qu'il
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 367
faut prendre quand on coupe le raisin, ni sur le moment
le plus avantageux pour le décuvage. Ces points ont été trop
discutés par les Agronomes francais, pour que je puisse y
ajouter quelque chose d'intéressant. Je dirai simplement que
nous nous servons avec beaucoup d'avantage de grands paniers
-d'osier, doublés en fer-blanc peint à l'huile, et que le signe
qui nous règle sur le moment du décuvage, est l'abaissement
du marc.
Je crois ce procédé applicable à tous les pays, une fois
qu'on le modilie sagement selon le climat, l'état de maturité
du raisin, la qualité du vin que l'on veut: obtenir, eic. (x).
Il me reste maintenant à exposer en peu de mots les expé-
riences que j'ai faites le mois d’octobre dernier, les résultats
que j'en ai obtenus, et les phénomènes que j’ai cru appercevoir ,
quoique je ne puisse les garantir sans avoir répété encore ces
expériences, ce que je compte faire une des prochaines années.
J'ai pris du négrier (variété de raisin) acheté à Paris; j’ai
séparé les grains de la grappe, en coupant les pédicules le
plus près possible; j'ai partagé la somme des grains en deux
portions égales en poids, après les avoir bien mélangés, afin
que ceux de la mème grappe se trouvassent , autant que
possible, divisés dans les deux portions ; chacune de ces
portions pesoit 12 onces et 5 gros (386 gram.); j'en ai gardé
une, et j'ai procédé de suite à l'analyse de l’autre. Pour cela
j'ai écrasé les grains avec la main; j'ai filtré le moût; j'ai fait
macérer le marc dans l’eau froide, et enfin j'ai fait bouillir
dans l’eau tout ce qui n’avoit point passé à travers le filtre;
j'ai fait évaporer au bain-marie le moût et les eaux de ces deux-
favages, ét ayant saturé l’excès d'acide avec du carbonate de
chaux, j'ai continué l’évaporation jusqu’à consistance de sirop;
alors j'ai fait bouillir dans l’alcohol pour séparer le sucre :
bientôt on verra comment je m’y suis pris pour connoître la
quantité de ce sucre. J'ai ensuite traité le résidu par l’eau bouil-
lante, et j'ai remarqué que la plus grande partie du malate
de chaux s'est dissous ; mais pour le dissoudre entièrement ,
j'ai traité par une petite portion d'acide acétique, ensuite j'ai
précipité par l’acétate de plomb et j'ai saturé l'excès d'acide
avec l’ammoniaque. Comme je ne me suis servi que d'une
———_—_—_—_—_—_——
(1) En Normandie on connoît l'utilité du complément de la fermentation
sucrée qui a lieu dans les pommes cueillies, puisqu'on ne les écrase, pour
: FRE :
faire le cidre, qu'après les avoir tenues quelque temps en tas.
3568 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
très-petite quantité d’acide acétique, le tartrite de chaux a dë
rester sensiblement intact : deux jours après j'ai analysé la
seconde portion du raisin, en suivant le même procédé. Je dois
remarquer que ce raisin avoit déjà une légère odeur d'acide
acétique ; ce que jattribue à ce que probablement il y avoit
quelques jours qu'il avoit été cueilli; puisque dans l'opération
faite en-grand, je n’ai jamais senti une telle odeur, même
au bout de quatre jours. Quoi qu’il en soit, l'expérience n'en
est que plus frappante, comme on va le voir.
La première portion m'a fourni, L
Malate de plomb..... 180 grains (95,5 décigr.)
Farine dechaut a 70 eee PO Here.)
La seconde portion m'a donné,
Malate de plomb..... 71 grains (37,7 décigr.)
Tartriteidejohante: 2410608142. Ca6ré.se 30)
Quant au sucre, ne-connoissant point de réactif pour le
précipiter , je me suis décidé à le convertir en acide oxa-
lique , afin de pouvoir connoître la quantité relative du sucre
des deux portions de raisin (1). Pour cela, après avoir dégagé
la plus grande partie de l’alcohol, j'ai traité par l'acide nitrique
à 25 degrés, dont j'ai augmenté la dose jusqu'à ce que j'ai
cru que l’acide oxalique étoit formé , et je me suis arrêté à
la quantité de 10 gros, tant pour le sucre du premier raisin,
que pour celui du second. J'ai ensuite précipité par le muriate
de chaux, et ayant saturé l'excès d’acide, j'ai vu que le sucre
du second raisin me fournissoit 47 gr. d'oxalate de chaux,
tandis que celui du premier ne m'en fournissoit que 41. Par
ces résultats on voit que l'augmentation de la quantité de
sucre a été inférieure à la diminution de celles des acides
malique et tartareux, ce qui provient probablement du sucre
qui s'est converti en acide acétique, et que j'ai perdu. Cette
expérience répétée sur du raisin récemment cueilli, pourra faire
(1) Il eût étéxplus exact de reduire ce sucre en alcohol, afin de mieux
connoître sa quantité; mais les petites portions sur lesquelles j'ai agi,
m'ont empêché deñle faire. En le réduisant en acide oxalique, je n’en ai
point la quantité réelle, mais j'ai la quantité relative, puisque les circons-
iances sont absolument les mêmes pour les deux portions de raisin set je
ne m'occupe ici que des quantités relatives. Je ne présente point une ana—
lyse rigoureuse du moût, mais je tâche seulement de faire voir que dans
le second moût il y a plus de sucre que dans le premier ; et pour cela je
crois suffisante da conversion en acide oxalique. 4
connoitre
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 363
‘connoître au juste toutes les circonstances qui accompagnent
ce changement d'acide malique en sucre ; mais l'expérience
spas je viens d'exposer prouve assez la formation du sucre aux
épens de l'acide malique, ce qui étoit précisément le but que
je me suis proposé. Elle paroît méme indiquer que l'acide
tartareux accompagne l'acide malique, et qu'avec lui il se con-
vertit aussi en sucre ; mais les différences étant moins marquées,
je ne me crois point encore assez fondé pour pouvoir l'assurer.
J'ai fait encore plus : j'ai répété cette expérience sur du
verjus qui commençoit à montrer un peu de transparence dans
ses grains; Jai agi sr 7 onces et 4 grains (229 gram.) de
graïss-sévarés de Îa grappe ; je m’y suis pris absolument de
la »éme manière que pour le raisin rouge , seulement j'ai fait
macCéter Je marc dans l’eau une fois de plus en raison de la
dureté des grains et de lenr chair; et comme je ne craignois
pas d’outrepasser le #aximum de formation de sucre, je
n'ai soumis à l'analyse la seconde portion que quatre jours
après la première, et il n'y avoit encore aucune odeur agétique.
Voici les résultats de cette seconde expérience :
La première portion m'a douné,
Malate de plomb...... 82 grains (453,5 décigr.)
T'artrite de chaux..... 39.......(20,7.......)
Oxalate -de/chaux: . 25.9.7.0.(12,7.:.00)
Cet oxalate de chaux provient du sucre traité par quatre
gros d’acide nitrique.
La seconde portion m'a fourni,
Malate de plomb...... 70 grains (37,1 décigr.)
Tartrite de chaux... RAR Mets
OEM thai PTE 020108: 5)
Cet oxalate de chaux provient du sucre traité par la méme
quantité d’acide nitrique.
On remarquera que dans cette expérience l’augmentation
du sucre a été plus forte qu’on ne devoit s’y attendre, vu la
diminution des acides : ce qui paroît annoncer qu'il y a eu
une autre substance qui s’est convertie en sucre : en effet,
j'ai remarqué que le moût de la première portion de verjus
ne passoit à travers le filtre qu’avec une très-grande difficulté,
et que celui de la seconde portion passoit beaucoup plus aisé-
ment. Il paroit donc que dans ce cas, le mucilage s'est aussi
converti en sucre, du moins une partie.
Je ne me suis point attaché à déterminer les variations
Tome LXIF. MAI 1807. Aaa
379 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
qu'a subies l'acide citrique dont l'existence paroît assez prouvée
dans le moût de raisin et surtout dans le verjus ; la quantité
de cet acide étant très-petite, son passage ou non passage à
l'état de sucre doit très-peu influer dans l'art de faire le vin.
Ces deux expériences prouvent suflisamment que dans le
raisin, même cueilli, il se forme toujours du sucre jusqu’à une
certaine époque, après laquelle il se convertit en acide acé-
tique; que ce sucre se forme principalement aux dépens de
l'acide malique , et que dans le commencement de la matu-
rité du raisin, le mucilage paroît aussi contribuer à cette for-
mation.
Je ne puis m'empécher d’exposer ici * nu trois phéno-
mènes que j'ai cru observer dans le cours
et qui pourront être de quelque intérêt. …
Quand j'ai traité le marc du raisin rouge par l’ear bouillante,
j'ai remarqué qu'il s’y dissolvoit une grande uantité de la
matière colorante : ce que je n’avois point cbienu en le traitant
à l'eau froide. Cela fait voir le besoin qu'on a d'échauffer ar-
tificiellement les cuves en fermentation: et c’est là un des
avantages des chaudronnées de moût bouillant, J'ai aussi re-
marqué que le moût de la seconde portion de raisin rouge
étoit plus coloré que celui de la première portion; qu'il en
étoit de mème des lavages à l’eau froide, et que dans le trai-
tement par l’eau chaude cette différence étoit encore plus
marquée; cela est en faveur du complément de la fermentation
sucrée , car cette observation paroît indiquer que la matière
colorante a subi un changement tel qu'elle en est devenue plus
soluble. |
Dans les iraitemens par l’alcohol , outre le sucre, j'ai aussi
dissous une matière végéto-animale qui probablement est la
même qui, agissant sur le sucre , en forme de l'alcohol; je
me suis apperçu de son existence par<les grumeaux que j'ai
vu se former quand jai traité par l'acide nitrique, pour former
l’ecide oxalique , et je suis persuadé que si j'eusse laissé agir
spontanément cette dissolution pendant quelque temps, je
n'aurois plus obtenu un atome d'acide oxalique, tout le sucre
s'étant réduit en alcohol. Mais l'acide nitrique a toujours fini
par dissoudre ce coagulum (1).
L5n6€s »
(1) Cette matiere végéto-animale a dû fournir aussi de l’acide oxalique
dans le traitement par l’acide nitrique; mais comme sa quantité étoit égale
dans les premiere et seconde portions , elle n’a pas dû altérer la quantité
relative de l’oxalate de chaux. .
ET D'HISTOIRE NATURELLE. Dr
J'aurois voulu pousser mes recherches plus loin, mais les
petites quantités sur lesquelles j'agissois m'en ont empéché.
Voilà donc bien des faits qui restent à vérifier et qui mé-
ritent, je crois, l’attention des plus habiles chimistes; de mon
côté, je ne manquerai pas de les poursuivre quand il me sera
possible,
Si ces procédés, dans la fabrication des vins, deviennent
jamais d'une utilité générale , il sera bien doux pour moi de
penser qu’on les doit à la réflexion et aux lumières d’un père
que j'ai tant de raisons de chérir et de respecter : c’est ce
qui m'a principalement décidé à les confirmer par des expé-
riences chimiques. Il a été aussi très-heureux pour moi de
pouvoirètre aidé en les faisant, par les conseils de M. F’auquelrr,
a je dois toutes les connoissances que j'ai pu acquérir en
1imie.
mme)
EXPÉRIENCES ÉLECTRIQUES
Sur le verre considéré comme bouteille de Leyce,
et sur le carreau garnt;
Par M. ***
Lr hasard me procura les deux Mémoires hollandais de
M. Lugt, dont je parle dans mon Essai sur les Attractions
électriques (Journal de Novembre dernier); en les parcourant
je fus surpris que ce physicien püt admettre la théorie du
plus ou du moins, tandis que presque toutes ses ma
concourent à prouver un vrai passage à travers les pores
mêmes du verre, lorsqu'il est, d'un côté, en communication
avec le premier conducteur d'un appareil électrique que l’on
fait agir, et de l’autre, en contact avec des corps conducteurs
qui communiquent au sol 3 que pour obtenir ce passage il
n'est pas nécessaire qu'il soit garni de deux côtés, qu'il suflit
que celui quiest en contactavec l'appareil, le soit, et qu'il touche
par un seul point à des substances demi-conductrices méme,
telles que le bois d'uné table, etc, , qui ont assez de force
A aa 2
35a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
pour exercer à travers leurs pores l'attraction du sol. C'est aïnsi
que j'ai toujours soupçonné que la charge de la cascade se fait
( V° Expérience de ma première Lettre à M. Van-Mons, à la
suile de son N° 10); mais comme la bouteille semble retenir
dans ses pores une partie de la matière électrique , et ras-
sembler sur la surface qui communique aw sol, une grande
quantité de fluide sensible au tact et à la.vue, lorsqu'on charge
iortement une bouteille non garnie de ce cûté; j'ai pensé que
la force de l'attraction du verre pour €e fluide étoit si puis-
sante, que l'abbé Nollet avoit raison de soup'onner qu'elle
auiroit l'électricité de la terre, et qu’elle affluoit méme du
sol vers la bouteille, ce qui n'arrive pourtant point dans les
expériences de M. Lugt, telle que dans la suivante, qui est la
seconde du premier Mémoire , imprimé chez Hofhout et fils,
à Rotterdam, 1802.
_ I fit faire un appareil entiérement isolé, monté sur quatre
colonnes de verre. Par ce moyen on peut communiquer ou isoler
avec le sol, tantôt le conducteur, tantôt les frottoirs qui sont unis
ensemble avec un demi-cercle de métal qui s'éloigue d'environ
un pied du disque parfaitement isolé du sol. 11 peut fixer des
tringles au conducteur et aux froitoirs. Dans cette expérience
il atiache une de ces tringles aux frottoirs, qu'il conduit vers
l’armure intérieure ou extérieure (cela est indifférent) d’une
bouteille placée sur un isoloir , et à l’autre armure il joint une
pareille tringle qui part du conducteur, en plaçant à chaque
armure une tringle à boutons qui puisse s'éloigner et s’appro-
cher à volonté, La bouteille parfaitement isolée se charge dans
cet état d'isolement parfait, tant du côté de l'appareil , que
de la bouteille. L'auteur en conclut que le sol ne contribue
en rien à la charge de la bouteille, mais que dans les appa-
reils non isolés, le bois de la table et celui qui soutient le
disque, sont les conducteurs invisibles du fluide de la surface
qui se dépouille vers le point d'où le fluide est excité au
disque (l'auteur , comme je l’ai dit , admet la théorie de
Francklin); que dans son expérience isolée, c’est l'usage
des tringles qui remplace le sol et qui le ramène, etc.
Je ne puis admettre la théorie d'un dépouillement de surface
d'une matière impénétrable, comme M. Francklin soutient
que le verre l’est, parce qu'une première loi de physique et
de chimie est, qu'il ne peut point exister de mouvement sans
impulsion préalable, par conséquent sans action immédiate
sur la substance à dépouiller; d’ailleurs, quel est le corps que
ET D'HISTOIRE NATUKELLE, S
la matière ignée ne pénètre point? Or personne ne niera que la
Matière ignée ne fasse partie du fluide électrique. Jetire donc une
conséquence opposée de cette expérience, et en conclus qu'ici
le fluide agit comme dans celle à cascade ou à chapelct.
L'’anteur rapporte encore plusieurs Éna irès-imgénieuses,
entre autres la suivante sur l’électrophore, par laquelle il con-
tinue à vouloir prouver cette singulière déduction , et. qui
dans le fait ne prouvent autre chose sinon que l'attraction
du fluide igné qui se développe au disque , est assez forte
pour suppléer à l'attraction du sol : enfin, que dans les expé-
riences non isolées et dans celles-ci, le verre a une telle aflinité
élective pour le fluide , qu’il en retient la même quantité dans
les deux situations de la bouteille. C'est encore la théorie élec-
tive qui en rend raison comme de tous les phiénomènes chi-
miques et physiques.
M. Lupt prend un électrophore, le place sur un isoloir ét
s'isole lui-même avant qu'il le frotte; dans cet état de sé-
paration entière avec le sol, il excite la friction, touche les
deux armures, obtient des élincelles de la même force que
si l’électrophore et lui communiquoient avec la terre. Il en
conclut encore que le double contact nécessaire, dit-il, éta-
blit une circulation complète comme dans son expérience
avec la bouteille.
Il y a un moyen plus simple de faire cette expérience avec
un petit excitateur recourbé à manche de verre : je prends
un électrophore bien isolé, je le frotte dans un état d'isole-
ment comme le physicien hollandois, je descends de l’isoloir
et prends l’excitateur dont je touche avec ses boutons à la
fois ses deux armures, j'obtiens non-seulement l’étincelle, mais
en me servant de l'excitateur, dont je laisse un bouton sur
l’armure extérieure et en soulevant l’antre de 4 à 6 pouces
pour pouvoir lever le chapeau qui va rencontrer dans l'air le
bouton: soulevé au contact, il en résulte une vraie détonation.
En posant le chapeau sans nouveau contact, à peine donne-t-il
une très-foible étincelle. Les belles expériences de M. Libes,
par lesquelles il obtient du contact seul de métaux hétéro-
gènes du fluide électrique, me prouvent évidemment qu'ici,
où l’action est ternaire, deux métaux et de la résine frottée,
il y a une vrai génération ignée, si je puis m'exprimer ainsi,
qui se renouvelle à chaque double contact. L'expérience sui-
yanie est propre à appuyer ma déduction.
J'avois vw dans les phénomènes électriques de M. Sigaud
_
974 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de la Fond, qu'un physicien observa que les fils dorés d’une
commode étinceloient chaque fois qu'il tiroit du feu du cha-
peau d'un électrophore qui y étoit placé par hasard (Phéno-
mènes élect., pag. 678, $ 174.). Ce fait me fit faire l'expé-
rience avec un électrophore isolé, à côté duquel j'avois placé
une boule de cuivre dont la tringle communiquoit au sol;
j'éloignai cette boule d'environ une ligné de l’armure exté-
rieure; je me plaçai sur un isoloir avant d'en tirer l'étincelle :
dans cet état, pour prouver que ce n'est pas une circulation
qui occasionne le départ, mais une attraction du sol qui devient
divellante au moment que le fluide retenu dans le métal du
chapeau n'agit plus en concurrence avec le verre pour le fixer
dans Je métal de l’armure inférieure ,, je levai le chapeau à
trois à quatre pouces , le tins ainsi pendant plusieurs secondes,
sans voir la moindre étincelle entre l’armure inférieure et le
bouton de l'excitateur ; mais au moment que je tirai le fluide
du chapeau, une forte étincelle s'élançga vers le sol. Ce fait
me fit d'autant plus de plaisir, qu'il confirme plus que jamais
la théorie élective sur laquelle sont basées toutes mes déduc-
tions. Je ne sais si cette expérience est connue : je ne Ja trouve
ni dans MM. Libes, Haüy, ni même dans la Traduction fran-
aise de Fischer, qui paroït depuis peu, avec des notes de
M. Biot; mais il me paroît qu’elle mérite quelque attention ,
parce qu'elle jette du jour sur la théorie des orages. Ici, la
colonne d'air intermédiaire entre le chapeau et le verre, pro-
longe l’action retenante du verre à six, huit, et mème jusqu’à
quinze ou seize pouces dans un temps sec : là, je me repré-
sente un large plateau d'air entre ces nues qui parcourent
l'atmosphère en sens contraire, dont le fluide électrique de-
meure isolé jusqu’au moment que l’attraction élective parvient
à surpasser l'action retenante de la couche d'air, etc.....
Cette expérience rend aussi raison pourquoi le nouveau mul-
tiplicateur ou doubleur, inventé depuis environ deux ans en
Angleterre, charge ses plaques en les approchant et éloignant
à plusieurs reprises, et acquièrt à travers la couche d'air
qui les sépare, une charge si intense que les plaques dé-
tonent (1). ‘
(x) Un ami m’avoit prêté plusieurs Journaux de Tilloch et de Nicholson Ë
de 1805, où se trouve le dessin de ce multiplicateur ; j'ai fait la traduc-
hon de l’anticle; mais elle est égarée ainsi que la copie de la planche et
de la date du Journal,
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 555
L'électrophore de verre dont M. Lugt, ainsi que Sigaud de
la Fon parlent, mais dont il semble que l'on a néglisé de
comparer les effets à la boûteille de Leyde, n'a occupé depuis
peu. Voici les expériences qu'il m'a fait faire, et qui rendent
encore plus probable la complète saturation de la bouteille
de: Leyde, par aflinité retenante de la substance méme du
verre, |
Je prends un carreau de verre blanc de Pohème, de 20
à 22 pouces de large, le place sur un isoloir bien arrondi et
doré ou argenté entièrement de ;7 à 8 pouces de diamètre,
qu'une colonne de verre supporte à la hauteur que les boules
de deux tuyaux recourbés (fs. 2, pl. {re, Journal de Physique,
Août 1806) puissent venir reposer sur une: petite garniture
ronde métallique , collée au centre supérieur du carreau
de 5 à 4 pouces de diamètre. En dessous, l’on place un
excitateur à boule contre les bords de la plaque dorée de
l'isoloir, en laissant une distance d’environ une ligne, comme
dans l’expérience précédente. Dans cet état, je commence
la charge : aux premiers tours du disque il arrive souvent que
lon voit à l’entour de la petite armure supérieure , quelques
jets de lumière électrique ; mais si votre verre est mince,
bientôt ils disparoissent et vous pouvez continuer à tourner
le disque mille et mille fois, le carreau sera chargé de toute
la capacité du verre armé, mais fprétera ensuite un: passage
continuel au fluide. C’est pendant l’obseurité que cette expé-
rience m'a convaincu de la réalité du passage à travers les
pores du verre comme à travers un filtre à tuyaux capillaires.
Cette expérience fut répétée plusieurs fois en présence de l'ami
qui me donna l'idée des oxidations des armures métalliques,
en les comparant à celles qui probablement se font en grand
dans les carrières de marbre (Journal de Juin 1806, pl. Il.).
Il se plait à regarder cette expérience comme l'experimentum
crucis, à l'égard de ce passage. C'est encore ainsi qu'il èst
convaincu de même que le fluide électrique ne détruit les
métaux les plus tenaces qu'en les oxidant partiellement au
passage et ensuite à l'instant du développement gazeux qui
se fait dans mes cylindres métalliques. Excellent chimiste pneu-
matique, il me répète souvent que le calorique pénètre tous
les corps, que par conséquent tous ont des pores, et que la
pénétration de matière électrique à travers ceux du verre ne
répugne en rien aux principes, mais que le prétendu dépouille-
ment de la surface opposée du verre qui reçoit une surabon--
376 JOURN£ER DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
dance de fluide, ést contraire à l’axiome de son maître, point
de mouvement, point de sensation (Lavoisier , Traité de
Chimie, tom. 1, page 22), à moins que l'impulsion n’agisse
à travers l'épaisseur , et de là, dès qu'on accorde cette action
expulsive , il résulte une pénétrabilité du fluide.
C'est en sa présence que j'ai répété l'expérience avec du
verre commun : celui-ci cède plus difficilement le passage,
mais se sature au contraire infiniment plus vite aussi; en peu
de temps il détone sur lui-même, malgré le peu d’étendue
des armures. Nous attribuons cette anomalie que présentent
ces deux espèces de verre, aux différens fondans. Le blanc
contient plus d’oxide métallique, l’autre, plus de matière saline.
Si Ja déduction est juste, le Hintglass d'Angleterre doit être
comme un éponge au fluide, et s'il étoit possible de trouver
de grands carreaux colorés par des métaux, ceux-ci présen-
teroient peut-étre d'autres faits.
Il faut remarquer que malgré que le verre de Bohéme cède
ce passage, une grande masse n'y passe point, à moins qu’elle
y Soit attirée de la manière qu'elle l'est dans l'Expérience TI,
pag. 152, Journal de Février 1806. C'est pourquoi l'on voit
qu'il y a reflux vers le disque. L'expérience suivante en rend en
quelque façon raison.
Si je chargesun électrophore de verre placé sur un isoloir
dont l’armure inférieure est aussi large , à un pouce près,
que le carreau, et que j'arrête le disque au moment que les
jets m’annoncent une prochaine détonation spontanée; si dans
cet état j'enlève la communication avec le sol, et que j'ôte le
chapeau de la surface supérieure , toute la charge demeurera
adhérente au verre ; l'on sentira en le touchant, un picote-
ment et comme une vapeur ignée. En éteigaant la lumiére
elle est visible, surtout si l’on approche le bord; mais le fluide
devient absolument lumineux si l’on souffle légérement sur la
surface : alors une ondée de feu parcourt le verre pour se
réunir au fluide accumulé de l’autre côté, entre le verre et
la garniture métallique : ce qui est surtout remarquable, l’on
distingue deux couleurs de fluide, l'inférieur est plus vif,
plus blanc. Ce phénomène a lieu lorsqu'on laisse la commu-
nication; l'ondée de feu qui coule à l'opposé de la bouche
vers la surface, inférieure, est plus forte , mais ne dure pas
aussi long-temps. Cette expérience fait naître la question, si
tous les ingrédiens passent à travers la substance du verre,
Où si c'est à l'état du verre seul qu'il faut attribuer la difié-
rence
ET D'HISTOIRE NATURELLE 377
rence de l'action? Je crois que c’est cette modification que
paroît souffrir la substance électrique même, qui constitue les
états opposés, que chaque physicien tâche d'expliquer d’après
sa manière de voir ; Francklin, par le plus et le moins; S:mmer,
par deux fluides neutralisés dans les corps, et dont les molé-
cules se repoussent , s’attirent, elc., etc., elc.
Cette expérience ne démontre-t-elle pas que les attractions
qui agissent ici réciproquement entre les deux surfaces du
verre, retiennent le fluide sur les parois supérieures milgré
qu'on enlève le chapeau ? tandis que dans l'état de non iso-
lement de la surface opposée, le chapeau l'enlève à une dis-
tance de trois à quatre lignes d'élévation , si l'on le touche
par un corps métallique qui communique au sol sans qu'il
y ait un cercle parfait établi, parce qu'alors le sol absorbe
tout à fait celui qui est accumulé sur la surface opposée. J'ai
répété, pour vérifier ce fait, la transvasation de l'eau des trois
manières suivantes :
J'ai chargé une bouteille À eau, après avoir enlevé la tringle
par un crochet à manche de verre; j'ai placé une bouteille
sur une plaque de plomb en communication avec le sel. Si
je suis isolé ou point dans cet état, les deux bouteilles par-
tagent chacune la moitié de la charge; mais pour conserver
la charge dans celle qui a perdu son eau, je dois me placer
sur un isoloir lorsque j'y verse de la nouvelle eau, à moins
x ce ne soit d'un vaisseau de verre, sans quoi le fluide
lectrique pouvant s'échapper, et par mon corps, et par le
métal sur lequel repose la surface extérieure et qui peut écon-
duire l'électricité opposée vers le sol, la bouteille se décharge
entiérement d'un côté par mon corps, et de l’autre vers le
sol, comme celle qui, étant chargée, seroit touchée par la
main, tandis qu’elle communique à terre de l’autre côté.
Au contraire, si je charge fortement une bonteille, que je
transvase son eau dans une bouteille isolée, l'eau n’emportera
rien, tout demeure dans la bouteille , parce que l’aitraction
d'aucun corps n’agit pour attirer le uide, et que le verre
ue j'en suppose saturé dans la fonte, n’a plus d’aflinité qui
l'attire. C'est comme une éponge qui ne prend plus d’eau, à
moins qu’elle ne puisse la céder à d’autres corps qui l'attirent.
Ce n’est donc pas dans les armures qu'est retenu le fluide,
mais dans le verre même et sur ces deux parois. Sije fais,
Tome LXIV. MAI an 1807. Bbb
378 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
comme je l'ai remarqué plus haut, la transvasation dans une
bouteille qui communique par son armure extérieure au sol,
et que je sois sur un isoloir, celle-ci ne perd ou ne retient
pas plus de fluide. N’en doit-on pas conclure que l'extérieur
une fois chargé n’attire ni ne donne plus rien au sol?
L'expérience suivante avec l’électrophore jette encore du
jour sur tous ces faits.
Je charge un électrophore de verre et de résine, je le touche
de deux côtés; j'enlève le chapeau, je le pose de nouveau
sur l’électrophore; au moment que je porte la main, soit sur
l’armure extérieure , soit sur le chapeau, je sens une étincelle
presque aussi forte que celle qui part du chapeau enlevé.
Mais si avant d’avoir remis le chapeau, je touche première
ment l’armure inférieure , je lui enlève son électricité sur-
abondante, et faisant ensuite l’attouchement, l’étincelle est
presque nulle, signe, à ce qui semble, que les doigts, en se
portant sur les deux surfaces , ne font qu'établir une commu-
nication entre les deux armures qui sert pour ainsi dire d’in-
termède divellant qui donne ledéveloppement au fluide qui
se dégage.
Je présente ces vues aux physiciens , non pour créer une
nouvelle théorie, mais pour voir si les phénomènes ignés tant
du magnétisme, du galvanisme, de l'électricité, des détona-
tions, ne sont pas subordonnés à la loi générale des affinités.
Les belles expériences dont MM. Libes et Ermann viennent
d'enrichir nos connoïssances physiques, concourent toutes à
ne faire admettre qu’une seule matière ignée , qui forme la lu-
micre, les fluides magnétique, galvanique, électrique, etc, etc.,
que ce ne sont que divers ingrédiens qui la modifient. Je les
appelle, dans une lettre que j'écrivis, il y a environ six mois,
à M. Delamétherie, semi-graves, parce que je les vois tou-
jours prendre la tension centrifuge et accompagner cette ma-
tière lorsqu’elle se dégage des corps combustibles: tel de ces
fluides la prend comme celles de l’éther à ... degrés de
chaleur, tel autre ne le prend qu'à la plus. forte chaleur des
foyers ardens ‘inconnus avant Homberg, et même de son
temps, qui est nécessaire pour volatiliser l'or, etc. Les expé-
riences de M. Ermann (#’oyez Journal. de Physique ,: mois
de Février de 1807) démontrent que la flamme de l'esprit de
vin contient d'autres ingrédiens que ceux du soufre et surtout
du phosphore; qu’on examine les gaz que des mêmes acides
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 379
dégagent des métaux différens , les différentes couleurs des
feux d'artifices , toutes ces modifications ne démontrent-elles
point que le calorique de l'air, joint aux ingrédiens latens
dans les combustibles , enlèvent diverses molécules dont le
nombre nous sera toujours inconnu ; le carbone, l'azote, l’hy-
drogène, l’oxigène, même si abondant , nous sont inconnus.
Sont-ils simples ou composés? Que de modifications ces quatre
bases ne donnent-elles point par la seule proportion dans leur
mélange ! Le nouveau mélange inflammable qui fit peur à
M. Proust, et l’'empéeha de continuer de nouvelles expé-
riences , pourquoi semble-t-il encore plus terrible que l'argent
fulminant? Avant mes expériences, si j'ose parler de l’action
combinée de l’eau, du plomb et du fluide électrique, sur les
métaux les plus ténaces, tels que les soudures et le fer, eût-
on dit que l'expansion ignée pût y étre assez puissante pour
rompre à la longue un cylindre d’environ dix lignes, dont
deux d'ouverture, par conséquent de quatre lignes d'épaisseur,
du meilleur fer que j'envoie à M. Delamétherie, ainsi qu'une
grande cartouche d'un alliage de de cuivre et = d’étain,
semblable à la première qui résista si long-temps à une force
d'environ 40 pieds, et qu’une de 140 a brisé en dix explosions.
Celle de fer donnoit des ondulations à la g° explosion, et a
eu besoin de 40 pour lui donner les déchirures actuelles. Je
desire qu'un physicien essaye deux cylindres semblables pour
chercher les proportions, mais elles ne sont point en raison
carrée comme je me le suis imaginé. La progression de la
résistance est plus grande en doublant l'épaisseur. du fer; car
un cylindre de fer, de la moitié de l’épaisseur, s'est filé à la
quatrième explosion , et à la 7° les déchirures étoient plus
fortes qu’à la 40° de celle-ci. Je ne puis me refuser à la
conviction que l'action ignée doit être décomposante des mé-
taux que l'on y soumet.
Bbba
580 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
——_—_—_—_—p_—————paaa
TRAITÉE ÉLEMENTAIRE
,»
DE MINÉERALOGIE,
AVEC DES APPLICATIONS AUX ARTS;
Ouvrage destiné à l’enseignement dans les Lycées
nationaux ;
Par Alexandre Bnocwrarp , Zngénieur des Mines, Directeur
de la Manufacture impériale de porcelaine de Sèvres.
2 vol. in-8°, De l'imprimerie de Crapelet. A Paris, chez
Déterville, Libraire , rue Hautefeuille, n° 8, au coin de celle
des Poitevins. 1807.
EXIRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE.
L'ossrr d’un Traité élémentaire de Minéralogie est de
donner une description si exacte des minéraux, qu'on puisse
facilement les reconnoitre. Un minéral, comme un végétal,
un animal , a un certain nombre de qualités qui lui sont
propres, et qui le distinguent de tout autre. Ces qualités d'un
minéral, d'un végétal, d'un animal, ou de quelques produits
des végétaux et des animaux, tels que les huiles, les résines,
les baumes , les gommes. .. propres à les faire reconnoître, cons-
tituent ce qu’on appelle leurs caractères généraux et spécifiques.
Les minéralogistes, dansles caractères des minéraux, se sont atta-
chés principalement à leurs couleurs, leur dureté, leur éclat,
leur transparence ou opacité, leur pesanteur, leur cassure,
leur forme... et enfin leur facies.
Les formes chez les animaux et les végétaux sont à-peu-
près constantes , et sont un moyen en général assez sûr pour
en déterminer les espèces. Cependant il est des circonstances
où elles sont insuflisantes. Des végétaux et des animaux de
la même espèce, mais qui vivent dans des climats opposés,
par exemple, ont souvent des formes assez différentes pour
LU =
ET D'HISTOIRE NATURELLPF,. 381
qu'on soit embarrassé de savoir s’ils ne forment pas des espèces
particulières. On a donc été obligé d’avoir recours à un autre
caractère qu'on a cru plus sûr; c’est leur mode de reproduc-
tion. Deux animaux, deux végétaux qui peuvent se reproduire
par leur union, sont regardés en général comme de la même
espèce. S'ils ne peuvent pas se reproduire, on les dit d'espèces
différentes. Néanmoins cette règle elle-même présente des
exceptions, comme on le voit dans les espèces hybrides.
La forme chez lesiminéraux a paru également être un assez
bon caractère pour les reconnoître, Zinnœus , dont la vue
étoit si perçante, a été un des premiers naturalistes qui, ait
donné à ce caractère (déjà connu par les anciens) toute
l'importance qu’il mérite. Mais ce furent les travaux immor-
tels de Romé de-Lisle qui mirent cette vérité dans tout son
jour. Il décrivit les formes de la plupart des minéraux qu'on
connoissoit, en fit.voir les formes primitives , et démontra que
toutes les formes secondaires dérivoient de ces premières.
Il constata également que les angles de chaque espèce de
cristaux étoient toujours les mêmes.
Gahn et Bergmann démontrèrent ensuite que chaque espèce
de minéral cristallisé étoit composée de molécules primitives
(apperçues par Bourguet) qui, par différentes lois de décrois-
sement, donnoient toutes les formes secondaires.
Néanmoins les formes, chez les minéraux comme chez les
végétaux et les animaux, sont souvent insuflisantes, puisque
les mêmes formes, telles que l’octaèdre, la cubique, la té-
traédre... se trouvent dans un itrès-grand nombré de miné-
raux différens.
D'ailleurs on trouve très-peu de minéraux cristallisés ; la
très-pgrande majorité ne l’est ;pas: On a donc. été obligé: de
chercher d’autres caractères , et d’imitér le négociant qui re-
connoit les gommes , les résines, les baumes, ... quoiqu'ils
ne soient pas cristallisés. Mais ces caractères sont eux-mêmes
incertains.
Le minéralogiste ne peut également, comme le botaniste et
le zoologue, avoir recours à la reproduction des minéraux pour
en constater les espèces.
Il ne lui restoit que l'analyse chimique qui lui présentât un
caractère sûr. Aussi est-ce cette voie que les grands miné-
ralogistes, les Wallerius, les Cronstedt , les Bergmann, les
Karsten... ont employée pour la détermination et la classi-
382 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
fication des espèces minérales. Leurs travaux ont élevé la
minéralogie au même degré que la botanique et la zoolopie.
C'est également d’après les mêmes principes que j'ai proposé
une nouvelle classification des substances minérales, dans ce
Journal 1806, cahiers d'Avril et de Mai.
L’auteur de l'ouvrage que nous analysons, est trop instruit
pour n'avoir pas adopté les mêmes principes. « L'espèce
» minérale, dit-il, dans son Introduction, n° 76 , est la réunion
» de tous les individus dont la composition est la même. »
Cependant cette méthode elle-méme présente aussi des
exceptions. J'ai fait voir que des minéraux pouvoient être
composés des mêmes principes chimiques , et différer néan-
moins par tous leurs caractères exterues ;, la dureté, la pesan-
teur, l'éclat, la cassure, la molécule, la forme:... tels sont
le spath calcaire et l’arragonite, le ruthil et l’oisanite... dont
on ne peut s’empécher de faire des espèces distinctes.
L'espèce en minéralogie ne peut donc étre déterminée que
parla réunion de tous les caractères extérieurs, et de l’ana-
lyse chimique.
Ce sont les mêmes principes qu'on emploie pour déterminer
les espèces dans les produits des substances végétales et ani-
males , tels que les huiles, les baumes, les résines, les gommes,…
le castoréum , le musc. On réunit leurs caractères exté-
rieurs avec l'analyse chimique. On ne peut avoir recours à la
cristallisation, puisque ces espèces n’ont point de formes ré-
gulières,
Pour faire connoitre tout le mérite du travail du savant
auteur , nous allons présenter le tableau de la classification
qu'il a adoptée.’Il à formé des classes, des ordres, des genres,
des espèces, des sous-espèces et des variétés. Nous ne parle-
Fons pas des sous-espèces et des variétés, .
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 383
TABLEAU MÉTHODIQUE.
CLASSE PREMIÈRE.
LES OXIGÉNÉS non métalliques.
L'oxigène combiné avec des bases non métalliques.
ORDRE 1. Les oxigénés non acides! ORDRE Ji. Les oxigénés acides.
L'oxigène formant avec ces bases L'oxigène formant avec ces bases
des corps non atides. des corps acides.
Genres. Ù Espèces. Genres. Espèces.
_—_— in
Sulfurique.
Muriatique.
Air. ! Carbonique.
Eau. Boracique.
PÉRASSENFTT
LES SELS non métalliques.
Une base non métallique combinée avec wi acidérimuls onilie
L } fi É
189 79 118€
ORDRE 1. Les! sels ab '
Marnisie sulfatée.
5 ne phoratée.
Une base alcaline combinée avec
un acide. ( nitratée.
PLIE Lors
Ammoniaque. } | RARES
Potasse. z h atholite.
Soude. | mgsen ,oiliè c aux. dore : carbonatée:
hosphatée.
ORDRE 11, Les self terreux. RSR
Une base terreuse combinée avec MERS à
un acide. Baryte.:,...:, à sulfatée…
10) carboïatée,!
soouA SL sulfatée..soilie Strontiane . sulfatée: 112
Alunigé iii U fluatéé19 mr carbonatée, +184
584
CLASSE III.
LES PIERRES,
Les terres combinées entre elles,
soires alcalins, acides ou métalliques.
ORDRE 1. Les pierres dures.
Sèches et äpres au: toucher une
dureté assez considérable pour rayer
le verre à vitre blanc.
Genres. Espèces.
Ittria, silice et 0
glucine...,.... } gadolinite.
Zircon et silice. Zircon.
Quartz.
Grès:
Silex.
Jaspe:
Tripoli.
Ponce.
Obsidienne,
Retinite.
Jade.
Pétrosilex.
Feldspath.
Andalousite.
Amphipène.
Lazulite.
Diopside.
Natrolite.
Mésotype.
k Œdee,
= Stilbite.
Prehnite.
Paranthine.
Analcime.
Chabasie.
Meïonite.
Mélilite.
Dipyre.
Silice, chaux,
alcali et eau :… } ApophyBité.
Silice,alurhine,
baryte etreau ..
Silice presque
Pure. nec
Silice et alu- {
Silice, alumine
et alcali.......
Silice,alumine,
alcali et eau...
Silice,alumine,
chaux et eau...
} Harmotome.
Hce: Me.
Genres.
a
Silice, alumine
ét chaux.......
Silice,chauxet
FES ee ie
Silice, alumine
et glucine......
Alumine, silice
etacidefluorique.
l
Alumine et si-
Alumine pres-
que pure.......
Alumine et un
peu de mapnésie.
Magnésie et si-
LGP RE meer ce
Silice, magné-
sie, chaux et alu-
minette. 4e
Silice, magné-
sie et chaux.
|
l
{
Alumine et eau. {
}
{
JOURNAL. DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
et quelquefois avec des principes acces-
Espèces.
Néphéline.
T'riphane.
Axinite.
Wernerite.
Idocrase,
Aplome.
Grenat.
Allochroïte.
Staurotide.
Tôurmaline,
Epidote.
Yénite.
Euclase.
Béril.
Pycnite.
T'opaze.
Disthène.
Fibrolite.
Cymophane.
Corindon.
Emeril.
Diaspore.
Wavellite.
Spinelle.
Péridot.
Diallage.
Antophyllite.
Hyperstène.
Maacolithe,
Pyroxène,
A nphibéle.
Basalte.
Grammatite.
Asbeste...
Amianthoide.
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
ORDRE II. Les pierres onctueuses,
Ne rayant point le verre le plus
tendre, douces, et même onctueuses
au toucher.
Genres. Espèces.
Serpentine.
Magnésie.
Silice, magné- Stéatite.
sie et alumine Macle,
Chlorite.
Talc.
* Nacrite.
Silice et alu- Lépidolithe.
minette Me Pinite.
Mica.
385
OnDRE ui. Les pierres argiloïdes.
Aspect argileux, odeur argileuse,
souyent douce au toucher.
Espèces.
Genres.
——_—
Argile.
Marne.
Ocre.
Arvilolite.
Vake.
Cornéenne.
Schiste.
Ampelite.
GR AÎSIS ES ST
Les Combustibles.
Minéraux qui peuvent se combiner immédiatement avec l'oxigène.
ORDRE I. Les combustibles com-
posés,
Donnant de la fumée huileuse en
brülant.
Houille.
Bitume.
Lignite.
Tourbe.
Succin.
Mellite.
Carbone hui-
Jeux! Mes ce
ORDRE 11. Les combustibles simples ,
Ne donnant point de fumée hui-
leuse dans leur combustion.
Carbone pres- { Graphite,
que pur........ Anthracite.
_: Diamant.
Hydsopenéss { Hydrogène.
Soufre.
CES S EU.
Les Métaux.
Minéraux ayant pour base une substance métallique.
ORDRE 1. Les métaux fragiles,
N'étant susceptibles de s’alonger
ni sous le marteau ni sous le laminoir.
L2
Arsenic ..... {
Chrôme.
Tome LXIV. MAI an
natif.
oxidé.
sulfuré.
1807.
Molybdène.. . sulfuré.
; RE calcaire,
Schéelin. ..,. ferruginé.
Columbium.
ide
s 2 Ménakanite,
Titane ...... Nigrine.
Anatase.
Cce
386 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Genres.
—
Urane......, {
Cerium......
T'antale .
Manganèse: ..
=
a
:
Tellure......
Antimoine ,.,
Bismuth.. .
Espèces.
ass
oxidulé.
oxidé.
Cerite.
Tantalite.
Yttrifère.
métalloide.
terne.
litoide.
sulfuré.
phosphaté.
arsenical.
gris.
oxidé.
arseniaté.
merdoie,
sulfaté.
natif.
natif.
sulfuré.
oxidé.
hydro-sulfuré.
natif.
sulfuré.
oxidé.
ORDRE II. 5. métaux ductiles,
Susceptibles de s'étendre sous le
faminoir et sous le marteau.
Zinc. ee
Fer ., “italie
Calamine.
carbonaté.
sulfuré.
sulfaté.
natif.
arsenical.
sulfuré.
oxidulé.
oxidé.
terreux..
spathique.
phosphaté.
sulfaté.
chrômaté.
arseniaté,
St
Etain. esse
Plomb...
Nikelr 262"
|
|
Mercure. ....
Argent...
Or: 2e
Platine
Espèces:
oxidé.
pyriteux.
natif.
sulfuré.
oxide.
carbonaté.
noir.
sulfate.
phosphaté.
arsenié.
muriaté,
chrômaté.
chrômé. |
molybdaté.
arsenical.
oxidé.
natif.
sulfuré.
pyriteux.
ris.
S idulé ,
azuré.
malachite.
Dioptase.
bitumineux.
sulfate.
phosphaté.
muriaté.
arseniaté,
natif.
argental.
sulfuré.
muriaté.
natif.
antimonial.
arsenical.
sulfuré.
rouge.
blañc.
noix.
muriaté;
natifs
natif,
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 387
Ce Tableau annonce que l’auteur a décrit à-peu-prés toutes
les substances minérales connues, excepté les roches ou pierres
agrégées. Il dit qu’il en parlera dans un ouvrage particulier,
sous le titre de Géognosie. Il est à desirer qu'il en enrichisse
bientôt la science.
Ses descriptions sont claires et bien faites. Il n’est pas entré
dans de grands détails sur la cristallographie , parce qu'il a
bien senti qu'ils seroient entendus diflicilement par des élèves
qui sont censés ne pas avoir sous les yeux la collection des
cristaux nécessaires à ce genre d'étude; mais il indique les
lieux où se trouvent les minéraux, leurs usages dans les arts; ...
enfin tout ce qui peut intéresser dans un minéral.
On voit qu'il s’est beaucoup rapproché de ma classification
indiquée précédemment : connoïissant son amour pour la
vérité, je vais présenter à sa sagacité des motifs qui auroient
pu l'en faire encore rapprocher davantage. Il place parmi les
substances minérales,
1°. Les airs.
Je crois étrele premier qui ait fait voir qu'ils faisoient partie
du règne inorganique ou minéral.
2°. Les eaux. |
3°. Les combustibles simples, tels que le carbone , le dia-
mant, le soufre. E
4°. Les substances métalliques.
5°. Les acides.
6°. Les alkalis n’entrent point dans son tableau , parce qu'ils
sont ordinairement dans un état de combinaison, mais ils n’en
sont pas moins des substances particulières.
7°. Les terres sont placées parmi les pierres.
Mais je m’en rapporte à sa véracité, Peut-on mettre parmi
les pierres, des couches immenses d'argile, telles que celles qu'on
trouve auprès de Paris, où elles forment des couches de plu-
sieurs lieues de longueur, et qui ont jusqu’à quinze et dix-
huit pieds d'épaisseur ? Nous en avons deux couches prin-
cipales : :
La première , qui est au-dessus des couches de plâtre, et
qui contient des rognons de sulfate de strontiane , rangés
par bancs irréguliers, comme les silex le sont dans les craies.
La seconde couche argileuse est au-dessous des pierres cal-
caires et au-dessus des craies.
Aussi le plus grand nombre des minéralogistes fait une
classe particulière des terres.
Ccca
388 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
8°. Les sels neutres. )
L'auteur en fait deux divisions : ‘
Les sels neutres alkalins,
Les sels neutres terreux.
J'admets également ces deux divisions. “
Mais l’auteur fait une classe particulière (sa troisiéme) des
substances qu'il appelle pierres, telles que le quartz, le silex,
la tourmaline , les argiles, les marnes, la lopaze...
« Les pierres, dit-il, sont des terres combinées entre elles,
» et quelquefois avec des principes accessoires alkalins, acides
» où métalliques. »
Mais la dolomie, par exemple, la miemite... qu’il place
parmi les sels terreux, ne sont-elles pas des terres combinées
entre elles et avec un acide, comme la topaze qu'il place
parmi les pierres ?
Je conviens que la classification des pierres présente d’assez
grandes difficultés; mais les caractères extérieurs de celles que
l’auteur appelle se/s serreux, et ceux de celles qu'il appelle
proprement pierres, étant les mêmes, je n'ai pas cru devoir
en faire deux divisions. Ainsi le marbre a de la dureté, de
l'éclat... comme le quartz.
Il est vrai que l'analyse n'a encore pu retirer d'acide d’un
grand nombre de pierres; mais chaque jour la chimie fait de
nouvelles découvertes à cet égard. Klaproth vient d'en décou-
vrir dans la topaze; Vauquelin, dans le rubis... On ne doute
guères que le quartz n’en contienne... Ce sont ces motifs
qui m'ont engagé à placer toutes les pierres dans une seule
classe, celle des sels neutres, quoique je conyienne que cette
division a quelques imperfections qui ne peuvent disparoître
que par les travaux de la chimie.
9°. Les substances volcaniques, telles que les basaltes, les
ponces , les obsidiennes, sont placées par l’auteur avec les
autres pierres; mais n'ont-elles pas des caractères si particu-
liers, qu'ils ont engagé la plus grande partie des minéralogistes
à en faire une classe séparée ?
Au sujet des obsidiennes , l’auteur admet les divisions que
jen ai proposées.
« M. Delamétherie, dit-il, a observé dans les obsidiennes
» des caractères qui pourroient servir à établir parmi ces
» pierres des sous-divisions plus naturelles et plus importantes.
» 1°. Les obsidiennes d’origine schisto-ferrugineuse.
» 2°. Les obsidiennes d’origine pétro-siliceuse.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 38ÿ
» 3°, Les obsidiennes céphriniques qui tirent leur origine
» d’une roche que M. Delamétherie appelle tépArine...
» Cette division des obsidiennes s'applique également aux
2 ponces. »
L’auteur auroit dû ajouter qu’elle s'applique également aux
laves , soit compactes , soit poreuses...
10°. Les fossiles.
L'auteur ne parle pas des fossiles. Il place dans sa quatrième
classe les combustibles simples, le carbone, le diamant,
le soufre, avec ce qu'il appelle comsusrisres composés, la
tourbe, le jayet qu'il appelle /égnite , le succin. .. Or toutes ces
dernières substances sont certainement des végétaux qui ont été
enfouis... On ne peut donc s’empécher d’en faire une classe
particulière , ainsi que je l'ai fait, et à laquelle j'ai donné le
nom de fossiles.
Voici encore quelques observations que je vais soumettre à
son amour pour la vérité.
Un écrivain doit rendre justice à chaque auteur. Ce devoir
est encore plus rigoureux dans les ouvrages destinés à l'ins-
truction de la jeunesse. Or il me paroît que l’auteur a fait
quelques oublis à cet égard. Prenons pour exemple la trémo-
lite. L'auteur met en titre Grammatite de Haïüy, et en note
tremolith. Tremolite Brochant. N'auroit-il pas dù dire tremo-
Lite de Pini, qui l’a trouvée le premier au val Trémolia près le
St Gothard, et lui a donné en conséquence le nom de /rémolite ?
L'auteur en parlant de la mélilite, dit dans le texte :
Melilite de Fleuriau de Bellevue ; et en note, mélilite de
Delamétherie.
C’est moi qui lui ai donné le nom de mélilite, de sa cou-
leur de miel, et qui l'ai décrite le premier, sur des morceaux
que, m'avoit donnés Dolomieu, et ensuite sur d’autres que
m’ayoit donnés Bellevue.
Ces légers oublis, et quelques autres qui sont ou des fautes
d'impression , ou des inadvertances qui échappent si souvent
dans un long travail, ne diminuent point le mérite de l’ou-
vrage. Les élèves des Lycées y trouveront une instruction
solide et agréable, et les maîtres un guide sûr.
L’auteur a terminé son ouvrage par un exposé succinct du
travail de l’exploitation des mines, sur lequel D’Aubuisson ,
qui a vu travailler celles de Freyberg et plusieurs autres en
Allemagne, lui a donné des notes intéressantes.
390 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIr
mm RE
TROISIÈME SUITE D'EXPÉRIENCES
Sur une substance artificielle renfermant les principales
Propriétés caractéristiques du Tan, avec quelques
remarques, sur le charbon;
Par Charles HATCHETT, Ecuyer.
Lue à la Société royale, le 16 janvier 1806.
PREMIÈRE SECTION.
Daxs mes premiers Mémoires sur ce sujet, j'ai dit quelqua
chose des eflets produits par l'acide sulfurique sur la téré-
benthine , la résine etle camphre. Je vais'exposer maintenant
les résultats d'autres expériences faites avec le même acide,
sur un grand nombre de résines, de baumes, de gommes-
résines et de gommes dont la plupart m'ont donné la sub-
stance artificielle du tan, que j'ai nommée, dans mes Mémoires
précédens, érorsième variété, pour la distinguer des autres.
Ce procédé étoit une simple digestion dans l'acide sulfu-
rique, après, laquelle le résidu s’édulcoroit, et je le faisois alors
digérer dans lalcohol. Ce résidu séparé par la distillation, la
substance sèche qui restoit étoit infusée dans l’eau froide dis-
tillée, et la portion dissoute, examinée par la solution de colle
de poisson, de muriate d'étain, d'acétite de plomb et de
sulfate de fer.
Cette opération m’offrit beaucoup d'acide sulfurique, d'acide
carbonique ; plusieurs acides végétaux , particulièrement de
l'acide benzoïque lorsque j'employois les baumes, et de l'eau.
Je ne parlerai dans ce Mémoire que de la substance du tan
et du charbon.
L'acide sulfurique dissolvoit presque aussitôt les résines et
formoit des solutions d'un brun transparent qui progressive-
ment devenoient noires.
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 3g1
La plupart des autres substances éprouvèrent le même effet;
mais les solutions de baumes et de gaïac étoient d’abord d’un
cramoisi foncé tirant un peu sur le brun.
La caoutchouc et la gomme élastique ne furent pas dissous ;
mais après avoir été digérés pendant plus de deux mois, leur
superficie seule fut carbonisée.
Les gommes et les sucres demandèrent plusieurs évapora-
tions et filtrations avant de pouvoir réduire en charbons leurs
résidus.
Tels furent les principaux effets que j'ai observés pendant
le cours de ces expériences. Je les ai exposés de manière à
éviter des répétitions également fastidieuses et inutiles.
Ile SECTION.
La térébenthine, la résine commune, l'élemi, le tacamahaca,
le mastic , le copaiba, la résine des Indes, le camphre, le
benzoin, le baume de Tolu, le baume du Pérou, l'assa-fœtida
et l’ambre, donnèrent du tan en abondance.
L'huile de térébenthine en produisit aussi beaucoup ; l'as-
phalte en petite quantité ; la gomme arabique et le tragacantha,
quelques parcelles ; mais le gaiac, le sang-de-dragon, la mErRes
la gomme ammoniaque, l’oliban, le gamboge , le caoutchouc,
la gomme élastique et la réglisse, n’en offrirent aucun vestige.
Je suis cependant convaincu que plusieurs de ces substances
eussent donné du tan, sila digestion n'avoit pas été trop pro-
longée. :
L'huile d'olive se changea en partie dans la substance ci-
dessus mentionnée , ainsi que l'huile de lin, la cire et la
graisse. Ces trois dernières me paroissent mériter quelque
attention.
Huile de lin.
Cette huile, avec l’acide sulfurique , formoit aussitôt une li-
queur épaisse d’un brun noir. Après l'avoir laissée long-temps
digérer dans un bain de sable, j'en faisois dissoudre en partie
dans l’eau froide et passer au filtre. Cette solution précipitoit
la gélatine. Le résidu étoit une substance d'un noir foncé qui
se durcissoit à l'air : une grande partie se dissolvoit dans l’al-
coho! et formoit une liqueur brune qui, en y ajoutant de
l'eau, devenoit trouble. L'évaporation faite, il restoit une
substance brune qui se dissolvoit en partie à l’aide de l'eau
froide, solution que la gélatine rendoit trouble.
L
302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
La portion non dissoute que laissoit l'alcohol étoit d’un brun
noir, molle et visqueuse, et paroissoit avoir plusieurs des pro-
priétés de la graisse sur laquelle on a versé de l'huile.
Cire blanche.
La cire employée dans cette expérience, étoit la cire blanche
qui se vend dans les boutiques sous la forme de petits pains
ronds. Elle donnoit avec l'acide sulfurique un amalgame d’un
noir foncé, sur lequel l'eau froide distillée n’agissoit qu'après
avoir passé par le filtre avec lui. Digéré avec l’alcohol dans
un bain de sable , il se formoit une solution brune qui, en
se refroidissant, devenoit trouble et paroissoit comme remplie
d'une substance blanche, floculeuse. Je répétai la même opé-
ration avec diflérentes portions d'alcohol, jusqu’à ce que celui-ci
eût cessé d’agir; je mélai ensuite dans l’alcohol toutes les so-
lutions ; j'ajoutai une grande quantité d’eau distillée, et séparai
l’alcohol par la distillation.
Sur la surface de la liqueur restante, lorsqu'elle fut refroidie,
il se forma une croûte blanche qui, étant séparée, se trouva
avoir les propriétés du sperma ceti, et peser 18 grains. La
liqueur filtrée que je laissai évaporer alors en petite quantité,
devint d'un brun pâle et trouble à l'aide d’une solution de
colle de poisson. >
Graïsse d'animaux.
Je fis cette expérience sur la graisse d’un rognon de veau;
mais je n'ose point assurer que les résultats eussent été les
mêmes avec toute espèce de graisse. 100 grains de cette sub-
stance avec une once d'acide sulfurique concentré, formèrent,
au bout de quelque temps, une masse molle et noire; j’ajoutai
ensuite une seconde once d'acide sulfurique et laissai digérer
et chauffer le tout occasionnellement pendant environ trois
mois. Six onces d’eau distillée, versées sur cette masse noire,
donnèrent une masse noire d’une épaisseur uniforme que je
filtrai à froid, après six ou sept jours de digestion. La liqueur
qui passa étoit d'une couleur brune, qui devint noire pendant
l'évaporation , laissant une portion considérable d’une sub-
stance noirâtre sur le filtre, que j'ajoutai à celle ramassée
par la première filtration ; j'arrosai le tout d’eau froide qui
assa sans prendre de couleur; je versai alors de l'eau bouil-
Due sur le filtre : une portion considérable de cette substance
fut promptement dissoute, et il se forma une solution d'un
brun noir qui précipita une grande quantité de gélatine.
: ET D'HISTOIRE NATURELLE. 393
… Lorsque ce qui restoit sur le filtre fut séché, je le ramassai,
le fis digérer dans l'alcohol qui parvint à en dissoudre la plus
grande partie. |
La solution dans l’alcohol fut filtrée; mais, apparemment par
l'effet de l'air, il se forma sur le filtre un dépôt considérab'e
que l'alcohol parvint à dissoudre de nouveau, L'eau rendit
la solution trouble, et il resta sur le filtre une substance noire
un, peu brillante qui pesoit 41 grains. La liqueur filtrée et
évaporée, laissa une substance d'un gris nôir qui pesoit 56
grains. Ceite dernière substance étoit très-inflatnmablé ‘ét
donnoit en brûlant une odeur, particulière approchant de celle
de la graisse et de l’asphalte; elle se refroidissoit aisément et
se dissolvoit.. à l'instant dans,, l'alcohol froid ; d’où: l’eau la
précipitoit comme :les substances résineuses. |
Le résidu noir, légérement. brillant, qui pesoit 41 grains,
étoit composé en partie de la substance ci-dessus mentionnée,
et en partie de charbon; mais je me puis pas assurer la pro-
portion de.ce, dernier. ;
. J'exposaï aussi séparément, à l’action de l'acide sulfurique
ci-dessus décrite, de l'a/humen .coagulé,et desrfbres muscu-
daires préparées; il n'en résulta aucune substance capable de
précipiter la gélatine ; je n’obtins que du charbon.
Chacune des, substances employées dans ces expériences ;
paroïît être différente, eu égard aux ellets progressifs que
l'acide sulfurique produit sur elle ; mais toutes les autres
circonstances étant semblables, il existe dans le procédé un
certain période ,-où la production de la substance du tanest
arrivée à son maximum , auquel succède une diminution
graduelle, terminée par,une destruction totale. Ces effets sont
produits à différens périodes suivant la substance qui peut être
le sujet de l'expérience. Aussiest-il impossible, quant à présent,
de préciser la quantité de substance de tan que l’on peut, dans
des circonstances égales, obtenir de chacune des résines, des
baumes, elc. :
.. La substance du tan paroît étre tonjonrs la même, soit
qu'on l'obtiennede la térébenthine ou de la résine commune , des
baumes ou de l'assa-fætida, du camphre, ou enfin de quelqu'un
des corps que j'ai indiqués plus haut. Ses effets sur les diflé-
rens réactifs sont les mêmes. Par l'addition d’une petite por-
tion d'acide nitrique, et l'évaporation subséquente, elle se change
dans ce que j'ai appelé la première variété ; digérée avec l'acide
sulfurique, elle est promptement détruite et devient du charbon
Tome LXIV. MAI an 1807. Ddd
L4
294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
pur. C'est pourquoi, dans le dernier cas, le méme agent qui l’a
d'abord produite, devient à la fin la cause de sa destruction.
Aussi voyons-nous que la substance du tan, quoique pouvant
être obtenue dés résines et d'autres corps par l'acide sulfu-
rique, et l'acide nitrique , varie dans le premier cas et se forme
vers le milieu ou environ de l'opération , tandis que dans le
dernier cas, c'est un effet invariable au-delà duquel aucun
changement apparent ne peut avoir lieu, quand bien même
on continueroit le procédé (1).
IIIe SECTION.
J'ai déjà dit que le caoutchouc et la gomme élastique
n'éprouvoient d’altération qu’à leur superficie, lorsqu'ils avoient
été digérés long-temps dans l'acide sulfurique. En effet, dilfé-
rant des résines et de la plupart des autres corps qui furent
soumis aux expériences précédentes , et qui tomboient en
dissolution du moment où l'on versoit cet acide sur eux, ces
substances au contraire restoient insolubles et se carbonnisoient
seulement à leur surface. J’ajoute que l'acide nitrique ne pro-
duit pas un changement aussi subit sur la gomme élastique
que sur les autres substances bitumineuses.
100 grains de gomme élastique molle, digérés pendant trois
semaines dans une once d'acide nitrique délayé dans une
quantité égale d'eau , donnèrent une masse dure, un peu
élastique ; de couleur orange; je versai une autre once du
même acide non délayé sur cette masse , et laissai la diges-
tion se continuer jusqu'à ce que le tout se fût évaporé. Le
résidu en étoit visqueux et de la couleur ci-dessus. L'eau
parvint à le dissoudre en partie et forma une liqueur d'un
jaune foncé qui précipitoit la gélatine en abondance. Cette
liqueur avoit les autres propriétés de la substance du tan,
que donnent les résines, etc. , au moyen de l'acide nitrique.
Une masse de couleur orange resta encore ; elle fut prompte-
ment dissoute par l’alcohol, d'où une copieuse addition d'eau
la précipita.
Cette substance, dans plusieurs de ses propriétés, ressemble
aux résines ; mais dans d’autres elle paroit approcher de celles
qui caractérise la matière extractive des végétaux. On la crei-
rss,
(1) Dans mes premiers Mémoires sur ce sujet, j’ai observé que la sub-
stance du tan , produite par l’acide sulfurique, avoit beaucoup moins de
force que celle obtenue au moyen de l’acide nitrique.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95
roit la même que celle dont j'ai dit un mot dans mon pre-
mier Mémoire, ét que j'avois obtenue de plusieurs charbons
de terre et bitumes traités avec l'acide nitrique. J'y ai depuis
fait plus d'attention pendant le cours des expériences suivantes :
Je Jaissai digérer avec, de l'acide nitrique du charbon de
Kilkenny, qui progtessivement , quoique avec peine, se changea
dans cette variété de substance de tan dont j'ai parlé si souvent.
Les mêmes expériences furent répétées sur la méme espèce de
charbon du pays de Galles, que m'avoit donné mon ami,
M. Tennant, ainsi que sur du charbon de Pensilvanie , dont
l'envoi m'avoit été fait par le professeur Woodhouse. Tous
ces charbons furent convertis en substance de tan, maïs ne
donnèrert aucun produit semblable à celui obtenu de la gomme
élastique.
Le contraire cependant arriva lorsque j’employai le charbon
commun ou le charbon Cannel, où l’asphalte. En effet, après
avoir traité ces substances suivant le procédé ci-dessus, et à
une époque où la digestion n'avoit pas été trop long-temps
prolongée , j'obtins de 100 grains de chacune d'elles, sépara-
üon faite du lan, le résidu suivant :
De 100 grains de charbon commun de Neucastle, 0 grains:
De 100 grains de charbon cannel............... 56
De 100 grains d'asphalte pur.................. 8
Les substances ainsi obtenues se ressembloient pour leur
caractère extérieur, qui étoit un brun pâle approchant de la
couleur du tabac d'Espagne. Leur fracture interne offroit un
brun foncé, avec le lustre de la résine, dans un degré con-
sidérable. Exposées à la chaleur, elles ne fondoient pas aisé-
ment; mais à peine enflammées, elles donnoient une odeur
de résine et d'huile grasse tout ensemble, et produisoient un
charbon extrémement brillaut, beaucoup plus volumineux que
la substance primitive.
L'alcohol la dissolvoit complétement, et en ajoutant à une
solution saturée de l’eau en abondance, on obtenoit un pré-
cipité; mais après chaque précipitation il restoit toujours une
portion que l'eau avoit di-soute, qui agissoit sur les diflérens
réactifs d'une manière semblable aux solutions de la matière
extractive des végétaux. L’odeuren étoit piquante et jusqu'à un
certain point aromatique; ensorte que les résidus obtenus soit
du charbon de terre, soit.du charbon cannel eu de l'asphalte,
sembloient posséder les propriétés intermédiaires entre celles
de la résine et celles de la substance extractive végétale. Ils
sembloient néanmoins s'éloigner un peu de la substance du
oO
398 TOURN EAU ME PUVMSIQUE; DÉICHIMIE
tan : en effet ,digérés danslune petité quantité d'acide nilrique,
el évaporés,. ils.sé changeoient aussitôt en tÂn.; mais digérés
avec [l'acide sulfurique , ils se réduisoient promptément en
charbon;
RIRE bye SEC PONS 172510 2e
201601 > ITU Ù 2 2H s
Dans Ja Ve Section de mon second Mémoire , j'ai fait quel-
ques ‘remarques sur les décoctions obtenues des substances
végétales qu'on avoit fait griller aupardvant ; et quoique cés
décoctions ; une seule: fois rexceptée ; n'aient donné aûcun
précipité permanent avec la:gélatiie, cependant je dis alors
que. Je ne neroyois) pas! qu'ont dût en conclure que de sem-
blables décüctions , faites avec dércértains procédés, ne pus-
sent pas posséder occasionnellement les propriétés qui caric-
térisoient les substancesitannantes. J'ai observé en outre, dans
le même Mémoire , que toutes ces décoctions, en y ajoutant
une petite portion d’acidé nitrique, et au moyen de lPévapo-
ration subsquente ; se convertissoient dans cétté variété de
substance: dé tamique produit l'action: de l’atide nitrique sur
les substances carbonneuses. Je: vais exposer iéi quelques-unes
de,cas éxpéniences qu& j'ai étendues depuis °°°
Le Exp. Je fis digérer . pendant environ‘ 1% heurés , dans
trois oncès d'eau distillée 200 grains d’écorce fraîche de chä-
taighier sauvage.! La liqueur étroit d’un brun pâlef, et donna,
lorsque j'y eus ajouté une solution de collé de poisson, un
précipité d’un brun: un peu 1pâle. 21 c
HF. ' 200, grains: de ‘Ja même écorce lépérémént grillée ,'et
que, je laissar digérer ensuite dams trois énces d'eau, donnèrent
une décoction d’un: brun foncé que là gélatine ne rendoit pas
trouble. ip) À À
IIIe. L'expérience ci-dessus achevéé , j'ajoütai les mêmes
écorces au reste de la liqueur filtrée ; je véréaiian quart d'once
d'acide: nitrique:sur les tout, qui fut lors digéré ét évaporé à
siceité. Geite masse ,. quetj'infusai ensuîte ‘dans l'eau ; donna
une liqueur épaisse d'um:brag rougeätre, que la sélution dé
colle de poisson précipitéitiemlabondarnceés © 7 MD TN
IVe. Je pilai 200 grains de chätaigier sauvage dont j'avois
employé l'écorce pour tes premières expériences, et les fs
digérer dans trois oncas d'eau. Baliqueur étit trouble ét d'un
rouge) pâles ja; la passai: ad: filter peaçoutat un peu de so
lution de. coile dé’poisson kmsaïs1o4ns2Aué@ineffet. 11° |
V£:200 grains des: ménrés lthäthigmiérs Régéremetit. grillés
f Nr V7 ol) ecemiontéèm 119101069192
N,Hocne
{
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 897
et traifcs avec l'eau e-déssus décrite, donnèrent une décoc-=
tion d'un brun foncé que la colle de poisson ne troubla pas,
VIe. Les chätaigniers employés dans l'expérience précédente,
ainsi que le restant de la liqueur, furent digérés ayec un
quart d'once d'acide nitrique , jusqu’à ce que le tout fût devenu
sec; je versai ensnite de l’eau dessus, la digestion se fit et
la liqueur d'un brun foncé qui se forma, donna , en y lajontant
une solution de colle de poisson, un précipité considérable,
Il paroit, d'après ces expériences, que la petite portion de
tan que les écorces de châtaigniers renfermoient originaire:
ment, fut détruite en les faisant griller ; que la décoction
brune subséquente, obtenue d'écorces grillées et de chä-
taigniers sauvages, ne put point agir sur la gélatine , Iiais
que ces substances se changèrent promptementen tan artificiel,
au moyen de l'addition d’une petite portion d'acide nitrique et
de l'évaporation subséquente.
Les premières préparations de.substance artificielle de tan
dont j'ai parlé dans mon premier Mémoire, furent faites
avec les charbons différens ci-dessus décrits, : digérés avec de
l'acide nitrique; et comme j'ai obtenu par le méme acidedes pro-
duitssemblables de diverses décoctions de substances végétales
grillées , il n'y a point de doute que ces substances, lorsqu'elles
ont été grillées, ne présentent parla digestion dans l'eau, des
solutions essentiellement composées de matière carbonnense
approchant de l’état de charbon, quoiqu’elles ne soient point
absolument changées dans cette dernière substance; car autre
ment la solubilité: dans l'eau cesseroit d'avoir lieu:
Mais ce charbon n'est, selon toutes les apparences, autre
chose que le charbon oxidé jusqu’à un certain degré, et qui
peut être formé par un procédé humide, comme par un pro-
cédé sec. la,
J'ai déjà donné des exemples d’opérations dans lesquelles
l'acide sulfarique a produit cet'efet , qui paroît étre le même
à quelque modification près, lorsque la matière végétale tombe
dans un état de. pattéfacüon. : En effet, lorsque cela arrive,
comme dans le fumier, etc, , une grande quantité de la ma-
tière charbonneuse-des substances: végétales primitives qui
Paroïit alors ètre combinée avec l’oxigène , lui communique
plusieurs des proprités du: charbon ; tandis que le composé
pêut étré aisément dissous par l’eau. |
Il ne faut pas cependant er conclure que parce procédé
tous les autres principes élémentaires soient séparés de manière
\
398 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
qu'il ne reste que le charbon combiné avec l'oxigène. Il s’en-
suit seulement que les autres principes sont tellement diminués
que ces substances , c’est-à-dire la matière carbonneuse et
l'oxigène prédominent dans un état approchant du charbon,
quoique susceptible d’être dissous dans l'eau.
J'ai tout lieu de croire que ces solutions sont à-peu-près
semblables à celles données par les substances végétales qu’on
a préalablement fait passer au feu; et quoique je n’en aie ob-
servé qu'un petit nombre , je vais néanmoins rapporter ici
quelques expériences tentées sur des écorces de noyer.
Il est reconnu que ces écorces mises en petits tas pendant
quelques jours, s'amollissent, deviennent une masse noire qui
donne une liqueur d'un brun noir. Voici les expériences que
j'ai faites sur elles.
Ie Exp. Je mis digérer dans l’eau une once environ d'écor-
ces de noyer devenues molles et noires.
Ces écorces donnèrent une liqueur d'un brun foncé, que
j examinai par une solution de colle de poisson , après qu'elle
eut passé au filtre; mais il n'en résulta ancun effet apparent,
IF. Je versai sur une égale quantité d'écorces de noyer
noires et molles, une petite portion d'acide nitrique, et après
qu'elle eut été digérée pendant environ cinq heures, je laissai
le tout s’évaporer à sec. Le résidu étoit d'un brun orange,
et laissoit voir une solution de la couleur de l'eau dans laquelle
il avoit été digéré ; je fis passer au filtre cette solution qui
devint trouble quand j'y eus ajouté une solution de colle de
poisson, et qui déposa un précipité dur que l'eau bouillante
ne pouvoit pas dissoudre.
Jile. Je fis légérement griller une autre portion d'écorces de
noyer que je laissai digérer dans l’eau. La solution brune fut
filirée et donna un précipité clair avec la gélatine.
IVe. Je versai sur le résidu de la dernière expérience , une
petite quantité d'acide nitrique, à laquelle j'ajoutai un peu
d’eau, et laissai digérer le tout pendant environ cinq heures,
jusqu'à ce qu'il fût devenu parfaitement sec.
L'eau donna avec cet acide une liqueur brune qui, au
moyen d’une addition de solution de colle de poissen , offroit
un précipité abondant.
Une remarque que nous pouvons faire sur ces expériences,
c'est que dans la première, la solution contenoit une ma-
tière carbonneuse dans un état approchant du charbon. Eu etfet
cette solution, traitée dans la seconde expérience avec l'acide
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 599
nitrique , donna une portion de la même substance de tan,
que produisent les différentes espèces de charbon avec cet acide,
La troisième expérience paroit démontrer qu'une petite
quantité d’une substance approchant de celle du tan, fut
produite par le simple procédé de la grillade. A l'appui des
trois premières vient la quatrième qui donna en abondance
la matière de tan artificiel lorsque les substances végétales
grillées eurent été traitées avec l'acide nitrique.
Relativement aux substances végétales, a celles surtout qui
renferment le tan, je vais rapporter ici quelques autres expé-
riences. d
J'ai observé dans mon second Mémoire (p. 288), que le
tan des noix de galle étoit immédiatement détruit par l’acide
nilrique. J'ai fait depuis cette époque les expériences suivantes.
Le Exp. 100 grains de noix de galle réduits en poudre
et infusés dans quatre onces d'eau, infusion à laquelle j'ajoutai
de la solution de colle de poisson, donnèrent , comme de
coutume, un abondant précipité d’un brun blanc.
Sur une once de l'infusion ci-dessus, je versai un quart
d’once d’acide nitrique, mais la solution de colle de poisson
ne l’affecta en aucune manière.
Il:. 100 grains des mêmes noix de galle, légérement grillés:
et digérés dans quatre onces d’eau, donnèrent une liqueur
brune que je passai au filtre.
J'ajoutai à une partie de la liqueur ci-dessus, une solution
de coile de poisson qui donna un précipité semblable au pre-
mer, mais en beaucoup moindre quantité.
J'ajuutai ensuite un quart d’once d’acide nitrique à une
once de la même liqueur , après quoi je versai dessus un
peu de dissolution de colle de poisson. Gette infusion devint
alors trouble et donna une petite portion de précipité d’un
noir foncé, semblable à celui que donne communément la
substance artificielle du tan.
lle. Le reste de la liqueur ci-dessus avec le résidu des noix
de galle grillées, fut digéré dans un quart d’once d'acide
nitiique jusqu’à ce que le tout fut devenu sec; je versai
ensuite de l’eau dessus, il en résulta une solution d’un brun
foncé qui, au moyen d'une addition de colle de poisson dissoute,
oilroit un abondant précipité brun
D'après ces expériences sur les noix de galle, il paroit que
le tan naturel qu’elles renferment, est détruit par l'acide nitrique,
que ce tan est aussi diminué, je pourrois méme dire détruit à la
‘400 _ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
fu, par le procédé de la grillade; que lorsque les noix de
galle n'ont pas été assez grillées pour perdre entièrement leur
tan, ce qui en reste semble être détruit au moyen d'une
addition, d'acide nitrique, tandis que dans le même temps
une petite portion de substance artificielle de tan est produite,
et que cette dernière est toujours donnée en abondance par
les noix de galle grillées, lorsqu'elles ont été digérées avec
l'acide nitrique, semblables en cela aux autres végétaux traités
de cette manière.
. Ges observations sont aussi confirmées en partie par les expé-
riences suivantes sur l'écorce de chêne.
I Æxp. 200 grains d'écorce de chéne réduite en petits
morceaux, furent infusés dans environ quatre onces d'eau.
Examinés ensuite par une solution de colle de poisson , ils
me donnèrent un précipité considérable,
Il: 200 grains de la même espèce d'écorce , légérement
grillée et que je fis ensuite digérer dans l’eau, me donnérent
une liqueur d’une couleur beaucoup plus foncée que dans le
premier cas; mais quoique par l'addition de muriate d’étain,
d'acétate de plomb et de sulfate de fer, jen obtinsse des pré
cipités, cependant la solution de colle de poisson ne me
présenta pas le moindre résultat.
III. Je fis digérer ensuite le résidu , ainsi que le restant de
la liqueur ci-dessus , avec une petite portion d’acide nitrique :
le tout complétement évaporé, je donna une solution brune
qui précipitoit abondamment la colle de poisson.
IV°, Une once d’écorce de chéne réduite en petits morceaux,
fut digérée à plusieurs reprises dans diflérentes portions d’eau,
jusqu'à ce que son tan fût entièrement extrait ; je laissai
ensuite sécher le résidu, ou l'écorce épuisée, comme l'appel-
lent les tanneurs, après quoi je le fis légérement griller. Je
le trempai alors dans de l'acide nitrique délayé, que je laissai
s’évaporer à une chaleur d’un peu plus de 500°, jusqu'à ce
que l'écorce fût entièrement desséchée. Ce résidu digéré dans
l’eau, donna bientôt une liqueur d’un brun jaune qui préci-
pitoit abondamment la colle de poisson.
V:. Cette écorce après avoir perdu son tan naturel, donna
ainsi du tan artificiel que je traitai à plusieurs reprises avec
de l’eau, jusqu'à ce que ce dernier eût été totalement extrait :
je fis de nouveau lécérement griller l'écorce ; je la fis une
seconde fois tremper dans l’acide nitrique; je la laissti chauffer
à uue chaleur douce et sécher comme auparavant; l’eau que
je
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407
je versai dessus et dans laquelle elle fut digérée, donna une
solution brune qui précipitoit la colle de poisson en «bondance.
VIe. La totalité de la substance artificielle de tan fut extrcite
par différentes portions d’eau, et le restant de l'écorce ainsi
épuisée, traité de nouveau de la manière ci-dessus décrite,
donna de nouveau une quantité considérable de substance de
lan, ensorte que j'aurois pu évidemment continuer ces pro-
cédés jusqu'à ce que l'écorce toute entière eùt été convertie
en tan.
Ce qui auroit eu lieu, si dans la première expérience l'écorce
épuisée avoit été convertie en charbon de bois, et digérée
dans l'acide nitrique , ainsi que je lai dit dans mon premier
Mémoire;, mais alors les effets en eussent été beaucoup plus
lents, etil auroit fallu employer beaucoup plus d'acide ni-
trique. Je suis donc aujourd'hui intimement convaincu, non-
seulement d’après les résultats des expériences rapportées dans
ce Mémoire , mais encore d’après plusieurs autres, que j'ai
regardé comme inutile de déduire , que de tous les procédés que
j'ai décrits, le plus économique et le plus prompt, c'êst celui
de traiter les substances végétales grillées de fa manière ci-dessus
indiquée, et considérant que tous les rebuts des matières vé-
gétales peuvent être convertis en tan par les moyens les plus
simples et sans beaucoup de frais, j'ai tout lieu d'espérer que
cette découverte sera de quelque utilité pour le public.
Ve SECTION.
J'ai dit dans mon premier Mémoire, que je soupçonnois que
le tan dela tourbe de marais avoit été produit pendant la car
bounnisation imparfaite des substances végétales premières Que
cela soit, ou bien que le tan ait été formé par la chaleur ,
et par d'autres végétaux crus dessus ou auprès de la tourbe, c’est
ce qui est encore un problème pour moi. Au reste, quelle qu’en
puisse être l’origine, je ne suis jamais parvenu à découvrir
la moindre substance de tan dans la tourbe, quoique j'en aie
observé un nombre considérable de variétés, dont quelques-
unes venoient du Berksire, et plusieurs de Lancashire , que
m'avoit obligeamment envoyées à cet effet mon ami M. John
Walker. M. Jamson a fair les mêmes observations , ensorte
qu'il n’y a point de doute que quelle qu'’ait été l'origine de la
matière du tan , elle a été promptement extraite des substances
qui la renfermoient primitivement.
Tome LXIV. MAI an 1807. Eee
402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Cet effet est une conséquence naturelle de la grande facilité
avec laquelle l'eau dissout le tan et s'applique méme aux
substances végétales les plus solides. J'en citerai ici un
exemple :
Dans les Transactions Philosophiques de 1799 , le docteur
Correa de Serra, a rendu compte d’une forêt qui se trouve
dans la mer à Sulton, sur la côte du Lincolushire. On y
rencontre une quantité prodigieuse de végétaux submergés,
parmi lesquels sont entre autres le bouleau, le chéne et le
sapin. À cette époque, lorsque j’étois engagé dans des expé-
riences sur le charbon de Bovey, et sur d’antres substances
pareilles, M. Joseph Banks eut la bonté de m'envoyer un
morceau de chéne qui avoit tous les caractères desvégétaux,
excepté qu'il étoit plus dur et d’une couleur plus foncé que
le chène nouveau. Quelques expériences que je fis alors, me
démontrèrent que ce morceau de chène , après avoir été ré-
duit en cendres, donnoit de la potasse semblable à celle du
bois nouveau, au contraire des substances , telles que le charbon
de Boÿty, qui conserve les caractères extérieurs des végétaux
quoiqu'imparfaitement converti en charbon.
Dans le cours de mes expériences sur le tan, j'ai réduit en
copeaux une once environ de ce chêne submergé, que j'ai
fait digérer dans l’eau. Il se forma une décoction brune qui,
avec du muriate d’étain , donna un précipité d'un brun pâle,
avec de l’acétite de plomb un précipité d’un brun plus foncé,
avec le sulfate de fer un abondant précipité d'un brun noirâtre;
mais la solution de colle de poisson ne produisit aucun effet.
Le tan de ce morceau de chéne a donc été ou séparé par
la solution, ou décomposé , ensorte que la substance qui
restoit seule capable d’être dissoute par l'eau, étoit la matière
extractive. Cette dernière, dans le cas dont il s’agit étoit,
selon toutes les apparences, la matière extractive première
du charbon; mais dans quelques autres substances , telles, par
exemple, que dans les feuilles d’aulne renfermées dans le schiste
d’/eeland, je suis très-porté à croire qu’une substance extrac-
tive de seconde formation, s’il m'est permis de parler ainsi,
est produite pendant le procédé de la carbonnisation. Si donc
une substance aussi compacte et aussi dure que le chéne,
Peut, par une longue submersion , étre privée de son tan,
il s'ensuit naturellement que l’action de l'eau doit produire
un effet beaucoup plus prompt snr des végétaux beaucoup
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 403
plus petits, qui ont une certaine surface et qui, comme la
tourbe, sont des substances poreuses et bibuleuses.
Mais quoique la tourbe, ainsi que je l’ai déjà observé, ne
contienne point de tan, cependant la carbonni-ation imparfaite
qu'elle a éprouvée, la rend , comme les substances ligneuses
grillées , susceptible d'être convertie en substance de tan arti-
ficiel, lorsqu'elle est exposée à l'action de l'acide nitrique. Je
crois inutile d’entrer dans le détail des différentes expériences
que j'ai faites à cet égard, puisqu'elles sont les mêmes que
celles ci-dessus ; je me contenterai donc de dire que sept onces
de tourbe sèche, trempées deux fois et digérées dans de l'acide
nitrique délayé à la quantité de plus de deux onces, et ensuite
séchées , m'ont donné par l’eau une solution de substance
artificielle de tan qui, évaporée à sec, pesoit deux onces. Je suis
convaincu que j'en aurois obtenu beaucoup plus du résidu de
cette substance, si j'avois jugé à propos de recommencer
l'opération. Je suis également assuré qu'une moindre quantité
d’acide auroit été suflisante, si le procédé avoit eu lieu dans
des vaisseaux fermés , et si j'avois employé d'autres précautions
économiques que j'omis alors pour accélérer l'opération.
VI SECTION.
Il est généralement reconnu, même par les chimistes mo-
dernes , que les acides agissent bien peu, pour ne rien dire
de plus, sur les substances résineuses,
Le contraire se trouve cependant prouvé non-seulement
dans les trois Mémoires que j'ai publiés sur ce sujet, mais
encore dans quelques autres que j'ai eu l'honneur en dernier
lieu de présenter à la Société royale.
Dans mes Expériences sur la laque , imprimées dans les
Transactions Philosophiques de 1804, je me suis efforcé en
particulier de faire voir comment l'acide de vinaigre agissoit
puissamment sur la résine, la glu et quelques autres substances;
ensorte qu'on peut le regarder avec raison comme un agent
précieux dans l'analyse chimique des végétaux. Sous ce point
e vue, c’est un dissolvant dont on ne sauroit faire trop de
cas, puisqu'il paroîit dissoudre les résines sans affecter leurs
qualités respectives , et qu'ainsi ces snbstances , par leurs
propres précipitans, penvent en être séparées pures el inal-
térées.
Aussi suis-je porté à regarder l'acide de vinaigre comme le
Eee 2
404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
véritable dissolvant des substances résineuses , puisqu'il les
dissout promptement et sans produire, du moins en appa-
rence, aucun changement subséquent dans leurs propriétés
naturelles.
L'acide sulfurique dissout aussi presque aussitôt les résines,
les baumes,, etc., et donne des solutions d’un brun transpa-
rent et quelquefois cramoisi. Cette dernière couleur est ceile
qui plus communément caractérise les baumes.
Ces solutions cependant sont différentes de celles opérées
par l'acide du vinaigre. En effet elles ne sont pas permanentes,
car du moment où la solution est complète, on voit se ma-
nifester dans la substance dissoute des altérations progressives.
Ainsi la térébenthine qui se change d'abord en résine, devient
ensuite la troisième variété de la substance du tan, et finit
par se convertir en charbon.
Sans citer d’autres exemples, nous pourrons donc poser en
fait que l’acide sulfurique est un dissolvant des substances
résineuses, mais qui continue ensuite à agir sur leurs prin-
cipes, de manière à les décomposer , le charbon en étant le
dernier produit.
L'acide nitrique, comme je l'ai démontré dans le cours de
ces Mémoires, et aussi dans quelques autres circonstances ,
dissout les résines ; mais le progrès de ses effets paroit être
en sens inverse de celui de l'acide sulfurique. Dans le dernier
cas, la solution précède la décomposition. Emploie-t-on au
contraire l'acide nitrique? la décomposition précède, jusqu’à
un certain degré, la dissolution. En effet celui-ci convertit
d'abord les résines en une substance poreuse, fragile, couleur
d'orange pâle, ensuite en un produit qui paroït posséder les
caractères intermédiaires de la matière extractive végétale et
des résines. Celui-ci devient enfin la première variété de la sub-
stance du tan, après quoi il m'a été impossible d’effectuer
aucun changement,
Ainsi, comme le charbon paroit être le dernier effet pro-
duit par l'acide sulfurique sur les substances résineuses, la
première variété de la substance du tan semble être leur dernier
résultat lorsqu'on emploie l'acide nitrique. Nous avons déjà
amplement discuté l’éffet de l'acide nitrique, c'est pourquoi
nous regardons comiuc inutile de répéter ici les observations
que nous avons faites sur quelques-uns de ses produits simul-
tanés, ainsi que-sur les acides végétaux; mais parmi les effets
£T D'HISTOIRE NATURELLE, 405
résultans de l'acide sulfurique , le charbon qu’il donne me
paroit mériter une certaine attention.
VII SECTION.
Après la substance du tan et les autres produits obtenus
des résines , des baumes, etc., et dont j'ai parlé au commien-
cement de ce Mémoire , le charbon qui resta étoit dans les
proportions suivantes (1) :
Charbon.
100 grains de résine blanche des Indes ont donné 67 grains
Dermastichasts 20. m0. 0408.66
De baume du Pérou.................. 64
D'elemiss 2e RMS able enseteaiets etes - 000
Déttacamahacs. lo. .--trs.+102
Deranaiet. nee sels mrioe der que 008
HDÉAMDTE NE NRA ET GG
Dhalerd'oliye At A UM er dis: 300
Decbaumendeslolus- ner NE OZ
Das totidaste ALORS Mt UE be
Detcire rt EME L ER EdEdmUE 6o:
De sang de dragon................…. 48
De benzoin....... ARMOR REP RENE RENE rer
Diohbin rer ch eeLenelpeee rec
De’ myrrhe.. tnt the ARE RS RTE DOTE LA! Ve,
D'aSphaltes HR ann Roue
Dé sambose.- Lee. 2i. este 20:
De gomme élastique.................. 3x
De gomme arabique.................. 29
Dé réslssen ar NN MS T2 0e
Defmannelt us iii Abies Llrnno
Deftrasacanthel.5e finies. 2220228
. De caoutchouc (2),:...4.. 4 es22
Le charbon obtenu des substances résineuses, par l'acide
sulfurique, est en beaucoup plus grande proportion que lorsque
(x) Le: poids du charbon obténu dè chacune des substances ci-dessus ,
a été estimé apres la séparation complète de tout autre produit, et en avoir
enleve l’humidité par une chaleur ardente, dans des vaisseaux fermés.
(2) Le caoutchouc et le bitume élastique ne furent que seperficiellement
carbonnisés par l’acide sulfurique ; ensorte que la proportion du charbon,
telle- qu’elle se trouve ici, est beaacoup moindre‘que celle qu’on en auroit*
pu: réellement obtenir.
406 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
des quantités égales de ces substances sont soumises à une
simple distillation.
En eflet, ainsi que je l'ai établi dans mon premier Mémoire,
100 grains de résine donnèrent, par le procédé humide, 43
grains de charbon qui, après une chaleur rouge , en pesoient
encore 30,
La même quantité de résine n'offrit par la distillation que
+ de grain de charbon.
100 grains de mastic , par la première méthode, donnèrent
66 grains de charbon.
100 grains du même, distillés, ne donnèrent que 4 grains +
de charbon.
Enfin 100 grains d'ambre traités avec l'acide sulfurique ,
donnèrent 56 grains de charbon.
Mais je ne pus obtenir de 100 grains du même, distillés,
que 3 grains £ de charbon.
Je pourrois citer plusieurs autres exemples, mais ceux-ci
me paroissent suflire. Je dois observer ici que, relativement
aux gommes, le cas est absolument différent ; car la diffé-
rence entre les proportions du charbon obtenu de ces sub-
stances , par le procédé humide et le procédé <ec , n’est pas
considérable , quoique toujours très-grande dans le premier
lorsqu'il est conduit avec précaution. Je remarquerai en outre,
que dans l’un et l’autre procédé, les variations dans la quan-
tité du charbon proviennent de la différence de la température,
de la forme et de la grandeur des vaisseaux, et de plusieurs
autres circonstances.
Ce n'est pas seulement dans la proportion qu'il existe une
si grande différence entre le charbon obtenu des substances
résineuses par le procédé humide ou par le feu, cette diffé-
rence se trouve communément aussi dans la qualité. Ceci
s'applique non-seulement aux résines, mais encore aux ma-
tières ligneuses.
Le charbon obtenu par le procédé humide de plusieurs
résines, étoit brillant, dur etiridescent. Très-peu des charbons
obtenus des mêmes substances par le feu, avoient quelques-unes
de ces propriétés. Le premier brüloit lentement comme la
plupart des charbons de mine, tandis que l’autre au contraire
$e consumoit en un inslant, comme le charbon de bois. J'attri-
buai d’abord cette différence à une petite portion de l’acide
qui n'avoit pas pu en être séparé ; c'est pourquoi je me pro-
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407
posai de faire quelques expériences pour me convaincre que
ce n'en étoit pas la cause.
Ayant remarqué cette différence dans les charbons produits
par les résines, je fus curieux de faire quelques expériences
comparatives sur le bois, et je choisis le chène à cet effet.
Pre Exp. Sur 480 grains de sciure de chène, je versai deux onces
d’acide sulfurique, délayées dans six onces d’eau, et plaçai
le matras sur un bain de sable, où il resta depuis le commen-
cement de juin dernier, jusqu'à la fin de septembre. Le bain
de sable pendant tout ce temps avoit été rarement échauffé ,
mais je remuois le vase par occasion.
A la fin de la période ci-dessus, j'ajoutai six onces d'eau
bouillante , versai le tout sur le filtre, le lavai une seconde
fois, et le fis sécher ensuite à un bain de sable dont la chaleur
n’excédoit pas 3002.
La sciure paroissoit être réduite en un charbon grenu,
dont partie tomboit en poussière, et partie étoit en grumeaux;
le tout pesoit 210 grains.
Je mis 105 grains de ce charbon dans un creuset de métal
bien enveloppé, et l’exposai ainsi à une chaleur brülante; je
mis en même temps, dans un autre vaisseau placé à côté
du premier, une égale quantité de charbon de bois fait de la
même sciure de chêne.
Ce charbon fut promptement consumé , laissant des cen-
dres d’un brun blanc, qui, comme c’est l'usage, donnoiïent
de l’alkali, avec quelque trace de sulfate : c'étoit sans doute
du sulfate de potasse.
Au contraire le charbon formé par le procédé humide ,
brüloit avec flamme , comme le charbon de Kilkenny et
d'autres qui ne contiennent pas de bitume. Il se consuma
lentement, comme les charbons de mine ci-dessus , laissant
quelques cendres d’un rouge pâle qui pesoient 2 grains. Ces
cendres n'offrirent pas le moindre vestige d'alkali; la seule
substance saline que j'en pus obtenir, étoit une petite portion
de potasse qui ne se montoit guère qu'à un 6e de grain, et
il est probable que si le charbon eût été plus abondamment
lavé, je n'en aurois pas obtenu méme cette légère portion
de sel neutre.
Il. Dans le même temps, lorsque j'eus commencé l'expé-
rience précédente, je mis dans un autre matras 480 grains de
sciure de chéne , et ayant ajouté quatre onces d'acide mu-
408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
riatique commun, je laissai le tout pendant l'espace de temps
precite.
Les quatre mois expirés, le reste de l'acide se trouva, pour
la plus grande partie, desséché par une chaleur qui n’excédoit
pas 300°. La sciure offrit alors une masse d’un brun noir,
sur laquelle je versai une pinte environ d'eau bouillante dis-
tillée. Le tout fut passé au filtre, lavé à plusieurs reprises et
ensuite séché sans chaleur. La sciure parut alors, ainsi que
je l'ai observé, d'un brun noir, et tomboit en poussière. Eile
donna quelque flamme en brülant , exhala une légère odeur
de végétal, et fut réduite en cendres beaucoup plus tôt que le
charbon formé par l'acide sulfurique, mais pas aussi vite que
le charbon de chéne. Ces cendres avoient l'apparence de
l’ochre , n’offroient aucune substance saline, si ce n’est
quelque légère trace de muriate de potasse.
Ces deux expériences prouvent donc,
a°, Que le bois peut, au moyen de l'acide sulfurique, être
changé en un charbon dont les propriétés sont différentes du
charbon de bois, quoique préparé avec la méme espèce de
bois; et que le charbon ainsi formé par l’action de l'acide
sulfurique, ressemble, soit pour sa manière de brûler, soit
parce que réduit en cendres il ne donne aucun alkali aux
charbons de mine qui sont privés de bitume.
bo. Que le bois peut étre aussi converti dans une espèce
de charbon par l'acide muriatique, mais que dans ce cas le
charbon conserve quelques-uns des caractères des végétaux,
quoiqu'on ne puisse obtenir aucun alkali de ses cendres ,
comme dans le premier cas.
VIII SECTION.
Quatre opinions différentes ont été proposées relativement:
au problème diflicile dans l'Histoire naturelle des Miné-
raux : L'origine et la formation du charbon.
La première consiste à dire que le charbon de terre est une
terre ou une pierre du genre de l’argile pénétrée et imprégnée
de bitume.
Mais M. Kirwan a observé avec raison, que l’insuflisance
de cette opinion est démontrée par le charbon de Kilkenny,
et par les autres charbons qui sont privés de bitume; et aussi
paree que la quantité de terre ou de pierre dans les charbons
les plus bitumineux, n'est point en propuition de leur poids.
La
} ET D'HISTOIRE NATURELLE. ' 4cy
La. seconde opinion qui a le plus dé partisans, c’est que:
le charbon minéral est végétal de son origine, que-les vé-
gétaux, postérieurement à leur ensevelissement sous une im-
mens couche de terre, ont été minéralisés par quelque pro-
cédé inconnu, dans lequel sans doute l'acide sulfurique a joué,
le principal rôle, et que par le moyen de cet acide, les huites
des différentes espèces de bois, ont été converties en bitume,
et qu'il $'est formé une substance charbonneuse.
La troisième opinion est celle d'Arduino, qui regarde le
charbon comme une production marine formée originaire-
ment de la graisse et de la matière onctueuse des nombreuses
espèces d'animaux qui habitent l'Océan.
La quatrième est celle de M. Kirwan, qui prétend que le
charbon et le bitume sont primitivement sortis du fluide du
chaos.
Les bornes de ce Mémoire ne me permettent pas d'entrer
dans le détail des raisons et des faits mis en avant pour appré-
cier ces différentes opinions. La plus probable, à mon avis,
c'est la seconde, ou celle qui regarde les substances végétales,
comme l'origine principale du charbon. En effet, elle offre
en sa faveur un bien plus grand nombre de faits géologiques et
d'expériences. Cependant différens ouvrages ont rendu compte
de plusieurs faits relatifs à la première, Je me contenterai
donc de citer un petit nombre de ceux qui regardent la der-
nière et que j'ai rencontrés dans le cours de mes expériences.
Les observations du docteur Correa de Serra; sur le bois
de la forét qui se trouve sous imer à Sutton, sur la côte du
Lincolnshire , ainsi que plusieurs semblables ; publiées dans les
Transactions Philosophiques et d’autres écrits , démontrent,
de la manière la plus satisfaisante, que, soit que les végétaux
aient été ensevelis en tout ou en partie sous les eaux cu
sous la terre, ces moyens seuls n'ont pas pu les convertir
dans l’espèce de charbon la plus imparfaite (1),
(r) Dans mon Mémoire sur le changement de quelques-uns des principes
prochains des végétaux en bitume , ÿai cité quelques remarques de
Bergmann , de von Troil et d’autres, sur l’état dé compression des troncs
d’arbres qui ont été convertis en bois fossile, charbon de Bovey, et autres,
substances semblables. La même observation a été également faite par le
docteur Correa de Serra , relativement aux boïs de la forét qui existe sous
la mer à Sutton ; et ce qu’il ya de plus remarquable , c’est que les végé-
taux submergés de Sutton, n'offrent aucune apparence de carbonnisation.
Le docteur Correa dit : « En général les troncs, les branches et les
Tome LXIV. MAI an 1807. FFE
fo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Il faut donc que quelques procédés indépendans de ces:
circonstances aient eu lieu , pour que les substances végétiles,.
telles que le bois, la résine et l’huile, soient devenus chabon
et bitume, “
Dans mon premier Mémoire, je me suis efforcé de faire
voir que ces changemens étoient progressifs, et après avoir
observé l’état parfait du bois submergé à Sutton et dans
d’autres endroits, j'ai décrit les qualités des différentes espèces
de charbon Borey, qui offrent une suite des changemens
graduels des corps qui conservent la structure et le tissu des
végétaux, quoiqu'imparfaitement carbonnisés, et d’autres dans.
lesquels les caractères presque complets du charbon minéral
commun ou du charbon de terre sont absolument établis.
J'ai obtenu des feuilles d’aune, dans le schiste d'Islande;
une matière extractive végétale, et quoiqu’elle ne me vint pas
de variétés de charbon Bovey, celles-ci néanmoins, ainsi que
les feuilles d'aune et un charbon semblable à celui de Bovey,
trouvé dans le comté de Sussex, à Newick-Park, appartenant
à Sir Elijah, et comme le bois fossile , donnèrent quelque
résine, semblable à celle qui se trouve dans le charbon de
Bovey, en masses distinctes, entremélée d’une couche de
charbon , et combinée avec l’asphalte, dans la proportion
d'environ 41 parties du dernier, sur 55 de résine (1).
Indépendamment donc'des autres caractères végétaux qui
sont si évidens dans plusieurs des variétés du charbon de
Bovey , du charbon de Sussex, du bois fossile, etc., la pré-
sence de la résine doit être regardée comme un fait qui milite
puissamment en faveur de cette opinion. Cette substance en
effet a toujours été attribuée aux corps organisés, surtout à.
ceux du règne végétal; et je ne connois aucun exemple anté-
rieur à mes expériences , de résine reconnue comme parlie
constituante d’une seule des différentes espèces el variétés
de charbon.
D'après les caractères végétaux extérieurs possédés par le
charbon de Bovey, le charbon de Sussex, le bois fossile, et.
» racines des arbres qui pourrissent , sont considérablement aplatis. Ce-
» phénomène a été observé dans le bois fossile d'Islande; Scheuchzer l’a
» aussi remarqué dans le bois fossile trouvé dans les environs du lac de:
» Thun, dans le Switzerland. »
(x) Observations sur le changement de quelques principes des végétaux.
en bitume (Transactions Philosophiques, 1804, pag. 40»).
ET D'HISTOIRE NATURELLE: fix
plusieurs autres, conjointement avec la résine regardée exclu-
-sivement comme une substance végétale, où du moins comme
appartenant aux seuls corps organisés , il n°y a point de doute
que ces charbons ne proviennent du bois et d'autres substances
appartenantes au règne végétal.
Mais quelques minéralogistes essaient de tracer une ligne
de séparation entre les charbons ci dessus mentionnés et
d'autres qu'ils nomment, pour cette raison, vrais charbons
mInÉTAuR. »
Ceite opinion peut être réfutée jusqu’a un certain point;
par les échantillons mémes des charbons de terre de Bovey,
dans lesquels, comme je l'ai observé, on peut appercevoir une
gradation régulière du bois qui est imparfaitement carbonnisé,
à la substance appelée charbon de pierre, qui, sous tous les
rapports, paroît être sinon absolument semblable aux charbons
de terre, du moins en approcher de très-près. |
‘On peut cependant objecter qu’une pareille transition appar-
tient aux seules localités, et que le charbon de terre trouvé
dans des endroits où il n'existe rien qui ressemble au charbon
de Bovey, est effectivement d’une nature diflérente.
Mais, selon moi, l’on peut répondre à cette objection par
les résultats des expériences faites sur le charbon de terre, le
charbon cannel et l’asphalte, que j'ai rapportées dans la troi-
sième Section de ce Mémoire. Ën effet, lorsque ces substances
eurent été soumises à l'action de l'acide nitrique, pas trop
long-temps prolongée, je trouvai que cet acide dissolvoit d’abord
la partie principale de la matière charbonneuse, et qu'en ar-
rêtant alors le procédé, il restoit une substance dans une pro-
portion correspondante à celle de bitume qui existe soit dans
le charbon de terre, soit dans le charbon cannel et l’asphalte,
substance qui n’étoit pas , il est vrai, dans l’état de résine,
mais tenoit le milieu entre celle-ci et la matière extractive
végétale.
J'ai avancé de plus, que dans de semblables circonstances
on pourroit obtenir, par l’action de l’acide nitrique, des ré-
sines végétales connues , une substance douée au plus haut
degré des mêmes propriétés,
Lors donc qu'à ces faits se joint le mélange naturel de-la
résine et de l’asphalte, qui se trouve dans le charbon de Bovey,
nous avons au moins en apparence, la preuve la plus positive
pe ss charbons de terre sont originairement d’origine vé=
gétale.
Fffa
412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIF
C’est une vérité en effet, qu'aucun procédé imaginé jusqu'ici,
n'a jamais pu former du bitume. des résines ou des autres sub--
stances végétales. Moi-méme j'ai employé divers moyens pour
ÿ parvenir, mais toujours sans succès. Envain ai-je obtenu,
pes hasard, des produits qui, soit pour l’odeur lorsqu'on les
rüloit, ou par d'autres propriétés, lui ressembloient un peu ;
cependant les effets produits par. l’alcohol ou, l’eau, ont tou-
jours prouvé que ces produits n'étoient point de bitume.
Mais comme nous n'avons eu que trop sonvent occasion
de le remarquer, il est rare d'arriver à la synthèse des pro-
duits naturels, quelque exigible qu'elle soit dans la stricte
démonstration chimique, surtout lorsque. les opérations se font
sur des corps composés de parties sujettes à une multitude de
variations dans leurs proportions ; leurs qualités et leur mode
de combinaison.
Considérant donc que le bitume et la résine, au moyen
d'opérations semblables, donnent les mêmes produits; que
le bitume et la résine se trouvent naturellement amalgammés
ensemble, et que cette substance mélangée accompagne une
espèce de charbon qui, dans. plusieurs parties, montre encore
son origine végétale , tandis que dans d'autres il passe à l’état
de charbon de terre, nous pouvons en conclure presque avec
certitude, que le bitume est une modification des parties hui-
leuses et résineuses des substances végétales, produite par
quelque procédé de la nature, qui a opéré lentement.et pro-
gressivement sur des masses immenses; ensorte que, quand
bien même ce procédé nous seroit connu, le défaut de temps,
et le manque de matériaux en une aussi grande quantité,
nous metltroient dans l'impuissance d'imiter ses effets. :
Mais quoiqu’aucun procédé chimique connu n’ait pu obtenir
jusqu'ici un bitume artificiel des résines et des autres substances.
végétales, je suis néanmoins fondé à croire que l'agent em-
ployé par la nature dans la formation du charbon et du bitume,
a été ou l'acide muriatique ou l'acide sulfurique. En effet,
lorsqu'on fait réflexion que le sel commun ne se trouve jamais.
dans les mines de charbon, à moins qu’elles ne soient dans
le voisinage de marais salans, tandis qu’au contraire on y ren-
contre fréquemment des pyrites , du sulfate de fer et de l'alun,
ces faits joints à l'odeur de soufre qu’exhalent la plupart des
charbons minéraux lorsqu'on les brûle, paroissent prouver jus-
qu'à l’évidence l’action de l'acide sulfurique. À l'appui de
cette assertion vient encore la grande ressemblance qui, comme
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415
mous l'avons déjà dit, existe entre les charbons formés artifi-
ciellement de plusieurs substances végétales, et les charbons
minéraux, ressemblance qui ne se borne pas aux caractères exté-
rieurs , mais qui s'étend encore aux autres propriétés.
L'action de l'acide sulfurique sur Îles corps végétaux, con-
vertit en charbon une quantité beaucoup plus grande de leur
matière carbonneuse qu’on n’en obtient en les soumettant au
feu.
Nous ayons cité dans la septième Section de ce Mémoire,
plusieurs exemples relatifs aux résines, et le résultat de l’expé-
rence faite sur le chéne, se trouve parfaitement d'accord
avec eux,
M. Proust (Journal de Physique, t. XLVIIT, p. 469), dans
le cours de quelques expériences comparatives sur les propor-
tions du charbon de bois donné par différentes espèces de
bois , a obtenu 20 pour cent du chène encore vert, et 19;
pour cent du cœur de chêne.
Mais, par l’action de l'acide sulfurique, de 480 grains de
chéne, j'ai obtenu 210 grains, ou environ 45 pour cent d’un
charbon qui brüloit, non pas cemme le charbon de bois pro-
venant du même bois, mais comme plusieurs des charbons
minéraux. J'ai observé la même chose dans la combustion de la
plupart des charbons obtenus des substances résineuses par le
procédé humide. :
L'expérience sur le chène semble réfuter également une
autre objection de l’origine végétale du charbon de terre, je
veux dire l'absence totale des aikalis qu'on obtient au contraire
si constamment par la combustion des parties ligneuses des
vigétaux. Mais j'ai démontré que lorsque ces corps sont car-
bonnisés par le procédé humide, soit que l'on emploie l'acide
muriatique, soit que l’on fasse usage de l'acide sulfurique ,.
il est impossible d'obtenir aucun alkali des cendres de char-
bons ainsi formés : dernière preuve que la nature s’est servi
du procédé humide pour convertir les substances ci-dessus
en charbon de terre. En effet, en supposant que le feu ait
été son agent , il n’est pas aisé de concevoir comment l’aikali a
pu être détruit ou séparé (1).
©
(1) Quelques chimistes en parlant de l’absence de l’alkali dans le charbon
Bovey, et dans le charbon de terre commun , ont supposé que les vége-
taux dont ces charbons sont formés, avoient été d’abord privés d’alkali,
Bree JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Toutes les circonstances semblent donc se réunir pour ap-
puyer l'opinion de ceux qui considèrent les charbons de terre
comme provenans des corps végétaux par le procédé humide,
et très-probablement par l'action de l'acide sulfurique, et en
accordant que les substances animales aient pu contribuer
aussi à {a formation du charbon, cela ne milite pas contre
l'opinion précitée, puisque les effets produits sur ces sub-
stances par cet acide, sont absolument les mêmes (1).
par la simple lessive, pendant le temps de leur immersion dans la mer;
mais j'ai fait voir dans ce Mémoire, que le chêne submergé de Sutton,
quoique privé de son tan, conservoit encore sa potasse, ce qui, certes,
n'auroit pas pu avoir lieu si celle-ci, commele premier, avoit été séparée
du bois par la simple solution. Lorsque le bois est réduit en cendres, l’alkal
alors complétement dénudé par la destruction de la fibre ligneuse, peut par
conséquent être enlevé par l’eau; mais lorsque le bois est converti en charbon
par le procédé humide, au moyen d’un acide, il en résulte, selon moi , deux
efleis; je veux dire que la combinaison intime de l’alkali avec la fibre
ligñeuse se trouve alors détruite en grande partie par la carbonnisation du
dernier, tandis qu'il s'élève une action simultanée dans Paffinité entre
l'acide et l’alkali , ensorte que si le charbon eût été formé par des moyens,
RE Falkali auroit été séparé du bois dans l’état d’un sel neutre
dissous.
(1) La nature des expériences rapportées dans ce Mémoire, m'a mis
dans la nécessité d'exposer en peu É mots , les différentes opinions rela-
üves à la formation du charbon par le procédé humide; mais je ne crois
pas avoir rapporté aucune de celles tendantes à favoriser l’action immédiate
où indirecte du fen; je n’ai voulu qu'exprimer mes sentimens relativement
-à la plus probable des premières. R
Cependant , depuis que ce Mémoire a été composé et lu en partie devant
la Société royale, j'ai reçu de sir James Hall, un exemplaire de son ou-
vrage intitulé : Compte rendu d'une suite d'expériences, qui font voir les
effets de la compression, en modifiant l'action de la chaleur. Je suis
p'einement convaincu que depuis Jong-temps il n’a pas paru, parmi les
savans, un ouvrage plus intéressant , et qui réunisse à plus d’exactitude
plus de talens et de persévérance. Les effets que Sir James a obtenus par
l’action de la chaleur comprimée sur le carbonate de chaux, lève un ob-
stacle insurmontable, en apparence , à la théorie de Hutton ou de Pluton,
ct s'ils ne résolvent point le grand problème géologique, du moins peut-on
les regarder comme ayant ouvert soit dans la chimie, soit dans la géo-
lsgie, une carrière dans laquelle personne n’étoit entré jusqu'ici.
Dans la VIII Section de cet intéressant Mémoire, l’auteur rend compte
de quelques expériences faitessur le cuir, sur la corne, etsurla sciure de sapin,
au moyeu desquelles il a obtenu un charbon qui donnoit de la flamme en
brûlant, et qui ressembloit en apparence à quelques charbons minéraux.
Il a obtenu aussi une fois une substance qui, par ses caractères extérieurs,
paroissoit approcher beaucoup de ce mélange d’asphalte et de résine, trouvée
ET D'HISTOIRE NATURELLH 425
Le premier objet que je me proposai lorsque je découvris
la substance artificielle du tan, fut de rechercher la nature
et la formation du charbon. En réfléchissant sur l'importance
de ce dernier, on ne sera pas surpris dele voir fixer mon atten-
tion d’une manière plus particulière.
Dans l’addition aux expériences rapportées dans les trois
Mémoires publiés sur ce sujet, j'ai voulu en décomposer les.
différentes variétés, comparer leurs gaz et leurs autres pro-
duits avec ceux du tan naturel ;. je me suis surtout appliqué
à découvrir les moyens les plus économiques d'obtenir le tan
artificiel. En effet, abstraction faite de la science spéculative ,
cet objet me paroit extrêmement important, envisagé non
seulement sous le rapport de cetie branche précieuse de ma-
nufacture, mais encore cemme pouvant arrêter, ou du moins
diminuer la destruction prématurée du bois dans un pays où,
sous le rapport de sa population et de sa position maritime,
get article exige la plus sévère économie.
Mais pour le présent j'abandonne ce sujet à ceux qui peu-
vent le juger digne de leur attention. Je me contenterai donc,
ainsi que je lai ‘dit PRE haut, de le regarder comme un
moyen non moins utile qu'économique. Je recommanderai à
ceux qui voudront suivre cette recherche, de donner une atten-
tion particulière aux procédés relatifs aux substances végétales.
chauffées, et à la tourbe.
# La plupart des rebuts des matières végétales , tels que les
fumiers , les feuilles mortes, etc., serviront aux premières,
tandis que le dernier, comme je l'ai démontré, n'a pas besoin
d’être grillé, et que dans plusieurs pays, surtout dans le nord,
la tourbe se trouve en si grande abondance que , proportion
gardée , il ne s’en emploie qu’une bien petite quantité pour
l'usage auquel on l'a appliquée jusqu'ici, je veux dire à ali-
menter le feu.
Avant de terminer ce Mémoire, j’observerai que les expé-
à Bovey, et que j'ai nommée résine asphalte. Sir James Hall se propose
de recommencer ces expériences, et j'avoue qu'un de mes vœux les plus
ardens , c’est de le voir réaliser son projet. En effet , quoique je sois
tres-porté à croire que les charbons de terre ont été généralement ou même
toujours formés par quelque procédé humide , il est cependantimpossi ble de
prévoir les résultats que l’on peut obtenir des substances animales et végétales
soumises aux effets de la chaleur modifiée par la compression, cette cha--
leur pouvant d’un côté agir sur leurs principes, qui eux-mêmes peuvent
réagir l’un sur l’autre dans des circonstances restées jusqu'ici inconnues.
A416 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE,
riences précitées ne doivent étre regardées que comme de
simples ébauches de celles que l’on peut tenter, tandis que
les faits que nous avons exposés relativement aux résines, aux
baumes , aux gommes-résines et aux gommes, servent à
prouver que l'on doit beaucoup attendre d'un examen chi-
mique régulièrement fait de ces substances. Mais de semblables
recherches ne pourront véritablement contribuer aux progrès
de la science, qu’autant qu'on y aura employé la plus scrupu-
leuse exactitude. Bien loin de faire cette opération à la légère,
ces substances doivent étre examinées comparativement et sys-
tématiquement avec Lout le soin dont peut être susceptible l’état
actuel de la chimie. En effet, la connoissance relative à la com-
position des corps organisés est encore très-imparfaite, et je suis
convaincu que la chimie, comme les autres sciences, sera.
toujours moins sujette à l'erreur lorsqu'elle prendra pour guide
les expériences et les analyses comparatives.
ART DE LA TEINTURE
DU COTON EN ROUGE;
Par M.J.-A. CHAPTAL, Membre et Trésorier du Sénat,
Grand Officier de la Légion d'Honneur, Membre de
L'Institut de France, Professeur honoraire de L'Ecole de
Médecine de Montpellier, etc., elc., etc.
EXTRAIT PAR M THENARD.
Le rouge de garance qu’on combine avec le coton et qu’on
appelle rouge d'Andrinople, est regardé avec raison comme
l'une des couleurs les plus belles et les plus solides qu’on
connoisse. Long-temps les pays du Levant furent seuls en
possession de préparer cette couleur ; ce n’est même qu'au
milieu du siècle dernier que la préparation en fut introduite
en France, et encore n'y fut-elle d'abord connue que d'un
petit nombre de personnes : les causes qui en avoient fait,
pendant un grand nombre d'années, la propriété du Levant,
en firent également ici, pendant un certain temps, la pro-
priété
ET D'HISTOHRE NATURELLE A7
priété de quelques fabricans. Ces causes consistent principa-
lement dans le long espace de temps et dans le grand nombre
d'opérations qu'elle exige. En effet le coton ne peut étre teint
que dans l’espace d'un mois, et dans ce laps de temps, il
faut, chaque jour, le travailler Cans des bains ou le soumeitre
à des manipulations, qui ont une influence directe sur la beauté
de la couleur. Que de chances, d'après cela, pour ne pas cons-
tamment réussir! Aussi, rarement les cotons de diverses fa-
briques sont-ils également beaux. Ceux d'une même fabrique
ne sont même pas toujours exempts de cet inconvénient. Un
bon Traité sur l’art de teindre le coton en rouge, étoit donc
bien à desirer. Mais quel étoit l’homme capable de le faire?
Un chimiste, sans avoir dirigé d'ateliers, auroit échoué dans
cette entreprise ; et il en eût été de même d'un chef d'atelier
dépourvu de connoissances chimiques! Ainsi, connoiïssances
théoriques et connoissances pratiques, voilà les deux condi-
tions que la composition d’un semblable Traité exigeoit; voilà
pourquoi M. Chaptal seul pouvoit nous le donner. Mais
M. Chaptal ne s'est pas contenté de décrire les procédés qui
Jui ont le mieux réussi pour le rouge d'Andrinople, ainsi que
pour la plupart des couleurs dont la garance est la base, et
d'en donner l'explication qui lui a paru le mieux se concilier
avec les faits; il n'a pas écrit seulement pour ceux qui sont
déjà instruits, ou qui, étant à la tête d'établissemens , ne
savent pas tout ce qu'ils devroient savoir, il a encore écrit
pour ceux qui, voulant en former, doivent apprendre tout
ce qui peut en assurer le succès. C'est ce qui fait qu'il est
entré dans les plus grands détails sur tout ce qui peut con-
cerner une fabrique de teinture de coton en rouge. Plusieurs
de ses observations ont méme cela d'avantageux, qu'elles peu-
vent s'étendre à un grand nombre d'autres fabriques. Situation
du local pour rendre les transports commodes, la vente sûre
et les approvisionnemens faciles ; nature et choix des matières
premières; réglemens à établir; teinture, etc., etc., il a tout
examiné et tout discuté avec une clarté et une précision qu'il
est diflicile d'atteindre dans un pareil sujet. Ce n’est point tout
encore : M. Chaptal, en composant cet ouvrage pour l'utilité
publique, a voulu en même temps rendre hommage aux vertus;
à l'amitié, au talent, et l’a dédié à M. Berthollet.
Tome LXIV. MAI an 1807. Geg
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES
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16,à 8 à m.
29) à midi
327$: she
30 à midi
Eau de pluie tombée dans Le cours de ce mois, 0%,02696 — 1 pouce o lig::
THERMOMÈTRE.
En
A
BAROMÈTRE.
RECAPITULATIO N.
Plus grande élévation du mercure. ..28.3, 87, le 9 à. 5 m.
Moindre élévation du mercure..... 27.3, 73,1&@15 à To hs
Élévation moyenne...... 27:9,81 Fc
Plus grand degré de chaleur... 20°, 7, le 30 à midi.
Moindre degré de chaleur......., — 2,8 ,le 5à5+im.
Chaleur moyenne... 1.2. + 6.9
Nombre de jours beaux... .... 21
On \
Maximum. | Minimum. |4 Mur. Maximum | Minimum. a Mxor
+ 51là6m. + 0,3] + 4olà 10 E5s..... 27 MPONIRCTE PS DT TI7D | 27.7 77D
+ 60!16m. — 0,4| + Oofù 335 27. 0,201 6 in .27. 6,47|27. 9.20
+ 2,6/à11Ès. — o,n|. + o,6fà 11Ès.....28. 0,:0/16 m. ..... 27. 9 66|27.10 5
+ 4 : Saw. ds _® oi 10 +5 nb 28. 2,5: |à 53 m, 23. 0,72 28. 1,30
PT A Am D ae Me Ut RE
+i,|à 45 M, — 0,5 + 12,61à obr Lt 284. I,29 {ri RU 286. 0,27|28. 0,85
10,3 à Dm. + 2,7] Hrr,3,à midi ..... 28. 3,00|1 5 m .28. 2,20|28. 3,00
#12,5fà 5 m. + 3,2) Hr1,4fà 5 m.......28. 3687|11025s..... 23. 3,55|28. 3,85
+13,7/à 5m. + 4,0] +13,ofà or? m..... 28. 3,60/à 10 : SAR 28. 0,706[28. 2,00
LE CRE» 736 SE Le on ABTS......27. 9,00 de
3)[à 10 #5: RS] 12,91 51m. +... 27: 0,00|4:10 = S:..-27« 70027. 0,00
+12,0/à 82m. + 8,3 128 à:6,2 m,.,.. 27. 6,20|à 3 toit. 27. 5,72]27. 6,08
11,6 à 1025. + 5,6| H10,o à MAL 20 27. 5,64]a DS A: cet 27e 5.33 27. 5,84
+128 ï 6m. + 6,9] +11 fa 9 m...... 27. 5,4ofà 1O'Ss- sat 27 3,75 2 4,50
+ LE 4105 + 2,9] + 4,5]à 108. .....27. 76€ 183 m....27. 48727. 9.52
+ re + 2,5] + 4,3[à 9+ m....27. 0,51 13S....... 27. 6 59|27. 8095
+ 49/45 m: —o;1| + 4,0 1045... 27.10,80[1 midi. ....27.10,22/27.10,22
+ 5,2là5m. :— 0,5] + 5,2 1025 ....98. 0,00! midi... ... 27.10,95)27. 10,05
+2,5/4,4.m, ,—,0,1] Æ 2,3/à 10 &,s.....28, 1,62[à 4 m....... 28. 0,50|28. 1,35
+ 5,3/4 55m. + 0,5] + 5,3]à 8Fm.....28. 2,o4[à midi..... 28 1,79|28. 1,79
+ 8,7/à 25m. — oo! + 7,5[2 8m... 2OM OI IS ER 27.11,50|28. 0,00
pe se in Le 37 ne à Fe CAVE rer 0,94 Ans Sc de . ee ci de
#7 m 752 4[a 105....... 20. 1,9 M, ses. + 1,04/20. 1,9
Le 223me + 6,6 +143 à 5+ LE: 2:40 a,2 Fm... 28. 1.9 |28. 2,30
17,6[14%m, + 6,2] H17,olà 155. ....28. 2,00[1 3 <s......26. 2,15]20. 2,61
+20,4fà 1m. Ærr,7| #19,5là nudi...... 28. 2,05 A LT Ses 28. 2 40 28. 2,95
19,414 4+m. Ærr,3| +17,3/à nudi..….... 268. 1,60[143m..... 28. 2,40/28. 2,00
20,74 5% m. Æro5| +20,7 himidi:#0r 28: 1,751h 1135....28. O,66|268. 1,2
+ 20,54 45m, Æ 0,6| Hzo,5fà 1 m..,....28. o,40]1rim....... 27.11,00|8.. 0,25
: À I'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS,
=
APRIL 1807.
Equin. asc.
Apogce.
À- L.
P. Q.
Périgée.
Equin. desc.
P.L.
D.Q.
POINTS
LUNAIRES.
. Nota. Pour indiquer plus exactement le
trois parties : la première contient les variations de
Brouillard; neige.
Forte gel. bl.; cicln.
Ciel couvert.
Lég. br. ; beau ciel.
Beau ciel.
Léger br.; beau ciel.
Ciel nuageux.
Brouiil.; ciel blanch.
Br.; cicl superbe.
Idem.
Crel légèrem. couv.
Couv. ; pluie fine.
Gouv. ; pl. p: inst.
Pluie: forte et abond.
Quelques éclaircis.
Ciel couv. ; pluie fr.
Beaucoup d’éclaic.
Br. àl'hor.;cielnnag,
L.br.; neig. fi. et ab.
Très-beau ciel.
Ciel couv.3 q. éclairc.
Cie! couvert.,
Bcauc. d’éclaircis:
Couvert.
Ciel nuag. et voilé.
Très-beau ciel; br.
Idem.
Petits nuages.
Ciel nuageux.
Beau ciel ; léger br.
RÉCAPIT
Jours dont le vent a soufllé du
Ciel Vois
Quel: légers nuagi
VARIATIONS DE LATMOSPH
"|
LE MATIN. | A MIDI. |
Cie! un peu voilé.
N. tr.-ab:; gres.; pl.
G. nuag.; neige et gr.
Beaciel.
Crel superbe.
Ciel volé.
8. ciel; vap. à l’hor.
14.
Ciel un peu voilé.
Couvert.
Gouv.5:q. éel. p.inst.
Quelques éclaurcis.
sieltrès-nuag,.
Ciel à demi-cour.
Pluie continuelle.
G.c.;q-f1. de neige.
Giel nuag.; neige.
C. n.; gréleet neige.
Ciel couv.
Ciel un peu nuag.
TX
)
Beauc. de p. nuages.
Beau ciel.
Superbe.
4°
eau ciel.
ULATEON.
C.couv.; neige cont. [Ciel nuageux.
‘ÎQüe’q. lég. nuages. |Ë
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LE SOIR.
Ciel couv.
Ciel nuageux.
Tiée-heau ciel.
Idem.
Idem.
Ciel voiké.
Beau ciel.
Fa.
Ciei couvert,
Couvert.
Ciel. nuageux.
Ciel couvert.
Ciel très-nuazeux:
Ciel couv.
Ciel nuageux.
Pluie et neige 1hond.
Ciel couv. ; ncige ab.
Beau ciel. ;
Ciel couv.
Gielaësez b. p: inst.
Cei très-nuageux.
Ciel vouvert.
Ciel nuageux,
Très-beau ciel.
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de brouillard... al.
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SEE ANSE I
SéisreRRET. 3
| ;
3
3
variations de Patmosphère > On a divisé le jour en
puis miauit jusqu'à 9 heures du matim; la:
seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures; enfin la troisième depuis 3 h. du soir au minuit suivant.
420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE , etc.
FA B LE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
Observations chimiques sur les procédés à suivre dans l'art
de faire le vin rouge, surtout lorsque le raisin 1e parvient
pas à parfaite maturité; par M. de Sampayo.. Pag. 361
Expériences électriques sur le verre considéré comme
bouteille de Leyde, et sur le carreau garni; par
ME" d
Traité élémentaire de minéralogie, avec des appli-
cations aux arts ; ouvrage destiné à l'enseignement
dans les Lycées nationaux ; par Alexandre
Brogniard , Ingénieur des mines, Directeur de la
Monufacture impériale de porcelaine de Sèvres.
Extrait par J. C. Delamétherie.. 380
Troisième suite d'Expériences sur une substance
artificielle renfermant les principales propriétés
caractéristiques du Tan, avec quelques remarques
sur le charbon; par Charles Hatchett, Ecuyer. 390
Art de la teinture du coton en rouge; par M. J.- 4.
Chaptal, Membre et Trésorier du Sézat, Grand
Officier de la Légion d'Honneur, Membre de l'Ins-
citut de France ; Professeur honoraire de l'Ecole
de Montpellier, etc., etc., etc. Extrait par M.
Thenard. 416
Tableaux Météorologiques ; par Bouvard. 418
371
JOURNAL
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE
ET D'HISTOIRE NATURELLE.
JUIN an 1807.
MEMOIRE
SUR quelques effets chimiques d’Electricité ;
Par HUMPHRY DAVY, Ecuyer.
Lu à La Société royale le 20 novembre 1806.
IL INTRODUCTION.
Les effets chimiques produits par l'électricité, ont été depuis
quelque temps l’objet de l'attention des philosophes; mais la
nouveauté de ces phénomènes , leur defaut d'analogie avec
les faits connus , la discordance apparente de quelques-uns
des résultats, ont enveloppé cette recherche dés plus épaisses
ténèbres.
J'ose me flatter que la Société ne croira pas que je sorte
des bornes de cette leçon, en essayant de jeter quelque jour
sur cette matière. J’entrerai dans les détails de plusieurs éxpé-
riences minutieuses qui pourront peut-être ennuyer , mais elles
sont absolument essentielles à l’objet que je me propose.
Tome LXIV. JUIN an 1807. Hhh
422 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE
J'éclaircirai en même temps quelques apparences qui n'ont
point encore été assez approfondies ; enfin je mettrai sous les
yeux quelques propriétés nouvelles de l’un des agens matériels
le plus puissant et le plus général.
II, Suriles changemens produits dans l’eau
par l'électricité.
Dans les premières expériences chimiques faites avec la
colonne de Volta, on observa, sur les surfaces des métaux
électrisés, l'apparence d’acide et de matière alkaline dans l’eau
sur laquelle agissoit un courant d'électricité.
M. Cruickshank supposa que cet acide étoit l’acide nitrique
et l’alkali l’ammoniac, M. Desormes, bientôt après, prétendit
démontrer par des expériences , que ces produits étoient l'acide
muriatique et lammoniac ; et M. Brugnatelli soutint que
c'étoit une substance nouvelle et particulière qu'il crut devoir
nommer acide électrique. Les expériences faites, tant en An-
gleterre qu'en Italie, sur le murïate de soude, sont récentes,
et les discussions à cet égard subsistent encore. Au commen-
cement de 1800 , j'ai trouvé que des portions séparées d’eau
distilléée dans deux tubes de verre joints ensemble par des
vessies mouillées ou toute‘autre substance animale ou végétale
aussi mouillée ;. soumises à l’action électrique de la pile de
Volta, au moyen de fils d’or, donnoient une solution nitro-
muriatique d’or, dans le tube renfermant le fil positif, ou
le fil transmettant l'électricité, et une solution de soude dans
le tube opposé; mais bientôt après je fus assuré que l'acide
muriatique devoit son. apparence aux substances animales ou
végétales que j'avois employées. En effet m'étant servi, dans
des expériences suivantes , des mêmes fils de coton. trempés,
après chaque procédé, dans une légère solution d’acide nitrique,
l’eau dans l'appareil qui les renfermoii, quoique agissant dessus
pendant long-temps avec beaucoup de force, ne produisit aucun
effet sur une solution de nitre d'argent.
Dans les cas où j'obtins une grande quantité de soude,
le verre à son point de contact avec le fil, paroissoit considé-
rablement corrodé ; et ce qui me confirma dans l’idée de
rapporter la, production de l’alkali principalement à cette
cause, ce fut de voir que je ne pouvois obtenir aucune ma-
tière saline fixe, par l'eau électrisante distillée dans une coupe
d'agathe , jointe par deux points de platine à la batterie de
+
“
ET D'HISTOIRE NATURELLE, #23
Volta. La Société Galvanique de Paris, relativement à l’appa-
rence de l'acide muriatique, avoit tiré de semblables conclu-
sions, ainsi que le docteur Woïlaston, qui imagina dejoindre les
tubes ensemble avec de l’asbeste mouillée; enfin par MM. Biot
et Thenard,
M. Silvestre cependant, dans un Mémoire inséré dans le
Journal de M. Nicholson, du mois d’août dernier, prétend
que quoiqu'il ne paroisse ni alkali fixe, ni acide muriatigque,
lorsqu'on emploie un seul vaisseau, on obtient néanmoins l'un
et l’autre , si l'on fait usage de deux; et sans s’embarrasser
des objections en faveur des substances végétales ou du verre,
il continue d'opérer dans un vase fait de terre de pipe à
fumer, inséré dans un creuset de platine. Je ne doute point
de la vérité de ses résultats; mais la conséquence qu’il en tire
me paroît susceptible d’objectibns. Selon lui l'alkaïi fixe qu'il a
obtenu, provient de ce que le fluide, après avoir chauffé et
s'être évaporé, a laissé une matière d’un jaune brun qui se
trouva étre de la chaux, substance qui existe en grande quan-
tité dans la terre de pipe. Mais, mème en admettant la pré-
sence de l’alkali fixe, les matières employées dans la fabrica-
tion des pipes à fumer, n'excluent pas les combinaisons de
cette substance.
Je répétai l'expérience. Je me procurai de petites coupes
d'agathe faites en forme de cylindre, de la capacité de 1 de
pouce cube chacune. Après les avoir fait bouillir pendant
quelques heures dans de l'eau distillée, je les liai ensemble
avec un morceau d'amianthe blanc et transparent , traité de
la mème manière; je les remplis d’eau distillée etles exposai,
au moyen de deux fils de platine, à un courant d'électricité
de 150 paires de lames de cuivre et de zinc de 4 pouces
carrés , mouillés avec une solution d’alun. Au bout de
43 heures j'examinai le procédé. Du papier peint avec du
litmus , plongé dans le tube. contenant le fil transmetteur ou
positif, devint à l'instant d’un rouge foncé, Du papier peint
avec du turmeric, introduit dans l’autre tube, étoit d’une cou-
leur beaucoup plus foncée. La matière acide troubla légére-
ment la solution de nitre d'argent. Le fluide affecté du tur-
meric, conserva sa propriété après avoir bouilli, et il parut
plus vif à mesure que sa quantité diminuoit par l’évaporation.
J'y mélai du carbonnate dammoniac et laissai le tont sécher
à une forte chaleur. Il resta une petite quantité d’une matiére
blanche qui, autant que j'ai pu m'en convaincre en l’exami-
Hhh 2
424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
nant avec soin, m'a paru avoir les propriétés du carbonnate
de soude. Je la comparai avec des portions aussi petites de
carbonnate pur de potasse et de soude. Elle n'étoit pas aussi
liquide que la première de ces deux substances, formoit avec
l'acide nitrique un sel qui,comme le nitre desoude, prenoit bien-
tôt l'humidité de l'atmosphère où il se trouvoit, et devenoit fluide.
Ce résultat auquel je ne m'attendois pas, me convainquit
que les substances que j'avois obtenues étoient procréées. Un
procédé semblable avec des tubes de verre, accompagné des
mêmes circonstances , et conduit pendant le même espace de
temps, me donna l’alkali dansune proportion vingt fois plus forte,
mais sans la moindre trace d'acide muriatique. Il esttrès-probable
que dans ce premier cas l’agathe renfermoit quelques particules de
matière salée, combinée avec elle , ou adhérente à ses pores,
que l'analyse chimique ne put pas découvrir. Pour m’en
convaincre, je répétai celte expérience une seconde, une troi-
sième et une quatrième fois. À la seconde, la solution de
nitre d'argent produisit encore du trouble dans le tube qui
renfermoit l'acide, mais beaucoup moins distinct. A la troi-
sième , à peine pouvoit-on l’appercevoir ; mais à la quatrième,
les deux fluides restèrent parfaitement clairs après le mélange.
La quantité de la matière alkaline diminua à chaque opéra-
tion ; et au dernier procédé, quoique la batterie füt restée
dans une grande activité pendant trois jours, le fluide ne put
agir que bien foiblement sur le papier coloré avec le turmeric;
mais sa propriété alkaline agissoit sensiblement sur le papier
litmus \égérement coloré de rouge, qui est de toutes les épreuves
Ja plus délicate. Après l'évaporation et le procédé par le car-
bonnate d'ammoniac, il restoit encore quelques particules d’alkali
qu'on ne pouvoit qu’appercevoir. La matière acide dans l’autre
tube étoit abondante, d'un goût aigre. Elle avoit l'odeur de
l’eau sur laquelle on a gardé long-temps une grande quantité
de gaz nitrique; elle n'affectoit point la solution de muriate
de baryte, et une goutte de cette matière, mise sur une lame
d'argent polie, laissa après l’'évaporation une trace noire absolu-
ment semblable à celle que donne l'acide nitrique très-délayé.”
D'après ces résultats, je ne pouvois plus douter que quelque
matière salante , existant dans les tubes d’agathe; n'eût donné
un acide capable de précipiter le nitre d'argent et l'alkali en
bien plus grande quantité. Cependant le méme procédé, répété
quatre fois, me démontroit qu'il existoit aussi quelque autre
cause de la présence de cette dernière substance. En effet,
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 425
elle continua jusqu'à la fin à se montrer dans des quantités
qu'on pouvoit distinguer , et toujours égales en apparence.
J'avois pris toutes les précautions possibles pour les mettre à
l’abri de l’air circulant; j'avois renfermé les tubes dans des
vases de verre. Les ustensiles dont je me servois avoient été
lavés à plusieurs reprises dans de l'eau distillée, et les doigts
n'avoient point touché la partie de ces ustensiles en contact
avec le fluide,
La substance que je regarde aujourd’hui comme pouvant
seule donner l’alkali fixe , étoit l’eau elle-méme. Eprouvée
par le nitre d'argent et le muriate de baryte, celte eau parois-
soit pure; mais il est reconnu que les disüllations rapides
donnent en petite quantité la potasse et la soude, et l’eau
de New-Rivière, dont je fis usage, renferme des substances
impures, soit animales, soit végétales, qui peuvent donner
des sels neutres en état de se montrer pendant l’ébullition.
.. Pour faire cette expérience le plus exactement possible ,
Je pris deux.cûnes creux d'or pur, contenant chacun environ
25 grains d'eau; je les remplis d’eau distillée, et après les
avoir joints ensemble au moyen d’un morceau d'amianthe
mouillé dont je m'’étois servi dans les premières expériences,
je les exposai à l’action d'une batterie de Volta, de 100 paires
de lames de cuivre et de zinc, de 6 pouces carrés. Dans ce
fluide, étoit une solution d’alun et d'acide sulfurique délayés.
En dix minutes, l’eau renfermée dans le tube négatif put
donner une légère couleur bleue au papier litmus, tandis
que l’eau du tube positif la rendit rouge. Ce procédé fut con-
ünué pendant 14 heures; l'acide augmenta en quantité pen-
dant tout ce temps-là, et l'eau devint à la fin aigre au goût.
Les propriétés aikalines du fluide de l'autre tube restèrent
au contraire slationnaires et ne produisirent pas d’autre effet
qu’à la première expérience sur le papier /itmus ou le turmeric.
Cet effet fut moindre après que le fluide eût été fortement
échauffé pendant une mirute; mais l'évaporation et le procédé
usité attestérent la présence de quelque alkali fixe. J’exa-
minai cet alkali 4insi que ses propriétés avec de l’acide nitrique
pur, combiné avec du gaz nitreux à grande dose.
Je répétai cette expérience et conduisis le procédé pendant
trois jours. Au bout de ce temps, l’eau qui étoit dans le
tube se décomposa et s'évapora de manière à perdre plus de
la moitié de sa quantité primitive. L'acide étoit fort, et
426 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
l'alkali en petite quantité, comme dans la dernière expérience,
I] agit cependant avec plus de force sur les épreuves en raison
de la plus grande diminution du fluide, mais présenta les
mémes résultats après avoir été chauffé.
Je ne pus plus douter alors que l'eau ne contint quelque
substance en petite quantité capable d’occasionner la présence
d'alkali fixe , mais qui bientôt se dissipoit. Cette question
s'offroit d'elle-même. Gette substance est-elle la matière salée
qui s'élève à la superficie dans la distillation? ou bien est-ce
le gaz nitrogène exislant en pettes quantités dans toute eau
qui a été exposée à l'air, lequel gaz, si c'est un élément de
l'alkali fixe, peut, dans la circonstance de l'expérience, avoir
été bientôt épuisé, tandis que son absorption de l'atmosphère,
aura été empéchée par la saturation de l'eau avec l'hydrogène?
Je penchais beaucoup plus pour la première que pour la
dernière de ces deux suppositions. Je fis évaporer un quart
de l'eau distillée dont je m'étois servi, dans un alambic d'ar-
gent exposé à une chaleur lente au dessous de 140° de Farenheit.
Il resta une matière solide égale à 7; d'un grain. Cette matière
avoit un goût de sel, mais métallique, qui se liquéfioit exposée
À l'air. Je n'ai pas pu en obtenir de cristaux réguliers; elle
n'affecta ni le turmeric ni le /tmus ; mais une partie, après
avoir été rougie au feu dans un creuset d'argent, donna de
fortes propriétés alkalines. Il me fut impossible de faire l'ana-
lyse d'une aussi petite quantité; mais il me sembla qu’elle
étoit principalement composée d’un mélange de nitre de soude
et de nitre de plomb, et que la substance métallique , ce qui
est beaucoup plus probable, étoit fournie par le tube conden-
sant de l’alambic commun. ,
L'existence de la matière salée dans l’eau distillée étant
ainsi prouvée, il fut aisé de déterminer son opération dans
l'expérience. Je remplis d’eau les deux cônes d'or, de la manière
accoutumée; celle négativement électrisée atteignit bientôt le
maximum de son effet sur du papier de turmeric; j'y intro-
duisis alors une petite portion de la substance obtenue par le
procédé de l’évaporation que je viens de décrire ; en moins
de deux minutes ses effets furent évidens , et au bout de
cinq, la couleur du papier devint d’un brun clair.
Je compris alors qu’en ramassant l'eau obtenue dans Île
second procédé de la distillation lente, j'avois pu conduire
l'expérience jusqu'au bout, sans aucune apparence d’alkali
fxe, et cette épreuve démontroit que je ne m'étois pas trompé.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. LT
J'introduisis dans les tubes d’or quelques gouttes de cette
eau dont j’humectai l’amianthe.
L'eau du tube négatif, au bout de deux heures , ne produisit
aucun effet sur le papier turmeric. Celui produit sur le Zëmus
fut tel, qu'avec la plus scrupuleuse attention à peine pouvoit-on
l’appercevoir; mais le tout fortement échauflé pendant deux
ou trois minutes, perdit son pouvoir ; ensorte que j'ai tout
lieu de supposer -qu'il le devoit à une petite quantité d’am-
moniaque. 1
Je fis la même expérience avec une portion de la même
eau, dans les tubes d'agathe que j'avois si souvent employés,
et j'eus le plaisir de voir que iles résultats étoient absolument
les mémes.
Je crois inutile d’entrer dans le détail des opérations de
celte espèce. Tous les faits prouvent que l’alkali fixe n’est
point procréé, mais qu’il sort soit des ustensiles que l’on em-
ploie, soit de la matière saline existante dans l’eau.
J'ai fait plusieurs expériences dans des vaisseaux composés
de différentes substances, avec de l’eau lentement distillée ,
et dans presque toutes j'ai trouvé quelques parcelles d’alkali
fixe.
Dans les tubes de cire, la matière alkaline étoit un mélange
de soude et de potasse, et la matière acide un mélange d'acides:
sulfurique , muriatique et nitrique.
Dans un tube de résine la matière alkaline paroissoit être:
principalement la potasse.
Je mis dans un creuset de platine un cube de marbre de
Carrare, d'environ un pouce , ayant une ouverture au centre :
je remplis le creuset d’eau épurée jusqu’à la hauteur de la
surface supérieure du cube, dont l'ouverture étoit pleine de la
même eau ; le creuset fut positivement électrisé par une forte
batterie de Volta, et un fil négativement électrisé, introduit
dans l'ouverture.
L'eau acquit bientôt la propriété d'affecter la couleur du
turmeric ; j'en obtins de l'alkali fixe et de la chaux. Des expé-
nences multipliées me donnèrent le même elfet; l’alkali fixe
néanmoins diminuoit de quantité chaque fois, et après le:
onzième procédé , tous conduits l'espace de deux ou trois
heures , l'alkali et la chaux disparurent à la fois. La produc-
tion d'eau de chaux étoit uniforme.
.Je fis une solution de 500 grains de ce marbre dans de l’acide
aitrique ; je décomposai ce mélange avec du carbonate d'am-
428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
moniac; je ramassai et laissai évaporer la partie fluide , et
décomposai, au moyen de la chaleur, le nitre d'ammoniac ;
il resta environ les + d'un grain de matière saline fixe, dont
la soude étoit la base.
Il étoit possible que ce marbre de Garrare eût été récem-
ment exposé à l’eau de mer : c’est pourquoi je répétai la
même expérience sur un morceau de marbre grénu que j'avois
moi-mème détaché d'un rocher situé sur uue des plus hautes
montagnes primitives de Donegal. Au moyen de l'électricité
négative, il me donna de l’alkali.
Ün morceau de schiste argileux de Cornouailles, traité de
la même manière, offrit les mêmes résultats. De la serpentine
de Lizard et du Grauwacke de North-Galles , donnèrent de
la soude. Il est probable qu'il existe peu de pierres qui ne
contiennent quelque légère parcelle de matière saline qui, dans
plusieurs circonstances, filtre à travers de leur substance, ce
qu'il n’est pas dificile de concevoir lorsque l’on considère que
tous nos rochers communs offrent des marques évidentes de
l’eau de la mer dont ils ont été anciennement couverts.
Je pus alors déterminer d'une manière précise, que la soude
obtenue dans des tubes de verre, provenoit principalement du
verre même, ainsi que je l'ai toujours supposé.
Je me servis de deux cônes d’or avec de l'eau épurée et de
l'amianthe. Le procédé fut conduit comme de coutume. Au
bout d’un quart-d'heure le tube, négativement électrisé ,
n’apporta aucun changement à la couleur du turmeric. J’in-
troduisis à son sommet un morceau de verre; peu de minutes
après le fluide, à la surface, rendit la couleur de ce papier d'un
brun foncé luisant.
Je n'ai jamais fait d'expériences, sans avoir obtenu de la
matière acide douée des propriétés de l'acide nitrique; et plus
l'opération étoit prolongée, plus étoit grande la quantité de
cette matière.
L'alkali volatil paroissoit également toujours se former en
petites portions durant les premières minutes dans l’eau épurée
des cônes d’or; mais bientôt il atteignoit les bornes de sa
antité.
Il étoit naturel d'attribuer ces deux apparences à la combi-
naison respective de l’oxigène et de D démene naissans ,
avec le nitrogène de l'air commun dissous dans l’eau, et dans
cette supposition , les expériences du docteur Priestley, sur
l'absorption des gaz par l’eau, donneront une explication
facile
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 429
facile des causes de la production constante de l'acide et de
la production limitée de l'alkali. En eflet l'hydrogène pendant
sa-dissolution dans l’eau, semble expulser le nitrogène, tandis
ue le nitrogène et l’oxigène peuvent exister ensemble dissous
dd ce fluide.
Pour rendre cette expérience plus complète, je plaçai les
deux cônes d’or avec l'eau épurée sous le récipient d'une pompe
d'air. Le récipient fut épuisé au point de ne plus contenir
que = de la quantité primitive d'air ; alors, au moyen d'un
appareil convenable, je joignis les tubes à une colonne active
de Volta de 50 paires de plaques de 4 pouces carrés ; je con-
tinuai le procédé pendant 18 heures, et j’examinai durant
tout ce temps-la le résultat. L'eau existante dans le tube né-
gatif ne produisit aucun effet sur le Zithmus (teinture de tourne-
sol) préparé; mais dans le tube positif, elle l’affecta d'une
couleur rouge qu'on pouvoit à peine appercevoir.
Il se forma pendant le même espace de temps, dans l'at-
mosphère, une quantité d'acide incomparablement plus grande;
et la petite portion de gaz nitrogène (azote) qui restoit en con-
tact avec l'eau, parut égale à cet effet.
Je répétai la même expérience avec toutes les précautions
possibles ; je disposai l'appareil ainsi que je l'ai dit ; j’épuisai le
récipient, et le remplis de gaz hydrogène. Le récipientune seconde
fois épuisé, j'y introduisis de nouveau de l’hydrogène préparé avec
soin. Le procédé fut continué pendant 24 heures, et au bout
de ce temps, aucune des portions de cette eau n'altéra le plus
légérement la couleur du litmus.
Il résulte évidemment de là, que l'eau chimiquement pure
se décompose seule au moyen de l'électricité, en gaz oxigène
et en hydrogène.
Je discuterai plus bas la cause de sa décomposition et des
autres décompositions dont j'ai déjà parlé.
TI. Des actions de l’Electricité dans la décomposition
de différens composés.
Les expériences dont j'ai donné le détail sur la production
de l’alkali de la soude, et sur la décomposition des différens
composés salins renfermés dans les substances animales et vé-
gétales , offrent quelques objets dignes d’exciter la curiosité
de l'observateur.
Il est évident que dans tous les changemens les matières acide
et alkaline se sont trouvées présentes; la matière acide ramassée
Tome LXI/. JUIN an 1807. lii
430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
dans l’eau étoit autour de la surface métallique positivement
électrisée, et la matière alkaline autour de la surface métal-
lique négativement électrisée. Le principe de l'action paroit
se rapporter immédiatement à l’un des premiers phénomènes
observés dans la colonne de Volta ; je veux dire la décompo-
sition du muriate de soude attaché au’ carton et à plusieurs
faits observés depuis dans la séparation des parties constituantes
des solutions de sels neutres et métalliques, à ceux en parti-
culier dont MM. Hisenger et Berzelius ont donné le detail.
Les premières expériences que j'ai faites immédiatement à
ce sujet, ont été sur la décomposition des corps solides qui se
dissolvent difficilement, ou même point du tout, dans l'eau.
D'après les effets de l’action électrique sur le verre, je m'atten-
dois à voir les ditlérens composé; de terre éprouver un chan-
ment dans des circonstances semblables. Les résultats de mes
épreuves furent décisifs et salisfaisans.
J'attachai ensemble , avec du sulfate de chaux fibreux,
trempé dans de l'eau épurée, deux vases de sulfate de chaux
compacte, contenant environ 14 grains d'eau chacun; je rem-
plis les vases de ce fluide ; j'y introduisis des fils de platine
de la batterie de Volta, composée de 100 paires de disques de
six pouces, de sorte que l'électricité circuloit à travers les
fibres de sulfate de chaux. Au bout de cinq minutes l'eau
du vase, tenant au fil positif, devint acide , et celle du vase
opposé prit une forte couleur de turmeric. Une heure
après j'examinai les fluides avec soin; je trouvai dans le vase
qui contenoit le fil négatif, une solution pure et saturée de
chaux. Ce vase étoit en partie couvert d’une croûte de chaux,
et dans l’autre vase une solution légérement forte d'acide
sulfurique.
Je me procurai deux morceaux cubiques de sulfate de stron-
tiane cristallisée , d’un pouce environ ; je pratiquai sur chacun
un trou capable de contenir 8 grains d'eau; je mis ces cubes
dans un creuset de platine rempli d’eau épurée, et conservai
le niveau du fluide à quelques lignes au dessous de la surface
des cubes; j'introduisis deux fils de platine dans les trous qui
étoient remplis d’eau épurée. Le gaz en se dégageant, lorsque
les fils eurent été unis à la batterie de 100, prouva que le
sulfate de strontiane étoit assez poreux pour former un con-
ducteur. Je fus plus long-temps à obtenir des résultats dans
cette expérience que dans la précédente. Je n’apperçus d'effet
sensible qu'au bout de quelque temps, mais l'issue en fut
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451
la même. En 30 heures le fluide qui étoit dans la cavité,
contenant le fil négatif, avoit acquis les propriétés de préci-
pie une solution de sulfate de potasse, et la présence de
acide sulfurique étoit évidente par son effet sur la solution
de muriate de baryte.
Je fis une expérience sur du fluate de chaux, avec les mêmes
circonstances ; Inais ce fluate cristallisé, n'étant point égale-
ment perméable à l'humidité, les deux cavités furent jointes
ensemble par de l’asbeste mouillée. Cette décomposition fut aussi
lente; mais au bout de deux jours j'obtins, dans un tube , une
solution assez forte de chaux, et dans l’autre tube un acide
fluorique qui précipitoit l'acétite de plomb, et laissa une tache
sur le verre d’où il s'étoit évaporé.
Le sulfate de baryte, comme on peut le supposer, éprouve
plus de difficulté dans la décomposition que le sulfate de
strontiane , ou le fluate de chaux. J'ai fait quatre ou cinq
expériences sur le premier, avec la même espèce d’appareil
dont je m’étois servi pour le fluate de chaux, avant de pouvoir
obtenir des résultats décisifs. Dans la dernière faite sur cette
substance, je creusai deux morceaux d’un large cristal, de
manière à ce que chacun d'eux püt contenir environ cin
grains d’eau; je les joignis ensemble avec de l'asbette mouillée,
et les soumis constamment pendant quatre jours à la forte
action d'une batterie de 150 paires de plaques de 4 pouces
carrés. À mesure que l'eau diminuoit, j'y suppléois par une
nouvelle quantité. A la fin de l'expérience le fluide, du côté
positif de l'appareil, rougit dans un instant le Zt/emus ; il avoit
un goût aigre et donna, avec une solution de muriate de
baryte, un précipité distinct. L'eau de l'autre côté rendit plus
foncée la teinture de turmeric (cucurma ), mais ne troubla
point la solution de sulfate de potasse. Cependant, sur les
côtés et au fond de la cavité, il y avoit une croûte blanche
en petite quantité, que j'attribuai au baryte qui pendant la
très-lente décomposition avoit pu se combiner avec l'acide
carbonique de l'atmosphère. Pour m'en assurer j'introduisis
dans la cavité une goutte d'acide muriatique délayé, une
légère effervescence parut, et le fluide obtenu produisit une
espèce de nuage blanc distinct, dans la solution de sulfate
de soude.
Dans tous ces cas, les parties constituantes des corps nou
vellement préparés par les effets de l'électricité, existent en
quantité considérable , et sont exposées sur une grande surface
li1 2
432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
à son action. J'ai tout lieu de croire cependant, d’après des
expériences faites avec de l'eau distillée, dans différens vases,
que par cette action de petites parties d’acide et de matière
alkaline , peuvent se dégager des combinaisons solides , de
celles principalement qui consistent en terres pures. C’est ce
qu'il m'a été facile d'éclaircir.
Relativement à une recherche géologique que j'aurai l'hon-
neur par Ja suite de communiquer à la Société, j'ai fait, avec
beaucoup de soin, l'analyse d’un échantillon d’un beau basalt
grenu , venant de Port-Rush, dans le comté d’Amtrin, au
moyen d'une fusion d'acide boracique. Il a donné, dans 100
parties , 3 + de soude , et à-peu-près une demie d'acide
muriatique , avec 15 parties de chaux. Cette pierre me parut
très-propre pour l'expérience dont il s’agit. Je perçai deux
trous qui contenoient chacun 12 grains d’eau environ. Une
amianthe mouillée les unit ensemble, etle procédé fut conduit,
suivant l’usage, avec une pile de 5o paires de disques. Au
bout de dix heures, j'examinai le résultat avec soin. Le fluide
positivement électrisé, avoitun goût fort d'acide oxi-muriatique,
et précipitoit abondamment le nitre d'argent. L’autre portion
de fluide affecta le turmeric, et laissa par l’évaporation une
Substance qui paroissoit être un mélange de soude et de chaux.
Je pratiquai un petit trou dans un morceau de zéolite com-
pers de la Chaussée des Géans, qui avoit donné, par l’ana-
yse, 7 parties de soude sur 100; je le mis dans un creuset de
platine rempli d’eau épurée, et l’électrisai de la même manière
que le cube de marbre de Carrare dont j'ai parlé. En moins de
deux minutes, l’eau qui étoit dans la cavité, avoit la pro-
priété de changer la couleur du turmeric; et au bout d'une
demi-heure, la solution étoit d’un goût désagréable d’alkali.
La matière dissoute offrit un mélange de soude et de chaux,
La lépidolite traitée de la même manière, donna de la potasse,
Un morceau de lave vitrifiée, venant de l’Ethna , donna une
matière alkaline qui paroissoit étre un mélange de soude, de
potasse et de chaux.
Comme dans ces expériences je n’avois d’autre objet que de
m'assurer du fait général de la décomposition , le pro=
cédé ne fut jamais conduit assez long-temps pour développer
une quantité de matière alkaline assez grande pour pouvoir
être pesée, et par conséquent pour déterminer la perte que
la substance auroit pu éprouver.
J'ai cru cependant devoir faire une expérience semblable
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 455
pour éloigner toute possibilité de doute sur la source des diffé.
rens Pad J'ai choisi le verre à cet effet, comme étant une
substance qui, en apparence, ne peut pas se dissoudre dans
l'eau, ni par conséquent donner lieu à des résultats erronés.
La balance dont je me servis avoit été faite par M. Fidier,
pour l'Ecole royale, sur le modèle de celle appartenante à la
Société royale. 100 grains mis dans chaque plateau, de grain
la fait aisément pencher. J'ai pris un tube de verre auquel étoit
attaché un fil de platine, le tout pesant 48 grains 6. Je
le remplis d'eau épurée et l'électrisai par une pile com-
posée de 150 paires de disques ; ensorte que le platine attaché
au tube étoit négatif. Le procédé fut continué pendant 4 jours,
jusqu’à ce que l'eau fut changée en alkali. Au moyen de l’éva-
Poration, et après avoir été exposée à une chaleur d’environ 400°
de Fahrenheit, elle donna une soude mélée d’une poudre blanche
que les acides ne purent pas dissoudre. Le tout pesoit 2 d'un
grain. Il est aisé d'expliquer la différence entre le déchet du
poids du tube et le poids des produits dans l’eau, Il se trouva
quelques petites parcelles détachées de l’amianthe, et la soude
qui étoit contenue dans l'eau a dù probablement se dégager
tout-à-fait du verre.
Après avoir obtenu des résultats semblables, relativement
au dégagement des parties salines des COrps qui ne peuvent pas
se dissoudre dans l’eau , j'ai fait une multitude d’expériences
sur des composés susceptibles de dissolution. Leur décom-
position a toujours été beaucoup plus rapide, et les phéno-
mènes parfaitement distincts.
J'ai employé dans ces procédés les coupes d’agathe avec
les fils de platine réunis au moyen de l’amianthe imbibée
d'eau épurée. J'introduisis les solutions dans les coupes, et
appliquai, suivant l'usage ordinaire , la puissance électrique
d’une batterie de 50 paires de plaques.
Une solution délayée de sulfate de potasse, traitée de cette
manière, donna au bout de 4 heures, vers le fil négatif, une
foible lessive de otasse, et une solution d’acide sulfurique
vers le fil LOGE L
Les phénomènes furent les mêmes lorsque j'employai le
sulfate de soude, le sulfate d'ammoniac, le nitre de potasse,
le nitre de baryte, le phosphate de soude, l’oxalate de soude,
le benzoate d’ammoniac et l’alun. Les acides, au bout d'un cer-
tain temps, s'amassérent dans le tube qui renfermoit le fil
434 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
positif , et les alkalis, et les terres dans celui qui renfermoit
le fil négatif.
Les solutions de sels muriatiques décomposés de la mème
manière, donnèrent constamment de l'acide oxi-muriatique
vers le côté positif.
Lorsqu'on fait usage de mélanges compatibles avec les solu-
tions de sels neutres, qui renferment les acides minéraux
communs, ces différens acides et ces différentes bases semblent
se séparer ensemble dans un état mélangé, sans égard pour les
rangs de l'aflinité.
Si l'on emploieles solutions métalliques, il se forme alors, sur
le fil négatif, des cristaux métalliques ou des dépôts, comme
dans les expériences galvaniques ordinaires. L’oxide se dépose
aussi autour de ce fil, et bientôt on trouve dans la coupe oppo-
sée, une quantité considérable d'acide. Cet effet a lieu avec les
solutions de fer, de zinc et d’étain, ainsi qu'avec les métaux
les plus oxidables. Lorsqu’on fait usage du muriate de fer, la
substance noire , déposée sur le fil, est magnétique et se dissout
avec effervescence dans l'acide muriatique. Se sert-on de ful-
fate de zinc? on voit paroître alors une poudre grise qui a le
brillant du métal et qui se dissout avec effervescence ; et dans
tous les cas, l'acide se développe en grande quantité sur le
côté positif.
Les solutions fortes ou saturées de sel, comme je m'y étois
attendu, indiquèrent les progrès de la décomposition beaucoup
plus promptement que les solutions foibles ; mais le sel neutre
dans la plus petite proportion est également décomposé.
Une simple expérience suflit pour démontrer ce dernier
principe. Si l’on met un morceau de papier teint de turmeric
dans de l'eau épurée, étant dans un circuit convenable , en
contact avec le point négatif, l’infiniment petite quantité de
sel décomposé, renfermée avec ce papier, donne un alkali
suffisant pour lui imprimer à l'instant une couleur brune vers
son point de contact. L'acide s'échappe de la même manière
et aussi promptement du papier teint de lithmus, versla surface
positive.
J'ai fait plusieurs expériences pour m'assurer si dans les
décompositions qui s'opérent par l'électricité, la séparation des
parties constituantes d’avec les dernières portions du composé,
étoit complète, ou si les résultats étoient distincts. L'évidence
de cette dernière assertion m’a été démontrée.
Je vais donner la description d’une des expériences les plus
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 455
concluantes à cet égard. Une foible solution de sulfate de
potasse , renfermant 20 parties d'eau , et une partie de so
lution saturée à 60°, furent électrisées dans deux vases d'agathe,
par un appareil de 5o paires de plaques, pendant trois jours.
L’amianthe servant de point de réunion , qui avoit été humectée
d’eau épurée, fut Ôtée, lavée dans la même eau, et appliquée de
nouveau deux fois par jour. Cette précaution empèchoit la pré-
sence d’un sel neutre quelconque qui auroit pu sy attacher
et troubler les résultats. L'alkali obtenu par ce procédé dans
la solution, avoit les propriétés de la porasse épurée, et
lorsqu'il eut été saturé d'acide nitrique, la solution de muriate
de baryte que j'y mélai, ne la troubla point. La matière acide
exposée à une forte chaleur, s'évapora sans laisser aucun résidu.
IV. Sur la transition de certaines parties constituantes
des corps par l'action de l'électricité.
M. Gautherot a avancé que dans un simple cerclé galva-
nique de zinc, d'argent et d’eau dans un état actif, l’oxide
de zinc qui se forme est attiré par l'argent. MM. Hisinger et
Berzelius rendent compte d'une expérience dans laquelle on
avoit mis du sulfate de chaux dans la partie positive d'un
siphon électrisé par des fils partant d’une pile de Volta, et
dans la partie négative de l'eau distillée. Cette dernière offrit
de la chaux.
Ces faits tendroient à prouver que les élémens de sel qui
se développent dans les décompositions , par le moyen de l’élec-
tricité, peuvent être transférés d’une surface électrisée à une
autre, selon l'ordre ordinaire de leur arrangement; mais nous
avons besoin de nouvelles recherches pour démontrer ceite
as ertion d'une manière bien claire et bien précise.
Je joignis ensemble avec de l’asbeste, un des vases de sulfate
de chaux, dont j'ai parlé plus haut, et un vase’ d'agathe. Après
les avoir remplis d’eau épurée , je mis dans le vase de sulfate
de chaux, ün fil de platine qui tranusmettoit l'électricité partant
d'une pile de 100 disques; un hl placé dans le vase d'agathe
la recevoit. Au bout de quatre heures, une forte soluuio de
chaux se trouva dans le vase d'agathe, et de l'acide sulfurique
dans le vase de sulfate de chaux. En intervertissait l'ordre,
et conduisant le procedé pendant le mém: temps, l'acide sul-
furique parut dans le vase d'agathe, et la solution de chaux
au cûté opposé.
Plusieurs expériences faites avec d'autres substances salines,
436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
donnèrent des résultats analogues. Lorsque j’introduisis de
forts acides minéraux ayant pour base l’alkali ou de la terre
alkaline, dans un tube de verre, et dans un autre vase joint
au premier par de l’amianthe, de l’eau distillée, l’un et l’autre
communiquant par des fils de platine à la pile de Volta, la
base passoit toujours dans l’eau distillée lorsqu'elle étoit néga-
üve, et l'acide lorsqu'elle étoit positive.
Les métaux et les oxides métalliques, ainsi que les alkalis,
passèrent du côté de la surface négative, et s’y ramassèrent.
Dans une circonstance où je mis sur le côté positil une solution
de nitrate d'argent et de l'eau distillée sur le côté néganif,
l'argent parut sur toute l'étendue de l'amianthe transmettante,
qui sembloit ainsi couverte d’une feuille d'étan.
Le temps nécessaire pour ces transmissions, la quantité ,
l'intensité de l'électricité et d'autres circonstances restant
toujours les mêmes, sembloit étre en proportion de la longueur
du volôme intermédiaire d’eau. Ainsi lorsqu'avec une force
de 100 disques, le sulfate de potasse est dans le vase négatif,
et l’eau distillée dans le vase posinf, la distance entre les fils
n'étant que d un pouce, l'acide sulfurique se trouve, en moins
de cinq minutes dans l’eau, en quanuté sullisante pour être
apperçu. Mais lorsque les tubes sont unis par un vase inter-
médiaire d'eau épurée, de manière à former un circuit de 8
pouces, il faut 14 heures pour produire le même eflet.
Pour m'assurer si le contact d'une solution de sel avec une
surface métallique étoit nécessaire pour sa décomposition et
le transfert, j'introduisis de l'eau épurée dans deux tubes de
verre. Un vase qui renfermoit une solution de muriate de
potasse fut uni à ces tubes par l'amianthe, et l’arrangement
fait de manière que le niveau des deux portions d'eau épurée
étoit plus élevé que le niveau de la solution de sel.
Dans ce cas la matière salée étoit éloignée de chacun des
fils au moins de 3 de pouce, Cependant la matière alkaline
parut bientôt dans un tube, et la matière acide dans l'autre, et
en 16 heures il se forma des solutions assez fortes de potasse
et d'acide muriatique.
Dans le cas de transfert ou de l'attraction électrique, la
matière acide et alkaline paroit étre parfaitement pure; et je
suis porté à croire que c’est ce qui arrive toujours dans les
expériences faites avec soin. Une expérience qui me confirma
la présence de l’alkali, fut celle où la magnésie passa du sul-
fate de magnésie, qui étoit dans le tube positif, dans l'eau distillée
du
ET D'HISTOIRE NATURÆELLE, 437
du tube négatif. J'examinai ce fait, ayant soin que l'eau dis-
tillée ne se trouvât jamais au-dessous du niveau de la solution
de sel. Après avoir enlevé l'amianthe qui servoit de point de
réunion, je versai de l'acide muriatique dans le tube. La solu-
tion saturée ne donna aucune solution de muriate de baryte.
Je voulus m’assurer des progrès de la transition et du cours
de la matière acide et alkaline dans ces décompositions, en
employant les solutions de lithmus et de turmeric, et des pa-
piers teints de ces substances. Ces essais me firent connoitre
quelques circonstances singulières auxquelles je ne m'atten-
dois pas. -
J'unis ensemble , avec de l'amianthe et une petite mesure
pleine d’eau distillée teinte de Zithmus , deux tubes, dont l'un
étoit rempli d’eau distillée, et l'autre de solution de sulfate
de potasse ; la solution de sel fut négativement électrisée; et,
comme il étoit naturel de supposer que l'acide sulfurique, en
passant à travers l’eau dans le tube positif, rougiroit le /thmus
dans sa course, je plaçai au-dessus et au-dessous des morceaux
d'amianthe, directement dans le circuit, quelques morceaux
de papier mouillé teint de Zthmus. J'observai avec la plus
scrupuleuse attention les progrès de cette expérience. La cou-
leur rouge se montra d’abord immédiatement au-dessus de la
surface positive, où je l'attendois le moins ; elle se répandit
d'elle-même du côté positif, au milieu de ce vase; mais du
côté négatif, je ne vis paroître aucun rouge, soit au-dessus ;
soit autour de l’amianthe, qui resta jusqu'à la fin sans être
affecté, quoiqu'il eût transmis constamment l'acide sulfurique.
Je changeai l'ordre de cette expérience, et plaçai la solu-
tion de sel sur le côté positif; une solution et des papiers
teints de turmeric remplacèrent ceux teints de /ithmus. L'effet
fut précisément analogue ; le turmeric devint d’abord brun,
et aucun changement n'eut lieu dans le vase intermédiaire
auprés du fil positif. “+
Dans un autre procédé, je remplis les deux tubes de verre,
de solution de muriate de soude, et le vase intermédiaire de
solution de sulfate d’argent; je mis sur le côté positif du papier
teint de turmeric , et sur le négatif du papier teint de /ithmus. A
peine le circuit électrique eut-il été complet, que la soude
commença à paroître dans le tube négatif, et l’acide oxi-
muriatique dans le tube positif. Ces produits se montrèrent
alternativement, passant dans la solution de sulfate d'argent,
où l'acide muriatique occasionnoiït un précipité pésant et épais,
Tome LXIV. JUIN an 1807. Kkk
438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
et la soude un précipité beaucoup plus léger et plus clair; mais ni
la couleur du turmeric qui transmettoit l'alkali, ni celle du Zthmus
qui transmettoit l'acide, n’éprouvèrent la plus petite altération.
V. Sur le passace d'acides, d'alkalis et d’autres substances
à travers différens menstrues chimiques attractifs, par
le moyen de l'électricité.
Comme les substances acides et alkalines , pendant le temps
de leur transfert électrique, passent au travers d’une eau ren-
fermant des couleurs végétales, sans les affecter, ou, selon
toute apparence, se combinent avec elles, il est de notre sujet
d'examiner maintenant si, ayant pour les menstrues chimiques
une forte attraction , ces substances ne passent pas également
au travers ; et il est raisonnable de supposer que le même pou-
voir qui détruit l’aflinité élective dans le voisinage des points
métalliques , pourra également la détruire ou suspendre son
opération à travers toute l'étendue du circuit.
Je me servis des vases et de l'appareil précédemment em-
ployés dans l'expérience sur la solution de muriate de soude
et de sulfate d'argent; je mis en contact , avec le point posi-
tivement électrisé, une solution de sulfate de potasse, et de
l’eau épurée, en contact avec le point négativement électrisé;
je pris pour chaïînon central du conducteur, une foible solu-
tion d’ammoniac, ensorte qu'aucun acide sulfurique ne pouvoit
passer du point positif à l’eau distillée, sans traverser la so-
Jution d’ammoniac.
Je fis usage d’une pile de 150; je trouvai en moins de cinq
minutes, par le moyen du papier Zthmus, que l'acide s’étoit
ramassé autour du point positif. Au bout d'une demi-heure
le résultat étoit assez distinct pour qu’on püt l’examiner avec
soin. .
L'eau étoit d'un goût aigre et précipitoit une solution de
nitre de baryte. ù
Je fis de semblables expériences avec une solution de chaux,
de foibles solutions de potasse et de chaux, les résultats furent
analogues.
Avec de fortes solutions de soude et de potasse , l’exhibi-
tion de l'acide exige beaucoup plus de temps ; mais même
avec une lessive saturée d’alkali, l’acide se montre à certaine
époque.
L’acide muriatique de muriate de soude, et l'acide nitrique
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439
de nitre de potasse, furent transmis à travers des mensirues
alkalins, concentrés dans des circonstances pareilles.
Ayant mis dans la partie négative du circuit de l'eau dis-
tillée , au milieu une solution d'acide sulfurique, muriatique
ou nitrique, et dans la partie positive , quelque sel neutre
avec une base de chaux, de soude, de potasse, d’ammoniac,
ou de magnésie , la matière alkaline passa à travers la matière
acide à la surface négative, avec des circonstances semblables
à celles qui se rencontrent pendant le passage de l'acide, à
travers les menstrues alkalins ; et plus la solution concentrée
étoit petite, plus sa transmission paroissoit aisée.
Je fis la méme expérience sur du muriate de chaux avec
l'acide sulfurique, sur le nitrate de potasse avec l'acide mu-
riatique, sur le sulfate de soude avec l'acide muriatique, et
sur le muriate de magnésie avec l'acide sulfurique : je me servis
d'une pile de 150; en moins de 48 heures, j'obtins dans tous
ces cas des résultats décisifs ; la magnésie passa comme le reste.
Les strontites et les barytes passèrent aisément , comme les
autres substances alkalines, à travers les acides muriatiques
et nitriques ; et réciproquement les acides passèrent facilement
à travers les solutions aqueuses de baryte et de strontite. Mais
dans les expériences où j'ai essayé,de faire passer l’acide sul-
furique au travers des mêmes menstrues, ou de faire passer
les barytes où les strontites à travers cet acide, les résultats
furent. absolument différens. à
Ayant mis une solution de sulfate de potasse dans la partie
négative du circuit, de l’eau distillée dans la partie positive»
et au milieu une solution saturée de baryte, au bout de 30
heures il n'existoit pas dans l’eau distillée assez d'acide sulfu-
rique pour qu'on püt le distinguer; je m’étois servi d'une
pile de 150. Au bout de quatre jours je vis paroître l'acide,
mais en très-petite quantité ; il s’étoit formé beaucoup plus
de sulfate de baryte dans le vase intermédiaire. La solution
de baryte étoit si foible, qu’à peine teignoit-elle le Z72mus ;
une couche épaisse de carbonnate de baryte s'étoit formée sur
la surface du fluide. Avec une solution de strontite, le résultat
fut parfaitement analogue; mais au bout de trois jours l’acide
sulfurique étoit sensible. è
Lorsque j'eus rendu avec une pile de 150 la solution de
muriate de baryte positive, l'acide sulfurique concentré inter-
médiaire, et l'eau distillée négative , pendant les quatre jours
que dura l'expérience, je n'appercus point de baryte dans l’eau
Kkk 2
44o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
distillée, mais il s’étoit formé beaucoup d'acide oxi-muriatique
dans le vase positif, et dans l'acide sulfurique, un dépôt assez
considérable de sulfate de baryte.
Plusieurs oxides métalliques soumis à la mème expérience,
passèrent à travers les solutions acides du côté positif ou négatif;
mais alors l'effet fut beaucoup plus long que dans la transi-
tion de la matière alkaline, Ayant rendu positive une solution
de sulfate vert de fer, une solution d’acide muriatique inter-
médiaire, et l’eau négative, suivant le procédé acoutumé , au
bout de dix heures l’oxide vert de fer commerça à paroître
sur l’amianthe négatif qui servoit de lien, et au bout de trois
jours il avoit formé un dépôt considérable dans le tube. Le
sulfate de cuivre, le nitre de plomb et le nitro-muriale d’étain ,
me donnèrent des résultats analogues.
J'ai fait plusieurs expériences sur la transition de la matière
acide et ane à travers les différentes solutions de sels
neutres, et les résultats furent les mêmes que ceux que j'ai
rapportés ci-dessus.
Dans une expérience où le muriate de baryte étoit négatif,
la solution de sulfate de potasse intermédiaire, et l'eau épurée
positive, la pile de Volta composée de 150, l'acide sulfurique
parut au bout de cinq minutes dans l’eau distillée, et au bout
de deux heures, l'acide muriatique étoit également évident.
Lorsqu'une solution de sulfate de potasse est positive, une so-
lution de muriate de baryte intermédiaire , et l’eau distillée néga-
tive , le baryte se montre dans l’eau, et au bout de quelques
minutes la potasse de la partie la plus éloignée de la chaîne est
à-peu-près une heure à s’amasser de manière à être sensible.
Lorsque la solution de muriate de baryte étoit positive , la
solution de potasse intermédiaire , et l'eau distillée négative,
la potasse paroissoil à l'instant dans l'eau distillée; un abon-
dant précipité de sulfate de baryte se formoit dans le vase du
milieu ; mais au bout de dix heures le baryte n'avoit pas encore
passé dans l'eau.
Une solution de sulfate d’argent ayant été interposée entre
une so ution de muriate de baryie du côté négatif, et de l’eau
épurée sur le côte positif, l'acide sullurique passa seul dans
l'eau distillée, et il se forma un abondant précipité dans la
solution de sulfate d'argent. Ce procédé dura dix heures.
J'ai fait plusieurs expériences de transition sur des substances.
animales et végétales, et toujours avec le plus grand succès.
Le sel mis en contact avec le métal, et ce qui existe dans
ET D'HISTOIRE NATURELLE. AT
les substances animales et végétales , l’un et l’autre éprouvèrent
la décomposition et le transfert; et le temps nécessaire pour que
ces produits se montrent aux extrémités-du circuit, dépend de
leur degré de proximité.
Ainsi ayant, avec une queue encore fraîche de polyanthe
d'environ 2 pouces de long, joint un tube positivement
électrisé , qui contenoit une solution de nitrate de strontite,
à un tube négativement électrisé rempli d'eau épurée, l’eau
devenue verte à l'instant, se montra chargée d’alkali, ei l’acide
mitrique qui s’en étoit dégagé, passa rapidement dans le tube
positif. Au bout de dix minutes j'examinai la matière alkaline,
elle étoit composée de potasse et de chaux, et cependant le
strontite n’y avoit pas encore pénétré. En effet un précipité
d'acide sulfurique la fit promptement dissoudre ans l'acide
muriatique. Au bout d’une demi-heure cependant, le strontite.
parut, et au bout de quatre il forma un abondant ingrédient
de la solution. 5
Un morceau de muscle de bœuf, d'environ trois pouces de
longueur sur un demi-pouce d'épaisseur, fut traité de la même:
manière, comme point de communication entre le muriate de
bäryte et l'eau distillée. Les premiers produits furent de la
suude, de l’ammoniac et de la chaux. Au bout d’une heure
le baryte étoit évident. Je trouvai beaucoup d’acide oxi-muria-
tique dans le tube positivement électrisé, mais aucune parcelle
d'acide muriatique, soit de la solution muriatique, soit de la:
Ebre musculaire, n'avoit passé dans le tube négatif.
VI. Quelques observations générales sur ces phénomènes.
et sur le mode de décomposition et de transition.
Pour exprimer en général, dans le langage ordinaire de la:
philosophie , les faits dont nous avons donné le détail, rela-
tivement aux changemens et aux transitions opérés par l'élec-
tricité, nous dirons que l'hydrogène, que les substances alka-
nes , les métaux et certains oxides métalliques, sont attirés par
les surfaces métalliques négativementélectrisées, et repoussés par
les surfaces métalliques positivement électrisées; que les oxigènes.
au contraire, ainsi que les substances acides, sont attirés par
les surfaces métalliques positivement électrisées , et répoussés
par les surfaces métalliques négativement électrisées. Ces forces
attractives et répulsiveS sont douées d’une énergie suflisante
pour détruire ou suspendre l'opération ordinaire de l’aflinité-
élective.
& ia JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
Il est naturel de supposer que les forces attractives et re-
poussantes sont communiquées d'une parcelle à une autre
parcelle de la mème espèce , de manière à établir un con-
ducteur dans le fluide ; d'où il résulte un changement de place
démontré par une multitude de faits. Aussi dans toutes les
expériences dans lesquelles j'ai examiné les solutions alkalines,
à travers lesquelles les acides avoient été transmis, j'ai tou-
jours trouvé de l'acide, lorsque quelque matière acide restoit
à la source primitive. Certainement, avec le temps la puissance
attractive de la surface positive rend la décomposition et le
transfert complets, mais elle ne la détermine pas.
Dans les cas de la séparation des parties constituantes de
l’eau et des solutions de sels neutres formant la totalité de la
chaine, il est possible qu'il existe une succession de décom-
positions et de recompositions à travers le fluide. A l'appui
de cette supposition viennent les expériences dans lesquelles
on a essayé de faire passer le baryte au travers de l'acide sul-
furique, et l’acide muriatique au travers d'une solution de
sulfate d'argent, expériences dans lesquelles les composés
indissolubles étant chassés hors de la sphère de l’action élec-
trique , le pouvoir de transférer est détruit. On peut tirer la
mème conclusion de plusieurs autres expériences. La magnésie
et les oxides métalliques, comme je l’ai déjà dit, passèrent au
moyen de l’amianthe mouillée, de la surface positive à la néga-
tive; mais que l’on mette entre les deux un vase d'eau épurée,
ces substances alors , loin d'aller chercher le vase négatif ,
tombent au fond. J'ai répété plusieurs fois ces expériences, et
toujours les résultats en ont été parfaitement concluans. Dans
une où l'acide sulfurique parut passer en petites quantités à
travers de légères solutions de strontite et baryte, je ne doute
pas que cette transition n'ait été produite par une légère couche
d’eau épurée, dans laquelle la solution avoit été décomposte
à la superficie, par l'acide carbonique. En eflet, dans une
expérience semblable à celle dans laquelle la pellicule du car-
bonnate de baryte avoit été souvent remuée et le fluide agité,
aucune parcelle d'acide sulfurique ne parut à la partie positive
de la chaîne.
Il est aisé d'expliquer, par les phénomènes généraux de la
décomposition et du transfert, de quelle manière l’oxigène et
l'hydrogène se développent séparément de l’eau. L'oxigène
d'une partie d’eau, est attiré par la surface positive dans le
même temps qu'elle repousse l’autre partie constituante , je
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 443
veux dire l'hydrogène. Le procédé opposé a lieu à la surface
négative. Au point central du circuit, soit quil exisle une suite
de décompositions et de recompositions, ou soitque les parcelles
des points extrêmes soient seules en activité, il doit nécessaire-
ment y avoir une nouvelle combinaison de la matière repoussée,
Ce cas est analogue à celui de deux portions de muriate de
soude séparées par l'eau distillée, où l'acide muriatique est
repoussé du côté négatif, et la soude du côté positif; tandis
que le muriate de soude se forme dans le vase du milieu.
Ces faits semblent réfuter pleinement les conjectures de
M. Ritter et de quelques autres philosophes, relativement à
la nature élémentaire de l’eau, et confirmer la grande décou-
verte de M. Cavendish, que l'eau est un composé d'oxigéne
‘et d'hydrogène.
M. Ritter crut avoir obtenu de l’eau de l’oxigène sans hy-
drogène , en faisant l'acide sulfurique le point de communi-
cation à la surface négative; mais dans ce cas le soufre est
déposé , et l'oxigène de l’acide , ainsi que l'hydrogène de l'eau,
sont également repoussés, et il se forme une nouvelle com-
binaison.
J'ai tenté quelques expériences de décomposition et de trans-
fert par le moyen de l'électricité ordinaire, en faisant usage de
là machine electrique de M. Nairne, qui appartient à la Société
royale, dont le cylindre est de 15 pouces de diamètre sur 2 pieds
de long.
Avec le même appareil employé pour les décompositions par
la batterie de Volta , un fort courant d'électricité passant dou-
cement, pendant quatre heures, à travers une solution de sulfate
- de potasse, ne produisit aucun effet qu'on püt appercevoir..
Mais en employant des points de beau platine de ;= de pouce
de diamètre, joints ensembie dans des tubes de verre , de la ma-
nière inventée par le docteur Wollaston, et en les rapprochant
les uns des autres, dans des vases contenant de 3 à 4 grains
de solution de sulfate de potasse, et unis par de l'asbeste
mouillée , en moins de deux heures la potasse se montroit
autour du point négativement électrisé, et l’acide sulfurique-
autour du point positif.
Dans une expérience semblable, l'acide sulfurique fut trans-
féré dans l’eau, au travers de l’asbeste mouillée; ensorte
qu’il n’y a point de doute que le principe de l’action ne soit
le méme dans l'électricité ordinaire et dans celle de Volta.
AA JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIP
VIL. Sur les principes généraux des changemens chimiques
produits par l'électricité.
Les expériences de M. Bennet ont démontré que plusieurs
corps d’abord mis en contact, et ensuite séparés, présentoient
des états opposés d'électricité; mais c’est à Volta que l'on doit
le développement de ce fait. Il l'a fait voir distinctement dans
le cas du cuivre et du zinc, et des autres combinaisons mé-
talliques , et il a aussi supposé que le même effet avoit lieu
à l'égard des métaux et des fluides.
Dans une suite d'expériences faites en 1801, sur la cons-
truction de combinaisons électriques au moyen de disques,
de métaux et de couches de fluide alternant l'un avec l’autre,
j'ai observé que lorsqu'on employoit les solutions acides et
alkalines comme élémens de ces instrumens , les solutions
alkalines recevoient toujours électricité du métal, et que l'acide
la transmettoit toujours au métal, Ainsi, lorsque ces élémens se
trouvoient composés d’étain, d'eau et de solution de potasse,
la circulation de l'électricité étoit de l’eau à l’étain , et de l’étain
à la solution de potasse; mais ces élémens étoient-ils com-
posés d’un léger acide nitrique, d’eau et d’étain ? l'électricité
circuloit alors de l’acide à l’étain et de l’étain à l'eau.
Ces principes semblent avoir un rapport immédiat avec les
phénomènes généraux de la décomposition et de la transition,
qui ont été le sujet des détails précédens.
Das le plus simple cas de l’action électrique , l'alkali qui
reçoit l’électricité du métal, séparé de ce dernier, doit né-
cessairement paroître positif; tandis que dans des circonstances
semblables, l'acide sera négatif; et ces corps ayant respecti-
vement, à l'égard des métaux, une puissance électrique, néga-
tive et positive, s’il m'est permis de parler ainsi, semblent
dans leurs fonctions attractives, repoussantes par les lois
ordinaires de l'attraction et de la répulsion électriques. En
effet le corps doué de la puissance positive est repoussé par
les surfaces positivement électrisées , et attiré par les surfaces
négativement électrisées ; tandis que le corps qui possède la
force négative, suit l'ordre contraire.
J'ai fait une multitude d'expériences pour éclaircir cette
idée et donner plus d’étendue à son application, toutes m'ont
confirmé d’une manière frappante l'analogie.
Du charbon de bois bien brûlé, de l’eau et de l'acide ni-
rique, la même substance, de l’eau et une solution de soude,
devenus
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445
deyenusrespectivement élémens de différentes combinaisons élec"
triques, Furent distinctement actifs lorsque j'eus mis ensemble 20
alternations. L'alkali donnoit, d'un cûté , la puissance positive,
-et d’un autre l'acide la négative. Des disques de zinc, des
morceaux de carton mouillé et de chaux vive humectée , le
tout au nombre de 40 pièces, formèrent également une foible
colonne électrique, l'effet de la chaux étant semblable à celui
de l’alkali, mais bientôt elle perdit sa puissance.
Au moyen d'instrumens extrêmement délicats, je voulus
m'assurer des états électriques de chaque acide en particulier
et des solutions alkalines, après leur contact ayec les métaux.
J'employai à cet effet, à différentes fois, l'électromètre, con-
densant de M. Cutberson, le multipliant de M. Cavallo, et
une balance électrique extrémement juste, d’après le principe
de Torsion, adopté par M. Coulomb; mais les effets n’en
furent pas sati-faisans ; les circonstances de l'évaporation et
de l’action chimique , l'adhérence des solutions aux surfaces
des métaux employés, empèchèrent aucun résultat distinct,
ou rendirent la source de l'électricité douteuse. Je n'entrerai
point dans le détail de procédés ou d'expériences tendantes
à tirer des conséquences d'apparences capricieuses et incer-
taines, conséquences qui, comme nous ne tarderons pas à
le voir, peuvent être déduites d'apparences claires et distinctes.
Les substances alkalines et acides qui peuvent exister sous
une forme sèche et solide, donnent, par leur contact avec
les métaux, des électricités extrêmement sensibles qui se ma-
nifestent par la feuille d’or de l'électromètre ; avec une petite
plaque condensante.
Lorsque les acides oxalique , succinique , benzoïque ou bo-
racique , parfaitement secs, soit en poudre, soit cristallisés,
ont touché une surface étendue d’une plaque de cuivre, isolée
par une poignée de verre, le cuivre se trouve positif et l’acide
négatif, Lorsque le temps est favorable et l’electromètre en
bon état, un seul contact de ce métal suffit pour produire une
charge sensible ; maïs rarement il en faut plus de cinq ou six.
D'antres métaux, tels que le zinc et l'étain, sur lesquels l'expé-
rience a été répétée, donnèrent le même effet. Le métal reçoit
la charge positive, selon toute apparence, a la même étendue,
soit que l'acide soit isolé sur le verre, ou communique à la;
terre.
L'acide phosphorique solide produit par inflammation , et,
éloigné avec soin du contact de l'air, rendoit la lame isolée
Tome LXIV. JUIN an 1807. LI!
446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de zinc positive, par quatre contacts ; mais exposé à l'atmos-
phère pendant quelques minutes, il perdoit sa puissance.
Lorsque les plaques métalliques eurent touché la chaux sèche,
la strontite ou la magnésie, le métal devint négatif; l'effet étoit
très-distinct, un seul contact sur une grande surface étant
suffisant pour communiquer une charge considérable. Les terres
ee servirent à ces expériences avoient été préparées avec soin ;
elles étoient en poudré et renfermées dans des bouteilles de
verre , plusieurs jours avant d’en faire usage. Il est essentiel,
pour que le procédé réussisse, de les mettre à l'abri de la tem-
pérature de l'atmosphère. Dans quelques expériences que je
fis sur ces substances après les avoir d’abord mises au feu et
les avoir ensuite laissé refroidir, elles parurent fortement
électriques, et rendoient positifs les conducteurs mis en con-
tact avec elles. w:
J'ai fait plusieurs expériences de la même manière sur les
effets du contact de la potasse et de la soude, avec les mé-
taux; dans aucune la potasse ne me donna de résultats satis-
faisans. Sa puissante attraction jour l’eau a présenté un obstacle
insurmontable au succès de quelques expériences faites dans
une atmosphère libre. La soude dans un seul cas où lélectri-
cité se développa, affecta le métal de la même manière que
la chaux , la strontite et la magnésie. La soude dans cette
occasion fut préparée avec le plus grand soin, ayant été exposée
pendant environ une heure dans un creuset de platine, à une
chaleur rouge, et refroidie dans un creuset enveloppé de mer-
cure, Cette enveloppe êtée , le contact eut lieu avec une plaque
de zinc. L'expérience se fit en plein air. Le temps étoit sin-
gulièrement sec, le thermomètre à 28° de Fahrenheit, et le
baromètre à 31 pouces. À la première expérience six contacts
donnèrent une charge à l'électromètre condensant ; il en a fallu
dix à la seconde pour produire le méme effet, après laquelle,
au bout de deux minutes seulement, la charge disparut, et
il me fut impossible d'obtenir des résultats ultérieurs.
Dans la décomposition de l'acide sulfurique par l'électricité
de Volta, le soufre se sépare vers le côté négatif. Les expé-
riences faites par divers physiciens, prouvent que par le frotte-
ment du soufre et des métaux, le soufre devient positif et
les métaux négatifs. J'ai obtenu le même résultat du contact
d’un pain de soufre quinétoit pas frotté, et d’une plaque m£-
tallique isolée. M. Wilke a établi une éxception en faveur
du plomb comme rendant le soufre négalif par son frottement.
ET D'HISTOIRE NATUkKELLE. 447
Les résultats que j'ai obtenus du plomb, dans des expériences
faites avec le plus grand soin, sont les mêmes que ceux
produits par les autres métaux. Le soufre frotié ou frappé
contre du plomb nouvellement poli, devenoit toujours positif.
Peut-être M. Wilke s'est-il trompé ;en employant du plomb
terni. En effet, j'ai trouvé que le soufre frotté contre la litharge
ou-contre du, plomb resté long-temps à l'air, dévenoit néganf.
Ainsi cetteexceplion mise de côté, tous les faits relatifs à ce
Sujet, vi nnent à l'appui des pruicipes généraux
Ea principe général, l’oxigène et l'hydrogène doivent, à l’égard
des métaux respectifs, être douts de Ja puissance négative et
positive. Cette.opinion est confirmée par l'action de leurs com-
posés. Ainsi. j'a trouvé que la solution aqueuse d’hydrogène
sulfuré dans l'appareil électrique , composé de disques mé-
talliques et de différentes couches de fluides, agissoit de la
même manière que les solutions alkalines ; que la solution
d'acide oxi-muriatique est bien plus puissante dans un sem-
blabie appareil, que les solutions d'acide muriatique au plus
haut degré de concentration ; ce que dans l'un et l’autre cas
il est impossible de concevoir sans l'action de l'oxigène et de
l'hydrogène combinés. Gette conséquence est pleinement con-
firmée par l'action de la solution des soufres alkalins hydro-
génés, consistant principalement dans l'union du soufre et de
l'alkali, conjointement avec l’eau : elles présentent relative-
ment aux métaux la puissance positive à un très-haut degré.
Dans la suite d'expériences faites avec l'appareil de Volta,
composé des disques , dont j'ai parlé ci-dessus, j'ai trouvé que
les solutions de soufre trempé dans l’eau, étoient en général
beaucoup plus actives que les solutions alkalines, surtout ayec
le cuivre, l’argent et le plomb. Dans une expérience que je
fis en 1802, sur une combinaison de cuivre, de fer et de
sulfures saturés d'eau, j'ai trouvé que l'énergie positive des
sulfures saturés d'eau , relativement au cuivre, suflisoit pour
surmonter celle du fer; ensorte que l'électricité circuloit non
pas du cuivre au fer, et du fer au fluide, comme dans les
cas ordinaires, mais du cuivre au sulfure saturé d’eau, et de
ce dernier au fer.
Tous ces détails confirment d'une manière irréfragable le
principe, On peut les considérer comme un simple arrange-
ment de faits qui, au moyen de quelques extensions, paroît
susceptible d'une application générale,
Si des corps possèdent des forces électriques opposées rela-
448 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
tivement à l'un d'eux, nous pouvons en conclure avec assurance,
qu'ils les possèdent relativement les uns aux autres. C'est ce
que jai trouvé dans une expérience faite avec de la chaux et
de l'acide oxalique. Un morceau de chaux sèche fait de pierre
de chaux secondaire , et dont la forme présentoit une large
surface unie, devint positivement électrique par des contacts
répétés avec des cristaux d'acide oxalique. Ces cristaux placés
au haut de l’électromètre condensant et touchés à différentes
reprises par la chaux que l’on faisoit décharger après chaque
contact , rendirent les feuilles d'or négativement électriques.
La tendance des simples contacts de l'acide et de l’alkali avec
le métal, doit produire des effets opposés à ceux ci-dessus,
si leur action mutuelle avoit beaucoup d'énergie.
Ce n’est certainement pas s'éloigner de la question que de
considérer les autres acides, et généralement les substances
alkalines, ainsi que l'oxigène et l'hydrogène, comme possé-
dant les inêmes rapports électriques; et dans les décomposi-
tions et les changemens que présentent les effets de l'électricité,
les différens corps qui possèdent naturellement des aflinités
chimiques, parcissent incapables de se combiner ou rester en
combinaison , lorsqu'ils se trouvent placés dans un état d’élee-
tricité différent de leur ordre naturel. Ainsi, comme nous
lavons vu, les acides, dans la partie positive du circuit, se
séparent d'eux mêmes des‘alkalis, Foxigène de l'hydrogène, etc.
Du côté négatif, les métaux ne s'unissent point à l'oxigène , et
Jes acides ne restent point amalgammés avec leurs oxides. Par
ce moyen les agens actifs et‘repoussans paroissent être com
muniqués des surfaces métalliques à travers tout le menstrue.
VIII, Sur les rapports entre les forces électriques des corps,
et leurs affinités chimiques.
L'attraction chimique entré deux corps, semble être détruite
en donnant à l’un d'eux un état éléctrique différent de celui
qu'il avoit naturellement : c'est ce qu'on opère si on fait passer
artificiellement l’un dans un état semblable à celui de l'autre,
de manière à pouvoir augmentér où exalter son énergie na-
turelle. Ainsi, tandis que le zinc, l'un des métaux les plus
oxidables, est incapablé de se combiner avec l'oxigéne, lors-
-qu'il est négativement électrisé dans le‘citcuit même, par un
foible pouvoir, l'argent, l’un des moins oxidables, s'y unit aisé-
ment, lorsqu'il est positivement électrisé. On peut dire la même
chose des autres métaux.
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449
Parmi les substances qui se combinent chimiquement, toutes
celles dont les forces électriques sont bien connues , donnent
des états opposés. Ainsi le cuivre et le zinc, l'or et le mercure,
le soufre et les métaux, les substances acides et alkalines, sont
des preuves de ce que j'avance; et en supposant la liberté
entière du mouvement dans leurs parcelles ou matière élé-
mentaire, elles doivent, d'après les principes mis en avant,
s’atürer l'une l’autre en conséquence de leurs pouvoirs élec-
triques. D'après nos connoissances actuelles, il seroit inutile
de vouloir approfondir la cause éloignée de la force électrique,
où ja raison pour laquelle différens corps, après avoir été mis
en contact les uns avec les autres, se trouvent différemment
‘électrisés. Cependant le rapport de l'électricité avec l’aflinité
chimique est assez évident. Celle-ci n’est-elle pas identifiée avec
l'autre, ou est-elle une propriété essentielle de la matière ?
. Les disques de verre de Beccaria, enveloppés d'étoffes, sont
fortement atiachés l'un à l’autre, lorsqu'on les charge à l’oppo-
site, et conservent leurs charges étant séparés. Ce fait n'a qu’un
rcpport éloigné avec le sujet que nous traitons. Différentes
parcelles, en se combinant , peuvent encore être supposées
conserver leur état particulier d'énergie.
Däns une recherche qui n’est pour aïnsi dire encore qu’au
berceau, il ne conviendroit pas de mettre une confiance avett-
gle dans cette hypothèse; mais cela paroît dériver naturellement
des faits et coïncider avec les lois de F'aflinité , si habilement dé-
veloppées par les chimistes modernes; et lon peut en faire
aisément l'application générale. Ù
En supposant deux corps dont les particules sont dans des
états d'électricité différens, et ces états assez exaltés pour
leur donner une force atiractive supérieure au pouvoir d'agré-
gation, il y aura une combinaison qui aura plus au moins
d'intensité, selon que les forces seront plus ou moins parfaite-
ment balanctes, et le changement des propriétés aura use
correspoudaice proportionnelle.
C'est là le cas le plus simple de l'union chimique : mais
différentes substances ont différens degrés de la même puis-
sance électrique , en rapport avec le même corps. Ainsi les
différens acides et aikalis ont différentes énergies relativement
au même métal. L'’acide sulfurique, par exemple, a plus de
force avec le plomb, que l'acide muriatique, et la solution
de potasse est plus active avec l'étain, que la solution de
soude. Les mèêines corps aussi peuvent étre, dans le mêirie
4Fo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE,
temps, ou repoussans relativement de l’un à l'autre, ce qui
arrive en apparence dans les cas ci-dessus mentionnés, ou ils
peuvent étre neutres, ou bien ils peuvent être dans des états
opposés ou attractifs. Ces derniers paroissent être dans la
catégorie du soufre et des alkalis, qui ont la même espèce
d'énergie relativement aux métaux
Lorsque deux corps se repoussant l'un l'autre, agissent sur
le même corps avec différens degrés de la même force élec-
trique attractive, la combinaison sera déterminée par degrés,
et la substance douée de l'énergie la plus foible sera repoussée.
Ce principe nous donne les causes de l'aflinite élective et des
décompositions qui en sont la suite.
Or lorsque des corps ayant differens degrés de la même
énergie, relativement à un troisième corps , ont aussi des
forces différentes relativement à l’un et à l’autre, ii peut exister
alors une balance de pouvoirs attractifs et repoussans, cipable
de produire un troisième composé. En étendant ce raisonnie-
ment, il est aisé d’expliquer l’union chimique compliquée.
On pourroit sans difficulté donner plusieurs déveioppemens
à ces notions, et les appliquer à tous les cas de l'action chi-
mique. Mais dans l’état actuel de la question, une grande
extension de cette partie hypothétique du sujet, seroit pré-
maturée.
L'idée générale cependant donnera une explication facile de
l'influence de l’aflinité par les masses des substances agissantes,
ainsi que l'ont démontré les expériences de M. Berthollet; car
l'effet combiné de plusieurs parcelles, douées d’une foible éner-
gie électrique , peut se concevoir égal ou même supérieur
à celui de quelques parcelles possédant une forte énergie
électrique. Les faits précités confirment cette supposition.
En effet la lessive alkaline concentrée s'oppose bien plus
facilement à la transmission d’acide par l'électricité, que celles
qui sont foibles.
En accordant que la combinaison dépend de la balance des
forces naturelles électriques des corps, 1l est aisé de concevoir
qu’on peut trouyer une esure des forces artificielles, ainsi que
l'intensité et la quantité produites par la machine électrique
ordinaire, ou par l'appareil de Volta, capables de détruire cet
équilibre.
Dans le circuit de l'appareil de Volta, complété par les fils
de métal et par l'eau, la force des électricités opposées va
en diminuant des points de contact des fils vers le point milieu
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451
de l’eau, qui est nécessairement neutre. Dans une masse d’eau
d'une étendue considérable, il ne sera sans doute pas difficile
d’assigner les endroits où les différens composés neutres cèdent
à la décomposition, ou lui résistent. Le sulfate de baryte, dans
tous les cas où je l'ai essayé, demandoit un contact immédiat
avec le fil. La solution de sulfate de potasse ne donnoit aucune
- marque de décomposition avec une force de 150, lorsqu'elle
se trouvoit dans un circuit d’eau de cinq pouces d'étendue,
à quatre pouces du point positif; mais placée à deux pouces,
son alkali étoit repoussé lentement, et son acide attiré.
Toutes les fois que les corps amenés par des moyens arti-
ficiels à un haut degré d'électricité opposée, sont placés de
manière à rétablir l'équilibre, la chaleur et la lumière en sont
les conséquences ordinaires. Peut-être est-ce une circonstance
à ajouter en faveur de la théorie, qui soutient que la chaleur
et la lumière sont aussi le résultat de toutes les actions chi-
miques intenses. Et comme dans certaines formes de la batterie
de Volta, où de grandes quantités d'électricité, d'intensité lente
agisseut, la chaleur est produite sans lumière, de même dans
les combinaisons lentes il y a une augmentation de tempéra-
ture sans apparence de lumière. |
D'après ces idées on peut expliquer aisément l'effet de la
chaleur en produisant la combinaison. Non-seulement elle
donne souvent un mouvement plus libre aux particules, mais
dans nombre de cas, elle semble exalter les forces électriques
des corps : le verre, la tourmaline, le sonfre, nous donnent
communément des preuves de cette dernière espèce d’énergie,
Je fis chauffer ensemble un disque isolé de cuivre et un
disque de soufre; j’examinai leurs électricités au moment où
leur. température étoit élevée; ces électricités rarement sen-
sibles à 50° de Fahrenheit, à l'électromètre condensant , devin-
rent à 100° de Fahrenheit, capables d’affecter les feuilles d'or
sans condensateur. Plus le soufre approchoïit de son point
de fusion, plus elles allèrent en augmentant. Un peu au-dessous
de ce point, ainsi que l'ont démontré les expériences des chi-
mistes hollandais, ces deux substances se combinent rapide-
ment, et la chaleur, ainsi que la lumière, sont évidentes.
On peut concevoir que de semblables effets se rencontrent
dans le cas de l'oxigène et de l’hydrogène, dont l'eau forme
un Corps neutre en a; parence dans la force électrique; et pour
plusieurs autres substances , nous pouvons conclure avec raison
que dans tous les cas de combustion, la mème exaltation de
452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
pouvoir existe. En général, lorsque différentes énergies sont
fortes et dans un équilibre parfait, la combinaison doit étre
vive , la chaleur et la lumière intenses, et le composé nouveau
dans un état neutre. Tel est le cas dans l'expérience dont il
s'agit, et dans les circonstances de l'union des alkalis et des
acides puissans.
. Cette dernière opinion est confirmée par toutes les expé-
riences que jai été à même de faire sur les forces des com-
posés de sel relativement aux métaux. Le nitre et le sulfate
de potasse, le muriate de chaux, l'oxi muriatique de potasse,
quoique touchés à plusieurs reprises différentes, sur une large
surface de disque de cuivre et de zirc, ne leur donnèrent
aucune charge électrique; le sous-carbonate de soude et le
borax , au contraire, donnèrent une légère charge négative;
l'alun et le superphosphate de chaux, une foible charge po-
sitive.
Dans des expériences ultérieures, ce principe pourra géné-
ralement s'appliquer au degré des forces électriques des corps,
dont on se seroit assuré au moyen d'instrumens sensibles, et
donner sur leur composition des éclaircissemens utiles et nou-
veaux.
IX. Sur le mode d'action de la pile de Volta, avec des
éclatrcissemens donnés par les expériences.
La grande tendance de l'attraction des différens agens chi-
miques, par les surfaces positives et négatives, dans l'appareil.
de Volta , semble devoir rétablir l'équilibre électrique. Dans la
batterie de Volta, composée de cuivre, de zinc et de solution
de muriate de sonde, toute circulation de l'électricité cesse,
et l'équilibre est rétabli si le cuivre est mis en contact des
deux côtés avec le zinc; et l’oxigène et les acides qui sont
attirés par le zinc positivement électrisé , exercent des actions
semblables sur le cuivre, mais probablement dans un degré
plus foible ; et commeils sont susceptibles de combinaison avec
le métal, ils ne produisent qu’un équilibre momentané.
Les forcesélectriques des métaux, relativement lun à l'autre,
ou les substances dissoutes par l’eau dans l'appareil de Volta,
et dans les autres instrumens analogues, semblent être les
causes qui troublent l’équilibre , et les changemens chimiques
celles qui tendent à le rétablir; et les phénomènes dépendent
très-probablement de Îeur action réunie.
Dans la pile de Volta, de zinc, de cuivre et de solution
de
3 » re
ET D HISTOIRE NATURELLE. 493
de muriate de soude , à laquelle on avoit donné sa tension
électrique, les disques communicans de cuivre et de zinc,
étoient dans -des états opposés d'électricité. Relativement
aux électricités d’une intensité lente, l'eau est un corps isolé.
Conséquemment chaque disque de cuivre produit, par induc-
tion, une augmentation d'électricité positive sur Îles disques
de zinc opposés , et chaque disque de zinc, une augmentation
d'électricité négative sur le disque de cuivre opposé, et l'in-
tensité augmente en raison du nombre;et la quantité, en raison
de l'étendue de la série.
Lorsque la communication est faite entre les deux points
extrêmes, les électricités opposées tendent à se détruire l’une
l'autre, et si le fluide existant au milieu est une substance
incapable de décomposition, on peut croire alors que l'équi-
libre se rétablit, et que le mouvement de lPélectricité cesse.
Mais la solution de muriate de soude étant composée de deux
séries d'élémens qui possèdent des forces électriques opposées,
l'oxisène et l'acide sont attirés par le zinc, et l'hydrogène et
l'aikali par le cuivre.
La bajance du pouvoir n'est que momentanée. En effet la
solution de zinc se forme et l'hydrogène se dégage. La force
négative du cuivre et la force positive du zinc, se développent
de nouveau, afloiblies seulement par la force opposée de la
soude en contact avec le cuivre, et le procédé du mouvement
électrique continue aussi long-temps que les changemens
chimiques peuvent s'opérer.
Cette théorie paroït concilier les principes hypothétiques de
l'action de la pile adoptée par son illustre inventeur , avec Îes
opinions relatives à l’origine chimique du galvanisme, adoptées
par un grand nombre de philosophes anglais; elle est de plus
confirmée et fortifiée par une multitude de faits et d’expé-
riences.
Ainsi la pile de Volta, composée de 20 paires de plaques
de cuivre et de zine, n’a point un pouvoir électrique perma-
nent, lorsque le fluide unissant est l'eau dégagée d'air. Cette
substance en effet ne produit pas promptement un change-
ment chimique, et il semble que l'équilibre puisse être cous-
tamment rétabli, quoiqu'elle soit intermédiaire. L’acide sulfu-
rique concentré, qui est un conducteur bien plus parfait, est
également sans effet; car il agit peu sur le zinc, et est lui-
mème décomposé par une forte puissance. Les piles contenant,
comme leur élément fluide, soit l’eau pure, soit l'acide sul-
Tome LXIV. JUIN an 1807. M mm
à
A4 JOURNAL BE PHYSIQUE, DE CHIMIE
furique, donneront sans doute des corps simples, effet qui se
lie avec le rétablissement dé l'équilibre rompu par les forces
des métaux; mais lorsque leurs plaques, qui se trouvent aux
extrémités, sont réunies, alors il n'y a point d’exhibition,
comme il arrive toujours dans le cas du mouvement électrique.
L'eau qui contient de l’oxigène combiné, a bien plus d'efficacité
que celle qui renferme de l'air commun, puisque dans le pre-
mier cas l'oxide et le zinc peuvent se former beaucoup plus
vite et en bien plus grandes quantités. Les solutions de sel
neutre, d’abord très-actives , perdent leur énergie à mesure que
leur acide s'arrange de lui-même du côté du zinc, et leur
alkali du côté du cuivre. J'ai éprouvé que les forces d'une
combinaison , à-peu-près détruites par cette cause, se ravivoient
en agitant simplement les fluides dans les cellules, et en mélant
leurs parties ensemble. Les acides délayés qui sont eux-mêmes
aisément décomposés, ou qui aident à la décomposition de
l'eau, sont au-dessus de toutes les autres substances actives.
En effet ils dissolvent le zinc et produisent seulement, sur la
surface négative, un gaz qui est immédiatement dégagé.
Il est d'autres expériences liées à des résultats singulièrement
frappans , qui déterminent encore à supposer que la décom-
position du menstrue chimique est essentielle au mouvement
électrique continuel de la pile.
Et lorsqu'une décharge électrique est produite dans la batterie
de Volta, au moyen de petites surfaces métalliques, les états
opposés étant exaltés, une chaleur sensible en est la consé-
quence. Il m'est démontré que si la décomposition des agens
chimiques étoit essentielle à la balance des électricités opposées,
dans une solution de sel, l'effet de cette décomposition et du
passage de l'alkali au côté négatif, et de l’acide au côté positif,
doit, dans des circonstances favorables, se lier avec une augmen-
tation de température. :
Jesmis les cônes d’or, dont j'ai déjà parlé, dans le circuit
d'une batterie forte de 100 plaques; après les avoir remplis
d'eau distillée, je les joignis ensemble au moyen d’un morceau
d'asbeste mouillé, d'environ un pouce de long et : de pouce
de diamètre; je me procurai un thermomètre d'air assez petit
pour pouvoir entrer dans les cônes, n'attendant qu'un bien
léger changement de température , si même il y en avoit aucun.
J'introduisis dans le cône positif une goutte de solution de
sulfate de potasse, la décomposition commença à l'instant. La
potasse n'eut pas plutôt passé dans le cône negatif, que la
in iun
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 455
chaleur fut sensible, et en moins de deux minutes l'eau étoit
dans un état d'ébullition.
Je fis la même expérience avec une solution de nitre d'am-
moniac, la chaleur alors s'éleva à un tel degré d’intensité,
qu’en trois ou quatre minutes toute l'eau s'évapora avec une
espèce d’explosion, etenfin survint l'inflammation avec la décom-
position et l'évaporation de la plus grande partie, de ce sel (1).
Il estévident , d'après cette expérience, que Faugmentation du
pouvoir conducteur de l’eau , au moyen de la goutte de solution
de sel, ne contribue en rien à l'effet dont ils agit. J'introduisis
dans les cônes une certaine quantité de lessive de potasse,
ainsi que de l'acide sulfurique concentré , mais séparément ,
l’un et l’autre sont des conducteurs beaucoup meilleurs que
les solutions de sels neutres; mais l'effet en fut très-peu
sensible.
Les mêmes principes peuvent s'appliquer à toutes les variétés
de l’appareil électrique, soit que les plaques en soient doubles
ou simples ; et si les idées développées dans les précédentes
sections, sont exactes, il s'ensuit qu'une propriété agissante
sous différentes modifications, est la cause universelle de leur
activité.
X. Sur quelques éclaircissemens généraux, et applications
des faits et des principes précédens. Conclusion.
Les idées générales exposées ci-dessus, sont évidemment en
contradiction avec l’opinion avancée par Fabbroni, qui, lorsque
cette nouvelle découverte parut, fut trouvée extrêmement pro-
bable; je veux dire que les changemens chimiques sont les
causes prernières des phénomènes du galvanisme.
Avant que les expériences de M. Volta sur l'électricité,
excitée par le simple contact des métaux, eussent été rendues
publiques , j'étois disposé à adopter cette opinion; mais de
nouveaux faits me démontrèrent bientôt qu'il falloit nécessaire
ment qu’une autre puissance agit. En effet il n’étoit pas possible
de rapporter l'éiectricité développée par l’apposition de surfaces
métalliques à quelques altérations chimiques, surtout parce que
son effet est beaucoup plus sensible dans une atmosphère sèche,
(1) Dans ce procédé l’ammoniac fut rapidement enleve de la surface du
cône négatif, et l’acide nitrique du cône positif. Leur combinaison produisit
dans l’atmosphere , au-dessus de l’appareil, une vapeur blanchätre.
Mimm 2
456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DEICNIMIE
où les métaux, même Îles plus oxidables, n'éprouvent aucun
changement , que dans une atmosphère humide , où plusieurs
métaux éprouvent une altération chimique.
D'autres faits n'ont pas tardé à me convaincrè de l’existence
de cet autre pouvoir. Par l'appareil de Volta , :l est reconnu
que dans une combinaison d'acide nitrique délayé, de zinc et
de cuivre, | é du zinc exposé à cet acide est posilif ;
mais dans les! binaisons de zinc, d’eau et d’acide nitrique
délayé , la surface exposée à cet acide est négative. Cependant,
si l’action chimique de cet acide sur le zinc eût été la cause
de cet effet, il devroit étre le même dans Jes deux cas.
Dans les simples cas de changement chimique, l’électricité
ne se développe jamais. Le fer brülé dans le gaz oxigène,
parfaitement uni avec un électromètre condensant , ne lui
donne aucune charge pendant le procédé. Le nitre et le charbon
de bois brûlé, en communication avec le méme instrument, ne
peuvent pas affecter par leurs actions, au plus foible degré, les
feuilles d'or. La potasse pure, solide et l’acide sulfurique, com-
binés dans un creuset de platine isolé, ne produisent aucune
apparence d'électricité. Une aralgame solide de bismuth,
ainsi qu'une amalgame solide de plomb , mélés ensemble,
deviennent fluides. Gette expérience, selon moi, tient à la
diminution de la température, mais non pas au développe-
ment des effets de l'électricité. Une petite plaque de zinc que
j'avois mise sur une surface de mercure, s’est trouvée positive,
ei le mercure négatif. Les métaux en s’échauffant exaltent les
effets; mais qu’on les laisse assez long-temps en contact pour
s'amalgamer , le composé alors ne donne aucun signe d'élec-
tricité. Je pourrois citer une multitude d'autres preuves de
l'action purement chimique , expériences dans lesquelles j'ai
employé tous les moyens qui étoient en mon pouvoir, pour
constater le fait , et dont le résultat a été constamment le
même. Dans le cas d’effervescence, il est vrai, surtout lors-
gu'elle est accompagnée de beaucoup de chaleur, les vases
de métal dont on se sert, deviennent négatifs; mais le chan-
gement d'état d’un corps indépendant d’un changement chi-
mique, est un phénomène qui tient à l'évaporation, et qu’il
faut rapporter à différentes lois (x).
(1) Le changement de capacité des corps, en conséquence de l’altératioæ
dans leurs volumes , ou états d’existence par la chaleur, est une source eon—
tinuelle d’effets électriques, et qui, comme je l’ai remarqué plus haut, s’oppose
ET D'HISTOIRE NATURELLE, 457
J'ai parlé des plateaux de verre de Becéaria, comme donnant
un cas semblable à celui de la combinaison, en conséquence
des différens états électriques des corps. Dans les expériences
de Guyton de Morveau , sur la cohérence , on dit que les diffé.
rens métaux se sont attachés au mercure avec une force pro-
portionnée à leurs aflinilés chimiques. Mais les autres métaux
ont différentes énergies électriques, ou différens degrés de la
méme force électrique relativement au mercure; et dans tous
les cas du contact da mercure avec un autre métal sur une grande
surface , ceux-ci doivent s'y attacher en conséquence de la diffé-
rence de leurs états électriques , c'est-à-dire avec une force pro-
portionnée à l’exaltation de ces états. Le fer qui, selon M. Guyton,
est légérement adhérent, séparé du mercure sur lequel on lavoit
d’abord déposé, m'a paru donner un peu d'électricité positive.
L'étain, le zine et le cuivre, qui sont plus fortement adhé-
rens, communiquent à l'électromètre condensant des charges
beaucoup plus considérables. Je n’ai point en d’instrumens
assez exacts pour mesurer ces différences. Il me sembleroit
néanmoins que l'adhésion provenant des états électriques, doit
avoir eu lieu dans les expériences précitées; et que ces états
étant en proportion des forces électriques, sont, d’après l'hy-
pothèse ci-dessus, proportionnés aux aflinités chimiques. Com-
ment cette adhérence peut-elle être généralement influencée
ou occasionnée par l'effet de la différence des forces électri-
ques des corps ? C’est une question qu'il seroit intéressant
d'approfondir.
. Plusieurs applications des faits généraux et des principes aux
aux résultats des expériences sur lés forces électriques des corps qui se sent
développées par le contact. C’est aussi probablement une des causes des ré-
sultats capricieux des expériences du frottement dans lesquelles le même
corps , suivant que sa texture est altérée , ou sa température changée, prend
différens états relativement à un autre corps. Le frottement peut être consi-
déré comme une succession de contacts, et selon toutes les apparences, il
doit donner un développement exact aux forces naturelles des corps, si l’exci-
tation inégale de la chaleur, ou sa communication inégale aux différentes
surfaces , ue s’y oppose pas, en changeant d’une manière inégale leurs capa-
cites électriques.
Parini les élémens du verre fait avec le sable, le silex est foiblement négatif,
relativement aux métaux, et la soudé positive ; et dans les contacts du verre
avec les métaux, j'ai trouvé que celui-ci avoit la force de l’alkali, La même
chose arrive dans le frottement ; l’amalgame de la machine commune est
essentielle pour l’exciter puissamment,.
458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
procédés chimiques, soit dans l’art, soit dans la nature, se
présenteront aisément d'elles-mêmes à la recherche du philo-
sophe.
Les uns et les autres offrent des méthodes très-faciles de
séparer les matières acide et alkaline, lorsqu'elles existent en-
semble ou séparément, combinées dans les minéraux. Les forces
électriques de décomposition peuvent aussi être aisément em-
ployées dans l’analyse animale et végétale.
Un morceau de fibre musculaire de deux pouces de long sur
un demi-pouce de diamètre , électrisé pendant cinq jours par
une force de 150 , devint absolument sec et dur. Réduit
en cendres, il ne déposa aucun sel. La potasse, la soude,
l'ammoniac, la chaux et l'oxide de fer qui en sortirent, pas-
sérent du côté négatif, tandis que le côté positif recut Les trois
acides minéraux communs , et l’acide phosphorique.
Une feuille de laurier traitée de la même manière, parut
avoir été exposée à une chaleur de 500° ou de 600° de
Fahrenheit; elle étoit brune et grillée. Une matière verdâtre
se montra dans le vase négatif avec de la résine, de l’alkali®
et de la chaux. Le vase positif contenoit un fluide clair qui
avoit l’odeur de la fleur de pècher. Ce fluide neutralisé par’
la potasse, donna à la solution de sulfate de fer, un précipité
d'un bleu verdâtre, ensorte qu'il renfermoit de l’acide prus-
sique végétal.
Je pris pour point milieu de connexion, dans la batterie
une petite plante de menthe, dans un état de végétation parfaite ;
ses extrémités étoient en contact avec-l’eau épurée. Le procédé
dura 10 minutes. Je trouvai dans l’eau négativement électrisée,
de la potasse et de la chaux, et dans l'eau positivement élec-
trisée, une matière acide qui occasionna un précipité dans des:
solutions de muriate de baryte, de nitre d'argent et de muriate:
de chaux. Cette plante reprit après le procédé ; mais une sem-'
blable qui avoit été électrisée pendant quatre heures, se flétrit
et mourut (1).
M
(1) J'ai trouvé que les graines mises dans l’eau épurée, dans la partie
positive du circuit, germoïent beaucoup plus promptement que dans les cir-
constances ordinaires ; mais dans la partie négative elles ne germotent pas
du tout. Sans supposer aucun effet particulier des différentes électricités qui
cependant peuvent opérer, ce phénomène peut être occasionné par la satu—
ration de l’eau auprès de la surface positive du métal ayec l’oxigène, et aupres
de la surface négative avec l’hydrogene, )
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 459
Ces faits démontrent que les forces électriques de décom-
position agissent même sur la matière végétale vivante. Il
est aussi quelques phénomènes qui semblent prouver qu'ils
opérent également sur les systèmes de l'animal vivant. Lorsque
les doigts, après avoir été bien lavés avec de l'eau épurée,
sont mis en contact avec ce fluide dans la partie positive du
Circuit, la matière acide se développe rapidement, ayant les
caractères d'un mélange d'acides muriatique, sulfurique et
phosphorique. Cette expérience se fait-elle sur la partie néga-
tive? la matière alkaline fixe se développe avec non moins
de promptitude.
Les goûts acides et alkalins qu'impriment sur la langue les
Æexpériénces galvaniques , semblent dépendre de la décompo-
sition de la matière salée que contient la substance de l'animal
vivant, et peut-ètre la salive.
Les substances acides et alkalines pouvant être séparées de
leurs combinaisons, dans les systèmes vivans, par les forces
électriques, on a tout lieu de croire que la méthode inverse
peut les introduire dans l’économie animale, ou les faire passer
à travers les organes de l’animal. On peut supposer la même
chose des -oxides métalliques, et ces idées doivent indiquer
de nouvelles recherches dans la médecine et la physiologie.
Il n’est pas improbable que la décomposition électrique des
sels neutres, dans différens cas, puisse se faire avec des matières
que nous employons à notre usage ordinaire. Le charbon de
bois brûlé, et la plombagine, ou le charbon de bois et le fer,
peuvent devenir des pouvoirs excitans. Lorsqu'une semblable
combinaison se trouve portée à un certain degré, le sel neutre
étant alors employé dans chaque série, produira nécessairement
des acides et des alkalis en très-grande quantité , sans beaucoup
de peine et de dépense.
L’ammoniac et les acides capables de décomposition, n'opè-
rent de changement chimique , dans le circuit de Volta, que
lorsqu'ils sont en solution concentrée ; dans les autres cas ils
sont seulement repoussés vers leurs points particuliers du résidu.
Ce fait peut nous faire espérer que le nouveau mode d'analyse
nous conduira à la découverte des véritables élémens des
‘corps, si les matériaux qui agissent dessus sont employés dans
un certain état de concentration, et si l'électricité est sufti-
‘samment exaltée. En eflet, si l'union chimique est d’une
nature telle que nous l'avons supposée, quelque puissante que
soit l'énergie naturelle électrique des élémens des corps, il est
460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
très-probable qu'elle met des bornes à cette force; d’ailleurs
le pouvoir des instrumens que.nous devons à l’art, est suscep-
tible d'un accroissement qu'on ne sauroit calculer.
Les attractions de l'équilibre électrique ont. toujours lieu
dans la nature, et il est probable que cette influence dans ses
facultés dé décomposition et de transition, s’entrechoque avec
les altérations chimiques qui se rencontrent dans différentes
parties de notre système.
Les apparences électriques qui précèdent les tremblemens
de terre, et les éruptions des volcans, dont un grand nombre
d'observateurs parlent, s'expliquent aisément d'après les prin-
cipes que nous avons établis.
Indépendamment du cas d’un changement violent et subit,
il est des attractions tranquilles et constantes, produites dans
différentes parties de l’intérieur de notre globe, dans lesquelles
l'électricité joue un rôle.
Dars les endroits où se rencontrent des couches de pyrite
et des couches de charbon mélé, où se trouvent des métaux
purs ou des sulfures, en contact les uns avec les autres, ou
quelques autres substances servant de conducteurs ; enfin
lorsque diverses couches renferment différentes menstrues sali-
nes, l'électricité doit toujours avoir lieu ; et il est très-probable
que plusieurs productions minérales ont été matériellement
influencées ou méme occasionnées par elles.
Dans une expérience d'électricité que je fis sur une solution
mélangée de muriate de fer, de cuivre , d’'étain et de cobalt,
dans un vase positif, l'eau étant dans le vase négatif, les
quatre oxides passèrent le long de l’asbeste, dans le tube
négatif, formèrent une croûte métallique jaune sur le fil, et
les oxides s’arrangèrent d'eux-mêmes dans un état mélangé
autour de sa base.
Dans une autre expérience où le carbonate de cuivre fut
répandu dans l'eau en petites portions, et où je mis un fil
négatif dans un petit cube perforé de zéolite qui étoit dans
l’eau, des cristaux verts se ramassèrent autour du cube, ces
parcelles n’étant point capables d'y pénéirer.
On conçoit aisément qu'à l'aide de ces expériences multiples ,
le pouvoir électrique de la transition peut expliquer quelques-uns
des faits principaux et les plus mystérieux de la géologie.
En créant une échelle de pouvoirs foibles, il sera facile
d'expliquer l'association des composés de métaux indissolubles
avec des composés de terre renfermant des acides.
On
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 46Y
On a peu étudié jusqu'ici l'électricité naturelle, excepté dans
le cas de sa concentration sensible et puissante dans l'ut-
mosphère. . :
Ses opérations lentes et silencieuses dans toutes les parties
de la surface du globe, paroîtront sans doute liées d'une ma-
nière plus immédiate et plus importante avec l’ordre et l'écono-
mie de la nature. Des recherches sur ce sujet ne peuvent que
jeter du jour sur nos systèmes philosophiques de la terre,
et peut-être nous faire appercevoir de nouvelles forces qui
paroissoient au dessus de notre intelligence.
DESCRIPTION
D'UNE SUITE D'EXPÉRIENCES
Qui montrent comment la compression peut modifier
; Paction de la chaleur ;
Par sir James HALL, Baronet, Membre de la Société royale
d'Edimbourg ;
Traduit de langlais par M. A. PiCTET, de la Légion
d'Honneur, Correspondant de l'Institut, Membre de la
Société royale de Londres et de celle © Edimbourg ; des
Sociétés pour Pavancement des Arts, et de Physique
et d'Historre naturelle de Genève ; de plusieurs Sociétés
nationales et étrangères, et Professeur de Physique
théorique et expérimentale dans l Académie de Genève;
Avec les figures originales représentant tous les appareils de
quelques-uns des principaux résultats. 1 vol. 7#-8°. A Genève,
chez Paschoud, Imprimeur-Libraire. — 1807.
EXTRAIT PAR J.-C DÉLAMÉUHERIE.
« L'eau et le feu, dit le savant traducteur de cet ouvrage,
» sont les seuls agens dont la force connue puisse être en
» rapport avec les eflets prodigieux (que présente la géologie),
» et dont il faut rendre compte. L'action séparée de l’un ou
Tome LXIV. JUIN an 1807. Nan
4ta2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CMIMIE
» de l'autre, a son caractère particulier applicable à certains
» faits du détail. L'eau tranquille produit les dépôts en couches
» horizontales : agitée, les stratifications ondoyantes. Le feu
» agissant seül liquéfie , il sublime, il vaporise; mais la réunion
» de ces deux agens crée une force particulière dont l'énergie
> est en quelque sorte illimitée, dont les eflets sont suscepti-
» bles d'une variété infinie, et que l’industrie humaine a su
» mettre à profit avant que la science imaginât aussi de s’en
» prévaloir. »
« Mais il ne faut point oublier qu'une troisième force , la
pesanteur, est en présence; qu’elle résiste par la pression qu'elle
produit dans tous les sens, à l’action de ces forces expansives,
et qu'elle amène nécessairement un état d'équilibre dans lequel
ces forces réagissent pour ainsi dire sur elles-mêmes. Elles con-
tiennent alors , et rapprochent par la compression qu’elles exer-
cent, ces mêmes élémens qu'elles lanceroient au loin sans
l'obstacle insurmontable que leur oppose la gravitation.»
« Rechercher les effets'qui doivent résulter de cette pression,
et les modifications qu'elle doit apporter à l’action expansive
du feu seul, ou uni à l'eau , c’est s'occuper d'un des
plus beaux problèmes que la physique et la haute chimie
puissent offrir. Cette recherche a fait pendant plusieurs années
l’objet des méditations et du travail assidu de l’auteur de l’ou-
vrage dont nous offrons au public la traduction complète et
littérale. »
« Sir James Hall a prouvé avec évidence que la pression
» modifoit essentiellement les effets ordinaires de la chaleur :
» que 1 méme pierre, le méme coquillage qui se convertis-
» sent en chaux à feu ouvert, conservent leur acide carbo-
» nique lorsqu'ils sont comprimés ; que ces matières devien-
» nent fusibles et cristallisables sous cette double action.
» Sous la mème influence compressive les substances ani-
males et végétales se transforment en un combustible ana-
logue à la houille. »
Il a déterminé l'intensité absolue de la pression qui produi-
soit ces eflets, et il la trouvée inférieure à celle qui devoit
exister au fond des mers.
T'el est le but du beau travail de l’auteur, sir James Hall.
Nous allons rapporter quelques-unes de ses expériences prin-
cipales : ;
Il prend de la craie pulvérisée qu'il introduit dans des tubes
de différentes matières, de fer, de porcelaine : ceux de ‘fer
L4
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 463
sont ceux qui lui ont le mieux réussi. Il la refoule jusque
dans Je fond du tube bouché hermétiquement. Il remplit le
reste du tube de silex pulvérisé ou autres substances, et cherche
ensuite à fermer le tube, aussi bien qu'il lui est possible, par
du borax, du plomb............... La chaleur est d'abord
appliquée à la bouche du tube pour vürifier le borax, ou
fondre lehplüm br en ER MR ARS En nee
afin de fermer toute issue aux gaz qui pourroient se dégager:
Alors il chauffe la partie inférieure du tube où est contenue
la craie, et il exerce sur l’ouverture supérieure du tube une
pression plus ou moins considérable, par le moyen de grosses
masses de fer.
Le résultat général d'un grand nombre d'expériences qui ont
été très-variées, a été que les tubes étant exposés à une cha-
leur de 21 à 60 degrés du pyromètre de Weedgwood, et l'ou-
verlure supérieure du tube comprimée par des poids considé-
rables, /a craie ne perd point son acide carbonique; elle est
réduite en une masse compacte, à cassure saline , appro-
chant celle du marbre : on y a même remarqué des parcelles
qui paroissoient rhomboïdales. Mais rapportons les conclusions
de l’auteur.
« Ces expériences, dit-il page 178, paroissent atteindre le
» but qu’on s’étoit proposé ; savoir, de déterminer la moindre
pression et la moindre chaleur, sous lesquelles la pierre cal-
» caire peut être formée par ces procédés. Les résultats ob-
» tenus avec divers canons de calibres différens, s'accordent
» assez bien, et tendent à se confirmer mutuellement.
» Le tableau montre par la comparaison des expériences
» n° 1,2, 8,10, 11, 12, que
S
=
» à Une pression de 52 atmosphères, équivalente à une
» profondeur de 1700 pieds dans la mer, et un degré de cha-
# leur de 21 à 25 degrés du pyromètre de Weedgwood, sont
» capables de former de la pierre calcaire ordinaire.
» b Sous une pression de 86 atmosphères qui répondent à-
» peu-près à 3000 pieds de profondeur dans la mer, ou en-
» viron + mille de profondeur d’eau, un marbre complet peut
» étre formé.
» c Enfin, sous une pression de 173 atmosphères, égalant
» celle de 5700 pieds de profondeur dans la mer, c'est-à-dire
» guères plus d’un mille de profondeur sous la mer, le car-
#“ bonate de chaux peut se fondre complètement, et agir très-
»
464 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
» énergiquement sur les autres terres ; la chaleur s'étoit élevée
» à 37 ou 41 (Eæxpér. n° 5).
Dans le cours de ces expériences l'auteur fit une observa-
tion qui le conduisit à de nouveaux résultats pas moins in-
téressans,
Il avoit employé du cuir pour fermer quelques-uns de ces
tubes ou canons, dans lesquels des cylindres de plomb étoient
enfermés avec les autres substances. Îl observa (pag. 181) que
tout le cuir qui s’étoit trouvé en dehors de la bouche circulaire
du canon, $s'étoit conservé, et avoit été seulement bruni et
ridé par la chaleur. La portion qui répondoit à l’intérieur du
canon avoit entièrement disparu , et il vit à la surface du
plomb liquide, dont le canon étoit tout-à-fait rempli de
grosses gouttes d'un liquide noir brillant , qui, par le re-
Jroidissement, se convertirent en une matière noire et solide,
à fracture luisante , exactement semblable à de la poix ou
de la houille pure. Elle brüloit, mais sans flamme. Encore
chaude , elle avoit l'odeur d'alkali volatil. La circonstance im-
portante dans ce cas, est la matière différente, dont la chaleur
a api sur le cuir en dedans et en dehors du canon. La seule
diflérence des deux positions existoit dans la compression , et on
ne peut attribuer qu'à cette circonstance la différence des eflets.
Par cette force, la matière volatile du cuir, qui au dehors avoit
pu s'échapper librement ; avoit été contenue au dedans du
canon, et obligée de demeurer unie aux autres principes. Si la
pression eût été continuée jusqu’à l’entier refroidissement, ces
substances auroient été retenues et auroient produit une véritable
houille, à
L'auteur profitant de cette observation, a fait un grand nombre
d'expériences analogues à celles-ci, pour convertir les matières
végétales et animales en houille. Il est parvenu à convertir
la sciure de bois (sapin) et la corne, en nue sorte de houille,
qui brüloit avec flamme brillante. C'est en enfermant ces sub-
stances dans des tubes avec une pression plus ou moins con-
sidérable , et les exposant à un assez haut degré de chaleur.
L'auteur s'élève ensuite à des vues générales, fait l’applica-
tion de ces nouveaux faits à la géologie, et particulièrement
au système de Hutton. « L'agent le plus puissant et le plus
essentiel, dit-il, dans la Théorie huttonienne, est le feu, que
j'ai toujours considéré comme analogue à celui des volcans,
modifié par des circonstances qui doivent, dans un certain
degré, naître dans toutes les laves ayant leur éruption. Il pense
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 465
que la chaleur des feux vo'caniques est assez considérable, et
que leurs foyers sont ordinairement à une profondeur plus
grande que celle que les expériences lui ont fait voir être né-
cessaire pour produire, par la chaleur et la compression, les
pierres calcaires , les houilles... » ‘
Hutton supposoit que dans quelques époques éloignées la cha-
leur a agi sur toutes les substances pierreuses, et que pendant
cette action ces substances étoient recouvertes d'une masse qui
exerçoit sur elles une pression considérable..... Ces deux
causes réunies ont été suflisantes, suivant lui, pour former
toutes les substances minérales.
L'auteur, dit au contraire, que personne ne doute de l'an-
cienne situation sous-marine des couches actuellement ter-
restres ; mais il pense que ces couches ont été soumises à une
compression considérable , parce qu'une grande quantité de
matière a abandonné la surface actuelle de notre globe.
Si elles ont été en même temps exposées à un grand degré
de chaleur , elles ont pu former toutes les roches que nous
connoissons.
“ La combinaison de la chaleur (ajoute-t-il, page 250) et
» de la compression, qui résultent de ces circonstances, nous
» conduit à la théorie huttonienne dans toute son étendue,
» et nous permet d'expliquer, d’après ses principes, la /or-
» mation rence de toutes les roches, avec des matériaux tirés
» des dépôts MARINS incohérens.
» Le sable se convertira ainsi en grès.
» Les coquillages en pierre calcaire,
» Æ# les substances animales et végétales en houille.
» D'autres substances composées de diverses substances mé-
» langées seroient encore plus fortement aflectées par la même
» chaleur. Celles qui contiendroient du fer, du carbonate de
» chaux et d’alkali, avec différentes terres, entreroient en fu-
» sion très-liquide, et pénétrant au travers de toutes les fis-
» sures qu'elles rencontreroient, elles atteindroient dans quelque
» Cas ce qui seroit alors la surface de la terre, et formeroient
» la lave. Dans d’autres cas, ces matières se coaguleroient dans
» des crevasses intérieures, et constitueroient le porphyre, le
basalte , le greenstone, ou telles autres pierres de cette classe
» nombreuse, qu’on désigne sous le nom de whinstone. En
même temps des couches de matière analogue, mais d’une
» composition un peu moins fusible , entreroient dans un état
» de viscosité, tel que l'éprouvent plusieurs corps ayant d'arriver
VU
2
LV
©
+
À .
466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
» à Ja fusion parfaite. Dans cet état, les particules, quoique
» loin de jouir de la liberté qu’elles auroient dans un liquide,
» sont susceptibles d'une cristallisation régulière (1), et la sub-
» stance qui, dans cet état d'empâtement, seroit peu disposée à
5 se mouvoir, se trouvant coufinée dans sa situation primitive,
» par des couches contiguës de matières plus réfractaires, se
» cristalliseroit sans changer de place, et constitueroit un de
» ces bancs de whinstone, qu’on trouve souvent alternant avec
» les grès et les pierres calcaires.
» Dans d’autres cas où la chaleur auroit été plus intense,
» les lits de sable approchant de plus près vers l'état de fusion,
» acquerroient assez de ténacité et de consistance pour se
» laisser fléchir et contourner sans déchirement ni fracture,
» par l'influence des causes locales de mouvement, et pour-
» roient prendre la forme et le caractère de schiste primitif.
» La pierre calcaire seroit entièrement cristallisée et devien-
» droit du narbre, ou bien, entrant en fusion plus liquide,
» elle pénétreroit dans les plus petites fissures, sous la forme
x de spath calcaire.
» Enfin, dans le cas où la température seroit encore plus
» élevée, le sable lui-même se fondroit en entier, et pour-
» roit ètre converti par le refroidissement subséquent, plus ou
» moins lent en granite, siénite , etc., et en conservant dans
» que'ques cas des traces de sa stratification primitive, consti-
» tuer le gneiss et le granit stratifié.
» D'autres fois, en s’introduisant dans des crevasses, il for-
» meroit des veines de granit parfait.
0
(1) Get état de viscosité avec ses modifications innombrables , mérite
beaucoup d’attention, car il résout quelques-uns des problèmes géolo=
giques les plus importans. La force mécanique que déploient quelques
Sibstances dans l’acte de revêtir une forme cristalline est bien connue.
J'ai vu une masse de cristaux de glace, larges et grands comme des
lames de couteau, se former dans une masse de glaise si dure, qu’on
venoit de l’employer à faire des tasses pour des usages Rens ee
plusieurs de mes expériences , j’ai trouvé qu'un fragment de whinstone,
ou.de lave, mis dans une moufle chauffée au degré où l’argent se fond,
prenoit un arrangement cristallin et changeoit absolument de caractère.
Pendant cette métamorphose, le fragment s’amollissoit jusqu'à céder à
l'impression d’une baguette de fer. Il conservoit cependant assez de con-
sistance pour ne point se déformer de lui-même sous la moufle, et
conserver tous les angles aussi vifs qu'avant l’expérience.
ET D'HISTOIRE FRATURELLE. 46%
5 En conséquence de l’action de la chaleur sur une quan-
» tité de matière aussi considérable , ainsi amenée à un état
» de liquidité complète ou partielle, et dans laquelle, nonob-
» stant l'énorme pression , quelques substances seroient vola-
» tilisées, cette élastification devroit produire, dans la masse
» comprimante, des soulèvemens répétés qui améneroient enfin
» des couches à l’état où nous les voyons actuellement.
» La théorie de Hutton embrasse un champ si vaste, et
» suppose des agens si puissans, exerçant leur influence dans
» des circonstances et des combinaisons tellement insolites,
» que plusieurs de ses branches sont encore imparfaites, et
» doivent donner lieu, peut-être pour long-temps encore, à
» des objections partielles et plausibles , lors même qu’on
» auroit adopté la doctrine fondamentale. Cependant j'ose
» croire avoir atteint suflisamment le but que je m'étois pro-
» posé, puisque je suis parvenu à mettre en fusion de la pierre
» calcaire sous une pression donnée. Ce résultat, fût il isolé,
» formeroit une forte présomption en faveur de la solution
» appliquée par le docteur Hutton , à tous les phénomènes
» géologiques; car la vérité du principe le plus diflicile à ad=
» IMmetire, parmi ceux qu'il adopte , auroit été ainsi établie
» par l'expérience directe. »
NOUVELLE MÉTHODE
DE CLASSER LES HYMENOPTÈRES
ET LES DIPTÈRES,
AVEC FIGURES;
Pir EL JURINE, etc.
À Genève, chez Paschoud. 1 vol. 22-42.
——————————————————
EXTRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE.
« L’immontec Linné,/dit l'auteur, dans son Système de la Na-
» ture, a fondé sur les ailes des insectes, l'édifice de leurs classes,
» mais il ne l’a fait que d’une manière générale. Aucun auteur,
» à ce que je crois, n’a examiné avec assez d'attention ces
453 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
» parties pour y trouver les bases d’une méthode qu'on peut
» leur appliquer. »
» Ayant étudié les ailes des hymenoptères (c’est-à-dire des
» insectes à quatre ailes, tels queles abeilles , les papillons, ...)
» et des diptères (ou insectes à deux ailes, tels que les mou-
» ches.)... Sur l'invitation de mon ami, M. Faurebiguet, j'ai
» remarqué que leurs nervures en s’entre-croisant, ou s’anas-
» tomosant les unes avec les autres , formoient un réseau
» cellulaire plus ou moins varié, dont on pouvoit tirer de
» bons caractères génériques , puisqu'il étoit invariablement le
» même dans les insectes d’un méme genre. Comme les ner-
» vures des ailes ne frappent pas les yeux , d'une manière aussi
» sensible que les cellules qu'elles forment , j’ai destiné de
» préférence ces dernières à la détermination générique; con-
» séquemment je dirai dans la suite les ce//ules de l'aile plutôt
» que les zervures, ce qui revient au même dans le fait,
» puisque les unes ne sont que le résultat des autres. »
L'auteur donne ensuite la description de ces cellules.
La grande aile présente dans son bord externe, ou antérieur,
si elle est censée étendue, deux grosses nervures parallèles qui
sortent du corselet, qui se terminent au point de l'aile, et qui
sont fortement unies l’une à l’autre par une expansion de la
membrane qui constitue l'aile. J'ai donné le nom de radius
à la nervure externe , et celui de cubitus à l’interne (4, b,
Jig- 2, pl 1).
On voit sortir du point de l'aile une nervure qui, en se
dirigeant vers le bout de l'aile, laisse entre elle et le bord
externe de l’aile, un intervalle membraneux ou une cellule,
dont la figure varie suivant l’inflexion de la nervure, et que
je nomme cellule radiale, cellula radialis.
Il arrive quelquefois qu’une seconde nervure coupe en deux
cette cellule primitive ; alors il y a deux cellules radiales
{a, fig. 4 et 5, pl LE).
Dans quelques individus la cellule radiale est terminée par
une très petite cellule, que je nomme cellule appendicée ,
cellula appendicea Cas fie: 5}, pli):
De l'extrémité du cubitus et près du point, on voit sortir
une autre nervure , qui se dirige aussi vers le bont de l'aile.
L'intervalle forme une grante cellule que j'appelle cubitale,
cellula cubitalis (fig. 4, pl TI).
Elle est quelquefois divisée en deux, trois, quatre parties,
par des nervures transversales (fig. 2, 3, 5, pl. 1).
Il
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4C9
T1 y a des ailes dans lesquelles la nervure qui forme la cellule
cubitale n'atteint pas le bout de l'aile, et la cellule n’est pas
Re Je l'appelle 22complète, cellula incompleta (b, fig. 4,
AE
: TH quelques genres les nervures d’intersection, qui des:
cendent de la nervure radiale, sont disposées de manière
qu'une des cellules cubitales, ordinairement la seconde, paroit
être supportée par une tige en forme de pétiole. J'appelle ces
cellules pétiolées, cellulæ petiolatæ (b, fig. 3, pl. X).
C’est sur la présence ou l’absence, le nombre et la figure de
ces cellules cubitales et radiales, qu'est fondé le premier de nos
caractères génériques chez les hymenoptères.
Les cellules cubitales reçoivent fréquemment du réseau de la
partie postérieure de l'aile, que je suppose ouverte, une ou deux
nervures ascendantes qui sortent des rervures brachiales (g,
g. 2, pl. I), et qui s'insèrent tantôt à la première et à la
seconde des cellules cubitales, tantôt à la seconde et à la troi-
sième, d’autres fois à une seule cellule. Je les appelle rervures
récurrentes, nervr recurrentes (f, fig. 2 et b, fig. 5, pl. 1).
L'auteur ne néglige pas les autres caractères tirés des mandi-
bules et des antennes.
La méthode qu'il propose est donc fondée sur trois carac-
tères génériques essentiels :
1° Les cellules d’une partie de l'aile antérieure ;
2° Les mandibules;
3° Les antennes.
Il divise la classe des hymenoptères en trois ordres.
Le premier renferme les insectes dont le ventre est contigu
au corselet.
Le second, peu nombreux, comprend ceux dont le ventre est
implanté par un pétiole sur la partie postérieure du corselet.
Le troisième , qui est le plus considérable, contient ceux dont
le ventre est fixé derrière le corselet par un pétiole plus ou
moins alongé.
Aux objections qu’on a faites à l'auteur , et à celles qu'il a
faites lui-même contre les méthodes des autres entomologistes,
il répond :
_ « Ma devise a toujours été, /ari quæ sentiam. »
Ce doit étre celle de tout homme qui coñnoit sa dignité.
Tome LXIF. JUIN an 1807. Ooc
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES
BAROMÈTRE.
RE et at el pe | En
A Mint.
135 H2r,rjà 4 km. + 9,5] +-20,41à tofs dUS: ..27.11,00|27.11,08
dois. Hor,3là 4m. “+ 9,1] +20,81à 5 m.....…. ET MOT API 27.10,40|27.11,00
hors. +18,8/à 44m. + C4] 416,611 4H m..:!. AIRIS 00e 427 QE 27:10,12
aa midi +r9,0à8+st Æir,8 “19 ofà 8 m re SRE à 8+s1,...27.16,48|27. 8,50
5fù midi +10,21à 5m. + 8,6| +18,2 à 5 me... EC) EL AR AUE 27 3,75 CREME 263
Er midi -15,2là 105. + 8,9 ATOS crea 27. 3,45|27. 3, 168
7: à midi +136 à 1015. + 6,6 PO Mile Re 27. 5,40|97. 6: ,7D
là 44m. - 5,2 LIO S.. .27.10,15|27. 11,30
à 5 m. : Æ 9,9 à 65 -27: 6,55|27. 8,25
I ol10Ès. + 8,3 BA ro 5.2... .27. 6,92|27. 7,77
ja 2 30l6 m. + 7,0 \6m:....:.27.11,70|28. 0,57
ofù 3 5. 3,8|à 6 m. 10,6 AIO RS ele sd 27. 8.00 |\27.10,58
IA OU ZS. Hi14,3là 6m. + 9,5 EU PODEN TE 27: @,31|27. 9.60
128145. +15,6 à53 m. + 0,2 AMIS Me. 27.E1,75]20.00,00
of os. 18,8/à 5m. 11,6 à bm.:.---.27.11,01128. 0,35
1684 midi 416,2 à 10ËS. +r2,2 41458. NU2001,55|28. 2,64)"
178 midi Æro,7|à 8 mi. 11,2 d'OS 28: 1,65/28. 1,66
16fa 235. —Ær9,3|à 11< S, 11,1 à 5+m....26. 2,40]28. 2,65
Icha JS. +18,0/à 113 -s. + 7:6 à 11 $5....28.:3,10/28, 3,79
20 315. +15,2/à 42m. + 4 8 TES cle ee 28. 0,65|28. 2,95
218à 45. 174 à 43m. + 6,9 APAES eee 27.11,75|28. o;15
228a 95. HLr6,3|? à4%m. + 8.6 d43m..... 28.11,50|28. 2,25
26813 s. —Lz2o,3là 45 m. + 95 à 10 às.....28. 1,50[28. 2,25
2481 5 s. —+22,4/ à4m. +1 1,8 AIO + S..L «1e 27-11,77|28. 1,15
2881 2 8 + 29,2 à3 3 Me +11,2 à5 25 APCE 27.10,60 27.121,29
2641 imidi Æ18,5/à 11 45. 11,7 ag S....... 27.11,72|27.11,05
2741 midi +-18,4|là 3£ m. 10,8 à3+m 28. 0,71/28. 1,00
o08a midi Æ17,0ofà gs. + 98 à 9s...... 27-10,66 28. 0,40
20435. + 8,,4/à6m + 6,2 ads er 27+ 7,80|27. 8,25
Soft 4 s. <-13,1|à 6m. : + 8,4 À OM. se se 27. 8,40|27. 9,48
3ià midi <+ir,7là 105, — 7,9 à 7 D......27.11,06|27. 11,72}
RECAPITULATIO N.
Plus grande élévation du mercure.
Moindre élévation du mercure.....
Élévation moyenne 108403
Plus grand degré de chaleur.
Moindre degré de chaleur.......
Chaleur moyenne
Nombre de jours beaux...
..28.3, 84, le 19 à 68 Xm:
27.3, 45, le 6 à 8h.s.
27.9,64
ÉtrS dle2qàss.
+ 46,le 20 à4: ma
+ 15,6
18
Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 0",07058 — 2 pouces 7 1...
A L'OBSERVATOIRE IMPÉRIAL DE PARIS,
MAI 1807.
& POINTS . VARIATIONS DE L'ATMOSPHERE. 4
d En |
# LUNAIRES. H
a LE MATIN. A MIDI. LE SOIR.
ce DR
I Ciel nuageux. Ciel assez beau. Ciel un peu voilé.
2 Apogce. Brouillard; q. nuag. |Ciel nuageux. Ciel voilé.
3 Brouill.; ciel voilé. |C. très-c.; pl. assez f.|Pluie par interv. A
4 Pluie fine. Giel à demi-couv. |Pl., orage, écl. ton.|f
5 Ciel couv. en barres. |Ciel néb. et à demi-c.|Pluie , écl., ton. tr.-f. |£
6| 74,0/S. Ciel couvert. Ciel nuageux. Pluie forte; tonn. Ë
71 72,0[S-0. très-f. N- L. Idem. Ciel très-nuag. Plus. av.; ciel as. b.
8 S-0 Beau ciel: Ciel couv. Pluie par interv.
9 C. c.; tempêt.t. la n.|Ciel très-couvert. |Fortes av. par int.
10 Ciel couv. ; pluie fi. |Cieltrès-nuageux. [Fortes av. par int. |k
II Ciel couvert. Id. Ciel couv. ; petite pl. |
12 C. c.; pluie f. et ab. | Temps pluvieux. |Ciel couv. p. interv. |É
13 Ciel couv. Pluie abondante. |Pl.finect ab. p.int.
14 P. Q. Ciel très-couy. Très-couv. Très-couvert. fl
15| 88,0|S-0. Ciel couvert. Ciel nuag. et voilé. |C. voilé, as. b. p. int. |f
16| 82,0|S-O. très-f. | Eqnin. desc. Idem. Ciel très-nuag. Ciel à demi-couv.
17] 82,0/E-N-E. |péigée, Ciel à demi-couv. [Ciel un peu nébul. [Ciel superbe.
18| 70,0|E-N-E. Ciel superbe. Très-beau ciel. Idem.
19] 68,0[N-N-E. Légers nuages. Id. Id.
20, 65,o|N-E fort. Brouil.; ciel vapor. Id. Id.
21| 56,0|E. P.L Idem. : Id. Id.
22| 56,0|E. fort. Idem. Id. Id.
23| 62,0|Calme. Idem. Id. Id.
24| 62,0|E. Nuages en barres. Id. Idem.
25] 58,0/S-E. Ciel superbe. Ciel voilé. Ciel à demi-couv.
26| 69,0]S. très-f. Ciel très-nuageux. |Cielcouv.; pl. abond.|C'el fort beau le soir. |f
27| 73,0[S-O. tr.-f. Idem. Ciel entièr. c. ; pluie.|Ciel couvert.
26| 70,00. foible. Ciel couv. Légérement couv. uelq. g. d’eau p. int.
29] 78,0,N-N-0. |D.Q Pluie p. la n.;ilpleut.|Pluie continuelle. Ciel couvert.
. Apogée. Ciel couv. Ciel très-nuag. Plus. av. dans la soir.
31| 83,0[S-S-0. Equin. asc. |Ciel c.; pl. par inst. [Pluie par interv. [Pluie par interv.
RÉCAPITULATION.
de couverts...... 17
déplier 12
de vente. see 30
Jeelée rec o
de tonnerre...... 3
de brouillard..... 5
de neige......... o
NN ee ere ess eot 2
NERF cm enlaeosenle 3
J PATES ME tard a
Jours dont le vent a soufflé du { SE" 5
EE ÆE 5 5 " SIENS SONT TT PRIE SSSR ENTER EE Re
. Nota. Pour indiquer plus exactement les variations de l'atmosphère , on a divisé le jour en
trois parles : la première contient les variations depuis minuit jusqu'à 9 heures du matin; la
seconde depuis 9 heures jusqu'à 3 heures; enfa la troisième depuis 3 h. du soir au minuitsuivant.
472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE »
ESRI TOP TE CON NT NN QE RS MERE RQ PLV ALP ER MORE
ANALYSE
DE LA STILBITE ROUGE,DU TYROL;
Pan LAUGIER. |
EXTRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE.
Fausas a rapporté de son voyage dans le Tyrol, cette
cubstance qui se trouve dans la vallée des Zucanti dans le
Vicentin. Laugier en a fait l'analyse qu’il a publiée, Annales
du Muséum, cahier 49.
Elle ne fait point gelée dans les acides comme les zéolites,
Il en a retiré,
SUCER HAE ELRER TR ANNE 45
Carbonate de chaux.......... 16
Chaux combinée: .thi 2.10 11
Eau de cristallisation......... 12
Alurmine.. RS RER ET ERIN NET. Wa
Here es SR NET LENS EE 4
Manganèse. "4 0.50
Perte: ee ss Ent ARE EE Le D D
L'auteur conclut de ces faits,
1° Que cette substance n’est point une zéolite puisqu'elle
ne fait pas gelée;
2° Qu'elle n’est point une trémolite (1) puisqu'elle ne contient
as de magnésie ;
3° Qu'elle est une vraie stilbite.
(1) Je me sers du mot trémolite, adopté par tous les minéralogistes ;
et nou de celui de grammatite, qui est impropre. D'ailleurs la ligne qu’on
a voulu exprimer ne s’y trouve que très-rarement. On a bien conservé
les mots strontiane , pinite, arragonite , ménilite... qui sont des noms
des lieux où ces minéraux ont été trouvés : pourquoi baunir celui de
trémolite ?
ET-D'HISTOLRE NATURELLE, ,,,,, 47%
ANALYSE DE LA ZOYSITE;
Pan KLAPROTIE ex BUCH,OLZ,
CrTre substance, à laquelle Weérnér a donné le nom du
célèbre minéralogiste ‘Zoys, paroit être une espèce de thallite
de couleur grise. Elle a beaucoup de AE APIARE avec le
thallite gris du Valais.
Klaproth en a analysé une espèce qui se trouvérà Savalope
ën Corinthie, Il en a rétres
SIMCA Me MAR ME Eee 45
AluminE , fu etat ep TE 29
Chaueeue secs Die rereciadst 24
Fenoxidessr edition cet: Le. 5
CLIS na: cle -HAND-ES-putint 2,
Un autre morceau un peu décomposé lui a donné,
LIT - HÉROPENE és COLOR TO!
Alumine....:. . der dan ...1 20° 50
Ch PR rene de AE Le,
Fer oxidé âveé une tracé der
MANPATOSE 5 Se sfut o eole e RAT O0 DE
‘Perte par le grillage. ....:.... 0.79
Bucholz a également fait l'analyse de la zoysite. Il en 4
retiré,
REA SR BE HS HR 40.25
Alümine...... PRE 2 dau ot 30.25
Chaux ..,... BE ! LAPS 26.04
Fer oxidé avec träce de man-
gamèse- rt. Ter 4.50
Lau de te RS et erte.
parle grillage jusqu’ au blanc. 2
474 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE)
ANALYSE
DE LA TERRE DE VÉRONE;
Par VAUQUELIN.
CerTe terre employée dans la peinture, à cause de sa belle
couleur verte, se trouve à Monte-Bretonico , dépendance de
Monte-Baldo, dans le Véronois. Faujas en a rapporté de son
voyage d'Italie de beaux morceaux.
Elle est douce au toucher;
Fond au chalumeau en verre noir.
Chauffée à une chaleur rouge, elle prend une couleur jaune,
et perd 4 à 5 centièmes de son poids.
Vauquelin, à qui Faujas en avoit remis, en a retiré (1),
Si iCe 2, ASE UE. CRETE .… 52
Éer'oxmdes 2 ER LINE ANR 23
Potasses 20 UN IR BRAS ae 7.5
Alumine.:...-:..... Mere: 7
Magnésie..... FN DRE ADEME 16
DE En M RS EE de
Acide muriatique, manganèse et chaux, quantités
inappréciables.
La quantité de fer que contient cette substance , à fait dire
au savant chimiste qui en a fait l'analyse, que ce métal y est
dans un véritable état de combinaison. « Je pense, dit-il, que
» souvent le fer est en vraie combinaison dans les composés
» pierreux, et particulièrement ici, dans la terre de Vérone. »
(1) Aunales du Muséum d'Histoire naturelle, cahier 51.
ET D'HISTOIRE NATURELLE | 475
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
12401
re)
. Manuel. de la Saignée; utilité de celle du pied ; danger de
celle du bras; principes et moyens pour Îa rendre toujours
salutaire et pour employer les sangsues : ouvrage d'une utilité
domestique, avec des notes et observations sur la vie et sur
le système sanguin; par Alphonse Leroy, ancien Docteur-
Régent de la Faculté; Professeur de l'Ecole spéciale de Mé-
decine de Paris; Membre de la Société de l’Ecole de Médecine,
et de plusieurs Sociétés savantes ,'etc., etc. 15 |
Un vol. i7-12 de. 300 pages. Prix : 2 fr. 5o c. broché, et 3 fr.
par la Poste, franc de port.
À Paris, chez, F.-Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 10.
Le nom du célèbre Professeur, qui est l’auteur de cet ou-
vrage , est un sûr garant de son utilité.
Tome troisième de la Campagne des Armées françaises , en
Prusse , en Saxe et en Pologne, sous le commandement
de $. M. l'Empereur et Roi, en 1806 et 1807:
Ouvrage destiné à recueillir les grands événemens qui s’y
sont passés , et les actions d'éclat des généraux, officiers et
soldats, é
On y a joint des notices biographiques sur ceux qui ont
péri dans cette mémorable campagne, ainsi que des détails his-
toriques et militaires sur les siéges et batailles qui ont eu pré-
cédemment lieu dans les contrées où les Français viennent de
porter leurs armes.
Ouvrage orné de vingt-cinq portraits, gravés en taille-douce, :
tant des principaux commandans, généraux et ofliciers natio-
naux et étrangers, que des personnes qui ont accompagné Sa
Masesté. 219
Tome IT, 72-89, avec les portraits du Maréchal Ney, du
Général Fénerols, du Duc de Brunswick, mort par suite des
blessures qu'il a recues à la bataille d'Jena ; et du Général
Kalkréuth.— Le tome IV contiendra; oùtré plusieurs por-
traits, une cârte géographique détaillée du théâtre de la guerre.
Prix du tome HT, 5 fr. broché, et 6 fr. par la Poste, /rane
476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE
de port, dans téüt l’Eipire francais. Le tome I coûté 5 fr:"ét
6 fr., franc de port; le tome Il, 6 fr. et 7 fr. 5o cent., franc
de port «y L À or: TTON"
À Paris, chez F' Buisson, Libraire , rue Git-le-Cœur, n° 10.
Le lecteur sent assez tout ce que cet ouvrage doit avoir
d'intéressant. |
SBisoneb hair halo an Sins, nl LE
“Rapports de VAE vel lès Êtrés orsbnités jou Traité de
l'Action du Pouron ‘et de la Peau des Animaux sur l'air,
comme de celle des Plantes sur ce fluide ; tirés' des Journaux
d’Obseryations et d’Expériences, de Lazare Spallanzani, avec
quélques Mémoires de l'Editeur sur ces. matières : par Jean
Senebier,, Bibliothécaire de Genève ; membre de diverses Aca-
détnies ‘ét Socictés sayantes , et Correspondant de l'Institut
national.',, , è PAAIUT ÉTERNEL
‘3 vol. in-8 de 1350 pages. Prix: 12 fr. pris à Paris, et 15 fr.
20 cent., francs de port, par la Poste.
‘A Paris, chez F. Buisson, Libraire , rue Git-le-Cœur, n° ro.
Les travaux de Spallanzani ont tous un caractère particulier
de nouveauté et d'utilité. Celui-ci n’est pas moins précieux
que les autres, et c'est un nouveau service que le célèbre.
Éditeur rend aux sciences.
Recherches sur la Nature et les Lois de l'Imagination ; par
Ch. Victor Bonstetten, ancien Baillif de Nion; de l'Académie
royale des Sciences de Coppenhague, elc.
2 vol. z1-8°. de 600 pages. Prix : 5 fr., et G fr. Bo cent.,
francs de port, par la Poste.
. À Paris, chez F, Buisson, Libraire, rue Git-le-Cœur, n° 10.
Un traité sur l’imagination est sans doute un des plus piquans.
Corsa del bacino di Rodoneæ et per la Liguria d'occi-
dente, etc.; c'est-à-dire, Course dans le bassin du Rhône,
et dans la Ligurie.occidentale, divisée en six sections, dont
la principale, celle qui a été le motif de cet ouvrage, contient
l'orictographie des Monts-Coirons, situés dans la ci-devant
province du Vivarais, aujourd'hui le département de l'Ardèche ;
ar J. Marzari-Pencati, de Vicenze, de la Société Olympique;
Membre de la Société des Naturalistes de Genève.
A Vicenze, de l'imprimerie de Paroni. Un vol. in-8°. |
L'auteur partit de Paris le 10 juin, et il se rendit à Saint-
Fond, proche Montelimart, chez son ami Faujas; ils firent
quelques courses minéralogiques ensemble ; de là il fut Fi
es
ET D'HISTOIRE NATURELLE. 477
les Coïrons, et des terrains volcaniques les plus intéressans de
toutes les contrées méridionales de É France. Il en donne une
description intéressante, accompagnée de plusieurs planches
qui représentent différentes chaussées basaltiques.
Il donne la description du lieu où Faujas a trouvé cette
singulière pierre dont il a fait la brique qui nage sur l'eau.
« La matinée du 23 août, dit-il, nous fûmes à Rochechauve,
en traversant un bois de châtaigniers, qui est un sol volca-
nique dont la végétation est surprenante. Avant d'arriver au
château , nous trouvâmes un schiste zappant à la langue,
disposé en feuillets horizontaux, posés sur du calcaire, et
recouverts par des terrains volcaniques. Ce schiste a été nommé
par Faujas, terre légère, parce qu'il en a fait des briques qui
nagent sur l’eau, semblables à celles que Fabbroni a faites
avéc une substance trouvée à Santa-Fiora en T'oscane. Faujas
m'a dit que l’analyse de ce schiste a été faite par Vauquelin,
qui en a retiré,
Sie SEP nee MOSS, 1 55
Chaux ‘carbonatée.......... 22%
AltmiIre eee RL, RE)
Eau nent Srpere T0
Ces résultats sont à-peu-près semblables à ceux qu'a obtenus
Fabbroni du schiste de Toscane, excepté la magnésie, qui
est 0,22 dans celui-ci, et qui ne se trouve pas dans celui de
Rochechauve.
Après avoir visité Lous ces cantons, il descendit le Rhône
et se rendit sur les bords de la Méditerranée, et de là dans
la Ligurie occidentale. IL a vu tous ces terrains en savant
minéralogiste et géologue.
Je ne parle pas, dit-il, de la lithologie de la Ligurie, parce
que je n'y ai pas fait un assez long séjour. D'ailleurs Saussure
en a traité assez au long, et mon illustre collègue de voyage
(Faujas) a fait sur ce pays plusieurs observations importantes
qu’il doit publier.
Gênes possède plusieurs naturalistes distingués, qui ne man-
queront pas de faire connoitre les choses les plus intéressantes
de leur pays, savoir, Maximilien Spinola pour l'histoire des
insectes; Viviani et Bertolloni pour la botanique ; et les frères
Mojon pour la minéralogie. »
Nous regrettons de ne point suivre l'auteur dans toutes ses
£ourses; car on voit quecet ouvrage ne peut qu’intéresser ceux
qui s occupent des sciences naturelles.
Tome LXIV. JUIN an 1807. Ppp
473 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIK
om mem}
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER.
Mémoire sur quelques effets chimiques d’Electricité ;
par Humphry Davy , Ecuyer. Pag. 421
Description d'une suite d'Expériences qui montrent
comment la compression peut modifier l'action de
la chaleur; par sir James Hall, Membre de la
Société royale d'Edimboure. Extrait par J.-C.
Delamétherte.
Tableaux météorologiques ; par Bouvard.
Analyse de la Stilbite rouge du Tyrol; par Laugier.
Extrait par J.-C. Delamétherie.
Analyse dela Zoysite; par Klaproth et Bucholz.
Analyse de la terre de Vérone ; par Vauquelin.
Nouvelles Littéraires.
TABLE GÉNÉRALE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
HISTOIRE NATURELLE.
Discours préliminaire, par J.-C. Delumétherie. Pag.
Observations faites le 1% octobre 1806, sur l'ébou-
lement du Ruffiberg, dans le canton de Schwytz ;
par Théodore de Saussure.
Lettre de Stazic, sur les Mélanites de Polognes
De l'Antophyllite; par J.-C. Delamétherie.
Traité élémentaire de minéralogie, avec des appli-
cations aux arts ; ouvrage destiné à l'enseignement
dans les Lycées nationaux ; par Alexandre
Brogniard. Extrait par J.-C. Delamétherie.
Nouvelle méthode de classer les Hymenoptères et
les Diptères, avec figures; par L.Jurine, Extrait
ET D'HISTOIRE NATURELLE
PHYSIQUE.
Mémoire sur deux nouvelles classes de conducteurs
galvaniques ; par M. Erman.
Tableaux Météorologiques ; par Bouvard.
= Novembre et Décembre.
Janvier.
Février.
Nouvelle Méthode pour la résolution des équations
numériques d'un degré quelconque;, d'après laquelle
tout le calcul exigé pour cette solution , Se réduit
à l'emploi des deux premières règles de l'Arithmé-
tique; par M. Budan, Docteur en Médecine.
auteurs de plusieurs lieux déterminés par le ba-
romètre , dans le cours de différens voyages faits
en France, en J'uisse, en Italie; par F. Berger,
Docteur- Médecin de Genève.
Suite.
Note sur une nouvelle planète , découverte par Olbers,
Expériences électriques sur le verre considéré comme
bouteille de Leyde, et sur le carreau garni; par
I. *#+
CHIMIE.
Sur la Blende ; par le Professeur Proust.
Troisième suite des recherches sur les lois de
L'Affinité ; par Berthollet.
Suite.
Recherches sur les moyens de remplacer économi-
quement la corde à feu dans Le service de l 4r-
tillerie ; par le Professeur Proust.
Extrait sur l'Ether muriatique ; par Thenard,
Professeur du Collége de France.
Note sur la découverte de l'Ether mnuriatique ; par
le méme.
Expériences sur les combinaisons du soufre et du
charbon et sur l'h iydrogène contenu dans ces sub-
Séances ; par .-B. Berthollet fils. Extrait.
479
121
1:16
190
258
358
418
470
279
220
285
354
372
150
168
193
249
266
266
273
480 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, etc.
De l'Yénite; par Lelievre.
Mémoire sur la composition de l’ Alcohol et de
l'Ether sulfurique ; par Théodore de Saussure.
Extrait d'une lettre de M. Gehlen, à J.-C. Delamé-
cherie , sur l'analyse des os.
Observations chimiques sur Les procédés à suivre
dans l'art de faire le vin rouge, surtout lorsque le
raisin ne parvient pas à parfaile maturité; par
Sampayo.
Troisième suite d'Expériences sur une substance
artificielle renfermant les principales propriétés
caractéristiques du Tan, avec quelques remarques
sur le charbon; par Charles Hatcheit, Ecuyer.
Art de la teinture du coton en rouge; par J.-4.
Chaptal. Extrait par Thenard.
Mémoire sur quelques effets chimiques d'Electricité;
par Humphry Davy , Ecuyer.
Description d'une suite d'expériences qui montrent
comment la Compression peut modifier l'action de
la chaleur ; par sir James Hall ; traduit par
Pictet. Extrait.
Analyse de la Stilbite rouge; par Laugier.
Analyse de la Zoysite; par Klaproth et Bucholz.
Analyse de la terre de Vérone; par Vauquelin.
Pag. 278
316
390
416
421)
461
472
475
474
Nouvelles Littéraires....112....788....208....557....475
FIN DE LA TABLE GÉNÉRALE,
Journal de Physique. (Juin 1607.)
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